1852
JOURNAL
DU
MAGNÉTISME
RÉDIGÉ
Par une Société de Magnétiseurs et de Médecins
SOUS LA DIRECTION
DE M. DU POTET DE SENNEVOY.
La vérité, n’importe par quelle bouche; le bien, n’imporle par quelles mains.
TOME ONZIÈME.
PARIS.
BUREAUX : RUE HOCHE, 5,
(palais-royal).
Paris. — Jmpr. de Pommcret cl Morcan, quai des Angnslins, 17.
PREFACE.
Nous voici parvenus à la huitième année d’une publicàl_„ qui, par son mérite et sa durée, surpasse de beaucoup celles qui l’ont précédée. Jetons en passant un regard sur sa vie, cela nous initiera aux conditions de son avenir.
Obscurcit son début, modeste dans ses allures, cette entreprise parut éphémère à ceux-là même qui en désiraient le succès; mais, comme ces enfants de chétive apparence qui sup-
Eirtent sans peine les crises de leur âge, elle trompa toules
s appréhensions et fit mentir les plus funestes pronostics.
Ce qui n’était d’abord qu'un point, une idée, un essai, est devenu 1111 cori;s que l’ame de plusieurs a bientôt animé. Rucbe ouverte à tous les mesmériens laborieux, ce Recueil ne farda pas à contenir tant de précieux documents, que sa conservation parut essentielle. Alors, les auteurs dont il était l’organe, et les adeptes dont il alimentait la foi, voulurent en assurer ¡’existence eu s’en rendant possesseurs.
Une Société commerciale par la forme, mais toute philoma-tique au fond, en ayant mis la propriété en actions, chaque partisan dévoué apporta son oltole. Ces titres favorisant les participations minimes, le nombre des intéressés devint considérable, et ainsi l’ouvrage constitua une œuvre collective, représentant la |>enséc de quatre à cinq cents magnétistes.
Maintenue, affermie même sur la base d’une impartialité sans faiblesse, et d’un désir ardent du progrès, la rédaction subit de notables améliorations provenant du concours éclairé des nouveaux adhérents.
Une analyse plus étendue permit aux abonnés de n’acheter que les livres qui pouvaient leur convenir, et une saine critique les édifia sur la portée de chacun d’eux. Un résumé fiilèle des écrits étrangers leur fit connaître la substance des travaux publiés dans les différentés langues.
De zélés correspondants établis partout où le magnétisme compte des partisans groupés, nous tinrent mieux au courant des faits importants dont leur pays était le théâtre.
A ces avantages, qui s’adressent à tous, nous en avons joint un dont iirofitent spécialement nos amis de Paris : ce sont des seances d’enseignement et de démonstration, où chacun peut voir et entendre des choses utiles et curieuses.
Maintenant rien n’échappe à notre investigation vigilante; des collaborateurs renommés par leurs talents passent successivement en revue toutes les questions à la solution des-
quelles est attaché le progrès, cl nous pouvons vraiment «lire que ce Journal est le Moniteur de la science nouvelle, car tout ce qui intéresse le trioniplic !«' la vérité est traité par lui.
Voilà, voilà ce qu'ont réalisé lesellorts persévérants d'Iioni-mes généreux; qu’il nous soit permis d'indiquer a présent la tâche des nouveaux convertis.
Dans ces temps de perturbation sociale, où le trouble des intérêts entraîne l’abandon des choses libérales, le magnétisme doit beaucoup souffrir, et son drapeau pourrait périr si la ferveur des croyants se laissait atteindre par cette indifférence qui suit tous les changements de forme politique; sachez-le, magnétophiles sincères, tout s’oublie, les choses les plus saintes comme les plus admirables, et la justice même, si les hommes, emportés par la peur, ne font point un retour sur eux-mêmes.
C’est donc à tous ceux qui aiment le magnétisme, à ceux
3ui l’admirent comme à ceux qui lui doivent, qu'il appartient 'en soutenir la bannière; car tout le terrain conquis peut être perdu en quelques années, s’ils oublient ou éloignent de .leurs esprits le culte de la vérité que Mesmer a fait revivre parmi nous.
Tous nos travaux sont pacifiques et n’ont pour but que le "bonheur des hommes; nos doctrines n'ont rien de politique jii de passager, et c’est pourquoi leur pratique demande l’ap-.plicalion de toutes les facultés, l’amour du bien public et quelques sacrifices.
Que tous les cœurs animés de l’ardeur prosélytique entendent donc notre appel, et joignent leurs efforts aux nôtres, afin que l’œuvre presque achevée ne périclite pas. Seuls, nous ne pourrions suffire à la tâche, bien que jusqu’ici notre désintéressement ait égalé notre courage. Qu’on songe à la •peine que nous nous donnons; aux soins, aux embarras, au temps pris sur notre vie; qu’on sache, enfin, que cette petite tribune élevée au mesmérisme, ces dix volumes d’annales, publiés avec tant de labeur, n’ont reçu d’autre récompense que le témoignage d’une conscience satisfaite. Nous ne demandons rien encore : l’estime de nos concitoyens nous suffit; et nous espérons que l’abnégatton dont nous avons fait preuve trouvera de nombreux imitateurs.
Un Journal est indispensable à la science mesmérienne ; celui-ci est le seul qui existe : regardons comme un devoir impérieux de le maintenir. Que ceux donc qui ne le possèdent qu’en partie en acquièrent la collection, et avec ce faible; appui il continuera sans frein le cours des recherches qui sont profitables à l’humanité.
HÉBERT (de Camay).
JOURNAL
ou
MAGNÉTISME.
CLINIQUE.
A Monsieur du Volet.
Puisque vous avez jugé utile, mon cher maître, d’accorder une place dans votre Journal au récit abrégé du traitement magnétique suivi par Eugénie Morcl (i), je n’hésite pas à porter à votre connaissance la suite des faits que j’eus grand soin d’enregistrer à mesure qu’ils se sont produits.
Ainsi que je vous l’ai mandé, le retour de la sensibilité dans les membres du côté gauche et celui du mouvement, annoncés par la malade plongée dans le sommeil magnétique, pour le 3 décembre à trois heures, et pour le i5 du même mois à une heure, devaient cire retardés jusqu’au 11 et au 20, par suite de la pression accidentelle sur les jambes de la malade, dont mou premier rapport fit mention, et conformément à ses pronoslics somnambuliques.
Le 10 décembre 1851 , ayant réglé ma montre au temps vrai, j’arrivai à Grainville avant midi. J’apprends que la nuit n’a pas été bonne, qu’un grand malaise existe, qu’il y a eu un évanouissement ù dix
(1) Voy. numéro 157, t. X, page 727. tome xi. — N" 13S. — janvier 1852.
heures du malin. La malade se plaint de douleurs intolérables dans les os de la partie gauche. A midi, nn violent tremblement de tout le corps se déclare, à une heure moins un quart, la malade pousse 1111 gémissement et s’évanouit ; à une heure juste, à ma montre, elle revient à elle. Je me hâte de la magnétiser et de l’endormir. Je constate d'abord que, pour la première fois, les membres du côté gauche cessent de se roidir, et qu’ils sont demeurés aussi il'xibles que ceux du côlé droit; puis j’entame l’entretien :
« Comment êtes-vous? — Faible. — Pourquoi? — A jause des douleurs que m’a causées le retour de la sensibilité. — Votre bras et voire jambe gauches ont donc recouvré la sensibilité? — Non, elle n’est revenue que dans les os. — Quand pénétrera-t-elle dans les chairs? — Le 11, à cinq heures du soir. — Voulez-vous être réveillée? — Oui. — Que faut-il faire? — Dégager la tête. »
Le ix décembre, ma montre est réglée au temps vrai. J’arrive près de la malade à quatre heures et demie, j’apprends que depuis son réveil elle est en proie à un grand malaise, produit par un redoublement de douleurs dans la partie gauche ; qu’elle s’est évanouie deux fois, de midi à trois heures. A cinq heures moins un quart, je touche son bras et sa jambe gauches sans qu’elle le sente. A cinq heures moins cinq minutes, même épreuve. Au moment où ma montre marque cinq heures, la malade sent ma main sur ses membres; elle distingue quand je frotte ou quand je presse son bras et sa jambe gauches.
Voilà une précieuse démonstration, dont nous sommes redevables au magnétisme, qui a encore b' -n d’autres secrets à découvrir sur notre existence. Elle apprendra aux médecins, dans le cas où ils n’en sauraient rien, que la sensibilité évanouie revient
par les os; que sa résurrection a lieu du dedans au dehors; qu’elle met de vingt neuf à trente heures pour faire irruption de l'intérieur dos os à l’extérieur des tissus charnus; car je ne saurais douter que ce ne soit là une règle générale de notre nature.
le 12 décembre, la malade est tirée de son lit et placée sur un fauteuil, où elle s’évanouit au bout de dix minutes.
Le 17, depuis deux jours'elle éprouve des faiblesses, de vives douleurs dans les jointures de gauche, des envies de pleurer; ce sont, dit-elle dans son sommeil magnétique, les avant-coureurs de la faculté de mouvement qui reviendra le a3, à une heure.
Le 19 elle annonce, endormie, qu’elle pourra désormais,et dès le lendemain, rester une heure et plus sur son fauteuil sans s’évanouir.
Le 21, interrogée sur une poule qui manque dans la basse cour, elle fait connaître le lieu où elle se trouve.
Le a5, à midi et demie , j'entre dans la chambre d’Eugénie , qui est faible cl souffrante. A une heure moins un quarl, elle laisse échapper un gémissement et s’évanouit. Au moment où l’aiguille de ma montre, mise au temps vrai, marque une heure, elle revient à elle et déclare qu’elle remue les doigts de sa main gauche : ce que je constate à l’instant pour le pied comme pour la main. Ce mouvement, peu sensible d’abord, devient plus prononcé et plus facile, après une magnétisation et un sommeil de trois quarts d’heure.
Depuis le 24 jusqu’au 3i décembre, la malade est magnétisée chaque jour par Mme de C., qui me remplace pendant mon absence, et qui constate les progrès journaliers de la faculté de mouvement, reconquise et comme arrachée au mal par les constants efforls d’une magnétisation quotidienne.
Ainsi, voilà dos membres totalement privés de mouvement depuis !e commencement do l’année iS'jG, qui ont retrouvé la vie, qui fonctionnent comme par le passé, encore un peu tremblants, il est vrai, cl avec quelque hésitation dans certaines positions.
L.e 2~, une cheville en fer manque à la fermeture de la barrière; la malade, endormie, annonce qu’elle est tombée dans l’eau, qu’on la retrouvera dans la mare, sons quatre ou cinq pouces de vase.
Le 2Q, voici l’entretien de Mmc de C. avec la malade endormie.
« Rendez compte de voire prescience de somnambule, de vos visions. —Je ne saurais; les objets dont on me parle s’oflrent à moi comme un tableau. Je les vois, je les sais. — Vous voyez donc l’intérieur de votre corps?— Parfaitement. »
Le ier janvier iS5a, la lettre suivante est écrite par la malade au général et à Mme de C.
« Pendant que chacun s’empresse, au renouvelle-« ment de l’année, de former des vœux pour les périt sonnes qui lui sont chères, pourrais-je rester inet différente, moi qui vous dois tout ce que je suis, « et l’existence même? car sans vos soins, sans votre « courage, j’étais condamnée à une fin prochaine , et « à mourir dans les plus cruelles douleurs ; lorsque « maintenant je me vois près d’une guérison complète, « et, en quelque sorte, remplie d’une nouvelle vie.
« Après tant de bontés pour moi, je me sens im-« puissante à former pour vous des vœux qui les éga-« lent; aussi j’implore la troupe céleste de les porter « au pied du trône de l’Éternel, persuadée que Dieu « daignera vous accorder une longue vie sur la terre « et tout le bonheur que vous pouvez désirer. Tels
« sont, Monsieur el Madame, les vœux les plus sin-« cires que forme pour vous votre protégée.
t Eugénie MOREL. »
L'écriture de celte lettre est un peu tremblée, mais parfaitement lisible.
Le 2 janvier, dans son sommeil magnétique, elle demande qu’on lui fasse en hâte des vêlements, annonçant que le dimanche elle pourra dîner à table avec scs parents.
Le 5 janvier, une douce joie régne sous ce chaume qui, depuis tant d’années, n’abritait que des tourments el des larmes. La pauvre malade, rayonnante aujourd’hui d’espérance et de bonheur, a pris place à table, entre son père et sa mère, après cent soixante-dix-neuf magnétisations directes,accompagnées d’un nombre égal de carafes d’eau magnétisée, qui ont fait sa seule boisson. Les soixante-quinze premières magnétisations furent doubles des autres et d’environ deux heures un quart, en deux reprises.
Les deux cautères appliqués le long de la colonne vertébrale rendent beaucoup depuis une huitaine de jours.
Depuis le icr janvier, la malade a retrouvé sa lucidité toute entière; elle voit au loin, principalement ses frères et sa sœur, dont elle indique la position, l’occupation au moment même, el l’état de santé.
S’il ne survient point d’accidenls, je n’aurai désormais, etjusqu’au mois d’avril, à vous entretenir que de mes tentatives pour la faire marcher dans le sommeil magnétique, ou de celles qu’elle pourra faire d’elle-même dans l’état naturel.
Après le céleste auteur de ce miracle tout à l’heure accompli, c’est à vous, mon cher maître, qu’on doit en reporter le mérite, en rendant grâce à vos coura-
geux efforts pour le triomphe de la vérité la plus utile aux hommes. Tous aurez, plus que personne en France, contribué à la propagation du mesmérisme; et c’est une belle tâche, car non-seulement il affranchira l'humanité d’une grande partie des maux qui I’alIIigenl, y compris les tâtonnements et les erreurs de la médecine, lorsqu’il sera devenu celle des familles; mais encore il est destiné à raviver la foi du monde et à ramener tous les hommes à la pratique des vertus évangéliques, par la manifestation magnétique de la véritable fra terni lé et de la puissance dont est douée la charité chrétienne.
Totrc dévoué,
Général C.
Anliville (Seine-Inférieure), 6 janvier 1852.
Nous avons dit souvent : La médecine classique rejette et rejettera le magnétisme par esprit de parti ; par crainte qu’il ne nuise aux intérêts du métier. Cela n’est peut-être pas très moral, niais cela est. Croit-on que la médecine ignore la puissance curative de l'agent mesmérien ? INon. Les médecins savent pertinemment les précieuses ressources qu’il offre d’abord dans les affections nerveuses, et puis dans une foule d’autres maladies. Trop bien inslruits, ils ne laissent pourtant que bien rarement percer leur croyance. Quelquefois, cependant, on rencontre un aveu, mais cet accès de franchise attire sur son auteur la censure du corps entier, et tout est dit.
Nous trouvons un de ces aveux dans un journal de médecine déjà ancien ( 1 ). Nous le recueillons
(1) Annales du Cercle médical (ci-devant Académie de médecine de Paris), rédigées au nom de celte Société, etc. IS° de septembre 1822..
cependant, parce qu’il est précieux à plus d’un titre, et qu’il doit être revendiqué par nos archives.
Dans dix ans , peut-être , nous enregistrerons une semblable relation prise dans un autre journal ; pendant ne temps le magnétisme sera descendu dans les familles, il y fera le bien; — malheur que déplorera la médecine savante, lin attendant, voici ce document:
DU POTET*
RAPPORT
Sur une observation île névrose singulière, pendant la durée de laquelle le magnétisme parait avoir eu quelque influence, communiquée par M. le docteur Gales, membre résidant.
Ce Mémoire est le récit minutieux d’une maladie très-longue, dont le jeune étranger qui en a été l’objet a recueilli tous les phénomènes, afin d’en tirer avantage pour sa guérison, en les reproduisant aux médecins qu’il serait dans le cas de consulter, surtout à Paris.
Le sujet de cette observation se nomme Sloet, il est âgé de vingt-deux ans ; il attribue l’origine de sa longue maladie aux suites d’une fièvre scarlatine dont il fut atteint dans l’année 1806, époque de son enfance où il pouvait avoir quatre ans. A la suite de cette maladie, il se fit un écoulement par les oreilles, et il y eut surdité du côté droit. Il demeura dans cet état jusque dans l’été de 1820 , temps vers lequel le mal augmenta considérablement; il devint entièrement sourd de l’oreille droite, il y éprouvait un bourdonnement continuel, et commençait à ressentir la même chose à l’oreille gauche dans l’automne de la même année; cette double incommodité lé-tourdissait à tel point qu’il n’entendait presque plus rien, et lorsque plusieurs personnes parlaient à la fois, il ne comprenait point ; cependant, tout le temps
que dura ce bourdonnement, on pouvait encore, à force de cris, se faire entendre de lui, el cela jusqu’en novembre 1820.
A celle époque, le jeune malade partit pour Utrecht, et y demeura encore quelques jours dans le même état, après quoi [le bourdonnement diminua et la surdilé augmenta; le calme le plus profond succéda enfin dans sa têle, et quelque bruit que l’on pût faire, M. Sloet y demeurait insensible ; il tomba alors dans une sombre mélancolie qui alla jusqu’au désespoir, et tout le système nerveux étant ébranlé , il survint des convulsions qui se manifestèrent d’une manière fort inattendue, après un séjour de quelques semaines à Utrecht.
Le 28 janvier 1S21 , M. Sloet, après avoir fait le malin une course à cheval, fut trouvé dans sa chambre, vers quatre heures après midi, étendu sur un canapé; il était d’une pâleur mortelle et paraissait être sans connaissance; 011 s’imagina qu’il avait eu un crachement de sang, depuis quelques jours le malade s’étant plaint d’une oppression dans la poitrine. En effet, on lui parla, et il répondit : « Oppression, mal de têle. » M. le professeur Suurman fut consulté ; il assura qu’il n’y aurait pas de crachement de sang, que ce n’était qu’une attaque de nerfs, mais d’une espèce fort sigulière.
L’émotion du malade était très-forte et croissait d’un instant à l’autre ; il pleurait, sanglotait, bientôt on n’entendit plus «pie des hurlements, il ne voulait point ouvrir les yeux, et comme sa surdité empêchait qu’on lui parlât, on ne put rien apprendre de ce qu’il éprouvait intérieurement. Cette scène dura jusqu’au matin, alors il parut se calmer un peu; les émotions, quoique moins fortes, se succédaient con-
tinudlcmcnt, et cc ne fut que vers huit heures du soir qu’on put l’engager à se mettre au lit.
Jusqu’à cette période, nous avons littéralement copié le Mémoire fort long qui nous est confié; mais pour continuer celle copie, vaudrait autant et encore mieux le lire dans son entier; nous nous attacherons donc par la suite à relater les faits les plus importants, sinon en totalité, au moins en partie, pour ce qu’ils.contiennent de plus essentiel.
Quatrième paragraphe du Mémoire. — Ici c’est une répétition nuancée et variée des phénomènes nerveux, le plus souvent avec intensité quant à la céphalalgie, laquelle ne se calmait que par l’emploi de l’eau de Cologne en frictions sur le front, et administrées par plusieurs jeunes gens, amis du malade; le grincement de dents était toujours permanent dans les accès convulsifs que le moindre mouvement rappelait; .un court sommeil était le signal du calme qui survenait après les crises.
C’est dans ce quatrième paragraphe qu’apparait jyiie ***_ ange tutélaire du malade est une jeune personne du même âge que lui, et dont le physique est sans doute très-agréable, à en juger par les impressions morales qu’elle a produites sur son imagination, comme la suite va nous l’apprendre. Celte demoiselle se trouvait tout à propos dans la même maison que M. Sloet, à Utrecht, et depuis quelque temps un langage muet était leur conversation; au moindre mouvement des lèvres ils se devinaient; le moindre service, le moindre attouchement de la peau du malade*, par la main delà demoiselle, était un baume salutaire; aussi fut-elle chargée des frictions qui dans ses mains eurent les plus heureux effets. 11 résulta des soins donnés par Ml'e *** beaucoup d’amélioration, au moins pendant quelques jours, au bout
desquels les forces se perdirent momentanément, puis revinrent et ramenèrent l’appétit, mais les attaques de nerfs continuaient.
Qui ne voit dans tout ceci les effets d'une imagination passionnée d’un malade, et les vives impressions que faisait sur lui Mlle ***, même dans la plus petite chose? qui ne voit aussi le mal qui en pouvait résulter par des effets bien naturels, ic veux dire l’éveil des organes génitaux du sieur Sloet, et leur réaction sympathique sur tout le système nerveux en général ?
Cinquième paragraphe. — Dans celui-ci, il est dit que toute impression manuelle faite par d’autres que par la demoiselle *** glaçait le malade et lui était insupportable; elle seule avait le pouvoir magnétique de rendre ses attouchements très-agréables pour lui, soit pendant la veille, soit pendant le sommeil; elle seule aussi pouvait calmer ses convulsions.
Sixième paragraphe. — Ici le narrateur expose avec beaucoup de soin, de candeur et de modestie , plusieurs phénomènes dus, à ce que l’on croit, à la propriété magnétique, toute naturelle, qui paraissait exister chez la demoiselle, sans qu’elle s’en doutât, non plus que les assistants, mais dont l’influence se trouvait en rapport direct avec le moral el le physique de M. Sloet; le tout (d’après le récit) se faisait sans apprêt et sans art de la part de la demoiselle; sur quoi on ne pourrait voir qu’une imagination éprise, peut-être de part et d’autre; cependant les personnes présentes à toutes ou à une grande partie des scènes qui se passaient jour et nuit entre le malade et la demoiselle, après avoir douté du magnétisme, parurent à la fin se convaincre de son existence entre les deux individus. La demoiselle était seule le médecin guérisseur; elle l’emportait complètement
sur les talents du docteur et professeur Suurman, qui, pour avoir touché le malade dans son sommeil, lui causa une de ses plus fortes convulsions. Enfin tout prouve dans cette narration que le soulagement qu’éprouvait M. Sloet dans les variations de sa maladie, il le devait au pouvoir magnétique de la demoiselle ***, d’après la forte impression qu’elle avait faite sur ses sens dès la première fois qu’il l’aperçut.
Le septième paragraphe roule sur le même objet ; il offre quelques particularités que nous allons rapporter.
Ici, il fut question d’une épreuve pour savoir quel effet se passerait chez le malade en le séparant de la demoiselle, ce que l’on exécuta ; mais aussitôt les mouvements convulsifs s’accrurent à un tel point, qu’il iullut rappeler M11' *** qui sur-le-champ les calma, et fit coucher le malade sur le canapé; néanmoins , pendant la lutte violente qui avait eu lieu, l’une des jambes de M. Sloet avait tant souffert qu’elle demeura perdue. Au bout de quelques semaines, il fut pris d’une grande et forte douleur aux lombes; on compara celte douleur à celle que produit le tic douloureux; il survint des convulsions qui rendirent l’autre jambe également perdue.
Le huitième paragraphe annonce un changement de scène; celle-ci se dirigea dit-on sur les nerfs optiques, d’où il résidta obscurité avec affaiblissement de la vue, mais M,,e ’** eut bientôt dissipé cette.nouvelle affection. Enfin il est dit qu’elle avait tant de pouvoir sur le malade, quelle calmait à l’instant ses maux; pour l’endormir , elle n’avait qu’à lui tenir la tête; elle était même parvenue au point de calmer ses convulsions en lui souillant légèrement sur la poitrine.
Le ntuvième paragraphe nous fait part d’une réso-
lulion prise, même de concert avec M. Sloct, qui sentait la nécessité de so séparer de Ml'e *** (sa raison étant seule agissante en ce moment). On opéra cette séparation, quelque terrible qu’elle fût pour le malade ; mais au moment de l’exécution, M. Sioet tomba dans des convulsions si violentes, que le médecin déclara qu’il ne répondait pas de sa vie si on le séparait de M11“ ***, qui se décida à rester sur la demande qu’on lui en fit.
Dixième paragraphe. — Dans celui-ci, la première partie lient à ce qui vient d’être dit; elle parle d’une fièvre alarmante qui a duré huit jours, et qui n’était due qu’à la violence, ou à l'effort de raison que s’élait fait le malade pour se séparer de cette demoiselle. 11 paraît, dit-on, que la secousse précédente avait porté le rapport magnétique à son plus haut degré; car. ajoute-t-on, dans son sommeil magnétique M. Sloet devint clairvoyant, il ne répondait que par des soupirs et des signes aux questions que lui faisait RI11*****. Mais bientôt il parla sans qu’il fût nécessaire de l’interroger, et depuis ce temps, dans son somnambulisme, il prédit exactement et minutieusement tout ce qui devait lui arriver, ainsi que les remèdes que l’on devait employer. Il annonça qu’il serait aveugle pour un temps, il indiqua le jour où il reverrait la lumière; pendant son aveuglement, il ne voyait que M'le ***, et distinguait les couleurs des étoffes dont elle était vêtue.
Enfin tous les autres paragraphes, qui sont encore au nombre de six, sont remplis des mille et une variations de la maladie cl de ses changements par l’influence magnétique de M"e***, et ensuite par toutes les prédictions que le malade a faites, lesquelles, assure-t-on, se sont réalisées, même celle de son voyage à Paris et de la manière dont il y
serait traité, et les mois dans lesquels sa guérison s’opérerait ; il prédit donc qu’il obtiendrait l’audition d’une oreille dans le mois de mai, présente année, et celle de l’autre oreille dans le mois de juin, et qu'infailliblement il serait parfaitement guéri le ier juillet rl qu’il partirait immédiatement (ce qui est arrivé). M. Lafisse el moi avions vu le malade plusieurs fois dans le courant de juin, chez M. le Dr Galès et en sa présence; la première fois que nous le vîmes, il était encore très-sourd ; la deuxième fois moins, et la troisième fois, qui était le Ierjuillet, il nous parut fort gai, entendant très-bien, et disposé à partir le lendemain ; c’est ce moment que nous avons cru devoir attendre pour faire notre rapport.
11 est bon de réparer plusieurs omissions que nous avons faites ; la première est celle de la cause primitive de la maladie de M. Sloet. Interrogé sur ce point par MUe ***, il lui a répondu qu’elle provenait de la fièvre scarlatine qu'il eut dans son enfance, ainsi que nous l’avons dit au commencement de notre rapport.
La deuxième omission est celle de la mélancolie et de l’hypocondrie dont le malade a été longtemps albclé, el qui avaient pour cause le chagrin de sa surdilé; la troisième est celle de l’époque où il s’est séparé sans accident de M11* ***. Il étail alors à Ben-theim, c’était vers le mois d’octobre 1821 ; mais depuis sa séparation les rapports magnétiques avec elle ne l’ont point quitté, il dit la voir et l’entendre.
La quatrième omission est celle de son arrivée à Taris, où il avait prédit que scs amis lui procureraient un médecin, et qu’une fois qu’il l'aurait adoplé, ce serait celui-là qui opérerait sa guérison. Son choix se fixa sur RI. le Dr Galès, chez lequel il entra le 29 avril, présente année 1822,3 l’eilel de commencer son trai-
tement le ier mai suivant; il en est sorti le 2 juillet dernier, pour retourner joyeusement dans sa patrie.
M. le D' Galès nous a remis le journal du traitement qu’il a fait subir pendant deux mois à M. Sloet, son pensionnaire; nous allons en faire une courte énumération.
Le malade a pris son premier bain de vapeur le 1er mai, à trente degrés de chaleur; les second, troisième et quatrième, an même degré. Il y est resté peu de temps les premiers jours, et petit à petit il s’y est accoutumé, ainsi qu’au degré de chaleur, qui de trente degrés a été porté à trente-cinq et à quarante pour le dix-huitième. C’est le soir de celui-ci que M. Galès a commencé les douches, et les a eontinnées tous les jours en les portant sur la tête et les diverses parties du corps. Le bain de vapeur le matin, ainsi que la douche le soir, ont marché de front jusqu’à la fin de mai, sinon quelques interruptions de la douche, en raison des effets qu’éprouvait le malade en bien ou en mal. Son état s’est amélioré dans ce mois, ainsi que la surdité; »lu 21 mai au 5i , les bains ont été pris à quarante-cinq degrés.
Depuis le Ier juillet jusqu’au 3o, le malade a pris tous les jours un bain de vapeur à quarante-cinq degrés et quelques douches, ainsi que des fumigations particulières. Sa surdité s’est passée graduellement, il avait prédit sa guérison complète et le recouvrement de l’audition pour le 3o juin ; il nous a en effet donné la preuve qu’il entendait très-bien des deux oreilles, lorsque nous l’avons vu le i,r juillet, veille de son départ.
Réflexions du rapporteur. — Messieurs, le rapport dont vous nous avez chargés, et que nous avons l'honneur Ie vous présenter aujourd’hui, est un des plus difficiles que nous ayons faits, par la variété et l’en-
chaînement dos matières à analyser; ou il fallait le faire en deux pages insignifiantes, ou il fallait qu’il fût en proportion de la longueur du Mémoire pour ne rien omettre de ce qu’il contient; c’est ce dernier parti que nous avons cru devoir prendre.
D’abord il a fallu entrer dans l’appréciation des effets consécutifs d’une fièvre scarlatine à l’âge de quatre ans; l’opinion que l’auteur adopte ne nous a pas paru vraisemblable, et nous la considérons comme inadmissible.
La maladie nerveuse qui date de la fin de décembre 1820, et qui a été précédée de la surdité, peut tenir a d’autres causes qui nous sont inconnues ; nous y voyons seulement une névrose qui a affecté tous les systèmes, et particulièrement le cerveau.
Quant au magnétisme, qui remplit les trois quarts du Mémoire, nous déclarons ne l’avoir jamais employé directement; nos connaissances à ce sujet sont très-superficielles, et par conséquent insuffisantes pour en porter un jugement solide.
Quant à l’influence magnétique de MIle ***, en rapport avec M. Sloet, nous la regardons comme le résultat d’une passion amoureuse de la part d’un jeune homme de vingt-un à vingt-deux ans, et toutes les rêveries qui sont débitées par le malade à ce sujet, comme le fruit d’une imagination exaltée; nous attribuons à la même cause les prédictions miraculeuses qui les accompagnent.
Dr DliCHATEAU , membre résident.
ÉTUDES ET THÉORIES.
VUES PHYSIOLOGIQUES ET PSYCHOLOGIQUES.
Mon honorable confrère, le Dr Ordinaire, dans l’intéressant article qu’il a publié dernièrement (i), a émis des assertions dont la nature tendrait à ruiner la base quelque peu scientifique et positive que le magnétisme a pu enfin trouver, après tant d’oscillations, si par une discussion sérieuse à laquelle je convie les magnétistes, je n’arrivais à prouver que M. Ordinaire généralise trop des faits exceptionnels, et que c’est faute de s’entendre qu’on semble ne pas être d’accord.
Voici les assertions de notre confrère :
i° Comment peut-on se magnétiser soi-même, si le fluide sortant du corps, s’échappant par les mains, rentre dans le corps?
a0 Comment la vue seule d’un magnétiseur sou-lage-t-elle ?
3° Comment expliquer, en admettant un fluide, le somnambulisme naturel et lucide d’une personne, et son réveil à minute fixe sans magnétisation et sans dégagement?
4° Les crétins magnétisés n’ont rien ressenti des magnétisations auxquelles on les a soumis; ces êtres ne sont pas impressionnables, parce que le magné-
( 4)Voy. lome X, numéro 156, page 651.
tisme n’étant qu’une action de l’âme sur l’âme, ils n’onl pas d’âme.
De ces considérations développées par des faits, M. Ordinaire conclut qu’il ne peut y avoir de fluide magnétique, et que toute l’action est purement spirituelle.
l’osons d’abord un principe : L’homme est une unile trinaire,
i° Substance spirituelle, dite âme ,
2° Matière agrégée et décomposable en : i° Molécules organiques t a° Fluide impondérable.
Donc l’homme est composé :
i° De molécules matérielles formant le corps ,
2° D’un agent moteur, agent analogue, de la même nature que les fluides impondérables de la physique : électricité, calorique, lumière; agent incapable de pensée, de volonté, étant de nature matérielle quoique actif, quoique force, mais n’ayant pas les caractères de l’individualité, de l’être ayant conscience.
Aussi cet agent n’est force que tant qu’il est uni à l’agrégat moléculaire, qui est le corps ; il est né avec les premières molécules de l’embrvon, il l’a développé comme force vive; il était solidaire du mouvement de nutrition qui apportait au moule centralisateur de sa puissance les matériaux qui les faisaient en même temps que lui, agent virtuel, faisait la vie ; enfin cet impondérable spécial au système nerveux, est parce que le corps vit, et il n’est plus quand le corps ne peut plus accomplir les grandes fonctions qui concourent à la génération incessante de ce fluide vital.
Je n’ai pas à m’étendre pour démontrer l’existence de ce fluide. M. Ordinaire admet avec nous la trinité
humaine; ce qu’il 110 croit pas, c’est l’action de l’impondérable dans la magnétisation : il veut que toute l’action vienne de lame, c’est alors qu’il nous demande pourquoi, si, quand on magnétise, le fluide va saturer le corps du magnétisé, pourquoi il n’arrive pas toujours d’effets; pourquoi ces crétins, assurément imprégnés de fluide, si fluide il y a, n’ont rien éprouvé? Selon lui, ces malheureux idiots n’ont pas d’intelligence, donc ils n’ont pas d’âme, et l’âme qui magnétise n’a pas de sujet sur lequel elle puisse agir.
Le crétinisme est une variété de l’idiotie. C’est une altération dans l’organisation du cerveau, qui enlève les facultés morales et intellectuelles, et qui s’accompagne d’une dégradation remarquable dans les formes extérieures de la têle comme du corps. Cet état maladif auquel l’espèce humaine est exposée ne se développe toutefois que sous l’empire de circonstances toutes particulières. Ainsi l’influence du climat est la cause mère; on sait en effet que le crétinisme est une maladie propre aux lieux bas, humides, formant des vallées profondes, voisines des montagnes. Là , toutes les misères, la concentration d’iudividus prédisposés, leur croisement perpétuel, font de cette maladie un foyer qui s’alimente de lui-même.
Le plus grand nombre des crétins naissent ainsi disgraciés ; mais il en est un certain nombre qui ne le deviennent que dans les huit premières années de la vie. — 11 existe bien des degrés d’imbécillité, d’i-diolismc, dans les crétins. —Les tout petits enfants de parents étrangers à ces localités, et sans prédisposition innée à cette infirmité, peuvent la prendre quand ils viennent à être élevés dans ces lieux de misères physiques et morales. Les soins d’hygiène appliqués sur une vaste échelle, le changement de lieu,
diminuent à la longue la fréquence et l’intensité du crétinisme. — Voilà des faits que la science constate, et certes cette matière a élé largement étudiée.
Or, que ressorl-il de ces considérations? Il ressort que le crétinisme est un arrêt de développement dans la substance cérébrale dans son entier ou dans quelqu’une de ses parties, de là l’impossibilité de magnétisations intellectuelles. Quand un enfant, né dans'lcs mêmes conditions organiques que d’autres, devient malade du cerveau, que celte maladie amène le crétinisme ou simplement quelque degré d’idiotie, est-il possible de supposer que lame aura quitté cet être devenu inhabile aux opérations de l’intelligence? Et notez-le bien, c’est le cas d’un grand nombre de crétins : ils ne naissent pas absolument déformés dans leur cerveau, ils sont disposés à l’altération qui va les frapper d’idiotisme; et le genre de vie, d’alimentation , d’air respiré, elc. , amène celte infirmité; or, quand ils sont nés, n’avaient-ils pas d'âme? Et à quelle époque du développement de la maladie cette âme aurait-elle quitté le corps? Cette question de l’union de l’âme au corps est si vasle, si difficile à traiter, qu’en vérité je ne puis même pas l’ébaucher dans un article de journal, mais je puis avancer ici avec certitude, que l’homme, quelque imparfait qu’il soit, ne saurait dériver de ses semblables sans être forcément la créature trinaire. appartenant à l’espèce foncièrement composée d’une substance spirituelle, d’un agent impondérable physique et de matière agrégée. Si les organes destinés à apporter à l’âme les matériaux de développement, c’est-à-dire si les sens, si les centres nerveux sont impuissants à transmettre à l’âme les notions des choses extérieures , et par là même empêcher le développe-mentdc ses forces intellectuelles; eh bien! cette âme
reste inerte, sans conscience, sans imagination, sans connaissance aucune, elle reste force latente , sans facultés, sans puissance; mais elle n’en existe pas moins, car autrement l’idiot, quel que soit le dé-gré de crétinisme dans lequel il soit, autrement dis-je cet idiot n’appartiendrait pas à l’espèce humaine; et de deux êtres de la même espèce, il ne peut sortir un individu d’espèce dissemblable et opposée dans son essence constitutive.
La nullité des effets ressentis par les crétins magnétisés par M. Ordinaire, ne tient donc pas à ce que ces individus disgraciés n’auraient pas daine, ils en ont une, comme je viens d’en esquisser les preuves,
Avant d’ériger en principe que les crétins ne sont pas magnétisables , il faudrait que des expériences très-nombreuses eussent été faites par beaucoup de magnétiseurs, et sur beaucoup de sujets, et certes c’est là un sujet d’étude d’une très-haute portée.
Il y a dans le tempérament du crétin des dispositions organiques du système nerveux qui paralysent à n’en pas douter l’action du fluide dont la magnétisation les imprégné, il y a aussi chez cet être incomplet, absence del’imagination qui, dans la moitié des cas où quelqu’un est impressionné, a joué un très-grand rôle, voilà pourquoi le crétin doit être moins influencé que toute autre personne. Néanmoins je ne crois pas que tout crétin ne soit pas magnétisable, pas plus que tout autreidiot de naissance. Par les raisons que je viens d’exposer, il est évident que le nombre de ces ctres magnétisables sera très-restreint, et cela ne doit pas étonner quand on réfléchit combien déjà sont rares les personnes magnétisables à un haut dégré.
Je rapproche le crétinisme de l’idiotie congénitale, et je dis que les expériences de magnétisme auraient
un très-grand intérêt. Les faits que la science possède dans ce genre sont excessivement rares , je ne connais que celui dû à Puységur(i), mais il suffît pour montrer la possibilité de somnambuliser un idiot, et il prouve que cet idiot de naissance a une âme. Je désire que ces réflexions fassent jaillir quelques faits sur ce point de pratique.
Maintenant, comment expliquer, demande M. Ordinaire, le somnambulisme naturel et lucide, et le réveil à minute fixe sans magnétisation et sans dégagement ?
Mais, en vérité, les lois de la physiologie du système nerveux , telle que l’étude du magnétisme l’a faite, répondent à cette question.
L’exislence d’un impondérable circulant dans le •système nerveux est hors de doute, depuis la connaissance que la doctrine de Mesmer a apportée à la science, et aussi depuis les travaux de Matteuci, de Liebig et autres physiologistes. Or, le somnambulisme naturel se manifeste quand une concentration de cet agent se fait spontanément dans telle ou telle partie de l’encéphale. 11 se produit dès-lors -une nouvelle manière de fonctionner dans la vie de relation, et ce phénomène est soumis à des circonstances toutes organiques et individuelles.
Si à cette disposition anormale, maladive, je dirai même, il s’ajoute une grande susceptibilité du système nerveux à être affecté par les sensations externes et internes ; si la force de pensée est en même temps énergique; si le moral est exalté et se concentre énergiquement, alors la crise du somnambulisme s’opère sous l’action propre de l’imagination de
(i) Voyez son ouvrage intitulé : les Fous, les Maniaques et les Insensés ne seraient-ils que des somnambules déréglés, ou Traitement du jeune Uéhert.
XI .
l’individu lui-même, et cela sans qu’il soit besoin d'une impulsion étrangère. 11 n’y a pas d’autres causes à toutes ces extases spontanées qu’on observe si souvent en dehors du magnétisme. Dans ces somnambulismes spontanés , le degré de l’intelligence est en raison de beaucoup de conditions, mais surtout en raison de la fréquence des crises et de l’idée que l’individu a sur le but de sa crise.
Dans ces cas curieux de somnambulisme sans magnétisation, c’est ou l’âme de l’individu fortement impressionné qui détermine le raptus du fluide nerveux dans l’encéphale, et la rupture de sa circulation normale; ou bien c’est une cause physique, maladive, et dans ce cas l’âme agit en second. Mais dans tous les cas on peut dire qu’il y a une perversion dans les fonctions de la force nerveuse, par conséquent que c’est un effet physiologique. Jamais les magné-tistes fluidistes n’ont méconnu ces lois de somnambulisme spontanés, ces phénomènes ne détruisent en rien la somnambulisalion artificielle déterminée par l’introduction d’un agent nerveux étranger qui fait dans l’appareil nerveux ce que dans les cas dont j’ai parlé l’organisme fait seul. Et c’est bien à cette la-cilité de reproduction de la crise somnambuliquo que des individus habitués au somnambulisme par magnétisation, doivent d’y entrer d’eux-mêmes, et par suite d’une impression morale ou physique quelconque. Ces deux causes de ce grand phénomène, quoique bien différentes et opposées, ne s excluent pas; elles forment à elles deux tonile système de la physiologie et de la psychologie nouvelles que le magnétisme a révélées.
Dois-je ajouter que dans la crise spontanée qui est Jucide, la volonté de l’individu est le mobile qui dirige les effets nerveux? Quand l’individu est persuadé
qu’il doit s’éveiller à telle minute, il s’éveille en effet; quand il croit sentir telle impression, il la sent. Tous ces phénomènes si curieux demandent une étude bien attentive, et ils convient de hautes intelligences, qui malheureusement ne s’y arrêtent pas.
Je terminerai ici mes réflexions, elles suffisent, je crois, pour répondre aux autres questions moins importantes que nous soumettait M. Ordinaire.
Dr CI1ARPIGNON.
Orléans, 29 novembre 1851.
Nous avions l’intention d’ajouter quelques mots à ces savantes considérations, mais une lettre de M. Ordinaire est venue nous en distraire. Il annonce qu’il a terminé son grand travail sur l’âme, et qu’il est prêt à le livrer à l’impression. Cet ouvrage contenant le développement des idées de notre honorable confrère sur la question qui sc débat en ce moment, il y a lieu d’allendre l’ensemble de ses preuves.
M. Ordinaire n’est pas encore fixé sur le mode d’édition de son livre, sans quoi l'impression en serait déjà commencée; mais ce détail ne peut retarder que de bien peu la publication. Notre prochain numéro contiendra des indications précises à ce sujet.
HÉBERT (do Garnay).
INSTITUTIONS.
Société «lu Journnl du BSapirtlsnir,
{raison în.Btru et c°.)
Les aclionnairos du Journal du Magnétisme , convoqués en assemblée générale annuelle, se sont réunis le dimanche 11 du courant, au siège social.
La séance a été ouverte à trois heures.
La réunion est présidée par M. Breton ; MM. Le Taillant de Florival et Paul Carpentier, remplissaient les fonctions de secrétaire et de scrutateur.
Après avoir entendu :
1° Le rapport de la commission de surveillance, sur la gestion, et les comptes;
2° Le compte-rendu du gérant, sur les opérations et la situation de la Société,
L’assemblée a décidé que les dividendes réservés des années 1849 et 1850, ainsi que celui provenant de l’exercice 1851, seraient ajoutés au fonds’social, au lieu d’être distribués.
Cette mesure, qui augmente lecapital deg69fr. 7_'| c., a pour but de parer aux éventualités de l’année qui commence; elle a été prise à l’unanimité.
Il a été ensuite procédé au renouvellement du comité de rédaction, qui se trouve ainsi composé :
MM. BAÏIIAUT,
BRETON,
CAUPENTIEli.
Pour extrait conforme au procès-verbal.
LE VAILLANT DE FLORIVAL.
luKtitution mnelU'ilfiHr d'Excfcr.
La propagande a des phases heureuses où chaque jour est marqué par une conquête. Là des faits brillants surgissent, ici la conviction s’empare des esprits rebelles, ailleurs 011 fonde une institution utile, partout, enfin, le progrès s’accomplit. Nous parlions naguère de l’institut naissant de Bristol, voici qu’à quelques milles une semblable société s’organise et promet île faire rayonner le magnétisme dans tout l’ouest de l’Angleterre.
On lit à ce sujet dans le numéro 32 du Zoïst :
« M. J.-B. Parker, qui pratique la chirurgie à Exctcr depuis plus de vingt ans, a pris l’initiative d’un traitement magnétique dans cette ville. L’établissement est situé, S1 Sidwells , n° 98 ; plusieurs mesmériseurs capables y sont attachés.
« Les nombreuses cures que le magnétisme revendique dans des cas où tous les moyens de la médecine et de la chirurgie avaient échoué, font que beaucoup de personnes désirent se faire traiter par ce système ; les opérations les plus dangereuses, les plus douloureuses el les plus difficiles ayant été faites sans souffrance et sans aucun accident, ce dont les annales des sciences médicales n’offrent point d’exemple , un nombre égal de patients implore le bénéfice de l’insensibilité; c’est pour se rendre à leurs vœux communs que M. Parker a fondé l’institution magnétique (Mesmeric institution).
« Le nombre des opérations faites par ce chirurgien sur des magnétisés, est de plus de cent, et quelques-unes étaient très-graves : la ligature de l’artère radiale, par exemple. 11 en a exécuté une vingtaine sur les yeux, qui sont toujours si douloureuses, et
le reste sur des organes plus ou moins sensibles. Dans les quatre derniers mois de 1850, il a extrait plus de trenic dents, et dans tous les cas les patients n’ont rien ressenti. Les témoins de ces (ails n’étaient jamais moins de dix à chaque épreuve, et il y en a eu jusqu’à soixante ; ainsi toute la population a pu connaître la merveilleuse propriété de l’agent mes-mérique.
« Outre la prévention de la douleur, qui est un avantage immense , il a été conslalé que le magnétisme a encore celui de vaincre l’inflammation qui suit toutes les opérations de la chirurgie.
« Les malades qui auront besoin d’être opérés ou simplement magnétisés, seront pourvues de toutes les choses nécessaires à leur état.
« Des expériences démonstratives de l’influence mesmérique seront faites, tous les mardis et mercredis soir, à sept heures, sous la direction de M. Parker. On pourra obtenir des.billets d’admission en s’adressant personnellement à l’institution, «3e une à deux heures, les jours ci-dessus mentionnés.
« Il y aura à l’institution une bibliothèque mesmérique et des appareils électriques, électro-magnétiques et galvano-magnétiques, pour démontrer l’analogie entre l’électricité métallique et le magnétisme animal ou mesmérisme.
« Ceux qui auront fait un don à l’institution, ainsi que les souscripteurs, auront acquis le droit de recommander des malades pauvres au traitement médical, chirurgical et mesmérique; et M. Parker sera présent pour leur donner des soins gratuits, les lundis, mercredis et vendredis, entre midi et une heure.
« 11 sera publié, tous les six mois, un rapport des cures qui auront été faites, ainsi qu’une liste des donations et souscriptions reçues. »
Les dispositions contenues dans cc prospectus ont été mises en vigueur le itr janvier i85i, et la sympathie qu’elles ont rencontrés dans le public est tout à fait encourageante.
M. Parker, en rendant compte du résultat des six premiers mois, a relevé des faits qu’il nous paraît utile de mentionner ici.
i° M. Luxmoore, l’un des magnétiseurs de l’institution, a magnétisé une malade pendant cinq ans et demi, sans presque de relâche, durant trois, six, neuf, et souvent treize heures par jour. Les souffrances de cette personne étaient si cruelles, que M. Parker, aux soins duquel elle s’était confiée, n’avait trouvé d’aulre moyen de la soulager qu’en la saignant huit cents fois dans le cours de dix-neuf ans. Maintenant elle jouit d’une santé parfaite.
2° Malgré les objections de quelques magnétistes, M. Parker s’est livré aux séances publiques, et voici ce qu’il a obtenu :
Pendant plusieurs années, deux, trois et souvent quatre fois par semaine, il a réuni chez lui de trente à soixante-dix pe sonnes, toujours gratuitement. Il' a ainsi, avec le concours de ses aides, produit les divers effets magnétiques sur environ*douze cents individus, pris sur une population de trente-cinq mille âmes. En ouvrant ces séances, il avait la double intention d’examiner la variété des phénomènes, et de trouver des sujets à opérer.
Par suite des mesmérisations faites dans ces séances, beaucoup de maux de dents et autres névralgies ont été guéries sans qu’on le cherchât. Il en a été de même pour des indispositions féminines : une centaine de dames ont été ainsi soulagées.
3° Un garçon de seize ans, né de parents à cervelle dérangée, pris d’un subit accès de folie furieuse, à la
suite de fortes tensions intellectuelles, et qui, dans son délire, s’était arraché les ongles jusqu’à la racine, a été instantanément calmé par la magnétisation, puis guéri en quelques jours.
4° Beaucoup de malades incurables ont eu leurs souffrances adoucies par le mesmérisme, et les dernières paroles de plusieurs d’entre eux ont été des remercîmcnts adressés à l'homme qui leur avait rendu la mort plus facile.
5° Des personnes qui tiennent à paraître guidées par l’esprit du christianisme, mais dont la conduite rappelle par trop le zèle aveugle de l’inquisition, se sont opposées de tout leur pouvoir à l’avénement de la nouvelle science. Leurs efforts n’ont point été entièrement vains; mais, dit en terminant M. Parker, la vérité du mesmérisme n’en triompherapas moins lin jour. Elle rencontrera sans doute encore bien des obstacles, mais elle les vaincra tous, tandis que les autres doctrines seront reléguées dans l’ombre ; car c’est elle, la grande lumière électrique, qui conduira le genre humain à l’oasis intellectuelle que son instinct aperçoit !...
Ainsi soit-il bientôt.
HÉBERT (de Garnay).
CONTROVERSES.
ln petit journal de la Nouvelle-Orléans, la Semaine, a publié la lettre suivante, dans ses numéros des 12 et 10 octobre dernier.
A Monsieur du Polel de Sennevoy.
Monsieur,
Nous nous y attendions, M. Barlhet nous avait promis de porter lu sujet en discussion entre le magnétisme et l’homéopalhicà la Nouvelle-Orléans, par-devant l’aéropage magnétique de Paris; celui-ci, comprenant toute l’importance, pour la science en général, du vif et long débat que cette discussion a excité, a, dans le numéro i33 de son Journal du Magnétisme, dirigé par vous, Monsieur du Potet, inséré toute notre polémique, en nous promettant, lorsqu’il en aura reçu la fin, de la faire suivre de ses propres réflexions sur l’objet contesté.
Nous aurions attendu, avec la confiance qu’inspire une société de magnétiseurs et de médecins, dirigée parvous, ces réflexions, si nous n’avions pas cru devoir au préalable les prévenir, s’il est possible, par quelques observations qui, quoique peu importantes en elles-mêmes, pourront influencer peut-être votre opinion.
M. Jos. Barthet est bien connu du monde magnétique; son activité, ses travaux, ses convictions lui ont mérité une récompense glorieuse; et nous, dites-vous, médecin français, grand admirateur de l'ho-
mèopalhie, cl un peu partisan du magnétisme, sommes le champion qui ose se mesurer avec lui. Pourquoi ne pas dire : Un médecin français, vieux praticien homéopathe, et croyant au magnétisme comme à une des ressources les plus précieuses de la thérapeuti -que? Vous auriez dit plus vrai et auriez par là effacé tonie prévention défavorable sur notre compte. Ce n’est pas que nous vous suspections de partialité, mais c’est que nous ne voulons pas laisser ignorer que c’est en parfaite |connaissance de cause que nous avons parlé et magnétisme et homéopathie; car, docteur en médecine de la Faculté de Paris, depuis juillet 1822, nous n’avons cessé de pratiquer pendant douze ans les principes de l’école d’où nous étions sorti. L’imperfection de nos moyens de curation nous forçait souvent de recourir au magnétisme humain. Nous étions jeune alors, plein de vigueur et de santé, et nous ne nous en trouvions pas bien, quoique nous lui associassions quelquefois la singulière et étonnante lucidité somnambulique. La raison en était simple ; l’homéopathie nous l’a donnée: c’est que le magnétisme, comme tous les modificateurs de l’organisme, est doué d’un esprit individuel qui ne se fait connaître que par des effets qu’il détermine sur les corps vivants.0>-, pour que celles-ci soient utilement appliquées aux cas morbides qui les réclament, il faut que, par la voie sûre, infaillible de l'expérimentation pure, on soit arrivé à la connaissance de ces effets.
Vous manqua, comme nos collègues MM. les allo-pathes, de ce critérium, de cette règle; avec eux vous prétendez assigner des vertus thérapeutiques générales au magnétisme: il régularise et dirige les forces vitales (Mesmer, Bruno, Deleuze), il est par lui-même un agent très-actif, dont la principale propriété est
d’entraîner hors «lu corps, et principalement par les extrémités, tout ce qui dérange l’harmonie naturelle (Alexandre de Tralles, du VIe siècle; Greatrakes, Valentin, du XVIe; Doleuze). 11 régularise le pouls, rétablit la transpiration; il est calmant en ce qu’il rétablit l’équilibre (Bruno, Deleuze) ; tonique en ce qu’il facilite la circulation cl qu’il augmente les forces vitales (Deleuze). Sont-ce là des preuves assez nombreuses, tirées de vos livres propres, de ce que nous avancions en tête de ce paragraphe? Hahnemann, notre maître, les a toutes réduites au néant ces vertus générales médicamenteuses, que l’étroite théorie matérialiste avait érigées en dogmes. C’est en faisant descendre du cercle des abstractions dans celui des faits l’harmonie naturelle à qui la vie universelle sert de piédestal, c’cst en réalisant cette idée que le génie païen avait conçue et que Virgile a formulée dans son mens agitat molem et tolo se corpore miseet, qu’Hahne-niann a pu trouver sa sublime loi homéopathique.
L’allopathie a eu beau entasser hypothèses sur hypothèses touchant l’action médicatrice de l’électricité dans les maladies, elle n’a rien ou presque rien obtenu, tandis qu’IIahnemann, docile à la voix de l’expérience, si prodigue envers ceux qui savent bien l’interroger, a, par des travaux longs et soutenus, créé cette magnifique symptomatologie de l’aimant artificiel, à qui son si digne élève Caspary, de Leip-sick, a donné pour pendant la phénoménologie du galvanisme.
La question qui vous est soumise est complexe; vos idées sur elle, nous les ignorons, cl si nous avons pris la liberté de les devancer par cette communication, c’est dans l’intention de vous faire observer que la qualité de magnétiseur, après la sublime découverte d’Hahnemann, vaut moins en thérapeutique, et
certes c’est dire beaucoup, que celle de docteur al-lopathe. Pour être apte à juger le point en litige, il faut être autre chose que magnétiseur, ¡autre chose que médecin allopatho ; il faut, après avoir été l’un et l’autre, être devenu ensuite praticien en homéopathie, comme M. le Dr Alphonse Teste l’a fait. Nous n’avons l’honneur de vous connaître que par vos nombreux et brillants travaux sur le magnétisme-, nous pensons qu’ils résument toutes vos idées médicales, et, dans cette persuasion, nous sommes contraint de vous déclarer que vos réflexions sur la question pendante seront pour nous purement individuelles, c’est-à-dire dépourvues de toute autorité doctrinale.
Notre adversaire à la Nouvelle-Orléans n’était non-seulement pas médecin, mais il était répulsif à l’homéopathie. En sa qualité de magnétiseur, il voulait dicter des lois, lancer l’allopathie, considérer l’homéopathie comme insignifiante et élever le magnétisme au-dessus de tous les systèmes de médecine, comme si la partie pouvait être égale au tout. C’est là en général la tendance des magnétiseurs, et une des sources sans doute de l’état stationnaire du magnétisme dans son application au traitement des maladies et de l’espèce d’incertitude que son administration laisse sur scs effets.
Rien ne démontre mieux l’importance des qualités du juge, en semblable matière, que le grave exemple qui surgit à notre pensée: souffrez que nous vous le rappelions. Un savant professeur d’une école célèbre accepte, en i83a, la mission d’éclairer une académie de médecine, royale alors, sur la valeur de l’homéopathie ; il ne la connaissait pas : la Matière médicale pure n’était pas encore traduite ; les expériences par lui tentées daus son hôpital furent toutes contraires
à la doctrine; le rapport en fut fait, et la doctrine fut déclarée erronée et impuissante.
Si un pareil écueil vous attend, et c’est celui dans lequel sont tombés fatalement, jusqu’à cette heure, tous nos contradicteurs, nous ne vous accuserons pas, veuillez le croire, Monsieur le directeur, de partialité; nous l'attribuerons plutôt à l'imperfection de vos connaissances homéopathiques.
Veuillez agréer, Monsieur, l’assurance sincère de la considération la plus parfaite de voire toul dévoué serviteur,
TAXII,, D. il. p.
Nouvelle-Orlians, 11 octobre 1851.
Arbitre récusé d’avance par la partie même qui nous avait choisi (i), nous n’avons plus rien à voir dans ce procès. Laissons aller les choses, elles sont en bon Irain ; le temps mettra tout à sa place, il donnera raison à la naturesur les systèmes, en inspirant aux hommes une doctrine vraie qui les ralliera tous; car dans chacun d’eux il y a une parcelle de vérité qu’il ne faut point rejeter. L’homéopaihie est exclusive comme l’allopathie; enfants d’un même père, ces deux sœurs s’arrachent les cheveux. Que doit faire le magnétisme dans cette occurrence; témoin de ce duel à mort, doit-il s’interposer ? Non. Réparer les erreurs de l’une et de l'autre, montrer qu’il est plus puissant que toutes deux , tel doit être son rôle.
Noble champion, M. Taxil soutient, comme les preux du temps passé, que les attraits de sa maîtresse sont incomparables. Pourquoi donc férailler pour soutenir le contraire? Notre maîtresse, à nous, c’est la nature tout entière; nous ne cherchons point à la
(I) Voyez numéro 135, tomo X, page 597.
faire mentir et grimacer, mais à l'imiter dans quelques-uns de 6cs ouvrages.
Ah! M. Taxil ! si vous n’étiez pas si loin, je vous dirais : Faites, avec vos infiniment petits, naître quelque symptôme que vous voudrez, nous allons à l’instant même le faire rentrer dans le néant; tandis que nous vous défierons d’effacer par aucun de vos spécifiques les phénomènes que nous ferons naître: qui fait le plus peut donc faire te moins. Mais, vous êtes loin, bien loin , et vous n’entendez point notre appel. Quoi qu il en soit, vous êtes homme d’esprit et d'intelligence, vous comprendrez notre réserve, envoyant que nous ne voulons point vous juger. Vous examinerez de nouveau, et plus attentivement, les documents publiés par le Journal, les faits qui, probablement, se manifestent où vous êtes ; et, mettant de côté tout esprit d’école, tout préjugé, car vous êtes médecin, et les médecins en ont comme tous les autres hommes, vous nous direz franchement un jour : Le magnétisme est grand comme le monde; toutes les vertus des médicaments sont en lui, les médecins ne doivent être que ses auxiliaires, ses servants, rien de plus.
DU POTET.
Voici un dernier écho de cette polémique. Nous l’empruntons à Abeille du 31 mai 1851. C’est un dialogue entre :
LA NATURE, L’ALLOPATIIIE ET L’HOMÉOPATHIE.
LA NATURE.
Mes filles, à l’instant, j’apprends qu'une querelle S'élève entre vous deux : la cause, quelle est-elle?
Faut-il donc qu’à mon âge, après tant de tourments.
Je sois cncor réduite à voir que mes enfants
Ne peuvent s'accorder ; quo, disputant sans cosse,
Ils n’arrivent jamais au vrai but, la sagesse!
Mais enfin, quel motif vous sépare aujourd'hui?
L'HOMÉOPATHIE.
De personne ici-bas je n’invoque l’appui,
Et je porte 6 la main le flambeau de la science; Refuser de me suivre est une impertinence ;
Car je viens 5 ma sœur d’exprimer nettement Le mépris que je fais de son entêtement A suivre les leçons d’une vieille doctrino Bonne pour défrayer les gens de la cuisine.
LA NATURE.
Vous êtes la cadette, et pour cette raison ,
Ma fille, vous deviez no parler qu’en second.
En outre il sied fort peu, pai donnez si je prêche,
De voir en votre bouche un langage aussi rèche. Est-ce bien là le ton que prend la vérité Jalouse d’éclaircr la pauvre humanité?
Est-ce ainsi qu’on se fait même un seul prosélyte,
Ma fille, je m’entends, parmi les gens d’élite?
Car il importe peu, du moins pour vous, je croi, D’avoir l’assentiment des gens qui no font loi.
Ce n’est point, chère enfant, en employant l’injure Qu’on prouve,'aux gensd’esprit qu’une doclrinee9t pure. Ces moyens sont furt bons pour le peu pio d’en bas. Mais vous ne voulez point porter là les débats;
Ce serait oublier le respect de soi-même,
Et par trop ravaler la science qu’on aime.
Écoulons votre sœur ; qu’elle parle à son tour.
L’ALLOPATHIE.
Mère, je n'ai jamais douté de votre amour,
Et le ton bienveillant que vous venez de prendre Prouverait au besoin combien vous êtes tendre. Qu'ai-jc dit à ma sœur qui pût donc l'offenser?
Ne saurait-on avoir sa façon de penser;
Et faut-il, ô grand Dieu ! qu’on se coupe la gorge A propos des effets du tilleul ou de l'orge? Qu'importe le moyen dont notre art fait emploi?
Le moyen qui guérit est celui qui fait loi.
Car que fait, après tout, au malade lui-mêmo Qu’on soulage son mal par tel ou tel système ?
Lorsque noire arl lui rend la santé, le vrai bien,
Qui doit-il remercier, Ilippocrato ou Galien?
Libre après, au rêveur, dans sa monomanie,
De rapetisser la science à son génie.
Croyant avoir fixé les limites de l'art,
S'il s’enivre d’orgueil et s’en fait un rempart , Plaignons cet homme en proie à la mélancolie,
Car le temps seul, hélas ! peut guérir sa folie.
Ma sœur parlait tantôt de spécificité,
Le nom me paraît long et fort bien inventé ;
Mais ma sœur prétend-elle affirmer sans réplique Qu’à chacun de nos maux répond un spécifique ?
Et vous, ma mère aimée, assise à mon côté,
N’est-il qu’un seul chemin qui mène à la santé? Souvent ne voit-on pas (n’en déplaise aux compères) Deux malades guérir par des moyens contraires? N'a-t-on pas vu cent fois (et c’ost un grand bonheur),
Des cures s'opérer en dépit.....de ma sœur?
N’est-il pour chaque cas qu’une seule formule,
Et le sort des humains est-il dans un globule?
Mais ce même globule, objet de grands discours, Est-il bien avéré qu’il excite toujours De la même façon telle ou telle nature?
Peut-on de ses effets préciser la mesure?
Et pendant que l'on cherche à trouver le vrai point. Dame mort se tient-elle assise dans un coin?
Sans vouloir à ma sœur refuser son mérite L’on peut bien discuter sans pour ça qu’on s'irrite.
L’HOMÉOPATHIE.-Pendantcc longdiscours, bien moins long qu'insolent, J’ai pu de ma colère étouffer tout accent.
Ma sœur, à mon avis, vous n'êtes qu’une sotte.
Et vous êtes d’ailleurs dans l'âge où l’on radote.
Le monde avec raison rit du vieil oripeau Dont vous usez encor pour couvrir votre peau.
Mais grâce à ma doctrine, aussi neuve que saine,
L’on peut créer des maux dont on guérit sans peine. Lisez plutôt les faits écrits dans l’Organon ,
L’on ne peut en douter à moins d’être un ânon.
Il n’est de gens sensés, j’en jure par moi-même,
Que ceux qui, sur parolo, embrassent mon système.
L’ALLOPATHIE.
Je pardonne à ma sœur tous ses emportements;
Il est certains égards quo l’on doit aux enfants.
Pour guérir son orgueil et son impertinence,
Je conviens qu’il lui faut un peu d'expérience.
Dans mon jeune âge aussi je croyais tout savoir; L'orgueil liait le matin, le doute vient le soir.
LA NATURE.
De grâce, mes enfants , cessez votre querelle ;
La peine que j’en prends est vraiment trop cruelle. Cultivez de concert le bel art de guérir,
Mais ne commencez pas par me faire mourir ! Voyez-vous dans les champs une abeille mutino Chercher noise h sa sœur pendant qu’elle butine?
Les voyez-vous jamais, au retour de l'essaim,
Jeter leur doux fardeau pour se battre en chemin ? Attentive, docile aux rênes de l’empire,
Chacune avec amour vient façonner la ciro Qui doit former bientôt le grenier bienfaisant Du miel qui va nourrir tout 1111 peuple uaissant : Enfants, imitez-les; à mes conseils dociles Vous pouvez toutes deux aux hommes être utiles, Mais que si vous lâchez les rênes à l’orgueil,
Vous porterez partout et les pleurs et le deuil.
L’HOMÉOPATHIE.
Douter de 111a puissance est vraiment une injure;
Ma mère ignore encor la médecine pure,
Et je ne pensais pas qu’il me fallût un jour...
LA NATURE.
Assez , ma fille, assez : j’eus pour vous trop d'amour. Jusqu'ici j'ai soulîert vos petits ridicules ,
Bien moins petits pourtant que le sont vos globules; Mais puisque vous poussez ma patience à bout,
Je mo révolte enfin et vais vous dire tout, Dussiez-vous de nouveau prendre vos airs maussades :
J'ai seule jusqu’ici guéri tous vos malades.
(Abeille de la Nouvelle-Orléans.)
VARIÉTÉS.
Clairvoyance. — Nous avons cité dernièrement un épisode de la tournée qu’AdoIphc Didier a faite en Angleterre. Voici encore un trait de ses exhibitions, qui, quoique ancien, peut intéresser. Nous l’empruntons au Monmouthshire Merlin , journal de Newport, du 21 septembre x85o :
« M. Vernon a donné cette semaine des séances fort intéressantes de mesmérisme avec le fameux somnambule français Adolphe.
« Celui-ci a étonné de nombreuses assistances par ses parties d’écarté, qu’il gagnait invariablement, même lorsque les cartes étaient retournées. Il connaissait très-bien le jeu de ses adversaires, et parfois appelait les cartes pour eux.
« Il a lu aussi avec assez de facilité des phrases écrites ou imprimées, quoiqu’il trouvât nos mots anglais d’une prononciation difficile.
« Malgré ces résultats, parfaitement satisfaisants pour les esprits ordinaires, il s’est trouvé des personnes qui, n’ayant pas confiance dans le mesmérisme, eurent l’idée que l’objet des expériences était communiqué au somnambule par des signes particuliers dont pourtant aucun n’était apparent. Pour satisfaire à leurs doutes, il fut décidé qu’une partie de billard serait jouée par Adolphe endormi, et ayant les yeux bandés, ce qui eut lieu.
« Dès que les cavités formées parle nez, les joues
et les orbif.es eurent été remplies de ouate et ces tampons soigneusement maintenus p;ir des mouchoirs, Adolphe prit une queue et joua la partie tout aussi bien qu’auraient pu le laire beaucoup de gens éveillés cl ayant les yeux ouverts. 11 dit la position et la couleur des billes, et fil des remarques desquelles il résullait qu'il était parfaitement lucide. La partie éfait presque finie lorsqu’il déclara être très-fatigué ; alors on cessa. »
Chronique. — Notre correspondant de Lyon nous mande, à la date du a5 décembre, une nouvelle qui fera plaisir à tous ceux de nos amis qui savent combien l’autorité religieuse est puissante auprès des gens dont l’ignorance ou la foi mal éclairée fait obstacle au magnétisme. Il dit :
« Mon cher Monsieur Hébert,
« Pendant que Messieurs les médecins dédaignent de s’occuper du magnétisme, le clergé,, mieux avisé, traite résolument la question.
« Nous avons ici un chanoine, nommé Barricand, qui, d’après l’aulorisalion du cardinal de Bonald, fait tous les mardis et vendredis, à la Faculté de théologie, un cours de magnétisme. Ce n’est point, à proprement parler, un cours théorique et pratique, un enseignement, enfin; c’est plutôt une étude historique et raisonnée de tous les faits appartenant à cette science. Jusqu’à présent, il s’est borné au rôle de narrateur, faisant une analyse succincte et impartiale de toutes les luttes que les adeptes ont engagées avec les corps savants, examinant avec scrupule toutes les opinions contradictoires, et laissant entrevoir, à travers tous ces débats, une opinion favorable à la science nouvelle. Aujourd’hui,, il a quitté le rôle d’historien pour entreprendre celui de critique, et
u
je pressens déjà que, tout en cherchant à concilier la pudeur et la morale avec l’exercice du magnétisme, il conciliera tout à fait en faveur de nos principes.
« Je regrette de no pouvoir suivre scs leçons avec assiduité; si j’eusse pu le faire, je vous aurais tenu mieux au courant de ce qui se dit dans une chaire de théologie, afin que vous puissiez réfuter ou approuver des raisonnements partant de si haut, et qui, par ce motif, ont plus d’inlluence et de poids auprès des auditeurs que ceux venant d’ailleurs. »
L. P. MARGEUY.
— Un statuaire distingué, que je suis heureux de compter au nombre de mes élèves , M. A. Calmcls, voulant payer son tribut à notre science, s’est promis de reproduire les traits des hommes qui ont le plus servi la cause du magnétisme. Jugeant qu’il fallait un spécimen pris parmi les vivants, il m’a choisi.
L’artiste a saisi le magnétiseur : c’est bien lui. Je puis dire : C’est bien moi, et je l’en remercie. Cette œuvre sera-t-elle bien accueillie? Je n’en sais rien; tout mon désir est que l’auteur n’ait point à regretter d’avoir commencé par le dernier.
Ce buste se vend 6 fr. , à l’atelier de M. Calmels, rue Duperré, n°4, près la barrière Pigale.
DU POTET.
Revue des Journaux. — L’Étoile de Falaise a consacré son feuilleton des a2 février, 8, 16, 22 et 29 mars 1851, à une exposition sommaire du magnétisme considéré comme art et comme science. Cet article est empreint d’une foi vive et d’un savoir réel. L’auteur a fait, pour appuyer ses réflexions, plusieurs citations du Manuel, etc.; onvoit enfin qu’il possède non
seulement les faits et les principes, mais que la littérature magnétique lui est familière. Encore une bonue adhésion !
— Dans une étude sur M. le Président de la République, publiée par le Pays du 12 septembre dernier, M. A. de LaGuéronnière rapporte une prédiction somnambulique qui, si elle est vraie, ne manque pas d'intérêt. La voici :
«.....C’était, si je ne me trompe, en 1834. La
reine Ilortense se trouvait à Rome ; un jour un magnétiseur fameux fut appelé chez elle pour être mis en présence d’une négresse somnambule qui avait déjà produit des phénomènes remarquables. La somnambule fut bientôt endormie. La reine Hortense n’avait qu’une pensée fixe, et cette pensée venait de son cœur. Elle croyait son fils, Napoléon-Louis, destiné à ramasser le sceptre et l’épée tombés des mains du héros dans sa glorieuse défaite. Aussi multipliait-elle les questions pour essayer de pénétrer l’avenir. Enfin la somnambule, comme inspirée, s’écrie tout d’un coup : « Ah ! je le vois heureux et triomphant !
« Une grande nation le prend pour chef. — Pour cm-« pereur, n’est-ce pas ? s’écrie la mère, haletante et « transportée. — Pour empereur! s’écrie la som-« nambulc; jamais!... »
— La Gazette des Tribunaux, du 10 octobre dernier, relate les incidents d’un procès jugé à Londres, desquels il résulte que les lois anglaises punissent l’exercice de toute espèce de divination ; la lucidité rétribuée ne trouverait pas grâce devant les magistrats de ce pays.
HÉBERT (de Garnay.)
BIBLIOGRAPHIE.
LA MAGIE DÉVOILÉE. Ouvrage inédit, par M. DO Potet.
Extrait. — (Suite.)
La vérité, comme un bon génie, avait déployé ses ailes et parcourait l’espace ; nous la suivions dans son vol rapide, et, pleins d’espérance, nos cœurs remerciaient Dieu. Mais le principe du mal, jaloux de ses succès, couvrit pour un instant le ciel de ténèbres, et la vérité, n’osant plus poursuivre sa route, revint épouvantée.
Que va-t-il advenir, et quel sera son sort?
Dois-tu, cher guide, retourner au tombeau, pour y dormir encore; et verrons-nous de nouveau sceller la pierre qui pendant vingt siècles empêcha ton essor?
On dit que tout est soumis au hasard, et qu’une aveugle fatalité dirige les affaires de ce monde ; que rien n’est vrai, que rien n’est faux ; que Dieu, enfin, s'il existe, abandonne au plus fort comme au plus hypocrite le soin de conduire les hommes. Affreux blasphèmes, mensonges intéressés, maximes de pervers! Ce qui illumine parfois nos âmes n’a rien de terrestre; car si dans ces moments nous découvrons une justice suprême, la source doit découler de Dieu.
O vérité consolante ! n’est-ce point toi qui soutiens le juste, et fais naître le remords dans le cœur des méchants!
Non, rien ne périra de nos idées, ne sont-elles point extraites des plus pures essences? D’où donc nous seraienl-clles venues, comment auraient-elles
germé dans nos esprits , si ce n’était pour être fécondées par le temps! Déjà que de conquêtes rendues impérissables dans le domaine tout physique! La science a vu par nous tous agrandir ses limites, et l’esprit des ténèbres n’a pu rien empêcher. Tous ces combats tournèrent à sa honte et à notre gloire. Le bien, fruit de notre doctrine, se répand en tous lieux.
Mais la vérité porte en elle-même un nouveau rédempteur: quelque chose de caché et de mystérieux qui ne peut se dévoiler qu’en un jour de liberté.
Dussions-nous nous exiler en emportant ce secret, dussions-nous franchir les mers pour trouver un lieu propice , on nous verrait obéir aux décrets de la Providence; libre alors, nous dresserions notre tente sur ce coin de terre, puis, à l’aube du jour, nous ferions un appel à nos frères, et leur dirions :
« Je ne viens point chercher votre or; jamais sa possession n’a fait battre mon cœur. Je ne viens point chercher une renommée qui fut toujours dangereuse à ceux que la vérité inspira. Obscur passager sur ce globe, permettez-moi d’y laisser l’empreinte de mes pas : ce n’est point ma faute si Dieu déposa dans mon argile une étincelle de son feu divin, et s’il régla ainsi ma destinée. J’obéis à cette loi, cachée comme lui à tous les regards, qui dirige pourtant chaque chose vers ses fins. Accueillez moi, si vous voulez, comme une épave que rejette le flot de la mer en courroux. Tous les fléaux arrivent sans demander asile; l’homme qui vous demande l’hospitalité a pratiqué le bien, sa vie fut utile aux hommes, la
science aussi lui devra un souvenir.....»
Pourquoi donc cette terreur soudaine ; comment se fait-il qu’en ce moment des larmes inondent mes paupières? suis-je menacé dans ma personne? Non, pas encore; mais cela viendra. Qui me le dit? Ce
qui à l’insecte, à l’oiseau, annonce la tempête prochaine; ce qui est dans l’ordre du désordre, et enfin l'instinct que j’ai des choses.
Ce n’est point pour des actes magnétiques, mais seulement lorsqu’il s’agira de tenir mes promesses et de remonter à l’origine des choses; quand le moment sera venu de dire: Ceci est un mensonge, cela une vérité; telle croyance ne s’est établie qu’en faussant les faits, en les dénaturant : voici mes preuves.
Aurai-je le courage de poursuivre? Là est la question. Serai-je un demi-homme, ou, devenant vieux, la prudence l’emportera-t-elle sur le dévouement? Lecteurs, vous le saurez bientôt.
DU POTET.
PETITE CORRESPONDANCE.
Avis général.— Une circonstance imprévue ayant retardé la publication de co numéro, une partie des matières qu’il devait contenir paraîtra en supplément le mois prochain.
Iileiu. — Le quart seulement de la prime accordée aux abonnés sers désormais délivré au moment de l’abonnement; le reste parviendra adhérent à la couverture de chaque numéro du Journal. Cette mesure a pour but :
1° D’éviter l’encombrement aux séances, qui résulterait néccs-cessairement de la mise en circulation du grand nombre de billets afférents au renouvellement de janvier, qui est le principal ;
2° Défaire parvenir à leur destination directe des billets qui, trop souvent, restent ou s'égarent dans les mains des commissionnaires, et causent des réclamations auxquelles l'administration ne peut pas toujours faire droit.
Le Gérant : HÉBERT (de Garnay).
Impr. de Pommeret et Mortw, quai des Auguslins, 17.
CLINIQUE.
Chacun de nos lecteurs peut se rappeler qu’un magnétiseur de l’île de Cuba fut contraint de quitter le pays à la suite de démêlés avec les médecins de la Havane. Espagnol de naissance, il est revenu dans sa patrie, d’où il nous a envoyé la lettre et la relation qui suivent :
A Monsieur le baron du Potet.
Monsieur,
Le 3o janvier îS^g, j’eus l’honneur de prendre congé de M. Joseph Barthet, président de la Société du magnétisme de la Nouvelle-Orléans, lequel me remit une lettre pour M. le commandant Laforgue, de Pau, une autre pour M. Hébert (de Garnay), et une autre pour vous même. Je les ai toutes conservées, parce que j’ai pensé et pense encore les remettre en mains propres aussitôt que j'aurai terminé une affaire qui me retient ici bien contre mon gré. J’espère que le printemps prochain ne se passera pas sans que Dieu m’accorde la grâce de vous voir tous.
Dès mon arrivée en Espagne, je me suis abonné au Journal du Magnétisme , dont j’avais entendu parler en Amérique. Je ne puis vous dire, combien il m’a élé agréable de voir mon nom et mes écrits insérés dans une œuvre où tant de talents supérieurs et d’ériulits si complets répandent leurs lumières et
TOME XI. —N» 13». - FÉVRIER 1852. 3
connaissances. Pour tout quoi, je vous adresse mes plus expressifs remercîments, et vous supplie de les faire agréer en mon nom à toute cette respectable, savante et philanthropique corporation.
Vous trouverez ci-joint la relation historique d’une cure remarquable, accomplie par la vertu du fluide magnétique. Je dois ajouter que Félix Maria Valdès devient un somnambule dont la lucidité pour la consultation des malades a été prodigieuse.
Il doit y avoir en France, aux Batignolles, M. Augustin Magrina, naturel de la Floride, et Mme Isabelle de Vitel, son épouse, native de Paris, qui ont dû garder souvenir de cette guérison. Ces personnes sont connues du Dr Durand, médecin magnétistc, qui a habité la Havane.
Quand les époux Magrina firent le voyage de Paris, j’écrivis par eux à M. le Dr Alph. Teste et à M. A. Ricard, tous deux magnétiseurs, dont les manuels traduits étaient en ma possession. Le Dr Teste me répondit ; mais il paraît que M. Ricard n’était plus à Paris.
Postérieurement, j’écrivis à M. Alexandre Dumas, sur un sujet que je croyais devoir lui être agréable. Je lui écrivis par duplicata, el je ne reçus pas, non plus, de réponse.
Si la Société croit que des articles semblables à celui que je vous remets méritent d’être insérés dans le Journal, j’en fournirai d’autres, el plus particulièrement une Définition de la lumière magnétique, dictée mot pour mot par un somnambule spirilualisle et médecin, lequel se trouvait à la Nouvelle-Orléans en i85o, et était connu de M. Barthet, quoique jamais il ne l’ait vu dans l’état magnétique.
Je réitère mes amitiés à tous les hommes distingués, apôtres de la vérité et de la bienfaisance, qui
composent la respectable Société magnétique de Paris; et vous, plus particulièrement, pouvez compter sur l’invariable bon vouloir, la sympathie et l’affection sincère de votre très-dévoué, fidèle serviteur et confrère, qui vous baise les mains,
Francisco de Pabla GOIZCETA.
Guérison de don Félix .Varia Va/dès, né à la Havane le 20 novembre 1827, affecté Tépilepsie depuis le lü mai 1831.
Du 21 novembre 1846. — A sept heures du soir, don incentc Gonzalez, mon élève, magnétisa son somnambule malade, don Félix Maria Valdès, et me le confia ensuite.
J’interrogeai celui-ci de la manière suivante:
« Désires-tu quelque chose?
— Qu’on me laisse tranquille. »
Au bout d’un quart d’heure, le somnambule demanda un cigare et de l’eau. Il but l’eau (préalablement magnétisée), fuma son cigare, puis il me dit 1 « Voilà.
— Comment le trouves-tu?
— Mal.
— Qu’éprouves-tu ?
— Maintenant, rien; mais il y a bien des années que je tombe du haut mal, et, quoique les accès soient plus rares depuis qu’on me magnétise, j’ai cependant du chagrin, parce que je dois avoir bientôt une nouvelle attaque.
— Très-prochainement ?
— Non, monsieur; elle tardera quelques jours.
— Avant qu’on ne te magnétisât, les accès étaient-ils fréquents?
— Jamais je n’ai passé une semaine sans en avoir;
niais, le plus ordinairement, le mal m’empêchait ln travailler deux et même trois jours par semaine.
— Combien de jours la crise prochaine lardera-t-elle à venir ?
— Elle n’aura pas lieu d’ici à la fin du mois, ni même au commencement de l’autre. J’indiquerai le jour précis dans une autre occasion.
— Te sens-tu disposé à donner une consultation à un malade ?
— Non, monsieur; je n’ai point de lucidité en ce moment, et n’en aurai pas de sitôt. Seulement, je vois très-bien mon mal et ma médecine ; mais le terme, de mes souffrances est encore un peu obscur.
— Yois-tu quelque chose du passé et de l’avenir?
— Du passé, je vois beaucoup; mais de l’avenir, pas autant. Qu’on ne m’interroge plus de ce soir. Restez-là, à mon côté, et faites-moi des passes horizontales sur le front... Je désire être magnétisé le 25 au matin et le 29 au soir. »
Je fis ce qu’il demandait, puis je le réveillai.
Du 29 novembre. — A sept heures et demie du soir, on magnétisa Félix, à qui je demandai :
— T’a-t-011 magnétisé le 25 au matin ?
— Oui, monsieur, et cela m’a fait grand bien. Maintenant, je ne sens rien, si ce n’est l’appréhension du jour fatal. Je ne l’aperçois pas encore très-clairement; cependant, je vois qu’il ne viendra qu’après dimanche prochain. Je vois aussi que mon infirmité n’a pas d’autre remède que la magnétisation, et la volonté du Dieu tout-puissant !
— Prie le Seigneur de t’accorder la santé, ou le courage et la patience.
— C’est ce que je lui demande. »
Ici le somnambule inclina la tête , et sa figure prit une indicible expression de piété et de résignation.
Au bout de sept minutes, il demanda de l’eau, et poussa un profond soupir. Quand il eut bu l’eau , il pria qu’on le magnétisât tous les soirs, à partir de dimanche. Après quoi, je le réveillai.
Dimanche, 6 décembre. — A sept heures précises du soir, j’endormis Félix. Don Y. Gonzalez me dit que la veille il avait magnétisé le malade, que celui-ci s’en était très-bien trouvé et avait fait preuve d’une lucidité extraordinaire sur beaucoup de sujets qu’on lui avait proposés. Félix me pria de le magnétiser moi-même le mercredi 9, à la même heure. Je lui fis quelques questions pour éprouver sa lucidité, et il me répondit avec une entière rectitude sur des choses bien au-dessus de ses connaissances dans l’état normal. Je le laissai magnétisé pendant soixante-dix-sept minutes, puis je le réveillai.
Mercredi, 9 décembre. Je ne puis rapporter cette séance sans éprouver un sentiment infini de tendresse cl de compassion.
Tout ce que l’on a dit en faveur du magnétisme est confirmé.
A six heures du soir, Félix arriva, et je le magnétisai immédiatement. Après un instant de repos, je le questionnai ainsi :
« Comment va ta santé?
— Pour le moment, rien de nouveau; mais bien-lôt (en soupirant) je me trouverai dans une situation très-critique. Je suis fort triste, parce qu’il se prépare pour moi une grande crise. Demain, jeudi 10, le mal m’attaquera avec plus de violence que jamais. Cela commencera à neuf heures quarante-cinq minutes du matin, et se termina à onze heures quatorze minutes. Je souffrirai beaucoup, mais ce sera pour la dernière fois. Dieu a daigné m’entendre; il m’accorde la guérison de mon mal, par la vertu du fluide magnétique, sans
Je secours duquel je serais resté sujet à cette infirmité jusqua la mort. La confiance en Dieu et. la fui dans le magnétisme peuvent beaucoup !
— Très-bien, Félix. N’oublie pas que tu dois des actions de grâces au Très-Haut, pour t’avoir rendu la santé, et demande-lui en même temps la forlilude. Je te charge aussi de me rendre en même temps un compte exact de tout ce que tu auras observé, quand je reviendrai te magnétiser, à partir de demain, \ois-tu clair le jour de demain ?
— Oui, monsieur, très-clair, et bien au delà de demain.
— Jusqu’où vois-tu de l’avenir?
— Jusqu’au 5 mars i85), à onze heures trente minutes... Au delà de celte date, je ne vois rien... (soupirant), rien qu’une obscurité sans limites !!! »
Un instant après je réveillai Félix; mais, préalablement, il pria qu’on le magnétisât le lendemain à six heures du malin, et le dimanche suivant à sept heures du soir.
J’engageai la mère et la famille du somnambule à ne point le laisser sortir dans la rue le lendemain. Je chargeai don Lorenzo Delgado, tuteur de Félix, d’observer celui-ci et d’écrire ce qui surviendrait de plus remarquable. Je suppliai en grâce tous les assistants (il y avait là plus de trente docteurs, qui sont encore vivants) de ne révéler au malade rien de ce qu’il aVait dit.
Le jour suivant, don Y. Gonzalez arriva avant six heures chez Félix, qu’une visite aussi matinale étonna fort ; mais Gonzalez chercha un prétexte pour le magnétiser. A peine entré en sommeil, Félix répéta exactement tout ce qu’il avait dit la veille au sujet de sa crise, mais il ne parla pas d’autre chose. Au bout d’une demi-heure, son magnétiseur le réveilla.
Tous ceux qui avaient cnlenclu la prédiction de Félix sc présentèrent chez lui un peu avant l’heure indiquée. Le malade paraissait agréablement surpris de ce concours de monde.
Un des assistants lira sa montre, cl, quand arriva la minute fixée, Félix tomba snns connaissance dans les bras de scs parents et amis !...
Tout s’accomplit ponctuellement !!!...
Lorsque Félix revint à lui, on remarqua qu'une grosse larme coulait de chacun de ses yeux; ce qui n’était jamais arrivé.
Dimanche, i5 décembre. J’étais resté si profondément affecté le mercredi soir, que lorsque je fus seul dans mon cabinet, vers onze heures, je n’avais goût à rien. Machinalement,je m’approchai d’un miroir;.... horreur !!!... Mon visage était vert et entièrement décharné; mon regard était celui d’un mort !!! (Miros-tro estaba verde y sumamente descarnado ; mi mirada era la de un muerto ■'■') Tout en moi respirait la plus cruelle agonie— Je fermai les yeux et m’éloignai du miroir.
Je dormis à peine cette nuit.
Le lendemain, je ne pus me rendre chez Félix; mais, partout où je voulais aller, il était comme présent pour moi, et à l’heure où il tombait en crise, je souffrais, moi, dans tout mon organisme (sufrio ijo en la plenilud de mi sensibilidad).
A midi, on vint me rendre compte de tout ce que j’ai rapporté.
Aujourd’hui dimanche, à six heures du soir, j’ai magnétisé Félix au milieu d’une réunion très-nombreuse.
Le somnambule vient de m’annoncer, plein de joie, qu’il est enfin débarrassé pour toujours de son
affection épileptique. Sa mèro, sa femme, plusieurs de6 assistants et moi n’avons pu retenir nos larmes...
Extrait de mon Journal de magnétisations.
Francisco dk Paixa GOIZl'ETA. Almuiiccar, le 22 novembre 1851.
Nota. Jusqu’à cette date, Félix se conserve en pleine santé.
La petite au sujet de laquelle M. le Dr J axil disait (i) : « Le proverbe funeste, etc. » , se porte fort bien, et les deux grands Esculapes qui avaient déclaré qu’elle n’irait pas à six mois, ont eu tort le i/j octobre.
Quant au « témoignage des deux médecins (2) , » ils ne l’ont pas publié. Celui des deux qui me raconta le premier le succès, en était pourtant bien joyeux. Après dix-huit mois d’inutiles soins , dans une aphonie où les émissions sanguines seules avaient produit un retour de la voix , qui cessait le lendemain , l’imposition des mains peudant un quarl-d’heure, selon l’un des médecins, et de dix minutes suivant l’autre, ramena définitivement la fonction des cordes vocales, qui depuis lors n’a plus été interrompue.
M. Taxil sait cela, mais il fait le sourd, quoiqu’il soit cependant ami du magnétisme.
Jos. BARTHKT.
Nouvelle-Orléans, H décembre 1851.
(1) Voyez numéro 135, tome X, page 60G.
(2) Yoy. numéro 135, lome X, page 609.
FAITS ET EXPÉRIENCES.
DISCOURS
Prononcé, le 0 octobre, à F hôpital homéopathique de Londres, en présence des membres de lu Société homéopathique anglaise et de plusieurs partisans de Vhoméopathie, ainsi que de plusieurs praticiens alloputhes,
Par le D' Ql’lN, président.
« Messieurs, le sujet sur lequel je viens appeler votre attention est une source féconde d’où doivent découler les résultats les plus importants pour la science. Il doit,j’en suis convaincu, non-seulement ouvrir un vaste champ aux recherches et à l’investigation pour parvenir à la connaissance de nombreux phénomènes qui n’ont été, jusqu’à présent, que matière à conjectures, mais encore porter la clarté sur beaucoup de vérités cachées qui étaient considérées comme autant de secrets de la nature. J’espère réussir à vous démontrer que la belle invention et la brillante découverte dont je vais vous donner la description, implique nécessairement la confirmation des faits nombreux qui se rattachent à notre doctrine, et qui ont été mis en question jusqu’à ce jour par la grande majorité des médecins.
« C’est à M. Rulter, de Black Rock, Brighton, que nous sommes redevables des bienfaits qui doivent infailliblement résulter de cette importante découverte; c’est à ses grandes connaissances scientifiques et à son expérience qu’est duc l’invention de l’instrument que je vais décrire, et qui démontre les différents courants électriques qui traversent diverses parties
VARIÉTÉS.
Les Jésuites magnétisant. — Le F’igilant, journal qui se publie en français à Donaldsonville (Louisiane), conlient, dans son feuilleton du 16 avril 1851, mi épisode relatif aux pratiques originelles nu magnétisme. Roman mélangé d’histoire, cet extrait ne manque pas d’intérêt.
L’auteur suppose les RR. PP. en possession de somnambules qui leur révélaient les secrets à l’aide desquels ils dominaient les iudividus, les familles et les États. L’un d’eux ayant endormi une jeune Espagnole, et obtenu d’elle des révélations importantes, l’interroge sur l’avenir. Elle lui répond :
« L’homme qui doit porter le coup le plus cruel aux Jésuites est un médecin allemand nommé Mesmer. A force d’études, qui ont pour but le soulagement de l’humanité, il découvrira l’art merveilleux qui fait toute votre puissance, et, avant peu, il dotera le monde de la découverte du magnétisme animal.
— Grand Dieu ! s’écria avec terreur le supérieur.
— Ah! vous tremblez?
— Oh 1 nous étoufferons celte découverte.
— Vains efforts !
— Le monde n’y croira pas.
— Oui, le monde sera incrédule d’abord; Mesmer lui-même ne connaîtra pas toute l’étendue et toute la
jours après sou départ. Jo I appelai comme la première fois. Une demi-heure api è-, elle élait chez moi. el me faisait cette question : « Vous m’avez appelée, que me voulez-vous? — Vous m’avez doue entendu; que vous ai-je dit ? — Vous m’avez répété trois fois : viens, je le veux. » Ce qui élail vrai. Alors je lui dis que j’avais voulu faire une nouvelle expérience; mais qu’à l’avenir je ne l’appellerais que pour des motifs d’intérêt, qu’elle y fasse attention. Depuis, chaque fois que nous avions besoin de ses services, je l’appelais, et elle venait. M. Yittecoq, à qui j’avais fait part de ce singulier mode de communication, et à qui j’avais recommandé cette fille pour lui procurer du travail, vint un jour me dire : « Appelez votre fille, ma femme a de l’ouvrage à lui donner. Dites-lui qu’elle passe à quatre heures ciiez nous. » 11 était alors trois heures. A quatre heures moins un quart, elle était chez moi, me disant : « Vous m’avez appelée; il me semble que je dois passer chez M. Yittecoq, je n’ai pas bien compris. —Je vous ai dil de passer chez lui à quatre heures, c’est pour vous entendre avec sa dame pour du travail. Allez-v de suite, et vous reviendrez après. » Elle revint, resta une couple d’heures à la maison, pui9 s’en retourna chez elle. Sur les sept heures, ma sœur me dil : « Je n’ai pas pensé que nous avions des billets de spectacle, car je l'aurais fait rester pour y aller avec nous. — Si vous voulez, je vais la faire venir. — Oui, appelez-la, cette pauvre fille, ça lui donnera de l’agrément. » J’appelle; ma sœur me dit: « Non, ne la dérangez pas, il serait trop lard pour qu’elle rentrât chez elle. Je cessai mon appel, mais il avait été entendu. Elle se dit à elle-même : il me semble que M. Leport m’appelle. C’est mon imagination, puisque je sors de chez lui. Le lendemain, ayant alfaire près de chez nous, elle vint me