RECHERCHES
I' SUR
L'EPILEPSIE. L'HYSTÉRIE
ET L IDIOTIE
PUBLICATIONS DU PROGRÈS MEDICAL
RECHERCHES
CLINIQUES ET THÉRAPEUTIQUES
SUR
L'iÉPILEPSIE, L'HYSTÉRIE
ET L'IDIOTIE
COMPTE-RENDU DU SERVICE
DES ENFANTS IDIOTS, ]'ÏPII,EPTIQUE'3 ET ARRIÉRÉS DE
BICÈTRE PENDANT L'ANNÉE 1897
PAR
BOURNEVILLE
Avec la collaboration de
MM. DARDEL, JACOMET, METTETAL, NOIR (J.),
PHILIPPE, RELLAY,
SCHWARTZ, TISSIER ET WUILLAMIER
Volume XVIII
Avec 18 figures dans le texte et 20 planches.
PAR2S
AUX BUREAUX DU
PROGRÈS MÉDICAL
14, Rue des Carmes, 14.
Félix ALCAN
ÉDITEUR
08, Boulevard Saint-Germain, 108.
1898
PREMIÈRE PARTIE.
Histoire du Service pendant l'année 1897.
(Bicêtre et Fondation Vallée.;
Bourneville, Bicêtre, 1897. *
PREMIÈRE PARTIE
Section I : Bicêtre.
Histoire du service pendant l'annéé 1897.
I.
Situation du service. Enseignement primaire.
Les enfants de la 4° section du quartier des aliénés
de l'hospice de Bicêtre sont répartis en trois groupes :
1° Les enfants idiots, gâteux, épileptiques ou non,
mais invalides ; 2° les enfants idiots gâteux ou non,
mais valides ; - 3° les enfants propres, valides,
imbéciles, arriérés, instables, pervers, épileptiques
et hystériques ou non.
I. Enfants idiots gâteux, épileptiques ou non,
mais invalides. - Ce premier groupe est subdivisé
en deux catégories. La première se compose des
enfants idiots complets, ne parlant, ni ne marchant,
considérés généralement 'mais à tort, comme tout à
fait incurables. En effet, la plupart d'entre eux sont
susceptibles d'amélioration, môme à un degré très-
notable : l'observation de Dup... (p. 163 à 181) en est
la preuve. On leur apprend à se tenir debout à l'aide
de barres parallèles (1), à marcher soit en les tenant
IV Enfants IDIOTS complets.
sous les bras, soit à l'aide du chariot; on fortifie leurs
membres en exerçant successivement chaque jour et
à plusieurs reprises toutes les articulations (exercices
des jointures), en leur faisant des frictions stimu-
larltes, etc. En 1897, 4 enfants ont appris à mar-
cher (2) ; 6 ont été rendus propres (3) ; 4 ont appris à
manger seuls (4).
Ces résultats, que nous mentionnons tous les ans,
exigent une grande patience, un réel dévouement de
la part du personnel, la suppléante, M'"O Malençon, et
ses infirmières. Chaque enfant rendu propre, c'est
une économie réalisée pour l'Administration, un
enfant relevé ; chaque enfant auquel on a appris à
manger exige moins de temps, moins de travail et
cette connaissance montre que la main est devenue
moins idiote, s'est perfectionnée, que la préhension
s'opère.
Dès qu'un enfant marche sans aide, il est envoyé à
la petite école, d'abord le matin, puis toute lajournée,
aussitôt que ses forces le permettent. Tous ces enfants
sont placés sur les petits fauteuils spéciaux que nous
avons décrits à l'usage des gâteux. (1887, p. v.)
La seconde catégorie comprend les idiots absolu-
ment inczcoables, en beaucoup plus petit nombre
qu'on ne le croit d'habitude, et les épileptiques deve-
nus déments et gâteux sous l'influence des accès ou
des poussées congestives qui les compliquent; ils ne
peuvent plus être que l'objet de soins hygiéniques
et devraient former un groupe spécial. Aussi essayons-
nous de faire aménager pour eux l'un des sous-sols
encore disponibles où ils seront réunis et surveillés
durant le jour. Cette installation, qui est en train
(t) VOIr Compte-rendu de 1887, fig. 1, p. II.
(21 (iudef ? l'cil ? Pat ? Mer...
(3) l'la ? Dul> ? Deman ? Imb ? FILI ? Bouf...
-(4) Gud ? Pe11 ? Dub." Pin... z
Petite ÉCOLE. v
depuis trois ans et qui va être achevée prochaine-
ment, nous servira également pour d'autres enfants,
qui nous arrivent tc`l1'Cl211e172c'nt, à 14, là et 16 ans,
dont l'incurabilité est reconnue et que nous sommes
obligé, aujourd'hui, de maintenir clans les écoles où
ils sont une occasion de trouble et qu'ils contribuent
à encombrer sans aucun bénéfice pour eux.
II. Enfants idiots, gâteux ou non gâteux, éZilep-
tiques ou non mais Valides (Petite école). - Ces
enfants fréquentent la petite école confiée exclusive-
ment à des femmes, sous la conduite de Melles Blanche
Ac,Nus et Amandine Bohain. Dans le courant de l'an-
née, 187 y ont été inscrits. Sur ce nombre 10 sont
décédés, 8 sont sortis définitivement, 2 sont passés
à la grande école, 2 ont été envoyés dans les sections
affectés aux adultes et 6 ont été transférés.
Sur 159 enfants qui restaient à la petite école au
31 décembre 1897, 3 ne mangent pas seuls, 80 ne se
servent que de la cuiller, 46 de la cuiller et de la four-
chette ; 30 se servent de la cuiller, de la fourchette et
du couteau. 8 enfants de ce groupe sont devenus pro-
pres (1). Tous ces enfants sont exercés à la gymnas-
tique Pichery, sauf ceux qui, venus du groupe des inva-
lides étant encore trop infirmes, n'ont pu y prendre
part (1888, p. ix). 4 de ces enfants ont appris à lire.
. 20 enfants de la petite école et de la petite école
complémentaire ont fait régulièrement les exercices
de la grande gymnastique, - 20 enfants ont travaillé
cette année dans les différents ateliers : tailleurs, cor-
donniers, vanniers, menuisiers, serruriers.
La petite école comprend 1° le traitement du gütis-
me qui consiste à placer, après chaque repas les
(1) 5alab..., Leyl'..., Prov..., Lesn..., Leg... Har..., L,am..., et Desbar...
(2) Ci..., Leque... llileLt..., Mass..., et Dupom... (Ce dernier est aveugle)
(3) 13azel..., Dezo..., 5cbwart ? et Largill...
vi Petite école complémentaire.
enfants gâteux sur les sièges d'aisance que nous avons
décrits dans l'un de nos compte-rendus précédents (1),
- 2° les leçons de toilette qui consistent à appren-
dre aux enfants à se laver la figure et les mains et à
s'habiller; - 3° les exercices pour l'éducation de la
main, des sens, de la parole; - 4° les leçons de la
petite gymnastique; - 6° les leçons de choses avec
les boites contenant les légumes frais ou secs, les
fruits, les fleurs, etc.; enfin les exercices élémentai-
res relatifs à l'enseignement primaire, tous procédés
dont nous avons si souvent parlé dans nos Compte-
rendus de 1880 à 1896.
Petite école complémentaire. Elle est confiée à
une femme dévouée, Mmo Bonnet, qui s'est mise géné-
reusement à notre disposition. Elle est aidée par une
suppléante, 11 ? Cordonnier, qui a également la sur-
veillance des deux dortoirs où couchent les enfants de
cette école, au nombre de 50. M"10 Bonnet a, en outre,
pour surveiller les enfants deux infirmières et deux
jeunes malades arriérées de la Fondation Vallée,
Briss... et Péchen... dont elle améliore d'ailleurs
l'instruction.
Trois enfants ont été rendus propres :
1° Cour... 'Georges), 8 ans à son entrée, il y a deux ans,
urinait fréquemment sous lui. Il était sournois et très violent
envers ses camarades, témoignait une peur excessive des voi-
tures, du chemin de fer et par dessus tout de l'eau, poussant
des cris perçants et se débattant à en perdre haleine lorsqu'il
s'agissait de prendre un bain. Aujourd'hui, il est devenu tout
à fait propre il s'habille seul et se lave les mains. Son état
nerveux s'est aussi sensiblement amélioré : il ne témoigne
plus les mêmes appréhensions, prend des bains et des
douches avec plaisir. Le caractère a également gagné en
devenant plus démonstratif et moins sournois. Enfin l'atten-
tion, qui était nulle au début est plus soutenue.
(1) Le matin, au lever, le soir au coucher, les enfants gâteux sont placés
qur les sièges installés pour ce but dans leurs dortoirs.
PETITE école complémentaire. vu
Cet enfant, qui ne connaissait pas ses lettres, a réalisé de
sensibles progrès pour la lecture, passe au deuxième livret
du syllabaire Régimbaud.
2° Mugn.. (René) à son arrivée, il y a un an et demi, gâtait
jour et nuit, s'habillait très imparfaitement, ne savait.ni nouer
ni boutonner. Il est devenu absolument propre le jour, urine
encore, mais rarement au lit la nuit. Il s'habille complètement
seul, se lave les mains, sait aujourd'hui lacer, nouer et bou-
tonner. Très paresseux au début, dormant presque continu-
ellement en classe, cet enfant a fini par prendre goût à l'é-
tude et a réalisé de sensibles progrès.
3° Cott ? (Henri), pris à son arrivée, il y a un an, gâtait jour
et nuit, ne savait ni s'habiller, ni se déshabiller, ne jouait
jamais avec ses camarades, semblait avoir une répulsion
marquée pour tout mouvement et qui, d'apparence chétive,
dormait presque toute la journée, est devenu complètement
propre le jour, ne gâtant que très-rarement la nuit. Cet enfant
exprime ses besoins, s'habille presque seul, a appris à nouer,
boutonner. Il connaît les couleurs, les surfaces, et commence
à s'intéresser à ce qui se fait en classe ; il connaît les chiffres,
compte de petites quantités. Il vient avec empressement
demander à travailler.
9 enfants ont été améliorés pour la parole :
1° Bel... (Charles) dont la parole, il y a deux ans, était abso-
lument nulle à son arrivée, n'arrivait à articuler qu'avec de
réels efforts et en projetant sa salive, aussi son vocabulaire
était-il très-restreint et la parole absolument inintelligible.
Aujourd'hui la parole est beaucoup plus facile, il dit tout plus
ou moins distinctement, mieux chaque jour. Le défaut le plus
marquant dans son articulation consiste dans une reprise de
respiration beaucoup trop fréquente : l'enfant ne sait pas
ménager son souffle et le conserver afin d'obtenir une plus
longue émission ; nous ne sommes pas encore arrivées il
corriger cette défectuosité malgré de fréquents exercices
forçant l'enfant soutenir un son le plus longtemps possible.
Il écoute avec attention les leçons orales et répond avec à
propos aux questions qui lui sont posées. Progrès très-sensi-
bles pour la lecture il laquelle il a pris goût depuis peu de
temps.
2° Bobl.. (Maurice), demi-sourd, qui, à son arrivée, il y a 5
yill PETITE école complémentaire,
ans, n'entendait que les sons, no comprenait le sens d'aucun
mot, continue à améliorer beaucoup son articulation. - Son
travail en classe est soutenu, et, il l'atelier de menuiserie où
il va chaque jour, il se montre d'une véritable habileté.
3° Cam... (Fernand), 10 ans, esprit très-borné et paresseux,
ne disant que la dernière syllabe de quelques mots, prononce
maintenant des mots de plusieurs syllabes et commence à
faire de petites phrases. Cet enfant devient affectueux,
démonstratif; mais ses caresses ont un caractère tout parti-
culier : il vient se frotter contre nous et ainsi qu'un mouton
ou une chèvre donne des coups de tête (indice chez lui d'une
grande satisfaction).
4° Charm... (Victor). 8 ans, qui, il son entrée, il y a G ans, ne
marchait pas, ne parlait pas, ne cherchant même pas à se
faire comprendre, présentait tous les symptômes de l'idiotie
complète. Cet enfant a commencé à parler en 1893 ; depuis
cette époque, les progrès, pour la parole, ont été très-lents,
mais sans arrêt. L'articulation devient chaque jour de plus
en plus nette. Toutes les voyelles et consonnes, diphtongues
ou autres, sont maintenant parfaitement prononcées, seules
ou dans le corps des mots ; cependant la parole laisse encore
à désirer dans l'ensemble, l'enfant ne fait pas sonner les
syllabes finales muettes, par exemple prononce : Mada pour
madame, pol' pour porte. Il est arrivé avec une très-grande
difficulté, à lacer, nouer, boutonner.
5° Guim... 16 ans, très-violent lorsqu'il nous fut
confié, n'a plus du tout d'accès de colère ; il est devenu docile
et prévenant, montre de la bonne volonté et a fait des progrès
en lecture et en écriture. - L'articulation s'améliore très-
lentement, non pas tant il cause de la dilliculté, que par suite
de l'habitude; la prononciation défectueuse n'a pas été cor-
rigée au début et maintenant elle semble enracinée.
6° et 7° Lem... et Sterl..., tous deux atteints d'idiotie
avec turbulence, continuent à s'améliorer d'une facon remar-
quable.
8° Cott.. (Jules), 12 ans : l'articulation il y a deux ans était
des plus défectueuses : le ch était transformé en se ; les l
mouillées étaient supprimées; le tr était prononcé en : les
syllabes finales muettes étaient également supprimées, en un
mot le tout ensemble formait un langage presque inintelligi-
Petite école complémentaire. 1l
ble. Aujourd'hui la parole est plus nette ; les défauts signalés
ci-dessus ont disparu après de nombreux exercices d'articula-
tion auxquels l'enfant était loin de se prêter de bonne grâce.
Il ne parlait et ne travaillait que contraint et forcé, avait de
brusques mouvements de mauvaise humeur et boudait des
heures entières, se renfermant dans un mutisme presque
impossible il vaincre. Actuellement il accourt au devant de
nous, vient de lui-même demander a lire, écrire, et reste
docilement il sa place tant que dure la classe.
9° Thier... (Paul), sourd-muet renvoyé de l'école d'Asnières;
cet enfant continue à s'améliorer; son vocabulaire s'étend tous
les jours; avec la connaisance d'un plus grand nombre de
mots, l'esprit s'éveille et devient plus curieux ; il ne se passe
pas de jour que cet enfant ne vienne demander le nom d'un
objet ou d'un aliment nouveau pour lui. Cet élève commence
iL avoir quelques notions sur le genre et le nombre, com-
prend quelques exercices de grammaire, fait chaque jour une
dictée lue sur les lèvres. Il a été envoyé à l'atelier des tail-
leurs où son patron en est satisfait. '
Deux enfants ont appris à lire couramment :
la 13oo... (Louis), nature apathique, esprit très fermé, ne
savait qu'épeler les syllabes décomposablcs il y a deux ans ;
aujourd'hui, bien que la mémoire soit très-mauvaise, l'enfant
lit couramment.
2° Selé... (Pierre), Il ans, pris il son arrivée il y a un an et
demi n'avait aucune notion classique. Aujourd'hui il lit cou-
ramment, répond bien aux leçons orales. Comprend et fait
de petits exercices de grammaire, ainsi que l'addition.
Chez tous les élèves de cette école, signalés l'année
dernière comme lisant couramment, l'intelligence con-
tinue à s'éveiller sensiblement. En même temps, on a
pu faire germer chez quelques-uns d'entre eux des
notions de morale. Actuellement il y a dans la classe
de Mille Bonnet, une vingtaine d'enfants, qui, pris à
leur arrivée, ne savaient absolument rien et qui main-
tenant font tous les devoirs donnés journellement dans
les écoles d'enfants normaux.
x Grande école ; enseignement du chant.
C'est surtout, en mettant en relief les résultats
obtenus par eux, et par ceux de la petite école,
qu'il est possible, comme nous le disions dans notre
Compte-rendu de l'année dernière, do montrer aux
plus sceptiques la possibilité de transformer intel-
lectuellement des enfants réputés idiots.
III. Enfants propres et valides, imbéciles, arriérés
instables pervers, épileptiques et hystériques ou non
(Grande Ecole). - La population de cette école était
de 183 enfants au premier janvier. Tous, sauf 7 qui ne
peuvent travailler, ont fréquenté les ateliers par gran-
de série. 25 ayant le certificat d'études, forment une
division supérieure, ne vont à l'école qu'une demi-
journée par semaine et restent, les autres jours, le
matin et le soir, à l'atelier. Les autres enfants sont
répartis en quatre classes. (68, 44, 36, 35 enfants).
Aux examens du certificat d'études qui ont eu lieu à
Villejuif, au mois d'avril, nous n'avons eu malheureu-
sement, en 1897, aucun candidat à présenter (1).
Cette année encore, nos instituteurs et leur aides,
ainsi que les sous-employées attachées aux écoles,
afin d'être mieux en mesure d'améliorer la prononcia-
tion des enfants et de développer leur parole, ont été
envoyés successivement, par séries, au nombre d'une
vingtaine, à l'Institution nationale des sourds-muets.
Nous profitons de l'occasion pour remercier M. Debas,
directeur, et M. DunRANLE, censeur, du concours qu'ils
veulent bien nous prêter chaque année.
Enseignement du chant. Cet enseignement est
fait par M. Setter depuis le 1er janvier 1895. Confor-
mément il nos instructions, il s'est occupé successi-
vement de tous les enfants. Il a réparti ceux de la
(1) A cet examen 9 infirmiers et 3 infirmières de l'école municipale d'infir-
mières de Bicêtre ont obtenu le certificat d'études.
Escrime et danse. xi
petite école complémentaire en deux sections et ceux
de la grande école en trois sections. Aucun d'eux ne
savait lire la musique et ne possédait de notions sur
la théorie musicale, sauf une demi-douzaine d'enfants
appartenant à la fanfare. Presque tous les enfants
savent, aujourd'hui, lire eux-mêmes les notes, en
connaissent la valeur, et possèdent les notions élémen-
taires de la théorie de la musique. Quand les enfants
sont suffisamment avancés pour bien lire un morceau
de chant et l'apprendre avec fruit, on leur fait chan-
ter des choeurs à deux, puis à trois parties.
. En maintes circonstances, tous les samedis où nous
avons des visiteurs, nous avons réuni les petites
filles de la Fondation Vallée avec les garçons de
Bicêtre et nous les avons fait chanter ensemble dans
les choeurs. Tous les six mois nous faisons relever
l'étendue et le timbre de la voix des enfants. Ce tra-
vail nous fournira, croyons-nous, des renseignements
intéressants sur la mue de la voix au moment de la
puberté. Ces recherches avaient déjà permis de
constater, en 1895, que chez les épileptiques, qui sont
dans leurs périodes d'accès, le timbre de la voix
devient moins clair et moins sonore et que son éten-
due diminue parfois très notablement. La pratique des
années 1896 et 1897 a confirmé ces constatations et
fait voir aussi que, à la suite des pratiques solitaires,
la voix est également modifiée. Le nombre des
enfants qui participaient à l'enseignement du chant
était de 385 à la fin de 1896 et de 376 à la fin de l'an-
née 1897.
Escrime. - Cet exercice s'est fait régulièrement
sous la direction de M. J OL y, prévôt au fort de Bicêtre,
qui s'en est acquitté consciencieusement.
Danse. - Les exercices de danse ont eu lieu régu-
lièrement, mais sans direction sérieuse jusqu'au 8
$II Gymnastique ; fanfare.
mars, époque à laquelle, sur nos réclamations réité-
rées, M. Landosse, un de nos instituteurs, a été chargé
de ces exercices. 60 enfants y participent, sur ce nom-
bre 60 savent danser la polka, 37 connaissent la polka,
la mazurka et la scoltichs et 20 connaissent toutes les
danses de caractères. L'étude du quadrille est déjà
commencée et sous peu une vingtaine d'enfants sau-
ront parfaitement les deux premières figures du qua-
drille français.
Société de gymnastique. - Les enfants faisant par-
tie de la société, au nombre de 22 ont fait une pro-
menade à Robinson. Il ont pris part, en outre, sous la
direction de leur maitre dévoué, M. Goy, à trois con-
cours de gymnastique. Au premier de ces concours,
organisé par la ville de Vitry (Seine), ils ont rem-
porté deux prix : le premier pour leurs exercices
d'ensemble, consiste en une palme en vermeil; le
second pour les mouvements individuels, consiste
en une médaille également en vermeil. Au deu-
xième concours organisé à Alfortville, les enfants
ont obtenu un deuxième prix pour les exercices d'en-
semble consistant en une médaille en argent offerte
par le conseil général. Enfin ils ont obtenu le pre-
mier prix d'ensemble aux concours de Châtillon :
diplôme et médaille en vermeil offerts par le Conseil
général.
Fanfare et Orphéon. - La fanfare et l'orphéon ont
été placés sous la direction de M. SUTTER, professeur
de chant. La fanfare se compose de 17 exécutants,
parmi lesquels quelques-uns de nos anciens malades
passés dans les sections d'adultes et que nos collègues
veulent bien autoriser à revenir avec leurs anciens
camarades. Elle a prêté son concours à la distribution
des prix de l'école d'infirmiers et d'infirmières de
Bicêtre, à celle de l'école d'infirmières de la Salpê-
Musée scolaire.. XLII
trière. Elle a également accompagné la société de
gymnastique aux trois concours de Vitry, Alfortville
et Chatillon. La fanfare a participé au concours de
Charenton et a obtenu un premier prix d'exécution
consistant en une couronne en vermeil. Elle a égale-
ment pris part au concours de Villejuif où elle a rem-
porté un premier prix d'exécution consistant en un
diplôme et une palme en vermeil. L'orphéon qui assis-
tait à ce concours, et qui est composé de 35 enfants,
a également remporté un premier prix consistant en
une palme en vermeil avec diplôme. Nous sommes
heureux, à l'occasion de ces deux prix, de rappeler
l'éloge public que M. Dcrouin, secrétaire général de
l'Administration de l'Assistance publique adressa au
nom de cette Administration, à la distribution des prix
de l'école d'infirmiers et d'infirmières de Bicêtre, à M.
Sutter et à son dévoué collaborateur, le jeune Colom-
bier, ancien épileptique guéri, de notre service : nous
ne pouvons que nous associer à ces félicitations.
Musée scolaire. Ce musée continue à servir aux
séances de projection, aux leçons de choses, aux lectu-
res récréatives. Il s'est notablement enrichi tant au
point de vue de la bibliothèque qu'au point de vue des
figures pour projection. L'Administration a acheté
cette année 40 nouveaux volumes de voyage et de
sciences, avec le don de la Commission de Surveil-
lance, ce qui porte à 469 le nombre des volumes de
la bibliothèque des enfanls.
Le 1er janvier 1897, le nombre des vues pour pro-
jections était de Go, à la fin de l'année ce chiffre était
porté à 857, soit une augmentation de 225 vues sur
l'année dernière. Elles se répartissent ainsi : 22 vues
représentant les parasites de l'homme ; 2'c vues repré-
sentant les divers modes de sépulture dans les temps
anciens et modernes; 12 vues représentant les pre-
mières syllabes des tableaux que nous avons faits avec
xiv Promenades ET distractions.
M. Boyer pour l'enseignement de la parole ; 8 vues
représentant les figures géométriques ; 28 les machines
à vapeur ; 8 la fabrication du papier. Une nouvelle
série de vues des colonies est en cours de formation,
elle comprend déjà 12 spécimens. Nous choisissons les
sujets avec notre premier instituteur et notre surveil-
lant et nous les faisons exécuter par M. Hubert qui
cumule les fonctions de photographe avec celles de
tonnelier de la maison.
Société des jeux. - La société des jeux a fonc-
tionné cette année sans qu'on ait eu à prélever les
cotisations habituelles. Elle a donné quatre concerts
organisés par les enfants. Deux de ces concerts ont
été suivis de bals. Les bénéfices de ces matinées ont
servi à des promenades à Créteil et à La Varenne
St-IIilaire. Tous les enfants valides de la section, les
petites filles de la Fondation Vallée et leurs parents
assistent à ces fêtes.
Caisse d'épargne. Elle est confiée au premier de
nos instituteurs, M. Mesnard. Les recettes ont été pour
cette année de : 252 fr., 35. 48 enfants ont versé pen-
dant l'année à cette caisse. Le nombre des nouveaux
livrets retirés est de 12, qui, ajoutés aux 121 retirés
pendant les années antérieures, forment un total de
133 livrets. Les sommes recueillies depuis 1892 s'élè-
vent à 1362 fr., 40.
Promenades et distractions. - Les enfants de la
grande et de la petite école qui sont propres ont con-
tinué à faire des promenades soit à Paris, soit aux
environs. Dans ces promenades les instituteurs et les
institutrices doivent donner des leçons de choses et
exercer les enfants aux jeux de balle et de ballon.
Voici l'énumération des différents endroits où ils sont
allés en promenade cette année : Arcucil, Bois de
Distractions. xv
Gournay, Cachan, Créteil, Fête de la place d'Italie,
Fête du Lion de Belfort, Foire aux pains d'épices,
Fort de Bicêtre, Gentilly, Gare Montparnasse, Jardin
des Plantes, Jardin du Luxembourg, Jardin d'Accli-
matation (1). Manufacture des Gobelins, Musée de
Cluny, Montrougc, Parc de Montsouris, Place de la
Salpêtrière, Place de l'Hôtel de Ville, Place de la
Nation, Porte d'Orléans, Robinson, Route de l'Hay,
Square Cluny, Saint-Mandé, Villejuif, Vitry, etc..
Les distractions ont été nombreuses. A noter la
distribution de jouets du jour de l'an, donnés par
l'Administration; les déguisements du Mardi-Gras et
de la Mi-Carême ; une matinée organisée par des
artistes des différents théâtres et concerts de Paris ;
une conférence-concert organisée par la Ligue d'é-
ducation sociale démocratique ; le concert du 17
juillet, sous la direction de M. LuGU'r, plusieurs
représentations gratuites dans divers cirques et théâ-
tres installés à la Foire au pain d'épices, à la fête du
Lion de Belfort et et sur l'Avenue de Bicêtre, enfin
diverses matinées suivies de bals organisées par les
enfants. - Les jardiniers sont allés Ù l'Exposition
de chrysanthèmes et à l'Exposition d'horticulture.
Les imprimeurs ont visité dans tous ses détails
l'Ecole I;slienne dont le directeur, M. Frayssinet, a
bien voulu leur expliquer le fonctionnement.
Visites. - Les enfants ont reçu 10.064 visites; les
visiteurs ont été au nombre de 15.709. Voici la sta-
tistique des permissions de sortie et des congés :
xvi Bains ET hydrothérapie.
Bains ET hydrothérapie. XVII
préparations similaires qui nous ont été fournies par
l'Administration, et des médicaments antiscrofuleux,
ont continué, comme par le passé, à être la base du
traitement en 1897. Nous avons également essayé le
sedum acre chez un certain nombre d'épileptiques,
en collaboration avec M. 1B.R'rHOOV, pharmacien cle
Bicêtre. Nous résumerons dans le Comj)te-rendu de
1898 les résultats, d'ailleurs médiocres, de cet essai
thérapeutique. Il a été donné dans le cours de
l'année 18,¡)J bains ainsi répartis :
XVIII Améliorations diverses.
La collection de nos lablenux scolaires s'est accrue
de trois nouvelles planches pour les classes de début.
La première est destinée il donner il l'enfant la notion
des principales couleurs du ? eot'1o' srolaira. Alin
d'habituer l'élève à reconnaître ces couleurs dans leur
application, en regard de chacune d'elles, est repré-
senté un objet tel qu'une prune violette, un bleuet,
une feuille d'arbre, un citron, une orange, des cerises.
Ce tableau se compose de deux parties identiquement
semblables, une pour l'élève, l'autre pour le maître.
Ce dernier, en effet, commence à l'aire reconnaître iL
l'enfant deux couleurs, deux objets semblables, avant
de l'habituer il comparer une couleur quelconque
avec l'objet qui en présente l'application.
Les deux autres tableaux ont rapport aux lignes
droites et à leurs combinaisons. En regard de chacune
d'elles se trouve, comme dans le tableau précédent,
représentée une de leurs applications les plus com-
munes. L'horizontale offre comme exemple des fils
télégraphiques; la verticale la corde qui soutient le
poids d'une horloge; l'oblique, une échelle appuyée
contre un mur; l'angle aigu, une échelle double; le
triangle rectangle, une équerre, etc. (1'1.. xxix etxx).
Parmi les autres améliorations réalisées dans le
service nous signalerons l'installation d'un montra
gaz que nous réclamions depuis si longtemps....
Mentionnons aussi la pose de stores neufs dans le
musée scolaire et enfin la continuation des travaux du
sous-sol du 3" pavillon, destiné ainsi que nous l'avons
dit plus haut à servir de salle de réunion et de net-
toyage à une certaine catégorie d'enfants. Ces travaux
n'étant pas complètement terminés, nous remettons
à l'année prochaine la description de cette nouvelle
installation.
Visites du service. La section a été visitée, en
1897, parle Dr Arnold (de Genève) ; DI' Ayasse (d'Oran) ;
Visites du service. XIX
Mlle Adler, inspectrice des Ecoles de Russie ; Dr Beca
(du Chili); 13en,ivimte David; professeur Bene.dil;;t (de
Vienne); DI' Ba)' enoCl" DL' Bodoni (Pietro), chirurgien;
M. Baguer (Gustave), directeur de l'Institut départe-
mental des sourds-muets (Asnières) ; D1' Caput ;
D1' Dupuis; Prince Diderikofï, lieutenant général de
l'armée russe ; M. Guérit; DI' de Gouvea (II.) ancien
professeur iL la faculté de médecine de Rio de Janeiro;
D'' Grig'1wseo (de Novara, Italie); Dr Ivikitine, méde-
cin aliéniste des hôpitaux de Moscou ; D1' Kouljenko ;
Dr l(ienshack (Robert); Dl' Kattmenckcl (Munchen) ;
M. de Koukol (Constantine), membre du Conseil géné-
ral de la province de Karkoff (Russie) ; D1' Loranchet;
M. Lampué, conseiller municipal de Paris; D1' Long
(H.), ancien médecin chef de l'hôpital cantonal de
Genève ; D'' Mikieurcht ; M. Montprofit ; D1' Marie,
agrégé de la Faculté de Paris; D1' de Maltos, director
de Hospital de Coudé de Ferrera; M. Michel (J.),
architecte; D1' Mello-Reis, en mission du gouverne-
ment de la République du Brésil ; D'' Meyer (1-I.) (de
Copenhague) ; D1' de Nakimoff (de Russie) ; M. Oes-
terby, professeur à l'Ecole royale des officiers de
marine, chargé de mission spéciale par le gouverne-
ment royal de Danemark; M. Pottié, instituteur aux
sourds-muets; D1' l'resle ; D1' Ricard, chirurgien des
hôpitaux de Paris ; Dl' Répard (Adolphe) (de Copenha-
gue) ; Dl' Rapin (Eugène) (de Genève); M. Sabatier,
inspecteur général des établissements de bienfai-
sance ; D1' Talbot, médecin-dentiste (Amérique); M.
André Theuriet, de l'Académie française.
Le Président de la République a visité la section
des enfants le 17 octobre ; un jeune malade lui a lu un
compliment d'usage et lui a offert un superbe bou-
quet ; le Président était accompagné de MM. Barthou,
ministre de l'Intérieur ; Le Gall, chef du Cabinet du
Président de la République; Blanc, Préfet de Police ;
XX Visites DU service.
général Hagron et commandant Serpette, de la mai-
son militaire; Bruman, secrétaire général de la Pré-
fecture de la Seine ; MM. Navarre, Dubois, Lucipia et
Cornet, conseillers municipaux; MM. Peyron, direc-
teur de l'Assistance publique ; Gory, inspecteur,
et Nielly, chef de division Ù l'Administration de
l'Assistance publique ; M. F. Voisin, vice-président
du Conseil de surveillance (voir plus loin).
Nous consacrons d'habitude la matinée du samedi à
recevoir les visiteurs. Presque tous ceux dont nous
venons de citer les noms sont venus ce jour-la. Nous
faisons venir le professeur de gymnastique et le pro-
fesseur de chant, dont les heures de leçons ne coïn-
cident pas avec l'heure de notre visite. En nous
imposant la fatigue très grande de montrer non seule-
ment la disposition du service des enfants, mais
encore son fonctionnement dans tous ses détails,
notre but est de faire comprendre aux visiteurs l'im-
portance de l'couvre que nous avons pu réaliser avec
l'appui du Conseil municipal, et fournir it beaucoup
d'entre eux les arguments qui militent en faveur de
l'hospitalisation de cette catégorie d'enfants anormaux
et les convaincre de la possibilité de les améliorer
et môme de les guérir par l'application du traitement L
1llédico-péd ¡¡goU ique, ,
Musée pathologique. Le musée s'est enrichi
notablement en 1897 ainsi que le montre le tableau
suivant, placé en tête de la page wr.
Nous avons continué, comme les années précédentes,
à reprendre dans le cimetière de la commune de Gen-
tilly, lors du relèvement des corps de nos malades
décédés il y a cinq ans, les crânes et les squelettes
entiers, quand il s'agit d'hérnipléuiques ou de mala-
des dont le squelette présente des particularités. C'est
cette pratique qui explique l'enrichissement rapide de
notre musée depuis l'année 1887. Le musée reçoit en
Musée pathologique. xxi
XXII Enseignement professionnel
(1889-1897), Mercier pour la brosserie (1888-1897),
Maréchallat pour l'imprimerie (1889-1897), G. Gaie
pour la serrurerie (1895-1897), \ Mesnard pour le
jardinage (1896-1897). De même aussi que les
années passées, nous n'avons qu'a les féliciter tous,
non seulement pour le zèle et l'intelligence qu'ils
apportent chaque jour à donner V instruction ])1'O/'e8-
sinn nellr aux enfants, mais encore pour la bonne
direction morale qu'ils savent leur imprimer. Le
tableau ci-après met en évidence les résultats obte-
nus en 1897 par nos chefs d'ateliers (p. xxm).
Les travaux du jardinage seuls ne sont pas évalués.
Il est, en effet, assez difficile de faire une estimation
précise. Pourtant nous croyons que l'Administration
aurait intérêt à essayer d'en avoir une approximative.
Les sept maîtres non compris le jardinier dont
le travail de ses apprentis et le sien dépassent assu-
rément le salaire sont payés à raison de 6 fr. : iJ
par jour, soit pour l'année 1 (j.GOï fr. 50.
Le travail des enfants, 3 1 .243 fr. 90 (1), couvre donc :
1° la dépense occasionnée par le salaire de leurs
maîtres ; 2° l'intérêt Ù . "1" taux au-dessus du
cours actuel du capital employé pour la construc-
tion des atelisrs (210.000 fr.) De plus, il y a un bénéfice
de 6.236 fr. qui vient atténuer les dépenses d'entretien
des enfants (2).
Nous n'insisterons pas sur les avantages que procu-
rent ces ateliers tant au point de vue de l'intérêt des
malades qu'à celui de l'Administration. Nous ajoute-
rons seulement qu'il serait convenable, à tous les
égards, que nos anciens malades qui passent soit dans
les sections d'aliénés adultes, soit dans la division des
(1) L'évaluation est faite, non par nous, qui sommes incompétent, mais
par l'inspecteur du service d'architecture, M. Delahaye, et par M. Lequeux
économe.
(2) Voir nos Compta-rendus précédents et entre : mtres, l8 ! n. p. xmet wt;
- (8 : 1, p. w ; - 18'J4, p. ws ; - 189 ? 1. xw ; - 18 ! lï, p. vxw.
XXIV Enseignement professionnel.
incurables de l'hospice trouvent un meilleur accueil
dans les ateliers de l'hospice et que les chefs de ces
ateliers leur témoignent plus de bienveillance.
Bien des fois dans nos Compte-rendus annuels,
nous avions demandé à l'Administration qu'elle
récompensât nos chefs d'atelier en les admettant à
jouir de la pension de repos qu'elle accorde aux
agents, sous-employés et infirmiers, du personnel
secondaire (1). Après bien des difficultés et de nom-
breuses réclamations de notre part consignées dans
les Compte-rendus antérieurs, nous avons obtenu
en partie satisfaction. Le 10 avril 1897, par arrêté de
M. Peyron, soumis à l'approbation préfectorale, nous
obtenions gain de cause. Voici, d'ailleurs, le texte de
cet arrêté :
Le Directeur de l'Administration de l'Assistance publique,
Vu l'avis émis par le Conseil de Surveillance de cette
Administration dans la séance du 18 mars 1897 ;
Arrête :
ART. 1e ? Les chefs d'atelier de l'hospice de Bicêtre pour-
ront désormais, sous les conditions spécifiées par les arrêtés
réglementaires et notamment par celui du 12 février )81.'),
être admis au repos au même titre que les agents du
personnel secondaire.
AII'1'. 2. Ils seront placés dans la 2" classe des reposants.
ART. 3. Ampliation du présent arrêté sera transmise aux
divisions administratives et au Directeur de l'hospice de
Bicêtre. ,
Fait à Paris, le 10 avril 1897.
Signé : E. PEYRON
Vu et approuvé : Paris le 19 juin 1897.
Le Préfet de la Seine, .
Signé : Jean de Selves
Pour ampliation :
Le Secrétaire Général
de l'Administration de l'Lssistal2ce publique,
DEROUIN.
(1) Lorsque nous avons établi le programme de la construction de nos
ateliers, nous avions prévu, au second étape, des logements pour les chefs
d'atelier. Ultérieurement, nous appuyant sur les inconvénients qui résultent
dans les établissements hospitaliers du logement d'un grand nombre de per-
sonnes dont la présence n'est pas indispensable, nous avions demandé que
Enseignement professionnel. xxv
Nous sommes -heureux que notre persistance ait
enfin sa récompense, tout en regrettant que l'assimi-
lation de nos chefs d'atelier ait été faite seulement
avec les sous-surveillants et non avec les surveillants
comme le demandait, et c'était juste, la délibération
du Conseil municipal.
Tel est le résumé de l'enseignement professionnel
en 1897. Il importe de ne pas oublier que nos ateliers
ne sont nullement comparables à ceux de l'Orphelinat
Prévost et de l'école d'Alembert à .Monté\Tain où les
apprentis sont des enfants normaux, sains de corps
et d'esprit, et même choisis parmi les plus intelligents
des candidats. Nos apprentis, à Bicêtre, sont non
seulement des enfants anormaux, mais encore des
enfants malades : quand ils ont, les uns, des accès
épileptiques, convulsifs ou psychiques, les autres des
impulsions ou des périodes d'excitation, pendant ces
accidents et les jours qui suivent ils ne peuvent tra-
vailler ni à l'école ni à l'atelier. Administrativement,
après avoir douté de la possibilité de faire tra-
vailler les enfants idiots, arriérés et épileptiques,
certains auraient de la tendance Ù vouloir les
considérer comme des apprentis ordinaires qui,
suivant la pratique abusive des couvents, doivent
fournir régulièrement une somme de travail fixée.
Nous le répétons, ce qui doit primer dans notre
service, c'est l'influence morale du travail, qui est
l'adjuvant du travail scolaire, du traitement médical,
et non le produit lui-même, bien qu'il ne soit pas à
dédaigner : les enfants eux-mêmes sont heureux de
voir que leur travail est productif, qu'il se traduit par
des résultats pratiques (1).
les chefs d'atelier fussent logés au dehors où ils sont plus libres. Nous ne
pensions pas qu'on en tirermt argument contre eux pour leur refuser la
pension de repos.
(1) Une autre cause quicontribueadiiïereneier nos apprentis de ceux que
nous avons cités, c'est qu'ils o : : t des permissions de sortie et des congés, sur
la demande des familles, à toutes les époques de l'année.
xxvi Mouvement de la population, ;
III.
Statistique. Mouvement de la population.
Le 1 ? janvier 1897, il restait dans le service 483
enfants (1) : 458 enfants idiots, imbéciles ou épilep-
tiques, dits aliénés et 5r) réputés non aliénés. On sait
qu'il s'agit lit d'une distinction purement administra-
tive et qu'il est difficile de justifier médicalement. Sur
ce nombre 3 étaient atteints do .snl'di-mnl'ilé, 7 de
cécité, 2S de rumination, 9 de maladie de Lillle,
5't étaient /Hp ? s, 62 úaveux,'t'2 0)H/c/tO-
phages, 5 déchireurs d'ongles.
Mouvement DE la population. " : \\'11
Décès. Les décès ont été au nombre de 17. Le
tableau ci-après fournit les renseignements concer-
nant le diagnostic, la date et la cause du décès, ainsi
que les principales particularités présentées par les
malades (p. xxrll).
Sorties. Des 73 malades sortis de la section, 19
ont été dirigés sur l'une des sections d'adultes de la
division des aliénés; 57 ont été rendus à leur famille,
guéris au améliorés ou sur la demande de celles-ci ;
25 ont été transférés et .2 sont sortis par évasion. Le
tableau des pages xxxtt et suivantes indique les motifs
de la soriic et la nature de l'affection pathologique
dont étaient atteints ces malades sortants.
Evasions. Deux évasions se sont produites dans
le courant de l'année : celles des enfants Mar... (Albert)
et Lee... (Joseph). Le premier de ces malades nous
a été renvoyé par les soins de la Préfecture de police ;
quant au deuxième, notablement amélioré, et pouvant,
sans inconvénient être laissé en liberté, il a été défal-
qué.
Transferts. Ils ont été au nombre de '2/l : G il
Villejuif, 7 à Clermont, 2 au Mans, 2 à Picrrefeu, I il
Armenlières, 1 à liuucu, l a 'illc-lvrvrcl, 1 il Pains,
1 aux Enfants- Assistés. Les transferts, hors des asiles
de la Seine, constituent une mesure indigne d'un pays
civilisé, quand ils s'appliquent il des enfants dont les
parents habitent Paris et qui, en raison de la médiocrité
de leurs ressources ne peuvent aller les voir. Comme
ils sont nés dans les départements, ils y ont leur domi-
cile de secours. Les préfets des départements les
réclament. Leurs demandes ont été encore très nom-
breuses cette année, mais deux familles ont préféré
reprendre leurs enfants plutôt que de les laisser partir
loin d'elles, et par conséquent, être mises dans l'im-
possibilité de les visiter et de soulager leur infortune.
XXVIII DÉCÈS.
xxx - - DÉCÈS, '
Thymus; glande thyroïde. xxxix
La mesure prise, sur notre proposition, par le Con-
seil général de la Seine et qui consiste à recevoir dans
les asiles du département, et à les y maintenir, les
enfants nés dans les autres départements, lorsque
leurs parents sont domiciliés à Paris ou dans une
commune de la Seine depuis trois ans, tout en ne
réclamant aux départements d'origine c'est-à-dire
où les enfants ont leur domicile de secours - que le
prix de journée payé par ces départements dans leurs
propres asiles, n'est pas acceptée par la plupart des
préfets. La mesure si humaine, si généreuse du Con-
seil général de la Seine envers cette catégorie
d'enfants et leurs familles laissent les préfets trop
souvent indifférents. Ou le comprend d'autant moins
que le maintien dans les asiles de la Seine de ces;
enfants n'entraine, nous le répétons, aucun surcroît
de dépenses pour les départements qu'ils adminis-
trent. M. Monod, directeur de l'assistance et de l'hy-
giène publiques du ministère de l'intérieur rendrait
un service signalé aux familles et aux enfants en
question en faisant comprendre aux préfets qu'ils
feraient acte d'humanité en maintenant les enfants,
dont il s'agit, dans les quartiers spéciaux de la Seine.-
Population au 31 décembre ' ! 897. - Il y avait à
cette époque, dans le service, 459 enfants se décompo-
sant ainsi : 455 enfants idiots, imbéciles ou épilepti-
(lites, dits aliénés et 25 réputés non aliénés. Sur ce
nombre 11 sont atteints de cécité; 3 sont atteints de
11;i,ti,(l i-iii,til I'lé ? 28 sont ruminants ; 50 sont hÔmiplé-
giques; 7 sont atteints de maladie de Little ; 60 sont,
baveux; 38 co-m7cnphac7es et 4 déchireurs d'ongles.
Thymus et glande thyroïde. Nos études sur
l'idiotie m ? /.uoede))Me;tse nous ont conduit à repren-
dre, il y a 8 ans, des recherches anciennes (1868) sur
la glande thyroïde incidemment sur le thymus. Le
XLII Maladies infectieuses.
tableau ci-après donne quelques renseignements sur
ces deux Organes chez. nos malades décèdes en 1897.
Nous essaierons un jour de voir s'il y a lieu de tirer
quelque conclusion des pesées du thymus et de la
glande thyroïde que nous consignons tous les ans dans
nos Compte-rendus. Mais elles n'auront qu'une valeur
relative jusqu'à ce que nous puissions les mettre en
regard de pesées analogues faites chez des enfants
réputés normaux et décédés soit à l'hôpital des
Enfants-Malades, soit à l'hôpital Trousseau.
Maladies infectieuses. L'épidémie assez grave
de rougeole, qui avait débuté le 2'J novembre 189G,
persistait encore le 20 mars de cette année. Le nombre
des cas en 1897 a été de 8 ; G se sont terminés par la
guérison ; deux ont été suivis de décès : Au/..., et
Perr.. Chez ces deux malades la rougeole s'est com-
pliquée d'une angine diphléritique. - Nous n'avons
eu qu'un seul cas de diphtérie, celui de l'enfant Heu... ;
entré au pavillon des contagieux le 28 mars, il en est
sorti guéri le 17 avril. - Deux infirmières et un inlir-
mier ont présenté des traces d'herpès circiné sur les
avant-bras. Trois enfants ont été atteints de rubéole :
Pépo ? entré le mars est sorti guéri le 12 du même
mois ; Bard ? entré le 17 mars, est sorti guéri le 2-î ;
Min ? entré le z1 mai, est sorti guéri le 21 juin.; -
Signalons enfin un cas de fièvre Igphoïde chez l'en-
fantPic;h ? suivi de guérison. `
Teigne. Au 1er janvier 1897, il restait dans le
service 6 teigneux et 12 teigneuses; ce chiffre a sensi-
blement augmenté pour les garçons et a été porté à
19 pour la lin de l'année. Le nombre des teigneuses
par contre est descendu à 6.
Maladies INTERCURRENTES. XLII
Maladies intercurrentes. Elles ont été relative-
ment nombreuses : 15 enfants sont entrés à l'infirme-
rie atteints d'étal de mal épileptique. - pneumonie,
1 ; - tuberculose pulmonaire, 3 ; Ictère, 1 ;
fracture des deux os de V avant-bras, 2; frac-
ture de la clavicule, 1 ; ongle incarné, 1 ;
grippe, 6 ; - Angine, 4 ; ophtalmie, 3 ; abcès,
5 ; diarrhée, 4 ; impétigo, 5 ; rhumatismes, 3.
Personnel du service en 1807. - Le personnel
était ainsi composé : 1° Service médical : deux in-
ternes titulaire*, MM. Scl3wnrTZ et JAC01mT et un
interne provisoire, M. CAU-DINI7AU. M. Jacomct a été
remplacé le 1er mai par AI. SCHACIHIANN lequel a été
remplacé le ter septembre par M. DARDEL.
2° Service scolaire : a) Grande école : 4 instituteurs
MM. Mesnard, Landosse, Grandvilliers et Fromont.
Ce dernier ayant été nommé instituteur aux Enfants
Assistés, M. Camaillac a été appelé a lui succéder le
22 mars ; - un professeur de chant, M. Sutter; - un
professeur de gymnastique, M. Goy ; - un maître
d'escrime, M. Joly et deux infirmiers dont un ayant le
grade de 1 cr infirmier. b) Petite école : j)l ? Agnus
(Blanche) et Bohain (Amandine), surveillantes ; 1\ll11c
Beaumont, suppléante ; deux premières infirmières :
M ? s IIuy'uet et Gcrdcr et 8 infirmières de dortoir,
aidant les maîtresses d'école; en outre 4 infirmières,
n'ayant pas de dortoir, sont aflcctocs aux soins et à
l'enseignement des enfants de la petite école.
3° Enseignement professionnel : 8 maîtres dont
nous avons donné les noms plus haut (p. xxi) ; plus
deux infirmiers de garde.
4° Service hospitalier : Il se compose de M. MALEN-
ÇON, sous-surveillant, remplissant les fonctions de
surveillant; de M. Huard, suppléant, faisant fonctions
de sous-surveillant, de Mille Ronzier, sous-surveillante
(infirmerie) ; de in.111" Malençon, suppléante (bâtiment
XLIV Personnel du service.
des gâteux); de 112 ? Grisard, 1 re infirmière (pavillon
d'isolement); de M"10 Gladel, suppléante de nuit; de
deux suppléants, MM. Fournier et Barsalou (service
du gymnase); d'un 1 ? infirmier, M. Chérel (baigneur),
d'un infirmier attaché plus spécialement au Musée et
chargé du service de distribution de la pharmacie, M.
Gercler; d'un infirmier (portier), d'un perruquier, de
25 infirmières de jour ou de nuit, de 29 infirmiers de
jour ou de nuit; total du personnel secondaire : 85.
Section II : Fondation Vallée.
Histoire du Service pendant l'année 1897.
I.
Situation DU service. - Enseignement primaire.
Au début de ce rapport, il nous parait utile de rap-
peler encore que, quand la Fondation Vallée été
organisée, elle devait être pour les iilles ce qu'est la
Colonie de Vauclusc pour les garçons, c'est-à-dire
qu'on devait en exclure les galeuses et les épilepti-
ques. Mais, dès l'origine, par suite des besoins du
service des aliénés, il n'a pas été tenu compte de cette
catégorisation. Il s'ensuit que la Fondation Vallée
ne correspond plus à la Colonie de Vaucluse mais au
service des Enfants de Bicêtre, où nous recevons
toutes les catégories d'enfants idiots. De là deux grou-
pes principaux : 1° les enfants idiotes et gâteuses ; 2°
les enfants propres.
Enfants idiotes gâteuses. Elles étaient au nom-
bre de 56 au 1 dur janvier 1897 et de 63 à la fin de
l'année. Elles sont installées dans le bâtiment situé à
droite de la cour d'entrée dont elles occupent le rez-
XLV¡ EXFAXTS IDIOTES GATEUSES.
de-chaussée et le premier étage. Cette installation est
des plus défectueuses. Nous dirons même que, en
raison des infirmités physiques des enfants, elle est
insalubre, dangereuse. Le gâtisme exigeant un lavage
quotidien du parquet mal jointoyé, non hourdé, du
premier étage, il en résulte des inliltrations d'eau
tout le long des murs. Ce n'est que grâce au zèle et au
dévouement de l'infirmière qui est chargée de ce ser-
vice, Mile Suzanne Raymond, que nous avons pu atté-
nuer les inconvénients de cette installation et obtenir
chaque année quelques bons résultats au point de vue
du traitement. Nous continuons à avoir recours aux
moyens et aux procédés que nous avons décrits dans
nos précédents rapports.
Les idiotes gâteuses se divisent en deux catégories :
a) les enfants valides qui sont envoyées à l'école durant
une partie de la journée. Bien qu'une classe ait été
affectée spécialement dans l'ancien réfectoire, aux plus
malades, d autres vont à l'école et il en résulte des
inconvénients pour les enfants des classes voisines,
affectées aux enfants propres. b) Les enfants inra-
lides qui séjournent dans les locaux et la cour situés
entre leur pavillon et le pavillon d'infirmerie qui leur
sont affectés. Chez six d'entre elles, on a pu supprimer
le gâtisme : Bea..., De1..., Ze..., Ûuéd..., Ori'1...,
Wei... Huit ont appris à manger sans aide : Zembr...,
Wil..., Monta..., Frank ? Le Maroc, Roz..., Wit...
Antoinette.
Nous avons proposé en 1896, l'appropriation du
sous-sol du bâtiment neuf suffisamment élevé et aéré,
en un service spécialement destiné aux enfants idiotes
gâteuses, valides et même à une partie des gâteuses
invalides. Voici en quoi consiste ce projet :
D'après nous, la moitié du sous-sol la plus rapprochée des
bâtiments existant devrait être affectée aux enfants gâteuses
invalides et à une partie des enfants galeuses valides en 1'ai-
son de la proximité de leur dortoir.
ENFANTS IDIOTE'; ET GATEUSES. XLVII
Les enfants entreraient directement par la porte vitrée,
correspondante à l'extrémité du bâtiment. La première tra-
vée servirait de passage au centre, et, les parties latérales, de
cabinets de débarras ; la deuxième travée serait affectée à
un réfectoire ; - la troisième à une salle de gymnastique où
l'on mettrait les appareils Pichery, échelles et ressorts, le
tremplin, un escabeau, etc.
La 'quatrième travée serait réservée -.Il l'école pour les
enfants gâteuses valides; -la cinquième travée serait emmé-
nagée en école et préau pour les ;/ âleuses invalides; les
deux dernières travées seront réservées au traitement du
gâtisme proprcment dit et renfermeront tous les appareils
similaires en usage dans les divers services de Bicêtre (sièges
d'aisance avec cuvette en ciment, soupape, siphon, etc., bai-
gnoires, bidets, bains de sièges, chauffe-bains. lavabos, armoi-
res pour les serviettes et les peignes).
Le sol serait carrelé dans le réfectoire et la salle du traite-
tement du gâtisme On mettrait du carreau revêtu de linoléum
dans les autres pièces.
La seconde moitié du sous-sol serait affectée aux services
suivants, en partant de la cage de l'escalier : 10 entrée cen-
trale, de chaque côté, cabinets de débarras; z magasin de
chaussures, ciragier; - 3° bains de pieds. Ces différentes
pièces seraient séparées par des cloisons.
La fenêtre vitrée à l'extrémité sud sera transformée en
porte. Ces deux services seront complètement séparés de
la partie centrale affectée au service du chauffage.
Ce projet, ainsi que nous l'avons dit dans notre
Compte-rendu de 1896 (p. lxiv), a été soumis par
l'Administration à la Commission de surveillance qui,
après l'avoir examiné sur place, l'a adopté sur le
rapport de M. le Dr Du llcsnil. Il a été ensuite
transmis au Conseil général qui, jusqu'à présent,
ne s'est pas prononcé. Le jour où l'on voudra bien se
rendre un compte exact des difficultés actuelles du
service, et du bien-être que l'installation que nous
réclamons procurerait aux enfants, des avantages qui
en résulteraient pour l'hygiène, toute hésitation dispa-
raîtra.
Enfants idiotes, imbéciles, épileptiques, elc, vali-
XLVIII Enseignement primaire ET professionnel.
des. - Enseignement primaire et enseignement
professionnel. Les procédés employés sont égale-
ment les mêmes qu'à la section de Bicêtre. Les amé-
liorations réalisées clans les écoles des garçons sont
introduites immédiatement à la Fondation. L'idéal
que nous cherchons à réaliser consiste à occuper les
enfants du matin jusqu'au soir, en variant le plus
possible les exercices. Les jeux même doivent con-
tribuer à leur éducation.
Au lever on apprend aux enfants à faire leur toilette,
à faire leur lit, à nettoyer leur dortoir. Aux repas,
on surveille les enfants qui savent manger seules et on
corrige leurs mauvaises habitudes ; on apprend aux
autres à se servir de la cuiller, de la fourchette, etc.
Sur 186 enfants présentes à la fin de l'année, 57 savent
se servir de la cuiller, de la fourchette et du couteau ;
63 de la cuiller et de la fourchette; 41 de la cuiller
seulement; 2,-) ne savent pas manger seules. 140
enfants ont fréquenté l'école et sont exercées à la
gymnastique Pichcry. - 46 enfants participent aux
exercices de la gran de gymnastique, sous la direction
de M. Gov et sous la surveillance de Mlle Langlet
M. Goy vient tous les jeudis à la Fondation. En raison
de l'augmentation de la population, il serait néces-
saire qu'il donnât maintenant deux leçons par semaine.
Les leçons de choses sont multipliées le plus possible
et ont lieu soit dans les jardins, dont les arbres, les
arbustes, les plantes, etc., sont étiquetés. Les détails
dans lesquels nous sommes entré dans nos rapports
de 1890 à 1896, au sujet de l'habillement, de l'éduca-
tion de la digestion, de la respiration, de la circula-
tion et de l'hygiène sexuelle nous dispensent d'y
revenir cette année.
Enseignement du dessin. Cet enseignement qui,
Chant. ' XLIX
durant plusieurs années et encore en 1896, était fait à
titre gracieux, d'ailleurs, par Mille Bru, femme de
l'ancien économe de Bicêtre, n'a été fait cette année
que pendant un mois, en raison du départ de M. Bru,
nommé directeur de l'hôpital Ricord. Il y aurait une
réelle utilité à organiser cet enseignement d'une façon
régulière et à la Fondation et à Bicêtre.
Enseignement du chant. - Cet enseignement est
fait par M. Setter, professeur de chant l'asile-école
de Bicêtre. Conformément à nos instructions, il s'est
occupé successivement de tous les enfants, en mesure
de profiter dans une mesure quelconque de son ensei-
gnement. 90 fillettes, divisées en trois séries, y ont
participé. Par suite des nombreuses entrées dans le
courant de l'année l c,17, M. Sutter ne peut donner
qu'un compte-rendu très-sommaire de son cours quant
aux nouvelles fillettes.
« Les anciennes élèves », dit ce professeur, « con-
naissent toutes leurs notes et chantent dans les choeurs
la première partie avec les garçons; toutes ces jeunes
filles ont une étendue de voix assez remarquable, prin-
cipalement celles qui ontpassé la quinzième année. J'ai
remarqué, d'après mes observations périodiques, que
les plus jeunes n'ont qu'une étendue de voix très res-
treinte, que celle-ci est généralement grave sans être
fausse. Quant aux myxoedemateuscs mises au traite-
ment par la glande thyroïde, on a observé les mêmes
modifications que l'an dernier, dans leur timbre de
voix dont l'étendue s'est accrue progressivement (1).
Enfin les progrès d'ensemble sont satisfaisants, les
nouvelles se mettent au travail avec zèle et cherchent
à suivre les anciennes dans la lecture des notes et
l'accompagnement des choeurs. »
11) Compl<-oen<Iu 1SG p. Ifi3 et 1 î î.
l3ooitn : wo.uL, IJicêlre,1S97. ?
I.' , . Enseignement professionnel.
' Danse. Les exercices de danse ont eu lieu sous
la direction de Molle Langlet et de ses collaboratrices
tous les dimanches, après le parloir jusqu'au 10 mars,
date à laquelle M. Landosse professeur de danse à la
section des enfants de Bicêtre a pris la direction de
cet enseignement à la Fondation Vallée. Les exercices
ont lieu le mercredi de 4 à 5 heures. 60 enfants ont
pris part à ces exercices ; 50 savent danser la polka ;
40 connaissent la polka, la mazurka et la scottisch ; 25
connaissent toutes les danses de caractères. Comme à
la section des enfants de Bicêtre l'étude du quadrille
est commencée à Vallée et 20 enfants en connaissent
les deux premières figures.
En8eiuncmcnl professionnel. - A mesure que les
enfants se développent, on leur apprend tous les soins
du ménage; à mettre et il retirer le couvert, à nettoyer
les réfectoires, laver la vaisselle, etc. Dix des moins
arriérées, aident le personnel à apprendre à manger
aux enfants incapables de manger seules et il herfec-
tionner celles qui mangent malproprement. Deux
des enfants de la Fondation Vallée, Briss.... et Jup...
ont continué à être employées comme demi-infirmiè-
res. L'Administration leur alloue une indemnité men-
suelle de 5 francs. Deux autres enfants, Barb.. et
Grang ? ont été admises par l'Administration comme
infirmières. La première a obtenu l'an dernier son
diplôme d'infirmière.
Les deux seuls ateliers que nous possédons ont
continué a fonctionner régulièrement. Le travail,
évalué par M. Lequcux, économe de Bicêtre, d'après
le tarif réduit de l'Administration, s'est élevé à ! f. ! i 10
francs pour l'atelier de couture, dirigé par M"10 Ehr-
mann et 832 francs pour l'atelier de repassage, dirigé
par Mme Quatre. Total : 5.202 francs, soit 37 francs
de plus qu'en 1896.
En plus des apprenties qui travaillent par séries
Enseignement professionnel. LI
régulières, 50 enfants ont travaillé une heure par jour.
20 enfants savent faire complètement les layettes ; 30
du crochet; 12 savent marquer; 10 savent faire la
tapisserie. Le tableau suivant donne mois par mois
le nombre des apprenties régulières et l'évaluation du
travail.
LlI . VISITES, COXC.KS.
Bains et hydrothérapie. lui
l'installation de la Fondation n'ayant pu fonctionner
une partie de l'année, nous avons dû nous servir aec
bains de Bicêtre. Les bains de pieds ont été don-
nés également au Bicêtre où il existe, nous tenons à le
rappeler, une installation rendant facile le lavage
simultané des pieds d'un grand nombre de malades ;
aussi avons-nous réclamé une installation semblable
à la Fondation Vallée. Le sous-sol du bâtiment neuf
pourra être en partie utilisé dans ce but, ainsi que
nous l'avons dit plus haut.
Voici la statistique des bains et des douches en
1897 :
LIV Améliorations diverses.
congés, à faciliter les visites des parents, à faire
faire des promenades régulières au dehors, à donner
des distractions fréquentes aux enfant-; nous parait une
application sérieuse et sans inconvénient pour la sécu-
rité publique du système que l'on prétend nouveau (I).
Améliorations diverses. M. Croizelle suppléant-
portier a été nommé sous-surveillant en conservant
son emploi. - Réparation du mur sur la ruelle
Jean-Louis et celui donnant sur la rue 13cnserade.
Réfection de la galerie couverte, Réparation du
carrelage des lavabos et des cabinets du bâtiment neuf,
carrelage qui avait été posé d'une façon asymétrique.
Transformation des carreaux des fenêtres du bâti-
ment neuf. Réparation du parquet du gymnase et
réflection complète de celui du parloir des familles.
Création de lieux d'aisance dans le lias du jardin pota-
ger. Fonctionnement de l'appareil de chauffage à
air chaud.
Teigne. Huit enfants ont été soignées au pavillon
des contagieux de l'hospice de Bicêtre : Clerc, Graf ?
Oliv ., Huss ? Bcrg ? Giord ? Taupin... Deux en sont,
sorties guéries : Oliv ? le 22 mars et Guill ? le il
novembre.
Maladies intercurrentes. Nous avons il noter,
en outre des maladies qui ont occasionné la mort et
dont on trouvera la liste au tableau des décès, les
maladies suivantes : 15 enfants ont été traitées pour
bronchite, 1 pour pleurésie sèche, 1 pour phtisie, 2
pour broncho-pneumonie, 20 pour accès d'épilepsic,
1 pour coxalgie, 1 pour fièvre typhoïde, 1 pour
chorée, 12 pour engelures, 3 pour éruptions légères,
10 pour diarrhée, 4 pour des maux'd'ycux.
(1) Le système de l'asile aux portes ouvertes est appliqué depuis plus de 40
ans dans l'asile médico-agricole de LeYlIle.
Statistique. LV
Comme maladies contagieuses, nous avons à en-
registrer une forte épidémie de rougeole qui avait
débuté le 26 novembre 1896 et qui persista jusqu'au
mois de mars de cette année. 27 de ces enfants, Hus ?
Ver ? Caue ? Pic ? Laneel ? Verr ? Glay... Dent ?
Man ? Moût ? Lcfèv ? Bord ? Pontab ? Teul...
Gauch ? 13au ? Pon ? Cond ? Coût ? 'I110111 ?
Kraem ? Gudcnf ? Bioll ? Bea ? Gaill ? Dur ?
Borjr., Origl.. et Pcul ? sortirent guéries. Deux
succombèrent iL l'épidémie, les enfants Bioll.. et
Gaill... La première avait une rougeole compliquée
de congestion pulmonaire, la deuxième avait une
complication de tuberculose pulmonaire avec cachexie
progressive. Nous avons dit, d'autre part, que les
enfants atteintes de rougeole, avaient été transpor-
tées au pavillon (l'isolement de la section de Bicêtre,
ce qui a permis de limiter l'épidémie. D'ailleurs l'infir-
merie actuelle de la Fondation Vallée n'aurait pu les
recevoir, le nombre de ses lits n'étant que de 10.
II.
Statistique. - Mouvement DU LA population.
Le 1 ? janvier 1897, il restait à la Fondation Vallée
162 enfants se répartissant ainsi : -
LVI i Mouvement de la population.
Voici le tableau du mouvement de la population
en 1897 :
Personnel du service. lvii
Population au 31 décembre 1897. Il restait à la
Fondation le 31 décembre, 186 enfants se décompo-
sant ainsi :
LVIII - DÉCÈS'.
LX DÉCÈS.
Section III. - Patronage des aliénés et des enfants
arriérés. - Asile d'aliénés de Montpellier. - Ve asile
de la Seine.
..
. i.
Visite de M. Félix Faure, Président de la République, à
Bicêtre : Patronage des aliénés et des enfants arriérés.
Le Président do la République a fait le 17 novembre,
dans l'après-midi, une visite à l'hospice de Bicêtre M.
Barthou, ministre de l'Intérieur, accompagnait M. Félix
Faure. M. Sauton, président du Conseil municipal, M. le
1)1' Dubois, président du Conseil général. MM. Cornet,
Lucipia, Navarre, conseillers municipaux, 1. Bruman,
secrétaire général de la Préfecture de la Seine, M. Pcyron,
directeur de l'Assistance publique, MM. F. Voisin, et
Cléry, membres du Conseil de surveillance, MM. Gory,
inspecteur, et Niclly chef de division, le corps médical
de rétablissement : MM. Bourneville, Charpentier, Deny,
Féré, P. Marie et Ricard, accompagnés de leurs internes ;
M. Barthoud, pharmacien et ses internes ; M. le Dr Bouvet,
dentiste, et le personnel administratif de la maison : M.
Pinon, M. Lequcux, etc., ont reçu le Président de la
République sous la porte monumentale qui se dresse à
l'extrémité de l'avenue de Bicêtre et lui ont souhaité la
bienvenue. Le directeur, M. Pinon, donne à M. Félix
Faure des renseignements sur l'établissement qui com-
prend un hospice et un asile d'aliénés.
La visite commence par l'hospice dont le médecin, le
D'' P. Marie, et le chirurgien, le 1), Ricard, font visiter
les salles des Incurables et de l'Infirmerie générale. A la
sortie de l'Infirmerie, les ouvrières de la buanderie
IOUIiNVILLE, Bicêtre, 1897. ?
LXVI VISITE DU Président DE LA REPUBLIQUE.
offrent un bouquet au Président. Les vieillards forment
la haie dans les jardins et dans les couloirs. Avant de
quitter l'Hospice, le Président de la République se rend
aux cuisines où il se fait donner le menu et où il goûte le
bouillon qui chauffe dans d'énormes cuves en cuivre.
«Le cortège nombreux, dit le Temps, traverse la divi-
sion des aliénés, en particulier le service du Il Deny. On
aperçoit les misérables derrière les barreaux, auxquels ils
s'accrochent en grappes pour assister au spectacle que
nous leur donnons. Quelques-uns nous font de profonds
saluts; d'autres clament, d'une voix qui vous fait frisson-
ner, des souhaits. On hâte le pas pour sortir de cet enfer
dans lequel est enfermé l'individu qui tira il blanc, un 14
juillet, sur M. Félix Faure allant à la revue de Long-
champs.
« C'est au service des enfants, que dirige le 1) ]3oui-ne-
ville, que le président de la République s'est le plus long-
temps arrêté. Plus de 500 enfants y sont élevés. Cette
population est composée d'épileptiques, d'idiots, de para-
lytiques et d'hystériques. On a fait venir les fillettes de la
fondation Vallée, annexe de Bicêtre. Dans le gymnase, où
est une estrade décorée de plantes et de drapeaux servant
de cadre il un buste de la République, les enfants sont
rangés. Une fanfare éclatante joue la Marseillaise, puis
accompagne les mouvements d'assouplissement des élè-
ves. Ils sont exécutés avec un ensemble parfait. Des dan-
ses gracieuses ont lieu ensuite aux sons du violon et
d'une guitare dont jouent des aveugles. Un des enfants
lit un compliment; une fillette et une surveillante offrent
des bouquets.
« De on passe aux ateliers : menuiserie, serrurerie,
typographie, brosserie, vannerie, rempaillage, cordonne-
rie, coulure. M. Félix Faure demande des explications
détaillées sur le fonctionnement de ces ateliers et enfin
s'informe de ce que deviennent les enfants parvcnus ae
l'âge adulte.
« M. 13ourncville lui donne tous les renseignements, et
au sujet de la dernière question, il dit que les enfants
devenus adultes (18 rLnsl, s'ils sont encore malades, pas-
sent dant les autres sections d'aliénés; s'ils sont guéris
Patronage DES aliénés. LXVII
ou suffisamment améliores, ils sont rendus à leur famille.
Ces derniers auraient besoin d'aide, de secours, de sur-
veillance. « Il rappelle, dit le Temps, que, depuis bientôt
vingt ans, il a fait d'inutiles efforts pour faire constituer
définitivement une Société de Patronage qui se donne-
rait la haute mission de surveiller et d'aider, non seule-
ment les enfants devenus adultes, ayant quitté sa section,
avec la possibilité de gagner leur vie par le travail, mais
aussi, tous les aliénés qui sortent guéris ou améliorés de
tous les asiles de la Seine. Le Président est frappé de ces
doléances. Il promet de coopérer il cette oeuvre et de la
faire réussir; il s'inscrit pour 1.000 francs. »
Le Président traverse ensuite les réfectoires, les clas-
ses de la petite et de la grande école, la salle des bains et
des douches, le musée scolaire, le musée anatomo-patho-
logique. Revenant au musée scolaire, il assiste aux
chants de l'orphéon, composé des garçons de Bicêtre et
des filles de la Fondation Vallée, et qui se termine par la
Marseillaise. A la sortie du musée, il voit un pavillon de
dortoirs et les jantes avoisinants, organisés en vue de
l'enseignement par les leçons de choses.
On revient il la salle de gymnastique. Médecins, sur-
veillants, surveillantes, infirmières' et infirmiers forment
un cercle. M. Félix Faure leur adresse des encourage-
ments et des félicitations :
«Vous avez ici des vieillards infirmes, des déchets de
la vie, qui ne peuvent plus se défendre, qui n'ont plus
d'autre espérance que de s'éteindre en paix. Je les ai
interrogés et ils m'ont dit leur reconnaissance pour vos
soins et votre dévouement. Vous avez des aliénés qui,
eux, ne comprennent pas ce que vous faites pour eux. Vous
n'avez donc pas il attendre d'eux la moindre gratitude et
vous ne devez trouver que dans votre conscience le prix
de vos devoirs. Enfin, vous élevez des enfants idiots; vous
tentez de leur ouvrir leur intelligence rebelle et parfois
vous y réussissez. Votre noble tâche vous mérite les
remerciements du chef de l'Etat, qui est heureux de vous
les donner, au nom de la Patrie que vous servez de la
façon la plus utile et la plus haute. Merci, Messieurs ».
« Ce petit discours a été salué par des applaudissements
LXVIII Construction des ASILES d'aliénés.
chaleureux. Avant de monter en voiture, M. Félix Faure
a recommandé au Directeur de l'Assistance publique de
se montrer prodigue envers l'hospice de Bicêtre. Il avait,
au préalable, remis encore une somme de 1 .000 francs
pour l'hospice. » (Extrait du Progrès médical, 1897, t. VI,
n° -7, p. 303). -
II.
Asile public départemental d'aliénés de l'Hérault : Rap-
port des experts (1).
Le département de l'Hérault a mis au concours le
projet de construction d'un asile départemental d'alié-
nés. A la suite de ce concours, le Conseil général de ce
département et le préfet ont décidé qu'il y avait lieu
de soumettre les différents projets des concurrents à
l'examen d'une commission spéciale. Cette commis-
sion, dont nous faisions partie avec MM. Guadet et
Paulin, a remis le rapport suivant que nous reprodui-
sons dans notre Compte-rendu à titre de document.
L'AN mil huit cent quatre-vingt-seize et le treize
Août,
NOUS, 13oUi;w : wr : r,u,, Médecin de l'Hospice de
Bicêtre, membre de la Commission de surveillance
des Asiles du département de la Seine, membre du
Comité consultatif d'Hygiène publique de France ;
GUADET, Architecte du Gouvernement, Inspecteur-
général des Bâtiments civils ;
Raulin, Architecte du Gouvernement ;
Nous sommes réunis à Montpellier, en l'Hôtel do
la Préfecture, à l'effet d'examiner les Projets exposés
pour le concours en vue de la construction d'un Asile
d'Aliénés à Montpellier.
(1; Dans le cours du rapport les projets sont désignés par leurs numéros
de classement.
Asile de L'HÉRAULT. LXIX
Après avoir pris connaissance du programme du
concours tel qu'il résulte des pièces suivantes,
lesquelles on été délivrées aux concurrents :
1° Conditions du concours ;
2° Procès-Verbaux des Délibérations du Conseil
général (Session extraordinaire de juin 1895) ;
3° Plan du domaine avec ses nivellements.
Après avoir visité le terrain sur lequel doivent
s'élever les constructions,
Avons étudié successivement chaque projet, tant
au point de vue de sa valeur intrinsèque que de sa
valeur relative, et en tenant compte des conditions
d'économie et de convenance pratique de chacun
d'eux, nous avons relevé sur chacun des notes au
sur et à mesure de notre examen, afin de servir à
la rédaction de notre Rapport, échangé nos observa-
tions, et enfin consigne notre avis unanime dans le
Rapport dont la teneur suit.
Tout d'abord, il importe de faire remarquer que les
conditions mêmes du difficile concours qui était ouvert,
le temps assez restreint dont pouvaient disposer les con-
currents, l'échelle nécessairement réduite des dessins
ne pouvaient en aucun cas permettre d'espérer que ce
concours put produire un projet immédiatement réalisa-
ble et prêt a être exécuté sans modification. En réalité,
nous nous trouvons en présence d'avant-projets, dans
lesquels on doit chercher avant tout l'intelligence d'une
disposition générale et des gages suffisants d'expérience ;
mais il doit être bien entendu que le concurrent choisi,
quel qu'il soit, aura il ['aire de nouvelles études, en scr-
net de près les questions multiples qui n'ont pu qu'être
abordées dans un travail de premier jet, et en se con-
certant par une collaboration intime avec les autorités'
médicales et administratives compétentes et ayant qua-
lité pour cet objet.
Sous cette réserve, et en prenant comme base de nos
appréciations le programme remis aux concurrents, nous
allons exposer, en résumé, les observations principales
LXX CONSTRUCTION des asiles d'aliénés.
auxquelles donnent lieu chaque projet, après quoi nous
en proposerons le classement.
Projet N° 1
La disposition générale, en tant que placement res-
pectif des grandes divisions, est admissible. Mais dans
les données de cet ensemble, des observations sérieuses
s'imposent.
Le bâtiment des services administratifs est, avec rai-
son, placé près de l'entrée, mais le dégagement central
est peu éclairé, et on ne trouve pas les parloirs néces-
saires.
Lorsqu'on pénètre dans l'établissement même, nous
devons signaler comme un inconvénient grave l'orienta-
tion contradictoire des préaux des divers pavillons, tant
de l'asile que de la clinique et du pensionnat. Les uns
sont exposés au Sud-Ouest et les autres au Nord-Est
(approximativement); et, il en est naturellement de môme
des galeries d'abri contiguës à ces préaux. Si cette ques-
tion est d'importance secondaire pour les salles et dor-
toirs, qui ont des fenêtres il deux expositions, il n'en est
pas de même pour les locaux découverts, et il serait à
craindre que ceux qui reçoivent directement le vent du
Nord-Est, fussent souvent impraticables pour les malades.
Les services généraux, cuisine et dépendances, hydro-
thérapie, etc., paraissent combinés en vue de l'asile seu-
lement, mais desserviraient difficilement la clinique. Le
plan gagnerait à tous égards, si ces importants services
étaient ramenés à l'emplacement qu'occupe la pharma-
cie. -
Les bâtiments des épileptiques sont confondus avec le
surplus de l'asile; le programme indiquait nettement ce-
pendant que l'hospice des épileptiques, traité en annexe,
devait avoir une place et une disposition spéciales, ainsi
que les nécessités du traitement l'exigent.
Le service mortuaire est tout-à-fait mal placé, très loin
de la clinique, c'est-à-dire du département où se produi-
Asile DE L'I-IÉI1ArLT LXXI
sent les plus nombreux décès, et dont l'enseignement
réclame le facile accès des salles d'autopsie Il est aussi
très éloigné de la Chapelle, dont la position paralyse
d'ailleurs un espace très important, et qui paraîtrait pou-
voir être mieux placée par une interversion qui ramène-
rait les services généraux plus au centre de l'ensemble.
Dans l'étude des pavillons en général, on remarque trop
d'avant-corps et de saillies, d'où résulterait une difficulté
de surveillance, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur.
Les services de sûreté pour les agités sont bien placés,
mais la ferme se trouve bien voisine de celui des hom-
mes. Cette ferme serait mieux placée vers l'angle aigu,
au fond et à gauche des terrains de culture.
Sans entrer dans plus de détails, nous avons montré que
ce projet soulève de nombreuses objections; mais il est
loin d'être sans mérite, et il convient de rendre justice à
l'effort sérieux dont il témoigne de la part de son auteur,
qui doit être certainement un architecte de valeur.
Projet N° 2
Nous n'avons pas it nous arrêter sur ce projet, qui doit
évidemment être exclu du concours.
Il ne satisfait pas aux prescriptions obligatoires du
programme, il ne produit pas de plan d'ensemble autre
qu'un simple croquis de masse, et dans le détail des bâ-
timents, il ne fournit que des plans incomplets et des fa-
çades sans coupes : correspondantes. Pour ces motifs,
déjà, il ne saurait être conservé parmi les concurrents.
D'ailleurs, dans le plan général qu'il présente ainsi seu-
lement en masse, la disposition est difficilement saisissa-
ble et ne parait en aucune façon répondre à une concep-
tion d'ensemble. Enfin, l'expérience architecturale, si
nécessaire pour un travail de cette importance, semble
faire défaut à l'auteur.
Il nous parait donc impossible il tous égards que ce
projet puisse être retenu.
LXXII Construction des asiles d'aliénés.
Projet N° 3
Si ce projet laisse it désirer, comme nous l'explique-
rons ci-après, au point de vue de la disposition générale,
nous devons tout d'abord cependant constater qu'il té-
moigne chez son auteur d'un grand soin d'étude et
d'une conscience artistique, tout à l'honneur du concur-
rent.
Malheureusement, en adoptant le parti de placer son
entrée non sur le Chemin de Grande communication de
Ganges à la Mer, mais sur une avenue transversale qu'il
crée, il s'est astreint à une disposition forcément en pro-
fondeur. C'était se créer une difficulté bien gratuite, et il
en résulte des conditions d'éloignement inévitable entre
des services pour lesquels la proximité s'imposerait.
Ainsi, il faut avoir parcouru plus de la moitié de la lon-
gueur du terrain, avant de rencontrer le bâtiment d'ad-
ministration, placé au milieu même de l'établissement.
Le concierge ne pourrait rien surveiller et des rencon-
tres auraient lieu à tout instant entre les personnes du
dehors allant à l'administration et le personnel intérieur,
ainsi que les malades eux-mêmes. Les parloirs sont en-
core plus éloignés. Or, ces divers services devraient être
près de l'entrée.
Les terrains agricoles, dispersés d'ailleurs un peu par-
tout dans le plan, sont, pour la plus grande partie, placés
à l'entrée, le long de la route, et contribuent ainsi il l'é-
loignemcnt signalé plus haut.
Pour l'orientation des préaux, nous aurions il présen-
ter les mêmes observations que nous avons faites pour le
Projet N° 1. Bien que la direction des bâtiments ne soit
pas la même, par suite de la direction générale du plan,
nous pensons que l'inconvénient signalé subsiste ici en-
core ; nous n'y reviendrons donc pas.
La distance est aussi très grande entre le service des
morts d'une part et la Chapelle d'autre part. Cet éloigne-
ment motive les mêmes critiques que pour le Projet N° 1.
Asile de L'lI1 ? ItAULT. LXXIII
Les deux quartiers d'épileptique sont bien placés. Il
en est de même des pavillons de cellules.
Nous croyons devoir revenir encore sur l'éloignement
considérable des parloirs, placés tout-à-fait à l'intérieur
de l'asile. Il convient, au contraire, de placer ces parloirs
près de l'entrée, au voisinage du bâtiment d'administra-
lion, il proximité des Cabinets des Médecins. Dans le
Projet de un argument plaide encore en fa-
veur de cette opinion, c'est que les parloirs, mis il l'en-
trée de l'asile proprement dit. pourraient servir aux fa-
milles des malades de la clinique.
Enfin, la disposition adoptée pour l'axe de la composi-
tion comporte une symétrie complète entre des bâtiments
qui seront construits sur la partie haute et plane du ter-
rain, et ceux qui seront élevés sur la partie déclive. Ces
derniers ne pourraient être constitués qu'il l'aide de rem-
blais importants et de fondations profondes et par consé-
quent coûteuses.
Du reste l'auteur paraît n'avoir pas en lui-même une
confiance entière dans les dispositions qu'il propose,
puisqu'il a produit des variantes à petite échelle, dans
lesquelles il place l'entrée sur la route. La variante inti-
tulée Projet Ne 2 présente, en germe, une disposition
plus heureuse pour le groupement respectif de l'asile, de
la clinique et du pensionnat. Il conserve, et avec raison,
une partie des bâtiments et des arbres de la propriété dite
Mas de Comte. Les parcours sont généralement moins
long ? Toutefois, il coté de ces avantages, il y a encore de
nombreux détails défectueux : les services administratifs
sont trop loin de l'entrée, les préaux ont des orientations
contradictoires, les services d'autopsie sont trop éloignés
de la Clinique, etc. ; en un mot, il subsiste dans cette
variante une partie des inconvénients signalés dans le
projet développé.
Mais nous tenons il signaler d'autre pari dans ce projet
l'étude généralement très sérieuse du délai ! des services.
Les groupes sont heureusement disposés en eux-mê-
mes, et spécialement le service de l'hydrothérapie est
conçu avec logique et dans un sens très pratique.
En résumé, si ce projet ne donne pas une solution sa-
LXXIV Construction des asiles d'aliénés.
tisfaisante d'ensemble, il s'y trouve d'heureux éléments
de dispositions partielles, avec une étude sérieuse que
nous avons déjà constatée.
Projet N° 4
Nous aurons le regret de ne pouvoir décerner les mê-
mes éloges au Projet N° 4. La disposition générale, assez
malheureuse en elle-même, n'est pas compensée par la
valeur de l'étude, et il est permis de supposer que l'au-
teur n'a pas l'expérience nécessaire pour l'étude et la di-
rection d'une oeuvre de cette importance.
La disposition générale est assez confuse et il y a peu
d'aération. Mais, avant tout, un défaut capital de cetle
composition est la conception de deux Cliniques, ou
d'une Clinique coupée en deux, alors que l'unité de ce
service d'enseignement est une nécessité de premier
ordre.
Le Pensionnat, peu accessible, est très éloigné de la
surveillance médicale et administrative.
Les bâtiments de la ferme, placés au milieu du terrain
de culture, divisent ce terrain en deux portions distinctes
par le pensionnat.
Dans l'asile, les divers pavillons arrivent à se souder
presque complètement par leurs angles, et il résulte, du
léger intervalle qui les sépare, des issues d'autant plus
rapides à la violence des vents. Les préaux sont d'ailleurs,
en général, beaucoup trop petits et, en partie, mal cir-
conscrits.
Nous pourrions relever d'autres défectuosités encore :
le pavillon mortuaire placé trop près de l'un des bâti-
ments de malades (les Tranquilles, femmes) et, aussi trop
éloigné de l'une des moitiés de la Clinique; les ateliers
mal placés, qui devraient être plutôt il la postérieure du
plan que sur le devant; l'absence de parloirs et de gale-
ries, etc.
Si donc ce projet présente quelques dispositions judi-
Asile de L'HÉRAULT. LXXV
cieuses, pour l'emplacement des services administratifs
et généraux, les inconvénients très sérieux de la disposi-
tion générale amènent cependant à condamner sa com-
position. Quant aux détails, nous ne pouvons que répé-
ter que le projet trahit un manque de maturité - sans
doute une jeunesse - qui suffirait à justifier des craintes
fondées sur le résultat, si l'auteur était chargé de la mis-
sion difficile qui incombera à l'architecte de l'établisse-
ment. i
Projet N° 5
Avec le projet 1T° 5 nous arrivons au contraire à une
disposition générale il peu de chose près satisfaisante
dans ses grandes lignes, et dont quelques défectuosités,
que nous signalerons plus loin, seraient évitées par des
modifications faciles.
Le parti général de cette composition est original, et
hien que son expression trahisse quelque hâte dans l'étu-
de, nous pensons que la concentration des bâtiments dans
la partie antérieure du terrain, laissant pour la culture
la partie déclive du domaine, est une disposition judi-
cieuse et il recommander.
Nous ajouterons môme, bien que le programme ait
autorisé les concurrents à faire table rase de tout ce qui
existe dans le domaine, que cette disposition permet de
conserver les arbres du parc du Mas de Comte ; or, ce
petit parc possède de beaux arbres qu'il serait très inté-
ressant de converser pour l'aspect général de rétablis-
sement et pour le bien-être des malades qui pourront en
jouir, surtout en attendant que les plantations qui seront
faites aient atteint leur croissance normale. Pendant des
années, ce sera le seul ombrage réel que puissse possé-
der l'établissement, et il nous parait précieux de le con-
server.
L'aspect général serait d'un bel effet, et la disposition
est claire et facile ; les pavillons auraient une vue dégagée
sur la campagne, et les préaux, dont l'orientation est uni-
LXXVI Construction des asiles d'aliénés.
forme, seraient dans des situations favorables au point de
vue hygiénique.
Le bâtiment d'administration, bien placé et convena-
blement étudié, présente des parloirs bien conçus. Les
bâtiments des services généraux sont également bien
placés.
Nous signalerons enfin l'emplacement judicieux de la
ferme il l'angle Sud du domaine, desservie directement
par un accès sur le chemin de Montpellier à Grahels, lais-
sant ainsi aux terrains de culture leur intégrité.
Ces diverses considérations sont suffisamment à l'éloge
du projet sans que nous devions y insister longuement.
Cependant, nous pensons qu'il y aurait avantage à retour-
ner la composition en portant gauche la plus grande
partie de ce qui est il droite, et réciproquement. Voici
pourquoi :
La ferme, heureusement placée, nous l'avons dit, se
présente du côté du quartier des femmes ; il serait plus
logique que le quartier des hommes fut de son côté.
Du reste, après que nous nous étions formé cette opinion
par l'examen du projet, nous avons vu avec satisfaction
que cette hypothèse était envisagée par l'auteur lui-même
dans son mémoire descriptif, où il dit :
« Un simple renversement du plan sullirait :
» l'Asile proprement dit, le quartier des hommes pren-
» cirait la place du quartier des femmes, la Clinique se
>< placerait au Pensionnat et réciproquement : une par-
» celle de terrain que l'on pourrait acquérir pour une som-
» me minime recevrait la Morgue et ses services, qui se-
» raient toujours placés il proximité de la clinique et sur
» la voie publique dans une situation isolée. »
Nous croyons devoir recommander cette variante.
Après avoir ainsi fait ressortir les qualités qui distin-
guent cette composition, de beaucoup la plus heureuse,
nous avons à indiquer les défauts qui appelleraient des
modifications, faciles d'ailleurs a réaliser.
Les cellules ou quartiers de sûreté sont trop près des
pavillons et des services généraux. Nous conseillons de
les éloigner au moyen d'une emprise sur les terrains de
culture.
Asile de L·III ? RAULI'. LXXVII
Dans le Pensionnat, les bâtiments affectés à la 2111e classe
(d'après les inscriptions du plan) et, en réalité, à la 1re
classe, d'après le programme, sont compliqués et la dis-
position de cours intérieures comme préaux n'est pas à
recommander.
Les Villas n'ont pas le caractère spécial que recom-
mande le programme, qu'il serait d'ailleurs plus facile de
leur assurer en profitant de l'irrégularité du terrain du
côté droit. t.
Les bâtiments désignés sous la rubrique de Pavillons
agricoles ne paraissent pas bien déterminés dans leur ob-
jet et devraient être étudiés en vue de leur destination
spéciale : ateliers pour hommes, buanderie, etc., pour les
femmes.
Le service d'Hydrothérapie est un peu compliqué et des
doubles emplois, dans les piscines notamment, créent
quelque exagération.
Ce- sont la des questions d'étude, dont on peut faire
crédit à l'auteur du projet, car sa composition donne
assez de gages d'intelligence et de maturité pour qu'on
puisse avoir confiance dans le résultat ultérieur de ses
travaux.
Nous ajouterons enfin que la condensation des bâti-
ments, dans un espace relativement restreint, sera une
cause d'économie, non seulement dans la construction,
mais dans l'exploitation de l'établissement, et si-comme
nous le pensons-il doit être prévu des portiques d'abri
pour les transports et les circulations, ils pourront être
établis plus économiquement dans un projet qui restreint
les distances entre les différents point à relier entre eux.
En résumé, sous la réserve des modifications ci-dessus
indiquées, ce projet présente une disposition heureuse
et pourra donner une solution très recommandable du
programme.
Après avoir examiné les divers projets, il nous reste à
dégager les conclusions de cet examen, en affirmant de
nouveau notre unanimité.
Au premier rang et sans conteste nous plaçons le Pro-
jet ? 5 ;
LXXVIII Construction DES asiles.
Pour le deuxième rang, nous pensons que le Projet N° 3
doit être préféré;
Enfin, le Projet N° 1 doit obtenir le troisième rang.
Les considérations qui, précèdent motivent suffisam-
ment ces propositions, sans qu'il soit besoin de répéter ici
ces motifs.
Enfin, nous pensons que tant au point de vue de l'intel-
ligence du programme et des nécessités spéciales de ce
genre d'édifices, que de la maturité artistique et de l'ex-
périence, le Projet N° 5 présente des garanties suffisantes
pour que l'étude définitive et l'exécution puissent être
confiées à son auteur.
BOUENEVILLE. J. GUADET,
G. )i,AULIN.
Nous ne croirions pas avoir complètement satisfait à
notre mission, si nous n'indiquions brièvement quelques
conseils, qu'autorisera sans doute notre expérience per-
sonnelle, en vue de la préparation du projet définitif.
L'Asile projeté par le département de l'Hérault pré-
sente deux innovations qui le différencient avantageuse-
ment des Asiles existants et lui donnent un caractère tout
particulier.
Nous voulons parler de l'adjonction il l'Asile propre-
ment dit et au Pensionnat, qu'on trouve déjà réunis dans
beaucoup d'Asiles : 1° d'une organisation complète et ins-
tallée spécialement pour l'enseignement des maladies
mentales, en un mot une clinique, et 2° d'un petit Hôpi-
tal cl'épileptiques.
Aucune organisation analogue pour l'enseignement ne
se rencontre clans les Asiles situés clans le voisinage des
facultés de médecine où se fait l'enseignement clinique de
l'aliénation mentale. Et cela s'applique môme à Paris où
l'on a donné à la Clinique des bâtiments constituant des
quartiers ordinaires et qui n'avaient nullement été faits
en vue de l'affectation qu'on leur a donnée.
L'IIôZit,.zl des épileptiques, fait aussi spécialement pour
eux, constitue un second progrès. Il tient à la fois de l'hô-
Asile DE L'IIÉR.4.UI,T. LXXIX
pital ordinaire, puisque les épileptiques pourront y entrer
et en sortir librement - sauf en cas de danger - et de
l'asile d'aliénés.
Placé auprès de l'asile et de la Clinique, l'Hôpital
d' épileptiques trouvera dans l'un et l'autre une aide indis-
pensable, soit pour les épileptiques atteints de maladies
intercurrentes (infirmeries), soit pour les épileptiques
atteints de folie, avant ou après leurs crises convulsives,
ou d'accès psychiques (cellules) ; soit enfin pour les épi-
optiques atteints de démence.
Il va de soi que, la maladie intercurrente guérie ou les
troubles intellectuels disparus, l'épileptique sera réinté-
gré clans son hôpital.
En ce qui concerne l'Asile proprement dit, nous nous
permettrons d'appeler l'attention sur les points suivants :
1° Les murs de clôtura doivent avoir leur chaperon
arrondi pour éviter qu'on puisse y jeter des crochets en
vue d'évasion; ils doivent être peu élevés et laisser voir
la campagne ;
2° Les sauts de loup doivent être à pente très douce
aussi bien dans les préaux des agités et des cellules que
dans tous les autres préaux;
3° La prescription de la loi du 30 juin 1838, les circu-
laires et les règlements qui s'y rapportent exigent la rési-
dence pour les Médecins. La question de construction
d'habitations pour eux se posera. Alors, il serait préfé-
rable d'avoir des pavillons spéciaux, comme à Chalons-
sur-Marne, à Maréville, Villejuif, etc. :
4° Les parloirs pour les familles, qui viennent visiter
leurs malades, doivent être vastes, placés dans le bâti-
ment d'administration, ou contigus, afin d'éviter la péné-
tration des visiteurs dans l'Asile et de les mettre la
portée des Médecins et des bureaux;
5" Des galeries couvertes doivent réunir les différents
quartiers entre eux et les mettre en communication avec
les services généraux ;
6° En ce qui concerne les dortoirs, nous insisterons
sur la nécessité de ne placer qu'un lit par trumeau, d'ar-
rondir tous les angles, de les pourvoir de lavabos (et de
LSXI CONSTRUCTION DES asiles d'aliénés.
bidets du côté des femmes), de cabinets d'aisances, lar-
gement .approvisionnés d'eau et où , rien ne sera laissé à
la disposition des malades;
7° Les Services généraux doivent être conçus ample-
ment, de manière il faire face non seulement aux besoins
actuels, mais à pouvoir supporter une augmentation
modérée de population;
'8° Partout les portes, les couloirs doivent être larges,
plus que dans un hôpital ordinaire afin d'éviter les col-
lisions, les rixes entre les malades;
9° Il y aurait intérêt il prévoir une bibliothèque et une
salle de fête pour les malades; - une bilrliotl2èclice 2édi-
cale, un Musée (celui-ci pourrait être annexé au service
des morts);
10° Enfin nous signalons la nécessité de doter cet
ensemble d'établissements d'un pavillon d'isolement
pour les maladies infectieuses auprès duquel pourrait
être placée l'étuve ci désinfection :
11° Il serait bon de fixer le cube d'air par lit il 30111 : 1 au
minimum, de l'augmenter clans le dortoir des gâteux, le
service des agités, il l'infirmerie et aux contagieux;
12° Protéger l'Asile contre les constructions futures
par une zone d'isolement;
13° Approprier les cabinets d'aisance suivant les quar-
tiers. Appliquer de préférence le tout à l'égout avec uti-
lisation agricole et horticole des eaux usées.
L'Asile de Montpellier - ville universitaire, cité scien-
tifique - doit, suivant nous, être moins imparfait, mieux
conçu que les Asiles actuels et, par conséquent, réaliser
tous les progrès de l'hygiène moderne. Dans ce but, l'Ar-
chitecte chargé de la construction pourrait visiter, non
pas en vue d'imitations serviles, mais afin de s'éclairer,
les Asiles de la Seine, les Asiles de la Seine-Inférieure,
les derniers Asiles créés en France, et même quelques
Asiles de l'étranger.
III.
Cinquième asile d'aliénés de la Seine, dit de la
Maison Blanche (1).
L'idée dominante qui doit présider à la construction
d'un nouvel asile, c'est, à notre avis, de faire mieux que
ce qui existe. Le choix du site, celui des matériaux où
l'architecte a la haute main et montre son bon goût, son
art, contribuent à donner à l'asile un aspect agréable,
écartant l'idée de la caserne ou de la prison.
Les pavillons et les préaux doivent être orientés de
telle façon que les malades d'un pavillon, sans gêner ceux
du pavillon voisin, aient toujours vue sur les campagnes
environnantes où l'on doit veiller à ce qu'il ne s'établisse
aucune industrie insalubre, aucun commerce incommode.
M. Morin-Goustiaux a eu comme première préoccupa-
tion, dans l'exécution du plan du Ve asile de la Seine, de
remplir ces conditions primordiales.
Le remplacement des murs par des grillages incurvés
à leur partie supérieure et défendus par une haie d'ar-
bustes non épineux, ce qui rendra inutile les saut-de-
loup, écartera de l'esprit des malades l'impression de
l'internement et leur assurera plus complètement la
jouissance du paysage. Il s'agit là de l'application à un
asile d'adultes du mode de clôture que nous avons choisi
pour notre section d'enfants à Bicêtre. Nous pensons que
l'expérience sera favorable à l'innovation tentée par
M. Morin-Goustiaux.
(1) Préface placée en tète de la notice de notre ami M. Morin-Goustiaux
intitulée : Construction du 5- asile d'aliénés de la Seine, dit de la Maison
Blanche. Villc-l : urarcl. ',1. Morin-Goustiaux dont le projet a été adopté à la
suite du concours institué par le Conseil général de la Seine, a été chargé
de la construction.
XLXXII Construction des asiles d'aliénés.
L'heureux aménagement de ses pavillons avec de Lu-
ges issues et de vastes salles de réunion, embrassant
l'horizon, le soin pris de remplacer partout les angles
aigus des murs par des bords convexes jusqu'à hauteur
d'homme, d'arrondir les angles intérieurs des divers lo-
caux, la disposition d'un seul lit par I rameau, la préfé-
rence accordée aux fenêtres à carreaux étroits et à petits
bois solides, ce qui supprime les barreaux et les grilla-
ges (Il : les cages d'escaliers sans vides, avec mains cou-
rantes à gorge ; l'installation de cabinets d'aisances
(avec le tout : r1 l'éyout et l'utilisation agricole et horticole),
répondant aux exigences actuelles de l'hygiène, non seu-
lement il l'extérieur dans les préaux, mais encore il 1'iiz-
térieur des habitations de nuit - installation qui man-
quait originellement dans quelques-uns de nos asiles et
qu'on a faite dans ces derniers temps, qui fait défaut dans
beaucoup d'asiles de province où fonctionnent, toujours
les chaises percées et les baquets nocturnes, foyers d'in-
fection, motifs de discussions entre les malades eux-
mêmes, entre eux et les infirmiers ou infirmières ;
l'encastrement, clans l'épaisseur des murs, des décrottoirs
et des lanternes d'éclairage des dortoirs : l'eizziclzez2ent
des fontaines des préaux, également dans l'épaisseur des
murs ; - la précaution prise de ne laisser ni manettes,
ni robinets d'eau ou de gaz à la disposition des malades ;
- 1'éclllira(Je Ù. l'électricité ; - un abondant approvi-
sionnement d'eau salubre pour les usages quotidiens et
en vue de l'incendie- contre lequel toutes les précautions
aujourd'hui connues seront prises ; - de vastes parloirs,
pouvant être subdivisés, à l'usage des familles, - cons-
tituent autant de particularités qui distingueront le nou-
vel asile.
D'autres encore méritent d'être signalées : 1° La prévi-
sion d'un pavillon d'isolement pour les maladies infec-
tieuses (avec étuve à désinfection), qui constitue un excel
(l) On ne doit pas oublier de prendre des mesures pour que les liasses
fenêtres, les soupiraux, auxquels des grillages et des barreaux peuvent être
nécessaires, soient facilement ouvrables ou démontables afin d'en permettre
le nettoyage.
Cinquième asile de la Seine. LYXSIII
lent moyen d'arrêter les épidémies au début, car lors-
qu'une épidémie bat son plein, c'est l'un des pavillons
tout entier de l'asile qui doit lui être consacrée (1) ; ;- ? ° Des
cellules uniquement il rez-de-chaussée, bien aménagées,
en attendant, s'il y a lieu, ce que nous désirons, sans trop
l'espérer, que le traitement par le repos au lit les ren-
de inutiles ; 3° Des halntations distinctes pour le haut
personnel médical et administratif de l'asile, qui sont une
condition d'indépendance pour les médecins et de bon
ordre pour la maison : 4" Des pavillons indépendants
des bâtiments des malades, pour le personnel secondaire,
lui assurant, sa besogne accomplie, un repos complet, en
dehors du mouvement et de l'agitation de l'asile, sans
nuire à la sécurité des malades qui doit être garantie par
un bon service de jour et un bon service de nuit. L'une
des principales conditions d'un service parfait - et aussi
d'un meilleur recrutement - c'est de faire que le person-
nel supérieur, aussi bien que le personnel subalterne
aime son asile, s'y plaise, s'y attache. Dans ce but, une
administration habile, intelligente, comme l'est celle de la
Seine, doit s'efforcer de donner aux uns et aux autres
tout le confort possible, en imitant, - nous n'osons dire
en dépassant ce qui a été fait de mieux à cet égard
dans les meilleurs asiles.
De même que l'asile de Villejuif, le nouvel asile ne
comporte pas de chapelle. Les besoins du culte seront
satisfaits par l'église paroissiale. L'économie considéra-
ble, réalisée de ce fait, permettra de doter l'asile de ser-
vices scientifiques et d'imiter, de loin, ce qui existe dans
les principaux asiles des Etats-Unis.
Il va de soi aussi que M. Morin-Goustiaux apportera à
la fabrication du mobilier le même soin que dans l'exé-
cution de la partie architecturale proprement dite ; qu'il
évitera les moulures, les ornements inutiles, les angles,
(1) Puur le plus grand bénéfice des malades et de tout le monde, le nom-
bre des pavillons de ce genre augmente d'année en année. L'an dernier
nous avons visité celui de Nancy, celui de Rennes en construction et cette
année, celui de Bourses, également en voie de construction. Il est regret-
ter que le Canité c msultatif d'hygiène publique de France n'ait pas
tracé le programme des installations de ce genre.
LXXXIV Construction des asiles d'aliénés.
occasion de tant d'accidents, en un mot, qu'il fournira à
'lasile un véritable mobilier hygiénique.
Ce rapide exposé, où nous avons essayé de préciser les
points qui donnent une réelle originalité au plan de M.
Morin-Goustiaux, au moins par rapport aux asiles fran-
çais, montre qu'il n'a pas hésité à s'inspirer des conseils
que l'expérience autorise les médecins de donner et qu'il
n'a pas eu le vain amour-propre de tout sacrifier aux
préoccupations architecturales. Approprier les construc-
tions à leur but, tel doit être le rôle d'un architecte vrai-
ment habile, soucieux de sa réputation. M. Morin-Gous-
tiaux l'a compris et tous ceux qui n'ont pas d'autre souci
que l'intérêt supérieur des malades l'en féliciteront. C'est
parce qu'il s'est intimement pénétré de ces idées médica-
les et qu'il en a tenu compte que la majorité du jury et
nous, en particulier, avons placé son projet au premier
rang.
L'asile est un moyen de traitement ; c'est un instrument
médical. Aussi y aurait-il avantage à un contact constant
- le gros oeuvre achevé - entre l'architecte et un méde-
cin compétent. Pour tous les détails d'organisation inté-
rieure, d'ameublement, l'échange d'idées outre eux ne
saurait qu'être fructueux.
Souhaitons que nulle influence ne vienne supprimer
l'un quelconque des organismes qui doivent faire du futur
asile malgré le chiffre exagéré de sa population (1) un
tout harmonieux et qui pourra être montré avec honneur
aux visiteurs de l'Exposition universelle de 1900, méde-
cins, architectes et administrateurs. (Avril 1897.)
(1) Avec Esquirol, Ferras, Parcliappe, Conolly, etc., etc. , nous préférons
les asiles de 500 malades (voir notre Rapport sur la construction d'un V"
asile dans le département de la Seine, p. 12 et suivantes.)
I.
Le Conscrit de Bicêtre. - Polémique de presse :
Question au Conseil général;
Par BOURNEVILLE.
Malgré l'intensité exceptionnelle de l'hérédité dans
sa famille et l'accumulation de l'alcoolisme, nous
n'aurions peut-être jamais publié, au moins en détails,
l'observation de Gin... si, tout récemment, il n'avait
été le point de départ d'une polémique de presse
aussi remarquable par ses violences de langage que
par ses erreurs, et, quelques jours plus tard, au Con-
seil général de la Seine, d'une question de M.
CAPLAIN, à M. le Préfet de police. Avant de sou-
mettre à nos lecteurs nos réflexions et sur la polé-
mique et sur la question, nous estimons qu'il con-
vient de faire connaître le malade.
I. Imbécillité et instabilité mentale avec perversion
des instincts.
SOMMAIRE. jPére rhumatisant, alcoolique (absinthe), violent,
condamnations multiples pour rixes. - Grand-père pater-
nel ivrogne, très violent. - Grand'mère paternelle, induis-
ciplinée et débauchée dans sa jeunesse, placée en correction
dans un couvent jusqu'à 18 ans, coléreuse, morte d'un
cancer de la matrice. -Deux oncles paternels alcooliques.
Cousin déséquilibré et assassin.
Mère, d'une intelligence restreinte, strabique, bègue, colé-
reuse. Grand-père maternel, rhumatisant, nerveux,
bègue, très violent, alcoolique. - Grand'mère maternelle,
. mauvais caractère, sournoise, menteuse, strabique, bègue.
Bourneville, Bicêtre, 1897. 1
2 Imbécillité intellectuelle ET morale.
Arrtère-grand''mère, caractère -Autre arrière
grand'mère, ivrognesse. - Cousin, fugues, vagabondage,
aliéné ( ? ). Cousine prostituée. - Cousin et cousine
voleurs ; celle-ci, de plus, débauchée. Autre cousine
débile et débauchée. - Deux grands-oncles et une soeur
morts de la poitrine. - Oncle alcoolique. - Tante alcoo-
lique et prostituée. - Autre tante, cancer de l'utérus. '
Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de 2 arts.
Enfant naturel. Conception probable durant l'ivresse.
Grossesse : chute d'un second étage au sixième mois ;
ennuis, tendance au sommeil. - Rien de particulier à
l'accouchement et à la naissance. - Début de la parole à
18 mois, - Dentition complète à la même époque. - Frac-
ture de la cuisse droite à 22 mois. - Bégaiement à 4 ans
après une émotion vive. - Début de la marche à 15 mois.
- Incontinence nocturne d'urine jusqu'à 12 ans. - Hou-
geole à 3 ans, rubéole à 5 ans. - Kleptomanie à partir de
6 ans. - Fugues très fréquentes. - Mauvais instincts. -
Violences envers les enfants. - Paresse. - Écolage très
médiocre.
1893. - Tentative d'évasion. - Onanisme probable.
1894. - Pédérastie. - Bestialité.
Marche du développement physique et intellectuel.
Enseignement professionnel. - Amélioration. -^ Passage
aux adultes (fév. 1895).
z1897. - Situation actuelle de Gin...
G... (Auguste)., né à Orléans, le 13 octobre 1876, est entré
dans mon service de Bicêtre le 24 septembre 1891.
Antécédents. (Renseignements fournis par la mère le 17
octobre 1891). - G... est un enfant naturel qui a été reconnu
par le mari alors qu'il avait 18 mois.
Père, encore vivant, est di, 37 ans, homme de peine dans
les usines, très rhumatisant : c'est un alcoolique renforce,
buvant jusqu'à 10 et 12 verres d'absinthe dans un jour; il
fume quotidiennement 25 à 30 cent. de tabac. Il est violent,
coléreux, batailleur. Il inventait les moindres prétextes pour
se battre. Aussi « faisait-il à chaque instant 4 mois, 6 mois »,
c'est-à-dire de la prison, à Orléans. Il sortait de prison quand
il a connu la mère de l'enfant, qui habitait avec ses parents
l'appartement voisin du sien. Il a eu des rapports avec elle
pendant 18 mois, à l'insu des parents. Ils devaient se marier,
mais les parents rompirent les engagements, du côté de la
mère, parce que l'amant allait trop souvent en prison; du
Antécédents héréditaires. 3
côté de l'amant, parce qu'on voulait lui faire épouser une
cousine qui avait de l'argent. Il s'est marié, en effet, avec
celle-ci. Rapidement veuf, grâce aux mauvais traitements
qu'il lui faisait subir, il vit aujourd'hui maritalement avec
une autre femme. - [Père, boulanger, violent, « bête brute D,
ivrogne incorrigible, « on le trouvait ivre-mort dans tous les
coins de la ville » ; mort d'un refroidissement. - Mère,
grande et belle femme, méchante, s'encolèrant pour un rien,
«morte d'un ulcère de la matrice ». Dans sa jeunesse, elle était
mauvaise tête, débauchée, et ses parents, pour la corriger la
placèrent dans un couvent où elle resta jusqu'à 18 ans. A sa
sortie, elle se prostitua de nouveau et eut un enfant. Puis, elle
se maria et, depuis, sa conduite aurait été régulière. Grand-
père et mère paternels, grand-père maternel, pas de rensei-
gnements. Grand'mère maternelle, 84 ans, encore vigou-
reuse et continuant à exercer son métier de matelassière. -
Trois frères : le premier, bien portant, sobre, n'a pas d'enfants ;
le second, petit, chétif est un ivrogne renforcé ; ;-le troisième,
messager, alcoolique, s'est tué, étant ivre, en tombant de sa
voiture. - Une est atteinte d'un cancer de l'utérus.
Un cousin, déséquilibré, a commis une tentative d'assassinat
relatée ainsi qu'il suit dans le Républicain Orléanais :
« Une tentative d'assassinat vient d'être commise sur la
personne du docteur Gircourt, conseiller général de Neuville-
aux-Bois. Il revenait de la chasse à la tombée de la nuit,
quand il fut rejoint tout à coup par un journalier, nommé A...
(le nom est mis en toutes lettres dans le journal) qui, sans
provocation, se jeta sur M. Gircourt. Bien qu'attaqué à
l'improvistc et assez grièvement blessé, ce dernier a pu
échapper à l'assassin en le menaçant de son fusil de chasse.
L'individu a été arrêté, mais on croit qu'on se trouve en
présence d'un déséquilibré. Les blessures de M. Gircourt,
quoique graves, ne mettent pas sa vie en danger. »
Dans le reste de sa famille on ne connait pas d'autres cas
de maladies mentales.
Mère, d'une intelligence médiocre, strabique de nais-
sance, n'a jamais eu de convulsions, ni de maladies depeau, ni
de migraines, etc. De son propre aveu, elle est méchante,
coléreuse et s'emporte pour des futilités. - [Père, laboureur,
alcoolique (vin), très sujet aux rhumatismes, bègue à un degré
prononcé, coléreux, violent, frappait ses enfants, sa femme
qu'il a failli tuer « un jour qu'elle l'obstinait ». Il est mort
d'une maladie de coeur. Mère, G2 ans, strabique et bègue,
4 Imbécillité intellectuelle et morale.
caractère mauvais, boudeur, en dessous, « menteuse au-delà
de toute comparaison ». Grands-pères paternel et maternel,
pas de détails. Grand'mère paternelle, ivrognesse : « ils
buvaient tous dans sa famille. » - Grand'mère maternelle,
« méchante au possible, » morte à 72 ans, on ne sait de quoi.
Elle avait eu 14 enfants. - Une tante paternelle a. eu. : 1° un fils
qui faisait des fugues. Arrêté comme vagabond, on l'a mis à la
colonie de Mettray où il est mort peu après. Les médecins au-
raient dit qu'il était fou; 2° une fille débauchée, qui a fini
dans une maison de prostitution ; 30 et 4° un autre fils arrêté
récemment gaulois avec une autre soeur, pourvoi, celle-ci est
en outre coureuse; ? 0 une dernière fille qui est comme imbé-
cile, domestique; « elle rapporte tous les ans un enfant à sa
mère. » Deux oncles paternels, sobres, morts de la poitrine.
- Une stt7' morte jeune de la poitrine. - Un frère, 28 ans,
bien portant, alcoolique, boit beaucoup d'absinthe ; il a
trois enfants qui seraient en bonne santé. - On ne con-
naît rien de plus à signaler dans la famille.]
Pas de consanguinité. (Père d'Orléans, mère de Blois). -
Inégalité d'âge de 2 ans.
Notre malade. - Les détails donnés par la mère rendent
très probable la conception durant l'ivresse. Grossesse
troublée par une chute d'un second étage au sixième mois,
sans accidents consécutifs et, tout le temps par une tendance
invincible au sommeil et l'ennui d'être enceinte : « Ma mère,
bonasse, ne s'en est aperçue qu'au quatrième mois en
voyant que mes règles ne venaient pas. » Ni constriction du
ventre, ni tentatives d'avortement, ni alcoolisme. - Accou-
chement naturel, à terme.- A la naissance, pas d'asphyxie ;
l'enfant pesnt 3 k. 750. - Allaité pendant six semaines par
sa mère qui se plaça alors comme nourrice et le confia à sa
grand'mère maternelle qui l'éleva au biberon (lait de vache). Sa
mère l'a repris avec elle, à 18 mois, quand elle s'est mariée avec
G... qui l'a adopté. - Début de la marche à 15 mois, de la
parole à 18 mois, époque où il a eu toutes ses dents. Il a uriné
au lit jasclu'fi. 12 ans. Fracture de la cuisse droite à 22 mois,
qui a nécessité le séjour au lit pendant six mois. Rougeole à
3 ans, rubéole à 5 ans. Elle attribue l'état de son enfant à
une peur occasionnée par une scène avec son mari qui, un
soir, rentrant ivre d'absinthe, ce qui lui arrivait souvent, la
menaça de la tuer. Elle se sauva chez sa mère, laissant son
enfant avec son beau-père. Le lendemain elle trouva son
enfant avec une contusion de la joue et pensa que son mari
Pavait battu. Tandis que, auparavant, il parlait bien, peu après'
Antécédents personnels. 5
il se mit à bégayer et l'intelligence diminua. Peut-être avait-
il eu des convulsions la nuit où il fut battu. Avant ni depuis,
elle n'en a pas observé. Mis à l'école, le maître a constaté
qu'il n'avait pas l'intelligence des enfants de son âge. 11
apprenait dillicilcmcnt.
Vers 5 ou (j ans, il a commencé il voler. Il volait sa mère,
les marchands du voisinage, prenait de l'argent, des jouets,
des friandises. Il s'est sauvé de la maison une cinquantaine de
fois, rentrait dans la nuit. Il aimait beaucoup l'eau. A Orléans,
il était « toujours fourré dans la Loire ».
Il ne se plaisait qu'à faire le mal. Il battait les enfants plus
jeunes que lui et, une fois, en blessa un grièvement, tous les
concierges de sa rue le connaissaient à cause de ses méfaits.
Le soir, s'amusait il tirer les cordons de sonnette des mai-
sons. Un jour il attacha un chat par la queue à un cordon de
sonnette, le concierge l'attrapa et le corrigea manuellement.
Sa mère avait sans cesse des ennuis avec les voisins. Dès
qu'il n'était plus surveillé, il jouait de mauvais tours dans les-
quels il montrait une grande habileté. Il démontait les pen-
dules, par exemple. Il persistait dans ses vilaines actions,
malgré les corrections maternelles. Mis en apprentissage
chez un cordonnier, il fut congédié au bout de 15 jours parce
qu'il l'avait volé et lui avait brisé une machine à coudre.
Un oncle par alliance, cordonnier, le garda quelque temps,
mais fut aussi obligé de le remettre il sa mère à cause de ses
méfaits continuels.
En juillet 1891, on l'envoya faire une commission rue de
Rennes, il ouvrit le compteur à gaz. Quelques jours après, il
fut surpris au moment où il s'apprêtait à recommencer. C'est
alors que sa mère se demanda s'il n'était pas malade et le
conduisit à l'Asile clinique où on lui dit que son enfant était
déséquilibré et qu'on lui conseillait de le placer.
Description du malade (9 décembre 1891). - La peau est
pâle, le corps maigre, la physionomie a une expression désa-
gréable, sournoise.
La tête est aplatie légèrement du côté gauche surtout en
avant. La bosse pariétale gauche est néanmoins plus proé-
minente. La région occipitale est très saillante avec un
méplat au-dessus.
Les cheveux, abondants, d'un blond foncé, offrent deux
tourbillons et empiètent beaucoup sur le front et sur les
tempes qu'ils recouvrent presque complètement. Le front
est étroit, bas (4 cent. ? ) ; il est rendu encore plus bas par
l'habitude qu'a prise l'enfant de plisser la peau dans le sens
6 Imbécillité intellectuelle ET morale.
horizontal. - Les arcades sourcilières sont déprimées. -
Les sourcils blonds, peu fournis, ont une direction horizontale.
- Les paupières sont bleuâtres, les fentes palpébralcs régu-
lières ; les cils, plutôt noirs, sont longs et nombreux ; les pupil-
les sont normales; l'iris a une couleur bleu pâle. Le nez est
droit avec une saillie des os propres formant bosse, les narines
sont petites, peu écartées. L'odorat semble normal. Les
pommettes sont peu accusées.
La bouche est assez petite ; les lèvres sontpeu volumineuses.
- Les différentes parties de la bouche n'ont rien de particu-
lier. Le goût est intact. - Le menton, court, légèrement
fuyant, présente une fossette assez profonde. - Les oreilles
sont petites, très détachées de la tète; leur lobule est court,
et non adhérent, à droite, court mais adhérent it gauche.
L'ensemble du visage est légèrement aplati du coté gauche et
la moitié correspondante du front est moins haute.
Det2titiota. -\Iàclioirc supérieure : 13 dents eontiguës, mal
rangées, de forme irrégulière. Canine gauche très saillante;
canine droite à peine sortie, mais à sa place. Mâchoire in-
férieure : 14 dents contiguÜ8, serrées même et irrégulièrement
rangées en avant; de bonne qualité. - Articulation très près
du type normal. Léger défaut d'entrecroisement des dents
en avant. - Gencives en bon état.
Le cou est un peu maigre (28 cent.). - La poitrine est
régulière, mais un pou étroite par rapport à l'âge de l'enfant.
L'abdomen, et le bassin sont normaux. Rien de notable
à l'auscultation des poumons et du COEur. - Les différentes
fonctions s'accomplissent naturellement.
Organes génitaux. - La verge a une longueur de 5 cent.
et une circonférence de G cent. Le prépuce est long, le gland
découvrable. Les testicules occupent un scrotum rétracté et
pâle ; ils ont la dimension d'un petit oeuf de pigeon et ne
présentent aucune anomalie. De chaque côté de la racine du
pénis, il y a un bouquet de quelques poils courts et presque
blancs. Le pénil, les bourses, le périnée et l'anus sont glabres.
Les membres supérieurs et inférieurs bien conformés,
maigres, sont recouverts sur leur face postéro-externe d'un
duvet long et abondant, surtout les premiers. - La sensibi-
lité générale paraît physiologique.
La parole n'est pas tout à fait normale. Lorsque l'enfant
n'a qu'une courte réponse à faire, il n'y a aucune hésitation.
Avant de prononcer les noms propres et les phrases un peu
longues, il hésite un moment, mais sans émettre de son, il
Perversion DES instincts. 7
ne fait entendre qu'une sorte de petit sifflement, puis le nom
ou la phrase part sans arrêt. Il n'y a pas de trouble quand
on lui fait répéter une phrase. 11 hésite toujours lorsqu'il doit
composer la phrase (bégaiement).
Marche de la maladie. Novembre. - G... a pris une part active
avec deux de ses camarades à la démolition du mur d'un
hangar.
G... lit assez couramment et commence à faire des dictées
de mots usuels. Son écriture est passable, un peu lourde. -
Il fait assez bien des additions et des soustractions simples,
mais mal la multiplication. - 11 connaît la divi sion du temps,
les couleurs et la forme des objets. Il est assez attentif au
travail, met de la bonne volonté à la gymnastique. Son carac-
tère est plutôt gai, quoiqu'un peu taquin. La propreté et la
conduite laissent parfois 11 désirer.
Traitement. école, exercices de prononciation, gymnas-
tique, atelier de cordonnerie, hydrothérapie.
1892. Janvier. - Excoriation au-dessous de la commissure
labiale, avec adénite sous-maxillaire. Guérison en quelques
jours. - G... ne bégaie plus. Les réponses sont nettes et
correctes. - Même traitement.
Juin. - G... s'est amélioré il quelques égards. Il lit cou-
ramment et sans bégayer. Il répond convenablement aux
questions qu'on lui pose. Il fait des dictées mais avec
beaucoup de fautes et de petits problèmes sur les deux
premières opérations. La mémoire est bonne, La tenue est
défectueuse; G... <v souvent la figure elles mains sales; il se
roule dans le sable de la cour et déchire parfois ses vête-
ments. Il travaille assez bien il la gymnastique. La danse,
l'escrime et le chant sont faibles. - A l'atelier, il se
montre plus paresseux qu'il l'école; il a cependant appris
à faire des ressemelages.
Puberté. Duvet assez fourni et assez long sur les joues ;
poitrine glabre. Quelques poils fins, disséminés à la partie
inférieure du pénil. Verge, 7 sur 7. Pas de changement des
testicules, le gauche est plus descendu que le droit. Région
anale normale ; poils rares.
Décembre. - G... bégaie de temps en temps. Il commence
à faire assez bien la multiplication; il apprend des fables. Il
est plus attentif et plus courageux, très joueur, assez bon
camarade. La tenue est mauvaise. Il exécute convenable-
ment tous les exercices de gymnastique. A l'atelier il
demeure stationnaire.
8 Imbécillité intellectuelle et morale.
1893. Janvier. - Puberté : Pas de changement appréciable.
18 mars. Tentative d'évasion avec quatre de ses camara-
des. G... avait dérobé un tranchet à l'atelier de cordonnerie,
et il se proposait « de le flanquer dans la panse de celui qui
essaierait de l'arrêter».
Juin. - Légers progrès à l'école. G... fait des problèmes
simples sur les trois premières opérations. Il gagnerait davan-
tage s'il n'était pas toujours paresseux. Il exécute bien tous
les exercices de gymnastique. A l'atelier, il fabrique à peu
près seul les souliers.
1894. Janvier. - Mêmes notes scolaires. - Même état de
la puberté.
Juillet. - Amélioration au point de vue de la conduite et
de la tenue. Reste stationnaire à l'école. Est devenu l'un des
apprentis cordonniers.
Octobre. - G... s'est cogné violemment, en jouant, le nez
contre un arbre et s'est fait une plaie qui a laissé une cica-
trice verticale de plus d'un centimètre.
Décembre. Le bégaiement reparaît par périodes à un
degré assez prononcé. - G... qui nettoie le poulailler du sur-
veillant a été surpris au moment où il était en train de sodo-
miser une poule.
1895. Janvier. - Puberté. Léger duvet sur la lèvre supé-
rieure. - Quelques poils sur les joues. Incurvation sur la
gauche de la verge qui mesure 75 mm. de longueur sur 8
cent. de circonférence. Testicules de la dimension d'un petit
oeuf de pigeon. Poils châtains peu nombreux sur la partie
inférieure du pénil, plus nombreux au périnée et à l'anus, qui
est légèrement infundibuliforme, dont la marge est rouge, et
les plis effacés ( ? ). - G... a été surpris, le 2 janvier, par un
nfirmier, alors qu'il se livrait à la pédérastie active sur un de
ses camarades.
23 février. G..., ayant dépassé 18 ans et offrant un déve-
loppement physique suffisant, passe à la 2° section (aliénés
adultes, service de M. le Dr DENY).
1897. Juin, - A la suite des incidents de presse auxquels
nous avons fait allusion et sur lesquels nous allons revenir,
notre collègue, M. le Dr DENY, a consenti à nous laisser revoir i-
notre ancien malade. La taille a augmenté (voir le tableau).
Le tronc et la tête se sont développés, ainsi que cela ressort
des mensurations ci-après, pour le tronc, et celles relevées
au tableau de la tête.
Etat nu .malade en 1897 9
10 Imbécillité intellectuelle et morale.
été consigné pour quelques jours. C'était la première fois
qu'il s'était livré de tels excès. D'une façon générale, sa
conduite est satisfaisante, il ne se dispute jamais avec les
autres malades.
Il est cloué d'initiative il un degré assez prononcé. Il aide
le perruquier de sa section. Il organise de temps en temps
des concerts avec quelques autres malades, Ilremplitle rôle
de régisseur. Sa troupe se compose d'un malade qui joue de
l'orgue, de 5 ou 6 autres qui chantent ou récitent des poésies.
Très habile de ses mains, c'est lui qui confectionne les dra-
peaux et les guirlandes de papier qui ornent la salle de concert.
Au point de vue sexuel, on ne croit pas qu'il se masturbe;
son linge ne serait pas maculé. On n'a point remarqué de nou-
velles tentatives de pédérastie.
G.. serait suffisamment habile et intelligent pour vivre au-
dehors, à la condition que quelqu'un puisse l'aider dans une
certaine mesure. Sa ¡Hère, étant domestique, ne peut certaine-
ment pas s'en occuper. Au commencement de cette année
(1897). G... a été envoyé par M. Deny on congé d'essai. Sa
mère l'a placé chez un cordonnier. Il y estresté trois semaines,
mais comme il lui arrivait, ainsi qu'à Bicêtre, de suspendre
son travail par intermittence, sa mère a été obligée de le
ramener à l'hospice.
§ IL Polémique de presse.
Le Rappel du 1;, juin, sous le titre : Un cas intéressant,
s'exprimait ainsi :
« Un singulier cas s'est produit au Conseil de révision. Un
nommé G..., appelé pour la seconde fois ne se présenta pas,
mais le président du Conseil de révision lui donna lecture
d'un certificat que lui avait adressé le directeur de Bicêtre.
Ce certificat portait textuellement que G... (Auguste/, entré
à Bicêtre le 21 septembre 18'.) 1, présente un développement
physique et intellectuel suffisant pour lui permettre de faire
son service militaire... A la lecture de ce certificat M. Ca-
plain, qui siégeait au Conseil en qualité de conseiller général
de la Seine, se récria : « Comment, voilà un homme que
l'on déclare sain d'esprit, assez pour faire son service mili-
taire, et on le retient dans une maison de fous ; c'est une
véritable séquestration ! »... «fl £
Après avoir donné quelques explications, recueilles
Le conscrit de Bicêtre. 'Il
auprès de M. Pinon, directeur de Bicètre, le Rappel ter-
mine ainsi :
« Enfin, il faudrait savoir si G... peut faire son service
militaire, s'il peut se rendre seul au conseil de révision et
pourquoi le directeur de Bicêtre lui adjoint-il un infirmier,
même si cet infirmier est indispensable aux sorties de G...
il nous parait difficile que G... soit soldat, car il n'est pas de
coutume dans l'armée de donner un brosseur aux bleus (1). »
La Petite République française a intitulé son article :
« La séquestration d'un conscrit ». Nous en citerons le
commencement et la fin.
« Les histoires de séquestration arbitraire soulèvent géné-
ralement un sourire d'incrédulité. Il n'est pas possible qu'il
notre époque de publicité, de libre contrôle, l'administration
puisse maintenir dans ses geôles et pendant des années
entières, des gens sains d'esprit, tant il y a de fous dehors
qui ne trouvent pas de place dans les cabanons olliciels ! ! .....
« Avant-hier un conscrit nommé G..., manquant à l'appel,
le président donne lecture d'un certificat du directeur de la
prison... non, de l'hospice de Bicêtre, attestant que G... en-
tré le 24 septembre 1891, présente un développement physique
et intellectuel suffisant pour faire son service militaire. Pres-
que six ans de séquestration arbitraire ! Le certificat est
signé du médecin et du directeur. Quelle est donc la peine
qu'on pourrait appliquer à ces misérables ? »
§ III. Question de M. Caplain sur un interné à Bicêtre
reconnu apte au service militaire.
M. Caplain. - Messieurs, j'ai l'honneur de poser une ques-
tion à M. le préfet de Police, que je pourrais peut-être aussi
bien poser à M. le préfet de la Seine ou à M. le directeur des
Affaires départementales ou peut-être mieux encore à M. le
directeur dd l'Assistance publique (Rires) (2).
(1) Tant qu'un malade est dans un service d'aliénés, il ne doit sortir qu'ac-
compagné d'un parent ou d'un ami, autorisé par la famille qui en prend la
responsabilité, on d'un agent de l'administration. La sagesse de cette me-
sure (conforme aux règlements qui disent que le, mal.,des doivent être
accompagnés donateurs sorties) n'échappera à personne. Le directeur de
13cètre s'est coul'ormé aua règlements.
(2) En voulant faire de l'esprit, M. Caplain a fait preuve d'ignorance. G...
ayant été placé d'office, c'est-à-dire par le préfet de police et étant maintenu
parle préfet de police, c'est celui-ci seul qui devait être mis en cause.
12 Imbécillité intellectuelle et morale.
Il s'agit d'un incident survenu au Conseil de révision. Il y
a quelque quinze jours, un conscrit était appelé au Conseil
de révision et ne se présentait pas. Il avait tiré au sort, mais
n'avait pas répondu à une première convocation. - De la
première à la deuxième convocation, l'autorité militaire s'était
préoccupée de l'absent qu'elle avait recherché, et elle avait
découvert qu'il était interné à Bicêtre.
A ce second appel de la révision, il fut produit un certificat
médical, émanant de la 2° section de Bicèlre, et ayant par
conséquent un caractère administratif, lequel déclarait que
le sujet en question présentait un développement physique et
intellectuel sullisant pour le service militaire. On fut étonné
et qu'il fut interné s'il était apte au service militaire, et qu'il
fût apte au service militaire tout en étant interné. Le Conseil
de révision a donc; fait venir le conscrit et là, après examen,
un troisième docteur a émis une troisième opinion : conscrit
faible de constitution, il ajourner à l'année prochaine (Rires).
Les préfets doivent visiter tous les six mois les aliénés de
leur département. M. le préfet de police a délégué cette fonc-
tion à six docteurs qui, en son nom, inspectent les asiles.
Vous voyez : le docteur de la préfecture de Police examine
le sujet et met sur son papier : imbécile; le docteur de l'As-
sistance publique dit qu'il a un développement mental et phy-
sique suffisant pour faire son service militaire; enfin le doc-
teur du Conseil de révision dit : un peu faiblc de constitution,
à ajourner. (Rires.)
Une voix. - Mais on sait bien que les médecins ne sont
jamais d'accord !
M. Caplain. - Je demande a M. te secrétaire général de la
préfecture de Police de nous expliquer ces contradictions.
M. le Secrétaire général de la préfecture de Police. -
Messieurs, voici en quelques mots l'explication très simple
du fait qui vous occupe. En septembre 1891, sur la demande
de sa famille et sur la vue de certificats très nets de méde-
cins, le jeune G... été admis par l'Administration dans la
section des enfants faillies d'esprit ou d'un développement
mental insuffisant, il l'Asile do Bicetre.
Depuis cette époque, au mois de janvier et au mois de juil-
let, son état physique et mental a fait l'objet des examens
spéciaux dont la justification doit se Irouver au dossier de
tout individu admis sur réquisition administrative, dans un
asile public ou privé.
A la suite de chaque visite, nous avons reçu deux certifi-
cats : l'un, du médecin de Bicêtre, qui porte la mention :
« imbécillilé, a maintenir o ; et l'antre, de notre médecin
G... au Conseil général. 13
inspecteur chargé de contrôler le service; portant cette indi-
cation : « vérifié, à maintenir ».
Ces certificats sont donc identiques et les derniers, spécin-
lement, en date des 30 décembre J896 et 1 ? janvier 1897, con-
tiennent la même appréciation. Depuis, s'est produitl'incident l'
du Conseil de révision. Le médecin de Bicêtre qui, en décem-
bre 1896, délivrait le certificat vérifié par notre inspecteur,
dont je viens de vous parler, donnait au moment de la révi-
sion un nouveau certificat d'après lequel le conscrit en ques-
tion présentait un développement physique et intellectuel
sulfisant pour remplir son service, militaire. Il y a entre ces
deux certificats une contradiction évidente.
Je pourrais vous dire que le Préfet de Police n'a qu'a s'en
rapporter au certificat de son inspecteur qui, dans une ré-
cente visite, a constaté encore que le jeune pensionnairp de
Bicêtre est toujours dans le mémo état et incapable de se con-
duiredans la société.
En empiétant peut-être sur un terrain qui n'est pas le nôtre,
je puis ajouter (j'y suis autorisé par les renseignements qui
sont à mon dossier) que le certificat du médecin de l'asile,
produit au Conseil de révision, s'explique par un « lapsus »
de plume. Le médecin voulait écrire, comme il le fait d'ordi-
naire, que le malade présentait un développement physique
et intellectuel suffisant pour être admis devant le conseil do
révision, c'est-à-dire était capable de faire le voyage de Dicé-
tre au palais de l'Industrie.
M. Alpy. - Quel est donc le nom de ce médecin ? ' ?
M. le Secrétaire général de la Préfecture de Police.
Les explications que je vous donne ne concernent pas notre
Administration ; je ne les fournis que pour éclairer le Conseil,
comme elles m'ont été communiquées. Le conseil de révision,
en présence de ce certificat, n'avait qu'il vérifier l'état phy-
sique du malade ; et il a pris une mesure que M. Alpy quali-
fiait de sage tout à l'heure, il a ajourné ce conscrit il un an.
Si j'avais un avis a donner à ceux qui sont chargés, fi. la
préfecture de la Seine, de dresser les listes de recrutement,
je leur rlirais qu'ils devront, l'année prochaine, demander au
Conseil de révision d'examiner l'état mental de ce jeune
homme. Le conseil ne pouvait le faire cette année, puisque
son attention, pas plus que celle de l'Administration de la
préfecture de la Seine, n'avait pas été appelée sur ce point.
En résumé, la Préfecture de Police a vérifié tous les six
mois l'état de ce jeune homme et elle a toujours constaté
qu'il y avait lieu de le maintenir il Bicêtre. J'ai entre les
mains un rapport récent que je ne puis lire publiquement,
14 Imbécillité intellectuelle et morale.
dans un intérêt de réserve que le Conseil appréciera ; ce rap-
port confirme toutes les appréciations antérieures. La préfec-
ture de. police doit donc maintenir le jeune G... l'asile de
Bicêtre, et le Conseil de revision aura il examiner l'année pro-
chai ! )et'état, physique et mental de ce jeune homme.
M. Caplain. - M. le secrétaire général de la préfecture de
Police vient de dire qu'il ne pourrait pas nous communiquer
un rapport récent, en raison des inconvénients que cela pour-
rait présenter. Je le félicite de cette réserve que le président
du Conseil de revision, délégué de M. le Préfet de la Seine,
n'a pas ohssree.....
Quant à la réponse de M. le secrétaire général de la pré-
fecture de police, elle ne me satisfait point. De quoi s'agit-il ?
D'un individu qui, sur la demande de la famille, a été placé
ù 131cètre, d'nborcl dans un service spécial, puis dans un autre,
après être resté un certain temps clans le premier. Il n'est pas
de sanctionama question.Je demande seulement à la 3L' com-
mission de porter toute son attention sur les cas analogues
qui pourraient se produire.
Ceci est extrait du procès verbal de la séance du 30
juin du Conseil général, paru dans le Bulletin muni-
cipal officiel du 1er juillet. Il n'est pas complet ainsi
que nous le verrons tout à l'heure.
L'observation de G... ,1a polémique et la discussion
dont il a été l'objet comportent des réflexions d'or-
dre clinique et d'ordre social.
Réflexions. I. Nous trouvons réunies ici deux
influences puissantes pour expliquer l'origine de la
maladie de G... : l'hérédité et l'alcoolisme. Du côté
paternel, le père ivrogne à l'excès, violent, indisci-
pliné ; le grand-père ivrogne et violent ; la
grand'mère, coléreuse, prostituée, cancéreuse ;
deux oncles alcooliques ; -un cousin, déséquilibré,
assassin (1). Du côté maternel, la mère violente, af-
(t) M. le D' Gircourt auquel nous avons demandé des renseignements sur son
assassin a eu l'obligeance de nous envoyer le '3 juin les renseignements ci-
aprés : « Cet homme a été enfermé à la prison d'Orléans pendant deux ou trois
mois, soumis à un examen médical et remis en liberté sans jugement. Depuis
i-3
t-1-
i-3
M
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M
H
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Mensurations de la tête.
16 Imbécillité intellectuelle et morale.
fcctéc d'un strabisme congénital ; le grand-père,
brutal et alcoolique; - la grand'mère strabique et bè-
gite; - une arrière-grand'mère ivrognesse; - une
autre « méchante au possible » ; - un oncle alcoo-
lique; - un cousin instable, aliéné; - une cousine
prostituée; - un autre cousin voleur; une deu-
xième cousine, voleuse et débauchée; enfin une
troisième cousine, imbécile et coureuse. - Men-
tionnons aussi deux cas de cancer dans la famille
paternelle et trois cas de tuberculose dans la famille
maternelle. En face de cette série de tares, qui peut
nier l'action de l'hérédité ?
II. L'évolution physique n'a pas été tout à fait phy-
siologique. Les différents diamètres de la tête du-
rant plusieurs années n'ont pas subi de modifications
sérieuses, ils n'ont augmenté sensiblement qu'à partir
de janvier 1895. - La taille s'est accrue avec lenteur
mais régulièrement de 1891 à juillet 1894 (de 1 ? 34 à
1 ? 57), puis est demeurée stationnaire (1 ? 57) de
juillet 1894 à ce jour. Elle est un peu au-dessous de
la moyenne. D'après les tables de Quételet, en effet,
la taille moyenne à son âge est de 1 mètre 669.
III. Sous le rapport intellectuel , il a fait quelques
progrès mais relativement peu prononcés. Toutefois,
G... a bien appris les exercices de gymnastique et
est devenu un assez bon ouvrier cordonnier. Il a de
la mémoire, de l'initiative et une assez grande habi-
leté manuelle. Mais, comme l'instituteur de la section
d'aliénés adultes a été supprimé, ce qui est regretta-
ble, il parait avoir perdu une partie de son modeste
bagage scolaire.
cette époque, il habite Orléans, vivant seul, ne parlant à personne, ne répon-
dant pas quand on lui adresse la parole. Si, par hasard, il croise, dans la rue,
un individu contre lequel il croit avoir des griefs, il l'injurie ou lui fait des
menaces à voix basse. Je le considère comme un individu dangereux, capa-
ble de commettre un crime. »
LE conscrit DE Bicêtre. il
IV. Au point de vue moral, il aurait plutôt gagné.
Son caractère est tranquille ; il n'a jamais de discus-
sion avec ses camarades et c'est exceptionnellement
qu'il a dû être réprimandé. Enfin, les impulsions
sexuelles contre nature semblent avoir disparu.
V. G... est, en somme, sur la limite des intelligen-
ces ordinaires et de l'arriération intellectuelle ou de
la débilité mentale. On peut discuter si, oui ou non,
il est apte au service militaire. Le médecin civil
constate la situation physique ou mentale, la maladie,
mais n'a pas à formuler d'avis au point de vue militaire :
c'est l'affaire du conseil de révision et de nos confrères
de l'armée. Du reste, c'est ce que fait, d'habitude,
M. Deny(l). .
Le cas de G... n'est pas unique. Tous les ans nous
contribuons à faire engager quelques-uns de nos ma-
lades. Les parents les prennent en congé et remplis-
sent les formalités voulues. Si l'autorité militaire les
accepte, nous signons la sortie ; dans le cas contraire,
nous les faisons passer dans les services d'adultes,
ou nous les rendons aux familles. Nous avons pu
retrouver les noms de 23 d'entre eux. Quelques-uns
ont eu des aventures ; d'autres ont été réformés après
un séjour variable au régiment ; la plupart ont été
jusqu'au bout. Parmi les premiers, Fi... est devenu
sous-lieutenant. Malheureusement, à la suite d'une
aventure galante avec la femme d'un de ses supé-
rieurs, compliquée de désertion, il a été forcé de
démissionner.
Tous les ans aussi, nous donnons à d'anciens mala-
des, désireux de se faire réformer, des certificats
(1) Mais dans la circonstance, M. Deny se conformait à la demande même
de M. le Préfet de la Seine réclamant : « un certificat indiquant d'une façon
précise si M. G... est apte au service armé, ou bien s'il doit être ajourné à
un an, classé dans le service auxiliaire ou exempté de tout service. » En
définitive, le Préiet lui demandait de faire acte de médecin militaire.
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1897. 2
18 Imbécillité intellectuelle et morale.
constatant l'affection pathologique qui avait nécessité
leur placement dans notre service et sur lesquels l'au-
torité militaire se prononce. Beaucoup d'autres, sor-
tis, ne nous réclament rien et ont, par conséquent, le
sort commun, c'est-à-dire sont soldats.
En agissant ainsi, nous ne croyons pas « faire une
insulte à l'armée ». En exclure des jeunes gens parce
qu'ils ont été malades, internés comme imbéciles, ar-
riérés, aliénés, ou épileptiques, c'est ignorer ce qu'on
fait pour leur relèvement. Depuis 1S'I, grâce au zèle
des instituteurs de notre section, 50 enfants ont eu
leur certificat d'études. D'autres, à l'entrée, le possé-
daient. Actuellement 17 sont dans ce cas ; un autre a
le brevet élémentaire. S'ils guérissent les éliminera-
t-on du service militaire ? Considérera-t-on ces malades
guéris comme un déshonneur pour l'armée parce qu'ils
ont été malades ? Nos collègues parfois, nous plus sou-
vent, lorsque nous avons obtenu une amélioration,
que nous estimons suffisante, nous conseillons l'en-
gagement ou laissons le malade passer la révision,
dans l'espoir que le séjour au régiment achèvera notre
oeuvre, donnera à l'armée un serviteur et rendra à
la société un citoyen utile.
Pour cette catégorie de malades, les médecins sont
embarrassés et G... en fournit la preuve. Il n'a plus de
père ; sa mère est domestique. Malgré cela, M. Deny
a essayé de le placer. L'essai n'a pas réussi. Fallait-
il l'abandonner, le livrer au vagabondage ? Si, à défaut
de la surveillance familiale, il y avait celle d'une
Société de patronage, le médecin pourrait signer sans
crainte le certificat de sortie.
Pour d'autres malades, améliorés, internés ou non,
il conviendrait de créer les classes spéciales dont nous
avons parlé dans le dernier numéro du Progrès medt-
Assistance DES enfants arriérés. 19
cal (1). Certains malades, formant une troisième caté-
gorie, devraient être placés dans une division spéciale
d'hospice, utilisés dans les ateliers ou comme demi-
infirmiers, chargés des grosses besognes, mais ne
sortant qu'avec une autorisation du médecin et du
directeur et n'ayant pas la sortie libre des autres
administrés. C'est parmi eux aussi, dans ce groupe,
qu'on trouverait des malades pouvant être renvoyés
dans leur famille avec un secours d'hospice mensuel
régulier, compensant l'insuffisance de leur salaire
(placement familial). -
Quant à ceux qui sont incurables, qui n'ont pas été
amendés, qui sont restés idiots, épileptiques, ils doi-
vent naturellement être maintenus dans les asiles
d'aliénés.
Toutes ces réformes, dictées par une longue expé-
rience, n'ont d'autre but que l'intérêt supérieur des
malades. Accomplies, elles diminueraient notablement
les charges du département et des communes. Nous
les avons exposées depuis bien longtemps et nous
continuons, sans grand succès, à les exposer chaque
année lors des visites de la Commission de sur-
veillance et de la Commission du Conseil général.
Nous avons, à cet égard, devancé les désirs de M.
Caplain qui « demande à la Commission du Conseil
général de porter toute son attention sur les cas ana-
logues qui pourraient se produire». La conviction n'est
pas encore faite dans l'esprit de nos amis et de nos
anciens collègues. M. Caplain et la Presse pourraient
nous y aider s'ils étaient sincèrement et d'une façon
désintéressée, animés des mêmes sentiments que nous.
Etudier une réforme, la faire aboutir est une tâche
difficile. Traiter de « misérables » l'honorable direc-
il) Voir le Compte-rendu du Bicèlre pour 1890, p. LXX.
20 Imbécillité intellectuelle ET morale.
teur de Bicêtre, M. Pinon, qui s'acquitte avec soin
de ses fonctions, et M. le D'' Deny qui a conquis sa si-
tuation par le concours et jouit de la considération de
tous, est certes plus facile, mais infructueux. En le
faisant, toutefois, on dépasse la mesure, on met en
relief son parti pris ou son inconscience.
M. Caplain, avec moins de violence mais plus de
perfidie que le rédacteur de la Petite République qui
a tapé dur sans réfléchir qu'il blessait des hommes
respectables, nous a mis en cause sans que rien ne le
justifie. Son attaque, supprimée dans le Bulletin mu-
nicipal, a été reproduite en ces termes dans le Malin
du le' juillet :
« Gin...., dit M. Caplain, avant d'entrer à Bicêtre, avait été
en traitement dans le service du docteur Bourneville. Je ne
sais pas si M. Bourneville a intérêt à prendre dans son service
des jeunes gens qui ne sont ni fous ni idiots. Il est évident
qu'on peut ainsi obtenir des succès facilement et guérir sans
peine des enfants qui ne sont pas malades. Mais il est certain
que Gin.... n'a jamais été idiot (1) ».
G... a quitté notre service le 23 février 1895, nous
ne sommes donc pas responsable de son maintien à
Bicêtre. Ce n'est pas nous, non plus, qui l'avons fait
entrer dans notre section, mais le Préfet de police (2).
Ce n'est pas, d'ailleurs, nous qui choisissons nos ma-
lades. Nous recevons ceux que nous envoie la Pré-
fecture de police et le bureau d'admission de l'Asile
clinique. Tandis qu'à la colonie de Vauclusc, on n'ac-
cepte ni les gâteux, ni les épileptiques, Bicêtre les
(1) L'observation de G..., que nous avons relatée tout au long, permet au
lecteur de voir si, oui ou non, G... est malade.
(2) Préfecture de police, 23 septembre 1891. Débilité mentale avec stigmates
physiques de dégénérescence. Voûte palatine en ogive. Léger prognathisme.
Turbulence. Inattention l'ayant empêché d'acquérir les plus élémentaires
notions bien qu'il ait été envoyé plusieurs années à l'école. Signé : D' Paul
Garnier. -Asile clinique : `24 septembre 1891. Débilité mentale, turbulence.
- Signé D'Dagonct.
Assistance des enfants arriérés. 21
reçoit, sans distinction. Nous avons donc à soigner
les malades les plus gravement atteints. Voilà les
conditions faciles dans lesquelles nous fonctionnons,
sans nous rebuter. De là, la tâche, ingrate souvent, qui
nous est imposée. Les succès que nous enregistrons
tous les ans, que M. Caplain pourrait apprécier s'il
daignait lire le Rapport général sur le service des alié-
nés qui lui est adressé chaque année par l'Adminis-
tration préfectorale, sans compter nos publications
personnelles (1), sont dus au dévouement et à l'habileté
de nos instituteurs et de nos infirmières laïques et peut-
être aussi à nous dans quelque mesure.
Notre service est ouvert. Tous les samedis nous
avons l'honneur de recevoir des médecins français et
étrangers, de leur montrer l'organisation et le fonc-
tionnement du service des enfants idiots, arriérés et
épileptiques, créé par le Conseil municipal de Paris et
le Conseil général de la Seine. C'est un lourd labeur
pour nous. En nous l'imposant, notre but est d'ame-
ner la conviction dans l'esprit de tous, afin de pous-
ser à la création, partout, de services semblables, des-
tinés à rendre d'incontestables services à eux et à leurs
malheureuses familles : réforme sociale au premier
chef. Joignez-vous à eux, M. le Conseiller. En atten-
dant, leur appréciation compétente nous console
amplement de vos aimables insinuations.
(1) Et les procès-verbaux de la Commission de surveillance relatant les visites
a Bicêtre.
II.
Diarrhée chronique, séreuse, traitée par le salicylate
de chaux ;
P"IR nOUR : \'EnJ.LE ET wuillamier.
Il nous arrive de temps en temps d'observer chez
les enfants de notre service, des cas de diarrhée cll1'o-
nique, séreuse, en dehors de lésions graves de l'in-
testin et d'autres liées, au contraire, à des lésions
graves, telle que la tuberculose intestinale. Nous
avions autrefois réuni toutes les observations que
nous avions recuillies et qui devaient faire l'objet
d'un travail complet. Au cours des changements sur-
venus dans le service, la plupart des observations ont
été égarées et nous n'en avons retrouvé que deux,
que nous insérons dans ce Compte-rendu, simple-
ment à titre de document. Nous le regrettons d'autant
plus que, en présence de l'insuccès des médicaments
employés dans les diarrhées rebelles, nous avions
expérimenté un médicament, le salicylate de chaux
dont l'introduction dans la thérapeutique était alors
(1881), de date récente et qui nous avait donné parfois,
de bons résultats. Depuis, l'un de nous (W.), se fon-
dant sur les résultats obtenus à Bicêtre, a eu souvent
l'occasion de recourir, en ville, à ce médicament
(1 gr. à 1 gr. 50) dans certains cas de gastro-entérites,
de diarrhées rebelles, et particulièrement de diarrhées
séreuses, surtout chez les enfants. Le salicylate de
chaux, dans ces cas, paraît très efficace. Il aurait
Diarrhée chronique ET salicylate de chaux. 23
même des effets absorbants et antiseptiques supé-
rieurs à ceux du sous-nitrate et même du salicylate
de bismuth.
Beaucoup de traités de thérapeutique passent sous
silence, et à tort selon nous, le salicylate de chaux.
M. A. B. Paulier (1) rappelle que suivant ilIartineau,
Léger et Lehbeuf, ce sel serait préférable à l'acide en
raison de son goût agréable, et au salicylate de soude
parla sûreté de ses effets. Il est facilement décompo-
sable par les acides de l'estomac et se transforme
dans l'économie en acide salicylique qui agit en toute
liberté, et en chaux qui n'entrave aucunement son
action. » .
Le mémoire de M. Martineau (2), publié en colla-
boration avec deux internes en pharmacie, MM. Léger
et Lebceuf et auquel il est fait allusion dans la citation
qui précède est plutôt un article de pharmacologie
qu'un article de thérapeutique. En voici d'ailleurs les
conclusions :
« 1° C'est un sel simple ; - ' ? ° ce sel est facilement
décomposable par les acides de l'estomac ; - 3° les
produits de la décomposition sont d'une part, l'acide
salicylique, qui agit alors en toute liberté, et d'autre
part, la chaux, base qui, lorsqu'elle n'est pas offensive,
peut être d'une grande utilité dans bien des affections
et agit comme reconstituant sans entraver en rien
l'action de l'acide salicylique ; alors le salicylate de
chaux ne serait-il pas un double médicament dont
chacune des deux parties aurait son efficacité et son
action particulières. »
Nous devons ajouter que les auteurs ne rapportent
aucun exemple d'affection où ils aient essayé l'admi-
nistration du médicament.
(1\ Paulier (A. B.). - Manuel de flrérapeutique. 1878, page 681.
(2) Du salicylate de chaux (Bulletin de thcrap., 1816, t. XCI, p. 356).
Idiotie congénitale. 24
Observation I. - Pied bot paralytique congénital. - Entérite.
Salicylate de chaux. - Pneumonie caséeuse. - Marche de la
température.
Sommaire. Père mort tuberculeux. Mère un peu ner-
veuse, morte tuberculeuse. - Grand-père maternel hémi-
plégique. Grand'mère maternelle aliénée ; quatre
enfants sains durant sa folie. - Soeur bizarre. - Autre
soeur morte de mèn.in<7 : te. - Pas de consanguinité. -
Inégalité d'âge de 10 ans.
Grossesse : fréquents accès de colère. - Pied bot paraly-
tique congénital ¡'¡ droite, opéré sans succès. - Arrêt de
développement relatif du membre inférieur du même côté.
- Tics : balancement, écartement des doigts. - Conjonc-
tivite. Diarrhée : Retour du gâtisme; - salicylate de
chaux; guérison de la diarrhée. - Tuberculisation pul-
monaire ; mort.
AUTOPSIE. - Arrêt de développement des circonvolutions.
- Tuberculisation pulmonaire. - Graviers rénaux.
Pel.... (Charles Henri Julien), âgé de 4 ans, est entré à
Bicêtre (service de M. Bourneville), le 2G avril 1880.
Antécédents (Renseignements fournis par la mère de l'en-
fant). - Père, 37 ans, sculpteur sur bois, ne fait pas d'excès de
boisson, calme, peu énergique, faible de constitution, phthi-
sique depuis 2 ans. [Père, chapelier, sobre, bien portant,
surdité acquise. - [Mère en bonne santé. - 7 ou 8 frères et
soeurs bien portants. - Aucun antécédent nerveux dans la
famille.]
Mère, 27 ans, émailleuse sur verre avant son mariage, con-
cierge actuellement, bien portante mais fatiguée par les soins
qu'elle donne à son mari; emportée et impressionnable, aucune
autre manifestation nerveuse. - [Père, 62 ans, cafetier, puis
homme de peine, sobre, est atteint d'hémiplégie gauche
incomplète. -Mère, lingère, habile, est devenue folle en 1848,
a été placée à la Salpôtrière, puis transférée à la maison de
santé de Bautry-la-Couronne près Vendôme : elle avait déjà
eu «quelques atteintes» de son mal avant son mariage.
Quatre frères et soeurs : l'une avant la première admission de
la mère à la Salpétrière : les 4 autres, dont la mère de notre
malade, après le début de la folie, son mari « la faisant sortir
DESCRIPTION DU malade. 25
de temps en temps, parce qu'on disait qu'un enfant la sauve-
rait ». Tous sont bien portants. Pas d'autres parents nerveux
ou aliénés].
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 10 ans.
4 enfants : 1° un garçon, mort d'une bronchite à 2 ans ; il
marchait mais ne parlait pas et semblait avoir un « fond de
chagrin ». - 2° Une fille, sujette aux bronchites, morte de
méningite à 5 ans ; - 3° notre malade ; 4° une fille de 7
mois qui tousse déjà.
Notre malade. - Grossesse bonne, fréquents accès de colère
accouchement à terme, naturel. Pel.... a été élevé au sein
par sa mère jusqu'à l'àge de 2 ans. Pied bot paralytique con-
génital, à droite, opéré à 5 mois par M. Lannelongue sans
grande amélioration. L'orthopédie a échoué également, l'en-
fant ne pouvait supporter l'appareil. Pel.... n'aurait pas eu de
convulsions; il n'a marché qu'à 3 ans, ne dit que « papa,
maman ». Il aurait été propre de bonne heure. Pas de mani-
festation scrofuleuse, fluxion de poitrine à 18 mois, pas de
rougeole, etc. Pel.... a quelques mouvements nerveux, il est
assez colère, ne suce pas ses doigts, mais quelquefois son
tablier, ne se balance pas, ne gesticule pas, n'a pas d'ona-
nisme, est affectueux et reconnait sa mère. On ne sait à
quoi attribuer l'idiotie.
État actuel, Tête arrondie, assez grande ; aplatissement
de la partie médiane de l'occipital, avec saillie latérale : apla-
tissement de la partie moyenne et postérieure des pariétaux.
Le front est assez haut, bombé : bosse frontale droite plus
accusée que la gauche : gouttières sus-sourcilières assez pro-
noncées. La circonférence de la tète passant par la base du
crâne est de 45 centimètres et demi ; le diamètre antéro-pos-
térieur est de 15 centimètres et demi : le transversal d'une
oreille à l'autre est de 13 centimètres et demi.
Oreilles, bien conformées. Nez, aquilin, rn peu large.
Bouche, large ; lèvres épaisses, érythémateuses. Arcades den-
taires assez régulieres, la supérieure est aplatie à sa partie
moyenne, dents non crénelées. - Voûte palatine aplatie,
large, symétrique ; voile du palais, etc., normaux.
Tronc, très régulier. - Membres supérieurs, longs et
grêles. - Membre inférieur gauche, bien conformé ; à
droite pied bot varus équin. Il résulte de nombreuses men-
surations que le membre inférieur droit est moins volumi-
neux et même moins long que le gauche. Les testicules ne sont
pas descendus. La verge est bien conformée. Peau blanche,
26 Diarrhée ET salicylate de chaux.
comme bouffie, pas de glandes, érythème des fesses et des
bourses, cyanose des pieds : cheveux, sourcils et cils blonds,
clair-semés : impétigo du cuir chevelu.
Digestion : Pel.... se sert de ses mains pour manger, mas-
tique bien, ni voracité, ni salacité, appétit bon, peu de goût
pour la viande ;le ventre est un peu gros. - Foie et rate
normaux. - Respiration et circulation, rien de particulier.
Sensibilité générale, normale, peu de réflexe au chatouil-
lement. - Ouïe, parait bonne. Vue, normale. Pas de stra-
bisme. - Odorat, assez sensible.
Motilité : l'el.... ne marche que lorsqu'il est soutenu, ou lors-
qu'il est dans le chariot. Il s'appuie bien sur la jambe gauche,
mais le pied droit ne repose sur le sol que par sou bord externe.
Intelligence : très peu développée, pourtant I'... paraît rccon-
naitre les personnes qui le soignent; durant l'examen il fait
quelques petits mouvements de ses mains, écarte ses doigts,
se balance ; il peut rester de longues heures assis sans bou-
ger ; une fois il a fait avec une brosse le simulacre de se
brosser. Poids (à l'entrée) : 13 kilogr. ; taille : 011182.
.24 août. - Conjonctivite double avec tuméfaction des pau-
pières. Impétigo ulcéré de la face ; gonflement de la lèvre
supérieure. Iodure de fer, huile de foie de morue, bains
salés ; collyre au sulfate de zinc.
27 août. - Bosse sanguine au niveau de la paupière supé-
rieure droite, probablement due à un traumatisme dans un
vertige. Petites papules écorchées sur les fesses qui sont éry-
thémateuses. Depuis quelque temps Pel.... a de la diarrhée
et est devenu gâteux.
3-9 septembre. Revacciné sans succès.
16 septembre. Potd.s ; 12 kilogr. 600 : Taille : 0'"88.
16 octobre. - Le père et la mère du malade viennent de
succomber à la suite de tuberculose pulmonaire. - Les accès
paraissent avoir diminué de fréquence.
3 décembre. - Chute sur la tète, vaste ecchymose à la région
temporale droite.
7 décembre. - La diarrhée continue, elle est bilieuse..
8 décemure. - Légère amélioration.
11 décembre. Recrudescence de la diarrhée qui prend
un car, ictère séreux, les selles sont grisâtres, assez fétides ;
vomissements ; ventre assez tendu, paraissant peu doulou-
reux. - P. 100. - Salicylate de chaux, 1 gramme. Régime
lacté.
13 décembre. - T. R. 38°, 4. Selles moins liquides, en purée.
Légère oppression ; râles ronflants assez nombreux à l'aus-.
Baoncrro-rEr.mtorrr ; mort. 27
cultation. - On continue le salicylate de chaux, et on y
ajoute un julep avec extrait de quinquina 4 gr. et rhum 40 gr.
14 décembre. T. R. 38", 4. Soir : 3S°, . Cessation de
la diarrhée. Inspiration soufflante, râles ronflants à droite.
La soif a diminué. - Salicylate de chaux 1 gr. 25. - Soir '
38 ? '
15 décembre. T. R. 37°, 8. - Soir : 3,7°, 8.
1G décembre. - T. R. 37°, 6. - Soir : 3Sa, 2.
17 décembre. Respiration un peu soufflante en arrière et
à droite au sommet. On supprime le salicylate de chaux.
On continue l'extrait de quinquina avec rhum ; conserve de
Damas ; vésicatoire à droite.
10 décembre. - T. R. 38°, 4. - Soir : T. R. 40°, 2.
20 décembre. T. R. 39°, 8. - Soir : T. R. 39°, 0.
21 décembre. Souffle profond vers l'aisselle droite, râles
sous-crépitants. T. R. 39°. '
2 décembre. -Matité plus prononcée aux sommets qu'à la
base ; râles sous-crépitants très nombreux aux deux bases.
T. R. 38°. 4. - Soir : T. R. 38°, 4.
23 décembre. Toujours des râles sous-crépitants, mais
moins nombreux. Pas de diarrhée. T. R. 38".
28 décembre. Râles sous-crépitants surtout à droite ; un
peu de matité il la base du même côté. (Vésicatoire). - Ulcé-
rations sur la lèvre inférieure, sur la gencive, sur la face
interne des joues (gargarisme au chlorale de potasse; appli-
cations locales de jus de citron). T. R. 40°, 2. - Soir : 40°.
29 décembre. T. R. 39-, 2 ? Soir : 40". 2.
30 décembre. - La sonorité paraît un peu revenue à droite,
respiration soufflante à gauche et en arrière ; 96 respirations.
104 pulsations ; T. R. : 40°, 2; il ne vomit pas, ventre tendu :
ulcérations buccales persistantes ; P... ne prend que du
bouillon. - Soir : T. R. 40°, 2.
31 décembre. - Etat adynamique, respiration embarrassée,
râles trachéaux, refroidissement et cyanose des extrémités
regard éteint, bouche sèche, un peu fuligineuse. T. R 39°, 9.
- L'enfant s'éteint dans la soirée.
Pelt...., depuis son entrée 126 avril 1880) jusqu'à sa mort
(1er janvier 1881), a eu 76 accès et i vertiges.
Autopsie le 2 janvier 1881. Tête. La calotte osseuse parait
symétrique, la pie-mère est un peu congestionnée vers la par-
tie moyenne des deux hémisphères, son. ablation est assez
délicate vu sa ténuité. L'encéphale pèse 1000 gr. Les organes
de la base sont normaux : les deux hémisphères sont égaux
et mesurent 16 cent, et demi de longeur. Aucune lésion ni
28 CONCEPTION durant la folie.
anomalie des artères et des divers organes situés à la face
inférieure du cerveau.
Hémisphère cérébral gauche, pas d'anomalie des circonvo-
lutions, corps opto-strié, ventricule latéral, corne d'Ammon,
normaux.
Hémisphère cérébral droit. - Sillon profond entre les cir-
convolutions frontales ; légères anomalies ( ? ) à la partie anté-
rieure du lobe frontal. Rien à noter sur le corps opto-s : rié,
le ventricule, la corne d'Ammon.
Cervelet, isthme, protubérance, bulbe, normaux.
Thorax. Poumon droit, hépatisation au niveau du bord
postérieur et du lobe inférieur, pas de tubercules, ganglions
bronchiques volumineux. Poumon gauche, adhérences
interlobaires, hépatisation avec petits dépôts caséeux de 3
ou 4 millim. Au niveau du sillon interlobaire existe une petite
masse caséeuse, du volume d'une noisette ; autre masse de
5 mill. au sommet. Pas de granulations tuberculeuses. -
Coeur (80 gr.), normal.
Abdomen. - Foie décoloré, gras, (740 gr.). Rate (39 gr.).
- Reins (55 gr.), quelques petits graviers des doux côtés.
RÉFLEXIO3. - I. Si l'on en croit les renseigne-
ments, l'hérédité serait peu chargée et la cause de
l'idiotie, qui paraît congénitale, aurait échappé.
II. Notons au point de vue de l'hygiène sociale, la
conception de la mère du malade et de trois oncles
ou tantes par sa grand mère maternelle alors qu'elle
était aliénée et internée à la Salpêtrière. C'était du-
rant les sorties de l'aliénée que les grossesses se pro-
duisaient, en vertu d'un préjugé absurde que la pro-
duction d'un enfant la guérirait. Le médecin, en pareil
cas, ferait bien de combattre ce préjugé si dangereux.
Si les renseignements sont exacts, les enfants (mère,
oncles et tantes de l'enfant), conçus pendant l'aliéna-
tion mentale de leur mère seraient bien portants.
ANTÉCÉDENTS HÉRÉDITAIRES ET PERSONNELS. 29
Ons. II. - Épilepsie suivie de démence. '
Sommaire. - Père d'une intelligence bornée, bègue, non
alcoolique. - Mère peu intelligente condamnée pour vol.
Grand-père maternel, excès de boisson; mort paralysé.
Grand'mère maternelle morte paralysée. Deux soeurs
mortes de coqueluche. Pas de consanguinité, - Ren-
seignements insuffisants sur les deux familles.
Pas de convulsions. - Epilepsie iL 3 a ? is à la suite d'une
frayeur. - Modifications intellectuelles. - Diarrhée
séreuse. - Salicylale de chaux, - Accidents pulmonai-
res : Mort.
Autopsie. Adhérences considérables de la pute-muerez
BT012C20-J1221L11201228.
Duv.... (Jean), âgé de 8 ans, est entré à Bicêtre (service de
M. Bourneville) le 16 juillet 1880.
Antécédents. (Renseignements fournis par le père de l'en-
tant). - Père, 66 ans, scieur de long, puis journalier, enfin
joueur d'orgue. Intelligence à peine moyenne ; léger bégaie-
ment, sobre, calme ; un peu rhumatisant ; s'est « démonté
l'épaule » il y a a 12 mois. [Son père est mort après avoir été
paralysé pendant 6 ans, consécutivement à une chute de
voiture. - Nul détail sur sa mère, morte à 77 ans. - 10 frères
et suceurs. morts on ne sait de quoi. Pas d'antécédents
héréditaires nerveux dans la famille.]
Mère, 46 ans, journalière, peu intelligente, bien portante,
pas nerveuse, condamnée pour avoir ci volé une hache sur
un chemin» ; a deux enfants intelligents d'un 1er mariage.
[Son père, laboureur, ivrogne, est mort paralysé à 70 ans. -
Sa mère, intelligente et sobre, est morte à 77 ans, paralysée
et en enfance. - 3 frères et une soeur bien portants. Pas de
nerveux dans la famille.] - Pas de consanguinité.
Quatre enfants : 1° une fille morte de coqueluche à 3 mois ;
- 2° une fille, morte également de coqueluche à 3 mois;
3° Notre malade ; 4° une fille de 6 ans, bien conformée,
peureuse.
Notre malade. - Grossesse bonne, accouchement naturel,
à terme. Duv... a été élevé au sein par sa mère. Il a parlé à
20 mois, a marché et a été propre à 2 ans. Pas d'acoidents
30 Epilepsie ; démence consécutive.
nerveux, pas d'accidents scrofulcux, rougeole à 2 ans 1/2;
aurait eu des vers. Pas de tic, pas d'ouanisme. - t1 3 ans,
peur occasionnée par un jeune homme disant qu'il voulait
l'éventrer avec une fourche. » Le lendemain, convulsions
égales des deux côtés ; quelquefois c'est du côté droit, que sa
maladie semblait : « le tracasser le plus » ; elles durèrent li8
heures. - Huit jours plus tard, nouvelle série de 8 accès. De-
puis cette époque, le plus long intervalle a été de 15 jours et
les séries peuvent être de 32 dans les 24 heures. - Au début,
les accès étaient nocturnes et diurnes; depuis deux ans ils
ne sont que nocturnes.
Pas d'aura, petit cri assez aigu ; chute subite n'ayant
jamais entraîné de blessure grave ; rigidité tétanique, secous-
ses cloniques. Pas d'écume, ni de morsure ; miction et défé-
cation involontaires; un peu de stertor; hébétude durant 1/2
heure ou : I ? d'heure.
Pas de délire après l'accès, ni de manifestations mentales
dans l'intervalle des accès. Jamais d'étourdi;sements. L'intel-
ligence, la mémoire ont baissé, le caractère s'est aigri, il est
resté encore assez affectueux. Le sommeil est bon.
État actuel. - La tête est forte, considérablement développée
à la région postérieure; léger aplatissement de la partie
supérieure de l'occipital. Le front est assez haut; bosse
frontale gauche moins saillante que la droite; dépression
légère au-dessus des sourcils, surtout à gauche. - Oreilles
régulières, un peu écartées. - Yeux bleus, pas de strabisme.
- Nez aquilin. - Bouche assez grande, dents bien rangées,
incisives médianes larges ; voûte palatine peu profonde, assez
large; amygdales et piliers réguliers. - La moitié gauche
de la face parait moins développée que la droite. - Le tronc
est bien conrormé, - Les membres aussi, mais ils sont très
grèles. - Organes génitaux normaux. - Peau brune ; adé-
nites cervicales ; cheveux châtains, cils et sourcils abon-
dants ; impétigo du lobule auriculaire droit; érythème des
fesses.
Digestion : Mange seul, ne se sert que de la cuiller; vora-
cité pas de vomissements ; foie normal ; ne gâte pas. Respi-
ration : tousse un peu ; quelques râles disséminés. - Cir-
culation : coeur et pouls réguliers. Sensibilités générale
et spéciales, normales.
Etat intellectuel. - Intelligence médiocre ; prononce quel-
ques paroles dans son patois auvergnat ; pas d'embarras de
la prononciation; ne sait pas s'habiller; grande répulsion
pour l'eau ; a l'habitude de collectionner tout ce qu'il trouve
Diarrhée séreuse; salicylate DE chaux. 31
(ohiffons, allumettes, miettes de pain, , etc.).. ,- Poids : 21 le,
900. - Taille : 4 ? 97. , , / . 1
27 août. Diarrhée depuis 3 jours-; traces de sang dans
les selles qui sont un peu mousseuses ; ipéca 40 gr. et poudré
d'ipéca 0,40 ; tisane albumineuse ; bouillons et potages. -...
30 août. - La diarrhée a cessé.
3 septembre, - Vacciné. Réapparition de la diarrhée.
9 septembre. Le vaccin n'a pas pris.
16 septembre, - Poids : 19 le, 40.0 ; taille : 1 ? Il.
8 octobre. - Depuis plus d'un mois la diarrhée persiste.;
4 ou 5 selles par jour, et après chacune léger écoulement
sanguinolent; les selles ne paraissent pas douloureuses ;
a rendu un ver. On a combattu la diarrhée par l'eau.de chaux,
l'extrait de ratanhia, le sulfate de quinine. Suppression des
médicaments : régime lacté; eau albumineusc.
2 novembre. - Pendant quelques jours la diarrhée avait
cessé ; elle est revenue cette nuit : on a levé l'enfant et il
aura fait quelque écart de régime. Sous-nitrate de bismuth
5 gr.; eau albumineuse.
lar décembre. - La diarrhée séreuse continue, l'enfant est
très amaigri ; érythème des fesses considérable, pas d'es-
chare. On prescrit une potion renfermant : acide salicylique
1 gr. 50; craie préparée 0,0, sirop 30 gr. et eau 60 gr. ; 2 cuil-
lers à café toutes les heures.
2 décembre. Amélioration notable ; les selles sont moins
abondantes.
7 décembre. - Les selles sont de moins en moins fréquen-
tes et moins liquides; potion avec 2 gr. de salicylate de
chaux. .
11 décembre. - La diarrhée a diminué notablement ; l'en-
fant est plus gai, a un peu repris. 2 gr.,25 de salicylate de
chaux ; lait, oeufs, potages.
13 décembre. Grande améloration : suppression de la
potion au salicylate.
23 décembre. - La diarrhée réapparaît. Potion avec salicy-
late de chaux 1 gr.
28 décembre. On a élevé progressivement la dose qui
aujourd'hui est à 2 gr. 25, pourtant la diarrhée continue. - z
Conjonctivite. - (1,,tifs, côtelette, eau albumineuse.
1881. 3 janvier. La diarrhée a diminué ; bon appétit.
Même traitement. Il n'y a plus de conjonctivite ; un peu de
blépharite chronique. Soir : T. II. 31'0, 6.
4 janvier. - T. 11. 37°, 6. - Cette nuit la diarrhée a aug-
32 Diarrhée; BRONCHO-PNEUMONIE.
mente ; selles séreuses, jaunâtres, glaireuses ; foie normal ;
respiration un peu soufflante à droite ; pas de submatité.
Amaigrissement notable.
5 januier. -'f.It. 37", 6. Gros râles sous-crépitants surtout
iL l'inspiration, des deux côtés, dans toute la hauteur des pou-
mons. Salicylate de chaux 2gr.,50; lavement avec amidon
et laudanum 10 gouttes. Même régime. Soir : T.R. 38°, 2.
6 janvier. - T.Il. 37°, 5. - Soir : T.R. 38°.
7 januier. - T.I. 3 î°, G, - Soir : T.R. 38°.
8 janvier. - T.R. 38°, 2. La diarrhée est très abondante :
Langue humide, gingivite légère, haleine un peu fétide, lé-
gère érosion de la lèvre inférieure, foie normal ; ventre bal-
lonné ; érythème et ulcération du grand trochanter droit;
respiration ronflante; gros râles iL gauche, en arrière et iL la
base. - Salicylate de chaux, 3 grammes. Deux lavements
amidonnés avec dix gouttes de laudanum.
10 janvier. - Disparition de la gingivite, persistance de la
diarrhée et ulcération du trochanter gauche. T.R. 38°.
11 janvier. - La diarrhée persiste; affaiblissement pro-
gressif : suppression du salicylate de chaux. - Potion de
Tood et sous-nitrate de bismuth 4 gr.
12 janvier. - Meilleur appétit qu'hier; toujours de la
diarrhée. T.R. 37°, 6. - Soir : T.R. 3 ! J°
, 13 jatzuier. - T.R. 38°, 2. - Soir : T.R. 38°, 4.
14 janvier. T.R. 38°. - Soir : T.R. 38°.
15 janvier. - La diarrhée continue, face grippée; respira-
tion gênée; amaigrissement extrême. T.R. 38°, 2. - Soir :
T. R. 38°,4.
16 janvier. - T.R. 38°, 4. - Soir : T.R. 39°. La respiration
s'embarrasse davantage, le malade se refroidit progressive-
ment et meurt dans la nuit.
Autopsie le 18 janvier. - Les poumons sont notablement
distendus et ne se rétractent pas à l'ouverture du thorax. A
droite, au niveau du lobe inférieur, congestion manifeste. A
gauche, le lobe inférieur offre les lésions de la broncho-pneu-
monie ; il est dense, friable, ne surnage plus. La pression en
fait suurdre des gouttes de pus.
Coeur. 130 gr., décoloration du muscle, caillots agoniques.
- Foie : 850 gr., normal. - Rate : 140 gr., congestionnée et
friable. - Reins : 70 gr. chacun, normaux.
Estomac : distendu, muqueuse ramollie. - Intestin grêle
et gros intestin : muqueuse ramollie et épaissie. - Mésen-
tère vascularisé. - Ganglions mésentériques normaux.
Épilepsie ; démence. 33
Tête. Os de crâne normaux; pas d'asymétrie de la base
du crâne; adhérences de la dure-mère à la voûte.
Encéphale : 1150 gr.; la pie-mère est très congestionnée,
les vaisseaux sont gorgés de sang. Les différentes parties de
la base (artères, nerfs, chiasma, etc.) n'offrent pas d'ano-
malie. - Cervelet et isthme, 165 gr. L'hémisphère droit
mesure 17 c. 1/2 et pèse 500 gr. L'hémisphère gauche n'a
que 17 c. et pèse 4S5 gr. L'adhérence de la pie-mère est telle
qu'on ne parvient pas à les décortiquer. - Masses centrales,
ventricules, corne commun., rien à l'oeil nu. Liquide cé-
phalo-rachidien en quantité ordinaire.
Réflexions. - I. Les renseignements sont trop
insuffisants pour qu'on puisse se rendre un compte
exact de l'influence de l'hérédité. Ce que nous savons
peut se résumer ainsi : père peu intelligent, bègue ;
- mère bornée, voleuse; - grand père paternel,
grand père et grand'mère maternels, paralysés.
II. L'épilepsie, qui aurait été occasionnée par une
frayeur, se serait compliquée d'un affaiblissement
progressif des facultés intellectuelles, bien qu'on
n'ait pas relevé de vertiges. Les accès, en revanche,
étaient très fréquents et le malade, à la suite, restait
endormi. Disons, à ce propos, que tandis que les
épileptiques qui reviennent vite à la connaissance
paraissent conserver longtemps, sinon toujours, leur
intelligence, ceux qui dorment plus ou moins long-
temps après leurs crises et conservent ensuite, durant
le reste de la journée, un certain degré d'obttcsio7t
intellectuelle, paraissent frappés plus promptement
de démence.
III. La diarrhée séreuse n'a été suspendue que par
le salicylate de chaux. Toutefois, le médicament
ne l'a pas arrêtée définitivement.
IV. L'hémisphère cérébral gauche est moins long
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1897. 3
34 Épilepsie ; démence.
et pèse moins que l'hémisphère cérébral droit, sans
qu'on puisse en inférer qu'il y a une lésion sérieuse.
« Il faut bien se rappeler, dit Cruveilhier (1), que les
deux hémisphères cérébraux n'ont jamais exactement
le même volume, et que les circonvolutions corres-
pondantes de l'hémisphère droit et de l'hémisphère
gauche sont rarement semblables. » (V. aussi p. 40.)
(1) Cruveilhier.- Traité d'anat. pathol. générale, t. m, p. 19.
III.
Epilepsie due à l'onanisme ; Démence consécutive
État de mal épileptique ; mort ; .
Par BOURNEVILLE et WU ! LLAMIER
L'observation qui suit montre que, contrairement
à l'opinion de quelques auteurs, l'onanisme habituel
a des conséquences extrêmement graves sur l'intelli-
gence et peut produire l'épilepsie.
Sommaire. Père, rien de particulier. Grand-père pater-
nel, excès de boisson. - Grand'mère paternelle, paralysée
du côté gauche. - Mère un peu nerveuse. Cousin, danse
de St-G2ep dans l'enfance. - Soeur morte de conoulsions.
- Pas de consanguinité, - Inégalité d'âge de Il l ans.
Marche et parole a 18 mois. Onanisme à partir de 4 ans.
- Début de l'épilepsie à 5 ans et 9 mois; accès d'abord
nocturnes semblant prédominer à droite ( ? ), puis diurnes
et nocturnes. Diminution des facultés intellectuelles,
aggravée par l'apparition des vertiges. -Arrêt momentané
des accès après une émotion. Description du malade.
Diarrhée séreuse. - Etat de mal épileptique; mort.
Autopsie. - Asymétrie crânienne. Inégalité des hémis-
phères cérébraux : H. gauche 55 gr. de moins que le droit.
- Adhérences de la pie-mère (méningite).
Hcrg... (Henri Paul Siméon), âgé de 7 ans, est entré à
Bicêtre (service de M. Bourneville) le 9 octobre 1880.
Antécédents. - (Renseignements fournis par la mère de
l'enfant). - Père, 49 ans, ferblantier; taille moyenne, un peu
nerveux, bonne santé, ne fait pas d'excès alcooliques. [Son
père se livrait à la boisson, nul autre détail sur lui. - Sa
36 Antécédents héréditaires et personnels.
mère, paralysée du côté gauche, est morte d'une pneumonie
h la- Salpêtrière. - Aucun antécédent nerveux dans la famille
ou l'on meurt très vieux on général.] : \I¡;l\E, 38 ans, cuisinière, grande, blonde, intelligente, un
peu nerveuse, mais sans attaque hystérique ; aucune maladie
antérieure autre qu'un érysipèle h '2'1 ans. [Son père, cou-
vreur en chaume, serait mort, h 3't ans, d'une « fièvre
chaude » ; cela parait avoir été une fièvre typhoïde car il en
serait mort « 80 dans le pays il ce moment lit ». Sa mère
vit encore, est rhumatisante, pas nerveuse. Un neveu a
eu « la d'anse de Saint-Guy, dont il est guéri ». Dans
le reste de la famille, aucun antécédent nerveux.] Pas de
consanguinité.
Deux enfants : 1° Une fille, morte à 22 mois à la suite de
convulsions internes, durant une dentition dillicile.
2° Notre malade. La grossesse a été bonne, l'accouchement
it terme et naturel. I-Ierg... a été élevé au sein par sa mère
jusqu'à 2 ans ; il a été propre depuis l'lige de 3 mois, parce
que « dès qu'il se remuait, sa mère le mettait sur le vase ».
Il a marché à 18 mois et a parlé très franchement vers la
même époque. C'était un bel enfant, vif, nerveux, vigoureux,
non colérique ; il n'a pas eu de convulsions. Rougeole il 5 ans ;
légère ophthalmic h G ans ; aucune manifestation scrofnleuse
ni rhumatismale. Son sommeil était généralement bon, il
n'avait pas de rêve, ni de peur. Depuis l'âge de '1 ans, il se
livrait la nuit à l'onanisme. Il aurait contracté cette habitude
chez une mère nourricière qui « lui prenait la verge et lui par-
lait constamment de sa bichette ».
A 5 ans et 9 mois débute l'épilepsie sans cause connue, si
ce n'est, dit la mère, qu'il se « vidait le cerveau » par ses
attouchements répétés. Au début, les accès furent régulière-
ment nocturnes. Le malade ne prévenait pour ainsi dire pas :
il poussait des « oh ! oh ! » étouffés et perdait connaissance.
Il ne s'est jamais sérieusement blessé dans ses chutes. Il deve-
nait rigide, surtout à droite, les pouces en dedans, puis bien-
tôt survenaient des secousses cloniques; enfin, le stertor,
avec ou sans écume, et morsure de la langue. Le tout durait
il peine minutes et IL.. revenait il lui rapidement. Quelque-
fois pourtant, il cherchait les allumettes ; il aimait aussi à
voir son sang et se coupait pour le voir couler. Kleptomanie.
A 6 ans 1/2 il entra aux Enfants-Malades pour un « dérange-
mont de la colonne vertébrale » et fut envoyé ensuite en
convalescence h La Ltoclle-Guyon ; il rentra chez sa mère après
5 mois, en avril 188U. A ce moment, il avait un accès toutes les
Épilepsie. 37
nuits et fut traité par le bromure de potassium, puis par l'ho-
moeopathie, ce qui aurait éloigné les accès -IL tous les deux jours.
Ce ne fut qu'une amélioration passagère et bientôt aux accès
nocturnes s'en ajoutèrent de diurnes. L'intelligence diminua
beaucoup. L'enfant perdit la mémoire : parfois il avait de rares
éclaircies. Dcmeme, il ne sut bientôt plus manger proprement,
ni s'habiller; cependant il n'est pas encore gâteux. Les accès
devinrent plus fréquents, il en eut jusqu'à 8 dans les 24 heures.
Il s'y ajouta des étourdissements il la suite desquels la mémoire
« s'égara davantage ». Un jour, en s'amusant, il avala un sou,
et soit effet moral, bien qu'il n'eut pas l'air effrayé, soit par
l'action du cuivre ( ? ), il resta 4 jours sans voir revenir ses
accès, alors quotidiens au minimum. Il est vrai que le même
jour il dégringola une douzaine de marches d'escalier.
État actuel (13 octobre). - Cet enfant a la tète assez dévelop-
pée, avec prédominance de la partie postérieure. Voici les
résultats de quelques mensurations :
38 Diarrhée ; accès répétés.
Intelligence : reconnaît bien sa mère, est affectueux; il
arrive Ii classer les carrés d'un jeu de patience. La parole est
libre, il parait qu'il dit tous les mots mais il nous il ne dit que
« bonjour, monsieur, madame, papa, maman ». Il ne sait pas
s'habiller, mais s'aide un peu quand on l'habille. - Poids :
17 k. 200. - Taille : 1 m. 10. Il eu deux accès dans la nuit,
est endormi; son haleine a l'odeur acre, pénétrante, acide,
caractéristique des épileptiques après les accès.
1-'t octobre. L'enfant s'est réveillé dans l'après-midi, a
bavardé, a voulu être habillé ; plusieurs selles diarrhéiques.
T. R. 3 i °, 6.
16' octobre. - La diarrhée a continue ; cette nuit, H... a
gâté. - Traitement : Sirop d'ipéca, 40 gr. et 0 gr. n0 de poudre
d'ipéca : pas de vomissements. Lait, eau albumineuse.
17 octobre. - T. I ? . '0°.
18 octobres 13. 38°, G. - Soir : 39°.
19 octobre. - T. Il. 38", 2. - La langue est un peu chargée,
pas de vomissements; la diarrhée parait diminuer un peu;
selles involontaires; cependant il appelle quand il a besoin ;
ventre un peu ballonné; léger érythème des fesses. - Lait,
oeufs, eau albumineuse.
20 octobre. -Soir : T.R. 37°, 8.
21 octobre. - T.n. 37". G. La. diarrhée parait un peu dimi-
nuer 23 octobre. La diarrhée séreuse persiste.
2 novembre. - Toujours de la diarrhée ; amaigrissement
très-prononcé. Sulfate; de quinine, 0, GO; même régime.
9 novembre. La diarrhée continue malgré le sulfate de
quinine donné pendant 4 jours; potion avec sous-nitrate de
bismuth 5 gr. et laudanum 5 gouttes.
11 décembre. - Après la potion précédente, on a eu recours
au ratanhia et les selles ont paru devenir plus épaisses. Le
malade est plus gai, demande à manger, se lever. Même
régime et, de plus, côtelette.
13 décembre. - Amélioration notable ; la diarrhée est
beaucoup moins abondante.
22 décembre. - Nombreux accès dans la nuit (10); T.R.
39°, 6. Dans un accès pendant la visite, on constate, que la
tête se tourne il gauche et que les pupilles sont légèrement
dilatées. La phase tétanique se termine par une série de
petits mouvements des -paupières et de la face : cyanose
rapide : quelques rares mouvements (-Ioniques ; sterlor pro-
longé, bave sanglante, abondante. Dans l'intervalle des accès,
le malade est abattu, ses extrémités sont froides. La diarrhée
n'a pas reparu. - Soir : T.R. 39°, 8.
État DE MAL ÉPILEPTIQUE. 39
23 décembre. T.R. 39°. Depuis 2u heures, 36 accès ; l'enfant
est très abattu, la face est tournée à gauche, la rigidité du
cou empêche la rectification de la position ; les paupières
sont entrouvertes; les pupilles contractées et contractiles.
Langue humide ; ni vomissements, ni diarrhée. Respira-
tion un peu gênée, légère submatité aux deux bases des
poumons surtout il gauche ; râles sibilants ; quelques râles
sous-crépitants aux bases, plus abondants à gauche. Eschare
au niveau du grand trochanter gaucho. Sulfate de quinine
0.50 en lavement. 36 accès. - Mort à minuit. T.Il. 42°, 2
IIerg.... depuis son entrée (9 octobre z1880) jusqu'à sa mort
(24 décembre 1880), soit 76 jours, à eu 195 accès.
Autopsie (25 décembre). Thorax. - Pneumonie de la base
du poumon gauche; congestion à droite; pas de tubercules.
- Coeur 120 grammes, quelques caillots noirs dans les oreil-
lettes.
Abdomen. - Foie, 700 grammes; rate, 90 grammes;-
reins, 60 grammes chacun. - La muqueuse du gros intestin
est très-épaissic, boursouflée, pas d'ulcération.
Tête. - Les os du crâne sont assez minces ; pas d'adhéren-
ces de la dure-mère. La base du crâne est asymétrique ; la
bosse orbitaire droite fait une saillie plus marquée en avant ;
la fosse sphénoïdalc droite est plus profonde et plus large
que l'opposée ; la cavité occipitale est plus étendue à gauche.
Encéphale : 1340 grammes. La pie-mère est légèrement
vascularisée ; pas de taches ccchymotiques. Les différentes
parties de la base de l'encéphale (artères, nerfs, chiasma, etc.)
n'offrent pas d'anomalie. Cervelet et isthme, 140 grammes.
- L'hémisphère droit pèse 55 grammes de plus que le gauche.
Les circonvolutions sont bien développées. - On ne peut les
décortiquer, vu l'adhérence de la pie-mère. Les masses
centrales, la corne d'Ammon sont normales; les ventricules
ne sont pas très-dilatés ; la quantité de liquide céphalo-
rachidien a semblé normale.
Réflexions. - I. L'hérédité est relativement peu
chargée, autant que les renseignements qui nous ont
été fournis permettent d'en juger.
II. Jusqu'à 4 ans l'enfant aurait été normal. Alors
40 Onanisme suivi d'épilepsie.
débutent les habitudes d'onanisme qui auraient été
très répétées et ont été suivies d'épilepsie vers 6 ans.
III. D'abord nocturnes, les accès sont devenus
diurnes et nocturnes. Ils ont été progressivement
plus fréquents, il s'y est ajouté des étourdissements
et bientôt, comme cela se voit si souvent, en pareil
cas, l'épilepsie s'est compliquée d'un affaiblissement
rapide des facultés intellectuelles. Le malade a suc-
combé à un état de mal, accompagné de l'élévation
habituelle de la température (42°, 2).
IV. La diarrhée, maladie intercurrente, a duré
près de deux mois. L'examen de l'intestin n'a fait
découvrir aucune ulcération.
V. Dans les accès, la rigidité prédominait à droite
et, d'habitude, le bras correspondant était plus faible
que le gauche. Ces symptômes peuvent s'expliquer
par l'arrêt de développement relatif de l'hémisphère
gauche (55 gr. de moins que le droit).
IV.
Nouvelle contribution à l'étude de la pseudo-porencé-
phalie et de la porencéphalie vraie ;
Par BOURNEVILLE et SCHWARTZ.
Dans des travaux précédents (1), l'un de nous a
établi une distinction très nette entre les cas de
pseuclo-porencéphalie et de porencéphalie vraie, et
rapporté soit seul, soit en collaboration, un certain
nombre d'exemples de ces deux genres de lésions,
si intéressantes et de cause tout à fait différente. Les
trois cas qui suivent ont trait : le premier à une
pseudo-porencéphalie unilatérale, le second à une
seuclo-poencéhalie bilatérale, enfin la troisième
à une porencéphalie vraie.
Observation I. - Idiotie et épilepsie symptomatiques de pseudo-
porencéphalie unilatérale et de méningo-encéphalite.
Sountntar;. -Père, fièutes intetmittet2tes polongées, attaques
épileptiformes consécutives à de fréquents excès de bois-
son. -Re7-iseigite ? îie71ts insuffisants sur sa famille. Mère,
rien de particulier. Grand-père maternel, accidents ner-
veux mal déterminés. - 9rrièe-grand'mére maternelle
morte de la poitrine. - Grand-oncle maternel mort d'at-
taques de paralysie. - Cousin germain maternel mort de
méningite. - Grand'tante maternelle, aliénée. - Pas de
consanguinité, - Inégalité d'âge de 3 mois.
(1) Voir les Comptes-rendus du service de Bicêtre de 1880 à 1896 pour les
cas de pseudo-porencéphalie et pour la porencéphalie vraie : 1890, p. 167,
deux cas (avec P. Sollier) ; - 1891, p. 96 (avec P. Sollier) ; - 1892, p. 89
(avec Dauriac).
42 Antécédents héréditaires.
A la conception, père atteint d'impaluclisa22e. - Émotion
vive au 4° mois de la grossesse. - Accouchement il huit
mots. - Asphyxie et ophlhalmie pll2'2ll2nte à la naissance.
- Première dent à 16 mois. - Dentition complète à 3 ans.
- Marche nulle. - Quelques mots vers 3 ans. Scarlatine
il. 3 ans. 77o ? ntptëgie droite. Rougeole, mort.
Au)OPSiE. Os du crâne minces et peu durs. - Pseudo-
porencéphalie gauche avec atrophie considérable de l'hé-
misphère; méningo-encéphalite prédominant à droite. -
Dégènéralions secondaires : atrophie, à gauche, de la
bandelette optique, du tubercule mamillaire, du pédoncule
cérébral, de la protubérance et de la pyramide bulbaire.
Persistance du trou de Dotal.. - Congestion intense des
poumons, avec infiltration tuberculeuse du sommet droit
et absence du troisième lobe de ce poumon. - Foie
{oelal. - Adénopathie prononcée du mésentère.
Gaill... (Marguerite), née à Paris, le 1G janvier 1887, est
entrée dans notre service, à la Fondation Vallée, le 21 sep-
tembre 1891 ; elle est décédée le 6 mars 1897.
Antécédents (Renseignements fournis par le père et la mère
de l'enfant). (Janvier 1892). - Péiie, 32 ans, mexicain venu en
France à de 7 ans ; habituellement très-bien portant, il
n'a jamais eu que les fièvres intermittentes, contractées au
Sénégal. Il les a eues durant deux ans dans ce pays, et envi-
ron un an après son arrivée en France ; il en était encore atteint
au moment de la conception de l'enfant. Ses accès revenaient
d'une façon très irrégulière. Ni migraines, ni convulsions.
Avant de partir pour le service, il avait eu des attaques de
nerfs, consécutives, dit-il, à des excès de boisson. Il buvait
surtout de l'absinthe, 6 à 8 fois par jour. Pendant ses attaques,,
il se livrait à des mouvements désordonnés, tombait sans
connaissance. Cela durait souvent une demi-heure. Il en
aurait eu une dizaine en tout. Depuis son retour du Sénégal,
il serait devenu plus sobre, mais il a encore le facies d'un
alcoolique. Il avoue être assez nerveux et avoir eu 2 ou 3
attaques de nerfs à l'occ ision d'émotions. Pas déboule hysté-
rique ; pas de paralysie, d'hémianesthësie. Pas de syphi-
lis. Assez grand fumeur. - [Père, mort à 48 ans, ouvrier,
on ne peut donner aucun renseignement sur lui; il n'y a
absolument aucun détail sur le reste de la famille.]
MÈRE, 32 ans, couturière, intelligente, habituellement très
Antécédents PERSONNELS. 43
bien portante. Pas de fièvre typhoïde, ni migraines, ni con-
vulsions, ni syphilis; sobre, non nerveuse. [Père, 67 ans,
d'habitude en bonne santé; il y a 15 ans, il aurait eu un ramol-
lissement cérébral, non accompagné de paralysie, mais son
caractère est devenu irritable, il s'en est suivi une perte mar-
quée de la mémoire. Pourtant, il continue son métier, qu'il
fait un peu mal, on le garde parce qu'il est un très ancien
ouvrier. Très sobre, pas de syphilis, etc. - Mère, 60 ans,
n'a jamais été malade, n'a jamais eu d'accidents nerveux.
- Grand-père paternel, mort à 82 ans, de vieillesse. -
Grand'mère paternelle morte très jeune, on ne sait de quoi.
Grand'mère maternelle, morte à 24 ans de la poitrine.
Rien sur le grand père maternel. Pas d'oncle ni de
tante paternels connus. Un oncle maternel, mort à 40 ans,
paralysé : cutte paralysie datait de 12 ans et était survenue
brusquement; il aurait eu plusieurs autres attaques. - Il y a
eu d'autres oncles et tantes maternels, morts jeunes et sur
lesquels on manque de renseignements. Une tante mater-
nelle, cependant, serait devenue folle à la suite d'une peur ;
elle aurait été deux ans à l'Asile clinique, puis un an dans
un autre asile où elle est décédée.]
Inégalité d'âge de 3 mois (père plus âgé). Pas de consan-
guinité. - Un seul enfant, notre malade. La mère est
enceinte actuellement. - Pas de fausses couches.
Notre malade. - Au moment de la conception, rien de
particulier, sauf que le père était atteint cl'ir2paludisme et
faisait encore quelques excès d'alcool. - Au 4e mois de la
grossesse, le père s'enivra et rentra chez, lui très excité, ce
qui causa une vive frayeur à la mère. A part ce fait, rien de
particulier : pas de chute, pas de coups. Pas d'albuminurie, pas
d'ennuis, pas d'alcoolisme, etc. - Accouchement, à 8 mois,
spontané, sans aucune intervention ; depuis 10 jours l'enfant
ne remuait plus et un médecin consulté fut tellement frappé
de la faiblesse des bruits cardiaques, qu'il redouta la mort de
l'enfant. Les grandes douleurs durèrent 7 h. 1/2. - L'enfant
était faible il la naissance, ne respirait pas; la respiration ne
reparut qu'au bout d'une heure de flagellations. Elle était
d'ailleurs bien constituée. - Elle fut élevée au biberon jus-
qu'à l'âge de 4 ans et demi. - Première dent à 16 mois. -
Dentition complète à 3 ans. Elle ne marche pas, a com-
mencé à dire : papa, maman, à 3 ans 1 ? mais depuis quelque
temps elle ne dit plus rien. Ajoutons que, à la naissance, elle
avait une ophtalmie purulente, qui a guéri promptement.
Vers 3 mois et demi, convulsions internes. L'enfant tombait
44 Description de l'enfant.
sans connaissance, tournait les yeux, et restait ainsi immobile
pendant quelques minutes ; ces accidents se seraient renou-
velés 3 ou 4 fois. - En novembre 1890, les parents consul-
tèrent M. Lannelongue. Il admit l'enfant dans ses salles en
vue d'une intervention. L'enfant contracta la scarlatine, et
après la guérison, qui eut lieu sans complication, M. Lanne-
longue refusa d'opérer.
L'enfant n'a jamais été normale; elle a toujours été idiote
et paralysée du côté droit, du moins, les parents l'ont tou-
jours vue ainsi. Tout lui est indifférent « elle ne connait que
son biberon » ; autrefois elle paraissait reconnaître son père,
plus maintenant. Quelquefois, accès de colère, avec cris. Elle
bave beaucoup, est complètement gâteuse. Pas de trauma-
tisme. Les parents n'émettent aucune hypothèse sur la cause
probable de la maladie de leur enfant.
État actuel (14 novembre 1801). Enfant de 'taille moyenne,
d'une constitution peu robuste. - Faciès peu expressif.
Tête symétrique, un peu allongée dans le sens antéro-
postérieur, front étroit, bosses pariétales saillantes. - Crâne,
assez régulièrement conformé, sauf une saillie dans la
région occipitale. - Fontanelles fermées, - cependant il y
a une légère dépression au niveau de la partie droite de la
grande fontanelle. - Cheveux châtains clairs, rudes, irrégu-
lièrement implantés. - Arcades orbitaires longues, légère-
ment fuyantes en bas et en dehors ; sourcils longs, peu
fournis, châtains clairs. Yeux assez enfoncés dans l'orbite ;
fentes palpébrales larges, légèrement obliques (type Mongol).
Paupières supérieures hautes, - cils châtains foncés et
de longueur moyenne. Iris marron, pupilles dilatées, la
droite un peu plus grande. Réaction normale à la lumière
et à l'accommodation. Il n'y a ni paralysie, ni nystagmus, ni
exophtalmie, ni strabisme. - Nez court, aplati, légèrement
camus. Lobule assez gros, narines dilatées. - L'odorat
semble exister. - Bouche largement fendue, symétrique.
Lèvre supérieure courte, un peu épaisse. - Lèvre inférieure
mince, légèrement retroussée, un peu fendillée. - Gencives
saines et pâles. Arcade alvéolaire un peu allongée. - Voûte
palatine un peu grande ; voile du palais, piliers symétriques
et mobiles ; luette très courte non déviée ; amygdales très
grosses. - Réflexe pharyngien normal. - Langue large,
étalée. Le goût parait exister. - Menton petit et pointu. -
Oreilles de grandeur moyenne, bien ourlées, à lobule adhé-
rent. Ouïe bonne.
Cou court, circonférence à la partie moyenne : 23. 5. Pas
45 Description DE la malade.
de cicatrices, pas d'adénite cervicale. - Corps thyroïde per-
ceptible à la palpation, mais petit.
Thorax, - Malformations assez marquées : agrandissement
du diamètre antéro-postérieur, sternum projeté en avant,
surtout à la partie inférieure, nodosités chondro-costales;
rachis normal, présentant cependant une très légère scoliose
à concavité droite, portant sur la région dorso-lombaire. -
Courbe des côtes agrandie. Régions mammaires non saillan-
tes, aréole de la grandeur d'une pièce de 0 fr., 50, mamelon
de la grosseur d'une tête d'épingle; le thorax est complète-
ment glabre. Auscultation : quelques râles de bronchite
disséminés. - Au coeur : pointe be espace, un peu en dehors
de la ligne mamelonnaire ; son choc est peu marqué ; à la
pointe; le 1er bruit semble prolongé et le claquement des
sigmoïdes est un peu fort. Pouls normal.
Abdomen un peu saillant; peau fine et simple, sillonnée
de quelques veinules bleuâtres. Ombilic un peu déprimé.
Membres : Hémiplégie du côté droit, peu prononcée.
Les mensurations donnent de ce côté des chiffres un peu
moins élevés (V. p. 5l). Au membre supérieur, la paralysie
porte surtout sur les extenseurs, avec contracture peu mar-
quée des fléchisseurs. L'avant-bras est en flexion sur le bras,
en demi-pronation ; les doigts sont (luiiii-11,1cllis, le pouce dans
la paume de la main. Cette attitude est facile à vaincre et
on place sans peine le membre dans l'extension complète.
Aux membres inférieurs, les différences sont moins accu-
sées. Dans le décubitus dorsal, l'enfant est pelotonnée sur
elle-même, les membres inférieurs fléchis sur le bassin,
mais le membre droit oppose une résistance plus grande
quand on veut le ramener clans l'extension. Le pied droit est
en léger varus équin ; cette attitude se corrige d'ailleurs faci-
lement. Réflexes roluliens un peu exagérés, surtout adroite.
Réflexes plantaires peu marqués. Sensibilité générale
normale.
. Pénil moyennement saillant, glabre ; grandes lèvres assez
épaisses, accolées, un peu érythémateuses ; petites lèvres
courtes, assez développées en hauteur ; capuchon assez grand
et recouvrant complètement un clitoris peu développé.
Tubercule antérieur du vagin assez gros. - Hymen un peu
boursouflé. Fourchette saillante. Région anale normale et
glabre.
L'enfant ne sait pas manger seule et bave ; il n'y a ni
rumination, ni salacité. - Elle ne sait ni s'habiller, ni se
déshabiller, et constamment elle a ses mains aux organes
génitaux.
46 6 Bronchite ; vertiges.
Traitement : Bains salés tous les deux jours. Exercices des
jointures et de la marche; sirop d'iodure de fer. '.
1891. 25 octobre. Depuis quelques jours l'enfant tousse
et n'a point d'appétit : un peu de fièvre. A l'auscultation, on
constate les signes d'une bronchite légère : toux quinteuse,
un peu coqueluchoïde. Râles sonores disséminés dans la
poitrine, avec quelques râles sous-crépitants moyens ; langue
sale avec anorexie. - Traitement : potion calmante ; vomitif.
5 novembre. - Toux toujours quinteuse et l'on se demande
si l'enfant ne va pas avoir la coqueluche ; toujours très peu
d'appétit; pas de modifications dans les signes stéthoscopi-
ques. - 8 nov. - Amélioration notable ; l'état général est
meilleur et l'enfant tousse moins. L'appétit revient.
13 novembre. - Les signes stéthoscopiques disparaissent
et l'enfant va visiblement mieux.
21 novembre. - Revaccination sans résultat.
1892. - L'enfant parait avoir fait de légers progrès, en
ce sens qu'elle semble éprouver un certain plaisir à voir ses
parents; elle est toujours aussi coléreuse et le gâtisme n'a
guère diminué.
1893. 17 janvier. - Balancement et fréquents changements
de coloration de la face, qui, très pâle, devient subitement
d'un rouge vif ? ces phénomènes se présenteraient par accès.
mais Puberté : Seins non développés ; aisselles glabres z
ainsi que les organes génitaux; petites lèvres peu hautes;
capuchon long, recouvrant complètement le clitoris. Hymen
saillant avec orifice central.
li juillet. - L'enfant est sujette il des vertiges, mais n'a pas
encore eu d'accès. Traitement : 2 bains salés; 2 capsules
de bromure de camp lire ; aller jusqu'à 4.
1894. Peu de modification dans l'état de l'enfant. Persis-
tance des vertiges et apparition des accès il la fin de juillet
1893. Même traitement; arrêt de l'hydrothérapie en novembre.
1895. - Même traitement : reprise de l'hydrothérapie en
avril.
Juin. - Puberté : Seins non développés ; corps absolument
glabre ; grandes lèvres assez grosses ; petites lèvres norma-
les ; clitoris complètement recouvert ; région anale normale.
Décembre. Arrêt de l'hydrothérapie. L'enfant présente'
toujours des accès et beaucoup de vertiges, se balance sans-
Cachexie ; rougeole ; mort. 47
cesse, mange beaucoup et, malgré cela, tombe dans un état
de maigreur extrême (voir p. 53).
1896. Juin. - Puberté : Corps glabre, sauf quelques poils
au niveau des bras ; seins non développés; grandes et petites
lèvres normales, e,tc. - Même traitement. Douches.
25 décembre. Arrêt de l'hydrothérapie. L'enfant a tou-
. jours de nombreux vertiges, caractérisés par des change-
ments de coloration de la face avec arrêt plus ou moins long
de la respiration et des accès de plus en plus fréquents
(V. p. 54). -La cachexie progresse.
1897. 5 mars. L'enfant entre à l'isolement le 5 mars pour
la rougeole; éruption très pâle, peu marquée à la face, quel-
ques rares taches sur le thorax. L'enfant est cachectique
et dans un très mauvais état. Escharre à la fesse. T.R. 8°,1 ;
R. 60; pouls filiforme, imperceptible. A l'auscultation, râles
sous-crépitants dans les deux poumons. V. T. 40°. .
6 mars : mort. - T.R. aussitôt après la mort 39°, 2 ; un
quart d'heure après, 38° ; - une heure après, 37° ; - 2 heures
après, 36 ? ? . - six heures après, 32°. - neuf heures après,
8°. - Température de la salle : 10°.
Autopsie, faite 29 heures après la mort. - L'aspect
extérieur du corps dénote une cachexie très prononcée ;
toutesles saillies osseuses sont visibles et palpables à travers
la peau; cette dernière est d'un blanc mat avec plaques
violacées au niveau des fosses iliaques et rouge foncé
au niveau des fesses.
Tête. - Cuir chevelu très amaigri, un peu ecchymotique
en avant. - Les os du crâne sont minces et peu durs.
Il existe une légère dépression de l'os frontal droit ; le pariétal
correspondant est notablement aplati dans sa moitié anté-
rieure ; l'occipital du même côté est également déprimé; le
droit est plus convexe. L'occipital est plus proéminent à
droite qu'à gauche et s'imbrique'par dessus les bords posté-
rieurs des pariétaux. - Grandes plaques transparentes au
niveau de l'angle antéro-supérieur du pariétal gauche(l). Tou-
tes les sutures sont très dentelées. - La (I1H'e-mè1'e n'offre rien
de particulier ; adhérences de la pointe des lobes temporaux
avec la dure-mère de la base. Entre la dure-mère et le
(1) Ce qui explique la dépression notée dans l'état actuel de l'enfant (p. 44).
48 -11ÉNINC.0-rNCÉPHALITr,.
cerveau, il existe uu vide considérable. - Le liquide cé-
phalo-rachidien se trouve en quantité ordinaire.
La pie-mère présente une fine vascularisation. Les nerfs
optiques et olfactifs paraissent égaux, mais la bandelette
optique gauche est d'environ un quart moins large que la
droite ; le tubercule mamillaire gauche est notablement plus
petit que le droit ; il en est de même pour le pédoncule cérébral
gauche, qui a une coloration grise sur son bord interne et à
sa partie moyenne; la moitié gauche de la protubérance est
déprimée, tandis que la droite est bombée ; la pyramide an-
térieure gauche est réduite à une petite bandelette grise tout
à fait en retrait.
. Cerveau. Ce qui frappe tout d'abord c'est le volume beau-
coup plus considérable de l'hémisphère droit (477 gr.) qui est
presque le double de celui de l'hémisphère gauche (250 gr.),
lequel est beaucoup plus mince et beaucoup plus court.
Hémisphère droit. - Face externe. La scissure de Sylvius
est un peu anormalement ouverte. On prévoit qu'il doit y
avoir là un début des lésions que nous allons trouver très
intenses sur l'hémisphère gauche.
Lobe frontal. - Les quatre circonvolutions frontales sont
normalement développées, mais la séparation entre les pre-
mière, deuxième et troisième frontales n'est pas nette, des
plis de passage unissent largement ces trois circonvolutions.
Au contraire, la frontale ascendante est nettement séparée,
des précédentes par le sillon prérolandiclue. Mais ce que l'on
constate sur ce lobe frontal, c'est surtout l'absence, en de
nombreux points, de l'écorce grise et d'une partie de la subs-
tance blanche, perte de substance qui est due à la méningo-
encéphalite existant en ces points et par suite de laquelle la
pie-mère a entraîné avec elle la substance sous-jacente.
Les points particulièrement lésés sont le bord supérieur de
la F', les parties postérieure et moyenne de la F2, la partie
moyenne de la 1 ? et le tiers supérieur de la frontale ascen-
dante (F.A). Le sillon de Rolando est nettement marqué. A
l'union de la frontale et de la pariétale ascendantes, en
haut et en bas, on constate les lésions de la méningo-encé-
phalite.
Lobe pariétal. - Le sillon inter-pariétal est normal. Sur la
pariétale ascendante, sur le tiers inférieur de la pariétale
supérieure, sur les deux tiers inférieurs de la pariétale infé-
rieure, ainsi que sur le lobule du pli courbe, lésions pronon-
cées de méningo-encéphalite. Ce dernier contrairement à
Foyer ancien ; pseudo-porencéphalie. si 1
l'état normal ne s'insère pas sur l'union de la pariétale infé-
rieure et de la temporale supérieure, de telle sorte qu'en
suivant avec le doigt ou une pince, la scissure parallèle du
lobe temporal, on n'est pas arrêté par l'insertion du lobule.
Lobe occipital. - Rien de bien intéressant. La scissure
perpendiculaire externe n'existe pas et des plis de passage
vont du lobe pariétal et du lobe temporal jusque dans le lobe
occipital. Lésions méningitiques très limitées.
Lobe temporal. - Rien à noter si ce n'est les lésions de
méningo-encéphalite sur toute la temporale supérieure et
sur la partie postérieure des T2 et T3. Le lobule de l'insula
parait absolument sain.
Face interne. - Au point de vue de la constitution anato-
mique, elle ne présente point d'anomalies; on y retrouve faci-
lement la circonvolution frontale interne avec ses incisures,
le lobule paracentral, le lobule quadrilatère et le coin. Tou-
tes ces circonvolutions, surtout au bord supérieur de l'hé-
misphère, sont atteintes de méningo-encéphalite. - La cir-
convolution du corps calleux est altérée dans sa partie
moyenne. - Le ventricule latéral est normal ainsi que ses
parois constituantes : corps calleux, noyau caudé, couche
optique.
Face inférieure. La scissure de Sylvius est large et
profonde. Toutes les circonvolutions de cette face inférieure
sont normales avec lésions de méningo-encéphalite sur la
partie moyenne du lobe lemporo-occipilal. Le pli de passage
temporo-limbique existe.
Hémisphère gauche. - Répétons d'abord que cet hémi-
sphère est de volume moitié moindre que celui de l'hémi-
sphère droit, que cette diminution de volume atteint toutes
les dimensions et qu'elle se traduit par une différence de
poids de 222 gr.
Face externe. - Ce que l'on constate à première vue sur
cette face, c'est une cavité large et profonde, d'environ six
centimètres de longueur occupant la région péri-sylvienne
et n'étant pour ainsi dire qu'un élargissement de la scissure
de Sylvius. Mais si l'on examine de plus près, on constate
qu'en réalité cette cavité a pris la place des circonvolution*
qui normalement occupent cette région. Ainsi, dans le lobe
frontal, la moitié postérieure de la troisième circonvolution
frontale n'existe pas. Toute la première circonvolution tem-
porale est absente ainsi que le lobule du pli courbe. Enfin
tout le lobule de l'insula fait défaut. C'est donc bien une
Bourneville. Bicêtre, 1897. 4
50 PSDUDO-POIIDNC1 : PI-IALI1; ET W : ;NINGO-ENCI : ;PHALITE,
cavité qui existe là, à la place des circonvolutions susnom-
mées. Si nous ouvrons cette cavité, ce qui est facile, nous y
apercevons la pie-mère qui en tapisse le fond, parcourue par
des vaisseaux bleuâtres. Cette pie-mère n'est autre que la
pie-mère externe s'accolant avec la pie-mère cérébrale, de la
paroi externe du ventricule latéral. Une incision de cette dou-
ble membrane nous mène, en effet, dans le ventricule latéral.
En conséquence, la cavité de la face externe et la cavité du
ventricule latéral sont adjacentes, séparées par deux feuil-
lets, l'un externe, visible sur la face externe du cerveau, la
pic-mère externe, l'autre interne, visible dans la cavité ven-
triculaire, c'est la pie-mère interne. Il y a donc ainsi dispa-
rition de toute cette région cérébrale qui correspond iL l'in-
sula : capsule interne, noyau lenticulaire, capsule externe et
avant-mur. Si l'on regarde par le ventricule, on constate une
atrophie considérable de la couche optique et du noyau
caudê. A part cette lésion, la face externe du cerveau ne
présente rien de particulier si ne n'est la méningo-encépha-
lite qui atteint la deuxième circonvolution frontale, presque
tout le lobe pariétal et le lobe occipital et de plus une atro-
phie de toutes les circonvolutions (Planche I).
Sur la face interne rien à noter. Lésions de méningo-
encéphalite sur la moitié antérieure de la circonvolution du
corps calleux et sur le lobule quadrilatère. Les circonvolutions
et les scissures s'y montrent avec leur caractères habituels.
Les plis de passage cunéo-limbique et temporo-limbique
existent normalement. t.
Face inférieure. Rien à signaler sauf quelques points
de méningo-encéphalite disséminés sur le lobe temporo-
occipital et sur le bord interne du lobe orbitaire.
Le cervelet n'offre aucune anomalie soit dans ses circon-
volutions, soit dans ses sillons. .
Cou. - Corps thyroïde, petit et normal comme forme; la
pyramide de Lalouette se détache du lobe médian. Thymus.
remplacé par du tissu cellulaire assez abondant.
Thorax. - CoelU', noyé dans une quantité assez grande de
liquide péricardique ; il a une coloration pâle et il est mou. Il
n'existe aucune anomalie dans les cavités cardiaques, ni
dans les grands vaisseaux, si ce n'est la persistance du trou
de Dotal. - Poumons : quelques adhérences au niveau du
sommet droit, assez solides pour obliger de déchirer le tissu
pulmonaire ; le poumon gauche a son aspect normal ; à la
Membres supérieurs.
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Tableau des mensurations de la tête, du poids et de la taille.
PSEUDO-PORENCËPHALIE ET MÊNINGO-ENCÉPHALITE. 53
coupe, on constate, dans la base seulement, une partie plus
dure que le reste, ayant un aspect brunâtre et ne crépitant
plus. (Hëmorrhagie parenchymateuse probable). -Dans tout
le reste du poumon, aspect et crépité normaux. - Le pou-
mon droit n'a que deux lobes ; la scissure oblique n'est qu'é-
bauchée et a un cent. de longueur ; le sommet des deux lobes
est dur et présente de l'infiltration tuberculeuse sur une hau-
teur de 2 à 3 cm. A la coupe, il se produit un écoulement
de sang épais, et c'est en ce point qu'existaient les adhé-
rences précédemment décrites.
54 .. Examen microscopique.
Rein droit, gros; sa capsule est blanchâtre ; le hile est éga-
lement très peu marqué, la coupe est normale.
Pseudo-porencéphalie et méningo-encéphalite. 55
droit (cas de Charcot, Flechsig, Pitres, etc.). A ce sujet, deux
constatations sont absolument convaincantes : d'abord, le
faisceau pyramidal croisé gauche, a un volume ordinaire non
supérieur à la normale, puis l'agénésie s'aecompagne d'une
légère sclérose conjonctivô-névroglique, suffisante à elle
seule, pour démontrer qu'il s'agit bien d'un processus ancien
pathologique, et non pas d'un simple vice de développe-
ment. .
RÉFLEXIONS. I. Nous devons relever chez le père
des excès de boisson, des attaques de nerfs, des accès
de fièvre intermittente, qui existaient lorsque l'enfant
a été conçue ; - du côté maternel, le grand-père est
atteint de ramollissement cérébral, un grand-oncle
est mort paralysé, une grand'tante serait morte alié-
née. Peut-être l'hérédité est-elle plus chargée car
nos renseignements sur les deux familles sont
incomplets.
II. Dans les antécédents personnels de l'enfant,
nous avons à noter la conception alors que le père
était sous l'influence de l'impaludisme et commettait
encore de fréquents excès de boisson ; une vive
frayeur de la mère au quatrième mois de la gros-
sesse ; - la disparition des mouvements, la faiblesse
des bruits cardiaques de l'enfant; sa naissance avant
terme et en état prononcé d'asphyxie ; enfin des
convulsions dites internes à trois mois et demi.
'Toutes les causes que nous venons d'énumérer
nous paraissent suffisantes' pour démontrer la congé-
nialité de la lésion qui a abouti à la production du
pseuclo-13.ste ou de la pseudo-porencéphalie de l'hé-
misphère cérébral gauche, dont nous avons tracé la
description. Les convulsions internes survenues à
t'roi's mois et demi en sont, à notre avis, la conséquence
et non l'origine.
IV. C'est à cette lésion que se rattachent l')témi-.
56 PS)JUDo-POItçNCF3PHALIE ET \IR\INGO-ENCi3PHALIT.
plégie du côté droit et les dégénérations secondaires
intéressant la bandelette optique, le tubercule mamil-
laire, le pédoncule cérébral, la pyramide antérieure
du côté gauche, la diminution de la moitié correspon-
dante de la protubérance, l'arrêt de développement
de tout l'hémisphère cérébral gauche, se traduisant
par une infériorité de poids de 222 gr., enfin l'agénésie
du faisceau pyramidal droit.
V. A quelle époque est apparue la méningo-encé-
phalite, nous l'ignorons. Elle était plus étendue à
droite qu'à gauche. Les crises de colère, les troubles
vaso-moteurs, les vertiges puis les accès épileptiques,
qui sont devenus rapidement de plus en plus fré-
quents, nous semhlent relever de ces lésions bien
plutôt que de la pseudo-porencéphalie. C'est à elles
surtout qu'il faut attribuer l'insuccès du traitement
mécLico-péclagoyiq7.ce.
La coexistence, clans ce cas, d'une lésion congénitale
en foyer avec hémiplégie compliquée de pied bot
varus équin et d'une méningo-encéphalite montrent
combien un diagnostic anatomo-pathologique précis
est parfois difficile chez les enfants atteints d'idiotie.
ORS. II. - Idiotie symptomatique de pseudo-porencéphalie double
ou bilatérale ; - cachexie progressive.
SOMIfAIIiE. - Antécédents héréditaires et personnels incon-
nus. - Enfant chétive. - Idiotie avec turbulence ;
balancement; gâtisme. - Cachexie progressive avec
escharres au sacrum ; mort.
AUTOPSIE. - Pseudo-hyste du lobe temporal gauche et droit
avec atrophie du lobe occipital gauche et du lobe frontal
droit. - Atrophie il gauche du nerf optique, de la bande-
lette optique, du tubercule mamillaire, du pédoncule céré-
bral, de la pyramide bulbaire.
Voisen... (Denise), née le 9 juillet 1895, est entrée à Bicê-
tre (service deM. Bourneville), le 16 janvier 1897.
ABSENCE DE renseignements. 57
Antécédents.- L'enfant vient de l'hospice des Enfants-Assis-
tés, aussi n'avons-nous absolument aucun renseignement
sur sa famille et ses antécédents personnels.- Voici, à titre de
spécimen de nos procédés d'observation le tableau de la
température de l'enfant durant les cinq premiers jours de
l'admission. L'enfant est arrivée dans un grand état d'affai-
blissement et en hypothermie.
Températwes à l'entrée.
58 Description de la malade ; cachexie.
sternales. - Circonférence sous les aisselles, 47 cm. Rien
aux poumons ni au coeur.
Abdomen cylindrique, se continuant avec le thorax par une
transition insensible. Circonférence au niveau de l'ombilic, 40
cm. Il existe une petite hernie ombilicale, grosse commet.
le petit doigt et réductible. Région anale peu excavée, avec*
plis très prononcés. '
Organes génitaux : grandes lèvres flasques, capuchon très
développé. - L'enfant est partout glabre.
Membres supérieurs : grêles ; mains grandes, doigts carrés,;
ongles convexes dans le sens transversal. - L'enfant ne réa-t
git guère lorsqu'on la pince. :
Membres inférieurs très maigre, peau flasque ; orteils !
volumineux. - Recherche des réflexes rotuliens impossible-
La malade ne parle pas, crie beaucoup, grince des dents, se
balance en avant et en arrière. - Elle ne sait pas manger
seule et ne mâche pas ses aliments; elle est gâteuse; elle
porte souvent ses mains aux organes génitaux.
Traitement : Bains salés. Sirop de fer. Huile de foie de
morue. Glycéro-phosplate de chaux.
Durant un mois, l'enfant ne présente d'autre symptôme que
son dépérissement qui fait de rapides progrès. '
26 février. - L'enfant qui tousse depuis la veille, paraît
très abattue, et a de la diarrhée. T. R. 37", 8.
2 mars. - Etat véritablement squelettiquc. Vois... est
recroquevillée dans son lit. - La diarrhée a persisté. T. R.
40°. - Traitement : Bains chauds; acide lactique; lait.
3 mars. La cachexie progresse. Eschares de chaque côté
du sacrum et à la partie postérieure de la cuisse droite. Un
peu de rigidité des genoux, qui sont portés en dedans; cuisses
à demi-fléchies, dans l'adduction. Pied bot varus. T. IL.
3Sa, 8. - Sur le corps on trouve plusieurs petites plaies que
l'enfant s'est faites avec ses mains. - Mort le 5 mars.
Température après décès :
Pseudo-porencéphalie double. 59
Autopsie faite 36 heures après la mort.
Tête. -- Le cuir chevelu est très maigre et très pale. Les
os du crâne sont très minces, peu durs et offrent de nom-
breuses plaques transparentes. Légère plagiocéphalie : fron-
tal gauche déprimé, occipital gauche saillant; la moitié
gauche de la voûte est sensiblement moins volumineuse que
la droite, ce qui tient à ce que la bosse frontale gauche est' 1
bien moins saillante que la droite. Toutes les sutures per-
sistent. Imbrication externe de l'occipital.- La glande pitui-
faire une couleur rouge vermillon; elle est allongée transver-
salement, et a les dimensions d'un petit haricot aplati. - Les
différentes parties de la base du crans paraissent symétri-
ques. - Le liquide céphalo-rachidien est en quantité ordi-
naire. .
La pie-mère est un peu vasculariséc sur la moitié pos-
térieure de la face convexe droite. - A l'ouverture de la
dure-mère, on trouve une large plaque jaune, occupant le
lobe temporal droit et les parties voisines de la lèvre supé-
rieure de la scissure de Sylvius. - On constate aussi une
dépression profonde, en forme d'encoche, sur la partie corres-
pondante du côté gauche, enfin une atrophie considérable
du lobe occipital gauche et du lobe frontal droit.
Les artères de la base sont symétriques.- L'espace perforé,
antérieur droit, en avant de la bandelette optique correspon-
dante, est tout à fait déprimé, tandis que l'autre est con-
vexe. - Les nerfs optiques et les bandelettes optiques sont
maigres et paraissent atrophiés iL un degré inégal, plus à
gauche. Il en est de même des tubercules mamillaires. A
gauche encore, le pédoncule cérébral est manifestement plus
petit que du côté opposé. Enfin la même diminution de.
volame évidente existe, à gauche toujours, pour la prote-
bérance et la pyramide bulbaire. Les olives paraissent
égales.
Cerveau. - En juxtaposant les deux hémisphères commet
à l'état normal, on constate une asymétrie très marquée,
qui est due à des irrégularités portant .sur les deux hémis-
phères. ...
C'est d'abord une atrophie du lobe frontal droit, dont la
longueur et l'épaisseur sont nettement dépassées par celles
du lobe fronlal gauche. En suivant le bord supérieur des hé-
misphères, on constate que vers la partie moyenne celui de
l'hémisphère gauche se dévie en dehors, ouvrant ainsi large-
ment la scissure interhémisphérique; plus en arrière, les
deux bords supérieurs divergent tous deux en dehors, mais
60 PSEUDO-FOnEKCKPHALIE double.
le droit, beaucoup plus que le gauche, de telle sorte que le
bord supérieur de l'hémisphère droit est fortement convexe
en dedans. - Les autres irrégularités ou anomalies seront
décrites avec chaque hémisphère.
Hémisphère droit : Face externe. - Les circonvolutions du
lobe frontal sont à peu près normales. Les sillons de sépara-
tion sont interrompus par des plis de passage, réunissant la
première frontale il la deuxième et la deuxième à la troisième
et la partie moyenne de la deuxième frontale. Sur une surface
d'un centimètre l'écorce grise a été enlevée par des adhé-
rences. Le sillon prérolandique n'est qu'ébauché et des plis
de passage réunissent la frontale ascendante à la première
et à la deuxième frontale. La zone psychomotrice ne présente
rien d'anormal.
Tout le lobe temporal (et c'est là la lésion essentiellement im-
portante de notre observation) a un aspect jaunâtre, est pro-
fondément déprimé et donne à la palpation une sensation
de mollesse particulière. Il y à là nettement une destruction
de la substance cérébrale (PL. II, Fo). Le lobule du pli courbe
présente le même aspect et la même consistance. Il en est de
même de la lèvre antérieure de la scissure de Sylvius. Ce
pseudo-Iiyste est complètement fermé et il n'y a pas trace de
communication avec le ventricule. Le reste du lobe pariétal
est normal. Les circonvolutions du lobe occipital sont nota-
blement atrophiées, LO.
Face interne. - Elle n'offre rien de particulier, on y trouve
avec leurs caractères normaux : la circonvolution frontale
interne, la circonvolution du corps calleux, le lobule para-
central, le lobe quadrilatère et le lobe occipital, ce der-
nier cependant atrophié. -Le ventricule latéral ne présente
rien d'anormal.
Face inférieure. - Les circonvolutions du lobe orbitaire
sont normales. Au contraire, dans le lobe temporo-occipital,
la moitié antérieure présente exactement les mêmes lésions
que nous avons constatées sur la face externe, d'ailleurs elles
se continuent avec ces dernières.
En résumé, destruction avec formation de pseudo-iayste, de
tout le lobe temporal de la face externe, et de la moitié anté-
rieure du lobe temporo-occipital de la face inférieure. - On
se souvient qu'à ces lésions correspond une atrophie marquée,
des tubercules mamillaires, du nerf et de la bandelette opti-
ques, de la protubérance et de la pyramide bulbaire.
Autopsie, lésions pulmonaires, etc. 61
Hémisphère gauche : Face externe. - Lobe frontal plus
volumineux que du côté opposé. Circonvolutions frontales
normales, réunies par des plis de passage. Le sillon préro-
landique est encore très incomplètement formé. - Les lobes
pariétal et occipital n'ont rien de particulier; ce dernier est
cependant atrophié. Ce que nous trouvons surtout sur cette
face externe, c'est dans une région absolument symétrique à
celle du côté droit, cet aspect jaunâtre, cette sensation de
mollesse, en un mot un pseudo-liyste de toute la région tem-
porale, y compris la région du pli courbe. (PL. III, Fo).
Face interne : rien de particulier à noter.
Face inférieure. - Nous trouvons là, comme du côté droit,
sur la moitié antérieure du lobe temporo-occipital, les mêmes
lésions que nous avons signalées sur la face oxterne, elles
paraissent même un peu plus étendues que du côté droit.
Nous avons donc, sur l'homsphëre gauche, une lésion sem-
blable à celle de l'hémisphère droit et symétriquement placée.
Cervelet. - Normal avec deux hémisphères symétriques,
cependant le droit est un pen plus épais, le gauche un peu
plus large. Les principales scissures sont normales et symé-
triques des deux côtés. '
Cou. - Corps thyroïde : les deux lobes sont égaux. L'is-
thme est très peu développé. - Thymus assez bien con-
servé, ayant la forme d'une languette triangulaire.
Thorax. - Ca'.L17· petit ; les oreillettes sont gorgées de cail-
lots fibrineux et cruoridues ; tous les orifices sont normaux,
le feuillet pariétal du péricarde est très mince; il existe très
peu de liquide dans le péricarde. Le trou de Bocal est obli-
téré. - Poumon gauche : très pâle, sauf à la base qui est le
siège d'une congestion intense et qui plonge au fond de l'eau.
- Poumon droit : tout le lobe inférieur et les parties posté-
rieures des lobes moyen et supérieur sont splénisées; en
avant, au contraire, ce poumon est pâle, anémié.
Abdomen, - Estomac petit, comme revenu sur lui-même.
Intestin grêle, est de même vide et rétracté. Mésentère :
injecté, présentant des ganglions engorgés. Gros intestin :
contient peu de gaz; le colon transverse est vide et rétracté.
- Le cæcum contient des matières demi-liquides. L'appen-
dice est normal, en position supérieure. Pas de corps étran-
gers ni de vers. - Foie normal, cependant un peu dur. La
vésicule biliaire contient de la bile mais pas de calculs. -Rein
62 Examen microscopique.
gauche : petit, présentant les traces de la lobulation. Décor-
tication facile. - Rein droit : mêmes caractères. - Cap-
sules surrénales, normales. - Rate, petite et dure. Pancréas
normal. - Vessie : parois épaisses, elle contient de l'urine
louche, mais pas de calculs. - L'utérus est petit, et normal
ainsi que les ovaires.
Examen microscopique par le Dr Philippe. - Le bulbe et la
moelle ont été examinés après les mêmes colorations qui
ont été employées dans l'observation précédente (V. p. 54). Les
deux faisceaux pyramidaux nous ont paru intacts, à tous les
niveaux, sans sclérose ni agénésie, ce qui est en rapport avec
le siège des lésions.
Mensurations de la tête.
Porencéphalie vraie ; idiotie. 63
les suivant constamment. Sur ce livret devraient être
mentionnées toutes les maladies qu'a eues l'enfant,
surtout les maladies infectieuses, les accidents scro-
fuleux et les convulsions ou autres manifestations
nerveuses graves.
II. De môme que dans nombre de cas analogues,
il est probable que, chez Vois..., les lésions relevées
à l'autopsie sont congénitales. La gravité est telle
qu'on pourrait s'étonner que la malade ait survécu si
l'on ne savait, d'après la remarque judicieuse de Cru-
veilhier, que « chez le foetus, ces lésions peuvent être
portées, sans occasionner la mort, à un degré d'in-
tensité beaucoup plus considérable qu'après la nais-
sance (1). » Ainsi qu'il arrive fréquemment, en
semblable occurence, les lésions sont cloubles et
symétriques. (Voir p. 70, 71, etc.)
Ons. III. - Idiotie congénitale complète symptomatique de poren-
céphalie vraie. '
SOMMAIRE. Père, hydrocéphale à la naissance, céphalal-
gies fréquentes jusqu'à 12 ans, excès de boisson, caractère
emporté, se déchire les ongles. - Grand-père paternel, excès
de boisson. - Grand'mère paternelle, strabisme intermit-
tent. - Gémellarité. - Tante paternelle, convulsions de
l'enfance, hystérique, déséquilibrée.
Mère, migraineuse; - Grand-père maternel, nombreux excès
de boisson. - Grand'mère maternelle, morte probablement
de tuberculose pulmonaire. - Arrière-grand-père mater-
nel, sujet à des crises probablement congestives.
Chute avec frayeur au 5" mois de la grossesse avec idées
noires. '-Accouchement à sept mois. -Aucun cri pendant
deux mois, - Accès de colère à partir de neuf mois. - A
huit mois convulsions internes. - Mouvements spasmodi-
ques au réveil. - Première, dent à 16 mois. - Dentition
(1) Loc. cit., t. III, p. 162. ,
64 Antécédents héréditaires. ,
complèteà3ans. - Parole, marche, nulles. z gâtisme
Accès de colère auec cognements de tête. - Paralysie
incomplète du côté gauche. 131'071C110-1771eLL717071Le; mort.
AUTOPSIE. - Porencéphalie vraie de l'hémisphère droit :
description du porus et des circonvolutions. - 13roncho-
pneumonie.
Ayb.... (Marie Jeanne), âgée de 4 ans, est entrée à la Fon-
dation Vallée le 28 mars 1895.
Antécédents (Renseignements fournis par sa mère). - Père,
37 ans, typographe, a une tête énorme, de 61 centimètres de
circonférence; le médecin, à sa naissance, aurait dit qu'il
était atteint d'hydrocéphalie ; pas de migraines ; il aurait eu
des fortes douleurs de tête jusqu'à l'âge de 12 ans ; elles
auraient disparu dans la suite ; fume peu ; buvait beaucoup
avant le mariage, mais supportait bien la boisson ; boit moins
depuis, une absinthe par jour et d'ailleurs la tolère très mal ;
caractère nerveux, emporté, se déchirant les ongles quand
il ne sait que faire. - [Père, aurait contracté la syphilis,
après la naissance de son fils, très coureur, P.'Vcès de bois-
son; sa femme s'est séparée de lui. - Mère, strabisme
intermittent. - Deux sccLLrs et deux frères jumeaux qui ont
vécu 48 heures (1). Des deux soeurs, l'une est morte à 2 ans;
l'autre à 31 ans; cette dernière aurait été atteinte d'hystérie,
sans grande crise et « aurait eu le cerveau un peu fêlé. » Dans
son enfance, on note une seule fois des convulsions très
fortes. Après avoir fait 10 fausses couches, elle aurait eu un
enfant sur lequel on manque absolument de renseignements.
Un cousin germain est sourd-muet et intelligent. Pas d'au-
tres sourds-muets.]
Mère, 24 ans, sujette aux migraines, depuis l'âge de 8 ans ;
très nerveuse, très impressionnable, mais point d'attaques.
- [Père, mort à 40 ans d'excès de boisson, après plusieurs
années de maladie ; pas d'attaques de delirium tremens. -
Mère, morte à 25 ans, après trois ans de maladie ; tuberculose
probable. -Grand-père paternel a été pris de crises nerveu-
ses vers 65 ans, à la suite d'un chagrin de famille, occasionné
par une de ses filles qui faisait des excès de boisson ; il mourut
d'une crise, à l'âge de 81 ans. - Grand'mère paternelle, morte
jeune. -Grands-parents maternels, peu connus. Nombreux
(1) Pas d'autres jumeaux dans la famille.
Description D1 la malade. 65
oncles et tantes, habitant la campagne, mais dont aucun n'a
eu d'attaques. - Dans le reste de la famille, on ne découvre
aucune tare nerveuse.]
Pas de consanguinité ; inégalité d'âge de 10 ans.
Deux enfants et une fausse couche : 1° une fille, morte à
l'âge de 6 mois, du carreau ; pas de convulsions ; 2° notre
malade, et, il y a 2 ans, une fausse couche de 6 mois, par
rupture de la poche des eaux dans un effort (I).
Notre malade. - Au moment de la conception, la mère était
malade, très fatiguée et très affectée par la mort d'une per-
sonne de sa famille ; le père était sans travail; toutes ces
causes réunies permettent de supposer que la conception a
dû se faire dans d'assez mauvaises conditions. - Au 5° mois
de la grossesse la mère fit une chute dans un escalier ; elle
en fut quitte pour une grande frayeur, mais, à partir de ce
moment, elle perdit journellement quelques gouttes de sang
jusqu'à l'accouchement; elle eut souvent des idées noires,
s'ennuyant et pleurant sans motif.
L'enfant est née avant terme, à sept mois, très chétive. -
L'accouchement se fit rapidement par le sommet et la mère
perdit très peu de liquide amniotique. - On garda l'enfant
dans un enveloppement ouaté pendant deux mois. Durant ce
laps de temps l'enfant ne poussa pas un seul cri ; mais à partir
du neuvième mois (de la conception), si l'on ne la portait point,
elle se mettait en colère, devenant toute bleue et se mordant
les mains avec les gencives. - A 8 mois, convulsions internes
pendant 5 minutes : « étant à table elle se leva toute droite,
riant comme une grande personne. » A dater de là, toutes
les fois qu'elle se réveillait, le jour comme la nuit, elle était
prise de mouvements spasmodiques, avec secousses des yeux
et de la tête.
Première dent à 14 mois; dentition complète à 3 ans ; z'a
jamais marché, ni parlé, a toujours été gâteuse, souillant
tous les objets à sa portée. - Pas de maladie infectieuse;
pas de manifestations scrofuleuses. - Très entêtée, elle avait
la manie de se cogner la tête contre les meubles ou contre
le sol, quand on la contrariait. Dès de 8 mois, la mère
s'est aperçue de la faiblesse intellectuelle de son enfant.
Elle ne sait à quelle cause attribuer sa maladie. A l'âge d'un
an, quand l'enfant voulait uriner, elle avait un petit sursaut
qu'elle aurait conservé jusqu'à son entrée à la Fondation.
(1) Depuis que ces renseignements ont été donnés, il est né une fille, âgée
de 4 mois et demi et qui est bien venante (13 janvier 1896).
Bourneville, Bicêtre, 1897. 5
66 Angine pultacée ; broncho-pneumonie. ? État ai3"tuel. ? ... Etat général satisfaisant, peau fine, pigmen-
tée. Cheveux noirs, assez abondants et bien implantés; tour-
billon porté à droite; pas d'épis; les cheveux recouvrent une
partie du front et de la région temporale. Crâne symétrique,
bosses frontales et pariétales peu développées ; par contre le
sommet de la tête fait une saillie en pain de sucre. - Visage
arrondi, arcades sourcilières peu marquées, avec sourcils fins
et réguliers; les yeux sont grands, les paupières souples, les
cils abondants et longs ; un peu de blépharite, pas d'autre affec-
tion oculaire. La pupille réagit normalement à la lumière et
à l'accommodation. L'examen fonctionnel ne donne rien de pré-
cis. - Ne ? droit, bouche petite, lèvre supérieure épaisse à sa
partie médiane, la lèvre inférieure jusqu'aux commissures ;
menton arrondi. - Oreilles assez grandes, bien ourlées, avec
lobule détaché. - Dentition bonne; voûte palatine peu
' éxcavée.
. Thorax et abdomen, rien à signaler; pas de déviation de
la colonne vertébrale. Rien à l'auscultation.
. Membres SU]Jé1'iew's bien développés, ne présentant rien
d'anormal ; cependant l'enfant paraît avoir moins de force dans ç
le membre gauche. Motilité intacte dans tous les' sens ; les
réflexes sont conservés ; l'enfant ne se ronge pas les ongles,
niais suce toujours son pouce.
Membres inférieurs bien développés, le côté gauche paraît
très légèrement plus petit que le droit. L'enfant ne peut pas
se tenir sur ses jambes sans soutien. Rien aux articulations.
Motilité normale.
Grandes lèvres épaisses, petites lèvres peu développées ; ;.
orifice hyménéal, petit, circulaire ; région anale normale; tou-
tes ces régions sont glabres.
Mensurations de la tête.
BlIONCHO-PNI : UMONIE ; mort. 67
au tact, à la douleur et à la température. L'intelligence
parait nulle, l'enfant est gâteuse.
Au point de vue de la parole, l'enfant ne prononce que les
mots « papa, maman ». Elle ne sait se servir d'aucun objet,
met les mains clans son assiette et jette la nourriture à terre;
la mastication est mauvaise; elle boit avec avidité. - L'odo-
rat et le goût existent; la musique paraît impressionner
agréablement son oreille.
1896. - L'état de la malade a fait peu de progrès ; elle reste
toujours gâteuse et n'acquiert pas plus de force dans les
membres inférieurs, elle continue à marcher avec le charriot.
4 jan.ute ? \ L'onfantentreâ l'infirmerie ; sesamygdalessont
un peu rouges et enflées, produisant une gène de la dégluti-
tion ; la température est de 3-duo,8. - Badigeonnages de la gorge
et vomitif.
5 janvier. - L'enfant est plus abattue que la veille, T. R.
39°, 2. Soif intense et gêne de la respiration ; pas de sommeil.
G janvier. - La malade s'affaiblit de plus en plus. T. R.
39°, 5. Les amygdales sont recouvertes d'un enduit pultacé ;
il y a un peu d'engorgement ganglionnaire sous-maxillaire.
L'auscultation dénote quelques râles ronflants dans le pou-
mon droit. T. ti. du soir, 40°. - Traitement : Badigeonnages
do la gorge, injections nasales, ventouses, sirop de Tolu.
7 janvier. - Etat stationnaire, la température a un peu
baissé; elle est de 38°, 5 le matin, de 39°, 1 le soir.
8, 9 et 10 janvier. - l'as de modification appréciable.
1 1 janvier. - L'enfant est très oppressée, T. R. 40°. - La
percussion ne dénote qu'un peu de submatité à la base gau-
clic; à l'auscultation on ne trouve pas le moindre foyer de
râles, ni de souffle. Le murmure vésiculaire est un peu faible,
masqué parla propagation des bruits laryngés. La brusquerie
du début, la marche de la température, les résultats négatifs
de la percussion et de l'auscultation permettent de penser à
une pneumonie centrale. Traitement : Bains sinapisés et
enveloppements humides ; tord. Antisepsie de la bouche,
traitement de l'amygdalite.
14 janvier. A gauche, souille et râles, rien à droite ; la
respiration est de plus en plus gênée ; l'enfant tousse beau-
coup.
15 janvier. - Des signes physiques analogues à ceux qui
avaient fait leur apparition à gauche, se dessinent nettement
à droite ; on constate maintenant du souffle et des râles dans
les deux côtés ; l'on assiste à l'évolution d'une broncho-
pneumonie. En même temps les signes d'infection générale
68 PORENCËPHALIE vraie.
sont très accusés ; de l'oedème des membres inférieurs gau-
ches se produit; 24 heures avant le décès, apparition d'une
escharre sacrée. - Mort, le 17 janvier, aune heure et demie
du soir. A ce moment T. H. 39°. 1/4 d'heure après, 3S°. - Deux
heures après, 36°. - Quatre heures après, 30°. - Six heures
après, 24°. - Huit heures après, 20°...... - T. de la chambre,
20°. - Poids après la mort : 11 kilog. 500,
Autopsie : faite 34 heures après la mort. - Thorax. - Pou-
mon droit, emphysème et légère congestion des deux lobes
supérieurs; foyer de bJ'Ollc/w-pnelLJ110nie occupant le lobe
inférieur. - Poumon gauche, congestion du lobe supérieur;
emphysème du lobe inférieur ; dans ce lobe congestion très
marquée et quelques foyers de broncho-pneumonie. Coeur :
rien dans le péricarde; - le ventricule gauche est normal,
sans'caillots, pas d'endocardite ; le ventricule droit renferme
quelques caillots ; les valvules sont toutes saines.
Abdomen. - Reins, se décortiquent facilement ; ils ont une
coloration rosée à la coupe, qui ne donne rien d'anormal. -
Rate, rien de particulier à la coupe. - Foie, présente des
traces de dégénérescence graisseuse. Vésicule biliaire saine,
ni vers ni corps étrangers dans les intestins.
Tête. - Calotte mince sur les deux moitiés (2 à 2 5 5 au
plus), avec de très nombreuses plaques transparentes. Légère
plagiocéphalie : aplatissement du frontal gauche et de l'occi-
pital droit. Toutes les sutures persistent et sont moyenne-
ment dentelées. Il y a deux os wormiens sur la suture
pariéto-occipitale droite; base symétrique, trou occipital un
peu rétréci.
On constate, d'une façon générale, une vascularisation assez
prononcée de la pie-mère, sur tout l'encéphale, un peu plus
marquée à droite. - Le cervelet et la protubérance sont
diminués de consistance.
Cerveau, - Hémisphère droit. Cet hémisphère est beau-
coup plus petit et plus mince qu'à l'état normal. Le diamètre
antéro-postérieur est de 16 centimètres; le diamètre vertical
de 10 centimètres et l'épaisseur de 4 centimètres ; le poids
est de 370 gr.
Face externe. - Toute cette face présente une disposition
des circonvolutions complètement anormale et tenant à la pré-
sence d'une lésion ayant frappé le milieu de cette face, la région
rolando-sylvienne, lésion que nous allons d'abord décrire. La
scissure de Sylvius prenant naissance à 5 cent. en arrière du
Description des circonvolutions. 69
pôle frontal se dirige, comme d'hahitude, obliquement en-
arrière et en haut. Après un trajet de 4 cent., elle plonge
dans une cavité située à l'union du tiers postérieur et des
deux tiers antérieurs de la face externe de l'hémisphère.
Cette cavité continue pour ainsi dire la scissure de Sylvius
en haut et en arrière, sur une longueur de 3 centimètres et
un centimètre de largeur jusqu'à 2 centimètres du bord supé-
rieur de l'hémisphère ; là, part de la cavité une nouvelle
scissure qui parait ainsi être l'autre bout de la scissure de
Sylvius; en d'autres termes, cette scissure semble aller du
bord inférieur au bord supérieur de l'hémisphère, inter-
rompue seulement à sa partie moyenne par l'excavation que
nous avons décrite. Il y a là prohablement continuité entre la
scissure de Sylvius et la scissure de Rolando, car cette der-
nière ne se retrouve pas sur l'hémisphère. Cette excavation
présente des caractères importants. Tout d'abord, à la simple
inspection, nous sommes frappés de voir que toutes les cir-
convolutions de la face externe de l'hémisphère plongent
par une racine et s'écartent de là en divergeant, en arrière,
en avant, en haut, et en has. (PL. IV.) L'excavation forme
un véritable centre de ralliement où toutes les circonvolu-
tions paraissent s'être donné rendez-vous. Ce n'est pas tout :
si nous examinons la région pour voir jusqu'où va ce point
de convergence des circonvolutions, quelle est en un mot la
profondeur de l'excavation, nous apercevons, en écartant
légèrement ses deux lèvres et en mettant l'hémisphère devant
le jour, qu'il existe à la partie supérieure de notre enfonce-
ment un trou ovalaire d'un centimètre de diamètre vertical,
à travers lequel nous voyons les objets situés de l'autre,
côté. Si, maintenant, nous retournons l'hémisphère, nous,
constatons que l'orifice, point de convergence des circonvo-.
lutions de la face externe, s'ouvre à l'extrémité postérieure
de la corne frontale dans le ventricule latéral correspondant.
Il s'agit là d'une lésion bien définie sur laquelle nous aurons
l'occasion de donner quelques détails et que l'on appelle la
porencéphalie. L'orifice de communication constitue le porus
caractéristique (PL. IV).
Examinons maintenant les circonvolutions qui partent,
comme nous avons dit, de ce centre de convergence. En avant,
se détachent trois racines : : 10 la supérieure s'épaissit dès son
origine pour donner naissance à la circonvolution frontale
supérieure FI; elle se dirige en avant, formant le bord supé-
rieur de l'hémisphère, occupant sur la face externe une
largeur de deux centimètres et longée par le premier
sillon frontal; - 2° la deuxième racine présente moins de
70 Porencéphalie vraie.
netteté ; elle se dirige horizontalement en 'avant, et après'
un trajet de trois centimètres, ayant elle-même une épais-
seur d'un centimètre seulement, elle est interrompue ; au'
point où elle s'interrompt, il existe une petite dépression où'
s'arrête également le deuxième sillon frontal, dépression'
qui semblerait au premier abord être de même nature que : °
la lésion précédemment décrite. Cette deuxième racine, en
réalité, n'est qu'un petit lobule isolé de la première circon-
volution frontale, 1· ? à laquelle elle se réunit manifestement à
ses deux extrémités ; 3° la troisième racine se dirige
d'abord en avant et légèrement en bas ; après un trajet de
deux centimètres, elle s'épaissit considérablement pour for-
mer la deuxième circonvolution frontale (Pr,. IV, F2), nette-.
ment séparée de la première par le premier sillon frontal,
mais réunie à la troisième par plusieurs plis de passage
dont le plus important se détache de la partie moyenne de
son bord inférieur, coupant en deux le sillon qui la sépare
de la troisième frontale. Cette dernière prend naissance par-
une racine très mince à la partie antéro-inférieure de l'ex-
cavation pour former la tJ'oisième frontale (PL. IV, F3) qui
suit le bord inférieur de l'hémisphère jusqu'au pôle frontal.
Tel est le lobe frontal' il n'y a pas, comme on le voit, de cir-.
convolution frontale ascendante nettement isolée. Tout au.
plus peut-on constater l'existence d'un petit lobule détaché
de la première frontale, en arrière, se continuant avec un
lobule analogue, détaché de la première pariétale et qui.
correspondrait au lobule paracentral, LP.
En arrière de l'excavation prennent naissance également
trois racines correspondant à trois circonvolutions parié-
tales : 1°La première, épaisse d'un centimètre, longe le bord
supérieur de l'hémisphère et se continue en arrière avec la
première occipitale, P1; - 2° la deuxième se dirige parallèle-
ment à elle en arrière ; elle en est séparée par un sillon antéro-
postérieur très net pour se continuer à son tour par un pli
de passage avec la deuxième occipitale, P2; - 3° la troisième
enfin se dirige en arrière et en bas, et, presque immédiate-
ment après sa naissance, se divise en trois branches qui
vont se terminer dans les circonvolutions temporo-occipita-
les, pa. Un deuxième silion la sépare de la deuxième pariétale.
Le sillon 272te1'-na)'ltaL n'existe pas. Il semble qu'il n'y a
pas non plus de pariétale ascendante.
Le lobe occipital, LO, n'a rien de particulier. Trois petites
circonvolutions occipitales sont séparées par deux sillons
qui se continuent avec les sillons pariétaux.
De la partie inférieure de l'excavation, parlent également
Porencéphalie vraie. 71
trois racines, les deux premières vont former le lobe temporal
(Pl. IV, Tl, '1'2). -1o]a première racine se détache au-dessous de
la troisième pariétale et se dirige verticalement en has, sép :
rée de la troisième pariétale par un sillon également vertical et,
devenant de plus en plus large, elle aboutit au bord inférieur
de l'hémisphère où elle a trois cent. de largeur ; - 2° la
deuxième racine se détache au-dessous de la précédente et,
s'élargissant comme elle, se dirige en bas et en avant, paral-
lèle à la scissure de qui la sépare du lobe frontal
jusqu'au bord inférieur de l'hémisphère où elle atteint égale-
ment trois cent, de largeur, tu ; un sillon très net la sépare de
la circonvolution précédente, Tl. Ces deux circonvolutions ont
chacune la forme d'une pyramide dont le sommet, supérieur,
correspond a leur racine et la base au bord inférieur ale
l'hémisphère; elles sont toutes deux' parcourues par quel-
ques incisures verticales. - 3° Enfin, la troisième racine
n'est autre que le lobule de l'insula considérablement réduit,
INS. Emergeant de la scissure de Sylvius, il s'insère d'une
part par sa racine supérieure dans l'excavation porencé-
phalfcltte et par l'autre sur le pli de passage fronto-temporal
qui forme le pôle de l'insula.
Ainsi que le montre la description qui prècède sur cette
face externe, il existe un bouleversement complet des
circonvolutions et des sillons et le point le plus important
est l'absence, du moins apparente, des deux circonvolutions
frontale et pariétale ascendantes. Cependant on pourrait
reconstituer ces deux circonvolutions qui, dans notre hypo-
thèse, auraient été tout simplement déviées de leur trajet nor-
mal par la présence de la lésion porencéphalique. La frontale
ascendante serait constituée par ce petit lobule accessoire
que nous avons signalé au-dessous de la 1re frontale; de
descendante elle est devenue antéro-postérieure (PL. IV) ; en
arrière, en effet, ce lobule accessoire se continue avec la
portion frontale du lobule pa race ii ti-al 1, FA), De même,
nous pouvons considérer comme étant la pariétale ascendante
déviée de son trajet normal et devenue antéro-postérieure,
ce que, dans notre description, nous avons appelé la pre-
mière pariétale (PL. IV, P1, et fia. 1., PA). Sur cet hémisphère
il existerait en effet trois circonvolutions pariétales, tandis que
notre hypothèse les ramènerait à deux, leur chiffre normal.
D'après cette hypothèse, nous aurions donc le schéma repré-
senté dans la Vigo 1. : ,; :
Face interne. - Cette face est presque normale. Il n'exister
72 POR1 : NCGPI1 : 1LII3 vraie.
qu'un léger écart dans la disposition des sillons et des
circonvolutions. Les sillons surtout sont moins nets. La
grande scissure calloso-mal'ginale se distingue assez facile-
ment avec son trajet habituel, commençant au-dessus du
corps calleux pour se terminer au bord supérieur de l'hémis-
phère, derrière le lobule paracentral, mais interrompue, cà
Fia.1. 1.
Porencéphalie vraie. 73
et la, par des plis de passage fronto-limbiclues. La circonvo-
lution frontale interne ne présente donc rien de spécial. En
arrière d'elle se trouve le lobule paracentral, 1. P, qui empiète
largement sur la face interne, où un pli de passage fronto-
limbique le réunit à la circonvolution du corps calleux. Plus
en-arrière, nous trouvons le lobule quadrilatère (PL. V, L Q) ;
avec ses caractères habituels : peu limité eu avant, il est très
nettement séparé en arrière du lobe occipital par la profonde
scissure perpendiculaire interne, spi. A cette scissure aboutit
comme d'habitude, la scissure-calcarine, sc, les deux formant
l'y classique et, comme d'habitude, encore, nous trouvons à
ce point de réunion, les deux plis de passage cunéo-limbique et
hippocampo-limbique. Dans les circonvolutions occipitales,
rien de particulier. - Sur cette face enfin nous trouvons la
ventricule latéral, qui présente des dimensions manifeste-
ment plus grandes qu'à l'état normal dans ses trois cornes ;
il y a évidemment un certain degré d'hydrocéphalie. A la
jonction des cornes frontale et occipitale nous trouvons le
porus déjà étudié. - La couche optique, CO, et le noyau
caudé, NC, sont sans lésion.
Face inférieure. Elle n'offre rien de bien intéressant.
Nous y voyons les circonvolutions orbitaires avec leurs sil-
lons respectifs, girus rectus et sillon cruciforme ; en arrière
du lobe orbitaire, la vallée sylvienne et le lobe temporo-
occipital. Dans ce lobe nous trouvons les deux circonvolu-
tions classiques, la première ou lobule fusiforme peu nette ;
la deuxième au contraire avec ses caractères ordinaires, se
continuant en arrière, comme nous l'avons déjà dit, avec la
circonvolution du corps calleux pour former le grand lobe
limbique de Groca, s'enroulant en avant pour constituer le
lobule de l'hippocampe et le noyau amygdalien. Le corps
calleux et sa circonvolution sont normaux.
Hémisphère droit. - Cet hémisphère, n'ayant rien pré-
senté d'anormal au moment de l'autopsie, a été malheureu-
sement soumis à une série de coupes qui ne nous permettent
plus d'en faire la description.
Examen microscopique, par le D1' PHILIPPE. Le bulbe et le
renflement lombaire ont seuls été examinés : la moelle cer-
vicale et dorsale était dans un état de durcissement trop
insuillsant, à cause d'une mauvaise extraction au moment
de l'autopsie. '
Un peu au-dessus de l'entrecroisement moteur, le bulbe
offre des pyramides motrices très peu développées, à droite :
74 POItI3NCEFHAT.I VRAIE. '
comme à gauche : elles n'ont guère que le If : ; de leur
volume habituel. Sur les coupes colorées parle picro-carmin
de Ranvier, on ne constate aucune sclérose conjonctivo-
névroglique. S'agit-il d'une double agénésie ? Tout d'abord,
on peut accepter celte opinion, mais le bulbe, au niveau de
l'entrecroisement, présente de fibres pyramidales en très'
grand nombre ; de plus, le renflement lombaire possède un
faisceau moteur croisé suffisamment riche. - Pour inter-
préter convenablement ce cas, il eut fallu des coupes sériées'
de la moelle cervicale et de la région dorsale. Il nous paraît'
impossible de donner une conclusion ferme. Nous nous
contenterons de faire observer que la simple décortication
des méninges bulbaires, ajoutée a une pression même légère,
est capable de déformer les pyramides motrices, d'où un apla-
tissement des pyramides qui peut simuler, plus tard, sur les'
coupes, une a(,énésie. Le diagnostic ne peut guère se faire,
que'. par les coupes sériées de régions plus inférieures, au !
niveau desquelles l'agénésie disparaît totalement, si elle est-
artificielle.
Voici les pesées des différents organes :
Porencéphalie vraie ET PSEUDOPORENCÉPHÀLIIi. 75
alcoolique, la grand'mère paternelle strabique. Une
tante paternelle a eu des convulsions dans l'enfance,1
a été atteinte d'hystérie et serait déséquilibrée.
Sa mère est migraineuse. Le grand-père maternel
est mort d'alcoolisme. Un des arrière-grands-pères
materne Is a eu des crises nerveuses ( ? ). -
IL La conception de l'enfant a eu lieu dans des cotir
ditions assez fâcheuses. La grossesse a été accidentée
par des idées noires et une chute, accompagnée d'une
vive émotion au cinquième mois et suivie d'un écoule-
ment sanguin, léger il est vrai mais qui a persisté
jusqu'à l'accouchement. Celui-ci s'est opéré avant
terme, à sept mois, sans cause connue, ce qui néces-
sita l'enveloppement ouaté pendant deux mois.
III. Ces divers accidents ont eu pour conséquence
l'idiotie complète et un état paralytique des quatre
membres, prédominant à gauche ce qu'explique
l'arrêt de développement si intéressant de l'hémis-
phère droit.
Nous allons maintenant insister sur cet arrêt de
développement, qui consiste en une porencéphalie.
vraie et le comparer à la lésion pathologique, la
pselUlo-po1'encéplwl ie, observée clans les deux pre-
mières observations.
V. Au point de vue anatomo-pathologique, cotte
observation nous permet de décrire à nouveau, une
lésion anatomique, sur laquelle nous avons eu maintes
fois l'occasion d'appeler l'attention. Nous verrons
qu'elle confirme l'exactitude de nos descriptions
antérieures. Puis nous comparerons cette lésion une
autre qui peut la simuler - mais grossièrement à
notre avis - et consacrer des erreurs. Nous avons
76 PORENCÈPHAME vraie et pseudo-porencéphalie.
décrit minutieusement la lésion de l'hémisphère,
cérébral gauche, que nous avons désignée du nom
de porencéphalie. Ce mot, créé par Ilcschl, voulait
dire, pour cet auteur, communication du ventricule
latéral avec la surface libre du cerveau. Or, une
question se pose : y a-t-il un processus pathologique
pouvant aboutir à cette communication, ou bien y a-
t-il simplement arrêt de développement ? « Lt poren-
céphalie, dit Ileschl (1861), ne doit nullement être
regardée comme étant toujours un arrêt de formation;
elle paraît tout au contraire dépendre d'un processus
pathologique spécial, qui survient au cours du déve-
loppement du cerveau ». Comme on le voit, pour
llesclil, comme pour la plupart des auteurs qui l'ont
suivi, deux causes doivent expliquer la porencéphalie :
un processus pathologique ou un arrêt de développe-
ment. C'est sur ce point que diffèrent nos idées.
Pour nous la véritable porencéphalie ne reconnaît
qu'une seule cause, toujours la môme, l'arrêt de
développement. Les différents processus pathologi-
ques donnent des lésions qui peuvent plus ou moins
simuler la porencéphalie vraie, mais ce ne sera jamais
qu'une fausse porencéphalie. Essayons de montrer
comment les caractères même de ces lésions vont
expliquer leur processus d'évolution, ou, en d'autres
termes, comment l'évolution va justifier les caractères
de ces lésions et leur donner, dans l'un ou l'autre cas;
un cachet tout spécial.
Supposons un cerveau qui aura atteint plus ou
moins complètement son développement et un pro-
cessus pathologique quelconque qui détruira un terri-
toire plus ou moins étendu de l'écorce et même de la
substance blanche sous-jacente. A un premier degré,
nous aurons sur la face externe du cerveau une perte
de substance plus ou moins profonde, généralement
PORENCÉPHAUE vraie et pseudo-porencéphalie. 77 7
recouverte par la pie-mère et contenant un liquide
en quantité variable ; en un mot un kyste, ou mieux
encore un ]Jseuclo-hyste, séparé du ventricule par
une épaisseur plus ou moins grande de substance
blanche. Si le processus destructif a été plus intense,
toute l'épaisseur du centre oval peut être supprimée
et bien que nous n'en ayons jamais vu d'exemple,
on peut à la rigueur admettre que la cavité kystique
communiquera avec le ventricule. Mais l'orifice de
communication sera déchiqueté et absolument irrégu-
licr, la cavité elle-même sera anfractueuse et sans
caractères particuliers; elle sera limitée par la pie-
mère de la surface externe du cerveau et par
l'épendyme : en pareil cas, il peut y avoir une des-
truction complète de la substance cérébrale. Enfin
tout autour de la perte de substance les circonvolu-
tions ou portions de circonvolutions qui ont persiste
présentent leur aspect normal. Tous ces caractères
ont été notés dans nos deux premières observations.
Prenons maintenant un cervcau qui a été arrêté
clans son évolution en un point déterminé de sa sur-
face. Il existe là des caractères distinctifs d'une très
grande importance :
1" La cavité aura la forme d'un entonnoir plus ou
moins régulier, à base externe et dont le sommet
regarde le ventricule; son aspect sera lisse et elle
sera uniquement recouverte par la pie-mère externe.
2° Les circonvolutions offrent une disposition
remarquable, caractéristique, sur laquelle nous avons
insisté dans notre description. Toutes se dirigent en
rayonnant vers le fond de l'excavation, véritable point
de convergence où elles semblent prendre leur racine.
3° L'orifice de communication est toujours régulier,
souvent parfaitement arrondi et formant ce que nous
avons appelé le ]Jol'us. Ce porus caractéristique est
78 8 Porencéphalie vraie et PSEUDO-PORENCIPHALIE,;
toujours situé à la partie la plus déclive de l'entonnoir
porencéphalique...
4° Autour de l'excavation nous rencontrons presque
constamment d'autres anomalies, ducs au môme arrêt
de développement. C'est ainsi que d'après la descrip-
tion que nous avons donnée de l'hémisphère, il est évi-
dent que la frontale et la pariétale ascendantes n'ont
pas été détruites, mais qu'elles n'existent pas ou
qu'elles ont été déviées de leur trajet normal.
5° Les lésions que nous qualifions de
çépltnlie peuvent être congénitales, ducs à une
maladie du foetus, mais elles peuvent être aussi extra-
congénitales, se produire après la naissance, même
longtemps après la naissance, tandis que la pOJ'encé-
phalie vraie -est toujours une maladie congénitale,
de la vie intra-utérine, et ne peut jamais survenir
après la naissance. C'est encore là une différence et
non la moins importante, qui sépare ces deux genres
de lésions.
Quel est le processus pathologique capable d'amener
cette perte de substance ? Comme réponse nous n'a-
vons que clés hypothèses. Selon Cruveilhicr, il s'agirait
d'encéphalite; d'autres auteurs invoquent des lésions
hémorrhagiques. Nous croyons qu'il s'agit là de
troubles d'ordre vasculairc et nous nous basons sur-
tout sur le siège de la lésion qui occupe presque tou-
jours la région périsylvicnne ou territoire de l'artère
cérébrale moyenne (1).
- (1) Ce travail a été communiqué à la Société anatomique dans sa séance du
7 janvier 1898. Voir iL la fin du volume l'explication des Planches et de la
figure 1.. , : .
V.
Méningo-encéphalite chronique ou idiotie méningo-
encéphalitique ;
l'AIl KOUttXEViLLE et METTËTAL
(Voir Compte-rendu de 1896, p. 113.)
Examen histologique ; par le Dr PIII LIP PI3.
Bulbe et moelle. - Après inclusion dans la celloïdine,
le bulbe a été examine sur des coupes horizontales faites
au niveau des pyramides et de l'entrecroisement moteur.
- De même, on a étudié la moelle sur plusieurs seg-
mens, prélevés à la hauteur des renflements, cervical et
lombaire, et au niveau de la région dorsale.
Sur toutes les coupes, on note, de prime abord, l'altéra-
tion du faisceau pyramidal croisé des deux côtés, avec une
légère prédominance pour le côté gauche de la moelle.'
La lésion est faite sur un type assez spécial : en effet, les
coupes colorées par le picro-carmin ammoniacal de Ran-
vier montrent, avant tout, un épaississement marqué des
tractus conjonctivo-vasculaires, qui, normalement, sépa- :
rent les îlots de tubcs nerveux. Ces tractus rayonnent en;
tous sens, sous forme de bandes rouges qui apparaissent
bien plus nettement qu'il l'ordinaire ; leurs vaisseaux
surtout artériels, sont épaissis, ont une lumière étroite
par rétrécissement concentrique et régulier de leurs parois
les tuniques, externe et moyenne, paraissent plus spécia-
lement sclérosées. Ainsi constituée, la condensation des
tractus conjonctivo-vasculaires (septa et septula des fais-
ceaux blancs) semble être la lésion principale ; en effet les
tubes nerveux sont très-nombreux, bien tassés les uns
80 \Irurrco-wcmmLrrr ; examen microscopique.
contre les autres facilement reconnaissablcs, peut-être
plus grêles qu'a l'état normal ; si quelques-uns ont dis-
paru, c'est le petit nombre.
On ne constate pas de gros îlots scléreux, comme
dans la moelle de l'hémiplégique adulte ou sénile, a la
suite de la destruction des circonvolutions rolancliques ou
des faisceaux blancs de la capsule interne, par exemple.
D'ailleurs, les coupes, colorées par le procédé électif de
lVeigert-Pal, nous a confirmé l'intégrité iL peu près totale
des tubes nerveux ; car, nulle part, nous n'avons une déco-
loration nette et compacte des Hots de gaines myéliniquca
et de cylindres axes. Pour terminer l'exposé des carac-
téres histologiques de la lésion, nous ajouterons que cette
lésion est ancienne, datant, au moins, de plusieurs mois;
la sclérose est dense, rétractile; les coupes, colorées par
l'hématoxiline alunée, ne révèlent pas une accumulation
de cellules rondes, périvasculaires ou interstitielles, suf-
fisante pour caractériser un processus jeune et en pleine
évolution.
La lésion, ainsi constituée, n'est point limitée au fais-
ceau pypamidal croisé. Dans les autres parties des cordons
blancs, postérieurs et antéro-iatéraux, on rencontre cà et
là des ilots qui comprennent 10 iL 60 tubes nerveux ; dans
ces ilots, les tractus conjonctivo-vasculaircs présentent
le même épaississement avec les mêmes caractères. Là
encore, la disparition des tubes nerveux n'est pas assez
considérable pour être appréciable par le procédé de Vei-
gert-Pal. Les zones les plus prises nous ont paru occuper
surtout la moelle dorsale et la moelle lombaire, notam-
ment dans les cordons postérieurs de chaque côté du
sillon médian, et à la périphérie môme dans les cordons
latéraux.
Dans toute la hauteur de la moelle, les méninges sont
altérées partout, principalement au niveau des régions
dorsale et lombaire, il faut noter un épaississement mar-
qué de la pie-mère et de l'arachnoïde. Cet épaississement
est dû il la présence de gros faisceaux conjonctifs néo-
formés qui s'intriquent les uns clans les autres et renfer-
ment,dans leur masse des vaisseaux assez nombreux, plus
' IIMrNINGO-BNCI;I'I-IALITB; examen microscopique. 81
ou moins sclérosés. Là encore, la lésion paraît être de
date ancienne.
Par contre, si les faisceaux blancs et les méninges
paraissent altérés il des degrés divers, dans toute la hau-
teur de la moelle, la substance grise est partout intacte,
quant à ses cellules et.à leur réticulum myélinique.
En résumé, nous croyons pouvoir affirmer l'existence
de lésions médullaires déjà anciennes, qui ne paraissent
plus en train d'évoluer. Ces lésions consistent dans
l'épaississement des septa et septula conjonctivo-vascu-
laires et des méninges molles. Elles sont diffusément
répandues dans les faisceaux blancs, tout en présentant
une apparence de systématisation au niveau du faisceau
pyramidal croisé, dans toute sa hauteur.
Cerveau ET méninges crâniennes. Il nous a été diffi-
cile d'étudier aussi minutieusement que nous l'aurions
désiré, le cerveau et les méninges. La masse encéphalique
nous a été remise après décortication ; or, comme les mé-
ninges, épaissies, étaient fort adhérentes, la décortication
n'avait pu se faire qu'en provoquant des arrachements et
des délabrements corticaux trop nombreux pour permettre
une étude systématique des lésions.
Nous avons pratique des coupes sur quelques fragments
des méninges molles épaissies et sur les circonvolutions
du pôle occipital et du pôle frontal.
Les méninges molles sont le siège d'une hyperplasie
considérable, surtout constituée par un tissu conjonctif
néoformé, très riche en fibres élastiques et en vaisseaux.
Ce tissu conjonctif existe abondamment dans les couches
externes ou superficielles des méninges ; il est formé de
faisceaux assez lâches, ondulés, à fibrilles peu tassées.
Ces faisceaux se disposent souvent de façon à former des
tentes, des mailles plus ou moins larges, dans lesquelles
l'on rencontre des cellules connectives, et surtout des
cellules rondes, d'origine leucocytaire ou autre ; parfois
même, on constate la présence, çà et là, de petits héma-
tomes microscopiques, dont le sang est plus ou moins
modifié. Les vaisseaux se présentent, partout, en nombre
considérable ; ils forment de longs tubes, anastomosés
130URNEVILLç, Bicêtre, 1897. 6
82 lI : NINGO-ENCPHALITE ; examen microscopique.
entre eux; leurs parois épaissies sont, çà et là, en voie de
dégénérescence hyaline.
. L'examen des couches plus profondes de la méninge
révèle un autre aspect. Là, les lésions paraissent être
en pleine activité : les amas cellulaires sont nombreux,
surtout constitués par de petits éléments ronds, à
noyau volumineux, unique et régulier; parfois, ces amas
s'accompagnent de quelques cellules plus volumineuses,
à protoplasma assez abondant, et même, çà et là, ces
cellules ont de la tendance à se réunir pour former des
bandes d'aspect épithélioïde.
Les circonvolutions sont surtout remarquables par
l'énorme infiltration cellulaire que présentent leurs prin-
cipales couches constituantes. Il est, d'abord, facile de
constater que le maximum des lésions commence au-des-
sous de la couche moléculaire externe (couche de fibres
tangentielles). Au niveau de la couche des petites et des
grandes cellules pyramidales, les cellules jeunes néo-
formées, sont en nombre considérable. - Cette infiltration
cellulaire se compose, comme pour les méninges, d'élé-
ments arrondis, à noyau volumineux; les éléments sont
bien tassés et forment des nodules surtout périvasculaires
(artérioles fines et capillaires). Parallèlement à l'infiltra-
tion cellulaire, les faisceaux névrogliques sont devenus
partout plus denses. Par contre, on remarque beaucoup
de cellules pyramidales; elles ont conservé leurs formes,
leur noyau, leur prolongement caractéristiques ; nous
avons en vue, à ce sujet, les circonvolutions moyennement
atteintes. Dans d'autres, au contraire, les couches ne sont
plus reconnaissables; la destruction a presque mis à nu
le manteau blanc sous-jacent.
Il nous est, d'ailleurs, impossible d'apporter une con-
clusion ferme sur l'évolution du processus et sa nature
au niveau des méninges et de l'écorce cérébrale. La
décortication, à l'état frais, a trop profondément modifié
les rapports des parties, pour nous permettre une étude
rigoureuse et complète. -
VI.
Alcoolisme; hémiplégie gauche et épilepsie consécutives.
Sclérose atrophique; pachyméningite et méningo-
encéphalite ;
Par ]<OUHNËVtLLE et RELLAY.
. (Voir Compte-rendu de 1896, p. 207).
Examen histologique ; par le D' PHILIPPE.
1° Cerveau. - On a prélevé pour l'étude microscopique
plusieurs fragments de l'hémisphère droit, qui présentait
le maximum des lésions visibles à l'oeil nu. En certaines
régions, notamment au lobe occipital, les méninges
n'avaient pas été décortiquées ; là, il a été possible d'étu-
dier, à la fois, les altérations méningées et les altérations
corticales. - Ailleurs, l'examen a dû être borné à l'écorce
et aux faisceaux blancs sous-jacents. - Les coupes, faites
après inclusion à la celloidine, ont été colorées par le
picro-carmin de Ranvier et par l'hématoxyline alunée de
Boehmer.
Lésions méningées. - Les méninges molles (pie-mère
et arachnoïde) sont épaissies dans des proportions varia-
bles suivant le point examiné. D'une façon générale, on
peut dire que leur épaississement marche de pair avec
les lésions corticales sous-jacentes. Remarquons aussi
sa grande irrégularité : à peine marqué en certains points,
il est très-développé au niveau d'autres zones, souvent
assez rapprochées.
Quoiqu'il en soit, les altérations qui ont causé cet
épaississement des méninges molles paraissent être
constituées sur un type assez spécial. A la périphérie, on
81 i MÉNINGO-PNCI : PHALIT ; examen microscopique.
rencontre une bordure plus étendue, qui se colore forte-
ment en rouge par le picro-carmin ; elle se compose
surtout de faisceaux conjonctifs denses, tassés les uns
contre les autres, et disposés tangentiellement à la surface
générale. Entre ces faisceaux, se montrent des éléments
cellulaires, en petit nombre; la plupart appartiennent au
tissu connectif, de par l'aspect du protoplasma et du noyau.
Au-dessous de cette bordure conjonctive périphérique,
se présente la plus grosse partie du tissu pathologique.
On voit des travées constituées par des fibrilles peu
épaisses, ondulées en tous sens ; ces travées circonscrivent
de larges mailles, même des lacunes véritables. Dans ces
mailles ou ces lacunes circule un riche réseau vasculaire,
formé par des veines de gros calibre et par des artérioles
à tunique musculaire bien nette. Les veines sont dilatées
à l'extrême ; souvent, elles renferment de véritables amas
leucocytaires, sans arriver toutefois à la formation d'une
thrombose véritable ; ces amas de leucocytes, dans des
veines dilatées, démontrent simplement que la circulation
en retour s'opère mal. A côté de ce système veineux très-
développé, on note également un nombre considérable
d'artérioles de tout calibre, aisément reconnaissables à
leur tunique musculaire. Tous ces vaisseaux, veineux ou
artériels, présentent des parois relativement intactes ;
sans doute, on note bien un léger degré de périartérite;
souvent môme, on rencontre dans le voisinage, quelques
nodules constitués par des leucocytes mononucléaires très
tassés ; mais les tuniques propres du vaisseau sont saines,
la lumière est bien calibrée, régulièrement dessinée;
l'endartère ou l'endoveine ne présente jamais la moindre
végétation pathologique sur les nombreuses coupes que
nous avons pu examiner.
Bref - si nous voulons résumer le processus histologi-
que qui a déterminé l'épaississement des méninges molles
dans le cas actuel, ce processus nous paraît résulter
surtout d'une néoformation vasculaire considérable,
sorte de circulation de suppléance ou collatérale : artères
et veinules se sont anormalement développées en nombre
et en calibre, sans nul doute pour venir en aide aux
vaisseaux- insuffisants de l'écorce sous-jacente, profondé-
. Méningo-encéphalite ; examen MICROSCOPIQUE. - 85
ment altérée comme nous le verrons plus loin; le résultat
nécessaire a été un épaississement assez considérable des
méninges molles.
Lésions corticales. - Les lésions corticales nous ont
paru se présenter suivant deux types principaux. - Dans
le premier, la circonvolution est prise uniquement au
niveau de ses parties les plus superficielles. - Dans le
second, l'altération est franchement destructive, atrophi-
que au dernier chef, puisqu'elle atteint les fibres blanches
sous-jacentes. Nous étudierons successivement ces deux
types.
Quand on examine une circonvolution moyennement
altérée, on rencontre sous la pie-mère un feutrage névro-
gliquc très-riche et 'très-serré. Les fibrilles, d'une finesse
extrême, s'enchevêtrent dans ;tous les sens et dans tous
les plans ; elles circonscrivent des mailles étroites. A
travers ces fibrilles se voient clés cellules-araignées, fort
belles, avec un protoplasma abondant et des prolonge-
ments très-nombreux, péri-cellulaires. - Bref, on a sous
les yeux une sclérose névroglique en pleine évolution,
semble-t-il. Le feutrage néoformé occupe surtout -les
couches superficielles de la substance grise, tout en
poussant des prolongements jusqu'au niveau des cellules
pyramidales; mais le maximum des lésions siège nette-
ment au niveau des fibres tangentielles ou fibres d'asso-
ciation corticale.
Passons maintenant il une circonvolution très-altérée,
dans laquelle toute la substance grise est à peu près
détruite ; alors, les fibres blanches arrivent presque
directement sous la pie-mère. Là, on constate un aspect
très-particulier : le feutrage .névroglique ne forme plus
une couche continue ; il s'est creusé çà et là, de lacunes
plus ou moins larges dans lesquelles on rencontre des
fibrilles cassées, éparses, qui paraissent avoir perdu
toute colorabilité, comme si elles étaient en période
avancée de nécrobiose. La topographie de ces lacunes
creusées en plein feutrage névroglique est assez spéciale :
elles apparaissent toujours ai une certaine distance d'un
vaisseau. Ce sont donc les zones péri-vasculaires qui
résistent très-longtemps sous forme de grosses touffes
86 Dégénérations secondaires ; examen microscopique.
névrogliques ; souvent même, ces touffes simulent à s'y
méprendre, ce qu'on a décrit sous le nom de « tourbillons
névrogliques » dans la plupart des scléroses anciennes
de la moelle.
2° MOELLE. - La moelle, examinée au niveau des ren-
flements (cervical, lombaire), et au niveau de la région
dorsale, ne présente guère que des lésions d'ordre dégé-
nératif. Ainsi, le faisceau pyramidal est légèrement sclé-
rosé des deux côtés, avec une prédominance nette pour la
moitié gauche. Cette sclérose ressemble à la sclérose
habituelle de la dégénération secondaire des hémiplégi-
ques ; elle est, nous le répétons, peu intense ; car, on ren-
contre un très grand nombre de tubes nerveux, assez
rapprochés les uns des autres, et dont l'intégrité ne sau-
rait laisser le moindre doute.
Nous en aurons fini avec l'examen histologique de la
moelle, si nous ajoutons que, çà et là, dans les faisceaux
blancs, se rencontrent quelques vaisseaux épaissis. De
même, les méninges molles, surtout à la partie posté-
rieure, présentent un développement anormal de leurs
faisceaux conjonctifs, et des vaisseaux néoformés, dont
les tuniques sont épaissies dans une certaine mesure.
VII.
Imbécillité et épilepsie symptomatiques d'un arrêt de
développement léger des circonvolutions avec aspect
chagriné; - Méningite récente; - Pneumonie casé-
euse ; - mort;
PAn BOURNEVILLE ET JACOMET. w
SOMMAIRE. Père, enfant naturel, rien de particulier. -
Mère, rien à signaler. - Grand-père paternel : excès de
boisson. - Grand-oncle paternel bègue. - Demi-frère pa-
teln2ellnort tuberculeux. Frère mort de méningite tuber-
culeuse. Pasdeconsanguinitè, - Inégalité d'ligede23 ans.
Asphyxie à la naissance. - Première dent à sept mois. -
Début de la marche à. '2 ! mois, de la propreté à 2 ans, de la
parole à ans, - Convulsions de 7 à 10 mois. Début des
vertiges à 8 ans, des accès il 9 al2s. - Coqueluche à 7 mois.
- Rougeole à 2 ans et demi, - 1897. Pneumonie caséeuse.
Mort.
AUTOPSIE, - Aspect louche de la pic-mère de la convexité.
- Circonvolutions frontales grêles à droite et il gauche.
- Aspect chagriné du pli pariétal inférieur, du pli courbe
et surtout des circonvolutions temporales droites. - Infil-
tration caséeuse de tout le poumon droit. - Péricardite.
Dcbr.... (Jules), né à Paris, le 19 janvier 1887, est entré le
10 juillet 189G à Bicêtre (service de M. BOURNEVILLI;.)
Antécédents. (Renseignements fournis par sa mère). - Père,
59 ans, menuisier, est un enfant naturel. Pas de convulsions,
pas de syphilis, pas de rhumatisme, pas d'excès de boisson
ou de tabac ; caractère vif ; pas de migraines. - Les rensei-
gnements sur sa famille manquent. Son père est mort de
cause inconnue. Sa mère est morte à 87 ans de vieillesse.
88 Antécédents héréditaires ET personnels.
Il s'est marié deux fois. Sa première femme mourut d'acci-
dent, il en eut trois enfants qui sont morts, deux on ne sait
de quoi, l'autre, à 22 ans, de tuberculose pulmonaire.
Mère, 37 ans, n'a jamais été malade, sobre, ni convulsions,
ni syphilis, ni maladie de peau. - Elle n'est pas nerveuse,
caractère calme. - [Son père, mort des suites d'un coup de
pied de cheval, était alcoolique. Ses excès portaient sur le
vin et l'alcool. - Mère, encore vivante, s'est séparée de son
mari à cause de ses excès ; elle est sujette à de fortes
migraines qui l'obligent à se coucher. - Grand-père pater-
nel, mort à 52 ans, asthmatique. Grand'mère paternelle,
morte vers le même âge, également asthmatique. -- Grand-
père maternel, inconnu. - Grand'mère maternelle, morte il
83 ans de sénilité. - Plusieurs oncles et tantes paternels et
maternels sur lesquels les renseignements manquent. Une
soeur avait épousé un sourd-muet ; elle est morte en couches
à l'âge de 10 ans. - Un oncle paternel, bègue. - Pas d'idiots,
d'aliénés, d'épileptiques, de paralytiques, de difformes, etc.,
dans sa famille.]
Pas de consanguinité. Différence d'âge de 23 ans.
Neuf enfants en 13 ans : l'ainé a 13 ans actuellement; pas
de convulsions; trois sont morts, l'un de méningite tuber-
culeuse à 5 ans ; deux autres du croup à G ans et il 20 mois,
sans convulsions ; une fille, de 14 ans, est intelligente pas
de convulsions, de même que les autres enfants.
Notre malade est le 4e enfant. - Au moment de la concep-
tion rien à signaler. - Grossesse normale, pas d'ennuis, de
frayeurs, de traumatismes, pas d'albuminurie ni d'alcool. -
L'accouchement s'est fait à terme, sans intervention. Le tra-
vail a été un peu plus long que pour les autres. Présentation
du sommet. Quantité normale de liquide amniotique. - il la
naissance, asphyxie bleue qui aurait duré environ une demi-
heure, sans laisser de traces. Pas de cordon autour du
cou. L'enfant était bien portant ; les mains et les pieds étaient
enflés et le gonflement dura 15 jours. - Nourri au sein par
sa mère, sevré à 11 mois. Première dent à 7 mois. - Début
de la parole à 4 ans seulement ; - de la marche il 21 mois ;
- de la propreté à 2 ans.
Entre 7 et 10 mois, l'enfant a eu cinq ou six fois des con-
vulsions. La première fois, il eut trois crises dans la mémo
journée. La première d'une durée de 5 minutes, la deuxième
de 5 minutes également, la troisième de huit. « La deuxième
Description DU malade. ' 89
fois, dit la mère, je crus qu'il allait y passer. » Rigidité géné-
ralisée, paupières ouvertes, yeux fixes, face non grimaçante.
Les crises ultérieures, nocturnes, furent moins longues, la
raideur moins prononcée. Le petit malade perdait connais-
sance, il se raidissait, n'avait pas de convulsions cloniques,
il s'endormait immédiatement après. Pas de cri initial, pas
de morsure de la langue, pas de miction involontaire. On n'a
pas remarqué de changement de l'intelligence après les con-
vulsions. Les crises cessèrent ver 10 mois. L'enfant a toujours
été un peu en retard ; la prononciation n'a jamais été parfaite.
A 8 ans, l'enfant fut pris de vertiges. Tout d'abord, il sem-
blait se trouver mal, s'asseyait, devenait pâle, puis tout
cessait. On ne s'en aperçut pas à l'école. Les vertiges
survenaient par séries, portant sur plusieurs jours : il restait
ensuite deux ou trois jours sans en avoir.
Depuis un an, c'est-à-dire à partir de 9 ans, apparition
des accès. Pas d'aura. - L'enfant s'est blessé une seule fois
auprès de l'oeil dans une chute. Il devient raide, immobile, pas
de secousses, pas de stertor, pas d'écume ni de morsure de
la langue. Aucun accident post-épileptique, pas de folie, etc.
Quelquefois, miction dans les accès ; pas de défécation ; som-
meil consécutif durant 2 à 3 heures. Après les crises, l'intel-
ligence était diminuée.
Le caractère est taquin, turbulent, un peu sournois.
L'enfant n'a pas rie mauvais instincts, pas d'onanisme, pas
d'alcoolisme, pas de fugues, pas d'automatisme. - Digestion
normale ; le malade mange seul, mâche bien les aliments;
les selles sont régulières ; pas de gâtisme; pas de vers intes-
tinaux. Respiration et circulation, rien de particulier.
Sentiments affectifs conservés. - Pas de céphalalgie, pas de
changements de coloration de la face, pas de secousses. -
Etant assis l'enfant tourne sa tète de droite à gauche et de
gauche à droite. Le sommeil dure de 8 il 9 heures et est régu-
lier, sans cauchemars ni hallucinations.
Ecolage : Il connaît les voyelles, ne sait pas écrire, assez
d'attention.
Maladies infectieuses : Rougeole à 2 ans et demi ; coque-
luche il 7 mois ; - vacciné à trois semaines avec succès.
Pas d'accidents scrofuleux, pas de gourme, pas de dartres,
etc. Les parents attribuent la maladie à une frayeur que le
malade aurait eue à l'école : son maître, qui, dit-on, était via.
lent l'avait enfermé dans une cave. Il est vrai qu'à cette
époque il avait déjà des vertiges.
État actuel (1er août 1S',)G). - Aspect général satisfaisant,
90 Pneumonie caséeuse.
facies inintelligent. Cheveux châtain clair, assez régulière-
ment plantés. Le volume du crâne est moyen, pas de prédo-
minance des bosses ; fontanelles fermées. - Visage rond, pas
de cicatrices. - Les arcades sourcilières sont peu dévelop-
pées. - Les paupières sont normales ; pas de blépharite, etc.
Les fentes palpébrales sont égales. Les cils sont un peu plus
foncés que les cheveux. - Les orbites sont peu enfoncées.
Les yeux sont mobiles dans tous les sens, pas d'exophthal-
mie, etc. - Iris noirs. - Pupilles un peu inégales, la gauche
est plus dilatée. Elles réagissent bien à la lumière et à l'ac-
commodation. L'acuité visuelle est normalement développée.
Le malade ne sait pas reconnaître les couleurs. Pas de rétré-
cissement du champ visuel. - 1\rez un peu camus; pas de
déviation. Odorat peu développé. - Les pommettes sont peu
saillantes, symétriques, joues pleines et colorées. - Bouche
assez grande, régulièrement transversale. - Lèvres un peu
volumineuses. - Palais ogival. Langue peu épaisse ; pas
de tremblement de la pointe. - Amygdales assez volumi-
neuses. Goût normal : l'enfant distingue bien le sucre du
sel. - Menton rond, peu volumineux, sur le même plan que
le maxillaire supérieur. - Oreilles écartées de la tète, bien
ourlées, lobule développé, non adhérent. Ouïe bonne.
Cou, circonférence 29 centimètres à la base. - Corps thy-
roïde appréciable.
Membres supérieurs, bien conformés, bien musclés; moti-
lité et sensibilité normales ; mains et ongles normaux.
Membres inférieurs, musclés; le malade marche bien.
Mouvements réflexes normaux.
Thorax bien conformé, régulièrement développé, rachis
sans déviation. - L'auscultation et la percussion des pou-
mons et du coeur ne décèlent aucune lésion.
Abdomen régulier ; rien à la percussion du foie et de la
rate. - Région, anale saine.
Organes génitaux et puberté. - Verge longueur et circon-
férence 5 centimètres. - Testicules de la grosseur d'un oeuf
de merle, égaux. Gland découvrable. Pas de poils sur le
visage, les aisselles et le pubis. - Sensibilité générale con-
servée.
Ecole. - A son entrée, Debr... ne savait que les voyelles;
en décembre 189G, il connaissait toutes les lettres de l'alpha-
bet. Ne sachant faire que les bâtons en arrivant, il écrivait à
peu près lisiblement quelques mois après. Les progrès en
leçons de choses furent aussi marqués. De même en gymnas-
tique. Il se débarrassa à peu près du tic consistant à balan-
MÉNINGITE CHRONIQUE. 91
cer la tête de droite à gauche. Enfin il était devenu moins
turbulent, s'habillait et se déshabillait convenablement.
Traitement : hydrothérapie; huile de foie de morue, sirop
de fer et élixir polybromuré.
1897. 13 février. - Le petit malade entre à l'infirmerie avec
une température de 37°, 8. Il est un peu abattu. Signes vagues
à l'auscultation.
15 février. - Abattement ; T. R. 40° ; P. 120. R. à 36. Matité
dans la fosse sus-épineuse droite et sous la clavicule du
môme côté. Souffle rude dans la même région ; retentisse-
ment de la toux; pectoriloquie. - Traitement : potion de
Todd; quinine.
16 février. - Etat général plus mauvais. Abattement mar-
qué. Délire tranquille. T. R. 40°; pouls 150; R. à 48. La
bouche est sèche, la langue fuligineuse. Herpès labial. - A
l'auscultation, râles ronflants et sous-crépitants dans les deux
poumons. Matité à droite en avant et en arrière.
Traitement : bains froids toutes les 3 heures. Ventouses
sèches.
18 février. - L'état général s'aggrave. T. R. 40°; P. 160;
R. 40.
19 février. - Souffle rude dans toute la hauteur du poumon
droit; râles fins. Le poumon gauche paraît indemne. La per-
cussion, douloureuse, donne une matité complète à droite et
intégrité du son à gauche.
21 février. - Même état. Traitement : bains froids ; ven-
touses.
22 février. - Le malade est dans l'abattement le plus
absolu, la dyspnée est intense, le pouls incomptable et fili-
forme. Sueurs abondantes sur la face. Langue sèche. T. R.
41°. - A l'auscultation, souffle à droite et véritable bruit de
tempête à gauche. - Mort à 11 heures du matin.
92 MÉNINGITE CHRONIQUE.
Tableau des accès.
'' Pneumonie caséeuse. 93
lève très facilement, sans entraîner de substance grise. Pas
de granulations tuberculeuses.
Hémisphère droit. - Les circonvolutions frontales sont
grêles, sans induration. Les sillons sont assez profonds. - z
Aspect chagriné du pli pariétal inférieur et du pli courbe
mais principalement du lobe temporal. - La corne d'Ammon,
le corps strié, la couche optique n'offrent rien de particulier,
ainsi que le ventricule latéral.
Hémisphère gauche. Môme état des ciconvolutions et des
sillons, mais il n'existe pas d'aspect chagriné. - La corne
d'Ammon, le corps strié, la couche optique sont normaux. Le
ventricule latéral est 'notablement dilaté dans sa corne occi-
pitale.
La décortication du cervelet, qui parait sain, est facile.
Cou. - Corps thyroïde normal; les deux lobes sont égaux.
- Le thymus est presqu'entière'ment transformé en tissu
ce'lulaire.
Thorax. - La plèvre diaphragmatique gauche présente
quelques adhérences. La plèvre droite est le siège d'adhé-
rences dans toute la partie postérieure, à la base et à la partie
inférieure de la face antérieure du poumon. Pas de liquide.
- Le poumon gauche est assez fortement congestionné; il
crépite bien; sa coupe est rouge brun ; il flotte. - Le pou-
mon droit est transformé en un vaste bloc dur et résistant
dans toute sa hauteur; il ne crépite pas; la coupe est lisse et
sèche; elle a l'aspect d'un bloc jaune traversé par des mar-
bures rouge.Ures, noires par points, rappelant suivant la
comparaison classique, le fromage de Roquefort. En avant, il
existe un point en voie de ramollissement. - Le coeur est en
systole; pas de liquide dans le péricarde mais granulations
jaunâtres confluentes sur le feuillet viscéral, en moins grand
nombre sur le feuillet pariétal. l'as d'adhérences entre les
deux feuillets. - Les orifices sont normaux. Le trou de
Dotal est oblitéré.
Abdomen, - Foie normal; vésicule biliaire, pas de cal-
culs. - Rate se déchire facilement, présente à la face posté-
rieure un petit lobule aberrant presque pédiculé, elle est un
peu molle et congestionnée. Les reins sont normaux de
môme que les capsules surrénales, - Le péritoine contient un
peu de liquide; pas de granulations. Les ganglions mévente-
riqttes sont engorgés, rouges et gros.- L'intestin est distendu
94 Inégalité D'AGE : asphyxie.
par les gaz. Pas de corps étrangers, ni de vers. - Vessie, ne
contient pas de calculs. - Les testicules et l'épididyme sont
sains.
Tableau du poids et de la taille.
Crâne DES épileptiques. 95
de rattacher les convulsions survenues à diverses
reprises de 7 à 10 mois.
III. L'épilepsie a débuté à 8 ans, par des vertiges
se manifestant par série. Un an plus tard, il s'y est
ajouté des accès.
IV. Le malade a succombé à une pneumonie ca-
séeuse avec une température centrale très élevée
(41°,5). Les températures prises après la mort ont
montré que l'équilibre entre le cadavre et la chambre
s'est établi au bout de 12 heures. Ce fait confirme les
nombreux cas que nous avons cités et qui montrent
l'importance de la thermométrie, dans notre climat,
pour s'assurer de la réalité de la mort.
V. Les lésions constatées à l'autopsie peuvent se
résumer ainsi : arrêt de développement des circonvo-
lutions, aspect chagriné de quelques-unes d'entre-
elles ; état trouble, épaississement, adhérences des
méninges ; dilatation partielle du ventricule latéral
gauche, enfin, augmentation de poids et infiltration
graisseuse du crâne : c'est là une altération patholo-
gique que nous avons observée bien des fois, et à un
degré bien plus accusé, sur le crime des épileptiques.
VIII.
Idiotie et épilepsie symptomatiques de sclérose atro-
phique des deux lobes frontaux ;
PAR BOURNEVILLE ET DAUDEL.
SOMMAIRE. Père, rien de particulier. Grand' père pater-
nel mort de congestion cérébrale. - Arrière grand-père
paternel, excès de boisson. - Grand-oncle paternel, quel-
ques excès de boisson. - Cousin paternel idiot et épilep-
tique. - Deux oncles, excès de boisson. - Mère, aucun
accident nerveux.
Consanguinité (cousins-germains). Différence d'âge de 13
- atzs. - Premières convulsions à 6 mois. - Dentition con-
plète à 2 atzs. - Début de la marche à 14 mois. - Rougeole
à 6 ans. - Vacciné deux fois sans succès. - Cachexie. -
Diarrhée. Mort.
AUTOPSIE. - Symphyse cardiaque et nombreuses adhérences
pleurales à droite. - OEdème des poumons. Hypertro-
phie des ganglions du mésentère. .Sctorose atrophique
des deux lobes frontaux. - Hypertrophie compensatrice
des os frontaux.
Veyr... (,larie-Jeanne), née à 111a5-res (lrdi;chc), le 26 juillet `
- 1SSS, est entrée à la Fondation Vallée le 11 septembre 1896.
Antécédents. (Renseignements fournis par sa mère et com-
plétés par son père). - Père, 58 ans, garde républicain, n'a
eu ni convulsions dans l'enfance, ni rhumatisme, ni fièvre
typhoïde, ni syphilis. Aurait eu un eczéma vers l'âge de 27 ans.
Marié à 29 ans. - Très sobre et bien portant. - [Père, mort
subitement, sans doute d'une congestion cérébrale. C'était
l'hiver, par un temps très froid ; il était sorti pour donner à
manger à ses moutons. Il se trouva mal, et on le porta dans
son lit, où il mourut cinq minutes après. - II ne buvait pas.
Antécédents héréditaires ET PERSONNELS. 97
Mère, morte très âgée, on ne sait de quoi. - Grands parents
paternels, pas de renseignements. Grand-père maternel,
mort de "coliques" à 84 ans, commettait quelques excès de
boisson, tous les dimanches. - Grand'mère morte très âgée.
Un seul oncle paternel, bien portant ainsi que ses trois
enfants, qui n'ont pas eu de convulsions. - Une tante pater-
nelle a six enfants, ne présentant également aucun accident
nerveux. - Un oncle maternel en bonne santé, célibataire,
a été 14 ans soldat et se livre à quelques excès de boisson. -
Trois tantes maternelles bien portantes, ont des enfants en
bonne santé, sauf que l'une d'elles a un enfant qui est devenu
Idiot à l'âge de 8 ans ; il serait de plus épileptique. - Deux
frères et une sceur, bien portants, de même que leurs enfants ;
pas de convulsions. Mais les deux frères font des excès de
boisson (vin et eau-de-vie de cerises) (1). '
Mère 24 ans, ménagère, pas de convulsions, non nerveuse,
bien qu'un peu vive de caractère. Jamais de maladies. - Père
70 ans, très rhumatisant, sobre. Pas de maladie nerveuse. -
Mère, 65 ans, bien portante, sans manifestations nerveuses.
- Grands parents maternels, pas de renseignements; seraient
morts jeunes. - Les grands parents paternels étaient les
grands parents maternels du père. - Les oncles et tantes de
son père sont les mêmes que ceux du mari. - Elle n'a pas
de détails sur les oncles du côté de sa mère, si ce n'est qu'un
oncle maternel et deux tantes sont morts jeunes. On ne sait
s'ils ont eu des convulsions. La mère de l'enfant est fille
unique.]
Consanguinité : le père et la mère sont cousins germains.
« Ma mère et mon beau-père sont frère et soeur ». - Inéga-
litâ..d'ye de 13 ans (père plus âgé).
Deux autres enfants, nés après la malade, n'offrent rien à
noter.
Notre malade. - Rien à signaler à la conception. - Pendant
la grossesse, la mère eut des ennuis de famille : ses parents
avaient fait venir son cousin au pays pour se marier avec
elle, lui faisant donner sa démission de garde municipal (il
avait fait sept ans dans l'armée et dans la garde), lui promet-
tant qu'ils lui donneraient leurs biens et qu'ils travailleraient
ensemble. Or, après le mariage, les jeunes mariés travaillaient,
mais ne recevaient rien. Quand ils eurent besoin d'argent
(1) « Autrefois, dans notre pays (Ardèclie) on ne buvait que du vin et on
laissait périr les cerises et les prunelles, maintenant on les distille. » Ceci dit
au sujet de l'alcoolisme.
BOURiIEVILLE, Bicêtre, 1897. 7
98 Etat DE MAL convulsif.
pour des achats, on refusa de leur en donner. De là des discus-
sions vives, des reproches, des menaces du père de l'enfant
de revenir à Paris, ce qui tourmentait la jeune femme que
Paris effrayait. Finalement ses parents firent de mauvaises
affaires. Elle dut revenir à Paris où son mari se réengagea
dans la garde. Ces ennuis auraient existé pendant les quatre
premiers mois de la grossesse. Pas de vomissements. Elle n'a
senti remuer son enfant que vers le sixième mois, tandis que
les deux autres enfants ont remué a quatre mois et demi et
beaucoup plus fort. Pas d'oedème. Accouchement à terme,
couche sèche. - L'enfant a crié de suite ; elle était assez
grande, mais pas très grosse. - Nourrie au sein maternel. On
a eu de la difficulté à lui faire prendre le sein. Pendant trois
jours on dut emprunter le sein d'une autre femme, puis
elle a bien tété. Le sommeil était bon. - Elle ressemblait
beaucoup à son père tandis que les deux autres enfants ne lui
ressemblent pas. A six mois elle venait très bien, souriait,
était attentive à ce qui se passait autour d'elle, faisait aller
ses bras et ses jambes tout comme les autres enfants de son
âge et était comme furent son frère et sa soeur, au même âge,
quand survinrent les premières convulsions qui ont coïncidé
avec le percement de la première dent ; elles auraient duré
deux ou trois heures : elle était morte au bras ». Les membres
se raidissaient, les yeux restaient grands ouverts.
Les convulsions se sont reproduites presque toutes les
nuits pendant deux semaines, durant chaque fois deux ou
trois heures. - On ne nota ni paralysie, ni différence entre
les deux côtés du corps. Après ces convulsions, elle n'était
plus la même : « son regard n'était plus le même, elle ne
paraissait plus avoir sa connaissance ». Pendant les deux
mois qui ont suivi, elle n'a pas cessé de crier la nuit, ce
qu'elle n'avait jamais fait auparavant. Dans la matinée du
jour où survinrent les convulsions, on n'aurait rien remarqué
d'anormal ( ? ). Après, l'enfant eut des accès convulsifs, diurnes
et nocturnes, dont le maximum aurait été de 3 ou 4 en 24
heures.
Début de la marche à 14 mois. - A la maison, elle allait
et venait, sans conscience du danger, mangeait de tout,
des cailloux, des morceaux de cuir, tout ce qu'elle trouvait,
mais pas ses matières. - Point de pyromanic, ni de grince-
ments de dents, ni de balancements. Elle n'était pas méchante,
mais taquine et rageuse, se mettait en colère quand on la
grondait lorsqu'elle avait mangé des saletés. Pas de peurs
la nuit, pas d'étourdissements. - Elle aurait rendu plusieurs
fois des ascarides lombricoïdes .
DESCRIPTION DE la malade. 99
Aucune autre maladie infectieuse que la rougeole à 6 ans.-
Pas de manifestations scrofuleuses.
État actuel. (24 septembre 1895). - L'aspect général de
l'enfant est bon. - Crâne arrondi, front découvert, non
masqué par la ligne d'implantation des cheveux, qui sont
châtains clair, avec tourbillon central. Bosses pariétales
saillantes et symétriques. Bosse occipitale légèrement sail-
lante au-dessus de la nuque. Arcades sourcilières à peine
développées. Cils nombreux et longs. - Yeux de couleur
châtain foncé ; pupilles égales ; fentes palpébrales bien
Fig, 2. - Ve... en août 1897.
100 DESCRIPTION DE la malade.
ouvertes et symétriques. - Pas d'inflammation du bord libre
des paupières ni de la conjonctive. - Nez droit. - Bouche
moyenne, à contours bien dessinés pour la lèvre supérieure,
moins nets pour l'inférieure, qui est plus charnue. Menton
rond. - Visage rond. - Oreilles de dimensions moyennes,
bien ourlées ; lobule adhérent. - Physionomie sans expres-
sion.
Dentition,- Maxillaire à large développement de son bord
alvéolaire. - Dents espacées, surtout à la région antéro-
supérieure, petites ; elles sont en outre usées et presque
complètement laminées par le choc des dents correspondantes
inférieures (grincement ou contracture). - Le nombre des
dents, saines, est normal. Les deux incisives médianes
permanentes inférieures ont effectué leur éruption. Un large
interstice dentaire les sépare, dû à la courbure anormale du
maxillaire inférieur. - Amygdales normales. Larynx légère-
ment saillant, mais le corps thyroïde ne paraît pas très-
développé.
Membres supérieurs bien développés ; mouvements spon-
tanés et provoqués normaux. Ni contracture, ni paralysie.
- Membres inférieurs, volume, attitude, normaux ; bien
développés. - Les mouvements spontanés et provoqués sont
souples et aisés. Réflexes conservés.
Thorax et abdomen. Rien à signaler. Corps glabre ; pénil
saillant, grandes lèvres développées, hymen intact, orifice
ovalaire. - Région anale normale. Onanisme, surtout la
nuit et, souvent, on est obligé de lui attacher les mains.
L'enfant ne dit que quelques mots inintelligibles et paraît
ne rien comprendre à ce qu'on lui dit lorsqu'on lui adresse
la parole. - Elle est vorace dans ses repas, se précipite sur
le manger de ses voisines et fouille dans les plats. On a
trouvé des vers dans ses garde-robes qui sont involontaires,
jour et nuit. Elle ne peut rester en place, se promène conti-
nuellement dans la cour et se montre très-agile, bien qu'elle
aît une tendance à marcher sur la pointe des pieds. Elle
court sans cesse de tous côtés, profitant d'une porte ouverte
pour se sauver dans le jardin. Lorsqu'elle est assise, elle ne
cesse pas de se balancer d'avant en arrière. Fait continuel-
lement des grimaces, a toujours ses doigts dans la bouche
et se cogne la tête lorsqu'elle est contrariée. - Elle est
incapable de s'habiller et de se déshabiller, mais aide à ces
opérations. - Elle ne pleure et ne se plaint jamais, sourit
quand on la caresse. Elle semble reconnaître ses parents.
1895. Octobre. - Accès épileptiforme, sur lequel, malheu-
IDIOTIE COMPLÈTE ET épilepsie. 101
reusement, manquent les détails. Pas d'autre accès en
1895.
1896. Avril. - L'enfant ayant eu quelques accès nouveaux
et quelques vertiges, on lui donne de l'élixir polybromuré
tout en continuant l'hydrothérapie. - Aucun progrès à
l'école. Mêmes tics, même turbulence, ne reste jamais en
place, ne fait que courir, il est très difficile de la maintenir
assise en classe. A la gymnastique on n'a rien obtenu ; elle
ne sait pas saisir les bâtons des échelles. Elle crie et rit aux
éclats, sans motif et sans se rendre compte de ce qu'elle fait
ou de ce qui se passe autour d'elle. - Au réfectoire, elle se
sert de la cuillère; est toujours vorace et gâteuse. Déchire
tout avec ses dents et ses mains.
1897. - Janvier. - L'état de l'enfant est toujours le même.
Elle continue à déchirer ses vêtements avec les dents; elle
les met en lambeaux, les ronge, les suce bien qu'on lui
attache les mains. Elle se baisse jusqu'à terre, ramasse avec
sa bouche des fils, des cordons, des cailloux, les garde long-
temps dans sa bouche et les rejette. Quelquefois, elle avale
ces diverses substances et on les retrouve dans les selles,
surtout les cordons et les fils. Ses dents sont usées à force
de ronger. - Elle est toujours aussi vorace, s'agite, fait des
grimaces, tortille ses doigts, ouvre la bouche à la vue des
aliments. Dès qu'elle arrive au réfectoire, elle se jette sur
les aliments, prend dans les plats, vole la part de ses cama-
rades si on ne la surveille très attentivement. Elle n'est
jamais rassasiée. Sa mobilité, sa malpropreté, son gâtisme
n'ont pas diminué.
Juillet. - Description d'un accès. L'enfant ne parait
éprouver aucun malaise avant la crise. - Elle tombe subi-
tement, crie puis s'agite beaucoup : les quatre membres sont
secoués par de violentes convulsions. La face se conges-
tionne, les yeux sont injectés, les lèvres violacées. La bouche
laisse échapper une bave abondante, mais non sanguino-
lente ; elle est déviée surtout vers la droite. Les globes ocu-
laires se convulsent principalement en haut. L'accès dure
une minute ou deux; ensuite Veyr.. s'endort rapidement. Elle
urine souvent sous elle. - Lorsqu'elle revient à elle, elle se
lève et marche avec précipitation. Elle est toujours altérée
après ses accès.
La déchéance s'est accusée à partir de juin 1897. Veyr...
s'affaiblissait et maigrissait considérablement et dut entrer
à l'infirmerie, qu'elle ne quitta plus. Dans le cours de juillet
102 Accès ET vertiges ; aggravation.
elle fut prise d'une diarrhée tenace. Vers le milieu du mois
d'août, on trouva des ascarides dans ses selles. La maigreur
était extrême. Elle mangeait cependant avec voracité, et se
précipitait sur ses aliments. - Le 1 septembre, elle cessa
de manger, mais paraissait très altérée. - Pas de fièvre.
L'auscultation, rendue très difficile par suite de l'indocilité
de l'enfant, qui respire très mal, ne permet de reconnaître
aucun bruit anormal et ne donne aucun renseignement.
Diarrhée verdâtre rebelle aux médicaments prescrits (a. lac-
tique, potion au ratanhia et au bismuth.). L'état général est
bien mauvais, la température s'abaisse, remonte brusque-
ment de 1° (37,6) le 3 septembre au soir, retombe à 36°, 5 le
lendemain et le décès survient, sans cri, sans râle, le 5
septembre à 9 heures 1/2 du matin. Son poids était descendu
à 11 kilog.
Températures après décès.
Tableau DU poids, DE la taille ET DES accès. 103
Voici la marche des accès en 1896 et 1897.
Tableau des accès.
104 CRANE- : HYPERTROPHIE DES FRONTAUX.
la droite et la suture sagittale est déviée à droite dans sa
partie antérieure. - Les sutures sont presque rectilignes, à
sinuosités et dentelures à peine dessinées, sauf à la suture
occipito-pariétale, où on constate, de chaque côté, l'existence
d'os wormiens, - Les fontanelles sont fermées. - Les
pariétaux et l'occipital sont assez minces, ainsi qu'on le voit
sur la coupe et offrent de nombreuses plaques transparentes.
Les deux frontaux, au contraire, sont notablement hypertro-
phiés dans presque toute leur étendue. La Planche VI montre
bien le degré de cette hypertrophie. De chaque côté de la crète
répondant à la suture métopique, il existe une petite plaque
transparente, plus grande à gauche qu'à droite. Cette hype1'-
trophie des os frontaux répond à l'atrophie des lobes frontaux
du cerveau.
Adhérences entre la dure-mère et la calotte. - Dure-mère
épaissie, à vascularisation évidente.
Après l'incision de la dure-mère, le cerveau apparait tout
infiltré de sérosité ; il est légèrement vascularisé sauf au
niveau de la région frontale, où la teinte est lactescente. En
soulevant les lobes frontaux, profondément altérés, pour
dégager la base, on constate une grande quantité de séro-
sité, qui remplit les lacs sous-arachnoïdiens et le canal
rachidien. -
La base est sensiblement symétrique, les fosses ont leur
profondeur habituelle. L'apophyse crista-galli est peu sail-
lante ; les apophyses clinoïdes, tant antérieures que posté-
rieures, sont bien développées. - Le trou occipital n'est pas
rétréci.
Cerveau. - La décortication en est assez facile, excepté au
niveau des lobes postérieurs, L'atrophie des lobes frontaux,
déjà très nette sous la pie-mère, apparait encore plus nettement
et ce qui reste de ces lobes tranche fortement, par sa couleur
jaunâtre, sur tout le reste du cerveau.
SCLÉROSE ATROPHIQUE DES LOBES frontaux. 105
cinq centimètres à peine. Il en résulte que, dans son ensem-
ble, cet hémisphère a une forme arrondie. Les lobes pariétal
et temporal sont, au contraire, assez développés. Ce qui
reste des circonvolutions (PL. VII) du lobe frontal a une colo-
ration brun-jaunâtre sur ses faces convexe et inférieure,
grisâtre sur sa face interne. Les circonvolutions situées en
arrière ont leur coloration naturelle, sont assez grosses, sauf
les circonvolutions occipitales, et paraissent tassées les unes
contre les autres. - Les sillons qui les séparent sont assez
profonds.
Les circonvolutions du lobe frontal sont non seulement
atrophiées, mais sclérosées, réduites à de petites crêtes et
lamelles sinueuses, assez écartées. Il ne reste d'intact que
la partie postérieure de la première frontale (fui), le pied de
la seconde frontale (F2). Quant à la troisième frontale (Fa),
elle est atrophiée et indurée dans toute son étendue.- - Il
en est de môme des circonvolutions de la face inférieure du
lobe. ,
Le lobule de l'insu la, dans sa moitié antérieure, n'offre
aucune digitation, est aplati, comme membraneux, dur, de
coloration vitreuse ; deux légers reliefs fibreux indiquent la
place des digitations correspondantes.
La frontale et la pariétale ascendantes (FA et PA) sont
relativement volumineuses, unies à leurs extrémités par des
plis de passage fermant le sillon de Rolando, qui est assez
profond.
Les plis pariétaux (P et P2) sont bien développés. Un pli
de passage, qui les réunit, présente un petit foyer jaunâtre,
ocreux, de sclérose atrophique, en retrait par rapport à la
surface des circonvolutions voisines. La lésion intéresse
environ deux centimètres de la longueur de la circonvolution
de passage. - Le lobe occipital est peu volumineux, sans
sclérose.
La lèvre supérieure de la scissure de Sylvius est plus
oourte que d'habitude et s'arrête au pied de la frontale ascen-
dante. Sa lèvre inférieure est intacte. Sur cet hémisphère, et
sur l'autre, la circonvolution dite « d'enceinte de la scissure
de Sylvius » est très simple et très nette. - Notons, en
arrière de Tl, quelques adhérences légères de la pie-mère
jusqu'au lobe occipital. - Les trois circonvolutions du lobe
temporal (Tl, T2, T3) sont volumineuses, les sillons inter-
médiaires sont assez profonds, les plis de passage rares.
Face interne. - On trouve, comme nous l'avons dit, les
mômes lésions de sclérose atrophique, intéressant les trois
quarts antérieurs de la première frontale (fi) et la moitié.
106 Sclérose ATROPHIQUE DES LOBES frontaux.
correspondante de la circonvolution du corps calleux (CCC).
Le corps calleux lui-même (CC) n'est pas atrophié comme il
l'est sur l'hémisphère gauche. Le reste des circonvolutions
est assez développé. - Le lobule paracentral (LP) est moins
gros que le gauche. - Le lobe quadrilatère (LQ) est assez
volumineux et assez plissé. - Le coin indiqué à tort par LO
sur la Planche VIII, est plus petit qu'à gauche. - Le lobe
occipital est composé de circonvolutions plutôt peu dévelop-
pées. - La circonvolution de l'hippocampe (CH) est assez
volumineuse, ainsi que la quatrième temporale. Le ven-
tricule latéral, la couche optique (CO) et le corps strié n'ont
rien de particulier.
Hémisphère gauche. - Face convexe. Le lobe frontal est
également réduit à de très minimes proportions (PL. IX) par
une sclérose atrophique qui a détruit toutes ses circonvolu-
tions, sauf le pied de la première frontale en petites crêtes
blanches ou d'un blanc jaunâtre, indurées, et cela sur les
trois faces du lobe (PL. X). La moitié antérieure de l'insitla
est, elle aussi, profondément altérée, sans trace de digitations,
déprimée, aplatie, sclérosée et jaunâtre. - La frontale et la
pariétale ascendantes (PL. IX, FA, PA) sont bien développées
et régulières. Le sillon de Rolando est très net et assez pro-
fond. - Les plis pariétaux inférieurs et supérieurs (Pl, P2)
et le pli courbe (PC) sont plutôt volumineux, tandis que le
lobe occipital est notablement réduit. - Les circonvolutions
temporales (Tl, T2, T3) sont passablement développées.
Face interne. - La partie antérieure du corps calleux £
(PL. X, CC) et la partie correspondante de la circonvolution
du corps calleux (CCC) sont réduites à une simple lamelle ainsi
que toute la face interne du lobe frontal, à l'exception de l'ex-
trémité postérieure de la première frontale (F1). Le lobule
paracentral (LP), le lobe quadrilatère (LQ) et le coin n'ont
rien de particulier. Le lobe occipital est petit; la circonvo/¡t-
tion de l'hippocampe (CH) est simple et grosse. - Les sillons
sont moyennement profonds, les plis de passages rares ou
nuls. - Le ventricule latéral, la couche optique (CO) et le
corps strié n'offrent aucune lésion. - Signalons l'épaisseur
considérable des deux tiers postérieurs du corps calleux (CC).
Cou. - Le corps thyroïde a son aspect normal (5 gr.). -
Pas de thymus.
Thorax. Après avoir enlevé le plastron sternal, on con-
state de faibles adhérences du poumon gauche à la paroi
Examen DU BULBE. 107
costale. Il existe un peu d'emphysème. Pas de tubercules.
(125 gr.). - Le poumon droit, au contraire, est extrêmement
adhérent à la paroi d'une part et à la cloison médiastine
d'autre part, à tel point qu'il est impossible de l'enlever com-
plètement et de le peser. Tout le lobe inférieur reste collé
au diaphragme. A la coupe, il s'en écoule une sérosité spu-
meuse et sanguinolente. Pas de tubercules, mais les gan-
glions du médiastin sont énormes, forment une masse grosse
comme un oeuf de poule, et sont caséeux à la coupe. - Cour,
Son extraction est également impossible en raison des
adhérences complètes entre lui et le péricarde, qui adhére
également au diaphragme : symphyse cardiaque totale. A la
coupe, l'épaisseur relative des ventricules est conservée. Pas
de dilatation des ventricules (170 gr.).
.4Mo)TK. .Fote volumineux, mais de couleur et de con-
sistance normales (795 gr.). - Pas de calculs dans la vésicule
biliaire, qui ne renferme que peu de bile. - Rate petite,
de consistance assez ferme (75 gr.). - Reins petits, non
congestionnés (40 gr. chacun). - Il n'existe presque pas de
matières dans les intestins. Ouverts sur une longueur de 2 à
3 mètres à partir du caecum, on n'y constate aucune altéra-
tion, mais le mésentère est vascularisé et présente une hy-
pertrophie de tous ses ganglions, qui se suivent en certains
endroits comme en chapelet, composant des traînées de 10 à
12 cm. de long. Pas de vers ni de corps étrangers dans les
intestins. - Pancréas 30 gr. - Les organes génitaux sont
normaux.
Examen du bulbe, par CESTaN. - Macroscopiquemenl, le
bulbe est normal dans son aspect et ses dimensions. Sur des
coupes successives, il n'existe pas d'asymétrie au niveau de
la protubérance et des pyramides bulbaires qui sont bien
développées. La pièce a été durcie par les sels de chrome,
puis examinée par les méthodes de coloration à l'hématéine,
au picro-carmin et à l'hématoxyline selon le procédé Wei-
gert-Pal, au niveau de la partie supérieure et de la partie
moyenne de la protubérance, du noyau du facial, du noyau
de l'hypoglosse, de l'entrecroisement sensitif et de l'entre-
croisement moteur.
Microscopiquemenl, il a été impossible de trouver des
lésions. La pie-mère et les vaisseaux ne sont pas épaissis, la
névroglie n'est pas hyperplasiée et on ne voit pas de corps
granuleux. Les différents groupes cellulaires du bulbe
ont leurs cellules bien développées. Les voies aussi bien
108 États DE MAL CONVULSIF.
sensitives que motrices ne présentent rien d'anormal, leur
cylindraxe se colorant bien par le carmin et leur gaine de
myéline très visible par la méthode de Weigert-Pal. En
particulier la voie motrice, examinée à tous les niveaux cités
plus haut, est normale et parfaitement symétrique, ne pré-
sentant ni agénésie, ni sclérose névroglique, ni diminution
de volume des cylindraxes et de la gaine de myéline. En
résumé, le bulbe de Veyra.... est normal
Réflexions. - I. Au point de vue de l'hérédité et
de l'alcoolisme, nous avons à relever les particularités
suivantes : grand-père paternel, mort d'une conges-
tion cérébrale ; des excès de boisson chez l'un des
arrière-grands pères paternels, chez un grand oncle
et chez les deux oncles paternels; l'idiotie compliquée
d'épilepsie chez un cousin-germain du même côté.
Nous n'avons rien dans la famille maternelle, mais
les renseignements sont incomplets. - Signalons la
consanguinité, qui n'a d'importance qu'en cas d'acci-
dents nerveux héréditaires et l'inégalité d'âge qui, ici,
est assez considérable.
II. La grossesse a été relativement mauvaise en
raison de la dépression morale déterminée par des
ennuis sans cesse renaissants, durant les quatre pre-
miers mois. L'enfant a remué plus tardivement et
moins fort que les deux autres qui ont suivi, compa-
raison intéressante, qui mérite d'être mise en relief.
Jusqu'à 6 mois, le développement physique et intel-
lectuel s'est fait régulièrement et Vey..., malgré les
troubles qui ont accompagné la grossesse, semblait
tout à fait normale.
III. Alors survinrent des convulsions qui ont été
très fortes et ont revêtu la forme d'états de mal con-
v1Ûsif, durant deux à trois heures, et qui se sont repro-
duits presque toutes les nuits pendant deux semaines.
C'est à eux que se rattachent indubitablement les
IDIOTIE, ÉPILEPSIE, ENTÉRITE CHRONIQUE. 109
graves lésions destructives des lobes frontaux et
l'arrêt de développement du cerveau sur lesquels
nous reviendrons tout à l'heure.
IV. Les convulsions ont eu pour conséquence
immédiate l'idiotie profonde dont était atteinte la
malade et, ultérieurement, l'épilepsie, la « bête
noire » des idiots.
V. L'épilepsie n'a paru qu'au début de la huitième
année et durant les sept premiers mois de son séjour,
l'enfant n'avait eu que deux accès. Puis les accès se
sont compliqués de vertiges, les uns et les autres sont
devenus rapidement de plus en plus fréquents, de telle
sorte que, pendant les sept premiers mois de 1897, elle
a eu 42 accès et 30 vertiges. Les accidents comitiaux
ont disparu dans le dernier mois de l'existence, peut-
être sous l'influence de l'adénopathie caséeuse et de
l'entérite.
VI. L'entérite chronique, observée chez V..., permet
de rapprocher son cas de ceux que nous avons rappor-
tés précédemment (p. 22-34). Elle s'est accompagnée
d'une hypothermie dans les derniers jours, hypo-
thermie qu'il nous paraît utile de mentionner ici :
Température rectale.
110 Sclérose TROPHIQUE.
VII. L'examen des Planches VII et IX, représentant
la face convexe des hémisphères cérébraux montre
avec netteté : 1° l'aspect globuleux du cerveau et la
rareté des plis de passage ; - 2° la circonvolution
désignée par quelques auteurs sous le nom de circon-
volution d'enceinte de la scissure de Sylvius ; 3° l'a-
trophie très considérable des lobes frontaux dont le
droit est venu en noir par suite de sa coloration brune
jaunâtre ; 4° enfin le volume relativement exigu des
lobes occipitaux.
La destruction presque complète des lobes frontaux,
à un degré tel qu'on la rencontre bien rarement, et
qui s'est traduite cliniquement par des états de mal
successifs, explique l'idiotie profonde dont était
atteinte l'enfant. L'intégrité des zones motrices, leur
développement même, est en harmonie avec la per-
sistance de la marche, de la course, de l'activité
incessante de la malade.
VIII. Le rétrécissement et le peu de hauteur du front,
étaient en rapport avec l'atrophie des lobes frontaux,
mais les os frontaux n'avaient pu suivre le mouvement
de retrait de ces lobes et l'espace devenu libre entre
ces lobes et la face interne des frontaux était comblé :
1" par une accumulation considérable de liquide cépha-
lo-rachidien ; -2° par un épaississement remarquable,
une hypertrophie des os frontaux dans toute leur
étendue. - L'hypertrophie des frontaux, la surahon-
dance du liquide céphalo-rachidien notés dans ce cas
sont à rapprocher de l'hypertrophie de la moitié gauche
du crâne, de l'augmentation du liquide céphalo-rachi-
dien et de la dilatation du ventricule latéral gauche,
signalés dans le cas d'atrophie de tout l'hémisphère
cérébral gauche, avec hémiplégie droite, relevés dans
l'observation de Doue, publiée dans notre Compte-
rendu de 1896 (p. 82-105).
IX.
Idiotie hydrocéphalique acquise;
Par KOUHNE\ ! LLE et.i. : \'O((L
SOMMAIRE,- Père tuberculeux e t 71e ? uettx.-Gîaiid-p,i,e pater-
nel goutteux. - Grand'mère paternelle migraineuse et ner-
veuse. Grand-père maternel mort tuberculeux. Grand'-
mère maternelle cardiaque. Cousine naine et rachi-
tique ( ? ). - Soeur morte avec des convulsions de l'enfance.
- Autre soeur, convulsions de l'enfance, intelligente. -
Pas de consanguinité. Inégalité d'âge (6 mois).
Conception : rien de particulier. Emotion violente au
sixième mois de la grossesse suivie de délire et de photo-
phobie. - Accouchement normal. - Pas d'asphyxie à la
naissance malgré trois circulaires du cordon. Allaite-
ment maternel. Première dent à 14 mois. - Parole il
deux ans. - Marche à 10 mois. Bronchite et convul-
sions à 10 mois. - Glaucome probable et perte de l'oeil
droit. - Paralysie du côté droit. - Augmentation de la
tête vers 10 mois. État actuel. - Aspect du crâne. -
Strabisme. Puberté. - Gâtisme. Tics. - Atensura-
tions de la tête et des membres. Traitement de l'hydro-
céphalie. Imdattte. Diarrhée. - Dyspnée, -
Mort.
AUTOPSIE. - Crâne : persistance de la fontanelle antérieure.
- Description du cerveau : lésions des circonvolutions ;
- hydrocéphalie ventriculaire très prononcée.
Gill... (Louise), née à Paris, le 3 décembre 1890, est entrée
le 30 novembre 1893, dans notre service à Bicètre, où elle est
décédée le 30 juin 1894.
Antécédents. - (Renseignements fournis par la mère de
l'enfant le 25 décembre 1893). - Père, peintre en décors,
est mort à 32 ans de phtisie pulmonaire. Très sobre et très
112 Antécédents héréditaires ET personnels.
rangé, il n'a jamais eu de dermatose, ni de syphilis. Toute
son histoire pathologique se borne à une bronchite à 17 ans,
à une névralgie faciale à 27 ans et il sa maladie ultime. Il
fumait beaucoup. Doux, travailleur, il était cependant « très
nerveux » et se laissait facilement abattre.
Famille du père. Père, 63 ans, inspecteur des égouts,
c'est un travailleur sobre et paisible. De bonne santé habi-
tuelle, il est cependant sujet à des accès de goutte ? Mère,
56 ans, jouit d'une bonne santé générale, elle est nerveuse,
sans avoir de crises cependant ; les grandes émotions déter-
minent chez elle des accès de suffocation, elle ne peut pleu-
rer. Elle était sujette à de violentes migraines, devenues
moins intenses depuis son retour d'âge. - Le grand-père
paternel serait mort à 72 ans, durant la guerre.- Une grand'-
mère maternelle vit et est bien portante à 83 ans. - Pas de
renseignements sur les autres grands-parents. Trois frères
dont un mort en naissant. L'aîné des survivants a 32 ans, est
ciseleur. Très intelligent, il est actuellement faible et tousse.
Il est sobre et travailleur, mais « s'est amusé autrefois ».
L'autre frère a 21 ans, est sous-officier au génie il Versailles,
il est très intelligent mais sujet aux bronchites. Ces deux
frères sont célibataires. Une soeur, 29 ans, se trouve mal faci-
lement et est sujette aux migraines ; elle a une petite fille de
18 mois, très belle et bien portante, qui marche et parle. -
Rien à signaler dans le reste de la famille du père. Les mem-
bres de cette famille ont plutôt en général la tête petite.
MÈRE, 32 ans, couturière, est une femme brune au visage
coloré, assez sanguine, d'aspect intelligent. Sa tête est de
dimensions moyennes. Sa santé aurait toujours été parfaite,
elle n'est pas nerveuse. Elle n'a jamais eu d'autre maladie
qu'une légère blépharite ciliaire dans son enfance.
Famille de la mère . Père, mort à 45 ans de tuberculose
pulmonaire. Cet homme, très fort, exerçait la profession de
marchand de vins et aurait été, malgré cela, d'une grande
sobriété. Il n'a jamais eu d'autre maladie que son affection
ultime qui a duré 5 mois. Il était sanguin, puissant, calme et
nullement nerveux. - Mère, morte à 47 ans, probablement
d'une lésion organique du coeur. Elle était plus âgée que son
mari, sujette aux douleurs rhumatismales, elle n'était pas
nerveuse. Dans sa jeunesse, très dévote, elle se destinait à
entrer au couvent. Elle revint sur cette résolution à cause
d'une maladie d'yeux ( ? ).- Grand-père paternel, cultivateur,
mort à 61 ans, très travailleur, pas d'autres renseignements.
- Grand'mère paternelle morte à 88 ans, jusque-là bien
Antécédents PERSONNELS. 113
portante. - Grand-père maternel mort subitement à 42 ans ;
intendant à la campagne, il était fort et de bonne santé ordi-
naire. - Grand' mère maternelle, morte à 71 ans, coléreuse,
méchante et emportée. - Deux oncles et deux tantes bien .
portants. - Ni frères, ni soeurs. - Cousine germaine, nouée,
ne grandit pas, va à Berck chaque année et reste malgré
tout difforme; elle est néanmoins très intelligente. - Rien
à signaler dans le reste de la famille, dont les membres n'ont
pas en général la tête grosse.] ,
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 6 mois.
Cinq enfants dont quatre vivants : l'aînée, 9 ans, a été
sujette aux convulsions dans son enfance; elle se porte bien,
est gentille, intelligente, n'a pas la tête grosse et tient beau-
coup de son père. - La seconde est morte à 2 mois du choléra
infantile. Elle a eu des convulsions au moment de la mort. Elle
paraissait devoir bien venir. - La troisième, 7 ans, est bien dé-
veloppée, intelligente, en bonne santé, n'a pas eu de convul-
sions. - Le quatrième, 5 ans, bien portant, normalementcons-
titué, est intelligent. Le médecin prétend qu'il est faible de poi-
trine. Il n'a pas eu de convulsions. - La cinquième, 3 ans,
est notre malade.
Notre malade. - Rien de particulier à la conception. - Gros-
sesse acceptée sinon avec bonheur, du moins avec résigna-
tion. Au 6e mois, émotion violente due à un empoisonnement,
par les moules, dont son mari fut victime. Quant à elle, elle
perdit connaissance, le médecin parla de congestion céré-
brale, lui fit prendre des bains à la moutarde. Elle fut un
mois malade avec des accès de délire et une photophobie
intense. Ni paralysies, ni contractures. La fin de la gros-
sesse ne fut compliquée que par quelques syncopes très cour-
tes.
Accouchement à terme, normal, sans chloroforme. Le
travail dura 10 heures environ. - A la naissance l'enfant
était bien portante, non asphyxiée, malgré deux ou trois cir-
culaires du cordon autour du' cou. Elle pesait onze livres,
affirme-t-on. - Allaitement au sein; sevrée à 22 mois. - Pre-
mière dent à 14 mois ; douze sont sorties à 16 mois. Début de
la parole à 2 ans, dit « papa, maman. » Début de la marche
à 10 mois. L'enfant se porta fort bien et fut considérée comme
très belle jusqu'à 10 mois. A cette époque, elle eut une bron-
chite compliquée de convulsions. Durant ces convulsions, qui
furent qualifiées d'internes, elle ne remuait pas, mais le cou
était roide, la langue restait contractée au fond de la bouche,
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1897 8
tl4 Antécédents PERSONNELS.
les yeux étaient animés de mouvements, le visage était pâle.
La crise durait ainsi deux heures environ et était suivie d'un
sommeil calme. Pendant près d'un an, ces convulsions se sont
reproduites très fréquemment, parfois plusieurs fois par jour.
A 14 mois, à la suite de crises répétées, elle resta durant
quatre jours sans pouvoir prendre spontanément sa nourri-
ture, on dut lui donner seulement un peu de lait à la cuillère.
Parfois, elle se plaignait et avait de la fièvre. Elle avait maigri
progressivement beaucoup. A la suite de la crise de 4 jours
que nous venons de signaler, l'oeil droit de la malade devint
volumineux, M. Galezowski lui donna ses soins. L'oeil dimi-
nua progressivement, s'atrophia, la vue disparut. En même
temps une paralysie presque complète du côté droit se décla-
rait. M. Landolt, qui vit plus tard l'enfant, aurait déclaré que
la vue pouvait être récupérée, si la tête de l'enfant diminuait
et si son développement devenait normal.
A partir de l'époque de cette crise importante, la tête grossit
peu à peu. Des convulsions se reproduisirent avec les mêmes
caractères mais avec moins de violence. Elles venaient
approximativement deux à quatre fois par mois. Parfois des
crises plus graves se produisaient ; on crut ainsi la perdre au
14 juillet de l'an dernier, elle resta en crise de 5 heures du
matin à 4 heures du soir. L'attaque avait débuté par un
vomissement. Depuis l'on n'en observa que trois ou quatre,
mais la mère pense que beaucoup passent inaperçues, les
mouvements étant fort limités et l'enfant criant peu.
Schn... commença à être propre à 2 ans. Son intelligence
faisait quelques progrès, grâce à l'éducation qu'essayait de
lui donner la mère. La mort du père mit un terme aux soins
maternels et les progrès cessèrent. L'enfant est affectueuse
pour sa mère. Elle mord et grince parfois des dents, mais est
rarement en colère. Jusqu'à l'âge de dix mois, nous répète-
t-on, elle paraissait absolument normale. - Pas d'autres
maladies, ni d'accidents constatés.
État actuel (Décembre). - Adipose prononcée. Visage
coloré. Air de bonne santé. Physionomie sans expression. -
Peau blanche, assez fine. Cheveux châtains clairs, bien im-
plantés, se résolvant en duvet au niveau des tempes. Crâne
très plagiocéphale, la bosse frontale gauche et pariétale
droite sont notablement plus développées. Le crâne est plus
élevé à gauche qu'à droite. L'étroitesse du front le rend tri-
gononal. - Les sutures ne sont pas perceptibles mais la
fontanelle antérieure persiste. Elle a la forme d'un triangle
irrégulier, à base antérieure de 6 centimètres sur 2 centimètres
DESCRIPTION DE la malade. * 115 5
de hauteur. On ne perçoit pas la fontanelle postérieure. La
bosse occipitale est développée et, au-dessus, existe une sorte
de méplat.
Visage ovale ; prognathisme apparent, front élevé, bombé
(Fig. 3). Arcades sourcilières peu saillantes. Paupières nor-
males. - Orbites un peu excavés surtout à droite où l'cil est
très notablement moins développé que le gauche, qui est d'as-
pect normal. Cet oeil droit est gris et terne, sa pupille est con-
tractée, il est le siège d'un léger strabisme divergent. L'oeil
gauche a l'iris gris foncé et parait sain. La lumière amène la
réaction pupillaire. Il ne semble pas que l'enfant perçoive
Fig. 3. - Gill... à 3 ans.
116 DESCRIPTION DE la malade.
nettement les impressions lumineuses, néanmoins la lumière
vive excite chez elle une gaité exubérante. - Nez déprimé à
la base, lobule épais, narines dilatées, regardant en bas. Pas
d'asymétrie faciale si ce n'est pour les yeux. Joues pleines,
sillons labio-nasaux égaux. Lèvres normales. - Bouche
moyenne. Dents blanches régulières, les supérieures chevau-
chent légèrement sur les inférieures. Rien de particulier à
la langue, au palais, au gosier. Pas de réflexe pharyngé.
Le goût et l'odorat paraissent nuls. - Menton moyen et
régulier. - Oreilles grandes, assez bien ourlées, à lobule
charnu détaché. Conque peu profonde. Ouïe normale des
deux côtés.
Cou gras, pas de goitre. - Thorax : rien de notable. Le
coeur et les poumons fonctionnent bien. - Abdomen : rien
de particulier.
Puberté. Du\ et fin dans le dos et sur les fesses. Léger duvet
sur les grandes lèvres. Pénil gras et glabre. Vestibule profond.
Clitoris petit avec capuchon peu développé. Hymen ovalaire.
Anus normal.
Membres supérieurs bien développés, même très gras.
Mains bien faites, l'enfant se sert surtout de la gauche. Les
extrémités sont violacées et froides.
Membres inférieurs très gras, jambes flasques, l'enfant ne
peut se tenirdebout. Pieds violacés, enlégèrerotationinterne.
Les réflexes rotuliens sont conservés.
L'enfant est complètement gâteuse. La sensibilité sur tout
le corps est assez obtuse mais est perçue à la piqûre et à la
chaleur. Ordinairement triste, l'enfant a des moments de
gaîté, reconnaît sa mère et ses soeurs, est caressante. Tics :
Elle balance d'avant en arrière la tête et le tronc toute la
journée; se déchausse constamment.
Elle parle, mais ne prononce bien que les mots « maman »
et « ma fille ». Elle chantonne des airs vagues où l'on peut
saisir des traces de refrains populaires.
Mensurations de la tète.
RÉTRÉCISSEMENT DE LA FONTANELLE. 117
118 Hydrocéphalie : état DU crâne.
L'attention est presque nulle. Gil... gémit et grince des
dents. La surveillante prétend qu'elle reconnaît la voix de sa
mère. Intelligence, parole nulles. - Accès de suffocation se
montrant principalement la nuit suivis de refroidissement
des extrémités ; ils ne durent que quelques minutes. Ces
suffocations, apres s'être montrées pendant quelque temps,
ne surviennent plus depuis 3 ou 4 jours. Malgré cela l'affai-
blissement de Gill... est plus considérable. Cet état est sur-
venu à la suite d'une infection caractérisée successivement
par de l'angine, de la diarrhée, de la dyspnée et un peu de
toux. Bien qu'il n'y ait pas de bruits anormaux à l'ausculta-
tion, la respiration est plus rude à droite.
12 juin. Perte de l'appétit. Mouvements fébriles assez fré-
quents.
17 juin. T. R. 37°,4. Soir : 37°,5. - 21 juin. -
T. R. 37°, 3. Soir : 37°, 7. - 22 juin. L'état s'aggrave.
T. R. 380. - Soir : 38°, 3. - 23 juin. - T. R. 38°, 7. -
Soir : 390.
24 juin. - T. R. 39°. - Soir : 39°, 3. - 25 juin. - T. R. 39°.
- Soir : 39°, 2. - 26 juin. - T. R. 39°. - Soir : 39°, 6.
27 juin - T. R. 40°, 3. - Soir : 40°, 6. - 28 juin. -
T. R. 40o, 6. - Soir : 40°, 4.
29 juin. T. R. 40°, 4. - Soir : 40°, 9. Rien de perceptible à
l'auscultation. Affaiblissement progressif.
30 juin. - T. R. 41°, 4. L'enfant meurt à 8 heures du matin.
Température après la mort.
Hydrocéphalie : crâne. 119
tendres, avec de nombreuses plaques transparentes (Fig. 4).
Plagiocéphalie très-prononcée : frontal droit très déprimé,
occipital correspondant un peu proéminent. - La suture
métopique est complètement fermée. La suture fronto-
pariétale droite présente huit os wormiens, la gauche deux.
- La fontanelle antérieure persiste, elle mesure transversa-
Figez. - Crâne de Gill... réduit d'un tiers (95mm transversalement au
lieu de 135 mm.).
120 Hydrocéphalie : cerveau.
lement 5 cent. et demi et 15 millimètres d'avant en arrière
(Fig. 4). - La fontanelle postérieure est fermée. La suture
interpariétale est moyennement sinueuse. - Les sutures
pariéto-occipitales le sont davantage ; celle de droite offre
deuxoswormiens. -Base du crâne très asymétrique ; les
fosses temporales et occipitales sont beaucoup plus dévelop-
pées à droite qu'à gauche. -La dure-mère est très adhérente.
Cerveau. - Hémisphère gauche. - La partie antérieure de
la corne frontale est fort altérée par l'arrachement de la
substance grise adhérente à la pie-mère. FI et F2 sont parti-
culièrement lésées, surtout à leur pied, et avec la partie
voisine de FA forment un centre de ramollissement. F3 est
presqueindemne surtout sa partie postérieure.-La scissure
de Sylvius bien accusée est béante. L'insula est atrophié.
Une bande atrophiée borde la scissure large de 2 cent. 5 à
3 cent., elle s'étend obliquement du pied de PA à la partie
antérieure du lobe occipital. Nombreuses adhérences sur le
lobe pariétal. La lésion atrophique est surtout intense au ni-
veau du pli courbe. - Le tiers postérieur du lobe temporal
et le tiers antérieur du lobe occipital sont atrophiés (PL. XI).
La face interne est tout aussi lésée. Fez, le lobe paracentral,
l'avant coin, le coin, la corne occipitale sont déprimés. La
circonvolution de l'hippocampe est réduite à une mince
lame. - Le corps calleux a l'aspect d'une membrane d'un
millim. et demi d'épaisseur (PL. XII).
La cavité ventriculaire est énorme, développée tant en
avant qu'en arrière aux dépens des trois cornes du ventricule.
Un léger relief indique le corps opta-strié fort aplati. Une : membrane épaisse, très vascularisée, tapisse la cavité. Le
pédoncule cérébral a l'aspect d'un pédicule recouvert de cette
membrane et de vaisseaux. Ce pédicule rayonne sur la paroi
externe du ventricule tant par l'épanouissement de ses vais-
seaux que par l'aplatissement des masses qui sont le vestige
des ganglions centraux.
Hémisphère droit. - La configuration de la face externe
diffère de celle de l'hémisphère gauche. Ici l'hydrocéphalie
s'est développée surtout en avant aux dépens de la région
frontale. La scissure de Sylvius, béante, laisse l'insula faire
saillie. Cette région ne paraît pas altérée. Les circonvolutions
frontales et PA semblent saines. Les scissures sont béantes.
Le lobe pariétal supérieur est à peu près normal ; mais le pli
courbe et la région qui, horizontalement, va du pli courbe à
la corne occipitale offre une zone atrophiée de 3 cent. de
CONVULSIONS SUIVIES d'hydrocéphalie. 121
largeur. T1 est atrophiée sur ses 2/3 postérieurs. Le reste du
lobe temporal n'est pas trop altéré.
La face interne est aplatie, refoulée par l'hydrocéphalie et
sa configuration est à peu près détruite. Le ventricule
latéral très dilaté a l'aspect d'une simple poche. - Les corps
opto-striés sont très déprimés et une membrane tapisse le
ventricule comme à gauche, ayant le» mêmes caractères.
(Pl. XIII).
Cervelet. Rien de particulier. - Le quatrième ventricule,
l'aqueduc de Sylvius sont notablement dilatés et la mem-
brane qui les recouvre est épaisse. - Rien aux tubercules
quadrijumeaux, au bulbe, ni à la protubérance.
122 Hydrocéphalie symptomatique.
normale. A cette époque survient une bronchite,
compliquée de convulsions, à la suite desquelles la
tête se met à grossir et l'oeil droit devient volumineux
(glaucome probable) et ensuite s'atrophie. Une para-
lysie du côté droit, se manifeste.
A partir de cette attaque, début véritable de son
hydrocéphalie, les crises convulsives se répètent le
plus souvent peu intenses, comme nous en avons déjà
observé chez de nombreux hydrocéphales.
IV. Idiote et gâteuse, cette enfant est parésiée du
côté droit et, en outre, paraplégique.
Elle meurt à la suite d'une amygdalite dans une
sorte de cachexie qui parait être plus le fait de son
affection nerveuse antérieure que de la maladie
intercurrente qui semble la simple cause occasion-
nelle de la mort. L'autopsie, du reste, ne révèle aux
viscères (sauf à l'encéphale) aucune lésion macros-
copique.
V. Les lésions de l'hémisphère gauche, au niveau de
la zone motrice, de l'insula, de la région occipitale
suffisent à rendre compte de la paralysie gauche et
des troubles de la vue.
L'hydrocéphalie parait, dans cette observation, être
la résultante de poussées méningitiques répétées,
poussées dont les crises convulsives ont été les symp-
tômes les plus manifestes.
X.
Deux nouveaux cas d'état de mal épileptique ;
Par BOURNEVILLE, TISSIER et RELLAY.
Depuis plusieurs années nous n'avons consigné
dans nos Comptes-rendus aucune observation nou-
velle sur l'état de mal épileptique. Les deux cas qui
suivent vont nous permettre de rappeler les traits
principaux de cette complication si grave du mal comi-
tial.
Observation I. - idiotie complète et épilepsie. Etat de mal;
élévation considérable de la température.
SOMMAIRE, - Père migraineux; rien de plus du côté pater-
nel. - Mère, rien de particulier. - Grand-père maternel :
névralgie faciale. - Grand'mère maternelle : rhumatisme
articulaire chronique. - Grand-oncle maternel mort de
tuberculose. - Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de
7 ans.
Émotion au second mois de la grossesse. -Légère asphyxie
à la naissance. - Convulsions internes du premier jus-
qu'au quatrième mois et demi. - Grandes convulsions à
diverses reprises de quatre mois et demi à un -De là
à l'entrée (3 ans) vertiges fréquents. - Première dent à
un an; dentition complète à l'entrée. Balancement anté-
ro-postérieur du tronc ; succion des mains, bave, grima-
ces ; strabisme intermittent ; marche et préhension nul-
les. - Insomnie. - Intelligence à peu près abolie.
Évolution de la maladie. - Conjonctivite. - Rougeole. -
Teigne. - Aucune amélioration malgré le traitement.
Diarrhée intermittente. Capsules de bromure de cam-
phre : suspension des accidents épileptiques. - Absence
124 Antécédents PERSONNELS.
presque complète de développement physique et intellec-
tuel. État de mal. - Mort en 11 jours.
Autopsie .- Mërutu/o-en.cëp/tattte; Congestion pulmonaire
Schneid... (Gustave), né le 16 octobre 1886. à Paris, est en-
tré à l'hospice de Bicêtre (service de M. BOURNEVILLE).
Antécédents. (Renseignements fournis par sa mère et sa
grand'mère -maternelle). - PÈRE, âgé de 33 ans, tailleur
d'habits, grand et mince. Santé toujours bonne : pas de con-
vulsions dans l'enfance ni de maladies graves à l'âge adulte ;
sobre, fume peu, de caractère calme, sans traces de syphilis,
de maladies de peau ni de rhumatismes. Migraines violentes
et courtes revenant tous les mois. - [La famille du père ne
présente absolument aucun accident morbide, digne d'at-
tention.]
Mère, 26 ans, polisseuse, est une femme de physionomie
régulière, grande, brune, un peu obèse. Développée de bonne
heure, elle a toujours été bien portante : pas de convulsions
dans l'enfance ni de maladies graves à l'âge adulte ; actuel-
lement sa santé est parfaite ; elle n'a jamais eu de migraines,
de céphalées ni d'évanouissements ; son caractère est tran-
quille. - [Son père, âgé de 60 ans, est affecté de catarrhe
pulmonaire et de névralgies faciales. - Sa mère, 58 ans,
grande et forte, souffre de rhumatismes articulaires chro-
niques depuis 4 ans. Dans le reste de la famille de la mère,
on relève quelques parents arthritiques ; un grand-père et
une grand'mère asthmatiques, une tante paternelle très
obèse. Aucune tare héréditaire nerveuse.]
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 7 ans.
Deux enfants : 1° Une fille de 4 ans, bien portante, intelli-
gente, sans convulsions ni tare nerveuse ; 2° Notre
malade.
Notre malade. - Au moment de la conception, les parents
étaient bien portants et vivaient en bon accord. La grossesse,
facile et normale, n'a été signalée que par une peur, légère
d'ailleurs, au second mois. L'enfant aurait remué énormément.
- L'accouchement a eu lieu à terme, normalement; l'enfant
était très gros. La tête est restée peu de temps au passage.
Légère asphyxie à la naissance, vite dissipée, Nonrri au
biberon avec du lait de vache par sa mère pendant le pre-
mier mois et par une nourrice pendant les il mois suivants.
Premières convulsions dès le premier mois, Elles ont per-
sisté jusqu'à 4 mois et demi. Elles étaient légères, dit la
Antécédents PERSONNELS. 125
mère : c'étaient des convulsions internes. Elles n'auraient pas
entravé le développement physique et cérébral de l'enfant
qui paraissait intelligent, riait et reconnaissait un peu son
entourage. A partir de 4 mois et demi se sont manifestées de
fortes crises avec convulsions cloniques généralisées qui se
reproduisaient plusieurs fois par mois. A l'âge d'un an, l'en-
fant a été repris par ses parents qui l'ont conduit à la Salpê-
trière où on a prescrit des bains et un sirop inconnu. A la
suite de ce traitement, on n'aurait plus vu se reproduire de
grandes crises mais seulement des vertiges qui se répétaient
jusqu'à 10 fois par jour et chaque fois avec le même appareil :
la face pâlissait, la tête se projetait en avant, puis se relevait.
La première dent s'est montrée à un an ; actuellement
l'enfant en a 20. - Il a toujours été gâteux, n'a jamais mar-
ché et n'a jamais su se servir de ses mains ; il passait la jour-
née, chez ses parents, posé sur un paillasson ou maintenu sur
une chaise; il gigotte, rit et crie, présente un balancement
antéro-postérieur du tronc, bave abondamment et suce ses
mains sans cesse. Il ne grince pas des dents, mais sa face
grimace continuellement. Son regard autrefois normal, louche
très souvent depuis un an. La mère juge que son enfant « se
contrefait de plus en plus ». Il ne reconnaît personne ; pas de
sommeil la nuit : il crie, rit, grimace.
Jusqu'à ce jour l'enfant n'a eu qu'une congestion pulmo-
naire à 13 mois; aucune autre maladie générale, contagieuse
ou non. Il n'est pas vacciné. Aucun accident strumeux ; pas
d'otite, ni d'ophtalmie; pas de vers intestinaux; pas d'ona-
nisme constaté, bien que l'enfant porte souvent la main à sa
verge.
Etat actuel. (20 oct. 1888).- Tête. - Cheveux châtains, assez
abondants. - Crâne un peu gros, symétrique ; bosses parié-
tales bien marquées, régulières ; bosse occipitale nette. -
Bosses frontales très saillantes ; le front est étroit, haut de
6 cm. 5. Les arcades sourcilières sont peu marquées, les
sourcils peu abondants. Pas de blépharite ; les yeux sont très
mobiles et présentent un strabisme intermittent ; l'iris est
bleuâtre, les pupilles égales. - Narines très écartées ; bouche
moyenne ; voûte palatine ogivale ; amygdales peu saillantes ;
réflexe pharyngien normal. - La dentition de lait est com-
plète ; les dents sont de forme, de grosseur et de couleur
normales ; elles sont un peu serrés à la mâchoire supérieure.
- Les oreilles, hautes de 5 cm., sont bien conformées; leurs
lobules sont à moitié adhérents. L'ouïe est naturelle.
Cou : 27 c. de circonférence. Le corps thyroïde est normal.
126 Marche DE la maladie.
Thorax : aucune déformation. - Les organes respiratoires
et circulatoires sont en bon état.
Organes génitaux. - Verge : longueur 3 cent., circonfé-
rence 4 cent. 5. Le prépuce recouvre le gland, le méat est
normal. Les testicules sont remontés dans l'anneau inguinal,
les bourses demi-pendantes. ,
Membres supérieurs et inférieurs bien musclés et parfai-
tement conformés. La préhension est possible, mais l'usage
des mains très imparfait. L'enfant ne marche que si on le
soutient. Les ongles ne sont pas rongés. - La sensibilité
générale est intacte.
La préhension des aliments est impossible ; on nourrit
l'enfant avec du lait ou des potages donnés à la cuiller ou à
la tasse, la nuit le biberon. Les selles sont diarrhéiques et
fétides ; l'enfant gâte continuellement et complètement.
La parole est absente; pas trace d'intelligence ni de
mémoire. Le malade tourne la tête de droite à gauche conti-
nuellement, suce ses mains et bave.
Températures après des accès.
Marche DE la maladie. 127
9 décembre. - Rougeole normale accompagnée de bronchite
peu intense et de prolapsus rectal. Aucune complication.
L'évolution normale est terminée le 24 décembre. (Fig. 5.) z
1890. 10r août. - L'enfant commenoe à se tenir debout;
ses accès semblent diminuer, mais les vertiges sont toujours
nombreux; son poids est remonté à 11 kg. 100. Pas de modi-
Fig. 5. - Rougeole.
128 VERTIGES ET BROMURE DE camphre.
fications des organes génitaux. Traitement habituel et élixir
polybromuré.
29 septembre. Teigne. L'enfant est envoyé à l'isolement
où il est soigné par le sublimé et la potasse caustique. La
teigne ne disparaîtra qu'en janvier 1893.
1891. - L'enfant est toujours au pavillon de l'isolement
pour sa teigne. Les accès complets sont peu nombreux et il
est des mois où on n'en note aucun ; mais les vertiges persis.
tent variant de 100 à 400. On supprime l'élixîr polybromuré
pour le remplacer par des capsules de bromure de camphre
du Dr Clin ainsi administrées :
.. Marche de la maladie. " 129
130 État DE MAL épileptique.
4e semaine 4 caps. de Br. de camphre et -1 cuil. d'élixir.
5e 2 - 1
6° - suspension du traitement.
Etat de mal. Le G novembre, le malade, qui n'avait présenté
les jours précédents aucun symptôme inquiétant, a six grands
accès dans la journée. Entre les accès, l'état général était
normal. Le soir, vers 10 heures, les accès réapparaissent et se
succèdent il de courts intervalles : l'enfant ne reprend plus "
connaissance entre les accès et tombe en état de mal. A 6
heures du matin, le chiffre des accès atteint 45. L'enfant est
transporté à l'infirmerie. La perte de connaissance est absolue,
les membres inférieurs sont flasques et les membres supé-
rieurs contractures. T.II.. 3J°,S. Le poumon droit est le siège
d'une congestion intense occupant les deux tiers de sa hau-
teur. (Matité, souille tubaire ( ? ), râles fins). On prescrit, outre
les lotions vinaigrées, des ventouses, des sinapismes, des
bains sinapisés et 25 gr. d'eau-de-vie allemande.
7 novembre. - La perte de connaissance persiste, les con-
jonctives oculaires sont injectées clans leur moitié inférieure,
la mâchoire et les lèvres sont légèrement contracturées, les
quatre membres sont flasques ; ? 'aies ntét21nrtitirluestrés nettes
sur le ventre et les membres. Pendant l'examen le malade est
pris d'un accès : pas de cri initial, mais un bruit pharyngien
rauque; la tète est fortement rectiligne, le cou tendu, la
bouche ouverte, les paupières demi-écartées, les globes ocu-
laires déviés un pou en bas et il gauche, les pupilles égales.
Les 4 membres sont raides, les bras collés au tronc, les avant-
bras fléchis, les mains en pronation et fléchies sur les avant-
bras, le pouce droit collé sur la paume de la main et le pouce
gauche fléchi sur les autres doigts. A cette phase succèdent
des secousses létaniformes qui semblent un peu plus pro-
noncées au bras droit et surtout au coté droit de la face.
Enfin les convulsions cloniques terminales paraissent égales
des deux côtés. Pas de bave ni de rondement.
A 8 heures du soir, le malade a eu 40 accès depuis 6 heures
du matin, c'est-à-dire 85 en z heures. La température s'élève
progressivement et atteint 40° après le dernier accès. La T.R.
prise entre deux accès, a été trouvée à : J ! J°,7.
8 novembre, - 32 accès dans la nuit dernière, de 8 h. du soir
à 6 heures du matin. La T. R. a atteint 41 ? après le dernier
accès; prise dans une période de calme, cette T. R. n'est
plus qu'à 40°,7. Le malade n'a pas repris connaissance ; la con-
gestion pulmonaire a gagné la base du poumon gauche; le
poumon droit ne se dégage pas, - Mort à heures de l'après .
Etat de MAL épileptique. 131
midi. Depuis 6 heures du matin le malade avait eu 25 accès,
et la T. R., prise après les accès avait progressivement atteint
42°. (Fig, 6).
Température après décès.
.
Tableau des accès.
'IT : \IN G0-NCrPIiAI.IT. 133
Tableau du poids et de la taille. - " - '
134 Épilepsie : autopsie.
du cerveau (n. optiques, n. olfactifs, chiasma, etc.) sont égales
et symétriques. - Les tubercules mamillaires sont très petits
(3 il, 4 miiîim. au plus). Les pédoncules cérébraux, la
protubérance et le bulbe ne présentent rien de particulier.
IDIOTIE et épilepsie. 135
considérés comme devant faire craindre des accidents
nerveux graves. Cependant, dès le premier mois et
jusqu'à 4 mois et demi, l'enfant a eu des convulsions,
dites internes, qui ont été elles-mêmes suivies d'accès
puis de vertiges épileptiques.
IV. Ici, l'idiotie et l'épilepsie paraissent concomit-
tantes et reconnaître la même origine. Il ne faut pas
confondre ce double état pathologique avec l'épilep-
sie compliquée de démence.
V. Citons, comme maladies intercurrentes, une
conjonctivite, une bronchite, une chute du rectum,
Fig. G. - État de mal.
136 Etat de MAL épileptique.
une entérite chronique et la rougeoie. Nous avons
donné le tracé thermométrique de cette dernière
maladie qui est à comparer avec ceux qui accom-
pagnent la relation d'une épidémie de rougeole que
nous avons publiée en 1881 avec notre ami le Dr
Bonnaire (1).
VI. Chez Sch... l'épilepsie se présentait sous
forme d'accès et de vertiges. Sous l'influence d'un
premier traitement par les capsules de bromure de
camphre, nous avons vu les vertiges diminuer puis
disparaître complètement. Le médicament ayant été
suspendu, les vertiges se reproduisirent (1893-18Ç) ! ¡),.
mais beaucoup moins nombreux. Un second traite-
ment ne détermina qu'une cessation momentanée du
petit mal.
VII. L'état de mal, qui a occasionné la mort de
l'enfant, s'est borné à la période convulsive. En 41
heures, il a eu 142 accès. Ils ont revêtu le caractère
subintrant et, peu après le début, le coma a été absolu.
En même temps, selon la règle, la température cen-
trale s'est élevée à 42". Notons en passant que deux
fois, entre les accès, on a noté un léger abaissement
de la température, ce qui prouve une fois de plus que,
sous l'action de l'accès épileptique, la température
s'élève. (Fig. 6).
Ons. II. - Epilepsie idiopathique; accès sériels; - état de mal;
mort ; élévation considérable de la température.
Sommaire. Père, grand fumeur, alcoolique, syphilitique.
- Grands-pères paternel et maternel très-violents. -
(1) Compte-rendu du service pour 1881, p. 85-1G0. Nous nous permettrons
d'appeler sur ce travail l'attention des médecins '¡ni auront l'occasion de
s'occuper de la même question. Il contient 15 tracés.
Antécédents héréditaires. 137
Tante et cousine paternelles aliénées. Oncle buveur.
Cousin idiot. Grand'tante paternelle cancéreuse.
Conception dans l'ivresse. Vrautnattsmes abdominaux
répétés et ennuis pendant la grossesse. Pas de convul-
sions dans le jeune âge. Début de l'épilepsie à 13 ans.
Excès de boisson à 1'1 ans. Caractère violent.
Déchéance. Plusieurs séries d'accès. Mort en état de
mal épileptique avec accidents Se2lcL0-111('n tngitt(jLleS
AUTOPSIE. - Congestion de la pie-mère. Pas de méningite.
Debie..., (Georges), né Paris, le 59 septembre 1879, est
entré à Bicêtre le 13 juillet 1893 et est mort le 20 février 1896.
Antécédents. (Renseignements fournis par sa mère le 10
août 1893). Père, u3 ans, bijoutier, n'a jamais eu ni convul-
sions ni migraines. Il a eu la syphilis deux ans avant son
mariage. Il est alcoolique, boit beaucoup d'absinthe. 11 fume
considérablement (10 cigares par jour). Il est débauché, a un.
caractère violent, frappe sa femme et ses enfants. [Famille du
père. Son père s'est suicidé il 71 ans à la suite de mauvaises
affaires. Il buvait beaucoup et était très violent. La mère,
âgée de 72 ans, est toujours souffrante et garde le lit on ne
sait pour quelle maladie; elle est aussi emportée et violente.
Pas de renseignements sur les grands-parents paternels.
Une tante maternelle, morte à, 71 ans d'un cancer de
l'utérus. Une sceur, a0 ans, très violente, a eu une fille
morte folle a2't ans; un autre du ses fils « a l'air d'un
idiot. » Une autre soeur de 47 ans est aussi violente. Un
frère de 4G ans, buveur, emporté, a des enfants bien portants.
Une autre soeur, de 15 ans, est eu bonne santé. Une
soew' jumelle (du père de l'enfant) est bien portante ; c'est la
moins violente de la famille. Unj dernière soeur est morte
aliénée it 38 ans. Dans le reste de la famille il n'y a pas
d'autres idiots, aliénés ou suicidés iL signaler. Toutes les
soeurs du père tantes paternelles de l'enfant ont eu une
mauvaise conduite avant leui' mariage.]
' Mère, 41 ans, ménagère, d'un caractère calme : pas de
convulsions; fièvre typhoïde en 1870. Fréquentes migraines,
surtout au moment des règles. Elle a quitté son mari il y a
3 ans à cause de son inconduite et de ses mauvais traite-
luenls. - [Famille de la mère. Son père, décédé iL U7 ans
d'une maladie du coeur, était violent, mais ne buvait pas. z
Sa mère, vigoureuse, est morte en couches 11. 33 ans.
Grand-père paternel, en bonne santé. Grand-père mater-
138 Antécédents personnels.
2tel, très-violent. Pas de renseignements sur les grands
mères. - Frère mort il 12 ans, tuberculeux ; second frère
de 32 ans, grand buveur et débauché; une soew', morte
il Il ans, cardiaque. Rien à signaler dans le reste de la
famille.]
Pas de consanguinité. - Différence d'âge de 9 mois (père
plus jeune).
7 enfants : 1° garçon, mort-né ; 2" garçon, mort-né ; -
3° un garçon de 19 ans, caractère très-violent, atteint d'une
arthrite du genou droit ; il présente des lésions de syphilis
héréditaire oculaire reconnues par le D1' Trousseau. Très
faible de santé. A eu des convulsions à Il mois, ne boit pas
mais est très violent. '1" Un garçon de 17 ans, bien portant,
doux de caractère ! . 5° Notre malade. Ii" Un garçon de 1 i
ans, très intelligent, mais bizarre de caractère ; 7° un
garçon mort du croup à 4 ans.
Notre malade. Conception dans l'ivresse alcoolique,
mauvaise entente entre les conjoints. Grossesse acciden-
tée par des émotions dues aux coups de pied violents que son
mari lui donnait clans le ventre. Accouchement naturel, à
terme, sans chloroforme, en deux heures. Pas d'asphyxie à la
naissance. Allaité par sa mère jusqu'à 8 mois, puis sevré,
et nourri au lait de chèvre. Première dent à deux mois.
A parlé il 17 mois ; a marché il 20 mois. N'a jamais eu de
convulsions.
L'enfant aurait eu la variole il trois semaines et fut uac-
ciné à la même époque. Rougeole il 6 semaines. Dcbic... a
un caractère colère ; assez affectueux pour sa mère, il l'est
peu pour son père et ses frères qu'il insulte. Il a fait plusieurs
fugues de chez lui pendant 4 à 5 heures. Il se bat avec les
autres enfants. - Il était très-inlelligent, assure-t-on, avant
le début de l'épilepsie h l'âge de 13 ans (novembre 1892). La
mère attribue la maladie convulsive aux mauvais traitements
du père, car, repete-t-ellc, ilji a pas eu d'épileptiques dans
la famille. Debie... a eu trois accès en novembre et déccm-
bre, rien en janvier 1893, trois accès en février. A cette épo-
que, elle se rendit il la consultation de la Salpetriere où l'on
prescrivit dn bromure et des douches. Debie... alla vivre les
trois mois suivants avec son père qui lui fit boire de tout.
Quand il revint chez s'a mère, en juin 1893, parce que son père
le frappait, aux accès s'étaient ajoutés des vertiges. Il
avait des accès presque tous les jours. Le premier accès eut
Description DU malade. 139
lieu la nuit. La mère fut réveillée par un rondement. Elle
trouva l'enfant livide, inerte, le nez pincé ; il ne se réveilla
pas, et le lendemain il se plaignait seulement de lourdeur de
la tête. Il eut ensuite plusieurs accès sur la voie publique. z
Il s'arrête, tombe sans pousser un cri, ne se débat pas, il
reste dans un état comateux pendant 10 minutes et, quand il
reprend ses sens, il croit avoir dormi.
Depuis le mois de juin, il a deux ou trois accès par semaine.
En outre il est souvent pris de vertiges : il regarde fixement,
respire bruyamment, devient très rouge puis très-pâle. Après
les vertiges, il se met à chanter et à siffler. Après les accès,
il reste abruti pendant cinq heures, mais il n'est jamais
paralysé. ,
Etat actuel. 1"" septembre 1894. L'enfant présente
un état général satisfaisant. Les cheveux forment un épi sur
la bosse pariétale gauche. Le crâne est bien conformé, les
bosses frontales ne font pas saillie. Le front est assez élevé,
les arcades sourcilières ne sont pas proéminentes, elles sont
recouvertes de sourcils noirs, abondants. Les yeux sont
mobiles ; la réaction des pupilles à la lumière est diminuée.
Bouche symétrique,' lèvres épaisses, non saillantes.
Voûte palatine régulière. Menton assez pointu. Oreilles
moyennes, assez écartées.
Cou assez long, circonférence 3'2 centimètres. Thorax bien
couformé ainsi que l'abdomen. Organes génitaux : rien de
particulier. Sensibilité normale. Les membres supérieurs
et inférieurs sont normaux.
Intelligence. L'enfant comprend lentement ce qu'on
lui demande ; il répond souvent par un rire niais; il lit cou-
ramment, mais la prononciation est quelquefois difficile. Il
fait des dictées sans trop de fautes, connaît les quatre règles,
la mémoire est assez bonne. Sa tenue et sa conduite sont con-
venables. Tout indique qu'il a perdu de ses connaissances
scolaires depuis le début de sa maladie. Il a été placé comme
apprenti dans trois maisons mais n'a pu être gardé il cause de
sa maladie.
Décembre. Affaiblissement intellectuel attribué il des
vertiges non notés sur le tableau et que l'instituteur
signale dans ses notes de fin d'année : deux pendant chaque
classe, en moyenne. Il ne sait plus ses quatres règles. Son
écriture est moins bonne ; il copie encore les modèles. La
mémoire a baissé : il ne retrouve pas sa place au dortoir et
au réfectoire. Il est devenu glouton et mange moins propre-
ment.
140 Accès; température. '
Température des 6 premiers jours de l'entrée.
Épilepsie ET démence progressive. 14
accès, Deb... ne revient à lui qu'au bout d'une demi heure,
quelquefois une heure. Il n'est pas gâteux. Il faut main-
tenant l'aider à s'habiller.
Traitement : On continue l'élixir polybromuré et les dou-
ches.
Juin. l'école, il fait quelques copies; n'a plus d'ini-
tiative personnelle, ne comprend plus. Il est poli, tranquille.
]Sn : : 1. Janvier. Deb..., qui a eu 192 accès en 1891, conti-
nue à décheoir. Il a maigri beaucoup, est devenu gâteux, ne
sait plus manger, ni s'habiller seul.
Juillet. Démence progressive, allant de pair avec l'ac-
croissement des accès. Physionomie hébétée, pupilles égales,
marche titubante, parole nulle ? , bave constante.
7 novembre. - D... qui avait eu une centaine d'accès en
avril, mai et juin, n'en a eu que 7t en août, septembre et
octobre. Aussi, durant cette dernière période, son état géné-
ral s'était-il un peu relevé : il reconnaissait ses parents et
les personnes du service, répondait aux questions. La nuit
dernière, il a eu 17 accès. A partir de là, les accès ont eu la
marche suivante :
142 Etat de MAL. z
L'enfant, très affaibli, reste le plus souvent alité. Pupilles
égales. Un peu de frémissement de la parole. Pas de trem-
blement de la langue. Réponses ditliciles, incohérentes ; D...
ne sait plus ni la date de sa naissance, ni la date du jour.
Léger tremblement des mains.
Puberté. - La face et le tronc sont glabres ; quelques poils
au pénil. Verge : longueur, 8 cent. et demi, circonférence,
8 cent. Testicules de la grosseur d'un oeuf de merle. Quel-
ques poils à l'anus.
Etat DE MAL. 143
17 féuie ? - Dans la nuit 18 accès; dans la journée 30
accès. - Matin : T. R. 37°, 9. - Soir : T. R. 38<-, 3. 3.
18 février. Dans la nuit, 11 accès; dans le jour, pas
d'accès, mais latempérature, qui était le matin à 38°, 3, s'élève
le soir iL 40° 15. L'enfant est très pâle, très abattu, inconscient,
il est couché en chien de fusil, le ventre déprimé en bateau.
Les pupilles sont inégales.
19 février. Pas d'accès. Abattement de plus en plus mar-
Fin. 7. - État de mal de Deb... La dernière notation thermométrique été
prise pendant la vie. Après la mort la T. s'est élevée il. 42°....
144 Etat DE MAL : température.
que. Interpellé vivement, il semble regarder mais ne répond
pas. Pupille droite très dilatée. Face maigre, tournée à gauche.
Trisus. Narines sèches. Conjonctives oculaires injectées. Pas
de contractures des membres, sauf à l'épaule gauche. Malin
P. 120 ; R. 25 ; T. R. 38°, 8. - Soir : T. R. 38°, 4.
20 fév. L'enfant est dans le coma. Regard sans expression;
aucune excitation ne produit même un semblant de. retour à
la connaissance, Pupilles un peu dilatées, la gauche plus que
la droite. Face amaigrie tournée à gauche. Traits tirés. Con-
tracture des mâchoires. Pas de roideur du cou. Un peu de
roideur de l'épaule gauche et des genoux. Langue chargée,
humide; ventre creux. Pas d'accès hier et aujourd'hui. Pouls
irrégulier, une pulsation forte est suivie de 2 ou 3 pulsations
très faibles. Dyspnée croissante, mouvements respiratoires
saccadés. T.It. 3'.),5. - l,es phénomènes méninailiqucs s'ag-
gravent dans l'après-midi et l'enfant meurt, sans nouveaux
accès, à 5 h. et demie avec une T. R. de 4 L,G. - Poids :
29 kg. 800.
Tableau des accès durant l'état de- mal.
Epilepsie : crâne et cerveau. 115
Autopsie faite 41 heures après le décès. - Tête. Cuir che-
velu mince, pâle dans sa moitié antérieure, un peu conges-
tionné dans sa moitié postérieure. La voûte du crâne est
profonde. La calotte crânienne est allongée, lourde, épaisse
sur toute sa coupe et notablement plus du côté droit que du
coté gauche. Elle ne présente que de rares zones de trans-
parence sur la ligne médiane le long de la suture sagittale au
niveau de l'emplacement de la fontanelle et sur la partie
médiane du frontal. A la face externe, la suture coronale
est très contournée sauf à sa partie médiane où elle est en
dents de souris, limitant un os wormien quadrilatère qui
remplit l'emplacement de la fontanelle antérieure. Cet os
wormien a 20 millimètres d'avant en arrière sur 18 millimètres
de largeur; ses bords offrent des dentelures se rapprochant
comme forme de celles des sutures voisines. Les deux tiers
sont à gauche de la ligne médiane. La suture sagittale part t
du tiers droit de son bord supérieur. Elle est très sinueuse
excepté sur un centimètre et demi de son parcours, il 2 centimè-
tres et demi du lambda au niveau duquel elle a repris ses
sinuosités. La suture lambdoïde est très sinueuse et symé-
trique. A la face interne, des sillons profonds marquent sur
les pariétaux la trace des vaisseaux méningés. Les éminences
mamillaires sont nombreuses et fortement accusées. Une
gouttière large, il bords très mousses, existe à la partie moyen-
ne du frontal. On note une dépression de 5 cm. de long sur
3 cm. de large qui lui fait suite au niveau de l'emplacement
de la fontanelle antérieure. La gouttière située le long de la
suture sagittale est assez étroite et à rebords plus saillants.
Les sutures sur la face interne sont presque rectilignes. L'os
wormien, décrit à la face externe, offre les mêmes dimen-
sions ; ses bords gardent les caractères des sutures voisines.
L'aphoplt,yse crisla-galli est moyennement développée.
La glande pituitaire a son aspect et son volume habituels. -
Les fosses de la base sont normales et symétriques. Le trou
occipital n'est pas rétréci. - Liquide céphalo-rachidien en
petite quantité. - La dure-mère adhère fortement à la calotte
le long des sutures. Ses sinus contiennent quelques caillots
noirs et du sang l1uide. La pie-mère est finement vascula-
risée sur toute la face convexe et à la base. Quelques taches
ecchymotiqucs sur les lobes temporaux. La décortication
s'opère avec facilité, sauf au niveau de la face interne, dans le
voisinage du corps calleux où elle est très adhérente. - Les
artères, les nerfs de la base, les tubercules mamillaires, etc.,
sont symétriques.
BOURNEVILLE, Bicêtre, 1397. 10
1 Hi . ÉPILEPSIE : cerveau.
Cerveau. Les circonvolutions paraissent assez dévelop-
pées et les sillons assez profonds. Quelques-unes ont un
aspect chagriné; ça et la on note des taches ayant une colo-
ration chair de saumon.
Epilepsie : cerveau. 147
Lobe pariétal. - Rien de particulier. La disposition est
analogue celle de l'hémisphère gauche. Le lobe temporal
est d'aspect normal. T est un peu grêle. Rien à noter au
niveau du lobule de l'insula ni du lobe occipital
Face interne. -1"17 le lobe paracentral, l'avant-coin, le lobe
temporo-sphénoïdal, l'hippocampe, le corps calleux et sa
circonvolution, le ventricule latéral, le trigone, les corps
opto-striés, les pédoncules, etc., offrent une disposition ana-
logue à celle du côté opposé.
Rien à noter au niveau du cervelet du bulbe et de la protu-
bérance. *
Cou et thorax. - Glande thyroïde, 10 gr. Pas de thymus.
- Poumon droit, ! i30 gr. - Poumon gauche, 500 g'r.Nom-
breuses adhérences du poumon droit. Petite caverne au
sommet de chaque poumon. - Coeur (200 gr.), péricarde rien,
sauf de gros caillots fibrineux dans l'oreillette et le ventricule
droits.
abdomen.Vstomac, rate (60 foie (1035 gr.), vésicule
biliaire, pancréas (JO gr.), rien à noter. 7.'ei ? i droit (MO gr.),
sain. - Rein gauche (105 gr.), présente deux petites capsules
surrénales accessoires. Capsules surrénales très indurées.
- Intestin grêle, vide, sain. Le et; le côlon iliaque
renferment des matières dures. Appendice vermiculaire,
'J cm. - Vessie et péritoine, rien.
Réflexions. I. Les antécédents héréditaires de
l'enfant, assez chargés, peuvent se résumer ainsi :
père syphilitique, alcoolique, tabagique, débauché,
violent ; grand-père paternel buveur violent, sui-
cidé ; grand' tante paternelle cancéreuse ; tantes
paternelles, violentes, débauchées, l'une d'elles morte
folle; oncle paternel buveur et emporté; cou-
sine germaine aliénée; cousin germain idiot;
mère migraineuse; grand-père et arrière-grand-
père maternels violents; - oncle maternel buveur ; ;-
frère violent, convulsions de l'enfance.
II. Le père, avons-nous dit, avait contracté la
syphilis deux années avant son mariage. Il était
encore sous l'influence de cette maladie quand il s'est
H8 51'I'FIILIS et idiotie.
marié. En effet, ses deux premiers enfants sont venus
morts-nés et le troisième a des accidents oculaires
dus à la syphilis héréditaire. Notre malade et deux
frères, venus aprèslui, paraissent avoir été exempts de
l'infection syphilitique. La syphilis héréditaire ne
paraît pas exercer, d'ailleurs, un rôle important dans
l'étiologie des différentes formes de l'idiotie, ou, si
l'on préfère, des idioties. Le plus souvent, quand
la syphilis est encore en puissance chez les conjoints,
les produits de la conception sont expulsés avant
terme ou à terme morts-nés. Plus tard, l'infection
s'atténuant, les enfants survivent, - le troisième
enfant, ici, en est la preuve, - offrant des manifes-
tations diverses de la syphilis héréditaire, mais rare-
ment des lésions cérébrales aboutissant à l'idiotie ou
même à l'épilepsie. Chez notre malade, l'autopsie n'a
décelé aucune lésion macroscopique de nature
syphilitique.
III. L'enfant a été conçu dans l'ivresse alcoolique
et alors que les père et mère étaient dans des condi-
tions morales détestables. La grossesse a été acciden-
tée par des scènes et des violences.
IV. Sous l'influence, peut-être, des mauvais
traitements exercés sur lui par son père, l'enfant,
jusque-là normal, assurc-t-on, a été atteint d'épilepsie
à 13 ans. Un an plus tard, à la suitc d'excès de bois-
son, probablement, aux accès, devenus plus fréquents,
se sont ajoutés des vertiges. Le caractère se modifie,-
l'enfant est irritable ; ses facultés intellectuelles dimi-
nuent.
V. Durant son séjour dans le service (juillet 1893-
février 1896), nous assistons a une déchéance lwo-
gressive : les accès sont de plus en plus fréquents; le
retour de la connaissance n'a lieu que lentement ; -,
Démence épileptique. 1119
De]).. reste hébété, plus ou moins inconscient, durant
plusieurs heures. 11 s'affaiblit intellectuellement et
physiquement.
A la fin de l'année 1895, surviennent des accès sériels
aggravant encore la situatiun physique et mentale qui
s'était amendée durant une période où les accès
avaient été moins nombreux.
V. Nous avons consigné plus haut (p. 140) le tableau
des températures prises, selon la règle, pendant les
cinq premiers jours de l'admission. Elles oscillent entre
3 i° et 37°, 3. Ces notations permettent de se rendre
mieux compte de l'action de l'ictus épileptique sur la
Fig. 8.
Fia.n.
150 Température ; accès, séries, état DE MAL.
température. Dans deux accès la température s'est
élevée à 3 i ? i et à 31°,6 (p. 140), ce qui confirme une
fois de plus l'opinion émise par nous, à savoir l'élt;f'[I ?
lion de la température centrale dans les accès d'épi-
lepsie.
VII. L'épilepsie, chez Deb ? s'est compliquée de
démence, empirant parallèlement à l'augmentation
des accès. Peu à peu les connaissances scolaires se
sont perdues jusqu'à devenir nulles. Son écriture qui
était encore assez bonne à l'entrée, en 1893 (/7r/. 8),
était devenue illisible à la lin de 1895 (lig. 9). Les
facultés intellectuelles déclinent progressivement, la
mémoire et la parole se perdent, la volonté est nulle,
l'enfant ne reconnaît plus sa place ni au réfectoire, ni
au dortoir, il mange avec gloutonnerie, malpropre-
ment, devient gâteux. Les mains tremblent, la mar-
est titubante, De])... bave, etc. A l'autopsie nous n'a-
vons pas trouvé d'adhérences de la pie-mère - si ce
n'est au niveau de la face interne et encore très limi-
tées, suffisantes pour expliquer les symptômes clini-
ques. C'est ce qui arrive d'ailleurs dans un groupe de
cas de démence épileptique, tandis que dans un autre
groupe on trouve des lésions de méningo-encépha-
lite très prononcées, en étendue et en intensité (1).
VIII. Cette observation nous montre non seulement
que la température s'élève pendant les accès, qu'elle
n'augmente que médiocrement au cours des séries d'ac-
cès, mais qu'elle monte très haut dans l'état de mal.
(1-'ig. 7, T. IL 42°,3 au moment de la mort). Le malade
a succombé, non dans la période convulsive (115 accès
en 48 heures) mais dans la période 1111;ning'itiqLw.
Entre les deux périodes, ainsi que nous l'avons mon-
(1) Voir : Bourneville, d'Oher et K. (lrissaud. - Contribution à l'étude de
la démence épileptique (Archives de Neurologie, 1880, t 1, p. ? <2 (avec pl.).
Etat de MAL. ¡;.il
tré naguère, il y a eu un abaissement de la tempéra-
ture (38°, 4).
L'état de mal a offert également ses autres carac-
tères habituels : accès subintrants, coma, altération
des traits, amaigrissement, contractures variables, etc.
XI.
Épilepsie consécutive à une fièvre typhoïde ;
PAR nOU1\NE\'H,I,E et DA1\\I1¡L.
Sommaire. Père, quelques excès de boissons, rien dans le
reste de sa famille. - Mère, rien de particulier. - Pas de
consanguinité. - Inégalité d'âge de ans.
Marche à un an. - Parole et propreté à 2 ans. - Fièvre
typhoïde à 3 ans. Convulsions deux mois après. Début
consécutif de l'épilepsie. - Description du malade à
l'entrée (août 1S ! )6). - Marche des accès. Déchéance
progressive. - Diarrhée; mort.
AUTOPSIE. - Atrophie lobaire intéressant la plupart des
circonvolutions, surtout les frontales et prédominant il
gauche. - Inégalité croisée des hémisphères cérébraux et
des hémisphères cérébelleux. - Dilatation du ventricule
latéral gauche. Thrombose des veines méningées.
Pid... (Jules), né à Mesles (Pas-de-Calais) le 20 février 1885,
est entré dans le service le 25 août 18 ! je.
Antécédents. (Renseignements fournis par une cousine
maternelle et complétés par le père). Père, 43 ans, pale-
frenier, bien portant; pas de convulsions dans l'enfance;
fièvre typhoïde à 38 ans ; caractère vif et emporté. II boit un
peu, prend de l'absinthe tous les jours, est rarement ivre.
Fume peu. - [Père, en bonne santé, n'a jamais présenté
d'accidents nerveux ni de migraines, ainsi que sa mère, qui
est morte en couches. - Il en serait de môme de ses oncles
et tantes. - Rien de particulier chez les grands-parents. Le
grand-père paternel est mort à 96 ans ; la grand'mère pater-
nelle, à 83 ans. - Ni frères ni soeurs. Dans le reste de la
famille, ni bègues, ni sourds-muets, ni aliénés- ou épilepti-
ques, ni paralytiques ou apoplectiques, etc.] :
Epilepsie d'origine infectieuse. 153
l\I1;I\E, couturière, caractère tranquille, pas de convulsions
de l'enfance ( ? ), ni de migraines; elle est morte iL 36 ans, de
la fièvre typhoïde. Le mari et la femme furent atteints pres-
que en même temps, la femme la première. Trois enfants
l'eurent également, dont notre malade. - [Ses père et mère
vivent encore ; ils n'auraient eu ni migraines, ni accidents
nerveux. Il en serait de même de ses oncles et tantes et des
grands-parents . - Deux frères, très forts et bien portants.
Dans le reste de la famille, pas d'idiots, d'aliénés, d'épilepti-
ques, de difformes, etc.]
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 2 ans (père
plus âgé).
Six enfants : 1° garçon, 19 ans, domestique, en bonne santé ;
'20 garçon, 18 ans, très fort, non nerveux; 3° fille, 14 ans,
pas nerveuse ; 4" garçon mort à 9 ans, de la fièvre
typhoïde; 5° fille morte à 2 mois, de la fièvre typhoïde; -
6° notre malade. Aucun des frères et soeurs de l'enfant
n'aurait eu de convulsions.
Notre malade. - La conception n'aurait pas eu lieu dans
l'ivresse. Les parents se portaient bien. Grossesse, bonne,
pas d'idées noires, ni peur, ni envies, ni alcoolisme, ni
traumatisme, etc. - Accouchement à terme très facile ; pas
de renseignements sur la présentation, ni sur les eaux -
Pas d'asphyxie à ta naissance. Élevé au biberon, chez ses
grands-parents. - L'enfant venait bien. Il parlait et marchait
seul à deux ans. Il était âgé de trois ans lorsque la fièvre
typhoïde sévit dans sa famille, emportant sa mère, un de ses
frères et une de ses soeurs. Chez lui, la fièvre typhoïde dura
six semaines; il aurait été gravement malade, aurait perdu
connaissance pendant quelque temps. Mais nous manquons
de détails sur les autres accidents nerveux qu'il a pu présen-
ter. Deux mois après cette fièvre typhoïde, qui l'avait laissé
très faible, il fut atteint subitement, pendant la nuit, d'un accès
convulsif : il se mit à crier et fut pris de convulsions gémé-
réalisées, avec écume à la bouche. L'accès dura dix minutes.
- Trois jours après, il eut des nouvelles convulsions qui
durèrent un quart d'heure. Il aurait eu ensuite au moins un
accès par semaine, diurnes et nocturnes. Puis les accès sont
devenus plus intenses et plus fréquents. Le maximum en 54
heures a été de cinq. - Il en avait, en moyenne, trois par
semaine. Il n'est jamais resté une semaine sans crises. Au
début de la crise, il crie, puis tombe. Les convulsions sont
généralisées. La phase des convulsionf toniques est très courte,
les convulsions cloniques A-u4reCois, il écumait trou-
154 Description DU malade.
jours; aujourd'hui, il n'écume plus et ne se mord pas la
langue. Il tombe quelquefois égalementsaus cri initial..lamais
de paralysie après les accès.
Avant le début de l'épilepsie, il était intelligent, avait une
bonne mémoire, parlait bien. - L'intelligence déclina peu à
peu. Sous l'influence des accès, elle aurait diminué surtout
depuis deux ans. Aujourd'hui, il ne dit plus rien, ne paraît
plus rien comprendre. « Il ne me reconnaît même pas », dit
le père. - On essaya de lui faire suivre l'école, de 6 à 9
ans. Il n'apprit jamais rien. Il avait la manie d'aller embrasser
l'instituteur pendant la classe. On dut le renvoyer.
Très irrégulier de caractère ; parfois très doux et affectueux,
d'autrefois violent, coléreux, cherchant à griffer les personnes
qui l'approchent. Il n'a cependant jamais eu de violents accès
de colère. Deux fois, il lui est arrivé de se sauver et de quitter
son père en courant, sans qu'il fût possible de l'arrêter. Il
ne venait pas d'avoir un accès, mais il en eut un le lendemain.
Pas d'autres actes d'automatisme. Il n'a jamais fait de chutes
sur la tête et ne s'est jamais plaint de céphalalgie. Sommeil
tranquille. - Pas d'onanisme.
État actuel. - Aspect général assez satisfaisant, pas de
pâleur ni d'amaigrissement, mais l'expression de la physio-
nomie est indifférente et peu intelligente. Il présente, sur la
joue droite, deux longues cicatrices, stigmates de blessures
qu'il se fit lors d'un de ses derniers accès.
7'ête. - Le crâne offre un volume normal, les bosses fron-
tales sont assez saillantes. Les bosses pariétales sont moyen-
nement développées, la gauche l'est davantage. Fontanelles
fermées. - Cheveux noirs, implantés d'une façon irrégulière,
et hérissés sur le haut de la tète. Tourbillon déjeté à droite.
- Visage, de forme arrondie. Arcades sourcilières asymé-
triques, la droite forme une saillie prononcée. - Les yeux
jouissent de tous leurs mouvements normaux. Pas de stra-
bisme ni de nystagmus. Fentes palpébrales, symétriques,
garnies de cils longs et réguliers. Iris brun. Pupilles égales.
L'accommodation à la lumière et à la distance se fait nor-
malement. Le ne : est aplati et élargi à la base, mais sans
déviation de la cloison ; lobule arrondi. - Les pommettes ne
sont pas saillantes. - La bouche est régulière, les lèvres fines,
à contours bien dessinés, les commissures marquées. On note
une forme ogivale de la voûte palatine très accusée. - Langue
normale ; amygdales grosses ; dents en mauvais état. Carie des
premières grosses molaires. Les prémolaires et la canine supé-
rieure gauche sont- en voie d'évolution.. Menton, arrondi;
Description du malade. 155
Oreilles peu écartées du crâne, régulières et symétri-
ques.
Cou assez long. Corps thyroïde facile à sentir.
Thorax bien conformé. L'examen du coeur et des pou-
mons ne révèle rien de particulier. Abdomen, arrondi,
mais non globuleux, souple, sonorité normale. - Foie et rate
non hypertrophiés. Colonne vertébrale régulière.
Organes génitaux : Verge : longueur (i cm. ; prépuce long,
recouvrant le gland qu'on découvre facilement. Testicules
dans les bourses, qui sont pendantes, le droit plus bas que le
gauche, gros comme un haricot. Corps entièrement glabre,
ainsi que la région anale.
Membres supérieurs bien conformés, jouissant de tous
leurs mouvements; pas d'attitude spéciale, pas de craque-
ments articulaires.
Membres inférieurs, normaux. Ni atrophie, ni paralysie.
Le jeu des différentes articulations est aisé. Réflexes rotu-
liens normaux. Pid... marche bien, mais sa marche est lente
et traînante. Lorsqu'il descend un escalier, il pose les deux
pieds sur la même marche, avant de descendre la marche sui-
vante. Il ne sait pas sauter et court 1< peine.
Il est difficile d'apprécier l'état de la sensibilité dans tous
ses modes, en raison de l'état intellectuel de l'enfant. Il paraît
tout h fait inintelligent, ne semble pas comprendre ce qu'on
lui dit (Fig. 10).
L'expression de la physionomie est triste ; les sourcils sont
continuellement froncés. La voix est sourde, faible. La vue
est bonne. Le goût existe car l'enfant se refuse à avaler
ce qui est trop pimenté ou trop acide. L'ouïe est très dimi-
nuée : il faut crier tout près des oreilles pour qu'il entende.
Le toucher paraît normal. -Aucune notion scolaire, ne sait
pas tenir un crayon.. Il semble s'attacher aux personnes
qui s'occupent de lui. Pas de mauvais instincts. Il ne pro-
nonce guère que doux mots « ouiiii » et « non », qu'il dit en
anonnant. Il mange seul, mais assez salement, et lentement.
11 gâte souvent; la nuit, rarement le jour, Il a eu plusieurs fois
des vomissements et de la diarrhée, accompagnés de pâleur
de la face (indigestion). Il s'habille seul mais ne sait pas atta-
cher ses chaussures. Du reste il n'a aucun souci de la pro-
preté. On le voit continuellement ramasser des bouts de
chiffons ou de papier, qu'il entasse dans ses poches ou porte
il sa bouche et mâchonne. Il rit peu, sourit quelquefois, pré-
fère se promener seul, ou va s'asseoir tranquillement à coté
des infirmières. Il s'échappe parfois dans les jardins, cueille
des Heurs, les rouges de préférence, en orne sa casquette,
156 Épilepsie d'origine infectieuse.
ses vêtements et parait ravi de se voir si fleuri. Ni rire,
ni cris, ni tics, ni grincements de dents ou cognements de
tète. Le sommeil est bon.
Octobre. - Revacciné sans succès,
Températures des cinq premiers jours de l'entrée.
Autopsie : méninges et cerveau. 157
L'enfant, sans avertissement, tombe, tantôt▶ à la renverse,
◀tantôt sur l'un ou l'autre côté. Rigidité générale. Paupières
ouvertes, yeux fixes ; la face est contractée ; les paupières
battent. Les bras sont fortement secoués, les doigts contrac-
tés sur la paume des mains. Les membres inférieurs sont
également agités de mouvements violents et les pieds battent
le sol. La face bleuit surtout autour des paupières et des
lèvres. Le nez est pincé, les lèvres très-serrées. Morsure de
la langue. Bave abondante. Pas d'évacuations involontaires.
1897. 15 janvier. Descend il l'infirmerie pour une diarrhée
abondante. Celle-ci cesse vers le 20 janvier et l'enfant remonte
il l'école le 10 février.
31 mars. Pid... descend de nouveau à l'infirmerie pour la
diarrhée. Il a sensiblement maigri, et le soir a 39°, 1 de T. R.
On note un prolapsus du rectum.
Le lendemain la T.1Loseille entre 37", ! I et : 3S°.3 : le 3 avril
entre 38°, 1 et 38 ? ). Le t avril elle monte le matin il 39°, 1 et
descend, le soir, il 38".
158 Epilepsie d'origine infectieuse.
DÉMENCE ÉPILEPTIQUE. 159
surtout au niveau des frontaux et plus particulièrement du
gaucl)e. Plagiocéphalie assez prononcée : frontal gauche
déprimé, occipital droit saillant. Légère transparence des
fosses occipilales supérieures, un peu plus il. droite. Toutes
les sutures sont très finement dentelées. Plusieurs os wor-
miens sur les sutures pariéto-occipitales. Quelques adhé-
rences de la dure-mère. L'une des veines méningées répon-
dant à la partie moyenne du bord supérieur de la frontale
gauche ascendante présente des caillots noirs, qui vont se
continuer avec un caillot qui remplit le sinus longitudinal
supérieur. Il en est de même d'une veine nestre méningée
(moyenne) qui répond au sillon de Rolando, et cela, des deux
côlés. Presque toutes les veines de la pie-mère, sur la
face convexe de l'hémisphère droit, sont dilatées par des
caillots. Le sinus longitudinal, dans toute sa longueur, est
rempli par un caillot noir. - La base paraît symétrique;
toutefois la fosse temporale gauche semble un peu déprimée
en avant. L'apophyse crista-galli est triangulaire et à bords
mousses. - La glande pituitaire parait avoir ses dimensions
normales. 7'rou occipital ]ior)nal. Liquide céphalo-
rachidien en petite quantité. Les artères, les nerfs de la
base n'offrent rien de particulier. Un peu de congestion au
niveau de la protubérance.
Hémisphère droit. Face convexe. Ce qui frappe tout
d'abord c'est l'arrêt de développement du lobe frontal (PL. XIV,
FI, F. ) ? ) et surtout du lobe occipital (PL. XIV, Or, O2, 0 ? et
PC.) et du pli courbe dont une partie des circonvolutions, très
grêles, paraissent atteintes de sclérose, alors que les circon-
volutions pariétales et temporales sont volumineuses. Signa-
lons encore : 1° la rareté des plis de passage : ? 2° l'incisure
qui coupe FA en deux parties; 3° le pli de passage qui
unit FA a l'A à leur extrémité supérieure, fermant ainsi, en
liant, le sillon de Rolando.
Face interne. Elle est remarquable par la simplicité des
circonvolutions qui, toutes sont nettement distinctes (PL. XV).
Hémisphère gauche. Face convexe. Mêmes caractères
des lobes frontal, occipital, pariétal et temporal. La compa-
raison des mêmes circonvolutions des faces convexes des
deux hémisphères montre entre chacune d'elles de nombreu-
ses dissemblances (PL. XVI et XVII). Tandis qu'il existe une
incissure sur la FA droite, c'est sur la PA gauche qu'on la
retrouve ; à gauche, le sillon de Rolando (SU) est coupé en
son milieu par un large pli de passage qui manque à droite.
160 DÉMENCE ÉPILEPTIQUE.
Les lobes pariétaux supérieur et inférieur ne se ressemblent
pas.
Face interne. - Aucune des circonvolutions de cette face,
à gauche (PL. XVII) ne ressemble a la circonvolution corres-
pondante de la face interne de l'hémisphère droit (PL. XV).
Ce sont les dissemblances multiples existant sur les faces
convexes et internes des deux hémisphères qui nous ont déci-
clé il les faire représenter. Les (PL. XIV, XV, XVI et XVII),
avec les légendes qui les accompagnent permettront au
lecteur de les constater et nous dispensent d'une description
trop minutieuse.
Cou et thorax. - Corps thyroïde (15 gr.). Thymus presque
entièrement disparu. - Poumon gauche (HJ5 gr.) sain.
l'oun2on droit (180 gr.), adhérences pleurales très résistantes
dans le tiers inférieur; la plèvre est épaissie et rouge sur la
paroi externe correspondant au lobe inférieur. - Pas de
tubercules. - Coeur (110 gr.), normal. Un peu de liquide
dans le péricarde dont l'aspect est naturel. -
.11 bdomen : - L'estomac, assez dilaté, confient un liquide
noirâtre. - Foie (650 gr.), un peu dur à la coupe ; vésicule
biliaire très petite. Rate (40 gr.) ; - rein droit (55 gr.) ; 1'ein
gauche (60 gr.) ; capsule surrénale droite (5 gr.) ; capsle sur-
rénale gauche ('t gr.), aucune lésion macroscopique. Gan-
glions mésentérirlues engorgés. L'appendice, en position
ascendante, mesure 12 cent. L'intestin ne présente pas d'ul-
cérations. - Les organes génitaux sont normaux.
Poids des organes.
DÉMENCE ÉPILEPTIQUE. 161
Réflexions. - I. Relativement à l'hérédité et à
l'alcoolisme nous n'avons rien d'important à relever.
II. L'épilepsie. (et ses suites) parait avoir, dans ce
cas, pour origine une maladie infectieuse, la fièvre
typhoïde qui a sévi à l'état épidémiquo dans la famille,
frappant non seulement l'enfant, mais son père, sa
mère, un de ses frères et une de ses soeurs et occa-
sionnant trois décès. Jusqu'à sa maladie infectieuse,
notre malade aurait été normal. La lièvre typhoïde,
chez lui, aurait été grave, se serait accompagnée de
troubles cérébraux avec perte de la connaissance,
aurait déterminé un affaiblissement prolongé. Le
mal ctmÚtial aurait débuté deux mois plus tard et se
serait immédiatement constitué, les accès revenant
une fois par semaine et devenant rapidement plus
fréquents.
III. Au lieu de se développer, les facultés intellec-
tuelles auraient peu à peu diminué à partir du début
(3 ans et quelques mois) et surtout depuis deux ans
(9 ans). A l'entrée, l'observation aurait pu se résumer
ainsi : enfant normal jusqu'à 3 ans ; fièvre typhoïde
avec accidents cérébraux, d'oit sclérose et arrêt de
développement des circonvolutions ; épilepsie
déterminant une déchéance progressive de l'intelli-
gence. De l'admission à la mort, la déchéance a
continué de croitre. .
IV. La mort a été occasionnée par l'affaiblissement
dû aux accès, compliqué d'entérite revenant à inter-
valles rapprochés. Cette diarrhée nerveuse ( ? ) n'était
liée à aucune lésion macroscopique de l'intestin.
V. Il ne nous reste plus qu'à rappeler l'arrêt de
développement des lobes frontaux, la sclérose des
BOURNEVILLE, Bicêtre, '1897. Il
162 DÉMENCE ÉPILEPTIQUE.
lobes occipitaux, l'asymétrie très remarquable des
circonvolutions cérébrales la fois sur les faces
convexe et interne des deux hémisphères (PL. XIV,
XV, XVI et XVII (1). -
(1) Voir, en opposition à cette observation démontrant l'influence des
maladies infectieuses, la thèse de M. Séglas intitulée : lie l'influence des
maladies intercurrentes sur la marche de l'épilepsie. Paris, 1881.
XII.
Idiotie complète congénitale ; amélioration considé-
rable par le traitement médico-pédagogique;
Par BOUIIAEV1LLE.
Depuis l'origine de ces Comptes-rendus annuels
jusqu'à ce jour, nous avons surtout publié, en outre
des mémoires sur la thérapeutique, des observations
anatomo-pathologiclues afin de faire connaître les
différentes lésions qui produisent les idioties. Nous
serons moins exclusifs dans l'avenir et nous relate-
rons chaque année quelques observations démontrant
d'une façon indiscutable les excellents résultats que
l'on peut obtenir du Traitement médico-pédagogique ,
reposant sur la Méthode physiologique.
Sommaire. Père eczémateux, nombreux excès de boisson.
- Mère migraineuse. - Pas de consanguinité. - Inéga-
lité d'âge de 2 ans. - Soeur morte de convulsions.
Conception dans l'alcoolisme. - Albuminurie durant la
grossesse. Cris nocturnes et diurnes. Premières dents
à 6 mois. - Balancement du tronc. - Cognemenls de
tête (Krouomanie) . - Pas de convulsions ( ? ).
A l'entrée marche et parole nulles. - Gâtisme, - Salacité
- Préhension très imparfaite. - Accès de colère. - Oph-
talmie. - Septembre 1884 : l'enfant sait marcher.
1885 : Développement de la parole; diminution du gâtisme,
etc.
1886 : Disparition du gâtisme, : diminution du balancement
et des accès de colère, etc.
1887-1890 : Amélioration progressive auec des périodes de
progrès et de paresse.
164 Idiotie complète : antécédents.
1891 : Description du malade. 1892-1897 : Evolution phy-
sique et intellectuelle. - Progrès scolaires. - Apprentis-
sage. - Résultats.
Dup... (Marius), né Paris le 30 juillet 1881, est entré dans
notre service le 22 juillet 1884.
Antécédents (Renseignements fournis par sa mère). - Père,
35 ans, coupeur-tailleur, grand, fort, caractère calme, fume
quotidiennement 20 centimes de tabac, nombreux excès de
boisson, surtout d'absinthe, jusqu'à onze par jour, court les
femmes, rentre ivre presque tous les jours ; n'aurait pas
eu de convulsions de l'enfance, n'offrirait aucun accident
nerveux, mais serait sujet il des poussées d'eczéma. Aucun
indice de syphilis.
Famille du père. - Son père, paveur, sobre, a succombé à
une maladie du coeur. - Sa mère, d'un caractère calme, es
en bonne santé. - Nul renseignement sur ses grands-parents
paternels et sur sa grand'mère maternelle. - Le grand-père
maternel est mort à 84 ans des suites d'une chute. - Rien à
mentionner dans le reste de la famille qui est peu nombreuse.
Mère, 33 ans, couturière, en bonne santé, physionomie
régulière, peu nerveuse, pas de convulsions de l'enfance. -
Réglée à 13 ans, mariée il 20 ans, migraineuse depuis l'âge
de 9 ans. Ses migraines viennent avant ou après les règles,
durent trois jours : céphalalgie, brouillard « au point que je
ne distingue rien », étincelles, vomissements abondants,
bilieux et aqueux qui terminent l'accès. Le mariage a aug-
menté les migraines, les grossesses et l'allaitement les ont
suspendues : elles revenaient quand les règles réapparais-
saient après le sevrage.
Famille de la mère. - Père, sobre, en bonne santé (1). -
Mère morte de l'influenza. Nul détail sur les grands-parents
des deux côtés. - Il n'y aurait eu aucun cas de maladies
nerveuses dans le reste de la famille. '
Pas de consanguinité. (Père et mère de Lille). - Inégalité
d'âge de deux ans.
5 enfants : 1° garçon, 10 ans 1/2' intelligent, pas de convul-
sions (2) ; 2° fille morte à 14 mois après avoir eu des con-
(1) Mort en 1891 à Page de 77 ans, on ne sait de quoi : ni démence, ni para-
lysie.
(2) Marié, trois enfants intelligents (note de 1898).
Idiotie complète ; antécédents. 165
vulsions pendant huit jours ; - 3° fille, sept ans, intelligente,
pas de convulsions (1) ; - f° notre malade ; - 5° fille, née en
z1889, postérieurement aux premiers renseignements, intelli-
gente, pas de convulsions.
Notre malade. La mère de l'enfant est convaincue que
la conception (2) a eu lieu pendant l'turesse alcoolique. -
Grossesse accompagnée d'oedème généralisé h partir du 5°
mois dû il l'albuminurie (3) ; pas d'éclampsie, ni de syncope,
etc. - Accouchement il terme, naturel, toutefois la tète serait
restée 1/2 heure au passage ; présentation du sommet, eau
amniotique en quantité considérable. - A la -naissance, très
fort, non asphyxié, pas de cordon autour du cou. Nourri au
sein par sa mère jusqu'à 2 mois, puis élevé à la campagne,
au biberon, avec du lait de vache. Repris par sa mère à 1 t
mois. Il ne marchait pas : « c'est ici qu'il a appris à mar-
cher », n'était pas propre, mangeait tout ce qu'il trouvait à
sa portée, du charbon, ses matières fécales. Il poussait des
cris nuit et jour, d'où des plaintes incessantes des voisins,
qui deux fois ont obligé les parents à déménager. Il aurait
eu ses deux premières dents à G mois. - A l'entrée la den-
tition n'était pas complète. - Balancement continuel du
tronc d'avant en arrière; cognements de tête contre le dossier
de sa chaise, les murs, coups de poings sur la tète. - Ni
grincements de dents, ni congestion de la face. Constipation
habituelle. D.. est assez affectueux, aime qu'on l'embrasse.
Il mord ses frères et soeurs ou les autres enfants quand ils
l'approchent. On ne sait pas s'il a eu des convulsions en nour-
rice. Il n'en aurait pas eu depuis son retour jusqu'à ce jour.
Onanisme constaté dès son retour de nourrice : « il s'adon-
nait à ses mauvaises habitudes dès qu'il n'avait plus personne
auprès de lui ».
Vacciné à -13 mois ; varioloïde légère à 2 ans ; aucune autre
maladie infectieuse. - Nulle manifestation scrofuleuse. -
l'as de traumatismes. Ni vers, ni onanisme. (La mère attri-
bue la maladie à l'alcoolisme du père).
1884. Ici devrait figurer la description du malade à son
entrée. Malheureusement, son observation, comprenant ses
(1) Mariée, maintenant, pas d'enfant.
(2) Les premières conceptions auraient eu lieu en dehors de l'alcoolisme
les excès de boisson alors étaient moins fréquents. Sur les conseils d'un mé-
decin, après notre malade, elle aurait refusé tout rapport quand son mari
était ivre, d'où le bon état du dernier enfant.
(3) Elle aurait eu également de l'albuminurie il. la 5° grossesse, mais pas
aux 3 premières.
166 Idiotie complète : amélioration progressive.
antécédents, que nous avons pu reconstituer, son état en l8SU,
les mensurations, le poids, la taille, et les notes médicales, a
été perdue en 1890, de telle sorte que, durant cette période
(1884-1890), il ne nous est resté que les notes recueillies à la
petite école et que nous allons résumer.
2 juillet. - D... est gâteux. Il se tient mal à table, essaie
de se servir de la cuiller, mange malproprement. Il est
gourmand, non vorace, ne vole pas les aliments de ses cama-
rades, boude quand il voit donner des friandises aux autres
et non à lui. Il est méfiant, cache son pain dans la crainte
qu'on ne le lui vole et entre dans une violente colère si un
enfant est parvenu à s'en emparer. Il est caressant, très
timide, jaloux, entêté, boudeur, un peu sombre, rit rarement.
Bien que faible, il aime il frapper, on a noté de fréquents
accès de colère : se jette à terre, cogne sa tète contre les
murs et les portes. Il balance le corps d'avant en arrière et
plus on s'y oppose plus il se balance. La parole est limitée
aux mots : papa, maman, non, qu'il prononce assez distinc-
tement. Il sait assez bien se faire comprendre quand il désire
quelque chose. (Fig. 11).
Août-septembre. Ophtalmie légère il deux reprises.
L'enfant, à présent, sait marcher.
1885. Janvier-mars. - Otite.
Août. - La parole se développe progressivement. D... est
devenu de moins en moins gâteux et demande ? le plus sou-
vent quand il a besoin. - Il a été possible, it la fin du mois, de
le mettre en pantalon. - L'habitude du balancement tend iL
disparaître. Les accès de colère sont plus rares. Il est moins
;aloux et joue indistinctement avec ses camarades.
1886. Janvier. - L'amélioration continue. D... est mainte-
nant très attentif il l'école. En promenade, il s'intéresse à
tout ce qu'il voit, demande dcs explications. Il fait bicn tous
les exercices cle la petite gymnastique. Sa tenue est bonne.
Mars. - D... est devenu maintenant 11()III ? L-flit propre. Il
sait se laver, se déshabiller et s'habiller seul. Il se sert con-
venablement de la cuiller et de la fourchelle, mais pas encore
du couteau. Il est; moins gourmand. La parole est parfaitement
développée. Bien que, en classe, ik-soil; encore très peu atten-
tif et se dérange sans cesse de sa place, il est parvenu à
connaître toutes les lettres, les couleurs, placer quelques-
unes des figures géométriques (cercle, ovale, carré), il comp-
ter sur le boulier jusqu'à 50 et à nommer la plupart des
objets contenus dans les boîtes de leçons de choses. Il coin-
IDIOTIE complète : amélioration progressive. 167
mence à lacer, nouer, boutonner. Le balancement a disparu.
D... aurait de la tendance iL l'onanisme. On note encore des
accès de colère durant lesquels il est très grossier.
Décembre. - Etat stationnaire. Mauvaise tenue en classe ;
fréquentes colères dans lesquelles il injurie tout le monde,
frappe ses petits camarades.
1887. Mars. - D... est plus calme, travaille mieux, compte
Jusqu'à 60. Ses connaissances usuelles augmentent. Il sait
dire son âge, son nom, celui de ses parents, leur métier, leur
adresse, etc. (Fig. 12).
1888. il m'il. '- L'amélioration continue. La tenue est meil-
leure. Il a appris le nom des étoffes, des surfaces, des solides,
distingue les voyelles des consonnes. Il a été impossible
d'obtenir qu'il trace des bâtons, même sur l'ardoise.
Décembre, - D... s'applique bien et prend goût à l'écriture,
Fig. 11. - Dup... à 3 ans (août 1884).
168 ÉTAT DU malade en 1800.
1889. Janvier-juin. Séjour à l'infirmerie pour des fissures
anales.
Décembre. Les connaissances usuelles ont notablement
augmenté. D... commence il assembler les lettres, en trace
quelques-unes sur le cahier (Fig. 13).
1890. Décembre. D... se tient bien, n'est plus grossier et
si, parfois, on est obligé de le réprimander, il reconnaît ses
torts, pleure et promet de ne pas récidiver. Il craint surtout
qu'on signale à sa mère ses écarts de conduite. Il a une notion
assez exacte du bien et du mal, n'est plus aussi jaloux et
affectionne ses camarades. Il syllabe assez bien, fait de
petites copies, des additions de nombres simples. Il répond
nettement aux questions. - La marche, la course, le saut, la
montée et la descente des escaliers s'exécutent facilement.
L'enfant se scrt de la fourchette et du couteau, mâche bien,
Fig. 12. - Dup... à G ans (août 1887).
Etat du malade en 1891. 169
n'offre aucun trouble de la digestion. D... est ordonné, se
donne seul tous les soins de toilette.
Organes génitaux. - Verge courte, peu volumineuse. Pré-
puce long, gland découvrable, méat normal. Testicules égaux,
de la grosseur d'une olive.
1891. 21 avril. - État actuel. - Le visage de l'enfant a une
coloration uniformément rosée. Les conjonctives et les lèvres
sont colorées. Sous la peau on sent une couche de graisse
assez abondante, sans qu'il y ait réellement adipose. La peau
est glabre, sans cicatrices autres que celles du vaccin, sans
éruption, sauf une légère desquamation eczémateuse. On
trouve deux petits ganglions dans la région sous-maxillaire
gauche ; rien ailleurs. -
Le crâne, de volume et de forme normaux', est symétrique.
Les bosses frontales et pariétales sont légèrement saillantes.
La bosse occipitale est proéminente. Les cheveux d'un blond
clair, assez abondants, fins, empiètent en avant sur la région
Fig. 13. - Du]) ? à S ans (août 18S9).
170 Description du malade en 1891.
frontale. Le tourbillon postérieur est normal. - Le front est
large, peu élevé.
Le visage régulièrement ovale, avec un léger abaissement
de la commissure labiale et de la narine du coté droit, offre
une expression plutôt intelligente ; elle est mobile et reflète
les sentiments éprouvés par l'enfant. Les arcades sourcilières
sont peu saillantes. Sourcils clairs, châtains, peu fournis,
séparés par un intervalle de 15 millimètres. Paupières nor-
males, cils longs, nombreux. Iris bleu foncé, pupilles égales,
réagissant bien il la lumière. Aucun trouble fonctionnel,
aucune lésion des yeux. Le champ visuel est naturel. D...
connaît toutes les couleurs. - Nez petit, droit avec une
ouverture prononcée des narines. Odorat normal. - Pom-
mettes régulières, sans saillie exagérée. Sillons naso-labiaux
à peine accusés. - Bouche, assez largement fendue, presque
ouverte. Lèvres épaisses, un peu renversées. Langue nor-
male. Voûte palatine fortement ogivale. Luette petite.
Amygdales assez grosses. L'enfant est sujet aux amygdalites.
Toutes ces parties semblent n'avoir qu'une sensibilité obtuse
qui permet facilement et sans provoquer le réflexe nauséeux
l'exploration du pharynx. - Menton arrondi, sans fossette.
- Oreilles longues, épaisses, bien ourlées, fortement écar-
tées du crâne, ayant une conformation assez particulière :
les deux tiers supérieurs du pavillon forment avec le tiers
supérieur un angle obtus, de sorte que la conque présente
bien réellement la forme d'une conque profonde, presque
hémisphérique (1). Le lobule est épais, régulier, licitement
détaché. De temps en temps, l'oreille est le siège d'un éry-
thème compliqué de tuméfaction.
Cou plutôt court, assez gros, 2(i centimètres de circonfé-
rence. On sent assez distinctement les lobes latéraux du
corps thyroïde.
Thorax et abdomen, rien de particulier. L'auscultation et
la percussion sont négatives. Tout le corps est glabre. Les
organes génitaux n'offrent pas de modification sensible par
rapport à la note précédente.
Les membres supérieurs et inférieurs sont normaux, dans
tous leurs segments. État ichthyosique de la peau des cuisses
et des genoux.
La sensibilité 'générale est normale dans ses différents
modes. Les réflexes sont physiologiques.
(1) Nous avons toujours soin de noter la configuration des oreilles. Nous
aurons l'occation prochainement de résumer nos constatations et de repré-
senter les malformations les plus intéressantes [Oreille idiote).
Traitement dIi;UICO-YI;D.4GOGIQIiI : : amélioration. 171
Traitement : application régulière de la méthode médico-
pédagogique; - en hiver; hydrothérapie
chaque année du 1 ? avril au ICI' novembre.
21 avril.- Sa mÓr0 trouvant son enfant très amélioré le prend
en congé renouvelable- (mars) et vient à la fin d'avril deman-
der sa sortie que nous accordons à regret, craignant qu'il ne
perde en partie ce que nous avons si laborieusement obtenu.
1S ! ) ? . 19 tnai.-L'enfant étant devenu désagréable, désobéis-
sant, répondeur, n'apprenant plus aussi bien à l'école où il a
été envoyé depuis sa sortie et enfin pour qu'il n'assiste plus
aux scènes entre son mari, toujours ivrogne, et elle, sa mère
l'a placé à l'Asile clinique d'où il nous arrive aujourd'hui.
Juin. - L'évolution physique a continué. L'enfant est très
craintif, très susceptible, n'aime pas les reproches et pleure
dès qu'on le réprimande.
Lecture assez courante, sans expression. D... commence à
faire de petites dictées sur les mots usuels. Depuis sa sortie,
il a appris à connaître les nombres et à faire des additions,
des soustractions, mais peu compliquées.
Traitement : École, gymnastique, hydrothérapie.
Juillet. - D... est très difficile à tenir en ce moment; fait
sans cesse de mauvaises niches à ses camarades, plante des
aiguilles ou des clous dans les chaises ; au concert des frères
Lionnet, il s'est amusé à piquer les petites filles placées
devant lui avec des épingles. (1·'ig. -1 ! i).
Décembre. - L'enfant est très paresseux, refuse souvent
de lire et de faire ses devoirs, ricane, si on le réprimande. Il
exécute très bien tous les mouvemenls delà, petite gymnas-
tique. Envoyé à l'atelier des tailleurs, il parait prendre goût t
au métier.
1893. Avril. - D... est devenu très raisonnable, travaille
bien à l'école, n'aime pas rester inactif, ne ricane plus, son
écriture devient meilleure ; il raisonne bien, sa tenue est soi-
gnée, même coquette ; il mange proprement, n'est plus gour-
mand, toutefois on a remarqué une tendance à boire le vin
de ses camarades.
Juin. - D... est dans une mauvaise période, se moque de
tout ce qu'on lui dit, est très obstiné, taquine ses camarades,
déchire les cahiers, casse les porte-plumes, etc.. Sa tenue
est mauvaise ; il fait du bruit le soir au dortoir. (Fig. 15).
Décembre. Même état. 11 cherche il fumer, ne veut rien
faire, se moque de tout; le monde, sa tenue est mauvaise, il
faut l'obliger à se laver les mains, la figure, etc,
172 Traitement Ivt)JDICO-I'I3DAGOG1QUR.
Aucun indice de puberté. Verge longueur et circonférence
5 cent. On ne sent pas le testicule gauche bien qu'autrefois
on ait noté sa présence dans les bourses.
1894. Décembre. - Amélioration notable. D... lit très cou-
ramment, écrit convenablement, connaît tous les objets usuels,
leur usage, les couleurs,, la -notion du temps. Il est docile,
propre et soigneux, il travaille bien en classe, écoute atten-
tivement les explications et comprend. A l'atelier, il continue
à faire des progrès.
Septembre. - D... passe de la petite à la grande école.
1895. Janvier-Juin. - L'amélioration continue ; D.. com-
mence à savoir la table de multiplication ; il est soigneux, se
Fig. 14. - Dup... à 11 ans (août 1892).
Traitement médico-pédagogique. 173
conduit bien, est assez habile à la gymnastique. A l'atelier
de couture, progrès sensible : il sait faire l'habillement com-
plet et travaille à la machiné. De temps en temps, périodes
de paresse, est plutôt à l'atelier qu'à la classe. (Fig. 16).
Puberté : léger duvet sur la lèvre supérieure. Quelques
poils au pénil. Verge : circonférence et longueur 6 cent. Tes-
ticules de la grosseur d'un petit oeuf de pigeon.
8 juillet. - Au dire du veilleur, D... aurait eu pendant la
nuit, un accès d'épilepsie; il n'en avait jamais eu avant, il
n'en a jamais eu depuis.
10 juillet. - Sommeil agité : cauchemars, paroles inin-
telligibles, menaçantes.
z1896. Janvier. - Progrès assez sensibles en classe. L'en-
Fig. 15. - Du ! '... : 1 ? ans (juin 1893).
174 li Traitement nll : bICO-PrDAGOG1QU.
fant profite surtout des leçons de choses, auxquelles il s'in-
téresse beaucoup. De temps en temps, il se montre dissipé et
joueur. Docile, poli et soigneux de sa personne et de ses
vêtements jusqu'à la coquetterie. - Le maître tailleur est
très content de lui, il travaille très bien à la machine. Va
bien à la gymnastique et au chant. -
Puberté : Duvet sur la lèvre supérieure et les joues, poils
peu abondants au pénil. Le reste du corps est glabre. -
Verge : longueur, 7 cent. ; circonférence, 8 cent. Poils rares,
à l'anus. Même état des testicules.
Juin. - L'écriture loin de s'améliorer serait devenue moins
bonne. On note, au contrarie, des progrès en calcul. D... fait
Fig. 16. - Dup... à 13 ans et demi (janvier 1895).
Traitement \II : DICO-PÉD : 1GOGIQU1; 175
bien les quatre opérations, commence à faire des problèmes
faciles. Les connaissances générales ont augmenté. Il est
devenu un bon ouvrier tailleur (11'i. 17).
1897 Janvier-juin. L'enfant préfère l'atelier à l'école, et
à tort pendant quelque temps, on l'a laissé tout le temps iL
l'atelier (Fig. 18).
Décembre. Même état au point de vue scolaire; carac-
tère docile, conduite bonne, tenue et propreté-satisfaisantes.
Travaille très bien et assez vite à l'atelier, confectionne le
l'ig. 17. - Dup... à 15 ans (juin 1896).
- 176 Traitement médico-pédagogique.
vêtement complet, se sert avec habileté de;la machine, com-
mence à, couper.
Puberté. Même état des lèvres et des joues. Poils assez
longs, blonds sous les aisselles, formant une bande de 5 cent,
sur 2. Le tronc, les membres ^supérieurs et inférieurs sont
glabres. Poils châtain-blond assez abondants sur le pénil et
à la racine des bourses, qui sont pendantes et de niveau.
Verge : longueur, 95 mm., circonférence, 90 mm. Le gland
est en partie découvert. - Testicules de la grosseur d'un
oeuf de pie. Quelques poils au périnée et à l'anus : - Pas
d'onanisme.
Fig. 18. - Dup... 1G ans (juin tfi9ï).
Alcoolisme ET idiotie. 177
Les paupières droites sont moins largement ouvertes que
les gauches d'environ un quart. Le malade dit qu'il voit
moins bien de l'oeil droit que du gauche, qu'il ne distingue
les lettres un peu grosses que d'assez près.
Tableau du poids et de la taille.
178 Alcoolisme et idiotie.
sesses et de l'allaitement sur la suspension cle ce
genre d'accidents nerveux. Il y aurait là le sujet
d'une thèse ou d'un mémoire qui ne manquerait pas
d'intérêt. - Nous ne saurions affirmer que l'hérédité
se borne aux faits qui précèdent, nos renseignements
étant assez incomplets sur l'ensemble des deux
familles.
II. Il est un point très intéressant de l'histoire de
ce malade : c'est la conception, ici indubitable,
durant l'ivresse alcoolique. C'est à cette circonstance
que la mère attribue l'idiotie observée chez notre
malade. Elle invoque d'ailleurs, à l'appui, le fait que,
sur l'avis d'un médecin, ayant cessé d'avoir des rap-
ports avec son mari quand il était ivre, son dernier
enfant, malgré l'alcoolisme chronique du père, est
sain d'esprit et de corps, et n'a pas eu de convul-
sions (1).
III. Dup... n'aurait jamais eu de convulsions, croit-
on : la nourrice n'en aurait pas signalé et depuis son
retour on n'en aurait puis constaté. L'idiotie parait
congénitale. Elle était complète : il 3 ans, l'enfant ne
marchait pas seul, gâtait, était salace, incapable cle
s'aider en quoi que ce soit pour s'habiller, se laver,
etc. Il se balançait sans cesse, se cognait la tête, se
masturbait, mordait ses frères et soeurs et les enfants
qui l'approchaient. Enlin, la parole était nulle ou,
pour être absolument exact, limitée à trois mots.
Notons encore qu'il était sujet à des accès de colère
et que, nuit et jour, il poussait des cris qui motivaient
des plaintes clés voisins et ont obligé les parents à
déménager. Si nous insistons sur ce détail, c'est qu'il
fournit un argument avec beaucoup d'autres - en
faveur de la nécessité de l'hospitalisation de cette
(1) Voir entre autres : Compte rendu de Bicêtre pour 1896, p. 205 à 225.
Traitement \LI· : DICO-Y1.D : IGUCïIQOL : amélioration. 179
catégorie d'enfants anormaux qui constitue pour leur
famille et pour les voisins un milieu infernal, et cela
alors même qu'il n'y aurait pas possibilité d'une réelle
amélioration.
IV. Or, tel n'a pas été le cas en ce qui concerne
Dup... dont l'histoire nous fournit un exemple frap-
pant d'une transformation telle que, vu son état à l'en-
trée, elle n'aurait pu être même soupçonnée par les
personnes, médecins, pédagoques ou administrateurs,
qui ne sont pas au courant de ce que peut réaliser le
traitement méédico-péclagogique, appliqué avec habi-
leté et persévérance.
Tout d'abord. D.. a appris à marcher, à développer
son système musculaire (exercices de la marche, du
saut, de la montée et descente des escaliers, de la
petite gymnastisque, etc.) ; à devenir propre (sur-
veillance et mise régulière sur le siège) ; à manger,
se déshabiller, s'habiller convenablement (éducation
de la main et du sens du toucher) ; - à parler parfai-
tement (exercices de la prononciation et de la parole) ;
- il lire, écrire, compter d'une manière passable ; à
avoir la notion des couleurs, des formes, du temps,
etc. (exercices scolaires) ; - à acquérir toutes les con-
naissances usuelles (leçons de choses) ; - enfin à
apprendre d'une façon très suffisante le métier de
tailleur (enseignement professionnel).
Il est certain que si, heureux des résultats obtenus,
et voyant que l'enfant préférait l'école il l'atelier, on
s'était mieux conformé à nos prescriptions, on avait
veillé avec plus de soin il sa présence réglementaire
à l'école nous aurions obtenu, chez lui, une instruc-
tion primaire plus satisfaisante.
V. Au point de vue physique, son développement a
été régulier, ainsi que cela ressort des tableaux du
poids, de la taille et des mensurations de la tête. La
180 Traitement \II : D1C0-PI : D9GOGIQUE.
gymnastique qu'il fait bien, la danse, l'hydrothérapie
et les médicaments reconstituants, employés exacte-
ment, y ont largement contribué.
VI. Lors de l'admission, le diagnostic était : idiotie
complète; aujourd'hui on porterait le diagnostic :
arriération intellectuelle ou débilité mentale légère,
et seulement sous le rapport de l'instruction primaire
parce que sous le rapport des connaissances usuelles,
du travail manuel et de l'habileté physique, il se rap-
proche des enfants normaux, d'intelligence moyenne.
VII. La comparaison de l'écriture et des exercices
scolaires ainsi que celle des /ig. 11 à 18 permettent
de vérifier l'exactitude des réflexions qui précèdent.
Nombreux sont les cas analogues que nous pourrions
publier dont quelques-uns seulement ont déjà été
rapportés par nous ou consignés dans la thèse d'un de
nos élèves (1). Ils démontrent que si, dans les cas
d'idiotie complète, on peut obtenir une amélioration
aussi considérable, on en obtiendra plus facilement
de semblables ou de supérieures chez des enfants
moins profondément frappés, ceux qui appartiennent
à l'imbécillité, à l'arriération intellectuelle, à limbe-
cillité morale. '
Ce n'est pas uniquement dans notre service de
Bicêtre que le traitement médico-pédagogique nous a
procuré des succès aussi satisfaisants. Nous en avons
chaque année d'aussi démonstratifs à l'Institut mé-
dico-pédagogique (à Vitry) où nous l'appliquons avec
une rigoureuse exactitude (2). Et, puisque l'occasion
s'en présente, rappelons que les chances de succès sont
d'autant plus grandes que le traitement est commencé
(1) Griffault. - Contribution iL ¡'élude du traitement de L'idiotie, 1896.
(2) L'Institut médico-pédagogique reçoit les enfants des deux sexes atteints
non seulement des différentes variétés d'idiotie et de maladies convulsives, mais
aussi les enfants affectés des différentes espèces de maladies nerveuses.
Traitement médico-pédagogique. 181
plus tôt, dès qu'on a constaté l'état anormal de
l'enfant, dès 2 ou 3 ans - et que le traitement est
suivi avec persistance. Ce n'est pas, en effet, en quel-
ques semaines, en quelques mois qu'on a des change-
ments importants : il faut des années. Les premières
améliorations sont des conquêtes difficiles, on
le voit par l'histoire de Dup..., - mais celles-ci
obtenues, on voit se succéder des améliorations de
plus en plus satisfaisantes pour les médecins, les
maîtres et les familles. A tous, il faut de la confiance,
du temps et de la persévérance (1).
(1) Modifications de la voix. 189G. Janvier : Étendue de 9 notes (ré au mi).
Voix forte et juste (Fig. 19). En juillet, même état.- 1897. Janvier : Aucune
modification. Juillet : Période de la mue ; l'enfant a perdu 5 notes dans
l'aigu et a gagné une note dans le grave (do au sol). - 1898. Janvier : Éten-
due de la voix : 10 notes, fin de la période de la mue, gagne sur le semestre
précédent 4 notes dans le grave et 2 dans l'aigu. - La voix est fausse
(Fig. 20).
Fig. 19.
Fig. 20.
Travaux scientifiques faits dans le service.
(Thèses et mémoires).
1880.
LEROY (A.). De l'état de mal épileptique. Thèse de Paris.
SÉGLAS (J.). De l'influence des maladies intercurrentes
sur la marche de l'épilepsie. Thèse de Paris.
BOURNEVILLE. - Contribution a l'étude de l'idiotie. Con-
tribution à l'étude de la démence épileptique. daims
Archives de neurologie, '1880,]J. 09 et °13).
ossl.
HIDEL PAILLARD (G.). - De la cachexie pachydermique
(2nywclène des auteurs anglais.) Thèse de Paris.
D'OLIER (IL). - De la coexistence de l'hystérie et de l'épi-
lepsie avec manifestations distinctes des deux névroses,
considérées dans les deux sexes et en particulier chez
l'homme. Mon. qui a obtenu le prix EsquiroL (Annales médi-
co-psycholoy., sept. 1881) et tirage à part aux bureaux du
Progrès Médical).
Sadrain (G.). - Étude sur le traitement des attaques
d'hystérie et des accès d'épilepsie. In-8° de 5Gp. Th.de Paris.
Hurlé (M.). Recherches cliniques et thérapeutiques sur
l'épilepsie. Thèse de Paris.
Morlot (E.). - Sur une forme grave de l'épilepsie. Thèse
de Paris.
COULBAUT (G.). - Des lésions de la corne d'Ammon dans
l'épilepsie. Thèse de Paris.
1882.
BpicoN (L.). Du traitement de l'épilepsie : Hydrothéra-
pie. - Arsenicaux. Magnétisme minéral. - Sels de pilo-
earpine. - Curare, etc. Thèse de Paris.
Roux (G.-L.). - Traitement de l'épilepsie et de la manie
par le bromure d'éthyle. Thèse de Paris.
WUILLAMIER (Th.). - De l'épilepsie dans l'hémiplégie
spasmodique infantile. Thèse de Paris.
Thèses faites dans le service. 183
1887.
Mme Sor.Li1;13 (A.). De l'état de la dentition chez les enfants
idiots et arriérés. Thèse de Paris.
1889.
Cornet (P.). - Traitement de l'épilepsie. Thèse de Paris.
(Iottschalk (A.). Valeur de l'influence de la consan-
guinité sur la production de l'idiotie et de l'épilepsie. Thèse.
de Paris.
1891.
ROLLIER (P.). - Psychologie de l'idiotie et de l'imbécillité.
Thèse de Paris.
Retrouvey (A.). - Contribution à l'étude de l'hémiplégie
spasmodique infantile.
1892.
TAQUET. - De l'oblitération des sutures du crâne chez
les idiots. Thèse de Paris.
Vivier (A.). - Contribution à l'étude clinique de l'épi-
lepsie chez les enfants. Thèse de Paris.
1893
Nos, (J.). - Étude sur les tics. Thèse de Paris.
1895.
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clique infantile. Thèse de Paris.
1896.
BouLLENGER (F.). - De l'action de la glande thyroïde sur la
croissance. Thèse de Paris.
Griffault (G.). - Contribution à l'étude du traitement de
l'idiotie. Thèse de Paris.
EXPLICATION DES PLANCHES
186 Explication DES planches.
Planche I.
l'SEUDO-PORENCÉPHALIE unilatérale.
»
Face externe de l'hémisphère cérébral gauche (p. 49).
F', Fez, 1·, prmière, seconde et troisième circonvolutions
cérébrales.
FA, frontale ascendante.
SR, sillon de Rolando.
PS, pli pariétal supérieur.
PI, pli pariétal inférieur.
LO, lobe occipital.
'1". T3, seconde et troisième circonvolutions temporales.
OUR : OElïLLE, Ilcllrr, 1H ! li. PI.
188 Explication des planches.
Planche IL
PSEUDO-PORFNCÉPHALIE bilatérale.
Face convexe de l'hémisphère cérébral droit (p. 60).
F', F2, F3, première, seconde et troisième circonvolutions
cérébrales.
FA, frontale ascendante.
PA, pariétale ascendante.
SR, sillon de Rolando.
PS, pli pariétal supérieur.
PI, pli pariétal inférieur.
Fo, foyer de pseudo-porencéphalie.
LO, lobe occipital.
190 Explication des planches.
Planche III.
l'SEtiDO-l'ORENC1 : YH.1LIE bilatérale.
Face convexe de l'hémisphère cérébral gauche (p. 61).
1 ? F2, 1 ? première seconde et troisième circonvolutions
cérébrales.
FA, frontale ascendante. ! 'A, pariétale ascendante.
LP, lobe pariétal supérieur.
LO, lobe occipital.
Fo, foyer de pseudo-porencéphalie.
LT, lobe temporal.
192 Explication DES planches.
Planche IV.
Porencéphalie vraie.
Face convexe de l'hémisphère cérébral droit (p. 60).
F', 1 ? 1 ? première, seconde et troisième circonvolutions
frontales.
LP, l'p, lobule paracentral ( ? ).
pl, pariétale, ascendante.
LO, lobe occipital.
T1, T2, première et seconde circonvolutions temporales.
INS, lobule de l'insula.
1'2, pli pariétal supérieur.
P3, pli pariétal inférieur.
Légende de la fig. 1 (p. 72).
lez, F2, 1 ? première, seconde et troisième circonvolutions
frontales.
FA, frontale ascendante.
LP, lobule paracentral.
PA, pariétale ascendante.
]>1, pli pariétal supérieur.
1, pli pariétal inférieur.
LO, lobe occipital.
T', T2, première, seconde circonvolutions temporales.
INS, lobule de l'insula.
Bourneville, Bicêtre, 1897. 13
194 EXPLICATION DES PLANCHES.
Planche V.
Porencéphalie vraie.
Face interne de l'hémisphère cérébral droit (p. 70).
I ? première circonvolution frontale.
LO, (en avant), lobe orbitaire,
CC, circonvolution du corps calleux.
LP, lobe paracentral.
LQ, lobe quadrilatère.
SPI scissure perpendiculaire interne.
LO, (en arrière), lobe occipital.
UH, circonvolutions de l'hipocampc.
TT, circonvolutions temporales.
P, coupe du pédoncule cérébral.
CO, couche optique.
NC, noyau coudé.
VL, ventricule latéral.
196 EXPLICATION DES PLANCHES.
Planche VI.
Sclérose cérébrale ATROPHIQUE.
Coupe du crâne (p.403)
Cette coupe du crâne, qui a la forme trigone, montre l'hy-
pertrophie considérable des deux côtés de l'os frontal.
BouRNEVILLE, Bicêtre, 1897. PL. VI.
198 Explication DES planches.
Planche VII.
Sclérose ATROPHIQUE DU LOBE frontal DROIT.
Face interne de l'hémisphère cérébral droit (p. 122),
1 ? F2, portions restantes des première et seconde circon-
volutions frontales. F3 est complètement détruite.
FA, ascendante.
SR, sillon de Rolando.
PA, pariétale ascendante.
Il', pli pariétal supérieur.
l ? pli pariétal inférieur.
T, T2, T3, circonvolutions temporales.
200 Explication des planches.
Planche VIII.
Sclérose ATROPHIQUE DU lobe frontal droit.
Face interne de l'hémisphère cérébral droit (p. 156).
F1, première circonvolution frontale.
LF, lobe paracentral.
LQ, lobe quadrilatère.
CCC, circonvolutions du corps calleux.
CC'corps calleux.
CO, couche optique.
CH, circonvolution de l'hippocampe.
LO, lobe occipital.
BOURNEVILLE, Bicêtre, 189ï, PL. VII[.
202 EXPLICATION DES PLANCHES.
Planche IX.
Sclérose ATROPHIQUE du lobe frontal gauche.
Face convexe de l'hémisphère cérébral gauche (p.406).
FA, frontale ascendante.
SO, pariétal aeeendante.
pi, pli pariètal supérieur,
P2, qli pariétal inférieur.
PC, plie ourle.
LO, lobe occipital.
T1, T2, T3, circonvolutions temporales.
: On EXPLICATION DES PLANCHES.
Planche X.
SCLÉROSE ATROPHIQUE DU LOBE frontal gauche.
Face interne de l'hémisphère cérébral gauche (p. 106).
Fi. première circonvolution frontale.
LP, lobe paracentral.
Pp0 (au lieu de LQ), lobe quadrilatère.
LO, lobe occipital.
CCC, circonvolution du corps calleux.
CC, corps calleux.
CO, couche optique.
CI-I, circonvolution de l'hippocampe.
206 . Explication des planches. z
- . Planche XI.
- Hydrocéphalie.
Face convexe de l'hémisphère gauche (p. 120).
208 Explication DES planches.
Planche XII.
Hydrocéphalie.
Face interne de l'hémisphère cérébral gauche (p. 120).
Cette planche montre d'une façon très nette la dilatation
du ventricule gauche.
1301 : 1t\EVII.Lli, Bicêtre, 1897. 14
210 Explication DES planches.
Planche XIII.
Hydrocéphalie.
Face interne de l'hémisphère droit (p. 120).
212 Explication DES planches.
Planche XIV.
Arrêt de développement du cerveau. "
Face interne de V hémisphère cérébral droit (p. 159).
1· , F2, 1 ? première, seconde et troisième circonvolutions
frontales.
FA, frontale ascendante.
SR, sillon de Rolando.
PA, pariétale ascendante.
Lys, lobule pariétal supérieur.
LPI. lobule pariétal inférieur.
PC, pli courbe (atrophie prononcée).
01, 02, 0\ circonvolutions occipitales.
51'I, scissure perpendiculaire externe. .
Op P, opercule pariétal.
Op R, opercule l'olandique.
Op F, opercule frontal.
SS, scissure de Sylvius.
'TI, '1'2, T3, circonvolutions temporales.
Sp., scissure parallèle.
5')4 ! t Explication des planches.
Planche XV.
Arrêt de développement du cerveau.
Face interne de l'hémisphère droit (p. ) ? 1).
1 première circonvolution frontale.
OR, gyrus reclus.
p.f.l.. pli frouto-limbiclac. ,
OOC, circonvolution du corps calleux.
CC, corps calleux.
Nec, noyau efludé.
T, trigonc.
COa, commissurc antérieure.
Th. thalamus. -
l', pédoncule cérébral.
CII, circonvolution de l'hippocampe.
T3, troisième circonvolution temporale.
LP, lobe paracentral. ,
sillon.de Rolando. '
AC, avant-coin ou lobe quadrilatère.
Ppe, scissure perpendiculaire externe.
O. coin.
21tj Explication des planches.
Planche XVI.
Arrêt de développement du cerveau.
Face coiivexe de l'hémisphère cérébral gauche (la. 159).
1 , F2, 13, première, seconde et troisième circonvolutions
frontales.
GR, gyrus rectus.
Cap, cap de la troisième circonvolution frontale.
v Op F, opercule frontal.
. FA, frontale ascendante.
5R, sillon de Rolando.
. PA, pariétale ascendante.
Op l', opercule pariétal.
S S, scissure de Sylvius.
Tri, T2, T3, première, seconde et troisième circonvolutions
temporales.
LPS, lobule pariétal supérieur.
LPI, lobule pariétal inférieur.
PC, pli courbe (atrophié).
0, 0 ? OB, circonvolutions occipitales.
BOURNEVILLE, Bicêtre, 189T. PL. XVI.
218 S . Explication des planches.
Planche XVII.
Arrêt de développement du cerveau.
Face interne de l'hémisphère cérébral gauche (11. 'la.
1 , première circonvolution frontale.
GR, gyrus rectus. ,
CCC, circonvolution du corps calleux.
CC, corps calleux.
Coa, commissure antérieure.
pfl, pli fronto-limbique.
NC, noyau caudé.
Tr, trigone.
Th, thalamus ou couche optique. ;
'l'm, tubercule mamillaire. '
P, pédoncule.
('1-I, circonvolution de l'hippocampe.
T'\ troisième temporale.
SI2, sillon de Rolando.
LP, lobe paracentral.
AC, avant-coin ou lobe quadrilatère.
SPE, scissure perpendiculaire externe.
C, coin.
SC, scissure calcarinc.
220 Explication des planches.
Planche XVIII.
Spécimens de l'écriture DE Dup... (p. ! G3).
Fig. 1. Premiers essais (novembre 1888).
Vigo 2. Exercice scolaire (novembre 1892).
Fig. 3. Exercice scolaire (janvier 1898).
a
o
ri
"
ri
1
1
ri
FI'
1
Fig. L -- Début de l'écriturc de Du., (uo\'. 188t ! ).
Fia. 2. -- Exercice scolaire de novembre 18HZ.
1·'iy. 3. - Exercice scolaire de janvier 1898.
222 Explication DES planches.
Planche XIX.
Leçons de choses : les lignes et leurs applications.
. (Voir p. XVIII).
LIGNES ET LEURS APPLICATIONS A'IL ? Í ? 51\E
22 'i Explication des planches.
Planche XX.
Leçons de choses : les lignes et LEURS combinaisons ;
applications. (Voir p. XVIII).
LIGNES ET LEURS APPLICATIONS ^l'iS^fS ? 1
TABLE DES MATIÈRES
PREMIÈRE PARTIE
Histoire du service pendant l'année 1897.
Section I : BiCêtre.
226 Table DES matières.
Table DES matières. 227
228 Table DES matières.