(1893) Recherches cliniques et thérapeutiques sur l'épilepsie, l'hystérie et l'idiotie : Compte-rendu du service des enfants idiots, épileptiques et arriérés de Bicêtre pendant l'année 1892
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(1893) Recherches cliniques et thérapeutiques sur l'épilepsie, l'hystérie et l'idiotie : Compte-rendu du service des enfants idiots, épileptiques et arriérés de Bicêtre pendant l'année 1892

PUBLICATIONS DU PROGRÈS MÉDICAL

RECHERCHES

CLINIQUES ET THÉRAPEUTIQUES

SUR

L'ÉPILEPSIE, L'HYSTÉRIE

ET

L'IDIOTIE

COMPTE RENDU DU SERVICE

DES ENFANTS IDIOTS, ÉPILEPTIQUES ET ARRIÉRÉS DE

BICÈTRE PENDANT L'ANNÉE 1892

PAR

BOURNEVILLE

MÉDECIN DE BICÊTRE '

Avec la collaboration de

MM. DAURIAC, FERRIER ET NOIR.

Internes] du service.

Volume XIII.

Avec 37 figures dans le texte et 15 planches.

PARIS

AUX BUREAUX DU

PROGRÈS MÉDICAL

14, rue des Carmes, 14.

FÉLix ALCAN

ÉDITEUR

108, Boulevard St Germain, 108.

1893

il

PREMIÈRE PARTIE

Histoire du service pendant l'année 1892.

(Bicêtre et Fondation Vallée.)

BOURNE'ILL, Bicêtre, 1892. *

PREMIÈRE PARTIE

Section 1 : Bicêtre.

Histoire du service pendant l'année 1892.

I.

Situation DU SERVICE. - Enseignement primaire^

La quatrième section du quartier des aliénés de,

l'hospice de Bicêtre, est, on le sait, spécialement con-

sacrée aux enfants. Les enfants y sont répartis en.

trois groupes : 1° Les enfants idiots, gâteux, épile-

tiques ou non, mais INVALIDES; - 2° les enfants idiots,

gâteux ou non, mais VALIDES; - 3° les enfants propres,

valides, imbéciles, arriérés, instables, pervers, cp ?

leptiques, et hystériques ou non.

I. Enfants idiots, gâteux, épileptique s ou non, ¡

mais invalides. - Ils se subdivisent en deux caté-

gories : la première est composée des idiots gâteux,

ne parlant, ni ne marchant. La plupart d'entre eux, .

- cependant, contrairement à l'opinion commune sont;

susceptibles d'amélioration. On leur apprend à se tenir

debout à l'aide des barres parallèles que nous avons >

décrites précédemment, à marcher, soit en les tenant

sous les bras, soit à l'aide du charriot. On fortifie leurs

membres en les fléchissant et les étendant alternative--

m Petite école.

ment, en leur faisant des frictions stimulantes. En

môme temps, ces enfants soumis à un traitement toni-

que (bains salés, fer, huile de foie de morue, etc.) Dès

qu'ils sont capables de marcher, ils sont envoyés à la

petite école, d'abord le matin pendant quelque temps,

puis toute la journée aussitôt que leurs forces le per-

mettent. Quatre enfants ont appris à marcher : Baud.,

Berta ? Charma ? Léser... - La seconde catégorie

comprend des idiots tout à fait incurables et des enfants

atteints d'épilepsie devenus gâteux ou déments sous

l'influence des accès ou des poussées congestives qui

les compliquent. Ils ne sont plus, en général, que l'objet

de soins hygiéniques.

II. Enfants idiots, gâteux ou non galeux, épilel7li-

ques ou non, mais valides [Petite Ecole). Ces

enfants fréquentent, la petite Ecole confiée exclusive-

ment à des femmes. 213 enfants ont été inscrits

dans l'année. Sur ce nombre, un seul est décédé,

cinq sont sortis définitivement, neuf sont passsés à

la grande École, un est passé aux adultes et deux ont

été transférés. Sur les 195 enfants qui restaient au 31

décembre 1892, 40, au réfectoire, se servent de la cuil-

ler; 85 de la cuiller et de la fourchette; JO de la cuiller,

de la fourchette et du couteau. 1' enfants sont deve-

nus propres dans le courant do l'année (1). Tous les

enfants de la petite Ecole sont exercés à la gymnas-

tique Pichery, sauf six, trop infirmes pour pouvoir y

participer. Parmi eux, cinq suivent en outre les exer-

cices de la grande gymnastique. 20 enfants ont été

envoyés aux ateliers comme apprentis; ils se répar-

tissent ainsi : tailleurs, 14 ; cordonniers, 4 ; vanniers, 2.

Le traitement du gâtisme, qui consiste à placer les

gâteux à des heures régulières sur des sièges d'aisan-

'(1) Bign ? Boy ? Dav.. (Léon), nur... llca ? llisb ? 'I'lmuy ? I>upon ?

LUlI1a ? 13oiv ? Rog ? Bill.. Pcti ? Can1lt...

PETITE ÉCOLE. V

ces; les leçons de toilette (lavage de la figure, des

mains, entretien de la chevelure, cirage des souliers

etc.), les exercices des mains (fermer, ouvrir les mains,

agiter les doigts, les allonger, les étendre- et les plier

simultanément ou isolément, l'exercice de la brouette,

du passe boule, etc.) ; la gymnastique, les leçons de

choses, l'éducation des sens (tableaux et cartons de.

couleurs, gamme de sonnettes, flacons de diverses

odeurs, etc.), l'éducation de la parole (exercices de

prononciation), les promenades avec interrogations,

etc., constituent comme toujours la base de l'ensei-

gnement (1).

III. Enfants propres et valides, imbéciles, arriérés

instables, pervers, épileptiques et hystériques ou

non. Grande école. - La population de cette école

était de 203 enfants au 1 ? janvier 1892 et de 209 au 31

décembre de la même année.

Nous avons continué l'emploi des mêmes procédés

que les années précédentes, cherchant toujours à maté-

rialiser en quelque sorte l'enseignement. Parmi les

améliorations de l'année nous citerons les suivantes :

1° organisation d'une classe spéciale de dessin le jeudi

matin, sous la direction de M. Boyer. M. Carriot, direc-

teur de l'Enseignement primaire du département de

la Seine, a bien voulu nous adresser les tableaux pro-

grammes servant à l'enseignement du dessin ; 2° orga-

nisation d'une Société de Jeux sous la direction de M.

Boyer. Les membres de cette petite société paient

une cotisation mensuelle de 0 fr. 25 pour l'achat de

jouets collectifs. Le but de cette création est de con-

tribueràl'occupation constante des enfants, de les inté-

(1) Voir pour les -détails les Comptes rendus précédents et surtout ceux de

1884, p. Il ; 18813, p. V; 1S87, p. IV; 1SSS, p. IV. - Pour le traitement de la

bave, nous avons employé avec assez de succès des bâtonnets de bois de

réglisse, d'abord assez gros, puis plus petits. Nous nous proposons de recours

rir à l'électricité du muacle orbiculaire des lèvres. .

PO Grande école.

resser à la conservation des objets qu'ils ont achetés

eux-mêmes, et dont ils prennent plus de soin que de

ceux qui leur ont été fournis par l'Administration. La

société, fondée en avril 1892, a fonctionné jusqu'au

mois de novembre ; elle comptait alors 44 sociétaires.

A partir de cette date le temps ne permettant plus les

jeux en plein air, les exercices de la société repren-

dront au printemps prochain. Voici un aperçu de ce

qui a été fait.

Les enfants ont verso comme cotisation 56 fr. 45. Il a été

acheté 1 ballon, 4 tambourins, 8 balles, un arc, 34 balles en

peau et 2 fanions. La société a en outre donné une subven-

tion de 5 fr. à la fête du 24 juillet et une autre de 10 fr. à la

fête du 21 septembre. La menuiserie des enfants a confec-

tionné pour la société 24 boucliers en bois. Les dépenses

faites s'étaient élevées iL la somme de 43 fr., il reste en caisse

au mois de novembre, 13 fr. 45.

Nous devons une mention spéciale aux courses à

pied qui ont eu lieu dans la cour de l'Hospice avec

les enfants valides des deux écoles.

3° Les maîtres ont pris possession du musée scolaire

au point de vue de l'enseignement à l'aide des projec-

tions à la lumière oxhydrique. Auparavant l'ensei-

gnement se faisait au gymnase couvert dans des con-

ditions assez mauvaises ; maintenant il pourra se

faire dans d'excellentes conditions. L'Administration

a acheté un nouvel appareil (30 mars).

4° Création d'une caisse d'épargne scolaire confiée

à l'un des instituteurs, M. Mesnard. A la date du 31

décembre, les 53 participants avaient versé 145 fr. 70.

5° Pour obtenir une plus grande régularité dans les

mouvements d'ensemble, M. Goy, professeur de gym-

nastique, a eu l'heureuse idée de les faire accompa-

Grande école; éducation physique. vu

gner par le tambour. Les exercices de gymnastique

se font toujours d'une façon très régulière et avec suc-

cés. 40 enfants ont pris part à une grande conférence

pratique de gymnastique au palais du Trocadéro. Ils

ont exécuté des mou vements avec les xylofers et

accompagnement de musique. Ils ont également par-

ticipé au festival de gymnastique organisé dans la com-

mune, où ils ont obtenu une palme en vermeil, et à

une course pédestre communale.

La part importante qu'occupent les exercices phy-

lites dans le traitement medtco-pedagogtgue des

enfants de notre service a attirée l'attention de ceux qui

se préoccupent de ce qu'on appelle aujourd'hui l'éllu-

v ration physique. M. Gaufrés, ayant été délégué parle

Conseil général au Congrès des exercices physiques

qui a eu lieu à Paris au printemps dernier, a bien voulu

nous demander des renseignements sur ce que nous

faisions à Bicêtre. Pris de court nous n'avons pu que

lui envoyer le résumé très sommaire qui suit :

« L'éducation physique est une des préoccupations constan-

tes du chef de service et de son personnel. Elle tient une large

place dans l'emploi du temps des écoles (grande école et

petite école pour les garçons, fondation Vallée pour les filles), a

D<1J1 ? e. - C'est ainsi que dès le matin, aussitôt après les

soins de propreté, les douches et le petit déjeuner, les enfants

dansent de 7 à 8 h. sous la direction d'un instituteur, assisté

de deux violonistes. A cette leçon prennent part, par groupe

de °0, tous ceux dont les infirmités n'apportent pas trop d'obs-

tacle à cet exercice.

G ! lIIJJ1<1stique. AS heures, gymnastique proprement dite

sous la direction d'un professeur, consistant en mouvements

d'ensemble et d'assouplissement avec ou sans barres à sphère

et haltères, avec accompagnement de chants spéciaux ou de

musique instrumentale (1), en exercices aux agrès, lesquels

(1) Nous avons fait composer à l'imprimerie des enfants, deux Recueil

de chants pour la gymnastique, les jeux et différents exercices scolaires.

VIII Grande école ; éducation physique.

sont très complets à Bicétre : appareil à contre poids, de rota-

tion, échelle horizontale, échelles orthopédiques, concave et

convexe, poutre, tremplin, cheval de bois, barres parrallèles,

barre fixe, vindas, balançoires et portique ordinaire.

Concours de gymnastique. - Les enfants prennent part à

tous les concours de gymnastique qui ont lieu, soit à Paris,

soit aux environs; ils ont remporté, depuis 1879, il ! médailles

et une palme de vermeil. Dernièrement, au Trocadéro, l'Asso-

ciation régionale de tir et d'exercices gymnastiques, les a

invités pour exécuter des mouvements d'ensemble avec ac-

compagnement de musique, pendant une conférence pratique

de M. Sehé, sous-inspecteur de gymnastique; ils y ont obtenu

beaucoup de succès.

Leçons en plein air. - Pendant la classe de 9 à 11 heures,

lorsque le temps le permet, une division d'élèves assiste il une

leçon en plein air sur les travaux des jardins et des champs,

dans les diverses plantations du service organisés au point

de vue de cet enseignement.

Jeux. - Pendant la récréation de midi, les infirmiers qui

mangent en même temps que les enfants dans le but de les diri-

ger dans leurs jeux, distribuent cerceaux, boules, palets,

billes, balles et ballons, et engagent tous les élèves à parti-

ciper aux jeux.

La classe de l'après-midi comme celle du matin donne aussi

lieu à des leçons en plein air. De plus, dans la dernière heure,

jusqu'au moment du diner, les instituteurs dirigent des jeux

d'ensemble, tels que jeux de paume, du cochonnet, de barre,

de balle au chasseur, de balle à la crosse, de quilles et de

croquet.

Promenades. - Deux fois la semaine, les enfants sont con-

duits en promenade, sous la conduite des instituteurs, de

préférence à la campagne, où les joueurs se donnent libre

carrière. De temps en temps, les plus valides sont entraînés

dans de longues promenades de 12 kilomètres environ, aller

et retour (de Licètre à Choisy-le-Roi, à Bourg-la-Reine, il Châ-

tillon, à Bagneux, au bois de Vincennes, à la Fête de la place

de la Nation et à différents points du centre de Paris.

Société de jeux. La Fanfare exclusivement composée des

enfants de la Section soutient les marcheurs en jouant de

temps en temps des pas redoublés et des marches militaires,

Grande école; éducation physique. IX

Dans l'intervalle les enfants chantent pour conserver le pas.

Tout récemment les instituteurs ont organisé pour les enfants

une Société (le jeux afin de régler leur activité et de leur

apprendre les nouveaux jeux préconisés par la ligue nationale

d'Éducation physique dont ils font partie depuis 1887.

Escrime. Après le dîner qui a lieu à 5 heures, leçons

d'escrime par séries de 20 sous la direction d'un maître d'ar-

mes du fort de Bicêtre.

Travaux manuels. Les travaux manuels ont lieu toute la

journée dans les ateliers de menuiserie, serrurerie, imprime-

rie, couture, cordonnerie, vannerie, rempaillage et brosserie.

Les enfants sont divisés en deux séries qui se rendent tour

de rôle aux ateliers et en classe.

Travaux ménayers. Pour ne pas laisser inoccupés les

enfants valides on les fait participer, durant les récréations,

aux travaux de nettoyage, de transport du linge, frottage des

salles, et nettoyage du réfectoire.

Gymnastique Pichery. Les enfants de la petite école

sont surtout exercés au point de vue de l'éducation des sens.

Leur gymnastique est celle du système Pichery (gymnastique

de l'opposant). On les exerce au moyen d'un escabeau il sau-

ter de la hauteur d'une marche d'abord, puis de 2, etc... Un

chariot particulier et un système de barres parallèles à hau-

teur variable servent à exercer les plus invalides aux premiers

mouvements des jambes et des bras.

Les jeux usités en récréation, sous la direction des maî-

tresses, sont appropriés à leur âge : les enfants jouent au

tonneau, au passe-boules, au cerceau, au postillon, aux

volants, aux grâces, à la corde, etc.... Des brouettes de toutes

grandeurs sont données aux élèves, pour leur apprendre des

notions d'équilibre et en même temps, les exercer iL porter

de petits fardeaux (linge, sable, etc.).

Gymnastique des filles. Les filles de la Fondation Vallée

suivent des cours réguliers de gymnastique proprement dite

sous la direction d'un maître. Les plus jeunes sont exercées à

la gymnastique de l'opposant. Les jeux sont ceux de leur

sexe, tels que, cordes, guides, volants, cerceaux, ballon, cro-

quet, grâces et aussi jeux de tonneau et de passe-boules, pour

l'éducation de l'oeil et de la main.

x Grande école ; éducation physique.

Les travaux manuels consistent chez elles en couture,

repassage et soins du ménage. Comme les garçons, elles vont

toutes les semaines en promenade dans les environs. »

Dans son discours au Congrès, M. Gaufrés s'est

exprimé ainsi qu'il suit au sujet de la pratique déjà

ancienne qui existe il Bicêtre :

« Ce qui n'est pas d'un moindre intérêt, ni d'une moindre

hardiesse, c'est la culture intensive donnée au développement

physique de ce groupe important d'enfants arriérés relevant

non du département, mais de l'administration connexe de

l'Assistance publique, et formant à Bicêtre l'Ecole des Enfants

idiots et épileptiques, placée sous la direction de M. le Dr

Bourneville. Il y a quatre il cinq cents enfants qui ne pouvant

suivre, et pour cause, de longues études, sont occupés, pres-

que toute la journée à des jeux et exercices de plein air, et il

des travaux qui sont aussi des exercices ; danse, gymnasti-

que proprement dite, avec ses appareils variés, escrime pour

les garçons, promenades pour les élèves des deux sexes, tra-

vaux manuels et domestiques, leçons au jardin toutes les fois

que le temps le permet, mouvements et marches avec chants.

C'est par ces moyens qu'on occupe les heures de ces pauvres

enfants, qu'on égaie leurs journées, qu'on développe leurs

forces, qu'on éveille leur esprit. C'est là de la gymnastique

éducative au premier chef et ces enfants en profitent car Ils

sont en état de prendre part il des concours institués pour des

élèves normaux, ils y recueillent des couronnes; ils vont été

récemment applaudis au Trocadéro. »

La fanfare a continué de fonctionner régulièrement

durant l'année 1892. Elle a participé au concours

musical du XX" arrondissement (2 ? prix de lecture

à vue, médaille de vermeil ; 2° prix d'exécution,

médaille de vermeil) ; au concours festival organisé

par la commune de Gcntilly ( palme et médaille de

vermeil). Elle a donné deux fêtes a l'hospice d'Ivry,

s'est fait entendre il la distribution des diplômes aux

Ecoles municipales d'infirmières, a prêté son con-

cours aux fêtes données dans l'hospice do et

dans le quartier, - La société a acheté sur sa caisse

Fanfare; musée scolaire. XI

un tronbono et un drapeau-fanion en soie. Le compte

rendu financier ci-après donne une idée de son fonc-

tionnement.

XII Promenades ET distractions.

tre serrurier). Ces différents dons témoignent de l'in-

térêt que tout le personnel du service et même de la

maison, porte à l'instruction pratique des enfants. Tous

ces. objets, en effet, servent aux leçons de choses.

Bibliothèque récréative. Cette bibliothèque ins-

tallée dans le Musée scolaire et composée de livres

amusants s'est enrichie de 145 volumes et de gravures.

M.Pinon, directeur de l'hospice, l'a abonnée au J ow'nl1l

des Voyages, au Petit Français illustré et à l'Ecolier

illustré. Au 31 décembre elle comptait 321 volumes.

Promenades et distractions. - Les enfants de la

grande école et ceux de la petite école qui sont propres

ont continué à faire de nombreuses promenades soit à

Paris, soit dans les communes voisines. Nous croyons

inutile d'énumérer les endroits où elles ont eu lieu,

car nous en avons maintes fois donné la liste dans les

précédents Comptes-rendus. Signalons seulement les

promenades à la foire au pain d'épices sur la place de

la Nation, où les directeurs de trois théâtres forains

(MM. Marchetti, Corvi et Laurent) leur ont offert des

représentations. Comme d'habitude tous les enfants

valides sont allés au Jardin d'acclimatation dont le

directeur M. Geoffroy Saint-Hilaire a l'obligeance,

chaque année, de nous envoyer des cartes d' entrée( 1).

Ces promenades n'ont donné lieu il aucun accident

capable d'attirer l'attention et de troubler la tranquil-

lité publique. Le maximum des accès survenus au cours

de ces promenades a été de trois. Le nombre des

enfants qui y ont pris part s'est élevé jusqu'à 1glu à la

fois. Malheureusement il est arrivé que leur nombre

n'était pas aussi élevé, par suite de l'insuffisance des

vêtements de promenade.

(1) Nous demandons également une permission pour les enfants de la Sal-

pêtrière.

Distractions diverses. xiii

Mentionnons enfin les distractions diverses commu-

nes à tous les enfants valides et partagées par les petites

filles de la Fondation Vallée : le" janvier, distribution

de jouets et de bonbons ; en février : matinée drolatique

organisée par les enfants ; grande cavalcade du Mardi-

gras dans les cours de l'asile et de l'hospice, promenade

en musique dans la commune, grand bal paré et travesti

(104 enfants déguisés, 22 de la grande école, 40 de la

petite école, 42 de la Fondation Vallée) ; en mars, même

distraction pour la fête de la Mi-carême ; matinée donnée

par M. et ;\1110 Darthenay (pupazzi) ; - en juillet, fête

du Centenaire des grandes journées de 1792, précédée

la veille d'une conférence avec projections lumineuses

par MM. Boyer et Mesnarcl; matinée musicale et dra-

matique avec le concours de la fanfare municipale de

Gentilly, de la symphonie la Fauvette et de la fanfare

des enfants, jeux pour les garçons et pour les filles,

retraite aux flambeaux ; les enfants de la Société de jeux

sont exercés au jeu de la petite guerre : comme arme

défensive ils ont un bouclier en bois, comme arme de

jet ils ont deux balles ; concert annuel des frères Lion-

net. - En septembre, 40 enfants de la Société de jeux

font une marche militaire et parcourent 26 kilomètres ;

une voiture de la maison suivait la petite colonne, un

seul enfant a dû s'en servir au retour ; - fête du cente-

naire de la proclamation de la République. Tous les

enfants de la section et de la Fondation Vallée y pren-

nent part. Matinée dramatique par les artistes de la

Gaité-Montparnasso (1). Courses et jeux collectifs.

Retraiteauxflambeaux. Feu d'artifice. Les frais ontété

couverts par une quête faite parmi les employés et les

sous-employés do la maison. - En décembre, matinée

en commémoration du 4a anniversaire de la fondation

(1) Les artistes de ]a (Jajté-Iontpal"11asse an nombre de 8 ont prêté leur

concours moyennant la modeste somme de 100 francs. -

XIV VISITES ET congés.

de la Fanfare ; banquet aux membres de la Fanfare.

- Les parents des enfants assistent aux matinées dra-

matiques.

Ces promenades et ces distractions, outre qu'elles

font grand plaisir aux enfants, contribuent à leur

bien-être physique et servent à leur instruction, les en

priver constituent une punition à laquelle ils sont très

sensibles (1).

Visites. Les enfants ont reçu 9.626 visites. Les

visiteurs ont été au nombre de 12.243. Voici la statisti-

que des permissions de sortie et des congés :

Bains et hydrothérapie. XLV

encore davantage dans cette voie. Nous répétons aussi

que ces congés contribuent il maintenir le lien naturel

entre les familles et leurs enfants. Ajoutés aux prome-

nades et aux distractions, ces visites et ces congés

rendent le séjour de l'asile plus supportable aux mala-

des et rapprochent autant que possible notre section

d'un hôpital ou mieux encore, d'un pensionnat ol'cli-

naire.

Vaccinations et revaccinations. Elles ont été au

nombre de 88. Suivant l'habitude, elles ont été prati-

quées sous notre direction et celle de nos internes par

les élèves de l'École municipale d'infirmiers et d'inlir-

mières de Bicêtre.

Service denlaire. Notre ami le DI' Cruct, ancien

interne des hôpitaux, continue ses visites bi-mensuelles

aux enfants de Bicêtre et de la Salpètrière. Les résultats

obtenus au point de vue de l'hygiène de la bouche et

d'une meilleure dentition des enfants sont excel-

lents.

Bains et hydrothérapie . Les bains et les douches,

joints à la gymnastique et il tous les exercices physi-

ques dont nous avons parlé, les bromures, surtout

l'élixir polybrol11uré de Yyon, le bromure de camphre

et les médicaments antiscrofulcux ont continué il être

la base du traitement pendant l'année 1892. Voici la

statisque des bains et des douches de l'année :

xvi Améliorations diverses.

Visites DU SERVICE. xvii

1892 par : le D1' Autokratow, Mistress Burgwin,

Dr Berlier; M. Marcel Berger, architecte; D1' Ber-

geon (de Lyon), D'' Canto, M. P. Dreyfus de la Na-

tion, D Dmitri-Drill, D'' Delaaiau e, M. G. Danville, ré-

dacteur au Courrier du Soir; Dl' Ch. Eloy, D'' A. Frus,

directeur de l'Asile des idiots du Danemark; D'' Four-

nerct; D1' Faucher; D1' Gardiné; M. Gallet; Dr Ghilar-

ducci ; D1' J. Gacon, député; D1' Hache; D1' Ililfrich ;

M110 Anna .Jannoes, (de Christiania) (1); D1' Koenig; Dr

Kratow ; Dr E. Lebrun ; M'" Rose Lyon ; D1' Le Blond ; Dr

Lavalléc ; M. A. Larcher, ingénieur ; D'' Mallac ; M. Man-

lock; M. Nesler (de St-Pétersbourg), architecte; Dr

OthondeFschetsott(deSt-Pétersbourg); DrPojack; Dr

Pozzi; D'V.Péclière;D"1'%"osal)ell ? D'' da Saval ; D'' 0.

Snolfs; D'Saziée ; Dr Targosvla ; Dr Teixera Brandao,

professeur à la Faculté de médecine de Rio de Janeiro ;

Dr Volant; Dr Verhoo'en ; Dr Walter-Chaning (de

Boston). De même que tous les ans la Commission

de surveillance des asiles d'aliénés, présidée par M.

Barbier, et la Commission d'Assistance publique du

Conseil général ont visité le service. - Espérons que

ces visites auront des conséquences heureuses et con-

tribueront à rendre plus facile l'organisation de l'as-

sistance des Enfants idiots et épileptiques, aussi bien

en France qu'à l'étranger !

M usée pathologique . - Le musée, placé sous la

surveillance de notre ancien interne, M. leD1' P. Sollier,

s'est enrichi notablement en 1892, ainsi que le montre

le tableau comparatif suivant (p. xvm) :

1) 1111e A. Jannoes est l'une des maîtresses de l'institution de Linderen,

consacrée aux enfants idiots. Cette institution renferme 120 enfants confiés à

dix institutrices. Elle est venue pendant une semaine, chaque jour, dans le

service, pour se rendre compte de tout ce qui s'y l'ait.

Bourneville, Bicêtre, 1892. **

xvIII ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL.

Enseignement professionnel.

xix

Dumoulin pour la cordonnerie, Mercier pour la b1'OS-

serie, Morin pour la vannerie, le paillage et le can-

nage des chaises, Maréchallat pour l'imprimerie.

Nous sommes heureux de les féliciter tous de nouveau,

non seulement pour le zèle et l'intelligence qu'ils appor-

tent chaque jour à l'instruction professionnelle des

enfants, mais encore pour la bonne direction morale

qu'ils savent leur imprimer. Bien des fois nous avons

insisté auprès de l'Administration pour qu'elle les en

récompense en accordant une suite favorable à la

demande que nous lui avons adressée, afin de les faire

admettre successivement à jouir de la pension de

repos qu'elle accorde aux agents du personnel secon-

daire. Nous avons renouvelé cette proposition lors de

la visite de la Commission du Conseil général. Nous y

revenons encore, convaincu que M. Peyron trouvera le

moyen de réaliser, en faveur de nos maîtres de l'en-

seignement professionnel, leur admission à la pension

de repos ou de leur accorder l'équivalence. Le tableau

suivant met en évidence les résultats obtenus grâce

à leurs efforts :

xx Fonctionnement des ateliers.

Les 7 maîtres sont payés à raison de 6 fr. 50 par

jour, soit pour l'année 16.607 fr. 50. Cette somme étant

déduite de celle du travail des enfants, il reste un

bénéfice de 17.563 fr., soit 2.2G9 fr. de plus qu'en

1891. Ces chiffres, établis soigneusement par l'inspec-

teur du service d'architecture, M. Delahaye, et par M.

Husson, économe, montrent que le travail des enfants

couvre, non seulement la dépense occasionnée par le

salaire de leur maître, mais encore et au-delà l'intérêt

du capital (210.000 fr.) engagé dans la construction des

ateliers. « C'est là d'ailleurs, répèterons-nous, une

considération secondaire. En effet, l'enseignement

professionnel rend des services d'un ordre bien autre-

ment supérieur. Il permet de donner à un certain

nombre d'enfants un métier qui, à leur sortie, les

mettra en mesure de gagner leur vie. Quelques-uns

ont déjà quitté l'hospice et sont placés; d'autres le

seront aussitôt que les circonstances le permettront.

Il nous aide à donner à un plus grand nombre d'en-

fants le moyen d'atténuer le sacrifice que la société

s'impose pour eux. Précisons par un exemple. Nous

avons à l'atelier de couture des hémiplégiques, c'est-

à-dire des malheureux condamnés presque certaine-

ment à passer toute leur existence à l'hospice ; la plu-

part sont ou deviendront de bons tailleurs. Autrefois

ils ne savaient rien faire : maintenant, grâce à l'ensei-

gnement qu'ils reçoivent, une fois passés aux épilepti-

ques adultes, s'ils ont encore des accès, ou passés dans

les divisions de l'hospice, s'ils n'en ont plus, ils pour-

ront travailler à l'atelier commun de la Maison et leur

travail compensera en partie, et pendant de longues

années, les dépenses de leur entretien, en même temps

qu'il leur fournira quelques ressources personnel-

les. »

Bien des fois depuis près de dix ans, nous avons

Fonctionnement DES ateliers. XXI 1

réclamé à l'Administration la création d'un emploi

de maître-jardinier et nous avons donné, à l'appui,

de nombreux motifs. Nous avons obtenu satisfaction

cette année et au mois d'octobre M. Peyron a autorisé

le directeur de Bicêtre, M. Pinon, à choisir le titulaire

de ce modeste, mais très utile emploi. Grâce à cette

création, nous pourrons exiger que les maitres et les

maîtresses des écoles soient prévenus chaque fois

qu'auront lieu des travaux de jardinage, de labourage,

de hersage, de semailles, de fauchage, etc., etc., quand

il s'agit du champ des céréales ou des plantes fourra-

gères. Outre les avantages que nous venons d'énumé-

rer, le maître jardinier pourra utiliser, s'il remplit

bien les conditions d'un véritable maître, non seule-

ment les enfants qui désirent apprendre le métier de

jardinier, mais aussi un certain nombre d'enfants qui

se plaisent aux grosses besognes.

Nous terminerons ce chapitre de l'enseignement

professionnel, en reproduisant ce que nous disions

l'an dernier et qui a une réelle importance au point

de vue du succès de nos ateliers et de l'intérêt des

finances de l'Assistance publique.

« Lorsque les enfants de nos ateliers de brosserie,

vannerie, canage et imprimerie sont devenus adul-

tes et passent dans les autres sections du quartier

des aliénés ou dans les autres divisions de l'hospice,

ils ne peuvent plus continuer l'exercice de la profes-

sion que nous leur avons fait enseigner, l'établisse-

ment n'ayant pas d'ateliers similaires. Nous avons

demandé et dans l'intérêt de ces malades et dans

celui de la Maison, qu'ils fussent autorisés à venir

travailler dans nos ateliers, au sur et à mesure des pla-

ces disponibles. Il est certain que, en raison des

besoins des malades, il sera indispensable d'avoir

dans le département de la Seine un asile pour les idiots,

les imbéciles et probablement les épileptiques adul-

xxii Enseignement professionnel.

tes, avec des ateliers où les malades pourront continuer

à leur avantage et à celui des finances départemen-

tales, la profession qu'ils auront apprise dans les sec-

tions d'enfants. »

Les ateliers de menuiserie et de serrurerie doivent

pourvoir d'abord aux besoins des autres ateliers, puis

à ceux de la section, enfin aux besoins de la Fonda-

tion Vallée, annexe de Bicêtre, consacrée auxarriérées.

Les ateliers cle couture et de cordonnerie travaillent

exclusivement à la confection et à la réparation des

vêtements et des chaussures des enfants. Nous avons

la conviction que si le personnel chargé de la surveil-

lance durant les récréations faisait strictement son

devoir, exerçait une véritable surveillance et surtout

s'intéressait aux jeux des enfants, la destruction des

effets d'habillement et des ohjets mêmes qui servent

à l'amusement des malades, deviendrait chaque jour

de moins en moins considérable. Les ateliers de vanne-

rie, de rempaillage, de canage des chaises et de bros-

serie font face aux besoins de la section et de l'hospice,

et font, en outre, d'importantes livraisons au Magasin

central de l'Assistance publique (1).

III.

Statistique. - Mouvement DE la population.

Le 1 cr janvier 1892, il restait dans le service

434 enfants : 414 enfants idiots, imbéciles ou épi-

leptiques dits aliénés, et 20 réputés non aliénés. Sur

ce chiffre, 5 sont atteints de surdi-mutité et 11 de

(1) L'atelier de brosserie, en 1802, a livré 6.DOO brosses au Magasin cen-

tral et 1.011 à Bicêtre. L'atelier de vannerie a réparé 180 paniers ponr Bicê-

tre et fabriqué 3G7 paniers ou mannes tant pour cet établissement que pour le

Magasin central. Il a rempaillé 430 chaises pour Bicêtre, Lourcine et la

Salpêtrière et canné 101 chaises pour Bicêtre.

MOUVEMENT DE LA POPULATION.

xxiii

cécité. Voici le mouvement de la population en

1892 :

XXIV DÉCÈS.

DÉCÈS. XXV

XXVI

DÉCÈS.

DÉCÈS. XXVII

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Xxvi Population; personnel DU service.

Évasions. - Elles ont été au nombre de quatre

Dup.... Dup.... Maa.... Plu

Transferts. - Il Y a eu 7 transferts : Lorr..., à l'asile

de Saint-Dizicr; Pasq..., à l'asile de Tours; Jcand...,

àl'asiledeClermont;Grom...,v1'asile d' Arment ières ;

Pép..., à l'asile de Vaucluse; Goul... et Garr..., à

l'asile de Clermont.

Maladies épidémiques et contagieuses. Le pavil-

lon d'isolement a reçu dans le courant de l'année 31

enfants (30 garçons et 1 fille) atteints de la rougeole ;

il y a eu trois décès ; 3 cas cl'éoispèle (2 garçons 1

fille) ; - 1 cas de coqueluche (fille) ; 1 cas de ch'p/t-

thérie (enfant d'une surveillante) suivi de mort; 10

cas de gale et 4 de rarioloïde légère. Au 31 décembre

il restait trente enfants atteints de la teigne.

Population au 31 décembre 1892. On comptait à

cette date clans le service 41'1 enfants, se décompo-

sant ainsi : 415 enfants idiots, imbéciles ou épilcp-

tiques, dits aliénés, et 26 réputés non aliénés. Sur ce

chiffre 5 enfants sont affectés de surdi-mutité et 11

de cécité. Signalons les ruminants au nombre de

18.

Personnel du service en 1892. - Le personnel était

ainsi composé : 10 pour le se l'vice médical : de21ntcrnes

titulaires. MM. Dauriac et Ferrier, d'un interne provi-

soire, M. Noir et de M. le D'' P. Sollier, conservateur

du Musée pathologique ; - 2° pour le service sco-

laire : a) Grande école : d'un instituteur, M. Boutiller,

et do deux institueurs adjoints, MM. Boyer et Mes-

nard ; d'un professeur de chant, M. Pény; d'un profes-

seurdegymnastique, M. Goy; de cleuxmoniteurs, admi-

nistrés de l'hospice ; d'un maître d'escrime, M. Godin ; i

Personnel DE service. RRV11

d'un suppléant, M. Routier, et de deux infirmiers dont

un ayant le grade de premier infirmier. - b) Petite

école : de Mlle Blanche Agnus, surveillante ; de 111°°

Amandincl3ollain, sous-surveillante; de l"" Givalois,

suppléante; de M"11 Lacroix, boursière; d'une Il infir-

mière, l\I111" Grizard, chargée du pavillon d'isolement ;

de 9 infirmières de dortoirs qui, quand elles ont fini

leur besogne, viennent aider les maîtresses d'école ;

3° pour l'enseignement professionnel : de huit

maîtres dont nous avons donné les noms plus haut;

plus un infirmier de garde; - 4° pour le seou-ice hos-

]Jilalier : de M. Agnus, surveillant; de M. Siégel,

sous-surveillant; do Mille Bié, sous-surveillante (bâti-

ment des gâteux) ; de DI"° Ath. Bohain, sous-surveil-

lante (infirmerie) ; de )1"le Gladel, suppléante de nuit;

d'un suppléant (baigneur), M. Givalois; de 2 pre-

miers infirmiers (musée, portier), de 28 infirmiers et

cle 3o infirmières de jour ou de nuit, d'un perruquier;

total du personnel secondaire : 71.

Tout le personnel s'efforce, en général, de nous

seconder; malheureusement, il est en nombre insuffi-

sant, d'abord en raison même de la nature des maladies

dont sont atteints les enfants et, par suite aussi du

chiffre de la population qui, au 31 décembre, dépassait

de 71 le chiffre réglementaire.

Section II : Fondation Vallée.

Histoire du service pendant l'année 1892.

I.

Situation du service. Enseignement primaire.

Les besoins du service des aliénés ont fait fléchir

la règle que nous nous étions fixée de limiter la popu-

lation de la Fondation Vallée à 100 enfants au maxi-

mum. La population il la fin de l'année 1892 atteignait

le chiffre proportionnellement beaucoup trop consi-

dérable de 1 12 enfants. Le cube d'air correspondant à

chaque lit, qui était déjà un peu faillie pour une popu-

lation de 100 enfants, est devenu aujourd'hui, avec les

lits supplémentaires, tnut-tt-/iait in.m.c ? isant. Cette

situation est encore aggravée par l'existence, il la Fon-

dation, d'une proportion considérable d'enfants ttez-

ses (42), et par l'impossibilité où nous sommes, en raison

de l'exiguïté des locaux, cle répartir les enfants en

différents groupes, ce qui nous contraint, en particu-

lier, de mélanger, dans les mêmes classes, les enfants

gâteuses valides avec les enfants propres.

Les enfants idiotes gâteuses invalides ont pu, ainsi

que nous l'avons dit l'an dernier, être isolées; elles

Enseignement. xxxix

ont leur dortoir, leur salle de réunion (servant en

même temps de réfectoire, ce qui est fâcheux), et un

préau découvert. Nous avons fait bitumer le sol de

ce dernier : ce qui permet aux enfants cle faire leurs

exercices de chariot. Une tente-abri, pouvant se dé-

monter, a été installée pour protéger les enfants

contre les ardeurs du soleil.

On sait qu'il s'agit là d'une catégorie d'enfants sou-

vent incapables, non seulement de marcher, mais

même de se tenir debout. Il faut donc exercer leurs

jambes et pour cela, de même qu'à Bicêtre, nous les

plaçons dans des barres parallèles; nous les faisons

sauter sur place en les tenant sous les bras; nous leur

faisons pratiquer des frictions stimulantes sur les

jambes et les cuisses, et nous leur faisons exécuter des

mouvements de flexion et d'extension de toutes les join-

tures des membres (Massage). De plus nous faisons

asseoir les enfants de ce groupe sur une balançoire

spéciale, disposée de façon que les pieds vont battre sur

un tremplin vertical en bois, collé contre le mur, trem-

plin qui repousse et reçoit les pieds tour-à-tour (1). On

pourrait appeler cet appareil : balançoire-tremplin.

Nous n'avons eu qu'à nous féliciter de l'emploi de

la laine de tourbe pour les coussins perforés des fau-

teuils et des bancs des enfants gâteuses.

L'Enseignement est confié exclusivement à des

femmes sous l'habile et intelligente direction de mille

Berthe Langlet, surveillante. Les procédés employés

sont les mêmes qu'à la section des enfants de Bicêtre.

Tout le matériel scolaire est identique. Les leçons

de choses sont multipliées autant que possible et com-

plétées par des promenades dans le domaine et aux

environs. Les enfants assistent à toutes les opéra-

(t) Y. Sepuin. et EIiteatioit tled ttfio, p. 3 ? 7 : Un appa-

(1) Y. Se¡ : (lIin. - TI'aileml'nl et Education des idiots, p. 3;,î : Un appa-

reil semblable fonctionne dans le ! Jumna.e pour les enfants valides.

XL Enseignement professionnel.

tions du jardinage, participent à la récolte des légu-

mes et des fruits.

106 enfants ont fréquenté l'école et ont été exercées

à la gymnastique Pichery. 38 des plus grandes ont

suivi les exercices de la grande gymnastique (mou-

vements, appareils, etc.). Les échelles convexes nous

sont d'un grand secours pour remédier à la tendance

qu'ont un certain nombre d'enfants il tenir la tête et

le tronc inclinés en avant. M. Goy, maître de gym-

nastique iL Bicêtre, est venu régulièrement tous les

jeudis donner une leçon afin de dresser le personnel

et de s'assurer de la régularité des exercices. Nous

avons pu, enfin, obtenir pour lui une modique indem-

nité annuelle.

40 enfants savent se servir de la cuiller, cle la

fourchette et du coutcau; 39 de la cuiller et do la

fourchette; 17 de la cuiller. 16 enfants ne savent pas

manger seules. Trois enfants gâteuses sont deve-

nus propres : Banc ? Galmi ? et Pich.. Les deux pre-

mières ont en outre appris à manger sans aide.

Enseignement professionnel. Nous tenons en

premier lieu à apprendre aux enfants tout ce qui est

nécessaire pour essayer fd'en faire de bonnes ména-

gères. Le matin, après leur toilette, on leur apprend

à faire leurs lits, il entretenir proprement leurs dor-

toirs. On leur enseigne iL mettre et a retirer le couvert,

à laver la vaisselle. Nous avons choisi 10 des moins

arriérées; nous les faisons manger avant les autres et

on les dresse spécialement pour qu'elles sachent

manger aussi convenablement que possible. Nous nous

en servons ensuite pour faire l'éducation, au point de

vue particulier de la préhension des aliments et de la

tenue à table, des autres enfants moins intelligentes :

elles leur servent en quelque sorte de monitrices.

Les deux ateliers que nous possédons ont fonctionné

Enseignement professionnel. XLI

comme par le passé : 65 enfants vont à l'atelier de

couture, les unes pendant une heure seulement, les

autres durant quatre heures. Au 31 décembre dernier,

22 étaient devenues des apprenties sérieuses. Elles font

ou raccommodent des tabliers, des robes, des jupons,

des bavettes, des pantalons, des pèlerines, des mou-

choirs, des chapeaux, des costumes pour leurs bals du

Mardi-gras et cle la Mi-carème.

35 enfants ont fréquenté l'atelier de repassage,

d'abord pendant une heure puis durant quatre 'heures.

Nous retrouvons-la les 22 meilleures apprenties de

l'atelier de couture. Elles repassent des tabliers,

des jupons, des mouchoirs, des bavettes, des ri-

deaux, des bonnets, des fichus, des corselets, des pan-

talons. z

Le travail, évalué par M.- Husson, économe de

Bicêtre, d'après les tarifs de-cet établissement, s'est

élevé a 560 fr. pour le premier atelier, dirigé par M1"0

Hetman et à 1.052 fr. pour le second, dirigé par M"10

Lcjeunc, soit au total 1.611 fr. Ce chiffre est inférieur

de 261 fr. à celui de l'année 1891. Cela tient à ce que

pendant deux mois, par suite de la construction d'un

calorifère pour le bâtiment des classes, les travaux

professionnels n'ont pu se faire dans de bonnes con-

ditions. Le tableau ci-après donne le produit mensuel

du travail en 1892 (Voir p. xi,iil.

Nous devons ajouter qu'un certain nombre de

jeunes filles ont appris à faire du tricot ( ! i), du crc-

chet (10), de la tapisserie (2), à marquer (8), et

qu'elles ont confectionné quelques layettes. MIlo Lan-

glet a eu l'heureuse idée d'organiser une petite expo-

sition des objets fabriqués par les enfants le jour de

la visite de la Commission d'assistance du Conseil

général.

Visites, permissions de sortie et congés. Les

YLII Visites, bains, hydrothérapie.

Bains, distractions, HYDI10THI : ;I\APIE. XLIII

gâteuses ou aux jeunes filles pubères. Les enfants

valides vont prendre leurs douches dans la section des

enfants de Bicêtre, et les enfants invalides les pren-

nent à la Fondation même. Les bains de pieds sont

également donnés à Bicêtre, où existe, comme nous

l'avons déjà dit, une installation rendant facile le lavage

simultané des pieds d'un grand nombre de malades (1).

Voici la statistique des bains et des douches en 1892 :

RLIV Distractions ; chauffage. '

nées dramatiques organisées par les garçons, au con-

cert des frères Lionnet, etc., etc.

Estimant que la séparation arbitraire qu'on établit

de nos jours entre les enfants des deux sexes est con-

traire à la nature, nous n'avons pas hésité, en dépit de

certaines craintes administratives, a faire venir les

petites filles do Vallée il toutes les l'êtes données au

gymnase de la Section des garçons, il leur faire prendre

rang dans le cortège du Mardi-Gras et delà Mi- Carême ;

à faire ces mêmes jours un bal commun aux garçons et

aux filles. Il va de soi que nous donnons au personnel

des instructions pour redoubler de surveillance. Ces

bals et ces réunions n'ont jamais donné lieu Ù aucun

désordre.

Chauffage. Le chauffage du bâtiment des classes,

de l'ouvroir et du gymnase étant très insuflisant,

n'atteignant que 3" ou 4" au mois de janvier, nous

avons dû le faire évacuer et laisser les enfants dans

les réfectoires et, pour remédier à une situation

aussi fâcheuse, nous avons demandé la reconstruction

du calorifère. Ces travaux, qui ont entraîné la réfection

du parquet du gymnase, ont commencé à la fin de

septembre. Ils auraient dû être faits au mois de juil-

let et d'août ce qui aurait permis de l'aire travailler

les enfants dans le jardin, tandis que nous avons été

obligé de nous servir du réfectoire et pour l'école et

pour la couture. Les travaux ont été terminés le 10

novembre.

Améliorations diverses. La Fondation étant ali-

mentée en eau de Seine, nous avons réclamé et obtenu

un filtl'c Chambel'lancl (avril). Citons encore la transfor-

mation des matelas et des traversins desgatcuscs dont

la laine ou la paille ont été remplacées par de la laine

de tourbe; l'aménagement de la cour voisine du

Statistique. XLV

dortoir des gâteuses, dont le sol a été nivelé, avec un

chemin cimenté pour l'exercice du chariot, et qui

a été pourvue d'une tente pour protéger les enfants

contre les rayons du soleil (1); - l'achat d'une lan-

terne magique; - l'aménagement du premier étage

du bâtiment des écuries et remises en logements pour

des sous-employées mariées.

Maladies épidémiques. Une enfant, Lent.. (Pau-

line) est entrée à la période d'incubation de la rougeole;

elle a guéri; une autre Leg... Alice est entrée avec

lacoqueluehc ; quatre enfants ont eu la teigne et sont

guéries. Toutes ces malades ont été traitées au pavil-

lon d'isolement de Bicêtre.

Enumération des travaux faits, par l'atelier de

menuisel'ie des enfants de Bicêtre pour la Fondation

Vallée. - En avril : trois planches pour la coupe;

table avec tréteaux; barres parallèles pour la gymnas-

tique ; une table scolaire ; - en zzai : chariot pour les

pansements; - en décernée : une armoire.

II.

Statistique. - Mouvement DE la population.

Le 1 CI' janvier 1892, il restait à la Fondation 99

enfants se répartissant ainsi :

XLVI

Mouvement de la population.

Sur ce nombre 43 étaient gâteuses; 3 atteintes de

surdi-mutité et 3 de cécité. Voici le mouvement de

la population en 1892 : --

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Personnel du service. ILIl

Population au 31 décembre 1892. Il restait à

cette data à la Fondation, 1 12 cnfants se décomposant

ainsi :

III.

Projet d'agrandissement de la Fondation Vallée.

Premier rapport.

En qualité de membre de la Commission de sur-

veillance des asiles de la Seine, nous avons été chargé

d'étudier la question de l'agrandissement de la Fon-

dation. Voici le texte du Rapport que nous avons fait

à cette Commission dans sa séance du 2 juin :

Messieurs, .

Dans de précédents rapports, nous vous avons exposé

l'historique et l'organisation de la Fondation Vallée. Nous

vous avons décrit son fonctionnement durant les exercices

1890 et 1891 dans une Notice qui vous a été distribuée au

cours de cette visite.

En 1889, vous avez nommé une Sous-Commission char-

gée d'étudier l'utilisation ultérieure du domaine. Dans la

séance du 5 décembre 1889, vous avez adopté entre autres

propositions la suivante :

« 2° L'étude à bref délai d'un programme pour la

construction sur ce domaine d'un établissement autonome

destiné à l'entretien de 300 jeunes filles idiotes ou arrié-

rées. »

Lors de votre visite à la Fondation Vallée, le 7 mai 1898,

nous avons appelé votre attention sur les différents moyens

d'agrandir le domaine légué par M. Vallée :

1° Acheter le terrain enclavé dans le domaine et don-

nant sur la rue Benserade; 2° ou acheter le terrain qui

longé au sud ce domaine ; 3° ou enfin acheter les terrains

vagues situés au-dessus de l'institution, longeant la rue

lienserade et le chemin de l' I ty.

Projet d'agrandissement. LI

I.

Vers le mois de novembre dernier, M. E. Trélat, al'l'hi-

tecte en chef du département, est venu officieusement nous

demander, non pas un programme détaillé du futur asile,

dont l'Administration l'avait de tracer les plans,

mais un aperçu général. Il nous a semblé naturel de lui

poser les questions préjudicielles ci-après :

1° Quel est le terrain adopté par l'Administration pour

l'édification de l'asile ? z

2- Quel est le nombre de malades que l'Administration

se propose d'y placer ?

Les réponses furent négatives. Nous pensions inutile de

poursuivre notre entretien dans de telles conditions.

M. Trélat ayant insisté afin que nous lui fassions con-

naître nos idées sur l'organisation d'un asile pour les

petites filles idiotes et épileptiques, nous lui avons répondu

que l'on pointait prendre pour base d'une telle organisa-

tion, la section des enfants de et qu'il convenait

en conséquence de prévoir les services suivants : .

1° Services de jour : Des écoles pour l'instruction pri-

maire, avec un certain nombre de classes permettant de

grouper les enfants et comprenant une salle pour le traite-

ment du gâtisme et des préaux multiples afin d'en réserver

un pour les enfants gâteuses, un pour les enfants les plus

jeunes et un pour les plus grandes ; des réfectoires, dont

l'un spécialement réservé aux enfants gâteuses, tous pour-

vus de vastes offices, où l'on pourra apprendre aux

enfants il nettoyer la vaisselle ; - des ateliers pour l'en-

seignement professionnel (couture, repassage, brochage,

buanderie, lingerie, etc.).

2° Services du traitement physique : Gymnase ; Salle

pour apprendre aux enfants il cirer leurs chaussures; -

Salle de bains et d'hydrothérapie; -Salle de bains de

pieds. Ces trois derniers services sont indispensables si

l'on veut assurer un état constant de propreté à la caté-

gorie d'enfants pour lesquels l'asile est créé.

LII Fondation Vallée.

3° Services de nuit : Dortoirs de 20 lits avec lavabos,

cabinets d'aisances, meubles de toilette, bidets, etc.

4° Bâtiment des enfants gâteuses invalides, avec réfec-

toire, salle de réunion avec appareils servant à appren-

dre à se tenir debout, à marcher, etc., enfin salle spéciale

pour le traitement du gâtisme. Il conviendrait d'établir

dans ce bâtiment une division entre les enfants suscepti-

bles d'être améliorés et les enfants reconnus absolument

incurables. (Les idiotes, en petit nombre, et les épilepti-

que,s devenues démentes).

5° Service hospitalier : a. Infirmerie avec chambre

d'isolement pour les cas douteux, chambres d'infirmières,

réfectoire, office, bains, lavabos, cabinets d'aisances, etc. ;

- b. Pavillon pour les maladies contagieuses ; c. Pavil-

lon de cellules.

Il ne pouvait s'agir là que d'un programme général fait

au pied levé et comportant, il va de soi, des modifica-

tions. Toutefois nous avons signalé la nécessité d'éviter

les escaliers, d'avoir des portes et des couloirs larges afin

de faciliter les communications et d'imiter dans les cons-

tructions ce qui a été fait il Bicêtre, en tenant compte des

améliorations que l'expérience a fait reconnaître indispen-

sables. Nous n'avons rien dit du logement du médecin-

directeur, ni du personnel médical, ignorant si l'on veut et

si l'on peut utiliser pour le logement du personnel médi-

cal, des institutrices, des employées et infirmières, quel-

ques-uns des bâtiments qui existent.

En ce qui concerne la cuisine, nons estimons qu'elle

doit être aménagée de telle façon, quelle puisse servir en

quelque sorte d'atelier pour apprendre la couture aux

enfants.

II.

Nous n'avions plus entendu parler de cette affaire, lors-

qu'à la fin du mois d'avril, l'Administration nous a envoyé,

conformément à un vote du Conseil général du 27 déecm-

PROJET d'agrandissement. lui

bre 1891. un dossier sommaire relatif l'agrandissement

de la fondation Vallée. « Le service d'architecture, y est-

il dit. a été invité, conformément au vote du Conseil géné-

ral du 27 décembre 1891, il faire établir :

« 1" L'avant-projet d'un bâtiment destiné à recevoir 100

lits d'enfants avec les services nécessaires :

« 2" Le plan d'ensemble relatif il la construction de bâti-

ments pouvant conctnir 400 enfants. o

L'Administration demande l'avis de la Commission de

surveillance sur le principe même du projet et sur la cons-

truction d'un bâtiment pour 100 lits.

Cette dernière proposition, qui est urgente, ne nous

paraît pas pouvoir être tranchée, si on n'est préablement

d'accord sur l'ensemble du futur asile.

D'après ce plan, le futur asile occuperait : 1° Le domaine

actuel ; 2° tout le terrain vague situé en avant de la fonda-

tion entre la rue Benserado et la route départementale de

Paris il l'IIay ; ;)0 le terrain enclavé dans le domaine ; 4° le

terrain situé au sud de la fondation Vallée, dans toute sa

longueur; en d'autres termes, tous les terrains sur les-

quels nous avions appelé l'attention de la Commission.

La superficie totale de ces terrains serait de 45,472

mètres carrés (1).

La superficie occupée par les enfants de Bicêtre est de

3(l,b(I mètres carrés.

Examinons maintenant avec vous le plan provisoire

dressé par M. l'architecte et que nous mettons sous vos

yeux.

M. l'architecte place le bâtiment de l'administration et

l'entrée principale sur la route de l'IIay. A gauche de la

cour d'entrée, se trouve le pavillon d'habitation du direc-

teur ; en face du bâtiment d'administration, l'infirmerie, le

pavillon des agitées et, vers la rue Benserade; le pavillon

des contagieuses. le tout sur la même ligne.

lit Fondation Vallée.

Au-delà, en descenc ant le coteau et parallèlement il la

série des trois services dont nous venons de parler, s'élève

le bâtiment des gâteuses (hospice), du côté de la rue Ben-

serade, et au-delà, vers le sud, la buanderie.

Puis, vient une immense cour, répondant il toutes les

constructions actuelles et les dépassant au-dessus et au-

dessous. Cette cour est limitée en bas par la cuisine, au

sud est un g-rancl bètiment sc prolongeant vers la rue Ben-

serade. Le rez-de-chaussée de ce grand bâtiment com-

prendrait la salle de gymnastique, des réfectoires pour

HO enfants. Au-dessus, il y aurait deux étages compre-

nant six dortoirs de 20 lits chacun.

C'est ce bâtiment que l'Administration propose de cons-

truire immédiatement.

Plus bas. nous trouvons un autre bâtiment. La légende

dit : « Au-dessous, un étage, trois ateliers de 100 places;

au rez-de-chaussée. neuf classes dont huit de 32 élèves et

une de '1 '1. Au-dessus un étage, composé de trois dortoirs

de vingts lits chacun.

Enfin, plus bas. à cheval sur l'enclave et sur le terrain

de la ferme, un dernier bâtiment composé d'un rez-cle-

chaussée comprenant, au centre, les bains et la salle d'hy-

drothérapie, il gauche et il droite un préau couvert et au-

dessus deux étages pour six dortoirs de vingt lits chacun.

Enfin, il l'angle sud-ouest, donnant sur la rue du Bout-

Durand, le service des morts.

Une galerie de communication, prenant son origine

entre l'infirmerie et le pavillon des agitées et descendant

jusqu'au préau situé au sud du bâtiment des bains, dessert

tous les services. Des galeries latérales aboutissant il la

buanderie et il la cuisine, ou s'élendant du pavillon des

agitées au pavillon des contagieuses, faciliteront le ser-

vice.

Telle est la disposition générale des bâtiments qui doi-

vent composer le nouvel asile.

111.

Nous devons vous présenter quelques remarques gêné-

PROJET d'agrandissement. LV

raies avant d'aborder l'étude du projet de construction du

bâtiment destiné il recevoir cent enfants.

1° Nous ne voyons aucune utilisation des bâtiments

existants ; peut-être aurait-il été possible d'affecter au

logement du médecin-directeur l'ancien pavillon d'habita-

tion de M. Vallée et de se servir, au moins durant une

dizaine d'années, des autres bâtiments.

1° Nous ne trouvons aucune indication d'un parloir pour

les familles les jours de visite.

3° L'hôpital, c'est-à-dire l'infirmerie, le pavillon des

contagieuses, le pavillon des cellules, ne nous paraît

pas il sa véritable place. Ce n'est pas à l'entrée de

l'asile, mais plutôt au fond que l'hôpital devrait être

placé. En effet, chaque fois que les enfants sortiront

pour aller en promenade, ou pour venir au parloir,

qui a sa place naturelle à l'entrée de l'établisse-

ment, ils seront obligés de passer entre les cellules et

l'infirmerie. Il en sera de môme pour tout le personnel

quand viendra au bâtiment de l'Administration ou se

rendra au dehors. Les corps des enfants décédés passe-

ront tout le Ion ? des services de jour pour être transpor-

tés à l'amphithéâtre. Nulle indication d'une étuve à (lésiii-

fection.

4° La buanderie, qui doit être un véritable atelier, se

trouve au voisinage de l'infirmerie, à une très grande

distance des autres ateliers. -

5" La lingerie est placée au-dessus de la buanderie.

Nous pensons qu'on ne doit rien mettre au-dessus de la

buanderie qui a besoin d'être largement aérée et de pou-

voir laisser échapper très facilement toutes ses buées.

G" Les ateliers paraissent être prévus dans le sous-sol

des écoles, ce qui nous semble tout il fait défectueux.

7° Le service balnéo-hydrothérapique est surmonté de

deux étages. Or, dans ces derniers temps on a construit

LVI Fondation Vallée.

ces services sans étages, par suite des inconvénients qui

résultent de l'humidité, des vapeurs, etc. C'est ce principe,

déjà admis avant nous, que nous avons fait prévaloir à

Laennec, à Lourcine, il la Salpêtrière, à Bicêtre.

8° Contrairement au principe accepté il peu près par tous

les médecins aliénistes pour la construction des asiles, les

bâtiments ne doivent avoir qu'un rez-de-chaussée ou tout

au plus un étage. Or, plusieurs des bâtiments du futur asile

doivent avoir deux étages, ce qui nous paraît déplorable.

Et, comme il s'agit de placer dans cet asile des enfants

infirmes, paralytiques ou atteintes de maladies conntlsi-

ves, les inconvénients des étages sont encore plus considé-

rables que dans les asiles consacrés aux aliénés adultes.

C'est parce que nous connaissions par expérience tous les

inconvénients, pour ces enfants, des bâtiments il plusieurs

étages, que nous avons fait prévaloir à Bicêtre les pavil-

lons il rez-de-chaussée.

IV.

Arrivons maintenant l'examen du projet particulier

qui consiste il construire immédiatement un pavillon de

100 lits.

La dépense totale, est-il dit dans la lettre d'introduction

de M. le Préfet de la Seine, « est de : ".33 ? .ih0 fr. et de 222,

720 francs pour la construction d'un pavillon de 100 lits. »

« En présence du chiffre élevé de cette dernière évalua-

tion, l'Administration a fait rechercher quelle serait la

dépense d'une construction provisoire analogue il celle

qui existe à la colonie de Vaucluse et il celle qui vient

d'être édifiée Il Salpêtrière pour les petites filles idiotes.

« Il résulte du rapport de M. l'architecte en chef du

département, qu'en raison de la nature du sol et de sa

déclivité, un baraquement analogue il celui de la Salpê-

trière entraineraît une dépense d'environ 1 10,000 francs.

Dans ces conditions, il semble qu'il y aurait avantage il

adopter immédiatement le projet d'une construction défi-

nitive.

« « Toutefois, dit M. le Préfet en terminant, avant de

Projet d'agrandissement. L'II

faire procéder il l'établissement des devis détaillés de l'o-

pération, je vous demanderai, Monsieur le Président, de

vouloir bien provoquer sur le principe même du projet

l'avis de la Commission de surveillance. »

L'Administration nous parait avoir agi sagement en

abandonnant l'idée d'une construction provisoire.

Il ne nous reste plus qu'à vous donner la description du

pavillon définitif, d'après le rapport de l'architecte en chef

du département à M. le Directeur des travaux :

« Ce bâtiment, en raison de la nature du sol et de sa disposi-

tion sur rampe, demandera des fondations d'une assez grande

profondeur(3'" environiet permettra d'établir un sous-sol qui

assainira le bâtiment. Il y aura au-dessus de ce sous-sol un

rez-de-chaussée, un premier étage dans toute la surface et un

deuxième étage dans toute la partie du centre, conformément

aux plans ci-joints.

« La construction sera en béton dans les fondations, en meu-

lière dans la hauteur du sous-sol et en moellon dans la hauteur

des étages; les parements extérieurs seront appareillés et

piques ; les verrous, les appareils de croisées, les bandeaux et

corniches d'entablement seront seuls en pierre de taille; les

planchers en fer, les combles, faux-planchers et les escaliers

en bois ; les parquets en chêne, ainsi que les portes et croisées ;

les peintures a l'huile, 3 couches ; vitrerie ordinaire, calorifère

de puissance suffisante pour chaufler tout le bâtiment.

Estimation.

LVIII Fondation Vallée : discussion.

la moitié de ce nombre nous semble amplement suffisante.

Le plan montre encore que l'on placera les lits deux par

deux entre les fenêtres. Le système adopté dans la section

des enfants de Bicétre et qui consiste il placer un lit entre

chaque fenêtre nous paraît de beaucoup préférable. Et nous

ne sommes pas seul de cet avis. La largeur des dortoirs

nous parait insuffisante. Nous n'avons aucune indication

sur le cube d'air.

Nous arrêtons la notre examen. Nous espérons, Mes-

sieurs, vous avoir donné une idée exacte de l'affaire qui

vous est soumise. A vous de vous prononcer.

M. le Président. - Il résulte, Messieurs, du savant rapport

de notre collègue M. le Dr Bottrtiet-ille , que l'Administration

nous demande un avis de principe relativement à la construc-

tion sur les terrains de la Fondation Vallée, d'un asile pour

400 jeunes filles idiotes et arriérées, et subsidiai rement l'adop-

tion du projet de construction immédiate d'un premier bâti-

ment pour 100 de ces jeunes filles.

Ne pensez-vous pas, il la suite des observations présentées

par notre collègue dans le rapport dont il vient de nous don-

ner lecture, qu'il y aurait lieu de soumettre cette question à

une sous-commission d'étude chargée de nous faire connaître

son appréciation non seulement sur la question de principe

posée par l'Administration, mais aussi sur celles relatives au

mode de construction des bâtiments eux-mêmes (rez-de-

chaussé, un ou deux étages, etc.) ?

M. DESCHAMPS. - Le projet de construction d'un bâtiment

à deux étages ne répond pas aux sentiments de M. le D''Bo)t}'-

neIJitle qui le voudrait à un rez-de-chaussée, ou tout au plus

à un étage. Tout en me réservant de revenir s'il y a lieu sur

cette question, je demandrai à M. le Directeur des affaires

départementales s'il peut nous affirmer que la construction de

ce premier bâtiment ne nous coûterait pas plus de 222.000

francs ? Des dépenses d'agrandissement des services généraux

de la Fondation Vallée ne me paraissent pas comprises dans

ce projet. Or, il est évident que si vous augmentez de 100 lits

la population de cette fondation en la portant de 1UO à 200

lits, vous devrez de toute nécessité procéder à l'extension dès-

dits services généraux.

Avant de m'engager comme membre de la Commission de

surveillance, je prie en conséquence M. Le Roux, de vouloir

Fondation Vallée : discussion. LIX

bien faire connaître à la Commission, par un rapport écrit,

que la construction de ce bâtiment, y compris l'agrandisse-

ment des services généraux ne coûterait pas plus de 222.000

francs. Je le prie, en outre, de nous faire savoir dans ce rap-

port ce que coûtera le personnel secondaire et administra-

tif nécessité par cette augmentation de population.

M. Le Roux. Conformément au Heu manifesté par la

Commission de surveillance dans sa séance du 8 mai 1890,

l'Administration a fait procéder à l'étude d'un double projet,

en vue de l'agrandissement de la Fondation Vallée, savoir :

1° La construction d'un asile spécial pour le placement de

400 jeunes filles idiotes ou arriérées , 2° La construction d'un

bâtiment, ne comportant que 100 lits. Ce second projet ne

touche en rien aux bâtiments existants, qu'il maintient tels

quels avec leur affectation actuelle. Cependant, comme ce

bâtiment, s'il est construit, se relierait a un plan d'ensemble,

l'Administration a dû appeler d'abord la Commission à se

prononcer sur le principe) de ce plan d'ensemble. En réalité ce

pu'elle désire ce n'est pas un vote immédiat, mais une discus-

sion, lui faisant connaître les vues de la Commission sur

l'utilisation des terrains. Dès que ces vues lui seront con-

nues l'administration se mettra il la disposition de la Com-

mission pour l'étude du programme de construction défini-

tive.

En réponse il la question qui m'a été posée par M. le Dr

Ileschamps, je dois dire que la construction du bâtiment de

100 lits ne comportera pas d'au très dépenses que celles prévues

au devis, soit 222,00(1 fr. Jusqu'à la l'onstuction du plan d'en-

semble, il n'est pas dans l'intention de l'administration de tou-

cher aux bâtiments actuels où sont installés les services

généraux de la fondation Vallée.

Il me reste à répondre il la question relative aux dépenses

du personnel. L'Administration Préfectorale compte,jusqu'à

achèvement complet de la fondation Vallée, maintenir à la

direction de l'Assistance publique, la gestion de cette fonda-

tion, moyennant le payement d'un prix de journée par malade

fixé annuellement par le Conseil général.

Dans ce prix de journée sont comprises les dépenses du

personnel. Ce sera donc à la Direction de l'Assistance publi-

que qu'il appartiendra de se préocuperde cette question.

Ce qui nous préoccupe, nous administration départementale,

c'est la construction d'un bâtiment nous permettant de reti-

rer de l'asile de Villejuif, les petites filles qui y sont placées,

1.\ Fondation Vallée : discussion

d'affecter leur quartier aux malades femmes qui encombrent

nos établissements.

II. le Dr 130Unw-ItLU. - Il me parait impossible que nous se'

parions la construction de ce bâtiment do la question d'ensem-

ble.

Ceci dit, j'appelle l'attention de la Commission sur un

ne autre ordre d'idées : Je demande si l'achat de tous les ter-

rains mentionnés au plan de M. l'architecte est nécessaire.

Ces achats donneraient à là fondation actuelle une superficie

totale d'environ 4 hectares. Or, la superficie de la section des

enfants de Bicêtre avec des bâtiments iL rez-de-chaussée et

une population de 400 enfants est d'environ trois hectares. Des

économies peuvent être réalisées de ce coté. L'examen de cette

question peut être également renvoyé il une sous-Commis-

sion, déjà désignée pour l'étude de cette construction et com-

posée de MM. Puteaux, le Dr Thulié, le Dr Taule et nous.

J'ajoute, au point de de vue de cette étude, que si )Lle])ll'ee

teur des affaires départementales voulait bien ne pas persis-'

1er dans son idée de bâtiments à deux étages, j'adopterais de

mon côté, quoique a regret, l'établissement d'un premier étage

pour ces constructions.

M. Le Houx. - Dans mon idée, lo 2" étage ne doit servir de

dortoir que pour les enfants valides, et il en existe un certain

nombre. Je ne demande pas mieux toutefois que de m'en rap-

porter sur ce point il la décision de ! .l Commission.

M. Trélat, architecte en chef du Département. - Le plan

que j'ai remis it l'Administration, n'est pour ainsi dire qu'un

schéma permet tant à la discussion de s'engager.

M. le Président. De la discussion qui vientd'avoir lieu, il

résulte que les questions que la sous-commission est appelée

à examiner sont les suivantes ;

1" Y a-t-il lieu de construire un asile pour les jeunes filles

idiotes et arriérées, sur les terrains de la fondation Vallée ? ? ° Une superficie de quatre hectares est-elle nécessaire à

cette édification ?

.'i En attendant l'édification d'un plan d'ensemble, doit-on

procéder à la construction d'un bâtiment (le 10U lits, on vue (l'y

placer les jeunes filles internées il l'asile de Villejuif, sous

réserve que ce bâtiment se reliera au pland'enscmlle ?

- 10 Faut-il que les bâtiments à construire soient à un ou : "t

deux étages ?

Fondation Vallée : discussion LX !

M. B : 11LT.1-. Ne conviendrait-il pas. Messieurs, avant de

nous lancer dans des projets de constructions coûteuses, de

savoir qu'elles seront les nouvelles dispositions légales con-

cernant les enfants ? Nos délibérations doivent être subor-

données aux lois qu'on édictera sur cette importante question.

Sait-on où en est la proposition de loi qui doit réformer celle

de 1838 sur les aliénés ? L'hospitalisation des enfants idiots

sera-t- clin il la charge des Départements ou à celle des com-

munes ? Dans l'état actuel des bâtiments, combien la fonda-

tion Vallée peut-elle contenir d'enfants ?

M. Pelletier, chef de service des aliénés. - Dans le projet

de loi déposée par M. Reinach, sur le bureau de la Chambre,

l'obligation d'assister les enfants idiots et épileptiques incom-

berait aux Départements.

M. le D1' 13 : )UI\ : \E\'ILLE. Après de nombreuses études fai-

tes par M. Pinon directeur de Bicêtre, par M. Baron, économe

et par moi, nous sommes parvenus il trouver de la place pour

100 lits, il la fondation Vallée; sur ces 100 lits 99 sont occupés.

1 ne reste plus qu'un lit vacant. La construction d'un nou-

Ive-au bâtiment s'impose donc, non seulement pour y place

les jeunes filles qu'on pourra nous amener du dehors, mais

encore pour dégager l'asile de Villejuif de celles qui l'encom-

brent, ce qui permettra de rendre cent lits au service des

femmes. \I. l3nill a demandé où en est la proposition de loi

concernant les enfants idiots ou épileptiques. Je puis fournir

il la Commission quelques renseignements sur cette questionr

Le Sénat, dans le projet de loi qu'il a voté, a éeartél'hospita-

lisation des enfants idiots ; mais l'obligation de les hospitaliser

ligure dans les projet de M. /ieit2c'It, lequel n'est en grande

partie que la reproduction de celui que j'avais moi-même pré-

senté aux délibérations de la Chambre des Députés. Il repro-

duit, entres autres, le texte que j'avais eu le bonheur de faire

accepter parla Commission parlementaire, concernant l'obli-

gation pour les départements de créer dans un délai de dix

ans des asiles départementaux ou interdépartementaux pour

les enfants idiots et épileptiques. M. le député Larant, rappor-

teur du projet de Reinach, admet lui aussi la construction

d'établissements spéciaux pour les enfants idiots et épilepti-

ques. M. Th. Roussel sénateur, m'a dit qu'il soutiendrait cette

mesure au Sénat, si elle est votée, comme les décisions des

Commissions le font pressentir, par la Chambre des Députés.

J'ajouterai enfin que, suivant en cela l'exemple donné par le

LXII Fondation Vallée ; discussion.

Conseil municipal de Paris et le Conseil général de la Seine,

plusieurs départements, considérant le vote du Parlement

comme acquis, se préoccupent vivement de la construction

de services spéciaux pour les enfants. Il y quelques jours, j'ai

reçu t l31oi·tru. la visite de M. le D1' Fauclwr. médecin-direc-

teur de l'asile de la Charité (Nièvre), chargé de rédiger le pro-

gramme d'un asile de ce genre.

M. Potier. Je me demande si la prudence ne comman-

(lerait pas de s'assurer, des à présent, des terrains nécessaires

Ù l'agrandissement de la fondation Vallée afin de les obtenir

dans de lionnes conditions.

M. Le Roux. Avant de procéder à l'achat de ces terrains,

il est indispensable que la Commission fasse connaître son

avis sur la question de principe qui lui est posée.

M. le Président. -Je propose à la Commission de renvoyer

l'examen de celle question et de ccllc dun la présente discus-

sion vient de soulever, à l'élude d'une sous-commission com-

posée de MM. Puteaux, le 1)' 1.'mirneuille, le D''7'<Ht<tc et le

D Taule, ce dernier Directeur de l'asile Clinique.

Adopte.*

Second rapport sur l'agrandissement de la Fondation

Vallée, (1)

Messieurs,

Dans la séance cle la Commission cle surveillance

du jeudi 2 juin dernier, nous avons lu un rapport sur

l'agrandissement de la Fondation Vallée et sur la

construction d'un pavillon de 100 lits. Dans ce rap-

port, nous avons examiné d'abord l'avant-projet de la

création d'un asile de 400 lits, ensuite le projet de

construction d'un bâtiment pour 100 lits, avant-projet

et projet qui nous étaient soumis par M. Trélat, au

nom de l'Administration. A la suite de la lecture de

notre rapport et de la discussion à laquelle il a donné

lieu, la Commission a décidé la nomination d'une Sous-

Commission appelée à discuter les questions sui-

vantes :

1° Y a-t-il lieu de construire un asile pour les jeu-

nes filles idiotes et arriérées, sur les terrains de la

Fondation Vallée ? . ?

2° Une superficie de quatre hectares est-elle néces-

saire à cette édification ? . ?

3" En attendant l'édification d'un plan d'ensemble,

doit-on procéder à la construction d'un bâtiment de

100 lits, en vue d'y placer les jeunes filles internées

à l'Asile de Ville,juif, sous réserve que ce bâtiment se

reliera au plan d'ensemble ?

(1) Présenté par I. 13OUR'1'1-.VlLI.1c, nu nom d'une Sous-Commission com-

posée de II. 13.n111E11, IiOl : l2\62-ILL13, Puteaux, Taule et Tuulié.

Lxiv Fondation Vallée.

4° Faut-il que les bâtiments à construire soient, à

.un ou doux étages ?

La sous-Commission s'est réunie à la Fondation

Vallée' le 1.0 novembre,' sous la présidence de 1"1. Bai-

bier. Après avoir visité, minutieusement' le domaine

tel qu'il se comporte aujourd'hui avec les construc-

tions existantes, elle a discuté les quatre questions

qui précèdent. Nous allons résumer cette discussion.

1° . Y a-t-il lieu cle construire un asile pour les jeu-

nes filles idiotes, arriérées, sur les terrains cle la

Fondation Vallée ? ? - La Sous-commission, M. Albert

Pétrot,conseillergénéral chargé du rapport de l'Asile

chaque et de la Fondation Vallée, présent àla réunion et

M. Le Roux sous-directeur des affaires départementales,

ont été unanimes à penser que le Département devait

utiliser le domaine légué par M. Vallée, dont la super-

ficie est d'un hectare 89 ares 19 centiares. D'ailleurs

la nécessité de la construction d'un nouvel asile pour

les jeunes filles idiotes, ariérécs et épileptiques, s'im-

pose d'une façon urgente. La section de la Salpê-

trière (141 lits), le quartier de Villejuif (56 lits)

et la Fondation Vallée avec ses 110 lits (1) ne peuvent

faire face aux besoins de cette catégorie de malades.

L'insuffisance des lits pour les femmes aliénées exige

impérieusement que le quartier de l'asile -de Ville-

juif soit rendu à sa destination primitive. La,OLlS-(i0111-

mission est donc d'avis de construire un nouvel asile

pour les jeunes filles idiotes et épileptiques et d'utiliser

dans ce but les terrains do la Fondation Vallée.

2° Une superficie de quatre hectares est-elle néces-

(f) Nous avons dit et répété que le cube d'air des salles affectées auxuor-

toirs ne permettait, an grand maximum, que l'installation de 100 lits. LeslO

iits supplémentaires constituent un réel encombrement.

Projet d'agrandissement.. : LRV

saine à cette édification ? Nous avons signalé la

possibilité d'agrandir le domaine actuel et indiqué

les terrains qu'on pouvait y annexer. Leur superficie

totale est de 2 hectares 65 ares 48 centiares, ce qui

fait avec le domaine primitif 4 hectares 54 ares 72

centiares. Nous avons fait valoir que l'achat des trois

terrains en question n'était pas indispensable,- en

nous appuyant sur ce que la superficie occupée par la

section des enfants de Bicêtre n'est que de 3 hectares

8 ares; sur la situation du futur asile en pleine campa-

gne, sans aucuneconstructionavoisinante(l), et enfin,

sur l'état des finances départementales. La Sous-Com-

mission a partagé notre sentiment et décidé qu'on pou-

vait se contenter de deux des terrains : a) celui qui

est situé au-dessus de la Fondation, entre la rue Ben-

serade et la route de l'Hay ; b) celui qui est enclavé dans

le domaine. La sunerficie de ces terrains est de

14.400 mq. + 1.828 mq. = 16.228 mq., qui, jointe à

celle de la propriété actuelle (18.924 m.q.) forme un

total de 35.152 m. q.

3° En attendant l'édification d'un plan d'ensemble

doit-on procéder la d'un bâtiment-de

100 lits, en vue d'y placer les jeunes filles internées

à l'Asile de Villejuif ? sous réserve que ce bâtiment se

reliera au plan d'ensemble ? - La Sous-Commission

estime que pour débarrasser le plus tôt possible l'A-

sile de Villejuif des jeunes filles qui y sont internées,

il convient cle construire de suite un bâtiment qui

devra se relier au plan d'ensemble. Quant au nombre

de lits, il a été réservé pour être tranché par la soin

tion à donner à la 4 ? question.

(t) Il est probable que, de très longtemps, il n'y aura dans les environs,

munie assez éloignes, aucune construction importante, car la commune de

Gentilly n'a aucune tendance à s'étendre de ce côte et que, d'autre part; ces

terrains sont occupés par d'anciennes carrières.....

Bourneville, Bicêtre, 1892. ?

L7CVI Fondation Vallée.

4° Faut-il que tous les bâtiments à construire soient

à un ou deux étages ? A la suite des voeux émis en

1877 et 1878, par le Conseil général, demandant que

les enfants de Bicêtre fussent séparés des adultes et

qu'on créât pour eux une section spéciale, l'Adminis-

tration générale de l'Assistance publique chargea M

l'Inspecteur Brelet do rédiger le programme de la

future section. Naturellement, il n'étudia pas sur

place les conditions qu'elle devait remplir et ne

jugea pas utile de se renseigner auprès des médecins

en contact journalier avec les enfants idiots et

épileptiques. 11 proposa l'édification, à l'endroit

où se trouvent les ateliers, d'un grand bâti-

ment semblable aux grands bâtiments des trois

sections consacrées aux adultes, comprenant un

rez-de-chaussée et trois étages. Les circonstances

ayant fait que nous ayons été nommé médecin

de la 3c section du quartier des aliénés de Bicêtre,

qui comprenait, en plus des épileptiques adultes, les

enfants idiots et épileptiques, et que nous ayons été

chargé de rapporter au Conseil municipal le projet

dressé par le regretté M. Gallois, d'après le programme

de M. Brelet, nous avons pu nous rendre un compte

exact des conditions spéciales que devait réaliser une

section construite pour les enfants de cette catégorie

et faire prévaloir au Conseil municipal la construction

de bâtiments composés, sauf le bâtiment des gâteux,

d'un seul étage (1). En effet, parmi ces enfants, les uns

ne marchent pas et il y a des inconvénients à les des-

cendre dans les escaliers ; les autres marchent dilli-

cilement, montent et descendent péniblement les esca-

liers et encore faut-il les aider ; d'autres sont hémi-

plégiques et partant peu ingambes ; enfin d'autres sont

(1) Nous rappellerons que certains ahénistes, en tète ES(IUirol, ont préconisé

pour les alénés les bâtiments à rez-de-chaussée. C'est ce qui existe entre

autres à la Salpêtrière (Section l'iuet et Section Itambuteau).

PROJET d'agrandissement. LXVII

épileptiques et peuvent être pris à l'improviste de crises

convulsives les exposant à des chûtes dangereuses.

Vous savez tous qu'à la Fondation Vallée, les classes

sont situées au [ ? étage, au-dessus du gymnase. Afin >

d'apporter la conviction sur le danger des escaliers,

nous avons prié les membres de la Sous-Commission

d'assister à la descente des enfants des classes. Ils ont

tous pu en constater les inconvénients. Nous revien-

drons plus loin, à propos du programme d'ensemble,'

sur les concessions qu'il est possible de faire sur le

principe absolu des bâtiments à rez-de-chaussée. C'est

alors que s'est engagée une discussion sur le nombre

d'étages que doit avoir le bâtiment qu'il s'agit de cons-

truire immédiatement. M. LE Roux a insisté pour qu'il

eut deux étages, se préoccupant surtout du désir du

Conseil général d'avoir le plus rapidement possible 10Q

lits pour dégager l'Asile de Villejuif. Nous avons

insisté pour que ce bâtiment n'ait qu'un seul étage,

et montré qu'il était possible de donner, à peu de cho-

se près, satisfaction au Conseil général. A notre idée,

ce bâtiment serait construit à usage de dortoirs, 2 au

rez-de chaussée, 2 au premier étage, soit 80 lits si on

adopte des dortoirs de 20 lits, soit 96 si l'on adopte

des dortoirs de 24 lits. Provisoirement les deux dor-

toirs du rez-de-chaussée seraient affectés l'un aux

classes, l'autre au réfectoire et pourraient servir en

même temps et provisoirement d'ouvroir. Les classes

actuelles seraient transformées, par la suppression des

cloisons, qu'il est facile d'opérer, en dortoirs contenant

20 lits. Les réfectoires subiraient la même transforma-

tion, ce qui donnerait 17 lits. On aurait ainsi 37 lits,

qui, joints aux 48 lits des deux dortoirs du premier

étage du futur bâtiment formeraient un total général

de 85 lits. Enfin, comme le cube d'air proposé pour

les dortoirs est largement suffisant, on pourra, jusqu'à

la- construction des autres pavillons à usage de dor-

LXVIH Fondation Vallée.

toirs, tolérer 6 ou 7 lits suplémcntaires, ce qui don-

nerait le nombre délits exigé par le Conseil général.

Le but de l'Institution qu'il s'agit de créer n'est pas

seulement d'hospitaliser les enfants atteints de maladies

chroniques, longtemps réputées incurables, il est des

plus complexes : Cette institution est à la fois une école

ou mieux un internat, un hôpital et un hospice réunis

par des services généraux communs et placés sous une

direction spéciale. Nous avons donc à examiner succes-

sivement le programme général de chacune de ces

divisions sans entrer dans tous les détails, puisque la

construction de l'établissement doit se faire d'année

en année et que chaque projet particulier devra être

l'objet, ultérieurement, d'un examen minutieux de la

part de la Commission de surveillance et du Conseil

général.

1. - Une question toutefois doit être tranchée immé-

diatement : c'est celle du personnel et de son logement.

Le personnel pourrait comprendre : 1° un médecin-

directeur ; - 2° un médecin-adjoint ; - 3° deux internes

en médecine ; - 4° un interne en pharmacie ; 5° un

économe ; - 6° un commis, qui tous doivent être logés ; -)

7° au moins 7 ou 8 institutrices ou mieux surveillan-

tes-institutrices (1). Faut-il les loger toutes ? Nous n'y

voyons aucun avantage réel. Nous nous bornerions à

loger la surveillante institutrice en chef ; - 8° les

maîtresses de l'Enseignement professionnel qui, la

plupart, comme la lingère, la buandicre en chef, la mai-

tresse de blanchissage, appartiendront au personnel

secondaire et devront être logées ; - 9° Quant aux

(1) Il s'agit d'un établissement destiné à des malades ; les personnes char-

gées de l'enseignement doivent être en même temps des hospitalières par(ai-

tes. Il conviendrait donc de les obliger it suivre les cours de l'école d'infirmi : ·-

es de Dicètre afin d'avoir lenr diplôme, et de leur faire passer quelques mois à

l'infirmerie générale de ¡'hospice et de l'infirmerie de la section des garçon. de

Bicêtre ou à celle de la Fondation.

PROJET d'agrandissement. lux

autres maîtresses professionnelles, comme les maî-

tresses brocheuse, fleuriste, etc., dont le choix et le

nombre seront à fixer plus tard, nous ne voyons aucune

utilité à les loger dans l'intérieur de la maison. Il en

serait de même des maîtresses de chant et de gymnas-

tique, ainsi que du jardinier; - 10° Personnel secon-

daire. Il serait logé dans un ou plusieurs pavillons

analogues à ceux qui ont été construits à l'Asile de

Villejuif (1).

II. Tout le monde a paru d'accord pour placer

l'entrée de l'asile sur la route del'Hay. C'est donc là qu'il

faudrait édifier le bâtiment de l'Administration, le

parloir des familles et la loge du concierge. Le bâti-

ment devra-t-il comprendre les appartements des

médecins, des internes, de l'économe et du commis

et la salle de garde ? (Voir Planche XV.) z

C'est là une question que la Commission et l'Adminis-

tration auront à trancher. Quant à nous, nous sommes

d'avis d'accorder au médecin-directeur un pavillon isolé

et peut-être l'ancien pavillon d'habitation de M. Vallée

pourrait-il convenir. Quant aux parloirs, ils devront

être très vastes, au nombre de trois (épileptiques,

imbéciles ou idiots propres, idiots gâteux) (2), en raison

des nombreuses visites que reçoivent ces malheureuses

déshéritées. Pour bien préciser l'étendue de ces par-

loirs, il conviendrait que T'architecte fit une ou deux

visites à Bicêtre le dimanche. Il serait désirable de

placer autour de ces parloirs un certain nombre de

bancs afin de permettre aux familles, durant l'été,de voir

leurs enfants à l'extérieur, et de faire les plantations

nécessaires pour leur procurer de l'ombrage.

(1) A moins que, en raison de la déclivité du sol, on ne puisse les loger

dans les sous-sols-rez-de-chaussée des pavillons, comme à Bicétre.

(2) Dans le parloir des idiotes gâteuses, peut-être conviendrait-il d'établir des

sièges d'aisances comme ceux qui nous servent pour le traitement du gâtisme

à Bicétre.

LXX Fondation Vallée.

' III. Pensionnat. Services de jour. - Ils compren-

nentles écoles, les réfectoires, le gymnase, les ateliers.-

Les écoles pourraient être faites suivant le modèle des

écoles de Bicêtre, mais en leur donnant une plus grande

étendue. Il y aurait aussi intérêt à faire huit classes au

lieu de six, d'avoir des préaux couverts et une vaste

salle de réunion pour les enfants cle la petite école (1).

De plus, la petite école doit comprendre une salle spé-

ciale pour le traitement du gâtisme et l'enseignement

des soins de toilette. Pour les deux écoles, il faudrait

un musée pédagogique servant en même temps de

bibliothèque récréative et de salle de projections. Le

gymnase pourrait être placé en retour à l'une des

extrémités du bâtiment des écoles, vers la vallée de la

Bièvre ainsi que le musée pédagogique, formant de la

sorte un fer à cheval. La première cour pourrait être

désignée sous le nom de Cour d'honneur, la seconde,

sous celui de Cour des écoles. Dans celle-ci seraient

installés le gymnase à air libre et des cabinets disposés

de façon à rendre commode la surveillance. (PL. xv).

, Les réfectoires seraient au nombre de deux, l'un pour

les enfants épileptiques, imbéciles et idiotes propres ;

l'autre pour les enfants de la petite- école, propres ou

gâteuses. Ce dernierpourrait être divisé en deux parties

dont l'une serait réservée aux idiotes gâteuses. Chacun

de ces réfectoires sera pourvu d'office avec laverie où

l'on devra utiliser les enfants par séries, dans la mesure

(i) A Bicêtre, la salle de réunion primitive de la petite école mesure 8 mètres

de long sur 4 m. 80 de large. Tandis que l'on peut maintenir les enfants de

la grande école, durant les grands froids, sous leurs préaux ou si les froids

sont extrêmes, les laisser dans le gymnase, les enfants de la petite école, plus

sensibles au froid, ont besoin d'une salle de réunion fermée; et comme parmi

eux, il y a une proportion notable de gâteux, il s'en suitque cette salle de réu-

nion doit être beaucoup plus vaste qu'à Bicêtre. Il aurait fallu confondre la

salle de réunion avec la petite salle qui sert iL quelques exercices manuels

(bronettage, passe-boules, tonneau), exercices delà main et de l'oeil. Pour pal-

lier à cet inconvénient, nous avons dû installer dans le sous-sol du bâtiment

des Musées une seconde salle de réunion avec les appareils nécessaires au trai-

tement du gâtisme. ,

Projet d'agrandissement. LXXI

de leurs aptitudes. C'est là qu'on doit leur apprendre

à nettoyer et ranger la vaisselle. Un lavabo sera ins-

tallé a l'entrée du réfectoire des enfants cle la grande

école, afin qu'elles puissent se laver les mains à la sor-

tie des classes ou des ateliers. Il sera disposé dans ces

réfectoires une prise d'eau pour permettre un lavage

quotidien et une bonde pour l'évacuation des eaux.

Par suite du rôle considérable des bains et de l'hy-

drothérapie au point de vue du traitement et de l'hy-

giène de ces enfants, nous croyons qu'il faudrait placer

ensuite le service balnéo-hydrothérapique, puis la cui-

sine, la lingerie, la buanderie et les ateliers.

a) Le service valn('0-111JCfI·O111Ta2(f1.CP- pourrait être

fait d'après les plans du service analogue de Bicêtre avec

les modifications suivantes : 1° donner une plus grande

étendue au déshabilloir, 2" ajouter une petite salle

pour les bains sulfureux et deux cabinets chacun avec

une baignoire pour le personnel.

b) La cuisine devra être disposée de manière à ce

qu'elle puisse servir à des cours culinaires pour les

filles. La salle de l'épluchage devra être grande, car

l'épluchage devra être fait par les enfants.

c) La lingerie devra comprendre une salle de cou-

ture vaste et bien disposée pour l'enseignement.

d) La buanderie devra servir en même temps pour

l'enseignement du lavage du linge. On y joindra une

salle de repassage destinée, elle aussi, à faire de l'en-

seignement.

Le service balnéo-hydrothérapique, la cuisine et la

buanderie devront être à rez-de-chaussée. Il y aura

lieu d'examiner toutefois s'il est pratique de faire la

salle de couture au-dessus de la salle de repassage.

LXYII Fondation Vallée.

Quant aux autres ateliers, on pourrait, après une étude

détaillée, voir s'il convient cle les placer en retour

soit d'un côté, soit' de l'autre des services que nous

venons d'énumérer. Le voisinage des bains, de la cui-

sine et de la buanderie permettrait d'avoir des géné-

rateurs communs, ce qui réaliserait une économie. La

disposition de ces services réunirait assez bien,

croyons-nous, tout ce qui concerne l'enseignement

professionnel, depuis les offices dos réfectoires jusqu'à

la buanderie et les ateliers spéciaux. La cour comprise

entre ces services et ces réfectoires pourrait s'appeler

la Cour cles services généraux ou encore Cour des

ateliers ou de l'enseignement professionnel.

1

IV. Le service de nuit comprendra les pavillons

pour dortoirs. Chaque pavillon se composera d'un rez-

de-chaussée et d'un 'l ? étage. Chacun d'eux sera

divisé en' 2 dortoirs do 2 4 lits. A Bicêtre chaque dortoir

n'a que 20 lits; mais comme le futur asile est destiné

à des filles et que celles-ci devront concourir d'une

façon sérieuse aux soins du ménage, apprendre à

faire les lits, à balayer et il nettoyer, nous ne voyons

aucun inconvénient à augmenter un peu le nombre des

lits. Ceux-ci, rangés à droite et à gauche de la salle,

seront séparés par autant de fenêtres, les trumeaux

correspondants aux lits auront au moins 1 m. 25. La

largeur des dortoirs ne sera pas moindre cle 7 mètres;

la hauteur du plafond de 5 mètres, de manière à avoir

pour chaque lit un cube d'air de 40 à 45 mètres. Au

centre du pavillon l'on réunira : 1° les lavabos sur le

modèle de ceux do la section de Bicêtre, avec 6 ou 8

cuvettes iL bascule pour chaque dortoir; les armoires

treillagées à clair-voies et tiroirs pour les serviettes,

les peignes et les brosses; 3° les cabinets d'aisances avec

deux sièges séparés, un bidet et 4° une chambre de

débarras. Dans chaque dortoir, il y aura un box pour

PROJET d'agrandissement. LXXIH

l'infirmière cle jour et un autre pour le dépôt du linge'

et des effets d'habillement. Les infirmières de nuit

devront être logées en dehors des dortoirs (1).

V. Hospice. - Seruice des gâteuses et des infir-

mes. Ce service doit comprendre : 1° les enfants

idiotes gâteuses invalides, c'est-à-dire qui l.tttÀ

chent pas ; - 2° les épileptiques et les idiotes difaaen- *

tes et incurables. V ?

Les enfants de la ir0 catégorie coii-ipronnoi elles- ?

mêmes deux groupes : des enfants à peu pres4'd-H

platement incurables, des enfants susceptibles d'airïë^

lioration. Ces deux salles auront au moins 8 mètres

de largeur, le plafond sera élevé de 5 mètres. Le

cube' d'air de chaque lit devra être de 45 à 50 mètres

cubes. -Chaque lit sera séparé du voisin par une fenê-

nôtre. Les fenêtres auront la même disposition qu'à

Bicêtre. Lé sol sera carrelé. Au centre de chaque

salle il y aura une prise d'eau et, à une des extrémités,

une bonde pour l'évacuation des eaux de lavage. Ces

deux salles seront séparées par une salle de réunion

pourvue de lavabos et d'un service de propreté, sem-

blable à celui des idiotes gâteuses valides, avec circu-

lation d'eau chaude en hiver, et séparation de chaque

orifice par des bras de fauteuil; par un réfectoire, le

cabinet de la surveillante* un office, un cabinet avec

deux baignoires, un vidoir, un cabinet d'aisances avec

siège pour les adultes. Chaque dortoir sera pourvu en

outre, à son extrémité, do chambres pour les infir-

mières, d'une pièce cle débarras, d'une autre pour

le linge propre, d'une trémie pour le linge sale qui

devra s'enlever par l'extérieur et qui serait avanta-

(1) Il y a un grave inconvénient iL faire con cher les veilleuses dans le

box placé dans le dortoir parce que leur sommeil peut être troublé par les

allées et venues dans les galeries ou les dortoirs et aussi parce que leur cou-

cher dans les dortoirs empêche de les ventiler pendant l'hiver.

LXXIV Fondation Vallée.

geusement reçu dans un bac contenant une solution

désinfectante. Enfin, il serait peut-être bon de réser-

ver, dans les murs, des armoires pour y déposer les

appareils de nettoyage (balais, plumeaux, etc.).

Ce pavillon aura un premier étage destiné à servir

de salles de rechange ; tous les deux mois par exemple,

les enfants seraient transportés du dortoir du rez-de-

chaussée au dortoir du 1 cr étage. C'est le seul moyen,

sinon pour supprimer complètement, tout au moins

pour diminuer autant que possible l'infection produite

par ces enfants qui exigent des conditions d'hygiène

beaucoup plus coûteuses que les enfants propres. ou

sains d'esprit. Enfin le bâtiment aura une galerie au

rez-de-chaussée, une terrasse ou balcon au premier

étage, afin de pouvoir faire aisément sortir les enfants,

les exposer à l'air et à la chaleur et assainir les salles.

VI. Hôpital. Sous ce nom nous réunissons : 1°

l'infirmerie ; 2° le pavillon des maladies contagieuses ;

3° le pavillon des cellules.

1° L'infirmerie renfermera 24 lits en 2 salles qui

auront 7 à 8 mètres de largeur, et 5 m. de hauteur et un

cube d'air d'environ GO mètres par lit. Au centre :

entrée, vestibule, office, pièce avec une baignoire,

lavabos, cabinets d'aisances (un pour les enfants, un pour

les infirmières), un urinoir, une armoire pour les balais,

un vidoir, une salle pour les enfants convalescents et

qu'on utilisera également comme réfectoire ; un cabinet

pour le médecin, un cabinet pour la surveillante. Aux

extrémités de chaque salle, 2 chambres d'isolement

pour les malades douteux ou entrants, 2 chambres

pour l'infirmière de jour et l'infirmière de nuit, une

trémie pour le linge sale, disposée comme celle du

bâtiment des gâteuses.

2° Pavillon d'isolement. - Ce pavillon, destiné aux

PROJET d'agrandissement. LXXV

maladies contagieuses, comportera un sous-sol pour

la réception dans un bac à désinfection du linge des

malades et les calorifères. Au-dessus et au centre,

le cabinet cle la surveillante, l'office, les cabinets

d'aisances, une baignoire, un vidoir. A droite, et à

gauche, sur l'une des façades, 2 dortoirs de 6 lits. Sur

l'autre façade, 4 chambres cle chaque côté du service

central, soit 4 lits cle plus que dans le pavillon d'isole-

ment de la section des garçons à Bicêtre. L'expérience

nous a, en effet, démontré que cette augmentation de

lits était nécessaire. Un couloir central longitudinal,

terminé à chaque extrémité par une fenêtre, séparera

les deux dortoirs de la série des chambres. Les chambres

seront desservies par une galerie extérieure couverte.

Chaque chambre sera pourvue d'une cuvette-lavabo.

Les dortoirs seront munis d'un lavabo, d'une bonde à

évacuation; les fenêtres seront larges avec balconnets

assez élevés pour empêcher la chute des enfants. Les

murs seront stuqués, les angles arrondis, le sol dallé

avec bondes évacuatrices. Les ploisons seront en bois

et vitrées de façon à rendre très facile la surveillance.

Le cube d'air devra être de 50 mètres cubes. Au

pavillon seront annexées 4 chambres au moins pour le

logement du personnel de ce pavillon.

3° Pavillon des cellules* - Ce pavillon aura une

disposition rectiligne. Le vestibule ouvrira sur une

galerie courant tout le long du bâtiment. Au centre :

1° office, pierre d'évier, réservoir d'eau chaude pour les

bains ; 2°sallede bains ; 3°water-closets. Dechaquecôté

de ce service central, il y aura quatre chambres d'iso-

lement ou cellules et une chambre d'infirmières. On

adopter a pour les portes, les fenêtres, les murs, le chaux.

fage, la ventilation, l'éclairage artificiel, les cabinets

d'aisances, le coucher, la mémo disposition que dans le

service de Bicêtre. Deux cellules seront capitonnées.

T.ISVI Fondation Vallée.

L'infirmerie, le pavillon d'isolement et les cellules

seront à rez-de-chaussée.

4° Pharmacie. - Faut-il avoir une pharmacie com-

plète avec laboratoire ; prévoir un pharmacien en chef

et un logement pour lui ? Ou faut-il se contenter d'une

petite officine confiée à un interne en pharmacie,

placée, moyennant une indemnité sous la surveillance

du pharmacien en chef cle l'Asile clinique ou, ce qui

serait plus pratique, du pharmacien en chef de l'hospice

de Bicêtre ? Ce sont là des propositions que nous ne

pouvons trancher sans l'avis de la Commission.

5° Service des morts. Il pourra être fait, toute pro-

portion gardée, sur le modèle du service similaire de

l'Asile de Villejuif : salle de dépôt des morts, salle

d'autopsie, salle d'attente, pour les familles moitié plus

grande que celle de l'Asile de Villejuif, laboratoire,

musée, logement du garçon d'amphithéâtre, etc., etc.

Il sera entouré d'une double rangée d'arbres et placé

autant que possible à proximité de la rue la plus voisine.

VII. - La disposition du sol nécessitera sans doute

des sous-sols assez élevés ; ils pourraient être utilisés

pour l'installation d'une salle de bains de pieds, d'un

magasin aux chaussures, et d'une salle pour le cirage

des chaussures, d'un vestiaire pour les effets des

décédés, d'un m.agasin pour le remisage des outils des

ouvriers et des jardiniers, etc. - Des galeries de com-

munication relieront tous les différents services entre

eux.

VIII. Considérations générales. - Partout, notam-

ment aux classes et aux réfectoires, les vestibules d'ac-

cès seront vastes ; partout les portes et les couloirs

devront être larges de manière à rendre la circulation

facile et à éviter les bousculades et les rixes ; les car-

PROJET d'agrandissement. LXXVII

reaux des portes et des fenêtres seront notablement

plus petits qu'à Bicêtre afin de diminuer les dépenses

d'entretien occasionnées par le bris des carreaux. Tous

les moyens de fermeture, les robinets d'eau, etc.,

seront à clef.

Tous les espaces libres situés entre les bâtiments

seront aménagés en jardins pour l'enseignement

(leçons de choses).

Le chauffage se fera autant que possible à l'aide de

calorifères.

L'éclairage se fera à la lumière électrique.

Les constructions seront en fer et briques, couver-

tes en tuiles ou en ardoises.

Les bâtiments existants seront conservés tant qu'ils

ne nécessiteront pas un entretien exagéré.

Les bâtiments d'habitation de ce qu'on appelle la

ferme, pourraient peut-être, pendant un certain temps,

être affectés au logement du personnel secondaire,

par location en attendant l'expiration du délai pour

que ces bâtiments fassent retour au département.

Eaux. Nous avons souvent appelé l'attention

du Conseil municipal et de l'Administration sur l'in-

suffisance de l'approvisionnement d'eau de l'hospice

de Bicêtre. Bicêtre reçoit de l'eau de son puits, des

sources de Rungis et de la Seine. Nous avons demandé

l'augmentation de son appprovisionnement et montré

la possibilité de l'approvisionner en eau de source. En

effet, l'aqueduc de la Vanne passe à une distance peu

considérable de l'hospice. M. Vaillant s'est fait l'inter-

prète de notre voeu au Conseil municipal. Nous

croyons que cette question devrait être examinée à

propos de l'agrandissement de la Fondation Vallée.

LXXVIII Fondation Vallée.

Naturellement nous désirons voir cet établissement

alimenté avec abondance en eau de source.

Cabinets 7'oitt d, l'égoitt. - 10 Les cabi-

nets d'aisances seront généralement avec siège ; par-

fois ils seront formés d'une cuvette garnie de bois.

Tous seront pourvus de siphons, largement appro-

visionnés d'eau, avec Chasses automatiques à l'entrée

et à la sortie, de telle sorte que les enfants n'auront,

ici comme partout, le maniement d'aucun appareil.

Toutes les matières seront projetées directement à

l'égout. ,

Égouts'. ' Il est absolument nécessaire que le futur

asile soit pourvu d'une canalisation spéciale pour

l'évacuation de ses eaux ménagères et cle ses vida-

ges, car, en raison de la disposition du sol, il n'est

malheureusement guère facile de songer il leur utili-

sation agricole comme nous n'avons cessé de le récla-

mer pour les asiles cle la Seine (1) et comme nous l'a-

vons proposé pour le cinquième asile. " ·,

'Afin, Messieurs, de pouvoir vous renseigner exac-

tement, nous avons dû, nous souvenant' des (liflicul-

tés qu'avait.rencontrées. M. Gallois lors de. la construc-

tion de la section des enfants de Bicêtre, nous avons

dû nous enquérir du régime de la canalisation sou-

lorraine do Bicêtre et de celui des rues do Gentilly

les .plus voisines de la Fondation Vallée. Dans ce

but, nous avons eu recours à M. Delahayc, inspec-

teur du service d'architecture, chargé cle. 131cê=

trc, et en même temps conseiller municipal de la

commune. Il s'est mis à notre disposition avec la

.plus grande- obligeance et c'est d'après ses notes et le

. J ? vYir les Pi'Oc7 09)'bat de.la Commission de surveillance.· : ;.

Projet d'agrandissement. L717E

plan qu'il a bien voulu dresser que nous pouvons vous

exposer la situation d'une façon sérieuse.

Les eaux-vannes de l'Hospice de Bicêtre sont ame-

nées des divers services par des canalisations et des

égouts dans le grand branchement ou espèce d'égout

collecteur ayant sa naissance en un point élevé de l'hos-

pice, près de la buanderie, passant par la partie nord

du marais, le chantier à charbon, venant aboutir par

la rue du Kremlin à l'Avenue de Bicêtre qu'il descend

jusqu'à la rencontre de l'égout de la route de Fontai-

nebleau.

Au moment de la construction du nouveau service

des enfants idiots et épileptiques, afin d'éviter la con-

struction d'égouts nouveaux, ce qui aurait été très dis-

pendieux, M. Gallois a envoyé toutes les eaux tom-

ber dans l'égout de la buanderie, à l'aide cle tuyaux

en grès vernissé de 0 ? 22 de diamètre. '

Le service des enfants idiots étant construit sui-

vant la pente naturelle du sol, pente se dirigeant

en sens inverse cle celle de l'Avenue de Bicêtre, il

en est résulté que la nouvelle canalisation n'a pu

atteindre qu'un maximum d'un millimètre de pente par

mètre. Cette faible pente devient de jour en jour

insuffisante ; des engorgements se produisent à cha-

que instant par le fait de la stagnation des eaux.

Deux services du quartier des enfants idiots, le

pavillon d'¡80lement POUI' les maladies contagieuses et

le pavillon des cellules se trouvent même obligés à

cause de la pente du sol d'envoyer leurs eaux directe-

ment dans le ruisseau qui contourne l'hospice. Les

eaux de lavage, de pansement, etc., de la partie la plus

suspecte cle la section coulent ainsi à air libre dans le

ruisseau, sortent de l'hospice qu'elles contournent et

descendent Gentilly parla rue du Paroy jusqu'à l'Ave-

nue Haspail où elles entrent en égout, c'est-à-dire après

LXlC . Fondation Vallée.

un parcours au ruisseau d'eviron 1.400 mètres. C'est

une pratique assurément très défectueuse, et qui exi-

gerait un prompt remède.

En ce qui concerne la Fondation Vallée, actuelle-

ment, les eaux-vannes des bâtiments, des dortoirs,

réfectoires, office, infirmerie, etc., s'écoulent dans des

tuyaux en grès vernissé. ' Ces tuyaux, après avoir

longé les bâtiments, se déversent sur le trottoir de la

rue Benserade où elles coulent à air libre jusqu'au coin

de la rue des Noyers pour se jeter ensuite dans la fausse

Bièvre, près de l'avenue Raspail.

La rue Benserade qui longe la Fondation est dépour-

vue d'égouts, ainsi que la rue des Noyers qui lui fait

suite. L'égout le plus voisin est situé sous l'avenue

Raspail.

. Sur le plan dont nous parlions tout-à-l'heure, M.

Delahaye a indiqué, par un pointillé rouge, le tracé

de l'égout à construire. Son point de départ est à

l'angle de la route de l'I-Iay et de la rue Benserade,

qu'il descend. Il recevrait sur son parcours les bran-

ments d'égout des futures constructions de la Fonda-

tion Vallée. Le tracé suivrait ensuite la rue des Noyers,

puis à gauche, une petite voie non dénommée, condui-

sant à l'avenue Raspail, qu'il suivrait sur une longueur

d'environ 200 mètres, distance à laquelle il se jetterait

dans l'égout actuel. Le parcours total de l'égout à

construire serait approximativement de 1.100 mètres.

La dépense pourrait être payée en partie par le

département, en partie par la commune qui amélio-

rerait la situation d'un de ses quartiers, en partie enfin

par l'Assistance publique. La construction de cet

égout permettrait, en effet, à l'hospice de Bicêtre d'y

envoyer toutes les eaux-vannes du service des enfants

idiots et épileptiques, en continuant cet égout à partir

.de la rue de l'1-Iay jusqu'aux murs de l'hospice, soit,

Discussion. LXRZI

en droite ligne, sur une longueur d'environ 200 mè-

tres (1).

Ce programme sommaire contient assurément des

lacunes qui seront comblées naturellement lorsqu'on

examinera les projets particuliers des bâtiments à

construire plus tard. Tel qu'il est, il nous parait

répondre aux désirs de la Commission d'avoir une

idée générale de la disposition des divers services qui

doivent composer le futur asile.

Le rapporteur, Bourneville.

M. le Président. - Vous venez, Messieurs, d'entendre la

lecture du remarquable rapport, présente; par notre collègue

M. le D1' Bourneville au nom de la sous-commission chargée

de l'étude du programme en vue de l'agrandissement de la

Fondation Vallée, rapport dont un exemplaire vous a été

adressé hier au soir à domicile. Si personne ne demande la

parole sur la discussion générale, je vais donner lecture

des questions suivantes que ce rapport renferme et que la

Sous-Commission a eu à examiner. J'ajoute que cette sous-

commission les a tranchées conformément aux indications du

rapport de notre collègue.

1° y .1-t-illieu de construire un asile pour les jeunes filles

idiotes et arriérées sur les terrains de la Fondation Vallée ?

Il me semble, Messieurs, que tous nous sommes d'accord

pour qu'il soit procédé à cette construction dans un délai

plus ou moins rapproché. Personne ne demandant la parole,

je mets cette question aux voix.

La commission consultée émet, à l'unanimité de ses

membres, le voeu qu'un asile pour les jeunes filles idiotes

soit construit sur les terrains de la Fondation Vallée.

(1) Dans le cas où l'hospice, ce qui est très désirable, utiliserait le Tout à

l'égout Il de la partie haute du service pour la culture du Marais » - ce qui

sl1primerait les dépenses de vidange (15.000 fr.), et d'achat de fumier (3.000 fr.),

il n'en faudrait pas moins remédier à la situation déplorable créée par le

pavillon d'isolement.

Bourneville, Bicêtre, 1892. ?

yy-g : atc ' Discussion-.

- M. le Président. La 2° question que nous avons'à examiy

ner est la suivante : . '

2 Une superficie de IL hectares et demi est-elle nécessa,'i1'e

à cette éclifichtio7t.

in,1. le D1' Bourneville fait observer que la superficie occupée

par les bâtiments de la section des enfants de Bicêtre conte-

nant plus de 400 lits n'est que de 30.800 métrés carrés. Une

étendue de 3 à 35.000 paraît suffisante à notre collègue. Là

sous-commission ,a .partagé son sentiment.

M. LE Dr BOURNEVILLE. - Cette superficie me parait d'au-

tant plus suffisante que les bâtiments de la Fondation Vallée

seront à un étage, alors que ceux de la section des enfants

de Bicêtre ne sont.qu'à rez-de-chaussée.

Discussion; ïxXxi-y

M. le D1' Bourneville. Le nombre desjeunes filles trai-

tées il l'asile de Villejuif est de 56. Si la construction du

bâtiment de 100 lits est votée par vous, il resterait encore

une' quarantaine de places à donner aux nouvelles entrantes,

ce.qui permettrait de faire face, pendant quelque, temps aux

besoins de cette catégorie de malades. ""

La Commission consultée sur cette question émet le vau

qu'un bâtiment de 100. lits, se reliant à. un plan d'ensemble,

soit aussitôt que possible construit sur les terrains actuels de

la Fondation Vallée. . ".

. M. le Président la quatrième question est la suivante :

4e question. Faut-il que tous les bâtiments a construire,

soient un ou deux étages ? ..

- Cette question, une des plus importantes, a été examinée

avec le plus grand soin par la Sous-Commission qui a fini

par se ranger à l'avis de M. le Dr Bourneville, lequel demande,

que ces bâtiments ne soient qu'à un étage en raison du genre

de malades qu'ils sont destinées à loger et du danger que

présente pour les enfants épileptiques et hémiplégiques la :

montée et la descente des escaliers. -. '

M. le D1' Bouiineville. Mon idéal serait de n'avoir que.

des bâtiments à rez-de-chaussée; mais en présence des'

impossibilités budgétaires qui ne permettent de mettre à la

disposition de l'architecte, pour la construction de ce bâtiment,'

qu'un crédit de 232.000 francs et do la nécessité qui s'impose'

de dégager l'asile de Villejuif des petites filles qui l'encombrent,'

je me suis rallié à la construction de bâtiments à un étage. ^

1

M. Le Roux. En présence de la nécessité de se maintenir,

dans la limite d'une dépense de 232.000 francs et de donner

asile à cent enfants, l'Administration avait soutenu un projet

de bâtiment à deux étages qui, seul paraissait pouvoir répon-

dre à ce programme; mais étant donné la solution adoptée

par la Sous-Commission d'étude de laquelle il résulte que ce

bâtiment, dont les frais de construction ne dépasseront pas la-

dite somme, contiendra quand même une centaine de lits, jet.

ne m'oppose pas à ce qu'il n'ait qu'un étage.

. ! II. le Président. La sous-commission et' l'administration'

étant d'accord, je vous propose., .Messieurs, d'émettre un avis

favorable à la présente proposition.

LXXXIV Discussion.

Chacun des bâtiments à construire et devant contenir une

centaine de lits, sera à un étage.

Adopté à l'unanimité.

M. le Président. Reste à nous prononcer sur l'ensemble

du projet.

M. PuTEAUX. Dans le rapport qu'il a présenté, au nom

de la Sous-Commission d'étude, M. le D'' Bourneville a traité

d'une façon magistrale la question du programme d'ensem-

ble des diverses constructions il élever sur les terrains de la

fondation Vallée. J'ai en conséquence l'honneur de déposer

la proposition ci-après :

La Commission, adoptant le programme d'ensemble élaboré

parla Sous-Commission pour la construction des divers bâti-

ments en vue de l'agrandissement de la Fondation Vallée,

émet le voen que le service d'architecture, lors de la prépara-

tion des plans et devis, s'inspire des indications de ce pro-

gramme énoncé dans le rapport de M. le Dr Bourneville.

Adopté à l'unanimité.

M. le Dr Bourneville. Reste à trancher la question de

la pharmacie.

Y a-t-il lieu de placer à la pharmacie de la Fondation Vallée

agrandie, un pharmacien en chef ou un interne en pharmacie.

Au point de vue du programme général la solution de cette

question s'impose. Il est, en effet, nécessaire de faire savoir à

l'architecte s'il doit prévoir le logement d'un pharmacien ou

celui d'un interne en pharmacie.

M. le Dr DuMESN;L. A l'asile de Vincennes, il n'y a qu'un

interne en pharmacie placé sous la surveillance du pharmacien

de l'asile de Charenton. J'estime en conséquence que ce mode

de procéder pourrait être appliqué à la pharmacie de la Fon-

dation Vallée, dont l'interne serait placé, soit sous la surveil-

lance du pharmacien de l'Asile clinique, soit sous celle du

pharmacien de l'asile de Bicêtre.

A la suite d'une discussion à laquelle prennent part M. le

Président, M. le Dr Bourneville et M. Le Roux, la Commis-

sion émet le voeu que la pharmacie de la fondation Vallée soit

confiée à un interne en pharmacie logé dans l'établissement.

Section III : Assistance publique.

I.

Assistance des arriérés et des épileptiques adultes et

enfants.

Nous avons profité de la visite faite dans notre ser-

vice le 22 juin 1892 par la Commission de surveil-

lance pour attirer son attention sur quelques points de

la question si importante de l'assistance des épilep-

tiques et des idiots de toute catégorie et, en particu-

lier, des se21-iW : ciles ou des imbéciles améliorés.

Voici l'extrait du procès-verbal relatif à cette ques-

tion.

J'ai fait réunir ici plusieurs catégories de malades ayant

appartenu ou appartenant encore à mon service pour

attirer votre attention sur quelques points relatifs à l'as-

sistance des arriérés et épileptiques, enfants et adultes.

L'an dernier, lors des discussions sur les placements

d'enfants, il a été dit que, jusqu'en 1877, les enfants ne pas-

saient point par le bureau d'admission. J'ai fait faire la

statistique des placements opérés à Bicêtre pendant onze

ans. Elle nous montre qu'il y a eu :

LXXXVI

Assistance DES ARnIÉJ1J : S.

Assistance des enfants arriérés. LXXXVII

ne sont pas dangereux pour les grandes personnes, sont

dangereux pour eux-mêmes et pour les autres enfants.

Ils ne font que se plaindre et crier, ce qui empêche les

voisins et les enfants des voisins de reposer; ils sont

méchants, destructeurs; ils grillent et ils mordent leurs

frères et soeurs; ils gâtent, ce qui est une cause d'insa-

lubrité. Le plus souvent même les parents n'ont pas de

linge pour les changer. A ces divers titres ils doivent

être placés dans une maison spéciale de traitement.

A l'appui voici un groupe d'enfants : L'enfant Baud...,

a été renvoyé de l'asile maternel, de [l'école, de partout.

Les parents ont été amenés à le faire séquestrer pour

éviter des accidents et des fugues.

L'enfant Lorra... exerce ses violences de préférence

sur les enfants qui sont incapables de pouvoir lui rendre

le mal qu'il leur fait. Elles consistent en égratignures qui

ont pour siège principal les yeux, en coups do pied lancés

énergiquement, en morsures. 11 crache au visage; il jette

par les fenêtres les objets il sa portée; il bouscule tout sur

son passage, etc.

L'enfant \fi;het... pince, mord, égratigne cherche à

blesser avec des morceaux de verre, ou il faire tomber

les enfants, leur tordre les doigts, à leur mordre la verge,,

etc... '.

Les enfants Devism ? Laud ? Dunna ? déchirent leurs

habits, égratignent, mordent les enfants et les infirmières,

culbutent tout, etc. '

L'enfant Mans... a de violents accès de colère dans les-

quels il renverse les enfants, pousse des cris effrayants ;

grimpe sur les bancs, court, et se frappe la tête de tous

côtés. Pendant ces accès, son visage est pourpre, ruisse-

lant de sueur, les yeux sont hagards, le nez est pincé, les

lèvres sont tremblantes. Ces crises durent 15, 20, 30

minutes. A la fin, le visage est très pale l'enfant cherche

se faire caresser et pleure. i

Multiplier ces exemples serait aisé.

Ceux-ci nous paraissent suffire pour démontrer, aux

personnes qui en doutent, que les enfants hospitalisés ici

sont dangereux pour eux-mêmes et pour les autres et

LXXXVIII Assistance des arriérés.

que leur internement est tout à fait indispensable et jus-

tifié.

J'ai parlé tout à l'heure de l'âge d'admission. Un mot de

l'âge de sortie du service. Il est fixé à 18 ans administra-

tivement. Nous y dérogeons avec l'assentiment au moins

tacite de l'Administration et nous prenons généralement

pour base le développement physique des malades.

Voici un groupe des petits de 18'ans et au-dessus :

Adel..., 2G ans, taille 1 ? u6.

Cr..., 19 ans, taille 1 ? 3S.

Delcamh..., 19 ans. taille lm. 33.

Gaut..., 19 ans, taille -1 ? 37.

Gautr..., 20 ans, taille 1 ? 27.

,tac..., 20 ans, taille le. 95.

Naud..., 20 ans, taille 1 ? 28.

Pet... E ..., 18 ans, taille I™. 32.

Dehar..., 27 ans, taille 0 ? 91.

Gir..., 2' ans, taille 1 ? 46.

Nig..., 18 ans, taille 1m. 22.

Comme vous le voyez, Messieurs, ces enfants, parl'exi-

guité de leur taille, par l'absence des caractères de la

puberté, par leur apparence infantile ne peuvent être con-

sidérés physiologiquement ou médicalement comme des

adultes. Leur maintien, ici, a donc sa raison d'être : ce sont

encore des enfants. Je dois dire que la très grande majo-

rité d'entre eux n'a pas le moindre intérêt pour moi; ils

sont trop vieux pour que j'espère en tirer plus que je

n'ai pu le faire. En ne les faisant point passer aux

adultes, clans leur intérêt, je ne cause assurément aucun

préjudice scientifique à mes collègues des sections d'a-

dultes.

Quant aux autres, aux grands de 18 ans, voici ce qu'ils

deviennent :

1° Les uns passent dans la section des épileptiques. Il

y a en a eu 4 en 1892, et 8 certificats de passage sont signés

actuellement. Ils attendent des places,

2° D'autres, les arriérés, insuffisamment améliorés, tou-

jours idiots, imbéciles ou pervers, passent dans la 1'" et

Assistance DES IMBÉCILES améliorés. LXXXIX

la 2me section comme aliénés. Il y en a eu 22 en 1891 et 11

depuis le 1er janvier 1892, 2 certificats de passage sont

signés.

3° D'autres, qui sont améliores et sont jugés capables de

se guider, mais ayant des infirmités graves, telle qu'une

hémiplégie, ou une maladie chronique, passent dans la

division des incurables de l'hospice, en voici quelques-

uns

Ces malades, au moment de leur envoi de la section des

enfants dans l'hospice me promettent bien d'aller travail-

ler de la profession que nous leur avons fait apprendre,

dans les ateliers de la maison. Malheureusement, l'absence

d'un règlement formel leur fait oublier - à la plupart -

cette promesse. Ils usent et môme abusent de cette liberté

qui leur est accordée. Je crois, et c'est là un point que j'ai

déjà signalé, qu'il serait nécessaire de les soumettre au

moins durant plusieurs années à une réglementation : obli-

gation du travail dans les ateliers ou les jardins de l'hos-

pice, dans la mesure de leurs forces et de leurs aptitudes;

sorties au dehors que sur une permission du directeur ou

accompagnés de leurs parents.

J'ai dit que, parfois,ces malades abusaient de leur liberté,

je citerai comme preuve le nommé Deléth..... dont voici

les photographies : c'était un imbécile rentrant dans la

variété décrite par quelques auteurs sous le nom de j'attti-

tas. Nous en avions fait un bon ouvrier cordonnier : mais

possédant des aptitudes musicales, il a délaissé l'ate-

lier de cordonnerie où il pouvait, tout en gagnant

quelque argent, être utile à la maison, pour aller faire de

la musique dans les bals borgnes des environs. On lui

avait à tort accordé des permissions de minuit, des per-

missions de découcher. Porté aux rapports sexuels, il ne

s'est pas contenté des clientes faciles qu'il faisait danser,

un jour il a tenté de violer une fillette d'une douzaine

d'années, a été arrêté et condamné.

Sill ? que je vous montre, paralysé du côté gauche,

ouvrier tailleur, pouvant être utilisé, a lâché l'atelier de

couture et a trouvé it gagner davantage en faisant des

courses chez un marchand du voisinage. Un jour, chargé

XC Assistance des arriérés.

de faire des achats, il a oublie' de s'acquitter de la com-

mission, a dépensé les vingt francs qui lui avaient été con-

fiés, et deux fois a été ramassé ivre-mort sur la voie publi-

que. Il a été consigné pour plusieurs mois; j'ignore s'il a

été obligé d'aller travailler à l'atelier de couture.

Ces faits - et j'en ai d'autres - prouvent la nécessité

des mesures réglementaires dont j'ai parlé tout-à-l'heure.

4° D'autres de nos malades sortent étant améliorés ou

guéris et n'ayant pas d'infirmités. Quelques-uns s'enga-

gent dans l'armée. Tels sont : Ygon ? Bruck ? dont voici

les photographies, Filh., aujourd'hui officier dans l'un des

régiments de la garnison de Paris, Alvat..., maintenant

ouvrier menuisier dans les ateliers du chemin de fer de

Lyon, et qui est venu ce matin nous demander un service,

Un certain nombre de nos malades devenus libres exer-

cent au-deliors le métier qu'ils ont appris ici : tels que

Charpent ? Dezob ? Grand..., etc.. etc... Pour eux il fau-

drait l'appui d'une Société de patronage, afin de les sou-

tenir,de les encourager, de les replacer quand ils n'ont

plus de travail.

5° Enfin d'autres, après être passés de mon service dans

les autres sections, sont rendus à la liberté par mes col-

lègues, fatigués de leurs réclamations pour sortir. Soit

insuffisance, paresse ou mauvaise volonté, soit parce que

souvent, hélas ! ils ne payent pas de mine, ils sont impuis-

sants à se placer, ils font de grosses besognes, des cour-

ses dans les chantiers, aux halles, sur les quais, etc., sont

inoccupés, mendient ou vivent je ne sais comment. Tels

sont Gouv..., Auch..., qui vient d'être condamné à 8 jours

de prison pour rixe avec les agents, Riel... qui vient de :

subir une seconde condamnation et pour lequel j'ai

réclamé l'intervention de notre vénéré et dévoué Président.

Taes... que vous avez devant vous et qui ne peut trouver

à s'occuper au-dehors.

Ce dernier groupe, assez important, est composé de

malades qui souvent rentrent dans les asiles et d'où ils-

sortent, usant de leur liberté de la façon que je viens

d'indiquer. Pour eux, le patronage ne serait peut-être pas-

Assistance des imbéciles améliorés. xci

suffisant. Ce qu'il faudrait, afin d'en débarrasser partiel-

lement nos asiles et de leur éviter le dépôt de mendicité,

ou la prison, c'est une organisation spéciale. Il faudrait

leur donner une demi-li/je¡ té, les maintenir dans un demi-

internement, passez-moi le en les utilisant dans les

établissements hospitaliers en qualité d'hommes de peine,

auxquels on donnerait un salaire restreint et qui ne pour-

raient sprti.r que dans des conditions particulières. ,

Ce mode d'assistance serait plus humain, moins coûteux

et plus économique que l'abandon actuel. Il supprimerait

la mendicité qu'exercent ces malades, les sauverait du

dépôt de mendicité, de la prison où on les envoie trop sou-

vent, quoique irresponsables.

J'ai pense, Messieurs, que cette esquisse de quelques

réformes dans l'assistance de cette catégorie de malades

pourrait, être faite plus clairement ici en présence des

faits, avec les malades sous vos yeux, que dans la salle

de nos séances. J'ai été plus long que je ne l'aurais voulu,

je vous prie donc de bien vouloir m'excuser.

M. le Président. - La Commission est vivement

impressionnée par les considérations humanitaires que

le Dr Bourneville vient de développer avec exemples

à l'appui. Elle ne peut que prier l'Administration de l'as-

sistance publique do vouloir hien étudier le difficile pro-

blème d'assistance à l'égard des personnes assez amélio-

rées pour ne plus pouvoir être maintenues en état de sé-

questration mais, non assez valides d'esprit ou de corps

pour gagner au-dehors, leur vie par le travail.

II.

Assistance des aliénés : des placements volontaires.

Messieurs,

L'an dernier, dans les séances du 12 mars, du 1 et du

30 avril, des Il et 25 juin, la Commission de surveillance,

vous ne l'avez sans doute pas oublié, s'est occupée du mode

de placement des enfants dans les asiles (1). Cette discussion

a montré la nécessité de préciser les conditions dans les-

quelles devraient être faits les placements volontaires.

Pour répondre au désir de la Commission, l'Administra-

tion, par l'intermédiaire de M. Le Roux, chargé de la

direction des affaires départementales, a adressé à M. le

Président de la Commission, un mémoire explicatif du

règlement qu'il propose. Ce mémoire a été renvoyé à une

sous-commission composée de MM. Puteaux, Thulié et

Bourneville, exposant d'une façon très nette la situation

et les réformes proposées, nous ne croyons mieux faire

que d'en placer le texte complet sous vos yeux.

Pari,, C avril 1892.

Monsieur le Président,

Les placements volontaires d'aliénés dans les asiles du

département de la Seine et les quartiers d'hospice de Bicétre

et de la Salpêtrière ont été, pour la première fois, réglementés

par l'arrêté préfectoral du 15 janvier 1877, rendu après avis

de la Commission de surveillance du 31 octobre 1876, et en

(1) Nous avons reproduit cette discussion dans notre Compte-rendu pour

1891 (p. ustc-cvc. Ce rapport en est, en quelque sorte, la suite et la Conclusion.

Placements volontaires. xciii

exécution de la délibération du Conseil général du 9 décem-

bre 1876. Aux termes de cet arrêté, les placements volon-

taires, sont divisés en placements payants et placements gra.

tuits.

Les placements payants pouvaient être effectués directe-

ment dans chaque asile. Les placements gratuits devaient pas-

ser par le bureau d'admission de l'asile clinique.

Mais quelque fut le mode de placement, il était nécessaire,

pour être admis, que l'aliéné eût son domicile de secours dans

le département de la Seine. Le nombre de places dans chaque

asile affecté à ces placements avait été fixé, par la délibéra-

tion précitée du Conseil général iL : ) : 30 pour l'année 9S1 i : 170

places pour les aliénés payants, l(i0 pour les indigents; la

même délibération fixait en outre le tarif des placements

payants.

Ces dispositions ne furent pas modifiées pendant les années

suivantes : 1878, 1879 et 1880. Mais en 1881, le Conseil général

par une délibération du 5 décembre, rendue sur le rapport de

M. le docteur Bourneville décida que le nombre des place-

ments volontaires payants ou gratuits pouvait être illimité, et

les autres dispositions étaient maintenues. Parmi ces dispo-

sitions, la plus importante était celle stipulant qu'aucun alié-

né ne pouvait être admis que s'il avait son domicile de secours

dans le département.

Ce domicile s'acquiert, aux termes du décret du 24 vendé-

miaire an II, par un séjour d'une année dans la même loca-

lité pour les individus majeurs. Mais à l'égard des mineurs, il

est au lieu de naissance.

Par suite de ces dispositions, les enfants aliénés, nés hors du

département de la Seine, mais dont les parents habitaient Paris

ou les communes de la banlieue, ne pouvaient être maintenus

dans les asiles de la Seine et devaient être envoyés dans l'asile

du département d'origine.

Cette nécessité imposait aux intéressés, parents et enfants,

une douloureuse séparation. C'est pourquoi le Conseil général,

par une délibération du ! ! niai 1881, autorisa l'administration

il maintenir dans nos asiles les mineurs de 18 ans, originaire

de Seine-et-Marne, dont les parents habitaient le départe-

ment de la Seine depuis deux ans au moins. Cette délibération,

bien qu'elle ne visât dans ces termes que les enfants origi-

naires de Seine-et-Marne a été, en fait, et en s'appuyant sur les

conclusions du Rapporteur au Conseil général, M. le D l3otto-

redue, appliquée aux enfants originaires des autres dépar-

tements.

4

XCIV Assistance LES aliénés;

Telles sont, dans leurs lignes principales, les dispositions

qui sont encore en vigueur aujourd'hui. Cependant, si on se

reporte au Tableau statistique des placements d'office et des

placements volontaires, durant la période décennal 1880-1890

(Voir Rapport de service pour l'année 18DO, page 10), on est

amené il, constater que si les placements volontaires ont tou-

jours progressé,, notamment en 18DO, l'écart entre les deux

modes de placements est toujours aussi élevé, alors qu'il serait

désirable que l'admission des aliénés, par voie de placement

volontaire, devint la règle habituelle.

Ce desideratum répond d'ailleurs aux intentions du Conseil

général qui a maintes fois exprimé le voeu de voir se dévelop-

per les placements volontaires dans les Asiles de la Seine, afin

d'éviter aux malheureux qu'on est obligé d'interner dans un

asile le passage par l'nfirmerie du dépôt. ,

Après étude de la question, l'administration a préparé un

projet de règlement qui, sans modifier profondément l'ancien,

contient des dispositions de nature il, répondre aux désirs du

Conseil général.

Le projet, après avoir posé, dans son article premier, le.

principe de l'admission des placements volontaires d'aliénés

dans tous les asiles et quartiers d'hospices de la Seine, report

duit dans les articles suivants : 2, 3, 4, 5, les dispositions for-

mulées dans les articles 5, 15, 1G, 17 et 18 de la délibération du

Conseil général du 9 décembre 1876. Il a semblé qu'il y avait

intérêt à réunir dans un seul document la réglementation com-

plète des placements volontaires, de manière il en faciliter la

connaissance au public auquel il sera distribué.. : : 1

Les modifications principales consistent : d'une part, dans

la suppression de toute distinction entre les placements volon-

taires payants et les placements volontaires gratuits; d'autre,

part, dans l'application aux placements volontaires du prix de;

journée, fixé annuellement par le Conseil général pour les,

placements d'office.

Actuellement, les placements volontaires payants peuvent t-

être effectués directement dans tous les asiles de laSeine, tan-

dis que les placements volontaires gratuits ne sont reçus qu'à

l'Asile Clinique où ils doivent passer par le bureau d'admission.

L'article 6 du nouveau projet dispose que dorénavant toute

personne atteinte d'aliénation mentale pourra être admise,

directement, par voie de placement volontaire, dans chacun,

des asiles et quartiers d'hospices de la Seine.

'On n'aperçoit pas bien, eu effet, pour quel motif les. familles.

qui sont dénuées de ressources se trouveraient privées (1'wi,4

Placements volontaires. xcv

faculté accordée à celles qui sont plus fortunées. Il ne faut pas

oublier qu'il s'agit avant tout de l'assistance adonner à une

maladie d'une nature toute particulière et que les mêmes faci-

lités doivent être accordées il tous pour l'admission de leurs

aliénés dans les asiles publics.

L'adoption de celte mesure constituera un véritable encou-

ragement pour les placements volontaires, puisque ceux-ci

pourront se faire directement il tous les asiles tandis que les

placements d'office sont obligés de passer par l'infirmerie du

Dépôt et le Bureau d'admission de l'Asile clinique.

On pourra objecter que le plus souvent les familles condui-

ront leurs malades à l'Asile clinique, le seul qui soit dans l'in-

térieur de Paris, et que, parla force même des choses, les

malades seront obligés d'être transférés dans un autre asile.

L'article 7 a précisément pour objet de prévoir le cas où, en

raison de l'encombrement, le malade ne pourrait pas être reçu

au bureau d'admission de l'Asile clinique.

La seconde modification à introduire dans le règlement con-

siste dans l'application à tous les placements volontaires du

prix de journée fixé annuellement par le Conseil général pour

les placements d'office.

Lorsque le Conseil général, rétablissant les placements

volontaires d'aliénés dans nos asiles, a institué deux catégo-

ries de placements volontaires, il a décidé que, pour les pla-

cements volontaires dits gratuits, le prix de journée applica-

ble aux malades internés d'office pourrait être réclamé aux

familles non indigentes; et, pour les placements volontaires

payants, il a adopté le tarif ci-après.

Prix par mois :

XLVI Assistance des aliénés.

choisir leur asile, les familles signent une demande de place-

ment ; payent le premier, quelquefois le deuxième mois,

puis excipent de leur indigence pour transformer le placement

payant en placement gratuit. Par contre, les familles qui ont

demandé le placement gratuit protestent lorsque l'Adminis-

tration, estimant, d'après les résultats de l'enquête, que les

frais de séjour doivent être recouvrés en totalité ou en par-

tie, les met en demeure de payer.

En résumé, l'expérience faite cles deux catégories de place-

ment, instituées par le règlement de 1877, démontre que le

mode du placement dit payant tend de plus en plus à tomber

en désuétude. 11 est facile de s'en convaincre, en rapprochant

du chiffre de l.OU6 placements volontaires effectués en 1890

les chiffres inscrits aux comptes des quatre asiles, au titre

des l2ecttes provenant de ces placements. Ces recettes repré-

sentent seulement 18 placements payants sur 1.0416.

Il convient d'ajouter que l'écart existant entre les prix de

pension des payants et les prix de journée des indigents a

pour ainsi dire disparu, par suite de l'augmentation progres-

sive du prix de journée dans les asiles; et, en facilitant les

placements volontaires, le département ne cherche pas à réa-

liser des bénéfices. Le prix payé par les familles doit être en

réalité le remboursement pur et simple des frais de séjour,

suivant le taux fixé chaque année par le Conseil général.

Cette modification a encore un avantage : elle abolit la dis-

tinction entre les payants et les gratuits, distinction cho-

quante et qui n'a pas raison d'être puisque la loi permet de

recouvrer les frais d'hospitalisation sur les parents en état de

les payer et que tous ceux qui contribuent suivant leurs res-

sources, sans payer la totalité, ne peuvent être équitablement

classés parmi les gratuits.

La distinction établie parle règlement entre les payants et

les gratuits avait même amené quelques personnes à deman-

der que des quartiers spéciaux fussent aménagés pour les

payants. La question a été étudiée et l'on a dû reconnaître

les difficultés qu'elle présente. Il faudrait, pour le petit nom-

bre de payants (dont seraient exclus ceux qui ne paient que

partie des frais de séjour), autant de quartiers que pour les

autres, des séparations infinies, peut-être aussi un régime

différent, des vêtements autres. Pour ceux-là, il y a la maison

de santé de Ville-Enarcl, qui, sans grande augmentation,

répond à ces desiderata. Au reste, cette proposition a été

envoyée à l'examen de la Commission de Surveillance qui pré-

sentera un rapport complet sur la question.

Placements volontaires. TCVII

Les modifications dont noas venons de parler font l'objet

des Art. 91 et 12 du projet nouveau.

Je dois, avant de terminer, appeler l'attention de la Com-

mission sur les dispositions particulières aux placements des

enfants. La Commission sait quelles sout les dilllieultés

qu'ont soulevé ces placements et les plaintes légitimes provo-

quées par la promiscuité (les adultes avec les enfants au Bureau

d'admission. L'Administration a pu parvenir, avec le concours

du Directeur de l'asile Clinique et du médecin du service de

l'admission, à empêcher que les enfants ne séjournent au

Bureau d'admission ; mais l'inconvénient résultant de l'absence

de local spécial pour les enfants subsiste toujours et réclame

une solution longtemps attendue.

Dans les résolutions votées par le Conseil général dans la

séance du 27 décembre 11t11, sur le rapport de la 3 ? commis-

sion, figure l'invitation adressée il l'Administration d'exami-

ner, pour la traduire en propositions précises, l'idée de la

création d'un bureau de répartition spécial aux enfants idiots

et arriérés. Par délibérations antérieures, le Conseil avait

demandé que le service de répartition des enfants idiots etarrié-

rés fut transféré à la Salpêtrière et confié au médecin résident

de cet établissement. Mais l'Administration hospitalière a tou-

jours objecté qu'elle n'avait pas qualité pour diriger un bureau

de réception et de répartition et que ce soin incombait à l'Ad-

ministration préfectorale. Il faut bien reconnaître, d'ailleurs

que transférer le bureau d'admission pour les enfants de

l'asile Clinique il la Salpêtrière n'est pas résoudre la difficulté

puisque des garçons et des tilles seraient dans un établisse-

ment exclusivement réservé aux femmes (1).

. Mais s'il ne parait pas expédient de transporter le Bureau

d'admission pour les enfants, il semble qu'il serait possible

d'étendre aux enfants aussi bien qu'aux adultes la faculté de

pouvoir- être admis directement, par placement volontaire,

dans tous les établissements où il existe des quartiers d'en-

fants. C'est dans cet esprit qu'a été libellé l'art. 9 du projet

nouveau. On pourra sans doute objecter que, par suite des

facilités concédées aux placements volontaires, les quartiers

d'enfants se trouveront toujours au complet, et que les enfants,

internés sur réquisition du Préfet de Police, seront obligés de

séjourner au Bureau d'admission de l'asile Clinique, faute de

place dans les quartiers spéciaux ; mais il sera possible d'éviter

cet inconvénient en donnant des instructions aux directeurs

(1) 11 J" a une salle d'hommes dans le service de M. Charcot.

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892. ?

icviii Assistance DES aliénés.

de ces établissements pour que les enfants envoyés par l'asile

Clinique soient toujours reçus, sauf à ajourner, lorsqu'on

manquera de lits disponibles, les demandes de placements

volontaires. En prévision de ces refus, le projet prévoit la

tenue, dans chaque établissement d'enfants, d'un registre

spécial où seront inscrites les demandes auxquelles il sera

donné satisfaction, suivant l'ordre d'inscription et au sur et à

mesure des vacances (1). Cette mesure n'aura d'ailleurs qu'un

caractère transitoire et elle deviendra sans objet lorsque le

Conseil général aura statué sur les projets d'agrandissement

de la colonie de Vaucluse et de la fondation Vallée. L'adop-

tion de ces deux projets aura pour résultat de mettre à la dis-

position de l'Administration un plus grand nombre de places

pour les enfants idiots ou arriéres.

En rappelant dans la première partie de cet exposé les

diverses délibérations du Conseil général sur la question (les

placements. d'aliénés, je vous ai signalé la délibération aux

termes de laquelle les mineurs (le 18 ans, dont les parents habi-

tent Paris depuis plus de deux ans, peuvent être maintenus

dans nos asiles, bien qu'ils aicnt leur domicile de secours

dans les départements où ils sont nés. La délibération ajoute

que le département d'origine doit, dans ce cas, payer au dépar-

tement de la Seine le prix qu'il paierait dans l'asile où sont

traités ses aliénés. Aujourd'hui, les départements refusent de

reconnaître le droit aux secours pour tout enfant qui est l'ob-

jet d'un placement volontaire dans un asile de la Seine ; ils con-

testent même la légitimité des placements d'office qui les con-

cernent, prétendant que l'internement de ces enfants ne ren-

tre pas dans la catégorie de ceux prévus par l'article 18 de la

loi de 1833. Plusieurs contestations de cette nature ont été

déférées it M. le Ministre de l'Intérieur qui a donné gain de

cause iL ces départements : l'affaire a été portée devant le

Conseil d'Etat où elle est encore pendante.

Le seul moyen de remédier à cette regrettable situation

est de décider que les enfants dont les parents habitent Paris

depuis un temps déterminé seront considérés comme ayant

leur domicile de secours dans le département de la Seine.

En ce qui concerne la durée du séjour, le Conseil ayant deman-

dé que le domicile de secours fitt modifié dans ce sens, que

le domicile ne put s'acquérir que par une résidence de trois

années, il semble qu'il y aurait lieu de décider que, pour être

(1) Voir Procès-verbaux de la Commission de Surveillance, 181)1, p. lfi8, et

Compte-rendu de D ! cétre poun 1891, p. LXXXV ! .

Placements volontaires' XOX

admis dans les asiles au compte du département de la Seine,

les enfants, nés hors de ce département, devront habiter,

ainsi que leurs parents, Paris ou le département de la Seine

depuis trois ans au moins.

Quant iL la limite d'âge qu'il conviendrait de fixer pour béné-

ficier de cette mesure, il serait à désirer, dans un intérêt d'hu-

manité, que ces nouvelles dispositions pussent profiter à tous

les mineurs de 21 ans, dont les parents ont fixé leur domicile

dans la Seine depuis trois ans, au moment de l'internement'

Par suite de leur état de minorité, ces aliénés ne peuvent, en

effet, quelle que soit la durée de leur séjour dans la Seine,

acquérir un autre domicile que celui de leur naissance aux

ternies du décret de Vendémiaire an II; ils se trouvent, dès

lors, exposés à être transférés loin de leur famille, dans les

asiles de leur département d'origine.

Mais le Conseil général ayant fixé cette limite d'âge it 18 ans,

dans sa délibération du ! I mai 1881 l'administration ne croit

pas pouvoir prendre l'initiative d'une extension qui ne laisse-

rait pas que d'être une nouvelle cause d'aggravation des char-

ges déjà si lourdes du service d'assistance des aliénés.

Sous le bénéfice de ces considérations, j'ai l'honneur de

vous prier, Monsieur le Président, d'appeler la Commission de

surveillance à délibérer sur le nouveau projet de règlement

des placements volontaires d'aliénés dans les asiles de la

Seine.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'assurance de

ma haute considération,

LE PRÉFET DE LA SEINE.

Pour le Préfet et par autorisation.

Le Sous-Directeur chargé de la direction

des affaires départementales,

IIUN111 Le Roux.

I. - Il nous parait utile de rappeler, tout d'abord, les

passages de nos rapports au Conseil général concernant

les placements volontaires auxquels il a été fait allusion

dans la discussion de 1891 (1). Ce sera le complément de

(t) Voir le Compte-rendu de 1891, p. Lxn-cvt.

C Assistance des aliénés.

notre réponse il ceux qui combattaient les réformes que

nous reproposions.

26 novembre 1878. « Votre Commission vous deman-

de d'inviter l'Administration il faciliter les placements

volontaires et à en abréger le plus possible les formalités. »

2 décembre. - « Le rétablissement des placements volon-

taires n'a supprimé le passage il la Préfecture que pour un

nombre très minime d'aliénés indigents. En effet, il y a eu,

en 1879, 2ô placements volontaires il Vaucluse, 96 à Sainte-

Anne et la zut , Vous voyez par ces chiffres

qu'une réforme est urgente et qu'il y a lieu d'inviter l'Ad-

ministration il étendre les placements volontaires il tous les

malades dont l'admission est sollicitée par les familles. »

Ces chiffres comprenaient les placements volontaires

d'indigents et les placements payants. Malheureusement,

les réclamations du Conseil général au sujet des place-

ments volontaires ne furent pas indiquées dans le projet de

délibération. Les errements anciens continuèrent.

21 novembre 1880. - Après avoir rappelé les inconvé-

nients du passage des malades au Dépôt de la Préfecture

de police et reproduit la citation qui précède, concernant

les placements volontaires, nous ajoutions : « Votre Com-

mission pense donc qu'il convient de maintenir les place-

ments volontaires d'aliénés payants au même chiffre

qu'en 1880 (soit 170), et de laisser pour les placements

volontaires d'aliénés indigents toute latitude il l'Adminis-

tration ; d'inviter la clile Administration il examiner d'ur-

gence les demandes qui lui sont faites à ne pas prolonger

pendant cinq il dix jours, comme cela se fait trop souvent,

les réponses aux familles. »

30 novembre 1881. - Nous enregistrons une légère

augmentation dans les placements volontaires et nous

ajoutons : « Votre troisième Commission vous propose

également de maintenir votre délibération de l'an dernier,

donnant toute latitude il l'administation pour les place-

ments volontaires d'indigents. »

Si le Conseil général avait accepté les propositions qui

lui avaient été faites précédemment par sa 3e Commission,

en réalité, le projet de délibération était muet. Aussi a-t-

on profité de cet oubli.

Assistance DES aliénés. ci

Instruit par l'expérience, nous avons fait modifier dans

le projet de délibération de 1881, l'article relatif aux pla-

cements volontaires qui a été ainsi rédigé :

Art. 2 - Il n'est rien change pour 1882 aux dispositions

admises en 1881, concernant les placements volontaires

payants ou gratuits d'aliénés, dans les établissements du

département de la Seine, sauf en ce qui concerne le nom-

bre de ces placements qui pourra être illimité.

I ! ) décembre 1882. Voici ce que nous disions : « La

situation étant restée la même, au nom de la : 3° Commis-

sion, nous insisterons de nouveau, afin que vous invitiez

l'Administration il tenir enfin compte de vos décisions.

Dans le hut de lui faciliter la tâche, vous avez décidé

qu'il y avait lieu de lui accorder toute latitude pour

les placements volontaires d'indigents. Malgré cela,

est lente. En effet, on t coiiipt(,

la progression est très lente. En effet, on a compté

25 placements volontaires gratuits en 1880, 31 en 1881

et 3.') du ICI' janvier au 31 octobre 1882. D'où il suit que,

malgré votre insistance, les familles pauvres trouvent tou-

jours des difficultés à la Préfecture de la Seine pour le

placement de leurs malades il Sainte-Anne, et qu'au lieu

de les aider, on préfère les renvoyer à la Préfecture de

Police. Il est temps que cette situation cesse; à vous d'exi-

ger que l'Administration se conforme il vos voeux, en auto-

risant les familles a conduire directement leurs malades

au Bureau d'admission. L'enquête nécessaire pour s'assu-

rer de la situation de fortune des malades sera faite

après l'admission, au lieu d'être faite avant, et il n'en

résultera aucune perte pour les finances départemen-

tales. »

La persistance du Conseil général porta ses fruits. A

partir cle 1882, ainsi que le rappelle M. Le Roux, les place-

ments volontaires d'indigents sont allés en croissant jus-

qu'en 1890. En 1890 et 1891, pour des raisons qu'il est super-

flu de rappeler maintenant, ils sont allés en décroissant.

Mais, grâce aux mesures si libérales et si humaines qui

vous sont proposées par l'Administration, il est certain

en Assistance des aliénés.

qu'ils iront de nouveau en augmentant, et on ne peut que

féliciter M. Le Roux d'avoir eu l'idée, non seulement de

réunir dans un seul document la réglementation complète

des placements volontaires, mais encore, d'en faciliter la

connaissance au public auquel le règlement sera distribué.

Nous applaudissons d'autant plus aux intentions de M. Le

Roux, qu'elles répondent absolument aux idées que nous

avons si souvent exprimées. Puissent ses intentions géné-

reuses passer dans la pratique et avoir des imitateurs (1) !

II. -. .L'Administration nous propose de donner (A 1't. G)

les mêmes avantages aux placements volontaires d'indi-

gents qu'aux placements volontaires payants, en autorisant

les familles des indigents iL conduire directement leurs

malades dans les asiles ou les quartiers d'hospice de la

Seine. Peut-être y aurait-il eu avantage à faire passer

tous les aliénés placés volontairement au Bureau d'admis-

sion, pour qu'ils y soient inscrits, en autorisant les familles

à indiquer à l'occasion leur préférence ? La pratique démon-

trera s'il y a lieu de modifier le règlement sur ce point.

III. - Nous ne saurions ([n'approuver la proposition qui

nous est faite d'appliquer à tous les placements volontaires

le prix de journée fixé actuellement par le Conseil général

pour les placements d'office.

IV. - La partie du mémoire de M. Le Roux qui a trait

aux placements volontaires des enfants est tout à fait en

(1) " Suivant nous, disions-nous dans une conférence faite le Ifi janvier 1802,

sur le Seruice des aliénés dans le département de la Seine, les citoyens qui ont

besoin de recourir à l'Assistance publique, soit ponr l'iusci iption au

Bureau de bienfaisance, soit pour l'admission dans les hospices, les maisons de

retraite ou les asiles d'aliénés, devraient trouver dans les mairies, les maisons

de secours et les établissements hospitaliers, des at71clies leur indiquant d'une

façon précise quelles sont les formalités qu'ils ont à remplir pour arriver au but

qu'ils poursuivent. Et, dans les bureaux des mairies et de l'Assistance publi-

que, ils devraient trouver tous les renseignements complémentaires dont ils

ont besoin. En un mot, nous voudrions que les portes fussent largement ou-

vertes aux malheureux, tandis qu'aujourd'hui encore,ils trouvent presque par-

tout devant eux mauvais vouloir et portes closes. Au lieu de l'appui bienveil-

lant auquel les malheureux ont droit, ils ne reçoivent souvent que des Uns de

non -recevoir formulées plus ou moins brutalement,»

Placements volontaires. ! CIII

harmonie avec les idées adoptées par la Commission de

surveillance et par le Conseil général. La réglementation

proposée pour eux sera acceptée avec bonheur par les

familles et en particulier par les familles des enfants qui

sont nés en dehors du département de la Seine. ;

Il est à espérer qu'au Ministère de l'Intérieur, on finira

par apprécier les sentiments d'humanité, qui ont décidé

le Conseil la Commission de surveillance et l'Ad-

ministration départementale, à consentir des sacrifices

pécuniaires, afin de ne pas priver ces enfants, déjà si dés-

hérités, des visites et de l'affection de leurs parents. .

M. Le Roux nous propose de faire bénéficier de la géné-

rosité du Conseil général les enfants dont les parents

habitent le département de la Seine depuis trois années.

Nous avions fait adopter une durée de résidence de deux

ans et cela dans l'intérêt même des enfants afin de ne pas

retarder leur éducation. Nous acceptons cette fixation,

convaincu que l'expérience dissipcra les craintes qu'inspire

il quelques-uns, au point de vue financier, les mesures

humanitaires acceptées dans la Seine et qu'on en revien-

dra à la limile cle deux ans.

M. Le Roux propose aussi, et avec raison, d'étendre

cette mesure de 18 il 21 ans. Nous vous demandons d'é-

mettre sur ce point un avis favorable qui rendra plus facile

son intervention auprès du Conseil général.

Pour justifier les placements volontaires directs,, c'est-

à-dire faits immédiatement dans les asiles, sans le pas-

sage à l'infirmerie du Dépôt de la Préfecture de police ou

plutôt il la prison, nous ne pouvons que renvoyer aux

raisons que nous avons maintes fois exposées, notamment -

durant les séances de la Commission que nous avons rap-

pelées au début de ce rapport (1). Elles sont d'ailleurs, con-

formes à l'esprit et à la lettre des circulaires ministérielles

auxquelles il serait bon de se reporter de temps en

temps - et cela s'adresse en particulier aux bureaux du

Ministère de l'Intérieur - car elles montrent, on ne

(1) Voir le Compte-rendu pour 1891, p. i-,xxi et XCVII.

Civ Assistance des aliénés.

saurait trop le redire, que la loi du 30 juin 1838 est, non

seulement une loi de police, mais surtout une Loi de

BIENFAISANCE.

Les remarques qui précèdent ne changent rien au fond

des propositions qui vous sont faites. Nous avons la con-

viction que les mesures proposées par l'Administration

auront des conséquences heureuses pour les malades de

nos asiles et pour leurs familles.

Nous concluons donc en vous demandant, au nom de

votre sous-commission, d'accepter le règlement qui nous

est soumis.

M. le Président. Vous venez, Messieurs, d'entendre la

lecture du rapport que M. le ])'' Bourneville présente sur cette

importante question au nom d'une sous-commission compo-

sée de MM. PU/l'aux, le Dr Thulié et de lui.

La sous-commission propose l'adoption du projet de règle-

ment sur les placements volontaires tel qu'il a été présenté

par l'Administration et dont je vais vous dominer lecture :

RÈGLEMENT SUR LES PLACEMENTS VOLONTAIRES DANS LES ASILES.

.\It1'. 1er. - Les placements volontaires d'aliénés sont auto-

risés dans tous les asiles publics du département de la Seine

et les quartiers d'hospice de Bicêtre et de la Salpêtrière, aux

conditions déterminées dans les articles ci-après.

FORMALITÉS DES ADMISSIONS.

Art. 2. Toute personne, atteinte d'aliénation mentale,

peut-être admise, il titre de placement volontaire, dans un

asile de la Seine, si elle est en possession du domicile de

secours dans ce département. Le domicile de secours est

acquis,' pour les majeurs de 21 ans, par une résidence ininter-

rompue d'une année dans la même commune.

Art. 3. - Les demandes d'admission peuvent être formées

par toutes personnes intéressées, parents, tuteurs, curateurs,

amis et par le Maire de l'arrondissement ou de la commune.

AnT. ! t. - Toute demande d'admission doit être écrite et

signée par la personne qui la présente ; si l'auteur de la

demande ne sait pas écrire, celle-ci est reçue par le Maire

Discussion. cv

ou le Commissaire de police. Elle doit contenir les noms,

prénoms, professions, et domicile tant de la personne qui

la forme que la personne dont le placement est réclamé, et

l'indication du degré de parenté, ou, à défaut, de la nature des

relations qui existent entre elles.

AnT. 5. - La demande doit être accompagnée- : .

1° D'un certificat du médecin constatant l'état mental de la

personne it placer, indiquant les particularités de la maladie

ainsi que la nécessité de faire traiter ladite personne dans

un établissement d'aliénés. Ce certificat qui doit être légalisé,

ne peut être admis s'il a été dressé plus de quinze jours avant

sa remise au Directeur de l'asile. Le médecin signataire du

certificat ne doit pas être attaché à l'asile, ni être parent ou

allié au second degré, inclusivement, du Directeur de l'asile

ou de la personne qui fait effectuer le placement;

2° D'une pièce constatant l'individualité de la personne à

placer « bulletin de naissance, de mariage, livret de famille,

etc.. »

Air. G. - Toute personne, atteinte d'aliénation mentale,

pour le placement de laquelle, il est satisfait aux conditions

indiquées ci-dessus, peut être admise directement dans tous

les asiles publics de la Seine, ainsi que dans les quartiers

d'hospices de Bicêtre et de la Salpêtrière. Toutefois les place-

ments d'aliénés épileptiques ne peuvent avoir lieu directe-

ment que dans les asiles où il existe des quartiers spéciaux

d'épileptiques (1).

Art. 7. - A défaut de places disponibles dans l'asile où il est

conduit, l'aliéné' peut toujours être admis à l'Asile clinique,

rue Cabanis, (14° arrondissement) d'où il est dirigé, par voie de

répartition, sur les asiles ou quartiers d'hospices, suivant les

places disponibles et en tenant compte, dans la mesure'du

possible, des préférences des familles.

DISPOSITIONS PARTICULIÈRES AUX ENFANTS ÂGÉS DE MOINS DE

18 ANS, ALIÉNÉS OU IDIOTS.

Tant. 8. - Les enfants aliénés ou idiots. âgés de moins de

(1)" Ces asiles sont : pour les épileptiques du sexe masculin : l'asile de Ville-

Enanl et le quartier d'hospice de Bicêtre. : pour les épileptiques du sexe

fémiuiu : l'asile de \'illejuif et le quartier d'hospice de la Salpêtrière.

cvi Assistance des aliénés.

18 ans, qui, par le fait de leur naissance, en dehors du dépar-

tement de la Seine, ont leur domicile de secours dans un autre

département, peuvent néanmoins être admis dans les asiles

de la Seine, lorsque les parents sont domiciliés à Paris ou

dans une commune de la Seine, depuis trois ans, au moment

de la demande d'admission, et qu'ils habitent avec eux.

ART. 9. Les placements volontaires d'enfants aliénés ou

idiots, âgés de moins de 18 ans, peuvent avoir lieu directement

dans les établissements où il existe des quartiers spéciaux

affectés au traitement des enfants (1).

ART. 10. - A défaut de places disponibles dans ces établis-

sements, et aucun enfant ne devant séjourner à l'asile Clini-

que, les demandes de placement volontaire auxquelles il ne

peut être donné satisfaction immédiate sont inscrites, sur un

registre spécial ouvert dans chaque établissement où il existe

un quartier d'enfants. L'admission des enfants a lieu dans l'or-

dre rigoureux des inscriptions et au sur à mesure des vacances.

prix DE JOURNÉE.

Art. 11. - Le prix de journée dans les Asiles publics et

quartiers d'hospice de la Seine est le même, pour les aliénés

placés volontairement, que le prix de journée fixé annuelle-

ment par le Conseil général pour les aliénés placés d'office.

Art. 12. - Le prix est recouvré, mensuellemont, par les

soins et à la diligence de l'Administration départementale,

après enquête sur les ressources de l'aliéné et de ceux qui

sont tenus, vis à vis de lui, de la dette alimentaire, aux termes

des articles 205 et suivants du Code civil.

ART. -13. - Les demandes relatives aux dispenses totales

ou partielles de paiement de la dépense de l'aliéné placé

volontairement doivent être adressées au Préfet de la Seine, qui

statue suivant les règles fixées par la loi et les instructions

ministérielles.

M. le Président. Si personne ne demande la parole, je

vais mettre aux voix l'adoption de ce règlement. t.

M. B : 11LLT. - La question qu'on soumet aujourd'hui à notre

examen est d'une importance capitale pour les finances du

(t) Ces établissements sout; la colonie de \'uucluse et le quartier spécial de

l'hospice df'Hicetrf,ponrtcs garçons : la Fondation Vallée (Gentilly) et le

quartier spécial de l'hospice de la Salpêtrière, pour les filles.

Discussion. cvit

Département dont elle augmentera certainement les dépen-

ses. Nous n'avons pu, d'ailleurs, l'étudier, puisque le rapport do

la Sous-Commission ne nous a pas encore été communiqué.

Je propose en conséquence à la Commission de vouloir bien

décider l'impression et la distribution en éprouves du rapport

de M. le D'' Bourneville et du projet de règlement présenté

par l'administration. Nous pourrons ainsi nous faire une opi-

nion raisonnée sur un certain nombre d'articles de ce projet

que j'ai l'intention de combattre.

M. le Président. La question des placements volontaires

dans les asiles est une de celles qui depuis longtemps occu-

pent notre attention; elle a été il diverses reprises discutée par

nous. Tous ou presque tous, nous avons été d'avis qu'il y avait

lieu d'apporter des modifications au règlement actuel con-

cernant ces placements.

L'Administration a soumis il la Commission un travail d'en-

semble ; une Sous-Commission a été chargée de l'examen de

ce travail et nous présente aujourd'hui son rapport concluant

à l'adoption des propositions de l'administration.

Il me semble donc que la question a été suffisamment étudiée

pour que nous puissions nous prononcer dans la présente séance.

1\1. LE Roux. - L'Administration voudrait soumettre ce pro-

jet de règlement au Conseil général au cour de la session

extraordinaire qu'il va tenir dans quelques jours; mais il ne

peut le faire qu'autant que la Commission aura exprimé son

avis sur cette question.

M. le Président. - Quelqu'un appuie-t-il la proposition de

notre honorable collègue, M. 13nilly, tendant à l'impression et

à la distribution en épreuves du rapport de la Sous-Commis

«ion sur le projet du règlement dont il s'agit ? - Personne

n'appuyant cette proposition je mets en discussion les conclu-

sions du rapport de la Sous-Commision.

M. 13AILLV. - Le projet de règlement qu'on nous soumet a

pour but de rendre plus faciles, très faciles même, les place-

ments volontaires d'adultes et d'enfants. Cette faculté accor-

dée au public de pouvoir placer plus facilement ses malades,

aura très prochainement pour effet :

CVIII Assistance DES enfants aliénés.

' 1° D'encombrer nos asiles et nos quartiers d'aliénés et par

suite de retarder et même d'empêcher l'admission des mal-

heureux sans famile et sans amis ;

2° D'accroître considérablement les dépenses que le Dépar-

tement ne cesse de s'imposcr pour le traitement des aliénés.

Je comprends que, dans un but humanitaire, on veuille éviter

à ces malades, le passage par l'Infirmerie du Dépôt et leur

transport à l'asile Clinique par les voitures cellulaires; mais

alors entendons-nous, choisissons un autre procédé, et ne

faisons plus passer nos malades par la Préfecture de police.

Quant aux enfants épileptiques, idiots et arriérés, nous

pouvons attendre, avant de les admettre a première demande,

le vote de la nouvelle loi en préparation et surtout la cons-

truction de nouveaux bâtiments. Rien ne nous presse.

Tout en rendant hommage aux sentiments humanitaires

qui ont inspiré l'Administration et la Sous-Commission, senti-

monts que je partage d'ailleurs, et afin d'éviter que les autres

départements ne nous envoient pas leurs enfants idiots et

épileptiques à hospitaliser, je prie la Commission de vouloir

bien ajourner la question de ce règlement jusqu'après le vote,

par la Chambre des députés, du projet de la loi Reinach, qui

je l'espère, imposera, soit aux départements, soit aux com-

munes, l'hospitalisation de leurs enfants.

M. Le Roux. - en présentant ce projet

de règlement, a tenu compte des observations qui lui ont été

faites tant par le Conseil général que par la Commission de

surveillance, d'éviter, autant que possible, le passage des

malades et surtout des enfants, par l'Infirmerie spéciale du

Dépôt. En prescrivant leur placement direct dans nos établis-

sements, nous n'augmenterons pas sensiblement le nombre

des malades ; nous ne ferons qu'éviter aux familles un certain

nombre de démarches pénibles et surtout le transport de

leurs aliénés à cette Infirmerie et de là à l'asile Clinique par

les voitures cellulaires.

En outre, nous revenons purement et simplement à l'ap-

plication de la loi de 1838, on vertu de laquelle les place-

ments volontaires peuvent avoir lieu directement dans les

asiles.

M. le Président. - Il est évident que l'adoption de ce

D ISCCSSIOX..CIX :

règlement aura pour effet, dans un temps plus ou moins rap-

proche, une augmentation de dépenses ; mais il présente tant

d'avantages au point de vue de l'humanité qu'il ne me semble

pas possible que nous puissions le repousser.

M. le Dr Bourneville. Ce qui préoccupe M. Bailly c'est

la crainte que l'application de ce règlement n'entraîne une

augmentation tic dépenses, on facilitant le placement (les alié-

nés et surtout celui des enfants épileptiques ou idiots. Cette

préoccupation est légitime : mais c'est la même préoccupation

préoccupation est légitime; mais c'est la même préoccupation

qui m'a fait agir en vous proposant l'adoption des conclusions

de mon rapport. Un certain nombre de familles, pour éviter le

passage par l'Infirmerie du Dépôt près la Préfecture de police,

gardent leurs malades et ne se décident il les y conduire

qu'après épuisement de leurs ressources et alors que la mala-

die s'est aggravée et est devenue incurable. Aussi qu'arrive- 1- il ?

C'est que ces malades, une fois placés, guérissent difficile-

ment, si même ils guérissent. Par suite, ils restent plus long-

temps dans nos établissements, qu'ils finissent par encom-

brer.

Si les malades étaient placés au début de. leur accès, ils

auraient plus de chance du guérison. Plus elle est traitera à

une période voisine du début, plus l'aliénation mentale est

guérissable : c'est l'opinion unanime de tous les médecins alié-

nistes.

Cette règle générale est surtout applicable aux enfants. Plu-

tôt ils sont placés dans les quartiers spéciaux, plus ils sont

susceptibles d'amélioration et de guérison. D'ailleurs, en ce

qui les concerne, beaucoup de départements se préoccupent

déjà de leur hospitalisation. Je citerai, entre autre, la Seine-

Inférieure et la Nièvre. Dans quelque temps nous aurons donc

de moins on moins a craindre l'hospitalisation des enfants

étrangers il la Seine. L'impulsion étant donnée, d'autres dépar-

tements suivront.

M. Bailly demande qu'avant de rien faire, nous attendions

le vote de la loi en préparation; mais outre que le vote de

cette nouvelle loi peut se faire attendre encore longtemps,

nous n'avons qu'a nous reporter, aux termes du deuxième

paragraphe de l'article .- ? de la loi du : 30 juin 1838, relatif aux

placements volontaires, pour reconnaître que le législateur a

ci Assistance des enfants aliénés.

voulu édicter non une loi de police, mais une loi de bienfai-

sance.

Les circulaires ministérielles qui ont suivi la loi du 30 juin

1838 ont souvent rappelé aux Préfets qu'ils devaient autant

que possible faciliter aux familles le placement volontaire ce

leurs malades.

Je prie, en conséquence, la Commission de vouloir bien

adopter les conclusions de mon rapport, ainsi que le projet de

règlement qui nous est présenté, dont les dispositions sont en

parfait accord non seulement avec la législation actuelle,

mais encore avec les votes souvent réitérés du Conseil géné-

ral.

M. le PRÉSIDENT. - Si personne ne demande plus la parole,

je mets aux voix l'adoption des conclusions du rapport pré-

senté par M. le Dr Bourneville, au nom de la Sous-Commis-

sion.

Ces conclusions sont adoptées par sept voix contre une

abstention, sur huit membres présents. '

M. le PnÈS ! DE\'r. Je mets maintenant aux voix l'adoption

du projet de règlement en treize articles présenté par l'Admi-

nistration sur les placements volontaires.

La Commission consultée émet un avis favorable à ce projet.

de règlement par sept voix contre une abstention sur huit

membres présents.

III.

De l'éducation d'une catégorie spéciale d'enfants

arriérés.

Au commencement de l'année 1892, nous avons

reçu la visite de Mrss. Burgwin qui nous était adres-

sée par le School Board for LOI1(lon. Sa lettre d'ins-

truction indiquant l'objet spécial de cette visite nous

la reproduisons :

A Monsieur le Dr Bourneville.

13 janvier 1892.

Monsieur,

Le Bureau des Ecoles de la Ville de Londres est sur le

point de fonder une école pour l'instruction spéciale des

enfants, qui, en raison de leur état maladif, tant au point de

vue physique qu'au point de vue mental, ne peuvent recevoir

d'une façon convenable renseignement dans les écoles ordi-

naires et par les méthodes en usage.

Le Bureau désire donc se rendre compte par lui-même de

l'expérience des personnes qui ont été appelées à la direction

d'écoles similaires sur le Continent.

En conséquence, je prends la liberté, au nom du Bureau des

écoles cle la Ville de Londres, de vous demander le concours

de vos conseils éclairés sur cette matière, et de vouloir bien

initier à votre méthode llistrcss Ici, l'une des direc-

trices du Bureau, qui a été choisie pour prendre la direction

des classes qu'il s'agit de créer.

Le Bureau sait que vous avez la direction d'une institution

semblable à celle qu'il a en vue; aussi vous serait-il très

reconnaissant de permettre à Mistress Burgwin de visiter vos

CXII De l'éducation des enfants arriérés.

Ecoles, et lui donner tous les renseignements et documents

qui peuvent lui être utiles.

J'ai l'honneur d'être, Monsieur, avec la plus haute considé-

ration, votre dévoué serviteur, etc... '

Nous avons eu déjà l'occasion de signaler à maintes

reprises l'utilité qu'il y aurait à créer dans les villes

un peu importantes et Ù Paris dans chacun des vingt

arrondissements une ou plusieurs classes spéciales

pour les enfants au-dessous de la moyenne et d'ins-

tituer pour ces enfants un enseignement spécial

analogue à celui qui existe pour les enfants arriérés.

Ces enfants sont la risée de leurs camarades et néces-

sairement se trouvent plus ou nioins délaissés par les

instituteurs qui les considèrent comme des non-va-

leurs. Nous avons donné des renseignements sur ce

qui se fait déjà pour eux dans un certain nombre de

villes d'Allemagne. Nous avons soulevé cette question

l'an dernier à la délégation cantonale du V° arrondis-

sement, sans avoir pu jusqu'ici la faire aboutir. Nous

en avons également entretenu noire ami, M. Léon

Bourgeois, quand il était ministre do l'instruction

publique; nous devions même lui adresser sur ce

sujet, à notre avis très intéressant, une lettre ouverte.

.Les circonstances nous en ont empêché. Nous avons

- cru devoir soulever de nouveau la question au sujet

de la mission de l\11stress Burgwin. (1)

` - -(1).,Voir ; tr cf'¡1)cs ? dc neurologie, 189 : 1, fi- 7 : 1, 1,. ll;.

DEUXIÈME PARTIE

Clinique

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892. i

I.

Idiotie méningitique;

PAR BOURNEVILLE et NOIR.

Sommaire. - Père et grand-père paternel, excès de boisson.

Tante paternelle, suicidée. - Mère, convulsions de l'en-

fance, suivies de strabisme ; alcoolisme; morte aliénée. -

Grand-père maternel, méchant et violent, alcoolique.

Soeur gourmande et voleuse. - Pas de consanguinité.

- Inégalité d'âge de 6 ans. Crises éclamptiques durant

la grossesse. - Lymphatisme. - Idiotie complète : parole

et marche nulles; gâtisme; aucune connaissance des per-

sonnes. - Rougeole à la période d'incubation, au moment

de l'admission ; marche de la température; - Otite précé-

dée d'une ascension thermométrique; - broncho-pneu-

monte : mort : élévation considérable de la température

après le décès.

Autopsie : état des sutures; lésions de méningo-encé-

phalite chronique; - persistance du thymus.

Touch... Jean-Etienne, 3 ans, né le 7 février 1889, à Saint-

Cloud (Seine-et-Oise), est entré le 25 janvier 1892, à l'hospice

de Bicêtre (service de M. Bourneville).

Cet enfant, placé d'office comme étant atteint d'idiotie, fut

dès son entrée envoyé au pavillon d'isolement, car il présen-

tait sur la tête plusieurs plaques de teigne tonsurante. Le

lendemain on notait une éruption, la rougeole, maladie qu'il

avait contractée à l'hôpital des Enfants-malades où il a fait un

séjour de deux semaines avant de venir dans notre service.

Renseignements fournis par son père (8 février). - Père,

40 ans, blanchisseur. Il raconte qu'il n'a marché qu'à 3 ans,

que pendant son service militaire en Afrique, il a eu une fièvre

4 Idiotie méningitique.

typhoïde accompagnée d'un violent délire ;- aucun trouble

nerveux appréciable n'a succédé à cette maladie. Il avoue

qu'il a rapporté d'Afrique l'habitude de prendre la goutte tous

les matins et avant chaque repas un verre d'absinthe. Du côté

paternel, signalons le grand-père alcoolique, mort des suites,

d'une phlébite. La grand'mère morte d'une ascite ( ? ) vers 38

ans et une tante, soeur de celle-ci, qui se suicida par chagrin

d'amour.

Mère, fille d'un alcoolique, mort à la .suite d'un accident

survenu pendant qu'il était ivre, et d'une femme estropiée,

contrefaite, « asthmatique », ne tarda pas à se livrer à des

excès de boisson «pour se consoler des mauvaises affaires que

faisait le ménage». Elle parvint à boire en moyenne un litre

de rhum par jour et fut bientôt frappée d'aliénation mentale

avec délire furieux qui nécessita son internement à l'asile de

Clermont (Oise) où elle a succombé. Dans son enfance, elle

avait été atteinte de convulsions. Un certain degré de stra-

bisme persistant en aurait été la conséquence. On ne peut

donner d'autres renseignements.

Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 6 ans.

10 enfants, 5 sont morts : 2 d'affections aiguës ; 1 athrepsique,

8 jours après sa naissance ; un autre pendant l'accouchement,

enfin un dernier vint à si mois non viable; une frayeur avait

provoqué cette fausse couche. Parmi les 5 enfants vivants,

signalons un jeune garçon de 13 ans, méchant et violent, une

petite fille de 8 ans, gourmande et ayant, d'après les dires de

son père, une tendance au vol très marquée pour satisfaire sa

gourmandise; notre petit malade, l'avant-dernier des enfants

et une dernière fille, faible et mal portante.

Antécédents personnels. - Lors de la conception, la mère

commençait à se livrer à ses excès alcooliques. Pendant sa

grossesse, elle a eu deux attaques d'éclampsie ( ? ) bien caractéri-

sées. - L'accouchement s'est fait normalement et sans chlo-

roforme. L'enfant, à la naissance, n'était pas asphyxié et sem-

blait bien constitué ; il fut envoyé en nourrice aux environs

de Dijon et allaité avec du l tit ' e vache. Il resta chez sa nour-

rice jusqu'à 3 ans, eut sa première dent à 7 mois, ne parvint

jamais à parler, ni à marcher. La nourrice, dont les renseigne-

ments semblent sujets à caution, aurait affirmé au père que

l'enfant n'avait jamais eu de convulsions, ni de maladies

graves durant le séjour qu'il fit auprès d'elle ( ? ).

DESCRIPTION DU malade. 5

État actuel (25 janvier). - Peau blanche et laiteuse ; che-

veux châtains blonds, quelques ganglions inguinaux engorgés

à droite (lymphatisme). - La tête est asymétrique ; la bosse

pariétale droite est plus saillante. - Face ovale ; front un peu

bombé ; arcades sourcillières peu proéminentes, recouvertes

de sourcils peu fournis. La voûte palatine est très excavée,

les amygdales sont volumineuses. La dentition est normale.

Les oreilles bien ourlées et à lobules assez volumineux s'écar-

tent d'une façon caractéristique. Signalons comme particula-

rités, les difformités qu'offrent les mains de l'enfant, surtout la

main droite qui est en demi-flexion sur l'avant bras ; les quatre

derniers doigts sont demi fléchis sur le métacarpe. Toute la

main est légèrement déviée sur le bord cubital.

L'enfant ne reconnaît personne, ne parle pas, et gâte con-

tinuellement. L'examen des organes des sens, en raison de

son état intellectuel, est difficile, néanmoins nous avons pu

constater l'intrégrité des réflexes pupillaires et la conserva-

tion de la sensibilité qui toutefois parait un peu obtuse. Ni

sucre, ni albumine dans les urines. - L'enfant est très abattu,

parait souffrant et pousse des cris plaintifs. T.R. 38°,3.

2G janvier. - Matin : T. R. 37,, lui. - Soir : T. R. 39-, 3.

27 janvier. - EI'l ! ption morbilleuse caractéristique sur la

face et le corps. Catarrhe conjonctivo-rhino-pharyngien peu

accentué. Pas de signes pulmonaires. Matin : T. R. 39°.

Soir : T. R. 39°.

28 janvier. -, L'éruption pâlit sur le corps, devient conflu-

ente à la face. A l'auscultation, respiration rude des deux côtés.

Matin : T. R. 39°, 8. - Soir : T. R. 39°.

29 janvier. -- Matin : T. R. 38°. -Soir : T. R. 38°, 8.

30 janvier. - L'éruption a disparu presque complètement ;

quelques râles muqueux et sonores dans les poumons.

31 janvier. Matin : T. R. 37°, 7. - Soir : T. R. 38°, 8.

2 février. - Adynamie. Lèvres fuligineuses. Langue sèche.

Râles muqueux très nombreux dans toute l'étendue de la

poitrine à droite et à gauche. Matin : T. R. 38°, 2.- Soir :

T. R. 38° ,4 . Ventouses sèches, potion calmante.

3 février. - État à peu près stationnaire. - Matin : T. R.

37°,9. Soir : T.R. 38° ,2. Sirop d'ipéca.

4 février. Matin : T. R. 39°, 1. Soir : T. R. 39°.

6 février. - Adynamie pls accentuée. Même état des

poumons. Matin : T. R. 39°. -Soir : 39°,2. Potion avec Banyuls

et extr. de quinqnina..

7 février. - Matin : T. R. 38° , 4. - Soir : T. R. 38o, 7.

6 IDIOTIE méningitique.

8 février. - Dyspnée plus intense. Otite moyenne suppu-

rée. Etat adynamique profond. Matin : T. R. 38°, 9. Mort une

heure après la visite. T. R. après le décès, 41°, 2 ; un quart-

d'heure après le décès 41°; une heure après, 40° 1 ; deux heu-

res après, 38°; trois heures après, 36°, 1.

Mesures de. la tête [février 189` ? ).

Autopsie; crâne. 7

correspondante. Calotte présentant l'épaisseur normale de

celle d'un enfant de cet âge. Bosses asymétriques. Bosse

pariétale droite un peu saillante : plagiocéphalie. Fontanelles

oblitérées ; zone transparente à la partie postérieure des deux

pariétaux. Deux zones transparentes à 15 mm. environ de

la suture fronto-pariétale sur la ligne médiane. La zone droite

a 15 mm. de largeur sur 20 mm. de longueur et s'étend jusqu'à

la suture sagittale, où elle se fusionne avec la zone gauche,

qui a 15 mm. de long sur 10 mm. de large. Un léger épaissis-

sement linéaire sépare ces deux zones. Une petite surface

transparente de 10 mm. sur 3 mm. existe encore au niveau de

la partie interne de la bosse pariétale droite à 2 cm. environ

de la suture sagittale. - Sutures. Il n'y a pas de traces de la

suturo métopique. La suture fronto-pariétale, est un peu

sinueuse à sa partie médiane, offre la forme d'un S italique

très allongé ; elle devient un peu sinueuse à ses parties laté-

rales. La suture sagitale d'abord rectiligne et légèrement

sinueuse, présente à sa partie médiane des dentelures plus

grandes pendant 3 cm. environ pour redevenir presque recti-

ligne à son tiers inférieur. La suture lambdoide, régulière, est

très dentelée à gauche, adroite elle est plus irrégulière et à si-

nuosités plus petites. Ni sur la face interne, ni sur la face exter-

ne, on ne trouve la plus légère trace de synostose.

Crâne assez dur; épaisseur variant de 3 à G millim. - A

l'ouverture du crâne il s'est écoulé une assez grande quantité

de liquide cephalo-rachidiei. La dure-mère, très adhérente,

surtout aux points d'insertion de la faux du cerveau, se déta-

che très difficilement au niveau de l'angle antérieur des parié-

taux. Les artères de la base sont symétriques. La pie-mère

cérébrale est très notablemant hypérémiée. Sa vascularisation

est plus prononcée au niveau de la région sylvienne de

l'hémisphère gauche et du bord supérieur de cet hémisphère.

A droite elle présente des adhérences au niveau du pli parié-

tal inférieur et du lobe frontal. La décortication néanmoins

s'opère assez facilement.

eh IDIOTIE MÉNINGITIQUE.

frontal est nettement limité en bas par la scissure de Sylvius

profonde, et permettant devoir nettement dans l'écartement

de ses branches le lobule de l'insula qui parait normal. Le

sillon de Rolando est moins marqué. FI et F2 sont très con-

tournées et unies par trois plis de passage perpendiculaires à

ces circonvolutions. F2 présente des adhérences à la

pie-mère. F3 très contournée a la forme d'un S italique

et offre un pli de passage avec la F2 à son tiers antérieur.

Toute cette partie, ainsi que le second tiers antérieur, sont le

siège d'adhérences pie-mériennes. Le tiers postérieur et le pli

de passage avec la frontale ascendante sont peu développés.-

FA est divisée en trois sections par des sillons antéro-

postérieurs ; seul le tiers inférieur paraît bien développé.

FA est très volumineuse. Rien à noter au lobe pariétal,

ni au pli courbe, si ce n'est des adhérences nombreuses au

niveau de leur jonction au lobe temporal et à la partie supé-

rieure et postérieure de la scissure de Sylvius. F2 offre aussi

quelques adhérences.

b) Face interne, Lobule paracential, cuneus, lobe occi-

pital, etc., rien de particulier.

Hémisphère gauche. Cet hémisphère est nettement divisé

en deux étages, supérieur et inférieur, par la scissure de

Sylvius et une ligne d'adhérences pie-mériennes s'étendant de

la branche postérieure de cette scissure au cuneus. Le lobule

de l'insula est normal en apparence.

Les trois circonvolutions frontales sont très développées.

La F est toute particulièrement contournée. Toutefois elle

n'envoie guère qu'un pli de passage au niveau de son quart

antérieur à F2 tandis que FI et F2 présentent environ cinq

plis de passage entre elles sur toute leur étendue.

La scissure prérolandique est très développée et sépare

complètement FA du reste du lobe frontal. Cette scissure se

continue du reste avec la branche inférieure de la scissure

de Sylvius. Par contre le sillon de Rolando est à peine

creusé.

Le reste de la face externe de l'hémisphère n'offre

guère d'intérêt, ce n'est la région inférieure du lobe parié-

tal et la région supérieure des lobes temporal et occipital qui

présente des traces d'adhérences nombreuses et profondes.

b) Face interne et base. - Rien de particulier à noter.

Traces d'adhérences assez nombreuses au niveau du lobe

orbitaire.

Les couches optiques paraissent un peu rétrécies.

RÉFLEXIONS. 9

Les ventricules latéraux sont manifestement dilatés, sur-

tout le droit.

La protubérance, les olives et les pyramides antérieures

sont nettement le siège d'une induration prononcée. Le cerve-

let est aussi induré.

Moelle (20 gr). Aucune lésion macroscopique.

RÉFLEXIONS. - I. Les antécédents héréditaires

relèvent de l'alcoolisme : père, mère, grands-parents

sont ivrognes. C'est le cas de dire avec Rabelais que

le couvercle vaut le chaudron.

II. Nous n'avons pu recueillir aucun renseigne-

ment sérieux sur les antécédents personnels de

l'enfant. Il est probable que la nourrice n'a pas fait

connaître la vérité.

III. Signalons la marche de la température dans

la rougeole et en particulier la veille de l'éruption.

et la diminution de poids (300 gr).

IV. Enfin au point de vue anatomo-pathologique,

mentionnons les lésions de méningo-encéphalite, les

plaques transparentes des os du crâne et l'absence

de synostose.

II.

Idiotie symptomatique d'un ancien foyer (pseudo-

kyste) du lobe temporal gauche et de méningite

de l'hémisphère droit ; -

Par nOUJL\'EVlUÆ et Paul FEIUUEU.

Sommaire. Père nerveux, convulsions de l'enfance ;

fièvres intermittentes probables. - Grand père paternel,

excès de boisson. - Grand'mère paternelle nerveuse. -

Arrière-grand-père paternel mort d'hémorrhagie cérébrale.

- Cousin paternel, excès de boisson, aliéné. Oncle pater-

nel mort de convulsions. - Mère sujette à des névralgies

faciales. - Grand-père maternel, excès de boisson, mort

de congestion cérébrale, auec paralysie du côté gauche -

Grand'mère maternelle sujette à des névralgies faciales. -

Arrière-grand-père maternel, suicidé. - Arrière-grand'

mère maternelle, excès de boisson. - Deuxième arrière-

grand'mère maternelle morte d'un cancer du sein. - Pas

de consanguinité. - Inégalité d'âge de 8 ans.

Emotion vive et chute durant la grossesse. - Naissance

un peu avant terme. - .Accidents convulsifs mal caracté-

risés du 18e au 39c jour après la naissance. - Premières

dents à un an. - Accès de cris. Cognements de tête

contre les murs. - Blépharite. - Parole et marche nulles :

jambes de plus en plus faibles.

1891. Accès de colère et de cris. - Balancement latéral

de la tête et antéro-postérieur du tronc; grimaces de la face

et occlusion des paupières. Grincements de dents ?

Attention et affectivité nulles. - Onanisme.

Octobre : Toux, diarrhée, amaigrissement.

1892. Cachexie tuberculeuse. Mort.

Autopsie : nombreuses adhérences de la pie-mère; absence

Antécédents. H

du tubercule mamillaire gauche; pseudo ? t/sfe du lobe

gauche; tuberculisation pulmonaire, ganglionnaire, péri-

tonéale, etc.

Scheff..., Désirée, née à Paris le 12 avril 1888, est entrée le

5 juin 1891, à la Fondation Vallée (service de M. BouRNEVILLE).

Antécédents héréditaires. (Renseignements fournis par le

père de l'enfant.) - Père, 29 ans, facteur des postes. Aurait

eu des convulsions dans l'enfance ; pas de fièvre typhoïde, de

migraines, d'accidents scrofuleux, de rhumatismes, ni de syphi-

lis. Il aurait eu les fièvres ( ? ) au Tonkin. Il est sobre, fume peu,

est assez nerveux et émotif, s'emporte facilement. Il parait

robuste, bien constitué et intelligent. - [Père, 55 ans, marbrier

en pendules; excès habituels de boisson, sans ivresse; carac-

tère emporté, mais pas de troubles mentaux. Il est d'ailleurs

bien portant. - Mère, 53 ans, intelligente, émotive, très-bien

portante. Jamais de crises nerveuses. - Grand-père paternel

mort à 60 ans d'hémorrhagie cérébrale; il n'était pas nerveux.

Grand'mère paternelle, 78 ans, intelligente, saine d'esprit.

Onze oncles et tantes paternels parmi lesquels aucun n'a eu

de maladies mentales ou nerveuses. - Un cousin germain

de la grand-mère de l'enfant est interné dans un asile d'aliénés

depuis 1874 à la suite d'une insolation. Il faisait des excès de

boisson. - Un frère est mort de convulsions. Des 5 autres,

un a été réformé pour faiblesse de constitution ; celui-là et les

4 autres se portent bien. Deux soeurs mortes jeunes, on ne

sait de quoi ; deux autres bien portantes, mais nerveuses, sans

crises. - Dans le reste de la famille, pas de tare physique ou

physiologique; pas de criminels, de suicidés, de débauchées.]

Mère, 21 ans, mariée à 17 ans, petite mais bien portante.

Aucune maladie connue du mari. Nerveuse, sans crises.

Bon caractère. Intelligente. Morte le 23 octobre 1891 de péri-

tonite après accouchement chez elle par une sage-femme.

[Père, mort à 40 ans de congestion cérébrale après 3 semaines

de maladie, avec hémiplégie gauche. Il était nerveux, emporté

et sujet à des ivresses fréquentes. -Mère, 39 ans, intelligente,

rien de particulier. - Grand-père paternel, suicidé ; on ignore

la cause de ce suicide. Grand'mère paternelle morte à 60

ans. Elle commettait des excès de boisson et était souvent

ivre. Grand-père et grand'mère maternels non nerveux,

intelligents, morts l'un à 60 ans, l'autre à 45 ans, d'un cancer

du sein. - Un oncle paternel est mort de la poitrine à 19 ans.

t2 IDIOTIE symptomatique.

Pas d'aliénés, d'épilepiques, etc., dans le reste de la famille.

Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 8 ans.

Deux enfants : 1° un garçon, 18 mois très bien portant,

fort, avancé pour son âge; pas de convulsions; - 2° notre

malade.

Notre malade. - Rien de particulier à la conception qui a

eu lieu peu après le mariage. - Pendant la grossesse, au

sixième mois, émotion vive due à une peur : étant en train

de travailler seule, le soir, dans sa chambre, sa soeur est

entrée à l'improviste en jetant un cri : elle a failli se trou-

ver mal, a dit que l'enfant remuait violemment dans son

ventre et qu'il avait fait demi-tour. Elle trembla durant quel-

ques instants. Un mois auparavant elle était tombée et dans

sa chute avait en quelque sorte glissé sur son ventre. Cette

chute n'occasionna ni émotion ni aucun accident ; elle se

releva seule et vite. -Accouchement huit jours environ avant

terme, naturel, sans chloroforme, après un travail de 24 heures.

- Pas d'asphyxie à la naissance, pas de circulaires du cordon,

etc. C'était une belle enfant, très forte. Elevée cinq mois au sein

par sa mère,puis au biberon (lait de vache) ; sevrée vers unan,

la dentition se développa lentement : 1" dent à un an, une

dent récemment formée encore.

A 18 jours, elle fut atteinte de convulsions. La face était

bleue, les yeux roulaient. On ne sait s'ils se tournaient d'un

côté plutôt que de l'autre. Il se passait dans sa gorge un bruit

que le père définit : « comme si on l'étranglait.»» Les membres

« se raidissaient droits ». On n'a pas remarqué de secousses.

La convulsion durait une minute, revenait au bout d'une

demi-heure. Ces accidents se reproduisirent pendant trois se-

maines. Le père affirme que, ultérieurement, lorsque l'enfant

a commencé à se tenir un peu sur les jambes, il n'a pas re-

marqué de différence ; mais que, au lieu de faire des progrès

les jambes devenaient de plus en plus faibles. Sch.. ne voulait

pas qu'on la prit de la main gauche, elle voulait que ce fùt de

la main droite. On ne sait à quoi attribuer cette préférence.

A partir de 18 mois, l'enfant se donna des coups de poing sur

la tête, pendant 5 ou 6 mois seulement. Si elle était près d'un

mur, elle s'y frappait la tête et riait. Son père attribue ces ac-

cidents à la dentition.

Depuis l'âge de 15 mois, jusqu'à 2 ans et demi, accès de cris

la nuit. « Quelques claques sur les fesses, un changement de

position sur le côté, et elle se rendormait », dit son père.

Absolument aucune autre maladie qu'une entérite avec selles

DESCRIPTION DE la malade. 13

sanguinolentes à l'âge de 2 mois. Pas de fièvres éruptives. Blé-

pharite qui dura environ 2 mois.

Bon appétit. Pas de troubles digestifs. Constipation habi-

tuelle. Elle perdait matières et urines lorsqu'on ne la mettait

pas sur le vase. Ne toussait pas, dormait bien, ne grinçait pas

des dents. A la maison, elle restait assise, ou se traînait par

terre, ou marchait sur les genoux. Elle fit pendant quelques

temps des grimaces d'un seul côté de la face, on ne sait plus

lequel; ces grimaces qui ont débuté vers deux ans et demi,

étaient devenues très rares moment de l'entrée de l'enfant

à la Fondation Vallée. Elle n'avait jamais les yeux fixés sur ce

qu'on lui faisait voir; riait bêtement, sans motif; son sourire

ne ressemblait pas à celui des autres enfants » . Elle émettait

quelques monosyllabes sans aucun sens. Dans les derniers

temps seulement de son séjour chez ses parents, elle parais-

sait reconnaître son père ; pleurait lorsqu'il partait, essayait

de quitter sa mère comme pour venir au-devant de lui lors-

qu'il rentrait. Elle se mettait dans de violentes colères lors-

qu'on lui refusait ce qu'elle désirait.

Les parents ont demandé le placement de leur fille parce

qu'elle est très en retard à tous les points de vue.

Etat actuel (8 juin 1891). - Enfant de petite taille, assez

chétive. Ne se tient debout que soutenue sous les bras. Ne

parle pas, ne parait rien comprendre, ne fixe son attention sur

rien. Se met en colère, agite ses bras et ses jambes quand on

l'examine.

Tête ronde, assez développée; bosses occipitales et parié-

tales saillantes. Sutures et fontanelles imperceptibles au pal-

per. Cuir chevelu sain. Cheveux châtain clair, assez longs,

fins, régulièrement implantés; tempes recouvertes par les

cheveux.

14 IDIOTIE symptomatique.

foncé, assez longs, régulièrement implantés. Conjonctives.

oculaires et palpébrales saines ainsi que la cornée. Iris

marron foncé; pupilles égales, réagissant normalement à la

lumière et à l'accommodation ; pas de strabisme, de paralysie,

de nystagmus, etc.

Nez court, épaté, un peu camus. Narines écartées, sous-

cloison un peu saillante; cloison non déviée. Il est impossible

de se rendre compte de l'odorat, qui est, en tous cas, déve-

loppé jusqu'à un certain point. (Plus tard on constata qu'elle

ne faisait pas la différence des bonnes et des mauvaises

odeurs). Joues assez pleines, colorées. - Bouche assez grande;

commissures horizontales. Lèvre supérieure peu élevée, avec

sillon médian assez marqué. - Physionomie sans expression.

Dentition de lait encore complète. Dents de bonne qualité,

sur des arcades un peu courtes. Dents trop serrées pour per-

mettre la sortie exacte et régulière des dents permanentes.

Articulation profonde, avec léger prognathisme supérieur. -

Mastication bonne.

Oreilles grandes, écartées. Lobule un peu allongé, 'partiel-

lement adhérent. Les différentes parties de l'oreille sont nor-

males. L'orifice du conduit auditif externe est assez large;

pas d'otorrhée. L'ouïe semble normale.

Cou court, assez mince. A sa partie moyenne, circonférence

de 22 centimètres. Pas de cicatrices ni d'adénites cervicales.

Corps thyroïde vaguement perceptible.

Thorax peu développé. Région interscapulaire couverte

d'un duvet fin et assez abondant. Pas de lésions ni de cour-

bures anormales de la colonne dorsale. - Courbure des côtes

régulière. Pas de chapelet rachitique; pas de malformation du

sternum. - Glandes mammaires non développées. Aréoles

comme une pièce de 0 fr. 50, un peu pigmentées. Mamelon non

saillant.

La respiration et la circulation sont naturelles. La pointe

du coeur bat dans le 4mo espace, les battements sont réguliers.

Abdomen glabre, sans cicatrices, souple àlapalpation. Pas

de hernies, matité hépatique normale. Matité splénique vague-

ment perceptible. Pas de courbures anormales du rachis lom-

baire. Bassin proportionné à la taille de l'enfant, non dévié.

Pénil peu saillant. Grandes lèvres minces. Ces parties sont

glabres. Petites lèvres, capuchon, clitoris, très-petits. Hymen

un peu boursouflé, orifice très-petit, en forme de fente antéro-

postérieure. Pourtour de l'anus fortement pigmenté.

Membres supérieurs assez grêles. Pannicule adipeux assez

abondant .Muscles et qs grêles. Trois cicatrices de vaccine au

DESCRIPTION DE la malade.. 15

bras droit. Articulations saines. Mains petites, doigts effilés.-

Ongles courts, aplatis.

Membres inférieurs assez développés, d'égale longueur. Os

et articulations sains. Pas de déformation des genoux. Pieds

petits, concavité normale de la voûte. Orteils courts, non

déviés. Ongles petits et plats. Réflexes rotuliens normaux.

La sensibilité semble normale sur toute l'étendue de la sur-

face cutanée.

Dans le cours de son séjour à la Fondation Vallée, on cons-

tate que l'enfant ne parle en aucune façon. Elle ne fait entendre

qu'un petit cri « qui ressemble à un vagissement. »

Elle ne mange pas seule avec une cuiller, mais elle porte

bien à sa bouche un morceau de pain qu'elle parait manger

avec plaisir. Elle ne bave pas, n'a pas de mouvements de suc-

cion, de vomissements, de rumination. Elle aime les choses

sucrées, a bon appétit, n'est ni salace, ni vorace, rejette les

choses vinaigrées. Elle ne voulait prendre ni lait ni vin. Son

père a dit qu'elle buvait toujours chaud, le plus souvent de la

tisane. On peut attirer son attention en l'appelant. Elle n'est

donc pas sourde. Elle aurait présenté fréquemment du stra-

bisme. Elle marche tenue par la main. Elle a même fait un pas

ou deux seule.

Absolument incapable de se nettoyer, de se déshabiller, de

s'habiller. Très-propre et soignée à l'entrée, elle gâte main-

tenant le jour et la nuit. On se rappelle qu'il en était ainsi chez

ses parents lorsqu'on ne la mettait pas sur le vase. Onanisme

effréné, crural et manuel.

Tics : L'enfant ferme souvent les yeux, fait des grimaces de la

face, grince des dents. Balancement de la tête de droite à gau-

che et du tronc d'avant en arrière.

Sommeil bon, calme. Enfant colère. Pleure une partie de la

journée. Elle ne veut pas être portée, ou arrache alors les

boutons, et donne des coups de tête. N'est pas affectueuse.

N'a pas fait la moindre amitié à ses parents à leurs deux

visites; ne paraissait pas les reconnaître. Poids : 8 kilog ; taille :

85 cent.

20 juin. - On continue à donner du sirop d'iodure de fer,

en supprimant l'huile de foie de morue. Deux bains salés de

10 minutes chacun. - Exercices de la marche.

3 juillet. - L'enfant maintenant marche seule ; elle semble

moins colère, et est devenue un peu plus caressante.

1e octobre. - L'enfant, depuis quelques jours, n'a pas

d'appétit, dort mal, crie. Elle tousse un peu. A l'auscultation,

16 Description DE la malade.

quelques râles sonores disséminés dans la poitrine. Rien au

coeur. Rien dans la gorge. Pas de vomissements, pas de

diarrhée.

8 octobre. - Pas d'amélioration sensible. Elle a maintenant

une diarrhée, assez abondante et très fétide. Abdomen souple,

non douloureux à la palpation. T. R. 38°. Anorexie, toux, amai-

grissement. - Potion calmante avec sirop de tolu, teinture

d'aconit. - Naphtol et bismuth.

15 octobre. Langue sale, anorexie complète. Diarrhée

jaunâtre, très-fétide. Toux fréquente, râles sous-crépitants

en différents points de la poitrine.

28 octobre. - Pas de modification. Le laudanum, les lave-

ments au nitrate d'argent, le naphthol et le bismuth n'influen-

cent pas la diarrhée. - Toux toujours aussi fréquente. Rien

de localisé à la percussion, auscultation difficile : l'enfant crie

lorsqu'on l'examine.

29 octobre. - Même état. Potion avec acide lactique 2 gr.

Eau albumineuse.

30 octobre. - T. R. 37°, 5. - Soir T. R. 37°, 2.

31 octobre. T. R. 37°, 3. Soir : T. R. 38», 3.

ier novembre. - T. R. 37o, 8. - Soir : T. R. 38°, 5.

2 novembre. - T. R. 38°, 2. - Soir : T. R. 37°, 7.

3 novembre. - Toux moins fréquente ; diarrhée moins abon-

dante, s'arrêtant même pendant quelques heures. L'enfant

prend quelques aliments. T. R. 37°, 7 et 37°, 6.

4 novembre. - T. R. 33°, 2. Soir : T. R. 39°, 2.

5 novembre. - T. R. 37°, 8. Soir : T. R. 38°, 4.

6 novembre. - T. R. 37°, 3. Soir : T. R. 38°, 6.

. 7 novembre. - T. R. 38°. - Soir : T. R. 38°, 4.

8 8 novembre. - T. R. 38°, 1. Soir : T. R. 38°, 2.

9 novembre. - Amélioration marquée. Diarrhée cessant

complètement à certains moments, pour reprendre, il est vrai,

mais cédant facilement au traitement par l'acide lactique. A

l'auscultation, quelques râles sonores et sous-crépitants fins

disséminés. L'enfant mange assez bien. Sommeil bon. T. R.

37°, 9 et 37°, 3.

10 novembre. - T. R. 37°. - Soir : T. R. 37°, 3.

11 novembre. - T. R. 38, 7, r- Soir : T. R. 37°, 8.

12 novembre. - T. R. 37°, 4. Soir : T. R. 39°, 4.

13 novembre. - L'amélioration continue. L'enfant a meil-

leure mine, ne crie plus dès qu'on s'approche d'elle et qu'on

l'examine. Elle n'a plus de diarrhée. La toux est moins fré-

quente. T. R. 38° et 39.

14 novembre. - T..R. 38°, 6. Soir : T. R. 37°, 5. -

Cachexie tuberculeuse. 17

15 novembre. - T. R. 37°, 5. Soir ? T. It..31 ? 4.; A/partir

de là jusqu'au 28 novembre, la température a oscillé entre 370,

2 et 38°, 4 (une fois), restant le plus souvent un peu au-dessus

ou au-dessous de 37°, 5.

21 novembre. - Revaccination sans résultat. (30 novem.)

1892. - Du l°r au 31 janvier, la température prise malin et

soir est restée entre 37° et 38° et descendant même six fois à

36,9.

2 février. L'enfant tousse beaucoup et s'affaiblit de plus

en plus. Diarrhée. - Aspect cachectique. T. R. 37°, 2 et 37°.

9 février. - Quatre ulcérations au niveau du sacrum, pas

de suppuration : fond noirâtre, bords blanchâtres. T. R. 36°, 8

et 37°, 3.

10 février. T. R. 3gaz, 9. Soir : T. R. 37°, 3

11 février. T. R. 36", 8. - Soir : T. R. 36°, 9.

12 février. Matin : T. R. 3<>°, 7. Mort à 9 heures. Poids :

6 kilogr. - T. R. un quart d'heure après la mort, 35°,5. - Une

demi-heure après, 35°, 5. - 2 heures après, 32°. - 3 heures

et 4 h. après, 31°.

Autopsie faite le 13 février 1892, 24 heures après la mort. >

Le cadavre est très émacié. .

Tête. Cuir chevelu extrêmement amaigri. - Base dit crâ ? te

tout à fait symétrique. Quant à la voûte le frontal droit semble

un peu avancé, et l'occipal droit un peu en retrait. - Les os

du crâne sont extrêmement minces et offrent tous de, très nom-

breuses plaques transparentes. - La suture sagittale vue par

transparence, laisse apercevoir des interstices nombreuses

permettant l'introduction d'un bec de plume surtout .dans le

rayon qui s'étend sur une longueur de 3 centimètres en avant

des trous pariétaux (le gauche seul existe). La face externe

ne porte en aucun point de son trajet trace d'un début quel-

conque de synostose. Il en est de même à la face interne. La

suture est d'une grande simplicité et très peu arborescente.-

La suture coronale est libre dans toute son étendue. tant à

la face interne qu'à la face externe. - La suture lambdoïde

est entièrement libre et un peu plus compliquée que la sagi-

tale on rencontre un petit os wormien à un centimètre de

l'angle sur la branche droite. Il n'y a pas trace de la suture

métopique.

Les sinus de la dure-mère sont remplis de caillots noirs et

légèrement jaunâtres. Ladure-mère est très adhérente tout

le long de la suture interparié taie, les dentelures des sutures ne

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892. 2

48 PSEUDO.KYSTB ET méningite CHRONIQUB.

sont plus apparentes. - Quand on a enlevé l'encéphale, il

s'est écoulé 75 grammes de liquide céphalo-rachidien mêlé

de sang.

Les artères de la base, les nerfs olfactifs, optiques, les ban-

delettes et les pédoncules cérébraux, sont symétriques, mais

le tubercule mamillaire gauche parait faire défaut complète-

ment. Le tubercule mamillaire droit a environ 5 millimètres,

sur 4 millimètres, c'est-à-dire ses dimensions ordinaires. La

protubérance, les pyramides et les olives sont égales.

TUBERCULOSE généralisée. 119

sure de Sylvius, au-dessous de sa branche verticale, jusqu'au

pédoncule cérébral (PL. i et II).

La circonférence adhère ainsi, au pli situé au- dessous et en

avant du cap de r 3, à la périphérie du lobule de l'insula,

à l'extrémité antérieure de la 1'. temporale, empiète davan-

tage sur la 2e temporale et sur la 3e, gagne la face inférieure

et se dirige ensuite de dehors en dedans et d'arrière en avant

jusqu'au-dessus du pédoncule cérébral qu'elle atteint à l'union

de son tiers interne avec ses deux tiers externes; puis se dirige

d'arrière en avant en suivant la face externe du pédoncule, pas-

sant au-dessous des bandelettes optiques et gagnant la partie

postérieure des circonvolutions frontales de la face inférieure.

La surface recouvre : la partie postérieure et inférieure de

la 3e frontale, la portion transversale de la scissure de Sylvius,

le lobule de l'insula, la partie antérieure des circonvolutions

occipitales, qui est détruite sauf au niveau de la 5e.

Les couches optiques, les corps striés, les ventricules laté-

raux, n'ont rien d'anormal.

Le cervelet, la protubérance, le bulbe, n'offrent rien de

particulier.

Cou. La glande thyroïde est normale : 5 gr. Le thymus,

qu'il est impossible de peser faute d'en reconnaitre exactement

les limites, est long de 6 centimètres ,dur, caséeux. Il est relié en

arrière à une masse caséeuse du volume d'un oeuf de pigeon,

qui s'étend un peu plus du côté droit par sa grosse extrémité.

Cette masse recouvre la trachée et l'oesophage, qu'elle déborde

un peu en arrière et à droite. Elle est séparée de la portion

inférieure du thymus par les deux troncs brachio-céphaliques

veineux.

Thorax. Le pédicule pulmonaire gauche est resserré par de

nombreux ganglions tuberculeux. A droite, ces ganglions sont

dans le même état, mais moins nombreux. Tous ces ganglions

sont durs. Les deux plèvres viscérales portent des tubercules

assez nombreux, à divers degrés d'évolution. Les deux plèvres

pariétales en portent également un très grand nombre à droite,

5 ou 6 seulement à gauche.

Poumon droit : 80 gr. La lame antérieure est emphyséma-

teuse, ainsi que le bord antérieur du lobe inférieur. Quelques

tubercules très-petits au sommet droit, qui est dur et tombe

au fond cle l'eau. Un tubercule dur, gros comme un pois, tout

près du hile droit dans le tissu pulmonaire du lobe supérieur.

20 Tuberculose généralisée.

Poumon gauche : 120 gr. Le sommet, la languette antérieure,

les bords supérieur et inférieur du lobe inférieur sont emphy-

sémateux. A la coupe du lobe supérieur, quelques tubercules.

dont l'un, gros comme une lentille, est ramolli au centre et

présente une cavité pouvant contenir un grain de millet.

. Péricarde. A sa surface, sur le trajet du nerf phrénique

gauche, deux tubercules. Sur le trajet du nerf phrénique

droit, deux tubercules également, de l'un desquels on ne

peut séparer le nerf par la dissection. Le péricarde contient

environ 25 gr. de liquide citrin; sa face interne est d'un

aspect lavé. - Coeur : 58 gr. Quatre tubercules gélatiniformes

à la pointe. Les artères aorte et pulmonaire ont leur calibre

normal. Les oreillettes et les ventricules sont bien séparés

et, partant, le trou de Botal est oblitéré.

Abdomen. Le péritoine viscéral et pariétal sont couverts de

tubercules de différentes dimensions; le grand épiploon en

est criblé. La face antérieure du foie et le petit épiploon, la

face antérieure de l'estomac, la surface externe de la rate,

portent d'assez nombreux tubercules. - L'intestin grêle est

violacé et offre aussi des tubercules en grand nombre ainsi

que le mésentère et les appendices épiploïques du gros intes-

tin.

Les ganglions mésentériques sont gros et rosés. Au niveau

de l'angle iléo-coeeal existe un ganglion nettement caséeux.

L'appendice vermiculaire remonte en arrière du coecum, au-

quel il est relié par un méso triangulaire dont le bord libre

contient l'artère de l'organe. Celle-ci émet des branches par

sa convexité tournée du côté de l'appendice. Plaques de Peyer

un peu gonflées, non ulcérées. L'intestin est très vascularisé.

Foie : 450 gr. Adhérent au diaphragme, il présente de nom-

breux tubercules à sa face supérieure. On en trouve aussi àla

coupe; l'un deux est coloré en vert par la bile. - Rate : 50 gr.,

dure; asseznombreuxtuborbules surdos coupes. - Pancréas :

10 gr., normal.- Rein et capsule surrénale gauches : 35 gr. -

Rein et capsule surrénale droits : 33 gr.

Les organes génitaux ne sont pas le siège de tubercules,

mais le cul-de-sac de Douglas en est couvert. La vessie con-

tient 15 gr. de liquide. - L'utérus est long de deux centimè-

tres. Les ovaires ont une longueur d'un centimètre 5, une

largeur de 7 millimètres, une épaisseur de 4 millimètres. -

La mort est due à la généralisation de la tuberculose.

Réflexions. 51

Réflexions. - I. Au point de vue de l'hérédité,

on trouve chez les ascendants paternels, l'alcoolisme,

des accidents cérébraux, des convulsions ; chez un

collatéral, l'alcoolisme et la folie ; du côté maternel,

l'alcoolisme, des accidents cérébraux. De plus, la

tuberculose apparaît chez les ascendants collaté-

reux les plus rapprochés. 11 est à remarquer que les;

ascendants directs étaient, à cet égard, relativement

épargnés.

II. Durant la grossesse, nous avons noté une chute

de la mère sur le ventre au cinquième mois et une

émotion vive accompagnée d'un mouvement brusque

de l'enfant. Est-ce à ce moment que s'est développée

la lésion qui a abouti au pseudo-kyste que nous avons

trouvé à l'autopsie, nous ne saurions le dire. Mais il

est certain que ces accidents surajoutés à l'hérédité

ont préparé le terrain pour les convulsions qui, surve-

nues au 18° jour de la vie, ont persisté pendant trois

semaines. Si l'on accepte l'hypothèse que nous venons

d'émettre au sujet de la genèse du pseudo-kyste, les

convulsions prolongées et l'état concomittant consti-

tueraient les symptômes correspondant aux lésions

méningitiques. Nous rattacherons aussi à la ménin-

gite chronique les coups que l'enfant se donnait sur la

tête, ses accès de cris et de colère, le strabisme inter-

mittent, la réapparition du gâtisme (la maladie s'ag-

gravant), le grincement des dents, etc.

III. Mentionnons aussi l'absence dit tubercule

gauche correspondant au pseudo-kyste. L'inégalité

de poids cles hémisphères cérébraux, le gauche pesant

55 gr. de moins que le droit et par opposition l'égalité

des hémisphères cérébelleux; enfin l'absence de

synostose prématurée du crâne. .

IV. A aucune époque on ne voit se développer l'in-

22 Réllexions.

telligence de l'enfant. La volonté se manifeste cepen-

dant par des cris et des mouvements de défense. La

111 : : ..n'lO 0.;t très tardive, et lorsqu'elle estpossibleonne

remarque aucune différence appréciable dans la force

des membres inférieurs. Pourquoi la préférence de l'en-

fant à donner la main droite lorsqu'on veut la faire

marcher ?

V. A signaler l'absence totale du goût chez cette

enfant. Est-elle due à la destruction de la partie anté-

rieure de la 2 ? temporale gauche, en avant du point

où siège la lésion dont dépend la surdité verbale ?

Nous n'oserions nous prononcer.

III.

Idiotie Microcéphalique; - Hémiplégie spasmodique

infantile; Sclérose atrophique; Tuberculose

abdominale.

PAR BOURNEVILLE et J. HOIR.

0\i\fAIfiE. - Père, alcoolique, emporté. - Grand-père pater-

nel, mort d'une attaque de paralysie. - Grand-onçle pater--

net tuberculeux. -Cousin germain, aueugle-né.- M1'"

céphalalgies, intelligence bornée. Grand-père maternel !

et arrière-grand'mère maternelle, morts d'une pfeti-

résie. - Oncle maternel, ivrogne. - Frère, asphyxiera

la naissance. Accident au 2 ? mois de la grossççge.

Frayeur légère au 6me mois. - Accouchement là

rieux. - Asphyxie et déformation crânienne à la n

sance. - Convulsions dès le premier jour. Seconds

convulsions à 4 mois. - Début de la parole à 18 mo8

Premières dents à 6 mois. - Ne marche pas. - Gâtisme

complet. - Paraplégie inférieure et Hémiplégie gauche

avec contracture. - Microcéphalie. - Tuberculose intes-

tinale. - Mort.

Autopsie : sclérose atrophique des circonvolutions cérébrales.

- Ulcérations tuberculeuses de l'intestin.- Adénopathie

mésentérique tuberculeuse.

Sal ? Paul, né à Villejuif, le 8 avril 1888, est entré le 20 mai.

1890 à Bicêtre (service de M. Bourneville).

Antécédents. (Renseignements fournis par sa mère.)

Père, /il ans, gratteur de chaudière dans une chandellerie de

Gentilly, n'aurait pas eu de convulsions dans son enfance; ni

24 Antécédents.

fièvre typhoïde, ni migraines, ni affections cutanées, ni rhu-

matismes. Aucun signe ne permet de soupçonner la syphilis (1), l.

Il été soldat durant la guerre et s'est marié à 25 ans. Caractère

violent et emporté, il lui arrive parfois de battre sa femme. Il

est de plus très vantard, bavard et parle souvent de ses rela-

tions avec des personnes influentes. Depuis 5 ou 6 ans, c'est-à-

dire depuis son établissement à Paris, il se livre à des excès

de boissons consistant surtout en l'absorption de nombreux

verres d'absinthe (4 ou 5 fois par jour) ; autrefois, habitant la

province, il avait la réputation d'un grand buveur mais ne

prenait que du vin et ne se livrait pas à des excès pareils aux

excès actuels. Sa funeste passion agit sur son caractère :

« plus il va, plus il devient violent », nous dit sa femme. Il ne

fume pas. - [Père, meunier, sobre et calme, serait mort d'une

« attaque de paralysie » après deux mois de maladie. - Mère,

71 ans, bien portante, n'a jamais présenté les symptômes d'une

maladie chronique ou nerveuse quelconque. - Grand-père

paternel mort à 76 ans et grand'mère paternelle morte à 82

ans d'affections que l'on ne peut préciser. - Il en est de môme

du grand-père maternel mort à 77 ans et de la gran'dn2ère

maternelle sur lesquels on ne peut donner aucun détail. -

Sur 5 oncles paternels, deux sont bien portants ainsi que leurs

enfants qui n'ont jamais eu de convulsions; 3 sont morts, 2

par accident : l'un écrasé par une voiture sans avoir été en

état d'ébriété, un autre en chargeant un sac de blé, on ne sait

au juste de quoi; quant au troisième on ne peut préciser la

cause de sa mort. Pas de tantes paternelles. - Un oncle mater-

nel, sobre, mort à 32 ans « de \a,poitrine » ; il était célibataire.

Deux tantes maternelles en bonne santé ; l'une d'elles a une

fille également robuste. - Sept frères ou saurs : l'ainé, bien

portant, marié n'a pas d'enfants. Le second, aveugle-né, est

tombé à 27 ans d'une trappe dans le moulin de son père, s'est

fracturé la colonne vertébrale et a succombé en trois jours.

- Le troisième est mort à 9 mois d'une affection demeurée

inconnue à la famille. - Des quatre soeurs la première est bien

portante, sans troubles nerveux; elle est mariée, a 3 enfants

en excellente santé et qui n'ont jamais eu de convulsions. -

Deux autres soeurs sont mortes, l'une à 18 ans, l'autre à 9 ans, <

à la même époque, de fièvre typhoïde. - La quatrième est

morte à 3 ans du croup. - Aucune n'avait présenté de trou-

bles pathologiques de nature nerveuse. - Dans le reste de la

(1) Le père; interrogé à part, affirme -n'avoir jamais en d'accidents vénériens.

Idiotie MICROCÉPHALIQUE. 25

famille du père nous n'avons à signaler, ni idiots, ni aliénés

ou épileptiques, paralytiques, bègues, sourds-muets, diffor-

mes, suicidés, criminels, prostituées, etc.]

Mère, 37 ans, blanchisseuse, n'a eu ni convulsions, ni fièvre

typhoïde, ni migraines. Parfois à la suite de fatigues ou de

contrariétés, elle était prise de céphalalgies. Elle n'est pas

nerveuse, est sobre, n'a eu ni maladie de peau, ni rhumatis-

mes. D'une instruction nulle et d'une intelligence médiocre,

elle était occupée, avant de venir à Paris, aux soins du ménage

et des bestiaux de la petite ferme que son mari avait

louée. -- [ Père, laboureur, sobre, mort à 50 ans d'une pleu-

résie. - Mère bien portante. Grand-père paternel mort âgé,

mais là se borne tous les renseignements. Grand.'mère

paternelle morte à 73 ans d'une pleurésie ( ? ). Grand-père

maternel et grand'mère maternelle, sobres, morts, l'un avec,

« un mal de jambe » ( ? ) l'autre à 69 ans, asthmatique ( ? ). Trois '>

oncles paternels plans enfants, tous ordinairement sobt ? éj ?

sains de corps et d'esprit; deux sont morts; l'un écia4,par,'

accident, l'autre au cours d'une fièvre typhoïde. - Pas de

tantes paternelles. Un oncle maternel, rhumatisant, porteur

de varices, à cela près bien portant; sans enfants, sobre\ ?

robuste. - Pas de tantes maternelles. - Cinq rrères : le prc ?

mier, puisatier, ivrogne, mort à 30 ans d'un érysipèle gaiigré-

nettx, sans enfants. - Les quatre autres, mariés, auraient tous

des enfants également en bonne santé; aucun n'aurait eu de

convulsions dans son jeune âge. - Une soeur, sans antécédents

nerveux, a eu un seul enfant mort d'affections fébriles de

longue durée et n'ayant jamais présenté de convulsions. -

Da le reste de la famille, ni aliénés, ni épileptiques, ni idiots,

etc.p ? Pas de consanguinité. -Le mari a 4 ans de plus que

sa femme.

Quatre enfants : 1° un garçon mort après 2 ou 3 heures;

l'enfant, asphyxié à la naissance, fut ranimé pendant quelque

temps, mais ne tarda pas à succomber; 2° garçon, 13 ans,

jouit d'une parfaite santé; - 3° garçon, 10 ans, se porte aussi

bien que son frère; - 4° notre malade.

Notre malade. La conception n'aurait pas eu lieu pen-

dant l'ivresse. - Grossesse : au 2""= mois la mère a reçu un

tuyau de poêle sur la tête, ce qui détermina une plaie, mais

n'amena pas de perte de connaissance; au 6mo mois, frayeur

de courte durée et sans conséquence, la mère ayant entendu

crier au feu dans sa maison. - ,4ccot(c/ ! eme ? lt laborieux; « les

douleurs durèrent deux jours au moins et le passage fut très

26 DESCRIPTION DU malade.

difficile. » Néanmoins l'enfant sortit spontanément; on n'em-

ploya ni anesthésique, ni erg-otinc. - Asphyxié à la naissance,

l'enfant ne fut ranimé par la sage-femme qu'après une demi-

heure de soins. Presqu'aussitôt il eut des convulsions. Elles

consistaient, si nous on croyons le père qui en fut témoin, en

rotation de la tête adroite et à gauche et en contractures du

corps portant seulement sur le côté gauche. La durée de ces

convulsions était de 2 à 3 minutes et une rémission de 10 à 15

minutes les suivait. La série convulsive dura quatre jours

pendant lesquels l'enfant ne put prendre le sein. Un médecin,

consulté, prétendit : « qu'il y avait quelque chose de dérangé

dans le cerveau ; que cela était du au temps trop long que

l'enfant avait mis à franchir la filière pelvienne», et il malaxa

la tête sans doute siège d'une déformation. L'enfant put pren-

dre le sein de sa mère le 51 jour. Il fut sevré à 22 mois. - A4 4

mois, de nouvelles convulsions se manifestèrent; la tête en

fut seule le siège. Elles durèrent 4 à 5 heures et consistèrent

en l'ouverture de la bouche, en mouvements dissociés des

yeux, et grimaces sans prédominance à droite ou à gauche.

Pas d'autres convulsions.

Début de la parole à 18 mois. - Première dent à G mois ;

dentition complète à ? - L'enfant n'a jamais marché. Il a tou-

jours été gâteux. Il dort bien, n'est pas coléreux, il n'aurait ja-

mais eu de vers intestinaux. - Aucun stigmate de scrofule

(impétigo, otorrhée, etc. ). Pas de tic, de grimaces, ni de

grincement de dents. En fait de maladies infectieuses signa-

lons seulement unc rougeole bénigne à 9 mois. - L'enfant n'a

pas été vacciné. Il n'a jamais eu de bronchite.

Etat de l'enfant (30 mai 1890). - Apparence de bonne santé,

teint rosé, embonpoint satisfaisant. Physionomie hébétée. -

Pas d'adénopathie. - Tête. Cheveux châtains clairs, àimplan-

tation régulière. - Crâne oblong, symétrique. Front rétréci

en avant; bosses frontales assez saillantes ; bosses pariétales

encore plus saillantes. - Face ronde ; arcades sourcilières régu-

lières et symétriques. Paupières supérieures bouffies; sourcils

dirigés en haut et en dehors, peu épais, châtain clairs; fentes

palpébrales grandes, yeux en amandes ; cils longs et noirs. Pas

d'exophtalmie, de paralysie oculaire, de nystagmus, ni de stra-

bisme. Iris brun foncé, pupilles égales, réagissant également

bien à lalumière et à l'accommodation, conjonctive sensible. La

vue ne paraît être le siège d'aucun trouble.

Nez légèrement camard, à narines petites, regardant en

avant et en bas. Joues pleines, très adipeuses. Pommettes peu.

IDIOTIE microcéphalique. 27

saillantes. Bouche petite, bien faite. Lèvres régulières, symé-

triques. Maxillaires bien conformés, 16 dents dont 8 molaires.

Canines très pointues. Menton rond.

Langue, amygdales, voile du palais, pharynx, rien de parti-

culier à signaler. - Le réflexe pharyngien existe. Le goût

semble normal.

Oreilles bien ourlées, implantées régulièrement. L'ouïe

paraît saine.

Cou : circonférence, 27 cm. Pas de goitre.

Thorax bien conformé. Aucune anomalie, ni aucun signe

morbide révélé par l'examen des organes intra-thoraciques..

Abdomen : Rien de pathologique. Région anale normale.

Peau absolument glabre. Verge 2 cm. de longueur, 3 cm. de

circonférence. Phimosis. - Pas de testicules perceptibles dans

les bourses, ni dans le trajet inguinal.

Membres supérieurs gros, bien conformés, mains bien faites,

ongles régulièrement implantés.

Membres inférieurs. Le membre gauche est sensiblement

moins volumineux que le droit. Les réflexes rotuliens sont

normaux. Le pied gauche est plus arqué que le droit. Sen-

sibilité normale.

La parole est limitée aux mots : papa et maman. S.. ne saisit

rien spontanément avec les mains mais prend le pain et les

gâteaux qu'on lui présente ; la mastication est bonne ; l'enfant

suce et bave en mangeant. Il est caressant, gai, colère. Il est

possible de fixer son attention. Le sommeil est parfois agité

et accompagné de petits cris. S... se tient assez bien dans le

charriot mais est incapable de se tenir seul debout. Les mem-

bres du côté gauche sont plus faibles que ceux du côté droit.

Balancement autéro-postérieur du tronc.

L'idiotie parait due à l'asphyxie de l'enfant à la naissance,

compliquée d'un état convulsif. La situation s'est aggravée,

à 6 mois. Les convulsions sont susceptibles d'être rattachées.

à une sclérose atrophique prédominant dans les régions

motrices de l'hémisphère droit, en raison de l'hémiplégie :

gauche. ;

Diagnostic : icliotie microcéphalique.

Jttillet. - Coqueluche. A cette époque, on note de

l'adénopathie généralisée, et de l'impétigo du cuir chevelu..

La coqueluche a été guérie vers la mi-septembre. Parfois le

sommeil est très bon, d'autres fois l'enfant s'agite et pleure.

1'ouetnbre.- Teigne tondante. :

L'hémiplégie gauche est de plus en plus nette. - Lemem-.

28 DESCRIPTION du malade.

bre supérieur est atteint au même degré que l'inférieur. Les

doigts sont fléchis dans la main qui elle-même est fortement

fléchie sur l'avant-bras. L'enfant ne se sert pa3 de cette main

et lorsqu'il veut la remuer, elle est le siège de mouvements

athétosiques. Le bras est assez mobile. Du côté des membres

inférieurs, l'on constate de la tendance à l'équinisme des deux

côtés, mais surtout à gauche. La marche est impossible, l'en-

fant ne peut se tenir debout seul. Soutenu, il parvient à faire

quelques pas. Contracture légère surtout marquée à gauche.

Extension et rotation en dedans. - Exagération des réflexes

rotuliens. Teinte cyanosée et refroidissement des extrémités.

Différences de longueur et de circonférence assez prononcées

entre les membres droits et gauches. (Voir le tableau p. 29).

1891. Jaiiviei,. - T3riiip-,tnisme et rhinite intenses. Sa mère,,

qui vient visiter fréquemment son enfant prétend que ses

membres inférieurs gauches s'atrophient de plus en plus.

Juillet. - On continue à l'exercer à se tenir debout et à

marcher; il semble mieux appuyer les pieds. Même traitement :

huile de foie de morue ; sirop d'iodure de fer, bains salés,

exercices des membres.

28 novembre. - Diarrhée et fièvre. (La température oscille

entre 38° et 30"). L'examen des organes ne permet de consta-

ter qu'un peu de ru lesse au sommet gauche. L'enfant passant

par des alternatives de mieux et de plus mal avec une tem-

pérature qui oscille de 31o aux environs de 4Do, dépérit peu à

peu. Néanmoins à partir du 19 décembre 1891, la diarrhée

cesse, la température tombe à 36° et l'enfant sort le 28 décem-

bre de l'Infirmerie des teigneux.

1892. 10 février. - La diarrhée est revenue, l'enfant dépé-

rit. Durant le mois de février, il s'émacie de plus en plus. Le

lait, la viande crue, le bismuth ne peuvent venir à bout de la

diarrhée et empêcher l'amaigrissement rapide du petit malade.

La température oscille entre 36° et 40°, présentant sur le

tracé, les grandes oscillations de la fièvre hectique.

L'examen physique fait constater le ballonnement du ventre,

un peu douloureux àla pression, et l'existence de nombreuses

veinosités. L'auscultation, difficile car l'enfant se plaint conti-

nuellement, ne nous permet de rien préjuger de l'état des

poumons (Fig. 1).

Mars. L'état général de l'enfant s'aggrave de plus en plus,

il offre un aspect squelettique. Ne pouvant allonger les cuisses

à cause des contractures qui les maintiennent dans la demi-

Sclérose ATROPHIQUE DU cerveau. 29

flexion sur le bassin, il repose sur les ischions. Les fesses,

constamment souillées, deviennent érythémateuses. Le 8

mars deux plaques de la grandeur d'une pièce de 2 fr. s'ulcè-

rent à droite et à gauche. Les extrémités sont froides, le

visage cyanosé et couvert de sueur. S... succombe le 10 mars

à 10 heures du soir ayant présenté le matin 36° de tempéra-

ture et le soir 39°, 6. Un quart d'heure après le décès : T.R.

37°; - une heure après : T. It. 3G"; - 2 heures après 33°, 1.

Le poids de l'enfant après le décès est de 11 kilog. 200. A

son entrée en mai 1890 il pesait 9 kilog. 250.

Mensurations de la tête et des membres :

Tête.

30 Sclérose ATROPHIQUE DU cerveau.

SCLÉROSE ATROPHIQUE DU cerveau. 31 1

sage avec la troisième frontale et la pariétale ascendante. On

note une altération analogue à la partie toute supérieure du

lobule de l'insula. La pariétale ascendante est atrophiée à son

extrémité supérieure au point d'offrir un volume moitié

moindre que celui de la frontale ascendante. Même lésion de

la partie la plus supérieure du lobe pariétal. Adhérences nom-

breuses de la pie-mère au niveau du pli courbe.

Le lobe occipital est fort peu développé ; les circonvolutions

y sont très petites, très tortueuses, mais saines en apparence.

Le lobe temporal, sain en avant, présente sur la partie pos-

térieure de la 2- temporale et au niveau des plis de passage,

au pli courbe et au lobe occipital un foyer très net de

sclérose atrophique.

La face interne de l'hémisphère gauche présente de l'atro-

phie scléreuse de la partie antérieure de la 1re frontale sur

un trajet d'environ 3 centimètres. La partie post-rolancliqtte

du lobule paracentral est considérablement atrophiée, c'est

elle qui correspond à la pariétale ascendante, tandis que la

région antérieure de ce lobule est saine et bien développée.

L'avant-coin présente en avant la continuation de la même

lésion. Le coin, très petit , n'offre aucune lésion appa-

rente.

Constatpns encore une atrophie notable de la circonvolu-

tion du corps calleux et de la partie postérieure de la cir-

convolution de l'hippocampe.

Hémisphère droit. - Les lésions sont bien plus intenses et

plus nombreuses sur cet hémisphère que sur l'hémisphère

gauche. Le lobe frontal présente une bande d'atrophie obli-

que d'avant en arrière, largo de 2 centimètres environ, for-

mant une dépression allant du tiers médian de la ire circon-

volution frontale à l'extrémité inférieure du sillon de Rolando

et à la petite branche de la scissure de Sylvius. Cette zone

d'atrophie comprend donc le pied des trois premières circon-

volutions frontales. Le lobule de l'insula moins développé que

celui du côté opposé, ne semble pas très altéré. Légère atro-

phie de la partie toute supérieure du lobe pariétal. En arrière

et au-dessous du pli courbe, le lobule pariétal inférieur est

le siège d'une atrophie considérable qui se prolonge sur la

2we circonvolution occipitale, où elle atteint son maximum

Les circonvolutions sclérosées et atrophiées offrent à ce

niveau l'apparence d'un amas d'anneaux de tinta.

. Le lobe temporal, sain en avant, présente en arrière des

32 Tuberculose viscérale.

adhérences pie-mériennes avec atrophie se prolongeant sur la

partie postérieure et inférieure de la circonvolution de l'hip-

pocampe. A la face interne de l'hémisphère droit nous notons

une sclérose atrophique considérable de la moitié postérieure

de la première circonvolution frontale, de la partie inférieure

du lobule paracentral et de toute sa portion post-rolandique

vers la terminaison de la pariétale ascendante. La partie

correspondant à la terminaison de la frontale ascendante est

saine en apparence. L'arriè1'e-coin est aussi atrophié au voi-

sinage du lobule paracentral. Le coin est petit et atrophié

surtout vers son sommet mais cette lésion est moins intense

que les précédentes. La partie toute postérieure du lobe occi-

pital semble saine. La circonvolution du corps calleux est le

siège d'une atrophie scléreuse intense surtout à son bord

inférieur dans la portion qui correspond au lobule paracentral.

Le pli de passage qui termine cette circonvolution et la fait

communiquer à la partie postérieure de l'avant-coin, semble

sain et non atrophié.

Moelle épinière. Rien d'appréciable à la simple inspection.

RÉFLEXIONS. 33

recouvert d'un enduit puriforme. Adhérences nombreuses des

anses intestinales entre elles. -Estomac et duodénum sains.

- Le jéjunum et l'iléon présentent 10 ulcérations plus rappro-

chées et plus profondes vers la terminaison de l'intestin grêle.

Ces ulcérations, situées entre deux valvules conniventes, sont

perpendiculaires à l'axe de l'intestin. Leurs bords sont tumé-

fiés, taillés à pic, d'un blanc légèrement rosé; le fond, dépouillé

de muqueuse, est noirâtre et présente par places de petits points

blancs et granuleux, semblant être des granulations tubercu-

leuses. Ces ulcérations, situées à l'opposite de l'insertion du

mésentère, forment parfois des anneaux presque complets. Du

côté de la face séreuse de l'intestin, au niveau des ulcérations,

existent des dépressions noirâtres qui adhèrent fréquemment

aux circonvolutions intestinales voisines. Dans le coecum et

le côlon ascendant, l'on rencontre encore quelques ulcérations

semblables. L'appendice iléocoecal; sain et libre, a environ 6

c/m. de longueur. - Les ganglions mésentériques offrent une

masse d'aspect cérébroïde qui ne pèse pas moins de 170 gr.

Ces ganglions ont à leur centre de volumineux foyers caséeux,

surtout développés au niveau du coecum. Un de ces foyers

caséeux communiquait avec l'intestin par une ulcération

intestinale.

Foie (540 gr.) hypertrophié et graisseux sans aucune gra-

nulation à la suilact, ni sur les coupes. - Pancréas (10 gr),

dur, volumineux. Kate(55gr.) : quelques ganglions caséeux

au niveau de son hile; pulpe splénique, dure, parsemée de

quelques granulations tuberculeuses. La capsule, épaissie

par places, ne laisse voir aucune granulation.- Reins (45 gr. )

chacun), traces nettes de lobulation; sains. - Vessie, rien de

particulier. Testicules, naturels, situés dans l'intérieur du

canal vagino-péritonéal persistant, près de l'orifice inguinal

supérieur.

Signalons encore l'atrop.'ne toute particulière des musclés

adducteurs des cuisses et du psoas-iliaque. Ces muscles, de

couleur feuille morte, sont rétractés au point de ne permettre

que par leur section, tant à droite qu'à gauche, l'extension des

cuisses sur le bassin du cadavre. D'une manière générale, tous

les muscles du côté gauche sont considérablement atrophiés.

Réflexions. I. L'alcoolisme du père est le

seul antécédent héréditaire auquel on puisse atta-.

cher une certaine importance. La tuberculose. n'est.

BOURNEVILLE. Bicêtre., ion, 3

34 SCLÉROSE ATROPHIQUE DU cerveau.

pas suffisamment affirmée parmi les ascendants pour

lui faire jouer le rôle de cause prédisposante dans

la maladie ultime de l'enfant.

Fip. 1.

RÉFLEXIONS. ' 35

II. Rien de bien particulier durant la grossesse; les

frayeurs de la mère, femme bornée et peu émotive,

n'ont occasionné aucun trouble, même passager. Mais

l'influence do l'accouchement laborieux est ici indé-

niable : l'asphyxie à la naissance, intense et prolongée,

paraît en être la première conséquence. Rappelons

que cet accident s'était déjà produit dans la famille,

le frère aîné de Sal... vint asphyxié à sa naissance et

mourut deux heures après. Les convulsions liées sans

doute à l'asphyxie, limitées aux membres du côté gau-

che et portant sur toute la face, se manifestèrent dès

le premier jour de la vie de l'enfant. Notons enfin la

déformation céphalique, constatée par le médecin,

appelé pour soigner les accidents convulsifs. Tout ceci

nous permet de croire que l'accouchement laborieux

a joué le rôle principal dans la genèse des lésions qui

ont occasionné l'idiotie et ses complications.

III. Parmi les symptômes que présenta le malade,

deux dominent la scène : 1° la paralysie avec contrac-

tures, se manifestant sur les membres inférieurs, prin-

cipalement le gauche et sur le membre supérieur

correspondant; 2° le gâtisme. L'autopsie nous per-

mettra de faire à ce sujet quelques remarques inté-

ressantes.

En ce qui concerne l'évolution de la tuberculose

intestinale qui a suivi la marche torpide de la plupart

des maladies des idiots gâteux, nous nous bornerons

à signaler la marche de la température. (Fig. 1.)

IV. A l'autopsie, nous avons constaté la persistance

des sutures de la calotte crânienne, l'absence de synos-

tose, la transparence de ces sutures, la disjonction pos-

sible de l'occipital des pariétaux, ce qui montre que le

crâne était encore capable de se développer. Le

tableau des mensurations successives de la tête vient

36 SCLÉROSE ATROPHIQUE DU cerveau. -

d'ailleurs à l'appui de cette opinion. Aussi, avant d'in-

tervenir chirurgicalement, serait-il sage de se rendre

compte du développement de la tête par des mensura-

tions périodiques, etc.

V. L'examen du cerveau nous a montré, suivant les

prévisions, une sclérose atrophique très nette de la

pariétale ascendante et du lobule paracentral tant à

droite qu'à gauche. Ce fait concorde avec la paraplégie

complète et les contractures observées pendant la vie.

A gauche, la lésion est bornée à la partie supérieure de

la pariétale ascendante, tandis qu'à droite, la lésion

occupe toute la zone motrice; notre malade n'avait, en

effet, que le membre inférieur paralysé du côté droit,

tandis qu'à gauche, les deux membres étaient frappés

de paralysie.

La lésion bilatérale de la partie toute postérieure

du lobule paracentral nous parait mériter une men-

tion spéciale à cause de sa coïncidence avec le gâ-

tisme le plus complet. Ce fait viendrait à l'appui du ré-

sultat des expériences de Sherrington (de Londres).

D'après cet auteur, la partie toute postérieure du lo-

bule paracentral, chez le chat, serait le centre mo-

teur cortical des contractions du sphincter anal (1).

Or, chez l'enfant Sal..., il y avait à ce point, des

deux' côtés, une atrophie de la région tout-à-fait

postérieure du lobule paracentral. Nous signalons cette

coïncidence, sans en conclure que là est la cause du

gâtisme.

VI. Nous avons vu que les convulsions, au dire

des parents, siégeaient exclusivement sur les mem-

bres du côté gauche. L'autopsie nous a fait découvrir

une prédominance très nette des lésions atrophi-

(1) Congrès intern. de physiologie, session de Liège, 31 août 1892.

Réflexions. 37

crues sur l'hémisphère cérébral droit qui pesait 30

gr. de moins que le gauche et offrait une dégénéra-

tion secondaire portant sur le tubercule mamillaire,

le pédoncule cérébral, et la pyramide antérieure du

côté droit. Les hémisphères cérébelleux étaient

égaux. .

VII. Il est regrettable que l'absence complète

d'intelligence de l'enfant nous ait empêché de

procéder à un examen sérieux de la vue. Peut-être

aurions-nous trouvé un trouble fonctionnel concor-

dant avec la lésion du coin droit et le manque de déve-

loppement du lobe occipital gauche.

VIII. Mentionnons enfin l'adénopathie énorme des

ganglions mésentériques surtout au niveau du coecum

' et l'abouchement singulier d'une caverne, due au ramol-

lissement d'une de ses masses ganglionnaires, avec le

coecum par l'intermédiaire d'une ulcération in.testi-

nale.

IV.

Imbécillité et hémiplégie droite avec athétose;

PAn BOURNEVILLE et DAUilTAC.

SOMMAIRE. Père, quelques excès de boisson, mort phtisi-

que. - Mère, migraineuse. - Grand-père maternel, quel-

ques excès de boisson. - Oncle maternel, aliéné. - Pas

de consanguinité. - Inégalité d'âge de 10 a tzs.

Première dent à mois. - Marche et parole à 20 mois.

Méningite à 2 ans 1/2, auec convulsions, suivies de para-

lysie du côté droit avec impossibilité de parler. - Retour

progressif de la marche et de la parole. - Début précoce

de l'athétose. - Début de l'épilepsie à 3 ans; prédo-

minance des convulsions dans le côté droit (paralysé).

Kleptomanie. - Ilypospadias. Suspension des accès en

1882-1884. - Marche des accès. Mort dans un état de

mail.

AUTOPSIE. - Absence de synostose des os du crâne; os wor-

miens. - Inégalité de poids de 75 gr. des deux hémis-

phères cérébraux.- Atrophie de l'hémisphère cérébral, du

nerf optique et du pédoncule cérébral gauches. Adhé-

rences partielles de la pie-mère. - Longueur exagérée de

l'appendice vermiculaire.

Le Tal ? Hypolite, né à Paimpol, le 1er septembre 1873, est

entré à Bicêtre (service de M. BOURNEVILLE),le 29 septembre

1882.

Antécédents. (Renseignements fournis par sa mère, le 11

octobre 1882). - Père, employé de commerce, mort en 1878 de

la poitrine, à 38 ans. C'était un homme de haute taille, d'un

caractère calme et très intelligent. Il a fait quelques excès de

Antécédents. 39

boisson, prenant de temps en temps, mais non tous les jours,

de l'absinthe ou du vermouth. Marié à 29 ans, ni migraines,

ni syphilis, ni dartres. Il vivait en bonne intelligence avec sa

femme. - [Père, perruquier, sobre et sans antécédents ner-

veux. - Mère, bien portante, n'a jamais rien présenté de

particulier au point de vue nerveux. Les grands parents n'ont

pas laissé la réputation d'avoir été nerveux. On ne les a pas

connus. 2 frères morts l'un à Sedan, l'autre de la variole, pen-

dant la guerre. Une soeur en bonne santé et sans enfants.

Pas d'aliénés, d'épileptiques, de suicidés, de criminels, de pa-

ralytiques ou de difformes dans la famille].

Mère, 32 ans, domestique depuis son veuvage. Elle est

grande, brune, de physionomie agréable et intelligente. Sa

santé est bonne, et elle n'est incommodée que par des migrai-

nes qui surviennent presque toujours 2 ou 3 jours avant

l'époque menstruelle. Elle éprouve une céphalalgie frontale

sans vision colorée, nausées ou vomissements. Tout rentre

dans l'ordre après le sommeil. Elle n'accuse aucun antécédent

nerveux tels que convulsions de l'enfance, attaques de nerfs

etc. Pas de maladies de peau.- [Père, excès modérés de cidre,

mort d'une maladie de foie. - Mère, bien portante, à part

quelques migraines. - Pas de détails sur les grands

parents des deux côtés. - 3 frères : un est mort du croup;

un second est bien portant et a un enfant de 3 mois; le 3"

est enfermé dans un asile d'aliénés ; il est devenu fou à

18 ans. - Une soeut en bonne santé, non mariée. - Pas

d'autres aliénés, pas de paralytiques, etc. - Pas de consan-

guinité. - Inégalité d'âge de 10 ans.

4 enfants : 1° une fille morte de la variole à 20 jours, sans

convulsions; - 2° notre malade ; - 3° un garçon de 7 ans,

intelligent, bien portant, pas de convulsions; - 40 une fille de

4 ans en parfaite santé.

Notre malade. - Rien de particulier à l'époque de la con-

ception. - Grossesse bonne. - Accouchement naturel. Pas

d'asphyxie à la naissance. Elevé au sein par sa mère jus-

qu'à 7 mois. Marche et parole à 20 mois. Il a été pro-

pre de bonne heure. - Il venait très bien, grandissait et

se montrait intelligent lorsque, vers 2 ans et demi, il aurait

été atteint de méningite. Il resta somnolent pendant 12 jours,

consécutifs et ne présenta pas de phénomènes convulsifs. Après

le 12--jour, il sembla sortir de sa torpeur, mais cela ne fut que

passager et il resta encore un mois et demi dans le même

état. Il eu des convulsions dans les 15 derniers jours. Ces

40 Hémiplégie DROITE; aphasie transitoire.

convulsions, sur les caractères desquelles on ne peut fournir

de détails précis, ont été suivies d'une paralysie du côté droit

avec impossibilité de parler. Au bout de trois semaines la mar-

che est devenue possible, mais en traînant la jambe; la parole

est revenue peu à peu vers la même époque et s'est perfec-

tionnée progressivement. La mère de Le Tal... dit qu'elle a

remarqué les mouvements convulsifs des doigts de la main

paralysée (athétose) quand il a commencé à se remettre.

. Vers l'âge de 3 ans, apparition d'accès épileptiformes, sur-

venant le jour aussi bien que la nuit. Il y avait ordinaire-

ment une aura; l'enfant criait : « maman, maman ! » puis sans

autre cri, les yeux « chaviraient » et le côté paralysé parais-

sait. plus intéressé que l'autre. Il est impossible de préciser

l'existence de secousses. La figure devenait noire et on voyait

aux lèvres un peu d'écume. L'enfant s'est mordu plusieurs

fois la langue et a eu des mictions involontaires. Parfois som-

meil consécutif. Pas de folie avant ou après les accès. - Le

maximum des accès a été de 12 en 24 heures. - En 1882, il

est resté 3 mois sans en avoir.

Le T.. a été envoyé à l'asile maternel à 2 ans, puis à 3 ans et

demi. Depuis, il a été mis à diverses écoles dont on le renvoyait

à cause de ses accès. Par suite, il n'a appris que peu de choses ; il

connaît ses lettres, s'habille seul et a bonne mémoire. Il est pro-

pre, doux, affectueux, mais voleur et quémandeur. Il met volon-

tiers la main sur les sous ou les friandises qui sont à sa portée,

et demande de l'argent aux personnes qu'il voit chez lui. Il se

sert surtout de sa main gauche, en particulier pour manger.

Ses fonctions digestives et respiratoires sont bonnes. Pas

d'onanisme. - Il a eu sa 1e dent à 5 mois. - Il les avait toutes

lorsqu'est survenue sa méningite. Il n'a pas eu de fièvres

éruptives, mais quelques accidents scrofuleux. Comme traite-

ment antérieur, il a pris seulement du bromure de potassium.

. Septembre. - Le T... parle avec une certaine difficulté à

cause de son athétose. Il apporte de la bonne volonté aux tra-

vaux de l'école. lise lave, s'habille et se déshabille, se boutonne

et se déboutonne seul quoique avec difficulté par suite de sa

paralysie. Caractère doux, obéissant, mais un peu autoritaire :

il commande volontiers à ses camarades. Il est soigneux de sa

personne et de ses affaires. Il connaît les différentes parties

de son corps, le nom des objets usuels, les couleurs, les lettres

(il commence à syllaber), les chiffres (il compte sur le boulier

jusqu'à 120), quelques nombres (10, 20, 30, etc.). Il ne veut

pas jouer avec les enfants en robe (gâteux).

Imbécillité ; hémiplégie ; ÉPILEPSIE. 41

24-31 octobre. - Revacciné sans succès.

19 décembre. - L'enfant n'a pas eu d'accès d'épilepsie depuis

son entrée bien qu'il ait été envoyé à Bicêtre de l'hôpital

Beaujon comme *él)ilel)tiqtte. Il est atteint d'hémiplégie du

côté droit avec athétose : contorsions de la face à droite, mou-

vement des doigts de la main qui se porte en arrière, etc.

Le certificat, qui nous est communiqué, d'un médecin prin-

cipal en retraite, fait à la date du 2 septembre, dit que l'enfant

« est atteint d'épilepsie depuis plusieurs années, qu'il a été

soigné par nous et par plusieurs confrères sans amélioration

notable dans son état, malgré les moyens les plus énergiques,

l'emploi de la belladone, du bromure, etc. ; que cet enfant

tend à devenir maniaque et qu'il y aurait lieu de le placer

dans une maison de santé. »

1883. Janvier. - Le T... se montre très désobéissant. Ten-

dance au vol; il demande de l'argent aux personnes qui vien-

nent visiter ses camarades. Si on le gronde et qu'il ne puisse

pas répondre, il entre dans de violentes colères et devient tout

bleu.

Juillet. - Le T... commence à tracer des o, à lire mais pas

encore couramment; il a appris à cirer ses souliers et à mieux

se servir de sa main droite. Il n'est plus aussi voleur ni men-

diant et ne se fait plus servir par les autres enfants,

1883. 23 juin. - Dentition. Mâchoire supérieure : 12 dents

médiocrement rangées ; érosion des deux tiers inférieurs de

la couronne des incisives, en cupule. Canines de lait jaunes et

atrophiées. Erosion des premières molaires, jaunâtres et irré-

gulières sur toute leur surface.

Mâchoire inférieure : 4 incisives permanentes avec érosion.

Premières molaires avec érosion de toute la surface; le reste,

dents de lait plus ou moins cassées. Articulation : elle ne

semble pas encore bien fixée; se rapproche de l'état normal.

Voûte palatine profonde. Gencives en un bon état.

20 août. - Séjour à l'infirmerie pour la diarrhée.

1884. 14j'ui ? i. - Le T... exécute bien tous les exercices de

la gymnastique Pichery. Il connaît assez bien le nom des

objets qui l'environnent. - Il sait boutonner, déboutonner,

lacer, s'habiller, se déshabiller, se laver mais avec quelque

difficulté en raison de son infirmité ; il mange avec la cuiller

et la fourchette; il distingue les couleurs et les place vite. Il

compte par unité jusqu'à 100 et par deux jusqu'à 50; il con-

42 Description du malade. ' *

naît l'heure, le nom de quelques figures géométriques et celui

des animaux. Il commence à syllaber et à faire quelques mots

sur le cahier de la main gauche. Il n'a pas de tics ni de mau-

vais instincts.

1885. Juin. - Le Tal... lit à peu près couramment; sa

mémoire est bonne; il est docile et attentif. - L'enfant qui

n'avait pas eu d'accès depuis son entrée en a eu ce mois-ci

17. - Traitement : élixir polybromuré.

1887. 21 février. Légère amygdalite. Les accès conti-

nuent, même traitement. - En auril, embarras gastrique.

- Hydrothérapie, du 8 juin au 1er octobre.

23-28 décembre. Abcès du sein droit, un peu au-desssus

du mamelon.

Mémoire bonne. Parole libre. Le T... peut converser; il s'ha-

bille et se lave seul, est soigneux, même coquet. A l'entrée,

il ne pouvait tracer que des bâtons, (PL. VII, Fig. 1); maintenant,

il commence à écrire (Po. vil, fig. 2). Il compte jusqu'à 1000,

distingue les chiffres pairs et impairs, possède la notion du

temps, connaît les mois, les jours, l'heure, les différentes

parties de son corps et,de ses vêtements. Il exécute convena-

blement tous les exercices de la gymnastique Pichery. Le T..

est obéissant, respectueux, mais un peu sournois.

1888. 15 juin. - Etat actuel. - La tête offre un léger degré

d'asymétrie. Le crâne est ovoïde, un peu plus renflé à gauche.

Le front, bas, mesure 4 cent. 1/2. Les bosses frontales sont peu

proéminentes. Il en est de même des arcades sourcilières. La

bosse pariétale est surtout proéminente à gauche.

Les yeux sont bruns, parfaitement mobiles, sans paralysies.

Le Tal... distingue bien les couleurs. Les pupilles sont égales.

Le nez est bien constitué. L'odorat parait intact. - La

bouche, les heures n'offrent rien de particulier. La voûte

palatine est fortement ogivale.-Les oreilles, très écartées du

crâne, sont adhérentes par leur lobule. L'ouïe est conservée.

L'enfant ne peut gonfler ses joues et parfois les aliments

restent dans le sillon alvéolo-labial.

Le cou et le corps thyroïde n'offrent rien d'anormal. Le

thorax est légèrement asymétrique et l'on peut constater que

l'omoplate du côté droit est plus rapprochée que la gauche de

la ligne médiane.

Les membres supérieurs sont bien musclés. On observe

Description DU malade, 43

à droite des mouvements athétosiques. Il en est de môme dans

le membre inférieur droit.

La parole et la prononciation sont gênés par des mouve-

ments convulsifs des lèvres. - La sensibilité générale est

conservée : contact, douleur et température. - Les réflexes

pharyngiens et rotuliens sont abolis) ? ). - Peau, normale.Adé-

nites cervicales gauches. - Digestion, respiration et circula-

tion, rien de particulier. (Voir plus loin le tableau des men-

surations de la tête et des membres.)

Puberté. - Visage et aisselles glabres. Un bouquet de duvet

de chaque côté de la racine de la verge. Bourses pendantes.

Testicules inégaux : le gauche est plus gros que le droit (côté

paralysé), dans la proportion d'un cinquième; on peut les

comparer à une grosse et une petite olives. Le prépuce est

long et son ouverture étroite. En découvrant le gland, on

rompt des adhérences de chaque côté, assez facilement

d'ailleurs. Le méat estporté fortement en arrière (hypospadias)

mais est assez large. Longueur de la verge, 4 centimètres;

circonférence, 4 centimètres 5.

Le T... est apprenti tailleur depuis le mois de février. Il

travaille bien à l'école, et pourrait faire mieux. Il s'irrite

à la moindre observation et déclare qu'il ne veut plus rien

faire. Parfois, ce qui n'arrivait pas auparavant, il est grossier,

s'emporte et menace de battre.

1889. Avril-octobre. - Hydrothérapie.

lout. Puberté.Fin duvet de la lèvre supérieure ; quel-

ques poils courts sous les aisselles et au niveau de la

colonne vertébrale. Quelques poils (une dizaine) autour

de la racine de la verge. Les testicules, de la grosseur

d'un petit oeuf de pigeon, paraissent égaux.

1890. Janvier. - Traitement : élixir P013-I)rOlllUré. (V. PL.mr,

Fig. 3). .

15 Juillet.- Puberté. Visage et menton glabres. Peu de

poils sous les aisselles, pas sur le tronc et l'abdomen. Quelques

poils noirs, assez longs, sur les parties latérales de la verge. -

Le pénis est long de 5 centimètres. Le gland est difficilement

découvrable. Les testicules, égaux, sont de la grosseur d'un

petit oeuf de pigeon. Pas de poils au périnée, anus normal.

29 juillet. - Dans un accès, chute sur le côté droit et ecchy-

mose orbitaire. - La langue est craquelée, et présente de

nombreuses fissures.

Décembre. - Physionomie assez ouverte, regard expressif.

44 IMBÉCILLITÉ; HÉMIPLÉGIE; EPILEPSIE.

Caractère toujours un peu irascible ; il se plaint souvent de

ses camarades pour des motifs futiles; il les menace alors de

l'enfer; cependant il joue volontiers. Il est courageux, attentif

au travail, affectueux, poli, ne prononce jamais de mots gros-

siers, n'est pas menteur. Il lit couramment, fait de petites

dictées et commence la multiplication. En somme, légère

amélioration.. (PL. vu, Fig. 4).

1891. Janvier. - Le Tal... a continué les douches et l'élixir

polybromuré. Les accès ont diminué, mais les vertiges ont

augmenté.

1er auoil.-llyclrothérapie jusqu'au 1 CI' octobre et, en même

temps, élixir.

18 juillet. - Recrudescence des accès, due probablement

à l'onanisme.

Puberté. Léger duvet un peu plus abondant au-dessus des

commissuressurlalév·resup3rieure. nlenton et joues glabres.

Duvet peu abondant et fin au niveau du sternum. Une tren-

taine de poils longs, châtains foncés, au niveau du sommet des

aisselles. Une soixantaine de poils longs, frisés, châtains, au

niveau de la racine de la verge. - Quelques poils sur le scrotum.

et autour de l'anus. Verge : circonférence, 85 millimètres ; lon-

gueur, 8 centimètres; phimosis assez prononcé. - Testicules

égaux, du volume d'un oeuf de pigeon, le gaucho descendant

un peu plus bas que le droit.

Décembre. Les progrès sont peu sensibles depuis le mois

de juin ; l'écriture est la même ; le calcul reste faible ; on a

beaucoup de peine à faire faire à l'enfant de petits problèmes

sur l'addition et la soustraction. La mémoire est assez bonne.

Le caractère semble se modifier d'une façon fâcheuse : Le T...

est moins docile, devient plus irascible, est parfois grossier

avec ses maîtres : Il joue peu avec ses camarades, a des idées

mystiques, parle souvent de ses prières et du bon Dieu. A l'ate-

lier de couture, il paraît un peu en progrès et fait bien mieux

les coutures qu'autrefois.

1892. 21 mai. - Le T... ayant eu deux accès et s'étant blessé

le nez est envoyé à l'infirmerie. Dans l'après-midi, il a quatre

autres accès après chacun desquels il a repris aussitôt con-

naissance. Il a mangé avec bon appétit, et le soir au coucher il

n'a présenté rien de particulier. T. R. 37°, 4. - Soir : T. R.

37°, 6. Depuis quelque temps, il y a un arrêt dans son tra-

vail à l'école (PL. vu, Fig. 5).

22 mat. Le T... a été pris d'accès ce matin à 5 h. 10, puis

Etat DE MAL épileptique.

45

à 5 h. 20, 5 h. 30, 5 h. 45, 6 h., 6 h. 15, 6 h. 30, 6 h. 35, 6 h. 42,

7 h.; la T. R. est restée à 38°.

Les accès se sont montrés aux heures suivantes : 7 h. 5,

7 h. 10, 7 h. 45, 8 h. 20, 8 Il. : ! 5, 8 Il. 45. La connaissance revient

après chaque accès; l'enfant parle de sa mère et dit qu'il

pense qu'elle ne viendra pas le voir aujourd'hui.

Accès à 10 h. 15, 10 h. 20, 10 h. 23, 10 h. 27 (` ? Oe accès) ; 10 h. 30,

10 h. 3, 10 h. 40, 10 h. 45, 10 h. 48, 11 h., 11 h. 15, 11 h. 20,

11 h. 25,.Il h. 30, 11 h. 35, 11 h. 45, midi, midi et 1/2. La T. R.

prise aussitôt est iL '17° 8; 1 h. plus tard, sans nouvel accès,

elle est à 38° 2; 211. après, c'est-à-dire à 2 h. 1/2 sans nouvel

accès, on note 380 7. Durant cette rémission, l'enfant a sa

connaissance et dit qu'il va mieux. A 3 h. un quart, 35o accès

à la suite duquel l'enfant ne reprend plus connaissance et

tombe dans le coma. Accès à 4 h. 15, 4 h. 20, 4 h. 23, 4 h. 27,

4 h. 30, 4 h. 35, 4 h. 40, 4 h. 4 et 4 h. 50. A 5 h. il a son 45'

accès dans lequel il succombe (État de mal).

La température au moment de la mort est de 39°, 4 ; - 1/4

d'heure après la mort de 38°, 8; - 1 heure après de 38°, 8; -

2 heures après de 36°, 2.

Tête.

46

Hémiplégie ET atrophie.

de piété, que ses parents ou le vicaire lui donnaient. Dans

ses colères, il menace des peines de l'enfer, du démon, etc.

Ses camarades, malgré la défense qui leur en était faite, le

taquinaient à cause de ses idées mystiques, ce qui irritait en-

core son caractère. A l'école, état stationnaire pour le calcul ;

il commençait à faire de petites dictées. Son attention était

souvent distraite par une sorte de contemplation. La tenue

restait bonne.

Membres supérieurs.

48

DÉVELOPPEMENT DU POIDS ET DE LA TAILLE.

Les mensurations de ce genre ne peuvent être prises tou-

jours par nous ; nous sommes obligés souvent de les faire

prendre par nos internes. De là, parfois, et c'est le cas, quel-

ques irrégularités. Ici les mensurations montrent que l'atro-

phie des membres paralysés n'était pas considérable.

Persistance DES sutures. 49

. Autopsie faite le 24 mai 1892.- Tête. - Cuir chevelu très

épais, très congestionné, presque ecchymotique et sans pa-

nicule adipeux.

La calotte crânienne est épaisse et lourde. Les os parais-

sent fort denses. Plus épaisse à gauche qu'à droite, elle porte

lès vestiges de congestions répétées qui ont amené une

vascularisation inégale dans les divers points de la voûte. La

zone de vascularisation est plus accentuée à gauche, en arrière

de la bosse pariétale; à droite, elle siège dans un rayon plus

étendu et occupe une circonférence dont le centre serait le

sommet de la bosse pariélale. Vue par transparence, la calotte

n'est en aucun point diaphane, excepté en deux zones bien

limitées, occupant à droite et à gauche de la sagittale deux

points symétriques très rapprochés de la réunion de cette suture

à la coronale. A droite de la protubérance occipitale interne,

on remarque encore un point peu épais.

En ce qui concerne les sutures, il est tout d'abord impos-

sible de trouver trace de la suture métopique. On est

frappé par la courbure régulièrement plane du frontal.

On ne trouve pas trace de bosses frontales. Les sinus

frontaux font absolument défaut. La coronale présente un

trajet parfaitement régulier, mais très riche en arbori-

sations osseuses, surtout à droite et à gauche vers la

partie la plus élevée de la suture. En aucun point la synos-

tose n'a débuté, néanmoins, l'engrénement est plus rappro-

ché à la table interne qu'à la table externe, où il est facile, en

certains points, d'introduire une lame de canif entre les deux

bords de coaptation. La sagi,ttale affecte une direction antéro-

postérieure régulière. La partie correspondant au bregma

n'est pas sinueuse. Il n'en est pas de même des parties situées

en avant et en arrière qui sont très arborisantes.

L'insertion du sinus longitudinal a laissé un sillon profond

à la table interne de la suture. On voit aussi sur les deux

pariétaux, près de leur bord antérieur, une forte dépression

causée par la méningée moyenne. La synostose fait défaut

surlatable interne,aussi bien que sur la table externe dans toute

l'étendue de la sagittale. La suture lambdoïde est tout aussi

libre. Elle présente deux os wormiens inclus dans son trajet

au sommet de l'angle qu'elle forme en rencontrant la suture

sagittale. Sur la branche gauche, on trouve également un os

wormien. - La base du crâne est asymétrique. Le trou

occipital est régulier.- Le liquide céphalo-rachidien n'estpas

augmenté. ' -

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892. 4

50 MÉNINGITE; ATROPHIE DE L'HÉMISPHÈRE GAUCHE.

RÉFLEXIONS. 51

Hémisphère cérébral droit. - Mêmes particularités que sur

l'hémisphère gauche au point de vue de l'état de la pie-mère.

On note, en particulier, des adhérences de la pie-mère sur

la partie moyenne des circonvolutions frontales et pariétales

ascendantes, et les circonvolutions temporo-occipitales, le

lobule de l'insula, la partie antérieure de la circonvolution du

corps calleux. Toutes les circonvolutions sont plus volumi-

neuses qu'à gauche. Les sillons sont profonds; les plis de pas-

sage assez nombreux.

Le cervelet est très mou et la décortication est pénible.

Cou. - Le larynx est normal. - Le corps thyroïde pèse 15

gr. - Le thymus persiste et pèse 15 gr.

Thorax. -Le poumon gauche pèse 315 gr. Pas d'adhérences.

Parenchyme sain. - Le poumon droit (480 gr.) présente des

adhérences des plèvres pariétale et viscérale. Il est le siège

d'une congestion fort étendue. - Le coeur pèse 186 gr. Rien

de particulier, sauf un peu d'épaississement des bords libres

de la valvule mitrale. Persistance du trou de Botal se tradui-

sant par un orifice de 5 millimètres environ; l'obliquité de la

communication est très prononcée.

Abdomen. - Foie (870 gr.) très congestionné. - Rate (150

gr.) normale, ainsi que le pancréas (35 gr.) - Appendice ver-

11lictdaii'e très développé; sa longueur est de 20 centimètres.

- Les reins sont fortement congestionnés; ils se décortiquent

facilement et pèsent chacun 120 gr. - Pas de calculs de la

vessie. Testicules sains. 1

Réflexions. - I. Sous le rapport de l'hérédité, il

n'y a rien du côté paternel sauf quelques excès de

boisson du père. Du côté maternel, nous trouvons

des migraines chez la mère et l'aliénation mentale

chez un oncle maternel.

II. Le T... aurait été tout à fait normal jusqu'à

l'âge de 2 ans et demi. Alors il parait avoir eu une

méningite qui aurait duré près de deux mois et aurait

été accompagnée de convulsions fréquentes, suivies

d'une paralysie du côté droit avec perte de la parole.

52 Syndrome : imbécillité, hémiplégie, ÉPILEPSIE.

Trois semaines environ après la terminaison de cette

méningite, la motilité et la parole ont commencé à

revenir en même temps qu'apparaissait l'athétose, Le

diagnostic méningite paraît exact, car, à l'autopsie,

nous avons trouvé un épaississement de la pie-mère et

de nombreuses adhérences.

Vers l'âge de 3 ans, à l'imbécillité, à l'hémiplégie

droite et à l'athétose, est venue s'ajouter l'épilepsie :

le syndrôme était ainsi complet.

L'épilepsie a suivi la marche que l'on observe d'or-

dinaire chez les hémiplégiques infantiles : il y a eu

une rémission prolongée (1882-1884), des périodes

avec diminution des accès, particulièrement en 1887 ;

enfin souvent les accès venaient par séries, portant

sur 2, 3, 4 ou 5 jours. Ainsi, Le T... a eu 1 accès le

17 avril 1892, 2 le 18 avril, 4 le 19 et 4 le 20, enfin

3 le 24 avril.

Nous avons dit souvent que les malades atteints

d'hémiplégie infantile spasmodique étaient sujets

à l'état de mal comme les épileptiques vulgaires :

tel a été le cas de Le T... ; il a succombé à la période

convulsive d'un état de mal en 10 heures, avec éléva-

tion de la température centrale. Anatomiquement,

l'état de mal s'est traduit, selon la règle, par une

congestion de la dure-mère et de la pie-mère, plus

ou moins ecchymotique et une hypérémie des princi-

paux viscères.

III. Le syndrôme imbécillité ou idiotie, hémiplégie

avec contracture ou athétose et épilepsie est symptoma-

tique, comme on le sait, tantôt d'une sclérose atrophi-

que, tantôt d'anciens foyers d'encéphalite, de ramollis-

sement, etc., ou encore de méningo-encéphalite, etc.

Ici il relevait de la méningo-encéphalite. Est-il possible,

durant la vie, de reconnaître la cause du syndrome ?

Chez Le T..., diverses particularités pouvaient éclairer

Réflexions. 53

le diagnostic : 1° les renseignements donnés par sa

mère étaient précis sur l'existence, à l'origine, d'acci-

dents méningitiques de longue durée ; 2° lorsque

le syndrôme relève de la sclérose atrophique, par exem-

ple, les accès ne se compliquent pas en général de trau-

matismes, d'évacuations involontaires, d'hébétude et

ne déterminent pas d'abaissement intellectuel, phéno-

mènes que nous avons observés chez Le T.... Les

malades conservent leur intelligence, et le caractère

demeure habituellement le même dans le syndrôme

de la sclérose atrophique. Ici, nous avons noté des

modifications défavorables du caractère : irritabilité,

grossièreté de langage, accès de colère, etc.

IV. L'athétose a été constatée à la fin du premier

mois qui a suivi la fin de la maladie, aussitôt que la

paralysie s'amendant, Le T... a commencé à se servir

de son bras paralysé. L'hémiplégie avait les caractè-

res habituels dans les cas de ce genre, c'est-à-dire com-

pliqués d'athétose ; le membre supérieur n'avait pas

d'attitude fixe, ainsi qu'on l'observe en gén éral dans

les cas d'hémiplégie avec contracture permanente et

l'atrophie musculaire était peu prononcée. Nous de-

vons noter l'arrêt de développement du testicule du

côté correspondant la paralysie. En 1888, ce testicule

était moins gros d'environ un cinquième que l'autre.

Cette inégalité a disparu chez Le T... ; nous l'avons vu

persister, au contraire, dans d'autres cas et en parti-

culier chez le malade Pins...(V), âgé de 3 ans, atteint

d'hémiplégie droite : le testicule du côté gauche a le

volume d'un oeuf de pigeon, tandis que le droit( côté

paralysé) est moitié moins gros. - Il en est de même

chez Math..., âgé de 28 ans, qui a une hémiplégie

droite : le testicule du côté gauche (sain) a la gros-

seur d'un petit oeuf de poule et le testicule gauche

(côté paralysé) est sensiblement plus petit, etc.

54 RÉFLEXIONS.

V. Les lésions de méningo-encéphalite étaient

environ moitié plus nombreuses sur la face convexe de

l'hémisphère gauche que sur la face correspondante

de l'autre hémisphère. A droite, la face interne était

presqu'entièrement respectée, tandis qu'à gauche, on

trouvait de nombreuses adhérences sur le lobe tem-

poro-sphénoïdal. Enfin si le lobe orbitaire droit était

exempt d'adhérences, on en trouvait de nombreuses

sur le lobe orbitaire gauche. Est-ce à cette méningo-

encéphalite qu'il faut attribuer l'atrophie notable de

l'hémisphère gauche ? Nous serions tentés de le pen-

ser, plusieurs coupes pratiquées sur cet hémisphère

n'ayant fait découvrir aucune lésion macroscopique.

Le doute subsiste, d'ailleurs en l'absence d'un examen

histologique.

VI. Cette observation, malgré ses imperfections, fait

sufïîsament connaître notre méthode habituelle : men-

surations de la tête et des membres (quand il s'agit

d'un hémiplégique), toujours notation du poids et de

la taille, description des phénomènes qui caractérisent

la puberté, et celà tous les 6 mois.

VII. Nous devonsaussi appelerl'attentionsurlapLAN-

cHE VII qui donne également une idée du procédé que

nous employons à l'école pour enregistrer les progrès

intellectuels des enfants. Dès qu'ils commencent à

tracer des bâtons, nous ouvrons leur cahier scolaire et,

tous les trois mois d'abord, puis tous les deux mois et

enfin tous les mois, nous faisons consigner sur ce

cahier les exercices dont l'enfant est devenu capable.

Les figures 1, 2, 3 et 4 montrent, surtout au point de

vue de l'écriture une amélioration progressive ; la

figure 5 décèle une déchéance, en harmonie avec les

symptômes consignés dans l'histoire du malade.

Réflexions. 55

VIII. Les mensurationsdela tête, prises à différentes

époques, montrent qu'elle s'est développée progres-

sivement. L'autopsie a du reste démontré qu'il n'y

avait pas de synostose prématurée des os du crâne.

V.

Idiotie complète symptomatique de sclérose

atrophique ;

PAR BOURNEVILLE ET FERMER.

SOMMAIRE. - Père tuberculeux. - Grand'mère paternelle

morte d'apoplexie cérébrale. - Arrière-grand-père paternel,

nombreux excès de boisson. - Mère, rien de particulier. -

Grand-père maternel violent; excès de boisson. - Deux

frères et une soeur morts de convulsions. - Pas de consan-

guinité. Inégalité d'âge de 3 ans.

Grossesse : impression vive produite par la vue d'un épi-

leptique. - Méningite à 4 mois auec convulsions ( ? ). -

Marche, parole, propreté, mastication nulles. - Cécité

complète. - Tics.

Autopsie : tubercules crétacés et gangrène du poumon. -

Nombreux foyers de sclérose atrophique.

Vouri ? Joséphine, âgée de 1 ans, née le 6 mars 1879, est

entrée à la Fondation Vallée (service de M. BOURNEVILLE), le

13 août 1890.

Antécédents (Renseignements fournis par sa mère le 29

décembre 1890). - Père, 45 ans, maçon, sobre, pas de convul-

sions, de migraines, de chorée, de rhumatismes, de dartres,

ou de syphilis. Tuberculose pulmonaire chronique; dyspepsie.

(Père, mort à 73 ans, d'accident; pas d'excès de boisson. -

Mère, sobre, morte à 70 ans d'apoplexie cérébrale sans hémi-

plégie. Pas d'excès de boisson. - Grand-père paternel, nom-

breux excès de boisson. Pas de renseignements sur les autres

grands-parents et les oncles ou tantes. - Deux frères bien

DESCRIPTION de la malade. 57

portants; l'un deux a des enfants, qui sont intelligents et en

bonne santé. Pas de suicidés, d'aliénés, d'épileptiques, d'idiots,

etc.]

Mère, 42 ans, blanchisseuse, est obèse, à face vultueuse,

d'une intelligence moyenne, elle n'a eu ni rhumatismes, ni

dartres, etc. [Père violent, buveur, s'est noyé involontairement,

à 66 ans. -Mère, morte à 73 ans, non nerveuse, sobre. - Pas de

renseignements sur les grands-parents, les oncles ou tantes.

Une soeur, non nerveuse, est en bonne santé ainsi que ses en-

fants qui sont intelligents. Pas d'aliénés, de suicidés, etc.]

Pas de consanguinité. ( Le père et la mère sont de Paris.)

Différence d'âge : 3 ans.

Douze enfants : 1° garçon, mort à 7 ans de fièvre typhoïde

ataxique; - 2° garçon, mort à 4 ans, de fièvre typhoïde avec

phénomènes pulmonaires ; - 3° garçon, mort à deux ans de

fièvre typhoïde; - 4o fille, morte à deux ans de convulsions

prolongées ; la durée et les phénomènes de la maladie font

penser à la méningite; - 5o fille, morte à deux ans d'angine

diphtérique; - 6° garçon, mort à deux ans avec convulsions;

- 7° fille, morte du croup à 18 mois; - 80 garçon, mort à 13

mois de convulsions; - 9° fille, 4 ans, bien portante, intel-

ligente, pas de convulsions ; - 100 fille, 10 ans et demi, bien

portante, pas de convulsions.

41 Notre malade. - Au moment de la conception, rien

de spécial. - Grossesse bonne, ni maladies, ni intoxications,

ni trausmatismes d'aucune sorte, mais la mère a « eu un regard

sur un jeune homme de 21 ans qui était comme ça. » Pas

d'émotions. - Accouchement à terme, facile, sans aucune

intervention. L'enfant était grosse, pesait, dit-elle, 9 kilog.,

( ? ) et n'avait pas de cyanose. - Élevée au sein par sa mère,

elle a été bien portante jusqu'à 4 mois. A cette époque, elle a

eu une méningite, avec convulsions toniques et cloniques à

la 4e semaine de la maladie; Ces convulsions duraient de 15 à

20 minutes. Elles se répétaient 3 ou 4 fois par jour. Depuis lors,

l'enfant a toujours présenté les mêmes convulsions, et n'a pour

ainsi dire fait aucun progrès. Elle n'a jamais marché, parlé,

ni été propre. Elle est complètement aveugle. Elle recon-

naît un peu ses parents à leur voix, elle montre qu'elle les

entend venir. Lorsqu'on la met dans un endroit, elle y reste

« comme un morceau de bois. »

État actuel. - 29 septembre 1891. Enfant immobile dans son

58 DESCRIPTION DE la malade

lit, déformée par les contractures, ne vivant plus que de la

vie végétative, si l'on peut appeler ainsi l'état d'une enfant

qui ne paraît même pas éprouver le besoin de manger et de

boire. Qu'on soulève la tête ou l'un des membres inférieurs,

on enlève l'enfant « comme un morceau de bois. »

Tête. - Asymétrie céphalique assez marquée, due au moin-

dre volume de la moitié droite du crâne. Crâne petit, ovalaire,

légèrement aplati sur les côtés et au sommet. Pas de traces

de fontanelles. Cheveux courts, rugueux, assez épais, châtain

foncé. Tourbillon postérieur légèrement dévié à gauche.

Front bas, fuyant, surtout sur le côté; bosses frontales

modérément saillantes; arcades orbitaires très-marquées,

formant une sorte de ressaut au-dessus du front. - Sourcils

peu fournis, arqués, largement séparés en dedans. Paupières

supérieures égales et bien mobiles. Fente palpébrale assez

large. Cils longs, châtain foncé. Conjonctive oculaire et palpé-

brale, et cornée saine, sensibilité normale; sclérotique bleuâtre.

Iris larges, marron foncé; pupilles égales, de dimensions

normales, réagissant naturellement à la lumière. L'enfant ne

parait pourtant que peu impressionnée par les objets présentés

à ses yeux. Sa mère, avons-nous vu, la tient pour complètement

aveugle, et dans le service, on n'a jamais remarqué qu'elle eût

des perceptions visuelles quelconques. Les muscles de l'oeil

fonctionnent régulièrement. Pas de strabisme, pas de paraly-

sie, pas de nystagmus.

Nez légèrement aquilin, de dimensions moyennes; narines

écartées : cloison non déviée ; pituitaire saine. Bouche

petite, constamment entr'ouverte. Lèvres minces, sèches et

fendillées. Langue volumineuse, paraissant trop grande pour

la cavité buccale, hors de laquelle elle est presque toujours à

demi-sortie. - Arcades alvéolaires allongées. Dents assez

grandes, irrégulièrement implantées. Quelques-unes sont

cariées. Il y a du tartre. - Voûte palatine allongée, étroite,

peu profonde. Rien de particulier au voile du palais. Amygda-

les un peu grosses. Réflexe pharyngien peu marqué.

Joues peu colorées, pommettes saillantes. - Oreilles très

larges, peu écartées, minces ; repli de l'hélix large, formant à

la partie supérieure une courbe plus grande que normalement ;

tragus très-développé, recouvrant comme une valvule la plus

grande partie de l'orifice du conduit auditif externe; lobule

peu marqué, adhérent. L'enfant parait percevoir des sons.

Cou court, circonférence 26 centimètres 5. Contracture Ses

muscles cervicaux maintenant la tête dans la rectitude, et

Description DE la malade. 59

légèrement fléchie sur le thorax. Cette contracture peut-être

vaincue par un effort assex considérable, et on arrive à fléchir

davantage ou à étendre la tête. - Corps thyroïde à peine

perceptible. - Rachis cervical régulier.

Thorax déformé : courbure antéro-postérieure du rachis un

peu exagérée dans sa portion dorsale ; scoliose à concavité

droite assez prononcée, commençant au milieu de la région

dorsale, et s'étendant sur la région lombaire, qui est un peu

courbée ; courbure dès côtes modifiée en ce sens que, à gau-

che, la courbure d'enroulement diminue dans les deux tiers

antérieurs, le coude de l'angle est prononcé ; à droite, la

déformation est inverse, de sorte que le coude qui correspond

régulièrement au col se trouverait pour ainsi dire en avant,

à 4 ou 5 centimètres du sternum. Rebord costal saillant, don-

nant lieu à un élargissement du thorax à la base. Pas de

malformation du sternum. - Glandes mammaires non déve-

loppées, aréoles brunes. - Rien à la percussion du thorax.

Les râles humides disséminés que l'on perçoit à l'auscultation

ne s'accompagnent pas de dyspnée apparente. Respiration

surtout diaphragmatique. La pointe du coeur bat sur la ligne

mamelonnaire, à la partie supérieure du 8e espace. Rien à

l'auscultation.

Abdomen aplati, rétracté, dur. Sonorité tympanique au

niveau des deux bases des poumons en avant. Matité hépati-

que peu nette. Matité splénique non perceptible.

Pénil peu saillant, recouvert d'une touffe de poils assez longs

mais peu abondants, s'arrêtant au rebord de la symphyse

pubienne en haut, se prolongeant en bas sur la moitié anté-

rieure des grandes lèvres qui sont assez épaisses et flasques.

Muqueuse. vestibulaire rouge. Hymen annulaire, orifice assez

large et facilement extensible, non déchiqueté. Fourchette

assez saillante.

Les membres supérieurs sont contractures. La contracture,

qui d'ailleurs peut être vaincue assez facilement, leur imprime

des attitudes particulières et permanentes : les bras en légère

abduction, les avant-bras fléchis au maximum sur le bras,

les mains légèrement fléchies, plus à droite, où la contracture

est plus accentuée. Pouce dans l'extension, doigts fléchis dans

la paume de la main, l'index très-peu, le petit doigt complè-

tement, les autres dans des positious intermédiaires.

60 Description DE la malade.

SCLÉROSE ATROPHIQUE DU cerveau. 61

déformés ; pas de cicatrices ; pas d'adénites. Réflexes patellaires

notablement exagérés, surtout à droite. j

Il est très-difficile de se rendre compte de l'état de la sen

sibilité. La sensibilité à la douleur paraît abolie au niveau des

jambes; elle semble exister à un faible degré à partir de la

partie moyenne des cuisses. Au tronc, à la face et aux mem-

bres supérieurs, elle existe, quoique très obtuse.

L'enfant est absolument immobile, ne fait aucun cri, gâte

constamment, mourrait de faim si on ne la faisait manger

régulièrement. Elle ne sait pas mâcher, avale gloutonnement.

On note quelques tics de la face. z Pas de bave, de succion,

de rumination, pas d'onanisme. Sommeil agité.

1890. - Une dizaine de mois après son entrée, cette enfant se

mit à tousser et à dépérir progressivement, sans qu'il fùt pos-

sible de trouver une lésion localisée dans quelque appareil.

Octobre. V... décline lentement toujours de la même

façon. Une eschare sacrée qui s'était guérie se reproduit

avec de plus grandes dimensions. Cette eschare est pansée

à la poudre de quinquina. L'enfant mange bien,

1892. Mars. Depuis la fin de décembre, V... a dépéri très

lentement.

22 mars. - On constate une élévation de température : 39°;

nuit tranquille, sommeil calme.

23 mars. Ce matin, l'enfant mange encore un peu de

soupe, et, il 10 heures, elle meurt, avec pâleur de la face,

respiration de plus en plus rare, une par minute environ, de

sorte qu'on l'a crue morte une dizaine de minutes avant

l'heure réelle de la mort. La température au moment de la

mort était de 3 do,8 ; - 1/4 d'heure après 36,2 : - 1 heure

après 3 ? 8 ; - 2 heures après 3su,2; - 3 heures après z,7 ;

- 4 heures après 34° ; ? 5 heures après z,2 ; - 6 heures

après z,8 ; - 7 heures après 32° ; 8 heures après 31° ;

9 heures après 30,h.

Autopsie, 24 heures après le décès.-A l'ouverture du crâne,

il s'écoule du liquide céphalo-rachidien en quantité un peu

plus que normale.

Tête. - Cuir chevelu épais et ferme. - Calotte crânienne,

Tous les os sont très-épais : le frontal au niveau de ses deux

bosses, l'occipital dans sa partie moyenne, au-dessus de la

protubérance occipitale, mesurent un centimètre d'épaisseur.

62 Sclérose ATIiOPHIQUD DU cerveau.

Les pariétaux dans la partie la plus mince de la section de la

calotte, ont 4 lllIlI d'épaisseur. On ne remarque de transparences

et encore très-faibles, que dans la partie située au-dessus et

en arrière des rayons d'ossification des deux frontaux, et au

niveau des sutures. Il n'y a trace d'ossification de ces sutures,

ni à la surface interne, ni à la surface externe de la calotte.

Les fontanelles n'existent plus. Il n'y a pas d'os wormiens.

Dure-mère assez épaisse. Les différentes parties de la

base du crâne et de l'encéphale sont symétriques, les tuber-

cules mamillaircs sont un peu gros. - Les hémisphères

cérébraux paraisssent avoir la môme longueur. Les lobes

occipitaux ne recouvrent que les deux tiers antérieurs du cer-

velet, qui déborde en arrière. Le cerveau est petit, le cerve-

let volumineux.

Sclérose ATROPHIQUE DU cerveau. 63

sula, qui est volumineux. - Les sillons frontaux anléro-

postérieurs prennent très-nettement de la scissure rolan-

dique. Les circonvalutions Fi, F2 et Ps, sont peu abondantes.

A la partie tout antérieure de F2, se trouve un petit foyer de

sclérose atrophique. La frontale ascendante est interrompue,

au niveau.de son tiers supérieur, par un autre foyer de sclé-

rose atrophique, qui empiète un peu sur l'extrémité supérieure

de FI et s'étend très-loin en arrière, occupant la partie supé-

rieure de la pariétale ascendante, le lobule pariétal supérieur

en entier, ainsi que le lobe occipital

Face interne. - En avant, les circonvolutions sont norma-

les. En arrière, sclérose atrophique portant la partie posté-

rieure du lobule paracentral, le lobule quadrilatère, la face

interne du lobule pariétal supérieur et la face interne du lobe

occipital; sur la partie tout-à-fait postérieure de la circonvo-

lution du corps calleux. - La scissure occipitale est très-

nette et se prolonge sur la face externe jusqu'à un centimètre

de la scissure interhémisphérique.

Face inférieure. - Elle présente en avant une dépression

quadrangulaire, infundibuliforme dont le sommet correspond

à la barre transversale en II du lobule orbitaire ; en arrière,

sclérose atrophique du lobe occipital semblable à celle des

deux autres faces.

Le cervelet n'offre rien d'anormal. Il est exceptionnellement

mou et très difficile à décortiquer, en raison de ce défaut de

consistance. Pas d'adhérences méningées.

Protubérance, rien de particulier. - Bulbe : saillie remarqua-

ble des olives, dont la longueur est de 11 millimètres et la lar-

geur de 5 millimètres.

Cou.On a omis l'examen de lavande thyroïde et du thymus.

Thorax. Poumon gauche (140 gr.) un peu congestionné.

Sur la partie postérieure du lobe inférieur, on trouve une

cicatrice bleuâtre à la surface, au centre de laquelle sont de

petits noyaux crétacés. Poumon droit (330 gr.). Adhérences

de tout le lobe supérieur. Le lobe moyen est le siège d'un

vaste foyer de gangrène occupant la face antéro-externe. -

Coeur (90 gr.), sain.

Abdomen. - Foie (990 gr.), trés-friable. Dégénérescence

graisseuse marquée. - Rate saine (55 gr.). - Rein gauche

(75 gr.), rein droit (80 gr.), pâles, d'aspect normal, ainsi que le

ancréas (30 gr.), l'utérus (10 gr.) et les ovaires, qui ont le

volume d'un haricot.

64 RÉFLEXIONS.

Réflexions. - I. Le père de cette enfant est tuber-

culeux ; elle l'était également ainsi que les dépôts cré-

tacés de l'un des poumons, trouvés à l'autopsie, le dé

montrent. - L'alcoolisme, toujours fréquent clans les

antécédents de nos enfants, se retrouve chez un arrière-

grand-père paternel et un grand-père maternel. Il ne

peut être invoqué que comme cause secondaire. Toute-

fois, dans ce cas, on ne peut se prononcer sérieusement

sur l'influence possible de l'hérédité parce que les

renseignements font en grande partie défaut tant sur

les ascendants que sur les collatéraux.

II. Notons, en passant, le « regard » de la mère « sur

un jeune homme qui était comme ça, » c'est-à-dire

comme son enfant.

III. Relativement à la méningite survenue, d'après

les parents, chez notre malade, il convient de faire de

sérieuses réserves. Lorsqu'on interroge les parents, il

est loin d'être facile d'avoir des renseignements précis

pour porter un diagnostic rétrospectif. Quelquefois

même, le médecin qui a soigné alors l'enfant s'est trompé

et a parlé plus ou moins vaguement de méningite. Ici,

l'existence de contracture des membres conduisait à

douter de la réalité d'une méningite originelle. L'absen-

oe de grincements de dents, d'accès de colère,de cogne-

ments de tête, venait d'autant augmenter le doute.

L'autopsie a démontré que les enveloppes ne présen-

taient pas d'adhérences et partant, fait écarter l'idée

d'une méningite.

IV. A l'examen clinique de l'enfant, le trait le plus

frappant était la présence de contractures très pro-

noncées, mais pourtant susceptibles d'être vain-

elLeS. Comme complément, ajoutons-y l'exagération

des réflexes patellaires. Ces phénomènes sont en

Réflexions. 65

rapport avec la sclérose cérébrale constatée à l'auto-

psie.

IV. Remarquons, comme dans de nombreux autres

cas de lésions cérébrales, la facile production des

eschares. Enfin attirons encore une fois l'attention

sur l'étonnante tolérance des enfants comme notre

malade pour des affections aussi graves que la gan-

grène pulmonaire. Nous avons eu l'occasion d'obser-

ver souvent des exemples semblables.

$OUFiN&VILLE. Bicêtre, 1892. &

VI.

Idiotie méningitique ;

Pau BOURNEVILLE et J. NOIR.

SOMMAIRE. - Père, convulsions, fièvre typhoïde avec délire

violent. - Alcoolisme ? Enfant naturel, ne connaît pas

sa famille. - Mère, migraines, crises nerveuses, accès de

colère, asymétrie crânienne. Grand-pèrematernel alcoo-

lique. - G1'and'mère paternelle, aliénée.- Cousin ger-

main maternel, convulsions, méningite. Cousine mater-

nelle, suicidée. - Frère, convulsions, mort de méningite.

- Demi-soeur paternelle, convulsions et tuberculose.

Grossesse : vomissements jusqu'à 4 mois, chute à G mois,

lipothymies. - Convulsions répétées à un av, acres de

colèî,e . - P),eiiiièie cle71t tt ? l 17-t ; Cleî LI itio Il complète à 3

ans. - Marche et parole à 2 ans et demi. - Mobilité exces-

sive. - Coqueluche il 3 ans et demi, avec convulsions et

probablement méningite ( ? ). - T ic.s. - Rougeole avec bron-

cho-pneumonie et albumine dans les urines : Mort.

AUTOPSIE. - Méningite chronique; - atélectasie pulmo-

naire.

Thom... Georges, né à Paris, le 7 janvier 1S88, est entré le

2 mars 1892, à Bicétre (service de M. Bourneville).

Antécédents. - (Renseignements fournis par sa mère le 8

mars 1892). Père, 38 ans, charron, enfant naturel, placé par

sa mère à l'âge de deux jours aux Enfants-Assistés et envoyé

par l'Assistance publique dans le département de la Nièvre.

Il aurait eu jusqu'à l'âge de 7 ans des convulsions sur le

caractère desquelles on ne peut avoir aucun renseignement ;

toujours est-il que la dernière convulsion fut si violente qu'on

le crut mort. A cet âge, nous dit sa femme , il passait

«pour ne pas être une bonne tête » ; il faisait fréquemment

Idiotie méningitique : antécédents. 67

l'école buissonnière. Venu à Paris à 20 ans environ, il contracta

à ans la fièvre typhoïde. Cette maladie aurait été grave et

accompagnée : d'un délire violent ; néammoins la guérison se

serait opérée sans accidents et sans troubles psychiques. Il

a été réformé à la révision à cause d'une plaie de la main

droite faite dans son enfance et qui l'avait estropié. Il aurait

été atteint aussi d'une fracture d'un poignet. Là se borneraient

tous ses antécédents pathologiques. 11 n'aurait jamais eu de

migraines, de chorée, de douleurs rhumatismales, ni d'érup-

tions cutanées. Aucun signe ne permet de le croire atteint

de syphilis. Sa femme prétend qu'il boit et fume beaucoup,

mais interrogé à part, il proteste énergiquement et ne pré-

sente aucun des signes de l'alcoolisme chronique. Marié une

première fois assez jeune, il eut une fille de son premier

mariage, morte aux Enfants Malades à l'âge de 3 ans 1/2 de

ménin ! Ji'e tuberculeuse. Cette enfant aurait eu des convul-

sions durant toute sa vie. Sa première femme serait morte

subitement durant ses couches. D'après sa seconde femme,

il aurait un caractère violent et emporté, il entrerait en colère

pour des motifs futiles et alors briserait tout. Notons que ces

renseignements sont sujets à caution, vu l'état mental de la

femme qui nous les donne et l'apparence de calme et de sin-

cérité du langage du pè : e lorsqu'il est venu compléter notre

enquête à son égard. Il ne connaît absolument personne de

sa famille.]

Mère, 3G ans, vit séparée de son mari sous prétexte qu'il l'a

battue. Elevée jusqu'à l'âge de 2 ans 1/2 en Normandie, son

pays natal, elle y aurait joui d'une santé parfaite, n'aurait pas

eu de convulsions durant son enfance. Ses premières dents ne

seraient survenues qu'à 7 ans, et elle les aurait conservées

depuis ( ? ). Ses dents actuelles, toutefois, offrent les caractères

des dents normales. Elle n'aurait bien parlé qu'à l'âge de 7 ans.

Réglée régulièrement et sans souffrance à 15 ans, elle aurait

eu fréquemment, mais sans périodicité, 2 ans avant cette

époque, des migraines, l'obligeant à se coucher et s'accom-

pagnant parfois de vomissements ; elle n'aurait pas eu de phos-

phènes. ni d'étourdissements ; ces céphalalgies auraient com-

plètement disparu depuis l'établissement des menstrues. A 18

ans, pneumonie guérie en ! 0jours; à 3 ! 1 ans, bronchite accom-

pagnée d'un affaiblissement et d'un amaigrissement notables;

à 35 ans, hémoptysie peu abondante, qui se renouvela depuis

la suite de fatigues. Depuis sa fluxion de poitrine, elle tousse

fréquemment. Elle prétend n'avoir jamais eu de chorée, de

G8 IDIOTIE ? I\GITItIUE : antécédents.

rhumatisme, ni d'affections cutanées. Elle ne présente

aucun stigmate de syphilis, ni d'alcoolisme. Très nerveuse

et très émotive surtout dans son enfance, elle aurait assez

souvent, selon son mari, des crises nerveuses qu'elle n'avoue

pas. Elle serait prise alors d'accès de colère sans cause

appréciable durant lesquels, elle se roule à terre, appelle au

secours. Ces crises qui persistent encore, se seraient mani-

festées dès le début de leur mariage ; il ajoute qu'il la croit

atteinte de troubles intellectuels. Ses actes bizarres lui

auraient aliéné les voisins qui ne lui parlent plus. Depuis très

peu de temps, du reste, elle a déménagé secrètement son

linge et a quitté son mari. Elle a été mariée une première

fois à un homme mort de tuberculose aiguë et dont elle n'a

pas eu d'enfants. Ce fut à 27 ans qu'elle contracta son second

mariage. L'expression de sa physionomie est assez intelligente,

mais elle présente une asymétrie crânienne évidente, la

bosse frontale étant nettement plus développée à gauche qu'à

droite. [Père, mort à 45 ans ; on en ignore la cause. Alcoolique,

coléreux, il aurait «abusé de la vie)) et avait abandonné sa

femme. - Mère aliénée, morte il 45 ans de la rupture d'un

anévrisme à la Salpêtrière où elle aurait été internée à diffé-

rentes reprises. L'origine de sa folio daterait d'une frayeur

que lui aurait faite son mari au troisième jour de ses couches.

«Il s'est lové la nuit ayant il la main deux petits pistolets de

poche et a dit : « A nous deux, maintenant ! » Sa maladie mentale

disparaissait après quelque temps d'internement pour repa-

raître et nécessiter son retour il l'asile. - Grand-père pater-

nel, pas de renseignements. Grand-mère paternelle, morte

il y a 6 ans, on ne sait de quoi; auparavant elle avait une

bonne santé. - Grand-père et grand'mère maternels ne sont

pas connus, mais ils n'auraient jamais présenté de troubles

intellectuels. - Pas d'oncles, ni de tantes paternels. - Quatre

tantes maternelles, dont deux mortes à la suite « d'un chaud

et froid » et deux autres vivantes et bien portar.tes. Un

oncle maternel, mort à 29 ans subitement. - Deux soeurs,

une morte à 2G ans de pneumonie; une autre, 38 ans, se porte

bien; elle est mariée et a 3 enfants; l'aînée aurait eu des

convulsions et aurait été atteinte d'une méningite quali-

fiée de « tuberculeuse » ; elle serait inintelligente; bien

qu'ayant appris à lire et à écrire, elle serait restée « bonasse ».

- Un frère maternel adultérin est intelligent et se conduit bien.

- Une cousine, malheureuse en ménage, se serait suicidée

dernièrement. A part cela, pas d'aliénés, d'idiots, d'épilepti-

ques, d'hystériques, de paralytiques, de difformes, de bègues,

Antécédents personnels. 69

de sourds-muets, d'aveugles-nés, de suicidés, de prostituées,

etc., dans le reste de la famille].

Pas de consanguinité. Inégalité d'Age : 1 an 1/2.

3 enfants : 1° garçon, mort à 15 mois, de méningite tuber-

culettse ;il n'aurait jamais dénoté aucune trace d'intelligence

et « ne faisait qu'un cri » durant toute sa vie. Il a eu conti- >

nuellement des convulsions; - 2" fille, G ans 1/2, intelligente,

douce, assez nerveuse, n'a pas eu de convulsions; - 3° Notre

malade. Rappelons que le père de l'enfant a eu d'un premier

mariage une fille, morte à 3 ans à l'hôpital des Enfants Mala-

des, cle tuberculose. Cette enfant aurait eu des convulsions

durant toute sa vie.

Notre malade. A la conception, les époux faisaient bon

ménage, n'étaient pas malheureux. Le mari ne faisait pas

d'excès alcooliques à cette époque. - Pendant la grossesse,

vomissements incoercibles quotidiens jusqu'au 4e mois, ayant

causé un affaiblissement considérable. A 6 mois, chute d'un

escabeau sur le côté gauche, lui ayant causé une vive émotion.

Plus tard, à des époques qu'elle ne peut préciser, la mère eut

peur deux fois au sujet d'accidents survenus à sa petite fille.

Lipothymies fréquentes pendant toute la durée de la grossesse,

mais pas de véritables syncopes, ni de crises d'aucune sorte.

La mère n'entrevoyait pas avec plaisir la naissance d'un autre

enfant, à cause de la faiblesse de sa santé et de l'exiguité des

ressources du ménage. Accouchement à terme, normal et

sans l'emploi d'ergot, ni d'anesthésique. La durée du travail

fut de 2 heures et demie. - A la naissance, ni cyanose, ni

asphyxie; l'enfant était petit et grêle. ? Elevé au sein par sa

mère, il fut sevré à 15 mois. Première dent à un an; den-

tition complète à 3 ans. - Début de la marche et de la parole

à 2 ans et demi. - Les premiers symptômes de son affection

datent de l'époque de la dentition. L'enfant fut alors pris de

convulsions fréquentes, survenant par attaques portant sur

8 jours environ, puis restant un mois sans revenir. Une

période d'anxiété ouvrait la crise. D'abord immobile, l'enfant

devenait rouge, se plaignait en grognant, puis se raidissait,

la bouche écumante, les yeux fixes et hagards. Aucun mou-

vement tonique, ni clonique; pas de déviation du tronc, ni

des membres. Parfois survenait durant la crise, une expulsion

d'urine et de matières fécales. Après vingt minutes environ,

il reprenait connaissance, dormait un peu et se réveillait dans

son état normal, jouant comme par le passé, ne présentant

absolument aucun trouble psychique, sensitif, sensoriel ou

70 0 Antécédents personnels : méningite.

moteur. Les crises n'étaient pas toujours aussi longues, par-

fois l'enfant devenait pâle, regardait un instant fixement,

faisait quelques efforts bruyants d'expiration. La mère lui frau-

pait alors dans les mains et tout était terminé. Souvent aussi

il était pris d'accès de colère, il poussait alors des cris per-

çants et continus qui ameutaient les voisins contre ses parents.

La mère avoue que, sur leur conseil. elle donna des claques iL

son malheureux enfant. - Vacciné à 2 mois avec succès; ni

rougeole, ni variole, ni scarlatine, ni autre maladie infectieuse

si ce n'est la coqueluche à 3 ans et demi. Cette dernière

l'aurait fort éprouvé. Le médecin, effrayé par le nombre cle

ses convulsions, aurait parlé de méningite et lui aurait fait

appliquer un vésicatoire à la nuque, Les crises cependant,

durant la coqueluche, n'auraient pas été sensiblement modi-

fiées.

Cet enfant aurait toujours été d'une mobilité incomparable.

« Jamais, nous dit sa mère, il ne pouvait tenir en place ». -

Nul accident scrofuleua, nul traumatisme sérieux. Gourmand,

vorace, il gâtait parfois la nuit et urinait fréquemment au lit.

Sa mère s'aperçut que ses selles contenaient parfois des ovyit-

res. On ne constata jamais cle pyromanie, de clastomanie, ni

d'onanisme. Parfois affectueux, il menaçait à de certains mo-

ments sa mère et battait sa petite soeur. Il n'aimait que les jeux

bruyants. Son éducation était presque nulle, cependant il

savait se servir de la cuiller. Le 20 février, lassée des plaintes

des voisins et croyant son enfant atteint d'une maladie ner-

veuse qu'elle attribuait à la dentition, la mère se décida à

le faire admettre à l'hôpital des Enfants-Malades, d'où il fut

envoyé à Bicêtre. Tout porte à croire qu'il contracta dans cet

hôpital la rougeole qui s'est déclarée 8 jours après son arrivée

à Bicêtre.

État actuel. (14 3/ars 1892). L'enfant n'a pas l'air maladif,

son embonpointest satisfaisant. Malgré l'éruption rubéolique,

sa peau parait être normalement très blanche. Les cheveux

blonds sont bien implantés. En arrière et à droite, croûtes

impétigineuses du cuir chevelu. Pas d'adénites chroniques.

Tête allongée, sensiblement asymétrique, ne présentant au-

cune trace appréciable des fontanelles. - Front bombé et assez

large. Arcades sourcillières peu saillantes. Sourcils clairs et

blonds. Paupières et fentes palpébrales moyennes et réguliè-

res. Cils longs et bien implantés. Yeux grands, à motilité nor-

male, pas d'exophthalmie, de paralysies, ni de nystagmus. Iris

gris clair. Pupilles régulières égales, à réaction normale. Cor-

DESCRIPTION DU malade. 71

née, conjonctive, rien de particulier. L'acuité visuelle semble

normale.

1Ye : ; droit, déprimé jusqu'au niveau du lobule qui est un peu

large. Narines regardant directement en bas. un peu larges,

pas du déviation de la cloison. Odorat normal. - Pommettes

sYIl1ll'iquos. peu saillantes et régulières. - l3ouclae petite et

régulière,, lèvre inférieure un peu mince. Palais, voile du

palais ; normaux. Amygdales non hypertrophiées. Le goût

par.vi; normal ( ? ). - Menton, rond. Oreilles assez larges, bien

ourlées bien implantées, à lobule assez volumineux. Acuité

auditive assez développée.

Mensurations de la tête :

72 . Rougeole ; albumine.

if mars. L'enfant un peu agité a été conduit la veille au

pavillon d'isolement. Léger catarrhe oculo-naso-bronchitique.

Toux rauque assez fréquente, pas de signes physiques à l'aus-

cultation. Pas de dysphagie, diarrhée légère. Eruption discrète

sur le tronc de taches lenticulaires rosées, disparaissant à la

pression. Soir : T. R. 40°. Potion à l'acétate d'ammoniaque.

12 mars. - Délire assez violent pendant toute la soirée de

la veille et la nuit. Soif intense. Bouche fuligineuse. Nari-

nes pulvérulentes. Plus de diarrhée. A l'auscultation : râles

muqueux abondants aux deux poumons mais surtout àgpuche.

L'éruption, à peine apparente à la face, est très développée sur

le tronc et les membres. Les taches larges, dentelées, en for-

me de corymbes sont cohérentes. Température de la veille

au soir : 40°, 4. - Vésicatoire à gauche et en arrière du thorax.

- Potion avec sirop diacode et teinture de musc. T. R. 39°, 6,

Soir : T. R. 39°, 8.

13 mats. - T. R. 3S°, 2. - Soir : 38°, 6, mais l'état général est

stationnaire.

14 mars. T. R. matin : 39°, 6. - Soir : 39°, 5. La déferves-

cence n'était que l'abaissement normal que l'on observe après

l'éruption morbilleuse. Pouls fréquent et assez fort. Respiration

fréquente, haletante. Râles muqueux nombreux, disséminés.

Coryza intense. Bouche sèche, lèvres fuligineuses. Soif ardente.

Subdélirium continuel. Eruption confluente au tronc et aux

membres. Sirop d'ipéca; potion au musc.

15 mars. - Etat général un peu meilleur. Le malade est plus

calme, signes physiques pulmonaires non modifiés. Albumine

en asssz grande quantité dans les urines. T. R. 39°, 8, Soir :

T. R. 39°, 1. Régime lacté exclusif. Potion diacodée.

17 mars. - Toux fréquente. Amélioration notable des signes

stéthoscopiques. Il n'y a plus d'agitation. Diarrhée noire et

abondante. Eruption pâlie, en voie de disparition. Matin :

T. R. 38°, 2. - Soir : 39°, 5.

18 mars. L'éruption a disparu. Agitation très grande.

Dyspnée intense, battements des ailes du nez. Visage légère-

ment cyanosé. Râles muqueux abondants dans toute l'étendue

de la poitrine. Parfois dans la journée, crises asphyxiques avec

apnée et cyanose intense. La diarrhée a cessé. Albumine en

grande quantité dans les urines. T. R. 39°, 7. - Soir : 39°, 5.

Ventouses sèches sur toute la poitrine. Une cuillerée de sirop

d'ipéca; potion aux sirops diacode et de tolu. Régime lacté.

19 mars. - L'enfant est décédé à minuit 1/2. Son poids était

alors de 16 kilog. 800. Il avait donc maigri d'environ 300 gr.

Méningo-encéphalite chronique. 73 3

durant sa maladie. - T. R. 38°, 2 : -Soir : 31o, 6. Un quart

d'heure après la mort.

Autopsie (faite 32 heures après le décès). - Le cuir chevelu

est assez épais. La calotte crânienne présente une asymétrie

manifeste, tant au niveau de la bosse frontale, qu'à celui de

la bosse pariétale. La paroi osseuse est très mince et offre des

zones de transparence au niveau du siège de la fontanelle an-

térieure, surtout à droite de la suture sagittale. Des zones ana-

logues se rencontrent encore tant à droite qu'à gauche de la

suture lambdoïde. Aucune trace de synostose sur le trajet des

sutures. La suture métopique a complètement disparu. Les

sutures fronto-pariétale et lambdoïde sont finement dente-

lées. La suture sagittale offre des dentelures plus accentuées

surtout à partir de ses deux tiers postérieurs. - En arrière

de la suture fronto-pariétale existe une dépression nette sous

forme d'une large gouttière creusée dans les pariétaux et

parallèle à la suture. - La base du crâne semble à peu près

symétrique. - La dure-mère est un peu épaissie au niveau

de la face et adhérente à la vome crânienne.

74 11É\I\GO-I;NCÉPH : 1LIT1; chronique.

Tout le lobe pariétal présente des adhérences qui s'étendent

de PA au pli courbe inclusivement. La scissure de Sylvius,

régulière, laisse apparaître le lobule de l'insula sans lésion

apparente. - Le lobe te IJ1j)() l'il présente à la partie posté-

rieure de Fi et de F-' clos adhérences méningées considéra-

bles mais assez nettement circonscrites. Le lobe occipital

offre à sa partie antérieure un aspect franchement chagriné ;

en arrière de cette région, on trouve encore de nombreuses

adhérence*- de la pie-mère.

Face interne. - Presque absolument saine, sauf quelques

adhérences à l'origine de 1 ? Le lobule paracentral, l' avant -

coin, le coin, la circonvolution du corps calleux sont normaux.

Ala partie moyenne des circonvolutions temporo-sphénoïdales

et sur la circonvolution de l'hippocampe, existent des adhé-

rences.

Le corps calleux, le trigone, le ventricule, la couche

optique, le corps strié et le pédoncule ne présentent, de ce

côté, aucune lésion macroscopique.

Hémisphère gauche. - Face externe : Adhérences nom-

breuses à la partie antérieure du lobe frontal sur tout le tra-

jet de F3, moins contournée que sur l'autre hémisphère. Cette

circonvolution est mince et nettement 'atrophiée, surtout à sa

partie postérieure. Les deux tiers postérieurs de FI et F2 sont

sains et bien développés. - Le sillon préfrontal est bien moins

considérable qu'a droite. FA présente un aspect chagriné

dans sa moitié inférieure. Rien de particulier à noter pour le

sillon de Rolando. - Aspect chagriné de PA dans sa moitié

inférieure et du lobe pariétal supérieur qui présente des tra-

ces d'adhérences dans ses deux tiers inférieurs. - Atrophie

et aspect chagriné au niveau du pli courbe. Scissure de Syl-

vius, lobule de l'insula et lobe occipital, rien de particulier. -

Aspect chagriné et adhérences sur tout le tiers du lobe tem-

poral.

Face interne : 1 : normale. Lobule paracentral chagriné et

atrophié surtout à sa partie postérieure. - L'avant-coin et le

coin présentent la même lésion en avant. - Il en est de môme

du corps calleux et de sa circonvolution sur tout leur trajet.

- Lobe ten¡p01'o,sphénoïclal d'aspect normal. Le trigone, les

noyaux gris centraux et le ventricule latéral semblent sains.

Çe1'oeletetbulbe : rien de particulier. - Moelle : (35 gr.),

normale.

. Réflexions. 75

Cou. Les cordes vocales du larynx sont très tuméfiées.

- Glaocle thyroïde, (10 gr.) Thymus, quelques traces.

Thorax. - Poumon droit (320 gr.) : Adhérences complotes

de la plèvre, blanchâtre et épaissie, atélectasie surtout au

de lit plè\-i-c, ])Iaiieli,itre et ép;tissie, atélcetisie surtout au

sommet du poumon qui crépite encore et ne plonge pas. -

Poumon gauche (nO un peu congestionné. L'atélectasie

a été cause cle la mort. - Coeur (110 gr.) normal. Trou de

Botal oblitéré.

Abdomen. -Estomac, tube intestinal, Rate (80 gr.), Rein

droit (lit gr.), Rein gauche (Gj gr.), - Foie (iG0 gr.), Ves-

sie, aucune lésion apparente.

Réflexions. - I. L'hérédité, du côté paternel

comme du côté maternel, peut être ici nettement con-

sidérée comme cause prédisposante de l'état mental

de l'enfant. Remarquons encore que son frère aîné

et sa demi-soeur paternelle ont présenté tous deux des

accidents méningitiques graves.

II. Les incidents de la grossesse (vomissements, in-

coercibles jusqu'à 4 mois, chute au sixième mois,

émotions, lipothymies) ont pu avoir une certaine

influence sur le développement de l'enfant.

III. Il est à remarquer que les convulsions attribuées

à la dentition furent les premiers symptômes de

l'affection nerveuse de Thom...

IV. La rougeole, sa maladie ultime, présente comme

particularité intéressante l'albuminurie survenue

quatre jours avant la mort.

V. A l'autopsie nous constatons l'absence complète

de synostose des sutures et la présence de plaques

transparentes surtout à la région de la fontanelle

antérieure ; tout cela joint à la minceur remarquable

de la paroi crânienne nous permet d'affirmer que la

boîte osseuse n'a en rien gêné le développement de

76 RÉFLEXIONS.

l'encéphale et que partant la craniectomie n'aurait

en rien été justifiée. L'égalité parfaite du poids des

deux hémisphères cérébraux et les lésions méninge-

tiques, bien qu'elles ne se soient pas traduits par des

symptômes cliniques assez nets pour en tirer une

conclusion, méritent encore d'attirer l'attention. Le

court séjour de l'enfant dans la section, la rougeole

dont il a été atteint de suite, ont empêché d'ailleurs,

qu'on put, par une observation suffisamment prolon-

gée, poser un diagnostic précis sur la cause de l'idiotie.

VII.

Idiotie symptomatique de sclérose atrophique ;

tuberculose pulmonaire;

- Par BOURNEVILLE, et DAURIAC.

S0liIAIRE : -Père aHënë. G ? 'and'mérepaternene nerveuse.

Deux tantes et une cousine paternelles aliénées.- Tante

paternelle tuberculeuse. -Mère, fièvres intermittentes.

Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 8 ans.

Chute durant la grossesse. - accouchement laborieux. - z

Jamais de convulsions. - Rougeole à 4 ans ( ? ). Marche,

parole, préhension nulles.- Gâtisme, - Contractures des

quatre membres. .

1892. Rubéole. - Tuberculose pulmonaire; mort. .

Autopsie. = Absence de synostose; p ! agiocëphahe. lëa-

lité de poids des hémisphères cérébraux. - Os dormi-

ens. - Sclérose atrophique d'un certain nombre de cir-

convolutions des deux hémisphères du cerveau, prédomi-

nant à gauche (Hémisphère plus petit). - Tuberculose

pulmonaire. Abcès froid du deltoïde.

Thill., Edouard, né le 27 janvier 1876, à Bukarest, est entré

le 24 février 1891, à Bicètre (service de M. BOURNEVILLE); et est

décédé le 14 avril 1892.

L'enfant est amené le 24 février 1891 par sa mère. Il est

propre et sa tenue ne donne lieu à aucune remarque. On lui

donne dès le 1er jour le traitement suivant : 2 bains salés par

-semaine ; huile de foie de morue et sirop d'iodure de £ er. , .

Sa température prise matin et soir à partir du 24 jusqu'au

28 février ne présente rien d'anormal : elle oscille autour de

z. La température la plus basse a été de 36°, 8, la plus élevée

de 37°,6.

Antécédents héréditaires. (Renseignements fournis par une

78 8 Antécédents héréditaires.

nièce du Dr Bl.. qui l'accompagnait le jour de son entrée).

Père, âgé de 4G ans. Il a exercé plusieurs professions : d'abord

employé dans les ponts et chaussées, il est ensuite devenu

commis-rédacteur à la Ville. C'est en Roumanie où il était

allé en qualité d'employé des ponts et chaussées, qu'il connut

la mère de l'enfant, fille de paysans dont il eut quatre enfants.

Pendant son séjour dans ce pays.il il fut illlCI'I1é itcIclix ,'("pI'i,cs

différentes pour folie des grandeurs avec idées de persécu-

tion. « Il racontait qu'il avait remporté de grandes victoires

mais que malgré cela le roi voulait lui faire couper la tète. »

Il s'échappa de l'asile et pendant 18 mois parut à peu près

raisonnable. 11 revint en France, devint employé de la Ville et

épousa il y a six mois la mère de ses enfants. Il y a deux mois,

il fut repris de folie et interné à Charenton. C'est un homme

emporté et peut-être alcoolique. (Sa femme, convoquée le 13

avril 18U'2, contredit ce renseignement : elle le dit sobre et ne

l'a jamais vu se livrer à aucun excès). Il n'aurait jamais eu de

maladies chroniques telles que : affections nerveuses, dartres,

rhumatismes. [Père, architecte : il partit tout jeune en Rou-

manie et y devint directeur du ministère des travaux publics.

Il était intelligent, bicn portant, et on ignore la cause de sa

mort qui arriva à 75 ans. Il aurait eu une affection oculaire

sans paralysie, et aurait fait un séjour de six mois au lit.

Mère, originaire cle Ieaux; elle est d'une famillle où il y aurait

eu des aliénés ; nerveuse et un pou vive, elle est morte à G7 ans

de la variole. - Une soeur morte folle après un séjour de 1-2

ans dans un asile d'Odessa. La folie la prit après ses couches.

File ne pouvait plus voir son mari et se croyait persécutée,.

Elle a laissé une lille qui, elle-même, est morte folle après deux

ans de mariage. Une 2° soeur est hallucinée; après la mort

de son père, elle résolut de ne point se marier, et. dès lors se

confina dans un isolement farouche. Elle a été enfermée, mais

quoique libre à l'heure actuelle, elle est incapable de se con-

duire; il est question de la faire interner de nouveau. Une

3e soeul', saine d'esprit cette-ta. est morte tuberculeuse. Elle

a eu 4 enfa Ils, 3 sont morts en llits ic. Une lille, 23 ans. est bien

portante et exerce la profession d'institutrice. Le grand-père

paternel était conservateur des collections de la Faculté de

médecine et du musée Dupuytren. Il est mort un âge avancé

on ne sait de quoi. - La ! ]'ëlJ1cl"mère r¡alerllelle, est morte très

vieille sans jamais avoir donné de signe de démence ou d'alié-

nation.]

Mère, 38 ans, nia jamais eu de convulsions ou de maladies

Antécédents PERSONNELS. 79

nerveuses. Bien portante et sufiisament intelligente, elle est

dépourvue d'instruction et ne sait ni lire ni écrire. Elle s'ex-

prime en français avec la plus grande difficulté. Elle a eu des

fièvres intermittentes à partir de 15 ans. Rien autre chose à

noter. - [Père, sobre, 82 ans, n'a jamais été malade. Mère, 60

ans, bien portante, n'a jamais eu d'affection chronique ner-

veuse ou autre. - Grand-père paternel, mort à 89 ans, sans

jamais avoir été malade. - Grand'mère paternelle, morte à 75

ans. Elle est restée un an au lit avant de mourir. Elle était très

faible, mais non paralysée. - Grand-père maternel mort tout

jeune. - Grand' mère maternelle, morte en couches. Rieii

comme maladies nerveuses ou mentales. - Ni oncles, ni

tantes. - Trois frères : l'ainé, 30 ans, bien portant, n'a pas

d'enfants. Le second frère. 28 ans, et le troisième, 24 ans,

sont d'une bonne santé. - Dans le reste de la famille de la

mère, aucune tare nerveuse.] Pas de consanguinité. - Iné-

galité d'âge de 8 ans.

4 enfants : 1° notre malade ; - 2" un enfant mort à Il ans

de la variole; il était intelligent, n'avait jamais eu de convul-

sions; - 30 tille, 9 ans, bien portante, pas de convulsions,

intelligente et pas nerveuse ; - 4° garçon, 4 ans, venu avec

sa mère, très bel enfant, très intelligent, parlant bien; il n'a

jamais eu de convulsions.

Notre malade. - Rien de particulier à la conception. A

cette époque le père n'était pas aliéné. - Grossesse : Pendant

les 4 premiers mois, fatigues diverses. Affaiblissement au 8me

mois, chute dans un escalier sans accidents consécutifs. z

Accouchement pénible, le travail aurait duré trois jours. Il y

eut une intervention médicale sur la nature de laquelle on ne

s'explique pas. Pas de forceps ? -A la naissance, Th.... était t

bien portant, pas d'asphyxie. Il présentait sur les deux fesses,

deux taches noires qu'on attribue à la chute de la mère.

Ces taches persistèrent longtemps et ne disparurent qu'à

cinq ans. Elles n'étaient pas saillantes et avaient les dimen-

sions d'une pièce de 5 francs. -Allaitement maternel jusqu'à

2 ans et demi Th.... n'a jamais pu marcher et est toujours

resté couché. Le début de la parole a eu lieu à 3 ans. l'as

de renseignements sur l'apparition des dents. - A 3 ans,

la mère le promenant dans une voiture, le laissa tomber et

depuis lors il dépérit. Sa mère attribue l'état actuel de son

enfant à sa chute et à celle de son enfant. Un médecin rou-

main aurait prétendu qu'il s'était de la sorte abimé la moelle.

- A 4 ans, rougeole; pas d'autre maladie. - Vacciné à trois

80 Rubéole.

ans avec succès. Th... pleurait beaucoup étant tout enfant. Il

n'a pas eu de convulsions. La mère affirme qu'il n'a jamais

été malade, qu'il n'a jamais eu de fièvre, ni de troubles moteurs

autres que ceux qu'il présente à l'heure actuelle. - Son état

ne s'est jamais modifié.

2-6 octobre. Revaccination sans succès.

1892, 9 février. - Rubéole. Température peu élevée

(38°). Eruption discrète sur la face et le tronc. Toux grasse.

Yeux larmoyants, coryza peu intense. Rien à l'ausculta-

tion. T. R. 371l,8. - Soir : T. Il. 38°, 3.

10 février. - T. R. 38° matin et soir.

11 février. - T. R. 37°,G. - Soir : T. R. 38°.

12 février. - Etat général relativement bon. L'éruption a

disparu en grande partie. Il est difficile de juger de la des-

quamation, car le petit malade présente des troubles trophi-

ques de la peau se traduisant par une sorte de desquamation

icththyosique qui rend difficile de faire exactement la part de

l'exanthème. Blépharite ciliaire assez accusée de l'oeil gauche;

lavages boriqués. T. R. 37", 2. - Soir : T. R. 37°, i. 4.

13 février. - T. R. 37 ? Soir : T. R. 37° 2. Le malade entre

en convalescence. - Exeat le 22 février.

23 février. L'enfant passe de l'isolement à l'infirmerie. Il ne

peut se tenir debout et reste continuellement assis. Il a beau-

coup maigri pendant sa rougeole. Face pâle. Sa température,

prise régulièrement matin et soir pendant tout le mois, n'est

pas élevée. Itien à l'auscultation. L'état de l'enfant ne se

modifie pas et il présente de temps en temps des élévations

de température qui ne dépassent jamais 38°.

2 aurii. Thill... tousse et maigrit. Son appétit reste bon

et il n'apas de fièvre.- Traitement : alimentation abondante :

lait et oeufs; Todd au quinquina.

9 avril. - L'enfant se plaint toujours mais on ne peut lui

faire dire où il souffre. Il a un peu de diarrhée, sue, maigrit

beaucoup, jette des cris et respire difficilement. T.R. 37°, S; 8;

Soir : T. R. 38°.

Percusion : Du côté droit, matité de la fosse sus-épineuse

et de la région sous-claviculaire ; submatité de la partie

inférieure du poumon surtout en arrière. - A gauche : subma-

tité de toute la partie du poumon. En arrière, matité plus

prononcée à la partie moyenne.

Auscultation : Craquements humides dans les deux som-

mets au-dessous de la clavicule, du côté droit et, dans la fosse

sous-épineuse du même côté, souffle amphorique avec gar-

Description du malade. 81

gouillement. Du côté gauche, râles crépitants et. sous-cr-

pitants dans toute la partie supérieure du poumon. Souffle

caverneux en arrière, vers la pointe de l'omoplate. L'ausculta-

tion est très difficile.

L'état se maintient les jours suivants 'identiquement le

môme et le dépérissement général s'accentue.

En résumé : Tuberculose pulmonaire à la période des exca-

vations. Huile de foie de morue créosotée. Todd au quin-

quina ; pointes de feu. .

Etal actuel (l 1 avril). - L'enfant est pâle et reste constam-

ment couché. - Le crâne est petit, aplati transversalement

et se termine légèrement on pointe vers son sommet - Le

front est étroit, les bosses frontales peu saillantes; les bosses

occipitales sont plus marquées. On ne trouve pas iL la palp : : 1tion

trace des fontanelles.- Cheveux châtains foncés, un tourbillon

en arrière sur la ligne médiane. Les cheveux empiètent beau-

coup r : ur les côtés du front et rejoignent presque les sourcils'.

.Face ovale, constituant presque une ellipse, avec le front.

Le visage est très amaigri et sans expression. Il exprime

parfois la souffrance. - Arcades sourcilières nettement sail-

lantes surtout vers la pointe externe. Paupières longues : fen-

tes palpébrales larges, un peu obliquement dirigéees en dehors

et on haut. Sourcils abondants, mais assez clairsemés,

noirs. Cils longs et noirs. Yeux mobiles dans tous les sons.

Pas de nystagmus en ce moment. Impossible d'apprécier la

valeur fonctionnelle de l'oeil. Iris presque brun. Les pupilles

sont égales. La sensibilité de la conjonctive parait un peu

'diminuée iL droite.

Ne : lég l'emellt dévié à gauche, aquilin, long, à racine

enfoncée au-dessous du front et d'une largeur exagérée.

Lobule unique, étroit et en pointe. Sous-cloisons peu éten-

dues d'avant on arrière et peu saillantes. Narines bien ouver-

tes, à direction oblique en dehors et en arrière. L'enfant res-

pire bien par le nez.

Bouche large de 4 centimètres, à peu près toujours fermée.

Lèvre supérieure moyennement épaisse, portant de chaque

côté une dépression. qui rappelle le bec de lièvre. Cotte

lèvre supérieure est ombragée d'un léger duvet qui commence

à noircir. Lèvre inférieure plus étroite. Même duvet au-des-

sous d'elle sur la ligne médiane. Les doux lèvres sont pâles)

Dentition : -12dents, fortes et contiguës, assez bien rangées'.

Langue enduite d'une épaisse couche saburrale, rouge à la

pointe. Palais absolument pâle. L'enfant paraît distinguer et

Bourneville, Bicêtre, 1892. G

82 Description DU malade.

préférer les choses sucrées ou douces comme le lait. Il ne

semble pas être désagréablement impressionné par la quinine,

Sur la ligne médiane, la face antérieure du maxillaire

inférieur est obliquement dirigée en bas et en arrière. Au

contraire, le bord inférieur est dirigé de chaque côté très

obliquement en arrière, en dehors et en haut. Sur le menton,

qui est pointu, on trouve quelques poils comme ceux de la

lèvre supérieure. -.Toues très amaigries, couvertes d'un fin

duvet. Apophyses zygomatiques et pommettes saillantes.

Dépression au niveau de la boule de Bichat.

Oreilles volumineuses, écartées, de forme elliptique. Toutes

ses parties sont normales, à part la largeur des lobules qui est

exagérée. Ils ne sont pas adhérents.

Cou, 24 centimètres. - Larynx saillant. Corps thyroïde

légèrement perceptible. Dépression sus-sternale assez accusée.

Les clavicules se dessinent nettement sous la peau et sont

dirigées très obliquement en arrière, en dehors et en haut. Les

articulations externes et internes de la clavicule sont saillantes.

Thorax très amaigri, laissant voir les saillies des côtes, asy-

métrique, avec une dépression au niveau de l'hypochondre

droit et une saillie au niveau de l'hypochondre gauche. Le

sternum est en lordose ; la colonne Vcdéb raie est en cyphose,

Circonférence du thorax au niveau du premier espace inter-

costal : 56 centimètres au niveau de la pointe du sternum.

Circonférence : 59 centimètres.

La colonne vertébrale ne présente pas de déviation latérale.

L'incurvation antéro-postérieure n'est pas angulaire , il y a

un assez grand nombre de poils entre les deux omoplates et

au niveau des lombes.

L'enfant porte sur les parties postérieures et latérales du

thorax une dizaine de cicatrices de forme oblongue. Au niveau

du sacrum, existe une eschare de la dimension d'une pièce

d'un franc, et au-dessus de cette eschare, deux cicatrices d'es-

chares antérieures. La fesse gauche, au niveau du sommet du

grand trochanter, porte également une eschare un peu plus

petite que la première. Une autre eschare, beaucoup plus

petite se trouve à quelques centimètres en dehors.

Poumons. Sonorité exagérée en avant et à droite. Subma-

tité au sommet gauche. Murmure vésiculaire normal à droite,

exagéré à gauche, toujours en avant. En arrière, submatité au

niveau de la fosse sous-épineuse. Râles sous-crépitants au

môme niveau avec souffle caverneux. R. 46. Battements du

coeur précipités, donnant lieu à une ondulation de la paroi,

analogue à celle qu'on remarque dans la symphyse cardiaque.

Description DU malade. 83

Quelques faux pas du coeur. Pouls à 132, assez résistant.

Sur la ligne mamelonnaire, la matité hépatique commence

à la 7e côte et s'étend à 5 centimètres au-dessous dans l'abdo-

men. Sur la ligne médiane, elle occupe à peu près l'étendue

de l'appendice xiphoïde. La rate n'est pas perceptible. L'abdo-

men est souple, non douloureux à la pression.

Membres ; supérieurs décharnés. L'avant-bras droit est en

flexion complète sur le bras qui lui-même est à peu près cons-

tamment appliqué sur le tronc. L'avant-bras peut cependant

s'étendre sur le bras presque à angle droit. Les mouvements

volontaires sont extrêmement limités. Les mouvements de

toutes les articulations sont à peu près normaux. Les deux

doigts, médius et auriculaire, restent en demi-flexion, le pre-

mier métacarpien en opposition, la première phalange pouvant

être placée en luxation postérieure sur le métacarpien et la

deuxième en luxation postérieure sur la première.

Membre supérieur gauche dans le môme état d'amaigrisse-

ment que le droit. Les deux os de l'avant-bras sont absolu-

ment parallèles à l'humérus et l'articulation du coude est

ankylosée dans cette position. La main est en extension et

adduction sur l'avant-bras. Les mouvements des doigts sont

libres sauf ceux du pouce qui reste le plus souvent en opposi-

tion.

Membres inférieurs, complètement décharnés, couverts

de poils qui commencent à noircir.

Membre droit : la cuisse est à-peu-près fixée en demi-flexion

et adduction. La jambe est en flexion complète sur la cuisse

et le pied est fléchi autant qu'il est possible sur la jambe. Les

orteils sont en flexion et le gros orteil est, de plus, en adduc-

tion. Le pied est en rotation externe.

Membre gauche en flexion presque complète sur le bassin

avec légère adduction. La jambe est en flexion complète sur

la cuisse, le pied en rotation externe forcée, la malléole

externe portant par son sommet sur la face externe du calca-

néum. Le calcanéum et l'astragale ont à peu près complète-

ment perdu leurs rapports.

Puberté. - Quelques poils sur les lèvres, sur le menton.

Quelques poils un peu moins colorés sur le pubis. Rien sous

les aisselles. Verge longue de 4 centimètres. Circonférence,

3 centimètres. Gland découvert. Bords du prépuce rouges.

Scrotum très petit, ridé, vide. Le testicule droit est percep-

tible dans le trajet inguinal, près de son orifice abdominal, le

gauche ne peut être senti. Région anale non déformée, cou-

84 Description du malade.

verte de poils nombreux disposés sur deux lignas parallèles

nntèro-postél'icnres..

tlaTrorSIr : ABSENCE DE SYNOSTOSE. ' 8.')

lie de faire aller sa été de droite à gauche en claquant

la langue. Il ne peut ni s'habiller ni se déshabiller. Il ne

se tient pas sur ses jambes. Il est facile de fixer son atten-

tion.

1 ? avril. Même état, l'enfant ne veut pas de nourriture.

13 avril. - Lu malade pousse des cris continuellement ; il

ne prend clue du lait, et respire difficilement. 11 est couvert -

de sueurs, aucune modification sthétoseopique.

1n avril. Affaiblissement de plus en plus grand.

' 1 : avril. - 1 ? nra[III ? l 111 II/"I ce matin '111<'11/"1 ? en .'( plai-

gllallt beaucoup. Température aussitôt après la mort, 39" ;

- 1/rt d'heure après, 38o, 3; - une hcure après, 35°; 2

heures après, 35°.

Autopsie faite le 15 avril 1892, 30 heures après la mort.

Tête. - Cuir citeuflit assez épais et bien fourni de cheveux. \

Ca<eo\'uupn ! te mince. Léger degré de plagiocéphalie

proéminence frontale à gauche depre siou légère à droite;

proéminence o cipilale à droite, légère dépression à franche.

- La suture métopique est ossifiée complètement ; la suture

coronale est entièrement libre aussi bien à la face interne qu'à la

face externe. Il en est de même de la suture sagittale où il y

a une légère tendance au ch vauchoment du pariétal droit

vers l'inion. Les deux Irons pariétaux existent. On voit deux

plaques translucides vers le bord supérieur du pariétal droit à

un centimètre );2 de la ligne médiane. L'antérieure est éloignée

de 4 centimètres de la coronale, la postérieure d'un centimètre

de la lambdoïde. La suture lambdoîde est très compliquée. Elle

est formée par une série d'os wormiens au nombre de ! ¡ dans

la région du lambda. Leurs connexions sont telles qu'elles

effacent l'angle et le rendent mousse. On compte ensuite 3 os

wormiens à droite et deux à gauche. Ils s'ét( ndent sur une

longeur de 5 eentimétl"s dans la suture. - Rien de P"I'liclllif' !

à la base du crâne. La dure-mère est d'épaisseur normale.

Les vaisseaux et les nerfs de la base sont symétriques, -

Liquide céphalo-rachidien en quantité normale.

86 SCLÉROSE ATROPHIQUE.

ABCÈS FROID DU DELTOIDE. 87

vrequi est assez épaisse. Tuberculose caséeuse de tout le lobe

inférieur avec caverne considérable au centre. - Poumon droit

vit170 gr.). Adhérences généralisées; sclérose pulmonaire

complète des lobes inférieurs; caséification du lobe supérieur

avec cavernes.

rlbclomen.- Foie (750 gr.), raie (50 gr.), pancréas (40 gr.).

sains. - Rein gauche (80 gr.), un peu congestionné. Rein droit

(70 gr.), pas de lésions. - Vessie, rien de particulier. -

Testicules absents de l'anneau.

Abcès froid au niveau de la pointe du deltoïde gauche (4 cen-

timètres de long sur 3 de large) immédiatement au-dessus do

l'insertion.

Réflexions. I. L'influence de l'hérédité nerveuse

est ici très manifeste en ce qui concerne le côté pater-

nel. Le père, deux tantes paternelles et une cousine

sont aliénés. La grand'mère paternelle parait aussi

avoir été très nerveuse.

II. L'accouchement a été laborieux, mais dans le cas

particulier, son influence nous parait avoir été nulle.

Rappelons encore une chute de la mère durant sa

grossesse.

III. Thil... n'a jamais marché. Sa parole ne s'est

jamais développée chez lui, et il a toujours été inapte

à se servir de ses mains. Aucune cause déterminante

ne peut être invoquée pour expliquer cet état de

déchéance, qui parait dater de la naissance. On ne

saurait ici faire entrer les convulsions en lignci de

compte puisqu'on aflirme qu'il n'en a jamais eu.

L'hérédité et les conditions particulières de l'accou-

chement semblent donc avoir produit l'idiotie.

IV. Le côté défectueux du système nerveux central

se traduisait chez lui-'if'in'emière vue par une déforma-

tion crânienne très marquée. Il était franchement

88 . RÉFLEXIONS.

Z,la.iocéph.ale. A l'autopsie on a pu voir qu'à cette

plagiocéphalie correspondait un écart de poids de ! 0

grammes entre les deux hémisphères cérébraux qui

étaient le siège de sclérose atrophique.

V. Thil... n'avait aucune chance d'être amélioré par

une rie. Elle n'aurait pas d'ailleurs été justi-

fiée, car il n'y avait aucune trace de synostosc, et on

pouvait constater dans les sutures la présence d'os

wormions. /

11. llllillu tuberculose est venue se grcl'ier sur <;t;

dégénéré et elle l'a emporté. - Elle s'est manifestée

par sa localisation aux poumons, et aussi par la pro-

duction d'un abcès froid du deltoïde.

1 VIII. 1. '

IJotie complète sym¿tomÚqlle da «Lubie porencéphalie

vraie ;

Par BOUR.\E%'ILLE et 11.\Ultl.\I.

Sownainr. - Père et grand père paternel, quelques excès de

boisson. Mèi'e convulsions de l'enfance, nerveuse.

Grand oncle paternel nzortcte tuberculose. Neen)', acci-

dents nerveux. Emotion vive au cinquième mois de la

grossesse. Pre bières convulsions à 3 mots ; crises fré z

quentes jusqu'à 4 ans. Rougeo'c et influenza à 5 ans

Sueurs abondantes de la tete su' vies d'un peu d'amé-

lioration ? 117arche et paro)tKe.s. Sft'abtsnte externe ;

cécité comp 1 ète. -l,; oaz ta ,c t tc;·es cle.. qtea're anenzba·es. - Mas,

tication nulle : baue. .4cccs décris. Tics de la face

et balancement. Ga<i'.s)ne. Eptepste. Congestion

pulmonaire ; mort.

Autopsie : Porus vrais des deux hémisphères cérébraux

Méningo-encéphalite chronique; atrophie de la protu-

bérance. Lestons pulmonaires.

Roc... Georges E., né il la Noue ( Marne ) le 29 juin t886.

est entré à Bicêtre (service de l. hotyttnctnr.r.i;j, le 4 mai 1899.

Antécédents. (Renseignements fournis par sa mère, le 13

mai 1892). Père, 'il ans, garçon de bureau. Aucun rensei-

gnement sur son jeune âge. Il a eu une conjonctivite à ? 0 ans

et deux pneumonies, à 19 ans et 39 ans. 11 ne présente aucun

signe de syphilis. Il serait légèrement alcoolique et cet. état

se traduirait surtout par des cauchemars effrayants qui sur-

viennent la nuit. Il n'a pas de céphalalgies habituelles ni de

migraines. On ne relève aucune affection nerveuse dans son

90 Antécédents héréditaires.

passé. Caractère calme et placide. Fumeur passionné, il con-

somme pour 1 fr. 50 de tabac par jour) ? ) Il n'a jamais subi aucun n

traumatisme. [Père, journalier, mort à 79 ans, d'une hernie

étranglée. Il était habituellement bien portant, mais aimait à

boire. - Mère, 69 ans, en bonne santé jusqu'à la ménopause;

à partir de cette époque, elle aurait eu des « pituites et des

vomissements. » Elle était d'un caractère très vif et fort

prompte à se mettre en colère. Jamais elle n'a eu de maladies

nerveuses. - Sur les grands-parents, aussi bien du côté

paternel que du côté maternel, nous n'avons aucun renseigne-

ment. - Trois oncles paternels : 2 sont morts et on ne sait

rien d'eux. Le dernier a 75 ans; il est très sobre. - Une

tante paternelle. Agée de GO ans environ, a des douleurs rhu-

matismales qui l'empêchent de marcher. Pas d'oncles ni

de tantes du côté maternel. - Un frère, âgé de 50 ans, bien

portant. - Dans le reste de la famille, pas d'idiots, d'aliénés,

d'épileptiques, de paralytiques, de difformes, de bègues, de

pieds-bots, de suicidés, de criminels ou de prostituées.]

Mère, 38 ans, ménagère, a eu des convulsions au moment

de la dentition. A onze ans, abcès de l'épaule. Ni chorée, ni

rhumatisme ou fièvre thyphoide. Elle n'a, nous dit-elle, qu'une

seule chose qui la gêne : c'est sa nervosité : - « Quand je

suis agacée, mes mains se crispent et se mettent à trembler. »

Elle n'a jamais eu pourtant de crise- nerveuses. Parfois elle

devient subitement pâle; point de migraines. -(Père, 71 ans,

bûcheron, aurait actuellement « une tumeur dans l'estomac. »

Auparavant, il était robuste et bien portant. Très sobre, il

était cependant « très prompt, coléreux et violent. » - Mère,

66 ans; elle a eu, vers 47 ou 48 ans, des douleurs qui. pendant

6 mois, l'obligèrent à marcher avec des cannes. Depuis, « elle

est redevenue très forte. » Pas d'affection nerveuse. - Les

grands-parents paternels sont morts jeunes. La. grand'mère

maternelle serait morte du choléra. - Un oncle paternel,

mort à 67 ou G8 ans environ, on ne sait de quoi. - Une tant e

paternelle, 73 ans, bien portante et pas nerveuse. - Un oncle

maternel, mort à 63 ans, d'une tuberculose pulmonaire. -

Trois frères et trois soeurs en bonne santé. - Dans le reste

de la famille, rien à signaler au point de vue d'une tare n er-

veuse quelconque.

Pas de consanguinité. - Le mari à trois ans de plus que sa

femme.

Cinq enfants : 1° une fille, 11 ans, jamais de convulsions,

habituellement bien portante, coléreuse, nerveuse et irritable,

ntelligente; 2° fille, 10 ans, n'a pas eu de convulsions, a

Antécédents personnels. 91

eu un abcès froid au pied ; n'est pas nerveuse, caractère aima-

ble, intelligente; - 3° fille, 8 ans; au cours de sa dentition,

elle eut trois fois des syncopes (ses yeux ne tournèrent pas,

ses memhres ne s'agitèrent pas) ; elle est depuis très bien por-

tante, travaille en classe; -4° notre malade; -5° fille, 13

mois, parait vigoureusement constituée pour son âge; pas de

convulsions.

Notre malade. Rien de particulier ne s'est passé au

moment de la conception. Une parfaite entente régnait dans

le ménage. - Au cinquième mois de la grossesse, la mère

tomba de voiture : « on m'a ramenée chez moi, presque

morte, dit-elle, à moitié tuée». On lui fit prendre de l'éther.

Sa peur avait été profonde : elle trembla durant un

quart d'heure, puis elle se remit sans qu'il se produisit de

menaces d'avortement. - Accouchement à terme, normal, sans

chloroforme. - A la naissance, pas d'asphyxie; l'enfant était

en excellent état et paraissait vigoureux et bren constitué.

- La mère le nourrit elle-même au sein pendant trois

ans. Il vomissait assez souvent, et elle craignait de le

sevrer. - La première dent perça à 9 mois, la dentition

était complète à 2 ans Il n'a jamais dit que « maman » et cela

à partir de 15 ou 16 mois. Il se tient actuellement un peu sur

les jambes, mais il ne marche pas.

Les premières convulsions se sont montrées vers trois mois;

Elles avaient lieu surtout au réveil et consistaient en un tres-

saillement des bras avec rotation de la tête et des yeux. Elles

n'étaient pas généralisées et le côté droit était particulièrf-

ment atteint. A 2 ans, ces convulsions augmentèrent de fré-

quence. Elles diminuèrent à 4 ans. Leur durée n'excédait

pas cinq minutes. Il y en avait jusqu'à trois ou quatre par

jour. Les plus fortes débutaient par une sorte d'aura' l'enfant

pleurait, rougissait, puis avait des convulsions cloniques

qui siégeaient surtout dans le bras droit. Les jambes étaient

moins agitées, ainsi que le bras gauche. Les yeux se déviaient,

devenaient blancs, puis l'enfant se raidissait. La fin de la

crise était annoncée par une pâleur de la face. Durant ses

convulsions, il avait les poings fermés, le pouce en dedans. Il

se mordait la langue, au point de saigner abondamment,

grinçait des dents, et s'en serait même cassé deux. On ne

constata point de paralysies consécutives. Il dormait après

ses crises mais sans être plongé dans le coma. Dans d'autres

circonstances, il revenait d'emblée complètement à lui. Au

cours de ces crises, il avait quelquefois des émissions d'urine

9' Description du malade.

mais jamais eu de matières fécales. Il n'a pas eu d'athétose

ou de chorée.

A 6 mois, il fut vacciné avec succès; il n'a pas eu de vario-

loïde, ni de scarlatine ou do coqueluche. Il aurait eu la

rougeole et l'innllenza il J 131épliat-ife ciliaire ; aucune

autre manifestation st'ro)'u ! cuso. A partir de 2 ans, on ajouta à

l'allaitement maternel, quelques aliments. L'enfant, â partir

de ce moment, prit un peu d'embonpoint.. Il est habituellement

constipé et a toujours été gâteux. Pas de vers;- pas de trau-

mnrismes.

.llI(lll"i1 , : 111'. IL.. : 1111'" il ,"1," ? lIjt'l : '( 1\ ? l'(lIl : oée : j fé[¡l"ile.

Vers cette époque, il se mit à transpirer beaucoup de la tête;

et à la suite, nous dit sa mère, il aurait été bien mieux.

Il reconnait ses parents et se montre affectueux ( ? ). Il ne

marche pas, ne dit que «papa» et « maman et pousse des

cris inarticulés. Il est difficile d'avoir des renseignements bien

précis sur les habitudes et les penchants de l'enfant, car la

mère semble, de médiocre intelligence. Elle est très touffue

dans ses réponses et montre une certaine tendance à l'exagé-

ration. La petite fille qu'elle a amenée avec elle parait peu

intelligente.

Etat actuel (21 mai 18 ! J'2¡. - L'enfant est développé physi-

quement et paraît bien portant; Pas d'adipose. Le faciès est

absolument inintelligent et sans expression.

La tête est celle d'un microcéphale. Aucune saillie; pas de

cicatrice. Au-dessus du front, à la racine des cheveux, il

existe une dépression transversale, appréciable à la vue aussi

bien qu'au toucher. - Cheveux châtains; tourbillon sur la

ligne médiane, à l'union de la face postérieure et de la face

supérieure du crâne. - Le front est assez élevé, mais étroit.

Les arcades sourcilières sont peu saillantes. Les orbites sont

grandes, les sourcils châtains. Les paupières sont le siège

d'un léger degré, de bléighïi-ite ; les fentes palpébrales' sont

dirigées en haut et en dehors. Les globes oculaires paraissent

mobiles dans tous les sens. Il y a du strabisme externe, soit

de l'oeil gauche seul, soit des deux yeux. Dans aucun mouve-

ment, la pupille de l'un ou de l'autre côté n'atteint l'angle

interne. Les conjonctives sont saines. L'iris est châtain foncé

et assez grand. Les pupilles inégales, - la gauche plus grande

que ladroite; - réagissent bien à la lumière, il est impossible

de constater la réaction à l'accommodation.

Le fond de l'ceil; examiné par M. VIOLET, interne des hôpi-

taux, a montré à gauche, une atrophie du nerf optique. La

Description du malade.- 93

pupille est en mydriase et réagit sous l'influence des mouve-

ments du globe. A droite, il y a du strabisme 'divergent. La

pupille est moins dilatée et ne réagit pas à la lumière. Le fond

de l'oeil est invisible. Il y a cécité compte. ! liez droit, lobule intact, sous-cloison peu saillante, na-

rines un peu grandes et légèrement obliques en arrière et

en dehors. L'odorat n'est pas développé ! ? ).

La lèvre supérieure ne présente rien de particulier. Sur la

lèvre inférieure nous notons de chaque côté de la ligne mé-

diane deux cicatrices distinctes d'environ huit millimètres. La

bouche, presque toujours béante, laisse couler une baue assez

abondante. La langue, de volume naturel, est légèrement

saburrale et très mobile. Voile du palais normal. Voûte

palatine aplatie. Amygdales un peu grosses; réflexe pharyn-

gien conservé. Grincements do dents assez fréquents.

Le menton est en pointe; les joues sont assez pleines, et

colorées. Les oreilles, grandes et normalement conformées,

sont un peu écartées du crâne. La droite présente une saillie

anormale de l'anthélix due au retrait de l'hélix à ce niveau.

Le cou est court. Circonférence : 24 cent. Le corps lhy-

roïde est légèrement perceptible. Le larynx n'est pas saillant.

Les membres supérieurs sont en adduction, l'avant-bras

dans un état qui dépasse la demi-flexion sur le bras; les

mains sont en flexion légère sur le poignet et sont toutes deux

appliquées sur l'abdomen, la gauche d'une façon plus éner-

gique que la droite. L'enfant résiste très fort lorsqu'on veut

écarter le bras de cette l7osition. 1 ! c-t lrusclilïicilc : clans celte

situation déjuger de l'état des articulations, sauf de celles du

poignet et des doigts qui sont saines.

Les membres inférieurs font dans la situation suivante : la

jambe gauche passe en avant de la droite, au niveau du cou-

de-pied ; les jambes sont demi-fléchies sur les cuisses. Ces

dernières sont eu demi-flexion sur le bas in et en adduction

énergique. Les deux membres .sont ce aux.

En arrière du grand trochanter droit existe une élevure de

coloration rougeâtre ayant un centimètre de long sur 7 milli-

mètres' de large et entourée de quelques poils plus dévelop-

pés qu'ailleurs. Saillie considérable des condyles internes

du fú ll1 Ill'. - Pas dc l. : Uul' ! Hlre alJonna' l des Li hias. - Les pieds

sont bien conformés et cependant il y une faible cambrure

de la -voûte. Les mouvements ('0l11uniqllé-; sont très difficiles;

les mouvements volontaires sont a, s( ? rares. Il y a de la tré-

pidation épileptoïde. Le réflexe roLlllit'n est exagéré surtout

à gauche. Le réflexe plantaire est peu développé.

94 Congestion pulmonaire; .moût. r

Le thorax ne présente rien d'anormal en avant; en arrière,

convexité dorsale de la colonne. Les côtes font en arrière

et à droite une certaine saillie. - Rien à la percussion. A

l'auscultation quelques râles ronflants des deux côtés. Rien

au coeur. Respiration cos to-abdominale. L'enfant fait ordi-

nairement de petites inspirations, puis tout il coup une grande

inspiration suivie de stertor. La palpation du ventre ne parait

pas douloureuse. Les organes génitaux externes sont gla-

bres. La verge a une longueur et une circonférence de 4 cen-

timètres. Phimosis et gland recouvrables. Les testicules sont

extrêmement petits, difficiles à découvrir. Région anale

normale.

21 771C - Traitement : 3 bains salés. - Exercices de la

marche et des jointures.

25 juin. - Revaccine sans succès.

il juillet. - L'enfant est envoyé à l'infirmerie vers 10 heures

du matin. Il vient du pavillon des gâteux. Il n'aurait pas dormi

de la nuit, aurait eu des frissons. La respiration parait libre

mais il y a un peu de rougeur des pommettes. L'auscultation

ne décèle aucun signe de quelque valeur. Néanmoins, on

soupçonne l'existence d'une pneumonie.

A 4 heures du soir, la respiration devient haletante et péni-

ble. La température est de 40°, 5. La face est rouge, vultueuse,

et couverte de sueurs. Le pouls est très petit et très fréquent.

A l'auscultation râles muqueux en grande abondance du haut

en bas de la poitrine, en avant et en arrière, des deux côtés.

Traitement : Inhalations d'oxygène. Sulfate de quinine 0.30

centigrammes. Sinapismes.

L'enfant meurt à une heure du matin. Température après

la mort : 40°, 8; un quart d'heure après la mort : 38°, 2; une heure

après la mort : 3li°, 4; deux heures après la mort : 35° Tem-

pérature de la pièce : 18° 5. Poids après décès 10 k. 100.

L'observation de l'enfant a donné les résultats suivants au

point de vue de son caractère et de ses habitudes :

Iloch..., ne prononce pas une seule parole. Il crie de temps

en temps et ses cris très perçants se succèdent à intervalles

plus ou moins rapprochés. Il mange peu et mal et rejette les

aliments au sur et à mesure qu'on les lui introduit dans la

bouche. Il préfère les légumes, le potage, le lait et les oeufs

et manifeste pour la viande un profond dégoût. Il tourne la

tête lorsqu'on persiste lui en présenter. La mastication est

nulle et ce n'est que très difficilement qu'il avale les aliments

même liquides.

DOUBLE porencéphalie vraie. 95

Les sentiments affectifs paraissent nuls; les caresses le

laissent complètement froid. Il ne fait aucune attention aux

objurgations qu'on croit devoir lui faire lorsqu'il crie trop fort.

Il ne rit jamais. Il pleure abondamment lorsqu'on le change.

- Il gâte jour et nuit, dort peu et mal et crie chaque fois qu'il

se réveille. Pas d'onanisme.

Comme tics, on ne remarque chez lui que des tiraillements

de la bouche de divers côtés. Un balancement de la tête de

droite à gauche et réciproquement., balancement qui dure une

bonne partie de la journée. Il est incapable de se servir de

ses mains. Les selles sont régulières et bonnes. Il n'a pas de

diarrhée. Il ne marche pas et tient continuellement dans son

lit ses jambes repliées. -Les yeux, atteints de cécité, restent

constamment ouverts, même lorsque la grande clarté les frappe.

Ro... était signalé comme atteint d'épilepsie par le certificat

d'admission. Durant son séjour, il a eu 7 accès et 3 vertiges

en mai et 2 accès en juin. La sous-surveillante de l'infirmerie

décrit ainsi l'accès : Pas de cri initial ; la face devient rouge,

se tourne à droite ainsi que la bouche et les yeux. Légers

mouvements des paupières ; quelques secousses des membres

supérieurs; rien aux inférieurs. Ni morsure de la langue, ni

émission d'urine. Durée : une minute. Sommeil consécutif :

10 minutes. T. R. à la fin de l'accès : 3gaz,9; - un quart d'heure

après : 37°; une heure après : '37°,3 (1).

Autopsie faite le 49 juillet, 34 heures après le décès. -

Tête. - Le cuir chevelu est assez épais et un peu rosé. -

La uoûte crânienne est assez élevée, mince, les os sont peu

épais. Il y a de nombreuses plaques transparentes occupant

la moitié de la calotte à gauche et les deux tiers à droite.

La suture sagittale, entièrement libre, est modérément sinu-

euse. Les dentelures sont apparentes aussi bien sur la table

interne que sur la table externe . - La suture coronale est

très régulière sans interposition d'os wormiens. Aucune trace

de synostose n'est appréciable sur l'une ' ou l'autre face. -

La suture coronale est libre dans toute son étendue, sans

trace de synostose. Les fontanelles et la suture métopique

sont fermées.

(1) Afin de nous assurer que les enfants qui nous arrivent ne sont pas à la

période d'incubation d'une affection aiguë, nous faisons prendre leur T. R.

pendant les cinq premiers jours de leur admission, ce qui nous a permis de

constater que Roc... avait d'habitude une T. basse. 4 mai, soir : 31°. - 5 mai :

37° et 37°1. - 6 mari : 37° et 37*. - 7 mai : 36,, 8 et 37°.

96 -Double porencéphalie vraie.

Lorsque la calotte est enlevée, la dure-mère apparaît disten-

due par du liquide et l'e osa 111 b le à deux P )¡;/leS i IlCO Illp tète m8n t

remplies de 1 quide, c'est-à-dire affaissées ou pli-sées par

places. Il s'écoule pendant l'enlèvement de la calotte 100 gram-

mes de liquide céphalo-rachidien et de sang. Lorsqu'on pro-

cède à l'ablution de l'encéphale, il s'écoule encore 1GO gram-

mes de liquide céphalo-rachidien.

Au premier examen, ce qui frappe surtout c'est la dispro-

portion qui existe entre les deux hémisphères cérébraux. Le

gauche est allongé, en quelque sorte athlé dans le sensautero-

potérienr. L'hémisphère droit est tassé sur lui-même dans le

sens autero-posterieur. Il est, au contraire, élargi clans le

sens transversal.

Double porencéphalie vraie. 9T

porus l'a détruite et ce bord supérieur se continue insensi-

blement avec la face inférieure. .

Le bord supérieur du porus est bordé par les circonvo-

lutions frontale et pariétale ascendantes séparées par le sillon

de Itolando. /

Ce que nous avons dit de la situation du porus sull'tt faire

comprendre que les circonvolutions frontales et/pariétales

ascendantes sont forcément incomplètes : leur^-partie infé-

rieure est totalement détruite et remplacée le le pseudo-

kyste cuti remplit le porus ; leur tiers supérieur seul persiste.

De la frontale ascendant, se détacheyra. a circonvolution

frontale qui est assez nette. / '

Le pli pariétal supérieur, le pli pacta inférieur sont

Le pli pariétat supél'ieur, le pli Pi} iétal inféi'iew' sont

aussi assez bien distinctes. Leur volupté est presque normal.

Le lobe pariétal est séparé du lohe occipital par une scissure

perpendiculaire externe bien développée. Les circonvolutions

occipitales sont rudimentaires et du volume d'un lombric.

Le fond du ponts est tapissé par une membrane séreuse

qui se continue avec celle des ventricules. En soulevant le

bord supérieur on arrive à voir le 3" ventricule qui commu-

nique largement avec le ventricule latéral du même côté,

dont le porus n'est que la continuation. Le 3° ventricule n'est

pas dilaté.

Face inférieure. - Les circonvolutions de cette face sont

très irrégulières. Les circonvolutions frontales sont larges,

étalées. Les sillons qui les séparent sont peu profonds.

L'étage moyen occupé par le lobe tcmporo-spliénoïdal est

à peine indiqué, la plus grande partie ayant été détruite par

l'épanouissement du porus sur la face inférieure du cerveau.

- Le lobule de l'hippocampe, la corne d'Ammon n'existent

plus.

Hémisphère droit. - Ici le porus occupe surtout la partie

supérieure de la face convev : e de l'hémisphère dont il intéresse

le bord supérieur. Ce porus est distant de 4 centimètres de la

pointe du lobe frontal. Il est moins vaste que celui du côté

gauche et ne mesure guère que 3 centimètres dans son plus

grand diamètre. Il a plutôt la forme d'une fente qui croit en

s'élargissant depuis son origine dans le tiers inférieur du sil-

lon de Rolando, jusqu'à sa terminaison à l'extrémité supé-

rieure de ce sillon.

Il s'agit là d'un véritable écartement des deuxbords du sillon

de Rolando Cet écartement estminimunen bas. Il est maximum

en haut où il atteint 3 centimètres. Le fond du sillon est détruit

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892. 7

98 Double l'OHENCEPHALIE vraie.

et on tombe directement dans le ventricule latéral. Le plan-

cher du troisième ventricule n'est pas même respecté et il

n'existe plus que sous la forme d'une très petite et très étroite

bandelette tout à fait à la partie interne.

La frontale ascendante borde en avant le porus. Elle s'ar-

rondit en s'élargissant considérablement. On dirait qu'elle a

été aplatie du fait de la traction qu'on aurait exercée sur elle.

FI et F2 sont le siège de nombreuses adhérences des enveloppes

qui ont en grande partie entraîné la substance grise corticale.

Fs a le volume d'une grosse et affecte une dispo-

sition contournée qui échappe à la description. - La scissure

de Sylvius n'existe pas. non plus que le lobule de l'insula.

Sur le versant opposé du porus, la pariétale ascendante

s'étale, présentant le même aspect que la frontale. Ces cir-

convolutions fortement séparées l'une de l'autre ne peuvent

se réunir à leur partie terminale, et il est à peine besoin de

dire que le lobule paracentral n'est nullement représenté.

Les circonvolutions pariétales qui s'en détachent sont net-

tement séparées des circonvolutions occipitales par une scis-

sure perpendiculaire externe très accusée.

Au fond du porus on voit le ventricule /attirât qui est quel-

que peu dilaté. On aperçoit le pédoncule cérébral qui est gros

et renflé. Les noyaux gris centraux sont dillicilement dif-

férenciables des circonvolutions de la face inférieure du lobe

frontal, très rudimentaires et à peine séparées entre elles par

de minces sillons peu accusés.

Le lobe ton.poi'o-8pë)toMa est figuré par quelques circon-

volutions peu volumineuses, se prolongeant insensiblement

avec celles de la face convexe.

Au niveau du prolongement occipital du ventricule, on voit

une nouvelle communication s'établir entre la superficie du

cerveau et l'intérieur de ce prolongement. Cette communica-

tion se fait sous forme d'une fente assez large (15 mm.) et

longue de 3 cent. Elle contourne la circonvolution de l'hippo-

campe qui est assez nette. (Voir Planches VIII, IX, X, ,XI.)

Les pédoncules cérébraux n'offrent rien de particulier.

Le quatrième ventricule est iiot-iiiiil. - Le bulbe paraît être

complet ; macroscopiquement on lui distingue toutes ses par-

tics intégrantes. - Le cervelet est symétrique, parfaitement

constitué - La protubérance n'est plus représentée que par

une bandelette peu épaisse, qui affecte l'apparence d'un large

ruban très aplati. Nul doute qu'elle ne soit très atrophiée

dans les parties constituantes.

Double l'OaENCEPH1LIE vraie. ,99

Cou. - Le larynx le corps thyroïde sont normaux. - On

remarque de nombreux et assez volumineux ganglions péri-

traciléo-bronchiques. - Thymus : pas de renseignements.

Thorax. Les poumons sont congestionnés. Le droit pèse

118 gr. Son sommet est sain, de même que les languettes anté-

rieures. Le bord postérieur est rouge foncé à la coupe, on

tombe sur un parenchyme rouge foncé d'où sort par la pres-

sion une écume sanguinolente et de l'air. Un fragment jeté

dans l'eau surnage. Le poumon gauche pèse 115 gr. et pré-

sente absolument le même aspect que le droit. Le coeur (70

est vide et sain. Le trou de .Rota ! est obturé.

Abdomen. Foie (4'u gr.), d'un beau jaune doré avec des mar-

brures plus claires au niveau du ligament suspenseur. Aucune

altération la coupe. La vésicule biliaire ne renferme pas de

calculs. - Réin droit ( ! 10 b r ? rein gauche (42 gr.), rien de parti-

culier ainsi que la rate (30 et le le pancréas ( 15 br.l. Pas de

calculs dans la vessie ou les bassinets. - La mort est due à

la congestion des poumons.

Réflexions. z Le : : antécédents héréditaires sont

peu chargés dans ce cas : quelques excès de boisson

chez le père et. le grand-père paternel de l'enfant et

des convulsions de la mère durant son enfance,

convulsions qui ont produit un certain degré d'arrié-

ration intellectuelle. Toutefois, comme nous avons

des lacunes clans nos renseignements, nous sommes

obligés de nous tenir sur la réserve.

II. Nous sommes très enclins à rattacher l'arrêt de

développement du cerveau, la double porencéphalie

vraie, qui a eu l'idiotie complète pour conséquence,

à la violente émotion éprouvée par la mère au

cinquième mois de sa grossesse.

111. 11 est souvent très dillicile de bien faire préci-

ser aux parents l'état réel de leur enfant avant les

accidents auxquels ils rattachent avec plus ou moins

de raison la maladie mentale. Ici, par exemple, nous

voyons que ce sont les convulsions qui ont attiré l"at-

100 Double porencéphalie vraie.

tention des parents et, cependant, il s'agit d'un arrêt

de développement congénital. Il est juste de recon-

naître que les convulsions sont venues il 3 mois et que,

à moins d'avoir une très grande expérience des enfants,

il est difficile de faire une description psychique com-

parative à cet âge.

En tout cas ces convulsions nous semblent devoir

être rattachées aux lésions de méningo-encéphalite,

constatées à l'autopsie et c'est aussi à elles qu'il con-

vient d'attribuer l'épilepl : 51e.

IV. Nous avons toujours soin dans nos observations

de décrire les tics des enfants. Vioc... en avait plu-

sieurs : l'un d'eux consistait en un balancement, laté-

ral de la tête. Ce genre cle tics offre, ainsi que nous

l'avons déjà dit, plusieurs variétés : parfois on note un

balancement unléro-poslérieur du tronc, ou un balao-

cement latéral; d'autres fois on observe un mouvement t

de rotation de la tête. Toutes ces variétés peuvent

être réunies chez le même enfant. Souvent le balan-

cement s'accompagne d'une sorte de chantonnement,

compliqué ou non de grimaces, décris. Dans d'autres

cas, les grimaces et le chantonnement se montrent

dans les intervalles du balancement. Celui-ci est quel-

quefois presque continu, quelquefois il se produit par

accès.

V. Dans ce cas, la porencéphalie s'accompagnait

d'un arrêt cle développement de la tête se traduisant

ainsi que cela ressort de la description clinique du

malade, par la macrocéphalie. Des personnes peu

au courant des maladies chroniques de l'encéphale

pourraient supposer que cet état de microcéphalie

de l'enveloppe osseuse a pu gêner le développement

de l'encéphale, et l'empêcher d'arriver il l'état parfait.

Cette supposition tombe devant l'examen de la calotte

Porencéphalie vraie. 101

du crâne. En effet, outre qu'elle porte de nombreuses

plaques transparentes, ses sutures ne présentent en

aucun point des traces de synostose. Ce n'est donc pas

une synostose précoce qu'il faut incriminer dans notre

observation. Le cerveau avait toute liberté pour se

développer ; l'enveloppe osseuse ne s'est arrêtée dans

sa croissance que parce que le cerveau s'était précé-

demment arrêté lui-même dans la sienne. Une

craniectomie n'aurait pu remédier en rien à cet état.

VI. Dans le Compte-rendu de 1890, l'un de nous

a publié en collaboration avec M. Sollier un mémoire

sur la porencéphalie, comprenant deux cas de poren-

céphalie vraie et, en 1891, un autre cas accompagné

de planches. La nouvelle observation de porencépha-

lie qui fait l'objet de cette discussion et qui porte à

quatre seulement le chiffre des cas observés depuis

1879 dans le service des enfants de Bicêtrc, nous parait

mériter une sorte de rapprochement, de parallèle, avec

les cas du service antérieurement publiés. / - :

Nous avons dit autrefois qu'il fallait établir une dis ?

tinction entre les porencéphalies. Il y en a de zriés'

il y en a de fausses. Les premières sont congénitales ? ;

et sont caractérisées par l'existence d'une commui9à ?

tion entre la surface de l'hémisphère atteint et le vejîr'v

tricule latéral. Les bords du pontes ne sont pas creuse^

à pic; ils sont tapissés par les circonvolutions voisin

nes qui se rélléchissent le long de ses parois, allant

ainsi cle la face convexe jusqu'au fond du porus.

La au contraire, se caracté-

rise par une perte de substance due à des causes diver-

ses, perte de substance variable en profondeur, et dont

les parois montrent la disposition stratifiée des couches

qui ont été intéressées. Nous ne nous occuperons pas

de la pseudo-porcncéphalie.

La pathoa'énie cle la porencéphalie vraie a donné

d02 Porencéphalie vraie.

lieu à de nombreuses hypothèses. Les uns ont

voulu la mettre sur le compte d'un arrêt de dévelop-

pement; d'autres ont incriminé l'hydrocéphalie, suffi-

sante d'après eux, pour détruire les hémisphères par

accumulation dans le crâne d'une quantité anormale

de liquide.

.

Pour Kundrat la porencéphalie congénitale est le

résultat d'un anémie profonde des départements corti-

caux, surtout de ceux que dessert la sylvienne. Cette

anémie entraîne une encéphalite destructive. Suivant

le même auteur, l'hémorrhagie cérébrale ne saurait

être sérieusement invoquée. On sait qu'elle est excep-

tionnelle chez le foetus.

Lallemand (de Nancy) admet à la suite d'une ané-

mie intense des circonvolutions, l'établissement d'une

encéphalite déterminant une sclérose des circonvo-

lutions insuffisamment irriguées. Quoiqu'il en soit, il

est certain que la parencéphalie vraie s'établit au cours

de la vie intra-utérine, ce qui la différencie encore de

la pseudo-porencéphalie qui, elle, se montre surtout

après la naissance (ramollissement, hémorrhagie, encé-

phalite, etc.).

Il est de toute évidence de par le siège variable

de la lésion, de par son étendue, tantôt vaste, tantôt

réduite à des proportions minimes, et intéressant par

conséquent des territoires affectés à des fonctions

diverses, que l'on ne saurait tracer de cette affec-

tion un tableau symptomatique précis. Nous dirons

seulement que l'idiotie, les paralysies et les contrac-

tures sont le cortège habituel d'un parus cérébral. La

lecture de nos observations suffira pour s'en convaincre.

De nos quatre malades, un, Arn ? est mort par

asphyxie due à l'introduction du lait dans les voies

respiratoires ; un, Pot.. de broncho-pneumonie, le troi-

Porencéphalie vraie. 103

sième, V... cle tuberculose pulmonaire et péritonale

enfin, le dernier, Rot, a succombé à une congestion

pulmonaire.

L'ensemble des symptômes observés chez nos qua-

tre malades aboutissait au diagnostic : idiotie complète

et permettait d'en déduire qu'une amélioration sérieuse

paraissaitfort aléatoire. Mais,poursc prononcer d'une

manière motivée sur la possibilité ou l'impossibilité

d'un amendement intellectuel dans l'idiotie sympto-

matique de porencéphalie, il faudrait disposer d'un

nombre considérable d'observations. En Amérique, on

a eu recours à la craniectomie dans des cas de ce genre

dont on n'avait certaine.T.ent pas fait d'ailleurs le dia-

gnostic. Inutile cle dire que cette intervention cliirur

gicale n'a produit aucune amélioration et qu'au point

de vue cle l'état du crâne et du cerveau elle n'est nul-

lement justifiée.

En poursuivant la comparaison entre les quatre cas

cle porencéphalie, vraie que nous avons recueillis jus-

qu'à ce jour, il est facile de voir qu'au point de vue

clu si nre la lésion varie peu. C'est toujours le territoire

irrigué par la cérébrale moyenne qui est creusé par

le porus. 1 ? F A, P A, Pu, T', sont les circonvolutions

le plus souvent intéressées. Les circonvolutions situées

autour d'elles peuvent aussi être altérées, mais elles

le sont seulement lorsque le porus a des dimensions

énormes.

La chose est très nette sur l'hémisphère droit de

St. Arn. La première temporale manque. Les frontale et

pariétale ascendantes sont détruites vers leurs tiers

inférieur. Il en est de même pour le pied de F3 et de

P2. Cette disposition met complètement à découvert

sur ce cerveau le lobule de l'insula.

Le cerveau cle St-Arn.. est, sous ce rapport, com-

parable à celui des singes. Le développement des cir-

convolutions cle l'hémisphère et surtout du lobe frontal

104 Porencéphalie -vraie.

n'a pas été suffisant pour déterminer la formation

d'opercules qui recouvriraient le lobule de l'insula. A

l'état normal, en effet, ce lobule est recouvert par deux

opercules constitués par deux saillies qui surplombent

celle du pied des deux circonvolutions rolandiques,

(opercule supérieur) et celle de la première temporale

(opercule inférieur); le cap de la troisième frontale

forme en outre un opercule accessoire.

Le lobule de l'insula de St-Arn...., s'il est à décou-

vert comme celui des singes, se distingue cependant

de celui de ces animaux en ce qu'il est volumineux

et nettement différencié au point de vue des circonvo-

lutions qui lui appartiennent.

Si on passe au cerveau de Pot ? on se trouve en pré-

sence d'une porencéphalie double siégeant en deux

points symétriques des deux hémisphères. Le terri-

toire d'irrigation de la sylvienne est ici encore une fois

très nettement intéressé des deux côtés.

Sur le cerveau de Viv.. et sur celui de Roch.. nous

faisons la même constatation.

Au point de vue de la bilatéralité ou de l'unffh ?

lité de la lésion, nos quatre cas se partagent ainsi :

01) Porencéphalie vraie.

Au point de vue de l'étendue cle la lésion, nos quatre

cerveaux nous offrent en quelque sorte une gamme

d'accroissement des porus. Sur le cerveau de St Arn ?

le porus ne mesure que 30 millimètres dans la plus

grande longueur; chez Pot., le porus gauche mesure

53 millimètres et le droit, 3o millimètres ; chez Viv ?

le ventricule latéral droit est ouvert dans toute son

étendue, jusque dans ses prolongements postérieurs.

Le porus de Roc... ne mesure pas moins de 70 milli-

métrés à gauche dans son plus grand diamètre. Rien

n'est donc plus variable que l'étendue de la lésion

porencullhaliquc.

Ce qui est, par exemple, toujours constant dans nos

quatre cas, c'est la disposition des bords du porus.

On n'observe pas une seule de ces excavations dont la

paroi affecte la forme stratifiée qui est le propre de

la 2setcclo-pore7tréhlzalie, et qui dénote la destruc-

tion successive des couches constituantes de l'hémis-

phère. Sur nos quatre cerveaux les parois des porus

sont tapissées par la réflexion des circonvolutions voi-

sines.

Il nous a paru bon d'examiner aussi sur les calottes

crâniennes qui ont recouvert ces divers cerveaux, si

le développement incomplet de l'encéphale pouvait

être mis sur le compte d'une synostose prématurée.

1° En ce qui concerne St-Arn.. la calotte est légère,

peu dense. Les os qui la constituent sont peu épais. Ils

le sont également des deux côtés. La sagittale est

libre dans toute son étendue aussi bien sur la table

interne que sur la table externe. Il en est cle même de la

coronale et do la lambdoïde. Les fontanelles sont

oblitérées. Les Irons pariétaux sont très développés.

Il y a une légère plagiocéphalie avec prédominance

cle la bosse frontale droite.

106 Porencéphalie ET craniectomie.

2° Chez Pot ? même minceur, même légèreté de la

calotte; plaques transparentes fort étendues, siégeant

vers la partie inférieure du pariétal droit.

Sutures coronale, sagittale et lambdoïde entièrement

libres de travail synostosique. Notons sur la coronale,

l'existence d'un petit qui siège sur son côté

droit à un centimètre et demi de l'aboutissant de

l'extrémité antérieure de la sagittale. Ce petit pertuis

occupe le centre d'une plaque transparente. Pla-

giocéphalie très marquée avec prédominance de la

bosse frontale droite.

3° La calotte de Viv... est très volumineuse : on dirait

d'une calotte d'hydrocéphale, et cela rapproché de

l'énorme étalement du ventricule latéral du côté droit

de l'hémisphère, on ne serait pas éloigné de croire,

avec les partisans de cette théorie, que l'hydrocépha-

lie a joué un rôle dans la production de ce porus.

Quoiqu'il en soit, comme les précédents, le crâne de

Viv... est libre de tout travail synostosique.

4" Chez Roc..., la calotte crânienne, de dimensions

réduites, a une grande légèreté et est presque entière-

ment transparente. Nous avons dit plus haut (p. 95)

qu'il n'y avait aucune trace de synostose. La disposi-

tion trigonocéphale est très nette, et nous n'hésitons

pas à la mettre sur le compte du défaut de dévelop-

pement des lobes frontaux, défaut de développement

qui a eu pour conséquence l'absence de formation des

lobes frontaux.

On ne saurait mieux trouver pour mettre en évi-

dence cette vérité, à savoir que le développement de

la calotte osseuse de l'encéphale est sous la dépen-

dance du développement des centres nerveux. Si l'ac-

croissement de ces derniers s'arrête, la boite osseuse

cesse de s'accroître.

Porencéphalie ET craniectomie. 107

Inutile d'ajouter, après ce que nous venons de dire

de l'état du cerveau et de l'état du crâne, que dans

les cas d'idiotie relevant cle la poremoéphalie la cra-

niectomie ne peut avoir aucune influence avantageuse

pour les malades.

IX.

Epilepsie ; tuberculose pulmonaire ;

Par BOURNEVILLE et FERRIER.

SOMMAIRE. - Père, excès de boisson, mort de laryngite tuber-

culeuse. - Oncle paternel, convulsions de l'enfance, mort

de phthisie. - Autre oncle- paternel, convulsions de l'en-

fanez Mère, excès de boisson, morte phlhisique. -

^Grand-père paternel mort phthisique.

Emotion vive au cinquième mois de la grossesse. - Nais-

sance à 7 mois. - Début de l'épilepsie à 3 ans ( ? ). Excès

de boisson. - Tuberculose pulmonaire ; mort.

Autopsie : Epaississement et congestion de la pie-mè1'c;-

tuberculisation avancée du poumon; - hypertrophie du

foie, de la rate', etc.

L'hom..., (Charles Emile François), né à Paris, le 20 avril

1874, sommelier, est entré le 24 février 1892 à Bicêtre (service

de M. BOURNEVILLE,.) .

Antécédents (Renseignements fournis par le patron' et

surtout par l'oncle de l'enfant, le 22 avril 1892.) - Père, a eu

des convulsions dans l'enfance. Pas de chorée, de rhumatis-

mes, de dartres, de migraines, ni de fièvre typhoïde. C'était

un homme très vigoureux, il ne paraissait pas avoir eu, la

syphilis et n'a jamais eu aucun accident nerveux. Il buvait et

fumait beaucoup. D'un caractère doux habituellement,- il

devenait furieux lorsqu'il était ivre, et brisait tout à la maison.

Il y a 4 ans, il fut atteint de tuberculose, qui se localisa bientôt

au larynx. On lui fit la trachéotomie à Lariboisière pour des

accès de suffocation, et il sortit de l'hôpital, avec sa canule,

Antécédents héréditaires. 109

au bout de 3 jours. 11 mourut un mois après sans que la

canule eut été enlevée; il avait39ans.- [Père, mort en 1871, à

58 ans, d'un coup de feu. Sobre, un peu colère, mais très-

affectueux pour ses enfants. Pas de maladies nerveuses.

Mère, non nerveuse, morte « de chagrin» » 58 ans également,

6 mois après son mari ; elle avait un ulcère variqueux à lajambe

gauche. Grands-parents paternels et maternels, totalement

inconnus. - Aucun renseignement au sujet des oncles et

tantes. - Un frère mort phtisique à 34 ans, sobre, doux.

Un second frère est vivant : c'est celui qui nous fournit les

renseignements. Il parait en assez bonne santé, mais a eu,

étant soldat, une adénite cervicale pour laquelle il a été

réformé. Tous deux ont eu des convulsions dans l'enfance.

Uhe ,'11'111', sans enfants, bien portante. - Les enfants du

second frère sont bien conformés, en bonne santé, affectueux.

On ne connaît dans la famille ni idiots, ni épileptiques, ni

bègues, ni sourds-muets, etc.]

Mère, morte phtisique, iL 3G ans, en 1891. On ignore si

elle a eu des convulsions dans l'enfance ; elle aurait eu

une fièvre typhoïde à 10 ou Il ans, rien de plus. D'après

le patron de l'enfant, cette femme s'adonnait à la bois-

son comme son mari. [Père, mort phtisique, à 50 ans.

Mère, de 7 ans plus âgée, serait morte également phti-

siqtte CI) a 74 ans. Tous deux étaient sobres et de caractère

calme. Grands-parents paternels, oncles et tantes mater-

nels inconnus. Une soeur serait morte très jeu ne. Pas d'idiots,

d'épileptiques, d'aliénés, de bègues, de sourds-muets, de dif-

formes, etc., dans la famille.]

Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de 4 ans (père plus

âgé).

Deux enfants : 1° une fille venue il 6 mois et qui n'a vécu que

quelques semaines ; 2° notre malade.

Noire malade. Vers le quatrième mois de la gros-

sesse, la mère éprouva une violente émotion à la vue d'un

couvreur tombant d'un toit, et qu'elle crut être son mari.

Il n'y eut, ni à ce sujet ni à aucun autre pendant la grossesse,

aucune syncope ou autre phénomène nerveux. L'accouche-

ment eut lieu à 7 mois, sans qu'on puisse donner de cause

à ce fait, après un travail de courte durée. Il n'y avait pas

d'asphyxie à la naissance. L'enfant fut mis dans de l'ouate,

et nourri avec du lait de vache. Il grandit normalement. On

ne sait ni à quel âge il fut sevré, ni à quel âge il eut soit sa pre-

mière dent, soit sa dentition temporaire complète. - L'enfant

110 Antécédents personnels.

paraissait intelligent, connaissait bien ses parents. On ne sait

s'il a eu des convulsions. On ne peut donner aucun rensei-

gnement sur les maladies qu'il peut avoir eues. Au sujet de

l'épilepsie, les dires du patron et de l'oncle s'accordent pour

en faire remonter le début l'enfance. Pour l'un, L'liom... « a

toujours tombé » ; pour l'autre, on s'est aperçu qu'il était épi-

leptique lorsqu'il commença à marcher, c'est-à-dire vers 3 ou

4 ans. A cette époque, voici quel était approximativement le

tableau de l'accès : l'enfant « tournait sur lui-même » sans

pousser un cri, et «tombait comme une masse ». Après la

chute, il parait bien avoir eu des convulsiuns toniques, puis

quelques légères convulsions cloniques. Ces phénomènes,

accompagnés de pâleur de la face et de bave dans les pre-

miers temps, sans slertor, constituaient tout l'accès. Après

l'accès, l'enfant dormait environ une heure. A son réveil, il

restait hébété : mais il reconnaissait ses parents. Il n'aurait

jamais eu de délire. Il n'urinait pas bous lui; il se levait

quelquefois après l'accès pour uriner.

Ces accès étaient surtout nocturnes, et survenaient en

moyenne une fois par semaine, quelquefois à deux jours d'in-

tervalle. Le nombre est toujours resté à peu près égal. Cepen-

dant des accès auraient pu passer inaperçue la nuit.

Le récit que fait le patron de l'enfant au sujet des accès de

ces dernières années est sensiblement le môme que celui de

l'oncle. La tête se tournait il droite; mais il n'y avait aucune

prédominance des convulsions d'un côté du corps.

L'enfant n'avait pas de vertiges, mais lorsqu'un accès était

imminent, ses yeux» devenaient fixes.» Ces accès lui revenaient

quelquefois tous les 2 ou 3 jours; parfois aussi plus de trois

semaines s'écoulaient sans qu'il s'en présentât. A cause de

ses accès, on ne voulut pas le garder à l'école. L'enfant, se

servant de ce qu'on lui avait appris, continua à faire des pro-

grès, et parvint seul à lire et à écrire.

L'h... n'a pas de mauvais instincts, toutefois il est très ta-

quin. On n'a pas constaté d'onanisme et ou pense qu'il n'a

jamais eu de rapports sexuels. - Les fonctions digestives ont

toujours été régulières. L'h... a eu, on ne sait il quel âge, des

oxyures vermiculaires. Il aurait été propre de bonne heure ?

D'après son patron, « il s'adonnait à la boisson, comme son

père et peut- être sa mère. » Il a commencé à tousser il y a 3 ou

4 ans; on ne lui a pas vu d'hémoptysie. ,

Etat actuel. - L'enfant est d'une pâleur terreuse. Il est

amaigri. Les yeux sont excavés et brillants, fortement cer-

t-11 Description du malade.

nés. Il parle péniblement. Son débit, entrecoupé de quintes

de toux, est aussi interrompu par des efforts inspiratoires. La

physionomie exprime l'hébétude et décèle le mauvais état de

la santé générale.

Le cott présente, sur le côté droit, une cicatrice allongée

dans le sens antéro-postérieur, trace d'un abcès ganglion-

maire survenu il y a 7 ans. Il y a sur le bras droit, au niveau

du tiers inférieur, une cicatrice résultant d'une morsure de

chien.

Tête. Cheveux clairsemés, châtains, régulièrement implan-

tés. - Crâne volumineux, plagiocéphale, aplati dans le sens

transversal, paraissant symétrique. Les fontanelles sont

comblées. - Le (l'ont est haut et découvert. - La face est

allongée en ovale. Elle est asymétrique et le nez est dévié du

côté gauche. Les arcades sourcilières, nettement dessinées,

et proéminentes, sont recouvertes de sourcils noirs, particu-

lièrement abondants, se rejoignant d'un côté à l'autre sur la

racine du nez. Les paupières sont minces, se relèvent bien,

et produisent en s'abaissant l'occlusion parfaite de l'oeil. Les

cil" noirs, sont longs et abondants. Yeux bien mobiles; pas

d'exopthalmie. Pas ? strabisme, ni de paralysie clos muscles,

soite xti-iiisècllics soit intrinsèques. l'as de nystagmus. L'iris

est châtain foncé. Les pupilles, égales, réagissent bien à la

lumière et il l'accommodation. 11 n'y a pas de lésion de la cor-

née ou de la conjonctive. La sensibilité de ces parties est

parfaite. L'acuité visuelle est normale. L'h... différencie les

couleurs. Pas de diplopie, ni de rétrécissement du champ

visuel. Le ne : est droit, allongé, légèrement rentlé à la

pointe. Les ailes du nez sont symétriques, les narines bien

ouvertes, la cloison est déviée à gauche. Les pommettes,

saillantes, sont régulières, symétriques, Bouche de gran-

deur moyenne. Lèvres, saillantes et épaisses, surtout l'infé-

rieure, fendillées et gercées. Voile du palais régulier. Amyg-

dales non hypertrophiées. Goût intact.

Le menton porte une fossette qui lui donne une apparence

bifide. La saillie est plus accentuée à gauche. Oreilles grandes,

à pavillon largement étalé et quelque peu décollé. Lobule

bien détaché. Rien d'anormal dans les diverses parties de

l'oreille.

Cott maigre et long. - Corps thyroïde normal. - La voix

est rauque et voilée, plus basse qu'à l'état normal.

Thorax. Le gril costal est appréciable àla simple inspection.

La respiration est faible, entrecoupée. (Tuberculose pttlmo-

Tuberculose pulmonaire. 112

«aire au 3° degré). Rien de particulier iL signaler pour le

coeur. Pouls régulier. - ! lbclnmen souple, non douloureux à

la palpation. Région anale saine.

Membres supérieurs amaigris. Muscles sans puissance.

Mains osseuses. Doigts longs et nerveux, non hippocra-

tiques. - Rien de particulier pour les membres inférieurs.

Sensibilité intacte au toucher, il la douleur, àla température.

Puberté. Poils nombreux sur le pubis. Verge longue de 8

centimètres. Circonférence : 7 centimètres. Le prépuce se

relève facilement en arrière du gland. Testicules égaux, bien

développés, de la grosseur d'un (cul de pi2'on. Rien à l'épi-

didyme.

5 avril. L'h ? clui est resté continuellement à l'infirme-

rie depuis son entrée dans le service, présente un amai-

grissement très prononcé de la face et du corps. Il tousse

continuellement. Son expectoration consiste en crachats

nummulaires, puriformes, nageant dans un liquide clair.

Les quintes de toux déterminent des vomissements alimen-

taires. L'appétit est très faible. Pas de diarrhée. y a des

gargouillements très étendus dans les poumons, principale-

ment dans le poumon gaucho. Le murmure vésiculaire est

faible clans le reste des poumons.

18 avril. L'h.... se plaint de dysphagie et de dysphonic.

Badigeonnages du pharynx avec une solution de cocaïne à 5

0/0. Congestion de la base gauche, au-dessous de la zone du

gargouillement.

fer mais L'h ? qui s'affaissait de plus en plus et qui avait

depuis une huitaine de jours une diarrhée incoercible, a eu

ce matin des accès cle dyspnée plus prononcés et est mort il

9 heures avec des phénomènes d'asphyxie.

Au moment de la mort, la température était de 3ï°; un

quart d'heure après, elle était de 3Co, 2 ; - une heure après

de 3'lo. 4. La température de la salle était primitivement de 10°,

ensuite de 8°. Poids après décès; 43 k. 100.

Autopsie faite 3O heures après décès. - Tête. A l'ouverture

du crâne, il s'écoule du liquide céphalo-rachidien en quantité

un peu plus grande que de coutume. La calotte présente une

certaine asymétrie : en avant, la partie droite du frontal est

un peu proéminente; en arrière, au contraire, le pariétal gauche

dépasse l'os correspondant du côté droit et le côté gauche de

l'occipital est plus saillant que le droit. - Les sutures tam-

doïde et sagittale n'offrent pas de trace de synostose. Il en

Autopsie : crâne. 148

est de même du côté gauche de la suture fronto-pariétale, et

de la plus grande partie de son côté droit Mais, sur une lon-

gueur de 3 cent., de haut en bas à partir de la limite de la

temporale, la suture ne laisse voir sa place que très vague-

ment, au moins en dehors. En effet, elle est encore très nette

à la face interne de la calotte. Au-dessous de la portion de

cette suture qui est complètement oblitérée à la face externe,

il existe encore quelques parcelles de suture circonscrivant

deux ou trois espèces de presqu'iles osseuses.

La face externe de la calotte présente comme particulari-

tés : 1° du côté gauche du frontal deux sillons presque verti-

caux, à un peu moins d'un centimètre l'un de l'autre, l'inté-

rieur, court, peu profond, est situé à demi distance entre la

ligne médiane et la partie inférieure gauche de la suture méto-

pique ; le postérieur, long d'environ 5 centimètres, remonte

obliquement en arrière et en dedans jusqu'à un centimètre

de la même suture; - 2° la conformation particulière des

fosses temporales, qui n'offrent pas de dépression, sauf à la

partie moyenne de la fosse temporale gauche.

Vue par la face interne, la calotte est en grande partie opa-

que et laisse voir un certain nombre de points plus ou moins

translucides. Ces points ne sont indiqués à la face externe

par aucune dépression, tandis qu'à la face interne ils corres-

pondent à une diminution très nette d'épaisseur. Au voisi-

nage delaligne médiane se trouvent deux points, l'un droit, l'au-

tre gauche, situés tous les deux au point culminant de la calotte..

Tous les deux sont allongés d'avant en arrière. Celui de gau-

che présente en outre une branche dirigée en dehors, et abou-

tissant au sillon antérieur de la méningée moyenne, qu'elle

prolonge exactement. A droite, cette partie moins épaisse

a une longueur de 3 centimètres, avec une partie plus épaisse

en avant et une partie extrêmement mince en arrière. A gau-

che, elle est à 15 millimètres de la ligne médiane ; elle est

d'une épaisseur à peu près uniforme. A la partie moyenne du

frontal, à un centimètre à gauche de la ligne médiane, existe

une autre dépression de la table interne. Il en existe une

a utre un peu plus bas,à droite, mais celle-ci est moins pro-

noncée. Sur les côtés se trouvent, au niveau des pariétaux,

un peu au-dessus de chacun des temporaux, des plaques

translucides, présentant un certain nombre de points épaissis-

Des deux côtés, le sillon de la méningée moyenne est trans-.

lucide sur une partie de son étendue, mais principalement à

droite. -La base du crâne est asymétrique. Le trou occipital

est très oblique.

Bourneville, Bicêtre, 4592. '8 8

il4 Autopsie : crâne ET cerveau.

Pas de congestion de la pie-mère de la base. Les lobes

frontaux sont un peu accolés à leur face interne. On les sépare

d'ailleurs facilement. Sur la face convexe, principalement sur

le lobe frontal, sur les F A et P A, la pie-mère est un peu

épaissie, blanchâtre, et cela sur chaque hémisphère. - Les

artères, les nerfs de la base paraissent tout,il,fait symétriques.

Les tubercules mamillaires sont égaux, les tubercules qua-

drijumeaux n'ont rien de remarquable.

Hémisphère droit.- La se fait facilement. Le

ventricule latéral, la corne d'Ammon, les masses grises, n'offrent t

aucune lésion. Les scissures de Rolando et de Sylvius sont bien

dessinées et se continuent par une entaille peu profonde, creu-

sée dans le pli de passage superficiel qui réunit les deux circon-

volutions F A et P A. La scissure occipitale ne se prolonge

pas sur la face externe. Les sillons sont en général profonds,

surtout les sillons frontaux. Cette remarque s'applique égale-

ment à l'hémisphère gauche. Les circonvolutions sont

lisses à la face externe et à la face interne. Mais ;a la faca

inférieure, au niveau du lobule orbitaire, un lambeau de pie-

mère resté adhérent ne s'arrache qu'en laissant à la substance

grise un aspect «granité» Les circonvolutions frontales sont

asse sinueuses et nettement séparées il leur origine. Dans

leur .iers antérieur elles offrent de fréquents plis de passage

soit profonds, soit superficiels. Les circonvolutions parié-

tales, occipitales, temporales, n'ont rien de particulier. -

Rien à noter au sujet de l'insula, ni au sujet des circonvolu-

tions de la face interne et des noyaux gris.

Ilén21spltère gauche. La pie-mère est épaissie sur toute

la convexité. La décortication est facile. Pas de lésions

macroscopiques.

On ne peut que faire les mêmes observations sur cet

hémisphère que sur l'autre; il fajt pourtant noter qu'il

n'est pas resté de pie-mère adhérente à la face infé-

rieure du lobe frontal ; que la scissure de Sylvius n'est

pour ainsi dire pas séparée de la scissure de Rolando,

puisque ces deux scissures communiquent par-dessus nu

pli de passage profond. Les deux branches inférieures de la

scissure de Sylvius sont bien nettes. - Les circonvolutions de

la face externe, de la face interne, de la face inférieure sont

lisses. - Les noyaux gris, le ventricule latéral n'offrent rien à

signaler.

Autopsie : tuberculose pulmonaire. ii5

Cou. Le corps thyroïde, normal, pèse, 32 grammes. Pas

de thymus.

Thorax. - ( : oeu ? j ? 00 'r.) Péricarde épaissi. Il y a environ

(>0 gr. de liquide péricardique ; pas de lésions d'orifices ni de

persistance du trou de Botal.- Poumon droit (1000gr.). Légè-

res adhérences. Très nombreux tubercules surtout dans les

lobes supérieurs. - Poumon gauche (1150 gl'.) ; adhét'cnee

complète et épaississement des hlèvrcs. \-ontbre2t.,es cive ? .)les.

Tubercules fort nombreux dans le reste du tissu pulmonaire.

Abdomen. Le foie est très volumineux ( ? 000 gr.). Il est

adhérent par toute sa surface, et a subi la dégénérescence

graisseuse. - Le rein droit et le rein gauche pèsent chacun

180 gr. Ils sont pâles, faciles à décortiquer. - La rate est

légèrement adhérente, extrêmement développée (330 gr.) et

molle. Rien à remarquer dans le tube digestif. Pas de

tuberculose péritonéale ou intestinale.

Cause de la mort : l3rovclLO-paeecmovie tuberculeuse.

Réflexions. - I. Le point le plus intéressant do

cette observation, incomplète à quelques égards, c'est

l'alcoolisme des père et mère du malade et du malade

lui-même.

II. Mentionnons en second lieu l'hérédité de la ttt-

berettlose. Ici la prédisposition venait à la fois du père

et de la mère et même des ascendants.

III. L'insuffisance des renseignements nous empê-

che de pouvoir établir un lien entre l'émotion vive

éprouvée par la mère durant sa grossesse et l'épilep-

sie dont nous ignorons d'ailleurs la date exacte de

l'apparition.

X.

Idiotie méningitique ; craniectomie sans résultat appré-

ciable ; mode curieux de réossification de la brèche

osseuse;

Par BOURTVEVILLE et NOIR.

Sommaire. - Père : excès de boisson. ^ Grand-père paternel 1

alcoolique et nerveux. Oncle paternel mort de méningite

traumatique ( ? ). - Tante paternelle morte phthisique. -

Mère, vive et coléreuse. - Cousin idiot ne parlant pas.

Un frère, mort de convulsions. - Un autre frère mort du

carreau, à 3 ans. - Une soeur morte de bronchite, - Pas de

consanguinité. - Inégalité d'âge de trois ans.

Conception, grossesse, accouchement : rien de particulier.

Première dent à 10 mois. Dentition complète à 2 ans. -

Convulsions dites internes à 3 semailles, se reproduisant

quotidiennement jusqu'à la fin du troisième mois ; occlu-

sion des paupières; immobilité. Strabisme constaté à 13

mois. Craniectomie à l'hôpital Trousseau en juin 1890.

Coqueluche à 2 atxs et demi. - Rougeole à 3 ans et demi.

Teigne tonsurante. -- Brotxcho-pneumonie, mort.

AUTOPSIE. - Description des os du crâne.- Mode de répa-

ration de la brèche osseuse produite par la craniectomie.

Minceur et transparence des os. - Absence de synostose.

Adhérences de la dure-mère au niveau des cicatrices osseu-

ses. - Méningo-encéphalite prédominant notablement sur

l'hémisphère gauche. - Persistance du trou de Botal. -

Lésions pulmonaires.

St ? Emile-Frédéric, né le 12 juin 1886, à Paris, est entré à

Bicétre, le 19 juin 1891 (service de M. BouRNEVILLE).

Antécédents héréditaires. 117 i

Antécédents (Renseignements fournis par sa mère, le 26

juin 1891). Père, 48 ans, ébéniste, n'a jamais été malade,

fait quelques excès alcooliques, rentre à demi-ivre environ une

fois par mois, ne boit jamais d'absinthe, fume environ pour

50 centimes de tabac par jour. Bon ouvrier, vif et emporté, il

aurait battu sa femme, mais depuis très longtemps, cela ne

lui est plus arrivé. Ni dermatoses, ni traces de maladies véné-

rennes. -[l'èi·e, mort à 71n ans passés, laboureur, « très ner-

veux » il faisait parfois des excès de boisson. - Mère, morte

à 70 ans ( ? ). - Grands-parents paternels et maternels, morts

âgés, on ne sait de quoi. - Trois oncles paternels, bien por-

tants ainsi que leurs enfants. - Deux frères, tous deux sans

enfants et sobres; l'un serait mort à 32 ans d'une méningite

traumalique , l'autre est bien portant. Cinq soeurs : deux

sont mortes ; l'une probablement phtisique à la suite de cou-

ches, l'autre assez jeune de fièvre typhoïde; trois sont vivan-

tes et en bonne santé ainsi que leurs enfants, une d'entre elles

parait avoir des douleurs rhumatismales. Dans le reste de la

famille, pas d'aliénés, d'épileptiques, de personnes atteintes

d'affections nerveuses, de suicidés, ni de débauchées, etc.]

Mère, 45 ans, mariée à 24 ans, domestique avant son ma-

riage ; depuis, elle s'occupe des soins du ménage. Elle n'a

jamais été malade, ni présenté d'accidents nerveux. Elle parait

intelligente ; son visage est régulier; elle parle ave un fort

accent alsacien ; elle avoue être vive et un peu coléreuse. -

[Père, mort à 41 ans, d'une chute de voiture, laboureur, était

très sobre. Mère, morte à 66 ans, d'une « maladie de ven-

tre ». n'a jamais eu d'accidents nerveux. - Grands-parents

paternels et maternels, morts âgés; pas d'autres détails. -

Demi-oncles paternels, bien portants ainsi que leurs enfants.

- Deux oncles maternels, morts on ne sait de quoi, ayant des

enfants sains do corps et d'esprit, sauf un, âgé de 17 ans, placé

à Hosheim, près Strasbourg, et qui ne parle pas. - Deux

tantes maternelles bien portantes, ainsi que leurs enfants.

- Huit enfants : cinq seraient morts jeunes, on ne sait de

quoi; un autre, ayant bu, aurait été écrasé par une voiture

et serait mort assez jeune; 2 sont vivants et bien portants.

Dans le reste de la famille, pas d'aliénés, d'épileptiques, etc.]

Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 3 ans.

14 enfants : 10 Une fille, morte un quart d'heure après la nais-

sance ; - 2° fausse couche de 3 mois; 3° fille, 21 ans, domes-

tietfie, pas de convulsions de l'enfance, pas d'accidents nerveux,

bien portante, intelligente; - 4° garçon, mort à 2 ans avec

118 Antécédents personnels.

des convulsions, bien portant et intelligent auparavant ;

5° garçon, mort à 10 mois de la coqueluche, n'a pas eu de con-

vulsions, était bien constitué ; - 60 garçon, 16 ans, intelligent,

a son certificat d'études, n'a pas eu de convulsions ; - 7° gar-

çon, 14 ans, de bonne santé mais un peu sauvage et n'apprend

guère en classe, n'a pas eu de convulsions ; - 8° fille, 13 ans

et 9° garçon, 12 ans, pas de convulsions, bien portants et intel.

ligents ; - 10° garçon, mort du carreau à 3 ans, pas de con-

vulsions, intelligent; 11° fille, 6 ans, saine, intelligente, pas

de convulsions ; - 12° notre malade; 13° fille, morte à 2

ans d'une bronchite, sans avoir eu de convulsions, intelligente ;

- 14° fille, 5 mois, se développe bien. Ces deux dernières n'ont

pas eu de convulsions.

Notre malade. Rien de particulier il laconception, l'enfant n'a

pas été conçu durant l'ivresse. - Grossesse bonne, chute sans

accident consécutif; à part cela, rien de particulier. - Accou-

chement à terme, naturel et rapide, sans médicaments.

- A la naissance, pas d'asphyxie, bien que l'enfant eut,

comme tous ses frères et soeurs, un circulaire du cordon

autour du cou. Elevé au sein par sa mère, il fut sevré à 18

mois. Premières dents à 10 mois; dentition complète à 2 ans.

Les premiers jours, on eut de la peine à lui apprendre à

téter, cependant durant les deux ou trois premières semaines

de son existence, « il était bel enfant et ressemblait à tous les

autres. » Vers la troisième semaine, l'enfant commença à

décliner, il maigrissait et sa mère s'aperçut qu'il tenait toute

la journée les yeux fermés; qu'il ne les ouvrait que la nuit.

Elle constatait quotidiennement que « ses yeux marchaient

tout le temps comme un moulin. » Ce phénomène se produi-

sait par crises et elle le remarquait lorsque, durant la nuit, elle

lui donnait le sein. Ces crises se manifestèrent durant trois

mois au moins une fois par nuit, et, en même temps l'enfant

continuait de maigrir. ne poussait aucun cri, ni le jour, ni

la nuit : « on n'aurait jamais dit qu'il y avait un enfant à la

maison. » Il restait toujours assoupi.

A 3 mois, les mouvements des yeux cessent; l'enfant reste

maigre, ne donnant aucun signe d'intelligence. Il demeure cou-

ché dans son lit, immobile, les yeux clos, la bouche à demi

ouverte et ne riant jamais.

A 13 mois, on constata une amélioration notable dans l'état

de l'enfant. C'est à cette époque que, pouvant entr'ouvrir les

paupières, ses parents constatèrent le strabisme plus accen-

tué, disent-ils, qu'actuellement. Alors aussi, il commençait à

Antécédents personnels : craniectomie. 119

s'asseoir, tout en restant presque complètement immobile. A

2 ans, il ne pouvait encore se tenir sur ses jambes. Ce ne fut

que vers les premiers mois de 1890 (à 3 ans 1/2) qu'ilyparvint.

Dans la même année, il commença à reconnaître son père, sa

mère, ses frères et soeurs et souriait « tout comme un enfant

d'un an. « Il faisait des manières avec ses mains, comme M. le

curé à l'église. » Toujours gâteux, il avait parfois la diarrhée

durant une semaine. Sa parole, à 3 ans 1/2, se bornait à quel-

ques mots : papa, maman, mimi (nom qu'il donne à sa soeur

Adrienne), titine (Augustine, une autre soeur). Entré vers

février 1890, à l'hôpital Trousseau, dans le service de M. le

professeur Lannclongue, il y fut crâniectomisé le 22 juin 189 0(1).

Il sortit de l'hôpital à la fin de février 1891. Sa mère prétend

ne pas avoir constaté de progrès bien manifestes à la suite de

l'opération. Il fixait peut-être un peu plus son attention et il

faisait plus facilement le tour d'une table sur le bord de

laquelle il se cramponnait; mais elle n'ajoute pas une grande

importance à ces faibles progrès opérés en un an, car elle

avait remarqué que son enfant commençait à les effectuer

avant son entrée à Trousseau. A l'hôpital, il apprit à se servir

de la cuiller ( il savait avant tenir son pain à la main) et à

prononcer le mot « Lisa » (Elisa, nom de l'infirmière qui

prenait soin de lui).

Le sommeil est généralement bon. S... ne grince pas des

dents et ne présente pas d'autres mauvaises habitudes que

celle de sucer le pouce droit. Parfois il s'amuse à parler à des

images et à glisser sur les fesses, assis sur le parquet. - Les

fonctions digestives et respiratoires se font normalement;

toutefois il a des alternatives de constipation et de diar-

rhée.

St... a eu la coqueluche à2 ans 1/2 (elle fut légère et ne dura

que six semaines), et la rougeole à 3 ans 1/2, ù Trousseau.

C'est à la suite de cette rougeole qu'ayant eu un petit abcès

au-dessous de l'oreille gauche, il fut envoyé dans le service

de M. Lannelongue qui ouvrit l'abcès et pratiqua ensuite la

craniectomie.

St.. n'a jamais eu d'accidents scrofuleux, ni de dermatose

(t) Notre ami M. Lannelongue a bien voulu nous envoyer les notes suivantes :

Opération. Débridement antéro-postérieur traversant la suture fronto-pa-

riétale. - 25 juin : violentes attaques de convulsions épileptiques. - 26 juin :

nouvelles attaques qui ne se sont plus reproduites. - 30 janvier 1891 : Etat

intellectuel amélioré, reconnaît les personnes, dit quelques mots : à boire»

Elisa, fait des pieds de nez, ne perd plus ses matières. ,.

120 Description du malade.

et sa mère pense que la teigne tondante dont il est atteint et

qui a été constatée ici dès le 20 juin 1891, le lendemain de

son entrée, a été contractée à l'infirmerie du dépôt, où il

séjourna deux jours avant d'être admis à Bicétre. L'enfant

n'a pas eu de vers instestinaux ni subi de traumatisme sé-

rieux. On n'a jamais constaté d'onanisme. Il ne sait pas

s'habiller, essaye de mettre ses souliers, mais sans pouvoir y

parvenir.

État actuel. (23 juin 1891). - Les paupières à demi fer-

mées, la bouche entrouverte donnent à l'enfant un air d'hébé-

tude très accentué ; on parvient néanmoins en lui parlant

à le faire sourire. Etat général de santé satisfaisant. La tête

est de volume médiocre. Les bosses pariétales saillantes sont

situées fort en arrière. La protubérance occipitale externe est

très développée. Le crâne est sensiblement symétrique. Pasde

traces au palper des sutures, ni des fontanelles. Sur la partie

gauche de la tête, on remarque une cicatrice linéaire antéro-

postérieure où les cheveux manquent et qui s'étend parallèle-

ment à la suture sagittale du front à l'occiput; une dépres-

sion correspond à cette cicatrice. En palpant avec soin cette

région, l'on sent une petite rainure superficielle de 3 centi-

mètres en avant, puis uneouvertuieelat·ge de G ou 7 millimètres

sur un centimètre de longeur, la soudure parait à peu près

effectuée sur 9 centimètres de trajet. Une nouvelle dépression

triangulaire d'un centimètre fait suite et se termine en arrière

par une petite rainure longue d'un centimètre. Cheveux châ-

tain foncé, peu abondants, courts; nombreuses plaques d'alo-

pécie dues au tricophyton. Le tourbillon postérieur est régu-

lier et situé sur la ligne médiane.

Visage allongé et ovale. - Front assez large et élevé ;

saillie assez prononcée des bosses frontales. Arcades sourci-

lières peu saillantes. Sourcils clairs. Paupières peu mobiles;

la supérieure recouvre normalement la moitié supérieure du

globe oculaire. Rétrécissement léger de la fente palpébrale à

la commissure externe. Cils assez longs à la paupière supé-

rieure, détruits complètement à la paupière inférieure par la

blépharite ciliaire. Léger degré d'exophthalmie. Strabisme

convergent des deux côtés, surtout prononcé à gaucho; pas

de nystagmus. Iris brun foncé. Pupilles égales à réac-

tions normales. Examen fonctionnel de l'oeil impossible.

- Nez, aplati, légèrement camard. Pas de déviation de la

cloison. Odoratf'). Bouche petite, toujours en tr'ou verte; lèvre

supérieure proéminente. Langue normale. Palais, voile du

Description du malade : amélioration. 121

palais symétriques et normaux. Luette volumineuse. Amyg-

dales hypertrophiées. Pas de tumeurs adénoïdes. Goût) ? ).

Dentition de lait complète, dents d'assez bonne qualité, mais

trop serrées et irrégulièrement placées. Articulation défectu-

euse. Les dents au lieu de s'entrecroiser se rencontrent en

avant bout à bout, disposition très rares dans la dentition

de lait. Les gencives en mauvais état, ulcérées et rouges à

leur bord, permettent le déchaussement des dents.

Menton petit, avec une légère fossette. Pomemttes saillan-

tes. - Oreilles creusées en forme de bateau, la moitié supé-

rieure forme avec la moitié inférieure un angle presque droit.

Les replis à peine saillants font que le pavillon et la conque

constituent une seule cavité. Le lobule assez volumineux

est détaché. Ouïe normale.

Cott : circonférence 27 cm.; pas de goitre, ni d'adénites.

Thorax, rien de particulier. - .Abdomen souple, pas de

hernies.

Membres supérieurs bien conformés et symétriques, ainsi

que les membres inférieurs, sauf que le 3" orteil du pied

gauche est légèrement en marteau.

Organes génitaux. Verge petite, phimosis, gland découvra-

ble, léger hupospadia.s. Testicules égaux de la grosseur d'un

pois. Scrotum assez développé. - Sensibilité au contact, à

la douleur, à la température, normale. Réflexes normaux.

Mesures de la tète :

Juin 1891.

122 BRO\CHO-P1EU\IONIE.

4 novembre, - Ouverture d'un nouvel abcès de la région

parotidienne. Pansements au sublimé. Guérison le 23

novembre.

1892. Mars. - État stationnaire de la teigne qui n'a aucune

tendance à s'améliorer. Lotions au sublimé.

A cette époque l'enfant a fait de très sérieux progrès, dus

aux soins assidus que lui prodigue l'infirmière chargée du ser-

vice des teigneux, M"10 Grizard. Il se sert de mieux en mieux

de la cuillère et mange seul assez proprement. Ses parents

eux-mêmes ont remarqué les progrès notables qu'il a faits

surtout pour la parole ; il a ajouté à son vocabulaire les

mots : « du pain, pipi, popot, » qu'il dit pour exprimer

ses différents besoins. Assis sur le vase et abandonné à

lui même, il le fait glisser et accomplit ainsi le tour de la salle.

Avril. - S... marche presque seul et se promène sur le

balcon du pavillon en se tenant aux barreaux. Il a ajouté aux

quelques mots qu'il prononce, ceux-ci : « lui, jardin, à table. »

Si on veut le faire parler lorsqu'il n'est pas disposé, il répond :

« Peut pas. » Il envoie des baisers à ceux qui s'adressent à

lui et lorsqu'on lui dit de chanter, il essaie de faire des roula-

des. Ces progrès vont en s'accentuant jusqu'au 22 juin, épo-

que à laquelle il tombe malade.

22 juin.- L'enfant est faible, il a la diarrhée, tousse légè-

rement.

23 juin. -Pas de matité thoracique, mais à l'auscultation,

râles muqueux dans toute la poitrine surtout nombreux à droi-

te. T. R. 39,, 9. - Soir : T. R. 39", 5. - Vésicatoire à droite,

sirop d'ipéca.

24 juin. - Pas de modification notable dans l'état local.

Anorexie, Ltat général relativement bon. T. R. 30°, f. -Soir :

39°,2.

25 juin. - Ilien de particulier. T. Il. 39,, 2. -Soir : 39°, 5. -

Inhalations d'oxygène.

26 juin. - Les râles sont toujours aussi nombreux. Abat-

tement notable. Etat saburral de la langue. Bouche fuli-

gineuse. Traces d'albumine dans les urines. T. Il. 400,1. - Soir :

36°, 5. Sirop d'ipéca.

27 juin. - L'enfant a vomi abondamment et sa diarrhée a

augmenté. Sa physio- dnie s'est néanmoins améliorée. Il n'a

plus d'albumine dav ? es urines. T. Il. 38°, 5. Soir : T. Il. 39-, 6.

28 juin. - ! . : ? signes sthétoscopiques restent les mêmes.

L'enfant a encore vomi et a toujours un peu cle diarrhée. Poids :

11 k, 100. T. R. 39-, 4. - Soir : 39°, 5. 5.

BItONCHO-PNEU\IOyIfi ; MORT. 123

29 juin. - T. R. 39°. - Soir : 38°, 2.

30 juin. - T. R. 38°,9. - Soir : 39o, 3. Inhalations quotidien-

nes d'oxygène.

1 ? juillet. - Même état. T. R 3S°, 1. - Soir : 37°, 8.

'2juillet.-T. R. 39°, 6.-Soir : 39°, 4. Sulfate de quinine, 0 gr.

20.

3 juillet. - T. R. 3tJ°, 3. -Soir : 39o, 2.

4 juillet. -T. li. 3Je, 4. -Soir : 38°.

5 juillet. - A l'auscultation : râles nombreux, souffle léger

du côté droit. Matité légère à la percussion de ce côté Rien

à gauche. Une ponction exploratrice aseptique faite à droite ne

donne aucun résultat. - Les lèvres sont fuligineuses, la lan-

gue est saburrale sans que cependant l'enfant ait l'aspect ty-

phique en quoique ce soit. Il est pâle, mais répond comme

jadis dans la mesure de ses moyens aux questions qu'on lui

pose. Diarrhée. T. R. 39°, i. - Soir : 3Sa. - Traitement : Sus-

pendre la quinine; continuer les inhalations d'oxygène. 1/2

potion de Todd. Sous-nitrate de bismuth, 2 gr., lotions

d'eau vinaigrée; lait. -

6 juillet, T. R. 38°, 2. - Soir : 38°.

7 juillet. T. R. 39o, 7. - Soir : 38°, 4.

8 juillet. - T. R. 40°, S. Sulfate de quinine, 0 -P. 30. -

Soir : 38°, 2.

9 juillet. - T. R. 40°, 1. - Soir : 39°, 9,

10 juillet. - T. R. 39°, 7. - Soir : 38°, 7.

-11 juillet. - Le poids de l'enfant est stationnaire. La tem-

pérature reste élevée sans qu'il y ait une modification appré-

ciable de l'état général, ni des phénomènes pulmonaires. -

T. Il. 39°, 9. Soir : 39°, 3. - Suppression de la quinine.

12 juillet. - Même état, mais diarrhée plus intense. T. R.

39°, 1. - Soir : 38°, 6. Même traitement, et de plus, salol :

deux grammes.

13 juillet. - T. R. 39°, G. - Soir : 38°, 3.

14 juillet. - T. R. 39°. - Soir : 38°, 7.

15 juillet. - T. Il. 39°, 3. - Soir : 3 ! je, 6.

16 juillet. - Aggravation manifeste, le strabisme est plus

accentué. Nystagmus prononcé. L'enfant n'est plus gai, ne

répond plus aux questions aussi facilement. Diarrhée assez

abondante. Signes pulmonaires non modifiés. T. R. 38°, 7. -

Soir : 38°, 3.

17 juillet. - Dyspnée très intense. Pâleur, vomissements.

Diarrhée verte abondante. T. R. 38°, 5. Ventouses, sirop d'é-

tirer ; potion avec acide lactique, 5 gr.

L'enfant meurt à 3 heures du matin. Son poids au moment

124 Description DU crâne.

du décès est de Il La température rectale descend de

38°, 9 au moment du décès, a3(i°, 7 un quart d'heure après,

36°, une heure après et à 3'u, deux heures après; la tempéra-

ture de la salle était de 22".

Notons que bien que l'enfant n'ait reçu pendant sa maladie

aucun soin de la tête plus assidu qu'autrefois, la teigne s'est

notablement améliorée et était presque complètement guérie

lors de son décès. Cette action d'une maladie fébrile sur une

affection cutanée est d'ailleurs connue.

Réparation de la brèche osseuse. 125

os wormien existe de chaque côté dans cette partie rectili-

gne. A la face interne cette scissure est sinueuse,mais n'offre

pas de dentelures accentuées. Il n'y a pas de trace de la suture

métopique. La suture sagittale finement dentelée dans ses deux

centimètres antérieurs, offre sur un centimètre 1/2, 4 dentelu-

res aiguës et profondes de 5 millimètres environ, puis, chan-

geant de caractère, elle se continue en dentelures arrondies

et irrégulières jusqu'au niveau du lambda. La suture lamb-

cloïde est très contournée, ses dentelures sontfines etirrégu-

lières. Adroite, à 4 centimètres 1/2 du lambda, les dentelures

s'exagèrent et forment deux petits os wormiens très irrégu-

liers ayant un centimètre environ dans leur grande dimension

qui est perpendiculaire il la suture. A la face interne, ces

sutures sont moins contournées, les os wormiens signalés

plus haut, apparaissent nettement, mais moins longs, plus

larges et à bords moins déchiquetés. La brèche osseuse, due

à la craniectomie, située à gauche, est antéro-postérieure et

s'étend sur le frontal et le pariétal. Elle forme avec la suture

sagittale un angle, aigu à sinus postérieur de25° environ. Cette

brèche est en voie de réparation et les parties non ossifiées y

sont recouvertes d'une membrane dépendant du périoste,

s'étendant d'un bord à l'autre et transformée sur les bords en

minces lamelles osseuses. Une partie ayant 32 millimètres de

longeur, reste non ossifiée à la région frontale. Une région

de 20 millimètres, complètement réparée, lui succède. Cette

région croise la suture fronto-pariétale. Son mode de répara-

tion est des plus intéressant ; en effet, la soudure osseuse s'est

effectuée sous forme de suture à fines dentelures, analogues

à celles de la suture qu'elle croise. Une région de 16 millimè-

tres, non réparée, lui fait suite et offre des bords assez réguliers ;

cette région a 3 millimètres à sa partie la plus large ; 18 mil-

limètres à peu près soudés complètement viennent ensuite; ici

la soudure bien qu'un peu irrégulière n'offre pas de dentelures

comme précédemme t, mais elle n'est pas aussi complètement

effectuée. Enfin durant 30 millimètres la brèche reste sans

ossification. Elle offre là une largeur moyenne de 4 millimètres,

présente sur ses bords de petits prolongements osseux minces

et se termine par un cul-de-sac arrondi, à demi comblé par

une jetée osseuse interne. A l'état frais cette partie non ossi-

fiée était recouverte d'une membrane 08néogène, les prolon-

gements osseux lamellaires des bords de la brèche en sont

une preuve. (Fig. 2).

La base dit crâne est légèrement asymétrique, la fosse occi-

pitale droite paraissant un peu plus développée que la gau-

42G Réparation de la dréche osseuse.

clic. Liquide céphalo-rachidien assez abondant. Les

artères de la base ne présentent pas d'anomalies de disposi- ? 7.

MÈXINGO-ENCÊPHALITE. 127

tien. La vertébrale droite est cependant plus petite que la

gauche.

128. nIENIIGO-ENGLPHALITE. ,

facilement sur cet hémisphère. A peine note-t-on quelques

adhérences à la partie inférieure du lobe pariétal surtout au

niveau du pli courbe et sur la partie inférieure du lobe tem-

poral. La face interne est d'apparence absolument saine.

- Le ventricule latéral est un peu dilaté. - Les noyaux gris

centraux et le pédoncule ont un aspect normal.

Cervelet, bulbe, protubérance, rien de particulier. - Moelle

(25 gr.), rien d'anormal à l'extérieur, ni sur des coupes.

Cou. Pas de persistance du thymus. - Corps thyroïde :

(10 gr.). Larynx et trachée : inflammation intense de la

muqueuse.

Thorax. Péricarde normal. Coeur (125 gr.), plein de cail-

lots. (90 gr. vidé) n'offre aucune lésion. Pertuis ovalaire de 5

millimètres dans son grand axe ne pouvant être oblitéré par

l'accolement de ses bords et représentant le trou de Botal. -

Plèvres adhérentes surtout à droite et siège de fausses mem-

branes peu consistantes. Leur surface irrégulière donne

l'aspect de tartines beurrées. - Poumon droit (360 gr.) : il pré-

sente à sa base et à son sommet des points d'emphysème.

Les lobes adhèrent entre eux. A la coupe, le tissu interstitiel

est oedématié et l'on constate des nodules assez nombreux

de bronclto-pt2eumonie. - Pounon gauche (260 gr.). Lésions

analogies mais moins marquées. Emphysème lobulaire can-

tonné au bord antérieur. Pas de traces de tubercules dans

les poumons.-Engorgement des ganglions péri-rachéo-bron-

chitiques : plusieurs ont le (volume d'une petite noix. Ces

ganglions, à la coupe, ne sont pas caséeux et n'offrent pas de

tubercules.

Abdomen. - Foie (735 gr.), volumineux, congestionné, légère

dégénérescence graisseuse. Voies biliaires 'ion oblitérées. -

Estomac, intestins : pas de lésions. Rate (35gr.), assez dure.

- Rein droit (55 gr.), congestionné; traces de trois infarctus

anciens. - Rein gauche (60 gr.), aussi congestionné; nom-

breux infarctus à sa surface. Capsules surrénales normales.

- Pancréas : (30 gr.), dur. - Ectopie inguinale du testicule

droit. Le testicule gauche est au fond des bourses. Tous

deux sont égaux et du volume d'un gros haricot. La vessie

est saine et sans calculs. - Le péritoine n'offre aucune lésion.

La cause de la mort est la bi-oiielto-piiettiio ? iie.

Réflexions. 129

Réflexions. - I. Autant qu'on peut en ju- er par

les renseignements qui nous ont été fournis, les tares

nerveuses chez les collatéraux seraient très peu nom-

breuses. L'influence héréditaire qui mérite surtout

d'être relevée, c'est l'alcoolisme, du père et du grand-

père paternel de l'enfant.

II. L'idiotie complète observée chez St... nous

parait être la conséquence des accidents survenus à

l'âge de trois semaines, qui ont persisté jusqu'à la fin

du troisième mois, ont laissé après eux un strabisme

permanent, une occlusion des paupières, une inertie

physique anormale et une obnubilation complète de

l'intelligence et qui se sont traduits, au point de vue

anatomo-pathologique, par une néo21ngo-ezcéZhalite.

III. Relevons, en passant, l'existence d'un phimo-

sis et d'un hypospadias, l'oblitération imparfaite du

trou de Botal et l'ectopie testiculaire.

IV. St..a été l'un des premiers enfants sur lesquels

M. Lannclongue a pratiqué la craniectomie. L'opéra-

tion a été faite le 22 juin 1890; elle a été suivie de

« convulsions épileptiques» , ce qui montre, soit dit

en passant, qu'elle n'est pas aussi inoffensive que cer-

tains le prétendent. L'enfant est sorti à la fin de février

1891. Pendant son séjour à l'hôpital, il a été naturelle-

ment l'objet des soins les plus attentifs. Chirurgien,

internes, surveillants, cle, se sont assurément beau-

coup plus occupé cle lui que ne pouvait faire sa mère

chez elle. Eh bien, malgré celà, d'après la note même

de M. Lannelonguc et aussi d'après la mère de l'enfant,

la situation était à peu près à la sortie de l'hôpital ce

qu'elle était à l'entrée.

L'enfant nous est arrivé avec la teigne, c'est-à-dire

dans des conditions fâcheuses car, au lieu de l'envoyer

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892. 9

130 Ili\INGO-ENCI : Y11ALI1'E.

à la petite école, nous avons dû le placer au pavillon

d'isolement. Là, néanmoins, son vocabulaire s'est

enrichi; sa physionomie s'est éclairée et son langage

par signes est devenu plus expressif. La compréhen-

sion était plus vive. Enfin, St.. faisait des progrès

incontestables au point de vue de la marche. Le

traitement wéclieo-pécLa.goiq2e, bien qu'il ait été

entravé considérablement par la nécessité de mainte-

nir l'enfant au pavillon d'isolement, a donné, pendant

son année de séjour dans le service, des résultats supé-

rieurs à ceux du traitement chirurgical.

V. St.. ayant succombé à une broncho-pneumonie,

nous avons pu examiner son cerveau et son crâne,

L'hémisphère cérébral gauche était le siège de

lésions de méningo-encéphalile, disséminées un peu

partout, mais prédominant sur la face convexe. A ces

lésions anciennes qui répondent aux symptômes que

nous avons décrits, se sont ajoutées : ]," des lésions

de la dure-mère qui adhéraient très fortement à la

brèche osseuse; '2° des lésions méningitiques (adhé-

rence de la dure-mère à la pie-mère), ducs, les unes

et les autres, à l'intervention chirurgicale.

L'hémisphère cérébral droit, qui pesait 20 grammes

de plus que le droit, n'offrait que des lésions méningo-

encéphaliques très circonscrites ce qui autorise à pen-

ser que l'enfant avait des chances de survivre et de s'a-

méliorer au moins dans une certaine mesure.

L'existence d'une méningo-encéphalite nous sem-

ble déjà plaider contre l'utilité de la craniectomie.

L'examen du crâne fournit, de son côté, des argu-

ments tout-à-fait décisifs.

En effet, toutes les sutures étaient indemnes de

synostose et interrompues par des os wormiens. Les

parois du crâne étaient très minces et parsemées de

plaques translucides. Elles étaient par conséquent

RÉOSSFICATION DE LA BRÈCHE OSSEUSE. 131

extensibles et n'opposaient pas de résistance à l'ac-

croissement du cerveau.

VI. Signalons, enfin, la réossification rapide delabrè-

clic osseuse et surtout le mode de réossification par

la formation de dentelures engrenées tout à fait sem-

blables celles des sutures normales (Fi. 2).

XI.

Idiotie symptomatique de sclérose atrophique de l'hé-

misphère.cérébral gauche et de méningo-encéphalite

de l'hémisphère droit; ,

Par BOURNEVILLE et NOIR.

SOMMAIRE. Père : convulsions de l'enfance, nerveux, sujet

à des céphalalgies. - Grand-père paternel : migraineux. -

Grand'mère paternelle rhumatisante, crises de nerfs. -

Arrière-grand-père paternel mort d'héii-Lo ? - ? ,hagie cérébrale.

- Arrière-grand' mère paternelle morte d'un cancer uté-

rin. - Grand-oncle paternel mort tuberculeux. - Grand'

tante et cousins paternels morts de convulsions. - Mère :

céphalalgies, mélancolie. - A1Tièl'e -g¡'and-pè¡'e maternel,

suicidé.-Frère, convulsions et méningite. - Soelo', con-

vulsions auec hémiplégie transitoire. - Pas de consangui-

nité. Egalité d'âge.

Premières dents à 4 mois. Dentition complète à 3 ans 9/2.

Peur à six mois suivie de convulsions courtes et répétées.

prédominant dans tout le côté droit. - Hémiplégie droite

à 11 mois, compliquée de contracture. Tic particulier

des membres du côté droit à 18 mois. - Déviation du

rachis. Rougeole à 11 mois ( ? ). Bronchite à 15 mots. Tic de

la face. Succion, bave, cris gulturaux. - Hémiplégie

droite avec contracture, épilepsie spinale. - Tic du pied

gauche. - Phimosis. - Rougeole; Mort.

Autopsie : Plagiocéphalie très prononcée. Développement

et épaississement plus grand de la moitié droite du crâne.

, absence de synostose. - Diminution de calibre des

artères de la moitié gauche du cerveau. - Atrophie de la

bandelette optique, du pédoncule cérébral, du tubercule

mamillaire gauches. - Sclérose atrophique de l'hémis-

Antécédents héréditaires. 133

- ' ;, ,i ."......,. a '.T ? i

phère cérébral gauche. - Méningo-encéphalite de l'hémis-

phère cérébral droit. 1 1 1 1 1 , f .

Ilug... (Georges), né à Paris, le 21 mars 1888, est entré à

Bicêtre, le 2 novembre 1888 (service de M. Bourneville) :

Antécédents. - (Renseignements fournis par le père et la

mère de l'enfant le 9 nouembre 1892.) - Père, 69 ans, em-

ployé à la Compagnie d'Orléans; il a eu des convulsions de

l'enfance et est sourd à droite depuis sa naissance. Il fit,

étant en bas Age, une chute sur la tête qui n'a pas amené

d'accidents consécutifs. Il est actuellement sujet à des cépha-

lalgies assez fréquentes, à apparition irrégulière, se manifes-

tant surtout au niveau des yeux et s'amendant après le repos.

Ces céphalalgies n'ont pas le caractère de la migraine. Il ne

présente aucune autre tare nerveuse ou arthritique; n'est pas

alcoolique, fume très peu. Rien ne nous permet de penser

qu'il ait pu contracter la syphilis. Petit, brun, maigre, il offre

une physionomie assez expressive. Il serait irritable, Violent,

coléreux. - [Père, 65 ans, artiste peintre, sobre, aurait de fré-

quentes migraines, est doux de caractère. 11 a, lorsqu'il est très

ému, une sorte de bégaiement. Mère, 63 ans, rhumatisante,

très nerveuse, aurait eu à diverses reprises des crises de

nerfs qu'elle a toujours cherché à dissimuler. - Grand-

père paternel, mort d'une hémarrhagie cérébrale à 54 ans.

Grand'mère paternelle, morte à 38 ans, d'un cancer uté-

rin. Arrière-grand-père paternel, 'mortà' 84 ans. -

Arrière-grand'mère paternelle, morte à' 7f¡' ans. -'Grand-

père maternel, mort à 77 ans, d'accident, était petit et'mai-

gre, mais bien conservé et vigoureux. Grand'mère mater-

nelle, morte à 28 ans, en couches, « de chagrin,' dit-on. »

Un oncle paternel est mort à 57 ans, tuberculeux, il était

fort, intelligent; il a eu deux enfants, morts à 4 ou 5 ans, un

d'eux aurait eu à sa mort de nombreuses convulsions.

Un second oncle paternel disparut à la guerre de Crimée.

- Une tante maternelle mourut à 3 ans de convulsions

Une soeur, 41 ans, est bien portante ainsi que ses cinq en-

fants ; jamais de convulsions. Pas d'idiots, d'aliénés; d'épi-

leptiques, de paralytiques, de difformes, de bègues, de sourds-

muets, de suicidés, ni de prostituées dans la famille.]50 ^ : ,"1-, .

Mère, 39 ans, couturière, n'a jamais été malade et n'accuse

aucun accident nerveux, ni arthritique; cependant depuis la

naissance de son enfant, elle est sujette à des céphalalgies,

. 1 '' \ ! , ' . C.J -ïV'TC f.» \

134 . Antécédents héréditaires.

ayant leur maximum d'intensité localisé au sommet de la tête.

Ces céphalalgies qui n'ont aucun des caractères de la migraine,

s'exacerbent au moment des règles. Au physique, la mère est

une femme forte, robuste, brune, n'ayant pas l'aspect des

névropathes; elle prétend être d'un caractère triste et mélan-

colique. [Père, 73 ans. travaille encore dans un chantier de

bois, est sobre et jouit d'une bonne santé. Mère, morte à

74 ans, à la suite d'un long séjour au lit, déterminé par une

entorse, toujours bien portante jusqu'alors, un peu coléreuse.

- Grand-père paternel, mort à 74 ans d'une gastrite ( ? ), vigne-

ron, très sobre. Grand'mère paternelle, morte à 68 ans,

d'accident ; robuste. Grand père maternel, mort à 5 ans :

il s'asphyxia à la suite de mauvaises affaires commerciales :

il n'avait auparavant dénoté aucun trouble psychique. Grand'

' mère maternelle, morte à 88 ans. - Oncles ou tantes pater-

nels : tous ont atteint un age avancé, sauf un oncle mort il 23

ans, par accident. Une tante maternelle morte en bas âge, à

la suite d'un mauvais allaitement : sa mère, malgré le trouble

causé par le suicide de son mari avait continué de la nourrir.

- Un frère, tué à 29 ans, à la guerre de 1870. Un autre frère.

(43 ans) et une soeur (41 ans) sont bien portants, intelligents et

sobres. - Dans le reste de la famille, ni idiots, ni aliénés, ni

épileptiques, etc.] - Pas de consanguinité (père, parisien,

mère, bourguignonne). - Egalité d'âge.

. Trois enfants : 1° garçon, 12 ans, a eu des convulsions très

fortes étant petit et à 5 ans, il aurait été atteint de ménin-

gite; aucun trouble n'aurait succédé à cette affection, il apprend

. à l'école ; - 2° fille, 7 ans, convulsions au moment de la den-

tition. Elle fut à la suite paralysée durant deux mois du côté

droit. Au cours de sa maladie, elle présenta des symptômes

analogues à ceux de notre malade, mais comme elle savait

déjà parler et marcher, elle put, selon ses parents, continuer

à développer son intelligence. Longtemps gauchère, elle est

actuellement ambidextre. Très vive, très éveillée, trop avan-

cée pour son âge; ses parents inquiets de sa santé ne l'ont pas

mise en classe sur le conseil d'un médecin ; 'le notre malade.

Notre maillde.- Lors la conception la mère venait de sevrer

sa fille et était très fatiguée. Rien de particulier durant

la grossesse, sauf une chute au 7">" mois qui ne fut accom-

pagnée d'aucun accident. - L'accouchement à terme, fut

normal. Le travail dura trois heures. - l'as d'asphyxie à

la naissance; pas de circulaire du cordon : il était robuste

Antécédents personnels. 135

et pesait 4 kgr. 500 environ. Allaité au biberon avec du

lait de vache, il fut sevré en partie à 6 mois et but du lait

comme aliment principal jusqu'à trois ans. Sa première dent

apparut à 4 mois; sa dentition était complète à 3 ans 1/2. A

9 mois, époque où il commençait à se tenir seul debout, il

fut pris de convulsions. Tout le corps fut secoué par une

sorte de tremblement qui dura une demie heure environ; puis

il fut pris de grands sursauts « comme s'il avait peur. » Ces

sursauts qui parfois manquaient durant deux jours, surve-

naient souvent par crises de ) ou 7 ; en même temps, les yeux

se convulsaient, « on ne voyait que le blanc. » Les parents

attribuent ces soubresauts la frayeur causée par le passage

subit d'une locomotive au voisinage de l'enfant. Le côté droit

actuellement paralysé était le siège des mouvements convul-

sifs des plus violents. Depuis les premières convulsions, la

main droite avait de la tendance à se mettre en supination et

en demi-flexion. AH mois, la main fut prise de contracture,

les doigts se fléchirent et on ne pouvait les allonger. Les pa-

rents racontent qu'à ce moment « il perça les dents de l'oeil. »

Petit à petit, dit-on, tout le côté droit fut paralysé, on

remarqua une diminution de longueur de la jambe droite

mais l'on ne nota pas alors d'asymétrie faciale. Vers 18 mois,

on remarqua chez l'enfant un lie consistant en mouvements

rapides du pied et de la main gauchos se reproduisant pendant

assez longtemps. Une déviation de la colonne vertébrale

nécessita alors le séjour dans un appareil, ce qui lui fit per-

dre l'habitude de ce tic ( ? ) qui néanmoins se reproduisait

lorsqu'il était énervé. Ce tic parait être survenu spontané-

ment, personnne ne lui aurait appris à imiter ces gestes.

L'intelligence de l'enfant était presque nulle. Gâteux complet,

il semble avoir conscience de son état lorsqu'il s'est sali, car

il pousse alors des cris. Il est voraee, mâche et digère bien les

aliments. Il n'aurait jamais eu de vers intestinaux.

Aucun accident scrofuleux. Comme autres antécédents

pathologiques, notons la rougeole à H mois et une bronchite

à 15 mois; aucun accident nerveux spécial n'a été constaté

durant ces maladies. IL. n'est pas vacciné. Le tic décrit plus

haut existe actuellement, il s'accompagne lorsque l'enfant est

en colère de mouvements des lèvres, et du bruit brrr...brrr..

Il se mordille parfois les doigts et suce tout ce qu'on lui pré-

sente. Il ne reconnaît personne, et ne peut pousser que des

cris gutturaux. Le sommeil est bon.

Etat actuel ( 10 novembre 1892). - L'enfant dont l'état

136 DESCRIPTION DU malade.

d'adiposité est médiocre a l'air maladif. Ses cheveux sont

ternes, laineux, le tourbillon postérieur est irrégulier. Le

crâne, asymétrique, offre un développement de la bosse parié-

tale gauche plus accentué que celui de la droite qui est

aplati; le front est inversement bombé à droite ; en un mot, il

ya uneplagiocéphalie accentuée. L'occiput est un peu saillant.

- La face parait légèrement prognathe. Les arcades sourcil-

lières sont peu développées et recouvertes de poils rares. Les

orbites sont creux, les paupières bridées sont garnies de cils

assez longs. La cornée et la conjonctive n'offrent rien de par-

ticulier. L'iris est vert-jaunâtre et assez pâle; les pupilles

ont les réactions normales. Ni strabisme, ni nystagmus, ni

exopthalmie, pas de troubles de la motilité oculaire. L'examen

de l'acuité visuelle et de l'étendue du champ de la vue est

impossible. - Le ne : , droit, est régulier. Les narines regar-

dent en bas, il n'y a pas de déviation de la cloison et la fonc-

tion de l'odorat paraît normale ! ? ). -La bouche est grande

et horizontale, les lèvres assez volumineuses. Les dents bien

implantées sont courtes et espacées. Le palais, le voile du pa-

lais, les amygdales, la luette, n'offrent rien d'anormal. - La

langue est actuellement saburrale, le pharynx rouge vernissé.

Le goût est peu développé. - Le menton est moyen et le maxil-

laire inférieur est nettement en retrait sur les supérieurs.- Les

joues sont larges, charnues, colorées, il n'y a pas d'asymé-

trie des plis naso-labiaux. - Les oreilles, bien faites, ourlées,

offrent une conque profonde et un lobule détaché. L'ouïe sem-

ble bien développée.

Le membre supérieur droit est contracture. L'avant-bras

est en demi-flexion sur le bras. La main en pronation est

déviée sur le bord cubital. Le pouce est en adduction et les

autres doigts repliés sur lui. Le membre supérieur gauche

est normal. Les ongles sont bien implantés aux deux mains.

Le membre inférieur droit est le siège d'une contracture

intense. La cuisse est en demi-flexion sur le bassin, la jambe

en demi-flexion sur la cuisse, le pied en position normale. Si

on essaye de fléchir le pied droit, l'on produit la trémulation

épileptoïde du membre, phénomène qui, provoqué deux on

trois fois, cesse de se manifester.. La contracture de ce membre

est incomplète car parfois l'enfant seul étend presque com-

plètement la jambe. - Le membre inférieur gauche n'est le

siège d'aucune contracture. On ne provoque pas sur lui de

trémulations épileptoides, mais il offre un tic tout particulier.

Ce tic consiste en ce que le pied en adduction avec rotation en

dedans considérable, frappe rapidement la partie antérieure

Rougeole. 137

de la jambe gauche ou le genou. Souvent, en même temps,

la main gauche est animée de mouvements de va at vient

rhythmiques, isochrones à ceux du pied. En même temps, on

observe parfois chez l'enfant de grands mouvements expira-

toires durant lesquels il pousse un grognement guttural

(errrre) très désagréable. La position qu'il imprime à son pied

pour produire ces mouvements habituels ont amené une sorte

de subluxation de l'articulation tibio-tarsienne gauche, de sorte

que de prime abord, on le croirait atteint d'un pied bot équin

valgus qui disparait facilement lorsqu'on met le pied à plat.

Notons en même temps que l'enfant présente toutes les 5 ou

10 minutes une sorte de secousse tonique tétaniforme très

rapide des muscles du tronc et des membres.

Le thora\ : est aplati- latéralement, bombé en haut et en

avant. - L'abdomen n'offre rien à signaler. - Les organes

génitaux sont bien développés ; la verge a 2 centim. de long

sur 2 cent. de circonférence ; phimosis irréductible. Les tes-

ticules dans les bourses sont du volume d'un petit haricot.-

Région anale saine. Petite cicatrice au niveau du coccyx.

10 tovembae. - L'enfant qui depuis le 5 novembre est malade

à,l'Infirmerie est envoyé au pavillon de l'isolement. Depuis le 5

novembre (4 ? jour de son entrée), Ilug... a de la lièvre, la tem-

pérature s'est élevée graduellement jusqu'à 39°. Il offre l'as-

pect typhoïde : narines pulvérulentes, bouche fuligineuse,

langue très saburrale, pharynx rouge et sec, toux rauque.

Râles sous-crépitants très fins des deux côtés, surtout à droite.^

Ni coryza, ni conjonctivite. Il dort couché sur le côté droit. Hier :

a paru une éruption de taches lenticulaires et rosées. Cette ?

éruption a débuté sur les fesses où elle est confluente, puise

elle a gagné la face interne des cuisses où elle est actuelle- ';

ment très développée. Elle a ensuite envahi tout le pourtour ';

du cou, la partie antérieure de l'abdomen et du thorax où telle

est discrète. Les membres supérieurs sont indemnes. Le men-

ton, le front, le cuir chevelu sont couverts de ces taclieà.-I

Elles sont de la grosseur d'un grain de mil, roses, légèrement- z

agminées au centre; elles s'effacent par la pression. Leur '.

nombre augmente très rapidement et durant l'examen de l'en-

fant, elles paraissent se multiplier. La face externe du bras

droit est le siège d'une plaque érythémateuse, disparaissante à

la pression, de 7 à 8 cent. de long sur 3 de large. Pas de diar-

rhée. - Traitement : Sirop d'ipéca; ventouses sèches sur

toute la poitrine; potion de Todd.

11 novembre. T. R. matin 40°, 4. Respiration embarrassée.

. 138 Rougeole ; mort.

Symptômes stéthoscopiques stationnaires. L'éruption a pâli.

Diarrhée assez abondante.

12 novembre. - La-diarrhée n'a pas persisté. État général

toujours grave. 54 mouvements respiratoires par minute.

Affaissement général, pouls filiforme, visage abattu, yeux cer-

nés, somnolence. Il n'a pas de secousses trépidatoires ni de

tics ; il reste inerte, le pied gauche appuyé sur lajambe droite.

L'examen des urines est impossible, vu le gâtisme continuel

de l'enfant. T. R. 39°, 3. - Traitement : Ventouses. Potion de

Todd; sirop d'éther.

14 novembre. - Dyspnée profonde. Extrémités froides et

violacées. T. R. 31o, 4. Traitement : Inhalations d'oxygène.

1/2 potion de Todcl, 1 cuillerée de sirop d'éther.

15 novembre. - L'enfant est mort le 14 novembre à 2 heu-

res du soir. Les parents nous racontent que l'enfant est sorti

de l'hôpital Trousseau le 31 octobre, est passé de là à l'Asile

Clinique, où il est resté 2 jours avant de venir à Bicêtre. Il est

donc probable qu'il a contracté à l'hôpital Trousseau les ger-

mes de la rougeole à laquelle il a succombé.

Description DU crâne. 139

140 SCLÉROSE ATROPHIQUE DE l'hémisphère gauche.

métrique ; elle est beaucoup plus développée iL droite et paraît

tordue autour de son axe antéro-postérieur, qui au lieu d'être

rectiligne serait convexe à droite. En résumé, il y a une pla-

giocéphalie des plus accentuées.

La dure-mère offre comme unique particularité, trois

paquets d'adhérences qui l'unissent à la pic-mère et cèdent faci-

lement. Toutes les artères de la base qui correspondent à l'hé-

misphère gauche sont considérablement atrophiées. La syl-

vienne gauche surtout, réduite à un mince cordon, contraste

avec la droite qui parait normalement développée. La commu-

nicante antérieure très longue semble tiraillée et tendue parle

développement de l'hémisphère droit, ou la rétraction de l'hé-

misphère gauche atrophié. Les nerfs de la base sont sensible-

ment égaux. La bandelette optique gauche est notablemen-

plus petite que la droite.

Méningo-encéphalite DE l'hémisphère droit. 141

le maximum de la lésion est au tiers postérieur de F3.

- FA est considérablement sclérosée, elle présente à sa partie

toute supérieure au moment où elle se perd dans le lobule

paracentral une sorte d'atrophie kystique, lésion que nous

retrouverons plus accentuée dans le lobe pariétal et sur la

description de laquelle nous insisterons plus loin. - Sclérose

atrophique de PA dans toute son étendue, surtout à son tiers

supérieur. Le tobe pariétal et la partie postérieure du lobe

temporal présentent une lésion toute particulière. Ils forment

une zone en entonnoir, où l'altération va en s'accentuant de

la périphérie au contre qui est au niveau du pli courbe. La

pie-mère très vascularisée sur tout cet hémisphère présentait

à ce point un aspect ecchymotique. Cette zone offre, sur sa

périphérie, une sclérose atrophique plus accentuée mais

analogue à celle des parties voisines. A son centre, les cir-

convolutions ont un aspect gélatineux, kystiforme. On dirait

que la substance grise est séparée de la substance blanche.

Ces circonvolutions sont flétries et forment une excavation en

entonnoir dont la partie centrale, la plus profonde et la plus

altérée, est uu peu au-dessous du pli courbe sur le trajet de

la seconde circonvolution temporale (T2).

Les lobes temporaux et occipitaux sont fortement altérés,

toutefois, T3 offre un aspect à peu près normal. (PL. XII).

Face interne. - Sclérose atrophique considérable de Fi et

du lobule paracentral. Avant-coin, moins altéré. - Coin, très

sclérosé dans sa moitié inférieure. Circonvolution du corps

calleux atrophiée surtout dans son tiers antérieur. Lobe tem-

poro-sphènoïdal bien moins atrophié. Altération très accusée

du corps calleux sur toute son étendue. - Ventricule latéral

dilaté. - Corps strié et couche optique peu volumineux mais

ne paraissant pas altérés. Tubercule mamillaire et pédon-

cule célébrai, notablement moins développés qu'à droite. Les

lésions de cet hémisphère, peuvent se résumer dans ces mots :

atrophie, induration, blancheur. (PL. XIII).

Hémisphère droit. - Face convexe. La décortication est

très difficile, la pie-mère très adhérente entraine de grands

lambeaux de substance grise. Les circonvolutions frontales

sont volumineuses contournées et n'ont que de rares plis de

passage. Adhérences nombreuses au tiers moyen des circon-

volutions frontales et au niveau du lobe orbitaire. - FA et PA

sont sans lésions. - Le lobe pariétal est déprimé et porte les

traces de nombreuses adhérences sur sa partie antérieure et

142 Lésions pulmonaires.

surtout au niveau du pli courbe. 11 en est de même à la partie

postérieure de TI et de T2. - Le lobule de l'insula est très

développé et d'apparence normale. (l'L. XIV).

Face interne Aucune lésion apparente de 1 ? du lobule

paracentral, de l'avant-coin, du coin, ni du lobe temporu-sphé-

noïdal. - Le corps calleux, sa circonvolution (t 1(i ventricule

latéral n'ont rien d'anormal. - Le corps strié, la couche

optique et le pédoncule cérébral sont très développés. L'hé-

misphère droit présente dans son ensembf une consistance

molle qui contraste singulièrement avec V induration du côté

opposé.

Les lobes du cervelet paraissent sains, mais le gauche est

plus volumineux que le droit et pèse 10 grammes de plus que

lui.

La protubérance semble saine. Dans le bulbe, au niveau de

l'olive, la pyramide antérieure gauche est considérablement

atrophiée et est remplacée par une petite bandelette grise

formant une sorte de fossé; il en résulte que l'olive gauche

semble plus volumineuse que la droite. (Dégénération secon-

claire)..

La moelle offre une diminution nette de sa partie droite,

néanmoins, il est dillicile sur une coupe fraîche de se rendre

bien compte de la dégénération du faisceau pyramidal droit.

Cou. -Larynx, corps thyroïde (10 gr.), rien de particulier.

Pas de traces de thymus.

Thorax, - Poumon droit (130 gr.). Adhérences nombreuses

mais peu résistantes des plèvres pariétales et viscérales.

Emphysème interstitiel considérable des deux lobes supé-

rieurs ; atélectasie du lobe inférieur. Les bronches, sur une

coupe, laissent sourdre il la pression des gouttelettes muco-

purulentes. Petit foyer caséeux circonscrit à la partie anté-

rieure de la base ; dépression cicatricielle assez étendue du

sommet ; ganglion interbronchique caséeux présentant le

volume d'une petite noix. - Poumon gauche (125 gr.). Pas

d'adhérences; emphysème interstitiel etlobulaire au lobe su-

périeur surtout en avant ; atélectasie du lobe inférieur. Coeur

(80 gr), pas d'anomalie, trou de Dotal oblitéré.

Abdomen. - Foie (4 10 gr.), adhérence intime de sa face ;

convexe au diaphragme ; légère dégénérescence graisseuse;

RÉFLEXIONS; TICS. 143

voies biliaires, rien de particulier. l'ancrécts (3ar.), assez dur.

Rate (35 gr.), petite, quelques épaississements de la capsule.

Reins : gauche (70 gr.), droit (55 gr.). Rien de particulier.

Vessie, pas de calculs. -Estomac et tube intestimal, rien.

La cause de la mort a été la b;o2clo-lwetunowie qui a com-

pliqué la rougeole.

Réflexions. - I. Les tares nerveuses de la famille

tant du côté du porc que de la mère sont suffisam-

ment nettes pour expliquer la prédisposition aux

accidents cérébraux des trois enfants issus de ce

mariage.

II. A 9 mois, II.. a été pris de convulsions prédo-

minant dans le cote droit, se reproduisant plusieurs

fois, et suivies d'une hémiplégie droite qui se serait

aggravée progressivement et se serait compliquée

de contracture, deux mois après le début, et d'épilep-

sie spinale. Bien que les détails sur les convulsions

soient incomplets, leur existence, leur prédominance

dans tout le côté droit, l'hémiplégie droite avec con-

tracture et la trépidation épileptoïde avaient fait pen-

ser que l'idiotie était symptomatique d'une sclérose

atrophique do l'hémisphère cérébral gauche, com-

pliquée d'une dégénération secondaire.

III. Nous avons toujours soin dans nos observations

de décrire les tirs des malades. On sait qu'ils offrent

de très grandes variétés : mouvements divers des

muscles de la face et clés yeux, grimaces de toutes

sortes ; mouvements alternatifs d'allongement et de

retrait de la langue ; balancement de la tête et du

tronc, rotation de la tête; attitudes diverses du corps

se répétant régulièrement, écholalie, échokinésie ou

répétition d'un mouvement exécuté devant l'enfant,

etc., etc. Mais, nous n'avions jamais observé un tic

analogue il celui de llug... Son tic (p. 135 et 136) se

144 Rougeole : température durant LES prodromes.

manifestait dans le côté non paralysé : le pied en

adduction avec rotation forcée en dedans, frappait

rapidement la partie antérieure de la jambe gauche

ou le genou. En même temps et souvent, la main

gauche était animée de mouvements de va et vient

rhytmiques et isochrones à ceux du pied. Parfois ces

mouvements des membres supérieurs et inférieurs

du côté gauche étaient accompagnés de grands mou-

vements respiratoires durant lesquels l'enfant faisait

un grogncment guttural très désagréable (1).

IV. D'après les parents, l'enfant aurait eu la rou-

geole à onze mois. Est-ce bien exact ? Nous n'oserions

l'affirmer, faute de renseignements précis. Quoiqu'il

en soit, il paraît avoir contracté cette maladie, à

laquelle il a succombé, durant son séjour l'hôpital

des Enfants-Malades. L'habitude que nous avons de pla-

cer en observation, à l'infirmerie, pendant cinq jours,

les enfants qui nous arrivent et de faire prendre leur

température matin et soir, nous a permis d'avoir un

tracé complet de la température de la période pro-

dl'Omique de la rougeole. Les particularités qu'elle

présente sont suffisamment mises en relief par la

figure -3 pour que nous ayons besoin d'y insister.

V. Le crâne offre des caractères très curieux. Il n'y

a pas d'ossification prématurée et par conséquent une

intervention chirurgicale n'aurait pas été justifiée.

La moitié droite est notablement plus développée que

la moitié gauche. Les os correspondants ont une

épaisseur moitié moindre que clu côté gauche; ils

présentent des zones cle transparence plus larges et

plus nombreuses que les os correspondants du côté

gauche. ,

(1) La plupart des tics sont, comme ici, compliqués de bruits offrant une

grande diversité et difficiles il bien décrire.

Sclérose ATROPHIQUE ET 111ÉNINGO-ENCPHALITE. 145

VI. Ces différences entre les deux moitiés du crâne

correspondent à des diff renées très tranchées des

deux hémisphères cérébraux.

A gauche, nous trouvons une sclérose atrophique

intéressant presque tout l'hémisphère, se traduisant

par une diminution de poids de deux cents grammes;

- 2° un arrêt de développement des artères cérébra-

les ; - 3° une atrophie de la bandelette optique, du

tubercule mamillaire et du pédoncule cérébral.

A droite, nous avons découvert une méningo-

encéphalite à peu près généralisée de toute la face

convexe de l'hémisphère, mais aucun foyer de sclérose.

Rien dans les renseignements fournis par la famille ne

permettait de penser à cette lésion et, d'autre part,

l'enfant a fait un trop court séjour dans le service pour

qu'une observation attentive ait pu nous mettre sur

la voie.

Bourneville, Bicêtre, 1892. 10

Fig. 3. - Rougeole. nE, éruption.

H6' Sclérose ATROPHIQUE ET méningo-encéphalite.

La méningo-encéphalite nettement limitée d'un

hémisphère, la sclérose atrophique, non moins nette-

ment circonscrite il l'autre, constituent une véritable

exception. Ajoutons que ces deux lésions clu cerveau,

pas plus que l'état clu crâne, ne pouvaient être sérieu-

sement modifiées par la craniectomie.

XII.

Idiotie congénitale; double crâniectomie ; tuberculose'

pulmonaire; ,, - ,

Par BOURNEVILLE et DAURIAC.

Sommaire. - Père sujet à des céphalalgies fréquentes. Grand--

père paternel, mort probablement d'une affection de l'esto-

mac. -Grawcd'mère a eu trois attaques de congestion cërë-

brale sans paralysie; céphalalgies fréquentes; caractère'

très violent. Grand-oncle paternel, alcoolique. Tante' z

paternelle, morte de la poitrine. Autre tante paternelle, '

morte de méningite et de phtisie. Autre tante paternelle, : v

sujette à des céphalalgies. - Pas de consanguinité. I-négà-

lité d'âge de huit mois. Soeur, morte de convulsions à

4 mois.

Asphyxie complète à la naissance. entérite à 7 mois. Pre-'

mière dent à 3 ans. Dentition complète à 10 ans. - Parole '

nulle. - Début de la marche à Sans. - Accès de cris

datant probablement de la naissance. - Convulsions à' J

huit mois suivies de paralysie incomplète du côté droit.

Antérieurement, demi-contracture des quatre membres ' ·

avec mouvements athétosiques des quatre membres. '

AUTOPSIE. - .État des trois brèches osseuses delà crâniecto- «

mie;lésions de la dure-mère, de lapie-mère et du cerveau;*

- absence de synostose. - Aspect chagriné des ci1'convo-'

luttons. Tuberculose pulmonaire.

Ter... (Emile), né le 17 juillet 1878, est entré à Bicêtre, le.'

29 décembre 1891 (service de M. BOURNEVILLI· ? et y est décédé

le 12 octobre 1892.

L'enfant arrive de l'hôpital Trousseau muni du certificat

suivant, signé du DJalaguier, chirurgien des hôpitaux : «Est

atteint d'idiotie incurable. Il est nécessaire de l'admettre dans

un asile spécial. » On ne note rien de particulier à l'arrivée. '

La température prise sous l'aisselle pendant les 4 premiers;

jours se maintient autour de 36o, 8. -

148 Antécédents héréditaires.

Antécédents. (Renseignements fournis par son père le 10

juin 1892.) - Père, 40 ans, agent-voyer. n'a jamais eu de con-

vulsions. A 17 ans, dyssenterie ; à 18 ans. rhumatisme articu-

laire aigu sans complication apparente. Pas cle lièvre typhoïde

ni de chorée. De temps en temps quelques cauchemars. Pas

de tremblement. Il ne prend depuis un an que du lait à la suite

de palpitations dues à des excès de tabac. 11 en fumait envi-

ron pour 10 centimes par jour. Il nie tout excès alcoolique. Il

aurait eu, à 19 ans, un chancre qu'on étiqueta chancre mou.

Il n'y eut pas de bubon suppure, ni aucune manifestation cuta-

née. Certains accidents se manifestèrent néanmoins clu côté

de la gorge. Le médecin les met sur le compte de l'abus du

tabac. Céphalalgies assez fréquentes donnant la son sa ) lion d'une

sorte de soulèvement de la calotte crânienne; pas de points

névralgiques. Ces douleurs, qui n'ont rien de tixe dans leur

apparition ou leur intensité, ont diminué considérablement

depuis l'adoption du régime lacté et d'un traitement médical

.qui comporte l'emploi fréquent du sulfate de quinine. Carac-

tère violent et emporté. [Père, maître modeleur, grand fu-

meur, sobre, très vif, sans accidents nerveux, mort à G3 ans

après une maladie qui a duré huit mois ; il vomissait continuel-

lement de la bile. Il n'y eut pas de diagnostic posé. - Mère,

GG ans, actuellement bien portante, a eu trois attaques à HO ans

qualifiées de congestion cérébrale. Il y eut chute accompagnée

de congestion de la face, de perte de connaissance, de divaga-

tion et de délire peu violent. Après chacune de ces attaques,

elle est revenue à son état normal, sans avoir de paralysie. Elle

n 'aurait jamais eu de crises de nerfs ou d'affections chroni-

ques. Elle a des céphalalgies hebdomadaires peu violentes,

depuis fort longtemps. Il n'y a, à la suite, ni nausées ni

vomissements. La patiente ne se couche pas. Ce qui domine

ce sont surtout des scotomes accompagnés d'hypercsthésie du

cuir chevelu. Ces douleurs ne dateraient que de l'époque de

la ménopause. Caractère violent.

Aucun renseignement sur les grands-parents tant du côté

paternel que du côté maternel. 11 sait seulement que le grand-

père maternel serait mort jeune, noyé accidentellement dans

la Nièvre. Trois oncles paternels : un mort à ? 0 ans, un autre

à 40 ans, on ne sait de quoi. Le dernier, G8 ans, serait bien

portant mais légèrement bègue. - Deux oncles maternels,

morts on ne sait de quelle maladie; l'un d'eux, marchand de

vins, était fortement alcoolique. - Pas de tantes. Deux

frères et trois soeu<'s ; L'ainé est mort à G semaines ; pas de

renseignements. La 2°, fille, est morte à 21 ans de la poitrine;

Antécédents personnels. 1 149

hémoptysies ; non nerveuse. La 3e, morte à 15 ans d'une ménin-

gite qui aurait duré un mois. Depuis longtemps elle se plai-

gnait de maux de tète. Sa maladie était caractérisée par un

délire continuel avec quelques lueurs d'intelligence de 2 ou 3

minutes. Elle n'aurait pas eu de troubles moteurs ni de pho-

tophobie. Elle chantait constamment. Elle toussait beaucoup

et un médecin aurait dit que ce qui l'emportait était une

phtisie galopante. La 4° soeur a 45 ans, bien portante, sujette

à des céphalalgies comme son frère. Mariée, elle a 2 enfants

intelligents, qui n'ont jamais eu de convulsions. Un frère sobre,

non nerveux, a un garçon sain, très intelligent, sans convul-

sions. - Dans le reste de la famille, il n'y a ni idiots, ni alié-

nés ni épileptiques. ni sourds-muets, ni difformes, ni suicidés

ni criminels ou prostituées].

Mère, 40 ans. ni migraines, ni convulsions, ni dartres, etc. ;

- [Père, sobre, mort d'une affection de l'estomac ( ? ) ; il

fumait beaucoup. .W't'e, décédée à 23 ans du choléra; aucun

renseignement. Grand-mère paternelle, morte à 70 ans.

Grand-père paternel, mort à 87 ans et grand'mère maternelle à

86 ans. l'as d'autre détail. - Point d'oncles paternels. -Deux

taules paternelles se portent bien ainsi que les enfants de l'une

d'elles.- Pas d'oncles ni do tantes du côté maternel. - Ni frè-

res ni soeurs. - Dans le reste de la famille, ni idiots, ni alié-

nés, ni épileptiques, etc. - Pas de consanguinité. - Le mari a

8 mois cle plus que sa femme .

Trois enfants : 10 notre malade; - 2° fille, 13 ans, n'a jamais

eu de convulsions, est fort intelligente ; notons pourtant qu'elle

n'a marché qu'à 15 mois et parlé qu'à 20 mois; -3^ fille, morte

à quatre mois de convulsions qui auraient duré deux

jours.

Notre malade. Rien de particulier à la conceptiott.-Sur

le conseil de voisines, la mère prit tous les deux jours pen-

dant les trois premiers mois de sa grossesse des bains chauds

tempérés afin de rendre l'accouchement plus facile. Elle cessa

sur l'avis d'un médecin. Ni coups, ni envies, ni crises de

nerfs, ni idées noires. Une seule syncope à trois mois et

peu grave, un oedème assez considérable des jambes; on ne

sait s'il y eut de l'albuminurie. - Accouchement à terme,

naturel, sans chloroforme; la tête resta engagé trois heures.

- A la naissance, l'enfant était complètement noir. La sage-

150 Antécédents personnels : Craniectomie.

. femme « laissa saigner le cordon «jusqu'à ce que la respiration

s'établit. Cet état asphyxique dura au moins dix minutes. Les

jours suivants l'enfant n'était plus bleu. était gros, et parais-

sait bien portant. - Allaité au sein par une nourrice déjà âgée

(41 ans). Au bout de quatre mois on dut la changer. La nouvelle

.nourrice quoique jeune ne donna que peu de lait à son nour-

risson. Elle lui faisait manger de la soupe aux haricots. eut

.une entérite à 7 mois, et resta un mois malade. Les parents

.reprirent alors et il fut nourri au lait de vache avec semoule

et tapioca jusqu'à deux ans. - Première dent à 3 ans passés;

dentition complète à 10 ans. - Parole nulle. - Début de la

.marche à 8 ans. Il marchait alors comme un enfant de G mois.

- En nourrice on prétend ne s'être jamais aperçu que l'enfant

ait eu des convulsions. La mère a constaté deux fois seule-

ment des convulsions : « leur durée maximum n'a jamais excédé

deux minutes; il n'y avait ni rigidité, ni secousses du corps.

La face était très pâle, les mâchoires serrées et les yeux

détournés. L'enfant criait constamment. Dès son bas-âge, on

constata que le bras droit fonctionnait très difficilement. On

avait remarqué, après son retour de chez la nourrice, un état

de demi-contracture des bras et des jambes. Les parents

auraient aussi noté dès cette époque des mo¡¡eement" il [/u;/o-

siques des deux mains qui auraient persisté. L'enfant digérait

mal, vomissait, avait des périodes de diarrhée, suivies de pério-

des de constipation. Pas de vers intestinaux. Fort glouton,

Te.. gâtait constamment et cet état persistait à l'entrée à Bicé-

tre. On n'a jamais rien observé du côté de la respiration.- Pas

de rougeole, de variole ou de scarlatine. - Coqueluche à bâtis.

Pas de gourmes, etc. Engelures aux mains tous les ans.

Pas d'étourdissements, de chorée, de vertiges, ou de t.rem-

blements, de traumatismes sérieux. L'enfant reconnaît ses

parents et semble joyeux à la vue de son père. Il s'attache aux

personnes qui le soignent et est très doux. Il ne remue pas

et se tient constamment immobile. Pas de pyromanie, de klep-

tomanie. Il grince parfois des dents en donnant. Il ne déchire

pas ses effets, mais les salit par sa bave et son gâtisme.

A la lecture d'un article de journal sur la craniectomie, le

.père se mit en rapport avec M. le D" Lannelongue et l'enfant

fut opéré le 14 décembre 1890. On fit deux incisions à droite :

une antéro-postéricure et une transversale. Au bout de 20 jours

la plaie était cicatrisée. A la suite de cette opération, pen-

dant un moment, il sembla au père que le regard de son fils

devenait plus fixe et meilleur. A part cela aucun autre résul-

tat.

Description DU malade. 151

Un an après, le 15 décembre 1891, sur les instances du

père et à son corps défendant M. Lannelongue refit une

nouvelle craniectomie. La guérison opératoire était complète

au bout de 20 jours. Aucune amélioration ne fut constatée. Au-

jourd' hui l'enfant est redevenu ce qu'il était auparavant. Alors

son père se décida à l'envoyer à Bicétre (1).

1892. Etat actuel (leur avril) ? État général médiocre; peau

d'un blanc jaunâtre, adipeuse, cheveux châtains clairs, d'une

implantation régulière. Quelques adénites cervicales. Crâne

peu volumineux, aplati latéralement ; bosses peu saillantes ;

symétrie à peu près parfaite. Il présente à droite, dans la

région pariétale, à 4 centimètres 1/2 de la ligne médiane, une

cicatrice cutanée répondant à une dépression linéaire osseuse

de 10 centimètres de long dans le sens antéro postérieur :

c'est la trace de la craniectomie. Une seconde dépression se

détache à droite de la première dans le sens de la ligne bi-au-

riculaire. On ne sent pas la brèche de la crâniectomie faite à

gauche. - Les fontanelles et les sutures ne sont nullement

perceptibles au toucher. Front très étroit et très peu

élevé. - Face saillante. Physionomie hébétée. Arcades sour-

cillières peu marquées garnies de sourcils peu épais de même

couleur que les cheveux; fentes palpébrales peu fendues. Pas

d'exophtalmie, ni de strabisme, ni de nystagmus. Iris bleu,

pupilles égales ayant des réactions normales. - Nez légère-

ment aquilin ; ailes minces ; lobule gros ; narines ouvertes. -

Poommettes non saillantes. - Bouche moyenne, lèvres sail-

lantes. Bave continuelle. - Voûte du palais légèrement ogi-

vale ; voile du palais normal. Pas d'hypertrophie des amyg-

dales. Le goût est assez développé. - Menton large. Oreilles

grandes, bien ourlées.

Cou, 30 centimètres de circonférence, pas de goitre.

Thorax peu développé, peu large à sa base. Pas de lésions

du coeur ni des poumons.

Membres supérieurs longs et grêles, très peu musclés ;

(1) Voici d'ailleurs la note concernant cet enfant que notre ami, M. le pro-

fesseur Lannelongue a bien voulu nous transmettre : « 15 décembre 1890.

Craniectomie double du côté gauche, en avant au niveau du sillon de Rolando,

en arrière parallèlement à la suture occipito-pariétale. 11 est sorti guéri de

l'hôpital Trousseau le 28 décembre. Il est indiqué comme non microcéphale;

il ne parle pas, ne mange et ne marche pas seul; il est gaucher. Le 24 mars 1891,

152 DESCRIPTION DU malade.

peau rude, marbrée de rouge aux extrémités. Les mains froi-

des et cyanosées sont en flexion sur l'avant-bras. La main

gauche semble être plus particulièrement le siège d'une para-

lysie offrant le type de la griffe radiale. A droite, il semble

n'y avoir qu'une parésie des extenseurs.

Membres inférieurs minces et grêles peu musclés. Le mem-

bre inférieur droit est sensiblement plus froid que le gauche

Demi-flexion des cuisses et léger équinage surtout accentué

à droite. Démarche difficile.

Abdomen peu saillant. Rien de particulier; pas d'hypertro-

phie du foie ou de la rate.

Puberté et organes génitaux. -Verge, courte : 3 cen-

timètres environ de longueur et de circonférence. - Gland

découvert. Poils blonds, longs et épais sur le pubis et les bour-

ses.- Testicules égaux, de la grosseur d'un oeuf de merle.-

Pas de poils aux aisselles. Duvet léger à la lèvre supérieure.

La région anale est recouverte de poils assez longs. Elle

n'offre rien de particulier.

Etat intellectuel. L'enfant ne parle pas, ne comprend rien;

tous les mouvements sont instinctifs. Lorsqu'on attire son

attention il prend un air étonné. Il détourne la tête quand on

l'appelle il donne la main quand on lui tend la sienne. Il arrive

v marcher seul et à se tenir debout.

Dentition. Mâchoire supérieure : 10 dents permanentes. Les

canines ne sont pas encore sorties. Leur place existe mais

insuffisante. Les incisives sont assez bien rangées mais un

peu obliques en avant et en éventail.j1Mc/tOt)'e inférieure :

12 dents assez bien rangées, contiguës sans être serrées, sai-

nes. - Articulation normale. Les dents antérieures ne se

rencontrent pas lorsque les mâchoires sont rapprochées. -

Gencives en assez bon état.

ETAT DU MALADE : LÉGÈRE AMÉLIORATION.

153

Mensurations lu Tête.

154 Etat du malade ; légère amélioration.

Réfectoire : A l'exception de son pain, l'enfant ne prend aucun

aliment seul. Il saisit mal les objets qu'on lui présente. Il ne

mastique aucun aliment : il les avale tels qu'on les lui donne.

Cependant il parait bien digérer. Il gâte jour et nuit. Il est

est incapable de se donner aucun soin de propreté. Il parait

satisfait lorsqu'on le nettoie. Il ne s'habille ni ne se désha-

bille seul. Son caractère est doux et affei tueux. Comme tics on

ne peut signaler que de fréquents grincements de dents.

Bave continuelle. l'as d'onanisme. Sommeil bon. L'enfant t

marche seul. On fixe assez facilement son attention. - Trai-

tement : 2 bains salés par semaine ; 2 cuillerées d'huile de

foie de morue; 2 de sirop de fer.

2" Petite Ecole. Depuis quelque temps l'enfant semble mieux

comprendre ce qu'on lui dit. Sous le rapport du gâtisme il y

a amélioration. Dans la journée il va seul au siège. La nuit il

urine quelquefois au lit, mais moins souvent qu'autrefois. On

l'envoie à la petite École une demi-heure l'après-midi tous les

jours. - Douches de 25 secondes; 2 séances de gymnastique;

exercices de la parole.

Mai. L'enfant est exercé à la petite gymnaslique. Il

pleure et a l'air de se demander ce qu'on lui veut. Il saisit

mal les échelons et retire les mains dès qu'on les a mises en

place. En classe, on essaye sans résultat appréciable de lui

apprendre à lacer, à cirer, à boutonner, à placer les cartons

de couleur, les chiffres et les lettres sur les tableaux. Il parait

content lorsqu'on lui cause, mais ne fixe pas longtemps son

attention. Il sourit en voyant autour de lui courir ou chanter

ses camarades.

Au point de vue du gâtisme, il y a grande tendance à l'amé-

lioration. Au pavillon des gâteux, parfois, il va seul aux cabinets.

- Son caractère est toujours doux et affectueux.

6 juin. - La parole est toujours nulle, mais l'enfant semble

mieux comprendre. Debout, il se tient un peu voûté, le bras

droit allongé sur le membre inférieur du même côté ; le gauche

un peu fléchi et la main pendante. Les membres inférieurs sont

assez droits, mais le pied gauche est un peu tourné en dedans.

A table, l'enfant se tient assez bien, mais c'est à peine s'il

sait se servir d'une cuillère. - Il ne mange pas seul. Il ne

mâche pas et bave beaucoup. Il avale difficilement. La diges-

tion est assez facile. Selles rares.

L'enfant reste quinze jours au pavillon des gâteux pour une

grosse ampoule. Le 24 juin, il est renvoyé à la petite école.

Juillet. - Il est gai, devient joueur il commence à dire :

papa, maman, oui, non, méchant, chocolat.

Tuberculose pulmonaire. 155

Il noue. boulonne, lace beaucoup mieux. - A la gymnasti-

que Pichery, il exécute passablement les mouvements d'avant

en arrière, et de flexion sur les jarrets.

Il s'améliore tous les jours au point de vue du gâtisme, et

conduit même aux infirmières les enfants qui ont gâté, leur

montrant qu'ils doivent être changés, Il cherche à se désha-

biller lui-même, sans pouvoir y arriver. Il aime ses petits cama-

rades, refuse les friandises, indiquant que c'est à eux qu'il faut

les donner.

1 ? août. Ter., est conduital'Infirmerie avec de la fièvre.

Il a eu des vomissements pendant la nuit. T. R. 40°, 2. A la

percussion du poumon droit, on trouve, en arrière, un peu de

submatilé. - A l'auscultation, il y a vers la base une zone de

crépitation très circonscrite. - Traitement : oxygène, 30 cen-

tigrammes de sulfate de quinine ; Todd avec 4 grammes d'ex-

trait mou de quinquina. Soir : T. R. 40°.

2 août. - T. 39,, 5. - Soir : 40°, 2.

La respiration est plus difficile. La matité du côté droit, vers

la base, est plus étendue. La zone de crépitation s'est aussi

élargie. Du côté gauche, submatité en arrière et en bas.

Quelques râles fins aux deux temps de la respiration.

Il n'a pas reposé et s'est plaint. Pas de transpiration. Pas

de selles durant la nuit et la journée d'hier. L'enfant ne souf-

fre pas et répond négativement lorqu'on l'interroge sur ce point.

Il n'y a pas trop de torpeur. Le soir, il a eu une petite selle

après le lavement. Même traitement.

3 août. - La nuit du 2 au 3 a été mauvaise : Agitation,

insomnie Ce matin, T. H. 3tl°, 7. Respiration et toux pénible;

dyspnée. Râles humides, fins, dans les deux poumons, surtout

aux bases. Submatilé des deux côtés. Traitement : 50 cen-

tigrammes de quinine ; 3 ballons d'oxygène ; Todd, et extrait de

quinquina. Soir : 40°, 1

4 août. - Nuit très agitée. T. R. 39°, 7. Sommeil calmepen-

dant l'après midi. - Soir : T.R. 40°.

5 août. - Sommeil assez bon. T. R. 39°, 3. - Sonorité pres-

que normale. Un peu de submatité à gauche. Quelques gros

râles muqueux alla base gaucho. A droite, zone de crépitation

dans la fosse sous -épineuse. Souffle intense à la base. Même

traitement. - Soir : T. R. 40°, 2.

6 août. - Nuit un peu agitée. T. R. 38°, 8. Journée calme.

Sot)' : T. R. 39°, 6.

. 7 août. - Nuit mauvaise. - T. R. 39°, 9. Son père est venu

ce malin et, à sa vue, Ter.. a pleuré puis a paru content. -

Soir : 'l'. R. 39°, 4.

15G TUBERCULOSE pulmonaire.

8 août. T. R. 3 ? 5. Soir : T. R. 38°, S.

9 août. Grande amélioration. T. R. 3 îl, 3. Soir : 37^, fi·

- Le mieux se maintient les jours suivants. La température

n'est pas franchement à la normale.

15 août. - La djfervesconco s'est faite lentement : elle

paraissait complète le 10 août, mais le lendemain, la tempé-

rature s'est relevée et chaque soir on note une ascension qui

n'atteint pas cependant 3J°. Peu de signes stéthoscopiques

pour expliquer cet état.

21 août. - T. R. 37°, 1. - Soir : 39°.

22 août. - Un peu d'oppression. Diarrhée jaunâtre.

Lait, oeuf à la coque. Todd. Oxygène.

25 août. - Un peu d'abattement et d'oppression Quelques

crachats après l'absorption du Todd.

30 août. - Nuit très bonne. T.R. 30°, 9. - Soir : 3î,, 6.

1er septembre. Un peu de viande et de vin. Toux inter-

mittente. Sommeil irrégulier.

4 septembre. - On constate de l'amaigrissement. Le

malade a un appétit irrégulier.

5 septembre. - Les oscillations de la température se faisant

toujours sentir, la quinine est reprise. - Sous la clavicule

gauche, la respiration est soufflante. Gros râles disséminés en

arrière des deux côtés.

7 septembre. - Submatité dans la région sous-épineuse à

gauche. Affaiblissement du murmure vésiculaire très notable.

- Vésicatoire sur la région. Pas do sueurs la nuit. Toux.

12 septembre. La sonorité a reparu au niveau de la fosse

sous-épineuse. Murmure vésiculaire normal au même endroit.

La température vespérale dépasse toujours 38". Hier, elle a

atteint 30°,11. - Oxygène, Todd.

Ili septembre. Faiblesse dt plus en plus grande. Amai-

grissement continuel. Respiration embarrassée.

20 septembre. T. H. 38^, 8. - Soir : 3ao. Tel'... parait

accablé, est pâle et amaigri. Respiration difficile. Vers les 8

heures du soir, il a eu hier un accès de suffocation. L'appétit

est toujours fort irrégulier. Craquements humides en avant

sous la clavicule gauche. Râles humides et souille tubaire en

arrière et à droite au niveau de la fosse sous-épineuse.

29 septembre. T.R. 38°. Nouvel accès de suffocation.

Auscultation très difficile.

4 octobre. - Pendant les journées des il 2 et 3, la tempé-

rature s'est maintenue à 37°. Aujourd'hui T.R. 38". Il n'y a ni

sueurs, ni diarrhée. Respiration assez libre. Toujours mêmes

signes sthétoscopiques.

Autopsie : adhérences DE la dure-mère. 157

8 octobre. La tuberculose fait tous les jours des progrès.

La marche est rapide. L'amaigrissement et la faiblesse s'ac-

centuent. T. Il. 3 9,, 8. Soir : 39", 8.

9 octobre. T. R. 37°, 9. - Soir : 39°, 4.

10 octobre. T. R. : 3au, 9. - Soir : ! in,, 1.

11 octobre. - coin : 1'. R. 38°, 9. - L'état de Ter... devient

de plus en plus mauvais. Respiration pénible, torpeur. Les

yeux sont brillants et sans expression. Pas de sueurs, pas de

diarrhée. Toux fréquente ; absence complète de crachats.

12 octobre. L'enfant ne prend que du lait chaud. Vers

deux heures, accès de suffocation qui a duré 15 minutes. Les

inhalations d'oxygène ont paru le soulager. Vers 4 heures, il

a mangé du potage. A 4 heures (/2 suffocation. L'enfant se débat

durant un quart d'heure. Il est mort à 5 heures. T. Il. aussitôt

après la mort : 38°, 7 ; ? d'heure après : T. 12. 38°, 5;-Une

heure après : T. R. 37°; -Deux heures après : 30°.3; Tem-

pérature de la pièce : 12". - Poids après décès : 29 k. 900.

Autopsie faite le 14 octobre 1892, 40 heures après décès.

- Cadane très amaigri. Très légère rigidité du coude et des

doigts à gauche; même chose à droite. Rigidité des hanches,

des genoux et surtout des pieds.

158 ' 1 Crâne; craniectomie.

coupé un peu court. On enlève donc tout l'encéphale en même

temps que la calotte.

La dure-mère est adhérente au niveau dos brèches osseuses

et entre elles, de telle sorte que l'espace quadrilatère compris

entre les deux brèches est adhérent par les quatre bords et

que la partie du crâne qui correspond à ce quadrilatère est

blanchâtre, cxanguc, tranchant ainsi par sa coloration avec

les autres parties du crâne qui avaient une coloration rougea-

tre assez foncée : il y avait anémie de cette partie. Le liquide

céplralo-rachirlien est en petite quantité.

Les ctt·lères de ta base sont symétriques et égales. Il on est

de même des nerfs, des tubercules mamillaires et des pédon-

cules cérébraux. La pie-mère de la base n'est pas vascu-

larisée : iiiais on note une vascularisation très fine sur les

lobes temporaux, pariétaux et occipitaux; la vascularisation

prédomine à droite.

Les différentes fosses de la base du crâne sont normales et

à peu près symétriques, sauf une légère inégalité due a la

plagiocéphalie. - Le trou occipital est normal.

Les os de la calotte crânienne sont assez épais et consistants.

Il n'y a pas de plaques transparentes. En revanche, on exa-

minant successivement la, sagittale, la c01'OIJ.1.le ctla lam ueloide,

aussi bien sur leur face interne que sur leur face externe,

on ne trouve pas traces de synostose. La coronale, assez com-

pliquée au point de vue des dentelures, est libre dans toute

son étendue. Sur les parties latérales de chaque côté, on peut

insinuer un crin de brosse dans les interstices laissés libres

par les arborescences. Pareille chose peut se faire sur pres-

que tout le trajet de la lambdoïde- La sagittale est un peu plus

serrée, mais il n'existe de soudure osseuse en aucun point de

son trajet. - Les trous pariétaux sont très nets des deux côtés.

Du côté droit, le pariétal présente une brèche osseuse longue

de 3 centimètres, large de 2 centimètres 1/ ? . (Fia. 1). Cette hré-

che part de la suture coronale en avant, chemine d'avant en

arrière parallèlement à la suture sagittale et s'arrèle il 3 cen-

timètres de. la lambdoïde, Elle est éloignée de 3 centimètres

du vertex. Les dimensions primitives de cette brèche sont

celles que nous rapportons. Le travail de réparation osseuse

a créé des bords minces, déprimés, festonnés par des arbi- :

rescences qui tendent le le rapprocher et à combler le vide.

Ce vide n'est plus par le fait que de 7 centimètres sur 1 cen-

timètre.

Sur le pariétal gauche existentdeux b-èclies ossettsespai-al-

lèles à la suture coronale, perpendiculaires, par conséquent, >

DESCRIPTION DU crâne. 159

à la sagittale. La plus antérieure, longue de 5 centimètres, est

large de 2 centimètres 1/2. Parallèle à la coronale, elle en est

Fig. 4.

160 Tuberculose pulmonaire.

éloignée d'un centimètre. Son extrémité supérieure aboutit

à 2 centimètres de la sagittale. La brèche postérieure a les

mêmes dimensions que la précédente. Parallèle à la branche

gaucho de la l;tnthcl.rïcle, elle est écartée d'un centimètre. Elle

est distante de 2 centimètres de la sagittale. Cette dernière

brèche est en partie comblée par le travail de réparation

osseuse. La plus antérieure l'e.,t beaucoup moins. (Fig. 4).

Hémisphère cérébral gauche. Il est de consistance ferme, ,

la pie-mère s'enlève très facilement; pas de traces d'adhé-

rences. - Les circonvolutions sont bien dessinées, mais les

scissures sont peu profondes. Sur le lobe pariétal, on peut

noter un aspect chagriné de la pariétale ascendante, du pli

courbe, des plis pariétaux. - Sur le lobe frontal, nous notons

à la partie postérieure des deux circonvolutions frontales une

série de petits plis de passage, distants de 3 à 4 millimètres.

La partie tout-il-fait postérieure de la première temporale est

chagrinée et grêle. Les circonvolutions occipitales n'offrent

rien de particulier. La scissure perpendiculaire externe

est très nettement dessinée. La scissure de Sylvius est très

large; les bords sont écartés. - Le lobule de l'insula est très

volumineux.

Rien de particulier dans le ventricule latéral, la corne

d'Ammon, la couche optique, le corps strié. ' *

Hémisphère cérébral droit. - La pie-mère s'enlève très

facilement. Les circonvolutions du lobe frontal ont un aspect

chagriné. Elles affectent une disposition normale. Les frontale

et pariétale ascendantes n'offrent rien de spécial. - La scis-

sure perpendiculaire externe est très accentuée. Les cir-

convolutions occipitales ont un aspect normal. - Le lobe

temporo-sphènoïdal a un aspect chagriné. La scissure de

Sylviu., est moins béante qu'à gauche.

Cou. - Corps thyroïde, '5 gr. - Pas de thymus. -

Larynx sain.

TI,01'ax. - Poumon droit (540 gr.). On trouve au sommet

de nombreux nodules tuberculeux dont le centre est ramolli

et la périphérie caséeuse. Une zone résistante et blanche

sépare ce magma caséeux d'une zone périphérique d'hepati-

sation rouge. Ces ilôts tuberculeux sont surtout nombreux

au sommet et à la partie postérieure du lobe moyen. Pou-

mon gauche (530 gr.). Lésions analogues; toutefois le lobe

Réflexions. 181

supérieur est atteint d'un degré plus considérable - : une

caverne de la grosseur d'une noix occupe sa partie supérieure.

Dans le lobe inférieur, les lésions sont les mêmes qu'à droite

et semblent moins avancées. - Coeur (130 gr., vide); rempli

de caillots, il pesait 160 grammes. Pas de persistance du trou

de Botal.

Abdomen. - Estomac très dilaté, descendant jusqu'au

niveau de l'épine iliaque, ne présentant aucune lésion macros-

copique. - Foie (960 gr.), un peu dur, blanc jaunâtre. Pas de

calculs de la vésicule - Rein droit (100 gr.); Reingauche

(90 gr.). Tous deux sont légèrement congestionnés et offrent des

traces de lobulation. - Pancréas (65 gr.), dur et volumineux.

- Testicules dans les bourses.

Réflexions. I. L'hérédité n'a exercé qu'une

influence relative chez le malade de l'observation qu'on

vient de lire. Elle se trouve seulement d'ailleurs du

côté paternel. La grand'mère paternelle a présenté

trois attaques sans paralysie, étiquetées attaques de

congestion cérébrale. Quelques céphalalgies chez le

père, chez cette même grand'mère et chez une tante,

et c'est tout. Pourtant, il ne faut point passer sous

silence l'atcooitsme et la tuberculose que nous avons

notés dans la famille paternelle de Ter.. L'affection de

l'estomac à laquelle a succombé le grand-père est mal

définie. Peut-être faudrait-il la mettre sur le compte

des habitudes alcooliques. Un grand-oncle paternel

était en tout temps un alcoolique avéré. Une tante

paternelle est morte de tuberculose des poumons et

des méninges. Ces tares ancestrales nous paraissent

avoir joué un rôle prépondérant dans la préparation

du terrain dont a hérité Ter.. Il a succombé lui-même

à la tuberculose.

II. La conception et la grossesse n'ont rien présenté

de particulier. Il n'en est pas de même de l'accouche-

ment : la tête est restée trois heures au passage et

l'enfant, à la naissance, était complètement noir. C'est

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892. 11

162 Réflexions.

là, sans doute le point de départ des lésions cérébra-

les qui ont eu pour conséquence l'idiotie. On doit, tou-

tefois, se tenir sur la réserve au sujet de l'existence ou

non de convulsions pendant que l'enfant était en nour-

rice, car à son retour chez ses parents, on a constaté

une paralysie incomplète clu bras droit, des mouve-

ments choréiformes des mains et un état de demi-con-

tracture des quatre membres. Vers le huitième ou le

neuvième mois, il a eu deux petites crises convulsives

très courtes. En faveur de l'origine que nous avons attri-

buée à l'idiotie, on peut invoquer ce fait que, (lèses pre-

miers temps de la vie, l'enfant criait constamment et

que son bras droit fonctionnait très difficilement.

III. L'idiotie était complète : accès de cris dès les

premiers jours de la naissance, début tardif (3 ans) et

extrême lenteur de la dentition qui ne fut achevée

qu'à 10 ans ; marche à un âge avancé (8 ans) ; parole

limitée à quelques mots ; gâtisme persistant, etc.

L'autopsie a confirmé le diagnostic d'atrophie céré-

brale ou mieux d'arrêt de développement du cerveau,

posé du vivant de Ter... après connaissance de ses

antécédents : le poids de l'encéphale, 855 grammes, à

l'âge de 14 ans et demi, ne laisse aucun doute à cet

égard. L'absence de foyers de sclérose avec induration

corroborait les dires de la nourrice sur l'absence de

convulsions graves. Signalons enfin l'aspect chagriné

de quelques circonvolutions.

IV. Si les os du crâne étaient assez épais, sans pla-

ques transparentes, les sutures ne laissaient aperce-

cevoir aucune trace de synostose. La première inter-

vention chirurgicale a eu lieu quand Ter... avait 12

ans et demi. Elle a consisté en deux brèches trans-

versales pratiquées sur la moitié gauche clu crâne. La

seconde opération, faite un an après la première, éga-

Réflexions; CRAVIECTOMIE. 163

lement par M. Lannelongue et à son corps défendant,

a consisté en une brèche longitudinale ouverte sur la

moitié droite du crâne. La fig. 4 donne une idée nette

de la manière dont s'effectue la réparation des brè-

ches osseuses, cette réparation est rapide et, en suppo-

sant qu'elle ait été réelle même un instant, la préten-

due liberté donnée au cerveau pour s'épandre à son

aise, n'a eu qu'une durée éphémère puisqu'au bout.de

deux ans nous trouvons les brèches de la première

opération à peu près tout à fait fermées.

D'ailleurs, à cause de l'âge de Ter..., les chances

d'une amélioration sérieuse étaient très restreintes.

Ainsi que nous ne cessons de le répéter, c'est le plus

tôt possible, dès qu'on s'aperçoit de l'état anormal de

l'enfant, dès les premiers signes de l'idiotie qu'il. faut

instituer le traitement médical et pédagogique. C'est

pour cette raison que, dans le cas de Ter ? bien que

nous ayons obtenu plus que le traitement chirurgical

(voir p. 154 et 155), nous ne pouvions pas, en cas de

survie, espérer arriver à des résultats considérables.

Nous serions très probablement parvenus à le rendre

propre, à lui apprendre à s'habiller et à se laver, à déve-

lopper dans une petite mesure la parole mais nous

n'aurions pas conquis davantage. . ' ' ,

XIII.

Idiotie méningitique ; rachitisme ; fièvre typhoïde ;

méningite ;

Pau BOURNEVILLE et N011t.

SOMMAtnE. Absence complète d'antécédents héréditaires

personnels. - Idiotie complète. Amélioration. - Fièvre

typhoïde anormale. Mèningite. - Mort.

Autopsie. - Distension des sutures; - lésions méningiti-

ques anciennes et récentes; - lésions des plaques de

Peyer.

Dufoul... (Auguste-Ernest), né à le

21 avril 1889, est entré le 24 mars 18 ! j, à Bicêtre (service de

M . BOURNEVILLE ).

Antécédents. - Cet enfant venant de l'hospice des Enfants-

Assistés, nous n'avons pu obtenir aucun renseignement sur

ses antécédents héréditaires et personnels. Le certificat de M.

le Dr Hutinel porte « qu'il présente sur les membres, le thorax

« et le crâne, les traces d'un rachitisme très prononcé, qu'il

« ne parle point, qu'il se tient à peine debout, qu'il est ma-

a nifestement arriéré (strabisme, hébétude) et que sa vraie

« place serait à Bicêtre (service des idiots) ».

État actuel (mars). - Brun de peau, un peu émacié, l'enfant

parait de complexion délicate. Le facies exprime l'hébétude.

Les cheveux bruns, régulièrement implantés, empiètent laté-

ralement sur le front. Pas d'engorgement ganglionnaire.

Tête volumineuse proportionnellement au corps, et asy-

métrique. Les bosses frontales et pariétales sont assez sail-

lantes. La protubérance occipitale externe est accentuée.

Pas de traces de sutures, ni de fontanelles. - Front assez

Description DU malade. 165

élevé ; arcades sourcilières assez nettement accusées. Visage

rond, joues pleines, face symétrique. Paupières fines et bleuâ-

tres, recouvrant complètement, en se fermant, les globes

oculaires. Fentes palpébrales horizontales et égales. Sourcils

noirs, abondants et longs. Cils longs et bien implantés. Yeux

mobiles, sans exophthalmie, ni paralysie, ni nystagmus. Léger

strabisme convergent de l'ccil gauche. Iris jaune foncé.

Pupilles égales il réaction normale. Examen fonctionnel de

l'cril impossible. - Nez petit et droit. L'odorat paraît normal.

- Pommettes peu saillantes, symétriques. - Bouche un peu

grande. La lèvre supérieure fait saillie surtout à sa partie

médiane. Voûte palatine légèrement ogivale; voile du palais,

luette, amygdales, pharynx, rien de particulier. Goût normal.

- Menton petit et rond, bien conformé. - Oreilles bien

implantées et bien ourlées, fines, presque complètement

transparentes, sillonnées de veinosités bleuâtres. Ouïe bien

développée.

Le cou est grêle. Le corps thyroïde n'est pas volumineux.

Le thorax est globuleux; léger chapelet rachitique au niveau

des articulations chonclrocostales. Aucune anomalie révélée

par la percussion, ni par l'auscultation. - L'abdomen est

gros, un peu proéminent. Le foie déborde légèrement les

fausses cotes.

Les membres supérieurs minces et peu musclés, sontnéan-

moins normalement constitués. Les mains sont bien faites et

les ongles régulièrement implantés. - Les rnembres infé-

rieurs sont proportionnellement plus développés que les su-

périeurs. Les pieds sont suffisamment cambrés.

Organes génitaux. Verge : longueur : 2 centimètres 5 ;

circonférence : 2 centimètres ; phimosis difficilement réducti-

ble. Testicules dans les bourses, du volume d'un petit haricot.

Région anale saine. Le corps de l'enfant est complètement

glabre.

La sensibilité au tact, à la piqûre, à la chaleur parait nor-

male sur toutes les parties du corps. - Les réflexes patellai-

res existent et ne sont pas exagérés.

L'enfant ne parle pas, gâte constamment, ne donne lieu à

aucune manifestation intelligente. Il est mis dans le service

des gâteux et soumis au traitement suivant : 3 bains salés

par semaine; I cuillerée par jour de sirop d'iodure de fer ;

exercices de marche quotidiens.

18 avril. - L'enfant entre à l'infirmerie prétentant une

166 MÉNINGITE.

toux humide et quinteuse. A l'auscultation, on constate des

râles sonores et sous-crépitants dans toute l'étendue des deux

poumons, mais surtout en arrière et à gauche. Badigeonnages

de teinture d'iode; potion calmante.

19 avril. - T. R. Matin : 39°. - Soir : 40°.

20 avril. T. Il. Matin; 39°. Soir : 40, 2.

21 avril. - T. R. Matin : 38", 9. - Soir : 39, 8.

22 ao-iL - T. R. Jlatin : 39,. Soir : 40°. 4.

23 avril. - L'enfant est notablement mieux. La température

vespérale est élevée néammoins. Les signes stéthoscopiques

n'expliquent pas les oscillations de 2° de la température de

l'enfant. T. R. Matin : 31, 4. - Soir : 37°, 6.

24 arril. - T. R. Matin : 37°, 2. - Soir : z, 3.

' là avril. - La défervescence s'est accomplie brusquement.

Le tracé thermique offre l'aspect de celui de certaines fièvres

'typhoïdes : on y constate une période d'oscillations station-

naires. Les signes physiques ont disparu.

31 mat. - L'enfant a fait des progrès; il marche seul, pro-

nonce quelques mots : « maman, papa. à boire, caca. » 11 est

devenu propre et commence à se déshabiller seul.

4 juillet. - La vaccination pratiquée, il y a huit jours, n'a

pas donné de résultat, bien que l'enfant ne porte aucune

cicatrice de vaccin.

14 juillet. - L'enfant est conduit du service des gâteux à

l'infirmerie, il a vomi dans la nuit et s'est plaint sans discon-

tinuer. A son entrée à l'infirmerie, sa température atteint

39°, 6. Vers 9 h. t du matin, il est pris d'un accès épilepti-

forme : les yeux roulent convulsivement dans leurs orbites,

la face est congestionnée, une écume sanguinolente s'échappe

de la bouche. Les membres sont raidis à droite, tandis qu'à

gauche, ils s'agitent violemment. Au bout de deux minutes

l'accès s'est terminé par une émission d'urine et l'enfant est

tombé dans un état comateux dont le ronflement était par

intervalle interrompu par de forts grincements de dents.

Bien qu'il ait les paupières closes, il ne parait pas dormir.

T- R. 38, 5.

A 10 heures : second accès identique au précédent. Plaintes

'et gémissements contiuuels. Il repousse et attire alternative-

ment ses couvertures vers lui. Sa physionomie exprime la ter-

reur, son front est plissé de rides transversales. Daus lajournée,

il vomit le lait qu'on lui donne à boire, grince fréquemment des

dents, reste sans connaissance et murmure par moments :

« Maman ». Trois selles consistantes dans la journée. - Soir :

T.R. 38°. '

Distension DES SUTURES. 167

Il juillet. T. R. 3 i°, 5. Irrégularité du pouls. Hyperesthésie

cutanée. L'enfant parait souffrir de la tête, grince des dents,

poursuit avec les mains des objets imaginaires. Veux ternes et

demi-clos; photophobie, constipation. Diagnostic : Méningite.

Traitement : frictions mercurielles sur la tète, lavements;

applications glacées sur la tête. - Son' ; 3S°.

10 juillet. - Gémissements plaintifs, agitation, grincements

de dents. Ni paralysie, ni contracture. Irrégularité du pouls,

hyperesthésie cutanée. Duf... n'a plus eu d'attaques convul-

sives. T.R. 3 ? 7. -Soir : 39°, 8.

17 juillet. Raideur de la nuque, du bras droit, et de la

jambe droite. L'enfant est constipé; il n'a de selle qu'après

les lavements. T. R. 3S°, S. - Soir : 40°, 5. Traitement : Calo-

mel : 0 gr.25 en 5 prises, frictions mercurielles et glace sur

la tête.

18 juillet. - L'enfant est décédé à une heure du matin. T.

Il. après le décès : 41°. 9; un quart d'heure après, 40°; -

une heure après, 38°, 4 ; 2 heures après, 36°, 2 ; - 5 heures

après, 32°, 8. La température de la salle a oscillé entre 19° et

18°, 5.

168 Etat DU crâne ; méningite.

térieur sous la forme de cordons rouges, saillants, sinueux

ayant environ 3 à 4 millimètres cle largeur ; ils sont plus

marqués au. niveau des sutures coronale et sagittale qu'au

niveau des sutures occipito-pariétales. A la face interne, les

sutures apparaissent comme une ligne rouge, finement dente-

lée mais ne formant pas de saillie comme sur la face externe.

Pas trace de synostose. - A l'état sec, on constate que les

sutures sont comme distendues et séparées par une substance

qui s'est rétractée légèrement en se desséchant. La suture

coronale offre des dentelures très fines et devient presque

rectiligne au niveau de la ligne médiane. La suture sagittale

présente aussi des dentelures très fines qui, à partir du sinci-

put, deviennent plus considérables jusqu'au lambda. La

suture lambdoîde offre à gauche quatre os wormiens, un

central offrant environ la surface d'une pièce de 0 fr. 50 ; les

deux autres sont plus petits, allongés, à grand axe perpen-

diculaire à la suture. A la partie externe de la suture, toujours

du même côté, il y a. trois autres petits os wormiens de la

dimension d'une lentille et paraissant de simples dentelures

détachées. A droite, la suture lambdoïde offre deux petits os

wormiens lenticulaires et un troisième plus volumineux

(comme une pièce de 0 fr. 20). Sur le trajet de cette partie de

la suture lambdoïde, on observe de petites fissures de la table

externe des os, perpendiculaires à la suture elle-même. Les

sutures à la face interne du crâne se montrent sous la forme

d'une simple ligne sinueuse. De nombreux pertuis vasculai-

res perforent la table interne des os sur les bords de ces sutu-

res et au point où siège la suture métopique qui n'a laissé

aucune trace. Les sillons des vaisseaux méningés moyens

sont distinctement marqués sur les pariétaux.

La calotte présente des plaques transparentes sur les parié-

taux en arrière de la suture coronale près de la ligne médiane.

Ces plaques sont au nombre de deux à l'angle fronto-sagittal

droit, tandis qu'on n'en observe qu'une dans la région symé-

trique à gauche. Elles ont environ 2 centimètres de diamètre.

On constate aussi des zones transparentes mais diffuses à la

région postérieure des pariétaux surtout au niveau du lambda.

La base du crâne est symétrique ; elle offre comme particu-

larité, la séparation de l'apophyse basilaire du reste de l'oc-

cipital par deux sutures aboutissant au trou occipital et pas-

sant en avant du trou condylien antérieur.

Les sinus de la dure-mère sont gorgés de sang noir. Le

sinus longitudinal supérieur est rempli de caillots fibrineux

blancs. - La dure-mère est un peu violacée. - Le liquide

État DU crâne ; méningite. 169

cépha.lo-1'achidien ne paraît pas sensiblement augmenté.

La pie-mère est partout congestionnée et présente des infil-

trations purulentes jaunâtres le long des vaisseaux etprinci-

palement sur les 2/3 antérieurs des hémisphères et à la partie

antérieure des lobes temporaux. Ces infiltrations paraissent

un peu plus prononcées sur la face convexe gauche que sur

la droite. Il existe encore des plaques ecchymotiques sur

toute l'étendue des lobes frontaux et sur les lobes pariétaux,

principalement à droite, ainsi qu'à la partie moyenne du lobe

temporal droit. Des amas purulents existent au niveau de la

base des scissures de Sylvius et au niveau des pédoncules en

arrière du chiasma. Les artères de la base n'offrent aucune

anomalie apparente.

170 RÉFLEXIONS.

traînées purulentes existent aussi le long des vaisseaux, mais

sont moins importantes que sur l'hémisphère opposé.

Face interne : Elle est à peu près complètement indemne,

sauf au niveau de l'origine du 1 Les quelques adhérences

qu'on observe sur cette face sont beaucoup moins résistantes

que sur la face externe.

Des deux côtés, les ventricules, les corps striés, les cou-

ches optiques n'offrent aucune lésion.

Cervelet (130 gr.) Bulbe et protubérance (15 gr.). Moelle (22

gr.) rien de particulier.

Thorax. - Poumon droit (175 gr.), gauche (120 gr.). Adhé-

rences pleurales nombreuses des deux côtés. Induration de

la base du lobe supérieur gauche, tiont les bronches laissent

sourdre à la coupe un pus verdâtre et bien lié. Congestion

assez intense du bord postérieur du poumon droit ; filaments

fibrineux en train de se liquéfier dans les bronches de ce

poumon.

Abdomen. - Foie (535 gr.) ; pas de calculs dans la vésicule

biliaire.- Coew' (75gr.).-lleitl.c : droit (55 gr.), gauche (57 gr.),

sains. - Raie (45 gr.) en putréfaction. - Pancréas (14 gr.). Le

mésentère contient des ganglions volumineux, nombreux,

rosés, sans induration. Vascularisation anormale de l'in-

testin grêle sur le dernier mètre de son étendue. Les plaques

de Peyer sont tuméfiées et vascularisées. L'une d'elles a envi-

ron trois centimètres de longueur. Quatre de ces plaques sont

nettement altérées, une d'entre elles a été ulcérée à sa partie

centrale qui est comblée par un tissu transparent, limité à la

périphérie par un bord opaque fort net.

Réflexions. - I. Malgré le court séjour que Dufou..

a fait dans le service et l'absence absolue d'antécé-

dents, nous avons pu noter dans son état de sérieuses

modifications produites par l'éducation et les soins

assidus qui lui ont été donnés (p. 166).

II. Ses maladies intercurrentes fournissent, l'occa-

sion de faire d'intéressantes remarques. Dufoul...

fut atteint au mois d'avril d'une bronchite avec

RÉFLEXIONS. 171 i

toux quinteuse accompagnée d'élévation de tempé-

rature. Le tracé thermique offrit une période d'oscil-

lations stationnaires comme dans la fièvre typhoïde.

La défervescence brusque, bien que n'étant pas la

règle, s'observe parfois dans la fièvre typhoïde. (Voir

un tracé analogue dans : Bourneville, Notes et obser-

vations sur la fièvre typhoïde, fig. 10.) Aucun autre

trouble typhiquc n'avait été noté. Les enfants idiots

et gâteux et surtout ceux de cet âge ne réagissent

guère sous l'influence de lésions même très graves;

on ne s'aperçoit parfois qu'ils sont souffrants qu'alors

que la maladie est à son summum et eux-mêmes

sont souvent incapables ou ne sentent pas le besoin

de se plaindre. Nous nous sommes, en effet, trouvés en

présence d'une forme anormale, pulmonaire, de la

dothié ? ienté·ie. Ce diagnostic a été confirmé par

l'autopsie, qui nous a fait découvrir des lésions des

plaques de Peyer en voie de réparation.

C'est probablement à cette infection par le bacille

typhique qu'est due la méningite suppurée, maladie

ultime dcDutbul.. Il est regrettable que l'analyse bac-

tériologique n'ait pu être faite, car l'enfant n'avait ni

otite, ni autre infection capable d'expliquer la ménin-

gite suppurée. Il est juste de dire toutefois que la pie-

mère, qui était déjà le siège d'une méningite ancienne,

comme l'ont démontré les adhérences de cette mem-

brane au cerveau, était un locHs minol'is 1'esistantiæ

prêt à subir les atteintes de l'infection typhiquc. Cette

méningite suppurée a évolué rapidement et présenté

les symptômes classiques. (Accès épileptiformes, ¡

photophobie, hyperesthésie, troubles voso-moteurs,

céphalalgies, constipation, etc.)

III. L'autopsie offre un intérêt tout particulier, non

seulement par l'explication qu'elle donne des faits

cliniques prcédemment observés, mais encore par

172 RÉFLEXIONS.

l'examen du crâne de l'enfant. Nous trouvons sur ce

crâne les modifications caractéristiques que subissent

les os dans le rachitisme. Les os du crâne ont en

effet l'aspect spongoïdc et les lames du tissu compacte

n'existent pour ainsi dire pas. Est-ce encore au rachi-

tisme que nous devons attribuer la congestion toute

particulière notée au niveau des sutures ? Cela est

possible. Le nombre des orifices vasculaires persistant

sur leur trajet nous permet d'affirmer que le tissu

osseux était là le siège d'une prolifération active. Du

reste, le dessèchement a amené la rétraction de ce

tissu de nouvelle formation. Les nombreux os veor-

miens, sur le trajet de la suture lambdoïde, la sépa-

ration de l'apophyse basilaire du reste de l'occipital,

joints à cet état particulier des sutures et aux plaques

transparentes que présente la calotte crânienne nous

permettent de trouver dans l'observation de Dufou...

un nouveau cas où la craniectomie devait être contre-

indiquée de la façon la plus absolue. Rien dans l'exa-

men clinique du crâne n'autorisait cependant à pré-

juger do son état.

IV. Nous devons une mention spéciale à une

lésion curieuse des sutures qui se présentaient

sous la forme de cordons rouges, saillants, sinueux,

ayant environ 3 ou .'1 millimètres de largeur..

Le périoste interposé entre les dentelures des

sutures s'est donc considérablement congestionné,

écartant ainsi les dentelures des sutures. Ce fait, qui

correspond aussi à une congestion intense du tissu

spongieux des os du crâne, montre qu'il n'y a pas

trace cle synostose et encore que rien ne s'opposait à

l'extensibilité des os clu crâne sous l'influence du

développement du cerveau. Nous reviendrons sur cetto

intéressante lésion à propos de l'observation de Marie

Ba....

XIV.

Idiotie méningitique;

Par BOURNEVILLE et FERRIE II.

SOMMAIRE. - Père, quelques excès de boisson, caractère

empatté. - Grand-père paternel, caractère emporté, mort

de la rupture d'un allèUt'L5771e de l'aorte. Grand'mère

paternelle, cataracte double, excès de boisson ( ? ). Arrière-

grand-père paternel, mort de lapierre. Arrière-grand'mère

paternelle, morte de la rupture d'un anévrisme aortique.

Grand-oncle paternel, convulsions dans l'enfance avec

déformation des pieds, taille exiguë. Deux grand'tantes

paternelles, mortes de convulsions. Oncle paternel, mort de

méningite. Autre oncle paternel, suicidé. Tante paternelle,

morte d'attaques d'éclampsie. Mère, soignée comme hysté-

rique à la Salpêtrière, poétesse. Grand-père maternel, mort

phthisique. Grand'mère maternelle, très-colère. A eu des

attaques de nerfs. Pas de consanguinité. - Inégalité

d'âge de 6 ans.

Syncopes et attitudes particulières de la mère pendant la

grossesse. Accouchement à 7 mois. - Enfant très-petite

à ta naissance ; convulsions probables à 3 jours, se répétant

cinq ou six fois dans le premier mois. Première dent à

2 ans. Parole limitée il quelques mots. Marche nulle. Ona-

nisme, gâtisme. Pneumonie et pleurésie (1) il unan. Coque-

luche à 2 ans. Connaissance presque nulle.

1892. Entérite, ictère, syncopes.

AUTOPSIE. - Sutures gorgées de sang, distendues. Crâne

asymétrique (Plagiocéphalie) ; absence de synostose;

persistance de la fontanelle antérieure. Adhérence

de la dure-mère au crâne. Méningo-encéphalite disse-

174 Antécédents HÉRÉDITAIRES..

minée sur les deux hémisphères du cerveau. Tubercule

du poumon gauche. -

Gauch ? (Adrienne), âgée de 3 ans, née à Paris, le 12 mars

1889, est entrée le 18 mai 1892 à la Fondation Vallée (service

de M. BOUBNEVlLLE)'. "

Antécédents. (Renseignements fournis par ta grand'mère

paternelle de l'enfant le 28 mai.) - Père, 32 ar.s, imprimeur

en taille douce. Pas de convulsions, pas de fièvre typhoïde, de

rhumatisme, de chorée, ni de traces de syphilis. Sobre ourdi-

nairement, sauf quelquefois les jours de paie. (D'après sa

femme, il faisait de nombreux excès de boisson. D'après sa

mère, il ne s'enivrait jamais.) Pas de migraines. Caractère

emporté. - [Père, ébéniste, sobre, mais violent, mort à 65

ans, de la rupture d'un anévrisme de l'aorte. Mère, 72 ans,

couturière. Cataracte double; pas d'alcoolisme. (D'après sa

bru, elle commettrait aussi de nombreux excès de boissson;

mais cette femme venait très régulièrement voir sa petite-fille,

tandis que sa bru n'y est venue qu'une fois en 6 mois; de plus,

elle n'a jamais paru ivre ou déraisonnable pendant ces visites,

qu'elle faisait malgré toutes les intempéries.) - Grand-père

paternel, mort à l'Hôtel-Dicu, après l'opération de la pierre.

Gmml'mi : e paternelle, morte à 60 ans, de la rupture d'un

anévrisme aortique. - Il n'y a ni onctes ni tantes paternels.

- Sur les dix oncles ou tantes maternels, un seul est vivant;

il a eu des convulsions à 6 mois, et a porté « des mécaniques

aux jambes » jusqu'à 118 -ans. Sa taille n'atteint que 1 mètre

20 de hauteur. Il n'a. marché qu'à 5 ans. Ses jambes sont éga-

les. -- Deux tantes maternelles sont mortes toutes jeunes, de

convulsions. - De quatre frères, aucun n'est vivant : un d'eux

est mort à 16 mois de méningite, un autre, garçon « très

instruit, » s'est noyé volontairement à 19 ans, on ne sait pour-

quoi. - Sur quatre soeurs, aucune n'est vivante. L'une d'elles

est morte à 18 ans d'attaques d'éclampsie. - Dans le reste

de la famille, pas d'aliénés, pas de bègues, de sourds-muets,

de difformes autres que celui qui est mentionné ci-dessus,

pas d'autres suicidés, pas de débauchées.]

Mère, 26 ans, brodeuse. On ignore si elle a eu des convul-

sions. Fièvre typhoïde vers l'âge de 10 ans. Elle n'a eu ni cho-

rée, ni rhumatisme, ni dartres. Pas de traces de syphilis. Elle

est sobre, pas emportée, n'a pas de migraines. Elle a été soi-

gnée, avant son mariage, à la Salpêtrière, comme hystérique,

A\TÉCDENTS héréditaires. 175

par M. Charcot. Elle a eu quelquefois des attaques de nerfs.

Elle est très faible et anémique. Elle prétend actuellement

avoir une maladie de vessie. Elle lit beaucoup de romans et

fait des vers. - [ [ Père, mort phthisique ; caractère doux.

Mère, 55 ans, ne peut plus exercer son métier de blan-

chisseuse parce qu'elle a une « maladie du ventre ». Elle

a eu des attaques de nerfs. On ne sait si elle fait des excès

de boisson. Très colère et alors « on dirait une folle ;

elle tremble; ses membres se retournent ». - Les grands-

parents paternels et maternels sont totalement incon-

nus. - Ni frères ni soeurs. Pas d'aliénés, d'épileptiques,

d'idiots, bègues, sourds-muets, etc.]. Pas de consangui-

nité. Inégalité d'âge de 6 ans. Après son mariage, endoc-

trinée par une de ses tantes, la more de G... refusa à

son mari pendant 15 jours, tout rapprochement sexuel. Le

mari perdit patience et s'informa auprès de sa mère. Sur

l'avis de celle-ci, il insista et obtint un rapprochement, après

lequel il n'essuya plus de refus. Les tantes de la jeune femme

lui avaient dit qu'il ne fallait pas qu'elle eut des enfants. Elle

en a eu deux, et est encore enceinte, presque à terme. (Depuis,

l'accouchement a eu lieu, et l'enfant est mort au bout de 3

semaines). Des deux enfants vivants, deux filles, l'une a 2

ans, et ne parle qu'a peine, mais elle comprend; elle est très

petite (1). L'autre, l'ainée, est :

\

A'otre malade. - On ne sait rien au sujet de la concep-

tion. Au début de la grossesse, il y eut quelques troubles

digestifs. Pas de coups, chiites ou peurs. Envies fréquentes,

souvent non satisfaites. Deux syncopes de courte durée, au

début de la grossesse. Pas d'albuminurie, pas d'accidents

. nerveux. Pas de tentative ouverte d'avortement, mais pen-

dant toute cette grossesse, la mère affecta une position

bizarre, les membres inférieurs plies dans tous leurs seg-

ments ; les pieds sur les barreaux d'une chaise. La belle-mère

pense que sa bru avait l'intention d'entraver sa grossesse et

lui disait que « c'était elle qui en souffrirait, et que l'enfant

viendrait tout de même. » Au contraire, la mère et une tante

de la jeune femme lui répétaient qu'elle n'aurait pas dû avoir

d'enfants. - Accouchement à 7 mois, sans grandes douleurs,

La mère se préoccupait à peine de son état. Enfant toute

(1) Elle a été admise il la Fondation Vallée le 31 décembre 1892 : elle parait

simplement arriérée.

176 Antécédents personnels.

petite » grassouillette » du poids d'un kilogr.-A la naissance,

pas d'asphyxie. On a attendu l'arrivée de la sage femme, qui a

lié le cordon. - L'enfant n'avait pas d'ongles. - Elevée d'a-

bord au chalumeau avec le lait de la mère, elle fut nourrie

ensuite au biberon avec du lait de vache. A deux ans seule-

ment elle a commencé à manger. - Trois jours après sa

naissance, l'enfant eut de petites contorsions que la mère prit

pour du rire, et que la grand'mère croit être des convulsions.

L'enfant avait les yeux convulsés en haut, les membres

supérieurs étaient agités de quelques mouvements, durant

trois ou quatre secondes. Il ne paraissait pas y avoir syncope.

Ces crises se sont renouvelées cinq ou six fois en un mois ou

six semaines puis ont cessé complètement.

Première dent à 2 ans. La dentition a été complète on ne

sait à quel moment. L'enfant, à 2 ans, a commencé aussi à

dire : papa, maman; elle jamais rien dit de plus. Elle n'a

jamais marché. Les tentatives d'onanisme ont été réprimées

par les parents.

L'enfant i.'était ni agitée, ni bruyante. Elle avait peu

d'appétit et mâchait difficilement. Elle rejetait, dans les

panades, les morceaux de pain cuits insuffisamment. l'as de

vomissements, mais diarrhée quelquefois, durant peu de

temps. L'enfant, habituellement constipée jusqu'à l'âge de 2

ans, l'est moins maintenant. Elle gâte continuellement; en

dernier lieu, cependant, elle se reculait jusqu'au bord du lit,

« comme les petits serins. » Elle urine rarement sur les per-

sonnes qui la tiennent, mais par terre, lorsqu'on l'y pose.

Elle aurait eu. à l'âge d'un an, une fluxion de poitrine et

une pleurésie ( ? ). Elle n'a eu ni bronchite, ni hémoptysie, ni

variole, ni rougeole, ni scarlatine, ni chorée, ni fièvre typhoïde,

ni diphtérie. Vaccinée à 3 mois. Coqueluche à 2 ans, d'une

durée de 6 mois accompagnée d'un grand affaiblissement.

Jusqu'à 2 ans, cette enfant était « une petite marmotte. »

Elle ne tenait pas les ob ets qu'on lui mettait aux mains.

Depuis ce moment, elle prend les objets avec ses mains, se

sert de ses jouets, déchire des feuilles de papier. Elle ne cher-

che pas à jeter par terre les objets qui sont sur un meuble.

Elle reconnaît et aime bien sa grand'mère, pour laquelle elle

se montre très affectueuse, mais connaît à peine sa mère,

qui, d'ailleurs, ne s'occupe pas d'elle.

Etat actuel13\ mai 1R9 : 2). - Enfant pâle, d'apparence chétive,

avec prédominance marquée du développement crânien sur

celui du reste du corps. Cheveux blonds, implantés réguliè-

DESCRIPTION DE la malade. 177

rement, avec un tourbillon postérieur régulier. Crâne

volumineux, presque trigonocéphale, fortement asymétrique :

les bosses occipitale et pariétale du côté droit sont plus sail-

lantes que celles du côté gauche. Les bosses pariétales font

une saillie considérable. De chaque côté existe une dépres-

sion allant à peu près du bregma d'abord en dehors et en

avant, puis en bas et en dehors, le long des bords du frontal.

Pas de traces de fontanelles.

Face presque arrondie, sans expression. Arcades sourcille'

res déprimées. Paupières également mobiles et tombantes.

Fentes palpébrales assez grandes Sourcils châtains, assez

abondants. Cils châtains foncés, bien disposés. Orbites assez

grandes. Pas de blépharite, pas d'exopthalmie. Appareil mus-

culaire de l'oeil naturel. Sensibilité de la conjonctive normale.

Pas de conjonctivite. Iris châtain. Pupilles égales, réagissant

naturellement à la lumière. L'examen fonctionnel, reposant

sur les signes fonctionnels, est ici impraticable. - Nez un

peu camus ; lobule intact, peu volumineux ; pas de déviation.

Narines assez grandes. L'enfant semble respirer habituelle-

ment par le nez. Pas de signes d'odorat. - Pommettes non

saillantes, symétriques. - Bouche légèrement en accent

circonflexe. Largeur, 4 centimètres. Lèvres assez minces.

L'enfant ne bave pas. Voûte et voile du palais non déformés.

Langue de volume ordinaire. Amygdales assez petites. Réflexe

pharyngien normal. L'enfant paraît aimer les substances

sucrées. Elle fait la grimace au sulfate de quinine. Denti-

tion complète, en assez bon état. - Menton en pointe, petit.

- Oreilles, de conformation régulière, assez petites, minces ;

la droite est presque appliquée contre l'apophyse mastoïde ;

la gauche est assez écartée ; lobule petit, non adhérent. Pas

d'otorrhée. L'enfant entend bien.

Cou assez court, circonférence 23 centimètres 5. Corps

thyroïde légèrement perceptible.

Thorax étroit, proéminent, obliquement de haut en bas,

c'est-à-dire de la fourchette à la pointe. De chaque côté,

au niveau de l'appendice xiphoïde, à 2 centimètres en dehors

de chaque ligne mamelonnaire, se trouve une dépression

profonde, en entonnoir, paraissant située au niveau de la

huitième côte. - Colonne vertébrale présentant une courbure

dorsale a concavité postérieure légère. Il existe au contraire

dans la région lombaire une courbure à convexité postérieure.

- Poumons : sonorité normale. Quelques râles sous-crépitants

disséminés à gauche dans toute l'étendue. Rien à droite. La

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892. 12

178 Description DE la malade.

pointeducoeurbatdansle quatrième espace intercostal. Pas de

frémissement. Premier bruit bien frappé, mais précédé d'un

souffle diastolique assez difficile a percevoir à cause de

l'agitation et des plaintes de l'enfant. Deuxième bruit dédoublé

très nettement. Pouls régulier, assez fort, serré.

Abdomen un peu ballonné, assez souple. Matité hépatique

très peu étendue. Rate non perceptible. - Bassin petit, même

relativement à la taille de l'enfant.

Puberté. Glandes mammaires non développées. Aréoles

très petites, mamelons non saillants. Aisselles, pénil et gran-

des lèvres glabres. Celles-ci sont un peu saillantes. Capuchon

très petit. Clitoris à peine visible. Petites lèvres, 4 à 5 milli-

mètres. - Vestibule assez profond. Fourchette bien marquée.

Orifice de l'hymen non visible. Muqueuse saine.

Membres supérieurs d'inégale longueur. Bras et avant-bras

de conformation normale. Doigts et ongles hippocratiques des

deux côtés. Trois petites cicatrices de vaccine à chaque bras.

Motilité normale. L'enfant se sert de ses mains, surtout de la

droite, pour prendre les objets. Elle ne sait pas se servir de

la cuiller.

Membres inférieurs. Le droit est plus long que le gauche.

Il en est de même des deux membre., supérieurs l'un par rap-

port à l'autre. Genu valgum droit. L'enfant remue bien ses

jambes, mais ne marche pas.

Sensibilité générale normale, sauf pour la température, que

l'enfant ne parait pas apprécier suffisamment. Etudiée pendant

son séjour à la Fondation Vallée, l'enfant présente quelques

modifications ou particularités : au bout de quelques semaines,

elle commença à manger et ne prit plus le biberon que la nuit ;

elle eut fréquemment du strabisme convergent, mais il faut

remarquer qu'elle regardait souvent ses mains de très près.

Il a toujours été impossible de fixer son attention.

20 juillet. Diarrhée verte. Potion avec acide lactique 2 gr.

24 juillet. - Pas d'amélioration. Créolise, 0 gr. 20 cent.

par jour dans un julep de 120 gr. L'enfant va mieux pendant

quelques jours, puis refuse de prendre la potion.

9 septembre. - Diarrhée, amaigrissement, hypothermie

depuis le 31 août, la température variant de 36° à 35",4. Potion

avec acide lactique, 3 gr.

11 septembre. Pas d'amélioration. Créolinc 0 gr. 20 par

jour, eau de chaux dans le lait.

13 septembre. - Encore un peu de diarrhée, mais elle

n'est plus verte. Hier soir, syncope. Alimentation : lait ;

poudre de viande, une cuillerée à bouche par jour. - Trai-

Diarrhée, ictère,. hypothermie..179

tement. Oxygène à volonté, boules d'eau chaude. Continuer

la créolino, le bismuth. Une cuillerée à café d'eau de chaux

par gobelet de lait. - Poids ; 6 k. 500.

21 septembre. Depuis deux jours, la température, qui

était descendue à près de 35° est remontée au-dessus de 36°.

L'enfant prend bien la poudre de viande. Elle n'a plus de

diarrhée.

18 octobre. - Revaccination sans résultat (26 octobre).

12 novembre. - Depuis hier, l'enfant a de l'ictère, avec

coloration de la peau, des conjonctives, de l'urine, et décolo-

ration des matières fécales. - Lait. On continue la potion

alcoolisée parce que l'enfant ne veut pas prendre de lait

sans rhum.

15 novembre. L'ictère a beaucoup diminué. Les matières

commencent à se colorer.

16 novembre. - Augmentation de la coloration de la peau

et des conjonctives. '.

20 novembre. - L'ictère a entièrement disparu. L'enfant

reste très-pâle.

9 décembre. Gauc... maigrit de nouveau et parait très

faible. Cependant elle demande encore, par des cris, son

lait, additionné de poudre de viande et de rhum.

10 décembre. Cette nuit, l'enfant a eu une syncope. Ce

matin, elle est d'une pâleur exsangue. Les yeux sont légère-

ment voilés. Le pouls est assez bon. Pas de paralysie. T. R.

3-duo et 31l, 6..

11 décembre. T. R. 36°, S. - Son- : 37°. 4.

12 décembre. T. R. 36°, 7. Soir : 36°, 6..

13 décembre. T. R. 36°, 4. Soir : 36°, 5.

14 décembre. T. R. 36°, 5. - Soir : 36°, 4.

15 décembre. Après avoir été un jour encore dans un

état inquiétant, G... paraît aujourd'hui absolument remise.

Elle réclame de nouveau, par des cris, son alimentation habi-

tuelle. T. R 36°, 3. - Soir : 36°, 5. ,.

16 décembre. - T. R. 36°, 2. - Soir : 36°, 5.

17 décembre. T. R. 36°, 4. - Soir : 36°, 2.

18 décembre. Ce matin, la face a une teinte plombée.

L'enfant est absolument inerte, mais elle répond par des

mouvements aux excitations cutanées vives. La respiration

est calme. Le pouls est encore assez fort. - Elle est morte à

7 heures du soir ce même jour, sans grimaces ni contorsions.

- Poids, après décès, 5 kilogr. - T. R. aussitôt après la mort

35°, 2 ; 1/4 d'heure après, 34°, 3 ; 2 heures après : 33°. La tem-

pérature de la salle était de 18°.

180 Etat des SUTURES.

Autopsie faite 40 heures après le décès. - On a de la peine à

détacher la calotte à cause des adhérences de la dure-mère.

On est obligé de faire une section circulaire de cette mem-

brane, qui adhère très fortement aux os des sutures inter-

frontale, fronto-pariétale, interpariétale, et le voisinage

de cette dernière. Les sutures sont gorgées de sang, et la

partie osseuse voisine est considérablement rasculi1risee. Le

lendemain de l'autopsie, alors que la calotte avait macéré et

était complètement nettoyée, les sutures restaient très nette-

ment accentuées par des dentelures rouges ; les parties osseu-

ses voisines étaient également très rouges.

La calotte est très asymétrique : le pariétal droit se déve-

loppe d'une façon prononcée en dehors et en arrière; il en est

de même de l'occipital du môme côté. Les deux pariétaux se

présentent sous la forme de saillies hémisphériques. La ré-

gion frontale est également hémisphérique ; la bosse frontale

gauche est plus saillante que la droite. L'épaisseur des os est

très inégale (1); il existe des points translucides : 1° autour

de ce qui reste de la fontanelle antérieure; 2° en bas et en

arrière dans une étendue de 6 à 7 centimètres carrés de

chaque côté; 3° sur l'occipital, à droite et à gauche, dans

les points correspondants à ceux qui sont indiqués pour

les pariétaux. Les sutures n'offrent pas trace d'ossifica-

tion à leur surface externe. La suture coronale, peudenielée,

ne l'est pas du tout au niveau des points dernièrement

ossifiés de la fontanelle antérieure. Les deux autres sutu-

res, sagittale et lambdoîde, ne sont pas non plus ossifiées.

Au niveau de la dernière, existent de petits îlots osseux (os

wormiens).

Des fontanelles, il ne reste que l'antérieure, représentée par

une membrane translucide presque de niveau avec les os qui

l'encadrent, et ayant environ un centimètre de long sur trois

millimètres de large. Elle est dirigée obliquement de droite

à gauche et d'arrière en avant.

La pie-mère est vascularisée sur les faces convexe et

interne, principalement sur leurs deux tiers postérieurs.

A la base, la vascularisation est légère.

Les nerfs olfactifs, optiques, les tubercules mamillaires,

les artères, les pédoncules cérébraux sont symétriques. Corps

pituitaire de la grosseur d'un petit pois.

(Il Sur l'occipital, 2 ^w, à peine; 6 et 7 ? sur la coupe de la partie antérieure

des temporaux et un millimètre sur celle de la partie postérieure ; sur le trou -

tal,3a.imd.

11ÉNINGO-ENGÉPHALITE. 181-

Il s'écoule environ 20 gr. de liquide cép halo -rachidien.

1raz IÉNI'.\ C0-EN-CÉPH.&LITE.

supérieur présente au niveau de sa partie toute supérieure

des altérations semblables à celles que nous avons constatées

sur le lobe frontal. - La scissure perpendiculaire externe est

très accentuée. Le lobule pariétal inférieur, le lobe occipital

sont d'apparence normale. Rien sur Ti. Adhérences nombreu-

ses sur toute la surface de la région inférieure du lobe tem-

poral.

Face interne. Elle parait saine dans toute son étendue.

Signalons cependant des adhérences assez profondes au niveau

de l'origine de F.

Rien de particulier au corps calleux, aux ventricules, ni

aux noyaux gris centraux.

Le cervelet n'offre aucune altération macroscopique. - Le

bulbe et la protubérance sont d'aspect normal et parfaitement

symétriques. La moelle est symétrique et d'aspect normal

tant à la périphérie que sur les coupes de ses différentes

régions.

Cou. - Thymus du volume d'un petit haricot. - Corps thy-

roïde normal. - Larynx et trachée, rien de particulier.

Thorax. - Poumons : gauche (85 gr.), très congestionné

sur son bord postérieur ; droit (72 gr.). Le sommet est

un peu oedémateux; il est beaucoup moins congestionné

que le gauche et présente, à la partie moyenne de son

bord postérieur, un tubercule assez consistant, de la

grosseur d'un pois. - Coeur (38 gr.), petit, ferme, avec ses

vaisseaux saillants à la surface. L'aorte, l'artère pulmo-

naire et leurs valvules n'ont rien de particulier. Le ventricule

gauche est fortement épaissi ; sa paroi atteint jusqu'à 8

millimètres. La valvule mitrale ne parait pas anatomiquement

rétrécie; le bord libre de sa grande valve est un peu épaissi

mais souple. Le sommet des piliers du ventricule gauche

est légèrement scléreux. Rien d'anormal au ventricule

droit.

Abdomen. Foie, non adhérent, de couleur brune.

(260 gr.) Vésicule remplie de bile. - Les reins sont très

congestionnés, et pèsent chacun 32 gr. - Paie ('2;) gr.), de

consistance ferme ; sa capsule est épaissie, adhérente

par places. - Pas de lésions intestinales. Ganglions

mésentériques hypertrophiés et assez durs. - Le péritoine

RÉFLEXIONS. 183

pariétal n'a rien de particulier. - Vessie de forme allongée,

remontant pre.squejusqu'à.l'ombilio ? 7te)'t<sdela grosseur

d'un haricot, d'une longueur de 0m,04. Les ouaires ont une

longueur de Oü, 03, une largeur maxima de 0m, 007 et une

épaisseur de On, 003.

Réflexions. - 1. Nous n'aurions pu nous pronon-

cer d'une manière précise sur les excès alcooliques du

père et de la grand'mère paternelle de l'enfant en pré-

sence des renseignements contradictoires qui nous ont

été donnés, si une nouvelle enquête n'était venue les

confirmer. Les excès de boisson du père de l'enfant

auraient été constatés dès le troisième jour du mariage.

Il vient d'être condamné pour faux à 4 mois de prison.

Certains détails feraient présumer la syphilis, anté-

rieurement au mariage (1). Nous notons encore dans

la famille paternelle, plusieurs cas de convulsions,

la méningite, l'éclnm2sie, etc. L'état nerveux de la

mère ne laisse aucun doute. Elle avoue être très impres-

sionnable, avoir composé beaucoup de poésies, mais

nie avoir été atteinte d'hystérie et soignée à la Salpê-

trière. Au sujet cle sa mère, il n'y a pas de doute : elle

a des crises nerveuses. Un des arrière-grands pères

maternels de est mort d'une « paralysie au

cerveau » en trois jours et une arrière-grand'mère d'un

« coup de sang. »

II. La conception a eu lieu trois mois après le mariage

et probablement durant l'ivresse alcoolique du père :

« Quand il avait bu, il était très porté là-dessus, autre-

ment il y pensait bien moins. Pour mes deux autres

enfants, j'en suis sûre » (2).

III. La singulière attitude de la mère durant sa

(1) Il l'aurait contractée en Angleterre, où il était allé après s'être séparé de

sa première femme.

(2) Elle allirme, contrairement à ce que nous avons dit plus haut (p. 175),

qu'elle n'a pas rel'usée des rapports conjugaux.

184 Réflexions.

grossesse a-t-elle eu une influence sur l'enfant, il est

difficile de l'affirmer. Peut-être a-t-elle été en partie la

cause de la naissance avant terme (7 mois). L'enfant

n'a survécu que difficilement et les convulsions qu'elle

a eues, dès le troisième jour, étaient sans doute liées

à la méningo-encéphalite rendue évidente par l'auto-

psie.

XV.

Epilepsie. symptomatique ; état de mal, élévation de la

température; mort.

Par BOURNEVILLE et DAURIAC.

Sommaire. - Père nerveux, quelques excès de boisson. -

Tante paternelle hystérique. - Mère nerveuse ; névralgies

faciales; excès de boisson durant la grossesse. - Grand-

père maternel, mort asthmatique. Cousine, morte de

méningite. Tante maternelle, très nerveuse. - Pas de

consanguinité; inégalité d' âge de 10 ans.

Naissance avant terme (8 mois). Allaitement au lait de

chèvre. - Premières convulsions à 3 jours, ayant duré

pendant 4 ou 5 heures Premières dents à 6 mois. -

Secondes convulsions à 6 mois. -Marche des convulsions

de 6 mois à 4 ans. - Rémission des convulsions de 4 ans à

6 ans 1/2 Parole etpropreté précoces. - Marche à 18 mois.

- Rougeole à 6 ans 1/2 suivie du retour des convulsions.

- Rémission de 6 ans 1/2 à 7 ans. - A 7 ans, peur vive

suivie le lendemain de convulsions qui ont duré 3/4

d'heure. - A partir de là, étourdissements. Premier

accès vers 7 ans 1/2; retour des accès tous les deux

mois; de 9 ans 1/2 à 11 ans accès hebdomadaires. -Maxi-

mum des accès en 24 heures, 20. - Coqueluche vers 3 ans.

- Intelligence conservée à l'entrée. - Affaiblissement de

l'intelligence et modification défavorable du caratère en

1892. Etat de mal épileptique : mort.

Autopsie : sclérose atrophique et méningite chronique.

March... (Valentin), né le 17 novembre 1879, à Grand-

Àbbergement, canton de. Brémon (Ain), entré le 23 octobre

1890, à Bicétre (service de M. Bourneville), est décédé le 22

décembre 1892.

186 Antécédents héréditaires.

Le jeune malade nous arrive le 53 octobre 1890 avec le cer-

tificat médical suivant, signé de M. le D1- Cadet de Gassicourt :

Je soussigné, médecin de l'hôpital Trousseau, certifie que le jeune Mardi ?

âgé de 10 ans, est atteint de mal épileptique parfaitement caractérisé, que

les attaques épileptiques sont au nombre de 8 à 10 par jour, qu'elles s'accom-

pagnent de troubles intellectuels et que cette maladie nécessite son entrée

immédiate dans un hôpital spécial, au point de vue de sa santé et de la

eécurité publique.

L'enfant est propre à l'entrée, et n'offre rien de particulier.

Dès le 31 octobre, il est admis à l'infirmerie, se plaignant

de maux de gorge. Il accuse aussi des douleurs lombaires,

a de la fièvre (40° hier au soir) ; sa peau est chaude et moite.

Traitement : diète, régime lacté et 0,75 de sulfate de qui-

nine.

La fièvre dure une quinzaine, sans qu'il fut possible de

faire un diagnostic précis. L'état général est bon, et malgré

cela, l'enfant se plaint de maux de tète, de douleurs articu-

laires, et dans la gorge et de névralgies. L'intelligence reste

complète. Le traitement par le salicylate de soude (2gr.)

donne de bons résultats et le 3 janvier on peut signer l'exeat.

Antécédents. (Renseignements fournis par la mère le 5

décembre 1890. complétés par le père le 16 mars 1891 - Père,

47 ans, ancien notaire, s'occupe d'affaires. Il se porte bien,

mais est très nerveux : il se met très facilement en colère. Il

ne buvait pas au moment où l'enfant est né. Il boit beaucoup

aujourd'liui ; il a quelquefois des gastralgies et a été traité à

Lyon pour une anémie du cerveau. Il n'a pas de migraine et

n'a jamais eu la syphilis. Il est né à Marseille de parents lor-

rains. Il a acheté une étude de notaire dans un canton de l'Ain,

sans avoir aucun parent dans ce département L'enfant est né

là. Le père n'a jamais eu de rhumatismes ni de dartres. Il

s'est marié à 29 ans, n'a pas fait de service militaire, en étant

exempté par sa qualité de fils aîné de veuve. 11 n'est plus

avec sa femme depuis trois mois. Il a perdu toutes ses res-

sources dans un cabinet d'affaires. - [Père, brigadier des

douanes, mort à 39 ans d'une fluxion de poitrine. - Grands-

parents paternels, peu connus. Il a eu des oncles et des tantes

du côté paternel issus de deux lits. Aucun ne présentait rien

de particulier au point de vue nerveux. Aucun des enfants

n'était névropathe. -Mère, morte à 53 ans de la fièvre typhoïde.

Elle se portait habituellement bien. mais était fort nerveuse.

- Grand-pè)e maternel, mort à 83 ans, d'une cystile. -

Antécédents PEI1SONNNELS. 187

Grand'mère maternelle, pas de détails. - Pas d'oncles ou de

tantes connus du côté maternel. - Une soeur mariée, sans

enfants, a été sujette à des crises nerveuses qui n'avaient

rien d'épileptique. - Il ne voit rien dans le reste de sa famille

au point de vue nerveux. Pas de tares héréditaires, pas de

malformations, pas d'aliénés, etc.].

Mère, 37 ans, s'occupe de son ménage ; c'e-t une femme

d'apparence robuste, au teint rouge, paraissant intelligente.

Elle n'a jamais eu de convulsions, de fièvre typhoïde, de

migraines, de rhumatismes ou de dartres. Elle se plaint de

souffrir parfois de névralgies faciales très douloureuses, et

pour lesquelles on lui a souvent fait des injections de mor-

phine. - [Père, mort d'un asthme à 72 ans. Il n'a eu que cette

maladie. - Les grands-parents sont morts fort vieux. -

Mère, très nerveuse, pourtant elle n'a jamais eu d'attaques de

nerfs, et n'a jamais fait d'excès de boisson. Elle est morte à

58 ans d'une maladie du foie qui paraît avoir été une cirrhose

atrophique. - Grand-père maternel, mort de pleurésie puru-

lente. - Grand'mère. morte d'une maladie de matrice avec

pertes. - Quatre oncles maternels se portent bien : l'un

d'eux, capitaine de vaisseau en retraite, a maintenant 72 ans.

Il souffre du foie. - Pas de tantes maternelles. Les enfants

de ses oncles et tantes jouissent d'une bonne santé ; pas de

maladies nerveuses, pas d'aliénation mentale, pas de bègues,

Toutefois, une cousine germaine a eu une fille qui est morte

à 21 ans de méningite. - Un frère et ses trois enfants se

portent bien et n'ont jamais eu de convulsions. - Une soeur

sans enfants, est très nerveuse ; elle a eu de 18 à 19 ans de

petites crises nerveuses.

Pas de consanguinité; mais notons que le père et la mère

du père étaient cousins germains, de même que les grands-

pères et grands'mères paternels et maternels de l'enfant (côté

du père).

Un seul enfant : notre malade. A la conception, rien de

particulier; le père ne buvait pas. La grossesse a été mau-

vaise : vomissements du commencement à la fin; chute en

bas d'un escalier, à laquelle la mère attribue l'accouchement

prématuré. Elle signale deux émotions violentes : La première

serait survenue vers le troisième mois. C'était durant la nuit ;

son mari se mit fort en colère parce qu'elle l'avait dérangé pour

satisfaire un besoin. Cette émotion aurait déterminé une

hémorragie utérine pour laquelle on l'a soignée. Elle n'a

jamais été battue par son mari. La seconde émotion eut lieu

188 Antécédents personnels.

un mois avant la naissance de l'enfant; elle fut occasionnée

par son mari rentrant ivre et qui criait très fort. (A cette

époque, il buvait très rarement; il n'a commencé à s'adonner

sérieusement à la boisson que depuis 5 ou 6 ans à la suite de

ses pertes d'argent).

Accouchement naturel, sans chloroforme à 8 mois. M.. était

faible, chétif, ne pesait que deux il il n'y avait pas d'as-

phyxie. Trois jours après la naissance, l'enfant fut pris do con-

vulsions généralisées. Biles durèrent quatre ou cinq heures

et étaient fort intenses. La bouche était tirée à droite, les bras

contracturés, de mémo que tout le corps. Elles n'étaient pas

plus marquées d'un côté que de l'autre. A la suite, l'enfant ne

voulut plus prendre le sein. On fut obligé de le nourrir avec

des lavements nutritifs, et au lait de chèvre, pendant trois

semaines environ après sa naissance. Il fut ensuite confié à

une bonne nourrice et se développa vite. A 6 mois, au moment

de la poussée des dents, l'enfant fut pris de nouvelles convul-

sions. Leur durée fut de 30 minutes. Les deux bras étaient

contractures.

Mardi... fut nourri au sein jusqu'à 17 mois et sevré dès lors

complètement. Il ne marcha qu'à 18 mois. 11 disait papa et

maman à 6 mois. Il grandit jusqu'à 4 ans en ayant des connut-

sions du même genre. Il en eut en tout trois ou quatre. Elles

étaient moins fortes, duraient moins longtemps que les pré-

cédentes. La bouche, les yeux et les muscles de la face étaient

seuls intéressés.

De 4 ans à 6 ans 1/2 rien ne se produisit. A 6 ans 1/2' rou-

geole compliquée de convulsions nouvelles. - A 7 ans, son

père rentre ivre, une nuit où l'enfant était couché avec sa

mère. Celle-ci avait fermé sa porte; le père la défonça. L'en-

fant se mit à crier : « au secours. », parce que son père voulait

battre sa mère ; les agents montèrent et tout se calma. \Iarch...

ne rendormit, mais dès le lendemain, il avait une série de

convulsions qui durèrent trois quarts d'heure. Depuis cette

époque, il était sujet à des étourdissements qui lui venaient

deux fois par mois. Six mois après, il avait un accès.

De 8 ans, à 9 ans 1/2 il aurait eu des crises tous les doux

mois environ. De l'âge de 9 ans, à l'époque de son placement,

il en avait plusieurs fois par semaine. Le plus long inter-

valle entre elles, durant cette année, a été de 8 jours. Le

maximum des accès en 24 heures aurait été de vingt. - Pas

de folie, pas d'automatisme, pas de procursion, pas d'aura.

Sommeil consécutif de une heure. Au réveil, il était lucide;

pas de modification du caractère. Pas de traumatismes gra-

DESCRIPTION DU malade. 189

ves au cours des accès, ni en dehors d'eux, une seule fois

il s'est blessé au front.

Pas de vers, pas d'onanisme. Pas de scarlatine, pas de fiè-

vre typhoïde, pas de diphtérie, etc. Coqueluche vers 3 ans.

Quelques accidents de gourme à la face, et quelques glan-

des au cou; pas d'abcès, pas d'otite. L'enfant fut mis en

classe; il était intelligent et apprenait bien : « C'était le

plus travailleur de sa classe». Il sait lire, calculer, faire

des analyses. Les accès ne firent pas diminuer son intelli-

gence, mais amenèrent un certain degré d'inhabileté dans les

mains. Le père alla consulter à la Salpêtrière. On administra

du bromure et on envoya l'enfant en observation à l'hôpital

Trousseau chez M. Cadet de Gassicourt, où il resta 18 jours.

C'est de là qu'on l'envoya à Bicêtre.

Etat actuel (10 janvier 1890.) - Pâleur de la face. Pas

d'embonpoint, mais pas d'émaciation. Air souffreteux. Peau

pâle, rosée on certains points, sans cicatrices. Quelques peti-

tes excoriations à la main et aux avant-bras, marques de

vaccine aux deux bras. Absence de poils sur toute l'étendue

du corps. Pas d'adénite axillaire ou inguinale.

Tête ovoïde, plus élargie que normalement à la partie supé-

rieure ; asymétrie de la face : le côté gauche semble moins

développé. Crâne assez volumineux mais non déformé; bos-

ses frontales légères; fontanelles oblitérées. Cheveux châtains

foncés, régulièrement implantés.

Face ovoïde ; arcades sourcilières peu saillantes, pas d'ex-

cavation de l'orbite ; pas d'exophthatmie ; strabisme divergent

à droite. Le bord externe de la cornée droite est en contact de

l'angle externe dcl'ail. Iris verdâtre; pupille non déformée,

mais mydriase accusée à droite ; pas de synéchies, pas de

troubles du côté de la cornée, ni de la conjonctive. Paupières

saines. Pas de blépharite, pas de larmoiement. Vision normale;

pas de diplopie, excepté au moment où les accès vont venir.

La paralysie a débuté, il y a trois ans, lursque les accès se sont

montrés pour la première fois ; quand le strabisme s'est établi,

il y a eu de la diplopie qui a duré deux mois, et de l'incertitude

de la marche durant trois mois Acuité visuelle naturelle. Pas

de rétrécissement du champ visuel.

Nez droit, assez long, étalé à la base; les narines ne sont

pas déformées, regardent en bas et en avant ; pas de déviation

de la cloi on; odorat normal. - Pommettes peu saillantes,

régulière s ; sillons nasu-labiaux peu accentués. Bouche petite,

rectiligne, lèvres minces, non éversées; pas de paralysie de

190 Développement DU malade.

l'orbiculaire ; le mouvement de siffler ou de souffler se fait

bien. - Langue et voile du palais normaux. Le goût ne pré-

sente aucune anomalie. Pas d'hypertrophie des amygdales,

pas de végétations adénoïdes.

Menton arrondi. - Oreilles assez grandes, larges en haut,

mal attachées, assez écartées du point d'insertion ; l'ourlet est

bien conformé ainsi que les autres parties constituantes. Ouïe

normale.

Cou grêle; pas de saillie du corps thyroïde. Mouvements du

larynx normaux.

Membres supérieurs amaigris, peu musclés mais réguliers

et cylindriques; mains violacées, doigts en fuseaux, un peu

larges à l'union des phalanges, et des phalangettes, et des

phalangines. Ongles courts et bombés.

Membres inférieurs : rien de particulier, pas d'amaigrisse-

ment, pas de déviation rachitique, pas de p : ed plat. Orteils

normaux.

T/torax non déformé, pas de rachitisme. Abdomen peu

volumineux. Organes génitaux : bourses petites, testicules

non descendus. On les sent à l'anneau. Anus normal.

Pas de troubles de la sensibilité.

1891. 14 février. Traitement : Sirop de fer, huile de foie

de morue, hydrothérapie au 1^' mars. Passé le 15 février à la

Grande Ecole.

2 ? nars. Légère conjonctivite de l'oeil droit, qui amène

son entrée à l'infirmerie.

Juin. - Note.' d'école. Instruction élémentaire assez bonne.

Intelligence bien développée; mémoire exercée. Il se com-

plait dans les mauvaises fréquentations et la note du maître

émet la probabilité d'habitude de pédérastie avec 2 de ses

amis. Il n'a cependant jamais été surpris. Il n'est pas voleur.

Il est remuant et très taquin en classe. Il se tient propre, et a

soin de ses vêtements. Au réfectoire, il mange proprement.

A l'atelier du tailleur, qu'il a choisi, il ne montre aucun goût

pour le métier et est insupportable. Bonnes notes de gym-

nastique. Il n'a aucune aptitude pour le chant, sa voix est

fausse. Il commence à faire de l'escrime.

18 juillet. - Peau. - Puberté. Visage et aisselles glabres.

Nævus pigmentaire dans l'aisselle droite. Un autre nmuus un

peu au-dessous et à gauche de l'ombilic. Testicules égaux,

du volume d'une petite olive. Circonférence de la verge 48

millimètres ; - longueur, 35 millimètres. Fin duvet au pénil,

au périnée et à l'anus.

Etat DE MAL épileptique.

191

1892. 4 janvier. - Puberté. Verge : longueur, 0,045 mm. ;

- circonférence. 0 , 0 i mm. Gland incomplètement décou-

vrable. Testicules du volume d'une noisette. Quelques petits

poils noirs naissants sur le pénil, les aisselles. Dos et poitrine

glabres. Figure glabre. Quelques poils noirs et courts à la

partie antéro-interne des jambes. Périnée glabre.

192

État DE MAL épileptique.

Etat DE mal épileptique.

.193

ment la bouche et la tient ainsi ouverte pendant toute sa crise.

Des secousses cloniques se manifestent alors dans les bras éga-

lement des deux côtés. Elles sont très brusques, durent une

ou deux secondes, puis le malade écarte les bras et les met

en croix Il les ramène ensuite en pronation les poings fermés,

les pouces dans la position normale. Il a de nouveau quelques

secousses cloniques. Les muscles du visage sont également

animés de quelques spasmes.

Les yeux, portés fortement en haut (pupilles également dila-

tées), reprennent leur position normale. puis tous les muscles

reviennent en résolution. Les jambes n'ont présenté que de

légers mouvements cloniques. Pas d'évacuation durant l'accès.

Le tout a duré 2 minutes. A la lin, quelques cris gutturaux.

Le pouls est un peu plus fort.

3 h. 20. Nouvelle crise absolument semblable. Notons une

faible exagération des mouvements toniques du côté gauche.

194

État de mal épileptique.

Le membre inférieur gauche a été animé de mouvements con-

vulsifs qui se sont ensuite manifestés à gauche. Les cuisses

sont en adduction, les jambes en légère abduction. Durée une

minute à peine. T. R. 39° après la crise. L'enfant reste ensuite

dans l'état de torpeur décrit ce matin, sans avoir la moindre

connaissance. Durant ses crises, l'enfant est pâle; après la

crise, il a le visage coloré, surtout aux pommettes. Applica-

tion de quatre sangsues aux apophyses mastoïdes.

Marche des accès pendant l'état de mal.

16 décembre. - 3 accès dans la journée.1

H accès dans la nuit du 16 au 17 :

Etat de MAL ÉPILEPTIQUE. 195

18 décembre. - 12 accès dans la journée.

196 Etat DE mal épileptique.

R. au 6" accès : 380,6. 2, d'heure après : 38°. fi. - T. R. au 9-

accès : 33°, 6. 4/4 d'heure après : 38° 7. - T. R. au Il. accès :

39°. 41.; d'heure après : 39°, 1 ; 2 heures après 3Do, '2. T. R. au 1 î°

accès : 39°, 5. ? 1 d'heure après : 39°, 8. - T.R. au 18° accès

39°, 5, 4 ? d'heure après : 39°, 5.

De 8 heures du soir à minuit : 4 accès. Pas d'accès le restant

de la nuit. - L'enfant meurt le 22 décembre à 7 heures du

matin. T.R. aussitôt après la mort : 40°, 2 ; - ? d'heure après ! i0° ; - 1 heure après : 38°; 2 heures après : 3li^, 9 ; 4 heures :

2 Ja après : 35°.

Poids après décès : 32 kilogr. 100.

Autopsie faite le 23 décembre 1892. - Tête. - Cuir che-

velu, peu épais, dur, légèrement coloré dans sa moitié supé-

rieure, assez fortement vascularisé dans sa partie posté-

rieure.

Calotte asssz dure, symétrique, offrant un rétrocissomor t

notable au niveau des ptérions, brachyoéphalie manifes-

te. Très épaissie au niveau du front et de l'occiput, elle offre

0, 01 centimètre d'épaisseur sur la ligne médiane vers le front,

et 0, 007 millimètres au point correspondant de l'occipital.

Cette épaisseur va graduellement en diminuant de la

suture fronto-pariétale à la suture squameuse, où la calotte

n'offre que 3 mm. d'épaisseur. Llle est à peu près opaque en

tous points, excepté au niveau d' deux points symétriques

des pariétai x, situés à 2 centimètres du bregma ; au niveau de

la partie antérieure du frontal se trouvent des plaques légè-

rement transparentes, de la surface d'une pièce de 20 centi-

mes correspondant à des dépressions légères; la tache droite

est plus mince et moins étendue que la gauche. Sur la table

interne de la calotte on aperçoit, particu ié renient sur 1 js parié-

taux, un nombre considérable de permis. Les sillons des vais-

seaux méningés sont nombreux, arborisés et assez profonds

sur les pariétaux. Les suture ne présentent en aucun point

des traces de synostose. Elles sont toutes finement dentelées.

Deux petits os vormiens se remarquent à la partie gauche de

la suture lambdoïde. Pas de traces de la suture métopique.

La dure-mère est peu épaisse, non congestionnée; quelques

adhérences au niveau des deux côtés de la lento du cervelet.

Les sinus sont gorgés de sang coagulé. Les cavités de la base

paraissent symétriques, le trou occipital est normal. Corps

pituiatire, rien de particulier. La pie-mère de la base est

très-injectée. - Les nerfs olfuctifs, optiques, les tubercules

mamillaires, les artères et la protubérance, sont symétri-

AUTOPSIE ; MÉNINGITE; SCLÉROSE. 197

ques. La pie-mire de la convexité est très-peu vascularisée : -,

quelques plaques ecchymotiques à droite et à gauche. Les

veines de la co ivexité et les artères de la base sont distendues

par du sang fluide. Il y a une légère distension des veines sur

les faces internes. c

Le cerceau est ferme. La pie-mère de la protubérance est

congestionnée : elle est épaisse et s'enlève facilement. La

protubérance, le bulbe et le 4° ventricule n'offrent rien de spé-

cial.

198 RÉFLEXIONS ; ÉTAT DE mal.

Cou. Larynx et trachée normaux. - Persistance du

thymus. - Corps thyroïde normal.

Thorax. -Poumon droit (350 gr.), sain sans ecchymoses.-

Poumon gauche, (320 gr.), un peu de congestion hyposta-

tique. - Pas d'ecchymoses.

Abdomen. - Rein gauche (200 gr.), un peu congestionné.

- Rein droit (90 gr.), rien à signaler. - Foie (800 gr.), con-

gestionné, brun à la coupe. - Rate (80 gr.), normale. - Pas

de culculs dans la vessie.

Réflexions. - I. March.. est d'une souche ner-

veuse : son père est un violent dont la vie passable-

ment agitée dénote une certaine dose d'instabilité

mentale. Chez une de ses tantes paternelles, le

nervosisme s'est traduit par des crises d'hystérie. Du

côté maternel, même tempérament excitable, et en

plus des névralgies faciales qui ont nécessité l'emploi

de la morphine. Une cousine est morte de méningite.

II. La grossesse a été troublée par de fortes émo-

tions, dues à des scènes de violence faites par le père.

L'enfant, né à huit mois, a eu, trois jours après sa

naissance, des convulsions. Ce sont elles qu'il faut

rendre responsables de l'épilepsie ultérieure. Ces

convulsions ont été d'emblée généralisées à tout le

corps. Elles se sont renouvelées à diverses reprises

jusqu'à l'âge de 7 ans. On ne saurait à notre avis

préciser exactement l'époque où a débuté l'épilepsie

et où finirent les convulsions.

Il nous parait vraisemblable que la « série des

convulsions » qui succéda à la frayeur nocturne éprou-

vée par l'enfant en voyant son père ivre, avait déjà le

caractère des accès d'épilepsie. Des étourdissements

se montrèrent aussitôt après et au bout de six mois

éclata ce que les parents appellent le premier accès.

Les accès ne présentaient rien de particulièrement

intéressantaupointdevuesymptomatique. Ils offraient

RÉFLEXIONS ; ÉTAT DE MAL. 199

toutefois un certain degré de gravité puisqu'ils ne

tardèrent pas à influencer la motilité de l'enfant.

C'est après avoir constaté un certain degré d'inhabi-

leté dans les mains de son fils que le père alla consul-

ter à la Salpêtrière. Jusqu'au moment de l'entrée à

Bicêtre le mal caduc n'avait pas retenti défavorable-

ment sur l'intelligence de March.. C'est seulement en

1892 qu'on note une modification défavorable du

caractère et une tendance assez marquée vers la

déchéance intellectuelle.

III. L'inspection du crâne de notre malade ne peut

rien faire présumer à première vue. Pas de microcé-

phalie, pas de malformation évidente. On observe

scnlement un élargissement de la voûte avec asymé-

trie faciale.

Les accès se produisaient par séries et durant son

séjour dans le service (56 mois) on releva une rémission

cle trois mois, une autre de six mois, une de deux

mois et deux d'un mois. C'est à la suite de la rémission

de deux nuis qu'est survenu l'état de mal auquel

March. a succombé.

IV. Cet état de mal a été caractérisé par une période

convulsive avec répétition à peu près incessante, à un

moment donné, des paroxysmes spasmodiques. Les

accès ont d'abord été complets et séparés par un

court intervalle ; puis, ils sont bientôt devenus incom-

plets et subintrants. Dans l'intervalle des accès, à la

fin, le malade ne reprenait pas connaissance et restait

dans un état comateux. La température a oscillé entre

38° et 39° durant les premiers jours et le dernier, elle

s'est élevée à 39", 5. Le pronostic est alors devenu

défavorable. Le pouls et la respiration, tous deux éga-

lement précipités, n'avaient aucune tendance à changer

cle caractère. Le malade au sur et à mesure de la

200 RÉFLEXIONS ; ÉTAT DE MAL.

répétition des accès ne répondait plus à aucune exci-

tation. Sept heures avant la mort, après le dernier

accès, la température était de 39°, 5 ; elle continua

de monter et, aussitôt après le décès, on notait 40°, 2.

Au point de vue de la température, ce fait confirme

une fois do plus ce que nous avons dit, à savoir qu'elle

s'élève durant l'état de mal épileptique.

Chez March. les convulsions ont prédominé tantôt

d'un côté tantôt de l'autre, comme si la décharge

s'était faite alternativement dans l'un ou l'autre des

hémisphères cérébraux.

V. L'autopsie ne nous a apporté aucune notion

nouvelle sur la nature et la localisation de mal. Peu

de. congestion dans la boite osseuse et clans les mem-

branes clu cerveau. Quelques plaques ecchymotiques

de. la pie-mère qui est congestionnée par places.

Quant aux- territoires du cerveau plus ou moins sclé-

rosés ou d'aspect chagriné leur état doit être attribué

aux séries convulsives de la première enfance.

XVI.

Idiotie complète ; méningite purulente ; congestionirtense

des os du crâne et distension des sutures;

Par BOURNEVILLE et FERMER.

Sommaire. Pas d'antécédents. - Idiotie, cachexie, cécité.

- Leucome total adhérent des deux côtés. Parole et

marche nulles. - Entérite à deux reprises. Méningite

avec cris et grincements de dents. Mort.

Autopsie Calotte extrêmement mince et molle. Adhéren-

ces de la dure-mère au niveau des su ures. -Pas de Ira e

de synostose. - Plaques très abondantes et étendues de

méningite purulente. - Méningite chronique de la con-

vexité et de la base. - Circonvolutions cérébrales et scis-

sures assez irrégulières. - Rien de particulier dans les

viscères.

Marti ? (Marcel), né à Paris, le 24 octobre 890, est envoyé

des Enfants-Assistés à Bicétre (service de M. BOURNEVILLE),

le 6 mai 1892. En raison de son origine, nous n'avons aucun

renseignement sur les antécédents héréditaires et personnels

de cet enfant.

Etat actuel - Enfant pâle, d'aspect chétif. - Tête assez

développée, asymétrique. Protubérance occipitale très proé-

minente. Bosse pariétale droite plus élevée et plus saillante

que la gauche. Cette dernière est sur un plan plus reculé que

la bosse pariétale droite. Bosses frontales latérales très peu

marquées. Légère bosse frontale moyenne. Pas de trace de la

fontanelle antérieure. Dépression nettement sensible au

sommet du lambda. Cette dépression est constituée par la

suture pariéto-occipitale. Cheveux blonds peu épais, très fins,

202 Description DU malade.

régulièrement implantés, avec tourbillon postérieur un peu à

droite delà ligne médiane. Veinosités sous-cutanées au niveau

du front et des deux régions temporales, mais plus acusées du

côté droit.

Front convexe transversalement. Arcades sourcilières non'

saillantes Orbites assez grandes. Sourcils blonds, très-peu

abondants. Cils longs et châtains. Paupières également mobi-

les, saines. Fentes palpébrales '-ussantes. Globes oculaires

profondément enfoncés dans l'orbite. Strabisme interne de

l'mil gauche. Conjonctive péricornéenne saine. Cornée opaci-

fiée des deux côtés, dans sa partie moyenne. L'examen oph-

thalmoscopique. fait par M. Vialet, internc des hôpitaux,

montre à gauche et à droite, un leucome total adhérent, et de

plus, à droite, une occlusion pupillaire et l'atrophie de l'iris.

Ne ? petit, bien conformé, droit. Narines assez grandes.

L'enfant respire ordinairement parle nez. - Bouche 2 cen-

timètres. Lèvres supérieure et inférieure bien conformées,

toutes les deux rosées. L'enfant suce continuellement le pouce

droit. - Menton petit. Pas de prognathisme inférieur. -

Voûte palatine en ogive. La ligne médiane de la voûte est

déviée a gauche. Pas de division de la voûte ni du voile du palais.

Amygdales petites. L'enfant a neuf dents temporaires, 4 inci-

sives supérieures, dont les 2 de gauche sont en retrait sur les

inférieures; une grosse molaire supérieure à droite, et 4 inci-

sives inférieures. Joues assez pleines, pommettes non saillan-

tes. Les oreilles sont inégales : la gauche a 4 centimètres de

longueur, la droite 5 centimètres 5; la gauche est légèrement

écartée et la droite s'écarta très nettement de la tète. Lobule

non adhérent. Les diverses parties de l'oreille sont bien

conformées. Pas d'otorrhée.

Cote, court; circonférence 22 centimètres. Corps thyroïde

vaguement perceptible. Petits ganglions sous-maxillaires à

gauche.

Thorax à peu près cylindrique. Circonférence : 44 centi-

mètres. Sternum légèrement proéminent. Colonne vertébrale

non déviée. Rien à la percussion. A l'auscultation, quelques

râles ronflants des deux côtés en arrière. Rien au cour, pouls

régulier.

Abctomensouple, non douloureux à la palpation. Matité hépa-

tique normale. Rate non perceptible.

Membres supérieurs égaux, sans saillies musculaires, assez

abondamment pourvus de tissu graisseux sous-cutané. Les

mouvements des deux bras paraissent possibles. Ongles

minces.

MÉNINGITE. 203

Membres inférieurs égaux, assez développés. Pannicule

adipeux assez épais. Les membres sont mobiles, mais occupent

toujours la même position : flexion des cuisses sur le bassin et

des jambes sur les cuisses. Les pieds sont régulièrement con-

formés, les ongles minces, aplatis. Le pli de l'aine gauche est

le siège d'un érythème assez intense. L'enfant ne marche pas,

mais tous les mouvements, spontanés et provoqués, des mem-

bres inférieurs sont possibles.

Peau labre. - Verge : longueur, 2 centimètres 5. - Circon-

férence, 2 centimètres. Phimosis. Testicules du volume d'une

petite noisette, placés tous les deux à l'orifice inférieur du tra-

jet inguinal. Région anale normale.

Voix forte. L'enfant sent le contact le choc, les piqûres,

et réagit sous l'effet des températures différentes de la sienne.

- Traitement : 3 bains salés par semaine ; exercer l'enfant à

marcher ; mettre de la teinture de coloquinte sur ses doigts ;

l'empêcher de mettre ses doigts dans ses yeux (habitude fré-

quente chez nos enfants idiots atteints de cécité).

30 juin. - L'enfant a de la diarrhée depuis deux jours : sel-

les vertes et pseudo-membraneuses. Potion avec 2 gr. d'acide

lactique à prendre en deux jours.

2 juillet. - Amélioration légère. La diarrhée est toujours

abondante et verte. Une cuillerée à café d'eau créolinée à

1 millième toutes les 2 heures.

4 juillet. - Revaccination sans succès.

12 juillet. - L'enfant n'a plus de diarrhée depuis 5 ou 6

jours. T. R. 37", 2.

20 juillet. T. R. 38°, ! t. L'enfant maigrit énormément de-

puis quelques jours et son appétit se ralentit. Il pousse des

plaintes continuelles, surtout la nuit. - Soir. Forte élévation

de température : 40°, 2. Diarrhée abondante et verdàtre.

Vomissements bilieux, grincements de dents; excitation.

21 juillet. - T. R. 39°. 4. -Soin : 39°. G.

22 juillet. - T. R. 31°, 4. La diarrhée n'a pas cessé, et la

maigreur augmente. Raideur de la nuque. Légère parésie

du côté droit. Yeux caves et bistrés. Les grincements de

dents continuent. La diarrhée cesse. - Soir : T. It. 39°, 6.

23 juillet. - T. R. 39°, 6. - Soir : 40°.

24 juillet. - Même état général. T. R. 39°, La respiration

s'embarrasse de plus en plus. - Soir : T. R. 39°. 3. - Mort

vers 11 heures et demie du soir. T. R. aussitôt après la mort :

37°, 1 I : 1 ; - i/4 d'heure après : 3fi°, 8 ; 1 heure après : 32°. Tem-

pérature de la chambre : 18°. Poids après décès : 4 kgr. 900.

2Qa MÉNINGITE ; DISTENSION DES SUTURES.

' Autopsie faite 34 heures après le décès.- Tête.- A l'enlè-

vement de la calotte, on éprouve les plus grandes difficultés :

il y a, en effet, de nombreuses adhérences localisées au bregma

tout le long de la suture sagittale, au lambda et aux deux

branches de la suture lambdoïde. La calolte est violacée,

extrêmement molle et mince : la plus légère traction suffirait

pour la briser. Dans les efforts faits pour l'enlever le frontal

s'est désuni d'avec le pariétal gauche, de sorte qu'il ne reste

plus, à l'état intact, que la partie droite de la suture coronale.

qui est très injectée. A la palpation, on sent, dans son inters-

tice, une sorte de bourrelet rouge, vasculaire, formé par la

membrane intersuturale, et qui forme saillie. En aucun point,

cette suture n'est le siège d'un travail synostostique, pas plus

sur la table interne que sur la table externe.

MÉNINGITE. 205

deux côtés (à gauche elle est presque verticale, à droite elle

s'incline un peu plus en arrière), l'obliquité au contraire bien

prononcée de la branche horizontale de ! a scissure de Sylvius.

Sur l'hémisphère gauche, le pli de passage superficie) qui unit

en bas les deux circonvolutions FA et PA est comme rejeté en

arrière. Les circonvolutions frontales n'offrent rien de particu-

lier. Les circonvolutions FA et I'1 sont très sinueuses à gaucho,

presque sans plis a droite. Il y a lieu de noter un certain degré

d'atrophie portant sur les circonvolutions qui bordent la scis-

sure occipitale, du côté gauche seulement. Les circonvolutions

temporales sont épaisses. - La circonvolution du corps cal-

leux de l'hémisphère droit est très peu divisée, et, dans sa

partie moyenne, est à peine séparée du corps calleux. Rien

dans les ventricules ni à la corne d'Ammon.

Cou. Persistance du thymus, qui est tout-à-fait rudimen-

taire. - Corps thyroïde, d'une conformation normale.

Thorax. Poumon droit (70 gr.), rosé, sain; il est divisé

en trois lobes bien distincts. Aucune trace de lésions tuber-

culeuses au sommet. Poumon gauche (75 gr.), sain,

divisé imparfaitement en trois lobes, de coloration rosée.

Cecllr 1;1;) gr.). L'oreillette gaucho est pa-tiellement remplie par

un caillot librioeux grisâtre. La valvule mitrale est-aine. L'ori-

fice de l'aorte est sain, ainsi que les valvules sigmoïdes. Pas

de persistance du trou de Botal. Rien de particulier dans

le coeur.

Abdomen. - Foie (225 gr.). Son appareil ligamenteux est

intact. La vésicule biliaire contient de la bille fluide, Le foie

parait sain à la coupe. - Rate (20 gr.), non altérée. Pan-

créas (10 gr.), d'apparence saine. - Rein droit (30 gr.); rein

gauche (27 gr.), sains. La décortication e ? t facile. Rien de

particulier dans le tutie digestif.

Réflexions. - I. L'observation de cet enfant est

forcément incomplète, au point de vue des causes de

l'idiotie, puisque nous n'avons aucun détail sur ses

antécédents héréditaires ou personnels. Mais elle offre,

relativement à l'enfant lui-même, trois points intéres-

sants.

II. D'abord cet enfant est mort de méningite céoé-

20ü RÉFLEXIONS.

braie, à la suite d'une affection intestinale grave, de

nature difficile à déterminer. En effet, quoique la

diarrhée ait été le seul signe observé, du 30 juin au 8

ou 10 juillet, on peut se demander si l'enfant n'a pas

eu une fièvre typhoïde (1), et rapprocher son cas de

ceux d'autres enfants, atteints, dans le service, de cette

même maladie, et qui sont morts cle méningite puru-

lente plus ou moins longtemps après. Il est regretta-

ble que dans ces divers cas l'examen bactériologique

n'ait pu être fait.

III. Le second point a trait au crâne. Ici nous cons-

tatons, comme dans la plupart des observations du

service, qu'il n'existe pas trace de synostose, et que

l'hypothèse qui a inspiré à M. leDr Fuller d'abord (1877),

puis à M. le D'' Guéniot (1889,), ensui e à M. le pro-

fesseur Lannelongue (1890) l'idée de la trépanation chez

les idiots, n'est aucunement justifiée parla présente

observation.

IV. Ainsi que nous l'avons noté, à diverses repri-

ses, les sutures étaient distendues par une sorte de

cordon rouge, saillant, constitué par une congestion

intense de la membrane intersuturale, que l'on peut

considérer comme une lésion concomitante de la

méningite (2).

(1) Voici la marche de la température du 30 juin au 8 juillet, qui ne tran-

che pas la question :

30 juin. - Matin : 31°, 8. - Soir; 3'J^. 8.

1^ juillet. - Matin : 37°, -Soir : 38".

2 37° 3, - - 37',5. ô.

3 - - 37°, - - 39-.

4 38° - - : j9 ? 2.

5 31", 7. - - 37^, J. 5.

6 37',4 ? air, 0. (1.

7 37°, 7. 37', 7.

8 37°, 5. 3ï°, 5.

(2) Voir page 172.

XVII.

Idiotie méningitique;

Par BOURNEVILLE et DAURIAC..

Sommaire. Grand' mère paternelle morte épileptique (en

état de mal probablement). - Mère émotive mais sans cri-

ses nerveuses. Une tante paternelle de la mère épilepti-

que. Une soeur de la mère nerveuse, de caractère bizarre.

i -Un frère de la mère mort de congestion céxébrale.

Un autre frère de la mère a un fils paralysé et qui paraît

être hydrocéphale. Un autre frère de la mère enfermé à

Bicêtre pour un accès de délire. Pas de consanguinité.

Inégalité d'âge de 1G ans.

Accouchement par la face. Travail ayant duré 5 heures.

Allaitement au lait de vache. Première dent à 2 ans passés.

Accidents scrofuleux. Symptômes méningitiques en

1891. Elourdissemenls quelque temps avant son entrée

il Bicêtre. Grincements de dents. Accès de colère.

Tics. Parole à peu près nulle. 13l'oncho-pnewnonie.

AUTOPSIE. - Pas de trace de synostose. Léger degré de

persistance de la fontanelle antérieure. Adhérences de

la pie-mère à la dure-mère, d'une part, et auec la substance

cérébrale d'autre part. Broncho-pneumonie en foyers

disséminés dans les deux poumons. Hypertrophie des

ganglions périlrachéo-bronchiques.

Watteb... (Edouard, Gustave, Marie), âgé de 3 ans 1/2, né le

8 décembre 1888 à Paris, est entré le 14 mai 1892 à

Bicêtre (service de M. Bourneville).

Antécédents héréditaires. (Renseignements fournis par la

mère le 22 mai.) Père, 65 ans, employé de commerce, ni

208 Antécédents héréditaires.

fièvre typhoïde, ni convulsions ; pas de chorée, de rhumatis-

mes, d'affections cutanées et aucun signe de syphilis. Conges-

tion pulmonaire à 61 ans, 'depuis laryngite. l'as d'excès de

boisson. Il fume deux ou trois pipes de tabac par jour. Pas de

migraines. Marié 2 fois. La première femme, qui n'est pas la

mère de notre malade, est morte de la poitrine, il y a 20 ans. -

[Famille du père. - Père, mort d'une fièvre muqueuse et de

scarlatine à l'âge de 57 ans. - Mère morte des suites d'accès

d'épilepsie après la couche de son second enfant. Pendant la

grossesse de son premier enfant, elle n'avait pas eu d'accès épi-

leptiques. - Grands-oncles, grandes-tarses : aucun d'eux n'a

jamais eu de maladies du cerveau. - De son premier mariage,

le père de notre malade avait eu 5 enfants; le premier est mort

à neuf mois ; le second est mort en nourrice d'une maladie de

langueur. Les trois autres étaient forts et vigoureux.]

Mère, 46 ans, couturière. Pas de convulsions; fièvre mu-

queuse à l'âge de 5 ans. Pas de chorée ; rhumatisme chronique

depuis peu de temps. Pas de dartres, ni de migraines. Femme

nerveuse. émotive, mais sans crises nerveuses. - [Famille de

la mère. Père, boulanger, mort à 78 ans, sobre, gai, un

peu violent. - Mère, morte à 46 ans, hydropique, asthmati-

que, probablement atteinte d'une affection cardiaque. Grands-

pères et grand ? mères paternels et maternels,' morts de vieil-

lesse. - Une tante paternelle, âgée de 60 ans, est épileptique.

Une tante et un oncle maternels, morts très âgés, n'ont jamais

eu d'accidents nerveux. - 3 frères et 4 sce2crs. L'aînée, 55

ans, très-nerveuse, a eu de grandes pertes utérines et de

grands maux de tête; elle est restée 2 ans dans un couvent-,

mais n'est plus dévote. - Le second, mort à 5' ? ans de conges-

tion. cérébrale, a eu quatre enfants bien portants. -- Le 3 ?

48 ans, vivant atteint de tuberculose pulmonaire, peintre en

bâtiments, a eu plusieurs hémoptisies et des coliques de plomb.

Pas d'accidents nerveux. De ses 4 enfants, 3 sont en bonne

santé, mais l'autre,'âgé de 6 ans, paralysé, a une tête énorme,

qui lui rentre dans les épaules; il ne fait que commencer à

'marcher, mais aurait sa connaissance ; il parle depuis peu. -

Le 4 est mort très jeune, par suite « d'une conformation du

gosier qui l'empêchait de manger. » La 5 ? 44 ans, est bien

portante, ainsi que ses 3 enfants. La Gille, 42 ans, n'a jamais

eu de cri es de nerfs elle a des dartres ainsi que sa petite fille.

- Le 7 ? (Xho.is Charles) est entré à Bicêtre le 13 janvier

1882 pour un accls de folie, déclare d'abord lanière de notre

malade, pour une attaque de deli, ittm trP.Jllc118, déclare-

t-elle une autre fois ; il en est sorti à peu près guéri. - La 3 ?

Antécédents personnels. 209

38 ans, n'est pas nerveuse de même que ses 3 enfants. -

D \'1, le reste de la r tinille, ni idi ItS, ni aliénés, etc.]

Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge. Le mari a 16 ans

de plus que sa femme. - Un enfant, notre malade. Concep-

tion, rien de particulier. G1'()S,eSse : durant les deux premiers

mois, la mère a eu ses règles, mais peu abondantes; elle ne

se croyait pas enceinte; deux mois après elle sentait l'en-

fant remuer. Ni chutes, coups, peurs, envies, syncopes, cri-

ses d'édlln[J31e. oedème, etc. Accouchement à terme, sans

chloroforme, présentation de la face; l'enfant resta 5 heures

au pas,a ? - A 11.1nÍ-{s : l1lc', bel enfant quoique « meurtri. »

Pas d'asphyxie. Allaitement au biberon, avec du lait de vache.

Sevré à 14 mois, il était alors dans un état pitoyable. Première

dent après 2 ans. Il lui manque actuellement 2 dents. Pen-

dant tout le temps qu'il a été en nourrice, il a été malade :

abcès du coté droit de la tête sous le menton et otite suppurée,

attribuées aux 'manoeuvres obstétricales. Jusqu'en avril 1191,

il fut malade, devint ailirepsiquc Le Dr Ducamp. qui le soi-

gnait, écrivait : « Il présente une faiblesse vertébrale, un

relard de l'().si/lication des os du crâne, et un développement

considérable du ventre qui sont caractéristiques de l'alimen-

tation prématurée et du manque de soins chez les enfants en

nourrice. »

En aoùt 1891, il eut des symptômes méningitiques; il avait

des convulsions des yeux, se frottait le front continuelle-

ment avec le dos de la main droite, « poussait des cris

de bête fauve pendant longtemps. » Il se remit au bout

de quinze jours à trois semaines sans paralysie consécu-

tive.

Aucune maladie infectieuse; vacciné à 2 ans et demi avec

succès. - Chilienne en aolt 1891. - Anthrax à 2 ans sur

l'épaule. - Aurait eu le carreau; pas d'autres accidents scro-

fuleux. Pas de vers intestinaux. - Gâteux complet; pas de

vomissements.

. Laryngite (il y a un mois). - Pas d'accidents traumatiques.

Huit ou dix jours avant son entrée à Bicêtre, il aurait été pris

d'étourdissements qui revenaient trois fois par jour : il pâlissait

un peu et se remettait tout de suite. La nuit, sa mère aurait

observé « que, par moments, il retenait son haleine pendant

quelques secondes, puis respirait très fort après. »

Il aime à ;ouer, est très affectueux; semble avoir bonne

mémoire ; ne ditguère que maman, papa. dada. - Il grince des

dents, entre assez facilement en colère. Il ne bave pas,

mâchonne son pouce. Pas d'onanisme. La' mère 'attribue son

Bourneville, Bicêtre, 1892. 14

210 Description DU malade.

état à la méningite survenue, dit-elle, par le manque de

soins en nourrice.

État actuel (26 mai). Enfant bien portant, se laissant

difficilement examiner. Crie continuellement, mais plus fort à

certains moments. Aspect complètement inintelligent. Ne fixe

son attention sur rien.

Crâne arrondi, assez volumineux, symétrique. Pas de sail-

lies particulières des bosses pariétales ou occipitales. Bosses

frontales distinctes. Pas d traces de fontanelles. Cheveux

blonds, régulièrement implantés. Un tourbillon à droite de

la ligna médiane à l'union des faces postérieure et supé-

rieure du crâne. Impétigo sur la face.

Mensurations de la tête. (Mai 1892.)

DESCRIPTION DU malade. 211 i

Cou court, 4 cicatrices circulaires, sous le bord inférieur

droit du maxillaire inférieur. Circonférence : 23 centimètres.

Corps thyroïde à pe ne perceptible. - Parole nulle.

Thorax assez développé; sternum projeté en avant décri-

vant une convexité antérieure. Pas de déviation de la colonne

vertébrale. l'as de points douloureux. Coeur et poumons, rien.

Abdomen difficile à explorer à cause des cris de l'enfant.

Au lieu de matité hépatique, on perçoit dans les régions du

foie une sonorité continue avec celle des poumons, lequel, à

l'auscultation, parait descendre jusqu'au cinquième espace

intercostal. Rate non perceptible.

Organes génitaux. - Verge très courte, phimosis. Gland

non découvrahfe. Testicule seul descendu ou du moins seul

perceptible, Très petit comme un petit haricot. An usnormal.

Membres supérieurs normalement conformés; motilité et

sensibilité normales. Cicatrices de vaccin aux deux épaules

sur la partie supérieure et externe du deltoïde.

Membres inférieurs normalement conformés. Mobilité et

sensibilité intactes. Le réflexe rotulien existe à droite, mais est

très difficile à constater à gauche (probablement à cause des

mouvements continuels de l'enfant.

L'enfant suce sa langue et fait avec le voile du palais un

bruit a,'rique suivi d'un mouvement de déglutition, cela

depuis 20 minutes environ (lic).

27 mais Traitement : 2 bains salés par semaine, 10 minu-

tes. Sirop iodure de fer; sirop antiscorbutique et exercices

de marche; 4 teinture de Kola.

20 juin. - Légère amélioration, mais on ne parvient

pas à le faire marcher.

28 juin. - Conjonctivite. Traitement : Collyre au nitrate

d'argent 1/50.

17 juillet. - L'enfant bien qu'ayant encore un peu de con-

jonctivite a été pris en congé par ses parents le 14 juillet.

Ceux-ci l'ont ramené en disant qu'il toussait. - Ce 17, T. R.

z.9. A l'auscultation gros râles muqueux au niveau du hile

pulmonaire des deux côtés. Pas de matité, ni de sub-matité.

La toux est très fréquente. L'abattement est très prononcé.

Les yeux sont cernés. Le sommeil est très agité et l'enfant

pousse de petits cris rauques. Il ne veut prendre que du lait

et des jaunes d'oeuf. - Traitement : teinture d'iode ; oxygène;

sirop de tolu et diacode.

18 juillet. - T. H. 37°, 7. - Soir : 40°. Toux fréquente.

212 Autopsie : Etat DES SUTURES.

19 juillet. - T. R. 38°. - Soir : 39°.

20 juillet. - T. R. 38°. - Soir : 39°, 2.

21 juillet. - Grande amélioration. Il a mieux dormi. Il

prend depuis quelques jours du sulfate de quinine. T. It.

38°, 6. - Soir : 40°. 4.

22 juillet. - T. Il. 3S°, 2. - Soir : 38°, 6.

23 juillet. - Hier soir la température est remontée a 40°, G.

Il y a de l'oppression, la respiration est pénible. L'enfant est

abattu et peut à peine prendre quelque^ cuillerées de liquide.

Il ne rejette pas ce qu'il prend. T. R. 38°, 4. Soir : 40°, 6.

24 juillet. - T, R.39°, 8. - Soir : 4C".

25 juillet. - Ce matin il n'y a plus que 37°, 5. L'enfant est

pâle mais paraît assez éveillé, s'assied même sur son lit Il ne

semble pas gêné dans sa respiration. Il n'y a que quelques

petits râles fins à l'inspiration et à l'expiration du coté tan-

che en arrière. - Traitement : inhalations d'oxygène ; sirop

d'ipéca.

Soir. - La température est remontée brusquement à 39°.

\V. devient rouge pourpre, a de la dyspnée et vers 10 heures

on note 40", 9.

26 juillet. - La nuit a été assez tranquille. T. R. 39°, 2.

L'état général de W... est mauvais : extrémités cyanosées ;

parties inférieures du corps froides; dyspnée de plus en plus

grande.Vers 2 heures de l'après-midi, il avale néanmoins très

bien de l'antipyrine, puis surviennent de fréquents change-

ments dans la face, le menton se refroidit, les mains et les

pieds sont complètement glacés. Vers 4 heures, il expire T.

R. aussitôt après la mort : 40°, 6 ; un quart d'heure après :

39° ; - une heure après : 3 i°. 5 ; - 2 heures après 36". Tem-

pérature de la sale : 20°. - Poids après décès . 8 kilog. 200.

Autopsie faite le 28 juillet (10 heures après décès). Tète.

Cuir chevelu, rien de spécial. - Les os du crâne sont minces

et violacés par places ; la suture coronale est très sinueuse et

ne porte aucune trace d'ossification tant sur la face interne

que sur l'externe. La sagittale est régulière et n'est nulle

part ossifiée. La lambdoïde, libre dans toute son étendue,

porte dans sa branche droite un petit os '\"U1'))/ien. La fonta-

nelle antérieure est représentée par un léger espace triangu-

laire d'un centimètre sur deux de large : elle est tapissée par

une mince membrane. L'artère méningée moyenne se creuse

le long du bord antérieur des deux pariétaux un sillon profond

dont le fond est représenté par une mince lamelle osseuse.

La base du crâne est symétrique. Le trou ocdp;t;Û ne

MÉNIrGO-ENCTPHALI2'E, 213

semble pins rétréci Les sinus renferment du sang fluide

et des caillots noirs.

214 4 BRONCHO-PNEUMONIE.

inférieur est pris dans sa totalité; les foyers de hroncho-

pneumonie, d'un rouge foncé, sont très rapprochés et

sont d'un rouge foncé. - I-0117-IOn gauche (138 gr.).

Le lobe supérieur est sain. La partie la plus déclive

de la face postérieure du lobe inférieur est occupée par des

foyers de broncho-pneumonie très rapprochés. Un morceau

du parenchyme pulmonaire coupé en cet endroit et plongé

dans l'eau reste au fond. I es ganglions péri-trachéo-bron-

chiques. surtout ceux situés au niveau de la branche gauche

de la trachée et de l'intervalle de sa bifurcation sont hyper-

trophiés ; à la coupe nous ne les trouvons pas caséeux ; ils

sont seulement le siège d'une vive congestion. Un ganglion

situé à gauche de la trachée atteint le volume d'une noisette.

A la coupe, congestion, un peu de ramollissement et fort

piqueté hémorrhagiclue. - Coe[¿j' (HO Les cavités gauches

ne contiennent pas de caillots. Les valvules sont suffisantes

et saines. Le calibre de l'aorte est normal ; ses parois sont

souples. Les orifices des artères coronaires sont situés au

point d'affleurement du bord libre des sigmoïdes. Dans le

ventricule droit, nous trouvons un petit caillot fibrinpux et

une petite concrétion calcaire à surface irrégulière, du volume

d'un grain de chénevis; elle se trouve située sur une des

colonnes charnues, à sa naissance à la pointe clu coeur. Rien

de particulier du côté de la tricuspide. L'oreillette droite offre

un développement exagéré de l'anricule dans laquelle on

introduit la pointe d médius. La cavité de l'aurieule est

tapissée par unesérie de colonnettes charnues qui sont dispo-

sées en une sorte de plexus très développé. Le trou de Butai

n'existe plus, mais néanmoins la membrane qui le ferme est

extrêmement mince et constituée par l'adossement des doux

endocardes. - Rien à l'artère pulmonaire.

Abdomen. - Rein droit et gauche (39 gr). Ils ont une cou-

leur blanchâtre ; leur confornittion st normale et il n'y rien

à signaler du côté de l'uretère et du b ssinet. Le parenchyme

rénal parait un peu anémié ;la décortication est facile. Foie

(330 ger.), un peu congestionné ; rien dam la vés culv biliaire.

- Rate (31 gr.), normale ; sa pulpe est un peu molle.

Pancréas (10 gr.), intestin, vessie, rien.

Réflexions. - L'hérédité se retrouve des deux

côtés chez les ascendants de Watt... La grand'm(\re

paternelle était épileptique et parait être morte en état

RÉFLEXIONS. 9<5 5

de mal. Chez le père il est impossible de trouver aucun

stigmate de dégénérescence. -Du côté maternel c'est

chez une tante que nous trouvons encore l'épilepsie.

La mère elle-même est nerveuse et de caractère bizarre.

Une de ses soeurs est exactement dans les mêmes

conditions. Ses quatre frères ont été plus sérieusement

atteints au point cle vue nerveux : un d'eux est mort

paralysé, un second est mort de congestion cérébrale,

un troisième a un fils paralysé et hydrocéphale, un

autre frère a été enfermé pour un accès de délire.

II. L'hérédité avait préparé le terrain pour l'évolu-

tion ultérieure d'accidents nerveux. -L'accouchement

par la face s'est nécessairement accompagné de

congestion encéphalique, et bien qu'il n'y ait pas eu

d'asphyxie, cette complica'ion a pu aggraver encore

la situation créée par la prédisposition héréditaire. Le

(le la dentition, l'absence de la parole, etc.,

semblent indiquer un état congénital que la méningite,

survenue à l'âge de 3 ans, n'a fait qu'accroitre.

XVIII.

Idiotie symptomatique de sclérose atrophique;

PAR BOURNEVILLE et DAURIAC.

SomfAmE. - Père, caractère emporté. Mère, caractère vif,

morte en couches. Grand'mère maternelle morte en cou-

ches. - Pas d'antécédents héréditaires dans le reste de la

famille. - Pas de consanguinité. Egalité d'âges.

Chute vers le sixième mois de la grossesse; courtes syncopes.

- Accouchement à terme. Asphyxie à la naissance;

circulaires du cordon autour du cou. - Conuttl.,zio71s à 2

jours, revenant à. 11ttel'iJ lUes de plus en plus éloignés.

Rémission des convulsions à un an. Parole nulle.

Demi-parésie à droite uers 2 ans 112. - Broncho-pneumo-

nie. - Mort.

Autopsie : Sclérose atrophique prédominant à gauche. -

Inégalité notable des hémisphères cérébraux (115 gr.) et des

hémisphères cérébelleux. - Dégénération secondaire. -

Broncho-pneumonie.

Louv... Maurice-Paul, né a Paris le 7 juin 9sur8, est entré à

Bicétre le 24 mars 1892 (service de I. 130UI\1\EVILLE¡; il est

décédé le 18 juillet 1892.

L'enfant entre à Bicétre le 24 mars 1592 avec le

certificat suivant du Dr Dauchez : a Est atteint depuis sa

naissance de contractures généralisées des membres supé-

rieurs et inférieurs ayant débuté par le côté droit et s'accom-

pagnant de troubles intellectuels et sensitifs caractérisant

l'idiotie et nécessitant son admission daus un asile spécial. v

Antécédents. (Renseignements fournis par le père le 29

Antécédents héréditaires ET personnels. 217

mars 1892). - Père, 31 ans, teinturier, très vif de caractère.

Il n'a jamais eu de convulsions, de fièvre typhoïde, de chorée,

de rhumatismes, de dartres. Pas d'antécédents syphilitiques.

Il a des habitudes très modérées au point de vue du tabac et

de l'alcool. Il n'a jamais de migraines. - [Père, mort à 81 ans,

sans avoir jamais été malade. - Sa mère a atteint 74 ans

dans les mêmes conditions. Nous n'avons pas de renseigne-

ments sur les grands- parents paternels. Les grands-parents

maternels sont morts de vieillesse. - Six oncles ou tantes

paternels. Le père ne les connaît pas et n'a jamais entendu

dire quelque chose de particulier sur leur compte. - Deux

frères aînés en parfaite santé ainsi que leurs enfants qui n'ont

jamais présenté de maladies nerveuses. - Il en e-t de même

de ses deux soeurs et de leurs enfants. - Rien de particulier

dans le reste de la famille : pas d'idiots, d'épileptiques, de

paralytiques, de difformes, de sourds-muets, de bègues, de

pieds bots, de prostituées ou de criminels ]

Mère, femme de chambre, caractère un peu vif, sobre, non

migraineuse, morte à 36 ans en oouc;hcs. E11· n'auraitjawais été

malade et n'aurait présenté ni convulsions, ni fièvre typhoïde.

[Père, mort à 50 ans, on ne sa' de quoi. - Mère, morte en

couches : 1 36 ans. Le reste de la famille est totalement i nconnu

au mari. Cependant, rien de ce qu'il entendu dire à sa femme

n'expliquerait l'hérédité morbide recueillie par l'enfant.]

Pas de consanguinité. Les deux époux étaient, à quelques

mois près, du même âge.

Quatre enfants sont nés de ce mariage : 1° garçon mort de

la diarrhée verte : 2" fille. 6 ans, bien partante et très intel-

ligente; 30 notre m dalle; 4° fille, morte en naissant.

Notre H1 : llade. -An moment de la conception, rien d'a'1Or-

mai. -D m- le c tvtr, du sixiè ne unis do la grossesse, la mère

fit une chute <UI' fei,e-4. Pas (le peur, pas d'envie. De temps

à autre elle se trouvait mal ni lis revenait vite à elle. -

Accouchement il terme. Le passage fut fort long. On n'eut

recours cependant ni au forceps, ni au chloroforme. -

L'enfant était asphyxié la la naissance. Il avait des circulaires

autour clu cou et on resta longtemps à le ranimer. Il parais ait

un peu chétif. a été étbvé ao biberon avec du lait de vache.

Pas de renseignements sur l'époque du sevrage, ni sur la

manière dont se fit la dentition. La parole est encore nulle à

l'heure présente. Premières convulsions à 2 jou-s. Elles ont

duré tres-peu et portaient principalement sur la tête. (Yeux,

218 DESCRIPTION DU malade.

face). Il tordait peu ses bras et ses jambes. Les convulsions

se sont de nouveau montrées à intervalles éloignées, et

avec une intensité moins grande. )J'les disparurent à l'âge de

2 ans On s'aperçut à cette époque que l'enfant était paralysé

du côté droit : il se servait très peu de ce côté Il pleurait

pour un rien. Peu gourmand, il était fort sale et faisait cons-

tamment sous lui. Il est encore gâteux. Il mastique mal. bave

beaucoup mais ne vomit pas. Pas de mérycisme ni de vers

intestinaux. Il a eu 'a rougeole mais pas de scarlatine. de

varicelle, etc. Vacciné vers 4 mois. Jamais de chorée, d'épi-

lepsie, de secousses, de vertiges, d'étourdissenionts. Il a eu

de la gourme, sans otorrhée, dartres, blépharite ciliaire,

conjonctivite, ou adénites. Il ouait seul ou avec les personnes

qui l'entouraient, il cassait volontiers et projetait à terre les

objets qui lui tombaient sous la main. Pas de traumatismes.

Caractère affectueux, il reconnaît bien ses parents.

9 avril. - T¡'aile111 1'11 1 : 3 bains salés ; sirop d'iodure de fer;

massage et exercices de marche.

État actuel. L'enfant est pâle, peu adipeux, d'apparence

chétive. Son faciès exprime l'hébétude. Ses joues sont pleines

et rondes. Lorsqu'on lui parle, il vous fixe et secoue sa tète

de haut en bas comme pour répondre n oui ».

Les cheveux sont noirs et bien plantés. Il n'y a pas d'épis.

- Le crâne est assez volumineux et asymétrique. Le côté

droite parait plus développé que le gauche. La bosse frontale

droit est surtout proéminente. La bosse pariétale du même

côté est aussi plus développée. La glabelle fait un relief à

peine appréciable. L'inion est facilement senti. Il est impossi-

blede se rendre compte de l'état des sutures et des fontanelles.

Ces dernières paraissent comblées.

Le visage est plein et arrondi. Les arcades sourcilières sont

bien dessinées. Les paupières, fines et bleuâtres, recouvrent

complètement le globe oculaire. Il n'y a pas de lagophlhalinos.

Les sourcils sont noirs et assez fournis. Les cils sont longs,

noirs et un peu relevés. Les yeux sont mobiles. Pas de nystag-

mus ; l'iris est châtain foncé, avec un cercle noirâtre l'enca-

drant. Les pupilles sont égales et réagissent bien à la lumière

et à l'accommodation. Il est impossible, vu l'état intellectuel

de l'enfant, de savoir s'il reconnait les couleurs, s'il a de la

diplopie, etc.- Le ne= est droit et court, bien conformé. Pas

de renseignements exacts sur l'odorat. Il parait désagréable-

ment impressionné par l'ammoniaque. La bouche petite,

Pneumonie ; mort. 219

régulièrement conformée, et munie de lèvres charnues, bien

dessinées. La voûte du palais et le voile sont normaux, ainsi

que la langue et les amygdales Il est difficile d'être renseigné

sur l'état clu goût. L'enfant n'est pas gourmand et refuse

quelquefois les friandises et la nourriture. - Le menton est

rond, petit, situé sur la ligne médiane. - Les oreilles sont

bien conformées.

L- coti est grêle, le corps thyroïde normal.

Le thorax est régulièrement conformé. Les poumons et

le coeur sont normaux. - L'abdomen, un peu gros, a des

parois résistantes. Le foie et la rate ne sont pas hypertrophiés.

La sensibilité générale parait conservée à la douleur et à la

température.

Puberté. L'enfant est tout-à-fait glabre. On trouve à peine

quelques poils très fins et très rares sur les avant-bras et

les jambes. Rion sous les aisselles. - La verge est petite,

d'une longueur de 4 centimètres sur 3 1/2 de circonférence.

Phimosis réductible. Les deux testicules sont descendus et de

la grosseur d'un oeuf d'oiseau. Rien sur le pubis, anus normal.

Les membres supérieurs sont en flexion. L'avant-bras est

fléchi sur le bras, la main sur l'avant-bras. Il est diffx'i'e de

relever son poignet qui retombe de lui-même. La cuisse est

également fléchie sur le bassin, la jambe sur la cuisse et le

pied est en position normale. Cet état n'est pas plus prononcé

d'un côté que de l'antre. Cependant l'enfant saisit toujours

les objets qu'on lui présente de la main gauche.

20 juin. Louv...aétérevaccinésanssuccés.II pôrte d'ail-

leur* 3 cicatrices de vaccin à droite. Rien à gauche.

Il juin. L'enfant tousse un peu. Il a de la fièvre : 38a,4 au

matin. Depuis quelques jours sa température oscillait autour

de 37°,8. Cet état dure depuis le 22.

Les battements du cour sont très rapides. A la percussion

un peu de matité en arrière des deux côtés et aux bases. Quel-

ques fines crépitations disséminées çà et la dans les deux pou-

mons, mais surtout vers la base. - Traitement : Oxygène,

sirop d'ipéca, 30 centigrammes de sulfate de quinine; teinture

d'iode en badigeonnages.

2Rjuin. - La température qui était hier au soir de 3S,7 7

atteint ce matin 39,5. - Râles nombreux et fins dans la poi-

trine. Le pouls est extrêmement rapide. Il n'y a pas de dyspnée,

ni d'agitation. La peau est brûlante. Oxygène, ipéca, sulfate

de quinine. - A 6 heures du soir : T R. lino. L'enfant meurt à

Il heures 45. T. R. après le décès z,9; d'heure après

220 SCLÉROSE ATROPHIQUE.

45°; 1 heure après 311,7 ; - heures après 35°.7. Tempé-

rature de la salle : 23°. Poids après décès, 14 kilog. 500.

Autopsie faite le 30 juillet. Tête. Cuir chevelu assez

fortement congestionné, même dans sa partie antérieure.

Crâne mince, de texture compacte; la crête occipitale est un

peu déviée à gauche et la partie gauche de cet os est un peu

déprimée. La fosse occipitale gauche est un peu plus petite

que la droite. Nombreuses plaques transparentes le long de

la suture inler-frontale et des angles antérieurs et supérieurs

des pariétaux. La suture coronale est libre de tout travail

synostosique. Les pariétaux présentent de nombreuses pla-

ques minces, transparentes, occupant la moitié du pariétal

gauche et les doux tiers du pariétal droit. La dure-mère

est un peu adhérente aux os. Un peu de sang l1uirlc dans les

sinu,. La base du crâne parait sym"ll'ique. Il en est de même

des nerfs olfactifs et optiques, des artères, etc. Le tubercule

mamillaire gauche parait plus petit que le droit. Le pédon-

cule cérébral gauche est moins large, et moins bombé que le

droit. La moitié gauche de la protubérance parait un peu

déprimée, .ja pyramide antérieure gauche est moins saillante

et moins large que la droite.

Lorsqu'on sépare les hémisphères cérébraux il s'écoule

une assez grande quantité de liquide céllralo-raelridien.

B.-LiON-CHO-1NËTJMONIE. f

Sur la face interne, lit FI est très atrophiée, blanche 'et

indurée dans toute sa imitii postérieure; toute la partie

correspondante de la circonvolution du corps calleux est

blanche et considérablement atrophiée. Le ventricule latéral

est notablement dilaté, la couche optique, le corps strié

ainsi que la corne d'Ammon paraissent normaux.

Hémisphère droit. - La pie-mère s'enlève facilement. Les

circonvolutions sont plus développées que de l'autre côté.

La parti;1 moyenne de la circonvolution du corps calleux est

blanche, atrophiée et indurée. La partie postérieure de FI, sur

la face interne de l'hémisphère, et blanche, un peu indurée

et légèrement atrophiée. Cette lés on est symétrique avec celle

de la face interna de l'héinisphire gauche. La m.iUié infé-

rieure de la pariétale ascendante est atrophiée et n'a pas

changé de couleur ni de consistance. Sur le lobe de l'insu la ;

il semble y avoir à gauche des lésions scléreuses et des

nodosités atrophiques..Le ventricule latéral ne parait pas

dilaté. La couche optique, le corps strié et la corne dam-

mon paraissent normaux. Même vascularisation de la pie-

mère sur cet hémisphère que sur l'autre.

Les deux hémisphères décortiqués paraissent très iné-

gaux.

! 22 RÉFLEXIONS.

Réflexions. - I. L'hérédité ne semble avoir joué

aucun rôle dans ce cas.

II. L'asphyxie de l'enfant à la naissance a été sans

doute la cause des couvulsions survenues au second

jour de la vie et qui se sont reproduites à diverses

reprises jusqu'à l'âge de deux ans. Rappelons que,

au dire du père, elles étaient prononcées surtout à la

face. Toutefois, sur ce point, il convient d'être réservé

car les membres du coté droit étaient, a-t-on dit, plus

paralysés que ceux du côté opposé.

III. Au point de vue clinique l'enfant était atteint

d'idiotie complète : parole et marche nulles, gâtisme,

etc. L'existence de contractures, duos à des convul-

sions répétées, permettait de rattacher l'état mental de

Louv., à une sclérose du cerveau.

IV. L'autopsie a démontré la réalité de cette sclé-

rose qui intéressait surtout l'hémisphère gauche dont

le poids était de 115 gr. inférieur à celui de l'hémis-

phère droit. Relevons, enfin, la dégénéralion secon-

daire du tubercule mamillaire et du pédoncule céré-

bral du côté gauche, l'atrophie de la pyramide anté-

rieure et de la moitié cle la protubérance clu même côté,

enfin une diminution de poids de Y hémisphère céré-

belleux droit.

XIX.

Idiotie symptcmatique de sclérose cérébrale

atrophique ;

Par BOURNEVILLE et NOIR.

Sommaire.. - Père, violent, excès de boisson. - Grand'mère

paternelle, migraineuse, emportée. Grand'tante mater-

nelle, aliénée. - Mère. d'une intelligence médiocre, très

nerveuse, fièvres paludéennes. Grand-père maternel,

e.vcès de boisson. - Grand'mère maternelle, aliénée. Pas

de consanguinité. Egalié d'âge. -Grossesse tourmentée.

- Premières convulsions à 14 mois, prédominant à droite,

répétées durant trois jours et suivies d'une hémiplégie

droite. - Nouveau* accidents couculsifs à partir de 13 ans.

- Parole et marche nulles; - gâtisme incomplet

Atrophie des membres du côté droit.

Autopsie : Synostose partielle de la suture lambdoïde ;-

Sclérose atrophique des circonvolutions frontales droi.e

et de celles du territoire de l'artère sylvienne à gauches

IlepatLaliou rouge des lobes inférieurs des deux poumons.

Gob... Joseph Camille, né le 7 août 1876, entre le 24 décem-

bre 1891, à Bicêtre (service de M. BOURNEVILLE).

Antécédents. (Renseignements fournis par la mère le 10

janvier 1892). - Père, entrepreneur de déchargement à la gare

du Nord, mort à 46 ans d'une bronchite, atteint déjà d'une

affection cardiaque. Il avait de fréquentes migraines, s'eni-

vrait fréquemment et chiquait pour 0 fr. 50 de tabac par jour.

Calme et doux en temps ordinaire, il devenait méchant, étant

ivre. Il était enfant naturel et son père ainsi que toute sa

famille est inconnu.

224 Antécédents.

Mère, 65 ans, sujette aux migraines et à des crises de gas-

tralgie, vive et emportée. Demi-frère maternel, sobre, cal-

me, mort à 26 ans d'hémorrhagies auxquelles il était sujet et

qui se manifestaient pir le nez et par la bouche. - Une tante

maternelle serait devenue folle, mais on n'a pas de rensei-

gnements précis à cet ég ird. A part cela, ni idiots, ni épilep-

tiques, etc., dans le reste de la famille du père, à la con-

naissance de lanière de l'enfant.]

Mère, giletière, 52 ans, vivait avec le père sans jamais avoir

été mariée. Fièvres paludéennes de 2 à 9 ans. Santé toujours

délicate, crises gastralgiques très fréquentes, très émotive,

pleure pour rien, repousse énergiquement tout soupçon d'al-

coolisme. Elle n'a jamais eu de maladie grave. Grande, mince,

sa physionomie peu sympathique parait médiocrement intel-

ligente. - [Famille de la mère. Père, cultivateur, mort à

62 ans du choléra, buvait beaucoup de vin, était coléreux et

brutal, n'avait jamais été malade. - Mère, morte subitement

à 62 ans, était aliénée ; elle fut internée à l'asile de Chalons-

sur-Marne, aurait eu du délire avec fièvre et se croyait persécu

tée. Sa maladie présentait des rémissions. Elle n'eut comme

autre maladie que des esquinancies assez fréquentes. - Deux

frères et une soeur morts en bas-âge, on ne sait de quoi. Aucun

autre renseignement sur les antécédents pathologiques de la

famille de la mère.]

Pas de cons nguinité. Inégalité d'âge : 5 ans, la mère était

la plus âgée.

Quatre enfants : 1° fausse couche de 5 mois 1/2; 2° un

garçon, mort en naissant ; - 3u Notre malade ; - 4° un autre

garçon, mort à un an d'entérite, n'ayant jamais eu de convul-

sions.

Notre malade. La conception n'eut pas lieu pendant l'i-

vresse, mais la brutalité du père, l'hostilité de sa famille à l'é-

gard de la mère, la misère du ménage, la rendaient absolu-

ment malheureuse.

Pendant la grossesse, forte émotion au 3mo mois, due à des

symptômes d'étr tnglement herniaire qu'aurait alors eu le père.

Aucun autre accident. Accouchement normal, à terme, sans

anesthésie. Enfant bien portant à la naissance, ni asphyxie,

ni circulaire du cordon. - Nourri jusqu'à 10 mois au sein

maternel, puis jusqu'à 16 mois avec du lait de vache au bibe-

ron.

A 14 mois, après l'apparition de sa première dent, survinrent

des convulsions sans cause apparente. Elles durèrent une

Description DU malade. 225

heure, donnèrent lieu à des secousses toniques violentes,

exagérées très nettement du côté droit et accompagnées

de pâleur de la face. Les convulsions se répétèrent très

fréquemment durant 3 jours et, après leur disparition, l'en-

fant resta paralysé il droite, et présentait parfois de ce

coté de légers mouvements convulsifs très passagers.

Depuis 2 ans, il y eut une nouvelle recrudescence des convul-

sions et la mère prétend que l'enfant avait alors de véritables

crises épileptiformes sans perte de connaissance ( ? ). Jusqu'à

cette époque, il n'avait pas eu de véritables crises convulsives,

sauf celles de 14 mois. Gob ? n'a jamais pu marcher. Av nt

ses premières convulsions, il prononçait quelques mots, mais

depuis il n'a plus poussé que des cris inarticulés. - Rougeole

à 2 ans sans complications ; scarlatine assez grave à 4 ans 1/2 ;

bronchite légère à 13 ans. Quelques abcès au cou à 2 ans, et

engelures annuelles ; pas d'autres accidents scrofuleux. Il est

glouton, ne peut manger seul, a des alternatives de constipa-

tion et de diarrhée. On n'a jamais constaté de vers intestinaux

dans ses selles. A demi-gâteux, il urine sous lui, mais demande

depuis l'âge de 5 ans pour aller à la selle. Il parait affectueux,

aime les caresses, parait sensible aux reproches. Il a le som-

meil assez agité, mais sans cauchemars, parait fréquemment

souffrir de céphalalgies frontales et est fréquemment pris de

crampes dans les membres des deux côtés. Il est tranquille,

s'amuse d'un rien et passe la journée à couper du bois avec

un vieux couteau. - Les médecins auraient soumis l'enfant a

des traitements, dont le bromure de potassium et le sirop de

Gibert formaient la base.

Etal actuel (8 janvier 1892). - Peau pâle. Maigreur assez

prononcée. Atropine notable de tout le côté droit. Physiono-

mie repoussante sans une lueur d'intelligence, ni la moindre

expression dans le regard. Cheveux châtains, abondants, avan-

çant sur les tempes, à tourbillon postérieur, situé àgauche de

la ligne médiane. Tête volumineuse, d'apparence symétri-

que. Bosses pariétales peu s illantes. Bosses frontales très

marquées. Front assez élevé nuis étroit. Pas de traces de

sutures, ni de fontanelles à la palpation. Visage ovale à pom-

mettes s allantes et menton vard. Arcades sourcilières très

accusées, garnies do soucils châtains abondants. Paupières

normales, cils courts et peu abondants. Fentes palpébrales peti-

tes. Yeux à motilité normale, ni strabisme, ni nystagmus.

Pas de lésions de la conjonctive, ni de la cornée. Iris marron

clair; pupilles égales et à réactions normales. Examen fonc-

13OUliNF.VILLE. Bicêtre, 1892. 15

226 Description DU malade.

tionnel de la vue impossible. - Nez légèrement busqué, nari-

nes étroites, regardant en bas. - Bouche petite. Lèvre supé-

rieure procidente ainsi que l'arcade dentaire supérieure.

Palais, voile du palais, langue, normaux. Amygdales volumi-

neux. Goût nul.-Oreilles grandes; ourlet peu accentué,

lobule petit et détaché.

Cou : pas de goitre, larynx saillant, quelques petits gan-

glions carotidiens engorgés.

Thorax, maigre, saillies des côtes et du sternum. Le rachis

offre une légère incurvation à concavité à droite. Pas d'ano-

malie révélée par la percussion ni l'auscultation.

Abdomen en bateau. Le foie et la rate paraissent de dimen-

sions normales.

Puberté et organes génitaux. - Touffe de poils noirs longs

et bouclés au pénil. - Verge : 7 centimètres de longueur sur

8 centimètres de circonférence. Prépuce court. Gland décou-

vert, méat étroit. Testicules égaux, de la grosseur d'un petit

oeuf de pigeon. Quelques poils sur le scrotum, le périnée et à

la région anale. Poils assez rares aux aisselles. Le reste du

corps est glabre.

La sensibilité à la douleur et à la chaleur existe également

à droite et à gauche. Poids : 48 kilogr. 500- Taille : 1 ? 61.

Membres supérieurs. Le droit est atrophié. (Voir plus loin

les mensurations.) L'avant-bras droit, en pronation forcée, est

fléchi sur le bras. La main est fléchie sur l'avant-bras au point

que la face palmaire le touche et ne peut être redressée. Le

membre supérieur gauche n'est pas atrophié mais est fort peu

développé.

Membres inférieurs. Ils présentent des deux côtés une dis-

position particulière de la rotule. Elle se trouve située fort

haut et laisse apparaître la saillie des condyles fémoraux. A

droite, la cuisse est légèrement en rotation interne, la jambe

en demi-flexion; le pied est en extension forcée et les orteils

en déflexion. Les os du tarse font fortement saillie. Tous les

muscles sont atrophiés.

Pneumonie. 227

228 Crâne ; sutures.

10 janvier. - T. R 38°, 7.- Soir : 40°, 7.

11 janvier. - Abattement profond. Râles sous-crépitants

dans toute l'étendue des poumons. Gros râles bronchiques.

Une cuillérée de sirop d'ipéca. T. R. 39°, 4. - Soir : 39°, 6.

12janvie ? ,. - T. R. 40°, 1. - Soir : 39°, 3.

13 janvier. - Abattement plus grand, dyspnée intense. T.R.

37°, 5. - Soir : 38°, 8.

14 janvier. - Facies terreux et grippé. Dyspnée très grande.

Signes sthétosoopiquesstationtnaires. T. R. 39°, G.-Soia : a0°, 2.

Ventouses, sinapisme. Todd quinquina.

15 5 janvier. - T. R. 39°, 7. - Soir : 380, 4.

16 janvier. - T. R. 38°, 3. - Soir : 38", 2.

17 janvier. - T. R. 38°, 2. - Soir : 3`l^. ? .

18 janvier. - T. R. 39°, 8. -Soir : 38°, 8.

19 janvier. - L'état général va en déclinant. T. R. 39^, 2. -

Soir : 39°, 7.

20 janvier - Diarrhée depuis la veille au soir. T. R. 39°, 7.

Soir : 38°, 2.

21 januier. - T. R. 38°, 6. - Soir : 38°, 9.

22 januier. - Le malade ne peut plus boire, il s'affaiblit

d'heure en heure. T. R. 40°, 1. Soir : 40°.

23 janvier. - Dyspnée très intense, coma. Mort à 8 heures

1/2 du matin. T. R. 40°, 8. - T. R. aussitôt apl'8s la mort : 41°, 8;

- 1/4 d'heure après : 40°. - Une heure après 38·, 1. - Deux

heures après : 36°. La température de la salle oscille entre 13°

et 14°. - Poids de l'enfant après le décès : 45 kilogr. 400. -

Diagnostic de la maladie ultime : Pneumonie double.

Autopsie faite le 24 janvier 1892, 24 heures après le décès.

Tête. - Cuir chevelu et tissu cellulaire sous-cutané

assez épais. - Calotte crânienne dure, parfaitement

symétrique. Sur la coupe, elle a. en avant, sur la ligne médio-

frontale, 5 millimètres d'épaisseur et 10 millimètres au niveau

de la coupe de la protubérance occipitale externe. L'épaisseur

des autres parties de la coupe varie entre 4 et 6 millimètres.

A sa face externe, on ne constate pas de suture métopique.

La suture fronto-pariétale est très finement dentelée et n'offre

pas de points de synostose. La suture sagittale, à contours

compliqués dans la plus grande partie de son parcours, devient

presque rectiligne pendant un centimètre environ, puis durant

ses 3 centimètres postérieurs forme des dentelures qui gagnent

le lambda en augmentant de longueur, composant ainsi une

sorte de petit triangle. Pas trace de synostose sur le trajet de

SCLÉROSE ATROPHIQUE. 229

cette suture. La suture lambdoïde est contournée en dente-

lures irrégulières surtout vers sesparties inférieures, mais en se

rapprochant du lambda, sur un trajet de 3 centimètres 5 environ,

les dentelures se simplifient et on note sur l'occipital, en

arrière de la suture, de petits îlots osseux très petits et isolés,

qui paraissent provenir d'un travail partiel de synostose de

cette portion de la suture. Ce travail est plus accentué à gauche

qu'à droite et, de ce côté, il est des points où est difficile sur

la table externe de l'os de suivre la suture. Sur la face interne

de Le calotte on n'observe sur le trajet des sutures aucune

trace de synostose. Les sutures sont rectilignes. La suture

sagittale présente à 3 centimètres du lamba. sur un parcours

d'un centimètre 5, une dépression profonde. Les vaisseaux

méningés ont laissé sur la table interne des frontaux et des

pariétaux de profondes rainures.

Les canaux du diploë sont injectés. La calotte n'est du reste

transparente qu'au niveau du point où se trouvait la fonta-

nelle antérieure dans les angles antérieurs et internes des

pariétaux. A gauche, il existe une plaque transparente de 2

centimètres de longueur sur 5 n1.llimètre3 de largeur, tandis

qu'adroite, la partie transparente, symétrique, n'a guère plus

de 5 millimètres. La base du crâne, symétrique, ne présente

rien de particulier.

Les vaisseaux et lesnerfs de la base ontleur disposition ordi-

naire. La pie-mère est très congestionnée, surtout à sa partie

antérieure, et est blanche et opaque sur le trajet de la scissure

de Sylvius.

230 SCLÉROSE ATROPHIQUE.

male dans sa moitié inférieure, est sclérosée et atrophiée dans

sa partie supérieure. Il en est de même de P A, où la lésion

est moins accentuée. - Le lobe pariétal, surtout au niveau du

pli courbe, présente des adhérences méningitiques assez

accentuées. - Les lobes occipital et temporal ont une dispo-

sition régulière.

Face interne. - La sclérose atrophique intéresse la partie

antérieure du lobe paracentral. L'avant-coin, le coin, la région

temporo-sphénoidale, la circonvolution du corps calleux

paraissent pas altérés. Il en est de même des noyau»; gris

centraux, des tubercules quadrijumeaux et du pédoncule.

Le ventricule latéral est un peu dilaté.

Hémisphère cérébral gauche. - La scissure de Sylvius est

entrouverte et bordée par des circonvolutions qui sont le siège

d'une sclérose atrophique excessivement accentuée. Cette

lésion est des plus manifestes sur l'insula. F et F2 sont moins

altérées que sur le côté opposé, mais F3 dans son tiers posté-

rieur présente cette altération à son maximum. Le sillon de

Rolando, très net etmoins oblique qu'à droite, sépare F A et P

A, sclérosées sur tout leur parcours mais surtout dans leur

moitié inférieure. - Le lobe pariétal supérieur et le pli courbe

sont très altérés. La lésion va en s'accroissant, en se rappro-

chant de la scissure de Sylvius; elle parait surtout porter sur

le territoire de l'artère sylvienne. - Le lobe occipital est

indemne. - Le lobe temporal l'est aussi, sauf Tri qui est très

sclérosée comme toutes les circonvolutions qui bordent la

scissure de Sylvius.

Face interne. - On ne trouve qu'un foyer de sclérose

assez accentué à la partie postérieure du lobule paracentral

et à la région antérieure de l'avant-coin. -Le ventricule laté-

ral est beaucoup plus dilaté qu'à droite. Les noyaux gris cen-

traux, les pédoncules, etc., paraissent normaux.

Le cervelet offre de nombreuses adhérences pie-mériennes,

mais n'est le siège net d'aucune altération macrocospique. Il

en est de même du bulbe et de la protubérance. La moelle

épinière ne paraît pas asymétrique, on ne remarque sur sa

coupe, à luit nu, aucune lésion apparente.

Thorax. -Pas d'épanchement pleural, ni d'adhérences. Pou-

mon droit (770 gr). Hépatisation rouge du lobe inférieur et de

la partie inférieure du lobe moyen. - Poumon gauche (710

gr). Hépatisation rouge du lobe inférieur. Congestion intense

du lobe supérieur. - Coeur (300 gr.), normal, pas de persis-

tance du trou de Botal, ni du canal artériel.

. RÉFLEXIONS. 231

Cou. - Corps thyroïde (25 gr.), sain. - Pas de traces de

thymus.

Abdomen. - Estomac, pancréas (35 gr.), intestins, vessie,

péritoine : rien de particulier - Foie (1350 gr.) un peu gros

et pâle. - Rate (130 gr.). Rein droit (130 gr.); - Rein gauche

(130 gr.) sains.

Réflexions. - I. Cette observation, comme celles

de la presque totalité de nos malades, nous montre

chez le malade qui en fait l'objet de nombreuses tares

héréditaires (alcoolisme, aliénation, migraines, névro-

pathie). Les évènements survenus au moment de la

conception et durant la grossesse, ne paraissent pas

devoir être pris en considération, car jusqu'à 14 mois,

Gob... n'aurait pas différé sensiblement des enfants

de son âge. A cette époque, plusieurs séries de

convulsions prédominant à droite ont eu pour con-

séquence l'état d'idiotie et l'hémiplégie droite que

nous avons notés chez l'enfant pendant la vie, con-

séquences de l'encéphalite qui se traquit anatomi-

quement par deux foyers de sclérose atrophique régio-

nale. L'état de mal convulsif et l'hémiplégie ont

permis de rattacher durant la vie l'idiotie à la sclé-

rose atrophique.

II. L'atrophie musculaire des membres droits

accompagnée de contracture, et la malformation des

genoux méritent d'attirer l'attention.

III. L'autopsie nous a fait constater une épaisseur

assez considérable des os du crâne et quelques points

de synostose de la suture lambdoïde. Nous ne croyons

pas que cet état ait légitimé une intervention chirur-

gicale, les lésions anciennes de sclérose et l'atrophie

des circonvolutions nous en donnent la raison; une

boutonnière osseuse ne peut évidemment avoir aucune

232 RÉFLEXIONS.

influence sur une altération scléreuse préalablement

produite. Un fait tout particulier qui semble indiquer

l'origine artérielle de l'affection, c'est la limitation

macroscopique de la sclérose à gauche (c'est-à-dire du

côté le plus atteint) au territoire de la sylvienne. A

droite, les points scléreux sont disséminés assez irrégu-

lièrement et ne permettent aucune déduction anatomo-

clinique.

XX.

Idiotie symptonntique de tumeurs du cervelet

compliquées d'hydrocéphalie ; distension des sutures;

Par BOURNEVILLE ET FERRIER.

SOMMAIRE. - Père migraineux dans l'enfance, très colère,

nombreux excès de boisson avant le mariage. (A deux, 60

bouteilles de bière en un jour.) Malformation dee doigts (trois

doigts seulement à ta main droite). - Grand'mère pater-

nelle très nerveuse, sujette à des migraines, mort subite.

- Arrière-grand'tante paternelle en enfance. - Mère,

nerveuse; cauchemars. - Grand'mère maternelle, hypo-

chondriaque, aliénée.- Arrière-grand-oncle maternel, sui-

cidé par pendaison. - Grand-père maternel, alcoolique,

violent. - Grand-oncle maternel, mort d'une attaque

d'apoplexie. - Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de

3 ans.

Allaitement partiel au lait de chèvre : - - Intelligence ordi-

naire jusqu'à 6 ans. - Violents maux de tête avec

vomisssements bilieux. - Deux mois plus tard, parésie des

jambes, affaiblissement de la vue; puis paralysie et cécité

complètes; - crises convulsives probables ( ? ). - Nystag-

mus ; strabisme divergent; atrophie blanche des deu2 pa-

pilles. - Paraplégie spasmodique. - Trépidation spinale.

- .Accès migraineux avec ronflement et élévation de la

température; - accès de colère. Gâtisme. - Congestions

de la face. - Augmentation de volume de la tête. - Amé-

lioration passagère à ta Fondation Vallée : diminution de

la paralysie.- Gangrène des extrémités inférieures. Septi-

cémie. - Mort.

234 Antécédents HÉRÉDITAIRES.

Autopsie. - Ecartement des os du crâne; distension des os

du crâne ; -état membraneux des sutures. - Hydrocépha-

lie ventriculaire double. - Dilitation du troisième ventri-

culaire. -Kystes et infiltration sanguine du ceruelet (tuber-

cules transformés).

Bais... (Marie), âgée de 7 ans, née à Vitteau (Côte-d'Or), le

2 nov. 1882, est envoyée d'office, des Enfants-Malades, le 14

mai 1890, à la Fondation Vallée(service de M. BOURNEVILLE).

Antécédents fournis par le père et la mère. (Juin 1890).

Père, 30 ans, employé au restaurant Duval; auparavant cafe-

tier en Bourgogne, n'a eu ni convulsions, ni fièvre typhoïde,

ni rhumatisme, ni dartres, ni syphilis. Il a eu jusqu'à 13 ans de

fortes migraines, d'une violence telle qu'elles lui arrachaient

des cris. Son caractère était très violent : pour un rien, il«au-

rait cassé la figure à quelqu'un. » Il buvait, avant son mariage,

de l'absinthe « jamais plus de 3 par jour, et de la bière jusqu'à

18 bouteilles.» Il se vante d'avoir bu, avec un de ses camara-

des, soixante bouteilles de bière en un jour. Il ajoute qu'il

était souvent gris. Depuis 7 ans, il a cessé son commerce et

ne boit plus. Il a une malformation congénitale de l'avant-

bras et de la main du côté droit. L'avant-bras est beaucoup

plus court et plus petit que le gauche et la main ne se termine

que par trois doigts : le pouce, et deux autres doigts dont le

plus long et le plus gros est aussi le plus rapproché du pouce,

en sorte que, comme volume et comme forme, ces doigts

rappellent le médius et l'annulaire. (Fig. 5). Par suite d'un acci-

dent, le pouce est luxé en dehors et en arrière. Voici le tableau

des mensurations comparatives de ses membres supérieurs :

Antécédents PERSONNELS. 235

violentes migraines ; elle était excessivement nerveuse, mais

n'a jamais eu de crises. - On ne connaît pas les grands-parents

paternels.-La grand'mère maternelle est morte aussi d'une

affection du coeur. - Il y a plusieurs oncles ou tantes paternels;

mais on n'en connaît qu'un, qui est âgé, en bonne santé, non

nerveux et sobre. - Un grand-oncle maternel est mort d'une

maladie du coeur ; quatre autres sont vivants et en bonne santé;

une grand'tante maternelle est atteinte de ramollissement

cérébral. Un frère jumeau, qui était bien conformé, est

mort à 3 ans, on ne sait de quoi. Il n'y a dans la famille du

père, ni épileptiques, ni aliénés, ni bègues, ni sourds-muets,

ni paralysés, ni suicidés, ni débauchées].

Mère, 27 ans, n'a eu ni convulsions dans l'enfance, ni fièvre

typhoïde, ni chorée, ni rhumatisme, ni dartres, ni migraines,

ni symptômes de syphilis. Elle n'est pas alcoolique. En résu-

mé, elle a toujours eu une excellente santé, mais elle travaille

Fig. 5.

236 Antécédents personnels.

beaucoup et elle est très-nerveuse ; elle a, la nuit, dans son

premier sommeil, des cauchemars et des accès de somnam-

bulisme ; toutefois, elle ne semble pas être hystérique. - [Mère,

morte à 5 ? ans, avait ordinairement une bonne santé. A

un moment donné, elle fut atteinte d'ictère et eut en même

temps des accès de mélancolie. Elle Unit dans un asile d'alié-

nés près de Dijon. - Père, mort a 60 ans, à la suite d'excès

alcooliques. 11 battait ses enfants. - Les grands-parents

paternels ne sont pas connus. - Les grands-parents mater-

nels sont morts âgés « de vieillesse ». - Les oncles ou tantes

maternels sont au nombre de 13. L'un d'eux est mort vieux, on

ne sait de quoi. Un autre s'est pendu. Les autres sont inconnus.

Deux oncles paternels, morts tous les deux, l'un de maladie

indéterminée, l'autre d'une attaque d'apoplexie. - Une tante

paternelle est encore vivante. - Deux frères et une soeu¡' sont

en excellente santé, sobres, calmes, très rangés. On ne connaît

pas d'idiots, d'épileptiques, etc., dans le reste de la famille].

Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de 3 ans. (La mère

moins âgée que son mari.)

Deux enfants : Io notre malade; 2° garçon, mort à un an, du

carreau, il était rachitique.

Notre malade. Au moment de la conception, le mari buvait

beaucoup, paraît-il. Pendant la grossesse, il adonné quelque-

fois des coups à sa femme, mais il n'est pas question de coups

sur le ventre. La grossesse fut bonne. Il faut dire pourtant,

que, vers le deuxième mois, la mère eut envie de boire

et but pendant deux semanies environ, deux petits verres

d'alcool par,jour.- L'accoucho)ie)t< a été normal ; les douleurs

ont duré un jour. Il n'y a eu ni chloroforme, ni forceps. L'en-

fant, la 2aissancc, ne présentait pas d'asphyxie, mais elle

a toujours eu le teint un peu jaune. On l'appelait : " la petite

moricaude. » Elle fut élevée, jusqu'à l'âge de deux mois, au

sein, par sa mère, qui dut ensuite cesser l'allaitement à cause

des gerçures du sein. L'enfant fut placée chez une nourrice.

Celle-ci devint enceinte et continua à élever l'enfant, mais au

lait de chèvre.

Marie 13... a été sevrée à 13 mois. Elle a commencé à marcher

vers la môme époque. Elle a eu sa première dent vers le Il-

mois. Elle a commencé à parler à 13 mois. Elle n'a jamais eu

de convulsion ? fut très bien portante, très enjouée, jusqu'à

l'âge de 6 ans. A cette époque, elle fut prise de violents maux

de tête, qui lui fai aient pousser des cri., de douleur. Ces dou-

leurs ne renouvelaient régulièrement. Elles débutaient, vers

Description DE la malade. 237 7

2 heures du matin et étaient terminées vers midi. Outre la dou-

leur, il y avait des vomissements bilieux. Les maux de tête

revenaient d'abord tous les 8 jours, puis ce fut tous les 15

jours. Dans les intervalles, l'enfant ne se plaignait de rien,

était aussi gaie qu'auparavant. C'est l'accès type de migraine.

On fit à l'enfant des pointes de feu, et on la soigna comme si

elle avait de la méningite. Puis elle fut conduite aux Enfants-

Malades. Là.tes membres inférieurs, qui s'affaiblissaient avant

l'entrée, devinrent presque impotents en même temps qu'ils

présentaient, àl'excitation, des 1110lLVements spasmodiques. La

vue, qui commençait à baisser, disparut complètement. Il y

avait une atrophie totale des papilles. Aux Enfants-Malades,

une petite fille voisine du lit de Marie B. aurait dit à la mère

de celle-ci que sa fille avait des convulsions. Dans le service

où elle a passé, il aurait été question de tumeur céré-

brale.

Elle a été vaccinée ; a eu la rougeole à 3 ans ; et, parait-il,

les oreilluns durant son séjour à l'hôpital. Ni onanisme, ni

vers intestinaux. Pas de gourmes, d'ophthalmies, d'oti-

tes, etc.

Après avoir passé un an aux Enfants-Malades, l'enfant a

été envoyée à la Fondation Vallée.

Etat actuel. (2 octobre 1890.) - Fillette de taille moyenne,

au teint pâle, émaciéè. Pas de cicatrices, pas d'adénopathies.

La tête est arrondie, symétrique, de volume moyen relative-

ment au corps. On ne constate plus de traces des fontanelles.

Les bosses. occipitales et pariétales sont symétriques et peu

accusées. Les cheveux sont châtains, très abondants, et régu-

lièrement implantés. Le front est peu élevé; les bosses fron-

tales sont régulières.

La face a une expression de tristesse. Les paupières sont

normales, bien fendues. Yeux : les cils, longs, montré-

guliers. les pu pi lies larges, dilatées, les iris bruns, pas de lésions

conjonctivales ou cornéennes. Il y a du nystagmus et un léger

strabisme divergent. Atrophie blanche des deux papilles,

L'en fantasme perception quantitative de lumière. - Nez droit;

narines symétriques. Odorat normal. - Pommettes égales.

Pas de parésie faciale. Lèvres rosées, assez bien faites. Bou-

che bien fendue. Langue normale. Palais régulier. Raphé

médian non dévié. Il n'y a rien de particulier aux amygdales

et au voile du palais. Le goût est conservé. menton arrondi.

- Oreille externe assez bien conformée; hélix peu roulé,

lobule non adhérent. Ouïe normale.

238 DESCRIPTION DE la malade.

Cou arrondi, pas de saillie ou d'atrophie du corps thyroïde.

Circonférence, 26 centimètres.

Thorax régulier. Rien au coeur ni aux poumons. - Seins

peu développés : dimensions transversales, 8 centimètres ; ver-

ticales, 7 centimètres. Aréoles rosées; diamètre, 1 centimètre 5.

Abdomen. Rien de particulier. Rate et foie normaux.

Membres supérieurs régulièrement conformés. Articula-

tions et muscles sains. Force égale des deux côtés. Pas d'ar-

rêt de développement

Membres inférieurs. L'enfant présente une paraplégie spas-

modique très marquée, avec contracture très prononcée des

cuisses, qui font avec l'abdomen un angle aigu; on ne peut

étendre la jambe. - Traitement : bains salés, exercice des

jointures.

2 octobre. Il y a, au point de vue des membres inférieurs,

une amélioration notable : les mouvements de la jambe sont

beaucoup plus libres. L'enfant peut l'étendre, la soulever jus-

qu'à 80 centimètres au-dessus du plan du lit. Elle se couohe

sur le dos, et les membres inférieurs sont complètement éten-

dus. Elle commence à marcher et à se tenir dans son chariot.

Les articulations sont libres. Les mouvements provoqués n'ex-

citent plus les cris de l'enfant.

La sensibilité est normale dans tous ses modes (tempéra-

ture, contact, douleur, etc.) - Les réflexes rotuliens sont for-

tement exagérés; il existe de la trépidation spinale.

La mastication est bonne. Il n'y a ni bave, ni succion, ni rumi-

nation, ni vomissements. La digestion se fait bien; les selles

sont régulières. Gâtisme absolu. Sous ce rapport, aucune modi-

fication depuis l'entrée. Cependant l'enfant demande très bien

le vase lorsque ses parents viennent la voir.

Marie B... parait assez intelligente, parle bien. Elle est affec-

tueuse, et aime qu'on s'occupe d'elle. Mais, dans les exercices

qu'on lui fait faire, elle est fort capricieuse et n'obéit pas à la

demande d'exécution. A cette occasion, elle se met fréquem-

ment en colère lorsqu'on veut lui faire faire ce qu'elle refuse

d'accomplir. Quelquefois même elle va jusqu'à ne pas manger.

A cette époque, on ajoute à son traitement des douches en

jet de 30 secondes.

1891. 40 jannier.- Depuis unjour, Marie B. a de la céphalée

frontale, avec vomissements alimentaires. La température

s'élève à 39, 5; le pouls à 86. Il est régulier, plein. Pas de rai-

deur de la nuque ou des membres. Un gramme d'antipyrine.

Juin.- Depuis six mois, les progrès se sont arrêtés. Il sem-

Migraines ; hydrocéphalie.

239

ble que l'enfant se tient debout et marche seulement quand

celalui plaît. Elle est trèsjalouse de ses compagnes, et se met

dans de très violentes colères, se jette par terre. Elle gâte tou-

jours.

28 juillet. - L'enfant prend ses douches régulièrement tous

les jours. On remarque que, depuis quelque temps, elle se

tient moins bien dans les barres parallèles. Elle ne

grince pas des dents, ne se cogne pas la tête, n'a pas

de roideurs dans les membres, ni de secousses brusques.

Parfois, il y aurait, en dehors de ses migraines, des conges-

tions de la face. Les migraines deviendraient plus fréquentes.

Elles survenaient autrefois tous les mardis ; actuellement il y

en a trois par semaine. On rase les cheveux, et on applique

un large vésicatoire sur la moitié antérieure de la tête.

1892. 9 janvier. - Raser les cheveux et appliquer un nou-

veau vésicatoire recouvrant tout le sommet de la tête presque

jusqu'à la racine des cheveux en avant. Le vésicatoire sera

laissé 15 ou 16 heures. A ce moment, on reprend les dimen-

sions de la tête qui avaient déjà été prises en octobre 1890,

c'est-à-dire 15 mois auparavant. Voici le tableau de ces men-

surations, avec celles qui ont été prises au mois de juillet

suivant :

240 Paraplégie ; TROUBLES trophiques.

épaisses, saillantes, accolées, humides et un peu rouges. Sur

chacune d'elles, un assez petit nombre de poils tins, châtain

foncé, courts et fri es. Petites lèvres assez développées, un

peu plissées. Capuchon très développé. Clitoris petit. Hymen

un peu dévié à droite, boursouflé. L'orifice a des bords abso-

lument lisses. Fourchette très saillante. Il y a au pourtour de

l'anus quelques poils fins, courts, châtain toncé.

2 avril. - On reprend l'hydrothérapie.

13 avril. - Vésicatoire sur la moitié droite du cuir chevelu

rasé. Ce vésicatoire donne lieu à quelques petites phlyctènes,

21 avril. Vésicatoire placé dans les mêmes conditions,

sur la moitié gauche du crâne. Il produit également quelques

phlyctènes.

10 mai. - Depuis une quinzaine de jours, l'enfant penche

toujours la tête soit en avant, soit latéralement. Elle semble

avoir peine à la tenir verticale. Ce fait a déjà été remarqué

après l'application du premier vésicatoire et tient au déve-

loppement progressif et rapide de la tête (Hydrocéphalie).

25 juin. - L'enfant marche de plus en plus mal. Elle ne

peut même plus se tenir debout dans les barres parallèles.

Si l'on essaie de la faire marcher en la soutenant sous les bras,

elle s'affaisse sur elle-même, les cuisses restant dans t'adduo-

tion ut au même oieat. les pieds, qu'elle ne peut soulever,

restant en arrière. Le pied gauche repose sur son bord interne.

- La tête se penche en avant plus encore qu'auparavant. -

La face est d'une pâleur jaunâtre, bistrée. Il n'y a pas de

grincement de dents. La tête a augmenté de volume, ainsi

que le montrent les mensurations.

18 octobre. - L'enfant entre à l'infirmerie, accusant de la

douleur aux deux pieds spontanément, et du côté gauche,

consécutivement aux mouvements provoqués du pied. Les

deux pieds, mais surtout le gauche, sont cyanoses. L'asphyxie

remonte à gauche jusqu'aux droite, elle remonte

seulement jusqu'à la partie moyenne du pied. Le pied gauche

présente un gonflement considérable sur sa face dorsale ; le

pied droit est également tuméfié. Sur la face correspondante

du petit orteil gauche, se voi une perte de substance de forme

circulaire, en formi d'entonnoir peu profond, abords livides, à

fond jaunâtre, n'intéressant pas l'os. Du côté droit, pareille

perte de substance sur le dos du 3" orteil. La consistance de

la tuméfaction est la même sur les deux pieds; elle est dure,

sans oedème. Les jambes sont d'une couleur érythémateuse.

Les ganglions des aines ne sont pas engorgés. l.a douleur

est assez nette à la palpation des deux jambes au niveau de

Gangrène DES extrémités inférieures. 241

la teinte érythémateuse. Les plaques sont limitées par un très

léger bourrelet. T. II. 38°, 2.

19 octobre. - Sur le pied gauche apparaissent deux phlyc-

tènes séro-purulentes, en avant et à 2 centimètres environ de -e

la malléole externe, l'une au-dessous de l'autre. - .Panse-

ment humide phéniqué des pieds et des deux jambes.

20 octobre. - La rougeur des jambes gagne toujours de bas

en haut, avec les mêmes caractères. Perforation très nette du

derme au niveau de la phlyctène supérieure du côté gauche.

Le tissu cellulaire sphacélé apparait par l'orifice. Drainage,

après lavage.

21 octobre. - La face dorsale du pied gauche est moins

dure en général, et a, par places, une consistance fluctuante.

Contre-ouverture de plusieurs clapiers, en arrière des orteils,

et au-dessous de la malléole externe. Lavage, drai-

nage.

22 octobre. - Abaissement de la température. La perte.de

substance s'agrandit par la destruction d'un pont cutané qui

recouvrait un drain.

A partir de ce moment, l'érysipèle gagne des deux côtés,

mais s'éteint à la partie moyenne de la jambe gauche. A droite,

il atteint les téguments qui recouvrent le trochanter, gagne

la partie postérieure du bassin, et, par cette voie, et par le

périnée, la partie supérieure et interne de la cuisse gauche

(9 novembre). Au niveau du bassin existe le bourrelet patho-

gnomonique.

La perte de substance cutanée, située en avant de la mallé-

ole externe gauche, s'agrandit peu à peu, jusqu'à présenter

bientôt, avec une forme elliptique, une longueur de 8 centi-

mètres, une largeur maxima de 4 centimètres. A mesure que

la plaie s'agrandit, les bords se décollent, deviennent livides,

et recouvrent de nouveaux foyers de suppuration. Il n'y a

aucune tendance au bourgeonnement.

26 octobre. - La destruction de la peau a découvert non

seulement le tendon du jambier antérieur, mais ceux de l'ex-

tenseur commun des orteils. Les ulcères des deux orteils

sont cicatrisés. Mais il se forme une nouvelle eschare, molle,

sous le talon droit. On la panse à la gaze salolée tous les .8

jours. Pas d'accidents. Celle du talon gauche s'est détachée,

et la réparation se fait peu à peu.

27 octobre. Au genou gauche survient une deuxième

phlyctène en arrière de la première. Elle est. plus étendue,

et une fois percée, laisse voir à nu le tissu cellulaire sous-

cutané. Les pansements humides, tout en tarissant la suppu-

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892. 16

242 Septicémie ; mort.

ration primitive, ne peuvent amener la cicatrisation et empê-

cher le décollement progressif des bords.

7 novembre. - Il se produit du côté droit une eschare

sacrée. Pendant ce temps, la température présente des élé-

vations le plus souvent subites, vespérales, qui sont suivies

aussi d'abaissements considérables après ouverture de clapiers

purulents. Aujourd'hui nouvelle élévation, l'enfant tousse un

peu, elle a des râles sous-crépitants aux bases. Il n'y a pas

de dyspnée apparente. Le pouls est faible, très rapide, avec

quelques intermittences.

Du ! 1 au 15 novembre, les lésions pulmonaires s'aggravent

peu à peu. On trouve, le 15 novembre, des râles sibilants

dans les deux tiers supérieurs des poumons, des râles sous-

crépitants aux bases, de la submatité seulement à la base

droite en arrière. La toux est légère, la dyspnée peu marquée.

La pommette droite est rouge. Le pouls, depuis longtemps à

120 pulsations, devient de plus en plus faible. Cependant l'en-

fant s'alimente toujours, et prend bien son lait. Il n'y a pas

de troubles digestifs.

9 novembre. - Le bras gauche est contracturé en adduc-

tion, et tous les segments du membre en flexion forcée. L'en-

fant crie si l'on veut le lui étendre. Elle semble souffrir au

niveau de l'articulation de l'épaule gauche.

23 ttoeembre. - Les plaies sont toujours dans le même état.

De plus, il s'est fait une nouvelle perforation sur un point

comprimé, au niveau du bord interne de l'omoplate droite. -

II y a de nombreux râles sous-crépitants dans les poumons.

La respiration semble cependant encore assez facile. L'enfant

a les yeux excavés, vitreux. Elle a perdu beaucoup de force,

puisque jusqu'à ce jour elle tenait encore la timbale pour

boire son lait et qu'elle ne le peut plus aujourd'hui. Les batte-

ment du coeur sont extrêmement fréquents : HO par minute.

Le pouls est à peine perceptible.

2(j novembre. - Pas de changements notables. L'enfant

est réduite à une émaciation extrême et s'affaiblit graduelle-

ment. Les yeux sont ternes, à-demi fermés. Le pouls est

encore perceptible. La respiration est faible. La température

s'abaisse maintenant progressivement (Fig. 6). Dans le creux

poplité du côté gauche, sur le bord du tendon du demi-mem-

braneux, s'est encore produit un orifice cutané qui donne pas-

sage à une assez grande quantité de pue et laisse pénétrer le

stylet, dans une assez grande étendue, sous la peau décollée. Il

aété impossible de maintenir un pansement derrière l'omoplate

droite. Là aussi, le décollement de la peau est considérable.

TEMPÉRATURE.

Fig. 6.

244 ECARTEMENT DES OS DU CRANE.

27 novembre, - L'enfant est morte ce matin à 8 heures, sans

phénomènes particuliers. La température de la chambre étant

de 20 degrés, celle du corps était, aussitôt après la mort, de

35°,6; une heure après, 34 ? i; 2 heures après, 30°,3. Le poids

après décès est de 13 kilog, 500 gr.

Autopsie, 26 heures après décès. - Tête. Le cuir chevelu

est très mince, très pâle et a perdu toute sa graisse. La calotte

est à peu près symétrique, plus développée cependant à droite

qu'à. gauche. Les fontanelles sont fermées, mais les sutures

coronale, sagittale et Lambdoïcle sont écartées et l'intervalle,

compris entre les dentelures des sutures correspondantes,

est comblé par une membrane mince et transparente. Les

dentelures des os se sont très allongées ; leur écartement de

celles de l'os voisin atteint jusqu'à 3 ou 4 centimètres. Les

parties osseuses voisines du tiers moyen de la suture coro-

nale sont transparentes. Les deux pariétaux offrent aussi

en bas des impressions digitales qui les rendent translucides

(Fig. 7).

La base est sensiblement symétrique. Le plancher des orbi-

tes offre des impressions digitales très profondes. La fosse

pituitaire est un peu élargie, aplatie. Les fosses sphénoïdales

paraissent symétriques. La fosse occipitale gauche est un peu

plus développée que la droite, en sorte qu'il existe un léger

degré de pl1l[/iocéphalie.

Lorsqu'on enlève la calotte crânienne, il s'écoule 50 grammes

de liquide céphalo-1'achidien mêlé de sang. La dure-mère est

mince et très pâle. La dure-mère et le cerveau se sont affaissés

considérablement, et hors de proportion avec la petite quantité

de liquide qui s'est écoulée. Il y a un paquet d'adhérences à

l'extrémité antérieure et à l'extrémité postérieure du lobe

temporal gauche. Les nerfs olfactifs sont aplatis, minces.

Lorsque l'encéphale repose sur sa convexité, il s'élargit

d'une façon notable, et a un contour presque circulaire.

On remarque une sorte de lpste arrondi, translucide, au

niveau de l'espace interpédonculaire, et en avant du chiasma

des nerfs optiques qui se trouvent soulevés par le kyste.

Celui-ci, en arrière du chiasma, forme une sorte de prolon-

gement ou saillie comme le mamelon. Ce kyste a environ

deux centimètres de diamètre et forme une saillie d'environ

un centimètre et demi. En arrière du bulbe, entreles deux hémi-

sphères cérébelleux, au niveau du sillon qui les sépare, existe

un second kyste allongé dans le sens transversal, ayant près

de 3 centimètres dans ce sens, et 2 centimètres de hauteur. Deux

ECARTEMENT DES SUTURES DU CRANE. 545 ' z

petits sillons le séparent en deux parties, et lui donnent un as-

pect bosselé. Les kystes sont transparents. L'antérieur est bleu-

âtre ; le postérieur, légèrement citrin. Le petit mamelon du kyste

antérieur répond à l'insertion de la tige pituitaire. Le kyste ante''

Fig. 7. z

246 Tumeur DU CERVELET ; hydrocéphalie.

rieur communique avec les ventricules, augmente si on les

comprime et diminue si on les laisse se dilater. Le corps

pituitaire est un peu épais, mais large, et d'une coloration

grisâtre prononcée.

Les nerfs optiques sont très atrophiés et ont à peine deux

millimètres de diamètre. Ils présentent une teinte vitreuse.

Les bandelettes sont réduites à une mince couche. Les tuber-

cules mamillaires sont tout-à-fait aplatis. Les autres nerfs

de la base paraissent à peu près normaux. - Les artères sont

symétriques. - La protubérance est un peu aplatie.

Lorsqu'on sépare le cerveau du cervelet, il s'écoule 70 gr. de

liquide céphalo-rachiclien. - Le cervelet est très volumineux.

Son lobe gauche en particulier est tuméfié et on sent à la pres-

sion une masse dure dans sa partie antérieure. Au-dessus

du plancher du quatrième ventricule, on aperçoit une tumé-

faction jaune-verdâtre, striée, de consistance un peu molle,

qui fait saillie à la face inférieure du lobe gauche du cervelet.

En arrière de cette tuméfaction se trouve un kyste, arron di et

mamelonné, de volume à peu près égal à celui du kyste du

cerveau (Fig. 8).

La décortication du cerveau se fait assez facilement. On

constate alors que l'hémisphère gauche est plus bombé que le

droit, et donne la sensation de fluctuation, qui répond à ce

que l'on voyait par la face supérieure.

Cerveau; hydrocéphalie. 247

Hémisphère cérébral droit. - La face externe, très courbe

et très haute, offre un aspect général très anormal. Les sillons

sont peu profonds, mal délimités en certains points. La scis-

sure de Sylvius, peu profonde et ayant une branche anté-

rieure très développée, laisse apercevoir le lobe de l'insula

formé de 6 digitations qui ne paraissent pas altérées. Le sillon

de Rolando, superficiel, semble continuer dans sa direction la

première partie de la scissure de Sylvius. - FI et F2, mal

délimitées à leur partie antérieure où de nombreux plis de pas-

sage les unissent à Fa, forment avec F A, dans leur moitié pos-

térieure, une sorte de lobule où les sillons ont presque com-

plètement disparu, qui se déprime à la moindre pression

comme une balle élastique. Cet état est dû à la dilatation

très prononcée du ventricule latéral, que nous constaterons à

la face interne. Cette dilatation a amené un amincissement

considérable de la substance cérébrale, amincissement plus

prononcé au niveau de la partie supérieure du ventricule

correspondant, à l'extrémité supérieure de FA et à la partie

postérieure de F et Fez. F3 est sinueuse et assez bien dévie-

loppée ainsi que le tiers inférieur de FA. D'une façon générale,

le lobe frontal peut être considéré comme formé de deux partie»

à peu près égales : une antérieure et inférieure, l'autre supé-

rieure et postérieure. De ces deux parties, la première assez

bien conformée a un aspect sensiblement normal, la seconde

presque lisse, en ce sens que les circonvolutions sont tout-à-

fait étalées et les sillons réduits presque à de simples lignes,

est amincie et répond à la partie supérieure de FA, etc.. : c'est

cette région qui forme sur la face convexe de l'hémisphère une

véritable saillie convexe. Une dépression au fond de laquelle est

un sillon assez profond perpendiculaire au sillon de Rolando

sépare ces deux régions. Le tobe pariétal est moins altéré.

PA est déprimée et assez mince mais les lobes pariétaux supé-

rieur et inférieur et le pli courbe ont un aspect normal. Il en

est de même des lobes occipitaux et temporaux et la seule

remarque qu'on peut y faire est la petite profondeur des sillon»

que l'on note du reste sur tout le cerveau.

La face interne de cet hémisphère présente une vaste poche

due à la dilatation des ventricules. Cette poche a une lon-

gueur de 13 centimètres environ sur 8 de hauteur. Elle est

le siège de trois dépressions, l'une au niveau de la corne fron-

tale, une seconde, la plus profonde, au devant du sillon de

Rolando, correspond à la partie postérieure du lobe frontal

auquel elle donne l'aspect particulier sur lequel nous venons

d'insister, Enfin, une troisième dépression existe dans la

248 Cerveau; hydrocéphalie.

corne occipitale. La membrane ventriculaire est épaissie,

comme fibreuse. - Le corps calleux est réduit à un mil-

limètre ou deux d'épaisseur, sa circonvolution, atrophiée, n'a

guère que 3 à 4 millimètres de hauteur. FI et le lobule

paracentral sont peu développés. L'avant-coin et le coin

sont aussi déprimés par cette dilatation ventriculaire. Le

corps strié et la couche optique sont aplatis surtout à leur

partie postérieure. Une membrane épaisse et blanchâtre

les recouvre et leur adhère.

Hémisphère cérébral gauche. - La face externe est moins

altérée que celle du côté droit. Les sillons ne sont pas très

profonds, mais la scissure de Sylvius et le sillon de Rolando

ont à peu près leur disposition normale. Le lobule de l'insula

est formé de cinq digitations et ne paraît pas altéré. Fi, F2

et F3 sont bien contournées ; la scissure préfrontale est nette

et F A est séparée ici des autres parties du lobe frontal. A sa

partie moyenne cependant un sillon coupe F A et sa partie

inférieure s'unit à ce niveau par un volumineux pli de passage

en crochet avec F2. Il est à remarquer toutefois que les parties

toutes supérieures de Fi et de FA se laissent déprimer d'une

façon analogue à la région correspondante droite, mais d'une

façon bien moindre. Il en est de même de la partie supérieure

de PA et du lobe pariétal supérieur qui, cependant, n'offrent

à la vue aucune anomalie, pas plus que le lobe pariétal infé-

rieur, ni le pli courbe. Le lobe occipital est d'apparence

normale. Il en est de même de Ti. La partie moyenne de T2

et de T3 est le siège sur un centimètre environ d'une atrophie

notable.

La face interne laisse voir une énorme cavité ventricu-

laire mais bien moins dilatée qu'à droite. Elle a 12 centi-

mètres de longueur sur 7 de hauteur dans ses plus grandes

dimensions. Cette poche, recouverte d'une membrane fibreuse

blanchâtre, forme des plioatures à son cul de sac supérieur.

Le cul de sac antérieur est peu profond, le postérieur a 4 cen-

timètres 1/2 environ de profondeur. Deux dépressions sont à

signaler sur la paroi externe de cette poche, une linéaire d'ar-

rière en avant est parallèle et antérieure au sillon préfrontal

et cause la zone qui se laisse déprimer sur le lobe frontal ;

l'autre plus en arrière est une dépression digitale moins pro-

fonde qui correspond au lobe pariétal supérieur. De ce côté,

le corps calleux, transparent par places, est réduit à la mem-

brane d'enveloppe de la poche. La circonvolution du corps

calleux est lamelliforme et complètement atrophiée. La couette

Tumeurs kystiques du cervelet.

249

optique et le noyau calldé sont plus saillants qu'à droite.

FI et le lobe paracentral, l'avant-coin, le coin et la circon-

volution de l'hippocampe n'offrent pas d'altérations macros-

copiques.

Cervelet. - Sur une coupe verticale et transversale de l'hé-

misphère gauche, pratiquée iL 2 centimètres environ du bord

interne de l'hémisphère (Fig. 8), on constate de nombreux

kystes cloisonnés sur toute la face interne. Ces cloisons fibreu-

ses assez résistantes, délimitent de grandes loges à forme

irrégulière comme K et d'autres loges plus petites, telles que

h. Un examen minutieux de la paroi de ces loges permet de

constater dans leur épaisseur des logettes reproduisant en

petit les grands kystes que nous venons de signaler. Le

liquide qui remplissait ces kystes était incolore, clair et lim-

pide, assez semblable il celui que contient les hydatides. En

dedans de cette région kystique, on note sur cet hémisphère

une niasse d'un tissu compact, résistant, donnant lieu à une

coupe unie et dont la couleur rappelle celle des circonvo-

lutions cérébrales. La partie supérieure et externe de cette

masse présente sur la coupe des sections vasculaires assez

Fig. 8. 1\, h, kystes. - I Setis infiltration sanguine; en I S, elle est

à son maximum.

250 Tumeurs kystiques du cervelet.

nombreuses et elle est le siège d'une infiltration sanguine

formant une bande d'un centimètre d'épaisseur environ

qui donne à cette partie une coloration jambon née et qui

présente en IS et en i, des centres où l'infiltration est plus

intense. Sur une seconde coupe faite à 2 centimètres du bord

externe de l'hémisphère cérébelleux, on découvre également

des kystes ayant le même aspect que ceux de la coupe précé-

dente (1\. J. 17. 9). On y trouve aussi la suite de l'infiltration

sanguine (is) que nous avons signalée (fig. 8).

Sur une autre coupe du même lobe cérébelleux, nous avons

trouvé une série de foyers hémorrhagiques se présentant

sous forme circulaire (Fig. 10). Ces caillots hémorrhagiques,

durs et d'un rouge brique, s'énucléaient facilement et se pré-

sentaient, pour ainsi dire, sous forme de clous.

L'hémisphère cérébelleux droit a, à l'extérieur, son aspect

normal. Il offre cependant une consistance anormale. Sur

une coupe, on ne constate plus l'arbre de vie, et le centre de

cet hémisphère est constitue'' par un tissu compact semblable à

celui que nous avons observé il gauche, mais d'une coloration

plus blanche et n'étant le siège d'aucune infiltration san-

Fig. 0. - K, k, kystes. - is, Infiltration sanguine.

Examen histologique. TUBERCULES DU cervelet. 251

guine, ni d'aucun kyste. Cette substance a envahi la presque

totalité de ce côté du cervelet, ne laissant indemne qu'une

faible zone périphérique irrégulière et ayant en moyenne de 3

à 5 millimètres d'épaisseur. C'est cette disposition qui fait que

l'hémisphère cérébelleux droit a conservé à peu près à l'exté-

rieur son aspect ordinaire.

Examen histologique par M. le Dr PILLIET. - Le fragment

de cervelet qui nous a été remis présente à l'oeil nu (Fig. 8) une

poche kystique tapissée par une membrane fibreuse, épaisse,

blanche et plissée. La substance cérébelleuse qui entoure le

kyste, montre un certain nombre de taches blanches, opaques,

et des kystes du volume d'une tête d'épingle, tapissés par une

membrane blanchâtre et revenue sur elle-même qui oblitère

la poche. Tout le tissu est rougeâtre par infiltration sanguine

(is, is) et l'on rencontre surles 6llrfaces de sectlondesvai sseaux

très dilatés, remplis de sang. La pièce ayant été durcie dans

l'alcool, l'investigation histologique devait, par cela même,

rester incomplète au point de vue du tissu nerveux. La mem-

brane fibreuse qui forme la poche kystique principale est

composée de lames de tissu conjonctif séparées les unes des

autres par une quantité considérable de lacunes aplaties, en

Fig. 10. - C, C, coupe. - c, c, c, coupe des caillots.

252 Réflexions : Hydrocéphalie.

sorte que cette membrane qui paraissait homogène sur le

kyste à l'oeil nu, s'étale en un réseau sur les coupes. Le tissu

nerveux qui la double est entièrement remplacé, par endroits,

par un système lacunaire formé de vaisseaux dilatés qui sont

pour la plupart encore remplis de sang. *

Il existe dans toute la masse, sur toute la surface des cou-

pes, des vaisseaux formant des pelotons entourés d'une gaine

conjonctive très épaisse et enflammée. Ces espèces de glomé-

rules sont séparés de la substance cérébrale par des interval-

les qui étaient remplis de liquide et, au pourtour de ces for-

mations, le tissu nerveux montre des taches opaques et casé-

euses. On rencontre à un degré plus avancé des cavités dans

lesquelles le peloton gloménilalre a disparu. Le pourtour

n'est alors constitué que par un tissu fibreux caséeux, comme

celui que l'on rencontre dans les tubercules de guérison.

Dans le tissu ambiant les cellules nerveuses ont presque

complètement disparu. L'aspect névrogii que est profondément

modifié car la plupart des cellules sont devenues énormes et

l'ensemble rappelle les préparations de tissu conjonctif jeune.

La conclusion de cet examen ne peut être définitive, car ou

observe des dégénérescences très semblables à celles de la

tuberculose dans les gliomes plus ou moins dégénérés, d'une

part, et d'autre part nous n'avons rencontré de cellules géan-

tes en aucun point.

Le diagnostic probable que l'on peut formuler est : Tuber-

culose chronique avec évolution gliomateuse et kystique des

tissus ambiants. Cette opinion aurait été grandement consoli-

dée si l'autopsie avait révélé des lésions tuberculeuses en

d'autres organes, malheureusement il n'en a pas été ainsi.

Réflexions I. -Nous trouvons chez les grands-pa-

rents, et les collatéraux de nom-

breuses tares : aliénation, apoplexie, ramollissement,

suicide, alcoolisme. Le père, qui est déjà un dégénéré, et

ne possède que trois doigts Ù la main droite, est de plus

un alcoolique outré ; la mère est nerveuse et somnam-

bule. Cette hérédité est suffisamment chargée pour

qu'on puisse y trouver l'origine des accidents nerveux

observés chez Marie Bais... Elle le serait peut-être

encore davantage si nous connaissions mieux l'histoire

de ses parents à des degrés plus éloignes. En tout cas,

Réflexions : Hydrocéphalie. 253

on peut constater que la famille, nombreuse à un mo-

ment donné, puisque le père avait douze oncles ou

tantes maternels, se réduit brusquement, à sa généra-

tion, et disparaît en ce qui le concerne, car il ne con-

serve aucun de ses deux enfants.

II. On ne saurait guère attacher de l'importance aux

coups reçus par la mère pendant sa grossesse. D'ail-

leurs, l'enfant vient très-bien jusqu'à 6 ans. A ce mo-

ment surviennent des douleurs cle tête, à forme de

migraines, douleurs extrêmement violentes, qui arra-

chaient des cris à l'enfant et s'accompagnaient de

vomissements bilieux. (Nous avons vu qu'il en était de

même pour son père dans l'enfance.) Alors les jambes

s'affaiblissent, puis sont prises de mouvements spas-

modiques et deviennent le siège d'une paraplégie avec

contracture; la vue diminue, disparaît bientôt. L'en-

fant, qui était gaie, tranquille, devient capricieuse,

jalouse, colère. La marche qui s'était un peu amélio-

rée à la Fondation Vallée, devient brusquement impos-

sible, alors que l'on pouvait espérer que l'enfant recom-

mencerait à marcher seule. En même temps que reparaît

la paraplégie les douleurs de tête sont plus fréquentes

et la tête augmente de volume, indice évident de la

production d'une hydrocéphalie symptomatique .

III. L'asphyxie des extrémités n'est pas très rare

chez les enfants idiots ou arriérés, mais il est excep-

tionnel de la voir donner lieu à des accidents aussi

graves que ceux qui sont survenus chez cette enfant.

Après avoir été circonscrite à l'un des orteils de cha-

que pied, la gangrène a envahi les téguments du pied

gauche. Puis nous avons vu s'ajouter à ces lésions,

qui servaient de porte d'entrée, un érysipèle et un état

infectieux qu'on peut qualifier de septico-pyohémie.

Ces complications nous paraissent être d'origine tro-

254 Réflexions.

phique. Ce ne sont pas les seules de ce genre qu'on

observe dans l'hydrocéphalie; nous en avons men-

tionné dans de précédentes observations.

IV. Ainsi que nous l'avons dit, dans la très grande

majorité des cas de tumeurs du cervelet, il survient

une hydrocéphalie symptomatique entrainant fata-

lement une dilatation des ventricules latéraux et du

troisième ventricule. A cet égard, les observations

publiées par les auteurs ne laissent subsister aucun

doute. Mais, fait assez singulier, aucun, à notre con-

naissance, ne fait mention de l'état des os du crâne.

Cet oubli se conçoit très bien quand il s'agit d'obser-

vations ayant trait à des malades adultes, dont le crâne,

parvenu à son complet développement, avait des sutu-

res inextensibles. Il n'en est plus cle même des obser-

vations de tumeur du cervelet concernant des enfants

ou des adolescents chez lesquels les sutures pouvaient

encore s'écarter sous l'influence de la pression exercée

par l'hydrocéphalie ventriculaire. Il a dû aussi se pro-

duire, sinon dans tous ces cas, au moins clans quelques-

uns d'entre-eux, des lésions analogues à celles que nous

avons notées chez Marie Bais ? et, auparavant chez

un malade du nom de 13erl.. Dans ce cas nous avions

affaire à un sarcome du cervelet. Nous avons durant

le séjour de ce malade dans notre service, vu la tête se

développer sous nos yeux par suite de l'hydrocépha-

lie ventriculaire. Tandis qu'à l'entrée de la malade le

19 mai 1888, les os paraissaient réunis sans intervalles

donnant la sensation d'une membrane, à l'autopsie le

8 avril 1890, nous constations un écartement considé-

rable des os (Fig. 12). Or, chez Marie Bais., nous avons

observé exactement les mêmes lésions mécaniques

du côté des os du crâne (Fig 7). Dans le cas de Marie

Bais ? comme dans celui de Berl., l'écartement des

os, la distension des sutures étaient arrivés à un

RÉFLEXIONS. 255

degré très prononcé. Nous nous sommes demandé

quelle était la première phase du processus pathologi-

que qui aboutit à cette distension curieuse des sutu-

res. Nous pensons qu'il nous est, peut-être, fourni par

les lésions que nous avons constatées dans les obser-

vations de Dufoul..., Martin., consignées dans ce

volume (p. lfi7, 172, 204, 206). Chez les malades qui en

font le sujet, nous avons vu se produire dans la subs-

tance intersuturale une prolifération des tissus, très

intense, aboutissant à la production d'une sorte de

bourrelet vasculaire, et cela sous l'influence d'une

méningo-encéphalite, point cle départ d'une hydro-

cépl2alie ventriculaire s ? nTto2atiq ? e.

V. Quant à la lésion primitive du cervelet, elle est

très digne d'attirer l'attention. Les détails consignés

plus haut en montre le vif intérêt.

XXI.

Idiotie congénitale; - Atrophie cérébrale; - Tics

nombreux :

PAR BOURXEVILLE ET NOIR.

SOMMAIRE. - Père, céphalalgies, coléreux, rhumatisme, acci-

dents cérébraux, alcoolique. - Grand-père paternel, calcu-

leux. - Mère, rhumatisante, migraineuse. - Grand'mère

maternelle, migraineuse. - Aïeul maternel, diabétique ( ? ).

Oncle maternel ? mort de congestion cérébrale. - Cou-

sin germain, mort de convulsions. Soeur convulsions de

t'e)tm.ce ? lutresceur, morte de convulsions.

Conception durant l'ivresse. - Naissance a 7 mois; absence,

d'ongles.-Convulsions à 2 mois. -Ghorée( ? }de 4a 6ans,-

T'tcs ? utttp ! es.Paro ! e)tutte.Marche à 2 ans et demi.

Rots.. (Auguste) né le 27 septembre 1873, est entré à Bicêtre

le H mars 1887 (service de lui. Bourneville).

Antécédents (Renseignements fournis par la mère, le 28

mars 1887). - Père, 51 ans, sculpteur sur bois, homme vif,

emporté, sujet à de fréquentes céphalalgies accompagnées

d'épistaxie. Rhumatisant depuis la guerre, fut pris en 1873,

après la naissance, de l'enfant, d'accidents articulaire avec fiè-

vre qui s'accompagnèrent de phénomènes cérébraux graves

(délire, perte de la connaissance, durant vingt-quatre heures).

Cette affection avait été précédée durant plusieurs jours d'un

état mental tout particulier et bizarre. « Il s'arrêtait sur les

trottoirs et parlait à toutes les personnes qu'il rencontrait. »

Depuis il ne fut pris d'aucun accident nerveux. Il n'a jamais

été atteint de dermatoses et ne présente pas do traces de

syphilis. Sobre actuellement, il s'enivrait fréquemment à l'é-

Antécédents héréditaires.

257

poque de la conception de l'enfant. Il n'use pas de tabac. -

[Père, sobre, mort à soixante et onze ans, de la suite le l'opé-

ration de la pierre que l'on exécutait sur lui pour la seconde

fois. Mère, non nerveuse, morte à vingt-quatre ans d'une affec-

tion pulmonaire à la suite de sa quatrième couche. Dans le

reste de la famille du père, aucune affection psychique, ner-

veuse, arthritique, etc.] .

Mère, cinquante ans, ménagère, femme forte, paraissant

douce, d'une intelligence moyenne, elle a eu de légères attein-

tes de rhumatisme chronique aux poignets et des migraines

BOUR1EVILLE, Bicêtre, 1892. 17

Fig. 11. - Ros... en robe de gâteux (avril 1887).

258 Antécédents héréditaires.

assez fréquentes survenant surtout le matin, s'accompagnant

de scotomes, de nausées et de vomissements. Elle est très

sobre, ne porte pas de traces de syphilis, est vive, nerveuse,

sans avoir jamais eu de crises, ni d'accidents nerveux d'au-

cune sorte - Père, robuste, sobre, d'habitude bien portant,

ést mort à soixante-dix ans de pneumonie. - Mère, morte à

cinquante-neuf ans avec de l'ictère, aurait contracté sa mala-

die ultime à la suite d'une peur que lui aurait faite un fou qui

voulait la tuer ( ? ). Elle était aussi migraineuse. - 3 frères dont

un mort à treize ans de « congestion cérébrale, accompagnée

Fig. 12. - Ros... devenu propre et mis en pantalon.

Antécédents héréditaires.

259

de convulsions ». Cette maladie aurait duré deux jours. -

La grand'mère maternelle morte assez âgée d'une fracture de

jambe, aurait été extravagante. « Elle aurait été comme un

homme ». Le grand-père paternel parait avoir été diabéti-

que. - La grand'mère maternelle est morte « asthmatique » .

Dans le reste de la famille de la mère, rien d'intéressant, à part

cela, à signaler.

Pas de consanguinité (père originaire d'Italie, mère fran-

comtoise). L'inégalité d'âge des deux époux est d'un an.

7 7 enfants : 6 sont vivants à l'heure actuelle : -10 une fille

Fig. 13.

260 Antécédents héréditaires.

(vingt-sept ans) n'ayant jamais eu d'accidents nerveux, ni de

convulsions, toujours bien portante. D'un caractère gai et vif,

parfois emporté, elle est mariée et a eu 2 filles : une de ces

dernières est morte en ayant des convulsions, l'autre a tou-

jours joui d'une bonne santé, est bien portante et intelligente ;

2° une fille (vingt-six ans), .ayant eu il onze mois, une seule

fois, des crises convulsives il l'époque de la dentition. Cette

fille, saine de corps et d'esprit, bien qu'un peu excitable, a eu

4 enfants, 2 de ces enfants sont morts on bas Age, les 2 autres

sont bien portants, aucun n'a eu de convulsions; 3" un gar-

Pire. 14.

Antécédents personnels. 2fi 1

çon (vingt-quatre ans), sobre et intelligent, n'a jamais eu de

convulsions; 4° une fille morte à onze mois de méningite

avec de nombreuses crises convulsives; 5° un garçon de dix-

neuf ans, sobre, sans accidents nerveux; 6° une fille, sans

accidents nerveux, bien que nourrie pendant le siège ; 7° notre

malade.

Notre malade. A l'époque de la conception, le mari se

livrait à des excès alcooliques très fréquents et la mère est t

persuadée que l'enfant a été conçu pendant l'ivresse. La gros-

Fig. 15.

2 ci 2

Antécédents personnels.

sessse fut accidentée. La mère s'exposait fréqemment au

froid, passant la nuit à la recherche de son mari, dans le but

de l'arracher aux excitations des mauvais camarades et d'em-

pêcher dans la mesure du possible ses excès alcooliques. Elle

prit alors froid, eut de l'oedème des jambes. Un médecin qui

l'examina prétendit qu'elle était atteinte d'hydramnios. Elle

n'eut néanmoins aucune crise syncopale ni éclamptique, ne

reçut pas de coups, ne fit pas de chutes, ne fut sujette ni aux

vomissements, ni aux frayeurs, ni aux envies. L'accouche-

ment eut lieu prématurément, à 7 mois. Il fut long, difficile,

Fig. 16.

ANTÉCÉDENTS PERSONNELS.

263

sans nécessiter pourtant ni l'anesthésie, ni l'emploi du forceps.

La rupture de la poche des eaux s'accompagna d'un épanche-

ment de sérosité considérable. L'enfant, à la naissance, était

tout petit, il n'était pas asphyxié, n'avait pas de circulaire

autour du cou. On remarqua qu'il n'avait pas d'ongles et qu'il

avait les yeux malades : cette affection guérit au bout de deux

mois. A six semaines, les ongles commencèrent à pousser. Il

fut pris à deux mois de convulsions très courtes et très rapi-

des se manifestant par de la cyanose, des grimaces de la face et

des mouvements convulsifs des membres sans prédominance

Fi 17.

264

Antécédents personnels.

d'un côté. Depuis, il n'a pas eu d'autres accidents convulsifs.

Première dent iL cinq mois. Dentition longue iL se compléter.

Début de la parole à onze mois; n'a jamais pu dire que

« maman ». Rougeole et variole à deux ans. Coqueluche, plu-

sieurs fois ( ? ) dans son enfance.

De quatre à six ans, l'enfant aurait présenté des mouvements

choréiformes dans les membres, tant il droite qu'il gauche.

C'est après la disparition de cette chorée ( ? ) que sont survenus

chez lui les troubles bizarres que nous observons aujourd'hui

et qui ont très peu varié. Ces troubles, d'après sa mère, con-

1.,Og. Is.

Antécédents personnels. 5H5

sistent en un besoin fréquent de mouvements. Depuis l'âge de

deux ans et demi, il sait marcher et depuis six ans, il court

constamment, ne peut rester en place et tourne fréquem-

ment sur lui-même. Il reconnaît ses parents, mais est dans un

état intellectuel des plus bas. Gâteux jour et nuit, il ne peut

se laver, ni s'habiller, cependant il se prête et aide un peu à

cette dernière opération. Il a toujours été incapable de rece-

voir la moindre éducation. Sans cesse en mouvement, il passe

parfois des heures à s'amuser avec un objet quelconque, un

morceau de bois par exemple (fig. 11).

I ? 1;1.

266 Description DU malade.

Etat du malade (19 mars 1887). Tète. Crâne pointu en

pain de sucre. Front fuyant. Asymétrie notable. Dépression

prononcée des régions frontales et pariales droites..Occi-

put peu saillant. Face ovale, physionomie stupide. Arcades

sourcilières déprimées, sourcils châtain clair. Feux, stra-

i ' z

bismc interne double surtout à droite. - Iris brun, pupilles

égales, moyennement dilatées, à réactions normales. - Nez,

moyen, épaté à la base. - Bouche moyenne. Lèvres assez

volumineuses. Oreilles longues et larges, écartées du crâne

à la partie postérieure. L'ourlet n'est pas très bien conformé

Fig. 20.

Description du malade.

267

surtout à droite, il est déchiré à sa partie supérieure et pré-

sente un tubercule. Le lobule est peu développé et adhérent

à gauche.

Thorax bien conformé ainsi que les membres supérieurs

et inférieurs. Aucun signe de rachitisme. Le dos des mains

présente des durillons arrondis, limités par des bords laté-

raux très saillants, dus aux morsures répétées qu'il se fait

sur les mains. .

Les aisselles sont entièrement glabres. Le pénil présente

quelques poils clairsemés et bruns. La verge a une longueur

Fig. 21.

268 Description nu malade.

de 8 centimètres et une circonférence de 8 centimètres 5.

Phimosis, cependant le gland est découvrable, le méat est

normal. Testicules du volume d'u oeuf de passereau, le droit

est légèrement moins volumineux que le gauche.

Sensibilité générale au tact, à la douleur, à la température

assez développée. Goût : Ros.. aime le sucre, mais n'éprouve

pas de dégoût pour la teinture de coloquinte. L'odorat,

l'ouie paraissent normaux. L'examen de la vue est impossi-

ble.

Description des lies (Mars 1888). L'enfant exécute un con-

'tinuel froncement de sourcils avec des grimaces de la bouche

Fig. 22.

Description des tics.

569

dont il abaisse les commissures en poussant un petit grogne-

ment avec les lèvres et la langue. Lorsqu'il est en colère, il

prend un air pleureur. Calme, il regarde autour de lui

avec une physionomie hébétée. Il a peur et se met à crier dès

qu'on l'approche on qu'on lui parle. Il fait avec les doigts des

mouvements bizarres et incohérents.. Dans la marche, il

traîne toujours la pied gauche et tourne plusieurs fois sur lui-

même lorsqu'il veut avancer. Son état intellectuel est très bas.

Il ne parle pas, comprend peu, est d'une instabillité extra-

ordinaire, entre parfois dans en colère et se mord furieusement

le dos des mains.

1·'i ? : J.

210 0

Puberté.

1888. Juillet. Pas de modification notable de son état. Déve-

loppement physique peu accentué. Léger duvet aux extrémi-

tés de la lèvre, aisselles glabres, poils assez abondants au

pénil et à la racine des bourses, verge : longueur, 7 centimè-

tres, circonférence, 8 centimètres; testicules du volume d'un

oeuf de moineau.

1889. Mars. - L'enfant présente iL cette époque des plaques

à la bouche et à l'anus avec des adénites cervicales et sous-

maxillaires. Aucune trace d'accident primitif; pas de roséole.

Une enquête à son égard ne donne lieu à aucun résultat. Le

Fig. 24.

COLERE; ONANISME.

211

développement de l'enfant s'est accentué, la verge a conservé

le même volume, mais les testicules sont de la grosseur d'un

oeuf de pigeon.

1890. Juillet. - Son état intellectuel n'est pas sensiblemnnt

amélioré. Ses tics conservent les mêmes caractères, il est

sujet à de violents accès de colère contre ses camarades et les

infirmiers. Il se livre à l'onanisme. Le système pileux est

assez développé aux aisselles et à la région anale. Ro.. passe

à la grande école.

Décembre. Notes de l'école. Physionomie douce, yeux à

demi fermés. Il marche en sautant, (rainant le pied gauche et

tournant souvent sur lui-même de gauche à droite. Il met fré-

quemment ses mains sur ses oreilles. Il connaît bien sa place

en classe. Il ne parle pas. S'il est contrarié, il crie « maman »

respire fortement et se pelotonne, cherchant à se rapetisser.

Il est fort craintif. A son entrée à l'école, il était violent,

criait, gâtait et se masturbait continuellement. Au bout de

quelques semaines, son état s'est amélioré, il sourit, obéit à

quelques ordres (fermer la porte, ramasser du papier, etc.).

Il a manie de couper du papier en petits morceaux, et de frot-

Fi ! ].2j.

2 -)

Légère amélioration.

ter les murs et les meubles comme s'il voulait les nettoyer. Il

connaît les diverses parties de son corps, mais ne distingue

pas le côté droit du gauche. Il n'a nul instruction, mais par-

vient à classer les figures géométriques en bois et colorées

sur les images correspondantes. Il reconnaît sa mère, mais

n'est pas très affectueux.

1891. Juin. - Pas d'amélioration, toujours môme instabilité

et mômes manies. Ses notes d'école présente une particularité

intéressante, c'est l'amour de cet idiot pour la symétrie. Il

aligne les bancs inégalement distants, met par ordre de volume

l'lU 2li

DESCRIPTION dès TICS.

273

les boules qui servent à son éducation. Au point de vue de la

puberté, le développement s'est accentué, quelques poils appa-.

raissent aux joues et à la l'extrémité du menton, les poils sont

abondants aux aisselles. Les testicules sont du volume d'un

noyau de pêche : la verge est bien développée. Il se masturbe

toujours cyniquement. Il ne parle pas et semble n'avoir fait

aucun progrès (Fig. 12).

1892. Avril. - Outre ce que nous avons observé, Ros.. exé-

cute de véritables valses. Il incline la tête à droite ou à gauche

et tourne avec une très grande rapidité et cela parfois deux

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892. 18

Fig. 27.

274

DESCRIPTION DES TICS.

minutes en faisant environ soixante tours par minute. Les

derniers tours sont encore plus rapides, après il ne paraît pas

étourdi, s'assied ensuite, la tète entre les genoux, puisrcoom-

mence et cela parfois pendant des heures. Sa mère explique ce

tic singulier par ce-fait que plusieurs personnes sont venues

parfois danser chez elle et qu'il cherchait à les imiter. Il

écarte souvent les jambes et arrive ainsi il faire le grand écart.

Au réfectoire, il ne se sert jamais delà cuillère, ni delà four-

chette, lèche les assiettes, même la table, est gourmand. Le

repas terminé, il débarrasse la table de la vaisselle et la porte

1-'ig. 28.

I)ESCIIIPTION DES TICS.

z5

à l'office. Au dortoir, il ferme toutes les portes, frotte son lit,

le parquet et le mur, avance en tournoyant, se déshabille

lorsqu'on le lui ordonne, passe sa nuit assis sur son lit en

grognant. Il ne gâte jamais. Il s'habille lui-même, mais on doit

le débarbouiller.

Actuellement, sous le rapport de la puberté, il est bien

développé : un fin duvet recouvre sa lèvre supérieure, quel-

ques poils ont poussé aux aisselles, le pénil est garni de poils

noirs abondants et frisés. La région anale est normale et gar-

nie de poils noirs comme le périnée. La verge est assez volu-

Fig. 29.

2711 Description" des tics.

mineuse (longueur : 11 centimètres ; circonférence, 8 centimè-

tres 5), le gland conique. Les testicules sont de la grosseur

d'un oeuf de pigeon ; le gauche parait un peu plus gros que le

droit. - Ros.. passe aux aliénés adultes division, -Ire

section, service de M. le Dr Charpentier) le 2'J avril 1892.

Voici la description, à cette date, des tics multiples qu'il

présente.

nos.. commence par grincer des dents, en faisant des con-

torsions des doigts comparables aux mouvements de l'athé-

tose (fig. 13, et 1 li). Ilrcmue lentemcnt les mains demi-fermées,

comme pour attraper une mouche, puis met ses doigts les uns

sur les autres, de layon que l'extrémité du petit doigt et des

suivants jusqu'à l'index touche l'articulation métacarpo-

phalangienne des doigts suivants. Il parvient à faire ce mou-

vement compliqué sans se servir de la main opposée. Il ne

tarde pas alors à se pencher à terre, faisant de petits sauts

et grinçant toujours des dents Il fait vibrer ses lèvres (fig. -1 : i).

et produit des bruits de cornage particulier. Pendant un

instant, il se balance avec des mouvements de rotation de la

tête et présente une posture que l'on ne saurait mieux com-

parer à celle observée souvent chez les ours du Jardin des

Plantes.

Peu après, il se campe sur ses jambes écartées; le torse

rejeté en arrière, la tête légèrement baissée et tendue en

avant, il regarde avec fixité,les yeux dans un léger strabisme,

convergent (/ig.l6,'1 ).11 met alors la main droite dans la poche

de son pantalon, laisse (lutter l'autre le long de sa cuisse

gauche, détourne la tête avec une expression de dédain et de

suprême indifférence. Les vibrations de ses lèvres légèrement

propulsées en avant, ajoutent encore it cette expression.

Alors il sort de sa poche un morceau de fer-blanc, se racle

un instant la main gauche avec, puis le purte à sa bouche, le

mâchonne un instant et le remet dans sa poche.

Peu après, il nous tourne le dos, se porte sur le pied droit

se penche fortement en avant sur ce seul pied et fait tout-à-

coup volte-face. Nous l'interpellons : il obéit, vient rapide-

ment auprès de nous en tournant deux fois sur lui-même,

dans le trajet des quelques mètres qu'il est en train d'accom-

plir. Sur notre ordre, il s'assied, prend diverses positons (fig.

18, 19, 20,21), se lève en se contorsionnant, se couche à terre

(fig. 22, 23. 2h, 2;i 26), se relève sans hésitation, presque auto-

matiquement. Il ne répond pas aux questions que nous lui

adressons, bien qu'il les comprenne toutes comme le prouvent

les mouvements que nous lui faisons faire sur simple invita-

278 Description des tics.

tion. Il se contente lorsque nous voulons exiger de lui une

réponse de tirer la langue, de se dilater la bouche avec les

index en crochet, tirant sur les commissures des lèvres, mais

sa physionomie reste placide, et cet acte ne semble pas

guidé par une intention offensante.

Ayant voulu examiner ses yeux et entr'ouvrir ses paupières

il se mit à pousser des cris brefs et plaintifs en traînant sur

la voyelle finale et comparable aux mugissements et aux bêle-

ment des animaux : \Ia-a- : L- : t, Be-e-e-e.

Marche. - Il s'avance le plus souvent lentement en deux

temps, poussant le pied droit a 20 centimètres environ du gau-

che, qu'il ramène ensuite en traînant légèrement à peu de

distance du premier, mais toujours en arrière. Cette démar-

che est assez analogue à la marche de l'escrime. Parfois, lors-

qu'on veut le faire aller vite, il porte les pieds en avant l'un de

l'autre comme dans la marche ordinaire, mais toujours en

traînant, alors il tourne plusieurs fois sur lui-même pendant

un court trajet. Les autres mouvements de Ros.. sont bien

coordonnés, il prend les objets qu'on lui indique sans hésita-

tion et est nettement droitier.

Sensibilité à la piqûre normale sur tous les points explo-

rés. Ros.. se plaint en poussant les cris que nous avons

signalés plus haut.

Réflexes. - Abolition complète du réflexe rotulien tant à

droite qu'à gauche. L'introduction d'une cuillère dans l'ar-

rière-gorge semble produire une impression désagréable,

mais ne provoque pas le réflexe nauséeux. - Ouie : R..

entend également très bien il droite et à gauche. - Vue :

l'acuité visuelle parait suffisante, il va quérir facilement

et sans hésiter de très petits objets placés à une cer-

taine distance de lui. Ses pupilles, peu dilatées, paraissent

être plus sensibles à la lumière qu'à l'accommodation, mais

réagissent sous ces deux inlluences. La notion des couleurs

est très bornée chez lui.

Etat intellectuel en yénéral. - Iloss.. n'est pas méchant, il

aime à être seul, et trouve le plus grand plaisir à déchirer

du papier (fig. 27) dont il entasse les morceaux dans ses

poches et à se mordiller le dos des mains qui portent en effet

une double cicatrice calleuse de a centimètres et demi à 4

centimètres de long. Il obéit toujours et semble n'être jamais

animé par aucune impression spontanée de plaisir ou de déplai-

sir. II végète sans aucune volonté, obéissant automatique-

ment sans chercher à se rendre le moindre compte de la valeur

de ses actes et de leur conséquence possible, Très pusillanime,

Réflexions. 279

le moindre geste brusque l'effraie (fig. 28, 29), toutefois, cette

frayeur, excessivement passagère, semble purement réflexe

et disparaît aussitôt que l'acte qui l'a provoquée est accom-

pli.

Réflexions. - Les causes prédisposantes et déter-

minantes de l'idiotie chez Ros... sont nombreuses. Au

point de vue de l'hérédité, les accidents neuro-arthri-

tiques abondent, tant dans la famille du père que dans

celle de la mère. L'alcoolisme du père, la conception

probable pendant l'ivresse, l'hydramnios, la naissance

avant terme, sont plus que suffisants pour expliquer

l'état psychique de notre malade. Les accidents convul-

sifs rares, survenus à deux mois et sans répétition, ne

sont point suffisants pour nous faire songer à une lésion

irritative du corvcauméningite chronique ou sclérose

des circonvolutions). D'autre part, l'état rudimentaire

de son intelligence, les mouvements coordonnés et

bizarres qu'il répète constamment, l'asymétrie crâ-

nienne, l'absence de parole nous permettent, en le

comparant à des cas semblables dont on a pu faire

l'autopsie, de poser le diagnostic d'arrêt de deuetop-

pement céréb l'al. Cette atrophie, d'origine congénitale,

doit même poser tout particulièrement sur l'hémis-

phère droit. N'est-il pas, en effet, remarquable devoir

Ros... user tout particulièrement de ses membres

droits, les seuls véritablement actifs, tandis qu'il laisse

trainer le pied gauche dans sa marche ordinaire, et

que la main correspondante flotte le plus souvent

inerte le long de la cuisse. Notons toutefois qu'il n'a

jamais été paralysé.

II. Ros ? est le prototype, si nous pouvons nous

exprimer ainsi, de toute une classe d'idiots, et c'est là

ce qui fait l'intérêt de cette observation. La forme de

la tête, les tics coordonnés, complexes, multiples, et

reproduisant constamment la même série de mouve-

280 Des tics chez les idiots.

mentis, l'absence pins ou moins complète de la parole,

le manque absolu de volonté, sont les symptômes

caractéristiques de ce genre d'idiots, généralement

bien constitués physiquement et n'offrant pas de para-

lysie.

L'origine cles tics chez est intéressante. Comme

ses pareils, il est avide de mouvements et surtout de

mouvements rotatoires (gYl'Ospasmes).ll éprouve une

véritable jouissance à tourner, jouissance comparable

à celle que manifeste l'enfant quand on le berce.

Mais ici le plaisir dû au mouvement se complique du

résultat de l'imitation. Sa mère, en effet, nous a

raconté que son fils est devenu « un valseur » en voyant

danser des amis qui régulièrement venaient ainsi se

récréer chez elle et Ros... a joint, dans ses tics; ces

deux penchants si communs chez les idiots : la néces-

sité du mouvement et l'imitation. Une autre particu-

larité intéressante, chez notre malade, est le manque

de volonté et l'obéissance passive, automatique, qu'il

met à exécuter les ordres qu'on lui donne. Ce manque

de volonté peut expliquer en partie la persistance et

la reproduction des mêmes tics ; aucune action volon-

lontaire d'inhibition ne peut se manifester chez lui

pour mettre un terme à ces habitudes vicieuses. Ce

manque de la volonté est fréquent chez les idiots, il

offre une similitude avec l'état des hypnotisés, qu'il

serait intéressant de comparer a nombre de nos mala-

des, que l'on peut si facilement suggérer à l'état de

veille. Nous nous réservons du reste, à propos d'au-

tres cas de ce genre, d'étudier cette particularité et

d'établir plus nettement cette comparaison.

III. La description et la classification méthodiques

des tics des idiots est une tâche des plus intéressan-

tes. Elle fera prochainement, de la hart de l'un de

nous, l'objet d'un travail spécial. Aussi, nous borne-

DES TICS chez LES idiots. 281

rons-nous ici, à propos de Ros..., à rapporter quelques

exemples qui s'ajouteront il ceux que nous avons eu

l'occasion de citer dans les observations consignées

dans les treize volumes de nos Comptes rendus du

service des enfants de Bicêtre.

A propos de l'écholalie, dont nous avons parlé ail-

leurs et qui est assez fréquente et peut disparaître,

nous dirons que, à côté des enfants chez lesquels la

répétition se produit vite, il en est d'autres chez les-

quels elle ne se manifeste qu'après insistance, c'est-à-

dire après que l'observateur a répété plusieurs fois le

mot. Elle est simple ou composée. Dans ce dernier

cas, l'enfant répète deux, trois, quatre fois le mot ou

les mots qu'on a dits devant elle et cela ou de suite

ou à intervalles plus ou moins éloignés (Julie Ler..) (1).

Parmi les lies de la parole, notons celui qui consiste

en une sorte d'explosion : les premiers mots de la

phrase sont jetés comme une sorte de hoquet. (Telle

est ! \flic Louise Th... : de plus. il lui arrive fréquemment,

lorsque le mot ne vient pas aussi vite qu'elle le vou-

drait, de pousser une sorte d'interjection, constamment

la même : « Tout en plein. ») Un cle nos malades

Villacè ? surnommé le 9 i /ïel/I' par ce qu'il a des impul-

sions à donner des gifles, fait des contorsions cle la

face, indice d'un effort, avant de prononcer les pre-

miers mots qui sortent comme une explosion. 11 entre-

coupe ses phrases d'inspirations profondes. - Chez

d'autres enfants, les tics s'accompagnent de mots gros-

siers ou bien encore on observe chez eux des impul-

sions a proférer des injures les plus grossières. -

Caut... a des accès de cris avec émission cle mots gros-

siers. - Coutan... appartient iL une autre variété : ce

ne sont pas des mots grossiers, mais des gestes.

(II 1.'écltolalie s'oltserve parfois chez les dNi1',1l1ls. Ainsi Carti..., épilel>tiyhe,

pris de délire après une série de crises, répétait tout ce qu'on disait, bien qu'en

temps ordinaire il ne soit pas écliolalique.

282 Des tics chez les idiots.

Parfois, chez le même enfant, on observe les paro-

les grossières et les gestes grossiers, tel est Rob...

(Léon) : il court dans la classe appelant tout le monde : « putain, vache, salope, mon c... pour toi » et simul-

tanément, il ouvre son pantalon en faisant un vilain

geste et dit : « Tiens, voilà ma bête, salope ! » et si

l'on arrivait pas à temps, il sortirait sa verge.

Signalons l'habitude cle siffloter, de se ronger les

ongles, cle jeter les objets, de lécher les murs. Les

grincements de dents, les clignements de tête (1) sont

fréquents, surtout dans l'idiotie 1néllin ! JitÙjue et peu-

vent concourir, dans une certaine mesure, au diagnos-

tic.

Sim ? idiot aveugle, a Yhabilutle de mettre ses

doigts dans ses yeux, puis dans sa bouche, ou bien il

passe ses mains sur sa figure, comme un chat qui se

nettoie, et s'enduit le visage de sa bave, qui, mélan-

gée avec la malpropreté de ses mains, lui donne un

aspect repoussant.

Gouj... ouvre de grands yeux, frotte ses mains l'une

contre l'autre, et aspire fortement en serrant les dents,

ce qui produit des petits bruits stridents, etc., etc.

Comme on le voit, l'étude des tics chez les idiots

est très intéressante. Il faudrait, nous le répétons, les

grouper et les interpréter au point de vue clinique et

chercher quelle est leur valeur diagnostique.

(Il Nous avons vu autrefois une brebis qui avait un tic de ce genre. Elle no

se cognait pas la tète comme les moutons qui ont le tournis, mais cherchait

à cogner les personnes ou les autres brebis.

XXII.

Du traitement chirurgical et du traitement médico-

pédagogique de l'idiotie (1) ;

Par BOURRU VILLE.

Vers le mois de mai 1890, notre ami, M. le Dr P.

Poirier, chirurgien des hôpitaux, chef des travaux ana-

tomiques de la Faculté de médecine cle Paris, vint nous

entretenir des premiers essais du tmitement chÏ1'ur-

gical de l'idiotie faits par M. le professeur Lannelon-

gue I'Iiôi)ital Trousseau. Comme il trouvait que j'ac-

cueillais sa communication sans enthousiasme, je lui

répondis ceci : « Si votre discours me laisse un peu

froid, c'est que je réfléchis à l'état des crânes des enfants

dont j'ai fait l'autopsie ; qu'ils ne me semblent pas offrir

d'ossification prématurée ; c'est que je pense surtout

à l'état du cerveau recouvert par ces crânes, aux lésions

si diverses et parfois si profondes qu'ils présentent. Je

me demande ce que peut faire, pour la guérison, une

ouverture pratiquée sur la calotte crânienne, ouver-

ture dont les bords seront toujours inextensibles et

qui nécessairement se fermera d'autant plus vite que

les enfants seront plus jeunes.» Et je conclus en lui

disant : «Je n'ai jamais été opposé, vous le savez, aux

innovations; je pense qu'avant de rejeter même celles

qui choquent parleur singularité, leur imprévu et heur-

(1) Communication faite au Congrès des aliénistes et neurologistes de lan-

glte française. (Session de Blois, août 1892.)

284 Idiotie.

tcnt plus ou moins brutalement les opinions reçues,

il convient de les examiner, de peser les faits sur les-

quels elles s'appuient. Mais, puisque le nouveau trai-

tement invoque en sa faveur des caractères anatomi-

ques du crâne particulier, aux idiots, dont les sutures

seraient ossifiées prématurément, venez voir les crânes

et les cerveaux correspondants que j'ai conservés dans

mon musée de Bicêtre. Nous les examinerons ensem-

ble ; puis, s'il y a lieu, nous choisirons les enfants

qui seront dans les conditions voulues pour profiter

du traitement chirurgical qui offre, selon vous, des

avantages considérables.»

Quelques jours après cette conversation, M. P. Poi-

rier vint à Bicêtre. Il jeta un coup d'ceil sur une par-

tie des 300 crânes ou des calottes crâniennes que possé-

dait alors le musée ; sur les atlas photographiques des

cerveaux et sur les cerveaux eux-mêmes. Cette visite lui

démontra que si la trépanation ou la craniectomie

peut être utile dans certaines circonstances, lorsque

les troubles intellectuels sont susceptibles d'être rat-

tachés à un traumatisme de la tête, à un abcès ou à

une tumeur du cerveau, elle est contre-indiquée dans

l'immense majorité des cas.

I. Le traitement chirurgical de l'idiotie ou la rral-

niecto21e a été préconisé par M. le professeur Lan-

nelonguc. Sa première opération a été faite le 9 mai

1890 sur une petite fille de 'i ans. Si l'on en croit M.

le D'' Lane, l'opération n'était pas nouvelle. Ce médecin

l'aurait, en effet, pratiquée lui-même le 22 août 1888

sur une enfant âgée cle 9 mois, présentant les signes de

l'imbécillité mentale. » L'enfant succomba 14 heures

après l'opération (1). Toutefois la priorité de l'opéra-

(1) The oftlit, américan Association, i) janvier 1892 et Archives

de neurologie, t. XXIV, p. 381.

'1'lI.\ITnlEI\T ClIlhUjWICAL. 285

tion, sous le rapport de la publicité, appartiendrait

sanscontcsteàM. Lannelongue qui, deux ans avant M.

Lime, a fait connaitreses premiers résultats clans une

note communiquée le 30 juin 1890 à l'Académie des

sciences (1), si, dès 1878, le docteur Fuller (de Montréal)

n'avait pas eu l'idée d'enlever par le trépan des mor-

ceaux du crâne chez un enfant idiot âgé de deux ans.

Son but, en pratiquant cette opération, était le même

que celui poursuivi par M. Lannelong'ue : il voulait faci-

liter l'expansion du cerveau et par suite le développe-

ment des facultés intellectuelles (2).

Suivant M. Lannelongue, il existe trois théories

pour expliquer la microcéphalie, - mot générique

par lequel il désigne les formes multiples de l'idiotie :

1° ossification prématurée des sutures (\irchow-; -

2° cerveau normal réduit (Vogt) ; - 3° altérations foe-

tales (3), lésions pathologiques (Bourneville, Hill, Hut-

chinson). Par son opération, M. Lannelongue, «vou-

lait donner un nouvel essor du cerveau en affaiblissant

la résistance ilu crâne. » Tout d'abord, l'opération

consistait en une incision à deux travers de doigts de

la ligne médiane, 9 centimètres sur 6 millimètres.

Puis, M. Lannelongue a modifié la forme et les dimen-

sions de la brèche osseuse.

En présentant à l'Institut la note clu savant chirur-

gien de l'hôpital Trousseau. M. le prof. Verneuil s'est

exprimé ainsi : «J'appelle, dit il, l'attention de l'Acadé-

mie sur une opération absolument nouvelle , qui fait le

plus grand honneur au chirurgien distingué qui l'a ima-

ginée, exécutée et menée à bonne fin. Il ne s'agit point

ici, en effet, d'une tentative empirique faite au hazard,

ni d'une sorte de vivisection humaine comme on enexé-

(1) De la e¡'¡¡nicelomie dans la nfiC1"ucéplwlIC (Comples-rend ! ! s) p. 1882).

(2) Voir Progrès médical. 15î8, p. ! )29 et Presse méd. belge.

(3) Produisant un arrêt de développement.

286 Idiotie.

cute trop souvent de nos jours. La résection partielle

dos os de la voûte clu crâne, opposée à la microcé-

phalie est une conception tout à fait rationnelle, ins-

pirée par et la physiologie pathologiques

et qui a donné déjà à l'a priori théorique, un résultat

fort remarquable. »

Vous verrez tout à l'heure, Messieurs, si les crânes

([tic nous allons faire passer sous vos yeux, corroborent

l'opinion très optimiste de Al. le professeur Verneuil.

Plus tard, M. Lannelongue a publié une note plus

étendue dans laquelle il maintient son opinion première

sur l'ossification prématurée des sutures chez les micro-

céphales. Les lésions décrites, hydrocéphalie, sclé-

rose, etc., « coïncident, écrit-il, avec la synostose pré-

saturée. » Au point de vue opératoire, il distingue la

craniectomie linéaire et la craniectomie h lambeaux.

Dans les deux cas, il fait une brèche plus ou moins

longue et large de 8 à 10 millimètres (1).

Enfin, M. Lannelongue, a fait sous le même titre

que la note précédente une communication au Congrès

/'naocai.s de chirurgie (31 mars 1891, p. 73)- Cette

communication se termine par le résumé suivant :

« Les résultats opératoires ont été les suivants ; vingt-cinq

opérations, vingt-quatre guérisons; la moyenne des guéri-

sons opératoires a été de 10 jours. Une seule mort au hout

de 18 heures.... Sur les 24 guérisons, il y a 3 suppurations

minimes qui ont guéri, deux en quelques jours, la troisième

a suppuré trois semaines ; dans aucun cas, il n'y a eu de

nécrose.

Li, plus jeune de mes opérés a été un garçon de 8 mois et le

plus âgé avait lv ? ans 1/2. J'ai opéré 13 garçons et 12 filles.

« Parlerai-je maintenant des résultats définitifs ? Cela devrait

être, car s'il est encourageant de n'avoir à enregistrer pour

(1) De la craniectomie chez les microcéphales, chez les enfants arriérés el cl

chez les jeunes sujets présentant, avec ou sans crises épileptiques, des trou-

bles moteurs uu ]JsychÎlIHCS (Notiv. (le la SaspClricre, 19 ! 1l, p. 89).

Traitement CHIRURGICAL. 287

ainsi dire que des succès opératoires, on ne doit pas oublier

qu'on vise un tout autre but. Ce but on peut le déterminer

dans cette formule : faire rentrer dans la vie commune des

sujets voués iL l'existence la plus misérable, tant au point de

vue intellectuel et moral qu'au point de vue physique. Mais à

qui pourrait venir la pensée que ces déshérités de toutes les

manières seront régénérés et transformés subitement ? 't

« Mes opérés sont suivis avec toute la sollicitude que je

puis y mettre et je possède déjà des documents qui me per-

mettent de dire que le plus grand nombre d'entre eux sont

manifestement améliorés. Mais comme beaucoup de ces opé-

rations sont encore récentes, je me borne aujourd'hui à en

informer mes confrères en attendant que je puisse livrer inté-

gralement à la publicité les résultats obtenus. o

Près de 18 mois se sont écoulés depuis les premières

opérations; il serait donc très intéressant de connaître

exactement la situation actuelle des opérés. Un tableau

détaillé des âges, des particularités du cas, de la date

des opérations, du traitement consécutif, etc., ne man-

querait pas non plus d'intérêt.

Il. Nombreux sont les chirurgiens qui depuis la

première publication de M. Lannelongue ont pratiqué

la craniectomie chez les idiots. Nous avons résumé

dans ce tableau, non tous les cas, mais au moins le

plus grand nombre.

dnn ÎDIOTIË. -

292 Idiotie.

Malgré le soin que nous avons mis à dresser ce

tableau, il est assurément incomplet et présente des

lacunes. Trop souvent les observations sont incom-

plètes, manquent de détails et ont été publiées quel-

ques jours après l'opération, c'est-à-dire avant qu'on

ait pu se rendre un compte exact des résultats que

les opérateurs en pouvaient attendre. Qu'enten-

dent-ils par amélioration ? Ils ne précisent pas tou-

jours. Nous attendons maintenant la publication, qui

ne peut tarder bien longtemps, non plus des résultats

opératoires qui font honneur aux chirurgiens mais des

résultats thérapeutiques qui rendent service aux mala-

des : Cette publication permettrait d'avoir enfin une

idée exacte sur la valeur thérapeutique de la crâniec-

tomie.

III. Bien des fois nous avons eu l'occasion de publier

dans les Comptes-rendus annuels de notre service, de

1880 à ce jour, des descriptions des crânes de nos

malades décédés, ainsi que dans nos communications

au Congrès international de médecine mentale de

1889, à la session de l'Association française pour

' l'avancement des sciences de la même année et au

Congrès des aliénistes de Rouen en 1890. Nous avons

insisté plus particulièrement encore sur ce point dans les

comptes rendus du service pour 1890 et 1891. Enfin,

il y a quelques jours, l'un de nos élèves M. Tacquct,

sur notre conseil, a pris pour sujet de sa thèse : De

l'oblitération des sutures du crâne chez les idiots.

Elle contient la description de 26 crânes d'idiots appar-

tenant à presque toutes les formes de l'idiotie (1). 11

ressort de ces différents travaux que, chez ces malades,

les sutures du crâne ne sont pas ossifiés prématuré-

ment.

(1) Voir aussi mes remarques sur le Traitement de l'hydrocéphalie dans le

Il' 70 des Archives de neurologie, p. 130.

Etat DES sutures DU crâne. 293

Afin de vous mettre, Messieurs, en mesure de vous

faire vous-mêmes une opinion précise sur la question

de la synostose prématurée des sutures du crâne chez

les idiots sur laquelle on s'appuie pour pratiquer la

crâniectomie, nous allons vous montrer les calottes

crâniennes de 12 idiots, appartenant à des catégories

très diverses ; nous vous donnerons d'abord l'histoire

détaillée d'une jeune idiote, crâniectomisée par M.

le Dr Petel(de Rouen) dont voici le crâne (Fig. 1). Pour

les onze autres, nous nous bornerons à un résumé

sommaire de leur histoire, et, avec les crânes, nous

vous ferons passer les photographies des cerveaux

correspondants.

OBS. I. - Idiotie SYMPTOMATIQUE DE MÉNINGO-ENCÉPHALITE;

craniectomie.

OII.11R1;. - Père, migraineux, rhumatisant, graveleux. -

Grand-père paternel, nombreux excès de tout genre ; plu-

sieurs attaques apoplectiques; hémiplégique. - Demi-

oncle paternel, mort phtisique. - Mère nerveuse. - Grand'

mère maternelle, asthmatique. - Pas de consanguinité. -

Inégalité d'âge de 8 ans.

Enfant petite à la naissance. - Déglutition pénible ; bave;

retard des premières manifestations intellectuelles, pré-

hension difficile; gâtisme. - Mémoire des personnes, sen-

timents affectifs conservés. - Grimpeuse. - Accès de

colère. - Crâlliectomie en mars 4891 : pas de modification

de l'état intellectuel. Pelade à l'entrée. - Tuberculisation

pulmonaire et péritonéale. Mort.

Autopsie : absence de synostose des sutures du crâne.

Description de la brèche osseuse ; - lésions de méningo-

encéphalite, etc.

Blai... (Maria), née à la Ferté-Saint-Samson, le 8 juin 1874,

entrée à la Fondation Vallée, le l01'juin 1891, est décédée le 5

novembre 1891.

Antécédents. (Juillet 1891). - Père, 48 ans, voyageur de

294 Antécédents héréditaires.

commerce. Pas de convulsions, pas de fièvre typhoïde, migrai-

neux, assez nerveux, a eu à 36 ans une attaque de rhumatisme

articulaire aigu qui ne s'est pas reproduit depuis. Il y a quatre

mois, attaques de coliques néphrétiques ayant duré 4 jours ;

hématurie assez abondante. Pas d'alcoolisme ; il n'en présente

d'ailleurs pas de signes; avoue pourtant quelques excès avant

son mariage. Ni blennorrhagie, ni syphilis. Santé habituelle

bonne. - [Père, mort à 57 ans, à la suite de plusieurs attaques

d'apoplexie ; il était paralysé de tout un côté ( ? ). - Pas rhu-

matisant ni nerveux.» C'était un homme qui avait beaucoup

vécu » ; il avait dû. faire des excès de tout genre pendant sa jeu-

nesse. Mère, 76 ans, bien portante, non nerveuse, opérée avec

succès de cataracte double. -Grands-parents paternels tout à

fait inconnus. - Grand-père maternel mort vers 80 ans ; était

d'une très bonne santé habituelle. - Grand'mère maternelle

morte à 86 ans. - Deux oncles paternels morts tous deux

entre 50 à 60 ans on ne sait de quoi. Ils n'étaient pas nerveux.

L'un avait 6 enfants qui n'auraient présenté rien de particu-

lier. - Une tante paternelle, morte a ( ! 0 ans, n'aurait pas eu

de maladie nerveuse. - 10 oncles et tantes maternels, 5 sont

morts de cause inconnue. Les autres, sont bien portants ainsi

que leurs enfants. - Deux frères du 1 .rli lit (son père s'est marié

3 fois). Un est mort de la poitrine, 4 ans après son mariage avec

une femme phtisique, (il faut noter que sa mère était morte de

la poitrine) laissant une fille bien portante. Un autre frère, 58

ans, pas nerveux, intelligent, a eu 8 ou 10 enfants en bonne

santé. - Deux sceurs du 1er lit également, une des deux est

morte sans avoir eu d'antécédents nerveux. L'autre soeur est

bien portante, sans enfants. Une soeur du même lit que le

père est un peu nerveuse, sans crises, intelligente. Dans

sa famille, le père n'a jamais entendu parler d'idiots, d'aliénés,

d'épileptiques, de paralysés : pas de difformes d'aucune espèce,

pas de suicidés, de débauchés, de criminels.

Mère, 40 ans, forte, bien portante ; pas de convulsions. Pas

de scrofules, de rhumatismes, etc ? elle est assez nerveuse,

très émotive mais sans crises. [Père, 60 ans, n'a jamais eu

aucune maladie nerveuse. - Mère, 56 ans, asthmatique, non

nerveuse, intelligente. - Grand-père paternel, mort à 86 ans,

de vieillesse, était assez vif, emporté. Pas de troubles men-

taux. - Grand'mère maternelle morte vers 40 ans d'une

maladie épidémique ( ? ) ; aucun détail sur elle. - Les grands-

parents maternels sont morts tous deux très âgés à 80 ans

passés, n'ayant jamais été malades. Trois oncles paternels,

une tante paternelle et une tante maternelle d'une excellente

Antécédents héréditaires. 295

santé. - Pas de consanguinité ; différence d'Age de 3 ans.

4 enfants : 10 garçon, 23 ans, pas de convulsions, n'a jamais

été malade, sobre; - 2- fille, 15 ans, pas de chorée, pas de

convulsions, etc.; - 30 notre malade ; - 4° garçon, 3 ans,

pas de convulsions.

Notre malade. - Rien de particulier au moment de la concep-

lion ni pendant la grossesse, sauf que les affaires du père ne

marchaient pas très bien et qu'il y avait passablement de sou-

cis de ce côté ; ni coups, ni émotions d'aucune sorte, ni syn-

copes. - accouchement terme, naturel, sans chloroforme.

Pas d'asphyxie à la naissance. L'enfant était bien constituée

mais plus petite que la moyenne des enfants, elle a été élevée

au biberon, en nourrice, avec du lait de vache. A partir de 3 mois,

on lui donna en outre de la farine lactée. Sevrage vers 15 mois.

Dès le début, on a remarqué qu'elle n'avalait pas facilement,

et qu'elle bauait. On ne sait à quelle époque elle a eu sa pre-

mière dent ni sa dentition complète. Le père ne se rappelle

pas à quel âge elle a commencé à dire quelques mots et à se

tenir sur ses jambes ; il sait seulement que, sous ce rapport, elle

a toujours été très enretard. Elle n'aurait jamais eu de convul-

sions. Le père ignore si elle a eu des maladies infectieuses.

- Les renseignements qu'il nous donne sur les antécédents

personnels de son enfant sont d'ailleurs très peu précis ; elle

est restée chez sa nourrice sèche presque jusqu'au moment

où on l'a opérée, et son père n'allait la voir qu'à des intervalles

assez éloignés. Il prétend qu'elle comprend à peu près tout

ce qu'on lui dit, mais répond mal, souvent d'une façon incohé-

rente ; elle aurait pourtant un nombre assez considérable de

mots à sa disposition ( ? ). On n'a jamais rien pu lui apprendre.

Elle ne s'habille pas seule, gâte, mange salement avec ses

mains. Elle bave beaucoup surtout en mangeant; elle parait

avoir une certaine difficulté à avaler. Elle a une bon ne mémoire,

reconnaît bien et longtemps les personnes et les choses. Pas

de mauvais instincts, ni gourmande, ni voleuse, etc. Pas d'ona-

nisme.

Le père ne sait si clle grince des dents, si elle a des secousses

brusques, des étourdissements ou des cauchemars. Il assure

qu'elle n'a rien eu de particulier du côté de l'appareil respi-

ratoire.

Les sentiments affectifs seraient assez développés, elle

reconnaît bien ses parents et parait contente de les voir. Assez

coléreuse, elle se fâche quand on veut lui faire faire une chose

dont elle n'a pas envie, donne des coups de pied et de poing.

Elle n'a pas eu d'accidents scrofuleux, pas d'engelures, etc.

296 Antécédents héréditaires.

Le père ne sait à quoi attribuer la maladie. Ayant lu dans

un journal le récit des opérations de M. Lannelongue, il

demanda l'avis de M. le Dr Petcl (de Rouen). Celui-ci lui dit

que l'enfant n'ayant rien iL perdre il l'opération, celle-ci lui

semblait indiquée. La crâniectomie a eu lieu le 15 mars.

Depuis, le père n'a constaté aucune modification dans l'état

de l'enfant.

Avant l'opération, Bla.... n'avait que peu de spontanéité

dans ses actes; elle passait son temps ainsi, jouant avec les

objets qu'elle avait sous la main, des bouts do papier, d'étoffe

ou de ficelle, ou bien elle courait de côté et d'autre, rJ1'iJll-

pait comme un chat sur les meubles. Jamais on n'avait pu

l'habituer -il une occupation suivie, ni au travail. Si on la

laissait sortir dans la rue, elle se trainait dans la boue, faisait

ses ordures, sans paraître en avoir conscience. Elle bavait z

constamment, se fourrait fréquemment les doigts dans la

bouche et cela quelquefois pendant fort longtemps. Ses paro-

les spontanées étaient le plus souvent incohérentes; elle

demandait à manger, « -il faire dodo », sans avoir ni faim, ni

sommeil. Elle mange avec appétit, salement, avec ses doigts,

sans salacité d'après le père ; son goût est peu développé,

elle mangeait de tout indifféremment, pourtant elle paraît

avoir certaines préférences, aime beaucoup la soupe, les

choses salées et peu les mets sucrés ; son haleine a toujours

senti très mauvais. II ne lui est jamais arrivé d'accidents

d'aucune sorte, mais elle nécessitait une surveillance de tous

les instants, bien qu'elle ait le sentiment du danger : elle est

tombée un jour auprès d'une mare chez sa nourrice et pous-

sait des cris épouvantables, craignant de tomber à l'eau. Elle

ne s'approche jamais du feu assez pour se faire du mal ou

pour qu'on puisse craindre qu'elle tombe dans le foyer. La

nourrice chez qui elle était avant l'opération l'a vue depuis ;

elle n'a pas trouvé grand changement dans l'état de l'enfant.

Elle dit que Bl... ne parle pas mieux maintenant qu'avant

l'opération. Ses idées ne paraissent pas plus claires ; elle n'est

pas plus susceptible d'éducation. Le père dit que, a l'hôpital

de Rouen, la soeur s'occupait d'elle, essayait de lui appren-

dre.

Bl... aurait de la mémoire, connaissait bien les gens du pays

par leur nom qu'elle prononçait toujours très mal ; elle se

rappelait quelquefois des événements survenus 3 ou 4 mois

auparavant, elle le rappelait par un mot, un geste. Disons

que tous ces rensignements sont bien vagues ; le père n'a pas

Description DE la malade. 297

l'air d'y attacher une grande importance, et tous les petits

détails que nous lui demandons n'ont jamais beaucoup attiré

son attention. En terminant, il exprime le désir que si son

son enfant meurt, nous pratiquions l'autopsie et lui en fassions

connaître les résultats.

1891. 3 juin. L'enfant nous est arrivé la tète enveloppée

dans un pansement. On constate qu'elle présente une cica-

trice récente, demi-circulaire, à concavité tournée à droite et

dont les extrémités aboutissent l'une au niveau du bregma,

l'autre au niveau de la fontanelle postérieure. La cicatrice

étant complètement fermée, on supprime le pansement. -

Traitement : douches, bains salés, sirop d'iodure de fer.

Etat actuel (5 juin 1591). - Au premier examen, ce qui

frappe le plus dans l'aspect extérieur de l'enfant, c'est le con-

traste entre le petit volume de sa tète et sa taille élevée. La

tète est à peu près du volume de celle d'un enfant de 7 ou 8

ans. Le crâne est proportionnellement beaucoup plus déve-

loppé que la face. La physionomie exprime constamment un

air grognon et inintelligent. L'enfant porte sans cesse la main

à sa tête en poussant des gémissements et des plaintes inin-

telligibles ; ou bien, avec ses mains, saisit les objets environ-

nants, les vêtements des personnes qui l'entourent et on ne la

fait lâcher qu'avec la plus grande difficulté. Elle marche les

bras demi-fléchis et en avant, le tronc incliné, les jambes

écartées lançant les membres inférieurs en avant et posant

lourdement le pied à terre.

Elle semble par instants comprendre ce qu'on lui dit, mais

il est difficile d'apprécier jusqu'où va son faible degré d'intel-

ligence. Elle prononce quelques mots, dit : «Papa, maman,

dormir, oui ou non ». Son vocabulaire n'est guère plus

étendu, contrairement aux dires du père.

Crdne très petit, peu élevé. Bosse occipitale assez saillante.

Régions pariétales peu proéminentes. Au niveau de la cica-

trice cutanée dont il a été question plus haut, cicatrice qui

est 'déprimée en gouttière, on sent une dépression analogue

de la voilte osseuse formant un sillon assez marqué ; la lèvre

interne de ce sillon proéminant plus que la lèvre externe. Les

sutures et les fontanelles sont fermées et ne sont plus percep-

tibles. Cuir chevelu épais présentant une desquamation

épithéliale abondante et en plusieurs points des plaques res-

semblant à des plaques de pelade. On remarque surtout ces

plaques sur la moitié droite du cuir chevelu. Dans la région

où se trouve la cicatrice et dans le voisinage, les cheveux

rasés commencent à reparaître. Les plaques dénudées ne

298 DESCRIPTION DE la malade.

sont pas absolument glabres, elles sont parsemées de quel-

ques cheveux très rares. Les cheveux, disposés par mèches,

sont courts, rudes, d'une coloration châtain très foncé. Ils

bouclent sur le front et sur la nuque.

Front très bas, étroit, fuyant. Pas de proéminence des bos-

ses frontales. Arcades orbitaires assez saillantes. Sourcils

bien formés, mais minces, fournis de poils foncés et courts. -

Yeux petits, très écartés. Fentes palpébrales assez grandes.

Paupières supérieures bien mobiles et également tombantes.

Cils courts et assez rares, gris et arqués. Musculature de l'oeil

saine, pas de paralysie, pas de strabisme, pas de nystagmus.

Conjonctive et cornée saines. Sensibilité normale. Iris large,

brun, verdàtre, pupilles égales, réagissant normalement à la

lumière et à l'accommodation.

Nez droit, assez court, épais. Légère asymétrie au profit du

côté gauche. Narines écartées , sous-cloisons un peu saillan-

tes ; cloison non déviée. L'odorat paraît présenter un certain

développement. - Bouche très largement fendue, transver-

sale, symétrique, habituellement entr'ouverte. Lèvre supé-

rieure à bord libre épais. Lèvre inférieure épaisse et pendante.

Bave continuelle et abondante. Arcades dentaires très

larges, dents grandes, assez régulièrement implantées. Voûte

palatine offrant une prédominance notable du diamètre antéro-

postérieur. Voile et piliers symétriques et bien mobiles. Che-

vauchement des incisives verticales sur les incisives trans-

versales. Langue longue, étalée.

Menton arrondi, assez large, sillon mento-labial assez mar-

qué. Joues peu remplies, peu colorées. - Oreilles de dimen-

sions moyennes, peu écartées ; tragus très large et peu saillant ;

antitragus peu marqué. Hélix et anthélix seulement ébauchés.

Orifice du conduit auditif extrêmement large; pas d'otorrhée.

lobules complètement adhérents. Ouïe paraissant normale.

Description DE la malade. 599

1"1X assez développé, de conformation normale. Pannicule

adipeux assez épais, muscles peu saillants, peau rude au tou-

cher, duvet assez abondant entre les omoplates, Quelques

poils châtain-foncé assez longs sous les aisselles. Glandes

mammaires assez développées. -Auréoles de la largeur d'une

pièce d'un fr., assez pigmentées. Mamelon bien conformé et

saillant. Creux sus et sous-ciaviculaires peu marqués ; cour-

bure des côtes normale. l'as de chapelet chondro-costal, ni de

déformation du sternum. Rachis régulier. Rien à l'auscul-

tation des sommets des poumons, murmure vésiculaire nor-

mal. l'ointe du coeur battant dans le 4*' espace, sur la ligne

mamelonnaire.

Abdomen peu proéminent. Ombilic déprimé. Matité hépa-

tique étendue, a limite inférieure correspondant au rebord

costal. Matité splénique non perceptible. Bassin étroit,

non dévié.

Organes génitaux et puberté. Pénil saillant, recouvert

de poils rares, assez longs sur la partie médiane et inférieure.

- Quelques poils formant une traînée sur le bord externe des

grandes lèvres et au pourtour de l'anus. Grandes lèvres plus

saillantes. Petites lèvres très grandes. Capuchon peu marqué,

clitoris assez volumineux ; orifice de l'hymen assez grand, non

déchiqueté. Les seins ont 7 centimètres et demi de diamè-

tre.

Membres supérieurs grêles, peau saine, sans cicatrice,

quelques poils sur la face dorsale des avant-bras. Ossature

et articulations saines. Mains grandes, maigres, doigts effilés,

ongles longs, un peu bombés. - Membres inférieurs égale-

ment peu développés ; leur peau présente quelques boutons

d'acné. Poils sur la face antérieure et antéro-externe de la

jambe. Réflexes rotuliens normaux. Pieds grands, incurvés;

courbure de la voûte plantaire, normale. Pas de lésions des

os, ni des articulations. Orteils ne chevauchant pas. Ongles

très grands, bombés transversalement.

Sensibilité : elle paraît assez obtuse sur les différents points

de la surface cutanée mais il n'y a nulle part d'anesthésie

proprement dite.

29 juillet. La température s'est élevée jusqu'au-dessus

de 38". L'enfant ne tousse pas, n'a pas la diarrhée. Pas d'otite ;

pas de conjonctivite. L'haleine est extrêmement fétide. L'exa-

men de la bouche ne montre rien si ce n'est une tuméfaction

300 DGSCII1PT ION DE LA MALADE.

rouge des gencives et quelques mucosités dans l'arrière-gorge.

30 juillet. La température est revenue à l'état normal. La

fétidité de l'haleine persiste. Les gencives saignent assez

abondamment. Sur la joue du côté droit, empiétant sur la

gencive et le voile, existe une tuméfaction assez volumineuse.

2 août. - La température est toujours normale. Les gencives

saignent moins. L'haleine est moins fétide. L'examen de la

bouche, plus facile, permet de constater la disparition de la

tuméfaction déjà signalée.

4 août. -Amélioration marquée. L'enfant peut manger sans

difficulté.

8 octobre. - Depuis 2 ou 3 jours, diarrhée assez abondante

et fétide. Les selles sont involontaires. Le ventre, un peu

tendu, n'est pas douloureux à la pression. Langue sale, pas

de fièvre. Huile de ricin : 20 gr. Soir : T.R. 38", 4.

12 octobre. L'enfant a toujours de la diarrhée. Depuis hier

la température s'est élevée. (339°,4.) Potion avec bismuth et

laudanum.

1h octobre. - L'enfant demande constamment il boire, ne

se plaint d'aucune souffrance. La diarrhée continue. Le ventre

est très tendu, la peau est lisse, sillonnée de quelques veines

dilatées. La matité hépatique est en partie masquée par le

tympanisme abdominal. On ne sent pas de parties de consis-

tance inégale. Ni le palper ni la percussion ne dénotent la

présence de liquide dans la cavité péritonéale. Rien dans les

urines.

25 octobre. - La température est au-dessus de 38°. Toux

assez fréquente ; rien de précis dans la poitrine bien qu'il soit

probable que les poumons sont envahis par la tuberculose de

même que le péritoine.

25 octobre. - T.R. 37°, 2. -' Soir : 39°, 3. Amaigrisse-

ment assez considérable. Pourtant l'enfant mange relati-

vement beaucoup. Soif vive : distension du ventre; tym-

panisme considérable ; pas d'épanchement.

29 octobre. - La température présente des oscillations très

grandes avec une différence de deux degrés matin et soir. La

diarrhée persiste. La langue est blanche, recouverte de muco-

sités abondantes. Le ventre est ballonné, dur, bosselé et la

palpation profonde. La malade tousse un peu. A l'auscultation,

on trouve seulement quelques râles dans la partie moyenne

du poumon droit. Amaigrissement considérable. Tout indique

une tuberculisation de l'intestin et du péritoine.

2 novembre. - Le père dit que sa fille ne vomissait pas

à la maison ; il ne croit pas qu'elle ait eu le carreau. Vers 15

Autopsie. Etat DES sutures du crâne. 301

mois elle aurait eu une maladie pendant laquelle elle aurait

maigri au point de n'avoir plus « que la peau et les os. »

Serait-ce le carreau ? ' !

5 Les accidents se sont aggravés progressive-

ment et l'enfant a succombé aujourd'hui. T.R. aussitôt après .

la mort : 39°, 4 ; ? d'heure après : 38°, 9 ; 1 heure après : 36", 4

- Poids après décès : 38 kilogr.

Autopsie faite le 6 nouembre 1891, 24 heures après décès.

- Aspect du corps-. - Pas de cicatrice, pas de déformation

apparente sauf une légère déviation de la colonne vertébrale

à droite dans la région lombaire; la paroi abdominale est dis-

tendue, verdâtre.

Tête. -Après l'incision du cuir chevelu, on note une dépres-

sion très accentuée au niveau des fosses temporales. Le crâne

est légèrement asymétrique; le côté gauche est plus dévelop-

pé au niveau de la région occipitale que le côté droit; la pro-

tubérance occipitale semble reportée à droite de la ligne

médiane, l'épaisseur des parois crâniennes varie de 2 à 4 mil-

limètres ; aucune trace des fontanelles. Au niveau du pariétal

gauche se trouve une perte de substance à direction aiitéro-

postérieure, parallèle à la suture inter-pariétale et à 22 milli-

mètres de celle-ci ; sa longueur est de 65 millimètres, sa lar-

geur moyenne de 12 millimètres; ses bords émoussés offrent

un aspect polycyclique montrant qu'elle résulte de l'applica-

tion d'une série de couronnes de trépan (Fia. 30); elle empiète

un peu en avant, sur la suture fronto-pariétale. - La dure-

mère n'adhère pas avec le crâne même au niveau de la

perte de substance. La base du crâne n'offre aucune

altération. Sur la dure-mère, au niveau de la perte de subs-

tance se trouve une sorte de fausse membrane rosée, faisant

une saillie d'un millimètre, de consistance ferme,ayantcomme

dimension celui de la perte de substance déjà décrite.

302 ETAT.DES SUTURES DU CRANE dans l'IdIOtIe.

Hémisphère cérébral droit. On ne constate la présence

d'aucun tubercule sur la pie-mère. Celle-ci n'est pas modifiée

Fig. 30.

. TUI3GIiCULIS1'I'10\ PULMONAIRE. 303

et présente son épaisseur normale. Elle est le siège d'adhé-

rences assez marquées avec les circonvolutions de la face

externe qui sont difficiles à décortiquer; en certains points

on enlève de petits fragments de pulpe cérébrale. Tout l'hé-

misphère présente comme particularité générale son peu de

développement. La disposition des circonvolutions dans leur

ensemble est normale. On ne constate nulle part la présence

de foyers de sclérose. Le lobe frontal est bien conformé ainsi

que le lobule de l'insula.

Hémisphère cérébral gauche. - Sur cet hémisphère comme

sur -le droit on remarque une congestion assez intense. Les

veines sylviennes sont dilatées et gorgées de sang ; il n'y a

pas de pus au niveau des espaces sous-arachnoidiens, ni

aucune trace de tubercules. La configuration extérieure de

cet hémisphère paraît assez régulière.

Le cervelet est normal ainsi que la moelle épinière (30 gr.).

Le liquide céphalo-rachidien est en quantité ordinaire.

Cou. - Larynx normal. - Corps thyroïde (15 gr.). Le lobe

droit est d'un volume double du lobe gauche.

Thorax. -l11'ouverture du thorax qui est étroit, décharné,

on constate une adhérence très grande des plèvres, assez

facilement rompue du côté gauche, plus complète du côté

droit et allant jusqu'à la symphyse des plèvres. Directement

derrière le sternum, à la place du thymus qui a disparu, on

trouve un gros ganglion de la dimension d'une grosse noix

pesant 5 grammes et qui, à l'incision, laisse échapper une

matière tuberculeuse déjà ramollie sous forme de bouillie ver-

dâtre. - Poumon gauche (385 gr.). Il crépite mal dans pres-

que toute son étendue; à la palpation on sent des nodosités et

à la coupe on le trouve farci de granulations tuberculeuses de

la grosseur d'une lentille mais pas encore en voie de ramollis-

sement. Poumon droit. (420 gr.). Il ne crépite un peu

qu'au niveau de sa languette antérieure. Le sommet est

complètement induré. A la coupe, on constate que tout le

sommet dn poumon est infiltré de granulations tuberculeuses

peu nombreuses.

Abdomen. - Péritoine très épaissi, recouvert de granula-

tions tuberculeuses. - Anses intestinales agglutinées par des

fausses membranes.

il) Son observation a paru dans notre Compte rendu de 1890, p. 41.

'304 Sutures du CRANE dans l'idiotie.

^OBS/If/7 Idiotie S111fPTO\I1TI(,)LE D'UNE tumeur. SARÇO>1.1-

' Y ? TEUSE U. CJ,1.rF,LE').'N{¡Jq) : QçéphaUe) ! 1 ¡ ! ; If.. ?

Sommaire. Tumeur cérébrale, hydrocéphalie symploma-

-, tiqué. Grand-père palenwl,alcoolique.-1\1ère, convul- ? sions à 2 anus. - Premiers, symptômes à 10 ans. - Gépha-

l lalgie, vomissements, gâtisme ? Paraptëtespasmodtqtfe.

fftrop7üe double du nerf optique. - Mort part fracture

du crâne.- . . - ... ? ? "

Autopsie. Sat'contc àpetites cellules siégeant dans la cavité

, dû.4 ueütricule . et sur la, partie latérale du bulbe -et du

.cervelet ? Hydrocejjlialie : dilatation de"s : ventI11cules' 'Cel'é,

.. bi;auxv ? ... u ,j.. ? ;.(,<;> r.i .f ? u ? ? '' c. : r ;

l3er... (Charles), 12 ans ? ? . : ' '. ' * ''''

Crâné. ^7- La c¥totle cdhienn¿présente une épaisseur très

1 ! : iïüle : 'Éllé'cst'trins'parëntë dans presque toute son étendue; :

les deux côtés.' sont, symétriques. Au niveau-de la/'OK{a-

nelle antérieure, -il existe encore une surface de quelques,

ùlilliÎi1ètrescarrésnon qssifiée. Les sutures sagittale, lambdo-

ide et fronto-pariëtales ne'sont pas soudées.et les différents,

os qu'elles' séparent présentent une- mobilité relative; Le

frontal est soudé. .' ? ,

Lors du premier examen de la tête, on. avait noté, que les

fontanelles et les sutures semblaient- fermées; c'est donc,

durant le,séjour du malade à Bicêtre que s'est opéré cet.écar-,

tement des.os, qui vient fournir, croyons-nous, ,urv,\rgUl)1cnt

sérieux contre' la craniectomie (fit. il). C'est parce. que les os

du crâne ont pu s'écarter aussi largement que les phénomènes

de compression n'ont pas été plus graves, ontoffert une

grande lenteur et même des rémissions dans leur marche. La,

vie aurait donc pu se. prolonger encore s'il n'était survenu,

un traumatisme qui a eu promptement une issue fatale.

Tous les os étaient translucides, notablement amincis, car.ils

n'avaient qu'un à deux ou 3. millimètres d'épaisseur.

OI15. III. - IDIOTIE myxoedémateuse.

SOMMAIRE. Pere,T)t(]<'< tMo'cuteu.v. Grand-père puternel,

excès de boisson. Grand'mère paternelle, morte d'un cun-

SUTURES; DU. CRANE DANS L'IDIOTIE'. 305

cer de l'utérus. 'Oncle paternel, excède boisson. Tante

'3ate)' ! M«e,mrameuse.Deuxcousts tMMS de germains,

- : *4 ? '. ? ; .1 , 1 1 a

idiots. - Mère, sujette à des douleurs névralgiques, 'rès

nerveuse. Grand-père'' maternel, excès de boisson. Grand'

Bourneville, Bicêtre, 1892. 20

l Fig. 31. .

. 'À : 7.

\

306 Sutures du crâne dans L'IDIOTIE. v X\

"'......

mère maternelle, hystérique. Arrière-grand-père maternel,

excès de boisson, mort d'une attaque de paralysie. z

Grand-oncle maternel, excès de boisson. Grossesse mau-

vaise : envie insurmontable de dormir. Asphyxie à la

naissance. - Premières couvulsions à 14 mois. - Refroi-

dissement et cyanose de la moitié inférieure du corps.

Jeune. Pertes de connaissance à partir de 3 ans. Ca1'ac ? a : J."

téresco ? 71.ptetsdetacachex ! epac/n/de)')mque ; physionomie " '

typique; cheveux bruns roux; persistance de la fontanelle

antérieure; gonflements lipomateux des joues, des creux

sus et sous-claviculaires, des aisselles; peau cireuse, eczé-

mateuse ; état pachydertnique des pieds et des mains;

hernie ombilicale ; rachitisme ; absence de la glande thyro-

ïde, etc. Congestion pulmonaire intense, mort en

syncope.

AUTOPSIE. Absence complète de la glande thyroïde. -

Persistance de la fontanelle antérieure. - Aspect gélati-

niforme des circonvolutions cérébrales.

Bourg... (Fern. A.); 5 ans. (V. l'obs., Conpte-rezdu 1889, p. 74.)

Crâne. - Les os qui le composent sont très minces, trans-

lucides dans la plus grande partie de leur étendue. Toutes les

sutures persistent même la suture métopique. La fontanelle

antérieure est restée ouverte dans une longeur de 6 centi-

mètres d'avant en arrière, et de 4 centimètres transversale-

ment (Fig. 32). En arrière de cette membrane, il existe une

portion osseuse transparente mesurant d'avant en arrière 3

centimètres et se détachant de chaque côté de la partie corres-

pondante de la suture intcr-pariétale sous forme d'aile. A

chacune des extrémités du diamètre transversal de la fonta-

nelle existe, sur la suture fronto-pariétale, un os wormien. z

La suture métopique, très visible à l'extérieur, dans toute sa

hauteur, commence à se fermer à la face interne. Sur la suture

inter-pariétale, en arrière, dans ses quatre derniers centimè-

tres, il existe sept os wormiens répondant à la fontanelle

postérieure. Entre ces os wormiens, qui se retrouvent sur la

face interne du crâne, se voient des traînées translucides. - z

Sur les sutures pariéto-occipitales des deux côtés, il existe

une dizaine d'os wormiens à droite et une quinzaine à gau-

che. - L'occipital semble séparé, au moins dans sa partie

supérieure correspondante à la calotte, par une sorte de

suture qui continuerait la suture inter-pariétale.

Sutures DU crâne dans l'idiotie. 307

OBS. IV. - IDIOTIE \fÎ.\INGITIQUE, rachitisme, fièvre

. typhoïde : méningite.

Sommaire. Absence complète d'antécédents héréditaires

et personnels. Idiotie complète. Amélioration. - Fièvre

typhoïde anormale. Më)n ? tgc. Mort.

Autopsie. - Distension des sutures; lésions méningiti-

ques anciennes et récentes; - testons des plaques de Peyer.

Dufoul... (Auguste-Ernest), 3 ans. (Voir l'obs. p. 164.)

Crâne peu dur, la coupe de la calotte est absolument rouge.

Asymétrie manifeste, le côté droit est plus développé que le

gauche, surtout au niveau de la bosse pariétale. Les os à la

coupe se montrent plus épais à gauche qu'à droite et en avant

qu'en arrière. Ils sont excessivement spongieux, à texture

finement aréolaire, offrent des lames de tissu compact interne

et externe excessivement minces et à peine sensibles. A l'état

frais, les sutures sc présentent à l'extérieur sous la forme de

cordons rouges, saillants, sinueux ayant 3 à 4 millimètres de

largeur, ils sont plus marqués au niveau des sutures coronales

et sagittales qu'au niveau des sutures occipito-pariétales. A la

face interne, les sutures apparaissent comme une ligne rouge

finement dentelée mais ne formant pas de saillie comme sur

la face externe. Pas trace cle synostose. - A l'état sec, on

constate que les sutures sont comme distendues et séparées

par une substance qui s'est rétractée légèrement en se dessé-

chant. La suture coronale offre des dentelures très fines et

devient presque rectiligne au niveau de la ligne médiane. La

suture sagittale présente aussi des dentelures très fines qui,

à partir du sinciput, deviennent plus considérables jusqu'au

lambda. La suture lambdoïde offre à gauche 4 os wormiens, un

central ayant environ la surface d'une pièce de 0, 50 centimes;

les deux autres sont plus petits, allongés, à grand axe perpen-

diculaire à la suture. A la partie externe de la suture, toujours

du mème côté, il y a 3 autres petits os de la

dimension d'une lentille et paraissant de simples dentelures

détachées. A droite, la suture lambdoide offre deux petits os

wormiens lenticulaires et un troisième plus volumineux

(comme une pièce de 0, 20.) Sur le trajet de cette partie de la

suture lamhcloide, on observe de petites fissures de la table

externe des os, perpendiculaires à la suture elle-même. Les

sutures à la face interne du crâne se montrent sous la forme

d'une simple ligne sinueuse ; de nombreux pertuis vasculaires

308 .SUTURE DU CRANE DANS L'IDIOTIE.

perforent la table interne des os sur les bords de ces sutures

et au point ou siege la suture métopique qui ma a laisse aucune

Fig. 32.

Sutures DU crâne dans l'idiotie. 309

trace. Les sillons des vaisseaux méningés moyens sont

distinctement marques sur les pariétaux.

La calotte présente des plaques transparente* sur les parié-

taux en arrière de la suture coronale, près de la ligne

Fig. 33.

310 Sutures DU crâne dans l'idiotie.

médiane. Ces plaques sont au nombre de deux à l'angle

fronto-sagittal droit, tandis qu'on n'en observe qu'une dans la

région symétrique à gauche. Elles ont environ 2 centimètres

de diamètre. On constate aussi des zones transparentes, mais

diffuses, à la région- postérieure des pariétaux, surtout au

niveau du lambda (Fig. 33).

OI3S. V. - IDIOTIE SYMPTOMATIQUE DE sclérose TROPHIQUE. ? 0 Pas. d'antécédents héréditaires, chute et syncope '

durant la grossesse. - Asphyxie à la naissance. - Coti-

vulsions au deuxième jour, revenues à diverses reprises

jusqu'à un an. - Hémiparésie à droite. Contracture. -

Broncho-pneumonie, mort.

Louv... (Paul Maurice), né le 7 juin 1882.

Crâne. Les os sont extrêmement minces (deux à quatre

millimètres), transparents, environ dans les 2/3- de leur éten-

due. La suture métopique est fermée, toutes les autres ne le

sont pas, ni à la face interne, ni à la face externe. Pas d'os

wormiens. (Voir l'obs. complète p. 216.)

OBS. VI. - IDIOTIE méningitique.

Sommaire. Pas d'antécédents. Idiotie, cachexie, cécité.-

Leucome total adhérent desdeuxcotës. - Parole et marche

nulles. - Entérite à deux reprises. - Méningite avec cris

et grincements de dents. - Mort. '

AUTOPSIE.-Calotte extrêmement mince et1110L1e.-Adlcé7·en-

ces de la dure-mère au niveau des sutures.-PaS de traces

d'ossification des sutures. - Plaques très abondantes et

étendues de ménigite purulente. - Méningite de la conve-

xité et de la base. Circonvolutions cérébrales et scissures

assez irrégulières. - Rien de particulier dans les viscères.

Marti... (Marcel), 2 ans, né à Paris, est envoyé des Enfants-

Assistés à Bicêtre, le 6 mai 1892. (Voir son observation com-

plète à la page 201.)

Calotte violacée, extrêmement molle et mince ; la plus légère

traction suffirait pour la briser. Dans les efforts faits pour

enlever la calotte, le frontal s'est désuni d'avec le pariétal

gauche, de sorte qu'il ne reste plus à l'état intact que la partie

droite de la suture coronale. Cette suture coronale est très

Sutures du crâne dans l'idiotie. 3t] J

injectée. A la palpation, on sent dans son interstice, une sorte

de bourrelet rouge, vasculaire, formé par la membrane itltér-

suturale. En aucun point cette suture n'est le siège d'un tra-

vail synostosique, pas plus sur la table interne que sur la table

Fig. 4.

312 Sutures du crâne dans l'idiotie.

externe. La suture sagittale est fortement dentelée, sinueuse.

La région de l'obélion est elle-même irrégulière. En aucun

point on ne trouve de travail d'ossification. La suture lamb-

doïde a le même aspect que les précédentes. On remarque sur

sa branche droite la présence d'un os wormien d'un centi-

mètre et demi de long sur un demi centimètre de large. Le sil-

lon creusé par l'artère méningée moyenne est profond et bien

dessiné sur les deux pariétaux. Le crâne est asymétrique et la

région latérale gauche est aplatie. La bosse frontale de ce côté

est peu apparente. La fontanelle antérieure persiste (Fi ? 3h).

OBS. VII. - Idiotie complète symptomatique de double

porencéphalie vraie.

SooaLaIBE. - Père et grand père paternel quelques excès de

boisson. - Mère, convulsions de l'enfance, nerveuse. -

Grand-oncle paternel, mort de tuberculose. - Soeur, acci-

dents nerveux. - Émotion vive au 5e mois de la grossesse.

- Premières convulsions à 3 mois; crises fréquentes

jusqu'à un an. - Rougeole et influenza à 5 ans. - Sueurs

abondantes de la tête suivies d'un peu d'amélioration. -

Marche et parole nulles. - Strabisme externe ; cécité com-

plète. - Contractures des 4 membres. - Mastication nulle ;

bave, accès de cris. - Tics de la face et balancement.

- Gâtisme. - Epilepsie, congestion pulmonaire; mort.

AUTOPSIE. - Porus vrai des deux hémisphères cérébraux.

Iléningo-encéphalite chronique. - Atrophie de la protu-

bérance. -Lésions pulmonaires.

Roc... (Georges E.), né à la Noue (Marne), le IC) juin 1886, est

entré à Bicêtre le 4 mai 1892. (Voir l'obs. complète p. 89).

Crâne. - La voûte crânienne est assez élevée, mince, les

os sont peu épais. Il y a de nombreuses plaques transparentes

occupant la moitié de la calotte à gauche et les 2/3 à droite.

- La suture sagittale entièrement libre est modérément

sinueuse. Les dentelures sont apparentes aussi bien sur la

table interne que sur la table externe. - La suture coronale

est très régulière, sans interposition d'os wormiens. Aucune

trace de synostose n'est appréciable sur l'une ou l'autre face.

- La suture coronale est libre dans toute son étendue sans

trace de synostose : les fontanelles et la suture métopique sont

fermées. (Voir l'obs. complète p. 89 et Planches VIII, IX, X,

XI (Fig. 35).

SUTURES DU crâne dans l'idiotie.. 313

OBS. VIII. IDIOTIE MICRO CÉPHALIQUE. - Hémiplégie SPASMO-

DIQUE. - Sclérose ATIIOPHIQUE. - TUBERCULOSE ABDOMI-

NALE.

SowoAIRE. - Père, alcoolique, emporté. - Grand-père pater-

nel, mort d'une attaque de paralysie. - Grand-oncle pater-

nel tuberculeux. - Cousin germain, aveugle-né. - Mère,

céphalalgies, intelligence bornée. - Grand-père maternel,

et arrière-grand' mère maternelle, morts d'une pleurésie.

- Oncle maternel, ivrogne. - Frère asphyxié à la nais-

sance. - Accident au 2""= mots de la grossesse. - Frayeur

légère au 611le mois. - Accouchemement laborieux. -

Asphyxie et déformation crânienne à la naissance. -

Convulsions dès le premier jour. - Secondes convulsions

à 4 mois. - Début de la parole à 18 mois. - Premières

dents à 6 mois. - Ne marche pas. - Gâtisme complet. -

Paraplégie inférieure et Hémiplégie gauche avec contrac-

ture. Mierocéphalie. - Tuberculose intestinale. Mort.

AUTOPSIE. - Sclérose atrophique des circonvolutions cérébra-

les. - Ulcérations tuberculeuses de l'intestin. - Adéno-

pathie mésentérique tuberculeuse.

Sal... (Paul), 4 ans. (Voir l'obs. complète p. 23).

Crâne. - La calotte crânienne est un peu épaisse (3 à 4

mm.) mais peu dure, les sutures sont partout transparentes;

les dentelures sont peu prononcées. La suture interfrontale

seule, est tout à fait ossifiée. Les sutures pariéto-occipitales

ont des dentelures un peu plus sinueuses et l'occipital est si

peu soudé aux pariétaux, qu'il en est au contraire presque

détaché. Il y a une plaque transparente de chaque côté de la

suture métopique et au niveau de l'angle antérieur et supé-

rieur des pariétaux; la droite (25 mm.) est moitié plus grande

que la gauche. La voùte paraît symétrique (Voir PL. III, IV,

V et VI.)

OBS. IX. - IDIOTIE méningitique ; craniectomie sans RÉSUL-

TAT APPRÉCIABLE : MODE CURIEUX DE RÉOSSIFICATION DE LA

BRÈCHE OSSEUSE.

Sti.. (Emile F.), 6 ans. (Voir l'observation complète p. 116).

Sommaire. -Pére, excès de boisson. - Grand-père paternel,

314 SUTURES DU crâne dans L'IDIOTIE.

alcoolique et nerveux. - Oncle pate1¡¡1el, mort de méningite

traumatique ( ? ). - Tante paternelle, morte pthisique.

Ti. 3à.

Sutures du crâne dans l'idiotie. 3j5 5

Mère, vive et coléreuse. - Cousin idiot, ne parlant pas.-

Un frère, mort de convulsions. Un autre frère, mort du

carreau à 3 ans. Une soeur morte de bronchite. Pas de

consanguinité. Inégalité d'âge de trois ans.

Conception, grossesse, accouchement : rien de particulier.

Première dent à 10 mois. Dentition complète à 2 ans.

Convulsions dites internes à 3 semaines, se reproduisant

quotidiennement jusqu'à la fin du troisième mois; occla-

sion des paupières ; immobilité. Strabisme constaté à 13

mois. - Craniectomie il. l'hôpital Trousseau en juin '1890.

Coqueluche à 2 ans et demi. - Rougeole à 3 ans et demi.

Teigne tonsurante. -l3ronclvo-ptveutnonie, mort.

AUTOPSIE. - Description des os du crâne. Mode de répa-

ration de la brèche osseuse produite par la craniectomie .

Minceur et transparence des os. Absence de synostose.

Adhérences de la dure-mère au niveau des cicatrices osseu-

ses. Méningo-encéphalite prédominant notablement sur

l'hémisphère gauche. Persistance du trou de Botal.

Lésions pulmonaires.

Crâne. La calotte paraît légèrement asymétrique, mais

cette asymétrie est plus apparente que réelle, cette apparence

est le fait de l'incision osseuse faite à gauche. Une mensura-

tion exacte, démontre que les deux côtés du crâne sont presque

parfaitement égaux. La forme générale de la calotte est régu-

lièrement ovoïde, à grosse extrémité occipitale. Les bosses

pariétales sont très saillantes. Nous insisterons plus parti-

culièrement sur la grande minceur des os qui offrent une

épaisseur variant de 1 à 2 millimètres 1/2. L'occipital est parti-

culièrement mince et présente latéralement des régions trans-

parentes. Des plaques translucides existent encore sur les

pariétaux et sont surtout nombreuses à la région postérieure

et inférieure. Les traces des vaisseaux méningés sont nom-

breuses et nettement accusées sur les pariétaux. Le frontal,

un peu plus épais que les pariétaux, présente à sa région

moyenne une bande transparente. Les sutures finement den-

telées n'offrent nulle part aucune trace de synostose. La suture

fronto-pariétale très dentelée dans ses 2/3 inférieurs à droite

et à gauche, devient presque rectiligne, surtout à droite, à 3

centimètres environ de la glabelle. Un petit os wormien existe

de chaque côté dans cette partie rectiligne. A la face interne,

cette scissure est sinueuse, mais n'offre pas de dentelures

accentuées. Il n'y a pas de trace de la suture métopique. La

suture sagittale, finement dentelée dans ses deux centimètres

316 SUTURES DU crâne dans L'IDIOTIE.

antérieurs, offre sur un centimètre /2 quatre dentelures aiguës

et profondes de 5 millimètres environ, puis, changeant de carac-

Fig. 3H.

Sutures du crâne dans l'idiotie. 317 ri

tère, elle se continue en dentelures arrondies et irrégulières

jusqu'au niveau du lambda. La suture lambrloïcle est très

contournée, ses dentelures sont fines et irrégulières. A droite,

à 4 centimètres 1/2 du lambda, les dentelures s'exagèrent et

forment 2 petits os wormiens très irréguliers ayant un centi-

mètre environ dans leur grande dimension, qui est perpendi-

culaire à la suture. A la face interne ces sutures sont moins

contournées, les os wormiens, signalés plus haut, apparaissent

nettement, mais moins longs, plus larges, et à bords moins

déchiquetés. La brèche osseuse due à la cl·âwiectolnie (1·'ig. 36), j,

située à gauche, est antéro-postérieure et s'étend sur le frontal

et le pariétal. Elle forme avec la suture sagittale un angle aigu,

à sinus postérieur de 25° environ. Cette brèche est en voie de

réparation et les parties non ossifiées y sont recouvertes d'une

membrane dépendant du périoste, s'étendant d'un bord à l'autre

et transformée sur les bords en minces lamelles osseuses. Une

partie ayant 32 millimètres de longueur reste non ossifiée à la

région frontale. Une autre partie, longue de 20 millimètres,

complètement réparée, lui succède. Cette région croise la

suture fronto-pariétale. Son mode de réparation est des plus

intéressants. En effet la soudurc osseuse s'est effectuée sous la

forme de suture à fines dentelures, analogues à celles de la

suture qu'elle croise. Une région de 16 millimètres, non répa-

rée, lui fait suite et a des bords assez réguliers ; cette

région a 3 millimètres à sa partie la plus large; 18 millimè-

tres il peu près soudés complètement viennent ensuite ; ici la

soudure, bien qu'un peu irrégulière, n'offre pas de dentelures

comme précédemment, mais elle n'est pas aussi complète-

ment effectuée. Enfin durant 30 millimètres la brèche reste

sans ossification. Elle offre là une largeur moyenne de 4

millimètres, présente sur ses bords de petits prolongements

osseux minces et se termine par un cul-de-sac arrondi, à

demi comblé par une jetée osseuse interne. A l'état frais cette

partie non-ossifiée était recouverte d'une membrane ostéo-

1(l,i(,. les prolongements osseux lamellaires des bords de la

brèche en sont une preuve.

Obus. X. - Idiotie méningitique.

Sommaire. Père et grand-père paternel, excès de boisson.

Tante paternelle, suicidée. - Mère, convulsions de l'en-

fi212ce, suivies de strabisme ; alcoolisme ; aliénation.

315 Sutures DU crâne dans L'IDIOTIE.

Grand-père maternel, méchant et violent, alcoolique

8Tui-, gourmande et voleuse. - Pas de consanguinili

1·.'i ? 4; 37 .

Sutures du crâne dans l'idiotie. 3t0

Inégalité (-le 6 ans. Crises éclamptiques durant la

grossesse. - Lymphatisme - Idiotie complète : parole

et marche nulles; gâtisme; aucune connaissance des per-

sonnes. -Roac(/eole ta période d'incubation, au moment

de l'ncln21sssioi; marche de la température. Otite précé-

dée d'une ascension thermométrique; - bmncho-pneumo-

nife : mort : élévation considérable de la température après

le décès.

AUTOPSIE. - Etal des sutures; lésions de méningo-encépha-

lite chronique; persistance clu thymus.

Touch ? (Jean-Etienne), 3 ans. (Voir l'obs. complète p. 3.)

Crâne. - La calotte présente l'épaisseur normale de celle

d'un enfant de cet âge. Bosses asymétriques. Bosse pariétale

droite un peu saillante : plagiocéphalie. Fontanelles oblité-

rées ; zone transparente à 15 millimètres environ de la suture

fronto-pariétale sur la ligne médiane. La zone droite a 15 mil-

limètres de largeur sur 20 millimètres de longueur et s'étend

jusqu'à la suture sagittale, où elle se fusionne avec la zone

gauche, qui a 15 millimètres de longueur sur 10 millimètres

de large. Un léger épaississement linéaire sépare ces deux

zones. Une petite surface transparente de 10 millimètres sur

3 millimètres existe encore au niveau de la partie interne de

la bosse pariétale droite il un centimètre environ de la suture

sagittale.

Sutures. - Il n'y a pas de trace de la suture métopique.

La suture fronto-pariétale, un peu sinueuse à sa partie

médiane, a la forme d'un S italique très allongé ; elle

devient un peu sinueuse à ses parties latérales. La suture

sagittale, d'abord rectiligne et légèrement sinueuse, présente

à sa partie médiane des dentelures plus grandes pendant 3

centimètres environ pour redevenir presque rectiligne à son

tiers inférieur. ! La suture lambdoïde est dentelée à gauche et

régulière; adroite, elle est plus irrégulière, et ses sinuosités

sont plus petites. Ni sur la face interne, ni sur la face externe,

on ne trouve la plus légère trace de synostose. Les os du

crâne sont assez durs et ont une épaisseur variant de 3 à 6

millimètres (Fig. 37).

OBS. XI. - IDIOTIE S1'\IYTOdf : 1'fIQUE DE porencéphalie.

Sommaire. Enfant naturel. Renseignements insuffisants

320 SUTURES DU crâne dans L'IDIOTIE

du côté paternel. - Tante paternelle, aliénée. Mère

rien de particulier. Grand père maternel, quelques excès

de boisson. - Parole nulle. - Marche à 2 êlns t/2 et incom-

plète. Pas de convulsions. Affaiblissement paralytique du

côté gauche. - Accès de colère. Phlegmon de la région

mastoïdienne. - Carie du rocher. - Méningite. - Mort,

AUTOPSIE. - Porencéphalie droite. - Tuberculose des pou-

mons et du péritoine.

Viv... ,Louis Albert, 7 ans et demi.

Crâne. - Les os sont minces et très durs. La suture inter-

frontale est complétement soudée sans traces de dentelures.

La bosse frontale est transparente dans ses parties latérales.

Les autres sutures montrent des dentelures très nettes et

sont complètes. Le pariétal droit est translucide. - Les bos-

ses pariétales sont très prononcées, surtout la gauche (1).

OBS. XII. - IDIOTIE méningitique.

SOMMAIRE. - Grand'mère paternelle, morte épileptique (eu

état de mal probablement). - Mère, émotive, mais sans

crises nerveuses. - Une tante paternelle de la mère, épilep-

tique. t/nesoeurde la mère nerveuse, de caractère bizarre.

- Un frère de la mère mort de congestion cérébrale. Un

autre frère de la mère a eu un fils paralysé et qui paraît

être hydrocéphale. - Un autre frère de la mère enfermé à

Bicêtre pour un accès de délire. - Pas de consanguinité.

- Inégalité d'âge de 16 ans. - Accouchement par la face ;

travail ayant duré 5 heures. - Allaitement au lait de

vache. - Première dent à 2 ans passés. -- Accidents scro-

{tÛeux. - Symptômes méningitiques en 1891. - Étourdis-

sements quelque temps avant son entrée à Bicêtre. - Grin-

cements de dents. - Accès de colère. - Tics. - Parole à

peu près nulle. - Broncho-pneullzonie. - Mort.

AUTOPSIE. - Pas de traces de synostose. - Léger degré de

persistance de la fontanelle antérieure. - Adhérences de

la pie-mère avec la dure-mère d'une part et avec ta subs-

tance cé1'ébrated'autre part. - Broncho-pneumonie en

foyers disséminés. - Hypertrophie des ganglions péritra-

chéo-bronchiques.

il) L'observation complète de ce malade. a été insérée dans notre Compte

rendu du service des enfants de Bicêtre, pour l'année 1891, p. 96.

SUTURES DU crâne dans L'IDIOTIE. 321

excès de boisson, mort d'une attaque de paralysie.- Grand-

oncle maternel, excès de boisson. ,

Accouchement par la face. Travail ayant duré 3 heures. -

Allaitement au lait de vache. Première dent à 2 ans passés.

- Accidents scrofuleux. - Symptômes méningitiques en

1891. Etourdissements quelque temps avant son entrée

à Bicêtre. - Grincements de dents. Accès de colère. -

Tics. Parole à peu près nulle. - B1'OnClzo-rJne219110n1e.

AUTOPSIE. - Pas cle traces de synostose. Léger degré de

persistance de la fontanelle antérieure. Adhérences de

la pie-mère à la dure-mère d'une part et avec la substance

cérébrale d'autre part. - Broncho-pneumonie en foyers

disséminés dans les deux poumons.

Watebl... (Éd. Gustave), 3 ans 1/2.

Crâne. - Les 5 os du crâne sont minces et violacés par

places; la suture coronale est très sinueuse et ne porte aucune

trace d'ossification tant sur la table interne que sur l'externe.

La sagittale est régulière et n'est nulle part ossifiée. La lamb-

doide, libre dans toute son étendue, porte dans sa branche

droite un petit os wormien. La fontanelle antérieure est

représentée par un léger espace triangulaire d'un centimètre

sur deux de large : elle est tapissée par une mince membrane.

L'artère méningée moyenne se creuse le long du bord anté-

rieur des deux pariétaux un sillon profond dont le fond est

figuré par une mince lamelle osseuse.

Nous avons résumé dans le tableau ci-après les points

principaux de nos 12 observations.

Bourneville, Bicêtre, 1892. 21

Traitement lIfÉDICO-PrDAGOGIQUE 323

Nous aurions pu multiplier les faits ; ceux qui précè-

dent concernant une partie des malades morts depuis

un an dans notre service, nous ont paru suffisants. Ce

n'est pas que nous soyions absolument opposé à la

crâniectomie, ou à la trépanation; mais nous ne la

croyons indiquée que dans les cas où les troubles

intellectuels reconnaissent pour cause un abcès du

cerveau, un traumatisme, ou encore une tumeur à

siège bien déterminé. '

Avant de terminer cette première partie de notre

communication laissez-nous vous rappeler le mode de

réossification de la brèche osseuse chez notre malade

de l'OBs. IX : cette réossification s'est faite sous forme

de dentelures, tout -à fait semblables aux sutures natu-

relles ou primitives. Et, en second lieu, laissez-nous

insister sur une lésion peu connue, la distension des

sutures.

Sur le premier crâne que vous avez vu, les sutures

se sont écartées, à un degré considérable, sous l'action

d'une hydrocéphalie consécutive à des tumeurs du cer-

velet (1). Comment cette distension s'opère-t-elle ? Les

crânes des malades des observations IV et XII, nous

paraissent en fournir l'explication. Ces malades ont

succombé aune poussée méningitique, entée sur une

méningo-encéphalite chronique. Les os étaient con-

gestionnés à un degré considérable ; les sutures parti-

cipaient à cette congestion et la substance périostale

intersuturale s'était gonflée au point de former, au

niveau des sutures, de véritables cordons qui avaient

écarté les dentelures des sutures correspondantes.

L'examen de ces douze crânes et des cervaux cor-

(t) Depuis notre communication au Congrès nous avons observé un second

cas tout à fait semblable.

324 Idiotie.

respondants ne laissera aucun doute, nous le pensons,

dans votre esprit au sujet de l'inutilité de la crânien-

tomie. Ainsi que vous le voyez, le point de départ sur

lequel les chirurgiens s'appuient pour pratiquer la

crâniectomie, à savoir l'ossification prématurée des

os du crâne, est une conception théorique, démentie

parles pièces anatomiques.

On peut se demander aussi ce qu'une telle opération

peut avoir d'influence pour remédier - notre but à

nous, - à des lésions aussi diverses, aussi profondes

que celles que vous avez pu constater sur les photogra-

phies : Idiotie symptomatique de tumeurs cérébrales,

de méningo-encéphalite, de sclérose atrophique, de

porencéphalie, ou due au mycedème (absence de la

glande thyroïde), ou encore à un arrêt de dévelop-

pement d'origine congénitale.

IV. L'enthousiasme qui semble avoir accueilli la

crâniectomie tient en partie à ce que l'on ce possède,

en général aucune notion exacte des maladies qui

aboutissent à ce qu'on appelle communément l'idiotie.

On ignore aussi que l'un de nos compatriotes, Séguin,

devenu l'un des médecins les plus éminents des États-

Unis, a institué une méthode d'éducation, qui permet

d'obtenir des résultats incomparablement supérieurs

à ceux de la crâniectomie. Cette méthode, complétée

chaque jour par nous, en y ajoutant des procédés que

nous suggère l'expérience, constitue ce que nous dési-

gnons sous le nom de traitement néctico-édagogiq2ce

de l'idiotie. Nous allons vous citer quelques exemples

qui vous montreront que le médecin n'est pas désarmé

en face de ce genre de maladies.

Afin de constater les progrès survenus chez nos

malades, nous les faisons photographier dès leur arri-

vée, puis tous les ans ou tous les deux ans suivant

Traitement MÉDICO-PÉDAGOGIQUE,325

l'amélioration qui s'est produite. Pour faciliter votre

appréciation, nous avons fait réunir sur un seul carton

toutes les photographies des mêmes malades : photo-

graphies collectives.

En second lieu, dès qu'un enfant parvient à tracer

des bâtons, nous faisons ouvrir un cahier scolaire.

Ensuite tous les trois mois, tous les deux mois, tous

les mois, à mesure des progrès accomplis, les maîtres

et les maîtresses font faire aux enfants, sur ces cahiers,

les divers execrices dont ils sont devenus capables :

écriture, chiffres, dessins, opérations d'arithmétique,

dictées, etc.

Nous allons donc faire passer devant vous les pho-

tographies collectives et les cahiers scolaires de six

enfants idiots, pris surtout parmi les plus malades et

que nous avons pu améliorer d'une façon sérieuse.

Observation I. - IDIOTIE microcéphalique.

SOMMAIRE. - Antécédents paternels négatifs. - Mère, lie1-

veuse. - Grand-père paternel, excès de boisson. - Grand'

tante maternelle, migraineuse. - Soeur de mère, morte de

convulsions. - Enfant naturel : arrêt de développement et

tête très petite à la naissance (microcéphalie très prononcée

et prognathisme supérieur). - Convulsions répétées à un

an. Fugues solitaires. Imitation des animaux. - Klepto-

manie. - Accès de colère. Grimaces de ta face. Défaut

de prononciation. - Écholalie. - Amélioration très nota-

ble (1).

Arn... (Gabriel), né le 20 mai 1876.

Les photographies, prises de 1885 à 1892, font voir les chan-

gements survenus au point de vue du développement physi-

que et de la physionomie. Son cahier scolaire nous montre

qu'il a commencé à faire des bâtons en 1886 et que, en juillet,

(1) Voir l'observation de ce malade dans le Compte-rendu du Congrès in-

ternational de médecine mentale de 1889, p. 100 et le Compte-rendu du ser-

vice de Bicêtre pour 1890, p. 153.

326 IDIOTIE.

il écrivait assez régulièrement et faisait des chiffres. Ses

connaissances usuelles se sont très étendues. Il répond à

propos aux questions qu'on lui pose, mais la prononciation

reste un peu défectueuse. Il n'a plus d'écholalie. Son carac-

tère s'est amélioré; il est moins jaloux. Il n'est plus voleur.

Il sait distinguer les couleurs, les noms et l'usage des différen-

tes parties de son corps.

· OBS. II. - Imbécillité.

Sommaire. Père, doreur sur métaux, très nerveux et em-

porté, suicidé. - Grand-père paternel, ivrogne. Grand'

mèJ'e m.1tel'1lelle, mOl'te hémiplégique. - Arrière-grand-père

paternel, mort paralysé. Mère, lniqrclinense. -Grïit2d-

père maternel, mort phthisiqwe. - Arrière-grand-père ma-

ternel, mort parafe. Grand-oncte maternel, mort para-

lysé. -Oncle maternel, mort - Pts (le co ? lsa7l-

guinité ; mère plus âgée que le père de 14 mois. - Soeur,

morte d'une méningite avec commis ions. Enfant normal jus-

qu'à 17 mois époque où ont débuté les convulsions. Répétition

des convulsions toutes les nuits pendant 2 semaines : accès

de colère, dur à élever. - il 3 ans, nouvelles convulsions,

tous les soirs, pendant une semaine. - Aggravation des

colères, turbulence, désobéissance, violences envers les

autres enfants. - CLaston2a111e. - Grimpeur, gourmand,

Enervement général. -Alt2éliorntion très notable. (Photo-

graphies en 1885, 1887, 1889, et 1892).

Chan ? (Emile), né le 28 septembre 1879 (13 ans).

En 1885, l'enfant ne sait pas se servir du couteau ; il con-

naît ses lettres, compte jusqu'à 20, fait des bâtons sur le

cahier.

En 1892, lit couramment, écrit lisiblement, fait de petits

problèmes sur les quatre opérations, connaît l'heure, les jours,

les mois, fait de petites rédactions, écrit des lettres, exécute

tous les exercices de la gymnastique Pichery, est apprenti

tailleur et travaille de mieux en mieux. Il est devenu de moins

en moins coléreux et grossier et de plus en plus soigneux et

affectueux..

Traitement MÉDICO-PÉDAGOGIQUE. 327

Obs. III. - IDIOTIE probablement symptomatique DE >

sclérose cérébrale.

Sommaihe. Père emporté, céphalalgies, excès alcooliques

et vénériens. - Grand-père paternel, peu intelligent, ivro-

gne. Grand' mère et tantes paternelles, débauchées.

Deux oncles et un cousin paternels, morts de convulsions.

Grand-oncle paternel, excès cle boisson. - Grand-père

maternel, excès de tous genres. - Trois frères ont eu des

convulsions. - Conception probable durant l'ivresse.

Premières convulsions une heure après la naissance,

revenant à diverses reprises jusqu'à deux ans et demi.

Parole nulle, gâtisme, etc.

Charet... (Charles), né le 2 ! 1 novembre 1883.

La première photographique prise en 1887 (3 ans 1/2) repré-

sente l'enfant en robe de gâteux ; la seconde l'enfant devenu

propre, en pantalon ( ! i ans et demi) ; les deux autres témoi-

gnent des heureux changements survenus dans sa physiono-

mie.

A l'entrée (8 février 1887) Parole nulle, ne se sert que de

la cuiller, gourmand, turbulent, méchant, voleur, gâteux, ne

sait ni se déshabiller, ni s'habiller, ni se laver.

Actuellement (août 48J2) : - Il est devenu propre, il trace

les lettres et des chiffres on gros ; il prononce un certain nombre

de mots, s'habille, se déshabille seul, avec beaucoup d'adresse.

Ses souliers sont toujours bien lacés et ses vêtements bien

boutonnés. Il s'assure qu'il est bien habillé en se regardant

dans le miroir. Il se lave le visage et les mains avec soin; se

sert habilement de la cuiller, de la fourchette et du couteau. Il

place toutes les lettres en bois sur leur figuration imprimée,

mais on n'est point parvenu jusqu'à présent à les lui faire

nommer sauf l'U et l'A. Il connaît tous les chiffres et les place

sans se tromper. Quoique ne pouvant nommer les couleurs il

place bien les cartons colorés sur le tableau des couleurs.

. OBS. IV. - IDIOTIE congénitale.

Sommaire. Père, peintre en bâtiments ; t921<1; étourdisse-

ments : céphalées durant e)t/'a)tce.Grand-pfh'e paternel,

apoplectique. - Mère, sujette à des douleurs de tête;

pertes de connaissance de 7 à 27 anus. - Arrière-grand-

père maternel, excès de boisson, suicidé par pendaison, ? ...

328 Idiotie.

Grand'mère maternelle, morte d'une attaque d'apoplexie.

Arrière-grand' tante maternelle, aliénée. Frère, idiot.

Corb... (Gaston), né le 4 mai 1878.

Les photographies prises en 1886 (6 ans et demi) et en 1887

le montrent en robe de gâteux; celle de 1890 devenu propre

en pantalon, mais la figure obtuse; la dernière, celle de 1892

à l'âge de 14 ans, la physionomie est éveillée et souriante. Il se

déshabille, s'habille se lave bien seul, la parole s'est notable-

iment développée. Il reconnaît les objets usuels et ce à quoi

ils servent. Il connait les lettres et les chiffres, place bien les

figures géométriques. L'attention est devenue bien plus facile

à fixer. - Les résultats auraient été plus considérables s'il

n'avait été transféré à la fin de 1881l à Clermont où il est resté

un an pour revenir à Bicétre ayant perdu ce qu'on lui avait

appris et plus âgé, c'est-à-dire moins perfectible.

OBS. V. - Imbécillité prononcée ; ÉPILEPSIE,

8ouvetaE ? Père, rien de particulier, mort de phtisie.

Grand père paternel, mort probablement d'une congestion

cérébrale. - Arrière grand-père paternel mort d'un coup

de sang. Oncle parternet mort phtisique. - Mère morte

d'une péritonite un an après une couche. Pas de con-

sanguinité. Inégalité d'âge de 7 ans. 1

Chute avec perte de connaissance il 3 mois. - Evanouissements

3 jours après la 15 mois. Première dent

à 12 mois. Gâtisme intermittent. - Parole limitée quelques

mots à l'entrée. Marche à 13 mois. Turbulence. Grimpeur.

- Clastomanie. - Parole développée et propreté vers 1881.

Plaie du cuir chevelu dans un accès (mars 1883). Tooti-

colis (septembre). Oreillons (octobre 1885). Disparition

des accès en février 1885.

Duma... (Charles), né le 15 mars 1879.

La première photographie représente l'enfant en 1882, âgé

de 3 ans, il est en robe de gâteux. Les photographies, prises

successivement, la dernière en février 1892 mettent en évi-

dence les progrès réalisés.

Son cahier scolaire a été ouvert en 188h, époque où il a com-

mencé à tracer des bâtons au crayon. La dernière feuille de

ce cahier montre qu'il sait mettre les noms au pluriel, faire

TRAITEMENT MKDICQ-PÈDAGOGIQUE. 329

de petites dictées, l'addition, la soustraction et qu'il commence

la multiplication, enfin que son écriture est très lisible.

OBS. VI.- IDIOTIE congénitale par arrêt DE développement

DES circonvolutions.

S011\fAIRE. - Père, quelques excès de boisson, eczéma. -

Mère migraineuse. - Pas de consanguinité. Inégalité

d'âge de deux ans. Soeur, morte de convulsions. Con-

ception durant l'ivresse. - Première dent à six mois, -

Marche et parole nulles. - Gâtisme à l'entrée (3 ans). -

Salacité. - Cris constants, plaintes des voisins. - Tenta-

tivespourmordreses (l'ères etsoeurs. - Balancementantéro-

postérieur du tronc. - Préhension défectueuse : ne se sert

pas de la cuiller. - N'aurait jamais eu de convulsions. -

Amélioration très remarquable ; développement de la mar-

che, de la parole, etc.

Dupu.. (Marius),né le 30 juillet 1881.

Sur ses photographies, vous le voyez en robe de gâteux en

1884, à l'âge de 3 ans ; propre et en pantalon en 1885, à 4 ans ;

avec une tenue défectueuse et une physionomie encore obtuse

en 1887 ; plus éveillé en 1889 et enfin, sur la photographie de

juillet dernier avec une physionomie souriante et intelli-

gente.

A l'entrée (1884) : - Parole nulle, gâtisme, se sert assez bien

de la cuiller; colère, jaloux, se jette par terre, frappe sa tête

contre les murs et les portes, balance son corps d'avant en

arrière, etc.

En 1892 : - Parole libre, raisonnement assez développé,

réponses précises, se déshabille, s'habille, se lave seul et con-

venablement. Sa tenue est bonne ; il se sert bien de la cuiller

de la fourchette et du couteau, lit couramment, écriture lisi-

ble et assez soignée, commence à faire quelques dictées,

exécute quelques petites additions, soustractions, multiplica-

tions. Parfois, mauvais instincts, pique des aiguilles ou des

clous dans le siège de ses camarades, est parfois paresseux.

OBS. VII. - Imbécillité symptomatique.

SOMMAIRE. Père, plombier, excès de boisson, non satur

330 1 . IDIOTIE. '

nin( ? j, - G1'and'pèrepaternet,plombier, alcoolique. -Mère

plus âgée de 4 ans que le père. Grand'père maternel, excès

de boisson. Conception durant l'ivresse. Peur suivie de

syncope au 9° mois de ta grossesse. Asphyxie à ta nais-

sance. Première dent et marche à 14 mois. - Premières

convulsions à un mois. Retour mensuel ou bi-mensuel des

convulsions jusqu'à cinq ans. - Crises plus rares à partir

de 5 ans. -Parole à six ans. - Gâtisme accidentel.

Laumail... (Gustave), né le 16 septembre 1878.

Sa première photographie prise en 1885, quand il avait 7

ans, le représente en gâteux. est devenu propre deux ans

plus tard (deuxième photographie) ; sur les deux dernières

photographies, la physionomie est beaucoup moins obtuse.'

. A l'entrée : Laum.... parle assez bien avec ses camarades,

mais ne répond pas quand on l'interroge. La prononciation

est très difficile; il se sert seulement de la cuiller et de la

main gauche ; il ne sait ni se laver, ni se vêtir, ni lacer, nouer

ou boutonner; il n'a aucune notion de la lecture, de la numé-

ration, de l'écriture, des couleurs, etc. ; il a commencé a être

propre à 6 ans, mais d'une façon incomplète, car il lui arrive

assez souvent d'avoir des selles et surtout des mictions invon-

lontaires la nuit.

Actuellement (189 ? ) : - L.. parle assez bien, répond aux ques-

tions qu'on lui pose, dit les noms des personnes et des choses,

mais la prononciation est défectueuse en ce sens qu'il serre

les dents et ouvre peu la bouche. Il se sert de, l'éponge pour

se débarbouiller, niais doit être surveillé. Il est assez soi-

gneux, conserve ses vêtements boutonnés, et ses souliers lacés ,

se tient bien à table, mange proprement, se sert de la cuiller

et de la fourchette, mais ne peut encore se servir habilement

du couteau. Il connaît ses lettres,, les nomme toutes sans se

tromper, distingue les chiffres, place bien les couleurs, etc.

En somme, amélioration très notable.

OBS VIII. - IDIOTIE IICROCI"PHALIQUE.

SOMMAIRE, - Père, rien cle particulier. - Grand -père pater-

nel, alcoolique, mort du pylo1'e. -A rrière granclpère pater-

nel, alcoolique.- Mère et grand'mère maternelle migrai-

neuses. Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de 7 ans.

Pas de c9nvulsions, '- Parole nulle; - Impossibilité de se

Traitement MÉDICO-PÉDAGOGIQUE. 331

tenir debout. Affaiblissement prédominant à ta jambe

gauche. Gâtisme. Tournoiement de la tête. - Balan-

cement du tronc. Première dent à 6 mois. Grincement

des dents. - Rougeole et coqueluche à 2 ans. - Améliora-

tion considérable.

Mazi... Henri, 8 ans. z

Il s'agit là d'un des microcéphales que nous avons montrés

à l'une des séances du Congrès international de médecine men-

tale de 1889. Les premières photographies le représentent

gâteux, assis ou tenu sur les genoux ; puis devenu propre,

en pantalon, et marchant. Voici la note qui figure dans les

Comptes rendus du Congrès : .

« A son entrée (3 décembre 1887), Mazi... était complètement

« gâteux ;;il lui était impossible de se tenir debout. La jambe

ci gauche.paraissait un peu plus faible que la droite. On notait

« chez lui du tournoiement de la tête, des grincements de dents

a et un balancement antéro-postérieur du tronc. La parole

z est absolument nulle. Il crie et pleure une partie de la nuit;

« il dort le matin. L'attention ne peut être fixée. La préhension

« se fait assez bien ; toutefois M... n'aide en rien pour s'habil-

« 1er et se déshabiller et ne sait pas se servir de la cuiller. Il

« est affectueux et reconnaît ses parents.

« Traitement : exercer l'enfant à se tenir debout et à mar-

« cher ; le placer sur le vase à des heures régulières ; exerci-

« ces de la parole ; sirop d'iodure de fer, huile de foie de

« morue, bains salés. Bien que, de son entrée au mois d'août

« de cette année, divers accidents aient entravé le traitement,

« déjà nous avons obtenu chez cet enfant une amélioration

« encore peu profonde, mais indubitable.

« L'enfant commence à se tenir sur ses jambes, ne gàteplus

« que : par moments, demande le vase. Il dit très bien : papa,

« maman, çà y est, non, voilà. En nous appuyant sur ces résul-

« tats, nous pouvons espérer que dans un temps plus ou moins

« long, l'enfant sera tout à fait propre, marchera et parlera. »

Nos prévisions se sont amplement réalisées. Le corps et la

tête se sont développés ainsi que le démontre le tableau ci-

après (p. 332).

De plus Mazi..., ainsi que nous l'avons dit à propos de ses

photographies; est devenu tout à fait propre. Il marche, court

et saute. La parole s'est notablement développée, il dit les

Traitement fÉDICO-PÉD : 1GOGIQUE. 333

noms des personnes, des objets qui l'entourent, des différen-

tes parties de son corps, prononce des phrases simples, com-

mence à bien exécuter les exercices de la gymnastique Pichery.

Les documents qui composent cette seconde partie

de notre communication me semblent de nature, Mes-

sieurs, à apporter la conviction dans vos esprits et à

mettre hors de doute la supériorité du traitement

médico-péclagogiclue de l'idiotie sur le traitement

chirurgical. Il est à désirer que les chirurgiens qui

ont pratiqué la crâniectomie fassent connaître, un an

ou deux après l'opération, les améliorations survenues

chez leurs malades et qu'ils présentent à l'appui des

photographies collectives et des cahiers scolaires

semblables aux nôtres.

EXPLICATION DES PLANCHES.

336 Explication DES planches.

Planche I.

Hémisphère cérébral gauche; face externe.

(Ons. de Scheff ? p. 10-19).

FI, F2, F3, première, seconde et troisième circonvolutions

frontales.

FA, frontale ascendante.

PA, pariétale ascendante.

pt, P2, PC,lobes pariétaux supérieur et inférieur, pli courbe.

Lo, lobe occipital.

Tt, T2, première et seconde temporales.

sr, sillon de Rolando.

ss, scissure de Sylvius.

PK, pseudo-kyste.

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892.

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892. 22

338 Explication DES planches.

Planche II.

(OBs. de Scheff..., p. 10-19).

Hémisphère cérébral gauche; face interne.

I ? première frontale.

LP, lobule paracentral.

AC, avant-coin.

C, coin.

LTS, lobe temporo-sphénoïdal.

ce, corps calleux.

co, couche optique.

sr, sillon de Rolando.

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892. Pl. il.

340 Explication DES planches.

Planche III.

(OBS. de Sal..., p. 22-30).

Hémisphère cérébral gauche; face externe.

I'i, F2, F3, première, seconde, troisième circonvolutions

frontales.

FA, circonvolution frontale ascendante.

PA, circonvolution pariétale ascendante.

P', P2, PC, lobes pariétaux supérieur et inférieur, pli courbe.

LO, lobe occipital.

Tl, T2, T3, première, seconde et troisième circonvolutions

temporales.

LI, lobule de l'insula.

ss, scissure de Sylvius.

sr, sillon de Rolando.

Bourneville, Bicétre, 1892. - Pl. III.

342 Explication DES planches.

· Planche IV.

(OBS. de Sal..., p. 22-30).

Hémisphère cérébral gauche; face interne.

F', première frontale.

LP, lobule paracentral.

AC, avant-coin.

C, coin.

Lo, lobe occipital.

T3, troisième temporale.

CO, couche optique.

P, pédoncule.

SL, septum lucidum.

SPE, scissure perpendiculaire.

ce, corps calleux.

sr, sillon de Rolando.

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892. P ! . IV.

344 Explication DES planches.

' Planche V.

(OBs. de Sal..., p. 22-30).

Hémisphère cérébral droit; face externe.

Fi, F2, F3, première, deuxième et troisième circonvolutions

frontales.

FA, frontale ascendante.

PA, pariétale ascendante.

pt, P2; PC, lobes pariétaux supérieur et inférieur; pli courbe.

Ti, T2, T3, première, seconde et troisième circonvolutions

temporales.

LO, lobe occipital,

ss, scissure de Sylvius.

sr, sillon de Rolando.

BOURNEVILLE, Bicêtre. 1892. Pl. V.

346 Explication DES planches.

Planche VI.

(OBs, de Sal ? p. 22-30).

Hémisphère cérébral droit; face interne.

r, première frontale.

LP, lobule paracentral.

AC, avant-coin.

C, coin.

T3, troisième circonvolution temporale.

ce, corps calleux.

es, corps strié.

co, couche optique.

P, pédoncule.

SPE, scissure perpendiculaire externe.

sr, sillon de Rolando.

Bourneville, Bicêtre, 1893. Pl. VI.

348 Explication DES planches.

Planche VII.

(OBs. de Le T..., p. 38-55).

Fig. 1. - Bâtons tracés par l'enfant à l'entrée (septembre

1882).

Fig. 2. Son écriture à la fin de 1887.

Fig. 3. - Reproduit plusieurs additions et un spécimen de

l'enfant en janvier 1890.

Fig. 4. - Addition, soustraction et multiplication, spé-

cimen de l'écriture de l'enfant en décembre 1890.

Fig. 5. Mêmes exercices en mai 1892. L'intelligence ayant

baissé (voir p. 44), les chiffres et l'écriture sont devenus nota-

blement plus imparfaits et montrent un recul.

350 Explication DES planches.

Planche VIII.

(Ons. de Roq ? p. 88-96).

Hémisphère cérébral gauche; face supérieure.

LF, lobe frontal.

LO, lobe occipital.

Péd, pédoncule.

P, porus.

Bourneville, Bicêtre, 1892. il[. VIII.

352 1 Explication DES planches.

PLANCHE IX.

(OBs. de Roc ? p. 88-96).

Hémisphère cérébral gauche; face externe.

FI, F2, F3, première, seconde et troisième circonvolutions

frontales.

FA, frontale ascendante.

PA, pariétale ascendante.

LO, lobule occipital.

P, porus.

sr, sillon de Rolando.

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892. Pl. IX.

Bourneville, Bicêtre, 1892. Pl. X.

356 Explication DES planches.

Planche XI.

(OBs. de Itoc ? p. 88-96).

Hémisphère cérébral droit ; face interne.

Fi. première circonvolution frontale.

LP, lobe pariétal.

AC, avant-coin.

C, coin.

LTS, lobe temporo-spliénoïdal.

co, couche optique.

V, ventricule.

ope, scissure perpendiculaire externe.

Bourneville, Bicêtre, 1892. il]. XI.

358 EXPLICATION DES PLANCHES.

Planche XII.

(OBS.de Hug... p. 132-141).

Hémisphère cérébral gauche; face externe.

FI, F2, F3, première, seconde et troisième circonvolutions

frontales.

FA, frontale ascendante.

PA, pariétale ascendante.

P', P2, PC, lobes pariétaux supérieur et inférieur, pli

courbe.

T', T2, T3, première, seconde et troisième temporales.

LI, lobule de l'insula.

ss, scissure de Sylvius.

BÓUÍ\'1\'tmLLE, Bicêtre, 1892. , Pl. XII.

360 Explication DES planches.

Planche XIII.

(OBS. de IIug ? p. 13'2-1H).

Hémisphère cérébral gauche; face interne.

F', première circonvolution frontale.

LP, lobule paracentral.

AC, avant-coin.

C, coin.

LTS, lobe temporo-sphénoïdal.

co, couche optique.

v, ventricule.

ce, corps calleux.

Boun;-¡EVILLE, BicU¡'e, 1 ! ffi2. Pl. YIII,

362 Explication DES planches.

Planche XIV.

(Ons, de Hug ? p. 132-141).

Hémisphère cérébral drot; face interne.

FI, F2, F3, première, seconde et troisième circonvolutions

frontales.

FA, frontale ascendante.

PA, pariétale ascendante.

P1, Il-, PC, lobes pariétaux supérieur, inférieur et pli courbe

Lo, lobe occipital.

Tl, T2, T3, première, seconde et troisième circonvolutions

temporales.

LI, lobule de l'insula.

sr, sillon de Rolando.

ss, scissure de Sylvius.

Bourneville, Bicêtre, 1892.. Pl. XIV.

364 EXPLICATION DES PLANCHES.

Planche XV.

Agrandissement cle la fondation Vallée. '

Ce schéma est destiné à donner une idée générale de la

Fondation d'après le programme que nous avons élaboré (p.

LXIII).

- BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892. PL. XV.

TABLE DES MATIÈRES

PREMIERE PARTIE

Section I : Bicêtre.

i TABLE DES MATIÈRES.

Table des matières. 367

DEUXIÈME PARTIE ...

36 : . Table des matières.