(1892) Recherches cliniques et thérapeutiques sur l'épilepsie, l'hystérie et l'idiotie : Compte-rendu du service des enfants idiots, épileptiques et arriérés de Bicêtre pendant l'année 1891
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(1892) Recherches cliniques et thérapeutiques sur l'épilepsie, l'hystérie et l'idiotie : Compte-rendu du service des enfants idiots, épileptiques et arriérés de Bicêtre pendant l'année 1891

PUBLICATIONS DU PROGRÈS MÉDICAL

RECHERCHES

CLINIQUES ET THÉRAPEUTIQUES

SUR .

L'ÉPILEPSIE, L'HYSTÉRIE

ET

L'IDIOTIE

COMPTE RENDU DU SERVICE ' ·

DES ENFANTS IDIOTS, ÉPILEPTIQUES ET ARRIÉRÉS DE

BICÊTRE PENDANT L'ANNÉE 1891 '

par

BOURN.EVILLE

. MÉDECIN DE BICl;TAE

Avec la collaboration de

MM. BANZET, FINET, ISCH-WALL, RAOULT,

A. SOREL et P. SOLLIER.

Internes et anciens internes du service. - -

Volume XII.

Avec 4 figures dans le texte et 2 planches.

PARIS

AUX BUREAUX DU

PROGRÈS MÉDICAL

14, rue des Carmes, 14.

VVE BABÉ et C".

ÉDITEURS

Place de l'École de Médecine.

1892

PREMIERE PARTIE

Histoire du service pendant l'année 1891.

(Bicêtre et Fondation Vallée.)

13OUBNFVIT1,F, 131cêtre, 1891. *

PREMIÈRE PARTIE

Section I : Bicêtre.

Histoire du service pendant l'année 1891.

I.

Situation DU service. Enseignement primaire.

Tour permettre au lecteur de mieux se rendre

compte des renseignements que nous donnons dans

cette première partie, nous rappellerons que la section

comprend trois groupes : 1° Les idiots, gâteux,

épileptiques ou non, mais invalides ; 2° les enfants

idiots, gâteux ou non gâteux, épileptiques ou non,

mais valides ; - 3° les enfants propres, valides, imbé-

ciles, arriérés, instables, pervers, épileptiques et

hystériques ou non.

I. - Enfants idiots, galeux, épileptiques ou non,

mais invalides. Ils se subdivisent en deux catégo-

ries : la première est composée d'idiots gâteux, ne

parlant ni ne marchant, mais la plupart susceptibles

IV PETITE école.

d'amélioration. Ils sont soumis à un certain nombre

d'exercices que n )lIS avons décrits précédemment. On

leur apprend à se tenir debout à l'aide des barres

parallèles, il marcher, soit en les tenant sous les bras,

soit à l'aide du chariot. On fortifie leurs membres en

les fléchissant et les étendant alternativement, en leur

faisant des frictions stimulantes, etc. Dès qu'ils sont

capables de marcher, ils sont envoyés Ù la petite école,

d'abord le matin pendant quelque temps, puis toute

la journée aussitôt que leurs forces le permettent.

La seconde catégorie comprend des idiots tout a fait

incurables et des enfants atteints d'épilepsic, devenus

gâteux ou déments sous l'influence des accès ou des

poussées congestives qui les compliquent. Ils ne sont

plus, en général, que l'objet de soins hygiéniques.

II. Enfants idiots, gâteux ou non gîileux, épilcpt i-

ques ou non, mais valides. (Petite école). Ces

enfants fréquentent la petite école confiée exclusive-

ment Ù des femmes. 212 enfants y ont été inscrits

dans l'année. Sur ce nombre, G sont décèdes, 7 sont

sortis définitivement, 31 l sont passés Ú la grande

école, 2 sont passés aux adultes, 5 ont été transférés.

Sur les 171 enfants qui restaient au 31 décembre 1891,

30 so servent de la cuiller seulement, 81 de la cuiller

et de la fourchette, GO de la cuiller, de la fourchette

et du couteau. 9 enfants sont devenus propres (1).

Tous les enfants vont à la petite gymnastique (sys-

tème Pichery), sauf six venant des gâteux invali-

des et qui étaient trop infirmes pour y prendre part.

(1) Ce sont les en'ants Beaux ? Boulin ? Dura ? Félu, Lapoussi ? Rkff ?

Sieger (Paul), Vassa ? et Vide..

PETITE ÉCOLE.

Un seul a pu suivre les exercices de la grande gym-=

nastique. 19 enfan's ont été envoyés aux ateliers coin-,

me apprentis dans le cours de l'année, savoir : 2 cor- z

donniers, 2 rempailleurs, 2 vanniers et 13 tailleurs.

Le traitement du gâtisme, qui consiste à placer les

gâteux à des heures régulières sur les sièges d'aisances ;

les leçons de toilette (lavage de la figure, des mains,,

entretien de la chevelure, cirage des souliers, etc.),

les exercices des mains (fermer, ouvrir les mains,,

agiter les doigts, les allonger, les étendre et les plier;

simultanément ou isolément, etc.), la gymnastique,

les leçons do choses, l'éducation des sens et de la

parole (exercices de prononciation), les promenades

avec interrogations, etc., constituent comme toujours

la base de l'enseignement (1).

Nous avons continué à envoyer à tour de rôle ,

durant les mois d'octobre, novembre et décembre,

nos instituteurs, nos institutrices et nos meilleures infir-

mières à l'Institution des sourds-muets, afin de s'y

rendre compte des procédés employés pour apprendre

aux sourds-muets à parler. De la sorte, tout le per- v

sonnel enseignant comprend mieux les moyens qu'il

doit employer pour les enfants idiots et qui sont

empruntés soit à Séguin, soit à notre expérience

personnelle. Aussi devons-nous remercier encore une

fois M. Javal, directeur des sourds-muets, du concours

qu'il veut bien nous prêter en faisant bon accueil à notre

personnel enseignant. En 1890, nous avons envoyé

nos trois instituteurs et cinq institutrices ou infirmiè-

res à l'Institution des jeunes aveugles, afin qu'ils puis-

(1) Vizir pour les detiils les Comptes vendus précédents et surtout ceux de

1884, p. II; ISSU, p. V; 1887, p. IV, 1888, p. IV. .

VI Grande école.

sent s'intéresser davantage et être plus utiles aux idiots

aveugles du service. Nous n'avons pu le faire en 1891,

mais nous espérons recommencer au début de l'année

scolaire z-93.

III. Enfants propres et valides, imbéciles, arriérés,

instables, pervers, épileptiques et hystériques ou non.

Grande école. La population de cette école était

de 181 enfants au 1 ? janvier 1891 et de 203 au 31 décem-

bre de la même année.

Les projections à la lumière oxhydrique, organisées

par nous, ont eu lieu régulièrement tous les jeudis de

9 heures à 11 heures, dans le gymnase. La Ligue

française de l'enseignement (J. Macé) continue à nous

prêter gracieusement des vues relatives à l'histoire de

France. De son côté, la Société de l'enseignement par

l'aspect du Havre (1) nous a prêté des vues géogra-

phiques. Enfin, nous avons fait faire par M. Hubert,

photographe de l'hospice, 63 vues représentant les

animaux les plus connus.

De nouvelles instructions ont été données au per-

sonnel des dortoirs pour que l'on habitue les enfants

à bien ranger leurs vêtements, le soir au coucher, et

pour qu'on leur apprenne, au lever, à les brosser et

à faire leur lit.

Nous avons fait composer par les enfants de notre

atelier d'imprimerie un volume intitulé Recueil de

Mémoires, Notes et Observations sur l'idiotie, com-

il) Au mois de mai, cette société a décerné '1 l'Eûole de l31citre, sous le

nom de M. l3uOllicr, notre instituteur en chef, un diplôme d'honneur.

/ Grande école, VII

prenant les documents que nous avons pu rassembler

de 1772 à z0. Nous avons pensé rendre ainsi un réel

service, non seulement aux médecins et aux internes

attachés aux services d'aliénés, mais encore au per-

sonnel enseignant et même, quoique dans une moin-

dre mesure, au personnel hospitalier.

Nous n'avons eu qu'à nous louer du personnel ensei-

gnant aussi bien des maîtresses que des maîtres.

Le programme général de l'enseignement n'a pas

changé. Parmi les améliorations de détail, nous men-

tionnerons l'essai de la méthode d'écriture droite.

Les leçons de choses ont continué et à l'école et

dans les jardins de la section : jardin des figures géo-

métriques, j. des surfaces, j. maraîcher, j. des fleurs,

le bois et le verger. Nous avons obtenu l'aménage-

ment définitif des espaces libres entre les derniers

pavillons construits : deux sont consacrés alternative-

ment aux céréales et auxplan tes fourragères, le dernier

aux principales espèces de vigne et au houblon.

16 des enfants les plus avancés, accompagnés de 16

enfants de la fanfare, ont pris part, sous la direction de

leur professeur, M. Goy, au concours de gymnastique

de Chatillon-sous-Bagneuxet ont obtenu une palme en

or pour les exercices d'ensemble et un diplôme pour

les exercices aux agrès. -Lt1 /èl7tfc`l7'e, dont l'un de nos

instituteurs, \.(. 13o5·er, s'occupe toujours avec zèle,

a participé aux concours de musique de Gentilly et

d'Arcueil et a reçu une palme et une médaille de

vermeil (1).

(1\ Un jeune aveugle de la section, Picard, dirige l'exécution des morceaux,

qu'un autre de nos anciens malades, infirme, Mathieu, passé dans une des

divisions de l'hospice, a transcrits en écriture Braille.

VU ! . Promenades et distractions.

Promenades et distractions. Les enfants de la

Grande école et ceux de la petite école qui sont pro-

pres(l)ont continué à faire de nombreuses promenades

soit à Paris, soit dans les communes voisines : Luxem-

bourg, Jardin des Plantes, Parc de Montsouris, Place

de l'Hôtel de Ville, du L'ion de Belfort, Bois de Vin-

cennes, Musée du Louvre (2), à la Foire aux pains

(l'épices de la place de la Nation où les directeurs de

trois théâtres forains (MM. Corvi, Dclillc et Legois)

leur ont offert gracieusement, selon une coutume déjà

ancienne, des représentations. Mentionnons les pro-

menades aux fêtes de Gentilly, d'Ivry, d'Arcueil, sur

les quais de la Seine, au Port à l'Anglais, à l'Hay,

Cagneux, etc. '

Tous les enfants sont allés au jardin d'Acclimata-

tion, dont le directeur M. Geoffroy Saint-Ililaire a

l'obligeance, chaque année, de nous envoyer des car-

tes d'entrée (3). Ces promenades n'ont donné lieu Ù au-

cun accident capable d'attirer l'attention et de trou-

bler la tranquillité publique. Le maximum des accès

survenus au cours de ces promenades a été de quatre.

Le nombre des enfants qui y ont pris part s'est élevé

jusqu'à 185 à la fois.

Mentionnons enfin les distractions diverses com-

munes à tous les enfants valides, distractions partagées

parles petites filles de la Fondation Vallée : 1 ur jan vier,

distribution de jouets etde bonbons; 13 janvier, clistri-

(1) Les enfants gâteux tout promenés dans les jardins et, dans les cours de

l'hospice ou aux environs.

z On a choisi deux séries composées des enfants les plus raisonnables.

(3) Nous en demandons et en obtenons également pour les enfants de la

Salpêtrière,

VrSITES ET. CONGÉS. IX

bution de jouets de la Lanterne ; Fêtes du mardi gras

et de la mi-carême (distribution de beignets et de

gâteaux, déguisements) ; en juillet et en novembre,

matinées dramatiques organisées avec beaucoup d'ha-

bilité et de zèle, par l'un des instituteurs, M. Boyer;

26 mars, séance gratuite de pupazzi, par M. Darlho-

nez-; 9 juillet, concert des frères Lionnet, etc., etc.

Les parents des enfants qui le désirent assistent aux

matinées dramatiques.

Ces promenades et ces distractions, outre qu'elles

font grand plaisir aux enfants, contribuent à leur bien-

être physique et sorvonti leur instruction. Les on priver

constitue une punition auxquels ils sont très sensi-

bles (1).

Visites. Les enfants ont rc ? u z200 visites. Les

visiteurs ont été au nombre de 11.375. Voici la statis-

tique des permissions de sortie et des congés.

X Bains ET hydrothérapie.

buent à maintenir les liens entre les familles et leurs

enfants et comme ceux-ci y tiennent beaucoup, la

crainte de ne pas en profiter contribue à maintenir la

discipline. « Ajoutés aux promenades et aux distrac-

tions, répéterons-nous, ils rendent le séjour de l'Asile

plus supportable aux malades et rapprochent autant que

possible notre section d'un hôpital ou d'un pension-

nat ordinaire (1).

Vaccinations et revaccinalions, Elles ont été

au nombre de 117. Suivant l'habitude, elles ont été

pratiquées sous notre direction et celles de nos inter-

nes par les élèves de l'Ecole municipale d'infirmiers

et d'infirmières de Bicêtre.

Service dentaire. Notre ami le Dr CRUET, ancien

interne des hôpitaux, continue ses visites bi-mensuclles

aux enfants de Bicêtre et de la Salpêtrière. Les résul-

tats obtenus au point de vue de l'hygiène de la bouche

et d'une meilleure dentition des enfants sont excel-

lents.

Bains et hydrothérapie. Les bains et les douches,

joints à la gymnastique, à l'emploi des bromures, sur-

tout de l'élixir polybromuré de Yvon et du bromure de

camphre du Dr Clin et des médicaments antiscrofuleux

ont continué Ù être la base du traitement pendant l'an-

née 1891. Nous avons essayé en outre le bromure de

rubidium. 11 a été donné dans l'année 20.389 bains

répartis ainsi :

(1) Nous avons trouvé que les congés, dépassant 4 à 5 jours, svaient l'incon-

vénient de laisser les enfants prendre de mauvaises habitudes, d'être moins

dociles et moins laborieux il lear rentrée. Aussi les limitons-nous le plus pos-

sible a 4 ou 5 jours.

Bains ET hydrothérapie. si

Améliorations diverses. XII

vilain aspect. Dès l'origine, nous- avions propose des

tables en marbre, beaucoup plus faciles à nettoyer et à

tenir propres. On craignait qu'avec ces tables, les en-

fants ne cassassent davantage la vaisselle. Les années

précédentes, nous avons obtenu qu'on mit à l'essai les

tables en marbre (1\ Cet essai ayant réussi, nous avons

réclamé la généralisation du revêtement en marbre à

toutes les tables du réfectoire de la grande Ë-'ole. Cette

proposition a été acceptée et à la lin de décembre 1891,

toutes les tables étaient pourvues de marbre.

Avec M. Baron, économe de l'établissement, nous

avons organisé, sur la demande des maîtres, un petit

diner mensuel auquel prennent part 30 enfants dont la

conduite a été la meilleure. Il en est résulté que nous

avons moins de carreaux cassés et moins d'habits

déchirés. Un enfant par table, aide les infirmiers à

mettre le couvert et à nettoyer le réfectoire; 4 autres

enfants aident à l'office. Une ration de 7 centilitres de

vin est allouée à ceux qui n'ont pas brisé de vaisselle.

Naguère, les 3 infirmiers de la classe allaient déjeu-

ner de midi une heure et pendant ce temps,

qui correspond à leur récréation, les enfants étaient

plus ou moins mal surveillés par des garçons de dor-

toir. Nous avons demandé et obtenu qu'ils prissent leur

repas en môme temps que les enfants et clans leur

réfectoire. Grâce à cette mesure, les trois infirmiers

attachés à la classe surveillent, les enfants pendant les

récréations. En compensation on leur accorde une

heure de- repos de 3 heures 11 heures, c'est-à-dire à

l'heure où les enfants sont à l'École. M. Routier, 1er

infirmier, attaché à la Grande école a été nommé sup-

(1) Voir Compte rendu de 1889; p. X.

Visiteurs du service. XIII

pléant. Parmi les autres améliorations citons la confec-

tion d'un brancard spécial au transport des épileptiques

après leurs accès ; celle d'une grande brouette couverte, ¡

garnie de zinc, pour le transport ci la buanderie du

linge provenant du pavillon des maladies contagieuses ;

le drainage de la cour des Ecoles dont le sol glaise

laisse stagner, quand il a plu, de larges flaques d'eau.

Visites du sewice. La section a été visitée en

1891 par MM. Baratoux, IiL1101'Cl, de Ol1G11111S;rOf,

président de l'administration territoriale du gouver-

nement russe, Docteur Bouygucs, G. Bur, conseiller

général de Seine-ot-Oise, Chervin, Mme R. Conradi ;

par la Commission du Conseil général de la Seine ;

par MM. Culicrre, Decaen, Déjérine, Dubuisson,

Dureté, membre du conseil d'administration des hos-

pices de Lyon : I'1° Froelich, MM. IIainaut, Ilorsiey,

lI"" Gcrcl7lc, IIII. Utraud, Girod, Gosselet, IT6elmart,

(de Vienne), Iluberty, médecin de l'asile de Grafcn-

berg, Mille Kcklanorf) MM. KoeLfC'r, Lamaree, Emile

et Marc Launcy, publicistes, Langlois, directeur de

l'institution des enfants idiots de Abonne ; Madeuf,

MassaIsugu-Yaméné; attaché au Ministère de la Justice

du Japon, i\Ille Masson, artiste peintre, MM. Morvan,

Obreia, Otto Jaspersin, R. Hussol, Spearman, an-

cien inspecteur des aliénés en Angleterre, Thatchet,

Takarsky, Vladimir Stcl7anc\\-itc : h, Mme la baronne de

Wandelstadt Walhart Vay Idsinga (de Hollande).

Musée pathologique. Le musée, placé sous la

- surveillance de notre ancien interne M. P. Sollicr, s'est

augmenté notablement en 1891, ainsi que le montre

le tableau comparatif ci-après.

xiv Musée pathologique.

Enseignement professionnel. xv

lin, pour la cordonnerie; Mercier, pour la brosserie,

Morin, pour la vannerie, le rcmpaillage et le cannage

des chaises; Maréchallat, pour l'imprimerie.

Nous n'avons eu, comme par le passé, qu'à nous

louer de tous les maîtres de l'enseignement profes-

sionnel, non seulement pour le zèle et l'intelligence

qu'ils apportent chaque jour à l'instruction profession-

nelle des enfants, mais encore pour la bonne direction

morale qu'ils savent leur donner. Aussi insistons-nous

encore pour que l'Administration les en récompense

en accueillant la demande que nous lui avons adressée

de les admettre successivement à jouir de la pension

de repos qu'elle accorde aux sous-employés et aux

infirmiers. Cette proposition que nous avons renou-

velée de nouveau lors de la visite de la commission du

Conseil général ne ferait que réaliser un acte de justice.

Le tableau suivant met en évidence les résultats obte-

nus.

xvi Fonctionnement DES ateliers.

Les sept maîtres (1) sont payés à raison de 6 fr. 50 par

jour, soit pour l'année 16 607 fr. 50. Cette somme, étant

déduite de celle du travail des enfants (31.900 fr. 80), il

reste un bénéfice de 15.293 fr. 40 soit 1.697 fr. de plus

qu'en 1890. Ces chiffres, établis soigneusement par

l'inspecteur du service d'architecture M. Delahaye et

par M. Baron, économe, montrent que le travail des

enfants non seulement couvre la dépense occasionnée

par le salaire de leurs maîtres, mais encore, et au-delà,

l'intérêt du capital (210.000 fr.) engagé dans la cons-

truction des ateliers. « C'est là d'ailleurs, répéterons-

nous, une considération secondaire. En effet, l'ensei-

gnement professionnel rend des services d'un ordre

bien autrement supérieur. Il permet, de donner il un cer-

tain nombre d'enfants un métier qui, à leur sortie, les

mettra en mesure de gagner leur vie. Quelques-uns ont

déjà quitté l'hospice et sont placés ; d'autres le seront

aussitôt que les circonstances le permettront. Il nous

aide à donner à un plus grand nombre d'enfants le

moyen d'atténuer, dans une proportion variable, le

sacrifice que la Société s'impose pour eux. Précisons

par un exemple : Nous avons à l'atelier de couture des

hémiplégiques, c'est-à-dire des malheureux condamnés

presque certainement à passer toute leur existence à

l'hospice; la plupart sont ou deviendront de bons

tailleurs. Autrefois, ils ne savaient rien faire;

maintenant, grâce à renseignement qu'ils reçoi-

vent, une fois passés aux épileptiques adultes, s'ils ont

encore des accès, ou passés dans les divisions de l'hos-

pice, s'ils n'en ont plus, ils pourront travailler l'atelier

(1) La vannerie, le rempaillage et le cannage des chaises sont confiés au

même maître.

Enseignement professionnel. xvii

commun de la maison et leur travail compensera en

partie, et pendant de longues années, les dépenses de

leur entretien, en même temps qu'il leur fournira quel-

ques ressources personnelles.

4 apprentis, sachant leur métier, sont sortis dans

leccourant de l'année. Ce sont : Le Corre et Blanc,

menuisiers;- Guyot, serrurier et Malfilâtre, tailleur. ..

Le tableau suivant fait voir que le nombre des

enfants qui profitent de l'enseignement professionnel

est allé en augmentant. Cette progression s'arrêtera

probablement bientôt, car nous avons toute la

""population que doit contenir la section et même au-

delà.

aVIII Mouvement DE la population.

qu'ici. Parmi les raisons qui justifient cette création,

disions-nous l'an dernier, nous invoquerons les suivan-

tes : 1° un certain nombre de nos enfants n'ont pas d'ap-

titudes pour les métiers sédentaires ou l'insuffisance

de leur intelligence ne leur permet pas d'en profiter.

Mais, en revanche, ils aiment les gros travaux et

seraient utilisés au jardinage avec fruit pour eux et

l'administration. 2° Nous tenons beaucoup à ce que les

enfants assistent à toutes les opérations de jardinage

et de culture qui se font dans nos jardins et nos champs.

Eh bien, malgré nos réclamations, il arrive souvent que

ces opérations s'exécutent sans que les maîtres aient

été prévenus et aient pu y conduire les enfants. Bien

des leçons de choses sont ainsi perdues. Ce n'est pas

mauvais vouloir du chef jardinier de l'hospice ; comme il

doit s'occuper d'un vaste domaine, qu'il n'est pas chargé

d'enseigner aux enfants, il donne des instructions à ses

agents qui, eux, agissent à leurs fantaisies. 3°Nous ajou-

terons que ce maître jardinier pourrait être chargé du

jardin de la Fondation Vallée qu'il cultiverait avec ses

apprentis et qu'il rendrait également des services, au

point de vue des leçons de choses, aux petites filles

de cet établissement. » A ces raisons qui n'ont pas perdu

de leur valeur, nous en ajouterons une autre : par

suite de son indépendance du service et de ses obli-

gations multiples, le jardinier de l'hospice fait parfois

les semailles ou les autres opérations agricoles en

retard. Cette année, on a oublié de semer le seigle en

septembre et le blé en octobre.

Afin d'éviter des accidents, des instructions formel-

les sont données aux chefs d'atelier pour qu'ils ne

s'absentent jamais sans être remplacés par l'infirmier

Mouvement DE la population. xix

de garde et, en cas d'absence momentanée de

celui-ci, pour qu'ils préviennent le chef de l'atelier

voisin.

Lorsque les enfants de nos ateliers de brosserie,

vannerie, cannage et imprimerie sont devenus adultes,

et passent dans les autres sections du quartier des

aliénés ou dans les divisions de l'hospice, ils ne peuvent

plus continuer l'exercice de la profession que nous leur

avons fait enseigner, l'établissement n'ayant pas d'ate-

liers similaires. Nous avons demandé et dans l'intérêt

de ces malades et dans celui de la maison, qu'ils fussent

autorisés à venir travailler dans nos ateliers, dans la

mesure des places disponibles. Il est certain que, en

raison des besoins des malades, il sera indispensable

d'avoir dans le département de la Seine un asile pour

les idiots, les imbéciles et probablement les épilepti-

ques adultes, avec des ateliers où les malades pourront

continuer, à leur avantage et à celui des finances dépar-

tementales, la profession qu'ils auront apprise dans les

sections d'enfants.

III.

Statistique. Mouvement DE la FOPUtjATIÛI ? £

Le premier janvier 1891, il restait dans le service 372

enfants : 354 enfants idiots, imbéciles ou épileptiques,

dits aliénés, et 18 réputés non aliénés ; sur ce chiffre, 6

sont atteints de surdi-mutité et 8 de cécité. Voici le

mouvement de la population en 1891 :

(1) Nous avons délivré 69 bulletins pour le placement d'enfants à des familles

qui sont venues nous demander des conseils à notre consultation. (Voir notre

Compte rendu de 1889, p. XLII.)

xx Mouvement DE la population.

PERSONNEL DU SERVICE. XXVII

Transferts. Ils ont été au nrmbre de 9 ; ils s'ap-

pliquent à des enfants dont les parents habitent Paris,

.mais qui sont nés dans les départements. Les demandes

des préfets ont été plus nombreuses; toutes n'ont pas

eu de suites, parce que les familles ont préféré reprendre

leurs enfants que de les laisser partir loin d'eux. Nous

reviendrons plus loin sur cette question importante.

Décès. Ils ont été au nombre de 19 ; le tableau

ci-après donne le diagnostic, la date et la cause du

décès, et quelques-unes des particularités présentées

par les malades (Voir p. XXVIII).

Nous avons continué, autant que possible, à relever

le poids du thymus et de la glande thyroïde. Sur 15

c autopsies, 10 fois il n'y avait aucune trace du thymus.

Huit fois nous avons trouvé des fragments de cet

organe dont le poids a varié de quelques grammes à

12 gr. Il serait intéressant de comparer, à cet égard, les

enfants sains avec les nôtres. Nous espérons y arriver

un jour.

Population au 31 décembre 1891. Il restait à

cette date dans le service 434 enfants se décomposant

ainsi : 414 enfants idiots, imbéciles ou épileptiques,

dits aliénés et 20 réputés non aliénés. Sur ce chiffre

6 enfants sont affectés de surdi-mutité et 8 sont

aveugles.

XXVIII DÉCÈS.

DÉCÈS. XXIX

xxx DÉCÈS.

DÉCÈS XXXI

XXXII PERSONNEL DU SERVICE.

Personnel du service en 1891. - Le personnel était

ainsi composé : 1° pour le service médical : 2 internes

titulaires, MM. Brézard et Finet (1), un interne provi-

soire, M. Banzet et M. le Dur P. Sollier, conservateur

du musée pathologique; 2° pour le service scolaire : a)

grande école : d'un instituteur, M. Boutillier et de deux

instituteurs adjoints, DIII. Boyer et lIesnarcl; d'un pro-

fesseur de chant, M. Pény ; d'un professeur de gymnasti-

que, M. Goy; de deux moniteurs, administrés de l'hos-

pice ; d'un maître d'escrime, M. Caudroy (2) ; d'un sup-

pléant, M. Routier et de deux infirmiers, garçons de

classe, dont un ayant le grade de premier infirmier ; b)

petite école : de Mule Bl. Agnus, surveillante, de Mllcs A,

Bohain et Ferret(3), sous-surveillantes, et de Mmc Péju,

suppléante ; onze infirmières des dortoirs quand

elles ont fini leur besogne, viennent aider les

maîtresses d'école ; 3° pour l'enseignement pl'o{es-

sonnel : de sept maîtres dont nous avons donné les noms

plus haut; plus un infirmier de garde; 4° pour le

service hospitalier : de M. Agnus, surveillant; de M.

Siégel, sous-surveillant; de M""3 Bié, sous-surveillante

(Bâtiment des gâteux) ; de Mule Athénaïs Bohain,

suppléante (infirmerie) (4) ; de M"10 Gladel, sup-

pléante de nuit ; d'un premier infirmier attaché au

réfectoire de la petite école, de 28 infirmiers et de 35

infirmières de jour ou de nuit,d'un baigneur (suppléant),

M. Givalois; d'un perruquier et d'un portier; total du

personnel secondaire, 80.

(1) \I. Finet a été remplacé le 11 novembre par M. Condamy, interne provisoire.

(2) Le maître de danse est mort le 8 juin 1889 et n'a pu jusqu'ici être

remplacé.

(3) M11» Ferret a été envoyée à l'école de la Salpêtrière, et a été remplacée

par M"" Givalois, suppléante.

(4) M"' Athénaïs Bohain a été nommée sous-surveillante le 20 avril.

· Nouvelle section. XXXIII

- IV.

La nouvelle section. Achèvement DES travaux

votés EN 1889. - h,STALLATro : : >i D'UN second SERVICE

DE propreté (Traitement DU gâtisme). Travaux

complémentaires : installation des musées, ETC.

Ainsi que nous l'avons exposé clans notre dernier

Compte rendu, il ne restait plus à la fin de 1891 qu'à

procéder aux travaux de peinture et à l'aménage-

ment des musées et du laboratoire. Il restait aussi à

terminer quelques travaux secondaires en cours d'exé-

cution, tels que les cabinets d'aisances de la cour des

ateliers et du gymnase.

Cabinets d'aisances de la cour du «'Ces

cabinets se composent de six sièges, destinés aux en-

fants et placés bas à 0m35 du sol. Dans la partie

centrale, on a établi un cabinet d'aisances pour les pro-

fesseurs, ou les chefs d'ateliers avec siège bois,

réservoir d'eau, etchasse commandée par un'cordon

de tirage. Ce cabinet est clos sur toutes ses face* et sa

porte est ploine. r" -

ce Les cabinets des enfants sont vitrés dans leur partie

haute, de façon à permettre une surveillance facile de

l'extérieur. A l'intérieur, ils sont séparés entre eux

par des dalles en Comblanchien poli de im30 de hau-

teur au-dessus du sol (Fig. 1).

« Les appareils se composent de pots en fonte émail-

lée, munis d'une soupape à bascule et à contre-poids ;

ils sont à effet d'eau, et cette eau, tombant constam-

ment d'après un réglage de robinets, peut, suivant les

besoins, former chasse. Les pots sont scellés sur des

tuyaux en fonte qui plongent de 75 centimètres dans

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1891. ?

Fig. i.

Cabinets D'AISANCES. XXXV'

une fosse étanche et remplie' d'eau jusqu'à 25 centi-

mètres de l'intrados ; ces tuyaux plongent donc de.

50 centimètres dans cette eau. Chaque cabinet a son,

tuyau spécial. . - ;

« La vidange de la fosse s'effectue d'une façon cons-,

tante par un siphon dont l'extrémité plonge dans

l'eau de la fosse et établit ainsi Le niveau d'eau. Les

matières projetées par les tuyaux dé chute sont

diluées par l'eau des cabinets et par celle de la fosse,-

dans laquelle elles sont flottantes et entraînées par le

tuyau-siphon au sur et à mesure de l'arrivée d'eau-

dans la fosse et dans la même proportion, elles vont

à l'égout.

« Depuis la mise en service de ces cabinets (26 sep-

tembre 1891), aucun travail de réparation n'a été

nécessaire ni aucune mauvaise odeur ne s'est fait

sentir.

« A la longue, dans le cas où l'eau delà fosse serait

saturée de matières, il en résulterait, pour plus tard,

une vidange ordinaire avec nettoyage de la fosse que

l'on remplirait à nouveau d'eau propre.

« Ce système peu connu a eu son emploi motivé par

le peu de hauteur du niveau des cabinets, par rap-

port à celui de l'égout et par la faible quantité d'eau,

dont dispose l'Hospice, co qui rend impossible les

grandes chasses d'eau très souvent répétées; il sup-

prime les tinettes, qui trop souvent débordent et

répandent une mauvaise odeur dans les cabinets. »

Telle est la disposition de ces cabinets d'après la des-

cription qu'à bien voulu nous remettre le service d'ar-

chitecture. Nous avons dû céder, avec regret, devant

les arguments invoqués' par M. Rochet auteur du pro-

XXXVI Musées.

jet. Mais nous n'en persistons pas moins à préférer à

ce système, celui que nous n'avons cessé de réclamer,

à savoir, chasse d'eau automatique abondante iL l'en-

trée et à la sortie des cabinets, et envoi direct à l'é-

goût, sans interposition d'un réservoir d'eau plein de

matières en putréfaction, espèce de pseudo-fosse fixe.

Musées. -Nous avons décrit le bâtiment des musées

dans notre dernier Compte-rendu. (Fir;. 2 et 3, p.

XLII-XLV). L'un d'eux, avons-nous dit, celui qui com-

munique directement avec la galerie centrale et les

écoles, est destiné à recevoir le matériel scolaire

(musée scolaire), la bibliothèque récréative, les ins-

truments de la fanfare, etc. De plus, il servira de salle

de lecture, aux heures de récréation, et de salle de

projections (1).

Tout le mur qui correspond à la Sûreté est garni

de vitrines dans toute sa hauteur et sa longueur.

Ces vitrines sont à deux étages. Celles du bas sont avec

avant-corps plein ; leur partie haute vitrée, supporte un

plancher, soutenu par des consoles, et formant la gale-

rie supérieure à laquelle on accède par deux escaliers

placés à chaque extrémité de la salle. Sur cette gale-

rie, le long de laquelle court une rampe en fer, chaque

trumeau est rempli par des corps de vitrines, vitrées

dans toute leur hauteur.

Les galeries ont été terminées au mois d'octobre et

le 26 de ce mois, les enfants en ont pris possession

comme salle de lecture seulement, car les installations

exigées pour les projections ne sont pas encore com-

mencées. Pendant que les travaux se poursuivaient

(1) Celles-ci se font actuellement dans le gymnase.

Musées. xxxvii

nous nous sommes préoccupé de nous procurer les objets

qui devaient garnir les vitrines. Nous avons apporté 5

reptiles empaillés qui nous avaient été donnés par un

de nos anciens internes en pharmacie, M. Rouffilange.

Cet embryon de collection a inspiré à M. Imard l'idée

d'essayer d'obtenir du Muséum d'histoire naturelle le

don d'objets ou d'animaux réformés chaque année. Aus-

sitôt (16 mars), nous avons écrit à M. Peyron, directeur

de l'Assistance publique en le priant d'adresser, dans

ce sens, une demande à M. le ministre de l'instruction

publique. Le 24 mars, M. Peyron nous annonçait qu'il

s'associait à notre idée et qu'il s'en était fait officiel-

lement l'interprète. Le 14 avril, il nous apprenait que

M. Léon Bourgeois avait donné au Muséum des ins-

tructions pour faire préparer, à destination du Musée

de Bicêtrea une petite collection de minéraux et d'ani-

maux. Peu après, nous avons reçu 29 spécimens de

minéraux. '

Au mois de juillet, M. le D1' Oustelet, aide-natura-

liste au Muséum, nous informa qu'il était à notre dis-

position pour choisir un certain nombre de mammi-

fères. Nous nous sommes empressé de nous rendre

à son invitation. Nous avons désigné, parmi les ani-

maux réformés, ceux qui nous paraissaient les plus

utiles et les moins détériorés. M. Oustelet a évalué

la dépense qu'en traînerait la remise en état, autant

que possible, des animaux choisis. Cette dépense, qui

était prévue à 250 fr., a été autorisée par l'Administra-

tion. Le travail de réfection a été fait avec soin par

M. Tixier, taxidermiste attaché au Muséum, et le 16

octobre nous avons reçu 30 mammifères et 60 oiseaux :

c'est là un bon commencement pour notre musée. Nous

le devons à notre ami, M. L. Bourgeois, que nous som-

MXVIH Traitement DU gâtisme.

mes heureux de remercier .publiquement du concours

si empressé qu'il nous a donné dans cette circonstance.

3° Installation d'un second service de propreté.

Depuis longtemps, nous avions constaté l'insuffisance

de la salle annexée au service de propreté et du traite-

ment du gâtisme de la petite École (1). Par suite de

l'accroissement de la population qui dépasse le chiffre

fixé, le service de propreté se trouvait encombré, et il

en résultait de grandes difficultés pour la régularité

de son fonctionnement. Enfin, il y avait de réels

inconvénients à laisser toujours en contact des enfants

propres ou en voie de le devenir avec les enfants les

plus gâteux. Nous appuyant sur l'ensemble de ces rai-

sons, nous avons réclamé l'installation d'un second

service de propreté et du traitement du gâtisme dans

le sous-sol de l'extrémité nord du bâtiment des musées

qui, dans cette partie, à cause même de la disposition

du sol, est un véritable rez-de-chaussée (2).

Ce service se compose : 1° d'une entrée; 2° d'une

salle de réunion (10 mètres de longueur sur 7 mètres

35), de largeur et 2 mètres 75 cent, sous plafond,

dont les parois sont lambrissées dans une hauteur

de 1 mètre 40; elle a été pourvue de bancs disposés

le long des murs; 3° de la salle de propreté compre-

nant : un lavabo de 4 cuvettes distinctes, à bascule,

de 2 bidets, 1 baignoire, un chauffe-bains au gaz

protégé par une grille; d'un siège d'aisance de 10

trous correspondant avec une canalisation en grès

vernissé communiquant avec l'égout, enfin de deux

(1) Voir Compte-rendu pour 1880, p. XXI ; pour 1885 p. XXXVI.

(2) Voir Compte-rendu pour 1890, p. XLII-XLIV et 8g. 2.

Suffisance DE l'approvisionnement d'eau. xxxix

meubles pour les peignes, brosses et serviettes, ana-

logues à ceux que nous avons décrits (1).

Les enfants disposent comme préau libre de la

cour située entre le bâtiment des musées et le mur qui

limite de ce côté l'enclos où se trouve la Sûreté (2).

Cette cour a été plantée d'arbres, sablée et pourvue

d'un abri destiné à protéger les enfants contre là

trop grande chaleur et contre la pluie (3), mais laissant

passer l'air de tous côtés. « Il se compose de trois

piliers en fer d'un écartement de 4 mètres d'axe en

axe, soutenant un auvent en treillis de fer avec croi-

sillons avançant de 4 m. 50 en bascule et élevé de 4

mètres 25 centimètres au-dessus du sol. Cet auvent

est couvert en tôle ondulée (4). »

Les travaux, commencés durant l'été de 1891, ont été

terminés vers la fin de l'année. Mais, comme la canalisa-

de l'hospice ne permettrait pas, sans nuire à d'autres

parties de la maison, d'alimenter ce service de la

quantité d'eau indispensable, il a fallu attendre que ..

cette canalisation fût modifiée et ce n'est que le 2

mars 1892, que le nouveau service de propreté a pu

être mis en marche.

Pour l'établissement d'une canalisation d'eau com-

plémentaire afin d'assurer l'alimentation du ser-

vice, il fallait recourir encore une fois au Conseil de

surveillance et au Conseil municipal. Nous avons

(1) Compte-rendu pour 1885, p. 37.

(2) Voir le plan joint au Contltte-rendu pottr 1881¡ .(entre le n° 106 et le

mur de la Sûreté).

(3) Ce petit projet a du être soumis au Conseil de surveillance (Séance

du 13 nov. 1890). La dépense, évaluée à 5.Sî fur. après rabais, a été prélevée

sur la réserve pour imprévus de l'opération primitive présentant un disponi-

ble de 16,1 : J fr. (Rapporteur, M. V. Goupy). Il n'y a pas eu de discussion.

(4) iiote de M. Delahays, inspecteur du service d'architecture.

XL Travaux complémentaires.

pensé qu'il convenait d'en profiter, de faire une

révision générale de la section et demander en

même temps tout ce qui était indispensable pour

réaliser les améliorations reconnues nécessaires.

Le programme de ces différents travaux a été

dressé, après un examen attentif, d'accord avec M.

Imard, inspecteur de l'Administration, 11M. Pinon et

Baron, directeur et économe de Bicêtre. M. Peyron

a bien voulu charger M. Rochet, architecte, de dres-

ser les devis. Enfin, il a soumis le dossier de cette

affaire à son Conseil de surveillance qui l'a examiné

dans sa séance du 25 juin. Voici l'extrait du procès-

verbal de cette réunion qui nous intéresse et dans

lequel se trouve un exposé suffisant des travaux récla-

més.

M. Lannelongue, rapporteur, donne lecture du mémoire de

Di. le Directeur.

Messieurs,

J'ai l'honneur de soumettre à votre examen le devis des

travaux qu'il serait nécessaire d'exécuter à l'hospice de Bicê-

tre, pour compléter l'installation du service des enfants idiots

et épileptiques. Ces travaux ont été demandés par M. le Chef

de service. Ce sont les suivants :

Installation et aménagement de la salle destinée aux projec-

tions, au musée, à la bibliothèque et aux lectures récréatives

(vitrines, stores, etc.) ;

Pose de marbres sur les tables des réfectoires et sur les

armoires ;

Transformation, à l'usage du public, des cabinets d'aisances

actuels, qui deviennent inutiles pour les enfants, par suite de

la construction de nouveaux cabinets dans la cour des ate-

liers ;

Installation de bouches d'arrosage et de postes d'incendie

dans les cours et les bâtiments récemment achevés ;

Établissement d'une canalisation d'eau complémentaire

pour assurer l'alimentation du service;

Travaux complémentaires. XLR

Prolongement du chemin de fer Decauville, pour mettre le

service en communication avec le chantier, d'une part, et la

cuisine, d'autre part.

Le devis qui a été établi par M. l'architecte, prévoit, en

outre, une machine à imprimer, le matériel scolaire, divers

objets mobiliers, ainsi que les matériaux dont les enfants se

serviraient pour faire une partie des travaux dont il s'agit.

La dépense est évaluée à la somme de 50.000 francs 63 cen-

times, après rabais, y compris l'imprévu et les frais de vérifi-

cation et de révision.

En voici le détail par nature d'ouvrage :

XLII Travaux complémentaires.

à l'exception de la machine à imprimer et du bois à ouvrer,

qui feraient l'objet de marchés amiables.

La dépense serait imputée sur la subvention municipale

extraordinaire de 1.200.000 francs allouée au budget de 1890

pour grands travaux (5" annuité de l'emprunt).

En vous proposant d'approuver cette nouvelle dépense, je

dois vous faire remarquer, Messieurs, qu'elle ne constitue pas

un excédent sur les crédits primitifs qui ont été alloués pour

la construction du quartier des enfants idiots et épileptiques.

En effet, le compte des travaux autorisés pour la création et

la continuation du quartier s'est soldé par un honi de 232,009

francs, qui a été reversé dans le fonds commun.

M. LE Rapporteur, tout en reconnaissant l'utilité des tra-

vaux projetés, tient à faire remarquer que les hôpitaux d'en-

fants sont plus mal partagés que le service de Bicêtre, et que

leurs vieux bâtiments auraient peut-être un besoin plus urgent

d'améliorations. Sous le bénéfice de cette observation, il

demande un avis favorable.

M. FERRY critique le non-emploi, si fréquent, des crédits

alloués, qui ne se traduit pas par une économie, puisque l'ad-

ministration, dans la suite, est obligée de demander de nou-

vaux crédits.

M. Ferry a peine à croire que les fonds alloués pour la cons-

truction du quartier des enfants idiots, à Bicètre, n'aient pas

été dépensés intégralement, ainsi qu'il est énoncé dans le

mémoire. Il ajoute qu'on a fait, pour le quartier des enfants

idiots, à Bicêtre, des sacrifices énormes au détriment des

hôpitaux d'enfants, pour lesquels ces dépenses considérables

auraient été plus profitables. Il conclut en demandant que

les 50.000 francs qu'on propose d'employer, à Bicètre, à de

nouveaux travaux qui lui paraissent avoir un caractère de

luxe, soient affectés à des améliorations d'anciens hôpitaux.

M. STRAUSS présente une observation sur l'imputation de la

dépense. Il déclare que le Conseil municipal n'acceptera pas

cette imputation sur les fonds d'emprunt, pour les raisons qu'il

a développées, à une séance précédente, sur un projet de

travaux analogues.

M. le Directeur remercie M. Lannelongue de ses conclu-

sions favorables, mais il aurait été heureux de le voir défen-

dre le projet avec plus d'ardeur et sans réserves. L'Assistance

Discussion. XLHI

publique a cette bonne fortune d'avoir un service que l'étran-

ger admire. Ce service, pour lequel on a fait de grandes dé-

penses, demande à être complété ; 45.000 francs suffisent à le

rendre parfait. Après avoir voté 1.500.000 francs, le Conseil va-

t-il reculer et ne pas achever son oeuvre ? M. le Directeur ne

le croît pas. Il ne s'agit pas, d'ailleurs, de dépenses de luxe ;

les travaux proposés sont indispensables pour que le fonction-

nement des services soit complètement assuré.

M. le Directeur assure M. Ferry que les devis n'ont jamais

été dépassés; cette opération a été conduite avec beaucoup

d'habileté et de prudence, et elle a toujours laissé du dispo-

nible sur les crédits.

Quant à la question d'imputation, l'Administration s'incline

devant les dispositions du Conseil municipal; elle demande au

Conseil de surveillance de voter le fond de la question, en

réservant l'imputation du crédit ; elle tâchera de trouver une

imputation qui soit agréée par le Conseil municipal.

M. LANNELONGUI; appuie les propositions de M. le Directeur,

et dépose, au nom de la commission, des conclusions favorables.

Ces conclusions sont adoptées. En conséquence, le Conseil

émet l'avis suivant :

LE CONSEIL, -Vu le mémoire par lequel M. le Directeur de

l'Administration soumet à son examen un devis de travaux à

exécuter pour compléter l'installation du quartier des enfants

idiots et épileptiques à l'hospice de Bicètre;

Vu ledit devis, s'élevant, après rabais, à la somme de 50.10&

francs 63 centimes, y compris l'imprévu et les frais de vérifi-

cation et de révision,

EMET l'avis : 1° Qu'il y a lieu d'approuver le devis susvisé ;

2° De confier l'exécution des travaux aux entrepreneurs

adjudicataires de l'entretien, aux clauses et conditions de leurs

marchés respectifs, à l'exception des stores, du chemin de fer

Decauville, de la machine à imprimer et de la fourniture du

bois à ouvrer, qui feront l'objet de marchés amiables.

Nous n'avons aucune observation à présenter sur le

mémoire de M. Peyron qui répondait absolument à

nos désirs. La discussion soulevée par ce mémoire

mérite, au contraire, de nous arrêter. Nous ferons

remarquer tout d'abord que si le rapporteur, M. Lan-

XLIV Travaux complémentaires.

nelongue, avait connu la situation honteuse de l'an-

cien service des enfants à laquelle la section a

remédié, s'il avait pu se rendre à Bicêtre et exami-

ner avec MM. Imard, Pinon, Rochet et nous, les

motifs qui venaient à l'appui'de notre nouvelle demande,

il n'aurait fait aucune réserve après la lecture du mé-

moire de M. Peyron et aurait certainement défendu

le projet avec plus d'ardeur et de conviction. -

M. Ferry, qui s'est toujours montré le plus fou-

gueux de nos adversaires depuis le début de la cons-

truction du service, devait naturellement s'opposer au

vote du crédit demandé. Depuis 1882 jusqu'à ce jour,

il n'a pas encore compris la nécessité de l'Assistance

des Enfants idiots, épileptiques et aliénés. Il a com-

mencé sa discussion en commettant une erreur.- Si

l'Administration réclamait 50.000 fr., ce n'était pas

parce que les crédits avaient été dépassés, c'est parce

que on avait laissé tomber dans le fond commun un

boni de deux cent trente deux mille francs, réalisés

sur l'ensemble des travaux, grâce au zèle et à l'acti-

vité de l'architecte M. Gallois, et à la surveillance de

M. Imard. Et mettant en suspicion les dires de l'ho-

norable directeur de l'Assistance publique, M. E.Ferry

déclare qu'il « a peine à croire que les fonds alloués

n'aient pas été dépensés intégralement.»

. Aveuglé par son hostilité, M. Ferry avance que le

service de Bicêtre a été fait « au détriment des hôpi-

taux d'enfants. » Il perd de vue qu'il s'agit précisé-

ment de l'hospitalisation d'enfants qui ne pouvaient

être traités dans les établissements ordinaires, où ils

n'étaient reçus que temporairement ou à titre de

curiosité, prenant, durant un temps plus ou moins

long, la place d'autres enfants et gênant, d'ailleurs,

DISCUSSION. XLV

leurs camarades de salles par leurs cris et leur turbu-

lence et pouvant leur inspirer de mauvaises habitudes.

Il oublie qu'il a donné son plein assentiment à la

fin de 1879 à un projet aussi mauvais qu'insuffisant

pour 160 enfants et entraînant une dépense (avant

rabais) de 717,179 fr. (1). Il oublie que les fonds néces-

saires ont été prélevés, pour une partie, non sur les

ressources ordinaires de l'Assistance publique, mais

sur une subvention municipale extraordinaire de trois

millions au vote de laquelle nous avons pris une large

part et pour une autre partie fournis par une nouvelle

subvention municipale extraordinaire de six cent mille

frrncs accordée pour ce projet, sur nos instances

personnelles, par M. le Préfet de la Seine (2).

M. Peyron a défendu le projet avec chaleur. Il a fait

voir le peu de fondement des assertions fallacieuses

de M. E. Ferry, et rappelé l'opinion des plus favorables

émise sur le service par les étrangers. C'est donc à

M. Peyron que nous devons le vote des derniers cré-

dits destinés à l'achèvement et aux dernières installa-

tions de notre service : nous l'en remercions bien vive-

ment. Son appréciation, celle des nombreux membres

des Congrès internationaux d'assistance publique et

de médecine mentale qui, eux, se sont dérangés et sont

venus voir notre service, compensent amplement les

critiques malveillantes, formulées sans raison, sans exa-

men sur place, par des hommes d'une compétence dou-

teuse, quelque haute opinion qu'ils aient d'eux-mêmes.

Nous avons vu qu'une réserve avait été faite par

(1) Voir le Compte-rendu de 18S'a, p. XIX, XXV.

(2) Ibidem, p. LIX.

XLVI Travaux complémentaires.

notre ami Strauss au sujet de l'imputation de la somme

demandée pour l'exécution des travaux complémentai-

res que nous examinons. Ce point a été tranché dans la

séance du 9 juillet 1891 du Conseil de surveillance après

une courte discussion que nous reproduisons.

Imputation sur le pari mutuel de la dépense occasionnée

par les travaux complémentaires du quartier des enfants

de Bicêtre.

M. LE Directeur rappelle que le Conseil a, dans sa der-

nière séance, approuvé un devis de 50,100 fr. 63 concernant

les travaux à exécuter à l'hospice de Bicêtre pour complèter

l'installation du quartier des enfants idiots et épileptiques,

mais qu'il a réservé l'imputation du crédit primitivement pro-

posée sur les fonds d'emprunt, sur l'observation de M. Strauss

que cette imputation ne serait pas acceptée par le Conseil

municipal.

L'Administration a cherché sur quels fonds il lui était possible

d'imputer la dépense ; à défaut de l'emprii-it, seuls les fonds

du pari mutuel peuvent la supporter. M. le Directeur demande

au Conseil un avis favorable à cette imputation.

M. IIORTELOUP, qui était favorable, en principe, à la conti-

nuation des travaux, hésite à accepter l'imputation sur le pari

mutuel. En effet, ces fonds sont déjà grevés de près de 600,

000 francs, et peut-être serait-il prudent de les réserver pour

les réparations très urgentes des vieux hôpitaux. L'imputation

sur les fonds d'emprunt lui paraitrait meilleure, attendu qu'il

a été réalisé un boni de plus de 200,000 francs sur les deux

premières opérations de la création et de la continuation du

-quartier, et qu'une partie de ce boni, plus de 50,000 francs,

provient de la deuxième opération qui avait été imputée sur

les fonds d'emprunt.

- M. Horteloup estime que les travaux projetés ne présentent

pas un caractère d'urgence absolue, et qu'il serait préférable

de réserver les fonds proposés pour des améliorations plus

Indispensables des vieux établissements.

M. Strauss s'est entretenu avec M. le Préfet de la Seine de

la situation financière de l'Assistance publique à Paris, qui

doit pouvoir compter sur les ressources extraordinaires du

Travaux complémentaires. LVII

pari mutuel pour faire face aux dépenses nécessitées par les

réparations de ses bâtiments.

Pour la question des fonds d'emprunt, il a déjà eu l'occasion

de s'expliquer à ce sujet à une séance précédente, et il ne

peut que répéter les raisons qu'il a données du refus du Con-

seil municipal d'accepter l'imputation sur les fonds d'emprunt

pour les grosses et petites réparations. Les 10 millions desti-

nés aux travaux extraordinaires doivent être exclusivement

employés à des créations de services, telles que l'isolement

des maladies contagieuses, ou à d'autres constructions utiles

et neuves. Ce crédit ne doit pas être éparpillé en de petites

réparations, très urgentes certainement, mais d'où ne se

dégage pas une création. Il faut que le Conseil municipal

puisse faire la justification des dépenses d'emprunt en citant

les oeuvres qui ont été créées avec ces fonds. La ville ne peut

donc pas accepter l'imputation défendue par M. Horteloup,

elle ne peut pas, d'autre part, accorder de crédit extraordi-

naire.

Il s'ensuit que la seule ressource dont dispose actuellement

l'Assistance publique pour les travaux projetés de Bicêtre est

le pari mutuel. Cette ressource a déjà, d'ailleurs, été employée

tout récemment à l'acquit de dépenses de travaux dans beau-

coup d'établissements; pourquoi écarterait-on Bicêtre de cette

répartition ? 't .

M. Strauss demande instamment que le Conseil sanctionne

son vote de la dernière séance, par lequel a été décidée la

continuation des travaux en acceptant, suivant la proposition;

de M. le Directeur, l'imputation de la dépense sur le pari mu-

tuel.

L'avis favorable, mis aux voix, est adopté.

De ces travaux, quelques-uns seulement ont été

effectués, tels sont : 1° la transformation à l'usage

du public des anciens cabinets d'aisances des enfants

(8 septembre) ; 2° l'installation de bouches d'arro-,

sage etde postes d'incendie (20 décembre); 3° l'établis-

sement d'une canalisation d'eau complémentaire.

Section II : Fondation Vallée.

Histoire du service pendant l'année z.

I.

Situation DU SERVICE. - Enseignement primaire.

Primitivement, il était clans les vues de l'Adminis-

tration départementale de n'envoyer a la Fondation

que des enfants idiotes et imbéciles, propres et n'a-

yant ni accès d'épilepsie, ni attaques d'hystérie. Or,

dès l'ouverture de la maison, cette règle n'a pas été

respectée. De même que nous avions consenti en 1890

à recevoir des petits garçons, les places manquant à

Bicêtre et le bureau d'admission de l'Asile clinique

étant encombré, de môme nous avons accepté, sans

observation, l'envoi d'idiotes gâteuses et de jeunes

filles épileptiques. ,

Nous n'avons pu, à la Fondation, répartir conve-

nablement les enfants des différents groupes, comme

nous l'avons fait à Bicôtre, les locaux ne s'y prêtant

pas. Nous avons rassemblé cependant au rez-de-chaus-

sée du bâtiment E (Voir le Plan), les idiotes gâteuses

invalides. Elles ont leur dortoir, leur petite salle de

Enseignement primaire. CLIX

réunion (servant en même temps de réfectoire), et un

préau découvert. Une infirmière leur donne les soins

matériels qu'exige leur situation et leur apprend à se

tenir debout, à marcher, à se servir de la cuiller, etc.

Les enfants idiotes gâteuses, mais valides, vont à

l'école avecles enfants idiotes, imbéciles, arriérées qui

sont propres. Il en résulte que les classes sont sou-

vent souillées par les gâteuses et que ce n'est qu'avec

les précautions les plus minutieuses que l'on arrive à

les maintenir dans un état de propreté satisfaisant. Les

deux catégories d'enfants se trouvent égalenlent Jué...

langées au réfectoire. Pour atténuer le plus possible les

inconvénients qui résultent de ce mélange, nous avons

fait faire des bancs scolaires et des bancs de réfectoires

d'un genre particulier : chaque place est séparée. par un

appui et le siège, recouvert d'un coussin en laine de

tourbe perforé, est percé d'un trou au-dessous duquel

est disposé un vase mobile (1).

L'Enseignement primaire est confié exclusive-

ment à des femmes sous la direction de M"" Berthe

Langlet, surveillante. Les procédés employés sont les

mêmes qu'à la section des enfants de Bicêtre. Tout le

matériel scolaire est le même. Les leçons de choses

sont multipliées autant que possible et complétées par

des promenades dans le domaine et dans les environs.

Les enfants assistent à toutes les opérations du jar-

dinage, participent à la récolte des légumes et des

fruits.

. 100 enfants ont fréquenté l'école et participé aux

(1) Voir dans le Comple-reiadu de 1887, la description et les figures de nos

fauteuils d'enfants gâteux (p. v).

Bourneville, Bicêtre, 4891. ?

L . Enseignement professionnel.

.exercices- de la-gymnastique Pichcry. 24 des plus gran-

des ont suivi les exercices de la grande gymnastique

(mouvements-, agrès, etc). M. Goy, maître de gymnas-

tique à Bicêtre, a continué à venir régulièrement tous

les jeudis afin de dresser le personnel et d'exercer les

enfants. Nous avons réclamé pour lui une indemnité

.qui ne lui avait pas encore été accordée à la fin de 1891.

. 34 enfants savent se servir de la cuiller, de la four-

chette et du couteau ; 43 de la cuiller, et de la four-

chette ; 12 de la cuiller; 10 enfants seulement

.ne savent pas encore se servir de la cuiller et on doit

les faire manger.

4 enfants gâteuses sont devenues propres (Noiria...,

.Merci..., Le guich..., et Teuli...) ,

La gymnastique comprend tous les exercices.de

.la gymnastique des mouvements avec chants et la

gymnastique des agrès. L'échelle convexe nous a

rendu de réels services pour le redressement de la

taille de plusieurs jeunes filles dont l'attitude était

-vicieuse.

.. nsei-nemeiat hrofesionnel. - Il 1 été limité, en

.1891, aux travaux du ménage (entretien des dortoirs,

lavage de la vaisselle, mise du couvert au réfectoire),

à la couture et au repassage. ' ,

' 50 enfants vont à l'atelier de couture, les unes pen-

..dant 1 heure seulement, les autres durant 4 heures.

Au 31 décembre 1891, 16 d'entre elles étaient deve-

nues des apprenties sérieuses. Elles font ou racco.l7L-

- mod'ent des tabliers, des robes, des jupons, des

bavettes, des pantalons, des pèlerines, des costumes,

pour leurs Mardi- -ras et de la Mi-carême".

25 enfants fréquentent l'atelier de repassage :

Enseignement PROFESSIONNEL. LI

d'abord pendant 1 heure, puis durant 4 heures. Nous

retrouvons-la, 12 des meilleures apprenties de l'atelier

de couture. Elles repassent des tabliers, des jupons,

des mouchoirs, des robes, des bavettes, des rideaux,

des bonnets, des fichus, des corselets, des pantalons.

Le travail, évalué par M. Baron, économe de Bicê-

tre, d'après les tarifs de cet établissement, s'est élevé

à 882 fr. 75 pour le premier atelier et à 991 fr. 90 pour

le second, soit en tout, 1874 fr. 65. (En 1890, de mars

à décembre, le produit du travail avait été de 771 fur.

75.) Voici le tableau mensuel :

L11 " Visites, permissions, promenades.

Visites, permissions de sortie et congés. Les

enfants ont reçu 1799 visites. Les visiteurs ont été au

nombre de 3.114.

Maladies contagieuses. lui

pleurésie; 1 d'ictère; 1 d'accidents herniaires; 1 de 1J1,é-

ningite tuberculeuse. Jusqu'au 29 octobre, les enfants

de la Fondation ont été soignées à l'infirmerie de la

section des enfants de Bicêtre. A partir de cette date,

la population étant au complet, nous avons ouvert

définitivement l'infirmerie de la Fondation.

Maladies épidémiques. Diplzthérie. Nous don-

nons plus loin des renseignements détaillés sur l'origine

de la petite épidémie de diphtérie qui a éclaté au

mois de mars. (Voir p. LTll.

satin d'en arrêter l'extension, nous avons fait exami-

ner tous les juurs la gorge des enfants. Dès qu'il y avait

des présomptions, l'enfant était isolée, sa literie et

ses vêtements étaient désinfectés ; son lit lavé avec une

solution phéniquée forte. Dans les classes, le réfectoire'

les dortoirs, nous avons fait procéder quotidien-

nement à des aspersions et des vaporisations

phéniquées. Les enfants ont été envoyées tous

les jours en promenade à la campagne, en dehors

des habitations, et, durant leur absence, les portes et

les fenêtres des locaux ont été maintenues ouvertes

afin d'établir une large ventilation.

7 enfants ont eu la cliphthérie : Bult", Low, Souail ?

Pich ? Courto ? Vaissi ? et Stadnlil.. 2 ont succombé,

Bult.. et Lovv. Elles ont été soignées au pavillon d'iso-

lement de la section de Bicêtre. Il n'y1 eu aucun cas

parmi les garçons.

Notons encore : 1 cas de gale, 1 cas de coqueluche,

1 d'oreillons et 7 de teigne. Toutes ces enfants ont été

traitées au pavillon d'isolement.

Bains et hydrothérapie. Les bains, les douches,

LIV Bains ET hydrothérapie.

la gymnastique, joints à l'emploi des médicaments

antiscrofuleux et aux préparations bromurées, cnt

continué à être la base du traitement pendant l'année

1891. Les bains sont donnés àla Fondation. Les enfants

valides vont prendre leurs douches dans la section des

enfants de Bicêtre et les enfants invalides les prennent

à la Fondation même. Les bains de pieds sont donnés

également à Bicêtre (1). Voici la statistique des bains

et des douches en 1891 :

Statistique. LY

tion. En janvier : 1 grande table pour l'atelier de

repassage, 1 tableau des surfaces, un socle pour les

boules, des tableaux pour la classe de géographie ;

en mars : 1 porte-serviettes, 1 meuble pour la sphère,

2 tables scolaires, 1 grand tableau noir; en avril :

1 porte-serviettes, 16 bancs pour le réfectoire, 20 ta-

bleaux, 1 table scolaire (1) ; en juin : 1 casier

pour cent trousseaux ; en octobre : 1 escabeau

pour le magasin d'habillement, 1 bureau pour le cabi-

net de la surveillante (bâtiment des classes); en

novembre : 4 bancs et une table pour le réfectoire, 1

porte-serviettes ; en décembre : 1 porte-serviettes et

1 coffre à linge.

- II.

Statistique. Mouvement DE la population.

Le 1 CI' janvier 1891, il restait à la Fondation 69 en-

fants se décomposant ainsi :

L.1 Mouvement DE la population.

MOUVEMENT DE LA POPCLATIOX. LVII

LVIII DÉCÈS.

1 DÉCÈS, ' Lta

Section III.

I.

Assistance des aliénés. Des placements

volontaires.

Au commencement de l'année 1891, nous avons

remarqué avec un certain étonnement que les

enfants aliénés dont les parents étaient venus nous

demander les formalités à remplir pour l'admission

dans notre service n'y étaient pas envoyés ou y étaient

envoyés par placement d'office, c'est-à-dire par l'in-

termédiaire de la Préfecture de police, et non par la-

cement volontaire, comme nous l'avions indiqué.

Nous nous sommes décidé a porté la question devant

la Commission de surveillance des asiles d'aliénés de

la Seine. Voici l'extrait du procès verbal de la séance

du 12 mars 1891 (p. 76) :

M. le Dr BOURNEVILLE, - Je désire appeler l'attention de

la Commission sur le mode de placement des enfants dans nos

asiles. Pendant longtemps, les placements volontaires dans

les asiles publics de la Seine étaient l'exception. Presque tous

les malades, adultes ou enfants, étaient placés d'office et

devaient passer par le Dépôt de la Préfecture de Police, où

ils restaient un temps plus ou moins long et dans les conditions.

Placements volontaires. LXIII

les plus défavorables. Avec nos collègues de la 3e Commission

du Conseil général, nous avons demandé que les malades

peu aisés eussent les mêmes avantages que les malades

riches et pussent être placés directement au bureau d'admis-

sion. Il a fallu des années pour obtenir que les placements

volontaires fussent en nombre illimité. Aujourd'hui encore, ils

sont loin d'être aussi nombreux que les placements d'office,

qui devraient être restreints aux malades arrêtés sur la voie

publique ou ayant nécessité l'intervention de la police.

En ce qui concerne les enfants jusque dans ces derniers

temps, les placements volontaires devenaient de plus en plus

nombreux; mais depuis quelques mois, le bureau d'admission

refuse tout placement volontaire d'enfants. On en revient aux

pratiques condamnées avec raison par le Conseil général. Il

faut que le commissaire de police fasse une enquête; que des

.témoins se déplacent ; que les familles conduisent leurs enfants

à la Préfecture de Police, d'où ils sont envoyés à l'Asile clini-

que dans la même voiture que les adultes, entendant leurs

cris, leur injures, etc. ; enfin, ils sont répartis dans les quartiers

consacrés aux enfants.

Avant que l'enfant arrive où il doit être soigné, les parents

sont obligés de fournir des -renseignements : au commissaire

de police, an médecin du Dépôt, au médecin du bureau

d'admission. Ils sont condamnés à des pertes de temps consi-

dérables pour des personnes peu fortunées. Quant aux enfants,

le Dépôt est souvent pour eux une cause d'effroi, sans compter

d'autres inconvénients sur lesquels nous ne croyons pas devoir

insister. Laissant de côté pour aujourd'hui, les placements

volontaires d'adultes, je demande à la Commission de vouloir

bien émettre le voeu « que toutes les facilités possibles soient

données de nouveau aux familles pour les -placements volon-

taires d'enfants. »

- Il est un second point sur lequel je désire également appeler

l'attention de la Commission. La loi sur le domicile de secours

.veut que les enfants soient secourus dans le département où

.ils sont nés. Il en résulte qu'une situation des plus fâcheuses

est faite aux enfants idiots, épileptiques ou arriérés. Lorsque

.ces enfants sont admis dans des services spéciaux, au bout

d'un temps variable, ils sont réclamés par leur département

d'origine et séparés, par conséquent, d'une manière complète

de leurs familles. Nous devons dire, à l'honneur de celles-ci,

que nombre d'entre elles préfèrent reprendre leurs enfants

que de s'en séparer pour toujours. C'est pour mettre fin à une

'-pratique aussi inhumaine que nous avons demandé au Conseil

LIV Assistance DES aliénés. :

'général d'autoriser l'Administration à maintenir dans les asiles

de la Seine les enfants dont les parents habitent ce départe-

ment. Dans la discussion qui a eu lieu le'9 mai 1881, M. Lafont

a fait adopter un amendement tendant à restreindre les place-

ments aux enfants dont les parents habitent Paris ou le dépar-

tement de la Seine depuis deux ans, afin d'empêcher certains

parents dé venir exprès à Paris pour faire entrer leurs enfants

dans nos asiles. Le voeu du Conseil s'appliquait aux enfants

de tous les départements dont les parents remplissaient les

conditions indiquées, ainsi que cela ressort de mes rapports

sur le service des aliénés de 1878 à 1881.

Dans la même séance, le Conseil adoptait une délibération

spéciale visant les enfants appartenant au département de

Seine-et-Marne.

Le conseil général de la Seine, en consentant à ne deman-

der aux départements d'origine des enfants quelerembourse-

-ment du prix de journée qu'ils payent dans leurs asiles, et en

prenant à sa charge la différence entre ce prix et celui de la

Seine, faisait un acte d'humanité. Cette mesure, pour des

raisons que nous ne rechercherons pas, n'a pas été comprise

ou acceptée par la plupart des préfets. Aussi les demandes

de transfert continuent-elles et les familles sont-elles de nou-

veau mises en face de déterminations douloureuses, soit que

la misère les obligea se séparer de leurs enfants, soit qu'elles

les reprennent, s'exposant à voir aggraver leur'mal ou à subir

tous les inconvénients qu'entraîne le séjour de ces enfants

dans les maisons qu'ils habitent. Peut-être un jour aurons-

nous l'occasion de vous faire un exposé complet des faits rela-

tifs aux transferts des enfants. Aujourd'hui, nous en citerons

deux : 1° une Alsacienne accouche à Lille, où elle habitait

momentanément, puis vient à Paris qu'elle n'a pas quitté. Sa

famille habite l'Alsace ; l'enfant sera transféré dans le dépar-

tement du Nord ; 2° un Parisien, marié à une Parisienne, mé-

canicien du chemin de fer de l'Ouest, est appelé, par son ser-

vice, au Mans. Un de ses enfants y naît ; la famille revient

habiter Paris, l'enfant, placé à Bicêtre, est réclamé par le

département de la Sarthe, où il n'a aucun parent. Que dire

aussi des enfants dont les mères parisiennes vont, par précau-

tion, accoucher à la campagne ? Leurs enfants subissent les

dures conséquences de la loi sur le domicile de secours.

Pour remédier à une situation si fâcheuse, nous demandons

à la Commission de surveillance d'émettre le voeu : Que les

enfants idiots et épileptiques, dont les parents habitent Paris

PLACEMENTS volontaires. -1,1 ?

depuis deux ans, soient maintenus dans les asiles dé là-seine

et de demander à l'Administration de faire, auprès de M.

le Ministre de l'Intérieur, les démarches nécessaires pour

que ce voeu conforme aux VoeltX du Conseil général de la

'Seine, soit porté par M. le Ministre à la connaissance des

préfets des départements.

M. le De Taule, directeur de Sainte-Anne. M. le Dr Bour-

neville se plaint que, depuis quelque temps, les enfants ont

cessé d'être admis, à titre de placements volontaires, au

bureau d'admission de l'Asile clinique, et il demande à la

Commission d'émettre le voeu que « toutes les facilités

possibles soient de nouveau accordées aux placements volon-

taires d'enfants. » J'ai le regret de me trouver, sur ce point

en dissentiment avec M. Bourneville. Mais, malgré la déférence

que je lui dois comme savant et comme membre de la Com-

mission, je me vois obligé de combattre ses conclusions et dé

vous supplier d'émettre un voeu diamétralement opposé au

sien, à savoir que les enfants ne soient plus admis, à quelque

titre que ce soit, au bureau d'admission de Sainte-Anne, où

ils se trouvent en proximité avec les adultes. -

M. Bourneville invoque, à l'appui de sa demande : l'intérêt

des familles et les décisions du Conseil général. L'intérêt des

familles et celui des enfants seraient beaucoup mieux sauve-

gardés si, comme je ne cesse de le demander depuis six ans,

on les admettait directement dans les services spéciaux de

Bicêtre, de Vaucluse, de la Salpêtrière ou de la fondation Val-

lée. J'ai fait, depuis longtemps, ressortir les inconvénients et

les dangers du séjour des enfants au bureau d'admission, et

dernièrement encore, à propos d'un attentat récent qui n'a

pas été ébruité, grâce à la sagesse de la famille, je les signa-

lais de nouveau à l'Administration, en lui annonçant que je

subirais les placements d'office, puisqu'ils m'étaient imposés,

mais que je refusais désormais les placements volontaires

d'enfants.

Quant à l'opinion du Conseil général, je ne puis que m'éton-

ner de la voir invoquée par M. Bourneville à l'appui de sa

demande, alors que personne n'ignore que depuis plusieurs

années le Conseil général s'est au contraire, constamment

associé à mes réclamations au sujet de la promiscuité et, de

l'encombrement. Pour en donner la preuve, je demande à la

Commission de vouloir bien me permettre de citer le passage

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1891. ?

Llvr ' Assistance des aliénés.'

suivant de mon dernier rapport sur les causes de l'encombre-

ment du bureau d'admission : ... 1

« L'admission des enfants à Sainte-Anne à titre de place-

ment volontaire date seulement de 1877. Antérieurement, ils

étaient toujours admis directement à la Salpêtrière, à Bicêtre

ou à la Colonie de Vaucluse, ouverte en 1876 (1). C'est pour don-

ner satisfaction à des demandes dont les auteurs ne sont pas

spécifiés dans la.lettre préfectorale, que l'Administration, après

avoir longtemps résisté, parce qu'il n'existait pas à Saiute-Anne

de quartier spécial pour cette catég >rie de malades, se laissa

enfin persuder, la condition qu'on n'admettrait que 12 enfants

au plus (6 garçons et 6 petites tilles). C'était déjà trop de douze

dans les conditions déplorables où ils se trouvaient. Mais une

fois la porte ouverte, ils y rentrèrent par centaine (il y en a

eu 187 depuis le 1er janvier jusqu'au 31 octobre 1890).

C'est cet abus et l'admission également abusive des épilep-

tiques au bureau central de Sainte-Anne qui motiva l'année

suivante, sur le rapport de M. le Dr Bourneville, Une délibé-

ration du Conseil général ainsi formulée : « Art. 4. Aucun

placement d'aliénés épileptiques ne pourra être fait en dehors

des services spéciaux de Bicêtre (sexe masculin) et de la Sal-

pètrière (sexe féminin). Aucun placement d'enfants aliénés,

idiots ou arriérés, ne pourra être fait en dehors des services

spéciaux de Bicètre) jeunes garçons gâteux ou âgés de moins

de 7 ans), de Vaucluse (jeunes garçons arriérés ou idiots vali-

des de sept à seize ans), et de la Salpêtrière (filles de tout âge).

Plus tard, en 1886, sur le rapport de M. le D'" Robinet, le

Conseil général émet les voeux suivants : t

« Io Que le bureau d'admission redevienne ce qu'il était

auparavant et ce qu'il n'aurait jam ,is dû cesser d'être, un

bureau de répartition pour les aliénés adultes; .

« 2° Qu il soit interdit à l'avenir au Directeur de Sainte-

Anne de recevoir les enfants idiots et arriérés ;

« 3° Que ces enfants soient envoyés directement à la colo-

nie de Vaucluse (chose facile, à cause de la proximité de la

gare d'Orléans), à la Salpêtrière ou à Bicêtre.»

Ces voeux étaient ainsi motivés par le Rapporteur :

a La 3 ? Commission du Conseil général ne peut s'exposer du

jour au lendemain à voir surgir des faits très graves (par suite

du maintien des enfants de l'admission) et dont on la rendrait

(1) Voir p. LXX et LXXI.

Placements -volontaires; - '. -MVH

.responsable. Elle ne pourrait arguer de son .ignÓl'al10a,; : c.ap

les rapports du Directeur de Sainte-Anne sont formels, sa

demande est absolue..., il ne peut accepter plus longtemps

d'être rendu responsable d'une situation contre laquelle il pro»

teste. ' .. - ? .....

Votre 3me Commission est d'avis de donner. satisfaction;^

la demande si légitime du Directeur de Sainte-Anne, et -de

notre ancien collègue, M. le D1' Thulié, en déclarant du.'à.1'aF

venir aucun enfant ne devra séjourner au bureau d'admission/»

. Ces voeux n'ayant pas reçu satisfaction, la 3"le Commission

les renouvelle l'année suivante par l'organe de son rapporteur,

M. le conseiller Pétrot, mais toujours sans résultat. - . - ;

Dans le principe, l'Administration -a pü .supposer qu'une

fois entrés au bureau d'admission, les enfants n'y séjourner

raient pas. C'était une illusion que l'expérience a depuis long-

temps dû faire disparaître. En fait, ils y ont toujours séjourné-,

comme la statistique le prouve, aussi longtemps que le mode7

cin répartiteur a jugé à propos de les y maintenir pour les

observer (et n'y séjourneraient-ils qu'un seul jour, que ce serait

déjà trop à cause de la promiscuité). Du reste, l'Administra-

tion obtiendrait-elle gain de cause sous ce rapport que l'en-

combrementne tarderait pas à se reproduire, les vides existants

actuellement Bicèlre et à la fondation Vallée devront bientôt t

être combles. Il n'y a qu'une mesure radicale qui puisse faire

disparaître l'encombrement et la promiscuité : c'est l'interdic"

- tison absolue de l'entrée des enfants à Sainte-Anne et leur

admission directe dans les services spéciaux à eux destinés.

Il est temps de revenir à la pratique en usage avant 187-7,

pratique dont l'abandon n'a eu que des conséquences fâcheu-

ses pour les malades, pour l'Administration et pour le person-

nel de nos asiles. ," . .

En conséquence,.je prie de nouveau la Commission de, vou-

loir bien repousser la demande de M. le D1' Bott ? ,41evt-iie, -pela-

tivement aux placements volontaires d'enfants et décider qu'à

l'avenir, ils seront aurais dans les services spéciaux de Bicêtre,

de Vaucluse, de la Salpêtrière et de la fondation Vallée, sans

passer par le bureau d'admission de Saint-Anne. (V..p. LXXI)

. - ..

M. Bailli. - La question du placement des enfants n'a pas

été prévue par la loi du 30 juin 1838; j'ignore si elle a été

reprise et élucidée dans le projet de la loi voté il y a quelque

temps par le Sénat et actuellement en élaboration à la Cham-

dre des députés. En attendant le vote définitif de cette loi, je

vous prie, messieurs, de vouloir bien repousser les deux pro-

fcïviïi Assistance DES enfants aliénés.

positions de M. le D1- Bourneville, ou du moins en ajourner

la discussion. Ces deux propositions auraient, en effet, pour

résultat non seulement d'encombrer de nouveau le bureau

d'admission de l'Asile clinique, mesure contre laquelle le Con-

seil général et la Commission de surveillance ont toujours

protesté, mais encore d'occasionner au département de la

Seine un surcroît de dépense non imposée par la loi. Nul

n'ignore qu'on arrive facilement à l'abus; on a vu séquestrer

des enfants de deux ans et même de trois mois. Le législateur

à t-il jamais pu penser qu'on arriverait à de pareilles séques-

trations au nom de la sécurité publique ? En tous cas, le minis-

tère de l'Intérieur et les Conseils généraux de presque tous

les départements ne veulent pas admettre ces sortes de

séquestrations. J'ajoute, messieurs, que la délibération huma-

nitaire prise par le Conseil général dans sa séance du 9 mai

1881, relativement au maintien dans nos asiles et quartiers

d'hospice des enfants originaires des autres départements, est

considérée comme onéreuse par un certain nombre de mem-

bres des assemblées départementales, et il ce titre, combattue

par eux (V. p, LXXIX). -

M. Albert PÉTROT, membre du Conseil général, ne partage

point l'opinion de M. Bailly au sujet de ces deux propositions.

Nous avons demandé il est vrai au Conseil général que les

enfants cessassent d'encombrer le bureau d'admission, mais

non qu'ils n'y fussent plus admis. Le Conseil n'entend pas

qu'on créée à l'Asile clinique, un service permanent d'enfants :

mais il admet que ces enfants y passent pour être dirigés sur

les quartiers spéciaux. J'estime donc qu'il est du devoir de la

Commission d'examiner les propositions de M. le Dur. Bourne-

ville. En tous cas, ce qui est indispensable, c'est qu'une solu-

tion ferme intervienne qui fixe exactement la ligne de conduite

à suivre : car actuellement on ne sait ce qu'il y a lieu de faire

en cas de placements d'enfants.

M. le Dr TAULE. - J'en appelle de l'opinion de M. Pétrot à

son opinion d'hier, ainsi formulée dans son rapport de 1890 :

. « Une autre plainte qui, depuis longtemps déjà, trouve place

dans nos rapports, c'est l'encombrement du bureau d'admis-

sion dû en partie à la présence des enfants dans ce service...

Il y a lieu de n'en avoir aucun en promiscuité avec les adultes

dans le service de l'admission, et il faut qu'à cet effet, la répar-

tition soit faite, en ce qui les concerne, dans un des services

de Bicêtre ou de la Salpêtrière. Nous comptons, pour résoudre

Placements volontaires. - Lâlt

définitivement ces difficultés, sur l'activité éclairée et la bonne

volonté de l'honorable sous-directeur des affaires départeméitr

tales, M. II. Le Roux, pour l'amélioration de nos services... »

Et, plus loin (p. 15 du même rapport) : « Il ne doit pas y avoir

d'enfants à l'admission. Nous proposons au Conseil un vote

ferme dans ce sens... C'est aux parents à les garder, en

attendant qu'ils puissent être admis directement à la Salpê-

trière, à Bicêtre ou à Vaucluse.»

M. LE Houx. - M. Pétrot a bien posé la question concernant

le placement volontaire des enfants au bureau d'admission. Il

est essentiel en effet que ces enfants y soient momentanément

reçus, mais sans y stationner. Il est à craindre toutefois, que

dans quelque temps d'ici, alors que les quartiers spéciaux aux

enfants seront au complet, M. le D1' Taule ne sache plus où

diriger les placements volontaires, s'il est obligé de les rece-

voir quand même, et qu'il ne voie de nouveau le bureau d'ad-

mission encombré par les enfants. Il y a donc lieu d'examiner

cette question avant de la trancher, soit dans un sens, soit

dans l'autre.

M. le D1' BouRNEV ! LLE. Quand les quartiers d'enfants

seront au complet, M. le Directeur de l'Asile clinique inscrira

sur un registre les demandes de placement des enfants, et

avisera, à tour de rôle, les familles, lorsque des vacances

viendront à se produire.

M. Le Roux. C'est en effet, une procédure qui pourra

être essayée. Mais M. le Dr Bourneville demande, en outre,

que les enfants en traitement dans nos asiles et étrangers au

département de la Seine ne soient pas transférés dans leur

pays d'origine. Bien que ne payant dans nos établissements

que le prix de journée de leurs asiles, les préfets n'en deman-

dent pas moins le transfert dans leurs établissements des

enfants dont ils ne supportent qu'en partie la charge. Là

raison en est bien simple.

Les préfets, en autorisant le maintien dans nos asiles, où ils

n'exercent aucun contrôle, des enfants originaires de leurs

départements, acceptent une charge illimitée. En prescrivant,

au contraire, leur transfert, ils peuvent s'assurer de la nature

de la maladie et mettre, s'il y a lieu, ces enfants en liberté.

Permettez-moi, messieurs, de vous donner, à cette occasion,

lecture de la lettre ci-après que M. le Ministre de l'Intérieur

ter Assistance DES enfants- aliénés.

a écrite à M. le Préfet au sujet d'un enfant maintenu dans

nos asiles, malgré les réclamations du préfet intéressé.

· Monsieur le Préfet de la Seine,

M. le préfet de l'Aveyron vient de m'informer que. d'après les renseignements

que vous avez recueillis, la mère de la jeune C ? remariée avec un sieur B ?

gagne 2 francs par jour et que celui-ci, palfreuier à la Compagnie des omnibus,

gagne 5 francs. Sans doute, on ne saurait considérer ce ménage comme man-

quant de moyens d'existence ; mais en admettant même qu'il n'y ait pas d'au-

tres enfants, ce que j'ignore, les deux gains réunis ne paraissent pas suffisants

pour leur permettre de faire face aux frais de la jeune C ? à Paris.

A cette observation, j'en ajoute une seconde que suggère nécessairement le

refus du directeur-médecin de l'asile publie de Rodez de considérer comme

aliénée la jeune 0 ? qui, au contraire, selon ce praticien, « n'est atteinte que

de faiblesse intellectuelle et est susceptible jusqu'à un certain point de rece-

voir une éducation professionnelle ? Sur cet avis, le Préfet de l'Aveyron a

prononcé sa sortie de l'Asile.

Or ce fait est un nouvel exemple de ce qui arrive trop fréquemment pour

les enfants séquestrés d'office iL Paris, comme atteints d'une affection men-

tale, et.que se refusent aconsérver dans les asiles spéciaux du département t

de leur domicile de secours les médecins à qui incombe le soin de se pronon-

cer sur leur état et leur responsabilité de conclure en faveur du maintien en

traitement.

- Je crois devoir vous signaler la tendance ahusive de certaines familles habi-

tant Paris à se décharger sur l'Administration du soin de leurs enfants, sous

le prétexte que l'état mental de celui-ci présenterait un danger pour la sécu-

rité publique ou pour la leur propre, et j'appelle toute votre attentention sur

la nécessité d'examiner de très près les demandes de séquestration d'enfant»

dont vous êtes saisis. -

' En dehors du principe de la liberté individuelle a respecter et de l'intérêt

financier des départements du domicile de secours qu'il importe de ménager

aussi, il y a une question d'humanité en jeu, puisque les enfants séquestrés

d'abord à Paris, puis dirigés sur l'asile de leur département d'origine et refu-

sés par celui-ci comme n'étant pas aliénés, se trouvent a un moment donné,

ainsi qu'il arrive pour lajeuneC ? à l'état d'abandon, très loin de leur famille,

lorsque votre administration décline la charge des frais de retour que les

parents ne peuvent ou ne veulent supporter.

Agréez, Monsieur le Préfet, etc.

L - . Le Ministre l'Intérieur,

, - ... Signé : COVSTANS.

Vous voyez, messieurs, que loin de pouvoir donner suite au

voeu formulé par M. BOURNCVILLIr, nous sommes obligés de

tenir compte des réclamations que soulève l'internement des

enfants que. les médecins aliénistes des départements se refu-

sent à. considérer comme des aliénés.

M. le PRÉSIDENT. - 11 ne me paraît-pas possible que nous

puissions dans la présente séance, émettre un avis éclairé sur

les deux -questions posées. Mon avis serait donc .que nous les

renvoyions -une sous-commission d'étude. Nous pouvons

Placements volontaires. LXXI

toutefois faire observer à M. le Directeur de l'Asile clinique

que la Commission ne saurait admettre qu'aucun placement

volontaire d'enfants ne soit plus effectué au bureau d'admis-

sion.

M. le DL' Magnan. Depuis plus de vingt-deux ans que je

suis médecin répartiteur au bureau d'admission, j'ai toujours

reçu des enfants (I). Leur admission n'a jamais occasionné

d'encombrement si ce n'est pendant l'année dernière et le com-

mencement de cette année. Mais aujourd'hui que, grâce aux

mesures prises par M. le Directeur des affaires départemen-

tales, les enfants sont aussitôt dirigés sur des quartiers, spé-

ciaux, le retour de cotte situation, quej'ai moi-même qualifiée

de déplorable, n'est plus à craindre. J'estime donc qu'on peut

continuer à recevoir les placements d'enfants à titre volon-

taire. , - '

M. le Dr TAULE, - Pour le cas où la Commission désirerait

trancher la question dans sa présente séance, je prierais M.

le Président de vouloir bien me donner la parole sur l'appli-

cation de la loi du 30 juin 1838. Cette loi ne parle pas de la

séquestration des enfants idiots ou arriérés, dont le plus grand

nombre ne sont pas aliénés et peuvent être soignés par leurs

parents.

M. le Dr Magnan. Un enfant qui, sans motif, met le feu,

vole, assassine ou cherche à se suicider, est un aliéné et doit

être séquestré.

M. le Président. Il me semble impossible que nous puis-

sions aujourd'hui, émettre un avis sur les deux questions de

M. le D Bourneville. Je propose, en conséquence, à la Com-

mission d'ajourner la suite de la discussion à la prochaine

réunion. -

Adopté.

(1) M. Magnan a tout-à fait raison. Ainsi, en 1Sn, il est entré 72 enfants

à Dicètre, 65 d'entre eux. ont passé par l'asile Sainte-Anne, les 5 autres rêver

naient des asiles de province où il» avaient été lransl'érés. (B.)

II.

Encombrement des Asiles de la Seine. Les Séniles.

Répartition des malades dans les asiles. Des

transferts.

Diverses questions relatives à l'assistance des aliénés

et par conséquent liées à la précédente, ayant été dis-

cuté dans la séance du 16 avril, nous allons égale-

ment reproduire la discussion dont elles ont été

l'objet. `

M. LE Roux, sous-directeur des affaires départementales.

L'Administration se trouve, en ce qui concerne l'encombrement

des asiles, dans une situation assez délicate. Les transferts de

malades dans des asiles de province deviennent de plus en plus

difficiles, non seulement à cause de la fréquence des visites

rendues à nos aliénés par leurs familles, mais encore faute de

places dans ces derniers établissements. Sur près de cinquante,

demandes de lits que j'ai adressées à des directeurs d'asiles

avec lesquels nous avons des traités, je n'ai reçu qu'une dizaine

de réponses favorables. Encore le nombre des lits mis par ces

Directeurs à notre disposition est-il assez restreint. Dans ces

conditions, nous sommes bien obligés de laisser se produire

un certain encombrement; mais cet encombrement, et nous

pensons que la commission partagera notre avis, nous préférons

le laisser se produire dans nos asiles extérieurs, où l'air est

pur et vivifiant, plutôt qu'à l'Asile clinique (Sainte-Anne) ou à

la Salpêtrière.

M. BAILLY. Il est un point sur lequel il est de mon devoir

d'appeler l'attention de la commission. On séquestre dans nos

asiles comme aliénées des personnes atteintes de démence

sénile, et dont la place est dans un hospice. Je propose à ce

DÉMENTS ET SÈNILES. LXXIII

sujet à la Commission d'émettre le voeu qu'il lui soit fourni le

relevé des malades (H. et F.) séquestrés comme aliénés, âgés

déplus de soixante-dix ans et atteints de démence sénile ou

de paralysie partielle des membres.

M. le D1' Magnan. Lorsqu'un malade atteint de démence

sénile est placé au bureau d'admission et qu'il n'a pas de

famille, je signale le cas à l'Administration préfectorale afin

qu'elle avise.

M. le D1' Bourneville-. J'ai toujours pensé que la démence

est une forme de l'aliénation mentale; c'est même l'un des

termes employés dans la loi. S'il y a des vieillards non aliénés

dans nos asiles, c'est en violation de la loi. Or,. cette hypothèse

n'est pas acceptable. Cette idée, qu'on exprime de temps en

temps, est-elle exacte ? Nous en doutons. A Bicêtre, le nombre

des vieillards passant de 13 icëtl'e-ho.spice à 13 icêtre-asile n'est

que de quatre ou cinq par an ; celui des vieillards passant de

Bicêtre-asile à Bicêtre-liospice est, au contraire, de vingt à

vingt-cinq. Il doit en être à peu près de même à la Salpêtrière.

Mais l'encombrement ne provient pas seulement de la présence,

dans nos asiles, d'un certain nombre de déments; il est également

causé par l'impossibilité dans laquelle se trouve souvent

le médecin de mettre en liberté des épileptiques bien que

n'ayant pas eu d'accès depuis un certain temps, ou des imbéciles,

parce qu'il sait que ces malades n'ont pas de familles, ou ont

des familles trop pauvres pour leur venir en aide, et que, s'il

les mettait en liberté, ils se feraient bientôt arrêter pour cause

de vagabondage et de mendicité. Ajoutons encore que si, comme

autrefois, les médecins des hôpitaux pouvaient envoyer les

malades aliénés Bicètre et il. la Salpêtrière, les autres asiles

n'auraient pas à se plaindre de l'encombrementparles déments

des hôpitaux. Disons, enfin, que le service des épileptiques, dits

non aliénés, renferme des épileptiques vraiment aliénés, qui,

légitimement, devraient-être à la charge du Département.

A propos des renseignements donnés par M. Le Roux

sur l'encombrement de nos asiles, je désire renouveler

aujourd'hui deux observations que j'ai déjà faites plusieurs

fois.

Il s'agit, en premier lieu, de la répartition des malades

dans les asiles de la Seine. En attendant la création de nou-

veaux asiles à l'ouest et au nord de Paris, qui permettraient

LXSI' Assistance des aliénés.

d'établir des circonscriptions hospitalières, je pense qu'il -

conviendrait d'envoyer de préférence les malades du XIIIe

arrondissement, des cantons do Villejuif et de Sceaux, soit à

Bicêtre, soit à Villejuif, par exemple, et d'agir de môme dans

la mesure du possible pour le communes suburbaines, voi-

sines de l'asile de Vaucluse et de Il Il aurait à

l'application de cette mesure, un sérieux avantage pour les

familles dont les déplacements seraient moins coûteux et pour

les malades auxquels on faciliterait la visite de leurs parents.

La seconde observation concerne les transferts. Dans le

choix des malades qui doivent être, transférés, on s'appuie

toujours, je pense, suivant l'invitation du Conseil général, sur

le nombre des visites. A cet égard, il conviendrait que les

visites fussent régulièrement enregistrées. Le père d'une

malade d'un de nos asiles, nommée Mar..., m'a écrit : « On

m'accuse de n'avoir fait aucune visite à notre malade ;je puis

affirmer que nous l'avons visitée au moins une vingtaine de

fois. » Nous l'avons engagé à faire vérifier l'exactitude de ses

dires par le Directeur. Sa réclamation était fondée. Sa fille a

été maintenue. J'appelle l'attention de la Commission et de

l'Administration sur la nécessité d'un enregistrement exact

des visites.

M. LE Roux. L'Administration connaît les faits signalés

par M. le D1' Bourneville. Elle a même déjà pris des mesures

en vue de les atténuer. Des instructions ont été données pour

que les aliénés nouvellement séquestrés soient, autant quepos-.

sible, envoyés dans des asiles à proximité du domicile de leurs

familles (1). Une autre circulaire, invitant les Directeurs à con-

signer exactement, sur un registre, les visites reçues par nos

malades et à faire apposer sur la permission du visiteur un

timbre enregistreur mentionnant la date de chaque visite,

est en préparation au service des aliénés. Cependant, et malgré

toutes les précautions prises, l'Administration préfectorale se

trouve dans la nécessité, vu le nombre de plus en plus grand

des malades visités, d'en transférer quelques-uns ayant reçu

jusqu'à douze visites dans une année. Cela est profondément

regrettable. Quant au maintien des déments séniles dans nos

asiles, signalé par M. Bailly, l'Administration a tout récem-

ment appelé l'attention des directeurs et des médecins sur

. (1) 11 aurait mieux valu répondre avec le texte même de ces instruction».

LES transferts. LXXV

cette situation. J'ajouterai, en réponse à l'observation de M.

le D. Magnan, que les malades signalés dans les certificats

médicaux, comme devant être placés dans un hospice, sont

des internes par voie de placements d'office. C'est, par suite,

à la Préfecture de Police qu'il conviendrait de signaler le

caractère irrégulier de l'internement de ces malades dans les

asiles d'aliénés.

M. le Dr BOURNEVILLE. Je demanderai aussi à la

Commission et à l'Administration, puisque l'insuffisance de

nos asiles nous contraint de recourir toujours à la pratique

barbare des transferts, s'il ne serait pas possible de

transférer les malades dans les asiles de leur département

d'origine, là où ils ont ou peuvent encore avoir des membres

de leur famille en mesure de les venir visiter et leur apporter

secours et affection. Mon attention a été appelée de nouveau

sur ce point par une lettre de mon collègue des hôpitaux, M.

DU11lontpallie1') me demandant d'intervenir en faveur d'un

aliéné du nom de Cop... interné à Bicêtre. Il était désigné pour

être dirigé le 9 avril sur l'asile de Montauban. Or il est né à

Isigny (Calvados), où il a encore sa mère. Ne serait-il pas

plus humain de le transférer dans un des asiles de la Manche

ou du Calvados avec lesquels le département de la Seine a

des traités ? ' ?

M. LE Roux : . - Ainsi que j'ai eu l'honneur de le faire remar-

quer lorsque j'ai parlé de l'encombrement de nos asiles, les

places dont nous pouvons disposer dans des établissements

de province se font de plus en plus rares et, d'autre part, le

choix des malades à transférer est des plus limités. J'ai d'ail-

leurs recommandé que l'on tint compte, autant que possible,

du lieu d'origine des malades, et je puis assurer la Commis-

sion que l'Administration, justement préoccupée du côté dou-

loureux de ces transfèrements, s'efforce de prendre toutes les

mesures capables d'en adoucir les effets.

M.IeD''BRiAND.En présence des dispositions humanitaires

de M. le Directeur des affaires départementales, je le prierai

d'autoriser les médecins à rayer, même au dernier moment,

des listes de transferts, ceux d'entre les malades désignés pour

partir, dont le chagrin de quitter les asiles de la Seine serait

trop grand et pourrait définitivement compromettre leur

guérison. - -

1-XXVI Assistance des aliénés.

M. LE Roux. Lorsque l'intérêt médical des malades est

en jeu, les médecins peuvent faire surseoir à leur départ.

Cependant il ne peut leur appartenir d'entraver des transfè-

rements déjà très difficiles à organiser, par des considérations

autres que des considérations purement médicales.

M. le PRÉSIDENT, - La Commission prend acte des dispo-

sitions bienveillantes de M. le Directeur des affaires départe-

mentales à l'égard des malades que les nécessités obligent à

transférer dans des asiles de province. Mais la qualification

de barbare, appliquée par M. le vI3otcrn.euillc il cette mesure,

me paraît excessive; j'avoue toutefois que je trouve regretta-

ble, déplorable même, la nécessité dans laquelle nous nous

trouvons dans la- Seine, de transférer nos aliénés loin de leurs

familles; mais en attendant que de nouveaux établissements

soient construits, il vaut encore mieux les envoyer dans des

asiles de province, où ils sont placés dans de bonnes condi- »

tions hygiéniques, que d'encombrer nos établissements, de

manière à y faire naître des épidémies.

M. le Dr Bourneville. -A l'appui de ce que j'ai dit au sujet

des transferts, je me contenterai d'une citation extraite de

l'ouvrage de M. le D1' Falret, père, médecin de la Salpêtrière,

intitulé : Des maladies mentales et des asiles d'aliénés. Regret-

tant que l'article le, de la loi du 30 juin 1838 ait permis aux

départements de traiter avec un asile d'un autre département

M. le Dr Falret fait les réflexions suivantes :

« Au lieu d'être traités comme les autres malades dans des

asiles élevés dans leurs départements respectifs, à portée des

influences locales, des relations, souvent utiles pour leur trai-

tement, toujours nécessaires pour l'activité de l'esprit de

famille, ces aliénés pauvres peuvent être et sont, en effet,

envoyés au loin et confiés aux soins intéressés d'une adminis-

tration étrangère, publique ou privée.

« Ainsi, ils sont hors du droit commun ; ils sont dans une

position exceptionnelle et cette exception, unique dans le code

de la charité publique, est un grand mal, source de beaucoup

d'autres maux. Loin de réagir favorablement sur les moeurs

publiques, cette disposition législative tend à perpétuer les

préjugés qui règnent sur les maladies mentales ; elle dispense

l'administration de l'accomplissement d'un devoir ; elle la force

à donner le funeste exemple d'abandonner à d'autres un soin

qui la regarde exclusivement; elle l'entraîne à un abus de

Des transferts. LXXVII

pouvoir, en lui faisant stipuler, pour des familles pauvres; la

nécessité d'une émigration lointaine de leurs membres aliénés,

alors que la science ne prescrit pour eux que le changement

des habitudes, des lieux et des personnes.

« La satisfaction d'un intérêt particulier est substitué à l'éco-

nomie de la bienfaisance publique, les sacrifices pécuniaires

que l'administration impose à un département pour faire soi-

gner ses aliénés, profitent à un autre département et ont ainsi

détournés en partie de leur destination spéciale. Cette ano-

maile est encore plus grande lorsqu'un département traite.

avec les chefs d'établissments privés, car il est de toute évi-

dence et de toute justice qu'ils doivent lever un tribut sur des

aliénés indigents.

« Par suite de la même disposition législative, l'esprit de

famille perd tous ses droits; les sentiments les plus naturels

et les plus précieux pour l'homme et pour la société sont

abdiqués devant les difficultés d'un long voyage. D'un côté,

on aggrave la peine déjà si grande des bons parents, et de

l'autre, on offre une prime aux mauvais parents, qui, selon

une expérience malheureusement trop générale, ne deman-

dent pas mieux que de trouver une excuse pour laisser leurs

malades loin d'eux, oubliés dans la foule des aliénés d'un

hospice. Ainsi, un pareil état de chose est une atteinte grave

portée à la morale publique et au sentiment de famille. »

Cette citation me paraît justifier la qualification que j'ai

appliquée aux transferts.

III.

Placements volontaires d'enfants à l'Asile clinique

(Sainte-Anne). Ajournement de l'avis de la Com-

mission.

La discussion de nos propositions a été reprise dans

la séance du 30 avril 1891 de la Commission de sur-

veillance.

L'ordre du jour appelle la suite de la iliscussionsur les

observations présentées par J11, le Dr Bourneville relative-

ment aux placements volontaires d'enfants à l'Asile clinique

(Sainte-Anne).

M. BOURNEVILLE Dans la discussion qui a suivi ma propo-

sition, à la séance du 12 mars dernier, M. le Directeur de l'asile

clinique et notre collègue M. Bailly ont présenté des observa-

tions qui visaient, non pas ma proposition, mais l'encombrement

du bureau d'admission. Or, comme ils auraient dû s'en souvenir,

bien avant eux, j'ai insisté sur les mesures à prendre pour

éviter cet encombrement. Le placement des enfants, ainsi que

je l'ai dit dans une interruption, peut être i'trt sans déterminer

le moindre encombrement au bureau d'admission. Quant à

présent, cet encombrement n'est pas à craindre, puisqu'il y a

environ 2U lits vacants à Bicêtre et IS à la fondation Vallée,

sans compter ceux qui peuvent exister à la Salpêtrière, à

la colonie de Vaucluse et à Villejuif. Lorsque les quartiers

d'enfants seront au complet, s'il se présente des enfants au

bureau d'admission, à titre de placement volontaire, M. le

Directeur de l'Asile clinique inscrirait les demandes et

aviserait à tour de rôle les familles, au sur et à mesure des

vacances qui se produiraient. Avec ce procédé très simple, je

Placements volontaires. LXXIX

le répète, on donnerait satisfaction aux familles sans encom-

brer le bureau d'admission. ,

M. Bailly, se plaçant au point de vue légal, a dit que la

question du placement des enfanls n'avait pas été prévue par

la loi du 30 juin 1S3S. « J'ignore, a-t-il ajouté, si elle a été re-

prise et élucidée dans le projet de la loi voté, il y a quelque

temps par le Sénat, actuellement en élaboration à la chambre

des Députés. » Sa conclusion aboutissait au rejet de mes deux

propositions. " ,

La praticlue a, en partie, comblé cette lacune relevée par

M. Bailly : d'abord, les enfants dont il s'agit sont atteints de

désordres intellectuels qui lus ont toujours fait ranger, et les

font ranger encore, parmi les aliénés.

« Les asiles d'aliénés, a écrit Parchappc, doivent être fondés

pour recevoir tous les aliénés, c'est-à-dire les idiots, les fous

et les imbéciles... L'utilité d'isoler les épileptiques dans leur

propre intérêt et dans l'intérêt de la société; ne saurait être e

contestée (1).» -

Fcrrus et Félix Voisin avaient déjà depuis longtemps

exprimé la même opinion. « Fcrrus, lorsqu'il était à la tète du

service des aliénés on Franco, écrit M. Jules Falret, a prouvé é

que . beaucoup d'idiots pouvaient devenir aussi dangereux

pour eux-mêmes et pour les autres, que les aliénés, et

les a fait ainsi participer, dans une assez forte proportion,

aux bienfaits de la loi de. 1838 et de la charité publique, alors

qu'on voulait systématiquement les en exclure (5). ? » ,

Rien ne serait plus facile que de multiplier ces citations.

4'opinion de Ferrus, l'un des promoteurs de la loi du 30

juin 18338, a été surtout bien accueillie dans le département de

la Seine. C'est grâce à sun intervention auprès du Conseil

général des hospices civils de Paris qu'est due la première

tentative en faveur de l'hospitalisation des enfants idiots à

Bicêtre et à la (3) ,

C'est parce qu'ils étaient animés des sentiments qui avaient

guidé Fcrrus, F. Voisin, Falret, père, Parcliappe, Dclasiauve,

etc., que le Conseil municipal et le Conseil général, au moins

jusque dans ces derniers temps, ont voulu organiser d'une

manière complète, l'assistance des enfants idiots, aliénés et

(1) Purehppe.Fondation et construction des asiles d'aliénés, p. G, 1 ? , 31.

(2) Falret (J.). - -

(3) Voir Bourneville. Recueil de mémoires, notes d'observations sur

l'idiotie, t. I, 1891.

LXXX : Placements volontaires.

épileptiques. Ils savaient que cette réforme serait onéreuse

pour le département. Plaçant les intérêts de l'humanité

au-dessus de l'intérêt des finances, ils n'ont pas hésité, et

aujourd'hui, un certain nombre de départements se disposent

à suivre le généreux exemple donné par le département de la

Seine ; il paraît que quelques-uns regrettent ce qui a été fait et

ont une tendance à revenir en arrière.

C'est précisément en nous appuyant sur l'oeuvre du Conseil

général de la Seine que nous avons été assez heureux pour

faire inscrire dans le nouveau projet de loi sur les aliénés,

l'obligation de l'assistance pour les enfants idiots aliénés et

épileptiques. Cette obligation a été aussi acceptée par la4e sec-

tion du Conseil superieur de l'Assistance publique, par M. J.

Reinach, dans le projet de loi qu'il a déposé à la Chambre

des députés, et enfin, par le Congrès de médecine mentale qui

s'est tenu à Rouen au mois d'août dernier. .

M. Bailly prétend qu' « on a vu séquestrer des enfants de

deux ans et même de trois mois ». Avec Séguin, nous pen-

sons que l'admission de cette catégorie d'enfants est d'autant

plus avantageuse qu'elle a lieu plus tôt. Dans ces conditions, on

peut obtenir des améliorations surprenantes, C'est pourquoi

nous avons réclamé leur admission dès l'âge de deux ans.

Nous avons demandé une seule fois, sur les instances d'un

conseiller général, M. Lévèque, l'admission d'un enfant hydro-

céphale, âgé de moins de deux ans. Mais nous n'avons pas pro-

fité de cette faveur, la mère de l'enfant ayant préféré tempo-

riser^). Quantàdes admissions de trois mois, nous attendons

que M. Bailly veuille bien nous en fournir des exemples. Nous

rappellerons que la Commission de surveillance, à propos de

la colonie de Vaucluse, avait pensé qu'il fallait admettre les

enfants à partir de trois ans.

Nous croyons inutile de répondre à quelques autres obser-

vations de détails, ayant des arguments plus sérieux à faire

valoir auprès de la Commission,

Des faits regrettables se sont produits peu après la séance

du 16 mars, dans laquelle nous n'avons pas cherché à surpren-

dre un vote de la Commission, comme on l'a prétendu, mais

simplement demandé qu'on en revienne aux mesures votées

(1) Nous avons soigné cette enfant, nommée Escof.... à notre consultation

externe de Bicêtre ; elle est àgée de

IPIDL\III : Dli DÎi'FITI-1LRIC. LXXXI-

par le. Conseil général, acceptées par la Commission de sur-'

veillance et appliquées durant des années par l'Administration.

Voici l'exposé de ces faits : ..

La fondation Vallée a reçu le 18 mars une enfant de six

ans. Lztll..... liée à Paris, dont les parents

habitent rue Chéroy, 11° G.

En vertu de la mesure contre laquelle j'ai protesté, et qui

fait l'objet clc cette discussion, elle a dû être conduite à la

Préfecture du Police d'où elle a été dirigée le même jour sur

l'Asile clinique où elle n'n séjourné que vingt-quatre heures.

Le 21 mars, on constate des fausses membranes dans la gorge-

de cette .enfant. Le lendemain, les accidents s'aggravent et

nécessitent le 23 la trachéotomie. ])tilt. succombe dans la

journée.

Le 22 mars, l'enfant L.... [Marie), six ans, présente des

fausses membranes de la gorge. Opérée le 23, elle meurt le 25.

Le "3, deux autres fillettes, 5.... {Marguerite), cinq ans,

et fut... ; (,7e : wnc), sont atteintes ; elles ont guéri l'une sans "

complications, l'autre après avoir offert un adéno-phlegmon

suppuré du cou.

Le 2o, surviennent deux nouveaux cas, concernant Court..

(8u ? amw) et 1-eis.... (Jeanne), toutes deux âgées de treize-

ans. La dernière est tout à fait remise; l'autre est atteinte

d'albuminurie et de paralysie diphtéritique, aujourd'hui en

voie d'amélioration.

En résumé, G cas, dont 5 graves, 2 décès.

. Nul doute que cette petite épidémie n'ait eu pour point de

départ l'enfant Bult Où avait-elle contracté la diphtérie ? z

En premier lieu, nous avons cherché à nous renseigner sur.

l'état sanitaire de la maison qu'elle habitait rue Chéroy, n...

et du voisinage. Les parents, interrogés, ont affirmé qu'ils ne,

connaissaient aucun cas de diphtérie, tant dans leur maison

que dans leurs relations, ce qu'ils ont confirmé après nou-

velles recherches, deux jours plus tard. Nous ne nous som-

mes pas contenté de ces renseignements, bien que donnés

par des personnes intelligentes. Nous avons prié notre ami,

M. le D1' Bertillon de faire des recherches sur ce point parti-

culier. De sa lettre en date du 25 avril, il résulte qu'il n'y a

pas eu, en mars et avril, de décès par diphtérie dans la rue

Chéro3-, qu'il n'y eu, rucBeudant. n05 5 (à côté de larue Chéroy),

un décès par diphtérie, le 13 avril, celui d'un garçon de onze

ans et demi, fréquentant une école libre; qu'un autre était

survenu la veille, rue de la Condamine, sur un petit garçon de

Bourneville, 'HiC'Jli'C, 1801, . - ? H'*

LXIXIt Assistance DES ALIÉNÉS.

six ans et demi, fréquentant l'école de la rue de la Bienfai-

sance. M. Bertillon n'a pu nous renseigner que sur les décès,

mais ses renseignements, joints à ceux de la famille Bult ?

constituent une forte présomption en faveur de l'absence de

la diphtérie dans la rue Chéroy ; les décès qui sont survenus

dans le voisinage sont postérieurs au départ de notre malade.

N'ayant rien trouvé du côté de l'habitation de l'enfant, nous

avons prié M. le Directeur de Bicêtre de demander à M. le

Directeur de l'Asile clinique s'il y avait, des cas de diphtérie,

soit à l'asile môme, soit au bureau d'admission. Il a répondu

négativement. .

Depuis son ouverture, le 31 mars 1890, jusqu'à l'arrivée de

la jeune Bult..., nous n'avions observé aucun cas de diphtérie

à la fondation Vallée et il n'y en avait pas non plus ni dans

notre section, voisine de la fondation, ni dans l'hospice, admi-

nistrés, employés et familles. ,

Enfin l'état des décès de la commune de Gentilly, dont font

partie la fondation Vallée et l'hospice de Bicètre ne comprend,

pour le mois de mars, en ce qui concerne la diphtérie, que les

deux décès fournis par la fondation.

Ne trouvant l'origine de cette petite épidémie de diphtérie,

ni au domicile de l'enfant, ni à l'Agile clinique, ni dans la

commune de Gentilly, ni à la fondation elle-même, nous avons

pensé qu'elle pouvait-être due au passage de l'enfant au Dépôt'

de la Préfecture de police. .

Nous nous y sommes rendu et nous avons appris que la

voiture qui sert au transport des aliénés à l'Asile clinique était

désinfectée toutes les semaines en été, mais qu'elle n'avait pas

été désinfectée depuis le mois de novembre. Or, cette voiture

fait non seulement le service de l'agile clinique, mais sert encore

aux enfants que l'on conduit à l'hospice des Enfants assistés.

Il est donc probable quc c'est là que l'enfant Bult..., a contracté'

la diphtérie. ,

Le temps qui s'est écoulé depuis le passage de cette enfant

au Dépôt (17 mars) jusqu'à l'apparition des fausses membranes

(21 mars) est exactement le même, c'est-à-dire cinq jours, que

celui qui s'est écoulé pour la seconde enfant, L... (JIa1'ie),'

prise le 22 mars, soit cinq jours après l'entrée de l'enfantl3ctlt. .-

Ce n'est pas seulement pour la diphtérie que le Dépôt et le

mode de transport usité offrent des inconvénients. Le danger

est le même pour toutes les autres maladies contagieuses.

Quelques jours plus tard, le 23 mars, un petit garçon, Pruu,

nous est arrivé, atteint de coqueluche après avoir passé par-

la Préfecture de police et avoir été transporté par la même

'l'lÙ.è'o1'SPOlll' DES ALIENES. LXX'XÏtf-

voiture non désinfectée. Le 15 mars, est entré un-petit garçon'

nommé Dav..., atteint de la teigne. Lui aussi avait passé par'

le Dépôt.

La propagation des maladies contagieuses n'est pas Punique'

inconvénient du retour aux anciennes et détestables pratiques'

auxquelles le Conseil général a voulu mettre un -terme ? il en'

est d'autres qu'il convient de vous signaler. Les enfants "sont :

transportés dans la même voiture que les adultes, assis au fond'

sur une banquette, tandis que les adultes'sont enfermés de*

ohaqlle côté dans des espèces de cellules, ou mieux, de boîtes,'

les enfants sont témoins de scènes déplorables,' w01éirt- lés=

luttes parfois nécessaires pour la mise en voiture' des adultes,'

sont effrayés par ces luttes,' par les gestes, les menaces, les-

cris de fureur des aliénés, entendent les propos les plus'

extravagants et les plus obscènes. - : - ' *''

Enfin, il est un autre inconvénient que nous ne pouvons pas=

ser sous silence. Lorsque les enfants arrivent au Dépôt après*

le départ de la voiture pour l'Asile cliniqne, ils couchent au

Dépôt. Au lieu de les faire coucher clans des cellules séparées,'

il arrive qu'on les fait coucher dans le même local, sans, gar-

dien. . - ... - .... ..

C'est ainsi que l'enfant Met âgé de dix-sept ans, et

l'enfant P... ? àgé de treize ans, admis le 21 mars, ont passé;

la nuit dans la même cellule au Dépôt de la Préfecture. Ces'

raisons, jointes à celles que nous avons données dans la séance*

du 12 mars, nous paraissent plaider fortement en faveur du

voeu que nous vous prions d'émettre, à savoir : ' : : Que toutes lesfacilités possibles soient données de nouveau

aux familles pour les placements volontaires d'enfants.' ;

' M. B : 11LLY. - Il semble résulter de coque vient de dire M.'

le Dr Bourneville qu'en combattant sa proposition, dans là'

séance du 12 mars dernier, j'étais d'accord avec M. le Dr Taule.

Je n'ai connu cette proposition qui ne figurait pas à l'ordre du

jour que lorsqu'elle nous a été faite par son auteur. Si j'ai

demandé qu'elle fut repoussée ou tout au moins ajournée, c'és.t,

parce que je savais que le bureau d'admission de l'Asile clini-'

que n'est nullement organisé pour le traitement des enfants,,

et que lorsqu'ils y sont reçus ils s'y trouvent en promiscuité ! ,

avec les adultes, sans m'attacher à rechercher si des enfants'

au-dessous de deux ans sont peut-être placés dansnos asiles ou

quartiers d'hospices, je ne peux aujourd'hui traiter la question';

qu'au point de vue général. Avons-nous qualité, nous simple'

Commission de surveillance des asiles d'aliénés-; en l'absence'

UXXIY Assistance des aliénés.

de toutes dispositions législatives ou administratives, pour

demander, avec M. le Du' Bourneville, « que toutes facilités

possibles soient données de nouveau aux familles pour les pla-

cements volontaires d'enfants. » ? Je continue à penser que

non. Notre devoir est de veiller ce que les malades séques-

très dans nos asiles reçoivent tout le bien être possible, au

point de vue matériel normal, mais non de prendre la place de

législateur et d'inviter l'administration à décider que les enfants

faibles d'esprit ou épileptiques soient considérés comme

des aliénés dangereux, séquestrés et cutretenus aux frais des

budgets départemantaux. Est-ce à dire que je veuille que ces

malheureux restent sans assistance ? Loin de moi cette pensée.

Je demande au contraire que nous émettions le voeu que des

dispositions législatives soient votées par les pouvoirs publics,

en vue de leur venir en aide; que les crédits soient votés par

les pouvoirs publics, en vue de leur assistance; mais jusqu'a

ce que ces dispositions législatives soient prises, j'estime que

la question dont il s'agit n'est pas de la compétence de la

Commission.

M. le Dr DÚ¡;n ? E\rLLE, Je n'ai rien à ajouter à ce que

j.'ai dit sur l'état de la question de l'assistance des enfants

idiots et épileptiques. Contrairement à la conclusion de M.

Bailly, j'estime qu'il appartient il la Commission de se préoc-

cuper du mode de placement. J'ai signalé quels sont les incon-

vénients que présente le placement d'ollice des enfants, leur

passage et leur séjour à l'infirmerie du Dépôt près la Préfec-

ture de police. Ces inconvénients seraient évités si les enfants

pouvaient être admis directement au bureau d'admission de

l'Asile clinique et envoyés, dans les vingt-quatre heures, dans

un de leurs quartiers spéciaux. De la sorte, on éviterait l'en-

combrement et il n'y aurait pas de promiscuité entre les enfants

et les adultes.

M. LE Roux. J'ai écouté avec la plus vive attention les

nouvelles observations présentées par M. le Dr Bourneville à

l'appui de sa proposition, mais je ne vois pas à quelle solution

pratique il veut aboutir. L'Administration préfectorale n'a rien

changé au mode de placement des enfants. Les diverses déli-

bérations prises il ce sujet par le Conseil général de la Seine

ont été et continueront à être exécutées. Les placements

seront reçus comme par le passé au bureau d'admission de

l'Asile clinique. Un prospectus mentionnant les pièces à pro-

duire par les familles à l'appui de chaque demande de place-

Placement DES enfants. L3lv

ment leur sera même remis. Nous n'avons donc, je le répète

rien changé à l'ancien état de choses, si ce n'est de mettre fin

à l'encombrement du bureau d'admission, mesure que M. le

De Bourneville, a si souvent réclamée lui-même. Mais M. le

D' Bourneville vous a, en outre, parlé des inconvénients résul-

tant de la translation de ces enfants dans des voitures cellu-

laires non désinfectées et des germes d'épidémie qu'ils peuvent

ainsi introduire dans nos asiles. Je suis persuadé que si cet

état de choses avait été signalé parlui à M. le Préfet de police,

il va longtemps que satisfaction lui aurait été donnée. J'ajoute,

messieurs, que je vais m'occuper immédiatement de cette

question, et j'ai la ferme certitude que les voitures servant

au transport de nos aliénés seront à l'avenir plus souvent

désinfectées et que de semblables négligences ne se renou-

velleront plus.

M. le D1' Bourneville. M. Le Roux vient de nous dire

que les placements volontaires d'enfants se font comme par

le passé à l'Asile clinique. Le relevé des placements d'enfants

que je me suis procuré, prouve le contraire. "

Pendant le mois de mars 1891, il y a eu :

Placements (I'olli(-e, 1(i placement volontaire, 0.

Pendant le mois d'avril :

Placements d'oilice, 15 placement volontaire, 1.

Ce ne sont cependant pas les demandes de placements qui

ont manqué, puisque j'en ai recommandé moi-même quelques»

unes, auxquelles d'ailleurs il n'a pas été fait droit.

M. Le Houx, - Ce sont les places qui nous ont manqué.

M. le D1' Bourneville. On trouve bien des places lors-,

qu'il. s'agit de placements volontaires payants, ou de placer

ments fortement recommandés. Ce que je désire obtenir,

c'est que les enfants appartenant à des familles pauvres puis-

sent, comme ceux appartenant à des familles riches, éviter le

passage par l'infirmerie du Dépôt de la Préfecture de police,,

où ils sont exposés durant leur séjour et leur translation à

une infection matérielle et morale ; c'est qu'on évite ira ces-

familles pauvres des démarches aussi nombreuses qu'inutiles, -

et qu'on admette directement, à titre de placements volon-

taires, des enfants qu'on envoie aujourd'hui à la Préfecture,

de police en vue de leur séquestration d'office. Je ne suis pas

seul à réclamer la réapplication de cette mesure. Beaucoup de

conseillers généraux, de conseillers municipaux, de médecin»,

i.·v1'I i Assistance des aliénés.'

. '

etc, la réclament avec moi... ? Nous n'avons pas de places,

dites-vous ; mais il y en a une vingtaine à Bicétre et autant à la

Fondation Vallée. Supposons que, un jour, il n'y ait plus de

lits vacants. Ce jour-là, faites établir un registre à l'Asile clinique

où l'on inscrira les demandes de placement d'enfants. Lorsque

des vacances se produiront dans un service quelconque d'en-

fants, le Directeur en réviendra les postulants, e n suivant l'or-

dre d'inscription. Vous donnerez ainsi satisfaction aux familles,

et vous éviterez l'encombrement. .

M. le Da TAULE. - Je crois avoir suffisamment démontré

par la citation textuelle de plusieurs délibérations du Conseil

général, parmi lesquelles il en est une et non la moins radi-

cale qui a été prise sur le rapport de M. le De Bourneville

lui-même, que le Conseil a toujours protesté non seulement

contre le séjour, mais môme contre l'admission des enfants

idiots et arriérés et des épileptiques simples au bureau d'ad-

mission de Sainte-Anne, demandant avec moi qu'ils soient

admis directement dans les services spéciaux, afin d'éviter la

promiscuité et l'encombrement. Je ne reviendrai pas sur ce

point de la question, chacun de vous ayant pu en prendre

connaissance dans le procès-verbal de la séance du 1 cr mars

qui vient d'être distribué.

Mais M. Bourneville insistant de nouveau pour que toutes

facilités soient accordées aux familles pour le placement à

titre volontaire des enfants à Sainte-Anne, je me vois encore,

à mon grand regret, obligé de combattre ses conclusions.

Ainsi que je vous le disais dans la dernière séance, j'ai pris

sur moi de refuser ces placements, persuadé que si je leur

rouvrais la porte nous serions de nouveau et très rapidement

encombrés, les familles s'empressant toujours de répondre à

l'appel qu'on leur fait. Or, messieurs, pour édifier la Com-

mission sur la situation du bureau d'admission sous le régime

des placements volontaires, je vous demande la permission de

reproduire ici un passage de la lettre que j'écrivais à ce sujet

à l'Administration, le 31 août dernier :

« Dans le service des hommes, contenant seulement 56 lits

montés, il y a actuellement 96 malades, dont 39 garçons de

trois à seize ans. M, le D1' Bourneville répondant tout à

l'heure à-M. Bailly, qui mettait en doute, non sans raison,

l'état d'aliénation des enfants de deux ans placés volontaire-

ment à Sainte-Anne, vous disait qu'il n'en entrait pas d'aussi

jeunes. Mais, messieurs, c'est là une erreur, Il en entrait

beaucoup au contraire, et je pourrai le prouver quand on vou-

LXXXVII Placement des enfants.

dra par le relevé de nos registres d'entrées. Je reprends

ma citation : Il est impossible de s'imaginer, disais-je, la

déplorable situation physique et morale de ces enfants, par

suite de leur promiscuité avec les adultes et de l'encombre-

ment à peu près permanent du service. La place faisant abso-

lumen défaut pour les isoler tous', les plus âgés séjournent

jour et nuit avec les aliénés adultes. Les autres, au nombre

'de 10 environ, dont l'isolement n'est d'ailleurs que relatif de

même corridor desservant tout le service), sont confinés jour

et nuit dans trois petites pièces du rez-de-chaussée servant

normalement de salles de réunion aux aliénés adultes. Ces

trois pièces, d'égale dimmension, ont ensemble une capacité

totale de 282 mètres cubes, soit 9 mètres cubes d'air environ

pour chaque enfant; air confiné et constamment vicié par la

bave des idiots et les déjections des gâteux. '

« Deux cours, de dimensions également très restreintes,

l'une de 16 mètres sur G, l'autre de 18 mètres sur 12, servent aux

jeux des eufants quand le temps est favorable. S'il pleut ou

s'il fait froid, ils restent forcément enfermés dans leurs salles,

qui chaque soir sont transformées en dortoirs. Aussitôt après

le diner, en étale des matelas sur le plancher, en les rappro-

chant plus ou moins, selon le degré d'encombrement, et on les

garnit pour le coucher. A côté de chaque lit de camp est placé

le vase indispensable. Le matin venu, les plus âgés et les plus

valides se lèvent tant bien que mal, faute de lavabos, et achè-

vent de s'habiller dans les corridors ou dans la cour, selon le

temps qu'il fait. Les infirmiers profitent de ce moment pour

remporter la literie dans les combles, puis ils procèdent som-

mairement à la toilette des idiots et des gâteux. Les salles sont

nettoyées à la hâte, et l'on sertie déjeuner. Puis on nettoie les

cours, pour que tout soit à peu près propre au moment de la

visite du médecin. Mais les mauvaises odeurs (vous avez pu

vous en rendre compte vous-même) persistent inévitablement

dans ces logis imprégnés de miasmes délétères. Pas n'est be-

soin d'ajouter qu'au bureau, d'admission les enfants sont pri-

vés de culture intellectuelle et professionelle, le service en

question ne comportant, par son objet même, aucune organi-

sation de ce genre. » .

Cette situation a disparu depuis plusieurs mois je m'empresse

de le reconnaître, grâce à l'énergique intervention de M. le

Directeur des affaires départementales, qui a bien voulu faire

cesser l'encombrement du bureau d'admission en exigeant

que le nombre des malades n'y dépassât plus désormais le

contingent normal ; et les conséquences de la promiscuité ont

}, : nX\,IfI Assistance DES aliènes.

été atténuées par l'évacuation presque immédiate des enfants

dans les services spéciaux de Bicêtre et de la fondation Vallée.

Mais vous savez, messieurs, à quel prix ces résultats ont été

obtenus. On n'a pu désencombrer le bureau d'admission qu'en

encombrant les autres services, et diminuer le séjour des

enfants, que grâce à l'ouverture récente de la Fondation

Vallée et de nouveaux pavillons à Bicêtre. Mais ces ressour-

ces, au moins en ce qui concerne les enfants, ne tarder

ront pas à faire défaut, puisque la colonie de Vaucluse

est- encombrée, la Salpêtrière au complet, et qu'il ne reste

.plus actuellement que 15 places de garçons à Bicêtre et

27 places de petites filles à la Fondation Vallée. De sorte, ',

que sous peu de jours, il n'y aura même plus de place pour

les enfants placés d'office, qui encombreront de nouveau forcé-

ment le bureau d'admission. Et l'on veut que j'ajoute à cette

cause d'encombrement et de promiscuité déjà plus que suffi-

sante, les placements volontaires ! Je n'ai qu'à me soumettre

à vos décisions et aux ordres de l'Administration. Mais je n'ai

pas cru pouvoir m'empêcher de vous rappeler le danger de la

présence des enfants au bureau d'admission, la prolongation

de leur séjour devant, selon moi, se reproduire inévitablement

dans' un délai très rapproché, et cela malgré le correctif pro-

posé par M. le Du, Bourneville, parce que nous serons envahis

par les placements d'office, qu'il ne nous est pas permis de

refuser.

C'est pourquoi, je le répète, malgré mon vif regret de me

trouver sur ce point en désaccord avec M. le D1' Bourneville, ',

je crois devoir persister dans mes conclusions et supplier la

Commission de me laisser bénéficier des décisions réitérées

du Conseil général et du silence de la loi de 1S3S relativement

aux enfants, en ne m'obligeant pas à les recevoir a titre de

placements volontaires. Ce silence doit évidemment être inter-

prété en ma faveur. Car il est bien certain que le législateur

de 1838, s'il n'a point parlé de la promiscuité, l'a au moins

interdite par prétention, ne soupçonnant pas qu'elle pourrait

jamais être mise en pratique. Du reste, messieurs, M. Bailly

a placé la question sur son véritable terrain en vous proposant

de me laisser la liberté, dont j'ai usé jusqu'à présent sous ma

responsabilité, et d'ajourner votre décision après le vote delà

nouvelle loi sur les aliénés actuellement en préparation. Je

n'en demande pas davantage.

Si vous le permettez, messieurs, j'ajouterai encore un mot.

On m'a fait dire à tort qu'il n'y avait pas d'cnfanLs aliénés. Je

n'ai jamais dit cela. J'ai seulement aliirmé et je crois pouvoir.

Placement- des enfants, LXXXIX

-le maintenir que les enfants idiots et arriérés ne sont pas allié-

nés. Car, comme l'a dit spirituellement un aliéniste distingué,

on ne peut aliéner ce qu'on n'a pas. Les idiots et les imbéciles,

d'après Esquirol lui-même, ne sont pas devrais aliénés, maisdes

infirmes de l'intelligence, congénitalcment frappés de cécité

ou de débilité mentale; tandis que l'intelligence des aliénés,

autrefois plus ou moins vive et ouverte, s'est altérée ou perdue

progressivement et parfois même subitement par suite de

circonstances exceptionnelles. De môme que quelques autres

dégénérés, que l'on clause aujourd'hui à tort parmi les aliénés,

les enfants idiots et arriérés et les épileptiques simples, doivent

être traités dans les hospices ou dans les maisons de réforme,

comme Bicêtre et la Salpêtrière, mais non dans nos asiles.

Sur ce point comme sur beaucoup d'autres, je m'incline devant

la haute compétence de M. le D1' Bourneville et je suis loin

de contester l'exactitude de ses citations. Mais les citations

se contredisent parfois, comme vous allez le voir. Voici préci-

sément à propos de l'opinion de Ferrus et de Parchappe, que

citait tout à l'heure M. Bourneville, un passage du rapport de

M. le sénateur Théophile Roussel sur la révision de la loi de

1838, que je cite à mon tour textuellement : « Parchappe et

Ferrus dit M. le Dr Roussel, s'élèvent constamment dans

leurs rapports d'inspection sur l'internement, dans les asiles,

d'idiots et d'imbéciles qui y tiennent la place des véritables

aliénés. » .

'Les imbéciles, les idiots et les épileptiques étaient, d'ailleurs,

autrefois traités dans les hospices. Mais, grâce à la confusion

établie par les médecins, l'Administration de l'Assistance

publique s'en est à peu près débarrassée, à Paris, pour les

imposer au budget départemental. Il est temps de réagir

contre cette pratique dans l'intérêt de l'Administration, dans

l'intérêt des familles et des enfants eux-mêmes, qui ont tout

à gagner à être placés directement dans les services spéciaux.

Car, indépendamment du bien-être dont ils sont privés et des

dangers qu'ils peuvent courir en passant par le bureau d'ad-

mission, ils sont par cela seuls estampillés comme aliénés,

tare indélébile aux yeux du monde, qui peut plus tard leur

porter le plus grave préjudice et qu'ils eussent évitée par

l'hospitalisation directe à Bicêtre ou a la Salpêtrière.

M. le D1- BounxEVtLLE. De ce que vient de nous dire M.

le Dl' Taule, il résulte que depuis doux mois, il refuse tout

placement volontaire ; je prie en conséquence la Commission

de vouloir bien adopter ma proposition tendant à ce que tou-

le Assistance DES aliénés.

tes les facilités soient de nouveau données aux familles pour

les placements volontaires d'enfants.

M. le Roux. Permettez-moi, messieurs, de vous faire de

nouveau observer que rien n'a été changé, en ce qui concerne

les placements volontaires d'enfants. Ces placements se sont

faits et se feront chaque fois que nous aurons de la place.

L'Administration fera même installer à l'Asile clinique un

registre d'inscription des demandes qui lui seront adressées

dans ce but. Toute satisfaction sera donc donnée aux familles

dans la mesure du possible ; mais ce que nous voulons éviter

à tout prix, c'est que, faute de places clans les services spé-

ciaux, les enfants séjournent longtemps au bureau d'admis-

sion, en promiscuité avec des adultes. M. le D1- Bourneville a

insisté sur les inconvénients et les dangers du transport en

commun des enfants et des adultes de l'infirmerie du Dépôt

au bureau d'admission. Ces inconvénients et ces dangers exis-

tent à un bien plus haut degré quand les enfants séjournent

plusieurs jours et quelquefois plus d'un mois au bureau d'ad-

mission comme cola se passait autrefois. Dans ces conditions,

j'estime que le vote de la proposition de M. le D1' Bourneville

constituerait un blâme pour l'Administration.

M. le Dr Bourneville. M. le Directeur déclare que les

enfants continueront à être reçus à l'asile clinique, au sur et

à mesure des vacvnces dans les services spéciaux. Je ne

demande pas autre chose ; c'est parce que les placements

volontaires ont été refusés catégoriquement par M. le Direc-

teur de l'agile clinique, ainsi que le démontre absolument la

statistique des entrées en mars et avril, que j'ai donnée tout

à l'heure, que j'ai demandé que l'on en revienne à l'ancienne

pratique : l'admission des placements volontaires à l'Asile

clinique. Le vote de ma proposition ne saurait donc consti-

tuer un blâme à l'égard clc l'Administration départementale.

M. le Dr TAULE, - Seul j'ai pris sur moi de refuser le place-

ment des enfants à titre volontaire. L'Administration n'est pas

intervenue dans cette question. Je revendique donc la res-

ponsabilité de cette mesure que j'ai prise dans l'intérêt des

enfants et du service.

M. le Dr Du MEsxtL. Je demande que M. le Dr Taule soit

invité par l'Administration à respecter les règlements et à exé-

cuter les délibérations que la Commission croira devoir

prendre.

Placement des enfants. - XCI

' M. le PRS1DDTT. - Il me semble que nous sommes tous

d'accord pour que les placements volontaires d'enfants soient

reçus au sur et-à mesure des vacances. Ce sont donc les mots

'« de nouveau » qui constitueraient un blâme pour l'Adminis-

tration. '

M. le D1' BOURNEVILLE, - Les déclarations très nettes de

M. le Directeur des affaires départementales me donnent satis-

faction. Je consens à ce que les mots « de nouveau » soient

supprimés de ma proposition. Je propose en conséquence à la

Commission d'émettre le voeu que toutes les facilités possibles

soient données aux familles pour les placements volontaires

d'enfants. , '

, M. Bailly. Je demande que la Commission ajourne le voeu

qu'on lui propose d'émettre sur cette question, jusqu'à ce que

des dispositions législatives aient été prises relativement au

placement des enfants idiots et épileptiques.

M. Le Roux. Aucun règlement n'ayant été violé par l'Ad-

ministration, il me semble que la Commission peut passer à

l'ordre du jour en prenant acte de mes déclarations. .

M. ITUATID, - Tous, ici, nous sommes d'accord pour penser

que l'Administration doit faciliter, dans la mesure du possible,

les placements volontaires d'enfants; mais comme elle n'a

porté atteinte à aucun règlement administratif ni à aucune dis-

position législative, nous ne saurions émettre aucun vote

qu'elle considérerait comme un blâme.

M. le Président. En résumé, la commission se trouve en

présence de trois propositions;

L'ordre du jour : -

L'ajournement proposé par M. Bailly,;

Le vote de la proposition de M. le D1' Bourneville, moins

les mots « de nouveau ».

M. PLTT) ? 1LTY. - Je demande à expliquer mon vote. L'Admi-

nistration n'ayant violé aucun règlement et assurant dans la

mesure du possible les placements volontaires d'enfants, je ne

puis, à mon grand regret, voter la proposition de M. le Dr

Bourneville, mais comme rien n'est plus cruel et plus pénible

pour les familles que le passage de leurs malades par l'infirmerie

du Dépôt, je m'associerai à la demande d'ajournement de M.

Bailly, afin de laisser à l'Administration le temps d'étudier la

xcn Assistance des aliénés.

question et d'examiner comment elle pourrait faciliter dans

une plus large mesure les placements volontaires.

M. LE Roux. M. Pureaux demande l'étude de la question

par l'Administration, et je crois qu'en effet la question des

aliénés au Dépôt mérite une étude sérieuse. Dès lors il serait

plus simple de voter l'ajournement proposé par M. Bailly sur

la proposition de M. le D1' Bourneville, ajournement auquel

se rallie l'Administration.

M. le Dr BouRNEViLLE. J'insiste auprès de la Commission

pour qu'elle vote ma proposition, puisque au fond, nous som-

mes d'accord avec l'Administration et que mon intention n'a

jamais été de lui infliger un blâme. Ce que je demande, c'est

qu'au sur et à mesure des Vacances, les enfants soient reçus,

par placements volontaires, au bureau d'admission de l'Asile

Clinique, où ils ne feraient que passer, pour être envoyés dès

le lendemain dans des quartiers spéciaux.

M. le Président. - Je mets aux voix l'ajournement.

La Commission, consultée, vote par sept voix contre une

et une abstention, l'ajournement de son avis à émettre sur la

proposition de M. le DI' Bourneville.

IV.

Placements d'enfants.

A la séance du 28 mai, nous avons donné les rensei-

gnements complémentaires suivants qui répondent

catégoriquement, comme les précédents, aux dires

de l'Administration, (p. Lxxxiv, xc. etc.)

M. le Dr Bourneville. A l'occasion du procès-verbal et

comme suite aux renseignements que j'ai fournis à la séance

du 16 avril sur les placements volontaires d'enfants, je crois

devoir porter à la connaissance de la Commission que l'enfant

le plus jeune placé comme aliéné dans mon service à Bicêtre

venant de l'asile clinique avait deux ans et cinq jours (Lob.,

né à Pontoise) ; que, des sept enfants reçus à Bicêtre pendant

le mois de mai courant, six y ont été admis comme placement

d'office et un comme épileptique non aliéné placé par l'Assis-

tance publique ; enfin, que les petites filles admises à la Fonda-

tion Vallée l'ont été toutes d'office, sauf une dont le placement

payant est volontaire (1).

(i) Dans un toast que nous avons dû porter à la fin du déjeuner offert à la

Commission de surveillance, lors de la visite à. la, Salpêtrière le 14 mai t891,

après avoir rappelé que la Commission s'était enfin décidée à visiter le quar-

tier des aliénés de Bicètre et celni de la Salpêtrière; et indiqué futilité et

aussi les difficultés de visiter les asiles des départements qui reçoivent des-

aliénés delà Seine, nous ajoutions : « Mais il existe un autre service que

nous n'avons pas vu, qu'il serait important que nous visitions, et que nous

pouvons visiter aisément, sans aucune dépense ; je veux parler de l'Infirme-

rie des aliénés près le Dépôt de la Préfecture de police. J'ai déjà eu l'occasion

de signaler les inconvénients résultant du mode de transport des aliénés de

ce Dépôt dans nos asiles; mais il y a antre chose que leur transport il y a la

façon dont ils sont reçus et logés dans cette Infirmerie. Je demande donc à'

la Commission de consacrer une de ses séances à la visite de ce Dépôt...,»- z

(I'nocès-verb. de sa Com. de sw'vcil, 1891, p. 1 ! J,1),

V.

Infirmerie spéciale du Dépôt de la

Préfecture de police.

Mode de transport des aliénés.

Voici un extrait de la séance du 11 juin où les

bureaux de la Péfecture de police essaient d'atténuer

la triste situation que nous avons fait connaître. '

M. le Président. Dans sa séance du 30 avril dernier, la

Commission de surveillance a été saisie par M. le M1' Bourse-

ville de différents faits concernant le séjour des enfants à'

l'Infirmerie du dépôt près la Préfecture de Police, et leur

transfert de cette infirmerie à l'Asile clinique. ;

, Un extrait du procès-verbal concernant ces faits aété adressé

par M. le préfet de la Seine à son collègue M. le Préfet de

Police. M. Lozé, dans sa réponse, que j'ai reçue en commune

cation, après s'être fait représenter le dossier de la jeune B.,

(Marguerite), décédée à la fondation Vallée des suites-de dipli=

térie, déclare que rien n'y indique que cette cnfant fùt atteinte,

de cette affection lors de son entrée à l'Infirmerie spéciale,

ou qu'elle eut contracté les germes de cette maladie dans le'

dit établissement.

En ce qui concerne le séjour iL l'Infirmerie spéciale des

enfants présumés aliénés, M. le Préfet de Police expose que

la plupart des malades, adultes ou enfants, n'y restent que

quelques heures, grâce à la double visite médicale à laquelle,

il est procédé, quotidiennement, matin et soir. Généralement,-

tout malade arrivé avant six heures du soir, est examiné et

Assistance des aliénés. xcv

transféré le même jour à Sainte-Anne. Il peut toutefois se

faire que les médecins aliénistes hésitent à proposer immé-

diatement une mesure de séquestration d'office à l'égard de

quelques sujets qu'ils sont appelés à examiner, et ajournent,

par suite, les malades au lendemain, afin de pouvoir se pro-

noncer avec plus de certitude sur leur état mental.

Dans tous les cas, ajoute M. le Préfet de Police, les plus

jeunes enfants, qu'ils aient été envoyés directement à l'Infir-

merie spéciale par les commissaires de police ou qu'ils aient-

été mis à sa disposition par l'autorité judiciaire, comme pré-

sumés atteints d'une affection mentale, sont toujours, en atten-

dant leur transfert à Sainte-Anne, mis isolément dans les

cellules de l'Infirmerie spéciale. S'ils sont inoffensifs, ils jouis-

sent même dans la dite Infirmerie de la plus grande liberté

possible.

Les investigations minutieuses auxquelles il a été procédé'

relativement au séjour, pendant une nuit, dans la même cel-

lule, des enfants M..., âgé de dix-sept ans, et P ? âgé de

treize ans, sont restées infructueuses. Le personnel de l'Infir-.

merie spéciale n'a gardé le souvenir d'aucun fait de ce genre.

Quant aux inconvénients signalés au sujet du transfert des

enfants à l'asile clinique en même temps que les adultes, M.

le Préfet de Police fournit les explications suivantes :

Ce n'est, déclare-t-il, que lorsque les autres malades sont

déjà installés dans leurs compartimentes respectifs, que les

enfants sont admis dans la voiture et placés sur la banquette

qui leur est réservée, et qui est située de manière que le pré-

posé au transfert puisse exercer sur eux une surveillance

attentive. Lorsque les enfants présents à l'Infirmerie sont en

nombre suffisants, ils font l'objet d'un convoi spécial.

La voiture qui sert au transport, tant des aliénés que des

enfants assistés, est désinfectée chaque fois que les circons-

tances l'exigent. Comme depuis longtemps il n'a été transféré

aucn enfant paraissant atteint d'une affection contagieuse, il

n'y avait pas eu lieu de procéder exceptionnellement à la désin-

fection de la voiture. Quoi qu'il en soit, M. le Préfet de police

a donné des ordres formels pour que cette voiture soit à l'ave-

nir régulièrement désinfectée aussi bien pendant l'hiver que

pendant l'été (1).

(1) On peut se demander ce que M. le Préfet de police ou plutôt ses

bureaux entend par 1 ? f/lIlië¡'emclll. C'est, d'aptes nous, tous les jours que

la voiture devrait être désinfectée.

xcn Transport des aliénés..

M. LE Houx.- Depuis, une nouvelle communication a été'

faite à M. le Préfet de police pour appeler son attention sur

l'observation présentée par M. le D1' Falret sur le mode de

transport des aliénés, de l'Infirmerie spéciale du Dépôt à

l'Asile clinique, lors delà visite que la commission a faite au

quartier des de la Salpêtrière, le 1 mai 1891. Les ma- :

lades, dit-il, conservent de leur transport, qui se ferai tal'aide

de voitures cellulaires comme pour les condamnés, un sous.

venir des plus pénibles. M. le D1' Falret voudrait, et il m'a=

semble que son avis était partagé par la Commission, que la'

Préfecture de police employât, po.ur la translation des aliénés,,

des voitures semblables à celles en usage dans les asiles de*

la Seine. ';

M. le Président. La commission, on effet, s'associe à ce

voeu. Communication de tout ce qui précède sera portée, par

la voie du procès-verbal, à la connaissance de notre collègue,.

M. le D1' Bourneville, qui n'a pu assister à la séance de ce

jour, étant obligé de siéger à la même heure, au Conseil supé-

rieur de l'Assistance publique. '

VI.

Infirmerie spéciale du Dépôt de la Préfecture

de police; installation défectueuse. .

A l'occasion de la lecture du procès-verbal de la

séance précédente, nous avons répondu, dans la séance

du 25 juin, à la communication. des bureaux de la

Préfecture de police, dans les termes suivants : - -

M. le Dr Bourneville. A la dernière séance, M. le Prési-

dent vous a donné communication de la réponse de M. le Pré-

fet de Police à différents faits signalés par moi à notre réunion

du 30 avril 1891, concernant le séjour des aliénés,- et en parti : -

culier des enfants, à l'Infirmerie spéciale du Dépôt près, la

Préfecture de police etleur mode de transport de cette infirme-

rie à l'Asile clinique. En réponse à cette communication, j-e me

bornerai à quelques remarques et je les ferai aussi sommaires

que possible. " :

L'examen très attentif des faits semble indiquer la possibi-

lité de la propagation des maladies contagieuses par le séjour

dans un endroit encombré comme l'est' l'Infirmerie spéciale

du Dépôt et où passent et séjournent un grand nombre de

personnes, souvent des plus misérables. Est-ce dans ce milieu

que l'enfant Bul. a contracté la diphtérie ? Est-ce dans la voi-

ture non désinfectée qui sert au transport des aliénés ? Pour

nous, c'est probable, et après l'enquête minutieuse que noua

avons faite, personne ne peut en nier la possibilité. En tout

cas, l'enfant est arrivée à la fondation Vallée à lapériode d'in-

cubation du croup et a été le point de départ de l'épidémie.

La voiture qui l'a transportée n'étant pas désinfectée, ainsi que

le reconnaît M. le Préfet de police, a pu constituer assurément

un moyen de propagation. Nous avons dit et nous affirmons

de nouveau que des enfants atteints de la teigne, de la coque-

luche, de la fièvre typhoïde, etc., etc., sont fréqnemmènt

transportés par cette voiture, d'où la nécessité d'une désir»

fection très fréquente, qui devrait même être journalière. J'a*

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1891. z

xCVIII Infirmerie spéciale du dépôt.

jouterai que ce ne sont pas seulement les aliénés adultes et

les enfants qui ont ou peuvent avoir des maladies contagieuses,

mais encore les enfants sains d'esprit transportés par la même

voiture du Dépôt à l'hospice des Enfants assistés. Quant au

séjour des aliénés au Dépôt, tout le monde sait qu'il a été

abrégé autant que possible. Malgré cela, en raison des néces-

sités du service, il arrive que les malades couchent au

Dépôt et cela, en assez grand nombre, quinze, vingt,

vingt-cinq même. Or, le nombre des cellules, huit du côté

des hommes, quatre du côté des femmes, étant insuffisant,

il en résulte nécessairement que plusieurs malades couchent

dans la même cellule. Dans le jour, l'encombrement plus

grand, oblige fatalement à mettre plusieurs malades dans

la même cellule. Nous maintenons formellement ce que nous

avons dit, en nous appuyant sur ce que nous avons vu et sur

les faits de chaque jour.

Auxfaitsque nous avons cités, nous pourrions en ajouter bien

d'autres; nous nous contenterons des deux suivants : l'enfant

S ? quatorze ans, est arrivé au Dépôt le 10 Juin à onze heu-

res du matin; il a été mis en cellule avecl'enfant lier..., et un

adulte; il est parti à quatre heures pour l'Asile clinique. La

voiture contenait deux enfants placés dans le couloir, cinq

femmes et quatre hommes. L'un des hommes était camisolé,

parce qu'il avait insulté les gardiens. Quand il a fallu le des-

cendre de voiture à l'Asile clinique, il a proféré les injures les

plus grossières.

. L'enfant B..., quatorze ans, a été conduit le 16 juin, à deux

heures, au Dépôt. Il a été enfermé daus une cellule en compa-

gnie de deux hommes; l'un d'eux a voulu le frapper parce qu'il

regardait par le judas de la porte. Sur l'appel de l'enfant, cet

homme a été mis dans une cellule voisine. Il criait et donnait

des coups de poing dans la porte. B... est parti pour l'Asile

clinique à six heures du soir et a été placé dans une des cel-

lules de la voiture qui contenait trois femmes et quatre hom-

mes, dont l'un, très agité, était maintenu par la camisole.

Bien des fois, les médecins actuels ou anciens de l'Asile clini-

que, de Bicêtre et de la Salpêtrière ont réclamé une amélioration

du mode de transport des aliénés. A cet égard, je crois utile de

rappeler un passage du livre de Ferrus, intitulé : Des aliénés,

et publié en 1834.

Il Quant au mode de transport, dit-il, de pressantes récla-

.mations ont été longtemps nécessaires. Les amis de l'hu-

manité ne pouvaient s'empêcher de gémir, il y a un an

TRANSPORT'DES aliénés. xdlx

encore, sur la manière dont les aliénés étaient transférés de

la Préfecture dj Police dans les hospices de Paris. A Bicêtre

la môme voiture conduisait t pèle-mèle les criminels et les fous.

-Quel que fût l'état d'exaltation et de déraison de ceux-ci, il

était difficile qu'ils ne s'aperçussent pas de la société qu'on

leur donnait et qu'ils n'en fussent pas profondément humiliés;

dès lors, ils n'épargnaient à leurs compagnons ni les attaques

ni les sarcasmes, et, lorsqu'ils étaient arrivés au lieu de leur

destination, l'esprit tout rempli des scènes qui s'étaient prolon-

gées pendant la route, ils conservaient l'idée que c'était dans

- une prison qu'ils étaient amenés, heureux encore si les pri-

sonniers avec lesquels ils avaient voyagé n'avaient point payé,

pendant le trajet, par de largos représsailles, les attaques insen-

sées dont ils avaient pu être l'objet ! C'est en vain que 11. Bel-

leyne avait cherché à remédier à cet abus; il n'y était qu'in-

complètement parvenu, tant les habitudes dont je parle

étaient enracinées. Elles continuèrent encore après son admi-

nistration ; mais, je dois le dire, depuis environ un an, nos

malades, à quelques exceptions près, nous sont amenés sépa-

rément. Il est d'autant plus nécessaire de persévérer dans

cette louable mesure, qu'aujourd'hui même, à causé du voi-

sinage de la prison, il est difficile de persuader aux aliénés

qu'ils sont dans un hospice, qu'aucun châtiment ne leur

sera infligé. L'administration actuelle fera doublement appré-

cier ses importants services si elle réalise le projet d'enlever

la prison du milieu de notre hospice. Les pauvres, les infirmes

et les condamnés y gagneront. Alors il n'existera plus aucune

confusion entre des classes d'hommes aussi différentes. Mais,

qu'elles que soient les circonstances, que les transports soient

plus ou moins faciles, toujours des voitures particulières

doivent être destinées au transfert des aliénés. Elles exigent

même des dispositions spéciales; car il faudrait qu'elles

fussent matelassées et que quelques anneaux, placés convena-

blement, permissent de fixer les malades pour lesquels cette

précaution serait jugée nécessaire.

« Quant aux frais que ces nouvelles mesures exigent, peu-

vent-ils être mis en balance avec les graves inconvénients du

mode actuel de translation ? L'Administration des hospices ne

se refusera peut-être pas, d'ailleurs, à supporter uns partie

de ces dépenses. Je crois aussi qu'elle devrait mettre de

planton, à la Préfecture de police, un garçon de service

habitué à surveiller les aliénés et qui serait chargé de les

accompagner jusque dans notre hospice. » .. -

Comme vous le voyez, à certains égards, les choses .n'ont

C INFIRMIERS DU dépôt.'

guère changé depuis près de soixante ans. Sur le dernier point

que visait Ferrus, la situation est la même. La surveillance est

exercée du côté des hommes par deux gardiens de prison se

relayant continuellement et ayant sous leurs ordres un auxi-

liaire qui n'est autre qu'un condamné libéré, d'ailleurs sou-

Vent remplacé. N'est-il pas regrettable, à l'époque actuelle,

de voir confier la surveillance des malades à d'anciens con-

damnés qui n'offrent aucune garantie et à des gardiens de

prison qui n'ont guère les qualités requises pour soigner des

malades ? Du côté des femmes, le service est fait par une reli-

gieuse chargée en même temps de l'infirmerie des détenues, ai-

dée également par une auxiliaire, elle aussi, condamnée libérée.

Les remarques de Ferrus subsistent aussi en ce qui con-

cerne les graves inconvénients qui résultent du passage des

aliénés dans une prison et de leur contact, avec les détenus

et les prostituées. Ce n'est donc pas sans motif sérieux

que les aliénés qui passent par l'Infirmerie du Dépôt se

croient conduits en prison, puisque, là, ils sont surveillés par

des gardiens de prison, aidés par des condamnés libérés ;

qu'ils assistent aux allées et venues des agents de police et

des gens arrêtés; qu'ils entendent les cris et les vociférations

de ces derniers et qu'ils sont conduits dans nos établissements

hospitaliers par des voitures cellulaires comme des prison-

nier*).

J'ai déjà dit que beaucoup de malades subissaient une ag-

gravation de leur état mental à la suite de leur passage au

Dépôt et qu'on observait dans leur délire des troubles qui

avaient pour point de départ le souvenir du Dépôt.

Je pensais pouvoir communiquer à la Commission le récit

même d'une des malades du service de M. J. Falret. Mais ce

document ne m'est pas encore parvenu.

Les critiques qne je me suis permis d'adresser à l'organisa-

tion de l'infirmerie spéciale du Dépôt ne sont nullement diri-

gées contre M. le Préfet de police. Je les ai faites dans l'intérêt

supérieur des malades et aussi au point de vue de l'honneur

de l'Administration elle-même. Qu'ai-je dit d'ailleurs qui ne

soit connu ? M. Guillot, juge d'instruction, a signalé avec rai-

son l'insuffisance du nombre des cellules de l'infirmerie spé-

ciale, en même temps que leur installation défectueuse au

point de vue de l'hygiène (1).

(1) Guillot. Paris qui souffre : les prisons de Pari».

Infirmerie spéciale DU dépôt. ci

M. le Dr Paul Garnier, faisant allusion à cette situation,

déclare que les critiques de M. Guillot s'adressent « à une

situation depuis déjà longtemps connue et qui préoccupe vive-

ment l'Administration, Elles ne sont donc, dit-il, malheureu-

sement que trop fondées (1).

Aujourd'hui, on semble vouloir faire dire à M. le Préfet de

police que nos faits sont controuvés et que tout est régulier

au Dépôt, alors qu'il s'agit des trois services qui font If mina

d'honneur à Paris, la Morgue, Saint-Lazare et le Dépôt.

. En demandant que l'Administration facilitât les placements

directs à l'Asile clinique, nous cherchions à améliorer le

Dépôt en diminuant son encombrement qui est tel que, le jour de

notre visite (14 mai 1891), nous avons trouvé huit malades

enfermées dans la même celluleM. M. le Directeur des affaires

départementales a donné des ordres dans ce sens. Si, comme

il est permis de l'espérer, ses ordres sont exécutés, nous

verrons bientôt reparaître la progression des placements

volontaires qui, après avoir atteint le chiffre de 985 en 1887,

sont descendus à 572 en 1890. Ajoutons que l'un des articles de

la loi en discussion à la Chambre des députés prescrit l'envoi

direct des aliénés à l'asile de traitement. Quant à l'infirme-

rie spéciale, dont l'utilité est incontestable, elle ne devrait

recevoir, nous le répétons encore, que les personnes arrêtées

sur la voie publique ou ayant nécessité l'intervention de la

police.

Enfin, en appelait indirectement l'attention de M. le Préfet

de police sur l'utilité de certaines réformes, au point de vue

de l'hygiène, et en demandant à la Commission de surveillance

de visiter l'Infirmerie spéciale du Dépôt, notre intention était

de lui fournir un appui pour obtenir du Conseil général les

moyens de remédier à une situation reconnue tout à fait défec-

tueuse par tout le monde. '

M. Bailly. J'estime, d'accord avec mon collègue M. le Dr

Bourneville, que la Commission de surveillance a toute qua-

lité pour visiter la partie de l'Infirmerie du Dépôt' affectée aux

aliénés. J'ajoute que les locaux ne manqueraient pas pour-y

placer nos malades, s'ils n'avaient pas été détournés de leur

affectation primitive et convertis en magasins et en logements

pour des gardiens, ce dont j'ai pu m'assurer lors d'une visite

faite avec d'autres collègues du Conseil général.

(1) P. Garnier. La folie Paris, p. 70.

en ' . Transport DES aliénés. ,

M. le PRÉSIDENT. - Je connais aussi l'Infirmerie du

Dépôt que j'ai visitée autrefois, comme procureur général

près la Cour de Cassation, et, à ce titre, membre du Conseil

supérieur des prisons. Je sais qu'il y a bien des choses à dire

au sujet du Dépôt. Mais j'estime que nous ne pouvons deman-

der à visiter que les cellules affectées au service des alié-

nés (1). ' ,

Je pense que M. le Préfet de police ne nous le refusera pas.

A la suite de cette visite, nous examinerons quelles amélio-

rations nous pouvons demander. Mais, en attendant, il est de

mon devoir de vous faire observer que M. le Préfet de police.

en répondant aux faits cités par M. le Dr Bourneville, dans la

séance du 30 avril dernier, a déclaré que dorénavant la voi-

ture servant au transport des aliénés serait régulièrement

désinfectée aussi bien pendant l'hiver que pendant l'été.

M, LE Roux. M. le Préfet de police, auquel j'en ai parlé,,

m'a dit qu'il verrait avec plaisir quelques membres de la Com-

mission procéder à cette visite et qu'il serait heureux de les

accompagner lui-même à l'infirmerie du Dépôt.

M. le Dr BOURNEVILLE. - Pourquoi la Commission entière,

qui ne compte que quatorze membres, ne serait-elle pas con-

voquée à cette visite ? Il est très rare que nous soyons au

complet. Nous ne serions guère plus de huit ou neuf lors de

notre visite à l'infirmerie du Dépôt.

M. le PRÉSIDENT. - L'Administration a transmis à la Pré-

fecture de police le voeu émis par M. le Dr Falret, et auquel

la Commission s'est associée, que les voitures servant au

insport des aliénés soient construites sur le modèle de celles

de nos asiles. J'espère que M. le Préfet de police tiendra

compte de ce voeu dans la mesure du possible.

M. Le Roux. En transmettant à la Préfecture de

Police le voeu de M. le Dr Falret, l'Administration a dit

que cet avis était partagé par la Commission. Permettez-.

moi toutefois de vous faire observer que nos voitures

transportent les malades sans séparation aucune et que

par suite les germes de contagion peuvent facilement s'y

développer. Si les voitures cellulaires actuellement en usage

ne suffisent pas à empêcher toute contamination, que sera-ce

(1) Nous n'avons pas demnnd plus. (BJ

Infirmerie spéciale DU dépôt. ( : il !

avec des voitures où les malades seront en commun ? Lorsque

ces. dernières voitures nous servent à transférer les malades

d'un asile à l'autre, les malades ne sont plus dans l'état où

ils se trouvent quand on les amène au Dépôt, et de plus on

se garde bien de transférer ceux qui présentent les indices de

maladies contagieuses. Il y a donc là quelque chose qui ne

peut être décidé sans examen.

J'ajouterai enfin que les voitures cellulaires servant au trans-

port des aliénés ne sont pas celles des condamnés. Elles sont

capitonnée s à l'intérieur, munies d'un large marchepied, etc.

M. le Dr BOURNEVILLE. - En allant visiter le Dépôt, nous

verrions la voiture et nous discuterions sur place. .

M. le PRÉSIDENT. - Il me semble qu'il n'est pas nécessaire

que nous visitions tous cette Infirmerie. Une sous-commis-

sion prise parmi nous pourrait être chargée de cette visite et

nous faire un rapport que nous discuterions. Je propose en

conséquence dénommer membres de cette sous-commission; ;-

M. le D1- BOURNEVILLE, M. le D" Du MESNIL et M. BAILLI.

Adopté.

M. le D' BOURNEVILLE, - La sous-commission que vous

venez de nommer pourrait vous faire connaître son avis sur

le mode de construction de la voilure qui sert au transport

des aliénés, adultes et enfants (1).

(I) A la séance du 2 juillet 1S91, M. le Président a fait la communication

suivante : « La Commission se rappelle que, dans sa séance du 14 mai dernier

tenue à l'hospice de la Salpêtrière, M. le D'' Jules Falret lui a signalé les graves

inconvénients qui résultent, au point de vue des malades, du mode de transfert

des aliénés, de l'infirmerie du Dépôt près la Préfecture de police, iL l'Asile

clinique (Sainte-Anne), Snr la proposition de M. le D' Falret, elle a, dans cette

séance, émis le voeu que la Préfecture de police employât désormais, pour le

transfert des malades, des voitures semblables iL celles en usage dans les

asiles d'aliénés de la Seine. Ce voeu a été transmis, le 5 juin suivant, par M.

le Préfet de la Seine, à son collègue M. le Préfet de police. M. Lozé a répondu,

le 2G dudit mois de juin, que le transport des aliénés de l'Infirmerie du Dépôt

à l'Asile Sainte-Anne s'effectue au moyen d'une voiture de santé construite

Spécialement à cet effet sur les indications fournies par MM. les D1' Lasègue

et Legrand du Saulle; que son administration a pris toutes les dispositions

nécessaires pour assurer le transport des malades dans les meilleures condi-

tions possibles, et que, dans cette situation, il lui est impossible de donner

une suite favorable au voeu de la Commission.

«Cette lettre dont, après avoir donné lecture, je me borne aujourd'hui à faire e

prendre note au procès- verbal, sera transmise à la sous-Commission nommée

à notre dernière séance et chargée de visiter l'Infirmerie spéciale du Dépôt de

la Préfecture de police. La discussion est réservée et reste entière. »

VII.

De l'assistance des imbéciles et des faibles d'esprit

améliorés ou infirmes. .

(Communication faite le 24 juin 1891 à la Société pour

l'étude des questions d'assistance.)

M. BOURNEVILLE. - Les sections d'enfants arriérés se sont

encombrées bien plus vite qu'on ne le supposait. Il faut donc

se préoccuper sérieusement du placement des enfants qui

deviennent adultes. Ceux qui sont épileptiques et non guéris,

sont dirigés dans la 3° section, de la division des aliénés de

Bicêtre, consacrée aux épileptiques. Les idiots et imbéciles

adultes sont envoyés dans la ire et la 2e section affectées aux alié-

nés (1).

Il en est d'autres, dont le nombre ira en augmentant à

mesure que l'on comprendra mieuxl'assistance et le traitement

médico-pédagogique de ces enfants, qui sont guéris ou amé-

liorés au point de pouvoir être.rendus à leurs familles. Pour

ceux-là il faudrait une Société de patronage.

'Enfin un certain nombre d'imbéciles, améliorés à un degré

suffisant pour vivre en liberté, mais atteints d'infirmités ou de

maladies chroniques (hémiplégie, chorée, etc.) sontpassés dans

la division des incurables l'hospice. C'est du moins ce qui se

pratique àBicétre. Cette catégorie de débiles améliorés, mais

infirmes, jouissent dans l'hospice d'une complète liberté. Cette

liberté peutleur être nuisible et être surtout nuisible à autrui.

M. Bourneville en cite un cas récent : un de ces débiles infir-.

nies a commis une tentative de viol. L'assistance publique de-

(t) L'existence dans le département de la Seine de cinq services consacrés

aux enfants arriérés,idiots et épileptijaes rendra nécessaire, ainsi que nous

l'avons déjà dit bien souvent, la création d'un asile pour ces malades devenus

adultes, avec des ateliers semblables à ceux qui existent dans les sections

d'enfants et où ils continueront soit à se perfectionner dans leur métier, soit

à travailler au "bénéfice de l'Asile. "

Assistance DES arriérés. cv

vrait avoir mission de continuer à les surveiller. Cette question

touche évidemment à celle de la liberté individuelle. Mais il

n'y aurait pas moins un grand intérêt à ce qu'il fut créé dans

l'hospice une sorte de section spéciale, soumise à une régle-

mentation particulière et où seraient déversé les arriérés

améliorés, mais infirmes, au sur et à mesure de leur sortie

de la section des enfants. Ils ne pourraient sortir sans per-

mission du directeur. On pourrait alors les utiliser dans l'in-

térieur de l'établissement ; au besoin même les services

qu'ils rendraient pourraient être pour eux une source de

profit. Ce seraient à la fois de demi-internés et de demi-

hommes de peine.

M. LE GRAIN, - La mesure proposée par M. Bourneville

devrait même être étendue aux asiles de la province où l'usage

des transfèrements nous oblige encore aujourd'hui à envoyer

un certain nombre d'arriérés qui maintenant, ne sont généra-

lement à l'asile qu'un très court espace de temps. Mis en

liberté, ils peuvent nuire et nuisent en effet très souvent.

M. CHARPENTIER. - Le problème soulevé par M. Bourne-

ville touche de près à la question de la liberté que l'on laisse

aux vieillards hospitalisés.

Cette liberté, ils n'en jouissaient pas autrefois. Par un res-

pect exagéré pour la liberté individuelle, on la leur a accordée,

non sans regrets, car le nombre des accidents et des difficultés

survenues de ce chef est incalculable. Il est certain que la

liberté absolue, dans ces circonstances, a des inconvénients.

Elle mérite d'être restreinte. ' ,

La question soulevée par M. Bourneville pourrait sans doute

être tranchée par une réglementation intérieure.

L'observation présentée par M. Legrain est fort juste. Les

faits qu'il signale sont dus aux moeurs des asiles de province.

Lorsqu'un malade n'est pas un aliéné proprement dit, il est

conservé s'il est tranquille et surtout s'il rend des services;

s'il est turbulent, vicieux, s'il met le désordre on s'en débar-

rasse en le mettant en liberté. - .

Si l'on savait faire travailler les arriérés dans ces établisse-

ments tout celà n'arriverait probablement pas. Il est des gens

qu'il faut forcer au travail.

M. BOURNEVILLE. - La question soulevée est double : celle

relative aux débiles améliorés, mais infirmes, qu'il faut faire

passer dans les divisions de l'hospice, en les soumettant à une

.cvi Assistance DES arriérés.

réglementation spéciale, et celle des débiles non infirmes qui

devraient être surveillés.

Il y a intérêt à ce que la 4" section émettre un voeu tendant

à la solution de cette double question.

M. CERCUEIL. - Est-ce qu'on ne pourrait pas imposer un;

travail à ces malades ? ' ?

M. le Dr Bourneville. C'est en effet ce que l'on devrait

faire, ce que l'on ne fait pas. Il arrive que certains

malades, désirant jouir d'une liberté plus grande, s'efforcent t

de travailler ou de s'occuper au dehors. Ils devraient être

astreints à travailler dans les ateliers de la maison et au

bénéfice de la maison. Une fois en liberté ils abusent de leur

situation, je le répète; c'est à tort qu'on tolère qu'ils travail-

lent au dehors, au détriment des ouvriers et de l'administra-

tion.

M. CHRISTIAN fait une rectification en ce qui concerne les

asiles de province. Généralement les enfants qui y sont séques-

trés sont indisciplinés mais ils travaillent. Il ne faut pas croire

qu'on s'en débarrasse facilement. Ils sont, au contraire, sou-

vent une source de grand embarras.

Ce qui arrive souvent encore, c'est que l'enfant arriéré est

réclamé impérieusement par la famille quand il est quelque

peu dégrossi et qu'il possède une parole assez élevée.

M. CH1RPEVTIER. - Les fous moraux sont gens inconnus

pour certains directeurs de province c'est un fait accompli.

La section ajourne son vote sur les questions présentées.

VIII.

Du recrutement du personnel enseignant dans

les services consacrés aux enfants idiots et arriérés.

Dans les pays où existe réellement l'assistance des en-

fants arriérés et où l'on se préoccupe de leur instruction,

on a soin de préparer un personnel enseignant spécial.

Depuis 1879, nous avons consacré beaucoup de temps- 1.1.

dresser les maîtres et les maîtresses charges de nous

aider dans le traitement médico-pédagogique des enfants

qui nous sont confiés.

Dans le courant de l'année 1891, notre honorable

confrère, M. le Dr Giraud, médecin-directeur de l'Asile

de Saint-Yon nous écrivit pour nous demander si nous

consentirions à recevoir pendant quelque temps, dans

no're service, deux institutrices qui venaient d'ètre choi-

sies par M. Ilcndié, préfet de la Seine inférieure, pour le

- service d'enfants qu'on avait l'intention d'annexer à son

asile. Nous avons accepté, d'accord avec M. Peyron, direc-

teur de l'Assistance publique.

Nous avons reçu ces institutrices le 8 octobre et nous

avons consacré une matinée à leur faire connaître l'orga-

nisation du service. Nous avons mis nos instituteurs et nos

institutrices à leur disposition. Du 9 au 15 octobre, elles

ont passé une journée et demie dans les écoles, sans

paraître prendre d'ailleurs un très grand intérêt à l'ensei-

gnement spécial des enfants idiots. Le peu dégoût qu'elles

ont montré pour se mettre en mesure de remplir habile-

ment leurs fonctions forme un contraste très frappant avec

le zèle et l'activité que nous avons vu apporter, par une ins-

titutrice suédoise, llle Jannoës à une étude minutieuse de

cviii Recrutement DU personnel enseignant.

notre méthode et de nos procédés. Durant 5 jours elle

s'est mise à la besogne, du matin au soir, provoquant des

explications, agissant avec les maîtresses de la petite

école, consultant nos livres, nos cahiers, etc.

Il est certain que si la nouvelle loi sur les aliénés com-

prend, ainsi que nous l'avons proposé, l'obligation, pour

les départements, d'avoir un asile pour le traitement et

l'éducation des enfants arriérés et épileptiques, l'adminis-

tration supérieure devra se préoccuper de créer un person-

sel enseignant. Selon nous, ce personnel devrait être mis

au courant pratiquement de tout ce qui se fait dans cet

enseignement spécial. et en même temps devrait être

astreint à suivre les cours de l'une des Ecoles d'infir-

mières. Ce n'est qu'à cette double condition qu'il sera

possible, aux instituteurs et aux institutrices des futurs

asiles, d'obtenir de bons résultats et de rendre des servi-

.ces.

DEUXIÈME PARTIE

p

CLINIQUE

BOURN6YILLE, Bicêtre, 1591. 1

Deux nouvelles observations d'hystérie

mâle ;

Par BOURNEVILLE et P. 80X.LlER

I

Sommaire. Père, excès de boisson, nerveux. Grand-père paternel ,

excès de boisson. Cousin germain, mort de convulsions. Mère,

migraineuse. Sceur hystérique, convulsions de l'enfance.

Soeurs nerveuses. Frère débile. Scieur morte d'accidents céré-

braux consécutifs à une rougeole. Marche à deux ans et demi ; -

parole à deux ans ; - incontinence nocturne d'urine jusqu'ci qua-

torze ans. Instabilité mentale. Colère, gourmand, menteur.

Stigmates hystériques. Première attaque à dix-sept ans.

Attaques limitées à la phase épileptoïde. Aura. -- Elévation

de la température après l'accès.

Cah... (Charles), âgé de dix-sept ans, est entré le 22 décembre

1884 à l'hospice de Bicêtre (service de M. Bourneville).

Renseignements fournis par sa mère (27 février 1885). Père, cin-

quante ans, soldeur, auparavant marchand de jouets en gros, de

taille moyenne, pas très fort ; marié à vingt et un ans. Il ne buvait

pas alors et s'est mis à boire depuis la guerre, de l'eau-de-vie sur-

tout. Il rentre une vingtaine de fois ivre par an. Très nerveux

d'habitude, son irritabilité augmente encore pendant l'ivresse et va

jusqu'à la violence; à plusieurs reprises sa femme a dû se cacher

pour l'éviter. Il fume beaucoup, environ trente centimes de tabac

par jour. Il a souvent des maux de tête, mais pas de véritable

migraines. D'après sa femme, il n'était pas coureur. Il aurait eu

une inflammation d'intestins pendant un mois. Pas de maladie de

peau; aucun indice de maladies vénériennes, « il a la peau aussi

4 DEUX nouvelles observations d'hystérie MALE.

blanche que la neige ». Caractère violent, mais ne bat pas ses

enfants, « il est au contraire trop bon pour eux ». [Père, mort

d'une maladie d'intestins à soixante-huit ans ; excès .de boisson,

marchand de grains, assez fort. [Mère, soixante-quinze ans, bien

portante, n'est pas démente. Pas de renseignements sur les

grands parents. Deux frères : l'un mort on ne sait de quoi ;

l'autre très bien portant; il a encore sept ou huit enfants bien por-

tants ; un est mort de convulsions ; quatre SOEurs : deux sont mortes

de la poitrine, dont une a laissé deux enfants bien portants; deux

sont vivantes et bien portantes; l'une a cinq enfants bien portants.

- Pas d'aliénés, pas d'épileptiques, pas d'hystériques, de difformes,

de suicidés, de criminels, etc., etc., dans la famille.]

Mère, cinquante et un ans, assez grande et forte, physionomie

agréable, intelligente; lèvres grosses, cheveux châtains. Bien por-

tante d'habitude. Migraines depuis trois ans. Elle est encore parfai-

tement réglée. Pas d'attaques de nerfs ; peu nerveuse; pas d'alcoo-

lisme. Faisait le commerce avec son mari.- [Père, mort à soixante-

dix ans; il avait une maladie de coeur; pas d'excès de boisson.

Marchand de bestiaux. Mère, morte à soixante-huit ans on ne

sait de quoi ; pas de maladie nerveuse. Grand-père paternel,

mort à quatre-vingt-cinq ans, on ne sait de quoi; n'était ni dément

ni paralytique. Grand'mère paternelle, morte à quatre-vingt-huit

ans; pas de démence ni de paralysie. Grand-père maternel, mort

vers quatre-vingt-neuf ans, rien de particulier. Grand'mère

maternelle, morte d'un cancer vers soixante-dix ans.- Deux frères,

très bien portants; l'un a des enfants bien portants. Trois saurs,

bien portantes; leurs enfants sont bien portants, sans accidents

nerveux. Pas d'aliénés, d'épileptiques, d'hystériques, etc., dans la

famille.]

Pas de consanguinité (père de Sierck et mère des environs de

Francfort; tous deux Juifs).

Douze enfants et trois fausses couches : 1° Garçon, vingt-sept ans,

bien portant, pas de convulsions, intelligent, a été soldat ;

2° fille, mariée, vingt-cinq ans, bien portante, intelligente, pas de

convulsions, a quatre enfants bien portants sans convulsions ;

3° garçon, vingt-trois ans, bien portant, pas de convulsions, intel-

ligent, bonne conduite; 4° fille, vingt-deux ans, bien portante,

intelligente, pas de convulsions ; 5° fille, dix-neuf ans, brune, à

l'air effronté, a été atteinte d'hystérie à dix-sept ans, elle avait eu

des convulsions étant en nourrice. A dix-sept ans, elle a été à l'hô-

pital Rothschild. De là elle est allée à la Salpêtrière où elle est restée

un an dans le service de M. Charcot; elle en est sortie il y a près

de deux ans; elle travaille dans le commerce; pas d'amant, assure-

t-on ; - 6° fille, dix-huit ans, pas de convulsions, bien portante,

nerveuse, intelligente, bonne conduite; - 7° notre malade; -

8° garçon, quinze ans, pas de convulsions, fort, peu intelligent, on

DEUX NOUVELLES OBSERVATIONS D HYSTERIE MALE. 5

ne sait quoi faire de lui, il se sauve de la maison pour vagabonder,

joue de l'argent aux billes ; pas de kleptomanie, pas d'onanisme,

pas de rapports avec les petites filles, paresseux ; 9° fille, treize,

ans, pas de convulsions, bien portante, très nerveuse, intelligente,

est presque toujours la première à l'école ; 10° fille, douze ans

bien portante, intelligente, travailleuse, pas de convulsions ;

11° fille morte à vingt-six mois de fièvre cérébrale ayant compliqué

une rougeole ; 12° garçon, sept ans, bien portant, intelligent,

pas de convulsions ; deux fausses-couches (13° et 14°) et une

entre 7° et 8°.

Notre malade. A la conception, ses parents étaient bien por-

tants tous les deux ; leurs affaires allaient bien ; pas de chagrins ;

le père commençait à boire un peu de temps en temps, mais moins

qu'après la guerre. Il était très porté aux rapports sexuels et il en

avait presque toujours quand il avait bu. Pendant la grossesse, pas

de coup, de chute, d'émotion ; durant le dernier mois elle était très

fatiguée parce que son ventre était très gros; pas d'alcoolisme.

Accouchement à terme, plus laborieux que les autres, naturel, sans

chloroforme. A la naissance, l'enfant n'était pas asphyxié ; il pesait

dix livres. Mis en nourrice au sein, on fut obligé de le reprendre à

six mois, il était maigre, avec un gros ventre, du poil sur tout le

corps. On continua à l'élever en lui donnant du lait au verre.

Marche à deux ans et demi (l'un a marché à treize mois, le troi-

sième à cinq ans, il était noué ; les autres de quinze mois à deux

ans); parole à deux ans (les autres de quinze mois à deux ans) ;

propre seulement à quatorze ans pour les urines. Jamais de convul-

sions. Envoyé à l'école à sept ans ; il n'a jamais rien appris. Il

s'est souvent sauvé de l'école et rentrait chez lui à quatre heures

comme s'il en revenait. On l'y a envoyé jusqu'à treize ans sans

résultat. Personne ne pouvait en venir à bout. Il voulait être acteur,-

jouer les guignols qu'il allait souvent voir. De treize ans jusqu'en

avril 1884, il fut bien portant et resta à la maison. Il aidait un peu,

mais était paresseux et ne voulait rien faire. Fréquemment il se

sauvait dehors, aidait les autres marchands et rentrait le soir chez

ses parents. La mère assure que son père ne le battait pas.

Jusqu'au mois d'avril 1884 il n'eut pas d'attaques. Il quitta alors

ses parents parce qu'il ne voulait pas travailler ; il s'est laissé

entraîner par la rue ». Il voulait jouer, s'amuser et était toujours

désobéissant. Il était peu affectueux pour son père et ses frères et

soeurs, mais était jaloux. Très colère, il cassait tout si on ne lui

cédait pas. Il se battait avec ses frères et soeurs ; dehors il se bat-

tait avec ses camarades s'ils ne lui cédaient pas. Très gourmand de

bonbons et de gâteaux, «il en aurait bien mangé toute la journée»;

mais il ne buvait pas. « Quand il pouvait me prendre une pièce de

vingt ou de quarante sous, dit sa mère, il achetait des gourman-

dises. » Il ne volait pas au dehors cependant pour satisfaire ses

6 DEUX NOUVELLES OBSERVATIONS D'HYSTÉRIE MALE.

goûts. Sommeil bon, prolongé, de 9 heures du soir à 10 heures

du matin ; pas de cauchemars, pas de somnambulisme. Pas

d'onanisme,

Parti en 1884, il s'occupait aux alentours des halles, vendant des

choux, des légumes pour les marchandes qui lui donnaient quel-

ques sous. 11 couchait dans les rues, dans des voitures quand il

n'avait pas d'argent, ou à l'hôtel s'il avait quelques sous. Du

mois d'avril à son placement à Sainte-Anne le 40 novembre 1884,

ses parents l'ont revu trois fois dans les premiers mois. Il était

sale, dégoûtant », et de plus il était ivre; il a vomi et déféqué

dans son pantalon. Ses parents l'habillèrent proprement et cher-

chèrent à le faire travailler. Il demanda ses papiers pour se placer

et on les lui donna. 11 aurait été arrêté deux fois pour vagabon-

dage et relâché pour être reconduit à ses parents. Prévenue au

mois de novembre qu'il était à Sainte-Anne depuis le 10 novembre,

sa mère ne sait rien de ses attaques.

L'affaiblissement qu'il présente dans la main droite est ancien,

et existait quand on l'a retiré de nourrice à six mois, mais on n'a

aucun détail sur sa cause. Il n'aurait jamais eu de convulsions. A

la naissance, il ne présentait rien de particulier.

A trois ou quatre ans, il a eu des croûtes dans les cheveux et

beaucoup de glandes au cou, mais qui ne s'abcédèrent pas. Pas

d'otite, ni d'ophtalmie; pas de dartres; pas de teigne. Aucune

fièvre éruptive; pas de diphtérie; pas de chorée; pas de douleurs

de tête.

Un jour son père l'ayant envoyé porter 7 fr. 80 à un loueur de

voitures, au lieu d'aller les porter, il alla les jouer, et perdit ou

mangea tout. Placé il y a cinq ans dans une imprimerie, il ne

put y rester que deux jours à cause de son manque d'instruction.

Il aurait été figurant dans un théâtre. Etant hors de la maison il

a vendu, pour le compte d'un autre, des allumettes de contrebande

et a été condamné à un mois de prison ; mais sa mère ne sait au

juste à quelle époque. Contrairement à ce qu'il prétend, le malade

ne sait pas un mot d'allemand, ni d'hébreu; on a essayé de lui

apprendre l'hébreu mais sans succès. Il parait qu'il a toujours été

menteur et il aimait à faire des niches. Un jour il vint dire à sa

mère qu'il avait vu son père entrer aux Folies dramatiques avec

une fruitière, avec laquelle du reste sa femme l'avait pris en fla-

grant délit d'adultère un jour. C'était faux cette fois, et une fois

sa mère partie, il se réjouissait d'avoir fait une niche. Quand il

était aux halles, il s'amusait à faire des grimaces pour attirer l'at-

tention et avoir quelques sous. c Il faisait le polichinelle, comme

s'il était fou. »

Etat actuel (5 janvier 1885). Sensibilité : le chatouillement ou

le contact ne sont pas perçus sur la moitié antérieure gauche du

tronc, du cou et de la face. Elle est conservée sur le membre infé-

DEUX NOUVELLES OBSERVATIONS D'HYSTERIE MALE. 7

rieur gauche/à partir de l'aine. Sur la moitié antérieure droite

du tronc, la sensibilité est conservée mais obtuse. Il y a anesthésie

de la moitié postérieure droite du tronc, du bras droit et du

membre inférieur droit. La sensibilité à la douleur du côté gauche

est perdue au cuir chevelu, à la face, sauf à la moitié gauche du

menton, aux membres supérieurs sauf aux doigts; sur le ventre

et la partie supérieure du thorax du côté gauche. Elle est con-

servée dans le dos et au membre inférieur gauche. Du côté droit, la

disposition de l'anesthésie est sensiblement la même. La sensi-

bilité à la température est abolie sur la moitié gauche de la face,

du cou, du thorax et de l'abdomen jusqu'à une ligne horizontale

passant par l'ombilic; sur le bras et les doigts où il sent cependant

lorsqu'il est mouillé. A droite elle est abolie dans les mêmes régions,

mais l'abdomen est complètement insensible.

Puberté. Très léger duvet sur la lèvre supérieure. La région

pectorale est assez développée. Poils noirs assez abondants au

pénil. Bourses rétractées, testicules égaux de la dimension d'un

oeuf de pigeon. Pas de varicocèle. Verge bien développée;

circoncision, gland découvert; méat un peu en arrière, très étroit.

Il prétend ne pas se masturber, ou très rarement.

25 février. A la suite d'attaques répétées dans ces derniers

jours, il présente une légère orchite traumatique.

25 juillet. - On constate de l'atrophie musculaire de l'éminence

thénar droite, et du premier espace interosseux, avec laxité des

ligaments du pouce et mouvements exagérés de ce doigt. Depuis

son entrée le malade a eu, en décembre, 39 attaques et 2 vertiges;

eu janvier, 122 attaques et 3,087 vertiges; en février, 126 attaques

et 968 vertiges; en mars, 111 attaques et 245 vertiges; en avril,

181 attaques et 440 vertiges; en mai, 249 attaques et 224 vertiges;

en juin, 93 attaques et 76 vertiges. Depuis un mois il n'a plus

d'attaques. Il n'est plus grossier, ne déchire plus ses habits. On

a pu l'emmener en promenade, ce qui n'était pas possible aupa-

ravant. Il est tranquille partout et ne demande qu'à travailler. Il

présente un affaiblissement très marqué du côté droit. Avec le

dynamomètre Mathieu, il donne à droite 12 et à gauche 32.

29 août. Le malade a eu une attaque vers 8 heures et demie,

qui a duré un quart d'heure. A 10 heures, alors qu'il était encore

un peu hébété on essaie de l'endormir par le regard. Au bout

de cinq à six minutes, on voit seulement quelques palpitations des

paupières; les yeux s'humectent un peu, puis quelques mouve-

ments de déglutition et cela s'arrête. Au bout de dix minutes, il

n'y a aucun résultat et on cesse l'expérience.

31. Le malade a été pris à 8 heures et demie d'une attaque

qui a duré jusqu'à 10 h. 20. Il est repris à 10 h. 35. M. Bourne-

ville arrive au moment où après la période épileptoïde, le malade

fait l'arc de cercle lequel persiste pendant uue minute, une minute

8 DEUX NOUVELLES OBSERVATIONS D'HYSTÉRIE MALE.

et demie. Puis il a des battements violents des membres inférieurs

qui ébranlent le lit; les jambes sont projetées en l'air, puis retom-

bent violemment. Rigidité complète dans l'extension. Il crie

« oui ! Aj la rigidité est très marquée; la face est rouge, le tronc

se soulève à demi rigide; la tête est en extension, la face tournée

à droite. Puis il est pris de secousses tétaniformes, prolongées, des

quatre membres, égales des deux côtés. Ensuite il sort de sa bouche

une écume abondante, sanglante, et enfin le stertor apparaît. -

Une seconde fois il crie CI : mort, mort ! il se débat avec de grands

mouvements cloniques. Puis un repos avec une respiration fré-

quente. Il se soulève brusquement, s'assoit à demi et regarde

à droite. Puis apparaissent de nouveau les grands mouvements à

la suite desquels nouveau repos avec respiration fréquente bruyante.

Le corps est dans l'extension ainsi que les membres. Puis il

se tortille, se retourne très vite, se couche sur le ventre, se remet

sur le dos. Nouveau repos dans l'extension, les paupières closes*

les yeux dirigés en haut, les pupilles fortement dilatées, la respi-

ration bruyante.

Une troisième période épileptoïde survient marquée par le cri

c Euh ! » puis rigidité générale, la tête dans l'extension, la face

tournée à gauche, puisa droite. Secousses tétaniformes, prolongées,

des membres et des paupières. Stertor, écume abondante, san-

glante. Repos : même attitude. Puis grands mouvements; il

crie : « chouette, chouette ! » Repos avec respiration fréquente.

Parfois il a des [secousses. Il se relève brusquement, s'assoit,

appelle, puis a de grands mouvements tout à fait classiques avec

flexion des jambes, des cuisses, du tronc, projection des membres

en l'air, puis il retombe sur le lit. Petits mouvements sur place des

membres inférieurs. Repos puis de nouveau grands mouvements

qui commencent par la flexion des jambes sur les cuisses, et dans

lesquels il crie. Repos, puis arc de cercle : le corps repose sur

le membre inférieur droit, tandis que le gauche est soulevé à 45°.

Nouvelle période épileptoïde débutant par le même cri étouffé que

précédemment, et pendant laquelle les pouces sont en dehors de

la main. Repos pendant lequel il crie : <tas ! oui, quand je suis

sorti j'ai trouvé Paris changé. » Nouvelle période épileptoïde.

Repos, respiration toujours bruyante. Puis il s'assoit la figure

souriante, retombe, présente des mouvements du bassin et de

grands mouvements du tronc. Enfin repos prolongé dans lequel le

malade demande à boire. Il est 11 heures quand l'attaque prend d

fin. La température rectale prise alors est de 38°, 8.

L'attaque est classique. L'arc de cercle est très beau, souvent

d'une durée qui dépasse une minute; les pieds se posent sur la

plante et non sur la pointe; la tête repose sur la nuque. Durant t

l'arc de cercle il n'y a pas de trémulation.

11 h. 10. De temps en temps, le malade a des secousses,

DEUX NOUVELLES OBSERVATIONS D'HYSTÉRIE MALE. 9

s'agite dans son lit, se couche tantôt d'un côté, tantôt de l'autre.

Le malade se plaint d'avoir mal aux reins et même partout. Les

secousses sont tantôt dans les épaules, tantôt dans les membres

inférieurs.

Tout d'un coup il se relève, la tête étendue dans une attitude

extatique; rigidité et battements des paupières. Il retombe et a de

petits mouvements tétaniformes. Repos, puis grands mouvements,

tantôt sur le ventre, tantôt sur le dos. Ou bien il se place sur la

tête dans l'attitude d'un clown, le tronc étendu, les membres à

demi fléchis. Il retombe, s'assoit, regarde à droite d'un air indif-

férent, puis retombe de nouveau et est pris de trémulation. Repos.

Il se met ensuite à genoux les paupières fermées, les bras allongés

le long du tronc, qui est penché en avant. Après un moment le

malade se relève, le tronc incliné sur le côté gauche, puis il retombe

brusquement à genoux.

Cri étouffé, période épileptoïde, secousses tétaniformes. Repos.

Evacuation involontaire d'urine. Repos. Puis arc de cercle, le corps

reposant sur la tête et les pieds. Il profère des obscénités, puis s'as-

seoit, est pris de grands mouvements, résiste, cherche à mordre.

Repos. Cris prolongés et plaintifs. Il demande à boire et se couche

sur le côté droit. Il est 11 h. 30.

12 octobre. A eu hier neuf attaques de 7 heures et demie à

10 heures et quart du soir.

28. Nous voyons sa soeur n° 5 qui vient le demander pour qu'il

assiste à son mariage le lendemain. Elle a été prise d'attaques de

nerfs à l'âge de quatorze ans, à la suite d'une peur. Sa mère ayant

du délire pendant une variole voulut se jeter par la fenêtre. Elle

prit peur se trouvant seule avec elle, et le même jour, elle fut prise

de douleurs dans le côté gauche de la face. Un mois après elle eut

une attaque. Les attaques étaient quotidiennes et se produisaient

cinq ou six fois par jour. Elle fut soignée à l'hôpital Rothschild, puis

à la Salpêtrière chez M. Charcot, pendant deux ans. Après sa sortie

elle eut encore deux ou trois attaques, et elle n'en a plus du tout

depuis trois ans.

4886.-1r jccnvier.-Depuis un mois à peu près, il n'est pas allé à

l'école et il entraine les autres à mal faire. Le malade Th... pré-

tend que Ca... l'a sodomisé en échange de 2 francs qu'il lui devait;

mais Ca... nie avoir jamais eu de rapports avec lui, non plus

qu'avec des hommes en ville. Il en avoue seulement avec des

femmes.

24 avril. A été envoyé en congé le 18 avril pour trois jours. Il

refusait de rentrer. Il n'a pas eu d'attaques pendant son congé et

a aidé sa mère dans son commerce.

4 mai. Le malade tombe en attaque à 7 heures et demie.

Quand on arrive, il est pris subitement de convulsions cloniques des

quatre membres. Un tremblement très fort secoue tous les mem-

10 DEUX NOUVELLES OBSERVATIONS D'tiISTRIE MALE.

bres. 11 y a de l'écume à la bouche ; les yeux sont fortement déviés

à gauche; les pouces sont fléchis dans l'intérieur de la main, les

doigts repliés sur les pouces. Ces attaques durent une quinzaine

de secondes environ. Pas de cri initial. Durant l'attaque la tête

est dans l'extension; le malade est pris de mouvements convulsifs

latéraux, la bouche est déviée à droite. Puis il y a une période de

stertor, avec ronflement pendant laquelle les globes oculaires

sont tellement déviés qu'en abaissant fortement la paupière infé-

rieure il est. impossible de voir la pupille et de savoir de quel côté

la déviation a lieu. Le globe de l'oeil n'est certainement pas dévié

en haut.

Les attaques se succèdent presque sans intermittence. Au moment

où on est appelé, 7 h. 50, il a déjà eu quatorze accès consécu-

tifs. Elles sont séparées les unes des autres par quatre ou cinq

minutes d'intervalle à peine.

Après la dix-septième attaque le malade se réveille un peu et

demande à boire. Deux minutes après avoir bu, les yeux se dévient

en bas et à droite. Il a des mouvements de mastication, puis du

tremblement de la mâchoire inférieure, auquel succède du grince-

ment de dents; agitation de tout le corps, le malade remue les

bras et les jambes, le tronc restant immobile. Cette agitation dure

deux minutes environ, puis le malade se calme. A ce moment les

yeux sont déviés en bas et à droite, les pupilles sont petites, con-

tractées, mais égales.

A 8 h. 10, on détache le malade qui était camisolé. On constate

alors dans la main des mouvements identiques à ceux de l'athétose.

A 8 h. 12, nouvelle crise. Le malade pousse quelques gémissements

faibles, puis surviennent des convulsions cloniques identiques aux

prédédentes. A 8 h. 15, nouvelle crise précédée comme l'autre d'un

gémissement. Il est impossible de saisir une période tonique; les

convulsions cloniques arrivent presque immédiatement. Elles exis-

tent seulement dans les jambes et dans les bras et pas dans le

tronc. Au début de chaque accès les convulsions sont d'abord légè-

res, c'est un tremblement; mais elles ne tardent pas à se pro-

noncer et à revêtir le caractère de véritables convulsions.

A 8 h. 17 nouvelle crise. Le corps est fléchi en demi-cercle. La

durée de ces attaques est d'une minute environ. La respiration

est stertoreuse et irrégulière.

A 8 h. 20, nouvelle attaque d'une durée de trente secondes. A

8 h. 24, une secousse dans les membres supérieurs. C'est la pre-

mière depuis le commencement de la série. A 8 h. 26, vingt et

unième attaque. Arc de cercle et convulsions cloniques des membres.

5. L'enfant va bien le matin et se repose. Par moments il a

des étouffements, la respiration est un peu haletante, le pouls est

calme.

6. A eu trois attaques le matin.

DEUX NOUVELLES OBSERVATIONS D'HYSTÉRIE MALE. 11 1

2 juin. Nous constatons et le malade lui-même l'a remarquée,

une hémianesthésie du côté droit. Ayant été endormi en 1881 par

M. Charcot à la Salpêtrière, M. Bourneville essaie de l'endormir de

nouveau par la pression des globes oculaires après commandement

de dormir. Il dort au bout de cinq minutes. Pas de catalepsie; on

lui parle, il répond et est très suggestionnableet on lui suggère des

hallucinations diverses. Il a à son réveil perdu complètement le

souvenir de sa période de sommeil.

7.-On l'hypnotise de nouveau et on essaie de produire des con-

tractures, mais on n'y parvient pas. On fait sentir au malade un

morceau d'enveloppe de lettre. On lui demande s'il sent, et il ré-

pond « oui ». On déchire alors l'enveloppe en plusieurs morceaux

que l'on met en différents endroits du cabinet et on lui dit d'aller

les chercher. Le malade se lève, se dirige vers la table où se trouve

un des morceaux de papier. Il touche plusieurs feuilles qui sont

aussi sur la table, les palpe et enfin saisit un des morceaux de l'en-

veloppe. Il se dirige ensuite vers un des coins de la chambre où se

trouve le papier, se baisse pour le ramasser, tâtonne, mais ne par-

vient pas à le saisir. Il se dirige vers d'autres points dans la direc-

tion du papier qu'il ne ramasse pas non plus. Par moments il

porte le papier qu'il a à la main à son nez, le sent longuement et

continue à chercher. Mais bientôt il erre sans direction. On lui dit

alors qu'il s'endormira le lendemain matin à 9 heures et demie. Il

répète l'ordre et on le réveille. Il part du cabinet en titubant

comme un homme ivre et arrive ainsi à l'infirmerie. Il s'y assoit

dans un fauteuil, puis prend sa course à travers les salles en allon-

geant le pas, s'arrêtant de temps en temps en ayant l'air de cher-

cher consciencieusement et défaisant même les lits pour cela. A

diverses questions qu'on lui posa, il ne répondit rien. Une fois

cependant au moment où il voulait regarder dans le lit d'un ma-

lade couché, on le prit par la main pour l'éloigner. Il dit alors :

4( Je cherche un papier, il faut que je le trouve, » et il repartit de

plus belle tout en dormant, grimpant sur les croisées, sautant

par-dessus les lits avec une agilité surprenante, au point qu'on

dut lemaintenir assis sur un fauteuil pour éviter quelque accident.

Vers midi il tomba dans un sommeil léthargique, avec insen-

sibilité complète. Mis au lit il eut quatre attaques consécutives

semblables aux premières décrites plus haut.

9.-Il ne se rappelle rien de ce qui s'est passé hier.- A 10 h. 8,

il est pris d'une attaque. Il devient raide, pousse un cri aigu, et

est agité d'une série de secousses tétaniformes de plus en plus

rapides suivies d'une période de stertor avec écume. Il est bientôt

pris d'une nouvelle crise. La tête se soulève un peu, le corps devient

rigide, les bras en extension se rapprochent de la ligne médiane,

les faces des mains tournées l'une contre l'autre, les poings fermés

et les membres inférieurs sont dans l'extension, puis présentent

1 DEUX NOUVELLES OBSERVATIONS D'HYSTÉRIE MALE.

des secousses tétaniformes de plus en plus rapides, après quoi sur-

vient une période de stertor, avec rapidité de la respiration et

gonflement des joues.

Deux autres attaques épileptoïdes se succèdent bientôt. La pé-

riode de stertor de la troisième attaque est suivie tout d'un coup

d'une attitude passionnelle; le malade se redresse et se met à

genoux, la tête renversée en arrière, les yeux regardant au ciel et à

droite. Nouvelle attaque.-La face grimace violemment, la bouche

se tord affreusement. 11 pousse un gémissement; la tête se soulève,

tout le corps devient rigide, les membres dans la même attitude

que plus haut. Surviennent ensuite des secousses tétaniformes

de plus en plus fortes.- Enfin arrivent des mouvements cloniques

assez étendus dans les quatre membres et aussi intenses d'un côté

que de l'autre.-La crise se termine par une période de stertor

bruyant, avec résolution complète et dilatation pupillaire, les

yeux convulsés en haut et à droite. Ecume à la bouche. Respiration

précipitée, ronflante.

A 10 h. 20 nouvelle attaque avec : 1° rigidité; 2° phase tétani-

forme ; 3° période clonique avec mouvements étendus; 4° stertor.

A 10 h. et demie placé dans son lit il a une série d'attaques très

violentes, toujours semblables aux précédentes.

S'étant endormi il ne se réveille qu'à 3 heures et ses attaques le

reprennent.-A 8 heures du soir il a de nouvelles secousses pen-

dant 15 minutes, puis deux attaques d'une durée d'une minute, et

revient à lui presque aussitôt. La nuit est bonne, il dort, et le

lendemain il paraît seulement un peu fatigué.

23. Il travaille dans la section aux soins domestiques et va à l'é-

cole des adultes. Son caractère est assez gai et sa conduite est con-

venable depuis quelques mois. Il a souvent de la céphalalgie bitern-

porale, avec troubles de la vue. Les douleurs sont intermittentes.

Elles prennent le soir et durent environ une heure.

20 juillet.-Est allé en congé le 11, mais s'est sauvé de chez ses

parents dans la nuit du 18.

26. Réintégré, il prétend s'être sauvé parce qu'il avait trouvé

de l'ouvrage chez un lithographe. Il y serait resté trois jours et

faisait les courses. Il croit n'avoir eu qu'une seule attaque depuis

sa sortie, sur le boulevard Voltaire. Il a été conduit au poste où il

a donné un faux nom ; aussi ne l'a-t-on pas maintenu.

Après son arrestation il aurait été conduit au dépôt, où il serait

resté deux ou trois jours, puis à l'Asile clinique sur le certificat du

Dr Garnier portant : c Epilepsie, attaques graves et fréquentes,

affaiblissement intellectuel consécutif, actes déraisonnables et in-

conscients ». Renvoyé de Sainte-Anne à Bicêtre le 24 juillet avec

le certificat du Dr Dubuisson portant : « Epilepsie, perversion des

instincts, débilité mentale; atropliie musculaire de la main droite.»

Envoyé en cellule.

DEUX NOUVELLES OBSERVATIONS D'HYSTÉRIE MALE. 13

10 août. Tranquille depuis sa réintégration. Est resté quatre

jours en cellule. Va travailler à la buanderie. Dit être sujet à des

éblouissements, surtout quand il se baisse. S'il est debout « ça

lui fait noir devant les yeux». « Les personnes qui sont autour de

lui sont noires. » Il lui semble que tout tourne autour de lui. Il

prétend voir les objets doubles. Pas de phosphènes. Pas de

bourdonnements d'oreilles. Pas de perte de connaissance. La durée

de ces accidents est d'environ trente secondes. Il assure que les

vertiges viennent avant les attaques et l'avertissent.

11. - Les attaques ont commencé à 9 heures, épileptiformes seu-

lement d'abord, puis hystériformes avec délire ; paroles érotiques.

A certains moments il déclame des vers, puis chante une chanson.

Soupirs érotiques. Peu de gestes érotiques, quelques rares mouve-

ments du bassin. Ses paupières sont baissées, les yeux convulsés

en haut et en dedans. La sensibilité est abolie. Le pouls est petit

et rapide. Accès épileptiforme de quelques secondes après

lequel réveil incomplet qui lui permet de répondre aux questions

qu'on lui pose. Il pleure et se plaint de souffrir des lombes, des

cuisses et des bras.

15 septembre. On lui avait suggéré hier en état d'hypnotisme

la disparition d'un point hyperesthésique sous-costal gauche, et de

venir à 10 heures au cabinet. Il vient et dit qu'il n'a plus du tout

souffert de son point. -On l'hypnotise par compression des globes

oculaires. Les trois états sont peu nets : le plus net est le som-

nambulisme qui s'obtient par frictions sur le vertex. Avant la

séance il avait de l'achromatopsie complète à droite avec hémia-

nesthésie complète de ce côté. On lui suggère les couleurs, la dis-

parition des points douloureux, de l'aura de l'attaque et par suite

de l'attaque. On le réveille en lui soufflant sur les yeux. Une fois

réveillé, au bout de dix minutes il reconnaît toutes les couleurs

suggérées de l'oeil droit. Il doit venir nous retrouver demain seul

à 10 heures.

16. Il reconnaît toutes les couleurs sur des papiers autres que

ceux ayant servi à la suggestion.

23. A l'atelier, les surveillants et les camarades du malade

prient qu'on le garde à la section. On n'en peut rien faire et il

empêche les autres de travailler.

4 ? octobre. Série d'attaques depuis hier. Il est assez fatigué ce

matin, et ne veut rien manger. 38°,2.

2. Amélioration. Il répond bien aux questions. Il a eu deux

accès ce matin. T. R. 37°,8.

4. Il a eu onze attaques depuis hier. Il est abruti; répond mal

aux questions, mais entend bien et a la parole libre. Les pupilles

sont égales et moyennement dilatées.

4 novembre. - A gardé encore la notion de toutes les cou-

leurs.

14 DEUX NOUVELLES OBSERVATIONS D'HYSTÉRIE MALE.

9 décembre. - Sous prétexte qu'il « s'embêtait », et que depuis

hier soir les malades n'ont fait que l'ennuyer et l'appeler mar-

miton, il a cherché ce matin à s'évader; on l'a laissé sortir de la

section en même temps que les travailleurs, voulant, dit-il, parler

au surveillant; il a suivi les travailleurs jusqu'aux grands ateliers.

Il s'était fait un petit sac d'objets de toilette. - Il s'est caché

dans les cabinets, où il s'est rencontré avec un autre malade évadé,

Grand... 11 prétend qu'il n'y avait pas eu d'accord préalable entre

eux. Depuis un mois et demi il ne travaille plus. Il a été

renvoyé successivement de la buanderie et du marais. Envoyé en

cellule.

15. La sensibilité dans ses différents modes paraît très obtuse

des deux côtés. Il est très difficile de faire préciser au malade ce

qu'on lui fait et de constater une différence entre les deux côtés.

22. Depuis quelques jours le malade a de nombreuses atta-

ques se présentant par séries le soir. Il n'en a plus après 9 heures

et demie.

Aura. Quelques minutes avant l'attaque le malade dit avoir

des étourdissements, voir noir et voir tout tourner. Il a une

sensation d'étouffement partant de la région épigastrique qui

remonte à la gorge jusqu'au niveau du larynx. Pas de zones

hystérogènes, ni même hyperesthésiques; pas d'achromatopsie.

Le champ visuel est rétréci surtout à droite et l'acuité visuelle est

diminuée. La sensibilité des téguments de l'oeil est conservée, quoi-

que un peu diminuée du côté droit. L'acuité auditive est égale des

deux côtés mais faible. Le réflexe pharyngien est aboli. Le goût

parait très obtus, surtout sur la moitié droite de la langue.

L'odorat parait normal.

29. A été renvoyé plusieurs fois de la buanderie parce que la

vue des femmes l'excitait et qu'il allait se masturber dans les

cabinets où il avait des attaques. Dans ces derniers temps il a fait

deux tentatives d'évasion et a été mis en cellule huit jours, durant

lesquels il s'est masturbé une vingtaine de fois. La figure est

moins éveillée; il est obtus.

1887. 10 juin. Il s'est évadé à 4 heures du soir.

1888. 24 mars. Réintégré le 21 mars. A été arrêté vendant

un journal boulangiste et annonçant de fausses nouvelles de

Berlin.

Réflexions. I. Nous avons à signaler chez les ascen-

dants, des excès alcooliques chez le père et le grand-père du

malade; des migraines chez la mère; des accidents nerveux

divers chez les frères et soeurs (hystérie, arriération intellec-

tuelle et instabilité mentale, fièvre cérébrale).

II. L'hystéro-épilepsie s'est développée sur un terrain pré-

DEUX NOUVELLES OBSERVATIONS D'HYSTÉRIE MALE. 1 i

disposé : retard dans la marche et la parole, incontinence noc-

turne d'urine, débilité mentale, irritabilité, actes de violences,

perversion des instincts, instabilité mentale, en un mot un

état nerveux probablement d'origine congénitale et qu'il est

peut-être possible de rattacher aux tendances alcooliques du

père qui existaient déjà lors de la conception.

III. Dans un grand nombre d'observations d'hystérie nous

voyons des émotions vives être le point de départ des crises

convulsives. Ici il n'y a rien de ce genre d'après les parents et

le malade, étant peu véridique, on ne peut guère attacher d'im-

portance à ses dires lorsqu'il n'est pas possible de les contrôler.

L'hystérie a été précédée de troubles moraux et d'excès ou de

misère relative. Le malade appartient à la race juive. Or,

dans son existence jusqu'à la Révolution française et même

encore dans quelques pays, cette race a éprouvé à travers les

siècles un certain nombre d'émotions... très vives, portant

non plus sur les individus isolés mais sur la collectivité et

créant chez elle un état nerveux ethnique qui prédispose ses

membres d'une façon particulière à toutes les maladies ner-

veuses. Pour appuyer cette opinion, qui nous paraît peu con-

testable, nous n'avons pas sous la main de documents com-

plets. A leur défaut nous invoquerons une statistique partielle.

En 1875, à Bicêtre, sur 538 aliénés, dont 437 adultes et

101 enfants, il y avait 14 israélites. Si la proportion était la

même dans les autres asiles, on arrivait à 188 israélites

sur 7248 aliénés. Au recensement de 1872 la population

totale du département de la Seine était de 2,220,060 habitants

dont 24,319 israélites. Il s'en suivrait donc que les israélites

fournissent 7 aliénés 7 pour 1,000 alors que le reste de la popu-

lation n'en donne que 3,2. Nous reviendrons sur ces chiffres

approximatifs.

IV. Sous le rapport des attaques elles-mêmes, nous n'avons

rien à mentionner spécialement ; elles rentraient dans le type

classique. Lorsque les attaques se succédaient durant un assez

long temps, la température s'élevait un peu au-dessus de 38°

sans jamais atteindre le chiffre élevé qu'on observe dans l'état

de mal épileptique.

V. Relevons enfin l'atrophie musculaire de l'éminence.

thénar droite et du premier espace interosseux, sans pouvoir

préciser à quelle cause il convient de la rattacher. L'hystérie

16 DEUX NOUVELLES OBSERVATIONS D'HYSTÉRIE MALE.

en tout cas n'a joué aucun rôle dans sa production puisqu'elle

existait dès l'enfance.

II.

Sommaire. Père, convulsions de l'enfance; nerveux et irritable.

Grand-père paternel toedium vitre. Oncle paternel, excès de tout

genre. Deux cousins germains morts de méningite. Mère très

impressionnable. Grand-père maternel, excès de boisson. Pre-

mières dents à six mois ; parole à quinze mois; propre à trois ans;

marche à trois ans. Peurs à treize ans. Cauchemars, somnam-

bulisme. Première attaque à treize ans et demi. Pas d'aura,

oubli de l'attaque. Attaques de sommeil. Tremblement.

Stigmates hystériques peu marqués. Attaques limitées à la phase

épileptoïde. Elévation de la température après l'attaque.

Secousses. Hallucinations. Attraction.

Hir... (Lucien), né le 8 août 1869, est entré à Bicêtre (service de

M. BOURNEVILLE), le 25 juin 1887.

Renseignements fournis par le PÈRE. Père, quarante-cinq ans.

bijoutier, taille ordinaire, bien portant, pas d'excès de boisson.

Aurait eu des convulsions dans l'enfance. Marié à vingt-un ans.

Pas de syphilis. Céphalalgies assez fréquentes, sans vomissements.

Pas de rhumatisme. Pas d'attaques de nerfs, mais très ner-

veux, très irritable. Intelligent. Père, mort quand il avait

douze ans, d'ennui surtout, ayant perdu sa femme deux ans aupa-

ravant. Sobre; très fumeur.Mère, couturière, morte quand il avait

dix ans; il ne sait de quoi; elle avait une affection abdominale

depuis huit mois. - Grands parents paternels, pas de renseignements

ni sur le grand-père maternel. Grand'mère maternelle, morte de

vieillesse à quatre-vingt-cinq ans, non paralysée.-Trois frères, l'un

mort de la poitrine à l'Hôtel-Dieu; faisait des excès de tout genre;

le second mort des suites d'une opération sur le cou; le troisième

est bien portant et n'a jamais eu d'accidents nerveux. Il en est de

même de ses trois enfants. Deux d'entre eux sont mariés d'où sont

issus trois enfants dont un est bien portant, et dont les deux autres

sont morts de méningite (cousins issus de germains de notre malade).

Pas de soeurs. Pas d'hystériques, d'épileptiques, de paraly-

tiques, etc., dans la famille.

Mère, quarante ans, s'occupe de son ménage. Pas de convulsions

dans l'enfance. Réglée à douze ans. - Mariée à seize. Pas d'atta-

ques de nerfs, de migraines, mais assez souvent des céphalalgies.

DEUX NOUVELLES OBSERVATIONS LHYSTERIE MALE. 'l ï

Pas de névralgies, pas de rhumatismes, pas de maladies de peau.

Très impressionnable. Aucune maladie sérieuse depuis son ma-

riage. -Pèrc, bien portant; excès de boisson de tout temps, mais

n'allant pas jusqu'à l'ivresse, « c'est comme un tonneau D. Calme,

sans accidents nerveux. Mère morte il y a longtemps, d'une affec-

tion abdominale; n'élait pas nerveuse. Grand-père paternel,

mort jeune, paralysé à la suite d'excès de boisson. Grand'mère

paternelle, morte subitement à soixante-cinq ans. - Grands parents

maternels, pas de détails. Ni frères, ni soeul'S, Pas d'hystériques,

d'épileptiques, d'aliénés, etc., etc., dans la famille. [Pas de con-

sanguinité.]

Deux enfants : 1° fille, vingt et un ans, petite, bien conformée ;

intelligente; pas de convulsions dans l'enfance; non mariée; pas

d'attaques de nerfs; pas nerveuse.

2° Notre malade. - Au moment de la conception, les parents

étaient bien portants tous les deux. Grossesse bonne. Pas de

chutes, de coups, de peur; pas d'alcoolisme; pas d'éclampsie. -

Accouchement à terme, naturel. A la naissance, pas d'asphyxie;

bel enfant. Elevé au sein par sa mère; sevré à quatorze mois.-A

marché à trois ans seulement. Premières dents à six mois. A

commencé à parler vers quinze mois. A eu toutes ses dents très

tard, vers trois ans; propre à trois ans seulement. Il était déjà en

retard à quatorze mois quand il a été sevré, au début du siège de

Paris. Il a pris du bouillon de cheval pendant deux ou trois mois.

Après la Commune, on le mit au lait de chèvre et il reprit assez

vite. « Le lait de chèvre l'a sauvé, » dit la mère. -Il l'a continué

pendant deux ans, et on dut le supprimer parce que cela le ren-

dait très méchant, très nerveux 1. Mis à l'école vers quatre ans, il

apprenait bien, comme les enfants de son âge. Pas de convulsions

dans l'enfance. A neuf ans, chute sur le côté gauche, avec une

énorme bosse au front, qui aurait toujours laissé une trace. Elle ne

s'est pas accompagnée de perte de connaissance et il a pu retourner

à l'école le lendemain. A treize ans, en allant faire une course.il eut

une peur occasionnée par la chute à ses pieds, d'un sixième étage,

d'un individu qui se suicidait. Il a été éclaboussé parle sang et la

cervelle. Il ne s'est pas trouvé mal, mais il est rentré à la maison

tout effrayé, blême et tremblant. Un mois après, étant à la cam-

pagne, les gamins du pays, pour faire une niche au Parisien, le

conduisirent auprès d'un terrain bourbeux en le défiant d'y aller.

Il y alla et s'enfonça presque jusqu'aux épaules. 11 aurait eu très

peur. Quinze jours après il est rentré chez ses parents. C'est alors

qu'on a constaté des cauchemars qu'il n'avait pas auparavant.

Il se levait la nuit, traversait une pièce, allait dans la chambre de

m

1 Jean Wior.

Bourneville, Bicêtre, 1891. 2

18 DEUX NOUVELLE* OBSERVATIONS D'HYSTÉRIE MALE.

son père, effrayé et disant qu'il y avait des voleurs : « Je t'en prie,

lève-toi, il y a des voleurs ici. » il fallait qu'on le conduisit à la

porte, lui montrer qu'elle était bien fermée, que des voleurs

n'avaient pu entrer. Rassuré, il se recouchait et s'endormait.

D'autres fois il criait : « Au feu, venait trouver son père, la figure

très effrayée et les yeux ouverts. Cela lui arrivait environ trois fois

par semaine. Jamais il ne parlait du suicidé, ni de son embourbe-

ment. Il ne lisait pas de romans, mais seulement des livres de

science.

C'est un mois après la seconde peur, à treize ans et quatre mois,

qu'il a eu sa première attaque (novembre 1882). Il fut pris en

mangeant gloutonnement un morceau de céleri. Il se mit à tourner

autour de la table en étouffant (on croyait que c'était le morceau

de salade); puis il tomba à la renverse, raide, les dents serrées.

On essaya mais en vain de les écarter pour enlever le morceau de

céleri. Puis il aurait gigolté» environ quinze minutes. Bave san-

guinolente légère. Le médecin arriva quand la raideur avait disparu

et lui enleva le morceau de céleri. Alors il s'assoupit sans dire un

mot depuis le commencement de son attaque. Il n'évacua pas sous

lui. Pas d'aura. Il ne se rappela pas ce qui lui était a'rivé. Pas de

cauchemars pendant la nuit suivante. Le lendemain il était très

fatigué, et n'est pas sorti.

La seconde attaque eut lieu dix mois plus tard. Dans l'intervalle

la santé avait été bonne, mais les cauchemars avaient persisté.

Cette seconde attaque l'a pris alors qu'il était en classe, sans cause

appréciable. Elle dura quinze minutes. Pas d'aura, pas de délire. Il

s'est mordu la langue, mais n'a pas uriné sous lui. Il put revenir à

pied chez lui.Il fut alors traité par Haspail pendant huit mois pour

de l'anémie, par les viandes saignantes elles bains sédatifs, et pen-

dant cette période, il eut deux ou trois attaques. Il eut huit atta-

ques seulement cette année-là (1883).

En 1884 on continua le même traitement et il eut quinze attaques.

C'est alors qu'on le conduisit à la consultation de M. Charcot où

M. Marie lui ordonna le bromure de potassium à doses graduées.

Il resta un mois sans tomber. Puis il y eut une rémission de trois

mois.- On diminua la dose et il retomba au bout de quinze jours.

On a alors augmenté la dose de bromure et on lui a donné des

douches (été 1885; -hiver 1885-86). Il eut neuf attaques en 1885. Il

suspendit le bromure en 1886, au mois de mai, parce que cale

dégoûtait. Les crises venaient alors tous les mois, toutes les six

semaines. On l'envoya ensuite à Berck où il ne fit que prendre des

bains de mer (juin-décembre 1886). Il aurait été trois mois sans

attaques. Vers la fin de son séjour il eut une attaque dans les

champs en conduisant un cheval qui lui fractura la clavicule d'un

coup de pied, fracture pour laquelle il fut traité à l'hôpital.

En 1886 il eut treize attaques. -Dans l'une d'elles, il s'est cassé deux

DEUX NOUVELLES OBSERVATIONS DeHYSTÉeP.IE-. MALE. 19

dents, s'est abîmé la mâchoire et le menton qui en portent. encore

les traces. Dans une autre, l'année précédente,. il était tombé au

milieu de la rue et avait failli être écrasé par un camion. Il semble

qu'il n'ait en effet aucune aura qui l'avertisse.

Fig. i .

fit. 2. 2.

20 DEUX NOUVELLES OBSERVATIONS D'HYSTÉRIE MALE.

En 1887, après une rémission d'un mois, il fut repris d'attaques

tous les quinze jours, A la fin de février il fut traité parle D' Rivalls,

qui promit de le guérir avec son nervo-sédatif pour 150 francs.

75 comptant, et 75 ensuite après guérison. Il resta trois mois sans

tomber. A la fin du mois de mai, revenant de course il s'est assis et

Fig. 3. 1

Fig. 4.

DEUX NOUVELLES OBSERVATIONS D'HYSTÉRIE MALE. 21 1

aussitôt endormi sans rien dire. Son père, croyant à une plaisan-

terie, l'a secoué pour le réveiller. Alors il s'est levé puis est re-

tombé raide et s'est mis à s'agiter, à se débattre d'une façon telle

que trois personnes ne parvenaient pas à le maintenir. Puis il

répéta à plusieurs reprises : « Plutôt la mort ! » La physionomie

n'était pas changée. Il se roulait sur lui-même, mais ne faisait

pas l'arc de cercle. Il cherchait à s'arracher la poitrine. Les yeux

étaient fermés. De temps en temps il y avait un arrêt, puis il se

raidissait et recommençait à se débattre. Gela dura une heure. En

revenant à lui il fut repris d'une crise analogue aux anciennes

(probablement attaque épileptoïde); pas de pleurs, pas de miction

involontaire. Il n'a pas dormi après son attaque, s'est levé et a

aussitôt diné. Puis il raconta que, avant de rentrer à la maison, il

était tombé en glissant dans la rue et avait failli être écrasé par un

omnibus. Une femme qui passait, croyant qu'il était écrasé, s'était

trouvée mal et avait été conduite dans une pharmacie. Il assurait

que lui n'avait pas eu peur. Huit jours après, nouvelle attaque

qui a débuté de la même façon : sommeil de deux minutes d'abord,

puis il a été pris sans qu'on y touche; il s'est levé et est tombé

en pirouettant. L'attaque dura trente minutes. Il avait dans sa

poche un couteau qu'il prit et essaya d'ouvrir. On le lui enleva et

il fit le simulacre de s'en donner un coup dans la poitrine. Il prit

ensuite un canif dans la poche de son gilet, on le lui enleva, et il

f encore le simulacre de se donner des coups dans la poitrine. : Dans ses crises il cherche toujours à se déchirer la poitrine,

comme s'il y souffrait beaucoup. » Il tombe presque toujours en

penchant du côté gauche. Les attaques deviennent plus fréquentes,

revenant tous les huit ou quinze jours. Dans l'une d'elles, il fut

victime d'un escroc qui le dévalisa dans une pharmacie, avant qu'il

eut recouvré connaissance, en se faisant passer pour son frère, fait

qui fut rapporté dans divers journaux le lendemain sous le titre :

Un épileptique volé.

Au mois de juillet, après deux attaques survenues dans la rue, il

est pris d'idées tristes voyant que sa maladie ne guérit pas. « Il se

croit une charge pour tout le monde et dit qu'il se jettera par la

fenêtre si cela continue. Il devient irritable, plus colère qu'autre-

fois. Il ne dort pas depuis six mois, sans savoir ce qui l'en empê-

che. » I)ans la journée il s'assoupit volontiers. Depuis qu'il se

traite il n'a plus de cauchemars. Par moments il a des accès de

gaité; d'autrefois des accès de tristesse.

La mémoire serait devenue plus lente depuis le début de la

maladie. Il est devenu aussi très contrariant et soutient toujours

l'inverse de ce qu'on avance. Pas d'onanisme, pas de rapports

sexuels; il ne cherche pas la compagnie des jeunes filles; il est

cependant caressant et embrasse volontiers un ami.

Rougeole à quinze mois, puis scarlatine qui le rendit très malade.

'2 DEUX NOUVELLES OBSERVATIONS D'HYSTÉRiE MALE.

Pas d'autres fièvres. Pas de diphthérie; pas de chorée. Coqueluche

après la scarlatine. Pas de croûtes dans les cheveux, pas d'adé-

nite ; pas de dartres; pas de gourme, d'otite, ni d'ophthalmie.

Dans ces derniers temps il ne faisait rien; il s'ennuyait à la

maison, et il a cherché quatre ou cinq fois il se placer pour faire

des courses. Il restait au maximum un mois en place; ça l'en-

nuyait et il disait : « J'en ai assez, je m'en vais, » ou bien on le

renvoyait à cause d'un tremblement qui le prend par moments

et l'empêche d'agir sûrement.

Sa tenue est bonne, sun langage convenable. Il parait qu'à Berck

on le poussait à boire pour résister au climat (café, cau-de-vie,

bière). Il ne s'est jamais grisé qu'une fois. A Paris il n'a pas fait

d'excès alcooliques.

Depuis longtemps, - avant sa première crise,- il se plaint de

souffrir du coeur, d'être essoufflé en montant les escaliers. Il s'en

plaint de plus en plus depuis le début des crises.

Etat actuel. 5 juillet 1887. - Tête. Pas d'asymétrie crânienne

appréciable. Cheveux, châtain foncé, assez fournis. Front,

élevé, large. Bosses frontales saillantes. Légères dépressions sus-

sourcilières. Sourcils marqués.

DEUX NOUVELLES OBSERVATIONS D'HYSTÉRIE MALE. 23

Oreilles petites, bien ourlées. La montre placée de chaque côté à

la même distance est mieux entendue à gauche qu'à droite. Placée

directement sur le pariétal, elle n'est pas du tout entendue à droite

et l'est très faiblement à gauche.

Thorax, bien développé; régulier, symétrique. Fracture ancienne

de la clavicule gauche.

- Membres supérieurs. Bien conformés et développés. Réflexes

du coude et du poignet égaux et normaux.

Membres inférieurs, bien conformés. Réflexes patellaires et

plantaires diminués du côté droit.

Organes génitaux. Poils assez courts, peu nombreux sous les

aisselles. Poils abondants au pénil. Verge, longueur 7 cent.,

circonf. 6 1/2. Prépuce un peu étroit; gland découvrable, méat

normal. Testicules dans les bourses, égaux, du volume d'un petit

oeuf de poule, non douloureux.

Sensibilité générale. Le chatouillement parait senti également

des deux côtés de la face, mais d'une façon plus marquée à gauche

au tronc, aux bras et aux membres inférieurs. La sensibilité à la

piqûre parait atténuée du côté droit au cuir chevelu, à la face et au

cou. Sur le tronc et les membres inférieurs, les yeux fermés, elle

est prise pour un pincement. La sensibilité au pincement est dimi-

nuée dans tout le côté droit du corps. Il en est de même de la sensi-

bilité à la température.

Pas de plaques d'hypéresthésie ni d'anesthésie. Légère douleur

par la pression d'un point situé à environ 5 centimètres au-dessus

du mamelon du côté gauche. Pas de douleur à la pression des apo-

physes vertébrales. Torticolis assez fréquents passant en une ou

deux heures.

Pas de points hystérogènes, sauf le léger point douloureux mame-

lonnaire, où le malade porte toujours sa main pendant ses attaques,

et qui est alors très douloureux. Céphalalgies occipitales et tem-

porales fréquentes.

Digestion. -Bon appétit. Quelquefois il mangeait énormément :

« on croyait qu'il avait le ver solitaire ». Quand il est sur le point

d'avoir une attaque. il ne mange pas ou très peu. Après ses atta-

ques, au contraire, il a très faim. Il vomitsouvent sans raison, - ou

bien il a seulement des nausées. Constipation fréquente.

Respiration, bonne. Ne tousse pas, mais a souvent craché du

sang, surtout après ses attaques. Circulation : coeur normal,

régulier; pas de palpitations.

Il ne sent pas quand il va avoir ses attaques, mais souvent en

dehors d'elles il a la sensation d'une boule qui part du creux épigas-

trique pour remonter à la gorge et l'étouffer. D'autres fois il a un

point douloureux au niveau du coeur, qui le fait étouffer surtout

quand il monte les escaliers. Quand on le met debout les yeux

fermés il chancelle, et tomberait si on ne le retenait pas. Il dit que

24 DEUX NOUVELLES OBSERVATIONS D'HYSTÉRIE MALE.

... f'. 't .

pendant son attaque il lui semble rêver et qu'à la suite « cela lui

fait le même effet que lorsqu'on se réveille et que. l'on, sent qu'on

a rêvé ».

27 juin. - Vers 4 heures de l'après-midi, il prévient qu'il va

peut-être avoir une attaque et qu'il faut-se méfier, car il cherche

à mordre.et,à égratiguer. ,

A 6 heures, il causait avec ses camarades quand l'attaque

commença. Il tomba sur le dos, puis rebondit sur les fesses et sur

les épaules à un mètre environ de distance. Le regard n'était pas

modifié tout d'abord. Il clignotait des yeux seulement et cherchait

à mordue et à égratigner. Il faisait coup sur coup l'arc-de. cercle,

puis retombait inerte et recommençait ensuite. Puis ses yeux tour-

nèrent, il grinça des dents et poussa des sortes de grognements. Il

eut quatre crises semblables à cinq, minutes d'intervalle : la pre-

mière dura vingt minutes, les trois autres dix minutes seulement.

28. Nouvelle crise en présence de l'un de nous. Il tombe brus-

quement sur le dos sans prévenir, sans pousser de cri. Puis il s'arc-

boute sur les épaules et les jambes et bondit ainsi trois fois en

arrière. Enfin étendu sur le dos, il est agité de convulsions cloniques.

Les poings sont fermés, mais le pouce n'est pas fléchi dans l'inté-

rieur de la main. Il cherche à mordre et à égratigner, et mord

même au mollet un de ses camarades qui le maintient. Pas de cris,

pas de paroles, mais des gémissements, des sortes de jappements,

puis il tombe dans un état de résolution complète. Au bout de trois

Fig. 5.

DEUX NOUVELLES OBSERVATIONS D'üYSTÉRIE MALE. 25

minutes secousses dans tout le corps, puis convulsions toniques, et

petits arcs de cercle. Brusquement apparaissent de nouvelles convul-

sions cloniques avec grands mouvements, après quoi il tombe en

résolution pendant sept minutes. Pendant tout le temps des convul-

sions les yeux étaient fermés et les globes oculaires convulsés en

haut et en dedans. Après la période de résolution il rouvre les yeux.

Le regard est fixe, hagard. Il regarde devant lui et est bientôt

26 6 DEUX NOUVELLES OBSERVATIONS D'HYSTÉRIE MALE.

repris de nouvelles convulsions cloniques qui durent une demi-

minute environ.

Arc de cercle latéral. Secousses dans les membres. Résolution

d'environ deux minutes. Puis gémissements. Il ouvre légèrement

les yeux, a l'air moins égaré, semble comprendre et se dresse sur

son séant pendant environ une minute : Mais tout à coup, il se

rejette en arrière comme au début de l'attaque en s'arc-boutant

sur les épaules et sur les pieds successivement pour bondir ainsi

deux ou trois fois, et retomber enfin sur le dos. Surviennent alors

des convulsions toniques de tous les membres, avec gonflement du

cou, constriclion des mâchoires, frémissement des paupières. Au

bout de sept minutes il se redresse sur son séant, pousse un grand

soupir, entr'ouvre les yeux, puis retombe sur le dos dans un état de

résolution complète qui dure quatre minutes. Après quoi, il regarde

à droite et à gauche, se dresse sur son séant et se relève complète-

ment. Il arrange le désordre de ses vêtements, se rappelant avoir

eu une attaque, mais ne se souvenant pas comment cela lui a pris.

Il n'a pas l'air ahuri après son attaque, ni fatigué. Il titube un

peu en marchant et on a de la peine à tirer de lui quelques

réponses. L'attaque a duré en tout vingt-six minutes.

8 juillet. - Etant assis tranquillement sur un banc, il a tout à

coup fermé les yeux comme s'il s'endormait, puis a glissé à terre.

Au bout de quatre à cinq minutes il entr'ouvre les yeux et tourne

la tête à gauche. Frémissement des paupières, pâleur marquée de

Fi ! }. 7.

DEUX NOUVELLES OBSERVATIONS D HYSTERIE MALE. 2< Î

la face, regard dirigé en haut. Rigidité complète avec extension

pendant deux minutes, suivie d'une courte résolution. Puis fré-

missements des paupières; les bras s'étendent en croix, les poings

fermés, le pouce étendu. Gonflement du cou, battements préci-

pités du coeur; peau moite. Résolution de sept minutes. Il entr'ou-

vre les yeux,.se redresse sur son séant, tourne la tête à droite et à

F'ig. 8.

28 DEUX NOUVELLES OBSERVATIONS D'HYSTÉRIE MALE.

gauche, puis retombe. Les yeux sont refermés : frémissement des

paupières, grimaces de la face, petits soubresauts du ventre et des

jambes. Résolution, puis sommeil apparent avec respiration et

coeur réguliers, pendant vingt minutes. Il tourne de nouveau la

tête à droite et à gauche; frémissements des paupières; les yeux

hagards s'entr'ouvrent; frémissements des extrémités; poings

fermés. Enfin il retombe dans le calme, comme endormi, le visage

un peu coloré, la respiration faible, sans mouvements.

9.- A 7 h. et demie, se trouvant au premier rang des enfants

au concert, il se met à genoux tout à coup en fermant les yeux et

exécute avec sa tête et ses bras le mouvement du morceau joué.

La face est pâle, les mains sont froides. On l'emmène à l'infirmerie,

les yeux toujours fermés, en le soutenant sous les bras pour mar-

cher. Jusqu'à 3 h. et demie il reste dans le même état. Ses

parents étant venus le voir, il ne put rouvrir les yeux en leur pré-

sence, mais aussitôt après leur départ il fut pris d'une attaque de

peu de durée, à la suite de laquelle il rouvrit les yeux en disant :

« Je vois clair. A 7 heures du soir, il était couché dans son lit

quand subitement il s'est levé, s'est sauvé en chemise et a passé

avec une telle rapidité devant les gens de service qu'on n'a pu l'at-

teindre tout de suite. On le reconduisit à son lit, et alors il se mit

à pleurer et à demander du papier et un crayon pour écrire à son

père qu'il voyait clair.

11. -- A 8 heures du matin, il était assis dans un fauteuil,

quand tout à coup il s'est élancé à travers la salle et est venu se

jeter tête baissée contre la porte dans laquelle il donna de vio-

lents coups de tête pendant deux ou trois minutes. Puis il s'est

relevé lentement et s'est mis à casser les carreaux. On est parvenu

à l'étendre par terre où il est resté calme pendant dix minutes,

puis il est allé se rasseoir dans le fauteuil.

96. - Attaque à 5 heures du soir, de dix minutes de durée,

à la suite de laquelle on le coucha les yeux fermés. Le lendemain,

il n'a pas pu rouvrir les yeux. Les paupières sont plissées dans les

angles internes et animées de frémissements continuels. On les

écarte avec difficulté et ou constate que les globes oculaires sont

tournés en haut et en dedans, et que les pupilles sont contractées.

A 3 heures de l'après-midi, il a une attaque qui dure quatre

minutes à la suite de laquelle il a rouvert tes yeux. Le soir, étant

debout, ses yeux se sont fermés de nouveau, il a fait une dizaine

de pas, s'est déchaussé, a ôté ses bas toujours debout, est resté

immobile pendant cinq à six minutes, puis a été pris d'une atta-

que qui a duré sept minutes. Sa température après l'attaque était

de 38°,2, un quart d'heure après 38°. Sommeil agité pendant la

nuit.

z Pendant le concert du matin, il s'est endormi et cinq à sept

minutes après il a eu une attaque qui a duré quatre minutes et

DEUX NOUVELLES OBSERVATIONS D'HYSTÉRIE MALE. 29

dans laquelle il s'est mordu la langue. Il s'est endormi ensuite

20. A 2 h. vingt de l'après-midi, étant en classe, il tombe

brusquement sur le dos les bras croisés sur la poitrine. Ses yeux se

ferment, ses bras s'étendent en croix, les poings fermés. Frémisse-

ments des paupières et des muscles de la face. Arc de cercle pro-

noncé. Il ouvre et ferme les yeux à deux reprises. Les yeux sont

hagards, puis fixes, et se ferment enfin, et le malade semble

assoupi. La durée de l'attaque a été de dix-huit minutes. Il se

relève, répare le désordre de ses vêtements et répond à ce qu'on

lui demande. Puis tout à coup, après avoir fait quelques pas dans

la classe il pousse un cri, tombe le dos dans une vitrine, puis à terre

sur le côté droit. Il reste ainsi trois minutes, le corps agité de

légères secousses. Petits gémissements. Repos de quatre à cinq

minutes. Ses yeux se rouvrent, il se dresse péniblement sur son

séant. 11 se relève enfin complètement et marche en trébuchant. Il

est pâle et respire difficilement. Température à la fin de l'attaque,

38°,2. Une demi-heure après l'attaque, température 37°,9. Deux

heures après, température 36°,9.

23. - Nouvelle attaque en présence de l'un de nous. Tombé à

terre, il est pris de nouvelles secousses dans tout le corps, surtout

du côté gauche. Il se dresse sur le côté droit, se passe la main sur

les yeux, déboutonne de la main gauche son gilet. Les traits du

visage sont crispés, les yeux fermés. Il ôte sa veste et la jette brus-

quement loin de lui; puis il retombe sur le dos et est agité de

fortes secousses dans tout le corps. Les pieds frappent fortement

le sol. Il se tourne sur le côté droit et commence à défaire sa che-

mise, mais maladroitement. On l'appelle, il ne répond pas. Il

défait encore son gilet de flanelle et reste ainsi trois minutes. Les

mâchoires sont contractées et les muscles de la face sont agités

de petits frémissements. Il se retourne et tombe sur le ventre, les

bras en croix, les jambes écartées.- Secousses dans tous les mem-

bres et le tronc. Résolution de deux minutes. Il se dresse alors

sur son séant en se frottant les yeux, la poitrine et les épaules. Il

se met debout, s'étire les bras et s'habille, mais gauchement, auto-

matiquement. Il ne répond qu'au bout de quelques minutes aux

paroles qu'on lui adresse. La durée de l'attaque a été de trente-

sept minutes.

24.- Attaque de quatre minutes à 8 h. et demie du matin;

une seconde de onze minutes à 9 h. trente-cinq.

95.-Attaque de dix-sept minutes à 7 h. et demie; une seconde

de douze minutes à Il h. et demie.

26.-Assis tranquillement au concert du matin, il écoute l'orgue

avec recueillement, puis peu à peu il s'endort, et au bout de huit

minutes il seJève, se dirige lentemenl vers l'orgue, les yeux fer-

més, le visage très pâle. Arrivé devant l'orgue, il se met à genoux

et s'approche en se traînant sur les genoux jusqu'au maître de

30 DEUX NOUVELLES OBSERVATIONS D'HYSTÉRIE MALE.

musique. Il bat la mesure de la tête, et reste ainsi, les mains

jointes, environ douze minutes. Le concert fini et sur un appel

de son nom, sans même qu'on le touche, il tombe en arrière et

a une attaque qui dure quinze minutes.

27. Au moment de la visite, il est pris dans la cour d'une

attaque. Il était assis sur un banc, quand il s'est levé, a tourné

deux fois sur lui-même en sautant, puis est tombé raide sur le dos.

Au bout de quelques secondes il s'est retourné sur le ventre, les

jambes étendues, le bras droit levé. Il se retourne ensuite sur le

côté droit, la jambe droite allongée, la gauche un peu écartée ; le

bras droit élevé, le gauche allongé en bas, la tête dans l'exten-

sion. Il se tourne sur le ventre, puis sur le dos, et encore sur le

ventre, les jambes allongées l'une contre l'autre; le bras gauche

allongé le long du tronc, le bras droit perpendiculaire. Il se

retourne brusquement de nouveau sur le dos, les jambes allongées,

rigides, écartées ; les bras en croix, rigides, les mains fermées, les

pouces en dehors, la tête dans l'extension.

Nouvelle attaque. Rigidité très forte, face rouge, yeux en haut.

Durée de dix secondes. Ecume blanche, léger stertor. Il se retourne

alors brusquement. 1° Nouvelle période épileptoïde, puis

secousses tétaniformes des jambes, surtout de la gauche. 2° Il

se retourne brusquement sur le ventre, puis sur le dos. Il ouvre

alors les yeux, parait étonné, se lève, se plaint de la tnte. - Durée

dix minutes. T. R. 38°,1. Un quart d'heure après, T. R. 37°,8.

Nouvelle attaque à 10 heures. T. R. après l'attaque, 38°, 3 ; un

quart d'heure après 37°,9 ; deux heures après 37°,1.- Durée dix-

huit minutes. A 5 heures et demie, après son diner, nouvelle attaque.

Il bat l'air de ses bras, et reste vingt secondes debout, les yeux

fermés; puis il tombe à terre après avoir sauté deux fois. Il reste

tranquille une minute, puis se tourne sur le côté droit les jambes

écartées et les bras en croix. 11 se frappe la poitrine avec violence

de son poing droit fermé; se met sur les genoux la tête appuyée

par terre entre ses deux mains. Il se relève tout debout, reste ainsi

une minute et demie et retombe de toute sa hauteur en cherchant

à mordre et à égratigner. Résolution de peu de durée.

De nouveau il se dresse sur les genoux, se frappe la poitrine à

coups redoublés avec ses deux poings. Frémissements des paupières

et de toute la moitié gauche du corps. Gémissements et petits

cris. Résolution complète pendant sept minutes. Après quoi il se

relève. On lui adresse la parole, mais il regarde d'un air égaré et

ce n'est qu'au bout de huit minutes qu'il répond. Durée de l'at-

taque : 3Li minutes. T. R., après l'attaque 38°,4; un quart d'heure

37°,9; deux heures après 3 bill,6.

30 août. L'un de nous essaie de l'endormir par la pression des

globes oculaires, mais sans succès.

34. - Nous essayons de nouveau par le regard. Au bout de

DEUX NOUVELLES OBSERVATIONS D'HYSTERfE MALE. 3'1

quatre minutes on constate un peu de fatigue du malade, avec des

mouvements de déglutition et du larmoiement. A plusieurs reprises

nous recommençons sans succès. Même état des pupilles pendant

toute la durée de l'expérience.

2 septembre. Nouvelle expérience d'hypnotisation par la fixa-

tion d'une baguette de verre, mais sans plus de succès. On essaie

de l'endormir par la compression des globes oculaires sans réussir

davantage.

Il a ordinairement de l'insomnie, et de la difficulté à s'endormir;

sans hallucinations hypnagogiques. Il a des cauchemars mais beau-

coup moins souvent que chez lui. Parfois tremblement des deux

mains, surtout de la gauche. De plus il a quelquefois des secousses

des deux bras et même de tout le tronc, qui ont beaucoup

diminué.

Hallucinations. Il voit parfois dans le jour comme des souris

ou des boules noires qui passent de gauche à droite. Il n'en avait

pas chez lui et elles auraient apparu depuis quinze jours seule-

ment. Elles n'auraient d'après lui aucun lien avec les attaques.

Traitement. Deux douches par jour, gymnastique, école. Il

se décide à aller travailler à l'atelier de cordonnerie ce qu'il a tou-

jours refusé jusqu'alors.

31 octobre. Devant le désir de ses parents et le sien on l'en-

voie en congé renouvelable pour huit jours, au bout desquels il

refuse de rentrer à Bicêtre et on lui signe sa sortie.

Réflexions. -I. Nous retrouvons ici les mêmes influences

que chez le premier malade : hérédité et alcoolisme.

II. A treize ans, à la suite d'accidents qui l'avaient fortement

impressionné, H... devient sujet à des cauchemàrs, et au bout

d'un mois, éclate la première attaque, suivie d'une seconde,

seulement dix mois plus tard. A partir de là, jusqu'en 1887, il

a des attaques mensuelles ou bi-mensuelles qui toutes présen-

tent le caractère épileptoïde, d'autant plus qu'il n'y a pas

d'aura et qu'elles s'accompagnent de traumatismes sérieux.

III. Nous retrouvons dans les attaques ultérieures précédées

d'un sommeil plus ou moins long et qui prennent de plus en

plus l'allure hystérique, la plupart des symptômes classiques :

hémiparésie à droite avec diminution de la sensibilité spéciale

et des réflexes rotulien et plantaire du même côté ; contracture

passagère des muscles des paupières et du sterno-mastoïdien ;

défaut d'équilibre par l'occlusion des paupières, modifications

du caractère, alternatives de gaieté et de tristesse, idées vagues

32 DEUX NOUVELLES OBSERVATIONS D'HYSTÉRIE MALE.

de suicide, instabilité mentale, hallucinations, attitude du

crucifiement, arcs de cercle ventral et latéral, actes propulsifs

et automatiques, tentatives pour mordre et égratigner, etc. '.

IV. Nous avons vu que ce malade dans ses crises exécutait

des sauts plus ou moins violents, semblables à ceux des hysté-

riques du sexe féminin. Ces sauts, ces soulèvements ou ces

enlèvements sont fréquemment signalés dans les écrits sur les

démoniaques. En voici quelques exemples :

« Icelle peu après les noces commença d'être misérablement

tourmentée par le malin esprit, tellement qu'en quelque part

qu'elle fust, mesme au milieu des dames et damoiselles, elle

estoit soudain emportée et traînée'par les chambres et souvenues

fois jettée, puis en un coin, puis en l'autre, quoique ceux qui

estoient présents taschassent de la retenir et de l'empescher 2, »

Dans l'épidémie qui a sévi sur les «. nonnains enfermées en

le comté deHorn... aucunes estoient eslevéesen l'air à la hau-

teur d'un homme et rejettées contre terre... Une d'entre elles

fut soulevée en l'air et quoique les observants s'efforçassent

l'empêcher et y missent la main toutes fois elle leur estoit

arrachée maugré eux, puis tellementrejettée contre terre qu'elle

sembloit morte. »

Un point commun aux deux observations, c'est la forme

épileptoïde qu'ont revêtu les attaques, soit au début, soit dans

le cours de la maladie. Lorsqu'on ne connaît pas les antécédents

et qu'on n'a pu assister qu'à une seule attaque, on peut hésiter.

Ces crises isolées s'accompagnent parfois d'une légère éléva-

tion de la température, comme dans l'accès d'épilepsie. Mais

si les attaques se succèdent pendant une ou plusieurs heures,

la température ne s'élève pas, tandis que le même nombre

d'accès épileptiques déterminerait au contraire une prompte

élévation de la température. Nous avons insisté sur les faits de

1 Dans les ouvrages relatifs aux possessions on rencontre parfois des

exemples de torticolis spasmodique : « Lors cet esprit print le métailler

qui l'injuriait par la tête, laquelle il lui tordit en telle sorte que le

devant estoit droitement derrière; dont il ne mourut pas toutefois, mais

vesquit depuis longtemps ayant le col tors et renversé... » (Taillepicd,

Traite sur l'apparition des esprits, p. 128-130.)

, Jean Wier. - Illusions et impostures des diables, et Goulart, p. 143

et suivantes.

Hystérie mâle. ` 33

cegenre à propos de deux hystériques de la Salpêtrière (1),

et ces faits méritent d'autant plus d'être rappelés, qu'ils

semblent par leur ancienneté relative avoir échappé à

l'attention de quelques auteurs récents.

Enfin, au l'occasion de ces deux nouveaux cas d'hysté-

rie mâle, nous croyons utile de rappeler ceux que nous

avons publiés antérieurement. Ils ont paru soit dans le

Progrès médical, soit dans les Archives de Neurologie

et ont été reproduits dam nos Comptes rendus du service

des épileptiques et des enfants idiots de Bicêtre, le pre-

mier avec d'Ollier (1881, 1. 1, p. 30); le second avec Daube

(t. II, p. 122) ; le troisième avec Bonnaire (t. III, p. 55) ; le

quatrième avec Bonnaire (t. IV, p. 87); le cinquième avec

Leflaivc (t. V, p. 164). Dans le tomeX [Compte rendu de

l'année 1889), nous avons publié avec Sollier l'histoire

d'une famille d'hystériques (p. 159). Enfin, le tome XI

renferme trois autres observations (avec Séglas). Ces

renseignements pourront être utiles à ceux que tenterait

la tâche d'une nouvelle monographie de l'Hystérie chez

l'homme (2). - ,"

(1) Bourneville et P. Regnard. Iconographie pltoiogl'. delà, Salpêtrière,

t. III, 1879-80, p. 1, 51, G7, 7 ? lJS, 218. -

(2) Un possédé du nom de Meiner CUith présenta entra autres .phénomènes

curieux, le suivant qui rappelle ce que nous. avons observé chez Hi... : e.Un

jour, s'estant jetté dedans un tect iv pourceaux, et gardé plus soigneusement

que de coutume, il demeura les yeux tellement fermez qu'impossible fut

de les desclore. Enfin Gertrade,fille aisnée de Clath, aagée d'onze ans, s'appro-

chant de lui, l'admonesta de prier Dieu que son bon plaisir fust lui rendre la

veue. Sur cela Guillaume la requit de prier, ce qu'elle fit et incontinent elle

lui ouvrit les yeux, au grand esbaliissement de chacun... L. (Jean

Wier. - Illusions et impostures des diables.) Comparer avec ce que nous

avons décrit chez Iiir... (p. 28, (ig. 8). (B.1. ?

Bourneville, Bicêtre, 1891, 3

II.

Idiotie myxoedémateuse : Relevé du corps

de Thène..., dit le Pacha (1).

Quand nous avons fait, le 4 avril 1891, le relevé des

restes du Pacha- au cimetière de Gentilly, en même temps

que de cinq autres malades decédés à la même époque,

nous avons constaté une différence notable dans l'état des

uns et des autres quoiqu'ils eussent été inhumés côte a

côte dans le même terrain. Tandis qu'il ne restait plus de ces

derniers corps que les os séparés les uns des autres et com-

plètement dénudés, mêlés à un peu d'humus, le corps du

Pacha avait conservé sa forme générale ; les os étaient re-

couverts des parties molles momifiées, la cage thoracique

n'était pas affaissée; les vertèbres étaient maintenues entre

elles parles ligaments intervertébraux, les côtes fixées a

leur partie postérieure et maintenues par les muscles

du dos qui étaient conservés. Quand on examine ces par-

ties molles, on constate qu'elles sont imprégnées d'humus

avec lequel elles forment complètement corps. Après

dessèchement à l'air, ces parties se séparent sous forme

de couches concentriques plus ou moins épaisses.

Par contre, les os avaient une consistance beaucoup moin-

dre que celle des autres qui s'effritaient très facilement.

Aucune odeur de putréfaction ne s'exhalait de ces restes.

Quoique le cadavre avant l'inhumation n'eut subi aucu-

(1) La première partie de l'observation de Thène..., surnommé le Pacha

par ses camarades, a été publiée dans le premier volume des Comptes rendus

de notre service (1830, t. I, p. 16); l'observation complète, avec autopsie, se

trouve dans le tomt Vil, p. 20-40.

IDIOTIE myxoedémateuse. 35

ne préparation spéciale, il présentait en somme une véri-

table momification qui paraît bien tenir à l'affection elle-

même dont avait été atteint le sujet et non pas aux condi-

tions du terrain où il était inhumé puisque les corps voi-

sins, enterrés à la même époque n'offraient pas du tout

le même aspect. Du reste, cette aptitude spéciale à la

conservation peut être signalée également pour la tête.

Celle-ci ayant été conservée après le décès avec toute ses

parties molles a été placée pendant un an dans l'alcool.

Depuis cette époque, bien qu'on se soit borné à l'en-

duire de temps en temps de glycérine phéniquée, elle a pu

se maintenir à l'air libre sans qu'on observe la moindre

décomposition. Il semble donc qu'il y à là des phénomè-

nes qui tiennent à la composition chimique des tissus

myxoedémateux, ce que d'autres faits viendront sans

doute confirmer. -

III,

De la température centrale

dans l'épilepsie ;

l>.ui BOURNEVILLE.

Dans le numéro du 10 février de la Revue de médecine,

M. le D Duflocd a publié une note intitulée : De l'épilepsie

partielle d'origine sotts-co·licale; qu'il a fait suivre de.

considérations intéressantes au point de vue de l'anatomie

et de la physiologie pathologiques, et qu'il termine par

quelques remarques cliniques dont la plus importante vise

les modifications de la température. C'est a l'occasion de

ces dernières seulement que nous désirons intervenir dans

cette note.

Pendant toute la durée du séjour du malade à l'hôpital, dit-il,

l'apyrexie a été complète, le chiffre thermique s'est maintenu

très voisin de 37°, sauf le 7 décembre au matin où la tempé-

rature monta à 38 ? t; cette ascension est restée isolée. Le 7 au

soir, le malade a été trop agité pour qu'on puisse prendre sa

température, mais il ne m'a pas semble avoir de fièvre, pas

plus que le 8, au moment de son départ.

Et cependant, le nombre des attaques a toujours été très

considérable; le premier jour de la maladie, il y a eu trois ou

quatre accès, le lendemain on en comptait une douzaine; le

jour de l'entrée il en avait quatre par heure; dans la journée

du quatrième jour, il y a eu une attaque-par heure, mais dans

la nuit, de 8 heures du soir à 6 heures du matin, on note dix-

neuf crises. Le sixième et septième jour, même nombre con-

sidérable d'accès. C'est seulement le matin du sixième jour

qu'on note, et d'une manière passagère, 38°,4 de température.

Température dans l'épilepsie. 37

Il y a là quelque chose d'insolite; ainsi d'après l'Ecole de la

Salpêtrière, la température monte toujours pendant l'accès,,

elle aurait donc dû se maintenir au-dessus de la normale

dans un état semblable de crises subiitrantes... : -

Witkowski s'élève contre cette règle pathologique : La fiè-

vre, écrit-il, est éphémère et dure de quelques heures à quatre

ou cinq jours, le maximum coïncide avec l'apogée du nom-

bre des accès ou avec le sopor. Nous voyons d'après notre cas

que la fièvre peut faire totalement défaut, môme quand il s'agit

d'accès pour ainsi dire subintrants (p. 117).

Les détails de l'observation de M. Duflocq ne nous, parais-

sent pas justifier sa conclusion relativement a renseigner,

ment de l'Ecole de la Salpêtrière sur la température dans;

l'épilepsie. Lorsqu'il sagit de l'épilepsie partielle,. d'accès.'

comme ceux de son malade, dans lesquels les convulsions,

sont limitées et la conscience conservée, la. température

ne subit pas de modifications appréciables. Mais lorsque

les accès d'épilepsie partielle augmentent d'intensité,

deviennent subintrants, c'est-à-dire se succèdent payant

que le précèdent ait parcouru toutes ses phases et* \se

compliquent de perte de connaissance, la température

s'élève progressivement. Alors, on a. affaire ai un état.de

mal de l'épilepsie vulgaire. Au moment ,où;. çhr : z ? (Ü1 :

malade, les accès tendaient à prendre l'allure de l'état de

mal, M. Duflocq a noté ,38°,4 -(1) ; mais bientôt, .le màra'de e

allant «beaucoup mieux, redevenant conscient» et répon-

dant correctement aux questions, il peut se faire. que, la

température n'ait pas augmenté. En tout cas, on n'en sait,

rien, car la température n'a pas été prise exactement'

matin et soir. Nous ignorons aussi quelle, était la teiripé-

rature le soir du jour où le matin elle était de 38°, r(7

décembre) ; même absence de. renseignements. sur la tein-

pérature du 8 et du 9 décembre et à l'instant de la mort.

Enfin, il est à regretter que les accès n'aient pas été domp-

tés d'une façon régulière; jour par jour. /

(1) A la date du 7 décembre, matin, l'auteur indique deux températures,' 38.

et 38*4. Est-ce une erreur ou s'agit-il d'une température prise avant et après

la visite ? A-t-on pris la température centrale, ou s'est-on contenté de 1 a tcm

pérature axilliaire ?

38 ' Température dans l'épilepsie.

Ces lacunes auraient dû engager l4f.Duflocq à s'abstenir

de toute réflexion au sujet de la température et, à l'occa-

sion d'un fait incomplet, de mettre en doute une notion

clinique qui s'appuie sur des faits très nombreux.

II.

En 1869(1) et en 1870, nous avons cité quelques observa-

tions thermométriques montrant que les accès isolés d'épi-

lepsie déterminaient une élévation de la température (2). En

1872, nous relations de nouveaux faits confirmant les pre-

miers (3). Depuis cette époque, soit à la Salpêtrière, dans

les services de nos maîtres MM. Charcot et Delasiauve, soit

à Bicêtre dans notre service, nous avons pu vérifier l'ex-

actitude de la règle posée par nous, à savoir que l'accès

d'épilepsie augmente la température. Nous n'avions pas

cru nécessaire de revenir spécialement sur un fait qui nous

semblait démontré et que M. Charcot avait d'ailleurs rendu

classique par son enseignement, lorsque, en 1886, M.

Witkowski a publié un mémoire (4) dans lequel il contes-

tait les règles que nous avions cru devoir formuler sur la

marche de la température dans l'épilepsie. Nous avons

été ainsi amené à publier de nouveaux documents sur la

température dans les accès isolés d'épilepsie. dans les

accès sériels et dans les accès subintrants (état de

mal).

En ce qui concerne les accès isolés, nous avons rapporté

. (1) Revue photographique des hôpitaux de Paris, 1869, p. 164, et Société

anatomique, t869, p. 152. '

(2) Éludes de thermométrie clinique dans l'hémorrlragie cérébrale et dans

quelques maladies de l'encéphale. Thèse de Paris, 1870, p. 108.

(3) Éludes cliniques et thermométriques sur les maladies du système ne}'-

veux, 1870-71. , .

(4) Witkowski(L,),- De (a fièvre épileptique et de quelques autres questions

cliniques concernant l'épilepsie. (Berline¡' Klin. Wochenschrift, n" 43 et 44,

octobre 1886.) ,

Température dans LES accès D'ÉPILEPSIE. 39

dans le Progrès médical (1) des observations thermométri-

ques se rapportant à 60 malades différents, et dans les

Archives de neurologie (2) 109 autres observations, se rap-

portant aussi à des malades différents.1 Ces 169 faits con-

cordants aboutissaient aux mêmes conclusions que les

anciennes. Ces deux notes, qui ont été reproduites dans

nos Comptes rendus de Bicêtre pour 1886 (p. 226-250) et

1887 (p. 187-195), ont été pleinement confirmées par un

travail très intéressant de M. le Dr Lemoine, reposant

sur 182 cas (3).

Relativement à la température centrale dans les accès

sériels et l'état de maul, les observations que nous avons

consignées dans notre réponse à M. Witkowski, corrobo-

raient pleinement l'enseignement de l'Ecole de la Salpê-

trière. M. Duflocq, citant l'auteur allemand, aurait peut-

être dû dire que ses critiques avaient été réfutées. Nos

recherches de 1886 "et 1887 confirmant les recherches

antérieures, nous n'aurions pas relevé les assertions de

M. Duflocq, si M. Charcot ne nous l'avait conseillé, nous

rappelant avec juste raison que pour vulgariser un point

quelconque de la science, il fallait y revenir sans cesse.

Nous allons donc exposer ici un certain nombre de faits

inédits.

III.

A. Température centrale dans les accès d'épilepsie.

La plupart des résultats thermométriques que nous résu-

mons dans le tableau ci-après ont été constatés chez des

malades qui ne figurent pas dans nos publications anté-

rieures. Toutes les températures ont été prises ultérieu-

rement, c'est-à-dire, de 1888 à ce jour. '

(1) 1886, t. IV, p. 1029, 1051 et 1887, t. VI, p. 157.

(2) 1887, t. XIII, p. 209. -

(3) Progrès médical, 1888, t. VII, p. 84.

40 TËMPÊhATUnE DANS LES ACdeS D'ÉPILFPSIE.

Température dans LES accès D'ÉPILEPSIE. 41

42 Température dans l'épilepsie.

Température dans l'épilepsie. 43

2°Anzenb...,15 accès. T.R. 38°. Dix-huit heures après, 31°,3.

3° Hu-..., 20 accès. T. R. : 38,G. Au bout de douze heures

après le dernier accès, 38°, et au bout de dix-huit heures, 37",6.

4° Hoegel...,9 accès. T. R. 35,3. Douze heures après le

dernier accès, 3 ï,S, et 37°,G dix-huit heures après la fin de

la série.

Entre les accès sériels, dont nous venons de citer quel-

ques exemples, et l'étal de mal, il y a naturellement des

cas intermédiaires. L'ictus épileptique, plus violent, déter-

minant des troubles généraux plus graves, on est sur les

Fig. 7. Température dans un état de mal limité à la période convulsive

Le signe correspond à la T. aussitôt après la mort; le signe -j- à la T.

huit heures après la mort.

4'4 Température dans l'épilepsie.

frontières du véritable état de mal. C'est ce qui s'est pro-

duit chez les malades suivants : - ' -

l°Lecom..., 15 décembre : 15 accès ; après le 4° accès, 37°, 6 ,

après le 10e, 38°,2; après le dernier, 390. Le 16 décembre,

six heures plus tard, T. R. 38° ; douze heures plus tard, T.R

370,8, etc.

Fig. 8. - Température dans un état de mal terminé par la mort à la période

méningitique. Le signe- correspond la T. une demi-heure avant la mort;

le signe t à la T. un quart d'heure après la mort; le signe tt à la T, une heure

après; le signe inférieur à la T. deux heures après. ,

Température dans L'ÉPILEPSIE. 45

2° Sert...,4 mars 1890 : 18 accès. La T. R. s'élève progres-

sivement à 39° ; les accès disparaissent et on trouve, le 5 mars,

matin, 38°,8, le soir, 38,6 ; le 6 mars, 38°,8 et 38°,6, le 7 mars,

38" et 37°,6.

Chez tous ces malades, la connaissance revenait dans

l'intervalle des crises. Toutefois chez les deux derniers,

l'abattement et l'hébétude, joints à l'élévation de la tem-

pérature qui s'accusait, pouvaient faire craindre l'éclosion

d'un état de mal.

C. De la' température dans l'état de 12al éZiletiqzce. -

« L'état de mal épileptique, répéterons-nous, est caracté-

risé : Il, pair la répétition, en quelque sorte incessante, des

accès qui, souvent, deviennent subintrants; 2° par un col-

lapsus* variable en degré pouvant arriver- jusqu'au coma

le plus absolu, sans retour de la lucidité; 3° par une hémi-

plégie plus ou moins complète et passagère ; 4° par la fré-

quencè du pouls et de la respiration ; 5° et surtout par une

élévation considérable de la température, élévation qui

persiste dans les intervalles, d'ailleurs brefs, des accès et

s'accrôit même quand ils ont cessé. » Nous n'avons pas à

refaire' ici la description clinique de l'état de mal ; nous

devons nous borner a'l'examen de la marche dé la tempé-

rature ? Toutefois, pour plus de clarté, nous rappellerons

que nous avons distingué dans l'état- de : mal épileptique

complet- deux périodes : une période convulsive et une

période méningitique.

Dans certains cas; l'état de mal est constitué exclusive-

ment par la prcm'jre période. Alors, ainsi que le montre

la figure i, la température s'élève rapidement et peut

atteindre 41° et même 'i`2°. .

, D'autres fois, après une asccnsion considérable de la

température, correspondant à la période convulsive, les

accès disparaissant, on voit les symptômes s'amender. en

même temps que la température diminue (fig. 7) ; puis

survient la période méningitique qui peut se terminer par

la mort (rig. 8) ou par la guérison (.c. 9). Dans ce der-

46 - Etat dé mal épileptique.' z

nier cas, tous les symptômes disparaissent peu à peu, la

connaissance revient et la convalescence marche promp-

tement(1).. - .,... : ? ,"

L'état de mal ne s'établit pas toujours d'emblée ; on note

des variétés. Il peut arriver qu'on observe plusieurs séries,

d'abord assez éloignées, ensuite se rapprochant, au point

de constituer en quelqu sorte une ébauche du véritable

état de mal. Mais, bientôt, les rémissions plus ou moins

(I) Ces trois figures sont empruntées à notre mémoire paru dans le Procès

médical de 1887. - . -

Fig. 9. - Tracé de la température rectale dans un cas d'état de mal type

terminé par la guérison. Le signe correspond à la T. prise deux heure

après le début (12 accès) ; le signe t à une rémission (1 seul accès dans le'

cinq dernières heures.) ..

Température^ 47'

courtes qu'on avait notées disparaissent et l'état de mal

classique se développe.

C'est souvent sous cet aspect que les choses se présen-

tent dans l'épilepsie partielle. Nous pouvons invoquer à

cet égard trois observations très curieuses qne nous avons

publiées à des époques différentes ( l). L'une d'elles, celle de

l'enfant Merl..., est comparable, sous bien des rapports à

celle de M. Duflocq. Nous y trouvons en premier li"u des

accès sériels, qui justifient ce que nous avons dit plus haut,

comme on le voit par le tableau suivant :

48 Etat DE MAL épileptique. -

malade est sans connaissance. A partir de là jusqu'à sa mort,

il n'a pas eu de nouveaux accès. ..

IV.

Idiotie complète symptomatique de sclérose atrophique

double des circonvolutions motrices. Contracture

des quatre membres;

Par BOURNEVILLE et SOLLIER.

Perr.. Marie Madeleine, âgée de 14 ans, est entrée à la

Fondation Vallée le 8 juin 1sur. (Service de M. le Dr Bourne-

ville) et est décédée le 10 juin 1891.

Cette enfant n'ayant pas été visitée nous n'avons aucun

renseignement sur les antécédents héréditaires ni person-

ne ! ? . -

Etat actuel. Tête assez volumineuse. Crâne symétri-

que, sutures et fontanelles complètement fermées. Pas de

proéminence appréciable des bosses frontales et pariétales. -

Cheveux longs, secs, irrégulièrement implantés, châtains fon-

cés. Pas de lésions du cuir chevelu, front bas, un peu fuyant,,

étroit, aplati latéralement. Arcades sourcilières proéminentes

dans leur moitié externe. Sourcils peu fournis, très'distants

l'un de l'autre, châtains foncés. Yeux profondément enfoncés

sous l'arcade. Pas de lésions de la conjonctive, ni de la cornée.

La sensibilité cornéenne paraît presque nulle. Pas de stra-

bisme. Pas .d'inégalité pupillaire, ni de nystagmus. Les globes

largement découverts sont fixes et ternes. Cils longs et arqués.

Nez grand, aquilin, effilé. Narines pincées, animées de petits

baltements. Sous-cloison un peu saillante, cloison non déviée

Pas de. lésions de la muqueuse. Bouche sèche, lèvres entrou-

vertes et pâles. Lèvre supérieure courte, mince, laissant les

dents à découvert Lèvre inférieure peu épaisse, comme atti-

rée en dedans. Fente buccale très large. Commissures non

déviées. Menton droit ; sillon mento-labial à peine marqué.

Joues maigres. Peau sèche, pâle. Oreilles très grandes,

BOURNEVILLE, Bicêtre, IS94. 4

59 Idiotie COMPLÈTE.

très écartées, le pavillon regardant presque directement en

avant. Lobule non adhérent, séparé brusquement de l'hélix et

de l'anthélix par une sorte de ressaut transversal. Voici les

dimensions de la tête :

CONTRACTURES ET DLI'ORnL1TI01S DES MEMBRES.

Si

Membre supérieur gauche. Les déformations sont absolu-

ment semblables. Les contractures sont cependant un peu

moins prononcées, et les mouvements passifs un peu plus

étendus. Pas de lésions osseuses, ni articulaires. Doigts longs

éflilés, cyanoses. Pas de troubles trophiques cutanés.

Membres inférieurs également très déformés. Adduction

très marquée de la cuisse avec demi-flexion et à droite légère

rotation en dedans. Demi-flexion de la jambe sur la cuisse.

Piedenvarus équin. L'attitude générale est telle que le membre

inférieur droit croise complètement le gauche, les cuisses

collées l'une contre l'autre, le genou droit reposant par la

partie interne sur le plan du lit en dehors du genou gauche.

Emaciation extrême. Le membre gauche est également en

adduction, mais la flexion et la rotation en dedans sont moins

prononcées. A part cela mêmes déformations. Pied en varus,

aussi marqué que du côté droit. Flexion marquée des orteils.

En raison de l'état de cachexie de la malade il est impossible

de se rendre compte des mouvements volontaires des mem-

bres supérieurs, non plus que de la marche.

La sensibilité générale et les sens spéciaux sont également

impossibles à explorer en raison de l'hébétude du sujet.

Membres supérieurs.

52 Etat cachectique ; mort.

Puberté. Glandes mammaires non développées. -Aréole

très pâle. Mamelon non saillant. l'as de poils sous les ais-

selles. Pénil saillant, recouvert de poils longs, châtains fon-

cés, assez nombreux. Poils nombreux sur les grandes lèvres,

qui sontnotablement pigmentées et assez épaisses. Petites

lèvres courtes. Capuchon à peine marqué ainsi que le

clitoris. Hymen boursouflé.

8 juin. Al'arrivée de l'Asile clinique (Ste-Anne), état typhoï-

de très prononcé.- Bouche demi-entrouverte, sèche. Pâleur

extrême. Yeux vagues et ternes, sans modifications de la pupille.

Respiration très faible. Peau chaude. l'as d'éruption d'au-

cune sorte. Un peu de gargouillement clans la fosse iliaque

droite. La palpation à ce niveau ne semble pas douloureuse.

Pas de tuméfaction de la rate. Ventre plutôt rétracté. Rien

à l'auscultation de la poitrine. .

Langue sèche, rôtie, recouverte d'un enduit fuligineux.

Rien dans le pharynx, ni aux amygdales. Dysphagie buc-

cale trèsprononcéeparsuite des funginosités et dos mucosités.

Impossibilité presque absolue de faire prendre' quoi que

ce soit à l'enfant. Soir : T. It. '0°, 5.

9 Juin. Ce matin 380, 5. Pouls plus lent. Même torpeur.

Pas d'excitation, pas de convulsions. Respiration suspi-

rieuse ; pas de toux, ni vomissements, ni diarrhée. - Sulfate

de quinine. Potion de Todd. Limonade citrique. Lotions

vinaigrées. - Soir : 39°,6. L'enfant meurt dans la nuit. Tem-

pérature après la mort, 37°, 2; un quart d'heure après, 36-, 7;

une heure après, 37°, 3. Poids après décès, 11 kilogr, 200.

AUTOPSIE. - Elle a été pratiquée 32 heures après la mort.

Cou et thorax.- Corps thyroïde sain (13 gr.) Pas de thy-

mus. Poumons : droit (140 gr.) ; et gauche (130 grj Coeur

(80 gr.) normal. Rate (50 gr.) saine. Foie (400 gr.) un

peu pâle et graisseux ainsi que le Tube digestif : oesophage,

estomac et intestins normaux. (30 gr.). C7tcrns;

volume d'un haricot; cavité réduite a un petit interstice de

8 millimètres de long environ. Les ovaires ont leur dimen-

sion et leur situation naturelles et ne présentent rien à la

coupe. Trompes normales de même que la vessie; pas de

calculs. La mort parait être due à un état adynanique de

cause inconnue.

Tête. Calotte crânienne; épaisseur normale, un peu dure.

Base du crâne manifestement asymétrique, plagiocéphalie.

Description DU cerveau. 53

Apophyse crisla-galli : 15 millimètres de large, suri millimètre

de haut et G millimètres d'épaisseur. Corps pituilaire nor-

mal (du volume d'un pois). Liquide céhhalo ? achiclie2t en

quantité normale. Vaisseaux et nerfs de la base symétriques.

Les sutures sont très apparentes, finement dentelées; on

les distingue très nettement dans toute leur longueur aussi

bien à la face interne qu'à la face externe. Les méninges

sont assez congestionnées. Le long de la scissure de Rolando

depuis sa jonction avec la scissure de Sylvius jusqu'au bord

supérieur de l'hémisphère il existe trois petits kystes remplis

d'un liquide séreux et développés aux dépens de la pariétale

ascendante.

51 Description DU cerveau.

l'M majuscule classique, elle se replie autour d'un sillon hori"

zontal qui n'aboutit pas tout-à-fait à la scissure de Sylvius

formant, au-dessus de lui, une crête composée de 3 saillies et

au-dessous, une circonvolution régulière formant le bord

de l'hémisphère. F. A. n'est apparente que dans sa partie

moyenne, elle est complètement atrophiée dans sa partie iufé-

rieure où sa jonction avec foi,iiie une encohe assez profonde.

Grêle dans sa partie moyenne o't elle a la forme d'un S italique

allongée, elle reste au-dessous du niveau des autres circonvo-

lutions. Au-dessus, dans son tiers supérieur enfin, elle est

réduite à une lamelle grisâtre d'un a deux millimètres d'épais-

seur, enfouie au fond du sillon de Rolando dont on est obligé

d'écarter les lèvres pour l'apercevoir. P. A. est tout à

fait cachée au fond du sillon de Itolando; elle forme illférieu-

rement une petite saillie globuleuse qui en constitue le pied

et au-dessus de laquelle elle se réduit dans toute sa hautcur

en une étroite bandelette de 1 millimètre environ d'épaisseur

qui se perd en h : wt sur le bord de l'hémisphère. Le lobule

pariétal supérieur est constitué par des circonvolutions un

peu plus grêles qu'à l'état normal. Il forme d'abord une

masse sinueuse qui se replie en s'amincissant inférieurcinent

autour d'un sillon assez profond parti du bord supérieur de

l'hémisphère, et se divise en deux petites circonvolutions

séparées par un sillon superficiel pour aller enfin s'anasto-

moser avec le lobe occipital. Le lobule pariétal inférieur

est au contraire très développé et présente une disposition en

éventail; la scissure inter-hariétale qui les limite décrit en

effet une courbe sinueuse, régulière; d'autre part la scissure

parallèle très profonde se termine par un infundibulum au

centre de cette courbe et de cet infundibulum partent des

sillons plus ou moins profonds qui donnent au lobule la

disposition d'un éventail.

La le temporale est très développée de même que la 2e.

La scissure de Sylvius est profonde et en écartant ses lèves

on ne distingue pas les circonvolutions de l'insula qui sont

atrophiées. ,

Le lobe occipital ne dénote rien de particulier.

Les circonvolutions de la face interne et de la face inférieure

sont bien développées et semblent normales. En raison de

l'atrophie de P. A. et F. A. le lobule paracentral est impossi-

ble à découvrir même a l'état de vestige. Les noyaux gris

sont bien développés mais il existe un petit foyer destructif

à la partie moyenne du noyau lenticulaire, paraissant inté-

resser la capsule interne à sa partie postérieure. Les trois

SCLÉROSE symptomatique DU cerveau. 55-

petits kystes mentionnés plus haut le long de la pariétale

ascendante ne laissent aucune trace une fois les méninges

enlevées. .

Hémisphère droit. Les circonvolutions présentent, sauf

de très légers détails la même disposition et les mêmes lésions

que sur l'hémisphère gauche. C'est également sur les deux

circonvolutions ascendantes que porte la sclérose et elle y

affecte la même disposition. F. A. est en effet en partie

conservée dans sa partie moyenne et atrophiée, au contraire,

d'une façon excessive dans ses tiers inférieur et supérieur.

I'.A. est atrophiée dans toute son étendue. Le lobule pa-

racentral, se montre ici sous la forme d'un petit bourgeon

seléreux, gros comme un pois.

Les noyaux gris n'ont rien de particulier. En somme la

sclérose porte d'une façon exclusive sur la zone motrice des

deux côtés, sauf dans une partie limitée de la région moyenne

correspondant aux mouvements des membres inférieurs.

Celle observation est à rapprocher de celle publiée

l'année dernière dans le Compte-Rendu du service, par

l'un de nous et M. Morax, sous le titre d'Idiotie symp-

tomatique de sclérose élt/'O]lhir¡ ue (1 ).- La distribution de

la sclérose est absolument la même et occupe les deux

circonvolutions motrices ascendantes des deux côtés. Les

autres parties du cerveau paraissent au contraire indem-

nes. Il y a en quelque sorte là une scléîose systémati-

que du cerveau, analogue il celles de la moelle.

A l'oeil nu la moelle ne présentait pas de sclérose des-

cendante des cordons latéraux, mais un examen histolo-

complet serait nécessaire pour affirmer sinon leur inté-

grité, peu vraisemblable d'ailleurs, tout au moins le fai-

ble degré de leurs lésions. Il est en effet a remarquer que

dans ce cas où cependant l'atrophie des circonvolutions

motrices est aussi complète que possible, où ces circon-

volutions sont extrêmement réduites de volume, d'un gris

transparent, et cela non par ilots mais sur toute leur éten-

due, on n'observe pas de grosses lésions descendantes

(1) Compte-rendu de 18J0, p. 33.

56 Sclérose symptomatique DU cerveau.

delà moelle à l'oeil nu, quoique les phénomènes de parésie

et-' de contracture soient très intenses . et comparables

à ceux qui se développent à la suite de lésions acqui-

ses pendant l'âge adulte dans les mêmes points du cer-

veau......

Les lésions que nous observons ici étant vraisemblable-

ment congénitales il est permis de supposer qu'il existe

une certaine suppléance des centres moteurs ainsi atteints

et détruits.

Il faut remarquer enfin que ces cas semblent différer

de l'hémiplégie cérébrale infantile double ordinaire, qui

s'accompagne presque toujours d'accès épileptiformés, tan-

dis que dans ces cas il ne parait y avoir aucun phénomène

d'irritation, aucune décharge motrice sous forme de con-

vulsions ou d'épilepsie. Toutefois, nous devons faire une

réserve, en raison de l'âge des enfants, car, parfois, ce

n'est qu'à un âge plus avancé que le leur que se produi-

sent les accidents convulsifs. '

V.

Epilepsie; manie; exostcse du fémur;

Par BOURNEVILLE et ISC11-WALL.

Sommaire. Père, violent, nombreux excès de boisson.

Cousine paternelle épileptique. - Tante maternelle morte

de conoulsions, - Tante paternelle morle phth isiqtw. -

Pas de consanguinité Inégalité (-le 12 ans.

Asphyxie légère à la naissance. Convulsions à S ans. Intel-

ligence ordinaire jusqu'à 8 ans ; alors peurs durant le

sommeil (cauchemars). - Trois semaines plus tard, peur

vive, suivie au bout d'un mois du premier aceès épilepti-

que. Marche des accès avant l'entrée. Onanisme. -

Voracité. Excitation maniaque fréquente. 1880 : Érysipèle

huileux. Bromure d'éthyle, paraplégie toxique. llydro-

thérapie. Acide sclérolinicltce. Action de ces divers

agents sur la anarclve clas accès. Accidents méningiti-

ques consécutifs a des séuiesOtllil72 état de mal; déchéance.

Gâtisme. Périodes mélancoliques. (7S5. Etat de mal;

broncho-pneumonie gangreneuse ; mort.

Autopsie. - Adhérences de la pie-mère, - Aspect chagriné

de quelques circonvolutions. Description du cerveau.

Exostose du fémur.

Schad... Pliilippe, né le li avril 181;1, est entré à Bicêtre, le 16

Mars 1874 (service de M. le D1' BOL'tl\1 ? rLLI;), et est décédé le

25 janvier ]886.

Antécédents. [Renseignements fournis par sa mère, le 10

Novembre 1591.) - Père, a9 ans, terrassier, n'a jamais été

malade, sauf une fluxion de poitrine, depuis son mariage (39

ans); violent, colère; la suite d'excÙs de boisson (vin, eau-

de-vie surtout) qu'il faisait souvent, il battait sa femme, ce qu'il

ne fait plus depuis que ses enfants sont grands. Chaque soir

il boirait un demi-setier d'cau-de-cic. 11 dcrmatoses, ni traces

58 Antécédents.

de maladies vénériennes; fumeur. [Père et mère morts on ne

sait de quoi; une scieur morte de la poirine, avait eu 12 ou 13

enfants dont une fille qui, après avoir été mordue par un

chien, tomba du haut mal.]

Mère, 47 ans, blanchisseuse, présente un enchond1'om,e de

la région parotidienne droite, elle paraît intelligente; ni

attaques de nerfs, ni convulsions, etc... ; elle n'a jamais été

malade. [Père, mineur, mort à la Pitié, il y a plus de 30 ans.

Mère, morte «usée ». Un frère enlevé par le choléra en 1865.

Elle ne connaît, dans sa famille, ni aliénés, ni paralytiques,

ni épileptiques, ni idiots, etc. Pas de consanguinité.

Inégalité d'âge de 12 ans.

Dix enfants, dont une fille de 20 ans qui a eu 5 enfants (4

sont morts en venant au monde; « c'était dans la tête. » Une

autre fille est morte de convulsions à 6 semaines; les autres

sont sains.

Notre malade. Au moment de la conception, la mère ne croit

pas que son mari fut ivre. Grossesse bonne, pas plus de chagrins

à supporter que dans les autres grossesses ; pas de trauma-

tismcs, etc. Accouchement à terme, naturel. A la naissance

l'enfant « était un peu violet, parce qu'il était resté longtemps

au passage ; » pas de cordon autour du cou. Elevé au sein par

sa mère, l'enfant fut sevré de bonne heure, « parce que, dit-

elle, chaque fois je devenais enceinte. » Il a marché vers ils

mois, parlé vers 18 mois, a été propre à 2 ans. Jamais de con-

vulsions. A 4 ans, ophtalmie qui dura deux mois; ni dartres, ni

otite, ni engelures. Envoyé à l'école il apprenait bien ; à 5 ans,

rougeole sans détermination pulmonaire grave ; à 7 ans, scar-

latine ; pas d'autres maladies. ,

A 8 ans, il fut pris de peurs durant le sommeil; il appelait

sa mère : «prends moi, j'ai peur». Il se rassurait dès que la

chambre était éclairée. Ces cauchemars existaient depuis 3

semaines, quand, unenuit, sonpère étant rentré ivre et furieux,

l'enfant se leva et s'enfuit en chemise, se cacher dans la rue

où on le retrouva tout tremblant ; il aurait continué à trembler

pendant deux heures ; on eut beaucoup de peine à le rassurer.

Un mois après cette scène, tout à coup, un soir, il fut pris d'un

premier accès; un deuxième survint quinze jours plus tard.

Auparavant on n'avait pas noté d'étourdissements. De 8 à 9

ans, les accès revenaient toutes les 2 ou 3 semaines; de 9 à

10 ans, ils se renouvelèrent plus fréquemment (Jusqu'à 14 en

24 heures). On ne voulut plus de lui à l'école; l'intelligence

avait baissé; toutefois il savait lire; s'habillait seul et man-

Description DU malade, 59

geait proprement; le caractère était devenu irascible; Sch...

battait ses frères et soeurs.

Jamais d'aura, sauf une fois où il vint à sa mère, disant :

« maman, prends moi, je vais tomber ! » Ses accès sont plutôt

nocturnes que diurnes. Sans pousser de cri, le malade tombe

en avant : « il avait toujours la tète fendue; » aussitôt rigidité

générale, puis secousses que l'on croit égales des deux côtés;

enfin ronflement. Parfois il écume, mais cette écume est rare-

ment sanguinolente ; il s'est mordu la langue une ou deux fois.

A la suite de son accès, il s'endort; pas de folie proe ou post

épileptique; pas de vertiges.

Jusqu'à son entrée à Bicêtre, il n'a pas suivi de traitement,

parce qu'on disait qu'il n'y avait rien à faire. On avait remarqué

que si, pendant ses accès, on lui faisait des frictions, cette

manoeuvre augmentait la durée de l'accès. La maladie a été

attribuée à la peur. Depuis le début, la déchéance intellectuelle

a fait chaque année des progrès.

Etat actuel. La tête est volumineuse; la bosse pariétale

gauche est plus développée que la droite qui est, du reste,

assez saillante; la partie supérieure droite du frontal est sail-

lante, la gauche déprimée, la bosse frontale droite parait plus

saillante que la gauche, ce qui peut tenir aux nombreuses

cicatrices consécutives aux chutes sur le front. Le front est

assez bombé, assez haut, mais très déprimé latéralement. Les

oreilles sont bien conformées, un peu écartées; pas de stra-

bisme ; blépharite ciliaire très accusée. Se ? un peu épaté,

sa pointe est légèrement déviée à droite. - Bouche moyenne,

lèvres très fortes, surtout la supérieure qui présente plusieurs

cicatrices cutanées et muqueuses ; arcades dentaires supé-

rieure et inférieure régulières de chaque côté ; incisives infé-

rieures un peu déjetées en avant, ce qui, avec la saillie de la

lèvre inférieure produit un peu de prognathisme. Voûte

palatine symétrique.

60 Erysipèle DE la face.

sur les deux trochanters. Peau blanche ; pas d'éruptions;

pieds et mains un peu cyanoses. Tronc et membres bien

conformés.

Fonctions digestives : appétit bon, même vorace, ce qui le

conduit à voler ses camarades ; pas de s-tlicité ; il ne vomit pas;

garde-robes régulières, volontaires, pas de diarrhée. Res-

piration et CN'cu'ttOT. normai.es. Organes génitaux bien,

conformés, pas de poils ; se masturbe.

Sensibilité générale et spéciale intactes ; parole libre;

Sch... est grossier et ml"l'hant.

1879. 4 octobre. 8ch ? prend depuis longtemps du bro-

mure de potassium (li gr.) Agitation très vive et continuelle.

18S0. 14 octobre. Suppression du bromure do potassium.

Douches.

1881. 9 mars. - Depuis hier, apparition d'un érysipèle de

la {ace; ta plaque rouge a débuté par le lobule du nez pour

remonter vers la racine. Pas de vomissements ni d'épistaxis.

- Soir : : 'l'.I. h0 ? ? ; 3 accès.

10 mars. -Ce matin l'ér5-çiple occupe tout le nez, envahis-

sant les deux joues à égale distance de la ligne médiane de

chaque côté. Lps paupières inférieures sont tuméfiées; lapeau

rouge, lisse,, chaude,- tendue ; taches blanches à la pression ;

phlyctènes remplies de sérosité citrinc sur la moitié gauche

de la plaque érysipVateu,e; pas de plaies ni d'ulcérations.

Les narines sont à demi-fermées par le gonflement. Largeur

de la plaque en passant par dessus le nez : 1` ? cent. ; hauteur

au niveau du nez : 4 centimètres.

Le malade tremble, a des soubresauts des tendons, se mon-

tre très agité, veut se lever. Langue saburrale, rouge sur

les bords et à la pointe. Respiration un peu rude à droite avec

quelques râles sous-crépitants fins ; rien à gauche. Rien au

coeur. T. R. 39°. Soir : T. R, 41° ; P. 120. 3 accès.

Traitement : Bourrache, ipéca, eau de sureau.

12 'mars. L'enfant est moins turbulent que lesjours derniers,

néanmoins on est obligé de le maintenir au lit à l'aide de la

camisole. - La plaque érysipélateuse est moins vive ; elle a

respecté la joue druite ; sur le nez elle est en desquamation ;

elle occupe toute la joue gauche, et, depuis hier, a envahi le

pavillon de l'oreille du même côlé ; en ce dernier point elle

est très rouge. La lèvre supérieure est encore tuméfiée : les

paupières inférieures, surtout la gauche, rcstcntboursoufflées.

Excitation maniaque. 61

L'enfant ne souffre pas, la soif est vive ; l'appétit est bon

mais on le maintient à la diète lactée et au houilon ; limonade

vineuse.- T. R. 39 ? Sou' : vs^, S. Pas d'accès.

14 mars. T. R. 38°, 4. Soir : T. R. : 3S, 1 accès.

15 mars. T. R. 37°, 8. - Soir : T. R. 3 ? S. Pas d'accès.

16 mars. La plaque d'érysipèlc desquame; au niveau du

pavillon de l'oreille gauche il existe de petites bulles puru-

lentes du volume d'une lentille. L'enfant entre en conva-

lescence, il se lève. Sirop d'iodure de fer; huile de foie de

morue. .

4 juin. - Sch... est très agité, veut se sauver. Injection

de morphine ; il se calme et s'endort.

5 juin. Agitation continuelle ; a mal à la gorge à force

d'avoir crié.

§ juillet. Un jour d'agitation sur deux.

4r août. Le malade est plus calme.

12 août. L'e.vcatomanaq), qui avait disparu, reparaît

depuis quelques jours, mais moins intense.

17 septembre. Depuis 8 jours, l'agitation est plus marquée.

Tremblement des membres supérieurs. -

18 septembre. Hier le malade a pris G gr. de chloral en 3

fois; aujourd'hui il cst calme et somnolent.

27 septembre. - Sclia... est plus calme. 3 accès ; il n'en avait

pas eu depuis le commencement du mois.

- 28 septembre. 10 accès; le -9-9, lao; le 30, ` ? i.

2 octobre. 5 accès ; l'agitation reparait.

4 octobre. - L'excitalion est très vive depuis hier. Douches

et bains. .

6 novembre, - Suppression des douches. Chloral 1 gr. par

jour pendant 1 semaine, puis 2 gr., 3 gr., 4 gr., 5 gr., aussi

pendant une semaine.

1882. 11 janvier. -L'enfant est dans une sorte de coma ana-

logue à celui qui accompagne l'état de niai ; la peau est brû-

lante, le pouls ample, fébrile, rapide ; la bouche fuligineuse ;

la respiration notablement accélérée. Bain de 1 heure ; 2 sang-

sues derrière chaque oreille ; 4 gr de bromure de potassium.

13 janvier. L'agitation recommence. Bain de une

heure tous les jours ; injection d'un centigramme de mor-

phine. .

9 9 février. Inhalations de bromure clétligie,

28 février. -Cessation du bromure d'éthyle, nous résumons

les phénomènes observés pendant les inhalations : 1° Au

moment où nous avons commencé le traitement, ce malade

62 Bromure d'éthyle.

était très agité. Cette agitation a considérablement dimi-

nué du 10 au 15 du mois ; depuis elle a reparu avec une nou-

velle intensité et a persisté.

2 Nous avons obtenu, par les inhalations, l'anesthésie

d'abord, puis larésolution musculaire ; la période d'excitation

n'a jamais été bien accusée ; le réveil a toujours été prompt

(une à 2 minutes après le retrait de la compresse). Nous avons

toujours noté aussi : une rougeur de la face, des oreilles, du

cou et de la partie supérieure delà poitrine au début de l'in-

halation, de l'accélération du pouls qui est resté bon, et de la

respiration, qui n'a jamais été irrégulière. Quant à la tempé-

rature prise immédiatement après le réveil, elle n'a pas paru

varier sensiblement (1). : ter mars, - L'agitation revêt deux formes ; tantôt bavarda-

ges, chants, cris ; tantôt actes violents, injures grossières, alors

il cherche à se sauver, parfois il s'échappe en chemise jusque

dans les cours.

10 mars. Depuis huit jours, l'excitation maniaque a nota-

blement diminué. On recommence les inhalations de bromure

d'éthyle.

'1 cr avril. - Suppression du bromure d'éthyle. On s'est aperçu,

ces jours derniers, que ce malade marchait difficilement et

que, pour aller aux cabinets, il était obligé de se tenir

aux lits, sinon il serait même tombé. D'habitude la marche

est très libre. Sha ? se plaint d'engourdissements dans

les jambes et les pieds. Si, le faisant lever, on l'abandonne

dans la station verticale, il s'affaise ; cependant il reste debout

si on le soutient par les épaules. Pour avancer, il projette les

membres inférieurs à la façon des ataxiques.

D'après la surveillante de la salle, on aurait déjà remarqué,

à la suite d'accès répétés ( ? ) un affaiblissement assez analogue,

durant deux ou trois jours. Suppresion du bromure d'éthyle,

./Hydrothérapie.

8 avril. Schad... parvient à monter seul dans son lit. La

. sensibilité au chatouillement, au pincement, au choc, à la

température, est normale. Phénomène du tendon normal; pas

d'exagération des réflexes.

L 18 avril, - Amélioration' notable; le malade va seul aux cabi-

nets en se tenant aux lits; hier il se serait même sauvé au fond

de la salle. Pas de phénomènes librillaires ; de temps en temps,

un certain degré de tremblement des membres supérieurs ,-

(1) Voir'le Compte-rendu de 1880, p. 48·

Excitation maniaque. 63

Depuis le début des accidents, Scha... est devenu gâteux.

Auparavant il gâtait seulement pour les urines.

20 avril. - Scha... a encore tenté de se sauver, et s'est levé

plusieurs fois. Le retour de la force musculaire, dans les

membres inférieurs, est très sensible.

25 mari. - Les douches sont continuées; l'état général du

malade est excellent; l'agitation a notablement diminué. Si

nous examinons l'état des membres inférieurs, nous consta-

tons : l'intégrité de la sensibilité et de la force musculaire,

l'intégrité des réflexes; l'enfant marche seul, sans soutien;

parfois il trébuche, mais ne s'affaisse pas.

18 juin. L'enfant continue à prendre djs douches. L'agi-

'tation persiste, plus ou moins accusée. Scha... gâte moins; il

se tient bien sur les jambes ; il peut faire, plusieurs fois,

sans être soutenu et sans tomber, le tour de la salle. Etat-

général excellent. Il n'y a plus de tremblement des membres

supérieurs. '

16 novembre. - L'état de l'enfant reste le même. Il cher-

che toujours à se lever et à se cacher dans tous les coins du

service. Il présente souvent des périodes d'agitation qui obli-

gent, faute de cellule ou de chambre d'isolement, à le main-

tenir sur son lit. 11 y a quatre ou cinq jours, l'infirmier lui

portait son gobelet de vin, il le prit et le lui jeta à la figure.

Nuit et jour il urine sous lui. - L'onanisme persiste.

Depuis le 1 ? mai 1882 jusqu'au 9 décembre le malade a été

soumis à un traitement hylrolllérapique qui ne semble pas

avoir produit d'amélioration notable le t CI' décembre on

commence une médication par l'acide sclérotinique en injec-

tions hypodermiques. (Solution de Prévost; dix gouttes, c'est-

à-dire un centigramme et demi d'acide.)

27 décembre. Schad..., continue à vouloir se lever, il a

même l'air fort satisfait lorsqu'il voit qu'on le cherche ; aussi,

est-on obligé de lui faire garder le lit. II va seul aux cabinets.

- Son état ne se modifie pas; il reste grossier.

31 décembre. On continue régulièrement les injections

d'acide sclérotinique. Le mois dernier le nombre des

accès avait diminué (17 au lieu de Gl, le mois précédent).

Ce mois-ci il y a eu une légère augmentation (24 accès) bien

que depuis le 8 décembre la dose du médicament ait été por-

tée successivement à trois centigrammes puis à quatre centi-

(1) Voir Compte-rcndu de 1333 : Du IrJ.ilem ? t ! 1 de l'épilepsie par l'hy-

drolhérapie. (En collaboration avec Bricon), p. 02... :

64 Etat DE MAL.

grammes et demi (15 décembre). Le maladc n'a présenté ni

accidents locaux ni accidents généraux.

1883 -1 Cl'janvier, - raids : 39 k. 30, - Taille : muon

continue le traitement par l'acide sclérotiniquc dont la dose

est portée à six centigrammes. Depuis trois jours Schad..

a présenté plusieurs accès .suivis de délire m3niaque, - Il

voulait se sauver pour aller voir son père, sa mère, sa

soeur Ernestinc. Empalement de la joue droite.

6 février. On suspend les injections d'acide sclérotinique

quel'on reprendle le) lit dose dequiuzegoultcs (6 cen-

trigrammes). Cette close est portée progressivement jusqu'à

vingt gouttes. Ce traitement semble avoir fait baisser le nom-

bre des accès; en effet, depuis qu'on l'applique le maximum

constaté a été de 24 (mois de décembre 1882) tandis que les

mois précédents l'un avait eu jusqu'à 75 accès (septem. 1882).

Toutefois il est à noter que précédemment, sans cause

connue, le nombre mensuel des accès était tombé à 17, voire

même à un (février 1882).

H avril. Schad.. est atteint d'cmùa1'1 ? 1s gastrique, Sa tem-

pérature. s'élève jusqu'à 390, 4. 11 se rétablit au bout de quel-

ques jours. -

11 juin. Suppression de l'acide selévotinique. Durant

ce traitement le plus grand nombre d'accès constaté en un

mois a été de 37 (mai lSS3). L'état général n'a d'ailleurs,

pas été modifié (1). Hydrothérapie.

9 août. Le malade a eu trois accès nocturnes et quatre

diurnes : ce soir il est sans connaissance, la respi 'ation est

stertoreuse, la température s'élève à 38°, 9. Une écume

abondante sort de la bouche. Sangsues derrière les oreilles;

sinapismes. Après ce traitement, Schad... reprend connais-

sance, s'agite fortement et injurie ceux qui l'entourent.

7 août. Même état pendant lanuit. Ce matin T. R. 39°.

L'agitation persiste : langage grosssior. etc.. Quand on

demande à Schad... de montrer sa langue, il refuse obstiné-

ment ; on finit cependant par lavoir : elle est recouverte d'un

enduit grisâtre, épais. Eau-dc vie allemande, 15 gaz.

15 septembre. - L'état du malade s'était amélioré jusqu'à

ces derniers jours; toutefois, l'affaiblissement moral et phy-

sique demeurait le mûmc. IIier agitation et cette nuit neuf f

accès. Ce matinT. R. ! i0°. 5. est couvert de sueur,

(1) Voir dans le Compte-rendu de 18S4 ; Du traitement de l'épilepsie par

l'acide sclèrolinique, p. 85.

. Epilepsie ; aggravation. 65

sa figure est turgescente et violacée. Les accès recommencent

et ne sont suspendus ni par la compression des carotides, ni

par la ligature des membres. 2 accès et 15 vertiges dans la

journée ? Soir : T. R. 40°. Dans la nuit 4 accès seulement :

T. R. 41°. Prostration très accusée. ' .

16 septembre. T. R. 40°. Un accès dans la journée et

un dans la nuit. Soir : T.R. 40°. .

17 septembre. Pas d'accès. T.R. 39°. -Soir : T. R. 3go,9.

18 septembre. -MaLin : T.R. 38°, 7. Soir : T.R. 38°, 9.

19 septembre, - T. R. 38°, 5. Etat général assez bon.

24 novembre . Etat de la bouche. Mâchoire supérieure

quinze dents permanentes serrées; dents de sagesse à gauche

incisives inclinées en arrière. Mâchoire inférieure,

douze dents, y compris les dents de sagesse. La fere grosse

molaire et la 1 ? petite ont été arrachées pour carie. Articula-

tion temporo-maxillaire profonde; léger prognathisme. Gon-

cives en assez bon'état. - 1-octle palatine creuse, bien déve-

loppée.

30 novembre. On cesse l'hydrothérapie à laquelle le

malade était soumis depuis le 9 juin. Durant cette période de

traitement le nombre des accès a toujours été relativement peu

élevé. Dans le mois qui a suivi la suspension, il est monté

de 28 à 40. -

1881. 3 janvier. - Sch.. vient d'avoir au-dessous du grand

trochanter un furoncle à la suite duquel s'est formée une

eschare d'un centimètre de diamètre. Depuis son entrée, des

changements notables se sont produits dans son habitus exté-

rieur : son poids qui en 1883 était de 39 kilog. 30 est de 42

kilog. 700 ; sa taille qui était de 1m. 30 est de lm. 47. -Actu el-

- lement, un léger et fin duvet recouvre la lèvre supérieure, les

joues sont glabres, mais le pénil est revêtu de poils châtains

assez abondants. Les testicules sont gros comme des noi-

settes, la verge est volumineuse ; le gland, facilement décou-

vrable, présente un méat bien situé mais un peu étroit. A

l'anus, poils longs et abondants. Bourses pendantes ; on y

remarque de l'érythème ainsi que sur les fesses. - Onanisme

toujours fréquent.

Depuis le 30 décembre, température assez irrégulière et

accès assez fréquents ainsi qu'on le voit par le tableau ci-

après.

, 4 janvier. - Aujourd'hui, le malade est somnolent; hier il

était dans un état demi -comateux; il semble donc se relever

un peu, bien que son faciès ne soit pas rassurant; yeux caves.

130URNEVILLE, Bicêtre, 1891. ' 5

ln; Etat DE MAL.

narines. et lèvres sèches, gencives couvertes defuliginosités ;

conjonctivite à droite sur la partie interne de la cornée,

ulcération de deux millimètres (collyre à l'atropine,. D'au-

tre' part, la soif vive que Schad... ressentait s'est calmée.

Tandis que ces jours derniers il ne prenait que du lait, ce

matin, il a pu manger de la soupe. L'abdomen est normal ; il

n'y a pas de vomissements, les selles sont quotidiennes. Sch..

ne cherche plus à se lever, comme d'habitude, pour aller aux

cabinets et c'est involontairement que se font l'urination et

la défécation depuis le 30 décembre.

Idées mélancoliques. Ct

à boire. Il prend pourtant un litre et demi de lait. Lèvres

sèches. La journée a été calme, S.. a pris un bain de vingt minu-

tes. Soir : T. R. 39", 2. Un quart de lavement au sulfate de

quinine.

1885. Janvier. Poids : 43 kg. 500. Taille : 11l 48. '

4 1118.1'S, - Dimanche, dans la journée, le malade a eu deux

forts accès à la suite desquels la face est restée cyanosée et

les veines du cou turgides. (Sangsues au niveau des apophy-

ses mastoïdes).

Le reste de la journée a été calme, mais, depuis dimanche

soir jusqu'à lundi soir, Sch... a eu plusieurs accès consécutifs.

Aujourd'hui les accès ont disparu, mais il persiste de l'hé-

bétude. Eau dévie allemande. .

- ter aoîtt, - Aggravation. Sch... reste toujours à l'infirmerie

à cause de la multiplicité des accès; il ne gâte que durant ses

périodes d'accès.

Puberté. Léger duvet à la lèvre supérieure et à la pointe

du menton, rien aux joues. - Poils roux, frisés, assez abon-

dants sur le pénil et autourdela racine de la verge,- Bourses

à demi rétractées. Testicules de la grosseur d'une petite

noix. Verge assez développée (9 cm. de circonférence sur 9 cm..

de longueur). Gland découvert, méat un peu étroit, normale-

ment situé. Bien qu'il ne se masturbe pas, assure-t-on, il a

proposé plu-ieurs fois des attouchements à d'autres enfants.

En ce moment, le malade a une fluxion de la joue gauche,

dépendant d'une périostite par carie de la racine de l'incisive

latérale gauche. Abcès, ponction; avulsion de la dent.

2 août. Pupilles égales ; parole libre ; pas de tremblement

des lèvres ni de la langue. Schad... a des idées mélancoliques

et on lui entend dire : « uc hon Dieu nous donne du pain.

Quand on est mort, on est bien heureux, on vous met une croix ;

quand on est mort on est bien heureux. » Ses discours portent

presque toujours sur la mort. Il dit à sa mère qui vient le voir

vêtue de noir : « Tu es donc morte, tu veux donc mourir.»

Parfois il répète les mêmes paroles pendant toute la journée..

Les accès restent fréquents et obligent à le maintenir au lit.

Il continue à vouloir se cacher et lorsqu'on le cherche il est

content. Traitement : Continuation des douches, huile de foie

de morue, sirop d'iodure de fer.

Juin. Taille : 1'° 48. Poids : 47 kg. 700.

2 novembre. On suspend aujourd'hui l'hydrothérapie qui

avait été reprise le 3 avril. Il ne semble pas qu'elle ait modifié,

l'état du malade.

8 BnOXCHO-PXEUMOXIE gangreneuse.

iG novembre. Sch... a eu hier quatorze accès. Dans l'un

d'eux, il s'est fait une plaie au niveau de la bosse frontale droite.

Il reste très abattu, comme cela a lieu d'habitude à la suite de

ses séries d'accès.

1886. 3 /c).')'te)'. ispcc du malade : pupilles égales; nez

un peu aplati, portant plusieurs cicatrices dont une assez

profonde vers la racine ; quelques autres cicatrices sur le front.

- Très léger tremblement de la pointe de la langue ;joue

droite un peu gonflée à la partie inférieure; quelques cicatri-

ces sur les lèvres et à gauche du frein de la lèvre inférieure.

Rien à la face interne des joues ; cicatrice allongée, un peu

saillante sur la face dorsale de la moitié gauche de la langue.

Parole libre. « CD .

Au point de vue de la puberté, on trouve deux petits bou-

quets de poils à la pointe du menton. Les poils du pénil se

sont allongés ; il y a peu de poils sous les aisselles, mais on

les trouve abondants à l'anus. Pas d'autres modifications.

Sur le grand trochanter gauche, existe une petite eschare

en voie de cicatrisation ; on en trouve une autre d'un centi-

mètre, au sacrum, s'améliorant également. Le-malade est très

calme, il fait parfois des réflexions sensées et se laisse faci-

lement examiner.

- G février. P. G'i, On est obligé de le compter au coeur à

cause de la contraction musculaire qui empêche de le saisir au

poignet. Dynamomètre Colin (fort) : 15 à gauche, 18 à droite.

Poids 50 kilogrammes.

13 février. Depuis trois jours le malade a de très nombreux

accès. ,

18 février. -Plusieurs accès cette nuit. Torpeur prononcée;

perte de l'apétit.; soif intense; garde-robes normales. 22 accès

depuis le 13 février.

. 24. février. -Le malade tousse. A l'auscultation, on entend

des .râles ronflants dans toute la poitrine, mais surtout en arri-

mère ; il y a de plus quelques râles plus lins, en partie masqués

par les gros râles. en arrière. l'as d'épistaxis,

pas de taches rosées, pas de gargouillements. Langue sèche ;

f : 1,11ginosités abondantes sur les dents. Eschare sur le grand

trochanter droit. Le malade ne répond à aucune des questions

qu'on lui pose. Soir : T.R. 40°, 4. Traitement : Teinture

d'iode sur la poitrine; potion avec kermès, et sirop diacode.

25 féurier.-Lc malade est dans un état de prostration grave,

tPint plombé, lèvres cyanôsées, haleine fétide, yeux voilés.

Des inspirations'sont fréquentes et saccadées ; pouls petit

. Autopsie; IirtOVCHO-PIrL'lf0ti : G : \\Glir\USE, 69

faible, très fréquent. Le murmure respiratoire a un timbre

très rude, surtout à gauche. T.R. 39", 6. Traitement : potion

avec 4 grammes d'acétate d'ammoniaque. Vers midi lé

malade semble momentanément sortir un peu de sa torpeur;

mais bientôt la prostration augmente et à 2 heures Schad ? ;

meurt. Immédiatement avant de mourir il a eu une secousse

assez forte qui a brisé un thc¡'lllomJtre placé sous son aisselle,

Poids après le décès 'il kilogrammes. =- 1'. R. au moment

de la mort 3')° 8; 1/2 heure après le clèeès3cJ ? l heure après 37 :

Le tableau suivant (p. 70) donne une idée précise de la marché

de l'épilepsie de 187 à à 1886. -

Autopsie faite le 26 février, 21 heures après la mort. - La

rigidité cadavérique est très prononcée et égale des deux

côtés ? 1 l'ouverture de l'abdomen, on voit le grand épiplobn

normal, la vésicule biliaire est rattachée au colon par une

sorte de méso péritonéal. Le diaphragme remonte de chaque

côté jusqu'au bord inférieur de la zée côte. A l'ouverture de

la poitrine, on trouve le poumon droit rattaché au diaphragme

et à la paroi costale par des adhérences presque totales, à

gauche on n'a que quelques brides néo-niombraneuses. Le

péricarde est sain. Le cetu' (' ? )5 grammes) est en diastole :

ta pointe est formée par les deux ventricules. Sur la face

postérieure du ventricule droit, ainsi que sur l'auricule et

l'oreillette du même côté, existent plusieurs petites plaques

laiteuses. Le coeur renferme des caillots fibrineux qui en

moulent les cavités; il laisse couler, lorsqu'on le sectionne, un

peu de sang liquide et des caillots noirs. On ne trouve sur les

valvules qu'une petite plaque d'athérome à l'orifice aOl'tiqu8,

Le myocarde et l'endocarde n'ont rien de particulier. .

Les poumons présentent une odeur très fétide et un aspect

foncé. à la coupe, il s'écoule un liquide muco-purulent, sa-

nieux, fétide, tenant en suspension des granulations d'aspect

caséeux [,il) HW1')1l droit (830 grammes) a sa plèvre dépo.-

lie partout où il n'y a pas d'adhérences. Sa base est dure' et

ne crépite pas ; sa couleur est d'un gris er(lât-re sauf à la

base où elle est d'un rougc vineux ; il est farci de petites

cacerttttles dont la grosseur varie de celle d'un grain de mil-

à celle d'un haricot et qui contiennent une substance d'un

blanc grisâtre, molle, d'aspect caséeux, s'échappant par le grat-

tage ou la pression. Le poumon gauche (450 grammes) offre

les mêmes lésions dans le lobe inférieur, mais moins avancées

Ganglions bronchiques sains.

- '

Examen histologique : '71

l'e.v,iiiîeii histologique des poumons, fait par M. PIL-

Iacr, .a a montré l'existence des lésions de broncho-pneumonw

totale, gangreneuse. A un faible grossissement, on constate

que les alvéoles sont remplies par un exsudât; les vaisseaut

de leurs parois sont congestionnés et remplis de globules

rouges. A un grossissement plus fort, on peut voir que

la nature de l'exsudat est variable suivant les différents

points, suivant les divers degrés de la lésion,- Sur certains

îlots, il est composé presque uniquement de cellules de

la paroi alvéolaire desquamées, tuméfiées, rondes, vésicu-

leuses et possédant presque toutes plusieurs noyaux :

c'est de la pzetwzonic épi.tl7éliale. - Sur d'autres, ces

cellules sont mêlées d'un certain nombre de leucocytes,

sans globules rouges pourtant, et englobés dans un ré-

seau librineut très net. Il y a là de la bnozclao-p7zettnzo- ? ne. Dans d'autres ilôts enfin, et ce sont ceux qui confinent

aux pertes de substance que l'on voit à l'oeil nu sur la coupe

du poumon, il y a nécrobiose totale des éléments, l'alvéole

très distendue avec les vaisseaux de sa paroi aplatis, est rem-

plie d'une masse uniformément granulée et grisâtre où l'hé-

matoxyline colore a peine çà et là quelques noyaux. Ce sont

ces foyers de nécrobiose, situés autour des bronchioles, qui

ont été envahis par les micro-organismes de la putréfaction,

déterminant ainsi ces excavations lobulaires qui donnent au

poumon son aspect caratéristique de gangrène broncho-pneu-

monique. Cette pénétration a dû être favorisée par la parésie

bulbaire que présentait le malade en état de mal. On trouve

la, réalisés cliniquement, les phénomènes qu'on observe expé-

rimentalement dans la section des deux nerfs vagues au cou- :

alvéolite catarrhale, puis fibrineuse, puis mortification des

éléments et putréfaction consécutive des foyers de nécrobiose

qui se forment autour des bronchioles au contact de l'air. La

broncho-pneumonie n'est d'ailleurs pas rare chez les épilepti-

ques qui meurent en état de mal, mais nous ne croyons pas

lui avoir vu revêtir la forme gangreneuse. '

Rate (80 gr.) normale.- Reins (100 gr. à gauche; 110 gr. à

droite) ; décortication facile, pas de lésions. -Estomac. duoclé-

izttnz, pancréas, foie et canaux excréteurs de cet organe, sains.

- 'Vésicule biliaire pleine de bile. Intestin sain, mais ayant

des plaques de Peyer très développées. -- Gansons mësph-

toriques pas de lésions Testicules normaux Larynx

et oesophage, rien de particulier. - Corps thyroïde non hyper-

trophié, symétrique, a déjà subi une dégénérescence colloïde.

Tête. Rien au cuir chevelu. Crâne très dur, notable-

'il ! Description du cerveau.

ment épaissi partout.; calotte crânienne assez développée, sy-

métrique ; sutures normales, un peu d'hypérémie sur les parié-

taux. Les dentelures de toutes les sutures sont très apparentes

à l'extérieur; en dedans elles le sont moins et l'ossification

est plus avancée. Nulle part les dentelures ne chevauchent l'une

sur l'autre. Au niveau de l'angle antérieur des pariétaux, il y a

deux plaques transparentes : celle de gauche a un centimètre

de diamètre, l'autre cinq millimètres. Base du crâne bien

c1nformée, - Liqttide céphalo.rachidien un peu plus abon-

dant que normalement. -Encéphale, 1320 gr.

'La pie-mère présente une vascularisation assez prononcée

sur la convexité des hémisphères.-Les artères, les nerfs, ainsi

que les autres parties de la base du cerveau sont symétriques.

Les hémisphères cérébraux sont égaux ainsi que les hémis-

phères cérébelleux. Le cervelet et l'isthme pèsent ensemble

135 gr. Sur l'hem.isphére cérébral droit la plupart des cir-

convolutions de la face interne, mais principalement celles

du lobe frontal ont un aspect chagriné que l'on retrouveà la

face convexe sur les circonvolutions temporales. La décorti-

cation de cet hémisphère est très difficile, bien que la pie-mère

ne soit adhérente qu'au niveau de la frontale ascendante et

de la partie postérieure de la première frontale. La pie-mère

est accolée au niveau des sillons dont on ne la détache qu'à

grand'peine. Les ventricules latéraux et la corne cl'.lm-

.mon, sont sains. On ne trouve pas de sclérose.

Sur l'hémisphère cérébral gauche, on ne trouve d'aspect

chagriné qu'à la face convexe, sur les circonvolutions tem-

porales. Cet aspect est bien moins marqué que sur l'hémis-

phère droit. La décor licalion est également très difficile.

La corne d'Ammon est normale.

La moelle ne présente rien de particulier l'ceil nu. Les

méninges Í'achLCliennes sont un peu hypérèmiées,

Hémisphère gauche. Face convexe. 1re frontale très

sinueuse, bien développée, s'insère directement et par un pli

de passage sur la frontale ascendante. La scissure frontale

supérieure est très sinueuse et profonde. La 2 ? frontale est

très sinueuse, dédoublée et s'insère d'une part directement

sur la frontale ascendante et envoie deux plis de passage à la

1ro et un à la 3"" circonvolution frontale. La scissure frontale

inférieure est très sinueuse, profonde. La 31110 circonvolution

frontale est extrêmement sinueuse, assez bien développée,

t'insère directement sur la frontale ascendante, mais il est à

remarquer qne les deux insertions des 3 ? et 31110 frontales

1JRSCItIPTIOI DU CERVEAU. - ~" là

présentent à leur surface et vers la partie médiane deux inci-

sures assez profondes qui semblent être les vestiges d'une

scissure parallèle frontale. Toutes les circonvolutions du

lobe frontal sont très plissées, découpées par de profondes

incisures régulières. Lobule orbitaire : les circonvolutions sont

assez bien développées, et la plupart offrent un aspect un

peu chagriné. - La frontale ascendante est très sinueuse, irré-

gulière, bien développée, et montre deux incisures dont l'une

complète (l'inférieure) sépare cette circonvolution en trois

parties dont une médiane qui paraît être la continuation de la

seconde frontale; l'incisure supérieure n'est pas complète et

s'arrête à 4 ou 5 millim, du sillon de Rolando ; le tiers supérieur

de cette circonvolution présente, dans sa partie médiane, une

incisure oblique allant du fond et de lapartie supérieure du sillon

de Rolando vers l'extrémité frontale de l'incisure précédente

dont elle est distante de 7 millimètres environ. Il résulte de cette

disposition, que la frontale ascendante semble s'arrêter à 1. c,

de la scissure inter-hémisphérique et que la partie de la cir-

convolution située au-dessus de l'incisure continue la 1 ?

frontale.

Sillon de Rolando très sinueux; il communique avec la scis-

sure frontale inférieure par l'intermédiaire de la 2me incisure

qui divise la frontale ascendante, et il s'arrête là. Il commu-

nique d'autre part vers la partie moyenne avec une scissure

profonde et sinueuse qui divise presque entièrement le lobule

pariétal inférieur et dont l'extrémité n'est séparée de la scis-

sure interpariétalc que de 5 millimètres.

La pariétale ascendante est assez sinueuse, coupée un peu

au-dessous de sa partie moyenne par l'incisure dont nous

venons de parler. Elle est assez grêle et envoie deux plis de

passage à niveau, plis qui bordent son incisure pariétale, au

lobule pariétalinférieur et deuxautres plis de passage àniveau

au lobule pariétal inférieur.

La scissure de Sylvius présente une lèvre inférieure, dis-

tante d'environ 1 cm. 5 de la lèvre supérieure au niveau de la

3mo frontale. Elle laisse voir la partie supérieure des circon-

volutions du lobule de l'insula, et possède un rameau antérieur

très net et très profond. Son extrémité supérieure et posté-

rieure est bifurquée. .

Le sillon post-rolandique, irrégulier, est coupé par deux plis

de passage niveau allant do la pariétale ascendante auxlobules

pariétaux supérieur et inférieur. La scissure pariétale mo-

yenne est dédoublée en avant en deux branches allant l'une au

sillon port-rolandique, l'autre descendant pour couper le lobule

74 Description DU cerveau.

pariétal inférieur; cette scissure est également dédoublée en

arrière : l'une de ses branches va se perdre en avant, l'autre

se porte en arrière; elles embrassent un lobule de la 2 .l.em-

porale.

Le lobule pariétal supérieur est essentiellement formé par

une grosse circonvolution très enroulée, donnant en avant deux

plis de passage à la pariétale ascendante. Le lobule pariétal

inférieur, très sinueux, s'unit à la pariétale ascendante par un

gros pli de passage, Le pli courbe scmblablcà celui de droite

que nous allons décrire donne, en bas, un prolongement qui

passe à travers la 1 ? temporale pour aller à la 2""\ La scis-

sure parallèle est sinueuse et très profonde. La 1"0 temporale,

épaisse en arrière, se dédouble en avant où ses deux branches

s'anastomosent. La 2« temporale, grêle en avant, se dédouble

bientôt et va, après avoir été coupée par une profonde incisure,

se jeter (en arrière) dans un pli de passage vcnant du lobule

pariétal inférieur et dans la 3me temporale. La3mo temporale,

sinueuse, irrégulière, s'anastomose en avant avec les deux

autres temporale^. La scissure perpendiculaire externe est

très profonde. La occipitale, grosse, est dédoublée; la 2""

très grêle est unie par un pli de passage à la 3 ? qui est aussi

dédoublée et se jette en avant dans la 2° temporale.

A la face interne de l'hémisphère, le loherle pauaceazta'nl, bien

marqué, se prolonge en avant en formant un bec s'enfonçant;

dans la '1 ? frontale interne. - Le sillon calloso-marginal,

profond, est coupé par un pli de passage allant du lobule para-

central au g : p'us 1'ornicatus; un antre pli de passage le coupe

en arrière. La 2mc frontale interne, très bien développée,

donne deux plis de passage : l'un au lobule paraeentral ; l'autre

au lobule quadrilatère. L;t 11'0 frontale interne est très

sinueuse et très bien découpée. Le lobule quadrilatère est

bien dessiné ainsi que le coin qui est formé de deux circonvo-

lutions. Les scissures perpendiculaires internes et calca-

r'ines sont profondes et normales, elles interceptent le cuneus

formé de deux circonvolutions dont la supérieure est double

en arrière. La Il-- temporale occipitale, épaisse et chagrinée

en arrière, donne en avant un pli de passage à la 2 ? temporo-

occipitalequi est épaisse et lisse en avant, irrégulière et dédou-

blée en arrière.

La face inférieure présente un sillon olfactif bien prononcé.

Le sillon cruciforme est remplacé par un sillon trifurqué,

ayant une branche postérieure, une antérieure et une

externe. Le gyrusrcctus est étroit; la ; : 1110 circonvolution olfac-

tive.est dédoublée. La circonvolution orbilaire embrasse

DESCRIPTION DU cerveau. in

la branche externe du sillon ainsi formé ; après s'être dédoublée

et réunie, elle devient irrégulière.

Les circonvolutions temporo-occipitales que nous avons

décrites plus haut sont chagrinées, irrégulières, sinueuses,

séparées par un sillon coupé par un pli de passage.

Hémisphère droit. La 1"c frontale, quadrilatère, est très

large en arrière, s'amincit en avant. La partie quadrilatère

est coupée à son centre par un pli profond qui divise cette

portion en trois circonvolutions. Deux plis de passage unissent

la Il'0 frontale en haut et en arrière à la frontale ascendante;

en avant et en bas la 2mi frontale. La '2111C frontale, simple

en avant où elle donne un pli de passage à la 3mo, se dédouble

en bas et en arrière. La branche postérieure de ce dédoublement

s'unit à la l1'0 frontale. Le sillon qui sépare les deux circonvolu-

tions précédentes est très sinueux et profond.

La 3111c frontale est très développée en avant où elle est

dédoublée; elle s'unit à ce niveau par deux plis de passage

à la 2me frontale. Les deux branches de ce dédoublement

s'unissent pour former la circonvolution de Broca sur laquelle

on retrouve un sillon qui divise celte circonvolution en deux

petites circonvolutions. Le pli sourcilicr est volumineux. L'as-

pect général des circonvolutions du lobe frontal droit est

semblable à celui qu'elles présentent du côté gauche.

La frontale ascendante, très sinueuse, irrégulière, mais bien

dessinée, donne des plis de passage l'unissant aux deux pre-

mières frontales. Le sillon prérolandique, coupé par un sillon

allant de la scissure de Rolando à la 1 ? incisure frontale,

s'arrête en haut à un centimètre du bord supérieur de l'hé-

misphère. Le sillon de Rolando, très sinueux, communique

avec le sillon frontal supérieur; il s'arrête normalement en

bas; il est coupé par un pli venant de la pariétale ascendante.

La pariétale ascendante dédoublée, sinueuse, donne un

pli qui la fait communiquer avec la base de la deuxième

frontale en passant sur le sillon de Rolando et le sillon préro-

landique. La partie postérieure du dédoublement de cette

circonvolution descend en serpentant et se divise en bas en

deux branches allant, l'une à la partie postérieure de la bran-

che antérieure du dédoublement, l'autre se portant en arrière

pour se joindre à la pariétale inférieure.

La scissure de Sylvius, profonde et béante, s'écarte beau-

coup en avant. Elle est bifurquée en arrière où elle embrasse

un pli de passage allant de la pariétale ascendante à la parié-

76 Description DU cerveau,

tale inférieure. La scissure pariétale moyenne est très pro-

onde, sinueuse; elle se continue sans ligne de démarcation

avec la scissure parallèle.

Le lobule pariétal supérieur est formé de nombreuses cir-

convolutions irrégulières, formant deux îlots unis par des plis

de passage. Ces circonvolutions sont un peu chagrinées à la

surface. Le lobule du pli courbe, bien dessiné, est très étroit

et très grêle dans la partie qui surmonte l'extrémité de là

scissure de Sylvius. Le lobule pariétal inférieur est essen-

tiellement constitué par deux grosses circonvolutions réunies

en arrière par un petit pli de passage à niveau. La scissure

perpendiculaire externe est profonde, bien marquée. Les

circonvolutions occipitales sont séparées par des plis profonds :

la première, dédoublée, a une branche postérieure épaisse

et une antérieure grêle; elle communique avec la 2me qui est

très irrégulière, par un petit pli de passage. Elle s'unit en

avant et en haut au lobule pariétal supérieur. La ;2we occi-

pitale se joint en avant à la 3,ue, en arrière à la 11'0 dont elle

est séparée par un sillon profond. La 3me occipitale, double

ne arrière, devient simple et très irrégulière en avant. E 12 y : j,

se jeter dans la 2mc temporale, après avoir décrit une courbe

à-concavité antérieure.

La scissure parallèle décrit de grandes -sinuosités et est très

profonde. La lie temporale, dédoublée en arrière où elle se

jette dans la circonvolution du pli courbe par sa branche

antérieure, ne tarde pas il. confondre ses deux divisions en un

gros lobule qui s'amincit en avant pour former une circonvo-

lution irrégulière qui va se jeter à la partie antérieure de

l'hémisphère dans la 2 : ne temporale. La 2 ? temporale, très

il'régulière, forme en arrière un lobule quadrilatère, divisé

presque crucialement par des incisures assez profondes. Elle

donne en avant nne circonvolution dédoublée qui se réunit

en un pli très grêle qui s'élargit bientôt et va on s'amincissant

jusqu'à la partie antérieure. Cette portion de la 2 ? temporale

est chagrinée. La 3 ? temporale, également très irrégulière

et très sinueuse, donne en avant un pli de passage à la 1U'

temporale. Le sillon séparant les 2 ? et 31U0 temporales est

profond, irrégulicr, il va jusqu'à la partie la plus antérieure

de l'hémisphère, après avoir été coupé par le pli de passage

que nous venons de décrire.

Face interne. Le lolnde parace¡1.l.¡'al est bien développé :

- La 1l'e fronLale interne, irrégulière, est creusée de profondes

incisures; elle forme, en avant, de nombreuses petites circon-

volutions grêles. ,

Examen IUSTOLOGIQUE du cerveau. 77 Î

Le sillon calloso-marginal est profond et coupé par un pli de

passage à sa partie moyenne. Le yyucç fornicalus se jette

en arrière, en se dédoublant dans le lobe carré; il donne un

pli de passage, en avant, à la première frontale interne.

Le lobule quadrilatère est formé de 3 circonvolutions sinueu-

ses s'unissant toutes en avant pour se jeter dans la 2ma

frontale interne. - La scissure perpendiculaire interne, très

profonde et très longue, va jusque vers le corps calleux.

Le coin est formé de 2 circonvolutions réunies en avant. -La

scissure colcarine est profonde et normale. Le lobule lin-

gual, très mince à sa partie moyenne, très large en avant, est

uni par deux plis de passage au lobule fusiforme; celui-ci est

très irrégulier et très sinueux, - Le sillon olfactif est simple

et profond; le sillon cruciforme a ses branches très courtes ;

les postérieures sont bien dessinées, l'interne se prolonge très

loin en arrière. Entre les sillons cruciforme et olfactif est

un autre sillon. Le gyrus reclus est normal. La '2 III circonvo-

lulion olfactive, dédoublée en arrière et en avant, donne un

pli de passage à la circonvolution orbitaire qui est irrégulière

et très enroulée.

- L a p -,tr t i e des c i ,co nu o 1 t,, 1 i o) 3 le)iI)o 2o -occ il) i tii les visible sur r

la face inférieure présente l'aspect suivant : La -1"" temporo-

occipitale est grosse, double en arrière, très sinueuse; la 2me

temporo-occipilalc n'offre rien de particulier, mais les sil-

lons qui séparent les deux circonvolutions sont profonds et

sinueux.

Examen Jcisluloyiclcce du cerveau et de la moelle. lia élé

fait au Laboratoire des travaux pratiques d'histologie de la

Faculté par il. 1cD''Pilliet, préparateur. - La substancc grise

du cerveau avait été durcie par l'alcool : les deux hémisphè-

res étant à peu près semblables à l'oeil nu, on a examiné seu-

lement l'hémisphère droit, pour ne pas sacrifier toute la pièce.

Enfin, on s'est surtout préocupé de rechercher la structure

de. la lésion, plutôt que sa distribution. Sur la coupe des cir-

convolutions frontales, examinées à un faible grossissement,

on constate des lésions portant sur la substance grise et sur là

substance blanche. La substance grise est diminuée d'épais-

seur ; lapremière couche de Deiters est étroite, elle offre beau-

coup plus de noyaux colorés qu'a l'état normal, ainsi que la cou-

che suivante avec laquelle elle se confond. En effet, cette

deuxième, couche, ou des petites cellules pyramidales, est la

peu distincte. La troisième couche des cellules pyramidales

moyennes n'a plus les cellules disposées régulièrement bout

78 Examen histologique DU cerveau.

à bout, en séries, séparées par les faisceaux des fibres

qui gagnent la substance blanche, les cellules n'ont plus leur

ordination caractéristique; on ne voit due de nombreux

noyaux sphériques, appartenant à de petites cellules. La 4.111.

et la 5 ? couches, celles des cellules volumineuses, n'en ont

à peu près plus : c'est le tissu névroglique, formé d'un très

fin réticulum, avec cellules rares, espacées qui le remplissent.

Les faisceaux de fibres descendantes et de libres arquées sont

rendus plus évidents par la disparition des cellules. Dans la

substance blanche on voit une quantité beaucoup plus consi-

dérable qu'à l'état normal de noyaux très petits, sphériques,

répondant à des cellules de la névroglie et remplissant tous

les intervalles entre les fibres de la couronne de Iteil. Ici l'ir-

ritation est évidente. Il y a pourtant peu de corps granuleux

dans les couches profondes de la substance grise. Les vais-

seaux ne sont pas beaucoup plus nombreux qu'à l'état normal ;

ils .ne présentent pas de dégénérescence amyloïde.

De plus, on voit, espacés dans les parties superficielles de

la substance grise, un certain nombre d'îlots, ou foyers com-

prenant les trois premières couches. Sur ces points, la

disposition des fibres se dirigeant vers la substance est inter-

rompue ; les cellules de névroglie se colorent 'fortement;

mais les cellules nerveuses sont très rares. Ces points parais-

sent avoir une résistance beaucoup moindre que le reste du

tissu, car leur substance est partie par endroits avec la pie-

mère, et est en d'autres points tombée pendant le montage

des coupes. - Du reste, on retrouve dans les cervaux d'idiots

Ct de déments des taches semblables (1).

A un plus fort grossissement, on voit que la plupart des cel-

lules nerveuses ont pris une forme globuleuse, ou piriforme,

laissant un assez grand espace entre elles ct la névroglie, dont

les noyaux sont peu abondants. Dans la région des grandes

cellules, on en retrouve à peine quelqu'une de loin en loin,

mais se colorant très mal par les réactifs. Nulle part il n'y a

de la dégénérescence pigmentaire.

Sur une coupe prise au milieu de la troisième ci1'convol1l.

tion frontale, dans la région motrice, les lésions sont plus

accusées. Les pièces précédentes pouvaient se résumer ainsi :

sclérosé prolifératine, au point de vue des cellules, des couches

superficielles de la substance grise, sclérose raréfiante des

(1) V. Pilliet. Lésions histologiques c ! e l'encéphale chez les idiots-

(Archives de neurologie, p.. 113 - go, 18J0.j

Examen iiistologique DU cerveau. r9

couches profondes, reprise du processus irritatif dans la

moelle. Ici, les cellules sont raréfiées dans toute la hauteur de

la substance grise, les colonnes de cellules qui la parcourent

perpendiculairement, sont devenues de véritables bandes

épaisses et foncées de tissu de sclérose ; enfin, dans la

substance blanche, il existe une émulsion totale de la myéline,

une dégénérescence graisseuse des éléments facile à voir sur

les pièces colorées à l'hématoxyline et Illontées dans la liqueur

deFarrant. Ces portions restent alors incolores, ce qui permet

de les distinguer au .premier coup d'oeil. Si on monte les

pièces au baume de Canada qui dissout les corps gras, on voit

que les tissus qui la contiennent sont sclérosés et pauvres en

éléments. Les foyers de désintégration dont nous avons parlé

sont ici plus manifestes et on peut mieux les étudier.

On voit qu'à ce niveau, la substance intercellulaire est très

abondante, des cellules au contraire sont rares. Il existe des

vaisseaux capillaires au sein de ces îlots. Ils s'étendent dans

presque toute la hauteur de la substance grise, et leur tissu pa-

raît extrêmement friable, car au centre de chaque foyer, il

existel)resque toujours une perte de substance qui s'estproc1uite

pendant les manipulations, les cellules nerveuses des différentes,

couclie ssont confondues. Seules, quelques cellules pyramida-

les de la couche clos petites cellules ou de celles des cellules

moyennes ont conservé leur forme spéciale.

Le cervelet présente ses quatre couches de la substance

grise normales en apparence ; les cellules de Purkinjc ne parais-

sent pas diminuées de nomb re. 11 existe pourtant quelques corps

granuleux, mais peu abondants dans la substance blanche.

La moelle a été regardée seulement dans la région cent-

cale. Les deux moitiés en sont symétriques, les cornes sont

très grêles, leurs groupes de cellules persistent, mais les élé-

ments y sont peu abondants. Pas de dégénérescence pigmen-

taire. D'autre part, on observe des zones diffuses, se teintant,

plus fortement que le reste par le carmin dans le cordon

latéral de chaque côté, au contact de la substance grise et

autour des racines postérieures. Il y a là un léger degré de

sclérose peu avancée. Les racines coupées en môme temps

que la moelle paraissent saines.

En résumé, on observe par places de la multiplication des

vaisseaux et de la prolifération des éléments interstitiels; le

tout pouvant former les petits îlots que nous avons vus. Par

places aussi, et sans doute, consécutivement à la première

80 Examen histologique DE la lIWELLE,

lésion, de la sclérose raréfiante, atrophique, la substance

blanche étant prise d'une façon qui est toujours en rapport

avec l'état de la substance grise, paraît l'être secondairement.

C'est un cerveau d'idiot ou de dément épileptique, plus que

de dément sénile; car il n'y a pas de grosses cellules en

état d'atrophie pigmentairc ou granuleuse; ce qui peut d'ail-

leurs tenir à l'âge du sujet ; mais seulement une sclérose

atrophique qui ne va nulle part jusqu'à la formation de véri-

tables bandes de tissu lamineux, telles qu'on en voit dans le cas

de ramollissement par embolie, par exemple. Aussi, la forme

totale de l'encéphale est respectée, si ce n'est aux points que

nous avons vus plus faibles et qui peuvent s'enlever avec la

pie-mère.

Réflexions. I. Nous avons à relever dans les

antécédents héréditaires les fréquents excès de bois-

son du père, accompagnés de violentes colères, la

tuberculose chez une tante paternelle et l'éluilepsie

chez une cousine germaine du même coté ; des acci-

dents cérébraux mal déterminés chez des neveux ou

nièces de l'enfant et des convulsions chez une

soeur.

II. Signalons, en passant, l'inégalité d'âge des

père et mère (12 ans) à laquelle divers auteurs ont

attaché une certaine importance.

III. Sauf des signes d'asphyxie au moment même

de la naissance, il ne semble pas que. Schah ait

notablement différé des autres enfants jusqu'à 8 ans.

A l'école, on assure qu'il apprenait bien. A cette épo-

que survinrent des troubles durant le sommeil, se pré-

sentant avec les caractères des cauchemars. Ils du-

raient depuis- trois semaines sans qu'on eut rien fait,

à tort, pour les dissiper, quand une nuit, l'enfant fut

vivement effrayé par son père qui rentrait ivre. Un

mois après cette peur, l'enfant eut son premier accès

d'épilepsie. Deux ans plus tard, on avait déjà noté

une tendance marquée vers la déchéance. La cause

occasionnelle a trouvé chez Sch.... un terrain préparé

Réflexions. 81

par la dégénérescence due à l'alcoolisme du père,

aggravée par l'asphyxie de l'enfant à la naissance, 11 est

fréquent do voir ainsi les névroses et les psychoses

rester silencieuses, couver en quelque sorte, pour cela'

Bourneville, Bicêtre, 1801. 6

Fig. 12.

M RÉFLEXIONS.

ter brusquement à l'occasion d'un choc moral plus ou

moins intense.

11 . 1 ? el.ilc ? ç;c a eu, ici, sa marche malheurc1.1- ! 't'JJ1f'nl classique et trop habituelle. On pourrait pren-

Fig. 13.

RÉFLEXIONS. 8 : 3

dre ce cas comme type. Absence d'aura, chute brutale

sur le front, plaies confuses fréquentes de la tête ; -

périodes d'excitation maniaque; accès sériels ou états

de mal avec élévation considérable de la température

centrale; augmentation progressive des accès, bien

mis en relief par le tableau; insuccès du bromure

de potassium, du chloral, du bromure d'éthyle,

de l'acide sclérotiniquc, dos douches, etc.. enfin

démence.

V. Les idées délirantes, observées la suite des

accès se manifestaient sous deux formes, l'une mélan-

colique, l'autre maniaque. Dans la première. Sch... est

triste, reste tranquille, parle peu ou fait des réflexions

en harmonie avec sa situation d'esprit « « On est heu-

reux quand on est mort, etc. » Dans la seconde forme,

au contraire, il est grossier, injurie tout le monde,

s'agite, essaie de se sauver, est violent, veut frapper

ceux qui l'entourent, etc. (manie).

VI. Lorsqu'on est enprésencc d'enfants comme celui-

ci, c'est-à-dire atteints d'épilepsie et d'affaiblissement

prononcé des facultés intellectuelles, on peut être

embarrassé pour porter un diagnostic précis, en l'absen-

ce d'anamnestiques. S'agit-il d'épilepsie et d'imbécil-

lité congénitale ou datant des premiers temps de la nie,.

ou d'épilepsie compliquée ultérieurement d'un affai-

blissement des facultés intellectuelles ou mieux de

démence ? Eh bien, à notre avis, il est possible en exa-

minant avec soin tous les symptômes, d'arriver à poser

un diagnostic précis. C'est ainsi que Schad.. avait des

périodes durant lesquelles il était calme, se tenait

plus convenablement, comprenait très bien ce qu'on

lui disait, y répondait avecàpropos et faisait des réfle-

xions très sensées, dénotant qu'autrefois, il avait pos-

sédé une intelligence au moins ordinaire.

84 RÉFLEXIONS.

VII. Nous avons eu l'occasion de reprendre le crâne

de Sch. au mois de novembre au cimetière et, conformé-

ment à notre habitude, nous avons jeté un coup d'oeil

sur les principaux os du squelette. Cet examen nous

a permis de constater une lésion du fémur droit qui avait

échappé .pendant la vie et dont le malade' ne s'était

jamais plaint (F'i. 12 et 13). Cette lésion consiste en

une exostose d'un genre assez particulier et dont l'ori-

gine nous échappe. Lorsqu'on l'examine en avant, elle

se présente sous la forme d'une masse osseuse qua-

drilatère. Son bord externe mesure quatre centimètres,

et se confond en bas avec le petit trochanter ct la

branche interne de la ligne âpre. Cette masse se

porte en dedans, elle est oblique de bas en haut, et

son extrémité supérieure se dirige assez fortement en

avant, de manière à faire saillie en avant de la face

antérieure prolongée delà tête du fémur (Fig. 12). La

face antérieure de l'exostose est lisse, perforée de

plusieurs trous. Son bord interne plongé dans les

masses musculaires, mesure sept centimètres; il est

lisse sauf au voisinage du bord inférieur où il est amin-

ci et tranchant comme celui-ci. Le bord supérieur est

épais et offre plusieurs aspérités.

En arrière, l'exostose est beaucoup plus étendue et

se présente sous l'aspect d'une masse convexe, partant

de l'extrémité inférieure du bord postérieur du grand

trochanter, passant par dessus le petit trochanter

qu'elle enveloppe complètement et se portant au des-

sous de la face interne du col du fémur, puis en

avant et en haut; elle fait disparaître complètement

la branche externe de la ligne âpre et l'espace compris

entre elle et la branche interne. Son bord adhérent

mesure 6 centimètres 1/2, son bord libre se confond

avec celui de la face antérieure ( 7 cent.) Son bord

supérieur fortement concave a 9 centimètres; son

bord inférieur 3 centimètres (I1'u ? 13).

vn.

Idiotie complète symptomatique ; Adénie; - Tuber-

. culose généralisée;

PAR BOURNEVILLE, et RAOULT.

SOMMAIRE, - Aucun renseignement sur les antécédents hé-

réditaires et personnels. Irascibilité. Violences.

.Am/gdaHte. Engorgement des ganglions rétro-maxillai-

res. Laryngite. Eczéma de la face. Développement de

l'adénie. Conjonctivite purulente. Diarrhée. Exa-

mens du sang. Tuberculose des ganglions contenus dans

le thorax et l'abdomen, des poumons, du foie, des capsules

surrénales, de l'intestin, etc.

. Mes Paul Henri), né à Paris le 4 Juillet 1874, est entré

le 6 Août 1884 à l'hospice de Bicêtre (service de M. BOURNE.-

ville).

A différentes reprises, les parents de l'enfant ont été convo-

qués, jamais ils ne se sont rendus à notre convocation,

de sorte que nous ignorons complètement les antécédents

héréditaires et personnels de notre malade.

1884. Poids : 27 kilog. 600; Taille : lm, 25. Dès son entrée,

l'enfant se montre d'un naturel violent, irascible, il donne des

coups de pieds à ses camarades. La parole est à peu près nulle :

son vocabulaire se réduit à « papa, maman. » - D'autres fois,

il prononce des mots incompréhensibles, surtout lorsqu'il est

en colère. Il sait se laver, s'habiller; il mange proprement avec

la cuiller et la fourchette et se sert un peu du couteau. Il

connait les couleurs, les place bien sur le tableau et recon z

naît les objets qu'on lui désigne.

Octobre. devient moins méchant,. mais il a toujours

86 Idiotie complète,

des accès de colère très-violents et très-fréquents. Il pleure

et rit souvent sans motif. Onanisme.

1885. 22 janvier. A la suite d'une contrariété avec ses

camarades, il a arraché avec ses dents un morceau de sa veste

au niveau de l'épaule droite. Il continue à se mettre dans

de violentes colères. Poids : 27 kilog, 400. Taille ; let25.

Dentition. ' A la mâchoire supérieure, les quatre incisives

et les premières molaires sont saines; les autres dents de lait

sont cariées, à moitié détruites, sur le point de tomber. A la

michoire inférieure, il n'y a que les quatre incisives et les pre-

mières molaires de la seconde dentition. Les molaires aetou-'

chent par le sommet de leur couronne, mais les incisives sont

sur le même plan horizontal par leur sommet, les incisives

inférieures dépassent de près d'un centimètre, en arrière, les

supérieures. Les gencives sont rouges, en bourrelet. Il y a un

gonflement assez prononcé des glandes de la région sous-ma-

xillaire gauche.

2 : 3 {éeriei', - Amygdalite simple; un peu d'engorgement des

ganglions rétro-maxillaires. La toux est rauque, la voix

enrouée, presque éteinte. A l'auscultation, on ne trouve rien

dans la poitrine. Traitement : Ipéca, badigeonnages de jus

de citron,

4 février. Un pou de fièvre et d'abattement ; les symptômes

laryngés sont sur tout prononcés. Traitement : teinture d'iode

sur la région antérieure du cou, etc.

25 février. La laryngite est encore prononcée, peu de fiè.

vre : l'état général s'est amélioré.

27 ? r7 : ef ? A l'inspection de la gorge, on trouve trois pla-

ques d'herpès; la laryngite est encore assez intense.

4 maTS, - L'enfant a encore un peu de laryngite et de rou-

geur de la gorge, mais pas de fièvre; l'état général est bon.

Trait. : Huile de foie de morue, sirop d'iodure de fer.

4 avril. - Revaccination sans succès.

18 avril. Les ganglions rétro-maxillaires ont en grande

partie disparu à droite, mais ils existent, quoique diminués, à

gauche. L'enfant ne tousse plus.

15 mai. - L'enfant présente sur l'oeil droit au niveau du

limbe cornéen, deux vésicules d'aspect opalin, grosses comme

une tète d'épingle, en même temps il a une conjonctivite

intense. Trait : Collyre au sulfate de zinc, compresses de camo-

mille chaude.

f" juin. Poids : 24 kilog. 200. Taille : 1m 27.

AfJÉ ! \IE, S7 i

2 juin. Eruption eczémateuse à la partie supérieure de

la face, ne dépassant pas la bouche en bas. Par places, 'ou

voit des croûtes molles, jaunâtres d'impétigo. Trait : cata-

plasmes d'amidon; bains alcalins. Liqueur de Fowler, sirop

d'iodure de fer.

18 août. La face cit maigre, pâle, un peu terreuse. Les

lésions oculaires persistent. Clsil dnoit : blépharite ciliaire

ancienne, les cils de la- paupière inférieure ont presque com-

plètement disparu.. Petite opacité, en nuage, de la cornée.

OEil g : : mche : blépharite ciliaire plus accusée. Léger entropion

de la paupière inférieure, dont les cils sont presque entière-

ment tombés. Le bord externe et la peau avoisinant l'angle

externe de l'oeil, ont un aspect érythémateux.

Conjonctivite oculaire de moyenne intensité. Hernie de

l'iris d'environ quatre millimètres sur deux, siégeant à la par-

tie inféro-interne de la cornée. La pupille est attirée en bas

vers la hernie ; elle est elliptique et a 2 millimètres 5 de long

sur 1 mm. 5 à peine de large. Pas de granulations conjonc-

tivales. Traitement. Collyres au sulfate de zinc et à l'atropi-

ne ; huile de foie de morue, sirop d'iodure de fer, etc.

Polyadéniie. Au-dessous de l'oreille gauche existe une masse

ganglionnaire de 7 cent. de hauteur sur 8 cent. de largeur ;

elle se compose d'un ganglion antérieur le plus gros, et de

deux autres postérieurs plus petits et inégaux. A égale dis-

tance de l'oreille et du menton, se trouve une autre masse de

4 cent. 5 de haut et de large.

Dans l'aisselle gauche, il y a un amas de ganglions tuméfiés

de 5 cent. 5 de large et de long; enfin dans l'aisselle droite est

un ganglion du volume d'une petite noix. On ne constate rien

au niveau des aines.

L'examen de la rate fournit à la percussion une matité de

6 cent. 5. sur 3 cent 5 et celui du foie au niveau de la ligne

mamelonnaire une hauteur de 8 cent. 5 sur 9 cent.; cet organe

déborde les fauses côtes de plus d'un centimètre.

19 août. L'examen du sang provenant de la piqûre de la

pulpe du doigt, montre que les globules rouges sont pâles ;

quelques-uns sont presque décolorés. Le nombre des globu-

les blancs varie de 1 à 3 suivant les endroits. La conforma-

tion des deux genres de globules parait normale.

Etat actuel. (21 août. Crâne. Les bosses frontales sont

un peu saillantes. Les bosses pariétales et la protubérance occi-

pitale interne sont plus marquées; il existe une légère dépres-

sion transversale au-dessus de cette dernière. Le crâne pré-

88 IDIOTIE complète.

sente une forme ovoïde à petite extrémité antérieure étroite, a

petit diamètre saillant à ses exrémités (bosses pariétales acu-

minées), Le front est étroit ; les gouttières latérales sont assez

marquées. De la racine des cheveux à la queue des sourcils, il

y a un intervalle de 5 cent. Les arcades orbitaires sont sail=

lantes dans la moitié externe.

Adénie ; TUBERCULOSE. 83

les de la région axillaire du même côté; La niasse sous-maxil-

laire droite a, au contraire, diminuéde volume. Les ganglions

sont isolés et durs. De temps à autre, l'enfant semble avoir'

des accès de suffocation ;les lèvres déviennent bleues, en

même temps que des plaques violacées apparaissent sur la

face, et qu'il se produit une toux étouffée.

1886. 1" janvier. Poids : 27 ]; : os,70, Taille : 4 ? ? 7.

16 juillet. - Conjonctivite puntlente. M ? est très pâle,

très maigre. La face est ridée, vieillote, les lèvres et la con-

jonctive sont décolorées. Au niveau des régions sous-maxil-

laires, tous les ganglions tuméfiés forment des masses

énormes au-dessous des joues et des oreilles, et en arrière de

celles-ci. Cette hypertrophie ganglionnaire est surtout mar-

quée à gauche, où deux ganglions ont acquis le volume d'un

oeuf de poule, principalement celui placé juste au-dessous de la

partie antérieure du pavillon de l'oreille. En arrière, les gan-

glions sont au nombre de 10 à 12, formant un groupe ; ils ont

chacun le volume d'une grosse noisette. L'hypertrophie gan-

glionnaire se continue jusqu'au triangle sus-claviculaire.

A droite, cette tuméfaction des ganglions du cou est moins

marquée ; deux d'entre eux ont environ le volume d'un oeuf de

pigeon. La chaîne se continue de même jusqu'au triangle sus-

claviculaire. Les ganglions sous-maxillaires des deux côtés

ont le volume d'un oeuf de pigeon. En aucun point, on ne cons-

tate de la rougeur de la peau; il existe quelques dilatations

veineuses à la surface. Au milieu de la partie antérieure de

l'aisselle gauche est une tumeur ganglionnaire, que l'on aper-

çoit à la partie externe, lorsque le bras repose le long du tronc ;

elle a le volume de la moitié d'une orange. Cette tumeur se

prolonge dans l'aisselle jusqu'à son sommet; elle est formée

de ganglions du volume d'un oeuf de poule au plus. A sa surface,

sont de nombreuses veinosités. Dans le fond de l'aisselle droite,

on observe 4 à 5 tumeurs ganglionnaires du volume d'une petite

noix. On ne constate aucun ganglion tuméfié dans les aînés.

Les veines thoraciques et abdominales superficielles sont très

dilatées, à la partie antérieure et il, la partie postérieure.

La peau est sèche, ichthyosique. La respiration semble, à

l'auscultation, un peu voilée à droite. Rien au coeur.

L'enfant mange bien, ne se touche pas, n'a pas d'accès de

suffocation ?

25 juillet. T.R. matin, 3 i, 8. Soir : T.R. 38°.

26 juillet. T.R. matin, 38,, 2. Soir : T.R. 38°.

90 Idiotie complète.

27 juillet. T.R. matin, 37°, 6. Soir : T.R. 37°, 7.

28 juillet. T.R. matin, 37°, 2. Soir : T.R. 38°, 4.

29 juillet. - T. Il. matin, 38°, S. - Soir : T.R. 38°, S.

La paroi abdominale est sillonnée de nombreuses veines très

dilatées; il en est de même ponr le thorax. Le foie déborde les

fausses côtes d'un travers de doigt. On ne perçoit pas de

matité dans la région splénique. Ni toux, ni diarrhée, ni cons-

tipation. Traitement : viné quinquina, sirop de fer, purgatif.

30 juillet. T.R. matin, 38°, 2. Soir : T.R. 38", 6.

31 juillet. T.R. matin, 38°. Soir : T.R. 38», 4.

1< ? août. T.R. matin, 38° Soir : T.R. 38'\

Diarrhée jaune depuis la veille (4 selles). Traitement ;

régime lacté, potion au bismuth et laudanum.

2 août. T. R malin : 37°, 6. - Soit' : T.R. 37°; 8.

3 août. T. R. matin : 37°, 8. Soir : T. R. 38°. La diar-

rhée a diminué.

7 août. - L'examen du sang est difficile à faire, il ne sort

qu'en petite quantité par la piqûre faite au doigt. Les globu-

les rouges sont au nombre de 2,1;1,000 par m/m cube et

les globules blancs de 26,000, ce qui fait un rapport de 1 glo-

bule blanc pour 100,7 rouges. (Nous donnons ces chiffres sous

toute réserve, l'examen n'ayant pu être répété plusieurs

fois). En outre, les globules rouges sont petits, ont de la ten-

dance à s'agglomérer, et on trouve de nombreux hématoblastea

avec plaques de fibrine.

8 août. - Anorexie. La diarrhée a repris ce matin. Elle est

d'un gris verdâtre, hoquet ; T. R. matin 377^, 2. Soir : 37°, 4.

Traitement : Potion de Todd, etc. .

12 août.. Les selles contiennent du sang depuis la veille.

T. R. matin : 3G°, 8. Soir : 36°. 8.

14 août. L'enfant ne se lève plus ; il refuse de manger ;

il a une diarrhée incessante et gâte, ce qu'il ne faisait pas au-

paravant. Il est abattu. Traitement : Potion avec décoction

de bistorte, laudanum et bismuth. Thé au rhum. T. R. malin :

37°, 4. Soir : 37°.

16 août. L'enfant est très abattu, dans un état semi-co-

mateux, il refuse la nourriture, est extrêmement amaigri, a

une apparence squelettique, Météorisme très prononcé. OEdè-

me malléolaire. se refroidit de plus en plus. T : R. matin :

Il. - Soir : 37°.

17 7 août. L'enfant a pris un peu de lait à 7 heures du matin,

et un oeuf à dix heures. Le soir on a pu lui faire prendre un

potage et un oeuf. Il s'est endormi à 7 heures 1/2. A 11 heures

du soir, il a demandé à boire, s'est rendormi à une heure, puis

.Dr=Ii ; tuberculose, Si

s'est réveillé subitement en poussant un cri. Il s'est rendormi

jusqu'à 3 heures, a encore poussé un cri, et n'a fait aucun

mouvement jusqu'à 5 heures du matin, moment où. il est mort,

T. R. le matin : 37°, 6. Soir : 37°, 2. T. un quart d'heure

après la mort : 38°, -; une heure après : 37°, 5.

Autopsie le 19 août. - Le cadavre 'est très amaigri. La

rigidité cadavérique a complètement disparu. L'abdomen est

excavé; en travers rie la paroi de celui-ci on sent, à 3 ou

4 ln/'U au dessus de l'ombilic, sur la ligne médiane, une

tumeur ronde, de la grosseur d'une noix, mobile, non

adhérente. Un peu au-dessus de celle-ci, on sent une

autre tumeur non adhérente it le. peau et fixe. Dans la

fosse iliaque, au-dessus du ligament de Poupart, on trouve

une masse ganglionnaire, occupant la ligne médiane, fait

qui n'avait pu être constaté pendant la vie. à cause du météo-

T1,SîîlC. Le tissu adipeux P011s-cutané a complètement disparu.

Les muscles sont très atrophiés et d'une couleur chair de

grenouille. A la pointe de l'appendice xiphoïde. en avant

du péritoine pariétal, il y a un petit ganglion de la grosseur

d'un noyau de cerise. Tous les ganglions rétro-sternaux sont

hypertrophiés et caséeux. -

Plèvres. Adhérence totale des deux plèvres avec cloisonne-

ment, à gauche. Ganglions bronchiques hypertrophiés, ainsi

que tous ceux du médias tin, qui sont aussi caséeux. Poumon

gauche : 590 gr. La plèvre pariétale correspondante est très épais-

sie, ecchymosée par places : le poumon est llyprllémiè. farci

de tubercules au sommet; on y trouve même quelques cover-

nules. Poumon droit : 600 gr. ; même état qu'à gauche. Au

niveau de la paroi thoracique du côté gauche, on découvre

environ une quinzaine de tumeurs depuis le quatrième jus-

qu'au onzième espace intercostal. -

PFriearcde.U,l quart de verre de liquide citrin. Coew (105 gr.)

en systole; les oreillettes renferment des caillots rouges et

un petit caillot cruorique (ventricule droit). Le myocarde est

pâle, légèrement brunâtre à gauche, un peu transparent.

Le corps thyroïde, le thymus, le larynx et les vaisseaux

sont enclavés dans d'énormes paquets ganglionnaires, caséeux

au centre.

Le grand épiploon contient de la graisse et quelques gan-

glions hypertrophiés, Tous les ganglions situe ? au niveau de

la petite courbure et de la grande courbure de l'estomac, sont

hypertrophiés, volumineux.- Tous les ganglions }né.setté2'i-

qne8 le sont également, 31n ? i que ceux qui accompagnent

D2 Tuberculose DES capsules surrénales.

l'artère iliaque droite. Sur le péritoine viscéral, on trouve e11

plusieurs points, au niveau de l'intestin grêle, des trainées

circulaires de petites tumeurs ressemblant à des tubercules

caséines et reposant sur un fond rouge livide. Le péritoine

mésentérique, qui recouvre les masses ganglionnaires, pré-

sente en différents points de petits tubercules. Le diaphragme

remonte à gauche jusqu'au bord inférieur de la cinquième

côte, et à droite jusqu'au bord supérieur de la même côte.

Disons enfin que l'examen histologique des ganglions du cou,

nous a révélé au centre de ceux-ci la présence des bacilles

de la tuberculose.

Foie (900 gr.) recouvert de fausses membranes, adhérent

dans sa moitié droite à la paroi thoracique, il ne déborde pas

les côtes. A la face inférieure, on trouve des granulations mi-

liaires et caséeuses; on en retrouve aussi à la coupe, de très

nombreuses disséminées sur tous les points, d'une teinte jau-

nâtre, suivant la plupart le trajet des vaisseaux. La vésicule

biliaire est normale. Rate (160 gr.) en partie adhérente au

diaphragme, hypertrophiée, dure; sa capsule est parsemée de

tumeurs caséeuses, très nombreuses, variant de la grosseur

d'un grain de mil, à celle d'un noyau de cerise. A la coupe,

la rate est très congestionnée, et farcie de tubercules caséeux

et crus. Tous les ganglions péri-spléniques et tous ceux qui

sont situés au-dessus du pancréas et au niveau de sa queue

sont caséeux.

La capsule surrénale gauche est très hypertrophiée, et se

confond à sa partie inférieure avec les ganglions caséeux. Le

rein gauche (90 gr.) se décortique bien; il présente de nom-

breuses étoiles de Verheyen. A sa surface, on aperçoit deux

petits points caséeux ayant l'aspect des tubercules. A la coupe,

on voit également un petit point d'aspect caséeux au niveau

d'une des pyramides. Uretère gauche dilaté.

La capsule surrénale droite est moins volumineuse que la

gauche; elle n'est qu'en partie caséeuse; les ganglions du hile

sont également caséeux, comme ceux de gauche. Rein droit

(100 gr.) même aspect qu'à gauche. Les reins n'offrent pas de

dégénérescence amyloïde (teinture d'iode). Uretère droit dilaté.

Le duodénum et l'estomac ne présentent rien de partiou-

lier. Tous les ganglions iléo-coecaux sont hypertrophiés et

caséeux. Intestin grêle. A un mètre de la valvule iléo-

coecale, on trouve un diverticule de Mechel ayant environ

- LÉSIONS du cerveau. 0 ;

4 c.m. de long sur un de large. Il y a de nombreuses traînées

tuberculeuses à la surface de l'intestin grêle et du côlon. A

la coupe, on trouve quelques ulcérations intestinales d'ori-

gine tuberculeuse. Le long du canal thoracique, tous les

ganglions sont hypertrophiés, caséeux, mais les parois du

canal sont saines.

Crâne. La calotte a une apparence symétrique ; toutefois, la

suture bi-pariétale est située à gauche du sillon du sinus longi-

tudinal supérieur. Le diplod est peu développé, sauf au niveau

de l'occipital. Toutes les sutures sont persistantes, sauf la

bi-frontale et leurs dentelures sont apparentes sur leurs deux

faces. La base du crâne est à peu près symétrique, sauf

la fosse cérébelleuse droite, qui est un peu moins large que la

gauche. Le liquide céphalo-rachidien est en faible quantité.

La cl'LO'C-l11.è1'e est épaisse et plissée sur le cerveau, comme

si la cavité avait été trop grande pour l'organe. hapie-mère

est un peu oedématiée; elle offre une vascularisation assez

prononcée à la base et sur la convexité.

Encéphale : 1290 gr. Cervelet et isthme 140 gr. Chaque

hémisphère cérébral : 550 gr. Bulbe et protubérance : 20 gr.

(Les 50 gr. d'écart représentent le poids de liquide qui s'est

écoulé quand on a séparé les hémisphères).

Les deux hémisphères' cérébraux dans leur 2/5 anté-

rieurs sont complètement accolés par la face interne- de

telle sorte qu'entre eux, en avant, il n'y a pas de sillon de

séparation sur une longueur de 6 c/m. C'est probablement à

cette lésion qu'est dû le retrait de la faux de la dure-mère

dans sa partie antérieure. Au niveau du bord supérieur des

hémisphères, la dure-mère est notablement épaissie. Lorsque

le pont formé parles adhérences unissant les deux hémisphè-

res est rompu, on constate que les faces internes des lobes

frontaux ne sont pas adhérentes l'une à l'autre; elles ne sont

pas non plus acccolès tout le long de leur bord orbitaire.

Pas de tubercules de la pie-mère.

Les artères de la base, les nerfs olfactifs, optiques, les tuber-

cules mamillaires et les pédoncules cérébraux sont symè-

triques. La glande pinéale est émaciée, un peu molle, un

peu augmentée de volume. Les ventricules latéraux sont

assez fortement dilatés, environ dans la proportion de z

à 1/3.

Les hémisphères se décortiquent bien, pas d'adhérences, pas

de lésions en foyer. Les hémisphères cérébelleux sont égaux;

à leur surface la pie-mère s'enlève bien.

? 4 LÉSIONS DU CERVEAU.

Hémisphère droit. Lobe frontal : Les circonvolutions

sont très complexes et réunies par de nombreux plis de pas-

sage. FI est subdivisée en doux dans ses 2/3 antérieurs par

un sillon longitudinal ; elle est unie à la seconde frontale par un

pli de passage au niveau de sa partie moyenne; ce pli de

passage a l'aspect d'une petite masse arrondie, hémisphérique.

F, très sinueuse, est réunie à la F3 par un pli de passage

situé à sa partie moyenne, un peu en arrière dé celui qui unit

FI à F2. Fez est très irrégulière. La circonvolution pariétale

ascendante se continue avec la première pariétale par un pli

de passage très sinueux ; elle est complètement séparée du lobe

du pli courbe ; ce lobe présente de nombreux sillons verticaux.

Les circonvolutions temporales sont très obliques de bas en

haut et d'avant en arrière. La scissure perpendiculaire externe

e ? rendue sinueuse par suite de l'irrégularité de la le parié-

tale et du pli courbe.

Face interne. Le lobe paracentral est mal délimité; il se

continue très nettement par deux plis, en avant, avec la ire

frontale et en arrière avec la le pariétale.

Hémisphère gauche - La scissure de Sylvius est très pro-

fonde, très large. La circonvolution frontale ascendante est

complètement interrompue entre la ire et la 2mo frontale. FI

est subdivisée longitudinalement en 2 points par deux sillons

interrompus par des plis de passage entre les deux tronçons

de cette circonvolution, F2 est régulière, sauf à sa partie an-

térieure. F3 est simple; le cap est peu marqué. La circonvo-

lution pariétale ascendante est séparée en deux parties, au

même niveau que la frontale ascendante; il existe seulement

un tout petit pli de passage entre la 1re et la 2rae circonvolution

pariétale. La 1 pariétale présente une double origine. La

première et la 2me pariétales sont unies l'une à l'autre par un

pli au-dessous du pli courbe. La scissure perpendiculaire ex-

terne est à peine marquée. Les circonvolutions temporales

sont presque horizontales. Face interne : Le lobule paracen-

tral existe à peine; il se continue en arrière, par un pli qui

revient d'arrière en avant, avec la circonvolution du corps

calleux. La scissure occipitale est bien plus marquée qu'à la,

face externe.

Bulbe, - L'olive droite est très volumineuse tandis quo la

gauche est à peine marquée.

RÉFLEXIONS. 9

Réflexions : - I. L'idiotie a été représentée par

les phénomènes suivants : absence de vocabulaire,

parole lente, aucun perfectionnement par l'instruction,

accès de colère et de pleurs, violences.

II. L'absence de tout renseignement sur les anté-

cédents héréditaires et personnels du malade nous

empêche d'émettre aucune conclusion concernant l'étio-

logie de l'idiotie dans ce cas.

III. Au point de vue anotomique, notons l'épais-

Hissemcnt de la dure-mère ; avec l'accolement des

deux hémisphères cérébraux à leur partie antérieure.

L'absence de faux du cerveau ; la rétraction des

hémisphères dans l'intérieur de cette enveloppe mem-

braneuse. La dilatation des ventricules et l'oedème

pie-mérien qui sont dus sans doute aux troubles de

compression occasionnés parla présence des ganglions

volumineux du cou.

IV. La maladie (adénie ou tuberculose) a. commencé

par envahir les ganglions du cou puis s'est généralisée

à la presque totalité des ganglions (aisselle, thorax,

mésentère). Cette affection parait être, selon toute

probabilité, de la tuberculose ganglionnaire, comme

semblent le prouver : 1" l'examen bactériologique des

ganglions du cou; fait post-mortem, examen que

nous avons reconnu la présence des bacilles tubercu-

lcuse ; 2° la dég6nérescencc caséeuse des ganglions du

cou, des ganglions rétro-sternaux et abdominaux ; 3°

l'évolution consécutive de la tuberculose du poumon,

de l'intestin, des reins et du foie.

V. Nous devons rapprocher de l'absence de la faux

du. cerveau, la persistance du trou de notal et peut-

être aussi l'existence d'un rli2eotic ? ,le de lllechel qui

peuvent être rangées parmi les lésions probables des

dégénérescences héréditaires.

V II.

Porencéphalie vraie unilatérale ;

Par BOURNEVILLE et P. SOLLIER.

SOMMAIRE : - Enfant naturel. - Renseignements insuffi-

sants du côté paternel. Tante paternelle aliénée.

Mère, rien de particulier. Grand père maternel, quel-

ques excès de boisson. Parole nulle. Marche à trois

ans et demi, et incomplète. Pas de convulsions. Affai-

blissement paralytique du côté gauche, - Accès de colère.

- Phlegmon de la région mastoïdienne. - Carie du rocher.

Méningite. -Mort. - Autopsie : porencéphalie droite.

Tuberculose des poumons et du péritoine.

V... Louis' Albert, né à Azé (Loir et Cher,) le 5 février 1884,

est entré à Bicêtre le 19 avril 1890 (service de M. le D¡,'BOUR-'

CHEVILLE) et est décédé le 8 juin 1891.

Renseignements fournisparla mère du malade, - Père, 28

ans, journalier, cultivateur. Elle ne peut dire s'il a eu des mala-

dies dans l'enfance; il l'a abandonnée à la fin de la grossesse.

Il était très nerveux, se mettait facilement en colère ; ses

colères duraient peu. Il aimait boire, surtout du vin, ne

se grisait pas souvent. Sa maîtresse ne l'a pas revu depuis

cinq ans; toutefois, elle sait seulement que son père est

mort, et que sa soeur est enfermée comme aliénée à Blois. ,

Mère, 28 ans domestique ; elle n'aurait pas eu de convulsions,

ni aucune maladie dans l'enfance. Pas nerveuse ; pas d'attaques

de nerfs; pas de fièvres graves. Grande, forte, parait intelli-

gente. Elle ne boit pas et n'a jamais bu. Bonne conduite; est `

depuis quatre ans dans la même place. Pas de migraine, de

rhumatisme, de maladie de peau, etc. Père, 59 ans, cultiva-

teur, fort, bien portant. Pas nerveux ; boit du vin, se grise quel-

quefois. Aucune maladie sérieuse, si ce n'est à la suite de bles-

sures. [Mère, 59 ans, cultivatrice; assez forte, a toujours travaillé

- Antécédents.. 97..

à la terre ; elle n'a jamais été malade, n'est ni ner-

veuse, ni alcoolique. Pas de migraines, de rhumatisme, etc.

Grands parents maternels inconnus. Un frère ct une soeur,

jumeaux, morts 21 heures après leur naissance, qui eut lieu

pendant l'invasion de 1870. Un frère, 31 ans, journalier à,

la campagne, bon travailleur; très fort, très vigoureux; n'a

jamais été malade même après quatre ans passés au Tonkin.

Pas nerveux. Marié depuis quatre ans : a une fille en bonne

santé; pas de convulsions. Une soeur, 25 ans, cultivatrice, ja-

mais malade, pas nerveuse, très forte. Mariée depuis trois ans,

elle a deux enfants, un garçon et une fille, bien portants tous,

n'ayant pas eu de convulsions. Tante paternelle, morte il y a

longtemps, on ne sait de quoi. - Un oncle pariernei, 55 ans,

cultivateur, est bien portant ainsi que deux : oncles maternels,

très robustes. Deux enfants très bien portants; un autre est,'

mort O11 rlCSllt de çl;toi. -Dew tantcs naaterzetles mortes de

vieillesse.

Pas de consanguinité. Egalité d'Age du père et delà mère.

Notre malade. Au moment de la conception, aucun état d'i-

vresse.-Excellents rapports entre le père et la mère qui étaient

domestiques dans la même ferme depuis deux ans. La.

grossesse a été très-bonn pas de traumatismes, pas de peur,

de syncopes; pas 1 : 'acco;.LChen2ent a été normal,

et s'est terminé en deux heures. L'enfant, à La naissance, était

fort, bien constitué. Sa mère l'a mis en nourrice au bout de

dix-huit jours, ct s'est placée comme nourrice à Paris. Elevé

au biberon par ses grands parents, au lait de vache. Il n'a

jamais parlé hien nettement, et seulement vers 3 ans 1/2. C'est

à cette époque qu'il a essayé de marcher; mais il n'a jamais,

pu et aujourd'hui encore il est obligé de s'aider d'une chaise

Il n'a jamais été obéissant et n'écoutait jamais ses grand

parents. Los personnes étrangères en avaient plus facilement

raison. Quand on a voulu le faire marcher, on s'est aperçu qu'il

avait tout un côté, le côté gauche, qui ne s'y prétait pas. En

outre la main était flasque. Il en était de même de la jambe

L'autre côté du corps fonctionne bien. Il n'avait pas de

différence comme grosseur entre les deux côtés. C'est à cause

de cette infirmité que les parents ont cherché à le placer. Il

jamais eu de crises ou d'attaques quelconques, n'est jamais

tombé. Il est arriéré comme intelligence. On assure qu'il

n'est pas gourmand, ni salace, qu'il ne bave pas, n'a pas de

succion, ni de rumination, ni de vomissements; il est gâteux

On a pas constaté de vers, ni d'onanisme. Il n'a eu aucune,

Bourneville, Bicêtre, 1891, 1

98 Porencéphalie vraie.

maladie infectieuse, ni offert aucune manifestation lympha-

tique. Il est caressant, reconnait sa mère, ses grands

parents, les personnes de la maison; il n'a pas d'accès de colère,

ni de clastomanie. Il n'a eu aucun traumatisme. Sa mère

ne sait à quoi attribuer la maladie.

Etat actuel. -30 mai 1890. - Teint'coloré ; aspect de bonne

santé; assez gras. -Face : expression d'hébétude ; crie con-

tinuellement pendant l'examen.

Tête arrondie, volumineuse, symétrique en apparence. Bosses

pariétales très saillantes ; bosses frontales saillantes ; front

bas. Face, ovale, peu allongée. Arcades sourcilières régu-

lières et symétriques. Ne-- triangulaire, asymétrique ; odo-

rat normal. Yeux en amandes ; cils longs. Strabisme interne

de l'oeil droit. Iris châtains. La vision paraît normale ; mais

l'enfant ne sait pas distinguer les couleurs. Pas de nystagmus.

Réactions pupillaires normales.- Pommettes régulières, sy-

métriques. Bouche large, lèvres minces, avec avancement

de l'inférieure. Langue non déviée ; palais et voile du

palais symétriques et normaux. Le goût parait exister.

Dentition de lait complote : prognathisme inférieur accen-

tué. Menton rond. Oreilles longues, normales. Ouïe

bonne. Sensibilité cutanée normale.

Thorax large à la base; abdomen souple. Les organes de

ces deux cavités sont normaux; pas de hernie.

Membres supérieurs de même grosseur des deux côtés.

Bras gauche très peu paralysé, mais régulièrement confor-

mé. Membres inférieurs : Genoux légèrement en dedans ;

pieds bots équins. La marche se fait sur la pointe des

pieds.

Tableau des mensurations (mai 1890).

- 1 . 1- Crâne. --

DESCRIPTION DU MALADE. 99

100 Porencéphalie vraie.

28 avril. Pas d'éruption, rien dans la poitrine; abdomne

un peu ballonné; peau chaude, yeux brillants, langue sèche

et saburrale. Gorge très rouge. Sulfate de quinine, lave-

ment. Matin : T. I ? i0^, 5.-Soü : T. R. 39", 9.

30 au),il. - Léger abaissement delà température. Même

état général; aucun signe du côté des organes du thorax et

de l'abdomen.

2 ? nai. La fièvre persiste, affectant le type rémittent. Pas

de diarrhée, ni de constipation. Pas de taches rosées.

Rien à l'auscultation. Rien dans les urines. Potions vinai-

grées, sulfate de quinine, naphtol.

6 mai. - On constate une tuméfaction, avec battements,

derrière l'oreille.

7 mai. - Fluctuation nette. Incision de l'abcès mastoï-

dien qui est sous-cutané. L'os ne semble pas entamé. Lavage

au sublimé. - La température se maintient néanmoins, avec

persistance du mauvais état général. Le 10 mai il commence

à s'écouler un peu de pas mauvaise nature par l'oreille. Cet écou-

lement devient de plus en plus abondant et il n'y a plus de

tuméfaction de la région mastoïdienne. La fièvre et

l'état général persistent toujours. Le 13 mai, le malade pré-

sente des vomissements ; puis des sueurs surviennent, avec

un peu de diarrhée fétide le 1'c.

20 mai. - L'écoulement par l'oreille est toujours très abon-

dant. Il n'y a aucun phénomène méningitique. Il en est de

même jusqu'au 25 mat, ou l'enfant commence à pousser des

cris fréquents. Sueurs toujours abondantes, sudamina par

larges plaques. La poche sous-cutanée se reforme, mais l'é-

coulement persiste, et la fièvre est toujours élevée. L'enfant s'a-

maigrit considérablement. Pas de vomissements, de diarrhée,

ni de constipation.

26 mai. A la place de l'ancienne collection, on trouve une

légère fluctuation. Après incision qui donne issue à deux ou

trois cuillerées de pus sanguinolent, on sent avec le stylet

l'os mis à nu et éburné. .

3 juin. Les symptômes locaux diminuent d'intensité,

mais le malade présente de l'excitation nocturne, avec cris

inarticulés. Pas de constipation, d'inégalité pupillaire, ni

de convulsions. Les jours suivants les phénomènes d'exci-

tation persistent.

7 juin. Il y a une épistaxis pendant la nuit et le 8 il meurt

à 8 heures 1/2 du matin. T. R. 41^ après la mort; 40^, 7 un

quart d'heure après; 39o,g une heure après; 30° deux heures

après. Poids après décès : 19 k. 100. ,

Porencéphalie vraie,

101

Le tableau des températures nous parait assez intéressant

pour être consigné ici.

102 Porencéphalie vraie.

olfactives sont profondes. et la droite est plus étroite que la

gauche; on a quelque peine à en retirer le nerf. Fosse pitui-

taire normale. L'apophyse clinoïde postérieure gauche est

moitié moins saillante que la droite. Les fosses temporales

paraissent égales. Les fosses occipitales sont profondes. -

Le trou. occipital paraît normal. La dure-mère est un peu

épaissie, mais n'est pas congestionnée. Les sinus renferment

quelques caillots noirs. La pie-mère présente une très légère

vascularisation 'uniforme.

A l'ouverture du crâne il s'est échappé une assez grande

quantité de liquide céphalo-1'achiclien et la moitié droite de

la dure-mère s'est affaissée comme si l'hémisphère manquait.

A l'intérieur de la cavité crânienne, au niveau du rocher,

on ne trouve rien de particulier. La dure-mère est normale.

L'os est intact. Les orifices, et en particulier le conduit audi-

tif externe, sont absolument normaux, et nulle part on ne

trouve de trace d'inflammation. Au dehors, au contraire, la

peau de la région mastoïdienne étant disséquée et rabattue,

on tombe sur un os dont le périoste est détruit. Il présente

une coloration grisâtre et 3 ou 4 fistules qui conduisent dans

une cavité centrale du volume d'un centimètre cube environ,

laquelle communique avec le conduit auditif externe.

Les vaisseaux et nerfs de la base sont symétriques et parais-

sent égaux. Les tubercules mamillaires sont inégaux; le droit

est plus petit que le gauche. Le pédoncule cérébral droit

parait évidemment moitié plus petit que le gauche.

Encéphale. 910 gr.- Cerveau : 73a gr. Hémisphère droit :

190 gr. Hémisphère gauche : 510 gr. Cervelet et isthme :

'175 gr. Hémisphère cérébelleux droit : 90 gr. Hémis-

phère cérébelleux gauche : 80 gr.

- Quand onexamine le cerveau par sa base on constate qu'il

présente une asymétrie considérable entre les deux hémis-

phères, L'hémisphère droit est en retrait d'un cent. et demi,

environ en avant et en arrière sur l'hémisphère gauche; il

présente de plus, sur la partie latérale, une encoche qui arrive

jusqu'aux couches optiques et qui occupe le tiers de la péri-

phérie. Les tubercules quadrijumeaux antérieurs sont inégaux

' de volume, le gauche étant plus grand que le droit. Ils sont

situés, ainsi que les tubercules postérieurs, sur un plan supé-

rieur du côté gauche, à celui du côté droit. Les bandelettes

' optiques sont inégales, la droite étant beaucoup plus mince

que la gauche. Les tubercules mammillaires sont situés sur

un plan différent, celui de droite étant beaucoup plus bas que

lé gauche. Le pédoncule droit est un 1/3 plus petit quele gau-

Porencéphalie vraie. 103

che et ils ont éprouvé tous deux un mouvement de torsion, le

gauche étant excentrique au droit. Les circonvolutions posté-

rieures de l'hémisphère droit qui ont leur largeur d'un tiers

moins grandes que celles des circonvolutions gauches, présen-

tent, en outre une dépression régulière de toute leur surface.

Hémisphère droit. Face externe. Toute la partie latérale de

l'hémisphère est absente, Le ventricule latéral est ouvert dans

toute son étendue, depuis l'extrémité postérieure de sa corne

antérieure. La corne d'Ammon et le corps opto-strié forment

une saillie facilement reconnaissable à l'extérieur. Cette vaste

cavité est tapissée par une membrane lisse qui vient rejoindre

la pie-mère. Les circonvolutions qui entourent la cavité et

la limitent sur ses quatre bords (elle a en effet la forme d'un

quadrilatère allongé) viennent s'infléchir vers elle en conver-

geant et ne présentent que partiellement une section à pic.

. Le lobe antérieur est constitué par trois circonvolutions

parallèles séparées par des sillons profonds et étroits. La Ire

et la 3e qui sont les plus volumineuses sont subdivisées elles-

mêmes en deux autres par un sillon analogue, de sorte que,

dans sa partie moyenne, ce lobe présente cinq circonvolutions

superposées et sensiblement égales. Par leur extrémité pos-

térieure elles se confondent pour s'invaginer dans le porus.

Le bord supérieur est constitué par une seule circonvolution

présentant de petits sillons verticaux peu profonds et dans

lesquels il est impossible de reconnaître aucun des sillons nor-

maux. Cette circonvolution de 2 el- environ d'épaisseur est

nettement séparée, à son extrémité postérieure, du lobe pos-

térieur par une scissure très profonde.

La partie postérieure de l'hémisphère est constituée, en

avant, par un lobule de forme losangique, parcouru par des

sillons peu profonds, mais assez larges. Une circonvolution

qui parait représenter les circonvolutions temporales, d'un

cent, en moyenne d'épaisseur limite ce lobule en bas, puis

se recourbe à angle droit pour le limiter en arrière, et le

séparer ainsi du lobe occipital auquel il n'est contigu que par

sa partie supérieure, qui se continue du reste avec cette

circonvolution temporale. Le lobe occipital est séparé de cette

dernière par un sillon profond qui traverse l'hémisphère dans

toute sa hauteur. Il a la forme d'un quadrilatère allongé et

est sillonné par de petits sillons sans direction précise.

Face interne. La partie antérieure est constituée par

trois circonvolutions concentriques qui s'enroulent autour de

104 TORENCÉPHALIE VRAIE.

'la tète du corps calleux. La plus antérieure est assez large,

bien séparée de la seconde par un sillon profond et étroit, et

'présente, à sa partie moyenne, un petit sillon perpendiculaire

- au précédent. La seconde part de la base de l'hémisphère,

recouverte dans sa moitié inférieure par la 4e circonvolution'

et forme le bord supérieur de l'hémisphère dans sa moitié

supérieure. La 3e enfin, prend son origine en arrière de la

précédente, lui est complètement concentrique et se termine

sur le bord de l'hémisphère, un peu en arrière d'elle. La

circonvolution du corps calleux qui forme le bord du porus

est très développée en arrière, et s'effile en avant; elle pré-

sente à sa surface quelques petits sillons peu profonds à

-direction indéterminée. Le lobe occipital est séparé, comme

nous l'avons dit, de la circonvolution précédente par une

'scissure extrêmement profonde, la scissure occipitale. Il a une

forme triangulaire et est constitué par deux circonvolutions, une

supérieure subdivisée parun sillonhorizontal etuneinférieure,

simple; ces deux circonvolutions divergent entr'elles à leur

extrémité antérieure, en laissant un espace triangulaire

- comblé par un petit lobule de même forme.

" Face inférieure. Le lobe antérieur est assez normale-

ment développé. La partie antérieure est formée par la 3°

=circonvolution frontale qui vient rejoindre la le de la face

interne. En arrière se trouve le sillon cruciforme. Le sillon

olfactif fait défaut, et en arrière du sillon cruciforme les cir-

convolutions ne présentent plus de forme déterminée. Ce lobe

-est séparé du lobe postérieur par le porus, en dehors, et en

dedans par le corps opto-strié. Le lobe postérieur, de forme

' quadrilatère, est constitué par quatre circonvolutions paral-

lèle's. La le limite ce lobe en dehors et rejoint, en arrière, la

.`seconde dont elle est séparée par un sillon profond dans ses

deux tiers antérieurs. La seconde, plus étroite, se confond,

en avant, avec la 3e, dont elle est séparée par un sillon assez

large et profond. La 3e très large en avant, s'efiile en arrière

et n'atteint pas l'extrémité postérieure. La dernière enfin, de

beaucoup la plus volumineuse, est séparée de la précédente

par un sillon profond et divisée en deux parties, antérieure

' et postérieure, par un sillon transversal qui vient rejoindre

la scissure précédente. .

Hémisphère gauche. Face externe, - Cet hémisphère pré-

- sente un développement normal, les circonvolutions y sont de

volume ordinaire, très sinueuses, bien séparées les unes des

Porencéphalie vraie. 105

autres par des sillons profonds. Les scissures de Rolando et

- de S5-lius ne présentent rien de particulier. ),1 est très» déve-

loppée dans sa partie postérieure où elle présente un dédou-

blement en deux grosses circonvolutions. F2 est plus grêle,

présente une seule racine et est très sinueuse. F3 est très

.développée et renflée surtout à sa partie moyenne où elle forme

- un lobule triangulaire.-) : . A. est divisée en deux parties par

un sillon transversal qui la coupe en son milieu. if. A. est bien

développée, et présente trois scissures transversales profon-

des, dont une la divise comme F. A. en deux parties. Le lobe

- pariétal supérieur est formé de nombreuses circonvolutions

très séparées les unes des autres mais anastomosées entr'elles

en de nombreux points. Le lobule marginal est coupé dans

- toute sa hauteur par la scissure de Sylvius qui rejoint le pli

courbe. Le lobule du pli courbe est bi-n développé. Les trois

temporales, nettement séparées à leur partie postérieure, se

confondent à l'extrémité antérieure. Les circonvolutions occi-

pitales ne présentent rien de particulier.

Face interne. La frontale interne est très volumineuse

et parcourue par de nombreux sillons dont quelques-uns as-

sez profonds. Le lobule paracentral, très développé en avant,

l'est à peine en arrière. Le lobule quadrilatère est volumi-

neux, très nettement séparé du dernier par la scissure sous-

frontale et du lobe occipital par la scissure occipitale. Le lobe

du corps calleux est très peu développé en avant et se renfle

- en arrière en présentant d'assez nombreuses sinuosités des

.circonvolutions. Le lobe occipital n'offre rien de particulier.

Face inférieure. Vu de face il n'offre rien de particulier

à signaler, soit au niveau du lobule orbitaire, soit au niveau

des circonvolutions temporales.

Protubérance annulaire très asymétrique, beaucoup plus

développée à gauche qu'a droite. ,

Bulbe. - La pyramide antérieure droite est très réduite et

contraste nettement avec la gauche qui est au contraire bien

développée. Quant au cervelet, il est également asymétri-

que et plus développé a droite qu'à gauche.

- Cou. Larynx et trachée, sains. -Corps thyroïde, 15 gr. ;

normal d'aspect et de consistance. Pas de trace de thymus.

Pél'icm1de normal, sans adhérences. Coeur (DO gr.), normal.

Pas de persistance du trou de Botal. Poumon gauche (150

gr.), normal, sauf au niveau du lobe inférieur qui est congés-

106 - Porencéphalie vraie.

tionné. Poumon droit (350 gr.), farci de tubercules dont

quelques-uns sont caséines. Congestion intense de tout l'or-

gane.

Abdomen, - L'épiploon est adhérent à la paroi, et criblé

de granulations noirâtres, dures au toucher. La masse

intestinale est adhérente par toutes ses anses, et aussi au foie,

au diaphragme et à tous les organes abdominaux, - Le péri-

toine viscéral est couvert de granulations du volume d'un

grain de mil à un petit pois. L'intestin est sain sur la face

interne qui est un peu pâle. Le péritoine stomacal est

également couvert de granulations. Foie (830 gr.), adhé-

rent au diaphragme et à l'estomac. Sa surface est rugueuse,

déchiquetée par suite de la rupture des adhérences, conges-

tionné à la coupe. Rate (48 gr.) petite, recouverte de gra-

nulations ; riena la coupe. Reins (80 gr. chacun). Diffi-

ciles à enlever de leur loge ; adhérents avec le paquet intes-

tinal. Uretères perméables Pancréas (33 gr.) d'aspect

naturel. Vessie saine; pas de calculs.

Remarques. I. Cette observation est un cas typi-

que de porencéphalie vraie. Elle doit être rapprochée

des deux observations que nous avons communiqués

au Congrès international de médecine mentale de

1889 et que nous avons reproduites dans le Compte-

rendtcde 1890. En dépit de l'insuffisance des renseigne-

tments au point de vue étiolog'ique, il paraît néan-

moins certain que la lésion est congénitale et due à un

arrêt de développement, tenant peut-être lui-même

à une anomalie de l'irrigation artérielle dans la zone

de la sylvienne. Il est remarquable que, malgré

l'absence complète des circonvolutions motrices du

côté droit, les membres du côté gaucho n'aient présenté

qu'une légère différence dans leurs dimensions avec

ceux du côté droit et n'aient offert qu'un affaiblis-

sement paralytique sans paralysie véritable. C'est

une particularité qu'on relève fréquemment dans les

cas de lésion congénitale du cerveau, portant sur les

centres moteurs,

Remarques. 107

II. Au point de vue intellectuel l'enfant, malgré le

parfait développement de son hémisphère, droit, était

extrêmement peu développé : il en est, du reste,

presque toujours ainsi dans la porencéphalie.

III. Nous avons vu indiqué dans la bibliographie du

Médical Neil>s (4 juin 1899), un mémoire du Dr Forest

Willard, relatif au traitement de la porencéphalie par

la trépanation ( 1). Or, si on se reporte aux cas publiés

par les auteurs, à celui qui précède et à nos deux cas

antérieurs, on est bien vite persuadé de l'inutilité

complète d'une semblable opération.

(1) A case oj'pooenceph1715 in wllich tl'I'}Jhinci1l{J w.'ts done, by Dv Forest

\Villard and J. llendrie Lloyd. Reprint 18U°.

VIII.

Imbécillité et instabilité mentale; Impulsions génitales;

Par BOUUMîVÏLtE et A. SOREL.

On a l'habitude de diviser les enfants atteints de dégé-

nérescence mentale en trois groupes principaux : les

idiots, les imbéciles et les arriérés. Parmi les enfants

ou les adolescents de ces deux derniers groupes, il

n'est pas rare d'en rencontrer chez lesquels la déché-

ance intellectuelle est comparativement moins pro-

noncée que la déchéance morale et qui, en outre,

offrent des impulsions morbides variables. Tel est le

cas de la malade dont on va lire l'histoire.

OI3SLIt ? 1TI0`1. Père, grand-père et cousins paternels

alcooliques. - C021S21Ze paternelle fille publique, - Autre

cousine idiote. Mère migraineuse, peu intelligente.

Cousine maternelle aliénée et alcoolique. Deux frères

alcooliques et deux morts de convulsions. Inégalité

d'âge de 13 ans.

Conception durant l'ivresse. Émoi ions pendant la

grossesse. Asphyxie à la naissance. Gâtisme jusqu'à

(tans. Imbécillité, turbulence, accès de colère. Ins-

tabilité mentale. Impulsions génitales précoces.

111a3 ? Antoinette, âgée de 1G ans et 1/2, nous a été amenée à

notre consultation de Bicêtre du jeudi, le 14 juin 1888.

Antécédents héréditaires fournis par sa mère (1h juin 1888).

- Son père, marchand de chevaux, est mort à 52 ans ; il avait le

ventre très gros, il avait eu des vomissements avec un peu

de toux, ilest resté au lit une quinzaine de jours ; « le médecin a

dit qu'il était mort parce qu'il avait les. intestins brûlés par

Antécédents héréditaires. 109

la boisson ». Il n'aurait pas été malade autrement depuis son

mariage, mais il était toujours dans le vin; il avait des cotô-

Tes très vives quand il rentrait ivre chez lui, ce qui lui arri-

vait presque tous les jours. Il aurait eu une maladie de peau

dont on n'a pu préciser la nature. Il courait beaucoup, décou-

chait souvent dans le commencement de son mariage. Il était

très porté pour les plaisirs vénériens. Il faisait des excès avec

sa femme et voyait encore d'autres femmes. Il aurait également

eu des habitudes contre nature. Etant jeune, il se masturbait.

Dans l'adolescence il aurait eu la fièvre typhoïde ( ? ). [Père,

carrier, mort à 66 ans, on ne sait de quelle cause, il était tou-

jours ivre; on le ramassait souvent dans les rues.

Mère, morte en couches du père de la malade. Grands-

pas de renseignements. Une soeur, morte de la

poitrine à 20 ans. La mère de la malade n'a connu que deux

cousins qui, eux aussi, « se saoulaient o. Une cousine -or--

maine a été dans une maison publique; une autre cousine est

morte idiote. Pas d'autres idiots ou débauchés, pas d' aliénés,

pas d'épileptiques dans la famille].

Mère 52 ans, blanchisseuse, puis concierge ; elle parait d'une

intelligence très médiocre; elle ne sait ni lire, ni écrire. Elle est

migraineuse ; les n1'lux de tête la prennent la nuit, se compli-

quent d'étourdissements, de bourdonnements d'oreille, de vo-

missements qui se répètent deux ou trois fois; le tout dure

environ 24 heures. Pas de maladies de peau, ni de maladies

infectieuses, ni de convulsions. Réglée la première fois à

14 ans; règles régulières, ménopause à5Û ans. De 17 à 30 ans,

elle a été sujette à des crise ? de gastralgie. Tous ces accidents

montrent qu'elle est très nerveuse, ainsi qu'elle l'avoue ?

[Père, perruquier à l'hospice de Bicêtre, est mort à 60 ans, à

l'hospice, à la suite d'une opération sur le gros orteil ; il était

sobre et n'était pas migraineux. Mère, 81 ans, asthmatique,

n'a pas eu de maladies nerveuses; elle se plaint de temps à

autre de douleurs clwas les articulations des doigts. Grands-

parants paternels, pas de renseignements ainsi que sur le

grand-père maternel. Grand'mère maternelle, morte à

8G ans, on ne sait de quoi. Une faute maternelle est morte

d'une fluxion de poitrine, une autre tante maternelle a des va-

rices et des ulcères des jambes. Un oncle maternel est

mort d'une fluxion de poitrine, il était sobre. Un cousin germain

a été soigné pendant 4 ou 5 mois dans une maison de santé,

il boit continuellement, il est à moitié idiot. Un frère

mort de la poitrine; un autre frère, marchand de vin, bien

110 Antécédents personnels.

portant, ne fait pas d'excès de boissons. Pas d'aliénés, d'é-

pileptiques, etc., dans la famille.] ]

Pas de consanguinité (Père d'Arcueil, mère de Bicêtre). -

Différence d'âge, 13 ans; 14 enfants : 1° L'ainé, employé à la

douane, ne fait pas d'excès de boissons, se conduit bien,

2° Garçon, voituricr, boit 1)(,,i,ttcott'p,- 3° Garçon mort de la

variole; il faisait des excès de boisson; sa mère a été sou-

vent le réclamer au poste; 4° Notre malade; Enfin un

garçon de 13 ans bien portant. Les autres enfants sont

morts en bas âge, 2 de convulsions, les autres à la suite de

diarrhée.

Notre malade. La conception a eu lieu dans l'ivresse, les

rappports sexuels avaient presque toujours lieu dans ces cir-

constances. Grossesse pénible, compliquée de maux de

ventre; souvent elle a été obligée de fuir son mari en état

d'Ivresse. Une fois elle se serait évanouie à la suite d'uue dis-

cussion violente, puis a eu un tremblement passager; pas de

coups, pas de chutes, pas d'alcoolisme Accouchement à à

terme, naturel, sans chloroforme : il a duré de 7 h. du soir a

6 li. du matin. -A la naissance, l'enfant n'a pas crié tout de

suite, elle était toute bleue; on a été obligé de la frapper pour

la ranimer. Elle a été élevée au sein en nourrice. Jamais

de convulsions; variole il 8 ans; ni rougeole, ni scarlatine, ni

méningite, ni fièvre typhoïde, ni de maladies de peau, ni

migraines. Elle n'était pas encore propre a 4 ans; aujour-

d'hui elle ne gâte plus, mais elle est très sale dans sa tenue.

Elle a été l'école; elle lit péniblement, mais ne sait pas écrire

ni compter. Elle était turbulente, se battait auec les garçons,

mettait le désordre dans toute la classe, ne voulant rien faire.

Sa maîtresse disait qu'elle n'en avait jamais vu de pareille. Sa

mère ne sait, si étant petite, elle était portée à la masturba-

tion.

Mise chez des soeurs, elle était la même, se battait avec elles.

Vers 12 ans elle a commencé à courir les hommes. Une fois,

envoyée en course, elle n'est rentrée qu'à 1 h. du matin. Elle

a été entraînée par un homme qui l'a conduite dans sa cham-

bre, etl'a gardée plusieurs heures. Elle ne découche pas. Elle

court après les hommes; elle en a eu jusqu'à quatre dans la

même journée. Quand on la réprimande, elle ne répond pas.

Elle ne veut rien faire; elle reste des journées assise. Quel-

quefois, la nuit, elle rêve tout haut de ses rendez-vous. Elle

n'aime personne, elle semble ne pas avoir d'affection pour sa

mère. Elle a des accès de colère, et, si elle osait, elle battrait

Impulsions, génitales. 1M

sa mère. Elle ne mange pas très proprement et a un grand

appétit. Les règles ont paru à 15 ans; elles sont régulières ;

mais peu abondantes.

Môme avant les rapports avec l'homme dont nous avons

parlé plus haut, elle était excitée par la vue des hommes ;

étant chez son oncle maternel (marchand de vin), elle allait

auprès des hommes et se laissait toucher sans ricn dire. Mais

jamais elle n'a eu d'habitudes d'onanisme, prétend-elle. A

partir de cette fugue, elle a été de plus en plus difficile à

tenir. Il fallait la surveiller constamment. Dès qu'on n'était

plus près d'elle, elle se sauvait avec des hommes.

Elle a été à l'école jusqu'à onze ans. A treize ans, elle a été

mise chez sa cousine qui s'en servait pour faire le ménage;

celle-ci a dû la rendre à sa mère parce qu'elle cherchait à avoir

des rapports avec son fils à elle, le cousin de la malade, âgé

de 16 ans.

Placée comme blanchisseuse a côté de l'habitation de sa

mère, elle a été renvoyée au bout de trois mois, parce qu'elle

cherchait constamment à avoir des rapports avec le mari de la

blanchisseuse. Elle est restée ensuite chez sa mère où elle ne

faisait à peu près rien ; elle restait immobile, ne pensant

qu'aux hommes. Souvent, quand sa mère l'envoyait en com-

mission, elle allait chez un homme du voisinage avec lequel

elle a eu des rapports. Sa mère n'a découvert ces relations

que plus tard. Chaque fois qu'elle sortait, elle « accostait les

hommes ; c'était le sien s'il voulait. »

Placée à Longjumeau chez des jardiniers elle accostait tous

les hommes qu'elle voyait. La maîtresse ne pouvait pas la

laisser dix minutes seule qu'elle était avec un homme.

« Ça se passait dans la grange, dans l'écurie, partout. Elle avait

jusqu'à 7 hommes dans les derniers temps. Il en venait jusque

de Sceaux. Elle attaquait tous les hommes qui passaient sur la

route, tandis que sa patronne était au marché, le jeudi et le

dimanche. C'est pour cela qu'elle me l'a rendue au bout de

six semaines. »

Etat actuel. Le crâne est symétrique, le front est élevé.

Les oreilles sont bien ourlées à la partie supérieure, l'our-

let est à peine marqué à la partie inférieure. Le lobule est

adhérent. Les arcades sourcilières sont normales. Les

cheveux sont noirs et abondants. Les sourcils sont bien

plantés, séparés par un intervalle de 15 millim. La fente pal-

pébrale est normale. Les pupilles sont également dilatées.

L'iris est marron; pas de lésions des conjonctives. Le nez

ll'2 Imbécillité et instabilité mentale.

est un peu gros, les narines bien fendues, il y a une étroitesse

congénitale de la cloison. La voûte palatine et le voile du

palais sont normaux. Les lèvres supérieure et inférieure.

sont épaisses. La bouche a G centimètres d'ouverture, il y

a un prognathisme supérieur très prononcé. Cou, circonfé-

rence 52 centim. Thorax symétrique, pas de déviation de

la colonne vertébrale. Le ventre est souple ; la pression de

la région ovarienne n'est pas douloureuse.

L"s membres supérieurs et inférieurs sont bien conformés.

Pas d'anomalie des mains ni des pieds.

Les organes génitaux externes ne présentent pn d'anomalie,

les petites lèvres sont peu développées ainsi que le capuchon,

le vagin est assez étroit. Puberté : Poils sur le pénil assez

abondants, s'étendant un peu sur les cuisses et en arricre jus-

qu'à l'extrémité des grandes lèvres sans atteindre l'anus.

Les cuisses, surtout les jambes, sont couvertes de petits poils

assez abondants. Sur les avant-bras on trouve une assez grande

quantité de poils assez longs de chaque côté. Dans le dos on

trouve également des poils descendants jusqu'aux lombes qui

sont glabres. La malade n'est ni propre ni soigneuse de sa

personne.

La mère d'Antoinette était venue demander à l'un de nous

la conduite à tenir envers elle. Le placement s'imposait. Tout

retard pouvait faire craindre que, la malade devenant enceinte,

on eut bientôt double charge au point de vue de l'Assistance

publique. Conformément aux décisions du Conseil général de

la Seine qui ont rendu illimité le nombre des placements

volontaires, Antoinette fut conduite directement il l'Asile cli-

nique (Ste-Anne) avec un certificat délivré par le Dr P. Bricon.

Le directeur refusa de l'admettre sans l'intervention de la

police. Mlue May... fut doue obligée de se rendre avec deux

témoins patentés chez le commissaire de police de son quar-

tier afin qu'il fit un réquisitoire. De là elle se rendit au Dépôt

de la Préfecture de police, d'où sa fille fut envoyée le même

jour au bureau d'admission de l'Asile clinique. Peu après elle

fut tranférée à l'asile de Ville- Sa mère invoquant la

perte de temps et les dépenses que lui occasionnaient, à elle

sans ressources, les voyages à cet établissement, réclama à

M. le Préfet de la Seine, qui y consentit, le transfert de sa fille

à l'asile de Villejuif situé à côté de son domicile(I). Elle y est

(t) Elle habite auprès de Bicêtre sur les confins de la commune de Ville-

juif. ,

Impulsions génitales. i 12

morte le 8 février dernier, dans le service de M. le Dr Briand,

d'une tuberculose pulmonaire.

Réflexions. -I. Nous avons à relever tout d'abord

l'alcoolisme chez le père et plusieurs membres de sa

famille et de la famille de la mère, l'arrêt de dévelop-

pement intellectuel et les migraines de la mère;

J'aliénation, l'idiotie et les convulsions chez des

parents plus ou moins rapprochés. -

II. A l'influence de l'hérédité est venue se joindre la

conception durant l'ivresse alcoolique, puis des

émotions pénibles pendant la grossesse. -

III. Une autre cause s'est encore ajoutée aux

précédentes : l'asphyxie à la naissance. C'est l'une

des causes que nous rencontrons le plus souvent

dans l'histoire de nos malades. Elle est indubitable,

croyons-nous. L'an dernier nous avons reçu une

petite fille, Deva... Louise, âgée de 10 ans, qui, jusqu'à

2 ans, offrait le développement physique et intellectuel

des enfants de son âge. Alors, un incendie éclata dans

le logement de ses parents. Elle fut retirée asphyxiée,

sans connaissance. Elle ne revint à elle qu'au bout de

près de deux heures de soins. Après cet accident son

intelligence avait considérablement baissé et elle avait

perdu l'usage de la parole.

IV. L'imbécillité aurait pu être considérablement

atténuée cliez cette jeune fille, si elle avait été sou-

mise, dès ses premières années, à un traitement médi-

cal et pédagogique spécial. A l'école, ni les laïques ni

les religieuses n'ont obtenu de résultats. Bien des

enfants comme elle pourraient être guéris et mis à

même de vivre convenablement en société s'ils étaient

bien soignés, qui deviennent tout à fait incurables.

Bourneville, Bicêtre, 1891. 8

M4 Impulsions génitales.

Pour ne pas s'en être occupée dès leur enfance la

société les a à sa charge pendant de longues années.

Le jour où l'Administration comprendra exactement

la situation, elle ouvrira largement aux enfants de cette

catégorie des asiles et créera pour les moins déshérités,

dans quelques-unes des écoles, des classes spéciales (1).

"- V. Cette observation pourra être rapprochée utile-

ment, au point de vue clinique, de quelques autres

publiées précédemment par l'un de nous, entre autres

celles de Sim... (lIarius), de Brig... (Albert) (2) et surtout

de Court... (3) qui, de même qu'Antoinette M..., était t

sujet à de violentes impulsions génitales. Ces impul-

sions chez les imbéciles sont loin d'être rares et ont

été signalées déjà par maints auteurs. « L'on conduit

souvent dans les hospices, a écrit Esquirol, des filles

âgées de 18 à 20 ans qui, devenues pubères, courent

après les hommes, sont indociles, méconnaissent la

voix de leurs parents. Nous avions à la Salpêtrière

une imbécile qui se livrait aux travaux grossiers de

la maison, moyennant un très léger salaire; il lui est

arrivé plusieurs fois qu'ayant gagné quelques sous,

elle allait les porter à un ouvrier, s'abandonnait à sa

brutalité et, dès qu'elle était enceinte, elle ne retour-

nait plus vers lui (4). »

(1) Archives de neurologie, 181)O, t. XX, p. 296 et 449.

(2) Compte-rendu de Bicêtre pour 1884, p. 147-179 et Progrès médical, p.

675 et 695.

(3) Ibidem pour 1888, p. 61, etc.

(4) Esquirol. - Maladies mentales, II, p. 301 ; et Bourneville. accueil

de mémoires sur l'idiotie, I, p. 163.

IX.

Idiotie congénitale ; Glycosurie au cours d'une

coqueluche ; .

Par BOUREVI1.LE et BANZET.

SOMMAIRE. - Père, excès de boisson, violent. - Antécédents

cancéreux probables dans sa famille. Mère, d'une intel-

ligence médiocre. - Grand'mère, grand oncle, et oncle

maternels morts tuberculeux. - Frère peu intelligent :

Autre frère mort de convulsions. Somr instable et très

nerveuse. Gêmellarité. . ?

Conception durant l'ivresse. Accouchement à 8 mois ?

Début tardif de la marche et de la parole. Convulsions

répétées 4 ou 5 fois à 15 mois.- Rougeole à 8 ans. - Etat

de l'enfant en août 1891. -Accès de colère. Turbulence ;

jalousie. Coqueluche (septembre); présence du sucre

dans les urines. '

Geor-eo.... Marie, âgée de 7 ans, est entrée la Fondation

Vallée, le 10 août 1891 (Service de M. Bourneville). :

Renseignements fournis par S.1 mè¡'e. Père, il ans, crieur

aux halles. Fièvre typhoïde étant soldat, très nerveux, violent,

tremblement très marqué dans ses accès de colère, buveur

mais rarement en état d'ivresse. Assez intelligent. [Père mort

subitement à 67 ans. Depuis de longues années, il avait une

affection chronique de l'estomac. Mère, nerveuse, morte

à 71 ans d'un cancer de l'estomac ( ? ). Pas d'accidents

nerveux d'aucune sorte dans le reste de la famille.] .

Mère, ! il ans, assez peu intelligente, émotive; aurait été

assez en retard pour la parole et la marche étant jeune. [.llè e

morte à 38 ans de la poitrine. Un oncle mort de la poitrine

à 35 ans, ainsi qu'un frère probablement, à 28 ans. Pas de

maladies nerveuses du côté de la mère.] Pas de consangui :

nité. Egalité d'âge.

116 Description de la malade.

6 enfants : 1" Un garçon mort à 8 ans de scarlatine compli-

quée de diphtérie; peu intelligent et très nerveux; 2° Un

garçon mort à Il jours de convulsions 3° Une fille de 8

ans extrêmement nerveuse : « il n'y a pas moyen d'en faire

façon» z et 5° Deux jumelles : une mort-née, l'autre 5 ans,

bien portante, pas de convulsions, très nerveuse; 6o Notre

malade.

Notre malade, - Alcoolisme du père au moment de la

.conception.- Rien de particulier pendant la grossesse, sauf

le travail fatiguant à la machine fait par la mère jusqu'au

dernier moment, et soucis pécuniaires. Accouchement à

8 mois. L'enfant, très petite à la naissance, pesait moins de 2

kilogr. Elevée en nourrice, au sein et au biberon simultané-

ment. Sevrée à 1't mois. Début de la marche à 20 mois.

Elle' a commencé a parler très tard. A In mois, convulsions

,il. 4 ou 5 reprises en peu de jours. rougeole bénigne à 8

ans ; probablement angine diphtérique quelque temps avant.

-Ses parents se sont décidés à la placer parce qu'il est impos-

sible de lui rien apprendre. Elle parait comprendre ce qu'on

lui dit, mais répond souvent d'une façon déraisonnable. On

n'a jamais rien pu lui apprendre à l'école et il est impossible

de fixer son attention. Accès de colère extrêmement violents

pendant lesquels elle casse et déchire ce qui lui tombe sous

la main. Se frappe la tête, se mord, se griffe. Secousses

brusques dans les membres, cauchemars, grincements de

dents. .

.i891. 18 aoîtl, - Elat actuel. Enfant de petite taille,

chétive. Expression sombre de la physionomie. Répond à

quelques questions qui lui sont posées. Connaît le nom de sa

rue, mais non le numéro de sa maison. Elle ne peut donner

de renseignements sur sa famille, et n'a pas de notion du temps.

Quand elle ne comprend pas les questions, elle répond indif-

férammeht oui ou non. Légère asymétrie crânienne aux

dépens de la région pariétale gauche. Visage arrondi, front

bas et bombé. Arcades orbitaires saillantes. Nez court et

large. Pas de malformations des yeux, des fusses nasales ni

de lacavité buccale, sauf que la voûte palatine est un peu plus

concave que normalement dans le sens transversal et par

conséquent ogivale. Oreilles grandes, regardant un peu en

avant, lobules partiellement adhérents.

' Cou, thorax et membres normalement conformés, du côté

des parties molles comme du côté du squelette. Rien d'anor-

Coqueluche; glycosurie. 117

mal du côté des viscères. Rien d'anormal non plus du côté

de la sensibilité générale ni de la sensibilité spéciale.

La préhension s'opère assez bien; l'enfant se sert de la

cuillère et de la fourchette mais non du couteau ; la masti-

cation est régulière ; il n'y a aucun trouble de la digestion ; les

selles et les urines sont volontaires.

Elle s'habille et se déshabille seule; elle ne sait pas nouer,

ni se laver, ni se peigner. La mémoire est peu développée.

L'attention est difficile à fixer. G... est turbulente et

jalouse ; elle veut qu'on s'occupe d'elle, qu'on la préfère en

tout. Elle s'amuse en général seule. Si on lui fait quelque

cadeau, elle est contente et exprime sa reconnaissance en

disant : « Je t'aime bien et je voudrais bien coucher avec toi. D

Elle ne connait pas ses lettres, ne sait pas écrire, compte

jusqu'à 10, distingue les principales couleurs.

G... n'a pas de mauvais instincts mais elle en sujette à de

violents accès de colère, dès qu'elle est contrariée : elle frappe

du pied, déchire ses vêtements, se mord elle-même, quitte ses'

chaussures, se cogne la tête, s'égratigne et battrait ses com-

pagnes si l'on ne s'y opposait.

6 septembre. L'enfant présente depuis une quinzaine de

jours des symptômes de bronchite peu intense. Depuis 2 ou

3 jours les caractères de la toux se sont modifiés et ont pris

la forme de quintes cO'1ttelucllOïcles, Passage au pavillon

d'isolement.

7 septembre. 21 quintes dans les 54 heures. Pas de

vomissements,. -1\ l'examen de la poitrine, signes de bronchite

généralisée. État général bon, pas de fièvre. (Potion cal-

mante et solution avec : eau, 10 gr., sulfate d'atropine, 0,01

cent.; 8 gouttes par jour).

8 septembre. 19 quintes. Vomissements après l'ingestion

d'aliments. Matin : T. Il. 37°, ci. - Soir : T. Il. 33.

10 septembre - 2-i quintes. L'enfant a vomi tout ce qu'elle a

pris. Matin : T.R. 3 ? 8.-Soir : T. Il. 38,), 8.

11 septembre - On examine les urines. Elles donnent avec

la liqueur de Fellling un précipité rouge absolument net.

Les urines sont d'une teinte claire et ne paraissent pas en

quantité bien considérable. Matin : T. R. 37", 8. Soir : T. R.

38", 2.

12 septembre Diarrhée assez forte depuis hier.

La quantité totale des urines n'a pu être conservée. Le

sucre est toujours en quantité aussi considérable. Pas de

modification clans les autres symptômes ni dans l'état général.

13 septembre. La quantité d'urine ne dépasse pas 300 gr,

1 18 Coqueluche ; glycosurie.

mais il a dû en être perdu, quoiqu'il n'y ait plus de diarrhée.

Le sucre est toujours assez abondant. Matin : T.R. 3 î, î.

Soir : T. R. 37°, 6.

14 septembre. A en juger par l'aspect du précipité, la

quantité de sucre parait avoir notablement diminué. Il y a de

nouveau de la diarrhée, aussi n'a-t-on pas conservé toute

l'urine. Matin : T.R. 37,8. Soir : T.R. z,4.

15 septembre. Le sucre a complètement disparu.

A partir de ce moment, la coqueluche a suivi une marche

normale avec une intensité assez modérée. La malade a quitté

l'isolement le 17 novembre sans avoir présenté aucune autre

complication et sans qu'on ait jamais retrouvé de sucre

dans les urines analysées à plusieurs reprises.

I. Voilà donc un cas de coqueluche dans lequel on a

trouvé quatre jours de suite du sucre dans les urines.

Ce sucre n'a pas été dosé, parce qu'à cette époque,

l'enfant ayant une diarrhée assez forte, on n'avait pu

recueillir la quantité totale éliminée dans les 24 heu-

res, et parce que l'on ne s'attendait pas à la dispari-

tion de ce symptôme. La présence du sucre était d'ail-

leurs absolument certaine d'après les caractères du

précipité. Ajoutons que nous n'avons obtenu aucune

réduction en analysant avec le même réactif les urines

de différents enfants qui présentaient au même mo-

ment de la bronchite, et chez qui nous soupçonnions,

à tort d'ailleurs, un début de coqueluche.

II. La glycosurie a été signalée dans le cours de la co-

queluche. D'après Gibb (Lance/, janvier 1858) on trou-

verait dans l'urine de presque tous les coquelucheux

du sucre en quantité variable, faible d'ordinaire, mais

parfois assez forte. Dans quelques cas l'urine aurait

une densité notable et offrirait les autres caractères

du diabète. ,

Roger (Recherches cliniques sur les maladies de

l'enfance, t. Il, p. 510j a recherché plusieurs fois la

présence du sucre dans les formes nerveuses ou inflam-

matoires de la coqueluche où la gêne de la respiration

COQUELUCHE ; glycosurie. 1 19

était à son maximum, et n'a pas trouvé trace de

glycosurie. M. H. Barth, a fait en 1878, sur la

demande do M. Roger, 12 expériences sur 7 coque-

lucheux à l'hôpital des Enfants-malades. La recherche

du sucre est toujours restée négative, à toutes les pério-

des de lamaladie, dans les cas graves comme dans les cas

bénins. Ce sont là les seules indications que nous ayons

trouvées sur la glycosurie dans la coqueluche.. Quel-

ques auteurs signalent l'apparition du diabète dans

le cours des maladies infectieuses et notamment de

la scarlatine et de la rougeole z, mais ne parlent

pas de la coqueluche. ' .

M. J. Simon, dans sa Note sur le diabète sucré chez

les enfants (Revue des maladies de l'enfance, 1885,

p. 477) et dans sa leçon intitulée : Contribution à

l'élude du diabète sucré chez les enfants (Ibicl., 1887,

p. 450) ne fait aucune allusion à la glycosurie en tant

que complication de la coqueluche. "

(1) Dans 4 observiiions de diabétiques, dit M. Redon, les enfants avaient

eu la rougeole ; deux même avaient eu en outre la sCl1rlatine, n (Dit diabète

sucré chez L'en f.tnt ; th, de Paris, 1877). -

X.

Idiotie congénitale; Epilepsie guérie. Tuberculose

primitive du rein gauche ; Tubercules du cerveau ;

Par BOURNEVILLE et FINET.

SOMMAIRE. - Père ; excès de boisson. Grand-père paternel

cancéreux. Mère nerveuse, tremblement de la tête.

Frère, convulsions, mort de méningite. Arrêt de dévelop-

pement congénital : premiers signes de l'idiotie : retard

- de la parole, rire particulier. Premières convulsions à 17

mois. En 4 jours, sixétats de mal de : 2 à 6 Jz. de durée : Paré-

sie consécutive et diminution de l'iiitellige71ce. - Fuites de

la maison,- Premier accès à 7 ans et demi,- De là à 9 ans

accès nocturnes. Chorée de 8 à 11 ans. Suspension,

des accès de 9 ail ans. - retour des accès à 11 ans (diurnes).

- rlmélioration très notable : Accès très rares en 1880, 1881,

1882. Disparition des accès depuis 188.'3.-\lnhhrile tuber-

euleuse : mort, Résultats de l'autopsie.

Gem..., Charles Adolphe, né le29 janvier lb6 : ï, est entré à

Bicêtre (Service de M. Bouu : rwtLr.), le 29 janvier 1876.

1880. Janvier. -Nous avons trouvé cet enfanta notre arri-

vée dans le service. On ne s'en était pas encore occupé. Nous

l'avons envoyé à la petite école en novembre dernier, bien que,

en raison de son âge et de son état mental, il y eut peu d'amé-

lioration à espérer. La prononciation est difficile. Gem...

est jaloux, joueur, taquin et presque tout le temps pousse de

petits cris.

1881. Janvier. Gem.. fait les exercices de la gymnasti-

que Pichery avec assez de régularité. Il commence à se laver

et à se cirer seul. Aide, au réfectoire, à débarrasser le couvert

et à laver 4a vaisselle. Il reconnaît-quelques fruits et quelques

légumes. Au point de vue de la parole, et de la connaissance

des lettres, nul progrès sensible.

Antécédents. 121

Mars. Conjonctivite catarrhale. - z

1882. Janvier, - Gem... a appris à manger en se servant de

la cuiller, de la fourchette et du couteau. -

1883. Janvier. - Gem... connaît toutes les lettres; toute-

fois la prononciation reste défectueuse. Parfois, il est turbu-

lent et essaie de tout casser.

13 mars. La parole est toujours défectueuse. Il y a

des périodes où l'enfant est paresseux. Il a peu de goût pour

les travaux de la classe, mais en revanche, il aime les gros

travaux et y montre une certaine habileté. Il est propre, a

soin de sa personne et de ses habits. Enfin, il est beaucoup

moins jaloux qu'il ne l'était en 1880.

3 juin-li août. L'enfant a eu durant cette période une

dysenterie assez intense (selles sanguignolentes avec fausses

membranes et glaires). Il est demeuré propre et n'a point

paru avoir de ténesme.

Antécédents héréditaires. (Renseignements fournis par la

mère le 17 juillet 1883). Père, 55 ans, courrier à la poste ; de

taille moyenne, a toujours eu une excellente santé, n'a jamais

souffert de migraines, ni de névralgies; est assez nerveux, se

met facilement en colère. Excès de boissons rares (vin). Fume

peu. Pas de syphilis probable. Marié à 35 ans. [Père, gazier,

sobre, mort d'un cancer de l'intestin. Mère morte du

choléra. Trois soeurs sur lesquelles manquent des rensei-

gnements. Ni aliénés, ni épileptiques, ni apoplectiques, ni

paralytiques, ni difformes, ni suicidés, ni criminels dans la

famille].

Mère, 52 ans, brodeuse. Elle a, depuis l'âge de 35 ans, un

tremblement de la tête, comparable au tremblement sénile.

Ce tremblement aurait commencé à la suite d'une couche, du

reste normale. Elle est assez nerveuse, mais sujette depuis

la ménopause (50 ans) à des douleurs de tête revenant une ou

deux fois par mois. l'as de convulsions dans l'enfance, ni

d'attaques de nerfs. Mariée à 33 ans, un peu malgré elle.

[Père, grainetier, sobre, mort d'une gastrite. Mère, morte

d'une hernie étranglée. Un frère et une soeur bien portants.

Aucune affection mentale ou nerveuse dans la famille.] Pas

de consanguinité. Inégalité d'âge de 3 ans.

Quatre enfants : 1° Une tille de 20 ans, anémique, sans

accidents nerveux ; 2° Notre malade ; 3° Un garçon mort

à 3 ans d'une méningite, avait eu des convulsions à 15 mois.

- 4 Une fille de 12 ans, intelligente.

122 IDIOTIE; ÉPILEPSIE,

Notre malade. - A la conception, rien de particulier; pas

de rapports clans l'ivresse. Grossesse bonne. Accouche-

ment à terme, naturel, sans chloroforme. 11 la naissance,

pas d'asphyxie. L'enfant a été élevé au sein par sa mère

jusqu'à 14 mois. Il a marché à 10 mois. La dentition, commencée

à sept mois, était complète à dix-sept. Jusqu'à cet âge le

développement physique de l'enfant se fit d'une façon remar-

quable; mais déjà certaines particularités avaient frappé les

parents. L'enfant qui avait commencé à parler à un an, ne

prononçait encore, à dix-sept mois, que quelques monosyllabes.

« Il ne paraissait pas aussi intelligent que les autres enfants, Il

dit-on. Son rire même avait quelque chose d'étrange que

remarquaient les personnes qui l'approchaient.

C'est à 17 mois qu'il a eu ses premières convulsions. Elles

étaient générales, égales des deux côtés, croit-on, et auraient

duré deux heures. En huit jours il y eut six états convulsifs

dont l'un a duré six heures. Ils semblent avoir été suivis de

paralysie des membres inférieurs, l'enfant étant resté sans

marcher jusqu'à l'âge de deux ans.

De deux à sept ans, on ne trouve dans l'histoire de l'enfant

comme accidents morbides qu'une rougeole à 3 ans, pré-

cédée d'une coqueluche, mais tandis que le développement

physique s'effectuait d'une façon normale, l'intelligence et la

parole ne faisaient aucun progrès. Les parents, après quelques

tentatives, durent renoncer à l'envoyer à l'école' : les. autres

enfants l'appelaient : « le fou ». .

Le début de l'épilepsie remonte à 7 ans et a eu comme cause

occasionnelle probable une frayeur éprouvée par l'enfant..

Trois fois, en effet, il lui est arrivé de s'échapper de la maison

paternelle et d'être retrouvé à la préfecture de police. C'est

dans l'une de ces fugues qu'il aurait eu peur, car à la suite,

il devint sombre et présenta simultanément des accès d'épi-

lepsie et des phénomènes choréiques. Les accès d'épilepsie,

limités, assure-t-on, à la bouche et au bras gauche se produi-

saient environ tous les 15 jours, toujours la nuit ; ils dispa-

rurent de 9 à 11 ans. La chorée persista jusqu'à son entrée, à

Bicêtre, à onze ans, époque où l'épilepsie reparut de nou-

veau. On avait remis Gem... à l'école, il se perd en reve-

nant chez lui, est ramené au bout de deux heures, sombre, z

ahuri et huit jours après il est repris de ses accidents

comitiaux. D'après les renseignements fournis par la mère

de G ? voici quels auraient été les principaux caractères

des accès observés par elle. Il avait. une aura, car il disait

Idiotie; ÉPILEPSIE, 123

«bobo ! , puis il tombait. Après le cri initial survenaient une

rigidité générale, puis des secousses des deux côtés et un peu

de stertor avec apparition d'écume aux lèvres. Toujours diur-

nes, ses accès ne s'accompagnaient jamais de morsures, ni

d'évacuations involontaires. Ils devinrent de plus en plus fré-

quents et finirent par se produire tous les jours. Jamais on n'en

observa plus de cinq en 24 heures avant son entrée à Bicêtre,. \

L'enfant est doux, affectueux. Son état intellectuel semble

n'avoir fait aucun progrès. Il parle toujours d'une façon inin-

telligible, par monosyllabes. L'enfant est soumis au traitement

par le bromure de potassium. Pendant les deux premières

années, on ne constate pas une diminution notable du nombre

des accès. En 1877, on en compte 262. En 1878, le chiffre tombe '

à 229 pour se relever à 250 l'année suivante. Pendant les '

trois derniers mois de cette année 1879, il se produit dans son

état une amélioration remarquable; les accès disparaissent

presque définitivement. On ne constate qu'un accès en 1880 "

et 4 en 1882. Jusqu'en 1891, époque à laquelle notre malade

meurt d'une néphrite tuberculeuse, on n'observe aucun phé-

nomène épileptique, ni accès, ni vertiges. En même temps,

légère amélioration au point de vue mental.

124 DESClUI'TroN DU malade.

un autre malade; depuis plusieurs mois, ces mauvaises habi-

tudes paraissent avoir disparu.

Hydrothérapie du 1 ? avril au 15 octobre.

1885, - État actuel. (Juillet.)- Tête régulièrement t arrondie,

petite; bosses frontales un peu saillantes et très rapprochées

de la ligne médiane : bosses pariétales et occipitales assez

marquées. Front étroit et un peu bas; arcades orbitaires

saillantes dans la moitié externe. -rentes palpébrales étroi-

tes surtout la droite; l'oeil ce ce côté paraît un peu plus petit

que l'autre : iris gris, pupilles normales. Nez régulier, narines

un peu aplaties. Bouche moyenne. Menton saillant et

arrondi. Pas d'asymétrie de la face, - Oreilles détachées,

mal ourlées, lobules distincts.

Cou allongé; cicatrice linéaire étoilée sur sa région latérale

droite. Thorax, rachis, membres supérieurs et inférieurs

normaux et bien développés.

Peau un peu brune présentant un noevus pilaris un peu à

gauche de la région dorsale de la colonne vertébrale. Che-

veux abondants, châtains; quelques poils blonds, rares au

menton, plus abondants et dessinant la moustache à la lèvre

supérieure. Poils longs et frisés sous les aisselles. La sensi-

bilité générale parait conservée.

1886. Amélioration notable, quant à l'épilepsie : suspen-

sion complète des accès.

Mars. - Puberté. Finesmoustaches blondes occupant toute

la hauteur de la partie moyenne de la lèvre supérieure,

mais moitié moins hautes à ses extrémités. -Mouche assez

bien dessinée. Groupe de poils fins, peu abondants de chaque

côté du menton. Fin duvet sur les joues. Poils assez

adondants sous les aisselles. Poils châtains clairs, frisés,

longs, très abondants au pénil et à la racine des bourses ;

assez abondants sur les aines. Traînée remontant jusqu'à la

moitié de l'ombilic. Bourses pendantes, de niveau, testicules

égaux, de la dimension d'un petit oeuf de poule. Verge : circon-

férence 90 ni/n'; long. 95 m/l11; gland découvrable, méat normal.

Poils assez abondants à l'anus. Pas d'hémorrhoides.

1887. -L'enfant prononce toujours très mal, il connaît ses

lettres, les chiffres, les objets usuels, mais en résumé il

n'a pas fait grands progrès à l'école. Il exprime son conten-

tement en tournant vivement la tête de droite à gauche. Il

olyéit assez facilement, il pleure comme un petit enfant quand

NÉPHRITE. 125

on le gronde. Il s'occupe au réfectoire et à l'office, met

le couvert, balaye.

1888. Janvier. - Puberté, Poils longs à la lèvre supérieure,

abondants au menton. Touffe de poils très clair-semés au de-

vant de l'oreille et au niveau de l'angle de la mâchoire. Orga-

nes génitaux : Verge : longueur 10 centimètres, circonférence

9 centimètres. Testicules égaux, de la grosseur d'un petit

oeuf de poule, gland découvert, méat normal. Poils abon-

dants au pénil et à la racine des bourses, remontant un peu

du côté de l'ombilic. Pas d'onanisme. Poils peu abondants,

assez courts, au périnée et à l'anus qui n'est pas béant.

1889. 31 octobre. Puberté. Moustaches blondes, assez

fournies, et assez longues ; poils assez nombreux sur les joues.

Pénil couvert de poils blonds, serrés, frisés, envahissant les

aines et remontant jusqu'à l'ombilic. Poils nombreux au

périnée. Verge : long. 40 centimètres; circonférence : 87 milli-

mètres. Prépuce ordinaire; gland découvrable; méat normal

scrotum bien formé, assez ferme ; horizontal. Testicules

égaux, normalement situés, du volume d'un petit oeuf.

Décembre. La perte de l'appétit, l'amaigrissement et

une sychnurie remarquable (1) appellent l'attention sur l'en-

fant qui du reste ne se plaint nullement. Le 23 décembre

on l'amène à l'infirmerie.

Le malade a de la fièvre (38°, 4.) Il est émacié, triste et

abattu. Les poumons sont sains. La quantité des urines ren-

dues en 24 heures est de 1600 à 1700 gr. Les urines, au repos

forment un dépôt rouge où l'examen microscopique dénote

la présence de nombreux globules sanguins. Parfois ce dépôt

sanguin est si abondant qu'on dirait un véritable caillot

au fond du bocal. Par la chaleur et l'acide acétique, on

reconnait dans cette urine la présence d'une notable quantité

d'albumine. Régime lacté absolu.

1890. Février. -L'alfmnzine est toujours abondante. (Pas de

dosage). Lasychnurie persiste.

1er août. On dose l'albumine et on trouve qu'il existe 22

centigr. d'albumine sèche par litre. Quelques jours après, G.

sort de l'infirmerie. L'amaigrissement continue.

1891. 5 février. G. revient à l'infirmerie dans un état d'éma-

1) Le mot 8yclnml'Ïr. signifie « fréquence delà miction. »

126 Petits tubercules DU cerveau.

dation très prononcée. 11 se plaint de la tête et d'une douleur

vive dans le bas-ventre. Les urines, peu abondantes, sont trou-

bles. Pas d'albumine. .

20 février. La respiration est gênée, bruyante, sans

caractère spécial. A l'auscultation, on trouve quelques râles

disséminés dans les deux poumons.

La langue est noire, sèche, la peau est froide, couverte par

endroits de sueur. Dans la nuit, étouffements et sueurs abon-

dantes.

Emaciation très prononcée, nulle part on ne trouve de trace

d'oedème. Sur la joue gauche se voient les restes d'une érup-

tion furonculeuse, non complètement cicatrisée. A la partie

antéro-intérieure de la jambe gauche, il y a une ulcération à

contours irréguliers que le malade portait depuis quelque

temps. La température a oscillé entre 3G°, 6. et 37°, 8. du

5 au 20 février. Mort le 21 février. T. R après la mort 37°,

8; un quart d'heure après la mort, 37°; uue heure après, 36°.

Autopsie le 23 février. Tète. La calotte crânienne est

symétrique, assez dense et assez épaisse sur tout son pourtour.

La suture métopique est complètement ossifiée. Du côté de

la face interne, les sutures se voient nettement, mais sont

réduites à une ligne très fine. Sur la face externe, les dentelures

des sutures coronale, sagittale et lambloide sont très visibles

et n'offrent aucune trace de synostose. La dure-mère est très

congestionnée et légèrement épaissie La base recouverte de

la dure-mère parait symétrique; le trou occipital est un peu

déjeté à droite. La glande pituitaire présente une consis-

tance très marquée; il n'y a rien d'appréciable à la coupe.

Les artères de la base, le chiasma, les tubercules mamil-

laires, les pédoncules sont réguliers et symétriques. La

glande pinéale a 4 à 5 mil. sur 4 mil.

Résultats DE l'autopsie. 129

excepté au niveau des adhérences dure-mériennes signalées,

où elle adhère aussi à la substance grise, non à la partie pos-

térieure, mais à la partie moyenne de la 3e frontale. Sur cette

partie de la circonvolution existent plusieurs noyaux blan-

châtres, contigus, formant une masse d'un centimètre de long

sur cinq millimètres de large.

Sur un pli de la 2° circonvolution frontale, immédiatement

au-dessus du foyer que nous venons de décrire, on trouve un

autre petit noyau de 2 à 3 millimètres de diamètre faisant

saillie à la surface de la circonvolution. Un peu plus haut,

sur une même ligne verticale, sur la première circonvolution

frontale, se voit un autre petit noyau d'une forme blanchâtre

de deux mil. de diamètre, dur au toucher. Deux petites

tumeurs de même volume se rencontrent l'une sur le pied de

la pariétale ascendante, l'autre dans la scissure de Sylvius.

L'aspect de ces tumeurs, leur localisation font songer immé-

diatement à des formations tuberculeuses. .' .

L'examen histologique, pratiqué parM. SOTTAS, interne des

hôpitaux, a montré qu'il s'agissait en effet de foyers tubercu-

leux multiples, en groupe, d'un diamètre variant entre celui

d'un pois et celui d'une tête d'épingle. Dégénérescence gra-

nulo-graisseuse et infiltration calcaire du centre des foyers

qui sont enveloppés d'une z. me fibreuse très dense, très épaisse,

presque translucide et d'une zone périphérique embryonnaire

dont les parties les plus extérieures se confondent peu à peu

avec le tissu nerveux voisin désorganisé.

Les circonvolutions sont fermes. La corne d'Ammon, le

corps strié, la couche optique, n'offrent aucune lésion. Le

ventricule latéral serait plutôt rétréci.

Hémisphère droit. - La pie-mère s'enlève très facilement.

Pas d'adhérences, pas de tubercules. Les circonvolutions sont

fermes, sans sclérose ; rien aux noyaux gris.

Plusieurs coupes pratiquées sur les deux hémisphères n'ont

rien montré de particulier.

Cou. Le corps thyroïde pèse 25 gr. ; il est plus consistant

que normalement et d'aspect colloïde.

Thorax, - A l'ouverture du thorax, immédiatement sous le

sternum, on trouve une couche abondante de graisse au milieu

de laquelle les débris du thymus ne peuvent être retrouvés.

Le péricarde chargé de graisse ne présente pas d'adhé-

rences. Le coeur est gros (290 gr.) et montre au niveau de$

sillons une légère surcharge graisseuse. Son tissu est ferme.

Le ventricule gauche est légèrement hypertrophié. L'endo-

BOUItrI ? ILL>ï, Bicêtre, 1891. 9

1.30 Tuberculose DU rein.

carde est sain. Orifices et valvules sans lésions. Le coeur droit

est rempli de caillots cruoriques noirs et diffluents.

Poumon gauche. Pas d'adhérences. Pas d'ecchymoses

sous-pleurales. Le lobe supérieur présente à sa surface de

nombreuses dilatations emphysémateuses. Le lobe inférieur

également emphysémateux est. congestionné à sa partie

postérieure..

Poumon droit. Pour extraire le poumon droit, on est

obligé de rompre des adhérences, peu résistantes d'ailleurs,

que. l'on trouve au niveau du mamelon sur une étendue de 3

à 4 centimètres carrés. Ces mêmes adhérences, encore fibrino-

cruoriques, se retrouvent en arrière sur toute la hauteur du

poumon. Par d'épanchement pleural. Ce poumon également

emphysémateux est légèrement congestionné à sa partie posté-

rieure. Les ganglions du hile sont durs à la coupe, non tumé-

fiés.

Abdomen. - .Pas d'ascite dans la cavité péritonéale.- Foie

(1620 gr.) congestionné, teinte uniforme, tissu friable. Rate

(110 gr..) - molle, coloration veineuse, plus foncée à sa partie

inférieure. Pancréas (80 gr.), dur, résistant. L'estomac

l'intestin sont sains, un peu congestionnés, sans ulcération.

Reins. Les reins sont difficilement énucléables de l'athmos-

phère graisseuse abondante qui les entoure. Le rein droit ( : 00

gr.) présente une dilatation considérable de ses calices et de son

bassinet. Le contenu de la poche peut être évalué à 100 gr.

d'un liquide absolumentincolore. Lacapsule s'enlève diflicile-

ment ; la substance corticale est congestionnée, les pyramides

un peu effacées. Le rein gauche (260 gr.) s'enlève difficile-

ment : on est obligé d'arracher avec lui une masse volumineuse

de graisse et de ganglions, adhérente au hile. Il est volumi-

neux, allongé, de coloration variable en ses différents points.

Sa surface bosselée lui donne l'aspect d'un rein kystique.

A la coupe, sa substance apparaît tranformée en une

vaste caverne tuberculeuse : les pyramides ont disparu ;

à leur place on ne trouve que des débris caséeux. A la péri-

phérie, dans la substance corticale, se voient d'autres noyaux

tuberculeux, les uns absolument caséifiés, les autres moins

avancés dans leur transformation caséeuse.- L'w'etè1"e, ouvert

sur une longeur de 10 centim. à partir du hile, paraît presque

imperméable. La muqueuse présente la même coloration que

les cavernes du rein. .

La vessie est remplie d'une urine purulente, trouble.

Réflexions. f3'i

Réflexions. I. Les antécédents héréditaires-,

dans ce cas. sont relativement peu chargés, nous ne

nous y arrêterons pas....

II. Dès la première année, avant l'apparition, des

convulsions, les parents avaient constaté à certains

signes que leur enfant n'était pas normal : la parole

ne se développait point, le rire avait quelque chose

d'étrange. Nous ne saurions trop appeler l'attention

des cliniciens sur l'utilité qu'il y aurait à consigner les

premiers signes de l'idiotie.

Il existait donc, chez Gem..., un état pathologique

quand, à 17 mois, des convulsions se sont. produites à

six reprises différentes, laissant après elles une para-

ly.sie mal déterminée. .

III. De 18 mois à 7 ans, Gem... n'a eu aucun accident

çcnvulsif. C'est alors que, après avoir offert comme

phénomènes précurseurs probables, des fugues, G...

à la suite d'une frayeur a été frappé d'épilepsie. Les

accès bi-mensuels et toujours nocturnes se suspendirent

de 9 à il ans. A partir de leur réapparition ils furent

diurnes et augmentèrent rapidement de fréquence au

point de devenir quotidiens, et cela jusqu'à l'entrée. de '

G... à Bicêtre. Durant les six derniers mois de 1876

on relève 108 accès, 259 en 1877, 229 en 1878 et z8

en 1879. A dater d'octobre de cette dernière année les

accès disparaissent à peu près tout à fait (un en 1880

et 4 en 1882). De septembre 1882 à la mort (1891),

G... n'a plus eu aucun accès comitial.

IV. Lorsque nous avons essayé de soumettre G..

à un traitement médico-pédagogique sérieux, il avait

des habitudes à lui, contractées pendant un séjour de

plus de trois années et il était âgé de près dé 15 ans :

c'étaient là deux circonstances fâcheuses. Aussi

132 RÉFLEXIONS.

n'avons-nous obtenu presque rien en ce qui concerne

la parole et l'instruction primaire proprement dite. En

revanche il avait appris à manger, à s'habiller conve-

nablement et prenait goût aux gros travaux du ser-

vice.

V. La particularité la plus intéressante de ce cas,

c'est la tuberculose primitive du rein gauche, lésion

qui est assez rare. Tous les autres organes étaient

indemnes sauf le cerveau. Ici la tuberculose rénale

avait atteint en quelque sorte son maximum d'intensité.

La substance corticale était parsemée de noyaux

tuberculeux et le reste du rein était transformé en une

vaste caverne tuberculeuse. Ce fait vient à l'appui de

l'opinion émise par MM. Barthez et Sanné (1), à savoir

que, quand la tuberculisation est très considérable,

elle est d'ordinaire limitée à un seul rein.

Ala fin de 1889, l'enfant a maigri progressivement (2).

Bien qu'il ne se plaignit d'aucune souffrance il fut

envoyé à l'infirmerie. On constata de la fièvre (1), de

la sychnurie, et l'existence du sang et de l'albumine

dans les urines qui étaient assez abondantes.

Après avoir été suffisamment amélioré pour retour-

ner dans son dortoir, G..., qui continuait, à maigrir

est revenu à l'infirmerie (février 1891). Il se plaignait

vaguement, autant que son idiotie le lui permettait, de

la tête et du ventre. Il était dans un état d'émaciation

très prononcé. Nulle part il n'y avait d'oedème et les

urines, peu abondantes et troubles, ne contenaient

plus d'albumine. Au bout d'une quinzaine de jours il

(1) Barthez et A. Sanné. - Traité clinique et pratique des maladies des.

enfants. 3"" édit. 1891, p. 1272. -

(2) Voir le tahleau des poids du corps.

1 (3) La température rectale prise matin et soir du 20 décembre 1889 au 0

avril 1890, n'a jamais dépassé 38°, 8.

RÉFLEXIONS. 133

a succombé à des accidents asphyxiques susceptibles,

peut-être d'être rattachés à l'urémie. Durant cette

période la température a oscillé entre 37°, 9 et 36°, 6.

XI. '

Note à propos de l'oblitération des sutures du crâne

chez les idiots.

Dans nos précédents Comptes rendus, et plus parti-

culièrement dans celui de 1890 et dans celui-ci, nous

avons donné des renseignements précis sur l'état des

sutures crâniennes des malades dont l'autopsie avait

été pratiquée. Nous croyons utile de relever ici d'une

façon spéciale quelques particularités relatives à l'obli-

tération de ces sutures.

1° Dans aucun des cas que nous visons il n'y avait

de synostose : cel i ressort des figures que nous avons

jointes au texte.

2° On a dit que la persistance de la suture médio-

frontale indiquait que le crâne, offrant cette disposition,

correspondait à des cerveaux inférieurs; nous devrions

donc la rencontrer fréquemment. Or, il n'en est pas

ainsi : tous les crânes de 1890 et de 1891 nous appa-

raissent avec une ossification normale de cette suture.

Il va de soi que nous faisons exception pour l'idiotie

hydrocéphalique dans laquelle la suture médio-frontale

persiste. C'est là, d'ailleurs, un fait connu et que

confirment plusieurs spécimens de notre musée de

Bicêtre.

3° Un examen attentif des nombreux crânes que nous

avons rassemblés à Bicêtre (voir p. XIV), arrêterait

peut-être les chirurgiens dans la voie hasardeuse où

ils se sont lancés en s'appuyant sur des données assu-

rément incertaines. Les cas où l'intervention chirur-

gicale est justifiée sont certainement très rares et

d'une détermination difficile.

EXPLICATION DES PLANCHES

136 Explication DES planches.

Planche I.

Face convexe de l'hémisphère droit du cerveau et face

interne de l'hémisphère gauche. (Voir p. 9b.)

C. 0., couche optique.

V. L., ventricule latéral.

FI, F2, F3, première, seconde et troisième circonvolutions

frontales.

L. Oc., lobe occipital.

S. O., scissure occipitale.

L. F., lobe frontal.

L. P., lobe pariétal.

138 Explication DES planches.

Planche II.

.Rase de l'encéphale (Voir p. 96).

L. Or., lobe orbitaire.

Po ? porus.

C. O., couche optique.

Péd., pédoncule cérébral droit.

Pr., protubérance.

Py., pyramide antérieure.

TABLE DES MATIÈRES

PREMIERE PARTIE

Section I : Bicêtre.

Histoire DU service pendant l'année 1891.

140 Table DES matières.

M4 ? Table DES matières.