(1891) Recherches cliniques et thérapeutiques sur l'épilepsie, l'hystérie et l'idiotie : Compte-rendu du service des enfants idiots, épileptiques et arriérés de Bicêtre pendant l'année 1890
/ 200
(1891) Recherches cliniques et thérapeutiques sur l'épilepsie, l'hystérie et l'idiotie : Compte-rendu du service des enfants idiots, épileptiques et arriérés de Bicêtre pendant l'année 1890

RECHERCHES

SUR

L'ÉPILEPSIE, L'HYSTÉRIE

- ET

L'IDIOTIE

N 911. Imprimerie typographique des Eûfâïïts (té Bitêtre.

PUBLICATIONS DU PROGRÈS MÉDICAL

RECHERCHES

CLINIQUES ET THÉRAPEUTIQUES

SUR

L'ÉPILEPSIE, L'HYSTÉRIE

ET

L'IDIOTIE

COMPTE RENDU DU SERVICE

DES ENFANTS IDIOTS, ÉPILEPTIQUES ET ARRIÉRÉS DE

BICRTRE PENDANT L'ANNÉE 1890

PAR

BOURNEVILLE

MÉDECIN' DE BICHA'E

Avec la collaboration de

MM. CAMESCASSE, ISCH-WALL, MORAX, RAOULT,

SEGLAS et P. SOLLIER.

IN'1'EItXES et ANCIENS INTERNES DU SERVICE.

Volume XI.

Avec 16 figures dans le- texte et 10 planches.

PARIS

AUX BUREAUX DU

PROGRÈS MÉDICAL

11, rue des Carmes, 14.

Vve BABÉ et C'P.

ÉDITEURS

Place de l'École de Médecine. -

1891

PREMIÈRE PARTIE

Histoire du service pendant l'année 1890.

(Bicêtre et Fondation Vallée.)

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1890. *

PREMIÈRE PARTIE

Section I : Bicêtre.

Histoire du service pendant l'année 1890.

I.

SITUATION DU SERVICE. - ENSEIGNEMENT PRIMAIRE.

Nous rappellerons que la section comprend trois

groupes : 1° Les enfants idiots, gâteux, épileptiques.

ou non, mais invalides ; 2° les enfants idiots,

gâteux ou non gâteux, épileptiques ou non, mais

valides ; 3° les enfants propres, valides, imbéciles,

arriérés, épileptiques et hystériques ou non.

I. Enfants idiots, gâteux, épileptiques ou non,

mais invalides. Ils se subdivisent en deux catégo-

ries : la première est composée d'idiots gâteux, ne

parlant ni ne marchant, mais la plupart susceptibles

IV PETITE ECOLE

d'amélioration. Ils sont soumis à un certain nombre

d'exercices que nous avons décrits précédemment. On

leur apprend à se tenir debout à l'aide des barres

parallèles, à marcher, soit en les tenant sous les bras,

soit à l'aide du chariot. On fortifie leurs membres en

les fléchissant et étendant alternativement, en leur

faisant des frictions stimulantes, etc. Dès qu'ils sont

capables de marcher, ils sont envoyés à la petite école,

d'abord le matin pendant quelque temps, puis toute

la journée aussitôt que leurs forces le permettent.-

La seconde catégorie comprend des idiots tout à fait

incurables et des enfants atteints d'épilepsie, devenus

gâteux ou déments sous l'influence des accès ou des

poussées congestives qui les compliquent. Ils ne sont

plus, en général, que l'objet de soins hygiéniques.

II. Enfants idiots, gâteux ou non gâteux, épilepti-

ques ou non, mais valides. (Petite école). Ces

enfants fréquentent la petite école confiée exclusive-

ment à des femmes. 213 enfants y ont été inscrits

ClaIlS l'a.1111CC. ül' CC 110L711)rC ! E SOllt (1('Cé(1CS, G SOllt

dans l'année. Sur ce nombre 4 sont décèdes, 6 sont

sortis définitivement, 12 sont passés à la grande

école, 5 sont passés aux adultes, 2 ont été transférés.

Sur les 184 enfants qui restaient au 31 décembre 1890,

45 se servent de la cuiller seulement, 91 de la cuiller

et de la fourchette, 48 cle la cuiller, de la fourchette

et du couteau. 6 enfants sont devenus propres (1).

Tous les enfants vont à la petite gymnastique (sys-

tème Pichery), sauf quatre venant des gâteux invali-

des et qui étaient trop infirmes pour y prendre part.

(1) Ce sont les enfants Boy ? Kasn ? Main ? Mazi ? Reness.. et Vivi..

petite école. y

Un seul a pu suivre les exercices de la grande gym-

nastique. 27 enfants ont été envoyés aux ateliers com-

me apprentis dans le cours de l'année, savoir : 2 me- :

nuisiers, 5 cordonniers, 2 vanniers et 18 tailleurs.

Le traitement du gâtisme, qui consiste à placer les

gâteux à des heures régulières sur les sièges d'aisances ;

les leçons de toilette (lavage de la figure, des mains,

entretien de la chevelure, cirage des souliers, etc.),

les exercices des mains (fermer, ouvrir les mains,

agiter les doigts, les allonger, les étendre et les plier

simultanément ou isolément, etc.), la gymnastique,

les leçons de choses, l'éducation des sens et de la

parole (exercices de prononciation), les promenades

avec interrogation, etc., constituent comme toujours

la base de l'enseignement.

Depuis plusieurs années, nous envoyons à tour de

rôle, durant les mois d'octobre , novembre et décembre,

nos instituteurs, nos institutrices et nos meilleurs infir-

miers à l'Institution des sourds-muets, afin de s'y

rendre compte des procédés employés pour apprendre

aux sourds-muets à parler. De la sorte, tout le per-

sonnel enseignant comprend mieux les moyens qu'ils

ont à employer pour les enfants idiots et qui sont

empruntés soit à Séguin, soit à notre expérience

personnelle. Aussi devons-nous remercier M. Javal, di-

recteur des sourds-muets, du concours qu'il veut bien

nous prêter en faisant bon accueil à notre personnel

enseignant. De plus, cette année, nous avons envoyé

nos trois instituteurs et cinq institutrices ou infirmiè-

res à l'Institution des jeunes aveugles, afin qu'ils puis-

sent s'intéresser davantage et être plus utiles aux idiots

aveugles du service.

VI l'mANDE ÉCOLE.

. III. Enfants propres et valides, imbéciles, arriérés

instables, pervers, épileptiques et hystériques ou non ?

Grande école. La population de cette école était

de 164 enfants au 1° janvier 1890 et de 181 au 31 décem-

bre de la memeannée .

Au mois d'avril, deux enfants Picard et Taësch

ont passé avec succès l'examen pour le certificat

d'études (1) ; trois autres, Merlet, Lebrun, et J. Res-

sayre ont également obtcnu ce certificat au mois de juin.

' Les projections à la lumière oxhydrique ont eu lieu

régulièrement tous les jeudis de 9 heures à 11 heures.

Parmi les sujets, notons la reproduction des tableaux

du musée de Versailles, relatifs à l'histoire de France,

et 74 vues sur les temps préhistoriques et l'origine de

la Gaule (2).

De nouvelles instructions ont été données au per-

sonnel des deux écoles pour noter avec plus de détails

encore tout ce qui concerne la voix, la parole, l'atten-

tion, la compréhension, etc.

Nous avons fait composer par les enfants de notre

- atelier d'imprimerie deux volumes de Recueils de

chants l'un pour la grande école, l'autre pour la petite.

La préface, dédiée aux enfants de Bicetre, que nous

avons placée en tête du premier volume, indique le

but que nous avons poursuivi.

Ce Recueil, disions-nous aux enfants, a été composé pour vous

Nous espérons que vous l'accueillerez avec plaisir. Les chants

qu'ilcontient ont été divisés en quatre groupes. Le premier ren-

ferme les chants nationaux que tous les Français doivent

(1) 14 infirmiers de Bicêtre, sur 14 et 5 infirmières sur C ont eu en même

-temps leur certificat. -

(2) Une séance spéciale a été faite avec les mêmes vues dans la salle de

lecture de la hihtiothèpue de l'hospice pour les infirmiers et les infirmières.

GRANDE ÉCOLE. VII

savoir par coeur; le second groupe comprend une série de

chants patriotiques destinés à mieux vous faire aimer la

France et à vous faire comprendre les devoirs que vous avez

à remplir envers elle. Dans la troisième partie, nous avons

réuni tous les chants qui accompagnent vos exercices de gym-

nastique. La dernière contient des chansons surles métiers,

les saisons, la vie et les travaux champêtres, etc., qui toutes,

sous une forme plus attrayante, contribueront à graver dans

votre mémoire des notions qui vous sont enseignées chaque

jour. '

Lorsque, guéris, vous nous aurez quitté, à l'atelier ou chez

vos parents, vous répéterez ce que vous aurez appris ici, « et

vous retrouverez le souvenir de bonnes idées et de bons sen-

timents.» Avec nous, vous remercierez vos maîtres de l'école

primaire d'avoir collaboré à ce petit volume en recherchant les

chansons qui pouvaient le mieux vous plaire, et vos camarades

de l'atelier d'imprimerie de la peine qu'ils se sont donnée pour

vous à les composer et à les imprimer. "

Le Conseil municipal de Paris et l'administration de l'Assis-

tance publique sous la direction libérale de TI.PEmtor ne

cessent pas de s'intéresser à vous. Grâce à eux et au concours

si dévoué que nous prêtent chaque jour l'inspecteur de l'ad-

ministration, M. IMARD, notre directeur, M. Pignon, et notre

économe, M. Baron, nous avons les moyens de réaliser tou-

tes les mesures qui peuvent contribuer à votre guérison. Et

nous appropriant ce qu'écrivait un des plus illustres méde-

cins de cette maison, Leuret il y a 50 ans, en tête d'un volu-

me analogue destiné aux adultes, nous vous dirons : Prenez

donc courage, suivez avec persévérance le chemin qni vous

est tracé. Si vous êtes dociles à nos conseils, votre santé se

raffermira, vos crises et vos idées maladives disparaitront et

le séjour dans l'hospice cessant de vous être nécessaire,

munis d'un métier qui fera de vous des hommes utiles, nous

nous empresserons de vous rendre à vos familles. Le jour où

nous pourrons vous accorder votre sortie, soyez convaincus

que nous serons aussi heureux que vous le serez vous-

mêmes. » .

Nous n'avons eu qu'à nous louer du personnel ensei-

gnant aussi bien des maîtresses que des maîtres.

Deux de ces derniers, M. Boutillier et M. Goy ont

obtenu les palmes académiques, récompense des

VUJ GRANDE ÉCOLE.

efforts constants qu'ils font pour nous aider à relever

la situation physique, morale et matérielle des enfants

qui nous sont confiés. Aussi remercions-nous vivement

- notre ami M. Léon Bourgeois, ministre de l'instruction

publique de s'être souvenu de ce qu'il avait constaté dans

ses visites à la section des enfants de Bicêtre, alors qu'il

était secrétaire général de la préfecture delà Seine (1).

Depuis notre arrivée dans le service(1879), nous avons

fait établir des cahiers scolaires de la façon suivante :

Dès qu'un enfant parvient à tracer des lignes, nous

ouvrons son cahier sur lequel nous lui faisons tracer

une page de bâtons.; puis, tous les trois mois, on le

fait écrire sur le même cahier. Enfin, quand il a fait

des progrès notables tous les mois, on lui fait faire

.sur ce cahier quelques lignes d'écriture, une dictée,

.des additions, etc., etc. Les résultats obtenus par les

maîtres et les maîtresses ressortent ainsi d'une manière

évidente. La Planche X qui accompagne l'observation

,du. microcéphale Jan. donne une idée de ces cahiers

scolaires.

Nous avons déjà indiqué notre manière de procéder

;en ce qui concerne les photographies des malades :

photographie à l'entrée, ensuite tous les deux ou trois

ans, suivaut les changements qu'on observe chez

l'enfant. La Planche I, relative à l'enfant Dars.. permet

d'apprécier les avantages de cette application de la pho-

tographie aux changements en bien ou en mal surve-

nus chez les malades. (Voir aussi PL. VII, VIIIet IX).

- Promenades et distractions. Les enfants de la

. (1)'Letraiteinent de l'un de nos instituteurs. M. Boyer, qui est attaché il. l'ê-

,c : ole,depuis k1ormars.188G a été porté de 1800 fr. à 2100.

PROMENADES ET DISTRACTIONS. IX

Grande école et ceux de la petite école qui sont pro-

pres (1) ont continué à faire de nombreuses promenades

soit à Paris, soitclansles communes voisines : Luxem-

bourg, Jardin des Plantes, Parc de Montsouris, Place

de l'Hôtel de Ville, du Lion de Belfort, Bois de Vin-

cennes, Musée du Louvre, (2) à la Foire aux pains

d'épices de la place de la Nation où les directeurs de

trois théâtres forains (\Z. M. Corvi, Delille et Legois)

leur ont offert gracieusement, selon une coutume déjà

ancienne, des représentations. Mentionnons les pro-

menades aux fêtes de Gentilly, d'Ivry, d'Arcueil, etc.

Tous les enfants sont allés au jardin d'Acclimata-

tion, dont le directeur M. Geoffroy Saint-IIilaire a

l'obligeance, chaque année, de nous envoyer des car-

tes d'entrée (3). Citons encore la visite au musée des

arts décoratifs et à l'exposition des arts appliqués à

l'industrie dont les portes leur ont été libéralement

ouvertes par MM. Antonin Proust et A. Muzet. Ces

promenades n'ont donné lieu à aucun accident capable

d'attirer l'attention et de troubler la tranquillité publi-

que. Le maximum des accès survenus au cours de ces

promenades a été de quatre. Le nombre des enfants

qui y ont pris part s'est élevé jusqu'à 185 à la fois.

Mentionnons enfin les distractions diverses com-

munes à tous les enfants valides, distractions partagées

par les petites filles de la Fondation Vallée : 1 ? janvier,

distribution de jouets et de bonbons ; 16 janvier, distri-

(1) Les enfants gâteux sont promenés dans les jardins et dans les cours de

l'hospice ou aux environs.

(2) On a choisi deux séries composées des enfants les plus raisonnables.

(3) Nous en demandons et en obtenons également pour les enfants de lu

Salpètrière.

X VISITES ET CONGÉS.

bution de jouets cle la Lanterne; Fêtes du mardi gras

et de la mi-carême (distribution de beignets et de

gâteaux, déguisements) ; matinées dramatiques orga-

nisées avec beaucoup d'habilité et de zèle, par l'un

des instituteurs, M. Boyor; 2 avril, concert des frères

Lionnet, séance gratuite de pupazzi, par M. Darthe-

nay, etc., etc. Les parents des enfants qui le désirent

assistent aux matinées dramatiques.

Ces promenades et ces distractions, outre qu'elles

font grand plaisir aux enfants, contribuent à leur bien-

être physique et servent à leur instruction. Les en priver

constitue une punition auxquels ils sont très sensi-

bles (1).

Visites. Les enfants ont reçu 7.494 visites. Les

visiteurs ont été au nombre de 10.889. Voici la statis-

tique des permissions de sortie et des congés.

BAINS ET HYDROTHÉRAPIE. XI

enfants et comme ceux-ci y tiennent beaucoup, la

crainte de ne pas en profiter contribue à maintenir la

discipline. «Ajoutés aux promenades et aux distrac-

tions, répéterons-nous, ils rendent le séjour de l'Asile

plus supportable aux malades et rapprochent autant que

possible notre section d'un hôpital ou d'un pension-

nat ordinaire.

Vaccinations et revaccinations. Elles ont été au

nombre de 13 t : 117 enfants du service, 14 infirmiers

et infirmières. Suivant l'habitude, elles ont été prati-

quées sous notre direction et celles de nos internes par

les élèves de l'Ecole municipale d'infirmiers et d'in-

firmières de Bicêtre.

Service dentaire. Notre ami le Dr C1lLr, ancien

interne des hôpitaux, continue ses visites bi-mensuelles

aux enfants de Bicêtre et de la Salpêtrière. Les résul-

tats obtenus au point de vue de l'hygiène de la bouche

et d'une meilleure dentition des enfants sont excel-

lents.

Bains et hydrothérapie. Les bains et les douches,

joints à la gymnastique, à l'emploi des bromures, sur-

tout de l'élixir polybromuré de Yvon et du bromure de

camphre du D'' Clin et des médicaments antiscrofuleux

ont continué à être la base du traitement pendant l'an-

née 1890. Nous avons essayé en outre le bromure de

rubidium seul et le bromure double d'ammonium et

de rubidium, 11 été donné dans l'année 18.000 bains,

répartis ainsi :

XII BAINS ET HYDROTHÉRAPIE.

VISITEURS DU SERVICE. XIII

général, nous avons réclamé la modification du par-

cours dn tramvay du square Cluny à Bicêtre et

demandé qu'il vienne passer devant l'hospice même.

Nous avons fait signer par les administrés de l'hospice

une pétition dans le même sens qui a été adressée le 4

décembre au Conseil général. -

Visites du se)'u ? ce.D ? 0. W. Archibald; D''Antony,

agrégé du Val de Grâce, accompagné de 32 élèves;

ils ont laissé un don de 50 francs qui nous a permis de

constituer le noyau de la petite bibliothèque récréa-

tive, que nous projetions depuis longtemps ; Diamant-

berger, Duchatelet (de Tunis); les Drus Bernhard (de

Mayence), Corson, Ferisie, Foulard, Frank (de

Budapest), Furgucnsen et Thlers (de Copenhague),

Huet, J. de Lantshecre, Moczutkonovsky, Lacombe,

médecin de l'hôpital Bichat, Ladamc (de (Genève,) Mo-

rax, Onanoff, Mlle Marie Lobcclcff, Pcré (de Rennes),

D1' 0. Rio (de Vienne), D" J. N. Ncaw, L. Neumark,

Raichling, Schuttlej-orth, médecin directeur de Royal

Albert Asylum for idiots (Lancaster), J. Spalldding,

Trapeznikoff, D'' J. A. Tschudnowsky. Citons encore

les visites de notre maitre M. Charcot, celle de la Com-

mission de surveillance des asiles d'aliénés, présidée

par M. Barbier, de la commission du Conseil général;

M. M. François Coppée, P. Bourget, F. Magnard, A.

Gaston Crémieux, Duplan, conseiller général, Le

Roux, sous-directeur des affaires départementales,

Robin directeur de l'orphelinat Prévost, M. de Fou-

cault, architecte des hôpitaux de Marseille, M. M. Ma-

noninow et Manassevitch, délégués du Gouvernement

russe, à l'effet d'étudier les institutions philanthropi-

ques, M. Quinet et Guenot architectes. Nous espé-

XIV; MALADIES ÉPIDÉMIQUES.

rons que ces visites porteront leurs fruits et contribue-

ront à rendre plus facile l'organisation de l'assistance

des Enfants idiots et épileptiques, aussi bien en Fran-

ce qu'à l'étranger. "

Maladies épiclénâques. Dans le courant de l'an-

née, le pavillon d'isolement pour les maladies conta-

gieuses a reçu : 5 cas de rougeole terminés par la

guèrison ; 14 cas de scarlatine, (1 décès) ; 2 cas de

diphtérie (2 décès), survcnus l'un en mars, l'autre en

décembre ; 2 cas de varicelle ; 9 cas de coqueluche.

Enfin le 31 décembre, il restait encore 27 teigneux,

dont trois appartenaient à la fondation Vallée. - Le.

pavillon de dortoir qui avait été affecté aux malades

atteints de l'influenza a été évacué le 21 janvier.

Musée pathologique. Le musée, placé sous la

surveillance de notre ancien interne M. P. Sollier, s'est

augmenté notablement en 1890, ainsi que le montré

le tableau comparatif ci-après.

ENSEIGNEIFNT PROFESSIONNEL. XV

ques. C'est cette pratique qui explique l'enrichisse

ment rapide de notre musée depuis février 1887.

Le musée reçoit en outre : toutes les photographies

des malades décédés, leurs observations qui sont

reliées en volume, chaque année, les photographies

des cerveaux, qui formcnt aujourd'hui 7 Albums (1).

II.

Enseignement professionnel.

Cet enseignement a été dirigé, en 1890, de même

qu'en 1889, par M. Lcroy, pour la oerciseni.e; Alêne,

pour la couture; Bénard, pour la serrurerie; Dumou-

lin, pour la cordonnerie; Mercier, pour la brosserie

Morin, pour la vannerie, le rempaillage et le cannage

des chaises; Maréchallat, pour Y imprimerie.

Nous n'avons eu, comme par le passé, qu'à nous

louer de tous les mailres de l'enseignement profes-

sionnel, non seulement pour le zèle et l'intelligence

qu'ils apportent chaque jour à l'instruction profession-

nelle des enfants, mais encore pour la bonne direction

morale qu'ils savent leur donner. Aussi serons-nous

heureux de voir l'Administration les en récompenser

en accueillant la demande que nous lui avons adressée

de les admettre successivement jouir de la pension

de repos qu'elle accorde aux sous-employés et aux

infirmiers. Cette proposition que nous avons renou-

velée lors de la visite de la commission du Conseil

général ne ferait que réaliser un acte de justice.

(1) Nous profitons de l'occasion pour remercier de nouveau nos collabora-

teurs MM. lIul,ert et Ilurel, qui apportent le plus grand zèle à l'exécution

des photographies et des moulages. ;

XVI FONCTIONNEMENT DES ATELIERS.

Le tableau suivant met en évidence les résultats obte-

nus.

Enseignement professionnel. X-Y-11

rons-nous encore, de donner à un certain nombre

d'enfants un métier qui; à leur sortie, le mettra en me-

sure de gagner leur vie. Quelques-uns ont déjà, quitté

l'hospice et sont placés ; d'autres le seront aussitôt

que les circonstances le permettront. Il nous aide

à dbnner à un plus grand nombre d'enfants le

moyen d'atténuer, dans une proportion variable, le

sacrifice que la Société s'impose pour eux. Précisons 's

par un exemple : Nous avons à l'atelier de couture 24.

hémiplégiques, c'est-à-dire des malheureux condamnés

presque' certainement à passer toute leur existence à

l'hospice, 5 sont déjà de bons tailleurs, la plupart des

autres le deviendront. Autrefois, ils ne savaient rien

faire ; maintenant, grâce à l'enseignement qu'ils reçoi-

vent une fois. passés aux épileptiques adultes, s'ils ont

encore des accès, ou passés dans les divisions de l'hos-

pice, s'ils n'en ont plus., ils pourront travailler à l'atelier^

commun de la maison et leur travail compensera en

partie, et pendant de longues années, les dépenses de

leur entretien, en même temps qu'il leur fournira quel-

ques ressources personnelles.

Trois apprentis, sachant leur métier, sont sortis

dans le courant de l'année. Ce sont : Bruck, Glène

(serruriers) et Dalex (tailleur).

Le tableau suivant fait voir que le nombre des.

enfants qui profitent de l'enseignement professionnel

est allé en augmentant. Cette progression s'arrêtera

bientôt, quand nous aurons la. population entière que

doit contenir la section. ," - ?

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1890. **

XVitI " STATISTIQUE.

Mouvement DE la population.- XIX

agents qui, eux, agissent à leurs fantaisies. 3°Nous ajou-

terons que ce maître jardinier pourrait être chargé du

jardin de la Fondation Vallée qu'il cultiverait avec ses

apprentis et qu'il rendrait également des services, au

point de vue des leçons de choses, aux petites filles

de cet établissement.

t ' ' '

III.

Statistique. MOUVEMENT DE la population.

Le premier janvier 1890, il restait dans le service 393

enfants : 369 enfants idiots, imbéciles ou épileptiques,

dits aliénés, et 24 réputés non aliénés ; sur ce chiffre 15

enfants étaients atteints de surdi-mutité et six étaient

aveugles. Voici le mouvement de la population en 1890 :

XX Mouvement DE la population.

Décès. Ils ont été au nombre de 19 (1) ; le tableau

ci-après donne le diagnostic, la date et la cause du

décès, et qu elques-unes des particularités présentées

par les malades (Voir p. XXII).

Sorties. - 6 des malades sortants sont passés dans

les divisions de l'Hospice ne présentant plus d'accès

ou étant suffisamment améliorés, au point de vue men-

tal, pour vivre en liberté, mais étant atteints de mala-

dies ou d'infirmités incurables; 58 ont été dirigés sur

les autres sections de la division des aliénés soit

comme épileptiques, soit comme idiots où imbéciles,

incapables d'être mis en liberté. Le tableau suivant

indique les motifs de la sortie et la nature de l'affec-

tion dont étaient atteints les malades (Voir p. XXX).

Evasions. - Elles ont été de 2, Danglet.. et Roi)..

Population au 31 décembre 1890. Il restait à

cette date .dans le service 372 enfants se décomposant

ainsi : 354 enfants idiots, imbéciles ou épileptiques,

dits aliénés et. 18 réputés non aliénés. Sur ce chiffre

5 enfants sont affectés de surdi-mutité et 8 sont

aveugles.

Personnel du service en 1890. Le personnel était

ainsi composé : 1° pour le. service médical : un interne

titulaire, M. Morax, un interne provisoire, M. Flcer-

sheim et M. le Dr P. Sollier, conservateur du musée

pathologique; 2° pour le service scolaire : a) grande

Ecole : d'un instituteur, M. Boutillier et de deux insti-

tuteurs adjoints, MM. Boyer et Mesnard ; d'un profes-

(1). Nous avons-fait figurer; dans ce tableau, en raison de leur petit nom-

bre, les 5 décès de la Fondation Vallée en 1890.

Personnel du service. xxi

seur de chant, M. Pény ; d'un professeur de gymnasti-

que, M. Goy, de deux moniteurs, administrés de l'hos-

pice ; d'un maître d'escrimé, nZ : -C2ïidrÿ;-d'tin maître

de danse, M. Ygôunet; d'un suppléant, M. Joly, et de

trois infirmiers, garçons de classe, dont un ayant

le grade de premier infirmier ; b) petite école : de

M'I° Bl. Agnus, surveillante, de Mlle A. Bohain et Fer-

ret, sous-surveillantes, et de MI Péju, suppléante ; -

3° pour l'enseignement professionnel : de sept maîtres

dont nous avons donné les noms' plus haut ; - 4° pour

le service hospitalier : de M. Agnus, surveillant ; de M.

Siégel, sous-surveillant; de Mme Bié, sôus-surveil-

lante (Bâtiment des gâteux) (1); de M11e Athénaïs

Bohain, suppléante (infirmerie) ; de M`n° Gladel, sup-

pléante de nuit ; de 29 infirmiers et de 33 infirmi-

ères de jour ou de nuit; d'un baigneur (suppléant),

M. Giv.alois; d'un perruquier et d'un portier; total du

personnel secondaire, 78. '

(1) Elle a remplacé Mm. Joliot, décédée le 24 novembre et' que nous avions

dans notre service depuis onze ans. i

xxii, DÉCÈS. -

DÉCÈS. XXIII

·xXIV DÉCÈS.

DÉCÈS. XXV

XXVI DÉCÈS.

DÉCÈS XXVII

,xxviii DÉCÈS.

DÉCÈS. XXIX

XL Nouvelle SECTION.

IV.

La NOUVELLE SECTION. CONSTRUCTION DES TROIS

DERNIERS pavillons.

Dans notre dernier Compte rendu, celui de 1889,

nous avons donné des renseignements sur le projet

d'achèvement de la section des enfants, consistant dans

la construction des trois derniers pavillons. Nous avons

reproduit la discussion dont ce projet a été l'occasion

au Conseil de surveillance, discussion qui mettait une

fois de plus en relief l'hostilité de certains membres

de ce conseil contre la nouvelle section d'enfants qu'ils

n'ont même pas visitée. Nous ajoutions que, à la fin

de décembre 1889, le gros oeuvre des trois pavillons

était à peu près terminé. '

Les travaux, conduits avec un peu trop de lenteur à

notre gré, n'ont permis d'occuper les pavillons que le

14 novembre 1890.

Deux de ces pavillons, affectés à des dortoirs, sont

absolument semblables, comme construction et amé-

nagement intérieur, aux autres pavillons de dortoirs.

Ils se composent chacun de deux salles de 20 lits, au

rez-de-chaussée, et delO chambres pour le personnel

dans la moitié nord des sous-sols qui, là, par suite de

la disposition fortement inclinée du sol, constituent

de véritables rez-de-chaussées. Ces pavillons sont

reliés à la grande galerie de communication inférieure

par deux petites galeries perpendiculaires (Fig. 1.)

Le troisième bâtiment a été élevé sur le prolonge-

ment du bâtiment des Écoles, sans solution de conti-

I

Fig. 1. - Bâtiment à usage des dortoirs pour les enfants. Le rez-de-chaussée (sous-sol) est al1eceI1l1Ul"" nui»,

chambres des infirmiers.

ttt Nouveaux pavillons.

nuité, du côté du marais : même hauteur de toiture,

même corniche, même bandeau. Les grandes croisées

éclairant les classes se trouvent répétées ici, avec un

remplissage en briques absolument semblables (hi.2).

Dans l'étage du. rez-de-chaussée (dortoirs), mêmes

baies, mêmes trumeaux que dans les rez-de-chaussées

des dortoirs déjà faits, briques apparentes, etc.

(Fig. 2 et 3).

Dans l'axe, motif avec couronnement, comme dans

les bâtiments déjà élevés. Etage du sous-sol en meu-

lière rocaillée, percée de petites baies d'aération. A

l'extrémité nord, du côté de Paris, un pavillon y est

flanqué, et ce pavillon rappelle exactement, comme

forme, dimensions et construction, celui du bâtiment

des gâteux, déjà décrit. Ces deux pavillons seront

comme deux points d'arrêt, limitant entre eux la cir-

conscription des dortoirs.

Si maintenant nous entrons dans ce bâtiment, nous

y trouvons, de plain-pied avec la galerie supérieure

une grande salle servant de musée scolaire faisant

suite aux classes de la grande école ; puis, dans la

partie centrale, le cabinet du médecin en chef et du

conservateur du musée et les water-closets et urinoirs

pour les enfants. Plus loin, une autre grande salle abso-

lument identique pour le musée anatomo-pathologi-

que. Au-delà et prenant tout le premier étage du

pavillon extrême, le laboratoire (63 m.q.). Les deux

musées sont largement éclairés du côté du nord-

ouest, et sur le mur faisant face à l'éclairage, une

petite galerie à mi-hauteur, permettra d'augmenter

le nombre des vitrines des deux musées. Les murs du

Fig. 2. Le premier étage est affecté au musée; le rez-de-chaussée à deux dortoirs d'enfants-.

XLIV Nouveaux pavillons.

musée sont en pans de fer, ainsi que les fermes de la

charpente; remplissage en briques, plafonds et murs

peints à l'huile, parquet on chêne. La surface des deux

musées et de leurs dépendances est do 474 mètres.

Si, avant d'entrer dans le musée, nous descendons

l'escalier que nous trouvons à gauche, nous arrivons

dans le rez-de-chaussée de ce bâtiment auquel on

accède encore par la galerie inférieure. Là, un dortoir,

composé de deux salles de 20 lits chacun, avec partie

du milieu réservée au service de la propreté et chambres

pour les infirmières de jour dans les extrémités ; en un

mot, même organisation avec mêmes surfaces, même

cube d'air que dans les dortoirs déjà occupés. Au même

étage, dans le pavillon, logement pour un sous-sur-

veillant, d'une superficie de 63 mètres, avec escalier

indépendant (Fig. 3). Les murs do cet étage, pour le

dortoir, sont construits en briques de 0'"45 d'épais-

seur, et pour le logement en moellons de Oin50 ; en-

duits intérieurs, murs il l'huile, parquet en chêne.

Le sous-sol, qui comporte une hauteur de 3 mètres

dans sa plus grande partie, contient les chambres à

tinettes et les calorifères pour le chauffage des pièces

situées au-dessus et un espace dont nous aurons à

rechercher ultérieurement l'utilisation. A la fin de

1890, il ne restait plus à procéder du l'c1OE.é.Jcgement

des deux musées et du laboratoire.

Autour des bâtiments, pavage, et, à leur extrémité,

montant du bas du quartier et allant jusqu'au mur de

la Sûreté, un chemin entièrement pavé, avec un petit

chemin de fer (système Dccauville) pour les différents

services, notamment pour le transport du linge et du

charbon aux calorifères.

Fig. 3. Plan des musées (tracé supérieur, des dortoirs et du logement qui les termine (tracé inférieur).

Section II : Fondation Vallée.

M. Vallée, ancien instituteur des enfants de l'hos-

pice de Bicêtre, a légué au département de la Seine la

propriété où il avait créé et fait prospérer une insti-

tution importante pour les enfants appartenant aux

familles riches, à la condition d'y installer des enfants

pauvres.

En qualité de membre de la Commission de surveil-

lance des asiles d'aliénés delà Seine, nous avons été

chargé d'examiner les projets élaborés par l'Adminis-

tration pour la transformation de l'ancienne institu-

tion et son appropriation à l'usage fixé par le léga-

taire. Les rapports dont nous avons été chargé four-

nissent sur ce nouvel établissement départemental

des renseignements complets sur son histoire et son

organisation, nous nous bornons à leur reproduction,

en la faisant suivre : 1° du Compte-rendu du pre-

mier exercice (mars-décembre 1890) ; et 2° de quel-

ques indications sommaires sur sa situation à ce jour.

, Messieurs,

L'Administration nous a transmis un avant-projet

d'appropriation de l'immeuble Vallée, àGentilly, dres-

sépar M. l'Architecte en chef du département, d'après

. Fondation Vallée. xlvii

une note-programme que nous reproduisons plus loin.

Avant d'examiner cet avant-projet, nous croyons devoir

donner quelques renseignements sur le donateur, et

sur les incidents qui ont surgi à l'occasion de son

legs.

I. - M. Vallée (Hippolyte-Tranquille) est né le 23

mars 1816 à Cherbourg où son père était gendarme.

Il fréquenta l'école primaire jusqu'à l'âge de treize

ans. Il compléta ensuite lui-môme son instruction. Il

fut attaché pendant une dizaine d'années aux travaux

hydrauliques du port de Cherbourg et collaborait en

même temps au. Journal de Cherbourg, dont le rédac-

teur était Jean hletcw/, avec lequel il fit et publia le

Guide de Cherbourg et de ses environs. Estimant qu'il

n'avait pas d'éléments suffisants à son activité dans sa

ville natale, M. Vallée vint à Paris où il s'occupa d'a-

bord de librairie en attendant un emploi. Ne trouvant

pas mieux, il se décida à entrer à Bicêtre en qualité de

surveillant, le 21 novembre 1841. C'est en cette qua-

lité qu'il a pu assister aux essais d'éducation des enfants

idiots faits par Edouard Seguia (du 9 novembre 1842

au 21 décembre 1813). Seguin, sous le coup d'accusa-

tions aussi abominables qu'injustifiées, ayant été obli-

gé de donner sa démission, M. Vallée fut nommé com-

mis-instituteur le 13 mars 1841. Il a rempli ces fonc-

tions jusqu'au 1er janvier 1866, époque où il a été

admis à faire valoir ses droits à la retraite. Vers 1846,

M. Vallée fut chargé de faire l'éducation d'un enfant

arriéré appartenant à la famille Pour lui facili-

ter sa tache, la famille loua une propriété rue des No-

yers, n° 9, et longeant la rue Benserade dans toute sa

longueur.

Peu après, en 1847, M. Vallée eut l'occasion d'ache-

ter moyennant une somme de 16,000 francs des créan-

XLVIII Biographie DE M. Vallée.

ciers de M. maillon, directeur de Bicêtre, qui avait

fait de mauvaises affaires, la propriété située de l'au-

tre côté de la rue et qui constitue la part principale de

son legs. C'est à partir de là que son institution fut

fondée. Elle prit progressivement une réelle impor-

tance et renfermait unc vingtaine d'enfants, lorsque,

en juillet 1862, M. 0. Baetge entra comme professeur

à l'institution. Il la quitta trois ans plus tard, afin de

chercher une situation plus lucrative. En avril 1869,

M. Vallée, décidé à se retirer, entra de nouveau en

relations avec M. Baetge et lui céda la maison moyen-

nant une location annuelle de 12,000 francs d'abord,

puis de 17,000 francs, lorsque plus tard, les locaux

devenant insuffisants, il lui abandonna le pavillon

d'habitation qu'il s'était primitivement réservé.

Au moment de la guerre, M. 0. Baetge (1) trans-

féra ses élèves à La Fcrté-Macé, dans l'Orne. Les ha-

bitants de cette petite ville, voyant son nom étranger

inscrit en gros caractères sur ses caisses, le soupçon-

nèrent de relations avec les Allemands, et menaçaient

de lui faire un mauvais parti. Il dut se réfugier en An-

gleterre. M. Vallée fut obligé de reprendre la direc-

tion de l'instruction des enfants, qui, après la guerre,

réintégrèrent leur ancien domicile, en même temps

que M. 0. Baelgc.

M. Vallée a été nommé adjoint au maire de Gcntilly

le 1 cr décembre issu2 ; il a exercé ces fonctions jus-

qu'au 31 août 1865, date à laquelle il a été promu

maire. C'est au mois de septembre 1870, au mo-

ment de la proclamation de la République, qu'il a

quitté Gentilly pour accompagner les enfants dans

(1) M. O. Baetge est né en Brunswick, mais il s'est fait naturaliser Fran-

çais avant la guerre.

Testaient de M. Vallée. XLIX

l'Orne et a cessé de faire partie de la municipalité.

De 1871 1 sa mort, survenue le 4 décembre 1885,

M. Vallée, dont la santé s'était ébranlée, passait tous

les hivers à Nice. Ainsi qu'on le verra plus loin, il pa-

rait avoir profité de ses loisirs pour consigner par écrit

les résultats de sa longue expérience pédagogique. Se

souvenant que c'était à l'École des enfants de Bicêtre

qu'il devait les fondements de sa fortune, il a voulu

en laisser une partie pour la création d'un nouvel éta-

blissement en faveur des enfants arriérés pauvres.

II. Pour qu'il y ait moyen à l'avenir de retrouver

facilement l'histoire de cette fondation, nous croyons

utile de consigner dans notre rapport des extraits du

testament de M. Vallée, des renseignements sur le

procès intenté par ses héritiers au département, ainsi

que les délibérations du Conseil général et le texte de

la convention intervenue entre les deux parties.

1" Extrait du Icsta1lwnt cle Jl. Vallée. « Je n'ai point d'hé-

ritiers directs. C'est .surtout il ma vie occupée, à la simplicité

de mes goùls et non il aucun héritage, que je dois cette mo-

deste fortune. Il m'appartient donc d'en disposer dans la spon-

tanéité de mes vues et de mes sentiments, sans que personne,

dans ma famille, ait à se dire lésé par moi.

« Mon désir eut été de compléter mon oeuvre en laissant un

grand asile : Institution consacrée aux enfants idiots pauvres,

choisis principalement parmi les plus valides eticspluséduea-

bics. Il est peu probable; dans l'état de souffrance où je suis,

que je puisse donner suite à celle pensée.

« Le département de la Seine est dépourvu de tout établis-

sement spécial de ce genre, établissement réclamé depuis

longtemps. S'il lui convient d'accepter, je lègue au dépar-

tement de la Seine, ma propriété de Gcutilli-, y compris la

ferme, ancienne propriété Lacroi.v, et le mobilier du pension-

nat, en ce qui m'appartient, à la condition expresse d'utiliser

le tout <"1 l'usage spécial d'une institution d'enfants idiots pau-

vres, autant que possible valides, susceptibles d'éducation, et

pourvus dans une certaine mesure d'aptitudes professionnelles;

Bourneville, Bicôlrc, 1800. ?

L Fondation Vallée.

institution qui serait la continuation de celle que j'ai fondée

pour les enfants de la classe aisée et que dirigent aujourd'hui

M. et ! lIme Olto Baetge. »

En marge et en regard de ces deux alinéas est ins-

crit, au crayon, ce qui suit, littéralement rapporté :

« 1885.

« Les agrandissements en cours d'exécution opérés à Bicè-

tre enlèvent à cette disposition de mon testament l'intérêt qui

était dans ma pensée en 187G (II. V.) ;

« Au refus du département de la Seine, c'est à l'Etat, qui

ferait là, pour les idiots, ce qu'il fait à Paris pour les aveugles

et les sourds-muets, c'est à l'Etat, sous réserve formelle

des conditions ci-dessus exprimées, que je fais donation.

« Ou encore, à défaut de l'Etat, à toute autre personnalité

laïque, soit association, soit service administratif, ayant pour

objet l'enseignement ou la bienfaisance, et revêtue légalement

du caractère d'oeuvre d'utilité publique que le département

de la Seine ou l'Etat jugeraient iL propos, en se pénétrant de

mes vues, de se substituer.

« S'il arrivait, en fin de compte, que l'immeuble dut revenir

à ma famille, en la personne de ma soeur et de ses deux filles,

que je rends, pour ce cas, légataires au même titre, celles-ci

n'en pourraient disposer qu'en vue d'une oeuvre charitable, la

fondation, par exemple, d'un hospice qui manque à la commune

de Gentilly et aux communes environnantes.

« Je veux que le dernier mot de cette maison soit un ser-

vice rendu aux travailleurs.

« Il est entendu, en tout état de cause, que la prise de pos-

session n'aura lieu qu'à l'expiration du double bail consenti à

M. et ! lIme Otto Baetge ou de sa prorogation, ne dépassant pas

la période en cours, s'il y avait prorogation avant mon décès.

« De même que la ferme où je suis domicilié aujourd'hui

resterait jusqu'à la même époque, et meublée telle que je la

laisserai, à l'usage absolument personnel de ma soeur et de

ses filles.

« Toutefois, si le futur ayant droit, pressé par les circons-

tances, jugeait qu'une installation provisoire dut, par antici-

pation, se faire dans les locaux de la ferme, ma soeur et ses

filles n'auraient point à s'y opposer.

« Lors de la prise de possession, mon mobilier personnel et

Testament DE M. Vallée. LI

celui que je possède au pensionnat, seraient utilisés dans

le nouvel établissement; mais faculté sera laissée à ma soeur

et à ses filles d"Gn distraire les quelques objets à leur con-

venance, ou auxquels se rattacherait particulièrement mon

souvenir.

« Nombre d'objets ont disparu du pensionnat lors de mon

absence, en 18 10-18 i I ; aucune revendication ne pourra, à cet

égard, être exercée contre M. et 1\I"'c Baetge. Il est dans mes

intentions que mon portrait sur toile peint par Madame Maillon,

que mon titre d'officier d'ac icléiiiie, celui me conférant une

médaille d'argent à l'Exposition universelle de 1867, les ouvra-

ges que j'ai reçus de l'Administration des hospices en témoi-

gnage de satisfaction, de même que la majeure partie de mes

livres et ceux de mes manuscrits, qui ont trait à l'éducation

des enfants idiots, restent acquis à la future institution.

« Une somme de 50.000 francs prise sur mes valeurs mobi-

lières sera tenue en réserve pour être employée, intérêts com-

pris, à l'installation de l'établissement quand le moment sera

venu. »

En marge de ce dernier alinéa est inscrit ce qui.

suit, littéralement rapporté :

« Il eût été dans ma pensée, en ces derniers temps, d'em-

ployer tout ou partie de cette somme à l'acquisition du terrain

Lagneau, contigu au jardin du pensionnat et s'y surajoutant.

« Je lègue à ma soeur, Madame Règniault, une rente de

trois mille francs dont elle aura la jouissance, sa vie durant;

hson décès, cette rente se divisant par moitié, passera en toute

propriété à ses deux petits-fils, Ilippolyte Beaujard et Claude

Régniault, mais sans qu'ils en puissent aliéner le capital avant

leur vingt et unième année. En cas de prédécès soit de l'un, :

soit des deux enfants, la rente, à la mort de ma soeur, se cons-

tituerait inaliénable, soit par moitié, soit en totalité, selon le

cas. au profit de la fondation visée en mes précédentes dispo-

sitions.

« Je lègue pareillement à mon neveu Vallée (Frédéric) et à

sa femme Maria Delamarre et ce, pour en user conjointement,

une rente viagère de huit cents francs, qui sera, au décès de

l'un doux, constituée au survivant. '

« A la mort de l'un et de l'autre, le capital, resté intact,

passera en toute propriété à leurs descendants directs, ayant

lu Fondation Vallée

titre, au termes de la loi ; iL défaut de ces descendants, la rente,

ainsi qu'il est dit au paragraphe ci-dessus, se constituera ina-

liénable au profit de l'établissement projeté.

« Madame Delphine, veuve Mallon, est une des personnes

qui m'ont le plus aidé aux heures ditncilesde ma vie militante.

L'Ecole de Bicêtre surtout lui a beaucoup dû ; qu'elle reçoive

ici le témoignage de ma reconnaissance pour tant de services

rendus; je lui fais une rente viagère de six cents francs qu'elle

sera tenue d'accepter sous peine de manquer à )na mémoire;

à son décès, cette rente se constituera inaliénable au profit de

la nouvelle institution.

« Le capital nécessaire à la constitution de ces trois rentes,

nettes de tous droits, garanties par l'état, sera prélevé sur

mon avoir, argent ou valeurs mobilière, , et il est dans mes

intentions qu'elles prennent cours le jour de ma mort.

« Dans la pensée qu'elles aideront à la réalisation des dispo-

sitions qui précèdent et de celles qui vont suivre, j'institue

pour mes principales légataires mes deux nièces Blanche et

Zélie Dispan, filles de ma soeur Virginie.

« Je lègue à Blanche, femme Emile Beaujard, une rente

viagère de deux mille francs, nette de tous droits, dont le

capital, inaliénable de son vivant, passera son fils Hippolyte

Beaujard s'il lui survit; en cas de predeces de l'enfant, ladite

rente, à la mort de ma nièce, se constituerait inaliénable au profit

de l'établissement en projet, dont il convient, tout en donnant

satisfaction à mes sentiments de famille, que j'assure les condi-

tions d'existence.

« Je lègue également à ma nièce Zélie, femme Iiéyliztctt,

mère du petit unie même rente viagère de deux mille

francs, nette de tous droits, soumise aux clauses et conditions

qui viennent d'être énoncées, c'est-à-dire qu'en cas de pré-

décès du petit Claude, la rente passera inaliénable à l'établis-

sement des enfants idiots. Ces deux legs, à la charge, par mes

deux nièces, et ce, sur la quotité disponible de mon avoir :

« 1° De remettre, le jour de leur mariage, à chacune de mes

petites-nièces, filles de mon neveu Vallée (F'réctnic), une

somme de dix mille francs, nette de tous droits, soit vingt

mille francs pour les deux, dont les intérêts, tels qu'ils résulte-

ront du placement en titres sur l'Etat et payables par semestre,

leur seront servis il ! 'unc et id'autl'e j llsqu'aucli t jour, à pal'tir

de mon décès;

« 2° De remettre pareillement, lejour de son mariage, à ma

petite-cousine Louise Thibault, une somme de six mille francs,

Testament DE M. Vallée. LXIII

nette de tous droits, dont elle touchera les intérêts, ainsi qu'il .1

vient d'être dit, jusqu'audit jour.

« En cas de décès avant leur mariage, soit d'une ou de mes

deux petites nièces, soit de ma petite cousine Tltibaiclt, la

somme réservée au profit de chacune d'elles serait convertie

en rente inalidlahle et affectée au fonds de dotation de l'insti-

tution des enfants idiots. Lors du règlement de ma succes-

siou, il sera remis, etc

« Je voudrais faire quelque chose pour Cherbourg, ma ville

natale. Si le l'estant disponible de mon avoirlepermct, il en sera

distrait le capital nécessaire à la création , soit d'une, soit

de deux places fixes et gratuites à l'institution des enfants

idiots, destinées à des enfants pauvres, nés à Cherbourg ou

dans son arrondissement; c'est au Conseil municipal de

Cherbourg, ou mieux au Bureau de bienfaisance, qu'appar-

tiendra la désignation de ces deux places, et qui devra être

avisé par qui de droit lorsqu'une vacance se produira. Il est

désirable que le choix se porte autant que possible sur des s

sujets valides et educabics, quoique dépourvus de l'intelli-

gence ordinaire. « Ce testament remplace et annule celui que' `

j'avais fait il la date du 20 septembre 1873.

« A Nice, le dix-sept mai mil huit cent soixante-seize.

» Signé : H. Vallée. »

Codicille.

« Je porte à quatre mille francs de rente le legs fait à ma'

soeur, sous réserve des dispositions énoncées en mon testa-

ment. Il me parait d'ailleurs indiqué que ma soeur soit

instituée principale héritière au même titre que ses filles.

« L'examen de mes papiers devant lui prendre un certain

temps, revenant sur une des dispositions de mon testament,

je lui lègue en outre, en toute propriété, le mobilier de la

Ferme, rue de Benserade, n" 1 , et celui de l'appartement que

j'occupais à Nice. A mes nièces Blanche Beaujard et Zélie

Régn ialilt appal'tiendca le mobilier delà rue du Val-de-Grâce,

ne G, soit qu'elles en jouissent en commun, soit qu'elles s'en

fassent le partage. Il est dans mes intentions que les livres,

tableaux, etc., soient en majeure partie attribués aux écoles

de l'établissement spécial à organiser,

« Des deux filles de mon neveu Vallée (Fl'èdé1'ic), l'aînée,

1.IV Fondation Vallée

épouse de M. Charles Carie est tenue seule aujourd'hui pour

existante. Il n'y aurait donc point, par suite de son mariage, à

lui faire attendre le legs qu'il était dans mes intentions de lui

attribuer, etquc je porteàla sommedevingt-cinqmillefrancs,

payables dès qu'il se pourra, demandant, si la chose est léga-

lement admissible, qu'il soit fait réserve sur les vingt-cinq

mille francs, d'une somme de cinq mille francs en faveur de

son premier né. « Ma petite cousine Louise Thibault, au-

jourd'hui également mariée, n'aurait point non plus à attendre

le legs qui lui est personnel. »

« Codicille à joindre à mon testament : « Je confie le règle-

ment de ma succession à M. Renard, mon notaire, rue du

Quatre-Septembre, à Paris, avec M. Paul-Hubert Valleroux,

avocat, pour mon exécuteur testameutaire. »

Autre codicille.

« Voulant prouver uue dernière fois à M. et 1-e Otto

Baetge l'intérêt que j'ai toujours porté à leurs affaires, et ne

me souvenant que de ce que nos anciens rapports ont eu de

confiant et de cordial, je leur fais remise du montant du der-'

nier trimestre de leur location, soit d'une somme de quatre

mille deux cent cinquante francs.

« Fait à Paris, le vingt-deux juillet mil huit cent quatre-

vingt-quatre. Signé : Vallée. »

Autre codicille.

« Par suite des grands travaux qui viennent d'être exécutés

à Bicétre, le département se trouvant pourvu, c'est à l'Etat

qu'il conviendrait que l'institution de Gentilly fùt léguée,

s'ajoutant ainsi aux institutions de sourds-muets et pour les

aveugles qui composent en ce moment un fonds essentielle-

ment charitable et pédagogique. »

Autre codicille (Extrait).

« Nonobstant toute disposition antérieure, je laisse à ma

soeur le mobilier resté à la ferme, ne 1, rue de Benserade, à

Gentilly, et celui de Nice; le mobilier de la rue du Val-de-

Grâce, n° 6, est spécialement réservé à mes nièces, ses filles,

sous réserve des objets artistiques et des livres dont l'institu-

tion aura à profiter.

a Il entrerait dans mes vues que somme affectée dansmon

Testament DE M. Vallée. LV

testament, à l'installation de l'institution, servît à l'achat de

la propriété Lagneau qui lui est contiguë pour en faire partie

intégrante.

« Le 26 octobre 1885. Signé : Vallée, »

En marge est écrit : « 1° Signé par nous, juge, etc.- Signé :

C. Roy. «

« Je révoque la disposition donnant cinquante mille francs

au département ou à l'Etat. Alors, le département ou l'Etat

devra employer les loyers servis par M. Olto Baetge à la des-

tination marquée pour ces cinquante mille francs.

« Paris, le vingt-six octobre mil huit cent quatre-vingt-cinq

au soir. Signé : Vallée.

Ensuite est écrit : « Signé par nous, juge, etc. Signé :

C. 1 ? oY. «

Comme on le voit, M. Vallée donnait son institution

à l'Etat ou, à son défaut, au département. Par une

lettre en date du 13 juin 1886, adressée à M. le pré-

fet de la Seine, M. Sarrien, alors ministre de l'Inté-

rieur, au nom de l'Etat « déclara se désintéresser des

libéralités du sieur Vallée. »

Par une délibération en date du 27 décembre 1886,

le Conseil général a accepté le legs fait au départe-

ment de la Seine et a autorisé le préfet de ce départe-

ment à poursuivre par tous les moyens de droit la déli

vrance de ce legs, les héritiers, M. et 1-11 Régniault,

ayant fait opposition par un acte en date du 13 décem.

bre 1886 (1).

(1) Le Conseil général, vu le mémoire en date du G décembre 1886, par lequel

M. le Préfet de la Seine expose que par ses dispositions testamentaires M.

Vallée (Hippolyte-Tranquille), en son vivant officier d'académie, ancien chef

d'institution, ancien maire de Gentilly, décédé à Paris (cinquième arrrondis-

sement) le 4 décembre 1885, a légué au département de la Seine des rentes et

des capitaux divers, ainsi qu'une propriété et une ferme sises à Gentilly, à la

charge de fonder un asile-institution pour les enfants idiots pauvres. suscep-

tibles de perfectionnement; vu le testament olographe de M. Vallée en

date à Nice du 17 m"i et les codicilles aussi olographes en date à Paris des

31 mars 1884, 22 juillet t88'), 2G octobre 1885, lesquels actes ont été déposés au

rang des minutes de 1\t. Renard, notaire à Paris ; vu la lettre de M. le Minis-

tre de l'intérieur, en date du 30 juin 1886 énonçant que l'Etat renonce au béné-

fice du legs vu l'acte de décès du testateur; vu le plan des immeubles

lvi Fondation Vallée.

Dans la même séance du Conseil- général, M.-Robi-.

net a demandé, au sujet de l'acceptation du legs fait

par M. Vallée au département, à la charge de fonder

un asile-institution pour les enfants idiots pauvres,

susceptibles de perfectionnement, qu'il soit bien spé-

cifié que l'Administration no fera aucune installation

sans prendre l'avis do la 3'ne Commission. Les réserves

faites par M. Robinet ont été adoptées par le

Conseil.

Au mois de juillet 1887, l'Administration et le Con-

seil général décidèrent, en raison de l'insuffisance des

places dont ils disposent pour les jeunes filles idiotes

de leur affecter l'immeuble légué par M. Vallée. Voici

le texte de la délibération prise à ce sujet :

Le Conseil général, vu le mémoire en date du 29 juin -18S7,

par lequel M. le Préfet : de la Seine propose d'arrêter, en prin-

cipe, les conditions d'exécution du legs fait par M. Vallée, au

département d'un immeuble sis à Gentilly et devant être af-

fecté à une institution d'enfants idiots pauvres, autant que

possible valides, susceptibles d'éducation et pourvus dans une

légués : ensemble, le procès-verbal d'estimation dressé par M. l'Architecte eu

chef du département ; vu l'intitule de l'inventaire dressé, après le décès de 111.

Vallée, parM''7 ? pnard, notaire à Paris; vu la signification et mise en demeure

adressées aux héritiers, ensemble le procès-verbal de leur comparution devant

M° Delorme, notaire à Paris; vu la réclamation présentée le 20 novembre

188G, par M. Etienne RC(}I1¡.1ull, époux de la légataire universelle du testateur

tendant à obtenir l'abandon a sou profit d'une partie des legs faits au dépar-

tement : vn la lettre de M" Dnlornu·, notaire à Paris, ea date du 7 décembre

188G, faisant connaître approximativement lu montant des sommes qui reste-

ront en propre aux héritiers ; vu l'opposition signifiée le 13 décembre 188(i,

par 1- I : ollin; huissier à la requête de M. et )I· ? l7epniwlt pour que le dé-

partement ne soit pas autorisé à accepter le legs dont il s'agit ;

Délibère : Article 1 ? - Il y a lieu d'accepter aux charges et conditions

imposées, les legs au département dé la Seine et contenus dans les testaments -

et codicilles susvisés de M. Vaitrc. .

Art. 2. - M. le Préfet de la Seine est autorisé a poursuivre par tous les .

moyens de droit la délivrance de ce legs. ,

Ar,T. 3. M. le Préfet de la Seine est autorisé, en outre, à signifier congé,

à M. et iYI··° Otto Baetge, locataires du pensionnat tégnc, avant le 15 avril 1857·

de manière que le département puisse en prendre possession le 15 avril 1888,

c'est-à-dire à l'expiration de la période en cours, conformément aux inten-

tions du testateur. ,

Fondation Vallée. LVII

ceriaine mesure d'aptitudes professionnelles , vu l'extait du

testament de M. Vallée, délibère.

Article 1 ? - Il y a lieu d'installer dans l'immeuble, sis.

à Gentilly, dont le legs au département, fait par M. Vallée, a

été accepté par délibération du 27 décembre 1886, un service

de jeunes idiotes.

AItT. 2. La nouvelle institution recevra gratuitement et

exclusivement des enfants du sexe féminin dont l'état mental

présentera d'ailleurs les divers caractères imposés par le tes-

tateur.

1n'r. 3. - Cet établissement constituera une annexe de l'a-

sile des aliénés de Sainte-Anne au point de[vue administratif,

économique et financier, et les dépenses qu'entraînera son

fonctionnement seront annuellement comprises dans le bud-

get dudit asile. ' ,

Durant ce temps, le procès intenté au départe-

ment suivait son cours. Le tribunal civil de la Seine

prononça son jugement le 7 décembre 1888. En voici-

le texte : '

Le Tribunal civil de première instance de la Seine a rendu,

en son audience du 7 décembre 1888, entre le département de

la Soine et M. et M ? Otto Baetge, le jugement dont la teneur

suit : z

Le Tribunal,

Oui en leurs conclusions et plaidoirics Closset, avocat, assis-

té de Roche, avoue des époux Baetge, du l3etit, avocat, assisté

de Picard, avoué du Préfet ; le ministère public entendu,* <

après en avoir délibéré conformément à loi ; ·

Attendu que les époux Baetge, demandeurs, sont localai-

res aux termes d'un acte sous seing privé du 20 octobre l'882 ?

pour quatre, sept ou dix ans, à partir du 15 avril 1884, d'im-

meubles situés à Gentilly, aménagés pour une institution d'en-

fants dits arriérés et appartenant à Ilippolyte Vallée, au mo-

ment du bail, qu'il est dit dans ce bail que bailleur et preneur :

auraient un droit réciproque de résiliation entre chaque pé-

riode, à la charge par celui des contractants qui voudrait

user de ce droit d'en donner bon et valable avis un an au

moins avant l'expiration de la période;

Attendu que, suivant testament du 17 mai 1876, Vallée aie-

lviii Fondation Vallée,

gué les immeubles, dont s'agit à l'Etat ou au département de

la Seine avec charge d'y maintenir une institution pour les

enfants pauvres et arriérés ; que Vallée étant décédé le 4 dé-

cembre 1885, le Préfet, au nom du département, a accepté, le

legs contenu dans le testament du 17 mai 1six, a, le 13 avril

1887, donné congé aux époux Otto Baetge, pour le 15 avril 1888,

que les demandeurs critiquent ce congé ; qu'ils prétendent en

premier lieu que ce congé serait nul, faute d'avoir été signi-

fié par copies séparées, à chacun des époux Baetge, preneurs

conjoints et solidaires, aux termes du bail ; qu'ils préten-

dent en second lieu que le département, propriétaire éven-

tuel, ne pouvait, à la date du 1 : 3 avril 1887, donner congé, alors

que l'autorisation d'accepter ce legs n'est intervenue que le

26 mars 1888 ;

En ce qui concerne la nécessité d'une double copie pour le

congé, attendu que la double copie n'est exigée pourles exploits

que quand il s'agit d'une assignation introductive d'instance

entrainant un double appel devant la justice ; que l'exploit du

treize avril mil huit cent quatre-vingt-sept était un simple

avis donné dans les termes du bail du vingt octobre mil huit

cent quatre-vingt-deux :

Attendu qu'aux termes des articles 120G et 1208 du Code

civil, l'interpellation à un débiteur solidaire est présumée faite

à tous les débiteurs solidaires, que d'autre part et d'après

l'esprit du bail, les époux Otto Baetge, demeurant ensemble,

ayant des intérêts communs, prenant également part à la

direction de l'établissement, il suffisait d'nn simple avis porté

à leur connaissance pour mettre fin au bail ; que la dame

Baetge connu cet avis donné, puisque à la date du quinze

avril mil huit cent quatre-vingt-sept, trois jours après l'exploit

elle figurait dans une protestation faite par les époux Baetge

contre le congé en ce qui concerne le défaut de qualité du

département, simple propriétaire éventuel pour donner congé

valable.

Attendu qu'aux termes de l'ordonnance du douze avril mil

huit cent dix-sept et de la loi du dix-huit juillet mil huit

cent trente-sept, les administrateurs des départements, com-

munes, hospices ont le droit de faire les actes conservatoires

en attendant l'autorisation du gouvernement, pour l'accepta-

tion des dons et legs faits auxdits départements, communes,

hospices ; que le congé donné le treize avril mil huit cent qua-

tre-vingt-sept avait pour objet de conserver le droit de rési-

liation réservé par le bail au propriétaire de l'immeuble de

Fondation Vallée. LIX

Gentilly ; qu'on prétend, il est vrai, que le caractère des actes

conservatoires est de ne rien engager sur le fond du droit ;

que le congé du treize avril mil huit cent quatre-vingt-sept

était l'exercice d'une action servant au fond du droit même ;

pour ce qui était de l'expulsion à terme du locataire que la

conséquence de cette expulsion était l'annulation du bail

pour l'avenir, alors qu'il était incertain si le département

serait jamais substitué aux droits du bailleur ; -attendu que

si ce congé avait en effet un caractère conditionnel, il n'en

était pas moins l'acte conservatoire d'un droit certain que le

propriétaire, sous condition suspensive, avait intérêt à main-

tenir ; que le département de la Seine ayant été autorisé à

accepter le legs, l'autorisation réagit et donne aux actes con-

servatoires et conditionnels un caractère définitif; attendu

d'ailleurs, dans l'espèce, que l'autorisation administrative a

été retardée par les actes d'opposition faits par Otto Baetge

sans droits ni qualité.

\ Par ces motifs, déclare les époux Baetge mal fondés en leur

' demande, les en déboute et les condamme aux dépens, dont

Cistraction faite au profit de 11- Picard, avoué, qui la requiert

sous les affirmations voulues par la loi.

Signé : VANIER et Le BRisoys.

A la suite de ce jugement, une transaction eut lieu

entre 112 ? Règniault, soeur de M. Vallée, et le dépar-

tement. Elle fut approuvée par le Conseil général dans

sa séance du 28 décembre 1888. Voici le texte de cette

délibération :

Le Conseil général, vu le mémoire en date du 19 décembre

1888, par lequel M. le Préfet de la Seine expose que par une

pétition en date du 11 décembre 1888, Mme veuve P,egniault,

agissant en qualité de légataire universelle de M. Vallée,

déclare : '

10 Qu'elle acquiesce au jugement du Tribunal civil de la

Seine, en date du 7 décembre 1888, qui a reconnu au départe-

ment la qualité de légataire de ce dernier;

2° Qu'elle aurait à faire la délivrance de tous les legs;

3° Qu'elle ne s'oppose plus à ce que le département recueille

les jeunes idiotes dans l'immeuble légué, et demande qu'en

retour le département lui fasse les concessions suivantes :

Lt X Fondation Vallée.

'10 M"10 veuve R" ! 711Ùmlt conservera sa vie durant l'usufruit

de la ferme sise rue Bcnscrade, no 1 ;

2° Après sa mort, cet usufruit profitera encore pendant une

période de dix ans à ses héritiers en ligne directe, et à leur

défaut à ses gendres, d'après les dispositions testamentaires

que pourraient faire ses filles il cet effet, mais il l'exclusion de

tous collatéraux ;

3° Le département ne réclamera que quarante mille francs

une fois payés pour assurer la pension des deux enfants à la

désignation de la ville de Cherbourg.

Vu la pétition dont il s'agit; vu l'acte de décès de M.

7en.tantt. mari delà pétitionnaire; - vu les délibérations

prises par le Conseil général dans ses séances des 27 décem-

bre 1885 et 13 juillet 1887; vu le plan des immeubles légués

ensemble, le procès-verbal d'estimation dressé par M. l'Archi-

tecte en chef du département ; vu le mémoire complémen-

taire, en date du 24 de ce mois par lequel M. le Préfet de la

Seine demande à être autorisé à traiter avec M. Otto Baetge,

pour le cas où il demanderait à transiger ; Sur le rapport

de sa 3e Commission, délibère :

Article -1 Cl". Le projet de transaction ci-dessus

visé est accepté. En conséquence, M. le Préfet de la Seine

est autorisé il passer contrat avec j\lm" veuve Regniault, aux

conditions ci-dcssns indiquées. '

Tant. 2. Le Préfet de la Seine, est également autorisé

pour le cas où M. Otto Baetge demanderait à transiger à lui

accorder, pour déménager, un délai de six mois, à partir du

4 ? janvier ISSU. 11 est bien entendu que pendant cette période,'

M. Otto Baetge continuerait à payer les loyers au taux actuel

et que les agents et représentants de l'Administration auraient

la faculté de pénétrer dans l'immeuble, pour procéder à l'é-

tude des travaux à faire en vue de l'installation du futur éta-.

bassement départemental.

Par un décret daté du 26 mars 1888, et que nous

reproduisons, le Préfet de la Seine fut autorisé à ac-

cepter le legs Vallée.

Le Président de la République française, sur le rapport du

Ministre de l'Intérieur : vu les testaments et codicilles ologra-

phes du sieur 77pot;/fe-T'raque Vallée, en date des 9

Fondation Vallée. : LXI

mai 181G, : 3\ mars, 22 juillet 1881 et 26 octobre 1885;vu

l'acte de décès du testateur; vu la réclamation de l'unique

héritière naturelle et légataire universelle du sieur Vallée,

ensemble les renseignements recucillissurla situation de for-

tune de cette dernière ; vu l'opposition du sieur Baetge,

directeur de l'Institution des enfants arriérés deGentilly (Seine),

vu la lettre en date du 30 juin 1886, par laquelle le Ministre de

l'Inférieur, au nom de l'état, a déclaré se désintéresser des

libéralités du sieur Vallée; les délibérations du Conseil

général delà Seine- ; vu l'avis du Préfet de la Seine et géné-

ralement toutes les pièces de l'affaire ; vu l'article 910 du

Code civil et la loi du 10 mai 1838,

Le Conseil d'État entendu, Décrète :

Article premier. Le Ministre de l'intérieur, au nom de

l'Etat, est autorisé à renoncer aux legs faits par le sieur llip-

olie-To.at2qztille Vallée, suivant ses testaments et codicilles

olographes susvisés, à charge de fonder à Gcntilly (Seine), un

asile-institution en faveur des idiots pauvres, susceptibles

d'éducation.

PART. 2, - Lc Préfet de la Seine est autorisé à accepter les

legs faits à ce département par le sieuL'IIippolyte-Tl'anquilir.

Vallée. suivant ses testaments et codicilles susvisés et con-

sistant : 10 en une propriété sise il Gentilly (Seine) d'une valeur

estimative de 197.698 fr 5G; '20 dans le mobilier d'un pension-

nat estimé -lu5l fr. îo ; 3° en divers effets mobiliers; 4° dans

les loyers dus parles locataires du pensionnat ; 5° dans le

capital nécessaire pour l'acquisition d'un litre de rente 3 pour

100, sur l'Etat, de 600 francs, qui sera immatriculé, pour l'usu-

fruit, ai nom de la demoiselle Delphine Wallon; 6° et éven-

tuellement, dans les capitaux nécessaires pour constituer des

rentes viagères s'élevant à S,8U] francs, et une somme de

10,000 francs. Le tout à la charge d'établir, dans lapropriété

de Gentilly, un asile-institution en faveur des idiots pauvres,

susceptibles de perfectionnement.

Art. 3. Cet établissement constituera une annexe de

'asile des aliénés dj S,tintJ-A'1 : 1c, et tj3 dépenses qu'en traî-

nera son fonctionnement seront annuellement comprises dans

le budget de l'établissement.

Art. 4. Il sera statué ultérieurement sur les libéralités

faites par le sieur Vallée à la ville de Cherbourg, au bureau

de bienfaisance et à la caisse des écoles de Gentilly, et à la

Société de patronage des aliénés.

LXII Fondation Vallée.

ART. 5. Le Ministre de l'Intérieur est chargé de l'exécu-

tion du présent décret.

Fait à Paris, le 2G mars USSS.

Signé : C : 1RNOT, etc.

Certaines difficultés soulevées par les héritiers natu-

rels du défunt, ainsi que par son successeur M. Otto

l3aetge, qui dirigeait le pensionnat payant, ont été

aplanies, à la suite d'un jugement rendu par le Tribu-

nal civil de première instance de la Seine, et le dé-

partement a enfin acquis le droit d'agir en proprié-

taire.

Aux termes d'un arrangement conclu avec M. Baetge

le 7 mai 1889, ce dernier a obtenu, pour déménager,

un délai de six mois, à partir du premier janvier 1889,

soit jusqu'au 1 cr juillet (ou plutôt le 15 juillet, d'après

l'usage local) prochain, à charge toutefois de laisser

aux agents de l'Administration, qui auront Ù l'en pré-

venir trois jours à l'avance, la faculté de pénétrer dans

la propriété, pour procéder à l'étude des travaux d'ap-

propriation et de réparation indispensables. En deman-

dant cette faculté, l'Administration voulait mettre à

profit le sursis accordé pour dresser un projet d'après

lequel les ouvriers auraient pu être mis il l'oeuvre, dès

le 1 ? juillet, de manière à pouvoir installer les enfants

le 1 cr janvier 1890, « ce qui offrira, lisons-nous dans

une pièce du dossier, le grand avantage de remédier

à l'encombrement qui règne dans les divisions de fem-

mes des asiles de la Seine, en rendant à sa destina-

tion première le quartier de l'asile de Villejuif où

quatre-vingts petites filles idiotes occupent la place

d'adultes » .

III. Description de la propriété. Le domaine

légué par M. II. Vallée (voy. plan n° 1 ci-après) est

situé sur les coteaux qui dominent à droite la vallée

I

Description. LXIII

de la Bièvre. Son entrée principale est au coin de la

rue Benserade et de la ruelle Jean-Louis.. Il est limité

au nord par la rue Benserade, à l'est parla ruelle Jean-

Louis, qui le sépare d'une ancienne carrière aujourd'-

hui en grande partie comblée ; il est contigu au sud et

à l'ouest à des propriétés particulières. Il a la forme

d'un quadrilatère. Une propriété appartenant à M. X...

forme enclave dans ce domaine et l'interrompt dans

les quatre cinquièmes de sa largeur. Le terrain, dont

la superficie est de 1 hectare 86 ares 19 centiares,

descend en pente rapide de la ruelle Jean-Louis vers

Gentilly (1).

Le domaine se compose de deux parties : 1° en haut

l'ancienne institution qu'il s'agit de transformer; 2° en

bas une maison avec cour et jardin dont M"10 Regniault

conserve la jouissance.

1° L'ancienne institution, qui occupe la région la plus

élevée de la propriété, comprend deux groupes de bâ-

timents, l'un au coin de la rue Benserade et de la ruelle

Jean-Louis, l'autre à l'extrémité opposée de cette même

ruelle.

A. Le bâtiment principal (plan n° 1, A), parallèle

à la rue Benserade et flanqué d'une aile longeant la

ruelle Jean-Louis (plan, B, C), formée elle-même de

deux petites constructions, l'une à deux étages, l'autre

d'un seul étage mansardé, présente un rez-de-chaus-

sée et deux étages. La moitié Est de ce bâtiment est

très ancienne, avec son aile en retour; la seconde moi-

tié a été construite en 1858.

Rez-de-chaussée (voy. plan n° 2 ci-après). -A droite,

un petit vestibule, 1, et une salle d'attente, 2, une salle

(1) 18.9)9 mètres carrés Gi. Pensionnat : 13.G19 mètres carrés 92. ferme

5.299 mètres carrés 72.

LXIY Fondation- Vallée.

à manger, 3, puis, vers le jardin, l'ancien cabinet de

M. Vallée, 4.; en arrière, et communiquant largement

avec la salle à manger, existe une annexe, G, qui ser-

vait de réfectoires aux pensionnaires ; à gauche, l'an-

cien salon, 5; une chambre assez grande, 6, une salle

dont le sol est. en ciment, 7, et qui s'ouvre en arrière

sur une galerie établissant une communication entre

les deux groupes de construction, et, dans la partie

en retour, deux pièces séparées par un escalier étroit

et incommode.

Premier élngc (voy. plan n° 3 ci-après). - Nous trou-

vons : à droite, un couloir, sur lequel ouvre une cham-

bre aboutissant a deux dortoirs qui' se commandent

à gauche, quatre chambres assez grandes et, dans l'aile

contiguë, trois autres chambres.

Second étage. A droite, quatre chambres assez

grandes; à gauche, trois ; puis, dans l'aile, deux peti-

tes pièces. Tout cet étage est moins élevé que l'étage

inférieur.

Dans la cour, en face de la porte d'entrée, s'élève un

bâtiment composé d'une salle en contre-bas du sol,

et d'un étage ou l'on accède par un escalier extérieur

(plan non 3, D). A ce bâtiment en est accolé un autre

(plan, E) formé, au rez-de-chaussée, d'une chambre et

d'une assez grande pièce, séparées par un escalier

étroit et, au premier étage, de pièces semblables.

Ce bâtiment donne dans une cour où se trouvent -des

cabinets d'aisances, N (voy. plan n° 1).

Au-delà de celle cour s'élève un pavillon (plan n° 1,

F), édifié un peu avant la guerre, et qui a servi d'ha-

bitation personnelle à M. Vallée, alors qu'il avait cédé

son institution à M. Baetge. Il comprend : au-rcz-dc

chaussée, vestibule, escalier, salle à manger, salon,

DESCRIPTION. LXV

une chambre ; au premier étage, trois chambres assez

grandes et deuxpetites pièces et un water closet; au se-

cond étage, deux grandes pièces et une troisième plus

petite (voy. plan n° 2).

Du réfectoire du bâtiment principal part une galerie,

H, H, qui va longer la ruelle Jean-Louis, établit une

communication entre le premier groupe de construc-

tions et le groupe que nous allons maintenant décrire.

B. Ce groupe comprend : a) le service balnéo-hydro-

thérapique (plan n° 1, J) composé d'une petite salle

d'hydrothérapie, d'une chaudière et d'une salle de bains;

le tout mal éclairé et mal agencé (1) ; b) un grand

bâtiment perpendiculaire à la ruelle Jean-Louis (plan

n° 1, K), où l'on trouve : au sous-sol, une cave et des

calorifères; au rez-de-chaussée, le gymnasse, la cage

de l'escalier, un lavabo composé d'une auge et des

cabinets absolument obscurs ; c) au premier étage

(voy. plan n° 3, K), un couloir longitudinal sur lequel

ouvrent les cinq classes et plusieurs petites pièces de

chaque côté de l'escalier. Les classes sont éclairées

d'un seul côté. Leur porte est percée d'un carreau

étroit; leurs murs, ainsi que ceux du couloir, sont tapis-

sés d'images découpées dans des journaux illustrés.

Chacune des classes peut contenir 12 à 15 élèves.

Le rez-de-chaussée est traversé par un couloir qui

fait suite à la galerie, H, dont nous avons parlé (voy.

plan n° 2), et qui aboutit à un préau couvert faisant le

coin extrême de la ruelle Jean-Louis (plan, n° 2, L).

Devant ce préau s'étend une vaste cour bien plantée

et malheureusement entourée de murs élevés ne lais-

sant voir ni la campagne ni les jardins de l'institution

(voy. plan n° 1).

(1) Tous les appareils ont été enlevés par M. OttoBaetge auquel ils apparte-

naient. t.

Bourneville, Bicêtre, 1890. ?

LXVI Fondation Vallée.

Entre ces deux groupes de bâtiments, il y a un jar-

din anglais bien planté où se dresse un portique de

gymnastique.

En avant du jardin anglais s'étend le jardin potager-

Au coin de ce jardin et de la propriété X.. , le long

de la rue Benserade, se trouve un bâtiment désigné

sous le nom de Maison du Jardinier (plan, n" 1, M), et

composé, au rez-de-chaussée de remises, d'écuries,

etc., au premier, de trois pièces.

2° La seconde partie du domaine, désignée sous le

nom de ferme, est formée d'une maison d'habitation,

(plan, n° 1 , A, B, C), d'un vaste hangar et de granges,

etc. (plan n° 1, F, G, H).

Il n'existe de caves qu'au dessous des bâtiments

A, B, F et une partie du bâtiment K. Tous les bâti-

ments consistent en constructions mal agencées et en

général en assez pauvre état. Les étages sont bas, les

distributions défectueuses. Les constructions primi-

tives, d'après ce que nous a raconté M. Delasiauve,

étaient occupées par des religieuses. Les bâtiments

désignés sur le plan par les lettres G, E, II, J, K, L,

M, ont été élevés par M. 13aetge (voy. plan n° 1).

IV. Le dossier qui nous a été adressé renferme,

outre la lettre d'envoi, une note de la Direction des

affaires départementales à la Direction des travaux,

note traçant, dans des conditions difficiles, une sorte

de programme. Nous la reproduisons textuellement

dans ses parties les plus importantes :

« Comme on n'a pu encore visiter l'immeuble en détail, le

service des aliénés ignore même quel sera le nombre d'enfants

qui pourront y être reçus, il n'est en mesure de donner,

comme programme, que des indications très générales. Le

futur établissement doit, en tout cas, comprendre : une cuisine

avec logement pour le cuisinier et son aide; une lingerie,

il n'est besoin de prévoir ni buanderie, ni salle de pliage et

Description. LXII

de repassage, puisque le nécessaire sera fait par les soins de

l'asile Saint-Anne; une salle de couture, pour exercer les

petites filles au travail; - un vestiaire, qui, comme la lingerie

sera un simple dépôt des effets d'habillement tenus toujours

en état d'entretien et envoyés par l'asile;

« Une pharmacie avec tisanncrie -quatre magasins, savoir :

une boucherie, une cave, une paneterie, un magasin à épices

et comestibles; un logement pour le garde-magasin; - un

chantier à combustibles; quatre logements d'interne, dont

deux en médecine et deux en pharmacie ;

rit Un logement pour un commis d'administration et sa

famille ; trois logements pour une surveillante et deux sous-

surveillantes des enfants; - trois autres logements pour une

sous-surveillante et deux filles de service, qui seront chargées

de la lingerie et du vestiaire ; des logements pour un cer-

nombre d'infirmières, qui seront placées à proximité des dor-

toirs, et à raison d'une pour dix petites filles :

« Une écurie et un hangar; une petite salle pour dépôt

des morts; enfin, le mobilier; celui légué par M. Vallée et

évalué à 1590 francs environ seulement, paraissant devoir être

tout à fait insuffisant. On ne mentionne ici que pour mémoire

une loge de concierge et des salles de bains et d'hydrothérapie,

vu qu'elles existent déjà.

« Enfin, doivent être compris dans les travaux à exécuter

ceux afférents à la réparation d'une ferme, dont la jouis-

sance est laissée à la famille du défunt pour une durée de dix

années après la mort de M"10 Règniault, la soeur de M. Vallée.

Ces derniers travaux, évalués par M. Trllat, dans son rapport

en date du 24 octobre 1888, à 5.480 fr. G0, semblent pouvoir

être réduits; la convention passée avec 1\1 ? Régniault, à la

date du 14 mars 1889, porte en effet : « Que le département

de la Seine prendra exclusivement à sa charge les grosses

réparations qui seront nécessaires, sans que Mme Régniault

puisse réclamer aucune réparation locative ou de mise en état,

telles qu'elles sont définies aux articles 1719 et 1720 du Code

civil.

« Le Conseil général désire qu'il soit fait face à la dépense

de tous ces travaux au moyen d'une somme de 56.210 fr. 30

provenant des loyers, avec intérêts, recouvrés sur M. Otto

Baetge. Il faut s'attacher absolument à ne pas dépasser cette

ressource. »

LXVIII Fondation Vallée.

C'est ce programme, incomplet, pour les raisons

que nous avons indiquées, qui a servi de base à M.

l'Architecte pour dresser son projet. D'après lui, on

ne peut installer dans les locaux de l'ancienne insti-

tution' que quarante-quatre enfants (M. Baetge avait

cinquante pensionnaires). Le projet modifie, en maints

endroits, les affectations primitives. Cest ainsi qu'il

transforme le gymnase en classes et les classes en dor-

toirs. C'est ainsi encore qu'il affecte de nombreux

locaux à des logements pour un commis d'administra-

tion, pour deux internes en médecine, deux internes

en pharmacie, une surveillante, quatre sous-surveil-

lantes, un cuisinier, un garde-magasin, un concierge,

etc.

Dans la pensée de l'Administration, il était possible

de compter sur quatre-vingts places approximative-

ment.' Ce nombre étant réduit à quarante-quatre à la

suite des études faites par le service d'architecture,

nous nous trouvons en face d'une organisation très

dispendieuse. En effet, nous relevons l'énumération

suivante dans le dossier :

Organisation proposée. LXIX

bien que, assurément, l'ancien chef de l'institution

n'eût pas pour des malades payants un tel personnel,

s'il n'était pas facile d'arriver à une organisation plus

économique. '

L'énumération que nous venons de donner nous sug-

gère une autre remarque : c'est qu'il convient d'avoir,

dans une institution où il n'y a que des petites filles,

le moins d'hommes possible.

La fondation Vallée doit être à la fois un hospice et

une école. L'école doit comprendre et l'instruction

primaire spéciale et l'instruction professionnelle.

A cet égard, tout le monde est d'accord. En quoi doit

consister ce dernier enseignement ? En raison de la

population restreinte, nous sommes obligés de limiter

le nombre des métiers pour ne pas accroître les dépen-

ses. Alors, quels métiers choisir ? Le genre de malades

assistés nous l'indique : les métiers les plus simples,

les plus vulgaires : ménagère, couturière, blanchis-

seuse, repasseuse. Par conséquent, il faut modifier le

programme provisoire, où il est dit qu' « il n'est pas

besoin de prévoir ni buanderie, ni salle de pliage et de

repassage, parce que le nécessaire sera fait par les

soins de l'Asile clinique (Sainte-Anne). En second lieu,

la lingerie et le vestiaire, dans le programme, sont con-

sidérés comme un simple dépôt des effets d'habille-

ment tenu toujours en état d'entretien et renvoyés par

l'Asile clinique ». Il nous semble difficile que le trous-

seau de chaque enfant puisse être toujours en état si

l'Asile clinique en est chargé. La lingerie et le ves-

tiaire, suivant nous, doivent être au contraire, des cen-

tres d'enseignement. Que fera-t-on coudre etraccommo-

der aux enfants si ce n'est tout d'abord leur linge de

corps et leurs effets d'habillement ? .

Le projet indique des locaux pour une pharmacie,

LXX Fondation Vallée.

pour quatre magasins (boucherie, cave, paneterie,

épicerie et comestibles), qui tous seront alimentés par

l'Asile clinique. Or cette opération ne pourra se faire

qu'en donnant un cheval, une voiture, un cocher de

plus à cet établissement.

L'affectation de locaux à un concierge, à un garde-

magasin, à un cuisinier et à son aide, enfin à quatre

internes, et à un commis d'administration, réduit

encore considérablement l'espace réservé aux malades

et accroît énormément la dépense (1).

Nous nous contenterons de ces remarques qui mon-

trent que l'autonomie de cette fondation, que son ad-

ministration directe par l'Asile clinique auraient pour

résultat d'aboutir à un prix moyen de journée vérita-

blement exagéré.

C'est pour cela que nous avons été amené à exami-

ner si, profitant du voisinage de l'hospice de Bicêtre,

il n'y aurait pas moyen de faire faire par -Bicêtre,

pour la fondation Vallée, ce que fait l'asile de Vaucluse

pour la colonie d'enfants arriérés. Mais, avant d'entrer

dans cette voie, je crois utile, Messieurs, de soumettre

à vos votes- plusieurs conclusions dont la troisième

vise plus spécialement cette dernière proposition. C'est

après votre vote qu'il conviendra d'examiner en détail

l'organisation intérieure de la fondation Vallée, sui-

vant que vous lui accorderez son autonomie sous l'ad-

ministration directe de l'Asile clinique, ou que vous

confierez son administration à l'hospice de Bicêtre,

sous la surveillance et la direction de l'Asile clinique.

Quelle que soit d'ailleurs la solution que vous accep-

terez, il ne faut la considérer que comme provisoire,

car la question la plus importante restera résoudre,

(1) Il n'est pas affecté de locaux à l'infirmerie, aux agités, aux malades at-

teints d'affections contagieuses.

Organisation proposée. LXXI

à savoir l'étude des voies et moyens permettant une

utilisation, non pas incomplète comme celle dont il

s'agit aujourd'hui, mais une utilisation complète et

définitive du domaine légué par M. Vallée.

M. le Président rappelle que les conclusions du rapport

si net et si complet de M. le Dr Bourneville sont les sui-

vantes, et invite la Commission à se prononcer sur chacune

d'elles au sur et à mesure de leur lecture :

1° Maintien, après exécution des travaux de lessivage,

de nettoyage et de réparations urgentes, des bâtiments

tels quels avec leur affectation actuelle.

M. TRÉLAl1. J'estime qu'on ne saurait placer des

enfants dans les bâtiments actuels sansy apporter certaines

modifications et sans avoir abattu et reconstruit un certain

nombre de cloisons. Les pièces qui peuvent être affectées

à des dortoirs sont dans un état des plus misérables.

M. le Dr Bourneville. Je n'ignore pas que ces pièces

sont en mauvais état; cependant, elles peuvent être utili-

sées dès a présent, si l'on y fait des travaux de lessivage

et de nettoyage. Le plan de travaux présenté par M. l'Archi-

tecte, et dont je viens de vous entretenir, me paraît

entraîner des modifications tellement importantes et nom-

breuses, qu'il y a lieu d'attendre qu'une Commission, dont

je vous proposerai tout à l'heure la nomination, se soit

prononcée sur l'utilisation complète et définitive de cette

propriété avant d'adopter ce plan et les devis qui l'accom-

pagnent.

M. TuÉLAT. L'avant-projet dont vient de parler M. le

Dr Bourneville n'est que la traduction du programme,

assez vague d'ailleurs, présenté par l'Administration. Il est

évident, pour moi, qu'en raison de l'état de délabrement

des bâtiments et de la déclivité du sol, l'installation pro-

jetée dans ce local d'un service déjeunes filles idiotes néces-

sitera de notables dépenses.

LXXII Fondation Vallée.

A la suite de cette discussion, la proposition de M. le Dr

Bourneville est adoptée par la Commission. '

2° Affectation des locaux actuels à leur ancienne desti-

nation, en réduisant, s'il a lieu, le nombre des lits.

- Adopté.

3° Nomination d'une Sous-Commission composée de

quatre membres de la Commission de surveillance,

chargée d'étudier la destination qu'il aurait lieu de

donner à chaque local et d'indiquer, s'il a lieu, l'utili-

sation ultérieure du domaine.

Adopté.

La Commission, consultée, désigne 1\1;\1. Puteaux, Rous-

selle, le Dr Bourneville et le Dr Du M esnil pour faire partie

de cette Sous-Commission.

4° Mise à l'ordre du jour de la prochaine séance, du

rapport de M. le Dr Bourneville sur l'organisation inté-

rieure de cette fondation.

Adopté.

5° Soin laissé au Conseil général d'indiquer quelles

sont les modifications ou les transformations qu'il y

aura lieu de faire subir cette fondation, après expé-

rience pratique.

Adopté.

Dans la séance du 7 novembre 1891, nous avons

donné lecture du rapport ci-après. :

Messieurs,

Dans votre dernière réunion, vous avez nommé une

Sous-Commission composée de MM. Du Mesnil,

Puteaux, Rousselle, et du Rapporteur, chargée « d'étu-

dier la destination qu'il y aurait lieu de donner chaque

Organisation proposée. ` LXXIII

local des bâtiments entrant dans le legs Vallée et d'in-

diquer, s'il y avait lieu, l'utilisation ultérieure du

domaine. » De plus, vous avez décidé de mettre à

l'ordre du jour de votre prochaine séance « l'organi-

sation intérieure de cette fondation. »

Conformément à vos décisions, l'Administration a

convoqué la Sous-Commission à la fondation Vallée,

le 29 octobre. Un malentendu regrettable et des circon-

stances particulières ont empêché MM. Du 112esnil,

Puteaux et Rousselle de répondre à la convocation.

Avec MM. Roux, E. Trélat, Leclère et Ramolini,

nous n'en avons pas moins fait une nouvelle visite très

détaillée des divers bâtiments. Cette visite a montré

que, vu le mauvais état et la disposition défectueuse de

ces bâtiments, mieux valait s'en tenir,suivant la pro-

position que vous avez adoptée, au « maintien, après

exécution des travaux de lessivage, de nettoyage et

de réparations urgentes des bâtiments tels quels,

avec leur affectation actuelle. »

Toutefois, nous avons reconnu la nécessité d'abattre

quelques cloisons afin de réunir plusieurs pièces, de

percer quelques fenêtres, d'installer des lavabos, etc.

Il a été convenu aussi que M. le Directeur des affaires

départementales donnerait des ordres pour le commen-

cement immédiat des travaux etpour qu'il soitprocédé

par l'Asile clinique, à la mise en bon état des jardins

abandonnés depuis le mois de juillet.

M. Roux. - Il nous est d'autant plus facile de commencer

d'urgence ces travaux que le Conseil général nous a auto-

risés à les exécuter par imputation sur le produit de la

location de l'immeuble, montant à 55,000 francs environ.

Nous n'aurons à rendre compte à cette assemblée départe-

mentale que des dépenses faites dans la mesure qu'elle a

indiquée.

M. Rousselle. Il est du devoir de l'Administration

LXXIV Fondation VALLÉE.

de bien entretenir les propriétés départementales avec

les fonds votés à cet effet par le Conseil.

La Commission, consultée, adopte la proposition de la

Sous-Commission.

M. le D'' Bourneville reprend la lecture de son rapport :

Nous avons examiné avec M. Roux la situation que

nous avions simplement indiquée clans notre précédent

rapport et qui consiste, moyennant un prix de journée

à déterminer, à confier à l'hospice de Bicêtre l'entre-

tien et la nourriture des malades et du personnel de

la fondation Vallée. Nous avons constaté que ce

mode d'approvisionnement était facile, en ce sens que

la distance de la cuisine à la fondation est moindre

que la distance de la cuisine de l'asile à la colonie de

Vaucluse et aussi par l'installation qui doit être faite

prochainement d'un petit chemin de fer Decauville,

allant de la cuisine de Bicêtre à l'extrémité de la sec-

tion des enfants la plus rapprochée de la fondation

Vallée.

Nous avons examiné aussi les différents points rela-

tifs à l'organisation intérieure de ce petit établissement.

Comme il nous a été impossible de les discuter avec

nos collègues de la Sous-Commission et dans le but

d'arriver promptement à une solution, nous deman-

dons à l'Administration, si le représentant du conseil

général à la Commission de surveillance n'y voit pas

d'inconvénients, de convoquer la Sous-Commission le

jour où la Commission d'assistance publique du Con-

seil général fera sa visite au quartier des aliénés de

l'hospice de Bicêtre et à la fondation Vallée. Si cette

proposition était agréée, nous pourrions nous enten-

dre sur toutes les mesures à prendre pour utiliser et

organiser le plus tôt possible cet important domaine,

et nous serions en mesure de vous apporter, à la pro-

chaine séance, des propositions fermes.

Organisation PROPOSÉE. LXXV

M. Rousselle. C'est avec le plus grand plaisir que

les membres de la 3° Commission du Conseil général ver-

ront les membres de la Sous-Commission visiter, en leur

compagnie, Bicêtre ci la fondation Vallée.

M. Caron. Quelle est. approximativement, la distance

qui sépare Bicêtre de 1 : . colonie projetée de jeunes filles ? P

M. le Dr Bourneville. Cette distance est moins

grande que celle qui sépare Vaucluse de sa colonie. Il

peut y avoir 500 mètres des cuisines de Bicêtre à la fon-

dation Vallée ; mais cette distance n'est plus que de 150

mètres si on la calcule du mur extérieur de l'hospice.

M. Roux. Entre le mur de Bicêtre et la fondation

Vallée, il n'y a que la rue à traverser. Cette distance ne

serait même que de 100 mètres environ si on autorisait le

prssage sur une languette de terre qui se trouve entre

deux chemins.

M. le Président. Et le personnel, par qui serait-il

nommé ? P

M. le Dr Bourneville. Cette question est encore à

élucider. Ce personnel pourrait toutefois être choisi, partie

parmi le personnel de Bicêtre qui sait déjà quels sont les

soins qu'il convient de donner aux enfants et possède une

instruction pédagogique spéciale, et partie parmi les élè-

ves diplômées de l'Ecole départementale d'infirmiers et

d'infirmières de l'Asile clinique.

M. le Président. Quelle catégorie d'enfants placera-

t-on dans cette institution ? ' ?

M.Roux.- La fondation Vallée, à Gentilly, remplirait,

il l'égard des jeunes filles idiotes ou arriérées, le rôle que

la colonie de Vaucluse remplit actuellement à l'égard des

garçons, c'est-à-dire que les jeunes filles susceptibles

d'amélioration y seront envoyées. Les gâteuses et les

LXXVI Fondation Vallée.

incurables continueront, comme parle passé, à être dirigées

sur la Salpôtrière.

Enfin, dans la séance du 5 décembre 1886, nous

avons exposé en ces termes le plan d'organisation de

la Fondation Vallée, au nom delà Sous-Commission.

Messieurs,

Nous venons aujourd'hui, dans ce nouveau rapport,

vous exposer les résultats de la visite faite le 14 novem-

bre, avec la Commission d'assistance publique du Con-

seil général, par votre Sous-Commission chargée d'é-

tudier l'organisation intérieure de la fondation Vallée.

Administration. - Conformément à une délibéra-

tion du Conseil général que nous avons reproduite, la

fondation Vallée sera considérée comme une annexe

de l'Asile clinique, qui inscrira à son budget, dans un

chapitre spécial, le budget de la fondation. Le Direc-

teur de l'Asile clinique sera chargé de l'inspection, de

la surveillance, de l'installation et de l'entretien du

domaine.

Les frais de première installation (mobilier, lite-

rie (1), sommiers (2), matelas, couvertures, trousseaux,

tables, chaises, etc.) seront prélevés sur le crédit dis-

ponible, provenantdcs loyers payés parM. O. l3rlete. Ils

seront fournis, suivant une délibération antérieure du

Conseil général par le Magasin central des hôpitaux.

Une partie du mobilier scolaire pourra être fabriquée

par les ateliers des enfants de Bicêtre, contre rem-

boursement par le Département.

M. Roux. - f. le Dr Taule, directeur de l'Asile clinique,

(1) Il convient de prendre des lits de différentes dimensions, en harmonie

avec les tailles dilférentes des enfants.

(2) Ils devront être à lames métalliques.

Organisation PROPOSÉE. LXXVII

est tout disposé à faire ce qui lui sera demandé par le

Conseil général et par la Commission de surveillance;

mais il craint que l'annexion de cette fondation à l'établis-

sement qu'il dirige ne fasse incomber sur lui une grande

responsabilité. Il demanderait donc à être déchargé de la

surveillance et de la direction de cette fondation dont il

est éloigne de plus de 4 kilomètres, et qu'il ne pourrait

pas visiter tous les jours. J'ai, en conséquence, pensé que,

tout en inscrivant au budget do l'Asile clinique le prix de

journée à payer par le Département à l'Assistance publique

pour l'entretien de ces enfants, il convenait :

1° De laisser au médecin en chef la responsabilité qui

lui incombe vis-a-vis delà loi, au point de vue de la tenue

des registres et de la délivrance dos certificats;

2° De confier au Directeur de Bicêtre la direction inté-

grale de cette annexe, sous l'autorité du Directeur de

l'Assistance publique.

En un mot, M. le Directeur de Bicêtre aurait, à l'égard

de cette nouvelle fondation et de son domaine, les mômes

pouvoirs qu'il possède déjà sur la section des idiots confiée

aux soins médicaux de M. le D'' Bourneville.

M. le Dr BounxEViLLE. Je ne fais aucune opposition

à ce que ma proposition soit modifiée dans ce sens, si MM.

les Directeurs de l'Assistance publique et de Bicêtre

veulent bien, ce dont je ne doute pas, se prêter à la combi-

naison proposée par M. Roux.

M. le PRÉSIDENT.Tout en tenant compte des scrupules

de M. Taule, je ne puis m'empêcher de lui faire ob-

server qu'il résulte, du rapport même de M. le D'' Douze-

ville, « que le Directeur de l'Asile clinique ne sera chargé

que de l'inspection, de la surveillance, de l'installation,

de l'entretien du domaine. » Une lui incomberait donc, ce

me semble, aucune responsabilité de la part de l'Institution

des jeunes filles idiotes. '

M. le Dr Taule. -.T ferai remarquera M. le Président

que cette fondation devant être considérée comme une

LXXVIII Fondation Vallée.

annexe de l'Asile clinique, j'endosserais forcément l'entière

responsabilité de ce qui pourrait s'y passer, bien que je n'en

sois pas le Directeur réel, si par une décision spéciale,

cette responsabilité n'est reportée sur une autre personne.

M. BAILLY. -J'ai lu dans le rapport de 1\I. le D'' Bo t7, ? -Le-

ville « que, conformément à une délibération du Conseil

général, la fondation Vallée sert considérée comme une an-

nexe de l'Asile clinique. » J'ignorais que le Conseil général

eût déjà statué sur cette question; mais je crois qu'il im-

porte de bien préciser le caractère purement économique de

cette annexion, caractère que le Conseil général a entendu

donner à sa décision. Il est essentiel, en effet, que plus

tard il ne soit pas possible à qui que ce soit, de prétendre

que la fondation Vallée relève de la Faculté de médecine

et par suite du Ministère de l'Instruction publique, qui

pourrait bien avoir l'idée d'en confier le service médical

à l'un de ses professeurs de la clinique des aliénés. Si cela

devait arriver un jour, faudrait-il encore que le Conseil

général soit appelé à apprécier l'extension à donner à sa

première décision. Je crois donc qu'il importe de bien

expliquer que l'annexion ou le rattachement à l'Asile clini-

que n'aura lieu qu'au point de vue purement économique

et administratif.

M. le Dr BounNEViLLE. Jusqu'à présent, le Ministère

de l'Instruction publique n'est jamais intervenu, que je

sache, dans les affaires de l'Asile clinique. Je ne pense

donc pas qu'il veuille intervenir dans les affaires de la

fondation Vallée.J'ajoute toutefois qu'en intervenant il

ne ferait que son devoir. Depuis le vote de la loi sur l'ins-

truction obligatoire, tout ce qui est enseignement devrait

être surveillé par lui. Or, à la fondation Vallée, on tâche-

ra d'y instruire des enfants, comme on le fait déjà à la

colonie de Vaucluse et dans les sections 'enfants de

Bicêtre et de la Salpêtrière. En faisant inspecter ces éta-

blissements par ses agents, au point de vue de l'application

de la loi sur l'enseignement primaire, le Ministère de Tins-

Organisation proposée. LXXIX

truction publique ne ferait que se conformer à la loi. Tout

autre genre d'intervention ne nous paraîtrait pas justifié.

M. 13AILLY. Ce n'est pas au point de vue de l'inspection

des écoles que je crains l'ingérence du Ministère de l'Ins-

truction publique, dans cette fondation, mais à cause, de

la direction du service médical que le Conseil général n'a

pu vouloir abandonner dès à présent à la Faculté de

médecine. Jocroisqu'il est de notredcvoirdorëscrvcr cette

direction à nos docteurs des asiles et de le dire.

M. le fy Bourneville. Je continue la lecture de mon

rapport.

L'Assistance publique, par l'intermédiaire de l'hos-

pice de Bicêtre, sera chargée de l'approvisionnement

de la fondation : alimentation, pharmacie, chauffage,

remplacement du linge et des effets d'habillement

constituant les trousseaux, du blanchissage, jusqu'à

l'organisation d'une buanderie, d'une lingerie et d'un

atelier de couture à la fondation, etc. Tout le mobilier,

dont il sera dressé un inventaire, restera à l'asile défini-

tif. Tous les trois mois, le Directeur de l'asile clinique,

le Médecin de la fondation, le Directeur et l'Econome

de Bicêtre se réuniront pour examiner toutes les affai-

res concernant l'établissement. Le Directeur de l'Asile

clinique donnera régulièrement, à chaque séance de

la Commission de surveillance, des renseignements

sur le mouvement de la population et, à l'occasion,

lui fera connaître les décisions prises lors de la réunion

trimestrielle.

La surveillante sera chargée de la confection et de

la tenue en bon état des dossiers, de la copie de la cor-

respondance, de la préparation des certificats, etc.

Service médical. Le service médical sera confié

au personnel de la section des Enfants de Bicêtre jus-

LXXX Fondation Vallée.

qu'à la construction de l'établissement définitif. Il con-

viendrait, afin d'assurer son bon fonctionnement, de

réclamer à l'Assistance publique un second interne

titulaire pour la section des enfants de Bicêtre et d'or-

ganiser un roulement entre les deux internes titulai-

res et l'interne provisoire de cette section, dans le but

de répondre à l'appel, en cas d'urgence, et pour faire

la garde de nuit. La dépense occasionnée pourrait ren-

trer dans le prix de journée payé à l'hospice ou être

l'objet d'une indemnité à déterminer.

Service de la pharmacie. Les médicaments se-

raient fournis et préparés parla pharmacie de l'hospice.

Une indemnité serait accordée à la collectivité des inter-

nes en pharmacie, par exemple 400 francs.

Personnel secondaire. Nous pensons qu'il serait

bon d'adopter un cadre analogue à celui de l'Assistance

publique : surveillantes, sous-surveillantes, suppléan-

tes, premières infirmières, simples infirmières, et de

ne donner de l'augmentation dans chaque grade qu'au

sur et à mesure de l'accroisscmcnt de la population et

des services rendus. En conséquence, nous proposons

l'organisation suivante :

1° Pour l'école : 1 surveillante de 2" classe chargée

de la sous-direction de la fondation et qui ferait le tra-

vail de bureau, d'ailleurs peu important. En raison de

l'obligation d'avoir une personne au courant des con-

naissances pédagogiques spéciales, indispensables

pour l'enseignement des enfants, il est nécessaire de

faire appel à l'une des sous-surveillantes de la section

des enfants de Bicêtre ; 2 suppléantes.

2° Pour Y enseignement professionnel, jusqu'à nouvel

ordre : 1 suppléante couturière.

3° Pour le service des salles : 4 infirmières de jour ; 1

infirmière de nuit (l'° classe).

ORGANISATION ? LX*Mi

pju" le réfectoire : 1 fille d'office aidée d'ailleurs par.

les. infirmières des salles. .

4° Pourles. bains : 1 baigneuse.

5° Pour l'infirmerie : 1 première, infirmière.

M. Roux. Nous n'avons pas de suppléantes dans nos-

asiles. '

M. le Dr BOURNEVILLE, - Puisque ce service sera r,tta-

ché a Bicêtre, je crois qu'il y a lieu d'admettre, cet emploi.

La suppléante, d'ailleurs,outre le soin qui lui incombe de

remplacer la sous-survcila;ite en cas de besoin, a aussi

des attributions spéciales dans le service des malades.

L'introduction de ce grade dans le personnel des asiles-

est désirable. S'il n'y a pas d'autres observations, je, vais,

reprendre la lecture de mon rapport.

Il conviendrait, aussi d'avoir un jardinier et il y au-

rait, croyons-nous, intérêt à ce qu'il fut logé dans le

pavillon du concierge et non dans le fond du jardin,

parce qu'il serait ainsi à proximité des dortoirs des

enfants en cas d'accident la nuit. 11 y. aurait aussi avan-

tage à ce qu'il fût marié, car sa femme pourrait, être,

utilisée, et il y aurait plus de garantie au.point de vue

de la sécurité administrative.

Il va de soi que ce personnel devra être pris, non

d'emblée, mais progressivement, d'après le moule-

ment de la population. Il pourrait être recruté en par-

tic parmi les élèves diplômées des hôpitaux, en partie

parmi les élèves diplômées de l'École départemen-

tale de l'Asile clinique. Il doit être entendu, que les

années de service passées soit dans les. établissements

de l'Assistance publique, soit dans les asiles., devront

être comptés plus tard pour la pension de repos.

Comme nous ne sommes pas fixés sur le chiffre

exact des lits, il s'en suit que ce cadre ne peut être

que provisoire. Il en résulte aussi qu'il conviendra, la

Bourneville, Bicêtre. 1890. *»♦ ?

lxxxii Fondation Vallée.

seconde année, en cas de bons services, d'élever

une ou plusieurs suppléantes au grade de sous-surveil-

lantes. Plus tard, encore, l'érection d'une buanderie,

avec salle de pliage et salle de repassage amènera à

modifier ce personnel.

Afin de compléter ces installations, il sera nécessaire

de trouver un petit vestiaire pour le dépôt des vête-

ments des enfants à leur arrivée et pour celui des vête-

ments des décédées ; une infirmerie, une salle d'isole-

ment pour les maladies contagieuses, enfin deux ou

trois cellules. La multiplicité des chambres rendra le

choix assez facile. Ce choix sera fait plus utilement

lorsqu'on aura pris possession de la fondation. Nous

rappellerons que l'ancien cabinet de M. Vallée pourra

servir au médecin et qu'il est assez vaste pour qu'on

y dépose les livres et les documents laissés par le do-

nateur.

L'organisation que nous venons de décrire ne doit

avoir qu'une durée aussi limitée que possible. En effet,

elle n'utilise que très imparfaitement le domaine, qui

se prête à une installation beaucoup plus sérieuse.

Telle qu'elle va être, elle ne permettra pas d'évacuer

le quartier de l'asile de Villejuif qu'on a dû consacrer

aux petites filles idiotes. L'insuffisance des lits pour

cette catégorie de malades, la nécessité de rendre le

quartier de Villejuif aux femmes aliénées oblige l'ad-

ministration départementale à se préoccuper dès main-

tenant de la création d'un asile pour les enfants idio-

tes. La propriété léguée par M. Vallée nous parait

fournir une occasion propice et aider à la solution.

L'acquisition d'une propriété peu importante, encla-

vée dans celle du Département, procurerait une su-

perficie suffisante pour l'établissement d'une section

de 300 enfants. D'autre part, si cette acquisition ne

peut être effectuée, le Département pourrait vendre

Organisation. LXXXIII

la ferme et acheter les terrains compris entre la fon-

dation, la rue Benserade et le chemin de l'IIay. Ces

terrains, constitués par d'anciennes carrières qu'on

est en train de combler, se trouvent l'extrémité-de

la commune et par conséquent seraient sans doute

d'une acquisition relativement peu coûteuse.

Ces questions devront être examinées promptement

par la Commission de surveillance et le Conseil gêné- '

rai, et, dès que la décision aura été prise, il convien-

dra de s'occuper du programme de l'établissement

définitif. A partir de sa construction, qui pourrait se

faire en deux ou trois aimées, le nouvel asile devra,

avoir son autonomie et ne dépendra plus aucunement;

de l'hospice de Bicêtre ni de l'asile clinique (Ste-Anne).

M. le Président. - Vous venez, messieurs, d'entendre

la lecture de l'intéressant rapport par lequel M. le Dr

Bourneville propose :

1° L'utilisation immédiate des locaux actuels sous.

l'administration du Directeur de l'hospice de Bicêtre. eut

moyennant le payement il l'Assistance publique, par l'en-,

Ironise du Directeur de l'asile Sainte-Anne, d'un prix de.

journée il déterminer;

2° L'étude il bref délai d'un programme pour laçons-- ·

truction sur ce domaine d'un établissement autonome, ..

destiné à l'entretien de 300 jeunes filles idiotes ou arriérées.

Je crois que nous sommes tous d'accord sur l'adoption ,

de ces conclusions.Je donne toutefois la parole à qui voudra

présenter des ohsenal : JI1S.... Personne ne demandant

laparolc,je mets ces conclusions auxvoix.Lesconclusions

du rapport de M. le ho Bourneville sont, à l'unanimité des

membres présents, adoptées par la Commission.

Pour compléter les renseignements qui précèdent,

nous croyons utile de reproduire les instructions sui-

vantes adressées par M. PEYRON à M. Pmov, directeur

de Bicêtre.

LXÎrIV' FONDATION' VALLÉE.

Paris, lé 22 janvier 1890,

Monsieur le Directeur, .

M. Vallée, propriétaire d'une institution déjeunes filles-'

idiotes et arriérées, située à Gentilly, rue Benserade, à1

proximité de l'hospice de Bicêtre, a légué en mourant, son

établissement au département de la Seine, sous la condi-

tion que son affectation spéciale lui soit conservée. ,

La Commission de surveillance des asiles publics d'allé ?

liés -de'la Seine, et la 3me commission du Conseil général,,

ont' décidé qu'en attendant la création d'un établissement'

définitif pouvant recevoir 300 enfants, il y avait lieu d'ut'i-"

lisèr1 provisoirement l'institution telle qu'elle a été léguée '

et de l'aménager de façon il y hospitaliser 40 petites1 filles'.

D'autre part et conformément au projet de M. le De

Bourneville, adopté par la Commission de surveillance et

le Conseil général, il a été convenu entre l'Administration

et la Préfecture' de la Séiné, que les services économiques''

de l'Institution seraient assurés par l'hospice de Bicêtre,'

contre remboursement d'un prix de journée égal à celui

que nous paie le département, pour chaque aliéné entre-'

tenu dans notre quartier d'hospice. Je vous adresse en'

conséquence mes instructions à cet égard.

Votre service d'Economat sera chargé de la nourriture des; ·

enfants, de leur entretien, de leur chauffage et de leur éclai-

rage, en un mot de tout l'approvisionnement de l'Institution; z

D'un autre côté, le service médical de cet établissement'

sera confié au personnel de la Section des enfants dé Bicè-

tre, et, pour pouvoir établir un roulement de garde de jour'

et de nuit, un second interne titulaire sera adjoint à ce'

personnel. Vous serez chargé de payer le personnel médi-

cal 'supplémentaire ainsi que le personnel secondaire.

Ce personnel comprendra : 1° pour l'école, une slirveil-

lante et deux suppléantes; - 2° pour l'enseignement profes-

sionnel, une suppléante; 3° pour le service des salles,

quatre infirmières de jour, une infirmière de nuit; - pour

le réfectoire, une fille d'office; - 4° pour les bains, une

baigneuse ; 5° pour l'infirmerie, une infirmière ; 6° un

jardinier dont la femme servira de concierge.

t nJ;l(¡rA}.J ? 4-'F ! PN...t ! fP'

En tout quatorze sous-employés pu serviteurs. dont les

.gages s'élèveront à un total de 5.160 fr,. niais, qui ne seront

. nommés qu'au sur et à mesure des besoins. '

Ce perspnnel seraplaçé sous votre autorité immédiate au

...même titre que les sous-employés et serviteurs derhospice.

Aux termes des conventions survenues entre l'Assistance

( publique de Paris et l'administration départementale, les

.frais d'entretien des enfants de l'Institution Vallée nous

seront remboursés à raison de 2 f, 20, prix de journée qui

, : nous est payé pour les .aliénés du quartier dé, Bicôtre.

Vous aurez en conséquence, à la fin de chaque triiues- : tre. à produire à la division des hôpitaux et hospices, en

;même. temps que les états trimestriels de la. dépense, des

..aliénés de Bicêtre, un état spécial ,et nominatif pour les

, .enfants de l'institution Vallée., état calculé à raison -de 2 ? ·,

.20 cent, par enfant et par. journée de présence. ,- - ' . ,

Ces enfants ne seront jamais admises directement. Elles

passeront toites par le bureau d'lad,rh.i,s'sion dé l'asile. Sq4nte- ? jeune : l'Institution Vallée, pendant toute la durée "de

son fonctionnement provisoire, ne sera, en .effet,, .qu'une

; : division de l'asile de la;rue Caloauis, où, par conséquent

...sera tenu le registre prescrit, par la loi de 1838. '1;#1' .HH.e,

c'est le directeur de cet asilb qui aura : lasury,ejJJ'rXçè,¡ f}.u

, .domaine, de l'établissement. -"

En ce; qui concerne le fonctiOl)11eOJ¡ept, de institution

. ,et les intérêts -même de la fondation, un comité se réunira

, tous les trois, mois pour étudier les mesures à prendre.

t La commission de surveillance a, demandé , que le Direjc-

, : tejlr.et J'Ec,o,nomede. 131cêtre fussen, mempr;es d,cè ç,9,W,ité

dont feront partie : le Directeur de l'Asile Sain,to : -A-j,1ne,;et

, e.,mçdeciy de l'Institution. - Je vous autorise ainsi- que

votre Econome à accepter ces fonctions;et à,prendre : part

. aux délibérations.

, M. le Préfet delà Seine m'informe que les travaux d'ap-

propriation et de nettoyage de l'Institution Vallée seront

. terminés à la fin du. présent mois.

Il s'agit par conséquent, pn..ce. iq ! tti vous concerne, de

vous préparer à assurer le fonctionnement du nouvel éta-

,¡; blisse.me.ntdès l.espremienjpur ? d\1..I1lQis;prop,ba.in.

lxxxvi Fondation Vallée. '

Il est urgent d'autre part que vous preniez livraison du

mobilier existant dans la maison et, qu'au préalable, vous

dressiez l'inventaire. Vous procéderez à cette opération de

concert avec M. le Directeur de Sainte-Anne, qui Vous

indiquera le jour et l'heure auxquels il pourra se mettre

it votre disposition.

Je vous autorise à correspondre directement avec lui il

ce sujet. Vous examinerez ensemble les réparations néces-

saires à la mise en état dudit mobilier et vous ferez faire

sans retard ces réparations par les ateliers des enfants de

Bicétre. , '

Le mobilier ainsi inventorié, sera évidemment insuffi-

sant. Vous aurez, en conséquence, en prenant les avis de M.

le Directeur de Sainte-Anne et les conseils de M. le docteur

Bourneville,. spécialement en ce qui concerne le mobilier

scalaire, à dresser un devis de l'ameublement complémen-

taire en basant vos prévisions sur unc population de 20

enfants seulement, chiffre pour lequel, selon les instruc-

tions de M. le Préfet, le nouvel établissement devra tout

d'abord être aménage.

C'est à M. le Directeur de l'Asile Sainte-Anne qu'il

appartiendra de faire approuver ce devis par M. le préfet

de la Seine. Mais, lorsque l'approbation aura été obte-

nue, vous devrez dresser deux états que vous m'adres-

serez et qui m'indiqueront, l'un, les meubles qui pourront

être fabriqués par les ateliers des enfants, et l'autre les

objets mobiliers qui devront être fournis par le magasin

central des hôpitaux, contre remboursement par le budget

de la Fondation. Je vous prie de m'accuser réception de

cette lettre.

Recevez monsieur le Directeur, l'assurance de ma con-

sidération distinguée.

. , . Le Directeur de l'Administration :

Signé : Peyron.

Indemnité au médecin de Bicêtre chargé de la direction

du Service médical de l'Institution Vallée.

L'extrait suivant du procès -verbal du Conseil de

SERVICE médical. LXXXVII

surveillance de l'Assistance publique nous a paru trou-

ver naturellement sa place ici.

M. RISLER, rapporteur, expose que M. le Préfet de la

Seine estime qu'il convient d'attribuer au médecin chargé

de la direction du Service médical de l'Institution Vallée

une indemnité en rapport avec l'importance de ce service,

indemnité qui serait fixée a 2.000 fr. et qui se trouverait

comprise dans le prix de journée payé par le département.

M. le Rapporteur reconnaît que l'allocation demandée est

légitime, mais il fait observer que le prix de journée de

2 fr. 20 payé par le Département ne couvrirait l'Assistance

publique de toutes ses dépenses que si l'Institution comp-

tait au moins 50 enfants ; par conséquent, la Commission

est d'avis qu'il n'y aura lieu d'accorder l'indemnité deman-

dée que le jour ou l'Institution renfermera un chiffre déter-

miné d'Enfants, par exemple 55.

M. le Directeur pense qu'il est bien difficile de fixer à

l'avance le chiffre des enfants qui devront se trouver à

l'Institution pour qu'une indemnité soit aceordée au méde-

cin, et insiste d'une façon toute particulière pour que

l'indemnité soit votée en raison surtout de la difficulté des

communications entre l'Hospice et l'Institution Vallée.

M. DUIIRIS : 11' fait observer que, quel que soit le nombre

d'enfants, le dérangemeent est le même pour le médecin.

M. Goupy croit que, sans fixer à l'avance le nombre d'en-

fants, on pourrait dire que l'indemnité sera payée au mé-

decin le jour où le nombre des enfants hospitalisés à l'Insti-

tution Vallée aura été porté à un chiffre suffisant pour

qu'il ne résulte de l'allocation de cette indemnité aucune

dépense à la charge de l'Assistance publique.

M. le Rapporteur déclare que la Commission accepte la

modification proposée par M. Goupy.

Les conclusions de la Commission sont mises aux voix

et adoptées. En conséquence, le Conseil adopta l'avis sui-

vant : z

LXXXVin Fondation Vallée.

' Le Conseil, - Vu la lettre par laquelle M. le Préfet de

la Seine fait savoir que le nombre des enfants que doit

recevoir l'Institution Vallée sera porté très-prochainement t

à 60, et propose d'attribuer au Médecin chargé delà Direc-

tion du service 'médical de cette Institution, une indeni-

riité de' 2.000 fr. sur le rapport de sa Commission.

Emet l'avis : Qu'il y a lieu d'accueillir les propositions

r t1é I. le Préfet de la Seine et d'attribuer une indemnité

'dei 2.dOOfr. au médecin de l'hospice dcBicctre chargé de

'la 'direetion du service médical de l'Institution Vallée,

'lorsque le nombre d'enfants de l'Institution Vallée aura

"été porté à un chiffre suffisant uour qu'il ne résulte de l'al-

' location de cette indemnité' aucune dépense à la charge

de l'Administration de l'Assistance Publique.

Le Conseil de surveillance trouvait juste d'allouer

immédiatement une indemnité au directeur, à l'éco-

nome, etc. Quant au médecin, il l'ajournait à des temps

meilleurs.

Histoire de la Fondation Vallée en 1890.

Tous les ans la préfecture de la Seine publie uu

'Rapport général sur le service des aliénés. Dans ce

rapport figurent les rapports de tous les médecins des

asiles. Il est regrettable que les médecins des quartiers

d'aliénés de Bicêtre et delà Salpêtrière ne soient pas

appelés; eux aussi; à'donner un aperçu résumé de la

situatton'de leurs services. Là Fondation Vallée appar-

tenant au département, nous avons été invité, comme

-Exercice 1890. LRX-I3

médecin de cet établissement à adresser le rapport

- suivant à M. Poubelle, préfet de la Seine.

- Monsieur le Préfet,

Dans plusieurs rapports faits à la Commission de

surveillance en 1889 (1), nous avons tracé l'historique

de la fondation Vallée, décrit les bâtiments et le

domaine dont elle se compose ; nous avons égale-

ment; indiqué son organisation intérieure. -Sur notre ? proposition, formulée dans un but d'économie, il a été

décidé qu'en attendant la création d'un établissement

' autonome pouvant contenir 3 ou 400 jeunes filles

idiotes ou arriérées, l'Administration départemen-

tale utiliserait les locaux actuels dès qu'ils auraient

; subi une réfection générale. 11 a été décidé aussi que ! l'établissement provisoire serait placé sous l'admi-

nitration. du Directeur de l'hospice de Bicêtre et

- moyennant le payement l'Assistance publique, par

' l'entremise du Directeur de l'Asile clinique, d'un prix ! de journée à déterminer. Diverses circonstances ont

5' ralenti les travaux d'appropriation qui devaient être ! terminés pour la fin de décembre 1889 et ce n'est que

' le 1 cr mars 1890 qu'a eu lieu l'ouverture de la fonda-

tion. z

Statistique, mouvement de la population. Le

projet primitivem nt établi par M. Trélat, architecte

en chef du département, et soumis par l'Administra-

tion à la Commission de surveillance, ne comportait

que 44 lits. Les modifications que nous avons fait

subir à ce projet ont permis d'augmenter de plus de

(1) Voir ptuf haut.

x 4'. Mouvement de la population.

moitié le nombre des lits, tout en respectant les con-

ditions exigées par l'hygiène. Après avoir résumé,

dans le tableau ci-après le mouvement de la popula-

tion durant de premier exercice, nous fournirons

quelques détails sur les décès et les sorties.

Décès. Le tableau suivant donne le diagnostic,

la cause et la date du décès des malades, ainsi que

quelques-unes des particularités les plus intéressan-

tes qu'elles ont présentées.

SORTIES. xci

Sorties. -Les sorties ont été au nombre de 5, dont

2 par transfert. Ce tableau indique les motifs de la

sortie et la nature de l'affection dont étaient atteintes

les malades. 1

XCII, : DÉCÈS.

Décès; XCIII

xciv Enseignement primaire.

çons à la Fondation Vallée. N'ayant jamais partagé

les préjugés relatifs à la séparation des enfants, au

moins jusqu'à un certain âge, et nous fondant-sur ce

qui existe dans quelques-uns des asiles anglais consa-

crés aux idiots, nous avons accepté sa proposition après

on avoir conféré avec M. Pinon, directeur de Bicêtre

et de la Fondation.

Enseignement primaire. - Cet enseignement est

fait sous la direction de la surveillante, Mlle B. Len-

glct; toutes les infirmières y participent. C'est pour cela

que nous voulons arriver à n'avoir il la Fondation que

des femmes ayant leur diplôme d'infirmières et munies

autant que possible du certificat d'études et, s'il y a

lieu, du brevet élémentaire. Nous avons introduit suc-

cessivement dans les classes tout le matériel scolaire

que nous employons à Bicêtre. Il a été confectionné

par l'atelier des cnfants de cet établissement. Nous

avons installé successivement dans le gymnase les

appareils de la gymnastique Pichery, dès le 22 mars,

et successivement tous les appareils de gymnastique

ordinaires.

65 enfants ont fréquenté l'école clans le courant de

l'année. Nos efforts tendent à ce que toute la journée

soit occupée depuis le lever jusqu'au coucher. Nous

varions les exercices scolaires le plus possible, en in-

sistant sur les leçons de choses, en les coupant par

des promenades dans le jardin et durai. lesquelles les

enfants sont interrogés sur les plantes, les fleurs, les

fruits, les arbustes, etc., que nous avons fait étiqueter

pour favoriser l'enseignement.

M. Goy, professeur de gymnastique à Bicêtre, a eu

l'obligeance de venir régulièrement tous les jeudis

depuis le 1 ? juin donner des leçons aux surveillantes

et aux infirmières, en même temps qu'aux enfants.

Enseignement PROFESSIONNEL. xcv

Nous n'avons eu qu'à nous féliciter du zèle du person-

nel, car les résultats obtenus ont été très satisfaisants.

Dans le courant de l'année, 10 enfants gâteux sont

devenus propres, ce sont : Car ? Dr..., Gou..., Fron.

Vaiss..., Jacq..., Gremil..., Schvil..., Court....

Enseignement professionnel. Dans le cours de

l'année 1890, le travail a été limité à la couture et au

repassage. L'atel : er de couture, dirigé par Mille Ehr-

mann, a été ouvert le 4 mars et celui de repassage,

dirigé par Mme Lejcune, seulement le 11 décembre. Le

travail des enfants a été évalué par M. Baron, économe

de Bicêtre, d'après les tarifs cle cette maison. Les

enfants travaillent une heure à l'atelier et les plus avan-

cées y retournent après la classe du soir de 3 heures

1/2 à l'heure du dîner (5 heures). Les enfants ont con-

fectionné des bavettes, des tabliers, des robes, des

upons, des corselets, des chemises d'homme, etc.

XCVI Visites, congés; promenades.'

les qui travaillent d'une façon régulière. 10 autres

enfants ont été occupées chaque jour pendant une

demi-heure à une heure.

Les enfants sont exercées en outre à faire leur lit;

nettoyer leur dortoir, mettre le couvert, laver la -vais-

selle, en un mot, à tous les soins du ménage. Il y aura

lieu dans le courant de l'année 1891 d'introduire quel-,

ques autres menus travaux : tricot, broderie, tapisse-

rie, etc. Lorsque la population sera au complet, le

moment sera venu de voir si l'on ne doit pas créer de

nouveaux ateliers à la Fondation, par exemple un ate-

lier de brochage et de reliure, un atelier de fleuriste.

Visites, permissions de sortie et congés. Les

en : 'ants ont reçu 9 î visites. Les visiteurs ont été au

nombre de 1856 2 enfants ont eu un congé d'un jour,

1 1 de deux jours, 7 de trois jours, 2 de quatre jours,

31 de cinq jours et 27 de huit jours.

Promenades. Tous les enfants valides vont en

promenade deux fois par semaine, tantôt dans les envi-

rons cle la Fondation (Gentilly, Bicêtre, Kremlin, Ar-

cueil, etc.), tantôt dans Paris (parc de Mont-souris, Jar-

din des Plantes, Palais de l'Industrie, Jardin d'Accli-

matation, etc.). Un certain nombre d'entre elles ont

été conduites à plusieurs matinées dramatiques don-

nées à Bicêtre et au concert des frères Lionnct. Ces

promenades, ainsi que les congés, nous fournissent de s

moyens d'action puissants au point de vue de la

discipline, car les enfants y tiennent beaucoup,

. Améliorations diverses. Nous citerons la trans-

formation des portes pleines des classes en portes

vitrées, ce qui les rend plus gaies et facilite la surveil-

lance ; la création d'un place de suppléante de nuit

pour surveiller les veilleuses.; -l'achat de deux bidets

Maladies contagieuses. xcvii

pour le nettoyage des gâteuses et des jeunes filles

réglées; - les installations de la salle de couture et

de repassage.

Infirmerie. Elle a été ouverte le 31 mars avec

1 enfant. Par suite du petit nombre d'enfants atteintes

à la fois de maladies intercurrentes qui immobilisaient

une infirmière de nuit, et une infirmière de jour pour

1, 2, 3 enfants au maximum, nous avons décidé avec

M. Pinon, directeur de Bicêtre, de placer les petites

filles malades dans les chambres annexées à l'infirme-

rie des enfants de Bicêtre. Cette pratique économique

n'a été l'occasion d'aucun accident. ;

Maladies contagieuses, Isolement.-Nous avons pro-

cédé de même pour les maladies contagieuses surve-

nues dans le cours de 1890, c'est-à-dire que nous

avons fait conduire les enfants dans le pavillon d'isole-

ment pour les maladies contagieuses de la section de Bi-

cêtre. 8 enfants ont été atteintes de la coqueluche; ce sont

Couilbe..., Gou..., Rat..., Sal..., Delv..., Ee..., Chab...

et Bill... ; 9 ont été atteintes de la teigne : Garn...,

Colz..., Le Bal..., de Vyl..., Lien... ; 1 de varicelle :

Milch... La coqueluche et la teigne ont eu pour point

de départ des enfants venus du dehors.

Bains et hydrothérapie. - Les bains, les douches,

otla gymnastique surtout, joints àl'emploi desmédica-

ments antiscrofuleux, ont été la base du traitement

pendant l'année 1890. Les appareils hydrothérapiques

primitivement installés par M. Lequeux étaient abso-

lument inutilisables. Ils ont dû être remplacés, et, mal-

gré l'urgence, ce travail n'a été terminé que le 24 juin.

D'ailleurs, l'installation restant insuffisante, nous ne

nous en servons que pour les enfants peu valides. Tou-

tes les autres enfants sont conduites au service hydro-

130UItVE'ILLE. Bicêtre, 1890.

XCVIII Bains ET hydrothérapie.

thérapique de Bicêtre. Voici la statistique des bains

et des douches donnés en 1890 :

Travaux faits par les enfants DE Bicêtre. xcix

et Givallois (nuit) ; de deux premières infirmières, Mille,

Lapeyre, pourvue du brevet de capacité, et Lejeu-

ne ; d'un portier, de cinq infirmières de jour et de trois

infirmières de nuit.

Énumération des travaux fournis par l'atelier des

enfants de Bicêtre à la fondation Vallée. - En avril :

3 tableaux noirs, 2 petites boîtes pour les bains ; 2 passe-

boules ; 2 jeux de tonneaux; 12 petits bancs pour l'ou-

vroir ; 1 petit escabeau pour apprendre aux enfants à

monter et sauter; 1 lit-caisse pour déposer les enfants

après leurs crises convulsives; 1 chevalet; 6 tables

scolaires; 4 échelles; 1 table pour la classe aux leçons

de choses. En mai : 1 escabeau pour la gymnastique;

2 bancs pour la classe aux leçons de choses ; 1 meuble

porte-serviettes; 1 table pour l'ouvroir. En juin : 1

porte-serviette; 1 balançoire brachiale; 1 table pour

l'ouvroir, et 1 échelle horizontale. En juillet : 1 porte-

serviette. En août : 1 porte-serviettes, et 1 table sco-

laire pour les gâteuses. Cette table scolaire est munie

d'un banc de deux places, séparées par des bras en

fer, et percé de deux trous au-dessous desquels est

déposé un vase pour recevoir les déjections. Le banc

est recouvert d'un coussin perforé. En septembre : 1

coffre pour le linge sale : 1 table pour la salle de repas-

sage. En octobre : 4 bancs et 2 tables pour le parloir ;

le meuble pour les leçons de choses; 2 nouvelles ta-

bles scolaires pour les gâteuses ; 1 grand tableau noir.

En novembre : les casiers de l'ouvroir; 1 banc pour

les enfants gâteuses au réfectoire. En décembre : 1

meuble pour serrer les observations et les notes des

enfants ; 2 tables scolaires et 1 banc pour les enfants

gâteuses au réfectoire.

Cette énumération nous a paru utile, car elle mon-

tre comment il a été possible, à M. Pinon, directeur,

à M. Baron, économe de Bicêtre, et à nous, aidés par

C Travaux faits par LES enfants de Bicêtre.

M. Delahaye, architecte du même établissement, d'or-

ganiser d'une manière rapide et très économique la

fondation Vallée. Elle offre aussi cet intérêt particu-

lier que ce sont les enfants arriérés de Bicêtre qui,

par leur travail, ont fourni un grand nombre d'objets

nécessaires à l'installation des petites filles arriérées.

Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, l'assurance de

mes sentiments les plus dévoués,

Du' Bourneville.

NOTE. - Nous avons laissé dans le texte de notre Rapport

à la Commission de surveillance les indications relatives

aux plans de la Fondation Vallée parce que nous espérons

pouvoir reproduire ces plans dans le Compte-rendu de 18DI.

DEUXIÈME PARTIE

Clinique.

Bourneville, Bicêtre, 1890. 1.

I.

Imbécillité prononcée. Torticolis. Syndactylie.

Hypospadias. Tuberculose intestinale, typhlite

et pérityphlite tuberculeuses.

Par BOURNEVILLE ET RAOUT.,

Sommaire. Tante paternelle morte d'apoplexie. Petit

cousin et petite cousine paternels aliénés. Mère migrai-

neuse. - Influence des grossesses et de l'allaitement sur les

migraines. - Grand'mère maternelle et arrière-grand-père

maternel morts dephthisie. Arrière-grand'mère mater-

nelle : rhumatisme chronique. Cousin germain choréique

Pas de consanguinité. -Inégalité d'âge du père et de la mère

(15 ans ? Gëmettarttë. - Frère : convulsions internes.

Frère hypospadias et sujet à des mouvements spasmodiques,

arriéré .

Rien à la conception. Peur au 5° mois de la gros-

sesse, avec tremblement prolongé ; influence des impres-

sions maternelles. -Autre peur au 6° mois. Accouche-

ment au 7° mois. Maigreur à la naissance, bassin peu

développé, ventre volumineux, empreintes circulaires sur

le bas-ventre. Soupçon de malformation abdominale.

Première dentà8mois, poussées lentes. Coup sur le front

à 3 ans 1\1 avec perte de connaissance pendant 3 jours. -

Diminution de lapar oie. Tremblement latéral de la tête.

Torticolis à gauche. Accès de colère. -Aspect simien.-

Syndactylie. Hypospadias. - Tuberculose intestinale

et péritonéale. Mort. *

Autopsie : tuberculose du péritoine, des ganglions mésen-

lériques, de l'intestin, des ganglions péribrozchiques,

4 Imbécillité.

des poumons. Inégalité de poids des hémisphères céré-

braux : Arrêt de développement de diverses circonvolutions

de l'hémisphère droit.

Tell... (Francois), né le 16 décembre 1873, est entré le 21

août 1885 à Bicêtre (service de M. BOURNEVILLE),

Renseignements fournis par sa mère (24 août 1885).

Père, 55 ans, homme de peine, sobre, bien portant, calme,

intelligent. [Père, cultivateur, mort à 87 ans d'affection cardia-

que, sobre. -Mère, morte à 80 ans. Grands parents, sobres,

pas de détails. -Un frère mort à 16 ans d'une fièvre intermit-

tente. 3 frères morts tout jeunes. Une soeur morte à 18

ans subitement. Une autre soeur morte à 70 ans subitement,

d'une rupture d'un vaisseau, ou dans une syncope ? Un

cousin issu de germain, à la suite d'accidents cérébraux, a

gardé pendant deux ans des idées de grandeur. - Une cou-

sine, issue de germain, soeur du précédent, est folle et a été

soignée à l'asile de Ville-Evrard. Pas d'autres aliénés, pas

d'épileptiques, pas de difformes, de suicides, de criminels, etc.,

dans la famille.]

Mère, 40 ans, couturière, bien portante, migraines depuis

l'âge de 22 ans, revenant souvent au moment des règles, et

disparaissant durant la grossesse et l'allaitement ; femme

intelligente, nerveuse, maisn'ajamais eu d'attaques. -[Père,

66 ans, sourd, a une cataracte; pas d'accidents nerveux, sobre.

Mère morte à 43 ans, phtisique sans doute ; elle avait

quitté son mari pour vivre avec un individu dont elle a eu deux

enfants, sur lesquels on n'a pas de détails. Grand

père paternel mort de tuberculose pulmonaire à 44 ans ;

il était sobre. Grand'mère maternelle, morte à 70 ans;

rhumatisante. Une soeur est morte d'une péritonite à la

suite d'une fausse couche ; elle a laissé quatre enfants

dont l'un, âgé de 15 ans, est atteint de chorée. Tous ces enfants

sont intelligents. Pas d'aliénés, etc., dans la famille.

Pas de consanguinité. Inégalité d'âge des parents (15 ans).

5 enfants : 10 fille de 22 ans bien portante, intelligente, pas

d'accidents nerveux; 2° garçon, 21 ans, né à 7 mois, a

eu des convulsions à l'époque de la dentition; première dent

à 19 mois; n'a marché qu'à 2 ans; ajourné à la révision

pour défaut de taille; 3° garçon, 14 ans, né aussi à 7 mois,

peu intelligent; sujet à des mouvements spasmodiques de la

Antécédents. 5

tète et des bras; il fait des grimaces avec le nez qu'il tord,

secoue la tête et les membres supérieurs; il est de plus sujet

à de violents maux de tête et présente une déformation de

la verge, qui a l'aspect d'un maillet, avec malformation du

prépuce et hypospadias. (Cet enfant, revu en 1887, n'avait plus

de tics depuis quelque temps; il travaillait à faire des courses

pour une maison de commerce ; 4° Notre malade ; 5° En-

fant né à 6 mois, n'a vécu que 3 jours; il n'a jamais pu avaler

aucun liquide. - 60 Fausse couche à deux mois.

Notre malade. Rien de spécial, lors de la conception. Pen-

dant la grossesse, son père, mécontent de sa femme,

devenait méfiant, désagréable, croyant que l'enfant n'était pas

de lui. Elle assure qu'il n'y a pas eu d'interposition, et, plus

tard, son mari lui a demandé pardon de ses soupçons. Pen-

dant les deux premiers mois, elle était prise chaque soir de

tremblement, de contorsions avec fièvre, accidents qui duraient

une ou deux heures. Vers le cinquième mois, elle eut, étant

au lavoir, une vive frayeur. La machine, disait-on, allait écla-

ter ; elle ne pouvait se sauver, comme les autres personnes,

parce qu'il lui fallait passer devant la machine elle se tenait

cachée dans un coin. Cependant, elle n'eut pas de syncopes,

mais elle trembla durant deux heures. Vers le sixième mois,

elle ressentit une autre émotion vive, à la vue d'un enfant, dont

les doigts de pied avaient été écrasés. Elle avait cru que c'était

l'un de ses enfants, qui était victime de l'accident. Depuis, elle

a souvent pensé que cette frayeur avait eu une influence

sur les déformations congénitales des doigts du pied que pré-

sente notre malade. Accouchement à 7 mois. L'enfant à la

naissance était maigre. Sur le bas-ventre et sur les fesses;

qui étaient très-émaciées, existaient trois sillons, qui ont sub-

sisté pendant deux ans. Elevé au sein par sa mère jusqu'à

l'âge d'un an : il tétait beaucoup, mais il avait de la lien-

térie. A huit mois, on lui donna, en outre, du lait de vache ; son

ventre était gros, les digestions se faisaient mal. Sa mère le

conduisit à la consultation de l'hôpital Trousseau, où il fut

soigné. Il fut sevré à un an (sa mère se trouvant de nouveau

enceinte), et envoyé à la campagne, où on le nourrit avec du

lait de vache. Sa première dent apparut à 8 mois ; la denti-

tion s'est faite lentement, les dents poussaient toutes noires,

dit la mère. L'enfant a commencé à marcher à 2 ans et demi,

et à parler un peu à un an, assez bien à trois ans et demi. Il

est devenu propre vers deux ans. A trois ans, quand ses parents

6 Imbécillité.

le revirent, il était extrêmement maigre, quoique bien soigné;

sa face était jaune, les membres étaient bien développés, mais

ses fesses avaient conservé une maigreur extraordinaire ; il

était sauvage, craintif. A trois ans et demi, l'enfant reçut un

coup de pied de cheval sur le front. Il est resté pendant trois

jours sans connaissance ; il avait perdu beaucoup de sang. A

la suite, il n'a pas eu de paralysie, mais la parole, au lieu de se

développer, est devenue plus difficile. Avant ce traumatisme,

l'enfant n'avait pas eu de convulsions.

Ses parents le reprirent à 5 ans et demi. Il était toujours

très maigre, gardant l'inclinaison de la tête sur l'épaule droite

[torticolis) qu'il présentait depuis la naissance, inclinaison

qui, au début, avait été accompagnée d'un tremblement ner-

veux latéral de la tête. L'enfant parlait moins bien qu'à trois

ans et demi, mais il marchait facilement. Sa mère essaya en

vain de lui apprendre ses lettres. A sept ans, il fut mis à

l'école, où il resta jusqu'à neuf ans et demi. Il n'y apprenait

rien et était devenu, coléreux, violent, ainsi qu'en témoigne

un certificat du médecin de l'école. Cette irascibilité était

due en grande partie aux taquineries de ses condisciples, qui

se moquaient de lui, l'appelant : «tête de singe» et le battaient.

Quand quelques-uns d'entre eux le défendaient, il leur en

était reconnaissant. Il est parvenu à apprendre ses lettres, et

à les écrire, mais il faut les lui montrer souvent, sans cela, il

les oublie rapidement. Il sait se laver, s'habiller, mange pro-

prement, se servant de la fourchette, même du couteau. De

neuf ans et demi, à douze ans, il est resté chez sa mère. Il était

affectueux avec ses parents, prévenant, aidait à faire le

ménage; il n'entrait en colère que quand on le taquinait ou

quand on l'injuriait, l'appelant : « vilain singe. «Pas d'onanisme.

L'enfant est vorace, mange de tout, sans être salace ; la

mastication se fait régulièrement. Pas de bave, ni de suc-

cion, ni de rumination, vomissements fréquents. Depuis

longtemps, le ventre est volumineux, douloureux; fré-

quemment, l'enfant éprouve des coliques avec diarrhée

(environ une fois tous les mois). Il ne tousse pas, n'a jamais

eu d'hémoptysie. Il n'a pas eu de phénomènes scrofuleux du

côté des yeux, des oreilles, ou de la peau. Il n'a pas eu d'au-

tres maladies que la rougeole à 6 ans, et la coqueluche à Il ans.

Août. Poids : 28 kil. 600. Taille : 1 mètre 33.

1886. 4 juin. Tell. présente des troubles digestifs avec ano-

rexie, langue sale. Purgatif.

Tuberculose intestinale. 7

21 Juin. Angine catarrhale, adénite sous-maxillaire et sus-

hyoïdienne. Excat le 25 juin. Traitement : Huile de foie

de morue, sirop de fer, bains salés.

11 août, L'enfant accuse des douleurs dans la fosse iliaque

droite qui se continuent jusqu'au 11 septembre. Plusieurs fois

la nuit, il se réveille en criant, se plaignant de son ventre. Ces

douleurs ont cédé à l'application de cataplasmes laudanisés.

1887. 12 février. Engelures nombreuses ulcérées, très-éten-

dues sur la face dorsale de la main gauche. Pansement avec

de la vaseline iodoformée.

14 février. Tel.. se plaint de douleurs abdominales ; la

veille, après son repas, il a été pris de vomissements ; il n'a pas

de diarrhée. Ces phénomènes s'atténuent après l'application

de cataplasmes laudanisés sur le ventre, et la prescription

d'une potion de Rivière.

9 mars. Les douleurs de ventre se manifestent de nouveau. Pas

de vomissements. Constipation. Le ventre est dur, ballonné, cou-

vert de nombreuses veinosités, qui se continuent sur le thorax.

Par la palpation, on sent dans tout le côté droit de l'abdomen, une

masse dure résistante. La région du foie est douloureuse, à la

pression ; le foie déborde les fausses côtes de deux tra-

vers de doigt. Son bord est saillant, et est perceptible en

avant de l'estomac, du côté gauche. L'enfant tousse un peu.

A l'examen de la poitrine, on trouve de la diminution de la

sonorité au sommet droit; à ce niveau, la respiration est rude

avec diminution du murmure vésiculaire. Traitement : huile

de foie de morue, sirop de fer.

12 mars. La diarrhée est revenue; la veille, l'enfant a eu trois

selles liquides très abondantes. Potion de Todd; laudanum

et bismuth.

13 mars. La diarrhée a cessé, soif continuelle. Refroidisse-

ment. Thé au rhum.

14 mars. La diarrhée recommence depuis hier. Jusqu'à

ce jour, la température a été normale; elle a oscillé entre

37° et 370, 6. - Soir : T. R. 38°, 2.

17 mars. Epistaxis peu abondante cette nuit et ce matin.

T. R. 38°, 8. Le ventre est ballonné; gargouillement et douleur

intense à la pression, dans la fosse iliaque droite. La diarrhée

a cessé. Traitement : purgatif, lait, bouillon. - Soir : T. R.

390, 4.

18 mars. 390. L'abattement augmente, ainsi que l'amaigrais-

sement. Toux. Mêmes phénomènes du côté de l'abdomen.

8 Imbécillité.

L'examen de la poitrine ne dénote encore que de la diminution

du murmure vésiculaire aux deux sommets. Soir : 38°, 8.

19 mars. T. R. 38°, 5. Légère amélioration, un peu d'appétit.

Soir : 380, 2.

20 mars. T. R. 38°. Soir : 38° 4.

21 mars. T. R. 38°. Abattement et amaigrissement progres-

sifs. L'enfant répond à peine aux questions. A l'auscultation,

respiration soufflante, rude dans toute la poitrine. Ventre

ballonné, distendu, foie toujours volumineux. Soir : 38°, 5.

22 mars, T. R. 38°. Frictions sur le ventre avec l'onguent

napolitain. Cataplasmes sur le ventre. Potion de Todd et extrait

de quinquina. Poudre de viande. Soir : 38°, 5.

23 mars. T. R. 38°. Soir : 39°, 2. Prostration très grande.

Météorisme considérable, avec douleur intense à la pression.

24 mars. T. R. 38°, 8. Soir : 38°, 8.

25 mars. T. R. 38°, 2. Soir : 38°, 2; même état.

26 mars. T. R. 38°, 4. Soir : 38°, 6.

27 mars. T. R. 38°, 4. Soir : 38°, 8.

28 mars. T. R. 38o, li. Soir : 38°, 2.

29 mars. T. R. 38°. Soir : 38°. L'estomac, très dilaté, dépasse

l'ombilic en bas et à gauche, de deux travers de doigt. Foie

volumineux. A la surface de l'abdomen, les veinosités sont

de plus en plus apparentes. Météorisme. Traitement : poudre

de charbon, magnésie et bismuth par paquets; le reste ut suprà.

30 mars. T. R. 37°. L'enfant est très pâle, froid. Le ventre est

moins douloureux; douleur dans le dos, pas de toux. Potion

avec éther 1 gr. et rhum 30 gr. Soir : 36°, 6.

31 mars. T. R. 37°, 8. -Soir : 37°, 2. Diarrhée, selles grises,

fétides.

Étatactuel (13 avril 1887). Face très pâle, très maigre, surtout

depuis un mois. L'enfant est à l'infirmerie pour une tuberculose

intestinale. Saillie des maxillaires inférieurs, de l'os malaire,

des voûtes orbitaires ; en un mot, facies squelettique, aspect

simien. Le front est assez large, peu élevé, les cheveux n'étant

éloignés, au niveau de leur racine, que de trois travers de doigt

de la racine du nez ; sur les tempes, les cheveux sont très rap-

prochés de l'extrémité des sourcils. Ceux-ci sont clair-semés,

rudes, châtains, ainsi que les cheveux et les cils. L'arcade

sourcilière est saillante ; les paupières sont assez largement

tendues, les yeux sont gris, les pupilles inégales, la gauche

estplus dilatée que la droite.-t\'ez aplati à sapartie inférieure;

os propres volumineux et saillants. Bouche moyenne; lèvres

DESCRIPTION DU malade. 9

peu volumineuses ; e léger prognathisme. Menton et

pommettes saillants. Pas d'asymétrie- faciale. Oreilles

larges, étalées, demi-circulaires, très écartées du crâne en

arrière. L'ourlet est adhérent à la partie supérieure ; il existe

un tubercule sur le bord de la conque ; le lobule est à peine

dessiné.

Dentition. Les incisives supérieures sont crénelées et pré-

sentent des sillons. Les canines supérieures ont chacune un

cuspis très pointu avec sillon à la base. Des incisives inférieu-

res, les deux médianes sont absentes, les deux latérales sont

obliques, se rapprochant en haut au niveau de leur bord libre.

gingivite. Aplatissement de la voûte du palais. La luette est

étroite, filiforme, longue. Piliers normaux.

Les cheveux sont châtains; rudes, clair-semés. Le crâne

offre un aplatissement de la région pariétale et de la région

occipitale tandis que les fosses temporales sont creuses.

10 O Imbécillité.

la seconde. La verge est recourbée en forme de maillet,

offrant une coudure brusque au niveau de la couronne du gland

àangle de 90°, ouvert enarrière lorsqu'elle estpendante (Hypos-

padias). Longueur de la verge : 6 centimètres ; circonférence :

5 centimètres 5. Les testicules ont le volume d'une olive. Les

bourses sont rétractées ; elles sont glabres ainsi que le pénil.

Réflexes normaux. Dynamomètre (Mathieu petit) : 10 à

droite, 18 à gauche. Taille : lu,34. Poids : 25 k.

L'enfant est très faible, surtout depuis un mois. Il répond

lentement et faiblement aux questions qu'on lui adresse. Il

comprend très bien ce qu'on lui dit. Avant d'entrer à l'in-

firmerie, il s'isolait dans un coin, sans parler aux au très enfants,

ne jouant pas. Très-frileux l'hiver, il est comme une «mar-

motte» nous disent les infirmiers, il se pelotonne, et vient fré-

quemment à l'infirmerie parce qu'il a très froid. L'enfantesttou-

jours resté à l'école dans la quatrième division. A son arri-

vée en septembre 1885, il connaissait à peine ses lettres, et

commençait à les écrire, ainsi que les chiffres. A la fin de

1886, il lisait presque couramment, et arrivait à écrire une

phrase; l'écriture était très irrégulière. Il était arrivé à faire

de petites additions orales. La mémoire est faible. L'enfant

est docile, mais un peu irascible ; quand ses camarades le

taquinent, il devient méchant, et si dans ses colères il ne peut

se venger, en raison de sa faiblesse physique, il pleure de rage.

Il est assez propre dans sa tenue et lorsqu'il mange. Il pos-

sède la plupart des connaissances usuelles ; on n'a pu lui appren-

dre de métier, en raison de sa faiblesse et de son état mala-

dif.

Il a toujours eu, nous a dit sa mère, cette maigreur et ce

visage exprimant la souffrance que nous lui avons remarqué.

De même, dès son entrée, son ventre était ballonné. Néan-

moins, il ne se plaignait pas, ne venait à l'infirmerie de temps

en temps que parce qu'il avait froid.

- 1er mai. T. R. 38°. Soir : 38°. 4. Décoction blanche de

Sydenham.

5 Avril. La température était revenue à la normale les 2, 3, 4

avril. T. R. 38°. - Soir : 38°. 4. Un peu d'amélioration; les

digestions se font mieux. Faciès rosé.

8 avril. T. R. 36°. 8. Soir : 37°. Rougeur àla région sacrée,

et au niveau du trochanter droit semblant un début d'escharre.

L'amaigrissement s'accentue de plus en plus; pas de diarrhée,

mais plutôt de la constipation.

TUBERCULOSE intestinale. 11

23 avril. T. R. 36°, 6. Soir : 37°. Débacle intestinale.

Diarrhée très abondante depuis deux jours. Appétit variable;

tantôt l'enfant mange uu peu de viande grillée, tantôt il

refuse toute nourriture. Depuis quinze jours, on lui don-

nait de la poudre de viande; depuis trois jours, il la re-

fuse. Son ventre est moins douloureux depuis environ dix

jours. L'enfant était très propre et demandait toujours le

bassin, mais depuis deux jours, en raison de l'abondance de

la diarrhée, il lui arrive de laisser aller sous lui, ce qui l'ennuie.

Le foie déborde légèrement les fausses côtes, et remonte en

haut au-delà. de la cinquième côte. Le ventre est un peu tendu»

mais moins ballonné qu'il y a quelques jours. Submatité au-

dessous des fausses côtes droites, descendant presque jus-

qu'à une ligne horizontale passant par l'ombilic. Sonorité très

prononcée au-dessous des fausses côtes, dans le flanc gauche.

Submatité entre le flanc etla fosse iliaque gauche. Sonorité très

marquée dans la fosse iliaque gauche. Matité depuisl'appendice

xyphoïde jusqu'au nombrilayntuneformelosangidue aboutis-

santàlapartie moyenne des fausses côtes. Au-dessous del'ombi-

lic, sonorité. La percussion est peu douloureuse. A la palpation, -,

on sent dans la fosse iliaque droite une masse, une sorte de

corde.Le palper de la région épigastrique est douloureux.

Erythème de la région sacrée, érosion de la peau au niveau

des deux trochanters. Purpura disséminé sur les membres

inférieurs et sur le thorax; ce purpura a débuté il y a deux jours.

Peau sèche, ichthiosique. Tous ces symptômes et ballonnement

du ventre, avec diarrhée, dilitation veineuse à la surface de

l'abdomen, masse dans la fosse iliaque droite et consécutive-

ment purpura, font admettre le diagnostic d'entérite et typh-

lite tuberculeuses avec phénomènes de péritonite de même

nature. Traitement : bains d'amidon tous les deux jours, fric-

tions mercurielles sur l'abdomen, cataplasmes; eau albumi-

neuse, etc.

14 avril. T. R. 36°, 2. - Soir : 36°, 6.

15 avril. T. R. 36°, 2. Soir : 36°. 6.

16 avril. T. R. 36°, 2. =Soir : 36°, 4.

A la surface de l'abdomen, plaque~.de purpura de l'étendue

de la paume de la main. Purpura des membres inférieurs et

à la surface du thorax. Traitement : Todd, quinquina, etc.

il avril, T. R. matin et soir : 360, 2. Amaigrissement extrême,

dégoût de tout aliment, depuis une dizaine de jours surtout :

de temps en temps, on peut faire manger à l'enfant un peu

d'oeufs au lait.

12 Imbécillité.

28 avril. T. R. 36°. Soir : 36, 8.

20 avril. T. R. 37°. Soir : 37°, 2. Quelques traînées de mu-

guet sur la langue.

21 avril. T. R. 37", 2. Soir : 37°, 4. La température oscille

entre 37° et 37o, 4 jusqu'au 25 avril.

25 avril. T. R.36°, 4. Soir : 36o, 8. L'enfant veut sans cesse

se lever. Appétit capricieux. Abattement moins grand. Latem-

pérature reste entre 37° et 37°, 4 jusqu'au 2 mai.

2 mai. T. R. 36, 8. Soir : 37°, 2.

3 mat. Légère amélioration, l'enfant est moins pâle, ne tousse

pas, la transpiration est très abondante. Constipation. Ema-

ciation toujours très-grande. Ventre très ballonné ; les veines

à sa surface sont moins dilatées. Encore quelques taches

purpuriques sur l'abdomen et les cuisses.

6 mai. T. R. matin et soir : 37°. Depuis hier, il existe une

plaque rouge luisante, chaude, au niveau de l'articulation

nétacftrpo-phalamgienie du second doigt de la main droite.

Au-dessus : lymphangite s'étendant jusqu'au poignet; dou-

leurs dans les mouvements communiqués à l'articulation

L'inflammation semble toutefois être superficielle. Cataplas-

mes phéniqués.

7 mai. T. R. 36", 8. Soir : 37°.

8 mai. T. R. 37°. -Soir : 37», 2.

10 mai. T. R. 360,6. - Soir : 37°. Ouverture de l'abcès,

suppuration peu abondante. Pansement phéniqué.

12 mai. Au moment de la visite, l'enfant est somnolent, ne fait

aucun mouvement; plaques rouges sur la face, surtout au front.

La voix est faible, incompréhensible. T. It. 36, 8. A deux heures

un quart, il reconnait sa mère qui vient le voir. A trois heu-

res et demie, il devient pâle, perd connaissance. Les yeux sont

fermés ; de temps en temps, il les ouvre; on voit alors son

regard fixe. T. R. à 6 h. : 36",6. A huitheures et demie, aucun

mouvement. Lesyeuxsonttoujours fermés. L'enfant râle. A8h.

3/4, Mort. - T. R. un quart d'heure après la mort : 360,4.- une

heure après : 34°, 8; deux heures après : 34", 8. L'amaigris-

sement profond de l'enfant est noté par les variations de son

poids. A son entrée, il pesait 32 kilog 300. Au mois de juillet

1886 : 28 kilog 900. A la fin de novembre 1886, 29 kilog. 500. Enfin

après la mort, il ne pesait plus que 21 kilog. La taille ne s'était

accrue que de 2 cent. enl'espace de deux ans anvier 18871-,34).

Autopsie faite 36 heures après la mort. Ecchymoses purpu-

riques en plaques au niveau des malléoles, surtout à droite, sur

TUBERCULOSE intestinale. 13

les deux cous-de-pied, sur la face antérieure de la cuisse gauche,

sur la partie antérieure de l'abdomen, sur la face antérieure de

la région thoracique. Coloration verdâtre de tout l'abdomen plus

prononcée à gauche, et remontant de ce côté jusqu'à la sixième

côte. L'abdomen est légèrement excavé en bateau. - Escharres

au niveau des deux trochanters, escharres fessières, médiane et

latérales. La rigidité cadavérique a complètement disparu. L'ab-

ces situé au niveau de l'articulation métacarpo-phalangienne

n'atteint pas cette articulation. Il est situé autour de la gaine

del'extenseur qui est enflammée.

L'abcès dont les parois sont grises et épaissies et

qui a environ trois centimètres de diamètre, contient

un peu de pus crémeux.

, Absence presque complète de tissu cellulaire sous-cutané, la

peau est sèche, dure,collée pour ainsi-dire aux muscles très-peu

développés et très-pâles. La vessie est pleine, le foie atteint juste

le rebord des côtes, son lobe droit est adhérent à la paroi. Le

diaphragme, qui se moule sur lui, remonte à gauche jusqu'au

bord inférieur de la 4° côte, et à droite, jusqu'au bord

inférieur de la cinquième. La vésicule biliaire est dilatée,

remplie de bile et déborde de deux centimètres environ le re-

bord du foie. Le foie pèse 1090gr. La vésicule biliaire ne contient

pas de calculs. La superficie du foie, surtout àlaface supérieure,

est couverte d'adhérences péritonéales d'un blanc grisâtre, qui

font adhérer le foie au diaphragme. A la coupe, il présente un

aspect graisseux, jaunâtre; on voit ça et là de petits tubercu-

les blancs, de la grosseur d'une tête d'épingle, surtout au voi-

sinage de la capsule. Le grand épiploon est remonté; à sa sur-

face, ainsi que sur le péritoine intestinal, nombreux tuber-

cules caséi/'iés. Les ganglions mésentériques sont hypertro-

phiés, caséettx, formant des grappes énormes demi-molles. C'est

surtout au niveau des ganglions répondant à l'iléon, que cette

hypertrophie est la plus marquée. Les ganglions épiplôiques,

ainsi que les ganglions situés au niveau de la petite cour-

bure de l'estomac, et du foie sont volumineux.

Un peu de liquide citrin dans la cavité abdominale. Le cæcum

et la partie inférieure du colon ascendant sont maintenus dans

la fosse iliaque droite par le tissu conjonctif environnant et

le péritoine qui font corps avec eux. A ce niveau, périto-

nite tuberculeuse, fausses membranes. On ne peut retrouver

dans cette masse, l'appendice coecal. A la coupe, on voit que

toutes les tuniques du cæcum sont envahies par le processus

14 Imbécillité.

tuberculeux. La surface interne forme une sorte de caverne

à parois irrégulières, grisâtres, enduites d'un pus crémeux.

La lésion va en s'atténuant de bas en haut sur le quart infé-

rieur du colon ascendant. Au-delà, il est normal. La valvule

de Bauhin est complètement envahie par une ulcération tuber-

culeuse. Sur l'iléon, on trouve cinq ulcérations en anneau,

présentant un aspect granuleux, irrégulier, avec des points

grisâtres. Ces anneaux ont environ un centimètre de large.

A leur niveau, à la face externe de l'intestin, on voit des traî-

nées de lymphangite tuberculeuse, et de petits tubercules

isolés. L'estomac et le duodénum ne présentent rien de par-

ticulier. Rate légèrement hypertrophiée, dure, ainsi que les

ganglions périspléniques (100 gr). Rein gauche (700 gr.),

légèrement hyperhémié ; la décortication se fait avec quelques

difficultés; pas de tubercules. Rein droit (80 gr.), même

état, L'uretère de ce côté est dilaté légèrement. A la sur-

face de ce rein plaques laiteuses.

Thorax. La cavité pleurale de chaque côté contient environ

un verre et demi clair citrin. Aucune adhérence. Les gan-

glions p1'évertébraux et péribronchiques sont hypertrophiés,

caséeux. Poumon gauche (240 gr.). Plèvre lisse, non dépolie.

Au niveau du lobe supérieur, on trouve une petite caverne

isolée pouvant contenir un noyau de cerise, entourée de par-

ties ramollies, et quelques granulations grises. Légère conges-

tion dé tout le poumon gauche. Poumon droit (°65 gr.). Même

aspect de la plèvre. Légère congestion du lobe inférieur; noyau

caséeux dans le lobe moyen, de la grosseur d'une cerise, et un

autre moins gros au sommet. Péricarde : il contient un peu

de liquide citrin clair. CoeW' en systole. Oreillette droite : elle

contient du sang noir et des caillots fibrineux; valvules, myocar-

de rien de particulier. Au niveau de l'espace sdus-aorti-

que ; on trouve une petite plaque d'athéromc. Trou de Botal

oblitéré. Poids du coeur : 100 grammes. - Larynx, oesoplwge,

trachée, entourés de ganglions volumineux, caséeux pour la

plupart. Corps thyroïde, petit.

Tête. La calotte crânienne est mince; le diploé

est peu développé. Toutes les sutures persistent,

sauf la suture inter-frontale qui est ossifiée, mais dont

-on voit encore la trace à la partie supérieure. Au niveau

de la fontanelle antérieure, se trouvc sur la table interne une

petite fossette transparente de la longueur de la pulpe de l'in-

SCRITION DU cerveau. 15

dex. Au niveau de la base du crâne, les fosses moyennes et

cérébelleuses, paraissent un peu moins développées à droite

qu'à gauche. Dure-mère normale, non hyperhémiée. -

Liquide céphalo-rachidien abondant. -

Encéphale. La pie-mère de la base est très pâle. Les

artères, les nerfs de la base, les pédoncules sont symétriques

Pas de grannulations tuberculeuses.- L'encéphale pèse 1140

grammes.

16 Imbécillité.

moyennement développé, surtout dans sa partie postérieure ;

son extrémité antérieure offre un petit sillon parallèle, isolé

de la scissure interpariétale par un pli de passage à niveau

allant à la pariétale ascendante. La scissure interpariétale ,

sinueuse, profonde, est bifurquée à son origine; sa partie pos-

tèrieure est interrompue par un pli de passage transversal, à

niveau, se rendant du lobule pariétal supérieur au pli courbe.

Le lobule pariétal inférieur, assez volumineux dans sa

partie antérieure, l'est moins dans sa partie postérieure. Le

pli courbe, assez gros, a la forme d'un coeur de carte à jouer

à pointe inférieure.

Lobe occipital. Il existe une circonvolution de passage se

rendant du lobule pariétal supérieur à la première occipitale,

et un autre entre le pli courbe et la seconde occipitale. Les

circonvolutions et scissures du lobe occipital ne présentent

rien de particulier.

Lobe temporal. La première temporale est moyennement

développée, sinueuse. Il existe quatre plis de passage trans-

versaux temporo-pariétaux. La scissure parallèle, normale,

très profonde, tortueuse, est dédoublée à sa partie postérieure,

et ses deux branches de dédoublement semblent circonscrire

le pli courbe. La deuxième circonvolution temporale est bien

développée; il y a un pli de passage entre la première et la

seconde temporale, qui est découpée dans sa moitié posté-

rieure par deux sillons transversaux allant de la première à

la seconde scissure temporale; celle-ci est interrompue par des

plis de passage se rendant de la troisième temporale à la

secondé. - La troisième temporale n'existe pour ainsi dire

qu'à la partie antérieure où elle est bien développée.

Face interne. La première scissure tenporo-occipitale se

confond à sa partie antérieure avec la seconde ; elle est diri-

gée obliquement, interrompue vers sa partie moyenne par un

pli de passage allant de la première temporo-occipitale à la

troisième temporale. En avant de ce pli de passage, se trouve

une portion en retrait de cinq millimètres environ. La par-

tie antérieure de la première circonvolution est maigre, la

postérieure volumineuse. La deuxième scissure temporo-

occipitale est profonde. La seconde circonvolution temporo-

occipitale est grêle en arrière, bien développée en avant.

La scissure calloso-marginale est interrompue vers son milieu

par un pli de passage allant de la première à la deuxième

Imbécillité. 17 i

frontales. La scissure {1'onto-pa1'iétale interne est très creuse

et se continue sur la face convexe dans une longueur d'un

centimètre environ. En cet endroit, les deux lèvres sont

légèrement écartées. L'incisure préovalaire n'est qu'indiquée

par une encoche supérieure, en continuité avec la scissure

parallèle frontale. La première frontale interne bien déve-

loppée, coupée par de nombreux sillons, envoie un pli de pas-

sage de niveau, au lobule paracenlral, de volume moyen et

qui présente à son centre l'Y ordinaire, dont la branche ver-

ticale est très large. Le lobule quadrilatère est gros et pré-

sente un pli de passage pariéto-limbique antérieur et posté-

rieur. La scissure sous-pariétale est irrégulière, et découpe

fortement tout le lobule. La scissure perpendiculaire interne

est très profonde, et va se jeter dans la scissure calcarine,

laquelle est également profonde, et va se terminer au niveau

du bourrelet du corps calleux, en coupant l'isthme anté-cal-

carinien. Le coin, assez bien développé dans la partie qui tou-

che à la scissure interhémisphérique, est très-étroit dans ses

deux tiers antérieurs.

Corps calleux, couche optique, corps strié, corne d'Am-

mon, ventricules latéraux, rien de particulier. Les digitations

de l'insula sont au nombre de quatre. Pas de lésions en foyer.

Hémisphère droit. La scissure de Sylvius creuse, bifur-

quée à son extrémité postérieure, laisse à découvert à l'union

de son tiers antérieur avec ses deux tiers postérieurs une

partie de l'insula. Le rameau ascendant est très prononcé.

Le sillon de Rolando, est très profond, sinueux. La scis-

sure perpendiculaire externe est représentée par une vaste

encoche. Le lobule orbitaire présente des sillons et des cir-

convolutions bien développées, mais toute la partie comprise

entre la branche interne de l'incisure en H et le rebord fronto-

marginal est fortement en retrait sur la partie située au-delà

de la branche interne de l'incisure.

Lobe frontal. Il existe une scissure parallèle complète, qui

est profonde et un peu sinueuse. La scissure frontale in. fé-

rieure est interrompue par deux plis de passage allant de la troi-

sième à la seconde frontale. La scissure frontale supérieure

est très-tortueuse, irrégulière, profonde, interrompue à sa par-

tie antérieure par un pli de passage entre les deux premières

frontales. La première frontale s'insère par un pli de passage

sur la frontale ascendante; elle est comme dédoublée sur pres-

Bourneville, Bicêtre, 1890. 2

18 Description DU cerveau.

que tout son parcours. La deuxième frontale, maigre et peu

dédoublée dans sa portion antérieure, est comme dédoublée

dans son tiers antérieur. La troisième frontale présente

une partie operculaire très-maigre et est atrophiée dans sa

partie moyenne, - La frontale ascendante est maigre dans ses

deux tiers inférieurs, assez bien développée dans s a partie supé-

rieure.- La pariétale ascendante est peu développée sur tout

son parcours. Le lobule pariétal supérieur est moyennement

développé, mais à sa partie la plus postérieure, le pli de pas-

sage se rendant la première occipitale est fortement en retrait,

et comme atrophié.- La scissure interpariétale forme, en

arrière de lapariétale ascendante, une scissure parrallèleinin-

terrompue, très-profonde et un peu sinueuse. Vers sa partie

moyenne, la scissure interpariétale est interrompue par un

petit pli de passage transversal allant au lobule pariétal inférieur,

puis elle continue su chemin jusqu'au sillon occipital trans-

verse. Le lobule pariétal inférieur est sinueux, peu développé.

Le pli courbe, irrégulier, est également assez Les

circonvolutions et les scissures du lobe occipital ne présen-

tent aucune anomalie.

Lobe temporal. La p)'e))ue)'ecu'conuo ! u(t0)t temporale, assez

petite dans ses deux tiers antérieurs, est bien développée dans

son tiers postérieur.Onytrouve quatre circonvolutionsdepas-

sage temporo-pariétales. La scissure parrallèle, creuse,

sinueuse, se subdivise en plusieurs sillons irréguliers communi-

quant avec les sillons voisins. - La deuxième circonvolution

temporale est grosse, contournée, découpée par de nombreux

sillons ; sa partie moyenne se trouve isolée par deux scissures

profondes et obliques, faisant communiquer les deux scissures

temporales, et remplaçant en partie la deuxième scissure tem-

porale. Cette région est trô irrégulière et subdivisée par de

nombreux plis de passage. Les circonvolutions temporo-

occipitales sont bien développées, régulières; les scissures ne

sont le siège d'aucune anomalie.

Face interne. La scissure calloso-IJ1[ ! )'uillnle est profonde,

sinueuse, ininterrompue. Il existe une scissure préovalaire,

communiquant directement avec la scissure calloso-marginale.

- La première circonvolution frontale est bien développée

ainsi que le lobule paracentral, qui offre à son centre une

scissure profonde, transversale, allant de la scissure interhé-

misphériquca à la scissure calloso-marginalc. La deuxième cir-

Imbécillité. Réflexions. 19

convolution frontale interne est également bien dévloppée. Le

lobule paracentral, sur son bord supérieur et surtout à

sapartieantérieure est en retrait surles parties environnantes.

Le lobule qlndl' £ l;¡tèl'e est bien développé ; il présente deux

plis de passage pariéto-limbiqucj antérieur et postérieur, et

une scissure sous-pariétale normale. La.sct'ssttre perpendi-

culaire interne, est profonde, formant encoche et a deux lèvres

écartées à sa partie supérieure. La scissure calcarine est

profonde. Le coin, bien développé dms sa moitié supé-

rieure, est très étroit, même en retrait, comme atrophié à sa

partie inférieure. /

Les digitations de l'inslila sont au nombre de quatre. Les

masses centrales, le ventricule latéral, la corne d' : lmtnot2, etc.

sont normaux.

Cervelet. Les hémisphères cérébelleux sont égaux. La

pie-mère cérébelleuse s'enlève assez facilement, sauf sur cer-

tains points où on entraine un peu de substance grise. Rien

d'anormal. Protubérance et bulbe, sains.

Réflexions. I. Nous avons à noter en premier

lieu des accidents nerveux des deux côtés, maternel

et surtout paternel (aliénés, migraineux, choréiques),

et des accidents tuberculeux du côté maternel.

II. Signalons en passant l'inégalité d'âge de 15 ans

du père et de la mère du malade, inégalité invoquée

par quelques auteurs pour rendre compte de la pro-

duction d'enfants dégénérés.

III. L'existence d'un hypospatlias, de mouvements

spasmodiques, de tics, d'arriération intellectuelle chez

un frère, et chez le malade lui-même d'un torticolis

congénital avec tremblement de la tête, d'une syn-

dactylie partielle des mains et des pieds, enfin d'un

hypospadias. De telles malformations ne sont pas rares

chez les idiots ; nous en possédons de nombreux

exemples et quelques-uns d'entre eux ont été publiés

dans nos précédents comptes-rendus (1).

(1) Voir entre autres ceux de IH\, p. 127 et de 1880, p. ID6, etc.

.20 Réflexions.

IV. Pour expliquer la production de ces malforma-

tions, et aussi dans une certaine mesure, l'idiotie,

faut-il invoquer les impressions maternelles, à l'ins-

tar des parents eux-mêmes ? Peut-être. En effet, durant

sa grossesse la mère de l'enfant éprouva deux émotions

très vives, avec troubles persistants qui peuvent avoir

eu une répercussion sérieuse sur le foetus.

V. L'imbécillité, qui était très prononcée, paraît

d'origine congénitale et avoir été aggravée par le trau-

matisme céphalique survenu à 3 ans et demi. T... a été

envoyé sans succès à l'école et loin de s'améliorer, sa

situation paraît s'être empirée : sous l'influence des

moqueries, des taquineries, des coups de ses cama-

des qui l'appelaient « tête de singe», « vilain singe »,

de doux qu'il était il est devenu irascible. Nouveau fait

à l'appui de l'isolement de cette catégorie d'enfants

dans des services spéciaux quand leur intelligence est

très affaiblie, soit dans des écoles ou des classes spé-

ciales s'il ne s'agit que d'une simple arriération

intellectuelle.

VI. La tuberculose intestinale a eu une marche

très lente. Elle existait déjà fort probablement avant

l'entrée du malado dans notre service. Ses progrès

lents mais oonstants ont été notés assez régulièrement.

La température, qui a été prise durant la plus grande

partie de son évolution, ne s'est élevée qu'exceptionel-

lement ot d'une façon passagère au-dessus de 39° ; le

plus souvent elle ne dépassait guère le chiffre normal;

à maintes roprises on l'a même trouvée au-dessous

de ce chiffre ce qui rend compte de la sensation de

froid donc se plaignait fréquemment l'enfant. Seul

des viscères abdominaux, le foie était atteint de tuber-

culose ; les poumons ne présentaient que des lésions

très circonscrites.

IL

Idiotie et épilepsie symptomatiques;

4 (Atrophie et Sclérose.)

Par BOURNEVILLE et MORAUX

SOMMAIRE. - Grand-père paternel, excès de boissons.

Grand'mère paternelle aliénée. Tante paternelle ori-

ginale; idées de persécution durant ses grossesses.- Mère

migraineuse. Grand'mère maternelle hystérique.- Cou-

sin choréique. - Soeurs, convulsions de l'enfance.

Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge d'un an. - Syn-

copes durant la grossesse. Crises nerveuses hystériques

pendant l'accouchement. - A partir de la 2e semaine, cris

constants. Convulsions à 6 mois auec les premières dents.

Jusqu'à 2 ans convulsions toutes les 6 semaines. - Parole

à 2 ans. Marche à 3 ans. Gâtisme. - De 2 à 4 ans 4 à 5

convulsions par an. Accès convulsifs à début unilatéral

à partir de 4 ans. Parésie du membre supérieur droit.

Salacité. Onanisme précoce mais passager. Succion

du pouce. Balancement antéro-postérieur. Rumina-

tion. Ascarides. - Emaciation. - Mort par cachexie. -

Autopsie : Atrophie partielle et sclérose des circonvolu-

tions ; - pas de lésions viscérales. - > : .

Rén..., né le 19 février 1878 à Paris, est entré le 10 novem-

bre 1883 à l'hospice de Bicêtre. (Service de M. BOURNEVILLE.

Antécédents. (Renseignements fournis par sa mère). Père

39 ans, ciseleur sur bronze, toujours bien portant, n'a jamais

eu d'affections nerveuses, vénériennes ou arthritiques; pas de

troubles mentaux. Caractère un peu emporté ; pas d'alcoolis-

me ; petit fumeur. [Père corroyeur, mort accidentellement,

excès de boissons. Mère aliénée, internée à l'asile de Vaucluse.

Le certificat du Dr Garnier nous apprend qu'elle était atteinte

22 Idiotie eT ÉPILËPStË stMPT(jrAT1QUES.

«de délire chronique, avec idées de persécution, conceptions

ambitieuses actuellement prédominantes : elle est seigneur de

plusieurs villages; elle va se marier avec le comte de Saint-Ger-

main ; son mari n'était que son protecteur, etc. » Grands

parents maternels morts âgés, on ne sait de quoi. Une

soeur, de santé délicate, a eu -12 grossesses et a été sujette pen-

dant le cours de celles-ci à des idées bizarres; elle a 5 enfants

vivants, intelligents et bien portants.

Bière, 38 ans, polisseuse, de petite taille, sèche, d'une intelli-

gence moyenne, sobre, a unebronchite chronique. A partirde

l'âge de 17 au;, elle a été sujette à des migraines qui apparais-

saient aux époques cataméniale ? pas de troubles nerveux ou

mentaux ni d'affections vénériennes. [Père a abandonné sa fem-

me, pas de renseignements sur lui. -J11èl'e mOt'te à 51 ans d'une

gastrite; elle avait des attaques de nerfs qui survenaient pres-

que tous les mois; elles étaient provoquées tial71tuellentent par

une contrariété : elle s'agitait pendant les 3 ou 4 heures que

durait l'attaque et à lasuite fondait en larmes (attaques hysté-

Tiques). - Grands parents maternels morts âgés, on ne sait

de quoi. Un frère mort à 39 ans de tuberculose pulmonaire avec

une hypertrophie du coeur. Uue cousine germaine a eu la cho-

rée de Sydenham.]

Pas de consanguinité.

5 enfants : 1» Une fille de 9 ans 1/2, scrofuleuse, aurait eu quel-

ques convulsions légères durant une rougeole; 2° une

fille de 8 ans, hin portante, intelligente; - ; 3° notre mala-

de ; 4° une fille de 4 ans 1/2, qui a eu des CO ? IUIIlSiO7lS inte ? --

nes dès sespremiers jours et, à 4 ans, des convulsions générali-

sées ; l'intelligence serait normale; -5,, Une fille d'un an : bien

portante.

Notre malade. La conception n'a pas eu lieu dansl'i-rCsse.

Pendant la grossesse la mère a eu des ennuis dus à la maladie

de sa fille ainée ; elle était faible, souffrante, etc. Pas de trau-

matisme, de chute, d'alcoolisme, L'accouchement s'est fait à

terme. Elle a eu 6 attaques de nerfs pendant le travail; ces

attaques n'avaient pas été précédées d'oedème, de céphalées

et on ne lui a pas dit que ce fut de l'éclampsie. L'accouche-

ment a duré 14 heures mais on n'a eu recours ni au forceps ni

au chloroforme. -

A la naissance, l'enfant était gros, bien constitué, sans

asphyxie. Il fut élevé au sein par sa mère pendant deux

mois ,puis comme il dépérissait, pendant le cours du 2c mois, et

Antécédents. 23

qu'il poussait continuellement des cris on le plaça à la cam-

pagne où on lui donna du lait de vache au biberon. Les pre-

mières convulsions survinrent à 6 mois au moment de l'érup-

tion des premières dents; depais lors, et jusqu'à la deuxième

année, Il... eut des convulsions toutes les 6 semaines environ.

Ces convulsions duraient de 1 à 5 minutes. Lorsque les molaires

ont percé, il a eu des convulsions tous les jours pendant

6 semaines. Sa santé et son développement physique parais-

saient normaux, cependant, après chaque convulsion, il était

souffrant et dépérissait durant un temps variable.

A part la rougeole à 2 ans et au début de laquelle il n'a pas

eu de convulsions, il n'a jamais fait de maladies définies. Il

a eu à différentes reprises des poussées d'inpétigo accom-

pagnées de conjonctivite phlycténulairc.

A 2 ans on s'aperçut déjà que son développement intellec-

tuel était retardé et corespondait seulement à celui d'un en-

fant d'un an. C'est à cette époque seulement qu'il commença

à parier. Quanta la marche, elle n'a débuté qu'à 3 Il n'était t

pas propre, pourtant il restait quelques jours sans gâter.

De 2 à 4 ans les convulsions se répétèrent à intervalles irré-

guliers. Elles survenaient par séries, se renouvelant 4 ou 5

fois par jour. Les pieds et les mains se retournaient, nous dit

la mère. Elles n'étaient suivies ni de stertor ni de stupeur.

A 4 ans, sans cause apparente, les accès convulsifs se modi-

fièrent. L'enfant poussait parfois, au début, un cri étouffé;

les membres tombaient en résolution, puis devenaient bien-

tôt le siège d'une raideur très marquée à laquelle succédaient

de petites secousses cloniques. Les yeux étaient convul-

sés en haut. La face cyanosée au début devient pâle dans la

suite. Les parents ont remarqué que les phénomènes con-

vulsifs prédominaient dans les membres du côté droit. Une

seule fois il eut un peu d'écume à la bouche; la miction

involontaire survenait à la fin de l'accès. Après l'accès l'en-

fant revenait à lui assez rapidement, comme s'il n'avait rien

eu. Le regard seul restait un peu égaré. On a remarqué aussi

que le côté droit était un peu plus faible que le gauche et que

le malade avait cle la peine a se servir du bras droit.

Les accès augmentèrent progressivement de fréquence jus-

qu'à se répéter 30 fois par jour et presque tous les jours,

durant toute l'année 1882. En 1883 la fréquence diminue un

peu sans cause apparente.

R... était gourmand et salace : il mangeait toute la journée,

exigeant toujours des friandises; il mangeait aussi des cen-

24 IDIOTIE, ÉPILEPSIE symptomatiques. :

dres, du cirage, etc. Il tétait son pouce. Il avait la manie d'ef-

filocher les objets tissés.

L'onanisme s'était développé durant son séjour en nour-

rice. Il disparut pendant quelques années pour reparaître plus

tard. Tantôt affectueux et doux, il devenait parfois taquin

et méchant avec sa soeur et la battait. On n'a jamais pu lui ap-

prendre à s'habiller ou se déshabiller. Il savait à peine se ser-

vir de la cuiller pour manger. Dés la première année il exécu-

tait un balancement antéro-postérieur continuel du tronc.

C'est dans le cours de l'année 1883 que ses parents, sur le con-

seil d'un médecin, le placèrent à l'Asile clinique (Ste Anne) ou

il resta 3 mois et de là fut transféré à Bicêtre,.

1884. Dentition. La dentition de lait est très mauvaise. Tou-

tes les molaires sont profondément cariées.

Accès. Les accès sont fort nombreux (100 à 200 par mois) et

présentent les caractères décrits plus haut. Après ses séries

d'accès, il est anéanti et devient gâteux alors que dans l'in-

tervalle il est propre et va régulièrement à la selle deux fois

par jour. - Il joue, il est gai, ilconnait les différentes par-

ties de son corps ; la parole est libre ; il prononce assez bien la

plupart des mots mais il ne peut pas construire une phrase. -

Pas de rumination, pas de vomissements. Il suce continuel-

lement ses doigts. Il ne se sert que de la cuillère pour man-

ger. La mastication est normale.

15 décembre. Traitement; élixir poly bromure (2 cuillerées

par jour.)

1885. Sous l'influence du traitement bromure les accès sont

beaucoup diminué de fréquence pendant les 3 premiers mois,

puis ils se sont reproduits comme avant (v.le Tableau des accès,).

1886. État actuel (25 Janvier). L'enfant est de taille moyenne

(1-02), émacié. Les cheveux sont blonds, régulièrement implan-

tés. Crâne légèrement asymétrique et dolicocéphale. La

bosse pariétale gauche fait une saillie plus marquée que la

droite. Le front e;tpeu élevé. -La face est irrégulière, symé-

trique. L'expression est stupide, le regard atone. Pas de lésions

oculaires,pas de strabisme ou de nystagmus. La vision paraît

être normale. Le nez est droit, un peu épaté mais non dévié.

Le pavillon des oreilles est symétrique et ne présente

aucune déformation. L'ouïe est normale. - La bouche est lar-

gement fendue. Pas de déformation du voile du palais ou du

palais osseux.

IDIOTIE ET ÉPILEPSIE symptomatiques. 25 5

Les membres supérieurs ou inférieurs ne présentent pas de

déformations morphologiques. R... se sert également du bras

droit et du bras gauche ; mais la force dynamométrique est très

faible des deux côtés et inégale (5 de la main droite et 2 de la

main gauche) : il ne peut serrer un objet. Dans la marche, l'en-

fant traine ses pieds sans les soulever, les genoux frottent l'un

contre l'autre. La pointe des pieds est tournée en dedans. Les

réflexes tendineux sont exaltés surtout du côté droit. Pas de

trépidation spinale et pas de contracture très marquée aux

membres inférieurs. La sensibilité cutanée est normale dans

tous ses modes et sur tout le corps.- Il est impossible de

fixer l'atteiitioit de R... car il est sans cesse en mouvement.

19 avril. Poussée d'impétigo s'accompagnant de kérato

conjontivite pli l ! }ctenulaire; ces troubles oculaires cédérent

rapidement au collyre au sulfate de cuivre.

L'état général est assez satisfaisant. L'enfant n'a pas-

encore atteint sa puberté. La tête et le tronc sont glabres.

Les testicules descendus dans les bourses, sont égaux et ont

le volume d'un haricot. La verge est peu développée (4 centi-

mètres sur 45 millimètres de circonférence). Le gland est

recouvert par le prépuce. Pas de phimosis.

Année 1887. Les accès continuent à se répéter avec une fré-

quence décroissante et à part quelques contusions consécuti-

ves aux accès et à la chute qui les accompagne, il n'y a rien à

signaler. Onanisme.

1888. Les accès sont beaucoup moins fréquents et R... est resté

plusieurs mois sans présenter ni accès, ni vertiges. Durant cette

année on a compté 32 accès alors que l'année précédente il en

avait eu 288.

1889. Au commencement de l'année les accès ont été plus fré-

quents surtout en janvier. L'état général est assez satisfaisant.

Puberté. La face et le tronc sont glabés. Les testicu es, des-

cendus dans les bourse ? , sont égaux et ont le volume d'un ha-

ricot : La verge est peu développée (4centim. de longueur sur

45 mm. de circonférence). Le gland est recouvert par le pré-

puce.

1890 Au commencement du mois de janvier, on note que l'en-

fant s'amaigrit beaucoup sans causes apparentes. Sa salacité

augmente, il suce et mange toutce qu'il peuttrouver.ll rumine

26 Idiotie ET ÉPILEPSIE symptomatiques

continuellement (liquides et solides). On est obligé de lui

attacher les mains pour l'empêcher de mâcher sa chemise.

L'appétit est conservé, les selles sont régulières. Il existe une

élévation thermique de 38,8, sans trouble respiratoire ou car-

diaque.C'est à ce moment qu'on le descend à l'infirmerie :

8 janvier. La température atteint le soir 39. A partir de

ce jour, elle redescend progressivement à l'état normal.

3 février. L'amaigrissement est con idérable. les yeux sont

excavés, le teint pâle. Il n'y a pas de fièvre, pas de troubles

gastriques, pulmonaires ou cardiaques qui puissent expliquer

cette cachexie progressive. Les urines sont normales; elles ne

contiennent ni sucre ni albumine.

7 février. L'enfant a gémi toute la nuit et a réclamé souvent

à boire. A 6 heures du matin il a pâli, ses yeux se sont ouverts

à différentes reprises en même temps qu'il soupirait, puis il n'a

plus rien dit jusqu'à 7 heures et demie, moment où il s'est

éteint. La température à 5 heures du matin était de 37". 8.

Voici les tableaux comparatifs des dimensions de son crâne,

de son poids, de sa taille et de ses accès pendant son séjour

dans le service :

Autopsie.

10 RÉFLEXIONS.

développées que sur l'hémisphère droit; cette différence s'ac-

cuse surtout sur le lobs frontal et les circonvolutions motri-

ces supérieures;. Il existe même un véritable état chagriné

de la frontale interne-. La disposition morphologique des cir-

convolutions n'est pas la mime sur les deux hémisphères sans

qu'il y ait cependant en les considérant isolément aucune

anomalie essentielle et caractéristique.

La forme générale des hémisphères est différente : l'hémis-

phère droit présente une forte convexité de son bord supérieur,

tandis qu'à gauche on observe au contraire un aplatissement

de ce bord à la face interne. On constate que la couche opti-

que du côté gauche est sensiblement moins développée que la

droite.

Les ventricules cérébraux sont normaux, non dilatés.Lesgé-

doncules cérébraux sont symétriques.-Pas de lésions macros-

copiques du cervelet, de la protubérance, de l'isthme ou de

la moelle. Les vaisseaux et nerfs de la base du crâne sont symé-

triques.

RÉFLEXIONS. 31 t

II. L.es antécédents personnels offrent de nombreux

accidents névropathiques. La mère a eu des synco-

pes durant la grossesse et pendant l'accouchement t

des attaques probablement de nature hystérique. Tou-

tefois le dou'e peut subsister en l'absente de rensei-

gnements précis et il est possible de se demander s'il

ne s'agissait pas là d'attaques éclamptiques. Puisque

l'occasion s'en présente nous en profitons pour dire

que c'est d'une façon tout-à-fait exceptionnelle que

nous avons noté l'éclampsie dans nos nombreuses ob-

servations sur les maladies nerveuses des enfants,

aboutissant à l'idiotie.

111. A partir de la seconde semaine de la vie R...

poussait des cris continuels qui constituent souvent

un des premiers signes de l'idiotie. Les premières

convulsions apparurent à 6 mois. Elles se répétèrent

ensuite assez fréquemment et se modifièrent dans

leur forme à partir de 4 ans. On voit en effet, à cette

époque, les accidents prendre le caractère des accès

épileptiques et los convulsions prédominer dans les

membres du côté droit où l'on note bientôt un certain

degré de parésie. Les accès épileptiques ont persisté

jusqu'à la mort du malade à l'âge de 12 ans,

IV. Au point de vue mental, R... était atteint

d'idiotie à un degré très prononcé. L'intelligence était

à peu près nulle. Bien' que la prononciation fut libre, la

parole se bornait à quelques phrases. L'attention ne

pouvait être sérieusement fixée. Les sentiments affec-

tifs étaient très peu développés. Il était gourmand

salace et onaniste depuis longtemps.

V. Des symptômes physiques accompagnaient ces

troubles mentaux : une parésie du côté droit et des

ac-'ë-s d'épilepsie.. Ceux-ci ont eu une marche assez

32 RÉFLEXIONS.

singulière. Après avoir été très nombreux en 1883,

1884 et 1885, ils ont diminué notablement en 1887

et surtout en 1888. Signalons en passant l'élévation de

la température sous l'influence de l'accès. Parmi les

autres symptômes physiques mentionnons encore l'a-

symétrie crânienne et faciale, le gâtisme, la rumina-

tion, des tics : balancement antéro-postérieur conli-

nuel du tronc, manie d'effilocher les objets tissés.

VI. Au point de vue du traitement de l'idiotie, on n'est

pas arrivé chez lui à des résultats sérieux, ce qui s'ex-

plique par la coexistence de l'épilepsie. Les accès ont

été modifiés temporairement par le traitement bromure

(élixir poly-bromuré), puis, après un certain temps,

le médicament est resté sans effet.

VII. Ce qu'il y a encore de particulier dans l'histoire

de notre malade, c'est cette cachexie spéciale survenant

progressivement, déterminant la mort sans que l'exa-

men nécroscopique pût en expliquer le mécanisme.

C'est là, d'ailleurs, une terminaison cle l'épilepsie qui

n'est pas rare et qui mériterait de faire l'objet d'une

monographie qu'on pourrait intituler : De la cachexie

épileptique.

VIII. L'ensemble des symptômes observés chez cet

enfant, joint à la présence d'accès convulsifs et de

troubles physiques, nous ont fait porter le diagnostic,

d'idiotie et d'épilepsie symptomatiques d'un arrêt

de développement des circonvolutions et de sclérose

cérébral atrophique, diagnostic que l'autopsie a con-

firmé.

Il[ '.

Idiotie symptomatique de sclérose eérébrale

t atrophique;

Par BOUIEVtLLH et MORAUX

Sommaire. - Grand oncle paternel alcoolique -Mère migrai-

neuse, débauchée, alcoolique. Grand'mère paternelle

morte d'une attaque d'apoplexie. Grand'mère mater-

nelle buueuse. Irrtére <j)rad-pé ? 'e maternel coureur et

buveur. - Deux oncles et une tante morts de méningite.

- Pas de convulsions. - Marche et Parole à 4 ans. - Fai-

blessedu côté droit. -Premiers signes d'idiotie vers 6 mois.

Gâtisme. - Bave continuelle. Amélioration. -

Devezupropreen1889.-Croup; trachéotomie : mort. -Au-

topsie. Fausses membranes laryngées et tracltéobronchi-

ques. -l3rozcho-pzettnozie. -Sclérose cérébrale atrophi-

que disséminée portant sur tout sur les ci1'convolutions fl'on-

tales, pariétales ascendantes, le lobe paracentral, les cir-

convolutions du corps calleux et les lobes occipitaux.

Ars.. (Emile), 10 ans, né le 10 mars 1880, est entré à BicAtre

(service de M. BOURNEVILLE) le 31 mai 1889.

Renseignements fournis par le père (30 août 1889). Père,

37 ans, assez grand, employé chez un marchand de meu-

bles, bien portant, intelligent, non fumeur, sobre, d'un

caractère un peu emporté, n'aurait eu ni convulsions dans

l'enfance, ni arthritisme, ni affections cutanées ou vénériennes.

[Père, maçon, mort d'une bronchite à 67 ans, sobre. Mère

sobre, morte d'une attaque apoplectiforme ; 4 ans aupara-

vant hémiplégie gauche à la suite d'une première attaque.

Grand père paternel mort à 88 ans de vieillesse, pas de dé-

mence, travailleur. Grand'mère paternelle morte d'un épithé-

lioma de la face à 67 ans. Grands parents maternels morts

âgés, on ne sait de quoi. 3 oncles paternels, l'un mort acci-

Bourneville, Bicêtre, 1890. 3

34 Antécédents.

dentellement, l'autre, bossu à 20 ans, est mort à 63 ans sans

enfants, après de nombreux evces de boisson. Le 3° est

bien portant; il a eu 3 enfants dont une fille morte à 17 ans de

tuberculose pulmonaire. - Deux tantes paternelles en bonne

santé, sans enfants. Deux tantes maternelles sans descen-

dance. - Un frère bien portant, ainsi que ses 4 enfants. 3

saeurssans convulsions. Ni aliénés, ni épileptiques, ni suicidés,

ni criminels, etc, danslafamille paternelle]. '

Mère, 32 ans, fleuriste, grande, forte, mariée à 23 ans, a

quitté son mari depuis 2 ani ; pas de convulsions ni de fièvre

typhoïde. Migraines fréquentes, caractère nerveux. Nom-

breux excès de boissons depuis son mariage ; depuis qu'elle

a quitté son mari, débauchée, conduite déplorable. [Père

mort à 40 ans d'une- fièvre typhoïde compliquée d'accidents

cérébraux. « Mère, alcoolique assez bien portante. Grand-

père maternel buveur et coureur.- Un frère débauché a aban-

donné sa femme. Pas d'aliénés, pas d'épileptiques, pas de sui-

cidés, etc., dans la famille maternelle. ] - '

Pas de consangteinité (Père de la Manche. Mère de la Somme).

Différence d'âge 5 ans.

Quatre enfants : notre malade; un garçon mort de mé-

ningite à 10 mois; une fillette de 5 an bien portante, intel-

ligente, pas de convulsions; une fille morte à 7 mois de

méningite. w

Antécédents personnels du malade. La conception a eu lieu

dès les premiers jours du mariage ; les parents étaient bien por-

tants tous deux. Grossesse : pas de traumatisme ni de frayeurs,

mais la mère aurait commencé à boire pendant cette première -

grossesse, sans aller jusqu'à l'ivresse. Elle a eu des vomisse-

ments assez fréquents. L'accouchement est survenu à

terme, il a été long ; ni forceps, ni chloroforme. Pas

d'asphyxie à la naissance L'enfant a été élevé au biberon

par sa mère. Il n'aurait jamais eu de convulsions et son -

développement paraissait se faire normalement. - A 6 mois

on remarqua qu'il n'était pas comme les autres enfants, qu'il

saisissait mal le biberon.- Il ne se servait pas de ses mains

qu'il laissait retomber à côté de lui. Les yeux étaient hagards.

Il riait quelquefois et paraissait s'intéresser un peu aux '

jouets qu'on lui donnait. Il n'a pu se lever de son lit qu'à l'âgé

de 4 ans. C'est vers cette époque seulement qu'il a commencé

à marcher. Il arrive à porter les aliments à sa bouche à l'aide

ds sa fourchette.- Il était très maladroit de ses membres, tom- - z

Antécédents. ' 3 -

bait fréquemment. C'est à 4 ans qu'il commença à prononcer

quelques mots, à dire papa et encore d'une manière in-distinc- z

te. Il a toujours bavé. Il grince parfois des dents. Depuis '

ses premières années, il présente un balancement latéral dis-

continu. On avait remarqué qu'il traînait un peu plus la z

jambe droite et que son soulier était usé davantage de ce côté ; , 1

en outre il paraissait plus maladroit de la main droite que de :

la main gauche. '

L'enfant n'a jamais eu de. maladies infectieuses, de lésions;

traumatiques ou d'affections cutanées à part un eczéma de l'o-

reille. Il a été sujet aux conjonctivites pendant ses pËemiè ?

res années. - Il n'a jamais eu d'étourdissements ni de secouez

ses. Il avait parfois des colères violentes; il était cepen- z

dant affectueux avec ses parents. De 1888 à 1889 il a été placé-,

à la campagne. ' :

Etat actuel (13 juin 1889). Enfant de taille moyenne (1 mètre 17),.

pesant 16k. 600, légèrement émacié, d'apparence chétive. Les

cheveux sont d'un blond châtain, assez abondants et réguliè-

rement plantés, présentant un seul tourbillon postérieur situé

sur la ligné médiane. Les sourcils etles cils sont blonds et n'of-

frent rien de particulier. Les lèvres etles joues sont glabres ainsi .

que le tronc et la région génito-périnéale. Pas de cicatrices cuta- ;

nées. Adénopathie cervicale assez marquée. ' '

La tête est arrondie, symétrique. Le crâne est iiiésaticépliale, `

présente un indice céphalique de 79. Les os du cl'âne sont sou-

dés. Le front est peu élevé, les bosses frontales sontégales. -

Les yeux lie présentent aucune particularité. Le nez est;

petit, régulier. L'odorat est normal. La bouche est régulière ' "

et petite. Le goût est norm il. - Le menton est un peu fuyant.

Dentition. Au niveau de la mâchoire supérieure il existe 4.

incisives permanentes, longues, écartées, les premières pré-

molaires et molaires permanentes droite et gauche. Les cani-

nes et 2me prémolaires ne sont pas encores sorties. Les dents.

de lait correspondantes sont tombées laissant un vide insuffi-

sant pour recevoir les dents nouvelles. La mâchoire ùi/'ë- '

rieure présente toutes les incisives permanentes. Les cani-'

nés permanentes sont prêtes à sortir. Les Ires molaires sont

profondément cariées. Les prémolaires de lait sont détruites,

par la carie ? L'articulation est très défectueuse mais sur-

tout mal fixée. Les molaires du fond de la bouche seules se.

rencontrent lorsque la bouche se ferme. Les dents antérieures ¡

sont distantes de près d'un centimètre. Gencives en assez

bon état. , -

36 Description DU malade.

Les oreilles sont écartées du crâne mais à part cela ne pré-

sentent aucune particularité. Les membres supérieurs sont

le siège d'un certain degré de contracture prédominant du

côté droit. Les bras sont habituellement rapprochés du tronc

les avant-bras en demi-flexion, la main fléchie, les doigts en

extension. Le développement des membres supérieurs est

symétrique et normal. La différence qui existe entre la cir-

conférence des deux membres inférieurs est insignifiante. Au

point de vue fonctionnel, l'enfant est maladroit de ses mem-

bres supérieurs. Les mouvements sont gênés et moins éten-

dus qu'à l'état normal.- Il ne peut pas s'habiller ou se désha-

biller seul. La force dynamométrique est de 13 du côté gauche

et nulle à droite.- Pas de troubles de la sensibilité cutanée

dans les membres supérieurs. Les réflexes tendineux

du poignet existent. Quant aux membres inférieurs ils ne sont

le siège d'aucuns phénomènes anormaux. Pas de différence

de développement. Pas de contracture. Les réflexes rotuliens

sont cependant exagérés, mais il n'existe pas de trépidation spi-

rale. Lasensibilité cutanée est normale dans tous ses modes. Les

troubles fonctionnels sont les mêmes qu'aux membres supé-

rieurs. L'enfant marche difficilement. Les mouvements sont

lents. Il ne peut courir ni sauter. La station est incertaine et

il tombe facilement. - On ne note rien de particulier au niveau

du thorax ou de l'abdomen

Organes génitaux. Pas de poils au niveau des organes géni-

taux. Testicules descendus dans les bourses. Verge normale-

ment conformée. Prépuce normal. Pas de phimosis. Anus

régulier.

Parole rudimentaire. Il parle du nez et ne peut proncer que

quelques mots : « papa, minmin ». La mastication est un peu

lente. Déglutition normale. -Bave en mangeant. Pas de rumi-

nation.

Intelligence nulle. Il ne sait ni lire, ni écrire. Il arrive cepen-

dant à reconnaître une partie des objets qui l'entourent, lors-

qu'on le lui demande. Mémoire nulle. Caractère doux, paisible.

Il est affectueux avec le personnel du service.

1889, Depuis son arrivée dans le service le malade n'est entré

que deux fois à l'infirmerie.

28 août. Plaie au niveau du sourcil droit, consécutive à une

chute. Suppuration. Incision. Pas de phénomènes spéciaux.

21 novembre. Rougeole assez intense suivie de complications

pulmonaires (broncho-pneumonie) qui ont retardé la guérison

11'H'1`HLRI); : Autopsie. 37

complète jusqu'au. 8 janvier 1890. Pas de complications ner-

veuses.

1890. 10 mars. Le malade descend à l'infirmerie pour une

toux rauque, accompagnée de vomissements. On constate une

angine diphtéritique caractérisée.

11 mars. Toux bitbnale. Respiration difficile. Tirage, Accès

de dyspnée avec cyanose du visage. Trachéotomie.

12 Mars. Mort avec élévation thermique (41a, 6) et dyspnée

sans tirage (broncho-pneumonie).

Les notes de la petite École, montrent que le malade était

en voie de progrès. » Il était arrivé à reconnaître quelques

lettres de l'alphabet, les chiffres et les couleurs. Il avait appris

à se servir moins gauchement de ses membres, à lacer, à bou-

tonner, à estimer les longueurs, les surfaces. Il bavait un

peu moins et était devenu tout à fait propre.

Autopsie, le 13 mars 1890 (23 heures après la mort). Rigidi-

té cadavérique peu accusée. Lividités cadavériques sur les

membres et le tronc.

Appareil respiratoire. Fausses membranes grisâtres recou-

vrant uniformément la muqueuse de l'épiglotte, du larynx, de

la trachée et s'étendant dans la bronche droite jusqu'au niveau

du hile du poumon. La bronche gauche et le poumon du

même côté ne présentent aucune lésion. Le poumondroit est

le siège, au niveau de son lobe inférieur, d'une congestion in-

tense et de petits foyers de broncho-pneumonie. Poumon

gauche : 200 gr. Poumon droit : 310 gr. Le coeur est normal

(120 gr.) Pas de lésions myocardiques ou valvulaires. Trou de

Botal oblitéré.

Tube digestif. Fausse membrane épaisse au niveau des pi-

liers du voile du palais et des amygdales. Estomac, intes-

tins normaux, ainsi que le Foie (670 gr.). le Pancréas (30 gr.)

la Pâte (un peu grosse ; 60 gr.), les Reins (droit. 60 gr. ; -gaù-

che 70 gr.) et la vessie.

Le thymus a disparu complètement. Corps thyroïde normal

(10 gr.).

Tête. Le cuir clieveluprésente son épaisseur normale. Calotte

crânienne complètement ossifiée, assez épaisse. Légère asy-

métrie de la base du crâne : la fosse occipitale gauche est plus

large que la droite et la Crète occipitale est oblique de gauche

à droite et d'avant en arrière. Dure-mère crânienne normale,

non adhérente au crâne.

z38 Autopsie.

Réflexions. 39

,RÉFLiCI0T3. - I. L'alcoolisme a eu dans ce cas une

'action prédisposante évidente. On le rencontre du côté

paternel, mais il est surtout très accusé dans la famille

maternelle et chez la mère de l'enfant.

II. Les troubles mentaux et physiques, dont notre

malade était atteint, n'ont pas eu un début brusque,

contrairement à ce qui s'observe fréquemment en pareil

cas. Il n'y a jamais eu de convulsions ou d'état de mal

convulsif, ce qui autorisait à penser qu'il s'agissait ici

'd'un cas d'icLiotieconénitale. w

- . III. Le père dit avoir remarqué, à 6 mois, que son fils

n'étaitpas comme les autres enfants, qu'il se servaitmal

de ses bras. La marche survint tardivement, à 4 ans; le

malade a commencé à cette époque à prononcer quel-

ques mots, mais la parole est toujours restée rudimen-

taire. Les troubles parétiques qui s'observent du côté

.des membres sont plus marqués à droite. L'enfant est

gâteux, il bave continuellement et présente un balan-

cement antéro-postérieur continu. L'intelligence est

nulle. La mémoire fait totalement défaut. On arrive

cependant à fixer son attention et à lui faire reconnaî-

tre une partie des objets qui l'entourent. '

IIII. Nous n'avons pas pu nous rendre compte de la

manière dont s'était faite la transmission de la diphté-

rie à laquelle notre malade a succombé. Il n'y avait pas

eu de cas de diphtérie dans le service depuis au moins

trois mois et l'enfant n'était pas sorti de la section (1).

V. L'autopsie nous a révélé des lésions de sclérose

cérébrale atrophique des plus nettes. La diffusion de

(1) Il n'y a eu qu'un autre cas de diptliérie dans l'année, survenu chez l'en-

fant Robe... qui a été trachéotomisé le 5 mai et a guéri.

40 RÉFLEXIONS.

ces lésions est en rapport avec les phénomènes parti-

ques diffus et avec les troubles mentaux. Toutefois les

lésions atrophiquës étaient très marquées au niveau

des circonvolutions rolandiques du côté gauche, ce qui

se traduisait par une parésie plus prononcée du côté

droit.

VI. Il est intéressant de comparer cette' observation

à la précédente au double point de vue des symptômes

et des résultats du traitement de l'idiotie. Nous avons

vu que chez Ren... il existait des phénomènes convul-

sifs épileptiformes qui ont persisté pendant toute la vie

et ont été un obstacle sérieux au développement men-

tal de l'enfant. Ici, au contraire, les phénomènes convul-

sifs font défaut et sous l'influence de l'éducation, le

malade s'était notablement amélioré. En une année on

était parvenu à lui faire reconnaitre quelques lettres

de l'alphabet, les chiffres et les couleurs. Il était devenu

plus habile de ses membres. Le gâtisme avait complè-

tement disparu. (Voir Planche I, fig. 1, 2, 3, et 4.)

VII. L'idiotie symptomatique de sclérose cérébrale

atrophique est surtout susceptible d'une grande amé-

lioration lorsqu'elle ne s'accompagne pas d'épilepsie.

Î'V :

idiotie symptomatique d'une tumeur cérébrale

(11 drocéphaLie) ;

PAn lüi;ifNEt'ILLE et \ÎÔIt.tT :

ëqMMAiRE. rupteur cérébrale, hydrocéphalie sjjniptoma-

tique. Grand père paterne ! alcoolique. Mère, convul-

sions à 2 ans. Prentiers symptômes à 10 arts. Cépha-

lalgie, voniissentents, gâtisme. Paraplégie spasmodique.

Atrophiecloccbledcenérfoytique3lortpar fracture du crâne.

Autopsie.- Sarconte à Ijétites cellules siégeant dans la cavité

du 4rac ventricule et sur la partie latérale du bulbe et du

cervelet. Hydrocéphalie : dilatation des ventricules céré-

braux.

Ber..(Charles) âgé de 12 ans est entré à Bicêtre (service de

111. Bourneville) le 19 mai 1888.

Antécédents héréditaires. (Renseignements fournis par la

mère de l'enfant). - Père, 38 ans, surveillant à Mazas, grand,

fort, bien portant. Il a été soldat pendant 5 ans et depuis lors

a toujours été employé dans les prisons. Il n'a fait que de très ra-

res excès de boisson. Pas de migraines, de rhumatismes, d'af-

fections nerveuses ou cutanées. Marié à 26 ans. Intelligence

moyenne.-[Son père est mort accidentellement, il était sobre.

Sa mère est morte de misère) ? ) à l'hospice de Mirecourt. Pas

d'antécédents nerveux dans la famille].

Mère, 37 ans, brocheuse, a eu des convulsions à 2 ans, mais

depuis lors s'est toujours bien portée. Elle n'a jamais eu de

migraines, d'affections nerveuses ou arthritiques. Elle est d'un

caractère assez doux. [Père mort à 75 ans de vieillesse. Mère

morte à 35 ans des suites d'une fausse couche. Pas d'antécé-

dents nerveux dans la famille]-. Pas de consanguinité. Inéga-

lité d'âge d'un an.

42 Antécédents.

La mère de l'enfant s'est mariée deux fois. D'un premier

mari elle a eu 6 fausses couches et 2 enfants; l'un, de ceux-ci

est mort à 5 mois de convulsions internes, l'autre, une fille de

16 ans, est intelligente; elle a eu une tumeur blanche du

genou. De son deuxième mari, le père de notre malade, elle a

eu 5 enfants et une fausse couche grossesse môlaire ; -

Notre malade ; Une fille de 7- ans anémique ; pas de convul-

sions ; Un garçon mort à 2 jours de convulsions internes;

Un garçon mort à 7 mois d'athrepsie ; Un garçon de 4

ans bien portant et intelligent ; Une grossesse au 8m" mois.

Antécédents personnes. Les parents étaient bien portants à

l'époque de la conception. La grossesse a été bonne et l'accou-

chement s'est fait à terme, sans forceps, ni chloroforme. Pas

d'asphyxie à la naissance : c'était un gros et bel enfant. Il a été

élevé au sein par sa mère et s'est développé d'une façon nor-

male. Sa santé était bonne. Il n'a jamais eu de convulsions.

Son développement intellectuel était un peu retardé : à 7 ans

il lisait mal et n'écrivait pas du tout. La marche et les mouve-

ments des membres supérieurs ne présentaient rien de parti-

culier.

C'est à l'âge de 10 ans (au mois de février 1888) que parais-

sent avoir débuté les symptômes de l'affection qui l'a con-

duit à Bicêtre. Ce furent tout d'abord de violentes cépha-

lalgies, des vomissements alimentaires non motivés. L'en-

fant, toujours très propre jusqu'à cette époque, se mit à pisser

au lit et, en 6 semaines, il était devenu complètement gâteux.

Au mois d'avril on le conduit à l'hôpital des Enfants mala-

des. Il avait alors une faiblesse des jambes qui allait en aug-

mentant. Il marchait encore et il alla à pied de l'Hôtel de Ville

à l'hôpital. Il y resta 15 jours. A sa sortie le gâtisme avait dis-

paru. Il fit après cela un séjour de 2 mois à l'hôpital de la

Roche-Guyon. La marche devenait de jour en jour plus diffi-

cile. Il tombait à chaque instant. Son caractère se modifiait :

il avait des accès de rire sans motif; des colères subites dans

lesquelles il jetait par terre tout ce qui lui tombait sous la

main. A l'école où il était retourné il s'isolait de ses camara-

des, restait assis sur un banc à l'écart. Le gâtisme reparut

bientôt. Les douleurs de tête avaient diminué d'intensité, les

vomissements étaient plus rares il ne marchait plus quesurla

pointe des pieds et tombait facilement en arrière. On a remar-

qué aussi des alternatives de pâleur et de rougeur de la face et

des troubles vaso-moteurs des mains et des avant-bras. Les

mouvements des membres supérieurs n'étaient pas gênés.

Description DU malade. 43

.L'enfant s'habillait et se déshabillait facilement. C'est alors

que ses parents le placent à Bicêtre (19 mai 1888). ,

,. Etat actuel. Enfant de taille moyenne (l'"16). d'aspect chétif,

assez fortement émacié. Son poids ne dépasse pas 25 kilo-

grammes. La tête est symétrique. Le crâne est allongé d'avant

en arrière. Les bosses frontales et pariétales sont saillantes;-

44 Description DU malade.

Le thorax, l'abdomen, la colonne vertébrale ne présentent

rien de particulier. La circulation et la respiration s'exécutent

dans les conditions normales.

Rien à signale ? du côté des organes génito-urinaires à part

un phimosis assez marqué. Pas d'onanisme.

Puberté. Cheveux châtains, régulièrement implantés. Le

tourbillon postérieur siège sur la ligne médiane. Léger

duvet au niveau du pénil. L'enfant ne présente pas de trou-

bles de la parole. Il lit mais pas très couramment. Son écri-

ture est assez lisible. Il sait faire les additions. L'intelli-

ge ? iceestpeudéveloppée.Soncaractèreestdoux; il est assez

sournois, et aime à taquiner sas Camarades. - Le gâtisme

n'est pas complet. Pendant le jour il demande bien à aller à

la selle, mais la nuit il souille fréquemment ses draps.

Pendant l'année 1888 à 1889 il ne s'est pas produit de gran-

des modifications dans l'état de notre malade.

. Au commencement de l'année 1889 de nouveaux symptômes

apparurent. B ? était pris brusquement de défaillances sans

prodromes, sans cri, sans pâleur du visage. Pas de convulsions

de la face ou des yeux. Les membres sont en résolution. Un

tremblement assez prononcé agite le corps. Il n'y a pas de

perte de connaissance, pas de miction involontaire. L'enfant

répond aux questions. Ces symptômes, dont la durée ne

dépasse pas 5 minutes, se sont reproduits à différentes repri-

ses ; lorsqu'ils survenaient après les repas, ils débutaient par

des vomissements. Ils ne s'est jamais produit d'élévation

thermique.

Depuis le mois de mars l'affaiblissement des membres infé-

rieurs a été en augmentant. La marche est de plus en plus

hésitante, l'enfant ne peut plus se tenir debout sans appui.

Le regard devient un peu vague, l'acuité visuelle diminue

progressivement.

23 mars. L'enfant présente un certain degré de raideur à la

nuque. Ilse plaint de douleurs à ce niveau et d'une céphalalgie

continue. Il ne peut plus se tenir assis sur son lit et il se lais-

se retomber aussitôt, lorsqu'on l'a soulevé.

15 mari. L'enfant est toujours plus faible; quand on l'assied

la tête s'incline sur l'épaule droite et il pousse des cris si l'on

veut modifier cette attitude. Les pulsations artérielles sont plus

rapides qu'à l'état normal. Pouls : 110.

Pendant 5 mois, de Macs à Juillet 1889, la raideur de la nuque

et lacéphalgie persistent.- Les pupilles sont fortement dila-

Symptômes; Fracture DU crâne, 45

tées, mais leurs réactions restent normales, L'état de la papille

ne s'est pas modifié.

En septembre il parait se produire une légère amélioration.

L'enfant tient sa tète plus droite, il se soulève un peu au-des-

sus de son lit mais le gâtisme persiste. Après un séjour de

6 mois à l'infirmerie il retourne à son dortoir et on ne note

que quelques céphalalgies de temps à autre.

Les mensurations de la tôte, faites en octobre 1889, sont inté-

ressantes car elles montrent le développement exagéré du crâ-

ne de 1888 à 1890.

4' Autopsie.

La mort survient à midi et demie sans autres phénomènes. La

température est de 36°. Une demi-heure après la mort elle est

de 35°,5 et de 34° à 1 heure 1/2. '

Autopsie le 8 avril 1890, 40 heures après la mort. Rigidi- .

té cadavérique. Lividités cadavériques au niveau des régions

déclives. '

Tête. Ecchymose violacée au niveau de la région orbi-.

taire gauche. - Le cuir chevelu ne présente extérieurement

pas de signe de traumatisme mais lorsqu'on l'a détaché de la

calotte crânienne on constate une vaste ecchymose, occupant

la région temporale et pariétale et s'étendant en haut jusqu'à

lasuture sagitale, en arrière jusqu'à la suture lambdoïde.

La calotte crânienne présente une épaisseur très faible.

Elle est transparente daus presque toute son étendue : les

deux côtés sont symétriques. Au niveau de la fontanelle an-

térieure il existe encore'une surface de quelques millimètres

carrés non ossifiée.Les sutures sagi taies, lambdoïdes et fronto-

pariétales ne sontpas soudées et les différents os qu'elles sépa-

rent présentent une mobilité relative. Le frontal est soudé.

Au niveau de la bosse pariétale gauche, on constate un trait

de fracture fissurai, absolument horizontal étendu du point

culminant de la bosse pariétale à la suture fronto-pariétale .

sur une longueur de 15 cent. La fracture a intéressé les 2,

lames osseuses du pariétal. Par sa partie externe elle corres-

pond à l'ecchymose sous-cutanée que nous avons décrite ; par .

sa partie interne elle se trouve en rapport avec un épanche- ..

ment sanguin siégeant entre la dure-mère et le pariétal, qui

présente une forme allongée et mesure4 cent. de longueur sur;

3. cent de hauteur et 4 à 5 mill : d'épaisseur. ,

La dure-mère n'est adhérente au crâne qu'au niveau de la ,

fontanelle antérieure, Elle est normale dans toute son étendue.

Pas d'adhérence avec la pie-mère. Sinus normaux. Après Fin ?

cision de la dure-mère et de l'arachnoïde il s'écoule une quan-

tité de liquide un peu plus considérable qu'à l'état normal.Le s :

parois osseuses de la base du crâne sont symétriques et

n'offrent rien de particulier.

L'encéphale présente un volume très considérable. Son poids

est de 1900 gr. Lorsqu'on le saisit, on est frappé par la faible .

consistance des hémisphères et la pression y fait naitre une

fluctuation très marquée. Lorsqu'on dépose la masse encé-

phalique sur le plan de la table, les hémisphères s'étalent et les

cornes sphénoïdales se dépriment. La pie-mère a un aspect -

Autopsie : Sarcomes DU cervelet. 7

normal au niveau de la face convexe et de la face interne des

hémisphères. Au niveau de la base, dans l'espace situé au

devant des pédoncules cérébraux, elle est épaissie et présente

un aspect laiteux. On constate au niveau de la région fronto-

pariétale gauche une ecchymose légère siégeant dans l'épais-

seur de la pie-mère et correspondant à la région contusion-

née. La pie-mère est mince et s'enlève difficilement, bien

qu'il n'existe pas d'adhérences proprement dites.

Au niveau du cervelet et du bulbe, la pie-mère tapisse des sail-

lies dont la face interne est en rapport avec ces organes (fig. 1).

fig. 1. -Ceruelet, bulbe et protubérance de Ber... En T et T'on voit deux

masses néoplasiques Daraissant faire hernie en dehors du 4° ventricule par

les orifices latéraux de ce ventricule correspondant aux points de pénétration

du plexus choroïdien du 4° ventricule. En T", masse néoplasiqu.e faisant her-

nie à la partie inférieure du 4* ventricule. T'" petite tumeur située entre la

pie-mère et la surface du cervelet.

Ces tumeurs, qui présentent une forme lenticulaire et dont le

volume varie de la grosseur d'un pois à celle d'une noisette,

se distinguent à peine par leur couleur de la substance

1% ig. 1. , :

48 Autopsie : Sarcomes DU ceryelet. '

nerveuse avec laquelle elles ne paraissent cependant pas se

continuer. De chaque côté du bulbe, immédiatement au-dessous

des pédoncules cérébelleux moyens, il existe deux masses néo-

plasiques volumineuses. Il en existe une également au

niveau de la partie postérieure du vermis inférieur, dans la

région qui sépare les deux hémisphères cérébelleux. Cette

tumeur, dont la face antérieure répond à la partie antérieure

du plancher du quatrième ventricule, se continue en haut avec

une masse de même nature qui oblitère complètement la cavité

du quatrième ventricule.

Le tuber cinel'el.wJ, le . tubercules yapit(virew forment une

saillie un peu plus considérable qu'a l'état normal, bien qu'il

n'existe pas de production néoplasique à ce niveau. Dans

l'espace perforé postérieur il a une petite masse néoplasi-

que de peu d'épaisseur.

Après section du corps calleux, il s'écoule des ventricules

latéraux une quantité considérable de liquide limpide (600

grammes). Les Izité.7.,ituy sont uniformément dila-

tés sans que leur forme générale spit notablement modifiée.

L'épaisseurde la substance cérébrale qui sépare la paroi ven-

triculaire delà surface convexe des hémisphères ne dépasse

pas 3 centimètres. Le corps calleux ne forme plus qu'une

mince lamelle. La paroi des ventricules ne présente aucune

particularité, à part un certain degré 4e vascularisation qui

parait un peu plus considérable qu'à l'état normal.

Il en est de môme des plexus ohoroïdiens des ventricules

latéraux. Le 3° v,eltricul est également dilaté mais dans une

proportion beaucoup moins considérable que les ventricules

latéraux.

L'aqueduc des Sylvius a son diamètre normal. Les nerfs

optiques offrent à la coupe une coloration grisâtre et une

transparence atrophique très marquée. La vascularisation de

la gaine externe est très prononcée sur les 2/3 postérieurs du

nerf. -Les autres nerfs crâniens sont normaux.

Examen microscopique (M. Alon : vx). La masse néoplasique qui

occupe le 4° v.entricule, ainsi que les tumeurs secondaires situées

aunivea 51t cervelet ou de l'espace perforé postérieur répon-

dent au ;typ..e des t arcornes ie petites cellules. Au raclage elles

donnent un suc peu abondant constitué par de petites cellules

arrondies avec un noyau très développé tandis que le proto-

plasma qui l'entoure l'est relativement peu. Il n'existe pas de

stroma coityouclif et le pinceautage fait constater l'absence

Sarcomes DU CERVELET : Histologie. 49

complète de tissu réticulé. Les vaisseaux sont très peu abon-

dants et présentent une paroi formée par une seule couche de

cellules. (Fig. 2).

Fig. 2.-Coupe de la tumeur. Les cellules, C, sont arrondies à noyaux a-ssez

volumineux. Une masse granuleuse, G, sépare les celllules. Il n'existe pas de

réticulum fibrillaire. Coupe d'un petit vaissseau à parois propres en V.

La pie-mère qui tapisse la surface externe de la tumeur ne

contracte que de faibles adhérences avec elle et n'est nulle-

ment épaissie. D'autre part la tumeur se moule exacte-

ment sur la surface du cervelet ou du bulbe sans pénétrer dans

la substance nerveuse et sans l'altérer. Sur les bords laté-

raux du 41110 ventricule, le néoplasme englobe les plexuschoroï-

diens de cette cavité. Ces organes présentent leur structure

normale excepté cependant en certains points où l'on trouve

dans l'épaisseur même du plexus et sans modifications de

l'épithélium de revêtement, de petits noyaux néoplasiques

très peu volumineux. Les lésions histologiques des circon-

volutions cérébrales n'ont pu être étudiées par suite de la con-

servation du cerveau dans l'alcool. Les plexus choroï-

diens des ventricules latéraux sont normaux et n'offrent pas

de nodules néoplasiques.

Le bulbe est légèrement aplati dans le sens antéro-postérieur

au niveau de son 1/3 supérieur, mais sa structure n'est nulle-

ment altérée. Les pyramides ainsi que les noyaux bulbaires

ne sont nullement lésés (Fig. 3).

L'examen histologique du nerf optique démontre l'existence

Bourneville, Bicêtre, 1890. 4

Fig. 2. *

50 Autopsie.

d'une atrophie caractérisée par l'épaississement très marqué

des tractus conjonctifs qui cloisonnent le nerf optique. La gaine

de myéline des fibres nerveuses a disparu complètement. (La

coloration par l'acide osmique ou parla méthode deVeiâcrtne

donne aucun résultat). Ces lésions sont aussi prononcées au

voisinage de la papille que dans le 1/3 postérieur du nerf opti-

que. Les gaines du nerf optique ont leur épaisseur et leur

structure normales. Le corps pituitaire n'offre pas de lésions.

Fig 3 .- Coupe du bulbe et du 4 ventricule faite au niveau de la partie su-

périeure des olives. La masse néoplasique T oblitère complètement la ca-

vité ventriculaire et présente des prolongements latéraux, P, P, qui la relient

aux tumeurs extra-ventriculaires. Le bulbe est aplati dans le sens antéro-

postérieur. Il n'y a pas de lésions des éléments nerveux du bulbe.

Les méninges rachidiennes sont normales mais la quantité

de liquide arachnoïdien est plus considérable qu'à l'état normal.

La moelle pèse 50 gr.; macroscopiquement elle présente un

aspect normal. L'examen microscopique n'y révèle aucune

lésion, à part un très léger degré d'épaississement de la pie-

mère dans la région latérale et postérieure et au niveau de la

partie inférieure de la moelle cervicale. Il n'existe pas de sclérose

des cordons latéraux ou des cordons postérieurs, pas de lésion

des cornes antérieures ou postérieures. Les racines r;lcla i-

diennes et les nerfs périphériques sont normaux.

Les viscères abdominaux et thoraciques ne sont le siè-

ge d'aucune lésion.

Fit. 3.

Réflexions. ,.1 1

Réflexions. I. Rien dans les antécédents héréditaires

ne nous fournit d'indication sur la cause des 1 II1nl' ll/'S du cet

velet, constatées à l'autopsie.

Fig. 4. - Face convexe du crâne de Ber...

52 Réflexions.

II. Avant l'apparition des premiers symptômes, l'en-

fant semblait déjà un peu anormal ; il était en retard

au point de vue du développement des facultés intel-

lectuelles.

III. Les symptômes peuvent se résumer ainsi : Vio-

lentes céphalalgies, affaiblissement des membres infé-

rieurs avec déformation légère des pieds ; exagération

des réflexes rotuliens, trépidation épileptoÙle (para-

plégie spasmodique incomplète); gâtisme intermit-

tent et plus ou moins complet; modifications du carac-

tère ; accès de rire et de colère ; troubles vaso-moteurs

de la face ; diminution notable de la vue. A ces

symptômes variables en intensité, s'aggravant ou s'atté-

nuant, vinrent s'ajouter des défaillances accompagnées

ou non de vomissements ; une roideur douloureuse

de la nuque. La céphalalgie devint continue pendant

un laps de temps Cet ensemble symptomatique nous

avait fait porter le diagnostic de tumeur de la base du

crâne ou de pachyméningite de la base au voisinage

de la protubérance.

IV. La mort étant survenue dans les conditions que

l'on sait, l'autopsie a confirmé en effet ce diagnostic :

les tumeurs siégeaient à la partie inférieure du

cervelet, sur les côtés du bulbe, au niveau du vermis

inférieur, etc.

V. La compression exercée par les tumeurs du cer-

velet a eu pour conséquence en quelque sorte une

oblitération du quatrième ventricule, une dilatation

modérée du troisième ventricule et une dilatation

considérable des ventricules latéraux, en un mot une

véritable hydrocéphalie sg Diplomatique. La quantité

de liquide cépbalo-racbidienrecuci Hic, quand on a sépa-

ré les hémisphères cérébraux et qui n'était pas moindre

Réflexions.. 53

de 600 gr., indique le degré de cette hydrocéphalie.

La distension des ventricules a déterminé à son

tour une augmentation du volume de la tête très

prononcée ainsi que le fait ressortir le tableau com-

paratif des mensurations de la tête en 1889 et en 1890.

Bien que l'enfant fut âgé de 12 ans, les sutures fronto-

pariétales et interpariétales se sont écartées de 2 ?

à 25mm. Les dentelures des os voisins, comparables à

des stalactites et à des stalagmites, étaient réunies

par une sorte de membrane plus ou moins transpa-

rent (fig. 4). Lors du premier examen de la tête,

on avait noté que les fontanelles et les sutures

semblaient ossifiées; c'est donc durant le séjour du

malade à Bicêtre que s'est opéré cet écartement des

os, qui vient fournir, croyons-nous, un argument

sérieux contre la craniectomie. C'est parce que les

os du crâne ont pu s'écarter aussi largement que les

phénomènes de compression n'ont pas été plus gra-

ves, ont offert une grande lenteur et même des

rémissions dans leur marche. La vie aurait donc pu

se prolonger encore s'il n'était survenu un trauma-

tisme qui a eu si promptement une issue fatale.

Tous les os étaient translucides, notablement amincis,

car ils n'avaient qu'un à deux ou trois millimètres

d'épaisseur.

V.

Idiotie symptomatique de méninge-encéphalite

(Idiotie mén i ng o-encép hal itique) ;

Par BOURNEVILLE et MORAUX.

SoMMAfUE. Père mort de tuberculose pulmonaire ; fièvre

typhoïde grave; strabisme léger; excès de boissons.

Tante paternelle sujette à des attaques de nerfs. -- Arriére

grand-père maternel, excès de boissons. -Pas de consan-

gtii711té. Inégalité d'âge de 2 ans.- Demi-soeur paternelle,

convulsions de l'enfance. Frère mort de convulsions.

Peur vive au 3° mois de la grossesse, occasionnée par la Vlte

d'un idiot. Asphyxie à la naissance. Première dent

à 1 an. - Dentition complète à 6 ans. Marche à 7 ans.

Parole nulle. - Pas de convulsions. Tics : grincement

des dents; mouvement de rotation du tronc. - Mastication

nulle. - Gâtisme. - Mort par congestion pulmonaire.

Autopsie : nénizgo-eazcép)x<2lite chronique. Trigonocépha-

lie. Examen microscopique.

Tron ? Georges-Ernest, né à Paris le 26 juillet 1882, -a été

placé à Bicêtre (service de M. Bourneville), le 17 février 1890. '

Antécédents (Renseignements fournis par la mère de

l'enfant). Père, facteur, mort à 39 ans de tuberculose

pulmonaire, après une maladie de quatre ans. Il a eu la

fièvre typhoïde et a conservé depuis lors un léger degré de

strabisme convergent. Il a fait des excès de boissons ;

il était buveur d'absinthe mais il n'en prenait pas d'une

manière continue : son caractère était violent, emporté par ins-

tants et surtout après les excès de boissons; dans ses colères

il cassait tout, battait sa femme. [Père, 75 ans, bien portant,

sobre. Mère, 72 ans, bien portante. Pas d'accidents nerveux

Antécédents 55

ou autres chez les grands parents ou oncles paternels et mater-

nels. Une soeur, âgée de 45 ans, ne s'est pas mariée parce qu'elle

est sujette à des attaques de nerfs sur la nature desquelles il

est impossible de se renseigner; son intelligence est conser-

vée.]

Mère, 40 ans, crémière, de physionomie régulière, toujours

bien portante ; elle s'est mariée deux fois, elle a eu 2 enfants du

lit et4 du second. [Père, mort avec toute son intelligence, à

94 ans. Mère, 94 ans, en bonne santé. Grand-père paternel

excès de boissons; démence sénile ; mort à 60 ans. Pas de

détails sur les autres grands-parents. Un oncle maternel mort

à la suite d'excès de boissons répétés. Un frère atteint d'une

maladie chronique est à l'hôpital de Délémont; il marche avec

deux béquilles. 5 soeurs bien portantes].

Pas de consanguinité. (Père de Montargis, mère du canton

de Berne). Inégalité d'âge de 2 ans.

Le père a eu de sa première femme une fille de 15 ans qui

a étésujetteà des convulsions de l'enfance; aujourd'huibien

portante et intelligente.

La mère de l'enfant a eu, de son côté, d'un premier lit 2

enfants : Un garçon de 14 ans un peu délicat mais intelligent

et de bonne conduite; une fille de 10 ans et demi bien portante

et intelligente.

Les parents du malade ont eu 4 enfants : 1° Un garçon mort

à deux mois de convulsions; 2o Notre malade; - 3° Un gar-

çon mort d'athrepsie à 10 mois : 4° Une fille morte athrepsi-

que à 8 mois.

Notre malade. Les parents étaient bien portants au mo-

ment de la conception qui n'aurait pas eu lieu durant

l'ivresse. Au troisième mois de la grossesse, la mère a eu

deux émotions successives : l'une causée par un incendie qui

éclata à côté de chez elle ; la seconde provoquée par un idiot

de 8 ans qui entra à l'improviste dans sa boutique, en poussant

des « cris de chien. » Elle n'a pas eu de perte de connais-

sance, mais à partir de ce jour la vue « des affiches de cirque

où il y avait des images » plus ou moins excentriques, l'impres-

sionnait à tel point qu'elle faisait un détour pour les éviter.

Cette émotivité a persisté pendant tout le cours de la gros-

sesse. L'accouchement eut lieu à terme, sans difficultés.

L'enfant était cyanose à la naissance; et la sage-femme fut

obligée de le flageller pour le faire respirer. Il revint à lui

assez rapidement. On remarqua, à la naissance déjà la défor-

56 Description dû malade.

mation trico1'l.oâphalique de la tête (Fig. 5) . L'enfant ftit

élevé au sein par sa mère jusqu'à 6 mois puis on lui donna du

lait de vache et on le plaça en nourrice. Il était bietï portant

à-ce moment et son développement paraissait se faire normal

lement. Sa mère ne le revit qu'au 16sve mois et ne le reprit

avec elle que lorsqu'il eut 29 mois, mais pendant toute cette

période sa santé fut bonne ; il n'eut pas de convulsions. On

s'aperçut cependant que son développement cérébral était

fort retardé. Il ne parlait pas et n'a d'ailleurs jamais parlé. On

ne pouvait pas le faire tenir sur ses jambes. Le strabisme

n'existait pas à la naissance et ce n'est que vers la 2me année

qu'on le constata. Sa mère le garda un an chez elle puis le

plaça en Suisse chez ses parents. Il restait assis dans un coin,

jetant à terre tout ce qui lui tombait sous la main. Il grin-

çait des dents jour et nuit, même pendant le sommeil.

Il grimaçait continuellement, ouvrant et refermant la bnuche,

roulant les yeux, inclinant sa tête de tous côtés et exécutant

un 'mouvement de rotation du tronc sur le bassin. Son som-

meil était de courte durée : couché à 6 heures du soir, il se

réveillait à 2 heures du matin, s'asseyait sur son lit et recom-

mençait ses mouvements du tronc et de la tête. Il chantonnait

quelquefois; sa mère prétend qu'il a retenu plusieurs airs que

son frère jouait sur la flûte.

Tr... n'était pas gourmand. Il ne mangeait que sa soupe,

d'ailleurs il ne pouvait pas mâcher et n'a jamais su se servir

de ses dents pour la mastication. Pas de rumination. Il

a toujours été gâteux. Lorsqu'il était en colère, il se cognait la

tête-de son poing, se roulait à terre. Il reconnaît un peu son

frère et peu ou pas sa mère.

Il n'a jamais eu de maladie infectieuse d'aucune sorte; il n'a

pas eu d'otite. De 15 à 19 mois il a été sujet aux conjonctivi-

tés catarrhales qui n'ont d'ailleurs pas laissé de traces.

Etat actuel. Enfant de taille moyenne (96 centim.), d'aspect

chétif. Il pèse 20 kg. à l'entrée. Il est un peu émacié et pré-

sente un léger degré de cyanose des extrémités avec des pla-

ques rougeâtres sur les joues et le nez.

Ce qui frappe tout d'abord, c'est l'instabilité du malade. A

chaque instant il étend la tête, la renverse en arrière, l'inflé-

chit sur son épaule, ou lui fait exécuter des mouvements de

rotation de gauche à droite. Le tronc participe aussi par-

fois à ces mouvements. De temps à autre il élève les bras en

renversant les mains en arrière et en imprimant des mouve-

Description du malade. 57

ments successifs de supination et de pronation à ses avant-

bras. Ses membres inférieurs restent par contre immobiles et

il ne cherche pas à quitter sa chaise. Il pleure et pousse des

cris sans raison. La peau est glabre. Les cheveux sont

blonds, régulièrement implantés.

Le crâne présente un aspect prismatique très accusé. C'est

un beau type de déformation trigonocéphalique (Fig. 5). La

base du prisme est constituée par la région occipitale forte-

ment aplatie. L'arête antérieure répond à la région frontale du

crâne qui offre une saillie très marquée et un peu arrondie

tandis que les bosses frontales sont aplaties et se continuent

sur le même plan avec la région pariétale formant ainsi la face

latérale du prisme crânien. La voûte, du crâne est aplatie;

malgré la déformation, il n'y a pas d'asymétrie très marquée.

Les fontanelles et les sutures sont oblitérées. Voici les prin-

cipales mensurations de la tête :

58 Description DU malade.

palais, de l'isthme pharyngien. Le goût ne semble pas

différentié : l'enfant ne distingue pas la saveur du sucre de

celle du sel.

Dentition. Mâchoire supérieure. Les deux incisives média-

nes sont crénelées, assez écartées l'une de l'autre. Les canines

et prémolaires de lait, les incisives latérales sont tombées lais-

sant un espace vide. La 1 ? molaire de 7 ans est sur le point

de faire son éruption. Mâchoire inférieure : 4 incisives

permanentes serrées, émoussées sur leur bord lisse. Canines

et prémolaires de lait. Les 1 ? molaires sont en éruption.

L'articulation est mal fixée et irrégulière. Les dents du fond

de la bouche se rencontrent seules. Les dents antérieures de

la bouche laissent entr'elles un espace vide. Gencives en

assez bon état.

Tron... ne sait pas saisir les aliments avec les lèvres; on est

obligé de les lui introduire dans la bouche et il les

avale sans les mâcher. Pas de vomissements ni de rumination

Oreilles. Le pavillon de l'oreille est assez grand, légèrement

écarté du crâne. Pas de déformation de l'hélix, de l'anthélix

ou du lobule. L'ouie paraît normale.

Les membres supérieurs ne présentent ni déformation,

ni atrophie musculaire, ni troubles de la sensibilité.

T... ne peut rien tenir de ses doigts qui cependant sont normaux.

Quand on le fait manger il ne prend même pas le pain qu'on

lui présente.

Les membres inférieurs sont bien conformés. Il existe un

léger état de raideur habituelle des membres inférieurs et sur-

tout des pieds qui sont un peu déviés en bas et en dedans. On

ne peut examiner l'état des réflexes, le malade contractant

ses jambes dès que l'on veut percuter le tendon. Pas de trou-

bles de la sensibilité. La marche est assez difficile; T... est

peu solide sur ses jambes et il tombe souvent lorsqu'on ne le

soutient pas.

Organes génitaux. La verge est assez développée, le prépuce

est long et le gland difficilement mis à découvert. Un seul tes-

ticule dans les bourses; le second n'est pas même dans le canal.

L'anus est normal. Pas de cicatrices.

Le 28 octobre 1890 au matin, subitement, le malade s'est

affaissé sans perdre connaissance. La veille, il semblait

encore bien portant et ne présentait rien d'anormal. On le

descend à l'infirmerie.

A 9 heures 1/2 nous constatons les phénomènes suivants : la

Mort par congestion pulmonaire. 59

face est pâle ; la perte de connaissance est complète. Le ma-

lade est dans le coma; il est couché dans le décubitus dorsal,

et on note une certaine raideur dans les membres inférieurs ;

les membres supérieurs sont flasques, légèrement cyanosés.

Au niveau des pieds la cyanose est encore plus marquée et l'on

constate la présence d'engelures ulcérées au niveau des orteils.

La respiration est lente, irrégulière, légèrement sterto-

reuse ; les battements cardiaques sont intermittents et ralentis.

Des râles sibilants et sous-crépitants existent dans toute l'é-

tendue des poumons. Le pouls est imperceptible; la tempéra-

ture centrale, qui était de 36° le matin, s'élève à z,8 quel-

ques instants avant la mort.

Les pupilles sont égales et présentent des alternatives de

dilatation et de constriction. La papille est injectée, les vais-

seaux rétiniens sont légèrement dilatés.

Cet état persiste sans modifications jusqu'à la mort qui sur-

vient à 5 heures du soir. La température descend à 37°, un

quart d'heures après la mort et à z,3 une heure après.

Autopsie le 30 octobre 1890(40 heures après lamort). -Le

corps est émacié et ne pèse plus que 14 kgr. 700. Tête.

Le cuir chevelu est mince, la calotte crânienne offre une

épaisseur très peu considérable surtout au niveau des bosses

pariétales. Elle présente la déformation trigonocéphalique dé-

crite plus hautFt.5. Les sutures et fontanelles sont ossifiées.

La base du crâne est légèrement asymétrique. Le trou occi-

pital est régulier. La dure-mère est extrêmement adhérente

au crâne, surtout au voisinage des sutures. Les sinus céré-

braux sont normaux.

La pie-mère est le siège d'une vascularisation uniforme

très-marquée. Le long de principaux vaisseaux on constate

des traînées blanchâtres correspondant à un épaississement

de cette membrane, mais on ne trouve ni granulations

tuberculeuses, ni oedème cérébral. La pie-mère est adhé-

rente à elle-même dans tous les points où elle se trouve en

contact. Cette adhérence est très marquée au niveau de la face

interne des lobes frontaux. Cette membrane présente un épais-

sissement très marqué et des adhérences très prononcées et

irrégulièrement réparties avec la substance corticale sous-

jacente. La décortication des circonvolutions se fait avec

beaucoup de difficulté et la pie-mère entraine avec elle

une grande partie de la substance corticale des circonvolu-

tions. Au niveau de l'hémisphère gauche, les adhérences sont

60 11ÉNI\GO-\CliPIIALITi;.

surtout marquées dans toute l'étendue du lobe frontal, sur les

lobes pariétaux supérieur et inférieur, sur le pli courbe et à

l'extrémité postérieure du lobe temporal. Elles n'existent pas

sur le lobule de l'insula, sur la face interne des lobes tem-

poraux, occipitaux, sur le lobe paracentral et quadrilatère.

Au niveau de l'hémisphère droit l'épaississement et l'adhé-

rence méningée existent sur presque toute son étendue res-

pectant toutefois les faces interne et externe des lobes tem-

poraux et occipitaux. La substance corticale s'enlève presque

complètement avec la pie-mère lorsqu'on décortique les cir-

convolutions rolandiques et les lobules pariétaux.

La pie-mère cérébelleuse et bulbaire est mince; elle se décor-

tique facilement sans entraîner avec elle de susbtance nerveuse.

Les hémisphères cérébraux présentent dans leur ensemble

la forme d'un coeur correspondant à la déformation crânienne,

la pointe étant constituée par les deux lobes frontaux, effilés,

la base, par toute la région pariétale et occipitale des hémis-

phères. Après décortication la substance cérébrale est molle,

déchiquetée ; elle présente une coloration rosée plus marquée

qu'à l'état normal. On reconnaît à l'oeil nu, en différents points,

un petit piqueté hémorragique dans l'épaisseur de la substance

Fig. 5.

nILNI\GO-P\CPH : 1LIT. 61 1

corticale. Les ventricules cérébraux ne sont pas dilatés. La

quantité de liquide céphalo-rachidien paraît normale.

Au point de vue morphologique, les circonvolutions céré-

brales n'offrent pas d'anomalies. La troisième frontale gauche

est bien développée. Il n'y a ni atrophie ni hypertrophie par-

tielle des circonvolutions de la face externe ou interne des

hémisphères. Les noyaux gris centraux, le corps calleux

paraissent normaux à l'examen macroscopique. La glande

pinéale, le corps pilulaire ne sont le siège d'aucune lésion.

62 LÉSIONS histologiques.

coupes parfaites et dont tous les détails seront faciles à

étudier.

Nous avons dit que les lésions méningées n'étaient

point uniformes et que l'épaississement et les adhérences

méningées présentaient une disposition irrégulière.

Au niveau des points où les lésions sont les plus accusées,

la pie-mère atteint une épaisseur assez considérable. Cet épais-

sissement est dû à une hyperplasie fibreuse de la membrane

et à la dilatation des vaisseaux. Les faisceaux conjonctifs ont

conservé leur direction parrallèle, mais ils sont en plus grand

nombre, et contiennent en abondance des globules rouges cx-

travasés ou des granulations pigmentaires. Le nombre des

cellules conjonctives est également augmenté. En certains

points on constate aussi de petits ilôts de corps granuleux.

Les vaisseaux de la couche interne de la pic-mère sont for-

tement dilatés et leurs parois sont notablement épaissies. On

ne trouve pas dans leur gaine, ni d'ailleurs dans les autres par-

ties de la pie-mère ou de l'écorce cérébrale, d'amas leucocy-

tiques témoignant d'une inflammation aiguë. Au niveau des

points où la pie-mère pénètre dans les scissures, il existe en-

tre les deux feuillets de la pie-mère un exsudat organisé, cons-

titué par des mailles de tissu fibrillaire dont les espaces sont

occupés par des globules rouges altérés ou des cellules con-

jonctives pigmentées. Quelques vaisseaux, partant de la face.

externe de la pie-mère, pénétrent dans ce tissu de néoforma-

tion. Les altérations de l'écorce cérébrale sont essentielle-

ment des lésions de congestion chronique. Ce qui frappe tout t

d'abord, c'est la richesse du réseau capillaire. Les capillaires

sont dilatés dans toute leur étendue. Il en est de même des

vaisseaux de calibre plus considérable. Ceux-ci présentent

des parois un peu épaissies et accolées au parenchyme céré-

bral. La gaine lymphatique périvasculaire a disparu, excepté

dans les points où il existe une extravasation de globules rou-

ges. On ne trouve pas de leucocytes autour des vaisseaux

qui pénètrent dans la substance cérébrale, En quelques points,

peu nombreux il est vrai, le vaisseau est complètement obli-

téré et transformé en un faisceau fibreux. Les cellules des

parois vasculaircs sont très fortement pigmentées. Nous

avons déjà signalé l'existence de petits foyers hémorragiques

dans la couche moyenne de la substance grise, apparaissant

à l'examen macroscopique, sous la forme d'un piqueté rouge

brunâtre. Au microscope, on voit que ces foyers siègent dans

la gaine périvasculaire considérablement dilatée, et qu'ils sont

LÉSIONS HISTOLOGIQUES, G3

constitués par des globules rouges altérés et des amaspigmen-

taires entourant le vaisseau dont la lumière est plus ou moins

obstruée.

Quant aux lésions des éléments nerveux proprement

dits, voici en quoi elles consistent : la couche superfi-

cielle des fibres parallèles est atrophiée ; en certains points,

elle a disparu complètement. Les cellules présentent des alté-

rations très marquées. Elles sont atrophiées ou offrent, au

contraire, la dégénérence vacuolaire. On en voit dont l'es-

pace percellulaire est considérable alors que la cellule ne forme

qu'une petite masse irrégulière dont les prolongements ont

presque disparu. A côté de ces cellules dégénérées, il subsiste

cependant des cellules dont l'aspect est normal; elles sont en

petit nombre. Les cellules de la névroglie sont normales. Nous

n'avons nulle part trouvé de foyers de sclérose superficiels ou

profonds dans la substance corticale des hémisphères. L'épen-

dyme des ventricules cérébraux est lisse, régulier. On ne

retrouve en aucuns points ces petites granulations fibreuses

si fréquentes dans la paralysie générale.

Nous avons examiné dans toute sa. hauteur le bulbe et la

protubérance. Pendant la vie on avait constaté un strabisme

convergent très net, et il était important de savoir si ce trou-

ble était attribuable à une lésion des noyaux oculo-moteurs.

Nous avons donc étudié d'une manière toute spéciale et dans

toute leur étendue les noyaux de la 3mo, 4 et fi1110 paire, et

nons n'avons reconnu aucune lésion des cellules ou des fibres

unitives de ces noyaux. Les nerfs oculo-moteurs ont été de

même examinés soit par dissociation, soit par section transver-

sal dans leur trajctintracràien età leur émergence du bulbe.

Le résultat a été négatif également. Sur des coupes transver-

sales de tout le contenu de l'orbite, à un centimètre en avant

de son sommet, nous avons pu constater l'intégrité et la symé-

trie des nerfs et muscles oculo-moteurs des deux côtés. Le

nerf optique ne présente pas de lésion de ses gaines ou des

fibres nerveuses qui le constituent. t.

Les méninges rachidiennes et la moelle ne présentent

aucune lésion. La pie-mère spinale a son épaisseur normale

et il n'y a pas de traces de sclérose des faisceaux pyrami-

daux. Nous ajouterons aussi qu'au niveau du bulbe, de la

protubérance et du cervelet, la pie-mère est absolument

normale.

6 ! Réflexions.

I. Le père et la mère se sont mariés chacun deux

fois. Les enfants du premier lit de la mère n'ayant pas

eu de convulsions, tandis que ceux du premier lit du

père en ayant eu, on est naturellement enclin à attri-

buer aux excès de boisson du père les accidents ner-

veux chez le malade et chez un de ses frères.

II. L'impression maternelle vive et prolongée de la

mère durant la grossesse mérite d'être relevée.

III. Notons ensuite l'asphyxie à la naissance, cause

que nous avons souvent mentionnée, l'absence de

tout développement intellectuel, l'apparition du stra-

bisme sans convulsions; les grincements de dents; les

mouvements de balancement, l'habitude de se frapper

et de se cogner la tête qu'avait l'enfant; les accès de

colère et de cris, la brièveté du sommeil, enfin les

troubles vaso-moteurs, ensemble symptomatique qui

nous paraît de nature à conduire, pendant la vie, au

diagnostic d'diotie 2én,io2go-encélia.titiqzie.

IV. Ce qui frappait le plus à l'examen de T...

c'était la déformation trigonocéphalique dont son

crâne présentait un très beau type. Cette déformation

est relativement rare et dans l'espèce il est fort diffi-

cile de savoir à quoi la rapporter. Il n'existe pas chez

la mère de déformation du bassin et l'accouchement

s'est fait sans difficulté ce qui exclut l'idée d'une pré-

sentation vicieuse (Fig. 5).

V. Le strabisme convergent constituait un symp-

tôme physique important dont l'étude anatomique

n'offrait un intérêt tout particulier. Il est très fré-

quent d'observer le strabisme chez les idiots. Le plus

souvent on note son apparition après un état de mal

convulsif ou de simples convulsions internes. Dans ce

RÉFLEXIONS. 6 : , )

cas là, il est facile de voir que la déviation oculaire

paraît correspondre à un trouble nerveux unilatéral :

paralysie ou parésie. Nous n'avons malheureusement

pas pu étudier les lésions dans des cas semblables et

il eut été fort important de pouvoir comparer ces faits

avec celui que nous étudions. Chez notre malade, la

déviation oculaire s'est installée insidieusement, en

dehors de phénomènes cérébraux aigus; elle avait le

caractère clinique du strabisme concomittant; ellecon-

sistait en une exagération de la convergence ; le malade

avaitl'air en effet de fixer l'extrémité de son nez. Nous

avons dit que ce strabisme s'exagérait par instants. Il

nous paraissait donc lié à un trouble nerveux de l'appa-

reil de convergence. L'absence complète de lésions hul-

baires et périphériques du système moteur oculaire et

des muscles de l'oeil, l'existence au contraire d'une lésion

corticale très marquée au niveau des régions pariéta-

les et occipitales nous autorisent, croyons-nous, à donner

de ce strabisme l'explication suivante : Il n'existe pas

de faits indiscutables établissant la possibilité de para-

lysie oculaire en rapport avec les lésions cérébrales uni-

latérales ou bilatérales. Nous savons au contraire que

dans certains cas, il se produit une contracture passa-

gère du système musculaire de convergence, c'est ce qui

à lieu au début de l'attaque d'épilopsie ou d'hystérie

(pendant la phase des contractions toniques). M.Pari-

naud a démontré l'existence de troubles analogues en l'ac

- tionclel'attaque dans l'hystérie, troubles qui sont carac-

térisésparunecontracture du système de convergence.

Dans tous ces cas, il est rationnel d'attribuer à ce trouble

une origine corticale. Nous serions donc enclin à envisa-

ger le strabisme qui existait chez notre malade comme

le résultat d'une excitation produite au niveau des cen-

tres occuto-moteurs corticaux. Cette explication théo-

rique semble confirmée par le fait que le strabisme

Bourneville, Bicêtre, 1890. tj

66 RÉFLEXIONS.

disparut complètement au moment de l'apparition du

coma à la suite duquel le malade a succombé.

IV. Au point de vue des lésions macroscopiques, on

pourrait être tenté de rapprocher les altérations mé-

ningées de celles de la paralysie générale. Mais l'exa-

men microscopique de ces lésions montre qu'elles en

diffèrent par bien des points. Les lésions inflamma-

toires, dans le cas qui nous occupe, prédominent au ni-

veau de la pie-mère. On ne retrouve pas autour des vais-

seaux qui pénètrent dans la substance corticale cette in-

filtrationlencocytique dont M. Klippel a montré la fré-

quence dans la paralysie générale. Les lésions des pa-

rois desvaisseaux de l'écorce cérébrale sont essentielle-

ment dégénératives. Enfin la dégénérescence des cellu-

lesnerveuses apparaît comme un phénomène secondai-

re, consécutif auxlésions des vaisseaux et non comme un

phénomène primitif, ce qui est le cas dans la paralysie

générale. Nous nous basons pour donner cette inter-

prétation, sur l'absence de lésions cellulaires dans la

région où la pie-mère n'est pas altérée. Dans la para-

lysie générale, M. Klippel a fait voir que ces lésions

cellulaires étaient ordinairement diffuses et qu'on les

retrouvait en des points où les lésions méningées n'exis-

taient pas encore.

VI.

Idiotie complète ; Epilepsie ; mal de Pott vertébral ;

Par BOURNEVILLE et tSCH WALL.

SOMMAIRE.Péfes'etaux bronchites;/istuteana ! e;u.ertige6 ?

Grand père paternel alcoolique. Tante bossue. Emo-

tions pendant la grossesse. Accouchement normal.

Convulsions du 15" jour de la naissance à 5 mois. -Appa-

rition des crises épileptiques à 2 ans. -Pieds-bots équins

survenus quand l'enfant acommencé à marclier, -Gâtisme

complet à l'entrée; voracité; tics : balancement; mouve-

ments des bras. Onanisme. Accès de colère. Rougeole.

enl881. -Légère amélioration intellectuelle. Roséolesy-

philitique. yidé ? iitesce ? *incaies. Mal de Pott dorsal. -

Amaigrissement progressif. -Diarrhée. Pas de troubles

oculaires, ni paralysies, ni contractures. - Accès épilep-

tiques. - Coma. Mort.

Autopsie. Tuberculisation des poumons, des ganglions

trachéaux, de la pie-mère. ,- Tubercules assez nombreux

z la base du cerveau. OEdème de la pie-mère, Liquide

céphalo-rachidien abondant dans les ventricules. (Hydro-

céphalie symptomatique),

Jans...(Jean Guillaume), né à Paris le 8 février 1872, entré le

19 avril 1877, à Bicêtre {service de M, BOURNEVILLE), est décédé

le 17 juin 1886. '

Renseignements fournis par sa mère (16 décembre 1885).

Père, 37 ans, mécanicien, intelligent, sobre, petit, très nerveux,

sujet à des faiblesses; il devient tout blanc, mais ne perd pas

complètement connaissance ; cela se produit sous certaines

influences, quand il y a trop de feu, par exemple, etc. Bronchi-

tes tous les ans, sanshémoptysies. Il y a 9 ans, il a eu une fis-

68 IDIOTIE .-antécédents.

tule anale qui ne s'est fermée qu'en septembre dernier. [Père,

sculpteur sur bois et marbre, mort en 1880, d'une bronchite,

faisait des excès de boisson. - Mère, morte on ne sait de quoi.

Deux frères bien portants, l'un àdeux filles jouissant d'une

bonne santé, n'ayant jamais eu de convulsions. Deux SOJ1Jrs

l'une, morte on ne sait do quoi, était bossue; l'autre est bien por-

tante, sans enfants. Grand'mère maternelle, âgée de 90 ans,

jouissant de toute sa raison. -Pas d'épileptiques, de paraly-

tiques, pas d'autres difformes, pas d'aliénés, de suicidés, de cri-

minels dans la famille.]

Mère, 26 ans, blanchisseuse, sobre.-intelligente, bien portante

assez grande, forte, n'a jamais eu de migraines ni d'accidents

nerveux. [Père, 63 ans, blanchisseur, bien portant, sobre.

Mère, 50 ans, en bonne santé, blanchisseuse, pas d'acci-

dents nerveux. Deux scet4l·.e, bien portantes, non mariées sans

enfants ; une 3° est morte à 15 jours d'une bronchite. Grand-

père maternel mort à 85 ans. Une tante maternelle a 80

ans et est bien portante. Aucun autre renseignement sur les

grands parents. Pas d'aliénés, d'épileptiques, de difformes,

etc.

Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de 8 ans..

Quatre enfants : 1° Notre malade ; 2° Garçon mort à 3 ans

d'une hernie étranglée ( ? ) avec hydrocèle : pas de convulsions;

3e Une fille, âgée de 2 ans, bien conformée, n'a pas eu de

convulsions; 4e Une fille morte en venant au monde proba-

blement à la suite d'une version.

Notre malade. Rien de particulier lors de la conception.

Au début de la grossesse, qui coïncida avec les der-

niers jours de la Commune, la mère eut de vives émotions

dues à ce que dans son quartier il tombait beaucoup d'obus, et

qu'elle vit beaucoup d'hommes fusillés; pas d'alcoolisme ni de

traumatisme, etc. -Accouchement àterme, naturel, sans acci-

dents convulsifs, sans chloroforme (1). A la naissance; l'en-

fant était bien conformé et n'était pas asphyxié. Elevé en

nourrice, dans le Morvan, au biberon.

Vers le 10° ou le 15e jour sont survenues des convulsions

(1) Des auteurs ont attribué une influence t l'anesthésie des femmes en cou-

ches par le cliloroformc. Nous n'avons .jamais relevé un seul exemple il.

l'appui. Cette pratique, si commune dans certains pays, en Angleterre entre

autres, est très rare en France (B).

Antécédents. GO

qui se manifestèrent chaque jour et furent très violentes.

Parfois l'enfant restait sans connaissance pendant longtemps.

On ne sait si ces convulsions prédominaient d'un côté.

Elles ont persisté avec la même fréquence jusqu'à l'âge de

15 ou 16 mois, puis elles ont cessé vers 2 ans, où débuta l'épi-

lepsie : « il venait tout d'un coup à moi, dit sa mère, comme

si quelqu'un lui faisait peur. » Cri, perte de connaissance;

puis, au bout d'une demi-minute, long soupir, retour de la

conscience, ni bave, ni morsure, ni miction. Pas d'autres

détails. Ces crises venaient tous les mois, tous les deux mois.

Dans les derniers temps de son séjour à la maison, il en

avait 3 par semaine. Les crises n'auraient pas changé de

caractère, jusqu'à l'admission.

A la naissance, les pieds étaient bien conformés. A 18 mois,

il a commencé à marcher sur la pointe des pieds. Il aurait

marché à peu près seul à 20 mois; sa mère prétend que c'est

ici que ses pieds se sont déformés.

A l'entrée, gâtisme complet, parole nulle. J... ne savait

pas manger avec la cuiller, ni se laver; comme nous le verrons,

il tétait sa lèvre inférieure. Onanisme dès 3 ans. Voracité,

surtout pour le chocolat; pas de salacité; balancement du

tronc d'avant en arrière; habitude d'allonger et de retourner

ses bras. Accès de cris, sans cyanose, dit sa mère :

c'était un cri presque continuel. Parfois accès de colère à se

pâmer; il devenait bleu. »

Il était affectueux, «très amitieux ». Sa mère prétend qu'il a

toujours eu un certain degré de compréhension. Ainsi, il sem-

blait comprendre qu'il faisait mal quand il se masturbait. Il n'a

jamais eu de kleptomanie. L'enfant n'est pas sorti pendant

les IS derniers mois qu'il a passés chez sa mère. Il marchait

alors plus mal et ses pieds s'étaient retournés davantage.

1880. 26 juin. L'enfant ne parle pas : il suce ses doigts, et

se balance sur sa chaise; il a l'habitude de flairer les aliments

qu'il repousse s'ils lui déplaisent. Pas d'onanisme. Il ne gàte

que la nuit. Poids : 18 kgr. 700; Taille : lm 10.

Du août au 17 septembre, l'enfant a été soumis àdes inhala-

tions d'Iodure d'étyle pendant une à trois minutes. Sommeil

et congestion de la face au bout d'une minute.

18tH, 20,/aHi>ier. Rougeole (V. dans le Compte-rendu du se)'-

vice, pour z88 ? la relation d'une épidémie de rougeole, etc.,

p. 105, avec la figure représentant la marche de la tempé-

rature chez Jean... )

70 Idiotie ; syphilis.

5 février/ On constate la présence de quelques adénites

cervicales consécutives à la rougeole. Elles disparaissent quel-

ques jours plus tard.

17 juin. Jan... ne gâte plus, mais il ne peut encore par-

ler.

31 juillet. Poids : 20 kgr. 800. Taille : 1 il, 11.

5 septembre. L'enfant reste à l'infirmerie jusqu'au 20 sep-

tembre pour une entérite.

1882. 12 juin. -Poids. 21 kgr. Taille : 1" 17. L'enfant

continue à ne plus gâter. Il a appris à se servir d'une cuiller,

et même un peu de la fourchette, à se déshabiller et à s'ha-

biller. Il commence à se laver. La parole est à peu

près nulle. Jan... est assez affectueux, mais sujet à

des accès de colère. Tics : balancement du tronc d'avant en

arrière et latéralement; tournoiement rapide de la tète avec

chantonnement. Onanisme assez fréquent. - Le traitement t

consiste toujours en toniques, sirop d'iodure de fer, huile de

foie de morue, exercices, de gymnastique, leçons de choses,

et 2 bains salés par semaine.

7 octobre. Syphilides papulo-sqùamèusés discrètes au cou,

confluentes sur la partie postérieure du thorax. On trouve de

rares papules sur les fesses les cuisses, le sternum, le ventre,

le bras gauche (face interne) et 2 papules à la racine de la verge,

Le gland, le prépuce sont sains. Adhérences sur le côté

gauche du gland. Adénites cervicales et inguinales. Rien à

la gorge, à la bouche, ni à l'anus. - Traitement : Sirop d'iodure

de fer. Vin de quinquina.

26 octobre. Les papules persistent. Nombreuses adénites

cervicales et sous-maxillaires. Rien à l'anus ni à la bouche,

ni aux lèvres. Pas de croûtes du cuir chevelu. Pas d'alo-

pécie. Traitement spécifique.

9 décembre. Les syphilides papulo-squameuses diminuent.

1883. ^janvier. La roséole a presque complètement disparu.

31 janvier. Adénites cervicales assez volumineuses sur-

tout à droite. Le testicule gauche est notablement plus gros

et plus dur que le droit.

23 avril. Sur le bord cubital de l'avant-bras, on trouve une

grosseur de 2 cm. de diam. au niveau de laquelle la peau est

légèrement rosée, molle et vaguement fluctuante. Une ponction

exploratrice ramène du pus.

14 juin. On incise l'abcès, il s'écoule une cuillerée de pus

crémeux et verdâtre.

MAL DE hOT'1 vertébral. 71

7 jttillet. - Le 5 juillet au matin, on s'est aperçu que l'en-

fant avait de la difficulté à marcher, on l'a couché et on a

trouvé une saillie au-niveau de l'apophyse épineuse de la 8

vertèbre dorsale qui est un peu déjetée à droite. La percus-

sion à ce niveau parait douloureuse. L'enfant marche avec

difficulté, comme s'il souffrait, il a les cuisses fléchies, il faut

lui tenir les deux mains. Il marche sur la pointe des pieds

ce qui est dû à l'existence de son double pied bot équin. Malgré

cette difformité, il marchait seul auparavant. Les réflexes rotu-

liens sont peu prononcés, ils prédominent un peu à gauche. -

Traitement. L'enfant prend des douches depuis 5 ou 6 jours

et une demi-cuillérée à bouche d'une solution de phosphate de

chaux.

9 juillet. - On supprime les douches qui paraissent être

douloureuses.

État actuel. 10 Juillet. Tête assez forte. La région occi-

pitale est légèrement saillante ; aplatissement assez marqué

au niveau de la jonction de l'occipital avec les parié taux; cet apla-

tissement prédomine à droite. Bosses pariétales volumineuses,

égales. Front haut, légèrement déprimé sur les côtés; bosses

frontales inégales, la droite un peu plus grosse que la gauche.

Arcades sourcillières très déprimées. Oreilles petites, bien

ourlées, lobule à peine distinct.

7 MAL DE POTT VERTEBRAL.

MAL DE POTT VERTÉBRAL. 73

grande partie de la région dorsale, La partie culminante est

formée de trois apophyses épineuses, Au-dessus d'elle on

remarque une dépression profonde, limitée de chaque côté

par les omoplates. Sa longueur totale mesure 14 centimètres.

L'enfant se plaint de douleurs dans le dos. Toux sèche et

fréquente. L'amaigrissement continue.

6 mat. Diarrhée assez abondante qui a commencé à se ma-

nifester pendant la nuit.

27 Le malaise a cessé. L'enfant paraît reprendre un peu.

22 juillet. L'enfant est faible, il ne peut môme pas se tenir

assis sur son lit. Il se sert très bien de ses bras. Le foie

déborde un peu les fausses côtes et le réseau veineux abdo-

minal est légèrement développé.

5 décembre. L'enfant est très gai on le fait lever et marcher

sur une aléze. Soutenu, il s'avance lentement marchant sur

la pointe des pieds, les jambes sont droites, mais les cuisses

sont infléchies; un peu de raideur dans les genoux. Jean... qui

avait conservé le lit sera levé tous les jours. Traitement :

Continuer le sp. d'iod de fer (2 cuillerées), l'huile de foie de

morue (2 cuillerées), et les bains salés (2 par semaine).

1885. Janvier. Poids : 17 k. 500. Etat stationnaire. Applica-

tions répétées des pointes de feu, etc.

ISSU. Janvier. Poids : 13 k. 50; taille : 1 m. 17.

17 juin. L'avant-dernière nuit, l'enfant a -eu 4 accès ; hier,

deux accès suivis d'abattement, non de coma. Le matin à 7 h. il

était encore très abattu, la respiration était pénible, irrégulière,

le pouls faible, incomptable. Cependant J. a demandé du lait.

et a pu porter lui-même son goblet à sa bouche. Les yeux sont

clos; de temps en temps il les ouvre et parait reconnaître les

personnes de l'infirmerie. A 8 h. la respiration est devenue

irrégulière, les yeux sont restés fermés, il est tombé dans le

coma et à 9 h. il a eu 3 secousses et est mort. Poids : 14 k.

700. T. 1/4 d'heure après la mort : 37° 4; 1 heure après .

35°; 2 heures après : 34°, 5.

76 Autopsie.

Autopsie faite le 18 juin à 8 heures du matin. - COLt et

thorax. Le corps thyroïde est petit; le thymus a disparu; le

larynx est normal; les ganglions trachéaux et bronchiques

sont caséeux.- Il existe des adhérences générales des 2 pou-

mons qui sont le siège de tubercules caséeux et de cavernes.

Le droit pèse 250 gr. et le gauche 165 Le péricarde ren-

ferme un demi verre environ de liquide citrin. Le cour n3

présente aucune altération; les valvules aul'iculo-vcntl'icula : .

res et sigmoïdes sont saines. Le trou de Botal est oblitéré

(110 gr.).

Abdomen. Tube digestif, sain. Pancréas, rate (60 gr.)

foie (1000 gr.), normaux. Les ganglions mésentériques sont

caséeux. Rein droit (80 gr.); Il. gauche (100 gr.), légèrement

lobules, sains.

Tête. La calotte crânienne, symétrique, est d'épaisseur

moyenne. Les sutures bi-frontale et bi-pariétale sont ossifiées;

les autres ne le sont pas encore et restent transparentes; les

angles des pariétaux sont minces et translucides. La base est

normale. La pie-mère est oedématiée. épaissie à la face infé-

rieure du cerveau et couverte, surtout en cette région de

granulations tuberculeuses qui suivent les artères sylviennes ;

elle s'enlève facilement. Les ventricules sont dilatés et contien-

nent beaucoup de liquide céphalo-rachidien. Pas de lésions en

foyer.

Description DU cerveau. 77

interrompue par un pli de passage unissant la 2mc frontale à

la frontale ascendante. En bas, elle est limitée par un pli de

passage unissant la 3 ? frontale à la frontale ascendante. Le

sillon séparant la première frontale de la deuxième est sinueux,

interrompu par de nombreux plis de passage unissant ces deux

circonvolutions entre elles.

F ' est assez nettement distincte de la 2lne à laquelle elle

est unie par de nombreux plis de passage. - l' est dédou-

blée en avant, ses deux parties sont sinueuses, présentent

des sillons nombreux et sont séparées par un sillon

assez profond et très sinueux qui se prolonge jusque sur le

bord interhémisphérique, en avant du lobe frontal. Elles ne

sont pas unies par des plis de passage. 1 : est médiocrement

développée. Elle est unie à F 3 par de nombreux plis de pas-

sage. La frontale ascendante a un développement normal; elle

est coupée dans la partie supérieure par deux sillons ; la partie

ainsi isolée est reliée par un pli de passage à F 2 La partie

inférieure de la circonvolution frontale ascendante est accolée

au pied de r et fait pour ainsi dire corps avec elle. La

circonvolution pariétale ascendante est bien développée. Elle

est dédoublée à sa partie inférieure. La scissure inter-

pariétale, sinueuse, communique au-delà de son coude avec

deux sillons profonds qui remontent vers la fente interhémis-

phérique en découpant le lobule pariétal supérieur. Elle envoie

également un sillon assez profond qui descend presque jusqu'à

la scissure parallèle et sépare nettement le lobe pariétal infé-

rieur du pli courbe; la branche verticale, parallèle au sillon

de Rolando, s'arrête au niveau de la courbe; il existe là un pli

de passage sinueux et bien développé allant du pli pariétal

inférieur à la pariétale ascendante. Au-dessous de ce pli on

trouve la continuation de la partie verticale de la scissure in-

terpariétale, continuation qui se prolonge jusque dans le fond

de la scissure. Le lobule pariétal inférieur et le pli courbe sont

sinueux et assez bien développés.

Le lobe occipital nettement séparé du lobe pariétal et tem-

poral semble normal, mais d'une façon générale tout ce lobe

paraît légèrement atrophié, et un peu chagriné. Il se trouve

surtout en retrait sur le lobe temporal.

Le lobe temporal est assez gros La 1 circonvolution tem-

porale est bien développée, sinueuse, un peu dédoublée vers

sa partie moyenne. La scissure parrallèle est sinueuse, très

profonde, normale. La seconde circonvolution temporale est

également très bien développée. La 2mc scissure temporale,

78 Description du cerveau.

sinueuse, irrégulière, est interrompue par deux plis de pas-

sage. Il existe 3 plis de passage temporo-pariétaux se dirigeant

vers le fond de la scissure de Sylvius. Les circonvolutions

temporo-occipitales et leurs scissures sont bien développées :

de nombreux plis de passage relient ces circonvolutions entre

elles en produisant des irrégularités dans la direction des

scissures.

Face interne. La scissure calloso-nzayinale, un peu

sinueuse, est normale. La première circonvolution fron-

tale est bien développée, un peu tortueuse, dédoublée sur tout

son parcours. - Le lobulé assez gros, offre vers

sa partie moyenne un sillon en Y assez profond et dont la bran-

che inférieure se place dans le sillon calloso-marginal. La

circonvolution du corps calleux est un peu maigre. Le

lobe quadrilatère sinueux, très-découpé, bien développé, ne

présente pas de plis pariéto-limbiques antérieurs et le pli

pariéto- limbique postérieur est presque entièrement divisé

par un sillon transversal, de telle sorte que la scissure cal-

loso-marginale se continuant avec la scissure sous-pariétale,

ce sillon transverse semble se jeter dans la scissure perpen-

diculaire interne. La scissure perpendiculaire interne est

très profonde, béante à sa partie supérieure. Elle se prolonge

jusqu'au-dessus du bourrelet clu corps calleux, séparant net-

tement le lobé temporo-occipital des circonvolutions situées

au-dessus. Le coin ne présente rien de particulier. La

scissure calcarine décrit une courbe qui se trouve presque

dans la continuité de la scissure calloso-marginale.

Le corps calleux paraît atrophié, surtout dans sa moitié

antérieure ; il est ridé et rétracté. Le corps strié, jaunâtre,

parait également atrophié : la couche optique, le ventricule

latéral, etc, n'ont rien de particulier.

Hémisphère gauche. La scissure de Sylvius se présente

sur l'hémisphère gauche avec les mômes caractères que sur

l'hémisphère droit.Elle est profonde. Ses bords écartés laissent

voir le lobule de l'insula. Elle paraît se continuer en arrière

avec un sillon ascendant qui prolonge la scissure parallèle sur

le lobe temporal. Le sillon de Rolando est limité nettement en

bas par la réunion des circonvolutions frontale et pariétale

ascendantes. Il n'existe pas de plis de passage qui l'interrom-

pent. Le lobule orbitaire est régulier comme celui de l'hé-

misphère droit. La scissure perpendiculaire externe, un peu

béante, profonde, n'a qu'un contint, de longueur et est séparée

Description DU cerveau. T9

de la scissure interpariétale par un pli de passage à niveau se

rendant du lobule pariétal supérieur au lobule occipital.

Lobule orbitaire. Le lobule orbitaire est mieux développé et

moins concave qu'à droite. La scissure en H est irrégulière.

Lobe frontal. Il existe une scissure parallèle frontale com-

mençant en bas presque au fond de la scissure de Sylvius en

coupant le pied de la troisième frontale, interrompue à son

tiers supérieur par un pli de passage sinueux bien développé,

allant de la deuxième frontale à la frontale ascendante. En

haut la scissure parallèle frontale communique avec la scis-

sure frontale supérieure, formant avec l'extrémité postérieure

de celle-ci une sorte de grand Y. La scissure frontale

supérieure est sinueuse, profonde, interrompue par un pli

de passage se rendant de la première à la seconde frontale.

La scissure frontale inférieure, dédoublée en partie, est

sinueuse et régulière, assez profonde et n'atteint pas la scissure

parallèle frontale dont elle est séparée par des plis de passage

presque à niveau se rendant d'une circonvolution frontale

à une autre. La première circonvolution frontale F 1 assez

bien développée est sinueuse et régulière F dédoublée

postérieurement est également irrégulière et sinueuse et

envoie un pli de passageau pied de F3 qui est très-irrégulière,

relativement peu développée ; elle est entrecoupée de nombreux

sillons dont deux atteignent la scissure de Sylvius, La

frontale ascendante, un peu maigre surtout à sa partie

supérieure, est sinueuse, très-découpée. A son tiers inférieur,

un sillon transversal placé dans la direction de la scissure

frontale inférieure la coupe et atteint presque le sillon de

Rolando. - La pariétale ascendante est assez maigre dans

toutes ses parties sinueuses ; à sa partie moyenne, elle reçoit

un pli de passage provenant du lobule pariétal inférieur.

La scissure-interpariétale forme en arrière de la pariétale

ascendante une scissure parallèle qui prend son origine au

fond de la scissure de Sylvius et s'arrête à un centim. de la

fente interhémisphérique. Cette scissure parallèle pariétale

est interrompue en son milieu par le pli de passage dont nous

venons de parler et n'a aucune connexion avec le reste de la

scissure interpariétale, car au niveau de la courbe de celle-ci,

il y a un pli de passage allant du lobule pariétal supérieur au

lobule pariétal inférieur, de telle sorte qu'au premier abord,

il semble exister un dédoublement de la pariétale ascendante;

d'autant plus qu'en arrière de cette seconde circonvolution

80 Lésions du rachis.

Le lobe occipital a des sillons et des circonvolutions nor-

males, mais dans son ensemble il paraît un peu atrophié et

en retrait à sa partie inférieure, surtout sur le lobe temporal.-

Celui-ci est assez bien développé, ses circonvolutions sont

sinueuses et découpées. Sa première circonvolution possède

trois plis pariéto-temporaux. La scissure parallèle, sinueuse

et très profonde, communique par un pli oblique de haut en

bas et d'avant en arrière avec la 2lue scissure temporale qui

est aussi sinueuse et interrompue par deux plis de passage

allant de la lra à la 2 ? circonvolution temporale.

Face ùet'He. La scissure calloso-margi11ale, sinueuse,

assez profonde, suit sa direction normale. Lap)'c ! )ue)'ecn'-

convolution frontale interne est bien développée et dédoublée

sur presque tout son parcours. - Le lobule paracenlral de

grosseur moyenne, a un sillon médian très profond en forme

de T dont la grande branche sciait horizontale. - Le lobe

quadrilatère est bien développé et présente des plis pariéto-

limbiques antérieurs et postérieurs. La scissure perpendicu-

laire interne est très profonde, un peu béante. Le coin est

moyennement développé. La scissure calcarine, très profonde,

continue son chemin jusqu'au niveau du bourrelet du corps

calleux sans rejoindre la scissure perpendiculaire interne et

sépare ainsi nettement le lobe temporo-occipital des parties

situées au-dessus. Le lobe lempo1'O-occipilal présente des

sillons et des circonvolutions assez bien développés. La

circonvolution du corps calleux n'a rien de particulier; elle

est plus développée qu'à gauche.

Le corps calleux, la couche optique sont semblables à ceux

de gauche. - Le lobule de l'insula présente 4 digitations.

Les circonvolutions du lobe temporal, surtout à sa partie supé-

rieure, paraissent un peu chagrinées.

Le cervelet a son lobe droit moins développé que le gauche,

il en est de même pour la protubérance. Le bulbe n'offre

aucune particularité bien saillante.

Colonne vertébrale, La colonne vertébrale présente une

saillie prononcée à la partie supérieure de la région dorsale.

Cette gibbosité décrit, en arrière, un angle obtus assez brus-

que, sans qu'il y ait toutefois de dépression subite au-dessus

du sommet Elle se fait par conséquent assez graduellement.

En avant de la colonne vertébrale se trouve une dépression

correspondante à la saillie de la crête épineuse. Cette dépres-

sion comprend les six premières dorsales.

Examen histologique. 81. ·

factice on remarque une nouvelle scissure parallèle tirant

également son origine du fond de la scissure de Sylvius et

s'arrêtant en haut à 1 c"1. de la fente interhémisphérique et

communiquant avec la terminaison de la scissure interpariétale

qui, elle, va se perdre dans le sillon transverse occipital. Le

lobule pariétal supérieur est moyennement développé, sa

partie postérieure est très maigre et comme atrophiée, Le lobule

pariétal inférieur est assez bien développé, ainsi que le pli

courbe qui est divisé par la continuation de la scissure parallèle

allant se jeter dans la scissure pariétale.

Au-dessous du ligament vertébral antérieur, sur la partie

correspondante du rachis, on trouve un abcès peu volumineux,

renfermant un pus mal lié, avec des grumeaux; il siège au

niveau des vertèbres malades et ne possède qu'un très court

pédicule. Les corps vertébraux sont friables, la pointe du sca-

pel s'y enfonce aisément; mais il n'existe pas d'affaissement

des corps vertébraux, pas de destruction partielle, appréciable

à l'extérieur. Le canai vertébral est normal dans la plus

grande partie de l'étendue de la gibbosité, sauf au niveau de

la 4me dorsale. Le corps de cette vertèbre fait une saillie nota-

ble dans l'intérieur du canal et rétrécit sensiblement son dia-

mètre antéro-postérieur.

Examen histologique fait par M. PILLiET. interne du ser-

vice et aide préparateur aux travaux pratiques de la Faculté.

La moelle cervicale, au-dessus du mal de Pott, offre des

lésions portant sur les enveloppes, sur la substance blanche

et sur la substance grise.

La pie-mère et les nerfs rachidiens appliqués le long de

cette membrane sont agglutinés par un exsudât d'aspect

jaunâtre. Sur les coupes, on voit la pie-mère considérable-

ment épaissie englober les filets rachidiens. Dans son épais-

seur se distinguent des travées ou trainées de cellules rondes

représentant du tubercule infiltré, ces traînées, à un degré

plus avancé, forment des cercles autour des vaisseaux, enfin

ces cercles deviennent caséeux à leur partie centrale, où

l'on retrouve encore les vestiges du vaisseau, un capillaire le

plus souvent, et l'on a sous les yeux un tubercule achevé ;

les lésions sont plus marquées sur les parties postérieures de

la moelle. D'autre part, la pie-mère empiète notablement sur

les cordons blancs, au point d'émergence des racines posté-

rieures, de chaque côté, en arrière, et surtout en avant de

ces racines. Là, le tissu des cordons est envahi sur une bande

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1890. 6

82 Examen histologique.

assez mince, à contour irrégulier, par la pie-mère. Les travées

de la pie-mère qui accompagnent les vaisseaux sont surtout

épaissis dans ces points ; mais ils le sont d'une façon notable

dans toute la moelle. -

En résumé, exsudat puriforme englobant les racines des

nerfs; dans cet exsudât et antour des vaisseaux- , des follicules

tuberculeux à tous les degrés de développement, une lepto-

myélite postérieure bien nette, voilà ce que l'on trouve à cette

hauteur. Ce sont les lésions tuberculeuses de la pie-mère étu-

diées par M. II. Liouville (Progrès médical, 1874) et plus récem-

ment par MM. Raymond et Arthaud [Revue de Médecine 1S80)

- Les cordons blancs présentent dos traces d'inflammation

interstitielle diffuse, caractérisée par la multiplication des petits

noyaux sphériques des cellules interstitielles. Mais les cordons

de Goll sont, de plus, entièrement dégénérés. A la périphérie,

la dégénérescence empiète même légèrement sur la zone radi-

culaire.

Dans la substance grise, il y a raréfaction notable des cellules,

surtout dans les cornes antérieures. Une grande partie des cel-

les qui restent sont en état do dégénérescence hyaline et cette

dégénérescence explique leur atrophie et leur disparition. Le

canal de l'épendyme est élargi, mais rempli par un exsudat

granuleux.

Sur une coupe de la moelle dorsale, au niveau du mal de

Pott, nous retrouvons successivement les mômes parties. Les

enveloppes delà moelle en contact avec le foyer tuberculeux,

sont surtout lésées. La dure-mère seule se divise en deux

portions; l'une interne très épaissie, est composée de faisceaux

parallèles de tissu conjonctif, entre lesquels sont disposées,

en assez grand nombre, des cellules rondes; l'autre externe,

séparée de la première par du tubercule infiltré, recon-

naissable au grand nombre de ses éléments embryonnaires,

est formée par une masse caséeuse, friable et irrégulière, ne

se colorant pas par les réactifs et comprenant dans son épais-

seur des fragments osseux nombreux, très petits et déchique-

tés, Cette face externe de la dure-mère présente, en somme,

l'aspect d'une paroi d'abcès froid.

Les lésions de la pie-mère au dehors de la moelle sont à

peu près nulles; mais la lcptomyélite est encore plus accusée

que plus haut.

Les cornes antérieures sont très atrophiées, la gauche plus

que la droite; il y a asymétrie évidente.

Les cornes postérieures sont envahies et sclérosées, surtout

Examen histologique. 83

la gauche, par la méningite postérieure. Autour du canal de

l'épendyme très dilaté, il existe une zone de sclérose assez

étendue qui comprend toute l'épaisseur des commissures.

Dans la substance blanche, le cordon latéral est en partie

dégénéré sans participation du faisceau cérébelleux droit.

A la limite inférieure de la moelle dorsale, les enveloppes

n'offrent rien de spécial; la substance grise présente des cor-

nes anterieures presque symétriques, la gauche étant toute-

fois plus maigre, mais considérablement réduites et pauvres

en cellules. Le sillon antérieur de la moelle est élargi.

Dans la substance blanche on constate du premier coup

d'oeil la dégénérescence avancée des cordons latéraux; mais

cette dégénérescence est beaucoup plus marquée à gauche,

côté où la corne antérieure est plus atrophiée qu'elle ne l'est

à droite.

En résumé, c'est la pachyméningite externe, décrite dès

1871 par Michaux avec l'atrophie des cornes et les lésions

ascendantes et descendantes. bien connues. Notons seulement

le parallélisme entre l'atrophie de la corne antérieure et du

cordon latéral du même côté.

Réflexions. I. Cette observation qui semble au

premier abord ne comporter d'autres réflexions que

celles qui accompagnent d'ordinaire les relations des

cas. d'idiotie compliquée d'épilepsie nous parait pré-

senter un véritable intérêt.

Quand on se trouve en présence d'un dégénéré, il

faut toujours chercher dans ses antécédents les causes

de sa dégénération. Quels sont donc les antécédents

de Jans... ? Sa famille maternelle est exempte de toute

tare mais, du côté de son père, nous relevons la tuber-

culose, l'alcoolisme et des troubles vaso-moteurs qui,

pour nous, ont une grande valeur. Jans... est un dégé-

néré du fait de ses parents paternels. -

Le grand-père paternel de notre malade était alcoo-

lique sûrement, phtisique peut-être. L'alcoolisme est

une des grandes causes de la dégénération familiale :

tout alcoolique altère son système nerveux, du faitmême

du toxique qu'il absorbe; les altérations nerveuses qu'il

84. Réflexions : hérédité.

présente sont le plus souvent des névrites et celles-ci

sont essentiellement héréditaires. On pourrait presque

considérer cette proposition comme un axiome : de tou-

tes les lésions héréditaires, celles du système nerveux

sont le plus sûrement transmissibles. Cette transmis-

sibilité atavique des lésions du système nerveux est

prouvée par l'expérience et par la clinique, mais elle

ne s'effectue pas toujours intégralement et des névrites

que l'anatomie pathologique seule nous révèle chez

certains sujets peuvent, chez ses descendants, donner

lieu à des accidents notables.

Nous ne savons pas si le grand-père de Jans... a

souffert des névrites que l'alcoolisme a provoquées

chez lui, mais, sûrement il a eu des névrites, car son

fils a souffert de troubles vaso-moteurs qui ne sont

que la transformation atavique des lésions nerveuses

de sonpère. Ce que nous avançons là peut sembler une

affirmation gratuite, mais l'un de nous, ailleurs, croit

avoir prouvé la véracité des faits de ce genre (1).

Le père de Jans... a souffert d'une névrose vaso-

motrice bien caractérisée; chez lui, les lésions nerveu-

ses ont été plus graves que chez son père et son fils

a été encore plus sérieusement atteint que lui-même,

ce qu'on doit peut-être attribuer à ce que ce dernier est

né pendant que son père devenait tuberculeux.

Petit fils d'alcoolique, fils de névropathe tuberculeux,

il devait fatalement être victime des tares accumulées

de ses ancêtres. Les conditions même de sa conception

devaient aggraver chez lui la dégénération héréditaire.

Il semble curieux, dans de telles conditions, que ses

frères et soeurs soient restés sains. Mais, si l'on admet

qu'enmatière d'hérédité, il ne se produit pas toujours des

mélanges, que les enfants ne tiennent pas un peu de leur

(1) Isch 'Wall. - Aî,liti,ili81 ? îc et Cancer, 1891.

Réflexions : impressions maternelles. '85

père et un peu de leur mère, mais parfois entièrement

de l'un ou de l'autre lorsque, toutefois, les parents,

ne sont pas atteints d'une même tare auquel cas

cette tare s'accumule nous ne sommes point surpris de

voir Jans... dégénéré par son hérédité paternelle et

ses frères sains du fait de leurs antécédents mater-

nels.

Nous insistons beaucoup sur ce fait de la transmis-

sion intégrale des qualités ou des tares de chacun des

parents, pris isolément, à leurs enfants. On est, en

effet, souvent troublé en lisant les observations lors-

qu'on voit dans une famille clés enfants bien portants

à côté d'idiots, d'épileptiques, etc. Toujours dans les

cas de ce genre, on retrouve la généalogie suivante :

dégénération quelconque d'un côté, santé parfaite de

l'autre.

'Sur des centaines d'observations, il ne nous est ja-

mais arrivé de voir une atténuation dans la marche

dégénérative des familles par une alliance bien choisie;

dans ces cas les enfants sont sains ou dégénérés mais

rarement moins dégénérés que leurs parents, à moins

que le générateur malade n'ait, avant la conception

de son enfant, modifié son état général par une hygiè-

ne appropriée. Or, la plupart de nos observations sont

prises dans un milieu où les tares, loin d'être soignées

sont plutôt entretenues par un défaut complet de toute

hygiène et les fils des dégénérés qui tombent sous nos

yeux sont constammen' plus atteints que leurs parents.

II. L'idiotie a peut-être son origine dans les émo-

tions éprouvées par la mère durant le premier mois de

sa grossesse. Malheureusement, nous avons omis de

préciser minutieusement les troubles physiques et in-

tellectuels produits par ces émotions. En pareil cas, il

importe d'entrer dans les détails, afin de se rendre un

86 Réflexions : tics.

compte exact de la gravité de ces émotions. Y a-t-il

eu crises nerveuses, perte de connaissance, tremble-

ment ? Combien ont-ils duré' ? . La nuit suivante a-t-elle

été agitée par des cauchemars ? Les impressions pé-

nibles ressenties ont-elles persisté et combien de temps.

Tous ces renseignen. ents sont nécessaires pour bien ap-

précier l'influence de la cause morale sur le foetus - Si l'im-

pression a été forte, si en même temps elle a été pro-

longée et si elle s'est manifestée peu après la concep-

tion ou durant les premiers mois, on est légitimement

amené à penser que l'arrêt de développement des cir-

convolutions cérébrales est dû l'hérédité étant réser-

vée en grande partie sinon en totalité à l'impres-

sion maternelle.

A cette .cause présumée sont venues s'ajouter, chez

Jans des convulsions qui ont commencé vers le deu-

xième jour de la naissance et se sont reproduites très

fréquemment jusqu'à 2 ans.

III. La déformation des pieds ne semble pas

avoir existé à la naissance. A 18 mois, quand on a

essayé de le faire marcher, on a remarqué qu'il ne

s'appuyait que sur la pointe des pieds. La déformation

se serait ensuite accentuée progressivement.

IV. Les tics qu'il présentait sont communs chez les

idiots, en particulier le balancement. Jans... balançait

le tronc et la tête d'avant en arrière ; d'autres idiots les

balancent latéralement, ou ne balancent que la tête. Ce

balancement s'accompagne parfois de chantonnement,

ou est coupé par d'autres mouvements, par exemple-

et c'était le cas de Jans... -par un tournoiement rapide

de la tête, par des coups de poings que l'enfant se

donne sur le front, des coups de tête sur les objets

environnants, des grincements de dents, des grimaces

de la face, des cris ou des rires, etc, '

Réflexions : hydrocéphalie. 87

V. Signalons en passant que Jans... avait l'habitude

de flairer ses aliments avant de les manger. Nous

avons observé la même habitude chez quelques autres

idiots. Esquirol a rapporté deux observations où elle

est également consignée (1).

VI. C'est à partir du commencement de 1880, peu

après notre arrivée dans le service, qu'on s'est occupé

du traitement de cet enfant. La même année les accès

d'épilepsie diminuent de moitié. Vers la fin de janvier

1881, J.. contracte la rougeole et, à la suite, par elle

et Par le traitement, les accès continuent à être moins

fréquents. Plus tard, le mal vertébral cle Pott s'ag'ra-

vant, la tuberculose faisant des progrès, et l'enfant

restant au lit, les accès redeviennent nombreux.

VII. Au point do vue anatomo-pathologiquc, après

avoir mentionné l'hydrocéphalie symptomatique de

méningite tuberculeuse, nous devons insister sur

l'état de la calotte crânienne. La Planche II montre

que, si la suture interpariétale est ossifiée presque

complètement (synostose) et dans toute sa longueur

sauf en avant sur 3 centimètres, les dentelures des

sutures pariéto-occipitales sont très distinctes ainsi

que celles de la suture fronto-pariétale. Bien plus

celte dernière suture est mobile, en ce sens que le

frontal s'écarte des pariétaux lorsqu'on l'attire en

avant. Ce crâne semble indiquer en quelque sorte

comment s'opère l'écartcment des os que nous avons

vu se produire, à un degré si remarquable, sur le

crâne de Berl... (p. 51, fig. 4.)

Il est bon, à ce propos, de rappeler que sur les crâ-

nes de Rcn.. (p. 00) et de Tronc... (p. 00, fig. 0) les s

(1) Voir Bourneville Recueil de mée" notes et observations sur t'idto-

tie, t. I, p. 210 et 217.

88 Réflexions : état DES os DU crâne.

dentelures des sutures fronto-pariétales, inter-parié-

tales etpariéto-occipitalcs sont très nettes; que sur le

crâne de Tell. (p. 3-1 i), lasuture intcr-frontale persis-

te en haut, sur une longueur de deux centimètres; les

sutures fronto-pariétales et pariéto-occipitales, sont'

très apparentes et qu'il en est de même de la suture

inter-pariétale, si ce n'est vers le vertex, aplati, où les

dentelures commencent à s'effacer.

Il s'en suit que sur ces crânes, appartenant à des

enfants dont l'idiotie était due à des lésions diverses,

le crâne ne s'opposait pas au développement du cer-

veau et en particulier des lobes frontaux.

VII.

' Cas d'hystérie chez l'homme ;

PAR BOURNEVILLE et SEGLAS.

Les trois observations qui suivent ont été rédigées

il y a plusieurs années. Comme elles n'avaient pas le

même intérêt que d'autres concernant des malades

plus jeunés, nous en avons ajourné la publication.

Observation I.

SoMtfAinE. Père rhumatisant et migraineux. Grand'

mère paternelle migraineuse. Deux oncles paternels bu-

veurs. Tante maternelle morte tuberculeuse. Pas de

consanguinité. - Egalité d'âge. Un frère et une soeur mi-

graineux; une soeur sujette à des maux de tête; une autre

atteinte de mal de Pott; une autre morte de méningite

tuberculeuse avec convulsions.

Arriération intellectuelle et bégaiement. - Impression abi-

lité; douteursëuratques;absences. Début des crises

vers 21 ans. Les crises d'abord considérées comme épi-

leptiquessont en réalité de nature l2stérique.-Iléinianes-

t/tës1e : nco)nptëtcducôtë<7auche. ZoMS hystérogènes.

Aura. Description des attaques; arc de cercle; délire de

paroles. Marche de la maladie.

IIouz... Ernest, Louis, entré à Bicêtre le 26 janvier 1880, à

l'Age de 27 ans (service de M. BOURNEVILLE), est sorti le 20 fév.

1889.

A2técécleazts héréditaires (Renseignements fournis par

sa mère, 30 janvier 1880). Père, 56 ans, employé de commerce,

90 Antécédents.

très sobre, a souffert des douleurs rhumatismales ; migraines

fréquentes de 25 à 40 ans, revenant tous les 15 jours. [Père :

mort d'une hernie étranglée à 78 ans; mère, morte d'une

tumeur fibreuse abdominale à 83 ans; aurait eu des migrai-

nes à l'époque de la ménopause. Deux frères dont l'un ivrogne

et buveur d'absinthe est mort d'une affection stomacale, l'au-

tre, également buveur, a disparu depuis 30 ans sans qu'on ait

pu le retrouver].

Mère : 56 ans, intelligente, un peu nerveuse, mais sans

attaques. (Père, mort d'éléphantiasis (Il avait été à Jérusalem

avec le duc de Bordeaux dont il était le valet de chambre).

Mère morte à la suite de couches, n'aurait pas été nerveuse.-

Deux frères, dont l'un de père seulement, sont bien portants;

une soeur est morte de la poitrine à 33 ans].

Pas de consanguinité.

7 enfants : 1° un garçon, 31 ans, sujet à des migraines, a

deux enfants bien portants; 2° notre malade, 3° une fille

23 ans, mariée avec le frère de père de sa mère, migraineuse

et rhumatisante, n'a pas d'enfant ; 4° une fille, 20 ans. ma-

lade depuis trois ans (hydarthrosc du genou, mal de Pott pro-

bable) ; 5° une fille, 13 ans 1/2, délicate, souffre de maux

de tête; 6° une fille morte à 3 ans 1/2 d'une méningite

tuberculeuse avec convulsions; - 7° une fille morte à 13 mois,

en nourrice, de cholérine.

Antécédents personnels. Au 5 ? mois de sa grossesse, la

mère aurait eu une très grande frayeur et, l'enfant « aurait fait

comme un bond ». Accouchement à terme, facile. - L'enfant

fut mis en nourrice et élevé au sein jusqu'à 2 ans : il était très

délicat, pâle; il n'aurait jamais eu de couvulsions. Il a marché

à 2 ans zizi, a été propre vers 3 ans, n'a commencé à parler

qu'à plus de 5 ans, convenablement à 8 ou 9 ans en conservant

jusqu'à ce jour un certain bégaiement. - Rougeole, croûtes

dans la figure (6 ans), glandes au cou non suppurées, engelures

aux pieds. Fréquentes palpitations pour lesquelles il est

entré aux Enfants-malades à 15 ans, ses pieds étaient alors

très enflés; pas de rhumatismes, douleurs névralgiques de la

tête, peurs, pas de rêves ni de cauchemars. Il n'a jamais pu

apprendre beaucoup : il sait lire et écrire, mais ne met pas

l'orthographe.

Il a été cuisinier jusqu'à 20 ans; à 21 ans, il partit soldat,

mais au bout de G mois, il fut libéré comme épileptique. Avan;

son service militaire, il était déjà très nerveux; il avait des

Description DU malade. 91

sortes d'absences, « des distractions. » Revenu du régiment, il

entra comme contrôleur aux omnibus, mais il fut renvoyé à

la suite d'une attaque, sur la voie publique. C'est à ce mo-

ment (1876) que sa mère a su réellement que c'était de l'épi-

lepsie, Il entra ensuite dans une librairie comme employé à

la vente, mais fut renvoyé encore à la suite d'une crise sur la

voie publique. Depuis 4 mois, il reste chez sa mère à ne rien

faire. On ne sait rien de bien précis sur la fréquence des

accès ; il les sent venir la plupart du temps, cependant, il se

blesse quelquefois en tombant subitement : il pousse un cri,

devient raide, se relève et se rejette de toute sa hauteur :

pas d'écume, ni de morsure de la langue ; mictions involon-

taires pendant l'accès. A la suite de ses crises, il n'est pas

violent ; une fois, il a voulu se pendre et une autre fois, il au-

rait essayé de mettre le feu à sa chambre; les convulsions sont

parfois diurnes, mais le plus souvent nocturnes : quelque-

fois il a des étourdissements. Il a été traité par le bromure.

Le caractère est toujouru irascible et violent, il est cependant

affectueux et impressionnable. Pas d'onanisme, on ne sup-

pose pas des excès sexuels, mais plutôt des e.vcès de boisson,

entraînant à leur suite une augmentation des accès.

Etat actuel (29 avril 1880.) Tête : voûte, très-légèrement

asymétrique : toute la moitié droite paraît reportée en avant;

la bosse frontale droite est plus saillante que la gauche,' il en

est de même de la bosse pariétale : c'est l'inverse pour la-bosse

occipitale.

92 Description DU malade.

La conformation générale du corps, tronc et membres, est

régulière. Les appareils organiques, respiratoire, circulatoire,

digestif, génito-urinaire, ne présentent rien de particulier à

signaler.

Examen de la sensibilité. Il parait y avoir une légère dif-

férence pour la sensibilité à la piqûre au détriment du côté

gauche en arrière et en avant : cette différence est très sen-

sible pour la sensibilité à la température. A la face, la diffé-

rence est à peine marquée.

Pas de clou hystérique : rtciiial-ic au niveau des 5mec, 6me,

7""\, Sme vertèbres dorsales : la douleur qui existe au niveau

des apophyses épineuses et des gouttières vertébrales, pré-

domine cependant sur celles du côté gauche. L'anesthésie

paraît plus marquée aussi à ce niveau (froid, piqûre). Douleurs

spontanées à ce niveau que le malade compare à des tiraille-

ments et paraissant d'irradier dans les épaules, surtout la

-droite. Cette douleur s'exaspère seulement après les attaques.

Il existe une autre zone au niveau des flancs des 2 côtés,

mais plus marquée à gauche et situé au point le plus inférieur

du rebord costal. Au niveau de cette zone qui a environ l'é-

tendue d'une pièce de 1 fr., la sensibilité à la piqûre et au froid

semblerait plus vive qu'à droite. Il n'y a pas de douleurs spon-

tanées en ces points, 11 n'y a que de la douleur à la pression,

semblable à celle de la rachialgie. - Zone sous claviculaire

externe bilatérale, de la largeur du doigt, prédominante à

gauche où répond la douleur dorsale : douleur à la pression,

pas de douleur spontanée, sensibilité au froid plus vive à

gauche qu'à droite. Zone thoracique latérale gauche, sur la

ligne axillaire au niveau du 5e espace ; elle est de la largeur

du doigt; à droite, elle est peu marquée. -La pression sur la

région correspondante à l'ovaire, surtout à gauche, détermine

de la suffocation et la sensation de «quelque chose qui monte»

jusqu'au niveau du larynx. - Cette môme sensation est déter-

minée par la pression sur le cordon spermatique gauche ; la

pression du testicule ne donne lieu à aucun phénomène.

Aura ie médiate la veille de l'attaque, le malade est triste, mo-

rose ; il a la tête lourde, quelques éblouissements : la durée de

ces phénomènes précurseurs sont quelquefois de tout un jour.

2° immédiate : pas de douleurs au niveau des zones; cépha-

lalgie violente siégeant particulièrement au niveau de la

tempe gauche. ,

Sensibilité spéciale : -Rien du côté de la vision, de l'ouie,

de l'olfaction.Le goût paraît plus délicat à droite qu'à. gauche.

DESCRIPTION DES attaques. 93

30 avril : Hydrothérapie. - 5 octobre : Suppression de l'hy-

drothérapie.

1881. 13 avoil. 11 octobre : Hydrothérapie. Le malade dit

se sent bien moins nerveux.

16 mai. Description des attaques. Ses camarades et les sur-

veillants ont remarqué aujourd'hui qu'il était beaucoup plus gai,

qu'il parlait beaucoup, mais sans divaguer. Cependant cette re-

marque est générale à toutes les attaques et les faitprévoir envi-

ron 7 à 8 heures d'avance. Du reste, elles se ressemblent tou-

tes : elles débutent par un grincement de dents pendant

quelques secondes et par la suspension de la respiration en

inspiration, puis le corps se raidit, le buste se soulève et le

malade se porte lentement en avant, de façon à s'asseoir pres-

que sur son lit : les pupilles qui dans l'intervalle des attaques

sont contractées se dilatent légèrement : la face rougit et se

couvre de sueur : après, le buste se porte lentement en arrière

et le malade reprend sa position horizontale qu'il quitte aussi-

tôt pour s'arc-bouter en arc de cercle, le corps ne reposant

sur le lit que par la tête et les pieds, la respiration toujours

suspendue. Cette période dure de 10 à 12 secondes. La crise se

termine par un mouvement brusque qui rejette le corps sur

le lit dans la position horizontale et par trois ou quatre forts

mouvements de respiration pendant lesquels le malade cra-

che de l'écume; puis immédiatement il se met à parler. Pas

de convulsions cloniques, de morsure de la langue. Par-

fois la crise se termine par un nouveau grincement de dents

qui pourrait faire croire à une attaque subintrante : mais il

n'en est rien et au bout de quelques secondes le malade se

remet à parler. L'intervalle qui s'écoule entre deux crises

n'est jamais bien long et quelquefois ne dépasse pas deux ou

trois minutes. Dans cet intervalle, la face est plus pâle, les

paupières fermées, les yeux portés en haut et à droite, les

pupilles rétrécies. Le malade cause continuellement et très

facilement, bien que, ordinairement, il soit affecté d'un certain

vice de prononciation. Il ne reprend jamais après une attaque

le sujet de conversation qu'il avait avant, mais il change à

chaque fois : déplus, dans l'intervalle de deux attaques, il lui

arrive souvent de s'arrêter au milieu d'une phrase pendant

quelques secondes, puis de recommencer à parler, mais en

changeant de sujet. Les sujets de conversation sont de deux

sortes : tantôt ce sont des idées lascives, tantôt des invectives

contre les employés, ses camarades, le curé; souvent les deux

94 Marche DE l'hystérie.

sujets sont mêlés. Déplus, il recommence les mêmes histoires,

ou les mêmes invectives. Il est alors impossible de fixer son

attention et d'en obtenir une réponse : il'est difficile aussi d'ex-

plorer la sensibilité, mais on peut le piquer jusqu'au sang sans

lui faire faire aucun mouvement de défense. En outre, dans l'in-

tervalle des crises, on observe parfois des secousses caractéri-

sées par une légère projection du corps au dessus du lit, comme

s'il était poussé par un ressort. Ces attaques se présentent

assez souvent par séries.

17 mai. - Le malade dit que parfois il ne sent pas venir ses

crises et que dans ces cas, il s'aperçoit qu'il est tombé par des

malaises, une courbature, un changement dans son caractère

D'autres fois, il dit que 7 ou 8 minutes avant le début de l'at-

taque, il ressent une violente douleur au niveau de la région

cardiaque et des palpitations de coeur ; il a alors le temps

d'appeler. Il ne se rappelle rien de ce qui se passe pendant ses

crises.

16 juin - Le malade a depuis 3 jours des séries d'attaques.

Le soir on le trouve étendu sur son lit, les traits fatigués, la

figure couverte de sueur. 11 accuse une vive douleur dans les

testicules et au niveau des anneaux, les parties paraissent

être d'une 11y17crcsthèsie notable au toucher qui détermine

même une attaque du type décrit' plus haut. La compression

de la' fosse iliaque donne un résultat semblable. On découvre

en outre deux points hyperesthésiqucs situés l'un au niveau de

la 7mc vertèbre dorsale, 'autre au-dessous du mamelon du

côté droit : mais la compression ne peut être faite au niveau

de ces points, Il... étant pris subitement d'une nouvelle atta-

que. Hydrothérapie du 1'='' avril au 15 octobre : attaques plus

nombreuses.

1883. Hydrothérapie du lor avril au 31 octobre. Il travaille

à la cordonnerie ; les facultés intellectuelles restent intactes.

On n'a en somme pas à se plaindre de lui : parfois il est un

peu excité, mais l'est généralement avant ses attaques.

1884. 18 juillet. - Série d'attaques, comme celles décrites

ci-dessus. Bien des choses paraissent exagérées dans ces ac-

cidents : témoin ce fait qu'une attaque cesse quelques secon-

des après qu'on a parlé haut devant lui de la castration im-

médiate comme seul moyen de guérison.

29 octobre. Hémorrhoïdes. Tousse souvent depuis 6 se-

maines : l'examen de la poitrine ne révèle rien de particulier.

Sensibilité; aura. 95

2 décembre. Tousse toujours, par quintes ; pas de phé-

nomènes sléthoscopiclucs. Point douloureux au niveau des

apophyses lombaires et des dernières dorsales, douleur sous-

mammaire, épigastrique des 2 côtés : douleur dans la fosse

iliaque, surtout à gauche. Hydrothérapie du 18 avril au 15 oc-

tobre.

1886. 29 décembre. Examen de la sensibilité; générale :

du côté droit, le frottement, le chatouillement, la piqûre, la

température sont très nettement perçus : pas de retard dans

les perceptions ni d'erreur de localisation. Du côté gau-

che, môme état de la sensibilité qui paraît seulement un

peu obtuse sur la cuisse, sauf à la face postérieure.

Réflexes normaux. Zones hystèrogènesdanslafosse iliaque

gauche, légère douleur à la pression : ( le malade prétend que

cela ne date que du mois de juillet à la suite d'un violent effort).

L'aura consiste en un sentiment d'anxiété, de palpitation

cardiaque, une sensation de resserrement dans la région

précordiale : rien à la gorge. Cette aura commencerait 40

minutes au moins avant l'attaque et permettrait au malade de

prévenir. Les phénomènes notés comme vertiges seraient

des espèces de secousses dans tous les membres survenant

soit au début, soit à la fin de 1' attaque, jamais à l'état isolé

Ce serait une des phases de l'attaque. -Sensibilité spéciale,

rien à noter sauf que l'acuité visuelle est sensiblement plus

faible il gauche : champ visuel, vision des couleurs intacts : -

Les autres sens sont normaux.

Intelligence conservée : fonctions physiques régulières :

sommeil bon, parfois entrecoupé do rêves érotiques avec

pollutions sans rapport avec la période des attaques.

Le tableau suivant permet d'apprécier la marche des acci-

dents depuis 1880 jusqu'à 188 (1).

(t) Nous avons quitté le service. le 1 lévrier 1SSfi.

SENSIBILITÉ; aura. 97

1887. 8 juillet. Hou... est devenu très mélancolique depuis

quelque temps. Il y a deux jours, le soir, il a essayé de se

pendre dans les cabinets d'aisances. Le veilleur est arrivé

juste à temps, assure-t-on, pour couper la corde. C'est la

cinquième tentative depuis cinq mois.

Ses attaques offrent les mêmes caractères et dans son délire

cle paroles ou de loquacité qui les termine le plus souvent,

les propos sont presque toujours les mômes :

9 Paroles ordurières, il appelle des femmes, parle de rap-

ports sexuels, et chante des chansons qui s'y rapportent ; il

demande que l'Administration mette des femmes folles à la

disposition des fous, qu'elle installe un établissement spécial;

il vante sa puissance génitale.

2° Il parle de ses camarades et se plaint du personnel, no-

tamment d'un infirmier qu'il appelle tour à tour le «Kroumir»

ou l'«étranleur.n

3° Parle de sa maladie, dit qu'elle l'a empêché de se marier

avec « Espérance » qu'il n'a pas vue depuis 4 ans ; il exprime

envers elle des sentiments délicats et les paroles qu'il lui

adresse contrastent singulièrement avec ses premiers propos

si obscènes. Il fait allusion à son dernier métier (contrôleur

d'omnibus), appelle les voyageurs, et dit que sans sa maladie

il serait resté au service de la compagnie et aurait eu de

l'avancement (1).

Observation II.

Sommaire. Renseignements insuffisants sur sa famille.

Mère morte phlhisique. Pas de consanguinité. Inéga-

lité (Lige de 10 ans. - Un frère a eu des convulsions.

Emotion vive durant la grossesse. Convulsions ( ? ) à 7

ans. Peur à 8 ans : crises nerveuses. Renvois succes-

sifs de ses places à cause de sa maladie : idées de suicide.-

Etat du malade en mai 1880 : anesthésie, aura, etc. Frac-

(1) Le malade est sorti le 20 février 1889 du service de M. Féré qui nous a

succédé.

BOURNEVILLE. Bicêtre, 1891. 7

98 IIYSTÍmo-ÉPILEPSIE.

ture de la clavicule dans une attaque. Actes atatontati-

ques. Pollution et rêves erotiques : bons effets du

bromure de camphre. , ..

IIettin... Adolphe-Victor, né à Paris le 9 mai 1818, : est entré

le 2G Juillet 1879 à Bicêtre (Service cle M. BOCR)lE\ILLE).

Antécédents héréditaires (Renseignements fournis par son

frère le 29 avril 1882). Père comptable, bien portant, sobre et

rangé, un peu nerveux, mort à l'âge de S;) ans (1863) d'une

carie du fémur. (Pas de détails sur sa famille dans laquelle

il n'y aurait jamais eu de nerveux). '

Mère : aucun accident nerveux, sobre, morte de phthisie à

31 ans : elle était de 10 ans plus jeune que son mari. [Pas de

détails sur le père; la mère serait morte à 72 ans d'un catar-

rhe avec affection du coeur. Dans le reste de la famille, il n'y

a d'ailleurs rien de particulier à relever au point de vue des

antécédents.] , .

Pas de consanguinité. '

3 enfants : 1° une fille morte en nourrice à quelques mois ;-

2° un fils, aurait eu quelques convulsions à l'époque de la

dentition, bien portant, marié : il a. deux filles de 11 et 12 ans

qui n'ont jamais eu de convulsions; 3° notre malade. '

Antécédents personnels. - Pendant sa grossesse, la mère

aurait eu une grande frayeur à la suite d'un accident de voi-

ture. L'accouchement se lit bien, l'enfant fut mis en nourrice.

Il fut bien portant jusqu'à l'âge de 7 ans; alors, il fut pris

de convulsions qui durèrent deux heures. Il aurait eu ce mo-

ment (Avant ou après ? ) une peur très grande, parce qu'au

milieu d'une fête, il s'était perdu dans la foule. A dater de

cette époque, il aurait eu des « accès d'épilepsie » vers 8 ans

et son frère le regarde comme épileptique depuis ce temps.

Les accès revenaient tous les 3 ou Ir mois. Il aurait eu, étant

enfant, la varioloïde et la scarlaLitie.11 est allé à l'école, ensuite

collège Chaptal, où il. travaillait beaucoup ; il était très intel-

ligent. Une fois sorti, il s'est placé dans une papeterie, puis

chez un commissionnaire en marchandises où il est resté 13

-ou 1' ans; il en sortit à cause de ses crises, et ne pouvant se

replacer, il est venu à Bicêtre un an après. En 1878-79, il a

essayé à deux reprises de se suicider en se jetant à la Seine :

on n'a pas de détails sur ces tentatives accomplies, disait-il,

à cause de sa maladie,

Description DU malade. 99

Il n'aurait jamais eu d'accès de folie, d'impulsions, de vio-

lences. Cependant son caractère s'aigrissait un peu; il ne fai-

sait pas d'excès; chaque fois qu'il voyait des femmes, il avait

une crise le jour même ou le surlendemain. Les facultés intel-

lectuelles, les sentiments affectifs n'ont subi aucune atteinte.

La santé physique s'est un peu altérée à l'entrée du malade.

La description que donne son frère de ses attaques correspond

ce que nous avons. pu observer. Il semblait prévenu,

disait « je.ne me sens pas bien», puis tombait où il était en pous-

sant un cri rauque et prolongé : secousses cloniques surtout

à gauche, pas d'arc de cercle. Puis il voulait marcher et s'agi-

tait d'une façon automatique, il divaguait pendant 15 à 20

minutes. Il fallait souvent plusieurs personnes pour le main-

tenir quand il avait fini de se tordre et voulait se lever.

; 1879. Décembre. Poids : 54 kilog. 700.

1880. Janvier. - Traitement par le bromure de potassium,

le malade ayant été signalé comme épileptique avant notre

prise de possession (oct. 1879).

7-14 mai. - Erysipèle de la face.

27 mat. Etal actuel. Tête régulière et symétrique :

saillie assez notable de l'occiput. Au niveau de la pointe de

ce.t.os, il existe une dépression, en forme de gouttière, antéro-

postérieure assez marquée.

100 Il Y ST L'Ë 0-LPI LEP SIE.

découvert, méat normal, onanisme dans l'enfance, premiers

rapports sexuels à 16 ans; pas d'excès.

Sensibilité générale : Notablement diminuée des 2 côtés ;

dans le dos, elle paraît inégalement développée des 2 côtés,

des zones moins sensibles étant irrégulièrement distribuées

tantôt à droite, tantôt à gauche.- Pas de : one8 Iq¡81érogènes.

Sensibilité spéciale : Vue : l'oeildroit voitcommedans un

brouillard, il est difficile au malade de compter les poutres

du plafond de la salle : pas d'achromatopsie ni de dyschroma-

topsie. L'odorat paraît plus développé à droite; l'ouïe, de

même. - Le goût parait plus développé à droite; mais les

résultats de l'examen répétés plusieurs fois n'ont rien de

probant à ce sujet. ,

.Aura : très variable : dans quelques cas, le malade serait

tombé subitement sans aucun signe précurseur; mais le plus

souvent il existe une aura très nette, consistant en une sorte

de grosse boule (sic) qui part du creux épigastrique et remonte

plus ou moins vite jusqu'au larynx, produisant alors un sen-

timent de strangulation et d'oppression violentes. De plus, le

malade ressent au même moment, une sorte d'énervement

général, des fourmillements par tout le corps et une sorte de

crainte subite comparable à celle qu'un éprouverait devant

un grand danger. Puis arrive la perte de connaissance.

Après l'attaque, il est assez longtemps à revenir : il peut mar-

cher longtemps encore et môme «se casser la fête contre un

mur sans savoir ce qu'il fait. » En revenant lui, il se sent

tout étourdi et ne reconnaît les gens qu'avec peine : il lui faut

bien 2 ou 3 heures avant de reprendre 'conscience complète-

ment et alors il souffre d'une céphalalgie persistante.

28 mat. Traitement hydrotherapiquc.

28 juillet. Dans une chute sur l'épaule gauche, le malade

se fait une fracture de la clavicule à l'union des 2/3 externe

avec le 1/3 interne.

4 septembre. Consolidation de la fracture sans déformation

sensible.

6 septembre. On reprend les douches suspendues depuis

l'accident.

'16 septemúre. Poids : 57k.GOO.

20 octobre. On cesse les douches.

1881. Avril. Dynamomètre : M D-fi3. M G-47. L'examen

de la sensilJiïté montre qu'elle est conservée des deux côtés;

mais qu'elle est plus exquise à gauche. - L'acuité visuelle

Description d'une attaque. 101

gérait plus faible à droite; les couleurs sont perçues des deux

,.côtés. - Le goût, l'odorat semblent normaux. Traitement

hvdrothérapique. Travail au marais.

31 juillet. Taille : 1"" 58 - Poids : 55 k.20.

1882. 24 janvier. Suppression des douches. Poids : 55 k. 60.

Juin. Poids : 55k. 70. Hydrothérapie du leI' avril à la fin de

novembre.

1883. Janvier. Poids : 55 k. 70.

Juin. Poids : 5G k. 33. Hydrothérapie du 1 ? avril au 30

novembre, «

1884. 31 janvier. Poids : 57 k. 50

Juillet. Poids : 57 k. 50. Taille lm' 57. Hydrothérapie du

1"' avril au 15 octobre. Purgatif tous les mois.

1886. Janvier. Poids : 56 k.

20 février. La sensibilité paraît plus développée à gauche

qu'à droite. Déformation du nez à la suite d'une chute sur le

verglas, une cicatrice sur le bord droit de la langue. Il a

pris du bromure de potassium, ordonné par l'un des internes

'de service, contrairement à notre en fait d'hystérie.

2 février. Le malade a eu une attaques dont le surveillant

fait le récit suivant : D'abord il a ressenti comme une boule

qui part de la ceinture et remonte en occasionnant une cha-

leur assez vive et un étouffement : le malade ne se souvient

plus de rien au moment où la boule arrive à l'estomac il a

alors comme un nuage devant les yeux. Il quitte sa chaise,

fait quelques pas et sans dire un mot déboutonne son gilet et

sa chemise et se frotte la poitrine comme s'il sentait son mal.

On le met à terre, nu depuis les cuisses jusqu'au cou, il se

débat en poussant un cri, les yeux tournés à gauche ; les bras

et les jambes se touchent presque ; l'écume sort de ses lèvres

d'abord blanche, puis rouge (morsure de la langue). Cela dure

. 5 à 6 minutes ; il reste tranquille 1 ou 2 minutes, puis arrivent

des secousses, les yeux tournent et la bouche se contracte :

tout coup il veut se relever brusquement en disant oh ! à

chaque essai, cela dure à peu près 5 minutes : une fois debout

tant bien que mal, il se met à marcher, fait une vingtaine de

fois le tour de la salle en agitant les bras et en répétant : oh !

Il n'urine jamais sous lui ; après l'attaque il a la migraine et

est très abattu : dures environ une demi-heure.

102 IITSTIto-PILI;PSI1J . - , 1%

22 mars : Il n'a pas cessé ses douches pendant tout l'hiver,

ainsi que le bromure de potassium. Il demande du bromure

de camphre pour calmer des rêves erotiques avec pollutions.

On supprime le bromure de potassium; on continue les

douches, les purgatifs tous les mois, on prescrit du bromure

de camplire du D1' Clin( 2 capsules pendant une semaine, 3 pen-

dant ` ? semaines, 4 pendant une semaine, 5 pendant une semaine,

6 pendant une semaine.)

23 mars. - Vers 7 h. du soir, le malade était couché quand

tout-à-coup il s'est levé au pied de son lit, ses yeux sont

devenus hagards, puis au dire de son voisin, il est tombé dans

ses bras sans connaissance, sans pousser de cri. Cette perte

de connaissance aurait duré 3 ou 4 secondes : puis il aurait eu

des convulsions toniques, avec de l'écume à la bouche, mor-

sure de la langue, déviation des yeux du haut. Au bout de

2 ou 3 minutes, il s'est débattu (convulsions cloniques) et se

relevant, s'est'mis à marcher en arrière. L'attaque totale a

duré environ 1/4 d'heure : puis il s'est promené en chemise

dans la salle, s'est mis à prendre les chaussures de ses voisins,

à les mêler, enfin il est revenu à son lit et s'est couché.

11 juin. Hett.. a eu une attaque cette nuit. Voici le récit

qu'en fait le surveillant : petit cri au début, les membres se

contractent et s'agitent violemment, la tête est rejetée en

arrière, les yeux ouverts et le regard fixe tourné en haut ; le

visage grimace, durée 1/2 minute. Ronflement très fort, écume

blanche abondante ; tout le corps est encore secoué par des

mouvements convulsifs, pendant 1 minute : puis le malade se

met debout sur son lit ; les yeux hagards, semble qu'il a

devant lui quelque chose d'épouvantable ; et fait le geste de

le repousser. Il chiffonne sa chemise, son oreiller qu'il jette

devant lui. Il fait entendre des cris inarticulés comme s'il était

en colère ; on a peine à le maintenir. Enfin il descend de son «

lit, continue à chiffonner sa chemise qu'il enlève, cherche ses

effets, les remet en place, cherche sous son lit. Tout cela dure

1/4 d'heure. Il s'habille et peu à peu se calme : il va ensuite

au cabinet et retrouve peu après toute sa connaissance. Durée'

totale : li-2 heure. '

1er juillet. On prescrit de nouveau comme ci-dessus les

capsules de bromure de camphre.

1 ? août : Taille le, 57 Poids 55 k, 50.

25 novembre : Température au moment de la période de;

ronflement d'une attaque, 37°; un quart d'heure après l'atta-

que 37°, 8; deux heures après l'attaque, 37°, 7. ' -

Guérison. 103

15 décembre. Aura : le malade prétend ne sentir venir

ses attaques qu'un moment avant de perdre connaissance : il

en est prévenu par « une vapeur chaude » partant de la ré-

gion sus-pubienne sur la ligne médiane, remontant à l'Gpi- . z

gastre en produisant de l'oppression et une « tension dans le

cerveau.» La sensation d'étounement au niveau des larynx

est très vague.

Sensibilité générale. Bien que le malade prétende mieux

sentir du côté droit, il n'y a pas de différence appréciable ;

sens musculaire intact; réflexes de toute espèce normaux.

Sensibilité spéciale : pas d'achromatopsie, de rétrécisse-

ment du champ visuel ; l'acuité visuelle parait bonne, le malade

assure voir mieux de l'oeil gauche. Sensibilité tégumentaire '

normale. Ouïe, goût, odorat normaux. ;

Zones hyslérogènes. Très légère douleur à la pression

de la fosse iliaque droite et sous le sein droit, ne s'accompa-

gnant pas de sensations spéciales.

Le sommeil est bon et n'est plus troublé par les rêves eroti-.

ques depuis l'administration du bromure de camphre. Les

facultés intellectuelles ont gardé leur niveau, les sentiments

affectifs sont conservés. Le caractère est assez doux.

L'état mental de ce malade est assez difficile à définir : il cher-

che à attirer l'attention sur lui, il a comme des tendances

hypochondriaques, étudiant tout ce qu'il ressent, lisant dans-,

les journaux des articles cle médecine : il vaille beaucoup son

savoir et l'instruction qu'il a reçue. Très difficile à interroger,

il ne faut donner qu'une foi restreinte à ses assertions.

L'apparition du Compte rendu de 1890 ayant été retardée'

parce que nous voulions y faire figurer nos communications

au Congrès international de médecine mentale de 1889, nous

avons eu l'occasion de revoir ce malade (novembre 1891), sorti

le 2 octobre de la môme année de Bicêtre. Il nous a donné

les renseignements complémentaires qui suivent :

Il est né à Paris, de parents suisses non naturalisés. Il avoue

s'être masturbé au collège, n'avoir jamais été porté aux rap-

ports sexuels et n'avoir jamais eu de maladies vénériennes. Il

n'a plus d'attaques depuis le mois de mars 188 ! ), et s'il est

resté encore plus de deux ans à Bicêtre, c'est afin d'être sur z

de sa guérison. Depuis sa sortie, il travaille aux écritures chez--

un coulissicr. Il possède une certaine instruction, sait l'an-

glais, etc.

1-IYSTÉRO-tPrLEPSIr, 105

Comme onle voit par ce tableau le malade a eu des attaques

de deux espèces : l°de grandes attaques, 2° des attaques incom-

plètes qualifiés de vertiges sur lesquelles nous n'avons aucun

renseignement; elles auraient une durée moindre que les

autres (15 min : ).

Observation III.

Sommaire. Renseignements nuls du côté paternel, insuffi-

sants du côté maternel. - Mère morle aliénée. Accès de

colère. Quelques excès de boisson. Première attaque

en 1881, suivie de bégaiement, d'hémiplégie, de contracture

hystérique du côté gauche. Attaque apoplectiforme :

Contracture des bras gauche. Déformation du pouce gau-

che consécutive à un traumatisme dans une attaque.

État du malade en 1885.

From ? Louis-Marie, né à Paris, le 2 juin 1843, est entré

le 1er septembre 1885 à Bicêtre (Service de M. BouiiNE-

VILLE.)

Antécédents héréditaires (-17 février 1886). To.us ces

renseignements nous ont été fournis par le malade qui est un

enfant naturel et n'a connu que sa mère). -Mère : morte en

1871, à l'âge de 62 ans, à Sainte-Anne, où elle était entrée la

même année pour « paralysie et maladie du cerveau. » Grands

parents maternels inconnus. Un frère de notre malade, plus

âgé que lui de 3 ans, est mécanicien; depuis deux ans il souf-

fje de rhumatismes; caractère un peu emporté,

Antécédents personnels. Gourmes dans l'enfance; à 8

ans, fièvre typhoïde assez grave, s'étant accompagnée de

délire et.traitée à l'hôpital des Enfants-malades- Fr... a tou-

jours été nerveux, il se mettait facilement en colère et pleurait

après les accès. Pas d'excès de boisson; quelques excès de

femmes, pas de perversions sexuelles. Il était cartonnier et : gagnait assez bien sa vie. -porté dans la Garde

Au moment de la guerre, il fut incorporé dans la Garde

nationale mobile ; au Bourget où le bataillon joua un rôle assez

.actif, il ne se rappelle rien de particulier vu qu'il était « entre

deux vins. » Après le siège il fut licencié et incorporé dans

les bataillons de marche de la Commune. Pendant les 2 mois

de la Commune, il n'est pas sorti et n'a pas pris part à la ba-

taille des rues bien qu'habitant Montmartre. Il fut arrèté.chez

M6 Antécédents. "

lui le 2 juin par suite de la dénonciation d'un camarade,

envoyé à Satory et dirigé de là à Brest sur les pontons. Après

9 mois de séjour à Brest, il revint à Versailles pour. y être

jugé le 2 avril par le Conseil cle guerre qui le condamna à la

déportation simple. Pendant toute cette période sa santé est

restée très bonne. Il séjourna à la Nouvelle-Calédonie jusqu'en

1880, époque à laquelle il fut amnistié : il ne fut jamais ma-

lade pendant ce temps, il cultivait la terre et gagnait sa vie ;

quelques excès de boisson.

De retour à Paris en 1880, il il travailla au chemin de fer du

Nord comme manoeuvre jusqu'en 1881. Cotte année-là, un ven-

dredi du mois de mai. à 2 heures de l'après-midi, le malade

qui depuis 3 jours souffrait de maux de tête, tomba subite-

ment en traversant le boulevard de l'Hôpital et perdit con-

naissance jusqu'au lendemain matin. Il se réveilla à la Salpè-

trière où l'avait fait transporter M. Ballet, alors interne de

M. Charcot, qui assistait à son accident. A son réveil, il

s'aperçut qu'il ne pouvait se servir de son bras ni de sa

jambe gauches. Le bras, d'après l'attitude que reproduit le

malade, était dans la situation de la contracture post-hémiplé-

gique, ]ajambe étendue. En même temps se montra un bégaie-

ment très fort qui depuis est allé en s'atténuant; avant l'acci-

dent, la parole était très nette. On institua un traitement par

l'électricité, le bromure, les bains sulfureux. Au bout de neuf

mois, les mouvements du bras revinrent, mais le malade mar-

chait encore en traînant la jambe, sans faucher.A cette époque

il n'y avait pas d'hémi-anesthésie, les examens faits dans ce

sens auraient été négatifs, au dire du malade.

D'un autre côté, les attaques s'étaient multipliées. Un mois

après la première, le malade en eut une autre à la Salpêtrière

à propos d'un refus de sortie : puis elles se montrèrent à des

intervalles plus rapprochés (8 ou 15 jours) à la suite de con-

trariétés, d'émotions ou même de la vue d'autres malades en

attaques. Fr ? ne garde pas souvenir de ces crises; elles du-

raient, dit-il, un quart environ, puis il avait mal à la tète et

pleurait abondamment. Une seule fois il s'est mordu la langue :

à la suite de chaque crise, il passait deux ou trois nuits agité

et sans dormir. Les attaques ont persisté ainsi pendant 15

mois : au bout de temps, ayant récupéré une partie des

mouvements du côté gauche, il sortit de la Salpêtrière, atten-

dant son placement pour Bicêtre.

Une fois sorti, il se mit homme de peine, vendant des jour-

naux, marchant beaucoup et commettant quelques excès de bois-

Antécédents. 107

son. Il continuai t avoir encore des attaques, mais très espacées.

Puis il s'aperçut que les forces diminuaient dans le bras

gauche et que l'insensibilité s'établissait : il alla alors au parvis,

d'où on l'envoya à l'hôpital des Tournelles où il entra au mois

de janvier 1884 dans le service de M. Debove et d'où il sortit

au mois de février 1885. Pendant ce laps de temps, il eût des

attaques tous les quinze jours en moyenne, on lui appliqua les

amiants qui supprimaient momentanément son anesthésie, on

lui donna du bromure. Il a été présenté le Il avril 1884 à la

Société médicale des hôpitaux par M. Debove, qui le signale

comme hémiparétique et hémianesthésique. Dans son obser-

vati.on (Bull. Soc. méd. hôp. 23 avril 1884, p. IG3) nous trouvons

un certain nombre de points qui ne concordent pas avec ce

qu'il nous raconte : 1° Il est présenté comme puisatier; inter-

rogé et mis en présence du texte des Bulletins il dit avoir

travaillé comme puisatier alors qu'il était homme de peine. 2° Il

est noté que les accidents ont débuté par une attaque apoplecti-

forme à la suite de laquelle il aurait été porté à la Charité, que là

il aurait été soumis à un traitement antisyphilitique qui l'aurait

guéri au bout de deux mois et demi. Interrogé à ce sujet, le

malade nous dit que le fait qu'il avait omis de nous raconter

est vrai : qu'après sa sortie de la Salpètrière il fut, en effet, à

la suite d'une attaque transporté à la Chanté dans le service

du professeur Vulpian. En descendant d'omnibus rue Bonaparte

il aurait été pris d'un étourdissement comme il en a d'habitu-

de 5 ou 10 min. avant ses attaques : puis il a eu son attaque et

est tombé sur le bord du trottoir : dans cette chute il s'est fait

au niveau de la partie postérieure clu pariétal gauche une plaie

dont la cicatrice est encore visible. C'est alors qu'il a été

conduit comme apoplectique à la Charité où on lui aurait mis

des sangsues derrière l'oreille gauche. Au bout d'une heure

il s'est réveillé avec le bras gauche contracture dans la demi-

flexion. La contracture aurait persisté pendant trois semaines,

la paralysie pendant six semaines, puis il fut envoyé en con-

valescence à Vincennes. Pendant son séjour à la Charité, il

fut considéré comme syphilitique et traité comme tel. 3°-

A ce point de vue particulier, il déclare avoir fait cet aveu

pour faire plaisir au chef de service.

Il sortit des Tournelles en février 1885, travailla comme

puisatier, comme porteur de journaux. Il n'avait guère d'at-

taques que tous les mois; c'étaient plutôt des étourdissements

car il tombait et se relevait aussitôt. En septembre 1885, il reçut

sa lettre d'admission à Bicêtre et vint à l'hospice. -

108 Description DU malade.

État actuel. Poids 54 kilogr. ; taille 1 ? 69. Tête : régu-

lière, brachycéphale; bosses occipitales développées.

DESCRIPTION d'une attaque. 109

Description d'une attaque. Deux ou trois jours avant

1 attaque il a des douleurs de tête intermittentes, la moindre

des choses le contrarie, l'énervé; son sommeil est agité, mais

sans cauchemars. Pas d'hallucinations, bourdonnements d'oreil-

le, aura produisant la sensation d'une boule qui partirait de

la région iliaque gauche et remonter fit à l'estomac et à la

partie inférieure du cou. Il tombe alors à terre en

arrière, reste étendu tout raide, pousse quelques plaintes,

se débat un peu, mâchonne et pleure, mais les larmes ne sont

généralement pas abondantes. Pas de mictions ni de selles

involontaires. Cette attaque dure à peine quelques minutes,

il reprend très vite connaissance; mais après ces attaques le

bras gauche et surtout la main sont contractures dans la

flexion : ces contractures ne persistent pas longtemps et ne

durent que quelques minutes. On a assayé à différentes

reprises d'hypnotiser le malade, mais sans succès ; chaque

tentative à d'ailleurs provoque une attaqué.

Les facultés intellectuelles, d'un niveau faible d'ailleurs, ne

semblent pas altérée-; par la maladie, le malade prétend cepen-

dant que sa mémoire a baissé depuis ses premières attaques.

Il n'est pas méchant, ni querelleur, et s'occupe avec activité

à la buanderie.

110 I-II'STI;RO-1;PILI;PSIE.

Le malade, sorti de Bicêtre le 20 septembre 1887, est rentré

à la Salpôtrière, le 5 mai 1888, dans le service de M. Charcot.

(Salle Bouvier.) Voici les quelques renseignements qui nous

ont été communiqués, relativement à son état pendant son

séjour dans le service. " "

Ilémianesthésie gauche complète ; points douloureux dans

la région iliaque droite, sous-mammaire droite. Symptômes

d'hémiplégie gauche : les membres de ce côté sont plus fai-

bles que ceux de droite; hémiplégie faciale avec déviation de

la langue à gauche. Le malade a par jour 2 ou 3 attaques :

elles sont plus fortes et plus nombreuses lorsqu'il est sorti la

veille ou s'il a été contrarié. Avant ses attaqués, il devient

querelleur. Il tombe sans crier, se raidit,'fait de grands mou-

vements, se-roule sur lui-môme, gémit : on a constaté l'inflexion

du corps en arc de cercle : perte de connaissance complète.

TROISIÈME PARTIE. '

Communications faites au Congrès international de

1 .. médecine mentale de 1889.

VII.

Introduction : essai de classification anatomo-

pathologique de l'idiotie.

Messieurs, .

En nous appuyant sur les travaux que nous avons

poursuivis depuis une quinzaine d'années, soit à la

Salpêtrière, soit à Bicêtre, et sur les mémoires ou les

notes qui ont été publiés durant la même période sur

l'idiotie) nous sommes amené à distinguer, quant à

présent, au point de vue anatomo-pathologique, les

formes suivantes ;

1° Idiotie symptomatique de l'hydrocéphalie (idiotie

hydrocéphalique) ;

2° Idiotie symptomatique de microcéphalie (idiotie

microcéphalique) ;

3° Idiotie symptomatique d'un arrêt de développe-

ment des circonvolutions ;

4° ldiotic symptomatique d'une malformation congé-

nitale du cerveau (porencéphalie, absence du corps

calleux, etc.);

5° Idiotie symptomatique de sclérose hypel'll'ophi-

que ou tubéreuse ;

6° Idiotie symptomatique de sclérose atrophique :

a) sclérose d'un hémisphère ou des deux hémisphères ;

b) sclérose d'un lobe du cerveau; c) sclérose des cir-

Introduction. 113

convolutions isolées; d) sclérose chagrinée du cer-

veau ( ? ) ; ,

7° Idiotie symptomatique de méningite ou de mé-

ningo-encéphalite chronique (idiotie méningitique) ;

8° Idiotie avec cachexie pachydermique ou idiotie

myxoedémateuse, liée à l'absence de la glande thy-

roide.

Notre but, aujourd'hui, est d'appeler l'attention des

membres du Congrès, en premier lieu, avec notre

interne actuel, M. Camcscasse, sur l'idiotie microcé--

phalique; en second lieu avec notre ancien interne,

M. P. Sollier, sur l'une des variétés de l'idiotie symp-

tomatique d'une malformation congénitale, celle qui

reconnaît pour cause la porencéphalie. B.

BOURNEVILLE, Bicêtre, 1891. 8

' " ' " IX. .

Nouvelle contribution à l'étude

de la microcéphalie ;

PAR BOURNEVILLE et CAJIESCASSE (1).

Malgré l'important mémoire de Cari Vogt et la thèse

de M. Ducatte, la microcéphalie a été peu étudiée

jusqu'ici en France, surtout au point cle vue clinique

et au point de vue du traitement. Ces auteurs, comme

ils l'ont dit eux-mêmes du reste, ont examiné cette

question au point de vue de l'atavisme, tout en pré-

sentant au courant de leur travail quelques réflexions

sur les caractères propres aux microcéphales. Après

avoir mis sous les yeux des membres du Congrès, les

documents que nous possédons sur ce sujet, nous ferons

quelques remarques sur les points suivants : les anté-

cédents héréditaires des microcéphales, leur dévelop-

pement physique, le développement de leurs organes

génitaux et leur éducabilité.

Cari Vogt dit (2) : « La microcéphalie est une for-

mation atavique partielle, qui se produit dans les

parties voûtées du cerveau et qui entraîne, comme

(11 Ce mémoire et le suivant auraient dû paraître dans le Compte rendu de

188). Mais il a été impossible à notre collègue 11. Ritti, de mener sa tache

aussi vite qu'il l'aurait désiré et ce n'est qu'au mois d'octobre que le volume

du Congrès a pu paraître. De là, aussi, le retard de notre Compte rendu de

1830. (13.)

(2) C. Vogt. Mémoire sur les microcéphales ou hommes singes, pi 197,

Microcéphalie. 115

conséquence, un développement embryonnaire dévié,

lequel ramène, par ses caractères essentiels, vers la

souche depuis laquelle le genre humain s'est élevé. »

Il s'appuie : 10 sur des analogies constatées entre des

crânes et des cerveaux cle singes; 2° sur l'absence de

caractères morphologiques ou pathologiques chez les

ascendants des microcéphales. ((Partout, dit-il, où des

renseignements nous sont transmis, père et mère

jouissaient d'une bonne santé, étaient forts et robustes,

et n'ont succombé qu'à des maladies ordinaires. Tou-

tefois, ajoutc-t-il, si l'on voulait nier, en se fondant sur

ce fait, une certaine disposition chez les parents, on

serait vite contredit par les cas assez nombrenx où

plusieurs enfants microcéphales naissent conjoin-

tement avec d'autres enfants normaux du même

couple (1). »

M. Ducatte en faveur de la même' opinion fait

remarquer que la dégénérescence intellectuelle donne

aux idiots, dans leurs fonctions, les. ressemblances

qui leur méritent les noms d'animaux divers : homme-

oiseau, homme-lapin, chien, singe, brebis, sauterel-

le^-). « fluandj'ai trouvé, dit-il, la scissure sous-parié-

tale propre aux mammifères gyrcncéphales osmatiques,

le pli pariéto-limbique postérieur profond des chats,

le pli cunéo-limbiqe superficiel des singes, j'ai été forcé

de reconnaître qu'il y avait là d'évidentes réversions

ataviques et dès lors, d'autres caractères moins déci-

sifs m'ont paru plus vraisemblablement de nature

(1) Ibid., p. 187. - Consulter aussi une Note sur l'ossification pré-

niatttréc des os du crâne chez les idiots microcéphales, lue par M. Baillarger

à l'Académie de médecine, le 21) juillet 18.)(i. - Dic Microcéphalie und ihre

Ursachen, Inaugural Dissertation ztw Erlangung der Doctorwurde bei de)'

Medizinisclien Facilitai (le ? - 7 ! /teinisc/)C)t Fi-ietl ? -icIL-1171llieeiiis-Uiiivei-sitat

ztt Bonn, etc., von 1 (einricli Gerartz, Bonn 1874.- Unterstacftttnpenuberden

Hall cines MiCl'ocephalen llernes, l'on Rolion, Wien, 1879, etc., etc. Voir

notre Observation III.

(2) Ducatte, Paris 1880, p. 90.. -

116 Microcéphalie.

atavique : ainsi la calotte occipitale, la continuité du

sillon pariétal avec la scissure occipitale externe,

la longueur du premier sillon temporal. Plus loin, les

anomalies non cérébrales sont venues me confirmer

dans l'opinion que je m'étais formée; telles l'absence

d'appendice coecal, la ccecum flottant, l'utérus bicorne,

le vagin double. » Puis cet auteur ajoute : « Outre les

caractères foetaux et les caractères ataviques, j'ai trouvé

encore des déviations de développement étrangères à

tous les types spécifiques actuels (doigts supplémen-

taires, reins réunis sur la ligne médiane, intersection

fibreuse unique du grand droit de l'abdomen). »

Sans entreprendre de juger jusqu'à quel point sont

comparables les vices de conformation qu'on rencontre

chez les microcéphales aux étapes parcourues par les

organes dans leur développement, nous ferons ressortir

les particularités suivantes : puisque, de l'aveu même de

ces auteurs, on rencontre, outre des anomalies res-

semblant à des caractères morphologiques parfaite-

ment connus chez des animaux moins élevés dans

l'échelle, des anomalies qui ne se rapprochent d'aucun

type connu, peut-on conclure à la réversion atavique ? P

11 faut au moins admettre qu'elle n'explique pas tout.

Est-il vrai, d'autre part, que les antécédents hérédi-

taires des microcéphales, par leur caractère négatif,

viennent à l'appui de la théorie de la réversion atavi-

que ? Le contraire parait évident. Et il faut admettre

que la difficulté de retrouver les antécédents des ma-

lades a dû seule faire dire à C. Vogt, que les parents

étaient tous forts et robustes et sans tare aucune. Chez

un seul de nos malades ces antécédents ne révèlent

presque rien : c'est pour le malade Clut... dans les

antécédents duquel on ne note que : 1° une impres-

sion très vive chez la mère peu avant la conception,

mais se prolongeant pendant toute la grossesse et les

premiers mois de l'allaitement. Cette impression a été

DIICROCi ? PH : 1LIE. 117 7

causée par la vue d'une folle qui avait des attaques mal

définies et que la mère de notre malade a soignée. Elle

nous a dit elle-même que pendant toute sa grossesse

elle avait toujours peur « de voir arriver la folle » ; ;

2° des convulsions chez le malade. Dans tous les autres

cas, les antécédents pathologiques de nos malades

sont très chargés.

Pour Jan. : père alcoolique ; oncle maternel aliéné;

deux frères morts de convulsions; lui-même a eu des

convulsions à un an.

Pour Mari.. : père suicidé ; grand-père paternel

mort fou.

Pour mère nerveuse (attaques); grand-

père maternel alcoolique ; grand'tante maternelle mi-

graineuse, convulsions chez le malade.

Pour Nig.. : père alcoolique et rhumatisant. Con-

vulsions.

Pour Cliq.. : père migraineux, mort d'intoxication

mercurielle (miroitier) ; oncle paternel mort fou ; mère

et grand'mère maternelles nerveuses. Convulsions.

Pour Maz.. : grand-père et arrière-grand-père pa-

ternels alcooliques, ainsi que deux grands oncles pater-

nels ; mère et grand'mère maternelle migraineuses.

Pour Cher.. : père, oncle paternel et frère alcooli-

ques ; mère, pertes de connaissance mal caractérisées.

Pour Edern.. : père, hébétudes passagères consé-

cutives à une grande application à la musique; soeur

idiote; deux frères, mobilité et idiotie.

D'où il ressort que dans les sept cas où les recher-

ches ont pu être faites, nous avons noté cinq fois les

convulsions de l'enfance chez les malades eux-mêmes.

Au point de vue du développement physique, et sur-

tout de la taille, Gratiolet considère les microcé-

phales comme une espèce particulière de nains ne

H8 Microcéphalie.

dépassant pas la taille d'un enfant de dix ans. Eder ?

dont l'observation a été publiée en 1882, par l'un de

nous (M. Bourneville), était très grand, fort et vigou-

reux. Cher., qui a été soldat quinze ans, avait une

taille de 1 m. 65 (1). Clut ? âgé de treize ans, mesu-

rait 1 m. 30. Jan.. a 1 m. 56, Cliq.. 1 m. 43.

Arnou., âgé de treize ans, mesure 1 m. 33 ; Mari.,

n'a que 1 m. 29 malgré son âge de quinze ans. Nig..

a une taille assez élevée, puisqu'elle est de 1 m. 19 à

onze ans. Seul Mazi.. pourrait être rapproché des

nains, il mesure 0 m. 65 seulement, mais il n'a que

cinq ans et sans doute grandira.

Carl Vogt dit peu de chose au sujet du développe-

ment des organes génitaux et de leur fonctionnement

chez les microcéphales : « De parents normalement

constitués naissent, dit-il, des enfants viables, vivant

assez longtemps, capables sans doute de procréer, la

menstruation le prouve (2). » Voici maintenant, l'opi-

nion de 111. Ducattc : chez les microcéphales, (( la puberté

manque (3) » et, « chez ceux dont l'état sexuel a été

observé, il y a toujours, avec ou sans atrophie des

organes, absence complète de manifestations génési-

ques, à l'exception toutefois de Conrad Schutteln-

dreyer (4) qui une seule fois eut l'air de vouloir violer

la femme de son frère, et de la Paria indoue, de Schort,

qui eut paraît-il, un enfant mort-né. « Peut-être, ajoute-

t-il, ce fait est-il de nature à jeter quelque doute sur la

qualité de microcéphale de cette femme, si on consi-

dère d'autre part que l'on ne connaît que sa circonfé-

rence crânienne ; néanmoins le fait d'un microcéphale

(t) Voir notre premier mémoire, avec planches et figures, sur la microcé-

phalie (en collaboration avec M. \Vuillamier) dans notre Compte Rendu de

Bicêtre pour 1881, p. 27 et Société analomique, 1881. (il,)

(2) C. Vogt, p. 187 et 188.

. (3) Ducatte, th. citée, p. Il (3) et p. 31.

(4) Cari. Vogt, p. 2fi,

Microcéphalie. H9

devenue mère, bien qu'il soit unique dans les cas

connus, peut être considéré comme vraisemblable, tan-

disque la paternité d'un microcéphale neleserait pas.»

. Voici le résultat de nos observations. Les organes

génitaux de Cher., étaient normaux, la verge était très

développée, les testicules étaient assez gros... '

. Les organes génitaux d'Eder.. étaient très dévelop-

pés : l'onanisme a été constaté. Chez Clutot, la verge

avait une longueur de 7 centimètres et 6 centimètres

de circonférence. Ses testicules avaient le volume

d'une olive, le droit paraissait être un peu plus volu.

mineux que le gauche.

Jan. a la moustache assez marquée, le menton cou-

vert de poils peu longs, assez abondants ; le pénil est

couvert de poils se prolongeant sur les aines et jusqu'à

l'ombilic. La verge a une longueur de 9 centimètres

et 10 centimètres de circonférence. Les testicules ont

le volume d'un oeuf de pigeon. Jan. se masturbe et a

même tenté plusieurs fois de sodomiser d'autres

enfants (1).

Arnou.. a des organes génitaux de développement

ordinaire. Longueur de la verge : 52 millimètres,

circonférence : 62 millimètres. L'onanisme a été

constaté. Les testicules on(le volume d'un noyau de

pêche.

, Mari., a des organes génitaux peu développés pour :

son âge (quinze ans). Verge : longueur, 50 millimè- :

très ; circonférence : 60 millimètres. Les testicules

ont le volume d'une petite olive,

Nig.. a des organes normaux, étant donné qu'il

n'est âgé que de onze ans. Mazi.. n'offre rien de par-

ticulier à noter. '.

z Seul, Cliq ? âgé de vingt et un ans, idiot complet,

(1) Ceci a été écrit au mois d'août ISSU. De puis lors, le système pileux s'est

très développé ainsi que le montre la PL. IX. - - .

120 Microcéphalie,

présente une malformation de la verge, deux torsions :

1° une première en vertu de laquelle la face supérieure

devient face latérale gauche; une deuxième dans le

sens antéro-postérieur formant un angle ouvert à

droite. Les testicules sont normaux, de la grosseur

d'un oeuf de pigeon. La verge est longue de 11 centi-

mètres, sa circonférence est de 8 centimètres et demi.

En 1882, l'un de nous (M. Bourneville) indiquait

dans l'observation d'Eder... quelques succès d'éduca-

tion péniblement obtenus par M. Delasiauve. Aujour-

d'hui le nombre des sujets du service permet d'afrir-

mcr l'éducabilité relative des microcéphales, la possi-

bilité de les améliorer, même très notablement.

' Observation I.

SOMMAIRE. Antécédents paternels et maternels négatifs

Impression maternelle vive avant la conception, se pro-

longeant pendant et après la grossesse. Pas de coasatigui-

nité. Premières convulsions il six mois.- Idiotie complète :

bave, balancement, gâtisme, etc. Marche à trois ans et

demi. Microcéphalie très prononcée. - Prognathisme supé-

rieur. Diphtérie; mort. Résultats de l'autopsie : absence

presque complète de ! acom;e.\'itëocctptfa ! G ? lo'ocëpha ! te.

- Arrêt de développement et malformations considérables

du cerveau. - Encéphale; 490 ger.

Cluto ? Léon-Eugène, né à Vauvillé (Seine-et-Marne) le 17

mai 1876, est entré à Bicotre (service de M. le Dr Bourneville)

le 17 avril 1889.

Antécédents (Renseignements fournis par son père et sa

mère).- Père quarante-huit ans, homme de peine, auparavant

laboureur à son compte jusqu'à quarante-quatre ans, venu à

Paris après des pertes d'argent; pas d'excès de boisson, pas

de convulsions de l'enfance, de fièvre typhoïde, de maladie de

peau. Ni rhumatismes, ni migraines, ni névralgies, ni syphilis.

[Père,laboureur, sobre, bien portant, sans accidents nerveux ;

mort en tombant d'un arbre. Mère, soixante-treize ans,

aucune manifestation nerveuse, rhumatismale, ni dartreuse.

Grand-père paternel, mort on ne sait de quoi. Grand-

IICROCÉPH ? L'E. 1.21'

mère paternelle, morte vers quatre-vingts ans, ni démence,-

ni paralysie. Une tante paternelle non nerveuse, ainsi que

ses deux enfa : 1ts, - Grands parents maternels, pas de rensei-

gnements. Deux oncles maternels bien portants de même

que leurs enfants. Une tante maternelle morte on ne sait

de quoi, sans enfants. Trois frères et une soeur, sans acci-

dents nerveux non plus que leurs enfants. Pas d'aliénés, d'idiots,

d'épileptiques, de difformes, de suicidés, de criminels dans

la famille]

Mère, quarante-six ans, cultivatrice, assez grande, de phy-

sionomie régulière, intelligente. Ni convulsions, ni ! î0\Te typho-

ide, ni migraines, ni névralgies, ni maladies de peau. [Père,

laboureur, sobre, non nerveux de même que la Mère, âgée de

soixante-dix ans. Grands parents paternels morts on ne

sait de quoi. maternel mort à soixante-quatorze

ans, épuisé parle travail, enflé des jambes; il n'avait jamais été

malade.- Grand'mère maternelle morte vers soixante-quinze

ans à la suite d'un traumatisme. Oncle paternel mort vieux

d'une fluxion de poitrine, sans accidents nerveux ni chez lui,

ni chez ses enfants. Deux tantes paternelles mortes : l'une

à la suite d'une opération pratiquée pour « une grosseur de

l'anus» ; pas d'accidents nerveux chez elle, ni chez ses enfants.

Deux frères et une soeur en bonne santé et sans accidents

nerveux, ainsi que leurs enfants. Pas d'aliénés, etc., etc.]

Pas de consanguinité ; différence d'âge de deux ans.

Quatre cifants. 1° et 2° Deux jumelles, nées à huit mois,

mortes en venant au monde. Elles étaient bien conformées, la

tête, en particulier, était bien proportionnée. Pas d'autres cas

de gémellarité dans la famille, 3° Fille, seize ans, bien por-

tante, intelligente, tête et traits réguliers; caractère doux;

elle n'a pas eu de convulsions et n'est pa nerveuse.

4 Notre malade. A la. conception, parents bien portants,

vivant en bonne intelligence. Toutefois nous devons dire que

deux mois environ avant la conception la mère a été vivement ill1- '

pressionnée par la vue toute une nuit, d'une voisine qui était folle

et avait des crises convulsives avec renversement de la tête,

figure hideuse, grands mouvements des membres, etc. Nous no-

tons ce fait parce due la mère nous dit être restée longtemps

sous cette impression. La grossesse a été bonne, mais l'idée de

cette folle, hantait l'esprit delà mère; elle en rêvait la nuit : une

fois même elle s'est réveillée brusquement, croyant voir « la ; «

folio » arriver sur elle. Accouchement à terme, naturel,. :

122 Microcéphalie.

sans chloroforme, en quatre heures; la 18teapassé facilement :

elle était, proportionnellement au corps, plus petite qu'elle ne

l'estaujourd'hui. -1\ la naissance, l'en fan était chétif, sans as-

phyxie. Il a crié tout de suite, mais son cri, au dire des parents,

ne ressemblait pas à celui des autres enfants ; il était« aigre ».

Elevé au sein par sa mère qui, pendant les premiers mois de

l'allaitement, a continué. d'avoir les mêmes idées de peur à

propos de « la folle » ; ses craintes ont ensuite disparu peu à peu.

Premières convulsions à six mois; elles ont été précédées

d'un malaise (fièvre, refus du sein). Tout corps était raide,

les poignets retournés, les yeux déviés, pas d'écume, pas de

vomissements. Les convulsions, égales dcsdcux côtés, ontdurô

dix à quinze minutes, puis ont cessé pour reprendre une heure

ou une heure et demie plus tard ; les alternatives de crises

et de calme se sont reproduites pendant trois jours, à peu près

dans les mêmes conditions. A la suite l'enfant est resté malade

durant plusieurs semaines; il ne prenait que quelques cuille-

rées de lait ou de médicaments. Le tout a duré environ un

mois.

Avant les convulsions, l'enfant était toujours très constipé.

Des périodes de constipation de cinq il sept jours alternaient

avec des débâcles ; les yeux n'étaient pas déviés, mais déjà ils

remuaient presque constamment. « Il paraissait ne rien voir.

On ne pouvait fixer son attention.» Il ne riait pas, n'essayait

pas de gazouiller comme les autres enfants : quand les con-

vulsions l'ont pris, il était encore chétif, et était allaité par une

voisine, sa mère n'ayant plus de lait.

Après les convulsions, Clu..., a été nourri au biberon avec

du lait de vache. Les yeux étaient tournés ; les jambes plus

faibles qu'auparavant et au même degré. L'enfant grinçait

parfois des dents ; il avait un balancement antéro-postérieur

du tronc. Pas de succion, de grimaces, de secousses ni d'étour-

dissements. Il n'a jamais eu d'autres convulsions ; mais il est

toujours resté « malcndreux ». Bave persistante, devenant

parfois très abondante. Première dent à un an ( ? ) On ne sait à

quel âge il a eu ses vingt dents. Il n'a jamais été propre; il

a marché vers trois ans et demi, mais s'il tombait par terre,

il n'essayait pas de se relever.

Clu... a, dit-on, fréquemment le sangàla tête ; il a été sujet à

des épitaxis fréquentes jusqu'à onze ou douze ans; elles sur-

venaient sans cause appréciable et étaient parfois si abondantes

qu'on avait peine à les arrêter. 11 ne distingue ni son père ni

sa; mère et partant, ne leur a jamais témoigné d'affection. On

Microcéphalie. 1-23

assure qu'il ne voit pas de loin. Le sommeil est bon; vers

huit ans seulement l'enfant a poussé des cris la nuit, durant.

deux semaines environ.

Dans le jour, il reste sur la chaire où on le pose, sans bouger,

ou, si on le promène par la main, il ne manifeste aucune sa-

tisfaction. Tout ce qu'il fait, c'est déporter un morceau de pain

à sa bouche et seulement s'il a bien faim. D'ordinaire il faut

le faire manger et boire. La mastication est assez bonne; il

mange un peu de tout, n'est pas salace : le goût est assez déve-

loppé : il refuse certains aliments et, quand sa mère faisait

cuire un aliment qui lui plaisait, il venait se frotter contre

elle. Pas de vomissements, pas de rumination.

Croûtes dans les cheveux vers neuf ans. Engelures aux mains;

pas d'adénites, crophl halmies, d'otite, de dartres, de vers intes-

tinaux, etc. Aucune fièvre éruptive, aucun traumatisme. Pas

d'onanisme : cependant, on lui .trouvait quelquefois, la nuit,

les mains sur les organes génitaux.

L'enfant est entré à l'Asile clinique (Sainte-Anne), le 21 mars,

sans avoir été au préalable admis dans aucun hôpital.

. Etat actuel (55 avril 1889). Poids, 21 kilogr.; taille, 1 m. 30.

La tête est très petite et relativement haute. Le crâne est

arrondi; la région occipitale à peu près nulle. La face estal-

longée, le front très bas et très étroit. Les bosses frontales,

assez fortes, sont symétriques. La bosse nasale et les arcades

sourcilières sont très prononcées. La dépression temporale

est peu marquée et la saillie des pommettes ordinaire. Les

cheveux sont brun foncé, assez fournis en arrière, rares au

contraire sur la partie supérieure de la tête : les deux tiers

du cuir chevelu sont dénudés. Les sourcils de même couleur,

sont assez fournis et séparés par un intervalle de 15 millimè-

tres. Les oreilles, de dimensions moyennes, sont peu écartées

de la tête et bien ourlées; le lobule est détaché.

Les yeux sont grands, saillants; la fente palpébrale est oblique

en haut et en dehors; les cils assez longs et nombreux. L'iris

est gris perle, les pupilles égales. Il n'y a pas de strabisme.

- Le nez est long, légèrement busqué, les narines à peu près

horizontales. La bouche est grande, jamais complètement

fermée; les lèvres sont épaisses, surtout l'inférieure; il existe ,

un prognathisme supérieur très prononcé : six dents du haut

sont complètement découvertes. Le menton est un peu pointu

et porté en avant. (Fig. 6.) .

124 Microcéphalie.

La mâchoi1'e supérieure estlarge, le palais peu profond, avec

projection du bord alvéolaire en avant; elle offre 14 dents saines,

fortes, écartées. Les incisives et les canines, très obliques en

avant, donnent à la physionomie un aspect particulier, bestial.

La mâchoire inférieure porte 14 dents fortes, assez bien

rangées, peu serrées, longues; les dents antérieures sont obli-

ques en avant, ce qui donne à'la face un aspect augulaire. A

droite et à gauche, la première molaire est profondément cariée.

L'articulation, quoique la disposition générale des mâchoi-

res soit anormale, est exacte, c'est-à-dire que les dents se

rencontrent dans leurs rapports normaux (1).

La face dans son ensemble est continuellement agitée de petits

mouvements convulsifs, faisant s'abaisser la peau de la partie

inférieure du front et les sourcils, et élevant les coins des lèvres

en haut et en dehors.

Le cott, maigre, mesure 21 cent. 1 /2 de circonférence. La saillie

des sterno-mastoidicns estasse forte, le creux sus-clavieulaire

peu marqué.

La face antérieure du <)'onc est symétrique; le ventre peu'

volumineux et souple. La face postérieure du tronc, semblable

à droite et à gauche, n'offre pas de déviations rachidiennes;

lesomoplates sont également saillantes des deux côtés. Circon-

férence sous les aisselles : 63 centimètres également répartis.

Les membres sont longs et grêles, de mêmes dimensions à.

droite et à gauche. Les ongles et les doigts sont normaux;

ceux-ci sont constamment fléchis dans la paume de la main,

sauf le pouce qui est en extension et en abduction. Les pieds

sont peu souples et étendus dans l'axe de la jambe : au premier

adord il paraît exister un pied-bot, ce qui doit tenir à ce que

l'enfant est resté presque constamment couché. Les orteils et

leurs ongles sont réguliers. Toutes les articulations sont assez

souples; les genoux paraissent volumineux, en raison de la

maigreur des membres.

La peau est assez blanche et ne présente pas de lésions

sauf aux fesses, où on trouve l'érythème et les pustules habi-

tuels chez les gâteux.

Puberté. Les lèvres, le menton, les aisselles, le périnée

et le pénil sont glabres. Cependant on trouve sur le pénil un

très léger duvet noir. Longueur de la verge : 70 millimètres;

(t) Les notes concernant la dentition que nous donnons dans nos observa-

tions sont rédigées par notre ami le D1- Cnucr, médecin dentiste du service.

Microcéphalie. 1 nu

circonférence : 60 millimètres. Le gland est facile à découvrir;

le méat est ordinaire. Le scrotum est moyennement développé.

Les testicules, normalement situés, ont le volume d'une olive.

Le droit parait un peu plus volumineux que le gauche. - On

n'a pas observé d'onanisme.

Insensibilité au loucher, au pincement.au chatouillement,

et à la piqûre, parait peu vive. Il est difficile, à un premier

examen, de savoir à quoi s'en tenir exactement sur l'ouïe, la

rue et l'odorat en raison de l'état d'idiotie du malade. Nous

avons vu que, d'après les parents, le goût est conservé.

24 avril. Le 24 au soir, le malade entre au Pavillon d'i-

solement comme atteint du croup et vomissant des fausses

membranes; une d'elles a la largeur d'une pièce de 2 fr. Com-

me il n'y avait pas eu de cas de diphtérie depuis longtemps à

Bicêtre, on s'est adressé au directeur de l'Asile clinique pour

savoir s'il y avait des cas de diphtérie dans cet asile. La ré-

ponse a été négative. Les parents ont aussi déclaré n'avoir pas

eu connaissance de cas de croup dans leur maison ou parmi

les gens avec lesquels leur enfant avait pu être en contact,

c'est donc probablement au Dépôt de la Préfecture de police

ou dans la voilure qui sert aux transports des malades du Dépôt

à l'Asile clinique que cet enfant a contracté sa maladie. La

note de l'infirmière porte qu'il survient des accès de suffoca-

tion tous les quarts d'heure. Soir : T. R. 38°, 9.

2 acril. Ce matin : T. R. ! ¡0°,2. La toux est constante,

petite, croupalc, un peu aboyante; la respiration est gênée.

L'enfant ne sait pas cracher et déglutit les mucosités que la

toux chasse de temps en temps dans la bouche. La prostration

est assez forte.La face est pâle; les yeux cernés fuient la lumière.

Il n'existe pas d'engorgement ganglionnaire. On ne note

rien sur les lèvres ni sur les joues. La luette est coiffée dans

sa moitié inférieure par une fausse membrane blanche. Les

deux amygdales et le voile du palais, dans sa moitié droite, sont

couverts de fausses membranes. Il n'y a pas de teinte violacée

de la face, pas de refroidissement des extrémités. La respira-

tion est cependant saccadée, entrecoupée, et l'inspiration

s'accompagne d'une légère dépression sus-sternale et sus-cla-

yiculaire. A l'auscultation, le murmure vésiculaire est rude,

mais on n'entend pas de râles ni en avant, ni en arrière.

Traitement : vomitif, cautérisations de la gorge avec la

solution phéniquée faible et le jus de citron; frictions sur le

cou avec l'onguent napolitain et lotions vinaigrées toutes les

126 Croup ; mort.

heures; cataplasmes de farine de lin, extrait mou de quinquina

et rhum; Bagnols; pulvérisations phcnicjuécs. - Soir : T. IL

41^, 6.

26 avril (matin). La toux n'est plus bruyante. La respira-

tion pénible, s'accompagne d'un tirage peu prononcé. Il semblé

que l'enfant n'a pas la force de lutter contre l'asphyxie. La face

est pâle, les paupières violacées, les extrémités cyanosées. A

l'auscultation, on n'entend pas le murmure vésiculaire aux

bases; mais dans tout le reste des poumons on note d'abondants

râles sous-crépitants de grosseur moyenne. Les piliers dû

voile du palais et la luette sont complètement tapissésde fausses

membranes blanches. Pas d'écoulement par les narines.Les

battements du coeur sont faibles. Pas d'engorgement ganglion-

naire. T. IL /il,. '

Le vomitif (sirop d'ipéca 50 gr., ipéca 1 r.j, donné hier, a

agi comme purgatif. Le même vomitif auquel on a ajouté

5 ceiitigr. d'émétique administré ce matin, n'a pas produit de

résultat. T. R. il midi, ! il-,8. Le s accès de suffocation se répètent

de quart d'heure en quart d'heure. A deux heures, on

pratique la trachéotomie en raison de la gène croissante de la

respiration, malgré la température élevée du malade et les

signes stélliGscopiqLies qui font prévoir le résultat. La canule a

été introduite sans difficulté. La respiration a paru d'abord se

rétablir avec facilité, puis elle est rapidement devenue de plus

en plus gênée. En moins d'un quart d'heure elle a cessé com-

plètement. La respiration artificielle a donné quelques inspi-

rations très superficielles suivies bientôt de la suspension

définitive. T. R. au moment de la mort, 4-1,,2; une heure après

la mort, T. Il. 40°,4 et 36° au bout de deux heures.

Autopsie, faite le 28 au matin, 43 heures après décès.

Rigidité cadavérique assez prononcée aux poignets et aux doigts

des doux côtés, à la hanche et au genou gauches. Le genou

droit parait très porté en dedans; les pieds semblent en équin';

le bord externe du pied droit parait un peu relevé; les articles

sont normaux; la main, les doigts, le tronc et le bassin sont

bien conformés.

Tête. Cuir chevelu très épais et très résistant. Les os

du crâne sont minces, peu durs; les sutures sont encore transpa-

rentes en partie, leurs dentelures sont très nettes. On note

quelques plaques translucides, principalement à la partie

centrale des pariétaux. - La partie antérieure de la base du

crâne parait symétrique ; au contraire il la partie postérieure la.

Autopsie : crâne. 127

fosse occipitale gauche semble plus étroite que la droite.

Toutes deux sont profondes. Le trou occipital est normal;

la fosse pituitaire également. La dure-mère ne présente

rien de particulier. "' -

z128 Autopsie : cerveau.

L'encéphale dans sa totalité pèse h90 gr. seulement ; le cer-

veau seul 360 gr. ; le cervelet et l'isthme 130 gr. La pie-mère

de la base est finement vascularisée, surtout à l'extrémité anté-

rieure des lobes frontaux et au niveau de la protubérance. La

Autopsie : cerveau. 129

vascularisation est plus intense sur toute la face externe, et

des deux côtés.

Le cerveau semble, vu en avant, monter directement en haut;

en arrière il est aplati et en retrait de près de 2 centimètres sur

le cervelet dont les lobes, très-volumineux, forment deux sail-

lies considérables. Les différentes parties de la base du

crâne, artères, nerfs olfactifs et optiques, tubercules mamil-

laires, etc., sont symétriques. Le liquide céphalo-rachidien

était en très petite quantité. La pic-mère de la base, très

fine, s'enlève sans détacher de substance grise; celle de la

convexité, plus épaisse, s'enlève à peu près; mais sur le cer-

velet il faut la détacher par petits lambeaux.

Hémisphère gauche. Sa forme est globuleuse. Le sillon

de Ilolando le sépare en deux parties égales, et s'arrête en bas

vers l'union du tiers inférieur et du tiers moyen. En haut il

s'arrête sur la face externe sans empiéter sur la face interne.

La scissure de Sylvius est bien développée à la partie anté-

rieure. La fosse sylvienne (S) est profonde, mais, en écartant

ses bords, on ne voit pas les quatre digitations de l'insula

lequel est réduit à une simple saillie assez volumineuse cepen-

dant. Les circonvolutions FA et PA sont bien développées. La

I' est séparée de la V- par un sillon profond qui, à la partie

antérieure, envoie deux branches : une supérieure qui empiète

sur la I ? et une inférieure très longue qui rejoint presque la

fosse sylvienne. La F3 prend naissance sur FA par une racine

assez grêle ascendante, et sur I par un gros pli de passage.

Un second pli de passage, séparé du premier par un sillon à

trois branches, réunit ces deux circonvolutions. La F3 est très

développée et prend naissance sur FA par une large racine

ascendante. Elle forme bien l'M classique. (PL. III, IV, V et VI.)

La face inférieure du lobe frontal ne présente pas de sillon

cruciforme, mais seulement la branche antéro-postérieure de

ce sillon.

La branche postérieure cle la scissure de Sylvius est très

courte et remonte le long de PA jusqu'à la moitié environ de

sa hauteur, en séparant la partie inférieure de cette circonvo-

lution en deux branches.

La scissure interpariétale (S I) est remplacée par un sillon

parallèle au sillon de Rolando et limitant en arrière la P A.

En arrière do ce sillon se trouve une grosse circonvolution

qui représente le lobule pariétal inférieur (L P) et à la partie

inférieure de laquelle vient aboutir la scissure parallèle (S P

BOURSE VILLE, Bicêtre, 1891. 9

130 Microcéphale : cerveau.

assez bien développée. Le lobule pariétal supérieur n'existe

pas. Lo sillou vertical qui limite en arrière cette circonvolu-

tion contourne le bord supérieur de l'hémisphère et se termine

à la partie inférieure de la face interne. Le pli courbe et le

lobule du pli courbe n'existent donc pas.

Le lobe occipital (L 0) est remplacé par une grosse circon-

volution arrondie, présentant à sa partie supérieure quatre

petits sillons superficiels dont le plus inférieur le sépare du

lobe temporal. Ce dernier lobe est assez bien développé, et

au-dessous de la scissure parallèle (S P) il présente un autre

sillon parallèle, mais qui ne correspond si moitié posté-

rieure et qui le divise ainsi en trois circonvolutions. Le coin

parait absent.

La face inférieure du lobe sphénoïrlal présente un sillon cru-

ciforme superficiel irrégulier qui délimite imparfaitement des

circonvolutions peu précises. '

Face La I ! assez plissée dans sa moitié antérieure

est lisse dans le reste de son étendue. Le lobule paracentral

est allongé et sans sillon. La circonvolution du corps calleux

est absolument unie et aboutit à un repli qui lui est en quelque

sorte perpendiculaire (II. X).

Hémisphère droit. Même forme globuleuse que le gau-

che. Le sillon de Rolando (n) est situé un peu en arrière de

la moitié du bord supérieur. Il n'empiète pas sur la face inter-

en et s'arrête en bas à l'union du tiers inférieur avec le tiers

moyen de l'hémisphère.

La scissure de Sylvius présente la saillie de l'insula, sous

forme d'un mamelon triangulaire, entre ses deux branches.

La branche antérieure est courte et oblique en avant. La bran-

che postérieure a la forme d'un S italique et se recourbe en

haut et en avant.

La F A est très développée, séparée en deux parties, vers-

son milieu, par le sillon qui sépare Fi de Fa. La l ! prend tiais

sance sur la F A par deux racines séparées par un petit sillon

à convexité supérieure. La F- prend naissance sur la F A par

une grosse racine. Elle est séparée au hout d'un court trajet

des trois quarts antérieurs par un sillon cruciforme, Dans l'ti-

cartement des deux branches supérieures de ce sillon plonge

une émanation de F1. Dans l'écartement des branches infé-

rieures plonge un pli de passage de F3. En avant la F- s'élar-

git considérablement et se divise en deux branches, l'une supé-

rieure qui va se confondre avec l'extrémité antérieure de Fiv

Microcéphalie : cerveau. 131

l'autre inférieure plus grosse qui vient se perdre sur la F3.

La Fa est beaucoup moins développée qu'à gauche :

La face inférieure du lobe frontal présente deux sillons assez

peu profonds : l'un parallèle au gyrus rectus; l'autre formé

d'un demi-cercle à concavité postérieure et surmonté d'un

autre antéro-postérieur.

La scissure interpariétale (S P) est remplacée par une scis-

sure verticale légèrement sinueuse qui limite en haut la PA.

En bas, elle se continue avec la scissure parallèle (S P) qui se

termine à la partie antérieure et inférieure du lobe temporal.

Entre le sillon de Ilolando et cette scissure, se trouve la scis-

sure de Sylvius (S S) qui divise en deux la P A à sa partie infé-

ricurc. Le lobule pariétal supérieur n'existe pas. - Lc lobule

pariétal inférieur est représenté comme à gauche par une

grosse circonvolution, développée surtout à la partie supé-

rieure, et offrant dans sa partie supérieure trois encoches,

deux en avant, et une en arrière, qui ne la subdivisent pas

complètement. Il n'y a pas de trace du lobule du pli courbe,

ni de pli courbe.

En arrière de cette circonvolution représentant le lobule

pariétal inférieur, se trouve le lobe occipital sous forme d'une

simple circonvolution sép.iréc de la précédente par un sillon

profond (S X) se terminant à la face interne de l'hémisphère.

Ce lobc ne représente que quelques petits sillons tout à fait

superficiels et sans interprétation possible. Ni lobe quadrila-

tère, ni cuncus.

Le lobe temporo-sphénoidal est assez bien divisé en trois

circonvolutions sur face externe, mais ne présente que des sil-

lons trop superficiels à sa face inférieure pour le subdiviser

en circonvolutions définies,

Face interne. La disposition est absolument la même que

la face correspondance de l'autre hémisphère.

En somme le dévelop peinent des lobes frontaux est assez

considérable. Les circonvolutions ont leur forme normale.

La troisième circonvolution (F3), en particulier, est extrê-

mement développée. Les circonvolutions motrices présentent

aussi un développement suffisant ; mais les lobes postérieurs

du cerveau sont rudimentaires, et l'arrêt du développement

a porté presque exclusivement sur eux. C'est ainsi que nous

voyons disparaître le lobule pariétal supérieur, le pli courbe

et son lobule. Le lobc occipital est réduit à une simple

circonvolution et ne présente ni cuncus, ni avant-coin. Le

132 Microcéphalie : croup.

lobe temporal, au contraire, est bien développé relativement,

comme les lobes frontaux (1).

Le cervelet, la protubérance et le bulbe, à part leur faible

développement, relativement plus considérable toutefois que

celui du cerveau qui n'est guère que du double, ne présentent

aucune anomalie ou particularité digne d'être signalée.

Cou et thorax. On trouve en avant de la trachée et

jusque (levant le péricarde des restes du thymus (2). -Le corps

thyroïde a un volume ordinaire (10 g1'.); ses lobes sont symé-

triques. Pas d'isthme ni de pyramide de Alouette; pas do

kystes à la coupe. La dissection montre que la trachée est

ouverte sur une longueur de 11 millimètres; l'incision com-

prend les quatre premiers anneaux. La luette est libre de

fausse membrane dans une partie de sa face antérieure,

mais sa face postérieure, celle des pilliers, et une partie de

la face supérieurs du voile du palais sont complètement tapis-

sées. L'épiglotte n'offre due quelques points envahis sur

sa face supérieure ; sa face laryngée au contraire est tout à

faits recouverte de fausses membranes, et celles-ci se conti-

nuent sur toute la surface du larynx, tapissent l'entrée des

ventricules, se portent sur toute la trachée et sans arrêt sur

les grosses bronches. Au niveau de l'incision trachéale, la

fausse membrane, épaisse de près de 1 millimètre, est déchi-

rée incomplètement sur sa face antérieure, et a probable-

ment obturé la canule, ce qui peut expliquer la mort rapide du

sujet On suit les fausses membranes sans aucune inlerrilp-

jusqu'aux divisions bronchiques de troisième ou quatrième

ordre; elles forment des tuyaux parfaitement continus et se

ramifiant comme les bronches. Au-dessous des fausses mem-

branes, la muqueuse est fortement congestionnée.

Poumon droit. (320 gr.) Quelques fausses membranes

peu anciennes, sur la face externe de la plèvre viscérale; pas

de liquide. Les parties supérieures du poumon sont gorgées

d'un liquide spumeux. La base est dure et se déchire sous le

doigt. A la coupe on voit sourdre des petites bronches une

matière blanc-jaunâtre.

(II Ce cerveau peut, être rapproché de celui d'une idiote microcéphale, morte

à onze ans, dont M. Fletcher Ueach a rapporté l'histoire {International

médical Congrecs, 1881).

(` ? ) C'est là, nous l'avons déjà dit, un fait assez commun chez les idiots.

Microcéphalie : croup. 133

Poumon gauche. (320 gr.) Mêmes lésions, plus pronon-

cées encore qu'à droite. Le tissu pulmonaire plonge au fond

de l'eau.

Péricarde : rien de particulier. Coeur petit (97 gr.) ; trou

de Botal oblitéré; tissu peu foncé en couleur.

Abdomen. - Foie : (1.360 gr.) rien d'anormal, ainsi que la

vésicule biliaire (40 gr. de bile). Reins : le gauche pèse 85

gr., le droit 90 gr. ; ils présentent une disposition lobulée très

manifeste, surtout le rein droit; ils sont congestionnés et se

décortiquent facilement. Rate : (70 gr.) molle et friable. z

Tube digestif : pas de lésions (ni scybales, ni vers intestinaux).

Pancréas : (50 gr.) rien à noter.

Un point très important à signaler, c'est que lorsque la

calotte crânienne a été enlevée et la pie-mère incisée,

le cerveau ne paraissait en retrait, par rapport au cerve-

let, que de deux centimètres, tandis qu'après l'ablation

de la pie-mère, le retrait était, en réalité, d'un peu plus

de quatre centimètres, et que la face supérieure du

cervelet était presque complètement à découvert. La

différence, soit deux centimètres, était comblée par la

pie-mère et du liquide céphalo-rachidien ; d'où il suit

que, entre l'occipital et la partie postérieure du cer-

veau, il y avait un espace assez grand, pouvant per-

mettre au cerveau de se développer, si ce développe-

ment avait été possible. D'où il suit encore que l'apla-

tissement très prononcé de la partie supérieure de

l'occipital pourrait être attribué à ce qu'elle cor-

respondait à un espace plus ou moins vide et ne subis-

sait aucune pression du dedans au dehors. La théorie

de l'ossification prématurée du crâne, entravant le dé-

veloppement du cerveau des microcéphales, serait donc

ici en défaut. Quant aux cas d'ossification prématurée

du crâne, en particulier des fontanelles, chez les idiots

microcéphales, nous ignorons si elle est fréquente, car

le plus souvent les parents ne peuvent fournir des ren-

seignements précis sur ce point.

134 Antécédents.

Observation II.

SOMMAIRE. - Père alcoolique. Oncle paternel alcoolique

et paralytique général. Deux frères morts de convul-

sions.- Emotion au sixième mois de la grossesse. Marche

à onze mois. - Convulsions à un an. - Parole vers deux

ans. - Accès d'épilepsie. Gâtisme 171te7,iiiitte7-Lt. - Micro-

céphalie très prononcée. Prognathisme. -Alternatives

de périodes d'excitation et de périodes de mélancolie ;

idées de suicide. Instabilité mentale. Perversion des ins-

tincts. ÉdLictbilité relative. Amélioration notable.

Jan. Auguste-Prosper, né à Levallois-Pcrret le 13 avril 1869,

est entré à Bicêtre (service de M. BOURNEVILLE) le 12 mars

1877 à l'âge de 8 ans.

Antécédents. (Renseignements fournis par samère, novem-

bre 1879). Père, quarante-sept ans, garçon de chantier chez

un marchand de charbon ; assez intelligent, bien portant;

excès de boisson : il rentre « lancé » trois ou quatre fois par

mois, «ivre» sept Ou huit fois par an. Autrefois il était char-

retier et faisait encore plus souveut des excès de boisson (eau-

de-vie et vin, rarement de l'absinthe «il n'y tient pas».) Carac-

tère doux, un peu vif; taille assez élevée. Parfois céphalalgies

en dehors de l'ivresse, et quelques étourdissements attribués

à une chute sur la tête du haut de sa voiture en 1872, c'est-à-

dire postérieurement à la naissance de Jan... Pas d'indices

de syphilis. [Père, vigoureux; quelques excès de boissons;

très rarement gris; mort d'une chute dans l'eau.- Mère,

morte à soixante-seize ans « d'un asthme» ; pas de maladie

nerveuse. Cinq soeurs : deux mortes, l'une « hydropique »,

l'autre « je ne sais comment ni à quel àge » ; les trois autres

sont bien portantes de même que leurs enfants. Pas de diffor-

mes, de paralytiques, d'aliénés, d'épileptiques, etc.]

Mère, quarante-sept ans, femme de ménage assez intelli-

gente, bien portante. Pas de migraines; quelquefois céphalalgie

frontale; un peu nerveuse; pas de maladie de peau, etc. -

[Père mort, à quatre-vingt-deux ans, on'ne sait de quoi, iln'é-

tait pas en enfance. Mère, morte à soixante- quatorze ans

de cause inconnue; elle buvait quelquefois un peu; un frère

devenu aliéné à la suite d'un coup de pied de cheval; entré à

Bicêtre comme atteint de delirium tremens avec hallucina-

-Microcéphalie. T35

tions terrifiantes de l'ouïe et .de la vue, violence, agitation,

tremblement de la langue et clés mains (certificat de M. Girard

de Cailleux). Après avoir été arrêté pour escroquerie, accès

de délire alcoolique, agitation, délire (certificat de Lasègue).

Il a été noté par Legrand du Saulle comme «atteint d'alcoo-

lisme avec hallucinations », et comme pouvant être au début

d'une paralysie générale. Il est mort un an après son admis-

sion, en 1868, considéré par Legrand du Saulle comme para-

lytique général. Deux soeurs bien portantes ainsi que leurs

enfants. Une soeur morte hvdropique à quarante-deux ans.

Pas d'épileptiques, etc.] Pas de consanguinité.- Égalité d'âge.

Neuf enfants : 1° Garçon mort à trois mois, d'une « inflam-

mation » ; pas de convulsions; 2° garçon mort à quinze mois de

convulsions ; 3° garçon mort à dix-huit mois à la suite d'une

coqueluche; 4° fille morte à deux mois d'une «gourme ren-

trée» ; pas de convulsions; 5° garçon mort à sept ans de con-

vulsions; 6° garçon mort à quatorze jours d'une cholérine; 7°

garçon de seize ans et demi, intelligent, bien portant, certifi-

cat d'études primaires, imprimeur; incontinence diurne d'u-

rine ; pas de convulsions; 8° garçon âgé de six ans, intelligent,

pas de convulsions; 9° notre malade.

Notre malade. - La conception n'a pas eu lieu dans l'ivresse

du père mais « il était peut-être entre deux vins ». -Grossesse

bonne, la mère dit avoir d'habitude peur des ivrognes et des

chiens, pendant ses grossesses. Au sixième mois, elle aurait

eu une peur plus vive d'un chien, au sujet duquel son mari est

allé chez le commissaire. Elle prétend que son enfant est ef-

frayé à la vue des chiens. accouchement à terme, facile,

sans chloroforme. Elevé au sein jusqu'à trois mois, par : sa

mère; à partir de cette époque, nourri avec du lait de chèvre,

du gruau, des soupes, parce que sa mère était redevenue en-

ceinte. Il a marché vers onze mois, a parlé vers deux ans, .a

toujours été gâteux. Vers un an il a eu des convulsions : pous-

sait de petits cris, tournait les yeux. Ceci s'est présente

plusieurs fois par jour à une époque où il avait la rougeole.

Il n'a pas eu, dit la mère, d'autres accidents convulsifs.

Croûtes dans les cheveux avec hypertrophie des ganglions

cervicaux, sans suppuration. Otites des deux côtés. Ophthal-

mie. Varioloïde à deux ans. Pas d'autres maladies; pas de dar-

tres. Il aurait eu beaucoup de petits vers. Cet enfant n'a

jamais été mis à l'école, parce qu'il gâtait, mais sa mère lui

apprenait les prières, les 1 et 1res (il paraît avoir oublié cela ici

136 Microcéphalie.

au début de son séjour) (1). Il avait de la mémoire. Il n'était

pas méchant, se laissait battre par son frère, il ne jurait pas

ne disait pas de paroles grossières (la mère assure qu'elle et

son mari étaient très réservés). Pas d'onanisme. Cet enfant

est affectueux pour ses parents, qu'il reconnaît bien. Pas de

kleptomanie, de pynomanie, pas de tics; suce ses doigts.

1879. Grand gâteux en robe. (PL. VII). Ne sait ni se laver,

ni se vêtir; commence à se servir d'une fourchette, connait

toutesles lettres, parle assez bien. lia pris le ICI' décembre sa

première leçon de gymnastique (2).

1880. Janvier. Jan. exécute maintenant quelques mou-

vements à la gymnastique : marche à l'échelle en avant et en

arrière; se balance à l'échelle sur place; exécute les mouve-

ments de flexion du genou, les jambes étendues ; les mouve-

ments d'extension des bras, le corps on extension.

Février ? Parfois volontaire et méchant : bat et mord ses

camarades. 11 a l'habitude de faire des petits paquets et les

met sur son dos, disant qu'il part en voyage. Il fuit quelques

bâtons sur l'ardoise. Appétit assez fort mais pas d'avidité;

salacité.

Mars. - Il a parfois des troubles intellectuels; il ne com-

prend pas ce qu'on lui dit, son regard est égaré. Il devient

contrariant, fait autre chose que ce qu'on lui commande; atta-

che sur sa tète des morceaux de chiffons, au moyen de ficelles

Comme il est devenu propre, on le met en culotte le 28 mars.

Avril. -Léger retard de la deuxième dentition : 4 incisives

permanentes, canines et petites molaires de lait, première

molaire permanente aux deux mâchoires. (Voir PL. VII).

. Mai. Quand Jan... ne veut pas obéir, il dit quelquefois

«.jè vais faire le fou » et se met alors à jurer et à crier; il

refuse souvent d'écrire, trouvant que cela est trop difficile.

Juin. Parole libre, assez facile. Jan. mange avec la cuil-

lère et la fourchette. Il fait tourner sa tête presque continuel-

lement ; fait quelques grimaces; ni succion, ni bave. Pas

-d'onanisme. Pas d'accès depuis longtemps. Jan . est propre

(1) Nous avons pris le service seulement en 1879 et ce n'est qu'à partir de

cette époque que ce malade a été soumis à un traitement médico-pédagogi-

que régulier.

(2) Il s'agit de la gymnastique imaginée par M. Pichery dont on trouvera

- la description dans notre Compte rendu de Bicêtre pour 1888, p. 5.

lfIICROCPHALIE : mélancolie. 137

dans la journée. Incontinence nocturne d'urine : juin 1 fois;

juillet 2 fois ; août 8 fois ; septembre 9 fois ; octobre 24 fois ;

novembre 18 fois.

30 septembre. Depuis huit jours, Jan . ne mangeait plus

ne jouait plus, voulait rester couché sur le sable, était triste

aujourd'hui il est revenu à son état habituel.

Octobre. Il commence à tenir une plume et à tracer des

a sur le cahier. (PL. X, fig. 1.)

1881. Jal1vÍe¡'. - Jan. fait quelques progrès en gymnasti-

que et en écriture : il trace sur le tableau des a, des o et des u.

Il redevient gâteux de temps en temps.

1 CI' mais Il connaît maintenant'les noms de tous les ani-

maux des tableaux et les usages de quelques-uns. Distingue

le cube du cylindre et de la sphère. Se sert de la cuiller et

de la fourchette.

20 mai. - Diarrhée dysentériforme.

Juin. Le 13, Jan. entre à l'infirmerie se plaignant de dou-

leurs et de cuisson dans les yeux. Les paupières sont bouffies.

On note une éruption généralisée formée de petites macules

rose clair, non surélevées. abondantes surtout dans le dos.

T. Il. 39°. Langue nette, ni diarrhée, ni angine; pas de symp-

tômes thoraciques, pas de céphalalgie. Le 15 juin, l'éruption

disparaît sur le dos, mais elle persiste sur les fesses et la face

antérieure des cuisses. La température qui a atteint 40°, 2 le

soir de l'éruption, s'abaisse graduellement. Le 17 toute l'érup-

tion a disparu, sans laisser de trace, le 18 la température est

normale.

Juillet. Jan mange proprement, se sert du couteau, il

se lave, s'habille seul; il est entré à la grande gymnastique

en mars. Enfin il acquiert quelques connaissances; il compte

jusqu'à 50. De temps en temps il lui arrive encore de

gâter.

Août. Il a depuis quelques jours des idées de suicide.

Lorsqu'on le réprimande, il dit : « Ça m'est égal, je veux me

tuer; je me donnerai un coup de couteau dans le ventre.» Il

a voulu se pendre avec un cordon qu'il tournait autour de son

cou; puis voyant qu'on ne s'occupait pas de ce qu'il faisait, il

a jeté son cordon en disant « M.... pour ma ficelle ». Le len-

demain retour à l'état habituel.

Septembre. Il a gâté continuellement du le'' au 15, puis

il est redevenu propre.

Novembre.-Depuis quelques jours, Jan .. est méchant, mal-

138 IIICROCPIIALI : mélancolie.

honnête, grossier, contrariant. Aux observations, il répond

grossièrement : « (u'cst ce due ça peut me f... ». Il n'obéit

pas, refuse de marcher en rang, court et saute constamment

en se moquant de tout le monde.

Décembre. Il est devenu plus obéissant ; cependant il

résiste quand on veut le faire nettoyer, disant que l'eau est

trop froide.

1882. Ja ? lUl1·.- Jan.. aeu plusie2ens périoclesclelristesse.

Il travaille moins bien, se bat avec ses camarades et les mord.

Il gâte encore quelquefois et refuse d'obéir.

Avril. Jan. abien travaillé ce mois-ci. Il est parfois taquin,

sans méchanceté.

Mai. Jan. s'est battu avec nn de ses camarades, comme

il n'a pas été le plus fort, Il a frappé plusieurs enfants plus

petits et dit des injures à tout le monde; il a été envoyé coma

me punition à l'infirmerie et renvoyé à la petite école lorsqu'il

a promis de ne plus recommencer.

Juin. - Jan. n'a pas gâté depuis le mois de janvier. L'in-

continence nocturne d'urine parait avoir totalement disparu.

La parole est tout à fait libre; la mémoire est assez bonne. Il

connaît la plupart des objets usuels. Ne sait encore que faire

des bâtons, ou quelques lettres imparfaites. Caractère affec-

tueux. Pas de tics, pas d'onanisme. Ses accès de tristesse sont

plus éloignés. Il a eu un accès de colère à la suite duquel on

a du le camisoler faute de cellules, après une querelle avec un

de ses camarades, dans laquelle il avait eu le dessous. Il fait

très bien les exercices de petite gymnastique et continu d'al-

ler à la grande.

Juillet. Jan. s'est mis en colère parce qu'on le répriman-

dait. Un peu plus tard il s'est emparé du lait d'un de ses cama-

rades bien qu'il eût bu le sien, et comme on s'est interposé il

a jeté le lait à la figure de l'enfant. Alors a eu lieu une rixe

entre les deux enfants et lui. Sa colère s'est accrue. Il a inju-

rié l'infirmière et frappé la surveillante. Aux reproches qu'on

lui adresse à la visite, ses yeux se remplissent de larmes,

mais sa figure continue d'exprimer la colère. Puis il se décide

à faire des excuses. Durant ses périodes d'excitation, il rede-

vient presque toujours gâteux.

Août. - Jan. est redevenu tranquille. Il a uriné deux fois

dans son pantalon.

Décembre. ? Il n'a pas gâté depuis septembre. Il commence

à syllaber et à écrire; il n'a pas eu de nouvelles périodes do

Microcéphalie : Manie. 139

tristesse ou d'excitation. Il cire les sièges, frotte les cuivres.

acquiert chaque jour de nouvelles notions des choses.

1883. Janvier. - Jan. a encore gâté plusieur fois ce mois-

ci.

Mars. - Il ne veut rien faire depuis une dizaine de jours

Le 10, il s'est mis en colère et a essayé de battre ses maîtres-

ses et un infirmier. Il a cassé un carreau, dit des injures. L'ex-

citation a duré jusqu'au 15 mars.

Juin. Deux accès de colère; il a gâté deux fois.

Septembre. - Violent accès de colère parce qu'on ne l'avait

pas marqué pour toucher des souliers neufs. Il injuriait tout

le monde, et faisait des gestes obscènes.

Octobre. Plus calme, plus attentif : mais parfois encore

impoli. Il montre du goût pour l'écriture, dont il prétend avoir

le prix. Il fait tout avec orgueil, il est fier de tout ce qu'il fait.

L'appétit est bon sans voracité, pas de rumination. Pas d'ona-

nisme. (PL. VII).

Voici la marche des accès d'épilepsie :

140 Description du malade.

Face. - Les arcades sourcilléres sont déprimées dans toute

leur longueur. Les sourcils sont très épais, bruns, arqués.

Il n'existe pas de lésions oculaires, pas de strabisme; l'iris est

brun; les pupilles sont normales. Nez aquilin, régulier; narines

un peu relevées. Région malaire légèrement saillante peut-être

un peu plus à droite. Lèvres proéminentes, épaisses, surtout

lalèvre supérieure. Menton un peu pointu. Le maxillaire infé-

rieurproémine notablement dans sa partie moyenne. Les oreil-

les ont 6 centimètres de haut; elles sont bien ourlées, le lobule

est en partie détaché, mais le lobule droit forme une sorte de

croissant assez écarté de la tète, particularité qui n'existe pas à

gauche. En dehors du lobule, qui est petit, existe un renflement

faisant saillie sur le bord de l'oreille et sur sa face antérieure.

Cou un peu court; circonférence 29 centimètres, La partie

inférieure de la colonne dorsale décrit une légère convexité

à droite; la colonne lombaire offre une légère courbure de

compensation. Circonférence du thorax au niveau des mame-

lons : 62 centimètres.

Les membres supérieurs et inférieurs sont bien constitués.

Les mains sontassez petites; les doigts, les orteils et les ongles

normaux. Jan. est vif et agile à la course. Au dynanomètre,

15 à droite, 10 à gauche.

Système pileux. - Cheveux châtain foncé, assez abondants;

tourbillon unique et médian. Sourcils et cils longs et abondants.

Très léger duvet sur la lèvre supérieure. Duvet noir assez

abondant à la face postérieure des bras.

Organes génitaux. La verge est asez développée; le gland

se découvre facilement, les testicules, gros comme un oeuf de

moineau, sont normalement situés. On note un très léger duvet

de chaque côté de la racine de la verge. Le scrotum est en

demi-croissant. Pas d'onanisme.

Ouïe normale; Jan. distingue même les tons. Odorat,

parait normal : Jan. distingue les bonnes et les mauvaises

odeurs; cependant il trouve que le vinaigre aromatique ne sent

pas bon, tandis que la teinture de valériane (faible il est vrai)

lui parait agréable. Le goût paraît peu délicat : Jan. recon-

nait le sucre et le sel; mais au premier abord il semble préférer

la coloquinte; pourtant il se ravise et redemande du huere.

La vue est normale; il reconnaît bien les couleurs.

Sensibilité générale. - Jan. distingue le chatouillement, le

pincement, le froid et le chaud; toutefois la sensibilité à la

douleur semble obtuse : Jan. reste indifférent quand il se coupe

ou s'écorche.

Excitation maniaque. 141

Respiration normale; battements du coeur réguliers.

Mastication bonne. La mâchoire supérieure, en pointe,

offre douze dents, parmi lesquelles on note à gauche la deu-

xième molaire de lait. La mâchoire inférieure présente douze

dents, saines et bien rangées. L'articulation est défectueuse,

il y a prognathisme supérieur, et les dents inférieures mordent

sur la gencive en arrière. - La voûte palatine est profonde,

étroite et moyennement ogivale. Les gencives sont en lion état.

Les fonctions digestives sont régulières; Jan. gâte encore

quelquefois, mais seulement la nuit.

1884. Juin. Jean. fait bien à la gymnastique les mouve-

ments de l'échelle, des ressorts, les sauts. Il connaît bien les

objets usuels, les couleurs, les étoffes, la plupart des animaux

les chiffres, les nombres, les figures géométriques. Il trace de

lettres en gros caractères, commence àsyllaher; il ne sait pas

l'heure. Il n'a pas eu d'idées tristes depuis longtemps; mais a

encore des accès d'excitation pendant lesquels il frappe les

autres enfants, refuse de faire ce qu'on lui ordonne, dit qu'il

veut se sauver, urine au lit ou dans son pantalon. Ces accès

durent une journée seulement.

20 octobre. Hier soir, sans avoir eu d'accès ni de vertige,

Jan. a été pris d'agitation : il cherchait à battre les veilleuses,

et les injuriait grossièrement. Toute la nuit il a chanté « Tiens

voilà Mathieu» ou la Marseillaise ou parlé ! « Va-t-en sale bête;

bataillon scolaire; l'arbre de Noël; sale bêle, je te vas arracher

la peau, je te vas crever les yeux.» Ce malin il est moins ex-

cité, il parle beaucoup, mais il n'esl pas furieux.

Il essaie de frapper si on s'approche de lui. Il répète « la

ligne perpendiculaire, hioup, piou, pion » . Il a l'air gai et fait

des menaces en souriant; il comprend les questions, mais répond

à côté; sa réponse, cependant, se rapporte en partie à la ques-

tion ; sa voix est animée mais uniforme. Pas de cris inarticulés.

Il consent à tirer la langue qui est rouge, et, interrogé, répond

qu'il n'a mal nulle part. Son intelligence, en somme, est aussi

nette que d'habitude, et c'est volontairement qu'il répond de

travers. Interpellé sur ce qui l'a mis dans cet état, il dit :

C'est la veilleuse, : \1 ? Malhilhe; je n'ai rien fait; j'ôtais mes

bas et je voulais les donner parce qu'ils étaient sales, et elle

m'a frappé; elle a un bâton pour frapper tout le monde. Je lui ai

rendu sa giffle. Il n'est pas possible d'en savoir plus long :

elle m'a rendu fou , dit-il.

21 octobre. Jan. est de nouveau agité ; sur la menace de

142 Excitation maniaque.

luifairepasscrquatrcheures aubain, il se tait, puis s'endort. Le

matin au réveil il ne parait plus surexcité, mais il prétend encore

que la veilleuse lui a donné un soufflet.

Pendant les trois nuits suivantes, Jan. a offert une surexci-

tation très marquée; il a parlé constamment durant deux heu-

res. Ses propos, très malpropres, dénotent la connaissance

de beaucoup de choses qu'il devrait ignorer, une assez grande

facilité d'élocution, et surtout une instruction ordurière très

complète, Au reste voici le relevé d'un certain nombre de

phrases sans suite qu'il prononce : '

« Ça sent la charogne, par ici, ça sent le musc, ça sent le

chien mouillé, la moutarde en cataplasme, casent le chameau.

Veux-tu te sauver tête de loup, tète de prussien. Voilà une

belle rose, M"° Marie, venez coucher avec moi. Attends un

peu jus de pantoulllc, l'on va voir des femmes pour quatre

sous. Hé ! veux-tu décrocher mes savates ? Ça sentie cochon ;

on croirait un morceau de musc. Mesdemoiselles, voulez-vous

manger du saucisson ? Sucez-le ; mais ne le mangez pas !

Dominus vobiscum, patapouf ! C'est le chat; viens ici que je

t'attrape par la peau comme une hirondelle ! Papa et maman

s'en a-t-en guerre. Il chic par derrière. Oh ! assez la m... en

papillote, la pisse en bouteille ; il croque ça comme du sucre,

je te vas couper les fesses en sifflet. Je vas t'emmailloter

comme un bébé : je te vas donner à têter comme une nourrice.

Je te vas dépouiller comme un pierrot crevé. C'est gentil caca

dans le pot. Il joue du cor de chasse entre les deux fesses. Je

vais couper ta queue en huit morceaux. Oh ! que ça pue ! qui

c'est qui a pété ? Il faut se la plomber. Je vais enfiler les fem-

mes comme on enfile les curés pour six sous. Je vais te mettre

dans la fosse pour le faire manger de la m,... On se régale

de pieds, andouille. Et de mon cul, en veux-tu un bout ? Ca

sent la saloperie, la cochonnerie, la charcuterie, le fromage

de mort; casent le fromage de cochon, le morceau de viande;

ça sent la crotte de cheval; il a décrotté ses pantouffles, ses

savates, ses godillots; ça sent la confiture de groseille. Ah !

assez, je t'en prie, tire-moi des puces, des grenadiers. Si tu

veux faire caca dans le dos ? Il ne peut pas descendre jusqu'en

bas, chameau va ! Çasentle chien crevé, lehareng-saurpourri.

Est-ce qu'il va se foutre de ma république. Tiens, il a mal aux

cheveux. Tu ne vas pas te taire ! je vais aller à la cave cher-

cher mon revolver pour te f... dans la cervelle. Et un pistolet

pour mademoiselle, le voilà (Il montre son derrière). »

MtCROCÈPHALIE : éducabilité. 143

30 octobre. Il est revenu à l'état habituel. - Dans ses

promenades au Jardin d'acclimatation ou au Jardin des plan-

tes, il manifeste une véritable prédilection pour les singes et

dit qu'ils lui ressemblent. Souvent il les imite, fait des grima-

ces, court et saute à leur manière.

4885. 23 janvier. Jan . se présente à la visite, la veste dé-

chirée, le pantalon fendu, laissant passer sa chemise. On lui

demande pourquoi il a déchiré ses vêtements, il répond : « Par-

ce que M"" B. L. (une suppléante) m'a donné des claques. »

De nouveau on lui demande si c'est bien vrai, il répond : « Je

ne réponds pas. » En même temps ses yeux s'humectent, et

c'est très bas qu'il répond cela. Parfois quand il est excité, il

dit : «je vais faire le fou. » Mais ses périodes d'excitation sont

moins vives et moins fréquentes. Il continue d'aller à l'atelier

de cordonnerie. Sonlangage est très grossier. Il prétend que

son maître lui donne du tabac à chiquer et que le malade

Court... lui apprend de vilains mots.

Décembre. L'écriture a fait quelques progrès ; la lecture

aussi, il syllabe bien. La mémoire est bonne ; mais le travail

se ralentit par moment tant à l'école qu'à l'atelier. Il se plaint

de son patron qui n'empêche pas les autres enfants de se mo-

quer de lui.

1886. Jan., n'a pas été malade cette année. Les périodes

d'excitation ont été très rares et courtes. Il a fait quelques pro-

grès en gymnastique, il travaille bien. Ses notes de classe

sont les mêmes. (l'L. VII et X, fig. 2.)

1887. Janvier. Cordonnerie, Jan. fait un peu de piquage.

Juin. Depuis plusieurs mois il est sage à l'atelier et com-

mence à bien piquer. ' '

le* décem6re.- 1'ait peu de progrès; toujours au piquage. A

la gymnastique, il travaille passablement. Quelques pro-

grès en écriture. Les lettres sont moins grosses et un peu

mieux formées. (PL. X, fig, 3.) ,

19 décembre. - IIorni ? Ambla ? Duva. etEtien.. (malades

dti service) racontent que le 16, Jan. a relevé la robe d'Ambl..

celui-ci avait été mis en robe pour le punir de ce qu'il volait,

et aurait frotté. sa verge contre les fosses de celui-ci, tandis que

Perr.. et Duv.. tenaient Ambla.. et que Cad.. attirait l'atten-

tion de l'infirmière pour qu'elle ne s'aperçut de rien.

Fin décembre. - Jan. est très surexcité depuis une quinzai-

144 Microcéphalie; purerté.

ne de jours; il injurie les infirmières. Depuis sa dernière

affaire il se préoccupe de savoir si le surveillant et si Mlle B...,

une sous-scrveillante, ont été informés de ce qu'il a fait, et ce

qu'ils en pensent.

1888. 13 février. Puberté. - Fines moustaches blondes

assez fournies. Poils fins assez abondants au menton, un peu

plus à gauche qu'à droite. Quelques poils à la lèvre inférieu-

re. Duvet abondant en avant des oreilles. Poils assez longs et

peu fournis sous les aisselles. Poitrine glabre. Poils châ-

tains frisés, nombreux àla partie inférieure du pénil, à la racine

des bourses, commençant à envahir les aines. Bourses demi

pendantes, testicules égaux, du volume d'un petit oeuf de

pigeon. Longueur de la verge 92 millimètres, circonférence 85

millimètres. Poils assez abondants à l'anus, plus rares au péri-

née. L'anus s'ouvre facilement. Onanisme. Depuis quelques

jours Jan. s'ingénie à sortir sa verge et à la montrer aux autres

enfants et aux infirmières : il la tourne comme la mani-

velle d'un orgue de barbarie en leur disant : « Veux-tu du

mou ? »

Jan. dit qu'il ne veut plus aller en promenade parce que dans

la rue les voyous l'appellent « tète de singe» et se moquent

de ses vêtements. Il est parfois excité, violent, et prétend que

les autres l'appellent « tête de sanglier, cochon » . C'est là surtout

cequi l'irrite. Dorénavant Jan. ira à la grande école.

Février. Jan. copie d'après les caractères manuscrits; ses

lettres sont mieux formées. La lecture ne progresse pas il

syllabe un peu Il compte oralement jusqu'à 150, mais ne fait

pas la moindre addition. Il connait les objets usuels ; il saitles

jours mais n'a pas d'idée des mois. (PL. X, fig. 4.)

Juin. - Son caractère est habituellement assez tranquille,

sa propreté est médiocre. Jan. fait de petites additions. Quel-

ques progrès en gymnastique. A l'atelier de cordonnerie, il ne

fait pas de progrès ; il reçoit très mal les observations, il est

insolent et grossier. Hydrothérapie.

27 juillet. Puberté et organes génitaux. - Longueur de

la verge, 90 millimètres, circonférence, 85 millimètres. Pré-

puce long, gland découvrable, méat normal. Testicules égaux,

delagrosseurd'un oeuf de pigeon. Onanisme. Fines moustaches.

Poils rares et assez longs au menton ; poils fins au-devant des

oreilles. Une cinquantaine de poils sous les aisselles.

30 juillet. - Jan. est redevenu très vorace, il mange sans

les dépouiller des souris, des rats, des oiseaux. Il gâte main-

Microcéphalie; excitation maniaque. 145

tenant presque tous les jours n'importe où. (PL. X, fig. 5).

Continuer l'hydrothérapie.

10 octobre. Jan. est excité. Il injurie tout le monde, parce

que sa mère « ne veut pas le faire sortir ». Il ira chez elle,

volera son argent, fera un assassinat. « Je veux, dit-il, aller

à la Roquette. Je veux être coupable. » Sur la promesse de

faire venir sa mère et de le faire sortir, il répond : « Puisque

vous m'engueulez je vais vous engueuler aussi. » Traitemeut :

deux douches ; julep chloral 2 gr. : sp. diacode 30 gr. ; man-

chon ; purgatif.

En sortant de notre cabinet, Jan. a ramassé un bout ficelle et

dit : « C'estpourle pendre, quand il passera dans la cour, à midi;

je sauterai dessin et je l'étranglerai. » Puis : « La vieille coquine

(il parlait de sa mère) je la tuerai, je lui volerai son argent.

Vieille rosse, sale vache ! Ah elle ne veut pas me faire sortir,

eh bien, elle va voir ça. Sale pourriture ! Je l'em... le père

Boutillier et aussi le père Agnus; c'est lui qui ne veutpasque

je sorte; eh bien, je me sauverai en promenade. Je connais le

truc, moi ! Je mecavalcrai. Je ne suis pas fou. C'est eux qui sont

fous. D'abord je m'entum... à l31sl'aye, il y a dix mille ans que j'y

suis. J'ai eu dix-sept ans jeudi, je veux être soldat. Et puis si les

autres m'emm... j'irai dans la cour et je ne ferai rien, rien du

tout. Bn padantainsi Jan. avait la figure animée, les dents ser-

rées, la respiration sifflante; il marchait à grandes enjambées,

agitait les bras, la tèle penchée en avant. Ceqendant il est

resté calme en classe, le restant de la matinée.

En récréation, il s'est promené seul les mains derrière le dos,

sans dire un mot à personne. Rentré en classe, on l'a couché sur

un matelas pour prendre sa température. « Je connais ça,

a-t-il dit, on ma l'a déja fait à l'infirmerie, je ne bouge pas. »

La température prise, il dit ; « Henri, j'ai du sang, vous allez

voir si je suis un homme. «Alors il a fait deux fois le sautpéril-

leux sur la tète, après : » Tu n'en fais pasaulant, a-t-il dit, ni les

autres non plus. Oh ! je suis un homme, et puis voilà, je les

emm .. les autres. » Il est resté calme jusqu'au soir. Tempé-

rature à midi 37 ? et à G h. du soir 37°, 7. Il passe à l'infirmerie.

11 octobre. Un peu de rougeur aux pommettes. Jan. se

plaint de la gorgo. Envoyé à la visite. T. R. 38°. Soir : Jan.

a l'air abattu. La rougeur des pommettes est nulle. T. R.

37°, 5. ,

12 octobre. Jan. est calme et se plaint de ce qu'on lui a mis

le manchon et promet qu'il ne se touchera plus. T .IZ. 31°. 1.

Soir : T.I3.. 37", .

BOURSE VILLE, Bicêtre, 1891. 10

146 IICIlOC131'Ii : ILIE; instruction primaire.

15 octobre. Hier Jan. a mangé sur l'instigation de ses

camarades, un pierrot mort. Purgatif. (PL. VII et VIII.)

. Décembre. - Jan. connais les mois, les jours, la forme des

objets; il fait quelques additions et quelques soustractions. Il

est assez courageux au travail, sauf quand il est contrarié.

Sa conduite est très variable ; il lui arrive d'injurier tout le

monde sans motif. Il est très irascible. Il s'habille assez bien,

mais ses chaussures n'ont jamais de cordons. Il est devenu

très vorace, il dévore les animaux les plus dégoûtants (souris

vivantes, chenilles, etc.); au réfectoire il mange assez propre-

ment. En somme, on note quelques progrès pourl'instruction,

mais du côté moral, il à plutôt une aggravation. Il est trèsen-

tété. Il pose des questions absurdes et ne veut pas admettre

qu'il se trompe. Il prétend, par exemple, que son foulard est

fait de soies de porc-épic.

1889. J((t')t ? Jan. syllabe bien, il a la parole libre et s'exprime

correctement. Son écriture a peu gagné, il copie en caractères

moyens assez lisiblement. La mémoire est assez bonne. Il fait

de petites additions et de petites soustractions, connaît les

couleurs, la forme des objets, le nom des jours et des mois.

Il est attentif, assez courageux au travail, sauf dans ses périodes

d'excitation qui se reproduisent à peu près tous les deux mois.

Son caractère est très irritable, il injurie tout le personnel

quand il est en colère. La propreté laisse toujours à désirer. Il

urine parfois dans son pantalon. Il s'habille assez bien, mais ne

veut jamais nouer ses souliers qu'il sait cirer. Il a le regard

dur, et prononce à chaque instant des paroles incohérentes.

A l'atelier de cordonnerie, il fait bien les piqûres; mais sou-

vent il refuse de travailler et devient alors grossier en gestes

et en paroles. Il danse assez bien la polka, quand il veut.

(PL. X, fig. 6.) Hydrothérapie, depuis le 1er avril.

6 juillet.- Panaris à l'index gauche guéri après incision sans

particularité.

15 juillet. -~ Jan, dit que « si o : i ne le retire pas il se tuera.

Comment te tueras-tu ? Avec un couteau de réfectoire.

Je vais empêcher qu'on te donne un couteau. -J'en volerai.

Et qu'en feras-tu ? Ça ne coupe pas. Je l'affûterai sur

une pierre. Que feras-tu hors d'ici ? Le métier de mon

père, charretier. Mais personne ne voudra de toi. Mais si.

Tu as un patron ? Oui, monsieur. » Après quelques au-

tres questions, Jan. a répondu l'air souriant : « Eh ! bien, vou-

lez-vous que je vous dise Allez vous faire voir ! » C'est main-

Microcéphalie; PUBERTÉ. 147

tenant son habitude, de terminer son interrogatoire par des

injures qui surgiessent tout à coup, sans raison, et le plus

souvent sans que sa figure exprime la colère.

20 juillet. Puberté et organes génitaux'. Moustaches

bien marquées dont Jan... arrache parfois des poils. Menton

couvert de poils peu longs, assez abondants. Les favoris sont

bien marqués. Le tronc est glabre. Poils assez fournis sous les

aisselles Les membres offrent de nombreux poils courts, abon-

dants surtout à la face postérieure des cuisses. Pénil couvert

de poils châtains, frisés, ayant envahi les aines, se prolongeant

jusqu'à l'ombilic. Poils assez abondants au périnée et à l'anus.

Longueur de la verge 90 millimètres, circonférencs 100 milli-

mètres. Gland facilement découvrable, méat normal. Tout le

gland et le prépuce sont légèrement enflammés. Scrotum

moyennement pendant, un peu plus à gauche qu'à droite.

Testicules normalement situés; le gauche parait un peu plus

volumineux que 1(, di-oit : celui-ci est du volume d'un oeuf de pi-

geon. Onanisme. « Oui, dit Jan. je me masturbe, si je me

masturbe c'est que je n'ai pas besoin de vous. » Il est toujours

insolent. Il répète souvent les mêmes expressions; par exem-

ple : « La ligne perpendiculaire » mot qui certainement fait allu-

sion a l'érection, ou « laissez-moi ou je vous carre la queue au

cul. » Ce matin pour l'examiner il a fallu le faire déshabiller

par des infirmiers et le faire maintenir.

[Les notes qui suivent sont ajoutées à la communi-

cation faite au Congrès..

22 juillet.- Période d'excitation qui dure deux jours..

5 septembre. Hier matin, J... acommencé à être excité,

refusait de travailler, voulait se suicider, et, dans ce but, il

s'est fait sur la main gauche 14 petites coupures tout à fait

superficielles et sans importance. Il a été assez tranquille dans

l'après-midi. Ce matin, il a les yeux hagards et la face conges-

tionnée. Il répète qu'il veut tout casser, qu'il va sauter par la

fenêtre et se tuer : « Je ne veux pas être dans un bord...

comme ça. Je veux être assassin toute ma vie. Laissez-moi

prendre un couteau pour me tuer, Je veux vous mettre une

corde au cou. Donnez-moi une autre section, nom de Dieu !

ou je me tue.» Bain d'une heure et cellule,

448 Microcéphalie.

6 septembre. Face moins congestionnée, regard meilleur.

Il ne répond que par monosyllabes aux questions.

8 septembre. Jan.. dit qu'il s'ennuie en cellule et qu'il

voudrait bien remonter. Comme il est devenu tout à fait calme,

on l'a renvoyé à l'école le lendemain.

5 octobre. Nouvelle période d'excitation; on lui fait pren-

un bain d'une heure et on le met dans la cellule bleue. Etant

redevenu tranquille, on l'a fait sortir le soir.

24-28 décembre, grippe légère.

1890. Janvier-Mars. Jan. travaille assez bien à l'école et à

l'atelier; il fait des piqûres et démonte les vieux souliers; il

est parfois insolent et irascible, menace de frapper les infir-

miers ou ses camarades.

Sa mère, que nous voyons le 25 mars, nous raconte que son

mari est mort le 8 décembre 1889 à l'hôpital Beaujon d'une

péritonite consécutive à une hernie étranglée. Elle assure qu'il 1

n'a jamais eu de convulsions ni de fièvre typhoïde. Une de

ses soeurs, à elle, est morte à 63 ans d'une bronchite aiguë et

son huitième enfant est mort d'une bronchite chronique sans

hémoptysie. ,

Juillet. Puberté. Fines moustaches, couleur châtain.

Barbe inculte, formant collier, très fournie au menton; poils

assez abondants sous les aisselles, tronc entièrement glabre.

Poils bruns assez abondants au pénil et à la racine des bour-

ses ; scrotum presque glabre ; les testicules sont égaux. Mêmes

dimensions do la verge et des testicules.

Les périodes d'excitation reviennent au moins tous les deux

mois et olîrentlcs mêmes caractères. Jan. a une tendance à mar-

cher courbé. Il s'amuse souvent à rire en faisant des grima-

ces. Il aime à être flatté; il a assez dé volonté et est môme

parfois très tenace. En général il a beaucoup d'ordre dans ce

qu'il, fait et tient bien ses cahiers; il est peu sensible à la dou-

leur et ne pleure jamais quand il se blesse ; il est menteur

pour le plaisir d'inventer; il aime iL dire les choses les plus

extravagantes; Ex : « Tenez, vous voyez mon chapeau, il est fait

avec des plumes de lapin. Ma mère a été soldat. » Il possède à

un certain degré la faculté de comparaison ; son raisonnement

est souvent faux, la mémoire est bonne. (PL. VIII et X, rig. 7.)

1891. 21l' Janvier. - Depuis longtemps Jan.. n'a plus eu

de-périodes d'excitation ni de périodes de tristesse. Il est beau-

coup plus obéissant qu'autrefois, il ne donne plus de coups; i

Microcéphalie; SALACITÉ, ' 149

il aide à faire les corvées; il lui arrive de nouveau de gâter de

temps en temps pour les urines, très rarement pour les garde-

robes. (PL. X, flg. 8.)

8 avril. Jan... est très agité depuis deux jours ; il se pro-

mène à grands pas dans la cour, chantant et sifflant ; ses yeux

sont rouges et pleins de larmes ; il est salace et essaye de

manger toutes sortes d'ordures : étoupes, morceaux de

papier, bouts de cigarettes, araignées, etc. A l'atelier de

cordonnerie, il s'est emparé d'un vase contenant de l'huile à

brûler, et en a bu. Il s'est faufilé auprès d'ouvriers qui travail-

laient clans la cour du gymnase, a pris une gamelle rem-

plie d'eau de briques et en a ingurgité une partie, en disant

qu'il voulait s'empoisonner. Il se vaute de manger des excré-

ments dans les «chiottes» et dit qu'il mangerait des vieux

rats crevés.

10 avril. L'excitation persiste. Hier il a mangé de l'en-

caustique et peu après s'est plaint de coliques. L'interne de

garde lui a prescrit un vomitif. Le lendemain, nous lui avons

prescrit un purgatif, il a eu des selles copieuses qui sentaient

l'encaustique. Les urines qui ont été très abondantes exhalaient

la même odeur; le sommeil a été bon. Ce matin, l'excitation

a fait place a de l'abattement. «Je suis abruti, dit-il.» 11 pré-

tend que l'encaustique est une bonne chose et que ça sent le

miel. Son haleine sent encore beaucoup l'essence de térében-

thine.

Il 1 avril. Une seule garde-robe sentant à peine l'encaus-

tique ; urines peu abondantes, sans odeur particulière. Jan...

dit qu'ilse trouve beaucoup mieux et seplaint qu'à l'atelier, ses

camarades le taquinent, lui jettent des clous et l'appellent

« tête de singe ».

22 avril. Courte période d'excitation.

3'1 mai. Agitation pendant deux jours : gestes désordon-

nés, court dans la cour, menace de s'empoisonner avec de la

potasse et du jus de tabac, se déshabille, divague; il propose

aux infirmiers de les emmener boire de l'absinthe et titube-en

marchant comme un homme ivre.

27 juin. Puberté. Les moustaches sont assez fournies

et longues, surtout aux extrémités et vont rejoindre la barbe

en formant un cercle complet autour delà bouche (PL. VII et

IX). Les poils sont chatains-roux, raides, non frisés au niveau

du menton : plus frisés, plus abondants, plus foncés et plus

soyeux au niveau du collier, qui ne va pas au-delà du carti-

lage thyroïde. Les favoris sont noirs, longs et bien fournis. En

150 Microcéphalie ; dentition.

avant, la poitrine est glabre; en arrière, il existe un fin duvet

qui descend sur la région lombaire qu'il recouvre toute entière

et descend sur ler, fesses. Il est plus abondant à gauche qu'à

droite. Les bras et les avant-bras sur leurs faces externes et

postérieures sont très velus. Les poils sont très abondants au

niveau du pénil et ont envahi les aines et toute la partie supé-

rieure de la région interne des cuisses. Du pénil part une.

traînée de poils peu fournie qui se prolonge jusqu'au-dessus

de l'ombilic. Les fesses, les cuisses, surtout en arrière, sont

très velues, de même que les jambes, sans en excepter le creux

poplité. Bourses pendantes plus à gauche qu'à droite. Balanite

légère. Testicules égaux du volume d'un oeuf de pigeon. La

verge à 13 cent. de longueur et 10 cent. de circonférence.

A l'école, il lit bien les mots faciles, copie assez lisiblement,

fait des additions et des petites soustractions, retient bien

les chants possède la notion du temps, de la forme des

objets, des couleurs, etc. Il a beaucoup d'aptitude pour les

travaux grossiers, nettoie très bien les cabinets. Son caractère

est moins violent. Il plaisante, fait des grimaces. Souvent il

s'avance près de quelqu'un, allonge la tète et ouvre largement

la bouche comme pour le dévorer et il dit : « moi, je vous man-

gerais bien. » Une autre fois : « moi, je mangerais bien un

baquet d'haricots, un baquet de moutarde. J'ai mangé ce matin

dix-sept assiettées de soupe; je me suis envoyé tout le plat de

légumes à moi seul. » Il ment pour le plaisir de mentir, aime

beaucoup dire des choses extravagantes. Il est devenu assez

propre sur sa personne et ses vêtements. Il mange gloutonne-

ment. Enfin, il a fait quelques progrès à l'atelier de cordon-

nerie.

Dentition,- Elle est complète (16 dents), En haut, les dents

sont fortes, longues, solidement implantées, de bonne qualité,

régulièrement rangées sur une arcade allongée en arrière et

très ovale en avant. Les canines sont très dégagées. A la

mâchoire inférieure, les dents ont les mêmes caractères, mais

sont un peu plus serrées et l'arcade est très ovalaire. Au lieu de

s'entrecroiser, les dents supérieures recouvrant les inférieures

en avant, les dents se rencontrent bout à bout dans des rap-

ports étroits et serrés, mais sans usure. Les incisives des deux

mâchoires étant très légèrement obliques en avant, il en résulte

un peu de projection de la mâchoire, très évidente lorsque les

lèvres s'entr'ouvent (type ovulaire). Gencives en assez bon

état, un peu déprimées par le tartre à la mâchoire inférieure.

Microcéphalie; POIDS ET taille. : 151

En avant, bonne dentition, léger défaut d'articulation. (Note

du Dr Ci-uet).

En raison de l'intérêt qu'offrait ce malade, nous l'avons

gardé aussi longtemps que possible dans le service. Mais son

développement physique s'étant accentué, nous avons signé

son passage dans une section d'adultes, ce qui a été fait le 31

juillet 1891.]

Progression DU poids et DE la taille DE Jan... (1879-1891)

152 1111CROCÉPHALIE; DÉVELOPPEMENT DE LA T&TE.

Microcéphalie ; antécédents. 153

à la naissance (microcéphalie très prononcée et pl'ogna-

thisme supérieur). Convulsions répétées à un an. Fugues

solitaires. Imitation des animaux. Kleptomanie. Accès de

colère. Grimaces de la face. Défaut de prononciation. Echo-

lalie. Idiotie. Amélioration notable sous l'influence du

traitement.

Arnou.. Gabriel, né à Yssy-1'Eveque (Sarine-et-Loire), le 20

mai 1876, est entré Bicêtre (service de M. Bourneville) le

30 mars 188j, à l'âge de neuf ans.

Antécédents (Renseignements fournis par la mère en juin

1885). Enfant naturel. Père environ trente ans, domesti-

que chez l'oncle de la mère. « Il n'a pas la tête grosse, mais elle

est régulière. On m'a dit que lorsqu'il était petit il n'avait pas

beaucoup d'esprit, qu'il était d'un caractère sauvage. » Il est

sobre, grand, mince, d'un caractère gai, intelligent, assez

instruit, laborieux : « il faisait tout ce qu'il voulait. » Pas de

maladie nerveuse, etc. Aucun détail sur sa famille; il est

lui-même enfant naturel. « Sa mère n'avait pas beaucoup

d'esprit ; elle était laide mais non difforme. Il avait des frères

et des soeurs que je ne connais pas. »

Mère, vingt-sept ans, domestique, brune, physionomie

plutôt agréable, bonne tenue, intelligente. Elle est un peu

nerveuse, mais n'a ni migraine ni attaques de nerfs, etc.

[Père, bien portant, excès de boisson ; il s'est remarié deux

fois après la mort de sa femme et elle ne l'a jamais revu.

Mère, morte un an après la naissance de la personne qui nous

renseigne, avait été longtemps malade de misère, de faim,

d'ennuis (son mari avait déjà des rapports avec la femme qu'il

a épousée peu après.) Granits parent* paternels, pas de

détails, si ce n'est que sa grand'mère paternelle était très mé-

chante, et avait rendu sa propre mère très malheureuse.

Grattd-po'e maternel mort d'une fluxion de poitrine à soixan-

te-huit ans. Grand'mère maternelle morte de chagrin et

usée parce que son fils était parti pour la guerre de 181O.- Un

oncle bien portant, sans antécédents nerveux ainsi que ses

enfants. Une faute, migraineuse, qui a élevé l'enfant et l'aurait

battu. Sept frères ou soeto's : quatre sont morts tout petits

on ne sait de quoi, le cinquième s'est enfui du pays parce qu'il

était maltraité par son père et sa grand'mère paternelle ; les

deux autres sont deux jumeaux, dont l'un est vivant. Pas

d'autres jnnleaux, pas d'aliénés, d'idiots, d'épileptiques, etc.]

154 Microcéphalie; imitation.

Pas de consanguinité. Différence d'âge, trois ans. Deux en-

fanas : Le premier est notre malade ; la seconde, d'un autre

père, est morte on ne sait pas de quelle maladie ; elle aurait

eu des convulsions.

Notre malade. A la conception, père et mère bien portants.

La mère pensait épouser son amant et a eu des rapports avec

lui pendant doux mois. Grossesse : beaucoup de chagrins

en raison des reproches que lui faisaient son oncle et sa tante.

Ni coups, ni chutes, ni peur, ni tentatives abortives, ni alcoo-

lisme, ni oedème, etc. Accouchement, terme, rapide,. sans

chloroforme. A la naissance pas d'asphyxie ; l'enfant a crié

tout de suite, il était « tout petit, tout petit». Il avait « une

toute petite tête, toute rondo ». Elle dit qu'elle avait le ventre

peu volumineux et qu'on n'eut pas dit qu'elle était enceinte

(L'oncle voyant les rapports de sa nièce et de son domestique'

et ignorant la grossesse, mit le domestique à la porte. C'est

sa mère, à lui, qui empêcha le mariage parce qu'elle était trop

jeune et qu'ils étaient tous deux sans fortune.) L'enfant a été

élevé au biberon par sa -raiicl'taiite maternelle (lait de chèvre).

Sa mère ne l'a revu qu'au commencement de l'année 1884,

c'est-à-dire à sept ans et demi. La tante chez laquelle il était

à la campagne, avait écrit à la mère qu'elle ne pouvait le garder

plus longtemps parce qu'il se sauvait dans les champs toujours

seul, ne revenant que pressé par la faim et parce qu'on ne

pouvait l'envoyer à l'école. Sa mère a été très surprise de le

voir dans l'état où il était. On ne lui avait rien dit pour ne pas

lui faire de peine. On lui a raconté qu'il aurait eu des convulsions

plusieurs fois, sans pouvoir en fixer les caractères ni le nombre

exact. La dernière fois on avait cru qu'il était mort On ne sait

à quel âge il a parlé ; mais à son retour, il parlait très mal,

on ne le comprenait pas. Il imitait les animaux, il donnait des

coups de tête, bêlait comme les moutons et chevrottait comme

les chèvres ; il imitait les chiens, les chats, les vaches (1). Il

jurait. Dans toutes ces actions, si on le réprimandait, il cessait.

Il n'était pas méchant, mais colère, boudeur. Il paraissait aimer

sa tante, mais il avait l'air de la craindre ; il l'a quittée sans

pleurer et n'en a pas parlé dans la suite. On ne sait à quel àgo

il a marché et été propre. On croit qu'il n'a ou ses premières

dents qu'à treize mois. A son arrivée il Paris, sa mère l'a mis

(1) On peut attribuer ces habitudes au 1011 : : < séjour de l'enfant A la campa-

gne ou il voyait eh.t;ne jour des animaux.

Microcéphalie; écholalie. 155

en garde chez son concierge ; celui-ci était cordonnier et l'enfant

l'imitait. Une nuit la sonnette électrique l'ayant réveillé, il a

sauté de son lit; il ne savait plus où il était, voulait se sauver,

cherchait la porte et ne voulait plus se recoucher. Le lende-

main, en entendant sonner, il n'cut plus peur. A la campagne

il n'urinait jama : s au lit, il satisfaisait ses besoins dans les

champs. A Paris, les premiers jours, il urinait au lit, il ne

voulait pas aller aux cabinets, mais dans la rue. Sa mère l'a

gardé huit jours. Il était déjà amélioré et avait cessé une partie

de ses grimaces. Pas d'onanisme, pas de bave, de grincement

de dents, ni de balancement. Son caractère est plutôt affec-

tueux. Il aime à coudre et à ramasser des chiffons. Au bout

de huit jours, il fut placé à l'Asile clinique où il a eu la rou-

geole. Une fois remis, il a été envoyé à Bicêtre.

1885. )4 avril. Arn... parle très vite, il est difficile de le

comprendre. Il est écholalique, il répète ce qu'on dit devant

lui, parfois même il imite les gestes. Si la phrase est longue,

il ne répète que les derniers mots ou s'il répète les premiers

ils sont incompréhensibles. Où est maman ? « Maman. »

Comment s'appelle mademoiselle ? « s'appelle mademoiselle. »

Rarement il parle spontanément, il faut qu'il y soit poussé. Par

exemple il vient se plaindre si un camarade l'a battu, demande

du pain, du vin, à aller aux cabinets. La prononciation est

défectueuse : ainsi il prononce papier « pié », bonjour « lajour »,

couteau « ctcau. »

Il mange proprement avec la cuiller et la fourchette. Il ne

se sert pas du couteau. Bon appétit, sans voracité; mastica-

tion régulière; ni salacité, ni rumination; selles quotidiennes;

pas de gâtisme. Bonne tenue; caractère jaloux et méchant; il

se bat sans cesse avec ses camarades et il crie s'il n'est pas le

plus fort. Il est atteint de Itleplon2atie : il vole des livres, des

clefs, etc., mais non des gourmandises. Use débarbouille assez

mal, se lave les mains, sait s'habiller et se déshabiller et le fai t

promptement .Grimaces et tics de la face : il ouvre les yeux

autant qu'il peut et plisse le front. Ses grimaces rappellent

celles de Jan., autre microcéphale du service, qui en ie voyant

s'écria : « Tiens, c'est mon frère ». (Observation 11.) Souvent

aussi il imite les singes.

Aucune notion de l'écriture, de la lecture, des couleurs,

des leçons de choses. - Traitement : Huile de foie de morue,

sirop d'iodure de fer, un bain salé par semaine ; gymnastique ; i

petite école.

156 Microcéphalie.

30 mai. - Eczéma de la racine du nez et des joues. L'é-

cholalie persiste.

Octobre. La parole s'améliore ; Arn.... est moins jaloux

et moins batailleur.

Novembres Arn.... commence <1 reconnaître les lettres,

les chiffres, les couleurs. Il fait des « s » et des « m » sur l'ar-

doise. Il est habile à la gymnastique et y prête attention. Il

commence à perdre l'habitude de voler.

1886.Janvier ? lrn.... parle beaucoup mieux, et plus à pro-

pos. Il connaît maintenant toutes les choses de la classe, et

porte attention à tout ce qu'on lui fait faire.

Mars. Il perd progressivement l'habitude de répéter ce

qu'on lui dit et de faire des grimaces.

Etat actuel (5 avril). Tête. Le crâne est arrondi et coni-

que, très atrophié dans sa partie postérieure où se trouve un

méplat allant du vertex à la protubérance occipitale externe ;

dans le sens transversal, le crâne est relativement large. Le

front est fuyant, assez élevé sur sa partie médiane (6 centi-

mètres), mais se rétrécissant beaucoup sur les parties latéra-

les. Les cheveux, châtain très clair, sont abondants, irréguliè-

rement plantés, descendent très bas sur les côtés du front et

se continuent par un fin duvet blond jusque vers la queue des

sourcils. (Voir plus loin les dimensions de la tête).

Face. - Les arcades sourcilières sont assez saillantes. Les

sourcils, châtain foncé, sont accusés seulement dans leur par-

tie interne. Les yeux, moyennement enfoncés dans l'orbite,

sont grands, largement fendus. L'iris est gris verdâtre; les

pupilles sont égales. Les cils sont longs et abondants. Le

nez est gros, épaté, les narines largement ouvertes. Les

lèvres sont épaisses, très saillantes. Le menton est petit, peu

fuyant. Dans son ensemble la face est ronde, mais oblique en

bas et en avant. Elle rappelle un peu la face du nègre. Les

oreilles sont bien ourlées, mais très écartées de la tête ; le

lobule est petit, détaché.

Dentition. Douze dents à la mâchoire stcpnrietcre : ca-

nines et molaires de lait. Incisives centrales, grandes, légè-

rement écartées, obliques en avant. Douze dents à la mâchoire

inférieure : canines et molaires de lait. Incisives serrées.

Articulation : léger prognathisme supérieur. Mâchoires très

développées.

Le cou est mince (circonférence 26 centimètres), d'une Ion-

Microcéphalie; SENS ET PUBERTE. 157

gueur moyenne. Les épaules sont tombantes, bien développées,

symétriques. tjo thorax est normalement conformé, peu

musclé ; la fossette sous-sternale est très accusée. Circon-

férence sous les aisselles dans l'expiration, 60 centimètres ;

au niveau des mamelons, 6'i centimètres. Le dos est normal ;

l'abdomen un peu proéminent. L'cnscllure lombaire est très

marquée.

Les membres supérieurs et inférieurs sont minces, mais

bien constitués et symétriques ; les doigts, les orteils et les

ongles normaux. Les mains sont rouges et froides.

La digestion, la respiration s'exécutent régulièrement. La

sensibilité générale est intacte. La vue est normale ; l'en-

fant ne connaît pas bien les couleurs L'ouïe est bonne. L'o-

dorat est obtus : l'ammoniaque, la valériane, l'eau de Cologne

ne paraissent faire sur lui aucune impression. En ce qui con-

cerne le goût, il est de même dilficile d'obtenir un renseigne-

ment précis : la coloquinte lui fait faire la grimace ; mais il

approuve si on lui dit que c'est bon. «

Organes génitaux. Verge : longueur 4 centimètres 5 ; cir-

conférence 5 centimètres ; prépuce très long; gland décou-

vrable ; méat normal. Testicule unique et de la grosseur d'une

olive. Le visage, les aisselles, le pénil sont glabres. Pas

d'onanisme.

1887. Août. Plaque de teigne sur la partie antérieure du

crâne, de la largeur d'une pièce de 2 francs. L'enfant est envoyé

au pavillon d'isolement, .

Novembre. L'affection du cuir chevelu s'est améliorée

considérablement; il ne reste plus que quelques points dou-

teux.

1888. 24 février -1 mars. - Embarras gastrique fébrile.

Juillet. Organes génitaux; puberté. Visage, aisselles

et pénil glabres; verge : longueur 52 mm. ; circonf. 50 mm.

Scrotum pendant un peu plus à gauche qu'à droite. Les testi-

cules sont descendus, égaux, du volume d'une grosse olive.

La parole se développe; on note quelques progrès en écri-

lit ? -e; Arn... reconnaît toutes les lettres mais seulement quand

on les lui présente dans l'ordre ; il compte jusqu'à 50.

1889. Jttillet. Ar.. a fait des progrès surtout en écriture,

en gymnastique, et en connaissances usuelles. Il répond gé-

néralement aux questions qu'on lui pose ; mais sa parole est

'[;7$j\IICIIOCliI'II : 1LI ; tète.

toujours peu intelligible. Il ne répète presque plus les mots

qu'on lui dit. Son caractère aussi s'est amélioré; il est moins

voleur, et moins jaloux. Il connaît bien les couleurs, les noms

etles usages des différentes parties de son corps, de son habil-

lement et des objets usuels. Il fait aussi moins de grimaces.

Il aime à s'occuper et prend plaisir à nettoyer la vaisselle au

réfectoire. Il est maintenant apprenti vannier et travaille uue

demi-heure par jour.

Puberté. - Très léger duvet sur la lèvre supérieure, tronc,

aisselles et membres glabres. Léger duvet sur le pénil ; quel-

ques poils au pourtour do l'anus. Longueur de la verge 52 mil-

limètres, circonférence G` ? millimètres. Scrotum un peu plus

pendant à gauche qu'à droite; les testicules égaux, normale-

ment situés, ont le volume d'un petit noyau de pèche. l'as

d'onanisme. -

Mensurations DE la tête de 1886 A 1889.

Microcéphalie; POIDS ET taille, 159

Progression DU POIDS ET DE la taille D'AUX...

160 MWHOCÉPHALIE; antécédents.

Observation IV.

Sommaire. Père accès de mélancolie ; suicidé, Grand-

père paternel mort aliéné. Antécédents maternels nuls.

Pas de-consanguinité. Inégalité d'âge de quatorze ans. Mi-

crocephalie et prognathisme supérieur à la naissance. Mar-

che à vingtet un mois. Jamais de convulsions. Imbécillité.

Fugues. Parole très limitée. Réponses par signes ou par

écrit. Educabilité possible.

Mari ? Charles-Maurice, né le 20 décembre 1876, à Paris, est

entré à Bicêtre (service de M. Bourneville) le 27 juin 1880.

Antécédents. (Renseignements fouruispvrsamèrele2Sjclill

fSS9(. Père, commerçant, sobre, s'est suicidé à quarante-sept

ans, à la suite de pertes d'argent. Pas de renseignements sur

sa vie avant son mariage, si ce n'est qu'à vingt ans il aurait

eu un accès de mélancolie de quelques mois; mais n'a pas été

enfermé; pas d'aulnes manifestations nerveuses. [Père, mort

fou à Charentôn, à la suite de perles d'argent.- Mère,

morte d'une fluxion de poitrine. Grands parents inconnus-.

Une tante maternelle a quatre-vingt-cinq ans et se porte

bien, Un frère, mort à sept ans d'une maladie d'estomac].

Pas d'autres aliénés, pas de paralytiques, d'épileptiques, etc.,

dans la famille.

Mère, trente-deux ans, brune, trails réguliers, intelligente;

fièvre typhoïde à sept ans; pas de convulsions dans l'enfance,

ni de maladie de peau, ni de céphalalgies, etc. Mariée à seize

ans. [Père, mort à quarante-trois ans d'une maladie de foie;

on ne sait s'il faisait des excès de boisson. Mère, grand-père

maternel, nul détail. Grand'mère maternelle, morte à qua-

tre-vingt-sept ans. Pas de renseignements sur les grands

parents paternels. Deux oncles et deux tantes maternels

bien portants, ainsi que trois frères et leurs enfants. Pas

de consanguinité. Différence d'âge entre le père et la mère,

quatorze ans. Un seul enfant et deux fausses couches.

Notre malade. A la conception tous deux étaient en

bonne santé et « en bon accord. ». Grossesse régulière, ni

vomissements, ni peur, ni chutes, ni alcoolisme, etc. - accots-

chement à terme, un peu long, mais naturel et sans chloro-

forme. A. la naissance, pas d'asphyxie, l'enfant a crié de

suite. Élevé au sein jusqu'à quatorze mois, il n'a marché

DESCRIPTION DU malade. 161

que vers vingt et un mois. Il n'a jamais été propre : il gâte au

lit, matières fécales et urine. Il aurait du prolapsus rectal.

« Il a commencé à parler aussitôt que les autres enfants, mais

il n'a pas fait de progrès ». Première dent à six mois. Rou-

geole à trois ans. Pas de convulsions. Il a eu la coqueluche

alors qu'il tétait encore. Pas d'autre maladie, aucune manifes-

tation lymphatique. Il semble affectueux, cependant il quitte

ses parents sans pleurer et n'a pas montré d'émotion, quand,

il y a trois mois, on lui a dit que son père était mort. Il a essayé

plusieurs fois de se sauver : mais n'a jamais découché. Il ne

court pas après les petites filles et ne se masturbe pas. Il tou-

che à tout, et jette les objets par dessus les murs pour faire

des niches. Il déchire ses vêtements et ala manie de se désha-

biller. Pas de rêves, de cauchemars, de peurs nocturnes; pas

de pyromanie, ni de kleptomanie. '

Etat actuel. 30 juin 1889. Tête ovoïde à grosse extrémité

postérieure. La région occipitale est assez développée; les

bosses pariétales sont tout à fait déprimées; aussi la tête parait-

elle aplatie latéralement.

Le front est bas (36 millimètres), il n'y a pas à proprement

parler de bosse frontale, il y a de chaque côté une dépression

très prononcée, Les arcades sourcilières sont très effacées. Il

semble y avoir une rainure au niveau de la suture fronto-pa-

riétale et des sutures fronto-temporales. Un peu au-dessus de

l'occiput et du côté droit on note quatre cicatrices.

Les oreilles sont un peu grandes, écartées du crâne; l'our-

let est à peine marqué ; le lobule est bien détaché. L'enfant

porte la tête un peu relevée et inclinée du côté gauche.

162 Description du malade.

Dentition. Mâchoire supérieure : 11 dents saines, assez

bien rangées, blanches, continues. Canine droite incomplète-

tementsortie. Canine de lait gauche encore en place. Mâchoire

supérieure : 13 dents saines, assez bien rangées ; la pre-

mière molaire gauche manque. Articulation assez régulière.

Léger prognathisme supérieur ; gencives en bon état. La

voûte palatine est profonde; le voile du palais normal.

Le coït offre un volume normal, circonférence 30 centimè-

tres. Le thorax est symétrique. Pas de déviation rachidienne.

Le ventre est souple.

Les membres supérieurs sont de volume égal, bien musclés ;

les articulations sont souples ; iL droite et à gauche la première

phalange de l'index offre un volume plus considérable que la

seconde. Les membres inférieurs sont égaux, sans malfor-

mation ; pas de cyanose. Les différents organes : coeur, pou-

mons, foie, rate, etc. sont sains et les fonctions régulières.

Organes génitaux et puberté. Visage, aisselles, pénil,

entièrement glabres. Longueur de la verge, 55 millimètres ;

circonférence, 60 millimètres, gland découvrable, méat normal.

Testicules normalement situés, égaux, du volume d'une petite

olive.

Sensibilité générale, normale. - 010rat peu développé.

Goût : quand on met de la coloquinte sur la langue de l'enfant,

il dit que c'est agréable tout eu faisant une grimace. Ouïe et

vue bonnes ; l'enfant ne connaît pas les couleurs par leur nom.

Poids, 31 kilog. 300.- Taille, 1 m. 29. Dynamomètre : main

droite, 17 ; main gauche, 15.

La parole est à peu près nulle : on parvient très difficile-

ment à lui faire prononcer un mot et plus facilement les mo-

nosyllabes. En général, il bave quand il parle. Il faut le forcer

à parler, son habitude est d'écrire ce qu'il veut dire sur un

tableau, une ardoise, du papier ou sur une table avec un doigt ;

dans ce cas il mouille le doigt avec de la salive. Il aime beau-

coup à interroger par signe et demande de cette manière le

nom des personnes qui l'entourent, puis il essaie aussitôt de

l'écrire ; lorsque l'orthographe en est difficile, il attend qu'on

lui dicte les lettres.

Mar... sait lire. On s'en est aperçu non à ce qu'il prononçait

les mots, mais parce que, dans quelques cas, on voit qu'il

comprend. Par exemple s'il aperçoit sur un tableau la date de

la veille, il l'efface, ou s'il la voit sur un calendrier, il arrache

le feuillet. L'écriture est grosse, assez lisible, il aime surtout

à écrire au tableau noir. Il ne peut écrire une phrase dictée ; i

Microcéphalie. 163

il écrit cependant assez facilement la réponse à la question

qu'on lui pose. Il ne compte pas tout haut, mais il écrit les

nombres jusqu'à 110.

Mar... connaît à peu près tout ce qui est contenu dans les

boîtes, il se trompe souvent en plaçant les couleurs. Il ne

connaît aucune étoffe. Il a la notion des poids, du temps,

mais non des solides et des surfaces.

A la gymnastique il se prête aisément à l'exécution des

mouvements ; il saute bien. Il se tient mal au réfectoire, et

se dérange constamment pour aller et venir. Il se sert convena-

blement de la cuiller et de la fourchette, mais mal du couteau.

Il saisit bien les aliments ; la mastication est bonne ; il n'y a

ni bave, ni succion, ni rumination ; la digestion et les selles

sont régulières. Usait se laver, s'habiller, se déshabiller seul;

sa tenue est assez bonne.

Pas de tics. L'enfant a la manie de ramasser les bouts de

cigarettes, de les débarrasser du papier, puis de mâcher le

tabac. Son caractère est assez affectueux ; il aime qu'on s'oc-

cupe de lui, il eot assez obéissant. Avec ses camarades, il est

souvent méchant ; quand il en voit deux se disputer ou se

battre il va près d'eux, les sépare et les frappe tous deux.

Pour compléter les descriptions que nous venons de

donner nous croyons devoir présenter les malades des

Observations II, Ill et IV et mettre sous les yeux des

membres du Congrès le buste, les photographies, le

squelette de la tête et le cerveau du malade de l'OBSER-

VATION I.

Si l'on veut bien comparer le cerveau et ses photogra-

phies, aux planches qui représentent les malades Cher..

et Eder... dont nous avons publié les observations en

1881, on verra combien est différent le cerveau de ces

trois malades et que la microcéphalie est loin de recon-

naître toujours pour cause le même arrêt de développe-

ment dans l'évolution du cerveau. L'examen de lacalotte

ducrâne de Cher, et de Clut. rapproché del'examendes

cerveaux montre, croyons-nous, que l'opinion qui rat-

tache la microcéphalie à une ossification prématurée

164 Microcéphalie.

des sutures, si elle est exacte dans certains cas, est

peut-être loin d'être la règle.

Nous avons également montré au Congrès un petit

microcéphale, Mazi... Henri, né à Créteil le 2 juillet

18'l, don tnous nous bornerons à résumer ici sommai-

rement l'observation.

Observation V. (Résumé.)

O\IIIR1;. - Grand-père paternel alcoolique, mort d'tm

cancer du pylore. .irrre grand-père et deux grands-

oncles paternels alcooliques. - Mère, grand'mère, grand'-

tante et tante maternelles, migraineuses. - Grand'tante

maternelle suicidée. Tante aliénée.- Inégalité d'âge de

sept ans entre le père et la mère.

A l'entrée, Mazi... était complètement gâteux; il lui était

impossible de se tenir debout. La jambe gauche paraissait un

peu plus faible que la droite. On notait chez lui du tournoie-

ment de la tête, des grincements de dents et un balancement

antéro-postérieur du tronc. La parole est absolument nulle.

Il crie et pleure une partie de la nuit ; il dort le matin. L'at-

tention peut être fixée. L'appréhension se fait assez bien; tou-

tefois M... n'aide en rien pour s'habiller et se déshabiller et

ne sait pas se servir de la cuiller. Il est affectueux et reconnaît

ses parents.

Traitement : exercer l'enfant à se tenir debout et à marcher ;

le placer sur le vase à des heures régulières ; exercices de la

parole ; sirop d'iodure de fer, huile de foie de morue, bains

salés.

Bien que, de son entrée au mois d'août de cette année,

divers accidents aient entravé le traitement, déjà nous avons

obtenu chez cet enfant une amélioration encore peu pronon-

cée, mais indubitable. Le corps et la tête se sont développés

ainsi que le prouvent les tableaux suivants :

Microcéphalie ; ÉDUCABILITfi. : 165

166 IICROCPH : 1LIE ; traitement.

de tous les objets qui l'entourent. Il a perdu à peu

près complètement l'habitude de faire des grimaces,

de se battre de crier et de voler. Il est devenu moins

jaloux et moins coléreux, est heureux d'aider aux tra-

vaux du ménage ; il apprend un métier et y met une

certaine application.

Le traitement pédagogique et médical n'a pas donné

chez ces deux malades, surtout chez le premier,

tout ce qu'on est en droit d'en attendre. lia été com-

mencé tard et nous avons eu à lutter non seulement con-

tre l'état d'idiotie, tel que l'avaient produit les lésions

pathologiques, mais encore contre des habitudes vi-

cieuses qu'une longue inaction avait laissé s'établir.

Règle générale, plus l'intervention est précoce, plus

nombreuses sont les chances d'amélioration. Et c'est

précisément en raison de cette intervention, dès les

premières années de la vie, que nous sommes persuadé

que l'enfant Maz... (Obs. V) fera sous tous les rapports,

des progrès considérables que nous serons heureux

de faire constater aux membres du Congrès qui nous

ont fait l'honneur d'entendre notre communication et

qui voudront bien venir ultérieurement visiter notre

service (1).

(1) Nos prévisions se sont amplement réalisées. Henri Maz.. est devenu tout t

à fait propre ; il marche et court; il mange et se déshabille seul ; il sait pro-

noncer le nom de toutes les parties de son corps, de sa véture, de tous les

objets qui l'environnent et des personnes qui le soignent. Nous publierons son

observation dans le Compte rendu de 1801.

X.

Contribution à l'étude de la porencéphalie

et d3 la pseudo-pcrencéphalie;

Par BOURNEVILLE et SOLFIER.

Parmi les nombreuses lésions ou arrêts de dévelop-

pement qu'on rencontre chez les idiots, il est une

forme peu commune, dont l'histoire renferme encore

bien des lacunes, surtout au point de vue pathogénique,

c'est la porencéphalie. Notre intention n'est pas d'en

refaire ici l'histoire, pas plus au point de vue anatomo-

pathologique que clinique. Cette histoire a été faite

d'une façon remarquable par Kundrat dans un mémoire

assez complet pour ne laisser guère à insister que sur

des particularités et des détails. Depuis son travail on

n'a guère fait qne publier de nouvelles observations

confirmatives de sa description et M. Audry (de Lyon)

a rassemblé récemment dans une excellente revue

tout ce qu'on sait sur ce sujet en apportant lui-même

quelques nouveaux cas (1). Nous voulons simplement

rapporter ici quatre nouvelles observations personnel-

les, avec photographiesàl'appui, recueillies depuis 1883

dans le service des enfants idiots et épileptiques de

Bicêtre, et en tirer les quelques considérations qu'elles

comportent.

(1) Atidry. - Bévue de médecine, 1888,

168 Porencéphalie.

On comprend aujourd'hui sous le nom de porencé-

phalie toutes les pertes de substance étendues cle

l'hémisphère ; il suffit qu'il y ait disparition d'un certain

nombre de circonvolutions, une cavité plus ou moins

profonde dans l'hémisphère, pour qu'il y ait porencé-

phalie. Heschl, au contraire, qui a créé ce terme, ne

considérait que les pertes de substance qui pénétraient

jusqu'au ventricule latéral.

Nous pensons qu'on doit revenir à cette conception

et qu'on ne saurait comparer entre elles deux lésions

aussi dissemblables qu'un arrêt de développement et

une perte de substance consécutive à un processus né-

crobiotique quelconque. Il y a donclieu, croyons-nous,

d'admettre deux sortes de porencéphalie. Si l'on tient

à conserver ce terme pour les pertes de substance par

ramollissement ou autre cause, c'est de désigner celles

qui résultent d'un arrêt de développement sous le nom

de porencéphalie vraie et celles qui sont consécutives

à un processus destructif sous le nom de pse2celo-

porencéphalie.

Nos quatre cas sont assez démonstratifs à cet égard.

Dans le premier, la maladie est certainement congé-

nitale. L'enfant était idiot dès sa naissance et l'a

toujours été complètement. Il avait une hernie ombi-

licale et une hernie inguinale, manifestations d'un arrêt

de développement général. La porencéphalie siégeait

à droite seulement, et il y avait un orifice de commu-

nication avec le ventricule latéral, dans lequel plon-

geaient les circonvolutions, ainsi que Kundrat l'a fait

remarquer pour les porencéphalies congénitales. *

Dans le second cas la porencéphalie est double.

Malheureusement nous n'avons aucun renseignement

sur les antécédents héréditaires et personnels du

malade. Nous avons encore affaire ici à la porencé-

phalie-traie congénitalë, etles dépressions, lesporus,

POItl;1 C LPHALII; . 169

communiquent avec le ventricule latéral de chaque

côté. L'enfant était un idiot complet, sans complication

d'épilepsie non plus que le premier.

La troisième observation concerne un enfant hémi-

plégique, idiot et non épileptique, sur lequel nous man-

quons aussi de renseignements. Les circonvolutions

disparues sont remplacées par un pseudo-kyste et sont

coupées à pic en certains points comme par un proces-

sus destructif. Une membrane fibreuse tapisse le fond

de la dépression et lui adhère d'une façon intime. En

aucun point la poche, qui siège à gauche, ne commu-

nique avec le ventricule latéral.

Enfin dans notre dernier cas, qui paraît calqué sur

le précédent sous le rapport anatomo-pathologiquo,

nous nous trouvons en présence d'une pseudo-porencé-

phalie gauche sous forme d'un pseudo-kyste ne com-

muniquant pas avec le ventricule latéral, et occupant

comme le précédent presque tout le territoire de la syl-

vienne. L'enfant qui en était porteur était atteint d'im-

bécillité et d'épilepsie. Les convulsions se présentè-

rent dès la naissance, mais ce n'est qu'à quatre mois

qu'on s'aperçut de son hémiplégie droite.

Dans ces deux derniers cas, il y avait une inégalité

manifeste des hémisphères, ce qu'on observe à un moin-

dre degré dans la porencéphalie vraie. En outre, on

remarque que c'est tout le territoire de la sylvierrne

qui est atteint, ce qui permet de supposer que c'est

très vraisemblablement à un trouble circulatoire qu'il

faut attribuer la pseudo-porencéphalie, ce trouble se

produisant de préférence à gauche.

Quant aux troubles physiques observés, quoique la

lésion soit à peu près la même dans les deux cas, et soit

même plus étendue dans le dernier, nous observons des

phénomènes bien différents : clans le premier, iclio-

tie complète, sans épilepsie, avec hémiplégie droite v

170 DESCRIPTION DU malade.

et contracture, dans le second imbécillité, avec épi-

lepsie et hémiplégie droite compliquée de contracture

mais sans trouble de la parole quoique la 3° frontale

soit fortement endommagée.

Observation I. POT;I;NCÉPI1.4LIB vraie, congénitale,

simple.

Sommaire. Idiotie compilé le, idiopathique. - Mère chétive

lors de la conception. Chagrins pendant la grossesse.

Parole et marche nulles. Gâtisme. - Convulsions répétées

depuis l'âge de huit mois, plus prononcées a droite.

Intro ludion d'aliments dans les voies aéoiei2nes. -Dloot.

Autopsie : ptorencéphalie simple.

Saint-Arn... Jean-A1fred, six ans, est entré le 30 juillet 1883

à Bicêtre (service de M. Bourneville) et y est décédé le 5 octo-

bre 1883.

Renseignements fournis par sa mère. Père trente-trois

ans, plumassier, grand, fort, bien portant; pas d'excès de

boisson ni de tabac ; pas de migraines ni d'affections cutanées.

Marié à vingt-six ans. après avoir été soldat; ne parait pas

avoir eu d'affections vénériennes. Il aurait eu des convulsions

dans l'enfance sur lesquelles on n'a pas de détails. - [Père,

bien portant, sobre. Mère, morte à vingt trois ans on ne

sait de quoi.- Grand père paternel, mort d'accident à vingt-

six ans. -Grand'mére paternelle, morte très âgée, en enfan-

ce. Grands parents maternels, pas de détails. Pas d'aliénés,

d'épileptiques, de paralytiques, de difformes, de suicidés, de

criminels etc., dans la famille.]

Mère, 25 ans, plumassière, bien portante, intelligente. Dou-

leurs rhumatismales; pas de migraines ni de maladies de peau.

Pas de convulsions dans l'enfance. Assez impressionnable,

pleure facilement. Pas d'attaques ni de syncopes. Formée à

dix-huit ans. 'Mariée à dix-huit ans et demi. [Père, bien

portant, solide, sobre. Mère, bien portante, pas nerveuse,

sobre. Grand-père paternel, très fort, surnommé «l'hercule» »

mort usé par la boisson à soixante-trois ans. Grand' mère

paternelle, morte très âgée d'usure » ; 13 enfants. Grand

père paternel, forgeron, mort à soixante treize ans, on ne sait

Antécédents. 171 i

de quoi ; non paralysé. Grand'mère maternelle, morte

âgée, de cause inconnue. - 3 sa urs, très bien portantes, sans

attaques de nerfs, ont des enfants en bonne santé. Cou-

sine germaine, 5 ou 6 accès d'épilepsie vers l'âge de quinze

ans. Oncle paternel un peu imbécile, n'a marché qu'à trois

ans; boiteux de naissance; a cependant des enfants intelli-

gents. - Pas d'épileptiques, etc., dans la famille.] 1

Pas de consanguinité. Inégalité d'àge de huit ans. Un

enfant, notre malade, et une fausse couche à deux mois.

Notre malade. Au moment de la conception, la mère était

chétive quoique assez bien portante. Elle était triste, tour-

mentée, se mettait en colère, pleurait. Grossesse acci-

dentée par des chagrins ; pas de coups ni de chutes, ni

d'alcoolisme, etc. -Accouchement terme, naturel, sans chlo-

roforme. Pas d'asphyxie à la naissance. - Elevé au sein par sa

mère jusqu'à trois mois, puis au biberon. Jamais il n'a été

comme les autres enfants ; il laissait pencher sa tète, il ne

fixait rien; il n'écoutait rien; il riait niaisement; cependant il

était jaloux, pleurait quand sa mère caressait un autre enfant.

Il n'a jamais parlé ni marché et a toujours été gâteux. Bave

abondamment, suce son pouce droit. Pas de balancement. Il

rit parfois aux éclats, a des accès de colère. Première dent

à treize mois : les autres dents ont poussé en huit mois.

A trois ans premières convulsions légères : occupant tout

le corps et suivies de grincements de dents qui persistent en-

core. Secondes convulsions un mois après qui durèrent deux

ou trois minutes. Quatre mois après, troisièmes convulsions,

de même durée, intéressant surtout le côté droit. Depuis lors

jusqu'à il y a cinq mois, il en a eu trois ou quatre fois par an,

et toujours siégeant presque exclusivement à droite.

Il ne sait pas se scrvir de ses mains et il faut le faire man-

ger. Il aime la musique, le sifflet du chemin de fer et à faire du

bruit. Il n'a eu aucune maladie. A la naissance, il avait une

hernie ombilicale et une hernie inguinable droite. Pas de

croûtes dans les cheveux, ni ophtalmie, ni otite, ni dartres,

etc., Pas d'onanisme.

Etat actuel. (4 octobre). Tête à peu près ronde; aplatis-

sement de la moitié droite de l'occipital, surtout dans sa par- '

tie supérieure; les régions pariétales sont arrondies et parais-

sent symétriques. Le front est assez haut, la bosse frontale

droite est saillante, la gauche un peu déprimée. Légère dépres-

qui2 DESCRIPTION DU malade.

sion sus-sourcilière. Cils très longs, noirs. Pas de strabisme,

un peu de nystagmus; iris bleus, pupilles dilatées. - Nez

aquilin. Léger prognathisme. Bouche grande, lèvre supé-

rieure mince, l'inférieure grosse. - Grinccmcnt de dents habi-

tuel. Oreilles régulières, bien ourlées; lobules à demi-déta-

chés. - Cheveux blonds, fins; sourcils blonds assez abon-

dants. Pas de malformation des membres.

Mastication nulle. Rien de particulier dans la dentition, ni

dentelures, ni érosions, etc. Pas de bave, pas de succion. Dé-

glutition difficile. Il avale mieux quand il est couché et qu'on

lui met les aliments dans le fond de la gorgé; il ne prend

d'ailleurs que des aliments liquides ou semi-liquides. Pas de

vomissements, pas de rumination. Léger' ballonnement du

ventre. Selles normales. Balancement latéral de la tète. Pas

de chantonnement, pas de cris. Il ne pleure pas ; parfois pousse

de petites plaintes. Pas de vertiges. Il ne paraît pas-savoir se

servir de ses mains. Tel qu'on le pose sur son lit, il reste..11

ne marche pas.. -

Organes génitaux bien conformés.- Gland découvra.ble.II

garde le lit depuis un mois à cause d'une bronchite. Amai-

grissement considérable. - La poitrine est large mais dépri-

mée dans sa partie : moyenne. - Pas de déviation de la colonne

vertébrale. -' -

5 octobre. Une demi-heure après son repas, il est pris

d'une dyspnée extrême ; emphysème généralisé à la tête,

au cou, au tronc et aux membres supérieurs. La cyanose va

en augmentant, la, respiration est de plus en plus pénible et il

meurt quatre heures après.

Autopsie (6 octobre). Emphysème sous-cutané très appré-

ciable encore. Le tissu cellulaire rétro-sternal est également

insufflé. Péricarde normal : Cmur normal, vide de cail-

lots à gauche, distendu à droite (GO gr.). Caches pleurales

libres d'adhérences-, sans liquide. - Ilile pulmonaire très

emphysémateux. Peu d'emphysème pulmonaire inter-

stitiel, sauf autour des grosses bronches. La trachée

ouverte donne issue à un liquide blanc, mat, légèrement spu-

meux qui doit être du lait. Poumons volumineux : lobes infé-

rieurs atélectasiés, d'un rouge foncé et crépitant encore Un

peu. Les bronches contiennent un peu de lait. Les lobes supé-

rieurs des deux côtés sont très volumineux, et le doigt y laisse

son empreinte. Il crépitent bien. On voit encore sourdre du

lait des bronches, mais moins que dans les lobes inférieurs. z

Description DU cerveau. 173

Le poumon gauche présente une énorme ecchymose sur son

bord. antérieur. Poumon droit, 130gr. Poumon gauche, 120 gr.

Péritoine normal. Injection des veines mésentériques et

coliques. Reins très congestionnés (u0 gr.). - Foie de colo-

ration très foncée, pas de calcul (n00 gr.). .Rate normale

30 gr.). - L'estomac contient un liquide sirupeux et quelques

débris alimentaires. Intestin et vessie, rien de particulier.

En-somme la cause de la -mort est due à l'introduction d'ali-

ments liquides dans les voies aériennes :

Tête. Os du crâne minces et durs ;,la coupe de la calotte

ressemble au contour d'une rosace. La suture inter-frontale

est complètement ossifiée mais les dentelures de toutes les

autres sutures sont très apparentes à l'extérieur et à l'inté-

rieur. Les os offrent de nombreuses plaques transparentes

formant environ la moitié de la superficie de la calotte. La

base est symétrique, sauf la cavité occipitale droite qui est

plus petite que la gauche. A l'incision de la dure-mère, qui

est saine, il s'écoule environ 60 grammes'de liquide céphalo-

racliidien.

Encéphale : 750 grammes. Artères de la base, chiasma,

bandelettes optiques, tubercules mamillaires, pédoncules,

protubérance, etc., symétriques. - Cervelet et isthme, 130 gr.

Hémisphères cérébelleux, normaux, égaux.

Hémisphère gauc.he. La 101'0 frontale, assez sinueuse, est

-composée d'un double pli avec des sillons superficiels. Elle

s'insère sur la frontale ascendante par deux insertions volu-

mineuses séparées par un simple sillon ; la supérieure fait

.partie du bord convexe de l'hémisphère : elle n'envoie aucun

pli de passage à la circonvolution frontale dont elle est séparée

par un sillon sinueux et profond. La 2e frontale se confond

presque complètement à son origine avec la troisième, puis

.elle en est. séparée par un sillon assez profond, et envoie un

pli de passage à la 3°; au-delà elle s'insère par un pli contourné

sur la circonvolution frontale ascendante. Tandis que la i 1'0

frontale est arrondie et unie, la 2mo est chagrinée par places,

froncée, et dans d'autres a l'apect presque normal. Les sillons

sont rectilignes, superficiels, à bord rectangulaires, La 31uo

frontale est très large, sans pli, avec deux sillons superficiels,

plissée dans la plus grande partie de son étendue; insertion

très large sur la frontale ascendante. La frontale ascen-

dante est très irrégulière (4 cent. 1/2 à peine de hauteur) ; sa

17 i Description DU cerveau.

direction est verticale. Surface un peu plissée. Deux sillons

superficiels. Le sillon de Rolando monte à peu près verti-

calement et est légèrement incurvé à ses extrémités. En

arrière se trouve une masse un peu irrégulière de 3 centi-

mètres de large sur 3 de haut ; puis, répondant à l'extrémité

postérieure, on trouve une circonvolution sinueuse qui paraît

répondre au lobul pariétal supérieur.

En arrière de l'extrémité postérieure de la scissure de Syl-

vius, on voit une dépression irrégulière, profonde de 5 à 10

millimètres, de forme elliptique, mesurant 3 millimètres

d'avant en arrière et 10 millimètres dans sa plus grande lar-

geur. Les parties de circonvolutions, qui forment le fond de

cette dépression, sont fusionnées entre elles et nettement

séparées des circonvolutions supérieures par un sillon profond

dans lequel celles-ci viennent aboutir après s'être en quelque

sorte enroulées pour former le bord supérieur de la dépres-

sion. Le pli supérieur est simple et s'arrête avant d'arriver

à la pointe occipitale, le second, plus volumineux, décrit une

courbe à concavité supérieure, va jusqu'à la pointe occipitale,

se recourbe en bas en s'élargissant, et se termine sur un sillon

rectiligne. De sa partie moyenne se détache une bifurcation

qui va jusqu'à la pointe occipitale et se recourbe pour faire

partie du bord occipito-temporal de l'hémisphère. Le troisiè-

me se bifurque, envoie un pli qui s'arrête brusquement sur la

terminaison de la bifurcation du second pli dont il vient

d'être parlé ; l'autre branche de bifurcation descend presque

verticalement sur le bord inférieur de l'hémisphère. C'est sur

lui que vient en quelque sorte s'appliquer le lobe temporal que

l'on peut considérer à part. L'ensemble de ces trois plis,

sauf de la dernière bifurcation, est à peu près normal; les sil-

lons qui les séparent sont superficiels.

Le lobe temporal se compose : 1° d'une circonvolution

ovoide dans sa moitié antérieure, où elle a une largeur maxi-

mum de 17 millimètres et une longueur de 4 à 4 cent. 42; puis

elle se termine en une sorte de queue sinueuse qui vient s'in-

fléchir pour border le bord inférieur de l'extrémité inférieure

de la dépression ombiliquée. Cette dernière partie est ridée.

De la pointe du lobe temporal part une autre circonvolution

qui va horizontalement d'avant en arrière jusqu'à l'extrémité

inférieure du lobe temporal. Entre cette circonvolution, qui

est probablement la troisième circonvolution temporale, et la

première, existe un espace triangulaire qui est comblé par

une circonvolution épaisse, chagrinée, qui se termine au-des-

Description DU cerveau. 175

sous de la queue de la première circonvolution temporale pour

constituer la partie moyenne du bord inférieur de la dépres-

sion ombiliquée.

Le lobule de l'insula présente trois digitations dont les deux

antérieures sont bifurquécs.

Face interne.-La première circonvolution frontale est net-

tement dessinée et présente plusieurs sillons tout à fait superfi-

ciels.Le lobe pariétal, qui se confond en avant avec la première

circonvolution frontale, est très irrégulier, comme tortillé. La

scissure calloso-m : lrginalc, nette, peu profonde, est composée

de bords rectilignes. La corne d'Ammon ne présente aucun

pli. Le lobe quadrilatère est volumineux et composé de plis

peu sinueux, séparés par des sillons superficiels. La scissure

pariéto-occipitale est assez profonde, mais très étroite.

Cuneus petit. La scissure calcarine est peu profonde et

étroite. La scissure de l'hippocampe, unie, se termine un

peu en forme de massue. Le ventricule latéral n'est nulle-

ment dilaté ; il est plutôt étroit. La couche optique et le corps

strié paraissent réguliers.

Hémisphère droit. L'une des photographies représente

la face convexe avant l'enlèvement de la pie-mère. Elle mon-

tre également le cercle formé par le retrait de l'arachnoïde qui

comblait le cratère dont nous allons parler. En détachant la

pic-mère, on s'aperçoit qu'au niveau de l'extrémité postérieure

du cratère, elle se replie dans l'intérieur de la cavité et

semble se confondre avec la membrane de cette cavité. Ce qui

frappe tout d'abord, c'est que l'insula est complètement décou-

vert-, qu'au-dessus de son extrémité postérieure existe une

dépression irrégulière, et qu'au-dessus de celle-ci et de la

dernière digitation de l'insula existe un orifice elliptique mesu-

rant 3 cent. dans sa plus grande longueur d'arrière en avant,

et 1 cent, de largeur. Cette cavité répond à la corne temporale

du ventricule latéral.

La 1,,e frontale, volumineuse, est composée de plis transver-

saux à son origine, ensuite de deux plis antéro-postérieurs

d'abord séparés par un sillon superficiel, puis en quelque

sorte soudés. Le dernier de ces plis, qui répond à la 2e frontale,

est séparé en masses quadrilatères par des sillons tout à fait

superficiels et ces masses sont ridées. FI envoie à son origine

un pli de passage à la 3°. Elle est ridée en arrière. La 3 fion-

tale, volumineuse, lisse à son origine, plissée ensuite, vient

176 Description DU cerveau.

se confondre complètement avec la masse de la circonvolution

frontale ascendante et pariétale ascendante. Son bord inférieur

est comme refoulé au bout, laissant ainsi à découvert le lobule

de l'insula.

La masse de la frontale et de la pariétale ascendantes est

irrégulière, séparée par un sillon presque rectiligne, seule-

ment dans son tiers supérieur. Dans leur moitié inférieure ces

circonvolutions limitent la paroi antérieure de la dépression

que nous avons signalée au-dessus du lobule de l'insula.

En arrière des circonvolutions frontale et pariétale ascendan-

tes existe un sillon, en arrière duquel on trouve : 1° le long du

bord supérieur de l'hémisphère une masse quadrangulaire;

2° au-dessous d'elle, une masse allongée descendant jusqu'au

bord inférieur de l'hémisphère où elle reçoit en avant le lobe

temporal; 3° en arrière de ces deux masses, une masse trian-

gulaire répondant au lobe occirital. v

Le bord inférieur de la première est assez net et limite en

avant le cratère que nous avons décrit au-dessous et en arrière

de l'insula. Le bord antérieur de la seconde limite la partie

postérieure de la perforation. Ces différentes masses sont plis-

sées par places et parcourues par des sillons qui les subdivi-

sent.

Le lobe temporal se compose d'une masse ovoïde, séparée

en avant et incomplètement par un sillon longitudinal de ce

qui paraît être la circonvolution de l'hippocampe. Il présente

quelques plis transversaux superficiels. Son bord supérieur

limite en bas la perforation. Ce bord est constitué par une

sorte de bourrelet de deux centimètres de diamètre.

Le lobule de l'insula est complètement à découvert, irrégu-

lier, et offre quatre digitations : la première très courte ; la

deuxième assez longue, bifurquée ; la troisième très irré-

gulière avec une bifurcation incomplète ; la dernière,

postérieure, est la plus large. C'est au-dessus d'elle que com-

mence la dépression située au-dessus de la perforation. Cette

digitation, par son bord postérieur, limite la perforation. La

dépression dont nous avons décrit les bords, présente dans

son fond une sorte de circonvolution qui monte verticalement,

puis, au bout de 3 centimètres, se courbe en S pour venir

s'insérer à la masse des circonvolutions frontales et pariétales

ascendantes. Elle est coupée de rides transversales, et, dans

sa partie recourbée, est plus blanche et comme mamelonnée.

Quant à la perforation elliptique, dont nous avons parlé, elle

laisse voir dans son fond une masse elliptique, blanche, arron-

POTIEXCÉPHALIE vraie. 177 î

die, qui va obliquement de bas en haut, de son extrémité

antérieure à son extrémité postérieure. En arrière existe une

cavité qui parait faire partie de la corne occipitale du ventricule

latéral.

Face interne. La 1 ? frontale se compose d'abord d'un

pli antéro-postérieur qui, en avant, s'infléchit en hauteur.

Elle est doublée dans une longueur de 2 cent. 1/2 par un pli

plus petit dont la sépare un sillon assez profond ; l'un et l'autre

à leur extrémité supérieure sont séparés du reste de la cir-

convolution par un pli transversal assez profond. Au-dessus

de cette partie, petite misse irrégulièrement quadrilatère de

15 à 20 millimètres, au-dessus de laquelle il y a un nouveau

sillon transversal. A partir de là, le long du bord supérieur

de l'hémisphère, existe une circonvolution qui à 75 millimètres

de long, un pli antéro.postérieur on avant assez profond et

trois plis transversaux tout à fait superficiels en arrière. Son

extrémité postérieure est limitée par le sillon prolongé sur la

face externe et que nous avons décrit en arrière de la masse

des circonvolutions ascendantes, frontale et pariétale. Cette

masse longitudinale nous paraît répondre à une partie de

la circonvolution frontale ascendante et au lobule paracen-

tral.

Scissure catloso-n2atyizate assez profonde. CO/'ne d'Am-

mon non sinueuse ; elle envoie un pli à l'extrémité postérieure

de la masse formée par la lro frontale et le lobule paracentral.

En arrière, on trouve une masse quadrilatère, le lobule qua-

drilatère, qui présente des plis superficiels dans le sens de la

hauteur.

Le sillon 2),i ? ,iéto-occil)ital est profond. Cuneus en partie

confondu avec le lobe occipital de telle sorte que la scissure

calcarine est incomplète. Les plis qui composent le cuneus

et le lobe occipital sont très sinueux et se replient pour con-

verger vers le même point, formant ainsi une sorte de tour-

billon. Un sillon assez creux sépare en avant le lobe occipital

de la partie postérieure du lobe temporal.

La circonvolution de l'hippocampe est en partie confondue,

comme nous l'avons vu, avec la 1° temporale. La partie anté-

rieure, répondant à la corne d'Ammon, forme une masse arron-

die, uniforme.

La couche optique semble assez régulière. La cloison cache

en grande partie le ventricule latéral. 11 faut l'enlever pour

voir ce ventricule, le corps strié et la face interne de la perforé

Bourneville, Bicêtre, 1891. 12

178 Description DU malade.

ration qui répond en avant à la corne temporale du ventricule

latéral. '

Il est très difficile, en se basant sur les renseigne-

ments qui nous ont été donnés, tant sur antécédents

du père et de la mère que sur la grossesse, de trouver

une cause plausible de l'arrêt de développement.

OBS. I. - POItTCUPII : 1LI vraie, congénitale, DOUBLE.

Sommaire. Idiotie complète. Autopsie : Droncho-pne1.¿-

munie. Double ]J01'eilcép/wlie. Thrombose double des veines

méningées. Congestion méningée surtout prononcée à

droite. Inégalité de poids des hémisphères cérébraux.

Pot.... Ernest, cinq ans, entré à Bicêtre le 11 août 1883 (ser-

vice de M. Bourneville), est décédé le 16 janvier 1884.

Etat actuel. Bosse pariétale gauche plus saillante de l'oc-

ciput est également plus saillante. Pavillon de l'oreille normal.

- Front et nez bien proportionnés. Les bosses frontales ne

font aucune saillie et le nez se continue directement avec le

front. Rien de particulier aux arcades souroillières. Bouche

large de 4 centimètres, continuellement ouverte. Pas d'asymé-

trie faciale. Voûte palatine aplatie. Dentition de lait. Progna-

thisme supérieur très prononcé. Articulation très défectueuse.

Tartre dentaire. Gencives ramollies et saignantes.

Voici les dimensions de la tête :

Description DU malade. 179

Réflexes rotuliens exagérés. Réflexe plantaire conservé. Les

4 membres exécutent des mouvements spontanés, mais en

général peu étendus. Sensibilité conservée partout. Testicu-

les descendus, un peu plus gros qu'un grain de café. La verge

n'est pas plus développée que celle d'un foetus à terme. Pas

de contractures. Impossibilité de la station assise. L'enfant

ne se tient pas sur ses jambes et ne porte rien à sa bouche.

6 septembre. Eruption varioliformc, guérie le 10.

29 décembre. - L'enfant est pris de fièvre. Il refuse de

manger. Dyspnée. Cris plaintifs.

1sus4. Du 1°r au 6 janvier. Face pâle et fatiguée. Plaintes

agitation. Pupilles égales, modérément dilatées, réagissant

bien à la lumière. Affaiblissement progressif. Diarrhée abon-

dante. Langue sèche et fuligineuse. Pas de vomissements.

Respiration gênée, Râles muqueux abondants. Toux fréquente.

Fièvre persistante. '

8 janvier. La diarrhée a cessé presque complètement.

Respiration encore sifflante. Râles humides moins étendus.

Appétit meilleur. Ecoulement purulent de l'oreille droite. A-

maigrissement progressif. Altération des traits. Face pâle,

plombée. Lèvres et langue sèches. Tête très chaude, voix é-

teinte, toux fréquente.

15 janvier. - La fièvre a toujours persisté aux environs de

39° et 40°. Râles sous-crépitants fines dans toute la hauteur.

Cyanose et maigreur croissantes. Eschai'es trochantériennes

et sacrée. L'enfant meurt le 16 janvier.

Autopsie le 18 janvier. Corps très amaigri.

Thorax. Péricarde sérosité en quantité normale.- Coeur :

Pas de lésions valvulaires. Poumon gauche : 100 gr.

Brouclio-pncumonie du lobe inférieur. Poumon droit : 170

gr. Mêmes lésions occupant tout le lobe inférieur et la partie

inférieure du lobe supérieur. Plèvre saine.

abdomen. Rate : 30 gr., normale, avec une petite rate

surnuméraire. Reins : 30 gr. chacun, normaux, un peu con-

gestionnés. Foie : 430 gr., sans lésion ainsi que la vésicule.

Légère congestion de l'intestin et des ganglions mésenté-

riques.

Tête. Crâne mince ; bosse frontale gauche moins arrondie

que la droite. Les fontanelles sont fermées. Les dentelures de

toutes les sutures sont très nettes aussi bien àl'intérieur qu'à

l'extérieur. Nombreuses plaques translucides. Ecoulement peu

180 Description DU cerveau.

abondant de liquide céphalo-rachidien. Caillot noir volumineux

dans le si nus longitudinal supérieur. La base parait symétrique.

Dure-mère normale. Congestion très prononcée par places

de la pie-mère de la convexité. Véritables plaques ccoli5-mo-

tiques, par exemple sur le lobe frontal et au niveau du pli

pariétal supérieur droit. A gauche, congestion moins pro-

noncée. Les veines méningées qui vont vers la scissure de

Sylvius droite sont distendues par des caillots blanchâtres en

grande partie. Thrombose des deux veines méningées qui

descendent vers le lobe frontal en suivant le bord supérieur

de l'hémisphère. Thrombose semblable des veines méningées

du lobe occipital. A gauche, thrombose d'une veine descen-

dant en avant du pli courbe. Pie-mère de la base normale

sans injection, sauf au niveau de l'origine du nerf olfactif

droit. Nerfs olfactifs et optiques égaux. Bandelette optique

gauche plus petite que la droite. Tubercule manucure gauche

bien plus petit que le droit. - Pédoncule cérébral gauche plus

petit que le droit. L'atrophie porte principalement sur la partie

postérieure.

La protubérance est petite et plus bombée à gauche qu'à

droite . La pyramide antérieure gauche n'est pas aussi dis-

tincte que la droite ; elle a une coloration légèrement grise.

Les deux olives sont égales.

Encéphale : 760 gr. L'hémisphère cérébral gauche pèse

110 gr. de moins que le droit. Cervelet et isthme : 100 gr. ;

rien de particulier à l'oeil nu. L'hémisphère cérébelleux

droit pèse 15 gr. de moins que le gauche.

Hémisphère gauche. - Sa face convexe présente à

sa partie moyenne une dépression très étendue, allant de

la partie postérieure du lobe frontal au lobe occipital.

Le cerveau étant encore recouvert de la pie-mère, cette

membrane masque la dépressiou snr laquelle elle est tendue

comme un voile. La pie-mère à ce niveau est d'un gris terne,

laissant à peine apercevoir par transparence les parties sous-

jacentes. Elle est peu vascularisée. Une fois la pic-mère

enlevée, on trouve au centre de la face convexe une cavitéen

forme d'entonnoir dont la base répond à la convexité et dont

le fond s'avance un peu dans le ventricule latéral. La base de

l'entonnoir mesure 53 millimètres d'avant en arrière et de haut

en bas. Le bord de la base est formé par des circonvolutions

qui, au lieu de continuer leur déviation curviligne pour former

lapartie lapins convexe de l'hémisphère, se replicutendedans.

Les parois de l'entonnoir sont formées par ces circonvolutions.

Description du cerveau. 181

Le fond de l'entonnoir est nettement limité par un bord, d'où

semble partir une membrane blanche, formant ourlet sur les

circonvolutions, qui faitparlie de la cavité ventriculaire, et se

replie dans sa moitié supérieure. Elle forme uncsorte de voile

dans le ventricule latéral, laissant en avant un orifice semi-

lunaire de 30 millimètres sur 7 millimètres. Cet orifice est

comblé par une masse grisâtre qui est probablement le corps

strié. De l'autre coté de la membrane se trouve une autre par-

tie du corps strié et la couche optique. Celte membrane laisse

entre elle et les masses grises un petit espace de 1 il 2 milli-

mètres. Partout ailleurs elle est adhérente.

La partie périphérique déprimée a une étendue de deux

centimètres environ et forme une sorte d'anneau, constitué

par les circonvolutions qui sont comme repoussées vers la face

inférieure de l'hémisphère. Toute l'étendue de l'excavation

présente nne coloration blanche et se compose d'une série de

parties, alternativement saillantes et rentrantes. A la partie

inférieure se voit une masse de substance blanche, volumi-

neuse, arrondie, qui paraît correspondre aux ganglions céré-

braux. En avant de celle masse existe une autre saillie ter-

minée en arrière par un bord mince et tranchant qui n'adhère

pas au noyau précédent. Tout à fait à la partie inférieure,

l'excavation est percée d'un orifice irrégulier assez facile à

apercevoir et qui vient aboutir sur la face interne de l'hémis-

phère à sa partie inférieure. En résumé, on trouve le lobe fron-

tal et le lobe occipital à peu près intacts, ainsi que la corne

sphénoïdale ; la partie moyenne de l'hémisphère est profondé-

ment dégénérée, surtout à son centre qui parait formée par la

cavité largement ouverte au centre du ventricule latéral. Les

parties blanches qui existent à ce niveau sont les parois de

ce ventricule plus ou moins déformées.

Le lobe frontal et la frontale ascendante forment une masse

irrégulièrement quadrilatère, où il existe des sillons superfi-

ciels qui ne séparent pas nettement les circonvolutions. Celles-

ci ont une disposition ascendante du bord inférieur du lobe

au bord supérieur. Là elles se replient sur la face interne en

formant une sorte d'encoche profonde au détriment de la face

interne de la première frontale. On distingue à peine la fron-

tale ascendante des trois autres. Le sillon profond qui existe

en arrière de la circonvolution frontale ascendante est irré-

gulier. En arrière de ce sillon, on trouve de petites circonvo-

lutions transversales qui se replient sur la face interne, où el-

les aboutissent toutes obliquement à unc sorte de dépression

182 PSPUDO-POIR);NCPfIALILr.

ombiliquée répondant à la partie moyenne du sillon calloso-

marginal. Les sillons qui les séparent, sauf deux, sont super-

ficiels.

Tandis que le lobe frontal mesure 5 centimètres de long,

cette seconde partie en mesure 5 1/2. Elle est séparée de la

partie postérieure du cerveau par un sillon irrégulier, assez

profond. Toute cette partie de l'hémisphère, située en arrière

de la cavité, aune forme triangulaire convexe, mesure 6 centi-

mètres d'avant en arrière, et se compose de circonvolutions

relativement beaucoup plus volumineuses, séparées par des

sillons profonds à direction tortueuse et antéro-postérieure

comme celle des plis.

Le lobe temporal mesure près de 5 centimètres de long et

2 1/2 de haut et se compose de petites circonvolutions obliques

d'avant en arrière et de bas eu haut. Elles se dirigent vers

le bord inférieur de l'entonnoir après avoir formé une partie

de sa paroi. Entre le bord inférieur du lobe frontal et la pointe

du lobe temporal, existe une dépression large et longue d'un

centimètre 1/2. C'est l'origine de la scissure de Sylvius; c'est

ce qui remplace le lobule de l'insula.

Face interne. On y trouve l'encoche formant une sorte

de dépression froncée. Cette encoche sépare la circonvolution

frontale en deux parties. En arrière de l'encoche, on trouve

encore deux replis venant constituer sa partie postérieure et

faisant partie l'un du lobe frontal de la face convexe, l'autre

de la partie intermédiaire entre le lobe frontal et le lobe pos-

térieur. Toutes les circonvolutions de la face interne, qui cor-

respondent au dit lobe intermédiaire, affectent : les antérieures

une direction oblique d'avant en arrière et de haut en bas,

les postérieures une direction oblique de haut en bas et d'ar-

rière en avant. Elles aboutissent à la partie moyenne du sillon

calloso-marginal, en formant une sorte d'ombilic. En arrière

de ces circonvolutions obliques, nous trouvons ce qui doit

être le lobe quadrilatère. Il se compose d'abord d'un pli ascen-

dant, puis de deux plis à direction antéro-postérieure, enfin

d'un pli à direction ascendante. Le sillon calloso-marginal

part de l'extrémité inférieure de la grande encoche frontale.

II est d'abord réduit à une sorte de fissure, puis il s'élargit un peu.

Le cuneus manque dans sa partie antérieure et ne présente

pas un sillon. En arrière du lobe quadrilatère, nous trou-

vons la scissure pariéto-occipitale, large et profonde, sans un

seul pli de passage.- La scissure calcarine est peu profonde.

Le lobe occipital est relativement régulier.

Description DU cerveau. 183

La circonvolution de l'hippocampe est assez volumineuse.

La corne d'Ammon est régulière. La lime temporale est

assez volumineuse, assez distincte eu arrière, mais confondue

en avant avec la 31110 et la 2 ? qui se portent obliquement

vers la grande cavité infundibuliforme.

Hémisphère droit. Face convexe. - Lobe frontal : Il se com-

pose d'une masse, de forme ovoïde, de circonvolutions à

bords sinueux. Un sillon profond sépare cette masse d'une

seconde, composée de circonvolutions qui ont une direction

transversale de haut en bas, d'avant en arrière pour les anté-

rieures et un peu d'arrière en avant pour les postérieures.

Elles sont séparées par des sillons profonds, très serrés,

presque rectilignes. Un sillon large et profond sépare cette

deuxième masse de la moitié postérieure de la face con-

vexe.

La moitié postérieure peut être divisée en deux parties par

un sillon antéro-postéricur. sinueux, profond et large, à égale

distance du bord supérieur et du bord inférieur de l'hémis-

phère. La partie supérieure est composée de circonvolutions

dirigées verticalement en avant et obliquement en arrière

vers la partie postérieure de la scissure de Sylvius. La partie

inférieure comprend le lobe occipital avec des circonvolu-

tions volumineuses, contournées, puis un groupe central de

petites circonvolutions irrégulières, enfin une circonvolution

assez grosse constituant l'angle postérieur de la scissure de

Sylvius.

Le lobe temporal se compose d'abord de quatre plis assez

gros, se dirigeant de bas en haut et d'avant en arrière pour

aboutir à la scissure de Sylvius, puis de circonvolutions irré-

gulières à direction antéro-postérieure.

La scissure de Sylvius est tout à fait irrégulière. Presque

normale d'abord, à son origine antérieure où le lobule de l'in-

sula présente l'aspect d'une masse bombée avec trois digita-

tions irrégulière, elle devient bientôt tout à fait irrégulière,

s'élargit considérablement jusqu'à 4 centimètres en arrière.

Enfin elle se termine par un orifice qui communique avec la

paroi ventriculaire. Cet orifice, de même qu'à gauche, est

l'aboutissant d'une sorte d'entonnai,' dont les parois sont fro-

mées par les ci ['cOI1\'olu lions de la face convexe, qui se replient

sur le lobe orbitaire. On trouve sept petites masses faisant

partie des circonvolutions et se présentant comme de petites

verrues.

184 PSUDO-POR1;\CGPFIALI.

La, cavité infundibuliforme a une base triangulaire, mesu-

rant environ 3 cent. 1/-2 ; son sommet répond à la partie pos-

térieure de la scissure de Sylvius.

Le lobule cle d'insula, à son origine, offre deux digitations,

puis l'on trouve une sorte d'ourlet qui l'interrompt et à partir

duquel on rencontre une surface mamelonnée blanche, qui se

dirige vers le fond de l'entonnoir et par conséquent du ven-

tricule.

L'orifice circonscrit par les circonvolutions a un aspect tri-

angulaire ; l'entonnoir plonge dans l'hémisphère et aboutit i

un orifice ovalaire situé immédiatement au-dessus de l'origine

de la queue du corps strié, sur la paroi externe du ventricule

latéral.

Face interne. On trouve d'abord une masse quadrangu-

laire de 3 cent. 1/2 de large sur 2 cent, 1/2 cle haut, composée

de quatre plis irréguliers, se dirigeant obliquement d'avant

en arrière et de haut en lias. Un sillon profond va s'aboucher

avec le premier sillon décrit sur la face convexe en produi-

sant une encoche profonde sur le bord convexe de l'hémis-

phère. Les sillons sont très superficiels. On voit sur ces circon-

volutions deux petites saillies verruqueuscs -comme celles du

lobe orbitaire.

En arrière se trouve une autre masse quadrangulaire de 2

cent. 1/2 de large suri cent. 1/2 de haut, limitée en bas par

le sillon dont nous venons de parler, en haut par un sillon

profond, mais qui n'aboutit pas au sillon calloso-marginal.

Cette masse offre de petits sillons superficiels. Les deux pre-

mières masses semblent correspondre à la 1"' frontale. Vient

ensuite une masse allongée, ovoïde, correspondant au lobule

paracentral. Ce lobule présente trois sillons superficiels.

La scissure calloso-7nai'rinale, au niveau des premières mas-

ses frontales, est tout à fait superficielle et même en avant

se réduit à une ligne. Le lobe quadrilatère a 4 centimètres

en travers, 3 en hauteur, et offre des plis à bords angulaires

et des sillons assez profonds. La scissure pn1'Ïc;lo-oeeijJi-

tale est très nettement dessinée, rectiligne. Un pli de passage

l'empêche de communiquer, en arrière de la couche optique,

avec le sillon qui sépare la circonvolution de l'hippocampe de

la 4c temporale. Le cuneus est assez volumineux. Ses plis

sont petits, ses sillons superficiels. La scissure calcarine

est bien dessinée dans ses 3/4 antérieurs. Elle est peu large

et assez profonde. Le lobe occipital se compose de circon-

PSEUDO-PODENctPHALOE. 185

volutions assez grêles, séparées par des sillons moyennement

profonds. -

La circonvolution de l'hippocampe est lisse. La corne cZ ? 1 11l-

mon est un peu déformée et un sillon profond la sépare, coin--

me nous l'avons vu, de la lit temporale qui est irrégulière. z

Le corps strié et la couche optique paraissent sains, normaux.

- Le ventricule latéral n'est pas dilaté. -

OBS. III. PSRUDO-POR1;\GI;PI-T1LI); UNILATÉRALE.

SOMMAIRE.Pas de renseignements. - Pseurlo-Po1'encépha-

lie gauche. -HénÚplélj'ie droite. -In(al'ctw5 pulmonaire.

Fat Antoine, âgé de sept ans, est entré à Bicêtre le

2t mai ')8S5 (service de M. Bourneville), et est décédé le 7

mai 1886. Pas de renseignements sur les antécédents héré-

ditaires ni personnels du malade.

27 mai. - L'enfant, hémiplégique à droite, ne marche pas,

ne parle pas, ne sait ni se laver, ni s'habiller. L'appétit est

médiocre, il mange ses excréments. Ne sait rien porter à sa

bouche; pas de bave ni de succion; pas de voracité, grand

gâteux. Pas de cris, pas d'accès de colère ; chantonnement

monotone ; rotation de la tête, grincement des dents, onanisme.

En le menant au bain, on s'aperçoit qu'il a une fracture du

fémur droit sans qu'il soit possible, malgré une enquête mi-

nutieuse, de découvrir la cause de cet accident.

')2 Juillet. Amaigrissement léger. Bon appétit. Erup-

tion vésico-pustuleuse, suivie de desquamation épidermique

sur le haut des cuisses.

Fiai actuel (17 novembre). Tête ovoïde, régulière. Bosses

frontales peu saillantes, la gauche plus que la droite. Bosses

pariétales peu saillantes. Arcades orbitaires saillantes seule-

ment dans leur partie externe. 1- eu : \ : g'l'is; pupilles contrac-

tées ; pas de lésions. Nez moyen. Bouche assez grande.

Lèvres mince5. - Menton pointu. Oreilles grandes, déta-

chées ; dentelure légère du bord libre à droite. Lobule demi-'

adhérent.

.186 DESCRIPTION DU malade. z

Cou très amaigri, court (22 cent.); polyadénites. Thorax

amaigri. Le rachis présente une déviation à concavité

tournée à gauche, à la partie supérieure de la région dorsale;

une autre, compensatrice, en sens inverse au-dessous.

Membres supérieurs. Paralysie du côté droit. Attitude

particulière du bras qui est écarté du tronc en formant un

angle droit. L'avant-bras est fléchi sur le bras et la contrac-

ture ne permet pas l'extension de l'avant-bras. Le poignet est

dans l'extension forcée sur l'avant-bras. La main est fléchie,

le pouce toujours en pronation dans la paume de la main.

Description DU cerveau. 187

Organes génitaux. OEdène et ulcération de la verge. Testi-

cules rencontrés vers l'anneau, gros comme un petit haricot.

Bourses rétractes et ulcérées. Bourrelet oedémateux cluprépus.

Gland non découvrable. Verge : longueur, h c., circonférence,

4 c. 1/2.

Cheveux châtains. - Croûtes d'impétigo du cuir chevelu.

Ulcérations à la base du nez. Cils blonds.

Sensibilités générale et spéciale normales.

1886. Ma ? 's. L'enfant dépérit de plus en plus. Le ventre

est énorme. Erythème généralisé du côté gauche sur lequel

l'enfant repose.

17 mai. - L'enfant meurt de cachexie progressive.

Autopsie le 18 mai. L'enfant est extrêmement amaigri.

- Les genoux, très saillants, sont ankylosés en demi-flexion.

Cou et tho2·aa. - Poumons : Infarctus de 1 cent. 1/2 carré

à la base droite, quatre infarctus assez volumineux à la base

gauche. Le reste est normal et les bords sont un peu emphy-

sémateux. Péricarde normal. Coeur 45 gr. : hypertrophie

du ventricule gauche. Valvules aortiques et mitrale suffisan-

tes. Aorte et coronaires normales.

Cou. Larynx normal. Corps thyroïde petit, sain.

Abdomens Foie 300 gr., d'aspect normal à la coupe. Vési-

cule pleine, sans calculs. Rate : 30 gr., dure, congestionnée.

Pancréas, vessie, testicules, estomac et intestin, rien de

particulier. Rein gauche : 45 g ? dur, d'apparence multilo-

bée, légèrement congestionnée. Trois petits kystes d'aspect

gélatiniforme, assez résistants, dans la substance médullaire

près du bassinet. Rein droit : 42 gr., moins lobulé que le

gauche normal.

Tête. Lavoïcte du crâne est très profonde, les sutures sont com-

plètement soudées; la surface interne est très bosselée, surtout

à droite. A gauche, la surface interne est lisse et correspond à

un hyste existant à la surface du cerveau. La base du crâne

est asymétrique. La fosse sphénoïdale gauche est plus pro-

fonne que la droite.

Cerveau. Il présente un aspect lisse et luisant. Il est re-

marquablement mou et s'affaisse sur la table. La décorticaLion

est presque impossible, car on enlève avec la pie-mère de

grands lambeaux de substance grise.

Hémisphère gauche. Beaucoup plus petit que le droit. I

offre sur sa face convexe un hyste qui s'y est creusé une vaste

loge en le détruisant sur une grande profondeur. Ce kyste

Description DU cerveau. 188

occupe tout le territoire de la sylvienne, sauf dans sa branche

antérieure. Les frontale et pariétale ascendantes, le lobe parié-

tal dans toute sa partie inférieure et la première temporale

sont détruits. Les circonvolutions restantes limitent la dépres-

sion du kyste en paraissant plonger dedans, comme cela se

passe dans les porencéphalies vraies. Mais en réalité, il n'en

est rien et l'on constate facilement due ce sont des sillons

naturels qui limitent la dépression et que les circonvolutions

qu'ils limitent de l'autre coté ne sont nullemcnt atteintes et

n'ont subi aucune déviation. On a donc affaire à un hyste con-

sécutif à une hémorrhagic ou à un ramollissement et non à un

défaut de développement de certaines circonvolutions et de la

substance blanche sous-jacente. Le fond du kyste est formé par

une mince couche de substance blanche recouverte d'une mem-

brane cclluleuse, très résistante, qui lui adhère intimement.

Cette couche de substance cérébrale est continue et, en aucun

point, il n'existe de communication arec le ventricule laté-

ral.

Lobe frontal. La 110 frontale est très développée. Elle se

termine en avant par un cap, où aboutit un sillon profond,

ante : ro-post8ricur, allant se perdre en arrière clans le kyste et

divisant la 1' frontale en doux parties, une supérieure et une

inférieure. La partie supérieure, très large, se divise bientôt

de nouveau en deux autres circonvolutions séparées par un

sillon, qui va également plonger en arrière dans le kyste.

En arrière de ce dédoublement, se trouve un 3 ? sillon assez

profond qui forme un angle saillant en avant et subdivise de

nouveau la Ire frontale en deux digitations, l'une formant le

bord supérieur de l'hémisphère, l'autre formant un bec qui

plonge dans le kyste.

Le dernier sillon contourne le bord de l'hémisphère et cir-

conscrit en dedans ce qui représente le lobule paraccntral.

La partie inférieure de la 1 ? frontale est étroite, sinueuse et

séparée de la 2t,le frontale par un sillon profond. La 2mc fron-

tale est sinueuse aussi et large on arrière où elle aboutit au

kyste et en bas se continue avec la 3 ? frontale relativement

peu développée, étroite, avec des sillons superficiels; elle est

assez développée en arrière cependant où elle plonge dans la

poche.

La scissure de Sylvius, très nette on bas et en avant, abou-

tit rapidement à la poche. Le sillon de Rolando n'existe plus

qu'à l'état de vestige en haut où il n'atteint pas le bord de

l'hémisphère. En arrière de la 1 ? frontale, le bord de l'hémis-

Description DU cerveau. 189-

plier présente une masse irrégulière, vestige probable de la

jrontale ascendante et, en arrière, séparée par le sillon de

Rolando, le vestige de la pariétale ascendante. Au-delà, on

trouve une masse de deux petites circonvolutions rayonnant

vers le kyste et se continuant sur la face interne. Au-dessous

d'elles, une grosse masse de circonvolutions repliées sur elles-

même et rayonnant également vers le kyste.

Le lobe occipital est relativement bien conservé et formé

par une circonvolution constituant la pointe du lobe et pré-

sentant un sillon oblique en haut et en avant qui aboutit au

kyste.

Le lobe temporal est assez complet en avant. On trouve

d'abord une circonvolution verticale aboutissant au kyste et

limitée en avant par la scissure de Sylvius, et en arrière par

un sillon profond qui la sépare d'une circonvolution plus volu-

mineuse encore, triangulaire et divisée en deux par un sillon

superficiel partant du bord inférieur de l'hémisphère. En

arrière se trouve une masse quadrilatère de circonvolutions

reliée par deux plis de passage à la masse précédente. Enfin

une circonvolution se continuant avec celles du lobe occipital.

Le lobe orbitaire est bien développé.

Face interne. La 1 "0 frontale est très large, parcourue

dans toute son étendue par des sillons qui la divisent en deux

en arrière, mais qui, en avant, sont surtout transversaux.

Le sillon calloso-marginal est sinueux, peu profond. La

circonvolution du corps calleux est normale, assez grosse,

simple en avant, subdivisée en arrière par de petits sillons

verticaux. - Le lobule paracentral est très étroit, séparée de

la 1 ? frontale et du lobule quadrilatère par deux sillons très

profonds. Le lobe quadrilatère est irrégulier et présente un

sillon oblique superficiel. Il descend jusqu'à la circonvolution

du corps calleux à laquelle l'unit un pli de passage.-Le cuneus

est petit, sillonné par de nombreux sillons irréguliers. Un sillon

profond, allant presque jusqu'à la fente cérébrale le sépare de

l'avant-coin. Le lobe temporo-occipital est bien développé,

avec des sillons très superficiels. Le corps opta-strié paraît

normal. - Le ventricule latéral n'est pas dilaté.

Hémisphère droit. -11'0 frontale peu large, très sinueuse,

irrégulière, insérée sur la frontale ascendante par un pied

étroit, au-dessus duquel elle se replie en S pour gagner le

bord supérieur de l'hémisphère. '2mo frontale, très clcvelop-

pée en arriére. Insérée par un pli assez étroit sur la frontale

190 Description du cerveau.

ascendante. Très sinueuse, réliée en avant par un pli de pas-

sage avec la 1" et la 3me frontales ; bien séparée de la '1 ? fron-

tale par un sillon profond. 3me frontale, très développée,

constitue la moitié inférieure environ du lobe frontal. Très

sinueuse, elle est séparée en deux parties par un sillon verti-

cal, qui rejoint en arrière le sillon qui sépare la 2mo de la 3me

frontale. La partie antérieure se continue en dessous avec les

circonvolutions du lobe orbitaire. La partie postérieure, qua-

drilatère, très sinueuse, est très développée. Elle est divisée

en deux par un pli vertical profond, aboutissant à la scissure

de Sylvius. Le cap est bien développé. En bas elle se conti-

nue sans ligne de démarcation avec le lobe orbitaire par un

pli très contourné et très saillant. '

La frontale ascendante est large et présente inférieurement

un petit sillon vertical d'un centimètre, et au-dessus deux

sillons transversaux qui la divisent presque complètement.

En haut,nouveau sillon vertical qui se coude à angle droit,

pour se continuer avec le sillon qui sépare la lr0 de la 2me

frontale. Au-dessus, elle se renfle et est de nouveau presque

entièrement coupée par un sillon transversal, qui passe sur la

face interne pour limiter en avant le lobe paracentral.

Le sillon de Rolando est profond, serré, formant une S ita-

lique allongée et s'arrêtant avant d'arriver au bord supérieur

de l'hémisphère. La scissure de Sylvius n'offre rien de

particulier.

Lobe pariéiai. La pariétale ascendante est très large à sa

partie inférieure où elle a trois digitations, Au-dessus, sillon

profond, étroit, formant un angle saillant et la divisant en deux

circonvolutions accolées dans sa partie moyenne. Très élargie

au-dessus de ce sillon, elle, redevient simple et peu sinueuse

et se rétrécit pour aller former le lobe paracentral. Elle est

reliée au lobe pariétal inférieur par deux plis de passage. La

scissure interpariétale est très peu nette, très superficielle.

Les circonvolutions sont simples, peu sinueuses, peu nette-

ment séparées par des sillons très superficiels. Le lobule

pariétal supérieur est assez large et forme le bord supérieur

de l'hémisphère. Il est séparé en deux dans la partie anté-

rieure par un sillon superficiel, antéro-postérieur. Le

lobule pariétal inférieur, comprend une masse triangulaire

séparée de la partie moyenne de- la pariétale ascendante

par un sillon très peu profond, s'insérant sur la pariétale ascen-

dante par deux digitations au-dessous desquelles s'en trouve

une troisième repliée. En bas, cette masse est séparée par la

DESCRIPTION DU cerveau. 191

scissure de Sylvius, prolongée par un mince sillon, de la pre-

mière temporale. Elle est limitée en arrière par un sillon qui

la contourne et vient se continuer en bas avec la scissure par-'

rallèle. Cette masse représente le lobule du pli courbe. En

arrière se trouve une autre masse quadrilatère composée de

deux circonvolutions plus petites, une supérieure quadrilatère

en arrière, trapezoïde en avant, et une inférieure représentant

àpeu près le pli courbe, très sinueuse, en S italique, petite en

haut, très large en bas et séparée du lobe temporal par un sil-

lon étroit continuant la scissure parallèle.

Lobe temporal. - La première temporale est très dévelop-

pée, divisée en deux en avant par un sillon vertical de deux

centimètres, continue en arrière avec le lobe pariétal inférieur.

Scissure parallèle profonde et large. La deuxième tem-

porale est bien développée, nette en avant, reliée par

deux plis de passage à la 3me temporale en arrière où elle

forme une masse commune avec cette 3"le temporale. Elle

est séparée du lobe occipital par un sillon assez net.

Le lobule de l'insu la constitué par deux circonvolutions :

une antérieure, grosse qui se divise aussitôt en deux plus étroi-

tes en formant un angle aigu rentrant, et une postérieure étroite

dirigée obliquement d'avant en arrière et de bas en haut.

Le lobe occipital est bien développé, ses circonvolutions

sont sinueuses, avec de nombreux plis de passage et des sil-

lons très superficiels et incomplets. Il est divisé en deux par-

ties, une supérieure et une inférieure, par un sillon horizontal

profond qui limite en bas une circonvolution très développée.

Le lobe orbitaire et le gyrus reclus sont normaux. En

arrière, un sillon transversal profond limite en avant une grosse

circonvolution se continuant, comme nous l'avons déjà vu,

avec la partie postérieure de la 3""= frontale.

Face interne. - La l10 frontale est bien développée, très

sinueuse. Sillon callo : ;o-miJT;}in;11 très profond, dentelé.-

Circonvolutions ch corps calleux bien développée. -Lobllle

paracentral mal limité en avant. Le sillon de Rolando pénè-

tre à peine sur la face interne et est très superficiel. Il est situé

tout à fait en avant du lobule. Lobule quadrilatère normal,

bien développé, séparé du cuneus et du lobe occipital par un

sillon vertical très profond. Cuneus très développé, com-

posé de deux circonvolutions, une antérieure et inférieure tri-

angulaire se continuant en arrière avec la supérieure plus grêle

formant le bord supérieur.

1J2 PEUDO-POREXCÉPHALIE unilatérale.

La 1me temporale n'offre rien de particulier. La ciacot2vclu

tion de l'hippocampe est lisse, unie, peu sinueuse, se conti-

nuant en arrière avec le cuneus. Corps opto-strié normal

ainsi que la corne LL ? 1a72)t20at. - Fentricule latéral non dilaté.

OIIS. IV. PSEUDO-YOItENCPH : ILIE UNILATÉHALE.

Sommaire. Père, suicidé. Grand'mère, hystérique. Mère,

névralgie faciale. Grand'mère, hémiplégie. - Soeurs, con-

vulsions. Premières convulsions à trois jours, limitées à

un côté; hémiplégie consécutive : atrophie et déformation

des membres, épilepsie sept.a.vs. Diphtérie, paralysie

du voile du palais, con.eslioa22tclmoataire, 1n0a'l. -itclop-

sie : porencéphalie acquise gauche.

Régi... Paul, âgé de dix-neuf ans, est entré à Bicêtre (ser-

vice de M. Bourneville) le 8 février 1881.

.Antécédents. (Renseignements fournis par la mère de l'en-

fant). - Père, plombier, calme, sobre, s'est suicidé par pea2-

daison à cinquante-huit ans à la suite de mauvaises affaires.

[Père, mort du choléra. Mère, sujette jusqu'à la ménopause

à des attaques de nerfs, qui ontlaissé l'intelligence absolument

intacte. Une s<rLCa', morte à l'hôpital Saint-Louis à la suite

de l'ablation d'un bouton ( ? ) de la face. Une autre bien por-

tante, ainsi que ses eufauts. Pas d'autres névropathes dans

la famille.]

Mère, cinquante-quatre ans, blanchisseuse depuis la mort

de son mari, intelligente, calme, sujette à des lipothymies,

à des crises de névralgie faciale du côté droit; encore, mais

irrégulièrement réglée, a rendu une môle, il y a deux ans et

demi; maladive depuis deux ans. [Père, quatre-vingt-quatre

ans, sobre, encore très intelligent, bien portant. Mère,

morte hémiplégique. Treize frères et soeurs : deux sont en

bonne santé; les autres sont morts, l'un tué à la guerre

de 1870, une autre des suites d'une chute, une autre des

suites d'une couche, une autre poitrinaire, le reste on ne sait

de quoi, mais pas de maladies nerveuses. Pas d'antécédents

nerveux héréditaires dans la famille.] Pas de consanguinité.

Douze enfants : 1" une fille morte à neuf mois, de convul-

sions ; 2° une fille morte du croup à trois mois et demi ( ? ) ; 30,

4°, 5° des garçons morts en naissant à la suite de couches

Antécédents. 193

laborieuses; 6° un garçon, vingt-huit ans, bien portant; 7° une

fille, vingt-cinq ans, intelligente ainsi que ses enfants; 8° un

garçon, bien portant; 9° une fille, dix-neuf ans, intelligente;

10° une fille, dix-sept ans; 11° une fille, douze ans et demi; 12°

notre malade.

Notre malade. Grossesse bonne, un peu accidentée par les

émotions du siège pendant la guerre. -tlccoùchetneta.t à ter-

me, laborieux mais naturel. - il la naissance, asphyxie noire.

Allaitement maternel jusqu'à deux ans. C'est le 2° ou 3e

jour après la naissance qu'ont apparu les premières convutcl-

sions, sur les caractères desquelles on ne peut pas renseigner.

Ces convulsions se reproduisirent quotidiennement pendant

15 jours. Pourtant ce fut seulement à quatre mois qu'on s'aper-

çut de la paralysie cle la main droite qui tombait et ne se

maintenait pas comme l'autre. A un an, Paul devint propre;

il ne commença à parler et à marcher qu'à deux ans. Il a tou-

jours traîné la jambe droite. Jamais il n'a eu de tics, de cau-

chemars, de mauvais instincts, d'habitudes d'onanisme. Son

caractère était très affectueux, à part de rares colères. On a

toujours été obligé do l'habiller, toutefois, il sait manger pro-

prement. On l'envoya à l'école où il n'apprit presque rien.

Chez lui, il jouait et faisait des commissions. Sa santé habi-

tuelle était bonne. Il a eu la rougeole à trois mois. '

Tel était son état lorsque, à de 7 ans, il fut pris, sans

cause connue, d'accès d'épilepsie. Ceux-ci étaient très forts.

On en comptait quelquefois deux par jour, puis on passait en-

suite deux ou trois semaines sans en voir revenir. Il paraissait

y avoir une aura, car Paul s'écriait quelques secondes avant :

« Maman, mal, -0 ? l ? Partout ? C'est tout ce qu'on pou-

vait savoir. Aucun cri n'annonçait le début de l'accès ; la ri-

gidité aurait générale, et on ne sait si les secousses prédo-

minaient d'un côté. Pendant un certain temps, il écumait, t,

avait du sterlor consécutif, dormait après l'accès, mais ces ac-

cidents ont passé. Pas de miction involontaire, pas de phéno-

mènes psychiques ; pourtant quelquefois, en revenant à lui,

il pleurait ou riait aux éclats. Le saisissement produit parla

vue de son père aurait diminué l'intensité des accès. On attri-

bue la maladie aux émotions éprouvées pendant la grossesse.

Etal actuel. - Tête ronde. Crâne assez régulier, malgré

un léger aplatissement de la région pariétale droite et une

saillie assez accentuée de la région gauche; la région occipi-

tale est développée. - ,

Bourneville, 1'ü'.ê17'e, 1890, 13

194 'SBUDO-YOI(I : ( : l : l'II : 1LIE.

Description DU malade. 195

dans la rectitude. Pas d'athétose. La peau du membre para-

lyse parait plus rugueuse que du côté opposé ; elle est rouge

violacée, partir du coude ; les tissus de la main sont comme

boursoul1és. Aucune modification du système pileux. Le bras

paralyse parait au toucher plus froid que son congénère.

d96 ci PSUDO-POR1; ? ICliPIlALII;.

C'est un des rares cas observés par nous, dans lesquels la

température n'ait pas été plus basse du côté paralysé,

- Diphtérie. 197

1882. 22 février. Paul a èté pris dans la journée d'un

mal de gorge assez violent.

23 février. On constate une vive rougeur- du voile du

palais, des piliers, et sur l'amygdale droite une fausse mem-

brane épaisse qui la recouvre complètement; la douleur est

assez inten e à la déglutition ; les voies respiratoires sont

libres; pas de toux; état général assez bon. Traitement :

ipéca 1 g; gargarisme avec 4 de chlorate de potasse ;julep

avec 4 g1', d'extrait de quinquina et 50 g ? de rhum ; deux injec-

tions de 1 cenligr. de nitrate de pilocarpine chacune; quatre

cautérisations avec la solution citrique et phéniquée; inhala-

tions d'acide phonique; lait et bouillon. T. 11. 38", 4. Soir :

T.Il. 38-,4.

24 février. Nombreux fragments de fausses membranes

dans les vomissements; nuit assez bonne; même aspect de

l'amygdale droite ; nouvelles plaques sur les piliers postérieurs

des deux côtés et sur la face postérieure de la luette, adé-

nite sous-maxillaire à droite, mais peu considérable; voix

normale, coryza intense, toux rare, rien dans la poitrine; état

général assez bon. T.R. 3S°,S. Vomitif, ajouter 60 gr. de vin

de quinquina au traitement. Soir : T.R. 39.

25 février. Les fausses membranes persistent, mais sont

moins larges et moins nombreuses; pas d'exagération de l'adé-

nite ; aucune complication dans les voies respiratoires; som-

meil excellent; retour de l'appétit. Les injections sous-cuta-

nées de pilocarpine, provoquent une salivation abondante ;

on fera chaque injection de 15 gouttes au lieu de 10. Troisième

vomitif demain matin. T.It. 3S°,S. - Soir : T.R. 38°,6.

126 février. Pas de modification notable. T.R. 380. Soir; T.R.

3Sa,2.

27 février, L'état local et l'état général sont assez satis-

faisants ; les fausses membranes sont punctiformes; mais on

constate le début d'une 1)t-alysie du voile du palais; le lait

revient'par le nez et souille la lèvre supérieure. T.R. 38",4.

Soir : T.R. 38°

28 février. Même état. T.R. 38°. Un vomitif demain.

Soir : T.R. 38°

1« mars. Réduction des fausses membranes à une petite

ligne verdâtre siégeant à la partie supérieure de l'amygdale

droite; diminution du gonflement sous-maxillaire ; aucune

apparence de nouvelle complication : même état de paralysie.

T.ll. 380 - Soir : T.lt.3S°.

2 mars. La rougeur et les fausses membranes ont tota-

198 l'SEUDO-POfiE"CÍ;PII,\LTE.

lement disparu ; cessation des injections de pilocarpine. Con-

tinuation des autres prescriptions. T. It. 3^. - S : >in. T. Il .38".

3 mars. T. R. 37°.8. Soir. T. Il. 37".8.

4 mars. T. R. 37",8. La paralysie du voile du palais

persiste seule. Rejet des aliments par le nez, voix nasonne;e,

difficulté de soufflur une bougie et issue de l'air par le nez,

altération de la prononciation des lettres. Les labiales sont

prononcées distinctement.

5 mars. T. It. 37", 8. Soir : T. H. 37". (i.

G mars. T. R. 37", G. Soir : T. R. 37", 6.

7 mars. L'enfant est guéri, sauf encore un peu de para-

lysie, et pourra retourner bientôt en cla se :

28 mai. - R... a ou plusieurs accès ce malin. Hébétude,

abattement, langue sale, pâteuse, portant l'empreinte des dents,

Traitement : vomitif et purgatif.

16 juin. - L'enfant a eu 10 accès.

il juin. 8 accès dans la nuit. Ce matin, T. R. 39°. Il... est

abattu, les yeux sont hagards; il a eu des secousses. Large

eschare au niveau du grand trochanter droit. l'as de selles

depuis deux jours.

18 juin. L'enfant a encore eu des vertiges. T. R. 30°. Gâ-

tisme.

19 juin. T. Il. 39^. La face est légèrement le

pouls est régulier, rapide, à 110, mais peu résistant. Ventre

creusé en bateau, yeux excavés; sécrétion (les

conjonctives. Large eschare fcssiere à gauche; petites escha-

res trochantérienncs des deux côtés. l'as d'appétit. L'enfant

n'a pas eu d'accès hier ni aujourd'hui. - Soin : T. II. 40". Abat-

tement prononcé. Rétention d'urine pour laquelle on sondo

le malade ; l'urine ne contient ni albumine, ni sucre. Les mem-

bres sont dans la résolution; anesthésie plantaire. Potion

de Todd avec 4 grammes d'extrait de quinquina; lavement au

sulfate de quinine, 50 centigrammes. Ventouses sèches sur

la poitrine. Sinapismes aux membres inférieurs.

20 juin. Même état de dépression et d'abattement. La tem-

pérature, la respiration, le pouls ont augmenté parallèlement

de fréquence. Le malade n'a pas uriné et en le sondant on ne

retire que 15 centilitres d'urine. 11 ne parait plus reconnaître

ceux qui l'approchent. Les pupilles sont contractées, la bou-

che entr'ouverte, la langue très sèche. Face plombée, front

couvert de sueur. Iiaie méningitique très marquée. Coma

profond. - Mort, '

AUTOPSIE. 199

Voici le relevé des accès consignés depuis l'entrée :

200 PSI;UDO-FOI11;\I;PM : 1LIC.

de la base n'offrent pas de différence sensible à l'oeil nu. Les

pédoncules et les pyramides gauches sont beaucoup plus petits

qu'à droite, et moins sailanls. En raison de la chaleur, la

moelle est dans un état de ramollissement qui en rend la con-

servation impossible,

Hémisphère gauche. Face convexe. Tout le territoire de

la sylvienne est occupé par un hyste volumineux, qui s'est

creusé une loge aux dépens de la substance grise et blanche

de l'hémisphère et qui a détruit la partie postérieure de la 3°

frontale, la frontale ascendante sur presque toute son étendue,

ainsi que la pariétale ascendante, tout le lobule pariétal inft.\-

rieur, le pli courbe, les deux premières temporales. Cette poche

kystique a sa paroi externe formée par une membrane qui se

confond complètement avec la pie-mère, assez mince sur toute

son étendue. Au niveau de la substance cérébrale, au contraire,

cette membrane s'épaissit, adhère intimement à la substance

cérébrale dans les anfractuosités de laquelle elle pénètre.

Le fond de la poche est formé par cette membrane lisse, et

doublée d'une mince couche de la substance blanche qui la

sépare du ventricule latéral et des noyaux gris. Il n'existé

aucun orifice de communication avec le ventricule. Les limites

du kyste sont fort irrégulières, anfractueuses et formées par

des circonvolutions détruites, ne présentant pas d'arrêt net,

et ne plongeant pas dans la poche.

Lobe frontal. - La scissure du Sylvius et le sillon de Ro-

lando n'existent plus. On trouve la 1° frontale complète. Elle

est formée d'une grosse circonvolution sinueuse, réunie à là

en avant par un gros pli de passage et séparée sur le reste

de son étendue par un sillon profond. Un sillon assez net la

divisé en deux circonvolutions parrallèles dans sa moitié

antérieure. En arrière, elle s'insère par un pli de passage assez

étroit sur ce qui lui reste de la frontale ascendante. La 2°

frontale est très sinueuse, étroite en avant, très développée en

arrière. De profonds sillons transversaux la segmentent pres-

que complètement. L'insertion sur la frontale ascendante n'e-

xiste plus. La 3° frontale est détruite dans sa moitié posté-

rieure, quoique le malade n'ait jamais présenté d'aphasie. Et : e

est formée en avant par une petite masse bilobée, puis une

circonvolution repliée sur elle-même, dont la partie postérieure

à disparu.

Frontale ascendante. - Il n'existe que deux vestiges, l'un n

au-dessous de la première frontale, à demi détruit, et un

Description du cerveau. 201

au-dessus où s'insère la 1re frontale. Sillon de Rolando

réduit à une ligne coudée de 2 cent. 1/2. - Pariétale ascen-

dante réduite à son 1/3 supérieur. Pariétale supérieure assez

volumineuse, formée de deux masses', séparées par un sillon

Bifide au milieu, et distinct du lobe occipital, grâce à un profond

sillon. ' '

Lobe occipital. Il est formé d'une grosse -circonvolution

quadrilatère se continuant en arrière avec un petit pli qui

serpente au-dessous d'elle en se repliant sur lui-même, et tout

, à fait à l'extrémité postérieure du lobe, par une petite circon-

volution triangulaire qui est réunie au dessous avec la première

temporale.

Lobe temporal. - La première temporale est complètement

détruite dans ses 3/4 antérieurs et formée d'un pli simple qui

rejoint en arrière le lobe occipital. Il en est de même de la

deuxième temporale. - La troisième temporale est à peu près

conservée, surtout dans sa partie inférieure et, en arrière,

elle est presque séparée de sa partie antérieure par un angle

dans lequel vient s'encastrer la 2e temporale réduite à un

coin. "

Face interne. Première temporale très développée

surtout en bas et séparée en deux circonvolutions par un

sillon à digitations profondes de chaque côté. Au-dessus,

nouveaux sillons transversaux et antéro-postérieurs en forme

de T, fragmentant la circonvolution. Sillon calloso-marginal

régulier en avant, anfractueux en arrière. Circonvolution

du corps calleux régulière et mince en avant, très développée

et irréguliére comme le sillon calloso-marginal lui-même en

arrière. Lobe paracentral petit, peu net en avant, où il se

confond avec la partie postérieure de la le frontale. - Lobe

quadrilatère petit, trapézoïde en avant et séparé par un petit

sillon de la partie postérieure, quadrilatère, très développée,

divisée par un sillon vertical parlant du bord de l'hémisphère.

Cuneus peu nettement limité. Sillons superficiels. Pli de

passage se réunissant en haut avec les précuneus.

Scissure calcarinp très profonde allant jusqu'à la fente de

Bichat.

4e Temporale. Assez irrégulière comme diamètre, peu

séparée en avant de la circonvolution .supérieure, très nette-

ment au contraire en arrière par un sillon creux, bifide en

avant.

Lobe occipital formé de petites circonvolutions séparées

par des sillons étroits et peu profonds.

202 PSDUDO-POIiI;NCPII : 11,IT.

Circonvolution de l'hippocampe assez largo, unie, séparée

en deux à sa partie moyenne par le sillon dont nous avons

parlé pour la quatrième temporale.

Lobe orbitaire et ggrus reclus. Rien de particulier.

Corne d'Ammon petite, non sclérosée. Corps opto-strié,

rien de particulier. Ventricule latéral non dilaté.

Hémisphère droit. Face convexe. Lobe frontal. 11'e {J'on-

tale étroite, s'insérant directement sur la frontale ascendante.

Sinueuse en avant, elle se continue avec un pli très tortueux

appartenant h l.v 2e frontale, et le sillon qui la sépare de la 2.

frontale n'existe que dans ses 2/ : 3 postérieurs.

'le frontale très développée, surtout en arrière. On trouve ?

d'avant en arrière une circonvolution sinueuse se contournant

avec la 1 ? frontale, et séparée d'une autre inférieure qui se

contourne en avant, un peu avant d'arriver au bord antérieur,

pour se continuer avec la 3° frontale. En arrière de celte masse

se trouve un sillon assez marqué, vertical ; puis une autre masse

en forme de quadrilatère allongé verticalement et élargi en

haut, séparé par un sillon très profond d'une dernière masse

postérieure. Celte masse coupée, en doux par un sillon antero-

postérieur, qui divise transversalement la frontale ascendante,

s'insère largement sur cette frontale, au-dessus et au-dessous

du sillon. La 3 frontale est séparée de la '2" frontale par un

sillon, qui n'existe que dans les ` ? //3 postérieurs, large et pro-

fond. En avant, pli de passage sur la '2e frontale et circonvo-

lutions à peine marquées il la pointe antérieure du lobe. Très

large en arrière, elle est séparée presque complètement par

un petit sillon de la frontale ascendante, sur laquelle elle ne

s'insère due par un polit pli ;'¡la partie inférieure. - La /'nomtate

ascendante est très étroite en bas, elle est presque complète-

ment divisée au milieu par le sillon dont nous avons parlé à

propos de la deuxième frontale. - Le sillon de Rolando est

très sinueux. La scissure de Sylvius est large, peu prolongée

en arrière, sa branche antérieure peu distincte.

Lobe pariétal. Pariétale ascendante, normale, large en

bas, se rétrécit ensuite, pour s'élargir de nouveau dans sa

partie moyenne et enfin aboutir, en s'effilant, au bord supéri-

eur de l'hémisphère. Aucun pli de passage avec le lobe parié-

tal. Quelques sillons transversaux peu profonds.

Lobule pariétal supérieur assez bien développé, forme d'u-

une masse de circonvolutions assez sinueuses, mais peu sail-

lantes, se continuant en arrière avec une circonvolution ycrti-

Description DU cerveau. 203

cale qui arrive jusqu'à la scissure parallèle. Scissure in-

te°priét<2le assez étendue, très profonde en arrière. Lobule

du pli courbe bien développé. La scissure de Sylvius se pro-

longe presque jusqu'à la scissure interpariétale, le divisant

ainsi en deux circonvolutions. -Pli courbe séparé du lobule

du pli courbe par un sillon étroit; il est composé'de deux cir-

convolutions séparées par un sillon vertical qui rejoint la scis-

sure interpariétale. La circonvolution antérieure a une forme

de coin qui se noie dans la scissure parallèle et qui est divisé

en trois masses, une supérieure quadrilatère, une carrée au-

dessous, et une triangulaire en bas, séparées par des sillons

transversaux. La circonvolution postérieure se continue en

haut avec la pariétale supérieure et s'arrête en bas à la scis-

sure parallèle.

Lobe occipital. - Il se compose d'une masse irrégulière

comprise entre la scissure perpendiculaire externe et un

large sillon qui' la sépare des circonvolutions inférieures, les-

quelles sont unies, simples, étroites et verticales, au nombre

de trois. -

Lobe temporal. '11'e temporale assez courte, à peine

sinueuse, abouti' en arrière à la partie antérieure et inférieure

du pli courbe.

La scissure parallèle est large, anfractucusé, profonde.

La 2 ? temporale est développée, plus sinueuse que la pre-

mière et présente d'assez nombreux sillons tranversaux peu

profonds. - La 3" temporale n'est distincte qu'en arrière,

où elle se confond avec le lobe occipital. Lobule de

l'insula , rien de particulier.

Face interne. - Frontale interne bien développée; elle

forme en avant une circonvolution simple, offrant quelques sil-

lons superficiels, puis, dans son quart postérieur, présente un

petit lobule quadrilatère presque détaché du rente de la circon-

volution et séparée du lobe paracentral par un sillon très creux.

- Sillon calloso-marginal profond, formant une encoche pour

recevoir le lobule postérieur do la frontale interne. Lobule

paracentral bien développé, traversé par un petit sillon vertical

et un autre antéro-postéricur superficiel. Circonvolution

du corps calleux, simple et étroite en avant, s'élargit en

arrière. Elle est séparée de la partie postérieure par un sillon

qui se continue avec celui qui limite en arrière le lobule

paracentral. En arrière, elle se confond avec le lobule quadri-

latère.

Lobule quadrilatère très large, formé de trois circ.onvolu-

2Ô4 Porencéphalie ET pseudo-porencéphalie.

tions séparées par des sillons verticaux assez profonds, qui

aboutissent à un sillon en fer à cheval limitant la circonvo-

lution du corps calleux en arrière du sillon calloso-marginal.

Scissure calcarine très profonde.- Cuneus à peine marqué.

Le lobe occipital se compose d'une petite masse de cir-

convolutions séparées par un sillon étoilé à quatre branches.

Circonvolutions temporo-occipitales. La 1' est large avec

quelques sillons transversaux, superficiels. Une longue scis-

sure étroite la sépare de la 2°. Celle-ci est unie, sans sillons

superficiels. La 3e temporale est bien visible sur la face

inférieure. Elle est divisée en deux parties presque égales

par un sillon transversal profond. Lobe orbitaire et gyrus

rëchts, rien de particulier. Corps opta-strié normal.

Ventricule latéral non dilaté (t).

Ces deux groupes, comprenant chacun deux cas, mis

en regard, nous montrent d'une manière évidente la

différence qu'ils présentent au point devueanatoniique

et au point de vue pathogénique et il suffit d'examiner

sommairement les photographies que nous mettons

sous les yeux du Congrès pour s'en convaincre. Nous

pensons donc pouvoir conclure que :

1° Il y a lieu de distinguer deux formes de porencé-

phalie : la porencéphalie vraie et la pseudo-poren-

céphalie.

2° La porencéphalie vraie est le résultat d'un arrêt de

développement, et est par conséquent congénitale; la

pseudo-porencéphalie est consécutive à un processus

destructif, probablement dû à un trouble circulatoire,

et survient soit pendant la vie intra-utérine, soit plus

tard.

3° Dans la porencéphalie vraie, il y a communica-

(L) On trouvera duns le Progrés médical, dans la thèse de notre ancien

élève le De Wtiiiliimié, et, dans les Comptes rendus de notre service de

Bicêtre (1880-1889) plusieurs observations analogues. Quelques-unes sont

accompagnées de planches ou de figures. (B.)

Considérations générales. 205

tion de la dépression avec le ventricule latéral. Dans

la pseuclo-porencéphalie cette communication n'existe

pas. Toutefois, cette absence de communication n'a pas

une valeur absolue, car on peut très bien supposer

que le processus nécrobiotique puisse détruire com-

plètement la substance cérébrale jusqu'au ventricule

latéral et établir ainsi une large communication avec

lui.

4° La disposition des circonvolutions a, au contraire,

une plus grande importance. Dans la porencéphalie

vraie, elles sont disposées en rayonnant autour du

porus .clans lequel elles plongent. Dans la pseulo-

porencéphalie, au contraire, les circonvolutions sont

.coupées irrégulièrement et les parties qui en ont été

respectées, n'ont subi aucune déviation dans leur direc-

tion.

5° La forme de la dépression est bien différente dans

les deux cas : dans la porencéphalie vraie, on a une

sorte d'infundilolum, quelquefois une simple fente ou

un orifice presque circulaire. Dans la pseudo-poren-

céphalie, on a une vaste excavation béante dont les

parois, au lieu d'être formées par les circonvolutions,

sont constituées par la substance blanche recouverte

par la membrane du pseudo-kyste qui lui adhère inti-

mement.

6° Malgré l'étendue relativement beaucoup plus

considérable de la pse2cclo-l.o°encéZhâ.lie, les phéno-

mènes psychiques peuvent être moins marqués que

dans la porencéphalie qui s'accompagne presque

toujours d'idiotie complète.

XI.

Nouvelle contribution à l'étude de l'idiotie

myxoedémateuse.

(Idiotie avec cachexie pachydermique) (1).

Par BOURNEVILLE.

En 1880, nous avons public dans le Progrès Illécli-

cal la première observation recueillie en France d'idio-

tie, où les caractères de la cachexie pachydermi-

que (rnyxoedème des auteurs anglais) étaient nette-

ment mis en relief. Il s'agissait d'un malade connu

sous le nom do Pacha, que MM. Charcot et Magnan ont

montré dans leurs cours. (M. Bourneville fait passer '

aux membres du Congrès les photographies prises de

1880 à 1886). Depuis lors, nous n'avons cessé de ras-

sembler des documents sur la question. En 1886, avec

notre ami, le regretté D'' P. Bricon, nous avons inséré

dans les Archives de neurologie un mémoire où nous

avons tracé en partie l'historique, complété l'observa-

tion du Pacha et relaté son autopsie, consigné l'obser-

vation d'un autre malade, Gr..., encore dans notre ser-

vice, que et reproduit toutes les observations des

auteurs nous avions pu découvrir (13 obs.).

Nous appuyant sur l'ensemble de ces faits, nous

avons rattaché l'idiotie myxoedémateuse àl'absence de

la glande thyroïde. A l'appui de notre opinion, nous

avons invoqué : 1° les lésions de la glande thY1'Oïde

rencontrées à l'autopsie des malades qui ont succombé

(Il Ce travail a été communiqué au Congrès annuel de médecine mentale,

session de Rouen, août 1890, p. 17.

Idiotie MYXOEDÉMATEUSE. 207

à la cachexie pachyclcrmiquc ; 2° les observations de

11lyxoeclèmc opératoire, c'est-à-dire du myxoedèmc sur-

venu chez les personnes auxquelles, dans un but thé-

rapeutique, on avait extirpé en totalité la glande

thyroïde ; 3° enfin, le 1H ! Jxoedèmc expérimental, déter-

miné chez les animaux par l'enlèvement complet de

la glande thyroïde (expériences de Schiff et cle IIorsley).

En 1888, nous avons rapporté deux nouvelles observa-

tions personnelles, une autre de M. le Dr Camuset et une

quatrième de M. le Dr Cousot (1). Au mois d'août 1889,

dans une communication à l'Association française pour

l'avancement des Sciences, nous avons fait connaître

cinq nouveaux cas personnels et 3 autres empruntés à

divers auteurs. Au mois de janvier de cette année,

nous avons publié (2) une autre observation concer-

nant un malade qui venait d'entrer dans notre service

et qu'on avait exhibé clans les foires sous le nom de

roi des Esquimaux. Nous vous faisons passer sous les

yeux les photographies de tous nos malades et celles

des malades des auteurs qu'il nous a été possible de

nous procurer.

Aujourd'hui, nous allons donner le résumé de 8

autres observations dont une nous appartient, com-

parer l'idiotie myxoedémateuse avec l'idiotie ordi-

naire et avec le crétinisme et nous terminerons en

vous traçant le tableau no.solJl'i1phique de cette forme

si curieuse de l'idiotie.

M. le docteur Norton Manning, professeur de psy-

chiatrie a Sidney, a communiqué l'observation sui-

vante au Congrès intercolonial de 1889, dont le compte

rendu nous est parvenu au mois d'avril dernier. Il

considère cette affection comme assez rare, «rare,

(1) "U'C¡Il1JCS de .veurolote, t. 1\'1, 1). ,11, t. \1-11, p. 8J-9u et Compte

rendu de Bicêtre pour 1888, p. 3.

(2) Ibidem, t XIX, p. lvi.

208 Idiotie MYXOEDÉMATEUSE.

en tout cas, en Australie, dit-il puisque c'est le pre-

mier et le seul cas que j'aie vu dans ma pratique de

20 années. » .

Observation I.

S. G..., zips ans, a été admise à l'asile d'idiots et d'imbéciles

de Newcastle (N. S. W.) en avril 1888. Son père, irlandais,

sobre, était laid, un peu courtaud et d'intelligence un peu

moyenne. La mère est morte en janvier lStip; elle avait joui

auparavant d'une bonne santé. Ni d'un côté, ni de l'autre, il

n'y aurait eu d'aliénés, d'idiots, d'épileptiques ou de syphiliti-

dues. S. G... et le sixième enfant. Ses cinq frères ou soeurs

sont bien constitués, bien portants et n'ont aucune faiblesse

d'esprit. t.

A la naissance de S. G..., ses parents n'ont rien remarqué

d'anormal. A l'âge de 8 mois, elle fit une chute de sa voilure

suivie de C017 vulsions qui continuèrent par intervalles assez

éloignés jusqu'à l'âge d'environ 3 ans. Elles étaient probable-

ment dues à la dentition. Les parents s'aperçurent graduelle;

ment que l'enfant avait quelque chose d'étrange, mais ils con-

naissaient bien ses imperfections avant l'âge de 3 ans et il est

probable que si la maladie n'est pas congénitale, elle a du

moins commencé de bonne heure.

Etat à rac ! m.).ss ! û. C'était un type de crétinisme sporadi-

.que ; sa taille, était cle 87 cent ? ), son poids de 25 k. 454. La cir-

conférence thoracique était de 70 cent. La figure était large,

ramassée et présentait un développement considérable de

graisse. L'abdomen était protubérant ; les jambes arquées et

tordues. Les bras, mesuraient 35 cent. de l'acromion à l'extré-

mité des doigts ; les mains étaient grandes et ridées comme

celles d'une personne âgée. Il n'y avait aucun signe qui .mar-

quât le développement du sexe, les seins n'offrant aucune

saillie et le pubis étant glabre.

La glande thyroïde ne paraît pas exister. Au-dessus des

clavicules, il y a des masses graisseuses.

La circonférence de la tète est de 55 cent. La distance

verticale de l'insertion d'une oreille à l'autre est de 30 cent.

La tète est brachycéphale, avec une saillie considérable delà

région occipitale. La face est plate, large ; les joues sont gon-

filées, pendantes; les yeux quelque peu écartés; la bouche

toujours entr'ouvcrte laisse voir la pointe de la.langue, qui est

IDIOTIE MYXOEDÉMATEUSE. 209

large et flasque. Les lèvres sont épaisses ; le nez est épaté et

difforme. Le palais n'offre rien d'anormal et les dents, quoique

mal rangées et en mauvais état, sont bien conformées. Les

oreilles sont longues, écartées, en forme d'ailes.

Le teint est terreux et blême, la peau ne peut être pincée

sans comprendre du tissu sous-cutané. Pouls à 88. Température

normale. La malade marche en se dandinant un peu. Elle se

sert de ses mains. Tous les sens paraissent normaux, mais la

perception est bien lente. La parole, monosyllabique et peu

compréhensible, est lente. S. G... prononce un certain nombre

de mots et dit le nom de tous les objets usuels. Elle reconnaît

un penny, mais appelle schelling toutes les pièces d'argent

sans distinction. Bien qu'elle sache que l'argent sert à acheter

des sucreries, des pèches et des bananes, elle n'a aucune idée

de sa valeur relative. Elle ne compte que jusqu'à 4, sait son

nom, son Age, mais rien de plus sur la vie. Sa tenue est bonne.

S. G... est incapable de s'habiller. Elle a conscience des be-

soins naturels et est portée à imiter. Son caractère est doux gai.

Une expérience de quelques mois a montré qu'elle était

susceptible d'éducation, quoique à un faible degré. Elle connaît

les habitudes de l'établissement et dit les heures des repas.

En résumé, son développement intellectuel est tout à fait

inférieur (fig. 8).

« Pour qui a voyagé dans le pays des crétins de la Suisse

et des montagnes de l'Himalaya, ou qui a vu des cas isolés

dans les hospices d'aliénés de France et d'Italie, ajoute M.

Manning, la ressemblance des cas sporadiques avec les cas

endémiques est très frappante, ce qui les fait reconnaître'

généralement comme appartenant à : la même famille. » Puis

il rappelle les principaux caractères de la maladie, signale

l'arrêt de développement sexuel, les pseudo-lipomes, l'absence

de la glande thyroïde, ce qui est de la plus grande difficulté à

diagnostiquer pendant la vie; la possibilité de l'éducation

« mais seulement jusqu'à un point très limité. » A force d'at-

tention et de soins on peut, dans la plupart des cas, leur

donner des habitudes de propreté et les soustraire au gâtisme

Ces réflexions sont tout à fait conformes à ce que nous avons

précédemment écrit. '

Dans la même session du Congrès intercolonial, le

D'' E.-C. Stirling, chirurgien de l'hôpital Adélaïde et

professeur à l'Université de la même ville, a fait connaî-

Bourneville, Bicêtre, 1800.

210 IDIOTIE MYXOEDÉMATEUSE.

tre les observations, au nombre de 6, qui lui étaient

personnelles. 5 d'entre elles appartiennent à la même

famille. Avant de donner un résumé de chaque cas,

nous allons exposer les particularités qui leur sont

communes.

Antécédents paternels. Père, 43 ans, occupant une bonne

position sociale, court, trapu, fort, sobre, non syphilitique,

intelligent; n'a jamais eu d'autre maladie due des accès pério-

diques de fièvre, revenant chaque année à l'époque des foins,

Son père est mort à 72 ans d'une maladie de la vessie,

Sa mère, âgée de 71 ans, est sujette à des rhumatismes et à

des bronchites. Il a eu 10 frères et soeurs (dont deux sont

.morts) sur lesquels on ne donne pas de renseignements.

Fig. S.

IDIOTIE myxoedémateuse. 211

Mère, 40 ans, d'une taille ordinaire, assez bien faite, intelli-

gente, d'un caractère gai, très pauvre et économe dans sa

jeunesse; elle a maintenant des tendances à la prodigalité.

Elle n'a jamais eu de maladie sérieuse. Pas de détails sur ses

7 frères ou soeurs. Son père et un oncle étaient atteints d'épi-

lepsie. Ses grands parents vécurent jusqu'à un âge très avancé.

Pas de consanguinité. Ils sont mariés depuis 23 ans et ont

eu 11 enfants. Tous les accouchements ont été naturels et à

terme. Jamais de chutes ni d'émotions vives pendant la gros-

sesse.

Le tableau ci-après indique l'ordre de naissance, le

sexe et l'âge des. enfants. Un désigne ceux

d'entre eux qui sont malades.

Aucun trait particulier ne distingue les membres de

la famille qui jouissent d'une bonne santé à tous les

points de vue.

Il y a une ressemblance si grande entre tous les

enfants malades que l'auteur se borne à décrire avec

détails le cas du n° 3 et ne relève que les différences

en ce qui concerne les autres enfants. « Là où il

ne sera pas signalé de particularités, dit-il, il est,

entendu qu'on se reportera à la description du cas

type. »

212 Idiotie \IIloED)J11 : 1'I'EUSE.

. Observation II.

(Observation I c1e.11. Slirling,) -

L. M ? 19 ans, est née aux Lits-de-Roseaux. localité sablon-

neuse, souvent inondée, située à 4 milles d'Adélaïde. Sevrée à

G mois, elle fut ensuite élevée au lait de vache. Elle eut alors

une éruption du cuir chevelu (Impétigo ( ? ). La première den-

tition aurait été normale, mais la seconde sent sans suite.

Vers 4 ans, étant encore maigre et délicate, elle eut la scar-

latine et la coqueluche. Peu après, la mère remarqua « un

élargissement de la figure et des mains et une augmentation

de poids ». L'intelligence qui avait été semblable à celle d'un

enfant ordinaire de son âge devint inerte et s'épaissit. Cet

affaiblissement intellectuel s'accentua parallèlement aux

changements corporels et l'enfant, qui avait toujours été très

sensible au froid, le devint davantage.

Etat actuel : taille, 91 cent. - Poids, 33 kil., 42 gr. Circon-

férence fronto-occipitale, ;Ji centimètres.

La configuration de la tête ne présente aucune anomalie, et

les fontanelles paraissent fermées ( ? ). Lourdeur prononcée de

la partie inférieure de la face, Sourcils et cils plutôt clairsemés.

Paupières, surtout les inférieures, gonflées, conjonctive légè-

rement congestionnée, iris bleu, pupilles légèrement dilatées,

vue faible, regard humide.

La chevelure est épaisse, brune, hérissée, dure et grossière ;

pas d'alopécie. Le cuir chevelu a une tendance à se recou-

vrir de croûtes. Le nez est large, les joues sont pleines et

fermes, les lèvres paies, luisantes, épaisses et saillantes. La

physionomie est peu expressive. La peau de la face est ter-

reuse, la langue longue et étroite, l'haleine sans odeur. Sous

la mâchoire inférieure existe une sorte de gonflement ayant

l'apparence d'un double menton.

La circonférence du cou est cle 33 centimètres. Au palper,

on ne peut découvrir de traces de la glande thyroïde. Dans

les creux sus-claviculaires, on rencontre des grosseurs de la

dimension d'un oeuf de diti(l qui n'auraient pas, été notées

au début de la maladie, et qui, au dire de la mère, augmente-

raient de volume. Il en existait aussi au-dessous des clavicules.

Les veines superficielles correspondantes sont élargies, sur-

tout au-dessous des clavicules. Les seins sont peu développés

et les bouts petits.

La peau du corps est très dure, sèche et a de la tendance à

Idiotie MYXOEDÉMATEUSE. 213

s'écailler. La malade ne transpire jamais, même après un bain

de vapeur. Le corps entier est bouffi, sans que la pression du

doigt laisse nulle part d'empreintes. Circonférence du thorax,

72 cent. 5. Respiration normale. Les battements du coeur sont

lents et normaux, dit l'auteur, et il ajoute que le pouls est à

90. L'abdomen est gonflé, proéminent, et le tissu adipeux très

développé ; sa circonférence ombilicale est de 83 cent. Au

- niveau des vertèbres cervicales inférieures et dorsales su-

périeures on trouve une enflure molle, élastique, mal définie,

d'environ 15 cent. de diamètre où les poils sont nombreux et

remontent jusqu'à la nuque. Le pénil est glabre ainsi que les

aisselles; les règles n'ont jamais paru.

Les mains sont courtes, larges, bouffies et froides ; « la

peau y est plissée et forme une espèce de sttc u, les ongles

sont bien développés, les mouvements des doigts sont lourds.

La malade boutonne ses habits avec beaucoup de difficulté.

Les pieds ont le même aspect que les mains. Les os ne

présentent nulle part de déformation. La colonne vertébrale

offre ce qu'on observe clans une lordose très prononcée qui,

avec l'élargissement des mollets, rappelle la paralysie

pseudo-hypertrophique.

La malade marche en se dandinant; elle fait tout délibérément,

mais avec paresse. L'appétit est incertain et capricieux ; les

intestins fonctionnent régulièrement ; la miction est fréquente.

« Les urines contiennent quelques phosphates et quelques

traces d'albumine ( ? ). »

Les sens, sauf la vue, sont normaux. La malade est sensible

au chatouillement des pieds. La température buccale est de

3Go,l.

Les facultés mentales sont celles d'un enfant arriéré de 5

ans. Ses actes, ses idées, sont caractérisés par la même

inertie que colle des mouvements physiques. Elle éprouve

beaucoup de difficulté à apprendre par coeur. Son écriture,

lisible, ressemble à celle d'un commerçant. Elle lit des

historiettes à l'usage des enfants. Son caractère est doux.

Elle parle peu et avec beaucoup d'hésitation ; elle s'amuse de

presque rien et rit souvent d'un rire saccadé. Ses habitudes

sont soignées. « Elle dort comme une toupie, dit sa mère.

Les extrémités sont toujours froides comme la peau d'une

grenouille. Elle aime beaucoup s'étendre au soleil ou s'asseoir

auprès du feu en hiver. Elle reste des heures entières assise

sans mouvements, absolument inactive, dans une attitude pla-

cide, heureuse, et comme plongée dans une torpeur profonde ».

214 Idiotie myxoedémateuse.

Nous trouvons dans cette observation tous les

symptômes que nous avons relevés chez nos malades.

Mais il en est quelques-uns qui paraissent faire défaut,

par exemple, l'alopécie partielle, la persistance des

fontanelles, l'absence d'incurvation rachitique. Peut-

être, à cet égard, et par suite de la difficulté de l'obser-

vation, l'examen a-t-il été superficiel.

Observation III.

(Observation Il de II. Stirling.)

« E ? âgé de 17 ans 3 mois (n° 4 du tableau), était une enfant

d'une beauté remarquable et d'une bonne santé jusqu'à l'âge

de 4 ans, époque à laquelle se déclarèrent les symptômes de

la maladie. A 7 ans, diphtliérie.

Taille, 94 cent. Poids, 19 k. 522. Circonférence de la

tête, 51 cent. Circonférence thoracique, 58 cent. 7.

Circonférence au niveau de l'ombilic, 61 cent.

Elle présente tous les symptômes décrits chez sa soeur,

sauf les différences ci-après l'éruption du cuir chevelu est

plus accusée; la peau est plus sèche et ressemble, au loucher,

à du parchemin. « La respiration est plus pénible, l'intelligence

est plus obtuse ; la malade n'a jamais appris il lire, parle moins

distinctement et bégaie légèrement. Son caractère est doux,

mais elle n'est pas sensible comme son aînée; la face n'est

pas aussi large ni aussi bouffie ; la démarche accompagnée

de dandinement est moins lourde que chez sa sur. T. 37° ? .n

Observation IV.

(Observation III de M. Stirling.)

C ? II ? âgé de 13 ans 1/2 (n° G du tableau), est né à Whood-

ville, faubourg d'Adélaïde.

Taille, 1 mètre 11 cent. Poids, 23 k. 608. Circonférence

de la tête, 52 cent. Circonférence du thorax, CI cent.

Circonférence au niveau de l'ombilic, 67 cent. 5.

Mêmes symptômes mais à un moindre degré. Bouffissure

de la face moins prononcée. Cheveux beaucoup plus clairse-

més que dans les cas précédents « laissant à nu une plus

grande surface du cuir chevelu. » Glande thyroïde non sentie

Idiotie myxoedémateuse. 215

au toucher. Grosseurs sus-claviculaircs moins proéminentes.

T. 3fi 6. Physionomie sans expression ; intelligence moins

arriérée. « Lent à l'étude, mais assez avancé; son écriture

est très bonne » Caractère doux, il s'occupe a la maison et à

la basse-cour.

Observation V.

(Observation IF de M. Stirling.)

J ? L ? âgée de 11 ans, née à Whoodvillc.

Taille, 98 cent. Poids, 21 k. 444. Circonférence de la

tête, 49 cent. Circonférence du thorax, G2 cent. -Circon-

férence au niveau de l'ombilic, (j'2 cent.

Les symptômes sont moins accusés que dans les observations

II et III, mais plus que dans l'observation IV.

La chevelure est plus douce et plus belle que dans les obser-

vations Ilot III, ce que la mère attribue à des frictions à l'huile

d'olive. Leslélvressontpluslpaisses et plus tombantes. La peau

est moins sèche et moins rude. Dans les régions sus-clavicu-

laires, il y a plutôt du plein que des grosseurs. Les mouvements

sont plus libres que chez ses doux soeurs ; elle ne peut lire que

des petits mots. Son écriture est belle. T. 3G°, 6.

Observation VI.

(Observation V de JI. Stirling.)

A ? A ? âgé de G ans 1/2 (ne 9 du tableau). Les premiers symp-

tômes se sont montrés avant l'âge de 3 ans. Pas de maladie

de l'enfance. Entre 2 et 3 ans, éruption humide du cuir che-

velu.

Taille, 81 cent.-Poids, Il k. 712. Circonférence de la

tête, 47 cent. 5. Circonférence du thorax, 50 cent. Circon-

férence au niveau de l'ombilic 52 cent. 5.

Symptômes semblables à ceux qui ont été notés dans l'ob-

servation III. Cheveux rouges. Peau des mains pareille à du

parchemin; celle du corps est plus douce, ce qui est dû,

croît-on, à des onctions huileuses. La face est plus tachetée

que celle de ses soeurs, pale et anémiée; caractère tranquille.

Torpeur. Le niveau intellectuel est plus bas; l'enfant ne sait

ni lire ni écrire. T. 36°, 1.

L'auteur donne le tableau de la taille de ses mala-

des, prise en 1884 par le père et en 1889 par lui.

216 IDIOTIE MYXOEDÉMATEUSE.

Idiotie MYXOEDEMATEUSE. 217

qui a été dit pour les précédents. L'analogie des symptômes

avec ceux des malades atteints de m3saedi : me est peut-être

plus grande dans ce cas que dans tous les autres : face pâle,

anémique, gonflée, semi-translucide, très immobile, physio-

nomie sans expression ; peau sèche et rude, tendance au dou-

ble menton (' ? ); grosseurs süs-c1w-icuhires; gonflement des

veines de la partie supérieure de la poitrine; bouffissures au

niveau des dernières vertèbres cervicales et des premières

dorsales supérieures; mains larges et froides, mollets gros et

fermes, lordose, ventre volumineux, T. 360,1.

L'enfant ressemble à une arriérée de 4 à 5 ans. Elle lit de

petits mots mais ne sait pas écrire. Sa mère prétend que l'in-

telligence se développe. Sens spéciaux normaux; rien à l'oph-

Fig. 9.

218 IDIOTIE myxoedémateuse.

thalmoscope. Sensibilité au chatouillement. Caractère tran-

quille et doux. Elle parle en jouant avec les autres enfants.

Tendance marquée à se coucher au soleil ou à se mettre

devant le feu.

Le mémoire de M. Stirling est accompagné de 6

photographies : « mais, dit-il, le photographe a eu

beaucoup de peine à accomplir son travail, car les cir-

constances n'étaient pas favorables pour obtenir le

résultat qu'on pouvait désirer, comme le montrent

les 5 premières photographies. » Aussi, nous conten-

terons-nous de reproduire la photographie de son

sixième malade (Fig. 9).

Dans les réflexions dont M. Stirling a fait suivre ses

observations, nous n'avons à relever qus le passage

suivant : « Il y a un symptôme qui est un élément

remarquable dans tous les cas; je veux parler de la

tuméfaction prononcée, avec tendance à la croissance

de poils qui existe au niveau des vertèbres cervicales

antérieures et dorsales supérieures, » C'est là une

particularité que nous avons également remarquée

chez nos malades et qui a été signalée dans un de ses

cas par Curling.

Observation VIII.

Arrêt de développement physique et intellectuel, Onanisme

et idiotie myxoedématellse. (Pers.)

C..., Françoise, née le 21 mai 1858 à saint-Usugc, arrondis-

sement de Louhens (Saùne-et-Loire), est entrée à l'asile

départemental de Mâcon le 10 avril 1890.

L'asile ne possède aucun renseignement sur les antécédents

héréditaires et personnels de cette malade. Nous avons essayé

vainement de nous en procurer en nous adressant au médecin

de la commune qu'habitent ses parents,

Idiotie myxoedémateuse. 219

Description de la malade. - Son aspect général et sa phy-

sionomie sont tout à fait caractéristiques de l'idiotie myxoedé-

mateuse. Vue de profil, la malade est tout à fait comparable

à tous ceux dont nous avons publié l'observation, qu'il s'agisse

du profil de la face ou de celui du ventre.

Taille, 1 ? Poids, 24 kil.

La tête est volumineuse, surtout dans sa moitié postérieure;

le front est rétréci et bas. La fontanelle antérieure persiste

d'une façon indubitable ; ou sent non pas une simple rainure,

mais un espace losauiclue, au niveau duquel on perçoit une

résistance élastique, indice do la présence d'une membrane.

Les cheveux, secs à la racine, assez soyeux à 5 ou 6 centimè-

tres de là, paraissent plus gros en arrière; ils sont longs,

noirs, avec un reflet rouge au-dessus des tempes. Il n'existe

de crasse eczémateuse qu'au niveau de la région occipitale.

Le front présente des rides très profondes, qui contribuent à

donner à la malade un aspect tout à fait vieillot. Les arcades

sourcillères sont un peu déprimées. Les sourcils sont noirs

et assez épais; les paupières bleuâtres, très bouffies, cachant

la moitié des globes oculaires, sont le siège d'une blépharite

chronique. Le nez est très camus la bouche large. Les lèvres

sont moyennement épaisses, leur bord libre et surtout leur

face interne, sont cyanoses. La langue est volumineuse, mais

non pendante; l'haleine est mauvaise et rappelle celle des

autres malades. Les dents sont cariées, irrégulières et sur

deux rangées; le menton est fuyant, très court. Les joues

sont ballottantes et ont une coloration cireuse, ainsi que les

oreilles qui, en outre, semblent oedémateuses. Le cou est très

court, les masses lipomateuscs des joues et des creux suscla-

viculaires le raccourcissent encore. Au palper, on ne décou-

vre ni sur la ligne médiane, ni à gauche, de traces de la glande

thyroïde, mais on sent à droite un petit noyau arrondi, très

dur.

Le thorax est étroit et notablement déformé; l'épaule gau-

che est plus élevée que la droite et très saillante, ainsi que la

région scapulaire; la colonne dorsale décrit une convexité à

gauche très prononcée. Les dernières côtes sont saillantes.

Ces déformations paraissent plus accentuées lorsqu'on exa-

mine la malade debout. L'ensellure lombaire est plus accusée

et plus prononcée que d'habi tude. Lei-enfreest très large, très

volumineux et on note une petite hernie ombilicale. Le bassin

est assez étroit ; les fesses sont tremblantes.

Les membres supérieurs et inférieurs sont courts dans tous

2 ? 0 IDIOTIE \fISOEDC\I : 1TI : US.

leurs segments ; les os des avant-bras sont légèrement incur-

vés ; les extrémités osseuses des poignets sont un peu hyper-

trophiées. Les jambes sont très arquées, principalement la

gauche ; les mains et les pieds sont très gros, la peau est

ridée aux mains, hypertrophiée aux mains et aux pieds.

La peau est sèche, épaisse et on observe une éruption eczé-

mateuse entre les épaules. Il n'y a ni duvet, ni poils sur le

ventre, le dos, les cuisses, les aisselles, l'anus qui présente

une petite hémorroïde. Les aisselles sont glabres (Fig. 10

et il.)

Puberté. Tout a fait : \.ira partie inférieure du pénil, entre

le pli transversal et l'extrémité supérieure dos grandes lèvres,

on trouve deux bouquets composés de quelques poils noirs ;

il y en a aussi quelques-uns sur les grandes qui sont peu

développées. Les petites lèvres font un peu saillie entre les

grandes lèvres. L'hymen est épaissi, saillant. G... a dans une

certaine mesure, le sentiment de la pudeur. Depuis son entrée

à l'asile, elle aurait eu une fois ses règles, qui auraient duré

deux jours au dire de la religieuse ( ? ). Les seins sont aplatis,

flasques, ridés (S cent. sur Ili) ; la glande est plus volumineuse,

Les mamelons sont déprimés. On n'a pas observé d'onanisme.

La respiration est pcu gênée (10 à 18). On entend parfois

une sorte de renaclemcnt. La voi est rauque, aigre, stridente.

La parole est très lente, réduite à des mots très courts ou à

des monosyllabes. La malade comprend ce qu'on lui dit, mais

est très longue à répondre Elle est propre, mange seule, mais

il faut lui couper ses aliments. Son appétit est modéré, elle

n'aime pas la viande ; pas de vomissements ; constipation habi-

tuelle.

C... aide un peu à s'habiller ; clic n'est pas libre de ses bras

dit-on. Tout ce qu'elle fait, elle l'exécute avec une extrême

lenteur; elle est très sensible au froid (T.R. 3fez, 7). Son rire

ressemble à celui des autres idiots myxoedématcux; il aune

expression un peu ironique.

La sensibilité générale, ainsi que la sensibilité spéciale,

paraissent conservées. Voici quelles son tics principales dimen-

sions du corps :

IDIOTIE MYXOEDÉMATEUSE. 2

222 IDIOTIE myxoedémateuse.

Membres inférieurs.

Idiotie : POLYS11.llCIQUE. 223

Afin de mieux faire ressortir les caractères de cette

forme d'idiotie, nous allons rapporter l'observation,

malheureusement incomplète, d'un idiot ordinaire,

appartenant à une autre catégorie (idiotie polycarci-

que), mais se rapprochant à quelques égards de la

forme dont nous nous occupons spécialement dans ce

travail.

Observation.

Idiotie polgsarcique.

R..., 28 ans, né le 1G septembre l8G'. ? , à Saint-Aubin-sur-

Loire, arrondissement de Cliarolle ISaûne-et-Loirel, est depuis

plusieurs années déjà il l'asile départemental de Mâcon. - Son

père et sa mère sont morts, et il n'est visité pas aucun parent, de

sorte qu'il est impossible d'avoir des renseignements sur ses

antécédents et sur ceux de sa famille. Tout ce qu'on sait, c'est

qu'il a été envoyé à l'asile par l'hospice d'Autun, parce qu'il

se louchait et cherchait ¿'¡ lever le ? jupes des petites filles.

Poids : 44 kilog.; taille : : 1111 18.

Sa tête est très grosse, rappelant la conformation de la tète

des idiots myxcedémateux, en ce sens que la moitié postérieure

a un volume exagéré. Il existe une sorte de rainure au niveau

de la suture fronlo-pariélalo, mais on ne saurait afl1rmer la

persistance d'une partie de la fontanelle antérieure. Les che-

veux sont noirs, abondants, sans coloration rousse. Le cuir

chevelu n'offre ni crasse ni calvitie partielle. La face est

symétrique. Le front est bas, à peine ridé ; les bosses frontales

sont déprimées, Les paupières sont pâles, un peu bouffies et

atteintes d'une inflammation chronique. Le ne ? est camus, mais

a un degré bien moins marqué que chez les idiots myxoedéma-

teux. La bouche est énorme (f)5 millim.), laissant couler sans

cesse une bave abondante; les lèvres sont très épaisses; la

langue est considérablement hypertrophiée, pendante. Le

menton n'est pas aplati, mais assez long au contraire, en

quelque sorte double; les dents sont noires, raboteuses;

striées, mais régulièrement implantées ; les mâchoires sont

saillantes; les oreilles, assez régulières, ont leur couleur

naturelle ; les joues sont flasques. Le cou est volumineux et

court (circonférence : 42 cent.) ; il n'y a pas de masse pseudo-

224 IDIOTIE POLTSIItCIQUE.

lipomateuses dans les creux sus-claviculaires, le palper semble

indiquer l'existence de la glande thyroïde.

Le thorax est régulièrement conformé (circonférence au

niveau des mamelons à l'expiration, 83 cent.) de même que la

colonne vertébrale; le ventre a sa conformation ordinaire et

ne rappelle en rien celui des myxocdémateux (circonférence au

niveau de l'ombilic : ïf) cent.). 11 n'y a pas de hernie (fig. 12 et 13).

La verge est volumineuse, le gland découvert; le méat est

large, les testicules ont le volume d'un petit oeuf de poule et

sont égaux. Sur le pénil, il y a des poils longs, noirs, assez

fournis; rien dans les aines. L'onanisme persiste et, de plus, R..

cherche à toucher les autres.

Les membres supérieurs et inférieurs n'ont pas une lon-

gueur proportionnée a celle du tronc; les mains et les doigts

sont courts, carrés; il n'y a pas de déformation rachitique,

sauf peut-être une légère incurvation du tibia en bas; la peau

des pieds et des mains n'est pas épaissie, pachydermique, et

ne donne pas de gros plis sacci formes à la pression.

La peau est blanche, n'offrant nulle part l'aspect cireux,

jaunâtre ou pseudo-oedémateux, ni d'éruption eczémateuse.

Le tissu adipeux sous-cutané est très abondant. Les mousta-

ches commencent à se dessiner; les poils sont assez abondants

aux extrémités, rares au milieu de la lèvre supérieure. La

mouche est rudimentaire. La barbiche commence à s'accen-

tuer. Sur les joues, il y a des poils bruns, fins, courts, dissé-

minés par îlots irréguliers. Les poils, très rares sous les ais-

selles, assez abondants sur les reins, ainsi que sur la partie

supérieure et la face antérieure des cuisses, sont assez nom-

breux à l'anus qui ne présente pas d'hémorroïdes,

La respiration ne parait pas gênée, il n'y a point de cyanose

des lèvres. L'haleine est normale.

R... n'est pas sensible au froid; il ne recherche ni le soleil

ni le feu; sa physionomie est celle de l'idiot complet. Sa parole

est nulle. Parlant de sa voix, la religieuse dit qu'il fait comme

un veau, comme une bête sauvage. Il rit tout scul aux éclats

paraecôs, sans motif. Parfois il est sujet à des colères pendant

lesquelles il pousse des cris épouvantables, griffe la figure de

ceux qui le contrarient. On assure qu'il fait signe pour être

conduit aux cabinets et ne gâte pas la nuit. Il semble content

quand on lui rend service. Il marche à condition d'ètre aidé,

lourdement, en raison de son obésité qui est bien mise en

relief par les mensurations que nous avons données.

R... mange et boit modérément, aimela viande, digère bien,

,>t.f0 ! : >.i/<M.0'f .-uioml l ;*<r ?

IDIOTIE polysarcique. 225

...rl : ¡ ? Í, 11f : 'J"I;" lin a ? ¡d fi" 'l'IÕ('I'¡¡;¡(JII")'ri : ) - .r : ')1"ut11f

à des selles quotidiennes. Le pouls est régulier, à'72. L'aus-

cultation ne dénote rien de palitlCulIer"VOJèl"Ie'lèOmpléll1ent

des principales liléris,i,i¡;.i\tip1 : d\icp : p's ? \t ? : .

Tête. Circonférence ttorizoptiy ? e ? ...... 57 c.

Tête. Circonférence horzopI ! Iî, ? 1RYffi11j'H ? .... - 57 c.

,.Démi-cücôiiféléücë bi=aüriculatre ...·,1; t.,r·,y,t ? 27 »

...............9orrwr.rn ,ilmal·r,r, r; ! n,·, ! cifr

d /; 'îid'iJififi

ni l 'J (t ? ·isïl

;1C(1J) J' ? lI ?

J; ? 111}1 ·o ? C)(y

Iw'f) ; ');,i ! ip ?

o ! jicr ? cl'f Ji< ? )' ! ju<;'Ltj ?

2·If(irm a,'J,f .o : \b ? (;<{ v'u li

-nflJJ-J^Cj ë'IP ?

nl rrrir;nr ? )Jr

(11 : ·.,)'y(iJ,)

r 'j' ! ? ? i ! : Po ';11 J ,jx

'r,U'J( 11 U.JJ;'IISl

8/](1 '(II Jj ; p.);

.^i;j>îk'-b1-j1u'

le`). li.)nitfr'.I

j2 . jjfi'.>«f.ïr; ;

'Jm : ¡'fJ7'> '[wd¡

*k1 .u',frrf(II

.'JffIJlJf;fi()· Ju

'1ÏJJ') JlIJ 'J¡ ? r

'¡j[J'I'[(l uA

',1) ') i'l CI\) : t,j ? ! Ot.l ? tLt : ilovO

111;'[') 'J'WlIÍJj'(

ru o ! I'xri;,ltTo'l

JJnd oh tJ;7c

)'1 ilj (¡ l1J : q w) l,

ii( a : ( : Irr.ta;) : '1 r,y Jruos

1'l ([oi ? ]o[o'J

"ru ? trcncli(

,Il ( ! 'litl a;)Ir

cil oJ .au««

r ! J ,IJf(f : 1g .61 ! : "')lIiJ-g 8/5\[ ? ) O1«'IU1( : J3 ? 1;([ r, i.'a J

rglôLD J¡')JHfq

')fl'Vij;afôh b ? .

r ! (·J : Ij ! 119 s

Jp'J ? J1')([JJq ? ? >""> ! > 8'dj ,f; : > ift .lJf')1{fb

I)III) H')b'ifi;n yu'ihp.jy» r2r. ! ifo , ! f\ ? ¡¡j'If;C{ffW : .J nj

"tl o( 1( oh oianoyii'/fo I A 'ywrru j'iwroado mr rnovs

f Dumlêtre.antrIO-postcllem n1nXlmUI1 ? ..... ¡ r ? j , 19 » . ,rM

,I)f £ O0M« vj t Jtï Titl^yi-ilttiir ? *»,.J-.t.1.t*t1 ? . ? .' . ? t ? .l.rf ? ? ... ^ ? f-) 15rifr ? l

ii ? id .9 plOvV'Jjaun^ùâiila{or^^.^,>-^'iI).v,;f.%..i ? i..>>J.i U.14,»-jyiifî

, , ? Distance, de la racine du nez 1\ l'artil : ulation ocçipito- ' .

'. ) (.1 atMïdiene ? \\\'.\\\ ? ... ? f... ? ? rtpf't » 24 » 381111

Bourneville, Bicêtre, 1890. 15

22J) Idiotie polysarcique.

4- . . ' z

Membres. Circonférence du bras au niveau des ais-

, IDZOTtI : POLl SIItGIQUP. - .227

Les médecins, désireux d'étudier l'idiotie myxoedé-

' mateuse et de vérifier l'exactitude dela.description que

(t) Les cas d'idiotie polusill'ci' ! ILC ne sont pas très rares. Nous en avons vu

plusieurs à la Salpètrière et à Bicêtre, Yoici quelques détails sur l'un de ces

cas : Eugène ité le 28 octobre 181n, est entré dans mon service; le

21 mars 1881 ; il pesait alors 24 kilog. 100 et sa taille était de 1- 20.

Jusqu'à sa sortie, le 5 août 1881, son aspect n'avait rien de partculier, son

poids était de 26 kilog. 400, sa taille était de Il- '21. Cet entant est rentré le

30 juin 1888. A cette époque son poids était de 7G kilog. 800 ; sa taille de

lm 57. Depuis lors, jusqu'au mois de juillet 1S'J0. le poids et la taille ont subi

les modifications suivantes : ..

Fig. 13.

228 Idiotie MYXOEDÉMATEUSE.

nous allons résumer tout à l'heure, pourront voir outre

les trois malades de notre service, un autre cas-type

qui se trouve actuellement dans le service de M. le

professeur Fournier, à l'hôpital Saint-Louis. Notre

savant maître a eu l'obligeance de nous le signaler en

nous demandant s'il rentrait bien dans la catégorie des

idiots myxoedémateux, L'observation complète sera

sans doute publiée par M. le Dr Feulard.

Nous avons donné ensuite le résumé de l'observation

de la malade de M. Fournier que nous ne reproduisons

pas, parce que cette malade étant entrée dans notre

service, nous aurons l'occasion de publier bientôt

son histoire complète.

Nous avons fait ensuite passer sous les yeux des

membres du Congrès un tableau statistique comprenant

44 cas d'idiotie myxoedémateuse, avec leurs princi-

pales particularités. Enfin, nous avons terminé notre

communication en traçant le résumé nosographique

de cette forme d'idiotie. Comme ce résumé ne diffère

que par quelques détails de celui que nous avons

publié dans le Compte rendu de notre service pour

1889 (p. 100-112,), nous croyons inutile de le réimpri-

mer. '

1

EXPLICATION DES PLANCHES.

230 Explication des planches.

Planche. I.

Les quatre figures de cette planche représentent l'enfant

d'Ars ? (Observation, p. 33). ,

Fig. 1. ? D.r.s : ...i1-l'â.gc de.0 ansj il-est en robe de gâteux.

Fig. 2. Dars... à l'âge de 10 ; il est devenu propre et a été

mis en pantalon.

Fig. 3 et 4. L'enfant est représenté nu afin de donner

une idée exacte de sa paralysie. Il avait 9 ans.

Planche I.

Fig. 1.

Fig.3.

Fig. 2.

Fig. 4,

232 Explication des planches.

. PLANCHE Il.

Cette planche, assez défectueuse, représente la calotte crâ-

niennede Jans... (p. 67 et 87). On y voit très nettement les den-

telures fronto-pariétales, etc.

Planche II,

334 . Explication DES planches.

Planche III.

Microcéphalie : face convexe de l'encéphale de Clut... (OB - ·

SERVATION 1, p. 120). Il

PL. ni

Procédé G. PiUWBL-1, A. 3LUnt & CI. : ; ' 'l-.ilé. l'ari.

236 Explication DES planches.

PLANCHEIV.

Microcéphalie ; face convexe de l'encéphale de Clut.

Procédé G 1'ilnrvkl, A. M ? t & CI" 33, Rue Halle, Paris.

23$Explication DES planches.

Planche V.

Microcéphalie; base de l'encéphale de Clut.

Procédé G. Pilarski, A. Miirat & G1w 38, Rue FInIIé. Turis.

240 Explication DES PLACNHES.

Planche VI.

Face interne des hémisphères cérébraux de Clut... (Cette

planche a été faite tardivement, alors que le cerveau avait

macéré depuis longtemps déjà dans l'alcool; elle est par con-

séquent un peu moins longue qu'elle ne l'était à l'époque où

on a pris les autres photographies, c'est-à-dire quelques jours

après l'autopsie).

Procédé G. Pllurski, A. Murât & 0" 33, Une Halle. Pnxis.

Bourneville, Bicêtre, 1890. 16

242 Explication DES planches.

Planche VII.

Microcéphalie : observation de Jan... (OBSERVATION II, p.

134). La figure 1 le montre en gâteux.

244 Explication DES planches.

' 1 Planche VIII.

Microcéphalie : observation de Jan... (p. 134).

246 Explication DES planches.

Planche IX.

Microcéphalie : observation de Jan... (p. 134). La figure 2

représente Jan. dans une de ses périodes de folie, vêtu d'ori-

peaux. Ces trois planches permettent de suivre le dévelop-

pement de la puberté.

248 Explication DES planches.

Planche X.

Microcéphalie : observation de Jan... Cette planche est des-

tinée à montrer les progrès de Jan au point de vue de l'Ins-

truction primaire.

Bourneville, Compte rendu de Bicêtre pour 4890.

1 PLANCHE X.

TABLE DES MATIERES

PREMIÈRE PARTIE

Section I : Bicêtre.

Histoire DU service pendant l'année 1890.

250 Table DES matières.

Table DES matières 251

252 Table DES matières.