PUBLICATIONS DU PROGRÈS MÉDICAL
RECHERCHES
CLINIQUES ET THÉRAPEUTIQUES
SUR
L'ÉPILEPSIE, L'HYSTÉRIE
ET
L'IDIOTIE
COMPTE RENDU DU SERVICE
DES ENFANTS IDIOTS, ÉPILEPTIQUES ET ARRIÉRÉS DE
BICÈTRE PENDANT L'ANNÉE 1892
PAR
BOURNEVILLE
MÉDECIN DE BICÊTRE '
Avec la collaboration de
MM. DAURIAC, FERRIER ET NOIR.
Internes] du service.
Volume XIII.
Avec 37 figures dans le texte et 15 planches.
PARIS
AUX BUREAUX DU
PROGRÈS MÉDICAL
14, rue des Carmes, 14.
FÉLix ALCAN
ÉDITEUR
108, Boulevard St Germain, 108.
1893
il
PREMIÈRE PARTIE
Histoire du service pendant l'année 1892.
(Bicêtre et Fondation Vallée.)
BOURNE'ILL, Bicêtre, 1892. *
PREMIÈRE PARTIE
Section 1 : Bicêtre.
Histoire du service pendant l'année 1892.
I.
Situation DU SERVICE. - Enseignement primaire^
La quatrième section du quartier des aliénés de,
l'hospice de Bicêtre, est, on le sait, spécialement con-
sacrée aux enfants. Les enfants y sont répartis en.
trois groupes : 1° Les enfants idiots, gâteux, épile-
tiques ou non, mais INVALIDES; - 2° les enfants idiots,
gâteux ou non, mais VALIDES; - 3° les enfants propres,
valides, imbéciles, arriérés, instables, pervers, cp ?
leptiques, et hystériques ou non.
I. Enfants idiots, gâteux, épileptique s ou non, ¡
mais invalides. - Ils se subdivisent en deux caté-
gories : la première est composée des idiots gâteux,
ne parlant, ni ne marchant. La plupart d'entre eux, .
- cependant, contrairement à l'opinion commune sont;
susceptibles d'amélioration. On leur apprend à se tenir
debout à l'aide des barres parallèles que nous avons >
décrites précédemment, à marcher, soit en les tenant
sous les bras, soit à l'aide du charriot. On fortifie leurs
membres en les fléchissant et les étendant alternative--
m Petite école.
ment, en leur faisant des frictions stimulantes. En
môme temps, ces enfants soumis à un traitement toni-
que (bains salés, fer, huile de foie de morue, etc.) Dès
qu'ils sont capables de marcher, ils sont envoyés à la
petite école, d'abord le matin pendant quelque temps,
puis toute la journée aussitôt que leurs forces le per-
mettent. Quatre enfants ont appris à marcher : Baud.,
Berta ? Charma ? Léser... - La seconde catégorie
comprend des idiots tout à fait incurables et des enfants
atteints d'épilepsie devenus gâteux ou déments sous
l'influence des accès ou des poussées congestives qui
les compliquent. Ils ne sont plus, en général, que l'objet
de soins hygiéniques.
II. Enfants idiots, gâteux ou non galeux, épilel7li-
ques ou non, mais valides [Petite Ecole). Ces
enfants fréquentent, la petite Ecole confiée exclusive-
ment à des femmes. 213 enfants ont été inscrits
dans l'année. Sur ce nombre, un seul est décédé,
cinq sont sortis définitivement, neuf sont passsés à
la grande École, un est passé aux adultes et deux ont
été transférés. Sur les 195 enfants qui restaient au 31
décembre 1892, 40, au réfectoire, se servent de la cuil-
ler; 85 de la cuiller et de la fourchette; JO de la cuiller,
de la fourchette et du couteau. 1' enfants sont deve-
nus propres dans le courant do l'année (1). Tous les
enfants de la petite Ecole sont exercés à la gymnas-
tique Pichery, sauf six, trop infirmes pour pouvoir y
participer. Parmi eux, cinq suivent en outre les exer-
cices de la grande gymnastique. 20 enfants ont été
envoyés aux ateliers comme apprentis; ils se répar-
tissent ainsi : tailleurs, 14 ; cordonniers, 4 ; vanniers, 2.
Le traitement du gâtisme, qui consiste à placer les
gâteux à des heures régulières sur des sièges d'aisan-
'(1) Bign ? Boy ? Dav.. (Léon), nur... llca ? llisb ? 'I'lmuy ? I>upon ?
LUlI1a ? 13oiv ? Rog ? Bill.. Pcti ? Can1lt...
PETITE ÉCOLE. V
ces; les leçons de toilette (lavage de la figure, des
mains, entretien de la chevelure, cirage des souliers
etc.), les exercices des mains (fermer, ouvrir les mains,
agiter les doigts, les allonger, les étendre- et les plier
simultanément ou isolément, l'exercice de la brouette,
du passe boule, etc.) ; la gymnastique, les leçons de
choses, l'éducation des sens (tableaux et cartons de.
couleurs, gamme de sonnettes, flacons de diverses
odeurs, etc.), l'éducation de la parole (exercices de
prononciation), les promenades avec interrogations,
etc., constituent comme toujours la base de l'ensei-
gnement (1).
III. Enfants propres et valides, imbéciles, arriérés
instables, pervers, épileptiques et hystériques ou
non. Grande école. - La population de cette école
était de 203 enfants au 1 ? janvier 1892 et de 209 au 31
décembre de la même année.
Nous avons continué l'emploi des mêmes procédés
que les années précédentes, cherchant toujours à maté-
rialiser en quelque sorte l'enseignement. Parmi les
améliorations de l'année nous citerons les suivantes :
1° organisation d'une classe spéciale de dessin le jeudi
matin, sous la direction de M. Boyer. M. Carriot, direc-
teur de l'Enseignement primaire du département de
la Seine, a bien voulu nous adresser les tableaux pro-
grammes servant à l'enseignement du dessin ; 2° orga-
nisation d'une Société de Jeux sous la direction de M.
Boyer. Les membres de cette petite société paient
une cotisation mensuelle de 0 fr. 25 pour l'achat de
jouets collectifs. Le but de cette création est de con-
tribueràl'occupation constante des enfants, de les inté-
(1) Voir pour les -détails les Comptes rendus précédents et surtout ceux de
1884, p. Il ; 18813, p. V; 1S87, p. IV; 1SSS, p. IV. - Pour le traitement de la
bave, nous avons employé avec assez de succès des bâtonnets de bois de
réglisse, d'abord assez gros, puis plus petits. Nous nous proposons de recours
rir à l'électricité du muacle orbiculaire des lèvres. .
PO Grande école.
resser à la conservation des objets qu'ils ont achetés
eux-mêmes, et dont ils prennent plus de soin que de
ceux qui leur ont été fournis par l'Administration. La
société, fondée en avril 1892, a fonctionné jusqu'au
mois de novembre ; elle comptait alors 44 sociétaires.
A partir de cette date le temps ne permettant plus les
jeux en plein air, les exercices de la société repren-
dront au printemps prochain. Voici un aperçu de ce
qui a été fait.
Les enfants ont verso comme cotisation 56 fr. 45. Il a été
acheté 1 ballon, 4 tambourins, 8 balles, un arc, 34 balles en
peau et 2 fanions. La société a en outre donné une subven-
tion de 5 fr. à la fête du 24 juillet et une autre de 10 fr. à la
fête du 21 septembre. La menuiserie des enfants a confec-
tionné pour la société 24 boucliers en bois. Les dépenses
faites s'étaient élevées iL la somme de 43 fr., il reste en caisse
au mois de novembre, 13 fr. 45.
Nous devons une mention spéciale aux courses à
pied qui ont eu lieu dans la cour de l'Hospice avec
les enfants valides des deux écoles.
3° Les maîtres ont pris possession du musée scolaire
au point de vue de l'enseignement à l'aide des projec-
tions à la lumière oxhydrique. Auparavant l'ensei-
gnement se faisait au gymnase couvert dans des con-
ditions assez mauvaises ; maintenant il pourra se
faire dans d'excellentes conditions. L'Administration
a acheté un nouvel appareil (30 mars).
4° Création d'une caisse d'épargne scolaire confiée
à l'un des instituteurs, M. Mesnard. A la date du 31
décembre, les 53 participants avaient versé 145 fr. 70.
5° Pour obtenir une plus grande régularité dans les
mouvements d'ensemble, M. Goy, professeur de gym-
nastique, a eu l'heureuse idée de les faire accompa-
Grande école; éducation physique. vu
gner par le tambour. Les exercices de gymnastique
se font toujours d'une façon très régulière et avec suc-
cés. 40 enfants ont pris part à une grande conférence
pratique de gymnastique au palais du Trocadéro. Ils
ont exécuté des mou vements avec les xylofers et
accompagnement de musique. Ils ont également par-
ticipé au festival de gymnastique organisé dans la com-
mune, où ils ont obtenu une palme en vermeil, et à
une course pédestre communale.
La part importante qu'occupent les exercices phy-
lites dans le traitement medtco-pedagogtgue des
enfants de notre service a attirée l'attention de ceux qui
se préoccupent de ce qu'on appelle aujourd'hui l'éllu-
v ration physique. M. Gaufrés, ayant été délégué parle
Conseil général au Congrès des exercices physiques
qui a eu lieu à Paris au printemps dernier, a bien voulu
nous demander des renseignements sur ce que nous
faisions à Bicêtre. Pris de court nous n'avons pu que
lui envoyer le résumé très sommaire qui suit :
« L'éducation physique est une des préoccupations constan-
tes du chef de service et de son personnel. Elle tient une large
place dans l'emploi du temps des écoles (grande école et
petite école pour les garçons, fondation Vallée pour les filles), a
D<1J1 ? e. - C'est ainsi que dès le matin, aussitôt après les
soins de propreté, les douches et le petit déjeuner, les enfants
dansent de 7 à 8 h. sous la direction d'un instituteur, assisté
de deux violonistes. A cette leçon prennent part, par groupe
de °0, tous ceux dont les infirmités n'apportent pas trop d'obs-
tacle à cet exercice.
G ! lIIJJ1<1stique. AS heures, gymnastique proprement dite
sous la direction d'un professeur, consistant en mouvements
d'ensemble et d'assouplissement avec ou sans barres à sphère
et haltères, avec accompagnement de chants spéciaux ou de
musique instrumentale (1), en exercices aux agrès, lesquels
(1) Nous avons fait composer à l'imprimerie des enfants, deux Recueil
de chants pour la gymnastique, les jeux et différents exercices scolaires.
VIII Grande école ; éducation physique.
sont très complets à Bicétre : appareil à contre poids, de rota-
tion, échelle horizontale, échelles orthopédiques, concave et
convexe, poutre, tremplin, cheval de bois, barres parrallèles,
barre fixe, vindas, balançoires et portique ordinaire.
Concours de gymnastique. - Les enfants prennent part à
tous les concours de gymnastique qui ont lieu, soit à Paris,
soit aux environs; ils ont remporté, depuis 1879, il ! médailles
et une palme de vermeil. Dernièrement, au Trocadéro, l'Asso-
ciation régionale de tir et d'exercices gymnastiques, les a
invités pour exécuter des mouvements d'ensemble avec ac-
compagnement de musique, pendant une conférence pratique
de M. Sehé, sous-inspecteur de gymnastique; ils y ont obtenu
beaucoup de succès.
Leçons en plein air. - Pendant la classe de 9 à 11 heures,
lorsque le temps le permet, une division d'élèves assiste il une
leçon en plein air sur les travaux des jardins et des champs,
dans les diverses plantations du service organisés au point
de vue de cet enseignement.
Jeux. - Pendant la récréation de midi, les infirmiers qui
mangent en même temps que les enfants dans le but de les diri-
ger dans leurs jeux, distribuent cerceaux, boules, palets,
billes, balles et ballons, et engagent tous les élèves à parti-
ciper aux jeux.
La classe de l'après-midi comme celle du matin donne aussi
lieu à des leçons en plein air. De plus, dans la dernière heure,
jusqu'au moment du diner, les instituteurs dirigent des jeux
d'ensemble, tels que jeux de paume, du cochonnet, de barre,
de balle au chasseur, de balle à la crosse, de quilles et de
croquet.
Promenades. - Deux fois la semaine, les enfants sont con-
duits en promenade, sous la conduite des instituteurs, de
préférence à la campagne, où les joueurs se donnent libre
carrière. De temps en temps, les plus valides sont entraînés
dans de longues promenades de 12 kilomètres environ, aller
et retour (de Licètre à Choisy-le-Roi, à Bourg-la-Reine, il Châ-
tillon, à Bagneux, au bois de Vincennes, à la Fête de la place
de la Nation et à différents points du centre de Paris.
Société de jeux. La Fanfare exclusivement composée des
enfants de la Section soutient les marcheurs en jouant de
temps en temps des pas redoublés et des marches militaires,
Grande école; éducation physique. IX
Dans l'intervalle les enfants chantent pour conserver le pas.
Tout récemment les instituteurs ont organisé pour les enfants
une Société (le jeux afin de régler leur activité et de leur
apprendre les nouveaux jeux préconisés par la ligue nationale
d'Éducation physique dont ils font partie depuis 1887.
Escrime. Après le dîner qui a lieu à 5 heures, leçons
d'escrime par séries de 20 sous la direction d'un maître d'ar-
mes du fort de Bicêtre.
Travaux manuels. Les travaux manuels ont lieu toute la
journée dans les ateliers de menuiserie, serrurerie, imprime-
rie, couture, cordonnerie, vannerie, rempaillage et brosserie.
Les enfants sont divisés en deux séries qui se rendent tour
de rôle aux ateliers et en classe.
Travaux ménayers. Pour ne pas laisser inoccupés les
enfants valides on les fait participer, durant les récréations,
aux travaux de nettoyage, de transport du linge, frottage des
salles, et nettoyage du réfectoire.
Gymnastique Pichery. Les enfants de la petite école
sont surtout exercés au point de vue de l'éducation des sens.
Leur gymnastique est celle du système Pichery (gymnastique
de l'opposant). On les exerce au moyen d'un escabeau il sau-
ter de la hauteur d'une marche d'abord, puis de 2, etc... Un
chariot particulier et un système de barres parallèles à hau-
teur variable servent à exercer les plus invalides aux premiers
mouvements des jambes et des bras.
Les jeux usités en récréation, sous la direction des maî-
tresses, sont appropriés à leur âge : les enfants jouent au
tonneau, au passe-boules, au cerceau, au postillon, aux
volants, aux grâces, à la corde, etc.... Des brouettes de toutes
grandeurs sont données aux élèves, pour leur apprendre des
notions d'équilibre et en même temps, les exercer iL porter
de petits fardeaux (linge, sable, etc.).
Gymnastique des filles. Les filles de la Fondation Vallée
suivent des cours réguliers de gymnastique proprement dite
sous la direction d'un maître. Les plus jeunes sont exercées à
la gymnastique de l'opposant. Les jeux sont ceux de leur
sexe, tels que, cordes, guides, volants, cerceaux, ballon, cro-
quet, grâces et aussi jeux de tonneau et de passe-boules, pour
l'éducation de l'oeil et de la main.
x Grande école ; éducation physique.
Les travaux manuels consistent chez elles en couture,
repassage et soins du ménage. Comme les garçons, elles vont
toutes les semaines en promenade dans les environs. »
Dans son discours au Congrès, M. Gaufrés s'est
exprimé ainsi qu'il suit au sujet de la pratique déjà
ancienne qui existe il Bicêtre :
« Ce qui n'est pas d'un moindre intérêt, ni d'une moindre
hardiesse, c'est la culture intensive donnée au développement
physique de ce groupe important d'enfants arriérés relevant
non du département, mais de l'administration connexe de
l'Assistance publique, et formant à Bicêtre l'Ecole des Enfants
idiots et épileptiques, placée sous la direction de M. le Dr
Bourneville. Il y a quatre il cinq cents enfants qui ne pouvant
suivre, et pour cause, de longues études, sont occupés, pres-
que toute la journée à des jeux et exercices de plein air, et il
des travaux qui sont aussi des exercices ; danse, gymnasti-
que proprement dite, avec ses appareils variés, escrime pour
les garçons, promenades pour les élèves des deux sexes, tra-
vaux manuels et domestiques, leçons au jardin toutes les fois
que le temps le permet, mouvements et marches avec chants.
C'est par ces moyens qu'on occupe les heures de ces pauvres
enfants, qu'on égaie leurs journées, qu'on développe leurs
forces, qu'on éveille leur esprit. C'est là de la gymnastique
éducative au premier chef et ces enfants en profitent car Ils
sont en état de prendre part il des concours institués pour des
élèves normaux, ils y recueillent des couronnes; ils vont été
récemment applaudis au Trocadéro. »
La fanfare a continué de fonctionner régulièrement
durant l'année 1892. Elle a participé au concours
musical du XX" arrondissement (2 ? prix de lecture
à vue, médaille de vermeil ; 2° prix d'exécution,
médaille de vermeil) ; au concours festival organisé
par la commune de Gcntilly ( palme et médaille de
vermeil). Elle a donné deux fêtes a l'hospice d'Ivry,
s'est fait entendre il la distribution des diplômes aux
Ecoles municipales d'infirmières, a prêté son con-
cours aux fêtes données dans l'hospice do et
dans le quartier, - La société a acheté sur sa caisse
Fanfare; musée scolaire. XI
un tronbono et un drapeau-fanion en soie. Le compte
rendu financier ci-après donne une idée de son fonc-
tionnement.
XII Promenades ET distractions.
tre serrurier). Ces différents dons témoignent de l'in-
térêt que tout le personnel du service et même de la
maison, porte à l'instruction pratique des enfants. Tous
ces. objets, en effet, servent aux leçons de choses.
Bibliothèque récréative. Cette bibliothèque ins-
tallée dans le Musée scolaire et composée de livres
amusants s'est enrichie de 145 volumes et de gravures.
M.Pinon, directeur de l'hospice, l'a abonnée au J ow'nl1l
des Voyages, au Petit Français illustré et à l'Ecolier
illustré. Au 31 décembre elle comptait 321 volumes.
Promenades et distractions. - Les enfants de la
grande école et ceux de la petite école qui sont propres
ont continué à faire de nombreuses promenades soit à
Paris, soit dans les communes voisines. Nous croyons
inutile d'énumérer les endroits où elles ont eu lieu,
car nous en avons maintes fois donné la liste dans les
précédents Comptes-rendus. Signalons seulement les
promenades à la foire au pain d'épices sur la place de
la Nation, où les directeurs de trois théâtres forains
(MM. Marchetti, Corvi et Laurent) leur ont offert des
représentations. Comme d'habitude tous les enfants
valides sont allés au Jardin d'acclimatation dont le
directeur M. Geoffroy Saint-Hilaire a l'obligeance,
chaque année, de nous envoyer des cartes d' entrée( 1).
Ces promenades n'ont donné lieu il aucun accident
capable d'attirer l'attention et de troubler la tranquil-
lité publique. Le maximum des accès survenus au cours
de ces promenades a été de trois. Le nombre des
enfants qui y ont pris part s'est élevé jusqu'à 1glu à la
fois. Malheureusement il est arrivé que leur nombre
n'était pas aussi élevé, par suite de l'insuffisance des
vêtements de promenade.
(1) Nous demandons également une permission pour les enfants de la Sal-
pêtrière.
Distractions diverses. xiii
Mentionnons enfin les distractions diverses commu-
nes à tous les enfants valides et partagées par les petites
filles de la Fondation Vallée : le" janvier, distribution
de jouets et de bonbons ; en février : matinée drolatique
organisée par les enfants ; grande cavalcade du Mardi-
gras dans les cours de l'asile et de l'hospice, promenade
en musique dans la commune, grand bal paré et travesti
(104 enfants déguisés, 22 de la grande école, 40 de la
petite école, 42 de la Fondation Vallée) ; en mars, même
distraction pour la fête de la Mi-carême ; matinée donnée
par M. et ;\1110 Darthenay (pupazzi) ; - en juillet, fête
du Centenaire des grandes journées de 1792, précédée
la veille d'une conférence avec projections lumineuses
par MM. Boyer et Mesnarcl; matinée musicale et dra-
matique avec le concours de la fanfare municipale de
Gentilly, de la symphonie la Fauvette et de la fanfare
des enfants, jeux pour les garçons et pour les filles,
retraite aux flambeaux ; les enfants de la Société de jeux
sont exercés au jeu de la petite guerre : comme arme
défensive ils ont un bouclier en bois, comme arme de
jet ils ont deux balles ; concert annuel des frères Lion-
net. - En septembre, 40 enfants de la Société de jeux
font une marche militaire et parcourent 26 kilomètres ;
une voiture de la maison suivait la petite colonne, un
seul enfant a dû s'en servir au retour ; - fête du cente-
naire de la proclamation de la République. Tous les
enfants de la section et de la Fondation Vallée y pren-
nent part. Matinée dramatique par les artistes de la
Gaité-Montparnasso (1). Courses et jeux collectifs.
Retraiteauxflambeaux. Feu d'artifice. Les frais ontété
couverts par une quête faite parmi les employés et les
sous-employés do la maison. - En décembre, matinée
en commémoration du 4a anniversaire de la fondation
(1) Les artistes de ]a (Jajté-Iontpal"11asse an nombre de 8 ont prêté leur
concours moyennant la modeste somme de 100 francs. -
XIV VISITES ET congés.
de la Fanfare ; banquet aux membres de la Fanfare.
- Les parents des enfants assistent aux matinées dra-
matiques.
Ces promenades et ces distractions, outre qu'elles
font grand plaisir aux enfants, contribuent à leur
bien-être physique et servent à leur instruction, les en
priver constituent une punition à laquelle ils sont très
sensibles (1).
Visites. Les enfants ont reçu 9.626 visites. Les
visiteurs ont été au nombre de 12.243. Voici la statisti-
que des permissions de sortie et des congés :
Bains et hydrothérapie. XLV
encore davantage dans cette voie. Nous répétons aussi
que ces congés contribuent il maintenir le lien naturel
entre les familles et leurs enfants. Ajoutés aux prome-
nades et aux distractions, ces visites et ces congés
rendent le séjour de l'asile plus supportable aux mala-
des et rapprochent autant que possible notre section
d'un hôpital ou mieux encore, d'un pensionnat ol'cli-
naire.
Vaccinations et revaccinations. Elles ont été au
nombre de 88. Suivant l'habitude, elles ont été prati-
quées sous notre direction et celle de nos internes par
les élèves de l'École municipale d'infirmiers et d'inlir-
mières de Bicêtre.
Service denlaire. Notre ami le DI' Cruct, ancien
interne des hôpitaux, continue ses visites bi-mensuelles
aux enfants de Bicêtre et de la Salpètrière. Les résultats
obtenus au point de vue de l'hygiène de la bouche et
d'une meilleure dentition des enfants sont excel-
lents.
Bains et hydrothérapie . Les bains et les douches,
joints à la gymnastique et il tous les exercices physi-
ques dont nous avons parlé, les bromures, surtout
l'élixir polybrol11uré de Yyon, le bromure de camphre
et les médicaments antiscrofulcux ont continué il être
la base du traitement pendant l'année 1892. Voici la
statisque des bains et des douches de l'année :
xvi Améliorations diverses.
Visites DU SERVICE. xvii
1892 par : le D1' Autokratow, Mistress Burgwin,
Dr Berlier; M. Marcel Berger, architecte; D1' Ber-
geon (de Lyon), D'' Canto, M. P. Dreyfus de la Na-
tion, D Dmitri-Drill, D'' Delaaiau e, M. G. Danville, ré-
dacteur au Courrier du Soir; Dl' Ch. Eloy, D'' A. Frus,
directeur de l'Asile des idiots du Danemark; D'' Four-
nerct; D1' Faucher; D1' Gardiné; M. Gallet; Dr Ghilar-
ducci ; D1' J. Gacon, député; D1' Hache; D1' Ililfrich ;
M110 Anna .Jannoes, (de Christiania) (1); D1' Koenig; Dr
Kratow ; Dr E. Lebrun ; M'" Rose Lyon ; D1' Le Blond ; Dr
Lavalléc ; M. A. Larcher, ingénieur ; D'' Mallac ; M. Man-
lock; M. Nesler (de St-Pétersbourg), architecte; Dr
OthondeFschetsott(deSt-Pétersbourg); DrPojack; Dr
Pozzi; D'V.Péclière;D"1'%"osal)ell ? D'' da Saval ; D'' 0.
Snolfs; D'Saziée ; Dr Targosvla ; Dr Teixera Brandao,
professeur à la Faculté de médecine de Rio de Janeiro ;
Dr Volant; Dr Verhoo'en ; Dr Walter-Chaning (de
Boston). De même que tous les ans la Commission
de surveillance des asiles d'aliénés, présidée par M.
Barbier, et la Commission d'Assistance publique du
Conseil général ont visité le service. - Espérons que
ces visites auront des conséquences heureuses et con-
tribueront à rendre plus facile l'organisation de l'as-
sistance des Enfants idiots et épileptiques, aussi bien
en France qu'à l'étranger !
M usée pathologique . - Le musée, placé sous la
surveillance de notre ancien interne, M. leD1' P. Sollier,
s'est enrichi notablement en 1892, ainsi que le montre
le tableau comparatif suivant (p. xvm) :
1) 1111e A. Jannoes est l'une des maîtresses de l'institution de Linderen,
consacrée aux enfants idiots. Cette institution renferme 120 enfants confiés à
dix institutrices. Elle est venue pendant une semaine, chaque jour, dans le
service, pour se rendre compte de tout ce qui s'y l'ait.
Bourneville, Bicêtre, 1892. **
xvIII ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL.
Enseignement professionnel.
xix
Dumoulin pour la cordonnerie, Mercier pour la b1'OS-
serie, Morin pour la vannerie, le paillage et le can-
nage des chaises, Maréchallat pour l'imprimerie.
Nous sommes heureux de les féliciter tous de nouveau,
non seulement pour le zèle et l'intelligence qu'ils appor-
tent chaque jour à l'instruction professionnelle des
enfants, mais encore pour la bonne direction morale
qu'ils savent leur imprimer. Bien des fois nous avons
insisté auprès de l'Administration pour qu'elle les en
récompense en accordant une suite favorable à la
demande que nous lui avons adressée, afin de les faire
admettre successivement à jouir de la pension de
repos qu'elle accorde aux agents du personnel secon-
daire. Nous avons renouvelé cette proposition lors de
la visite de la Commission du Conseil général. Nous y
revenons encore, convaincu que M. Peyron trouvera le
moyen de réaliser, en faveur de nos maîtres de l'en-
seignement professionnel, leur admission à la pension
de repos ou de leur accorder l'équivalence. Le tableau
suivant met en évidence les résultats obtenus grâce
à leurs efforts :
xx Fonctionnement des ateliers.
Les 7 maîtres sont payés à raison de 6 fr. 50 par
jour, soit pour l'année 16.607 fr. 50. Cette somme étant
déduite de celle du travail des enfants, il reste un
bénéfice de 17.563 fr., soit 2.2G9 fr. de plus qu'en
1891. Ces chiffres, établis soigneusement par l'inspec-
teur du service d'architecture, M. Delahaye, et par M.
Husson, économe, montrent que le travail des enfants
couvre, non seulement la dépense occasionnée par le
salaire de leur maître, mais encore et au-delà l'intérêt
du capital (210.000 fr.) engagé dans la construction des
ateliers. « C'est là d'ailleurs, répèterons-nous, une
considération secondaire. En effet, l'enseignement
professionnel rend des services d'un ordre bien autre-
ment supérieur. Il permet de donner à un certain
nombre d'enfants un métier qui, à leur sortie, les
mettra en mesure de gagner leur vie. Quelques-uns
ont déjà quitté l'hospice et sont placés; d'autres le
seront aussitôt que les circonstances le permettront.
Il nous aide à donner à un plus grand nombre d'en-
fants le moyen d'atténuer le sacrifice que la société
s'impose pour eux. Précisons par un exemple. Nous
avons à l'atelier de couture des hémiplégiques, c'est-
à-dire des malheureux condamnés presque certaine-
ment à passer toute leur existence à l'hospice ; la plu-
part sont ou deviendront de bons tailleurs. Autrefois
ils ne savaient rien faire : maintenant, grâce à l'ensei-
gnement qu'ils reçoivent, une fois passés aux épilepti-
ques adultes, s'ils ont encore des accès, ou passés dans
les divisions de l'hospice, s'ils n'en ont plus, ils pour-
ront travailler à l'atelier commun de la Maison et leur
travail compensera en partie, et pendant de longues
années, les dépenses de leur entretien, en même temps
qu'il leur fournira quelques ressources personnel-
les. »
Bien des fois depuis près de dix ans, nous avons
Fonctionnement DES ateliers. XXI 1
réclamé à l'Administration la création d'un emploi
de maître-jardinier et nous avons donné, à l'appui,
de nombreux motifs. Nous avons obtenu satisfaction
cette année et au mois d'octobre M. Peyron a autorisé
le directeur de Bicêtre, M. Pinon, à choisir le titulaire
de ce modeste, mais très utile emploi. Grâce à cette
création, nous pourrons exiger que les maitres et les
maîtresses des écoles soient prévenus chaque fois
qu'auront lieu des travaux de jardinage, de labourage,
de hersage, de semailles, de fauchage, etc., etc., quand
il s'agit du champ des céréales ou des plantes fourra-
gères. Outre les avantages que nous venons d'énumé-
rer, le maître jardinier pourra utiliser, s'il remplit
bien les conditions d'un véritable maître, non seule-
ment les enfants qui désirent apprendre le métier de
jardinier, mais aussi un certain nombre d'enfants qui
se plaisent aux grosses besognes.
Nous terminerons ce chapitre de l'enseignement
professionnel, en reproduisant ce que nous disions
l'an dernier et qui a une réelle importance au point
de vue du succès de nos ateliers et de l'intérêt des
finances de l'Assistance publique.
« Lorsque les enfants de nos ateliers de brosserie,
vannerie, canage et imprimerie sont devenus adul-
tes et passent dans les autres sections du quartier
des aliénés ou dans les autres divisions de l'hospice,
ils ne peuvent plus continuer l'exercice de la profes-
sion que nous leur avons fait enseigner, l'établisse-
ment n'ayant pas d'ateliers similaires. Nous avons
demandé et dans l'intérêt de ces malades et dans
celui de la Maison, qu'ils fussent autorisés à venir
travailler dans nos ateliers, au sur et à mesure des pla-
ces disponibles. Il est certain que, en raison des
besoins des malades, il sera indispensable d'avoir
dans le département de la Seine un asile pour les idiots,
les imbéciles et probablement les épileptiques adul-
xxii Enseignement professionnel.
tes, avec des ateliers où les malades pourront continuer
à leur avantage et à celui des finances départemen-
tales, la profession qu'ils auront apprise dans les sec-
tions d'enfants. »
Les ateliers de menuiserie et de serrurerie doivent
pourvoir d'abord aux besoins des autres ateliers, puis
à ceux de la section, enfin aux besoins de la Fonda-
tion Vallée, annexe de Bicêtre, consacrée auxarriérées.
Les ateliers cle couture et de cordonnerie travaillent
exclusivement à la confection et à la réparation des
vêtements et des chaussures des enfants. Nous avons
la conviction que si le personnel chargé de la surveil-
lance durant les récréations faisait strictement son
devoir, exerçait une véritable surveillance et surtout
s'intéressait aux jeux des enfants, la destruction des
effets d'habillement et des ohjets mêmes qui servent
à l'amusement des malades, deviendrait chaque jour
de moins en moins considérable. Les ateliers de vanne-
rie, de rempaillage, de canage des chaises et de bros-
serie font face aux besoins de la section et de l'hospice,
et font, en outre, d'importantes livraisons au Magasin
central de l'Assistance publique (1).
III.
Statistique. - Mouvement DE la population.
Le 1 cr janvier 1892, il restait dans le service
434 enfants : 414 enfants idiots, imbéciles ou épi-
leptiques dits aliénés, et 20 réputés non aliénés. Sur
ce chiffre, 5 sont atteints de surdi-mutité et 11 de
(1) L'atelier de brosserie, en 1802, a livré 6.DOO brosses au Magasin cen-
tral et 1.011 à Bicêtre. L'atelier de vannerie a réparé 180 paniers ponr Bicê-
tre et fabriqué 3G7 paniers ou mannes tant pour cet établissement que pour le
Magasin central. Il a rempaillé 430 chaises pour Bicêtre, Lourcine et la
Salpêtrière et canné 101 chaises pour Bicêtre.
MOUVEMENT DE LA POPULATION.
xxiii
cécité. Voici le mouvement de la population en
1892 :
XXIV DÉCÈS.
DÉCÈS. XXV
XXVI
DÉCÈS.
DÉCÈS. XXVII
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Xxvi Population; personnel DU service.
Évasions. - Elles ont été au nombre de quatre
Dup.... Dup.... Maa.... Plu
Transferts. - Il Y a eu 7 transferts : Lorr..., à l'asile
de Saint-Dizicr; Pasq..., à l'asile de Tours; Jcand...,
àl'asiledeClermont;Grom...,v1'asile d' Arment ières ;
Pép..., à l'asile de Vaucluse; Goul... et Garr..., à
l'asile de Clermont.
Maladies épidémiques et contagieuses. Le pavil-
lon d'isolement a reçu dans le courant de l'année 31
enfants (30 garçons et 1 fille) atteints de la rougeole ;
il y a eu trois décès ; 3 cas cl'éoispèle (2 garçons 1
fille) ; - 1 cas de coqueluche (fille) ; 1 cas de ch'p/t-
thérie (enfant d'une surveillante) suivi de mort; 10
cas de gale et 4 de rarioloïde légère. Au 31 décembre
il restait trente enfants atteints de la teigne.
Population au 31 décembre 1892. On comptait à
cette date clans le service 41'1 enfants, se décompo-
sant ainsi : 415 enfants idiots, imbéciles ou épilcp-
tiques, dits aliénés, et 26 réputés non aliénés. Sur ce
chiffre 5 enfants sont affectés de surdi-mutité et 11
de cécité. Signalons les ruminants au nombre de
18.
Personnel du service en 1892. - Le personnel était
ainsi composé : 10 pour le se l'vice médical : de21ntcrnes
titulaires. MM. Dauriac et Ferrier, d'un interne provi-
soire, M. Noir et de M. le D'' P. Sollier, conservateur
du Musée pathologique ; - 2° pour le service sco-
laire : a) Grande école : d'un instituteur, M. Boutiller,
et do deux institueurs adjoints, MM. Boyer et Mes-
nard ; d'un professeur de chant, M. Pény; d'un profes-
seurdegymnastique, M. Goy; de cleuxmoniteurs, admi-
nistrés de l'hospice ; d'un maître d'escrime, M. Godin ; i
Personnel DE service. RRV11
d'un suppléant, M. Routier, et de deux infirmiers dont
un ayant le grade de premier infirmier. - b) Petite
école : de Mlle Blanche Agnus, surveillante ; de 111°°
Amandincl3ollain, sous-surveillante; de l"" Givalois,
suppléante; de M"11 Lacroix, boursière; d'une Il infir-
mière, l\I111" Grizard, chargée du pavillon d'isolement ;
de 9 infirmières de dortoirs qui, quand elles ont fini
leur besogne, viennent aider les maîtresses d'école ;
3° pour l'enseignement professionnel : de huit
maîtres dont nous avons donné les noms plus haut;
plus un infirmier de garde; - 4° pour le seou-ice hos-
]Jilalier : de M. Agnus, surveillant; de M. Siégel,
sous-surveillant; do Mille Bié, sous-surveillante (bâti-
ment des gâteux) ; de DI"° Ath. Bohain, sous-surveil-
lante (infirmerie) ; de )1"le Gladel, suppléante de nuit;
d'un suppléant (baigneur), M. Givalois; de 2 pre-
miers infirmiers (musée, portier), de 28 infirmiers et
cle 3o infirmières de jour ou de nuit, d'un perruquier;
total du personnel secondaire : 71.
Tout le personnel s'efforce, en général, de nous
seconder; malheureusement, il est en nombre insuffi-
sant, d'abord en raison même de la nature des maladies
dont sont atteints les enfants et, par suite aussi du
chiffre de la population qui, au 31 décembre, dépassait
de 71 le chiffre réglementaire.
Section II : Fondation Vallée.
Histoire du service pendant l'année 1892.
I.
Situation du service. Enseignement primaire.
Les besoins du service des aliénés ont fait fléchir
la règle que nous nous étions fixée de limiter la popu-
lation de la Fondation Vallée à 100 enfants au maxi-
mum. La population il la fin de l'année 1892 atteignait
le chiffre proportionnellement beaucoup trop consi-
dérable de 1 12 enfants. Le cube d'air correspondant à
chaque lit, qui était déjà un peu faillie pour une popu-
lation de 100 enfants, est devenu aujourd'hui, avec les
lits supplémentaires, tnut-tt-/iait in.m.c ? isant. Cette
situation est encore aggravée par l'existence, il la Fon-
dation, d'une proportion considérable d'enfants ttez-
ses (42), et par l'impossibilité où nous sommes, en raison
de l'exiguïté des locaux, cle répartir les enfants en
différents groupes, ce qui nous contraint, en particu-
lier, de mélanger, dans les mêmes classes, les enfants
gâteuses valides avec les enfants propres.
Les enfants idiotes gâteuses invalides ont pu, ainsi
que nous l'avons dit l'an dernier, être isolées; elles
Enseignement. xxxix
ont leur dortoir, leur salle de réunion (servant en
même temps de réfectoire, ce qui est fâcheux), et un
préau découvert. Nous avons fait bitumer le sol de
ce dernier : ce qui permet aux enfants cle faire leurs
exercices de chariot. Une tente-abri, pouvant se dé-
monter, a été installée pour protéger les enfants
contre les ardeurs du soleil.
On sait qu'il s'agit là d'une catégorie d'enfants sou-
vent incapables, non seulement de marcher, mais
même de se tenir debout. Il faut donc exercer leurs
jambes et pour cela, de même qu'à Bicêtre, nous les
plaçons dans des barres parallèles; nous les faisons
sauter sur place en les tenant sous les bras; nous leur
faisons pratiquer des frictions stimulantes sur les
jambes et les cuisses, et nous leur faisons exécuter des
mouvements de flexion et d'extension de toutes les join-
tures des membres (Massage). De plus nous faisons
asseoir les enfants de ce groupe sur une balançoire
spéciale, disposée de façon que les pieds vont battre sur
un tremplin vertical en bois, collé contre le mur, trem-
plin qui repousse et reçoit les pieds tour-à-tour (1). On
pourrait appeler cet appareil : balançoire-tremplin.
Nous n'avons eu qu'à nous féliciter de l'emploi de
la laine de tourbe pour les coussins perforés des fau-
teuils et des bancs des enfants gâteuses.
L'Enseignement est confié exclusivement à des
femmes sous l'habile et intelligente direction de mille
Berthe Langlet, surveillante. Les procédés employés
sont les mêmes qu'à la section des enfants de Bicêtre.
Tout le matériel scolaire est identique. Les leçons
de choses sont multipliées autant que possible et com-
plétées par des promenades dans le domaine et aux
environs. Les enfants assistent à toutes les opéra-
(t) Y. Sepuin. et EIiteatioit tled ttfio, p. 3 ? 7 : Un appa-
(1) Y. Se¡ : (lIin. - TI'aileml'nl et Education des idiots, p. 3;,î : Un appa-
reil semblable fonctionne dans le ! Jumna.e pour les enfants valides.
XL Enseignement professionnel.
tions du jardinage, participent à la récolte des légu-
mes et des fruits.
106 enfants ont fréquenté l'école et ont été exercées
à la gymnastique Pichery. 38 des plus grandes ont
suivi les exercices de la grande gymnastique (mou-
vements, appareils, etc.). Les échelles convexes nous
sont d'un grand secours pour remédier à la tendance
qu'ont un certain nombre d'enfants il tenir la tête et
le tronc inclinés en avant. M. Goy, maître de gym-
nastique iL Bicêtre, est venu régulièrement tous les
jeudis donner une leçon afin de dresser le personnel
et de s'assurer de la régularité des exercices. Nous
avons pu, enfin, obtenir pour lui une modique indem-
nité annuelle.
40 enfants savent se servir de la cuiller, cle la
fourchette et du coutcau; 39 de la cuiller et do la
fourchette; 17 de la cuiller. 16 enfants ne savent pas
manger seules. Trois enfants gâteuses sont deve-
nus propres : Banc ? Galmi ? et Pich.. Les deux pre-
mières ont en outre appris à manger sans aide.
Enseignement professionnel. Nous tenons en
premier lieu à apprendre aux enfants tout ce qui est
nécessaire pour essayer fd'en faire de bonnes ména-
gères. Le matin, après leur toilette, on leur apprend
à faire leurs lits, il entretenir proprement leurs dor-
toirs. On leur enseigne iL mettre et a retirer le couvert,
à laver la vaisselle. Nous avons choisi 10 des moins
arriérées; nous les faisons manger avant les autres et
on les dresse spécialement pour qu'elles sachent
manger aussi convenablement que possible. Nous nous
en servons ensuite pour faire l'éducation, au point de
vue particulier de la préhension des aliments et de la
tenue à table, des autres enfants moins intelligentes :
elles leur servent en quelque sorte de monitrices.
Les deux ateliers que nous possédons ont fonctionné
Enseignement professionnel. XLI
comme par le passé : 65 enfants vont à l'atelier de
couture, les unes pendant une heure seulement, les
autres durant quatre heures. Au 31 décembre dernier,
22 étaient devenues des apprenties sérieuses. Elles font
ou raccommodent des tabliers, des robes, des jupons,
des bavettes, des pantalons, des pèlerines, des mou-
choirs, des chapeaux, des costumes pour leurs bals du
Mardi-gras et cle la Mi-carème.
35 enfants ont fréquenté l'atelier de repassage,
d'abord pendant une heure puis durant quatre 'heures.
Nous retrouvons-la les 22 meilleures apprenties de
l'atelier de couture. Elles repassent des tabliers,
des jupons, des mouchoirs, des bavettes, des ri-
deaux, des bonnets, des fichus, des corselets, des pan-
talons. z
Le travail, évalué par M.- Husson, économe de
Bicêtre, d'après les tarifs de-cet établissement, s'est
élevé a 560 fr. pour le premier atelier, dirigé par M1"0
Hetman et à 1.052 fr. pour le second, dirigé par M"10
Lcjeunc, soit au total 1.611 fr. Ce chiffre est inférieur
de 261 fr. à celui de l'année 1891. Cela tient à ce que
pendant deux mois, par suite de la construction d'un
calorifère pour le bâtiment des classes, les travaux
professionnels n'ont pu se faire dans de bonnes con-
ditions. Le tableau ci-après donne le produit mensuel
du travail en 1892 (Voir p. xi,iil.
Nous devons ajouter qu'un certain nombre de
jeunes filles ont appris à faire du tricot ( ! i), du crc-
chet (10), de la tapisserie (2), à marquer (8), et
qu'elles ont confectionné quelques layettes. MIlo Lan-
glet a eu l'heureuse idée d'organiser une petite expo-
sition des objets fabriqués par les enfants le jour de
la visite de la Commission d'assistance du Conseil
général.
Visites, permissions de sortie et congés. Les
YLII Visites, bains, hydrothérapie.
Bains, distractions, HYDI10THI : ;I\APIE. XLIII
gâteuses ou aux jeunes filles pubères. Les enfants
valides vont prendre leurs douches dans la section des
enfants de Bicêtre, et les enfants invalides les pren-
nent à la Fondation même. Les bains de pieds sont
également donnés à Bicêtre, où existe, comme nous
l'avons déjà dit, une installation rendant facile le lavage
simultané des pieds d'un grand nombre de malades (1).
Voici la statistique des bains et des douches en 1892 :
RLIV Distractions ; chauffage. '
nées dramatiques organisées par les garçons, au con-
cert des frères Lionnet, etc., etc.
Estimant que la séparation arbitraire qu'on établit
de nos jours entre les enfants des deux sexes est con-
traire à la nature, nous n'avons pas hésité, en dépit de
certaines craintes administratives, a faire venir les
petites filles do Vallée il toutes les l'êtes données au
gymnase de la Section des garçons, il leur faire prendre
rang dans le cortège du Mardi-Gras et delà Mi- Carême ;
à faire ces mêmes jours un bal commun aux garçons et
aux filles. Il va de soi que nous donnons au personnel
des instructions pour redoubler de surveillance. Ces
bals et ces réunions n'ont jamais donné lieu Ù aucun
désordre.
Chauffage. Le chauffage du bâtiment des classes,
de l'ouvroir et du gymnase étant très insuflisant,
n'atteignant que 3" ou 4" au mois de janvier, nous
avons dû le faire évacuer et laisser les enfants dans
les réfectoires et, pour remédier à une situation
aussi fâcheuse, nous avons demandé la reconstruction
du calorifère. Ces travaux, qui ont entraîné la réfection
du parquet du gymnase, ont commencé à la fin de
septembre. Ils auraient dû être faits au mois de juil-
let et d'août ce qui aurait permis de l'aire travailler
les enfants dans le jardin, tandis que nous avons été
obligé de nous servir du réfectoire et pour l'école et
pour la couture. Les travaux ont été terminés le 10
novembre.
Améliorations diverses. La Fondation étant ali-
mentée en eau de Seine, nous avons réclamé et obtenu
un filtl'c Chambel'lancl (avril). Citons encore la transfor-
mation des matelas et des traversins desgatcuscs dont
la laine ou la paille ont été remplacées par de la laine
de tourbe; l'aménagement de la cour voisine du
Statistique. XLV
dortoir des gâteuses, dont le sol a été nivelé, avec un
chemin cimenté pour l'exercice du chariot, et qui
a été pourvue d'une tente pour protéger les enfants
contre les rayons du soleil (1); - l'achat d'une lan-
terne magique; - l'aménagement du premier étage
du bâtiment des écuries et remises en logements pour
des sous-employées mariées.
Maladies épidémiques. Une enfant, Lent.. (Pau-
line) est entrée à la période d'incubation de la rougeole;
elle a guéri; une autre Leg... Alice est entrée avec
lacoqueluehc ; quatre enfants ont eu la teigne et sont
guéries. Toutes ces malades ont été traitées au pavil-
lon d'isolement de Bicêtre.
Enumération des travaux faits, par l'atelier de
menuisel'ie des enfants de Bicêtre pour la Fondation
Vallée. - En avril : trois planches pour la coupe;
table avec tréteaux; barres parallèles pour la gymnas-
tique ; une table scolaire ; - en zzai : chariot pour les
pansements; - en décernée : une armoire.
II.
Statistique. - Mouvement DE la population.
Le 1 CI' janvier 1892, il restait à la Fondation 99
enfants se répartissant ainsi :
XLVI
Mouvement de la population.
Sur ce nombre 43 étaient gâteuses; 3 atteintes de
surdi-mutité et 3 de cécité. Voici le mouvement de
la population en 1892 : --
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Personnel du service. ILIl
Population au 31 décembre 1892. Il restait à
cette data à la Fondation, 1 12 cnfants se décomposant
ainsi :
III.
Projet d'agrandissement de la Fondation Vallée.
Premier rapport.
En qualité de membre de la Commission de sur-
veillance des asiles de la Seine, nous avons été chargé
d'étudier la question de l'agrandissement de la Fon-
dation. Voici le texte du Rapport que nous avons fait
à cette Commission dans sa séance du 2 juin :
Messieurs, .
Dans de précédents rapports, nous vous avons exposé
l'historique et l'organisation de la Fondation Vallée. Nous
vous avons décrit son fonctionnement durant les exercices
1890 et 1891 dans une Notice qui vous a été distribuée au
cours de cette visite.
En 1889, vous avez nommé une Sous-Commission char-
gée d'étudier l'utilisation ultérieure du domaine. Dans la
séance du 5 décembre 1889, vous avez adopté entre autres
propositions la suivante :
« 2° L'étude à bref délai d'un programme pour la
construction sur ce domaine d'un établissement autonome
destiné à l'entretien de 300 jeunes filles idiotes ou arrié-
rées. »
Lors de votre visite à la Fondation Vallée, le 7 mai 1898,
nous avons appelé votre attention sur les différents moyens
d'agrandir le domaine légué par M. Vallée :
1° Acheter le terrain enclavé dans le domaine et don-
nant sur la rue Benserade; 2° ou acheter le terrain qui
longé au sud ce domaine ; 3° ou enfin acheter les terrains
vagues situés au-dessus de l'institution, longeant la rue
lienserade et le chemin de l' I ty.
Projet d'agrandissement. LI
I.
Vers le mois de novembre dernier, M. E. Trélat, al'l'hi-
tecte en chef du département, est venu officieusement nous
demander, non pas un programme détaillé du futur asile,
dont l'Administration l'avait de tracer les plans,
mais un aperçu général. Il nous a semblé naturel de lui
poser les questions préjudicielles ci-après :
1° Quel est le terrain adopté par l'Administration pour
l'édification de l'asile ? z
2- Quel est le nombre de malades que l'Administration
se propose d'y placer ?
Les réponses furent négatives. Nous pensions inutile de
poursuivre notre entretien dans de telles conditions.
M. Trélat ayant insisté afin que nous lui fassions con-
naître nos idées sur l'organisation d'un asile pour les
petites filles idiotes et épileptiques, nous lui avons répondu
que l'on pointait prendre pour base d'une telle organisa-
tion, la section des enfants de et qu'il convenait
en conséquence de prévoir les services suivants : .
1° Services de jour : Des écoles pour l'instruction pri-
maire, avec un certain nombre de classes permettant de
grouper les enfants et comprenant une salle pour le traite-
ment du gâtisme et des préaux multiples afin d'en réserver
un pour les enfants gâteuses, un pour les enfants les plus
jeunes et un pour les plus grandes ; des réfectoires, dont
l'un spécialement réservé aux enfants gâteuses, tous pour-
vus de vastes offices, où l'on pourra apprendre aux
enfants il nettoyer la vaisselle ; - des ateliers pour l'en-
seignement professionnel (couture, repassage, brochage,
buanderie, lingerie, etc.).
2° Services du traitement physique : Gymnase ; Salle
pour apprendre aux enfants il cirer leurs chaussures; -
Salle de bains et d'hydrothérapie; -Salle de bains de
pieds. Ces trois derniers services sont indispensables si
l'on veut assurer un état constant de propreté à la caté-
gorie d'enfants pour lesquels l'asile est créé.
LII Fondation Vallée.
3° Services de nuit : Dortoirs de 20 lits avec lavabos,
cabinets d'aisances, meubles de toilette, bidets, etc.
4° Bâtiment des enfants gâteuses invalides, avec réfec-
toire, salle de réunion avec appareils servant à appren-
dre à se tenir debout, à marcher, etc., enfin salle spéciale
pour le traitement du gâtisme. Il conviendrait d'établir
dans ce bâtiment une division entre les enfants suscepti-
bles d'être améliorés et les enfants reconnus absolument
incurables. (Les idiotes, en petit nombre, et les épilepti-
que,s devenues démentes).
5° Service hospitalier : a. Infirmerie avec chambre
d'isolement pour les cas douteux, chambres d'infirmières,
réfectoire, office, bains, lavabos, cabinets d'aisances, etc. ;
- b. Pavillon pour les maladies contagieuses ; c. Pavil-
lon de cellules.
Il ne pouvait s'agir là que d'un programme général fait
au pied levé et comportant, il va de soi, des modifica-
tions. Toutefois nous avons signalé la nécessité d'éviter
les escaliers, d'avoir des portes et des couloirs larges afin
de faciliter les communications et d'imiter dans les cons-
tructions ce qui a été fait il Bicêtre, en tenant compte des
améliorations que l'expérience a fait reconnaître indispen-
sables. Nous n'avons rien dit du logement du médecin-
directeur, ni du personnel médical, ignorant si l'on veut et
si l'on peut utiliser pour le logement du personnel médi-
cal, des institutrices, des employées et infirmières, quel-
ques-uns des bâtiments qui existent.
En ce qui concerne la cuisine, nons estimons qu'elle
doit être aménagée de telle façon, quelle puisse servir en
quelque sorte d'atelier pour apprendre la couture aux
enfants.
II.
Nous n'avions plus entendu parler de cette affaire, lors-
qu'à la fin du mois d'avril, l'Administration nous a envoyé,
conformément à un vote du Conseil général du 27 déecm-
PROJET d'agrandissement. lui
bre 1891. un dossier sommaire relatif l'agrandissement
de la fondation Vallée. « Le service d'architecture, y est-
il dit. a été invité, conformément au vote du Conseil géné-
ral du 27 décembre 1891, il faire établir :
« 1" L'avant-projet d'un bâtiment destiné à recevoir 100
lits d'enfants avec les services nécessaires :
« 2" Le plan d'ensemble relatif il la construction de bâti-
ments pouvant conctnir 400 enfants. o
L'Administration demande l'avis de la Commission de
surveillance sur le principe même du projet et sur la cons-
truction d'un bâtiment pour 100 lits.
Cette dernière proposition, qui est urgente, ne nous
paraît pas pouvoir être tranchée, si on n'est préablement
d'accord sur l'ensemble du futur asile.
D'après ce plan, le futur asile occuperait : 1° Le domaine
actuel ; 2° tout le terrain vague situé en avant de la fonda-
tion entre la rue Benserado et la route départementale de
Paris il l'IIay ; ;)0 le terrain enclavé dans le domaine ; 4° le
terrain situé au sud de la fondation Vallée, dans toute sa
longueur; en d'autres termes, tous les terrains sur les-
quels nous avions appelé l'attention de la Commission.
La superficie totale de ces terrains serait de 45,472
mètres carrés (1).
La superficie occupée par les enfants de Bicêtre est de
3(l,b(I mètres carrés.
Examinons maintenant avec vous le plan provisoire
dressé par M. l'architecte et que nous mettons sous vos
yeux.
M. l'architecte place le bâtiment de l'administration et
l'entrée principale sur la route de l'IIay. A gauche de la
cour d'entrée, se trouve le pavillon d'habitation du direc-
teur ; en face du bâtiment d'administration, l'infirmerie, le
pavillon des agitées et, vers la rue Benserade; le pavillon
des contagieuses. le tout sur la même ligne.
lit Fondation Vallée.
Au-delà, en descenc ant le coteau et parallèlement il la
série des trois services dont nous venons de parler, s'élève
le bâtiment des gâteuses (hospice), du côté de la rue Ben-
serade, et au-delà, vers le sud, la buanderie.
Puis, vient une immense cour, répondant il toutes les
constructions actuelles et les dépassant au-dessus et au-
dessous. Cette cour est limitée en bas par la cuisine, au
sud est un g-rancl bètiment sc prolongeant vers la rue Ben-
serade. Le rez-de-chaussée de ce grand bâtiment com-
prendrait la salle de gymnastique, des réfectoires pour
HO enfants. Au-dessus, il y aurait deux étages compre-
nant six dortoirs de 20 lits chacun.
C'est ce bâtiment que l'Administration propose de cons-
truire immédiatement.
Plus bas. nous trouvons un autre bâtiment. La légende
dit : « Au-dessous, un étage, trois ateliers de 100 places;
au rez-de-chaussée. neuf classes dont huit de 32 élèves et
une de '1 '1. Au-dessus un étage, composé de trois dortoirs
de vingts lits chacun.
Enfin, plus bas. à cheval sur l'enclave et sur le terrain
de la ferme, un dernier bâtiment composé d'un rez-cle-
chaussée comprenant, au centre, les bains et la salle d'hy-
drothérapie, il gauche et il droite un préau couvert et au-
dessus deux étages pour six dortoirs de vingt lits chacun.
Enfin, il l'angle sud-ouest, donnant sur la rue du Bout-
Durand, le service des morts.
Une galerie de communication, prenant son origine
entre l'infirmerie et le pavillon des agitées et descendant
jusqu'au préau situé au sud du bâtiment des bains, dessert
tous les services. Des galeries latérales aboutissant il la
buanderie et il la cuisine, ou s'élendant du pavillon des
agitées au pavillon des contagieuses, faciliteront le ser-
vice.
Telle est la disposition générale des bâtiments qui doi-
vent composer le nouvel asile.
111.
Nous devons vous présenter quelques remarques gêné-
PROJET d'agrandissement. LV
raies avant d'aborder l'étude du projet de construction du
bâtiment destiné il recevoir cent enfants.
1° Nous ne voyons aucune utilisation des bâtiments
existants ; peut-être aurait-il été possible d'affecter au
logement du médecin-directeur l'ancien pavillon d'habita-
tion de M. Vallée et de se servir, au moins durant une
dizaine d'années, des autres bâtiments.
1° Nous ne trouvons aucune indication d'un parloir pour
les familles les jours de visite.
3° L'hôpital, c'est-à-dire l'infirmerie, le pavillon des
contagieuses, le pavillon des cellules, ne nous paraît
pas il sa véritable place. Ce n'est pas à l'entrée de
l'asile, mais plutôt au fond que l'hôpital devrait être
placé. En effet, chaque fois que les enfants sortiront
pour aller en promenade, ou pour venir au parloir,
qui a sa place naturelle à l'entrée de l'établisse-
ment, ils seront obligés de passer entre les cellules et
l'infirmerie. Il en sera de môme pour tout le personnel
quand viendra au bâtiment de l'Administration ou se
rendra au dehors. Les corps des enfants décédés passe-
ront tout le Ion ? des services de jour pour être transpor-
tés à l'amphithéâtre. Nulle indication d'une étuve à (lésiii-
fection.
4° La buanderie, qui doit être un véritable atelier, se
trouve au voisinage de l'infirmerie, à une très grande
distance des autres ateliers. -
5" La lingerie est placée au-dessus de la buanderie.
Nous pensons qu'on ne doit rien mettre au-dessus de la
buanderie qui a besoin d'être largement aérée et de pou-
voir laisser échapper très facilement toutes ses buées.
G" Les ateliers paraissent être prévus dans le sous-sol
des écoles, ce qui nous semble tout il fait défectueux.
7° Le service balnéo-hydrothérapique est surmonté de
deux étages. Or, dans ces derniers temps on a construit
LVI Fondation Vallée.
ces services sans étages, par suite des inconvénients qui
résultent de l'humidité, des vapeurs, etc. C'est ce principe,
déjà admis avant nous, que nous avons fait prévaloir à
Laennec, à Lourcine, il la Salpêtrière, à Bicêtre.
8° Contrairement au principe accepté il peu près par tous
les médecins aliénistes pour la construction des asiles, les
bâtiments ne doivent avoir qu'un rez-de-chaussée ou tout
au plus un étage. Or, plusieurs des bâtiments du futur asile
doivent avoir deux étages, ce qui nous paraît déplorable.
Et, comme il s'agit de placer dans cet asile des enfants
infirmes, paralytiques ou atteintes de maladies conntlsi-
ves, les inconvénients des étages sont encore plus considé-
rables que dans les asiles consacrés aux aliénés adultes.
C'est parce que nous connaissions par expérience tous les
inconvénients, pour ces enfants, des bâtiments il plusieurs
étages, que nous avons fait prévaloir à Bicêtre les pavil-
lons il rez-de-chaussée.
IV.
Arrivons maintenant l'examen du projet particulier
qui consiste il construire immédiatement un pavillon de
100 lits.
La dépense totale, est-il dit dans la lettre d'introduction
de M. le Préfet de la Seine, « est de : ".33 ? .ih0 fr. et de 222,
720 francs pour la construction d'un pavillon de 100 lits. »
« En présence du chiffre élevé de cette dernière évalua-
tion, l'Administration a fait rechercher quelle serait la
dépense d'une construction provisoire analogue il celle
qui existe à la colonie de Vaucluse et il celle qui vient
d'être édifiée Il Salpêtrière pour les petites filles idiotes.
« Il résulte du rapport de M. l'architecte en chef du
département, qu'en raison de la nature du sol et de sa
déclivité, un baraquement analogue il celui de la Salpê-
trière entraineraît une dépense d'environ 1 10,000 francs.
Dans ces conditions, il semble qu'il y aurait avantage il
adopter immédiatement le projet d'une construction défi-
nitive.
« « Toutefois, dit M. le Préfet en terminant, avant de
Projet d'agrandissement. L'II
faire procéder il l'établissement des devis détaillés de l'o-
pération, je vous demanderai, Monsieur le Président, de
vouloir bien provoquer sur le principe même du projet
l'avis de la Commission de surveillance. »
L'Administration nous parait avoir agi sagement en
abandonnant l'idée d'une construction provisoire.
Il ne nous reste plus qu'à vous donner la description du
pavillon définitif, d'après le rapport de l'architecte en chef
du département à M. le Directeur des travaux :
« Ce bâtiment, en raison de la nature du sol et de sa disposi-
tion sur rampe, demandera des fondations d'une assez grande
profondeur(3'" environiet permettra d'établir un sous-sol qui
assainira le bâtiment. Il y aura au-dessus de ce sous-sol un
rez-de-chaussée, un premier étage dans toute la surface et un
deuxième étage dans toute la partie du centre, conformément
aux plans ci-joints.
« La construction sera en béton dans les fondations, en meu-
lière dans la hauteur du sous-sol et en moellon dans la hauteur
des étages; les parements extérieurs seront appareillés et
piques ; les verrous, les appareils de croisées, les bandeaux et
corniches d'entablement seront seuls en pierre de taille; les
planchers en fer, les combles, faux-planchers et les escaliers
en bois ; les parquets en chêne, ainsi que les portes et croisées ;
les peintures a l'huile, 3 couches ; vitrerie ordinaire, calorifère
de puissance suffisante pour chaufler tout le bâtiment.
Estimation.
LVIII Fondation Vallée : discussion.
la moitié de ce nombre nous semble amplement suffisante.
Le plan montre encore que l'on placera les lits deux par
deux entre les fenêtres. Le système adopté dans la section
des enfants de Bicétre et qui consiste il placer un lit entre
chaque fenêtre nous paraît de beaucoup préférable. Et nous
ne sommes pas seul de cet avis. La largeur des dortoirs
nous parait insuffisante. Nous n'avons aucune indication
sur le cube d'air.
Nous arrêtons la notre examen. Nous espérons, Mes-
sieurs, vous avoir donné une idée exacte de l'affaire qui
vous est soumise. A vous de vous prononcer.
M. le Président. - Il résulte, Messieurs, du savant rapport
de notre collègue M. le Dr Bottrtiet-ille , que l'Administration
nous demande un avis de principe relativement à la construc-
tion sur les terrains de la Fondation Vallée, d'un asile pour
400 jeunes filles idiotes et arriérées, et subsidiai rement l'adop-
tion du projet de construction immédiate d'un premier bâti-
ment pour 100 de ces jeunes filles.
Ne pensez-vous pas, il la suite des observations présentées
par notre collègue dans le rapport dont il vient de nous don-
ner lecture, qu'il y aurait lieu de soumettre cette question à
une sous-commission d'étude chargée de nous faire connaître
son appréciation non seulement sur la question de principe
posée par l'Administration, mais aussi sur celles relatives au
mode de construction des bâtiments eux-mêmes (rez-de-
chaussé, un ou deux étages, etc.) ?
M. DESCHAMPS. - Le projet de construction d'un bâtiment
à deux étages ne répond pas aux sentiments de M. le D''Bo)t}'-
neIJitle qui le voudrait à un rez-de-chaussée, ou tout au plus
à un étage. Tout en me réservant de revenir s'il y a lieu sur
cette question, je demandrai à M. le Directeur des affaires
départementales s'il peut nous affirmer que la construction de
ce premier bâtiment ne nous coûterait pas plus de 222.000
francs ? Des dépenses d'agrandissement des services généraux
de la Fondation Vallée ne me paraissent pas comprises dans
ce projet. Or, il est évident que si vous augmentez de 100 lits
la population de cette fondation en la portant de 1UO à 200
lits, vous devrez de toute nécessité procéder à l'extension dès-
dits services généraux.
Avant de m'engager comme membre de la Commission de
surveillance, je prie en conséquence M. Le Roux, de vouloir
Fondation Vallée : discussion. LIX
bien faire connaître à la Commission, par un rapport écrit,
que la construction de ce bâtiment, y compris l'agrandisse-
ment des services généraux ne coûterait pas plus de 222.000
francs. Je le prie, en outre, de nous faire savoir dans ce rap-
port ce que coûtera le personnel secondaire et administra-
tif nécessité par cette augmentation de population.
M. Le Roux. Conformément au Heu manifesté par la
Commission de surveillance dans sa séance du 8 mai 1890,
l'Administration a fait procéder à l'étude d'un double projet,
en vue de l'agrandissement de la Fondation Vallée, savoir :
1° La construction d'un asile spécial pour le placement de
400 jeunes filles idiotes ou arriérées , 2° La construction d'un
bâtiment, ne comportant que 100 lits. Ce second projet ne
touche en rien aux bâtiments existants, qu'il maintient tels
quels avec leur affectation actuelle. Cependant, comme ce
bâtiment, s'il est construit, se relierait a un plan d'ensemble,
l'Administration a dû appeler d'abord la Commission à se
prononcer sur le principe) de ce plan d'ensemble. En réalité ce
pu'elle désire ce n'est pas un vote immédiat, mais une discus-
sion, lui faisant connaître les vues de la Commission sur
l'utilisation des terrains. Dès que ces vues lui seront con-
nues l'administration se mettra il la disposition de la Com-
mission pour l'étude du programme de construction défini-
tive.
En réponse il la question qui m'a été posée par M. le Dr
Ileschamps, je dois dire que la construction du bâtiment de
100 lits ne comportera pas d'au très dépenses que celles prévues
au devis, soit 222,00(1 fr. Jusqu'à la l'onstuction du plan d'en-
semble, il n'est pas dans l'intention de l'administration de tou-
cher aux bâtiments actuels où sont installés les services
généraux de la fondation Vallée.
Il me reste à répondre il la question relative aux dépenses
du personnel. L'Administration Préfectorale compte,jusqu'à
achèvement complet de la fondation Vallée, maintenir à la
direction de l'Assistance publique, la gestion de cette fonda-
tion, moyennant le payement d'un prix de journée par malade
fixé annuellement par le Conseil général.
Dans ce prix de journée sont comprises les dépenses du
personnel. Ce sera donc à la Direction de l'Assistance publi-
que qu'il appartiendra de se préocuperde cette question.
Ce qui nous préoccupe, nous administration départementale,
c'est la construction d'un bâtiment nous permettant de reti-
rer de l'asile de Villejuif, les petites filles qui y sont placées,
1.\ Fondation Vallée : discussion
d'affecter leur quartier aux malades femmes qui encombrent
nos établissements.
II. le Dr 130Unw-ItLU. - Il me parait impossible que nous se'
parions la construction de ce bâtiment do la question d'ensem-
ble.
Ceci dit, j'appelle l'attention de la Commission sur un
ne autre ordre d'idées : Je demande si l'achat de tous les ter-
rains mentionnés au plan de M. l'architecte est nécessaire.
Ces achats donneraient à là fondation actuelle une superficie
totale d'environ 4 hectares. Or, la superficie de la section des
enfants de Bicêtre avec des bâtiments iL rez-de-chaussée et
une population de 400 enfants est d'environ trois hectares. Des
économies peuvent être réalisées de ce coté. L'examen de cette
question peut être également renvoyé il une sous-Commis-
sion, déjà désignée pour l'étude de cette construction et com-
posée de MM. Puteaux, le Dr Thulié, le Dr Taule et nous.
J'ajoute, au point de de vue de cette étude, que si )Lle])ll'ee
teur des affaires départementales voulait bien ne pas persis-'
1er dans son idée de bâtiments à deux étages, j'adopterais de
mon côté, quoique a regret, l'établissement d'un premier étage
pour ces constructions.
M. Le Houx. - Dans mon idée, lo 2" étage ne doit servir de
dortoir que pour les enfants valides, et il en existe un certain
nombre. Je ne demande pas mieux toutefois que de m'en rap-
porter sur ce point il la décision de ! .l Commission.
M. Trélat, architecte en chef du Département. - Le plan
que j'ai remis it l'Administration, n'est pour ainsi dire qu'un
schéma permet tant à la discussion de s'engager.
M. le Président. De la discussion qui vientd'avoir lieu, il
résulte que les questions que la sous-commission est appelée
à examiner sont les suivantes ;
1" Y a-t-il lieu de construire un asile pour les jeunes filles
idiotes et arriérées, sur les terrains de la fondation Vallée ? ? ° Une superficie de quatre hectares est-elle nécessaire à
cette édification ?
.'i En attendant l'édification d'un plan d'ensemble, doit-on
procéder à la construction d'un bâtiment (le 10U lits, on vue (l'y
placer les jeunes filles internées il l'asile de Villejuif, sous
réserve que ce bâtiment se reliera au pland'enscmlle ?
- 10 Faut-il que les bâtiments à construire soient à un ou : "t
deux étages ?
Fondation Vallée : discussion LX !
M. B : 11LT.1-. Ne conviendrait-il pas. Messieurs, avant de
nous lancer dans des projets de constructions coûteuses, de
savoir qu'elles seront les nouvelles dispositions légales con-
cernant les enfants ? Nos délibérations doivent être subor-
données aux lois qu'on édictera sur cette importante question.
Sait-on où en est la proposition de loi qui doit réformer celle
de 1838 sur les aliénés ? L'hospitalisation des enfants idiots
sera-t- clin il la charge des Départements ou à celle des com-
munes ? Dans l'état actuel des bâtiments, combien la fonda-
tion Vallée peut-elle contenir d'enfants ?
M. Pelletier, chef de service des aliénés. - Dans le projet
de loi déposée par M. Reinach, sur le bureau de la Chambre,
l'obligation d'assister les enfants idiots et épileptiques incom-
berait aux Départements.
M. le D1' 13 : )UI\ : \E\'ILLE. Après de nombreuses études fai-
tes par M. Pinon directeur de Bicêtre, par M. Baron, économe
et par moi, nous sommes parvenus il trouver de la place pour
100 lits, il la fondation Vallée; sur ces 100 lits 99 sont occupés.
1 ne reste plus qu'un lit vacant. La construction d'un nou-
Ive-au bâtiment s'impose donc, non seulement pour y place
les jeunes filles qu'on pourra nous amener du dehors, mais
encore pour dégager l'asile de Villejuif de celles qui l'encom-
brent, ce qui permettra de rendre cent lits au service des
femmes. \I. l3nill a demandé où en est la proposition de loi
concernant les enfants idiots ou épileptiques. Je puis fournir
il la Commission quelques renseignements sur cette questionr
Le Sénat, dans le projet de loi qu'il a voté, a éeartél'hospita-
lisation des enfants idiots ; mais l'obligation de les hospitaliser
ligure dans les projet de M. /ieit2c'It, lequel n'est en grande
partie que la reproduction de celui que j'avais moi-même pré-
senté aux délibérations de la Chambre des Députés. Il repro-
duit, entres autres, le texte que j'avais eu le bonheur de faire
accepter parla Commission parlementaire, concernant l'obli-
gation pour les départements de créer dans un délai de dix
ans des asiles départementaux ou interdépartementaux pour
les enfants idiots et épileptiques. M. le député Larant, rappor-
teur du projet de Reinach, admet lui aussi la construction
d'établissements spéciaux pour les enfants idiots et épilepti-
ques. M. Th. Roussel sénateur, m'a dit qu'il soutiendrait cette
mesure au Sénat, si elle est votée, comme les décisions des
Commissions le font pressentir, par la Chambre des Députés.
J'ajouterai enfin que, suivant en cela l'exemple donné par le
LXII Fondation Vallée ; discussion.
Conseil municipal de Paris et le Conseil général de la Seine,
plusieurs départements, considérant le vote du Parlement
comme acquis, se préoccupent vivement de la construction
de services spéciaux pour les enfants. Il y quelques jours, j'ai
reçu t l31oi·tru. la visite de M. le D1' Fauclwr. médecin-direc-
teur de l'asile de la Charité (Nièvre), chargé de rédiger le pro-
gramme d'un asile de ce genre.
M. Potier. Je me demande si la prudence ne comman-
(lerait pas de s'assurer, des à présent, des terrains nécessaires
Ù l'agrandissement de la fondation Vallée afin de les obtenir
dans de lionnes conditions.
M. Le Roux. Avant de procéder à l'achat de ces terrains,
il est indispensable que la Commission fasse connaître son
avis sur la question de principe qui lui est posée.
M. le Président. -Je propose à la Commission de renvoyer
l'examen de celle question et de ccllc dun la présente discus-
sion vient de soulever, à l'élude d'une sous-commission com-
posée de MM. Puteaux, le 1)' 1.'mirneuille, le D''7'<Ht<tc et le
D Taule, ce dernier Directeur de l'asile Clinique.
Adopte.*
Second rapport sur l'agrandissement de la Fondation
Vallée, (1)
Messieurs,
Dans la séance cle la Commission cle surveillance
du jeudi 2 juin dernier, nous avons lu un rapport sur
l'agrandissement de la Fondation Vallée et sur la
construction d'un pavillon de 100 lits. Dans ce rap-
port, nous avons examiné d'abord l'avant-projet de la
création d'un asile de 400 lits, ensuite le projet de
construction d'un bâtiment pour 100 lits, avant-projet
et projet qui nous étaient soumis par M. Trélat, au
nom de l'Administration. A la suite de la lecture de
notre rapport et de la discussion à laquelle il a donné
lieu, la Commission a décidé la nomination d'une Sous-
Commission appelée à discuter les questions sui-
vantes :
1° Y a-t-il lieu de construire un asile pour les jeu-
nes filles idiotes et arriérées, sur les terrains de la
Fondation Vallée ? . ?
2° Une superficie de quatre hectares est-elle néces-
saire à cette édification ? . ?
3" En attendant l'édification d'un plan d'ensemble,
doit-on procéder à la construction d'un bâtiment de
100 lits, en vue d'y placer les jeunes filles internées
à l'Asile de Ville,juif, sous réserve que ce bâtiment se
reliera au plan d'ensemble ?
(1) Présenté par I. 13OUR'1'1-.VlLI.1c, nu nom d'une Sous-Commission com-
posée de II. 13.n111E11, IiOl : l2\62-ILL13, Puteaux, Taule et Tuulié.
Lxiv Fondation Vallée.
4° Faut-il que les bâtiments à construire soient, à
.un ou doux étages ?
La sous-Commission s'est réunie à la Fondation
Vallée' le 1.0 novembre,' sous la présidence de 1"1. Bai-
bier. Après avoir visité, minutieusement' le domaine
tel qu'il se comporte aujourd'hui avec les construc-
tions existantes, elle a discuté les quatre questions
qui précèdent. Nous allons résumer cette discussion.
1° . Y a-t-il lieu cle construire un asile pour les jeu-
nes filles idiotes, arriérées, sur les terrains cle la
Fondation Vallée ? ? - La Sous-commission, M. Albert
Pétrot,conseillergénéral chargé du rapport de l'Asile
chaque et de la Fondation Vallée, présent àla réunion et
M. Le Roux sous-directeur des affaires départementales,
ont été unanimes à penser que le Département devait
utiliser le domaine légué par M. Vallée, dont la super-
ficie est d'un hectare 89 ares 19 centiares. D'ailleurs
la nécessité de la construction d'un nouvel asile pour
les jeunes filles idiotes, ariérécs et épileptiques, s'im-
pose d'une façon urgente. La section de la Salpê-
trière (141 lits), le quartier de Villejuif (56 lits)
et la Fondation Vallée avec ses 110 lits (1) ne peuvent
faire face aux besoins de cette catégorie de malades.
L'insuffisance des lits pour les femmes aliénées exige
impérieusement que le quartier de l'asile -de Ville-
juif soit rendu à sa destination primitive. La,OLlS-(i0111-
mission est donc d'avis de construire un nouvel asile
pour les jeunes filles idiotes et épileptiques et d'utiliser
dans ce but les terrains do la Fondation Vallée.
2° Une superficie de quatre hectares est-elle néces-
(f) Nous avons dit et répété que le cube d'air des salles affectées auxuor-
toirs ne permettait, an grand maximum, que l'installation de 100 lits. LeslO
iits supplémentaires constituent un réel encombrement.
Projet d'agrandissement.. : LRV
saine à cette édification ? Nous avons signalé la
possibilité d'agrandir le domaine actuel et indiqué
les terrains qu'on pouvait y annexer. Leur superficie
totale est de 2 hectares 65 ares 48 centiares, ce qui
fait avec le domaine primitif 4 hectares 54 ares 72
centiares. Nous avons fait valoir que l'achat des trois
terrains en question n'était pas indispensable,- en
nous appuyant sur ce que la superficie occupée par la
section des enfants de Bicêtre n'est que de 3 hectares
8 ares; sur la situation du futur asile en pleine campa-
gne, sans aucuneconstructionavoisinante(l), et enfin,
sur l'état des finances départementales. La Sous-Com-
mission a partagé notre sentiment et décidé qu'on pou-
vait se contenter de deux des terrains : a) celui qui
est situé au-dessus de la Fondation, entre la rue Ben-
serade et la route de l'Hay ; b) celui qui est enclavé dans
le domaine. La sunerficie de ces terrains est de
14.400 mq. + 1.828 mq. = 16.228 mq., qui, jointe à
celle de la propriété actuelle (18.924 m.q.) forme un
total de 35.152 m. q.
3° En attendant l'édification d'un plan d'ensemble
doit-on procéder la d'un bâtiment-de
100 lits, en vue d'y placer les jeunes filles internées
à l'Asile de Villejuif ? sous réserve que ce bâtiment se
reliera au plan d'ensemble ? - La Sous-Commission
estime que pour débarrasser le plus tôt possible l'A-
sile de Villejuif des jeunes filles qui y sont internées,
il convient cle construire de suite un bâtiment qui
devra se relier au plan d'ensemble. Quant au nombre
de lits, il a été réservé pour être tranché par la soin
tion à donner à la 4 ? question.
(t) Il est probable que, de très longtemps, il n'y aura dans les environs,
munie assez éloignes, aucune construction importante, car la commune de
Gentilly n'a aucune tendance à s'étendre de ce côte et que, d'autre part; ces
terrains sont occupés par d'anciennes carrières.....
Bourneville, Bicêtre, 1892. ?
L7CVI Fondation Vallée.
4° Faut-il que tous les bâtiments à construire soient
à un ou deux étages ? A la suite des voeux émis en
1877 et 1878, par le Conseil général, demandant que
les enfants de Bicêtre fussent séparés des adultes et
qu'on créât pour eux une section spéciale, l'Adminis-
tration générale de l'Assistance publique chargea M
l'Inspecteur Brelet do rédiger le programme de la
future section. Naturellement, il n'étudia pas sur
place les conditions qu'elle devait remplir et ne
jugea pas utile de se renseigner auprès des médecins
en contact journalier avec les enfants idiots et
épileptiques. 11 proposa l'édification, à l'endroit
où se trouvent les ateliers, d'un grand bâti-
ment semblable aux grands bâtiments des trois
sections consacrées aux adultes, comprenant un
rez-de-chaussée et trois étages. Les circonstances
ayant fait que nous ayons été nommé médecin
de la 3c section du quartier des aliénés de Bicêtre,
qui comprenait, en plus des épileptiques adultes, les
enfants idiots et épileptiques, et que nous ayons été
chargé de rapporter au Conseil municipal le projet
dressé par le regretté M. Gallois, d'après le programme
de M. Brelet, nous avons pu nous rendre un compte
exact des conditions spéciales que devait réaliser une
section construite pour les enfants de cette catégorie
et faire prévaloir au Conseil municipal la construction
de bâtiments composés, sauf le bâtiment des gâteux,
d'un seul étage (1). En effet, parmi ces enfants, les uns
ne marchent pas et il y a des inconvénients à les des-
cendre dans les escaliers ; les autres marchent dilli-
cilement, montent et descendent péniblement les esca-
liers et encore faut-il les aider ; d'autres sont hémi-
plégiques et partant peu ingambes ; enfin d'autres sont
(1) Nous rappellerons que certains ahénistes, en tète ES(IUirol, ont préconisé
pour les alénés les bâtiments à rez-de-chaussée. C'est ce qui existe entre
autres à la Salpêtrière (Section l'iuet et Section Itambuteau).
PROJET d'agrandissement. LXVII
épileptiques et peuvent être pris à l'improviste de crises
convulsives les exposant à des chûtes dangereuses.
Vous savez tous qu'à la Fondation Vallée, les classes
sont situées au [ ? étage, au-dessus du gymnase. Afin >
d'apporter la conviction sur le danger des escaliers,
nous avons prié les membres de la Sous-Commission
d'assister à la descente des enfants des classes. Ils ont
tous pu en constater les inconvénients. Nous revien-
drons plus loin, à propos du programme d'ensemble,'
sur les concessions qu'il est possible de faire sur le
principe absolu des bâtiments à rez-de-chaussée. C'est
alors que s'est engagée une discussion sur le nombre
d'étages que doit avoir le bâtiment qu'il s'agit de cons-
truire immédiatement. M. LE Roux a insisté pour qu'il
eut deux étages, se préoccupant surtout du désir du
Conseil général d'avoir le plus rapidement possible 10Q
lits pour dégager l'Asile de Villejuif. Nous avons
insisté pour que ce bâtiment n'ait qu'un seul étage,
et montré qu'il était possible de donner, à peu de cho-
se près, satisfaction au Conseil général. A notre idée,
ce bâtiment serait construit à usage de dortoirs, 2 au
rez-de chaussée, 2 au premier étage, soit 80 lits si on
adopte des dortoirs de 20 lits, soit 96 si l'on adopte
des dortoirs de 24 lits. Provisoirement les deux dor-
toirs du rez-de-chaussée seraient affectés l'un aux
classes, l'autre au réfectoire et pourraient servir en
même temps et provisoirement d'ouvroir. Les classes
actuelles seraient transformées, par la suppression des
cloisons, qu'il est facile d'opérer, en dortoirs contenant
20 lits. Les réfectoires subiraient la même transforma-
tion, ce qui donnerait 17 lits. On aurait ainsi 37 lits,
qui, joints aux 48 lits des deux dortoirs du premier
étage du futur bâtiment formeraient un total général
de 85 lits. Enfin, comme le cube d'air proposé pour
les dortoirs est largement suffisant, on pourra, jusqu'à
la- construction des autres pavillons à usage de dor-
LXVIH Fondation Vallée.
toirs, tolérer 6 ou 7 lits suplémcntaires, ce qui don-
nerait le nombre délits exigé par le Conseil général.
Le but de l'Institution qu'il s'agit de créer n'est pas
seulement d'hospitaliser les enfants atteints de maladies
chroniques, longtemps réputées incurables, il est des
plus complexes : Cette institution est à la fois une école
ou mieux un internat, un hôpital et un hospice réunis
par des services généraux communs et placés sous une
direction spéciale. Nous avons donc à examiner succes-
sivement le programme général de chacune de ces
divisions sans entrer dans tous les détails, puisque la
construction de l'établissement doit se faire d'année
en année et que chaque projet particulier devra être
l'objet, ultérieurement, d'un examen minutieux de la
part de la Commission de surveillance et du Conseil
général.
1. - Une question toutefois doit être tranchée immé-
diatement : c'est celle du personnel et de son logement.
Le personnel pourrait comprendre : 1° un médecin-
directeur ; - 2° un médecin-adjoint ; - 3° deux internes
en médecine ; - 4° un interne en pharmacie ; 5° un
économe ; - 6° un commis, qui tous doivent être logés ; -)
7° au moins 7 ou 8 institutrices ou mieux surveillan-
tes-institutrices (1). Faut-il les loger toutes ? Nous n'y
voyons aucun avantage réel. Nous nous bornerions à
loger la surveillante institutrice en chef ; - 8° les
maîtresses de l'Enseignement professionnel qui, la
plupart, comme la lingère, la buandicre en chef, la mai-
tresse de blanchissage, appartiendront au personnel
secondaire et devront être logées ; - 9° Quant aux
(1) Il s'agit d'un établissement destiné à des malades ; les personnes char-
gées de l'enseignement doivent être en même temps des hospitalières par(ai-
tes. Il conviendrait donc de les obliger it suivre les cours de l'école d'infirmi : ·-
es de Dicètre afin d'avoir lenr diplôme, et de leur faire passer quelques mois à
l'infirmerie générale de ¡'hospice et de l'infirmerie de la section des garçon. de
Bicêtre ou à celle de la Fondation.
PROJET d'agrandissement. lux
autres maîtresses professionnelles, comme les maî-
tresses brocheuse, fleuriste, etc., dont le choix et le
nombre seront à fixer plus tard, nous ne voyons aucune
utilité à les loger dans l'intérieur de la maison. Il en
serait de même des maîtresses de chant et de gymnas-
tique, ainsi que du jardinier; - 10° Personnel secon-
daire. Il serait logé dans un ou plusieurs pavillons
analogues à ceux qui ont été construits à l'Asile de
Villejuif (1).
II. Tout le monde a paru d'accord pour placer
l'entrée de l'asile sur la route del'Hay. C'est donc là qu'il
faudrait édifier le bâtiment de l'Administration, le
parloir des familles et la loge du concierge. Le bâti-
ment devra-t-il comprendre les appartements des
médecins, des internes, de l'économe et du commis
et la salle de garde ? (Voir Planche XV.) z
C'est là une question que la Commission et l'Adminis-
tration auront à trancher. Quant à nous, nous sommes
d'avis d'accorder au médecin-directeur un pavillon isolé
et peut-être l'ancien pavillon d'habitation de M. Vallée
pourrait-il convenir. Quant aux parloirs, ils devront
être très vastes, au nombre de trois (épileptiques,
imbéciles ou idiots propres, idiots gâteux) (2), en raison
des nombreuses visites que reçoivent ces malheureuses
déshéritées. Pour bien préciser l'étendue de ces par-
loirs, il conviendrait que T'architecte fit une ou deux
visites à Bicêtre le dimanche. Il serait désirable de
placer autour de ces parloirs un certain nombre de
bancs afin de permettre aux familles, durant l'été,de voir
leurs enfants à l'extérieur, et de faire les plantations
nécessaires pour leur procurer de l'ombrage.
(1) A moins que, en raison de la déclivité du sol, on ne puisse les loger
dans les sous-sols-rez-de-chaussée des pavillons, comme à Bicétre.
(2) Dans le parloir des idiotes gâteuses, peut-être conviendrait-il d'établir des
sièges d'aisances comme ceux qui nous servent pour le traitement du gâtisme
à Bicétre.
LXX Fondation Vallée.
' III. Pensionnat. Services de jour. - Ils compren-
nentles écoles, les réfectoires, le gymnase, les ateliers.-
Les écoles pourraient être faites suivant le modèle des
écoles de Bicêtre, mais en leur donnant une plus grande
étendue. Il y aurait aussi intérêt à faire huit classes au
lieu de six, d'avoir des préaux couverts et une vaste
salle de réunion pour les enfants cle la petite école (1).
De plus, la petite école doit comprendre une salle spé-
ciale pour le traitement du gâtisme et l'enseignement
des soins de toilette. Pour les deux écoles, il faudrait
un musée pédagogique servant en même temps de
bibliothèque récréative et de salle de projections. Le
gymnase pourrait être placé en retour à l'une des
extrémités du bâtiment des écoles, vers la vallée de la
Bièvre ainsi que le musée pédagogique, formant de la
sorte un fer à cheval. La première cour pourrait être
désignée sous le nom de Cour d'honneur, la seconde,
sous celui de Cour des écoles. Dans celle-ci seraient
installés le gymnase à air libre et des cabinets disposés
de façon à rendre commode la surveillance. (PL. xv).
, Les réfectoires seraient au nombre de deux, l'un pour
les enfants épileptiques, imbéciles et idiotes propres ;
l'autre pour les enfants de la petite- école, propres ou
gâteuses. Ce dernierpourrait être divisé en deux parties
dont l'une serait réservée aux idiotes gâteuses. Chacun
de ces réfectoires sera pourvu d'office avec laverie où
l'on devra utiliser les enfants par séries, dans la mesure
(i) A Bicêtre, la salle de réunion primitive de la petite école mesure 8 mètres
de long sur 4 m. 80 de large. Tandis que l'on peut maintenir les enfants de
la grande école, durant les grands froids, sous leurs préaux ou si les froids
sont extrêmes, les laisser dans le gymnase, les enfants de la petite école, plus
sensibles au froid, ont besoin d'une salle de réunion fermée; et comme parmi
eux, il y a une proportion notable de gâteux, il s'en suitque cette salle de réu-
nion doit être beaucoup plus vaste qu'à Bicêtre. Il aurait fallu confondre la
salle de réunion avec la petite salle qui sert iL quelques exercices manuels
(bronettage, passe-boules, tonneau), exercices delà main et de l'oeil. Pour pal-
lier à cet inconvénient, nous avons dû installer dans le sous-sol du bâtiment
des Musées une seconde salle de réunion avec les appareils nécessaires au trai-
tement du gâtisme. ,
Projet d'agrandissement. LXXI
de leurs aptitudes. C'est là qu'on doit leur apprendre
à nettoyer et ranger la vaisselle. Un lavabo sera ins-
tallé a l'entrée du réfectoire des enfants cle la grande
école, afin qu'elles puissent se laver les mains à la sor-
tie des classes ou des ateliers. Il sera disposé dans ces
réfectoires une prise d'eau pour permettre un lavage
quotidien et une bonde pour l'évacuation des eaux.
Par suite du rôle considérable des bains et de l'hy-
drothérapie au point de vue du traitement et de l'hy-
giène de ces enfants, nous croyons qu'il faudrait placer
ensuite le service balnéo-hydrothérapique, puis la cui-
sine, la lingerie, la buanderie et les ateliers.
a) Le service valn('0-111JCfI·O111Ta2(f1.CP- pourrait être
fait d'après les plans du service analogue de Bicêtre avec
les modifications suivantes : 1° donner une plus grande
étendue au déshabilloir, 2" ajouter une petite salle
pour les bains sulfureux et deux cabinets chacun avec
une baignoire pour le personnel.
b) La cuisine devra être disposée de manière à ce
qu'elle puisse servir à des cours culinaires pour les
filles. La salle de l'épluchage devra être grande, car
l'épluchage devra être fait par les enfants.
c) La lingerie devra comprendre une salle de cou-
ture vaste et bien disposée pour l'enseignement.
d) La buanderie devra servir en même temps pour
l'enseignement du lavage du linge. On y joindra une
salle de repassage destinée, elle aussi, à faire de l'en-
seignement.
Le service balnéo-hydrothérapique, la cuisine et la
buanderie devront être à rez-de-chaussée. Il y aura
lieu d'examiner toutefois s'il est pratique de faire la
salle de couture au-dessus de la salle de repassage.
LXYII Fondation Vallée.
Quant aux autres ateliers, on pourrait, après une étude
détaillée, voir s'il convient cle les placer en retour
soit d'un côté, soit' de l'autre des services que nous
venons d'énumérer. Le voisinage des bains, de la cui-
sine et de la buanderie permettrait d'avoir des géné-
rateurs communs, ce qui réaliserait une économie. La
disposition de ces services réunirait assez bien,
croyons-nous, tout ce qui concerne l'enseignement
professionnel, depuis les offices dos réfectoires jusqu'à
la buanderie et les ateliers spéciaux. La cour comprise
entre ces services et ces réfectoires pourrait s'appeler
la Cour cles services généraux ou encore Cour des
ateliers ou de l'enseignement professionnel.
1
IV. Le service de nuit comprendra les pavillons
pour dortoirs. Chaque pavillon se composera d'un rez-
de-chaussée et d'un 'l ? étage. Chacun d'eux sera
divisé en' 2 dortoirs do 2 4 lits. A Bicêtre chaque dortoir
n'a que 20 lits; mais comme le futur asile est destiné
à des filles et que celles-ci devront concourir d'une
façon sérieuse aux soins du ménage, apprendre à
faire les lits, à balayer et il nettoyer, nous ne voyons
aucun inconvénient à augmenter un peu le nombre des
lits. Ceux-ci, rangés à droite et à gauche de la salle,
seront séparés par autant de fenêtres, les trumeaux
correspondants aux lits auront au moins 1 m. 25. La
largeur des dortoirs ne sera pas moindre cle 7 mètres;
la hauteur du plafond de 5 mètres, de manière à avoir
pour chaque lit un cube d'air de 40 à 45 mètres. Au
centre du pavillon l'on réunira : 1° les lavabos sur le
modèle de ceux do la section de Bicêtre, avec 6 ou 8
cuvettes iL bascule pour chaque dortoir; les armoires
treillagées à clair-voies et tiroirs pour les serviettes,
les peignes et les brosses; 3° les cabinets d'aisances avec
deux sièges séparés, un bidet et 4° une chambre de
débarras. Dans chaque dortoir, il y aura un box pour
PROJET d'agrandissement. LXXIH
l'infirmière cle jour et un autre pour le dépôt du linge'
et des effets d'habillement. Les infirmières de nuit
devront être logées en dehors des dortoirs (1).
V. Hospice. - Seruice des gâteuses et des infir-
mes. Ce service doit comprendre : 1° les enfants
idiotes gâteuses invalides, c'est-à-dire qui l.tttÀ
chent pas ; - 2° les épileptiques et les idiotes difaaen- *
tes et incurables. V ?
Les enfants de la ir0 catégorie coii-ipronnoi elles- ?
mêmes deux groupes : des enfants à peu pres4'd-H
platement incurables, des enfants susceptibles d'airïë^
lioration. Ces deux salles auront au moins 8 mètres
de largeur, le plafond sera élevé de 5 mètres. Le
cube' d'air de chaque lit devra être de 45 à 50 mètres
cubes. -Chaque lit sera séparé du voisin par une fenê-
nôtre. Les fenêtres auront la même disposition qu'à
Bicêtre. Lé sol sera carrelé. Au centre de chaque
salle il y aura une prise d'eau et, à une des extrémités,
une bonde pour l'évacuation des eaux de lavage. Ces
deux salles seront séparées par une salle de réunion
pourvue de lavabos et d'un service de propreté, sem-
blable à celui des idiotes gâteuses valides, avec circu-
lation d'eau chaude en hiver, et séparation de chaque
orifice par des bras de fauteuil; par un réfectoire, le
cabinet de la surveillante* un office, un cabinet avec
deux baignoires, un vidoir, un cabinet d'aisances avec
siège pour les adultes. Chaque dortoir sera pourvu en
outre, à son extrémité, do chambres pour les infir-
mières, d'une pièce cle débarras, d'une autre pour
le linge propre, d'une trémie pour le linge sale qui
devra s'enlever par l'extérieur et qui serait avanta-
(1) Il y a un grave inconvénient iL faire con cher les veilleuses dans le
box placé dans le dortoir parce que leur sommeil peut être troublé par les
allées et venues dans les galeries ou les dortoirs et aussi parce que leur cou-
cher dans les dortoirs empêche de les ventiler pendant l'hiver.
LXXIV Fondation Vallée.
geusement reçu dans un bac contenant une solution
désinfectante. Enfin, il serait peut-être bon de réser-
ver, dans les murs, des armoires pour y déposer les
appareils de nettoyage (balais, plumeaux, etc.).
Ce pavillon aura un premier étage destiné à servir
de salles de rechange ; tous les deux mois par exemple,
les enfants seraient transportés du dortoir du rez-de-
chaussée au dortoir du 1 cr étage. C'est le seul moyen,
sinon pour supprimer complètement, tout au moins
pour diminuer autant que possible l'infection produite
par ces enfants qui exigent des conditions d'hygiène
beaucoup plus coûteuses que les enfants propres. ou
sains d'esprit. Enfin le bâtiment aura une galerie au
rez-de-chaussée, une terrasse ou balcon au premier
étage, afin de pouvoir faire aisément sortir les enfants,
les exposer à l'air et à la chaleur et assainir les salles.
VI. Hôpital. Sous ce nom nous réunissons : 1°
l'infirmerie ; 2° le pavillon des maladies contagieuses ;
3° le pavillon des cellules.
1° L'infirmerie renfermera 24 lits en 2 salles qui
auront 7 à 8 mètres de largeur, et 5 m. de hauteur et un
cube d'air d'environ GO mètres par lit. Au centre :
entrée, vestibule, office, pièce avec une baignoire,
lavabos, cabinets d'aisances (un pour les enfants, un pour
les infirmières), un urinoir, une armoire pour les balais,
un vidoir, une salle pour les enfants convalescents et
qu'on utilisera également comme réfectoire ; un cabinet
pour le médecin, un cabinet pour la surveillante. Aux
extrémités de chaque salle, 2 chambres d'isolement
pour les malades douteux ou entrants, 2 chambres
pour l'infirmière de jour et l'infirmière de nuit, une
trémie pour le linge sale, disposée comme celle du
bâtiment des gâteuses.
2° Pavillon d'isolement. - Ce pavillon, destiné aux
PROJET d'agrandissement. LXXV
maladies contagieuses, comportera un sous-sol pour
la réception dans un bac à désinfection du linge des
malades et les calorifères. Au-dessus et au centre,
le cabinet cle la surveillante, l'office, les cabinets
d'aisances, une baignoire, un vidoir. A droite, et à
gauche, sur l'une des façades, 2 dortoirs de 6 lits. Sur
l'autre façade, 4 chambres cle chaque côté du service
central, soit 4 lits cle plus que dans le pavillon d'isole-
ment de la section des garçons à Bicêtre. L'expérience
nous a, en effet, démontré que cette augmentation de
lits était nécessaire. Un couloir central longitudinal,
terminé à chaque extrémité par une fenêtre, séparera
les deux dortoirs de la série des chambres. Les chambres
seront desservies par une galerie extérieure couverte.
Chaque chambre sera pourvue d'une cuvette-lavabo.
Les dortoirs seront munis d'un lavabo, d'une bonde à
évacuation; les fenêtres seront larges avec balconnets
assez élevés pour empêcher la chute des enfants. Les
murs seront stuqués, les angles arrondis, le sol dallé
avec bondes évacuatrices. Les ploisons seront en bois
et vitrées de façon à rendre très facile la surveillance.
Le cube d'air devra être de 50 mètres cubes. Au
pavillon seront annexées 4 chambres au moins pour le
logement du personnel de ce pavillon.
3° Pavillon des cellules* - Ce pavillon aura une
disposition rectiligne. Le vestibule ouvrira sur une
galerie courant tout le long du bâtiment. Au centre :
1° office, pierre d'évier, réservoir d'eau chaude pour les
bains ; 2°sallede bains ; 3°water-closets. Dechaquecôté
de ce service central, il y aura quatre chambres d'iso-
lement ou cellules et une chambre d'infirmières. On
adopter a pour les portes, les fenêtres, les murs, le chaux.
fage, la ventilation, l'éclairage artificiel, les cabinets
d'aisances, le coucher, la mémo disposition que dans le
service de Bicêtre. Deux cellules seront capitonnées.
T.ISVI Fondation Vallée.
L'infirmerie, le pavillon d'isolement et les cellules
seront à rez-de-chaussée.
4° Pharmacie. - Faut-il avoir une pharmacie com-
plète avec laboratoire ; prévoir un pharmacien en chef
et un logement pour lui ? Ou faut-il se contenter d'une
petite officine confiée à un interne en pharmacie,
placée, moyennant une indemnité sous la surveillance
du pharmacien en chef cle l'Asile clinique ou, ce qui
serait plus pratique, du pharmacien en chef de l'hospice
de Bicêtre ? Ce sont là des propositions que nous ne
pouvons trancher sans l'avis de la Commission.
5° Service des morts. Il pourra être fait, toute pro-
portion gardée, sur le modèle du service similaire de
l'Asile de Villejuif : salle de dépôt des morts, salle
d'autopsie, salle d'attente, pour les familles moitié plus
grande que celle de l'Asile de Villejuif, laboratoire,
musée, logement du garçon d'amphithéâtre, etc., etc.
Il sera entouré d'une double rangée d'arbres et placé
autant que possible à proximité de la rue la plus voisine.
VII. - La disposition du sol nécessitera sans doute
des sous-sols assez élevés ; ils pourraient être utilisés
pour l'installation d'une salle de bains de pieds, d'un
magasin aux chaussures, et d'une salle pour le cirage
des chaussures, d'un vestiaire pour les effets des
décédés, d'un m.agasin pour le remisage des outils des
ouvriers et des jardiniers, etc. - Des galeries de com-
munication relieront tous les différents services entre
eux.
VIII. Considérations générales. - Partout, notam-
ment aux classes et aux réfectoires, les vestibules d'ac-
cès seront vastes ; partout les portes et les couloirs
devront être larges de manière à rendre la circulation
facile et à éviter les bousculades et les rixes ; les car-
PROJET d'agrandissement. LXXVII
reaux des portes et des fenêtres seront notablement
plus petits qu'à Bicêtre afin de diminuer les dépenses
d'entretien occasionnées par le bris des carreaux. Tous
les moyens de fermeture, les robinets d'eau, etc.,
seront à clef.
Tous les espaces libres situés entre les bâtiments
seront aménagés en jardins pour l'enseignement
(leçons de choses).
Le chauffage se fera autant que possible à l'aide de
calorifères.
L'éclairage se fera à la lumière électrique.
Les constructions seront en fer et briques, couver-
tes en tuiles ou en ardoises.
Les bâtiments existants seront conservés tant qu'ils
ne nécessiteront pas un entretien exagéré.
Les bâtiments d'habitation de ce qu'on appelle la
ferme, pourraient peut-être, pendant un certain temps,
être affectés au logement du personnel secondaire,
par location en attendant l'expiration du délai pour
que ces bâtiments fassent retour au département.
Eaux. Nous avons souvent appelé l'attention
du Conseil municipal et de l'Administration sur l'in-
suffisance de l'approvisionnement d'eau de l'hospice
de Bicêtre. Bicêtre reçoit de l'eau de son puits, des
sources de Rungis et de la Seine. Nous avons demandé
l'augmentation de son appprovisionnement et montré
la possibilité de l'approvisionner en eau de source. En
effet, l'aqueduc de la Vanne passe à une distance peu
considérable de l'hospice. M. Vaillant s'est fait l'inter-
prète de notre voeu au Conseil municipal. Nous
croyons que cette question devrait être examinée à
propos de l'agrandissement de la Fondation Vallée.
LXXVIII Fondation Vallée.
Naturellement nous désirons voir cet établissement
alimenté avec abondance en eau de source.
Cabinets 7'oitt d, l'égoitt. - 10 Les cabi-
nets d'aisances seront généralement avec siège ; par-
fois ils seront formés d'une cuvette garnie de bois.
Tous seront pourvus de siphons, largement appro-
visionnés d'eau, avec Chasses automatiques à l'entrée
et à la sortie, de telle sorte que les enfants n'auront,
ici comme partout, le maniement d'aucun appareil.
Toutes les matières seront projetées directement à
l'égout. ,
Égouts'. ' Il est absolument nécessaire que le futur
asile soit pourvu d'une canalisation spéciale pour
l'évacuation de ses eaux ménagères et cle ses vida-
ges, car, en raison de la disposition du sol, il n'est
malheureusement guère facile de songer il leur utili-
sation agricole comme nous n'avons cessé de le récla-
mer pour les asiles cle la Seine (1) et comme nous l'a-
vons proposé pour le cinquième asile. " ·,
'Afin, Messieurs, de pouvoir vous renseigner exac-
tement, nous avons dû, nous souvenant' des (liflicul-
tés qu'avait.rencontrées. M. Gallois lors de. la construc-
tion de la section des enfants de Bicêtre, nous avons
dû nous enquérir du régime de la canalisation sou-
lorraine do Bicêtre et de celui des rues do Gentilly
les .plus voisines de la Fondation Vallée. Dans ce
but, nous avons eu recours à M. Delahayc, inspec-
teur du service d'architecture, chargé cle. 131cê=
trc, et en même temps conseiller municipal de la
commune. Il s'est mis à notre disposition avec la
.plus grande- obligeance et c'est d'après ses notes et le
. J ? vYir les Pi'Oc7 09)'bat de.la Commission de surveillance.· : ;.
Projet d'agrandissement. L717E
plan qu'il a bien voulu dresser que nous pouvons vous
exposer la situation d'une façon sérieuse.
Les eaux-vannes de l'Hospice de Bicêtre sont ame-
nées des divers services par des canalisations et des
égouts dans le grand branchement ou espèce d'égout
collecteur ayant sa naissance en un point élevé de l'hos-
pice, près de la buanderie, passant par la partie nord
du marais, le chantier à charbon, venant aboutir par
la rue du Kremlin à l'Avenue de Bicêtre qu'il descend
jusqu'à la rencontre de l'égout de la route de Fontai-
nebleau.
Au moment de la construction du nouveau service
des enfants idiots et épileptiques, afin d'éviter la con-
struction d'égouts nouveaux, ce qui aurait été très dis-
pendieux, M. Gallois a envoyé toutes les eaux tom-
ber dans l'égout de la buanderie, à l'aide cle tuyaux
en grès vernissé de 0 ? 22 de diamètre. '
Le service des enfants idiots étant construit sui-
vant la pente naturelle du sol, pente se dirigeant
en sens inverse cle celle de l'Avenue de Bicêtre, il
en est résulté que la nouvelle canalisation n'a pu
atteindre qu'un maximum d'un millimètre de pente par
mètre. Cette faible pente devient de jour en jour
insuffisante ; des engorgements se produisent à cha-
que instant par le fait de la stagnation des eaux.
Deux services du quartier des enfants idiots, le
pavillon d'¡80lement POUI' les maladies contagieuses et
le pavillon des cellules se trouvent même obligés à
cause de la pente du sol d'envoyer leurs eaux directe-
ment dans le ruisseau qui contourne l'hospice. Les
eaux de lavage, de pansement, etc., de la partie la plus
suspecte cle la section coulent ainsi à air libre dans le
ruisseau, sortent de l'hospice qu'elles contournent et
descendent Gentilly parla rue du Paroy jusqu'à l'Ave-
nue Haspail où elles entrent en égout, c'est-à-dire après
LXlC . Fondation Vallée.
un parcours au ruisseau d'eviron 1.400 mètres. C'est
une pratique assurément très défectueuse, et qui exi-
gerait un prompt remède.
En ce qui concerne la Fondation Vallée, actuelle-
ment, les eaux-vannes des bâtiments, des dortoirs,
réfectoires, office, infirmerie, etc., s'écoulent dans des
tuyaux en grès vernissé. ' Ces tuyaux, après avoir
longé les bâtiments, se déversent sur le trottoir de la
rue Benserade où elles coulent à air libre jusqu'au coin
de la rue des Noyers pour se jeter ensuite dans la fausse
Bièvre, près de l'avenue Raspail.
La rue Benserade qui longe la Fondation est dépour-
vue d'égouts, ainsi que la rue des Noyers qui lui fait
suite. L'égout le plus voisin est situé sous l'avenue
Raspail.
. Sur le plan dont nous parlions tout-à-l'heure, M.
Delahaye a indiqué, par un pointillé rouge, le tracé
de l'égout à construire. Son point de départ est à
l'angle de la route de l'I-Iay et de la rue Benserade,
qu'il descend. Il recevrait sur son parcours les bran-
ments d'égout des futures constructions de la Fonda-
tion Vallée. Le tracé suivrait ensuite la rue des Noyers,
puis à gauche, une petite voie non dénommée, condui-
sant à l'avenue Raspail, qu'il suivrait sur une longueur
d'environ 200 mètres, distance à laquelle il se jetterait
dans l'égout actuel. Le parcours total de l'égout à
construire serait approximativement de 1.100 mètres.
La dépense pourrait être payée en partie par le
département, en partie par la commune qui amélio-
rerait la situation d'un de ses quartiers, en partie enfin
par l'Assistance publique. La construction de cet
égout permettrait, en effet, à l'hospice de Bicêtre d'y
envoyer toutes les eaux-vannes du service des enfants
idiots et épileptiques, en continuant cet égout à partir
.de la rue de l'1-Iay jusqu'aux murs de l'hospice, soit,
Discussion. LXRZI
en droite ligne, sur une longueur d'environ 200 mè-
tres (1).
Ce programme sommaire contient assurément des
lacunes qui seront comblées naturellement lorsqu'on
examinera les projets particuliers des bâtiments à
construire plus tard. Tel qu'il est, il nous parait
répondre aux désirs de la Commission d'avoir une
idée générale de la disposition des divers services qui
doivent composer le futur asile.
Le rapporteur, Bourneville.
M. le Président. - Vous venez, Messieurs, d'entendre la
lecture du remarquable rapport, présente; par notre collègue
M. le D1' Bourneville au nom de la sous-commission chargée
de l'étude du programme en vue de l'agrandissement de la
Fondation Vallée, rapport dont un exemplaire vous a été
adressé hier au soir à domicile. Si personne ne demande la
parole sur la discussion générale, je vais donner lecture
des questions suivantes que ce rapport renferme et que la
Sous-Commission a eu à examiner. J'ajoute que cette sous-
commission les a tranchées conformément aux indications du
rapport de notre collègue.
1° y .1-t-illieu de construire un asile pour les jeunes filles
idiotes et arriérées sur les terrains de la Fondation Vallée ?
Il me semble, Messieurs, que tous nous sommes d'accord
pour qu'il soit procédé à cette construction dans un délai
plus ou moins rapproché. Personne ne demandant la parole,
je mets cette question aux voix.
La commission consultée émet, à l'unanimité de ses
membres, le voeu qu'un asile pour les jeunes filles idiotes
soit construit sur les terrains de la Fondation Vallée.
(1) Dans le cas où l'hospice, ce qui est très désirable, utiliserait le Tout à
l'égout Il de la partie haute du service pour la culture du Marais » - ce qui
sl1primerait les dépenses de vidange (15.000 fr.), et d'achat de fumier (3.000 fr.),
il n'en faudrait pas moins remédier à la situation déplorable créée par le
pavillon d'isolement.
Bourneville, Bicêtre, 1892. ?
yy-g : atc ' Discussion-.
- M. le Président. La 2° question que nous avons'à examiy
ner est la suivante : . '
2 Une superficie de IL hectares et demi est-elle nécessa,'i1'e
à cette éclifichtio7t.
in,1. le D1' Bourneville fait observer que la superficie occupée
par les bâtiments de la section des enfants de Bicêtre conte-
nant plus de 400 lits n'est que de 30.800 métrés carrés. Une
étendue de 3 à 35.000 paraît suffisante à notre collègue. Là
sous-commission ,a .partagé son sentiment.
M. LE Dr BOURNEVILLE. - Cette superficie me parait d'au-
tant plus suffisante que les bâtiments de la Fondation Vallée
seront à un étage, alors que ceux de la section des enfants
de Bicêtre ne sont.qu'à rez-de-chaussée.
Discussion; ïxXxi-y
M. le D1' Bourneville. Le nombre desjeunes filles trai-
tées il l'asile de Villejuif est de 56. Si la construction du
bâtiment de 100 lits est votée par vous, il resterait encore
une' quarantaine de places à donner aux nouvelles entrantes,
ce.qui permettrait de faire face, pendant quelque, temps aux
besoins de cette catégorie de malades. ""
La Commission consultée sur cette question émet le vau
qu'un bâtiment de 100. lits, se reliant à. un plan d'ensemble,
soit aussitôt que possible construit sur les terrains actuels de
la Fondation Vallée. . ".
. M. le Président la quatrième question est la suivante :
4e question. Faut-il que tous les bâtiments a construire,
soient un ou deux étages ? ..
- Cette question, une des plus importantes, a été examinée
avec le plus grand soin par la Sous-Commission qui a fini
par se ranger à l'avis de M. le Dr Bourneville, lequel demande,
que ces bâtiments ne soient qu'à un étage en raison du genre
de malades qu'ils sont destinées à loger et du danger que
présente pour les enfants épileptiques et hémiplégiques la :
montée et la descente des escaliers. -. '
M. le D1' Bouiineville. Mon idéal serait de n'avoir que.
des bâtiments à rez-de-chaussée; mais en présence des'
impossibilités budgétaires qui ne permettent de mettre à la
disposition de l'architecte, pour la construction de ce bâtiment,'
qu'un crédit de 232.000 francs et do la nécessité qui s'impose'
de dégager l'asile de Villejuif des petites filles qui l'encombrent,'
je me suis rallié à la construction de bâtiments à un étage. ^
1
M. Le Roux. En présence de la nécessité de se maintenir,
dans la limite d'une dépense de 232.000 francs et de donner
asile à cent enfants, l'Administration avait soutenu un projet
de bâtiment à deux étages qui, seul paraissait pouvoir répon-
dre à ce programme; mais étant donné la solution adoptée
par la Sous-Commission d'étude de laquelle il résulte que ce
bâtiment, dont les frais de construction ne dépasseront pas la-
dite somme, contiendra quand même une centaine de lits, jet.
ne m'oppose pas à ce qu'il n'ait qu'un étage.
. ! II. le Président. La sous-commission et' l'administration'
étant d'accord, je vous propose., .Messieurs, d'émettre un avis
favorable à la présente proposition.
LXXXIV Discussion.
Chacun des bâtiments à construire et devant contenir une
centaine de lits, sera à un étage.
Adopté à l'unanimité.
M. le Président. Reste à nous prononcer sur l'ensemble
du projet.
M. PuTEAUX. Dans le rapport qu'il a présenté, au nom
de la Sous-Commission d'étude, M. le D'' Bourneville a traité
d'une façon magistrale la question du programme d'ensem-
ble des diverses constructions il élever sur les terrains de la
fondation Vallée. J'ai en conséquence l'honneur de déposer
la proposition ci-après :
La Commission, adoptant le programme d'ensemble élaboré
parla Sous-Commission pour la construction des divers bâti-
ments en vue de l'agrandissement de la Fondation Vallée,
émet le voen que le service d'architecture, lors de la prépara-
tion des plans et devis, s'inspire des indications de ce pro-
gramme énoncé dans le rapport de M. le Dr Bourneville.
Adopté à l'unanimité.
M. le Dr Bourneville. Reste à trancher la question de
la pharmacie.
Y a-t-il lieu de placer à la pharmacie de la Fondation Vallée
agrandie, un pharmacien en chef ou un interne en pharmacie.
Au point de vue du programme général la solution de cette
question s'impose. Il est, en effet, nécessaire de faire savoir à
l'architecte s'il doit prévoir le logement d'un pharmacien ou
celui d'un interne en pharmacie.
M. le Dr DuMESN;L. A l'asile de Vincennes, il n'y a qu'un
interne en pharmacie placé sous la surveillance du pharmacien
de l'asile de Charenton. J'estime en conséquence que ce mode
de procéder pourrait être appliqué à la pharmacie de la Fon-
dation Vallée, dont l'interne serait placé, soit sous la surveil-
lance du pharmacien de l'Asile clinique, soit sous celle du
pharmacien de l'asile de Bicêtre.
A la suite d'une discussion à laquelle prennent part M. le
Président, M. le Dr Bourneville et M. Le Roux, la Commis-
sion émet le voeu que la pharmacie de la fondation Vallée soit
confiée à un interne en pharmacie logé dans l'établissement.
Section III : Assistance publique.
I.
Assistance des arriérés et des épileptiques adultes et
enfants.
Nous avons profité de la visite faite dans notre ser-
vice le 22 juin 1892 par la Commission de surveil-
lance pour attirer son attention sur quelques points de
la question si importante de l'assistance des épilep-
tiques et des idiots de toute catégorie et, en particu-
lier, des se21-iW : ciles ou des imbéciles améliorés.
Voici l'extrait du procès-verbal relatif à cette ques-
tion.
J'ai fait réunir ici plusieurs catégories de malades ayant
appartenu ou appartenant encore à mon service pour
attirer votre attention sur quelques points relatifs à l'as-
sistance des arriérés et épileptiques, enfants et adultes.
L'an dernier, lors des discussions sur les placements
d'enfants, il a été dit que, jusqu'en 1877, les enfants ne pas-
saient point par le bureau d'admission. J'ai fait faire la
statistique des placements opérés à Bicêtre pendant onze
ans. Elle nous montre qu'il y a eu :
LXXXVI
Assistance DES ARnIÉJ1J : S.
Assistance des enfants arriérés. LXXXVII
ne sont pas dangereux pour les grandes personnes, sont
dangereux pour eux-mêmes et pour les autres enfants.
Ils ne font que se plaindre et crier, ce qui empêche les
voisins et les enfants des voisins de reposer; ils sont
méchants, destructeurs; ils grillent et ils mordent leurs
frères et soeurs; ils gâtent, ce qui est une cause d'insa-
lubrité. Le plus souvent même les parents n'ont pas de
linge pour les changer. A ces divers titres ils doivent
être placés dans une maison spéciale de traitement.
A l'appui voici un groupe d'enfants : L'enfant Baud...,
a été renvoyé de l'asile maternel, de [l'école, de partout.
Les parents ont été amenés à le faire séquestrer pour
éviter des accidents et des fugues.
L'enfant Lorra... exerce ses violences de préférence
sur les enfants qui sont incapables de pouvoir lui rendre
le mal qu'il leur fait. Elles consistent en égratignures qui
ont pour siège principal les yeux, en coups do pied lancés
énergiquement, en morsures. 11 crache au visage; il jette
par les fenêtres les objets il sa portée; il bouscule tout sur
son passage, etc.
L'enfant \fi;het... pince, mord, égratigne cherche à
blesser avec des morceaux de verre, ou il faire tomber
les enfants, leur tordre les doigts, à leur mordre la verge,,
etc... '.
Les enfants Devism ? Laud ? Dunna ? déchirent leurs
habits, égratignent, mordent les enfants et les infirmières,
culbutent tout, etc. '
L'enfant Mans... a de violents accès de colère dans les-
quels il renverse les enfants, pousse des cris effrayants ;
grimpe sur les bancs, court, et se frappe la tête de tous
côtés. Pendant ces accès, son visage est pourpre, ruisse-
lant de sueur, les yeux sont hagards, le nez est pincé, les
lèvres sont tremblantes. Ces crises durent 15, 20, 30
minutes. A la fin, le visage est très pale l'enfant cherche
se faire caresser et pleure. i
Multiplier ces exemples serait aisé.
Ceux-ci nous paraissent suffire pour démontrer, aux
personnes qui en doutent, que les enfants hospitalisés ici
sont dangereux pour eux-mêmes et pour les autres et
LXXXVIII Assistance des arriérés.
que leur internement est tout à fait indispensable et jus-
tifié.
J'ai parlé tout à l'heure de l'âge d'admission. Un mot de
l'âge de sortie du service. Il est fixé à 18 ans administra-
tivement. Nous y dérogeons avec l'assentiment au moins
tacite de l'Administration et nous prenons généralement
pour base le développement physique des malades.
Voici un groupe des petits de 18'ans et au-dessus :
Adel..., 2G ans, taille 1 ? u6.
Cr..., 19 ans, taille 1 ? 3S.
Delcamh..., 19 ans. taille lm. 33.
Gaut..., 19 ans, taille -1 ? 37.
Gautr..., 20 ans, taille 1 ? 27.
,tac..., 20 ans, taille le. 95.
Naud..., 20 ans, taille 1 ? 28.
Pet... E ..., 18 ans, taille I™. 32.
Dehar..., 27 ans, taille 0 ? 91.
Gir..., 2' ans, taille 1 ? 46.
Nig..., 18 ans, taille 1m. 22.
Comme vous le voyez, Messieurs, ces enfants, parl'exi-
guité de leur taille, par l'absence des caractères de la
puberté, par leur apparence infantile ne peuvent être con-
sidérés physiologiquement ou médicalement comme des
adultes. Leur maintien, ici, a donc sa raison d'être : ce sont
encore des enfants. Je dois dire que la très grande majo-
rité d'entre eux n'a pas le moindre intérêt pour moi; ils
sont trop vieux pour que j'espère en tirer plus que je
n'ai pu le faire. En ne les faisant point passer aux
adultes, clans leur intérêt, je ne cause assurément aucun
préjudice scientifique à mes collègues des sections d'a-
dultes.
Quant aux autres, aux grands de 18 ans, voici ce qu'ils
deviennent :
1° Les uns passent dans la section des épileptiques. Il
y a en a eu 4 en 1892, et 8 certificats de passage sont signés
actuellement. Ils attendent des places,
2° D'autres, les arriérés, insuffisamment améliorés, tou-
jours idiots, imbéciles ou pervers, passent dans la 1'" et
Assistance DES IMBÉCILES améliorés. LXXXIX
la 2me section comme aliénés. Il y en a eu 22 en 1891 et 11
depuis le 1er janvier 1892, 2 certificats de passage sont
signés.
3° D'autres, qui sont améliores et sont jugés capables de
se guider, mais ayant des infirmités graves, telle qu'une
hémiplégie, ou une maladie chronique, passent dans la
division des incurables de l'hospice, en voici quelques-
uns
Ces malades, au moment de leur envoi de la section des
enfants dans l'hospice me promettent bien d'aller travail-
ler de la profession que nous leur avons fait apprendre,
dans les ateliers de la maison. Malheureusement, l'absence
d'un règlement formel leur fait oublier - à la plupart -
cette promesse. Ils usent et môme abusent de cette liberté
qui leur est accordée. Je crois, et c'est là un point que j'ai
déjà signalé, qu'il serait nécessaire de les soumettre au
moins durant plusieurs années à une réglementation : obli-
gation du travail dans les ateliers ou les jardins de l'hos-
pice, dans la mesure de leurs forces et de leurs aptitudes;
sorties au dehors que sur une permission du directeur ou
accompagnés de leurs parents.
J'ai dit que, parfois,ces malades abusaient de leur liberté,
je citerai comme preuve le nommé Deléth..... dont voici
les photographies : c'était un imbécile rentrant dans la
variété décrite par quelques auteurs sous le nom de j'attti-
tas. Nous en avions fait un bon ouvrier cordonnier : mais
possédant des aptitudes musicales, il a délaissé l'ate-
lier de cordonnerie où il pouvait, tout en gagnant
quelque argent, être utile à la maison, pour aller faire de
la musique dans les bals borgnes des environs. On lui
avait à tort accordé des permissions de minuit, des per-
missions de découcher. Porté aux rapports sexuels, il ne
s'est pas contenté des clientes faciles qu'il faisait danser,
un jour il a tenté de violer une fillette d'une douzaine
d'années, a été arrêté et condamné.
Sill ? que je vous montre, paralysé du côté gauche,
ouvrier tailleur, pouvant être utilisé, a lâché l'atelier de
couture et a trouvé it gagner davantage en faisant des
courses chez un marchand du voisinage. Un jour, chargé
XC Assistance des arriérés.
de faire des achats, il a oublie' de s'acquitter de la com-
mission, a dépensé les vingt francs qui lui avaient été con-
fiés, et deux fois a été ramassé ivre-mort sur la voie publi-
que. Il a été consigné pour plusieurs mois; j'ignore s'il a
été obligé d'aller travailler à l'atelier de couture.
Ces faits - et j'en ai d'autres - prouvent la nécessité
des mesures réglementaires dont j'ai parlé tout-à-l'heure.
4° D'autres de nos malades sortent étant améliorés ou
guéris et n'ayant pas d'infirmités. Quelques-uns s'enga-
gent dans l'armée. Tels sont : Ygon ? Bruck ? dont voici
les photographies, Filh., aujourd'hui officier dans l'un des
régiments de la garnison de Paris, Alvat..., maintenant
ouvrier menuisier dans les ateliers du chemin de fer de
Lyon, et qui est venu ce matin nous demander un service,
Un certain nombre de nos malades devenus libres exer-
cent au-deliors le métier qu'ils ont appris ici : tels que
Charpent ? Dezob ? Grand..., etc.. etc... Pour eux il fau-
drait l'appui d'une Société de patronage, afin de les sou-
tenir,de les encourager, de les replacer quand ils n'ont
plus de travail.
5° Enfin d'autres, après être passés de mon service dans
les autres sections, sont rendus à la liberté par mes col-
lègues, fatigués de leurs réclamations pour sortir. Soit
insuffisance, paresse ou mauvaise volonté, soit parce que
souvent, hélas ! ils ne payent pas de mine, ils sont impuis-
sants à se placer, ils font de grosses besognes, des cour-
ses dans les chantiers, aux halles, sur les quais, etc., sont
inoccupés, mendient ou vivent je ne sais comment. Tels
sont Gouv..., Auch..., qui vient d'être condamné à 8 jours
de prison pour rixe avec les agents, Riel... qui vient de :
subir une seconde condamnation et pour lequel j'ai
réclamé l'intervention de notre vénéré et dévoué Président.
Taes... que vous avez devant vous et qui ne peut trouver
à s'occuper au-dehors.
Ce dernier groupe, assez important, est composé de
malades qui souvent rentrent dans les asiles et d'où ils-
sortent, usant de leur liberté de la façon que je viens
d'indiquer. Pour eux, le patronage ne serait peut-être pas-
Assistance des imbéciles améliorés. xci
suffisant. Ce qu'il faudrait, afin d'en débarrasser partiel-
lement nos asiles et de leur éviter le dépôt de mendicité,
ou la prison, c'est une organisation spéciale. Il faudrait
leur donner une demi-li/je¡ té, les maintenir dans un demi-
internement, passez-moi le en les utilisant dans les
établissements hospitaliers en qualité d'hommes de peine,
auxquels on donnerait un salaire restreint et qui ne pour-
raient sprti.r que dans des conditions particulières. ,
Ce mode d'assistance serait plus humain, moins coûteux
et plus économique que l'abandon actuel. Il supprimerait
la mendicité qu'exercent ces malades, les sauverait du
dépôt de mendicité, de la prison où on les envoie trop sou-
vent, quoique irresponsables.
J'ai pense, Messieurs, que cette esquisse de quelques
réformes dans l'assistance de cette catégorie de malades
pourrait, être faite plus clairement ici en présence des
faits, avec les malades sous vos yeux, que dans la salle
de nos séances. J'ai été plus long que je ne l'aurais voulu,
je vous prie donc de bien vouloir m'excuser.
M. le Président. - La Commission est vivement
impressionnée par les considérations humanitaires que
le Dr Bourneville vient de développer avec exemples
à l'appui. Elle ne peut que prier l'Administration de l'as-
sistance publique do vouloir hien étudier le difficile pro-
blème d'assistance à l'égard des personnes assez amélio-
rées pour ne plus pouvoir être maintenues en état de sé-
questration mais, non assez valides d'esprit ou de corps
pour gagner au-dehors, leur vie par le travail.
II.
Assistance des aliénés : des placements volontaires.
Messieurs,
L'an dernier, dans les séances du 12 mars, du 1 et du
30 avril, des Il et 25 juin, la Commission de surveillance,
vous ne l'avez sans doute pas oublié, s'est occupée du mode
de placement des enfants dans les asiles (1). Cette discussion
a montré la nécessité de préciser les conditions dans les-
quelles devraient être faits les placements volontaires.
Pour répondre au désir de la Commission, l'Administra-
tion, par l'intermédiaire de M. Le Roux, chargé de la
direction des affaires départementales, a adressé à M. le
Président de la Commission, un mémoire explicatif du
règlement qu'il propose. Ce mémoire a été renvoyé à une
sous-commission composée de MM. Puteaux, Thulié et
Bourneville, exposant d'une façon très nette la situation
et les réformes proposées, nous ne croyons mieux faire
que d'en placer le texte complet sous vos yeux.
Pari,, C avril 1892.
Monsieur le Président,
Les placements volontaires d'aliénés dans les asiles du
département de la Seine et les quartiers d'hospice de Bicétre
et de la Salpêtrière ont été, pour la première fois, réglementés
par l'arrêté préfectoral du 15 janvier 1877, rendu après avis
de la Commission de surveillance du 31 octobre 1876, et en
(1) Nous avons reproduit cette discussion dans notre Compte-rendu pour
1891 (p. ustc-cvc. Ce rapport en est, en quelque sorte, la suite et la Conclusion.
Placements volontaires. xciii
exécution de la délibération du Conseil général du 9 décem-
bre 1876. Aux termes de cet arrêté, les placements volon-
taires, sont divisés en placements payants et placements gra.
tuits.
Les placements payants pouvaient être effectués directe-
ment dans chaque asile. Les placements gratuits devaient pas-
ser par le bureau d'admission de l'asile clinique.
Mais quelque fut le mode de placement, il était nécessaire,
pour être admis, que l'aliéné eût son domicile de secours dans
le département de la Seine. Le nombre de places dans chaque
asile affecté à ces placements avait été fixé, par la délibéra-
tion précitée du Conseil général iL : ) : 30 pour l'année 9S1 i : 170
places pour les aliénés payants, l(i0 pour les indigents; la
même délibération fixait en outre le tarif des placements
payants.
Ces dispositions ne furent pas modifiées pendant les années
suivantes : 1878, 1879 et 1880. Mais en 1881, le Conseil général
par une délibération du 5 décembre, rendue sur le rapport de
M. le docteur Bourneville décida que le nombre des place-
ments volontaires payants ou gratuits pouvait être illimité, et
les autres dispositions étaient maintenues. Parmi ces dispo-
sitions, la plus importante était celle stipulant qu'aucun alié-
né ne pouvait être admis que s'il avait son domicile de secours
dans le département.
Ce domicile s'acquiert, aux termes du décret du 24 vendé-
miaire an II, par un séjour d'une année dans la même loca-
lité pour les individus majeurs. Mais à l'égard des mineurs, il
est au lieu de naissance.
Par suite de ces dispositions, les enfants aliénés, nés hors du
département de la Seine, mais dont les parents habitaient Paris
ou les communes de la banlieue, ne pouvaient être maintenus
dans les asiles de la Seine et devaient être envoyés dans l'asile
du département d'origine.
Cette nécessité imposait aux intéressés, parents et enfants,
une douloureuse séparation. C'est pourquoi le Conseil général,
par une délibération du ! ! niai 1881, autorisa l'administration
il maintenir dans nos asiles les mineurs de 18 ans, originaire
de Seine-et-Marne, dont les parents habitaient le départe-
ment de la Seine depuis deux ans au moins. Cette délibération,
bien qu'elle ne visât dans ces termes que les enfants origi-
naires de Seine-et-Marne a été, en fait, et en s'appuyant sur les
conclusions du Rapporteur au Conseil général, M. le D l3otto-
redue, appliquée aux enfants originaires des autres dépar-
tements.
4
XCIV Assistance LES aliénés;
Telles sont, dans leurs lignes principales, les dispositions
qui sont encore en vigueur aujourd'hui. Cependant, si on se
reporte au Tableau statistique des placements d'office et des
placements volontaires, durant la période décennal 1880-1890
(Voir Rapport de service pour l'année 18DO, page 10), on est
amené il, constater que si les placements volontaires ont tou-
jours progressé,, notamment en 18DO, l'écart entre les deux
modes de placements est toujours aussi élevé, alors qu'il serait
désirable que l'admission des aliénés, par voie de placement
volontaire, devint la règle habituelle.
Ce desideratum répond d'ailleurs aux intentions du Conseil
général qui a maintes fois exprimé le voeu de voir se dévelop-
per les placements volontaires dans les Asiles de la Seine, afin
d'éviter aux malheureux qu'on est obligé d'interner dans un
asile le passage par l'nfirmerie du dépôt. ,
Après étude de la question, l'administration a préparé un
projet de règlement qui, sans modifier profondément l'ancien,
contient des dispositions de nature il, répondre aux désirs du
Conseil général.
Le projet, après avoir posé, dans son article premier, le.
principe de l'admission des placements volontaires d'aliénés
dans tous les asiles et quartiers d'hospices de la Seine, report
duit dans les articles suivants : 2, 3, 4, 5, les dispositions for-
mulées dans les articles 5, 15, 1G, 17 et 18 de la délibération du
Conseil général du 9 décembre 1876. Il a semblé qu'il y avait
intérêt à réunir dans un seul document la réglementation com-
plète des placements volontaires, de manière il en faciliter la
connaissance au public auquel il sera distribué.. : : 1
Les modifications principales consistent : d'une part, dans
la suppression de toute distinction entre les placements volon-
taires payants et les placements volontaires gratuits; d'autre,
part, dans l'application aux placements volontaires du prix de;
journée, fixé annuellement par le Conseil général pour les,
placements d'office.
Actuellement, les placements volontaires payants peuvent t-
être effectués directement dans tous les asiles de laSeine, tan-
dis que les placements volontaires gratuits ne sont reçus qu'à
l'Asile Clinique où ils doivent passer par le bureau d'admission.
L'article 6 du nouveau projet dispose que dorénavant toute
personne atteinte d'aliénation mentale pourra être admise,
directement, par voie de placement volontaire, dans chacun,
des asiles et quartiers d'hospices de la Seine.
'On n'aperçoit pas bien, eu effet, pour quel motif les. familles.
qui sont dénuées de ressources se trouveraient privées (1'wi,4
Placements volontaires. xcv
faculté accordée à celles qui sont plus fortunées. Il ne faut pas
oublier qu'il s'agit avant tout de l'assistance adonner à une
maladie d'une nature toute particulière et que les mêmes faci-
lités doivent être accordées il tous pour l'admission de leurs
aliénés dans les asiles publics.
L'adoption de celte mesure constituera un véritable encou-
ragement pour les placements volontaires, puisque ceux-ci
pourront se faire directement il tous les asiles tandis que les
placements d'office sont obligés de passer par l'infirmerie du
Dépôt et le Bureau d'admission de l'Asile clinique.
On pourra objecter que le plus souvent les familles condui-
ront leurs malades à l'Asile clinique, le seul qui soit dans l'in-
térieur de Paris, et que, parla force même des choses, les
malades seront obligés d'être transférés dans un autre asile.
L'article 7 a précisément pour objet de prévoir le cas où, en
raison de l'encombrement, le malade ne pourrait pas être reçu
au bureau d'admission de l'Asile clinique.
La seconde modification à introduire dans le règlement con-
siste dans l'application à tous les placements volontaires du
prix de journée fixé annuellement par le Conseil général pour
les placements d'office.
Lorsque le Conseil général, rétablissant les placements
volontaires d'aliénés dans nos asiles, a institué deux catégo-
ries de placements volontaires, il a décidé que, pour les pla-
cements volontaires dits gratuits, le prix de journée applica-
ble aux malades internés d'office pourrait être réclamé aux
familles non indigentes; et, pour les placements volontaires
payants, il a adopté le tarif ci-après.
Prix par mois :
XLVI Assistance des aliénés.
choisir leur asile, les familles signent une demande de place-
ment ; payent le premier, quelquefois le deuxième mois,
puis excipent de leur indigence pour transformer le placement
payant en placement gratuit. Par contre, les familles qui ont
demandé le placement gratuit protestent lorsque l'Adminis-
tration, estimant, d'après les résultats de l'enquête, que les
frais de séjour doivent être recouvrés en totalité ou en par-
tie, les met en demeure de payer.
En résumé, l'expérience faite cles deux catégories de place-
ment, instituées par le règlement de 1877, démontre que le
mode du placement dit payant tend de plus en plus à tomber
en désuétude. 11 est facile de s'en convaincre, en rapprochant
du chiffre de l.OU6 placements volontaires effectués en 1890
les chiffres inscrits aux comptes des quatre asiles, au titre
des l2ecttes provenant de ces placements. Ces recettes repré-
sentent seulement 18 placements payants sur 1.0416.
Il convient d'ajouter que l'écart existant entre les prix de
pension des payants et les prix de journée des indigents a
pour ainsi dire disparu, par suite de l'augmentation progres-
sive du prix de journée dans les asiles; et, en facilitant les
placements volontaires, le département ne cherche pas à réa-
liser des bénéfices. Le prix payé par les familles doit être en
réalité le remboursement pur et simple des frais de séjour,
suivant le taux fixé chaque année par le Conseil général.
Cette modification a encore un avantage : elle abolit la dis-
tinction entre les payants et les gratuits, distinction cho-
quante et qui n'a pas raison d'être puisque la loi permet de
recouvrer les frais d'hospitalisation sur les parents en état de
les payer et que tous ceux qui contribuent suivant leurs res-
sources, sans payer la totalité, ne peuvent être équitablement
classés parmi les gratuits.
La distinction établie parle règlement entre les payants et
les gratuits avait même amené quelques personnes à deman-
der que des quartiers spéciaux fussent aménagés pour les
payants. La question a été étudiée et l'on a dû reconnaître
les difficultés qu'elle présente. Il faudrait, pour le petit nom-
bre de payants (dont seraient exclus ceux qui ne paient que
partie des frais de séjour), autant de quartiers que pour les
autres, des séparations infinies, peut-être aussi un régime
différent, des vêtements autres. Pour ceux-là, il y a la maison
de santé de Ville-Enarcl, qui, sans grande augmentation,
répond à ces desiderata. Au reste, cette proposition a été
envoyée à l'examen de la Commission de Surveillance qui pré-
sentera un rapport complet sur la question.
Placements volontaires. TCVII
Les modifications dont noas venons de parler font l'objet
des Art. 91 et 12 du projet nouveau.
Je dois, avant de terminer, appeler l'attention de la Com-
mission sur les dispositions particulières aux placements des
enfants. La Commission sait quelles sout les dilllieultés
qu'ont soulevé ces placements et les plaintes légitimes provo-
quées par la promiscuité (les adultes avec les enfants au Bureau
d'admission. L'Administration a pu parvenir, avec le concours
du Directeur de l'asile Clinique et du médecin du service de
l'admission, à empêcher que les enfants ne séjournent au
Bureau d'admission ; mais l'inconvénient résultant de l'absence
de local spécial pour les enfants subsiste toujours et réclame
une solution longtemps attendue.
Dans les résolutions votées par le Conseil général dans la
séance du 27 décembre 11t11, sur le rapport de la 3 ? commis-
sion, figure l'invitation adressée il l'Administration d'exami-
ner, pour la traduire en propositions précises, l'idée de la
création d'un bureau de répartition spécial aux enfants idiots
et arriérés. Par délibérations antérieures, le Conseil avait
demandé que le service de répartition des enfants idiots etarrié-
rés fut transféré à la Salpêtrière et confié au médecin résident
de cet établissement. Mais l'Administration hospitalière a tou-
jours objecté qu'elle n'avait pas qualité pour diriger un bureau
de réception et de répartition et que ce soin incombait à l'Ad-
ministration préfectorale. Il faut bien reconnaître, d'ailleurs
que transférer le bureau d'admission pour les enfants de
l'asile Clinique il la Salpêtrière n'est pas résoudre la difficulté
puisque des garçons et des tilles seraient dans un établisse-
ment exclusivement réservé aux femmes (1).
. Mais s'il ne parait pas expédient de transporter le Bureau
d'admission pour les enfants, il semble qu'il serait possible
d'étendre aux enfants aussi bien qu'aux adultes la faculté de
pouvoir- être admis directement, par placement volontaire,
dans tous les établissements où il existe des quartiers d'en-
fants. C'est dans cet esprit qu'a été libellé l'art. 9 du projet
nouveau. On pourra sans doute objecter que, par suite des
facilités concédées aux placements volontaires, les quartiers
d'enfants se trouveront toujours au complet, et que les enfants,
internés sur réquisition du Préfet de Police, seront obligés de
séjourner au Bureau d'admission de l'asile Clinique, faute de
place dans les quartiers spéciaux ; mais il sera possible d'éviter
cet inconvénient en donnant des instructions aux directeurs
(1) 11 J" a une salle d'hommes dans le service de M. Charcot.
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892. ?
icviii Assistance DES aliénés.
de ces établissements pour que les enfants envoyés par l'asile
Clinique soient toujours reçus, sauf à ajourner, lorsqu'on
manquera de lits disponibles, les demandes de placements
volontaires. En prévision de ces refus, le projet prévoit la
tenue, dans chaque établissement d'enfants, d'un registre
spécial où seront inscrites les demandes auxquelles il sera
donné satisfaction, suivant l'ordre d'inscription et au sur et à
mesure des vacances (1). Cette mesure n'aura d'ailleurs qu'un
caractère transitoire et elle deviendra sans objet lorsque le
Conseil général aura statué sur les projets d'agrandissement
de la colonie de Vaucluse et de la fondation Vallée. L'adop-
tion de ces deux projets aura pour résultat de mettre à la dis-
position de l'Administration un plus grand nombre de places
pour les enfants idiots ou arriéres.
En rappelant dans la première partie de cet exposé les
diverses délibérations du Conseil général sur la question (les
placements. d'aliénés, je vous ai signalé la délibération aux
termes de laquelle les mineurs (le 18 ans, dont les parents habi-
tent Paris depuis plus de deux ans, peuvent être maintenus
dans nos asiles, bien qu'ils aicnt leur domicile de secours
dans les départements où ils sont nés. La délibération ajoute
que le département d'origine doit, dans ce cas, payer au dépar-
tement de la Seine le prix qu'il paierait dans l'asile où sont
traités ses aliénés. Aujourd'hui, les départements refusent de
reconnaître le droit aux secours pour tout enfant qui est l'ob-
jet d'un placement volontaire dans un asile de la Seine ; ils con-
testent même la légitimité des placements d'office qui les con-
cernent, prétendant que l'internement de ces enfants ne ren-
tre pas dans la catégorie de ceux prévus par l'article 18 de la
loi de 1833. Plusieurs contestations de cette nature ont été
déférées it M. le Ministre de l'Intérieur qui a donné gain de
cause iL ces départements : l'affaire a été portée devant le
Conseil d'Etat où elle est encore pendante.
Le seul moyen de remédier à cette regrettable situation
est de décider que les enfants dont les parents habitent Paris
depuis un temps déterminé seront considérés comme ayant
leur domicile de secours dans le département de la Seine.
En ce qui concerne la durée du séjour, le Conseil ayant deman-
dé que le domicile de secours fitt modifié dans ce sens, que
le domicile ne put s'acquérir que par une résidence de trois
années, il semble qu'il y aurait lieu de décider que, pour être
(1) Voir Procès-verbaux de la Commission de Surveillance, 181)1, p. lfi8, et
Compte-rendu de D ! cétre poun 1891, p. LXXXV ! .
Placements volontaires' XOX
admis dans les asiles au compte du département de la Seine,
les enfants, nés hors de ce département, devront habiter,
ainsi que leurs parents, Paris ou le département de la Seine
depuis trois ans au moins.
Quant iL la limite d'âge qu'il conviendrait de fixer pour béné-
ficier de cette mesure, il serait à désirer, dans un intérêt d'hu-
manité, que ces nouvelles dispositions pussent profiter à tous
les mineurs de 21 ans, dont les parents ont fixé leur domicile
dans la Seine depuis trois ans, au moment de l'internement'
Par suite de leur état de minorité, ces aliénés ne peuvent, en
effet, quelle que soit la durée de leur séjour dans la Seine,
acquérir un autre domicile que celui de leur naissance aux
ternies du décret de Vendémiaire an II; ils se trouvent, dès
lors, exposés à être transférés loin de leur famille, dans les
asiles de leur département d'origine.
Mais le Conseil général ayant fixé cette limite d'âge it 18 ans,
dans sa délibération du ! I mai 1881 l'administration ne croit
pas pouvoir prendre l'initiative d'une extension qui ne laisse-
rait pas que d'être une nouvelle cause d'aggravation des char-
ges déjà si lourdes du service d'assistance des aliénés.
Sous le bénéfice de ces considérations, j'ai l'honneur de
vous prier, Monsieur le Président, d'appeler la Commission de
surveillance à délibérer sur le nouveau projet de règlement
des placements volontaires d'aliénés dans les asiles de la
Seine.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'assurance de
ma haute considération,
LE PRÉFET DE LA SEINE.
Pour le Préfet et par autorisation.
Le Sous-Directeur chargé de la direction
des affaires départementales,
IIUN111 Le Roux.
I. - Il nous parait utile de rappeler, tout d'abord, les
passages de nos rapports au Conseil général concernant
les placements volontaires auxquels il a été fait allusion
dans la discussion de 1891 (1). Ce sera le complément de
(t) Voir le Compte-rendu de 1891, p. Lxn-cvt.
C Assistance des aliénés.
notre réponse il ceux qui combattaient les réformes que
nous reproposions.
26 novembre 1878. « Votre Commission vous deman-
de d'inviter l'Administration il faciliter les placements
volontaires et à en abréger le plus possible les formalités. »
2 décembre. - « Le rétablissement des placements volon-
taires n'a supprimé le passage il la Préfecture que pour un
nombre très minime d'aliénés indigents. En effet, il y a eu,
en 1879, 2ô placements volontaires il Vaucluse, 96 à Sainte-
Anne et la zut , Vous voyez par ces chiffres
qu'une réforme est urgente et qu'il y a lieu d'inviter l'Ad-
ministration il étendre les placements volontaires il tous les
malades dont l'admission est sollicitée par les familles. »
Ces chiffres comprenaient les placements volontaires
d'indigents et les placements payants. Malheureusement,
les réclamations du Conseil général au sujet des place-
ments volontaires ne furent pas indiquées dans le projet de
délibération. Les errements anciens continuèrent.
21 novembre 1880. - Après avoir rappelé les inconvé-
nients du passage des malades au Dépôt de la Préfecture
de police et reproduit la citation qui précède, concernant
les placements volontaires, nous ajoutions : « Votre Com-
mission pense donc qu'il convient de maintenir les place-
ments volontaires d'aliénés payants au même chiffre
qu'en 1880 (soit 170), et de laisser pour les placements
volontaires d'aliénés indigents toute latitude il l'Adminis-
tration ; d'inviter la clile Administration il examiner d'ur-
gence les demandes qui lui sont faites à ne pas prolonger
pendant cinq il dix jours, comme cela se fait trop souvent,
les réponses aux familles. »
30 novembre 1881. - Nous enregistrons une légère
augmentation dans les placements volontaires et nous
ajoutons : « Votre troisième Commission vous propose
également de maintenir votre délibération de l'an dernier,
donnant toute latitude il l'administation pour les place-
ments volontaires d'indigents. »
Si le Conseil général avait accepté les propositions qui
lui avaient été faites précédemment par sa 3e Commission,
en réalité, le projet de délibération était muet. Aussi a-t-
on profité de cet oubli.
Assistance DES aliénés. ci
Instruit par l'expérience, nous avons fait modifier dans
le projet de délibération de 1881, l'article relatif aux pla-
cements volontaires qui a été ainsi rédigé :
Art. 2 - Il n'est rien change pour 1882 aux dispositions
admises en 1881, concernant les placements volontaires
payants ou gratuits d'aliénés, dans les établissements du
département de la Seine, sauf en ce qui concerne le nom-
bre de ces placements qui pourra être illimité.
I ! ) décembre 1882. Voici ce que nous disions : « La
situation étant restée la même, au nom de la : 3° Commis-
sion, nous insisterons de nouveau, afin que vous invitiez
l'Administration il tenir enfin compte de vos décisions.
Dans le hut de lui faciliter la tâche, vous avez décidé
qu'il y avait lieu de lui accorder toute latitude pour
les placements volontaires d'indigents. Malgré cela,
est lente. En effet, on t coiiipt(,
la progression est très lente. En effet, on a compté
25 placements volontaires gratuits en 1880, 31 en 1881
et 3.') du ICI' janvier au 31 octobre 1882. D'où il suit que,
malgré votre insistance, les familles pauvres trouvent tou-
jours des difficultés à la Préfecture de la Seine pour le
placement de leurs malades il Sainte-Anne, et qu'au lieu
de les aider, on préfère les renvoyer à la Préfecture de
Police. Il est temps que cette situation cesse; à vous d'exi-
ger que l'Administration se conforme il vos voeux, en auto-
risant les familles a conduire directement leurs malades
au Bureau d'admission. L'enquête nécessaire pour s'assu-
rer de la situation de fortune des malades sera faite
après l'admission, au lieu d'être faite avant, et il n'en
résultera aucune perte pour les finances départemen-
tales. »
La persistance du Conseil général porta ses fruits. A
partir cle 1882, ainsi que le rappelle M. Le Roux, les place-
ments volontaires d'indigents sont allés en croissant jus-
qu'en 1890. En 1890 et 1891, pour des raisons qu'il est super-
flu de rappeler maintenant, ils sont allés en décroissant.
Mais, grâce aux mesures si libérales et si humaines qui
vous sont proposées par l'Administration, il est certain
en Assistance des aliénés.
qu'ils iront de nouveau en augmentant, et on ne peut que
féliciter M. Le Roux d'avoir eu l'idée, non seulement de
réunir dans un seul document la réglementation complète
des placements volontaires, mais encore, d'en faciliter la
connaissance au public auquel le règlement sera distribué.
Nous applaudissons d'autant plus aux intentions de M. Le
Roux, qu'elles répondent absolument aux idées que nous
avons si souvent exprimées. Puissent ses intentions géné-
reuses passer dans la pratique et avoir des imitateurs (1) !
II. -. .L'Administration nous propose de donner (A 1't. G)
les mêmes avantages aux placements volontaires d'indi-
gents qu'aux placements volontaires payants, en autorisant
les familles des indigents iL conduire directement leurs
malades dans les asiles ou les quartiers d'hospice de la
Seine. Peut-être y aurait-il eu avantage à faire passer
tous les aliénés placés volontairement au Bureau d'admis-
sion, pour qu'ils y soient inscrits, en autorisant les familles
à indiquer à l'occasion leur préférence ? La pratique démon-
trera s'il y a lieu de modifier le règlement sur ce point.
III. - Nous ne saurions ([n'approuver la proposition qui
nous est faite d'appliquer à tous les placements volontaires
le prix de journée fixé actuellement par le Conseil général
pour les placements d'office.
IV. - La partie du mémoire de M. Le Roux qui a trait
aux placements volontaires des enfants est tout à fait en
(1) " Suivant nous, disions-nous dans une conférence faite le Ifi janvier 1802,
sur le Seruice des aliénés dans le département de la Seine, les citoyens qui ont
besoin de recourir à l'Assistance publique, soit ponr l'iusci iption au
Bureau de bienfaisance, soit pour l'admission dans les hospices, les maisons de
retraite ou les asiles d'aliénés, devraient trouver dans les mairies, les maisons
de secours et les établissements hospitaliers, des at71clies leur indiquant d'une
façon précise quelles sont les formalités qu'ils ont à remplir pour arriver au but
qu'ils poursuivent. Et, dans les bureaux des mairies et de l'Assistance publi-
que, ils devraient trouver tous les renseignements complémentaires dont ils
ont besoin. En un mot, nous voudrions que les portes fussent largement ou-
vertes aux malheureux, tandis qu'aujourd'hui encore,ils trouvent presque par-
tout devant eux mauvais vouloir et portes closes. Au lieu de l'appui bienveil-
lant auquel les malheureux ont droit, ils ne reçoivent souvent que des Uns de
non -recevoir formulées plus ou moins brutalement,»
Placements volontaires. ! CIII
harmonie avec les idées adoptées par la Commission de
surveillance et par le Conseil général. La réglementation
proposée pour eux sera acceptée avec bonheur par les
familles et en particulier par les familles des enfants qui
sont nés en dehors du département de la Seine. ;
Il est à espérer qu'au Ministère de l'Intérieur, on finira
par apprécier les sentiments d'humanité, qui ont décidé
le Conseil la Commission de surveillance et l'Ad-
ministration départementale, à consentir des sacrifices
pécuniaires, afin de ne pas priver ces enfants, déjà si dés-
hérités, des visites et de l'affection de leurs parents. .
M. Le Roux nous propose de faire bénéficier de la géné-
rosité du Conseil général les enfants dont les parents
habitent le département de la Seine depuis trois années.
Nous avions fait adopter une durée de résidence de deux
ans et cela dans l'intérêt même des enfants afin de ne pas
retarder leur éducation. Nous acceptons cette fixation,
convaincu que l'expérience dissipcra les craintes qu'inspire
il quelques-uns, au point de vue financier, les mesures
humanitaires acceptées dans la Seine et qu'on en revien-
dra à la limile cle deux ans.
M. Le Roux propose aussi, et avec raison, d'étendre
cette mesure de 18 il 21 ans. Nous vous demandons d'é-
mettre sur ce point un avis favorable qui rendra plus facile
son intervention auprès du Conseil général.
Pour justifier les placements volontaires directs,, c'est-
à-dire faits immédiatement dans les asiles, sans le pas-
sage à l'infirmerie du Dépôt de la Préfecture de police ou
plutôt il la prison, nous ne pouvons que renvoyer aux
raisons que nous avons maintes fois exposées, notamment -
durant les séances de la Commission que nous avons rap-
pelées au début de ce rapport (1). Elles sont d'ailleurs, con-
formes à l'esprit et à la lettre des circulaires ministérielles
auxquelles il serait bon de se reporter de temps en
temps - et cela s'adresse en particulier aux bureaux du
Ministère de l'Intérieur - car elles montrent, on ne
(1) Voir le Compte-rendu pour 1891, p. i-,xxi et XCVII.
Civ Assistance des aliénés.
saurait trop le redire, que la loi du 30 juin 1838 est, non
seulement une loi de police, mais surtout une Loi de
BIENFAISANCE.
Les remarques qui précèdent ne changent rien au fond
des propositions qui vous sont faites. Nous avons la con-
viction que les mesures proposées par l'Administration
auront des conséquences heureuses pour les malades de
nos asiles et pour leurs familles.
Nous concluons donc en vous demandant, au nom de
votre sous-commission, d'accepter le règlement qui nous
est soumis.
M. le Président. Vous venez, Messieurs, d'entendre la
lecture du rapport que M. le ])'' Bourneville présente sur cette
importante question au nom d'une sous-commission compo-
sée de MM. PU/l'aux, le Dr Thulié et de lui.
La sous-commission propose l'adoption du projet de règle-
ment sur les placements volontaires tel qu'il a été présenté
par l'Administration et dont je vais vous dominer lecture :
RÈGLEMENT SUR LES PLACEMENTS VOLONTAIRES DANS LES ASILES.
.\It1'. 1er. - Les placements volontaires d'aliénés sont auto-
risés dans tous les asiles publics du département de la Seine
et les quartiers d'hospice de Bicêtre et de la Salpêtrière, aux
conditions déterminées dans les articles ci-après.
FORMALITÉS DES ADMISSIONS.
Art. 2. Toute personne, atteinte d'aliénation mentale,
peut-être admise, il titre de placement volontaire, dans un
asile de la Seine, si elle est en possession du domicile de
secours dans ce département. Le domicile de secours est
acquis,' pour les majeurs de 21 ans, par une résidence ininter-
rompue d'une année dans la même commune.
Art. 3. - Les demandes d'admission peuvent être formées
par toutes personnes intéressées, parents, tuteurs, curateurs,
amis et par le Maire de l'arrondissement ou de la commune.
AnT. ! t. - Toute demande d'admission doit être écrite et
signée par la personne qui la présente ; si l'auteur de la
demande ne sait pas écrire, celle-ci est reçue par le Maire
Discussion. cv
ou le Commissaire de police. Elle doit contenir les noms,
prénoms, professions, et domicile tant de la personne qui
la forme que la personne dont le placement est réclamé, et
l'indication du degré de parenté, ou, à défaut, de la nature des
relations qui existent entre elles.
AnT. 5. - La demande doit être accompagnée- : .
1° D'un certificat du médecin constatant l'état mental de la
personne it placer, indiquant les particularités de la maladie
ainsi que la nécessité de faire traiter ladite personne dans
un établissement d'aliénés. Ce certificat qui doit être légalisé,
ne peut être admis s'il a été dressé plus de quinze jours avant
sa remise au Directeur de l'asile. Le médecin signataire du
certificat ne doit pas être attaché à l'asile, ni être parent ou
allié au second degré, inclusivement, du Directeur de l'asile
ou de la personne qui fait effectuer le placement;
2° D'une pièce constatant l'individualité de la personne à
placer « bulletin de naissance, de mariage, livret de famille,
etc.. »
Air. G. - Toute personne, atteinte d'aliénation mentale,
pour le placement de laquelle, il est satisfait aux conditions
indiquées ci-dessus, peut être admise directement dans tous
les asiles publics de la Seine, ainsi que dans les quartiers
d'hospices de Bicêtre et de la Salpêtrière. Toutefois les place-
ments d'aliénés épileptiques ne peuvent avoir lieu directe-
ment que dans les asiles où il existe des quartiers spéciaux
d'épileptiques (1).
Art. 7. - A défaut de places disponibles dans l'asile où il est
conduit, l'aliéné' peut toujours être admis à l'Asile clinique,
rue Cabanis, (14° arrondissement) d'où il est dirigé, par voie de
répartition, sur les asiles ou quartiers d'hospices, suivant les
places disponibles et en tenant compte, dans la mesure'du
possible, des préférences des familles.
DISPOSITIONS PARTICULIÈRES AUX ENFANTS ÂGÉS DE MOINS DE
18 ANS, ALIÉNÉS OU IDIOTS.
Tant. 8. - Les enfants aliénés ou idiots. âgés de moins de
(1)" Ces asiles sont : pour les épileptiques du sexe masculin : l'asile de Ville-
Enanl et le quartier d'hospice de Bicêtre. : pour les épileptiques du sexe
fémiuiu : l'asile de \'illejuif et le quartier d'hospice de la Salpêtrière.
cvi Assistance des aliénés.
18 ans, qui, par le fait de leur naissance, en dehors du dépar-
tement de la Seine, ont leur domicile de secours dans un autre
département, peuvent néanmoins être admis dans les asiles
de la Seine, lorsque les parents sont domiciliés à Paris ou
dans une commune de la Seine, depuis trois ans, au moment
de la demande d'admission, et qu'ils habitent avec eux.
ART. 9. Les placements volontaires d'enfants aliénés ou
idiots, âgés de moins de 18 ans, peuvent avoir lieu directement
dans les établissements où il existe des quartiers spéciaux
affectés au traitement des enfants (1).
ART. 10. - A défaut de places disponibles dans ces établis-
sements, et aucun enfant ne devant séjourner à l'asile Clini-
que, les demandes de placement volontaire auxquelles il ne
peut être donné satisfaction immédiate sont inscrites, sur un
registre spécial ouvert dans chaque établissement où il existe
un quartier d'enfants. L'admission des enfants a lieu dans l'or-
dre rigoureux des inscriptions et au sur à mesure des vacances.
prix DE JOURNÉE.
Art. 11. - Le prix de journée dans les Asiles publics et
quartiers d'hospice de la Seine est le même, pour les aliénés
placés volontairement, que le prix de journée fixé annuelle-
ment par le Conseil général pour les aliénés placés d'office.
Art. 12. - Le prix est recouvré, mensuellemont, par les
soins et à la diligence de l'Administration départementale,
après enquête sur les ressources de l'aliéné et de ceux qui
sont tenus, vis à vis de lui, de la dette alimentaire, aux termes
des articles 205 et suivants du Code civil.
ART. -13. - Les demandes relatives aux dispenses totales
ou partielles de paiement de la dépense de l'aliéné placé
volontairement doivent être adressées au Préfet de la Seine, qui
statue suivant les règles fixées par la loi et les instructions
ministérielles.
M. le Président. Si personne ne demande la parole, je
vais mettre aux voix l'adoption de ce règlement. t.
M. B : 11LLT. - La question qu'on soumet aujourd'hui à notre
examen est d'une importance capitale pour les finances du
(t) Ces établissements sout; la colonie de \'uucluse et le quartier spécial de
l'hospice df'Hicetrf,ponrtcs garçons : la Fondation Vallée (Gentilly) et le
quartier spécial de l'hospice de la Salpêtrière, pour les filles.
Discussion. cvit
Département dont elle augmentera certainement les dépen-
ses. Nous n'avons pu, d'ailleurs, l'étudier, puisque le rapport do
la Sous-Commission ne nous a pas encore été communiqué.
Je propose en conséquence à la Commission de vouloir bien
décider l'impression et la distribution en éprouves du rapport
de M. le D'' Bourneville et du projet de règlement présenté
par l'administration. Nous pourrons ainsi nous faire une opi-
nion raisonnée sur un certain nombre d'articles de ce projet
que j'ai l'intention de combattre.
M. le Président. La question des placements volontaires
dans les asiles est une de celles qui depuis longtemps occu-
pent notre attention; elle a été il diverses reprises discutée par
nous. Tous ou presque tous, nous avons été d'avis qu'il y avait
lieu d'apporter des modifications au règlement actuel con-
cernant ces placements.
L'Administration a soumis il la Commission un travail d'en-
semble ; une Sous-Commission a été chargée de l'examen de
ce travail et nous présente aujourd'hui son rapport concluant
à l'adoption des propositions de l'administration.
Il me semble donc que la question a été suffisamment étudiée
pour que nous puissions nous prononcer dans la présente séance.
1\1. LE Roux. - L'Administration voudrait soumettre ce pro-
jet de règlement au Conseil général au cour de la session
extraordinaire qu'il va tenir dans quelques jours; mais il ne
peut le faire qu'autant que la Commission aura exprimé son
avis sur cette question.
M. le Président. - Quelqu'un appuie-t-il la proposition de
notre honorable collègue, M. 13nilly, tendant à l'impression et
à la distribution en épreuves du rapport de la Sous-Commis
«ion sur le projet du règlement dont il s'agit ? - Personne
n'appuyant cette proposition je mets en discussion les conclu-
sions du rapport de la Sous-Commision.
M. 13AILLV. - Le projet de règlement qu'on nous soumet a
pour but de rendre plus faciles, très faciles même, les place-
ments volontaires d'adultes et d'enfants. Cette faculté accor-
dée au public de pouvoir placer plus facilement ses malades,
aura très prochainement pour effet :
CVIII Assistance DES enfants aliénés.
' 1° D'encombrer nos asiles et nos quartiers d'aliénés et par
suite de retarder et même d'empêcher l'admission des mal-
heureux sans famile et sans amis ;
2° D'accroître considérablement les dépenses que le Dépar-
tement ne cesse de s'imposcr pour le traitement des aliénés.
Je comprends que, dans un but humanitaire, on veuille éviter
à ces malades, le passage par l'Infirmerie du Dépôt et leur
transport à l'asile Clinique par les voitures cellulaires; mais
alors entendons-nous, choisissons un autre procédé, et ne
faisons plus passer nos malades par la Préfecture de police.
Quant aux enfants épileptiques, idiots et arriérés, nous
pouvons attendre, avant de les admettre a première demande,
le vote de la nouvelle loi en préparation et surtout la cons-
truction de nouveaux bâtiments. Rien ne nous presse.
Tout en rendant hommage aux sentiments humanitaires
qui ont inspiré l'Administration et la Sous-Commission, senti-
monts que je partage d'ailleurs, et afin d'éviter que les autres
départements ne nous envoient pas leurs enfants idiots et
épileptiques à hospitaliser, je prie la Commission de vouloir
bien ajourner la question de ce règlement jusqu'après le vote,
par la Chambre des députés, du projet de la loi Reinach, qui
je l'espère, imposera, soit aux départements, soit aux com-
munes, l'hospitalisation de leurs enfants.
M. Le Roux. - en présentant ce projet
de règlement, a tenu compte des observations qui lui ont été
faites tant par le Conseil général que par la Commission de
surveillance, d'éviter, autant que possible, le passage des
malades et surtout des enfants, par l'Infirmerie spéciale du
Dépôt. En prescrivant leur placement direct dans nos établis-
sements, nous n'augmenterons pas sensiblement le nombre
des malades ; nous ne ferons qu'éviter aux familles un certain
nombre de démarches pénibles et surtout le transport de
leurs aliénés à cette Infirmerie et de là à l'asile Clinique par
les voitures cellulaires.
En outre, nous revenons purement et simplement à l'ap-
plication de la loi de 1838, on vertu de laquelle les place-
ments volontaires peuvent avoir lieu directement dans les
asiles.
M. le Président. - Il est évident que l'adoption de ce
D ISCCSSIOX..CIX :
règlement aura pour effet, dans un temps plus ou moins rap-
proche, une augmentation de dépenses ; mais il présente tant
d'avantages au point de vue de l'humanité qu'il ne me semble
pas possible que nous puissions le repousser.
M. le Dr Bourneville. Ce qui préoccupe M. Bailly c'est
la crainte que l'application de ce règlement n'entraîne une
augmentation tic dépenses, on facilitant le placement (les alié-
nés et surtout celui des enfants épileptiques ou idiots. Cette
préoccupation est légitime : mais c'est la même préoccupation
préoccupation est légitime; mais c'est la même préoccupation
qui m'a fait agir en vous proposant l'adoption des conclusions
de mon rapport. Un certain nombre de familles, pour éviter le
passage par l'Infirmerie du Dépôt près la Préfecture de police,
gardent leurs malades et ne se décident il les y conduire
qu'après épuisement de leurs ressources et alors que la mala-
die s'est aggravée et est devenue incurable. Aussi qu'arrive- 1- il ?
C'est que ces malades, une fois placés, guérissent difficile-
ment, si même ils guérissent. Par suite, ils restent plus long-
temps dans nos établissements, qu'ils finissent par encom-
brer.
Si les malades étaient placés au début de. leur accès, ils
auraient plus de chance du guérison. Plus elle est traitera à
une période voisine du début, plus l'aliénation mentale est
guérissable : c'est l'opinion unanime de tous les médecins alié-
nistes.
Cette règle générale est surtout applicable aux enfants. Plu-
tôt ils sont placés dans les quartiers spéciaux, plus ils sont
susceptibles d'amélioration et de guérison. D'ailleurs, en ce
qui les concerne, beaucoup de départements se préoccupent
déjà de leur hospitalisation. Je citerai, entre autre, la Seine-
Inférieure et la Nièvre. Dans quelque temps nous aurons donc
de moins on moins a craindre l'hospitalisation des enfants
étrangers il la Seine. L'impulsion étant donnée, d'autres dépar-
tements suivront.
M. Bailly demande qu'avant de rien faire, nous attendions
le vote de la loi en préparation; mais outre que le vote de
cette nouvelle loi peut se faire attendre encore longtemps,
nous n'avons qu'a nous reporter, aux termes du deuxième
paragraphe de l'article .- ? de la loi du : 30 juin 1838, relatif aux
placements volontaires, pour reconnaître que le législateur a
ci Assistance des enfants aliénés.
voulu édicter non une loi de police, mais une loi de bienfai-
sance.
Les circulaires ministérielles qui ont suivi la loi du 30 juin
1838 ont souvent rappelé aux Préfets qu'ils devaient autant
que possible faciliter aux familles le placement volontaire ce
leurs malades.
Je prie, en conséquence, la Commission de vouloir bien
adopter les conclusions de mon rapport, ainsi que le projet de
règlement qui nous est présenté, dont les dispositions sont en
parfait accord non seulement avec la législation actuelle,
mais encore avec les votes souvent réitérés du Conseil géné-
ral.
M. le PRÉSIDENT. - Si personne ne demande plus la parole,
je mets aux voix l'adoption des conclusions du rapport pré-
senté par M. le Dr Bourneville, au nom de la Sous-Commis-
sion.
Ces conclusions sont adoptées par sept voix contre une
abstention, sur huit membres présents. '
M. le PnÈS ! DE\'r. Je mets maintenant aux voix l'adoption
du projet de règlement en treize articles présenté par l'Admi-
nistration sur les placements volontaires.
La Commission consultée émet un avis favorable à ce projet.
de règlement par sept voix contre une abstention sur huit
membres présents.
III.
De l'éducation d'une catégorie spéciale d'enfants
arriérés.
Au commencement de l'année 1892, nous avons
reçu la visite de Mrss. Burgwin qui nous était adres-
sée par le School Board for LOI1(lon. Sa lettre d'ins-
truction indiquant l'objet spécial de cette visite nous
la reproduisons :
A Monsieur le Dr Bourneville.
13 janvier 1892.
Monsieur,
Le Bureau des Ecoles de la Ville de Londres est sur le
point de fonder une école pour l'instruction spéciale des
enfants, qui, en raison de leur état maladif, tant au point de
vue physique qu'au point de vue mental, ne peuvent recevoir
d'une façon convenable renseignement dans les écoles ordi-
naires et par les méthodes en usage.
Le Bureau désire donc se rendre compte par lui-même de
l'expérience des personnes qui ont été appelées à la direction
d'écoles similaires sur le Continent.
En conséquence, je prends la liberté, au nom du Bureau des
écoles cle la Ville de Londres, de vous demander le concours
de vos conseils éclairés sur cette matière, et de vouloir bien
initier à votre méthode llistrcss Ici, l'une des direc-
trices du Bureau, qui a été choisie pour prendre la direction
des classes qu'il s'agit de créer.
Le Bureau sait que vous avez la direction d'une institution
semblable à celle qu'il a en vue; aussi vous serait-il très
reconnaissant de permettre à Mistress Burgwin de visiter vos
CXII De l'éducation des enfants arriérés.
Ecoles, et lui donner tous les renseignements et documents
qui peuvent lui être utiles.
J'ai l'honneur d'être, Monsieur, avec la plus haute considé-
ration, votre dévoué serviteur, etc... '
Nous avons eu déjà l'occasion de signaler à maintes
reprises l'utilité qu'il y aurait à créer dans les villes
un peu importantes et Ù Paris dans chacun des vingt
arrondissements une ou plusieurs classes spéciales
pour les enfants au-dessous de la moyenne et d'ins-
tituer pour ces enfants un enseignement spécial
analogue à celui qui existe pour les enfants arriérés.
Ces enfants sont la risée de leurs camarades et néces-
sairement se trouvent plus ou nioins délaissés par les
instituteurs qui les considèrent comme des non-va-
leurs. Nous avons donné des renseignements sur ce
qui se fait déjà pour eux dans un certain nombre de
villes d'Allemagne. Nous avons soulevé cette question
l'an dernier à la délégation cantonale du V° arrondis-
sement, sans avoir pu jusqu'ici la faire aboutir. Nous
en avons également entretenu noire ami, M. Léon
Bourgeois, quand il était ministre do l'instruction
publique; nous devions même lui adresser sur ce
sujet, à notre avis très intéressant, une lettre ouverte.
.Les circonstances nous en ont empêché. Nous avons
- cru devoir soulever de nouveau la question au sujet
de la mission de l\11stress Burgwin. (1)
` - -(1).,Voir ; tr cf'¡1)cs ? dc neurologie, 189 : 1, fi- 7 : 1, 1,. ll;.
DEUXIÈME PARTIE
Clinique
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892. i
I.
Idiotie méningitique;
PAR BOURNEVILLE et NOIR.
Sommaire. - Père et grand-père paternel, excès de boisson.
Tante paternelle, suicidée. - Mère, convulsions de l'en-
fance, suivies de strabisme ; alcoolisme; morte aliénée. -
Grand-père maternel, méchant et violent, alcoolique.
Soeur gourmande et voleuse. - Pas de consanguinité.
- Inégalité d'âge de 6 ans. Crises éclamptiques durant
la grossesse. - Lymphatisme. - Idiotie complète : parole
et marche nulles; gâtisme; aucune connaissance des per-
sonnes. - Rougeole à la période d'incubation, au moment
de l'admission ; marche de la température; - Otite précé-
dée d'une ascension thermométrique; - broncho-pneu-
monte : mort : élévation considérable de la température
après le décès.
Autopsie : état des sutures; lésions de méningo-encé-
phalite chronique; - persistance du thymus.
Touch... Jean-Etienne, 3 ans, né le 7 février 1889, à Saint-
Cloud (Seine-et-Oise), est entré le 25 janvier 1892, à l'hospice
de Bicêtre (service de M. Bourneville).
Cet enfant, placé d'office comme étant atteint d'idiotie, fut
dès son entrée envoyé au pavillon d'isolement, car il présen-
tait sur la tête plusieurs plaques de teigne tonsurante. Le
lendemain on notait une éruption, la rougeole, maladie qu'il
avait contractée à l'hôpital des Enfants-malades où il a fait un
séjour de deux semaines avant de venir dans notre service.
Renseignements fournis par son père (8 février). - Père,
40 ans, blanchisseur. Il raconte qu'il n'a marché qu'à 3 ans,
que pendant son service militaire en Afrique, il a eu une fièvre
4 Idiotie méningitique.
typhoïde accompagnée d'un violent délire ;- aucun trouble
nerveux appréciable n'a succédé à cette maladie. Il avoue
qu'il a rapporté d'Afrique l'habitude de prendre la goutte tous
les matins et avant chaque repas un verre d'absinthe. Du côté
paternel, signalons le grand-père alcoolique, mort des suites,
d'une phlébite. La grand'mère morte d'une ascite ( ? ) vers 38
ans et une tante, soeur de celle-ci, qui se suicida par chagrin
d'amour.
Mère, fille d'un alcoolique, mort à la .suite d'un accident
survenu pendant qu'il était ivre, et d'une femme estropiée,
contrefaite, « asthmatique », ne tarda pas à se livrer à des
excès de boisson «pour se consoler des mauvaises affaires que
faisait le ménage». Elle parvint à boire en moyenne un litre
de rhum par jour et fut bientôt frappée d'aliénation mentale
avec délire furieux qui nécessita son internement à l'asile de
Clermont (Oise) où elle a succombé. Dans son enfance, elle
avait été atteinte de convulsions. Un certain degré de stra-
bisme persistant en aurait été la conséquence. On ne peut
donner d'autres renseignements.
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 6 ans.
10 enfants, 5 sont morts : 2 d'affections aiguës ; 1 athrepsique,
8 jours après sa naissance ; un autre pendant l'accouchement,
enfin un dernier vint à si mois non viable; une frayeur avait
provoqué cette fausse couche. Parmi les 5 enfants vivants,
signalons un jeune garçon de 13 ans, méchant et violent, une
petite fille de 8 ans, gourmande et ayant, d'après les dires de
son père, une tendance au vol très marquée pour satisfaire sa
gourmandise; notre petit malade, l'avant-dernier des enfants
et une dernière fille, faible et mal portante.
Antécédents personnels. - Lors de la conception, la mère
commençait à se livrer à ses excès alcooliques. Pendant sa
grossesse, elle a eu deux attaques d'éclampsie ( ? ) bien caractéri-
sées. - L'accouchement s'est fait normalement et sans chlo-
roforme. L'enfant, à la naissance, n'était pas asphyxié et sem-
blait bien constitué ; il fut envoyé en nourrice aux environs
de Dijon et allaité avec du l tit ' e vache. Il resta chez sa nour-
rice jusqu'à 3 ans, eut sa première dent à 7 mois, ne parvint
jamais à parler, ni à marcher. La nourrice, dont les renseigne-
ments semblent sujets à caution, aurait affirmé au père que
l'enfant n'avait jamais eu de convulsions, ni de maladies
graves durant le séjour qu'il fit auprès d'elle ( ? ).
DESCRIPTION DU malade. 5
État actuel (25 janvier). - Peau blanche et laiteuse ; che-
veux châtains blonds, quelques ganglions inguinaux engorgés
à droite (lymphatisme). - La tête est asymétrique ; la bosse
pariétale droite est plus saillante. - Face ovale ; front un peu
bombé ; arcades sourcillières peu proéminentes, recouvertes
de sourcils peu fournis. La voûte palatine est très excavée,
les amygdales sont volumineuses. La dentition est normale.
Les oreilles bien ourlées et à lobules assez volumineux s'écar-
tent d'une façon caractéristique. Signalons comme particula-
rités, les difformités qu'offrent les mains de l'enfant, surtout la
main droite qui est en demi-flexion sur l'avant bras ; les quatre
derniers doigts sont demi fléchis sur le métacarpe. Toute la
main est légèrement déviée sur le bord cubital.
L'enfant ne reconnaît personne, ne parle pas, et gâte con-
tinuellement. L'examen des organes des sens, en raison de
son état intellectuel, est difficile, néanmoins nous avons pu
constater l'intrégrité des réflexes pupillaires et la conserva-
tion de la sensibilité qui toutefois parait un peu obtuse. Ni
sucre, ni albumine dans les urines. - L'enfant est très abattu,
parait souffrant et pousse des cris plaintifs. T.R. 38°,3.
2G janvier. - Matin : T. R. 37,, lui. - Soir : T. R. 39-, 3.
27 janvier. - EI'l ! ption morbilleuse caractéristique sur la
face et le corps. Catarrhe conjonctivo-rhino-pharyngien peu
accentué. Pas de signes pulmonaires. Matin : T. R. 39°.
Soir : T. R. 39°.
28 janvier. -, L'éruption pâlit sur le corps, devient conflu-
ente à la face. A l'auscultation, respiration rude des deux côtés.
Matin : T. R. 39°, 8. - Soir : T. R. 39°.
29 janvier. -- Matin : T. R. 38°. -Soir : T. R. 38°, 8.
30 janvier. - L'éruption a disparu presque complètement ;
quelques râles muqueux et sonores dans les poumons.
31 janvier. Matin : T. R. 37°, 7. - Soir : T. R. 38°, 8.
2 février. - Adynamie. Lèvres fuligineuses. Langue sèche.
Râles muqueux très nombreux dans toute l'étendue de la
poitrine à droite et à gauche. Matin : T. R. 38°, 2.- Soir :
T. R. 38° ,4 . Ventouses sèches, potion calmante.
3 février. - État à peu près stationnaire. - Matin : T. R.
37°,9. Soir : T.R. 38° ,2. Sirop d'ipéca.
4 février. Matin : T. R. 39°, 1. Soir : T. R. 39°.
6 février. - Adynamie pls accentuée. Même état des
poumons. Matin : T. R. 39°. -Soir : 39°,2. Potion avec Banyuls
et extr. de quinqnina..
7 février. - Matin : T. R. 38° , 4. - Soir : T. R. 38o, 7.
6 IDIOTIE méningitique.
8 février. - Dyspnée plus intense. Otite moyenne suppu-
rée. Etat adynamique profond. Matin : T. R. 38°, 9. Mort une
heure après la visite. T. R. après le décès, 41°, 2 ; un quart-
d'heure après le décès 41°; une heure après, 40° 1 ; deux heu-
res après, 38°; trois heures après, 36°, 1.
Mesures de. la tête [février 189` ? ).
Autopsie; crâne. 7
correspondante. Calotte présentant l'épaisseur normale de
celle d'un enfant de cet âge. Bosses asymétriques. Bosse
pariétale droite un peu saillante : plagiocéphalie. Fontanelles
oblitérées ; zone transparente à la partie postérieure des deux
pariétaux. Deux zones transparentes à 15 mm. environ de
la suture fronto-pariétale sur la ligne médiane. La zone droite
a 15 mm. de largeur sur 20 mm. de longueur et s'étend jusqu'à
la suture sagittale, où elle se fusionne avec la zone gauche,
qui a 15 mm. de long sur 10 mm. de large. Un léger épaissis-
sement linéaire sépare ces deux zones. Une petite surface
transparente de 10 mm. sur 3 mm. existe encore au niveau de
la partie interne de la bosse pariétale droite à 2 cm. environ
de la suture sagittale. - Sutures. Il n'y a pas de traces de la
suturo métopique. La suture fronto-pariétale, est un peu
sinueuse à sa partie médiane, offre la forme d'un S italique
très allongé ; elle devient un peu sinueuse à ses parties laté-
rales. La suture sagitale d'abord rectiligne et légèrement
sinueuse, présente à sa partie médiane des dentelures plus
grandes pendant 3 cm. environ pour redevenir presque recti-
ligne à son tiers inférieur. La suture lambdoide, régulière, est
très dentelée à gauche, adroite elle est plus irrégulière et à si-
nuosités plus petites. Ni sur la face interne, ni sur la face exter-
ne, on ne trouve la plus légère trace de synostose.
Crâne assez dur; épaisseur variant de 3 à G millim. - A
l'ouverture du crâne il s'est écoulé une assez grande quantité
de liquide cephalo-rachidiei. La dure-mère, très adhérente,
surtout aux points d'insertion de la faux du cerveau, se déta-
che très difficilement au niveau de l'angle antérieur des parié-
taux. Les artères de la base sont symétriques. La pie-mère
cérébrale est très notablemant hypérémiée. Sa vascularisation
est plus prononcée au niveau de la région sylvienne de
l'hémisphère gauche et du bord supérieur de cet hémisphère.
A droite elle présente des adhérences au niveau du pli parié-
tal inférieur et du lobe frontal. La décortication néanmoins
s'opère assez facilement.
eh IDIOTIE MÉNINGITIQUE.
frontal est nettement limité en bas par la scissure de Sylvius
profonde, et permettant devoir nettement dans l'écartement
de ses branches le lobule de l'insula qui parait normal. Le
sillon de Rolando est moins marqué. FI et F2 sont très con-
tournées et unies par trois plis de passage perpendiculaires à
ces circonvolutions. F2 présente des adhérences à la
pie-mère. F3 très contournée a la forme d'un S italique
et offre un pli de passage avec la F2 à son tiers antérieur.
Toute cette partie, ainsi que le second tiers antérieur, sont le
siège d'adhérences pie-mériennes. Le tiers postérieur et le pli
de passage avec la frontale ascendante sont peu développés.-
FA est divisée en trois sections par des sillons antéro-
postérieurs ; seul le tiers inférieur paraît bien développé.
FA est très volumineuse. Rien à noter au lobe pariétal,
ni au pli courbe, si ce n'est des adhérences nombreuses au
niveau de leur jonction au lobe temporal et à la partie supé-
rieure et postérieure de la scissure de Sylvius. F2 offre aussi
quelques adhérences.
b) Face interne, Lobule paracential, cuneus, lobe occi-
pital, etc., rien de particulier.
Hémisphère gauche. Cet hémisphère est nettement divisé
en deux étages, supérieur et inférieur, par la scissure de
Sylvius et une ligne d'adhérences pie-mériennes s'étendant de
la branche postérieure de cette scissure au cuneus. Le lobule
de l'insula est normal en apparence.
Les trois circonvolutions frontales sont très développées.
La F est toute particulièrement contournée. Toutefois elle
n'envoie guère qu'un pli de passage au niveau de son quart
antérieur à F2 tandis que FI et F2 présentent environ cinq
plis de passage entre elles sur toute leur étendue.
La scissure prérolandique est très développée et sépare
complètement FA du reste du lobe frontal. Cette scissure se
continue du reste avec la branche inférieure de la scissure
de Sylvius. Par contre le sillon de Rolando est à peine
creusé.
Le reste de la face externe de l'hémisphère n'offre
guère d'intérêt, ce n'est la région inférieure du lobe parié-
tal et la région supérieure des lobes temporal et occipital qui
présente des traces d'adhérences nombreuses et profondes.
b) Face interne et base. - Rien de particulier à noter.
Traces d'adhérences assez nombreuses au niveau du lobe
orbitaire.
Les couches optiques paraissent un peu rétrécies.
RÉFLEXIONS. 9
Les ventricules latéraux sont manifestement dilatés, sur-
tout le droit.
La protubérance, les olives et les pyramides antérieures
sont nettement le siège d'une induration prononcée. Le cerve-
let est aussi induré.
Moelle (20 gr). Aucune lésion macroscopique.
RÉFLEXIONS. - I. Les antécédents héréditaires
relèvent de l'alcoolisme : père, mère, grands-parents
sont ivrognes. C'est le cas de dire avec Rabelais que
le couvercle vaut le chaudron.
II. Nous n'avons pu recueillir aucun renseigne-
ment sérieux sur les antécédents personnels de
l'enfant. Il est probable que la nourrice n'a pas fait
connaître la vérité.
III. Signalons la marche de la température dans
la rougeole et en particulier la veille de l'éruption.
et la diminution de poids (300 gr).
IV. Enfin au point de vue anatomo-pathologique,
mentionnons les lésions de méningo-encéphalite, les
plaques transparentes des os du crâne et l'absence
de synostose.
II.
Idiotie symptomatique d'un ancien foyer (pseudo-
kyste) du lobe temporal gauche et de méningite
de l'hémisphère droit ; -
Par nOUJL\'EVlUÆ et Paul FEIUUEU.
Sommaire. Père nerveux, convulsions de l'enfance ;
fièvres intermittentes probables. - Grand père paternel,
excès de boisson. - Grand'mère paternelle nerveuse. -
Arrière-grand-père paternel mort d'hémorrhagie cérébrale.
- Cousin paternel, excès de boisson, aliéné. Oncle pater-
nel mort de convulsions. - Mère sujette à des névralgies
faciales. - Grand-père maternel, excès de boisson, mort
de congestion cérébrale, auec paralysie du côté gauche -
Grand'mère maternelle sujette à des névralgies faciales. -
Arrière-grand-père maternel, suicidé. - Arrière-grand'
mère maternelle, excès de boisson. - Deuxième arrière-
grand'mère maternelle morte d'un cancer du sein. - Pas
de consanguinité. - Inégalité d'âge de 8 ans.
Emotion vive et chute durant la grossesse. - Naissance
un peu avant terme. - .Accidents convulsifs mal caracté-
risés du 18e au 39c jour après la naissance. - Premières
dents à un an. - Accès de cris. Cognements de tête
contre les murs. - Blépharite. - Parole et marche nulles :
jambes de plus en plus faibles.
1891. Accès de colère et de cris. - Balancement latéral
de la tête et antéro-postérieur du tronc; grimaces de la face
et occlusion des paupières. Grincements de dents ?
Attention et affectivité nulles. - Onanisme.
Octobre : Toux, diarrhée, amaigrissement.
1892. Cachexie tuberculeuse. Mort.
Autopsie : nombreuses adhérences de la pie-mère; absence
Antécédents. H
du tubercule mamillaire gauche; pseudo ? t/sfe du lobe
gauche; tuberculisation pulmonaire, ganglionnaire, péri-
tonéale, etc.
Scheff..., Désirée, née à Paris le 12 avril 1888, est entrée le
5 juin 1891, à la Fondation Vallée (service de M. BouRNEVILLE).
Antécédents héréditaires. (Renseignements fournis par le
père de l'enfant.) - Père, 29 ans, facteur des postes. Aurait
eu des convulsions dans l'enfance ; pas de fièvre typhoïde, de
migraines, d'accidents scrofuleux, de rhumatismes, ni de syphi-
lis. Il aurait eu les fièvres ( ? ) au Tonkin. Il est sobre, fume peu,
est assez nerveux et émotif, s'emporte facilement. Il parait
robuste, bien constitué et intelligent. - [Père, 55 ans, marbrier
en pendules; excès habituels de boisson, sans ivresse; carac-
tère emporté, mais pas de troubles mentaux. Il est d'ailleurs
bien portant. - Mère, 53 ans, intelligente, émotive, très-bien
portante. Jamais de crises nerveuses. - Grand-père paternel
mort à 60 ans d'hémorrhagie cérébrale; il n'était pas nerveux.
Grand'mère paternelle, 78 ans, intelligente, saine d'esprit.
Onze oncles et tantes paternels parmi lesquels aucun n'a eu
de maladies mentales ou nerveuses. - Un cousin germain
de la grand-mère de l'enfant est interné dans un asile d'aliénés
depuis 1874 à la suite d'une insolation. Il faisait des excès de
boisson. - Un frère est mort de convulsions. Des 5 autres,
un a été réformé pour faiblesse de constitution ; celui-là et les
4 autres se portent bien. Deux soeurs mortes jeunes, on ne
sait de quoi ; deux autres bien portantes, mais nerveuses, sans
crises. - Dans le reste de la famille, pas de tare physique ou
physiologique; pas de criminels, de suicidés, de débauchées.]
Mère, 21 ans, mariée à 17 ans, petite mais bien portante.
Aucune maladie connue du mari. Nerveuse, sans crises.
Bon caractère. Intelligente. Morte le 23 octobre 1891 de péri-
tonite après accouchement chez elle par une sage-femme.
[Père, mort à 40 ans de congestion cérébrale après 3 semaines
de maladie, avec hémiplégie gauche. Il était nerveux, emporté
et sujet à des ivresses fréquentes. -Mère, 39 ans, intelligente,
rien de particulier. - Grand-père paternel, suicidé ; on ignore
la cause de ce suicide. Grand'mère paternelle morte à 60
ans. Elle commettait des excès de boisson et était souvent
ivre. Grand-père et grand'mère maternels non nerveux,
intelligents, morts l'un à 60 ans, l'autre à 45 ans, d'un cancer
du sein. - Un oncle paternel est mort de la poitrine à 19 ans.
t2 IDIOTIE symptomatique.
Pas d'aliénés, d'épilepiques, etc., dans le reste de la famille.
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 8 ans.
Deux enfants : 1° un garçon, 18 mois très bien portant,
fort, avancé pour son âge; pas de convulsions; - 2° notre
malade.
Notre malade. - Rien de particulier à la conception qui a
eu lieu peu après le mariage. - Pendant la grossesse, au
sixième mois, émotion vive due à une peur : étant en train
de travailler seule, le soir, dans sa chambre, sa soeur est
entrée à l'improviste en jetant un cri : elle a failli se trou-
ver mal, a dit que l'enfant remuait violemment dans son
ventre et qu'il avait fait demi-tour. Elle trembla durant quel-
ques instants. Un mois auparavant elle était tombée et dans
sa chute avait en quelque sorte glissé sur son ventre. Cette
chute n'occasionna ni émotion ni aucun accident ; elle se
releva seule et vite. -Accouchement huit jours environ avant
terme, naturel, sans chloroforme, après un travail de 24 heures.
- Pas d'asphyxie à la naissance, pas de circulaires du cordon,
etc. C'était une belle enfant, très forte. Elevée cinq mois au sein
par sa mère,puis au biberon (lait de vache) ; sevrée vers unan,
la dentition se développa lentement : 1" dent à un an, une
dent récemment formée encore.
A 18 jours, elle fut atteinte de convulsions. La face était
bleue, les yeux roulaient. On ne sait s'ils se tournaient d'un
côté plutôt que de l'autre. Il se passait dans sa gorge un bruit
que le père définit : « comme si on l'étranglait.»» Les membres
« se raidissaient droits ». On n'a pas remarqué de secousses.
La convulsion durait une minute, revenait au bout d'une
demi-heure. Ces accidents se reproduisirent pendant trois se-
maines. Le père affirme que, ultérieurement, lorsque l'enfant
a commencé à se tenir un peu sur les jambes, il n'a pas re-
marqué de différence ; mais que, au lieu de faire des progrès
les jambes devenaient de plus en plus faibles. Sch.. ne voulait
pas qu'on la prit de la main gauche, elle voulait que ce fùt de
la main droite. On ne sait à quoi attribuer cette préférence.
A partir de 18 mois, l'enfant se donna des coups de poing sur
la tête, pendant 5 ou 6 mois seulement. Si elle était près d'un
mur, elle s'y frappait la tête et riait. Son père attribue ces ac-
cidents à la dentition.
Depuis l'âge de 15 mois, jusqu'à 2 ans et demi, accès de cris
la nuit. « Quelques claques sur les fesses, un changement de
position sur le côté, et elle se rendormait », dit son père.
Absolument aucune autre maladie qu'une entérite avec selles
DESCRIPTION DE la malade. 13
sanguinolentes à l'âge de 2 mois. Pas de fièvres éruptives. Blé-
pharite qui dura environ 2 mois.
Bon appétit. Pas de troubles digestifs. Constipation habi-
tuelle. Elle perdait matières et urines lorsqu'on ne la mettait
pas sur le vase. Ne toussait pas, dormait bien, ne grinçait pas
des dents. A la maison, elle restait assise, ou se traînait par
terre, ou marchait sur les genoux. Elle fit pendant quelques
temps des grimaces d'un seul côté de la face, on ne sait plus
lequel; ces grimaces qui ont débuté vers deux ans et demi,
étaient devenues très rares moment de l'entrée de l'enfant
à la Fondation Vallée. Elle n'avait jamais les yeux fixés sur ce
qu'on lui faisait voir; riait bêtement, sans motif; son sourire
ne ressemblait pas à celui des autres enfants » . Elle émettait
quelques monosyllabes sans aucun sens. Dans les derniers
temps seulement de son séjour chez ses parents, elle parais-
sait reconnaître son père ; pleurait lorsqu'il partait, essayait
de quitter sa mère comme pour venir au-devant de lui lors-
qu'il rentrait. Elle se mettait dans de violentes colères lors-
qu'on lui refusait ce qu'elle désirait.
Les parents ont demandé le placement de leur fille parce
qu'elle est très en retard à tous les points de vue.
Etat actuel (8 juin 1891). - Enfant de petite taille, assez
chétive. Ne se tient debout que soutenue sous les bras. Ne
parle pas, ne parait rien comprendre, ne fixe son attention sur
rien. Se met en colère, agite ses bras et ses jambes quand on
l'examine.
Tête ronde, assez développée; bosses occipitales et parié-
tales saillantes. Sutures et fontanelles imperceptibles au pal-
per. Cuir chevelu sain. Cheveux châtain clair, assez longs,
fins, régulièrement implantés; tempes recouvertes par les
cheveux.
14 IDIOTIE symptomatique.
foncé, assez longs, régulièrement implantés. Conjonctives.
oculaires et palpébrales saines ainsi que la cornée. Iris
marron foncé; pupilles égales, réagissant normalement à la
lumière et à l'accommodation ; pas de strabisme, de paralysie,
de nystagmus, etc.
Nez court, épaté, un peu camus. Narines écartées, sous-
cloison un peu saillante; cloison non déviée. Il est impossible
de se rendre compte de l'odorat, qui est, en tous cas, déve-
loppé jusqu'à un certain point. (Plus tard on constata qu'elle
ne faisait pas la différence des bonnes et des mauvaises
odeurs). Joues assez pleines, colorées. - Bouche assez grande;
commissures horizontales. Lèvre supérieure peu élevée, avec
sillon médian assez marqué. - Physionomie sans expression.
Dentition de lait encore complète. Dents de bonne qualité,
sur des arcades un peu courtes. Dents trop serrées pour per-
mettre la sortie exacte et régulière des dents permanentes.
Articulation profonde, avec léger prognathisme supérieur. -
Mastication bonne.
Oreilles grandes, écartées. Lobule un peu allongé, 'partiel-
lement adhérent. Les différentes parties de l'oreille sont nor-
males. L'orifice du conduit auditif externe est assez large;
pas d'otorrhée. L'ouïe semble normale.
Cou court, assez mince. A sa partie moyenne, circonférence
de 22 centimètres. Pas de cicatrices ni d'adénites cervicales.
Corps thyroïde vaguement perceptible.
Thorax peu développé. Région interscapulaire couverte
d'un duvet fin et assez abondant. Pas de lésions ni de cour-
bures anormales de la colonne dorsale. - Courbure des côtes
régulière. Pas de chapelet rachitique; pas de malformation du
sternum. - Glandes mammaires non développées. Aréoles
comme une pièce de 0 fr. 50, un peu pigmentées. Mamelon non
saillant.
La respiration et la circulation sont naturelles. La pointe
du coeur bat dans le 4mo espace, les battements sont réguliers.
Abdomen glabre, sans cicatrices, souple àlapalpation. Pas
de hernies, matité hépatique normale. Matité splénique vague-
ment perceptible. Pas de courbures anormales du rachis lom-
baire. Bassin proportionné à la taille de l'enfant, non dévié.
Pénil peu saillant. Grandes lèvres minces. Ces parties sont
glabres. Petites lèvres, capuchon, clitoris, très-petits. Hymen
un peu boursouflé, orifice très-petit, en forme de fente antéro-
postérieure. Pourtour de l'anus fortement pigmenté.
Membres supérieurs assez grêles. Pannicule adipeux assez
abondant .Muscles et qs grêles. Trois cicatrices de vaccine au
DESCRIPTION DE la malade.. 15
bras droit. Articulations saines. Mains petites, doigts effilés.-
Ongles courts, aplatis.
Membres inférieurs assez développés, d'égale longueur. Os
et articulations sains. Pas de déformation des genoux. Pieds
petits, concavité normale de la voûte. Orteils courts, non
déviés. Ongles petits et plats. Réflexes rotuliens normaux.
La sensibilité semble normale sur toute l'étendue de la sur-
face cutanée.
Dans le cours de son séjour à la Fondation Vallée, on cons-
tate que l'enfant ne parle en aucune façon. Elle ne fait entendre
qu'un petit cri « qui ressemble à un vagissement. »
Elle ne mange pas seule avec une cuiller, mais elle porte
bien à sa bouche un morceau de pain qu'elle parait manger
avec plaisir. Elle ne bave pas, n'a pas de mouvements de suc-
cion, de vomissements, de rumination. Elle aime les choses
sucrées, a bon appétit, n'est ni salace, ni vorace, rejette les
choses vinaigrées. Elle ne voulait prendre ni lait ni vin. Son
père a dit qu'elle buvait toujours chaud, le plus souvent de la
tisane. On peut attirer son attention en l'appelant. Elle n'est
donc pas sourde. Elle aurait présenté fréquemment du stra-
bisme. Elle marche tenue par la main. Elle a même fait un pas
ou deux seule.
Absolument incapable de se nettoyer, de se déshabiller, de
s'habiller. Très-propre et soignée à l'entrée, elle gâte main-
tenant le jour et la nuit. On se rappelle qu'il en était ainsi chez
ses parents lorsqu'on ne la mettait pas sur le vase. Onanisme
effréné, crural et manuel.
Tics : L'enfant ferme souvent les yeux, fait des grimaces de la
face, grince des dents. Balancement de la tête de droite à gau-
che et du tronc d'avant en arrière.
Sommeil bon, calme. Enfant colère. Pleure une partie de la
journée. Elle ne veut pas être portée, ou arrache alors les
boutons, et donne des coups de tête. N'est pas affectueuse.
N'a pas fait la moindre amitié à ses parents à leurs deux
visites; ne paraissait pas les reconnaître. Poids : 8 kilog ; taille :
85 cent.
20 juin. - On continue à donner du sirop d'iodure de fer,
en supprimant l'huile de foie de morue. Deux bains salés de
10 minutes chacun. - Exercices de la marche.
3 juillet. - L'enfant maintenant marche seule ; elle semble
moins colère, et est devenue un peu plus caressante.
1e octobre. - L'enfant, depuis quelques jours, n'a pas
d'appétit, dort mal, crie. Elle tousse un peu. A l'auscultation,
16 Description DE la malade.
quelques râles sonores disséminés dans la poitrine. Rien au
coeur. Rien dans la gorge. Pas de vomissements, pas de
diarrhée.
8 octobre. - Pas d'amélioration sensible. Elle a maintenant
une diarrhée, assez abondante et très fétide. Abdomen souple,
non douloureux à la palpation. T. R. 38°. Anorexie, toux, amai-
grissement. - Potion calmante avec sirop de tolu, teinture
d'aconit. - Naphtol et bismuth.
15 octobre. Langue sale, anorexie complète. Diarrhée
jaunâtre, très-fétide. Toux fréquente, râles sous-crépitants
en différents points de la poitrine.
28 octobre. - Pas de modification. Le laudanum, les lave-
ments au nitrate d'argent, le naphthol et le bismuth n'influen-
cent pas la diarrhée. - Toux toujours aussi fréquente. Rien
de localisé à la percussion, auscultation difficile : l'enfant crie
lorsqu'on l'examine.
29 octobre. - Même état. Potion avec acide lactique 2 gr.
Eau albumineuse.
30 octobre. - T. R. 37°, 5. - Soir T. R. 37°, 2.
31 octobre. T. R. 37°, 3. Soir : T. R. 38», 3.
ier novembre. - T. R. 37o, 8. - Soir : T. R. 38°, 5.
2 novembre. - T. R. 38°, 2. - Soir : T. R. 37°, 7.
3 novembre. - Toux moins fréquente ; diarrhée moins abon-
dante, s'arrêtant même pendant quelques heures. L'enfant
prend quelques aliments. T. R. 37°, 7 et 37°, 6.
4 novembre. - T. R. 33°, 2. Soir : T. R. 39°, 2.
5 novembre. - T. R. 37°, 8. Soir : T. R. 38°, 4.
6 novembre. - T. R. 37°, 3. Soir : T. R. 38°, 6.
. 7 novembre. - T. R. 38°. - Soir : T. R. 38°, 4.
8 8 novembre. - T. R. 38°, 1. Soir : T. R. 38°, 2.
9 novembre. - Amélioration marquée. Diarrhée cessant
complètement à certains moments, pour reprendre, il est vrai,
mais cédant facilement au traitement par l'acide lactique. A
l'auscultation, quelques râles sonores et sous-crépitants fins
disséminés. L'enfant mange assez bien. Sommeil bon. T. R.
37°, 9 et 37°, 3.
10 novembre. - T. R. 37°. - Soir : T. R. 37°, 3.
11 novembre. - T. R. 38, 7, r- Soir : T. R. 37°, 8.
12 novembre. - T. R. 37°, 4. Soir : T. R. 39°, 4.
13 novembre. - L'amélioration continue. L'enfant a meil-
leure mine, ne crie plus dès qu'on s'approche d'elle et qu'on
l'examine. Elle n'a plus de diarrhée. La toux est moins fré-
quente. T. R. 38° et 39.
14 novembre. - T..R. 38°, 6. Soir : T. R. 37°, 5. -
Cachexie tuberculeuse. 17
15 novembre. - T. R. 37°, 5. Soir ? T. It..31 ? 4.; A/partir
de là jusqu'au 28 novembre, la température a oscillé entre 370,
2 et 38°, 4 (une fois), restant le plus souvent un peu au-dessus
ou au-dessous de 37°, 5.
21 novembre. - Revaccination sans résultat. (30 novem.)
1892. - Du l°r au 31 janvier, la température prise malin et
soir est restée entre 37° et 38° et descendant même six fois à
36,9.
2 février. L'enfant tousse beaucoup et s'affaiblit de plus
en plus. Diarrhée. - Aspect cachectique. T. R. 37°, 2 et 37°.
9 février. - Quatre ulcérations au niveau du sacrum, pas
de suppuration : fond noirâtre, bords blanchâtres. T. R. 36°, 8
et 37°, 3.
10 février. T. R. 3gaz, 9. Soir : T. R. 37°, 3
11 février. T. R. 36", 8. - Soir : T. R. 36°, 9.
12 février. Matin : T. R. 3<>°, 7. Mort à 9 heures. Poids :
6 kilogr. - T. R. un quart d'heure après la mort, 35°,5. - Une
demi-heure après, 35°, 5. - 2 heures après, 32°. - 3 heures
et 4 h. après, 31°.
Autopsie faite le 13 février 1892, 24 heures après la mort. >
Le cadavre est très émacié. .
Tête. Cuir chevelu extrêmement amaigri. - Base dit crâ ? te
tout à fait symétrique. Quant à la voûte le frontal droit semble
un peu avancé, et l'occipal droit un peu en retrait. - Les os
du crâne sont extrêmement minces et offrent tous de, très nom-
breuses plaques transparentes. - La suture sagittale vue par
transparence, laisse apercevoir des interstices nombreuses
permettant l'introduction d'un bec de plume surtout .dans le
rayon qui s'étend sur une longueur de 3 centimètres en avant
des trous pariétaux (le gauche seul existe). La face externe
ne porte en aucun point de son trajet trace d'un début quel-
conque de synostose. Il en est de même à la face interne. La
suture est d'une grande simplicité et très peu arborescente.-
La suture coronale est libre dans toute son étendue. tant à
la face interne qu'à la face externe. - La suture lambdoïde
est entièrement libre et un peu plus compliquée que la sagi-
tale on rencontre un petit os wormien à un centimètre de
l'angle sur la branche droite. Il n'y a pas trace de la suture
métopique.
Les sinus de la dure-mère sont remplis de caillots noirs et
légèrement jaunâtres. Ladure-mère est très adhérente tout
le long de la suture interparié taie, les dentelures des sutures ne
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892. 2
48 PSEUDO.KYSTB ET méningite CHRONIQUB.
sont plus apparentes. - Quand on a enlevé l'encéphale, il
s'est écoulé 75 grammes de liquide céphalo-rachidien mêlé
de sang.
Les artères de la base, les nerfs olfactifs, optiques, les ban-
delettes et les pédoncules cérébraux, sont symétriques, mais
le tubercule mamillaire gauche parait faire défaut complète-
ment. Le tubercule mamillaire droit a environ 5 millimètres,
sur 4 millimètres, c'est-à-dire ses dimensions ordinaires. La
protubérance, les pyramides et les olives sont égales.
TUBERCULOSE généralisée. 119
sure de Sylvius, au-dessous de sa branche verticale, jusqu'au
pédoncule cérébral (PL. i et II).
La circonférence adhère ainsi, au pli situé au- dessous et en
avant du cap de r 3, à la périphérie du lobule de l'insula,
à l'extrémité antérieure de la 1'. temporale, empiète davan-
tage sur la 2e temporale et sur la 3e, gagne la face inférieure
et se dirige ensuite de dehors en dedans et d'arrière en avant
jusqu'au-dessus du pédoncule cérébral qu'elle atteint à l'union
de son tiers interne avec ses deux tiers externes; puis se dirige
d'arrière en avant en suivant la face externe du pédoncule, pas-
sant au-dessous des bandelettes optiques et gagnant la partie
postérieure des circonvolutions frontales de la face inférieure.
La surface recouvre : la partie postérieure et inférieure de
la 3e frontale, la portion transversale de la scissure de Sylvius,
le lobule de l'insula, la partie antérieure des circonvolutions
occipitales, qui est détruite sauf au niveau de la 5e.
Les couches optiques, les corps striés, les ventricules laté-
raux, n'ont rien d'anormal.
Le cervelet, la protubérance, le bulbe, n'offrent rien de
particulier.
Cou. La glande thyroïde est normale : 5 gr. Le thymus,
qu'il est impossible de peser faute d'en reconnaitre exactement
les limites, est long de 6 centimètres ,dur, caséeux. Il est relié en
arrière à une masse caséeuse du volume d'un oeuf de pigeon,
qui s'étend un peu plus du côté droit par sa grosse extrémité.
Cette masse recouvre la trachée et l'oesophage, qu'elle déborde
un peu en arrière et à droite. Elle est séparée de la portion
inférieure du thymus par les deux troncs brachio-céphaliques
veineux.
Thorax. Le pédicule pulmonaire gauche est resserré par de
nombreux ganglions tuberculeux. A droite, ces ganglions sont
dans le même état, mais moins nombreux. Tous ces ganglions
sont durs. Les deux plèvres viscérales portent des tubercules
assez nombreux, à divers degrés d'évolution. Les deux plèvres
pariétales en portent également un très grand nombre à droite,
5 ou 6 seulement à gauche.
Poumon droit : 80 gr. La lame antérieure est emphyséma-
teuse, ainsi que le bord antérieur du lobe inférieur. Quelques
tubercules très-petits au sommet droit, qui est dur et tombe
au fond cle l'eau. Un tubercule dur, gros comme un pois, tout
près du hile droit dans le tissu pulmonaire du lobe supérieur.
20 Tuberculose généralisée.
Poumon gauche : 120 gr. Le sommet, la languette antérieure,
les bords supérieur et inférieur du lobe inférieur sont emphy-
sémateux. A la coupe du lobe supérieur, quelques tubercules.
dont l'un, gros comme une lentille, est ramolli au centre et
présente une cavité pouvant contenir un grain de millet.
. Péricarde. A sa surface, sur le trajet du nerf phrénique
gauche, deux tubercules. Sur le trajet du nerf phrénique
droit, deux tubercules également, de l'un desquels on ne
peut séparer le nerf par la dissection. Le péricarde contient
environ 25 gr. de liquide citrin; sa face interne est d'un
aspect lavé. - Coeur : 58 gr. Quatre tubercules gélatiniformes
à la pointe. Les artères aorte et pulmonaire ont leur calibre
normal. Les oreillettes et les ventricules sont bien séparés
et, partant, le trou de Botal est oblitéré.
Abdomen. Le péritoine viscéral et pariétal sont couverts de
tubercules de différentes dimensions; le grand épiploon en
est criblé. La face antérieure du foie et le petit épiploon, la
face antérieure de l'estomac, la surface externe de la rate,
portent d'assez nombreux tubercules. - L'intestin grêle est
violacé et offre aussi des tubercules en grand nombre ainsi
que le mésentère et les appendices épiploïques du gros intes-
tin.
Les ganglions mésentériques sont gros et rosés. Au niveau
de l'angle iléo-coeeal existe un ganglion nettement caséeux.
L'appendice vermiculaire remonte en arrière du coecum, au-
quel il est relié par un méso triangulaire dont le bord libre
contient l'artère de l'organe. Celle-ci émet des branches par
sa convexité tournée du côté de l'appendice. Plaques de Peyer
un peu gonflées, non ulcérées. L'intestin est très vascularisé.
Foie : 450 gr. Adhérent au diaphragme, il présente de nom-
breux tubercules à sa face supérieure. On en trouve aussi àla
coupe; l'un deux est coloré en vert par la bile. - Rate : 50 gr.,
dure; asseznombreuxtuborbules surdos coupes. - Pancréas :
10 gr., normal.- Rein et capsule surrénale gauches : 35 gr. -
Rein et capsule surrénale droits : 33 gr.
Les organes génitaux ne sont pas le siège de tubercules,
mais le cul-de-sac de Douglas en est couvert. La vessie con-
tient 15 gr. de liquide. - L'utérus est long de deux centimè-
tres. Les ovaires ont une longueur d'un centimètre 5, une
largeur de 7 millimètres, une épaisseur de 4 millimètres. -
La mort est due à la généralisation de la tuberculose.
Réflexions. 51
Réflexions. - I. Au point de vue de l'hérédité,
on trouve chez les ascendants paternels, l'alcoolisme,
des accidents cérébraux, des convulsions ; chez un
collatéral, l'alcoolisme et la folie ; du côté maternel,
l'alcoolisme, des accidents cérébraux. De plus, la
tuberculose apparaît chez les ascendants collaté-
reux les plus rapprochés. 11 est à remarquer que les;
ascendants directs étaient, à cet égard, relativement
épargnés.
II. Durant la grossesse, nous avons noté une chute
de la mère sur le ventre au cinquième mois et une
émotion vive accompagnée d'un mouvement brusque
de l'enfant. Est-ce à ce moment que s'est développée
la lésion qui a abouti au pseudo-kyste que nous avons
trouvé à l'autopsie, nous ne saurions le dire. Mais il
est certain que ces accidents surajoutés à l'hérédité
ont préparé le terrain pour les convulsions qui, surve-
nues au 18° jour de la vie, ont persisté pendant trois
semaines. Si l'on accepte l'hypothèse que nous venons
d'émettre au sujet de la genèse du pseudo-kyste, les
convulsions prolongées et l'état concomittant consti-
tueraient les symptômes correspondant aux lésions
méningitiques. Nous rattacherons aussi à la ménin-
gite chronique les coups que l'enfant se donnait sur la
tête, ses accès de cris et de colère, le strabisme inter-
mittent, la réapparition du gâtisme (la maladie s'ag-
gravant), le grincement des dents, etc.
III. Mentionnons aussi l'absence dit tubercule
gauche correspondant au pseudo-kyste. L'inégalité
de poids cles hémisphères cérébraux, le gauche pesant
55 gr. de moins que le droit et par opposition l'égalité
des hémisphères cérébelleux; enfin l'absence de
synostose prématurée du crâne. .
IV. A aucune époque on ne voit se développer l'in-
22 Réllexions.
telligence de l'enfant. La volonté se manifeste cepen-
dant par des cris et des mouvements de défense. La
111 : : ..n'lO 0.;t très tardive, et lorsqu'elle estpossibleonne
remarque aucune différence appréciable dans la force
des membres inférieurs. Pourquoi la préférence de l'en-
fant à donner la main droite lorsqu'on veut la faire
marcher ?
V. A signaler l'absence totale du goût chez cette
enfant. Est-elle due à la destruction de la partie anté-
rieure de la 2 ? temporale gauche, en avant du point
où siège la lésion dont dépend la surdité verbale ?
Nous n'oserions nous prononcer.
III.
Idiotie Microcéphalique; - Hémiplégie spasmodique
infantile; Sclérose atrophique; Tuberculose
abdominale.
PAR BOURNEVILLE et J. HOIR.
0\i\fAIfiE. - Père, alcoolique, emporté. - Grand-père pater-
nel, mort d'une attaque de paralysie. - Grand-onçle pater--
net tuberculeux. -Cousin germain, aueugle-né.- M1'"
céphalalgies, intelligence bornée. Grand-père maternel !
et arrière-grand'mère maternelle, morts d'une pfeti-
résie. - Oncle maternel, ivrogne. - Frère, asphyxiera
la naissance. Accident au 2 ? mois de la grossççge.
Frayeur légère au 6me mois. - Accouchement là
rieux. - Asphyxie et déformation crânienne à la n
sance. - Convulsions dès le premier jour. Seconds
convulsions à 4 mois. - Début de la parole à 18 mo8
Premières dents à 6 mois. - Ne marche pas. - Gâtisme
complet. - Paraplégie inférieure et Hémiplégie gauche
avec contracture. - Microcéphalie. - Tuberculose intes-
tinale. - Mort.
Autopsie : sclérose atrophique des circonvolutions cérébrales.
- Ulcérations tuberculeuses de l'intestin.- Adénopathie
mésentérique tuberculeuse.
Sal ? Paul, né à Villejuif, le 8 avril 1888, est entré le 20 mai.
1890 à Bicêtre (service de M. Bourneville).
Antécédents. (Renseignements fournis par sa mère.)
Père, /il ans, gratteur de chaudière dans une chandellerie de
Gentilly, n'aurait pas eu de convulsions dans son enfance; ni
24 Antécédents.
fièvre typhoïde, ni migraines, ni affections cutanées, ni rhu-
matismes. Aucun signe ne permet de soupçonner la syphilis (1), l.
Il été soldat durant la guerre et s'est marié à 25 ans. Caractère
violent et emporté, il lui arrive parfois de battre sa femme. Il
est de plus très vantard, bavard et parle souvent de ses rela-
tions avec des personnes influentes. Depuis 5 ou 6 ans, c'est-à-
dire depuis son établissement à Paris, il se livre à des excès
de boissons consistant surtout en l'absorption de nombreux
verres d'absinthe (4 ou 5 fois par jour) ; autrefois, habitant la
province, il avait la réputation d'un grand buveur mais ne
prenait que du vin et ne se livrait pas à des excès pareils aux
excès actuels. Sa funeste passion agit sur son caractère :
« plus il va, plus il devient violent », nous dit sa femme. Il ne
fume pas. - [Père, meunier, sobre et calme, serait mort d'une
« attaque de paralysie » après deux mois de maladie. - Mère,
71 ans, bien portante, n'a jamais présenté les symptômes d'une
maladie chronique ou nerveuse quelconque. - Grand-père
paternel mort à 76 ans et grand'mère paternelle morte à 82
ans d'affections que l'on ne peut préciser. - Il en est de môme
du grand-père maternel mort à 77 ans et de la gran'dn2ère
maternelle sur lesquels on ne peut donner aucun détail. -
Sur 5 oncles paternels, deux sont bien portants ainsi que leurs
enfants qui n'ont jamais eu de convulsions; 3 sont morts, 2
par accident : l'un écrasé par une voiture sans avoir été en
état d'ébriété, un autre en chargeant un sac de blé, on ne sait
au juste de quoi; quant au troisième on ne peut préciser la
cause de sa mort. Pas de tantes paternelles. - Un oncle mater-
nel, sobre, mort à 32 ans « de \a,poitrine » ; il était célibataire.
Deux tantes maternelles en bonne santé ; l'une d'elles a une
fille également robuste. - Sept frères ou saurs : l'ainé, bien
portant, marié n'a pas d'enfants. Le second, aveugle-né, est
tombé à 27 ans d'une trappe dans le moulin de son père, s'est
fracturé la colonne vertébrale et a succombé en trois jours.
- Le troisième est mort à 9 mois d'une affection demeurée
inconnue à la famille. - Des quatre soeurs la première est bien
portante, sans troubles nerveux; elle est mariée, a 3 enfants
en excellente santé et qui n'ont jamais eu de convulsions. -
Deux autres soeurs sont mortes, l'une à 18 ans, l'autre à 9 ans, <
à la même époque, de fièvre typhoïde. - La quatrième est
morte à 3 ans du croup. - Aucune n'avait présenté de trou-
bles pathologiques de nature nerveuse. - Dans le reste de la
(1) Le père; interrogé à part, affirme -n'avoir jamais en d'accidents vénériens.
Idiotie MICROCÉPHALIQUE. 25
famille du père nous n'avons à signaler, ni idiots, ni aliénés
ou épileptiques, paralytiques, bègues, sourds-muets, diffor-
mes, suicidés, criminels, prostituées, etc.]
Mère, 37 ans, blanchisseuse, n'a eu ni convulsions, ni fièvre
typhoïde, ni migraines. Parfois à la suite de fatigues ou de
contrariétés, elle était prise de céphalalgies. Elle n'est pas
nerveuse, est sobre, n'a eu ni maladie de peau, ni rhumatis-
mes. D'une instruction nulle et d'une intelligence médiocre,
elle était occupée, avant de venir à Paris, aux soins du ménage
et des bestiaux de la petite ferme que son mari avait
louée. -- [ Père, laboureur, sobre, mort à 50 ans d'une pleu-
résie. - Mère bien portante. Grand-père paternel mort âgé,
mais là se borne tous les renseignements. Grand.'mère
paternelle morte à 73 ans d'une pleurésie ( ? ). Grand-père
maternel et grand'mère maternelle, sobres, morts, l'un avec,
« un mal de jambe » ( ? ) l'autre à 69 ans, asthmatique ( ? ). Trois '>
oncles paternels plans enfants, tous ordinairement sobt ? éj ?
sains de corps et d'esprit; deux sont morts; l'un écia4,par,'
accident, l'autre au cours d'une fièvre typhoïde. - Pas de
tantes paternelles. Un oncle maternel, rhumatisant, porteur
de varices, à cela près bien portant; sans enfants, sobre\ ?
robuste. - Pas de tantes maternelles. - Cinq rrères : le prc ?
mier, puisatier, ivrogne, mort à 30 ans d'un érysipèle gaiigré-
nettx, sans enfants. - Les quatre autres, mariés, auraient tous
des enfants également en bonne santé; aucun n'aurait eu de
convulsions dans son jeune âge. - Une soeur, sans antécédents
nerveux, a eu un seul enfant mort d'affections fébriles de
longue durée et n'ayant jamais présenté de convulsions. -
Da le reste de la famille, ni aliénés, ni épileptiques, ni idiots,
etc.p ? Pas de consanguinité. -Le mari a 4 ans de plus que
sa femme.
Quatre enfants : 1° un garçon mort après 2 ou 3 heures;
l'enfant, asphyxié à la naissance, fut ranimé pendant quelque
temps, mais ne tarda pas à succomber; 2° garçon, 13 ans,
jouit d'une parfaite santé; - 3° garçon, 10 ans, se porte aussi
bien que son frère; - 4° notre malade.
Notre malade. La conception n'aurait pas eu lieu pen-
dant l'ivresse. - Grossesse : au 2""= mois la mère a reçu un
tuyau de poêle sur la tête, ce qui détermina une plaie, mais
n'amena pas de perte de connaissance; au 6mo mois, frayeur
de courte durée et sans conséquence, la mère ayant entendu
crier au feu dans sa maison. - ,4ccot(c/ ! eme ? lt laborieux; « les
douleurs durèrent deux jours au moins et le passage fut très
26 DESCRIPTION DU malade.
difficile. » Néanmoins l'enfant sortit spontanément; on n'em-
ploya ni anesthésique, ni erg-otinc. - Asphyxié à la naissance,
l'enfant ne fut ranimé par la sage-femme qu'après une demi-
heure de soins. Presqu'aussitôt il eut des convulsions. Elles
consistaient, si nous on croyons le père qui en fut témoin, en
rotation de la tête adroite et à gauche et en contractures du
corps portant seulement sur le côté gauche. La durée de ces
convulsions était de 2 à 3 minutes et une rémission de 10 à 15
minutes les suivait. La série convulsive dura quatre jours
pendant lesquels l'enfant ne put prendre le sein. Un médecin,
consulté, prétendit : « qu'il y avait quelque chose de dérangé
dans le cerveau ; que cela était du au temps trop long que
l'enfant avait mis à franchir la filière pelvienne», et il malaxa
la tête sans doute siège d'une déformation. L'enfant put pren-
dre le sein de sa mère le 51 jour. Il fut sevré à 22 mois. - A4 4
mois, de nouvelles convulsions se manifestèrent; la tête en
fut seule le siège. Elles durèrent 4 à 5 heures et consistèrent
en l'ouverture de la bouche, en mouvements dissociés des
yeux, et grimaces sans prédominance à droite ou à gauche.
Pas d'autres convulsions.
Début de la parole à 18 mois. - Première dent à G mois ;
dentition complète à ? - L'enfant n'a jamais marché. Il a tou-
jours été gâteux. Il dort bien, n'est pas coléreux, il n'aurait ja-
mais eu de vers intestinaux. - Aucun stigmate de scrofule
(impétigo, otorrhée, etc. ). Pas de tic, de grimaces, ni de
grincement de dents. En fait de maladies infectieuses signa-
lons seulement unc rougeole bénigne à 9 mois. - L'enfant n'a
pas été vacciné. Il n'a jamais eu de bronchite.
Etat de l'enfant (30 mai 1890). - Apparence de bonne santé,
teint rosé, embonpoint satisfaisant. Physionomie hébétée. -
Pas d'adénopathie. - Tête. Cheveux châtains clairs, àimplan-
tation régulière. - Crâne oblong, symétrique. Front rétréci
en avant; bosses frontales assez saillantes ; bosses pariétales
encore plus saillantes. - Face ronde ; arcades sourcilières régu-
lières et symétriques. Paupières supérieures bouffies; sourcils
dirigés en haut et en dehors, peu épais, châtain clairs; fentes
palpébrales grandes, yeux en amandes ; cils longs et noirs. Pas
d'exophtalmie, de paralysie oculaire, de nystagmus, ni de stra-
bisme. Iris brun foncé, pupilles égales, réagissant également
bien à lalumière et à l'accommodation, conjonctive sensible. La
vue ne paraît être le siège d'aucun trouble.
Nez légèrement camard, à narines petites, regardant en
avant et en bas. Joues pleines, très adipeuses. Pommettes peu.
IDIOTIE microcéphalique. 27
saillantes. Bouche petite, bien faite. Lèvres régulières, symé-
triques. Maxillaires bien conformés, 16 dents dont 8 molaires.
Canines très pointues. Menton rond.
Langue, amygdales, voile du palais, pharynx, rien de parti-
culier à signaler. - Le réflexe pharyngien existe. Le goût
semble normal.
Oreilles bien ourlées, implantées régulièrement. L'ouïe
paraît saine.
Cou : circonférence, 27 cm. Pas de goitre.
Thorax bien conformé. Aucune anomalie, ni aucun signe
morbide révélé par l'examen des organes intra-thoraciques..
Abdomen : Rien de pathologique. Région anale normale.
Peau absolument glabre. Verge 2 cm. de longueur, 3 cm. de
circonférence. Phimosis. - Pas de testicules perceptibles dans
les bourses, ni dans le trajet inguinal.
Membres supérieurs gros, bien conformés, mains bien faites,
ongles régulièrement implantés.
Membres inférieurs. Le membre gauche est sensiblement
moins volumineux que le droit. Les réflexes rotuliens sont
normaux. Le pied gauche est plus arqué que le droit. Sen-
sibilité normale.
La parole est limitée aux mots : papa et maman. S.. ne saisit
rien spontanément avec les mains mais prend le pain et les
gâteaux qu'on lui présente ; la mastication est bonne ; l'enfant
suce et bave en mangeant. Il est caressant, gai, colère. Il est
possible de fixer son attention. Le sommeil est parfois agité
et accompagné de petits cris. S... se tient assez bien dans le
charriot mais est incapable de se tenir seul debout. Les mem-
bres du côté gauche sont plus faibles que ceux du côté droit.
Balancement autéro-postérieur du tronc.
L'idiotie parait due à l'asphyxie de l'enfant à la naissance,
compliquée d'un état convulsif. La situation s'est aggravée,
à 6 mois. Les convulsions sont susceptibles d'être rattachées.
à une sclérose atrophique prédominant dans les régions
motrices de l'hémisphère droit, en raison de l'hémiplégie :
gauche. ;
Diagnostic : icliotie microcéphalique.
Jttillet. - Coqueluche. A cette époque, on note de
l'adénopathie généralisée, et de l'impétigo du cuir chevelu..
La coqueluche a été guérie vers la mi-septembre. Parfois le
sommeil est très bon, d'autres fois l'enfant s'agite et pleure.
1'ouetnbre.- Teigne tondante. :
L'hémiplégie gauche est de plus en plus nette. - Lemem-.
28 DESCRIPTION du malade.
bre supérieur est atteint au même degré que l'inférieur. Les
doigts sont fléchis dans la main qui elle-même est fortement
fléchie sur l'avant-bras. L'enfant ne se sert pa3 de cette main
et lorsqu'il veut la remuer, elle est le siège de mouvements
athétosiques. Le bras est assez mobile. Du côté des membres
inférieurs, l'on constate de la tendance à l'équinisme des deux
côtés, mais surtout à gauche. La marche est impossible, l'en-
fant ne peut se tenir debout seul. Soutenu, il parvient à faire
quelques pas. Contracture légère surtout marquée à gauche.
Extension et rotation en dedans. - Exagération des réflexes
rotuliens. Teinte cyanosée et refroidissement des extrémités.
Différences de longueur et de circonférence assez prononcées
entre les membres droits et gauches. (Voir le tableau p. 29).
1891. Jaiiviei,. - T3riiip-,tnisme et rhinite intenses. Sa mère,,
qui vient visiter fréquemment son enfant prétend que ses
membres inférieurs gauches s'atrophient de plus en plus.
Juillet. - On continue à l'exercer à se tenir debout et à
marcher; il semble mieux appuyer les pieds. Même traitement :
huile de foie de morue ; sirop d'iodure de fer, bains salés,
exercices des membres.
28 novembre. - Diarrhée et fièvre. (La température oscille
entre 38° et 30"). L'examen des organes ne permet de consta-
ter qu'un peu de ru lesse au sommet gauche. L'enfant passant
par des alternatives de mieux et de plus mal avec une tem-
pérature qui oscille de 31o aux environs de 4Do, dépérit peu à
peu. Néanmoins à partir du 19 décembre 1891, la diarrhée
cesse, la température tombe à 36° et l'enfant sort le 28 décem-
bre de l'Infirmerie des teigneux.
1892. 10 février. - La diarrhée est revenue, l'enfant dépé-
rit. Durant le mois de février, il s'émacie de plus en plus. Le
lait, la viande crue, le bismuth ne peuvent venir à bout de la
diarrhée et empêcher l'amaigrissement rapide du petit malade.
La température oscille entre 36° et 40°, présentant sur le
tracé, les grandes oscillations de la fièvre hectique.
L'examen physique fait constater le ballonnement du ventre,
un peu douloureux àla pression, et l'existence de nombreuses
veinosités. L'auscultation, difficile car l'enfant se plaint conti-
nuellement, ne nous permet de rien préjuger de l'état des
poumons (Fig. 1).
Mars. L'état général de l'enfant s'aggrave de plus en plus,
il offre un aspect squelettique. Ne pouvant allonger les cuisses
à cause des contractures qui les maintiennent dans la demi-
Sclérose ATROPHIQUE DU cerveau. 29
flexion sur le bassin, il repose sur les ischions. Les fesses,
constamment souillées, deviennent érythémateuses. Le 8
mars deux plaques de la grandeur d'une pièce de 2 fr. s'ulcè-
rent à droite et à gauche. Les extrémités sont froides, le
visage cyanosé et couvert de sueur. S... succombe le 10 mars
à 10 heures du soir ayant présenté le matin 36° de tempéra-
ture et le soir 39°, 6. Un quart d'heure après le décès : T.R.
37°; - une heure après : T. It. 3G"; - 2 heures après 33°, 1.
Le poids de l'enfant après le décès est de 11 kilog. 200. A
son entrée en mai 1890 il pesait 9 kilog. 250.
Mensurations de la tête et des membres :
Tête.
30 Sclérose ATROPHIQUE DU cerveau.
SCLÉROSE ATROPHIQUE DU cerveau. 31 1
sage avec la troisième frontale et la pariétale ascendante. On
note une altération analogue à la partie toute supérieure du
lobule de l'insula. La pariétale ascendante est atrophiée à son
extrémité supérieure au point d'offrir un volume moitié
moindre que celui de la frontale ascendante. Même lésion de
la partie la plus supérieure du lobe pariétal. Adhérences nom-
breuses de la pie-mère au niveau du pli courbe.
Le lobe occipital est fort peu développé ; les circonvolutions
y sont très petites, très tortueuses, mais saines en apparence.
Le lobe temporal, sain en avant, présente sur la partie pos-
térieure de la 2- temporale et au niveau des plis de passage,
au pli courbe et au lobe occipital un foyer très net de
sclérose atrophique.
La face interne de l'hémisphère gauche présente de l'atro-
phie scléreuse de la partie antérieure de la 1re frontale sur
un trajet d'environ 3 centimètres. La partie post-rolancliqtte
du lobule paracentral est considérablement atrophiée, c'est
elle qui correspond à la pariétale ascendante, tandis que la
région antérieure de ce lobule est saine et bien développée.
L'avant-coin présente en avant la continuation de la même
lésion. Le coin, très petit , n'offre aucune lésion appa-
rente.
Constatpns encore une atrophie notable de la circonvolu-
tion du corps calleux et de la partie postérieure de la cir-
convolution de l'hippocampe.
Hémisphère droit. - Les lésions sont bien plus intenses et
plus nombreuses sur cet hémisphère que sur l'hémisphère
gauche. Le lobe frontal présente une bande d'atrophie obli-
que d'avant en arrière, largo de 2 centimètres environ, for-
mant une dépression allant du tiers médian de la ire circon-
volution frontale à l'extrémité inférieure du sillon de Rolando
et à la petite branche de la scissure de Sylvius. Cette zone
d'atrophie comprend donc le pied des trois premières circon-
volutions frontales. Le lobule de l'insula moins développé que
celui du côté opposé, ne semble pas très altéré. Légère atro-
phie de la partie toute supérieure du lobe pariétal. En arrière
et au-dessous du pli courbe, le lobule pariétal inférieur est
le siège d'une atrophie considérable qui se prolonge sur la
2we circonvolution occipitale, où elle atteint son maximum
Les circonvolutions sclérosées et atrophiées offrent à ce
niveau l'apparence d'un amas d'anneaux de tinta.
. Le lobe temporal, sain en avant, présente en arrière des
32 Tuberculose viscérale.
adhérences pie-mériennes avec atrophie se prolongeant sur la
partie postérieure et inférieure de la circonvolution de l'hip-
pocampe. A la face interne de l'hémisphère droit nous notons
une sclérose atrophique considérable de la moitié postérieure
de la première circonvolution frontale, de la partie inférieure
du lobule paracentral et de toute sa portion post-rolandique
vers la terminaison de la pariétale ascendante. La partie
correspondant à la terminaison de la frontale ascendante est
saine en apparence. L'arriè1'e-coin est aussi atrophié au voi-
sinage du lobule paracentral. Le coin est petit et atrophié
surtout vers son sommet mais cette lésion est moins intense
que les précédentes. La partie toute postérieure du lobe occi-
pital semble saine. La circonvolution du corps calleux est le
siège d'une atrophie scléreuse intense surtout à son bord
inférieur dans la portion qui correspond au lobule paracentral.
Le pli de passage qui termine cette circonvolution et la fait
communiquer à la partie postérieure de l'avant-coin, semble
sain et non atrophié.
Moelle épinière. Rien d'appréciable à la simple inspection.
RÉFLEXIONS. 33
recouvert d'un enduit puriforme. Adhérences nombreuses des
anses intestinales entre elles. -Estomac et duodénum sains.
- Le jéjunum et l'iléon présentent 10 ulcérations plus rappro-
chées et plus profondes vers la terminaison de l'intestin grêle.
Ces ulcérations, situées entre deux valvules conniventes, sont
perpendiculaires à l'axe de l'intestin. Leurs bords sont tumé-
fiés, taillés à pic, d'un blanc légèrement rosé; le fond, dépouillé
de muqueuse, est noirâtre et présente par places de petits points
blancs et granuleux, semblant être des granulations tubercu-
leuses. Ces ulcérations, situées à l'opposite de l'insertion du
mésentère, forment parfois des anneaux presque complets. Du
côté de la face séreuse de l'intestin, au niveau des ulcérations,
existent des dépressions noirâtres qui adhèrent fréquemment
aux circonvolutions intestinales voisines. Dans le coecum et
le côlon ascendant, l'on rencontre encore quelques ulcérations
semblables. L'appendice iléocoecal; sain et libre, a environ 6
c/m. de longueur. - Les ganglions mésentériques offrent une
masse d'aspect cérébroïde qui ne pèse pas moins de 170 gr.
Ces ganglions ont à leur centre de volumineux foyers caséeux,
surtout développés au niveau du coecum. Un de ces foyers
caséeux communiquait avec l'intestin par une ulcération
intestinale.
Foie (540 gr.) hypertrophié et graisseux sans aucune gra-
nulation à la suilact, ni sur les coupes. - Pancréas (10 gr),
dur, volumineux. Kate(55gr.) : quelques ganglions caséeux
au niveau de son hile; pulpe splénique, dure, parsemée de
quelques granulations tuberculeuses. La capsule, épaissie
par places, ne laisse voir aucune granulation.- Reins (45 gr. )
chacun), traces nettes de lobulation; sains. - Vessie, rien de
particulier. Testicules, naturels, situés dans l'intérieur du
canal vagino-péritonéal persistant, près de l'orifice inguinal
supérieur.
Signalons encore l'atrop.'ne toute particulière des musclés
adducteurs des cuisses et du psoas-iliaque. Ces muscles, de
couleur feuille morte, sont rétractés au point de ne permettre
que par leur section, tant à droite qu'à gauche, l'extension des
cuisses sur le bassin du cadavre. D'une manière générale, tous
les muscles du côté gauche sont considérablement atrophiés.
Réflexions. I. L'alcoolisme du père est le
seul antécédent héréditaire auquel on puisse atta-.
cher une certaine importance. La tuberculose. n'est.
BOURNEVILLE. Bicêtre., ion, 3
34 SCLÉROSE ATROPHIQUE DU cerveau.
pas suffisamment affirmée parmi les ascendants pour
lui faire jouer le rôle de cause prédisposante dans
la maladie ultime de l'enfant.
Fip. 1.
RÉFLEXIONS. ' 35
II. Rien de bien particulier durant la grossesse; les
frayeurs de la mère, femme bornée et peu émotive,
n'ont occasionné aucun trouble, même passager. Mais
l'influence do l'accouchement laborieux est ici indé-
niable : l'asphyxie à la naissance, intense et prolongée,
paraît en être la première conséquence. Rappelons
que cet accident s'était déjà produit dans la famille,
le frère aîné de Sal... vint asphyxié à sa naissance et
mourut deux heures après. Les convulsions liées sans
doute à l'asphyxie, limitées aux membres du côté gau-
che et portant sur toute la face, se manifestèrent dès
le premier jour de la vie de l'enfant. Notons enfin la
déformation céphalique, constatée par le médecin,
appelé pour soigner les accidents convulsifs. Tout ceci
nous permet de croire que l'accouchement laborieux
a joué le rôle principal dans la genèse des lésions qui
ont occasionné l'idiotie et ses complications.
III. Parmi les symptômes que présenta le malade,
deux dominent la scène : 1° la paralysie avec contrac-
tures, se manifestant sur les membres inférieurs, prin-
cipalement le gauche et sur le membre supérieur
correspondant; 2° le gâtisme. L'autopsie nous per-
mettra de faire à ce sujet quelques remarques inté-
ressantes.
En ce qui concerne l'évolution de la tuberculose
intestinale qui a suivi la marche torpide de la plupart
des maladies des idiots gâteux, nous nous bornerons
à signaler la marche de la température. (Fig. 1.)
IV. A l'autopsie, nous avons constaté la persistance
des sutures de la calotte crânienne, l'absence de synos-
tose, la transparence de ces sutures, la disjonction pos-
sible de l'occipital des pariétaux, ce qui montre que le
crâne était encore capable de se développer. Le
tableau des mensurations successives de la tête vient
36 SCLÉROSE ATROPHIQUE DU cerveau. -
d'ailleurs à l'appui de cette opinion. Aussi, avant d'in-
tervenir chirurgicalement, serait-il sage de se rendre
compte du développement de la tête par des mensura-
tions périodiques, etc.
V. L'examen du cerveau nous a montré, suivant les
prévisions, une sclérose atrophique très nette de la
pariétale ascendante et du lobule paracentral tant à
droite qu'à gauche. Ce fait concorde avec la paraplégie
complète et les contractures observées pendant la vie.
A gauche, la lésion est bornée à la partie supérieure de
la pariétale ascendante, tandis qu'à droite, la lésion
occupe toute la zone motrice; notre malade n'avait, en
effet, que le membre inférieur paralysé du côté droit,
tandis qu'à gauche, les deux membres étaient frappés
de paralysie.
La lésion bilatérale de la partie toute postérieure
du lobule paracentral nous parait mériter une men-
tion spéciale à cause de sa coïncidence avec le gâ-
tisme le plus complet. Ce fait viendrait à l'appui du ré-
sultat des expériences de Sherrington (de Londres).
D'après cet auteur, la partie toute postérieure du lo-
bule paracentral, chez le chat, serait le centre mo-
teur cortical des contractions du sphincter anal (1).
Or, chez l'enfant Sal..., il y avait à ce point, des
deux' côtés, une atrophie de la région tout-à-fait
postérieure du lobule paracentral. Nous signalons cette
coïncidence, sans en conclure que là est la cause du
gâtisme.
VI. Nous avons vu que les convulsions, au dire
des parents, siégeaient exclusivement sur les mem-
bres du côté gauche. L'autopsie nous a fait découvrir
une prédominance très nette des lésions atrophi-
(1) Congrès intern. de physiologie, session de Liège, 31 août 1892.
Réflexions. 37
crues sur l'hémisphère cérébral droit qui pesait 30
gr. de moins que le gauche et offrait une dégénéra-
tion secondaire portant sur le tubercule mamillaire,
le pédoncule cérébral, et la pyramide antérieure du
côté droit. Les hémisphères cérébelleux étaient
égaux. .
VII. Il est regrettable que l'absence complète
d'intelligence de l'enfant nous ait empêché de
procéder à un examen sérieux de la vue. Peut-être
aurions-nous trouvé un trouble fonctionnel concor-
dant avec la lésion du coin droit et le manque de déve-
loppement du lobe occipital gauche.
VIII. Mentionnons enfin l'adénopathie énorme des
ganglions mésentériques surtout au niveau du coecum
' et l'abouchement singulier d'une caverne, due au ramol-
lissement d'une de ses masses ganglionnaires, avec le
coecum par l'intermédiaire d'une ulcération in.testi-
nale.
IV.
Imbécillité et hémiplégie droite avec athétose;
PAn BOURNEVILLE et DAUilTAC.
SOMMAIRE. Père, quelques excès de boisson, mort phtisi-
que. - Mère, migraineuse. - Grand-père maternel, quel-
ques excès de boisson. - Oncle maternel, aliéné. - Pas
de consanguinité. - Inégalité d'âge de 10 a tzs.
Première dent à mois. - Marche et parole à 20 mois.
Méningite à 2 ans 1/2, auec convulsions, suivies de para-
lysie du côté droit avec impossibilité de parler. - Retour
progressif de la marche et de la parole. - Début précoce
de l'athétose. - Début de l'épilepsie à 3 ans; prédo-
minance des convulsions dans le côté droit (paralysé).
Kleptomanie. - Ilypospadias. Suspension des accès en
1882-1884. - Marche des accès. Mort dans un état de
mail.
AUTOPSIE. - Absence de synostose des os du crâne; os wor-
miens. - Inégalité de poids de 75 gr. des deux hémis-
phères cérébraux.- Atrophie de l'hémisphère cérébral, du
nerf optique et du pédoncule cérébral gauches. Adhé-
rences partielles de la pie-mère. - Longueur exagérée de
l'appendice vermiculaire.
Le Tal ? Hypolite, né à Paimpol, le 1er septembre 1873, est
entré à Bicêtre (service de M. BOURNEVILLE),le 29 septembre
1882.
Antécédents. (Renseignements fournis par sa mère, le 11
octobre 1882). - Père, employé de commerce, mort en 1878 de
la poitrine, à 38 ans. C'était un homme de haute taille, d'un
caractère calme et très intelligent. Il a fait quelques excès de
Antécédents. 39
boisson, prenant de temps en temps, mais non tous les jours,
de l'absinthe ou du vermouth. Marié à 29 ans, ni migraines,
ni syphilis, ni dartres. Il vivait en bonne intelligence avec sa
femme. - [Père, perruquier, sobre et sans antécédents ner-
veux. - Mère, bien portante, n'a jamais rien présenté de
particulier au point de vue nerveux. Les grands parents n'ont
pas laissé la réputation d'avoir été nerveux. On ne les a pas
connus. 2 frères morts l'un à Sedan, l'autre de la variole, pen-
dant la guerre. Une soeur en bonne santé et sans enfants.
Pas d'aliénés, d'épileptiques, de suicidés, de criminels, de pa-
ralytiques ou de difformes dans la famille].
Mère, 32 ans, domestique depuis son veuvage. Elle est
grande, brune, de physionomie agréable et intelligente. Sa
santé est bonne, et elle n'est incommodée que par des migrai-
nes qui surviennent presque toujours 2 ou 3 jours avant
l'époque menstruelle. Elle éprouve une céphalalgie frontale
sans vision colorée, nausées ou vomissements. Tout rentre
dans l'ordre après le sommeil. Elle n'accuse aucun antécédent
nerveux tels que convulsions de l'enfance, attaques de nerfs
etc. Pas de maladies de peau.- [Père, excès modérés de cidre,
mort d'une maladie de foie. - Mère, bien portante, à part
quelques migraines. - Pas de détails sur les grands
parents des deux côtés. - 3 frères : un est mort du croup;
un second est bien portant et a un enfant de 3 mois; le 3"
est enfermé dans un asile d'aliénés ; il est devenu fou à
18 ans. - Une soeut en bonne santé, non mariée. - Pas
d'autres aliénés, pas de paralytiques, etc. - Pas de consan-
guinité. - Inégalité d'âge de 10 ans.
4 enfants : 1° une fille morte de la variole à 20 jours, sans
convulsions; - 2° notre malade ; - 3° un garçon de 7 ans,
intelligent, bien portant, pas de convulsions; - 40 une fille de
4 ans en parfaite santé.
Notre malade. - Rien de particulier à l'époque de la con-
ception. - Grossesse bonne. - Accouchement naturel. Pas
d'asphyxie à la naissance. Elevé au sein par sa mère jus-
qu'à 7 mois. Marche et parole à 20 mois. Il a été pro-
pre de bonne heure. - Il venait très bien, grandissait et
se montrait intelligent lorsque, vers 2 ans et demi, il aurait
été atteint de méningite. Il resta somnolent pendant 12 jours,
consécutifs et ne présenta pas de phénomènes convulsifs. Après
le 12--jour, il sembla sortir de sa torpeur, mais cela ne fut que
passager et il resta encore un mois et demi dans le même
état. Il eu des convulsions dans les 15 derniers jours. Ces
40 Hémiplégie DROITE; aphasie transitoire.
convulsions, sur les caractères desquelles on ne peut fournir
de détails précis, ont été suivies d'une paralysie du côté droit
avec impossibilité de parler. Au bout de trois semaines la mar-
che est devenue possible, mais en traînant la jambe; la parole
est revenue peu à peu vers la même époque et s'est perfec-
tionnée progressivement. La mère de Le Tal... dit qu'elle a
remarqué les mouvements convulsifs des doigts de la main
paralysée (athétose) quand il a commencé à se remettre.
. Vers l'âge de 3 ans, apparition d'accès épileptiformes, sur-
venant le jour aussi bien que la nuit. Il y avait ordinaire-
ment une aura; l'enfant criait : « maman, maman ! » puis sans
autre cri, les yeux « chaviraient » et le côté paralysé parais-
sait. plus intéressé que l'autre. Il est impossible de préciser
l'existence de secousses. La figure devenait noire et on voyait
aux lèvres un peu d'écume. L'enfant s'est mordu plusieurs
fois la langue et a eu des mictions involontaires. Parfois som-
meil consécutif. Pas de folie avant ou après les accès. - Le
maximum des accès a été de 12 en 24 heures. - En 1882, il
est resté 3 mois sans en avoir.
Le T.. a été envoyé à l'asile maternel à 2 ans, puis à 3 ans et
demi. Depuis, il a été mis à diverses écoles dont on le renvoyait
à cause de ses accès. Par suite, il n'a appris que peu de choses ; il
connaît ses lettres, s'habille seul et a bonne mémoire. Il est pro-
pre, doux, affectueux, mais voleur et quémandeur. Il met volon-
tiers la main sur les sous ou les friandises qui sont à sa portée,
et demande de l'argent aux personnes qu'il voit chez lui. Il se
sert surtout de sa main gauche, en particulier pour manger.
Ses fonctions digestives et respiratoires sont bonnes. Pas
d'onanisme. - Il a eu sa 1e dent à 5 mois. - Il les avait toutes
lorsqu'est survenue sa méningite. Il n'a pas eu de fièvres
éruptives, mais quelques accidents scrofuleux. Comme traite-
ment antérieur, il a pris seulement du bromure de potassium.
. Septembre. - Le T... parle avec une certaine difficulté à
cause de son athétose. Il apporte de la bonne volonté aux tra-
vaux de l'école. lise lave, s'habille et se déshabille, se boutonne
et se déboutonne seul quoique avec difficulté par suite de sa
paralysie. Caractère doux, obéissant, mais un peu autoritaire :
il commande volontiers à ses camarades. Il est soigneux de sa
personne et de ses affaires. Il connaît les différentes parties
de son corps, le nom des objets usuels, les couleurs, les lettres
(il commence à syllaber), les chiffres (il compte sur le boulier
jusqu'à 120), quelques nombres (10, 20, 30, etc.). Il ne veut
pas jouer avec les enfants en robe (gâteux).
Imbécillité ; hémiplégie ; ÉPILEPSIE. 41
24-31 octobre. - Revacciné sans succès.
19 décembre. - L'enfant n'a pas eu d'accès d'épilepsie depuis
son entrée bien qu'il ait été envoyé à Bicêtre de l'hôpital
Beaujon comme *él)ilel)tiqtte. Il est atteint d'hémiplégie du
côté droit avec athétose : contorsions de la face à droite, mou-
vement des doigts de la main qui se porte en arrière, etc.
Le certificat, qui nous est communiqué, d'un médecin prin-
cipal en retraite, fait à la date du 2 septembre, dit que l'enfant
« est atteint d'épilepsie depuis plusieurs années, qu'il a été
soigné par nous et par plusieurs confrères sans amélioration
notable dans son état, malgré les moyens les plus énergiques,
l'emploi de la belladone, du bromure, etc. ; que cet enfant
tend à devenir maniaque et qu'il y aurait lieu de le placer
dans une maison de santé. »
1883. Janvier. - Le T... se montre très désobéissant. Ten-
dance au vol; il demande de l'argent aux personnes qui vien-
nent visiter ses camarades. Si on le gronde et qu'il ne puisse
pas répondre, il entre dans de violentes colères et devient tout
bleu.
Juillet. - Le T... commence à tracer des o, à lire mais pas
encore couramment; il a appris à cirer ses souliers et à mieux
se servir de sa main droite. Il n'est plus aussi voleur ni men-
diant et ne se fait plus servir par les autres enfants,
1883. 23 juin. - Dentition. Mâchoire supérieure : 12 dents
médiocrement rangées ; érosion des deux tiers inférieurs de
la couronne des incisives, en cupule. Canines de lait jaunes et
atrophiées. Erosion des premières molaires, jaunâtres et irré-
gulières sur toute leur surface.
Mâchoire inférieure : 4 incisives permanentes avec érosion.
Premières molaires avec érosion de toute la surface; le reste,
dents de lait plus ou moins cassées. Articulation : elle ne
semble pas encore bien fixée; se rapproche de l'état normal.
Voûte palatine profonde. Gencives en un bon état.
20 août. - Séjour à l'infirmerie pour la diarrhée.
1884. 14j'ui ? i. - Le T... exécute bien tous les exercices de
la gymnastique Pichery. Il connaît assez bien le nom des
objets qui l'environnent. - Il sait boutonner, déboutonner,
lacer, s'habiller, se déshabiller, se laver mais avec quelque
difficulté en raison de son infirmité ; il mange avec la cuiller
et la fourchette; il distingue les couleurs et les place vite. Il
compte par unité jusqu'à 100 et par deux jusqu'à 50; il con-
42 Description du malade. ' *
naît l'heure, le nom de quelques figures géométriques et celui
des animaux. Il commence à syllaber et à faire quelques mots
sur le cahier de la main gauche. Il n'a pas de tics ni de mau-
vais instincts.
1885. Juin. - Le Tal... lit à peu près couramment; sa
mémoire est bonne; il est docile et attentif. - L'enfant qui
n'avait pas eu d'accès depuis son entrée en a eu ce mois-ci
17. - Traitement : élixir polybromuré.
1887. 21 février. Légère amygdalite. Les accès conti-
nuent, même traitement. - En auril, embarras gastrique.
- Hydrothérapie, du 8 juin au 1er octobre.
23-28 décembre. Abcès du sein droit, un peu au-desssus
du mamelon.
Mémoire bonne. Parole libre. Le T... peut converser; il s'ha-
bille et se lave seul, est soigneux, même coquet. A l'entrée,
il ne pouvait tracer que des bâtons, (PL. VII, Fig. 1); maintenant,
il commence à écrire (Po. vil, fig. 2). Il compte jusqu'à 1000,
distingue les chiffres pairs et impairs, possède la notion du
temps, connaît les mois, les jours, l'heure, les différentes
parties de son corps et,de ses vêtements. Il exécute convena-
blement tous les exercices de la gymnastique Pichery. Le T..
est obéissant, respectueux, mais un peu sournois.
1888. 15 juin. - Etat actuel. - La tête offre un léger degré
d'asymétrie. Le crâne est ovoïde, un peu plus renflé à gauche.
Le front, bas, mesure 4 cent. 1/2. Les bosses frontales sont peu
proéminentes. Il en est de même des arcades sourcilières. La
bosse pariétale est surtout proéminente à gauche.
Les yeux sont bruns, parfaitement mobiles, sans paralysies.
Le Tal... distingue bien les couleurs. Les pupilles sont égales.
Le nez est bien constitué. L'odorat parait intact. - La
bouche, les heures n'offrent rien de particulier. La voûte
palatine est fortement ogivale.-Les oreilles, très écartées du
crâne, sont adhérentes par leur lobule. L'ouïe est conservée.
L'enfant ne peut gonfler ses joues et parfois les aliments
restent dans le sillon alvéolo-labial.
Le cou et le corps thyroïde n'offrent rien d'anormal. Le
thorax est légèrement asymétrique et l'on peut constater que
l'omoplate du côté droit est plus rapprochée que la gauche de
la ligne médiane.
Les membres supérieurs sont bien musclés. On observe
Description DU malade, 43
à droite des mouvements athétosiques. Il en est de môme dans
le membre inférieur droit.
La parole et la prononciation sont gênés par des mouve-
ments convulsifs des lèvres. - La sensibilité générale est
conservée : contact, douleur et température. - Les réflexes
pharyngiens et rotuliens sont abolis) ? ). - Peau, normale.Adé-
nites cervicales gauches. - Digestion, respiration et circula-
tion, rien de particulier. (Voir plus loin le tableau des men-
surations de la tête et des membres.)
Puberté. - Visage et aisselles glabres. Un bouquet de duvet
de chaque côté de la racine de la verge. Bourses pendantes.
Testicules inégaux : le gauche est plus gros que le droit (côté
paralysé), dans la proportion d'un cinquième; on peut les
comparer à une grosse et une petite olives. Le prépuce est
long et son ouverture étroite. En découvrant le gland, on
rompt des adhérences de chaque côté, assez facilement
d'ailleurs. Le méat estporté fortement en arrière (hypospadias)
mais est assez large. Longueur de la verge, 4 centimètres;
circonférence, 4 centimètres 5.
Le T... est apprenti tailleur depuis le mois de février. Il
travaille bien à l'école, et pourrait faire mieux. Il s'irrite
à la moindre observation et déclare qu'il ne veut plus rien
faire. Parfois, ce qui n'arrivait pas auparavant, il est grossier,
s'emporte et menace de battre.
1889. Avril-octobre. - Hydrothérapie.
lout. Puberté.Fin duvet de la lèvre supérieure ; quel-
ques poils courts sous les aisselles et au niveau de la
colonne vertébrale. Quelques poils (une dizaine) autour
de la racine de la verge. Les testicules, de la grosseur
d'un petit oeuf de pigeon, paraissent égaux.
1890. Janvier. - Traitement : élixir P013-I)rOlllUré. (V. PL.mr,
Fig. 3). .
15 Juillet.- Puberté. Visage et menton glabres. Peu de
poils sous les aisselles, pas sur le tronc et l'abdomen. Quelques
poils noirs, assez longs, sur les parties latérales de la verge. -
Le pénis est long de 5 centimètres. Le gland est difficilement
découvrable. Les testicules, égaux, sont de la grosseur d'un
petit oeuf de pigeon. Pas de poils au périnée, anus normal.
29 juillet. - Dans un accès, chute sur le côté droit et ecchy-
mose orbitaire. - La langue est craquelée, et présente de
nombreuses fissures.
Décembre. - Physionomie assez ouverte, regard expressif.
44 IMBÉCILLITÉ; HÉMIPLÉGIE; EPILEPSIE.
Caractère toujours un peu irascible ; il se plaint souvent de
ses camarades pour des motifs futiles; il les menace alors de
l'enfer; cependant il joue volontiers. Il est courageux, attentif
au travail, affectueux, poli, ne prononce jamais de mots gros-
siers, n'est pas menteur. Il lit couramment, fait de petites
dictées et commence la multiplication. En somme, légère
amélioration.. (PL. vu, Fig. 4).
1891. Janvier. - Le Tal... a continué les douches et l'élixir
polybromuré. Les accès ont diminué, mais les vertiges ont
augmenté.
1er auoil.-llyclrothérapie jusqu'au 1 CI' octobre et, en même
temps, élixir.
18 juillet. - Recrudescence des accès, due probablement
à l'onanisme.
Puberté. Léger duvet un peu plus abondant au-dessus des
commissuressurlalév·resup3rieure. nlenton et joues glabres.
Duvet peu abondant et fin au niveau du sternum. Une tren-
taine de poils longs, châtains foncés, au niveau du sommet des
aisselles. Une soixantaine de poils longs, frisés, châtains, au
niveau de la racine de la verge. - Quelques poils sur le scrotum.
et autour de l'anus. Verge : circonférence, 85 millimètres ; lon-
gueur, 8 centimètres; phimosis assez prononcé. - Testicules
égaux, du volume d'un oeuf de pigeon, le gaucho descendant
un peu plus bas que le droit.
Décembre. Les progrès sont peu sensibles depuis le mois
de juin ; l'écriture est la même ; le calcul reste faible ; on a
beaucoup de peine à faire faire à l'enfant de petits problèmes
sur l'addition et la soustraction. La mémoire est assez bonne.
Le caractère semble se modifier d'une façon fâcheuse : Le T...
est moins docile, devient plus irascible, est parfois grossier
avec ses maîtres : Il joue peu avec ses camarades, a des idées
mystiques, parle souvent de ses prières et du bon Dieu. A l'ate-
lier de couture, il paraît un peu en progrès et fait bien mieux
les coutures qu'autrefois.
1892. 21 mai. - Le T... ayant eu deux accès et s'étant blessé
le nez est envoyé à l'infirmerie. Dans l'après-midi, il a quatre
autres accès après chacun desquels il a repris aussitôt con-
naissance. Il a mangé avec bon appétit, et le soir au coucher il
n'a présenté rien de particulier. T. R. 37°, 4. - Soir : T. R.
37°, 6. Depuis quelque temps, il y a un arrêt dans son tra-
vail à l'école (PL. vu, Fig. 5).
22 mat. Le T... a été pris d'accès ce matin à 5 h. 10, puis
Etat DE MAL épileptique.
45
à 5 h. 20, 5 h. 30, 5 h. 45, 6 h., 6 h. 15, 6 h. 30, 6 h. 35, 6 h. 42,
7 h.; la T. R. est restée à 38°.
Les accès se sont montrés aux heures suivantes : 7 h. 5,
7 h. 10, 7 h. 45, 8 h. 20, 8 Il. : ! 5, 8 Il. 45. La connaissance revient
après chaque accès; l'enfant parle de sa mère et dit qu'il
pense qu'elle ne viendra pas le voir aujourd'hui.
Accès à 10 h. 15, 10 h. 20, 10 h. 23, 10 h. 27 (` ? Oe accès) ; 10 h. 30,
10 h. 3, 10 h. 40, 10 h. 45, 10 h. 48, 11 h., 11 h. 15, 11 h. 20,
11 h. 25,.Il h. 30, 11 h. 35, 11 h. 45, midi, midi et 1/2. La T. R.
prise aussitôt est iL '17° 8; 1 h. plus tard, sans nouvel accès,
elle est à 38° 2; 211. après, c'est-à-dire à 2 h. 1/2 sans nouvel
accès, on note 380 7. Durant cette rémission, l'enfant a sa
connaissance et dit qu'il va mieux. A 3 h. un quart, 35o accès
à la suite duquel l'enfant ne reprend plus connaissance et
tombe dans le coma. Accès à 4 h. 15, 4 h. 20, 4 h. 23, 4 h. 27,
4 h. 30, 4 h. 35, 4 h. 40, 4 h. 4 et 4 h. 50. A 5 h. il a son 45'
accès dans lequel il succombe (État de mal).
La température au moment de la mort est de 39°, 4 ; - 1/4
d'heure après la mort de 38°, 8; - 1 heure après de 38°, 8; -
2 heures après de 36°, 2.
Tête.
46
Hémiplégie ET atrophie.
de piété, que ses parents ou le vicaire lui donnaient. Dans
ses colères, il menace des peines de l'enfer, du démon, etc.
Ses camarades, malgré la défense qui leur en était faite, le
taquinaient à cause de ses idées mystiques, ce qui irritait en-
core son caractère. A l'école, état stationnaire pour le calcul ;
il commençait à faire de petites dictées. Son attention était
souvent distraite par une sorte de contemplation. La tenue
restait bonne.
Membres supérieurs.
48
DÉVELOPPEMENT DU POIDS ET DE LA TAILLE.
Les mensurations de ce genre ne peuvent être prises tou-
jours par nous ; nous sommes obligés souvent de les faire
prendre par nos internes. De là, parfois, et c'est le cas, quel-
ques irrégularités. Ici les mensurations montrent que l'atro-
phie des membres paralysés n'était pas considérable.
Persistance DES sutures. 49
. Autopsie faite le 24 mai 1892.- Tête. - Cuir chevelu très
épais, très congestionné, presque ecchymotique et sans pa-
nicule adipeux.
La calotte crânienne est épaisse et lourde. Les os parais-
sent fort denses. Plus épaisse à gauche qu'à droite, elle porte
lès vestiges de congestions répétées qui ont amené une
vascularisation inégale dans les divers points de la voûte. La
zone de vascularisation est plus accentuée à gauche, en arrière
de la bosse pariétale; à droite, elle siège dans un rayon plus
étendu et occupe une circonférence dont le centre serait le
sommet de la bosse pariélale. Vue par transparence, la calotte
n'est en aucun point diaphane, excepté en deux zones bien
limitées, occupant à droite et à gauche de la sagittale deux
points symétriques très rapprochés de la réunion de cette suture
à la coronale. A droite de la protubérance occipitale interne,
on remarque encore un point peu épais.
En ce qui concerne les sutures, il est tout d'abord impos-
sible de trouver trace de la suture métopique. On est
frappé par la courbure régulièrement plane du frontal.
On ne trouve pas trace de bosses frontales. Les sinus
frontaux font absolument défaut. La coronale présente un
trajet parfaitement régulier, mais très riche en arbori-
sations osseuses, surtout à droite et à gauche vers la
partie la plus élevée de la suture. En aucun point la synos-
tose n'a débuté, néanmoins, l'engrénement est plus rappro-
ché à la table interne qu'à la table externe, où il est facile, en
certains points, d'introduire une lame de canif entre les deux
bords de coaptation. La sagi,ttale affecte une direction antéro-
postérieure régulière. La partie correspondant au bregma
n'est pas sinueuse. Il n'en est pas de même des parties situées
en avant et en arrière qui sont très arborisantes.
L'insertion du sinus longitudinal a laissé un sillon profond
à la table interne de la suture. On voit aussi sur les deux
pariétaux, près de leur bord antérieur, une forte dépression
causée par la méningée moyenne. La synostose fait défaut
surlatable interne,aussi bien que sur la table externe dans toute
l'étendue de la sagittale. La suture lambdoïde est tout aussi
libre. Elle présente deux os wormiens inclus dans son trajet
au sommet de l'angle qu'elle forme en rencontrant la suture
sagittale. Sur la branche gauche, on trouve également un os
wormien. - La base du crâne est asymétrique. Le trou
occipital est régulier.- Le liquide céphalo-rachidien n'estpas
augmenté. ' -
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892. 4
50 MÉNINGITE; ATROPHIE DE L'HÉMISPHÈRE GAUCHE.
RÉFLEXIONS. 51
Hémisphère cérébral droit. - Mêmes particularités que sur
l'hémisphère gauche au point de vue de l'état de la pie-mère.
On note, en particulier, des adhérences de la pie-mère sur
la partie moyenne des circonvolutions frontales et pariétales
ascendantes, et les circonvolutions temporo-occipitales, le
lobule de l'insula, la partie antérieure de la circonvolution du
corps calleux. Toutes les circonvolutions sont plus volumi-
neuses qu'à gauche. Les sillons sont profonds; les plis de pas-
sage assez nombreux.
Le cervelet est très mou et la décortication est pénible.
Cou. - Le larynx est normal. - Le corps thyroïde pèse 15
gr. - Le thymus persiste et pèse 15 gr.
Thorax. -Le poumon gauche pèse 315 gr. Pas d'adhérences.
Parenchyme sain. - Le poumon droit (480 gr.) présente des
adhérences des plèvres pariétale et viscérale. Il est le siège
d'une congestion fort étendue. - Le coeur pèse 186 gr. Rien
de particulier, sauf un peu d'épaississement des bords libres
de la valvule mitrale. Persistance du trou de Botal se tradui-
sant par un orifice de 5 millimètres environ; l'obliquité de la
communication est très prononcée.
Abdomen. - Foie (870 gr.) très congestionné. - Rate (150
gr.) normale, ainsi que le pancréas (35 gr.) - Appendice ver-
11lictdaii'e très développé; sa longueur est de 20 centimètres.
- Les reins sont fortement congestionnés; ils se décortiquent
facilement et pèsent chacun 120 gr. - Pas de calculs de la
vessie. Testicules sains. 1
Réflexions. - I. Sous le rapport de l'hérédité, il
n'y a rien du côté paternel sauf quelques excès de
boisson du père. Du côté maternel, nous trouvons
des migraines chez la mère et l'aliénation mentale
chez un oncle maternel.
II. Le T... aurait été tout à fait normal jusqu'à
l'âge de 2 ans et demi. Alors il parait avoir eu une
méningite qui aurait duré près de deux mois et aurait
été accompagnée de convulsions fréquentes, suivies
d'une paralysie du côté droit avec perte de la parole.
52 Syndrome : imbécillité, hémiplégie, ÉPILEPSIE.
Trois semaines environ après la terminaison de cette
méningite, la motilité et la parole ont commencé à
revenir en même temps qu'apparaissait l'athétose, Le
diagnostic méningite paraît exact, car, à l'autopsie,
nous avons trouvé un épaississement de la pie-mère et
de nombreuses adhérences.
Vers l'âge de 3 ans, à l'imbécillité, à l'hémiplégie
droite et à l'athétose, est venue s'ajouter l'épilepsie :
le syndrôme était ainsi complet.
L'épilepsie a suivi la marche que l'on observe d'or-
dinaire chez les hémiplégiques infantiles : il y a eu
une rémission prolongée (1882-1884), des périodes
avec diminution des accès, particulièrement en 1887 ;
enfin souvent les accès venaient par séries, portant
sur 2, 3, 4 ou 5 jours. Ainsi, Le T... a eu 1 accès le
17 avril 1892, 2 le 18 avril, 4 le 19 et 4 le 20, enfin
3 le 24 avril.
Nous avons dit souvent que les malades atteints
d'hémiplégie infantile spasmodique étaient sujets
à l'état de mal comme les épileptiques vulgaires :
tel a été le cas de Le T... ; il a succombé à la période
convulsive d'un état de mal en 10 heures, avec éléva-
tion de la température centrale. Anatomiquement,
l'état de mal s'est traduit, selon la règle, par une
congestion de la dure-mère et de la pie-mère, plus
ou moins ecchymotique et une hypérémie des princi-
paux viscères.
III. Le syndrôme imbécillité ou idiotie, hémiplégie
avec contracture ou athétose et épilepsie est symptoma-
tique, comme on le sait, tantôt d'une sclérose atrophi-
que, tantôt d'anciens foyers d'encéphalite, de ramollis-
sement, etc., ou encore de méningo-encéphalite, etc.
Ici il relevait de la méningo-encéphalite. Est-il possible,
durant la vie, de reconnaître la cause du syndrome ?
Chez Le T..., diverses particularités pouvaient éclairer
Réflexions. 53
le diagnostic : 1° les renseignements donnés par sa
mère étaient précis sur l'existence, à l'origine, d'acci-
dents méningitiques de longue durée ; 2° lorsque
le syndrôme relève de la sclérose atrophique, par exem-
ple, les accès ne se compliquent pas en général de trau-
matismes, d'évacuations involontaires, d'hébétude et
ne déterminent pas d'abaissement intellectuel, phéno-
mènes que nous avons observés chez Le T.... Les
malades conservent leur intelligence, et le caractère
demeure habituellement le même dans le syndrôme
de la sclérose atrophique. Ici, nous avons noté des
modifications défavorables du caractère : irritabilité,
grossièreté de langage, accès de colère, etc.
IV. L'athétose a été constatée à la fin du premier
mois qui a suivi la fin de la maladie, aussitôt que la
paralysie s'amendant, Le T... a commencé à se servir
de son bras paralysé. L'hémiplégie avait les caractè-
res habituels dans les cas de ce genre, c'est-à-dire com-
pliqués d'athétose ; le membre supérieur n'avait pas
d'attitude fixe, ainsi qu'on l'observe en gén éral dans
les cas d'hémiplégie avec contracture permanente et
l'atrophie musculaire était peu prononcée. Nous de-
vons noter l'arrêt de développement du testicule du
côté correspondant la paralysie. En 1888, ce testicule
était moins gros d'environ un cinquième que l'autre.
Cette inégalité a disparu chez Le T... ; nous l'avons vu
persister, au contraire, dans d'autres cas et en parti-
culier chez le malade Pins...(V), âgé de 3 ans, atteint
d'hémiplégie droite : le testicule du côté gauche a le
volume d'un oeuf de pigeon, tandis que le droit( côté
paralysé) est moitié moins gros. - Il en est de même
chez Math..., âgé de 28 ans, qui a une hémiplégie
droite : le testicule du côté gauche (sain) a la gros-
seur d'un petit oeuf de poule et le testicule gauche
(côté paralysé) est sensiblement plus petit, etc.
54 RÉFLEXIONS.
V. Les lésions de méningo-encéphalite étaient
environ moitié plus nombreuses sur la face convexe de
l'hémisphère gauche que sur la face correspondante
de l'autre hémisphère. A droite, la face interne était
presqu'entièrement respectée, tandis qu'à gauche, on
trouvait de nombreuses adhérences sur le lobe tem-
poro-sphénoïdal. Enfin si le lobe orbitaire droit était
exempt d'adhérences, on en trouvait de nombreuses
sur le lobe orbitaire gauche. Est-ce à cette méningo-
encéphalite qu'il faut attribuer l'atrophie notable de
l'hémisphère gauche ? Nous serions tentés de le pen-
ser, plusieurs coupes pratiquées sur cet hémisphère
n'ayant fait découvrir aucune lésion macroscopique.
Le doute subsiste, d'ailleurs en l'absence d'un examen
histologique.
VI. Cette observation, malgré ses imperfections, fait
sufïîsament connaître notre méthode habituelle : men-
surations de la tête et des membres (quand il s'agit
d'un hémiplégique), toujours notation du poids et de
la taille, description des phénomènes qui caractérisent
la puberté, et celà tous les 6 mois.
VII. Nous devonsaussi appelerl'attentionsurlapLAN-
cHE VII qui donne également une idée du procédé que
nous employons à l'école pour enregistrer les progrès
intellectuels des enfants. Dès qu'ils commencent à
tracer des bâtons, nous ouvrons leur cahier scolaire et,
tous les trois mois d'abord, puis tous les deux mois et
enfin tous les mois, nous faisons consigner sur ce
cahier les exercices dont l'enfant est devenu capable.
Les figures 1, 2, 3 et 4 montrent, surtout au point de
vue de l'écriture une amélioration progressive ; la
figure 5 décèle une déchéance, en harmonie avec les
symptômes consignés dans l'histoire du malade.
Réflexions. 55
VIII. Les mensurationsdela tête, prises à différentes
époques, montrent qu'elle s'est développée progres-
sivement. L'autopsie a du reste démontré qu'il n'y
avait pas de synostose prématurée des os du crâne.
V.
Idiotie complète symptomatique de sclérose
atrophique ;
PAR BOURNEVILLE ET FERMER.
SOMMAIRE. - Père tuberculeux. - Grand'mère paternelle
morte d'apoplexie cérébrale. - Arrière-grand-père paternel,
nombreux excès de boisson. - Mère, rien de particulier. -
Grand-père maternel violent; excès de boisson. - Deux
frères et une soeur morts de convulsions. - Pas de consan-
guinité. Inégalité d'âge de 3 ans.
Grossesse : impression vive produite par la vue d'un épi-
leptique. - Méningite à 4 mois auec convulsions ( ? ). -
Marche, parole, propreté, mastication nulles. - Cécité
complète. - Tics.
Autopsie : tubercules crétacés et gangrène du poumon. -
Nombreux foyers de sclérose atrophique.
Vouri ? Joséphine, âgée de 1 ans, née le 6 mars 1879, est
entrée à la Fondation Vallée (service de M. BOURNEVILLE), le
13 août 1890.
Antécédents (Renseignements fournis par sa mère le 29
décembre 1890). - Père, 45 ans, maçon, sobre, pas de convul-
sions, de migraines, de chorée, de rhumatismes, de dartres,
ou de syphilis. Tuberculose pulmonaire chronique; dyspepsie.
(Père, mort à 73 ans, d'accident; pas d'excès de boisson. -
Mère, sobre, morte à 70 ans d'apoplexie cérébrale sans hémi-
plégie. Pas d'excès de boisson. - Grand-père paternel, nom-
breux excès de boisson. Pas de renseignements sur les autres
grands-parents et les oncles ou tantes. - Deux frères bien
DESCRIPTION de la malade. 57
portants; l'un deux a des enfants, qui sont intelligents et en
bonne santé. Pas de suicidés, d'aliénés, d'épileptiques, d'idiots,
etc.]
Mère, 42 ans, blanchisseuse, est obèse, à face vultueuse,
d'une intelligence moyenne, elle n'a eu ni rhumatismes, ni
dartres, etc. [Père violent, buveur, s'est noyé involontairement,
à 66 ans. -Mère, morte à 73 ans, non nerveuse, sobre. - Pas de
renseignements sur les grands-parents, les oncles ou tantes.
Une soeur, non nerveuse, est en bonne santé ainsi que ses en-
fants qui sont intelligents. Pas d'aliénés, de suicidés, etc.]
Pas de consanguinité. ( Le père et la mère sont de Paris.)
Différence d'âge : 3 ans.
Douze enfants : 1° garçon, mort à 7 ans de fièvre typhoïde
ataxique; - 2° garçon, mort à 4 ans, de fièvre typhoïde avec
phénomènes pulmonaires ; - 3° garçon, mort à deux ans de
fièvre typhoïde; - 4o fille, morte à deux ans de convulsions
prolongées ; la durée et les phénomènes de la maladie font
penser à la méningite; - 5o fille, morte à deux ans d'angine
diphtérique; - 6° garçon, mort à deux ans avec convulsions;
- 7° fille, morte du croup à 18 mois; - 80 garçon, mort à 13
mois de convulsions; - 9° fille, 4 ans, bien portante, intel-
ligente, pas de convulsions ; - 100 fille, 10 ans et demi, bien
portante, pas de convulsions.
41 Notre malade. - Au moment de la conception, rien
de spécial. - Grossesse bonne, ni maladies, ni intoxications,
ni trausmatismes d'aucune sorte, mais la mère a « eu un regard
sur un jeune homme de 21 ans qui était comme ça. » Pas
d'émotions. - Accouchement à terme, facile, sans aucune
intervention. L'enfant était grosse, pesait, dit-elle, 9 kilog.,
( ? ) et n'avait pas de cyanose. - Élevée au sein par sa mère,
elle a été bien portante jusqu'à 4 mois. A cette époque, elle a
eu une méningite, avec convulsions toniques et cloniques à
la 4e semaine de la maladie; Ces convulsions duraient de 15 à
20 minutes. Elles se répétaient 3 ou 4 fois par jour. Depuis lors,
l'enfant a toujours présenté les mêmes convulsions, et n'a pour
ainsi dire fait aucun progrès. Elle n'a jamais marché, parlé,
ni été propre. Elle est complètement aveugle. Elle recon-
naît un peu ses parents à leur voix, elle montre qu'elle les
entend venir. Lorsqu'on la met dans un endroit, elle y reste
« comme un morceau de bois. »
État actuel. - 29 septembre 1891. Enfant immobile dans son
58 DESCRIPTION DE la malade
lit, déformée par les contractures, ne vivant plus que de la
vie végétative, si l'on peut appeler ainsi l'état d'une enfant
qui ne paraît même pas éprouver le besoin de manger et de
boire. Qu'on soulève la tête ou l'un des membres inférieurs,
on enlève l'enfant « comme un morceau de bois. »
Tête. - Asymétrie céphalique assez marquée, due au moin-
dre volume de la moitié droite du crâne. Crâne petit, ovalaire,
légèrement aplati sur les côtés et au sommet. Pas de traces
de fontanelles. Cheveux courts, rugueux, assez épais, châtain
foncé. Tourbillon postérieur légèrement dévié à gauche.
Front bas, fuyant, surtout sur le côté; bosses frontales
modérément saillantes; arcades orbitaires très-marquées,
formant une sorte de ressaut au-dessus du front. - Sourcils
peu fournis, arqués, largement séparés en dedans. Paupières
supérieures égales et bien mobiles. Fente palpébrale assez
large. Cils longs, châtain foncé. Conjonctive oculaire et palpé-
brale, et cornée saine, sensibilité normale; sclérotique bleuâtre.
Iris larges, marron foncé; pupilles égales, de dimensions
normales, réagissant naturellement à la lumière. L'enfant ne
parait pourtant que peu impressionnée par les objets présentés
à ses yeux. Sa mère, avons-nous vu, la tient pour complètement
aveugle, et dans le service, on n'a jamais remarqué qu'elle eût
des perceptions visuelles quelconques. Les muscles de l'oeil
fonctionnent régulièrement. Pas de strabisme, pas de paraly-
sie, pas de nystagmus.
Nez légèrement aquilin, de dimensions moyennes; narines
écartées : cloison non déviée ; pituitaire saine. Bouche
petite, constamment entr'ouverte. Lèvres minces, sèches et
fendillées. Langue volumineuse, paraissant trop grande pour
la cavité buccale, hors de laquelle elle est presque toujours à
demi-sortie. - Arcades alvéolaires allongées. Dents assez
grandes, irrégulièrement implantées. Quelques-unes sont
cariées. Il y a du tartre. - Voûte palatine allongée, étroite,
peu profonde. Rien de particulier au voile du palais. Amygda-
les un peu grosses. Réflexe pharyngien peu marqué.
Joues peu colorées, pommettes saillantes. - Oreilles très
larges, peu écartées, minces ; repli de l'hélix large, formant à
la partie supérieure une courbe plus grande que normalement ;
tragus très-développé, recouvrant comme une valvule la plus
grande partie de l'orifice du conduit auditif externe; lobule
peu marqué, adhérent. L'enfant parait percevoir des sons.
Cou court, circonférence 26 centimètres 5. Contracture Ses
muscles cervicaux maintenant la tête dans la rectitude, et
Description DE la malade. 59
légèrement fléchie sur le thorax. Cette contracture peut-être
vaincue par un effort assex considérable, et on arrive à fléchir
davantage ou à étendre la tête. - Corps thyroïde à peine
perceptible. - Rachis cervical régulier.
Thorax déformé : courbure antéro-postérieure du rachis un
peu exagérée dans sa portion dorsale ; scoliose à concavité
droite assez prononcée, commençant au milieu de la région
dorsale, et s'étendant sur la région lombaire, qui est un peu
courbée ; courbure dès côtes modifiée en ce sens que, à gau-
che, la courbure d'enroulement diminue dans les deux tiers
antérieurs, le coude de l'angle est prononcé ; à droite, la
déformation est inverse, de sorte que le coude qui correspond
régulièrement au col se trouverait pour ainsi dire en avant,
à 4 ou 5 centimètres du sternum. Rebord costal saillant, don-
nant lieu à un élargissement du thorax à la base. Pas de
malformation du sternum. - Glandes mammaires non déve-
loppées, aréoles brunes. - Rien à la percussion du thorax.
Les râles humides disséminés que l'on perçoit à l'auscultation
ne s'accompagnent pas de dyspnée apparente. Respiration
surtout diaphragmatique. La pointe du coeur bat sur la ligne
mamelonnaire, à la partie supérieure du 8e espace. Rien à
l'auscultation.
Abdomen aplati, rétracté, dur. Sonorité tympanique au
niveau des deux bases des poumons en avant. Matité hépati-
que peu nette. Matité splénique non perceptible.
Pénil peu saillant, recouvert d'une touffe de poils assez longs
mais peu abondants, s'arrêtant au rebord de la symphyse
pubienne en haut, se prolongeant en bas sur la moitié anté-
rieure des grandes lèvres qui sont assez épaisses et flasques.
Muqueuse. vestibulaire rouge. Hymen annulaire, orifice assez
large et facilement extensible, non déchiqueté. Fourchette
assez saillante.
Les membres supérieurs sont contractures. La contracture,
qui d'ailleurs peut être vaincue assez facilement, leur imprime
des attitudes particulières et permanentes : les bras en légère
abduction, les avant-bras fléchis au maximum sur le bras,
les mains légèrement fléchies, plus à droite, où la contracture
est plus accentuée. Pouce dans l'extension, doigts fléchis dans
la paume de la main, l'index très-peu, le petit doigt complè-
tement, les autres dans des positious intermédiaires.
60 Description DE la malade.
SCLÉROSE ATROPHIQUE DU cerveau. 61
déformés ; pas de cicatrices ; pas d'adénites. Réflexes patellaires
notablement exagérés, surtout à droite. j
Il est très-difficile de se rendre compte de l'état de la sen
sibilité. La sensibilité à la douleur paraît abolie au niveau des
jambes; elle semble exister à un faible degré à partir de la
partie moyenne des cuisses. Au tronc, à la face et aux mem-
bres supérieurs, elle existe, quoique très obtuse.
L'enfant est absolument immobile, ne fait aucun cri, gâte
constamment, mourrait de faim si on ne la faisait manger
régulièrement. Elle ne sait pas mâcher, avale gloutonnement.
On note quelques tics de la face. z Pas de bave, de succion,
de rumination, pas d'onanisme. Sommeil agité.
1890. - Une dizaine de mois après son entrée, cette enfant se
mit à tousser et à dépérir progressivement, sans qu'il fùt pos-
sible de trouver une lésion localisée dans quelque appareil.
Octobre. V... décline lentement toujours de la même
façon. Une eschare sacrée qui s'était guérie se reproduit
avec de plus grandes dimensions. Cette eschare est pansée
à la poudre de quinquina. L'enfant mange bien,
1892. Mars. Depuis la fin de décembre, V... a dépéri très
lentement.
22 mars. - On constate une élévation de température : 39°;
nuit tranquille, sommeil calme.
23 mars. Ce matin, l'enfant mange encore un peu de
soupe, et, il 10 heures, elle meurt, avec pâleur de la face,
respiration de plus en plus rare, une par minute environ, de
sorte qu'on l'a crue morte une dizaine de minutes avant
l'heure réelle de la mort. La température au moment de la
mort était de 3 do,8 ; - 1/4 d'heure après 36,2 : - 1 heure
après 3 ? 8 ; - 2 heures après 3su,2; - 3 heures après z,7 ;
- 4 heures après 34° ; ? 5 heures après z,2 ; - 6 heures
après z,8 ; - 7 heures après 32° ; 8 heures après 31° ;
9 heures après 30,h.
Autopsie, 24 heures après le décès.-A l'ouverture du crâne,
il s'écoule du liquide céphalo-rachidien en quantité un peu
plus que normale.
Tête. - Cuir chevelu épais et ferme. - Calotte crânienne,
Tous les os sont très-épais : le frontal au niveau de ses deux
bosses, l'occipital dans sa partie moyenne, au-dessus de la
protubérance occipitale, mesurent un centimètre d'épaisseur.
62 Sclérose ATIiOPHIQUD DU cerveau.
Les pariétaux dans la partie la plus mince de la section de la
calotte, ont 4 lllIlI d'épaisseur. On ne remarque de transparences
et encore très-faibles, que dans la partie située au-dessus et
en arrière des rayons d'ossification des deux frontaux, et au
niveau des sutures. Il n'y a trace d'ossification de ces sutures,
ni à la surface interne, ni à la surface externe de la calotte.
Les fontanelles n'existent plus. Il n'y a pas d'os wormiens.
Dure-mère assez épaisse. Les différentes parties de la
base du crâne et de l'encéphale sont symétriques, les tuber-
cules mamillaircs sont un peu gros. - Les hémisphères
cérébraux paraisssent avoir la môme longueur. Les lobes
occipitaux ne recouvrent que les deux tiers antérieurs du cer-
velet, qui déborde en arrière. Le cerveau est petit, le cerve-
let volumineux.
Sclérose ATROPHIQUE DU cerveau. 63
sula, qui est volumineux. - Les sillons frontaux anléro-
postérieurs prennent très-nettement de la scissure rolan-
dique. Les circonvalutions Fi, F2 et Ps, sont peu abondantes.
A la partie tout antérieure de F2, se trouve un petit foyer de
sclérose atrophique. La frontale ascendante est interrompue,
au niveau.de son tiers supérieur, par un autre foyer de sclé-
rose atrophique, qui empiète un peu sur l'extrémité supérieure
de FI et s'étend très-loin en arrière, occupant la partie supé-
rieure de la pariétale ascendante, le lobule pariétal supérieur
en entier, ainsi que le lobe occipital
Face interne. - En avant, les circonvolutions sont norma-
les. En arrière, sclérose atrophique portant la partie posté-
rieure du lobule paracentral, le lobule quadrilatère, la face
interne du lobule pariétal supérieur et la face interne du lobe
occipital; sur la partie tout-à-fait postérieure de la circonvo-
lution du corps calleux. - La scissure occipitale est très-
nette et se prolonge sur la face externe jusqu'à un centimètre
de la scissure interhémisphérique.
Face inférieure. - Elle présente en avant une dépression
quadrangulaire, infundibuliforme dont le sommet correspond
à la barre transversale en II du lobule orbitaire ; en arrière,
sclérose atrophique du lobe occipital semblable à celle des
deux autres faces.
Le cervelet n'offre rien d'anormal. Il est exceptionnellement
mou et très difficile à décortiquer, en raison de ce défaut de
consistance. Pas d'adhérences méningées.
Protubérance, rien de particulier. - Bulbe : saillie remarqua-
ble des olives, dont la longueur est de 11 millimètres et la lar-
geur de 5 millimètres.
Cou.On a omis l'examen de lavande thyroïde et du thymus.
Thorax. Poumon gauche (140 gr.) un peu congestionné.
Sur la partie postérieure du lobe inférieur, on trouve une
cicatrice bleuâtre à la surface, au centre de laquelle sont de
petits noyaux crétacés. Poumon droit (330 gr.). Adhérences
de tout le lobe supérieur. Le lobe moyen est le siège d'un
vaste foyer de gangrène occupant la face antéro-externe. -
Coeur (90 gr.), sain.
Abdomen. - Foie (990 gr.), trés-friable. Dégénérescence
graisseuse marquée. - Rate saine (55 gr.). - Rein gauche
(75 gr.), rein droit (80 gr.), pâles, d'aspect normal, ainsi que le
ancréas (30 gr.), l'utérus (10 gr.) et les ovaires, qui ont le
volume d'un haricot.
64 RÉFLEXIONS.
Réflexions. - I. Le père de cette enfant est tuber-
culeux ; elle l'était également ainsi que les dépôts cré-
tacés de l'un des poumons, trouvés à l'autopsie, le dé
montrent. - L'alcoolisme, toujours fréquent clans les
antécédents de nos enfants, se retrouve chez un arrière-
grand-père paternel et un grand-père maternel. Il ne
peut être invoqué que comme cause secondaire. Toute-
fois, dans ce cas, on ne peut se prononcer sérieusement
sur l'influence possible de l'hérédité parce que les
renseignements font en grande partie défaut tant sur
les ascendants que sur les collatéraux.
II. Notons, en passant, le « regard » de la mère « sur
un jeune homme qui était comme ça, » c'est-à-dire
comme son enfant.
III. Relativement à la méningite survenue, d'après
les parents, chez notre malade, il convient de faire de
sérieuses réserves. Lorsqu'on interroge les parents, il
est loin d'être facile d'avoir des renseignements précis
pour porter un diagnostic rétrospectif. Quelquefois
même, le médecin qui a soigné alors l'enfant s'est trompé
et a parlé plus ou moins vaguement de méningite. Ici,
l'existence de contracture des membres conduisait à
douter de la réalité d'une méningite originelle. L'absen-
oe de grincements de dents, d'accès de colère,de cogne-
ments de tête, venait d'autant augmenter le doute.
L'autopsie a démontré que les enveloppes ne présen-
taient pas d'adhérences et partant, fait écarter l'idée
d'une méningite.
IV. A l'examen clinique de l'enfant, le trait le plus
frappant était la présence de contractures très pro-
noncées, mais pourtant susceptibles d'être vain-
elLeS. Comme complément, ajoutons-y l'exagération
des réflexes patellaires. Ces phénomènes sont en
Réflexions. 65
rapport avec la sclérose cérébrale constatée à l'auto-
psie.
IV. Remarquons, comme dans de nombreux autres
cas de lésions cérébrales, la facile production des
eschares. Enfin attirons encore une fois l'attention
sur l'étonnante tolérance des enfants comme notre
malade pour des affections aussi graves que la gan-
grène pulmonaire. Nous avons eu l'occasion d'obser-
ver souvent des exemples semblables.
$OUFiN&VILLE. Bicêtre, 1892. &
VI.
Idiotie méningitique ;
Pau BOURNEVILLE et J. NOIR.
SOMMAIRE. - Père, convulsions, fièvre typhoïde avec délire
violent. - Alcoolisme ? Enfant naturel, ne connaît pas
sa famille. - Mère, migraines, crises nerveuses, accès de
colère, asymétrie crânienne. Grand-pèrematernel alcoo-
lique. - G1'and'mère paternelle, aliénée.- Cousin ger-
main maternel, convulsions, méningite. Cousine mater-
nelle, suicidée. - Frère, convulsions, mort de méningite.
- Demi-soeur paternelle, convulsions et tuberculose.
Grossesse : vomissements jusqu'à 4 mois, chute à G mois,
lipothymies. - Convulsions répétées à un av, acres de
colèî,e . - P),eiiiièie cle71t tt ? l 17-t ; Cleî LI itio Il complète à 3
ans. - Marche et parole à 2 ans et demi. - Mobilité exces-
sive. - Coqueluche il 3 ans et demi, avec convulsions et
probablement méningite ( ? ). - T ic.s. - Rougeole avec bron-
cho-pneumonie et albumine dans les urines : Mort.
AUTOPSIE. - Méningite chronique; - atélectasie pulmo-
naire.
Thom... Georges, né à Paris, le 7 janvier 1S88, est entré le
2 mars 1892, à Bicétre (service de M. Bourneville).
Antécédents. - (Renseignements fournis par sa mère le 8
mars 1892). Père, 38 ans, charron, enfant naturel, placé par
sa mère à l'âge de deux jours aux Enfants-Assistés et envoyé
par l'Assistance publique dans le département de la Nièvre.
Il aurait eu jusqu'à l'âge de 7 ans des convulsions sur le
caractère desquelles on ne peut avoir aucun renseignement ;
toujours est-il que la dernière convulsion fut si violente qu'on
le crut mort. A cet âge, nous dit sa femme , il passait
«pour ne pas être une bonne tête » ; il faisait fréquemment
Idiotie méningitique : antécédents. 67
l'école buissonnière. Venu à Paris à 20 ans environ, il contracta
à ans la fièvre typhoïde. Cette maladie aurait été grave et
accompagnée : d'un délire violent ; néammoins la guérison se
serait opérée sans accidents et sans troubles psychiques. Il
a été réformé à la révision à cause d'une plaie de la main
droite faite dans son enfance et qui l'avait estropié. Il aurait
été atteint aussi d'une fracture d'un poignet. Là se borneraient
tous ses antécédents pathologiques. 11 n'aurait jamais eu de
migraines, de chorée, de douleurs rhumatismales, ni d'érup-
tions cutanées. Aucun signe ne permet de le croire atteint
de syphilis. Sa femme prétend qu'il boit et fume beaucoup,
mais interrogé à part, il proteste énergiquement et ne pré-
sente aucun des signes de l'alcoolisme chronique. Marié une
première fois assez jeune, il eut une fille de son premier
mariage, morte aux Enfants Malades à l'âge de 3 ans 1/2 de
ménin ! Ji'e tuberculeuse. Cette enfant aurait eu des convul-
sions durant toute sa vie. Sa première femme serait morte
subitement durant ses couches. D'après sa seconde femme,
il aurait un caractère violent et emporté, il entrerait en colère
pour des motifs futiles et alors briserait tout. Notons que ces
renseignements sont sujets à caution, vu l'état mental de la
femme qui nous les donne et l'apparence de calme et de sin-
cérité du langage du pè : e lorsqu'il est venu compléter notre
enquête à son égard. Il ne connaît absolument personne de
sa famille.]
Mère, 3G ans, vit séparée de son mari sous prétexte qu'il l'a
battue. Elevée jusqu'à l'âge de 2 ans 1/2 en Normandie, son
pays natal, elle y aurait joui d'une santé parfaite, n'aurait pas
eu de convulsions durant son enfance. Ses premières dents ne
seraient survenues qu'à 7 ans, et elle les aurait conservées
depuis ( ? ). Ses dents actuelles, toutefois, offrent les caractères
des dents normales. Elle n'aurait bien parlé qu'à l'âge de 7 ans.
Réglée régulièrement et sans souffrance à 15 ans, elle aurait
eu fréquemment, mais sans périodicité, 2 ans avant cette
époque, des migraines, l'obligeant à se coucher et s'accom-
pagnant parfois de vomissements ; elle n'aurait pas eu de phos-
phènes. ni d'étourdissements ; ces céphalalgies auraient com-
plètement disparu depuis l'établissement des menstrues. A 18
ans, pneumonie guérie en ! 0jours; à 3 ! 1 ans, bronchite accom-
pagnée d'un affaiblissement et d'un amaigrissement notables;
à 35 ans, hémoptysie peu abondante, qui se renouvela depuis
la suite de fatigues. Depuis sa fluxion de poitrine, elle tousse
fréquemment. Elle prétend n'avoir jamais eu de chorée, de
G8 IDIOTIE ? I\GITItIUE : antécédents.
rhumatisme, ni d'affections cutanées. Elle ne présente
aucun stigmate de syphilis, ni d'alcoolisme. Très nerveuse
et très émotive surtout dans son enfance, elle aurait assez
souvent, selon son mari, des crises nerveuses qu'elle n'avoue
pas. Elle serait prise alors d'accès de colère sans cause
appréciable durant lesquels, elle se roule à terre, appelle au
secours. Ces crises qui persistent encore, se seraient mani-
festées dès le début de leur mariage ; il ajoute qu'il la croit
atteinte de troubles intellectuels. Ses actes bizarres lui
auraient aliéné les voisins qui ne lui parlent plus. Depuis très
peu de temps, du reste, elle a déménagé secrètement son
linge et a quitté son mari. Elle a été mariée une première
fois à un homme mort de tuberculose aiguë et dont elle n'a
pas eu d'enfants. Ce fut à 27 ans qu'elle contracta son second
mariage. L'expression de sa physionomie est assez intelligente,
mais elle présente une asymétrie crânienne évidente, la
bosse frontale étant nettement plus développée à gauche qu'à
droite. [Père, mort à 45 ans ; on en ignore la cause. Alcoolique,
coléreux, il aurait «abusé de la vie)) et avait abandonné sa
femme. - Mère aliénée, morte il 45 ans de la rupture d'un
anévrisme à la Salpêtrière où elle aurait été internée à diffé-
rentes reprises. L'origine de sa folio daterait d'une frayeur
que lui aurait faite son mari au troisième jour de ses couches.
«Il s'est lové la nuit ayant il la main deux petits pistolets de
poche et a dit : « A nous deux, maintenant ! » Sa maladie mentale
disparaissait après quelque temps d'internement pour repa-
raître et nécessiter son retour il l'asile. - Grand-père pater-
nel, pas de renseignements. Grand-mère paternelle, morte
il y a 6 ans, on ne sait de quoi; auparavant elle avait une
bonne santé. - Grand-père et grand'mère maternels ne sont
pas connus, mais ils n'auraient jamais présenté de troubles
intellectuels. - Pas d'oncles, ni de tantes paternels. - Quatre
tantes maternelles, dont deux mortes à la suite « d'un chaud
et froid » et deux autres vivantes et bien portar.tes. Un
oncle maternel, mort à 29 ans subitement. - Deux soeurs,
une morte à 2G ans de pneumonie; une autre, 38 ans, se porte
bien; elle est mariée et a 3 enfants; l'aînée aurait eu des
convulsions et aurait été atteinte d'une méningite quali-
fiée de « tuberculeuse » ; elle serait inintelligente; bien
qu'ayant appris à lire et à écrire, elle serait restée « bonasse ».
- Un frère maternel adultérin est intelligent et se conduit bien.
- Une cousine, malheureuse en ménage, se serait suicidée
dernièrement. A part cela, pas d'aliénés, d'idiots, d'épilepti-
ques, d'hystériques, de paralytiques, de difformes, de bègues,
Antécédents personnels. 69
de sourds-muets, d'aveugles-nés, de suicidés, de prostituées,
etc., dans le reste de la famille].
Pas de consanguinité. Inégalité d'Age : 1 an 1/2.
3 enfants : 1° garçon, mort à 15 mois, de méningite tuber-
culettse ;il n'aurait jamais dénoté aucune trace d'intelligence
et « ne faisait qu'un cri » durant toute sa vie. Il a eu conti- >
nuellement des convulsions; - 2" fille, G ans 1/2, intelligente,
douce, assez nerveuse, n'a pas eu de convulsions; - 3° Notre
malade. Rappelons que le père de l'enfant a eu d'un premier
mariage une fille, morte à 3 ans à l'hôpital des Enfants Mala-
des, cle tuberculose. Cette enfant aurait eu des convulsions
durant toute sa vie.
Notre malade. A la conception, les époux faisaient bon
ménage, n'étaient pas malheureux. Le mari ne faisait pas
d'excès alcooliques à cette époque. - Pendant la grossesse,
vomissements incoercibles quotidiens jusqu'au 4e mois, ayant
causé un affaiblissement considérable. A 6 mois, chute d'un
escabeau sur le côté gauche, lui ayant causé une vive émotion.
Plus tard, à des époques qu'elle ne peut préciser, la mère eut
peur deux fois au sujet d'accidents survenus à sa petite fille.
Lipothymies fréquentes pendant toute la durée de la grossesse,
mais pas de véritables syncopes, ni de crises d'aucune sorte.
La mère n'entrevoyait pas avec plaisir la naissance d'un autre
enfant, à cause de la faiblesse de sa santé et de l'exiguité des
ressources du ménage. Accouchement à terme, normal et
sans l'emploi d'ergot, ni d'anesthésique. La durée du travail
fut de 2 heures et demie. - A la naissance, ni cyanose, ni
asphyxie; l'enfant était petit et grêle. ? Elevé au sein par sa
mère, il fut sevré à 15 mois. Première dent à un an; den-
tition complète à 3 ans. - Début de la marche et de la parole
à 2 ans et demi. - Les premiers symptômes de son affection
datent de l'époque de la dentition. L'enfant fut alors pris de
convulsions fréquentes, survenant par attaques portant sur
8 jours environ, puis restant un mois sans revenir. Une
période d'anxiété ouvrait la crise. D'abord immobile, l'enfant
devenait rouge, se plaignait en grognant, puis se raidissait,
la bouche écumante, les yeux fixes et hagards. Aucun mou-
vement tonique, ni clonique; pas de déviation du tronc, ni
des membres. Parfois survenait durant la crise, une expulsion
d'urine et de matières fécales. Après vingt minutes environ,
il reprenait connaissance, dormait un peu et se réveillait dans
son état normal, jouant comme par le passé, ne présentant
absolument aucun trouble psychique, sensitif, sensoriel ou
70 0 Antécédents personnels : méningite.
moteur. Les crises n'étaient pas toujours aussi longues, par-
fois l'enfant devenait pâle, regardait un instant fixement,
faisait quelques efforts bruyants d'expiration. La mère lui frau-
pait alors dans les mains et tout était terminé. Souvent aussi
il était pris d'accès de colère, il poussait alors des cris per-
çants et continus qui ameutaient les voisins contre ses parents.
La mère avoue que, sur leur conseil. elle donna des claques iL
son malheureux enfant. - Vacciné à 2 mois avec succès; ni
rougeole, ni variole, ni scarlatine, ni autre maladie infectieuse
si ce n'est la coqueluche à 3 ans et demi. Cette dernière
l'aurait fort éprouvé. Le médecin, effrayé par le nombre cle
ses convulsions, aurait parlé de méningite et lui aurait fait
appliquer un vésicatoire à la nuque, Les crises cependant,
durant la coqueluche, n'auraient pas été sensiblement modi-
fiées.
Cet enfant aurait toujours été d'une mobilité incomparable.
« Jamais, nous dit sa mère, il ne pouvait tenir en place ». -
Nul accident scrofuleua, nul traumatisme sérieux. Gourmand,
vorace, il gâtait parfois la nuit et urinait fréquemment au lit.
Sa mère s'aperçut que ses selles contenaient parfois des ovyit-
res. On ne constata jamais cle pyromanie, de clastomanie, ni
d'onanisme. Parfois affectueux, il menaçait à de certains mo-
ments sa mère et battait sa petite soeur. Il n'aimait que les jeux
bruyants. Son éducation était presque nulle, cependant il
savait se servir de la cuiller. Le 20 février, lassée des plaintes
des voisins et croyant son enfant atteint d'une maladie ner-
veuse qu'elle attribuait à la dentition, la mère se décida à
le faire admettre à l'hôpital des Enfants-Malades, d'où il fut
envoyé à Bicêtre. Tout porte à croire qu'il contracta dans cet
hôpital la rougeole qui s'est déclarée 8 jours après son arrivée
à Bicêtre.
État actuel. (14 3/ars 1892). L'enfant n'a pas l'air maladif,
son embonpointest satisfaisant. Malgré l'éruption rubéolique,
sa peau parait être normalement très blanche. Les cheveux
blonds sont bien implantés. En arrière et à droite, croûtes
impétigineuses du cuir chevelu. Pas d'adénites chroniques.
Tête allongée, sensiblement asymétrique, ne présentant au-
cune trace appréciable des fontanelles. - Front bombé et assez
large. Arcades sourcillières peu saillantes. Sourcils clairs et
blonds. Paupières et fentes palpébrales moyennes et réguliè-
res. Cils longs et bien implantés. Yeux grands, à motilité nor-
male, pas d'exophthalmie, de paralysies, ni de nystagmus. Iris
gris clair. Pupilles régulières égales, à réaction normale. Cor-
DESCRIPTION DU malade. 71
née, conjonctive, rien de particulier. L'acuité visuelle semble
normale.
1Ye : ; droit, déprimé jusqu'au niveau du lobule qui est un peu
large. Narines regardant directement en bas. un peu larges,
pas du déviation de la cloison. Odorat normal. - Pommettes
sYIl1ll'iquos. peu saillantes et régulières. - l3ouclae petite et
régulière,, lèvre inférieure un peu mince. Palais, voile du
palais ; normaux. Amygdales non hypertrophiées. Le goût
par.vi; normal ( ? ). - Menton, rond. Oreilles assez larges, bien
ourlées bien implantées, à lobule assez volumineux. Acuité
auditive assez développée.
Mensurations de la tête :
72 . Rougeole ; albumine.
if mars. L'enfant un peu agité a été conduit la veille au
pavillon d'isolement. Léger catarrhe oculo-naso-bronchitique.
Toux rauque assez fréquente, pas de signes physiques à l'aus-
cultation. Pas de dysphagie, diarrhée légère. Eruption discrète
sur le tronc de taches lenticulaires rosées, disparaissant à la
pression. Soir : T. R. 40°. Potion à l'acétate d'ammoniaque.
12 mars. - Délire assez violent pendant toute la soirée de
la veille et la nuit. Soif intense. Bouche fuligineuse. Nari-
nes pulvérulentes. Plus de diarrhée. A l'auscultation : râles
muqueux abondants aux deux poumons mais surtout àgpuche.
L'éruption, à peine apparente à la face, est très développée sur
le tronc et les membres. Les taches larges, dentelées, en for-
me de corymbes sont cohérentes. Température de la veille
au soir : 40°, 4. - Vésicatoire à gauche et en arrière du thorax.
- Potion avec sirop diacode et teinture de musc. T. R. 39°, 6,
Soir : T. R. 39°, 8.
13 mats. - T. R. 3S°, 2. - Soir : 38°, 6, mais l'état général est
stationnaire.
14 mars. T. R. matin : 39°, 6. - Soir : 39°, 5. La déferves-
cence n'était que l'abaissement normal que l'on observe après
l'éruption morbilleuse. Pouls fréquent et assez fort. Respiration
fréquente, haletante. Râles muqueux nombreux, disséminés.
Coryza intense. Bouche sèche, lèvres fuligineuses. Soif ardente.
Subdélirium continuel. Eruption confluente au tronc et aux
membres. Sirop d'ipéca; potion au musc.
15 mars. - Etat général un peu meilleur. Le malade est plus
calme, signes physiques pulmonaires non modifiés. Albumine
en asssz grande quantité dans les urines. T. R. 39°, 8, Soir :
T. R. 39°, 1. Régime lacté exclusif. Potion diacodée.
17 mars. - Toux fréquente. Amélioration notable des signes
stéthoscopiques. Il n'y a plus d'agitation. Diarrhée noire et
abondante. Eruption pâlie, en voie de disparition. Matin :
T. R. 38°, 2. - Soir : 39°, 5.
18 mars. L'éruption a disparu. Agitation très grande.
Dyspnée intense, battements des ailes du nez. Visage légère-
ment cyanosé. Râles muqueux abondants dans toute l'étendue
de la poitrine. Parfois dans la journée, crises asphyxiques avec
apnée et cyanose intense. La diarrhée a cessé. Albumine en
grande quantité dans les urines. T. R. 39°, 7. - Soir : 39°, 5.
Ventouses sèches sur toute la poitrine. Une cuillerée de sirop
d'ipéca; potion aux sirops diacode et de tolu. Régime lacté.
19 mars. - L'enfant est décédé à minuit 1/2. Son poids était
alors de 16 kilog. 800. Il avait donc maigri d'environ 300 gr.
Méningo-encéphalite chronique. 73 3
durant sa maladie. - T. R. 38°, 2 : -Soir : 31o, 6. Un quart
d'heure après la mort.
Autopsie (faite 32 heures après le décès). - Le cuir chevelu
est assez épais. La calotte crânienne présente une asymétrie
manifeste, tant au niveau de la bosse frontale, qu'à celui de
la bosse pariétale. La paroi osseuse est très mince et offre des
zones de transparence au niveau du siège de la fontanelle an-
térieure, surtout à droite de la suture sagittale. Des zones ana-
logues se rencontrent encore tant à droite qu'à gauche de la
suture lambdoïde. Aucune trace de synostose sur le trajet des
sutures. La suture métopique a complètement disparu. Les
sutures fronto-pariétale et lambdoïde sont finement dente-
lées. La suture sagittale offre des dentelures plus accentuées
surtout à partir de ses deux tiers postérieurs. - En arrière
de la suture fronto-pariétale existe une dépression nette sous
forme d'une large gouttière creusée dans les pariétaux et
parallèle à la suture. - La base du crâne semble à peu près
symétrique. - La dure-mère est un peu épaissie au niveau
de la face et adhérente à la vome crânienne.
74 11É\I\GO-I;NCÉPH : 1LIT1; chronique.
Tout le lobe pariétal présente des adhérences qui s'étendent
de PA au pli courbe inclusivement. La scissure de Sylvius,
régulière, laisse apparaître le lobule de l'insula sans lésion
apparente. - Le lobe te IJ1j)() l'il présente à la partie posté-
rieure de Fi et de F-' clos adhérences méningées considéra-
bles mais assez nettement circonscrites. Le lobe occipital
offre à sa partie antérieure un aspect franchement chagriné ;
en arrière de cette région, on trouve encore de nombreuses
adhérence*- de la pie-mère.
Face interne. - Presque absolument saine, sauf quelques
adhérences à l'origine de 1 ? Le lobule paracentral, l' avant -
coin, le coin, la circonvolution du corps calleux sont normaux.
Ala partie moyenne des circonvolutions temporo-sphénoïdales
et sur la circonvolution de l'hippocampe, existent des adhé-
rences.
Le corps calleux, le trigone, le ventricule, la couche
optique, le corps strié et le pédoncule ne présentent, de ce
côté, aucune lésion macroscopique.
Hémisphère gauche. - Face externe : Adhérences nom-
breuses à la partie antérieure du lobe frontal sur tout le tra-
jet de F3, moins contournée que sur l'autre hémisphère. Cette
circonvolution est mince et nettement 'atrophiée, surtout à sa
partie postérieure. Les deux tiers postérieurs de FI et F2 sont
sains et bien développés. - Le sillon préfrontal est bien moins
considérable qu'a droite. FA présente un aspect chagriné
dans sa moitié inférieure. Rien de particulier à noter pour le
sillon de Rolando. - Aspect chagriné de PA dans sa moitié
inférieure et du lobe pariétal supérieur qui présente des tra-
ces d'adhérences dans ses deux tiers inférieurs. - Atrophie
et aspect chagriné au niveau du pli courbe. Scissure de Syl-
vius, lobule de l'insula et lobe occipital, rien de particulier. -
Aspect chagriné et adhérences sur tout le tiers du lobe tem-
poral.
Face interne : 1 : normale. Lobule paracentral chagriné et
atrophié surtout à sa partie postérieure. - L'avant-coin et le
coin présentent la même lésion en avant. - Il en est de môme
du corps calleux et de sa circonvolution sur tout leur trajet.
- Lobe ten¡p01'o,sphénoïclal d'aspect normal. Le trigone, les
noyaux gris centraux et le ventricule latéral semblent sains.
Çe1'oeletetbulbe : rien de particulier. - Moelle : (35 gr.),
normale.
. Réflexions. 75
Cou. Les cordes vocales du larynx sont très tuméfiées.
- Glaocle thyroïde, (10 gr.) Thymus, quelques traces.
Thorax. - Poumon droit (320 gr.) : Adhérences complotes
de la plèvre, blanchâtre et épaissie, atélectasie surtout au
de lit plè\-i-c, ])Iaiieli,itre et ép;tissie, atélcetisie surtout au
sommet du poumon qui crépite encore et ne plonge pas. -
Poumon gauche (nO un peu congestionné. L'atélectasie
a été cause cle la mort. - Coeur (110 gr.) normal. Trou de
Botal oblitéré.
Abdomen. -Estomac, tube intestinal, Rate (80 gr.), Rein
droit (lit gr.), Rein gauche (Gj gr.), - Foie (iG0 gr.), Ves-
sie, aucune lésion apparente.
Réflexions. - I. L'hérédité, du côté paternel
comme du côté maternel, peut être ici nettement con-
sidérée comme cause prédisposante de l'état mental
de l'enfant. Remarquons encore que son frère aîné
et sa demi-soeur paternelle ont présenté tous deux des
accidents méningitiques graves.
II. Les incidents de la grossesse (vomissements, in-
coercibles jusqu'à 4 mois, chute au sixième mois,
émotions, lipothymies) ont pu avoir une certaine
influence sur le développement de l'enfant.
III. Il est à remarquer que les convulsions attribuées
à la dentition furent les premiers symptômes de
l'affection nerveuse de Thom...
IV. La rougeole, sa maladie ultime, présente comme
particularité intéressante l'albuminurie survenue
quatre jours avant la mort.
V. A l'autopsie nous constatons l'absence complète
de synostose des sutures et la présence de plaques
transparentes surtout à la région de la fontanelle
antérieure ; tout cela joint à la minceur remarquable
de la paroi crânienne nous permet d'affirmer que la
boîte osseuse n'a en rien gêné le développement de
76 RÉFLEXIONS.
l'encéphale et que partant la craniectomie n'aurait
en rien été justifiée. L'égalité parfaite du poids des
deux hémisphères cérébraux et les lésions méninge-
tiques, bien qu'elles ne se soient pas traduits par des
symptômes cliniques assez nets pour en tirer une
conclusion, méritent encore d'attirer l'attention. Le
court séjour de l'enfant dans la section, la rougeole
dont il a été atteint de suite, ont empêché d'ailleurs,
qu'on put, par une observation suffisamment prolon-
gée, poser un diagnostic précis sur la cause de l'idiotie.
VII.
Idiotie symptomatique de sclérose atrophique ;
tuberculose pulmonaire;
- Par BOURNEVILLE, et DAURIAC.
S0liIAIRE : -Père aHënë. G ? 'and'mérepaternene nerveuse.
Deux tantes et une cousine paternelles aliénées.- Tante
paternelle tuberculeuse. -Mère, fièvres intermittentes.
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 8 ans.
Chute durant la grossesse. - accouchement laborieux. - z
Jamais de convulsions. - Rougeole à 4 ans ( ? ). Marche,
parole, préhension nulles.- Gâtisme, - Contractures des
quatre membres. .
1892. Rubéole. - Tuberculose pulmonaire; mort. .
Autopsie. = Absence de synostose; p ! agiocëphahe. lëa-
lité de poids des hémisphères cérébraux. - Os dormi-
ens. - Sclérose atrophique d'un certain nombre de cir-
convolutions des deux hémisphères du cerveau, prédomi-
nant à gauche (Hémisphère plus petit). - Tuberculose
pulmonaire. Abcès froid du deltoïde.
Thill., Edouard, né le 27 janvier 1876, à Bukarest, est entré
le 24 février 1891, à Bicètre (service de M. BOURNEVILLE); et est
décédé le 14 avril 1892.
L'enfant est amené le 24 février 1891 par sa mère. Il est
propre et sa tenue ne donne lieu à aucune remarque. On lui
donne dès le 1er jour le traitement suivant : 2 bains salés par
-semaine ; huile de foie de morue et sirop d'iodure de £ er. , .
Sa température prise matin et soir à partir du 24 jusqu'au
28 février ne présente rien d'anormal : elle oscille autour de
z. La température la plus basse a été de 36°, 8, la plus élevée
de 37°,6.
Antécédents héréditaires. (Renseignements fournis par une
78 8 Antécédents héréditaires.
nièce du Dr Bl.. qui l'accompagnait le jour de son entrée).
Père, âgé de 4G ans. Il a exercé plusieurs professions : d'abord
employé dans les ponts et chaussées, il est ensuite devenu
commis-rédacteur à la Ville. C'est en Roumanie où il était
allé en qualité d'employé des ponts et chaussées, qu'il connut
la mère de l'enfant, fille de paysans dont il eut quatre enfants.
Pendant son séjour dans ce pays.il il fut illlCI'I1é itcIclix ,'("pI'i,cs
différentes pour folie des grandeurs avec idées de persécu-
tion. « Il racontait qu'il avait remporté de grandes victoires
mais que malgré cela le roi voulait lui faire couper la tète. »
Il s'échappa de l'asile et pendant 18 mois parut à peu près
raisonnable. 11 revint en France, devint employé de la Ville et
épousa il y a six mois la mère de ses enfants. Il y a deux mois,
il fut repris de folie et interné à Charenton. C'est un homme
emporté et peut-être alcoolique. (Sa femme, convoquée le 13
avril 18U'2, contredit ce renseignement : elle le dit sobre et ne
l'a jamais vu se livrer à aucun excès). Il n'aurait jamais eu de
maladies chroniques telles que : affections nerveuses, dartres,
rhumatismes. [Père, architecte : il partit tout jeune en Rou-
manie et y devint directeur du ministère des travaux publics.
Il était intelligent, bicn portant, et on ignore la cause de sa
mort qui arriva à 75 ans. Il aurait eu une affection oculaire
sans paralysie, et aurait fait un séjour de six mois au lit.
Mère, originaire cle Ieaux; elle est d'une famillle où il y aurait
eu des aliénés ; nerveuse et un pou vive, elle est morte à G7 ans
de la variole. - Une soeur morte folle après un séjour de 1-2
ans dans un asile d'Odessa. La folie la prit après ses couches.
File ne pouvait plus voir son mari et se croyait persécutée,.
Elle a laissé une lille qui, elle-même, est morte folle après deux
ans de mariage. Une 2° soeur est hallucinée; après la mort
de son père, elle résolut de ne point se marier, et. dès lors se
confina dans un isolement farouche. Elle a été enfermée, mais
quoique libre à l'heure actuelle, elle est incapable de se con-
duire; il est question de la faire interner de nouveau. Une
3e soeul', saine d'esprit cette-ta. est morte tuberculeuse. Elle
a eu 4 enfa Ils, 3 sont morts en llits ic. Une lille, 23 ans. est bien
portante et exerce la profession d'institutrice. Le grand-père
paternel était conservateur des collections de la Faculté de
médecine et du musée Dupuytren. Il est mort un âge avancé
on ne sait de quoi. - La ! ]'ëlJ1cl"mère r¡alerllelle, est morte très
vieille sans jamais avoir donné de signe de démence ou d'alié-
nation.]
Mère, 38 ans, nia jamais eu de convulsions ou de maladies
Antécédents PERSONNELS. 79
nerveuses. Bien portante et sufiisament intelligente, elle est
dépourvue d'instruction et ne sait ni lire ni écrire. Elle s'ex-
prime en français avec la plus grande difficulté. Elle a eu des
fièvres intermittentes à partir de 15 ans. Rien autre chose à
noter. - [Père, sobre, 82 ans, n'a jamais été malade. Mère, 60
ans, bien portante, n'a jamais eu d'affection chronique ner-
veuse ou autre. - Grand-père paternel, mort à 89 ans, sans
jamais avoir été malade. - Grand'mère paternelle, morte à 75
ans. Elle est restée un an au lit avant de mourir. Elle était très
faible, mais non paralysée. - Grand-père maternel mort tout
jeune. - Grand' mère maternelle, morte en couches. Rieii
comme maladies nerveuses ou mentales. - Ni oncles, ni
tantes. - Trois frères : l'ainé, 30 ans, bien portant, n'a pas
d'enfants. Le second frère. 28 ans, et le troisième, 24 ans,
sont d'une bonne santé. - Dans le reste de la famille de la
mère, aucune tare nerveuse.] Pas de consanguinité. - Iné-
galité d'âge de 8 ans.
4 enfants : 1° notre malade ; - 2" un enfant mort à Il ans
de la variole; il était intelligent, n'avait jamais eu de convul-
sions; - 30 tille, 9 ans, bien portante, pas de convulsions,
intelligente et pas nerveuse ; - 4° garçon, 4 ans, venu avec
sa mère, très bel enfant, très intelligent, parlant bien; il n'a
jamais eu de convulsions.
Notre malade. - Rien de particulier à la conception. A
cette époque le père n'était pas aliéné. - Grossesse : Pendant
les 4 premiers mois, fatigues diverses. Affaiblissement au 8me
mois, chute dans un escalier sans accidents consécutifs. z
Accouchement pénible, le travail aurait duré trois jours. Il y
eut une intervention médicale sur la nature de laquelle on ne
s'explique pas. Pas de forceps ? -A la naissance, Th.... était t
bien portant, pas d'asphyxie. Il présentait sur les deux fesses,
deux taches noires qu'on attribue à la chute de la mère.
Ces taches persistèrent longtemps et ne disparurent qu'à
cinq ans. Elles n'étaient pas saillantes et avaient les dimen-
sions d'une pièce de 5 francs. -Allaitement maternel jusqu'à
2 ans et demi Th.... n'a jamais pu marcher et est toujours
resté couché. Le début de la parole a eu lieu à 3 ans. l'as
de renseignements sur l'apparition des dents. - A 3 ans,
la mère le promenant dans une voiture, le laissa tomber et
depuis lors il dépérit. Sa mère attribue l'état actuel de son
enfant à sa chute et à celle de son enfant. Un médecin rou-
main aurait prétendu qu'il s'était de la sorte abimé la moelle.
- A 4 ans, rougeole; pas d'autre maladie. - Vacciné à trois
80 Rubéole.
ans avec succès. Th... pleurait beaucoup étant tout enfant. Il
n'a pas eu de convulsions. La mère affirme qu'il n'a jamais
été malade, qu'il n'a jamais eu de fièvre, ni de troubles moteurs
autres que ceux qu'il présente à l'heure actuelle. - Son état
ne s'est jamais modifié.
2-6 octobre. Revaccination sans succès.
1892, 9 février. - Rubéole. Température peu élevée
(38°). Eruption discrète sur la face et le tronc. Toux grasse.
Yeux larmoyants, coryza peu intense. Rien à l'ausculta-
tion. T. R. 371l,8. - Soir : T. Il. 38°, 3.
10 février. - T. R. 38° matin et soir.
11 février. - T. R. 37°,G. - Soir : T. R. 38°.
12 février. - Etat général relativement bon. L'éruption a
disparu en grande partie. Il est difficile de juger de la des-
quamation, car le petit malade présente des troubles trophi-
ques de la peau se traduisant par une sorte de desquamation
icththyosique qui rend difficile de faire exactement la part de
l'exanthème. Blépharite ciliaire assez accusée de l'oeil gauche;
lavages boriqués. T. R. 37", 2. - Soir : T. R. 37°, i. 4.
13 février. - T. R. 37 ? Soir : T. R. 37° 2. Le malade entre
en convalescence. - Exeat le 22 février.
23 février. L'enfant passe de l'isolement à l'infirmerie. Il ne
peut se tenir debout et reste continuellement assis. Il a beau-
coup maigri pendant sa rougeole. Face pâle. Sa température,
prise régulièrement matin et soir pendant tout le mois, n'est
pas élevée. Itien à l'auscultation. L'état de l'enfant ne se
modifie pas et il présente de temps en temps des élévations
de température qui ne dépassent jamais 38°.
2 aurii. Thill... tousse et maigrit. Son appétit reste bon
et il n'apas de fièvre.- Traitement : alimentation abondante :
lait et oeufs; Todd au quinquina.
9 avril. - L'enfant se plaint toujours mais on ne peut lui
faire dire où il souffre. Il a un peu de diarrhée, sue, maigrit
beaucoup, jette des cris et respire difficilement. T.R. 37°, S; 8;
Soir : T. R. 38°.
Percusion : Du côté droit, matité de la fosse sus-épineuse
et de la région sous-claviculaire ; submatité de la partie
inférieure du poumon surtout en arrière. - A gauche : subma-
tité de toute la partie du poumon. En arrière, matité plus
prononcée à la partie moyenne.
Auscultation : Craquements humides dans les deux som-
mets au-dessous de la clavicule, du côté droit et, dans la fosse
sous-épineuse du même côté, souffle amphorique avec gar-
Description du malade. 81
gouillement. Du côté gauche, râles crépitants et. sous-cr-
pitants dans toute la partie supérieure du poumon. Souffle
caverneux en arrière, vers la pointe de l'omoplate. L'ausculta-
tion est très difficile.
L'état se maintient les jours suivants 'identiquement le
môme et le dépérissement général s'accentue.
En résumé : Tuberculose pulmonaire à la période des exca-
vations. Huile de foie de morue créosotée. Todd au quin-
quina ; pointes de feu. .
Etal actuel (l 1 avril). - L'enfant est pâle et reste constam-
ment couché. - Le crâne est petit, aplati transversalement
et se termine légèrement on pointe vers son sommet - Le
front est étroit, les bosses frontales peu saillantes; les bosses
occipitales sont plus marquées. On ne trouve pas iL la palp : : 1tion
trace des fontanelles.- Cheveux châtains foncés, un tourbillon
en arrière sur la ligne médiane. Les cheveux empiètent beau-
coup r : ur les côtés du front et rejoignent presque les sourcils'.
.Face ovale, constituant presque une ellipse, avec le front.
Le visage est très amaigri et sans expression. Il exprime
parfois la souffrance. - Arcades sourcilières nettement sail-
lantes surtout vers la pointe externe. Paupières longues : fen-
tes palpébrales larges, un peu obliquement dirigéees en dehors
et on haut. Sourcils abondants, mais assez clairsemés,
noirs. Cils longs et noirs. Yeux mobiles dans tous les sons.
Pas de nystagmus en ce moment. Impossible d'apprécier la
valeur fonctionnelle de l'oeil. Iris presque brun. Les pupilles
sont égales. La sensibilité de la conjonctive parait un peu
'diminuée iL droite.
Ne : lég l'emellt dévié à gauche, aquilin, long, à racine
enfoncée au-dessous du front et d'une largeur exagérée.
Lobule unique, étroit et en pointe. Sous-cloisons peu éten-
dues d'avant on arrière et peu saillantes. Narines bien ouver-
tes, à direction oblique en dehors et en arrière. L'enfant res-
pire bien par le nez.
Bouche large de 4 centimètres, à peu près toujours fermée.
Lèvre supérieure moyennement épaisse, portant de chaque
côté une dépression. qui rappelle le bec de lièvre. Cotte
lèvre supérieure est ombragée d'un léger duvet qui commence
à noircir. Lèvre inférieure plus étroite. Même duvet au-des-
sous d'elle sur la ligne médiane. Les doux lèvres sont pâles)
Dentition : -12dents, fortes et contiguës, assez bien rangées'.
Langue enduite d'une épaisse couche saburrale, rouge à la
pointe. Palais absolument pâle. L'enfant paraît distinguer et
Bourneville, Bicêtre, 1892. G
82 Description DU malade.
préférer les choses sucrées ou douces comme le lait. Il ne
semble pas être désagréablement impressionné par la quinine,
Sur la ligne médiane, la face antérieure du maxillaire
inférieur est obliquement dirigée en bas et en arrière. Au
contraire, le bord inférieur est dirigé de chaque côté très
obliquement en arrière, en dehors et en haut. Sur le menton,
qui est pointu, on trouve quelques poils comme ceux de la
lèvre supérieure. -.Toues très amaigries, couvertes d'un fin
duvet. Apophyses zygomatiques et pommettes saillantes.
Dépression au niveau de la boule de Bichat.
Oreilles volumineuses, écartées, de forme elliptique. Toutes
ses parties sont normales, à part la largeur des lobules qui est
exagérée. Ils ne sont pas adhérents.
Cou, 24 centimètres. - Larynx saillant. Corps thyroïde
légèrement perceptible. Dépression sus-sternale assez accusée.
Les clavicules se dessinent nettement sous la peau et sont
dirigées très obliquement en arrière, en dehors et en haut. Les
articulations externes et internes de la clavicule sont saillantes.
Thorax très amaigri, laissant voir les saillies des côtes, asy-
métrique, avec une dépression au niveau de l'hypochondre
droit et une saillie au niveau de l'hypochondre gauche. Le
sternum est en lordose ; la colonne Vcdéb raie est en cyphose,
Circonférence du thorax au niveau du premier espace inter-
costal : 56 centimètres au niveau de la pointe du sternum.
Circonférence : 59 centimètres.
La colonne vertébrale ne présente pas de déviation latérale.
L'incurvation antéro-postérieure n'est pas angulaire , il y a
un assez grand nombre de poils entre les deux omoplates et
au niveau des lombes.
L'enfant porte sur les parties postérieures et latérales du
thorax une dizaine de cicatrices de forme oblongue. Au niveau
du sacrum, existe une eschare de la dimension d'une pièce
d'un franc, et au-dessus de cette eschare, deux cicatrices d'es-
chares antérieures. La fesse gauche, au niveau du sommet du
grand trochanter, porte également une eschare un peu plus
petite que la première. Une autre eschare, beaucoup plus
petite se trouve à quelques centimètres en dehors.
Poumons. Sonorité exagérée en avant et à droite. Subma-
tité au sommet gauche. Murmure vésiculaire normal à droite,
exagéré à gauche, toujours en avant. En arrière, submatité au
niveau de la fosse sous-épineuse. Râles sous-crépitants au
môme niveau avec souffle caverneux. R. 46. Battements du
coeur précipités, donnant lieu à une ondulation de la paroi,
analogue à celle qu'on remarque dans la symphyse cardiaque.
Description DU malade. 83
Quelques faux pas du coeur. Pouls à 132, assez résistant.
Sur la ligne mamelonnaire, la matité hépatique commence
à la 7e côte et s'étend à 5 centimètres au-dessous dans l'abdo-
men. Sur la ligne médiane, elle occupe à peu près l'étendue
de l'appendice xiphoïde. La rate n'est pas perceptible. L'abdo-
men est souple, non douloureux à la pression.
Membres ; supérieurs décharnés. L'avant-bras droit est en
flexion complète sur le bras qui lui-même est à peu près cons-
tamment appliqué sur le tronc. L'avant-bras peut cependant
s'étendre sur le bras presque à angle droit. Les mouvements
volontaires sont extrêmement limités. Les mouvements de
toutes les articulations sont à peu près normaux. Les deux
doigts, médius et auriculaire, restent en demi-flexion, le pre-
mier métacarpien en opposition, la première phalange pouvant
être placée en luxation postérieure sur le métacarpien et la
deuxième en luxation postérieure sur la première.
Membre supérieur gauche dans le môme état d'amaigrisse-
ment que le droit. Les deux os de l'avant-bras sont absolu-
ment parallèles à l'humérus et l'articulation du coude est
ankylosée dans cette position. La main est en extension et
adduction sur l'avant-bras. Les mouvements des doigts sont
libres sauf ceux du pouce qui reste le plus souvent en opposi-
tion.
Membres inférieurs, complètement décharnés, couverts
de poils qui commencent à noircir.
Membre droit : la cuisse est à-peu-près fixée en demi-flexion
et adduction. La jambe est en flexion complète sur la cuisse
et le pied est fléchi autant qu'il est possible sur la jambe. Les
orteils sont en flexion et le gros orteil est, de plus, en adduc-
tion. Le pied est en rotation externe.
Membre gauche en flexion presque complète sur le bassin
avec légère adduction. La jambe est en flexion complète sur
la cuisse, le pied en rotation externe forcée, la malléole
externe portant par son sommet sur la face externe du calca-
néum. Le calcanéum et l'astragale ont à peu près complète-
ment perdu leurs rapports.
Puberté. - Quelques poils sur les lèvres, sur le menton.
Quelques poils un peu moins colorés sur le pubis. Rien sous
les aisselles. Verge longue de 4 centimètres. Circonférence,
3 centimètres. Gland découvert. Bords du prépuce rouges.
Scrotum très petit, ridé, vide. Le testicule droit est percep-
tible dans le trajet inguinal, près de son orifice abdominal, le
gauche ne peut être senti. Région anale non déformée, cou-
84 Description du malade.
verte de poils nombreux disposés sur deux lignas parallèles
nntèro-postél'icnres..
tlaTrorSIr : ABSENCE DE SYNOSTOSE. ' 8.')
lie de faire aller sa été de droite à gauche en claquant
la langue. Il ne peut ni s'habiller ni se déshabiller. Il ne
se tient pas sur ses jambes. Il est facile de fixer son atten-
tion.
1 ? avril. Même état, l'enfant ne veut pas de nourriture.
13 avril. - Lu malade pousse des cris continuellement ; il
ne prend clue du lait, et respire difficilement. 11 est couvert -
de sueurs, aucune modification sthétoseopique.
1n avril. Affaiblissement de plus en plus grand.
' 1 : avril. - 1 ? nra[III ? l 111 II/"I ce matin '111<'11/"1 ? en .'( plai-
gllallt beaucoup. Température aussitôt après la mort, 39" ;
- 1/rt d'heure après, 38o, 3; - une hcure après, 35°; 2
heures après, 35°.
Autopsie faite le 15 avril 1892, 30 heures après la mort.
Tête. - Cuir citeuflit assez épais et bien fourni de cheveux. \
Ca<eo\'uupn ! te mince. Léger degré de plagiocéphalie
proéminence frontale à gauche depre siou légère à droite;
proéminence o cipilale à droite, légère dépression à franche.
- La suture métopique est ossifiée complètement ; la suture
coronale est entièrement libre aussi bien à la face interne qu'à la
face externe. Il en est de même de la suture sagittale où il y
a une légère tendance au ch vauchoment du pariétal droit
vers l'inion. Les deux Irons pariétaux existent. On voit deux
plaques translucides vers le bord supérieur du pariétal droit à
un centimètre );2 de la ligne médiane. L'antérieure est éloignée
de 4 centimètres de la coronale, la postérieure d'un centimètre
de la lambdoïde. La suture lambdoîde est très compliquée. Elle
est formée par une série d'os wormiens au nombre de ! ¡ dans
la région du lambda. Leurs connexions sont telles qu'elles
effacent l'angle et le rendent mousse. On compte ensuite 3 os
wormiens à droite et deux à gauche. Ils s'ét( ndent sur une
longeur de 5 eentimétl"s dans la suture. - Rien de P"I'liclllif' !
à la base du crâne. La dure-mère est d'épaisseur normale.
Les vaisseaux et les nerfs de la base sont symétriques, -
Liquide céphalo-rachidien en quantité normale.
86 SCLÉROSE ATROPHIQUE.
ABCÈS FROID DU DELTOIDE. 87
vrequi est assez épaisse. Tuberculose caséeuse de tout le lobe
inférieur avec caverne considérable au centre. - Poumon droit
vit170 gr.). Adhérences généralisées; sclérose pulmonaire
complète des lobes inférieurs; caséification du lobe supérieur
avec cavernes.
rlbclomen.- Foie (750 gr.), raie (50 gr.), pancréas (40 gr.).
sains. - Rein gauche (80 gr.), un peu congestionné. Rein droit
(70 gr.), pas de lésions. - Vessie, rien de particulier. -
Testicules absents de l'anneau.
Abcès froid au niveau de la pointe du deltoïde gauche (4 cen-
timètres de long sur 3 de large) immédiatement au-dessus do
l'insertion.
Réflexions. I. L'influence de l'hérédité nerveuse
est ici très manifeste en ce qui concerne le côté pater-
nel. Le père, deux tantes paternelles et une cousine
sont aliénés. La grand'mère paternelle parait aussi
avoir été très nerveuse.
II. L'accouchement a été laborieux, mais dans le cas
particulier, son influence nous parait avoir été nulle.
Rappelons encore une chute de la mère durant sa
grossesse.
III. Thil... n'a jamais marché. Sa parole ne s'est
jamais développée chez lui, et il a toujours été inapte
à se servir de ses mains. Aucune cause déterminante
ne peut être invoquée pour expliquer cet état de
déchéance, qui parait dater de la naissance. On ne
saurait ici faire entrer les convulsions en lignci de
compte puisqu'on aflirme qu'il n'en a jamais eu.
L'hérédité et les conditions particulières de l'accou-
chement semblent donc avoir produit l'idiotie.
IV. Le côté défectueux du système nerveux central
se traduisait chez lui-'if'in'emière vue par une déforma-
tion crânienne très marquée. Il était franchement
88 . RÉFLEXIONS.
Z,la.iocéph.ale. A l'autopsie on a pu voir qu'à cette
plagiocéphalie correspondait un écart de poids de ! 0
grammes entre les deux hémisphères cérébraux qui
étaient le siège de sclérose atrophique.
V. Thil... n'avait aucune chance d'être amélioré par
une rie. Elle n'aurait pas d'ailleurs été justi-
fiée, car il n'y avait aucune trace de synostosc, et on
pouvait constater dans les sutures la présence d'os
wormions. /
11. llllillu tuberculose est venue se grcl'ier sur <;t;
dégénéré et elle l'a emporté. - Elle s'est manifestée
par sa localisation aux poumons, et aussi par la pro-
duction d'un abcès froid du deltoïde.
1 VIII. 1. '
IJotie complète sym¿tomÚqlle da «Lubie porencéphalie
vraie ;
Par BOUR.\E%'ILLE et 11.\Ultl.\I.
Sownainr. - Père et grand père paternel, quelques excès de
boisson. Mèi'e convulsions de l'enfance, nerveuse.
Grand oncle paternel nzortcte tuberculose. Neen)', acci-
dents nerveux. Emotion vive au cinquième mois de la
grossesse. Pre bières convulsions à 3 mots ; crises fré z
quentes jusqu'à 4 ans. Rougeo'c et influenza à 5 ans
Sueurs abondantes de la tete su' vies d'un peu d'amé-
lioration ? 117arche et paro)tKe.s. Sft'abtsnte externe ;
cécité comp 1 ète. -l,; oaz ta ,c t tc;·es cle.. qtea're anenzba·es. - Mas,
tication nulle : baue. .4cccs décris. Tics de la face
et balancement. Ga<i'.s)ne. Eptepste. Congestion
pulmonaire ; mort.
Autopsie : Porus vrais des deux hémisphères cérébraux
Méningo-encéphalite chronique; atrophie de la protu-
bérance. Lestons pulmonaires.
Roc... Georges E., né il la Noue ( Marne ) le 29 juin t886.
est entré à Bicêtre (service de l. hotyttnctnr.r.i;j, le 4 mai 1899.
Antécédents. (Renseignements fournis par sa mère, le 13
mai 1892). Père, 'il ans, garçon de bureau. Aucun rensei-
gnement sur son jeune âge. Il a eu une conjonctivite à ? 0 ans
et deux pneumonies, à 19 ans et 39 ans. 11 ne présente aucun
signe de syphilis. Il serait légèrement alcoolique et cet. état
se traduirait surtout par des cauchemars effrayants qui sur-
viennent la nuit. Il n'a pas de céphalalgies habituelles ni de
migraines. On ne relève aucune affection nerveuse dans son
90 Antécédents héréditaires.
passé. Caractère calme et placide. Fumeur passionné, il con-
somme pour 1 fr. 50 de tabac par jour) ? ) Il n'a jamais subi aucun n
traumatisme. [Père, journalier, mort à 79 ans, d'une hernie
étranglée. Il était habituellement bien portant, mais aimait à
boire. - Mère, 69 ans, en bonne santé jusqu'à la ménopause;
à partir de cette époque, elle aurait eu des « pituites et des
vomissements. » Elle était d'un caractère très vif et fort
prompte à se mettre en colère. Jamais elle n'a eu de maladies
nerveuses. - Sur les grands-parents, aussi bien du côté
paternel que du côté maternel, nous n'avons aucun renseigne-
ment. - Trois oncles paternels : 2 sont morts et on ne sait
rien d'eux. Le dernier a 75 ans; il est très sobre. - Une
tante paternelle. Agée de GO ans environ, a des douleurs rhu-
matismales qui l'empêchent de marcher. Pas d'oncles ni
de tantes du côté maternel. - Un frère, âgé de 50 ans, bien
portant. - Dans le reste de la famille, pas d'idiots, d'aliénés,
d'épileptiques, de paralytiques, de difformes, de bègues, de
pieds-bots, de suicidés, de criminels ou de prostituées.]
Mère, 38 ans, ménagère, a eu des convulsions au moment
de la dentition. A onze ans, abcès de l'épaule. Ni chorée, ni
rhumatisme ou fièvre thyphoide. Elle n'a, nous dit-elle, qu'une
seule chose qui la gêne : c'est sa nervosité : - « Quand je
suis agacée, mes mains se crispent et se mettent à trembler. »
Elle n'a jamais eu pourtant de crise- nerveuses. Parfois elle
devient subitement pâle; point de migraines. -(Père, 71 ans,
bûcheron, aurait actuellement « une tumeur dans l'estomac. »
Auparavant, il était robuste et bien portant. Très sobre, il
était cependant « très prompt, coléreux et violent. » - Mère,
66 ans; elle a eu, vers 47 ou 48 ans, des douleurs qui. pendant
6 mois, l'obligèrent à marcher avec des cannes. Depuis, « elle
est redevenue très forte. » Pas d'affection nerveuse. - Les
grands-parents paternels sont morts jeunes. La. grand'mère
maternelle serait morte du choléra. - Un oncle paternel,
mort à 67 ou G8 ans environ, on ne sait de quoi. - Une tant e
paternelle, 73 ans, bien portante et pas nerveuse. - Un oncle
maternel, mort à 63 ans, d'une tuberculose pulmonaire. -
Trois frères et trois soeurs en bonne santé. - Dans le reste
de la famille, rien à signaler au point de vue d'une tare n er-
veuse quelconque.
Pas de consanguinité. - Le mari à trois ans de plus que sa
femme.
Cinq enfants : 1° une fille, 11 ans, jamais de convulsions,
habituellement bien portante, coléreuse, nerveuse et irritable,
ntelligente; 2° fille, 10 ans, n'a pas eu de convulsions, a
Antécédents personnels. 91
eu un abcès froid au pied ; n'est pas nerveuse, caractère aima-
ble, intelligente; - 3° fille, 8 ans; au cours de sa dentition,
elle eut trois fois des syncopes (ses yeux ne tournèrent pas,
ses memhres ne s'agitèrent pas) ; elle est depuis très bien por-
tante, travaille en classe; -4° notre malade; -5° fille, 13
mois, parait vigoureusement constituée pour son âge; pas de
convulsions.
Notre malade. Rien de particulier ne s'est passé au
moment de la conception. Une parfaite entente régnait dans
le ménage. - Au cinquième mois de la grossesse, la mère
tomba de voiture : « on m'a ramenée chez moi, presque
morte, dit-elle, à moitié tuée». On lui fit prendre de l'éther.
Sa peur avait été profonde : elle trembla durant un
quart d'heure, puis elle se remit sans qu'il se produisit de
menaces d'avortement. - Accouchement à terme, normal, sans
chloroforme. - A la naissance, pas d'asphyxie; l'enfant était
en excellent état et paraissait vigoureux et bren constitué.
- La mère le nourrit elle-même au sein pendant trois
ans. Il vomissait assez souvent, et elle craignait de le
sevrer. - La première dent perça à 9 mois, la dentition
était complète à 2 ans Il n'a jamais dit que « maman » et cela
à partir de 15 ou 16 mois. Il se tient actuellement un peu sur
les jambes, mais il ne marche pas.
Les premières convulsions se sont montrées vers trois mois;
Elles avaient lieu surtout au réveil et consistaient en un tres-
saillement des bras avec rotation de la tête et des yeux. Elles
n'étaient pas généralisées et le côté droit était particulièrf-
ment atteint. A 2 ans, ces convulsions augmentèrent de fré-
quence. Elles diminuèrent à 4 ans. Leur durée n'excédait
pas cinq minutes. Il y en avait jusqu'à trois ou quatre par
jour. Les plus fortes débutaient par une sorte d'aura' l'enfant
pleurait, rougissait, puis avait des convulsions cloniques
qui siégeaient surtout dans le bras droit. Les jambes étaient
moins agitées, ainsi que le bras gauche. Les yeux se déviaient,
devenaient blancs, puis l'enfant se raidissait. La fin de la
crise était annoncée par une pâleur de la face. Durant ses
convulsions, il avait les poings fermés, le pouce en dedans. Il
se mordait la langue, au point de saigner abondamment,
grinçait des dents, et s'en serait même cassé deux. On ne
constata point de paralysies consécutives. Il dormait après
ses crises mais sans être plongé dans le coma. Dans d'autres
circonstances, il revenait d'emblée complètement à lui. Au
cours de ces crises, il avait quelquefois des émissions d'urine
9' Description du malade.
mais jamais eu de matières fécales. Il n'a pas eu d'athétose
ou de chorée.
A 6 mois, il fut vacciné avec succès; il n'a pas eu de vario-
loïde, ni de scarlatine ou do coqueluche. Il aurait eu la
rougeole et l'innllenza il J 131épliat-ife ciliaire ; aucune
autre manifestation st'ro)'u ! cuso. A partir de 2 ans, on ajouta à
l'allaitement maternel, quelques aliments. L'enfant, â partir
de ce moment, prit un peu d'embonpoint.. Il est habituellement
constipé et a toujours été gâteux. Pas de vers;- pas de trau-
mnrismes.
.llI(lll"i1 , : 111'. IL.. : 1111'" il ,"1," ? lIjt'l : '( 1\ ? l'(lIl : oée : j fé[¡l"ile.
Vers cette époque, il se mit à transpirer beaucoup de la tête;
et à la suite, nous dit sa mère, il aurait été bien mieux.
Il reconnait ses parents et se montre affectueux ( ? ). Il ne
marche pas, ne dit que «papa» et « maman et pousse des
cris inarticulés. Il est difficile d'avoir des renseignements bien
précis sur les habitudes et les penchants de l'enfant, car la
mère semble, de médiocre intelligence. Elle est très touffue
dans ses réponses et montre une certaine tendance à l'exagé-
ration. La petite fille qu'elle a amenée avec elle parait peu
intelligente.
Etat actuel (21 mai 18 ! J'2¡. - L'enfant est développé physi-
quement et paraît bien portant; Pas d'adipose. Le faciès est
absolument inintelligent et sans expression.
La tête est celle d'un microcéphale. Aucune saillie; pas de
cicatrice. Au-dessus du front, à la racine des cheveux, il
existe une dépression transversale, appréciable à la vue aussi
bien qu'au toucher. - Cheveux châtains; tourbillon sur la
ligne médiane, à l'union de la face postérieure et de la face
supérieure du crâne. - Le front est assez élevé, mais étroit.
Les arcades sourcilières sont peu saillantes. Les orbites sont
grandes, les sourcils châtains. Les paupières sont le siège
d'un léger degré, de bléighïi-ite ; les fentes palpébrales' sont
dirigées en haut et en dehors. Les globes oculaires paraissent
mobiles dans tous les sens. Il y a du strabisme externe, soit
de l'oeil gauche seul, soit des deux yeux. Dans aucun mouve-
ment, la pupille de l'un ou de l'autre côté n'atteint l'angle
interne. Les conjonctives sont saines. L'iris est châtain foncé
et assez grand. Les pupilles inégales, - la gauche plus grande
que ladroite; - réagissent bien à la lumière, il est impossible
de constater la réaction à l'accommodation.
Le fond de l'ceil; examiné par M. VIOLET, interne des hôpi-
taux, a montré à gauche, une atrophie du nerf optique. La
Description du malade.- 93
pupille est en mydriase et réagit sous l'influence des mouve-
ments du globe. A droite, il y a du strabisme 'divergent. La
pupille est moins dilatée et ne réagit pas à la lumière. Le fond
de l'oeil est invisible. Il y a cécité compte. ! liez droit, lobule intact, sous-cloison peu saillante, na-
rines un peu grandes et légèrement obliques en arrière et
en dehors. L'odorat n'est pas développé ! ? ).
La lèvre supérieure ne présente rien de particulier. Sur la
lèvre inférieure nous notons de chaque côté de la ligne mé-
diane deux cicatrices distinctes d'environ huit millimètres. La
bouche, presque toujours béante, laisse couler une baue assez
abondante. La langue, de volume naturel, est légèrement
saburrale et très mobile. Voile du palais normal. Voûte
palatine aplatie. Amygdales un peu grosses; réflexe pharyn-
gien conservé. Grincements do dents assez fréquents.
Le menton est en pointe; les joues sont assez pleines, et
colorées. Les oreilles, grandes et normalement conformées,
sont un peu écartées du crâne. La droite présente une saillie
anormale de l'anthélix due au retrait de l'hélix à ce niveau.
Le cou est court. Circonférence : 24 cent. Le corps lhy-
roïde est légèrement perceptible. Le larynx n'est pas saillant.
Les membres supérieurs sont en adduction, l'avant-bras
dans un état qui dépasse la demi-flexion sur le bras; les
mains sont en flexion légère sur le poignet et sont toutes deux
appliquées sur l'abdomen, la gauche d'une façon plus éner-
gique que la droite. L'enfant résiste très fort lorsqu'on veut
écarter le bras de cette l7osition. 1 ! c-t lrusclilïicilc : clans celte
situation déjuger de l'état des articulations, sauf de celles du
poignet et des doigts qui sont saines.
Les membres inférieurs font dans la situation suivante : la
jambe gauche passe en avant de la droite, au niveau du cou-
de-pied ; les jambes sont demi-fléchies sur les cuisses. Ces
dernières sont eu demi-flexion sur le bas in et en adduction
énergique. Les deux membres .sont ce aux.
En arrière du grand trochanter droit existe une élevure de
coloration rougeâtre ayant un centimètre de long sur 7 milli-
mètres' de large et entourée de quelques poils plus dévelop-
pés qu'ailleurs. Saillie considérable des condyles internes
du fú ll1 Ill'. - Pas dc l. : Uul' ! Hlre alJonna' l des Li hias. - Les pieds
sont bien conformés et cependant il y une faible cambrure
de la -voûte. Les mouvements ('0l11uniqllé-; sont très difficiles;
les mouvements volontaires sont a, s( ? rares. Il y a de la tré-
pidation épileptoïde. Le réflexe roLlllit'n est exagéré surtout
à gauche. Le réflexe plantaire est peu développé.
94 Congestion pulmonaire; .moût. r
Le thorax ne présente rien d'anormal en avant; en arrière,
convexité dorsale de la colonne. Les côtes font en arrière
et à droite une certaine saillie. - Rien à la percussion. A
l'auscultation quelques râles ronflants des deux côtés. Rien
au coeur. Respiration cos to-abdominale. L'enfant fait ordi-
nairement de petites inspirations, puis tout il coup une grande
inspiration suivie de stertor. La palpation du ventre ne parait
pas douloureuse. Les organes génitaux externes sont gla-
bres. La verge a une longueur et une circonférence de 4 cen-
timètres. Phimosis et gland recouvrables. Les testicules sont
extrêmement petits, difficiles à découvrir. Région anale
normale.
21 771C - Traitement : 3 bains salés. - Exercices de la
marche et des jointures.
25 juin. - Revaccine sans succès.
il juillet. - L'enfant est envoyé à l'infirmerie vers 10 heures
du matin. Il vient du pavillon des gâteux. Il n'aurait pas dormi
de la nuit, aurait eu des frissons. La respiration parait libre
mais il y a un peu de rougeur des pommettes. L'auscultation
ne décèle aucun signe de quelque valeur. Néanmoins, on
soupçonne l'existence d'une pneumonie.
A 4 heures du soir, la respiration devient haletante et péni-
ble. La température est de 40°, 5. La face est rouge, vultueuse,
et couverte de sueurs. Le pouls est très petit et très fréquent.
A l'auscultation râles muqueux en grande abondance du haut
en bas de la poitrine, en avant et en arrière, des deux côtés.
Traitement : Inhalations d'oxygène. Sulfate de quinine 0.30
centigrammes. Sinapismes.
L'enfant meurt à une heure du matin. Température après
la mort : 40°, 8; un quart d'heure après la mort : 38°, 2; une heure
après la mort : 3li°, 4; deux heures après la mort : 35° Tem-
pérature de la pièce : 18° 5. Poids après décès 10 k. 100.
L'observation de l'enfant a donné les résultats suivants au
point de vue de son caractère et de ses habitudes :
Iloch..., ne prononce pas une seule parole. Il crie de temps
en temps et ses cris très perçants se succèdent à intervalles
plus ou moins rapprochés. Il mange peu et mal et rejette les
aliments au sur et à mesure qu'on les lui introduit dans la
bouche. Il préfère les légumes, le potage, le lait et les oeufs
et manifeste pour la viande un profond dégoût. Il tourne la
tête lorsqu'on persiste lui en présenter. La mastication est
nulle et ce n'est que très difficilement qu'il avale les aliments
même liquides.
DOUBLE porencéphalie vraie. 95
Les sentiments affectifs paraissent nuls; les caresses le
laissent complètement froid. Il ne fait aucune attention aux
objurgations qu'on croit devoir lui faire lorsqu'il crie trop fort.
Il ne rit jamais. Il pleure abondamment lorsqu'on le change.
- Il gâte jour et nuit, dort peu et mal et crie chaque fois qu'il
se réveille. Pas d'onanisme.
Comme tics, on ne remarque chez lui que des tiraillements
de la bouche de divers côtés. Un balancement de la tête de
droite à gauche et réciproquement., balancement qui dure une
bonne partie de la journée. Il est incapable de se servir de
ses mains. Les selles sont régulières et bonnes. Il n'a pas de
diarrhée. Il ne marche pas et tient continuellement dans son
lit ses jambes repliées. -Les yeux, atteints de cécité, restent
constamment ouverts, même lorsque la grande clarté les frappe.
Ro... était signalé comme atteint d'épilepsie par le certificat
d'admission. Durant son séjour, il a eu 7 accès et 3 vertiges
en mai et 2 accès en juin. La sous-surveillante de l'infirmerie
décrit ainsi l'accès : Pas de cri initial ; la face devient rouge,
se tourne à droite ainsi que la bouche et les yeux. Légers
mouvements des paupières ; quelques secousses des membres
supérieurs; rien aux inférieurs. Ni morsure de la langue, ni
émission d'urine. Durée : une minute. Sommeil consécutif :
10 minutes. T. R. à la fin de l'accès : 3gaz,9; - un quart d'heure
après : 37°; une heure après : '37°,3 (1).
Autopsie faite le 49 juillet, 34 heures après le décès. -
Tête. - Le cuir chevelu est assez épais et un peu rosé. -
La uoûte crânienne est assez élevée, mince, les os sont peu
épais. Il y a de nombreuses plaques transparentes occupant
la moitié de la calotte à gauche et les deux tiers à droite.
La suture sagittale, entièrement libre, est modérément sinu-
euse. Les dentelures sont apparentes aussi bien sur la table
interne que sur la table externe . - La suture coronale est
très régulière sans interposition d'os wormiens. Aucune trace
de synostose n'est appréciable sur l'une ' ou l'autre face. -
La suture coronale est libre dans toute son étendue, sans
trace de synostose. Les fontanelles et la suture métopique
sont fermées.
(1) Afin de nous assurer que les enfants qui nous arrivent ne sont pas à la
période d'incubation d'une affection aiguë, nous faisons prendre leur T. R.
pendant les cinq premiers jours de leur admission, ce qui nous a permis de
constater que Roc... avait d'habitude une T. basse. 4 mai, soir : 31°. - 5 mai :
37° et 37°1. - 6 mari : 37° et 37*. - 7 mai : 36,, 8 et 37°.
96 -Double porencéphalie vraie.
Lorsque la calotte est enlevée, la dure-mère apparaît disten-
due par du liquide et l'e osa 111 b le à deux P )¡;/leS i IlCO Illp tète m8n t
remplies de 1 quide, c'est-à-dire affaissées ou pli-sées par
places. Il s'écoule pendant l'enlèvement de la calotte 100 gram-
mes de liquide céphalo-rachidien et de sang. Lorsqu'on pro-
cède à l'ablution de l'encéphale, il s'écoule encore 1GO gram-
mes de liquide céphalo-rachidien.
Au premier examen, ce qui frappe surtout c'est la dispro-
portion qui existe entre les deux hémisphères cérébraux. Le
gauche est allongé, en quelque sorte athlé dans le sensautero-
potérienr. L'hémisphère droit est tassé sur lui-même dans le
sens autero-posterieur. Il est, au contraire, élargi clans le
sens transversal.
Double porencéphalie vraie. 9T
porus l'a détruite et ce bord supérieur se continue insensi-
blement avec la face inférieure. .
Le bord supérieur du porus est bordé par les circonvo-
lutions frontale et pariétale ascendantes séparées par le sillon
de Itolando. /
Ce que nous avons dit de la situation du porus sull'tt faire
comprendre que les circonvolutions frontales et/pariétales
ascendantes sont forcément incomplètes : leur^-partie infé-
rieure est totalement détruite et remplacée le le pseudo-
kyste cuti remplit le porus ; leur tiers supérieur seul persiste.
De la frontale ascendant, se détacheyra. a circonvolution
frontale qui est assez nette. / '
Le pli pariétal supérieur, le pli pacta inférieur sont
Le pli pariétat supél'ieur, le pli Pi} iétal inféi'iew' sont
aussi assez bien distinctes. Leur volupté est presque normal.
Le lobe pariétal est séparé du lohe occipital par une scissure
perpendiculaire externe bien développée. Les circonvolutions
occipitales sont rudimentaires et du volume d'un lombric.
Le fond du ponts est tapissé par une membrane séreuse
qui se continue avec celle des ventricules. En soulevant le
bord supérieur on arrive à voir le 3" ventricule qui commu-
nique largement avec le ventricule latéral du même côté,
dont le porus n'est que la continuation. Le 3° ventricule n'est
pas dilaté.
Face inférieure. - Les circonvolutions de cette face sont
très irrégulières. Les circonvolutions frontales sont larges,
étalées. Les sillons qui les séparent sont peu profonds.
L'étage moyen occupé par le lobe tcmporo-spliénoïdal est
à peine indiqué, la plus grande partie ayant été détruite par
l'épanouissement du porus sur la face inférieure du cerveau.
- Le lobule de l'hippocampe, la corne d'Ammon n'existent
plus.
Hémisphère droit. - Ici le porus occupe surtout la partie
supérieure de la face convev : e de l'hémisphère dont il intéresse
le bord supérieur. Ce porus est distant de 4 centimètres de la
pointe du lobe frontal. Il est moins vaste que celui du côté
gauche et ne mesure guère que 3 centimètres dans son plus
grand diamètre. Il a plutôt la forme d'une fente qui croit en
s'élargissant depuis son origine dans le tiers inférieur du sil-
lon de Rolando, jusqu'à sa terminaison à l'extrémité supé-
rieure de ce sillon.
Il s'agit là d'un véritable écartement des deuxbords du sillon
de Rolando Cet écartement estminimunen bas. Il est maximum
en haut où il atteint 3 centimètres. Le fond du sillon est détruit
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892. 7
98 Double l'OHENCEPHALIE vraie.
et on tombe directement dans le ventricule latéral. Le plan-
cher du troisième ventricule n'est pas même respecté et il
n'existe plus que sous la forme d'une très petite et très étroite
bandelette tout à fait à la partie interne.
La frontale ascendante borde en avant le porus. Elle s'ar-
rondit en s'élargissant considérablement. On dirait qu'elle a
été aplatie du fait de la traction qu'on aurait exercée sur elle.
FI et F2 sont le siège de nombreuses adhérences des enveloppes
qui ont en grande partie entraîné la substance grise corticale.
Fs a le volume d'une grosse et affecte une dispo-
sition contournée qui échappe à la description. - La scissure
de Sylvius n'existe pas. non plus que le lobule de l'insula.
Sur le versant opposé du porus, la pariétale ascendante
s'étale, présentant le même aspect que la frontale. Ces cir-
convolutions fortement séparées l'une de l'autre ne peuvent
se réunir à leur partie terminale, et il est à peine besoin de
dire que le lobule paracentral n'est nullement représenté.
Les circonvolutions pariétales qui s'en détachent sont net-
tement séparées des circonvolutions occipitales par une scis-
sure perpendiculaire externe très accusée.
Au fond du porus on voit le ventricule /attirât qui est quel-
que peu dilaté. On aperçoit le pédoncule cérébral qui est gros
et renflé. Les noyaux gris centraux sont dillicilement dif-
férenciables des circonvolutions de la face inférieure du lobe
frontal, très rudimentaires et à peine séparées entre elles par
de minces sillons peu accusés.
Le lobe ton.poi'o-8pë)toMa est figuré par quelques circon-
volutions peu volumineuses, se prolongeant insensiblement
avec celles de la face convexe.
Au niveau du prolongement occipital du ventricule, on voit
une nouvelle communication s'établir entre la superficie du
cerveau et l'intérieur de ce prolongement. Cette communica-
tion se fait sous forme d'une fente assez large (15 mm.) et
longue de 3 cent. Elle contourne la circonvolution de l'hippo-
campe qui est assez nette. (Voir Planches VIII, IX, X, ,XI.)
Les pédoncules cérébraux n'offrent rien de particulier.
Le quatrième ventricule est iiot-iiiiil. - Le bulbe paraît être
complet ; macroscopiquement on lui distingue toutes ses par-
tics intégrantes. - Le cervelet est symétrique, parfaitement
constitué - La protubérance n'est plus représentée que par
une bandelette peu épaisse, qui affecte l'apparence d'un large
ruban très aplati. Nul doute qu'elle ne soit très atrophiée
dans les parties constituantes.
Double l'OaENCEPH1LIE vraie. ,99
Cou. - Le larynx le corps thyroïde sont normaux. - On
remarque de nombreux et assez volumineux ganglions péri-
traciléo-bronchiques. - Thymus : pas de renseignements.
Thorax. Les poumons sont congestionnés. Le droit pèse
118 gr. Son sommet est sain, de même que les languettes anté-
rieures. Le bord postérieur est rouge foncé à la coupe, on
tombe sur un parenchyme rouge foncé d'où sort par la pres-
sion une écume sanguinolente et de l'air. Un fragment jeté
dans l'eau surnage. Le poumon gauche pèse 115 gr. et pré-
sente absolument le même aspect que le droit. Le coeur (70
est vide et sain. Le trou de .Rota ! est obturé.
Abdomen. Foie (4'u gr.), d'un beau jaune doré avec des mar-
brures plus claires au niveau du ligament suspenseur. Aucune
altération la coupe. La vésicule biliaire ne renferme pas de
calculs. - Réin droit ( ! 10 b r ? rein gauche (42 gr.), rien de parti-
culier ainsi que la rate (30 et le le pancréas ( 15 br.l. Pas de
calculs dans la vessie ou les bassinets. - La mort est due à
la congestion des poumons.
Réflexions. z Le : : antécédents héréditaires sont
peu chargés dans ce cas : quelques excès de boisson
chez le père et. le grand-père paternel de l'enfant et
des convulsions de la mère durant son enfance,
convulsions qui ont produit un certain degré d'arrié-
ration intellectuelle. Toutefois, comme nous avons
des lacunes clans nos renseignements, nous sommes
obligés de nous tenir sur la réserve.
II. Nous sommes très enclins à rattacher l'arrêt de
développement du cerveau, la double porencéphalie
vraie, qui a eu l'idiotie complète pour conséquence,
à la violente émotion éprouvée par la mère au
cinquième mois de sa grossesse.
111. 11 est souvent très dillicile de bien faire préci-
ser aux parents l'état réel de leur enfant avant les
accidents auxquels ils rattachent avec plus ou moins
de raison la maladie mentale. Ici, par exemple, nous
voyons que ce sont les convulsions qui ont attiré l"at-
100 Double porencéphalie vraie.
tention des parents et, cependant, il s'agit d'un arrêt
de développement congénital. Il est juste de recon-
naître que les convulsions sont venues il 3 mois et que,
à moins d'avoir une très grande expérience des enfants,
il est difficile de faire une description psychique com-
parative à cet âge.
En tout cas ces convulsions nous semblent devoir
être rattachées aux lésions de méningo-encéphalite,
constatées à l'autopsie et c'est aussi à elles qu'il con-
vient d'attribuer l'épilepl : 51e.
IV. Nous avons toujours soin dans nos observations
de décrire les tics des enfants. Vioc... en avait plu-
sieurs : l'un d'eux consistait en un balancement, laté-
ral de la tête. Ce genre cle tics offre, ainsi que nous
l'avons déjà dit, plusieurs variétés : parfois on note un
balancement unléro-poslérieur du tronc, ou un balao-
cement latéral; d'autres fois on observe un mouvement t
de rotation de la tête. Toutes ces variétés peuvent
être réunies chez le même enfant. Souvent le balan-
cement s'accompagne d'une sorte de chantonnement,
compliqué ou non de grimaces, décris. Dans d'autres
cas, les grimaces et le chantonnement se montrent
dans les intervalles du balancement. Celui-ci est quel-
quefois presque continu, quelquefois il se produit par
accès.
V. Dans ce cas, la porencéphalie s'accompagnait
d'un arrêt cle développement de la tête se traduisant
ainsi que cela ressort de la description clinique du
malade, par la macrocéphalie. Des personnes peu
au courant des maladies chroniques de l'encéphale
pourraient supposer que cet état de microcéphalie
de l'enveloppe osseuse a pu gêner le développement
de l'encéphale, et l'empêcher d'arriver il l'état parfait.
Cette supposition tombe devant l'examen de la calotte
Porencéphalie vraie. 101
du crâne. En effet, outre qu'elle porte de nombreuses
plaques transparentes, ses sutures ne présentent en
aucun point des traces de synostose. Ce n'est donc pas
une synostose précoce qu'il faut incriminer dans notre
observation. Le cerveau avait toute liberté pour se
développer ; l'enveloppe osseuse ne s'est arrêtée dans
sa croissance que parce que le cerveau s'était précé-
demment arrêté lui-même dans la sienne. Une
craniectomie n'aurait pu remédier en rien à cet état.
VI. Dans le Compte-rendu de 1890, l'un de nous
a publié en collaboration avec M. Sollier un mémoire
sur la porencéphalie, comprenant deux cas de poren-
céphalie vraie et, en 1891, un autre cas accompagné
de planches. La nouvelle observation de porencépha-
lie qui fait l'objet de cette discussion et qui porte à
quatre seulement le chiffre des cas observés depuis
1879 dans le service des enfants de Bicêtrc, nous parait
mériter une sorte de rapprochement, de parallèle, avec
les cas du service antérieurement publiés. / - :
Nous avons dit autrefois qu'il fallait établir une dis ?
tinction entre les porencéphalies. Il y en a de zriés'
il y en a de fausses. Les premières sont congénitales ? ;
et sont caractérisées par l'existence d'une commui9à ?
tion entre la surface de l'hémisphère atteint et le vejîr'v
tricule latéral. Les bords du pontes ne sont pas creuse^
à pic; ils sont tapissés par les circonvolutions voisin
nes qui se rélléchissent le long de ses parois, allant
ainsi cle la face convexe jusqu'au fond du porus.
La au contraire, se caracté-
rise par une perte de substance due à des causes diver-
ses, perte de substance variable en profondeur, et dont
les parois montrent la disposition stratifiée des couches
qui ont été intéressées. Nous ne nous occuperons pas
de la pseudo-porcncéphalie.
La pathoa'énie cle la porencéphalie vraie a donné
d02 Porencéphalie vraie.
lieu à de nombreuses hypothèses. Les uns ont
voulu la mettre sur le compte d'un arrêt de dévelop-
pement; d'autres ont incriminé l'hydrocéphalie, suffi-
sante d'après eux, pour détruire les hémisphères par
accumulation dans le crâne d'une quantité anormale
de liquide.
.
Pour Kundrat la porencéphalie congénitale est le
résultat d'un anémie profonde des départements corti-
caux, surtout de ceux que dessert la sylvienne. Cette
anémie entraîne une encéphalite destructive. Suivant
le même auteur, l'hémorrhagie cérébrale ne saurait
être sérieusement invoquée. On sait qu'elle est excep-
tionnelle chez le foetus.
Lallemand (de Nancy) admet à la suite d'une ané-
mie intense des circonvolutions, l'établissement d'une
encéphalite déterminant une sclérose des circonvo-
lutions insuffisamment irriguées. Quoiqu'il en soit, il
est certain que la parencéphalie vraie s'établit au cours
de la vie intra-utérine, ce qui la différencie encore de
la pseudo-porencéphalie qui, elle, se montre surtout
après la naissance (ramollissement, hémorrhagie, encé-
phalite, etc.).
Il est de toute évidence de par le siège variable
de la lésion, de par son étendue, tantôt vaste, tantôt
réduite à des proportions minimes, et intéressant par
conséquent des territoires affectés à des fonctions
diverses, que l'on ne saurait tracer de cette affec-
tion un tableau symptomatique précis. Nous dirons
seulement que l'idiotie, les paralysies et les contrac-
tures sont le cortège habituel d'un parus cérébral. La
lecture de nos observations suffira pour s'en convaincre.
De nos quatre malades, un, Arn ? est mort par
asphyxie due à l'introduction du lait dans les voies
respiratoires ; un, Pot.. de broncho-pneumonie, le troi-
Porencéphalie vraie. 103
sième, V... cle tuberculose pulmonaire et péritonale
enfin, le dernier, Rot, a succombé à une congestion
pulmonaire.
L'ensemble des symptômes observés chez nos qua-
tre malades aboutissait au diagnostic : idiotie complète
et permettait d'en déduire qu'une amélioration sérieuse
paraissaitfort aléatoire. Mais,poursc prononcer d'une
manière motivée sur la possibilité ou l'impossibilité
d'un amendement intellectuel dans l'idiotie sympto-
matique de porencéphalie, il faudrait disposer d'un
nombre considérable d'observations. En Amérique, on
a eu recours à la craniectomie dans des cas de ce genre
dont on n'avait certaine.T.ent pas fait d'ailleurs le dia-
gnostic. Inutile cle dire que cette intervention cliirur
gicale n'a produit aucune amélioration et qu'au point
de vue cle l'état du crâne et du cerveau elle n'est nul-
lement justifiée.
En poursuivant la comparaison entre les quatre cas
cle porencéphalie, vraie que nous avons recueillis jus-
qu'à ce jour, il est facile de voir qu'au point de vue
clu si nre la lésion varie peu. C'est toujours le territoire
irrigué par la cérébrale moyenne qui est creusé par
le porus. 1 ? F A, P A, Pu, T', sont les circonvolutions
le plus souvent intéressées. Les circonvolutions situées
autour d'elles peuvent aussi être altérées, mais elles
le sont seulement lorsque le porus a des dimensions
énormes.
La chose est très nette sur l'hémisphère droit de
St. Arn. La première temporale manque. Les frontale et
pariétale ascendantes sont détruites vers leurs tiers
inférieur. Il en est de même pour le pied de F3 et de
P2. Cette disposition met complètement à découvert
sur ce cerveau le lobule de l'insula.
Le cerveau cle St-Arn.. est, sous ce rapport, com-
parable à celui des singes. Le développement des cir-
convolutions cle l'hémisphère et surtout du lobe frontal
104 Porencéphalie -vraie.
n'a pas été suffisant pour déterminer la formation
d'opercules qui recouvriraient le lobule de l'insula. A
l'état normal, en effet, ce lobule est recouvert par deux
opercules constitués par deux saillies qui surplombent
celle du pied des deux circonvolutions rolandiques,
(opercule supérieur) et celle de la première temporale
(opercule inférieur); le cap de la troisième frontale
forme en outre un opercule accessoire.
Le lobule de l'insula de St-Arn...., s'il est à décou-
vert comme celui des singes, se distingue cependant
de celui de ces animaux en ce qu'il est volumineux
et nettement différencié au point de vue des circonvo-
lutions qui lui appartiennent.
Si on passe au cerveau de Pot ? on se trouve en pré-
sence d'une porencéphalie double siégeant en deux
points symétriques des deux hémisphères. Le terri-
toire d'irrigation de la sylvienne est ici encore une fois
très nettement intéressé des deux côtés.
Sur le cerveau de Viv.. et sur celui de Roch.. nous
faisons la même constatation.
Au point de vue de la bilatéralité ou de l'unffh ?
lité de la lésion, nos quatre cas se partagent ainsi :
01) Porencéphalie vraie.
Au point de vue de l'étendue cle la lésion, nos quatre
cerveaux nous offrent en quelque sorte une gamme
d'accroissement des porus. Sur le cerveau de St Arn ?
le porus ne mesure que 30 millimètres dans la plus
grande longueur; chez Pot., le porus gauche mesure
53 millimètres et le droit, 3o millimètres ; chez Viv ?
le ventricule latéral droit est ouvert dans toute son
étendue, jusque dans ses prolongements postérieurs.
Le porus de Roc... ne mesure pas moins de 70 milli-
métrés à gauche dans son plus grand diamètre. Rien
n'est donc plus variable que l'étendue de la lésion
porencullhaliquc.
Ce qui est, par exemple, toujours constant dans nos
quatre cas, c'est la disposition des bords du porus.
On n'observe pas une seule de ces excavations dont la
paroi affecte la forme stratifiée qui est le propre de
la 2setcclo-pore7tréhlzalie, et qui dénote la destruc-
tion successive des couches constituantes de l'hémis-
phère. Sur nos quatre cerveaux les parois des porus
sont tapissées par la réflexion des circonvolutions voi-
sines.
Il nous a paru bon d'examiner aussi sur les calottes
crâniennes qui ont recouvert ces divers cerveaux, si
le développement incomplet de l'encéphale pouvait
être mis sur le compte d'une synostose prématurée.
1° En ce qui concerne St-Arn.. la calotte est légère,
peu dense. Les os qui la constituent sont peu épais. Ils
le sont également des deux côtés. La sagittale est
libre dans toute son étendue aussi bien sur la table
interne que sur la table externe. Il en est cle même de la
coronale et do la lambdoïde. Les fontanelles sont
oblitérées. Les Irons pariétaux sont très développés.
Il y a une légère plagiocéphalie avec prédominance
cle la bosse frontale droite.
106 Porencéphalie ET craniectomie.
2° Chez Pot ? même minceur, même légèreté de la
calotte; plaques transparentes fort étendues, siégeant
vers la partie inférieure du pariétal droit.
Sutures coronale, sagittale et lambdoïde entièrement
libres de travail synostosique. Notons sur la coronale,
l'existence d'un petit qui siège sur son côté
droit à un centimètre et demi de l'aboutissant de
l'extrémité antérieure de la sagittale. Ce petit pertuis
occupe le centre d'une plaque transparente. Pla-
giocéphalie très marquée avec prédominance de la
bosse frontale droite.
3° La calotte de Viv... est très volumineuse : on dirait
d'une calotte d'hydrocéphale, et cela rapproché de
l'énorme étalement du ventricule latéral du côté droit
de l'hémisphère, on ne serait pas éloigné de croire,
avec les partisans de cette théorie, que l'hydrocépha-
lie a joué un rôle dans la production de ce porus.
Quoiqu'il en soit, comme les précédents, le crâne de
Viv... est libre de tout travail synostosique.
4" Chez Roc..., la calotte crânienne, de dimensions
réduites, a une grande légèreté et est presque entière-
ment transparente. Nous avons dit plus haut (p. 95)
qu'il n'y avait aucune trace de synostose. La disposi-
tion trigonocéphale est très nette, et nous n'hésitons
pas à la mettre sur le compte du défaut de dévelop-
pement des lobes frontaux, défaut de développement
qui a eu pour conséquence l'absence de formation des
lobes frontaux.
On ne saurait mieux trouver pour mettre en évi-
dence cette vérité, à savoir que le développement de
la calotte osseuse de l'encéphale est sous la dépen-
dance du développement des centres nerveux. Si l'ac-
croissement de ces derniers s'arrête, la boite osseuse
cesse de s'accroître.
Porencéphalie ET craniectomie. 107
Inutile d'ajouter, après ce que nous venons de dire
de l'état du cerveau et de l'état du crâne, que dans
les cas d'idiotie relevant cle la poremoéphalie la cra-
niectomie ne peut avoir aucune influence avantageuse
pour les malades.
IX.
Epilepsie ; tuberculose pulmonaire ;
Par BOURNEVILLE et FERRIER.
SOMMAIRE. - Père, excès de boisson, mort de laryngite tuber-
culeuse. - Oncle paternel, convulsions de l'enfance, mort
de phthisie. - Autre oncle- paternel, convulsions de l'en-
fanez Mère, excès de boisson, morte phlhisique. -
^Grand-père paternel mort phthisique.
Emotion vive au cinquième mois de la grossesse. - Nais-
sance à 7 mois. - Début de l'épilepsie à 3 ans ( ? ). Excès
de boisson. - Tuberculose pulmonaire ; mort.
Autopsie : Epaississement et congestion de la pie-mè1'c;-
tuberculisation avancée du poumon; - hypertrophie du
foie, de la rate', etc.
L'hom..., (Charles Emile François), né à Paris, le 20 avril
1874, sommelier, est entré le 24 février 1892 à Bicêtre (service
de M. BOURNEVILLE,.) .
Antécédents (Renseignements fournis par le patron' et
surtout par l'oncle de l'enfant, le 22 avril 1892.) - Père, a eu
des convulsions dans l'enfance. Pas de chorée, de rhumatis-
mes, de dartres, de migraines, ni de fièvre typhoïde. C'était
un homme très vigoureux, il ne paraissait pas avoir eu, la
syphilis et n'a jamais eu aucun accident nerveux. Il buvait et
fumait beaucoup. D'un caractère doux habituellement,- il
devenait furieux lorsqu'il était ivre, et brisait tout à la maison.
Il y a 4 ans, il fut atteint de tuberculose, qui se localisa bientôt
au larynx. On lui fit la trachéotomie à Lariboisière pour des
accès de suffocation, et il sortit de l'hôpital, avec sa canule,
Antécédents héréditaires. 109
au bout de 3 jours. 11 mourut un mois après sans que la
canule eut été enlevée; il avait39ans.- [Père, mort en 1871, à
58 ans, d'un coup de feu. Sobre, un peu colère, mais très-
affectueux pour ses enfants. Pas de maladies nerveuses.
Mère, non nerveuse, morte « de chagrin» » 58 ans également,
6 mois après son mari ; elle avait un ulcère variqueux à lajambe
gauche. Grands-parents paternels et maternels, totalement
inconnus. - Aucun renseignement au sujet des oncles et
tantes. - Un frère mort phtisique à 34 ans, sobre, doux.
Un second frère est vivant : c'est celui qui nous fournit les
renseignements. Il parait en assez bonne santé, mais a eu,
étant soldat, une adénite cervicale pour laquelle il a été
réformé. Tous deux ont eu des convulsions dans l'enfance.
Uhe ,'11'111', sans enfants, bien portante. - Les enfants du
second frère sont bien conformés, en bonne santé, affectueux.
On ne connaît dans la famille ni idiots, ni épileptiques, ni
bègues, ni sourds-muets, etc.]
Mère, morte phtisique, iL 3G ans, en 1891. On ignore si
elle a eu des convulsions dans l'enfance ; elle aurait eu
une fièvre typhoïde à 10 ou Il ans, rien de plus. D'après
le patron de l'enfant, cette femme s'adonnait à la bois-
son comme son mari. [Père, mort phtisique, à 50 ans.
Mère, de 7 ans plus âgée, serait morte également phti-
siqtte CI) a 74 ans. Tous deux étaient sobres et de caractère
calme. Grands-parents paternels, oncles et tantes mater-
nels inconnus. Une soeur serait morte très jeu ne. Pas d'idiots,
d'épileptiques, d'aliénés, de bègues, de sourds-muets, de dif-
formes, etc., dans la famille.]
Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de 4 ans (père plus
âgé).
Deux enfants : 1° une fille venue il 6 mois et qui n'a vécu que
quelques semaines ; 2° notre malade.
Noire malade. Vers le quatrième mois de la gros-
sesse, la mère éprouva une violente émotion à la vue d'un
couvreur tombant d'un toit, et qu'elle crut être son mari.
Il n'y eut, ni à ce sujet ni à aucun autre pendant la grossesse,
aucune syncope ou autre phénomène nerveux. L'accouche-
ment eut lieu à 7 mois, sans qu'on puisse donner de cause
à ce fait, après un travail de courte durée. Il n'y avait pas
d'asphyxie à la naissance. L'enfant fut mis dans de l'ouate,
et nourri avec du lait de vache. Il grandit normalement. On
ne sait ni à quel âge il fut sevré, ni à quel âge il eut soit sa pre-
mière dent, soit sa dentition temporaire complète. - L'enfant
110 Antécédents personnels.
paraissait intelligent, connaissait bien ses parents. On ne sait
s'il a eu des convulsions. On ne peut donner aucun rensei-
gnement sur les maladies qu'il peut avoir eues. Au sujet de
l'épilepsie, les dires du patron et de l'oncle s'accordent pour
en faire remonter le début l'enfance. Pour l'un, L'liom... « a
toujours tombé » ; pour l'autre, on s'est aperçu qu'il était épi-
leptique lorsqu'il commença à marcher, c'est-à-dire vers 3 ou
4 ans. A cette époque, voici quel était approximativement le
tableau de l'accès : l'enfant « tournait sur lui-même » sans
pousser un cri, et «tombait comme une masse ». Après la
chute, il parait bien avoir eu des convulsiuns toniques, puis
quelques légères convulsions cloniques. Ces phénomènes,
accompagnés de pâleur de la face et de bave dans les pre-
miers temps, sans slertor, constituaient tout l'accès. Après
l'accès, l'enfant dormait environ une heure. A son réveil, il
restait hébété : mais il reconnaissait ses parents. Il n'aurait
jamais eu de délire. Il n'urinait pas bous lui; il se levait
quelquefois après l'accès pour uriner.
Ces accès étaient surtout nocturnes, et survenaient en
moyenne une fois par semaine, quelquefois à deux jours d'in-
tervalle. Le nombre est toujours resté à peu près égal. Cepen-
dant des accès auraient pu passer inaperçue la nuit.
Le récit que fait le patron de l'enfant au sujet des accès de
ces dernières années est sensiblement le môme que celui de
l'oncle. La tête se tournait il droite; mais il n'y avait aucune
prédominance des convulsions d'un côté du corps.
L'enfant n'avait pas de vertiges, mais lorsqu'un accès était
imminent, ses yeux» devenaient fixes.» Ces accès lui revenaient
quelquefois tous les 2 ou 3 jours; parfois aussi plus de trois
semaines s'écoulaient sans qu'il s'en présentât. A cause de
ses accès, on ne voulut pas le garder à l'école. L'enfant, se
servant de ce qu'on lui avait appris, continua à faire des pro-
grès, et parvint seul à lire et à écrire.
L'h... n'a pas de mauvais instincts, toutefois il est très ta-
quin. On n'a pas constaté d'onanisme et ou pense qu'il n'a
jamais eu de rapports sexuels. - Les fonctions digestives ont
toujours été régulières. L'h... a eu, on ne sait il quel âge, des
oxyures vermiculaires. Il aurait été propre de bonne heure ?
D'après son patron, « il s'adonnait à la boisson, comme son
père et peut- être sa mère. » Il a commencé à tousser il y a 3 ou
4 ans; on ne lui a pas vu d'hémoptysie. ,
Etat actuel. - L'enfant est d'une pâleur terreuse. Il est
amaigri. Les yeux sont excavés et brillants, fortement cer-
t-11 Description du malade.
nés. Il parle péniblement. Son débit, entrecoupé de quintes
de toux, est aussi interrompu par des efforts inspiratoires. La
physionomie exprime l'hébétude et décèle le mauvais état de
la santé générale.
Le cott présente, sur le côté droit, une cicatrice allongée
dans le sens antéro-postérieur, trace d'un abcès ganglion-
maire survenu il y a 7 ans. Il y a sur le bras droit, au niveau
du tiers inférieur, une cicatrice résultant d'une morsure de
chien.
Tête. Cheveux clairsemés, châtains, régulièrement implan-
tés. - Crâne volumineux, plagiocéphale, aplati dans le sens
transversal, paraissant symétrique. Les fontanelles sont
comblées. - Le (l'ont est haut et découvert. - La face est
allongée en ovale. Elle est asymétrique et le nez est dévié du
côté gauche. Les arcades sourcilières, nettement dessinées,
et proéminentes, sont recouvertes de sourcils noirs, particu-
lièrement abondants, se rejoignant d'un côté à l'autre sur la
racine du nez. Les paupières sont minces, se relèvent bien,
et produisent en s'abaissant l'occlusion parfaite de l'oeil. Les
cil" noirs, sont longs et abondants. Yeux bien mobiles; pas
d'exopthalmie. Pas ? strabisme, ni de paralysie clos muscles,
soite xti-iiisècllics soit intrinsèques. l'as de nystagmus. L'iris
est châtain foncé. Les pupilles, égales, réagissent bien à la
lumière et il l'accommodation. 11 n'y a pas de lésion de la cor-
née ou de la conjonctive. La sensibilité de ces parties est
parfaite. L'acuité visuelle est normale. L'h... différencie les
couleurs. Pas de diplopie, ni de rétrécissement du champ
visuel. Le ne : est droit, allongé, légèrement rentlé à la
pointe. Les ailes du nez sont symétriques, les narines bien
ouvertes, la cloison est déviée à gauche. Les pommettes,
saillantes, sont régulières, symétriques, Bouche de gran-
deur moyenne. Lèvres, saillantes et épaisses, surtout l'infé-
rieure, fendillées et gercées. Voile du palais régulier. Amyg-
dales non hypertrophiées. Goût intact.
Le menton porte une fossette qui lui donne une apparence
bifide. La saillie est plus accentuée à gauche. Oreilles grandes,
à pavillon largement étalé et quelque peu décollé. Lobule
bien détaché. Rien d'anormal dans les diverses parties de
l'oreille.
Cott maigre et long. - Corps thyroïde normal. - La voix
est rauque et voilée, plus basse qu'à l'état normal.
Thorax. Le gril costal est appréciable àla simple inspection.
La respiration est faible, entrecoupée. (Tuberculose pttlmo-
Tuberculose pulmonaire. 112
«aire au 3° degré). Rien de particulier iL signaler pour le
coeur. Pouls régulier. - ! lbclnmen souple, non douloureux à
la palpation. Région anale saine.
Membres supérieurs amaigris. Muscles sans puissance.
Mains osseuses. Doigts longs et nerveux, non hippocra-
tiques. - Rien de particulier pour les membres inférieurs.
Sensibilité intacte au toucher, il la douleur, àla température.
Puberté. Poils nombreux sur le pubis. Verge longue de 8
centimètres. Circonférence : 7 centimètres. Le prépuce se
relève facilement en arrière du gland. Testicules égaux, bien
développés, de la grosseur d'un (cul de pi2'on. Rien à l'épi-
didyme.
5 avril. L'h ? clui est resté continuellement à l'infirme-
rie depuis son entrée dans le service, présente un amai-
grissement très prononcé de la face et du corps. Il tousse
continuellement. Son expectoration consiste en crachats
nummulaires, puriformes, nageant dans un liquide clair.
Les quintes de toux déterminent des vomissements alimen-
taires. L'appétit est très faible. Pas de diarrhée. y a des
gargouillements très étendus dans les poumons, principale-
ment dans le poumon gaucho. Le murmure vésiculaire est
faible clans le reste des poumons.
18 avril. L'h.... se plaint de dysphagie et de dysphonic.
Badigeonnages du pharynx avec une solution de cocaïne à 5
0/0. Congestion de la base gauche, au-dessous de la zone du
gargouillement.
fer mais L'h ? qui s'affaissait de plus en plus et qui avait
depuis une huitaine de jours une diarrhée incoercible, a eu
ce matin des accès cle dyspnée plus prononcés et est mort il
9 heures avec des phénomènes d'asphyxie.
Au moment de la mort, la température était de 3ï°; un
quart d'heure après, elle était de 3Co, 2 ; - une heure après
de 3'lo. 4. La température de la salle était primitivement de 10°,
ensuite de 8°. Poids après décès; 43 k. 100.
Autopsie faite 3O heures après décès. - Tête. A l'ouverture
du crâne, il s'écoule du liquide céphalo-rachidien en quantité
un peu plus grande que de coutume. La calotte présente une
certaine asymétrie : en avant, la partie droite du frontal est
un peu proéminente; en arrière, au contraire, le pariétal gauche
dépasse l'os correspondant du côté droit et le côté gauche de
l'occipital est plus saillant que le droit. - Les sutures tam-
doïde et sagittale n'offrent pas de trace de synostose. Il en
Autopsie : crâne. 148
est de même du côté gauche de la suture fronto-pariétale, et
de la plus grande partie de son côté droit Mais, sur une lon-
gueur de 3 cent., de haut en bas à partir de la limite de la
temporale, la suture ne laisse voir sa place que très vague-
ment, au moins en dehors. En effet, elle est encore très nette
à la face interne de la calotte. Au-dessous de la portion de
cette suture qui est complètement oblitérée à la face externe,
il existe encore quelques parcelles de suture circonscrivant
deux ou trois espèces de presqu'iles osseuses.
La face externe de la calotte présente comme particulari-
tés : 1° du côté gauche du frontal deux sillons presque verti-
caux, à un peu moins d'un centimètre l'un de l'autre, l'inté-
rieur, court, peu profond, est situé à demi distance entre la
ligne médiane et la partie inférieure gauche de la suture méto-
pique ; le postérieur, long d'environ 5 centimètres, remonte
obliquement en arrière et en dedans jusqu'à un centimètre
de la même suture; - 2° la conformation particulière des
fosses temporales, qui n'offrent pas de dépression, sauf à la
partie moyenne de la fosse temporale gauche.
Vue par la face interne, la calotte est en grande partie opa-
que et laisse voir un certain nombre de points plus ou moins
translucides. Ces points ne sont indiqués à la face externe
par aucune dépression, tandis qu'à la face interne ils corres-
pondent à une diminution très nette d'épaisseur. Au voisi-
nage delaligne médiane se trouvent deux points, l'un droit, l'au-
tre gauche, situés tous les deux au point culminant de la calotte..
Tous les deux sont allongés d'avant en arrière. Celui de gau-
che présente en outre une branche dirigée en dehors, et abou-
tissant au sillon antérieur de la méningée moyenne, qu'elle
prolonge exactement. A droite, cette partie moins épaisse
a une longueur de 3 centimètres, avec une partie plus épaisse
en avant et une partie extrêmement mince en arrière. A gau-
che, elle est à 15 millimètres de la ligne médiane ; elle est
d'une épaisseur à peu près uniforme. A la partie moyenne du
frontal, à un centimètre à gauche de la ligne médiane, existe
une autre dépression de la table interne. Il en existe une
a utre un peu plus bas,à droite, mais celle-ci est moins pro-
noncée. Sur les côtés se trouvent, au niveau des pariétaux,
un peu au-dessus de chacun des temporaux, des plaques
translucides, présentant un certain nombre de points épaissis-
Des deux côtés, le sillon de la méningée moyenne est trans-.
lucide sur une partie de son étendue, mais principalement à
droite. -La base du crâne est asymétrique. Le trou occipital
est très oblique.
Bourneville, Bicêtre, 4592. '8 8
il4 Autopsie : crâne ET cerveau.
Pas de congestion de la pie-mère de la base. Les lobes
frontaux sont un peu accolés à leur face interne. On les sépare
d'ailleurs facilement. Sur la face convexe, principalement sur
le lobe frontal, sur les F A et P A, la pie-mère est un peu
épaissie, blanchâtre, et cela sur chaque hémisphère. - Les
artères, les nerfs de la base paraissent tout,il,fait symétriques.
Les tubercules mamillaires sont égaux, les tubercules qua-
drijumeaux n'ont rien de remarquable.
Hémisphère droit.- La se fait facilement. Le
ventricule latéral, la corne d'Ammon, les masses grises, n'offrent t
aucune lésion. Les scissures de Rolando et de Sylvius sont bien
dessinées et se continuent par une entaille peu profonde, creu-
sée dans le pli de passage superficiel qui réunit les deux circon-
volutions F A et P A. La scissure occipitale ne se prolonge
pas sur la face externe. Les sillons sont en général profonds,
surtout les sillons frontaux. Cette remarque s'applique égale-
ment à l'hémisphère gauche. Les circonvolutions sont
lisses à la face externe et à la face interne. Mais ;a la faca
inférieure, au niveau du lobule orbitaire, un lambeau de pie-
mère resté adhérent ne s'arrache qu'en laissant à la substance
grise un aspect «granité» Les circonvolutions frontales sont
asse sinueuses et nettement séparées il leur origine. Dans
leur .iers antérieur elles offrent de fréquents plis de passage
soit profonds, soit superficiels. Les circonvolutions parié-
tales, occipitales, temporales, n'ont rien de particulier. -
Rien à noter au sujet de l'insula, ni au sujet des circonvolu-
tions de la face interne et des noyaux gris.
Ilén21spltère gauche. La pie-mère est épaissie sur toute
la convexité. La décortication est facile. Pas de lésions
macroscopiques.
On ne peut que faire les mêmes observations sur cet
hémisphère que sur l'autre; il fajt pourtant noter qu'il
n'est pas resté de pie-mère adhérente à la face infé-
rieure du lobe frontal ; que la scissure de Sylvius n'est
pour ainsi dire pas séparée de la scissure de Rolando,
puisque ces deux scissures communiquent par-dessus nu
pli de passage profond. Les deux branches inférieures de la
scissure de Sylvius sont bien nettes. - Les circonvolutions de
la face externe, de la face interne, de la face inférieure sont
lisses. - Les noyaux gris, le ventricule latéral n'offrent rien à
signaler.
Autopsie : tuberculose pulmonaire. ii5
Cou. Le corps thyroïde, normal, pèse, 32 grammes. Pas
de thymus.
Thorax. - ( : oeu ? j ? 00 'r.) Péricarde épaissi. Il y a environ
(>0 gr. de liquide péricardique ; pas de lésions d'orifices ni de
persistance du trou de Botal.- Poumon droit (1000gr.). Légè-
res adhérences. Très nombreux tubercules surtout dans les
lobes supérieurs. - Poumon gauche (1150 gl'.) ; adhét'cnee
complète et épaississement des hlèvrcs. \-ontbre2t.,es cive ? .)les.
Tubercules fort nombreux dans le reste du tissu pulmonaire.
Abdomen. Le foie est très volumineux ( ? 000 gr.). Il est
adhérent par toute sa surface, et a subi la dégénérescence
graisseuse. - Le rein droit et le rein gauche pèsent chacun
180 gr. Ils sont pâles, faciles à décortiquer. - La rate est
légèrement adhérente, extrêmement développée (330 gr.) et
molle. Rien à remarquer dans le tube digestif. Pas de
tuberculose péritonéale ou intestinale.
Cause de la mort : l3rovclLO-paeecmovie tuberculeuse.
Réflexions. - I. Le point le plus intéressant do
cette observation, incomplète à quelques égards, c'est
l'alcoolisme des père et mère du malade et du malade
lui-même.
II. Mentionnons en second lieu l'hérédité de la ttt-
berettlose. Ici la prédisposition venait à la fois du père
et de la mère et même des ascendants.
III. L'insuffisance des renseignements nous empê-
che de pouvoir établir un lien entre l'émotion vive
éprouvée par la mère durant sa grossesse et l'épilep-
sie dont nous ignorons d'ailleurs la date exacte de
l'apparition.
X.
Idiotie méningitique ; craniectomie sans résultat appré-
ciable ; mode curieux de réossification de la brèche
osseuse;
Par BOURTVEVILLE et NOIR.
Sommaire. - Père : excès de boisson. ^ Grand-père paternel 1
alcoolique et nerveux. Oncle paternel mort de méningite
traumatique ( ? ). - Tante paternelle morte phthisique. -
Mère, vive et coléreuse. - Cousin idiot ne parlant pas.
Un frère, mort de convulsions. - Un autre frère mort du
carreau, à 3 ans. - Une soeur morte de bronchite, - Pas de
consanguinité. - Inégalité d'âge de trois ans.
Conception, grossesse, accouchement : rien de particulier.
Première dent à 10 mois. Dentition complète à 2 ans. -
Convulsions dites internes à 3 semailles, se reproduisant
quotidiennement jusqu'à la fin du troisième mois ; occlu-
sion des paupières; immobilité. Strabisme constaté à 13
mois. Craniectomie à l'hôpital Trousseau en juin 1890.
Coqueluche à 2 atxs et demi. - Rougeole à 3 ans et demi.
Teigne tonsurante. -- Brotxcho-pneumonie, mort.
AUTOPSIE. - Description des os du crâne.- Mode de répa-
ration de la brèche osseuse produite par la craniectomie.
Minceur et transparence des os. - Absence de synostose.
Adhérences de la dure-mère au niveau des cicatrices osseu-
ses. - Méningo-encéphalite prédominant notablement sur
l'hémisphère gauche. - Persistance du trou de Botal. -
Lésions pulmonaires.
St ? Emile-Frédéric, né le 12 juin 1886, à Paris, est entré à
Bicétre, le 19 juin 1891 (service de M. BouRNEVILLE).
Antécédents héréditaires. 117 i
Antécédents (Renseignements fournis par sa mère, le 26
juin 1891). Père, 48 ans, ébéniste, n'a jamais été malade,
fait quelques excès alcooliques, rentre à demi-ivre environ une
fois par mois, ne boit jamais d'absinthe, fume environ pour
50 centimes de tabac par jour. Bon ouvrier, vif et emporté, il
aurait battu sa femme, mais depuis très longtemps, cela ne
lui est plus arrivé. Ni dermatoses, ni traces de maladies véné-
rennes. -[l'èi·e, mort à 71n ans passés, laboureur, « très ner-
veux » il faisait parfois des excès de boisson. - Mère, morte
à 70 ans ( ? ). - Grands-parents paternels et maternels, morts
âgés, on ne sait de quoi. - Trois oncles paternels, bien por-
tants ainsi que leurs enfants. - Deux frères, tous deux sans
enfants et sobres; l'un serait mort à 32 ans d'une méningite
traumalique , l'autre est bien portant. Cinq soeurs : deux
sont mortes ; l'une probablement phtisique à la suite de cou-
ches, l'autre assez jeune de fièvre typhoïde; trois sont vivan-
tes et en bonne santé ainsi que leurs enfants, une d'entre elles
parait avoir des douleurs rhumatismales. Dans le reste de la
famille, pas d'aliénés, d'épileptiques, de personnes atteintes
d'affections nerveuses, de suicidés, ni de débauchées, etc.]
Mère, 45 ans, mariée à 24 ans, domestique avant son ma-
riage ; depuis, elle s'occupe des soins du ménage. Elle n'a
jamais été malade, ni présenté d'accidents nerveux. Elle parait
intelligente ; son visage est régulier; elle parle ave un fort
accent alsacien ; elle avoue être vive et un peu coléreuse. -
[Père, mort à 41 ans, d'une chute de voiture, laboureur, était
très sobre. Mère, morte à 66 ans, d'une « maladie de ven-
tre ». n'a jamais eu d'accidents nerveux. - Grands-parents
paternels et maternels, morts âgés; pas d'autres détails. -
Demi-oncles paternels, bien portants ainsi que leurs enfants.
- Deux oncles maternels, morts on ne sait de quoi, ayant des
enfants sains do corps et d'esprit, sauf un, âgé de 17 ans, placé
à Hosheim, près Strasbourg, et qui ne parle pas. - Deux
tantes maternelles bien portantes, ainsi que leurs enfants.
- Huit enfants : cinq seraient morts jeunes, on ne sait de
quoi; un autre, ayant bu, aurait été écrasé par une voiture
et serait mort assez jeune; 2 sont vivants et bien portants.
Dans le reste de la famille, pas d'aliénés, d'épileptiques, etc.]
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 3 ans.
14 enfants : 10 Une fille, morte un quart d'heure après la nais-
sance ; - 2° fausse couche de 3 mois; 3° fille, 21 ans, domes-
tietfie, pas de convulsions de l'enfance, pas d'accidents nerveux,
bien portante, intelligente; - 4° garçon, mort à 2 ans avec
118 Antécédents personnels.
des convulsions, bien portant et intelligent auparavant ;
5° garçon, mort à 10 mois de la coqueluche, n'a pas eu de con-
vulsions, était bien constitué ; - 60 garçon, 16 ans, intelligent,
a son certificat d'études, n'a pas eu de convulsions ; - 7° gar-
çon, 14 ans, de bonne santé mais un peu sauvage et n'apprend
guère en classe, n'a pas eu de convulsions ; - 8° fille, 13 ans
et 9° garçon, 12 ans, pas de convulsions, bien portants et intel.
ligents ; - 10° garçon, mort du carreau à 3 ans, pas de con-
vulsions, intelligent; 11° fille, 6 ans, saine, intelligente, pas
de convulsions ; - 12° notre malade; 13° fille, morte à 2
ans d'une bronchite, sans avoir eu de convulsions, intelligente ;
- 14° fille, 5 mois, se développe bien. Ces deux dernières n'ont
pas eu de convulsions.
Notre malade. Rien de particulier il laconception, l'enfant n'a
pas été conçu durant l'ivresse. - Grossesse bonne, chute sans
accident consécutif; à part cela, rien de particulier. - Accou-
chement à terme, naturel et rapide, sans médicaments.
- A la naissance, pas d'asphyxie, bien que l'enfant eut,
comme tous ses frères et soeurs, un circulaire du cordon
autour du cou. Elevé au sein par sa mère, il fut sevré à 18
mois. Premières dents à 10 mois; dentition complète à 2 ans.
Les premiers jours, on eut de la peine à lui apprendre à
téter, cependant durant les deux ou trois premières semaines
de son existence, « il était bel enfant et ressemblait à tous les
autres. » Vers la troisième semaine, l'enfant commença à
décliner, il maigrissait et sa mère s'aperçut qu'il tenait toute
la journée les yeux fermés; qu'il ne les ouvrait que la nuit.
Elle constatait quotidiennement que « ses yeux marchaient
tout le temps comme un moulin. » Ce phénomène se produi-
sait par crises et elle le remarquait lorsque, durant la nuit, elle
lui donnait le sein. Ces crises se manifestèrent durant trois
mois au moins une fois par nuit, et, en même temps l'enfant
continuait de maigrir. ne poussait aucun cri, ni le jour, ni
la nuit : « on n'aurait jamais dit qu'il y avait un enfant à la
maison. » Il restait toujours assoupi.
A 3 mois, les mouvements des yeux cessent; l'enfant reste
maigre, ne donnant aucun signe d'intelligence. Il demeure cou-
ché dans son lit, immobile, les yeux clos, la bouche à demi
ouverte et ne riant jamais.
A 13 mois, on constata une amélioration notable dans l'état
de l'enfant. C'est à cette époque que, pouvant entr'ouvrir les
paupières, ses parents constatèrent le strabisme plus accen-
tué, disent-ils, qu'actuellement. Alors aussi, il commençait à
Antécédents personnels : craniectomie. 119
s'asseoir, tout en restant presque complètement immobile. A
2 ans, il ne pouvait encore se tenir sur ses jambes. Ce ne fut
que vers les premiers mois de 1890 (à 3 ans 1/2) qu'ilyparvint.
Dans la même année, il commença à reconnaître son père, sa
mère, ses frères et soeurs et souriait « tout comme un enfant
d'un an. « Il faisait des manières avec ses mains, comme M. le
curé à l'église. » Toujours gâteux, il avait parfois la diarrhée
durant une semaine. Sa parole, à 3 ans 1/2, se bornait à quel-
ques mots : papa, maman, mimi (nom qu'il donne à sa soeur
Adrienne), titine (Augustine, une autre soeur). Entré vers
février 1890, à l'hôpital Trousseau, dans le service de M. le
professeur Lannclongue, il y fut crâniectomisé le 22 juin 189 0(1).
Il sortit de l'hôpital à la fin de février 1891. Sa mère prétend
ne pas avoir constaté de progrès bien manifestes à la suite de
l'opération. Il fixait peut-être un peu plus son attention et il
faisait plus facilement le tour d'une table sur le bord de
laquelle il se cramponnait; mais elle n'ajoute pas une grande
importance à ces faibles progrès opérés en un an, car elle
avait remarqué que son enfant commençait à les effectuer
avant son entrée à Trousseau. A l'hôpital, il apprit à se servir
de la cuiller ( il savait avant tenir son pain à la main) et à
prononcer le mot « Lisa » (Elisa, nom de l'infirmière qui
prenait soin de lui).
Le sommeil est généralement bon. S... ne grince pas des
dents et ne présente pas d'autres mauvaises habitudes que
celle de sucer le pouce droit. Parfois il s'amuse à parler à des
images et à glisser sur les fesses, assis sur le parquet. - Les
fonctions digestives et respiratoires se font normalement;
toutefois il a des alternatives de constipation et de diar-
rhée.
St... a eu la coqueluche à2 ans 1/2 (elle fut légère et ne dura
que six semaines), et la rougeole à 3 ans 1/2, ù Trousseau.
C'est à la suite de cette rougeole qu'ayant eu un petit abcès
au-dessous de l'oreille gauche, il fut envoyé dans le service
de M. Lannelongue qui ouvrit l'abcès et pratiqua ensuite la
craniectomie.
St.. n'a jamais eu d'accidents scrofuleux, ni de dermatose
(t) Notre ami M. Lannelongue a bien voulu nous envoyer les notes suivantes :
Opération. Débridement antéro-postérieur traversant la suture fronto-pa-
riétale. - 25 juin : violentes attaques de convulsions épileptiques. - 26 juin :
nouvelles attaques qui ne se sont plus reproduites. - 30 janvier 1891 : Etat
intellectuel amélioré, reconnaît les personnes, dit quelques mots : à boire»
Elisa, fait des pieds de nez, ne perd plus ses matières. ,.
120 Description du malade.
et sa mère pense que la teigne tondante dont il est atteint et
qui a été constatée ici dès le 20 juin 1891, le lendemain de
son entrée, a été contractée à l'infirmerie du dépôt, où il
séjourna deux jours avant d'être admis à Bicétre. L'enfant
n'a pas eu de vers instestinaux ni subi de traumatisme sé-
rieux. On n'a jamais constaté d'onanisme. Il ne sait pas
s'habiller, essaye de mettre ses souliers, mais sans pouvoir y
parvenir.
État actuel. (23 juin 1891). - Les paupières à demi fer-
mées, la bouche entrouverte donnent à l'enfant un air d'hébé-
tude très accentué ; on parvient néanmoins en lui parlant
à le faire sourire. Etat général de santé satisfaisant. La tête
est de volume médiocre. Les bosses pariétales saillantes sont
situées fort en arrière. La protubérance occipitale externe est
très développée. Le crâne est sensiblement symétrique. Pasde
traces au palper des sutures, ni des fontanelles. Sur la partie
gauche de la tête, on remarque une cicatrice linéaire antéro-
postérieure où les cheveux manquent et qui s'étend parallèle-
ment à la suture sagittale du front à l'occiput; une dépres-
sion correspond à cette cicatrice. En palpant avec soin cette
région, l'on sent une petite rainure superficielle de 3 centi-
mètres en avant, puis uneouvertuieelat·ge de G ou 7 millimètres
sur un centimètre de longeur, la soudure parait à peu près
effectuée sur 9 centimètres de trajet. Une nouvelle dépression
triangulaire d'un centimètre fait suite et se termine en arrière
par une petite rainure longue d'un centimètre. Cheveux châ-
tain foncé, peu abondants, courts; nombreuses plaques d'alo-
pécie dues au tricophyton. Le tourbillon postérieur est régu-
lier et situé sur la ligne médiane.
Visage allongé et ovale. - Front assez large et élevé ;
saillie assez prononcée des bosses frontales. Arcades sourci-
lières peu saillantes. Sourcils clairs. Paupières peu mobiles;
la supérieure recouvre normalement la moitié supérieure du
globe oculaire. Rétrécissement léger de la fente palpébrale à
la commissure externe. Cils assez longs à la paupière supé-
rieure, détruits complètement à la paupière inférieure par la
blépharite ciliaire. Léger degré d'exophthalmie. Strabisme
convergent des deux côtés, surtout prononcé à gaucho; pas
de nystagmus. Iris brun foncé. Pupilles égales à réac-
tions normales. Examen fonctionnel de l'oeil impossible.
- Nez, aplati, légèrement camard. Pas de déviation de la
cloison. Odoratf'). Bouche petite, toujours en tr'ou verte; lèvre
supérieure proéminente. Langue normale. Palais, voile du
Description du malade : amélioration. 121
palais symétriques et normaux. Luette volumineuse. Amyg-
dales hypertrophiées. Pas de tumeurs adénoïdes. Goût) ? ).
Dentition de lait complète, dents d'assez bonne qualité, mais
trop serrées et irrégulièrement placées. Articulation défectu-
euse. Les dents au lieu de s'entrecroiser se rencontrent en
avant bout à bout, disposition très rares dans la dentition
de lait. Les gencives en mauvais état, ulcérées et rouges à
leur bord, permettent le déchaussement des dents.
Menton petit, avec une légère fossette. Pomemttes saillan-
tes. - Oreilles creusées en forme de bateau, la moitié supé-
rieure forme avec la moitié inférieure un angle presque droit.
Les replis à peine saillants font que le pavillon et la conque
constituent une seule cavité. Le lobule assez volumineux
est détaché. Ouïe normale.
Cott : circonférence 27 cm.; pas de goitre, ni d'adénites.
Thorax, rien de particulier. - .Abdomen souple, pas de
hernies.
Membres supérieurs bien conformés et symétriques, ainsi
que les membres inférieurs, sauf que le 3" orteil du pied
gauche est légèrement en marteau.
Organes génitaux. Verge petite, phimosis, gland découvra-
ble, léger hupospadia.s. Testicules égaux de la grosseur d'un
pois. Scrotum assez développé. - Sensibilité au contact, à
la douleur, à la température, normale. Réflexes normaux.
Mesures de la tète :
Juin 1891.
122 BRO\CHO-P1EU\IONIE.
4 novembre, - Ouverture d'un nouvel abcès de la région
parotidienne. Pansements au sublimé. Guérison le 23
novembre.
1892. Mars. - État stationnaire de la teigne qui n'a aucune
tendance à s'améliorer. Lotions au sublimé.
A cette époque l'enfant a fait de très sérieux progrès, dus
aux soins assidus que lui prodigue l'infirmière chargée du ser-
vice des teigneux, M"10 Grizard. Il se sert de mieux en mieux
de la cuillère et mange seul assez proprement. Ses parents
eux-mêmes ont remarqué les progrès notables qu'il a faits
surtout pour la parole ; il a ajouté à son vocabulaire les
mots : « du pain, pipi, popot, » qu'il dit pour exprimer
ses différents besoins. Assis sur le vase et abandonné à
lui même, il le fait glisser et accomplit ainsi le tour de la salle.
Avril. - S... marche presque seul et se promène sur le
balcon du pavillon en se tenant aux barreaux. Il a ajouté aux
quelques mots qu'il prononce, ceux-ci : « lui, jardin, à table. »
Si on veut le faire parler lorsqu'il n'est pas disposé, il répond :
« Peut pas. » Il envoie des baisers à ceux qui s'adressent à
lui et lorsqu'on lui dit de chanter, il essaie de faire des roula-
des. Ces progrès vont en s'accentuant jusqu'au 22 juin, épo-
que à laquelle il tombe malade.
22 juin.- L'enfant est faible, il a la diarrhée, tousse légè-
rement.
23 juin. -Pas de matité thoracique, mais à l'auscultation,
râles muqueux dans toute la poitrine surtout nombreux à droi-
te. T. R. 39,, 9. - Soir : T. R. 39", 5. - Vésicatoire à droite,
sirop d'ipéca.
24 juin. - Pas de modification notable dans l'état local.
Anorexie, Ltat général relativement bon. T. R. 30°, f. -Soir :
39°,2.
25 juin. - Ilien de particulier. T. Il. 39,, 2. -Soir : 39°, 5. -
Inhalations d'oxygène.
26 juin. - Les râles sont toujours aussi nombreux. Abat-
tement notable. Etat saburral de la langue. Bouche fuli-
gineuse. Traces d'albumine dans les urines. T. Il. 400,1. - Soir :
36°, 5. Sirop d'ipéca.
27 juin. - L'enfant a vomi abondamment et sa diarrhée a
augmenté. Sa physio- dnie s'est néanmoins améliorée. Il n'a
plus d'albumine dav ? es urines. T. Il. 38°, 5. Soir : T. Il. 39-, 6.
28 juin. - ! . : ? signes sthétoscopiques restent les mêmes.
L'enfant a encore vomi et a toujours un peu cle diarrhée. Poids :
11 k, 100. T. R. 39-, 4. - Soir : 39°, 5. 5.
BItONCHO-PNEU\IOyIfi ; MORT. 123
29 juin. - T. R. 39°. - Soir : 38°, 2.
30 juin. - T. R. 38°,9. - Soir : 39o, 3. Inhalations quotidien-
nes d'oxygène.
1 ? juillet. - Même état. T. R 3S°, 1. - Soir : 37°, 8.
'2juillet.-T. R. 39°, 6.-Soir : 39°, 4. Sulfate de quinine, 0 gr.
20.
3 juillet. - T. R. 3tJ°, 3. -Soir : 39o, 2.
4 juillet. -T. li. 3Je, 4. -Soir : 38°.
5 juillet. - A l'auscultation : râles nombreux, souffle léger
du côté droit. Matité légère à la percussion de ce côté Rien
à gauche. Une ponction exploratrice aseptique faite à droite ne
donne aucun résultat. - Les lèvres sont fuligineuses, la lan-
gue est saburrale sans que cependant l'enfant ait l'aspect ty-
phique en quoique ce soit. Il est pâle, mais répond comme
jadis dans la mesure de ses moyens aux questions qu'on lui
pose. Diarrhée. T. R. 39°, i. - Soir : 3Sa. - Traitement : Sus-
pendre la quinine; continuer les inhalations d'oxygène. 1/2
potion de Todd. Sous-nitrate de bismuth, 2 gr., lotions
d'eau vinaigrée; lait. -
6 juillet, T. R. 38°, 2. - Soir : 38°.
7 juillet. T. R. 39o, 7. - Soir : 38°, 4.
8 juillet. - T. R. 40°, S. Sulfate de quinine, 0 -P. 30. -
Soir : 38°, 2.
9 juillet. - T. R. 40°, 1. - Soir : 39°, 9,
10 juillet. - T. R. 39°, 7. - Soir : 38°, 7.
-11 juillet. - Le poids de l'enfant est stationnaire. La tem-
pérature reste élevée sans qu'il y ait une modification appré-
ciable de l'état général, ni des phénomènes pulmonaires. -
T. Il. 39°, 9. Soir : 39°, 3. - Suppression de la quinine.
12 juillet. - Même état, mais diarrhée plus intense. T. R.
39°, 1. - Soir : 38°, 6. Même traitement, et de plus, salol :
deux grammes.
13 juillet. - T. R. 39°, G. - Soir : 38°, 3.
14 juillet. - T. R. 39°. - Soir : 38°, 7.
15 juillet. - T. Il. 39°, 3. - Soir : 3 ! je, 6.
16 juillet. - Aggravation manifeste, le strabisme est plus
accentué. Nystagmus prononcé. L'enfant n'est plus gai, ne
répond plus aux questions aussi facilement. Diarrhée assez
abondante. Signes pulmonaires non modifiés. T. R. 38°, 7. -
Soir : 38°, 3.
17 juillet. - Dyspnée très intense. Pâleur, vomissements.
Diarrhée verte abondante. T. R. 38°, 5. Ventouses, sirop d'é-
tirer ; potion avec acide lactique, 5 gr.
L'enfant meurt à 3 heures du matin. Son poids au moment
124 Description DU crâne.
du décès est de Il La température rectale descend de
38°, 9 au moment du décès, a3(i°, 7 un quart d'heure après,
36°, une heure après et à 3'u, deux heures après; la tempéra-
ture de la salle était de 22".
Notons que bien que l'enfant n'ait reçu pendant sa maladie
aucun soin de la tête plus assidu qu'autrefois, la teigne s'est
notablement améliorée et était presque complètement guérie
lors de son décès. Cette action d'une maladie fébrile sur une
affection cutanée est d'ailleurs connue.
Réparation de la brèche osseuse. 125
os wormien existe de chaque côté dans cette partie rectili-
gne. A la face interne cette scissure est sinueuse,mais n'offre
pas de dentelures accentuées. Il n'y a pas de trace de la suture
métopique. La suture sagittale finement dentelée dans ses deux
centimètres antérieurs, offre sur un centimètre 1/2, 4 dentelu-
res aiguës et profondes de 5 millimètres environ, puis, chan-
geant de caractère, elle se continue en dentelures arrondies
et irrégulières jusqu'au niveau du lambda. La suture lamb-
cloïde est très contournée, ses dentelures sontfines etirrégu-
lières. Adroite, à 4 centimètres 1/2 du lambda, les dentelures
s'exagèrent et forment deux petits os wormiens très irrégu-
liers ayant un centimètre environ dans leur grande dimension
qui est perpendiculaire il la suture. A la face interne, ces
sutures sont moins contournées, les os wormiens signalés
plus haut, apparaissent nettement, mais moins longs, plus
larges et à bords moins déchiquetés. La brèche osseuse, due
à la craniectomie, située à gauche, est antéro-postérieure et
s'étend sur le frontal et le pariétal. Elle forme avec la suture
sagittale un angle, aigu à sinus postérieur de25° environ. Cette
brèche est en voie de réparation et les parties non ossifiées y
sont recouvertes d'une membrane dépendant du périoste,
s'étendant d'un bord à l'autre et transformée sur les bords en
minces lamelles osseuses. Une partie ayant 32 millimètres de
longeur, reste non ossifiée à la région frontale. Une région
de 20 millimètres, complètement réparée, lui succède. Cette
région croise la suture fronto-pariétale. Son mode de répara-
tion est des plus intéressant ; en effet, la soudure osseuse s'est
effectuée sous forme de suture à fines dentelures, analogues
à celles de la suture qu'elle croise. Une région de 16 millimè-
tres, non réparée, lui fait suite et offre des bords assez réguliers ;
cette région a 3 millimètres à sa partie la plus large ; 18 mil-
limètres à peu près soudés complètement viennent ensuite; ici
la soudure bien qu'un peu irrégulière n'offre pas de dentelures
comme précédemme t, mais elle n'est pas aussi complètement
effectuée. Enfin durant 30 millimètres la brèche reste sans
ossification. Elle offre là une largeur moyenne de 4 millimètres,
présente sur ses bords de petits prolongements osseux minces
et se termine par un cul-de-sac arrondi, à demi comblé par
une jetée osseuse interne. A l'état frais cette partie non ossi-
fiée était recouverte d'une membrane 08néogène, les prolon-
gements osseux lamellaires des bords de la brèche en sont
une preuve. (Fig. 2).
La base dit crâne est légèrement asymétrique, la fosse occi-
pitale droite paraissant un peu plus développée que la gau-
42G Réparation de la dréche osseuse.
clic. Liquide céphalo-rachidien assez abondant. Les
artères de la base ne présentent pas d'anomalies de disposi- ? 7.
MÈXINGO-ENCÊPHALITE. 127
tien. La vertébrale droite est cependant plus petite que la
gauche.
128. nIENIIGO-ENGLPHALITE. ,
facilement sur cet hémisphère. A peine note-t-on quelques
adhérences à la partie inférieure du lobe pariétal surtout au
niveau du pli courbe et sur la partie inférieure du lobe tem-
poral. La face interne est d'apparence absolument saine.
- Le ventricule latéral est un peu dilaté. - Les noyaux gris
centraux et le pédoncule ont un aspect normal.
Cervelet, bulbe, protubérance, rien de particulier. - Moelle
(25 gr.), rien d'anormal à l'extérieur, ni sur des coupes.
Cou. Pas de persistance du thymus. - Corps thyroïde :
(10 gr.). Larynx et trachée : inflammation intense de la
muqueuse.
Thorax. Péricarde normal. Coeur (125 gr.), plein de cail-
lots. (90 gr. vidé) n'offre aucune lésion. Pertuis ovalaire de 5
millimètres dans son grand axe ne pouvant être oblitéré par
l'accolement de ses bords et représentant le trou de Botal. -
Plèvres adhérentes surtout à droite et siège de fausses mem-
branes peu consistantes. Leur surface irrégulière donne
l'aspect de tartines beurrées. - Poumon droit (360 gr.) : il pré-
sente à sa base et à son sommet des points d'emphysème.
Les lobes adhèrent entre eux. A la coupe, le tissu interstitiel
est oedématié et l'on constate des nodules assez nombreux
de bronclto-pt2eumonie. - Pounon gauche (260 gr.). Lésions
analogies mais moins marquées. Emphysème lobulaire can-
tonné au bord antérieur. Pas de traces de tubercules dans
les poumons.-Engorgement des ganglions péri-rachéo-bron-
chitiques : plusieurs ont le (volume d'une petite noix. Ces
ganglions, à la coupe, ne sont pas caséeux et n'offrent pas de
tubercules.
Abdomen. - Foie (735 gr.), volumineux, congestionné, légère
dégénérescence graisseuse. Voies biliaires 'ion oblitérées. -
Estomac, intestins : pas de lésions. Rate (35gr.), assez dure.
- Rein droit (55 gr.), congestionné; traces de trois infarctus
anciens. - Rein gauche (60 gr.), aussi congestionné; nom-
breux infarctus à sa surface. Capsules surrénales normales.
- Pancréas : (30 gr.), dur. - Ectopie inguinale du testicule
droit. Le testicule gauche est au fond des bourses. Tous
deux sont égaux et du volume d'un gros haricot. La vessie
est saine et sans calculs. - Le péritoine n'offre aucune lésion.
La cause de la mort est la bi-oiielto-piiettiio ? iie.
Réflexions. 129
Réflexions. - I. Autant qu'on peut en ju- er par
les renseignements qui nous ont été fournis, les tares
nerveuses chez les collatéraux seraient très peu nom-
breuses. L'influence héréditaire qui mérite surtout
d'être relevée, c'est l'alcoolisme, du père et du grand-
père paternel de l'enfant.
II. L'idiotie complète observée chez St... nous
parait être la conséquence des accidents survenus à
l'âge de trois semaines, qui ont persisté jusqu'à la fin
du troisième mois, ont laissé après eux un strabisme
permanent, une occlusion des paupières, une inertie
physique anormale et une obnubilation complète de
l'intelligence et qui se sont traduits, au point de vue
anatomo-pathologique, par une néo21ngo-ezcéZhalite.
III. Relevons, en passant, l'existence d'un phimo-
sis et d'un hypospadias, l'oblitération imparfaite du
trou de Botal et l'ectopie testiculaire.
IV. St..a été l'un des premiers enfants sur lesquels
M. Lannclongue a pratiqué la craniectomie. L'opéra-
tion a été faite le 22 juin 1890; elle a été suivie de
« convulsions épileptiques» , ce qui montre, soit dit
en passant, qu'elle n'est pas aussi inoffensive que cer-
tains le prétendent. L'enfant est sorti à la fin de février
1891. Pendant son séjour à l'hôpital, il a été naturelle-
ment l'objet des soins les plus attentifs. Chirurgien,
internes, surveillants, cle, se sont assurément beau-
coup plus occupé cle lui que ne pouvait faire sa mère
chez elle. Eh bien, malgré celà, d'après la note même
de M. Lannelonguc et aussi d'après la mère de l'enfant,
la situation était à peu près à la sortie de l'hôpital ce
qu'elle était à l'entrée.
L'enfant nous est arrivé avec la teigne, c'est-à-dire
dans des conditions fâcheuses car, au lieu de l'envoyer
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892. 9
130 Ili\INGO-ENCI : Y11ALI1'E.
à la petite école, nous avons dû le placer au pavillon
d'isolement. Là, néanmoins, son vocabulaire s'est
enrichi; sa physionomie s'est éclairée et son langage
par signes est devenu plus expressif. La compréhen-
sion était plus vive. Enfin, St.. faisait des progrès
incontestables au point de vue de la marche. Le
traitement wéclieo-pécLa.goiq2e, bien qu'il ait été
entravé considérablement par la nécessité de mainte-
nir l'enfant au pavillon d'isolement, a donné, pendant
son année de séjour dans le service, des résultats supé-
rieurs à ceux du traitement chirurgical.
V. St.. ayant succombé à une broncho-pneumonie,
nous avons pu examiner son cerveau et son crâne,
L'hémisphère cérébral gauche était le siège de
lésions de méningo-encéphalile, disséminées un peu
partout, mais prédominant sur la face convexe. A ces
lésions anciennes qui répondent aux symptômes que
nous avons décrits, se sont ajoutées : ]," des lésions
de la dure-mère qui adhéraient très fortement à la
brèche osseuse; '2° des lésions méningitiques (adhé-
rence de la dure-mère à la pie-mère), ducs, les unes
et les autres, à l'intervention chirurgicale.
L'hémisphère cérébral droit, qui pesait 20 grammes
de plus que le droit, n'offrait que des lésions méningo-
encéphaliques très circonscrites ce qui autorise à pen-
ser que l'enfant avait des chances de survivre et de s'a-
méliorer au moins dans une certaine mesure.
L'existence d'une méningo-encéphalite nous sem-
ble déjà plaider contre l'utilité de la craniectomie.
L'examen du crâne fournit, de son côté, des argu-
ments tout-à-fait décisifs.
En effet, toutes les sutures étaient indemnes de
synostose et interrompues par des os wormiens. Les
parois du crâne étaient très minces et parsemées de
plaques translucides. Elles étaient par conséquent
RÉOSSFICATION DE LA BRÈCHE OSSEUSE. 131
extensibles et n'opposaient pas de résistance à l'ac-
croissement du cerveau.
VI. Signalons, enfin, la réossification rapide delabrè-
clic osseuse et surtout le mode de réossification par
la formation de dentelures engrenées tout à fait sem-
blables celles des sutures normales (Fi. 2).
XI.
Idiotie symptomatique de sclérose atrophique de l'hé-
misphère.cérébral gauche et de méningo-encéphalite
de l'hémisphère droit; ,
Par BOURNEVILLE et NOIR.
SOMMAIRE. Père : convulsions de l'enfance, nerveux, sujet
à des céphalalgies. - Grand-père paternel : migraineux. -
Grand'mère paternelle rhumatisante, crises de nerfs. -
Arrière-grand-père paternel mort d'héii-Lo ? - ? ,hagie cérébrale.
- Arrière-grand' mère paternelle morte d'un cancer uté-
rin. - Grand-oncle paternel mort tuberculeux. - Grand'
tante et cousins paternels morts de convulsions. - Mère :
céphalalgies, mélancolie. - A1Tièl'e -g¡'and-pè¡'e maternel,
suicidé.-Frère, convulsions et méningite. - Soelo', con-
vulsions auec hémiplégie transitoire. - Pas de consangui-
nité. Egalité d'âge.
Premières dents à 4 mois. Dentition complète à 3 ans 9/2.
Peur à six mois suivie de convulsions courtes et répétées.
prédominant dans tout le côté droit. - Hémiplégie droite
à 11 mois, compliquée de contracture. Tic particulier
des membres du côté droit à 18 mois. - Déviation du
rachis. Rougeole à 11 mois ( ? ). Bronchite à 15 mots. Tic de
la face. Succion, bave, cris gulturaux. - Hémiplégie
droite avec contracture, épilepsie spinale. - Tic du pied
gauche. - Phimosis. - Rougeole; Mort.
Autopsie : Plagiocéphalie très prononcée. Développement
et épaississement plus grand de la moitié droite du crâne.
, absence de synostose. - Diminution de calibre des
artères de la moitié gauche du cerveau. - Atrophie de la
bandelette optique, du pédoncule cérébral, du tubercule
mamillaire gauches. - Sclérose atrophique de l'hémis-
Antécédents héréditaires. 133
- ' ;, ,i ."......,. a '.T ? i
phère cérébral gauche. - Méningo-encéphalite de l'hémis-
phère cérébral droit. 1 1 1 1 1 , f .
Ilug... (Georges), né à Paris, le 21 mars 1888, est entré à
Bicêtre, le 2 novembre 1888 (service de M. Bourneville) :
Antécédents. - (Renseignements fournis par le père et la
mère de l'enfant le 9 nouembre 1892.) - Père, 69 ans, em-
ployé à la Compagnie d'Orléans; il a eu des convulsions de
l'enfance et est sourd à droite depuis sa naissance. Il fit,
étant en bas Age, une chute sur la tête qui n'a pas amené
d'accidents consécutifs. Il est actuellement sujet à des cépha-
lalgies assez fréquentes, à apparition irrégulière, se manifes-
tant surtout au niveau des yeux et s'amendant après le repos.
Ces céphalalgies n'ont pas le caractère de la migraine. Il ne
présente aucune autre tare nerveuse ou arthritique; n'est pas
alcoolique, fume très peu. Rien ne nous permet de penser
qu'il ait pu contracter la syphilis. Petit, brun, maigre, il offre
une physionomie assez expressive. Il serait irritable, Violent,
coléreux. - [Père, 65 ans, artiste peintre, sobre, aurait de fré-
quentes migraines, est doux de caractère. 11 a, lorsqu'il est très
ému, une sorte de bégaiement. Mère, 63 ans, rhumatisante,
très nerveuse, aurait eu à diverses reprises des crises de
nerfs qu'elle a toujours cherché à dissimuler. - Grand-
père paternel, mort d'une hémarrhagie cérébrale à 54 ans.
Grand'mère paternelle, morte à 38 ans, d'un cancer uté-
rin. Arrière-grand-père paternel, 'mortà' 84 ans. -
Arrière-grand'mère paternelle, morte à' 7f¡' ans. -'Grand-
père maternel, mort à 77 ans, d'accident, était petit et'mai-
gre, mais bien conservé et vigoureux. Grand'mère mater-
nelle, morte à 28 ans, en couches, « de chagrin,' dit-on. »
Un oncle paternel est mort à 57 ans, tuberculeux, il était
fort, intelligent; il a eu deux enfants, morts à 4 ou 5 ans, un
d'eux aurait eu à sa mort de nombreuses convulsions.
Un second oncle paternel disparut à la guerre de Crimée.
- Une tante maternelle mourut à 3 ans de convulsions
Une soeur, 41 ans, est bien portante ainsi que ses cinq en-
fants ; jamais de convulsions. Pas d'idiots, d'aliénés; d'épi-
leptiques, de paralytiques, de difformes, de bègues, de sourds-
muets, de suicidés, ni de prostituées dans la famille.]50 ^ : ,"1-, .
Mère, 39 ans, couturière, n'a jamais été malade et n'accuse
aucun accident nerveux, ni arthritique; cependant depuis la
naissance de son enfant, elle est sujette à des céphalalgies,
. 1 '' \ ! , ' . C.J -ïV'TC f.» \
134 . Antécédents héréditaires.
ayant leur maximum d'intensité localisé au sommet de la tête.
Ces céphalalgies qui n'ont aucun des caractères de la migraine,
s'exacerbent au moment des règles. Au physique, la mère est
une femme forte, robuste, brune, n'ayant pas l'aspect des
névropathes; elle prétend être d'un caractère triste et mélan-
colique. [Père, 73 ans. travaille encore dans un chantier de
bois, est sobre et jouit d'une bonne santé. Mère, morte à
74 ans, à la suite d'un long séjour au lit, déterminé par une
entorse, toujours bien portante jusqu'alors, un peu coléreuse.
- Grand-père paternel, mort à 74 ans d'une gastrite ( ? ), vigne-
ron, très sobre. Grand'mère paternelle, morte à 68 ans,
d'accident ; robuste. Grand père maternel, mort à 5 ans :
il s'asphyxia à la suite de mauvaises affaires commerciales :
il n'avait auparavant dénoté aucun trouble psychique. Grand'
' mère maternelle, morte à 88 ans. - Oncles ou tantes pater-
nels : tous ont atteint un age avancé, sauf un oncle mort il 23
ans, par accident. Une tante maternelle morte en bas âge, à
la suite d'un mauvais allaitement : sa mère, malgré le trouble
causé par le suicide de son mari avait continué de la nourrir.
- Un frère, tué à 29 ans, à la guerre de 1870. Un autre frère.
(43 ans) et une soeur (41 ans) sont bien portants, intelligents et
sobres. - Dans le reste de la famille, ni idiots, ni aliénés, ni
épileptiques, etc.] - Pas de consanguinité (père, parisien,
mère, bourguignonne). - Egalité d'âge.
. Trois enfants : 1° garçon, 12 ans, a eu des convulsions très
fortes étant petit et à 5 ans, il aurait été atteint de ménin-
gite; aucun trouble n'aurait succédé à cette affection, il apprend
. à l'école ; - 2° fille, 7 ans, convulsions au moment de la den-
tition. Elle fut à la suite paralysée durant deux mois du côté
droit. Au cours de sa maladie, elle présenta des symptômes
analogues à ceux de notre malade, mais comme elle savait
déjà parler et marcher, elle put, selon ses parents, continuer
à développer son intelligence. Longtemps gauchère, elle est
actuellement ambidextre. Très vive, très éveillée, trop avan-
cée pour son âge; ses parents inquiets de sa santé ne l'ont pas
mise en classe sur le conseil d'un médecin ; 'le notre malade.
Notre maillde.- Lors la conception la mère venait de sevrer
sa fille et était très fatiguée. Rien de particulier durant
la grossesse, sauf une chute au 7">" mois qui ne fut accom-
pagnée d'aucun accident. - L'accouchement à terme, fut
normal. Le travail dura trois heures. - l'as d'asphyxie à
la naissance; pas de circulaire du cordon : il était robuste
Antécédents personnels. 135
et pesait 4 kgr. 500 environ. Allaité au biberon avec du
lait de vache, il fut sevré en partie à 6 mois et but du lait
comme aliment principal jusqu'à trois ans. Sa première dent
apparut à 4 mois; sa dentition était complète à 3 ans 1/2. A
9 mois, époque où il commençait à se tenir seul debout, il
fut pris de convulsions. Tout le corps fut secoué par une
sorte de tremblement qui dura une demie heure environ; puis
il fut pris de grands sursauts « comme s'il avait peur. » Ces
sursauts qui parfois manquaient durant deux jours, surve-
naient souvent par crises de ) ou 7 ; en même temps, les yeux
se convulsaient, « on ne voyait que le blanc. » Les parents
attribuent ces soubresauts la frayeur causée par le passage
subit d'une locomotive au voisinage de l'enfant. Le côté droit
actuellement paralysé était le siège des mouvements convul-
sifs des plus violents. Depuis les premières convulsions, la
main droite avait de la tendance à se mettre en supination et
en demi-flexion. AH mois, la main fut prise de contracture,
les doigts se fléchirent et on ne pouvait les allonger. Les pa-
rents racontent qu'à ce moment « il perça les dents de l'oeil. »
Petit à petit, dit-on, tout le côté droit fut paralysé, on
remarqua une diminution de longueur de la jambe droite
mais l'on ne nota pas alors d'asymétrie faciale. Vers 18 mois,
on remarqua chez l'enfant un lie consistant en mouvements
rapides du pied et de la main gauchos se reproduisant pendant
assez longtemps. Une déviation de la colonne vertébrale
nécessita alors le séjour dans un appareil, ce qui lui fit per-
dre l'habitude de ce tic ( ? ) qui néanmoins se reproduisait
lorsqu'il était énervé. Ce tic parait être survenu spontané-
ment, personnne ne lui aurait appris à imiter ces gestes.
L'intelligence de l'enfant était presque nulle. Gâteux complet,
il semble avoir conscience de son état lorsqu'il s'est sali, car
il pousse alors des cris. Il est voraee, mâche et digère bien les
aliments. Il n'aurait jamais eu de vers intestinaux.
Aucun accident scrofuleux. Comme autres antécédents
pathologiques, notons la rougeole à H mois et une bronchite
à 15 mois; aucun accident nerveux spécial n'a été constaté
durant ces maladies. IL. n'est pas vacciné. Le tic décrit plus
haut existe actuellement, il s'accompagne lorsque l'enfant est
en colère de mouvements des lèvres, et du bruit brrr...brrr..
Il se mordille parfois les doigts et suce tout ce qu'on lui pré-
sente. Il ne reconnaît personne, et ne peut pousser que des
cris gutturaux. Le sommeil est bon.
Etat actuel ( 10 novembre 1892). - L'enfant dont l'état
136 DESCRIPTION DU malade.
d'adiposité est médiocre a l'air maladif. Ses cheveux sont
ternes, laineux, le tourbillon postérieur est irrégulier. Le
crâne, asymétrique, offre un développement de la bosse parié-
tale gauche plus accentué que celui de la droite qui est
aplati; le front est inversement bombé à droite ; en un mot, il
ya uneplagiocéphalie accentuée. L'occiput est un peu saillant.
- La face parait légèrement prognathe. Les arcades sourcil-
lières sont peu développées et recouvertes de poils rares. Les
orbites sont creux, les paupières bridées sont garnies de cils
assez longs. La cornée et la conjonctive n'offrent rien de par-
ticulier. L'iris est vert-jaunâtre et assez pâle; les pupilles
ont les réactions normales. Ni strabisme, ni nystagmus, ni
exopthalmie, pas de troubles de la motilité oculaire. L'examen
de l'acuité visuelle et de l'étendue du champ de la vue est
impossible. - Le ne : , droit, est régulier. Les narines regar-
dent en bas, il n'y a pas de déviation de la cloison et la fonc-
tion de l'odorat paraît normale ! ? ). -La bouche est grande
et horizontale, les lèvres assez volumineuses. Les dents bien
implantées sont courtes et espacées. Le palais, le voile du pa-
lais, les amygdales, la luette, n'offrent rien d'anormal. - La
langue est actuellement saburrale, le pharynx rouge vernissé.
Le goût est peu développé. - Le menton est moyen et le maxil-
laire inférieur est nettement en retrait sur les supérieurs.- Les
joues sont larges, charnues, colorées, il n'y a pas d'asymé-
trie des plis naso-labiaux. - Les oreilles, bien faites, ourlées,
offrent une conque profonde et un lobule détaché. L'ouïe sem-
ble bien développée.
Le membre supérieur droit est contracture. L'avant-bras
est en demi-flexion sur le bras. La main en pronation est
déviée sur le bord cubital. Le pouce est en adduction et les
autres doigts repliés sur lui. Le membre supérieur gauche
est normal. Les ongles sont bien implantés aux deux mains.
Le membre inférieur droit est le siège d'une contracture
intense. La cuisse est en demi-flexion sur le bassin, la jambe
en demi-flexion sur la cuisse, le pied en position normale. Si
on essaye de fléchir le pied droit, l'on produit la trémulation
épileptoïde du membre, phénomène qui, provoqué deux on
trois fois, cesse de se manifester.. La contracture de ce membre
est incomplète car parfois l'enfant seul étend presque com-
plètement la jambe. - Le membre inférieur gauche n'est le
siège d'aucune contracture. On ne provoque pas sur lui de
trémulations épileptoides, mais il offre un tic tout particulier.
Ce tic consiste en ce que le pied en adduction avec rotation en
dedans considérable, frappe rapidement la partie antérieure
Rougeole. 137
de la jambe gauche ou le genou. Souvent, en même temps,
la main gauche est animée de mouvements de va at vient
rhythmiques, isochrones à ceux du pied. En même temps, on
observe parfois chez l'enfant de grands mouvements expira-
toires durant lesquels il pousse un grognement guttural
(errrre) très désagréable. La position qu'il imprime à son pied
pour produire ces mouvements habituels ont amené une sorte
de subluxation de l'articulation tibio-tarsienne gauche, de sorte
que de prime abord, on le croirait atteint d'un pied bot équin
valgus qui disparait facilement lorsqu'on met le pied à plat.
Notons en même temps que l'enfant présente toutes les 5 ou
10 minutes une sorte de secousse tonique tétaniforme très
rapide des muscles du tronc et des membres.
Le thora\ : est aplati- latéralement, bombé en haut et en
avant. - L'abdomen n'offre rien à signaler. - Les organes
génitaux sont bien développés ; la verge a 2 centim. de long
sur 2 cent. de circonférence ; phimosis irréductible. Les tes-
ticules dans les bourses sont du volume d'un petit haricot.-
Région anale saine. Petite cicatrice au niveau du coccyx.
10 tovembae. - L'enfant qui depuis le 5 novembre est malade
à,l'Infirmerie est envoyé au pavillon de l'isolement. Depuis le 5
novembre (4 ? jour de son entrée), Ilug... a de la lièvre, la tem-
pérature s'est élevée graduellement jusqu'à 39°. Il offre l'as-
pect typhoïde : narines pulvérulentes, bouche fuligineuse,
langue très saburrale, pharynx rouge et sec, toux rauque.
Râles sous-crépitants très fins des deux côtés, surtout à droite.^
Ni coryza, ni conjonctivite. Il dort couché sur le côté droit. Hier :
a paru une éruption de taches lenticulaires et rosées. Cette ?
éruption a débuté sur les fesses où elle est confluente, puise
elle a gagné la face interne des cuisses où elle est actuelle- ';
ment très développée. Elle a ensuite envahi tout le pourtour ';
du cou, la partie antérieure de l'abdomen et du thorax où telle
est discrète. Les membres supérieurs sont indemnes. Le men-
ton, le front, le cuir chevelu sont couverts de ces taclieà.-I
Elles sont de la grosseur d'un grain de mil, roses, légèrement- z
agminées au centre; elles s'effacent par la pression. Leur '.
nombre augmente très rapidement et durant l'examen de l'en-
fant, elles paraissent se multiplier. La face externe du bras
droit est le siège d'une plaque érythémateuse, disparaissante à
la pression, de 7 à 8 cent. de long sur 3 de large. Pas de diar-
rhée. - Traitement : Sirop d'ipéca; ventouses sèches sur
toute la poitrine; potion de Todd.
11 novembre. T. R. matin 40°, 4. Respiration embarrassée.
. 138 Rougeole ; mort.
Symptômes stéthoscopiques stationnaires. L'éruption a pâli.
Diarrhée assez abondante.
12 novembre. - La-diarrhée n'a pas persisté. État général
toujours grave. 54 mouvements respiratoires par minute.
Affaissement général, pouls filiforme, visage abattu, yeux cer-
nés, somnolence. Il n'a pas de secousses trépidatoires ni de
tics ; il reste inerte, le pied gauche appuyé sur lajambe droite.
L'examen des urines est impossible, vu le gâtisme continuel
de l'enfant. T. R. 39°, 3. - Traitement : Ventouses. Potion de
Todd; sirop d'éther.
14 novembre. - Dyspnée profonde. Extrémités froides et
violacées. T. R. 31o, 4. Traitement : Inhalations d'oxygène.
1/2 potion de Todcl, 1 cuillerée de sirop d'éther.
15 novembre. - L'enfant est mort le 14 novembre à 2 heu-
res du soir. Les parents nous racontent que l'enfant est sorti
de l'hôpital Trousseau le 31 octobre, est passé de là à l'Asile
Clinique, où il est resté 2 jours avant de venir à Bicêtre. Il est
donc probable qu'il a contracté à l'hôpital Trousseau les ger-
mes de la rougeole à laquelle il a succombé.
Description DU crâne. 139
140 SCLÉROSE ATROPHIQUE DE l'hémisphère gauche.
métrique ; elle est beaucoup plus développée iL droite et paraît
tordue autour de son axe antéro-postérieur, qui au lieu d'être
rectiligne serait convexe à droite. En résumé, il y a une pla-
giocéphalie des plus accentuées.
La dure-mère offre comme unique particularité, trois
paquets d'adhérences qui l'unissent à la pic-mère et cèdent faci-
lement. Toutes les artères de la base qui correspondent à l'hé-
misphère gauche sont considérablement atrophiées. La syl-
vienne gauche surtout, réduite à un mince cordon, contraste
avec la droite qui parait normalement développée. La commu-
nicante antérieure très longue semble tiraillée et tendue parle
développement de l'hémisphère droit, ou la rétraction de l'hé-
misphère gauche atrophié. Les nerfs de la base sont sensible-
ment égaux. La bandelette optique gauche est notablemen-
plus petite que la droite.
Méningo-encéphalite DE l'hémisphère droit. 141
le maximum de la lésion est au tiers postérieur de F3.
- FA est considérablement sclérosée, elle présente à sa partie
toute supérieure au moment où elle se perd dans le lobule
paracentral une sorte d'atrophie kystique, lésion que nous
retrouverons plus accentuée dans le lobe pariétal et sur la
description de laquelle nous insisterons plus loin. - Sclérose
atrophique de PA dans toute son étendue, surtout à son tiers
supérieur. Le tobe pariétal et la partie postérieure du lobe
temporal présentent une lésion toute particulière. Ils forment
une zone en entonnoir, où l'altération va en s'accentuant de
la périphérie au contre qui est au niveau du pli courbe. La
pie-mère très vascularisée sur tout cet hémisphère présentait
à ce point un aspect ecchymotique. Cette zone offre, sur sa
périphérie, une sclérose atrophique plus accentuée mais
analogue à celle des parties voisines. A son centre, les cir-
convolutions ont un aspect gélatineux, kystiforme. On dirait
que la substance grise est séparée de la substance blanche.
Ces circonvolutions sont flétries et forment une excavation en
entonnoir dont la partie centrale, la plus profonde et la plus
altérée, est uu peu au-dessous du pli courbe sur le trajet de
la seconde circonvolution temporale (T2).
Les lobes temporaux et occipitaux sont fortement altérés,
toutefois, T3 offre un aspect à peu près normal. (PL. XII).
Face interne. - Sclérose atrophique considérable de Fi et
du lobule paracentral. Avant-coin, moins altéré. - Coin, très
sclérosé dans sa moitié inférieure. Circonvolution du corps
calleux atrophiée surtout dans son tiers antérieur. Lobe tem-
poro-sphènoïdal bien moins atrophié. Altération très accusée
du corps calleux sur toute son étendue. - Ventricule latéral
dilaté. - Corps strié et couche optique peu volumineux mais
ne paraissant pas altérés. Tubercule mamillaire et pédon-
cule célébrai, notablement moins développés qu'à droite. Les
lésions de cet hémisphère, peuvent se résumer dans ces mots :
atrophie, induration, blancheur. (PL. XIII).
Hémisphère droit. - Face convexe. La décortication est
très difficile, la pie-mère très adhérente entraine de grands
lambeaux de substance grise. Les circonvolutions frontales
sont volumineuses contournées et n'ont que de rares plis de
passage. Adhérences nombreuses au tiers moyen des circon-
volutions frontales et au niveau du lobe orbitaire. - FA et PA
sont sans lésions. - Le lobe pariétal est déprimé et porte les
traces de nombreuses adhérences sur sa partie antérieure et
142 Lésions pulmonaires.
surtout au niveau du pli courbe. 11 en est de même à la partie
postérieure de TI et de T2. - Le lobule de l'insula est très
développé et d'apparence normale. (l'L. XIV).
Face interne Aucune lésion apparente de 1 ? du lobule
paracentral, de l'avant-coin, du coin, ni du lobe temporu-sphé-
noïdal. - Le corps calleux, sa circonvolution (t 1(i ventricule
latéral n'ont rien d'anormal. - Le corps strié, la couche
optique et le pédoncule cérébral sont très développés. L'hé-
misphère droit présente dans son ensembf une consistance
molle qui contraste singulièrement avec V induration du côté
opposé.
Les lobes du cervelet paraissent sains, mais le gauche est
plus volumineux que le droit et pèse 10 grammes de plus que
lui.
La protubérance semble saine. Dans le bulbe, au niveau de
l'olive, la pyramide antérieure gauche est considérablement
atrophiée et est remplacée par une petite bandelette grise
formant une sorte de fossé; il en résulte que l'olive gauche
semble plus volumineuse que la droite. (Dégénération secon-
claire)..
La moelle offre une diminution nette de sa partie droite,
néanmoins, il est dillicile sur une coupe fraîche de se rendre
bien compte de la dégénération du faisceau pyramidal droit.
Cou. -Larynx, corps thyroïde (10 gr.), rien de particulier.
Pas de traces de thymus.
Thorax, - Poumon droit (130 gr.). Adhérences nombreuses
mais peu résistantes des plèvres pariétales et viscérales.
Emphysème interstitiel considérable des deux lobes supé-
rieurs ; atélectasie du lobe inférieur. Les bronches, sur une
coupe, laissent sourdre il la pression des gouttelettes muco-
purulentes. Petit foyer caséeux circonscrit à la partie anté-
rieure de la base ; dépression cicatricielle assez étendue du
sommet ; ganglion interbronchique caséeux présentant le
volume d'une petite noix. - Poumon gauche (125 gr.). Pas
d'adhérences; emphysème interstitiel etlobulaire au lobe su-
périeur surtout en avant ; atélectasie du lobe inférieur. Coeur
(80 gr), pas d'anomalie, trou de Dotal oblitéré.
Abdomen. - Foie (4 10 gr.), adhérence intime de sa face ;
convexe au diaphragme ; légère dégénérescence graisseuse;
RÉFLEXIONS; TICS. 143
voies biliaires, rien de particulier. l'ancrécts (3ar.), assez dur.
Rate (35 gr.), petite, quelques épaississements de la capsule.
Reins : gauche (70 gr.), droit (55 gr.). Rien de particulier.
Vessie, pas de calculs. -Estomac et tube intestimal, rien.
La cause de la mort a été la b;o2clo-lwetunowie qui a com-
pliqué la rougeole.
Réflexions. - I. Les tares nerveuses de la famille
tant du côté du porc que de la mère sont suffisam-
ment nettes pour expliquer la prédisposition aux
accidents cérébraux des trois enfants issus de ce
mariage.
II. A 9 mois, II.. a été pris de convulsions prédo-
minant dans le cote droit, se reproduisant plusieurs
fois, et suivies d'une hémiplégie droite qui se serait
aggravée progressivement et se serait compliquée
de contracture, deux mois après le début, et d'épilep-
sie spinale. Bien que les détails sur les convulsions
soient incomplets, leur existence, leur prédominance
dans tout le côté droit, l'hémiplégie droite avec con-
tracture et la trépidation épileptoïde avaient fait pen-
ser que l'idiotie était symptomatique d'une sclérose
atrophique do l'hémisphère cérébral gauche, com-
pliquée d'une dégénération secondaire.
III. Nous avons toujours soin dans nos observations
de décrire les tirs des malades. On sait qu'ils offrent
de très grandes variétés : mouvements divers des
muscles de la face et clés yeux, grimaces de toutes
sortes ; mouvements alternatifs d'allongement et de
retrait de la langue ; balancement de la tête et du
tronc, rotation de la tête; attitudes diverses du corps
se répétant régulièrement, écholalie, échokinésie ou
répétition d'un mouvement exécuté devant l'enfant,
etc., etc. Mais, nous n'avions jamais observé un tic
analogue il celui de llug... Son tic (p. 135 et 136) se
144 Rougeole : température durant LES prodromes.
manifestait dans le côté non paralysé : le pied en
adduction avec rotation forcée en dedans, frappait
rapidement la partie antérieure de la jambe gauche
ou le genou. En même temps et souvent, la main
gauche était animée de mouvements de va et vient
rhytmiques et isochrones à ceux du pied. Parfois ces
mouvements des membres supérieurs et inférieurs
du côté gauche étaient accompagnés de grands mou-
vements respiratoires durant lesquels l'enfant faisait
un grogncment guttural très désagréable (1).
IV. D'après les parents, l'enfant aurait eu la rou-
geole à onze mois. Est-ce bien exact ? Nous n'oserions
l'affirmer, faute de renseignements précis. Quoiqu'il
en soit, il paraît avoir contracté cette maladie, à
laquelle il a succombé, durant son séjour l'hôpital
des Enfants-Malades. L'habitude que nous avons de pla-
cer en observation, à l'infirmerie, pendant cinq jours,
les enfants qui nous arrivent et de faire prendre leur
température matin et soir, nous a permis d'avoir un
tracé complet de la température de la période pro-
dl'Omique de la rougeole. Les particularités qu'elle
présente sont suffisamment mises en relief par la
figure -3 pour que nous ayons besoin d'y insister.
V. Le crâne offre des caractères très curieux. Il n'y
a pas d'ossification prématurée et par conséquent une
intervention chirurgicale n'aurait pas été justifiée.
La moitié droite est notablement plus développée que
la moitié gauche. Les os correspondants ont une
épaisseur moitié moindre que clu côté gauche; ils
présentent des zones cle transparence plus larges et
plus nombreuses que les os correspondants du côté
gauche. ,
(1) La plupart des tics sont, comme ici, compliqués de bruits offrant une
grande diversité et difficiles il bien décrire.
Sclérose ATROPHIQUE ET 111ÉNINGO-ENCPHALITE. 145
VI. Ces différences entre les deux moitiés du crâne
correspondent à des diff renées très tranchées des
deux hémisphères cérébraux.
A gauche, nous trouvons une sclérose atrophique
intéressant presque tout l'hémisphère, se traduisant
par une diminution de poids de deux cents grammes;
- 2° un arrêt de développement des artères cérébra-
les ; - 3° une atrophie de la bandelette optique, du
tubercule mamillaire et du pédoncule cérébral.
A droite, nous avons découvert une méningo-
encéphalite à peu près généralisée de toute la face
convexe de l'hémisphère, mais aucun foyer de sclérose.
Rien dans les renseignements fournis par la famille ne
permettait de penser à cette lésion et, d'autre part,
l'enfant a fait un trop court séjour dans le service pour
qu'une observation attentive ait pu nous mettre sur
la voie.
Bourneville, Bicêtre, 1892. 10
Fig. 3. - Rougeole. nE, éruption.
H6' Sclérose ATROPHIQUE ET méningo-encéphalite.
La méningo-encéphalite nettement limitée d'un
hémisphère, la sclérose atrophique, non moins nette-
ment circonscrite il l'autre, constituent une véritable
exception. Ajoutons que ces deux lésions clu cerveau,
pas plus que l'état clu crâne, ne pouvaient être sérieu-
sement modifiées par la craniectomie.
XII.
Idiotie congénitale; double crâniectomie ; tuberculose'
pulmonaire; ,, - ,
Par BOURNEVILLE et DAURIAC.
Sommaire. - Père sujet à des céphalalgies fréquentes. Grand--
père paternel, mort probablement d'une affection de l'esto-
mac. -Grawcd'mère a eu trois attaques de congestion cërë-
brale sans paralysie; céphalalgies fréquentes; caractère'
très violent. Grand-oncle paternel, alcoolique. Tante' z
paternelle, morte de la poitrine. Autre tante paternelle, '
morte de méningite et de phtisie. Autre tante paternelle, : v
sujette à des céphalalgies. - Pas de consanguinité. I-négà-
lité d'âge de huit mois. Soeur, morte de convulsions à
4 mois.
Asphyxie complète à la naissance. entérite à 7 mois. Pre-'
mière dent à 3 ans. Dentition complète à 10 ans. - Parole '
nulle. - Début de la marche à Sans. - Accès de cris
datant probablement de la naissance. - Convulsions à' J
huit mois suivies de paralysie incomplète du côté droit.
Antérieurement, demi-contracture des quatre membres ' ·
avec mouvements athétosiques des quatre membres. '
AUTOPSIE. - .État des trois brèches osseuses delà crâniecto- «
mie;lésions de la dure-mère, de lapie-mère et du cerveau;*
- absence de synostose. - Aspect chagriné des ci1'convo-'
luttons. Tuberculose pulmonaire.
Ter... (Emile), né le 17 juillet 1878, est entré à Bicêtre, le.'
29 décembre 1891 (service de M. BOURNEVILLI· ? et y est décédé
le 12 octobre 1892.
L'enfant arrive de l'hôpital Trousseau muni du certificat
suivant, signé du DJalaguier, chirurgien des hôpitaux : «Est
atteint d'idiotie incurable. Il est nécessaire de l'admettre dans
un asile spécial. » On ne note rien de particulier à l'arrivée. '
La température prise sous l'aisselle pendant les 4 premiers;
jours se maintient autour de 36o, 8. -
148 Antécédents héréditaires.
Antécédents. (Renseignements fournis par son père le 10
juin 1892.) - Père, 40 ans, agent-voyer. n'a jamais eu de con-
vulsions. A 17 ans, dyssenterie ; à 18 ans. rhumatisme articu-
laire aigu sans complication apparente. Pas cle lièvre typhoïde
ni de chorée. De temps en temps quelques cauchemars. Pas
de tremblement. Il ne prend depuis un an que du lait à la suite
de palpitations dues à des excès de tabac. 11 en fumait envi-
ron pour 10 centimes par jour. Il nie tout excès alcoolique. Il
aurait eu, à 19 ans, un chancre qu'on étiqueta chancre mou.
Il n'y eut pas de bubon suppure, ni aucune manifestation cuta-
née. Certains accidents se manifestèrent néanmoins clu côté
de la gorge. Le médecin les met sur le compte de l'abus du
tabac. Céphalalgies assez fréquentes donnant la son sa ) lion d'une
sorte de soulèvement de la calotte crânienne; pas de points
névralgiques. Ces douleurs, qui n'ont rien de tixe dans leur
apparition ou leur intensité, ont diminué considérablement
depuis l'adoption du régime lacté et d'un traitement médical
.qui comporte l'emploi fréquent du sulfate de quinine. Carac-
tère violent et emporté. [Père, maître modeleur, grand fu-
meur, sobre, très vif, sans accidents nerveux, mort à G3 ans
après une maladie qui a duré huit mois ; il vomissait continuel-
lement de la bile. Il n'y eut pas de diagnostic posé. - Mère,
GG ans, actuellement bien portante, a eu trois attaques à HO ans
qualifiées de congestion cérébrale. Il y eut chute accompagnée
de congestion de la face, de perte de connaissance, de divaga-
tion et de délire peu violent. Après chacune de ces attaques,
elle est revenue à son état normal, sans avoir de paralysie. Elle
n 'aurait jamais eu de crises de nerfs ou d'affections chroni-
ques. Elle a des céphalalgies hebdomadaires peu violentes,
depuis fort longtemps. Il n'y a, à la suite, ni nausées ni
vomissements. La patiente ne se couche pas. Ce qui domine
ce sont surtout des scotomes accompagnés d'hypercsthésie du
cuir chevelu. Ces douleurs ne dateraient que de l'époque de
la ménopause. Caractère violent.
Aucun renseignement sur les grands-parents tant du côté
paternel que du côté maternel. 11 sait seulement que le grand-
père maternel serait mort jeune, noyé accidentellement dans
la Nièvre. Trois oncles paternels : un mort à ? 0 ans, un autre
à 40 ans, on ne sait de quoi. Le dernier, G8 ans, serait bien
portant mais légèrement bègue. - Deux oncles maternels,
morts on ne sait de quelle maladie; l'un d'eux, marchand de
vins, était fortement alcoolique. - Pas de tantes. Deux
frères et trois soeu<'s ; L'ainé est mort à G semaines ; pas de
renseignements. La 2°, fille, est morte à 21 ans de la poitrine;
Antécédents personnels. 1 149
hémoptysies ; non nerveuse. La 3e, morte à 15 ans d'une ménin-
gite qui aurait duré un mois. Depuis longtemps elle se plai-
gnait de maux de tète. Sa maladie était caractérisée par un
délire continuel avec quelques lueurs d'intelligence de 2 ou 3
minutes. Elle n'aurait pas eu de troubles moteurs ni de pho-
tophobie. Elle chantait constamment. Elle toussait beaucoup
et un médecin aurait dit que ce qui l'emportait était une
phtisie galopante. La 4° soeur a 45 ans, bien portante, sujette
à des céphalalgies comme son frère. Mariée, elle a 2 enfants
intelligents, qui n'ont jamais eu de convulsions. Un frère sobre,
non nerveux, a un garçon sain, très intelligent, sans convul-
sions. - Dans le reste de la famille, il n'y a ni idiots, ni alié-
nés ni épileptiques. ni sourds-muets, ni difformes, ni suicidés
ni criminels ou prostituées].
Mère, 40 ans. ni migraines, ni convulsions, ni dartres, etc. ;
- [Père, sobre, mort d'une affection de l'estomac ( ? ) ; il
fumait beaucoup. .W't'e, décédée à 23 ans du choléra; aucun
renseignement. Grand-mère paternelle, morte à 70 ans.
Grand-père paternel, mort à 87 ans et grand'mère maternelle à
86 ans. l'as d'autre détail. - Point d'oncles paternels. -Deux
taules paternelles se portent bien ainsi que les enfants de l'une
d'elles.- Pas d'oncles ni do tantes du côté maternel. - Ni frè-
res ni soeurs. - Dans le reste de la famille, ni idiots, ni alié-
nés, ni épileptiques, etc. - Pas de consanguinité. - Le mari a
8 mois cle plus que sa femme .
Trois enfants : 10 notre malade; - 2° fille, 13 ans, n'a jamais
eu de convulsions, est fort intelligente ; notons pourtant qu'elle
n'a marché qu'à 15 mois et parlé qu'à 20 mois; -3^ fille, morte
à quatre mois de convulsions qui auraient duré deux
jours.
Notre malade. Rien de particulier à la conceptiott.-Sur
le conseil de voisines, la mère prit tous les deux jours pen-
dant les trois premiers mois de sa grossesse des bains chauds
tempérés afin de rendre l'accouchement plus facile. Elle cessa
sur l'avis d'un médecin. Ni coups, ni envies, ni crises de
nerfs, ni idées noires. Une seule syncope à trois mois et
peu grave, un oedème assez considérable des jambes; on ne
sait s'il y eut de l'albuminurie. - Accouchement à terme,
naturel, sans chloroforme; la tête resta engagé trois heures.
- A la naissance, l'enfant était complètement noir. La sage-
150 Antécédents personnels : Craniectomie.
. femme « laissa saigner le cordon «jusqu'à ce que la respiration
s'établit. Cet état asphyxique dura au moins dix minutes. Les
jours suivants l'enfant n'était plus bleu. était gros, et parais-
sait bien portant. - Allaité au sein par une nourrice déjà âgée
(41 ans). Au bout de quatre mois on dut la changer. La nouvelle
.nourrice quoique jeune ne donna que peu de lait à son nour-
risson. Elle lui faisait manger de la soupe aux haricots. eut
.une entérite à 7 mois, et resta un mois malade. Les parents
.reprirent alors et il fut nourri au lait de vache avec semoule
et tapioca jusqu'à deux ans. - Première dent à 3 ans passés;
dentition complète à 10 ans. - Parole nulle. - Début de la
.marche à 8 ans. Il marchait alors comme un enfant de G mois.
- En nourrice on prétend ne s'être jamais aperçu que l'enfant
ait eu des convulsions. La mère a constaté deux fois seule-
ment des convulsions : « leur durée maximum n'a jamais excédé
deux minutes; il n'y avait ni rigidité, ni secousses du corps.
La face était très pâle, les mâchoires serrées et les yeux
détournés. L'enfant criait constamment. Dès son bas-âge, on
constata que le bras droit fonctionnait très difficilement. On
avait remarqué, après son retour de chez la nourrice, un état
de demi-contracture des bras et des jambes. Les parents
auraient aussi noté dès cette époque des mo¡¡eement" il [/u;/o-
siques des deux mains qui auraient persisté. L'enfant digérait
mal, vomissait, avait des périodes de diarrhée, suivies de pério-
des de constipation. Pas de vers intestinaux. Fort glouton,
Te.. gâtait constamment et cet état persistait à l'entrée à Bicé-
tre. On n'a jamais rien observé du côté de la respiration.- Pas
de rougeole, de variole ou de scarlatine. - Coqueluche à bâtis.
Pas de gourmes, etc. Engelures aux mains tous les ans.
Pas d'étourdissements, de chorée, de vertiges, ou de t.rem-
blements, de traumatismes sérieux. L'enfant reconnaît ses
parents et semble joyeux à la vue de son père. Il s'attache aux
personnes qui le soignent et est très doux. Il ne remue pas
et se tient constamment immobile. Pas de pyromanie, de klep-
tomanie. Il grince parfois des dents en donnant. Il ne déchire
pas ses effets, mais les salit par sa bave et son gâtisme.
A la lecture d'un article de journal sur la craniectomie, le
.père se mit en rapport avec M. le D" Lannelongue et l'enfant
fut opéré le 14 décembre 1890. On fit deux incisions à droite :
une antéro-postéricure et une transversale. Au bout de 20 jours
la plaie était cicatrisée. A la suite de cette opération, pen-
dant un moment, il sembla au père que le regard de son fils
devenait plus fixe et meilleur. A part cela aucun autre résul-
tat.
Description DU malade. 151
Un an après, le 15 décembre 1891, sur les instances du
père et à son corps défendant M. Lannelongue refit une
nouvelle craniectomie. La guérison opératoire était complète
au bout de 20 jours. Aucune amélioration ne fut constatée. Au-
jourd' hui l'enfant est redevenu ce qu'il était auparavant. Alors
son père se décida à l'envoyer à Bicétre (1).
1892. Etat actuel (leur avril) ? État général médiocre; peau
d'un blanc jaunâtre, adipeuse, cheveux châtains clairs, d'une
implantation régulière. Quelques adénites cervicales. Crâne
peu volumineux, aplati latéralement ; bosses peu saillantes ;
symétrie à peu près parfaite. Il présente à droite, dans la
région pariétale, à 4 centimètres 1/2 de la ligne médiane, une
cicatrice cutanée répondant à une dépression linéaire osseuse
de 10 centimètres de long dans le sens antéro postérieur :
c'est la trace de la craniectomie. Une seconde dépression se
détache à droite de la première dans le sens de la ligne bi-au-
riculaire. On ne sent pas la brèche de la crâniectomie faite à
gauche. - Les fontanelles et les sutures ne sont nullement
perceptibles au toucher. Front très étroit et très peu
élevé. - Face saillante. Physionomie hébétée. Arcades sour-
cillières peu marquées garnies de sourcils peu épais de même
couleur que les cheveux; fentes palpébrales peu fendues. Pas
d'exophtalmie, ni de strabisme, ni de nystagmus. Iris bleu,
pupilles égales ayant des réactions normales. - Nez légère-
ment aquilin ; ailes minces ; lobule gros ; narines ouvertes. -
Poommettes non saillantes. - Bouche moyenne, lèvres sail-
lantes. Bave continuelle. - Voûte du palais légèrement ogi-
vale ; voile du palais normal. Pas d'hypertrophie des amyg-
dales. Le goût est assez développé. - Menton large. Oreilles
grandes, bien ourlées.
Cou, 30 centimètres de circonférence, pas de goitre.
Thorax peu développé, peu large à sa base. Pas de lésions
du coeur ni des poumons.
Membres supérieurs longs et grêles, très peu musclés ;
(1) Voici d'ailleurs la note concernant cet enfant que notre ami, M. le pro-
fesseur Lannelongue a bien voulu nous transmettre : « 15 décembre 1890.
Craniectomie double du côté gauche, en avant au niveau du sillon de Rolando,
en arrière parallèlement à la suture occipito-pariétale. 11 est sorti guéri de
l'hôpital Trousseau le 28 décembre. Il est indiqué comme non microcéphale;
il ne parle pas, ne mange et ne marche pas seul; il est gaucher. Le 24 mars 1891,
152 DESCRIPTION DU malade.
peau rude, marbrée de rouge aux extrémités. Les mains froi-
des et cyanosées sont en flexion sur l'avant-bras. La main
gauche semble être plus particulièrement le siège d'une para-
lysie offrant le type de la griffe radiale. A droite, il semble
n'y avoir qu'une parésie des extenseurs.
Membres inférieurs minces et grêles peu musclés. Le mem-
bre inférieur droit est sensiblement plus froid que le gauche
Demi-flexion des cuisses et léger équinage surtout accentué
à droite. Démarche difficile.
Abdomen peu saillant. Rien de particulier; pas d'hypertro-
phie du foie ou de la rate.
Puberté et organes génitaux. -Verge, courte : 3 cen-
timètres environ de longueur et de circonférence. - Gland
découvert. Poils blonds, longs et épais sur le pubis et les bour-
ses.- Testicules égaux, de la grosseur d'un oeuf de merle.-
Pas de poils aux aisselles. Duvet léger à la lèvre supérieure.
La région anale est recouverte de poils assez longs. Elle
n'offre rien de particulier.
Etat intellectuel. L'enfant ne parle pas, ne comprend rien;
tous les mouvements sont instinctifs. Lorsqu'on attire son
attention il prend un air étonné. Il détourne la tête quand on
l'appelle il donne la main quand on lui tend la sienne. Il arrive
v marcher seul et à se tenir debout.
Dentition. Mâchoire supérieure : 10 dents permanentes. Les
canines ne sont pas encore sorties. Leur place existe mais
insuffisante. Les incisives sont assez bien rangées mais un
peu obliques en avant et en éventail.j1Mc/tOt)'e inférieure :
12 dents assez bien rangées, contiguës sans être serrées, sai-
nes. - Articulation normale. Les dents antérieures ne se
rencontrent pas lorsque les mâchoires sont rapprochées. -
Gencives en assez bon état.
ETAT DU MALADE : LÉGÈRE AMÉLIORATION.
153
Mensurations lu Tête.
154 Etat du malade ; légère amélioration.
Réfectoire : A l'exception de son pain, l'enfant ne prend aucun
aliment seul. Il saisit mal les objets qu'on lui présente. Il ne
mastique aucun aliment : il les avale tels qu'on les lui donne.
Cependant il parait bien digérer. Il gâte jour et nuit. Il est
est incapable de se donner aucun soin de propreté. Il parait
satisfait lorsqu'on le nettoie. Il ne s'habille ni ne se désha-
bille seul. Son caractère est doux et affei tueux. Comme tics on
ne peut signaler que de fréquents grincements de dents.
Bave continuelle. l'as d'onanisme. Sommeil bon. L'enfant t
marche seul. On fixe assez facilement son attention. - Trai-
tement : 2 bains salés par semaine ; 2 cuillerées d'huile de
foie de morue; 2 de sirop de fer.
2" Petite Ecole. Depuis quelque temps l'enfant semble mieux
comprendre ce qu'on lui dit. Sous le rapport du gâtisme il y
a amélioration. Dans la journée il va seul au siège. La nuit il
urine quelquefois au lit, mais moins souvent qu'autrefois. On
l'envoie à la petite École une demi-heure l'après-midi tous les
jours. - Douches de 25 secondes; 2 séances de gymnastique;
exercices de la parole.
Mai. L'enfant est exercé à la petite gymnaslique. Il
pleure et a l'air de se demander ce qu'on lui veut. Il saisit
mal les échelons et retire les mains dès qu'on les a mises en
place. En classe, on essaye sans résultat appréciable de lui
apprendre à lacer, à cirer, à boutonner, à placer les cartons
de couleur, les chiffres et les lettres sur les tableaux. Il parait
content lorsqu'on lui cause, mais ne fixe pas longtemps son
attention. Il sourit en voyant autour de lui courir ou chanter
ses camarades.
Au point de vue du gâtisme, il y a grande tendance à l'amé-
lioration. Au pavillon des gâteux, parfois, il va seul aux cabinets.
- Son caractère est toujours doux et affectueux.
6 juin. - La parole est toujours nulle, mais l'enfant semble
mieux comprendre. Debout, il se tient un peu voûté, le bras
droit allongé sur le membre inférieur du même côté ; le gauche
un peu fléchi et la main pendante. Les membres inférieurs sont
assez droits, mais le pied gauche est un peu tourné en dedans.
A table, l'enfant se tient assez bien, mais c'est à peine s'il
sait se servir d'une cuillère. - Il ne mange pas seul. Il ne
mâche pas et bave beaucoup. Il avale difficilement. La diges-
tion est assez facile. Selles rares.
L'enfant reste quinze jours au pavillon des gâteux pour une
grosse ampoule. Le 24 juin, il est renvoyé à la petite école.
Juillet. - Il est gai, devient joueur il commence à dire :
papa, maman, oui, non, méchant, chocolat.
Tuberculose pulmonaire. 155
Il noue. boulonne, lace beaucoup mieux. - A la gymnasti-
que Pichery, il exécute passablement les mouvements d'avant
en arrière, et de flexion sur les jarrets.
Il s'améliore tous les jours au point de vue du gâtisme, et
conduit même aux infirmières les enfants qui ont gâté, leur
montrant qu'ils doivent être changés, Il cherche à se désha-
biller lui-même, sans pouvoir y arriver. Il aime ses petits cama-
rades, refuse les friandises, indiquant que c'est à eux qu'il faut
les donner.
1 ? août. Ter., est conduital'Infirmerie avec de la fièvre.
Il a eu des vomissements pendant la nuit. T. R. 40°, 2. A la
percussion du poumon droit, on trouve, en arrière, un peu de
submatilé. - A l'auscultation, il y a vers la base une zone de
crépitation très circonscrite. - Traitement : oxygène, 30 cen-
tigrammes de sulfate de quinine ; Todd avec 4 grammes d'ex-
trait mou de quinquina. Soir : T. R. 40°.
2 août. - T. 39,, 5. - Soir : 40°, 2.
La respiration est plus difficile. La matité du côté droit, vers
la base, est plus étendue. La zone de crépitation s'est aussi
élargie. Du côté gauche, submatité en arrière et en bas.
Quelques râles fins aux deux temps de la respiration.
Il n'a pas reposé et s'est plaint. Pas de transpiration. Pas
de selles durant la nuit et la journée d'hier. L'enfant ne souf-
fre pas et répond négativement lorqu'on l'interroge sur ce point.
Il n'y a pas trop de torpeur. Le soir, il a eu une petite selle
après le lavement. Même traitement.
3 août. - La nuit du 2 au 3 a été mauvaise : Agitation,
insomnie Ce matin, T. H. 3tl°, 7. Respiration et toux pénible;
dyspnée. Râles humides, fins, dans les deux poumons, surtout
aux bases. Submatilé des deux côtés. Traitement : 50 cen-
tigrammes de quinine ; 3 ballons d'oxygène ; Todd, et extrait de
quinquina. Soir : 40°, 1
4 août. - Nuit très agitée. T. R. 39°, 7. Sommeil calmepen-
dant l'après midi. - Soir : T.R. 40°.
5 août. - Sommeil assez bon. T. R. 39°, 3. - Sonorité pres-
que normale. Un peu de submatité à gauche. Quelques gros
râles muqueux alla base gaucho. A droite, zone de crépitation
dans la fosse sous -épineuse. Souffle intense à la base. Même
traitement. - Soir : T. R. 40°, 2.
6 août. - Nuit un peu agitée. T. R. 38°, 8. Journée calme.
Sot)' : T. R. 39°, 6.
. 7 août. - Nuit mauvaise. - T. R. 39°, 9. Son père est venu
ce malin et, à sa vue, Ter.. a pleuré puis a paru content. -
Soir : 'l'. R. 39°, 4.
15G TUBERCULOSE pulmonaire.
8 août. T. R. 3 ? 5. Soir : T. R. 38°, S.
9 août. Grande amélioration. T. R. 3 îl, 3. Soir : 37^, fi·
- Le mieux se maintient les jours suivants. La température
n'est pas franchement à la normale.
15 août. - La djfervesconco s'est faite lentement : elle
paraissait complète le 10 août, mais le lendemain, la tempé-
rature s'est relevée et chaque soir on note une ascension qui
n'atteint pas cependant 3J°. Peu de signes stéthoscopiques
pour expliquer cet état.
21 août. - T. R. 37°, 1. - Soir : 39°.
22 août. - Un peu d'oppression. Diarrhée jaunâtre.
Lait, oeuf à la coque. Todd. Oxygène.
25 août. - Un peu d'abattement et d'oppression Quelques
crachats après l'absorption du Todd.
30 août. - Nuit très bonne. T.R. 30°, 9. - Soir : 3î,, 6.
1er septembre. Un peu de viande et de vin. Toux inter-
mittente. Sommeil irrégulier.
4 septembre. - On constate de l'amaigrissement. Le
malade a un appétit irrégulier.
5 septembre. - Les oscillations de la température se faisant
toujours sentir, la quinine est reprise. - Sous la clavicule
gauche, la respiration est soufflante. Gros râles disséminés en
arrière des deux côtés.
7 septembre. - Submatité dans la région sous-épineuse à
gauche. Affaiblissement du murmure vésiculaire très notable.
- Vésicatoire sur la région. Pas do sueurs la nuit. Toux.
12 septembre. La sonorité a reparu au niveau de la fosse
sous-épineuse. Murmure vésiculaire normal au même endroit.
La température vespérale dépasse toujours 38". Hier, elle a
atteint 30°,11. - Oxygène, Todd.
Ili septembre. Faiblesse dt plus en plus grande. Amai-
grissement continuel. Respiration embarrassée.
20 septembre. T. H. 38^, 8. - Soir : 3ao. Tel'... parait
accablé, est pâle et amaigri. Respiration difficile. Vers les 8
heures du soir, il a eu hier un accès de suffocation. L'appétit
est toujours fort irrégulier. Craquements humides en avant
sous la clavicule gauche. Râles humides et souille tubaire en
arrière et à droite au niveau de la fosse sous-épineuse.
29 septembre. T.R. 38°. Nouvel accès de suffocation.
Auscultation très difficile.
4 octobre. - Pendant les journées des il 2 et 3, la tempé-
rature s'est maintenue à 37°. Aujourd'hui T.R. 38". Il n'y a ni
sueurs, ni diarrhée. Respiration assez libre. Toujours mêmes
signes sthétoscopiques.
Autopsie : adhérences DE la dure-mère. 157
8 octobre. La tuberculose fait tous les jours des progrès.
La marche est rapide. L'amaigrissement et la faiblesse s'ac-
centuent. T. Il. 3 9,, 8. Soir : 39", 8.
9 octobre. T. R. 37°, 9. - Soir : 39°, 4.
10 octobre. T. R. : 3au, 9. - Soir : ! in,, 1.
11 octobre. - coin : 1'. R. 38°, 9. - L'état de Ter... devient
de plus en plus mauvais. Respiration pénible, torpeur. Les
yeux sont brillants et sans expression. Pas de sueurs, pas de
diarrhée. Toux fréquente ; absence complète de crachats.
12 octobre. L'enfant ne prend que du lait chaud. Vers
deux heures, accès de suffocation qui a duré 15 minutes. Les
inhalations d'oxygène ont paru le soulager. Vers 4 heures, il
a mangé du potage. A 4 heures (/2 suffocation. L'enfant se débat
durant un quart d'heure. Il est mort à 5 heures. T. Il. aussitôt
après la mort : 38°, 7 ; ? d'heure après : T. 12. 38°, 5;-Une
heure après : T. R. 37°; -Deux heures après : 30°.3; Tem-
pérature de la pièce : 12". - Poids après décès : 29 k. 900.
Autopsie faite le 14 octobre 1892, 40 heures après décès.
- Cadane très amaigri. Très légère rigidité du coude et des
doigts à gauche; même chose à droite. Rigidité des hanches,
des genoux et surtout des pieds.
158 ' 1 Crâne; craniectomie.
coupé un peu court. On enlève donc tout l'encéphale en même
temps que la calotte.
La dure-mère est adhérente au niveau dos brèches osseuses
et entre elles, de telle sorte que l'espace quadrilatère compris
entre les deux brèches est adhérent par les quatre bords et
que la partie du crâne qui correspond à ce quadrilatère est
blanchâtre, cxanguc, tranchant ainsi par sa coloration avec
les autres parties du crâne qui avaient une coloration rougea-
tre assez foncée : il y avait anémie de cette partie. Le liquide
céplralo-rachirlien est en petite quantité.
Les ctt·lères de ta base sont symétriques et égales. Il on est
de même des nerfs, des tubercules mamillaires et des pédon-
cules cérébraux. La pie-mère de la base n'est pas vascu-
larisée : iiiais on note une vascularisation très fine sur les
lobes temporaux, pariétaux et occipitaux; la vascularisation
prédomine à droite.
Les différentes fosses de la base du crâne sont normales et
à peu près symétriques, sauf une légère inégalité due a la
plagiocéphalie. - Le trou occipital est normal.
Les os de la calotte crânienne sont assez épais et consistants.
Il n'y a pas de plaques transparentes. En revanche, on exa-
minant successivement la, sagittale, la c01'OIJ.1.le ctla lam ueloide,
aussi bien sur leur face interne que sur leur face externe,
on ne trouve pas traces de synostose. La coronale, assez com-
pliquée au point de vue des dentelures, est libre dans toute
son étendue. Sur les parties latérales de chaque côté, on peut
insinuer un crin de brosse dans les interstices laissés libres
par les arborescences. Pareille chose peut se faire sur pres-
que tout le trajet de la lambdoïde- La sagittale est un peu plus
serrée, mais il n'existe de soudure osseuse en aucun point de
son trajet. - Les trous pariétaux sont très nets des deux côtés.
Du côté droit, le pariétal présente une brèche osseuse longue
de 3 centimètres, large de 2 centimètres 1/ ? . (Fia. 1). Cette hré-
che part de la suture coronale en avant, chemine d'avant en
arrière parallèlement à la suture sagittale et s'arrèle il 3 cen-
timètres de. la lambdoïde, Elle est éloignée de 3 centimètres
du vertex. Les dimensions primitives de cette brèche sont
celles que nous rapportons. Le travail de réparation osseuse
a créé des bords minces, déprimés, festonnés par des arbi- :
rescences qui tendent le le rapprocher et à combler le vide.
Ce vide n'est plus par le fait que de 7 centimètres sur 1 cen-
timètre.
Sur le pariétal gauche existentdeux b-èclies ossettsespai-al-
lèles à la suture coronale, perpendiculaires, par conséquent, >
DESCRIPTION DU crâne. 159
à la sagittale. La plus antérieure, longue de 5 centimètres, est
large de 2 centimètres 1/2. Parallèle à la coronale, elle en est
Fig. 4.
160 Tuberculose pulmonaire.
éloignée d'un centimètre. Son extrémité supérieure aboutit
à 2 centimètres de la sagittale. La brèche postérieure a les
mêmes dimensions que la précédente. Parallèle à la branche
gaucho de la l;tnthcl.rïcle, elle est écartée d'un centimètre. Elle
est distante de 2 centimètres de la sagittale. Cette dernière
brèche est en partie comblée par le travail de réparation
osseuse. La plus antérieure l'e.,t beaucoup moins. (Fig. 4).
Hémisphère cérébral gauche. Il est de consistance ferme, ,
la pie-mère s'enlève très facilement; pas de traces d'adhé-
rences. - Les circonvolutions sont bien dessinées, mais les
scissures sont peu profondes. Sur le lobe pariétal, on peut
noter un aspect chagriné de la pariétale ascendante, du pli
courbe, des plis pariétaux. - Sur le lobe frontal, nous notons
à la partie postérieure des deux circonvolutions frontales une
série de petits plis de passage, distants de 3 à 4 millimètres.
La partie tout-il-fait postérieure de la première temporale est
chagrinée et grêle. Les circonvolutions occipitales n'offrent
rien de particulier. La scissure perpendiculaire externe
est très nettement dessinée. La scissure de Sylvius est très
large; les bords sont écartés. - Le lobule de l'insula est très
volumineux.
Rien de particulier dans le ventricule latéral, la corne
d'Ammon, la couche optique, le corps strié. ' *
Hémisphère cérébral droit. - La pie-mère s'enlève très
facilement. Les circonvolutions du lobe frontal ont un aspect
chagriné. Elles affectent une disposition normale. Les frontale
et pariétale ascendantes n'offrent rien de spécial. - La scis-
sure perpendiculaire externe est très accentuée. Les cir-
convolutions occipitales ont un aspect normal. - Le lobe
temporo-sphènoïdal a un aspect chagriné. La scissure de
Sylviu., est moins béante qu'à gauche.
Cou. - Corps thyroïde, '5 gr. - Pas de thymus. -
Larynx sain.
TI,01'ax. - Poumon droit (540 gr.). On trouve au sommet
de nombreux nodules tuberculeux dont le centre est ramolli
et la périphérie caséeuse. Une zone résistante et blanche
sépare ce magma caséeux d'une zone périphérique d'hepati-
sation rouge. Ces ilôts tuberculeux sont surtout nombreux
au sommet et à la partie postérieure du lobe moyen. Pou-
mon gauche (530 gr.). Lésions analogues; toutefois le lobe
Réflexions. 181
supérieur est atteint d'un degré plus considérable - : une
caverne de la grosseur d'une noix occupe sa partie supérieure.
Dans le lobe inférieur, les lésions sont les mêmes qu'à droite
et semblent moins avancées. - Coeur (130 gr., vide); rempli
de caillots, il pesait 160 grammes. Pas de persistance du trou
de Botal.
Abdomen. - Estomac très dilaté, descendant jusqu'au
niveau de l'épine iliaque, ne présentant aucune lésion macros-
copique. - Foie (960 gr.), un peu dur, blanc jaunâtre. Pas de
calculs de la vésicule - Rein droit (100 gr.); Reingauche
(90 gr.). Tous deux sont légèrement congestionnés et offrent des
traces de lobulation. - Pancréas (65 gr.), dur et volumineux.
- Testicules dans les bourses.
Réflexions. I. L'hérédité n'a exercé qu'une
influence relative chez le malade de l'observation qu'on
vient de lire. Elle se trouve seulement d'ailleurs du
côté paternel. La grand'mère paternelle a présenté
trois attaques sans paralysie, étiquetées attaques de
congestion cérébrale. Quelques céphalalgies chez le
père, chez cette même grand'mère et chez une tante,
et c'est tout. Pourtant, il ne faut point passer sous
silence l'atcooitsme et la tuberculose que nous avons
notés dans la famille paternelle de Ter.. L'affection de
l'estomac à laquelle a succombé le grand-père est mal
définie. Peut-être faudrait-il la mettre sur le compte
des habitudes alcooliques. Un grand-oncle paternel
était en tout temps un alcoolique avéré. Une tante
paternelle est morte de tuberculose des poumons et
des méninges. Ces tares ancestrales nous paraissent
avoir joué un rôle prépondérant dans la préparation
du terrain dont a hérité Ter.. Il a succombé lui-même
à la tuberculose.
II. La conception et la grossesse n'ont rien présenté
de particulier. Il n'en est pas de même de l'accouche-
ment : la tête est restée trois heures au passage et
l'enfant, à la naissance, était complètement noir. C'est
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892. 11
162 Réflexions.
là, sans doute le point de départ des lésions cérébra-
les qui ont eu pour conséquence l'idiotie. On doit, tou-
tefois, se tenir sur la réserve au sujet de l'existence ou
non de convulsions pendant que l'enfant était en nour-
rice, car à son retour chez ses parents, on a constaté
une paralysie incomplète clu bras droit, des mouve-
ments choréiformes des mains et un état de demi-con-
tracture des quatre membres. Vers le huitième ou le
neuvième mois, il a eu deux petites crises convulsives
très courtes. En faveur de l'origine que nous avons attri-
buée à l'idiotie, on peut invoquer ce fait que, (lèses pre-
miers temps de la vie, l'enfant criait constamment et
que son bras droit fonctionnait très difficilement.
III. L'idiotie était complète : accès de cris dès les
premiers jours de la naissance, début tardif (3 ans) et
extrême lenteur de la dentition qui ne fut achevée
qu'à 10 ans ; marche à un âge avancé (8 ans) ; parole
limitée à quelques mots ; gâtisme persistant, etc.
L'autopsie a confirmé le diagnostic d'atrophie céré-
brale ou mieux d'arrêt de développement du cerveau,
posé du vivant de Ter... après connaissance de ses
antécédents : le poids de l'encéphale, 855 grammes, à
l'âge de 14 ans et demi, ne laisse aucun doute à cet
égard. L'absence de foyers de sclérose avec induration
corroborait les dires de la nourrice sur l'absence de
convulsions graves. Signalons enfin l'aspect chagriné
de quelques circonvolutions.
IV. Si les os du crâne étaient assez épais, sans pla-
ques transparentes, les sutures ne laissaient aperce-
cevoir aucune trace de synostose. La première inter-
vention chirurgicale a eu lieu quand Ter... avait 12
ans et demi. Elle a consisté en deux brèches trans-
versales pratiquées sur la moitié gauche clu crâne. La
seconde opération, faite un an après la première, éga-
Réflexions; CRAVIECTOMIE. 163
lement par M. Lannelongue et à son corps défendant,
a consisté en une brèche longitudinale ouverte sur la
moitié droite du crâne. La fig. 4 donne une idée nette
de la manière dont s'effectue la réparation des brè-
ches osseuses, cette réparation est rapide et, en suppo-
sant qu'elle ait été réelle même un instant, la préten-
due liberté donnée au cerveau pour s'épandre à son
aise, n'a eu qu'une durée éphémère puisqu'au bout.de
deux ans nous trouvons les brèches de la première
opération à peu près tout à fait fermées.
D'ailleurs, à cause de l'âge de Ter..., les chances
d'une amélioration sérieuse étaient très restreintes.
Ainsi que nous ne cessons de le répéter, c'est le plus
tôt possible, dès qu'on s'aperçoit de l'état anormal de
l'enfant, dès les premiers signes de l'idiotie qu'il. faut
instituer le traitement médical et pédagogique. C'est
pour cette raison que, dans le cas de Ter ? bien que
nous ayons obtenu plus que le traitement chirurgical
(voir p. 154 et 155), nous ne pouvions pas, en cas de
survie, espérer arriver à des résultats considérables.
Nous serions très probablement parvenus à le rendre
propre, à lui apprendre à s'habiller et à se laver, à déve-
lopper dans une petite mesure la parole mais nous
n'aurions pas conquis davantage. . ' ' ,
XIII.
Idiotie méningitique ; rachitisme ; fièvre typhoïde ;
méningite ;
Pau BOURNEVILLE et N011t.
SOMMAtnE. Absence complète d'antécédents héréditaires
personnels. - Idiotie complète. Amélioration. - Fièvre
typhoïde anormale. Mèningite. - Mort.
Autopsie. - Distension des sutures; - lésions méningiti-
ques anciennes et récentes; - lésions des plaques de
Peyer.
Dufoul... (Auguste-Ernest), né à le
21 avril 1889, est entré le 24 mars 18 ! j, à Bicêtre (service de
M . BOURNEVILLE ).
Antécédents. - Cet enfant venant de l'hospice des Enfants-
Assistés, nous n'avons pu obtenir aucun renseignement sur
ses antécédents héréditaires et personnels. Le certificat de M.
le Dr Hutinel porte « qu'il présente sur les membres, le thorax
« et le crâne, les traces d'un rachitisme très prononcé, qu'il
« ne parle point, qu'il se tient à peine debout, qu'il est ma-
a nifestement arriéré (strabisme, hébétude) et que sa vraie
« place serait à Bicêtre (service des idiots) ».
État actuel (mars). - Brun de peau, un peu émacié, l'enfant
parait de complexion délicate. Le facies exprime l'hébétude.
Les cheveux bruns, régulièrement implantés, empiètent laté-
ralement sur le front. Pas d'engorgement ganglionnaire.
Tête volumineuse proportionnellement au corps, et asy-
métrique. Les bosses frontales et pariétales sont assez sail-
lantes. La protubérance occipitale externe est accentuée.
Pas de traces de sutures, ni de fontanelles. - Front assez
Description DU malade. 165
élevé ; arcades sourcilières assez nettement accusées. Visage
rond, joues pleines, face symétrique. Paupières fines et bleuâ-
tres, recouvrant complètement, en se fermant, les globes
oculaires. Fentes palpébrales horizontales et égales. Sourcils
noirs, abondants et longs. Cils longs et bien implantés. Yeux
mobiles, sans exophthalmie, ni paralysie, ni nystagmus. Léger
strabisme convergent de l'ccil gauche. Iris jaune foncé.
Pupilles égales il réaction normale. Examen fonctionnel de
l'cril impossible. - Nez petit et droit. L'odorat paraît normal.
- Pommettes peu saillantes, symétriques. - Bouche un peu
grande. La lèvre supérieure fait saillie surtout à sa partie
médiane. Voûte palatine légèrement ogivale; voile du palais,
luette, amygdales, pharynx, rien de particulier. Goût normal.
- Menton petit et rond, bien conformé. - Oreilles bien
implantées et bien ourlées, fines, presque complètement
transparentes, sillonnées de veinosités bleuâtres. Ouïe bien
développée.
Le cou est grêle. Le corps thyroïde n'est pas volumineux.
Le thorax est globuleux; léger chapelet rachitique au niveau
des articulations chonclrocostales. Aucune anomalie révélée
par la percussion, ni par l'auscultation. - L'abdomen est
gros, un peu proéminent. Le foie déborde légèrement les
fausses cotes.
Les membres supérieurs minces et peu musclés, sontnéan-
moins normalement constitués. Les mains sont bien faites et
les ongles régulièrement implantés. - Les rnembres infé-
rieurs sont proportionnellement plus développés que les su-
périeurs. Les pieds sont suffisamment cambrés.
Organes génitaux. Verge : longueur : 2 centimètres 5 ;
circonférence : 2 centimètres ; phimosis difficilement réducti-
ble. Testicules dans les bourses, du volume d'un petit haricot.
Région anale saine. Le corps de l'enfant est complètement
glabre.
La sensibilité au tact, à la piqûre, à la chaleur parait nor-
male sur toutes les parties du corps. - Les réflexes patellai-
res existent et ne sont pas exagérés.
L'enfant ne parle pas, gâte constamment, ne donne lieu à
aucune manifestation intelligente. Il est mis dans le service
des gâteux et soumis au traitement suivant : 3 bains salés
par semaine; I cuillerée par jour de sirop d'iodure de fer ;
exercices de marche quotidiens.
18 avril. - L'enfant entre à l'infirmerie prétentant une
166 MÉNINGITE.
toux humide et quinteuse. A l'auscultation, on constate des
râles sonores et sous-crépitants dans toute l'étendue des deux
poumons, mais surtout en arrière et à gauche. Badigeonnages
de teinture d'iode; potion calmante.
19 avril. - T. R. Matin : 39°. - Soir : 40°.
20 avril. T. Il. Matin; 39°. Soir : 40, 2.
21 avril. - T. R. Matin : 38", 9. - Soir : 39, 8.
22 ao-iL - T. R. Jlatin : 39,. Soir : 40°. 4.
23 avril. - L'enfant est notablement mieux. La température
vespérale est élevée néammoins. Les signes stéthoscopiques
n'expliquent pas les oscillations de 2° de la température de
l'enfant. T. R. Matin : 31, 4. - Soir : 37°, 6.
24 arril. - T. R. Matin : 37°, 2. - Soir : z, 3.
' là avril. - La défervescence s'est accomplie brusquement.
Le tracé thermique offre l'aspect de celui de certaines fièvres
'typhoïdes : on y constate une période d'oscillations station-
naires. Les signes physiques ont disparu.
31 mat. - L'enfant a fait des progrès; il marche seul, pro-
nonce quelques mots : « maman, papa. à boire, caca. » 11 est
devenu propre et commence à se déshabiller seul.
4 juillet. - La vaccination pratiquée, il y a huit jours, n'a
pas donné de résultat, bien que l'enfant ne porte aucune
cicatrice de vaccin.
14 juillet. - L'enfant est conduit du service des gâteux à
l'infirmerie, il a vomi dans la nuit et s'est plaint sans discon-
tinuer. A son entrée à l'infirmerie, sa température atteint
39°, 6. Vers 9 h. t du matin, il est pris d'un accès épilepti-
forme : les yeux roulent convulsivement dans leurs orbites,
la face est congestionnée, une écume sanguinolente s'échappe
de la bouche. Les membres sont raidis à droite, tandis qu'à
gauche, ils s'agitent violemment. Au bout de deux minutes
l'accès s'est terminé par une émission d'urine et l'enfant est
tombé dans un état comateux dont le ronflement était par
intervalle interrompu par de forts grincements de dents.
Bien qu'il ait les paupières closes, il ne parait pas dormir.
T- R. 38, 5.
A 10 heures : second accès identique au précédent. Plaintes
'et gémissements contiuuels. Il repousse et attire alternative-
ment ses couvertures vers lui. Sa physionomie exprime la ter-
reur, son front est plissé de rides transversales. Daus lajournée,
il vomit le lait qu'on lui donne à boire, grince fréquemment des
dents, reste sans connaissance et murmure par moments :
« Maman ». Trois selles consistantes dans la journée. - Soir :
T.R. 38°. '
Distension DES SUTURES. 167
Il juillet. T. R. 3 i°, 5. Irrégularité du pouls. Hyperesthésie
cutanée. L'enfant parait souffrir de la tête, grince des dents,
poursuit avec les mains des objets imaginaires. Veux ternes et
demi-clos; photophobie, constipation. Diagnostic : Méningite.
Traitement : frictions mercurielles sur la tète, lavements;
applications glacées sur la tête. - Son' ; 3S°.
10 juillet. - Gémissements plaintifs, agitation, grincements
de dents. Ni paralysie, ni contracture. Irrégularité du pouls,
hyperesthésie cutanée. Duf... n'a plus eu d'attaques convul-
sives. T.R. 3 ? 7. -Soir : 39°, 8.
17 juillet. Raideur de la nuque, du bras droit, et de la
jambe droite. L'enfant est constipé; il n'a de selle qu'après
les lavements. T. R. 3S°, S. - Soir : 40°, 5. Traitement : Calo-
mel : 0 gr.25 en 5 prises, frictions mercurielles et glace sur
la tête.
18 juillet. - L'enfant est décédé à une heure du matin. T.
Il. après le décès : 41°. 9; un quart d'heure après, 40°; -
une heure après, 38°, 4 ; 2 heures après, 36°, 2 ; - 5 heures
après, 32°, 8. La température de la salle a oscillé entre 19° et
18°, 5.
168 Etat DU crâne ; méningite.
térieur sous la forme de cordons rouges, saillants, sinueux
ayant environ 3 à 4 millimètres cle largeur ; ils sont plus
marqués au. niveau des sutures coronale et sagittale qu'au
niveau des sutures occipito-pariétales. A la face interne, les
sutures apparaissent comme une ligne rouge, finement dente-
lée mais ne formant pas de saillie comme sur la face externe.
Pas trace de synostose. - A l'état sec, on constate que les
sutures sont comme distendues et séparées par une substance
qui s'est rétractée légèrement en se desséchant. La suture
coronale offre des dentelures très fines et devient presque
rectiligne au niveau de la ligne médiane. La suture sagittale
présente aussi des dentelures très fines qui, à partir du sinci-
put, deviennent plus considérables jusqu'au lambda. La
suture lambdoîde offre à gauche quatre os wormiens, un
central offrant environ la surface d'une pièce de 0 fr. 50 ; les
deux autres sont plus petits, allongés, à grand axe perpen-
diculaire à la suture. A la partie externe de la suture, toujours
du même côté, il y a. trois autres petits os wormiens de la
dimension d'une lentille et paraissant de simples dentelures
détachées. A droite, la suture lambdoïde offre deux petits os
wormiens lenticulaires et un troisième plus volumineux
(comme une pièce de 0 fr. 20). Sur le trajet de cette partie de
la suture lambdoïde, on observe de petites fissures de la table
externe des os, perpendiculaires à la suture elle-même. Les
sutures à la face interne du crâne se montrent sous la forme
d'une simple ligne sinueuse. De nombreux pertuis vasculai-
res perforent la table interne des os sur les bords de ces sutu-
res et au point où siège la suture métopique qui n'a laissé
aucune trace. Les sillons des vaisseaux méningés moyens
sont distinctement marqués sur les pariétaux.
La calotte présente des plaques transparentes sur les parié-
taux en arrière de la suture coronale près de la ligne médiane.
Ces plaques sont au nombre de deux à l'angle fronto-sagittal
droit, tandis qu'on n'en observe qu'une dans la région symé-
trique à gauche. Elles ont environ 2 centimètres de diamètre.
On constate aussi des zones transparentes mais diffuses à la
région postérieure des pariétaux surtout au niveau du lambda.
La base du crâne est symétrique ; elle offre comme particu-
larité, la séparation de l'apophyse basilaire du reste de l'oc-
cipital par deux sutures aboutissant au trou occipital et pas-
sant en avant du trou condylien antérieur.
Les sinus de la dure-mère sont gorgés de sang noir. Le
sinus longitudinal supérieur est rempli de caillots fibrineux
blancs. - La dure-mère est un peu violacée. - Le liquide
État DU crâne ; méningite. 169
cépha.lo-1'achidien ne paraît pas sensiblement augmenté.
La pie-mère est partout congestionnée et présente des infil-
trations purulentes jaunâtres le long des vaisseaux etprinci-
palement sur les 2/3 antérieurs des hémisphères et à la partie
antérieure des lobes temporaux. Ces infiltrations paraissent
un peu plus prononcées sur la face convexe gauche que sur
la droite. Il existe encore des plaques ecchymotiques sur
toute l'étendue des lobes frontaux et sur les lobes pariétaux,
principalement à droite, ainsi qu'à la partie moyenne du lobe
temporal droit. Des amas purulents existent au niveau de la
base des scissures de Sylvius et au niveau des pédoncules en
arrière du chiasma. Les artères de la base n'offrent aucune
anomalie apparente.
170 RÉFLEXIONS.
traînées purulentes existent aussi le long des vaisseaux, mais
sont moins importantes que sur l'hémisphère opposé.
Face interne : Elle est à peu près complètement indemne,
sauf au niveau de l'origine du 1 Les quelques adhérences
qu'on observe sur cette face sont beaucoup moins résistantes
que sur la face externe.
Des deux côtés, les ventricules, les corps striés, les cou-
ches optiques n'offrent aucune lésion.
Cervelet (130 gr.) Bulbe et protubérance (15 gr.). Moelle (22
gr.) rien de particulier.
Thorax. - Poumon droit (175 gr.), gauche (120 gr.). Adhé-
rences pleurales nombreuses des deux côtés. Induration de
la base du lobe supérieur gauche, tiont les bronches laissent
sourdre à la coupe un pus verdâtre et bien lié. Congestion
assez intense du bord postérieur du poumon droit ; filaments
fibrineux en train de se liquéfier dans les bronches de ce
poumon.
Abdomen. - Foie (535 gr.) ; pas de calculs dans la vésicule
biliaire.- Coew' (75gr.).-lleitl.c : droit (55 gr.), gauche (57 gr.),
sains. - Raie (45 gr.) en putréfaction. - Pancréas (14 gr.). Le
mésentère contient des ganglions volumineux, nombreux,
rosés, sans induration. Vascularisation anormale de l'in-
testin grêle sur le dernier mètre de son étendue. Les plaques
de Peyer sont tuméfiées et vascularisées. L'une d'elles a envi-
ron trois centimètres de longueur. Quatre de ces plaques sont
nettement altérées, une d'entre elles a été ulcérée à sa partie
centrale qui est comblée par un tissu transparent, limité à la
périphérie par un bord opaque fort net.
Réflexions. - I. Malgré le court séjour que Dufou..
a fait dans le service et l'absence absolue d'antécé-
dents, nous avons pu noter dans son état de sérieuses
modifications produites par l'éducation et les soins
assidus qui lui ont été donnés (p. 166).
II. Ses maladies intercurrentes fournissent, l'occa-
sion de faire d'intéressantes remarques. Dufoul...
fut atteint au mois d'avril d'une bronchite avec
RÉFLEXIONS. 171 i
toux quinteuse accompagnée d'élévation de tempé-
rature. Le tracé thermique offrit une période d'oscil-
lations stationnaires comme dans la fièvre typhoïde.
La défervescence brusque, bien que n'étant pas la
règle, s'observe parfois dans la fièvre typhoïde. (Voir
un tracé analogue dans : Bourneville, Notes et obser-
vations sur la fièvre typhoïde, fig. 10.) Aucun autre
trouble typhiquc n'avait été noté. Les enfants idiots
et gâteux et surtout ceux de cet âge ne réagissent
guère sous l'influence de lésions même très graves;
on ne s'aperçoit parfois qu'ils sont souffrants qu'alors
que la maladie est à son summum et eux-mêmes
sont souvent incapables ou ne sentent pas le besoin
de se plaindre. Nous nous sommes, en effet, trouvés en
présence d'une forme anormale, pulmonaire, de la
dothié ? ienté·ie. Ce diagnostic a été confirmé par
l'autopsie, qui nous a fait découvrir des lésions des
plaques de Peyer en voie de réparation.
C'est probablement à cette infection par le bacille
typhique qu'est due la méningite suppurée, maladie
ultime dcDutbul.. Il est regrettable que l'analyse bac-
tériologique n'ait pu être faite, car l'enfant n'avait ni
otite, ni autre infection capable d'expliquer la ménin-
gite suppurée. Il est juste de dire toutefois que la pie-
mère, qui était déjà le siège d'une méningite ancienne,
comme l'ont démontré les adhérences de cette mem-
brane au cerveau, était un locHs minol'is 1'esistantiæ
prêt à subir les atteintes de l'infection typhiquc. Cette
méningite suppurée a évolué rapidement et présenté
les symptômes classiques. (Accès épileptiformes, ¡
photophobie, hyperesthésie, troubles voso-moteurs,
céphalalgies, constipation, etc.)
III. L'autopsie offre un intérêt tout particulier, non
seulement par l'explication qu'elle donne des faits
cliniques prcédemment observés, mais encore par
172 RÉFLEXIONS.
l'examen du crâne de l'enfant. Nous trouvons sur ce
crâne les modifications caractéristiques que subissent
les os dans le rachitisme. Les os du crâne ont en
effet l'aspect spongoïdc et les lames du tissu compacte
n'existent pour ainsi dire pas. Est-ce encore au rachi-
tisme que nous devons attribuer la congestion toute
particulière notée au niveau des sutures ? Cela est
possible. Le nombre des orifices vasculaires persistant
sur leur trajet nous permet d'affirmer que le tissu
osseux était là le siège d'une prolifération active. Du
reste, le dessèchement a amené la rétraction de ce
tissu de nouvelle formation. Les nombreux os veor-
miens, sur le trajet de la suture lambdoïde, la sépa-
ration de l'apophyse basilaire du reste de l'occipital,
joints à cet état particulier des sutures et aux plaques
transparentes que présente la calotte crânienne nous
permettent de trouver dans l'observation de Dufou...
un nouveau cas où la craniectomie devait être contre-
indiquée de la façon la plus absolue. Rien dans l'exa-
men clinique du crâne n'autorisait cependant à pré-
juger do son état.
IV. Nous devons une mention spéciale à une
lésion curieuse des sutures qui se présentaient
sous la forme de cordons rouges, saillants, sinueux,
ayant environ 3 ou .'1 millimètres de largeur..
Le périoste interposé entre les dentelures des
sutures s'est donc considérablement congestionné,
écartant ainsi les dentelures des sutures. Ce fait, qui
correspond aussi à une congestion intense du tissu
spongieux des os du crâne, montre qu'il n'y a pas
trace cle synostose et encore que rien ne s'opposait à
l'extensibilité des os clu crâne sous l'influence du
développement du cerveau. Nous reviendrons sur cetto
intéressante lésion à propos de l'observation de Marie
Ba....
XIV.
Idiotie méningitique;
Par BOURNEVILLE et FERRIE II.
SOMMAIRE. - Père, quelques excès de boisson, caractère
empatté. - Grand-père paternel, caractère emporté, mort
de la rupture d'un allèUt'L5771e de l'aorte. Grand'mère
paternelle, cataracte double, excès de boisson ( ? ). Arrière-
grand-père paternel, mort de lapierre. Arrière-grand'mère
paternelle, morte de la rupture d'un anévrisme aortique.
Grand-oncle paternel, convulsions dans l'enfance avec
déformation des pieds, taille exiguë. Deux grand'tantes
paternelles, mortes de convulsions. Oncle paternel, mort de
méningite. Autre oncle paternel, suicidé. Tante paternelle,
morte d'attaques d'éclampsie. Mère, soignée comme hysté-
rique à la Salpêtrière, poétesse. Grand-père maternel, mort
phthisique. Grand'mère maternelle, très-colère. A eu des
attaques de nerfs. Pas de consanguinité. - Inégalité
d'âge de 6 ans.
Syncopes et attitudes particulières de la mère pendant la
grossesse. Accouchement à 7 mois. - Enfant très-petite
à ta naissance ; convulsions probables à 3 jours, se répétant
cinq ou six fois dans le premier mois. Première dent à
2 ans. Parole limitée il quelques mots. Marche nulle. Ona-
nisme, gâtisme. Pneumonie et pleurésie (1) il unan. Coque-
luche à 2 ans. Connaissance presque nulle.
1892. Entérite, ictère, syncopes.
AUTOPSIE. - Sutures gorgées de sang, distendues. Crâne
asymétrique (Plagiocéphalie) ; absence de synostose;
persistance de la fontanelle antérieure. Adhérence
de la dure-mère au crâne. Méningo-encéphalite disse-
174 Antécédents HÉRÉDITAIRES..
minée sur les deux hémisphères du cerveau. Tubercule
du poumon gauche. -
Gauch ? (Adrienne), âgée de 3 ans, née à Paris, le 12 mars
1889, est entrée le 18 mai 1892 à la Fondation Vallée (service
de M. BOUBNEVlLLE)'. "
Antécédents. (Renseignements fournis par ta grand'mère
paternelle de l'enfant le 28 mai.) - Père, 32 ar.s, imprimeur
en taille douce. Pas de convulsions, pas de fièvre typhoïde, de
rhumatisme, de chorée, ni de traces de syphilis. Sobre ourdi-
nairement, sauf quelquefois les jours de paie. (D'après sa
femme, il faisait de nombreux excès de boisson. D'après sa
mère, il ne s'enivrait jamais.) Pas de migraines. Caractère
emporté. - [Père, ébéniste, sobre, mais violent, mort à 65
ans, de la rupture d'un anévrisme de l'aorte. Mère, 72 ans,
couturière. Cataracte double; pas d'alcoolisme. (D'après sa
bru, elle commettrait aussi de nombreux excès de boissson;
mais cette femme venait très régulièrement voir sa petite-fille,
tandis que sa bru n'y est venue qu'une fois en 6 mois; de plus,
elle n'a jamais paru ivre ou déraisonnable pendant ces visites,
qu'elle faisait malgré toutes les intempéries.) - Grand-père
paternel, mort à l'Hôtel-Dicu, après l'opération de la pierre.
Gmml'mi : e paternelle, morte à 60 ans, de la rupture d'un
anévrisme aortique. - Il n'y a ni onctes ni tantes paternels.
- Sur les dix oncles ou tantes maternels, un seul est vivant;
il a eu des convulsions à 6 mois, et a porté « des mécaniques
aux jambes » jusqu'à 118 -ans. Sa taille n'atteint que 1 mètre
20 de hauteur. Il n'a. marché qu'à 5 ans. Ses jambes sont éga-
les. -- Deux tantes maternelles sont mortes toutes jeunes, de
convulsions. - De quatre frères, aucun n'est vivant : un d'eux
est mort à 16 mois de méningite, un autre, garçon « très
instruit, » s'est noyé volontairement à 19 ans, on ne sait pour-
quoi. - Sur quatre soeurs, aucune n'est vivante. L'une d'elles
est morte à 18 ans d'attaques d'éclampsie. - Dans le reste
de la famille, pas d'aliénés, pas de bègues, de sourds-muets,
de difformes autres que celui qui est mentionné ci-dessus,
pas d'autres suicidés, pas de débauchées.]
Mère, 26 ans, brodeuse. On ignore si elle a eu des convul-
sions. Fièvre typhoïde vers l'âge de 10 ans. Elle n'a eu ni cho-
rée, ni rhumatisme, ni dartres. Pas de traces de syphilis. Elle
est sobre, pas emportée, n'a pas de migraines. Elle a été soi-
gnée, avant son mariage, à la Salpêtrière, comme hystérique,
A\TÉCDENTS héréditaires. 175
par M. Charcot. Elle a eu quelquefois des attaques de nerfs.
Elle est très faible et anémique. Elle prétend actuellement
avoir une maladie de vessie. Elle lit beaucoup de romans et
fait des vers. - [ [ Père, mort phthisique ; caractère doux.
Mère, 55 ans, ne peut plus exercer son métier de blan-
chisseuse parce qu'elle a une « maladie du ventre ». Elle
a eu des attaques de nerfs. On ne sait si elle fait des excès
de boisson. Très colère et alors « on dirait une folle ;
elle tremble; ses membres se retournent ». - Les grands-
parents paternels et maternels sont totalement incon-
nus. - Ni frères ni soeurs. Pas d'aliénés, d'épileptiques,
d'idiots, bègues, sourds-muets, etc.]. Pas de consangui-
nité. Inégalité d'âge de 6 ans. Après son mariage, endoc-
trinée par une de ses tantes, la more de G... refusa à
son mari pendant 15 jours, tout rapprochement sexuel. Le
mari perdit patience et s'informa auprès de sa mère. Sur
l'avis de celle-ci, il insista et obtint un rapprochement, après
lequel il n'essuya plus de refus. Les tantes de la jeune femme
lui avaient dit qu'il ne fallait pas qu'elle eut des enfants. Elle
en a eu deux, et est encore enceinte, presque à terme. (Depuis,
l'accouchement a eu lieu, et l'enfant est mort au bout de 3
semaines). Des deux enfants vivants, deux filles, l'une a 2
ans, et ne parle qu'a peine, mais elle comprend; elle est très
petite (1). L'autre, l'ainée, est :
\
A'otre malade. - On ne sait rien au sujet de la concep-
tion. Au début de la grossesse, il y eut quelques troubles
digestifs. Pas de coups, chiites ou peurs. Envies fréquentes,
souvent non satisfaites. Deux syncopes de courte durée, au
début de la grossesse. Pas d'albuminurie, pas d'accidents
. nerveux. Pas de tentative ouverte d'avortement, mais pen-
dant toute cette grossesse, la mère affecta une position
bizarre, les membres inférieurs plies dans tous leurs seg-
ments ; les pieds sur les barreaux d'une chaise. La belle-mère
pense que sa bru avait l'intention d'entraver sa grossesse et
lui disait que « c'était elle qui en souffrirait, et que l'enfant
viendrait tout de même. » Au contraire, la mère et une tante
de la jeune femme lui répétaient qu'elle n'aurait pas dû avoir
d'enfants. - Accouchement à 7 mois, sans grandes douleurs,
La mère se préoccupait à peine de son état. Enfant toute
(1) Elle a été admise il la Fondation Vallée le 31 décembre 1892 : elle parait
simplement arriérée.
176 Antécédents personnels.
petite » grassouillette » du poids d'un kilogr.-A la naissance,
pas d'asphyxie. On a attendu l'arrivée de la sage femme, qui a
lié le cordon. - L'enfant n'avait pas d'ongles. - Elevée d'a-
bord au chalumeau avec le lait de la mère, elle fut nourrie
ensuite au biberon avec du lait de vache. A deux ans seule-
ment elle a commencé à manger. - Trois jours après sa
naissance, l'enfant eut de petites contorsions que la mère prit
pour du rire, et que la grand'mère croit être des convulsions.
L'enfant avait les yeux convulsés en haut, les membres
supérieurs étaient agités de quelques mouvements, durant
trois ou quatre secondes. Il ne paraissait pas y avoir syncope.
Ces crises se sont renouvelées cinq ou six fois en un mois ou
six semaines puis ont cessé complètement.
Première dent à 2 ans. La dentition a été complète on ne
sait à quel moment. L'enfant, à 2 ans, a commencé aussi à
dire : papa, maman; elle jamais rien dit de plus. Elle n'a
jamais marché. Les tentatives d'onanisme ont été réprimées
par les parents.
L'enfant i.'était ni agitée, ni bruyante. Elle avait peu
d'appétit et mâchait difficilement. Elle rejetait, dans les
panades, les morceaux de pain cuits insuffisamment. l'as de
vomissements, mais diarrhée quelquefois, durant peu de
temps. L'enfant, habituellement constipée jusqu'à l'âge de 2
ans, l'est moins maintenant. Elle gâte continuellement; en
dernier lieu, cependant, elle se reculait jusqu'au bord du lit,
« comme les petits serins. » Elle urine rarement sur les per-
sonnes qui la tiennent, mais par terre, lorsqu'on l'y pose.
Elle aurait eu. à l'âge d'un an, une fluxion de poitrine et
une pleurésie ( ? ). Elle n'a eu ni bronchite, ni hémoptysie, ni
variole, ni rougeole, ni scarlatine, ni chorée, ni fièvre typhoïde,
ni diphtérie. Vaccinée à 3 mois. Coqueluche à 2 ans, d'une
durée de 6 mois accompagnée d'un grand affaiblissement.
Jusqu'à 2 ans, cette enfant était « une petite marmotte. »
Elle ne tenait pas les ob ets qu'on lui mettait aux mains.
Depuis ce moment, elle prend les objets avec ses mains, se
sert de ses jouets, déchire des feuilles de papier. Elle ne cher-
che pas à jeter par terre les objets qui sont sur un meuble.
Elle reconnaît et aime bien sa grand'mère, pour laquelle elle
se montre très affectueuse, mais connaît à peine sa mère,
qui, d'ailleurs, ne s'occupe pas d'elle.
Etat actuel13\ mai 1R9 : 2). - Enfant pâle, d'apparence chétive,
avec prédominance marquée du développement crânien sur
celui du reste du corps. Cheveux blonds, implantés réguliè-
DESCRIPTION DE la malade. 177
rement, avec un tourbillon postérieur régulier. Crâne
volumineux, presque trigonocéphale, fortement asymétrique :
les bosses occipitale et pariétale du côté droit sont plus sail-
lantes que celles du côté gauche. Les bosses pariétales font
une saillie considérable. De chaque côté existe une dépres-
sion allant à peu près du bregma d'abord en dehors et en
avant, puis en bas et en dehors, le long des bords du frontal.
Pas de traces de fontanelles.
Face presque arrondie, sans expression. Arcades sourcille'
res déprimées. Paupières également mobiles et tombantes.
Fentes palpébrales assez grandes Sourcils châtains, assez
abondants. Cils châtains foncés, bien disposés. Orbites assez
grandes. Pas de blépharite, pas d'exopthalmie. Appareil mus-
culaire de l'oeil naturel. Sensibilité de la conjonctive normale.
Pas de conjonctivite. Iris châtain. Pupilles égales, réagissant
naturellement à la lumière. L'examen fonctionnel, reposant
sur les signes fonctionnels, est ici impraticable. - Nez un
peu camus ; lobule intact, peu volumineux ; pas de déviation.
Narines assez grandes. L'enfant semble respirer habituelle-
ment par le nez. Pas de signes d'odorat. - Pommettes non
saillantes, symétriques. - Bouche légèrement en accent
circonflexe. Largeur, 4 centimètres. Lèvres assez minces.
L'enfant ne bave pas. Voûte et voile du palais non déformés.
Langue de volume ordinaire. Amygdales assez petites. Réflexe
pharyngien normal. L'enfant paraît aimer les substances
sucrées. Elle fait la grimace au sulfate de quinine. Denti-
tion complète, en assez bon état. - Menton en pointe, petit.
- Oreilles, de conformation régulière, assez petites, minces ;
la droite est presque appliquée contre l'apophyse mastoïde ;
la gauche est assez écartée ; lobule petit, non adhérent. Pas
d'otorrhée. L'enfant entend bien.
Cou assez court, circonférence 23 centimètres 5. Corps
thyroïde légèrement perceptible.
Thorax étroit, proéminent, obliquement de haut en bas,
c'est-à-dire de la fourchette à la pointe. De chaque côté,
au niveau de l'appendice xiphoïde, à 2 centimètres en dehors
de chaque ligne mamelonnaire, se trouve une dépression
profonde, en entonnoir, paraissant située au niveau de la
huitième côte. - Colonne vertébrale présentant une courbure
dorsale a concavité postérieure légère. Il existe au contraire
dans la région lombaire une courbure à convexité postérieure.
- Poumons : sonorité normale. Quelques râles sous-crépitants
disséminés à gauche dans toute l'étendue. Rien à droite. La
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892. 12
178 Description DE la malade.
pointeducoeurbatdansle quatrième espace intercostal. Pas de
frémissement. Premier bruit bien frappé, mais précédé d'un
souffle diastolique assez difficile a percevoir à cause de
l'agitation et des plaintes de l'enfant. Deuxième bruit dédoublé
très nettement. Pouls régulier, assez fort, serré.
Abdomen un peu ballonné, assez souple. Matité hépatique
très peu étendue. Rate non perceptible. - Bassin petit, même
relativement à la taille de l'enfant.
Puberté. Glandes mammaires non développées. Aréoles
très petites, mamelons non saillants. Aisselles, pénil et gran-
des lèvres glabres. Celles-ci sont un peu saillantes. Capuchon
très petit. Clitoris à peine visible. Petites lèvres, 4 à 5 milli-
mètres. - Vestibule assez profond. Fourchette bien marquée.
Orifice de l'hymen non visible. Muqueuse saine.
Membres supérieurs d'inégale longueur. Bras et avant-bras
de conformation normale. Doigts et ongles hippocratiques des
deux côtés. Trois petites cicatrices de vaccine à chaque bras.
Motilité normale. L'enfant se sert de ses mains, surtout de la
droite, pour prendre les objets. Elle ne sait pas se servir de
la cuiller.
Membres inférieurs. Le droit est plus long que le gauche.
Il en est de même des deux membre., supérieurs l'un par rap-
port à l'autre. Genu valgum droit. L'enfant remue bien ses
jambes, mais ne marche pas.
Sensibilité générale normale, sauf pour la température, que
l'enfant ne parait pas apprécier suffisamment. Etudiée pendant
son séjour à la Fondation Vallée, l'enfant présente quelques
modifications ou particularités : au bout de quelques semaines,
elle commença à manger et ne prit plus le biberon que la nuit ;
elle eut fréquemment du strabisme convergent, mais il faut
remarquer qu'elle regardait souvent ses mains de très près.
Il a toujours été impossible de fixer son attention.
20 juillet. Diarrhée verte. Potion avec acide lactique 2 gr.
24 juillet. - Pas d'amélioration. Créolise, 0 gr. 20 cent.
par jour dans un julep de 120 gr. L'enfant va mieux pendant
quelques jours, puis refuse de prendre la potion.
9 septembre. - Diarrhée, amaigrissement, hypothermie
depuis le 31 août, la température variant de 36° à 35",4. Potion
avec acide lactique, 3 gr.
11 septembre. Pas d'amélioration. Créolinc 0 gr. 20 par
jour, eau de chaux dans le lait.
13 septembre. - Encore un peu de diarrhée, mais elle
n'est plus verte. Hier soir, syncope. Alimentation : lait ;
poudre de viande, une cuillerée à bouche par jour. - Trai-
Diarrhée, ictère,. hypothermie..179
tement. Oxygène à volonté, boules d'eau chaude. Continuer
la créolino, le bismuth. Une cuillerée à café d'eau de chaux
par gobelet de lait. - Poids ; 6 k. 500.
21 septembre. Depuis deux jours, la température, qui
était descendue à près de 35° est remontée au-dessus de 36°.
L'enfant prend bien la poudre de viande. Elle n'a plus de
diarrhée.
18 octobre. - Revaccination sans résultat (26 octobre).
12 novembre. - Depuis hier, l'enfant a de l'ictère, avec
coloration de la peau, des conjonctives, de l'urine, et décolo-
ration des matières fécales. - Lait. On continue la potion
alcoolisée parce que l'enfant ne veut pas prendre de lait
sans rhum.
15 novembre. L'ictère a beaucoup diminué. Les matières
commencent à se colorer.
16 novembre. - Augmentation de la coloration de la peau
et des conjonctives. '.
20 novembre. - L'ictère a entièrement disparu. L'enfant
reste très-pâle.
9 décembre. Gauc... maigrit de nouveau et parait très
faible. Cependant elle demande encore, par des cris, son
lait, additionné de poudre de viande et de rhum.
10 décembre. Cette nuit, l'enfant a eu une syncope. Ce
matin, elle est d'une pâleur exsangue. Les yeux sont légère-
ment voilés. Le pouls est assez bon. Pas de paralysie. T. R.
3-duo et 31l, 6..
11 décembre. T. R. 36°, S. - Son- : 37°. 4.
12 décembre. T. R. 36°, 7. Soir : 36°, 6..
13 décembre. T. R. 36°, 4. Soir : 36°, 5.
14 décembre. T. R. 36°, 5. - Soir : 36°, 4.
15 décembre. Après avoir été un jour encore dans un
état inquiétant, G... paraît aujourd'hui absolument remise.
Elle réclame de nouveau, par des cris, son alimentation habi-
tuelle. T. R 36°, 3. - Soir : 36°, 5. ,.
16 décembre. - T. R. 36°, 2. - Soir : 36°, 5.
17 décembre. T. R. 36°, 4. - Soir : 36°, 2.
18 décembre. Ce matin, la face a une teinte plombée.
L'enfant est absolument inerte, mais elle répond par des
mouvements aux excitations cutanées vives. La respiration
est calme. Le pouls est encore assez fort. - Elle est morte à
7 heures du soir ce même jour, sans grimaces ni contorsions.
- Poids, après décès, 5 kilogr. - T. R. aussitôt après la mort
35°, 2 ; 1/4 d'heure après, 34°, 3 ; 2 heures après : 33°. La tem-
pérature de la salle était de 18°.
180 Etat des SUTURES.
Autopsie faite 40 heures après le décès. - On a de la peine à
détacher la calotte à cause des adhérences de la dure-mère.
On est obligé de faire une section circulaire de cette mem-
brane, qui adhère très fortement aux os des sutures inter-
frontale, fronto-pariétale, interpariétale, et le voisinage
de cette dernière. Les sutures sont gorgées de sang, et la
partie osseuse voisine est considérablement rasculi1risee. Le
lendemain de l'autopsie, alors que la calotte avait macéré et
était complètement nettoyée, les sutures restaient très nette-
ment accentuées par des dentelures rouges ; les parties osseu-
ses voisines étaient également très rouges.
La calotte est très asymétrique : le pariétal droit se déve-
loppe d'une façon prononcée en dehors et en arrière; il en est
de même de l'occipital du môme côté. Les deux pariétaux se
présentent sous la forme de saillies hémisphériques. La ré-
gion frontale est également hémisphérique ; la bosse frontale
gauche est plus saillante que la droite. L'épaisseur des os est
très inégale (1); il existe des points translucides : 1° autour
de ce qui reste de la fontanelle antérieure; 2° en bas et en
arrière dans une étendue de 6 à 7 centimètres carrés de
chaque côté; 3° sur l'occipital, à droite et à gauche, dans
les points correspondants à ceux qui sont indiqués pour
les pariétaux. Les sutures n'offrent pas trace d'ossifica-
tion à leur surface externe. La suture coronale, peudenielée,
ne l'est pas du tout au niveau des points dernièrement
ossifiés de la fontanelle antérieure. Les deux autres sutu-
res, sagittale et lambdoîde, ne sont pas non plus ossifiées.
Au niveau de la dernière, existent de petits îlots osseux (os
wormiens).
Des fontanelles, il ne reste que l'antérieure, représentée par
une membrane translucide presque de niveau avec les os qui
l'encadrent, et ayant environ un centimètre de long sur trois
millimètres de large. Elle est dirigée obliquement de droite
à gauche et d'arrière en avant.
La pie-mère est vascularisée sur les faces convexe et
interne, principalement sur leurs deux tiers postérieurs.
A la base, la vascularisation est légère.
Les nerfs olfactifs, optiques, les tubercules mamillaires,
les artères, les pédoncules cérébraux sont symétriques. Corps
pituitaire de la grosseur d'un petit pois.
(Il Sur l'occipital, 2 ^w, à peine; 6 et 7 ? sur la coupe de la partie antérieure
des temporaux et un millimètre sur celle de la partie postérieure ; sur le trou -
tal,3a.imd.
11ÉNINGO-ENGÉPHALITE. 181-
Il s'écoule environ 20 gr. de liquide cép halo -rachidien.
1raz IÉNI'.\ C0-EN-CÉPH.&LITE.
supérieur présente au niveau de sa partie toute supérieure
des altérations semblables à celles que nous avons constatées
sur le lobe frontal. - La scissure perpendiculaire externe est
très accentuée. Le lobule pariétal inférieur, le lobe occipital
sont d'apparence normale. Rien sur Ti. Adhérences nombreu-
ses sur toute la surface de la région inférieure du lobe tem-
poral.
Face interne. Elle parait saine dans toute son étendue.
Signalons cependant des adhérences assez profondes au niveau
de l'origine de F.
Rien de particulier au corps calleux, aux ventricules, ni
aux noyaux gris centraux.
Le cervelet n'offre aucune altération macroscopique. - Le
bulbe et la protubérance sont d'aspect normal et parfaitement
symétriques. La moelle est symétrique et d'aspect normal
tant à la périphérie que sur les coupes de ses différentes
régions.
Cou. - Thymus du volume d'un petit haricot. - Corps thy-
roïde normal. - Larynx et trachée, rien de particulier.
Thorax. - Poumons : gauche (85 gr.), très congestionné
sur son bord postérieur ; droit (72 gr.). Le sommet est
un peu oedémateux; il est beaucoup moins congestionné
que le gauche et présente, à la partie moyenne de son
bord postérieur, un tubercule assez consistant, de la
grosseur d'un pois. - Coeur (38 gr.), petit, ferme, avec ses
vaisseaux saillants à la surface. L'aorte, l'artère pulmo-
naire et leurs valvules n'ont rien de particulier. Le ventricule
gauche est fortement épaissi ; sa paroi atteint jusqu'à 8
millimètres. La valvule mitrale ne parait pas anatomiquement
rétrécie; le bord libre de sa grande valve est un peu épaissi
mais souple. Le sommet des piliers du ventricule gauche
est légèrement scléreux. Rien d'anormal au ventricule
droit.
Abdomen. Foie, non adhérent, de couleur brune.
(260 gr.) Vésicule remplie de bile. - Les reins sont très
congestionnés, et pèsent chacun 32 gr. - Paie ('2;) gr.), de
consistance ferme ; sa capsule est épaissie, adhérente
par places. - Pas de lésions intestinales. Ganglions
mésentériques hypertrophiés et assez durs. - Le péritoine
RÉFLEXIONS. 183
pariétal n'a rien de particulier. - Vessie de forme allongée,
remontant pre.squejusqu'à.l'ombilio ? 7te)'t<sdela grosseur
d'un haricot, d'une longueur de 0m,04. Les ouaires ont une
longueur de Oü, 03, une largeur maxima de 0m, 007 et une
épaisseur de On, 003.
Réflexions. - 1. Nous n'aurions pu nous pronon-
cer d'une manière précise sur les excès alcooliques du
père et de la grand'mère paternelle de l'enfant en pré-
sence des renseignements contradictoires qui nous ont
été donnés, si une nouvelle enquête n'était venue les
confirmer. Les excès de boisson du père de l'enfant
auraient été constatés dès le troisième jour du mariage.
Il vient d'être condamné pour faux à 4 mois de prison.
Certains détails feraient présumer la syphilis, anté-
rieurement au mariage (1). Nous notons encore dans
la famille paternelle, plusieurs cas de convulsions,
la méningite, l'éclnm2sie, etc. L'état nerveux de la
mère ne laisse aucun doute. Elle avoue être très impres-
sionnable, avoir composé beaucoup de poésies, mais
nie avoir été atteinte d'hystérie et soignée à la Salpê-
trière. Au sujet cle sa mère, il n'y a pas de doute : elle
a des crises nerveuses. Un des arrière-grands pères
maternels de est mort d'une « paralysie au
cerveau » en trois jours et une arrière-grand'mère d'un
« coup de sang. »
II. La conception a eu lieu trois mois après le mariage
et probablement durant l'ivresse alcoolique du père :
« Quand il avait bu, il était très porté là-dessus, autre-
ment il y pensait bien moins. Pour mes deux autres
enfants, j'en suis sûre » (2).
III. La singulière attitude de la mère durant sa
(1) Il l'aurait contractée en Angleterre, où il était allé après s'être séparé de
sa première femme.
(2) Elle allirme, contrairement à ce que nous avons dit plus haut (p. 175),
qu'elle n'a pas rel'usée des rapports conjugaux.
184 Réflexions.
grossesse a-t-elle eu une influence sur l'enfant, il est
difficile de l'affirmer. Peut-être a-t-elle été en partie la
cause de la naissance avant terme (7 mois). L'enfant
n'a survécu que difficilement et les convulsions qu'elle
a eues, dès le troisième jour, étaient sans doute liées
à la méningo-encéphalite rendue évidente par l'auto-
psie.
XV.
Epilepsie. symptomatique ; état de mal, élévation de la
température; mort.
Par BOURNEVILLE et DAURIAC.
Sommaire. - Père nerveux, quelques excès de boisson. -
Tante paternelle hystérique. - Mère nerveuse ; névralgies
faciales; excès de boisson durant la grossesse. - Grand-
père maternel, mort asthmatique. Cousine, morte de
méningite. Tante maternelle, très nerveuse. - Pas de
consanguinité; inégalité d' âge de 10 ans.
Naissance avant terme (8 mois). Allaitement au lait de
chèvre. - Premières convulsions à 3 jours, ayant duré
pendant 4 ou 5 heures Premières dents à 6 mois. -
Secondes convulsions à 6 mois. -Marche des convulsions
de 6 mois à 4 ans. - Rémission des convulsions de 4 ans à
6 ans 1/2 Parole etpropreté précoces. - Marche à 18 mois.
- Rougeole à 6 ans 1/2 suivie du retour des convulsions.
- Rémission de 6 ans 1/2 à 7 ans. - A 7 ans, peur vive
suivie le lendemain de convulsions qui ont duré 3/4
d'heure. - A partir de là, étourdissements. Premier
accès vers 7 ans 1/2; retour des accès tous les deux
mois; de 9 ans 1/2 à 11 ans accès hebdomadaires. -Maxi-
mum des accès en 24 heures, 20. - Coqueluche vers 3 ans.
- Intelligence conservée à l'entrée. - Affaiblissement de
l'intelligence et modification défavorable du caratère en
1892. Etat de mal épileptique : mort.
Autopsie : sclérose atrophique et méningite chronique.
March... (Valentin), né le 17 novembre 1879, à Grand-
Àbbergement, canton de. Brémon (Ain), entré le 23 octobre
1890, à Bicétre (service de M. Bourneville), est décédé le 22
décembre 1892.
186 Antécédents héréditaires.
Le jeune malade nous arrive le 53 octobre 1890 avec le cer-
tificat médical suivant, signé de M. le D1- Cadet de Gassicourt :
Je soussigné, médecin de l'hôpital Trousseau, certifie que le jeune Mardi ?
âgé de 10 ans, est atteint de mal épileptique parfaitement caractérisé, que
les attaques épileptiques sont au nombre de 8 à 10 par jour, qu'elles s'accom-
pagnent de troubles intellectuels et que cette maladie nécessite son entrée
immédiate dans un hôpital spécial, au point de vue de sa santé et de la
eécurité publique.
L'enfant est propre à l'entrée, et n'offre rien de particulier.
Dès le 31 octobre, il est admis à l'infirmerie, se plaignant
de maux de gorge. Il accuse aussi des douleurs lombaires,
a de la fièvre (40° hier au soir) ; sa peau est chaude et moite.
Traitement : diète, régime lacté et 0,75 de sulfate de qui-
nine.
La fièvre dure une quinzaine, sans qu'il fut possible de
faire un diagnostic précis. L'état général est bon, et malgré
cela, l'enfant se plaint de maux de tète, de douleurs articu-
laires, et dans la gorge et de névralgies. L'intelligence reste
complète. Le traitement par le salicylate de soude (2gr.)
donne de bons résultats et le 3 janvier on peut signer l'exeat.
Antécédents. (Renseignements fournis par la mère le 5
décembre 1890. complétés par le père le 16 mars 1891 - Père,
47 ans, ancien notaire, s'occupe d'affaires. Il se porte bien,
mais est très nerveux : il se met très facilement en colère. Il
ne buvait pas au moment où l'enfant est né. Il boit beaucoup
aujourd'liui ; il a quelquefois des gastralgies et a été traité à
Lyon pour une anémie du cerveau. Il n'a pas de migraine et
n'a jamais eu la syphilis. Il est né à Marseille de parents lor-
rains. Il a acheté une étude de notaire dans un canton de l'Ain,
sans avoir aucun parent dans ce département L'enfant est né
là. Le père n'a jamais eu de rhumatismes ni de dartres. Il
s'est marié à 29 ans, n'a pas fait de service militaire, en étant
exempté par sa qualité de fils aîné de veuve. 11 n'est plus
avec sa femme depuis trois mois. Il a perdu toutes ses res-
sources dans un cabinet d'affaires. - [Père, brigadier des
douanes, mort à 39 ans d'une fluxion de poitrine. - Grands-
parents paternels, peu connus. Il a eu des oncles et des tantes
du côté paternel issus de deux lits. Aucun ne présentait rien
de particulier au point de vue nerveux. Aucun des enfants
n'était névropathe. -Mère, morte à 53 ans de la fièvre typhoïde.
Elle se portait habituellement bien. mais était fort nerveuse.
- Grand-pè)e maternel, mort à 83 ans, d'une cystile. -
Antécédents PEI1SONNNELS. 187
Grand'mère maternelle, pas de détails. - Pas d'oncles ou de
tantes connus du côté maternel. - Une soeur mariée, sans
enfants, a été sujette à des crises nerveuses qui n'avaient
rien d'épileptique. - Il ne voit rien dans le reste de sa famille
au point de vue nerveux. Pas de tares héréditaires, pas de
malformations, pas d'aliénés, etc.].
Mère, 37 ans, s'occupe de son ménage ; c'e-t une femme
d'apparence robuste, au teint rouge, paraissant intelligente.
Elle n'a jamais eu de convulsions, de fièvre typhoïde, de
migraines, de rhumatismes ou de dartres. Elle se plaint de
souffrir parfois de névralgies faciales très douloureuses, et
pour lesquelles on lui a souvent fait des injections de mor-
phine. - [Père, mort d'un asthme à 72 ans. Il n'a eu que cette
maladie. - Les grands-parents sont morts fort vieux. -
Mère, très nerveuse, pourtant elle n'a jamais eu d'attaques de
nerfs, et n'a jamais fait d'excès de boisson. Elle est morte à
58 ans d'une maladie du foie qui paraît avoir été une cirrhose
atrophique. - Grand-père maternel, mort de pleurésie puru-
lente. - Grand'mère. morte d'une maladie de matrice avec
pertes. - Quatre oncles maternels se portent bien : l'un
d'eux, capitaine de vaisseau en retraite, a maintenant 72 ans.
Il souffre du foie. - Pas de tantes maternelles. Les enfants
de ses oncles et tantes jouissent d'une bonne santé ; pas de
maladies nerveuses, pas d'aliénation mentale, pas de bègues,
Toutefois, une cousine germaine a eu une fille qui est morte
à 21 ans de méningite. - Un frère et ses trois enfants se
portent bien et n'ont jamais eu de convulsions. - Une soeur
sans enfants, est très nerveuse ; elle a eu de 18 à 19 ans de
petites crises nerveuses.
Pas de consanguinité; mais notons que le père et la mère
du père étaient cousins germains, de même que les grands-
pères et grands'mères paternels et maternels de l'enfant (côté
du père).
Un seul enfant : notre malade. A la conception, rien de
particulier; le père ne buvait pas. La grossesse a été mau-
vaise : vomissements du commencement à la fin; chute en
bas d'un escalier, à laquelle la mère attribue l'accouchement
prématuré. Elle signale deux émotions violentes : La première
serait survenue vers le troisième mois. C'était durant la nuit ;
son mari se mit fort en colère parce qu'elle l'avait dérangé pour
satisfaire un besoin. Cette émotion aurait déterminé une
hémorragie utérine pour laquelle on l'a soignée. Elle n'a
jamais été battue par son mari. La seconde émotion eut lieu
188 Antécédents personnels.
un mois avant la naissance de l'enfant; elle fut occasionnée
par son mari rentrant ivre et qui criait très fort. (A cette
époque, il buvait très rarement; il n'a commencé à s'adonner
sérieusement à la boisson que depuis 5 ou 6 ans à la suite de
ses pertes d'argent).
Accouchement naturel, sans chloroforme à 8 mois. M.. était
faible, chétif, ne pesait que deux il il n'y avait pas d'as-
phyxie. Trois jours après la naissance, l'enfant fut pris do con-
vulsions généralisées. Biles durèrent quatre ou cinq heures
et étaient fort intenses. La bouche était tirée à droite, les bras
contracturés, de mémo que tout le corps. Elles n'étaient pas
plus marquées d'un côté que de l'autre. A la suite, l'enfant ne
voulut plus prendre le sein. On fut obligé de le nourrir avec
des lavements nutritifs, et au lait de chèvre, pendant trois
semaines environ après sa naissance. Il fut ensuite confié à
une bonne nourrice et se développa vite. A 6 mois, au moment
de la poussée des dents, l'enfant fut pris de nouvelles convul-
sions. Leur durée fut de 30 minutes. Les deux bras étaient
contractures.
Mardi... fut nourri au sein jusqu'à 17 mois et sevré dès lors
complètement. Il ne marcha qu'à 18 mois. 11 disait papa et
maman à 6 mois. Il grandit jusqu'à 4 ans en ayant des connut-
sions du même genre. Il en eut en tout trois ou quatre. Elles
étaient moins fortes, duraient moins longtemps que les pré-
cédentes. La bouche, les yeux et les muscles de la face étaient
seuls intéressés.
De 4 ans à 6 ans 1/2 rien ne se produisit. A 6 ans 1/2' rou-
geole compliquée de convulsions nouvelles. - A 7 ans, son
père rentre ivre, une nuit où l'enfant était couché avec sa
mère. Celle-ci avait fermé sa porte; le père la défonça. L'en-
fant se mit à crier : « au secours. », parce que son père voulait
battre sa mère ; les agents montèrent et tout se calma. \Iarch...
ne rendormit, mais dès le lendemain, il avait une série de
convulsions qui durèrent trois quarts d'heure. Depuis cette
époque, il était sujet à des étourdissements qui lui venaient
deux fois par mois. Six mois après, il avait un accès.
De 8 ans, à 9 ans 1/2 il aurait eu des crises tous les doux
mois environ. De l'âge de 9 ans, à l'époque de son placement,
il en avait plusieurs fois par semaine. Le plus long inter-
valle entre elles, durant cette année, a été de 8 jours. Le
maximum des accès en 24 heures aurait été de vingt. - Pas
de folie, pas d'automatisme, pas de procursion, pas d'aura.
Sommeil consécutif de une heure. Au réveil, il était lucide;
pas de modification du caractère. Pas de traumatismes gra-
DESCRIPTION DU malade. 189
ves au cours des accès, ni en dehors d'eux, une seule fois
il s'est blessé au front.
Pas de vers, pas d'onanisme. Pas de scarlatine, pas de fiè-
vre typhoïde, pas de diphtérie, etc. Coqueluche vers 3 ans.
Quelques accidents de gourme à la face, et quelques glan-
des au cou; pas d'abcès, pas d'otite. L'enfant fut mis en
classe; il était intelligent et apprenait bien : « C'était le
plus travailleur de sa classe». Il sait lire, calculer, faire
des analyses. Les accès ne firent pas diminuer son intelli-
gence, mais amenèrent un certain degré d'inhabileté dans les
mains. Le père alla consulter à la Salpêtrière. On administra
du bromure et on envoya l'enfant en observation à l'hôpital
Trousseau chez M. Cadet de Gassicourt, où il resta 18 jours.
C'est de là qu'on l'envoya à Bicêtre.
Etat actuel (10 janvier 1890.) - Pâleur de la face. Pas
d'embonpoint, mais pas d'émaciation. Air souffreteux. Peau
pâle, rosée on certains points, sans cicatrices. Quelques peti-
tes excoriations à la main et aux avant-bras, marques de
vaccine aux deux bras. Absence de poils sur toute l'étendue
du corps. Pas d'adénite axillaire ou inguinale.
Tête ovoïde, plus élargie que normalement à la partie supé-
rieure ; asymétrie de la face : le côté gauche semble moins
développé. Crâne assez volumineux mais non déformé; bos-
ses frontales légères; fontanelles oblitérées. Cheveux châtains
foncés, régulièrement implantés.
Face ovoïde ; arcades sourcilières peu saillantes, pas d'ex-
cavation de l'orbite ; pas d'exophthatmie ; strabisme divergent
à droite. Le bord externe de la cornée droite est en contact de
l'angle externe dcl'ail. Iris verdâtre; pupille non déformée,
mais mydriase accusée à droite ; pas de synéchies, pas de
troubles du côté de la cornée, ni de la conjonctive. Paupières
saines. Pas de blépharite, pas de larmoiement. Vision normale;
pas de diplopie, excepté au moment où les accès vont venir.
La paralysie a débuté, il y a trois ans, lursque les accès se sont
montrés pour la première fois ; quand le strabisme s'est établi,
il y a eu de la diplopie qui a duré deux mois, et de l'incertitude
de la marche durant trois mois Acuité visuelle naturelle. Pas
de rétrécissement du champ visuel.
Nez droit, assez long, étalé à la base; les narines ne sont
pas déformées, regardent en bas et en avant ; pas de déviation
de la cloi on; odorat normal. - Pommettes peu saillantes,
régulière s ; sillons nasu-labiaux peu accentués. Bouche petite,
rectiligne, lèvres minces, non éversées; pas de paralysie de
190 Développement DU malade.
l'orbiculaire ; le mouvement de siffler ou de souffler se fait
bien. - Langue et voile du palais normaux. Le goût ne pré-
sente aucune anomalie. Pas d'hypertrophie des amygdales,
pas de végétations adénoïdes.
Menton arrondi. - Oreilles assez grandes, larges en haut,
mal attachées, assez écartées du point d'insertion ; l'ourlet est
bien conformé ainsi que les autres parties constituantes. Ouïe
normale.
Cou grêle; pas de saillie du corps thyroïde. Mouvements du
larynx normaux.
Membres supérieurs amaigris, peu musclés mais réguliers
et cylindriques; mains violacées, doigts en fuseaux, un peu
larges à l'union des phalanges, et des phalangettes, et des
phalangines. Ongles courts et bombés.
Membres inférieurs : rien de particulier, pas d'amaigrisse-
ment, pas de déviation rachitique, pas de p : ed plat. Orteils
normaux.
T/torax non déformé, pas de rachitisme. Abdomen peu
volumineux. Organes génitaux : bourses petites, testicules
non descendus. On les sent à l'anneau. Anus normal.
Pas de troubles de la sensibilité.
1891. 14 février. Traitement : Sirop de fer, huile de foie
de morue, hydrothérapie au 1^' mars. Passé le 15 février à la
Grande Ecole.
2 ? nars. Légère conjonctivite de l'oeil droit, qui amène
son entrée à l'infirmerie.
Juin. - Note.' d'école. Instruction élémentaire assez bonne.
Intelligence bien développée; mémoire exercée. Il se com-
plait dans les mauvaises fréquentations et la note du maître
émet la probabilité d'habitude de pédérastie avec 2 de ses
amis. Il n'a cependant jamais été surpris. Il n'est pas voleur.
Il est remuant et très taquin en classe. Il se tient propre, et a
soin de ses vêtements. Au réfectoire, il mange proprement.
A l'atelier du tailleur, qu'il a choisi, il ne montre aucun goût
pour le métier et est insupportable. Bonnes notes de gym-
nastique. Il n'a aucune aptitude pour le chant, sa voix est
fausse. Il commence à faire de l'escrime.
18 juillet. - Peau. - Puberté. Visage et aisselles glabres.
Nævus pigmentaire dans l'aisselle droite. Un autre nmuus un
peu au-dessous et à gauche de l'ombilic. Testicules égaux,
du volume d'une petite olive. Circonférence de la verge 48
millimètres ; - longueur, 35 millimètres. Fin duvet au pénil,
au périnée et à l'anus.
Etat DE MAL épileptique.
191
1892. 4 janvier. - Puberté. Verge : longueur, 0,045 mm. ;
- circonférence. 0 , 0 i mm. Gland incomplètement décou-
vrable. Testicules du volume d'une noisette. Quelques petits
poils noirs naissants sur le pénil, les aisselles. Dos et poitrine
glabres. Figure glabre. Quelques poils noirs et courts à la
partie antéro-interne des jambes. Périnée glabre.
192
État DE MAL épileptique.
Etat DE mal épileptique.
.193
ment la bouche et la tient ainsi ouverte pendant toute sa crise.
Des secousses cloniques se manifestent alors dans les bras éga-
lement des deux côtés. Elles sont très brusques, durent une
ou deux secondes, puis le malade écarte les bras et les met
en croix Il les ramène ensuite en pronation les poings fermés,
les pouces dans la position normale. Il a de nouveau quelques
secousses cloniques. Les muscles du visage sont également
animés de quelques spasmes.
Les yeux, portés fortement en haut (pupilles également dila-
tées), reprennent leur position normale. puis tous les muscles
reviennent en résolution. Les jambes n'ont présenté que de
légers mouvements cloniques. Pas d'évacuation durant l'accès.
Le tout a duré 2 minutes. A la lin, quelques cris gutturaux.
Le pouls est un peu plus fort.
3 h. 20. Nouvelle crise absolument semblable. Notons une
faible exagération des mouvements toniques du côté gauche.
194
État de mal épileptique.
Le membre inférieur gauche a été animé de mouvements con-
vulsifs qui se sont ensuite manifestés à gauche. Les cuisses
sont en adduction, les jambes en légère abduction. Durée une
minute à peine. T. R. 39° après la crise. L'enfant reste ensuite
dans l'état de torpeur décrit ce matin, sans avoir la moindre
connaissance. Durant ses crises, l'enfant est pâle; après la
crise, il a le visage coloré, surtout aux pommettes. Applica-
tion de quatre sangsues aux apophyses mastoïdes.
Marche des accès pendant l'état de mal.
16 décembre. - 3 accès dans la journée.1
H accès dans la nuit du 16 au 17 :
Etat de MAL ÉPILEPTIQUE. 195
18 décembre. - 12 accès dans la journée.
196 Etat DE mal épileptique.
R. au 6" accès : 380,6. 2, d'heure après : 38°. fi. - T. R. au 9-
accès : 33°, 6. 4/4 d'heure après : 38° 7. - T. R. au Il. accès :
39°. 41.; d'heure après : 39°, 1 ; 2 heures après 3Do, '2. T. R. au 1 î°
accès : 39°, 5. ? 1 d'heure après : 39°, 8. - T.R. au 18° accès
39°, 5, 4 ? d'heure après : 39°, 5.
De 8 heures du soir à minuit : 4 accès. Pas d'accès le restant
de la nuit. - L'enfant meurt le 22 décembre à 7 heures du
matin. T.R. aussitôt après la mort : 40°, 2 ; - ? d'heure après ! i0° ; - 1 heure après : 38°; 2 heures après : 3li^, 9 ; 4 heures :
2 Ja après : 35°.
Poids après décès : 32 kilogr. 100.
Autopsie faite le 23 décembre 1892. - Tête. - Cuir che-
velu, peu épais, dur, légèrement coloré dans sa moitié supé-
rieure, assez fortement vascularisé dans sa partie posté-
rieure.
Calotte asssz dure, symétrique, offrant un rétrocissomor t
notable au niveau des ptérions, brachyoéphalie manifes-
te. Très épaissie au niveau du front et de l'occiput, elle offre
0, 01 centimètre d'épaisseur sur la ligne médiane vers le front,
et 0, 007 millimètres au point correspondant de l'occipital.
Cette épaisseur va graduellement en diminuant de la
suture fronto-pariétale à la suture squameuse, où la calotte
n'offre que 3 mm. d'épaisseur. Llle est à peu près opaque en
tous points, excepté au niveau d' deux points symétriques
des pariétai x, situés à 2 centimètres du bregma ; au niveau de
la partie antérieure du frontal se trouvent des plaques légè-
rement transparentes, de la surface d'une pièce de 20 centi-
mes correspondant à des dépressions légères; la tache droite
est plus mince et moins étendue que la gauche. Sur la table
interne de la calotte on aperçoit, particu ié renient sur 1 js parié-
taux, un nombre considérable de permis. Les sillons des vais-
seaux méningés sont nombreux, arborisés et assez profonds
sur les pariétaux. Les suture ne présentent en aucun point
des traces de synostose. Elles sont toutes finement dentelées.
Deux petits os vormiens se remarquent à la partie gauche de
la suture lambdoïde. Pas de traces de la suture métopique.
La dure-mère est peu épaisse, non congestionnée; quelques
adhérences au niveau des deux côtés de la lento du cervelet.
Les sinus sont gorgés de sang coagulé. Les cavités de la base
paraissent symétriques, le trou occipital est normal. Corps
pituiatire, rien de particulier. La pie-mère de la base est
très-injectée. - Les nerfs olfuctifs, optiques, les tubercules
mamillaires, les artères et la protubérance, sont symétri-
AUTOPSIE ; MÉNINGITE; SCLÉROSE. 197
ques. La pie-mire de la convexité est très-peu vascularisée : -,
quelques plaques ecchymotiques à droite et à gauche. Les
veines de la co ivexité et les artères de la base sont distendues
par du sang fluide. Il y a une légère distension des veines sur
les faces internes. c
Le cerceau est ferme. La pie-mère de la protubérance est
congestionnée : elle est épaisse et s'enlève facilement. La
protubérance, le bulbe et le 4° ventricule n'offrent rien de spé-
cial.
198 RÉFLEXIONS ; ÉTAT DE mal.
Cou. Larynx et trachée normaux. - Persistance du
thymus. - Corps thyroïde normal.
Thorax. -Poumon droit (350 gr.), sain sans ecchymoses.-
Poumon gauche, (320 gr.), un peu de congestion hyposta-
tique. - Pas d'ecchymoses.
Abdomen. - Rein gauche (200 gr.), un peu congestionné.
- Rein droit (90 gr.), rien à signaler. - Foie (800 gr.), con-
gestionné, brun à la coupe. - Rate (80 gr.), normale. - Pas
de culculs dans la vessie.
Réflexions. - I. March.. est d'une souche ner-
veuse : son père est un violent dont la vie passable-
ment agitée dénote une certaine dose d'instabilité
mentale. Chez une de ses tantes paternelles, le
nervosisme s'est traduit par des crises d'hystérie. Du
côté maternel, même tempérament excitable, et en
plus des névralgies faciales qui ont nécessité l'emploi
de la morphine. Une cousine est morte de méningite.
II. La grossesse a été troublée par de fortes émo-
tions, dues à des scènes de violence faites par le père.
L'enfant, né à huit mois, a eu, trois jours après sa
naissance, des convulsions. Ce sont elles qu'il faut
rendre responsables de l'épilepsie ultérieure. Ces
convulsions ont été d'emblée généralisées à tout le
corps. Elles se sont renouvelées à diverses reprises
jusqu'à l'âge de 7 ans. On ne saurait à notre avis
préciser exactement l'époque où a débuté l'épilepsie
et où finirent les convulsions.
Il nous parait vraisemblable que la « série des
convulsions » qui succéda à la frayeur nocturne éprou-
vée par l'enfant en voyant son père ivre, avait déjà le
caractère des accès d'épilepsie. Des étourdissements
se montrèrent aussitôt après et au bout de six mois
éclata ce que les parents appellent le premier accès.
Les accès ne présentaient rien de particulièrement
intéressantaupointdevuesymptomatique. Ils offraient
RÉFLEXIONS ; ÉTAT DE MAL. 199
toutefois un certain degré de gravité puisqu'ils ne
tardèrent pas à influencer la motilité de l'enfant.
C'est après avoir constaté un certain degré d'inhabi-
leté dans les mains de son fils que le père alla consul-
ter à la Salpêtrière. Jusqu'au moment de l'entrée à
Bicêtre le mal caduc n'avait pas retenti défavorable-
ment sur l'intelligence de March.. C'est seulement en
1892 qu'on note une modification défavorable du
caractère et une tendance assez marquée vers la
déchéance intellectuelle.
III. L'inspection du crâne de notre malade ne peut
rien faire présumer à première vue. Pas de microcé-
phalie, pas de malformation évidente. On observe
scnlement un élargissement de la voûte avec asymé-
trie faciale.
Les accès se produisaient par séries et durant son
séjour dans le service (56 mois) on releva une rémission
cle trois mois, une autre de six mois, une de deux
mois et deux d'un mois. C'est à la suite de la rémission
de deux nuis qu'est survenu l'état de mal auquel
March. a succombé.
IV. Cet état de mal a été caractérisé par une période
convulsive avec répétition à peu près incessante, à un
moment donné, des paroxysmes spasmodiques. Les
accès ont d'abord été complets et séparés par un
court intervalle ; puis, ils sont bientôt devenus incom-
plets et subintrants. Dans l'intervalle des accès, à la
fin, le malade ne reprenait pas connaissance et restait
dans un état comateux. La température a oscillé entre
38° et 39° durant les premiers jours et le dernier, elle
s'est élevée à 39", 5. Le pronostic est alors devenu
défavorable. Le pouls et la respiration, tous deux éga-
lement précipités, n'avaient aucune tendance à changer
cle caractère. Le malade au sur et à mesure de la
200 RÉFLEXIONS ; ÉTAT DE MAL.
répétition des accès ne répondait plus à aucune exci-
tation. Sept heures avant la mort, après le dernier
accès, la température était de 39°, 5 ; elle continua
de monter et, aussitôt après le décès, on notait 40°, 2.
Au point de vue de la température, ce fait confirme
une fois do plus ce que nous avons dit, à savoir qu'elle
s'élève durant l'état de mal épileptique.
Chez March. les convulsions ont prédominé tantôt
d'un côté tantôt de l'autre, comme si la décharge
s'était faite alternativement dans l'un ou l'autre des
hémisphères cérébraux.
V. L'autopsie ne nous a apporté aucune notion
nouvelle sur la nature et la localisation de mal. Peu
de. congestion dans la boite osseuse et clans les mem-
branes clu cerveau. Quelques plaques ecchymotiques
de. la pie-mère qui est congestionnée par places.
Quant aux- territoires du cerveau plus ou moins sclé-
rosés ou d'aspect chagriné leur état doit être attribué
aux séries convulsives de la première enfance.
XVI.
Idiotie complète ; méningite purulente ; congestionirtense
des os du crâne et distension des sutures;
Par BOURNEVILLE et FERMER.
Sommaire. Pas d'antécédents. - Idiotie, cachexie, cécité.
- Leucome total adhérent des deux côtés. Parole et
marche nulles. - Entérite à deux reprises. Méningite
avec cris et grincements de dents. Mort.
Autopsie Calotte extrêmement mince et molle. Adhéren-
ces de la dure-mère au niveau des su ures. -Pas de Ira e
de synostose. - Plaques très abondantes et étendues de
méningite purulente. - Méningite chronique de la con-
vexité et de la base. - Circonvolutions cérébrales et scis-
sures assez irrégulières. - Rien de particulier dans les
viscères.
Marti ? (Marcel), né à Paris, le 24 octobre 890, est envoyé
des Enfants-Assistés à Bicétre (service de M. BOURNEVILLE),
le 6 mai 1892. En raison de son origine, nous n'avons aucun
renseignement sur les antécédents héréditaires et personnels
de cet enfant.
Etat actuel - Enfant pâle, d'aspect chétif. - Tête assez
développée, asymétrique. Protubérance occipitale très proé-
minente. Bosse pariétale droite plus élevée et plus saillante
que la gauche. Cette dernière est sur un plan plus reculé que
la bosse pariétale droite. Bosses frontales latérales très peu
marquées. Légère bosse frontale moyenne. Pas de trace de la
fontanelle antérieure. Dépression nettement sensible au
sommet du lambda. Cette dépression est constituée par la
suture pariéto-occipitale. Cheveux blonds peu épais, très fins,
202 Description DU malade.
régulièrement implantés, avec tourbillon postérieur un peu à
droite delà ligne médiane. Veinosités sous-cutanées au niveau
du front et des deux régions temporales, mais plus acusées du
côté droit.
Front convexe transversalement. Arcades sourcilières non'
saillantes Orbites assez grandes. Sourcils blonds, très-peu
abondants. Cils longs et châtains. Paupières également mobi-
les, saines. Fentes palpébrales '-ussantes. Globes oculaires
profondément enfoncés dans l'orbite. Strabisme interne de
l'mil gauche. Conjonctive péricornéenne saine. Cornée opaci-
fiée des deux côtés, dans sa partie moyenne. L'examen oph-
thalmoscopique. fait par M. Vialet, internc des hôpitaux,
montre à gauche et à droite, un leucome total adhérent, et de
plus, à droite, une occlusion pupillaire et l'atrophie de l'iris.
Ne ? petit, bien conformé, droit. Narines assez grandes.
L'enfant respire ordinairement parle nez. - Bouche 2 cen-
timètres. Lèvres supérieure et inférieure bien conformées,
toutes les deux rosées. L'enfant suce continuellement le pouce
droit. - Menton petit. Pas de prognathisme inférieur. -
Voûte palatine en ogive. La ligne médiane de la voûte est
déviée a gauche. Pas de division de la voûte ni du voile du palais.
Amygdales petites. L'enfant a neuf dents temporaires, 4 inci-
sives supérieures, dont les 2 de gauche sont en retrait sur les
inférieures; une grosse molaire supérieure à droite, et 4 inci-
sives inférieures. Joues assez pleines, pommettes non saillan-
tes. Les oreilles sont inégales : la gauche a 4 centimètres de
longueur, la droite 5 centimètres 5; la gauche est légèrement
écartée et la droite s'écarta très nettement de la tète. Lobule
non adhérent. Les diverses parties de l'oreille sont bien
conformées. Pas d'otorrhée.
Cote, court; circonférence 22 centimètres. Corps thyroïde
vaguement perceptible. Petits ganglions sous-maxillaires à
gauche.
Thorax à peu près cylindrique. Circonférence : 44 centi-
mètres. Sternum légèrement proéminent. Colonne vertébrale
non déviée. Rien à la percussion. A l'auscultation, quelques
râles ronflants des deux côtés en arrière. Rien au cour, pouls
régulier.
Abctomensouple, non douloureux à la palpation. Matité hépa-
tique normale. Rate non perceptible.
Membres supérieurs égaux, sans saillies musculaires, assez
abondamment pourvus de tissu graisseux sous-cutané. Les
mouvements des deux bras paraissent possibles. Ongles
minces.
MÉNINGITE. 203
Membres inférieurs égaux, assez développés. Pannicule
adipeux assez épais. Les membres sont mobiles, mais occupent
toujours la même position : flexion des cuisses sur le bassin et
des jambes sur les cuisses. Les pieds sont régulièrement con-
formés, les ongles minces, aplatis. Le pli de l'aine gauche est
le siège d'un érythème assez intense. L'enfant ne marche pas,
mais tous les mouvements, spontanés et provoqués, des mem-
bres inférieurs sont possibles.
Peau labre. - Verge : longueur, 2 centimètres 5. - Circon-
férence, 2 centimètres. Phimosis. Testicules du volume d'une
petite noisette, placés tous les deux à l'orifice inférieur du tra-
jet inguinal. Région anale normale.
Voix forte. L'enfant sent le contact le choc, les piqûres,
et réagit sous l'effet des températures différentes de la sienne.
- Traitement : 3 bains salés par semaine ; exercer l'enfant à
marcher ; mettre de la teinture de coloquinte sur ses doigts ;
l'empêcher de mettre ses doigts dans ses yeux (habitude fré-
quente chez nos enfants idiots atteints de cécité).
30 juin. - L'enfant a de la diarrhée depuis deux jours : sel-
les vertes et pseudo-membraneuses. Potion avec 2 gr. d'acide
lactique à prendre en deux jours.
2 juillet. - Amélioration légère. La diarrhée est toujours
abondante et verte. Une cuillerée à café d'eau créolinée à
1 millième toutes les 2 heures.
4 juillet. - Revaccination sans succès.
12 juillet. - L'enfant n'a plus de diarrhée depuis 5 ou 6
jours. T. R. 37", 2.
20 juillet. T. R. 38°, ! t. L'enfant maigrit énormément de-
puis quelques jours et son appétit se ralentit. Il pousse des
plaintes continuelles, surtout la nuit. - Soir. Forte élévation
de température : 40°, 2. Diarrhée abondante et verdàtre.
Vomissements bilieux, grincements de dents; excitation.
21 juillet. - T. R. 39°. 4. -Soin : 39°. G.
22 juillet. - T. R. 31°, 4. La diarrhée n'a pas cessé, et la
maigreur augmente. Raideur de la nuque. Légère parésie
du côté droit. Yeux caves et bistrés. Les grincements de
dents continuent. La diarrhée cesse. - Soir : T. It. 39°, 6.
23 juillet. - T. R. 39°, 6. - Soir : 40°.
24 juillet. - Même état général. T. R. 39°, La respiration
s'embarrasse de plus en plus. - Soir : T. R. 39°. 3. - Mort
vers 11 heures et demie du soir. T. R. aussitôt après la mort :
37°, 1 I : 1 ; - i/4 d'heure après : 3fi°, 8 ; 1 heure après : 32°. Tem-
pérature de la chambre : 18°. Poids après décès : 4 kgr. 900.
2Qa MÉNINGITE ; DISTENSION DES SUTURES.
' Autopsie faite 34 heures après le décès.- Tête.- A l'enlè-
vement de la calotte, on éprouve les plus grandes difficultés :
il y a, en effet, de nombreuses adhérences localisées au bregma
tout le long de la suture sagittale, au lambda et aux deux
branches de la suture lambdoïde. La calolte est violacée,
extrêmement molle et mince : la plus légère traction suffirait
pour la briser. Dans les efforts faits pour l'enlever le frontal
s'est désuni d'avec le pariétal gauche, de sorte qu'il ne reste
plus, à l'état intact, que la partie droite de la suture coronale.
qui est très injectée. A la palpation, on sent, dans son inters-
tice, une sorte de bourrelet rouge, vasculaire, formé par la
membrane intersuturale, et qui forme saillie. En aucun point,
cette suture n'est le siège d'un travail synostostique, pas plus
sur la table interne que sur la table externe.
MÉNINGITE. 205
deux côtés (à gauche elle est presque verticale, à droite elle
s'incline un peu plus en arrière), l'obliquité au contraire bien
prononcée de la branche horizontale de ! a scissure de Sylvius.
Sur l'hémisphère gauche, le pli de passage superficie) qui unit
en bas les deux circonvolutions FA et PA est comme rejeté en
arrière. Les circonvolutions frontales n'offrent rien de particu-
lier. Les circonvolutions FA et I'1 sont très sinueuses à gaucho,
presque sans plis a droite. Il y a lieu de noter un certain degré
d'atrophie portant sur les circonvolutions qui bordent la scis-
sure occipitale, du côté gauche seulement. Les circonvolutions
temporales sont épaisses. - La circonvolution du corps cal-
leux de l'hémisphère droit est très peu divisée, et, dans sa
partie moyenne, est à peine séparée du corps calleux. Rien
dans les ventricules ni à la corne d'Ammon.
Cou. Persistance du thymus, qui est tout-à-fait rudimen-
taire. - Corps thyroïde, d'une conformation normale.
Thorax. Poumon droit (70 gr.), rosé, sain; il est divisé
en trois lobes bien distincts. Aucune trace de lésions tuber-
culeuses au sommet. Poumon gauche (75 gr.), sain,
divisé imparfaitement en trois lobes, de coloration rosée.
Cecllr 1;1;) gr.). L'oreillette gaucho est pa-tiellement remplie par
un caillot librioeux grisâtre. La valvule mitrale est-aine. L'ori-
fice de l'aorte est sain, ainsi que les valvules sigmoïdes. Pas
de persistance du trou de Botal. Rien de particulier dans
le coeur.
Abdomen. - Foie (225 gr.). Son appareil ligamenteux est
intact. La vésicule biliaire contient de la bille fluide, Le foie
parait sain à la coupe. - Rate (20 gr.), non altérée. Pan-
créas (10 gr.), d'apparence saine. - Rein droit (30 gr.); rein
gauche (27 gr.), sains. La décortication e ? t facile. Rien de
particulier dans le tutie digestif.
Réflexions. - I. L'observation de cet enfant est
forcément incomplète, au point de vue des causes de
l'idiotie, puisque nous n'avons aucun détail sur ses
antécédents héréditaires ou personnels. Mais elle offre,
relativement à l'enfant lui-même, trois points intéres-
sants.
II. D'abord cet enfant est mort de méningite céoé-
20ü RÉFLEXIONS.
braie, à la suite d'une affection intestinale grave, de
nature difficile à déterminer. En effet, quoique la
diarrhée ait été le seul signe observé, du 30 juin au 8
ou 10 juillet, on peut se demander si l'enfant n'a pas
eu une fièvre typhoïde (1), et rapprocher son cas de
ceux d'autres enfants, atteints, dans le service, de cette
même maladie, et qui sont morts cle méningite puru-
lente plus ou moins longtemps après. Il est regretta-
ble que dans ces divers cas l'examen bactériologique
n'ait pu être fait.
III. Le second point a trait au crâne. Ici nous cons-
tatons, comme dans la plupart des observations du
service, qu'il n'existe pas trace de synostose, et que
l'hypothèse qui a inspiré à M. leDr Fuller d'abord (1877),
puis à M. le D'' Guéniot (1889,), ensui e à M. le pro-
fesseur Lannelongue (1890) l'idée de la trépanation chez
les idiots, n'est aucunement justifiée parla présente
observation.
IV. Ainsi que nous l'avons noté, à diverses repri-
ses, les sutures étaient distendues par une sorte de
cordon rouge, saillant, constitué par une congestion
intense de la membrane intersuturale, que l'on peut
considérer comme une lésion concomitante de la
méningite (2).
(1) Voici la marche de la température du 30 juin au 8 juillet, qui ne tran-
che pas la question :
30 juin. - Matin : 31°, 8. - Soir; 3'J^. 8.
1^ juillet. - Matin : 37°, -Soir : 38".
2 37° 3, - - 37',5. ô.
3 - - 37°, - - 39-.
4 38° - - : j9 ? 2.
5 31", 7. - - 37^, J. 5.
6 37',4 ? air, 0. (1.
7 37°, 7. 37', 7.
8 37°, 5. 3ï°, 5.
(2) Voir page 172.
XVII.
Idiotie méningitique;
Par BOURNEVILLE et DAURIAC..
Sommaire. Grand' mère paternelle morte épileptique (en
état de mal probablement). - Mère émotive mais sans cri-
ses nerveuses. Une tante paternelle de la mère épilepti-
que. Une soeur de la mère nerveuse, de caractère bizarre.
i -Un frère de la mère mort de congestion céxébrale.
Un autre frère de la mère a un fils paralysé et qui paraît
être hydrocéphale. Un autre frère de la mère enfermé à
Bicêtre pour un accès de délire. Pas de consanguinité.
Inégalité d'âge de 1G ans.
Accouchement par la face. Travail ayant duré 5 heures.
Allaitement au lait de vache. Première dent à 2 ans passés.
Accidents scrofuleux. Symptômes méningitiques en
1891. Elourdissemenls quelque temps avant son entrée
il Bicêtre. Grincements de dents. Accès de colère.
Tics. Parole à peu près nulle. 13l'oncho-pnewnonie.
AUTOPSIE. - Pas de trace de synostose. Léger degré de
persistance de la fontanelle antérieure. Adhérences de
la pie-mère à la dure-mère, d'une part, et auec la substance
cérébrale d'autre part. Broncho-pneumonie en foyers
disséminés dans les deux poumons. Hypertrophie des
ganglions périlrachéo-bronchiques.
Watteb... (Edouard, Gustave, Marie), âgé de 3 ans 1/2, né le
8 décembre 1888 à Paris, est entré le 14 mai 1892 à
Bicêtre (service de M. Bourneville).
Antécédents héréditaires. (Renseignements fournis par la
mère le 22 mai.) Père, 65 ans, employé de commerce, ni
208 Antécédents héréditaires.
fièvre typhoïde, ni convulsions ; pas de chorée, de rhumatis-
mes, d'affections cutanées et aucun signe de syphilis. Conges-
tion pulmonaire à 61 ans, 'depuis laryngite. l'as d'excès de
boisson. Il fume deux ou trois pipes de tabac par jour. Pas de
migraines. Marié 2 fois. La première femme, qui n'est pas la
mère de notre malade, est morte de la poitrine, il y a 20 ans. -
[Famille du père. - Père, mort d'une fièvre muqueuse et de
scarlatine à l'âge de 57 ans. - Mère morte des suites d'accès
d'épilepsie après la couche de son second enfant. Pendant la
grossesse de son premier enfant, elle n'avait pas eu d'accès épi-
leptiques. - Grands-oncles, grandes-tarses : aucun d'eux n'a
jamais eu de maladies du cerveau. - De son premier mariage,
le père de notre malade avait eu 5 enfants; le premier est mort
à neuf mois ; le second est mort en nourrice d'une maladie de
langueur. Les trois autres étaient forts et vigoureux.]
Mère, 46 ans, couturière. Pas de convulsions; fièvre mu-
queuse à l'âge de 5 ans. Pas de chorée ; rhumatisme chronique
depuis peu de temps. Pas de dartres, ni de migraines. Femme
nerveuse. émotive, mais sans crises nerveuses. - [Famille de
la mère. Père, boulanger, mort à 78 ans, sobre, gai, un
peu violent. - Mère, morte à 46 ans, hydropique, asthmati-
que, probablement atteinte d'une affection cardiaque. Grands-
pères et grand ? mères paternels et maternels,' morts de vieil-
lesse. - Une tante paternelle, âgée de 60 ans, est épileptique.
Une tante et un oncle maternels, morts très âgés, n'ont jamais
eu d'accidents nerveux. - 3 frères et 4 sce2crs. L'aînée, 55
ans, très-nerveuse, a eu de grandes pertes utérines et de
grands maux de tête; elle est restée 2 ans dans un couvent-,
mais n'est plus dévote. - Le second, mort à 5' ? ans de conges-
tion. cérébrale, a eu quatre enfants bien portants. -- Le 3 ?
48 ans, vivant atteint de tuberculose pulmonaire, peintre en
bâtiments, a eu plusieurs hémoptisies et des coliques de plomb.
Pas d'accidents nerveux. De ses 4 enfants, 3 sont en bonne
santé, mais l'autre,'âgé de 6 ans, paralysé, a une tête énorme,
qui lui rentre dans les épaules; il ne fait que commencer à
'marcher, mais aurait sa connaissance ; il parle depuis peu. -
Le 4 est mort très jeune, par suite « d'une conformation du
gosier qui l'empêchait de manger. » La 5 ? 44 ans, est bien
portante, ainsi que ses 3 enfants. La Gille, 42 ans, n'a jamais
eu de cri es de nerfs elle a des dartres ainsi que sa petite fille.
- Le 7 ? (Xho.is Charles) est entré à Bicêtre le 13 janvier
1882 pour un accls de folie, déclare d'abord lanière de notre
malade, pour une attaque de deli, ittm trP.Jllc118, déclare-
t-elle une autre fois ; il en est sorti à peu près guéri. - La 3 ?
Antécédents personnels. 209
38 ans, n'est pas nerveuse de même que ses 3 enfants. -
D \'1, le reste de la r tinille, ni idi ItS, ni aliénés, etc.]
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge. Le mari a 16 ans
de plus que sa femme. - Un enfant, notre malade. Concep-
tion, rien de particulier. G1'()S,eSse : durant les deux premiers
mois, la mère a eu ses règles, mais peu abondantes; elle ne
se croyait pas enceinte; deux mois après elle sentait l'en-
fant remuer. Ni chutes, coups, peurs, envies, syncopes, cri-
ses d'édlln[J31e. oedème, etc. Accouchement à terme, sans
chloroforme, présentation de la face; l'enfant resta 5 heures
au pas,a ? - A 11.1nÍ-{s : l1lc', bel enfant quoique « meurtri. »
Pas d'asphyxie. Allaitement au biberon, avec du lait de vache.
Sevré à 14 mois, il était alors dans un état pitoyable. Première
dent après 2 ans. Il lui manque actuellement 2 dents. Pen-
dant tout le temps qu'il a été en nourrice, il a été malade :
abcès du coté droit de la tête sous le menton et otite suppurée,
attribuées aux 'manoeuvres obstétricales. Jusqu'en avril 1191,
il fut malade, devint ailirepsiquc Le Dr Ducamp. qui le soi-
gnait, écrivait : « Il présente une faiblesse vertébrale, un
relard de l'().si/lication des os du crâne, et un développement
considérable du ventre qui sont caractéristiques de l'alimen-
tation prématurée et du manque de soins chez les enfants en
nourrice. »
En aoùt 1891, il eut des symptômes méningitiques; il avait
des convulsions des yeux, se frottait le front continuelle-
ment avec le dos de la main droite, « poussait des cris
de bête fauve pendant longtemps. » Il se remit au bout
de quinze jours à trois semaines sans paralysie consécu-
tive.
Aucune maladie infectieuse; vacciné à 2 ans et demi avec
succès. - Chilienne en aolt 1891. - Anthrax à 2 ans sur
l'épaule. - Aurait eu le carreau; pas d'autres accidents scro-
fuleux. Pas de vers intestinaux. - Gâteux complet; pas de
vomissements.
. Laryngite (il y a un mois). - Pas d'accidents traumatiques.
Huit ou dix jours avant son entrée à Bicêtre, il aurait été pris
d'étourdissements qui revenaient trois fois par jour : il pâlissait
un peu et se remettait tout de suite. La nuit, sa mère aurait
observé « que, par moments, il retenait son haleine pendant
quelques secondes, puis respirait très fort après. »
Il aime à ;ouer, est très affectueux; semble avoir bonne
mémoire ; ne ditguère que maman, papa. dada. - Il grince des
dents, entre assez facilement en colère. Il ne bave pas,
mâchonne son pouce. Pas d'onanisme. La' mère 'attribue son
Bourneville, Bicêtre, 1892. 14
210 Description DU malade.
état à la méningite survenue, dit-elle, par le manque de
soins en nourrice.
État actuel (26 mai). Enfant bien portant, se laissant
difficilement examiner. Crie continuellement, mais plus fort à
certains moments. Aspect complètement inintelligent. Ne fixe
son attention sur rien.
Crâne arrondi, assez volumineux, symétrique. Pas de sail-
lies particulières des bosses pariétales ou occipitales. Bosses
frontales distinctes. Pas d traces de fontanelles. Cheveux
blonds, régulièrement implantés. Un tourbillon à droite de
la ligna médiane à l'union des faces postérieure et supé-
rieure du crâne. Impétigo sur la face.
Mensurations de la tête. (Mai 1892.)
DESCRIPTION DU malade. 211 i
Cou court, 4 cicatrices circulaires, sous le bord inférieur
droit du maxillaire inférieur. Circonférence : 23 centimètres.
Corps thyroïde à pe ne perceptible. - Parole nulle.
Thorax assez développé; sternum projeté en avant décri-
vant une convexité antérieure. Pas de déviation de la colonne
vertébrale. l'as de points douloureux. Coeur et poumons, rien.
Abdomen difficile à explorer à cause des cris de l'enfant.
Au lieu de matité hépatique, on perçoit dans les régions du
foie une sonorité continue avec celle des poumons, lequel, à
l'auscultation, parait descendre jusqu'au cinquième espace
intercostal. Rate non perceptible.
Organes génitaux. - Verge très courte, phimosis. Gland
non découvrahfe. Testicule seul descendu ou du moins seul
perceptible, Très petit comme un petit haricot. An usnormal.
Membres supérieurs normalement conformés; motilité et
sensibilité normales. Cicatrices de vaccin aux deux épaules
sur la partie supérieure et externe du deltoïde.
Membres inférieurs normalement conformés. Mobilité et
sensibilité intactes. Le réflexe rotulien existe à droite, mais est
très difficile à constater à gauche (probablement à cause des
mouvements continuels de l'enfant.
L'enfant suce sa langue et fait avec le voile du palais un
bruit a,'rique suivi d'un mouvement de déglutition, cela
depuis 20 minutes environ (lic).
27 mais Traitement : 2 bains salés par semaine, 10 minu-
tes. Sirop iodure de fer; sirop antiscorbutique et exercices
de marche; 4 teinture de Kola.
20 juin. - Légère amélioration, mais on ne parvient
pas à le faire marcher.
28 juin. - Conjonctivite. Traitement : Collyre au nitrate
d'argent 1/50.
17 juillet. - L'enfant bien qu'ayant encore un peu de con-
jonctivite a été pris en congé par ses parents le 14 juillet.
Ceux-ci l'ont ramené en disant qu'il toussait. - Ce 17, T. R.
z.9. A l'auscultation gros râles muqueux au niveau du hile
pulmonaire des deux côtés. Pas de matité, ni de sub-matité.
La toux est très fréquente. L'abattement est très prononcé.
Les yeux sont cernés. Le sommeil est très agité et l'enfant
pousse de petits cris rauques. Il ne veut prendre que du lait
et des jaunes d'oeuf. - Traitement : teinture d'iode ; oxygène;
sirop de tolu et diacode.
18 juillet. - T. H. 37°, 7. - Soir : 40°. Toux fréquente.
212 Autopsie : Etat DES SUTURES.
19 juillet. - T. R. 38°. - Soir : 39°.
20 juillet. - T. R. 38°. - Soir : 39°, 2.
21 juillet. - Grande amélioration. Il a mieux dormi. Il
prend depuis quelques jours du sulfate de quinine. T. It.
38°, 6. - Soir : 40°. 4.
22 juillet. - T. Il. 3S°, 2. - Soir : 38°, 6.
23 juillet. - Hier soir la température est remontée a 40°, G.
Il y a de l'oppression, la respiration est pénible. L'enfant est
abattu et peut à peine prendre quelque^ cuillerées de liquide.
Il ne rejette pas ce qu'il prend. T. R. 38°, 4. Soir : 40°, 6.
24 juillet. - T, R.39°, 8. - Soir : 4C".
25 juillet. - Ce matin il n'y a plus que 37°, 5. L'enfant est
pâle mais paraît assez éveillé, s'assied même sur son lit Il ne
semble pas gêné dans sa respiration. Il n'y a que quelques
petits râles fins à l'inspiration et à l'expiration du coté tan-
che en arrière. - Traitement : inhalations d'oxygène ; sirop
d'ipéca.
Soir. - La température est remontée brusquement à 39°.
\V. devient rouge pourpre, a de la dyspnée et vers 10 heures
on note 40", 9.
26 juillet. - La nuit a été assez tranquille. T. R. 39°, 2.
L'état général de W... est mauvais : extrémités cyanosées ;
parties inférieures du corps froides; dyspnée de plus en plus
grande.Vers 2 heures de l'après-midi, il avale néanmoins très
bien de l'antipyrine, puis surviennent de fréquents change-
ments dans la face, le menton se refroidit, les mains et les
pieds sont complètement glacés. Vers 4 heures, il expire T.
R. aussitôt après la mort : 40°, 6 ; un quart d'heure après :
39° ; - une heure après : 3 i°. 5 ; - 2 heures après 36". Tem-
pérature de la sale : 20°. - Poids après décès . 8 kilog. 200.
Autopsie faite le 28 juillet (10 heures après décès). Tète.
Cuir chevelu, rien de spécial. - Les os du crâne sont minces
et violacés par places ; la suture coronale est très sinueuse et
ne porte aucune trace d'ossification tant sur la face interne
que sur l'externe. La sagittale est régulière et n'est nulle
part ossifiée. La lambdoïde, libre dans toute son étendue,
porte dans sa branche droite un petit os '\"U1'))/ien. La fonta-
nelle antérieure est représentée par un léger espace triangu-
laire d'un centimètre sur deux de large : elle est tapissée par
une mince membrane. L'artère méningée moyenne se creuse
le long du bord antérieur des deux pariétaux un sillon profond
dont le fond est représenté par une mince lamelle osseuse.
La base du crâne est symétrique. Le trou ocdp;t;Û ne
MÉNIrGO-ENCTPHALI2'E, 213
semble pins rétréci Les sinus renferment du sang fluide
et des caillots noirs.
214 4 BRONCHO-PNEUMONIE.
inférieur est pris dans sa totalité; les foyers de hroncho-
pneumonie, d'un rouge foncé, sont très rapprochés et
sont d'un rouge foncé. - I-0117-IOn gauche (138 gr.).
Le lobe supérieur est sain. La partie la plus déclive
de la face postérieure du lobe inférieur est occupée par des
foyers de broncho-pneumonie très rapprochés. Un morceau
du parenchyme pulmonaire coupé en cet endroit et plongé
dans l'eau reste au fond. I es ganglions péri-trachéo-bron-
chiques. surtout ceux situés au niveau de la branche gauche
de la trachée et de l'intervalle de sa bifurcation sont hyper-
trophiés ; à la coupe nous ne les trouvons pas caséeux ; ils
sont seulement le siège d'une vive congestion. Un ganglion
situé à gauche de la trachée atteint le volume d'une noisette.
A la coupe, congestion, un peu de ramollissement et fort
piqueté hémorrhagiclue. - Coe[¿j' (HO Les cavités gauches
ne contiennent pas de caillots. Les valvules sont suffisantes
et saines. Le calibre de l'aorte est normal ; ses parois sont
souples. Les orifices des artères coronaires sont situés au
point d'affleurement du bord libre des sigmoïdes. Dans le
ventricule droit, nous trouvons un petit caillot fibrinpux et
une petite concrétion calcaire à surface irrégulière, du volume
d'un grain de chénevis; elle se trouve située sur une des
colonnes charnues, à sa naissance à la pointe clu coeur. Rien
de particulier du côté de la tricuspide. L'oreillette droite offre
un développement exagéré de l'anricule dans laquelle on
introduit la pointe d médius. La cavité de l'aurieule est
tapissée par unesérie de colonnettes charnues qui sont dispo-
sées en une sorte de plexus très développé. Le trou de Butai
n'existe plus, mais néanmoins la membrane qui le ferme est
extrêmement mince et constituée par l'adossement des doux
endocardes. - Rien à l'artère pulmonaire.
Abdomen. - Rein droit et gauche (39 gr). Ils ont une cou-
leur blanchâtre ; leur confornittion st normale et il n'y rien
à signaler du côté de l'uretère et du b ssinet. Le parenchyme
rénal parait un peu anémié ;la décortication est facile. Foie
(330 ger.), un peu congestionné ; rien dam la vés culv biliaire.
- Rate (31 gr.), normale ; sa pulpe est un peu molle.
Pancréas (10 gr.), intestin, vessie, rien.
Réflexions. - L'hérédité se retrouve des deux
côtés chez les ascendants de Watt... La grand'm(\re
paternelle était épileptique et parait être morte en état
RÉFLEXIONS. 9<5 5
de mal. Chez le père il est impossible de trouver aucun
stigmate de dégénérescence. -Du côté maternel c'est
chez une tante que nous trouvons encore l'épilepsie.
La mère elle-même est nerveuse et de caractère bizarre.
Une de ses soeurs est exactement dans les mêmes
conditions. Ses quatre frères ont été plus sérieusement
atteints au point cle vue nerveux : un d'eux est mort
paralysé, un second est mort de congestion cérébrale,
un troisième a un fils paralysé et hydrocéphale, un
autre frère a été enfermé pour un accès de délire.
II. L'hérédité avait préparé le terrain pour l'évolu-
tion ultérieure d'accidents nerveux. -L'accouchement
par la face s'est nécessairement accompagné de
congestion encéphalique, et bien qu'il n'y ait pas eu
d'asphyxie, cette complica'ion a pu aggraver encore
la situation créée par la prédisposition héréditaire. Le
(le la dentition, l'absence de la parole, etc.,
semblent indiquer un état congénital que la méningite,
survenue à l'âge de 3 ans, n'a fait qu'accroitre.
XVIII.
Idiotie symptomatique de sclérose atrophique;
PAR BOURNEVILLE et DAURIAC.
SomfAmE. - Père, caractère emporté. Mère, caractère vif,
morte en couches. Grand'mère maternelle morte en cou-
ches. - Pas d'antécédents héréditaires dans le reste de la
famille. - Pas de consanguinité. Egalité d'âges.
Chute vers le sixième mois de la grossesse; courtes syncopes.
- Accouchement à terme. Asphyxie à la naissance;
circulaires du cordon autour du cou. - Conuttl.,zio71s à 2
jours, revenant à. 11ttel'iJ lUes de plus en plus éloignés.
Rémission des convulsions à un an. Parole nulle.
Demi-parésie à droite uers 2 ans 112. - Broncho-pneumo-
nie. - Mort.
Autopsie : Sclérose atrophique prédominant à gauche. -
Inégalité notable des hémisphères cérébraux (115 gr.) et des
hémisphères cérébelleux. - Dégénération secondaire. -
Broncho-pneumonie.
Louv... Maurice-Paul, né a Paris le 7 juin 9sur8, est entré à
Bicétre le 24 mars 1892 (service de I. 130UI\1\EVILLE¡; il est
décédé le 18 juillet 1892.
L'enfant entre à Bicétre le 24 mars 1592 avec le
certificat suivant du Dr Dauchez : a Est atteint depuis sa
naissance de contractures généralisées des membres supé-
rieurs et inférieurs ayant débuté par le côté droit et s'accom-
pagnant de troubles intellectuels et sensitifs caractérisant
l'idiotie et nécessitant son admission daus un asile spécial. v
Antécédents. (Renseignements fournis par le père le 29
Antécédents héréditaires ET personnels. 217
mars 1892). - Père, 31 ans, teinturier, très vif de caractère.
Il n'a jamais eu de convulsions, de fièvre typhoïde, de chorée,
de rhumatismes, de dartres. Pas d'antécédents syphilitiques.
Il a des habitudes très modérées au point de vue du tabac et
de l'alcool. Il n'a jamais de migraines. - [Père, mort à 81 ans,
sans avoir jamais été malade. - Sa mère a atteint 74 ans
dans les mêmes conditions. Nous n'avons pas de renseigne-
ments sur les grands- parents paternels. Les grands-parents
maternels sont morts de vieillesse. - Six oncles ou tantes
paternels. Le père ne les connaît pas et n'a jamais entendu
dire quelque chose de particulier sur leur compte. - Deux
frères aînés en parfaite santé ainsi que leurs enfants qui n'ont
jamais présenté de maladies nerveuses. - Il en e-t de même
de ses deux soeurs et de leurs enfants. - Rien de particulier
dans le reste de la famille : pas d'idiots, d'épileptiques, de
paralytiques, de difformes, de sourds-muets, de bègues, de
pieds bots, de prostituées ou de criminels ]
Mère, femme de chambre, caractère un peu vif, sobre, non
migraineuse, morte à 36 ans en oouc;hcs. E11· n'auraitjawais été
malade et n'aurait présenté ni convulsions, ni fièvre typhoïde.
[Père, mort à 50 ans, on ne sa' de quoi. - Mère, morte en
couches : 1 36 ans. Le reste de la famille est totalement i nconnu
au mari. Cependant, rien de ce qu'il entendu dire à sa femme
n'expliquerait l'hérédité morbide recueillie par l'enfant.]
Pas de consanguinité. Les deux époux étaient, à quelques
mois près, du même âge.
Quatre enfants sont nés de ce mariage : 1° garçon mort de
la diarrhée verte : 2" fille. 6 ans, bien partante et très intel-
ligente; 30 notre m dalle; 4° fille, morte en naissant.
Notre H1 : llade. -An moment de la conception, rien d'a'1Or-
mai. -D m- le c tvtr, du sixiè ne unis do la grossesse, la mère
fit une chute <UI' fei,e-4. Pas (le peur, pas d'envie. De temps
à autre elle se trouvait mal ni lis revenait vite à elle. -
Accouchement il terme. Le passage fut fort long. On n'eut
recours cependant ni au forceps, ni au chloroforme. -
L'enfant était asphyxié la la naissance. Il avait des circulaires
autour clu cou et on resta longtemps à le ranimer. Il parais ait
un peu chétif. a été étbvé ao biberon avec du lait de vache.
Pas de renseignements sur l'époque du sevrage, ni sur la
manière dont se fit la dentition. La parole est encore nulle à
l'heure présente. Premières convulsions à 2 jou-s. Elles ont
duré tres-peu et portaient principalement sur la tête. (Yeux,
218 DESCRIPTION DU malade.
face). Il tordait peu ses bras et ses jambes. Les convulsions
se sont de nouveau montrées à intervalles éloignées, et
avec une intensité moins grande. )J'les disparurent à l'âge de
2 ans On s'aperçut à cette époque que l'enfant était paralysé
du côté droit : il se servait très peu de ce côté Il pleurait
pour un rien. Peu gourmand, il était fort sale et faisait cons-
tamment sous lui. Il est encore gâteux. Il mastique mal. bave
beaucoup mais ne vomit pas. Pas de mérycisme ni de vers
intestinaux. Il a eu 'a rougeole mais pas de scarlatine. de
varicelle, etc. Vacciné vers 4 mois. Jamais de chorée, d'épi-
lepsie, de secousses, de vertiges, d'étourdissenionts. Il a eu
de la gourme, sans otorrhée, dartres, blépharite ciliaire,
conjonctivite, ou adénites. Il ouait seul ou avec les personnes
qui l'entouraient, il cassait volontiers et projetait à terre les
objets qui lui tombaient sous la main. Pas de traumatismes.
Caractère affectueux, il reconnaît bien ses parents.
9 avril. - T¡'aile111 1'11 1 : 3 bains salés ; sirop d'iodure de fer;
massage et exercices de marche.
État actuel. L'enfant est pâle, peu adipeux, d'apparence
chétive. Son faciès exprime l'hébétude. Ses joues sont pleines
et rondes. Lorsqu'on lui parle, il vous fixe et secoue sa tète
de haut en bas comme pour répondre n oui ».
Les cheveux sont noirs et bien plantés. Il n'y a pas d'épis.
- Le crâne est assez volumineux et asymétrique. Le côté
droite parait plus développé que le gauche. La bosse frontale
droit est surtout proéminente. La bosse pariétale du même
côté est aussi plus développée. La glabelle fait un relief à
peine appréciable. L'inion est facilement senti. Il est impossi-
blede se rendre compte de l'état des sutures et des fontanelles.
Ces dernières paraissent comblées.
Le visage est plein et arrondi. Les arcades sourcilières sont
bien dessinées. Les paupières, fines et bleuâtres, recouvrent
complètement le globe oculaire. Il n'y a pas de lagophlhalinos.
Les sourcils sont noirs et assez fournis. Les cils sont longs,
noirs et un peu relevés. Les yeux sont mobiles. Pas de nystag-
mus ; l'iris est châtain foncé, avec un cercle noirâtre l'enca-
drant. Les pupilles sont égales et réagissent bien à la lumière
et à l'accommodation. Il est impossible, vu l'état intellectuel
de l'enfant, de savoir s'il reconnait les couleurs, s'il a de la
diplopie, etc.- Le ne= est droit et court, bien conformé. Pas
de renseignements exacts sur l'odorat. Il parait désagréable-
ment impressionné par l'ammoniaque. La bouche petite,
Pneumonie ; mort. 219
régulièrement conformée, et munie de lèvres charnues, bien
dessinées. La voûte du palais et le voile sont normaux, ainsi
que la langue et les amygdales Il est difficile d'être renseigné
sur l'état clu goût. L'enfant n'est pas gourmand et refuse
quelquefois les friandises et la nourriture. - Le menton est
rond, petit, situé sur la ligne médiane. - Les oreilles sont
bien conformées.
L- coti est grêle, le corps thyroïde normal.
Le thorax est régulièrement conformé. Les poumons et
le coeur sont normaux. - L'abdomen, un peu gros, a des
parois résistantes. Le foie et la rate ne sont pas hypertrophiés.
La sensibilité générale parait conservée à la douleur et à la
température.
Puberté. L'enfant est tout-à-fait glabre. On trouve à peine
quelques poils très fins et très rares sur les avant-bras et
les jambes. Rion sous les aisselles. - La verge est petite,
d'une longueur de 4 centimètres sur 3 1/2 de circonférence.
Phimosis réductible. Les deux testicules sont descendus et de
la grosseur d'un oeuf d'oiseau. Rien sur le pubis, anus normal.
Les membres supérieurs sont en flexion. L'avant-bras est
fléchi sur le bras, la main sur l'avant-bras. Il est diffx'i'e de
relever son poignet qui retombe de lui-même. La cuisse est
également fléchie sur le bassin, la jambe sur la cuisse et le
pied est en position normale. Cet état n'est pas plus prononcé
d'un côté que de l'antre. Cependant l'enfant saisit toujours
les objets qu'on lui présente de la main gauche.
20 juin. Louv...aétérevaccinésanssuccés.II pôrte d'ail-
leur* 3 cicatrices de vaccin à droite. Rien à gauche.
Il juin. L'enfant tousse un peu. Il a de la fièvre : 38a,4 au
matin. Depuis quelques jours sa température oscillait autour
de 37°,8. Cet état dure depuis le 22.
Les battements du cour sont très rapides. A la percussion
un peu de matité en arrière des deux côtés et aux bases. Quel-
ques fines crépitations disséminées çà et la dans les deux pou-
mons, mais surtout vers la base. - Traitement : Oxygène,
sirop d'ipéca, 30 centigrammes de sulfate de quinine; teinture
d'iode en badigeonnages.
2Rjuin. - La température qui était hier au soir de 3S,7 7
atteint ce matin 39,5. - Râles nombreux et fins dans la poi-
trine. Le pouls est extrêmement rapide. Il n'y a pas de dyspnée,
ni d'agitation. La peau est brûlante. Oxygène, ipéca, sulfate
de quinine. - A 6 heures du soir : T R. lino. L'enfant meurt à
Il heures 45. T. R. après le décès z,9; d'heure après
220 SCLÉROSE ATROPHIQUE.
45°; 1 heure après 311,7 ; - heures après 35°.7. Tempé-
rature de la salle : 23°. Poids après décès, 14 kilog. 500.
Autopsie faite le 30 juillet. Tête. Cuir chevelu assez
fortement congestionné, même dans sa partie antérieure.
Crâne mince, de texture compacte; la crête occipitale est un
peu déviée à gauche et la partie gauche de cet os est un peu
déprimée. La fosse occipitale gauche est un peu plus petite
que la droite. Nombreuses plaques transparentes le long de
la suture inler-frontale et des angles antérieurs et supérieurs
des pariétaux. La suture coronale est libre de tout travail
synostosique. Les pariétaux présentent de nombreuses pla-
ques minces, transparentes, occupant la moitié du pariétal
gauche et les doux tiers du pariétal droit. La dure-mère
est un peu adhérente aux os. Un peu de sang l1uirlc dans les
sinu,. La base du crâne parait sym"ll'ique. Il en est de même
des nerfs olfactifs et optiques, des artères, etc. Le tubercule
mamillaire gauche parait plus petit que le droit. Le pédon-
cule cérébral gauche est moins large, et moins bombé que le
droit. La moitié gauche de la protubérance parait un peu
déprimée, .ja pyramide antérieure gauche est moins saillante
et moins large que la droite.
Lorsqu'on sépare les hémisphères cérébraux il s'écoule
une assez grande quantité de liquide céllralo-raelridien.
B.-LiON-CHO-1NËTJMONIE. f
Sur la face interne, lit FI est très atrophiée, blanche 'et
indurée dans toute sa imitii postérieure; toute la partie
correspondante de la circonvolution du corps calleux est
blanche et considérablement atrophiée. Le ventricule latéral
est notablement dilaté, la couche optique, le corps strié
ainsi que la corne d'Ammon paraissent normaux.
Hémisphère droit. - La pie-mère s'enlève facilement. Les
circonvolutions sont plus développées que de l'autre côté.
La parti;1 moyenne de la circonvolution du corps calleux est
blanche, atrophiée et indurée. La partie postérieure de FI, sur
la face interne de l'hémisphère, et blanche, un peu indurée
et légèrement atrophiée. Cette lés on est symétrique avec celle
de la face interna de l'héinisphire gauche. La m.iUié infé-
rieure de la pariétale ascendante est atrophiée et n'a pas
changé de couleur ni de consistance. Sur le lobe de l'insu la ;
il semble y avoir à gauche des lésions scléreuses et des
nodosités atrophiques..Le ventricule latéral ne parait pas
dilaté. La couche optique, le corps strié et la corne dam-
mon paraissent normaux. Même vascularisation de la pie-
mère sur cet hémisphère que sur l'autre.
Les deux hémisphères décortiqués paraissent très iné-
gaux.
! 22 RÉFLEXIONS.
Réflexions. - I. L'hérédité ne semble avoir joué
aucun rôle dans ce cas.
II. L'asphyxie de l'enfant à la naissance a été sans
doute la cause des couvulsions survenues au second
jour de la vie et qui se sont reproduites à diverses
reprises jusqu'à l'âge de deux ans. Rappelons que,
au dire du père, elles étaient prononcées surtout à la
face. Toutefois, sur ce point, il convient d'être réservé
car les membres du coté droit étaient, a-t-on dit, plus
paralysés que ceux du côté opposé.
III. Au point de vue clinique l'enfant était atteint
d'idiotie complète : parole et marche nulles, gâtisme,
etc. L'existence de contractures, duos à des convul-
sions répétées, permettait de rattacher l'état mental de
Louv., à une sclérose du cerveau.
IV. L'autopsie a démontré la réalité de cette sclé-
rose qui intéressait surtout l'hémisphère gauche dont
le poids était de 115 gr. inférieur à celui de l'hémis-
phère droit. Relevons, enfin, la dégénéralion secon-
daire du tubercule mamillaire et du pédoncule céré-
bral du côté gauche, l'atrophie de la pyramide anté-
rieure et de la moitié cle la protubérance clu même côté,
enfin une diminution de poids de Y hémisphère céré-
belleux droit.
XIX.
Idiotie symptcmatique de sclérose cérébrale
atrophique ;
Par BOURNEVILLE et NOIR.
Sommaire.. - Père, violent, excès de boisson. - Grand'mère
paternelle, migraineuse, emportée. Grand'tante mater-
nelle, aliénée. - Mère. d'une intelligence médiocre, très
nerveuse, fièvres paludéennes. Grand-père maternel,
e.vcès de boisson. - Grand'mère maternelle, aliénée. Pas
de consanguinité. Egalié d'âge. -Grossesse tourmentée.
- Premières convulsions à 14 mois, prédominant à droite,
répétées durant trois jours et suivies d'une hémiplégie
droite. - Nouveau* accidents couculsifs à partir de 13 ans.
- Parole et marche nulles; - gâtisme incomplet
Atrophie des membres du côté droit.
Autopsie : Synostose partielle de la suture lambdoïde ;-
Sclérose atrophique des circonvolutions frontales droi.e
et de celles du territoire de l'artère sylvienne à gauches
IlepatLaliou rouge des lobes inférieurs des deux poumons.
Gob... Joseph Camille, né le 7 août 1876, entre le 24 décem-
bre 1891, à Bicêtre (service de M. BOURNEVILLE).
Antécédents. (Renseignements fournis par la mère le 10
janvier 1892). - Père, entrepreneur de déchargement à la gare
du Nord, mort à 46 ans d'une bronchite, atteint déjà d'une
affection cardiaque. Il avait de fréquentes migraines, s'eni-
vrait fréquemment et chiquait pour 0 fr. 50 de tabac par jour.
Calme et doux en temps ordinaire, il devenait méchant, étant
ivre. Il était enfant naturel et son père ainsi que toute sa
famille est inconnu.
224 Antécédents.
Mère, 65 ans, sujette aux migraines et à des crises de gas-
tralgie, vive et emportée. Demi-frère maternel, sobre, cal-
me, mort à 26 ans d'hémorrhagies auxquelles il était sujet et
qui se manifestaient pir le nez et par la bouche. - Une tante
maternelle serait devenue folle, mais on n'a pas de rensei-
gnements précis à cet ég ird. A part cela, ni idiots, ni épilep-
tiques, etc., dans le reste de la famille du père, à la con-
naissance de lanière de l'enfant.]
Mère, giletière, 52 ans, vivait avec le père sans jamais avoir
été mariée. Fièvres paludéennes de 2 à 9 ans. Santé toujours
délicate, crises gastralgiques très fréquentes, très émotive,
pleure pour rien, repousse énergiquement tout soupçon d'al-
coolisme. Elle n'a jamais eu de maladie grave. Grande, mince,
sa physionomie peu sympathique parait médiocrement intel-
ligente. - [Famille de la mère. Père, cultivateur, mort à
62 ans du choléra, buvait beaucoup de vin, était coléreux et
brutal, n'avait jamais été malade. - Mère, morte subitement
à 62 ans, était aliénée ; elle fut internée à l'asile de Chalons-
sur-Marne, aurait eu du délire avec fièvre et se croyait persécu
tée. Sa maladie présentait des rémissions. Elle n'eut comme
autre maladie que des esquinancies assez fréquentes. - Deux
frères et une soeur morts en bas-âge, on ne sait de quoi. Aucun
autre renseignement sur les antécédents pathologiques de la
famille de la mère.]
Pas de cons nguinité. Inégalité d'âge : 5 ans, la mère était
la plus âgée.
Quatre enfants : 1° fausse couche de 5 mois 1/2; 2° un
garçon, mort en naissant ; - 3u Notre malade ; - 4° un autre
garçon, mort à un an d'entérite, n'ayant jamais eu de convul-
sions.
Notre malade. La conception n'eut pas lieu pendant l'i-
vresse, mais la brutalité du père, l'hostilité de sa famille à l'é-
gard de la mère, la misère du ménage, la rendaient absolu-
ment malheureuse.
Pendant la grossesse, forte émotion au 3mo mois, due à des
symptômes d'étr tnglement herniaire qu'aurait alors eu le père.
Aucun autre accident. Accouchement normal, à terme, sans
anesthésie. Enfant bien portant à la naissance, ni asphyxie,
ni circulaire du cordon. - Nourri jusqu'à 10 mois au sein
maternel, puis jusqu'à 16 mois avec du lait de vache au bibe-
ron.
A 14 mois, après l'apparition de sa première dent, survinrent
des convulsions sans cause apparente. Elles durèrent une
Description DU malade. 225
heure, donnèrent lieu à des secousses toniques violentes,
exagérées très nettement du côté droit et accompagnées
de pâleur de la face. Les convulsions se répétèrent très
fréquemment durant 3 jours et, après leur disparition, l'en-
fant resta paralysé il droite, et présentait parfois de ce
coté de légers mouvements convulsifs très passagers.
Depuis 2 ans, il y eut une nouvelle recrudescence des convul-
sions et la mère prétend que l'enfant avait alors de véritables
crises épileptiformes sans perte de connaissance ( ? ). Jusqu'à
cette époque, il n'avait pas eu de véritables crises convulsives,
sauf celles de 14 mois. Gob ? n'a jamais pu marcher. Av nt
ses premières convulsions, il prononçait quelques mots, mais
depuis il n'a plus poussé que des cris inarticulés. - Rougeole
à 2 ans sans complications ; scarlatine assez grave à 4 ans 1/2 ;
bronchite légère à 13 ans. Quelques abcès au cou à 2 ans, et
engelures annuelles ; pas d'autres accidents scrofuleux. Il est
glouton, ne peut manger seul, a des alternatives de constipa-
tion et de diarrhée. On n'a jamais constaté de vers intestinaux
dans ses selles. A demi-gâteux, il urine sous lui, mais demande
depuis l'âge de 5 ans pour aller à la selle. Il parait affectueux,
aime les caresses, parait sensible aux reproches. Il a le som-
meil assez agité, mais sans cauchemars, parait fréquemment
souffrir de céphalalgies frontales et est fréquemment pris de
crampes dans les membres des deux côtés. Il est tranquille,
s'amuse d'un rien et passe la journée à couper du bois avec
un vieux couteau. - Les médecins auraient soumis l'enfant a
des traitements, dont le bromure de potassium et le sirop de
Gibert formaient la base.
Etal actuel (8 janvier 1892). - Peau pâle. Maigreur assez
prononcée. Atropine notable de tout le côté droit. Physiono-
mie repoussante sans une lueur d'intelligence, ni la moindre
expression dans le regard. Cheveux châtains, abondants, avan-
çant sur les tempes, à tourbillon postérieur, situé àgauche de
la ligne médiane. Tête volumineuse, d'apparence symétri-
que. Bosses pariétales peu s illantes. Bosses frontales très
marquées. Front assez élevé nuis étroit. Pas de traces de
sutures, ni de fontanelles à la palpation. Visage ovale à pom-
mettes s allantes et menton vard. Arcades sourcilières très
accusées, garnies do soucils châtains abondants. Paupières
normales, cils courts et peu abondants. Fentes palpébrales peti-
tes. Yeux à motilité normale, ni strabisme, ni nystagmus.
Pas de lésions de la conjonctive, ni de la cornée. Iris marron
clair; pupilles égales et à réactions normales. Examen fonc-
13OUliNF.VILLE. Bicêtre, 1892. 15
226 Description DU malade.
tionnel de la vue impossible. - Nez légèrement busqué, nari-
nes étroites, regardant en bas. - Bouche petite. Lèvre supé-
rieure procidente ainsi que l'arcade dentaire supérieure.
Palais, voile du palais, langue, normaux. Amygdales volumi-
neux. Goût nul.-Oreilles grandes; ourlet peu accentué,
lobule petit et détaché.
Cou : pas de goitre, larynx saillant, quelques petits gan-
glions carotidiens engorgés.
Thorax, maigre, saillies des côtes et du sternum. Le rachis
offre une légère incurvation à concavité à droite. Pas d'ano-
malie révélée par la percussion ni l'auscultation.
Abdomen en bateau. Le foie et la rate paraissent de dimen-
sions normales.
Puberté et organes génitaux. - Touffe de poils noirs longs
et bouclés au pénil. - Verge : 7 centimètres de longueur sur
8 centimètres de circonférence. Prépuce court. Gland décou-
vert, méat étroit. Testicules égaux, de la grosseur d'un petit
oeuf de pigeon. Quelques poils sur le scrotum, le périnée et à
la région anale. Poils assez rares aux aisselles. Le reste du
corps est glabre.
La sensibilité à la douleur et à la chaleur existe également
à droite et à gauche. Poids : 48 kilogr. 500- Taille : 1 ? 61.
Membres supérieurs. Le droit est atrophié. (Voir plus loin
les mensurations.) L'avant-bras droit, en pronation forcée, est
fléchi sur le bras. La main est fléchie sur l'avant-bras au point
que la face palmaire le touche et ne peut être redressée. Le
membre supérieur gauche n'est pas atrophié mais est fort peu
développé.
Membres inférieurs. Ils présentent des deux côtés une dis-
position particulière de la rotule. Elle se trouve située fort
haut et laisse apparaître la saillie des condyles fémoraux. A
droite, la cuisse est légèrement en rotation interne, la jambe
en demi-flexion; le pied est en extension forcée et les orteils
en déflexion. Les os du tarse font fortement saillie. Tous les
muscles sont atrophiés.
Pneumonie. 227
228 Crâne ; sutures.
10 janvier. - T. R 38°, 7.- Soir : 40°, 7.
11 janvier. - Abattement profond. Râles sous-crépitants
dans toute l'étendue des poumons. Gros râles bronchiques.
Une cuillérée de sirop d'ipéca. T. R. 39°, 4. - Soir : 39°, 6.
12janvie ? ,. - T. R. 40°, 1. - Soir : 39°, 3.
13 janvier. - Abattement plus grand, dyspnée intense. T.R.
37°, 5. - Soir : 38°, 8.
14 janvier. - Facies terreux et grippé. Dyspnée très grande.
Signes sthétosoopiquesstationtnaires. T. R. 39°, G.-Soia : a0°, 2.
Ventouses, sinapisme. Todd quinquina.
15 5 janvier. - T. R. 39°, 7. - Soir : 380, 4.
16 janvier. - T. R. 38°, 3. - Soir : 38", 2.
17 janvier. - T. R. 38°, 2. - Soir : 3`l^. ? .
18 janvier. - T. R. 39°, 8. -Soir : 38°, 8.
19 janvier. - L'état général va en déclinant. T. R. 39^, 2. -
Soir : 39°, 7.
20 janvier - Diarrhée depuis la veille au soir. T. R. 39°, 7.
Soir : 38°, 2.
21 januier. - T. R. 38°, 6. - Soir : 38°, 9.
22 januier. - Le malade ne peut plus boire, il s'affaiblit
d'heure en heure. T. R. 40°, 1. Soir : 40°.
23 janvier. - Dyspnée très intense, coma. Mort à 8 heures
1/2 du matin. T. R. 40°, 8. - T. R. aussitôt apl'8s la mort : 41°, 8;
- 1/4 d'heure après : 40°. - Une heure après 38·, 1. - Deux
heures après : 36°. La température de la salle oscille entre 13°
et 14°. - Poids de l'enfant après le décès : 45 kilogr. 400. -
Diagnostic de la maladie ultime : Pneumonie double.
Autopsie faite le 24 janvier 1892, 24 heures après le décès.
Tête. - Cuir chevelu et tissu cellulaire sous-cutané
assez épais. - Calotte crânienne dure, parfaitement
symétrique. Sur la coupe, elle a. en avant, sur la ligne médio-
frontale, 5 millimètres d'épaisseur et 10 millimètres au niveau
de la coupe de la protubérance occipitale externe. L'épaisseur
des autres parties de la coupe varie entre 4 et 6 millimètres.
A sa face externe, on ne constate pas de suture métopique.
La suture fronto-pariétale est très finement dentelée et n'offre
pas de points de synostose. La suture sagittale, à contours
compliqués dans la plus grande partie de son parcours, devient
presque rectiligne pendant un centimètre environ, puis durant
ses 3 centimètres postérieurs forme des dentelures qui gagnent
le lambda en augmentant de longueur, composant ainsi une
sorte de petit triangle. Pas trace de synostose sur le trajet de
SCLÉROSE ATROPHIQUE. 229
cette suture. La suture lambdoïde est contournée en dente-
lures irrégulières surtout vers sesparties inférieures, mais en se
rapprochant du lambda, sur un trajet de 3 centimètres 5 environ,
les dentelures se simplifient et on note sur l'occipital, en
arrière de la suture, de petits îlots osseux très petits et isolés,
qui paraissent provenir d'un travail partiel de synostose de
cette portion de la suture. Ce travail est plus accentué à gauche
qu'à droite et, de ce côté, il est des points où est difficile sur
la table externe de l'os de suivre la suture. Sur la face interne
de Le calotte on n'observe sur le trajet des sutures aucune
trace de synostose. Les sutures sont rectilignes. La suture
sagittale présente à 3 centimètres du lamba. sur un parcours
d'un centimètre 5, une dépression profonde. Les vaisseaux
méningés ont laissé sur la table interne des frontaux et des
pariétaux de profondes rainures.
Les canaux du diploë sont injectés. La calotte n'est du reste
transparente qu'au niveau du point où se trouvait la fonta-
nelle antérieure dans les angles antérieurs et internes des
pariétaux. A gauche, il existe une plaque transparente de 2
centimètres de longueur sur 5 n1.llimètre3 de largeur, tandis
qu'adroite, la partie transparente, symétrique, n'a guère plus
de 5 millimètres. La base du crâne, symétrique, ne présente
rien de particulier.
Les vaisseaux et lesnerfs de la base ontleur disposition ordi-
naire. La pie-mère est très congestionnée, surtout à sa partie
antérieure, et est blanche et opaque sur le trajet de la scissure
de Sylvius.
230 SCLÉROSE ATROPHIQUE.
male dans sa moitié inférieure, est sclérosée et atrophiée dans
sa partie supérieure. Il en est de même de P A, où la lésion
est moins accentuée. - Le lobe pariétal, surtout au niveau du
pli courbe, présente des adhérences méningitiques assez
accentuées. - Les lobes occipital et temporal ont une dispo-
sition régulière.
Face interne. - La sclérose atrophique intéresse la partie
antérieure du lobe paracentral. L'avant-coin, le coin, la région
temporo-sphénoidale, la circonvolution du corps calleux
paraissent pas altérés. Il en est de même des noyau»; gris
centraux, des tubercules quadrijumeaux et du pédoncule.
Le ventricule latéral est un peu dilaté.
Hémisphère cérébral gauche. - La scissure de Sylvius est
entrouverte et bordée par des circonvolutions qui sont le siège
d'une sclérose atrophique excessivement accentuée. Cette
lésion est des plus manifestes sur l'insula. F et F2 sont moins
altérées que sur le côté opposé, mais F3 dans son tiers posté-
rieur présente cette altération à son maximum. Le sillon de
Rolando, très net etmoins oblique qu'à droite, sépare F A et P
A, sclérosées sur tout leur parcours mais surtout dans leur
moitié inférieure. - Le lobe pariétal supérieur et le pli courbe
sont très altérés. La lésion va en s'accroissant, en se rappro-
chant de la scissure de Sylvius; elle parait surtout porter sur
le territoire de l'artère sylvienne. - Le lobe occipital est
indemne. - Le lobe temporal l'est aussi, sauf Tri qui est très
sclérosée comme toutes les circonvolutions qui bordent la
scissure de Sylvius.
Face interne. - On ne trouve qu'un foyer de sclérose
assez accentué à la partie postérieure du lobule paracentral
et à la région antérieure de l'avant-coin. -Le ventricule laté-
ral est beaucoup plus dilaté qu'à droite. Les noyaux gris cen-
traux, les pédoncules, etc., paraissent normaux.
Le cervelet offre de nombreuses adhérences pie-mériennes,
mais n'est le siège net d'aucune altération macrocospique. Il
en est de même du bulbe et de la protubérance. La moelle
épinière ne paraît pas asymétrique, on ne remarque sur sa
coupe, à luit nu, aucune lésion apparente.
Thorax. -Pas d'épanchement pleural, ni d'adhérences. Pou-
mon droit (770 gr). Hépatisation rouge du lobe inférieur et de
la partie inférieure du lobe moyen. - Poumon gauche (710
gr). Hépatisation rouge du lobe inférieur. Congestion intense
du lobe supérieur. - Coeur (300 gr.), normal, pas de persis-
tance du trou de Botal, ni du canal artériel.
. RÉFLEXIONS. 231
Cou. - Corps thyroïde (25 gr.), sain. - Pas de traces de
thymus.
Abdomen. - Estomac, pancréas (35 gr.), intestins, vessie,
péritoine : rien de particulier - Foie (1350 gr.) un peu gros
et pâle. - Rate (130 gr.). Rein droit (130 gr.); - Rein gauche
(130 gr.) sains.
Réflexions. - I. Cette observation, comme celles
de la presque totalité de nos malades, nous montre
chez le malade qui en fait l'objet de nombreuses tares
héréditaires (alcoolisme, aliénation, migraines, névro-
pathie). Les évènements survenus au moment de la
conception et durant la grossesse, ne paraissent pas
devoir être pris en considération, car jusqu'à 14 mois,
Gob... n'aurait pas différé sensiblement des enfants
de son âge. A cette époque, plusieurs séries de
convulsions prédominant à droite ont eu pour con-
séquence l'état d'idiotie et l'hémiplégie droite que
nous avons notés chez l'enfant pendant la vie, con-
séquences de l'encéphalite qui se traquit anatomi-
quement par deux foyers de sclérose atrophique régio-
nale. L'état de mal convulsif et l'hémiplégie ont
permis de rattacher durant la vie l'idiotie à la sclé-
rose atrophique.
II. L'atrophie musculaire des membres droits
accompagnée de contracture, et la malformation des
genoux méritent d'attirer l'attention.
III. L'autopsie nous a fait constater une épaisseur
assez considérable des os du crâne et quelques points
de synostose de la suture lambdoïde. Nous ne croyons
pas que cet état ait légitimé une intervention chirur-
gicale, les lésions anciennes de sclérose et l'atrophie
des circonvolutions nous en donnent la raison; une
boutonnière osseuse ne peut évidemment avoir aucune
232 RÉFLEXIONS.
influence sur une altération scléreuse préalablement
produite. Un fait tout particulier qui semble indiquer
l'origine artérielle de l'affection, c'est la limitation
macroscopique de la sclérose à gauche (c'est-à-dire du
côté le plus atteint) au territoire de la sylvienne. A
droite, les points scléreux sont disséminés assez irrégu-
lièrement et ne permettent aucune déduction anatomo-
clinique.
XX.
Idiotie symptonntique de tumeurs du cervelet
compliquées d'hydrocéphalie ; distension des sutures;
Par BOURNEVILLE ET FERRIER.
SOMMAIRE. - Père migraineux dans l'enfance, très colère,
nombreux excès de boisson avant le mariage. (A deux, 60
bouteilles de bière en un jour.) Malformation dee doigts (trois
doigts seulement à ta main droite). - Grand'mère pater-
nelle très nerveuse, sujette à des migraines, mort subite.
- Arrière-grand'tante paternelle en enfance. - Mère,
nerveuse; cauchemars. - Grand'mère maternelle, hypo-
chondriaque, aliénée.- Arrière-grand-oncle maternel, sui-
cidé par pendaison. - Grand-père maternel, alcoolique,
violent. - Grand-oncle maternel, mort d'une attaque
d'apoplexie. - Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de
3 ans.
Allaitement partiel au lait de chèvre : - - Intelligence ordi-
naire jusqu'à 6 ans. - Violents maux de tête avec
vomisssements bilieux. - Deux mois plus tard, parésie des
jambes, affaiblissement de la vue; puis paralysie et cécité
complètes; - crises convulsives probables ( ? ). - Nystag-
mus ; strabisme divergent; atrophie blanche des deu2 pa-
pilles. - Paraplégie spasmodique. - Trépidation spinale.
- .Accès migraineux avec ronflement et élévation de la
température; - accès de colère. Gâtisme. - Congestions
de la face. - Augmentation de volume de la tête. - Amé-
lioration passagère à ta Fondation Vallée : diminution de
la paralysie.- Gangrène des extrémités inférieures. Septi-
cémie. - Mort.
234 Antécédents HÉRÉDITAIRES.
Autopsie. - Ecartement des os du crâne; distension des os
du crâne ; -état membraneux des sutures. - Hydrocépha-
lie ventriculaire double. - Dilitation du troisième ventri-
culaire. -Kystes et infiltration sanguine du ceruelet (tuber-
cules transformés).
Bais... (Marie), âgée de 7 ans, née à Vitteau (Côte-d'Or), le
2 nov. 1882, est envoyée d'office, des Enfants-Malades, le 14
mai 1890, à la Fondation Vallée(service de M. BOURNEVILLE).
Antécédents fournis par le père et la mère. (Juin 1890).
Père, 30 ans, employé au restaurant Duval; auparavant cafe-
tier en Bourgogne, n'a eu ni convulsions, ni fièvre typhoïde,
ni rhumatisme, ni dartres, ni syphilis. Il a eu jusqu'à 13 ans de
fortes migraines, d'une violence telle qu'elles lui arrachaient
des cris. Son caractère était très violent : pour un rien, il«au-
rait cassé la figure à quelqu'un. » Il buvait, avant son mariage,
de l'absinthe « jamais plus de 3 par jour, et de la bière jusqu'à
18 bouteilles.» Il se vante d'avoir bu, avec un de ses camara-
des, soixante bouteilles de bière en un jour. Il ajoute qu'il
était souvent gris. Depuis 7 ans, il a cessé son commerce et
ne boit plus. Il a une malformation congénitale de l'avant-
bras et de la main du côté droit. L'avant-bras est beaucoup
plus court et plus petit que le gauche et la main ne se termine
que par trois doigts : le pouce, et deux autres doigts dont le
plus long et le plus gros est aussi le plus rapproché du pouce,
en sorte que, comme volume et comme forme, ces doigts
rappellent le médius et l'annulaire. (Fig. 5). Par suite d'un acci-
dent, le pouce est luxé en dehors et en arrière. Voici le tableau
des mensurations comparatives de ses membres supérieurs :
Antécédents PERSONNELS. 235
violentes migraines ; elle était excessivement nerveuse, mais
n'a jamais eu de crises. - On ne connaît pas les grands-parents
paternels.-La grand'mère maternelle est morte aussi d'une
affection du coeur. - Il y a plusieurs oncles ou tantes paternels;
mais on n'en connaît qu'un, qui est âgé, en bonne santé, non
nerveux et sobre. - Un grand-oncle maternel est mort d'une
maladie du coeur ; quatre autres sont vivants et en bonne santé;
une grand'tante maternelle est atteinte de ramollissement
cérébral. Un frère jumeau, qui était bien conformé, est
mort à 3 ans, on ne sait de quoi. Il n'y a dans la famille du
père, ni épileptiques, ni aliénés, ni bègues, ni sourds-muets,
ni paralysés, ni suicidés, ni débauchées].
Mère, 27 ans, n'a eu ni convulsions dans l'enfance, ni fièvre
typhoïde, ni chorée, ni rhumatisme, ni dartres, ni migraines,
ni symptômes de syphilis. Elle n'est pas alcoolique. En résu-
mé, elle a toujours eu une excellente santé, mais elle travaille
Fig. 5.
236 Antécédents personnels.
beaucoup et elle est très-nerveuse ; elle a, la nuit, dans son
premier sommeil, des cauchemars et des accès de somnam-
bulisme ; toutefois, elle ne semble pas être hystérique. - [Mère,
morte à 5 ? ans, avait ordinairement une bonne santé. A
un moment donné, elle fut atteinte d'ictère et eut en même
temps des accès de mélancolie. Elle Unit dans un asile d'alié-
nés près de Dijon. - Père, mort a 60 ans, à la suite d'excès
alcooliques. 11 battait ses enfants. - Les grands-parents
paternels ne sont pas connus. - Les grands-parents mater-
nels sont morts âgés « de vieillesse ». - Les oncles ou tantes
maternels sont au nombre de 13. L'un d'eux est mort vieux, on
ne sait de quoi. Un autre s'est pendu. Les autres sont inconnus.
Deux oncles paternels, morts tous les deux, l'un de maladie
indéterminée, l'autre d'une attaque d'apoplexie. - Une tante
paternelle est encore vivante. - Deux frères et une soeu¡' sont
en excellente santé, sobres, calmes, très rangés. On ne connaît
pas d'idiots, d'épileptiques, etc., dans le reste de la famille].
Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de 3 ans. (La mère
moins âgée que son mari.)
Deux enfants : Io notre malade; 2° garçon, mort à un an, du
carreau, il était rachitique.
Notre malade. Au moment de la conception, le mari buvait
beaucoup, paraît-il. Pendant la grossesse, il adonné quelque-
fois des coups à sa femme, mais il n'est pas question de coups
sur le ventre. La grossesse fut bonne. Il faut dire pourtant,
que, vers le deuxième mois, la mère eut envie de boire
et but pendant deux semanies environ, deux petits verres
d'alcool par,jour.- L'accoucho)ie)t< a été normal ; les douleurs
ont duré un jour. Il n'y a eu ni chloroforme, ni forceps. L'en-
fant, la 2aissancc, ne présentait pas d'asphyxie, mais elle
a toujours eu le teint un peu jaune. On l'appelait : " la petite
moricaude. » Elle fut élevée, jusqu'à l'âge de deux mois, au
sein, par sa mère, qui dut ensuite cesser l'allaitement à cause
des gerçures du sein. L'enfant fut placée chez une nourrice.
Celle-ci devint enceinte et continua à élever l'enfant, mais au
lait de chèvre.
Marie 13... a été sevrée à 13 mois. Elle a commencé à marcher
vers la môme époque. Elle a eu sa première dent vers le Il-
mois. Elle a commencé à parler à 13 mois. Elle n'a jamais eu
de convulsion ? fut très bien portante, très enjouée, jusqu'à
l'âge de 6 ans. A cette époque, elle fut prise de violents maux
de tête, qui lui fai aient pousser des cri., de douleur. Ces dou-
leurs ne renouvelaient régulièrement. Elles débutaient, vers
Description DE la malade. 237 7
2 heures du matin et étaient terminées vers midi. Outre la dou-
leur, il y avait des vomissements bilieux. Les maux de tête
revenaient d'abord tous les 8 jours, puis ce fut tous les 15
jours. Dans les intervalles, l'enfant ne se plaignait de rien,
était aussi gaie qu'auparavant. C'est l'accès type de migraine.
On fit à l'enfant des pointes de feu, et on la soigna comme si
elle avait de la méningite. Puis elle fut conduite aux Enfants-
Malades. Là.tes membres inférieurs, qui s'affaiblissaient avant
l'entrée, devinrent presque impotents en même temps qu'ils
présentaient, àl'excitation, des 1110lLVements spasmodiques. La
vue, qui commençait à baisser, disparut complètement. Il y
avait une atrophie totale des papilles. Aux Enfants-Malades,
une petite fille voisine du lit de Marie B. aurait dit à la mère
de celle-ci que sa fille avait des convulsions. Dans le service
où elle a passé, il aurait été question de tumeur céré-
brale.
Elle a été vaccinée ; a eu la rougeole à 3 ans ; et, parait-il,
les oreilluns durant son séjour à l'hôpital. Ni onanisme, ni
vers intestinaux. Pas de gourmes, d'ophthalmies, d'oti-
tes, etc.
Après avoir passé un an aux Enfants-Malades, l'enfant a
été envoyée à la Fondation Vallée.
Etat actuel. (2 octobre 1890.) - Fillette de taille moyenne,
au teint pâle, émaciéè. Pas de cicatrices, pas d'adénopathies.
La tête est arrondie, symétrique, de volume moyen relative-
ment au corps. On ne constate plus de traces des fontanelles.
Les bosses. occipitales et pariétales sont symétriques et peu
accusées. Les cheveux sont châtains, très abondants, et régu-
lièrement implantés. Le front est peu élevé; les bosses fron-
tales sont régulières.
La face a une expression de tristesse. Les paupières sont
normales, bien fendues. Yeux : les cils, longs, montré-
guliers. les pu pi lies larges, dilatées, les iris bruns, pas de lésions
conjonctivales ou cornéennes. Il y a du nystagmus et un léger
strabisme divergent. Atrophie blanche des deux papilles,
L'en fantasme perception quantitative de lumière. - Nez droit;
narines symétriques. Odorat normal. - Pommettes égales.
Pas de parésie faciale. Lèvres rosées, assez bien faites. Bou-
che bien fendue. Langue normale. Palais régulier. Raphé
médian non dévié. Il n'y a rien de particulier aux amygdales
et au voile du palais. Le goût est conservé. menton arrondi.
- Oreille externe assez bien conformée; hélix peu roulé,
lobule non adhérent. Ouïe normale.
238 DESCRIPTION DE la malade.
Cou arrondi, pas de saillie ou d'atrophie du corps thyroïde.
Circonférence, 26 centimètres.
Thorax régulier. Rien au coeur ni aux poumons. - Seins
peu développés : dimensions transversales, 8 centimètres ; ver-
ticales, 7 centimètres. Aréoles rosées; diamètre, 1 centimètre 5.
Abdomen. Rien de particulier. Rate et foie normaux.
Membres supérieurs régulièrement conformés. Articula-
tions et muscles sains. Force égale des deux côtés. Pas d'ar-
rêt de développement
Membres inférieurs. L'enfant présente une paraplégie spas-
modique très marquée, avec contracture très prononcée des
cuisses, qui font avec l'abdomen un angle aigu; on ne peut
étendre la jambe. - Traitement : bains salés, exercice des
jointures.
2 octobre. Il y a, au point de vue des membres inférieurs,
une amélioration notable : les mouvements de la jambe sont
beaucoup plus libres. L'enfant peut l'étendre, la soulever jus-
qu'à 80 centimètres au-dessus du plan du lit. Elle se couohe
sur le dos, et les membres inférieurs sont complètement éten-
dus. Elle commence à marcher et à se tenir dans son chariot.
Les articulations sont libres. Les mouvements provoqués n'ex-
citent plus les cris de l'enfant.
La sensibilité est normale dans tous ses modes (tempéra-
ture, contact, douleur, etc.) - Les réflexes rotuliens sont for-
tement exagérés; il existe de la trépidation spinale.
La mastication est bonne. Il n'y a ni bave, ni succion, ni rumi-
nation, ni vomissements. La digestion se fait bien; les selles
sont régulières. Gâtisme absolu. Sous ce rapport, aucune modi-
fication depuis l'entrée. Cependant l'enfant demande très bien
le vase lorsque ses parents viennent la voir.
Marie B... parait assez intelligente, parle bien. Elle est affec-
tueuse, et aime qu'on s'occupe d'elle. Mais, dans les exercices
qu'on lui fait faire, elle est fort capricieuse et n'obéit pas à la
demande d'exécution. A cette occasion, elle se met fréquem-
ment en colère lorsqu'on veut lui faire faire ce qu'elle refuse
d'accomplir. Quelquefois même elle va jusqu'à ne pas manger.
A cette époque, on ajoute à son traitement des douches en
jet de 30 secondes.
1891. 40 jannier.- Depuis unjour, Marie B. a de la céphalée
frontale, avec vomissements alimentaires. La température
s'élève à 39, 5; le pouls à 86. Il est régulier, plein. Pas de rai-
deur de la nuque ou des membres. Un gramme d'antipyrine.
Juin.- Depuis six mois, les progrès se sont arrêtés. Il sem-
Migraines ; hydrocéphalie.
239
ble que l'enfant se tient debout et marche seulement quand
celalui plaît. Elle est trèsjalouse de ses compagnes, et se met
dans de très violentes colères, se jette par terre. Elle gâte tou-
jours.
28 juillet. - L'enfant prend ses douches régulièrement tous
les jours. On remarque que, depuis quelque temps, elle se
tient moins bien dans les barres parallèles. Elle ne
grince pas des dents, ne se cogne pas la tête, n'a pas
de roideurs dans les membres, ni de secousses brusques.
Parfois, il y aurait, en dehors de ses migraines, des conges-
tions de la face. Les migraines deviendraient plus fréquentes.
Elles survenaient autrefois tous les mardis ; actuellement il y
en a trois par semaine. On rase les cheveux, et on applique
un large vésicatoire sur la moitié antérieure de la tête.
1892. 9 janvier. - Raser les cheveux et appliquer un nou-
veau vésicatoire recouvrant tout le sommet de la tête presque
jusqu'à la racine des cheveux en avant. Le vésicatoire sera
laissé 15 ou 16 heures. A ce moment, on reprend les dimen-
sions de la tête qui avaient déjà été prises en octobre 1890,
c'est-à-dire 15 mois auparavant. Voici le tableau de ces men-
surations, avec celles qui ont été prises au mois de juillet
suivant :
240 Paraplégie ; TROUBLES trophiques.
épaisses, saillantes, accolées, humides et un peu rouges. Sur
chacune d'elles, un assez petit nombre de poils tins, châtain
foncé, courts et fri es. Petites lèvres assez développées, un
peu plissées. Capuchon très développé. Clitoris petit. Hymen
un peu dévié à droite, boursouflé. L'orifice a des bords abso-
lument lisses. Fourchette très saillante. Il y a au pourtour de
l'anus quelques poils fins, courts, châtain toncé.
2 avril. - On reprend l'hydrothérapie.
13 avril. - Vésicatoire sur la moitié droite du cuir chevelu
rasé. Ce vésicatoire donne lieu à quelques petites phlyctènes,
21 avril. Vésicatoire placé dans les mêmes conditions,
sur la moitié gauche du crâne. Il produit également quelques
phlyctènes.
10 mai. - Depuis une quinzaine de jours, l'enfant penche
toujours la tête soit en avant, soit latéralement. Elle semble
avoir peine à la tenir verticale. Ce fait a déjà été remarqué
après l'application du premier vésicatoire et tient au déve-
loppement progressif et rapide de la tête (Hydrocéphalie).
25 juin. - L'enfant marche de plus en plus mal. Elle ne
peut même plus se tenir debout dans les barres parallèles.
Si l'on essaie de la faire marcher en la soutenant sous les bras,
elle s'affaisse sur elle-même, les cuisses restant dans t'adduo-
tion ut au même oieat. les pieds, qu'elle ne peut soulever,
restant en arrière. Le pied gauche repose sur son bord interne.
- La tête se penche en avant plus encore qu'auparavant. -
La face est d'une pâleur jaunâtre, bistrée. Il n'y a pas de
grincement de dents. La tête a augmenté de volume, ainsi
que le montrent les mensurations.
18 octobre. - L'enfant entre à l'infirmerie, accusant de la
douleur aux deux pieds spontanément, et du côté gauche,
consécutivement aux mouvements provoqués du pied. Les
deux pieds, mais surtout le gauche, sont cyanoses. L'asphyxie
remonte à gauche jusqu'aux droite, elle remonte
seulement jusqu'à la partie moyenne du pied. Le pied gauche
présente un gonflement considérable sur sa face dorsale ; le
pied droit est également tuméfié. Sur la face correspondante
du petit orteil gauche, se voi une perte de substance de forme
circulaire, en formi d'entonnoir peu profond, abords livides, à
fond jaunâtre, n'intéressant pas l'os. Du côté droit, pareille
perte de substance sur le dos du 3" orteil. La consistance de
la tuméfaction est la même sur les deux pieds; elle est dure,
sans oedème. Les jambes sont d'une couleur érythémateuse.
Les ganglions des aines ne sont pas engorgés. l.a douleur
est assez nette à la palpation des deux jambes au niveau de
Gangrène DES extrémités inférieures. 241
la teinte érythémateuse. Les plaques sont limitées par un très
léger bourrelet. T. II. 38°, 2.
19 octobre. - Sur le pied gauche apparaissent deux phlyc-
tènes séro-purulentes, en avant et à 2 centimètres environ de -e
la malléole externe, l'une au-dessous de l'autre. - .Panse-
ment humide phéniqué des pieds et des deux jambes.
20 octobre. - La rougeur des jambes gagne toujours de bas
en haut, avec les mêmes caractères. Perforation très nette du
derme au niveau de la phlyctène supérieure du côté gauche.
Le tissu cellulaire sphacélé apparait par l'orifice. Drainage,
après lavage.
21 octobre. - La face dorsale du pied gauche est moins
dure en général, et a, par places, une consistance fluctuante.
Contre-ouverture de plusieurs clapiers, en arrière des orteils,
et au-dessous de la malléole externe. Lavage, drai-
nage.
22 octobre. - Abaissement de la température. La perte.de
substance s'agrandit par la destruction d'un pont cutané qui
recouvrait un drain.
A partir de ce moment, l'érysipèle gagne des deux côtés,
mais s'éteint à la partie moyenne de la jambe gauche. A droite,
il atteint les téguments qui recouvrent le trochanter, gagne
la partie postérieure du bassin, et, par cette voie, et par le
périnée, la partie supérieure et interne de la cuisse gauche
(9 novembre). Au niveau du bassin existe le bourrelet patho-
gnomonique.
La perte de substance cutanée, située en avant de la mallé-
ole externe gauche, s'agrandit peu à peu, jusqu'à présenter
bientôt, avec une forme elliptique, une longueur de 8 centi-
mètres, une largeur maxima de 4 centimètres. A mesure que
la plaie s'agrandit, les bords se décollent, deviennent livides,
et recouvrent de nouveaux foyers de suppuration. Il n'y a
aucune tendance au bourgeonnement.
26 octobre. - La destruction de la peau a découvert non
seulement le tendon du jambier antérieur, mais ceux de l'ex-
tenseur commun des orteils. Les ulcères des deux orteils
sont cicatrisés. Mais il se forme une nouvelle eschare, molle,
sous le talon droit. On la panse à la gaze salolée tous les .8
jours. Pas d'accidents. Celle du talon gauche s'est détachée,
et la réparation se fait peu à peu.
27 octobre. Au genou gauche survient une deuxième
phlyctène en arrière de la première. Elle est. plus étendue,
et une fois percée, laisse voir à nu le tissu cellulaire sous-
cutané. Les pansements humides, tout en tarissant la suppu-
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892. 16
242 Septicémie ; mort.
ration primitive, ne peuvent amener la cicatrisation et empê-
cher le décollement progressif des bords.
7 novembre. - Il se produit du côté droit une eschare
sacrée. Pendant ce temps, la température présente des élé-
vations le plus souvent subites, vespérales, qui sont suivies
aussi d'abaissements considérables après ouverture de clapiers
purulents. Aujourd'hui nouvelle élévation, l'enfant tousse un
peu, elle a des râles sous-crépitants aux bases. Il n'y a pas
de dyspnée apparente. Le pouls est faible, très rapide, avec
quelques intermittences.
Du ! 1 au 15 novembre, les lésions pulmonaires s'aggravent
peu à peu. On trouve, le 15 novembre, des râles sibilants
dans les deux tiers supérieurs des poumons, des râles sous-
crépitants aux bases, de la submatité seulement à la base
droite en arrière. La toux est légère, la dyspnée peu marquée.
La pommette droite est rouge. Le pouls, depuis longtemps à
120 pulsations, devient de plus en plus faible. Cependant l'en-
fant s'alimente toujours, et prend bien son lait. Il n'y a pas
de troubles digestifs.
9 novembre. - Le bras gauche est contracturé en adduc-
tion, et tous les segments du membre en flexion forcée. L'en-
fant crie si l'on veut le lui étendre. Elle semble souffrir au
niveau de l'articulation de l'épaule gauche.
23 ttoeembre. - Les plaies sont toujours dans le même état.
De plus, il s'est fait une nouvelle perforation sur un point
comprimé, au niveau du bord interne de l'omoplate droite. -
II y a de nombreux râles sous-crépitants dans les poumons.
La respiration semble cependant encore assez facile. L'enfant
a les yeux excavés, vitreux. Elle a perdu beaucoup de force,
puisque jusqu'à ce jour elle tenait encore la timbale pour
boire son lait et qu'elle ne le peut plus aujourd'hui. Les batte-
ment du coeur sont extrêmement fréquents : HO par minute.
Le pouls est à peine perceptible.
2(j novembre. - Pas de changements notables. L'enfant
est réduite à une émaciation extrême et s'affaiblit graduelle-
ment. Les yeux sont ternes, à-demi fermés. Le pouls est
encore perceptible. La respiration est faible. La température
s'abaisse maintenant progressivement (Fig. 6). Dans le creux
poplité du côté gauche, sur le bord du tendon du demi-mem-
braneux, s'est encore produit un orifice cutané qui donne pas-
sage à une assez grande quantité de pue et laisse pénétrer le
stylet, dans une assez grande étendue, sous la peau décollée. Il
aété impossible de maintenir un pansement derrière l'omoplate
droite. Là aussi, le décollement de la peau est considérable.
TEMPÉRATURE.
Fig. 6.
244 ECARTEMENT DES OS DU CRANE.
27 novembre, - L'enfant est morte ce matin à 8 heures, sans
phénomènes particuliers. La température de la chambre étant
de 20 degrés, celle du corps était, aussitôt après la mort, de
35°,6; une heure après, 34 ? i; 2 heures après, 30°,3. Le poids
après décès est de 13 kilog, 500 gr.
Autopsie, 26 heures après décès. - Tête. Le cuir chevelu
est très mince, très pâle et a perdu toute sa graisse. La calotte
est à peu près symétrique, plus développée cependant à droite
qu'à. gauche. Les fontanelles sont fermées, mais les sutures
coronale, sagittale et Lambdoïcle sont écartées et l'intervalle,
compris entre les dentelures des sutures correspondantes,
est comblé par une membrane mince et transparente. Les
dentelures des os se sont très allongées ; leur écartement de
celles de l'os voisin atteint jusqu'à 3 ou 4 centimètres. Les
parties osseuses voisines du tiers moyen de la suture coro-
nale sont transparentes. Les deux pariétaux offrent aussi
en bas des impressions digitales qui les rendent translucides
(Fig. 7).
La base est sensiblement symétrique. Le plancher des orbi-
tes offre des impressions digitales très profondes. La fosse
pituitaire est un peu élargie, aplatie. Les fosses sphénoïdales
paraissent symétriques. La fosse occipitale gauche est un peu
plus développée que la droite, en sorte qu'il existe un léger
degré de pl1l[/iocéphalie.
Lorsqu'on enlève la calotte crânienne, il s'écoule 50 grammes
de liquide céphalo-1'achidien mêlé de sang. La dure-mère est
mince et très pâle. La dure-mère et le cerveau se sont affaissés
considérablement, et hors de proportion avec la petite quantité
de liquide qui s'est écoulée. Il y a un paquet d'adhérences à
l'extrémité antérieure et à l'extrémité postérieure du lobe
temporal gauche. Les nerfs olfactifs sont aplatis, minces.
Lorsque l'encéphale repose sur sa convexité, il s'élargit
d'une façon notable, et a un contour presque circulaire.
On remarque une sorte de lpste arrondi, translucide, au
niveau de l'espace interpédonculaire, et en avant du chiasma
des nerfs optiques qui se trouvent soulevés par le kyste.
Celui-ci, en arrière du chiasma, forme une sorte de prolon-
gement ou saillie comme le mamelon. Ce kyste a environ
deux centimètres de diamètre et forme une saillie d'environ
un centimètre et demi. En arrière du bulbe, entreles deux hémi-
sphères cérébelleux, au niveau du sillon qui les sépare, existe
un second kyste allongé dans le sens transversal, ayant près
de 3 centimètres dans ce sens, et 2 centimètres de hauteur. Deux
ECARTEMENT DES SUTURES DU CRANE. 545 ' z
petits sillons le séparent en deux parties, et lui donnent un as-
pect bosselé. Les kystes sont transparents. L'antérieur est bleu-
âtre ; le postérieur, légèrement citrin. Le petit mamelon du kyste
antérieur répond à l'insertion de la tige pituitaire. Le kyste ante''
Fig. 7. z
246 Tumeur DU CERVELET ; hydrocéphalie.
rieur communique avec les ventricules, augmente si on les
comprime et diminue si on les laisse se dilater. Le corps
pituitaire est un peu épais, mais large, et d'une coloration
grisâtre prononcée.
Les nerfs optiques sont très atrophiés et ont à peine deux
millimètres de diamètre. Ils présentent une teinte vitreuse.
Les bandelettes sont réduites à une mince couche. Les tuber-
cules mamillaires sont tout-à-fait aplatis. Les autres nerfs
de la base paraissent à peu près normaux. - Les artères sont
symétriques. - La protubérance est un peu aplatie.
Lorsqu'on sépare le cerveau du cervelet, il s'écoule 70 gr. de
liquide céphalo-rachiclien. - Le cervelet est très volumineux.
Son lobe gauche en particulier est tuméfié et on sent à la pres-
sion une masse dure dans sa partie antérieure. Au-dessus
du plancher du quatrième ventricule, on aperçoit une tumé-
faction jaune-verdâtre, striée, de consistance un peu molle,
qui fait saillie à la face inférieure du lobe gauche du cervelet.
En arrière de cette tuméfaction se trouve un kyste, arron di et
mamelonné, de volume à peu près égal à celui du kyste du
cerveau (Fig. 8).
La décortication du cerveau se fait assez facilement. On
constate alors que l'hémisphère gauche est plus bombé que le
droit, et donne la sensation de fluctuation, qui répond à ce
que l'on voyait par la face supérieure.
Cerveau; hydrocéphalie. 247
Hémisphère cérébral droit. - La face externe, très courbe
et très haute, offre un aspect général très anormal. Les sillons
sont peu profonds, mal délimités en certains points. La scis-
sure de Sylvius, peu profonde et ayant une branche anté-
rieure très développée, laisse apercevoir le lobe de l'insula
formé de 6 digitations qui ne paraissent pas altérées. Le sillon
de Rolando, superficiel, semble continuer dans sa direction la
première partie de la scissure de Sylvius. - FI et F2, mal
délimitées à leur partie antérieure où de nombreux plis de pas-
sage les unissent à Fa, forment avec F A, dans leur moitié pos-
térieure, une sorte de lobule où les sillons ont presque com-
plètement disparu, qui se déprime à la moindre pression
comme une balle élastique. Cet état est dû à la dilatation
très prononcée du ventricule latéral, que nous constaterons à
la face interne. Cette dilatation a amené un amincissement
considérable de la substance cérébrale, amincissement plus
prononcé au niveau de la partie supérieure du ventricule
correspondant, à l'extrémité supérieure de FA et à la partie
postérieure de F et Fez. F3 est sinueuse et assez bien dévie-
loppée ainsi que le tiers inférieur de FA. D'une façon générale,
le lobe frontal peut être considéré comme formé de deux partie»
à peu près égales : une antérieure et inférieure, l'autre supé-
rieure et postérieure. De ces deux parties, la première assez
bien conformée a un aspect sensiblement normal, la seconde
presque lisse, en ce sens que les circonvolutions sont tout-à-
fait étalées et les sillons réduits presque à de simples lignes,
est amincie et répond à la partie supérieure de FA, etc.. : c'est
cette région qui forme sur la face convexe de l'hémisphère une
véritable saillie convexe. Une dépression au fond de laquelle est
un sillon assez profond perpendiculaire au sillon de Rolando
sépare ces deux régions. Le tobe pariétal est moins altéré.
PA est déprimée et assez mince mais les lobes pariétaux supé-
rieur et inférieur et le pli courbe ont un aspect normal. Il en
est de même des lobes occipitaux et temporaux et la seule
remarque qu'on peut y faire est la petite profondeur des sillon»
que l'on note du reste sur tout le cerveau.
La face interne de cet hémisphère présente une vaste poche
due à la dilatation des ventricules. Cette poche a une lon-
gueur de 13 centimètres environ sur 8 de hauteur. Elle est
le siège de trois dépressions, l'une au niveau de la corne fron-
tale, une seconde, la plus profonde, au devant du sillon de
Rolando, correspond à la partie postérieure du lobe frontal
auquel elle donne l'aspect particulier sur lequel nous venons
d'insister, Enfin, une troisième dépression existe dans la
248 Cerveau; hydrocéphalie.
corne occipitale. La membrane ventriculaire est épaissie,
comme fibreuse. - Le corps calleux est réduit à un mil-
limètre ou deux d'épaisseur, sa circonvolution, atrophiée, n'a
guère que 3 à 4 millimètres de hauteur. FI et le lobule
paracentral sont peu développés. L'avant-coin et le coin
sont aussi déprimés par cette dilatation ventriculaire. Le
corps strié et la couche optique sont aplatis surtout à leur
partie postérieure. Une membrane épaisse et blanchâtre
les recouvre et leur adhère.
Hémisphère cérébral gauche. - La face externe est moins
altérée que celle du côté droit. Les sillons ne sont pas très
profonds, mais la scissure de Sylvius et le sillon de Rolando
ont à peu près leur disposition normale. Le lobule de l'insula
est formé de cinq digitations et ne paraît pas altéré. Fi, F2
et F3 sont bien contournées ; la scissure préfrontale est nette
et F A est séparée ici des autres parties du lobe frontal. A sa
partie moyenne cependant un sillon coupe F A et sa partie
inférieure s'unit à ce niveau par un volumineux pli de passage
en crochet avec F2. Il est à remarquer toutefois que les parties
toutes supérieures de Fi et de FA se laissent déprimer d'une
façon analogue à la région correspondante droite, mais d'une
façon bien moindre. Il en est de même de la partie supérieure
de PA et du lobe pariétal supérieur qui, cependant, n'offrent
à la vue aucune anomalie, pas plus que le lobe pariétal infé-
rieur, ni le pli courbe. Le lobe occipital est d'apparence
normale. Il en est de même de Ti. La partie moyenne de T2
et de T3 est le siège sur un centimètre environ d'une atrophie
notable.
La face interne laisse voir une énorme cavité ventricu-
laire mais bien moins dilatée qu'à droite. Elle a 12 centi-
mètres de longueur sur 7 de hauteur dans ses plus grandes
dimensions. Cette poche, recouverte d'une membrane fibreuse
blanchâtre, forme des plioatures à son cul de sac supérieur.
Le cul de sac antérieur est peu profond, le postérieur a 4 cen-
timètres 1/2 environ de profondeur. Deux dépressions sont à
signaler sur la paroi externe de cette poche, une linéaire d'ar-
rière en avant est parallèle et antérieure au sillon préfrontal
et cause la zone qui se laisse déprimer sur le lobe frontal ;
l'autre plus en arrière est une dépression digitale moins pro-
fonde qui correspond au lobe pariétal supérieur. De ce côté,
le corps calleux, transparent par places, est réduit à la mem-
brane d'enveloppe de la poche. La circonvolution du corps
calleux est lamelliforme et complètement atrophiée. La couette
Tumeurs kystiques du cervelet.
249
optique et le noyau calldé sont plus saillants qu'à droite.
FI et le lobe paracentral, l'avant-coin, le coin et la circon-
volution de l'hippocampe n'offrent pas d'altérations macros-
copiques.
Cervelet. - Sur une coupe verticale et transversale de l'hé-
misphère gauche, pratiquée iL 2 centimètres environ du bord
interne de l'hémisphère (Fig. 8), on constate de nombreux
kystes cloisonnés sur toute la face interne. Ces cloisons fibreu-
ses assez résistantes, délimitent de grandes loges à forme
irrégulière comme K et d'autres loges plus petites, telles que
h. Un examen minutieux de la paroi de ces loges permet de
constater dans leur épaisseur des logettes reproduisant en
petit les grands kystes que nous venons de signaler. Le
liquide qui remplissait ces kystes était incolore, clair et lim-
pide, assez semblable il celui que contient les hydatides. En
dedans de cette région kystique, on note sur cet hémisphère
une niasse d'un tissu compact, résistant, donnant lieu à une
coupe unie et dont la couleur rappelle celle des circonvo-
lutions cérébrales. La partie supérieure et externe de cette
masse présente sur la coupe des sections vasculaires assez
Fig. 8. 1\, h, kystes. - I Setis infiltration sanguine; en I S, elle est
à son maximum.
250 Tumeurs kystiques du cervelet.
nombreuses et elle est le siège d'une infiltration sanguine
formant une bande d'un centimètre d'épaisseur environ
qui donne à cette partie une coloration jambon née et qui
présente en IS et en i, des centres où l'infiltration est plus
intense. Sur une seconde coupe faite à 2 centimètres du bord
externe de l'hémisphère cérébelleux, on découvre également
des kystes ayant le même aspect que ceux de la coupe précé-
dente (1\. J. 17. 9). On y trouve aussi la suite de l'infiltration
sanguine (is) que nous avons signalée (fig. 8).
Sur une autre coupe du même lobe cérébelleux, nous avons
trouvé une série de foyers hémorrhagiques se présentant
sous forme circulaire (Fig. 10). Ces caillots hémorrhagiques,
durs et d'un rouge brique, s'énucléaient facilement et se pré-
sentaient, pour ainsi dire, sous forme de clous.
L'hémisphère cérébelleux droit a, à l'extérieur, son aspect
normal. Il offre cependant une consistance anormale. Sur
une coupe, on ne constate plus l'arbre de vie, et le centre de
cet hémisphère est constitue'' par un tissu compact semblable à
celui que nous avons observé il gauche, mais d'une coloration
plus blanche et n'étant le siège d'aucune infiltration san-
Fig. 0. - K, k, kystes. - is, Infiltration sanguine.
Examen histologique. TUBERCULES DU cervelet. 251
guine, ni d'aucun kyste. Cette substance a envahi la presque
totalité de ce côté du cervelet, ne laissant indemne qu'une
faible zone périphérique irrégulière et ayant en moyenne de 3
à 5 millimètres d'épaisseur. C'est cette disposition qui fait que
l'hémisphère cérébelleux droit a conservé à peu près à l'exté-
rieur son aspect ordinaire.
Examen histologique par M. le Dr PILLIET. - Le fragment
de cervelet qui nous a été remis présente à l'oeil nu (Fig. 8) une
poche kystique tapissée par une membrane fibreuse, épaisse,
blanche et plissée. La substance cérébelleuse qui entoure le
kyste, montre un certain nombre de taches blanches, opaques,
et des kystes du volume d'une tête d'épingle, tapissés par une
membrane blanchâtre et revenue sur elle-même qui oblitère
la poche. Tout le tissu est rougeâtre par infiltration sanguine
(is, is) et l'on rencontre surles 6llrfaces de sectlondesvai sseaux
très dilatés, remplis de sang. La pièce ayant été durcie dans
l'alcool, l'investigation histologique devait, par cela même,
rester incomplète au point de vue du tissu nerveux. La mem-
brane fibreuse qui forme la poche kystique principale est
composée de lames de tissu conjonctif séparées les unes des
autres par une quantité considérable de lacunes aplaties, en
Fig. 10. - C, C, coupe. - c, c, c, coupe des caillots.
252 Réflexions : Hydrocéphalie.
sorte que cette membrane qui paraissait homogène sur le
kyste à l'oeil nu, s'étale en un réseau sur les coupes. Le tissu
nerveux qui la double est entièrement remplacé, par endroits,
par un système lacunaire formé de vaisseaux dilatés qui sont
pour la plupart encore remplis de sang. *
Il existe dans toute la masse, sur toute la surface des cou-
pes, des vaisseaux formant des pelotons entourés d'une gaine
conjonctive très épaisse et enflammée. Ces espèces de glomé-
rules sont séparés de la substance cérébrale par des interval-
les qui étaient remplis de liquide et, au pourtour de ces for-
mations, le tissu nerveux montre des taches opaques et casé-
euses. On rencontre à un degré plus avancé des cavités dans
lesquelles le peloton gloménilalre a disparu. Le pourtour
n'est alors constitué que par un tissu fibreux caséeux, comme
celui que l'on rencontre dans les tubercules de guérison.
Dans le tissu ambiant les cellules nerveuses ont presque
complètement disparu. L'aspect névrogii que est profondément
modifié car la plupart des cellules sont devenues énormes et
l'ensemble rappelle les préparations de tissu conjonctif jeune.
La conclusion de cet examen ne peut être définitive, car ou
observe des dégénérescences très semblables à celles de la
tuberculose dans les gliomes plus ou moins dégénérés, d'une
part, et d'autre part nous n'avons rencontré de cellules géan-
tes en aucun point.
Le diagnostic probable que l'on peut formuler est : Tuber-
culose chronique avec évolution gliomateuse et kystique des
tissus ambiants. Cette opinion aurait été grandement consoli-
dée si l'autopsie avait révélé des lésions tuberculeuses en
d'autres organes, malheureusement il n'en a pas été ainsi.
Réflexions I. -Nous trouvons chez les grands-pa-
rents, et les collatéraux de nom-
breuses tares : aliénation, apoplexie, ramollissement,
suicide, alcoolisme. Le père, qui est déjà un dégénéré, et
ne possède que trois doigts Ù la main droite, est de plus
un alcoolique outré ; la mère est nerveuse et somnam-
bule. Cette hérédité est suffisamment chargée pour
qu'on puisse y trouver l'origine des accidents nerveux
observés chez Marie Bais... Elle le serait peut-être
encore davantage si nous connaissions mieux l'histoire
de ses parents à des degrés plus éloignes. En tout cas,
Réflexions : Hydrocéphalie. 253
on peut constater que la famille, nombreuse à un mo-
ment donné, puisque le père avait douze oncles ou
tantes maternels, se réduit brusquement, à sa généra-
tion, et disparaît en ce qui le concerne, car il ne con-
serve aucun de ses deux enfants.
II. On ne saurait guère attacher de l'importance aux
coups reçus par la mère pendant sa grossesse. D'ail-
leurs, l'enfant vient très-bien jusqu'à 6 ans. A ce mo-
ment surviennent des douleurs cle tête, à forme de
migraines, douleurs extrêmement violentes, qui arra-
chaient des cris à l'enfant et s'accompagnaient de
vomissements bilieux. (Nous avons vu qu'il en était de
même pour son père dans l'enfance.) Alors les jambes
s'affaiblissent, puis sont prises de mouvements spas-
modiques et deviennent le siège d'une paraplégie avec
contracture; la vue diminue, disparaît bientôt. L'en-
fant, qui était gaie, tranquille, devient capricieuse,
jalouse, colère. La marche qui s'était un peu amélio-
rée à la Fondation Vallée, devient brusquement impos-
sible, alors que l'on pouvait espérer que l'enfant recom-
mencerait à marcher seule. En même temps que reparaît
la paraplégie les douleurs de tête sont plus fréquentes
et la tête augmente de volume, indice évident de la
production d'une hydrocéphalie symptomatique .
III. L'asphyxie des extrémités n'est pas très rare
chez les enfants idiots ou arriérés, mais il est excep-
tionnel de la voir donner lieu à des accidents aussi
graves que ceux qui sont survenus chez cette enfant.
Après avoir été circonscrite à l'un des orteils de cha-
que pied, la gangrène a envahi les téguments du pied
gauche. Puis nous avons vu s'ajouter à ces lésions,
qui servaient de porte d'entrée, un érysipèle et un état
infectieux qu'on peut qualifier de septico-pyohémie.
Ces complications nous paraissent être d'origine tro-
254 Réflexions.
phique. Ce ne sont pas les seules de ce genre qu'on
observe dans l'hydrocéphalie; nous en avons men-
tionné dans de précédentes observations.
IV. Ainsi que nous l'avons dit, dans la très grande
majorité des cas de tumeurs du cervelet, il survient
une hydrocéphalie symptomatique entrainant fata-
lement une dilatation des ventricules latéraux et du
troisième ventricule. A cet égard, les observations
publiées par les auteurs ne laissent subsister aucun
doute. Mais, fait assez singulier, aucun, à notre con-
naissance, ne fait mention de l'état des os du crâne.
Cet oubli se conçoit très bien quand il s'agit d'obser-
vations ayant trait à des malades adultes, dont le crâne,
parvenu à son complet développement, avait des sutu-
res inextensibles. Il n'en est plus cle même des obser-
vations de tumeur du cervelet concernant des enfants
ou des adolescents chez lesquels les sutures pouvaient
encore s'écarter sous l'influence de la pression exercée
par l'hydrocéphalie ventriculaire. Il a dû aussi se pro-
duire, sinon dans tous ces cas, au moins clans quelques-
uns d'entre-eux, des lésions analogues à celles que nous
avons notées chez Marie Bais ? et, auparavant chez
un malade du nom de 13erl.. Dans ce cas nous avions
affaire à un sarcome du cervelet. Nous avons durant
le séjour de ce malade dans notre service, vu la tête se
développer sous nos yeux par suite de l'hydrocépha-
lie ventriculaire. Tandis qu'à l'entrée de la malade le
19 mai 1888, les os paraissaient réunis sans intervalles
donnant la sensation d'une membrane, à l'autopsie le
8 avril 1890, nous constations un écartement considé-
rable des os (Fig. 12). Or, chez Marie Bais., nous avons
observé exactement les mêmes lésions mécaniques
du côté des os du crâne (Fig 7). Dans le cas de Marie
Bais ? comme dans celui de Berl., l'écartement des
os, la distension des sutures étaient arrivés à un
RÉFLEXIONS. 255
degré très prononcé. Nous nous sommes demandé
quelle était la première phase du processus pathologi-
que qui aboutit à cette distension curieuse des sutu-
res. Nous pensons qu'il nous est, peut-être, fourni par
les lésions que nous avons constatées dans les obser-
vations de Dufoul..., Martin., consignées dans ce
volume (p. lfi7, 172, 204, 206). Chez les malades qui en
font le sujet, nous avons vu se produire dans la subs-
tance intersuturale une prolifération des tissus, très
intense, aboutissant à la production d'une sorte de
bourrelet vasculaire, et cela sous l'influence d'une
méningo-encéphalite, point cle départ d'une hydro-
cépl2alie ventriculaire s ? nTto2atiq ? e.
V. Quant à la lésion primitive du cervelet, elle est
très digne d'attirer l'attention. Les détails consignés
plus haut en montre le vif intérêt.
XXI.
Idiotie congénitale; - Atrophie cérébrale; - Tics
nombreux :
PAR BOURXEVILLE ET NOIR.
SOMMAIRE. - Père, céphalalgies, coléreux, rhumatisme, acci-
dents cérébraux, alcoolique. - Grand-père paternel, calcu-
leux. - Mère, rhumatisante, migraineuse. - Grand'mère
maternelle, migraineuse. - Aïeul maternel, diabétique ( ? ).
Oncle maternel ? mort de congestion cérébrale. - Cou-
sin germain, mort de convulsions. Soeur convulsions de
t'e)tm.ce ? lutresceur, morte de convulsions.
Conception durant l'ivresse. - Naissance a 7 mois; absence,
d'ongles.-Convulsions à 2 mois. -Ghorée( ? }de 4a 6ans,-
T'tcs ? utttp ! es.Paro ! e)tutte.Marche à 2 ans et demi.
Rots.. (Auguste) né le 27 septembre 1873, est entré à Bicêtre
le H mars 1887 (service de lui. Bourneville).
Antécédents (Renseignements fournis par la mère, le 28
mars 1887). - Père, 51 ans, sculpteur sur bois, homme vif,
emporté, sujet à de fréquentes céphalalgies accompagnées
d'épistaxie. Rhumatisant depuis la guerre, fut pris en 1873,
après la naissance, de l'enfant, d'accidents articulaire avec fiè-
vre qui s'accompagnèrent de phénomènes cérébraux graves
(délire, perte de la connaissance, durant vingt-quatre heures).
Cette affection avait été précédée durant plusieurs jours d'un
état mental tout particulier et bizarre. « Il s'arrêtait sur les
trottoirs et parlait à toutes les personnes qu'il rencontrait. »
Depuis il ne fut pris d'aucun accident nerveux. Il n'a jamais
été atteint de dermatoses et ne présente pas do traces de
syphilis. Sobre actuellement, il s'enivrait fréquemment à l'é-
Antécédents héréditaires.
257
poque de la conception de l'enfant. Il n'use pas de tabac. -
[Père, sobre, mort à soixante et onze ans, de la suite le l'opé-
ration de la pierre que l'on exécutait sur lui pour la seconde
fois. Mère, non nerveuse, morte à vingt-quatre ans d'une affec-
tion pulmonaire à la suite de sa quatrième couche. Dans le
reste de la famille du père, aucune affection psychique, ner-
veuse, arthritique, etc.] .
Mère, cinquante ans, ménagère, femme forte, paraissant
douce, d'une intelligence moyenne, elle a eu de légères attein-
tes de rhumatisme chronique aux poignets et des migraines
BOUR1EVILLE, Bicêtre, 1892. 17
Fig. 11. - Ros... en robe de gâteux (avril 1887).
258 Antécédents héréditaires.
assez fréquentes survenant surtout le matin, s'accompagnant
de scotomes, de nausées et de vomissements. Elle est très
sobre, ne porte pas de traces de syphilis, est vive, nerveuse,
sans avoir jamais eu de crises, ni d'accidents nerveux d'au-
cune sorte - Père, robuste, sobre, d'habitude bien portant,
ést mort à soixante-dix ans de pneumonie. - Mère, morte à
cinquante-neuf ans avec de l'ictère, aurait contracté sa mala-
die ultime à la suite d'une peur que lui aurait faite un fou qui
voulait la tuer ( ? ). Elle était aussi migraineuse. - 3 frères dont
un mort à treize ans de « congestion cérébrale, accompagnée
Fig. 12. - Ros... devenu propre et mis en pantalon.
Antécédents héréditaires.
259
de convulsions ». Cette maladie aurait duré deux jours. -
La grand'mère maternelle morte assez âgée d'une fracture de
jambe, aurait été extravagante. « Elle aurait été comme un
homme ». Le grand-père paternel parait avoir été diabéti-
que. - La grand'mère maternelle est morte « asthmatique » .
Dans le reste de la famille de la mère, rien d'intéressant, à part
cela, à signaler.
Pas de consanguinité (père originaire d'Italie, mère fran-
comtoise). L'inégalité d'âge des deux époux est d'un an.
7 7 enfants : 6 sont vivants à l'heure actuelle : -10 une fille
Fig. 13.
260 Antécédents héréditaires.
(vingt-sept ans) n'ayant jamais eu d'accidents nerveux, ni de
convulsions, toujours bien portante. D'un caractère gai et vif,
parfois emporté, elle est mariée et a eu 2 filles : une de ces
dernières est morte en ayant des convulsions, l'autre a tou-
jours joui d'une bonne santé, est bien portante et intelligente ;
2° une fille (vingt-six ans), .ayant eu il onze mois, une seule
fois, des crises convulsives il l'époque de la dentition. Cette
fille, saine de corps et d'esprit, bien qu'un peu excitable, a eu
4 enfants, 2 de ces enfants sont morts on bas Age, les 2 autres
sont bien portants, aucun n'a eu de convulsions; 3" un gar-
Pire. 14.
Antécédents personnels. 2fi 1
çon (vingt-quatre ans), sobre et intelligent, n'a jamais eu de
convulsions; 4° une fille morte à onze mois de méningite
avec de nombreuses crises convulsives; 5° un garçon de dix-
neuf ans, sobre, sans accidents nerveux; 6° une fille, sans
accidents nerveux, bien que nourrie pendant le siège ; 7° notre
malade.
Notre malade. A l'époque de la conception, le mari se
livrait à des excès alcooliques très fréquents et la mère est t
persuadée que l'enfant a été conçu pendant l'ivresse. La gros-
Fig. 15.
2 ci 2
Antécédents personnels.
sessse fut accidentée. La mère s'exposait fréqemment au
froid, passant la nuit à la recherche de son mari, dans le but
de l'arracher aux excitations des mauvais camarades et d'em-
pêcher dans la mesure du possible ses excès alcooliques. Elle
prit alors froid, eut de l'oedème des jambes. Un médecin qui
l'examina prétendit qu'elle était atteinte d'hydramnios. Elle
n'eut néanmoins aucune crise syncopale ni éclamptique, ne
reçut pas de coups, ne fit pas de chutes, ne fut sujette ni aux
vomissements, ni aux frayeurs, ni aux envies. L'accouche-
ment eut lieu prématurément, à 7 mois. Il fut long, difficile,
Fig. 16.
ANTÉCÉDENTS PERSONNELS.
263
sans nécessiter pourtant ni l'anesthésie, ni l'emploi du forceps.
La rupture de la poche des eaux s'accompagna d'un épanche-
ment de sérosité considérable. L'enfant, à la naissance, était
tout petit, il n'était pas asphyxié, n'avait pas de circulaire
autour du cou. On remarqua qu'il n'avait pas d'ongles et qu'il
avait les yeux malades : cette affection guérit au bout de deux
mois. A six semaines, les ongles commencèrent à pousser. Il
fut pris à deux mois de convulsions très courtes et très rapi-
des se manifestant par de la cyanose, des grimaces de la face et
des mouvements convulsifs des membres sans prédominance
Fi 17.
264
Antécédents personnels.
d'un côté. Depuis, il n'a pas eu d'autres accidents convulsifs.
Première dent iL cinq mois. Dentition longue iL se compléter.
Début de la parole à onze mois; n'a jamais pu dire que
« maman ». Rougeole et variole à deux ans. Coqueluche, plu-
sieurs fois ( ? ) dans son enfance.
De quatre à six ans, l'enfant aurait présenté des mouvements
choréiformes dans les membres, tant il droite qu'il gauche.
C'est après la disparition de cette chorée ( ? ) que sont survenus
chez lui les troubles bizarres que nous observons aujourd'hui
et qui ont très peu varié. Ces troubles, d'après sa mère, con-
1.,Og. Is.
Antécédents personnels. 5H5
sistent en un besoin fréquent de mouvements. Depuis l'âge de
deux ans et demi, il sait marcher et depuis six ans, il court
constamment, ne peut rester en place et tourne fréquem-
ment sur lui-même. Il reconnaît ses parents, mais est dans un
état intellectuel des plus bas. Gâteux jour et nuit, il ne peut
se laver, ni s'habiller, cependant il se prête et aide un peu à
cette dernière opération. Il a toujours été incapable de rece-
voir la moindre éducation. Sans cesse en mouvement, il passe
parfois des heures à s'amuser avec un objet quelconque, un
morceau de bois par exemple (fig. 11).
I ? 1;1.
266 Description DU malade.
Etat du malade (19 mars 1887). Tète. Crâne pointu en
pain de sucre. Front fuyant. Asymétrie notable. Dépression
prononcée des régions frontales et pariales droites..Occi-
put peu saillant. Face ovale, physionomie stupide. Arcades
sourcilières déprimées, sourcils châtain clair. Feux, stra-
i ' z
bismc interne double surtout à droite. - Iris brun, pupilles
égales, moyennement dilatées, à réactions normales. - Nez,
moyen, épaté à la base. - Bouche moyenne. Lèvres assez
volumineuses. Oreilles longues et larges, écartées du crâne
à la partie postérieure. L'ourlet n'est pas très bien conformé
Fig. 20.
Description du malade.
267
surtout à droite, il est déchiré à sa partie supérieure et pré-
sente un tubercule. Le lobule est peu développé et adhérent
à gauche.
Thorax bien conformé ainsi que les membres supérieurs
et inférieurs. Aucun signe de rachitisme. Le dos des mains
présente des durillons arrondis, limités par des bords laté-
raux très saillants, dus aux morsures répétées qu'il se fait
sur les mains. .
Les aisselles sont entièrement glabres. Le pénil présente
quelques poils clairsemés et bruns. La verge a une longueur
Fig. 21.
268 Description nu malade.
de 8 centimètres et une circonférence de 8 centimètres 5.
Phimosis, cependant le gland est découvrable, le méat est
normal. Testicules du volume d'u oeuf de passereau, le droit
est légèrement moins volumineux que le gauche.
Sensibilité générale au tact, à la douleur, à la température
assez développée. Goût : Ros.. aime le sucre, mais n'éprouve
pas de dégoût pour la teinture de coloquinte. L'odorat,
l'ouie paraissent normaux. L'examen de la vue est impossi-
ble.
Description des lies (Mars 1888). L'enfant exécute un con-
'tinuel froncement de sourcils avec des grimaces de la bouche
Fig. 22.
Description des tics.
569
dont il abaisse les commissures en poussant un petit grogne-
ment avec les lèvres et la langue. Lorsqu'il est en colère, il
prend un air pleureur. Calme, il regarde autour de lui
avec une physionomie hébétée. Il a peur et se met à crier dès
qu'on l'approche on qu'on lui parle. Il fait avec les doigts des
mouvements bizarres et incohérents.. Dans la marche, il
traîne toujours la pied gauche et tourne plusieurs fois sur lui-
même lorsqu'il veut avancer. Son état intellectuel est très bas.
Il ne parle pas, comprend peu, est d'une instabillité extra-
ordinaire, entre parfois dans en colère et se mord furieusement
le dos des mains.
1·'i ? : J.
210 0
Puberté.
1888. Juillet. Pas de modification notable de son état. Déve-
loppement physique peu accentué. Léger duvet aux extrémi-
tés de la lèvre, aisselles glabres, poils assez abondants au
pénil et à la racine des bourses, verge : longueur, 7 centimè-
tres, circonférence, 8 centimètres; testicules du volume d'un
oeuf de moineau.
1889. Mars. - L'enfant présente iL cette époque des plaques
à la bouche et à l'anus avec des adénites cervicales et sous-
maxillaires. Aucune trace d'accident primitif; pas de roséole.
Une enquête à son égard ne donne lieu à aucun résultat. Le
Fig. 24.
COLERE; ONANISME.
211
développement de l'enfant s'est accentué, la verge a conservé
le même volume, mais les testicules sont de la grosseur d'un
oeuf de pigeon.
1890. Juillet. - Son état intellectuel n'est pas sensiblemnnt
amélioré. Ses tics conservent les mêmes caractères, il est
sujet à de violents accès de colère contre ses camarades et les
infirmiers. Il se livre à l'onanisme. Le système pileux est
assez développé aux aisselles et à la région anale. Ro.. passe
à la grande école.
Décembre. Notes de l'école. Physionomie douce, yeux à
demi fermés. Il marche en sautant, (rainant le pied gauche et
tournant souvent sur lui-même de gauche à droite. Il met fré-
quemment ses mains sur ses oreilles. Il connaît bien sa place
en classe. Il ne parle pas. S'il est contrarié, il crie « maman »
respire fortement et se pelotonne, cherchant à se rapetisser.
Il est fort craintif. A son entrée à l'école, il était violent,
criait, gâtait et se masturbait continuellement. Au bout de
quelques semaines, son état s'est amélioré, il sourit, obéit à
quelques ordres (fermer la porte, ramasser du papier, etc.).
Il a manie de couper du papier en petits morceaux, et de frot-
Fi ! ].2j.
2 -)
Légère amélioration.
ter les murs et les meubles comme s'il voulait les nettoyer. Il
connaît les diverses parties de son corps, mais ne distingue
pas le côté droit du gauche. Il n'a nul instruction, mais par-
vient à classer les figures géométriques en bois et colorées
sur les images correspondantes. Il reconnaît sa mère, mais
n'est pas très affectueux.
1891. Juin. - Pas d'amélioration, toujours môme instabilité
et mômes manies. Ses notes d'école présente une particularité
intéressante, c'est l'amour de cet idiot pour la symétrie. Il
aligne les bancs inégalement distants, met par ordre de volume
l'lU 2li
DESCRIPTION dès TICS.
273
les boules qui servent à son éducation. Au point de vue de la
puberté, le développement s'est accentué, quelques poils appa-.
raissent aux joues et à la l'extrémité du menton, les poils sont
abondants aux aisselles. Les testicules sont du volume d'un
noyau de pêche : la verge est bien développée. Il se masturbe
toujours cyniquement. Il ne parle pas et semble n'avoir fait
aucun progrès (Fig. 12).
1892. Avril. - Outre ce que nous avons observé, Ros.. exé-
cute de véritables valses. Il incline la tête à droite ou à gauche
et tourne avec une très grande rapidité et cela parfois deux
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892. 18
Fig. 27.
274
DESCRIPTION DES TICS.
minutes en faisant environ soixante tours par minute. Les
derniers tours sont encore plus rapides, après il ne paraît pas
étourdi, s'assied ensuite, la tète entre les genoux, puisrcoom-
mence et cela parfois pendant des heures. Sa mère explique ce
tic singulier par ce-fait que plusieurs personnes sont venues
parfois danser chez elle et qu'il cherchait à les imiter. Il
écarte souvent les jambes et arrive ainsi il faire le grand écart.
Au réfectoire, il ne se sert jamais delà cuillère, ni delà four-
chette, lèche les assiettes, même la table, est gourmand. Le
repas terminé, il débarrasse la table de la vaisselle et la porte
1-'ig. 28.
I)ESCIIIPTION DES TICS.
z5
à l'office. Au dortoir, il ferme toutes les portes, frotte son lit,
le parquet et le mur, avance en tournoyant, se déshabille
lorsqu'on le lui ordonne, passe sa nuit assis sur son lit en
grognant. Il ne gâte jamais. Il s'habille lui-même, mais on doit
le débarbouiller.
Actuellement, sous le rapport de la puberté, il est bien
développé : un fin duvet recouvre sa lèvre supérieure, quel-
ques poils ont poussé aux aisselles, le pénil est garni de poils
noirs abondants et frisés. La région anale est normale et gar-
nie de poils noirs comme le périnée. La verge est assez volu-
Fig. 29.
2711 Description" des tics.
mineuse (longueur : 11 centimètres ; circonférence, 8 centimè-
tres 5), le gland conique. Les testicules sont de la grosseur
d'un oeuf de pigeon ; le gauche parait un peu plus gros que le
droit. - Ros.. passe aux aliénés adultes division, -Ire
section, service de M. le Dr Charpentier) le 2'J avril 1892.
Voici la description, à cette date, des tics multiples qu'il
présente.
nos.. commence par grincer des dents, en faisant des con-
torsions des doigts comparables aux mouvements de l'athé-
tose (fig. 13, et 1 li). Ilrcmue lentemcnt les mains demi-fermées,
comme pour attraper une mouche, puis met ses doigts les uns
sur les autres, de layon que l'extrémité du petit doigt et des
suivants jusqu'à l'index touche l'articulation métacarpo-
phalangienne des doigts suivants. Il parvient à faire ce mou-
vement compliqué sans se servir de la main opposée. Il ne
tarde pas alors à se pencher à terre, faisant de petits sauts
et grinçant toujours des dents Il fait vibrer ses lèvres (fig. -1 : i).
et produit des bruits de cornage particulier. Pendant un
instant, il se balance avec des mouvements de rotation de la
tête et présente une posture que l'on ne saurait mieux com-
parer à celle observée souvent chez les ours du Jardin des
Plantes.
Peu après, il se campe sur ses jambes écartées; le torse
rejeté en arrière, la tête légèrement baissée et tendue en
avant, il regarde avec fixité,les yeux dans un léger strabisme,
convergent (/ig.l6,'1 ).11 met alors la main droite dans la poche
de son pantalon, laisse (lutter l'autre le long de sa cuisse
gauche, détourne la tête avec une expression de dédain et de
suprême indifférence. Les vibrations de ses lèvres légèrement
propulsées en avant, ajoutent encore it cette expression.
Alors il sort de sa poche un morceau de fer-blanc, se racle
un instant la main gauche avec, puis le purte à sa bouche, le
mâchonne un instant et le remet dans sa poche.
Peu après, il nous tourne le dos, se porte sur le pied droit
se penche fortement en avant sur ce seul pied et fait tout-à-
coup volte-face. Nous l'interpellons : il obéit, vient rapide-
ment auprès de nous en tournant deux fois sur lui-même,
dans le trajet des quelques mètres qu'il est en train d'accom-
plir. Sur notre ordre, il s'assied, prend diverses positons (fig.
18, 19, 20,21), se lève en se contorsionnant, se couche à terre
(fig. 22, 23. 2h, 2;i 26), se relève sans hésitation, presque auto-
matiquement. Il ne répond pas aux questions que nous lui
adressons, bien qu'il les comprenne toutes comme le prouvent
les mouvements que nous lui faisons faire sur simple invita-
278 Description des tics.
tion. Il se contente lorsque nous voulons exiger de lui une
réponse de tirer la langue, de se dilater la bouche avec les
index en crochet, tirant sur les commissures des lèvres, mais
sa physionomie reste placide, et cet acte ne semble pas
guidé par une intention offensante.
Ayant voulu examiner ses yeux et entr'ouvrir ses paupières
il se mit à pousser des cris brefs et plaintifs en traînant sur
la voyelle finale et comparable aux mugissements et aux bêle-
ment des animaux : \Ia-a- : L- : t, Be-e-e-e.
Marche. - Il s'avance le plus souvent lentement en deux
temps, poussant le pied droit a 20 centimètres environ du gau-
che, qu'il ramène ensuite en traînant légèrement à peu de
distance du premier, mais toujours en arrière. Cette démar-
che est assez analogue à la marche de l'escrime. Parfois, lors-
qu'on veut le faire aller vite, il porte les pieds en avant l'un de
l'autre comme dans la marche ordinaire, mais toujours en
traînant, alors il tourne plusieurs fois sur lui-même pendant
un court trajet. Les autres mouvements de Ros.. sont bien
coordonnés, il prend les objets qu'on lui indique sans hésita-
tion et est nettement droitier.
Sensibilité à la piqûre normale sur tous les points explo-
rés. Ros.. se plaint en poussant les cris que nous avons
signalés plus haut.
Réflexes. - Abolition complète du réflexe rotulien tant à
droite qu'à gauche. L'introduction d'une cuillère dans l'ar-
rière-gorge semble produire une impression désagréable,
mais ne provoque pas le réflexe nauséeux. - Ouie : R..
entend également très bien il droite et à gauche. - Vue :
l'acuité visuelle parait suffisante, il va quérir facilement
et sans hésiter de très petits objets placés à une cer-
taine distance de lui. Ses pupilles, peu dilatées, paraissent
être plus sensibles à la lumière qu'à l'accommodation, mais
réagissent sous ces deux inlluences. La notion des couleurs
est très bornée chez lui.
Etat intellectuel en yénéral. - Iloss.. n'est pas méchant, il
aime à être seul, et trouve le plus grand plaisir à déchirer
du papier (fig. 27) dont il entasse les morceaux dans ses
poches et à se mordiller le dos des mains qui portent en effet
une double cicatrice calleuse de a centimètres et demi à 4
centimètres de long. Il obéit toujours et semble n'être jamais
animé par aucune impression spontanée de plaisir ou de déplai-
sir. II végète sans aucune volonté, obéissant automatique-
ment sans chercher à se rendre le moindre compte de la valeur
de ses actes et de leur conséquence possible, Très pusillanime,
Réflexions. 279
le moindre geste brusque l'effraie (fig. 28, 29), toutefois, cette
frayeur, excessivement passagère, semble purement réflexe
et disparaît aussitôt que l'acte qui l'a provoquée est accom-
pli.
Réflexions. - Les causes prédisposantes et déter-
minantes de l'idiotie chez Ros... sont nombreuses. Au
point de vue de l'hérédité, les accidents neuro-arthri-
tiques abondent, tant dans la famille du père que dans
celle de la mère. L'alcoolisme du père, la conception
probable pendant l'ivresse, l'hydramnios, la naissance
avant terme, sont plus que suffisants pour expliquer
l'état psychique de notre malade. Les accidents convul-
sifs rares, survenus à deux mois et sans répétition, ne
sont point suffisants pour nous faire songer à une lésion
irritative du corvcauméningite chronique ou sclérose
des circonvolutions). D'autre part, l'état rudimentaire
de son intelligence, les mouvements coordonnés et
bizarres qu'il répète constamment, l'asymétrie crâ-
nienne, l'absence de parole nous permettent, en le
comparant à des cas semblables dont on a pu faire
l'autopsie, de poser le diagnostic d'arrêt de deuetop-
pement céréb l'al. Cette atrophie, d'origine congénitale,
doit même poser tout particulièrement sur l'hémis-
phère droit. N'est-il pas, en effet, remarquable devoir
Ros... user tout particulièrement de ses membres
droits, les seuls véritablement actifs, tandis qu'il laisse
trainer le pied gauche dans sa marche ordinaire, et
que la main correspondante flotte le plus souvent
inerte le long de la cuisse. Notons toutefois qu'il n'a
jamais été paralysé.
II. Ros ? est le prototype, si nous pouvons nous
exprimer ainsi, de toute une classe d'idiots, et c'est là
ce qui fait l'intérêt de cette observation. La forme de
la tête, les tics coordonnés, complexes, multiples, et
reproduisant constamment la même série de mouve-
280 Des tics chez les idiots.
mentis, l'absence pins ou moins complète de la parole,
le manque absolu de volonté, sont les symptômes
caractéristiques de ce genre d'idiots, généralement
bien constitués physiquement et n'offrant pas de para-
lysie.
L'origine cles tics chez est intéressante. Comme
ses pareils, il est avide de mouvements et surtout de
mouvements rotatoires (gYl'Ospasmes).ll éprouve une
véritable jouissance à tourner, jouissance comparable
à celle que manifeste l'enfant quand on le berce.
Mais ici le plaisir dû au mouvement se complique du
résultat de l'imitation. Sa mère, en effet, nous a
raconté que son fils est devenu « un valseur » en voyant
danser des amis qui régulièrement venaient ainsi se
récréer chez elle et Ros... a joint, dans ses tics; ces
deux penchants si communs chez les idiots : la néces-
sité du mouvement et l'imitation. Une autre particu-
larité intéressante, chez notre malade, est le manque
de volonté et l'obéissance passive, automatique, qu'il
met à exécuter les ordres qu'on lui donne. Ce manque
de volonté peut expliquer en partie la persistance et
la reproduction des mêmes tics ; aucune action volon-
lontaire d'inhibition ne peut se manifester chez lui
pour mettre un terme à ces habitudes vicieuses. Ce
manque de la volonté est fréquent chez les idiots, il
offre une similitude avec l'état des hypnotisés, qu'il
serait intéressant de comparer a nombre de nos mala-
des, que l'on peut si facilement suggérer à l'état de
veille. Nous nous réservons du reste, à propos d'au-
tres cas de ce genre, d'étudier cette particularité et
d'établir plus nettement cette comparaison.
III. La description et la classification méthodiques
des tics des idiots est une tâche des plus intéressan-
tes. Elle fera prochainement, de la hart de l'un de
nous, l'objet d'un travail spécial. Aussi, nous borne-
DES TICS chez LES idiots. 281
rons-nous ici, à propos de Ros..., à rapporter quelques
exemples qui s'ajouteront il ceux que nous avons eu
l'occasion de citer dans les observations consignées
dans les treize volumes de nos Comptes rendus du
service des enfants de Bicêtre.
A propos de l'écholalie, dont nous avons parlé ail-
leurs et qui est assez fréquente et peut disparaître,
nous dirons que, à côté des enfants chez lesquels la
répétition se produit vite, il en est d'autres chez les-
quels elle ne se manifeste qu'après insistance, c'est-à-
dire après que l'observateur a répété plusieurs fois le
mot. Elle est simple ou composée. Dans ce dernier
cas, l'enfant répète deux, trois, quatre fois le mot ou
les mots qu'on a dits devant elle et cela ou de suite
ou à intervalles plus ou moins éloignés (Julie Ler..) (1).
Parmi les lies de la parole, notons celui qui consiste
en une sorte d'explosion : les premiers mots de la
phrase sont jetés comme une sorte de hoquet. (Telle
est ! \flic Louise Th... : de plus. il lui arrive fréquemment,
lorsque le mot ne vient pas aussi vite qu'elle le vou-
drait, de pousser une sorte d'interjection, constamment
la même : « Tout en plein. ») Un cle nos malades
Villacè ? surnommé le 9 i /ïel/I' par ce qu'il a des impul-
sions à donner des gifles, fait des contorsions cle la
face, indice d'un effort, avant de prononcer les pre-
miers mots qui sortent comme une explosion. 11 entre-
coupe ses phrases d'inspirations profondes. - Chez
d'autres enfants, les tics s'accompagnent de mots gros-
siers ou bien encore on observe chez eux des impul-
sions a proférer des injures les plus grossières. -
Caut... a des accès de cris avec émission cle mots gros-
siers. - Coutan... appartient iL une autre variété : ce
ne sont pas des mots grossiers, mais des gestes.
(II 1.'écltolalie s'oltserve parfois chez les dNi1',1l1ls. Ainsi Carti..., épilel>tiyhe,
pris de délire après une série de crises, répétait tout ce qu'on disait, bien qu'en
temps ordinaire il ne soit pas écliolalique.
282 Des tics chez les idiots.
Parfois, chez le même enfant, on observe les paro-
les grossières et les gestes grossiers, tel est Rob...
(Léon) : il court dans la classe appelant tout le monde : « putain, vache, salope, mon c... pour toi » et simul-
tanément, il ouvre son pantalon en faisant un vilain
geste et dit : « Tiens, voilà ma bête, salope ! » et si
l'on arrivait pas à temps, il sortirait sa verge.
Signalons l'habitude cle siffloter, de se ronger les
ongles, cle jeter les objets, de lécher les murs. Les
grincements de dents, les clignements de tête (1) sont
fréquents, surtout dans l'idiotie 1néllin ! JitÙjue et peu-
vent concourir, dans une certaine mesure, au diagnos-
tic.
Sim ? idiot aveugle, a Yhabilutle de mettre ses
doigts dans ses yeux, puis dans sa bouche, ou bien il
passe ses mains sur sa figure, comme un chat qui se
nettoie, et s'enduit le visage de sa bave, qui, mélan-
gée avec la malpropreté de ses mains, lui donne un
aspect repoussant.
Gouj... ouvre de grands yeux, frotte ses mains l'une
contre l'autre, et aspire fortement en serrant les dents,
ce qui produit des petits bruits stridents, etc., etc.
Comme on le voit, l'étude des tics chez les idiots
est très intéressante. Il faudrait, nous le répétons, les
grouper et les interpréter au point de vue clinique et
chercher quelle est leur valeur diagnostique.
(Il Nous avons vu autrefois une brebis qui avait un tic de ce genre. Elle no
se cognait pas la tète comme les moutons qui ont le tournis, mais cherchait
à cogner les personnes ou les autres brebis.
XXII.
Du traitement chirurgical et du traitement médico-
pédagogique de l'idiotie (1) ;
Par BOURRU VILLE.
Vers le mois de mai 1890, notre ami, M. le Dr P.
Poirier, chirurgien des hôpitaux, chef des travaux ana-
tomiques de la Faculté de médecine cle Paris, vint nous
entretenir des premiers essais du tmitement chÏ1'ur-
gical de l'idiotie faits par M. le professeur Lannelon-
gue I'Iiôi)ital Trousseau. Comme il trouvait que j'ac-
cueillais sa communication sans enthousiasme, je lui
répondis ceci : « Si votre discours me laisse un peu
froid, c'est que je réfléchis à l'état des crânes des enfants
dont j'ai fait l'autopsie ; qu'ils ne me semblent pas offrir
d'ossification prématurée ; c'est que je pense surtout
à l'état du cerveau recouvert par ces crânes, aux lésions
si diverses et parfois si profondes qu'ils présentent. Je
me demande ce que peut faire, pour la guérison, une
ouverture pratiquée sur la calotte crânienne, ouver-
ture dont les bords seront toujours inextensibles et
qui nécessairement se fermera d'autant plus vite que
les enfants seront plus jeunes.» Et je conclus en lui
disant : «Je n'ai jamais été opposé, vous le savez, aux
innovations; je pense qu'avant de rejeter même celles
qui choquent parleur singularité, leur imprévu et heur-
(1) Communication faite au Congrès des aliénistes et neurologistes de lan-
glte française. (Session de Blois, août 1892.)
284 Idiotie.
tcnt plus ou moins brutalement les opinions reçues,
il convient de les examiner, de peser les faits sur les-
quels elles s'appuient. Mais, puisque le nouveau trai-
tement invoque en sa faveur des caractères anatomi-
ques du crâne particulier, aux idiots, dont les sutures
seraient ossifiées prématurément, venez voir les crânes
et les cerveaux correspondants que j'ai conservés dans
mon musée de Bicêtre. Nous les examinerons ensem-
ble ; puis, s'il y a lieu, nous choisirons les enfants
qui seront dans les conditions voulues pour profiter
du traitement chirurgical qui offre, selon vous, des
avantages considérables.»
Quelques jours après cette conversation, M. P. Poi-
rier vint à Bicêtre. Il jeta un coup d'ceil sur une par-
tie des 300 crânes ou des calottes crâniennes que possé-
dait alors le musée ; sur les atlas photographiques des
cerveaux et sur les cerveaux eux-mêmes. Cette visite lui
démontra que si la trépanation ou la craniectomie
peut être utile dans certaines circonstances, lorsque
les troubles intellectuels sont susceptibles d'être rat-
tachés à un traumatisme de la tête, à un abcès ou à
une tumeur du cerveau, elle est contre-indiquée dans
l'immense majorité des cas.
I. Le traitement chirurgical de l'idiotie ou la rral-
niecto21e a été préconisé par M. le professeur Lan-
nelonguc. Sa première opération a été faite le 9 mai
1890 sur une petite fille de 'i ans. Si l'on en croit M.
le D'' Lane, l'opération n'était pas nouvelle. Ce médecin
l'aurait, en effet, pratiquée lui-même le 22 août 1888
sur une enfant âgée cle 9 mois, présentant les signes de
l'imbécillité mentale. » L'enfant succomba 14 heures
après l'opération (1). Toutefois la priorité de l'opéra-
(1) The oftlit, américan Association, i) janvier 1892 et Archives
de neurologie, t. XXIV, p. 381.
'1'lI.\ITnlEI\T ClIlhUjWICAL. 285
tion, sous le rapport de la publicité, appartiendrait
sanscontcsteàM. Lannelongue qui, deux ans avant M.
Lime, a fait connaitreses premiers résultats clans une
note communiquée le 30 juin 1890 à l'Académie des
sciences (1), si, dès 1878, le docteur Fuller (de Montréal)
n'avait pas eu l'idée d'enlever par le trépan des mor-
ceaux du crâne chez un enfant idiot âgé de deux ans.
Son but, en pratiquant cette opération, était le même
que celui poursuivi par M. Lannelong'ue : il voulait faci-
liter l'expansion du cerveau et par suite le développe-
ment des facultés intellectuelles (2).
Suivant M. Lannelongue, il existe trois théories
pour expliquer la microcéphalie, - mot générique
par lequel il désigne les formes multiples de l'idiotie :
1° ossification prématurée des sutures (\irchow-; -
2° cerveau normal réduit (Vogt) ; - 3° altérations foe-
tales (3), lésions pathologiques (Bourneville, Hill, Hut-
chinson). Par son opération, M. Lannelongue, «vou-
lait donner un nouvel essor du cerveau en affaiblissant
la résistance ilu crâne. » Tout d'abord, l'opération
consistait en une incision à deux travers de doigts de
la ligne médiane, 9 centimètres sur 6 millimètres.
Puis, M. Lannelongue a modifié la forme et les dimen-
sions de la brèche osseuse.
En présentant à l'Institut la note clu savant chirur-
gien de l'hôpital Trousseau. M. le prof. Verneuil s'est
exprimé ainsi : «J'appelle, dit il, l'attention de l'Acadé-
mie sur une opération absolument nouvelle , qui fait le
plus grand honneur au chirurgien distingué qui l'a ima-
ginée, exécutée et menée à bonne fin. Il ne s'agit point
ici, en effet, d'une tentative empirique faite au hazard,
ni d'une sorte de vivisection humaine comme on enexé-
(1) De la e¡'¡¡nicelomie dans la nfiC1"ucéplwlIC (Comples-rend ! ! s) p. 1882).
(2) Voir Progrès médical. 15î8, p. ! )29 et Presse méd. belge.
(3) Produisant un arrêt de développement.
286 Idiotie.
cute trop souvent de nos jours. La résection partielle
dos os de la voûte clu crâne, opposée à la microcé-
phalie est une conception tout à fait rationnelle, ins-
pirée par et la physiologie pathologiques
et qui a donné déjà à l'a priori théorique, un résultat
fort remarquable. »
Vous verrez tout à l'heure, Messieurs, si les crânes
([tic nous allons faire passer sous vos yeux, corroborent
l'opinion très optimiste de Al. le professeur Verneuil.
Plus tard, M. Lannelongue a publié une note plus
étendue dans laquelle il maintient son opinion première
sur l'ossification prématurée des sutures chez les micro-
céphales. Les lésions décrites, hydrocéphalie, sclé-
rose, etc., « coïncident, écrit-il, avec la synostose pré-
saturée. » Au point de vue opératoire, il distingue la
craniectomie linéaire et la craniectomie h lambeaux.
Dans les deux cas, il fait une brèche plus ou moins
longue et large de 8 à 10 millimètres (1).
Enfin, M. Lannelongue, a fait sous le même titre
que la note précédente une communication au Congrès
/'naocai.s de chirurgie (31 mars 1891, p. 73)- Cette
communication se termine par le résumé suivant :
« Les résultats opératoires ont été les suivants ; vingt-cinq
opérations, vingt-quatre guérisons; la moyenne des guéri-
sons opératoires a été de 10 jours. Une seule mort au hout
de 18 heures.... Sur les 24 guérisons, il y a 3 suppurations
minimes qui ont guéri, deux en quelques jours, la troisième
a suppuré trois semaines ; dans aucun cas, il n'y a eu de
nécrose.
Li, plus jeune de mes opérés a été un garçon de 8 mois et le
plus âgé avait lv ? ans 1/2. J'ai opéré 13 garçons et 12 filles.
« Parlerai-je maintenant des résultats définitifs ? Cela devrait
être, car s'il est encourageant de n'avoir à enregistrer pour
(1) De la craniectomie chez les microcéphales, chez les enfants arriérés el cl
chez les jeunes sujets présentant, avec ou sans crises épileptiques, des trou-
bles moteurs uu ]JsychÎlIHCS (Notiv. (le la SaspClricre, 19 ! 1l, p. 89).
Traitement CHIRURGICAL. 287
ainsi dire que des succès opératoires, on ne doit pas oublier
qu'on vise un tout autre but. Ce but on peut le déterminer
dans cette formule : faire rentrer dans la vie commune des
sujets voués iL l'existence la plus misérable, tant au point de
vue intellectuel et moral qu'au point de vue physique. Mais à
qui pourrait venir la pensée que ces déshérités de toutes les
manières seront régénérés et transformés subitement ? 't
« Mes opérés sont suivis avec toute la sollicitude que je
puis y mettre et je possède déjà des documents qui me per-
mettent de dire que le plus grand nombre d'entre eux sont
manifestement améliorés. Mais comme beaucoup de ces opé-
rations sont encore récentes, je me borne aujourd'hui à en
informer mes confrères en attendant que je puisse livrer inté-
gralement à la publicité les résultats obtenus. o
Près de 18 mois se sont écoulés depuis les premières
opérations; il serait donc très intéressant de connaître
exactement la situation actuelle des opérés. Un tableau
détaillé des âges, des particularités du cas, de la date
des opérations, du traitement consécutif, etc., ne man-
querait pas non plus d'intérêt.
Il. Nombreux sont les chirurgiens qui depuis la
première publication de M. Lannelongue ont pratiqué
la craniectomie chez les idiots. Nous avons résumé
dans ce tableau, non tous les cas, mais au moins le
plus grand nombre.
dnn ÎDIOTIË. -
292 Idiotie.
Malgré le soin que nous avons mis à dresser ce
tableau, il est assurément incomplet et présente des
lacunes. Trop souvent les observations sont incom-
plètes, manquent de détails et ont été publiées quel-
ques jours après l'opération, c'est-à-dire avant qu'on
ait pu se rendre un compte exact des résultats que
les opérateurs en pouvaient attendre. Qu'enten-
dent-ils par amélioration ? Ils ne précisent pas tou-
jours. Nous attendons maintenant la publication, qui
ne peut tarder bien longtemps, non plus des résultats
opératoires qui font honneur aux chirurgiens mais des
résultats thérapeutiques qui rendent service aux mala-
des : Cette publication permettrait d'avoir enfin une
idée exacte sur la valeur thérapeutique de la crâniec-
tomie.
III. Bien des fois nous avons eu l'occasion de publier
dans les Comptes-rendus annuels de notre service, de
1880 à ce jour, des descriptions des crânes de nos
malades décédés, ainsi que dans nos communications
au Congrès international de médecine mentale de
1889, à la session de l'Association française pour
' l'avancement des sciences de la même année et au
Congrès des aliénistes de Rouen en 1890. Nous avons
insisté plus particulièrement encore sur ce point dans les
comptes rendus du service pour 1890 et 1891. Enfin,
il y a quelques jours, l'un de nos élèves M. Tacquct,
sur notre conseil, a pris pour sujet de sa thèse : De
l'oblitération des sutures du crâne chez les idiots.
Elle contient la description de 26 crânes d'idiots appar-
tenant à presque toutes les formes de l'idiotie (1). 11
ressort de ces différents travaux que, chez ces malades,
les sutures du crâne ne sont pas ossifiés prématuré-
ment.
(1) Voir aussi mes remarques sur le Traitement de l'hydrocéphalie dans le
Il' 70 des Archives de neurologie, p. 130.
Etat DES sutures DU crâne. 293
Afin de vous mettre, Messieurs, en mesure de vous
faire vous-mêmes une opinion précise sur la question
de la synostose prématurée des sutures du crâne chez
les idiots sur laquelle on s'appuie pour pratiquer la
crâniectomie, nous allons vous montrer les calottes
crâniennes de 12 idiots, appartenant à des catégories
très diverses ; nous vous donnerons d'abord l'histoire
détaillée d'une jeune idiote, crâniectomisée par M.
le Dr Petel(de Rouen) dont voici le crâne (Fig. 1). Pour
les onze autres, nous nous bornerons à un résumé
sommaire de leur histoire, et, avec les crânes, nous
vous ferons passer les photographies des cerveaux
correspondants.
OBS. I. - Idiotie SYMPTOMATIQUE DE MÉNINGO-ENCÉPHALITE;
craniectomie.
OII.11R1;. - Père, migraineux, rhumatisant, graveleux. -
Grand-père paternel, nombreux excès de tout genre ; plu-
sieurs attaques apoplectiques; hémiplégique. - Demi-
oncle paternel, mort phtisique. - Mère nerveuse. - Grand'
mère maternelle, asthmatique. - Pas de consanguinité. -
Inégalité d'âge de 8 ans.
Enfant petite à la naissance. - Déglutition pénible ; bave;
retard des premières manifestations intellectuelles, pré-
hension difficile; gâtisme. - Mémoire des personnes, sen-
timents affectifs conservés. - Grimpeuse. - Accès de
colère. - Crâlliectomie en mars 4891 : pas de modification
de l'état intellectuel. Pelade à l'entrée. - Tuberculisation
pulmonaire et péritonéale. Mort.
Autopsie : absence de synostose des sutures du crâne.
Description de la brèche osseuse ; - lésions de méningo-
encéphalite, etc.
Blai... (Maria), née à la Ferté-Saint-Samson, le 8 juin 1874,
entrée à la Fondation Vallée, le l01'juin 1891, est décédée le 5
novembre 1891.
Antécédents. (Juillet 1891). - Père, 48 ans, voyageur de
294 Antécédents héréditaires.
commerce. Pas de convulsions, pas de fièvre typhoïde, migrai-
neux, assez nerveux, a eu à 36 ans une attaque de rhumatisme
articulaire aigu qui ne s'est pas reproduit depuis. Il y a quatre
mois, attaques de coliques néphrétiques ayant duré 4 jours ;
hématurie assez abondante. Pas d'alcoolisme ; il n'en présente
d'ailleurs pas de signes; avoue pourtant quelques excès avant
son mariage. Ni blennorrhagie, ni syphilis. Santé habituelle
bonne. - [Père, mort à 57 ans, à la suite de plusieurs attaques
d'apoplexie ; il était paralysé de tout un côté ( ? ). - Pas rhu-
matisant ni nerveux.» C'était un homme qui avait beaucoup
vécu » ; il avait dû. faire des excès de tout genre pendant sa jeu-
nesse. Mère, 76 ans, bien portante, non nerveuse, opérée avec
succès de cataracte double. -Grands-parents paternels tout à
fait inconnus. - Grand-père maternel mort vers 80 ans ; était
d'une très bonne santé habituelle. - Grand'mère maternelle
morte à 86 ans. - Deux oncles paternels morts tous deux
entre 50 à 60 ans on ne sait de quoi. Ils n'étaient pas nerveux.
L'un avait 6 enfants qui n'auraient présenté rien de particu-
lier. - Une tante paternelle, morte a ( ! 0 ans, n'aurait pas eu
de maladie nerveuse. - 10 oncles et tantes maternels, 5 sont
morts de cause inconnue. Les autres, sont bien portants ainsi
que leurs enfants. - Deux frères du 1 .rli lit (son père s'est marié
3 fois). Un est mort de la poitrine, 4 ans après son mariage avec
une femme phtisique, (il faut noter que sa mère était morte de
la poitrine) laissant une fille bien portante. Un autre frère, 58
ans, pas nerveux, intelligent, a eu 8 ou 10 enfants en bonne
santé. - Deux sceurs du 1er lit également, une des deux est
morte sans avoir eu d'antécédents nerveux. L'autre soeur est
bien portante, sans enfants. Une soeur du même lit que le
père est un peu nerveuse, sans crises, intelligente. Dans
sa famille, le père n'a jamais entendu parler d'idiots, d'aliénés,
d'épileptiques, de paralysés : pas de difformes d'aucune espèce,
pas de suicidés, de débauchés, de criminels.
Mère, 40 ans, forte, bien portante ; pas de convulsions. Pas
de scrofules, de rhumatismes, etc ? elle est assez nerveuse,
très émotive mais sans crises. [Père, 60 ans, n'a jamais eu
aucune maladie nerveuse. - Mère, 56 ans, asthmatique, non
nerveuse, intelligente. - Grand-père paternel, mort à 86 ans,
de vieillesse, était assez vif, emporté. Pas de troubles men-
taux. - Grand'mère maternelle morte vers 40 ans d'une
maladie épidémique ( ? ) ; aucun détail sur elle. - Les grands-
parents maternels sont morts tous deux très âgés à 80 ans
passés, n'ayant jamais été malades. Trois oncles paternels,
une tante paternelle et une tante maternelle d'une excellente
Antécédents héréditaires. 295
santé. - Pas de consanguinité ; différence d'Age de 3 ans.
4 enfants : 10 garçon, 23 ans, pas de convulsions, n'a jamais
été malade, sobre; - 2- fille, 15 ans, pas de chorée, pas de
convulsions, etc.; - 30 notre malade ; - 4° garçon, 3 ans,
pas de convulsions.
Notre malade. - Rien de particulier au moment de la concep-
lion ni pendant la grossesse, sauf que les affaires du père ne
marchaient pas très bien et qu'il y avait passablement de sou-
cis de ce côté ; ni coups, ni émotions d'aucune sorte, ni syn-
copes. - accouchement terme, naturel, sans chloroforme.
Pas d'asphyxie à la naissance. L'enfant était bien constituée
mais plus petite que la moyenne des enfants, elle a été élevée
au biberon, en nourrice, avec du lait de vache. A partir de 3 mois,
on lui donna en outre de la farine lactée. Sevrage vers 15 mois.
Dès le début, on a remarqué qu'elle n'avalait pas facilement,
et qu'elle bauait. On ne sait à quelle époque elle a eu sa pre-
mière dent ni sa dentition complète. Le père ne se rappelle
pas à quel âge elle a commencé à dire quelques mots et à se
tenir sur ses jambes ; il sait seulement que, sous ce rapport, elle
a toujours été très enretard. Elle n'aurait jamais eu de convul-
sions. Le père ignore si elle a eu des maladies infectieuses.
- Les renseignements qu'il nous donne sur les antécédents
personnels de son enfant sont d'ailleurs très peu précis ; elle
est restée chez sa nourrice sèche presque jusqu'au moment
où on l'a opérée, et son père n'allait la voir qu'à des intervalles
assez éloignés. Il prétend qu'elle comprend à peu près tout
ce qu'on lui dit, mais répond mal, souvent d'une façon incohé-
rente ; elle aurait pourtant un nombre assez considérable de
mots à sa disposition ( ? ). On n'a jamais rien pu lui apprendre.
Elle ne s'habille pas seule, gâte, mange salement avec ses
mains. Elle bave beaucoup surtout en mangeant; elle parait
avoir une certaine difficulté à avaler. Elle a une bon ne mémoire,
reconnaît bien et longtemps les personnes et les choses. Pas
de mauvais instincts, ni gourmande, ni voleuse, etc. Pas d'ona-
nisme.
Le père ne sait si clle grince des dents, si elle a des secousses
brusques, des étourdissements ou des cauchemars. Il assure
qu'elle n'a rien eu de particulier du côté de l'appareil respi-
ratoire.
Les sentiments affectifs seraient assez développés, elle
reconnaît bien ses parents et parait contente de les voir. Assez
coléreuse, elle se fâche quand on veut lui faire faire une chose
dont elle n'a pas envie, donne des coups de pied et de poing.
Elle n'a pas eu d'accidents scrofuleux, pas d'engelures, etc.
296 Antécédents héréditaires.
Le père ne sait à quoi attribuer la maladie. Ayant lu dans
un journal le récit des opérations de M. Lannelongue, il
demanda l'avis de M. le Dr Petcl (de Rouen). Celui-ci lui dit
que l'enfant n'ayant rien iL perdre il l'opération, celle-ci lui
semblait indiquée. La crâniectomie a eu lieu le 15 mars.
Depuis, le père n'a constaté aucune modification dans l'état
de l'enfant.
Avant l'opération, Bla.... n'avait que peu de spontanéité
dans ses actes; elle passait son temps ainsi, jouant avec les
objets qu'elle avait sous la main, des bouts do papier, d'étoffe
ou de ficelle, ou bien elle courait de côté et d'autre, rJ1'iJll-
pait comme un chat sur les meubles. Jamais on n'avait pu
l'habituer -il une occupation suivie, ni au travail. Si on la
laissait sortir dans la rue, elle se trainait dans la boue, faisait
ses ordures, sans paraître en avoir conscience. Elle bavait z
constamment, se fourrait fréquemment les doigts dans la
bouche et cela quelquefois pendant fort longtemps. Ses paro-
les spontanées étaient le plus souvent incohérentes; elle
demandait à manger, « -il faire dodo », sans avoir ni faim, ni
sommeil. Elle mange avec appétit, salement, avec ses doigts,
sans salacité d'après le père ; son goût est peu développé,
elle mangeait de tout indifféremment, pourtant elle paraît
avoir certaines préférences, aime beaucoup la soupe, les
choses salées et peu les mets sucrés ; son haleine a toujours
senti très mauvais. II ne lui est jamais arrivé d'accidents
d'aucune sorte, mais elle nécessitait une surveillance de tous
les instants, bien qu'elle ait le sentiment du danger : elle est
tombée un jour auprès d'une mare chez sa nourrice et pous-
sait des cris épouvantables, craignant de tomber à l'eau. Elle
ne s'approche jamais du feu assez pour se faire du mal ou
pour qu'on puisse craindre qu'elle tombe dans le foyer. La
nourrice chez qui elle était avant l'opération l'a vue depuis ;
elle n'a pas trouvé grand changement dans l'état de l'enfant.
Elle dit que Bl... ne parle pas mieux maintenant qu'avant
l'opération. Ses idées ne paraissent pas plus claires ; elle n'est
pas plus susceptible d'éducation. Le père dit que, a l'hôpital
de Rouen, la soeur s'occupait d'elle, essayait de lui appren-
dre.
Bl... aurait de la mémoire, connaissait bien les gens du pays
par leur nom qu'elle prononçait toujours très mal ; elle se
rappelait quelquefois des événements survenus 3 ou 4 mois
auparavant, elle le rappelait par un mot, un geste. Disons
que tous ces rensignements sont bien vagues ; le père n'a pas
Description DE la malade. 297
l'air d'y attacher une grande importance, et tous les petits
détails que nous lui demandons n'ont jamais beaucoup attiré
son attention. En terminant, il exprime le désir que si son
son enfant meurt, nous pratiquions l'autopsie et lui en fassions
connaître les résultats.
1891. 3 juin. L'enfant nous est arrivé la tète enveloppée
dans un pansement. On constate qu'elle présente une cica-
trice récente, demi-circulaire, à concavité tournée à droite et
dont les extrémités aboutissent l'une au niveau du bregma,
l'autre au niveau de la fontanelle postérieure. La cicatrice
étant complètement fermée, on supprime le pansement. -
Traitement : douches, bains salés, sirop d'iodure de fer.
Etat actuel (5 juin 1591). - Au premier examen, ce qui
frappe le plus dans l'aspect extérieur de l'enfant, c'est le con-
traste entre le petit volume de sa tète et sa taille élevée. La
tète est à peu près du volume de celle d'un enfant de 7 ou 8
ans. Le crâne est proportionnellement beaucoup plus déve-
loppé que la face. La physionomie exprime constamment un
air grognon et inintelligent. L'enfant porte sans cesse la main
à sa tête en poussant des gémissements et des plaintes inin-
telligibles ; ou bien, avec ses mains, saisit les objets environ-
nants, les vêtements des personnes qui l'entourent et on ne la
fait lâcher qu'avec la plus grande difficulté. Elle marche les
bras demi-fléchis et en avant, le tronc incliné, les jambes
écartées lançant les membres inférieurs en avant et posant
lourdement le pied à terre.
Elle semble par instants comprendre ce qu'on lui dit, mais
il est difficile d'apprécier jusqu'où va son faible degré d'intel-
ligence. Elle prononce quelques mots, dit : «Papa, maman,
dormir, oui ou non ». Son vocabulaire n'est guère plus
étendu, contrairement aux dires du père.
Crdne très petit, peu élevé. Bosse occipitale assez saillante.
Régions pariétales peu proéminentes. Au niveau de la cica-
trice cutanée dont il a été question plus haut, cicatrice qui
est 'déprimée en gouttière, on sent une dépression analogue
de la voilte osseuse formant un sillon assez marqué ; la lèvre
interne de ce sillon proéminant plus que la lèvre externe. Les
sutures et les fontanelles sont fermées et ne sont plus percep-
tibles. Cuir chevelu épais présentant une desquamation
épithéliale abondante et en plusieurs points des plaques res-
semblant à des plaques de pelade. On remarque surtout ces
plaques sur la moitié droite du cuir chevelu. Dans la région
où se trouve la cicatrice et dans le voisinage, les cheveux
rasés commencent à reparaître. Les plaques dénudées ne
298 DESCRIPTION DE la malade.
sont pas absolument glabres, elles sont parsemées de quel-
ques cheveux très rares. Les cheveux, disposés par mèches,
sont courts, rudes, d'une coloration châtain très foncé. Ils
bouclent sur le front et sur la nuque.
Front très bas, étroit, fuyant. Pas de proéminence des bos-
ses frontales. Arcades orbitaires assez saillantes. Sourcils
bien formés, mais minces, fournis de poils foncés et courts. -
Yeux petits, très écartés. Fentes palpébrales assez grandes.
Paupières supérieures bien mobiles et également tombantes.
Cils courts et assez rares, gris et arqués. Musculature de l'oeil
saine, pas de paralysie, pas de strabisme, pas de nystagmus.
Conjonctive et cornée saines. Sensibilité normale. Iris large,
brun, verdàtre, pupilles égales, réagissant normalement à la
lumière et à l'accommodation.
Nez droit, assez court, épais. Légère asymétrie au profit du
côté gauche. Narines écartées , sous-cloisons un peu saillan-
tes ; cloison non déviée. L'odorat paraît présenter un certain
développement. - Bouche très largement fendue, transver-
sale, symétrique, habituellement entr'ouverte. Lèvre supé-
rieure à bord libre épais. Lèvre inférieure épaisse et pendante.
Bave continuelle et abondante. Arcades dentaires très
larges, dents grandes, assez régulièrement implantées. Voûte
palatine offrant une prédominance notable du diamètre antéro-
postérieur. Voile et piliers symétriques et bien mobiles. Che-
vauchement des incisives verticales sur les incisives trans-
versales. Langue longue, étalée.
Menton arrondi, assez large, sillon mento-labial assez mar-
qué. Joues peu remplies, peu colorées. - Oreilles de dimen-
sions moyennes, peu écartées ; tragus très large et peu saillant ;
antitragus peu marqué. Hélix et anthélix seulement ébauchés.
Orifice du conduit auditif extrêmement large; pas d'otorrhée.
lobules complètement adhérents. Ouïe paraissant normale.
Description DE la malade. 599
1"1X assez développé, de conformation normale. Pannicule
adipeux assez épais, muscles peu saillants, peau rude au tou-
cher, duvet assez abondant entre les omoplates, Quelques
poils châtain-foncé assez longs sous les aisselles. Glandes
mammaires assez développées. -Auréoles de la largeur d'une
pièce d'un fr., assez pigmentées. Mamelon bien conformé et
saillant. Creux sus et sous-ciaviculaires peu marqués ; cour-
bure des côtes normale. l'as de chapelet chondro-costal, ni de
déformation du sternum. Rachis régulier. Rien à l'auscul-
tation des sommets des poumons, murmure vésiculaire nor-
mal. l'ointe du coeur battant dans le 4*' espace, sur la ligne
mamelonnaire.
Abdomen peu proéminent. Ombilic déprimé. Matité hépa-
tique étendue, a limite inférieure correspondant au rebord
costal. Matité splénique non perceptible. Bassin étroit,
non dévié.
Organes génitaux et puberté. Pénil saillant, recouvert
de poils rares, assez longs sur la partie médiane et inférieure.
- Quelques poils formant une traînée sur le bord externe des
grandes lèvres et au pourtour de l'anus. Grandes lèvres plus
saillantes. Petites lèvres très grandes. Capuchon peu marqué,
clitoris assez volumineux ; orifice de l'hymen assez grand, non
déchiqueté. Les seins ont 7 centimètres et demi de diamè-
tre.
Membres supérieurs grêles, peau saine, sans cicatrice,
quelques poils sur la face dorsale des avant-bras. Ossature
et articulations saines. Mains grandes, maigres, doigts effilés,
ongles longs, un peu bombés. - Membres inférieurs égale-
ment peu développés ; leur peau présente quelques boutons
d'acné. Poils sur la face antérieure et antéro-externe de la
jambe. Réflexes rotuliens normaux. Pieds grands, incurvés;
courbure de la voûte plantaire, normale. Pas de lésions des
os, ni des articulations. Orteils ne chevauchant pas. Ongles
très grands, bombés transversalement.
Sensibilité : elle paraît assez obtuse sur les différents points
de la surface cutanée mais il n'y a nulle part d'anesthésie
proprement dite.
29 juillet. La température s'est élevée jusqu'au-dessus
de 38". L'enfant ne tousse pas, n'a pas la diarrhée. Pas d'otite ;
pas de conjonctivite. L'haleine est extrêmement fétide. L'exa-
men de la bouche ne montre rien si ce n'est une tuméfaction
300 DGSCII1PT ION DE LA MALADE.
rouge des gencives et quelques mucosités dans l'arrière-gorge.
30 juillet. La température est revenue à l'état normal. La
fétidité de l'haleine persiste. Les gencives saignent assez
abondamment. Sur la joue du côté droit, empiétant sur la
gencive et le voile, existe une tuméfaction assez volumineuse.
2 août. - La température est toujours normale. Les gencives
saignent moins. L'haleine est moins fétide. L'examen de la
bouche, plus facile, permet de constater la disparition de la
tuméfaction déjà signalée.
4 août. -Amélioration marquée. L'enfant peut manger sans
difficulté.
8 octobre. - Depuis 2 ou 3 jours, diarrhée assez abondante
et fétide. Les selles sont involontaires. Le ventre, un peu
tendu, n'est pas douloureux à la pression. Langue sale, pas
de fièvre. Huile de ricin : 20 gr. Soir : T.R. 38", 4.
12 octobre. L'enfant a toujours de la diarrhée. Depuis hier
la température s'est élevée. (339°,4.) Potion avec bismuth et
laudanum.
1h octobre. - L'enfant demande constamment il boire, ne
se plaint d'aucune souffrance. La diarrhée continue. Le ventre
est très tendu, la peau est lisse, sillonnée de quelques veines
dilatées. La matité hépatique est en partie masquée par le
tympanisme abdominal. On ne sent pas de parties de consis-
tance inégale. Ni le palper ni la percussion ne dénotent la
présence de liquide dans la cavité péritonéale. Rien dans les
urines.
25 octobre. - La température est au-dessus de 38°. Toux
assez fréquente ; rien de précis dans la poitrine bien qu'il soit
probable que les poumons sont envahis par la tuberculose de
même que le péritoine.
25 octobre. - T.R. 37°, 2. -' Soir : 39°, 3. Amaigrisse-
ment assez considérable. Pourtant l'enfant mange relati-
vement beaucoup. Soif vive : distension du ventre; tym-
panisme considérable ; pas d'épanchement.
29 octobre. - La température présente des oscillations très
grandes avec une différence de deux degrés matin et soir. La
diarrhée persiste. La langue est blanche, recouverte de muco-
sités abondantes. Le ventre est ballonné, dur, bosselé et la
palpation profonde. La malade tousse un peu. A l'auscultation,
on trouve seulement quelques râles dans la partie moyenne
du poumon droit. Amaigrissement considérable. Tout indique
une tuberculisation de l'intestin et du péritoine.
2 novembre. - Le père dit que sa fille ne vomissait pas
à la maison ; il ne croit pas qu'elle ait eu le carreau. Vers 15
Autopsie. Etat DES sutures du crâne. 301
mois elle aurait eu une maladie pendant laquelle elle aurait
maigri au point de n'avoir plus « que la peau et les os. »
Serait-ce le carreau ? ' !
5 Les accidents se sont aggravés progressive-
ment et l'enfant a succombé aujourd'hui. T.R. aussitôt après .
la mort : 39°, 4 ; ? d'heure après : 38°, 9 ; 1 heure après : 36", 4
- Poids après décès : 38 kilogr.
Autopsie faite le 6 nouembre 1891, 24 heures après décès.
- Aspect du corps-. - Pas de cicatrice, pas de déformation
apparente sauf une légère déviation de la colonne vertébrale
à droite dans la région lombaire; la paroi abdominale est dis-
tendue, verdâtre.
Tête. -Après l'incision du cuir chevelu, on note une dépres-
sion très accentuée au niveau des fosses temporales. Le crâne
est légèrement asymétrique; le côté gauche est plus dévelop-
pé au niveau de la région occipitale que le côté droit; la pro-
tubérance occipitale semble reportée à droite de la ligne
médiane, l'épaisseur des parois crâniennes varie de 2 à 4 mil-
limètres ; aucune trace des fontanelles. Au niveau du pariétal
gauche se trouve une perte de substance à direction aiitéro-
postérieure, parallèle à la suture inter-pariétale et à 22 milli-
mètres de celle-ci ; sa longueur est de 65 millimètres, sa lar-
geur moyenne de 12 millimètres; ses bords émoussés offrent
un aspect polycyclique montrant qu'elle résulte de l'applica-
tion d'une série de couronnes de trépan (Fia. 30); elle empiète
un peu en avant, sur la suture fronto-pariétale. - La dure-
mère n'adhère pas avec le crâne même au niveau de la
perte de substance. La base du crâne n'offre aucune
altération. Sur la dure-mère, au niveau de la perte de subs-
tance se trouve une sorte de fausse membrane rosée, faisant
une saillie d'un millimètre, de consistance ferme,ayantcomme
dimension celui de la perte de substance déjà décrite.
302 ETAT.DES SUTURES DU CRANE dans l'IdIOtIe.
Hémisphère cérébral droit. On ne constate la présence
d'aucun tubercule sur la pie-mère. Celle-ci n'est pas modifiée
Fig. 30.
. TUI3GIiCULIS1'I'10\ PULMONAIRE. 303
et présente son épaisseur normale. Elle est le siège d'adhé-
rences assez marquées avec les circonvolutions de la face
externe qui sont difficiles à décortiquer; en certains points
on enlève de petits fragments de pulpe cérébrale. Tout l'hé-
misphère présente comme particularité générale son peu de
développement. La disposition des circonvolutions dans leur
ensemble est normale. On ne constate nulle part la présence
de foyers de sclérose. Le lobe frontal est bien conformé ainsi
que le lobule de l'insula.
Hémisphère cérébral gauche. - Sur cet hémisphère comme
sur -le droit on remarque une congestion assez intense. Les
veines sylviennes sont dilatées et gorgées de sang ; il n'y a
pas de pus au niveau des espaces sous-arachnoidiens, ni
aucune trace de tubercules. La configuration extérieure de
cet hémisphère paraît assez régulière.
Le cervelet est normal ainsi que la moelle épinière (30 gr.).
Le liquide céphalo-rachidien est en quantité ordinaire.
Cou. - Larynx normal. - Corps thyroïde (15 gr.). Le lobe
droit est d'un volume double du lobe gauche.
Thorax. -l11'ouverture du thorax qui est étroit, décharné,
on constate une adhérence très grande des plèvres, assez
facilement rompue du côté gauche, plus complète du côté
droit et allant jusqu'à la symphyse des plèvres. Directement
derrière le sternum, à la place du thymus qui a disparu, on
trouve un gros ganglion de la dimension d'une grosse noix
pesant 5 grammes et qui, à l'incision, laisse échapper une
matière tuberculeuse déjà ramollie sous forme de bouillie ver-
dâtre. - Poumon gauche (385 gr.). Il crépite mal dans pres-
que toute son étendue; à la palpation on sent des nodosités et
à la coupe on le trouve farci de granulations tuberculeuses de
la grosseur d'une lentille mais pas encore en voie de ramollis-
sement. Poumon droit. (420 gr.). Il ne crépite un peu
qu'au niveau de sa languette antérieure. Le sommet est
complètement induré. A la coupe, on constate que tout le
sommet dn poumon est infiltré de granulations tuberculeuses
peu nombreuses.
Abdomen. - Péritoine très épaissi, recouvert de granula-
tions tuberculeuses. - Anses intestinales agglutinées par des
fausses membranes.
il) Son observation a paru dans notre Compte rendu de 1890, p. 41.
'304 Sutures du CRANE dans l'idiotie.
^OBS/If/7 Idiotie S111fPTO\I1TI(,)LE D'UNE tumeur. SARÇO>1.1-
' Y ? TEUSE U. CJ,1.rF,LE').'N{¡Jq) : QçéphaUe) ! 1 ¡ ! ; If.. ?
Sommaire. Tumeur cérébrale, hydrocéphalie symploma-
-, tiqué. Grand-père palenwl,alcoolique.-1\1ère, convul- ? sions à 2 anus. - Premiers, symptômes à 10 ans. - Gépha-
l lalgie, vomissements, gâtisme ? Paraptëtespasmodtqtfe.
fftrop7üe double du nerf optique. - Mort part fracture
du crâne.- . . - ... ? ? "
Autopsie. Sat'contc àpetites cellules siégeant dans la cavité
, dû.4 ueütricule . et sur la, partie latérale du bulbe -et du
.cervelet ? Hydrocejjlialie : dilatation de"s : ventI11cules' 'Cel'é,
.. bi;auxv ? ... u ,j.. ? ;.(,<;> r.i .f ? u ? ? '' c. : r ;
l3er... (Charles), 12 ans ? ? . : ' '. ' * ''''
Crâné. ^7- La c¥totle cdhienn¿présente une épaisseur très
1 ! : iïüle : 'Éllé'cst'trins'parëntë dans presque toute son étendue; :
les deux côtés.' sont, symétriques. Au niveau-de la/'OK{a-
nelle antérieure, -il existe encore une surface de quelques,
ùlilliÎi1ètrescarrésnon qssifiée. Les sutures sagittale, lambdo-
ide et fronto-pariëtales ne'sont pas soudées.et les différents,
os qu'elles' séparent présentent une- mobilité relative; Le
frontal est soudé. .' ? ,
Lors du premier examen de la tête, on. avait noté, que les
fontanelles et les sutures semblaient- fermées; c'est donc,
durant le,séjour du malade à Bicêtre que s'est opéré cet.écar-,
tement des.os, qui vient fournir, croyons-nous, ,urv,\rgUl)1cnt
sérieux contre' la craniectomie (fit. il). C'est parce. que les os
du crâne ont pu s'écarter aussi largement que les phénomènes
de compression n'ont pas été plus graves, ontoffert une
grande lenteur et même des rémissions dans leur marche. La,
vie aurait donc pu se. prolonger encore s'il n'était survenu,
un traumatisme qui a eu promptement une issue fatale.
Tous les os étaient translucides, notablement amincis, car.ils
n'avaient qu'un à deux ou 3. millimètres d'épaisseur.
OI15. III. - IDIOTIE myxoedémateuse.
SOMMAIRE. Pere,T)t(]<'< tMo'cuteu.v. Grand-père puternel,
excès de boisson. Grand'mère paternelle, morte d'un cun-
SUTURES; DU. CRANE DANS L'IDIOTIE'. 305
cer de l'utérus. 'Oncle paternel, excède boisson. Tante
'3ate)' ! M«e,mrameuse.Deuxcousts tMMS de germains,
- : *4 ? '. ? ; .1 , 1 1 a
idiots. - Mère, sujette à des douleurs névralgiques, 'rès
nerveuse. Grand-père'' maternel, excès de boisson. Grand'
Bourneville, Bicêtre, 1892. 20
l Fig. 31. .
. 'À : 7.
\
306 Sutures du crâne dans L'IDIOTIE. v X\
"'......
mère maternelle, hystérique. Arrière-grand-père maternel,
excès de boisson, mort d'une attaque de paralysie. z
Grand-oncle maternel, excès de boisson. Grossesse mau-
vaise : envie insurmontable de dormir. Asphyxie à la
naissance. - Premières couvulsions à 14 mois. - Refroi-
dissement et cyanose de la moitié inférieure du corps.
Jeune. Pertes de connaissance à partir de 3 ans. Ca1'ac ? a : J."
téresco ? 71.ptetsdetacachex ! epac/n/de)')mque ; physionomie " '
typique; cheveux bruns roux; persistance de la fontanelle
antérieure; gonflements lipomateux des joues, des creux
sus et sous-claviculaires, des aisselles; peau cireuse, eczé-
mateuse ; état pachydertnique des pieds et des mains;
hernie ombilicale ; rachitisme ; absence de la glande thyro-
ïde, etc. Congestion pulmonaire intense, mort en
syncope.
AUTOPSIE. Absence complète de la glande thyroïde. -
Persistance de la fontanelle antérieure. - Aspect gélati-
niforme des circonvolutions cérébrales.
Bourg... (Fern. A.); 5 ans. (V. l'obs., Conpte-rezdu 1889, p. 74.)
Crâne. - Les os qui le composent sont très minces, trans-
lucides dans la plus grande partie de leur étendue. Toutes les
sutures persistent même la suture métopique. La fontanelle
antérieure est restée ouverte dans une longeur de 6 centi-
mètres d'avant en arrière, et de 4 centimètres transversale-
ment (Fig. 32). En arrière de cette membrane, il existe une
portion osseuse transparente mesurant d'avant en arrière 3
centimètres et se détachant de chaque côté de la partie corres-
pondante de la suture intcr-pariétale sous forme d'aile. A
chacune des extrémités du diamètre transversal de la fonta-
nelle existe, sur la suture fronto-pariétale, un os wormien. z
La suture métopique, très visible à l'extérieur, dans toute sa
hauteur, commence à se fermer à la face interne. Sur la suture
inter-pariétale, en arrière, dans ses quatre derniers centimè-
tres, il existe sept os wormiens répondant à la fontanelle
postérieure. Entre ces os wormiens, qui se retrouvent sur la
face interne du crâne, se voient des traînées translucides. - z
Sur les sutures pariéto-occipitales des deux côtés, il existe
une dizaine d'os wormiens à droite et une quinzaine à gau-
che. - L'occipital semble séparé, au moins dans sa partie
supérieure correspondante à la calotte, par une sorte de
suture qui continuerait la suture inter-pariétale.
Sutures DU crâne dans l'idiotie. 307
OBS. IV. - IDIOTIE \fÎ.\INGITIQUE, rachitisme, fièvre
. typhoïde : méningite.
Sommaire. Absence complète d'antécédents héréditaires
et personnels. Idiotie complète. Amélioration. - Fièvre
typhoïde anormale. Më)n ? tgc. Mort.
Autopsie. - Distension des sutures; lésions méningiti-
ques anciennes et récentes; - testons des plaques de Peyer.
Dufoul... (Auguste-Ernest), 3 ans. (Voir l'obs. p. 164.)
Crâne peu dur, la coupe de la calotte est absolument rouge.
Asymétrie manifeste, le côté droit est plus développé que le
gauche, surtout au niveau de la bosse pariétale. Les os à la
coupe se montrent plus épais à gauche qu'à droite et en avant
qu'en arrière. Ils sont excessivement spongieux, à texture
finement aréolaire, offrent des lames de tissu compact interne
et externe excessivement minces et à peine sensibles. A l'état
frais, les sutures sc présentent à l'extérieur sous la forme de
cordons rouges, saillants, sinueux ayant 3 à 4 millimètres de
largeur, ils sont plus marqués au niveau des sutures coronales
et sagittales qu'au niveau des sutures occipito-pariétales. A la
face interne, les sutures apparaissent comme une ligne rouge
finement dentelée mais ne formant pas de saillie comme sur
la face externe. Pas trace cle synostose. - A l'état sec, on
constate que les sutures sont comme distendues et séparées
par une substance qui s'est rétractée légèrement en se dessé-
chant. La suture coronale offre des dentelures très fines et
devient presque rectiligne au niveau de la ligne médiane. La
suture sagittale présente aussi des dentelures très fines qui,
à partir du sinciput, deviennent plus considérables jusqu'au
lambda. La suture lambdoïde offre à gauche 4 os wormiens, un
central ayant environ la surface d'une pièce de 0, 50 centimes;
les deux autres sont plus petits, allongés, à grand axe perpen-
diculaire à la suture. A la partie externe de la suture, toujours
du mème côté, il y a 3 autres petits os de la
dimension d'une lentille et paraissant de simples dentelures
détachées. A droite, la suture lambdoide offre deux petits os
wormiens lenticulaires et un troisième plus volumineux
(comme une pièce de 0, 20.) Sur le trajet de cette partie de la
suture lamhcloide, on observe de petites fissures de la table
externe des os, perpendiculaires à la suture elle-même. Les
sutures à la face interne du crâne se montrent sous la forme
d'une simple ligne sinueuse ; de nombreux pertuis vasculaires
308 .SUTURE DU CRANE DANS L'IDIOTIE.
perforent la table interne des os sur les bords de ces sutures
et au point ou siege la suture métopique qui ma a laisse aucune
Fig. 32.
Sutures DU crâne dans l'idiotie. 309
trace. Les sillons des vaisseaux méningés moyens sont
distinctement marques sur les pariétaux.
La calotte présente des plaques transparente* sur les parié-
taux en arrière de la suture coronale, près de la ligne
Fig. 33.
310 Sutures DU crâne dans l'idiotie.
médiane. Ces plaques sont au nombre de deux à l'angle
fronto-sagittal droit, tandis qu'on n'en observe qu'une dans la
région symétrique à gauche. Elles ont environ 2 centimètres
de diamètre. On constate aussi des zones transparentes, mais
diffuses, à la région- postérieure des pariétaux, surtout au
niveau du lambda (Fig. 33).
OI3S. V. - IDIOTIE SYMPTOMATIQUE DE sclérose TROPHIQUE. ? 0 Pas. d'antécédents héréditaires, chute et syncope '
durant la grossesse. - Asphyxie à la naissance. - Coti-
vulsions au deuxième jour, revenues à diverses reprises
jusqu'à un an. - Hémiparésie à droite. Contracture. -
Broncho-pneumonie, mort.
Louv... (Paul Maurice), né le 7 juin 1882.
Crâne. Les os sont extrêmement minces (deux à quatre
millimètres), transparents, environ dans les 2/3- de leur éten-
due. La suture métopique est fermée, toutes les autres ne le
sont pas, ni à la face interne, ni à la face externe. Pas d'os
wormiens. (Voir l'obs. complète p. 216.)
OBS. VI. - IDIOTIE méningitique.
Sommaire. Pas d'antécédents. Idiotie, cachexie, cécité.-
Leucome total adhérent desdeuxcotës. - Parole et marche
nulles. - Entérite à deux reprises. - Méningite avec cris
et grincements de dents. - Mort. '
AUTOPSIE.-Calotte extrêmement mince et1110L1e.-Adlcé7·en-
ces de la dure-mère au niveau des sutures.-PaS de traces
d'ossification des sutures. - Plaques très abondantes et
étendues de ménigite purulente. - Méningite de la conve-
xité et de la base. Circonvolutions cérébrales et scissures
assez irrégulières. - Rien de particulier dans les viscères.
Marti... (Marcel), 2 ans, né à Paris, est envoyé des Enfants-
Assistés à Bicêtre, le 6 mai 1892. (Voir son observation com-
plète à la page 201.)
Calotte violacée, extrêmement molle et mince ; la plus légère
traction suffirait pour la briser. Dans les efforts faits pour
enlever la calotte, le frontal s'est désuni d'avec le pariétal
gauche, de sorte qu'il ne reste plus à l'état intact que la partie
droite de la suture coronale. Cette suture coronale est très
Sutures du crâne dans l'idiotie. 3t] J
injectée. A la palpation, on sent dans son interstice, une sorte
de bourrelet rouge, vasculaire, formé par la membrane itltér-
suturale. En aucun point cette suture n'est le siège d'un tra-
vail synostosique, pas plus sur la table interne que sur la table
Fig. 4.
312 Sutures du crâne dans l'idiotie.
externe. La suture sagittale est fortement dentelée, sinueuse.
La région de l'obélion est elle-même irrégulière. En aucun
point on ne trouve de travail d'ossification. La suture lamb-
doïde a le même aspect que les précédentes. On remarque sur
sa branche droite la présence d'un os wormien d'un centi-
mètre et demi de long sur un demi centimètre de large. Le sil-
lon creusé par l'artère méningée moyenne est profond et bien
dessiné sur les deux pariétaux. Le crâne est asymétrique et la
région latérale gauche est aplatie. La bosse frontale de ce côté
est peu apparente. La fontanelle antérieure persiste (Fi ? 3h).
OBS. VII. - Idiotie complète symptomatique de double
porencéphalie vraie.
SooaLaIBE. - Père et grand père paternel quelques excès de
boisson. - Mère, convulsions de l'enfance, nerveuse. -
Grand-oncle paternel, mort de tuberculose. - Soeur, acci-
dents nerveux. - Émotion vive au 5e mois de la grossesse.
- Premières convulsions à 3 mois; crises fréquentes
jusqu'à un an. - Rougeole et influenza à 5 ans. - Sueurs
abondantes de la tête suivies d'un peu d'amélioration. -
Marche et parole nulles. - Strabisme externe ; cécité com-
plète. - Contractures des 4 membres. - Mastication nulle ;
bave, accès de cris. - Tics de la face et balancement.
- Gâtisme. - Epilepsie, congestion pulmonaire; mort.
AUTOPSIE. - Porus vrai des deux hémisphères cérébraux.
Iléningo-encéphalite chronique. - Atrophie de la protu-
bérance. -Lésions pulmonaires.
Roc... (Georges E.), né à la Noue (Marne), le IC) juin 1886, est
entré à Bicêtre le 4 mai 1892. (Voir l'obs. complète p. 89).
Crâne. - La voûte crânienne est assez élevée, mince, les
os sont peu épais. Il y a de nombreuses plaques transparentes
occupant la moitié de la calotte à gauche et les 2/3 à droite.
- La suture sagittale entièrement libre est modérément
sinueuse. Les dentelures sont apparentes aussi bien sur la
table interne que sur la table externe. - La suture coronale
est très régulière, sans interposition d'os wormiens. Aucune
trace de synostose n'est appréciable sur l'une ou l'autre face.
- La suture coronale est libre dans toute son étendue sans
trace de synostose : les fontanelles et la suture métopique sont
fermées. (Voir l'obs. complète p. 89 et Planches VIII, IX, X,
XI (Fig. 35).
SUTURES DU crâne dans l'idiotie.. 313
OBS. VIII. IDIOTIE MICRO CÉPHALIQUE. - Hémiplégie SPASMO-
DIQUE. - Sclérose ATIIOPHIQUE. - TUBERCULOSE ABDOMI-
NALE.
SowoAIRE. - Père, alcoolique, emporté. - Grand-père pater-
nel, mort d'une attaque de paralysie. - Grand-oncle pater-
nel tuberculeux. - Cousin germain, aveugle-né. - Mère,
céphalalgies, intelligence bornée. - Grand-père maternel,
et arrière-grand' mère maternelle, morts d'une pleurésie.
- Oncle maternel, ivrogne. - Frère asphyxié à la nais-
sance. - Accident au 2""= mots de la grossesse. - Frayeur
légère au 611le mois. - Accouchemement laborieux. -
Asphyxie et déformation crânienne à la naissance. -
Convulsions dès le premier jour. - Secondes convulsions
à 4 mois. - Début de la parole à 18 mois. - Premières
dents à 6 mois. - Ne marche pas. - Gâtisme complet. -
Paraplégie inférieure et Hémiplégie gauche avec contrac-
ture. Mierocéphalie. - Tuberculose intestinale. Mort.
AUTOPSIE. - Sclérose atrophique des circonvolutions cérébra-
les. - Ulcérations tuberculeuses de l'intestin. - Adéno-
pathie mésentérique tuberculeuse.
Sal... (Paul), 4 ans. (Voir l'obs. complète p. 23).
Crâne. - La calotte crânienne est un peu épaisse (3 à 4
mm.) mais peu dure, les sutures sont partout transparentes;
les dentelures sont peu prononcées. La suture interfrontale
seule, est tout à fait ossifiée. Les sutures pariéto-occipitales
ont des dentelures un peu plus sinueuses et l'occipital est si
peu soudé aux pariétaux, qu'il en est au contraire presque
détaché. Il y a une plaque transparente de chaque côté de la
suture métopique et au niveau de l'angle antérieur et supé-
rieur des pariétaux; la droite (25 mm.) est moitié plus grande
que la gauche. La voùte paraît symétrique (Voir PL. III, IV,
V et VI.)
OBS. IX. - IDIOTIE méningitique ; craniectomie sans RÉSUL-
TAT APPRÉCIABLE : MODE CURIEUX DE RÉOSSIFICATION DE LA
BRÈCHE OSSEUSE.
Sti.. (Emile F.), 6 ans. (Voir l'observation complète p. 116).
Sommaire. -Pére, excès de boisson. - Grand-père paternel,
314 SUTURES DU crâne dans L'IDIOTIE.
alcoolique et nerveux. - Oncle pate1¡¡1el, mort de méningite
traumatique ( ? ). - Tante paternelle, morte pthisique.
Ti. 3à.
Sutures du crâne dans l'idiotie. 3j5 5
Mère, vive et coléreuse. - Cousin idiot, ne parlant pas.-
Un frère, mort de convulsions. Un autre frère, mort du
carreau à 3 ans. Une soeur morte de bronchite. Pas de
consanguinité. Inégalité d'âge de trois ans.
Conception, grossesse, accouchement : rien de particulier.
Première dent à 10 mois. Dentition complète à 2 ans.
Convulsions dites internes à 3 semaines, se reproduisant
quotidiennement jusqu'à la fin du troisième mois; occla-
sion des paupières ; immobilité. Strabisme constaté à 13
mois. - Craniectomie il. l'hôpital Trousseau en juin '1890.
Coqueluche à 2 ans et demi. - Rougeole à 3 ans et demi.
Teigne tonsurante. -l3ronclvo-ptveutnonie, mort.
AUTOPSIE. - Description des os du crâne. Mode de répa-
ration de la brèche osseuse produite par la craniectomie .
Minceur et transparence des os. Absence de synostose.
Adhérences de la dure-mère au niveau des cicatrices osseu-
ses. Méningo-encéphalite prédominant notablement sur
l'hémisphère gauche. Persistance du trou de Botal.
Lésions pulmonaires.
Crâne. La calotte paraît légèrement asymétrique, mais
cette asymétrie est plus apparente que réelle, cette apparence
est le fait de l'incision osseuse faite à gauche. Une mensura-
tion exacte, démontre que les deux côtés du crâne sont presque
parfaitement égaux. La forme générale de la calotte est régu-
lièrement ovoïde, à grosse extrémité occipitale. Les bosses
pariétales sont très saillantes. Nous insisterons plus parti-
culièrement sur la grande minceur des os qui offrent une
épaisseur variant de 1 à 2 millimètres 1/2. L'occipital est parti-
culièrement mince et présente latéralement des régions trans-
parentes. Des plaques translucides existent encore sur les
pariétaux et sont surtout nombreuses à la région postérieure
et inférieure. Les traces des vaisseaux méningés sont nom-
breuses et nettement accusées sur les pariétaux. Le frontal,
un peu plus épais que les pariétaux, présente à sa région
moyenne une bande transparente. Les sutures finement den-
telées n'offrent nulle part aucune trace de synostose. La suture
fronto-pariétale très dentelée dans ses 2/3 inférieurs à droite
et à gauche, devient presque rectiligne, surtout à droite, à 3
centimètres environ de la glabelle. Un petit os wormien existe
de chaque côté dans cette partie rectiligne. A la face interne,
cette scissure est sinueuse, mais n'offre pas de dentelures
accentuées. Il n'y a pas de trace de la suture métopique. La
suture sagittale, finement dentelée dans ses deux centimètres
316 SUTURES DU crâne dans L'IDIOTIE.
antérieurs, offre sur un centimètre /2 quatre dentelures aiguës
et profondes de 5 millimètres environ, puis, changeant de carac-
Fig. 3H.
Sutures du crâne dans l'idiotie. 317 ri
tère, elle se continue en dentelures arrondies et irrégulières
jusqu'au niveau du lambda. La suture lambrloïcle est très
contournée, ses dentelures sont fines et irrégulières. A droite,
à 4 centimètres 1/2 du lambda, les dentelures s'exagèrent et
forment 2 petits os wormiens très irréguliers ayant un centi-
mètre environ dans leur grande dimension, qui est perpendi-
culaire à la suture. A la face interne ces sutures sont moins
contournées, les os wormiens, signalés plus haut, apparaissent
nettement, mais moins longs, plus larges, et à bords moins
déchiquetés. La brèche osseuse due à la cl·âwiectolnie (1·'ig. 36), j,
située à gauche, est antéro-postérieure et s'étend sur le frontal
et le pariétal. Elle forme avec la suture sagittale un angle aigu,
à sinus postérieur de 25° environ. Cette brèche est en voie de
réparation et les parties non ossifiées y sont recouvertes d'une
membrane dépendant du périoste, s'étendant d'un bord à l'autre
et transformée sur les bords en minces lamelles osseuses. Une
partie ayant 32 millimètres de longueur reste non ossifiée à la
région frontale. Une autre partie, longue de 20 millimètres,
complètement réparée, lui succède. Cette région croise la
suture fronto-pariétale. Son mode de réparation est des plus
intéressants. En effet la soudurc osseuse s'est effectuée sous la
forme de suture à fines dentelures, analogues à celles de la
suture qu'elle croise. Une région de 16 millimètres, non répa-
rée, lui fait suite et a des bords assez réguliers ; cette
région a 3 millimètres à sa partie la plus large; 18 millimè-
tres il peu près soudés complètement viennent ensuite ; ici la
soudure, bien qu'un peu irrégulière, n'offre pas de dentelures
comme précédemment, mais elle n'est pas aussi complète-
ment effectuée. Enfin durant 30 millimètres la brèche reste
sans ossification. Elle offre là une largeur moyenne de 4
millimètres, présente sur ses bords de petits prolongements
osseux minces et se termine par un cul-de-sac arrondi, à
demi comblé par une jetée osseuse interne. A l'état frais cette
partie non-ossifiée était recouverte d'une membrane ostéo-
1(l,i(,. les prolongements osseux lamellaires des bords de la
brèche en sont une preuve.
Obus. X. - Idiotie méningitique.
Sommaire. Père et grand-père paternel, excès de boisson.
Tante paternelle, suicidée. - Mère, convulsions de l'en-
fi212ce, suivies de strabisme ; alcoolisme ; aliénation.
315 Sutures DU crâne dans L'IDIOTIE.
Grand-père maternel, méchant et violent, alcoolique
8Tui-, gourmande et voleuse. - Pas de consanguinili
1·.'i ? 4; 37 .
Sutures du crâne dans l'idiotie. 3t0
Inégalité (-le 6 ans. Crises éclamptiques durant la
grossesse. - Lymphatisme - Idiotie complète : parole
et marche nulles; gâtisme; aucune connaissance des per-
sonnes. -Roac(/eole ta période d'incubation, au moment
de l'ncln21sssioi; marche de la température. Otite précé-
dée d'une ascension thermométrique; - bmncho-pneumo-
nife : mort : élévation considérable de la température après
le décès.
AUTOPSIE. - Etal des sutures; lésions de méningo-encépha-
lite chronique; persistance clu thymus.
Touch ? (Jean-Etienne), 3 ans. (Voir l'obs. complète p. 3.)
Crâne. - La calotte présente l'épaisseur normale de celle
d'un enfant de cet âge. Bosses asymétriques. Bosse pariétale
droite un peu saillante : plagiocéphalie. Fontanelles oblité-
rées ; zone transparente à 15 millimètres environ de la suture
fronto-pariétale sur la ligne médiane. La zone droite a 15 mil-
limètres de largeur sur 20 millimètres de longueur et s'étend
jusqu'à la suture sagittale, où elle se fusionne avec la zone
gauche, qui a 15 millimètres de longueur sur 10 millimètres
de large. Un léger épaississement linéaire sépare ces deux
zones. Une petite surface transparente de 10 millimètres sur
3 millimètres existe encore au niveau de la partie interne de
la bosse pariétale droite il un centimètre environ de la suture
sagittale.
Sutures. - Il n'y a pas de trace de la suture métopique.
La suture fronto-pariétale, un peu sinueuse à sa partie
médiane, a la forme d'un S italique très allongé ; elle
devient un peu sinueuse à ses parties latérales. La suture
sagittale, d'abord rectiligne et légèrement sinueuse, présente
à sa partie médiane des dentelures plus grandes pendant 3
centimètres environ pour redevenir presque rectiligne à son
tiers inférieur. ! La suture lambdoïde est dentelée à gauche et
régulière; adroite, elle est plus irrégulière, et ses sinuosités
sont plus petites. Ni sur la face interne, ni sur la face externe,
on ne trouve la plus légère trace de synostose. Les os du
crâne sont assez durs et ont une épaisseur variant de 3 à 6
millimètres (Fig. 37).
OBS. XI. - IDIOTIE S1'\IYTOdf : 1'fIQUE DE porencéphalie.
Sommaire. Enfant naturel. Renseignements insuffisants
320 SUTURES DU crâne dans L'IDIOTIE
du côté paternel. - Tante paternelle, aliénée. Mère
rien de particulier. Grand père maternel, quelques excès
de boisson. - Parole nulle. - Marche à 2 êlns t/2 et incom-
plète. Pas de convulsions. Affaiblissement paralytique du
côté gauche. - Accès de colère. Phlegmon de la région
mastoïdienne. - Carie du rocher. - Méningite. - Mort,
AUTOPSIE. - Porencéphalie droite. - Tuberculose des pou-
mons et du péritoine.
Viv... ,Louis Albert, 7 ans et demi.
Crâne. - Les os sont minces et très durs. La suture inter-
frontale est complétement soudée sans traces de dentelures.
La bosse frontale est transparente dans ses parties latérales.
Les autres sutures montrent des dentelures très nettes et
sont complètes. Le pariétal droit est translucide. - Les bos-
ses pariétales sont très prononcées, surtout la gauche (1).
OBS. XII. - IDIOTIE méningitique.
SOMMAIRE. - Grand'mère paternelle, morte épileptique (eu
état de mal probablement). - Mère, émotive, mais sans
crises nerveuses. - Une tante paternelle de la mère, épilep-
tique. t/nesoeurde la mère nerveuse, de caractère bizarre.
- Un frère de la mère mort de congestion cérébrale. Un
autre frère de la mère a eu un fils paralysé et qui paraît
être hydrocéphale. - Un autre frère de la mère enfermé à
Bicêtre pour un accès de délire. - Pas de consanguinité.
- Inégalité d'âge de 16 ans. - Accouchement par la face ;
travail ayant duré 5 heures. - Allaitement au lait de
vache. - Première dent à 2 ans passés. -- Accidents scro-
{tÛeux. - Symptômes méningitiques en 1891. - Étourdis-
sements quelque temps avant son entrée à Bicêtre. - Grin-
cements de dents. - Accès de colère. - Tics. - Parole à
peu près nulle. - Broncho-pneullzonie. - Mort.
AUTOPSIE. - Pas de traces de synostose. - Léger degré de
persistance de la fontanelle antérieure. - Adhérences de
la pie-mère avec la dure-mère d'une part et avec ta subs-
tance cé1'ébrated'autre part. - Broncho-pneumonie en
foyers disséminés. - Hypertrophie des ganglions péritra-
chéo-bronchiques.
il) L'observation complète de ce malade. a été insérée dans notre Compte
rendu du service des enfants de Bicêtre, pour l'année 1891, p. 96.
SUTURES DU crâne dans L'IDIOTIE. 321
excès de boisson, mort d'une attaque de paralysie.- Grand-
oncle maternel, excès de boisson. ,
Accouchement par la face. Travail ayant duré 3 heures. -
Allaitement au lait de vache. Première dent à 2 ans passés.
- Accidents scrofuleux. - Symptômes méningitiques en
1891. Etourdissements quelque temps avant son entrée
à Bicêtre. - Grincements de dents. Accès de colère. -
Tics. Parole à peu près nulle. - B1'OnClzo-rJne219110n1e.
AUTOPSIE. - Pas cle traces de synostose. Léger degré de
persistance de la fontanelle antérieure. Adhérences de
la pie-mère à la dure-mère d'une part et avec la substance
cérébrale d'autre part. - Broncho-pneumonie en foyers
disséminés dans les deux poumons.
Watebl... (Éd. Gustave), 3 ans 1/2.
Crâne. - Les 5 os du crâne sont minces et violacés par
places; la suture coronale est très sinueuse et ne porte aucune
trace d'ossification tant sur la table interne que sur l'externe.
La sagittale est régulière et n'est nulle part ossifiée. La lamb-
doide, libre dans toute son étendue, porte dans sa branche
droite un petit os wormien. La fontanelle antérieure est
représentée par un léger espace triangulaire d'un centimètre
sur deux de large : elle est tapissée par une mince membrane.
L'artère méningée moyenne se creuse le long du bord anté-
rieur des deux pariétaux un sillon profond dont le fond est
figuré par une mince lamelle osseuse.
Nous avons résumé dans le tableau ci-après les points
principaux de nos 12 observations.
Bourneville, Bicêtre, 1892. 21
Traitement lIfÉDICO-PrDAGOGIQUE 323
Nous aurions pu multiplier les faits ; ceux qui précè-
dent concernant une partie des malades morts depuis
un an dans notre service, nous ont paru suffisants. Ce
n'est pas que nous soyions absolument opposé à la
crâniectomie, ou à la trépanation; mais nous ne la
croyons indiquée que dans les cas où les troubles
intellectuels reconnaissent pour cause un abcès du
cerveau, un traumatisme, ou encore une tumeur à
siège bien déterminé. '
Avant de terminer cette première partie de notre
communication laissez-nous vous rappeler le mode de
réossification de la brèche osseuse chez notre malade
de l'OBs. IX : cette réossification s'est faite sous forme
de dentelures, tout -à fait semblables aux sutures natu-
relles ou primitives. Et, en second lieu, laissez-nous
insister sur une lésion peu connue, la distension des
sutures.
Sur le premier crâne que vous avez vu, les sutures
se sont écartées, à un degré considérable, sous l'action
d'une hydrocéphalie consécutive à des tumeurs du cer-
velet (1). Comment cette distension s'opère-t-elle ? Les
crânes des malades des observations IV et XII, nous
paraissent en fournir l'explication. Ces malades ont
succombé aune poussée méningitique, entée sur une
méningo-encéphalite chronique. Les os étaient con-
gestionnés à un degré considérable ; les sutures parti-
cipaient à cette congestion et la substance périostale
intersuturale s'était gonflée au point de former, au
niveau des sutures, de véritables cordons qui avaient
écarté les dentelures des sutures correspondantes.
L'examen de ces douze crânes et des cervaux cor-
(t) Depuis notre communication au Congrès nous avons observé un second
cas tout à fait semblable.
324 Idiotie.
respondants ne laissera aucun doute, nous le pensons,
dans votre esprit au sujet de l'inutilité de la crânien-
tomie. Ainsi que vous le voyez, le point de départ sur
lequel les chirurgiens s'appuient pour pratiquer la
crâniectomie, à savoir l'ossification prématurée des
os du crâne, est une conception théorique, démentie
parles pièces anatomiques.
On peut se demander aussi ce qu'une telle opération
peut avoir d'influence pour remédier - notre but à
nous, - à des lésions aussi diverses, aussi profondes
que celles que vous avez pu constater sur les photogra-
phies : Idiotie symptomatique de tumeurs cérébrales,
de méningo-encéphalite, de sclérose atrophique, de
porencéphalie, ou due au mycedème (absence de la
glande thyroïde), ou encore à un arrêt de dévelop-
pement d'origine congénitale.
IV. L'enthousiasme qui semble avoir accueilli la
crâniectomie tient en partie à ce que l'on ce possède,
en général aucune notion exacte des maladies qui
aboutissent à ce qu'on appelle communément l'idiotie.
On ignore aussi que l'un de nos compatriotes, Séguin,
devenu l'un des médecins les plus éminents des États-
Unis, a institué une méthode d'éducation, qui permet
d'obtenir des résultats incomparablement supérieurs
à ceux de la crâniectomie. Cette méthode, complétée
chaque jour par nous, en y ajoutant des procédés que
nous suggère l'expérience, constitue ce que nous dési-
gnons sous le nom de traitement néctico-édagogiq2ce
de l'idiotie. Nous allons vous citer quelques exemples
qui vous montreront que le médecin n'est pas désarmé
en face de ce genre de maladies.
Afin de constater les progrès survenus chez nos
malades, nous les faisons photographier dès leur arri-
vée, puis tous les ans ou tous les deux ans suivant
Traitement MÉDICO-PÉDAGOGIQUE,325
l'amélioration qui s'est produite. Pour faciliter votre
appréciation, nous avons fait réunir sur un seul carton
toutes les photographies des mêmes malades : photo-
graphies collectives.
En second lieu, dès qu'un enfant parvient à tracer
des bâtons, nous faisons ouvrir un cahier scolaire.
Ensuite tous les trois mois, tous les deux mois, tous
les mois, à mesure des progrès accomplis, les maîtres
et les maîtresses font faire aux enfants, sur ces cahiers,
les divers execrices dont ils sont devenus capables :
écriture, chiffres, dessins, opérations d'arithmétique,
dictées, etc.
Nous allons donc faire passer devant vous les pho-
tographies collectives et les cahiers scolaires de six
enfants idiots, pris surtout parmi les plus malades et
que nous avons pu améliorer d'une façon sérieuse.
Observation I. - IDIOTIE microcéphalique.
SOMMAIRE. - Antécédents paternels négatifs. - Mère, lie1-
veuse. - Grand-père paternel, excès de boisson. - Grand'
tante maternelle, migraineuse. - Soeur de mère, morte de
convulsions. - Enfant naturel : arrêt de développement et
tête très petite à la naissance (microcéphalie très prononcée
et prognathisme supérieur). - Convulsions répétées à un
an. Fugues solitaires. Imitation des animaux. - Klepto-
manie. - Accès de colère. Grimaces de ta face. Défaut
de prononciation. - Écholalie. - Amélioration très nota-
ble (1).
Arn... (Gabriel), né le 20 mai 1876.
Les photographies, prises de 1885 à 1892, font voir les chan-
gements survenus au point de vue du développement physi-
que et de la physionomie. Son cahier scolaire nous montre
qu'il a commencé à faire des bâtons en 1886 et que, en juillet,
(1) Voir l'observation de ce malade dans le Compte-rendu du Congrès in-
ternational de médecine mentale de 1889, p. 100 et le Compte-rendu du ser-
vice de Bicêtre pour 1890, p. 153.
326 IDIOTIE.
il écrivait assez régulièrement et faisait des chiffres. Ses
connaissances usuelles se sont très étendues. Il répond à
propos aux questions qu'on lui pose, mais la prononciation
reste un peu défectueuse. Il n'a plus d'écholalie. Son carac-
tère s'est amélioré; il est moins jaloux. Il n'est plus voleur.
Il sait distinguer les couleurs, les noms et l'usage des différen-
tes parties de son corps.
· OBS. II. - Imbécillité.
Sommaire. Père, doreur sur métaux, très nerveux et em-
porté, suicidé. - Grand-père paternel, ivrogne. Grand'
mèJ'e m.1tel'1lelle, mOl'te hémiplégique. - Arrière-grand-père
paternel, mort paralysé. Mère, lniqrclinense. -Grïit2d-
père maternel, mort phthisiqwe. - Arrière-grand-père ma-
ternel, mort parafe. Grand-oncte maternel, mort para-
lysé. -Oncle maternel, mort - Pts (le co ? lsa7l-
guinité ; mère plus âgée que le père de 14 mois. - Soeur,
morte d'une méningite avec commis ions. Enfant normal jus-
qu'à 17 mois époque où ont débuté les convulsions. Répétition
des convulsions toutes les nuits pendant 2 semaines : accès
de colère, dur à élever. - il 3 ans, nouvelles convulsions,
tous les soirs, pendant une semaine. - Aggravation des
colères, turbulence, désobéissance, violences envers les
autres enfants. - CLaston2a111e. - Grimpeur, gourmand,
Enervement général. -Alt2éliorntion très notable. (Photo-
graphies en 1885, 1887, 1889, et 1892).
Chan ? (Emile), né le 28 septembre 1879 (13 ans).
En 1885, l'enfant ne sait pas se servir du couteau ; il con-
naît ses lettres, compte jusqu'à 20, fait des bâtons sur le
cahier.
En 1892, lit couramment, écrit lisiblement, fait de petits
problèmes sur les quatre opérations, connaît l'heure, les jours,
les mois, fait de petites rédactions, écrit des lettres, exécute
tous les exercices de la gymnastique Pichery, est apprenti
tailleur et travaille de mieux en mieux. Il est devenu de moins
en moins coléreux et grossier et de plus en plus soigneux et
affectueux..
Traitement MÉDICO-PÉDAGOGIQUE. 327
Obs. III. - IDIOTIE probablement symptomatique DE >
sclérose cérébrale.
Sommaihe. Père emporté, céphalalgies, excès alcooliques
et vénériens. - Grand-père paternel, peu intelligent, ivro-
gne. Grand' mère et tantes paternelles, débauchées.
Deux oncles et un cousin paternels, morts de convulsions.
Grand-oncle paternel, excès cle boisson. - Grand-père
maternel, excès de tous genres. - Trois frères ont eu des
convulsions. - Conception probable durant l'ivresse.
Premières convulsions une heure après la naissance,
revenant à diverses reprises jusqu'à deux ans et demi.
Parole nulle, gâtisme, etc.
Charet... (Charles), né le 2 ! 1 novembre 1883.
La première photographique prise en 1887 (3 ans 1/2) repré-
sente l'enfant en robe de gâteux ; la seconde l'enfant devenu
propre, en pantalon ( ! i ans et demi) ; les deux autres témoi-
gnent des heureux changements survenus dans sa physiono-
mie.
A l'entrée (8 février 1887) Parole nulle, ne se sert que de
la cuiller, gourmand, turbulent, méchant, voleur, gâteux, ne
sait ni se déshabiller, ni s'habiller, ni se laver.
Actuellement (août 48J2) : - Il est devenu propre, il trace
les lettres et des chiffres on gros ; il prononce un certain nombre
de mots, s'habille, se déshabille seul, avec beaucoup d'adresse.
Ses souliers sont toujours bien lacés et ses vêtements bien
boutonnés. Il s'assure qu'il est bien habillé en se regardant
dans le miroir. Il se lave le visage et les mains avec soin; se
sert habilement de la cuiller, de la fourchette et du couteau. Il
place toutes les lettres en bois sur leur figuration imprimée,
mais on n'est point parvenu jusqu'à présent à les lui faire
nommer sauf l'U et l'A. Il connaît tous les chiffres et les place
sans se tromper. Quoique ne pouvant nommer les couleurs il
place bien les cartons colorés sur le tableau des couleurs.
. OBS. IV. - IDIOTIE congénitale.
Sommaire. Père, peintre en bâtiments ; t921<1; étourdisse-
ments : céphalées durant e)t/'a)tce.Grand-pfh'e paternel,
apoplectique. - Mère, sujette à des douleurs de tête;
pertes de connaissance de 7 à 27 anus. - Arrière-grand-
père maternel, excès de boisson, suicidé par pendaison, ? ...
328 Idiotie.
Grand'mère maternelle, morte d'une attaque d'apoplexie.
Arrière-grand' tante maternelle, aliénée. Frère, idiot.
Corb... (Gaston), né le 4 mai 1878.
Les photographies prises en 1886 (6 ans et demi) et en 1887
le montrent en robe de gâteux; celle de 1890 devenu propre
en pantalon, mais la figure obtuse; la dernière, celle de 1892
à l'âge de 14 ans, la physionomie est éveillée et souriante. Il se
déshabille, s'habille se lave bien seul, la parole s'est notable-
iment développée. Il reconnaît les objets usuels et ce à quoi
ils servent. Il connait les lettres et les chiffres, place bien les
figures géométriques. L'attention est devenue bien plus facile
à fixer. - Les résultats auraient été plus considérables s'il
n'avait été transféré à la fin de 1881l à Clermont où il est resté
un an pour revenir à Bicétre ayant perdu ce qu'on lui avait
appris et plus âgé, c'est-à-dire moins perfectible.
OBS. V. - Imbécillité prononcée ; ÉPILEPSIE,
8ouvetaE ? Père, rien de particulier, mort de phtisie.
Grand père paternel, mort probablement d'une congestion
cérébrale. - Arrière grand-père paternel mort d'un coup
de sang. Oncle parternet mort phtisique. - Mère morte
d'une péritonite un an après une couche. Pas de con-
sanguinité. Inégalité d'âge de 7 ans. 1
Chute avec perte de connaissance il 3 mois. - Evanouissements
3 jours après la 15 mois. Première dent
à 12 mois. Gâtisme intermittent. - Parole limitée quelques
mots à l'entrée. Marche à 13 mois. Turbulence. Grimpeur.
- Clastomanie. - Parole développée et propreté vers 1881.
Plaie du cuir chevelu dans un accès (mars 1883). Tooti-
colis (septembre). Oreillons (octobre 1885). Disparition
des accès en février 1885.
Duma... (Charles), né le 15 mars 1879.
La première photographie représente l'enfant en 1882, âgé
de 3 ans, il est en robe de gâteux. Les photographies, prises
successivement, la dernière en février 1892 mettent en évi-
dence les progrès réalisés.
Son cahier scolaire a été ouvert en 188h, époque où il a com-
mencé à tracer des bâtons au crayon. La dernière feuille de
ce cahier montre qu'il sait mettre les noms au pluriel, faire
TRAITEMENT MKDICQ-PÈDAGOGIQUE. 329
de petites dictées, l'addition, la soustraction et qu'il commence
la multiplication, enfin que son écriture est très lisible.
OBS. VI.- IDIOTIE congénitale par arrêt DE développement
DES circonvolutions.
S011\fAIRE. - Père, quelques excès de boisson, eczéma. -
Mère migraineuse. - Pas de consanguinité. Inégalité
d'âge de deux ans. Soeur, morte de convulsions. Con-
ception durant l'ivresse. - Première dent à six mois, -
Marche et parole nulles. - Gâtisme à l'entrée (3 ans). -
Salacité. - Cris constants, plaintes des voisins. - Tenta-
tivespourmordreses (l'ères etsoeurs. - Balancementantéro-
postérieur du tronc. - Préhension défectueuse : ne se sert
pas de la cuiller. - N'aurait jamais eu de convulsions. -
Amélioration très remarquable ; développement de la mar-
che, de la parole, etc.
Dupu.. (Marius),né le 30 juillet 1881.
Sur ses photographies, vous le voyez en robe de gâteux en
1884, à l'âge de 3 ans ; propre et en pantalon en 1885, à 4 ans ;
avec une tenue défectueuse et une physionomie encore obtuse
en 1887 ; plus éveillé en 1889 et enfin, sur la photographie de
juillet dernier avec une physionomie souriante et intelli-
gente.
A l'entrée (1884) : - Parole nulle, gâtisme, se sert assez bien
de la cuiller; colère, jaloux, se jette par terre, frappe sa tête
contre les murs et les portes, balance son corps d'avant en
arrière, etc.
En 1892 : - Parole libre, raisonnement assez développé,
réponses précises, se déshabille, s'habille, se lave seul et con-
venablement. Sa tenue est bonne ; il se sert bien de la cuiller
de la fourchette et du couteau, lit couramment, écriture lisi-
ble et assez soignée, commence à faire quelques dictées,
exécute quelques petites additions, soustractions, multiplica-
tions. Parfois, mauvais instincts, pique des aiguilles ou des
clous dans le siège de ses camarades, est parfois paresseux.
OBS. VII. - Imbécillité symptomatique.
SOMMAIRE. Père, plombier, excès de boisson, non satur
330 1 . IDIOTIE. '
nin( ? j, - G1'and'pèrepaternet,plombier, alcoolique. -Mère
plus âgée de 4 ans que le père. Grand'père maternel, excès
de boisson. Conception durant l'ivresse. Peur suivie de
syncope au 9° mois de ta grossesse. Asphyxie à ta nais-
sance. Première dent et marche à 14 mois. - Premières
convulsions à un mois. Retour mensuel ou bi-mensuel des
convulsions jusqu'à cinq ans. - Crises plus rares à partir
de 5 ans. -Parole à six ans. - Gâtisme accidentel.
Laumail... (Gustave), né le 16 septembre 1878.
Sa première photographie prise en 1885, quand il avait 7
ans, le représente en gâteux. est devenu propre deux ans
plus tard (deuxième photographie) ; sur les deux dernières
photographies, la physionomie est beaucoup moins obtuse.'
. A l'entrée : Laum.... parle assez bien avec ses camarades,
mais ne répond pas quand on l'interroge. La prononciation
est très difficile; il se sert seulement de la cuiller et de la
main gauche ; il ne sait ni se laver, ni se vêtir, ni lacer, nouer
ou boutonner; il n'a aucune notion de la lecture, de la numé-
ration, de l'écriture, des couleurs, etc. ; il a commencé a être
propre à 6 ans, mais d'une façon incomplète, car il lui arrive
assez souvent d'avoir des selles et surtout des mictions invon-
lontaires la nuit.
Actuellement (189 ? ) : - L.. parle assez bien, répond aux ques-
tions qu'on lui pose, dit les noms des personnes et des choses,
mais la prononciation est défectueuse en ce sens qu'il serre
les dents et ouvre peu la bouche. Il se sert de, l'éponge pour
se débarbouiller, niais doit être surveillé. Il est assez soi-
gneux, conserve ses vêtements boutonnés, et ses souliers lacés ,
se tient bien à table, mange proprement, se sert de la cuiller
et de la fourchette, mais ne peut encore se servir habilement
du couteau. Il connaît ses lettres,, les nomme toutes sans se
tromper, distingue les chiffres, place bien les couleurs, etc.
En somme, amélioration très notable.
OBS VIII. - IDIOTIE IICROCI"PHALIQUE.
SOMMAIRE, - Père, rien cle particulier. - Grand -père pater-
nel, alcoolique, mort du pylo1'e. -A rrière granclpère pater-
nel, alcoolique.- Mère et grand'mère maternelle migrai-
neuses. Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de 7 ans.
Pas de c9nvulsions, '- Parole nulle; - Impossibilité de se
Traitement MÉDICO-PÉDAGOGIQUE. 331
tenir debout. Affaiblissement prédominant à ta jambe
gauche. Gâtisme. Tournoiement de la tête. - Balan-
cement du tronc. Première dent à 6 mois. Grincement
des dents. - Rougeole et coqueluche à 2 ans. - Améliora-
tion considérable.
Mazi... Henri, 8 ans. z
Il s'agit là d'un des microcéphales que nous avons montrés
à l'une des séances du Congrès international de médecine men-
tale de 1889. Les premières photographies le représentent
gâteux, assis ou tenu sur les genoux ; puis devenu propre,
en pantalon, et marchant. Voici la note qui figure dans les
Comptes rendus du Congrès : .
« A son entrée (3 décembre 1887), Mazi... était complètement
« gâteux ;;il lui était impossible de se tenir debout. La jambe
ci gauche.paraissait un peu plus faible que la droite. On notait
« chez lui du tournoiement de la tête, des grincements de dents
a et un balancement antéro-postérieur du tronc. La parole
z est absolument nulle. Il crie et pleure une partie de la nuit;
« il dort le matin. L'attention ne peut être fixée. La préhension
« se fait assez bien ; toutefois M... n'aide en rien pour s'habil-
« 1er et se déshabiller et ne sait pas se servir de la cuiller. Il
« est affectueux et reconnaît ses parents.
« Traitement : exercer l'enfant à se tenir debout et à mar-
« cher ; le placer sur le vase à des heures régulières ; exerci-
« ces de la parole ; sirop d'iodure de fer, huile de foie de
« morue, bains salés. Bien que, de son entrée au mois d'août
« de cette année, divers accidents aient entravé le traitement,
« déjà nous avons obtenu chez cet enfant une amélioration
« encore peu profonde, mais indubitable.
« L'enfant commence à se tenir sur ses jambes, ne gàteplus
« que : par moments, demande le vase. Il dit très bien : papa,
« maman, çà y est, non, voilà. En nous appuyant sur ces résul-
« tats, nous pouvons espérer que dans un temps plus ou moins
« long, l'enfant sera tout à fait propre, marchera et parlera. »
Nos prévisions se sont amplement réalisées. Le corps et la
tête se sont développés ainsi que le démontre le tableau ci-
après (p. 332).
De plus Mazi..., ainsi que nous l'avons dit à propos de ses
photographies; est devenu tout à fait propre. Il marche, court
et saute. La parole s'est notablement développée, il dit les
Traitement fÉDICO-PÉD : 1GOGIQUE. 333
noms des personnes, des objets qui l'entourent, des différen-
tes parties de son corps, prononce des phrases simples, com-
mence à bien exécuter les exercices de la gymnastique Pichery.
Les documents qui composent cette seconde partie
de notre communication me semblent de nature, Mes-
sieurs, à apporter la conviction dans vos esprits et à
mettre hors de doute la supériorité du traitement
médico-péclagogiclue de l'idiotie sur le traitement
chirurgical. Il est à désirer que les chirurgiens qui
ont pratiqué la crâniectomie fassent connaître, un an
ou deux après l'opération, les améliorations survenues
chez leurs malades et qu'ils présentent à l'appui des
photographies collectives et des cahiers scolaires
semblables aux nôtres.
EXPLICATION DES PLANCHES.
336 Explication DES planches.
Planche I.
Hémisphère cérébral gauche; face externe.
(Ons. de Scheff ? p. 10-19).
FI, F2, F3, première, seconde et troisième circonvolutions
frontales.
FA, frontale ascendante.
PA, pariétale ascendante.
pt, P2, PC,lobes pariétaux supérieur et inférieur, pli courbe.
Lo, lobe occipital.
Tt, T2, première et seconde temporales.
sr, sillon de Rolando.
ss, scissure de Sylvius.
PK, pseudo-kyste.
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892.
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892. 22
338 Explication DES planches.
Planche II.
(OBs. de Scheff..., p. 10-19).
Hémisphère cérébral gauche; face interne.
I ? première frontale.
LP, lobule paracentral.
AC, avant-coin.
C, coin.
LTS, lobe temporo-sphénoïdal.
ce, corps calleux.
co, couche optique.
sr, sillon de Rolando.
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892. Pl. il.
340 Explication DES planches.
Planche III.
(OBS. de Sal..., p. 22-30).
Hémisphère cérébral gauche; face externe.
I'i, F2, F3, première, seconde, troisième circonvolutions
frontales.
FA, circonvolution frontale ascendante.
PA, circonvolution pariétale ascendante.
P', P2, PC, lobes pariétaux supérieur et inférieur, pli courbe.
LO, lobe occipital.
Tl, T2, T3, première, seconde et troisième circonvolutions
temporales.
LI, lobule de l'insula.
ss, scissure de Sylvius.
sr, sillon de Rolando.
Bourneville, Bicétre, 1892. - Pl. III.
342 Explication DES planches.
· Planche IV.
(OBS. de Sal..., p. 22-30).
Hémisphère cérébral gauche; face interne.
F', première frontale.
LP, lobule paracentral.
AC, avant-coin.
C, coin.
Lo, lobe occipital.
T3, troisième temporale.
CO, couche optique.
P, pédoncule.
SL, septum lucidum.
SPE, scissure perpendiculaire.
ce, corps calleux.
sr, sillon de Rolando.
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892. P ! . IV.
344 Explication DES planches.
' Planche V.
(OBs. de Sal..., p. 22-30).
Hémisphère cérébral droit; face externe.
Fi, F2, F3, première, deuxième et troisième circonvolutions
frontales.
FA, frontale ascendante.
PA, pariétale ascendante.
pt, P2; PC, lobes pariétaux supérieur et inférieur; pli courbe.
Ti, T2, T3, première, seconde et troisième circonvolutions
temporales.
LO, lobe occipital,
ss, scissure de Sylvius.
sr, sillon de Rolando.
BOURNEVILLE, Bicêtre. 1892. Pl. V.
346 Explication DES planches.
Planche VI.
(OBs, de Sal ? p. 22-30).
Hémisphère cérébral droit; face interne.
r, première frontale.
LP, lobule paracentral.
AC, avant-coin.
C, coin.
T3, troisième circonvolution temporale.
ce, corps calleux.
es, corps strié.
co, couche optique.
P, pédoncule.
SPE, scissure perpendiculaire externe.
sr, sillon de Rolando.
Bourneville, Bicêtre, 1893. Pl. VI.
348 Explication DES planches.
Planche VII.
(OBs. de Le T..., p. 38-55).
Fig. 1. - Bâtons tracés par l'enfant à l'entrée (septembre
1882).
Fig. 2. Son écriture à la fin de 1887.
Fig. 3. - Reproduit plusieurs additions et un spécimen de
l'enfant en janvier 1890.
Fig. 4. - Addition, soustraction et multiplication, spé-
cimen de l'écriture de l'enfant en décembre 1890.
Fig. 5. Mêmes exercices en mai 1892. L'intelligence ayant
baissé (voir p. 44), les chiffres et l'écriture sont devenus nota-
blement plus imparfaits et montrent un recul.
350 Explication DES planches.
Planche VIII.
(Ons. de Roq ? p. 88-96).
Hémisphère cérébral gauche; face supérieure.
LF, lobe frontal.
LO, lobe occipital.
Péd, pédoncule.
P, porus.
Bourneville, Bicêtre, 1892. il[. VIII.
352 1 Explication DES planches.
PLANCHE IX.
(OBs. de Roc ? p. 88-96).
Hémisphère cérébral gauche; face externe.
FI, F2, F3, première, seconde et troisième circonvolutions
frontales.
FA, frontale ascendante.
PA, pariétale ascendante.
LO, lobule occipital.
P, porus.
sr, sillon de Rolando.
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892. Pl. IX.
Bourneville, Bicêtre, 1892. Pl. X.
356 Explication DES planches.
Planche XI.
(OBs. de Itoc ? p. 88-96).
Hémisphère cérébral droit ; face interne.
Fi. première circonvolution frontale.
LP, lobe pariétal.
AC, avant-coin.
C, coin.
LTS, lobe temporo-spliénoïdal.
co, couche optique.
V, ventricule.
ope, scissure perpendiculaire externe.
Bourneville, Bicêtre, 1892. il]. XI.
358 EXPLICATION DES PLANCHES.
Planche XII.
(OBS.de Hug... p. 132-141).
Hémisphère cérébral gauche; face externe.
FI, F2, F3, première, seconde et troisième circonvolutions
frontales.
FA, frontale ascendante.
PA, pariétale ascendante.
P', P2, PC, lobes pariétaux supérieur et inférieur, pli
courbe.
T', T2, T3, première, seconde et troisième temporales.
LI, lobule de l'insula.
ss, scissure de Sylvius.
BÓUÍ\'1\'tmLLE, Bicêtre, 1892. , Pl. XII.
360 Explication DES planches.
Planche XIII.
(OBS. de IIug ? p. 13'2-1H).
Hémisphère cérébral gauche; face interne.
F', première circonvolution frontale.
LP, lobule paracentral.
AC, avant-coin.
C, coin.
LTS, lobe temporo-sphénoïdal.
co, couche optique.
v, ventricule.
ce, corps calleux.
Boun;-¡EVILLE, BicU¡'e, 1 ! ffi2. Pl. YIII,
362 Explication DES planches.
Planche XIV.
(Ons, de Hug ? p. 132-141).
Hémisphère cérébral drot; face interne.
FI, F2, F3, première, seconde et troisième circonvolutions
frontales.
FA, frontale ascendante.
PA, pariétale ascendante.
P1, Il-, PC, lobes pariétaux supérieur, inférieur et pli courbe
Lo, lobe occipital.
Tl, T2, T3, première, seconde et troisième circonvolutions
temporales.
LI, lobule de l'insula.
sr, sillon de Rolando.
ss, scissure de Sylvius.
Bourneville, Bicêtre, 1892.. Pl. XIV.
364 EXPLICATION DES PLANCHES.
Planche XV.
Agrandissement cle la fondation Vallée. '
Ce schéma est destiné à donner une idée générale de la
Fondation d'après le programme que nous avons élaboré (p.
LXIII).
- BOURNEVILLE, Bicêtre, 1892. PL. XV.
TABLE DES MATIÈRES
PREMIERE PARTIE
Section I : Bicêtre.
i TABLE DES MATIÈRES.
Table des matières. 367
DEUXIÈME PARTIE ...
36 : . Table des matières.