(1893) Archives de neurologie [Tome 26, n° 77-82] : revue des maladies nerveuses et mentales
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(1893) Archives de neurologie [Tome 26, n° 77-82] : revue des maladies nerveuses et mentales

ARCHIVES

DE

NEUROLOGIE

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DE

NEUROLOGIE

PARAISSANT TOUS LES MOIS

REVUE

DES MALADIES NERVEUSES ET MENTALES

PUBLIÉE SOUS LA DIIIECTION DE

J.-M. CIIA11COT

AVEC Li COLLABORATION DE

MM. BAB1NSKI, BALLET, BLANCHARD,

JILIN (1 : .), BLOCQ, BONNAIRE lE.), BOISSIEB, BOUCHEItEAU,BItIAND (M.),

BItISSAUU (E.), BHOUARDEL (P.), DIIOUAIIDEL (G.), CAMUSET. CATSAItAS,

CHABBEBT, CHARPENTIER, CHRISTIAN, COLLET, DAUIUAC, DEBOVE (M.),

DENY, DUT1L, DUVAL (Nsrmns), FERRIEIl, FRANCOTTE, 1

CILLES DE LA TOUItETTE, GOMBAULT, GRASSET, P. JANET, JOFFROY (A.),

JOEIIA YAL (P.), LACIIAUX, LA1DOLZY, MAGNAN.MARANDON DE MONTYEL,

111Altll's, MAUNOUKY, M1ERZEJEYVSICY, 11USGItAVE-CLAY,

NOIR. PAITINAUI), l'ILLIET, P1EUHET, PITIIES, POPOFF, RAYMOND (F.),

llEGNAIIU (A.), IIEGNAIiD (l'.), IIICHEll (P.), I\OUIIINOYITCII,

110 TII (\V.), IIOYET, SÉGLAS, SEGUIN (E.; C.), SOLDER. SOUQUES,

SOURY (J.), 'OEINTUIIIEB (E.), TERRIEN, THULIE (H.), TROLARD, TROIS1EU (E.),

VIGOUREUX (R.), Y01S1N(J.), P. YVON.

Rédacteur en chef : BOUltNEVILLE

Secrétaires de la rédaction : J.-B. CHARCOT et G. GUINON

Dessinateur : LEUBA

Tome XXVI. 1893.

Avec 38 figures dans le texte.

PARIS

il U LI EAU X DU U P 110 GLU;; MÉDICAL

1 ? -lie des Carmes.

1893

Vol. XXVI. Juillet 1893. N, 77.

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

REVUE GENERALE

QUELQUES DÉFINITIONS RÉCENTES DE L' HYSTltH lE 1;

Par M. Pierre JANET.

III. LE rétrécissement DU champ DE la CONSCIENCE.

Les définitions précédentes ont certainement une grande

généralité, elles s'appliquent à la majorité des accidents

hystériques ; mais il est évident, d'autre part, qu'elles laissent

à peu près complètement de côté d'autres caractères également

nombreux et très importants, je veux dire les stigmates hys-

tériques. A mesure que l'on a étudié davantage ces malades,

on a remarqué de plus en plus l'importance de certains symp-

tômes qui semblaient se dissimuler, dont les malades ne se

plaignaient pas, et qui cependant persistaient en même temps

que les accidents ou même dans leurs intervalles. Ces symp-

tômes essentiels à la maladie, permanents, non douloureux,

sont surtout constitués par des troubles divers de la sensibilité,

de la mémoire, de la volonté, qui se manifestent par des mo-

difications des mouvements et du caractère. Il est impossible

dans une définition générale de l'hystérie de ne pas en tenir

compte.

Certains auteurs ont essayé d'appliquer aux stigmates la

même explication qu'aux accidents et de les rattacher égale-

ment à des idées fixes.' Certains malades semblent, en effet,

avoir une pensée plus ou moins nette se rapportant à leurs

amnésies ou à leur faiblesse motrice, certains autres, on l'a

1 Voir Archives de Neurologie, n° 76.

Archives, t. XXVI. 1

3 REVUE GENERALE.

remarqué assez vite, ne présentent leurs stigmates qu'au mo-

ment où ils paraissent y faire attention et ne les présentent

plus quand ils sont distraits. On croit les prendre en dé-

faut, quand ils ne pensent plus à jouer la comédie de l'in-

sensibilité ou de l'amnésie et on en conclut facilement que ces

stigmates sont des sortes d'idées fixes survenues par accident.

Cette explication serait simple, conforme aux principes que

nous avons posés, mais nous regrettons de ne pouvoir l'accep-

ter ; l'observation d'un grand nombre de faits très réguliers et

faciles à constater nous empêche d'assimiler les stigmates,

l'anesthésie, par exemple, aux symptômes accidentels. 1° Il y

a toujours un événement précis au début de l'accident par idée

fixe, ici nous ne voyons rien dans l'histoire des malades qui

ait pu leur mettre en tête la pensée de ne pas sentir du côté

gauche et celle d'avoir le champ visuel rétréci. 2° Les acci-

dents par idée fixe sont connus par les malades, les stigmates

sont tellement indifférents au malade que le plus souvent ils

sont ignorés. 3° Il est vrai que certaines idées fixes sont sub-

conscientes, mais on en retrouve la pensée dans des états som-

nambuliques ou par les procédés qui permettent de constater

les phénomènes subconscients; jamais aucun de ces procédés

ne nous a permis de constater une idée fixe relative aux stig-

mates. 4° La pensée de l'accident détermine la nature du symp-

tôme, en d'autres termes, le malade réalise son symptôme

comme il le pense. Au contraire, nous trouvons dans le stig-

mate des caractères compliqués dont le sujet n'a aucune idée.

Soupçonne-t-il les troubles bizarres des mouvements qu'amène

avec elle l'anesthésie musculaire ? Avait-il la notion de ce

syndrome de Lasègue que nous constatons quelquefois chez

lui dès qu'il arrive à l'hôpital ? 5° Les idées fixes étant acci-

dentelles et personnelles sont très variables, on ne peut énu-

mérer les tics bizarres que l'on rencontre et on peut toujours

s'attendre à en voir encore de nouveaux que l'on n'avait pas

prévus. Les stigmates sont parfaitement réguliers et sont restés

les mêmes depuis le moyen âge jusqu'à aujourd'hui dans tous

les pays où on les a observés. 6° Enfin, nous avons déjà re-

marqué autrefois que les idées fixes ne se développent d'ordi-

naire, sauf des cas tout particuliers, qu'à une époque déjà

assez avancée de la maladie. Cette disposition à la suggesti-

bilité, à la division de la conscience n'est pas complète dès le

début, or les stigmates se montrent souvent très tôt à une

définitions RÉCENTES DE l'hystérie.

période où les idées fixes ne pourraient avoir cette force et

cette persistance. Sans doute dans certains cas, des caractères

partiellement analogues aux stigmates, des anesthésies ou

des troubles du mouvement pourront être déterminés par sug-

gestion. Mais nous croyons que ce n'est pas la formation

naturelle de ces symptômes. Le plus souvent, ils ne sont pas

accidentels mais obéissent à des lois générales qu'il faut

essayer de déterminer.

Les stigmates se présentent comme des affaiblissements, des

suppressions au moins apparentes des sensations, des sou-

venirs, des mouvements. (Les hyperesthésies et les contrac-

tures ne sont pas pour nous, dans les cas les plus ordinaires,

de véritables augmentations des sens ou des mouvements, les

malades hyperesthésiques sentent en réalité fort mal, et ceux

qui ont des contractures ne font pas des mouvements aussi

puissants qu'on le croit. D'ailleurs ces phénomènes sont

presque toujours des accidents par idée fixe.) Si les stigmates

ont toujours ce caractère en quelque sorte négatif, on peut les

considérer évidemment comme la preuve d'un amoindrisse-

ment des fonctions nerveuses, d'un épuisement des organes.

Ce n'est pas là une théorie, c'est l'expression aussi juste que

banale du fait lui-même; reste à interpréter la nature de cet

épuisement.

Pour nous la question se pose de la manière suivante : cet

épuisement est-il localisé à tel ou tel organe sensoriel ou porte-t-

il d'une manière généralesur les parties supérieures du cerveau ?

Peut-on dire que l'anesthésie tactile, le rétrécissement du champ

visuel se rattachent précisément à un arrêt du fonctionnement

des centres nerveux qui servent à cette sensation tactile ou

visuelle; ou bien ces anesthésies ne sont-elles qu'une manifes-

tation particulière d'un affaiblissement portant sur toutes les

fonctions de l'écorce cérébrale et se rattachent-elles par con-

séquent à un trouble général des fonctions psychologiques ?

Nous ne pensons pas que les stigmates soient dus à des

lésions locales des appareils sensoriels, des muscles, des nerfs,

des centres : 1° Les stigmates sont trop mobiles, ils dispa-

raissent trop facilement dès que l'on modifie un peu la pensée

du sujet; la suggestion, l'association des idées, l'attention sur-

tout suppriment comme par enchantement ces insensibilités et ces

impotences musculaires. 2° Les stigmates sont contradictoires,

c'est-à-dire que le fonctionnement des organes est réel et per-

4 REVUE GÉNÉRALE.

siste au moment même où il semble être supprimé. Nous avons

montré dans de nombreuses études que la sensation tactile,

la sensation visuelle, même à la périphérie du champ visuel,

continuaient à s'exercer, que les souvenirs étaient reproduits

malgré l'amnésie apparente, que les mouvements étaient pos-

sibles et qu'ils avaient même conservé leur force malgré la

faiblesse, l'amyosthénie indiquée par le dynamomètre '. Ces .

faits peuvent être démontrés par un grand nombre d'expé-

riences précises, mais ils peuvent être constatés par l'obser-

vation clinique la plus simple. Les hystériques, marchent,

courent sans tomber, sans se heurter aux obstacles comme

devraient faire de vrais anesthésiques, des malades ayant véri-

tablement le champ visuel réduit à un point. On les voit tra-

vailler, soulever des fardeaux, faire des exercices prolongés si

elles ne se sentent pas observées, tandis qu'elles présentent

une faiblesse musculaire étonnante, une fatigue extrêmement

rapide dès qu'on les soumet à un examen. Nous avons été

heureux de voir M. Jolly faire indépendamment les mêmes

remarques : il parle d'enfants ayant une amaurose hystérique

complète et il ajoute : * Ces enfants qui paraissent ne perce-

voir aucune lumière, évitent les obstacles placés inopinément

devant eux, et cependant ils ne se conduisent pas par le tact...

ils ne ressemblent pas à de vrais aveugles... il doit y avoir ici

quelque espèce de perception. » Et plus loin : « J'ai beaucoup

de raisons pour croire que cette surdité ne doit pas être réelle...

il n'est pas douteux pour moi que l'enfant ait entendu les con-

versations 2. » M.Oppenheim dit aussi : « L'hystérique a perdu tri

la volonté de mettre en mouvement des groupes de muscles dé-

terminés... c'est tout autre chose de mettre ces muscles en mou-

vement par un effort de volonté ou par l'intermédiaire d'un

état affectif 3. Cette réapparition rapide et cette conservation

des phénomènes nous empêchent de croire à un épuisement

localisé.

L'épuisement général des fonctions cérébrales a été signalé

par beaucoup d'auteurs, les hystériques, disait M. Féré,

sont dans un état permanent de fatigue psychique qui se tra-

' Ces travaux, déjà anciens, publiés en 1886 et 1887 et sur le détail

desquels nous ne pouvons revenir ici, sont résumés dans notre dernier

livre sur les stigmates mentaux des hystériques.

2 Jolly, op. cit., p. i.

3 Oppenheim, op. cil., p. G.

définitions récentes DE l'hystérie. 5

duit par un affaiblissement de la sensibilité des mouvements

de la volonté '... 8 \I. Feré a repris cette étude avec beaucoup

de détails très intéressants dans un dernier livre sur « la patho-

logie des émotions ». Si nous ne pouvons admettre toutes les

opinions de cet auteur sur les épuisements localisés des centres

nerveux qui nous semblent encore bien hypothétiques, nous

avons toujours adopté ses idées sur l'épuisement général du

système nerveux chez l'hystérique. « Le fait fondamental de

l'hystérie, dit M. Oppenheim, est la faiblesse irritable, une

excitabilité anormale jointe à un épuisement, ces caractères

se constatent surtout dans la sphère des phénomènes affec-

tifs 2. M. Jolly reprenant la conception de M. Oppenheim

parle aussi d'une faiblesse nerveuse incontestable, qui permet

l'exagération des phénomènes affectifs, mais il ajoute que cette

formule manque de précision et ne résume pas les faits parti-

culiers 3. Nous pensons comme cet auteur qu'il est nécessaire

de préciser ce que l'on entend par cette faiblesse cérébrale.

Il ne suffit pas de dire, ce qui d'ailleurs est évident, que l'hysté-

rique est cérébralement affaiblie, car il y a mille variétés d'af-

faiblissement cérébral, et il faut, autant que possible, montrer

celui qui est propre à l'hystérique. Comme les fonctions es-

sentielles du cerveau sont des fonctions psychologiques, il

faut montrer, par l'analyse des phénomènes moraux, en quoi

consiste cette insuffisance psychologique.

Nous avons proposé autrefois d'étudier un phénomène psy-

chologique qui était déjà signalé d'une manière plus ou moins

vague parmi les troubles du caractère des hystériques, mais

qui nous paraissait l'expression principale de cette insuffisance.

Il s'agit d'une faiblesse de l'attention, ou mieux d'un état de

distraction perpétuelle que l'on constate facilement chez la

plupart de ces malades. L'attention est lente à se fixer, pénible,

s'accompagne d'accidents de toute espèce, s'épuise très rapide-

ment et ne donne que des résultats très minimes, elle ne forme

que des idées vagues, douteuses, surprenantes et inintelli-

gibles 1. Si on considère l'attention sous son aspect moteur,

férié. Sensation et Mouvement , 1887, p. 21 et Pathologie des dmu-

lions, 1872, p. 158.

2 Oppeinheim, op. cit., 1880, p. 3.

' Jolly, op. cit., p. 12.

' Les stigmates mentaux des hystériques, p. 137. JGicl.. p. 13.

6 REVUE GÉNÉRALE.

quand elle s'applique aux actions, on retrouve les mêmes ca-

ractères : les actes volontaires sont pénibles, lents, de courte

durée, entrecoupés d'arrêts innombrables. Souvent même cette

attention si faible semble disparaître entièrement, tout effort

intellectuel, tout acte volontaire devient impossible, le sujet

n'est plus capable de comprendre ce qu'il lit, ni même ce qu'il

entend, d'effectuer le plus petit mouvement volontaire. L'abou-

lie, l'aprosexie, l'hésitation, le doute, nous croyons devoir y in-

sister, sont les caractères psychologiques essentiels chez l'hys-

térique. Ces caractères se retrouvent plus ou moins semblables

chez d'autres malades, cela est évident, mais ce n'est pas une

raison suffisante pour les négliger chez l'hystérique.

Ces faiblesses de l'attention sont si grandes qu'elles troublent

non seulement les travaux intellectuels, mais modifient même

la vie normale, la pensée ordinaire qui demande continuelle-

ment un certain effort d'attention. Le malade distingue mal les

faits qui se passent autour de lui, il se rend très mal compte de

toutes les situations de la vie et surtout il ne perçoit qu'une

très faible partie des faits, il semble toujours oublier la ma-

jeure partie des impressions qui devraient le frapper '. Si on

cherche à vérifier cet état de l'esprit d'une manière plus pré-

cise, on constate qu'une femme hystérique ne peut percevoir

plusieurs sensations à la fois : dès qu'elle est occupée à sentir

un phénomène, elle devient indifférente à toutes les autres exci-

tations faites sur des parties du corps et sur des sens ordinai-

rement sensibles. Elle présente la même distraction pour les

souvenirs et pendant qu'elle pense à une idée, elle oublie toutes

les notions opposées qu'elle savait fort bien l'instant précé-

dent. Enfin on constate le même caractère dans ses actes et

ses mouvements : elle ne fait volontairement qu'un mouve-

ment à la fois et cesse de pouvoir le faire dès qu'elle est dis-

traite par une sensation ou un autre mouvement. Ce dernier

point a été particulièrement étudié dans le travail intéressantde

M. Piclc 2. Des distractions semblables existent rarement chez

l'homme normal et elles ne sont produites que par une con-

centration excessive de la pensée sur un problème compliqué ;

chez l'hystérique elles se produisent d'une façon beaucoup

' Automatisme psychologique, p. 188.

' 1. Pick. - Ueber die sogenal1nle « conscience musculaire» (Duchenne).

(7,citschi,ifi sur psych. und physiol der sinnesorgane, t. IV, 1892.) Cf.

Stigmates mentaux de l'hystérie, p. 156.

DEFINITIONS RECENTES DE LHYSTERIE. 1

plus simple. « C'est un état exagéré de distraction', qui n'est

pas momentané et ne résulte pas d'une attention volontaire

dirigée uniquement dans un sens ; c'est un état de distraction

naturelle et perpétuelle, qui empêche ces personnes d'appré-

cier aucune autre sensation en dehors de celle qui occupe

actuellement leur esprit. »

Nous avons essayé autrefois non d'expliquer, mais de résumer

tous ces faits très nombreux dans une formule simple. La vie

psychologique n'est pas uniquement constituée par une suc-

cession de phénomènes venant à la suite les uns des autres,

formant une longue chaîne qui se prolonge dans un seul sens.

Chacun de ces états successifs est en réalité complexe, il ren-

ferme une multitude de faits élémentaires et ne doit son unité

apparente qu'à la synthèse, à la systématisation de tous ces

éléments. Nous avons proposé d'appeler « champ de conscience

ou étendue maximum de la conscience, le nombre le plus

grand de phénomènes simples ou relativement simples qui

peuvent être réunis à chaque moment, qui peuvent être simul-

tanément rattachés à notre personnalité '2 Ce champ de

conscience ainsi entendu est fort variable. Un chef d'orchestre

entendant simultanément tous les instruments et suivant par

la lecture ou par la mémoire la partition de l'opéra, réunit

dans chacun de ses états de conscience un nombre immense

de faits. L'individu endormi qui rêve, le malade pendant une

crise d'extase, n'ont au contraire dans la pensée consciente

qu'un nombre de faits très restreint. Il est facile de voir en

étudiant la distraction des hystériques que leur champ de

conscience semble très petit, il est rempli tout entier par une

seule sensation relativement simple, un seul souvenir, un petit

groupe d'images motrices et ne peut plus en contenir d'autres

en même temps 3. Ce rétrécissement du champ de la conscience

n'est qu'une manifestation de l'épuisement cérébral général

que l'on a admis. Cet épuisement nous semble décrit avec

plus ^de précision quand nous disons : c'est une faiblesse

morale particulière consistant dans l'impuissance que présente

le sujet faible de réunir et de condenser ses phénomènes psycho-

logiques, de les assimiler à sa personnalité ' .

' Autom. psych., p. JS9.

.lutom. psych., p. 19É.

3 Autom. psych. p. 195.

, il utom. psych., p. loi. 1.

8 REVUE GÉNÉRALE.

Cette remarque permet de grouper un grand nombre de

faits, de traits de caractère qui ont bien souvent été signalés

chez les hystériques. Leurs enthousiasmes passagers, leurs dé-

sespoirs exagérés et si vite consolés, leurs convictions irrai-

sonnés, leurs impulsions, leurs caprices, en un mot ce carac-

tère excessif et-instable, nous semblent dépendre de ce fait

fondamental qu'elles se donnent toujours tout entières à l'idée

présente, sans aucune de ces réserves, de ces restrictions men-

tales qui donnent à la pensée sa modération, son équilibre et

ses transitions. « C'est encore au rétrécissement du champ de

la conscience, disait M. Laurent 1, qu'il faut attribuer chez

l'hystérique, la peur, l'étonnement, l'émotivité, les manifes-

tations de l'intensité des impressions. Une impression donnée

venant effacer brusquement les idées antérieurement exis-

tantes, l'hystérique se trouve dans la situation de l'homme

qui apprend tout à coup ou qui voit quelque chose à quoi il

ne s'attend pas. Cette impression chasse les autres idées et,

dominant l'intelligence, cause, selon sa nature, l'étonnement,

la peur, la joie ; n'étant contre-balancée par rien, aucun rai-

sonnement ne survenant, l'expression instinctive de la pensée

vient se manifester. D Les mêmes remarques peuvent s'ap-

pliquer aux impulsions subites de ces malades et à leurs chan-

gements brusques ; c'est là simplement l'expression psycholo-

gique un peu plus précise de ce que l'on décrivait d'une manière

vague sous le nom de faiblesse irritable.

Nous croyons que l'on peut aller plus loin et que les stig-

mates, l'anesthésie elle-mème, peuvent être considérés comme

une dépendance de ce caractère psychologique. L'anesthésie

se comporte comme une distraction, elle est variable, mobile,

elle disparaît souvent quand on peut provoquer un effort d'at-

tention du sujet. Elle n'est ni profonde, ni complète, car elle

laisse subsister des sensations élémentaires sous forme de phé-

nomènes subconscients, faciles à constater dans bien des cas.

On peut produire par la distraction elle-même des insensibi-

lités qui ont tous les caractères des anesthésies 'hystéri-

ques. Quand la répartition de l'anesthésie se modifie, ce qui

est très fréquent, on constate des alternances des équivalences

dans les sensations disparues. « La sensibilité, disait autrefois

Cabanis, semble se comporter à la manière d'un fluide dont la

quantité totale est déterminée, et qui, toutes les fois qu'il se

' L. Laurent. Etals seconds, 1892, p. 127.

DÉFINITIONS RÉCENTES DE L'HYSTERIE. 9

jette en plus grande abondance dans un de ces canaux, diminue

proportionnellement dans les autres'. * Si vous contraignez

le sujet, en attirant son attention, à retrouver la sensibilitédu

côté gauche, il la perd du côté droit. Obtenez-vous la sensibilité

tactile totale, le rétrécissement du champ visuel augmente telle-

ment que le sujet devient momentanément aveugle, ainsi que

je l'ai observé plusieurs fois sans l'avoir prévu. Voulez-vous

élargir le champ visuel, l'anesthésie tactile augmente. Ces mo-

difications arrivent souvent d'une manière spontanée,et certains

sujets semblent avoir le choix entre plusieurs formes d'anes-

thésies équivalentes. Ces alternances n'existent pas seulement

pour les anesthésies, mais pour bien d'autres phénomènes,

et c'est pourquoi les hystériques ne sont pas guéries quand

on leur a plus ou moins complètement supprimé un symptôme.

La faiblesse de leur pensée subsiste et elles perdent d'un côté

ce qu'elles ont semblé regagner d'un autre. La localisation de

l'anesthésie peut dépendre d'une suggestion ou d'une idée fixe,

mais l'anesthésie en elle-même et les stigmates en général

sont des manifestations de l'insuffisance de la perception per-

sonnelle, du rétrécissement du champ de la conscience.

M. J. Héricourt quand il résumait notre étude sur l'anes-

thésie hystérique a employé une expression très heureuse qui

exprime bien notre pensée. « C'est par une sorte de paresse

que le personnage principal supprime toute une série de sensa-

tions, celles qui lui sont le moins indispensables, afin délimiter

le champ d'une activité dont il aurait quelquefois peine à

faire les frais... Ce rejet de tout un groupe d'éléments psychi-

ques gênants constituerait une sorte d'autotomie psychologique

spontanée dont il existe d'ailleurs des cas non douteux. Ainsi

l'on sait que les personnes qui louchent d'un oeil suppriment

complètement la vision de l'oeil atteint par le strabisme et ne

voient en réalité que d'un oeil, bien que les deux yeux soient

également sensibles aux impressions rétiniennes 2. )1 Nous pen-

sons donc que l'on peut résumer les stigmates par la formule

suivante : « Les choses se passent comme si les phénomènes

psychologiques élémentaires étaient aussi réels et aussi nombreux

que chez les individus normaux, mais ne pouvaient pas à cause

1 Cabanis. Histoire des sensations, dans l'étude sur le rapport du

physique et du moral, oeuvres complètes, 1824, t. III, p. 153.

2 Héricourt. - L'activité inconsciente de l'esprit. (1tevue Scienti-

lique 1889, t. II, p. 262.)

10 REVUE GÉNÉRALE.

du rétrécissement du champ de la conscience, à cause de celle

faiblesse de la faculté de synthèse se réunir en une seule per-

ception ou une seule conscience personnelle 1. »

Cette nouvelle conception, à laquelle nous avons été amené,

par l'étude des stigmates, est loin d'être en opposition avec les

conclusions de nos précédentes études sur les accidents. Le

dédoublement de la personnalité est bien plutôt la conséquence

immédiate de cette faiblesse de synthèse psychologique. Celle-

ci laisse subsister les phénomènes psychologiques, mais ne les

réunit pas à l'idée de la personnalité. On peut se représenter

les faits de somnambulisme et les actes subconscients comme

des groupements secondaires, des systématisations accessoires

de ces phénomènes psychologiques négligés « les choses se

passent comme si le système des phénomènes psychologiques qui

forme la perception personnelle chez tous les hommes était, chez

ces individus, désagrégé et donnait naissance à deux ou plusieurs

groupes simultanés ou successifs, le plus souvent incomplets et

se ravissant les uns aux autres les sensations, les images et par

conséquent les mouvements qui doivent être réunis normalement

dans une même conscience et un même pouvoir- ». La sugges-

tibilité elle-même et les maladies par représentation se ratta-

chent à cette conception générale ; car le développement exagéré

de certaines idées dépend de leur isolement, et cet isolement

est une conséquence du rétrécissement du champ de la cons-

cience. L'exaltation des phénomènes automatiques résulte le

plus souvent d'une diminution dans la puissance de l'activité

volontaire qui réunit à chaque instant de la vie les phéno-

mènes présents. C'est l'ensemble de ces conceptions que nous

avions désigné sous le nom de désagrégation mentale, et il

semble encore, d'après les analyses précédentes, que cette

idée puisse fournir le moyen de résumer un grand nombre de

phénomènes hystériques.

Plusieurs auteurs ont accepté ce résumé des faits et l'ont

complété par de nouveaux exemples. M. Pick considère la

diminution de la puissance d'attention, le rétrécissement de la

perception personnelle, auquel il ajoute le rétrécissement de

l'impulsion motrice, comme la caractéristique de l'hystérie : 1.

lI. Laurent s'exprime à peu près de même : « Nous disons

1 Automatisme psychologique, p. 361.

2 Automatisme psychologique, p. 3üL

.1 Pick, op. cil., 1892, p. 190, 208, ..

DÉFINITIONS RECENTES DE L'HYSTÉRIE. 11

hystérique, car aujourd'hui c'est le seul mot scientifique pour

désigner le rétréci mental, le minus habens conscientix, si nous

pouvons exprimer ainsi l'état mental de cet individu très intel-

lignent peut-être, mais dont toutes les facultés mentales sont

marquées d'un stigmate plus fixe certainement qu'aucun de

ceux que l'on est habitué à rechercher dans l'hystérie 1. »

Le rétrécissement du champ de la conscience devient ainsi

le caractère principal signalé dans un nouveau groupe de défi-

nitions de l'hystérie; il permet de résumer les faits contenus

dans les définitions précédentes et y ajoute une assez grande

quantité de faits nouveaux, les stigmates, en particulier, qui

n'y étaient pas contenus.

IV. - L'hystérie, maladie mentale.

a Nous disons hardiment, écrivait Brachet en 1847, non, le

cerveau n'est pas essentiellement lésé dans l'hystérie 2. » De-

puis cette époque, les opinions ont singulièrement changé; il est

rare de trouver aujourd'hui des médecins qui considèrent encore

l'hystérie comme une maladie des organes génitaux et qui

enlèvent les ovaires aux femmes pour les guérir de leurs idées

fixes. « Il est évident, dit M. Jolly, que dans le cours des temps

la théorie de l'hystérie s'est de plus en plus rapprochée d'une

interprétation psychique'. » « Les paralysies par segment de

membre, disait'M. G. Guinon, sont des phénomènes cérébraux,

l'hémianesthésie également, l'état mental, syndrome important

chez les hystériques, relève directement d'un trouble du fonc-

tionnement du cerveau. Il faut donc admettre que l'hystérie

est une névrose particulièrement cérébrale z. » * L'hystérie

n'est qu'une manière de fonctionner du cerveau, écrit M. Sol-

lier ; il n'y a pas une maladie hystérique... c'est le mécanisme

cérébral qui est hystérique, ce n'est pas l'affection ? » Dans le

récent dictionnaire de médecine mentale de M. Hack Tuke,

les deux articles consacrés à l'hystérie aboutissent à cette

même conclusion. « L'hystérie, d'après M. Donkin, est un

1 Laurent. - Les étals seconds, 1893, p. l : JL

- Brachet. - Hystérie, p. 291.

J Jolly, op. cit., t. II.

* Georges Guinon. Les agents provocateurs de l'hystérie, 1889,

p. 354.

si Sollier. Amnésies, 1892, p. 323.

12 REVUE GÉNÉRALE.

désordre ou un développement défectueux des centres fonc-

tionnels les plus élevés del'écprce cérébrale... On court moins

de risque de se tromper en considérant l'hystérie comme une

espèce de folie qu'en cherchant à grouper les phénomènes au-»

tour d'un symptôme physique de cette maladie'. » Dans le

même ouvrage, MM. Charcot et Marie, rattachent également

l'hystérie à un trouble dans le fonctionnement des régions

cérébrales les plus élevées. L'hystérie est moins, d'après eux,

une maladie dans le sens ordinaire du mot, « qu'un mode

particulier de sentir et de réagir 2 ». Toutes les études que nous

avons faites jusqu'à présent, nous amènent aussi à faire ren-

trer l'hystérie dans le groupe des maladies mentales. Il faut

cependant examiner les difficultés que présente une semblable

assimilation, non pour les résoudre complètement, mais pour

nous rendre compte de la valeur pratique de notre définition

toute provisoire de l'hystérie.

Pour critiquer notre définition qui tend à faire de l'hystérie

une maladie mentale, on nous permettra de suivre une vieille

méthode qui remonte à la scholastique, mais qui est assez pré-

cise : 0 : Conveniat toti et conveniat soli definito », disait-on

d'une définition. Nous chercherons d'abord si les conceptions

précédentes sont assez larges pour s'appliquer à tous les hys-

tériques, c'est-à-dire pour contenir tous les symptômes que

ces malades peuvent présenter et ensuite si elles sont assez

précises pour caractériser l'hystérie seule et la distinguer des

autres maladies de l'esprit.

Considérons d'abord le premier point : la conception de

l'hystérie considérée comme une maladie mentale, résume-

t-elle tous les symptômes de cette maladie ? Sans doute un grand

nombre de phénomènes décrits autrefois comme physiques,

sont aujourd'hui regardés comme psychologiques ; les paraly-

sies, les contractures, les chorées, les hyperesthésies, les

anesthésies sont des symptômes moraux. Mais il existe d'autres

accidents hystériques dont l'interprétation psychologique est

beaucoup moins avancée et même beaucoup moins vraisem-

blable : nous croyons pouvoir les ranger dans trois catégories

principales : 1° les accidents viscéraux de l'hystérie; 2° les

1 DOl1kili. Hyslcria : Dictionurq of psychotogical >tcclicizc, t. 1,

p. 619.

; Charcot et .Marie. - lIyslél'o-é}11lcpsy : Dictionarij o/ psychological

medicine, t. I, p. 628.

DÉFINITIONS RÉCENTES DE L'HYSTÉRIE. 13

troubles vaso-moteurs et secrétoires; 3° les troubles tro-

phiques.

Les accidents viscéraux sont très nombreux chez les hysté-

riques et même, chez quelques malades, ils sont tout à fait t

prédominants. Rappelons seulement les palpitations cardiaques

et même certaines altérations dans les battements du coeur,

la fièvre hystérique déjà signalée par Briquet ' et qui, aujour-

d'hui, attire justement l'attention, les toux nerveuses, les

sanglots, les hoquets, toutes sortes de modifications du rythme

respiratoire. Ces malades m'ont souvent semblé présenter

d'une manière exagérée un type de respiration particulier, le

type costo-supérieur; les côtes inférieures et le diaphragme

paraissent quelquefois absolument immobilisés, les altérations

dans les mouvements du diaphragme sont d'ailleurs extrême-

ment fréquentes et jouent probablement un grand rôle dans

certains accidents comme le tympanisme abdominal 2. Cepen-

dant on sait que les accidents les plus nombreux portent sur le

système digestif. Il est facile de constater des anomalies de

diverses espèces, des troubles de la déglutition, des spasmes de

l'oesophage à diverses hauteurs, des vomissements, puis des

phénomènes intestinaux, des diarrhées aussi bien que des cons-

tipations, des ballonnements du ventre, des paralysies ou des

spasmes des sphincters, des troubles du même genre dans

l'émission et même dans la sécrétion des urines, etc. L'ischurie

hystérique est l'un des plus importants de ces phénomènes,

t le fait capital est ici une diminution considérable du chiffre

des matières excrémentitielles malgré la présence de l'urée

dans les vomissements 3 ».

Les altérations des fonctions vaso-motrices sont déjà mani-

festes dans les troubles si communs des phénomènes mens-

truels, dans ces hémorrhagies supplémentaires si singulières

qui se font par le nez, par l'estomac et même par le poumon.

Mais on peut également les constater à la surface cutanée et

dans les organes phériphériques. Beaucoup de malades ont

sur la peau des plaques rouges légèrement saillantes, qui ap-

paraissent avant ou après les attaques et qui persistent plus

ou moins longtemps, beaucoup présentent un gonflement no-

1 Briquet, op. cil., 493. ! Interprétation de S. Tatma (d'Utrecht) et de M. Bernheim, hy¡mo-

tisme, suggestion, 1891, p. 191.

3 Charcot. - )lal. du syst. nerveux, t. I, p. 278, 296.

14 REVUE GÉNÉRALE.

table des glandes vasculaires. Le goitre vasculaire est fréquent

chez les hystériques, et chez quelques-unes il se développe

subitement à la suite d'une attaque et d'une émotion. Enfin,

les réflexes vaso-moteurs ne sont pas toujours normaux, il ne

s'agit pas ici, bien entendu, d'expériences physiologiques qui

sont, comme on sait, extrêmement contestables, mais de sim-

ples constatations cliniques, les piqûres ne saignent pas, les

pincements même légers provoquent des ecchymoses exagé-

rées, l'application d'un objet légèrement chauffé amène des

brûlures, etc., et ces phénomènes ne sont pas identiques si on

opère du côté anesthésique ou du côté sensible. Enfin il suffit

de signaler les phénomènes si curieux de la peau dermogra-

phique. Nous n'avons pas l'intention d'analyser ici toutes ces

observations, nous voulons seulement les rappeler.

On connaît l'observation étonnante de sécrétion laiteuse,

rapportée par Briquet', peut-être trouverait-on des faits sem-

blables dans les cas de « sein irritable » signalés par plusieurs

auteurs. Mais sans rechercher des observations aussi rares, on

constate bien souvent des troubles de la sécrétion chez les hysté-

riques. Les magnétiseurs avaient fait sur ce point des remarques

fort exactes. « Je signalerai, disait Despine, quelques phéno-

mènes peu connus qui me paraissent se rattacher à la non-

perspirabilité de la peau qu'on rencontre généralement chez les

personnes atteintes de ces affections nerveuses graves et que

j'ai rencontrés chez toutes mes cataleptiques, la sécheresse et le

crépu des cheveux, la chaleur brûlante de la peau... la nullité

d'odeur du cuir chevelu, ainsi qu'aux aisselles et aux pieds 9 ... »

Il est vrai, en effet, que les sécrétions sudorales sont souvent

très diminuées, mais on peut constater aussi le fait opposé ;

nous avons vu une femme hystérique, anesthésique totale qui

avait continuellement, pendant deux ans, des sueurs extraor-

dinaires, capable de mouiller ses vêtements et dont les sueurs

disparurent subitement, quand des attaques délirantes se sont

développées à la suite d'une émotion. N'a-t-on pas signalé des

sueurs colorées chez des hystériques 3 ? Toutes les autres sé-

crétions peuvent présenter des modifications pathologiques.

' Briquet, op. (;il., p. 481.

' Despine (d'Aix). Traitement des maladies nerveuses par le ma-

gnétisme, 1840, p. 222; même remarque dans l'ouvrage curieux du

D' Pétetin sur l'électricité animale, p. 110.

3 V. Fouré. De la chrornhlldrose, thèse 1891, p. 12.

DEFINITIONS RÉCENTES DE L'HYSTERIE. 15

Les études précises sur les atrophieshystériques sont récentes,

mais le fait, dans sa généralité, est d'observation ancienne.

Despine (d'Aix), dans le même passage que nous venons de

citer, décrivait également, peut-être avec un peu de naïveté,

« le velu extraordinaire des jambes, bien supérieur à ce qu'il

est dans le commun des femmes, la presque nullité de crois-

sance dans les ongles des mains et des pieds, et particulière-

ment dans les membres qui sont le plus atteint de paralysie...

Une malade remarquait elle-même qu'elle ne se coupait qu'une

fois les ongles de la main gauche, tandis qu'elle était obligée

dans le même temps de les couper trois fois du côté droit'. »

Il suffit de rappeler les beaux travaux de M. Charcot, de

M. Babinski, de MM. Gilles de la Tourette et Dutil, sur l'atrophie

musculaire chez les hystériques. Ce sont là des phénomènes

qui demandent encore à notre avis bien des études, mais qui

semblent cependant dès aujourd'hui se rattacher légitimement

à la maladie hystérique.

Ce court résumé a simplement pour but de montrer qu'en

rattachant l'hystérie au groupe des maladies mentales, nous

n'oublions pas les nombreux symptômes organiques que l'on

constate chez ces malades. Comment devons-nous les inter-

préter ? Ces faits nouveaux doivent-ils donc faire renoncer aux

définitions précédentes ? Remarquons d'abord qu'un certain

nombre de ces faits doivent probablement se rattacher à des

idées fixes persistantes, plus ou moins consciemment, ainsi

que les paralysies et les contractures, expliquées par M. Char-

cot. En montrant l'importance de l'isolement dans le traite-

ment de l'anorexie hystérique, M. Charcot montrait que l'élé-

ment psychique joue dans cette maladie un rôle prédominant 2.

« A notre avis, écrivait M. Sollier, il n'y a qu'une sorte d'a-

norexie nerveuse, c'est l'anorexie mentale 3. » Nous aurions

peut-être ici quelques restrictions à faire, car toutes les ano-

rexies ne sont pas semblables, si beaucoup de malades refu-

sent de manger par idée fixe, d'autres acceptent la nourriture,

puis la rejettent à cause de certains spasmes de l'oesophage,

de l'estomac, du diaphragme ou même des muscles de l'abdo-

men. Mais il n'en est pas moins vrai que ces spasmes

eux-mêmes peuvent être provoqués et modifiés d'une façon

1 Despine (d'Aix), op. cit., p. 222.

' Charcot.. Mal. du sysl. nerveux, t. III, p. 238. 0

3 solfier. L'anorexie hystérique. (Revue de médecine, 1891, p. 626.)

16 REVUE GÉNÉRALE.

plus ou moins directe par les idées du sujet, ainsi que l'on peut

le montrer très nettement par des expériences de suggestion.

Des expériences du même genre ont provoqué des modifications,

des règles, des troubles vasculaires graves, capables de

produire sur la peau l'érythème d'un sinapisme ou les phlyc-

tèmes des brûlures 1. Sans'doute ces expériences sont à refaire,

elles doivent être encore vérifiées et interprétées, mais elles

nous montrent au moins que nous ne connaissons pas complè-

tement l'influence énorme de la pensée sur le corps. Beaucoup

des phénomènes organiques que nous avons signalés pourront

donc plus tard être attachés à des idées fixes, modifiant même

les fonctions viscérales.

Une deuxième catégorie de faits pourront s'interpréter autre-

ment : les hystériques n'ont pas seulement des idées fixes,

elles ont des émotions persistantes et les émotions sont des

états complexes de tout l'organisme dans lesquels se mêlent

intimement des phénomènes physiologiques et psychologiques.

Certains troubles physiologiques de l'hystérie ressemblent

tout à fait aux troubles qui accompagnent les émotions .

MM. Oppenheim et Strumpell2 ont justement insisté sur ce

point. Est-il nécessaire de rappeler l'érythème émotif, la séche-

resse de la bouche dans la peur, le vomissement du dégoût,

l'ictère émotionnel, etc... Nos connaissances sur la psychologie

de l'émotion sont insuffisantes pour expliquer le détail des

faits, mais nous en soupçonnons assez pour croire que cette

étude expliquera plus tard bien des modifications en apparence

uniquement corporelles, et cette catégorie de phénomènes se

rattacherait encore à notre conception générale de l'hystérie.

S'il reste des phénomènes inexpliqués et nous croyons qu'il

en reste, il faut, pour les comprendre, se souvenir de certaines

remarques générales qui ont été faites sur toutes les maladies

mentales. Ces maladies dépendent d'altérations inconnues du

cerveau, et il n'est pas vraisemblable que ces altérations, quelle

que soit leur cause inconnue, soient absolument isolées dans

un organisme tout à fait sain. Les actions et les réactions des

diverses parties du système nerveux et même de tous les or-

ganes, les uns sur les autres, sont trop nombreuses pour

' Beaucoup de ces expériences sont résumées d'une manière intéres-

sante dans le travail de AI. Myers, Subliminal consciousness. (Procee-

rins of the Society for psychical researches, 1892, p. 308.)

2 Oppenheim, op. cil., 4. Strumpell, op. cit., 7.

DÉFINITIONS RÉCENTES DE L'HYSTERIE. '1 ' i

qu'une insuffisance du fonctionnement cérébral ne s'accom-

pagne pas de beaucoup d'autres troubles. On les constate dans

les mélancolies et les manies qui sont cependant considérées

comme des maladies mentales, pourquoi ne les verrait-on pas

dans l'hystérie ? Le défaut de nutrition, la diminution des ma-

tières excrémentitielles, l'anémie, la prédisposition même aux

maladies infectieuses qui sont dans certains cas évidents, ne

nous étonnent nullement dans cette maladie. Peut-être, un

jour, ces modifications physiologiques qui accompagnent les

insuffisances cérébrales seront déterminées d'une manière

assez précise pour que l'on puisse montrer un phénomène

physiologique fondamental, auquel on rattache tous les détails

du délire de persécution et un autre par lequel on explique

avec précision tous les phénomènes de l'hystérie. 11 y aura

alors une définition physiologique de l'hystérie. Mais nous

pensons qu'aujourd'hui une semblable définition serait extrê-

mement vague et ne contiendrait pas nettement les phéno-

mènes caractéristiques de la maladie. Si l'on admet une fois

pour toutes qu'une maladie mentale est une maladie céré-

brale et qu'elle s'accompagne toujours d'un cortège de phéno-

mènes pathologiques, on comprendra qu'une définition psy-

chologique est encore aujourd'hui la meilleure formule capable

de résumer la grande majorité des symptômes hystériques-

Considérons maintenant le problème d'un autre côté : cette

conception de l'hystérie qui est assez générale pour embrasser

la plupart des symptômes connus n'est-elle pas maintenant

trop large, ne fait-elle pas rentrer sous le titre d'hystérie une

quantité d'accidents qui appartiennent à d'autres maladies. Il

est incontestable, M. Moebius le remarquait déjà fort justement',

que depuis quelques années le domaine de l'hystérie s'est con-

sidérablement agrandi. Ce terme ne s'appliquait d'abord qu'à

des femmes présentant des douleurs, des symptômes relatifs

aux organes génitaux et des attaques particulières, c'est-à-dire

en réalité à un petit nombre de malades; puis il a été appliqué

à des enfants, à des hommes, à des malades sans troubles

génitaux et sans attaques, en un mot à un bien plus grand

nombre de personnes. Nous constatons ce mouvement d'exten-

sion et nous croyons qu'il continuera encore et que nombre

' : \roeiJill, op. ci(., p. 5.

Archive ? t. XXVI. 2

18 g REVUE GÉNÉRALE.

de tics, de douleurs, d'idées fixes seront bientôt rattachés très

légitimement à l'hystérie. C'est là un fait curieux de l'histoire

de la médecine, il a une signification importante et montre la

part de plus en plus grande attribué dans la pathologie aux

phénomènes de l'esprit, l'importance que prend la psychiatrie.

Sans doute, il arrivera un moment où l'hystérie sera démem-

brée, et il n'est pas impossible de prévoir dès maintenant cer-

taines subdivisions qui s'établiront plus tard. Il en a été

ainsi pour toutes les grandes classifications médicales, pour

les néphrites et les atrophies comme pour les maladies men-

tales. Cela ne doit pas nous empêcher de faire l'oeuvre qui est

aujourd'hui utile et de chercher à comprendre d'abord les ca-

ractères communs des grands groupes. Nous désirons donc

préciser comment et jusqu'où nous sommes disposés à élargir

le champ de l'hystérie.

L'une de ces discussions sur les limites de l'hystérie a été

provoquée par l'étude du somnambulisme. Depuis que l'on

s'est intéressé à ce phénomène on a reconnu que l'on pouvait

le constater et le provoquer sur un grand nombre de personnes,

on s'est demandé si ces personnes étaient des malades et quelle

était leur maladie. Pour étudier cette question, il faut faire

d'abord une distinction aujourd'hui plus nécessaire que jamais :

nous parlons du somnambulisme et non pas de l'hypnotisme.

Ce mot a perdu tout sens précis, il s'applique à l'enfant qui

dort, au malade qui boit sa potion, aussi bien qu'au sujet

ébloui par une fixation continue et à l'hystérique en attaque

extatique. Nous ne nions aucunement que l'observation de

tous ces faits très réels ne puisse fournir des détails intéressants

pour l'étude du sommeil, de la foi, du vertige, des fatigues de

l'attention, etc. Mais nous n'étudions pas ici toutes ces ques-

tions, nous parlons d'un fait particulier et beaucoup plus

précis du somnambulisme proprement dit. Le somnambulisme

est pour nous une seconde existence psychologique nettement

distincte de la première et alternant avec elle, c'est un état dans

lequel les phénomènes intellectuels sont assez développés pour

que le sujet perçoive les sensations, comprenne même les

signes et le langage, mais est cependant suivi d'une amnésie

complète quand le sujet revient à l'état normal et ces souve-

nirs ne se retrouvent que dans un autre état analogue. Sans

doute il y a mille degrés et complications de ces phénomènes,

mais aucune discussion médicale, ni scientifique ne peut être

DÉFINITIONS RÉCENTES DE L'HYSTÉRIE. 19

faite sur des phénomènes douteux et indistincts, et il ne faut

parler d'abord que du somnambulisme le plus indiscutable.

Si on ne considère que ce somnambulisme conforme à notre

définition, il est facile de remarquer qu'il se produit presque

toujours chez des sujets présentant déjà tout un ensemble de

symptômes appartenant à l'hystérie. Les magnétiseurs, qui-

connaissaient bien le somnambulisme, l'avaient déjà souvent

remarqué. Despine y insiste à plusieurs reprises', il ajoute

même une remarque que nous croyons importante, c'est

que, même chez les hystériques, le somnambulisme dispa-

raît quand la maladie nerveuse se guérit 2. « Ce sont les

maladies de nerfs et l'hystérie, disait aussi Noizet, qui four-

nissent le plus de somnambules artificiels 3. » Plus tard,

M. Gilles de la Tourette4, M. Babinski3, M. Blocq0, M. Lau-

rent7, développant l'enseignement de M. Charcot, ont énu-

méré tous les symptômes hystériques que l'on rencontrait

chez les somnambules. La plupart des auteurs étrangers que

nous avons étudiés dans ce travail arrivent à la même conclu-

sion : D'après M. Strumpell, « les états hypnotiques et les

manifestations hystériques sont au fond étroitement unis ».

Pour MM.'Breuer et Freud, « les états hypnoïdes et les phé-

nomènes hystériques sont unis par un lien étroit ». « C'est

parmi les hystériques, écrit M. Donkin, que l'on trouve le plus

d'exemples de somnambulisme... il est certain, d'après une

expérience générale, que les êtres humains sont hypnotisables

en proportion directe de leur instabilité nerveuse ? «Nous

devons ajouter, si notre petite expérience peut avoir quelque

intérêt que nous n'avons jamais vu un somnambulisme même

incomplet sans être contraint de constater tôt ou tard un en-

' Despine (d'Aix), op. cil., p. 86; Despine (de Marseille), le somnam-

bulisme, 1880, p. 140.

. Automatisme psychologique, p. 3t3, ii6.

3 Général Noizet. Le somnambulisme, 1854, p. 187.

' Gilles de la Tourette. - Hypnotisme et étals analogues, 1887, p. ôo.

r' Babinski. - Hystérie et hypnotisme. (Gazette hebdomadaire, juillet

1891, p. 15.)

a Blocq. - Gazelle des Hôpitaux, 23 janvier 1893.

' Laurent, op. cit., 1892, p. 1 : '9.

8 Strumpell, op. cil., p. 18. '

" Breuer et Freud, op. cil., p. 7.

10 Donkin, op. cil., p. 620.

20 REVUE GÉNÉRALE.

semble de,, symptômes hystériques. ^L Charcot a donc eu rai-

son de dire dès le début, que le somnambulisme est un phéno-

mène qui se. développe chez les hystériques. ,

Mais nous croyons que, l'on, peut, aujourd'hui aller un peu

plus loin : les phénomènes hystériques ont été analysés et nous

savons quelle est^ leur nature. au, point de vue psychologique,

ils, sont tous caractérisés, précisément par ce dédoublement de

la personnalité qui existe au suprême degré dans le somnam-

bulisme. Le,,somnambulisme n'est. pas. seulement hystérique

parce qu'il coïncide avec des symptômes hystériques;. en lui-

même il présente de la façon la plus parfaite le caractère

de tous les phénomènes de, cette maladie. S'il nous, arrivait de

constater un somnambulisme indiscutable chez une personne

ne présentant (supposition presque contradictoire) aucun autre

symptôme maladif, nous serions disposés à la déclarer hysté-

rique d'après ce seul symptôme qui résume à notre avis tous les

autres. Nous n'aurions quelque hésitation qu'en songeant à un

accident encore incomplètement analysé, l'automatisme ambu-

latoire ou les fugues des épileptiques. La description de ce phé-

nomène, que nous n'avons pas observé nous-mêmes, ressemble

singulièrement à celle du somnambulisme hystérique et le

diagnostic psychologique nous semble bien .difficile. Aussi

avons-nons lu avec curiosité une thèse de M. Saint-Aubin qui

semblait se proposer la discussion de. ce diagnostic ', malheu-

reusement l'auteur ne décrit que des hystériques et n'aborde

guère(le problème difficile. Nous sommes obligé de nous en

tenir Taux-signes un peu vagues indiqués déjà par M. Jules

Voisina d'après les commémoratifs, la nature des accidents

qui précèdent ou qui terminent l'état second. Nous insistons

surtout avec, cet auteur, sur le caractère incoordonné, dérai-

sonnable des actes impulsifs chez les épileptiques. Un auto-

matisme vraiment épileptique doit être à notre avis très court,

sans .raisonnement, sans combinaison intelligente des actes,

et, pour avouer toute notre pensée, une fugue complète durant

des journées entières, dans laquelle le sujet parle et agit en

apparence comme une personne normale nous parait appartenir

bien plus à l'hystérie qu'à l'épilepsie. Tout en tenant compte

f ' Louis Saint-Aubin. Des fugues inconscientes, lzysléoiques et dia-

ynoslic différentiel arec l'automatisme de l'épilepsie, 1890. ! Jules Voisin. Distinction de l'automatisme hystérique et de l'au-

iomafisme épileptique, Congre" ! de 'médecine mentale, 1889.

DÉFINITIONS RÉCENTES DE L'IIY¡'TÉIUE, 21

de cette difficulté qu'il était juste de signaler nous pouvons

conclure sur le premier point' et dire que le' somnambulisme

rentre tout entier dans le domaine' de l'hystérie.' ' 1 .. '

- On pourrait répéter la même discussion à propos de l'écri-

ture automatique' des' médiums et à propos des hallucinations

développées par le « crystal'gaziriâ ».'Ces phénomènes se pré-

sentent le plus souvent'chez des sujets 'qui présentent d'autres

symptômes hystériques 'et, de plus, ces ''phénomènes- pré-

sentent en eux-mêmes ce qu'il y a. d'essentiel dans l'hystérie,

des anesthésies, des amnésies, des idées subconscientes, etc. Il

est bon de s'entendre sur les termes et de parler un' langage

précis, même si on se'trompe. Pour nous, cette division de la

personnalité qui se manifeste dans les phénomènes médiani-

miques, c'est précisément ce que nous ' appelons hystérie,

parce qu'elle se retrouve dans tous les autres phénomènes dits

hystériques et qu'elle les constitue. Nous acceptons donc sur

ce point l'élargissement du concept de l'hystérie et nous y fai-

sons rentrer les somnambulismes, les écritures automatiques

et en général, toutes ces manifestations en rapport avec des

phénomènes psychologiques subconscients. " ,"

Si nous continuons ces études de diagnostic, nous rencon-

trons d'autres états mentaux qu'il faut comparer avec'celui de

l'hystérique. Dans certaines intoxications, celle du haschisch,

celle de l'alcool principalement, se produisent des ivresses, des

délires qui sont très souvent semblables à des états hysté-

riques. Nous avions insisté autrefois sur la- suggestibilité et le

dédoublement très net de la personnalité que l'on peut cons-

tater pendant le délire alcoolique 2; depuis, M. Il., Colin et

M. L. Laurent3 ont publié des observations très précises des

mêmes faits. Nous pensons que dans certains cas; la désagré-

gation de l'esprit causée par l'alcoolisme ou une autre intoxi-

cation peut être très durable et prendre tout à fait la forme

hystérique; dans ce cas, quel que soit l'agent provocateur, il

est nécessaire de reconnaitre que l'on a affaire à de'J'hystérie '.

Mais le plus souvent, la distinction peut être faite soit par la

nature du délire, soit mieux encore par le caractère passager

, -

1 Charcot, op. ctl., t. II1, p. 228, Automatisme psycho. p. iO ! ,

- Actes inconscients... Revue Philosophique, 1888, t. 1, p. 251.

Il. Colin. Etat mental des hystériques, 1890, p. 39, il. L. Lau-

recul. - Etals secotttls, 1892, p. 35. 11.

1 Georges Guinun. L'" agents provocateurs de l'hyslérie, p. 163.

22 REVUE GÉNÉRALE.

transitoire de la désagrégation mentale. Ce diagnostic de

l'hystérie et des délires toxiques nous apprend donc qu'il faut,

dans la définition de l'hystérie, ajouter un élément de plus,

la durée, la permanence pendant un temps assez long du

dédoublement de la conscience.

L'étude d'une autre catégorie de malades soulève un pro-

blème bien plus intéressant et beaucoup plus difficile à

résoudre. Ce sont ces malades fort nombreux sur les frontières

de la folie, qui présentent, des symptômes en apparence très

variés, mais ayant entre eux d'incontestables rapports, le délire

du doute, la folie dite consciente ou raisonnante, les obses-

sions, les impulsions, les phobies, etc. Ces sujets, quoique

très divers, ont été presque toujours réunis par les auteurs

modernes en un seul groupe, mais ce groupe a reçu des noms

différents suivant les théories des auteurs. En France, à

l'exemple de M. Magnan, on désigne presque toujours ces

affections sous le nom de délire des dégénérés; en Allemagne,

on appelle ces malades des neurasthéniques délirants ; pour

ne point prendre parti sans une discussion suffisante dans

les querelles que soulèvent justement ces appellations, nous

désignerons d'une manière vague toutes ces personnes par un

nom qui a déjà été souvent employé et qui leur convient bien;

nous les appellerons simplement des psychasthéniques. Autre-

fois ces psychasthéniques que l'on n'hésitait pas à rapprocher

des aliénés, étaient nettement séparés des hystériques, simples

névropathes, mais aujourd'hui que l'hystérie elle-même est

considérée comme une maladie mentale, cette séparation est-

elle restée aussi nette, ces deux catégories de malades doivent-

elles rester dans les classifications complètement indépen-

dantes l'une de l'autre ?

Evidemment non. Il y a, à notre avis, entre les deux groupes

les rapports les plus étroits, et c'est pour les avoir méconnus

que l'on s'est engagé souvent dans des discussions intermi-

nables. D'abord il est impossible de nier qu'un très grand

nombre de malades appartiennent simultanément aux deux

classes ; beaucoup d'hystériques, comme M. Tabaraud 1 et

M. Colin l'ont montré par d'excellentes observations, ont des

obsessions, des impulsions, des pliobïes de toutes espèces. Je

' Tabaraud. Les rapports de la dégénérescence mentale et de l'hys-

térie, 1888.

II. Colin. - L'état mental des hystériques. 1890.

DÉFINITIONS RÉCENTES DE L'HYSTÉRIE. 23 ruz

serai même un peu plus affirmatif que ces auteurs, en disant

que ces symptômes signalés par eux chez quelques hystériques,

existent en réalité, plus ou moins dissimulés, chez presque

tous. Ce sont même ces idées fixes, comme M. Charcot l'a établi

autrefois, qui rendent compte des accidents de l'hystérie.

Inversement, il est assez difficile de rencontrer un psychasthé-

nique qui soit, si l'on peut ainsi dire, un type pur de cette

affection et qui ne présente pas des anesthésies plus ou moins

nettes, des amnésies au moins transitoires, des actes subcons-

cients, en un mot des symptômes d'hystérie. Il existe même

certains symptômes qui sont toujours communs aux deux caté-

gories de malades, ce sont les phénomènes qui dépendent de

l'aboulie. Plusieurs personnes se sont étonnées que dans notre

travail sur les stigmates mentaux de l'hystérie, nous ayons

décrit les troubles de la volonté et de l'attention, les hésitations

des mouvements volontaires, l'impuissance de l'attention pour

comprendre et retenir les idées comme des stigmates de l'hys-

térie. Ce sont, disaient-elles, des symptômes appartenant aux

aliénés, qui caractérisent certains mélancoliques et surtout les

douteurs et les obsédés. Peut-être, car nous n'hésitons pas à

reconnaître la justesse d'une critique, n'avons-nous pas dit

assez nettement que ce symptôme n'était pas toujours carac-

téristique de l'hystérie,' qu'il devait se présenter d'une ma-

nière particulière pour servir au diagnostic de l'hystérie et

que, en un mot, c'était un symptôme banal appartenant à à

beaucoup de maladies mentales' ? Mais, quoi qu'il en soit,

nous ne croyons pas que l'on puisse retirer ce caractère de la

description des hystériques, il se retrouve chez ces malades au

suprême degré, il joue dans tous les accidents un rôle capital :

c'est ici, comme toujours, l'aboulie, c'est-à-dire la diminution

de la synthèse actuelle des phénomènes psychologiques qui

permet le développement de l'automatisme, c'est-à-dire la repro-

duction des phénomènes anciens sous la forme des idées fixes

et du délire. L'aboulie est un caractère commun aux hysté-

riques et aux psychasthéniques.

Même si l'on compare des phénomènes qui, chez ces deux

malades, sont incontestablement différents, on remarquera

qu'une analogie essentielle subsiste toujours. Il ne serait pas

impossible de ranger les symptômes de ces malades deux par

1 Nous avons cependant Insisté sur ce point a plusieurs reprises.

Stigmates mentaux de l'hystérie, p. 112, 231.

? 1· Il. REVUE GENERALE.

deux, en montrant qu'à chaque symptôme hystérique corres-

pond un symptôme psychasthénique, non pas identique, mais

très analogue dans son mécanisme psychologique. Aux anes-

thésies correspondent des distractions et des erreurs de sen-

sation, aux amnésies des doutes, aux paralysies des hésitations

du mouvement volontaire qui ont été quelquefois confondues

avec des délires du contact, aux contractures des idées fixes, aux

attaques convulsives certaines attaques d'idées précédées d'une

angoisse comme d'une aura, aux somnambulismes mêmes des

périodes bizarres où le malade ne se reconnaît plus lui-même,

trouve sa personnalité changée, etc., etc. Si nous étudions le

mécanisme de tous ces phénomènes, nous trouvons, d'un côté

comme de l'autre, la diminution de la synthèse et l'émancipa-

tion des phénomènes automatiques. Il nous parait donc im-

possible de séparer complètement ces deux maladies ; nous

pensons qu'elles font partie toutes deux d'une vaste classe de

maladies mentales très voisines les unes des autres et que nous

avons proposé d'appeler les maladies de désagrégation mentale.

« Nous sommes disposés à croire, disions-nous autrefois, que

les phénomènes d'automatisme et de désagrégation dépendent

d'un état qui est maladif, mais qui n'est pas uniquement hys-

térique. Cet état serait au contraire plus large de beaucoup que

l'hystérie; il comprendrait les symptômes hystériques parmi

ses manifestations, mais il se révélerait aussi par les idées

fixes, les impulsions, les anesthésies dues à la distraction,

l'écriture automatique et enfin le somnambulisme lui-même' ».

Nous sommes heureux de nous trouver d'accord sur ce point

avec plusieurs autres auteurs qui ont aussi affirmé cette rela-

tion des deux maladies. « La majeure partie des hystériques,

pour ne pas dire toutes, écrivait M. Legrain, sont des héréditaires

dégénérées. » Et M. Tabaraud ajoutait : « De là it dire que l'h ! ls-

série fait en quelque sorte partie de la dégénérescence, qu'elle

doit en cire considérée pour ainsi dire comme un des syndromes,

il n'y a qu'un pas'. » « La dégénérescence mentale et l'hys-

térie, disait aussi cl. Roubinovitch dans un travail présenté à

la Société médico-psychologique, paraissent avoir une affinité

mutuelle... l'hystérie parait être ainsi le résultat d'une évolu-

tion logique de la dégénérescence. '1» L'assimilation de l'ly;-

1 'Automatisme psychologique, p. ¡JI.

. - Tabaraud, op. cil., p. 28.

3 ftizctles mécico-psclauloirlzses.. 18J; l. Il, p. 1 ¡ : ¡.

DEFINITIONS RECENTES DE L'HYSTERIE. ->

térie et de la psychasthénie a frappé tous ceux qui ont étudié

la nature psychologique de ces deux maladies mentales.

Rapprocher et classer ce n'est pas confondre, bien au con-

traire ; nous n'avons pas l'intention d'assimiler entièrement t

une hystérique simple avec ses anesthésies, ses attaques et ses

contractures à un psychasthénique qui ne présente que des

doutes, des impulsions et des idées fixes. Il n'y a pas entre ces

deux catégories de faits la grande différence que l'on suppo-

sait autrefois en disant que les premiers étaient des phéno-

mènes physiques et les autres des phénomènes moraux; en

réalité, ces faits sont aussi psychologiques les uns que les autres,

mais des différences importantes peuvent exister même entre

des faits psychologiques. Le défaut de synthèse mentale, la dé-

sagrégation de l'esprit ne se présente pas de la même manière

dans les deux cas. Dans l'hystérie les phénomènes psychiques

ne pouvant plus être complètement réunis se séparent nette-

ment en plusieurs groupes à peu près indépendants l'un de

l'autre. La personnalité ne peut percevoir tous les phéno-

mènes, elle en sacrifie définitivement quelques-uns, c'est une

sorte d'autotomie et ces phénomènes abandonnés se déve-

loppent isolément sans que le sujet ait connaissance de leur

activité. Aussi l'anesthésie est nette, l'amnésie est absolue,

l'attaque et le somnambulisme se distinguent bien de la veille,

les idées fixes ne sont pas exprimées, ni même connues par

le sujet. Le délire existe dans la tête du sujet sans qu'il s'en

rende compte et pendant qu'il continue à avoir un langage

très raisonnable. Une hystérique crache tous ses aliments dès

qu'elle les met' dans sa bouche, elle parait faire raisonna-

blement tous ses efforts pour manger et rejeter ses aliments

malgré elle sans aucune intention, ni pensée de sa part; on

croit en la voyant et elle croit elle-même- qu'il s'agit d'un

trouble de la déglutition et d'un accident simplement phy-

sique, on serait mal venu à déclarer qu'elle est folle. Cepen-

dant elle est en plein délire, depuis sa dernière attaque elle

rêve continuellement que sa mère, du haut du ciel, l'invite à

venir la rejoindre et lui commande de mourir de faim le plus

tôt possible, et c'est uniquement ce délire qui provoque le

vomissement. Mais ce délire est séparé de la conscience

normale, il est subconscient, ignoré par les assistants et par

le sujet lui-même. « Les hystériques, disaient MM. Breuer et

Freud, sont raisonnables dans leur état éveillé et aliénées dans

2G REVUE GÉNÉRALE.

leur état hypnoïde'. » C'est cette séparation nette des phé-

nomènes psychiques que l'on peut exprimer d'une manière

schématique en disant que dans l'hystérie il y a- formation de

deux personnalités indépendantes; la désagrégation prend la

forme du dédoublement de la personnalité.

Il en est tout autrement chez les psychasthéniques, la désa-

grégation mentale ne s'est pas faite de la même manière : il

semble que la personnalité ne se soit pas résignée aux sacri-

fices nécessaires et qu'elle n'abandonne qu'en partie les phé-

nomènes à leur développement automatique. Il n'y a plus

d'anesthésie et d'amnésie bien nettes, elles sont toujours in-

complètes et prennent la forme d'une distraction et d'un doute

continuel. Au lieu de passer d'une idée à une autre avec une

facilité extrême en oubliant totalement l'idée précédente, le

psychasthénique reste toujours indécis entre les différentes

idées. Les délires , malheureusement pour le malade, ne

restent pas subconscients, ils envahissent à chaque instant la

conscience, se mêlent avec les autres idées et produisent un

trouble général de la pensée beaucoup plus considérable.

Aussi cette malade qui vient se plaindre en gémissant parce

qu'elle pense malgré elle à tromper son mari et qu'elle est

obsédée par cette idée continuelle, nous paraît beaucoup plus

folle que l'hystérique qui vomit. Le sujet lui-même se sent

beaucoup plus malade et n'a jamais la belle indifférence des

hystériques. Quelquefois, quoique plus rarement, la désagré-

gation va chez ce malade jusqu'à la formation de person-

nalités différentes, mais elles ne sont jamais indépendantes

comme chez l'hystérique. Le malade sent ce développement

d'une autre personnalité en lui-môme et il parle sans cesse de

possession, tandis que l'hystérique la plus dédoublée, la plus

possédée, en réalité ignore le plus souvent cette division de

son esprit.

Nous ne pouvons étudier ici cette nouvelle forme de la désa-

grégation mentale qui caractérise le psychasthénique, ni mon-

trer son degré de gravité et ses conséquences. Il nous suffit

de faire remarquer qu'elle est différente de celle, qui a été

constatée chez les hystériques. Nous pouvons donc conclure

comme M. Colin 2 que « l'hystérie a sa place marquée au soleil

et qu'elle a des règles qui lui sont propres p. Il n'est pas né-

1 Breuor et Freud, op. cil., p. 8.

2 Colin, op. cil.

DÉFINITIONS RÉCENTES DE L'IIxSTERIE. 27

cessaire de nier le caractère moral de l'hystérie pour lui con-

server sa place, il suffit de distinguer les maladies mentales

les unes des autres.

Nous avons élargi sur un point le concept de l'hystérie en

lui rattachant les somnambulismes et les actes subconscients,

mais nous avons limité l'étude de cette maladie en la distin-

guant des délires et des aliénations qui paraissent le plus s'en

rapprocher. La désagrégation mentale est plus permanente

dans l'hystérie que dans les délires, elle est beaucoup plus

complète dans cette maladie que dans les états psychasthé-

niques.

CONCLUSION.

Nous n'avons pas à insister dans ce travail sur l'étiologie ni

sur l'évolution de l'hystérie, il suffit de rappeler des notions

bien établies. L'hérédité pathologique joue dans l'hystérie

comme dans toutes les autres maladies mentales un rôle

absolument prépondérant 1, et en prenant le mot dans le

sens large, dans le sens de Morel nous pouvons dire que cette

affection est une maladie de dégénérescence. Un très grand

nombre de circonstances jouent le rôle « d'agents provo-

cateurs » et viennent manifester par des accidents cette pré-

disposition latente : ce sont les hémorrhagies 2, les maladies

anémiantes et chroniques, les maladies infectieuses, la-fièvre

typhoïde en particulier et dans certains cas les auto-intoxi-

cations', les maladies organiques du système nerveux 4, les

diverses intoxications 3, les shocks physiques ou moraux°, le

surmenage qu'il soit également physique ou moral 7, les émo-

tions pénibles et surtout une suite d'émotions de ce genre qui

1 Brique ! , op. cil., p. SI. Georges Guinon, les agents provocateU1's de

l'hystérie, 1889, p. 2S5, Pitres, op. cit., t. I, p. 1G, etc.

2 Briquet, p. 111. Guinon, p. 121.

3 Guinon, p. 77. Dulie. - Hystérie et neurasthénie associées. Gazette

médicale de Paris, 1889, p. 29.

1 Guinon, p. 218. - Souques. Syndromes hystériques simulateurs,

1861, p. 51. Babinsky. Association de l'hystérie avec les maladies

organiques clu ssl. ieei-v. (l3zcll. et mem. de la soc. mécl, des hôpitaux,

11 nov. 1892.)

rt Guinon, p. 136, et s. q.

o Charcot. - Mal. du syst. nen., t. III, p. '269. Guinon, p. 263.

7 Dutil, op. cit., p. 27. - Somtues, o. cit., p.17. - Jolly, op. cit , ,p.9.

28 REVUE GÉNÉRALE. DÉFINITIONS DE L'HYSTÉRIE.

se succèdent et dont les effets s'additionnent,1, etc. Il est facile

de voir que tous ces agents provocateurs ont le même. carac-

tère, ils affaiblissent l'organisme et augmentent la dépression

du système nerveux. 11 est un âge surtout qui est à ce point de

vue particulièrement, critique, c'est l'âge de la puberté. Nous

ne parlons pas seulement de la puberté physique qui a cepen-

dant une grande influence, mais d'un état qui vient un peu

plus tard et que l'on pourrait appeler justement la puberté

morale. Il est un âge légèrement variable suivant les pays et

les milieux où, tous les plus grands problèmes de la vie se

posent simultanément, le choix d'une carrière et le souci 'de

gagner son pain, tous les problèmes de l'amour et pour quel-

ques-uns tous les problèmes religieux; voilà des préoccupations

qui envahissent l'esprit des jeunes gens et qui absorbent complè-

tement leur faible force de pensée. Ces mille influences manifes-

tent une insuffisance psychologique qui reste latente pendant l

les périodes moins difficiles. Dans un esprit prédisposé paroles

influences .héréditaires, cette insuffisance psychologique se dé-

veloppe, se constitue d'une manière particulière et se manifeste

par l'ensemble des symptômes qu'on appelle l'hystérie.

Le mot « hystérie » doit être conservé, il serait bien difficile

aujourd'hui de le modifier 2, et vraiment, ce nom ,a une si

grande et si belle histoire, qu'il serait pénible d'y renoncer.

Si l'étymologie embarrassait trop, il vaudrait mieux, comme

disait très bien M. Charcot, modifier le mot « utérus » plutôt

que le mot « hystérie >. Mais puisque chaque époque lui a

donné un sens différent, cherchons la signification qu'il a au-

jourd'hui pour quelques auteurs. '

Pour essayer de résumer ce que nous avons emprunté à

toutes ces études récentes sur l'hystérie, il suffit de réunir les

conclusions de nos précédents paragraphes. « L'hystérie, pou-

vons-nous dire, est une maladie \mentale\ appartenant au

groupe considérable des maladies de dégénérescence, elle Il'a

que des symptômes physiques assez vagues consistant surtout

dans une diminution générale de la nutrition, elle est surtout

caractérisée par des symptômes moraux; le principal' est un

affaiblissement de la faculté de synthèse psychologique, un ré-

trécissement du champ de la conscience; un certain nombre de

phénomènes élémentaires, sensations et images, cessent d'être

' ' ! un)un, p. 11. Breuer 'c Iren op. cil., p. 3.

2 A)oebins, op. ('il., p. 1 .

PARALYSIES MOTRICES ORGANIQUES ET HYSTÉRIQUES. '29

perçues et paraissent supprimés de la perception personnelle,

ce qui constitue les stigmates; il en résulte une tendance à la

division permanente et complète de la personnalité, à la forma-

tion de'plusieurs groupes de phénomènes indépendants les mis

dès'autres; ces systèmes de faits psychologiques alternent les uns

à la suite des autres ou coexistent, ce qui donne naissance aux

attaques, aux somnambulismes,' aux actes subconscients; enfin

ce défaut de synthèse favorise la formation de certaines idées

parasites qui se développent complètement et indépendamment

à l'abri du contrôle dé la conscience personnelle et qui se mani-

festetit par les troubles les plus variés, d'apparence uniquement

physique, c'esl-à-dire par les accidents. Si on veut résumer

en deux mots cette définition un peu complexe, on dira :

« L'hystérie est une forme de la désagrégation mentale, caracté-

risée par la tendance au dédoublement permanent et complet de

la personnalité. » ,

'Qu'il nous soit permis de répéter encore en terminant ce

que nous disions au début. Une définition de ce genre n'a pas

la prétention d'expliquer les phénomènes, mais simplement

d'en résumer le plus grand nombre possible. Elle sera vite,

nous le désirons; remplacée par une définition plus compré-

hensi\'e qui contiendra tous les faits précédents et y ajoutera

encore d'autres phénomènes, tels que les modifications physio-

logiques qui accompagnent cette insuffisance cérébrale. Nous

espérons seulement que cette définition toute provisoire pourra

maintenant rendre quelques services et préciser un peu les re-

marques innombrables faites depuis longtemps par les méde-

cins et les psychologues sur l'état mental des hystériques.

CLINIQUE NERVEUSE,

QUELQUES CONSIDERATIONS POUR UNE ÉTUDE COMPARA-

'l'I1'I; DES PARALYSIES MOTRICES ORGANIQUES ET HYSTÉ-

RISQUES; r

Par le D' SIGM. FREUD, de Vienne (Autriche).

M. Charcot, dont j'ai été l'élève en 1883 et l3bG, a bien

voulu, il cette époque, me confier le soin de faire une étude

30 CLINIQUE NERVEUSE.

comparative des paralysies motrices organiques et hystériques,

basée sur les observations de la Salpètrière, qui pourrait ser-

vir à saisir quelques caractères généraux de la névrose et con-

duire à une conception sur la nature de cette dernière. Des

causes accidentelles et personnelles m'ont empêché pendant

longtemps d'obéir à son inspiration ; aussi je ne veux apporter

maintenant que quelques résultats de mes recherches, lais-

sant à côté les détails nécessaires pour une démonstration com-

plète de mes opinions..

I. Il faudra commencer par quelques remarques sur les

paralysies motrices organiques, d'ailleurs généralement

admises. La clinique nerveuse reconnaît deux sortes de para-

lysies motrices, la paralysie périphéro-spinale (ou bulbaire) et

la paralysie cérébrale. Cette distinction est parfaitement en

accord avec les données de l'anatomie du système nerveux

qui nous montrent qu'il n'y a que deux segments sur le par-

cours des fibres motrices conductrices, le premier qui va de la

périphérie jusqu'aux cellules des cornes antérieures dans la

moelle, et le second qui va de là jusqu'à l'écorce cérébrale. La

nouvelle histologie du système nerveux, fondée sur les travaux

de Golgi, Ramon v Cajal, Kôlliker, etc., traduit ce fait par les

mots : « le trajet des fibres de conduction motrices est constitué

par deux neuron (unités nerveuses cellulo-fibrillaires), qui se

rencontrent pour entrer en relation au niveau des cellules dites

motrices des cornes antérieures. » La différence essentielle de

ces deux sortes de paralysies, en clinique, est la suivante : La

paralysie périphéro-spinale est une paralysie détaillée, la para-

lysie cérébrale est une paralysie en masse. Le type de la pre-

mière est la paralysie faciale dans la maladie de Bell, la para-

lysie dans la poliomyélite aiguë de l'enfance, etc. Or, dans ces

affections, chaque muscle, on pourrait dire chaque fibre mus-

culaire, peut être paralysée individuellement et isolément. Cela

ne dépend que du siège et de l'étendue de la lésion nerveuse,

et il n'y a pas de règle fixe pour que l'un des éléments péri-

phériques échappe à la paralysie, tandis que l'autre en souffre

d'une manière constante.

La paralysie cérébrale, au contraire, est toujours une affec-

tiôn qui attaque une grande partie de la périphérie, une extré-

/ mité, un segment de celle-ci, un appareil moteur compliqué.

Jamais elle n'affecte un muscle individuellement, par exemple

le biceps du bras, le tibial isolément, etc., et s'il y a des excep-

PARALYSIES MOTRICES ORGANIQUES ET HYSTÉRIQUES. 31 1

lions apparentes à cette règle (le ptosis cortical, par exemple),

on voit bien qu'il s'agit de muscles qui, à eux seuls, remplissent

une fonction de laquelle ils sont l'instrument unique.

Dans les paralysies cérébrales des extrémités, on peut remar-

quer que les segments périphériques souffrent toujours plus

que les segments rapprochés du centre; la main, par exemple,

est plus paralysée que l'épaule. Il n'y a pas, que je sache, une

paralysie cérébrale isolée de l'épaule, la main conservant sa

motilité, tandis que le contraire est la règle dans les paralysies

qui ne sont pas complètes.

Dans une étude critique sur l'aphasie, publiée en 1891, Zur

Auffassung der Aphasien, Wien, 1891, j'ai tâché de montrer

que la cause de cette différence importante entre la paralysie

périphéro-spinale et la paralysie cérébrale doit être cherchée

dans la structure du système nerveux. Chaque élément de la

périphérie correspond à un élément dans l'axe gris, qui est,

comme le dit M. Charcot, son aboutissant nerveux; la péri-

phérie est pour ainsi dire projetée sur la substance grise delà

moelle, point pour point, élément pour élément. J'ai proposé

de dénommer la paralysie détaillée périphéro-spinale, para-

lysie de projection. Mais il n'en est pas de même pour les rela-

tions entre les éléments de la moelle et ceux de l'écorce. Le

nombre des fibres conductrices ne suffirait plus pour donner

une seconde 'projection de la périphérie sur l'écorce. Il faut

supposer que les fibres qui vont de la moelle à l'écorce ne repré-

sentent plus chacune un seul élément périphérique, mais plu-

tôt un groupe de ceux-ci et que même, d'autre part, un

élément périphérique peut correspondre à plusieurs fibres con-

ductrices spino-corticales. C'est qu'il y a un changement

d'arrangement qui a eu lieu au point de connexion entre les

deux segments du système moteur.

Alors, je dis la reproduction de la périphérie dans l'écorce

n'est plus une reproduction fidèle point par point, n'est plus

une projection véritable; c'est une relation par des fibres, pour

ainsi dire représentatives et je propose, pour la paralysie céré-

brale, le nom de paralysie de représentation.

Naturellement, quand la paralysie de projection est totale et

d'une grande étendue, elle est aussi une paralysie en masse,

et son grand caractère distinctif est effacé. D'autre part, la

paralysie corticale, qui se distingue parmi les paralysies céré-

brales par sa plus grande aptitude à la.dissociation, présente

32 CLINIQUE NERVEUSE.

cependant toujours le caractère d'une paralysie par représen-

tation.

Les autres différences entre les paralysies de projection et

de représentation sont bien connues; je cite parmi elles l'inté-

grité de la nutrition et de la réaction électrique qui se rattache

à la dernière. Bien que très importants dans la clinique, ces

signes n'ont pas la portée théorique qu'il faut attribuer au

premier caractère différentiel que nous avons relevé, à savoir :

paralysie détaillée ou en masse.

On a assez souvent attribué à l'hystérie la faculté de simuler

les affections nerveuses organiques les plus diverses. Il s'agit

de savoir si d'une façon plus précise elle simule les caractères

des deux sortes de paralysies organiques, s'il y a des paralysies

hystériques de projection et des paralysies hystériques de re-

présentation, comme dans la symptomatologie organique. Ici,

un premier fait important se détache : l'hystérie ne simule

jamais les paralysies périphéro-spinales ou de projection; les

paralysies hystériques partagent seulement les caractères des

paralysies organiques de représentation. C'est là un fait bien

intéressant, puisque la paralysie de Bell, la paralysie ra-

diale, etc., sont parmi les affections les plus communes du

système nerveux.

Il est bon de faire observer ici, de manière à éviter toute

confusion, que je ne traite que de la paralysie hystérique

flasque et non de la contracture hystérique. Il me parait im-

possible de soumettre la paralysie et la contracture hystériques

aux mêmes règles. Ce n'est que des paralysies hystériques

flasques qu'on peut soutenir qu'elles n'affectent jamais un seul

muscle, excepté le cas où ce muscle est l'instrument unique

d'une fonction, qu'elles sont toujours des paralysies en niasse,

et qu'elles correspondent sous ce rapport à la paralysie de

représentation, ou cérébrale organique. En outre, en ce qui

concerne la nutrition des parties paralysées et leurs reactions

électriques, la paralysie hystérique présente les mêmes carac-

tères que la paralysie cérébrale organique.

Si la paralysio hystérique se rattache ainsi à la paralysie

cérébrale et particulièrement à la paralysie corticale, qui pré-

sente une plus grande facilité de dissociation, elle ne manque

pas de s'en distinguer par des caractères importants. D'abord

elle n'est pas soumise à cette règle, constante dans les paraly-

sies cérébrales organiques, il savoir que le segment périphé-

PARALYSIES MOTRICES ORGANIQUES ET HYSTÉRIQUES. 33

rique est toujours plus affecté que le segment central. Dans

l'hystérie, l'épaule ou la cuisse peuvent être plus paralysées

que la main ou le pied. Les mouvements peuvent venir dans

les doigts tandis que le segment central est encore absolument

inerte. On n'a pas la moindre difficulté de produire artificiel-

lement une paralysie isolée de la cuisse, de la jambe, etc., et

on peut assez souvent retrouver, en clinique, ces paralysies

isolées, en contradiction avec les règles de la paralysie orga-

nique cérébrale.

Sous ce rapport important, la paralysie hystérique est pour

ainsi dire intermédiaire entre la paralysie de projection et la

paralysie de représentation organique. Si elle ne possède pas

tous les caractères de dissociation et d'isolement propres à la

première, elle n'est pas, tant s'en faut, sujette aux strictes

lois qui régissent la dernière, la paralysie cérébrale. Ces res-

trictions faites, on peut soutenir que la paralysie hystérique

est aussi une paralysie de représentation, mais d'une repré- 1

sentation spéciale dont la caractéristique reste à trouver '.

II. Pour avancer dans cette direction, je me propose

d'étudier les autres traits distinctifs entre la paralysie hysté-

rique et la paralysie corticale, type le plus parfait de la para-

lysie cérébrale organique. Le premier de ces caractères dis-

tinctifs, nous l'avons déjà mentionné, c'est que la paralysie

hystérique, peut être beaucoup plus dissociée, systématisée que

la paralysie cérébrale. Les symptômes de la paralysie orga-

nique se retrouvent comme morcelés dans l'hystérie. De l'hémi-

plégie commune organique (paralysie des membres supérieur

et inférieur et du facial inférieur) l'hystérie ne reproduit que

la paralysie des membres et dissocie même assez souvent, et

avec la plus grande facilité, la paralysie du bras de celle de la

jambe sous forme de monoplégies. Du syndrome de l'aphasie

' Chemin faisant, je ferai remarquer que ce caractère important de la

paralysie hystérique de la jambe que M. Charcot a relevé d'après Todd,

il savoir que l'hystérique traîne la jambe comme une masse morte au

lieu d'exécuter la circumduction avec la hanche que fait l'hémiplégique

ordinaire, s'explique facilement par la propriété de la névrose que j'ai

mentionné. Pour l'hémiplégie organique, la partie centrale de l'extrémité

est toujours un peu indemne, le malade peut remuer la hanche et il en

l'ait usage pour ce mouvement de circumduction, qui fait avancer la

jambe. Dans l'hystérie, la partie centrale (la hanche) ne jouit pas de ce

privilège, la paralysie y est aussi complète que dans la partie périphé-

rique et en conséquence, la jambe doit ètre traînée en masse.

AucatvES, t. XXVI. 3

34 CLINIQUE NERVEUSE.

organique, elle reproduit l'aphasie motrice à l'état d'isole-

ment, et ce qui est chose inouïe dans l'aphasie organique, elle

peut créer une aphasie totale (motrice et sensitive) pour telle

langue, sans attaquer le moins du monde la faculté de com-

prendre et d'articuler telle autre, comme je l'ai observé dans

quelques cas inédits. Ce même pouvoir de dissociation se ma-

nifeste dans les paralysies isolées d'un segment de membre

avec intégrité complète des autres parties du même membre,

ou encore dans l'abolition complète d'une fonction (abasie,-

astasie) avec intégrité d'une autre fonction exécutée par les

mêmes organes. Cette dissociation est d'autant plus frappante,

quand la fonction respectée est la plus complexe. Dans la symp-

tomatologie organique, quand il y a affaiblissement inégal de

plusieurs fonctions, c'est toujours la fonction la plus complexe,

celle d'une acquisition postérieure, qui est la plus atteinte en

conséquence de la paralysie.

La paralysie hystérique présente de plus un autre carac-

tère qui est comme la signature de la névrose et qui vient

s'ajouter au premier. En effet, comme je l'ai entendu dire à

M. Charcot, l'hystérie est une maladie à manifestations exces-

sives, ayant une tendance à produire ses symptômes avec la

plus grande intensité possible. C'est un caractère qui ne se

montre pas seulement dans les paralysies, mais aussi dans les

contractures et les anesthésies. On sait jusqu'à quel degré de

distorsion peuvent aller les contractures hystériques, qui sont

presque sans égales dans la symptomatologie organique. On

sait aussi combien sont fréquentes dans l'hystérie les anesthé-

sies absolues, profondes, dont les lésions organiques ne peu-

vent reproduire qu'une faible esquisse. Il en est de même pour

les paralysies. Elles sont souvent on ne peut plus absolues;

l'aphasique ne profère pas un mot, tandis que l'aphasique

organique garde presque toujours quelques syllabes, le oui

et non », un juron, etc.; le [bras paralysé est absolument

inerte, etc. Ce caractère est trop bien connu pour y persister

longuement. Au contraire, on sait que, dans la paralysie orga-

nique, la parésie est toujours plus fréquente que la paralysie

absolue.

La paralysie hystérique est donc d'une limitation exacte et

d'une intensité excessive; elle possède ces deux qualités à la

fois et c'est en cela qu'elle contraste le plus avec la paralysie

cérébrale organique, dans laquelle, d'une manière constante,

PARALYSIES MOTRICES ORGANIQUES ET HYSTÉRIQUES. 35

ces deux caractères ne s'assorient pas. Il existe aussi des mono-

plégies dans la symptomatologie organique, mais celles-ci sont

presque toujours des monoplégies a potiori et non exactement

délimitées. Si le bras se trouve paralysé en conséquence d'une

lésion corticale organique, il y a presque toujours aussi atteinte

concomitante moindre du facial et de la jambe, et si cette

complication ne se voit plus à un moment donné, elle a cepen-

dant bien existé au commencement de l'affection. La mono-

plégie corticale est, à vrai dire, toujours une hémiplégie dont

telle ou telle partie est plus ou moins effacée, mais toujours

reconnaissable. Pour aller plus loin, supposons que la para-

lysie n'ait affecté aucune autre partie que le bras, que ce

soit une monoplégie corticale pure; alors on voit que la para-

lysie est d'une intensité modérée. Aussitôt que cette monoplé-

gie augmentera en intensité, qu'elle deviendra une paralysie

absolue, elle perdra son caractère de monoplégie pure et s'ac-

compagnera de troubles moteurs dans la jambe ou la face.

Elle ne peut pas devenir absolue et reslée délimitée à la fois.

C'est ce que la paralysie hystérique peut, au contraire, fort

bien réaliser, comme la clinique le montre chaque jour. Elle

affecte par exemple le bras d'une façon exclusive, on n'en

trouve pas trace dans la jambe ou la face. De plus, au niveau

du bras, elle est aussi forte qu'une paralysie peut l'être, et

c'est là une différence frappante avec la paralysie organique,

différence qui prête grandement à penser.

Naturellement, il y a des cas de paralysie hystérique dans

lesquels l'intensité n'esi pas excessive et où la dissociation

n'offre rien de remarquable. Ceux-ci, on les reconnaît au moyen

d'autres caractères ; mais ce sont des cas qui ne portent pas

l'empreinte typique de la névrose et qui, ne pouvant en rien

nous renseigner sur sa nature ne présentent point d'intérêt au

point de vue qui nous occupe ici.

Ajoutons quelques remarques d'une importance secondaire,

qui même dépassent un peu les limites de notre sujet.

Je constaterai d'abord que les paralysies hystériques s'accom-

pagnent beaucoup plus souvent de troubles de la sensibilité

que les paralysies organiques. En général, ceux-ci sont plus

profonds et plus fréquents dans la névrose que dans la sympto-

matologie organique. Rien de plus commun que l'anesthésie

ou l'analgésie hystérique. Qu'on se rappelle par contre avec

quelle ténacité la sensibilité persiste en cas de lésion nerveuse.

36 CLINIQUE NERVEUSE.

Si. l'on sectionne un nerf périphérique, l'anesthésie sera

moindre en étendue et intensité qu'on ne s'y attend. Si une

lésion inflammatoire attaque les nerfs spinaux ou les centres

de la moelle, on trouvera toujours que la motilité souffre en

premier lieu et que la sensibilité est épargnée ou seulement

affaiblie, car il persiste toujours quelque part des éléments

nerveux qui ne sont pas complètement détruits. En cas de

lésion cérébrale, on connaît la fréquence et la durée de l'hémi-

plégie motrice, tandis que l'hémianesthésie concomitante est

indistincte, fugace et ne se trouve pas dans tous les cas. Il n'y

a que quelques localisations tout à fait spéciales qui puissent

produire une affection de la sensibilité intense et durable (car-

refour sensitif), et même ce fait n'est pas exempt de doutes.

Cette manièred'être de la sensibilité, différente dans leslésions

organiques et dans l'hystérie, n'est guère explicable aujour-

d'hui. Il semble qu'il y ait là un problème dont la solution

nous renseignerait peut-être sur la nature intime des choses.

Un autre point qui me paraît digne d'être relevé, c'est qu'il

y a quelques formes de paralysie cérébrale qui ne se trouvent

pas réalisées dans l'hystérie, pas plus que les paralysies péri-

phéro-spinales de projection. Il faut citer en premier lieu la

paralysie du facial inférieur, la manifestation la plus fréquente

d'une affection organique du cerveau et, si je me permets de

passer dans les paralysies sensorielles pour un moment, l'hé-

mianopsie latérale homonyme. Je sais que c'est presque une

gageure que de vouloir affirmer que tel ou tel symptôme ne

se trouve pas dans l'hystérie, quand les recherches de M. Char-

cot et de ses élèves y découvrent, on pourrait dire journelle-

ment, des symptômes nouveaux qu'on n'avait point soupçonnés

jusque-là. Mais il me faut prendre les choses comme elles sont

actuellement. La paralysie faciale hystérique est fortement

contestée par M. Charcot et même, si on croit ceux qui en

sont partisans, c'est un phénomène d'une grande rareté. L'hé-

mianopsie n'a pas encore été vue dans l'hystérie et, je pense,

elle ne le sera jamais.

Maintenant, d'où vient-il que les paralysies hystériques,

tout en simulant de près les paralysies corticales, s'en écartent

par les traits distinctifs que j'ai tâché d'énumérer, et quel est

le caractère général de la représentation spéciale auquel il

faut les rattacher ? La réponse à cette question contiendrait

une bonne et importante partie de la théorie de la névrose.

PARALYSIES MOTRICES ORGANIQUES ET HYSTÉRIQUES. 37

III. Il n'y a pas le moindre doute sur les conditions qui

dominent la symptomatologie de la paralysie cérébrale. Ce

sont les faits de l'anatomie, la construction du système ner-

veux, la distribution de ses vaisseaux et la relation entre ces

deux séries de faits et les circonstances de la lésion. Nous avons

dit que le nombre moindre des fibres qui vont de la moelle au

cortex en comparaison avec le nombre des fibres qui vont de la

périphérie à la moelle, est la base de la différence entre la

paralysie de projection et celle de représentation. De même,

chaque détail clinique de la paralysie de représentation peut

trouver son explication dans un détail de la structure céré-

brale et vice versa nous pouvons déduire la construction du

cerveau des caractères cliniques des paralysies. Nous croyons

à un parallélisme parfait entre ces deux séries.

Ainsi s'il n'y a pas une grande facilité de dissociation pour

la paralysie cérébrale commune, c'est parce que les fibres de

conduction motrices sont trop rapprochées sur une longue

partie de leur trajet intracérébral pour être lésées isolément.

Si la paralysie corticale montre plus de tendance aux mono-

plégies, c'est parce que le diamètre du faisceau conducteur

brachial, crural, etc., va en croissant jusqu'à l'écorce. Si de

toutes les paralysies corticales celle de la main est la plus

complète, cela vient, croyons-nous, du fait, que la relation

croisée entre l'hémisphère et la périphérie est plus exclusive

pour la main que pour toute autre partie du corps. Si le seg-

ment périphérique d'une extrémité souffre plus de la paralysie

que le segment central, nous supposons que les fibres repré-

sentatives du segment périphérique sont beaucoup plus nom-

breuses que celles du segment central, de sorte que l'influence

corticale devient plus importante pour le premier qu'elle n'est

pour le dernier. Si les lésions un peu étendues de l'écorce ne

réussissent pas à produire des monoplégies pures, nous en con-

cluons que les centres moteurs surl'écorce ne sont pas nette-

ment séparés les uns des autres par des territoires neutres, ou

qu'il y a des actions en distance (Fernwirkungen) qui annu-

leraient l'effet d'une séparation exacte des centres.

De même s'il y a dans l'aphasie organique, toujours un

mélange detroublesde diverses fonctions, ça s'explique parle

fait que des branches de la même artère nourrissent tous les

centres du langage, ou si l'on accepte l'opinion énoncée dans

mon étude critique sur l'aphasie, parce qu'il ne s'agit pas de

38 CLINIQUE NERVEUSE.

centres séparés, mais d'un territoire continu d'association. En

tout cas, il existe toujours une raison tirée de l'anatomie.

Les associations remarquables qu'on observe si souvent

dans la clinique des paralysies corticales : aphasie motrice

et hémiplégie droite, alexie et hémianopsie droite, s'expli-

quent par le voisinage des centres lésés. L'hémianopsiememe,

symptôme bien curieux et étranger à l'esprit non scientifique,

ne se comprend que par l'entre-croisement des fibres du nerf

optique dans le chiasma; elle en est l'expression clinique,

comme tous les détails des paralysies cérébrales sont l'expres-

sion clinique d'un fait anatomique.

Comme il ne peut y avoir qu'une seule anatomie cérébrale

qui soit la vraie et comme elle trouve son expression dans les

caractères cliniques des paralysies cérébrales, il est évidem-

ment impossible que cette anatomie puisse expliquer les traits

distinctifs de la paralysie hystérique. Pour cette raison, il

n'est pas permis de tirer au sujet de l'anatomie cérébrale des

conclusions basées sur la symptomatologie de ces paralysies.

Assurément il faut s'adresser à la nature de la lésion pour

obtenir cette explication difficile. Dans les paralysies organi-

ques, la nature de la lésion joue un rôle secondaire, ce sont

plutôt l'étendue et la localisation de la lésion, qui dans les

conditions données de structure du système nerveux produisent

les caractères de la paralysie organique, que nous avons rele-

vés. Quelle pourrait être la nature de la lésion dans la para-

lysie hystérique, qui à elle seule domine la situation, indé-

pendamment de la localisation, de l'étendue de la lésion et de

l'anatomie du système nerveux ?

M. Charcot nous a enseigné assez souvent que c'est une

lésion corticale mais purement dynamique ou fonctionnelle.

C'est une thèse dont on comprend bien le côté négatif. Cela

équivaut à affirmer qu'on ne trouvera pas de changements de

tissus appréciables à l'autopsie ; mais à un point de vue plus

positif, son interprétation est loin d'être à l'abri de l'équivoque.

Qu'est-ce donc qu'une lésion dynamique ? Je suis bien sûr que

beaucoup de ceux qui lisent les oeuvres de M. CrrARCOT, croient

que la lésion dynamique est bien une lésion, mais une lésion

dont on ne retrouve pas la trace dans le cadavre, comme un

oedème, une anémie, une hypérémie active. Mais ce sont là,

bien qu'elles ne persistent pas nécessairement après la mort,

des lésions organiques vraies, qu'elles soient légères et fugaces.

PARALYSIES MOTRICES ORGANIQUES ET HYSTÉRIQUES. 39

Il est nécessaire que les paralysies produites par les lésions

de cet ordre, partagent en tout les caractères de la paralysie

organique. L'oedème, l'anémie ne pourraient, plutôt que l'hé-

morragie et le ramollissement, produire la dissociation et l'in-

tensité des paralysies hystériques. La seule différence serait

que la paralysie par l'oedème, par la constriction vasculaire

etc., doit être moins durable que la paralysie par destruction

du tissu nerveux. Toutes les autres conditions leur sont com-

munes et l'anatomie du système nerveux déterminera les pro-

priétés de la paralysie aussi bien dans le cas d'anémie fugace

que dans le cas d'anémie permanente et définitive.

Je ne crois pas que ces remarques soient tout à fait gra-

tuites. Si on lit a qu'il doit y avoir une lésion hystérique »

dans tel ou tel centre, le même dont la lésion organique pro-

duirait le syndrome organique correspondant, si l'on se sou-

vient qu'on s'est habitué à localiser la lésion hystérique dyna-

mique de même manière que la lésion organique, on est porté

à croire que sous l'expression « lésion dynamique » se cache

l'idée d'une lésion comme l'oedème, l'anémie, qui, en vérité,

sont des affections organiques passagères. J'affirme par contre

que la lésion des paralysies hystériques doit être tout à fait

indépendante de l'anatomie du système nerveux, puisque l'hys-

térie se comporte dans ses paralysies et autres manifestations

comme si l'anatomie n'existait pas, ou comme si elle n'en avait

nulle connaissance.

Un bon nombre des caractères des paralysies hystériques

justifient en vérité cette affirmation. L'hystérie est ignorante

de la distribution des nerfs et c'est pour cette raison qu'elle ne

simule pas les paralysies périphéro-spinales ou de projection ;

elle ne connaît pas le chiasma des nerfs optiques et conséquem-

ment elle ne produit pas l'hémaniopsie. Elle prend les organes

.dans le sens vulgaire, populaire du nom qu'ils portent : la

jambe est la jambe jusqu'à l'insertion de la hanche, le bras

est l'extrémité supérieure comme elle se dessine sous les vête-

ments. Il n'y a pas de raison pour joindre à la paralysie du

bras la paralysie de la face. L'hystérique qui ne sait pas parler

n'a pas de motif pour oublier l'intelligence du langage, puisque

aphasie motrice et surdité verbale n'ont aucune parenté dans

la notion populaire, etc. Je ne peux que m'associer pleinement

sur ce point aux vues que M. JANET a avancées dans les der-

niers numéros des Archives de Neurologie ; les paralysies hys-

40 CLINIQUE NERVEUSE.

tériques en donnent la preuve aussi bien que les anesthésies

et les symptômes psychiques.

IV. - Je tâcherai enfin de développer comment pourrait être

la lésion qui est la cause des paralysies hystériques. Je ne dis

pas que je montrerai comment elle en fait; il s'agit seulement

d'indiquer la ligne de pensée qui peut conduire à une concep-

tion qui ne contredit pas aux propriétés de la paralysie hysté-

rique, en tant qu'elle diffère de la paralysie organique céré-

brale.

, Je prendrai le mot « lésion fonctionnelle ou dynamique »

j dans son sens propre : « altération de fonction ou de dyna-

misme » ; altération d'une propriété fonctionnelle. Une telle

altération serait par exemple une diminution de l'excitabilité

ou d'une qualité physiologique qui dans l'état normal reste

constante ou varie dans des limites déterminées.

Mais dira-t-on, l'altération fonctionnelle n'est pas autre

chose, elle n'est qu'un autre côté de l'altération organique.

Supposons que le tissu nerveux soit dans un état d'anémie

passagère, son excitabilité sera diminuée par cette circonstance,

il n'est pas possible d'éviter d'envisager les lésions organiques

par ce moyen.

J'essaierai de montrer qu'il peut y avoir altération fonction-

nelle sans lésion organique concomitante, sans lésion gros-

sière palpable du moins, même au moyen de l'analyse la plus

délicate. En d'autres termes, je donnerai un exemple appro-

prié d'une altération de fonction primitive ; je ne demande

pour cela que la permission de passer sur le terrain de la

psychologie, qu'on ne saurait éviter quand on traite de

l'hystérie.

Je dis avec M. Janet, que c'est la conception banale, popu-

laire des organes et du corps en général, qui est en jeu dans

les paralysies hystériques comme dans les anesthésies, etc.

Cette conception n'est pas fondée sur une connaissance appro-

fondie de l'anatomie nerveuse mais sur nos perceptions tac-

tiles et surtout visuelles. Si elle détermine les caractères de

la paralysie hystérique, celle-là doit bien se montrer igno-

rante et indépendante de toute notion de l'anatomie du sys-

tème nerveux. La lésion de la paralysie hystérique sera donc

une altération de la conception, de l'idée de bras , par

exemple. Mais de quelle sorte est cette altération pour pro-

duire la paralysie ?

PARALYSIES MOTRICES ORGANIQUES ET HYSTÉRIQUES. 41

Considérée psychologiquement la paralysie du bras consiste

dans le fait que la conception du bras ne peut pas entrer en

association avec les autres idées qui constituent le moi dont le

corps de l'individu forme une partie importante. La lésion

serait donc l'abolition de l'accessibilité associative de la con-

ception du bras. Le bras se comporte comme s'il n'existait pas

pour le jeu des associations. Assurément si les conditions maté-

rielles, qui correspondent à la conception du bras, se trouvent

profondément altérées, cette conception sera perdue aussi,

mais j'ai à montrer qu'elle peut être inaccessible sans qu'elle

soit détruite et sans que son substratum matériel (le tissu ner-

veux de la région correspondante de l'écorce) soit endom-

magé.

Je commencerai par des exemples tirés de la vie sociale. On

raconte l'histoire comique d'un sujet loyal qui ne voulut plus

laver sa main, parce que son souverain l'avait touchée. La

relation de cette main avec l'idée du roi semble si importante

à la vie psychique de l'individu, qu'il se refuse à faire entrer

cette main en d'autres relations. Nous obéissons à la même

impulsion si nous cassons le verre dans lequel nous avons bu

à la santé de jeunes mariés; les anciennes tribus sauvages

brûlant le cheval, les armes et même les femmes du chef

mort, avec son cadavre, obéissaient à cette idée que nul ne

''devait plus les toucher après lui. Le motif de toutes ces

actions est bien clair. La valeur affective que nous attribuons

à la première association d'un objet répugne à le faire entrer

en association nouvelle avec un autre objet et par suite rend

l'idée de cet objet inaccessible à l'association.

Ce n'est pas une simple comparaison, c'est presque la chose

identique, si nous passons dans le domaine de la psychologie

des conceptions. Si la conception du bras se trouve engagée

dans une association d'une grande valeur affective, elle sera

inaccessible au jeu libre des autres associations. Le bras sera

paralysé en proportion de la persistance de cette valeur affec-

tive ou de sa diminution par des moyens psychiques appropriés.

C'est la solution du problème que nous avons posé, car dans

tous les cas de paralysie hystérique on trouve que l'organe

paralysé ou la fonction abolie est engagé dans une association

subconsciente qui est munie d'une grande valeur affective, et l'on

peut montrer que le bras devient libre aussitôt que cette valeur

affective est effacée. Alors la conception du bras existe dans le

42 CLINIQUE NERVEUSE.

substratum matériel, mais elle n'est pas accessible aux asso-

ciations et impulsions conscientes parce que toute son affinité

associative, pour ainsi dire, est saturée dans une association

subconsciente avec le souvenir de l'événement, du trauma, qui

a produit cette paralysie.

C'est M. Charcot qui nous a enseigné le premier qu'il faut

s'adresser à la psychologie pour l'explication de la névrose

hystérique. Nous avons suivi son exemple, Breuer et moi, dans

un mémoire préliminaire (Uber den psychischen Mechanismus

hysterischer Phânomene, Neu2-olog. Centralblatt, n° 1 und : 3,

1893). Nous démontrons dans ce mémoire que les symptômes

permanents de l'hystérie dite non traumatique s'expliquent

(à part les stigmates) par le même mécanisme que Charcot a

reconnu dans les paralysies traumatiques. Mais nous donnons

aussi la raison pour laquelle ces symptômes persistent et

peuvent être guéris par un procédé spécial de psychothérapie

hypnotique. Chaque événement, chaque impression psychique

est munie d'une certaine valeur affective (Affectbetrag), dont

le moi se délivre ou par la voie de réaction motrice ou par un

travail psychique associatif. Si l'individu ne peut ou ne veut

s'acquitter du surcroît, le souvenir de cette impression acquiert

l'importance d'un trauma et devient la cause de symptômes

permanents d'hystérie. L'impossibilité de l'élimination s'im-

pose quand l'impression reste dans le subconscient. Nous avons

appelé cette théorie : Das Abreagiren der Reizzuwâchse.

En résumé, je pense qu'il est bien en accord avec notre vue

générale sur l'hystérie, telle que nous l'avons pu former

d'après l'enseignement de M. Charcot, que la lésion dans les

paralysies hystériques ne consiste pas en autre chose que dans

l'inaccessibilité de la conception de l'organe ou de la fonction

pour les associations du moi conscient, que cette altération

purement fonctionnelle (avec intégrité de la conception même)

est causée par la fixation de cette conception dans une asso-

ciation subconsciente avec le souvenir du trauma et que cette

conception ne devient pas libre et accessible tant que la valeur

affective du trauma psychique n'a pas été éliminée par la

réaction motrice adéquate ou par le travail psychique cons-

cient. Mais même si ce mécanisme n'a pas lieu, s'il faut pour

la paralysie hystérique toujours une idée autosuggestive

directe comme dans les cas traumatiques de M. Charcot, nous

avons réussi à montrer de quelle nature la lésion ou plutôt

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 43

l'altération dans la paralysie hystérique devrait être, pour

expliquer ses différences avec la paralysie organique céré-

brale.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE

PATHOLOGIQUES.

I. LES sinus ET LES veines DES parois DE la cavité rachidienne

par le D'' TuoLARD.

M. le professeur Trolard frappé de la différence que présente

suivant les auteurs la description des veines intra-rachidiennes, a

repris leur étude dans un travail tout récent et encore inédit. Il

attribue le défaut de précision des descriptions faites jusqu'à ce

jour, aux difficultés de la dissection dans l'intérieur du rachis qui

oblige à avoir recours à l'ouverture de fenêtres, souvent insuffi-

santes pour apercevoir l'ensemble des dispositions, ou bien telle-

ment grandes qu'il ne reste plus grand'chose de ce que l'on veut

observer.

, La suffusion des injections solides est aussi une cause d'erreur.

L'extrême minceur des parois des veines, lesquelles ne sont pas du

tout soutenues, dans certaines parties tout au moins, et la facilité

avec laquelle le tissu cellulaire péri-dure-mérien se laisse injecter,

expliquent les suffusions.

M. Trolard a obtenu de bons résultats avec les injections par la

voie artérielle. Grâce aux injections conservatrices, qui désobs-

truent et déblaient les voies de communication on arrive aisément

à injecter les veines.

On peut se servir aussi des injections mercurielles, mais on

ne peut remplir que des points très limités, en raison des multi-

ples ouvertures que l'on pratique dans les veines quand on fait

une brèche au canal rachidien. Le meilleur procédé consiste à

ouvrir les canaux sur la sonde, et à insuffler ceux que la sonde

ne peut pénétrer. ,

M. Trolard s'est servi dix fois de colonnes vertébrales décalci-

fiées dans une solution acidulée. Cela lui a permis de faire un

grand nombre de coupes horizontales. De plus, étant donnée la

malléabilité du tissu osseux, il a pu, après avoir fait des ouvertures

peu étendues dans la partie postérieure du rachis, fixer les deux

44 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

lèvres de l'incision sur des plaques de liège et se donner ainsi

beaucoup de jour.

- Tous les auteurs donnent, à peu de chose près, la même descrip-

tion de la veine rachidienne antérieure. Il n'en est pas de même

pour la veine postérieure. Pour Walter, elle ne serait pas cons-

tante, et quand elle existe, elle serait constituée par une série d'ar-

cades situées en arrière des trous de conjugaison.

Cet auteur réserve le nom de plexus postérieur, aux seules

anastomoses transversales qui sont appliquées contre la paroi pos-

térieure du canal, à condition d'admettre alors l'existence cons-

tante des veines longitudinales postérieures. En effet, sur une

coupe antéro-postérieure du canal rachidien, on voit que chaque

trou de conjugaison est entouré d'un cercle veineux, dont le fond

antérieur est formé par les veines longitudinales antérieures, le

bord supérieur et le bord inférieur par des branches anastomoti-

ques ; le bord postérieur est formé par les veines longitudinales

postérieures proprement dites de l3resoliet, mais dans les régions

où elles manquent, par des arcades veineuses qui s'anastomosent

largement avec les plexus dont elles font partie. Ces arcades se-

raient souvent formées, d'après Breschet, par un dédoublement

annulaire complet d'une veine longitudinale antérieure, Walter

regarde comme veine postérieure tout ce qui est en arrière des

trous de conjugaison; et comme les veines qui forment les bords

postérieurs de ces anneaux, forment entre elles une série d'arcades

continue sverticalement placées en arrière des racines rachidiennes,

on peut les considérer comme de véritables veines longitudinales

postérieures. Ces veines longitudinales, ordinairement formées

par une succession d'anastomoses plexiformes, sont représentées

en certaines régions par une ou deux veines volumineuses, régu-

lières, veines longitudinales postérieures.

Telle est résumée la description de Walter.

Pour Testut, la veine postérieure n'est pas immédiatement der-

rière les trous de conjugaison : elle repose de chaque côté de la

ligne médiane, sur la série des lames vertébrales et des ligaments

jaunes. » Krause la place entre le sac de la dure-mère et la paroi

postérieure du canal vertébral.

Du travail de 1\1. Trolard, il se dégage la conclusion suivante,

que dans le rachis, les veines, tout en présentant diverses disposi-

tions, se rapprochent d'un type qu'il décrit de la façon suivante :

1° La canalisation veineuse logée dans le rachis se réduit à deux

conduits principaux ;

2° Le restant de la canalisation ne serait composé que de bran-

chements secondaires destinés les uns à assurer la circulation des

deux conduits de premier ordre (canaux de sûreté de Verneuil) ;

les autres à mettre en communication ces conduits, avec les veines

extra-rachidiennes.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 45

Sinus intra-rachidiens. Les deux conduits en question repo-

sent sur la partie la plus externe de la face postérieure des corps

vertébraux. Au cou, par le quart externe de leur diamètre, ils em-

piètent sur les pédicules et les échancrures des vertèbres. M. Tro-

lard les classe dans la catégorie des sinus, et les nomme sinus

intra-rachidiens.

Chacun d'eux commence au trou condylien antérieur, ou plus

exactement au confluent condylien antérieur. Leur terminaison a

lieu au niveau de la première vertèbre sacrée. '

Dans tout son trajet, le sinus est régulièrement calibré.

On peut distinguer les voies de sûreté et de dégagement en

veines collatérales externes et en veines collatérales internes.

Veines collatérales externes. L'origine de ces branches dans le

sinus est représentée par une ouverture grillagée, à mailles multi-

ples et arrondies (fig. 2 et 3).

Ce tissu fenêtré disposé sur deux plans existe au niveau de

toutes les racines. Quand on sectionne ce tissu et que l'on tend le

nerf en dedans, on aperçoit un infundibulum dont la branche

nerveuse représente l'axe. Dans cette cavité il faut distinguer deux

sortes d'orifice : les uns placés au fond ou dans la partie moyenne ;

les autres situés à la base du cône, c'est-à-dire très près de la ca-

vité du sinus. Les premiers sont ceux des vaisseaux de dégage-

Fig. 1.

46 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

ment; les derniers orifices sont ceux des canaux de suppléance ou

de dérivation du sinus.

Les veines de dérivation vont d'un trou de conjugaison à un

autre, ayant la forme d'un arc dont la concavité regarde le sinus.

Elles manquent au cou, ou plutôt y sont représentées par les veines

vertébrales. De cette série d'arcades, quelques auteurs ont fait un

vaisseau particulier qu'ils ont appelé veine longitudinale posté-

rieure. Rien ne justifie cette analogie avec la veine longitudinale

antérieure.

Au dos, le système de dérivation est un peu plus complexe. De

la convexité des arcs décrits ci-dessus, partent d'autres arcs dont la

concavité est dirigée en dedans également, et qui se joignent entre

eux à leurs deux extrémités.

C'est avec cette deuxième série d'arcades veineuses, que quel-

ques anatomistes ont constitué la veine longitudinale postérieure

seconde manière c'est-à-dire celle qu'ils placent « de chaque

côté de la ligne médiane ».

Plexus postérieur. D'un ou de plusieurs points des arcs de

second ordre au dos, des arcs de premier ordre aux lombes, di-

rectement du sinus au cou, partent des branches transversales

Fig. 2.

Fi,q.3.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 47

qui s'anastomosent entre elles et qui constituent le plexus posté-

rieur.

Veines de dégagement. - Les orifices que l'on voit au fond de

l'infundibulum des trous de conjugaison sont ceux des veines de

dégagement. Ces veines sont ordinairement au nombre de deux :

l'une placée au-dessus ou en avant de la racine nerveuse, l'autre

au-dessous ou en arrière. Aux lombes et à la partie inférieure du

dos, il y a un troisième canal qui passe au-dessous d'un ligament

qui va des côtés du corps vertébral au bord supérieur du pédicule

de la vertèbre située au-dessous, et que Trolard appelle ligament

vertébral latéral.

Tous ces vaisseaux vont aux veines extra-rachidiennes; ceux du

dos et des lombes, directement; ceux du cou, après avoir traversé

le sinus vertébral.

Veines collatérales internes. Le diploé des corps vertébraux

est creusé de canaux qui viennent converger au centre de la face

postérieure de ces corps dans une cavité ampullaire. C'est dans ces

cavités qu'aboutissent des canaux qui viennent des sinus longitudi-

naux.

Quand on examine ce sinus dans l'angle de jonction de la paroi

postérieure avec l'antérieure, on voit d'abord sur la ligne horizon-

tale qui joint cet angle à la partie moyenne de la face postérieure

du corps vertébral, soit une lame criblée, soit deux ou trois ori-

fices. Ces orifices et ceux de la lame criblée conduisent dans un ou

deux canaux qui vont directement à la citerne vertébrale.

Au-dessus et au-dessous de ces trous, on en découvre d'autres.

Ceux-là conduisent dans des canaux obliques qui rejoignent égale-

ment la citerne.

l'ig. ?

48 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

A la région lombaire, au niveau de la face postérieure des corps

vertébraux, ces veines se pelotonnent, et forment un véritable

corps spongieux (fig. 4).

En résumé, l'appareil de la circulation veineuse intra-rachidienne

se réduit à deux sinus longitudinaux munis :

1° De canaux de dérivation qui sont, en dehors et en arrière, les

arcades anastomotiques (au cou le sinus vertébral) et le plexus pos-

térieur ; en dedans, les canaux qui vont aux réservoirs des corps

vertébraux;

2° De canaux de dégagement qui sont les veines des trous de

conjugaison.

De la sorte disparaîtrait la séduisante image classique des quatre

gros troncs enlacés par une belle ceinture veineuse. J. DAURIAC.

II. RECHERCHES expérimentales SUR l'intoxication saturnine EXA-

minée principalement DANS SES RAPPORTS AVEC LES ALTÉRATIONS DU

système nerveux ; par L. STIEGLITZ. (AI'ch. f. Psychiat., XXIV, 1.)

Intoxication de treize cobayes et de neuf lapins, par des pulvéri-

sations de solutions d'acétate de plomb au moyen d'un appareil

spécial, pendant six jours, un mois, cent quarante-quatre jours,

cent soixante-cinq jours. Etude anatomo-patllologique et histolo-

gique complète. Cinq observations très détaillées.

Observation 1. Paralysie des deux pattes postérieures, lésions inflam-

matoires frappantes dans la substance grise d'une des cornes antérieures

du renflement lombaire, dégénérescence des grandes cellules dans les

cornes antérieures (vacuolisation), des racines antérieures et postérieures.

Intégrité des nerfs périphériques. Observation Il. Attaques épilep-

tiformes avec paralysie des quatre pattes. Nombreuses hémorrhagies

de toutes dimensions dans l'encéphale. Atrophie très accusée d'une des

cornes antérieures de la moelle cervicale; atrophie des grandes cellules

ou formation de vacuoles dans ces' éléments, des deux côtés. Dégéné-

rescence des racines correspondantes. Lésions des quatre ganglions spinaux

cervico-inférieurs. Entre la moelle et les ganglions en question, lésion

des manchons de myéline, persistance des cylindraxes. Dégénérescence

très accentuée des nerfs périphériques.- Observation III. Paralysie spinale

aiguë, vacuolisation des cellules nerveuses. Dégénérescence segmentaire

des racines; dégénérescence commençante des nerfs périphériques;

hémorrhagies capillaires dans la moelle. - OGselw2tioz Il ? Paralysie

d'un seul membre, vacuolisation des cellules nerveuses, dégénérescence

très marquée des racines qui cesse brusquement au moment où ces

racines pénètrent dans la moelle; dégénérescence très accusée des nerfs

sciatiques. - Observation V. Mort subite par intoxication suraiguë.

.Mêmes lésions.

En réalité, douze faits témoignent de l'existence d'hémorrhagies

encéphaliques, d'altérations de la moelle et des racines spinales, de

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 49

dégénérescence des nerfs périphériques. Chez ces douze animaux

il y avait vacuolisation des cornes antérieures.

Pathogénie. Le plomb trouble d'abord les fonctions des

centres spinaux, puis les nerfs périphériques sont atteints et c'est

alors qu'apparaît la paralysie. Mais les nerfs périphériques et les

muscles sont altérés avant les centres. C'est la seule théorie qui

puisse correspondre en même temps aux faits cliniques et aux

constatations anatomo-pathologiques. Quant aux lésions du coeur,

du poumon, des reins, ou les rencontre également. (Voir le mé-

moire.) P. KERAVdL.

III. UNE MALADIE TOUTE SPECIALE AFFECTANT TROIS FRÈRES ET SOEURS

SOUS LA FORME DE PARALYSIE PROGRESSIVE, AVEC LÉSIONS VASCL'LAIRES

ÉTENDUES, PROBABLEMENT DUE A UNE SYPHILIS HÉRÉDITAIRE TARDIVE ;

par E.-A. HOMES. (Archiv f. Psychiat., XXIV, 1.)

Autopsie du dernier malade dont il a été question dans le Neu-

rolog. Centralbl. 1890. (Voir Archives de Neurologie. Revues analy-

tiques, n° 66.)

En résumé le type clinique de la maladie se compose ainsi qu'il

suit : vertiges, lourdeur de tête, sensation de lassitude, diminution

de l'appétit, affaiblissement de l'intelligence, démarche incertaine,

semblable à celle d'Une homme ivre, vagues douleurs dans les

jambes et autres parties du corps, démence progressive, parole

indistincte, accidents spasmodiques et finalement contracture,

dysphagie, lenteur de la réaction des pupilles, dimution de la sen-

sibilité, aspect infantile. Durée : trois ans et demi, six et sept ans.

Anatomie pathologique. - Epaississement des méninges, adhé-

rence, par places, de la pie-mère et de l'écorce, atrophie cérébrale,

surtout des lobes frontaux, vaisseaux scléreux, foyer de ramollisse-

ment des deux noyaux lenticulaires, cirrhose hépatique, tuméfac-

tion splénique.

Histologie. Atrophie des fibres à myéline, surtout des fibres

tangentielles des lobes frontaux, atrophie des cellules pyramidales.

Epaississement de la névroglie dans la substance corticale et en-

dartérite. p. K.

IV. Contribution A la pathologie ET A l'anatomie pathologique DE

la paralysie générale ET notamment A l'étude DES altérations

DE la MOELLE ET DES nerfs PÉRIPHÉRIQUES; par fUERSTNER. (A1'ch. f

Psychiat., XXIV, 1.)

Dans la paralysie générale, peut-il y avoir lésion concurrente de

tout le système nerveux périphérique ? Existe-t-il entre la lésion

de ce dernier et les processus pathologiques du système nerveux

Archives, t. XXVI. 4

50 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

central un rapport de dépendance ? Pick a répondu affirmative-

ment (Berlin. Klin Wochenschrift, 1890, n° 47.)

Etude complète de 145 malades, 118 hommes,27 femmes.

En ce qui concerne les lésions spinales de la paralysie générale,

celles qui sont de beaucoup les plus fréquentes porteut sur les cor-

dons latéraux et postérieurs - puis, viennent celles des cordons

postérieurs seuls- enfin la troisième catégorie a trait aux lésions

des cordons latéraux seuls. Il est imposible d'établir si, chez les

paralytiques généraux syphilitiques, il y a lésion exclusive ou pré-

dominante des cordons postérieurs. Le processus primitif est cons-

titué par la dégénérescence de la substance nerveuse. Le nombre

des observations existantes jusqu'ici ne permet pas de prouver que

la paralysie progressive soit le'facteur direct d'une névrite périphé-

rique. P. K.

V. LES arrêts DE développement psychique par lésions DE la

TÊTE DE L'ENFANT AVANT, PENDANT L'ACCOUCHEMENT ET AUSSITÔT APRÈS

la naissance, par WULFF. (Allg. Zeitsch. f. Psychiat., XLIX, 1,2.)

Étude des commémoratifs et des observations de 1436 idiots à des

degrés divers et de toutes les formes. Fréquence des traumatismes

céphaliques intra-utérins, pendant l'accouchement, après la nais-

sance, auxquels on doit rattacher l'idiotie.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 51

sation cérébrale des sensations du toucher, de la douleur, de la

température, ainsi que le sens musculaire, correspond à peu près,

sinon tout à fait aux centres moteurs correspondants ; l'observation

suivante d'après l'auteur doit être comptée comme une de plus. Il

s'agit d'un homme ayant présenté les symptômes d'un néoplasme

cérébral avec attaques d'épilepsie partielle, puis hémiplégie gauche,

accompagnée d'anesthésie complète du membre supérieur du même

côté. L'autopsie a montré la présence d'un vaste mélano-sarcome.

Cette tumeur recouvrait la pariétale ascendante, les première et

deuxième pariétales et les circonvolutions occipitales de l'hémi-

sphère droit. J.-B. CHARCOT.

VII. ETUDE DES LOIS QUI GOUVERNENT LES actions humaines ;

par le Dr A. TYLER.

, Les actions humaines sont sujettes à des lois. Ces lois peuvent

être établies et nous permettent de prévoir, dans une certaine

mesure, la conduite de nos semblables. C'est ainsi que le marchand

qui se lance dans des entreprises, le capitaliste qui place ses fonds,

le voyageur qui se confie à un mécanicien de chemin de fer ou à

un capitaine de vaisseau, escomptent la conduite de leurs sem-

blables et croient la prévoir.

Quelles sont donc les lois des actions humaines ? 1° L'hérédité.

La race humaine forme une chaîne ininterrompue; le fils hérite

du père des forces physiques et morales que celui-ci a reçues lui-

même de ses ancêtres. Si nous partons du moment où pour la pre-

mière fois la matière a été animée, nous pouvons suivre son évolu-

tion. Sous l'influence du milieu, la matière animée se différencie en

végétaux et animaux ; le genre humain étant lui-même classé

parmi les animaux.

Chaque individu hérite de ses ancêtres, de leurs caractères phy-

siques et moraux, y ajoute quelque chose sous l'influence du

milieu et transmet à ses descendants les qualités qu'il a reçues et

qu'il a apportées.

Prenons comme exemple le sentiment religieux. L'homme, à

l'origine, effrayé de ce qu'il ne pouvait expliquer, le tonnerre, les

éclairs, la mer, la succession des jours et des nuits, a attribué tous

ces phénomènes à des puissances supérieures. Au sur et à mesure

que la science a progressé et expliqué les causes de ces effets terri-

fiants, le nombre des dieux a diminué jusqu'à ce qu'il n'en soit resté

qu'un seul. Mais le sentiment religieux persiste. Mettez l'homme le

plus instruit au milieu d'un cataclysme terrible, il éprouvera à

l'égard des forces naturelles, le même sentiment que l'homme

primitif.

Dans la folie, ce sont les qualités les plus récemment acquises et

les plus parfaites qui disparaissent les premières. Le fou se trouvé

52 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES..

par rapport au sentiment religieux dans l'état d'esprit du sauvage.

De même la morale s'est développée avec le temps et les condi-

tions nouvelles de la vie. L'homme primitif, vivant seul ou par

petits groupes, n'a pas de morale. Celle-ci naît avec la société et

se complique avec ellejusqu'à l'état où nous la voyons aujourd'hui :

c'est une véritable science. Le fou n'a pas de morale, pas plus que

l'homme sauvage.

2° Le milieu. Les actions humaines sont une résultante de la

lutte entre les forces de l'organisme, d'une part, et celles du milieu,

d'autre part. Quelles différences le climat ne produit-il pas dans

les moeurs ?

Conclusion. Le milieu modifie la conduite. Quand l'influence

du milieu dure, des habitudes de vie prennent naissance, des mo-

difications de structure se forment. Par l'hérédité, elles se trans-

mettent de génération en génération et subissent continuellement

des changements dus au milieu. (American journal ofinsanity, 1892.)

E. B.

VIII. MÉTHODE D'EXAMEN DU CERVEAU A L'ÉTAT FRAIS;

par le Dr 111NDRED.

L'auteur décrit le procédé des coupes de tissu cérébral par con-

gélation, procédé qu'il s'étonne de ne pas voir employer plus fré-

quemment en Europe. La pièce à congeler est placée directement

sur une plaque en métal sous laquelle on pulvérise de l'éther jus-

qu'à congélation de la pièce.

Les coupes sont d'abord mises dans l'eau, puis placées sur une

lamelle où on les met, pendant quelques secondes seulement, en

contact avec une solution d'acide osmique à 0 gr. 25 p. 100. Cette

action de l'acide osmique n'est pas destinée à donner à la coupe

la coloration spéciale de l'osmium, mais seulement à fixer la myé-

line qui, sans cela, se désagrégerait dans l'eau. La coupe est de

nouveau lavée à l'eau, puis colorée par une solution de bleu-noir

d'aniline à 0,25 p. 100 et plongée pour la dernière fois dans l'eau

distillée. Elle est alors placée sur une lamelle. On laisse la prépa-

ration se sécher à l'air en ayant seulement soin de la couvrir d'une

cloche. Lorsqu'elle est bien sèche, on la monte au baume.

Cette méthode permet d'observer les différents éléments du cer-

veau dans leur forme et leurs rapports exacts, et présente une supé-

riorité évidente sur les méthodes d'examen du cerveau après durcis-

sement, car dans ces derniers se produisent de nombreuses défor-

mations en même temps que d'autres conditions artificielles. Les es-

paces artificiels que l'on voit autour des cellules, dans les sections

durcies, sont absentes sur les coupes fraîches; sur ces dernières,

les cellules nerveuses sont considérablement plus larges, leurs pro-

longements plus volumineux, les couches de l'écorce plus épaisses.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 53

La coloration doit être faite avec attention, notamment sur les

cerveaux malades où l'action de l'aniline est plus rapide, ce qui

expose à des excès de coloration. '

Bien que le bleu d'aniline seul donne, en général, de bons ré-

sultats, cependant pour quelques éléments particuliers, et notam-

ment pour les leucocytes amassés autour des parois vasculaires

dans les états inflammatoires aigus ou chroniques, on aura de

meilleurs résultats avec d'autres couleurs d'aniline, et en parti-

culier le bleu de méthylène en solution aqueuse et le violet de

gentiane. (American journal of ïnsanity, 1892.) E. B.

IX. DES FIBRES D'ASSOCIATION DANS L'ÉCORCE CÉRÉBRALE DES PARALY-

TIQUES généraux; par M. Lioubimov. (Messager de psychiatrie cli-

nique et légale, ixe année, t. II, Saint-Pétersbourg, 1892.)

Les conclusions de M. Lioubimov ne s'éloignent pas beaucoup

de celles de Tuczeck; lui aussi a pu constater que les fibres à

myéline sont absentes souvent dans l'écorce du cerveau des para-

lytiques généraux, surtout au niveau des circonvolutions frontales

et pariétales. Il exprime seulement le doute sur le fait avancé par

Tuczek que le processus morbide commence toujours par la couche

superficielle de l'écorce pour atteindre successivement les couches

plus profondément situées ; il a trouvé, au contraire, dans plusieurs

cas (observations 3 et 6) que tandis que les fibres à myéline des

couches profondes avaient totalement disparu, celles des couches

superficielles n'étaient souvent qu'à peine altérées dans leur

structure.

Ces résultats nous donnent-ils une idée plus précise sur le pro-

cessus pathologique si complexe de la paralysie générale ? Quand

on pense que ces recherches ont été faites, comme bien d'autres,

sur les cerveaux des paralytiques généraux arrivés au dernier

terme de la maladie, et qu'à côté des altérations des fibres à

myéline, il existe presque toujours des lésions cellulaires et vascu-

laires, il est permis de se demander quelle est la lésion qui com-

mence la première, est-ce celle de la fibre à myéline, celle de la

cellule ou celle des vaisseaux ? On sait que chacune d'elles a eu ses

défenseurs et pour trancher la question, il faudrait examiner un

certain nombre de cerveaux des paralytiques morts accidentelle-

ment tout à fait au début de la maladie. J. Roubinovitch.

X. DE LA STRUCTURE 111;;TOLOGIQUE DE LA MOELLE ÉPINIÈRE CHEZ

l'homme; par le Dr I\hNGAZzm. (Riv. sp. di fren., fasc. III-IV,

1892.)

Le réseau nerveux de la corne antérieure (excepté dans sa por-

tion médiane) est formé presqu'en totalité par des fibrilles termi-

nales (collatérales des faisceaux pyramidaux) qui mettent en

54 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

relation le segment cérébro-spinal avec le segment spino-muscu-

laire des trajets pyramidaux. Tous les groupes des cellules de la

corne antérieure (et latérale) ont la signification d'éléments mo-

teurs;- cependant les groupes moyen et antéro-latéral ,ont en

rapport direct seulement avec les fibrilles collatérales des faisceaux

pyramidaux : tandis que le groupe postéro latéral est en rapport

non seulement avec les mêmes fibrilles mais aussi avec l'extrémité

terminale des collatérales sensitives des fibres radiculaires posté-

rieures, qui s'étendent par leurs extrémités terminales jusqu'à la

base de la corne antérieure.- La commissure antérieure est cons-

tituée par deux portions : une postérieure, formée par l'entre-

croisement d'une portion des fibres postérieures radiculaires; une

antérieure, formée, en partie au moins, par les prolongements des

cellules de la corne antérieure et des fibres radiculaires anté-

rieures. J. SI(GLAS.

Xi. DE LA DESTRUCTION DE LA GLANDE PITUlT.IRF; par G. VASSALE

et E. Sacciii. (Riv. sp. di f7-eiz., fasc. III-1V. 1892.)

La destruction complète de la glande pituitaire a chez le chat et

le chien des conséquences fatales, indépendamment de toute com-

plication opératoire. La destruction partielle de l'hypophyse est

chez ces animaux compatible pour un long temps avec la vie. On

a cependant des phénomènes typiques d'insuffisance fonctionnelle

de la glande ; sans que les recherches des auteurs établissent si ces

phénomènes d'insuffisance fonctionnelle peuvent, à une date plus

ou moins éloignée de l'opération, s'aggraver et conduire à une

véritable cachexie fatale : ou si au contraire ils s'atténuent ou

disparaissent, la glande reprenant ses fonctions, par suite d'une

régénération partielle, que les auteurs ont notée d'une façon évi-

dente dans un de leurs cas.- L'augmentation des cellules chro-

mophiles dans la glande pituitaire témoigne tout autant d'un pro-

cessus dégénératif que n'un processus fonctionnel compensateur

de cette même glande. Bien que le cadre symptomatique,

résultant de la destruction complète de l'hypophyse offre des ana-

logies avec celui qui succède à l'extirpation du corps thyroïde, on

ne peut admettre que le rapport fonctionnel entre les deux glandes

soit tel qu'elles puissent se substituer l'une à l'autre pour les

besoins de l'économie. Relativement à la nature fonctionnelle,

l'hypophyse rentre dans le nombre de ces glandes dont la des-

truction donne lieu à la formation et à l'accumulation dans l'or-

ganisme de substances toxiques spéciales. J. SÉGLAS.

XII. DES SILLONS DE l'artère méningée MOYENNE dans L'ENDOCRANE;

par G. Phi. (Riv. sp. di fi-en., fasc. III-IV. 1892.)

L'auteur tire de ses recherches les conclusions suivantes : à l'ex-

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 55

ception des microcéphales chez lesquels prédomine l'égalité de

développement des sillons de l'artère méningée moyenne de chaque

côté du crâne, autrement dit la symétrie, on trouve généralement

que les sillons sont plus manifestes à gauche qu'à droite, chez les

individus normaux, les singes anthropomorphes, les délinquants

et les aliénés; en d'autres termes, l'asymétrie est de règle en faveur

de la moitié gauche de l'endocrane. D'autre part il y a des diffé-

rences notables. Ainsi, en se tenant aux recherches de Danillo chez

les hommes et les singes et à celles de Lombroso chez les criminels,

l'écart entre les chiffres de développement plus marqué des sillons

à gauche et celui de profondeur et de largeur égales des deux

côtés, est léger; tandis que suivant les recherches de l'auteur, cet

écart devient assez marqué soit chez les individus sains, soit (bien

qu'à un degré moindre) chez les aliénés, et avec prédominance en

moyenne à gauche, d'où l'asymétrie, à laquelle, en conséquence,

ces derniers inclineraient moins que les sujets sains d'esprit. Le

développement plus grand des sillons de l'artère méningée

moyenne dans l'endocrane à droite se trouve plus rarement chez

les microcéphales que chez les primates (Danillo) et les délin-

quants (Lombroso) ; tandis que d'après les recherches de l'auteur,

elle se rencontre plus souvent que chez ceux-ci et ceux-là, chez les

individus sains et plus encore chez les aliénés qui, encore par ce

caractère, différeraient des normaux, en offrant une moins grande

fréquence dans la différence des sillons artériels dans les deux

moitiés du crâne J. SGLAS.

XIII. Contribution aux affections DES lobes temporaux : - UN cas

DE SURDI-MUTITÉ; UN CAS DE LÉSIONS DU LOBE TEMPORAL GAUCHE

SANS SURDITÉ VERBALE CHEZ UN INDIVIDU GAUCHER; par G. SEPPILI.

(Riv. sp. di fren., fasc. III-IV. 1892.)

1° Observation d'un cas de surdi-mutité dans lequel l'autopsie

révéla une lésion destructive ancienne des deux lobes temporaux.

Si l'on se reporte au mécanisme de la formation du langage, on

peut admettre que dans des cas semblables où les circonvolutions

temporales sont détruites par suite d'un processus d'encéphalite

survenu dans l'enfance, la surdité résulte de l'empêchement

apporté dans la formation des images auditives verbales, le

mutisme résultant nécessairement de l'absence de cet élément de

développement et d'élaboration des images verbales motrices.

La surdi-mutité d'origine cérébrale, différant en cela de celle qui

résulte d'une affection périphérique des organes de l'audition, s'ac-

compagne facilement de convulsions épileptiques, d'états d'imbé-

cillité ou d'idiotie, qui sont ordinairement les effets concomittants

de l'encéphalite de l'enfance qui est la cause première de la surdi-

mutité d'origine centrale.

56 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

2° Observation d'un cas de lésions destructives anciennes du

lobe temperal gauche chez un individu gaucher qui pendant la vie

n'avait présenté aucun trouble du langage, entendant bien, com-

prenant bien le sens des mots et y répondant promptement, la

parole ayant été toujours intacte. De ce cas et d'autres analogues,

l'auteur conclut que chez les gauchers le centre auditif du langage

n'a pas son siège dans l'hémisphère gauche, mais bien dans l'hé-

misphère droit. J. SEGLAS.

XIV. DE la réparation DE certains MUSCLES QUI ONT ÉTÉ COMPLÈTE-

MENT paralysés A la SUITE du polio-myélite ; par GJAÈIE111. HAM-

MOUND, M.-D. (The Journal of Nervous and Mental Disease, janvier

1893.)

Il est bien certain que si il n'y a plus aucune contraction des

éléments musculaires ou s'il n'y a plus d'élément musculaire, l'élec-

tricité ne peut être d'aucun secours. Mais, l'auteur fait remarquer,

et il publie trois observations à l'appui de son dire, qu'il n'est pas

toujours possible de savoir s'il y a encore ou s'il n'y a plus de con-

traction musculaire. Il ne faut donc désespérer qu'après un trai-

tement électrique très prolongé. J.-B. C.

XV. Transmission DES variations acquises; par le Dr RICHARDSON.

Etudiant les lois de l'hérédité chez les formes les plus simples de

la vie, l'auteur arrive aux conclusions suivantes :

1° Il existe une certaine continuité du germe plasma en ce sens

qu'une partie de la cellule reproductrice passe à la génération

suivante et forme le substratum duquel dérive le futur orga-

nisme.

2° Des variations se rencontrent dans l'agencement moléculaire

du germe, résultant des variations en quantité et en qualité de

l'élément trophique et des changements dans les conditions envi-

ronnantes.

3° La loi de l'hérédité, propriété essentielle et inhérente de la

vie organique, reproduira cette variation jusqu'à ce qu'elle soit

modifiée ou détournée par des conditions d'entourage et de nu-

trition.

4° Lorsque cette variation est avantageuse à l'individu, elle le

rend ainsi plus apte à résister aux influences ennemies de son en-

tourage ou à s'approprier en plus grande quantité ou à utiliser

plus efficacement ses forces nutritives, et par conséquent plus apte à

se reproduire et à atteindre un plus haut degré dans les généra-

tions suivantes.

5° Chaque organisme transmettra à sa descendance les particu-

larités précises de sa propre structure, telles qu'elles existent aumo-

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 57

ment de la cessation des relations nutritives entre l'être généra-

teur et sa cellule reproductrice : toutefois ces particularités orga-

niques ne sont jamais reproduites sans plus ou moins de modifica-

tions, car il existe constamment des changements dans les condi-

tions environnantes et dans les variations en quantité et en qualité

des forces nutritives. (Améric an Journal of insanity, 1891.) E. B.

XVI. LA PRÉTENDUE AIRE MOTRICE DE L'ÉCORCE CÉRÉBRALE ;

par le Dr LANE.

Après avoir repris l'histoire des localisations motrices corticales,

l'auteur s'élève contre la théorie d'une localisation motrice : parce

qu'un mouvement suit l'excitation d'un point donné de la couche

corticale, il ne s'en suit pas que cette aire cérébrale soit, à l'état

sain, le siège d'une impulsion volontaire, pour la contraction de

son muscle correspondant, encore moins cela prouve-t-il que cette

aire est motrice plutôt que sensorielle. ,

La soi-disant région motrice n'est qu'une région purement senso-

rielle, kinestésique.

Le terme kinestésique renferme plus que ce qu'on entend stricte-

ment par « sens musculaire » : il signifie toute sensation de mou-

vement, les sensations tactiles et mixtes, toute sensation pro-

venant des muscles de la peau, des ligaments, des tendons, des

surfaces articulaires, sensations qui sont le résultat d'une action

musculaire et du mouvement qui en est la conséquence. La tota-

lité de l'écorce cérébrale serait une région sensorielle, siège de la

mémoire et de la volonté. En admettant, par exemple, que la cir-

convolution de Broca soit une région kinestésique, sensorielle,

qu'arrivera-t-il comme résultat de son altération ? Le malade

pourra penser, pourra comprendre les mots parlés ou écrits mais

il ne pourra les prononcer : il aura oublié comment parler, l'arti-

culation volontaire sera perdue.

Cette théorie de la nature sensorielle de la soi-disant aire mo-

trice de l'écorce cérébrale trouve un appui dans l'existence des

hallucinations du sens musculaire (membres amputés) et récem-

ment dans un mémoire de Tamburini sur les hallucinations du

mouvement. (dmerican jourrzal of insanity, 1890.) E. B.

XVII. Calorimétrie chez les oiseaux ; par ISAAC OTT, M.-D. (The

Journal of Nervous and Mental diseuses, (New-York), janvier

1893.)

D'après les expériences de l'auteur consistant à piquer le corps

strié et le tuber cinereum, chez des pigeons, ces organes seraient

en rapport avec l'élévation de la température. La piqûre des tuber-

cules quadrijumeaux produit également une légère élévation de

58 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

température avec abaissement de la pression sanguine; les tuber-

cules quadrijumeaux seraient donc en rapport avec les centres ther-

miques. J.-B. C.

XVIII. Atrophie musculaire idiopathique COMPLIQUÉE DE NÉVRITE MUL-

TIPLE, par J.-F. ESKRIDGE M.-D. (The Journal of Nervous and

3lelztul disease, avril'1893.)

Il s'agit d'une malade présentant une hérédité bien nette et

atteinte d'atrophie musculaire compliquée d'anesthésie complète des

membres inférieurs. L'auteur, après avoir discuté les différents

diagnostics, arrive à admettre celui d'atrophie musculaire idiopa-

thique compliqué de névrite multiple. J.-B. C.

XIX. Du mouvement choréique; par Horatio C. \VooD M. D.

(The Journal of Ne ? -vous and Mental disease, avril 1893.)

L'auteur, s'appuyant sur des recherches personnelles précédem-

ment publiées, prétend que la chorée infantile est analogue à la

chorée du chien, et que, comme il est prouvé que cette dernière

est de cause spinale, la chorée infantile aurait la même cause.

Ceci lui semble indiscutable, car il n'est pas admissible pour lui

que le mécanisme de la chorée diffère d'une espèce à l'autre. Se

fondant sur ces prétentions, il explique les mouvements choréiques

en supposant que l'appareil spinal d'inhibition est si affaibli qu'il

a perdu tout contrôle sur l'appareil de la décharge motrice. Cette

théorie expliquerait également l'absence de fatigue malgré les

mouvements continuels. L'auteur cite ensuite des expériences sur

des chiens choréiques, tendant à prouver que la fonction d'inhibi-

tion peut être stimulée; la quinine aurait ce pouvoir à un haut

degré aussi préconise-t-il ce médicament dans cette affection.

XX. Un cas D'EXOPHTIIALMIE compliquant une néphrite; par HAROLD,

N. Moyen, M. D. (The Chicago Médical Recorder january, 1893.)

L'auteur publie une observation où l'on trouve une exophthal-

mie très prononcée chez un individu atteint de néphrite. Rien ne

vient expliquer cette exophthalmie et l'auteur ne trouve à émettre

que l'hypothèse suivante; ce symptôme serait dû à ia grande

résistance dans la circulation périphérique et à l'état tortueux con-

sécutif du système artériel. J.-B. CHARCOT.

XXI. Observation CLINIQUE ET ANATOMO-PATIJOLOGIQUE D'UN cas DE

POLlOM1ÉL ! TE antérieure avec altérations NERVEUSES PéRIPHéRIE-

QUES ; par F.-S.-John BULLEN. (The Journal of Mental Science,

janvier 1892.)

Observation d'un grand intérêt, suivie de l'autopsie détaillée du

SOCIÉTÉS SAVANTES. 59

malade et accompagnée d'une planche en photogravure : malheu-

reusement il manque, dans l'observation clinique, quelques détails

importants. L'autopsie et les lésions constatées sont l'objet de la

part, de M. Bullen, de judicieux commentaires. R. M.-C.

XXII. LÉSIONS NÉCROSCOPIQUES (DONT PLUSIEURS sont D'UNE interpréta-

TION difficile) observées SUR certains points DU système NERVEUX

dans un cas d'hémiplégie spasmodique; par Edwin GOOD.1LL. (The

Journal of l\1ental Science, avril 1891.)

Observation très complète, suivie de commentaires intéressants,

et accompagnée d'une planche. R. l\1.-C.

XXIII. Remarques sommaires SUR QUELQUES PIÈCES .\NATOMIQUES PRÉSEN-

TÉES A LA SÉANCE TRIMESTRIELLE TENUE, A L'HOPITAL DE BETHLEIf, le

15 mai 1890; par R. PERCY S;,flrn. (The Journal of Mental Science,

juillet 1890.)

Voici l'indication de ces pièces :

1° Portion d'estomac avec une grosse masse cancéreuse dépen-

dant de la petite courbure et déterminant l'obstruction partielle

de l'orifice oesophagien. '

2° Vaisseaux de la base du cerveau avec embolie de la cérébrale

postérieure gauche et alhérome de la cérébrale moyenne. -Coeur

du même mavégétations aortiques et mitrales. Prépa-

rations micrographiques de ces divers tissus.

3° Section de l'écorce cérébrale (aire motrice) dans un cas de

mélancolie aiguë, avec agrandissement des espaces péri-vascu-

laires. - Augmentation des noyaux le long des petits vaisseaux. z

Dégénérescence granulo-graisseuse des cellules pyramidales, etc.

R. M.-C.

SOCIÉTÉS SAVANTES

SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE.

. Séance du 29 mai 1893. Présidence de M. CHRISTIAN.

La mélancolie dans les ménages inféconds. - 11. A. Voisin, rapporte

trois observations de mélancolie liée, chez la femme, à l'infécon-

dité du mari et disparaissant après la naissance d'enfants. Chez

60 SOCIÉTÉS SAVANTES.

ces trois femmes, le chagrin de se voir condamnées à la stérilité

avait provoqué l'explosion d'un délire mélancolique très accusé.

L'absence d'enfants tenait, dans les trois cas au manque de

spermatozoaires chez les maris qui, tous les trois, étaient goutteux.

Après quelques saisons d'eaux effectuées par les maris, les femmes

devinrent enceintes et guérirent de leurs troubles intellectuels.

Chaque couple eut plusieurs enfants. Les maris avaient récupéré

des spermatozoaires pendant leurs déplacements balnéaires.

M. Blanche trouve les observations de M. Voisin fort intéressantes.

M. B.

SOCIÉTÉ DES MÉDECINS NEUROLOGISTES ET ALIÉNISTES

DE MOSCOU.

Séance publique annuelle du 25 octobre 1892.

M. A. ROISNILOF. Névroses consécutives aux accidents. A la suite

d'un coup de tonnerre qui éclata non loin de lui, le malade, âgé

de quarante-cinq ans, a vu se développer chez lui une hémianes-

thésie sensitive et sensorielle du côté droit, avec mutisme, hémi-

plégie gauche et paraplégie des membres inférieurs, rigidité des

muscles et abolition des réflexes cutanés et tendineux du côté

gauche. La convalescence a commencé dès le troisième jour; au

bout de deux semaines, le malade était complètement guéri.

Se basant sur ce cas, le rapporteur trace une esquisse générale

de la question des névroses traumatiques. Il est porté à leur attri-

buer une nature hystérique et s'arrête longuement sur le traite-

ment prophylactique, sur la lutte contre la prédisposition ner-

veuse et sur le raffermissement de la volonté par la discipline

physique et morale.

M. N. BAJEXOF. Un anniversaire dans l'histoire de la psychia-

trie (1792-1892). Le rapporteur parle de la grande réforme en

psychiatrie qui se rattache aux noms de Pinel, de Fuke, de Chia-

rugi, de Doquin et de Pussin, et s'altache plus particulièrement à

faire ressortir les services rendus par les deux premiers de ces célè-

bres aliénistes. Les portraits de ces deux savants ornaient la salle

des séances de la Société.

M. L. minot. Sur les modifications de la physionomie dans

les maladies nerveuses et mentales. Le rapporteur accompagne sa

communication de la projection sur écran d'un grand nombre de

photographies préparées par lui-même.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 61

Séance du 20 novembre 1892.

M. le Dr W. RoTH présente une femme atteinte de myxcedème,

dans le but de permettre de comparer l'état actuel de la malade

avec celui qui se produira à la suite du traitement par la glande

thyroïde. Le rapporteur promet de faire connaître dans la suite

l'histoire détaillée de la maladie.

M. le professeur KOJERNIKOF. Sur l'acromégalie, avec présenta-

tion du malade. Le malade, âgé de trente ans, présente un cas

typique de cette maladie : augmentation du volume des poignets

et des pieds, pricipalernent dans le sens de la largeur, de la tête,

et en particulier du visage, avec prognathisme de la mâchoire

inférieure.' Pâleur de la peau. Le sang contient 98 p. 100 d'hémo-

globine (d'après Fleischl), son poids spécifique est de 1058, et le

rapport entre les corpuscules blancs et rouges est de 1 : 700. Cel-

lules blanches neutophyles 56,2 p. 100; lymphocytes 33,9 p. 100;

formes transitoires 9,4 p. 100; formes éosinophyles 0,5 p. 100. On

constate dans l'urine une certaine augmentation d'urée (41, 8 gr.)

et une diminution de l'acide phosphorique lié aux bases terreuses

(0,96). Varices hémorrhoïdales. La glande thyroïde est impalpable.

Absence de matité sur la poignée du sternum. En outre, on cons-

tate toute une série de symptômes cérébraux et spinaux, tels que

céphalée, indolence, apathie, affaiblissement de la vue et hemia-

nopsia bitemporalis. Le malade est un peu voûté et présente une

courbure scoliotique de l'épine dorsale; pendant la marche, il

ressent une douleur au sacrum, aux fesses et à la jambe droite,

douleur qui augmente lorsqu'on exerce une pression sur le sacrum

et le coccyx. Les protubérances et les saillies de ces os sont aug-

mentées. Légère rétention d'urine, affaiblissement de l'énergie

sexuelle et constipation. L'augmentation de volume des extrémités

et du visage s'est développée pendant ces dernières années; l'af-

faiblissement de la vue et les modifications de l'activité physique

ont commencé au mois d'août 1890.

Suivant le rapporteur, les symptômes spinaux s'expliquent par

l'excitation ou la cOl11preSSio'l des nerfs, par suite de l'excroissance

de la substance osseuse autour des orifices. Il fait dépendre l'hé-

mianopsie de l'accroissement supposé de la glande pituitaire. Il ne

place pas l'acromégalie dans une dépendance étiologique des modi-

fications de cette glande, mais il considère ces deux phénomènes

comme le résultat d'une seule et même cause.

Après l'application de sangsues à la cloison nasale et au sacrum,

l'emploi de vésicatoires et l'usage interne d'iodure de potassium,

les douleurs du sacrum et des jambes ont presque disparu, la dé-

marche est devenue plus ferme et la scoliose a diminué. L'état

psychique s'est amélioré, la céphalée est devenue plus faible et la

cécité moins complète dans la région de l'hémianopsie.

62 SOCIÉTÉS SAVANTES.

M. G. DOURDOUFI. Pathogénie de la maladie de Graves. - Le rap-

porteur distingue : 1° les formes chirurgicales de cette maladie et

celles qui dépendent de lésions de régions déterminées du système

nerveux; 2" la forme réflexe; 3° la forme essentielle.

Cette dernière forme doit être considérée comme une auto-

intoxication causée par une substance dont l'élaboration par

la glande thyroïde est exagérée, substance ressemblant, par son

action, à la cocaïne qui produit les principaux symptômes de la

maladie de Graves. ·

Discussion. Cette communication donne lieu à des débats ani-

més, auxquels prennent part MM. les docteurs Mouratof, Roth,

Chatalof, Kojevnikof, Rossolimo et Korsakof qui, se basant sur

l'expérience clinique, réfutent l'hypothèse du rapporteur et trou-

vent que l'analogie avec l'empoisonnement par la cocaïne est loin

d'être complète (Rossolimo) et qu'il n'existe pas de données elfec-

tives en faveur de cette hypothèse (Kojevnikof).

Séance du 4 décembre 1892.

M. M. LUNTZ. Un cas de la maladie de Friedreich (avec présen-

tation du malade). Le malade est un garcon de treize ans. Son

père est bien portant et ne présente pas de traces de syphilis; sa

mère est nerveuse, son grand-père maternel, alcoolique et un de

ses cousins, du côté maternel, est faible d'esprit. Son frère cadet

a été atteint de la maladie de Friedreich dès l'âge de quatre ans;

il est mort à neuf ans de la scarlatine. Les troubles de la marche

ont commencé chez le malade dès l'âge de deux ans, à la suite de

la rougeole. A sept ans, on a remarqué des troubles dans la parole

et dans les mouvements des extrémités supérieures. Il souffre main-

tenant de céphalée et d'étourdissements. Le nystagmus fait défaut

et les mouvements des yeux sont normaux. Parole scandée, insta-

bilité choréique du tronc, légère cyphoscoliose de l'épine dorsale,

ataxie bien prononcée des extrémités supérieures et inférieures.

Signe de Romberg. Démarche tabético-cérébellaire, troubles du

sens musculaire dans les extrémités supérieures et inférieures,

absence complète des réflexes patellaires.

M. S. KIRILTSEFF. Contribution ci l'étude des noyaux d'origine et

du trajet central du nerf acoustique. - Le rapporteur a étudié six

cerveaux de cobayes chez lesquels (depuis quinze jours jusqu'à six

mois), on avait préalablement, soit détruit les limaçons, soit sec-

tionné le ruban deReil dans sa partie inférieure, soit lésé en par-

tie le tubercule acoustique, soit enfin lésé simultanément avec le

noyau antérieur de l'acoustique. Coloration au carmin par le pro-

cédé de Weigert-Pal et de Marchi. Se basant sur l'étude des dégé-

nérescences et des atrophies obtenues de cette manière, le rappor-

teur est arrivé aux conclusions suivantes : 40 le noyau interne et

SOCIÉTÉS SAVANTES. 63

celui de Deiters ne sont pas le point de terminaison des fibres de

la racine postérieure du nerf acoustique; 2° les fibres de cette

racine se terminent dans le noyau antérieur, le tubercule acous-

tique, les deux olives supérieures et le quadrijumeau postérieur du

côté opposé. Quelques-unes se terminent peut-être dans le quadri-

jumeau postérieur situé du même côté qu'elles. Ainsi donc, toutes

les masses grises mentionnées sont des centres primitifs de la ra-

cine postérieure du nerf acoustique, c'est-à-dire du nerf du limaçon;

3° les fibres de la racine postérieure. qui se terminent dans les

olives supérieures, passent par le corps trapézoïdal, tandis que les

fibres qui se terminent dans le quadrijumeau postérieur passent

en outre par le corps trapézoïdal, dans la partie inférieure du

ruban de Reil ; 4° strix medullares s. acusticoe, se composent de

deux sections : une plus grande, située plus en avant, et une plus

petite, située plus en arrière (direction caudale). La grande sec-

tion part du tubercule acoustique, contourne, à l'extérieur, et par-

dessus, le corps restiforme et s'abaisse dans la direction ventrale,

en passant obliquement par le raphé. Ici, elle s'entrecroise dans la

direction dorsale à partir du corps trapézoïdal, avec le faisceau

identique du côté opposé et se termine en partie dans l'olive supé-

rieure opposée, tandis qu'une fraction plus considérable se pro-

longe dans la direction cérébrale et fait partie du ruban de Reil,

puis se dirige vers le quadrijumeau postérieur dans lequel elle

se termine. Une partie insignifiante des fibres de cette section de

la strie médullaire se porte vraisemblablement vers l'olive supé-

rieure, située du même côté et, plus loin, vers le quadrijumeau su-

périeur également du même côté. La petite section part du noyau

antérieur et, après avoir, comme la grande section, contourné au

début le corps restiforme, s'abaisse entre ses sections externe et

interne, directement dans la direction ventral, s'étend sur la partie

moyenne de la racine naissante du nerf trijumeau et, se détour-

nant plus loin vers la ligne médiane, se dirige dorsalement, à par-

tir du corps trapézoïdal, vers l'olive supérieure de l'un et l'autre

côté, en formant un entre-croisement dans le raphé. Les fibres

isolées les plus postérieures (direction caudale) de cette section

passent dans le noyau du nerf facial situé de leur côté. La marche

anatomique et les points de jonction des stries acoustiques, nous

permettent de conclure qu'elles constituent les voies d'association

centrales du nerf acoustique, voies qui ont un rapport intime avec

les centres primitifs de la racine postérieure; 5° le ruban de Reil

contient les fibres de l'olive supérieure du même côté, fibres qui

l'unissent avec le quadrijumeau postérieur. Il n'y a vraisemblable-

ment pas lieu de nier l'existence de fibres semblables pour l'olive

supérieure du côté opposé; 6° dans le corps trapézoïdal passent

les fibres du ruban de Reil qui se dirigent vers le noyau antérieur

opposé et unissent ce dernior au quadrijumeau postérieur; 7° la

64 BIBLIOGRAPHIE.

racine antérieure du nerf acoustique, autant que les recherches

du nerf rapporteur, d'ailleurs incomplètes sous ce rapport, per-

mettent de le supposer, se dirige partiellement vers le noyau de

W. M. Bekhtéref (noyau principal n. vestibularis) et s'abaisse en

partie vers la racine naissante du nerf acoustique (Roller).

A la discussion ont pris part MM. L. Darkchévitch, W. Roth et

G. Pribuitkof. -

BIBLIOGRAPHIE.

I. Aliénation mentale syphilitique. - Leçoils cliniques, par Mairet.

(Montpellier, 1893.)

L'auteur distingue, sans les définir, la folie syphilitique de l'alié-

nation mentale syphilitique et semble accorder à ce dernier terme

une compréhension plus vaste qu'au terme folie.

L'aliénation mentale syphilitique a pour critérium clinique les

troubles moteurs et sensitifs de la syphilis cérébrale, et comme

critérium anatomo-pathologique les lésions de la syphilis; c'est en

vertu de ces critériums que l'auteur n'admet pas la folie simple

de nature syphilitique, m la paralysie générale syphilitique; mais

il admet que la syphilis cérébrale peut au début revêtir le masque

symptomatique de la folie simple, mais bientôt au délire s'ajou-

tent des troubles révelant la nature organique de la folie; de

même aussi la syphilis cérébrale peut revêtir le masque de la para-

lysie générale et pour cet aspect propose le nom de paralysie géné-

ralisée. Pour M. Mairet, toutes les lésions syphilitiques du cerveau

pourraient donner naissance à l'aliénation mentale ; lésions cir-

conscrites, localisées à foyer unique ou à foyers multiples de

toutes les parties constitutives des hémisphères; il ne faut pas

confondre les lésions syphilitiques avec les lésions qu'il appelle

banales, coïncidant avec la syphilis ou produites à son occasion; ce

sont ces lésions qui ne guérissent jamais qui causent l'incurabilité

de beaucoup de paralysies généralisées.

La description est assez vague; début souvent brusque, parfois

progressif; le délire peut exister seul ou associé à de la démence

ou à des troubles paralytiques, d'où quatre formes : folie simple,

folie démentielle, folie démentielle avec paralysie localisée, folie

démentielle avec paralysie généralisée.

Le délire n'a pas une forme unique ni de caractères spéciaux; il

n'est jamais partiel, toujours général.

Le diagnostic repose par conséquent tout entier sur la constata-

tion des phénomènes propres à la syphilis, antécédents, troubles

NÉCROLOGIE. 65

moteurs partiels (muscles de l'oeil); paralysie faciale, hémiplégie ' ·

plus fréquente.

Ces leçons constituent un exposé bien fait, attrayant mais dont

l'esprit ne sort pas satisfait. Charpentier.

NÉCROLOGIE

L.-J.-F. DELASIAUVE.

Notre vénéré maître, M. Delasiauve, est mort, le 5 juin, dans

sa quatre-vingt-neuvième année. ·

DELASIAUVE (Louis-Jean-François) est né le 14 octobre 1804, à

Garennes (Eure). Il passa son enfance soit dans ce pays, soit à

Ivry-la-Bataille et tout jeune aida son père dans son commerce,

ainsi qu'il se plaisait sisouvent à le rappeler, car loin de rougir de

sa modeste origine, en sa qualité de démocrate convaincu, il s'en

faisait, au contraire, honneur et avec raison 1. 11 commença tar-

divement, à Evreux, ses études classiques qu'il mena vite. Puis il

vint à Paris étudier la médecine et passa sa thèse en 1830.

Il alla s'établir à Ivry-la-Bataille et acquit bientôt une juste

renommée, grâce à son dévouement et à ses connaissances scien-

tifiques qu'il trouva toujours le moyen de perfectionner malgré les

soucis et les fatigues d'une nombreuse clientèle.

Mais l'exercice de la médecine en province, à la campagne sur-

tout, constituait un champ trop étroit où il lui fût possible d'exer-

cer son activité et d'utiliser avantageusement ses éminenles facultés

intellectuelles. Aussi, dès que les circonstances le lui permirent,

s'empressa-t-il de revenir à Paris (vers 1839). Il s'y acquit de suite

un rang honorable en prenant une part active à la rédaction de

la Bévue médicale et de l'Expérience. Il en profita pour publier les

observations les plus intéressantes qu'il avait pu recueillir durant

la première période de sa vie de praticien 2.

1 Dans une profession de foi qu'il adressait aux électeurs du départe-

ment de l'Eure en 1849, il disait : « Sorti du peuple, élevé dans ses

rangs, initié à ses besoins, à ses efforts, à ses douleurs, j'ai demandé

pour lui, à l'heure où se taisaient tant de voix puissantes, la justice, la

lumière, la -réhabilitation, l'intelligence; par des études sévères, je me

suis mis en état de défendre ses droits et ses intérêts, j'ai voulu m'élever

à la hauteur de ce glorieux apostolat... »

' Nous citerons les mémoires suivants : Descente tardive du testicule,

prise pour une hernie étranglée et opérée^ 1840; Empoisonnement

par les substances alimentaires altérées spontanément, 1840; Consul-

fiC ? E3, : . ? Ÿ . J

66 NÉCROLOGIE.

' A la même époque il fit à l'Ecole pratique un cours libre sur la

thérapeutique et la matière médicale. En 1843, il fut nommé au

concours (à l'unanimité) médecin résident adjoint de l'hospice de

Bicêlre et fut attaché au service de Leuret. A la mort de celui-ci,

son service fut divisé en deux sections : celle des épileptiques et

des enfants arriérés échut à notre maître. Il en fut heureux, lui

qui de longue date portait un si vif intérêt aux questions d'ensei-

gnement. De là est sorti son beau Traité de l'épilepsie (1854) et son

remarquable mémoire : Des principes qui doivent présider à l'édu-

cation des idiots. Il quitta Bicêtre en 1864 pour prendre à la Salpê-

trière la direction médicale de la 4° section consacrée aux épilep-

ques et aux idiotes adultes.

Un peu avant la guerre, l'Administration décida la démolition

des bâtiments affectés à la 4° section, et pendant près de deux ans

M. Delasiauve se trouva sans service. M. Baillarger s'étant retiré,

sa section revint à notre maître qui retrouva là, à côté des épilep-

tiques adultes, Je service des petites filles idiotes, c'est-à-dire un

service tout à fait semblable à celui qu'il avait eu à Bicêtre.

Presque chaque année, il profitait de la distribution des prix faite

aux enfants pour revenir sur quelques points de leur éducation

spéciale.

C'est au concours et avec des épreuves analogues à celles des

médecins du Bureau central que M. Delasiauve fut nommé méde-

cin de Bicêtre. Un premier concours avait été institué par le Con-

seil général des hôpitaux et hospices, en 1810, afin de pourvoir aux

quatre places de médecins résidents adjoints de Bicêtre et de la

Salpêtrière. M. Delasiauve venait de s'installer à Paris. Il avait eu

l'occasion de connaître MM. F. Voisin et Falret père, et de causer

avec eux des questions concernant le service des aliénés. Il se décida

à prendre part à la lutte qui allait s'ouvrir. Les places furent don-

nées aux élèves d'Esquirol. Deux ans ét demi après, l'un d'eux,

Archambault, ayant été nommé médecin en chef à l'asile de

Maréville, la place vacante fut mise au concours (octobre et no-

tation médico-légale sur une aliénation m-nlale occasionnée par les

émanations mercurielles,18l0; Mémoire sur divers cas de furoncles,

d'anthrax, pustules malignes, 1841 ; Mémoire sur divers cas de réten-

tion d'urine, 1841; - Mémoire sur divers cas de fractures, 181;

Expérience sur les conjonctives. avec la solution concentrée de nitrate

d'argent, 98f4; - Mémoire sur l'exlase, 1812; - Considérations sur

les tempéraments, sur les causes des maladies chroniques, à propos de

travaux du D' Foucault sur le même sujet, 1842; Considérations théorie-

ques sur la folie, 1813 ; - Aldin. sur l'angine laryngée cedémaleuse; - ? Ean : eK t ! e : i)e ! 'ses c ? ' ! <t<yuei ! de < pAre'ttotoM; jEsa ! de cat'/ïcN;-

Examen de diverses critiques de la phrénologie; - Essai de classifica-

tion des maladies mentales; - Déontologie médicale, 1846; - Noie sur

les fièvres intermittentes pernicieuses; 1852; - Notices biographiques

sur Foucault, Dupuytren, etc.

NÉCROLOGIE. 67

vembre 1843). Sd nomination lui fut notifiée le 22 décembre et il

prit possession de son service le 1 1 janvier 1844. Partisan convaincu

du concours, il protesta lorsque Marcé fut nommé directement au

poste de médecin créé à la ferme Sainte-Anne, dépendant de

Bicêtre. Le ministère de l'intérieur cherchait à mettre la main sur

le service des aliénés de la Seine et à l'enlever à l'Assistance pu-

blique. Plusieurs des collègues de M. Delasiauve en profitèrent

quelque temps après, pour demander, en ce qui les concernait,

l'abrogation de la limite d'âge que leur imposait leur qualité de

médecins des hôpitaux. Il refusa d'abord de les suivre, puis céda,

vaincu par leurs sollicitations. Il fut ainsi amené à conserver ses

fonctions jusqu'en 1878, époque où, sans y être sollicité, il donna

sa démission. « C'est une illusion de croire, nous écrivait-il alors,

que je puisse m'éterniser dans un titulariat fictif. Moreau et moi

nous devons disparaitre. Le retraite de l'un entraîne forcément la

retraite de l'autre. »

Dr DELASIAUVE.

68 NÉCROLOGIE.

Comme médecin de Bicêtre et de la Salpêtrière, jusqu'à sa

retraite, il s'est acquitté de ses fonctions avec la plus rigoureuse

exactitude, qualité devenue rare de nos jours. Tout le personnel

de ces Maisons, surtout de Bicêtre où il était résident, auquel il

prodiguait sans compter et bénévolement ses soins avec une bien-

veillance constante et un dévouement inépuisable, lui a gardé une

profonde reconnaissance. Il s'intéressait vivement à ses élèves, leur

inspirait le sentiment des devoirs que leur imposait leur profession

les incitait au travail et.se faisait un plaisir de les aider dans l'éla-

boration de leurs thèses.

M. Delasiauve a été l'un des fondateurs de la Société médico-

psychologique, dont il fut le président, et prit à ses travaux une

part des plus actives, ainsi qu'en témoigne la belle collection des

Annales médico-psychologiques. Il fut aussi l'un des dix-neuf fonda-

teurs de la Société d'anthropologie (1859), participa souvent à ses

discussions et en fut le président. On trouve encore des marques

de son activité dans les Bulletins de la Société médicale des Hôpitaux 1

et de la Société de médecine de Paris.

En M. Delasiauve, le publiciste ne fut pas moins fécond que le

membre des Sociétés scientifiques. Outre les journaux dont nous

avons parlé, il a collaboré activement à la Gazette hebdomadaire, de

1854 à 1851, année où il fonda le Journal de médecine mentale,

dont tous les articles sartaient de sa plume ou étaient soigneuse-

ment revus par lui. Ces articles, réunis, formeraient des traités

complets de psychologie, de pathologie, de médecine légale et de

thérapeutique des maladies mentales. Après la guerre de 1870-1871,

il ne reprit plus la publication de son journal et c'est au Progrès

médical ou aux Archives de Neurologie qu'il a donné ses derniers

travaux.

Ce n'est pas tout. Pour être complet, nous devons rappeler que

M. Delasiauve s'est sans cesse préoccupé des questions politiques et

sociales ; qu'il joua un rôle actif dans les élections législatives

(1848-1889) et municipales (1871-1890); qu'il dut à sa situation

1 Voici la liste de ses principales communications à cette Société :

Tumeurs multiples disposées symétriquement sur les deux côtés du

corps (27 février 1861); - Confusion mentale, illusions et hallucinations

incohérentes dues il l'abus invétéré de l'opium, du haschich, et des

alcooliques (29 juin 1862); Gangrène du cerveau (p. 104, t. I, 1850);

Observation de calcul volumineux du sein gauche ayant déterminé

la fonte purulente de cet organe et la communication du foyer avec la

cavité abdominale et l'intestin grêle (p. 168, t. I, 1850); - Degré parti-

culier du delirium tremens (p. 310, t. I, 1850); Compression de la

moelle épinière par une tumeur osseuse (p. 354, t. I, 1850); Fungus

de la dure mère (p. 3t4, t. II, 1850); Délire de persécution (23 juillet

1880); Note sur les phénomènes nerveux du goitre exophthalmique

(p. 292, 1874), etc.

NÉCROLOGIE. 69

scientifique et à ses relations d'échapper à la proscription de l'Em-

pire, dont il fut un des adversaires irréconciliables et dont, plus

tard, il sut refuser dignement les faveurs. Comme on le verra plus

loin, nombreuses sont ses publications sur les questions politiques

à l'ordre du jour, sur l'enseignement de la médecine, sur l'Assis-

tance publique. On peut le considérer juste titre comme l'un des

écrivains qui ont le mieux mis en relief l'importance, au point de

vue social, de la médecine et du médecin.

Par ses travaux en psychiatrie, M. Delasiauve s'était créé une

place des plus enviables parmi cette brillante pléiade d'aliénistes

qui a succédé à Pinel, Esquirol, Ferrus, Bayle, Falret père, F. Voi-

sin, et qui se composait entre autres de Baillarger, Calmeil,

Leuret, Lélut, Moreau (de Tours), Morel, Parchappe, Renaudin et

Trélat.

Par l'élégance de son style, l'harmonie de sa phrase, le choix

des expressions, il méritait cette appréciation que nous avons

entendu formuler par Axenfeld : c De tous les médecins con-

temporains, disait-il, celui qui écrit le mieux, c'est Delasiauve. »

Par son dévouement aux malheureux, par ses efforts incessants

pour amener dans l'organisation de l'Assistance publique, non seu-

lement à Paris mais dans tout le pays, des réformes radicales des-

tinées à remédier aux abus, à apporter des secours prompt et effi-

caces à ceux que la maladie ou la misère obligent à faire appel à

la solidarité sociale ' ; par son ardeur, qui ne s'est jamais démentie,

à réclamer la dil1usion de l'enseignement primaire, à mettre l'en-

seignement de la médecine plus en harmonie avec les besoins des

étudiants et avec les progrès de la science; par sa participation à

toutes les luttes politiques en faveur de la liberté, notre vénéré

maître mérite l'hommage et la reconnaissance de tous ceux qui

ont au coeur l'honneur de la Patrie et de la République.

BOURNEVILLE.

Voici la liste des autres travaux de M. Delasiauve :

Discours prononcé le 10 juin 1838, ir, l'occasion de la distribution

des prix de l'école primaire de Garennes (Eure) ; Lettre à AIJI. les

pairs, à l'occasion de la condamnation de Mme Lafa1'ge, en collabora-

tion avec G. Gallet, 1841; -De l'extase (Recueil de l'Eure, 1842);

De l'organisation médicale en France sous le triple rapport de la

1 Dès 1843, dans son beau livre sur l'Organisation médicale en France,

il réclamait en termes éloquents la création d'hôpitaux dans les petites

villes et dans les campagnes : « Les établissements dont nous souhai-

terions qu'on dotât les campagnes, écrivait-il, devraient réunir le triple

caractère d'hôpitaux, d'hospices et de dispensaires. Il y a de cela

bientôt un demi-siècle et cette organisation, qu'il précise si nettement,

n'est pas commencée !

70 NÉCROLOGIE.

pratique, des établissements de bienfaisance et de l'enseignement, 1843;

Agrégation : Lettre à M. le Directeur de la Revue Médicale, 1844 ; ,

Rapport à la Société de médecine de Paris sur les questions pro-

posées dans les progrès du Congrès médical de 18'1.5, inlr5; - Du

projet de loi sur l'exercice de l'enseignement de la médecine, 187 ;

La République, ce qu'elle est, ce qu'elle doit être, 18 ! r9 ; - Nature et

degré de l'enseignement primaire, 18 19 - Un an de révolution ou

la situation politique et sociale, 1849 ; - De l'enseignemedt clinique

dans les hôpitaux, 1858; De l'hallucination au point de vue

pathologique (Rev. des spécialités, 1856) ; De la création d'asiles

communaux pour le traitement des aliénés. D'un mode simple

rationnel et efficace d'assistance pour lss malheureux, 1865 ; -Ecole

de la Salpétrière pour les enfants malades, infirmes et arriérées de la

5° division. Distribution solennelle des prix, 1872 ; Confusion poli-

tique, dangers, causes, remède, 1873 ; La solution du problème

gouvernemental, 1874 ; Du double caractère des phénomènes psy-

chiques, 1877 ; De la clinique à domicile et de l'enseignement qui

s'y rattache dans ses rapports avec l'assistance publique, 1877 ;

Classification des maladies mentales ayant pour double base la psycho-

logie et la clinique, 1877 ; Distribution des prix à l'école des

enfants idiots épileptiques de la Salpêtrière, discours, 1878, 1879 ;

Le scrutin de liste devant la Chambre des députés, 1881 ; Discussion

à propos d'une prétendue monomanie religieuse, 183 ? ; - Du double

caractère des phénomènes psychiques, 1877 ; De l'enseignement

médical, lettre à M. J. Duval, 1868; D'une forme mal décrite de

délire consécutif à l'épilepsie, 1832 ; Diagnostic différentiel du déli-

rium tremens (Reu. méd., 1851 ; Du diagnostic différentiel de la

lypémanie (Annales médico-psychologiques, 1851) ; Classification

et diagnostic différentiel de la paralysie générale; Paris, 1852 ;

(Annales médico-psychologiques) ; Examen des critiques adressées

à la phrénologie, 1843; - Lettres sur le suicide (L'observation) ; -

De la mélancolie avec stupeur : stupidité. Réponse à M. Baillarger,

(Revue médicale, 1853); - Conséquences de l'épilepsie (Annales méd.

psych., 1854, p. 86.

Nous avons enfin relevé dans la Gazette hebdomadaire la liste des

principaux articles de M. Delasiauve :

D'une forme grave de delirium tremens, 485; - Lettres sur le

suicide ; Des pseudo-monomanies ou folies partielles diffuses, 1859;

Rapport du Comité administratif de l'oeuvre de patronage de la

Salpétrière et de Bicêtre, 1854; Rapport à l'assistance publique

au nom du Comité des médecins des hôpitaux, 1846; De la

monomanie au point de vue psychologique et légal, 1853; Rap-

port sur l'épilepsie (id. 1858, p. 774); Vice du langage psy-

chologique (id. 1858, p. 161); La Société médico-psychologique ;

ses phases et ses travaux (1858, p. 161, 585) j - Effet de l'opium

NÉCROLOGIE. 71

(1859, p. 238); - Sur la monomanie (1859, p. °8); - Des tumeurs

sanguines de l'oreille (1859, p. 306, 322, 450); Traitement de

l'Idiotie (1859, p. 161, 199, 225, 241); Noyau d'abricot introduit

dans le larynx (1859, p. 648); - Des principales sources d'indi-

cations thérapeutiques dans l'épilepsie, 1854, p. 204 ; Manie des

prêches et lectures aans le Lappmarck, 1854, p. 1069; Effets

de la strychnine, 1855, p. 423; Traitement de l'idiotie, 1855,

p. 524; - Sur les pressentiments, 1856, p. 489; Tuyau de pipe

introduit dans le larynx pendant un accès d'épilepsie, 1856, p. 239 ;

- Délire consécutif à l'épilepsie, 1854, p. 56; - Folie au Bengale,

1857, p. 585; Sur les sectateurs de Piseld, 1857, p. 225; Acci-

dents produits par la térébenthine, 1858, p. 659; - De la monomanie,

1858, p. 585; Empoisonnement par l'opium, 1858, p. 500; -

Délire aigu; iodisme ( ? ); Démence paralytique; influence des

vapeurs de sulfure de carbone, 1860, p. 445; Sur les hallucina-

tions (Ibid., p. 666), etc.

Les obsèques de notre vénéré maître ont eu lieu le 7 juin

à midi. Nous avons remarqué dans l'assistance 11TI. les Drs Fal-

ret, Magnan, Reliquet, Laborde, Christian, Laboulbène, J. Voisin,

Ch. Féré, A. Voisin, Charpentier, Semelaigne père, Mottent, Ritti,

René Semelaigne, Bihorel, Perrin, Durozier, Deffaux- MM. Ad.

Carnot, président de la Société d'enseignement élémentaire, Remoi-

ville, ancien député, Salmon, président de la Société d'Azzthropo-

logie, Pujol, le Dr Ch. Letourneau, le Dr llanouvrier,le Dr Loiseau,

le Dr Dureau, M11ONicolle, AI. Sauton, le Dr Moissenet, le D Pinel,

le Dr Bouchereau,le Dr Dubuc, de Beurmann, Deschamps, E. Duval,

le Dr Collineau, J. Vinot, H. Durand, Lépargneux, Maupas, etc.

Une délégation de surveillantes de la Salpêtrière entourait le cor-

billard.

Après la cérémonie religieuse le corps a été transporté dans la

cour du presbytère où des discours ont été prononcés; par M. le

D1' Jules Falret, au nom des médecinsaliénistes de la Seine; par M le

Dr Christian, au nom de la Société médico-psychologique; par

M. le Dr Semelaigne, au nom des anciens élèves du maître ; par

M. le Dr Laborde, au nom de la Société d'anthropologie; par

M. le Dr Isambard, député de l'Eure, au nom de l'Association ami-

cale des républicains de l'Eure, habitant Paris. Après les discours,

le corps a été transporté à la gare Saint-Lazare, l'inhumation

devant avoir lieu à Garennes (Eure), pays de naissance de M. D31a-

siauve.

Voici le discours prononcé par M. le Dr FALRET, médecin de

la Salpètrière :

Au nom des médecins des asiles d'aliénés de la Seine, je viens

aujourd'hui rendre un dernier hommage et exprimer les vifs

7'2. NÉCROLOGIE.

regrets que nous ressentons à l'occasion de la mort d'un collègue

aimé et respecté, notre doyen à tous, qui vient de succomber à la

fin d'une longue carrière, honorablement remplie, ne laissant

parmi nous que des amis.

C'est une grande perte pour la médecine mentale, qui vient

s'ajouter à toutes cellesque nous avons déjà éprouvées. Après

Baillarger et Benjamin Bail, dont nous déplorons tous la perte

récente, voici notre excellent collègue et maître, le Dr Delasiauve,

qui disparait à son tour, l'un des vétérans de notre science spé-

ciale, l'un des derniers survivants de cette nombreuse phalange

de médecins spécialistes, élèves de nos grands maîtres, Pinel et

Esquirol, qui ont tous succombé successivement; Ferrus, Par-

chappe, mon père, Félix Voisin, Mitivié, Trélat, Moreau de Tours,

Baillarger, Morel, etc., etc., noms célèbres qui ont illustré la

médecine mentale française au xixe siècle, et dont les travaux im-

portants laisseront une trace profonde et durable dans l'histoire

de notre science spéciale.

Le Dr Delasiauve est né en 1804, à Ivry-la-Bataille, dans le dépar-

tement de l'Eure. Après de sérieuses études médicales, il ne s'était

pas d'abord destiné à notre spécialité. Reçu docteur en 1830, il exerça

la médecine pratique dans son pays, pendant un certain nombre

d'années, et ce n'est que vers 1843, qu'il se décida à abandonner

son pays, où il avait pourtant réussi à se créer une clientèle, pour

venir se fixer à Paris et y parcourir la carrière des concours.

A cette époque, après un premier concours pour quatre places

de médecins-adjoints des asiles de Bicêtre et de la Salpétrière, à la

suite duquel furent nommés MM. Baillarger, Trélat, Moreau de

Tours et Archambault, un second concours fut ouvert, et après de

brillantes épreuves, M. le Dr Delasiauve fut nommé médecin adjoint

à l'hospice de Bicêtre.

A partir de ce moment, son avenir fut définitivement fixé. Il

partagea dès lors sa vie entre son service de Bicêtre, où il se livra

à des études sérieuses sur les diverses branches de la pathologie

mentale et ses travaux sur l'organisation médicale, l'éducation

populaire et la politique, à laquelle il fut toujours mêlé de la ' ·

façon la plus active.

Il publia alors son livre sur l'Organisation de la médecine en

France, travail auquel il attachait une grande importance, et qu'il

défendit avec chaleur au Congrès médical de 1845. Avec Baillarger,

Cerise et Moreau de Tours, il participa à la même époque, à la

fondation des Annales médico-psychologiques, et avec mon père à la

création de la Société de patronage pour les aliénés convalescents,

dont il est resté l'un des membres les plus actifs jusqu'à sa mort.

En 1848, il se lança, avec une ardeur toute juvénile, dans la poli-

- tique contemporaine et collabora à plusieurs journaux républicains,

sans négliger cependant ses travaux sur la médecine mentale,

NÉCROLOGIE. 73

l'épilepsie et l'éducation des idiots, dont il avait la direction

médicale et pédagogique à l'hospice de Bicêtre et qu'il continua plus

tard à la Salpétrière. En 1852, il fut l'un des fondateurs de la

Société médico-psychologique, dont il devint plus tard président,

et pendant toute sa vie, il prit part à toutes les discussions impor-

tantes qui eurent lieu dans cette Société, sur la paralysie générale,

la mnnonznnie au point de vue légal, Irresponsabilité partielle, les divers

modes d'assistance pour les aliénés, etc., etc., avec cette exubérance

de parole, cet amour de la discussion et cette vigueur pour la dé-

fense de ses idées, qui le caractérisaient au plus haut degré.

Mais, après son traité classique sur l'épilepsie et son traitement,

son oeuvre principale est son Journal de médecine mentale, qu'il

dirigea seul et à ses frais, pendant dix années consécutives et où

il a exposé, avec les plus grands développements, ses idées person-

nelles sur la pathologie mentale et la médecine légale des aliénés,

tout en discutant avec énergie, mais toujours avec modération

dans la forme, les opinions de ses adversaires.

C'est dans ce recueil important et dans les Annales médico-

psychologiques, qu'il a déposé les résultats du travail incessant de

toute sa vie, et en particulier ses idées personnelles sur la mono-

manie et la pseudo-monomanie, auxquelles il attachait une grande

valeur, quoiqu'elles n'aient pas pu obtenir l'assentiment général,

et qu'elles se ressentent trop des tendances purement psycholo-

giques qui dominaient alors la médecine mentale.

Son ardeur pour la science à laquelle il avait consacré son exis-

tence, ainsi que pour l'organisation médicale, l'éducation popu-

laire et l'éducation spéciale des idiots, qui le préoccupaient inces-

samment, ont été les passions dominantes de sa vie.

Travailleur infatigable, lutteur passionné, orateur disert et abon-

dant, toujours prêt à la discussion et à la réplique, écrivain dis-

tingué et fécond, penseur original, mais trop souvent dominé par

des idées chimériques et irréalisables, il a offert, pendant toute sa

vie, cet étonnant contraste d'un esprit porté à la lutte, à l'oppo-

sition et à la controverse, toujours enclin à contester les idées

généralement acceptées, et en même temps, d'un coeur aimant et

bienveillant, disposé à l'indulgence et à l'optimisme, inspirant

la sympathie et l'affection à tous ceux qui se trouvaient en rapport

avec lui et animé d'un profond amour de l'humanité.

Après une vie si longue et si laborieuse, il s'est éteint lentement

et successivement, conservant cependant jusqu'à la fin sa lucidité

d'esprit, et nous laissant, comme héritage, le salutaire exemple

d'un labeur continu et productif, dans le domaine de la science

spéciale qu'il a cultivée, en même temps que celui d'une existence

de dévouement et d'honnêteté sans tache, animée par le plus pur

amour de l'humanité et par les aspirations les plus élevées pour

les progrès incessants de l'espèce humaine.

74 4 NÉCROLOGIE.

Puis, M. le D'' CHRISTIAN a parlé ainsi au nom de la Société

médico-psychologique :

MESSIEURS,

C'est une helle et noble figure qui vient de disparaître. A l'âge

auquel était arrivé M. Delasiauve, âge que bien peu d'entre nous

peuvent espérer d'atteindre, la fin devait sonner. Notre maître a

quitté la vie, comme le travailleur, qui, à la tombée de la nuit,

abandonne son ouvrage, et va prendre son repos. Et cependant, il

y a quelques jours à peine, nous le voyions plein de vie à nos

séances, et nous ne pouvions penser que la séparation fût si proche.

Si longue qu'ait été l'existence de M. Delasiauve, elle a été d'une

admirable unité. Arrivé au terme de sa course, il pouvait avec

orgueil regarder en arrière, et se rendre ce témoignage que jamais

il n'avait transigé avec les principes dont il s'était fait, dès sa jeu-

nesse, le défenseur ardent et convaincu. Libéral il était en 1830, à

son entrée dans la carrière : libéral il est resté jusqu'à son dernier

souffle. S'il a eu la joie de voir triompher les idées qui lui étaient

chères, il pouvait se dire qu'à ces idées il était toujours resté

fidèle, qu'il n'avait jamais désespéré d'elles, même aux heures som-

bres où elles semblaient àjamais compromises.

Né en 1804, dans le département de l'Eure, M. Delasiauve fut

reçu docteur en 1830. Il aimait à raconter que la soutenance de sa

thèse devait avoir lieu le jour même où la révolution éclatait dans

Paris. Il prit aisément son parti d'un retard de quelques jours, et

bientôt il allait s'établir dans son pays natal. Pendant huit ans, il

y mena la vie si rude et si méritante de médecin de campagne.

Mais les soins à donner à ses malades n'étaient pas pour lui une

tâche suffisante. Les questions qui aujourd'hui tiennent le premier

rang dans nos préoccupations, les questions d'assistance, d'instruc-

tion publique. l'avaient passionné à une époque où elles éveillaient

à peine l'attention de quelques hommes d'élite. Il avait cherché

des solutions, imaginé des réformes; jamais il ne laissa passer une

occasion de les discuter au grand jour de la publicité. Nous verrons

peut-être s'élever les hôpitaux cantonaux qu'il avait rêvés : ce

ne sera que justice alors d'y rattacher le nom de M. Delasiauve.

En 1838, VI. Delasiauve se décida à quitter la province; il vint se

fixer à Paris. Bientôt il était nommé, au concours, médecin de

Bicêtre. Dès lors, sa carrière se trouva définitivement tracée, et

toute son activité scientifique se porta sur la pathologie mentale.

Placé à la tête d'un service d'enfants idiots et épileptiques, il étudia

spécialement l'épilepsie, et lui consacra un livre qui est resté long-

temps classique. Arrivé à une époque où les questions de classifica-

tion jouaient un rôle important, il fit, lui aussi, un essai de classi-

fication, qu'il défendit avec l'ardeur entraînante qu'il mettait en

toutes choses. Nous l'avons entendu au Congrès de 1880 ; il y venait

NÉCROLOGIE. 75 NJ

exposer avec une verve toute juvénile, qu'aucun échec n'avait lassée,

les bases de cette classification qui lui était chère, et que depuis

près d'un demi-siècle il avait vaillamment défendue. Seul il n'avait

pas varié; seul il paraissait surpris de parler une langue que son

auditoire ne comprenait plus.

Rappellerai-je ses études sur la stupeur, sur les pseudo-monoma-

nies, son Journal de médecine menta le qu 'il a rédigé presque seul

pendant une dizaine d'années et qui ne fut interrompu qu'en 1870 !

Tous ces travaux sont connus et suffiraient à lui assurer une place

parmi les maîtres.

Mais ce n'était pas assez pour lui : il faisait des cours à l'Ecole

pratique, il gardait la clientèle des pauvres de son arrondissement.

Et son service d'hôpital, comme il s'y intéressait, comme il s'y

donnait tout entier ! L'un des premiers, il s'est occupé de l'éduca-

tion des enfants arriérés et idiots. En lisant les pages que le sujet

lui a inspirées, on se demandera ce qu'il faut admirer le plus, de

l'ingéniosité des moyens qu'il mettait en oeuvre, ou de l'exquise

bonté de coeur qui lui dictait ses inspirations.

M. Delasiauve a parcouru une vie exceptionnellement longue. Son

existence a toujours été simple et modeste. Dédaigneux des honneurs

il n'a cherché sa récompense que dans la joie du devoir accompli.

Ceux qui ont vécu dans son intimité ont pu seuls apprécier. toute

l'étendue de ses qualités, toute la délicatesse de son coeur, toute

l'élévation de son âme. Mais tous ceux qui l'ont approché, tous

ceux qui l'ont vu dans les sociétés savantes auxquelles il est resté

fidèle jusqu'à la dernière heure, peuvent dire que c'était, dans

toute l'acception du mot, un homme de bien.

La Société médico-psychologique adresse un suprême adieu au

maître qui a été un de ses membres fondateurs et un de ses anciens

présidents. Elle conservera pieusement la mémoire de M. Delasiauve ;.

son nom sera toujours prononcé avec respect.

M. le Dr SsMELAiGNE a prononcé ensuite le discours suivant

au nom des anciens élèves de M. Delasiauve :

Us s'en vont, nos vieux maîtres ! De la forte génération qui put

voir encore Pinel et Esquirol, il ne restait plus, avec le vénérable

M. Calmeil, que M. Delasiauve dont la robuste santé semblait iné-

branlable. Et voilà, qu'après quelques jours de maladie, il vient

de s'éteindre, à quatre-vingt-neuf ans, conservant jusqu'à la fin la

plus grande partie de ses forces intellectuelles et toute la chaleur

de son coeur, épuisant jusqu'au dernier instant les pensées de toute

sa vie. M. Delasiauve est mort préoccupé d'idées de progrès et

d'amélioration sociale.

Quelques mots suffisent à faire connaître le savant, le médecin

et l'homme au coeur généreux que nous avons aimé.

16 G NÉCROLOGIE.

D'abord médecin de campagne, à Ivry-la-Bataille, pendant une

douzaine d'années, M. Delasiauve y acquit rapidement une réputa-

tion des plus enviables. Son activité sans bornes, son dévouement

infatigable, sa bienveillance et sa charité lui valurent bientôt une

vaste clientèle et son heureuse pratique justifiait la confiance des

malades. Mais, si absorbants qu'ils fussent, les soins de cette clien-

tèle ne suffisaient pas à remplir la vie de M. Delasiauve. Membre

dès 1833, de la délégation cantonale, il prit sa mission au sérieux,

et s'éprit d'une véritable passion qui ne le quitta plus pour les

questions d'instruction et de pédagogie. C'est en s'appuyant sur

l'expérience acquise en ces modestes fonctions de délégué cantonal,

que M. Delasiauve proposait, il y a bientôt cinquante ans, aux

divers degrés de l'enseignement public, des réformes qui commen-

cent seulement aujourd'hui à se réaliser.

Il n'est que juste de rappeler qu'il en fut un des premiers promo-

teurs, comme aussi de la création des hospices cantonaux et de

l'organisation médicale dans les campagnes qu'il réclamait dès 1865,

devançant de bien loin l'action des pouvoirs publics.

Quel que soit le mérite des travaux de M. Delasiauve, relatifs à

l'enseignement et à l'assistance publique, c'est surtout comme mé-

decin qu'il est connu. Conscient de sa valeur, malgré sa modestie,

il sentait que dans un autre milieu qu'lvry-la-Bataille et dans d'au-

tres conditions, son intelligence se déploierait plus à l'aise et s'af-

firmerait plus utilement. Paris l'appelait. En 1844, après un bril-

lant concours, il étaitnommé médecin de Bicêtre. Apartirdecette

époque, il marquait sa place dans la science mentale par des tra-

vaux considérables. Il serait trop long de les énumérer, et ce n'en

est pas ici le lieu. Un des plus importants, couronné par l'Institut,

est son Traité de l'épilepsie, monographie complète et saisissante

dans l'exposé des symptômes de cette terrible névrose. Dans un

recueil arrêté au dixième volume, le Journal de médecine mentale,

fondé par lui et dont il fut le principal rédacteur, M. Delasiauve

s'est montré un écrivain des plus distingués, avec sa forme particu-

lière, son originalité propre servie par un style correct, clair et

précis. C'est là qu'on trouve exposée sa classification des maladies

mentales, si remarquable de logique et de simplicité.

A Bicêtre d'ahord, M. Delasiauve s'occupa principalement de

recherches sur l'éducation des idiots. Non sans peine, il obtint

quelques améliorations dans ce service des idiots, aujourd'hui ma-

gnifiquement installé et dirigé par une volonté énergique. Plus

tard, la Salpêtrière fut une autre étape de sa carrière, où tous les

jours, comme à Bicêtre, il consacra de longues heures à la classe des

idiots et des enfants arriérés. Il aimait à suivre les exercices de ces

enfants, les interrogeait lui-même. Educateur né, il était aussi ha-

bile à saisir le moindre éclair d'intelligence, qu'heureux d'en tirer

parti. Le fait est que chez ces déshérités du sort, on obtient par des

NÉCROLOGIE. 77

méthodes appropriées, plus qu'on aurait pensé ou espéré au début.

Eh bien, après tant de services et plus de quarante ans consacrés

au soulagement des malheureux, dans les deux grands asiles de

Bicêtre et de la Salpêtrière, aucun signe de distinction n'est venu

montrer qu'on tînt compte à M. Delasiauve de son dévouement,

de son abnégation et de tout le bien qu'il faisait si simplement.

Appartenant à différentes sociétés savantes, M. Delasiauve avait

une prédilection bien naturelle pour la Société médico-psycholo-

gique. Il en était un des membres fondateurs; il l'avait vue naître

et grandir, il en avait présidé les séances. Plus qu'ailleurs, il s'y

sentait chez lui, on l'y écoutait avec attention et déférence. Ses

moeurs simples, ses relations agréables et sûres, faisaient que là,

comme ailleurs, il n'avait que des amis.

D'autres plus compétents étudieront sous d'autres faces cet esprit

d'élite; pour moi, je n'ai voulu qu'esquisser rapidement la vie de

M. Delasiauve, véritable vie de bénédictin, toute entière remplie

par le travail et la pratique du bien, et rappeler que chez M. Dela-

siauve le coeur était au moins à la hauteur de l'intelligence ! 1

Encore un mot. C'est au nom des anciens élèves de M. Delasiauve

que j'ai apporté ici, en face de son cercueil, le juste tribut de sym-

pathie et de reconnaissance que nous devions à sa mémoire. Aui

nom de tous, adieu, cher et vénéré maître. '

Au nom de la Société d'anthropologie le discours suivant a

été prononcé par M. LABORDE :

Après les nombreux et si justes hommages qui viennent d'être

rendus au grand médecin spécialiste, au savant, au penseur et à

l'écrivain, à l'homme de bien, il semble qu'il n'y ait plus aucun

titre à ajouter à tous ceux qui viennent d'être énumérés et loués

en Delasiauve.

Eh bien ! il en revendique encore un, qui n'est pas de moindre

mérite et au nom duquel je viens saluer sa vénérée mémoire :

celui d'anthropologue et de membre de la Société d'anthropologie,

une des sociétés qui ont honoré et honorent le plus la science-

française, à la fondation de laquelle il participa et qu'il a suivie et

servie jusqu'à son dernier souffle.

Lorsqu'en 1859-60 notre illustre et regretté Broca animaient de

leur souffle puissant et créateur, quelques-uns de ses collègues.

et amis qu'il associait à son oeuvre pour la fondation d'une science

nouvelle et d'une société destinée à en poursuivrè et favoriser

l'étude et le développement, il trouva en Delasiauve un esprit natu

'Tellement ouvert et préparé à cette collaboration.

Ils venaient, du reste, de se rencontrer sur le fécond et vaste

champ d'étude de Bicêtre, où Delasiauve avait déjà jeté les bases

de sa renommée et ses remarquables travaux sur l'épilepsie et l'i-

78 NÉCROLOGIE.

dioLie, dont je vois à ses côtés le continuateur, dans un de ses plus

dignes élèves, le Dr Bourneville (qu'il est profondément regrettable

"de ne pas entendre ici nous parler du maître, dont personne n'a

plus que lui pu pénétrer les intimités), et à Broca préludait à se

mémorables découvertes, notamment à celles de la localisation de

la fonction du langage articulé.

Delasiauve fut donc l'un des dix-neuf fondateurs de la Société

d'anthropologie, et il en restait naguère le quatrième survivant,

avec Brown-Séquard, Verneuil et Dareste.

Dans le milieu et sur le terrain scientifique nerveux, qui ou-

vraient les larges horizons à l'histoire naturelle de l'homme, Dela-

siauve trouva et ne manqua pas de saisir l'occasion favorable de

déployer l'infatigable activité de son esprit, et il apporta dans

toutes les questions et discussions pendantes, avec les inépuisables

ressources de sa dialectique, l'appui de sa grande expérience et de

sa compétence.

Il suffit de parcourir le Bulletin delà société, depuis le début jus-

qu'à ses dernières années, pour rencontrer partout, presque à chaque

page, les tracas et les témoignages de cette intervention toujours

et féconde, qui pendant vingt-cinq ans, n'a pas cessè d'être sur la

brèche : une simple énumération des sujets où s'est produit cette

intervention, donnera une idée de sa multiplicité et de son impor-

tance.

La perfectibilité des races, une des premières questions traitées et

discutées à la société naissante, dont elle s'occupa durant près'une

année, et à laquelle Delasiauve apporta des éclaircissements moraux

et imprévus puisés dans l'observation étiologique de son pays.

Le volume et la forme du cerveau ; - le poids du cerveau des mi-

cracéphales (1859-60 et 1875) ; - le poids des hémisphères cérébraux;

sur un crâne parisien déformé ; sur l'homme et les animaux ; ,'

sur le siège des phénomènes intellectuels ; sur la criminalité - -

sur la déformation toulousaine; L'acclimatement des Européens

en Algérie j - la natalité dans les différentes classes de la société; -

sur la vision de la série des nombres ; - le suicide ; - la dégénéres-

cence humaine; sur un cas de nanisme ; - le crétin de Batignolles.

Il était, comme on le sait, fidèlemont attaché à la société et à

ses travaux, et il ne manquait pas une de ses séances bimen-

suelles, sans compter celles de son comité d'administration, dont il

faisait depuis longtemps partie.

Quelques jours avant de s'éteindre, il gravissait encore avec cette

ardeur juvénile qui a été, jusqu'au dernier jour, le privilège de

ses quatre-vingt-neuf ans, les hauts et pénibles étages du musée

Dupuytren, pour venir s'asseoir à sa place accoutumée, au milieu

de vous; et vous. recueillerez, comme toujours, son aimable sou-

rire et sa franche et sincère poignée de main qui, pour moi per-

sonnellement il me sera permis de le rappeler ici avait une

NÉCROLOGIE. 79

signification particulière, car elle me disait, et le regard du beau

vieillard accusait cette pensée :

« A vous, qui avez apprécié mon inébranlable fidélité à des con-

victions que vous partagez et qui lui avez rendu justice, cette

étreinte me dit toute une sympathie et toute une estime. »

Vous voudrez bien permettre, Messieurs, à un des élèves qui

s'honore, d'avoir recueilli du maître la haute leçon et l'exemple

d'indépendance civique qui fut un de ses plus grands mérites, de

se montrer fier de cette estime et de cette sympathie, et de la

remercier sur cette tombe, qui n'emporte pas seulement le savant,

le penseur et l'écrivain, le philanthrope qui a laissé ce qui est

rare en notre temps un caractère.

Au nom de la Société d'anthropologie, je salue'de ces hommages

respectueux et reconnaissants, la mémoire du D'' Delasiauve.

M. le Dr ISA11OEARD, député de l'Eure, s'est exprimé ainsi

qu'il suit au nom des républicains du département de l'Eure :

« Les compatriotes de M. Delasiauve ont voulu qu'une voix appar-

tenant au département de l'Eure lui adressât un dernier adieu.

C'est ce pieux devoir que je viens remplir.

On vous a dit ce qu'avait été le savanl, ce qu'avait été le prati-

cien, le bien qu'il avait fait dans ce Ve arrondissement, où il a

passé la plus grande partie de son existence. C'est du citoyen que

je voudrais vous dire un mot.

Quelque absorbé qu'il fût par ses travaux, M. Delasiauve ne s'est

jamais désintéressé des affaires de son pays. Dès sa jeunesse, il a

eu le culte de la liberté et l'amour de la République. En 1830, il

faisait partie du groupe libéral qui en entrevoyait l'avènement avec

les Hippolyte Carnot et les Charton dont il était l'ami intime. Il a

vu son rêve réalisé en 1848, quand notre grand compatriote Dupont

de l'Eure devint le président du gouvernement provisoire.

La science le consola de l'Empire.

Il était appelé à revoir la République s'établir une troisième fois

dans notre pays et il a eu la grande consolation de vivre assez

longtemps pour avoir la certitude qu'elle y était cette fois défi-

nitivement fondée.

Sans doute elle n'a pas encore exécuté toutes les réformes con-

çues et réclamées par ce vaillant esprit, particulièrement dans des

travaux remarquables sur les questions d'enseignement et d'ins-

truction populaire. Mais déjà les progrès accomplis par notre

démocratie sont considérables dans la voie que M. Delasiauve avait

depuis longtemps indiquée.

Il était resté jeune et enjoué, malgré ses quatre-vingt-neuf ans,

il aimait la fréquentation des jeunes, il leur prodiguait volontiers

des conseils toujours écoutés.

80 asiles d'aliénés.

Il est l'un des fondateurs de cette Association des républicains de

l'Eure, où sa perte sera vivement ressentie. Il était l'un des hôtes

assidus de ses réunions mensuelles, il avait trouvé là le moyen de

satisfaire trois passions qui, avec la science, s'étaient partagé sa

vie : l'amour de la jeunesse, l'amour de la République et l'amour

de ce département qui va recevoir et qui conservera pieusement sa

dépouille mortelle. -

ASILES D'ALIÉNÉS.

Nominations FT promotions. - 9 mai 1893. Le Dr DounsouT,

directeur-médecin de l'asile de Naugeat (Haute-Vienne), est élevé à

la Isolasse du cadre (7.000 fr.); 13 juin 1893. - M. le Dr ADAM,

médecin en chef de l'asile de Montdevergues (Vaucluse), est nommé

médecin en chef de l'asile de Clermont (Oise), en remplacement

du Dr Martinenq appelé à d'autres fonctions (20 juin 1893), il est

placé en cette qualité dans la 2° classe du cadre (6.000 fr.);

26 juin 1893. Le D'' FABRE, directeur-médecin de l'asile de Saint-

Dizier (Haute-Marne), est nommé médecin en chef de l'asile de

Montdevergues (Vaucluse); 29 juin 1893. Le Dr BELLAT, mé-

decin-adjoint de l'asile de Dijon, est nommé directeur-médecin de

l'asile deSaint-Dizier, en remplacement du Dr Fabre; il est placé

en cette qualité dans la 3° classe du cadre (5.000 fr.).

Par arrêté ministériel du 29 juin 1893 sont promus à dater du

1er juillet : à la classe exceptionnelle du cadre (8.000 fr.), M. le

Dr FitiEsE, directeur-médecin de l'asile de La Roche-Gandon

(Mayenne). A la 1", classe du cadre (7.000 fr.) : M. le Dr SCIIILS,

directeur-médecin de l'asile de Lesvellec (Morbihan); - M. le

Dr Carnier, médecin en chef de l'asile de Dijon (Côte-d'Or) ;

M. le Dr Maunier, directeur-médecin de l'asile de Pierrefeu (Var).

A la 2° classe du cadre (G.00.0 fr.), M. le Dr BESSIÈRE, directeur-

médecin de l'asile de Saint-Alban (Lozère); M. leDIKERAVAL, méde-

cin en chef del'asiIedeVaue) use.A laclasse exceptionnelle du cadre

(4.000) : M. le Dr JOURNIAC, médecin-adjoint à l'asile de Châlons

(.Marne); M. le Dr SizARET (Jules), médecin-adjoint à l'asile de

La Roche-Gandon (Mayenne); M. le Dr PETIT-GILBERT, médecin-

adjoint de l'asile de Sainte-Gemmes (Maine-et-Loire). A la

1111 classe du cadre (3.000 fr.) : M. le Dr Marie, médecin-adjoint des

asiles de la Seine (annexe de Dun-sur-Auron (Cher); M. le Dr BLINI

médecin-adjoint de l'asile de Vaucluse); M. le Dr Colin, méde-'

ASILES D'ALIÉNÉS. 81 L

cin-adjoint de l'asile de Lafond (Charente-Inférieure) ; le Dr CHE-

VALIEn-LAvAuRE, médecin-adjoint de l'asile d'Aix (Bouches-du-

Rhône).

LES hôpitaux proposés pour LE traitement DES aliénés; par E.

CLIFFORD-ALLBUTT. (The Journal of Mental Science. Octobre 1891.)

Il y a deux ans une commission a été nommée pour étudier les

diverses questions relatives à l'hospitalisation des aliénés; ses tra-

vaux ont abouti à la proposition de construire à Londres un hôpi-

tal destiné au traitement et à l'étude des maladies mentales.

M. Clifford-Allbutt regrette que la commission, qui était composée

d'hommes très compétents, n'ait pas poussé plus avant ses travaux

pour s'occuper du traitement et de l'hospitalisation des aliénés en

général.

Il est certain que le système actuellement en vigueur des grands

asiles, des asiles monstres est absolument fâcheux : un asile ne

devrait pas réunir plus de mille aliénés, et chacune des salles ne

devrait pas contenir plus de cinquante malades ; sinon, à la vie

d'asile, on substitue la vie de caserne; le médecin directeur ne peut

plus bien connaître ses malades devenus trop nombreux, la surveil-

lance devient très difficile, le traitement médical et moral est à

peine possible, et demeure à peu près nul soit pour le malade soit

pour la science. L'auteur voudrait que l'on divisât les asiles en

sections plus nombreuses, en pavillons isolés; ces pavillons ne con-

tiendraient qu'un nombre restreint de malades, une trentaine, par

exemple, et en groupant habilement les aliénés dans ces villas, on

leur rendrait la vie moins pénible et l'internement plus utile : la

surveillance serait aussi plus aisée, le traitement médical plus effi-

cace. Un médecin directeur peut, sans trop de peine, connaître à

fond un millier d'aliénés ainsi répartis, dont beaucoup d'ailleurs

sont des chroniques et ne réclament pas de sa part une attention

quotidienne. On a beaucoup exagéré d'ailleurs les occupations

professionnelles ou administratives d'un médecin directeur; un

homme actif et intelligent vient sans peine àbout de cette besogne,

mais à la condition de savoir en déléguer une partie à ses subor-

donnés : il y a des médecins d'asile qui écrivent chaque jour vingt

ou trente lettres qu'un scribe de leur bureau écrirait aussi bien

qu'eux : il est clair que le temps leur manque alors pour des de-

voirs plus importants. Mais, ajoute l'auteur, si l'on demande à un

homme d'être à la fois un médecin instruit, un organisateur heu-

reusement doué, un administrateur habile, il faut se résigner à lui

donner des appointements en rapport avec les mérites que l'on

exige de lui, et ne pas lui offrir le quart, ou au plus le tiers de ce

qu'il pourrait gagner dans une autre branche de sa profession. Il

faut aussi lui donner comme aide ou comme suppléant un direc-

ARCHIVES, t. XXVI. 6

82 asiles d'aliénés.

leur adjoint, déjà expérimenté, et lui aussi convenablement rému-

néré. Chaque asile doit avoir, en outre, un médecin chargé du

service anatomo-pathologique, et il ne faut pas que ce médecin

soit un débutant, faisant là ses premières armes.

L'auteur revient ensuite sur l'un des détails du projet d'hôpital

proposé par la commission dont nous avons parlé; ce point est en

effet assez étrange : la commission, voulant revenir au traitement

purement thérapeutique de la folie, qui donnerait, à son avis, une

augmentation de guérisons- de 10 p. 100, voudrait que le service

médical de cet hôpital fût confié à des médecins des hôpitaux de

Londres, choisis parmi les plus en renom. Ainsi, non seulement,

ce ne serait pas un asile, le directeur ne serait pas un médecin, et

les malades recevraient simplement, une fois par jour comme dans

les hôpitaux ordinaires, la visite du médecin, mais les médecins

qui seraient chargés de soigner ces aliénés ne seraient pas, ou du

moins ne seraient pas nécessairement, des aliénistes. Il est pro-

bable même qu'on les choisirait en dehors de la psychiatrie, puis-

qu'il s'agit de revenir à un traitement de l'aliénation mentale qui

soit plus « médicinal » que celui des asiles. Et ici l'auteur fait une

objection difficile à réfuter : Si, dit-il, le traitement pharmaceu-

tique de la folie doit donner de si beaux résultats, comment se

fait-il que les médecins, même versés dans l'étude des maladies

mentales, qui ont un aliéné dans leur clientèle, ne réussissent pas

à le guérir, et que même ils insistent auprès de la famille sur le

peu de succès que promet un traitement institué en dehors d'un

asile, et que finalement ils fassent interner leur client ?

M. Allbutt termine en rappelant une fois de plus que si le traite-

ment médical ne doit pas être négligé, si les recherches dirigées

dans ce sens doivent être poursuivies, c'est, au moins à l'heure ac-

tuelle, du traitement moral des aliénés qu'il faut attendre les meil-

leurs et les plus durables résultats. R. DE lIUSGRAVE-CLAY.

DE L'UTILITÉ QU'IL Y aurait POUR L'ÉTUDE PE l'aliénation mentale

A ouvrir LES asiles aux médecins déjà diplômés; par Francis

H. W ALMSLEY. (The Journal of M entai ^Science. Octobre 1891.)

Après avoir rappelé les diverses et multiples circonstances dans

lesquelles le praticien ordinaire aurait besoin de posséder des 'no-

tions solides et précises de psychiatrie, l'auteur émet le voeu que

tous les asiles d'aliénés soient ouverts aux médecins qui voudraient

y étudier l'aliénation, et même que le personnel médical des asiles

fasse à l'usage des praticiens des cours de psychiatrie : il résulte-

rait d'ailleurs de cette fréquentation réciproque des échanges

d'idées qui ne pourraient être que profitables à la science.

R. M.-C.

asiles d'aliénés. 83

La COLONIE d'aliénés DE GHEEL (BELGIQUE) ; par Mme MARGAEET

A. CLEAVES, docteur en médecine (The Jourltal of Mental Science.

Avril 1891.)

La colonie de Gheel a le privilège d'attirer beaucoup de visiteurs

et par conséquent de donner lieu à beaucoup de descriptions. Dans

son ensemble, celle que nous donne Mme Cleaves ne diffère pas

sensiblement de celles que l'on connaît déjà, et l'intérêt qu'on

y trouve dépend surtout de menus détails, négligés par les obser-

vateurs du sexe masculin, mais qui n'ont pas échappé à la saga-

cité féminine. - Quant au jugement définitif, l\1me Cleaves est

d'accord avec ceux qui ont parlé avant elle de la colonie : elle

constate que Gheel n'est pas parfait et qu'il y aurait sur plusieurs

points de sérieuses améliorations à introduire : le personnel

devrait être plus nombreux, la surveillance plus attentive; la

possibilité du surmenage devrait être évitée par la limitation

réglementaire des heur es de travail; enfin il faudrait multiplier

pour les malades les amusements et les distractions.

Malgré tous ces défauts, que compensent d'ailleurs d'incontesta-

bles avantages, l'organisation de la colonie de Gheel comporte un

enseignement qui n'est pas négligeable. Si l'on voulait créer

ailleurs des institutions analogues, il ne faudrait assurément pas

copier servilement la colonie belge, mais on aurait avantage à en

conserver les grandes lignes et à s'inspirer des idées générales qui

ont présidé à sa fondation. R. M.-C.

Une VISITE A QUELQUES asiles étrangers ; par Frederik NEEDHAM

(The Journal of Mental Science. Avril 1892.)

M. Needham a profité de ses voyages pour visiter quelques

asiles dans les pays qu'il parcourait, et il nous rend compte de ses

visites aux asiles de San Servilio, à Venise, de Grenade, de Gi-

braltar, et enfin de San Spirito à Rome ; il y a observé des choses

plus intéressantes au point de vue des moeurs locales qu'à celui de

l'amélioration des asiles, et ses récits sont beaucoup plus pitto-

resques qu'instructifs. R. M.-C.

Discours présidentiel prononcé A la séance annuelle DE l'associa-

TION 31ÉDIC0-PSYCHOLOGIQUE, A L'ASILE royal DE G : 1RTNAVEL, GLASGOW

le 24 juillet 1890 ; par M. Yellowlees. (The Journal of Mental

Science. Octobre 1890).

Discours intéressant où l'auteur examine quelques points de la

législation qui régit les aliénés et les règlements administratifs

auxquels obéissent les asiles. Notons en passant que l'auteur,

comme beaucoup de ses confrères, regrette que les asiles ne soient

pas plus largement ouverts aux étudiants en médecine, et même

84 ik asiles d'aliénés.

qu'un stage dans ces asiles, sanctionné par une épreuve de psy-

chiatrie dans les examens probatoires, ne soit pas encore devenu

obligatoire : il est fâcheux en effet que la liberté physique et mo-

rale de ses semblables puisse éventuellement dépendre d'un mé-

decin qui peut, tout en étant d'autre part très instruit et très digne

de confiance, n'avoir jamais examiné un aliéné. R. M.-C.

DES SOINS A continuer aux aliénés après LEUR SORTIE DE l'asile ;

par II. RAYNER. (The Journal of Mental Science. Octobre 1891.)

On a fondé en Angleterre une société qui a pour but de prendre

soin des femmes qui sortent des asiles et de protéger et d'assurer

leur rentrée dans la vie commune. M. Rayner pense qu'une insti-

tution analogue serait très utile à créer en faveur des hommes.

Il fait le tableau des circonstances difficiles au milieu desquelles se

débat un aliéné guéri qui sort d'un asile, de la difficulté qu'il ren-

contre à s'employer utilement et régulièrement, des promiscuités

fâcheuses qu'il est amené à subir et bientôt à accepter, et enfin,

s'il s'agit d'un alcoolique, ce qui est le cas le plus fréquent, de la

facilité avec laquelle il retombera dans son vice habituel. Quel-

ques-uns à la vérité peuvent rentrer dans leur pays ou dans leur

famille ; mais dans leur pays, ils ne rencontrent que la défiance,

née du souvenir de leurs actes délirants; et quant à leur famille,

si quelquefois elle est irréprochable, elle est parfois aussi le milieu

même où ils ont contracté les habitudes vicieuses qui les ont con-

duits à l'aliénation. Dans les unes ou les autres des conditions qui

viennent d'être rappelées ils sont hors d'état d'employer utilement

la partie saine de leur activité et ils ne tardent pas à retomber à

la charge de la société. Dépayser ces malades, leur assurer du tra-

vail, c'est leur rendre un signalé service, et rendre profitables à

tous des forces qui, si elles demeurent stériles, ne tarderont pas à

devenir nuisibles ou même dangereuses. R. M.-C.

Description sommaire DE la NOUVELLE Villa-Hôpital RÉCEMMENT CONS-

TRUITE sur LES terrains DE la « Retraite » de YORK; par Robert

BAKER. (The Journal of Mental Science. Juillet 1891).

Les administrateurs de l'asile « La Retraite » de York ont

depuis longtemps renoncé au système d'extension, qui consiste à

créer des ailes nouvelles reliées par des corridors au bâtiment cen-

tral ; ils lui préfèrent de beaucoup le système des villas isolées ; c'est

sur la dernière de ces villas que M. Baker vient donner aujourd'hui

quelques renseignements, dans un mémoire accompagné d'une

photogravure et d'un plan détaillé.

Le bâtiment se compose d'un rez-de-chaussée et d'un seul étage :

il est disposé de façon qu'un tiers, deux tiers, ou la totalité de

asiles d'aliénés. 85

l'édifice puissent être utilisés pour le service des aliénés, soit du

sexe masculin, soit du sexe féminin, appartenant au bâtiment

principal.

La villa comporte un salon et une chambre à coucher pour

chaque groupe de dix malades. Elle est chauffée par de l'air venu

du dehors et passant par une chambre de chauffe munie de tuyaux

à eau chaude. L'air vicié est évacué par des ouvertures centrales

pratiquées au plafond et communiquant avec une cheminée d'é-

chappement.

Le bâtiment est éclairé à la lumière électrique, à l'aide d'appa-

reils très bien conçus et qui permettent sur tous les points une

distribution de lumière absolument facultative. - La villa tout

entière, chauffage et éclairage compris, a coûté cent mille francs :

elle est aménagée pour recevoir douze à quinze personnes.

R. 11f.-C.

LES colonies d'épileptiques; par C. Théodore EwnnT. (The Journal

of Mental Science, avril 1892.)

Tout le monde est d'accord, à l'heure actuelle, pour penser que

les asiles d'aliénés sont encombrés de malades que l'on pourrait

avec avantage secourir, surveiller et soigner en dehors des asiles,

par exemple dans une sorte de colonie organisée à cet effet.

Parmi les malades de cette catégorie on peut ranger en première

ligne les épileptiques, et non seulement les épileptiques aliénés,

mais encore les épileptiques simples, que la société écarte autant

que possible de son sein, sans rien faire pour pourvoir à leurs

besoins. Si l'on fondait une colonie de ce genre, comme le souhaite

ardemment M. Ewart, on aurait à se préoccuper de trois classes

d'individus : 1° les épileptiques aliénés, aigus ou chroniques;

2° les épileptiques non aliénés; 3° les enfants epileptiques.

Les épileptiques aliénés bénéficieraient assurément de cette ré-

forme ; la vie simple et saine à la campagne, sous une surveil-

lance médicale suffisante sans qu'elle ait besoin d'être quoti-

dienne, leur serait favorable; quant à l'asile l'avantage pour lui

est évident, car, en s'éloignant, l'épileptique aliéné le désen-

combrerait et ferait place à un aliéné curable.

L'épileptique non aliéné est très souvent intelligent, capable

d'instruction, de travail, et s'il a dans la société une situation

difficile, il la doit uniquement à sa maladie ; dès qu'il se trouvera

au milieu de malades semblables à lui il reprendra ses avantages

et deviendra laborieux et utile. L'épreuve d'ailleurs a été faite. Il

y a vingt-cinq ans un pasteur luthérien, M. von Bodelschwingh,

créa dans une ferme, à Bielefeld, en Westphalie, un petit refuge

pour les épileptiques; il y en avait quatre au début, il y en a plus

de onze cents aujourd'hui : les malades sont divisés par petits

86 asiles d'aliénés.

groupes et par familles; on a créé pour cette colonie des écoles

d'infirmiers et d'infirmières, et ce personnel d'assistance est au-

jourd'hui assez nombreux non seulement pour satisfaire aux

besoins de la colonie, mais pour aller rendre en dehors d'elle ses

services professionnels. La colonie comporte une trentaine d'ate-

liers ou d'industries diverses; il y a même un orchestre, recruté

parmi les malades, et un musée créé, entretenu et enrichi par

eux. Dans chaque atelier, il y a un matelas, et chacun s'empresse

de le rapprocher de celui qui tombe, sachant bien que demain il

aura besoin du même service. En résumé cette colonie est un

hôpital pour les malades, un asile pour les déments, une école

pour les enfants, un atelier pour les adultes. Son succès a été tel

que les imitations ne se sont pas fait attendre, et l'on peut citer

aujourd'hui les colonies, toutes florissantes, de Rotenburg en

Hanovre, de Mariahilf, près Munster et d'Olpe en Westphalie,

d'Alexandra-Kloster à Aix-la-Chapelle et de Rath près de Dussel-

dorf pour les Provinces Rhénanes, de Neinstedt-Thale pour la

Saxe, de Tabor près de Stettin pour la Poméranie et le duché de

Posen, de Karlshof près de Rastenburg pour la Prusse orientale

et occidentale, de Postdam pour le Brandebourg, de Haarlem en

Hollande, de Zurich en Suisse.

Quant aux enfants épileptiques et idiots, on sait combien il est

fâcheux de les mêler aux aliénés dans les asiles. On sait aussi

quels résultats on peut espérer et obtenir chez eux quand on veut

bien ne leur ménager ni son temps ni ses efforts. (Nous avons à

cet égard en France un exemple de premier ordre, et, s'il nous

est interdit de louer comme il conviendrait, dans le recueil où

nous écrivons, les admirables progrès réalisés par M. Bourneville,

dans son service de Bicêtre, il nous est également interdit de les

oublier ou de les passer sous silence.)

L'utilité d'une colonie comme celles dont on vient de parler

n'étant ni contestable ni contestée, sur quelles bases conviendra|it-

il de. l'établir ? Voici quel est à cet égard le résumé des idées de

M. Ewart : 1° comme terrain, il faudrait au moins cinq cents acres

de ferme et de bois propres à l'agriculture et à l'horticulture, le

tout à portée d'une grande ville afin que le marché de vente soit

suffisamment voisin du centre de production ; 2°commehabitations

il faudrait de petites constructions, disposées en groupes séparés

pour les deux sexes, et dans chacun de ces groupes tous les amé-

nagements nécessaires pour recevoir séparément les déments, les

convalescents, les écoliers, les divers ouvriers, et les pensionnaires

d'une classe plus élevée ; 3° chaque malade, sans exception, rece-

vrait les soins du médecin, et il y aurait au moins un médecin

pour deux cents malades; 4° il y aurait une maison d'école pour

les enfants épileptiques; 5° on organiserait des ateliers pour les

adultes; 6° enfin on annexerait à la colonie un laboratoire pour

asiles d'aliénés. 87

l'étude de l'épilepsie et on en confierait la direction à un patholo-

giste expérimenté.

En terminant, l'auteur examine les diverses objections que l'on

a opposées à ce mode d'assistance à l'égard des épileptiques; il les

combat, et conclut que les avantages l'emporteraient de beaucoup

sur les inconvénients. R. de MusGRavE-CLAY.

Chauffage, ventilation ET éclairage électrique DE l'hôpital royal

DE 1\IONTROSE; par James IIOwDEN. (The Journal of Mental Science,

octobre 1890.)

Description détaillée, mais purement technique, et accompagnée

de figures, d'une installation d'appareils de chauffage, d'éclairage

et de ventilation qui paraît fort bien conçue. R. AL-C.

00. Nouvelles fenêtres pour cellules ; par POETZ.

(Allg. Zeitsch. f. Psychiat., XLV111, 6.)

Fenêtre ayant l'aspect d'une fenêtre de maison ordinaire, mais

toute en fer à battants mobiles indépendants ayant chacun (la

fenêtre s'ouvre en quatre parties) son système de fermeture spécial

disposé de telle sorte que la négligence du personnel ne peut

passer inaperçue. Le système ferme la fenêtre automatiquement,

et, si les ressorts ne prennent pas dans l'arc de fermeture, le battant

demeure ouvert. Jalousies extérieures mobiles à panneaux indé-

pendants qui permettent de graduer l'accès de lumière. P. K.

LES Asiles D'IDIOTS, NÉCESSITÉ DE LES RENDRE PLUS grands

ou DE LES MULTIPLIER.

A la réunion annuelle des actionnaires de l'asile Royal-Albert

tenue le 30, un rapport favorable a été présenté sur les affaires

générales de l'institution. Le compte rendu du directeur médical,

Dr ShuttleNOrth, contenait des détails que nos lecteurs liront avec

beaucoup plus d'intérêt que de simples considérations financières,

quoiqu'elles soient ordinairement loin d'être sans importance.

Ainsi nous trouvons que le nombre moyen d'habitants de l'asile

pendant l'année passée avait été de 581, pendant que le nombre

total des malades dans une partie de l'année élait monté à 658.

Le nombre des renvois avait été de 35 et celui des morts de 18

nombre plus bas que celui de l'année précédente, lequel calculé

sur le nombre moyen des habitants avait seulement donné

3,1 p. 100. Une observation a été faite par le Dr Shuttleworlb sur

la nécessité de s'accorder dans le cas de maladies infectieuses.

Heureusement, aucune épidémie n'est survenue pendant ces douze

mois, mais le directeur médical montra bien la nécessité de cet t

accord, car plus tard, les directeurs seraient très sérieusement

88 FAITS DIVERS.

embarrassés dans la conduite des affaires de la maison. La lecture

du rapport du comité central fournit l'occasion -.l'évêque de Car-

lisle, qui présidait, de présenter une remarque sur la distinction

qu'il y a entre les mots amentia et dementia, distinction qui n'est

pas toujours faite par le public ordinaire ou par ceux qui prennent

intérêt à des établissements semblables. L'évêque pense que les

deux classes d'infortunés doivent, dans toutes les institutions desti-

nées à leur traitement, être séparées.

Le clou de la discussion fut, toutefois, le discours de l'honorable

J.-T. Hibbert, N. P. Ce gentilhomme, en prenant le texte de

l'orateur précédent, pour ainsi dire, insinuait que ce serait une

bonne chose si on changeait le titre de ces institutions d'asiles

pour idiots en asiles pour les gens faibles d'esprit.

Un tel changement néanmoins, pense-t-il, ne serait pas facile à

effectuer, bien que les sympathies des parents ne soient sans doute

pas avec ceux qui désirent qu'une telle altération soit faite. M. Hib-

bert montre la difficulté d'obtenir des statistiques authentiques de

l'extension prédominante de l'idiotie dans le Royaume-Uni. Les

familles qui sont atteintes par une telle affliction sont naturelle-

ment désireuses de cacher le fait autant que possible.

Le dernier recensement connu - il n'a pas encore été possible

d'avoir connaissance de celui de 1891 donne le nombre de

41,000 personnes comme formant la classe des imbéciles, mais ce

nombre, pense l'orateur, doit avoir au moins doublé. Des 41.000

imbéciles ainsi reconnus, 18,456 ont, croyons-nous, au-dessous de

vingt ans; en d'autres termes, on avait ce nombre d'idiots suscep-

tibles d'éducation à soigner, pendant qu'on n'avait de logement que

pour 3,000 malades seulement. A cet égard, l'Amérique est plus

avancée que nous, car dans les États-Unis il n'y a pas moins de

14 asiles entretenus dans le but de loger et de traiter les personnes

appartenant à la classe affligée en question. Plusieurs de ces éta-

blissements ont leur budget fourni par les Etats dans lesquels ils

sont construits, les autres fondés et dotés par la bienfaisance pu-

blique ou par des dons de corporations. Assurément le manque de

fonds suffisants dans nos propres contrées pour les besoins physique

et mental des faibles d'esprit est un reflet de l'esprit philanthro-

pique actuel. (The Lancet, 8 octobre 1892, p. 85G.)

FAITS DIVERS

Création d'un syndicat de magnétiseurs. Les membres de

la Société magnétique de France se sont réunis dans le but de

FAITS DIVERS. bu

jeter les bases d'un syndicat de magnétiseurs professionnels. Le

nombre des adhérents a été de vingt. Ce chiffre jugé suffisant, on a

immédiatement procédé à l'élection d'un bureau. Ont été nommés :

MM. Houssay, président, Cazalis et Lorenza, vice-présidents; Mar-

tin, secrétaire; Auffinger, trésorier. La nouvelle Association se pro-

pose de défendre la liberté du malade, aucune loi ne pouvant le

contraindre à ne pas accepter les conseils d'un simple amateur ! Le

syndicat des magnétiseurs ne comprendra que des professionnels;

ses membres ne traiteront que par le magnétisme curatif ; ils s'en-

gagent à ne jamais employer de médicaments. » L'assemblée a

décidé ensuite de se réunir à nouveau pour élaborer les statuts de

la nouvelle Société. Eh ! voilà qui promet !

Exercice illégal de la médecine. Rue de la Jonquière, près de

l'avenue de Saint-Ouen, dans une maison de modeste apparence, au

rez-de-chaussée, une main, peinte sur un écriteau, indique la porte

du magnétiseur Bonnefoy.

Nous entrons. Le cabinet de consultations est une petite pièce nue

et sombre. Une seule fenêtre, donnant sur un jardinet, laisse filtrer

un peu de clarté. Pour tous meubles : deux bancs de bois et une

table. Dans un coin un lit cage se dis,imule sous une housse de per-

cale. Aux murs : un christ de plâtre; deux images religieuses enca-

drées de noir. Sur la cheminée, quelques fleurs. Le maître du logis

est aussi simple que le cadre dans lequel il se meut.

Le magnétiseur Bonnefoy donne sa consultation. Il tient sur ses

genoux une fillette de quatre ans, affligée d'une maladie nerveuse

pour laquelle on a, sans succès, consulté le docteur Charcot. Bonne-

foy prodigue les passes magnétiquessurtoutelapersonne de l'enfant

qui ne bronche pas. Nous interrogeons la mère :

- Ça lui fait beaucoup de bien, répond-elle.

Le magnétiseur est en ce moment poursuivi pour exercice illégal

de la médecine.

- Je n'ai pas un médicament chez moi, nous dit-il. On a perqui-

sitionné sans rien trouver. En outre, mes clients sont libres de ne

pas me payer, puisque je ne réclame rien. Au contraire, je fais la

charité à quelques-uns.

C'est vrai, dit une femme. Et dire qu'il y a des gens qui vous

en veulent.

Moi, je ne leur en veux pas. Je suis prêt à leur rendre service

si l'occasion s'en présente. Je ne suis pas médecin, je suis jardinier,

et certainement je vais avoir beaucoup d'ouvrage ces jours-ci, car

on va commencer la taille des arbres.

Ne serait-ce que pour l'amour de son jardin, ne trouvez-vous pas

que ce médicastre a quelque chose de candide ?

L'ESCROQUERIE A l'hypnotisme. Il y a quelques jours, le parquet

90 faits DIVERS.

était saisi d'une plainte au sujet d'une escroquerie dont deux sous-

officiers d'infanterie d'un régiment de la garnison de Paris, ont été

victimes dans les conditions suivantes :

Ces deux sous-officiers, grands amateurs des pratiques de l'hypno-

tisme, avaient, il y a deux ans, remarqué qu'un soldat de leur régi-

ment, C..., était un merveilleux sujet, se prêtant admirablement

aux exercices récréatifs de la chambrée. Us se lièrent intimement

avec C..., qui, dans les séances occultes auxquelles il prenait part,

révélait des choses extraordinaires. Ainsi, il parlait souvent d'un

grand seigneur russe, un duc de Peliskoff, qui lui « voulait du bien ».

A plusieurs reprises C... ayant évoqué devant eux ce mystérieux pro-

tecteur, les sous-officiers s'imaginèrent qu'ils lui devaient leur

rapide avancement, prédit maintes fois par le très lucide C...

Après que C..., en septembre 1891, eut été libéré du service mili-

taire, il demeura en excellentes relations avec les deux sous-officiers

et ceux-ci reçurent un jour une lettre par laquelle il leur annonçait

qu'il était en Russie et qu'il avait hérité du titre et de la fortune

du duc de Peliskoff. Mais il lui fallait une somme pour entrer en

possession de l'héritage. Les deux amis du régiment envoyèrent la

somme.

Un peu après, nouvelle missive émanant cette fois d'un homme

d'affaires. C... était mort en laissant à ses amis toute sa fortune.

Mais nouvelle demande d'argent pour acquitter les frais de cette

autre succession. Confiants en la légalité de ces demandes, les naïfs

sous-officiers versèrent les fonds qui leur étaient réclamés; mais, à

la longue, devant de nouvelles demandes d'argent, plus pressantes

encore que les premières, s'apercevant qu'ils avaient été bernés et

volés, ils n'hésitèrent pas à faire part à leur colonel de l'escroquerie

dont ils avaient été victimes.

Des recherches ayant été faites pour en découvrir les auteurs, il

fut établi que C... n'était pas mort en Russie et qu'il menait, au

contraire, joyeuse vie à Paris. Arrêté, il déclara qu'il ne comprenait

absolument rien à l'accusation dont il était l'objet et que, si jamais

ilavaitprisle nom de duc de Peliskoff, ou signé de ce titre, ce ne pou-

vait être qu'inconsciemment. Pressé de questions par le magistrat,

il s'est retranché derrière son état de « sujet ». S'il a écrit et em-

prunté quoi que ce soit, ce ne peut être qu'au cours d'un sommeil

hypnotique. On lui aurait suggéré l'idée de prendre le nom et le

titre de duc et la pensée d'escroquer ses amis à la faveur de ce

stratagème. (L'Eclair.)

LES empoisonnements dans L'INDE. -Les empoisonnements sont,

à l'heure actuelle, encore très fréquents dans l'Inde anglaise, mal-

gré l'énergie déployée par le gouvernement pour les faire dispa-

raître. Ils étaient beaucoup plus nombreux il y a quelques années

faits DIVERS. 91'

et leur accroissement s'est manifesté après la suppression du

« Thugg,sme ».

On désignait sous ce nom une association de voleurs et d'as-

sassins existant depuis les temps les plus reculés; cette association

a exercé des ravages terribles jusqu'en 1860, époque à laquelle elle

a été détruite, grâce aux mesures énergiques de sir Sleeman et

de ses successeurs. Traqués de tous côtés, emprisonnés et pendus

sans merci, les « Thugs » finirent par disparaître.

Les « Thugs » appartenaient à toutes les castes de l'Inde : ils

parcouraient les pays en bandes, déguisés en marchands ou pèle-

rins. Quand ils avaient désigné une victime, ils l'attiraient au

milieu d'eux et l'étranglaient. Après chaque meurtre, un sacrifice

solennel était offert au dieu de la destruction. Les Thugs étaient

des fanatiques; ils ne tuaient que parce que leur religion le leur

commandàit.

Dans l'espace de neuf années, plus de 2.000 Thugs furent arrê-

tés : 1.467 furent convaincus de crime; on en pendit 382, on en

déporta 919, on en emprisonna 77 à vie, 92 pendant des période

variables, on en acquitta 20; 31 moururent pendant le procès et

250 furent relâchés parce qu'ils avaient dénoncé leurs complices.

Quelques-uns de ces Thugs avouaient avec orgueil avoir tué plus de

200 personnes. Les « Thugs » étrangleurs respectaient les femmes,

les gens de la basse classe, les musiciens, les danseurs, les fakirs.

C'est après la suppression des « Thugs » que les empoisonne-

ments devinrent plus fréquents. Il se forma une secte qui se ser-

vait du datura comme poison et qui détruisait sans raison aucune;

on leur donna le nom de « Daturiahs ».

Les « Daturiahs . » n'exercent pas des ravages aussi prononcés

que leurs prédécesseurs les « Thugs » et cependant, les empoison-

nements atteignent, dans les Indes, un chiffre très élevé. C'est que

les Indous se servent volontiers du poison pour supprimer ceux qui

les gênent.

Le datura (D. fastuosa; D. alba et D. stramonium) est

employé de façon différente : on se sert des semences entières,

des semences réduites en poudre, d'essence qu'on mélange à du

tabac, à du sucre, à de la farine. Le datura n'amène pas toujours

la mort; on s'en sert quand on veut produire un empoisonnement

léger, aussi est-il moins employé que l'arsenic et l'opium. Les

sels de cuivre, de mercure, de plomb, sont employés avec un peu

moins de fréquence; de même l'aconit et la strychnine.

Les empoisonnements ne portent pas seulement sur les per-

sonnes, mais aussi sur les animaux.

LES drames DE la folie. Pris d'un subit accès de folie, Désiré

Leclerc, âgé de trente-neuf ans, peintre en bâtiments, a tenté hier,

vers trois heures de l'après-midi, de tuer sa femme.

92 faits DIVERS.

Leclerc, qui, à plusieurs reprises, a donné des signes d'aliéna-

tion mentale, accusait à tout propos sa femme de le tromper. C'est

pendant une de ces scènes que Leclerc, devenu fou furieux, s'est

emparé d'un revolver et a fait feu sur sa femme. Celle-ci n'a eu

que le temps de se réfugier dans la chambre à coucher et de fermer

la porte à clef. -

Des gardiens de la paix, que les détonations et les cris de Mm0 Le-

clerc avaient attirés, pénétrèrent dans le logement et durent

engager une lutte terrible avec le forcené, qui fit deux fois feu sur

eux sans les atteindre. Us purent enfin se rendre maîtres de l'a-

liéné, qui a été envoyé à l'asile de Sainte-Anne, par les soins de

M. Grima], commissaire de police.(La Marseillaise.)

Persécuté par LES jésuites.- - Hier matin, vers huit heures, rue

de Sèvres, devant la maison des pères Jésuites, des gardiens de la

paix apercevaient un homme qui gesticulait, parlant avec anima-

tion. Ils s'approchèrent. L'homme continua ses discours, parlant

de temps à grands éclats de voix, et les deux gardiens se décidèrent

à l'interpeller. ,

Comment vous appelez-vous ? demandèrent-ils. L'orateur

refusa de répondre, et les deux agents le conduisirent chez le

commissaire de police, à qui il déclara se nommer Yves-Jean Le

Bourvellec, âgé de cinquante-quatre ans, originaire des Côtes-du-

Nord. Il raconta qu'il avait été ruiné par les jésuites et qu'il était

eu butte à leurs persécutions.

Depuis 1889, ajouta-t-il, j'ai fait quatre fois le tour du monde

pour leur échapper ; mais toujours ils m'ont poursuivi.

Ce pauvre homme est titulaire des médailles de Crimée, d'Italie

et du Mexique. Il a fait quinze ans de service militaire. Il a été

envoyé à l'asile Saint-Anne. (La Marseillaise.)

. t

LE FOU ET LES gendarmes. hier, un individu, pris subitement du

délire alcoolique, avait provoqué, rue Mot, à Fontenay-sous-Bois,

un rassemblement d'une cinquantaine de personnes qu'il injuriait

et terrifiait à la fois, menaçant de tuer quiconque l'approcherait.

Deux gendarmes, prévenus, accoururent pour s'emparer de ce for-

cené, mais celui-ci fit résistance, frappa violemment les agents de

la force publique, et il fallut le concours de six hommes pour se

rendre maître de cet énergumène.

C'est un nommé Jules Bompeix, employé de commerce, demeu-

rant rue de Neuilly, 39, à Fontenay. Il a été envoyé à l'asile Sainte-

Anne. (La Marseillaise.)

UN officier FOU A la Frontières Il y a quelque temps, un capi-

taine d'artillerie français, en garnison à Verdun, revêtu de son

uniforme, arrivait en voiture à Lorquin, accompagné d'un gen-

FAITS DIVERS. 93

darme allemand. Il fut dirigé sur Sarrebourg et conduit auprès

du général commandant la place, puis chez le Kreisdirector.

Ce malheureux jeune homme, âgé de trente-trois ans, en congé

depuis quelques jours, chez ses parents, à Bertrambois (France),

devenu subitement fou, voulut venir en grand uniforme chez le

général à Sarrebourg annoncer que le lendemain il aurait une

entrevue avec l'empereur sur le Donon, pour traiter au sujet de la

restitution de l'Alsace-Lorraine à la France. Après avoir été inter-

rogé, cet officier français a eté reconduit chez ses parents à Ber-

trambois. (La Marseillaise.)

Un FOU A la recherche DE sa FEMME.Abandonné par sa femme,

un nommé Faux, demeurant rue Durantin, avait fait pour la re-

trouver nombre de démarches inutiles.

Tous ces insuccès lui firent perdre la raison et, hier matin, très

grave, en redingote, Faux se présentait à l'Elysée, demandant à

parler au président de la République.

M. Carnot, qui est tout-puissant, sait où est ma femme, et je

viens lui demander son adresse, déclara le mari au concierge du

palais. Amené chez M. Ganelfe, commissaire de police du quartier,

le pauvre détraqué a été envoyé à l'asile Sainte-Anne. (La lIIal'seil-

laise.) 1 t

Drame de FAMILLE. - Alac S..., établie rue de Rennes, prévenait

hier, à l'aurore, les gardiens de la paix en service de ronde, que

son fils Charles, subitement atteint d'aliénation mentale, cassait

tout dans son appartement. Les agents montèrent chez cette dame,

pour appréhender l'aliéné qui s'était retranché derrière une barri-

cade improvisée, d'où, armé d'un revolver chargé et d'une lourde

pince, il menaçait de mort quiconque approchait. Le gardien

Stoub s'étant avancé, reçut sur la tête un coup de pince qui le

blessa. Alors, changeant leur tactique, les agents, sur l'avis de la

mère, très alarmée, avertirent les deux docteurs de la famille qui

accoururent en toute hâte et parvinrent, après quelques admo-

nestations qu'il écouta 'avec douceur, à chloroformer le jeune

homme qni fut conduit en voiture à l'établissement du docteur

Blanche. ,

Catalepsie. -Les passants qui descendaient mardi soir l'avenue

de l'Aima, virent soudain une femme vêtue de noir tomber de son

haut sur le trottoir, des suites d'une attaque de catalepsie. Trans-

portée dans une pharmacie, où les soins les plus empressés lui

furent prodigués, et enfin à l'hôpital Beaujon, cette femme n'a pas

encore, après plus de quarante-huit heures, repris connaissance.

Il a été impossible d'établir son identité. A sa mise, on juge que ce

94 FAITS DIVERS.

doit être une domestique; elle est brune et parait âgée de trente

à trente-cinq ans..

LE drame de la RUE Truffaut. Les habitants de la rue Truffaut

étaient mis en émoi, avant-hier soir, de sept à neuf heures, par un

bruit épouvantable de carreaux brisés, de vociférations émanant

du n° 14. La vérité, une fois connue, produisit chez tous un senti-

ment de tristesse. -

Celui qui causait tout ce bruit était un jeune homme de trente

ans, M. de la Tremblaie, qui, après avoir été simple soldat en Corse

et en Algérie, avait fait, toujours dans le rang, la campagne du

Tonkin. Comme tant d'autres, il avait contracté les fièvres. Depuis

sa rentrée en France, il y a trois ans, il avait été sujet à de fré-

quentes maladies. Depuis quatre jours, il était dans un état de

surexcitation extrême et, subitement, avant-hier, il s'écria que son

beau-frère voulait tuer sa mère, que des cambrioleurs s'introdui-

saient chez lui. Il se barricada dans sa chambre, s'arma d'une hache

et fit voler en éclats meubles et vitres.

M. Gilles, commissaire de police, se présenta à la porte du ter-

rible aliéné et lui offrit de le débarrasser des cambrioleurs. Après

de longs pourparlers, M. de la Tremblaie finit par y consentir et

monta en fiacre, à destination de Sainte-Anne. (La Marseillaise.)

LE SUICIDE d'un FOU. Un pensionnaire de Bicêtre, nommé

Roos, qui se trouvait en permission de deux jours, a tenté de se

suicider, hier soir, en se précipitant dans la Seine du Pont-au-

Change.

Un passager d'un bateau-omnibus qui, justement, passait sous le

pont, M. Lagarde, mégissier, s'est porté au secours du malheureux,

qu'il a sauvé.

Le pauvre aliéné a été reconduit à Bicêtre. (La Marseillaise.)

1

UNE folle. - Les commissaires de police sont habitués à des

surprises de métier généralement désagréables.

C'est ce qui est arrivé à M. Benezech, commissaire de police du

quartier Rochechouart. Il était dans son cabinet, compulsant un

dossier, lorsque se présenta à lui une femme d'une quarantaine

d'années, d'allures très raisonnables, mais qui, à peine entrée,

sortit de ses poches, au grand étonnement du magistrat, un vieux

rasoir, une énorme clef rouillée et... un pistolet à mèche.

« Je m'appelle 111'°e Lucas, dit-elle, tout en procédant à cette

exhibition. J'ai soustrait à mon mari ces armes dangereuses, et je

viens me mettre sous votre protection. » ,'

Comme elle était, au reste, fort calme, M. Benezech a consenti

sans difficulté à protéger, en effet, la pauvre folle. (Journal des Dé-

bats.)

FAITS DIVERS. 95

Tentative DE MEURTRE D'UNE FOLLE. Une institutrice de Passy,

qui ne jouit pas de la plénitude de ses facultés mentales, Mme Mar-

celine Quintallet, âgée de cinquante-sept ans, demeurant rue Yvan

Villarceau, 7, a tiré plusieurs coups de revolver sur une dame

Carola Gratix, propriétaire d'un hôtel meublé, rue Lauriston, 82,

qu'elle venait de rencontrer dans l'avenue Kléber.

Une seule balle a atteint Mme Gratix, sans toutefois lui faire de

blessure grave.

M. Delamarre, commissaire de police, a mis en état d'arresta-

tion la dame Quintallet, qui a été envoyée à l'infirmerie du Dépôt

et placée en surveillance spéciale. (L'Eclair.)

MEURTRE commis par UNE folle. - La femme Lévêque, âgée de

soixante-sept ans, était atteinte d'une étrange monomanie : elle

sciait tout ce qui se trouvait à sa portée. Il y a quelques années,

elle s'était même détaché le poignet gauche avec une petite scie à

main. Internée pendant quelque temps à l'asile de Lafond, elle en

sortit guérie. Mercredi, brusquement reprise de sa monomanie, la

femme Lévêque vint chercher chez l'instituteur un de ses petits-

enfants, Abel Touchet, âgé de cinq ans; elle l'entraîna dans les

champs et lui scia le cou avec un couteau de poche.

Quelques instants après, couverte de sang, la malheureuse dé-

meule se présentait à sa fille et lui racontait tranquillement les

détails de l'horrible scène. (Journal des Débats.)

UNE accusée EN crise hystérique. Félicité Delcros était ser-

vante dans la brasserie de M. Rabet. Elle plut à son patron qui

l'épousa. Elle devint donc M"'e Rabet et, de l'office, passa au comp-

toir. Mais, en sa nouvelle position, elle eut de telles légèretés de

conduite, que son mari ne tardait pas à introduire contre elle une

demande en divorce. Cela irrita fort l'ancienne servante. Elle mit

tout en oeuvre pour fléchir M. Rabet, le faire revenir sur son pro-

jet. Elle ne réussit point. M. Rabet tenait bon. Elle fut de plus en

plus outrée, et le 2 janvier dernier, après un suprême essai de

réconciliation resté aussi infructueux que les autres, elle tuait son

mari d'un coup de revolver.

La cour d'assises de la Seine devait la juger hier. Seulement,

avant l'ouverture de l'audience, l'accusée tombait dans une vio-

lente crise hystérique. Impossible aux gardes de la conduire à son

banc. Ou dépêcha près d'elle un médecin, il revint disant que la

malade ne pourrait comparaître. Force a été de renvoyer le procès

à une autre session. (L'Eclair.)

96 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

Bourneville. - Recherches cliniques et thérapeutiques sur l'épilepsie,

l'hystérie et l'idiotie. Publié avec la collaboration de 1\01"'1. Dauriac, Ferrier,

Noir. Vol. in-8° de cxx-368 pages, avec 37 figures dans le texte et 15 plan-

ches hors texte. Prix 6 fr.; pour nos abonnés, 4 fr.

BoupxEVtLLE. Du traitement chirurgical et du traitement médico-

pédagogique de l'idiotie. - In-8°. Extrait du compte rendu du Congrès

de Blots.

BRiTTO (A.). - Conlribuiçâo para o est udo da .4slasia-abasia no est

ado da Bahia. Brochure in-18 de 79 pages. - Bahia, 1892 - Imprenza

popular.

CHlAïs (F.). - Urines et nutrition. Variations quantitatives des

éléments urinaires normaux dans les perversions nutritives. Brochure

m-S° de 20 pages. Menton, 1890. - Imprimerie mentonnaise.

FREUD (S.). Zur Kenntniss 'der cerebralen diplegien des Kinder-

salters (im auschsuls an die litllesche Krankheil). Volume in-8° de

168 pages, avec 2 tableaux hors texte. Leipzig und Wien, 1893. F.

Deuticke.

Guermonprez. De la prudence en thérapeutique. - Brochure in-8°

de 69 pages. Paris, 1893. Librairie J.-B. Baillière et fils.

Mossi. Valeur séméiologique de l'anesthésie de l'arrière-gorge et

de l'épiglotte, comme stigmate de l'hystérie. Broch. in-8° de 12 pages.

Toulouse, 1893. Imprimerie Marques et CI*.

SADLEIt (C.). Klinische Unte/'suchungen t)0gt' die Zahl der corpus-

culâren Elemenle und den Ilaemoglobingehalt des Blutes. Brochure

in-8° de 46 pages. - Berlin, 1893. - Verlag von Fischer's.

Séguin (E.-C.). Leçons sur le traitement des névroses. Volume

in-8° de 98 pages. - Prix : 3 tr. Paris, 1893. - Librairie O. Doin.

ViBERT (CH.). - La Névrose traumatique. Étude médico-légale sur les

blessures produites par les accidents de chemins de fer et les trauma-

tismes analogues. - Volume in-8° de 171 pages. - Prix : 5 fr.

ZUCCAIiELLI (A.). - Degenerazione, Pazzia e lelitto. Brochure in-8o

de 46 pages. - Prix : 1 fr. 50. - Napoli, 1893. - Car. A. Tocco.

ZuccAReLLi (A.). - Divorzio e scienza antropologica, conferenza pro-

nunziala il 5 febbraio 1893. Brochure in-18 de 47 pages. Napoli,

1893. Tipografico A. Tocco.

Le rédacteur-gérant, BOUR\EVILLE.

Evruux , Ch IiEmss iirp. 793.

Vol. XXVI. Août 1893. N" 78.

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

PATHOLOGIE NERVEUSE.

' CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES TUMEURS NÉVROGLIQUES

DE LA MOELLE 'ÉPINIÈRE

(SYRINGOMYÉLIE A TYPE SPASMODIQUE)

Par le D' RAYMOND,

Professeur agrégé à la Faculté de Médecine, médecin de l'hôpital Lariboisière,

Je viens d'observer un cas de syringomyélie, remarquable

par la rapidité de son évolution, par l'intensité des phéno-

mènes spastiques, par la longue période qui s'est écoulée entre

le début des symptômes et l'apparition des troubles classiques

de la sensibilité. Le diagnostic, égaré par un tableau clinique

insolite, a mené à une intervention chirurgicale dont les résul-

tate immédiats ont été remarquablement favorables ; mais au

bout de quatre jours des phénomènes d'hyperthermie et de

contracture généralisée ont emporté le malade.

Les particularités cliniques et les résultats de l'examen ana-

tomique, intéressants à plusieurs points de vue, m'engagent à

publier cette observation dans tous ses détails.

OBSERVATION. - Syringomyélie à forme spasmodique, avec atrophie

musculaire prédominant dans les muscles péri-scapulaires, prise

pour une pachymêningite cervicale hypertrophique. Trépanation

du canal rachidien. Amendement rapide des symptômes de contrat-

tures. Mort au cinquième jour après l'opération : hyperthermie,

tétanie généralisée, etc. Névromes de régénération des racines pos-

térieures.

Mat... Jean, âgé de trente-sept ans, cimentier, entré le 19 juin

1889, à l'hôpital Lariboisière, salle Bouley, 'no 10.

Archives, t. XXVI. 7

98 PATHOLOGIE NERVEUSE.

Renseignements héréditaires. - La mère de M... est morte luber-

culeuse, rien de particulier du côté des autres parents.

Renseignements personnels. Le malade était assez frêle dans

son enfance; mais il a joui d'une bonne santé jusqu'en 1886.

Marié, il a un enfant de douze ans, bien portant.

Pas de trace de syphilis. Quelques excès alcooliques. M... a fait

son service militaire; il n'a jamais quitté la France. Il exerce, de-

puis longtemps, la profession de cimentier, profession qui l'expose

constamment aux refroidissements. Il y a quatre ans environ, il

dut, pendant six semaines, travailler dans un égout, couché sur le

dos et continuellement mouillé. A la suite de ce travail fatigant,

M... a eu, à la nuque, un furoncle volumineux, véritable anthrax

dont il porte encore les traces aujourd'hui.

Le malade fait remonter à trois ans le début des accidents ac-

tuels. Vers cette époque, il a commencé à éprouver des sensations

de froid dans les jambes; il lui semblait, dit-il, les avoir constam-

ment dans l'eau. Il ne parvenait à vaincre celte sensation que devant

un feu très vif. En même temps survenait une légère parésie des

membres inférieurs, le gênant beaucoup dans son travail. Peu de

temps après les débuts de ces premiers accidents, les mêmes phéno-

mènes se produisirent dans le bras droi qui lui paraissait très lourd.

Au bout de six mois environ, il avait de la raideur généralisée

aux quatre membres, et à la poitrine, d'où une certaine gêne de la

respiration et de la parole.

Il fut, à celte époque, obligé de s'arrêter de travailler. Peu à

peu, il s'affaiblit, et il éprouva quelques troubles de la miction et

de la défécation. Finalement il se décida à entrer à l'hôpital.

Etat actuel (19 juin 1889). Homme maigre, pâle, de taille

moyenne. Santé générale bonne. Ce qui frappe tout d'abord,

lorsqu'on examine le malade debout et entièrement nu, c'est une

sorte de raideur généralisée étendue au tronc et aux membres su-

périeurs et inférieurs. La tête est légèrement inclinée en avant ;

pourtant tous les mouvements de rotation, de flexion et d'exlen-

sion sont possibles. et le champ d'excursion de ces mouvements

ne paraît pas diminué beaucoup.

Le tronc est légèrement tordu sur lui-même. Il existe une assez

notable scoliose latérale gauche. Les mouvements d'excursion des

côtes se font avec une certaine raideur. Les muscles du tronc, en

général, sont plus rigides, plus tendus que normalement. Les ilio-

spinaux, en particulier ceux de la gouttière vertébrale droite, sont

très contractures ; de même, les muscles de l'abdomen.

Il existe, à la nuque, les traces du large furoncle qu'a eu le ma-

lade. Au niveau de la proéminente se trouve une sorte d'épaissis-

scment du derme, rayonnant autour des lignes d'incisions faites

par le bistouri. 0

DES TUMEURS NÉVROGLIQUES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE. 99

Les muscles péri-scapulaires sont considérablement atrophiés,

surtout à droite. L'atrophie porte plus particulièrement sur les

muscles sus et sous-épineux, rhomboïde, grand dorsal et trapèze

(portion inférieure). Les deltoïdes ont, pour ainsi dire, leur volume

normal.

Les membres supérieurs, en demi-flexion, sont comme collés

contre le tronc. La flexion du coude est assez facile; au contraire

l'extension ne peut se faire que difficilement et en plusieurs temps.

L'articulation de l'épaule a conservé très peu de mouvements; la

circumduction du bras est impossible. Les mouvements des articu-

lations radio-carpiennes sont assez faciles dans le sens de la flexion ;

par contre, ces mouvements sont plus difficiles dans l'extension.

De même, pour les,doigts. Les muscles des membres superieurs

ont conservé à peu près leur volume normal ; ces muscles sont con-

tracturés, surtout les extenseurs. La contracture est moins accen-

tuée à gauche qu'à droite.

Du côté des membres inférieurs, on constate un certain degré

de parésie et la même raideur qu'aux membres supérieurs. L'ex-

tension du genou est assez difficile, la flexion, plus facile. Les mol-

lets, contractures, sont le siège de tiraillements douloureux presque

continuels.

La marche est gênée par une sensation de chatouillement de la

plante des pieds et de lourdeur générale dans les deux membres

inférieurs. M... ne peut se tenir debout sur un seul pied. L'oc-

clusion des yeux n'est pour rien dans la production de ce phéno-

mène.

Tous les réflexes, à part celui des masséters, qui est normal, sont

très considérablement exagérés, principalement du côté des mus-

cles extenseurs. 11 suffit de percuter, même très légèrement, le

tendon ou le muscle, pour provoquer ces réflexes. Les réflexes

cutanés sont aussi très exagérés : le chatouillement, même léger de

la peau, provoque immédiatement des contractions musculaires.

Trépidation spinale intense que l'on arrête facilement par la

torsion du gros orteil. La sensibilité est complètement intacte

sous tous ses modes. Pas de troubles actuels des sphincters. Vue,

ouïe, normales. Les fonctions cérébrales ne laissent rien à désirer.

L'examen des yeux est négatif.

REMARQUE. - Je fus, je l'avoue, fort perplexe pour établir

dans l'espèce un diagnostic précis. Je passai successivement

en revue les affections de la moelle dans lesquelles le symp-

tôme contracture est le phénomène dominant.

J'écartai immédiatement l'hystérie dont je n'avais devant

moi aucun stigmate, et dans le passé comme dans le présent,

je ne relevais aucun phénomène hystérique.

100 PATHOLOGIE NERVEUSE.

Je discutai ensuite les dystrophies nusculaires progres-

sives, la poliomyélite antérieure, la forme spinale de la sclé-

rose en plaques, la polynévrite généralisée, l'hématomyélie,

la lèpre anesthésique, la syringomyélie, la myélite transverse

cervicale, la sclérose latérale amyotrophique, le tabes spasmo-

dique,etc. Je ne conclus pas à l'existence de l'une ou l'autre

de ces affections parce que le tableau clinique que j'avais sous

les yeux s'écartait par plusieurs symptômes importants de

celui que l'on est dans l'habitude de regarder comme caracté-

ristique de ces diverses maladies.

Je m'arrêtai au diagnostic suivant : aclcyméningite cervicale

hypertrophique. Compression antérieure et latérale de la moelle;

myélite transvez se consécutive ayant détruit une partie des

cornes antérieures. Dégénérescence descendante des faisceaux

latéraux. Je ne me dissimulai pas que l'ensemble des signes

que j'observais était loin de correspondre à la forme classique,

habituelle delà pachyméningite cervicale hypertrophique, mais

on sait combien grandes sont les variations du tableau cli-

nique, dans les maladies chroniques de la moelle. L'absence

de tout trouble de la sensibilité m'empêcha de conclure à la

syringomyélie, quoique aujourd'hui il ait été produit des

observations de cette maladie avec pièces anatomiques à l'ap-

pui, dans lesquelles il n'y a eu aucun trouble de sensibilité.

D'ailleurs à l'époque où j'observais mon malade, la forme

spastique de la syringomyélie était mal connue.

Traitement. - En conséquence de mon diagnostic, je fis mettre

des pointes de feu, fréquemment, sur la région cervico-dorsale

de la colonne vertébrale. J'ordonnai, en outre, l'iodure de potas-

sium et des bains sulfureux.

Après deux mois de séjour à l'hôpital, l'état du malade s'amé-

liore ; la marche devient plus facile. Mais à la fin du mois d'octo-

bre, il survient une aggravation : le malade pour marcher est

obligé de se cramponner aux montauts des lits ; il ne peut plus

aller aux bains sans se faire accompagner.

Au mois de novembre, il contracte dans le service une fièvre

typhoïde. Cette affection ne semble avoir influé en rien sur la

marche de la maladie. Dans le courant de la convalescence,

quinze jours environ après la chute de la fièvre, il se trouve bien

de nouveau, et dans l'état d'amélioration où il était avant sa fièvre

typhoïde.

Au mois de mars 1890, -en même temps qu'un état fébrile assez

marqué, des mouvements involontaires se produisent dans les

DES TUMEURS NÉVROGLIQUES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE. '101

membres inférieurs du malade. Les draps relevés, la simple

impression de l'air froid suffit pour amener un tremblement

étendu des deux jambes. La plus petite percussion des muscles

détermine une trépidation spinale prolongée. Le malade est

incapable de se tenir sur ses jambes sans être soutenu par un infir-

mier. Ces phénumènes disparaissent peu à peu, dans l'espace de

quinze jours.

15 avril. Le membre supérieur droit est dans la demi-flexion

et la pronation, par suite de la contracture du biceps; le malade

peut fléchir le bras, mais l'extension complète n'est pas spontané-

ment possible. Légère rétraction de l'extrémité du petit doigt.

Le malade arrive à mettre son bras sur sa tête, mais avec diffi-

culté ; quand il veut exécuter ce mouvement il est pris d'un trem-

blement assez étendu.

Du côté gauche, on constate une rétraction du petit doigt et une

rétraction un peu moindre de l'index; un léger degré de contrac-

ture du biceps n'empêche pas l'extension complète, avec un effort

relativement minime.

Le deltoide est légèrement atrophié des deux côtés : les muscles

des fosses sus et sous-épineuses sont beaucoup plus atteints que le

rhomboïde, le grand dorsale et le trapèze. - Les omoplates sont

détachée^ et un peu éloignées de la ligne médiane (davantage à

droite). 0

10 : 2 PATHOLOGIE NERVEUSE.

modes; il n'existe pas d'anesthésies, ni d'hyperesthésies. Pas de

troubles de la miction. La défécation est un peu pénible. La

vue est toujours normale.

Mai. - Le malade est pris de douleurs en ceinture très vives;

déplus il sent au milieu des deux épaules une douleur qui le serre

comme un corset. -

Juin. Persistance des douleurs précédentes; de plus, douleurs

violentes aux cuisses, affectant par moment la sensation «d'éclairs» :

elles suivent à peu près exactement le trajet du sciatique.

Novembre. - On constate l'apparition d'une zone d'hyperesthésie

occupant tout le membre inférieur droit, sauf au niveau du pied, où

la sensibilité est la même qu'à gauche. La sensibilité est encore

normale dans tout le reste du corps. Réflexes rotulien et plantaire

exagérés.

A gauche, on provoque facilement la trépidation spinale; à

droite, on ne peut la produire, le pied étant immédiatement

immobilisé en adduction et rotation en dedans par la contracture

des muscles de la jambe.

Les douleurs en éclair qui traversaient la cuisse sont devenues

plus rares. - Les douleurs actuelles siègent surtout au genou

gauche, où elles sont continues, et, bien moins fortes, au genou

droit. Crampes fréquentes des mollets, bien plus rares égale-

ment du côté droit.

Le malade ressent des fourmillements continuels dans les jambes

et a une sensation de froid au niveau des jambes et des pieds. (La

température est la même au toucher que celle du reste du corps. )

Les douleurs en ceinture n'ont pas varié d'intensité; les douleurs

interscapulaires sont devenues plus fortes, surtout le soir, gênant

par moment la respiration.

Au niveau du sacrum douleur vive, que fait disparaître momen-

tanément une application de pointes de feu. Douleurs intermit-

tentes dans l'épaule droite. - La constipation est habituelle; la

miction se fait bien. -La parole est devenue un peu plus difficile;

il n'y a pas de troubles de la déglutition.

Le malade n'a pas d'appétit. - La marche est devenue bien

plus difficile. - Dès que les pieds du malade touchent terre, il se

produit une contraction du triceps qui rend la flexion de la jambe

impossible. Le malade doit tenir les yeux fixés à terre et s'appuyer

sur une chaise pour marcher. De plus, quand il éprouve en

marchant une sensation de froid, la contracture des muscles rend

la marche totalement impossible et il doit se recoucher. Ces phé-

nomènes se dissipent au bout de quelque temps. A la main droite,

l'annulaire s'étend maintenant comme le médius. Quand le

malade étend l'avant-bras, le mouvement est quelquefois arrêté par

DES TUMEURS NÉVROGLIQUES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE. 103

une brusque contraction du biceps. L'avant-bras est contracture

en pronation. On parvient cependant facilement à vaincre la con-

tracture.

104 PATHOLOGIE NERVEUSE.

La force musculaire est conservée. On constate au membre infé-

rieur une contracture marquée. La jambe est légèrement tléchie

sur la cuisse. De même, les membres supérieurs sont le siège

d'une parésie spasmodique plus accentuée à droite qu'à gauche.

DES TUMEURS NÉVROGLIQUES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE. '105

parait bomber légèrement en arrière, est également ouverte, avec

précaution. On constate nettement l'existence d'une saillie à la

face postérieure de la moelle. En pinçant cette saillie entre les

deux mors d'une pince à griffes, le tissu médullaire se rompt et il

sort d'une cavité intra-médullaire une certaine quantité de liquide

clair, limpide, ressemblant à du liquide céphalo-rachidien ; on

constate alors qu'on a ouvert un kyste assez étendu situé dans la

région postérieure de la moelle et qui n'était séparé de la surface

que par une très faible couche de tissu nerveux, mesurant de

1 à 2 millimètres. Il s'est écoulé au moins deux ou trois cuillerées

de liquide.

30 décembre. Soir. T. 40°,5. P. 120. Le malade se trouve

bien. Un peu moins de contracture des membres inférieurs et

supérieurs, surtout à droite.

31 décembre. Matin, T. 39°. Soir, T. 40°,4. P. liO, 112.

L'état général paraît bon. Soif assez intense. La contracture

a diminué, le malade trouve qu'il remue mieux ses bras.

1 cr janvier. Matin, T. 39°,5. Soir, 40°,2. P. 115,120. Un lave-

ment ; selles abondantes, sulfate de quinine 1 gramme en deux fois.

L'amélioration est manifeste; le malade remue beaucoup mieux

les membres.

2 janvier. Matin, T. 39°,4 Soir, 40. P. 110,100. Léger sub-

délirium pendant la nuit : on l'attribue à la quinine.

3 janvier. T. 39°, 4 au matin, P. 90. La nuit a é ! é assez agitée.

Le malade se trouve d'ailleurs bien; on défait le pansement. La

plaie parait en bon état, on n'y touche pas. Le soir l'agitation a

augmenté. Le malade voit continuellement des gens qui veulent

l'assassiner. Il ne cesse de crier et de s'agiter dans son lit. T.40°,4,

pouls rapide, mais régulier, à 120. Contracture des membres infé-

rieurs en extension, des supérieurs en flexion. Mort le 4 janvier

à quatre heures du matin.

Autopsie le 5 janvier 1892. La partie postérieure des lobes

inférieurs des deux poumons est le siège d'une légère congestion

passive. Le coeur est normal et en systole; il est complètement

vide de sang. On n'observe rien de spécial dans les autres viscères,

foie, rein, rate.

Cerveau. Les méninges cérébrales sont injectées, leurs veines

sont fortement dilatées, surtout vers la convexité et dans le lobe

frontal, au niveau de la scissure de Rolando. Il n'y a rien d'anormal

dans le reste de l'organe.

Moelle. Au niveau de l'incision opératoire on trouve un peu

de sérosité sanguinolente, avec de petites plaques de fibrine, mais

pas de pus : cette sérosité a été examinée au point de vue bactério-

106 PATHOLOGIE NERVEUSE.

logique par M. le Dl' Netter,qui n'y a trouvé aucun micrograuisme;

il ne s'agissait donc pas d'une infection consécutive à l'opération,

et l'hyperthermie présentée par le malade était de nature pure-

ment nerveuse.

Il n'y a pas d'épanchement notable dans le canal rachidien

autour de la dure-mère, qui présente un aspect normal, sauf au

niveau de l'incision, où elle est un peu colorée par le sang. La

suture au catgut tient très bien et ne laisse pas écouler le liquide

céphalo-rachidien. Les lames des quatrième et cinquième vertèbres

cervicales sont enlevées à droite.

Après avoir découvert la moelle complètement, on constate que la

dure-mère n'est pas plus tendue que d'habitude. La dure-mère et

l'arachnoïde sont complètement normales. La pie-mère est rouge

pâle et oedémateuse surtout dans les régions dorsale et lombaire ;

dans toute son étendue, elle est très vascularisée et on aperçoit de

'grosses veines tortueuses qui rampent à sa surface.

La moelle a conservé partout son volume normal, si ce n'est au

niveau du renflement cervical, où elle est fortement augmentée de

volume, surtout en largeur. A ce niveau, elle présente en arrière

une coloration verdâtre qui tranche sur la coloration blanche de la

face antérieure.

L'incision, faite pendant l'opération, se trouve au niveau de l'ori-

gine des cinquième et sixième paires cervicales; elle a environ

un centimètre et demi de longueur. Par cette incision, on peut

introduire une sonde cannelée dans une cavité qui paraît remonter

jusqu'à la quatrième paire cervicale et descendre jusqu'à la

deuxième paire dorsale. Sur une coupe pratiquée à ce niveau, on

aperçoit une tumeur formée d'un tissu mou, gélatineux, gris ver-

dâtre, qui a une forme arrondie et qui occupe presque entière-

ment la place réservée aux cordons postérieurs; au centre de

ce tissu néoplasique, se trouve une perte de substance, de forme

étoilée sur la coupe, qui est la cavité du kyste ouvert par le

chirurgien. Sur des coupes successives pratiquées au-dessus et au-

dessous de la première, on constate que la tumeur remonte jusqu'à

quelques millimètres au-dessous du bec du calamus et qu'elle

descend jusqu'à l'extrémité du renflement lombaire, en diminuant t

beaucoup de volume et en se cantonnant dans la région de la corne

postérieure gauche. A partir de la région dorsale, le gliome n'est

plus excavé. ,

Les racines antérieures et postérieures ne paraissent pas sensi-

blement altérées; elles ont conservé à peu près leur volume nor-

mal et/leur coloration habituelle.

Les muscles de la ceinture scapulaire sont atrophiés des deux

côtés, mais non complètement détruits ; leur coloration et leur

consistance sont encore assez bien conservées. Le rhomboïde et la

partie cervicale du trapèze paraissent être les plus atteints.

DES TUMEURS NÉVROGLIQUES DE LA MOELLE ÉPINIERE. '107

Examen iiistologique. - I. Topographie de la tumeur. - L'évolu-

tion du néoplasme étant beaucoup plus avancée dans les régions

supérieures de la moelle, il est plus facile de la décrire en allant

de bas en haut; de cette façon on se rend mieux compte de son

extension progressive et on assiste à l'envahissement successif des

différentes régions de la moelle.

Dans le cône terminal, la tumeur apparait à environ un centi-

mètre au-dessus de l'extrémité inférieure de la moelle (fig. 1). En

ce point elle est constituée simplement par une infiltration diffuse,

contenant encore de nombreux tubes nerveux écartés, dissociés et.

tordus par les éléments néoplasiques; cette infiltration est située

en arrière du canal central, dont les cellules ont proliféré à ce

niveau, mais qui en reste parfaitement distinct ; elle envahit en

arrière les cordons postérieurs, surtout à gauche.

Vers le milieu du renflement lombaire, il n'existe plus de tubes

à myéline au centre de la tumeur, qui s'étend du col de la corne

postérieure gauche au col de la corne postérieure droite; de plus

une mince fusée de tissu néoplasique suit le sillon postérieur dans

toute sa longueur. Les limites de la tumeur restent très vagues et

son tissu se confond insensiblement avec le tissu sain.

Vers la deuxième lombaire, il se forme au sein du néoplasme

une masse cylindrique, nettement délimitée et formée de nattes

névrogliques entrelacées. Cette tumeur, véritablement circonscrite,

décapite la corne postérieure gauche, sans beaucoup comprimer la

corne antérieure. Les fibres de la racine postérieure contournent

la tumeur en s'étirant; elles passent les unes en dehors, les autres,

Fig. 1. - Coupe du cône terminal; coloration de Pal.

La tumeur se montre sous la forme d'une infiltration diffuse située en arrière de la

substance grise centrale, au ni\eau du col de la corne postérieure gauche.

108 PATHOLOGIE NERVEUSE.

beaucoup plus nombreuses, en dedans. Ces dernières séparent le

nodule circonscrit d'une zone d'infiltration néoplasique diffuse qui

gagne le col de la corne postérieure droite en ]ongl'ant la commis-

sure grise, et se perd insensiblement en arrière dans les cordons

postérieurs. A ce niveau, il ne reste plus aucune trace de la subs-

tance gélatineuse de Rolando à gauche.

A mesure que l'on remonte, la tumeur envahit de plus en plus

la corne antérieure et elle se dirige en dehors. Au niveau de la

douzième dorsale (fig. 2), elle a passé complètement en dehors de

la corne postérieure; en dedans et en arrière de la tumeur, on

aperçoit la tète de la corne refoulée, ainsi que les fibres radicu-

laires postérieures; celles-ci pénètrent dans l'intérieur même de la

tumeur où elles disparaissent bientôt. Outre la portion circonscrite,

il existe, comme plus bas, une portion diffuse qui envahit les cor-

dons postérieurs et qui se distingue nettement de la première.

De plus, on peut apercevoir en arrière, à gauche de la scissure

postérieure, un petit noyau, complètement isolé, de tissu néopla-

sique diffus. A ce niveau, le faisceau latéral profond est envahi, à

gauche, par l'infiltration.

Un peu plus haut, vers la dixième dorsale, la tumeur qui, partie

des cordons postérieurs, était passée entièrement en dehors de la

corne postérieure gauche, en la décapitant, revient en dehors

d'elle, en repassant par conséquent dans les cordons postérieurs

Fig. 2. Coupe pratiquée au niveau de la douzième racine dorsale.

La portion circonscrite de la tumeur a décapité la corne postérieure gauche; elle

contient de gros amas de granulations pigmentaires. La portion diffuse envahit les

cordons postérieurs ; un petit nodule néoplasique isolé est situé en arrière, à gauche de

la scissure postérieure. Dégénérescence des faisceaux pyramidaux.

DES TUMEURS NÉVROGLIQUES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE. 109

(fig. 3). Les fibres radiculaires postérieures, très atrophiées, passent

maintenant en dehors du néoplasme. La substance de Rolando est

de nouveau complètement détruite, ainsi que la colonne de Clarhe,

dont il ne reste plus aucune trace. En arrière, on retrouve la même

infiltration diffuse que plus bas.

. Sur les coupes suivantes, la tumeur continue à occuper la même

place; les fibres radiculaires postérieures passent pour la plupart

en dehors d'elle; quelques-unes pourtant passent parfois en de-

dans ; elles sont toutes fortement étirées et atrophiées. La colonne

de Clarlce reste détruite à gauche; à droite, elle est tantôt détruite,

tantôt saine, suivant que le néoplasme l'atteint ou en reste écarté.

Vers la sixième dorsale, la corne antérieure gauche disparait

presque complètement ; toutes ses cellules ne sont pourtant pas

détruites et on les retrouve étalées à la périphérie de la tumeur.

Vers la quatrième dorsale, la corne antérieure se reforme, tout

en restant plus comprimée et plus déformée que la droite. C'est à ce

niveau que le gliome commence à s'excaver ; on aperçoit sur la

coupe deux excavations de nature différente, dont l'une disparait

bientôt, tandis que l'autre remonte en se dilatant jusqu'à l'extré-

mité supérieure de la tumeur; il en sera question plus tard en

détail.

Au niveau de la troisième dorsale, la cavité est déjà grande ; elle

a une forme étoilée et est creusée dans un tissu néoplasique épais,

compact et nettement circonscrit sur ses bords.

Fig. 3. Coupe pratiquée au niveau de la dixième racine dorsale.

La portion circonscrite de la tumeur a repassé dans les cordons postérieurs; en

dehors d'elle, on aperçoit quelques rares fibres radiculaires; la substance de Holando a

complètement disparu a gauche. La portion diffuse rayonne dans les cordons postérieurs.

Dégénérescence des faisceaux pyramidaux.

110 PATHOLOGIE NERVEUSE.

La figure 4 représente une coupe de la moelle à la hauteur de

la huitième cervicale; on voit comment les cornes antérieures et

postérieures s'étalent à la périphérie; le cordon postérieur gauche

est fortement entamé; le droit, au contraire, est conservé en partie,

quoique très déformé.

Au niveau de la sixième cervicale, la cavité a été ouverte par le

chirurgien (fig. 5) ; on voit le développement énorme que la tumeur

a pris à ce niveau. A l'endroit de la section, les tissus sont forte-

ment infiltrés de globules rouges encore intacts.

Un peu plus haut, à la hauteur de la quatrième cervicale, la

tumeur a pris une conformation très irrégulière; outre la cavité

principale, il en existe d'autres petites, communiquant plus ou

moins entre elles et limitées par des lames de tissu contournées

dans tous les sens. De plus, outre la partie principale, circons-

crite, on trouve sur les côtés et en arrière, une zone d'infiltration

diffuse, qui envahit dé,à presque la totalité des cordons posté-

rieurs. Le canal central est dilaté sur une petite étendue, il forme

Fiv. 4. Coupe pratiquée au niveau de la huitième racine cervicale.

La tumeur est creusée à son centre d'une excavation de forme irrégulièrement étoiléc.

Aplatissement etètirement des cornes à son pourtour. Dégénérescence intense des faisceaux

pyramidaux croisés et des faisceaux cerebelleux directs; dégénérescence moins visible

des faisceaux de Gowers.

DES TUMEURS NÉVROGL1QUES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE. 111

une petite lacune tapissée d'une couche très régulière d'épithé-

lium cubique cilié.

Enfin au niveau de la deuxième cervicale (fig. 6), bien que la

tumeur principale ait diminué de volume, la portion infiltrée a

112 PATHOLOGIE NERVEUSE.

fait de tels progrès qu'elle a détruit complètement les cordons pos-

térieurs, dont il n'existe plus que de rares fibres isolées, et les zones

radiculaires des deux côtés. La partie profonde des faisceaux laté-

raux est même envahie, surtout à droite ; la corne antérieure droite

est également la plus comprimée. Toute cette masse de néoplasme

diffus est parsemée d'hémorrhagies anciennes et récentes; elle est

très friable et toute craquelée sur les coupes. Le canal central n'est

plus dilaté sur ce point; il forme là, comme dans tout le reste de

DES TUMEURS NEVROGLIRUES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE 113

la moelle, un petit amas de cellules proliférées, refoulé par la

tumeur, mais très nettement distinct d'elle. Plus haut, le néo-

plasme disparaît presque brusquement et au niveau du collet du

bulbe, on n'en trouve plus aucune trace.

II. Structure de la tumeur. - Il existe du haut en bas de la

moelle une porticn du néoplasme qui est nettement circonscrite et

qui forme comme une tige plus ou moins arrondie, excavée dans

sa partie supérieure; cette tige est isolée du reste de la moelle

par une mince couche fibrillaire, lâche, très visible en certains

points, moins marquée en d'autres; il en résulte que cette portion

du néoplasme paraît énucléable et se distingue parfaitement du

reste; son tissu ne contient plus d'éléments nerveux. Mais en

dehors de cette formation, à laquelle on ne peut pas refuser le

nom de tumeur, il existe à sa périphérie, sur la plus grande partie

de son étendue, une infiltration diffuse des mêmes éléments néo-

plastiques, qui tendent à étouffer les éléments nerveux; tandis que

dans la partie circonscrite de la tumeur, les éléments se dispo-

saient en nattes, en tourbillons, en lames contournées,. ceux de la

portion diffuse n'affectent aucune disposition architecturale, tout

en étant manifestement de même nature. Nous pouvons donc trou-

ver dans le néoplasme deux parties parfaitement distinctes :

1° une partie circonscrite ; 2° une partie diffuse, sans limites nettes.

La partie circonscrite de la tumeur est constituée par un tissu

fibrillaire, contenant des cellules en quantité variable suivant les

points; de plus, ce tissu est tout infiltré d'une substance, d'aspect

hyalin, qui se colore faiblement par le carmin, et qni parait homo-

gène au premier abord; mais, sur les coupes dissociées, après

avoir subi les manipulations de la méthode de Malassez, on voit

qu'en bien des points, et particulièrement aux environs de la cavité,

cette substance interstitielle est formée de petites boules arrondies

qui sont peut-être les débris d'éléments cellulaires. Les cellules

sont en eli'et beaucoup moins abondantes dans ces points qu'à la

périphérie de la tumeur, là où celle-ci paraît être en voie d'accrois-

sement, et on peut admettre qu'un grand nombre d'éléments fi-

gurés ont subi une dégénérescence qui les rend méconnaissables.

Les cellules contiennent un noyau plus volumineux que les cellules

névrogliques normales ; ce noyau est arrondi ou irrégulier; sou-

vent il est allongé ou en bissac. Sur les coupes colorées à l'héma-

toxyline, on constate que les noyaux sont disposés en nappes ou en

bandes, d'orientation variable ; très abondants en certains points,

ils deviennent beaucoup plus rares en d'autres points, et particu-

lièrement au voismage de l'excavation où le tissu est presque pure-

ment fibrillaire. Souvent les noyaux se disposent par files de quatre

ou cinq, toutes orientées dans le même sens et plongées dans des

fibrilles qui affectent elles-mêmes la même direction générale , il

Archives, t. XXVI. 8

1J4 PATHOLOGIE NERVEUSE.

en résulte la formation de bandes fibreuses qui s'entremêlent irré-

gulièrement; habituellement la périphérie de la tumeur est cir-

conscrite par de semblables faisceaux qui se disposent en cercles

plus ou moins parallèles au bord du néoplasme.

Il faut ajouter que le corps d'un très grand nombre de ces cel-

lules est infiltré de granulations de pigment sanguin; des amas

souvent très volumineux de granulations semblables sont d'ail-

leurs semés dans tout le tissu. *

Outre les cellules dont il vient d'être question, on trouve aussi

des blocs homogènes très volumineux, à contour arrondi ou ovoïde;

ces blocs contiennent un noyau volumineux ou n'en contiennent

plus; ils peuvent être infiltrés de granulations pigmentaires. Cette

formation résulte certainement d'une transformation particulière

des cellules de la névroglie, car on peut trouver tous les stades de

la transformation. La comparaison de ces cellules avec celles que

l'on trouve dans cerlains gliomes neuroformatifs du cerveau et la

présence très nette de un ou deux prolongements sur quelques-

unes d'entre elles, permettent de soupçonner qu'il y a là une ten-

dance à l'évolution ganglionnaire des cellules néoplasiques.

Les fibres sont de volume et de disposition variables; en certains

points elles sont très apparentes et forment un réseau régulier, à

mailles larges ; c'est l'aspect que l'on rencontre autour de la cavité.

Ailleurs, elles se disposent presque parallèlement les unes aux autres

et forment des bandes d'aspect fibroide. Enfin dans bon nombre

d'endroits la névroglie prend un aspect granuleux et ressemble

beaucoup à celle que l'on rencontre dans l'écorce cérébrale; mais

à un fort grossissement on aperçoit encore les fibrilles, très fines,

engluées par une substance interstitielle grenue.

La tumeur infiltrée est constituée des mêmes éléments, mais on

trouve encore dans son épaisseur des éléments nerveux qui n'ont

pas été étouffés complètement. Les cellules ont les mêmes aspects

que dans la tumeur circonscrite, mais elles ne se disposent jamais

en traînées; en certains points elles sont très peu abondantes;

mais par places, surtout vers la périphérie, elles prolifèrent abon-

damment, au point de se toucher presque. En un mot, il existe des

endroits nombreux où on croirait avoir affaire à un gliome vrai,

tel qu'on en rencontre dans le cerveau.

Entre les cellules le tissu est formé de fibres très fines; par

places il a même un aspect très finement granuleux et les fibrilles

ne se distinguent plus guère. Dans le renflement cervical, où il est

très abondant, ce tissu néoplasique diffus est très friable (fig. 6).

Toute la tumeur est très vasculaire et a été le siège d'une con

gestion très intense, pendant fort longtemps, ainsi qu'en témoignent

les nombreux amas pigmentaires qu'elle renferme; ces amas pig-

mentaires sont situés soit dans les cellules, soit dans la paroi vas-

culaire et dans le tissu conjonctif qui accompagne les vaisseaux; il

DES TUMEURS NÉVROGLIQUES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE 115

en existe aussi de très considérables qui sont libres, en plein tissu.

La congestion est marquée surtout à la périphérie de la tumeur

circonscrite, où on aperçoit une couronne de gros vaisseaux di-

latés.

En étudiant de plus près la disposition des vaisseaux, on voit que

les plus volumineux d'entre eux se groupent en nombre de trou

ou quatre, pour cheminer dans le tissu néoplasique; ces faisceaux

vasculaires sont accompagnés d'une gaine conjonctive épaisse,

formée de grosses fibres et de cellules plates : c'est du tissu fibreux

à proprement parler. Suivant que ces tractus conjonclivo-vascu-

laires sont coupés perpendiculairement à leur axe ou plus ou moins

obliquement, ils forment des polygones étoilés ou des lignes rami-

fiées. Le tissu de la tumeur étant d'origine névrotique, on peut

comparer cette disposition à celle des tumeurs épithéliales. où un

élément ectodermique et un élément mésodermique se trouvent

en présence; mais ici nous avons affaire à un organe où le tissu

conjonclif est extrêmement peu abondant à l'étal normal, et dis-

posé exclusivement le Joug des vaisseaux : il en résulte que, lorsqu'il

Fig. z Un tractus vasculo-colljollctif coupé perpendiculairement il son

axe, pris dans le rendement cervical, au voisinage de la cavité.

Tissu fibreux infiltré de granulations pigmentaires, contenant des vaisseaux dilatés. A

la périphérie, membrane onduleuse d'aspect papillaire, séparant partout le tissu méso-

dermique du tissu ectodermique. Au pourtour le tissu néoplasique, d'origine névro-

glique est très pauvre en cellules. (Obj. ° Véric6, oc. 1. Hëmtoxime et éosine.)

'lez 6 PATHOLOGIE NERVEUSE.

s'épaissit, au contact de l'élément épithélial néoplasique, il n'ar-

rive à former qu'un stroma extrêmement lâche, à travées exclusi-

vement vasculaires. Les vaisseaux sont certainement altérés, car

leurs parois sont très épaisses et souvent infiltrées de pigment

sanguin; mais n'existe nulle part d'endartérite ni de thrombose.

. , Les figures 7 et 8 donnent une excellente idée de la forme et de

. la. constitution des tractus conjonctivo-vasculaires. On voit qu'ils

sont limités de toutes parts par une formation très caractéristique,

Fig. S. Un tractus vasculo-conjonclif coupé obliquement et contenant

des névromes de régénération avec des vaisseaux gorgés de sang.

Membrane onduleuse séparant partout le tissu conjonctif du tissu névrogliques

néoplasique. (Obj. 2 Verick, oc. 1. Hémitoxylinu et éosine.)

DES TUMEURS NÉVROGLIQUES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE. 1'ici

une membrane plissée qui sépare le tissu ectodermique du tissu

mésodermique. Cette membrane décrit des sinuosités que l'on ne

saurait mieux comparer qu'à la tranche d'une fraise tuyautée. De

plus, comme les tractus conjonctifs envoient dans la tumeur de

nombreuses expansions en forme d'épines, il en résulte que la

membrane limitante décrit des sinuosités de premier ordre sur

lesquelles viennent se greffer les sinuosités de deuxième ordre

dont il vient d'être question ; l'ensemble prend l'aspect d'nne série

de grosses papilles coniques, parfois ramifiées, hérissées de petites

papilles en forme de massue. A un faible grossissement on croirait

voir une cavité étoilée tapissée d'un épithélium cylindrique. Très

fine et d'aspect anbysle sur les tractus de moyen volume, la mem-

brane devient beaucoup plus épaisse et stratifiée sur les gros

tractus. Les vaisseaux qui cheminent isolément et qui ne sont pas

accompagnés d'une gaine conjonctive épaisse, ne possèdent pas

non plus de membrane sinueuse, mais partout où l'on trouve cette

formation, on peut s'assurer qu'elle entoure des éléments conjonc-

tifs. Les fibrilles névrogliques viennent s'insérer perpendiculaire-

ment à la face externe de cette membrane ; les faisceaux conjonctifs

au contraire. lui sont parallèles et forment souvent une transition

insensible entre elle et l'espace mésodermique; d'ailleurs sur les

coupes colorées par la méthode Malassez on peut voir que la mem-

brane se gonfle et se comporte comme le tissu conjonctif; elle n'est

donc pas une formation névroglique, mais appartient au contraire

en propre au tractus vasculo-conjonctif.

En lisant cette description, et surtout en regardant les figures

qui la rendent compréhensible, le lecteur sera frappé de la ressem-

blance qui existe entre cette formation conjonctive et la membrane

limitante de la cavité de beaucoup de syringomyélies; c'est la dis-

position papillaire qui est bien décrite et figurée dans la thèse

récente de Critzman. La conclusion naturelle de ce rapproche-

ment est que, dans bon nombre de cas de syringomélie, la cavité se

développe aux dépens d'espaces coujonctivo-vasculaires dégénérés

et dilatés; les vaisseaux ont disparu, ou forment encore des tra-

vées à l'intérieur de la cavité; il ne reste donc que la périphérie du

tractus, sous la forme d'une mince couche hyaline, qui est du tissu

conjonctif modifié, et d'une membrane plissée; mais cette mem-

brane est suffisamment caractéristique pour permettre d'affirmer

l'origine de la cavité. D'ailleurs on peut trouver dans la moelle qui

nous occupe une preuve directe de la réalité de ce processus; en

effet, vers le point où commence la cavité principale, qui, dans

notre cas, a une origine toute différente, ainsi que nous allons le

voir, il existe une petite cavité qui se forme aux dépens d'un trac-

tus conjonctivo-vasculaire (fig. 9). Le tissu conjonctif est en train

de subir une transformation hyaline et l'espace, très dilaté, ne

contient plus à son centre qu'un vaisseau en voie de dégénères-

118 PATHOLOGIE NERVEUSE.

cence; à la périphérie, on aperçoit bien la membrane plissée, qui

subsiste encore.

Mais ce n'est pas de cette façon que s'est formée la cavité prin-

Fig. 9. - Coupe pratiquée vers la quatrième paire dorsale.

En haut on aperçoit une petite cavité, irrégulièrement quadrangulaire, qui est en train

de se constituer aux dépens d'un tractus vasculo-conjonctif Au centre de cette ca\ité le

tissu conjonctif est en voie de dégénérescence lyaliue; le \aisseau n'est plus perméable

au sang et à peine reconnaisstible; des granulations pigmentaires sont éparses; la

membrane plissée, qui persiste, donne au boid de la cavité un aspect papillaire. Au-

r.'essous se trouve une portion de la cavité principale, qui est encore peu développée à ce

niveau; elle se forme, par fonte du tissu a,é%rogiique et est remplie d'une substance

homogène, faiblement colorée, qui est un coaguleux albumineux ; au centre nage un gro,

amas de détritus cellulaires, d'aspect hyalin, et de granulations pigmentaires, qui pro-

viennent de la désintégration du tissu et qui se sont accumulés dans ce point dpethe

de la cavité principale de la tumeur. (Obj. 2,Vérick,oc. 1. t'rcio-carminetbbmaloxylinc.)

DES TUMEURS ? NÉVROGLIQUES DE LA. MOELLE ÉPINIÈRE. 119

cipale dans le cas actuel; on la voit qui commence en arrière de la

petite cavité que je viens de décrire; elle n'en est même séparée

que par une très mince lamelle, qui certainement allait dispa-

railre et les deux cavités étaient sur le point de se confondre. La

cavité qui va nous occuper maintenant et qui a pris dans le ren-

flement cervical de si grandes proportions est le résultat de la

fonte du tissu néoplasique à son centre, par suite d'une irrigation

sanguine insuffisante. Tandis qu'à sa périphérie la tumeur cir-

conscrite parait en voie d'accroissement et est richement pourvue

de cellules, à son centre au contraire ses éléments actifs se raré-

fient de plus en plus et, à un moment donné, le tissu tout entier

dégénère. Au point où la cavité vient seulement de se former, on

aperçoit sur ses bords des fibrilles névrogliques qui se dissocient et

mettent en liberté quelques rares cellules-araignées; le contenu

est un coagulum très finement grenu, teinté en rose parle carmin,

qui contient des amas de petites boules hyalines non colorées et

quelques globules sanguins. Plus haut, lorsque la cavité est déjà

grande, il semble que la pression exercée par le liquide en régula-

rise les bords; qui sont comme tranchés au couteau en plein tissu ;

aucune fibrille ne dépasse plus.

1,'ig. 10. -- Un névrome de régénération, situé dans un espace vasculo-

conjonctif, qui contient en outre des vaisseaux remplis de sang (co-

loré en noir par l'liématoxyline) et des granulations pigmentaires.

Tout autour on aperçoit la membrane plissée qui sépare le tissu conjonctif de la névro-

glie. Cet espace %asculo-conjonctif est situé à la périphérie du néoplasme, en avant de

celui-ci ; sur des coupes en séries, pratiquées au-dessous de ce point, on voit que le

névrome vient en réalité des racines postérieures et a traversé la tumeur de part en paît.

(Obj. 2, Vérick, oc. 1. Coloration de Pal et éosine.)

120 PATHOLOGIE NERVEUSE.

Nous venons de passer en revue les principales dispositions du

tissu néoplasique, avec ses tractus conjonctivo-vasculaires et ses

cavités; il me reste maintenant à décrire une formation très

curieuse qui, je crois, n'a pas été encore observée dans la moelle;

je veux parler de véritables névromes de régénération qui se sont

formés aux dépens des racines postérieures et qui cheminent dans

l'épaisseur des tractus vasculo-con jonctifs, à différentes hauteurs de

la moelle. Ce sont de petits fascicules nerveux, de forme arrondie,

qui ressemblent parfaitement à des nerfs périphériques; les tubes

qui les constituent sont très fins et possèdent très vraisemblable-

ment une gaine de Schwann, ils sont disposés parallèlement les

uns aux autres, ou bien, au contraire, ils forment des tourbillons

très caractéristiques (fig. 8 et 11). Ces petits nerfs possèdent un

névrilemme riche en noyaux allongés. Ce qui permet d'affirmer

que ce sont bien là des névromes de régénération c'est, outre leur

structure spéciale, le fait qu'ils ne se rencontrent jamais ailleurs

qu'au centre des espaces conjonctifs et que, par conséquent, ils

ne répondent à aucune formation normale de la moelle; d'autre

part, étant toujours séparés du tissu néoplasique proprement dit,

ils ne peuvent pas être considérés comme les éléments nerveux

d'un neurogliome. En pratiquant un grand nombre de coupes en

séries j'ai pu en suivre plusieurs jusqu'à l'entrée des racines pos-

térieures de la moelle (fig. 11), et j'ai tout lieu de croire qu'ils sont

tous formés par la prolifération des racines centripètes, interrom-

pues par la tumeur.

Fig. 11. SP, sillon postérieur de la moelle; NR, névromes de régéné-

ration partant des racines postérieures dans la région dorsale et remon-

tant obliquement pour traverser la tumeur.

(Obj. 0, Vérick, oc. 1. Coloration de Pal.)

DES TUMEURS NI : VROGLI(I1ES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE. '121

La pie-mère est le siège d'une inflammation assez active, parti-

culièrement dans la région lombaire en arrière, où elle est

infiltrée de nombreux noyaux arrondis.

Je dois ajouter que j'ai recherché sans succès les bacilles de la

lèpres, sur les coupes après durcissement dans la liqueur de Mailler ;

je me suis servi de la méthode indiquée récemment par M. Letulle

pour les bacilles de la tuberculose.

III. Lésions des éléments nerveux. Les éléments nerveux sont

détruits soit par atteinte directe du néoplasme, soit par dégéné-

rescence secondaire.

Les racines postérieures sont toutes complètement saines, en

dehors delà moelle, mais elles sont interrompues dans leur trajet

intra-médullaire à gauche depuis la première lombaire jusqu'à la

dixième dorsale environ; plus haut elles sont encore fortement

atrophiées et un certain nombre ont même sans doute subi une

interruption plus ou moins complète, puisqu'elles donnent nais-

sance en plusieurs points de la région dorsale à des névromes

de régénération. Dans la partie supérieure du renflement cer-

vical les zones radiculaires des deux côtés sont fortement com-

promises par l'infiltration néoplasique diffuse; néanmoins il sub-

siste encore quelques fibres, surtout à droite, qui gagnent la corne

antérieure en s'étirant sur la périphérie du néoplasme, qu'elles

contournent.

La colonne de Clarke gauche est complètement détruite, sur

toute son étendue; à droite elle est détruite seulement par places.

Il est difficile de se rendre compte exactement des lésions des

cornes antérieures, car si elles sont déformées par compression,

elles conservent encore leurs cellules et leur réticulum nerveux

intacts en apparence, sauf vers le milieu de la région dorsale où

la corne gauche disparait presque. Néanmoins, il est probable

qu'un certain nombre de cellules profondes ont été détruites, sur-

tout dans le renflement cervical.

Les racines antérieures ne présentent pas non plus de lésions

bien visibles; elles se colorent encore très bien par la méthode de

Pal.

La commissure antérieure n'est détruite que dans la région cer-

vicale supérieure. Les faisceaux pyramidaux sont atteints par l'in-

filtration diffuse dans la région cervicale et particulièrement vers

la deuxième cervicale (fig. 6); cette destruction de cause directe,

à laquelle s'ajoutent les effets de l,a compression, amène une dégé-

nération intense des faisceaux pyramidaux dans toute l'étendue de

la moelle.

Les faisceaux pyramidaux directs sont parfaitement intacts.

Les faisceaux latéraux profonds sont naturellement lésés de

la même façon, particulièrement à droite (fig. 6). Mais cette

122 PATHOLOGIE NERVEUSE.

lésion ne parait pas donner lieu à une dégénérescence secondaire.

Les faisceaux postérieurs sont complètement détruits vers la

limite supérieure de la tumeur. Il en résulte une dégénérescence

ascendante très remarquable par sa disposition : elle envahit, en

effet, la totalité des cordons grêle et cunéiforme.

Sur la figure \.1 on voit que le cordon grêle a déjà presque dis-

paru dans son noyau, d'où partent en avant les fibres du ruban de

Reil remarquablement intactes; la zone dégénérée se réduit donc

ici a une très mince bande en arrière du noyau grêle. Un peu plus

haut toute trace de dégénérescence de ce faisceau disparait com-

plètement.

Au contraire la sclérose du faisceau cunéiforme, qui est aussi

absolument totale, remonte beaucoup plus haut et ne disparait

complètement qu'un peu au-dessus du bec du calamus. Du noyau

du faisceau cunéiforme partent également, en avant, des fibres

arciformes qui se rendent au ruban de Reil et qui ne présentent

aucune trace de dégénérescence. Il faut ajouter qu'en arrière

des cordons grêle et cunéiforme dégénérés on aperçoit une mince

couche de fibres arciformes exlernes (fig. 12). On remarquera com-

bien cette dégénération du faisceau cunéiforme, produite par une

destruction très haut située dans la moelle, diffère de celle que

Fig. 12. Coupe du bulbe au niveau de l'entre-croisement du ruban

de Reil. Dégénérescence ascendante du faisceau grêle, du faisceau

cunéiforme, dans sa totalité, et du faisceau latéral du bulbe (faisceau

cérébelleux direct et faisceau de Gowers).

DES TUMEURS NÉVROGLIQUES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE. 123

l'on observe dans le tabès et dans les cas de compression située à

la partie moyenne ou inférieure du renflement cervical. (M. A. Gom-

bault, Société anat., 1891.) Dans ces cas, en effet, la dégénérescence,

au lieu d'être totale, se limite à un croissant, à bords très nets,

situé à égale distance de la périphérie et du noyau.

Enfin, ainsi qu'on peut le voir sur les figures précédentes, le

faisceau cérébelleux direct est le siège d'une sclérose intense, à

gauche surtout; ce fait n'a pas lieu de surprendre, puisque la co-

lonne de Clarté est complètement détruite à gauche et fortement

entamée à droite. Quant au faisceau de Gowers, il participe large-

ment à cette sclérose, surtout dans sa portion postérieure. Au

niveau du collet du bulbe, le faisceau cérébelleux direct et le fais-

ceau de Gowers sclérosés se fusionnent et forment un petit triangle

immédiatement en avant de la racine ascendante du trijumeau :

c'est là le faisceau latéral du bulbe. En remontant dans le bulbe,

on retrouve toujours la même tache scléreuse entre l'olive et le

corps restiforme ;je ne suivrai pas cette dégénérescence plus haut

pour le moment, ayant l'intention de l'étudier bientôt à nouveau

dans un autre travail.

IV. Lésions des nerfs et des muscles. - Les gros troncs nerveux

des membres supérieurs et inférieurs, examinés sur des coupes

après durcissement dans le bichromate, présentent de petits îlots

clairsemés de tubes en voie de dégénérescence, mais il n'existe

aucune trace de névrite interstitielle. Les muscles de la ceinture

scapulaire et le triceps fémoral contiennent quelques fibres en voie

d'atrophie, avec prolifération des noyaux, ces fibres sont d'ailleurs

assez rares et toutes les autres sont complètement saines. En

somme, les lésions des nerfs et des muscles sont très peu impor-

tantes.

La longue histoire pathologique, dont je viens de'rap-

porter les détails, contient des enseignements de divers ordres,

sur lesquels je voudrais maintenant insister.

11 s'agit d'un homme de trente-quatre ans qui, sans cause

appréciable, présente du côté de ses membres inférieurs, puis

du côté de ses membres supérieurs des troubles nerveux dont

l'intensité rapidement croissante le réduit bientôt à l'impotence.

Ces troubles nerveux comportent dès le début un élément dou-

loureux qui ne fait qu'augmenter par la suite : du côté de l'ap-

pareil musculaire, il se développe une paralysie spasmodique,

qui affecte, au membre supérieur, de préférence les muscles

extenseurs; quelques muscles de la ceinture scapulaire subis-

sent une atrophie évidente, mais qui ne devient jamais très

124 PATHOLOGIE NERVEUSE.

considérable. Il existe également quelques troubles des sphinc-

ters, mais toujours assez légers. Trois ans après le début, le

malade est déjà depuis longtemps hors d'état de travailler ; à

cette époque, -j'attire l'attention sur ce fait, il n'existe encore

aucun trouble de la sensibibilité qui est absolument intacte dans

tous ses modes. -

C'est seulement au mois de novembre 1889 qu'apparaît

une zone d'hyperesthésie occupant tout le membre inférieur

droit, sauf le pied. A cette époque la rigidité musculaire est

extrême.

Deux ans après, en octobre '1891, les troubles caractéris-

tiques de la sensibilité se montrent à la partie interne de la

jambe et de la cuisse gauches, où la douleur et la température

ne sont perçues qu'avec une diminution et un retard évidents,

le tact étant conservé. C'est la dissociation syringomyélique,

mais encore incomplète. De plus, il existe une zone d'anes-

thésie totale dans toute la moitié gauche de l'abdomen. Enfin

on retrouve la dissociation syringomyélique au cou, dans toute

la zone innervée par le plexus cervical superficiel. La marche

de l'affection est relativement rapide ; elle se fait par poussées

entrecoupées par des phases d'amélioration ; mais dans son

ensemble elle est assez régulièrement progressive, chaque

recrudescence marquant un pas en avant. La durée totale est

de six ans seulement, ce qui est court pour une syringomyélie;

il est vrai que l'intervention chirurgicale a abrégé l'évolution

de symptômes, mais, vu la gravité des phénomènes spastiques

au moment où elle a eu lieu, on peut supposer avec beaucoup

de vraisemblance que le dénouement naturel n'était pas bien

loin.

Ce fait montre, avec la dernière évidence, que les troubles

sensitifs, et en particulier la dissociation dite syringomyélique,

ne sont pas des symptômes nécessaires de la syringomyélie.

Pendant plus de trois ans, en effet, et alors que les progrès de

la maladie avaient déjà fait du patient un infirme, il n'y avait

encore aucune trace d'anesthésie; et si, à ce moment, je me suis

fondé sur l'absence de ce symptôme pour rejeter l'idée d'une

syringomyélie, j'ai eu tort ; mais l'erreur, on en conviendra,

était bien excusable, surtout en 1889, la forme spasmo-

dique de la syringomyélie commençant à peine à être connue

en France. A ce point de vue, mon observation se rapproche

de celles de Schüle (Deutsch. Arch. /. kl. Med. XX, 1877),

DES TUMEURS NÉVROGLIQUES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE. 125

de Schultze (Arch. f. path. Anat., LXXXVII, '188`), deKrauss

(Arch. f. path. Anal., C, 1885), de Sirümpell (Arch. f. Psych.,

X. 1880), de Bernhardt (Arch. f. Psych., XXIV), et de Par-

mentier (thèse de Critzman, 1892), où il n'y a eu aucun trouble

de la sensibilité pendant toute la durée de la maladie.

Plus tard, lorsque les troubles de la sensibilité ont apparu,

nous notons encore une anomalie ou plutôt un symptôme qui

ne rentre pas dans le tableau clinique, tel qu'on l'avait

entrevu tout d'abord; je veux parler de cette zone d'anesthésie

absolue qui existait àla partie droite de l'abdomen. Dans cette

région, le contact, le frôlement ne sont plus perçus. Il n'y a

pas longtemps, l'absence de toute altération de tact était con-

sidérée comme une des caractéristiques les plus importantes de

la syringomyélie ; c'était là une exagération dont les travaux

modernes ont fait justice. Après Rumpf (Neurol. Cenlralbl.,

1880), Critzman, dans sa thèse récente, étudie très finement

les altérations des différents éléments des sensations tactiles,

et arrive à cette conclusion que dans la syringomyélie t l'ap-

préciation du contact simple, de la pression tactile, des pres-

sions tactiles successives et du relief, a dévié de la normale,

soit en disparaissant, soit en perdant beaucoup de sa finesse. »

D'autre part on retrouve la dissociation dans beaucoup

d'autres maladies, l'hystérie (Charcot), la névrite alcoolique,

(Lancereaux), la névrite traumatique (J.-B. Charcot), la lèpre

(Babinski, Leloir), l'hématomyélie (Minor), l'ataxie locomo-

trice (Parmentier), enfin je l'ai vue une fois de la façon la

plus nette, mais passagèrement, chez un malade atteint de

tumeur extra-médullaire. La valeur de ce symptôme n'est donc

pas aussi grande qu'on l'avait cru tout d'abord.

Au point de vue physiologique, il n'est pas possible de se

rendre un compte exact des lésions qui amènent les différents

troubles sensitil's. D'abord la déformation extrême de la moelle,

l'écartement, le refoulement, l'étirement des fibres nerveuses ne

permettent pas toujours d'apprécier exactement l'étendue de

la lésion destructive ; puis les notions que nous avons sur les

voies centripètes de la moelle sont beaucoup trop insuffisantes :

lorsqu'il s'agit de la physiologie de la sensibilité tous les faits

semblent paradoxaux et contradictoires. Ainsi on ne comprend

pas bien pourquoi le sens de la température a persisté dans la

région thoracique à gauche, où la corne postérieure et les fais-

ceaux blancs environnants subissent une lésion à peu près

126 ' PATHOLOGIE NERVEUSE.

analogue à celle que l'on observe à la région cervicale. Quant.

à l'anesthésie de l'abdomen, elle trouve une explication très

satisfaisante dans la destruction complète des fibres radiculaires

intramédullaires de racines postérieures gauches dansles régions

dorsale inférieure et lombaire supérieure.

Il est encore une autre cause qui pourrait contribuer à

obscurcir la question : c'est la tendance à la régénération ner-

veuse que présentent les racines postérieures dans le cas qui

nous occupe. L'étude de la régénération de la moelle a vive-

ment intéressé de nombreux observateurs depuis Brown-

Séquard, qui s'en est le premier occupé dès 1849. L'illustre

physiologiste avait constaté la restauration presque complète

chez les pigeons après section de la moelle (sur plusieurs cas

de cicatrisation de plaies faites à la moelle épinière, avec re-

tour des fonctions perdues, Gaz. méd., 1851). Nlüller, en 1864,

a obtenu des résultats analogues sur des lézards et des tritons.

Depuis, Masius et Van Lair, sur des grenouilles, ont vu, au mi-

croscope, des tubes nerveux régénérés.

Sur les mammifères, Eichhorst (1874) a montré que l'on

obtient des résultats positifs lorsque les animaux, sont très

jeunes (lapins et cobayes de trois à quatre jours) et Masius

est arrivé au même résultat sur quatre chiens. Il faut pour-

tant ajouter que Vulpian n'a jamais obtenu que des insuccès

dans de nombreuses expériences faites sur des grenouilles, des

pigeons, des cobayes, etc..., et que Schiefferdecker met en

doute l'exactitude des expériences de ceux qui croient à la

possibilité de la restauration de la moelle. Cependant les ré-

sultats d'Eichhorst, en particulier, ne paraissent pas devoir

être suspectés, et Tooth conclut, dans son remarquable mé-

moire, que la moelle a d'autant plus de tendance à se régé-

nérer que l'on descend plus bas dans l'échelle animale, ou

que l'on s'adresse à des animaux plus jeunes.

A côté de tous ces résultats expérimentaux il faut mettre

en parallèle ceux fournis par la clinique, qui sont plus en-

courageants. La célèbre observation de mal de Pott donnée

par M. le professeur Charcot, les observations chirurgicale de

Ilorsley, de Mac-Ewen, prouvent, en effet, que la moelle est

susceptible de recouvrer toutes ses fonctions, abolies momen-

tanément par une compression. Mais au point de vue anato-

mique nous sommes loin de savoir exactement de quelle façon

se fait la restauration et dans quel état étaient les cylindres

DES TUMEURS NÉVROGLIQUES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE. 12 f

d'axe au moment où l'amélioration est survenue ; en effet, il

existe au niveau des compressions, même très avancées, des

cylindres d'axes dénudés, gonflés, altérés, incapables de servir

de conducteurs, mais très susceptibles de se réparer lorsque

la compression vient à cesser.

Quoi qu'il en soit, chez mon malade, les racines postérieures

envoyaient en bien des points de véritables névromes de régé-

nération qui remontaient assez haut dans la moelle; la des-

cription et les planches que j'en ai données plus haut suffiront

pour prouver qu'il s'agit là réellement de tubes nerveux régé-

nérés, qui affectent beaucoup plutôt la disposition qu'ils ont

dans les nerfs périphériques que dans les cordons blancs de la

moelle. Jusqu'à quel point ces nerfs régénérés sont-ils capables

de rétablir les fonctions perdues ? C'est là une question à

laquelle je ne peux répondre d'une façon précise; il m'a

semblé pourtant que la plupart d'entre eux se terminent par

une extrémité arrondie et renflée et ne remontent pas très

haut. D'ailleurs, on comprendrait difficilement comment ces

fibres nerveuses, perdues dans le stroma conjonctif de la

tumeur, pourraient retrouver leur chemin et aboutir précisé-

ment aux organes centraux auxquels étaient destinées les

fibres des racines postérieures.

Pour terminer ce qui a trait à la physiologie des faisceaux

ascendants, je ferai remarquer que rien dans le tableau cli-

nique ne paraît répondre à la disparition complète de la co-

lonne de Clarke gauche et à la destruction totale des cordons

postérieurs à la partie supérieure de la moelle; il n'y a eu,

en particulier, aucun symptôme d'ataxie. L'absence des trou-

bles trophiques est également un fait remarquable; on tend

en effet à admettre actuellement que ces symptômes sont

sous la dépendance de lésions placées au voisinage des com-

missures de la moelle ; or, chez mon malade, ces régions étaient

fortement altérées, particulièrement à la partie supérieure du

renflement cervical, et cependant les troubles trophiques

faisaient complètement défaut.

Pour ce qui concerne les troubles moteurs, il est infiniment

plus aisé d'établir la concordance entre les symptômes pré-

sentés pendant la vie et les lésions constatées après la mort.

Les lésions des cornes antérieures dans le renflement cervi-

cal vont en décroissant à mesure que l'on descend, et c'est ce

qui permet de comprendre pourquoi les muscles de la main

' ' 'd'T ? IIT'I ? 9 T'a - 1 "» 7'T 1 (,J T'11ft a : : r'Ja'fffTT" a`f'3

'158 " ? - - PATHOLOGIE NERVEUSE.

'. , i ,. 10-. 'Tf1 n\Jt. tJ 5.1 . (\ ? t\ \ t, v..1' .Y "

étaient restés relativement intacts et pourquoi 1 atropine pre-

4 1 f' 1 t /1" /' l'¡ ¡ ) (\ " ,\ 1 . , 1 \ \ 1 " ...

dominait sur les muscles extenseurs à l'ayant-bras. En,effet si >

l'on se rapporte au tableau dressé par Thornburn (.4 conlribu- -

lion t6'ihe sui"e ? y ôf,tlae,sazal ço ? °d : ; Lôndrés ? 138c,J), on , voit

que les noyaux des muscles de la' main sont les plus., bas i

situés et que les filets qui en partent passent par la première,

racine dorsale ; immédiatement,au-dessus d'eux viennent les z

fléchisseurs, qui sont innervés par la huitième racine cervi-.

cale. Enfin la scoliose à convexité gauche concorde fort bien

avec l'altération très marquée de la corne antérieure gauche à,

la partie moyenne delà région dorsale. , Il Il f' , '1 .<.

u '" 'j..1 ,t l, Il 1 1

La lésion considérable du faisceau pyramidal, attaqué direc-

tement à la région' cervicale supérieure par l'infiltration néo-,

plasique, explique la'parésie et la contracture intense qui a

dominé le tableau clinique uri' moment donné. C'est cette con-

tracture qui fait errer le diagnostic, parce que j'ai cru

devoir faire intervenir ? pour' l'expliquer, une compression mé-'

dùllaire. Il est pourtant un point qui aurait dû attirer mon atten-

tion, c'est l'absence de'cette atrophie des muscles de la main

qui se rencontre dans la pachyméningite cervicale avec ou

sans cavité médullaire ; c'est qu'en effet le manchon fibreux

descend toujours assez bas et englobe les'régions inférieures

du renflement cervical, au lieu de rester cantonné dans sa moi-

tié supérieure ; d'ailleurs, chez les^ malades atteints de pacha- f.

méningite, la distribution de l'atrophie dans le membre supé-'

rieur est toute spéciale et très caractéristique, ainsi que l'ont,

bien montré MM. Charcot et Joffroy... / ',¡ j \.. '

Quoi qu'il en soit, on voit qu'il il'est,pas nécessaire d'inV074

quer une compression extra-médullaire pour expliquer une

contracture plus marquée qu'elle ne l'est d'habitude dans la

syringomyélie, le gliome suffit, et la forme spastique de cette

maladie peut simuler, jusqu'à un certain point, le tableau cli-

nique de la pachyméningite cervicale hypertrophique. , , , ,

J'ai fait remarquer la rapidité de l'évolution des symptômes

chez mon malade et le contraste qui existera cet égard, avec la

marche habituellement insidieuse de la syringomyélie; , . la

nature du processus morbide dans le cas actuel cadre très bien

avec cette particularité. Je ne crois pas,,pour ma part, que la,

syringomyélie soit due toujours à la même cause.,En mettant '

à part l'hydromyélié, liée certainement à un vice d'évolution, ,

la présence d'une cavité dans la moelle paraît pouvoir résulter

, 1/ J . , 'y '.) Ji, 1

DES TUMEURS NÉVROGLIQUES DE LA MOELLE ÉPINIÉRE. 129

soit de la fonte d'une tumeur, soit d'un processus particulier

relevant de l'inflammation chronique (myélite cavitaire de

Joffroy et Achard), soit de troubles circulatoires amenant la

désagrégation médullaire par une sorte d'oedème chronique

(cas de Langhans, de Kronthal, de Schültze, expériences de

Rosenbach et Schtscherbak), soit enfin d'hémon'hagies an-

ciennes, comme Minor l'admet dans un mémoire récent, ou de

foyers de ramollissement comme le montrent les expériences

de Eichhorst ; ce dernier auteur obtenait, en effet, une cavité

dans la cicatrice de la moelle de ses animaux toutes les fois

qu'il avait pratiqué l'écrasement, tandis que la section com-

plète n'amenait pas cette formation. 1

Dans le cas actuel nous avons affaire à une tumeur, et cette

tumeur est complètement indépendante du canal central, la

chose n'est pas douteuse ; mais de quelle espèce est-elle ? Cer-

tains auteurs, considérant que ces néoplasmes se développent

aux dépens de la névroglie, leur ont donné le nom de gliome,

qui a soulevé de nombreuses protestations. On a fait observer

avec juste raison que les gliomes vrais, tels qu'on les observe

dans le cerveau, sont des néoplasies presque exclusivement cel-

lulaires et diffuses, tandis que les tumeurs de la moelle sont

très pauvres en cellules, très riches au contraire en fibrilles, et

plus ou moins nettement circonscrites. D'autre part, on a

montré qu'il existe des gliomes vrais de la moelle, caractérisés

par la rapidité beaucoup' plus grande de leur évolution, par

leur diffusion et par leur structure cellulaire. K. Miura (Uber

Gliom des RückenmQ1'kes und Syringomyélie, Beitrage z.

pathol. Anat. XI, 1892) a rapporté douze observations sem-

blables ; dans ces cas, dont la durée atteint rarement trois ans,

il n'y a pas d'excavation ; pourtant dans l'observation de Hoch-

haus, il est dit que par places on pouvait constater le début

d'une fissuration; il existerait aussi des observations où l'on

a trouvé du gliome dans un point et une cavité dans un autre,

mais Miura pense que dans ces cas la légitimité du gliome est

douteuse.

On a cherché à tourner la difficulté en donnant les noms de

gliose et de gliomatose à ces productions lorsqu'elles sont dif-

fuses ; mais ces dénominations ont l'inconvénient d'indiquer

plutôt un processus inflammatoire. D'ailleurs même dans les

cas où il s'agit nettement d'une tumeur circonscrite, on ne peut

encore pas sous peine de confusion, lui donner lenom de gliome.

Archives, t. XXVI. 0

130 . PATHOLOGIE NERVEUSE.

Il existe donc différents genres de tumeurs développées aux

dépens de la névroglie; ce tissu, d'origine ectodermique, est

composé de cellules et de fibres : tantôt les cellules'proli-

fèrent, en prerai7edeZèààctèéi très^variés d'ailleurs; et l'on

a ce néoplasme diffus, à évolution rapide, auquel convient le

nom de gliome cellulaire.-Tantôt..la néoformation porte sur-

tout sur les fibres, et l'on a une tumeur plutôt circonscrite,

assez pauvre en cellules, se développant lentement, avec une

tendance marquée a.la'dégénérescence cavitaire, je donnerai

à cette néoplasie le nom de gliome fibrillaire. Si l'on prend un

terme de comparaison dans la série des tumeurs mésoder-

miques, on voit que' le'gliome'cellulaire reproduit' 'd'une

l ,1 .It' . 1 f mie n r r o 1.. t. - r . l' ? l'r....

F fâcoilfrappante le sarcome, sauf quil ne se généralise pas, et

j.que e lé gliome f ibrillaire'é ' d

fque le gliome fibrillaire répond ( très exactement,) au, fibrome.

,De même qu'entre le sarcome et,le,fibrome on observe toute

. une gamme de. tumeurs intermédiaires,, de même on peut trou-

fer dans, la, moelle des. tumeurs contenant un nombre très

- variable d'éléments cellulaires. Dans l'observation que je viens

' de rapporter,' en bien des points, la tumeur tournait très sensi-

blement au gliome cellulaire ; à côté d'espaces formés presque

' exclusivement'de fibrilles, on en trouvait facilement d'autres,

surtout, à la périphérie, dont l'aspect, se .rapprochait beau-

. coup de celui d'un gliome cérébral..C'est sans, doutera cette

circonstance qu'il faut attribuer la marche relativement rapide

de l'affection. D'ailleurs la tumeur, ainsi qu'on a pu le voir,

^'était ni complètement circonscrite, ni; complètement diffuse;

c'était une de ces formes intermédiaires qui sont très intéres-

santes à étudier parce qu'elles font bien apprécier la valeur

"dès'classjfiëatiÓrls : n"¡ "1) ? " ' ' W ' r ! f"' . '.) i

- : Je ne'reviendrai pas ici sur la nature du processus cavitaire,

' que'j'ài décrit' longuement dans l'examen histologiqué; l'étude

de la membrane d'enveloppe des tractus conjonctivo-vasculaires

j.etrsa comparaison avec la)1 membrane plissée qui borde, la

i cavité d'un certain nombre de syringomyélies, montrent très

-'clairement, je crois, l'origine conjonctive de ces cavités et les

rapports intimes qu'elles affectent avec les- vaisseaux;, mais

dans d'autres circonstances, et c'était'le cas pour la cavité prin-

` . 'çipale `de la tumeur qui nous occupe, la désagrégation, se fait en

^ plein tissu'név'roglique et sa situation centrale permet de sup-

poser qu'elle est sous la dépendance d'une irrigation sanguine

" ' pc ? .... , ? ·w , ·rr,,

insuffisante ? , ? t, ,` . > - -> ? » ...... ? , , , ?

? f ? \JW,f.i,,1Y. <¡ ? 1¥'j11o.t1'1, 'ï .. O ? h h

) un 29<;\(i'(,. 'lUI z'ttf2t7tJt'9 2E, : fT3". e1 ? s' ! J'lm, '3,.TRr Ot3t"\t : 12;, crl x : t . r : f·r 4ur : mo il ,/JO"" 9') si 81 90 : {n ! Hlfjh,\

e,j ? rl -91+y·. ? i '"t,'3J ? <)'Idfl sb h .J ! : >lll ! f'lD <¡fi 'I81qn ?

a¡,j : 1 REVBE DE PATHOLOGIE"NERVEUSE1'I"f)J

9 n4 .In'. I .pl"tl. t/t r.ytL îe,ién+ltlf(r : `v ,tl ? ftU++t+PF uu'm1 " <

- 'lPE ' ty"i iQ'Pi'»j''T,0, ny.il, J,' .. r ? 1 lrt `S ? d'11 9v..W,p 4t+ (f'\... 'T

" ',), ,,0 1.. t ! u1 ,Ci 'J,I '1Hl¡(j 1,1j) J3 "4,1 ! h ? Tlril ? 'I Wi> ).. ;1 ]tq

«an ? Yr , fII.ffJ anttvi'iq'nlpv.^l) ,,0 ,2'7dtS(y as 9'1'4. : q ? IP.WI'

' I : ' UN Cas d'alexie sous-corticale (DE Wernicke) ; 'par 0.' BERauaN. +

ni ? : d ? 4 (A2-chiv'f Psychiat., XXlIl;'2.)¡¿' t4,ui Il elh'j .' ? Itu t.f' ! ;11j.'qJfftt 1 2 . S ttf'fJ r.' .. 11 ! ';1- *' .«nriini i ? i~ifit ?

Un boulanger de : 1rWluantŸn ans. est' intoxiqué par l'oxyde)(de

carbone. Puis' .on constate, qu'il ne peut trouver les substantifs;

- f-o - ? . 'il,, l- .f-, ri,, rf s> -r ? Tp ? t't ?

ceux-ci reviennent mais il va souvent confusion, même quand on

lui fait' toucher les objets.' Il * ne peut lire'que 'certains caractères

imprimés et'encore'iuii1' faut-il1 quelques, secondes pour trouver la

-lettré : Souvent' en/ écrivant , (notamment' en*copiant) il. passe, des

- lettres,, des syllabes, des mots et remplace même certaines lettres

. par d'autres qui ne conviennent pas. Bégaiement écrit et parlé.

- ;Faible rétrécissement du, champ visuel (moitié, supérieure), pas, de

troubles moteurs, sensitifs ou sensoriels. Intégrité de l'intelligence.

.Autopsie. Un foyer de ramollissement, gros comme une noisette,

occupe l'écorce et la. substance ,blanche dans le dôlüaiuë du pli

courbe. Endartérite très nette du côté de la sylvienne gauche qui,

' en un point, est' totalement 'oblitérée. Dégénérescence kystique

des deux reins. ' " J U,11" t Ici , \ ' P. K. , 1.'1

..1 ? l, ", ? \ ¡ ? Jl,¡",j 1 (" ' ! I, 15 l tl r r '\ 1

il,.... '( ! ¡ l , l ,1 ? 'IÎ'f : I ? T ? 1 , : ' Il . ? p

Il' Un cas 'de' pellagre avec SYaINGOiYÉLIB j ' par ' le' Dr PELLIZZI.,

f ... J (Riv. sp.'di {¡'en ? fasc. 111-1V,'1892.) se "10 ,>' 1, si (1

i^.ti - ' ..\ ? ¡'l ? ql/.< ,'\ 1')/ ,1")); 11 ? . r 'l' : Iorq, .r- '0 .1

Observation d'un malade atteint de folie pellagreuse. et chez

,~ lequel on trouva à l'autopsie les lésions de la syringomyélie ? Les

seuls faits cliniques qui pendant la'vie avaient pu faire songer un

", moment à ce diagnostic étaient la durée de la maladie, la cyphose,

.la paraplégie et l'analgésie de toute la portion inférieure du corps :

pas dé dissociation de'là ? sensibiiilé ! Aussi l'auteur s'élait-il borné

au 'diagnostic de folie pellagreuse grave''avec paraplégie* déter-

minée par l'existence d'une myélite transverse chronique de la

5 portion dorsale inférieure plutôt que par l'intoxication elle-même.

L'auteur en conclut que la syringomyélie peut se' montrer sous un

n' aspect symptomatique, différent de celui,, qu'on lui. attribue d'ordi-

( naire et se présenter, avec les' apparences^ d'une myélite transverse

- .dorsale. Dans ,ce cas,.le diagnostic peut s'aider de, symptômes

d'ordre secondaire soit coexistant' (comme, la cyphose dans le cas

actuel),'soit même antérieurs, (dans le, cas acluel ? IésiIlI t,rop41qe

132 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

f.f'1 3f 'M7aa : fInO,ItlHT4r' 3Q ? UV3n

de la région postérieure du cou signalée dans les antécédents du

malade»)¡1'IfjV Hl. '11j'IWl 9`Ir°I « ? lfIEt GLAS.

"q PO'JI"1'»)' '1 '1 ? ^''l'1' FI3'l''fl >1 ll 9ltylfl7' ici 31, t rfC'9"'lU'1

i. .ri"11 ¡t. t, - if l' F,,1U;' ? 1.i ? ? Cif. 1°' £ a[tl' rt : i^fmrn,t I,t il( 'f-*6«

III. Contribution , LA CASUISTIQUE DE, tumeurs, DU CORPS calleux;

It{,"il" hl 11, 1 1 1 zl"u 1 1 1 .1'1 ? in\ '- Jj,.}' 0'. A

"l,'H" ? pa'r,GrESE ? A1'Clt.l f. Fsychïai, XXII1,3.) ? ')' * , , 1-

r, 911*l'M , '" t, i" t^v r> -< il il ".Jjjau ' . 't.. jJ' 11' a"' 1 L

f Homme de- cinquante-trois ans.1 D'abord attaque 'apop]ectiforme;1

puis attaques épileptiformes ? qui' commencent' par';le°bras' et"la

jambe droite ? avèc douleurtcéplialique;' voiiiissenieiits ? parapa-1

résie des extrémités, 'somnolence.* Pendant 'plusieurs mois}' stase

des vaisseaux' rétiniens, puis'papille''étranglée ? Accroissement de'

la parésie, hémicoiitracluré droite; sopor,"coma fpen'dal1t plusieurs

jours. -Mort/Durée totale : huit à neuf mois. Autopsie. Gliosarcome

ayant pris naissance sur l'extrémité postérieure du corps calleux

et ayant proliféré dans la substance du`lobe occipital droit/ D'avant t

en airière, la tumeur/atteint, la\ branche; ascendante, du sillon cal-

loso-marginal, dépasse en haut de 2 centimètres le lobe occipital,

comprime les tubercules quadrijumeaux 'et le' cervelet. ' upil' 'x "

1 ? <¡1,¡'¡ tlllrlitl J '1' âup ,¡ n ! oj'iH1' C Jf1'Hfl'JJ'D'I ! f )L1) 'I p,'I1. ;.1'1f' ' ! ¿

- ,j Cl.m <(j : l 'hJiJ'- ? 1 ? ) q' ! 4 t.P,I r'b r "'[1 ^fI1 u tu in .H3 W.ril")#' ,1. nul

- ] ? r. nrr f S 1 m·^al 4t1" %t'r9 4r ? .Sl, î ? Fh. ! ")lllli (1,0

IV. Contribution statistique A la question DE la syphilis ? ,

. tScu w.,i...ym·'1 JI'r.1J 1,,) \ 'hÍfr ? l' 1 nil 1 t;...,1 f ul' ? u ..nql

ET du tabès ; par L. I on.`(Nezyol : je ? lûalbl.,tl8cJ.),f fIU'b

' ..t)j..n l ? i....oc 1J : : iJ.jil.uu.u. tJ1J.- ,U ? ? t'' t;ttb

'1] Il 3111 1,,( \1"V f. If ! ' r jUOM11ES QllpÍnrJFEmIES"IIO)', 'lU >'Ilf. I ,

,i ,1" '" .1<. nj Russes...(.). 496 ""tL.q[)264 ' '\fl'I i h - f ,1

. ..11 Juifs ? : ... ? ,u fa9al . JIJP ? J),3 "t;q : ' du ? v Il

. ? r' .0' .. ' 1 ? "'1 i ? ." ' " ? J(,1() it ? ('t t.' /tt ? t0' ' ....

En tout seize cent quarante-deux nerveux. '" " " l ' "i

Chez les Jûisslôlîtroûve'5 \yphililiqJè : ? èé'rt'àinsJ1" 5,5p.`100;t

chez les Juives,' 5 syphilitiques certaines = 1 p. 100. Chez les Russes

hommes, on constate 118 syphilitiques certains = 24 à 25 p. 100;

chez les femmes russes, il y a : 18 syphilis indéniables =9 à111' p. 100.

Chez les 118'Russes syphilitiques,-il y a 22 cas de tabes et 10 cas'de

paralysie générale, tandis que les femmes syphilitiques ont été trois

fois'atteintes de'labes, et trois fois 'de' paralysie'' générale"^ Chez'les

syphilitiques' juifs, 'il y y eu' 4 tabétiques 'et"2 t, paralytiques gêné-11

raux ; chez les syphilitiques juives;pas'unè'seitle paralysie générale'

et`1 cas de'tabes.')1 ! " '' 'rrtli. ri Illf L l ? t' i, il "nl' i-' Pyltitm', "'\')

p .t.xL,t..0 ? 4. (1 ..... Ihll 1 lU tll]1 -1 i oi ( '1"ItI(¡ .Lt luO 1 "jf1'T d{

1 fn'IH '111'1 qf ? `rr, ni '.Mil J ! III "1 PI dlH ho ? tfJP qn f)c''1l1c.

V. Un CAS D APHASIE DANS la syphilis cérébrale; p.r K..H ! f.llO ? r ? E,R '.1

,^v J' d. - L(All. Zeitscit. 1 , Psy 1 ' ' 'XL 1. X y 9, Il .) ! · JW · a ' 1 t rrl ? If " ? 0 , IÜ'tl't LlI', . l n..f wc>' 4J..4 J1). Ot't".n , ! fv q

'Il'manque au malade en question beaucoup'de verbes; ceux iio- ! )

tamment qui se rattachent à la conception ou représenlation"sên

sorielle concrète,"qui, par exemple;, désignent'les cris des animaux ? 1

l'action' de- certaines professions, l'effet de^certaines forces." 11" a

conservé' les verbes'auxiliaires et s'en sert correclement31Wa à"s'a'I

3 ? uavH3K h ? O`IGHTL9 sa ,·1 ? 3° Si `

.REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 133

..1) R3ft4h90'ItlA '9 aiirh 9jt;rt^ ? sa IIIJ(¡ ub 9'tnvlnvWn nuirai fil it

disposition les substantifs tandis qu'une partie des verbes qui leur

correspondent lui manque. Il tournera alors sa proposition par le

passif ou joindra les uns aux autres des substantifs et des adjectifs,

des prépositions et des substantifs.' Il'y a donc aphasie de la forme

et non de l'essence de' l'idéation. Il en a conscience, n'oublie pas

le ,début d'une, proposition, quand il, arrive àlaGnconjugueIes

verbes., qu'il ! possède : et ne, trouve, du reste pas.plus l'infinitif que

les,autres temps. des .verbes qui ¡]ui manquel1t. : ¡ Vouloil'oimaginer,

un, centre de coordination, syntaxale, ce serait multiplier à l'infini

les localisations. £ Nous, préférons, dire* que ,nous.ignorons, et le)

mécanisme, et la localisation, de cet- accident extraordinaire. , > r1 r

frl, .· ? 1 t) i* *< nr'Sjj. t 'M. 1 Jq,l j 1).1 .1 1 t, P : KERAVAL.'Uu,

. , I'r 1- » j'" I 1 ? ,1 ienc. Itt1 (Il 1 1 '111 1 -, 1 f1 1 . 1 Ci J

H"-( ' 'I VI. Recherches sur l'hypnotisme ; -par 0. HEBOLD. ;r... '

' ' ' t (lllg ! Zeitsclc : 'f : Psyclaiat : ; XLIX;`4;'2.) , .

Ui '*> i t .'1 ¡ dl .1',1'"1 : : )..h 1¡..nU 1 ? tt, 1 1.UY ! .... '1' ?

Magnifique observation délinquante et une pages relatives à une

grande hystérique. Traitement symptomatique de chaque épisode

désagréable, au sur et à mesure de sa genèse, pour l'hypnotisme

ou pour parler dans le sens le plus large^par la suggestion.. La

malade' devenant la chose du'médecin traitant, celui-ci doit user

d'un un tact et d une honnêteté sans limites. 'n' ? ?

L'auteur conclut. -Quoique le'traitement par' l'hypnotisme ne

puisse aboutir à une cure persistante et définitive, cette observation

n'en montre pas moins que, dans une maladie aussi grave que la

grande hystérie, il exerce, une action favorable qui peut durer long-

temps et n'a pas son pareil en fait dé moyen thérapeutique ? ' si : , ? 9 t 9 ('A'IJ l ..0) 1 t t..t . "'1 ? lfIJJ'tl n. ! . i -1 < 1 , 'J" P K. , z

ttlftl M <J1 h <E - .. 1ti 1 ? J 'II 1- i .tl · f lit " j...Ioo'l '1 i

.(Mît VII.'UN cas DE méningite chronique; par J.-W. PARTON. \ ? t'>

at ), (The Joumal of ! OEental Science, janvier 1890.)' ' k '\ .,1 , >

., I 1 (" ', , Il . JI 1 t 1 . t.... », ... 1. ,

, Les commentaires dont 1,' auteur fait suivre l'observation détaillée

de son malade, pendant le séjour de celui-ci à l'asile, en éclairent

suffisamment les points principaux pour qu'il suffise ici de résumer

ces communications. s'agit d'un homme d'environ quarante ans,

interné pour la seconde fois et qui succomba dans la deuxième

année de son second internement à une méningite chronique ; les

lésions avaient deux sièges différents' : la région frontale gauche

et la région occipitale droite ; dans ces deux points, de dehors en

dedans, depuis la paroi osseuse jusqu'à l'organe lui-même, tous

les tissus étaient atteints. Toutes les recherches, macroscopiques ou

microscopiques ont démontré, qu'il) s'agissait d'une inflammation

chronique, d'une méningite vraie, en ce qui touche la région occi-

pitale. Mais au niveau du lobe frontal,, la cicatrice qui avait rem-

placé une portion assez importante de la substance cérébrale, ne

134 REVUEf'DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

.saurait' être expliqué parle même processus; là lé processus inflam-

matoire n'avait pas cheminé de, dehors. en.-dedans, là le point de

départ n'élait pas1 extérieur à l'organe. L'auteur, après mûre ré-

flexion, laété' amenée à £ p'enseiy< * et ? la' violence du malade peut

être invoquée à l'appui de cette opinion)' que le poinUde départ

a été une concussion céréhrale; ce. quiF semblerait ,encore confir-

mer cette manière'de ! voir,'e'est que-les'deux.lésions^frontale et

occipitale) occupent les-deux extrémités ! d'un. même axe crânien,

bien 'qu'elles ne siègent pas du même côté; c'est aussi que le ma-

lade, lors de son entrée, portait une ecchymose à la; région' fron-

tale gauche. Si cette opinion est exacte, le traumatisme en question

pourrait être. considéré comme ayant' détermine l'apparition du ! trouble"menta)/ou'p)utôt comme en ayant été la véritable cause.

-L'âge de la cicatrice .vient d'ailleurs à· l'appui de cette interpréta-

tion.- i-rt ·HIyr9ll$,111tr·lU(..Ur. : y· 3tti lJy.r ? v' ? [-ni : -q

" En,résumé.'l'auteur estime que chez ce malade il y a- eu, comme

accidentrprimordial;' une· concussion' cérébrale, ayant' eu., pour

.'résultat immédiat; une destruction localisée de substance nerveuse,

suivie de> méningite" chronique : ' les' troubles psychiques 'ont'été

consécutifs'à cesflésiohs'et' sous leur dépendance : t R..M.-C. jif"- ? 1 £ ,1,,4 ? (1111B11t1 ,y LHt7 .'l.'13 t'Wrl9 : fioiiv »j '9'1·'v ? i. J

t '' - ry 1/ in 1r.' ? ) n '\(1 J ? ") 3lYf ? , >' < ,h **-. r-

VIII.' UN. CASJ DE névrite périphérique d'origine alcoolique (Service

1/ du.Dr E ? V : nlac'DOWAL, observation recueillie parJouN CLARKE

' " FENWiCK).' (The Journal ofr Mental Science,'avri14890.) t ·t l ? JI''I

. : ' \ : U.. J11 ... i. t·. nri' niCi > - rhf ·'4et Il , >i ', ,-

Observation très, intéressante : les phénomènes douloureux delà

névrite avaient. d'abord été pris pour, des douleurs rhumatismales;

le maniement des,, muscles provoquait des'douleurs très vives ; la

plante du pie'd^était extrêmement, douloureuse ; tous. lestphéno-

mènes observés étaient symétriques; les réflexes superficiels étaient

abolis ; l'atyôphiéjet la paralysie"de's muscles fléchisseurs ,'du' pied

étaient^ très marquées,, l'excitabilité faradique^ abolie. La malade

avait un air fin et (soupçonneux* ? vi1 P,TrqH)I}n ! ! II,l,ore, t,

.accusait nettement ,1e". besoin de sloe,l ! ,laB t,sI p'wpr; au,x,)l1 ? ? ]2q ? s.

f\v.eu¡¡ ! co91 ? vol,t. peu à peu. ses" membres recouvrer leur

poumon' moteur, et ses muscles' atrophiés' reprendre eh partie leur

volume. Tout le téaiteniént,éri,elfét, a consisté à sevrer' la malade

d alcool,' a ]a nourrir d'une; manière substantielle, *à' là soumettre'

aüx églésd une ho»pé hygiène. "'7 Ce' fait p1Onre u.n ? foi dp ? s

,que, même dans les cas en apparence incurables de névrite toxique

(ou dûrnôinalcolque); laguérisôn·pèutniâlgrc tciût`être·olitenûé' ¡

,par la suppression simple, mais absolue de 1 agent toxique.

,j1 - -l"ll» .' 41 U<H ! ' ; . ,» Û...". "I¡J ? ;,of ? JO : ) J.

1 l" 'I.J;,) ('1" ? f 9tf ? j in ? i^m>Yu l `,0111H11, t ? nlicû : â ? i r

^t.` .i ;l s`t i tJlr^· lifrr"n·y i : i' ,'11. d ïI' Il).'illl't .'sllf"i . OLt fi'lD.ll1 ¡

'ïi N, lI ! LLJ ni3·ktJa ? It#t 3'L`l.l° : 8y·$ ? Cfl.I1 ? n : I< : OQ . ! Ht. ,fi...'1 ! l ? 0 1

REVUE ),DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 135

IX;rcNŸRîBûTÎÓÑ A l'a1' SYMPT03f.1TOLOG1E'DU TABES ';1 par' 0.' Rosen-

*" ,II '>.j BACH. (Ceiitz.nlLl.'f. e)'u6Kt ? N. F ? III,"489.) ' 'olt ,(If ? 1 1UTI a4"t ? -1 , ? r ? ( yfr51 ' i -.u-.nh-fïtf »< ' · ' ! 3. , -1 f1 ¡O¡r,q...t

la On diagnostiquera de bonne heure le tabès (ce diagnostic précoce

prévient bien des accidents), en¡ recherchant : '1 ? \ , ? t « ?

,') 1°' L'exagération des réflexes du revêtement abdominal ? - - B

..12° L'impossibilité de.se : hausser et de se tenir sur la'pointe des

pieds (orteils),' les yeux' fermés : > »' sU 1[, «' «i"0<,ii( p. K : v-j .

est ( m s ! 1 Î'- ? 11j jas ? 1)('" t) ? ). =»,il jrJ..r- ,1g li' j ? i- P11 .'t : ;1d

- ? 1)1 X. Contribution' a' l'étude DES troubles DE la' parole; ` ' l

0(. ? W m. , ? , XXlll,"3.)' , t - ' tht

ur ""rI"H;'q 1 iiitt ? )91 .]"ex J, "1- .1' : ) 'J ,Ql'.I ! 8r¡r, 9 'J' J J '11'1'j

.'1810 psezcdo-apt.aie, c'est-à-direj perte de¡l'intelligence,de- l'usage

'des choses ne' tenant pas,à' une diminution¡générale des fonctions

psychiques. Les mots et les gestes ne sont plus à leur place (observée

'chez) ne·paralylique'.générale) ? ·2 ? Localisntiorz de l'apraxie

" (asymbolié) . Observation ? Surdité verbale avec cécité psychique,

. paraphasie, hémianopsie bilatérale homonyme, attaques d'épilepsie

. corticale. A1'autopsie; altération de la substance blanche et de

'l'écorce \ des deux lobes temporaux (ramollissement presque fluc-

tuant) ; cette altération s'étend très peu à l'insula, à la partie

inférieure de la capsule externe, à' l'avant-mur. Mais à gauche, en

foutre; elfe atteint la moitié antérieure des circonvolutions occipito-

'temporales inférieures,- de la troisième occipitale; et la moitié infé-

rieure de la pariétale inférieure, et du pli courbe jusqu'auprès de la

paroi latérale du prolongement postérieur du ventricule latéral.

"" -" 3° LocalisCttiOli"dè' la' surdité verbale' : Homme de quarante-deux

jans ; il Y a dix ans, léger ictus (hémiplégie^gauche''et trouble de

la parole) : récidive il y a quatre ans ; troisième" attaque il y a trois

.mois. Démence, parésiedes'rameaux inférieurs du' facial gauche

iet,du bras gauche.'Ne'comprend pas'du'tout' la parole, mais com-

prend l'écriture et les caractères d'imprimerie;' Parle* spontané-

. nient' et* écrit aussi, ne peut lire à' haute voix,' répéter ce,qu'on lui

dit, écrire sous la dictée, copier, ne saisit pas'les mélodies; degré

.moyen'de surdité' Meurt de mal de Bright.' 'Autopsie : les parties

./supérieures des deux' lobes temporaux sont affaissées, molles, jau-

nâtres. La' première' temporale, une assez"1 grande partie de' la

^deuxième temporale, l'insula entière, et' de petites zones circons-

'crites de l'extrémité inférieure de la' frontale 'ascendante et de la

^frontale inférieure 'sont,' à droite, transformées 'en une matière

\ colloïde',^ jaune paillé ! ' Sérum jaunâtre 'dans' le1 ventricule latéral

droit : Ramollissement jaunâtre des circonvolutions altérées; sur une

coupe perpendiculaire . et" tan'vecsalé,' lë i.àmôllissëirièüt, atteint

la frontale ascendante, l'avant-mur, la capsule externe, l'article

externe du noyau lenticulaire. Ramollissement adroite et à gauche

de la, moitié postérieure de la première sphénoïdale^et du lobul i

e

136 REVUE.DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

pariétal inférieur ? mais, en cet endroit, 'la1capsule externe et les

gros ganglions sont intacts ? 4 ? Associcatiolad'une dysacomielgl'os-

siè ? -e à la ,sllI'dité1vel'bale. homme ! de : soixante-quatre' ans;'1 ayant

eu, à plusieurs reprises," de petits' ictus.r.Démence ; signes fd'àtite

.moyenne suppurée,' n'expliquant J ¡'Jas ¡Je) trouble 1 de la perception

auditive.)Au lieu de parler, ! le patient lance un' psclai,ou un/siffle-

.'ment; si, on l'émotionne,) il-. arrive à parler : Trouble très prononcé

de l'intelligence des.mots ! et deyl'écriture; ne peut répéter, 'ni

écrire') sous -la dictée, s Lit; sans' comprendre;, copie ? écrit (para-

graphie). Sorte d'aphasie sensorielle transcorticale : Pas d'autopsie.

· P. KERAYAL.

18=<nl T : 'J ,1 ? >mSJU : >IIH"t : '\(1 'JTfT 'I.1l 3a aJIlII.n;wr.r2 A3 ;q¡¡(1 111/

XI. Contribution AlL'EXA : .IEN, OBJECTIl ? \ DE,L.\ . ENSIBIL(TÉ dans la

névrose traumatique ; par GOLDSCIIEIDER. (Neu1'olog. CeH<t'6[6 ?

t 1892.) ? 1 r ? t't1 itrii'-1 ! )' 1K111100 11H '0' hl êthllJ ? ,f. t u

il' 1, < 1. 9· 9,dTll'" J.'W : ·%I(11.· .9Jtt\/1 Ji) ti 1 >e.dh 1

En examinant méthodiquement Je sens de la , température par

zones et en comparant les résultats de cet examen avec la carte des

zones normalesi, constantes dressées préalablement parxl'auteur

.chez les sujets sains, ,011 empêche( ¡ la 1 similation¡ d l'hypesthésie

thermique., t J3ïn ` Bb 1 lîts , ! J1. lu '.i. lé' · .P.,h.;l ? - ,

1. 1 'i 1 l 'f ' ='ir in . I..lfU ! \ : ! 1 Il-' i b- If >' «j vù '< a.

XI1. DES paralysies du' plexus 'brachial et 'du trouble de la

sensibilité QUI se montre "dans rL.1"P.1R.1LYSIE"ASILLIRE;i par

E. Pagensteciier.'(4)'cA. XXIII, 3.) ? ? a

. '1 '0', . 'il ? tl ....11 1 . J.. J ...t"fJt't JJn'I'11J 1" \ ? 1 Il Ii, , : * Presque toutes les paralysies décrites sous le nom de paralysies

du plexus brachial tiennent à une lésion non pas du lacis du plexus,

mais bien des racines nerveuses ? Exemple la paralysie totale et iiifé,

rieure (terminologie allemande) : 'Yoy.1Klumpke et'Sécrétan. 'Ana-

lyses des cas relevant du territoire supérieur du 'plexus'(Klumpke,

Hu tchinson; Seeligmü1ler; Pajet).. Trajet et schéma- du nerf sus-sca-

pulaire. Complication par résection, des cinquième et sixième

racines cervicales (Rose) ;la paralysie la plus étendue est celle des

cas de Beevoret Remak, etc.' t . -.JIJ,··IJnv° . loI '" '.oH 'IF 1 lii ,1

- Il : y a lieu en. tout'cas' de' désigner sous le nom de paralysies

d'Erb, celles qui tiennent' à la paralysie des cinquième et sixième

racines (paralysies supérieuresidu plexus), dont, celle.de Erb n'est

qu'un cas particulier. 1 11,11" ) ! 1 . , uipilmi dCf'(JQ : 9<

♦Formes rudimentaires. Observation de Borntroeger; observation

de l'auteur. Paralysie périphérique comprenant les nerfs axillaire, ! I

sus et sous-scapulaire : , ? ? ' : 1 [ 111/ u. 4 il 1' , ca. 1 ? [ t

Les troubles) de la sensibilité,,1 étendus dans les paralysies qui»

siègent' sur la partie inférieure du plexus brachial, sont rares dans,

les affections des racines supérieures, notamment dans la, para- {

lysie d'Erb. Leur, .siège est : ! côté externe du bras ? dans le territoire t

REVUE/ DE PATHOLOGIE NERVEUSE. '137

; de 1 l'axillaire et du..inusculo-cutané, 1 et, .pari communication de

- quelques fibres du. médian,, anesthésie du pouce et de l'indicateur.

1 Quelques, cas de paresthésie (musculo-culané et médian). «

qlr Quandion excite ! à l'aide de forts -excitants' quelconques : de

longue durée (électrisation),. ,. la peau . quii recouvre 1 le' deltoïde

.paralysé, celle-ch devient 1 blanche 1 et tout'autour. se iproduittune

coloration purpurine. Cette réaction est dite réaction delà tunique

musculeuse des; vaisseaux).paralysés (HiLzi,,) ;Fce phénomène 'tien-

- draitàjt'exag'ération duipouvoir contractile des. fibres musculaires

tandis que-leur action dilatatrice' est diminuée. r 'P.,lÍER.\V,\L.1

.J,b.71 Ji-i-/l t

XIII. Deux cas singuliers DE maladie DE FIHEDIlEICII; par Rossi.

-' ' ï (Il manicomio; fac : 2-3; 1892.) " "" ' . V

» i l .V <« , f 1.1 ú l 'f . hl 1J" e a ,

Deux observations présentant comme particularités principales

l'absence d'hérédité, la présence de troubles de la sensibilité, et de

la glycosurie; L'auteur émet ensuite de : IÓngues considérations 1 qui

peuvent se résumer dans les' conclusions suivantes : ? 'La maladie' de'Friedreich constitue une véritable entité morbide

par sa causé, par 'ses' troubles particuliers' du- mouvement et de la

sensibilité ! ' Elle se développe en effet dans l'enfance, tout au plus

dans l'adolescence, tandis que le tabes dorsalis est une maladie de

l'âge adulte. L'ataxie de Friedreich se sépare de l'ataxie labétique,

qui peut se considérer comme purement sensitive ou spinale, en ce

sens qu'elle est une ataxie mixte, synthétisant tous les mouvements

anormaux qu'on rencontre dans l'ataxie cérébrale, cérébelleuse, bul-

baire ou spinale. On ne peut encore. affirmer si sa marche est ascen-

dante plutôt que descendante; mais on peutadmettre que les lésions

commencent à,la'foisdansles différents points de l'axe cérébro-

spinal par îlots se rejoignant dans la suite 'et formant un système

continu, -surtout' dans les cordons postérieurs ? Les lésions spinales

seules sont, insuffisantes pour expliquer tous. les symptômes qui

trouvent leur raison dans la diffusion des, lésions à tout le système

nerveux. Les troubles sensitifs, la céphalée, les vertiges s'explique-

raient par des lésions corticales; en tenant compte, bien entendu,

des autres facteurs, altérations de la' moelle, des nerfs périphé-

riques, etc ? Dans les cas précités, la glycosurie trouve'son expli-

cation dans des lésions du. plancher du quatrième ventricule dans

les points indiqués par Cl. Bernard. < 1 . ,

]L'examen microscopique du système nerveux d'un malade faisant

le sujet d'unei de ses observations amène l'auteur à conclure que la

lésion essentielle consiste en un processus inflammatoire à marche

chronique ;qui, suivant toute probabilité, débute en même temps

en, plusieurs points du- système nerveux central et périphérique,

mais plus particulièrement dans l'encéphale et les cordons pos-

térieurs, pour déterminer' secondairement par l'hyperplasie de né-

138 REVUETDE,PATHOLOGIE',NERVEUSE;¡' «

vroglic ? l'atl'Ophie l,et la ldégéuérationr desflémnls'" centraux (e) >

périphériques;^ 11Jhl1 JD11 ! Wp.U'd : : mém IJ : = : J ? : 11J."SÉGLAS.' ,fUJh

i ? b '11 ? v ? H¡¡,/T S¡fJl'I1H.tJ1 : )(rd <)1' p' : f(11 ! hl s,tlbper( 8;iil«tnon ? "X1V.8SDR UN CAS 4D-Ê TON; pa' L·GREPPIN ? lrd

' ' ? ' 'l "'' >,.p, "JIJ(Aréhiv ;rf. : J PJychiat1 XXIV, 1 ')', 1 le 6 si uni - 1'1(' ! )

l{J/'J9'J ,9W';IUtY" du1 . : ¡moril.¡v' 8T''¡H sait b J : I : ,r, "f ' InUlTL10b tu' iup

Homme, de, cinquante;sixt ans, tare, néyropathique très chargée,,

notamment, ,grand-père,,patprnel,Ypère, et, oncle, paternel ,cho-,

réiques. Il est lui-même- affecté depuis cinq(ans,de cq.ol'ée,s.al'acé-.1

ristique ayant. successivement-porté sur] les muscles.,du^cou,et desj

épaules, ides bras, ( des jambes, du .visage, ,1a91angue,lé, larynx, .Le;

dos. Dans ces dernières années, mélancolie terminéepar la démence ?

Impossibilité de se;nourrirmort. ^ft,^u .«uo-.uc ,qt,ui elip

- l'Autopsie ? Calotte' ct;aniennue épaissie ; asymétrique, pachy-l

et lepto-méningilejatropliie des circonvolutions, atiléromasie des'

vaisseaux de la base..Le. microscope révèle de nombreux foyers de.

cellules dans' les espaces périvasculaires de tout l'encéphale, hyper-1

plasie des noyaux des tuniques adventices, musculeuses et internes

des vaisseaux. Ces mêmes- foyers occupent les ,, espaces péricellu ?

laires;. atrophie des grandes cellules de Betz. Dégénérescence des

fibres nerveuses à myéline. Les paquets 1 delcellliles accumulées;et

souvent magmateux, dépourvues d'ailleurs de noyaux, forment des

dessins uniformes' ou arrondis' comme arbôrescelïts : 'III s'agit pour

l'auteur, d'un retour à l'état'ernbryonn'aire des cellules du tissu con-

jonctif, qui, après cela', se sont mises a'pro)iférér; il y a eu, par suite;'

irritation' de' là substance' cérébrale à1' laquelle* on peut' rapporter

la' chorée L'iôdûée' de" potassium l à hautes

dosés pourrait biéIi"'êti-'éJadmii1Ïst'ré 'en pareil' cas. "1 P.' K' : ici

- .u=,t Ii ,11. ".lhd "lfJt -il ] «viik'jl,;)

af. r'1...qE Í '\ V^ ".....r) ? iQ;f-tnnf. ut, "rp r =c ",\f' ? 1'\n,fn.l

XV. DE LA fièvre HYSTERIQUE; par A. SARBO. ` tt ? j i

(Archiv f. Psychiat ? X1111;'2.) Il ? " "JJl ! 3 ? si ? 11 It il .t ta i,.t "if' xitdq iin t ! 1"J'hJ(1'" 0 . t v t.. t r · t w` `1 'r

Mémoire très bien, ordonné avec observations personnelles..Dans

la fièvre,'y est-il, dit,* le"système,nerveux4éentral, joue un rôle

(centres, vaso-moteurs -, cerJtres,' th,er,m.iq,es)"lL,a '.fièvre» sans

substratum organique,, produite pari conséquent par. le. système

nerveuxiseul, est due à des troubles dans la fonction des centres

thermiques (fièvre nerveuse fonctionnelle). C'est probablement une

fièvre de ce genre que, l'on, observe dans l'hystérie, (névrose f ? AC ?

tionnèllèpar,èxëelleriée).=r y ? t .IJ t ? · x ? 3 ? Jy e'oJ.' ,-« : ,^

j 1° -Fièvre ltystél'ique apparente (tachycardie pas d'élévation

thermique). C'est une pseudo-fièvre, qui s'observe dans l'hystérie

simple et dans, l'hy-téro-épilepsie., ? 40 Fièvre : 'hystérique continue,

sans substratum organique, dont l'hyperthermie n'est pas due à,

un travail musculaire,' aux' convulsions) par exemple. Deux formes :

faible, qùiné.dépassé"pas'38°,5 ? élevée; 7qui;dépâsse'38°,5.'Dtire

REVUE''DE". PATHOLOGIE' NERVEUSE.1 139'

quelques jours à quelques mois. Pas de-type'. Peut' apparaître sou-,

dain et disparaître avec la même brusquerie. Elle est remplie d'a-4

nomalies; inégalité thermique, hyperthermie matutinale avec

hypothermie^vespérale; la, température, n'est souvent pas en-rap-

port avec la gravité des symptômes. Elleg peut revêtir des caractères

qui lui donnent l'aspect d'une fièvre typhoïde, tuberculeuse, périto-

nitiqüe.l' Ellet tiënt parfois à la cessation'' des 'règles. Quelquefois

aussi'elle accompagne. un état de' malldont'elle ne dépend nulle- !

ment.*1- Elle s'observe fsurtout"chéz `les'hystéro-épilèptiqnes : r'-1 i

3° Accès de fièvre subits, parfois sans1 cause' appréciable, à intensité

variable (hyperthermies élevées ou' modérées),' qui accompagnent-

fréql1erilment'J un ensemble' deusyil1ptômes" graves,'du' reste'tout

accidentels, indépendants. Même réflexion'pour les accès convulsifs !

Peuvent s'associer à la pseudo-fièvre, et à la fièvre hystérique con-

tinue,'ces trois ' genres pouvant, aussi : se conlbiuer : ,Les accès 'se,

montrent aussi bien dans'l'hystérie simple que dans l'hystéro-épi-

lepsie. '1'. ' ""d '110 ? JI 'p'I v r·ify 4 ? n ,P. Keraval.. , y ? ¡-, IfJ1f.¡ ? tt ? t' 0'" , ? ' l'IT ''h 'ntïttuj -= »0

XVL'TuMEUa DU'CENTRE OVALE AYANT CAUSE' UNE PARALYSIE DU MOU-

'f ? -

VE31ENT ET'DU SENS* MUSCULAIRE : ' OPÉRATION ; 'AUTOPSIE par. Land011

(Brain,part ! 3 LIX et LX; P"443,.) 1 r 0, ' l

7-^t> t. r I ' , i. . nr ,, (Il) ; n'ivl tu y· 1 1, , ' i ·. i

'1¡,HmJ ! 1e ayant présenté plusieurs. tumeurs de, diverses régions du

corps, trente-huitans. j ? AtTaibiissement général, de la jambe et

du bras droits. En même temps. cÓphalées"siégeallt à gauche du

ventre.,Insomnie. Pas de troubles de la parole. L'iodure n'est pas

supporté... Pas d'accidents convulsifs. Sensibilité^ tactile et à la Cou-

leur légèrement diminuée. : \,la température conservée. Sens mus7

culaire presque totalement aboli. `

' Diagnostic : tumeur du centre ovale, basé sur l'absence des

troubles mentaux et convulsifs ? J ? " ? 1 da y L

1 ¡ .1...1 # c .,u',1 ?

Trépanation : Découverte du pied de la F2 et F3, des deux A. et

du pied de'la P2.' Décès.; A" J'autopsie : 'sarcome gros comme une

noisette à 1/4 de pouce de profondeur sous ! la jonction des 2 tiers

supérieurs de la; PA. D'où l'auteur 'conclut qu'une lésion de la PA

peut' léser le sens musculaire à l'exception de toutes les autres-

fonctions 1;') 1 '' il 1 ' f. : , l ? ? 1, ; 'h'r ? ·P. S. '

J1 ! t fI. ).f' 11r1HMp.f', t'd ? - 1 ,.tC,'1 -fil ¡'11JIJ ? 1 < ni > r' .

\

XVII.' Autre cas' d'an'esthésie due a"'une"lésion1\de'"lÀ circonvolu-

1 tio'n, du corps' calleux; par Thomas GâniLL9(Brâi)t,r parts LIX

7'et LY ? p : 4'r8.) y il .'^ ? <" "'<¡(\1, W· ! .vr· t% .. % ,

e1*4 ' VU fcit;,r tVadl)» ·. 1l P Itl1'/¡jJJ ' il "I <1, u ? f. .1 r .' t

^ Homme de quarante-sept ans, -alcoolique., Hémiplégie gauche

* ern - .q ]<<fj I ! )<ff\'<-.sl1'J"c.¡ fil' ! 111 ? ,vnlltl7" : · ? '('> 1 ' ; 1 ?

. ' Des, résultats de.ce, genre devraient rendre^ce. chirurgien plus cir-,

conspect'dans s s e s, é cri t s. 1 e iil, d 22 juilietduProgtès,médiel-)·,(I3.)

t ? ? ? . ? ? j ? .. ? t t ? <'

'P,)T1"q 113'1''1 'f)n TOT-t" Aq -ts a Ia'(

140 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

^r rt ? r;' J. ·'1 ot , n.l ·, ' i, ,I91 'rfJ()1Tf 9a '111.I ? no- 1 ·a;r

ayant succédé des séries d'attaques convulsives. 'Pup.lIIe ,gauche

dilatéé ? Aüéstbéshé,préque, éôlipalété du bras 2aLiche. A aulopsle :

sarcome faisant sail ! te au. tiers, ppstérieurde la circonvolution, du

corps calleux. L auteur croit probable que la partie postérieure, de

la circonvolution du corps calleux est le centre sensitif du bras. , . .

, ;; i, 'i rj.'i *' le ii ? ai tt'UU ? <

I : l''¡ 'f liai-- 1 ,f ? t, , ' , , , 0 j, 1 ''11., .°1 .¡.b.J

11 1 .rll' 1 rI" M 1 > " 'r 'tu ' '1 1

XVIILP.1R.111TUTOV1E.IT.aSIQUE ET maladie de.Thomsen; par GOVERS :

r ? ..(Cenlr'nlbl. f. NCI'vcnhcilk., N. F. Ill, 1892.) .n-. , . ,.J

''Association dé 'la maladie de Thomsen avec une "affeclioiic de là

moelle. Exagération persistante du tbnu ? ata : xie, affaiblisseme'nt'des .

membres inférieurs avec anesthésie partiel[6. le P : 'K ''1';

' b,,1 ,l' ito^1 Il....I1 : Ut (Il lu uJ j[lM"f ? 1'1' «orr··rr,ado ,\J)(¡¡) ¡'3; hJ

'4 t1. h ? n p ? ... i'\ tilV rrs ·' 1, ,i ,nn

XIX. Paramyoclonus multiplex héréditaire; par, le, Dr, R. GUCCL1

J ? (7 ? ? sp ? t/'t-e) ? fasc.III-lV,1892.) ? ? ? J.

' l ". " (Riv. sp. di (l'cn., filse. III-IV, 1892.), J ¡'P "Il ,"q

t"Q"1 ? ..LjJf ? . ir . r i.. w,·t -ni' -1 n ' 1 J jj 'f '1 '11°

Observation généalogique 'd'une famille'dans laquelle'sè sont

transmis 'pendant'trois. générations deux^ états' morbides, 'para-

myoclonus et- folie ? ayant'de plus revêtubcértaines particularités''

semblables; 'le paramyoclonus^ a' suivi 'chez tous lies individus'

atteints la même marche, s'étendant de la même' manière ;et'les'

désordres' psychiques,' chez 'trois* membres de cette famille, ont

présenté de grandes' ressemblances sinon de' degré," au'moins'de;

forme.L'auteur présente 1 ensuite des considérations^ l'appui du

diagnostic paramyoclonus et à l'exclusion de; celui de. chorée ' de1

Hutinglon, tout en -considérant' ces deux' affections comme très' t

voisines au fond, bien que d'aspect clinique un'peu" différent ?

toute la différence se bornant'peut-être'à une extension ou à une

intensité plus ou moins grande de l'état morbide.' Sou observation5

dans laquelle à côté des troubles moteurs caractéristiques du para ?

myoclonus se manifestent des désordres mentaux, queul'on ren-

contre plus habituellement 'dans' la chorée' chronique' progressive-

lui semble établir comme 'un trait d'union entre 'ces deux"myo-"

clonies.) y 1 ' ' i ? >- 1 ''f" J : Séglas. ? ? ' 1

v· 1 l.y,·r «1 t j" fspd . » ' il \,... ..., , W ·.1 '" 1 tr ? ." t fil 1

XA.'DEUS cas d'ataxie'locomotrice"avec maladie DES jointures DE

CHaRCOT; par Henry DAVY et Arthur G.' Blomfield. (B/'M<oM : ed ! co ? '

Chirurgical Journal, décembre 1892; n° 38 : ) ? ' "f '11 " 'J.I ?

. ici, je 9 .1. ' ? t 1" >, 1 . ' W ·5. > '. M 1

, Dans la première observation qui appartient au Dr Davy, il s'agit ,

d'un homme de cinquante-trois ans, qui fait remonter l'origine de

ses antécédents à trois ans, époque où il, eut une attaque de astro-,r ¡I

entérite. Depuis cette époque il présenta des'douleurs en ceinture .

qui n'ont fait qu'augmenter. Il présente des antécédents syphiliti-

ques très nets. Le patient, déclara à l'entrée, qu'il, venait pour se p

faire opérer d'un genou. Lorsque le patient est assis, le genou

.revue DE pathologie NERVEUSE. 141

1 ! 1t"'\ J t /jj.i/ 0l') iw ? ·1 ? 1 1 1 >IV ,f .1-.

dans son entier se trouve tendu et augmenté de volume avec aug-

mentation'du'liquide 'a'rticulaire'Lorsquil s'essaye a marcher/ce

qu'Usait avec une béquille" il se pivdùit4ûne lirâatiô'Jidü'fémûr,`et

du tibia"' La' ligne' du ' fémur 'n'est' plus normale, ,et le condyle

externe semble détruit' en 'totalité ou en partie, permettant la,

tête dû tibia' de 'prendre1' sa/'place comme dans un" cas de genu

vaigum accentué. Pas de douleur; le genou droit est intact. '

Le malade présente des symptômes de tabes tels que : ataxie et

incordin'ation; altérations de la parole'`et de l'intelligence ;'aboli-

tion des rétlexès ? otuliens; il y a degré 'd'anesthésie des membres

inférieurs; crises, , de,, vessie, sous forme intermittente de crises,de

rétention, ,9l p ? ôt 'd'\9,con,t¡nece. Les pupilles sont un peu rétrac-

tées, iliégl,llës; et réagissI ? 11 : l à)a ? 1¡re ou à l'accommodation. !

La seconde observation appartient au Dr Blomfield. Son malade,

âgé de quarante-huit ans, avait passé vingt et un ans dans l'armée.

Il âvingt=six ? aris' il'rëçut`'nn coup'de lance dans la' poitrine. Il

eût, il y a quatre'ans', une paralysie faciale due au froid. Pas de ren-

seignements précis au sujet-dellasypliiiis. m, ? m 'J.),J¡'" l'j ? i,"

C'est il y, a ( seuleJllent,.1lUjt ,mois. quï ressentit, ries- premières

atteintes,de son, mal. 11 avait de la difficulté à marcher et une fai-i

blesse dans la jambe gauche, quatre mois avant son entrée il tomba

.en,essayant,demouter sur. un omnibus, et. depuis cette* époque, il

remarqua que son genou¡droitLdevenait malade, et gonflait. Il fut-

traité par,,la suspension, élises douleurs fulgurantes disparurent à la

suite.,A l'admission on constata une augmentation très notable du'

genou /droit, et une. légère .augmentation du genou gauche. L'en-

flure n'était pas douloureuse ! et paraissait la même que dans l'ob-

servation précédente.;La luxation différait, osj 1 h 'i u 5" z

.11 paraissait y. avoir plutôt du ramollissement que de.la destruc-

tion.,Le tibia était déplacé en arrière comme dans un casid'hyper-

extension ? Qn},p,.o11QhnI" ? ,JII ! O ? lrt", IJ GJtJ ", 1 ¡j. ! Jlll'i <1' ! 11

Les auteurs font suivre leurs observations des réflexions résumées

que nous donnons ici. Ilest bien-connu que les cas de cette espèce

sont.souvent confondues avec des 1 affections. arlÏculaires nécessitant

l'amputation ou la résection. C'est surtout le cas de ceux qui s'ac-

.compactent de symptômes nerveux légers. Comme M. Charcot l'a

dit, l'arthropathie. est.1 un symptôme précoce de, l'ataxie locomo-

trice.,Il insiste sur,l'absence,de douleur et d'inflammation, qui con-

stitue un caractère important de ces arthropathies tabétiques

Deux cas semblables ont été rapportés parle Dr James Murphy

dans le B¡'it.'1ÍiedJ JOll1'n : ' de '1886,' vol. ' II; p.1 '4G8.r` Or; ceux' qui

voûdraient'mettre ces-arlliropathies sur'le compte' de la'1 syphilis, ''

les' auteurs font remarquer que si; dans le premier cas, la ? spécificité

est certaine,'1 elle est'absolument'douteuse dans le second.' r '

, Vir't'how'préte'nd" que l'affection ''articulaire' que l'on' r rèllêontre . "

par hasard' chez un'sujet tabétique, est uneVarthropalhie particu-1'

IIO4l9 si .1n"i1 Jr drl31x.lj Ni JI li ? JJll9 ? fm Il', . ? 1 ' 'l'" t

'142 'ÍiÈ'"ÚÍ1fTDE PATHOLOGIE NERVEUSE. ,

lièrel,dif[6rdnté' de toutes des'autres' maladies^des'jointures^'Il

'croit' que11 toutes ! les. 'causes3 mécaniques' ou' ! thermiques" suffisent

'pour' expliquer l'affection ? Dans son'opinion, une large'proportion

''dès'- cas 'prétendus ttabétiques ? sont"d'origine1 syphilitiques ? et il

n'est' pas-' douteux que le rhumatisme déformant' est l'affection à

laquelle on doit le plus souvent croire.. Dans da 'description des

affections syphilitiques, des, jointures, donnée par Brkeley"H,i ! r,et

Arthur Copwer dâns léûr ôuvragë sür.tlà,s3'philis, iL n'est' point.fait

mention des luxations non douloureuses et étendues si caractérisez

tiques de l'affection dans,lettabes, même à la période tertiaire, et

l'articulation est décrite comme fixée, coiitracturée. ouvres, limitée

dans ses mouvements. Il y a,souvent élévation de la température

-comme l'a,indiqué le Dr,DuUeii-. (Clin. TraMSftct., 1869, p : 81.) J.,D. ? t ? I ,L À · : Jl1'Í'w t ,a ? a qdô. , ,c.r`t ? u f,

XXI. DE l'aphasie dans la paralysie générale ; par B. 1SCIIEB.

. : '«ni ' ! ,fI' (AU. Zeitsch. f. Pschiut., XLIX,,f "2.) ? ,1 Hr4 fi`

r ',t t tAa,, \.1\ ,.) w ? y V dq 1 ,... -... 1 ? t'I .

Observation caractérisée par : 1° survivance' et'longue durée de

-l'aphasie dans la. paralysie générale, sans accidents paralytiques

-du côté des extrémités, sans hémianopsie, sans attaques' apoplecti-

formes préalables; V-2° mode de l'aphasie correspondant, d'après

.le schéma de,Wernicke, à une' lésion, des, voies, sensorielles trans-

- corticales et motrices, ou d'après Moelé,,à une lésion, des icentrés

des images d'articulation .verbale. On pourrait aussi penser à [une

lésion des faisceaux qui joignent les centres des images d'articula-

tion verbale avec le centre de la notion, de l'idée ? 3" lési6n''c6n-

sistant en une inflammation interstitielle chronique très avancée

- mais 'peu étendue; ? 4° dégénérescence secondai re" du ic6rpsr'g"e-

nouillé interne.' 1 -.rD '- »"'» ? n- , . ? "* i " P. KERAVAL.'I.

- - - ,W ? 1 : : ICi.^ ' 91 ? <.1'rI ? 1 1'ar t ii."i ii t ir"i j J

,ldXf \.\'1"4\ < ...... ? ,

XXII. Remarques sur LES formes DE la chorée chronique ? OBSER-

- jVAT101\S DE, DEUX FAMILLES DE LA'FORME HÉRÉDITAIRE AVEC UNE AU-

; 1. topsie; (,. par f, William, Osler, 0.-D..(T/tejIoMmao ? e ! u'OMSaM

, Mental Diseuse, février 1893.) ? ' ' l. Fflr ? ? ¡ ,- > i 1 1 Ii 1 f 1/ .. ? J' - , r : .¡ I Ii ? : 'I/-It -r J

').u J f. 1 . ,,¡'. ? r r .. . Po 1 ? chronique :

L'auteur divise en quatre les 'form 's 'de" la 'elloré6 chronique, : ' :

1° chorée chronique* des enfants'' apparaissant' à la naissance' ou

dans'1 les deux où' trois' 'premières^ années,1* °1 'chorée' chronique

sans; hérédité manifeste* pouvant apparaître' d'` n'importe» quelle ? -Il, LI " .. >'L' g

'période ' de' la vie ; 3° la .chorée d'Hûntington' caractérisée

par* l'hérédité," l'apparition5 tardive ? les'troubles psychiques' et la

pr 'ere i ? appariLioii tard ' ' ti·ôûbles psyhiques et la

marche progressive 'et fatale; 4° les cas' de chorée minora aspect

chronique pouvant persister pendant t des" mois;1' voire'même des

années, mais se terminant toujours 'par`la guerispd. L'auteur pu-

blié ênsuÏle" deu ? ['(ohsehatiàn5' dè chorée1 d'il untingtdnl remarqua-

bles''par l'hérédité dans les deux cas; une- de' ces -observations

,REVUE¡DE PATHOLOGIE NERVEUSE. il 43

contientle résultat de d'autopsie,, ou il"p'Yl a guère à signaler que

Xathé[ome.¡L'auteur .entre.1 ensuite, dans quelques considérations

sur la différence.des. symptômes dans la chorée chronique, pro-

,gressive,et lés autres chorées, différences qui en; font,riettem'e31t

;une malâdiedistinçte. y>)1 a 3lu an;tuJ 13C.^ . , ? ah '1" Iqi ? - ,¡, . , f(I'wff0 2tiEq ';J' llun art . t.9. r ? I-

1"XX111. La peptonurie chez1, les paralytiques '; ! par le Dr Fronda ?

ob, ' '(Il'niâl21cornzo,'fasèu·ITq8rJ.),L " '7r[fI J,'Fr ? J"1.

) a 9lllrf;9Jf' t*1 292"D3L ? ,(1 non au. J ? lI ! a h ni°11'L

Il résulte'des recherches 4expérimentales faites par l'auteur que

-la'peptomurie'se rencontre chez tous 'les paralytiques généraux,

`mais pas toujours constamment." L'absence de peptomurie ne doit

'donc pas faire'exclure le diagnostic de' folié paralytique, ai moins

d'examens répétés de l'urine. J. SÉGLAS.

,¡;>fHj¡A .8 vst, ¡ ,U ? l1dO Ji'.iAfl^'i t.z aat,6 3 : I2J' ! f'11 j ? û ,riz

XXIV. CONTRIBUTION A''LA connaissance .'de. la maladie DE Thomsen

1 (MYOTONIE congénitale) ; par A. FRÛS. (Neuroloq. Centralbl., 1892.)

b v wti iU-'I. ? j jji;J-.vi'i' J. 'm<; -t"i na ,J : 'lb', -'t .1'... : .0 rI l'

° "'1'rôis ôbsertvatio31s. L'observation^III est partieuiièrement inté-

'rêssante, car'la maladie est observée immédiatement après la nais-

rsâüce.. ït`Sirle`s sÿmpt81nes'n'on £ pâs le 'développement voulu, il

'n'en est'pas'moins' certain' que le, diagnostic est indéniable à rai-

l''son : < de"l'hypertl'ophie musculaire, ''surtout' aux 'extrémités infé-

`rieures`'=' et3dü'trouble-myotoniqué"du mouvement, notamment

- da.ns les'mlisèlës des euâ ? ' 11'¡ ? "1/" ".= ? p.K : .i'' >' ? tu.. '1, ').. } "- `fc J,r',J{' ! 1 'Ift 9'l"lfi ? nf 19'6' : i}'l ? l» i

M ? ln.f J3 ,;C) 4P' tirlwir r J d'1r,trfa'I),f-pl JrpiIBlttq'bitrt) 9tm 1 (fI f-

=XXV.1VIANIi : RE D'ÊTRE de. la résistance- du CORPS A L'EGARD DE L'ÉLEC-

tricité, galvanique dans la SCLÉRODERMIE (SCLÉRÊME des^adultes) ;

par A. f.ULENBURG. - 1DE)I, dans l'éléphantiasis ; par W. Pas- ? ciiELES. (Neurol. Centralbl., 1892.) 8.K.1 , ? (jP rr ·r rr T

-a ? "6«v ' -' rl1via.' ? .tu r.^,iou a ? 1 ¡rup p'o{ 1;J 7N " ? ?

H Il s'agit dans l'observalion 'd'Eulènburg 1 d'une dame de'trente-

, trois'\â'ns : V-Orl"étiidi 1 ia""l : ésisikrire. en' question 'comparativement

sur les endroits sciérêmateux et les endroits sains;' et'sur une per-

. sonne saine. Dans les^ régions sclérêmateuses, (paume et dos des

j, mains, face antérieure ,et do'salér1'd.é ? deux tiers antérieurs de

-, l'avant-bras), les minima relatifs de, résistance fournissent dès nom-

n bres radicalement plus élevés que^dans les mêmes régions de la

«personne saine., Dans les endroits moins, atteints, et dans ceux qui

j,, ont jusqu'alors été épargnés', les différences sont bien plus faibles,

l.très peu. notables ; par. places,' la peau encore intacte'présente une

; résistance un peu moindre ? Chez, les deux, malades'de Pscees

. 1 augmentation de la résistance,, comparée à celle.a une personne

..saine ne présentait suivant cet auteur rien de pathologique. ' ,,

*- , ti . -' il"J fi'i'l'urtSKl x ? ou n ? ()'

1 ? di' ';U" ...f : ¡ ¿ ? ? h." .J o1...I.J I rf;1"`I,je 1 P. K'I.T

144 REVUE DE PATHOLOGIE nerveuse.

, Il ? , . I ' .1. t ,

XXVI. Du symptôme de DE GRAÆFE dans la' maladie de rBASEDOW

...I;,#t- e .,

par L. BRUNS. (Neurol. Cetiwlbl.; 1892.)

. i i 'T )l î .") o " ' ' . ».

La paupière supérieure ne suit pas l'abaissement du plan du

regard, mais elle suit le mouvement du globe de l'oeil quand il

s'élève. En somme la paupière supérieure ne suit pas l'abaisse-

ment du globe de l'oeil. Ce n'est donc pas, comme le disent les

auteurs, un défaut de coordination entre les mouvements du

globe oculaire et ceux de la paupière supérieure puisque la pau-

pière s'élève quand le globe s'élève. Deux observations à l'appui.

Moebius, a raison quand il attribue ce symptôme à l'effort que

fait le malade pour ouvrir l'oeil. ' 1 1 P. le " ·

XXVI.. CUR £ E CONGÉNITALE; INCAPACITÉ DE COORDONNER LES FONCTIONS 1

XXVIL Chorée congénitale; INCAPACITE@DE coordonner les fonctions

des membres ou delà parole; absence d'intelligence. - Cuaniec-

tomie linéaire ; par Wymann. (The Med. Times and Register, '

1" octobre 1892, p.,391.) .

Il s'agit d'un enfant, âgé de quatre aus,i qui n'avait jamais pu z

marcher, avait des mouvements choréiques constants et étaitgâteux.

Pas d'épilepsie..Incapable d'apprendre. Mouvements continuels des .

yeux. Il ne prenait de nourriture que si on lui en donnait, et était J

incapable de manger seul. On requit l'assistance constante d'une

infirmière. L'affection datait de la naissance.Le médecin, qui avait.

soigné l'enfant, attribuait cette défectuosité à la compression du

cerveau par le forceps à la naissance. Les mensurations de la

tête démontraient un manque de développement et un défaut de i

symétrie dans la forme générale de la tête. On conseilla la craniec-t

tomie linéaire comme le seul moyen qui pût procurer un soulage-

ment. On fil une incision partant de l'éminence frontale gauche àt

la protubérance occipitale. On, sépara, le cuir chevelu, on soulevai 1

le périoste, et une bande d'os d'un demi-pouce de longueur fut' `

enlevée du crâne, partant de la bosse frontale jusqu'à un pouce de\

la protubérance occipitale. On ramena le périoste sur cette ouver-

ture, on replaça le cuir chevelu, et on sutura. Pansement antisep--

tique. La guérison de la plaie se fit bien et les amis pensent

aujourd'hui qu'il y a amélioration de la chorée. Depuis l'opéra-

tion, qui fut faite il y a trois semaines, il's'est produit une amé-

lioration marquée dans l'état général du malade. 11 est naturelle;- . 1

ment trop tôt pour se prononcer au sujet des améliorations qui

pourront se produire à l'égard des fonctions du cerveau, mais, il

est une chose certaine c'est que l'ouverture qui avait au début de.

l'opération un demi-pouce de largeur, a atteint trois quarts' de

pouce et que ceci est la largeur apparente de la fissure qui existe

aujourd'hui sur le crâne au-dessous du cuir chevelu réuni. A tra-

vers cette fissure il est facile de percevoir les pulsations du cerveau.

.. . l `r > > ` s lxf 1

REVUE 'DE -PATHOLOGIE -NERVEUSE.- 145

' XXVIII.(1Un,cas d'anurie hystérique;, par IIOLST. (Ceiitralbl. f ? z

" t' Ne1'vel ? ei{f¡, N ')"" III, 89,2..), ), 1 , ; ,

Durée : 17 jours. Etude absente au point de vue de l'état de la

physiologie de la nutrition. ' ' ''J'1'" 'P. K. '

¡ ri : ' Il e o ? n Uh 119ft1·,7mln . . 1fj, c I ? 1 11 '

(' )l ? q ! ..if ? (..41 ? 0;. a'T ? ( ! f"I ? d' ni QfT"( '10 : ;) 1 1 ...

XXIX. DES DIVERSES FORMES D'AGRAPHIEET'EN PARTICUL ! ER DE L'AGRAPHIE

XXIX. DE31DIVBRSESPORnIESID'AGRAPHIG ET en ;A ! \TI,CULI,ER,DE L AGRAPHIE

d'origine sensorielle; par le DI', Paul Sérieux. (Bulletin de Soc.

'' de niéd ? mëi¡t;"de' Belgique, 1892'.)' ? II ? Il' ¡ ? , ¡ " ' ><

"1J ? v {IPtj111 4 ? ? .yJ t'})"11'l}tt si , il i i : i-'Ihiii .. li

A l'autopsie de deux, femmes atteintes d'agraphie accompagnée

de cécité verbale, M. Sérieux a constaté qu'il n'existait pas d'alté-'

ration au niveau des circonvolutions motrices et en particulier au

niveau de la deuxième frontale; en revanche un foyer de ramol-

lissement très étendu sur l'un des cerveaux, plus limité sur l'autre,

avait tiré le lobule pariétal inférieur, de l'hémisphère gauche

(centre visuel cortical). ,f I . ., , , , ,

Ces deux observations paraissent démontrer la localisation du

centre de la mémoire visuelle des mots au niveau du lobule pa-

riétal inférieur gauche et en particulier au p)i'courbe'(Magnan) et

d'autre part la possibilité'de'troubles'très ; accusés de l'écriture

consécutivement à la destruction' des. images visuelles graphiques'

et sans altération des, régions psyho-rnoti-ices. 1 - , 1 ,

' Il s'agit donc, dans,ces cas, d'une agraphie d'origine sensorielle,*

caractérisée' au point de vue clinique par la perte de'tous les modes'

de l'écriture et par la coexistence de«cécité verbale, au point de

vue anatomique par l'absence) de (lésion intéressant les, çirconvo--

lutions'' motrices, le, centre visuel verbale étant seul ,détruit. La

possibilité de la perte de l'écriture, en, dehors de toute lésion des

frontales, se comprend facilement si l'on admet, avec Wernicke et

Dejerine, que l'acte d'écrire est subordonné à la vision mentale et

consiste avant tout dans l'acte de, copier les images optiques des)

lettres et des mots.- Que celles-ci disparaissent. par destruction du.

pli courbe et l'agraphie se produit.- · Li,- . G. D.

., , i . j . · ? 1 , ,

XXX. Hémiplégie cérébrale spasmodique avec imbécillité ; par

·LItONCELLI ET VENTRA. (Il manicomio, fasc. 2-3, 1892.) <

Rapport médico-légal pour interdiction) ,/ ' " ' ,

' r" ' ' ' ' ? ' i '

XXXI. Contribution ..... LA question DE la surdité verbale ; par SCARANO`. ? (llmtcnivlnio; fasc. -3, 489; )` , , " ·

XXXII. DES troubles 'fonctionnels dans LE domaine DU facial ET de

L'IIYPOLOSSE,"EN particulier dans les hémiplégies fonctionnelles;

" par W.KOENiG.'(ctH'o.CeH<)-a<., 1892.) " ,

1 . '1 . .. ,

Huit observations. - Conclusions : 1° Rare est la parésie du facial,

Archives, t. XXVI. 10

146 REVUE , DE, p ! JI91<o. ? ! ¥ ? NVU ?

ou du facial avec l'hypoglosse, pure, sans cause, exclusivement fonc-

tiànn"el1essaÍls "spasllles,' iJOtamment d'origine hystérique : '= 2° Un'

peu plus fréquente paraît-elle être quand elle' accompagne certains

états spasmodiquesdes divers muscles siégeant du côté opposé à celui

qu'elle occupe. Ces phénomènes convulsifs .doivent d'ailleurs faire

.1 ' ' * ..." fi, Il. fl , i - 1, « .1

suspecter, l'autonomie dela paresie, car. la paresie véritable s ac-

compagne de parésiêjdes muscles dû,côté coréespoydant ? 3°,L'ô i

pinion, de Charcot d'après^ laquelle la paresie faciale hystérique est

peU|intense et s'accompagne^ de troubles de, la sensibilité, est con-

firmée,par nos observations. Peut-être faut-il y joindre ce trois

sième caractère, qu'à l'état de, repos'la^ paresie est extrêmement

accentuée. , ,4° Dans,l'liémispasme glossô-labial, le syndrome dé

Brissaud et. Marie ii'est'pas 1 invinciblénient,'fatale me rit,' aussi net

que le veulent ces auteurs. Ainsi il peut arriver crue, la langue ne

que le veulent ces auteurs. Ainsi 1 peut arriver que. la langue ne

dévie pas du côté du spasme. Le diagnostic du spasme lingual

trouve dans l'impossibilité pour le mode de ramener la langue

déviée sur la ligne médiane un élément plus important que dans

les déviations de la'pointe de la langue eà'pleinë' cavité buccale,

que dans les mouvements spontanés de la langue, que 'dans la

direction delà déviation lorsque le malade, tire la langue, hors de

la bouche : - 5° Les spasmes qui se manifestent, notamment à

l'occasion des mouvements voulus, dans les muscles, du ^cou, et de

l'épaule du côté non paralysé, constituent un symptôme remar-

quable ; il fera peut-être pencher la balance en faveur de l'idée

d'une affection fonctionnelle quand le diagnostic hésite entre une

hémiplégie organique et une hémiplégie sans lésions. ,1

' . P. Keraval. 'J

r i '.<-,, , , (1 11- i .

XXXIII. UN cas D'HÉTÉROTOPIE de la moelle CHEZ un paralytique, t

' général; par B. Feist. (Neurol. Centralbl., 1892.) . il i

Mémoire très détaillé avec dessins. L'analyse ne peut suppléer

à la lecture et à l'examen' des planches. ' ' ' P. K. ! - 1 1 l . / " ,

XXXIV. Un cas de paralysie faciale congénitale; par F. Schultze.

, (Neurol. Centrnlbl., 1892.) .. -1. '" .

Paralysie' périphérique du facial gauche avec disparition -de

l'excitabilité électrique, mais le nystagmus léger^ pas plus, que

la toute petite déviation de la langue, concomitants ne sauraient

être rattachés à des lésions périphériques. Il y a lieu d'admettre

une lésion des fibres pupillaires de t'oculo-motéur commun gauche. -.

Le siège et la cause de la lésion restent' 'obscurs. Il 'a lieu'de e

penser à un arrêt de développement du noyau du facial du côté

gauche, peut-être ne s'agit-il aussi que d'un trouble dans le'déve-

loppement d'un noyau isolé de ce nerf le centre en étant demeuré

intact. ' l,r 1 . ! - - - p. K. , '1..11

RË'iÙÊ7DE-r P ÃTHOLOGIE C NERVEUSE' 1471

,¡no1 IWHflAVroul1}X8 ,9¿1J,t¡'. ? np 9'TIIQ .6< ? oboq ¡,r'/ twe Il ? 11'' ! If. nit

XXXV; Contribution A la pymptomatologiede la maladie DE BASSEDO N ;'

- 'O'b ? "'Opal; E.7'A. HOMEN. (Neurol. Centralbl., 1892.) ? -If 1 fQ'1.

tI"...) , .11111 '4lll hi t>......"f.Oj ? J>' ! fI' 1 ' 1 f .11 'd ' ?

''Observation'.1 Une femme' appartenant à une famille' de car'-%

diaq'ueSj'et'de névropathes présente' les1 signes r dé la maladie dé

Basedo"les']'p]us"éaràclél'istiqù't3s"âvec;1 de temps" à' autre,' des

troubles ne'rveu'x' : 'parésie'. Óú'pa'ràparésiés7 n'on hystériques, pares-

thésies} lourdeur' et' eiiçôiirdissemént"da.ns''les 'jambes, détente

subite des renoux et danger'de précipitation;'accidents physiques

du"rhuruatisme'articu]aire aussi brusques 'et' aussi aigus'qu'inter-

mitténts'el'passâgers. Autres' symptômes fièvre; tremblement pat-

¡ : Ïébrâ¡"m'èlÚ; t7thmiqué ? parfois' interrompu ¡ pal' de fortes conr

vulsions oü une.,pausé coûrte, 'iristantanée;' à la fei'meture ' des

paupières.' Ce tremblement palpébral n'a fait 'défaut que ! chez deux

malade sur 13 'observations de l'auteur ? '6<1 - ' ? P. K.' "

.. -t l >' '1 J.)j,1'.r1 qr ? 0 ''11 9' 1JIOt' il, il " x-'iiili ;; "l. 1 , ,i ? "» '<><( ? tnt un . 1 n,tl1 ? .. .- , Ir

XXXVI. L'attaque hystérique D'APHASIE ET la simulation ; par

\ , P. L.DaIaE(Cent ? oilbl. f. Ncrvénheilk ? N,r.,·III, 189.) ..[1' z

`lltolière-â`bien vu'un'cas authentique de mutisme hystérique

lorsqu'il ''décrivait ' si parfaitement'la* maladie de Lucinde.Obser-

vation àl'appui ? "' ' t ,W.iLf'J erfly·t1, ,1 <» f1 i P. K. z

> i-no'. '' {J(P I.J 1\, n ir.,71 il ' , r ,1 \ ,[/ ? m , \1

XXXVII. Paralysie spinale syphilitique (type-Erb) ; par MUCHIN et P :

K09ALENSrY. (CeH<)'6< ? JVer);e ? ! /tet ? N.'F., 111, 1892.) .

. \1 \ t . 1'(1\ ? 1. -'t ? , : I

Huit- observations courtes. Traitement antisyphilitique sous di-

verses formes. Bonne alimentation; vie régulière; galvanisation

vertébrale' (séance de 3"'à à minutes par jour à l'aide de 2 à 3 mil-

liampères). Suspension' de Illotschuthowshy : .. P. K.

XXXVIII. Contribution a L'AKINESIA ALGERA; parW. KOENIG,

(Centmlbl. f. Ne¡'venheilk., N. F., III, 189.) ,

C'est l'akinésie douloureuse de Moebius (Deutsche Zeitschr.

f. Nel'venheilk., 1), caractérisée par impotence et douleurs sans

cause saisissable. Elle survient chez des personnes apparte-

nant à une famille névropathe ou déséquilibrée, à la suite de

surexcitations ; la faiblesse nerveuse ouvre la scène, puis les

mouvements déterminent des tensions douloureuses, finale-

ment la plupart d'entre eux sont douloureux. Tantôt, la dou-

leur accompagne le mouvement, tantôt elle le suit et se

montre non pas seulement dans la partie en mouvement,

mais.en d'autres parties du corps. Si bien que les malades,

dans leur impotence absolue, ressemblent à des paralytiques.

148 REVUE, DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

Cet état peut subsiste^ très longtemps. En) même temps, on

constate les signes de la neurasthénie : insomnie-. mélancolie

incapacité de travailt'intellectuel'' "obtusion1 et sensation

de pression céphaliq'ue1 'sensations pénibles dans le dos : Pas

d'hystérie. L'issue n'en'est pas' connue;' il'est à'supposr 'que

la guérison est impossible, mais il' existe une observation' dans

laquelle il y avait maladie mentale concomitante. Ressem-

blance avec l'atrémie de-Neftel qui, pour ce dernier auteur,

est de la folie hypochondriaque 1. L'akinésie serait à peu près

à l'akinésie douloureuse, ce que l'astasie - atasie est à la para-

plégiéhÿstériqúl1 ,r]I,ItI`II]j'j' [ 2(1 8 J'l : ¡ : J

Observation. Femme de quarante-huit ans atteinte de folie

systématique chronique, pas d'hérédité; hypochondrie organisée

en délire. Tout à coup, sans hyperthermie, sans accélération du

pouls/ douleurs intenses 'localisées'' aux muscles, augmentant à*

l'occasion 'des mouvements, et,' de' temps' à' autre,' à tel point'que

la malade ne peuf'plus'se -mouvoir.' Troubles intermittents de' la

sensibilité cutanée, du goût, de l'odorat, de, la vue,, de la parole ;

phénomènes çonvulsifs pouvant aussi être, produits par' des eai-

tants, mécaniques. Peu de sommeil. Appétit, passable. Pas de

troubles dans les organes internes. Pas de modifications, de l'excita-

bilité éleclrique ; pas de fièvre, pas d'eedème, pas de diminution de

poids. Thérapeutique impuissante. Et cependant il se produit une

amélioration graduelle qui ne va point toutefois jusqu'à ta guérison.

Intégrité des muscles, surtout si ,1'on considère l'état satisfaisant,

de la nutrition chez,une personne immobile depuis plus d'un an.

' , , , , . , "P. KERAVAL. ' ,1,

i i - . lin 1 j 1 1,1 .,

' 1 , 1 H ! If ! 'i f '< 1 i '+

XXXIX. Attaques DE léthargie ET suggestion hypnotique; par HITZIG.

· (B¡'ain, 1-11, 1893, p. 203.) , . ..1

. ? V i . - l

11 s'agit d'un campagnard de vingt ans qui, à la suite d'un trau-

matisme du bras, présenta au bout d'une douzaine de jours un état

d'excitation, avec douleur de tête intense, élévation de tempéra-

ture à 39° et enfin une période de sommeil. A, la suite du som-

meil une forte céphalée persiste, il y a une faiblesse générale, puis

les forces reviennent vite, le poids du corps qui avait diminué

augmente, grâce à, un fort appétit. Cette attaque dé sommeil avec

les mêmes caractères revient tous les sept à treize jours et'durait

chaque fois de trente-quatre à quarante heures. (' " ^

Par la suggestion hypnotiquel'auleur parvint à supprimer les

attaques de sommeil, mais non'les prodromes. Aussi- conclut-il,

attaques de '1 n ? nl ? P,f.dr. ? m.sj,i ? HssiSg ! J811t ? i

. il 1 ... Il t l ' -j ' 1.1. b1 Y4'I J.

' ' Voy. Archives de Neurologie, Revues analytiques. 1 1 ? 1 ' lA) ?

REVUE% DE pathologie MENTALE.7 149

très justement quel par l'hypnotisme ont peut supprimer certains

symptômes ¡hystériques, mais "qu'on T ne guérit pas l'hystérie elle->

même. Il se rattache complètement à la doctrine de 1\1.1 Charcot et

considère ces(attaques de sommeil , comme faisant partie de.l'at-,

taque de grande h'ystrie. ¡Il a constaté d'autre part les modifica-

tions de l'urine décrites par MM. Gilles de la Tournette et Catheli-i

néit. ' ' ' ' <. t ? .t.. P. S.

neau. '1 tmtf m-i t 'F r,, 'I' fui i j ' P. S. £

tf ;.I i tttt trli ., 110"' H ! 'f r., Irl (11' 1 j 1. ' ' E

K , 1 1 1 1, 011 ? , . If I ' . m U ( .( 1 1 , . 9

i ? 1 1n·, , ? 1 'r· 1 1 , 1 5· ^;1, ' , 1 - 1 1

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE, ,1

t'bnon t l'¡ ? t Il' ? 1 r 1lnl"' ri j1"'lI (n ? f1 Í- ,(l'I(I') f . ri r

I., CRANIECTOMIE LI"\IIl ? leçon clinique faite , à , l'hôpital du

,.conilà d'Arapahoe, les 9,,et 15 octobre,1891 ? par le Dr CLYTON

· PdR6TLL. (Médical Nezvs, 27 février 1892, p. 236.) ,

Le garçon sur.lequel on' doit opérer aujourd'hui présenté l'his-

toire suivante, tirée du livre du Dr Eskridge aux soins duquel il a

été confié depuis quatre semaines'. ? ' 'J ' ? , ? 111'.im'.t.» ? .il ... - . ? , . i

L. A..., âge de quatre ans en février dernier, commença à avoir

dès spasmés quand' il n'avait que deux jours, et'qui lui durèrent

quatre jours. Ensuite il eut la coqueluche pendant quatre mois. Il'

y a un an il commença' à tomber. 'Après les attaque spasmodiques

il'resta une semaine'sans'se lever. Ces attaques se produisaient à

une ou deux semaines d'intervalle. Il a six mois elles devinrent

plus graves et leur nombre augmenta, se produisant même deux et

trois fois par jour il aurait tombé sur le côté droit de la face, et sa

mère pense que la jambe, gauche était affectée. Le Dr Chase prof

céda à l'examen des yeux. , ' e l 1 ,

Comme vous le voyez, l'enfant est bien venu et bien portant. La

seule chose anormale que nous constatons est que la' tête n'est pas

développée en proportion du corps. En d'autres termes, cet enfant

présente un état' connu sous' le nom de microcéplialie. 11 existe

deux théories concernant les débuts de' cette condition l'un,

qu'il y a ossification ' prématurée des'os 'du 'cI'l/ne \ empêchant de la

sorte le développement 'propre du cerveau;- l'autre, qu'il y a déve-

loppement' imparfait (du système nerveux central et que les os

crânienss partagent celte'condition, quelle'que soit la cause qui y

- donne lieu. - 1 ' .. " que soit la cause qui y ? aÍÍ : elo¡jgue fait la première opération pour la micocréphalie.

Le procédé consistait à enlever une bande étroite d'os du côté du

'crâne, faisant des os os crâniens deux ailes latérales qui pourraient

"se développer par l'extension même du cerveau. ' ;' :

l11w REVUE' DE PATHOLOGIE['MENTALE,

-' Il appela'cette opération c ? '< ! H ! ee<om : eKeen l'a suivieiet a.pro-

posé le nom'f'de l'craniotomie' linéaire', 1terme quoi je) considère

comme le meilleur'pour 'cette opération.'Lorsque lai terminaison

Wectomie » est jointe à'une'opération;' elle signifie qu'il y a ablation

complète de l'organe dont il' cst'parlé : 'Dans cette opération nous

'-n'essayons pas d'enlever le crâne; mais seulement de faire une inci-

'sion dans ce^crâne'et'd'en enlever une portion petite, de sorte que

'je crois que le terme craniotomie linéaireiest de beaucoup. le, meil-

'leur ici, puisqu'il signifie -.incision latérale sur le crâne. ,~,n ,.)-) ?

L'opération faite à l'origine ai subi des modifications dans deux

"cas par Wyetli et DIàcClintoch.lls enlevèrent une languette d'os d'an ici

'"côté ou^de l'autre de la ligne'médiane, prolongèrent l'incisio11,laté-

ralement à' chaque extrémité de cette incision longitudinale; et, de

,;plus, firent des'incisions"lillérales deilavligne moyenne vers, les

oreilles.' Us séparent'ensuite'les os avec force, laissant ainsi ,une

ouverture' béante'. Par rapport à la mortalité qui a3suivi l'opéra-

tion ainsi- poussée loin,' je' ne' crois pas qu'il'y,f ait justification à

faire une opération aussi étendue. ? i f, j'/ 1 n, , 1.' . 1 j

',1 Hors]ey croit que,' 1 à" cause, du 'développement imparfait du sys-

tème' nerveux', 'les enfants' sont' beaucoup 1 plus ¡;ujets aux ! chocs

qu'ils ne 'le seraient' normalement, et il opine, avec'raison, pour : une 'opératioÎ1 : simp]e telle qu'elle est proposée par, Lannelongue, et

qui est le Lpl'océdé' que nous'adopterons.j Je'pourrais, ajouter,que

pendant·le temps- que''cet'enfants est resté à, nlôpita] ? on, a J tout

"'essayé pour développer son inteHigenoe parti'éducation et qu'il a été

impossible d'ajouter à son vocabulaire le plus' simple. mot,, le nom

,,des objets les plus simplesnqu'on lui'ia montrés. t Eussions-nous

- trouvé possible 'de lui enseigner quelque, chose qu'il, eût 1étéj, plus

4,1 sage d'essayer cette méthode plutôt que.de-recourir à,des mesures

' ' aussi radicales que celles'que nous avons formulées. ,, 0(lV.. "IJ 1 ,

4'11 L'enfant a'été préparé avec soin pour l'opération. On a rasé son

"cuir chevelu' hier,' on l'a' frotté et lavé avec du savon. et dell'eau,

3 ' ensuite avec de l'éther,' et finalement avec une solution de bichlo-

S'rure 'de mercure au' 1/2. 000. 'La tête a été enveloppée, dans^une

' serviette saturée de cette solution,-et, comme vous pouvez, le, voir,

f est encore 'en 'place ? Nous. allo11s 'FenJever, et-mesurer le-crâne.

' ''L'éther'a été' employé ! comme anesthésique.et. l'enfant est actuel-

t' 'le-ment corrÍplètementrsousI son influence.,De l'inion.à.la, glabelle

il y a' '10 -pouces. 3/4.' Le diamètrerbipariétal. mesure^) poupes. ? La circonférence du' crâne-est de, 18 pouces ? 3/r.iVous allons ré-

- 111 péter TopératiÓIi. duilavagetdéjà pratiquée) hier..Nus( ll.9ns,en-

'J1.tourer'la' tête d'une}serviette. imbibée dévolution, chaude de, bi-

chlorure, et sous la tête nous placerons un vase de caoutchouc

'"rempli d'eau chaude.111111.11P' ç,, rbjt-jF, "1 gfjoy iL «>ïi«Jni>v £ 'i ii. I

IÏJ"4 M : Horsléy estime qu'il est possible, de cette, manière,, de dimi-

,If nuer la' commotion.' Un quart d'heurej auparavant, on lui.aEqmi-

: REVUE )DErPATHOLOGIE.MENTALE. (,15l

'nistré cinq gouttes : delteinture de noix..vomiques)et,un petit verre

fI'de whiskey pour donner plus de force au système nerveux. 'Port

ne'-Je fais une incision d'environ, trois quarts de,,pouce; à droite(de

''la ligne médiane/ commençant au bord : antérieur" de,s]a chevelure

" et s'étendant en arrière à un pouce environ de l'inion; nous n'avons

comparativement'- qu'une .faible' hémorrhagie, du ^ crâne, comme

9 vous allez le'voir, parce.que j'ai.pris la précaution de, comprimer

au préalable Tarière temporale.' Nous pinçons,les artères qui(sont

sectionnées,5 et,'vous'le voyez, il n'a été perdu qu'un, peu sang. Le

* périoste est maintenant-à découvert,, je vais, Yi faire une simple

n incision ? J'enlève périoste comme.je,l'ai fait pour le cuir chevelu

'et nous' pouvons' voir" maintenant les.os, crâniens. J'applique un

trépan de'trois quartside pouce-entre( l'éminence,, pariétale et la

'''suture sagittale.' J'enlève le bouton d'os,[-,et,, vous le voyez, je, n'ai

""pas lésé la dure-mère qui;git en dessous.,Cet os a, cela de particu-

lier qu'il est-plus mince que normalement, ,ne mesurant pas .plus

* d'un huitième' de pouce d'épaisseur, et il ne, présente pas de struc-

ture diploïque. Avec la pince deFKeen, j'élargis l'ouverture faite

- ? -par le trépan' en avant, en la faisant .terminer en pointe à un

^ quart de pouce de sonuextrémité antérieure, qui correspond , avec

11 l'incision 'faite sur le cuir chevelu, Je prolonge^ l'ouverture, en

arrière de la même-; manière, ? à"eniron,j unl pouce, et demi de

{¡ J'inion. Vous'' remarquerez..que l'incision- est.de forme, elliptique,

JII mesurant trois quarts i de pouce-àrsa partie, la plus large. et ter- ? 1 minée-en' pointelà chaque extrémité, et ayant environ six pouces

et demi t de longueur : q .i çl. e, r, ,ou Il, L '1 .¡- il

2x"'rLa'dûre=âlère'ést'bombée au fond de,la plaie et, est plutôt de

311 couleur 'sombre; avec une paire' de ciseaux j'enlève alors une por-

9 tiôrïr'dû périoste correspondante l'entaille de l'os. ,Je laverai la

plaie avec une "solution^' sublimée de z p. 3,000 pour, enlever les

nf fra-gme-nts'd'os qui.y Q6btLrestés. Je sèche ensuite légèrement avec

11,de\]"gâze;je 'saupoudre avec de' la poudre d'iodoforme et je vais

- (1 fermer la' plaie* opération que' nous 1 ferons 1 au moyen de sutures

9ù faites par intervalles avec de la soie : ¡ Je fais. ces sutures à,un demi

,If pouce'1' antérieurement, trois, quarts de pouce postérieurement.

'"Vous'remarquerez, que">je n'ai'pas préparé'- de j drains, mais si la

'1`' nécessité s'en faisait sentir, on drainerait la plaie entre les sutures

.)11 posLérieurement Nous'saupoudrerons) de nouveau le, cuir^ chevelu

^9 d'iodoforme et nous appliquerons un pansement antiseptique. ,

'WI L'enfant la 'bien 9 supporté) lanesthésique et paraît en bonnes

'"^conditions ? on va' maintenant le faire. coucher. Depuis, le commen-

- Id cément de l'administration' de l'anesthésique, il s'est écoulé trente

'JjJ<minutes ? b '1';11" au "UO ? ;].G ! \} ë1l0a si ? 1 r "JI.' · , j. , ,1

` J'ai l'avantage de vous présenter aujourd'hui l'enfant sur lequel

'1° nous''avons opéré il y ·a une'semaine et nous allons le panser pour

"m la"'première fois : 'Vous,remarquerez que l'enfant la physionomie

152 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. <»

plus éveillée qu'avant; l'opération et semble mieux comprendre ce,

qu'on lui dit. L'opinion de sa mère et des infirmières,,dui l'ont)

gardé est que son état mental s'est amélioré, il est moins agité et

moins nerveux qu'avant l'opération, s'assoit parfois pendant quel-

ques heures sur son'1lit ? aiÚ,sI;t'àve,c des livres dont il regarde

les images. Son état physique est excellent.1 A'sept heures de l'après-

midi dans laquelle il a jeté. ,, opéré, sa, température, atteignait

100° F. 10/B (= 37° 9). A partir de cette époque, tla température,

commença à baisser, devenant normale le lendemain matin. De ?

puis ce moment elle n'a jamais été au-dessus de, la normale. Il a

bien dormi et son appétit est on. Ï,, ri , l '. '.t,

Je vais maintenant enlever le pansement. Je découvre la plaie et

remarquez que nous avons réunion par première intention. Pas

d'inflammation ni de suppuration : ! \Ion' intention'n'était pas d'en-

lever les points de sutures avant"un jour ou^deux'; mais l'état de

l'enfant est si satisfaisant que je vais les enlever. Nous allons

maintenant imbiber le cuir chevelu avec la solution de sublimé, y

répandre' de l'i6dofdÏriie et' faire' notre pansement antiseptique'. '

Au^lieu de placer un 'bandage pour main lenir'ie'pansement en'

place, j'ai fait faire une calotte qui répond' bien 'mieux au but.' b l

Après avoir rappelé les cas de Keen,"de Gerster et Saclis; ceiui'de

Wyeth et Mac Clintock, 111.^' Clistow' Parhwell ajoute que dans un 4

cas opéré par lui, Morrison a noté une véritable amélioration.1' '

' Ilorsley a opéré deux malades en'Angleterre.'L'un mourut quel ?

qu'es jours après, d'un' 1 état f,'d'hyperpyrexie' : L'autre 'malade''

guérit et il y eut une amélioration' mentale très'marquée; Lanne-

longue a rapporté vingt-cinq' cas 'dont un seul' suivi' de'mort, et''

dans les autres cas survivants on a remarqué de l'amélioration.

Au dernier Congrès des chirurgiens d'Amérique, à Vasllinton;

le professeur Agnew, basant son opinion sur les, opérations faites

seulement à Philadelphie, déclara que le procédé employé n'ajou-

terait aucune 'gloire à la science chirurgicale. Prenant en consi-

dération le résultat de toutes les opérations.,qui ont été faites, je

ne puis être d'accord. même avec ce chirurgien distingué. Sur ces '

41 cas, 5 sont morts-et 36' ont été suivis d'amélioration'mentale à f

un degré plus ou moins élevé. Je doute que toutes"les méthodes

d'enseignement employées' puissent présenter 41'cas sur' lesquels'

36 se sont améliorés. a Mais, vous dites, 5 sont'morts : » Avec les'

méthodes .d'éducation, je' crois*'que';vous en trouverez'un'plus

grand nombre qui ne répondront pas à l'attente : Et'qui peut diref1

que pour ces petits êtres, qui n'offrent aucune possibilité de deve- "

loppement intellectuel, la mort n'est pas préférable à la vie ? ? V iq

L'opération est encore récente, et aucun de ces cas n'est resté ? 11

assez longtemps sous l'observation pour pouvoir juger oùatteindra"'

l'amélioration qu'on peut obteuir. Le cas que je vous ai montré ' 1

est, le premier, qui ait étéropéré dans l'Ouest et nous.ne,pouvons

REVUE' DE ' PATHOLOGIE7 MENTALE S1 1S3

espérer'qu'une chose, T c'est qu'il continuera à s'améliorer autant

qu'ir'promet de'le'faire : ' '... ? .' ? '' : ' ' RouTILn ? "P

JJ "1d' '("tt ? lIt i" '. ;"1 H 1ft' f,¡ ? (-} {Pli ? 1' ,1.· c " "* ' '

'QPT j 1- t'Il ? t , 1 1 .... < * , t 1., ' I 1 d, 1 \. .

II. Sur LE délire dans, l'influenza ; par le Dr C.LUGER. JI t

- ? ar. , , (Il manicomio fase. .. I, ri83. j , , i 1 ? 4" ,- .'

L'auteur rapporte 'quatre observations de délire dans l'influenza ;

il note que là température a' été pe'ii'élevée, chez ces malades et

insiste'par "suite 'sur'' ce fait quelle "déliré1 113' Peut' être sous la

dépendadee'd6'la fièvre, 'mais résulte "plutôt "d'une 'auto-intoxi-,

cation relevant de la maladie infectieuse.' ? J. Séglas. ?

t ..rl, (' "'1/U' ? t". ¡.c.rn'Y \1 't9'ti ? f < ? ff' It ' 'IF

ï f1 '\1 f&.¡ q ., JI(f t..I 1'C,IJ Id rr1l ? ...., r .7· ? If 1 Bld \ 'tfT' if

... III. Un cas d'idiotie crétinoïde; par, le D FRANCOTTE.I1' '1 J

.t i , (Bull. de ln Soc. de méd. menl. de l3clgique, 1832.) i '

'... '1 " 1... ? - r ,îj.*î ? - ·

Observation d'un, idiot, âgé de vingt ans, dont la taille ne mesu-

rait que 84 centimètres, et qui présentait la plupart des caractères

assignés par Bourneville ,à l'idiotie myxoedémateuse. On a constaté

l'absence de la glande thyroïde. - Pas d'autopsie. t. " ? , - .

.Admettant la théorie qui assigne àll*idiotie crétinoïde une ori-

gine thyroïdienne, l'auteur, suppose, sans apporter de faits , à

l'appui de, cette hypothèse, que le corps thyroïde a pour fonction

de neutraliser certains produits nuisibles de la désassimilation et que

le crétinisme, l'idiotie crétinoïde, la cachexie strumiprive sont le

résultat de la rétention de, ces produits par, suite de la suppression,

ou de la perturbation de la dépuration thyroïdienne.. r ,G. D.

,11111 ,( i", 1 11J1 Rr Il ( 1 t. 'Il,, ," ' , 1

IV. Des TROUBLES'DE'LA parole chez les aliénés; par O. 11LINKS.

.. ' r ' (Allg. Zeilsch. f.'Psyclr ? tYLIX', i, 2.) " l' ,

Il ' ? 'Il ')(,<Tq '11 f tf". . (I 1 ,

Étude critique desauteurs. Puis observations personnelles témoi-

gnant-des difficultés que le médecin.éprouve à caractériser les

troubles de la,parole et le diagnostic de l'état' mental lui-même.

Il y a évidemment trouble fonctionnel dans les centres qui enre-

gistrent les phonèmes »des mots; pauvreté dans la provision des

mots, contrastant avec les impulsions à parler, entée sur une confu-

sion mentale chronique... , t I .' 1" , I z . 'i· - '

ficulté à s'exprimer (c'était un acteur); 'il essaie de- la combattre

par ses gestes; paraphasique,'il trace dans le vide les mots qu'il ne

peut trouver,' désigne inexactement les couleurs;·lit et écrit incor-

rectement des : ! 1ombrest'mais écrit bien les-lettres et'les' mots,

copie, 'écrit sousi-la dictée, autaut"que le lui permet' son état'

nientai.tf Ir. HI, \ > >- , ' i *» f , n . ? Il '

. ;Enfin il s'agit d'un paralytique général à la dernière période'll

154 REVUE"DE ' '' PATHOLOGIE . ? 11ENTALE.

"rés'semblé'assëz a'un'animal privé' de ,cerveaur quant,aux,impres-

'sio'ns'sensofielles ? JJJtil&Jer ? ! iJ HlqWIHI Jiu;'Hio\ L,< ? (,,0, '), IÍI tf¡

1sio'ns"'sensofielles.vlJ-nini,j8fs «l nxp ? uu 1 t, - h

Les épileptiques aliénés sont atteints de troubles dans l'articula-

'tion, d'aphasie motrice, de dénûment dans leur provision de mots,

de perturbations dans la mémoire ekl'association des, conceptions,

' d'une obnubilation des facultés symboliques. La parole est, ralentie,

balbutiée, lourde;' hésitânte;tout à coup ils s'arrêtent, et ne se

souviennent plus des règles de. la, syntaxe. Ils, ont aussi de la ver-

bigération, des'accès déclamatoires et forment des néologismes.

'' Lés déments séniles ont, également moins de mots à leur. disposi-

tion, ils répètent fréquemment Iles propositions les plus simples,et

lés mots;' ilsl présentent une.verbigération très pauvre, de. même

que les malades en' état' de démence secondaire. Deux observations

avec exemples. llilf;nl ` .y G.1 - - 'tify tl 'IA1 nitn'1 1(Li ! bv . ,t ,1·,.i, f :

' Modèles des troubles de l'écriture des aliénés, des sourds-muets,

d'un malade devenu extrêmement myope (la vue, chez lui, ne peut

plus corriger les imperfections signalées plus haut).^ 1, uu 1-, ? -

`' ` Résumé de quelques- travaux, sur la parole des,.idiots (mémoire

'de Solfier) : L'auteur conclut que la symptomatologie,des psycho-

pathies ne se prêle ! pas à une'identification commune, J. P. h. s ? 1(lr 'b.5 Il r411 lt401" J ,1e-Q {;t.,tf d) 11;1 11J"J : ¡.l1q MU'15'rr ' t'1

, « "

V. De LA VARIABILITE DES CONCEPTIONS DELIRANTES ET J DE511ALLUCI-

NATIONS sensorielles ; par TH. 11LLE. (A llg. Zeitsch., Psych., XLIX,

" , ,1, '2.). '1', ' W) ? ? t'ucU ? 2es'1 r 1 ,i '1* 1/

1 j, ; ,{T ? I ij 4 o 11 ? I'fAW ' ¡(1111 Il lep f, '.vtr.y

Observation I. Délire fixe, le malade se croit Dieu; idées délirantes

subordonnées variant à l'infini, et, dans une seul et même lettre, sous la

plume'mêmé de l'aliéné : ? Observa tio;z'JII." L'i fiée idélirantelqu'il est

Dieu varie, mais le délire principal varie en moins; de Dieu le père, ¡il

devient Dieu' le fils, tandis que dans l'observation 'I, de Dieu le,fils,,Ie

malade devient Dieu, le.père.. Il,étend,son délirera ses,,frèi-es qui sont

évêques et papes ? Observation III. Délire, ries grandeurs, formant un

pivot autour, duquel (Oscillent des idées^, de persécution plus ou moins

mobiles. Observation IV. Trois espèces de mutations.' Tout est mobile;

(,il y, â,suocéssivemënt augmentation 'du u déljr'e,' 1 changerrié : Ilt complet' des

allégations' qui varient.' Le' délire croit au maximum" et1 les' idées déli-

rantes, surtout celles des persécutions' varient en-étendant le .délire. Les

hallucinations varient dans les mêmes proportions. - Observation VI.

Tous les problèmes de la-physique entrent alternativement dans le eadre

du délire. 1 l' t .1....jjj, Lsa.lssW . \1\,\S

91 ? ! Il est en outre à noter'que les( malades masquent, dans leurs

récrits leurs-hallucinations, tandis qu'ils s'étendent suHeurs délires ? et en montrent,en même temps,,la mobilité.. Quand on les inter-

- rogne, on trouve les ! hallucinations¡ correspondantes qu'ils décrivent

n volontiers. sans vouloir, : les- consigner par, écrit. Un des malades

- -finit par dire : « Au fait je veux,bien lest développer, par^écrit, car,

en somme, je suis dans un asile, et, par suite, cela n'a 1)as de,va-

REVUE ? DE : PATHOLOGIE -MENTALE. 88

leur. » : Puis, la variabilité du délire s'accroît en raison directe delà

démence; cela se conçoit, puisque la systématisation est le résultat

de l'association des idées.1) JITI9jJ.\- .IU'" p.6f1'Jd.. p<¡ur" l, ? 0 ? I

e11Nosographia ! Le délire qui s'étend est celui qui s'amplifie, soit

quant à sa teneur,' en changeant de sujet, soit quant aux personnes

ou'aux choses qui tduchent'de malade;1 ? Un délire, premier en

'date, peut donner naissance à un ¡second; exemple, : le délire des

"persécutions'qui donne naissance à> la mégalomanie..77- Un délire

varie'dans le sens large du mot,' quand il se .modifie en général ;

il' variei dans le sens étroit du mot, quand, le fond restant le même

1 seuls les détails'se modifient .Un', délire s'accroît, quand '}..ne ! change-pas de.sujet ! : tel individu qui se croyait comte devient em-

perèur ? et,aloi's,·71e§ détails relatifs à chacune de ces situations

délirantes varient comme de juste. L'oscillation du délire tient

-généralement à1¡a'variation étroite (une idée délirante cesse pour

-'êtfe'remplacée par une nouvelle ou bien, la conception déterminée

subsistant, les détails changent : tel individu ne cesse de.se croire

^empoisonné mais il accuse tantôt telle,personne tantôt telle autre,

'se plaint de tel bu tel poison). La variation de l'ensemble du de-

lire n'est dU'reste<pasJsi>l'are qu'oncle suppose;,il il y, des cas

où la variation générale du délire est composée des diverses sortes

de variabilités. , ¡. f ? '¡¡'U[(f ZUrrq '111(0, rMCr ÎTJJ/lTJI)1,Po.l}RytL'r

Y.IJ/ ..<\ : I\> ? 'l ..113¡\ Vhl>.).dIJ : D/I ,n'J '11;(1 ? l : ;1111 ? i ? ? "r, ..

VI. SUR UN cas d'hémianopsie bilatérale avec cécité psychique,

PHOTOPSIE, hallucinations DE la vue ; par VORSTER. (Allg. Zeitsch.

.11 r.;psychiàt ? XLIX, 1,2,)10 sfrnsnT ql ? >lit ·rr .<r \ 0 w ,l'

J : : I ? 1.1'11141 4 (1htTI T ? ÍlI)rl HH' If.-¡b J'CI. ? .... , n, W tr

,1 ? Perte de connaissance, ! paralysie de la mptilité et de la sensibi-

J¡lité du 1 côté' gauche" amaurose des deux yeux.<Les troubles mo-

8 teurs 'rétrocèdent," il reste" des troubles- partiels de la sensibilité.

Huit''jours" après, hén11opie) latérale 1 gauchelavec', diminution, très

^accusée de l'acuité 'Visuelle, achromatopsie complète; au péri-

"mtre, hémianopsie bilatérale ? Graduellement,' phénomènes de cé-

{,. cité psychique, photopsie, hallucinations de la vue,"1 confusion' dans

îles , ,idées ? Tout,disparait,,sâüf l'hémiôpie'qui, tout en diminuant

."d'étendue,' persiste encore cinq, mois apr8s,l'iétli,s ? P : ,K.,

.1 T moüncm9.(1 0011'HlnO'r(1 9m'Hlf .f M ? ? b H1"t'1fW mo, 1 £ ? ., flc-(1

°111V11 : f ITNCAS de somnambulisme spontané; par.J.-A.-IlOEFELT. (Allg.

Zeitsch. f. Psychiat.. X1LX, 1, 2.) .s1tbt j

^L'observation8 est communiquée t.par unrravocat; elle est suivie

2e'dèsf réflexions 'de 11 ? Fore ! qui insiste sur la` : manifestation de la ? doublé prso'nnalité;l'de la double conscience. Ces-troubles sont, ? p.o : ur' M : ltii : el;`lejrésultat'de l'autohypnose pathologique -d'hysté-

"'nques où' de'psychopathes : 'll estitrès fâcheux; ajoute-l-il,l qu'un

. 'Imédecin' n'ait pas hypnotisé' la malade. La suggestion' eût certaine-

' : Lmentréussi ? >ls9 aJI1l 1s¡q fia r9ltâr as 2m : b &wa si ,strltP. K.j

IJÛ REVUE' DE PATHOLOGIE MENTALE.' q

\ : jlJ"'l.It ? ? itflht¿rr'1qtJqf\ ? )O · ? 1m' ! J· ·il8fi l' , ilrJtfh ! l1.uti

VIII. Manie périodique ayant,duré vingt-trois ANS ETj SUCCÉQANT'Á

-, une manie récidive, (six., ACCÈS MANIAQqE5 DE 'iô3 A 1HG l). GUÉ-

RISON APRÈS TRENTE-SEPT ANS DE MALADIE PAR LE BROMURE DE POTAS-

SIUM a hautes DOSES; lpai, le D ? DAGONET. (li2lll. Cle,iC6 Soc. de métl.,

ment. de,Beliqûe, mars 1893.) l ,l'if. , Il '1'1 '

1 a ,l , i ", . , .. , , l lit ( i 1 .h u (1

lX" : qÉLII\.E DES NÉGATIONS, APPARITION,PRECOCE CHEZ, UNE MELANCO-

LIQUE ; par le D'J, TOULOUSE. (Bzill. de,, la Soc.l,de ,11Ud. ment. de.

Belgique, mars 1893.) , ? 1, 4 , ti,n î-i , , ?

L'observation qui sert de base à ce travail est celle d'une femme,

à antécédents héréditaires peu chargés qui'fut' prise1 subiteruenl'à3

l'âge de trente-six ans, sans cause appréciable, d'un accès de mé-

lancolie'et manifesta presque immédiatement' des ' idées de néga-'

tien nettement systématisées. , t-4 , , ' 0, jfi-' -,

«Les idées de négative de cette malade portaient à la fois sur la

constitution physique et psychique, mais principalement sur la pre-

mière, et dans celle-ci, plus particulièrement sur les organes conte-

nus dans la tête. A ce délire dénégation étaient associées des idées

d'immortalité et aussi de damnation. -'' l'l, ' " '1

Cette observation montre donc que les idées de négation 'systé ?

matisées peuvent se montrer de 'très bonne heure chez les mélan-

coliques,'contrairement à ce qu'a'écrit' Cotard.' La raison de cette

précocité d'apparition est difficile adonner. Il est probable que les

tares héréditaires, communes chez la plupart des négateurs'-n'ont'

pas ici grande valeur pathogéniqüe. La'n'ature' et la disparition des

lésions de la sensibilité, si fl'équeÍ1tes'ch(iz les mélancoliques jouent '

sans doute à cet égard un rôle plus important. ' '

Il ressort encore de cette observation, d'après l'auteur, que le

délire des négations n'est qu'un syndrome et non,une entité vésa-

nique à marche progressive comparable au délire des persécutions

.comme l'ont soutenu MM. Falret et Armand, i, ,r >i t , 1 il

Ce syndrome se manifesterait le plus souvent dans la mélancolies

parce qu'il y trouve des conditions psycho-physiologiques propres t

à son apparition, mais il peut se rencontrer ailleurs, notamment

dans certains délires de persécutions. Il parait se ,p-retfer¡¡sut'.des r

troubles esthesiques encore- mal connus et lorsqu'il apparaît dans

une vésanie, il' est très envahissant.et arrive à jouer le rôle prédo- t

minant. ,' Il' '" ? 1 1 G. 1), 1

minant. .f.l ; l ,\-,j 1 t tf 'j' i i tt ` G; 1) ' .4111111

X. DU délire de jalousie chez l'homme; par R. Dz"KitkF"T'-E'DIN'9., ,.

, .. (Jcilerhâic%. f. Pschiat., X, 23. ) , " ',

- tA., . u .. t J .

Le délire de jalousie existe chez 80 p. 100 des alcooliques encore

susceptibles de relations sexuelles; il apparaît à la période tardive *

de l'alcoolisme généralement sous la forme de délire isolée quasi mo-b a

REVUE · DE r PATHOLOGIE MENTALE. 157

nomaniaque, d'une fixité étrange, recevant, par instants, un appoint

deshallucinations et des illusions auxquelles sont en proie ces malades

bien que^celles-d'appartiennent en'propre à'l'ivresse.'Ce' délire

émane en propre'des modlfications"subies par les'sensations géni-

tàles ; l'alcoolique en`'effet' ne' pe'rçÓit'plus le-plaisir et les selisa-

tions qui résultent du coït, bien que fébesoin''des'relations sexuelles

soit chez lui exagéré. Il provient aussi de la frigidité de l'épouse et

de l'impuissance relative' Qu'absolue' de l'époux ? Il est augmenté

par les incompatibilités1 du,'ména'ge ? la gêne,' 1 Le'délire'de

jalousie peut encore se combinera des idées de persécution vagues

ou coordonnées, à un délire chronique pur, à une folie systématique

alcoolique', à,un délire alcoolique chronique. 1 t" J " P,@li* ,

d ",...( 1Jk IJG lf ! l' J,J ! 1.IJ+- < ? ivJl il - , .....i' a

.,rn il` 2 : t ,ni , n'ti1 .'¡1ùqb ? Il...-;11.,< : , Si 6 u - cl7w,· ' -* " '

XI. DES TROUBLES DE la parole DUS al'hypochondrie ET DES TROUBLES

SEMBLABLES DANS LA FORME DE LA PAROLE ARTICULEE CHEZ LES 'ALIÉNÉS

en, général; par 0. 11LI\EE. (Allg. Zeitschr. Psychiut., XLV111, ? 2.) , 'il Il'1,11'' / ' ta un. ' ''1 7 ,yu '.t i "h i '

1.1 . jii'mii ? il 1'<' J·1,, u i j , j ' r ., .

Balbutiement ,, et parole indistincte rappelant la. parole des

petits enfants, dans la folie systématique hypochondriaque, . le

désordre avec confusion dans les idées, la manie, la, mélancolie de

la folie circulaire, l'hystérie, le délire chronique systématique. L'at-,

titude et le ton étaient(aussi, ceux des petitsteufauts. Quelques-uns

de ces malades se croyaient, aussi redevenus de, petits enfants ; les

hypochondriaques prétendaient n'avoir plus.de langue. Ces phé-

nomènes,sont à rapprocher, des impulsions.de la parole; ils sont,

dus<à des obsessions ou à des hallucinations du sens musculaire de

l'appareil de la parole . 1 ? 11 JI I<," 1 w ? IER,\VAL.

- q \ f iJ t . 1 , \ 1 -..., i , , ! ( j...., c J '

' 'un' ' 'XlI'TRoÍs cas cliniques; par Clarke. 1

annn.t`a ·n --i ' " w I ifi il' )\('if rrW1 i- ' >» j rit. . t

11 est de règle, parmi'' les aliénistes, dé regarder la majorité des

cas de folie datant de deux- ans comme incurables. Les hallucina-

tions persistantes indiqueraient des lésions organiques sans espoir'

d'amélioration.' 1\1 : Clarke 'publie à ce propos trois' cas' cliniques

intéressants,'où le'résultat afété tout différent. ' ' 'b >- ' '*

f» r. Tut.' . ,...,.1 , .\.,.... 'Of' 4 "..., '

Cas I. j- Un homme de trente-quatre ans, mélancolique, avec

idées de^persécution/ entré' à l'asile'dé Kingston. Il avait reçu,"

quelques années auparavant, un coup sur la tête. Trois jours après'

son entrée, le malade refuse de parler. Un an après, son mutisme

était toujours absolu, mais une lettre écrite' par lui à sa femme

indique qu'il est sous le coup d'hallucinations. \.

Enfin, six.ans après son entrée à l'asile,' il se décide, à parler à la

femme du, docteur. Son amélioration fut rapide et il explique au

docteur que son-trouble mental. [remontait à l'époque où il avait

- ) S8 REVUE1' DE ' PATHOLOGIE1 M"ÊNTALE.1l

reçu un 'coup' 'sur la tête et qu'il en tendait' des* voix'lui' disant qu'on

le' tuerait s'il avait lé malheur de parler ? 1"' ' nu nu 901l £ 'J m`,Tr ?

"'1 ? tL' fr n't ioIfI' ni, m.. 'r' ,1 - " ? ? ..., - ,- r

Cas il. Le second cas est un cas de manie puerpérale accom-

pagnant l'écia'mpsie"L'e Dr 'Clarke' eSt ap' pelé un jour auprès* d'une

malade urémique,' présentant un état maniaque'. Le pouls était'

mauvais,'la température' élevée, l'albumine abondante'dans l'urine.'

Quand la malade n'était pas plongée dans lé cornai son' excitation

était furieuse.' L'Í : tlbüI111ne"dispal'ul' au bouf'de'quelques'jours,

mais l'excitation et la température 'persistèrent.1 ? 'i '"u^x - .

La manie était'caractérisée'par des intervalles^de grande luci-'

dite, et par des crises d'une violence extraordinaire'' avec1 de nom. !

breuses hallucinations'. En deux an's;'la'guérison fut complète. lUI.

'1 1 . - ' ,)t') , ) 1 -i ï ,CI. , . i , T

Cas 1)1 ? L'auteur publie un cas remarquable de léthargie qui

lui a été communiqué , par un de ses. confrères. Un homme de

soixante-deux ans a, un frère qui, s'est suicidé lorsqu'il avait vingt-

huit ans, Peu, après ce malheur, il commença à présenter des symp-"

tomes de mélancolie et depuis l'âge de trente ans, il tombe chaque

année dans un profond sommeil. Suit la description d'une de ses

attaques de léthargie. Un soir, Jack se, couche après son dîner et

ne se réveille plus; son sommeil est calme comme celui d'un en-

fant, le pouls régulier, la respiration tranquille. Il uriné' deux fois

dans les vingt-quatre heures et va à la selle tous les trois ou quatre

jours. Chaque nuit, il absorbe un' peu de nourriture. Il se réveille

six mois après et peut, pendant quelques mois, reprendre ses occu-

pations. (Americanj ? 1fl'lwl of insanity, 1892,) E. B. ' ,

fil l' ¡ 1 .

XIII. INTERVENTION DE la chirurgie dans LES maladies cérébrales DE

l'enfance; par le Dr Franck Parsons-Norbury, de Jacksonville

(Illinois). (The Journal of the American med. Association, Chi-

cago, 1 cr octobre 1892, p. 400.) , ' JO>

Lu à la section de Neurologie' et de Jurisprudence médicale, au

quarante-troisième meeting annuel de l'Association médicale

américaine, tenu à'Détroit, en juin 1892. ' -1 , ..

Microcéphalie. La. pathologie des affections particulières à l'en-

fance n'a pas été étudiée comme elle le mérite par les opérateurs,

et autres praticiens, avocats de l'intervention chirurgicale. Ceci

s'applique d'une façon spéciale à la microcéphalie, dont l'amélio-

ration au moyen de la craniectomie linéaire, a été si fortement

défendue, par les chirurgiens des deux côtés de l'Atlantique.' ` '

Tandis que Lannelongue a modifié sa première théorie soutenue

par Virchow, c'est-à-dire que la microcéphalie était due à une

synostose prématurée, en disant que l'état est dû au développe-

ment vicieux du cerveau, et que les changements survenus dans le

crâne sont secondaires, il persiste cependant à faire l'opération,

espérant par là, stimuler la croissance du cerveau. *

REVUE-DE, PATHOLOGIE, MENTALE ? 159.

1 La microcéphalie est une véritable condition pathologique ayant

comme cause un arrêt intra-utérin du ^développement du cerveau.

- Nous ne, pouvons dire si - ;aladi"d' ' " "* 1 ' ' t

.Nous ne pouvons dire si la maladie du foetus, ou changements'

nutritifs provenant d'autres .causes, sont primitifs en produisant ce

nutritifs , .. d.... uti,es causes, sont - . or... ?

résultat. II y a défaut de, structure, ""aussi bien que malformation*

du cerveau, et la .synostose n'est, pas un facteur en produisant ce

rétrécissement du cerveau dans tous > 'f,. ? ' Il rl' "I .9,1*1 -

rétrécissement du, cerveau 1 dans, tous l'tU diamètres^ , 1" , 1" .)

Concomitante comme elle est dans presque. tous les cas, la mI-

crocéphalie peut cep ? q.<;I ! l ? t, ,Xl ? ,t,r, .s.n ? ", qU,Il ry , ait''synostose.'

Down,,de Londres,.ra'ppôrté des cas de microcéphalie dans lesquels'

les sutures ne^sont pas, fermées; même la suture ;Úédio'-ftÓ'ntal'r

qui est, ossifiée pendant la première année de la' vie, était ouverte

Il dit : « Dans mon observation personnelle' des crânes'' de'deux

cents idiots, l'arrêtde'dévelôppément'u'ét31t pas le résultat'de'l'os-

sificatiol1 prématurée dés suturés. »Plus loin ilditfén parlant d'un'

cas particulier : « Je désire rapporter ce cas de microcéphalie au plus

haut degré,, sans synostose,^ comme un exemple frappant/' dans

lequel il ne faut considérer'autré chose' que de simples causes mé-'

caniques comme productrices de ce cas-ci et d'autres analogues. »

rShuttlewôrth, après avoir rapporté un cas similaire, dit : « J'in-

cline à croire que la synostose prématurée est, en général, la con-

séquence, plutôt que la cause, du développement imparfait du*

cerveau, et que l'arrêt de croissance se produit vers le sixième mois

de la gestation. » ? ? 1 ! '' ' ?

° , --ive" ! '1(>*' ftr, , .. .....

Fletcher Beach soutient cet avis, ainsi que Ireland, qui dit que'

dans beaucoup de têtes microcéphaliclues les fontanelles sont ou-t

vertes et les sutures non réunies.

Nous devons à Wilrriarth`une grande partie des progrès' faits

dans la Pathologie de l'Idiotie'; dans ses autopsies nombreuses et

approfondies, il n'a trouvé qu'un cas où il existait de la compression

sur le cerveau, tandis que, dans la'plupart1 des cas, les circonvolu-

tions sont pleines-et arrondies. Dans une lettre particulière qu'il

m'écrit, il me dit : « Il est très peu prouvé que les cerveaux micro-

céphaliques résultent de la compression du crâne; mais, au con-

traire, il semble, exister, dans presque tous les cas, une surabon-

dance de liquide, sous-arachnoïdien, sans aplatissement des circon-

volutions, ou autres indications de pression intra-crânienne. Comme

si le crâne avait poussé légèrement au-dessus du cerveau. Si les

conditions dépendaient de la compression du crâne, toutes les par-

ties du cerveau, soutfriraient également, puisque le cerveau peut

être considéré, comme, liquide, autant que la transmission de

''11' «, ' Ir i < ' u ? Nous signalerons à l'auteur les treize volumes publiés par notre

rédacteur en chef sur la pathologie'de l'idiotie, sur l'épilepsie, etc.,

volumes, dont divers journaux américains de médecine ont publié des

analyses intéressantes. ,, i , , ,

160 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

compression se fait sentir. Je reconnais avec vous que le dévelop-

pement défectueux est plus souvent dû aux défauts de nutrition,

que nous ne comprenons pas encore aujourd'hui. »

Mes propres études basées sur l'anatomie, l'embryologie, la patho-

logie et l'observation clinique, m'out convaincu que dans la microcé-

phalie nous avons affaire à des conditions qui ne relèvent pas de la

chirurgie. Anatomiquement parlant, nous reconnaissons que le dé-

veloppemeut intellectuel dépend, comme le dit lleynert, de la struc-

ture uniforme de toutes les parties du cerveau. Dans la microcé-

phalie, nous trouvons l'absence de la structure corticale, nécessaire

au développement normal de l'esprit, et nous constatons que le

degré d'idiotie ne dépend pas tant du degré de la microcéphalie,

que du défaut de structure. La petilesse du crâne n'est pas le cri-

terium de l'intelligence, dans ces défectuosité'. Le défaut structu-

ral est démontré par l'effacement et l'interruption des circonvolu-

tions ; l'ordre simple et défectueux des fissures; l'absence des por-

tions centrales du cerveau, et l'atrophie des lobes, spécialement le

frontal et l'occipital. L'examen microscopique montre la diminu-

tion du nombre de ganglions et l'absence des cellules de ces der-,

niers dans certaines couches, et le manque de fibres nerveuses.

L'embryologie nous apprend que le cerveau se développe de

bonne heure, mais que pas avant le quatrième mois on n'en peut

voir les parties les plus importantes; on peut alors distinguer les

lobes frontal, occipital, pariétaux et temporaux et les scissures

primitives sont déjà prononcées.

Les fissures secondaires apparaissent entre le cinquième et le

sixième mois; le lobe occipital couvrirait le cervelet au sixième

mois, selon Beaunis et Bouchard. Au septième mois, presque tous

les principaux replis de l'hémisphère sont visibles, le lobe frontal

s'allonge, la scissure de Sylvius se réduit à une fente. Devant ces

faits établis, nous concluons, d'après les observations des cerveaux

de microcéphales, qui dans tant de cas démontrent un arrêt avant

que l'évolution dont il est parlé plus haut soit complète, que l'ar-

rêt de développement se produit vers le sixième mois de la gesta-

tion. Une étude embryologique des progrès de l'ossification ne

soutient pas la théorie que la synostose est la cause de la micro-

céphalie.

L'embryologie démontre que la voûte du crâne est formée en

membrane et la base en cartilage, et la pathologie fait souvent

cette distinction plus évidente que cela existe dans la microcépha-

lie (M. Clellan). L'ossification de la base est bien avancée à la

naissance et le sommet peut bien être ou ne pas être ossifié com-

plètement, selon le procédé du système osseux « existant sans

corrélation aucune entre la croissance du cerveau et du crâne ».

Wilmarth dit : a Je suis convaincu que, dans la majorité des cas, le

crâne ne pousse pas, simplement parce que le cerveau ne se développe

REVUE'DE PATHOLOGIE MENTALE.' 161

pas. » Ma propre observation est que la croissance du crâne dépend

de celle du cerveau jusqu'à concurrence seulement de l'interven-

tion nutritive localisée de la part du cerveau, réfléchie sur le crâne

comme dans l'aplatissement qui suit la sclérose. L'absence géné-

rale du développement du crâne dépend de l'intervention nutritive

générale, qui, tandis qu'elle'peut affecter à la fois le cerveau et le

crâne ne le fait pas nécessairement, comme on levoit dans lasynos-

tose, et aussi dans les fontanelles ouvertes dans la microcéphalie.

Nous concluons que la synostose est le résultat de l'arrêt de déve-

loppement du cerveau sans l'intervention des progrès de l'ossifica-

tion. Les résultats de l'expérience, après l'opération de la craniec-

tomie linéaire,' ne soutiennent pas la réclame faite pour elle par

Lannelongue et ceux qui l'ont suivi. Les statistiques des opérations

accomplies, que j'ai pu recueillir, montrent de si maigres résultats

et une si grande mortalité, dans ce pays et' en. Europe, qu'il me

semble que ce soit une folie de continuer à défendre la craniecto-

mie linéaire. Ceux qui ont survécu à l'opération ont subi dans

quelques cas une certaine amélioration, mais rien ne démontre

que cette amélioration^ ne se serait pas produite aussi bien avant

qu'après l'opération, grâce à une éducation persistante. Dans la

hâte que l'on a mis à rapporter le résultat des opérations, on a

perdu de vue e temps qu'on doit prendre en considération avant

de faire un rapport, chose très importante. Les efforts faits pour

amener l'amélioration et l'attention donnée à l'enfant par ses pa-

rents et ceux qui s'intéressent au cas, avaient obtenu dans la plu-

part des cas sérieux d'arriération mentale, quelque amélioration

notable comme résultat. Ceux qui sont familiarisés avec l'éducation

des arriérés ne se sont point trouvés encouragés par l'opération,

et l'un après l'autre m'ont assuré qu'ils n'accordaient pas de sym-

pathie à ce genre de chirurgie. D Une éducation physiologique per-

sévérante peut faire davantage et cela sans le concours de la craniec-

tomie linéaire. » E. B.

Nous aurions voulu placer à la suite l'un de l'autre, la leçon

sur la craniotomie faite par le ' D Clyton Parkyle (p. 149).

Immédiatement avant l'article du D'' Parsons Norbury. Par

suite d'une erreur de mise en pages, elle se trouve séparée.

Nous ferons, à propos de ces deux travaux, quelques remarques

sommaires : 1° S'il y a des cas de microcéphalie avec synos-

tose prématurée, ces cas sont une exception ; 2° contraire-

ment aux dires de M. le Dr Clyton Parkyle, la première opération

de craniotomie a été pratiquée en 1878 par le D'' Fuler (de Mont-

réal), ainsi que nous l'avons rappelé au Congrès de Blois,

août 1892. Et, le 20 juin dernier, à l'Académie de médecine;

8° dans ce même cas, l'opération a fait constater que les os

Auciiives, t. XXVI. ' Il I

162 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

étaient plus minces que normalement, d'où il suit que le crâne

était encore susceptible de se dilater si le cerveau l'y invitait;

- 4° la mortalité opératoire, sans compter des accidents

graves, est beaucoup plus considérable que le dit le D'' C. Par-

kyle, puisque, sur les quatre-vingt-trois cas de craniotomie que

.nous avons résumés dans le tableau qui accompagne notre com-

munication, il y a eu quinze décès; 5° quant aux amélio-

rations enregistrées dans trente-six cas sur quarante et un,

selon M. Parkyle, il faudrait s'entendre et avoir des détails

autrement nombreux et précis que ceux qui ont été donnés

jusqu'ici par la plupart des chirurgiens; 6° M. Parkyle se

trompe étrangement en supposant que le traitement médico-

pédagogique ne fournit pas de résultats analogues dans la

même proportion. Dans les établissements bien organisés con-

sacrés au traitement et à l'éducation des enfants idiots on

obtient assurément des résultats plus complets que ceux qui

ont été mentionnés à la suite des opérations.

C'est donc avec raison que le Dl' Parsons, dont le travail

est résumé plus haut, conclut au danger et à l'inutilité de la

craniotomie. C'est ce que nous avons montré également dans

les deux travaux que nous avons rappelés et, auparavant, dans

nos deux volumes des comptes rendus de notre service, dans

les années 1840 et 1841. ' BOURNEVILLE.

XIV. DES causes ET DE l'hérédité DES affections nerveuses ET LIEN-

tales ; par RIÉGER. (Cenlrnlbl. f. Nervenheilk., N.F., Ils, 1892.)

L'auteur recommande la division suivante :

SOCIÉTÉS SAVANTES. 163

aussi chez des individus n'ayant cependant qu'une attaque de folie

passagère. P. K.

XV. Contribution A LA THÉORIE des hallucinations; par P1CK.

(Neurol. Cent1'(¡[bl" 1892.)

1° Hallucinations par altérations pathologiques dans le mécanisme

des fonctions sensorielles. Un vieillard alfecté d'aphasie ataxique

avec surdité verbale, à la suite d'une chute, pendant une journée

seulement, fait trois jours plus tard une promenade en voiture.

Immédiatement après il est pris d'hallucinations de l'ouïe (répéti-

tion de phrases absurdes, inintelligibles). La secousse de la voiture

a ébranlé le territoire de la sphère auditive endommagé quelques

jours auparavant. - 2e Influence de l'élément psychique sur les

hallucinations de l'ouïe et de la vue. - Une femme entend des voix

menaçantes qui critiquent sa conduite. Elle dit qu'entendant très

mal de l'oreille gauche elle ne perçoit les voix que de l'oreille

droite. Se bouche-t-elle l'oreille droite avec de l'ouate elle n'entend

plus que des bourdonnements confus. On constate dans l'oreille

gauche la présence d'un bouchon de cérumen, on l'enlève et on en

avertit la malade; des hallucinations apparaissent alors dans

l'oreille gauche. - 3° Des hallucinations unilatérales de plusieurs

sens. Observation caractérisée par les hallucinations auditives,

oculaires, olfactives du côté gauche; en somme trois sens ayant

leurs territoires corticaux limitrophes. P. K.

SOCIÉTÉS SAVANTES

SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE.

Séance du 26 juin 1893. Présidence DE M. CIIRISTIAN.

Mort de M. Delasiauve. Après adoption du procès-verbal de la

dernière séance, le Président annonce à la Société la perte qu'elle

a éprouvée en la personne de son ancien président M. Delasiauve,

et lui communique le discours qu'il a prononcé à cette occasion au

nom de la Société médico-psychologique.

M. FALRET donne lecture des adieux adressés au vieux maître au

nom des médecins de la Salpêtrière.

La séance est ensuite levée en signe de deuil. M. B.

164 SOCIÉTÉS SAVANTES.

CONGRÈS DE LA SOCIÉTÉ PSYCHIATRIQUE

DE LA PROVINCE DU RHIN.

CINQUANTIÈME SESSION A BONN.

Séance du 19 novembre 1892. Présidence DE M. PELMAN.

Le président annonce la mort du plus jeune aliéniste de la So-

ciété, le Dr IIUBERTY. La Société se lève eu l'honneur de sa mé-

moire.

M. Brus. Du trional. - C'est un agent narcotique actif qui con-

vient dana l'agrypnie simple et dans l'insomnie ou l'agitation des

aliénés. 11 a sur le sulfonal l'avantage d'agir plus promptement,

d'être dépourvu d'inconvénients, de ne pas s'accumuler dans

l'économie.

Discussion. - M. Thomsen. C'est exact, en outre il réussit fort

bien dans la cure de la morphinomanie.

M. EILEN11EYER. L'insomnie des morphinomanes invétérés ne

cède point à 2 grammes de trional ; c'est tout au plus si avec cette

dose le malade s'endort le lendemain matin pendant une heure à

une heure et demie, ce qui aurait lieu d'ailleurs sans trional. De

plus, donner des narcotiques aux morphinomanes c'est les changer

d'habitudes vicieuses, ils s'habituent aux nouveaux poisons dont

il faut alors les déshabituer. Au surplus, 5 grammes de chloral

ou 5 grammes d'hydrate d'amylène ont une action bien pius

intense que 2 grammes de trional, car ils procurent cinq à six

heures de sommeil. Cette observation ne concerne toutefois que

les cas graves, car généralement 2 grammes de trional exercent

une action favorable. Seulement, sans exception, les malades se

plaignent d'un sentiment d'ivresse désagréable avec obtusion

céphalique et impotence des membres.

M. BBDDEBERG. Nouvelles observations de paralysie générale progres-

sive à marche circulaire, ou paralysie générale à double forme.

Observation L-H... de trente-quatre ans; tare héréditaire; débutaigu.

Pas de syphilis. Puis alternatives régulières de dépression et d'exalta-

tion ; la durée du stade d'exaltation l'emporta sur celle du stade de

dépression pendant les dix-huit premiers mois ; puis ce fut l'inverse

pendant les six derniers mois. Pendant les dernières semaines, durées

égales des deux syndromes. Pas de rémission.

Observation II. Débile de trente-six ans; tare héréditaire ; syphilis

grave. Début brusque à l'occasion de la mort de son père. Mêmes alter-

nances. La dépression revêt la teinte hypochondriaque. Courtes rémis-

sions permettant le retour du malade chez lui. Au début de cette année,

SOCIÉTÉS SAVANTES. 165

à la suite d'une attaque congestive grave, alternatives mathématique-

ment exactes de mélancolie et de manie durant chacune un jour juste

Puis, nouvelle attaque congestive, troubles trophiques, déchéance psy-

chique et physique, mort. Peut-être faut-il attribuer ces formes-là à la

tare héréditaire.

Discussion. M. PELMAN développe cet argument-là auquel il

souscrit.

M. OEBEKE. A quoi bon prononcer le mot de circulaire puisque,

même quand nous avons affaire à une rémission intercalaire qui

semble compléter les trois stades requis, l'individu est toujours en

réalité un paralytique. Il est plus exact de dire que, dans le cours

de la paralysie générale, il y a eu un syndrome vésanique cyclique.

M. Noter, rappelle trois observations qui lui sont personnelles,

dans lesquelles il y avait non seulement une hérédité chargée

mais même des symptômes antécédents de dégénérescence men-

tale, ces paralytiques présentèrent à plusieurs reprises des alterna-

tives d'exaltation et de dépression. - M. Thomsen appuie la

remarque de M. OEbeke. M. BonnEaEae reconnaît qu'il s'agit

simplement d'un complexus symptomatique greffé sur une dé-

mence paralytique.

M. LIEBfANN. De quelques cas de folie consécutive au traumatisme.

L'auteur passe en revue les diverses formes de folie consécutives

au traumatisme et insiste sur les relations des vésanies chroniques

avec les névroses traumatiques.

M. ERLENMEYER. De l'emploi des médicaments * dérivatif externes

dans les maladies cérébrales et nerveuses. Le séton à la nuque est

indiqué quand il y a congestion encéphalique; on s'en rend sur-

tout compte par l'examen ophtalmoscopique. En pareils cas on

obtient 50 p. 100 de guérisons. Les frictions stibiées sur le crâne

conviennent de préférence aux manies, voire aux mélancolies, qui,

après avoir persisté pendant plusieurs mois, ne se sont pas guéries

et tendent à la chronicité, c'est-à-dire à l'incurabilité : ce dont on

a tout lieu de craindre quand le poids du corps du malade aug-

mente tandis que l'état mental, qui s'était d'abord amélioré, rétro-

cède. Elles sont indiquées dans la paralysie générale, dans les

lésions localisées de l'écorce qui ne sont pas de celles qui imposent

la trépanation.

M. PELMAN. Les toutes récentes attaques contre les aliénistes et les

asiles d'aliénés. Il s'agit d'un mouvement dirigé contre les pré-

tendues séquestrations arbitraires et d'accusations semblables à

celles qui ont défrayé la presse française et ont abouti au nouveau

projet de loi dont on peut dès maintenant escompter l'avenir. Ce

qu'il faut améliorer, comme le dit M. Pelman, c'est le mode d'ad-

mission des malades de façon à les traiter vite et bien. Les auto-

rités auxquelles les admissions sont signalées (et c'est là la seule

166 SOCIÉTÉS SAVANTES.

chose à faire) ont toujours eu qualité pour se mettre en rapport

avec les malades et savoir ce qui se passe dans un asile. Quant à

l'interdiction et à sa levée, c'est un point de vue qui évidemment

mérite l'attention de tous, surtout quand il s'agit de petites gens

qu'on a coutume de renvoyer de Caïphe à Pilate.

Ces questions seront traitées dans la prochaine session, c'est-à-

dire en juin 1893. (Allg. Zeitsch. f. Psychiat., LI ! C, 5.)

P. KËRAVAL.

SOCIÉTÉ PSYCHIATRIQUE DE BERLIN.

SOIXANTE-SEIZIEME SEANCE.

Fête anniversaire de la vingt-cinquième année de sa fondation.

Séance du 1S décembre 1892. -PBÉSIDENCE DE M. LOEHR aîné.

L'histoire de la psychiatrie allemande nous apprend combien,

au début, il se trouva peu de médecins qui voulussent se mettre à la

tête des asiles et prendre la responsabilité de leur gestion. Mais la

vigueur intellectuelle suppléa au nombre, et la netteté des principes

permit d'exécuter les réformes, de convaincre les pouvoirs publics,

d'obtenir le nerf de l'assistance, de multiplier les asiles.

Ces pionniers de la psychiatrie- allemande furent : Damerow,

I'LEhIMING, ROLLEB, JACOBI, ZELLER, JESSEN, Martini, PIENITZ; à la

suite des premiers efforts de HEINROTH et IDELER, ils créèrent la

pathologie mentale et l'assistance des aliénés. Leurs efforts en

multipliant le nombre des établissements publics et celui des mé-

decins montrèrent en même temps la nécessité de travailler de

concert et de se réunir en un point de l'Allemagne. C'est en 1847,

au Congrès des naturalistes, d'Aix-la-Chapelle, que, pour la pre-

mière fois, fut créée une section de psychiatrie et d'anthropologie

sous la présidence de Flemminr; on y compta treize aliénistes.

Virchow s'y fit inscrire et y discuta. Il en est resté bien que l'an-

thropologie l'ait plus particulièrement attiré. Les psychiatres, sous

l'impulsion d'Erlenmeyer, se réunirent ensuite séparément pour la

première fois il Eisenach (1860); ils étaient vingt, sept d'entre eux

vivent encore; je suis leur seul représentant ici; à cette époque,

j'étais un des plus jeunes. Je me rappelle avoir entendu émettre

la crainte que ces sociétés spéciales n'émiettassent l'unité de la

médecine. Virchow lui-même n'était pas tranquille. Or, l'avenir a

montré l'inanité de ces appréhensions. Que de sociétés locales ne

sociétés savantes. 167

sont-elles pas issues de celle-ci qui, loin d'avoir émondé l'arbre,

lui ont permis de prospérer par l'étude divisée du travail et la

cohésion d'éléments qui se serrent de plus près.

La Société psychiatrique de Berlin fut, en effet, la première des

Sociétés locales; elle prit naissance en 1866, le jour où la Société

des aliénistes allemands siégea à Berlin; on en avait déjà préparé

la formation à la session de Landau en 1861. Le 15 mars 1867 elle

siégea; on y trouvait I(OEPPE, BOETTGER, SPONIIOLZ, Weyert, enlevés

par la mort, ARNDT, HAUPTUANN, IDELFR, 11.1HL13AUI, 0. AIULLER,

Ulrich, WENDT, LOEHR, encore vivants mais dont quelques-uns ne

peuvent à cause de leur santé assister à la réunion d'aujourd'hui.

Tout laborieux qu'aient été les débuts, les séances ont été tou-

jours bien remplies. Elles ont resserré les liens qui nous unissaient

déjà. Vingt-cinq ans d'un travail ininterrompu nous donnent la

satisfaction de voir les jeunes infuser un sang nouveau à notre

Société et nous laissent espérer que leurs travaux peuvent encore

compter sur vingt-cinq années de prospérité

Il reste, en effet, beaucoup à faire ! Tant au point de vue scien-

tifique, qu'en ce qui concerne les applications de l'assistance. Et

les préventions du public ! Et celles des magistrats ! Et les contra-

dictions inévitables de spécialistes, pourtant consommés en matière

médico-légale ! Par bonheur cependant, on n'a pas encore inventé

de loi des aliénés; nos jurisconsultes, à qui incomberait ce devoir,

ne se sont point encore représenté un type satisfaisant de cette

législation au point de vue technique, et les Chambres n'ont en-

core rien trouvé de précis. Puissent les nations qui ont atteint ce

but nous servir d'avertissement. Et puissions-nous, sans ces obs-

tacles, nous développer plus librement que ces dernières ! Pour

arriver à perfectionner les asiles, il faut créer un contrôle appro-

prié à ces questions délicates et non un appareil à mailles étroites

qui les étouffe. ' c

Voyez plutôt le développement que dans les vingt-cinq dernières

années, sous l'induence des progrès de la neurologie et de la neu-

ropathologie, a pris la psychiâtrie. Elles marchent maintenant de

conserve. ,

Il y a vingt-cinq ans, l'Allemagne possédait 141 asiles publics

ou privés, qui traitaient et hospitalisaient 19,530 malades, et occu-

paient 261 médecins. En 1890, nous comptons 236 asiles traitant

56,234 aliénés, et 542 médecins. Il n'y a guère de province qui

n'ait à coeur de construire un nouvel asile.

Envisageons donc l'avenir avec confiance ! Continuons à tra-

vailler et nous atteindrons la terre promise et notre science,pourra

s'enorgueillir de cette devise : \Tccnc2cctm retrorsum ! (Allg. Zeitsch.

f. Psychiut., XLIX, 5.) P. KERA VAL.

BIBLIOGRAPHIE.

II. La neurasthénie (Epuisement nerveux) ; par A. AhTnIGU. Un vo-

lume de la Bibliothèque CHARCOT-DEDOVG. - Rueff, éditeur,

Paris, 1893.

M. MATHIEU a cherché avant tout à faire un ouvrage clair et à

simplifier l'exposé de ces nombreux états qu'on range un peu à

tort et à travers aujourd'hui dans la neurasthénie, comme aussi

dans la dégénérescence. Suivant la prédominance des symptômes

dans tel ou tel appareil, il distingue les formes atteignant le sys-

tème nerveux (cérébro-spinale, cérébrale, spinale, périphérique),

l'appareil digestif (n. dyspeptique), l'appareil circulatoire (n. car-

diaque), l'appareil génito-urinaire (n. génitale). Ce qui importe

surtout c'est de reconnaitre si elle est simple, sans dégénérescence

ni névrose surajoutée, - ou si elle est accompagnée de dégé-

nérescence, si enfin il s'y joint d'autres névroses. Il établit que la

neurasthénie est pour lui, commepourM. Charcot, l'expression di-

recte, sans intermédiaire, d'un état particulier de névropathie, que

la neurasthésie est le fait primitif, et que ni la dyspepsie, ni l'en-

téroptose, ni la dilatation de l'estomac ou l'auto-intoxication d'ori-

gine stomacale n'ont la portée générale que certains auteurs ont

voulu leur attribuer.

Après un chapitre critique intéressant sur la pathogénie et les

frontières de la neurasthénie, l'auteur avoue qu'on n'est pas encore

bien avancé. Tout ce qu'on a pu faire, c'est de marquer sa place

dans la famille névropathique, et l'avoir extraite de la masse des

accidents névropathiques. P. S.

III. Contribution à l'état mental des hystériques ; par le Dr Long-

bois (de Joigny). (Annales d'Hygiène publique et de médecine

légale, 4891.)

Deux observations intéressantes, l'une de dénonciation de crimes

imaginaires, faite par une hystérique âgée de quatorze ans, contre

son père qu'elle accusait d'avoir tué une de ses fillettes, l'autre de

chromhydrose simulée par une jeune hystérique qui en imposa

pendant près de six mois à plusieurs médecins. La simulation avait

eu pour point de départ le récit fait par le frère de la malade, de

l'habitude de certaines peuplades de se teindre le visage. Les inter-

rogatoires des médecins dans le sens de la chromhyd rose firent le

BIBLIOGRAPHIE. 169

reste pour lui indiquer en quelles parties la coloration portait spé-

cialement et c'est ainsi qu'elle put donner à sa chromhydrose

simulée un aspect presque classique. M. LoNGi3ois fait justement

ressortir le soin qu'on doit apporter aux examens des hystériques

pour ne pas les suggérer à son insu. P. S.

IV. Leçons sur le traitement des névroses; par le Dr E. C. Sequin

(de New-York), traduit de l'anglais par l'auteur. Paris, 0. Doin,

1893.

« J'estime que les médecins et étudiants liront avec profit dans

ce petit livre, auquel je souhaite, pour ma part, tout le succès qu'il

mérite d'obtenir, les sages et ytiles conseils que leur adresse ce très

distingué neurologue. » Telle est la conclusion de M. le professeur

CHARCOT, dans l'avant-propos où il recommande au public les trois le-

çons danslesquellesM. Seguin fait un exposé sommaire de sa pratique

et de ses observations personnelles. Très personnelles en effet sont

les idées de M. Seguin sur les névroses et leur traitement et plusieurs

sont même en contradiction flagrante avec les habitudes de l'em-

pirisme des praticiens. L'auteur débute par le traitement de l'épi-

lepsie, «syndrome que des maladies diverses peuvent produire ».

Tout en admettant qu'il est utile de supprimer les causes d'irrita-

tion pouvant déteiminer des accès, il repousse les théories absolues

qui donnent à l'épilepsie une cause précisé et généralise ces hypo-

thèses ; il s'élève à ce sujet contre la théorie de Stevens qui attribue

le mal comitial à la fatigue oculaire (eya train). Le véritable trai-

tement du haut mal est l'emploi des bromures qui amènent une

sédation complète du système nerveux sans agir sur la maladie

même. Aussi dans l'emploi des bromures, doit-on, avant tout,

rechercher le degré de résistance des malades; et Seguin donne

des conseils minutieux pour aboutir sans accidents au résultat

cherché. Il rappelle que les doses variables (de 2 à 10 gr. par jour)

sont proportionnellement mieux supportées par les enfants et que

la résistancedes adultes à la médication est le plus souvent en rapz

port avecle poids. Les épileptiques qui sont atteints d'une affection

organique du coeur, qui ont un ralentissement de la circulation

doivent prendre de la digitale pour faciliter l'action des bro-

mures.

Dans l'épilepsie symptomatique de lésions cérébrales, on doit

administrer ces médicaments avec prudence. Le but à atteindre

est de maintenir le malade dans un état de bromisme imminent,

état qui se reconnaît à la perte du réflexe pharyngien.

Seguin donne la préférence au bromure de sodium en solution

aqueuse :

170 1 BIBI,IOGRA PHIE.

Chaque cuillerée contient 1 gramme de bromure. - Il recoin

mande de prendre le bromure avec beaucoup d'eau et de le boire

lentement pour éviter les troubles gastriques. L'eau légèrement

alcalinisée et le lait chez les enfants sont les meilleurs véhicules.

Si les crises sont régulières on donnera le bromure quatre à six

heures avant le moment où elles se manifestent. Si les accès

sont irréguliers, on donnera le bromure en deux fois, le matin au

réveil et le soir après le repas, on évitera autant que possible de le

donner à jeun.

Les doses devront être augmentées dans un traitement à long

lerme avec les progrès de l'âge chez les jeunes gens, et lorsque le

malade est appelé à se livrer à un exercice fatigant ou à une exci-

tation anomale. On diminuera les doses au bout de trois ans de

traitement, s'il n'y a pas eu de manifestation cornitiale, de 1 gramme

tous les deux ou quatre mois. Durant les saisons chaudes, et pen-

dant les maladies intercurrentes, on devra aussi diminuer ou sus-

pendre le traitement bromure. Si des accidents de bromisme sur-

viennent, on ne suspendra pas le traitement, mais on substituera

au bromure dans la solution une quantité équivalente de chloral.

Par exemple : .

VARIA. 171

tant de 1 centigramme chaque semaine, jusqu'au moment où l'on

détermine de légers vertiges. L'antipyrine jointe à la digitale, la

- caféine donnent encore de bons résultats.

La névralgie faciale ou tic douloureux a un remède héroïque

dans l'aconitine de Duquesnel, dont on doit user avec une extrême

prudence. Le traitement mixte, même lorsqu'il n'y a pas d'anté-

cédents syphylitiques, amène parfois la guérison.

Dans la maladie de Bcasedo2v, le médecin américain recommande

nu traitement absolument personnel, l'emploi de l'aconitine et la

compression légère des yeux pendant une heure ou quatre heures

deux fois par jour.

L'ouvrage se termine par un chapitre sur le régime et l'hygiène

des nerveux et l'abus de quelques médicaments (alcool, morphine,

bromures). Le régime de Seguin est basé sur l'idée que l'excès

d'aliments hydrocarbonés est cause de tous les accidents nerveux.

Il recommande une nourriture forte, composée de viandes et d'a-

liments gras, proscrivant les amylacés. Il autorise l'usage du café

très fort, défend les alcooliques, condamne l'usage du lait durant

les repas. Les dyspeptiques prendront comme boisson de l'eau

très chaude.

Le repos, la suggestion à l'état de veille, l'isolement, l'hydro-

thérapie, la gymnastique systématisée sont les autres moyens

hygiéniques que Seguin recommande contre les névroses. J. Noir.

VARIA.

Cf ? GRÈs DE médecine mentale. (Session de La Rochelle,

août 1893.)

Mardi 1er août. - Ouverture du Congrès à 9 heures du matin,

salle haute de la Bourse. Des auto-intoxications dans les maladies

mentales.-Séance de 2 heures à 6 heures du soir. Des auto-intoxi-

cations dans les maladies mentales. A 6 heures, visite des tours de

La Rochelle. Réception des membres du Congrès par la municipa-

lité à l'Hôtel de Ville de La Rochelle

Mercredi % août. - Séance de 8 heures à H heures. Les faux té-

moignages des aliénés devant la justice. Séance de 2 heures 1/2

à 6 heures. Les Sociétés de patronage des aliénés. Banquet à

7 heures du soir. '

Jeudi 4 août. A 8 heures du matin, séance à l'asile de Lafond.

Communications particulières. A 10 heures, visite de Lafond. A

172 varia.

11 heures 1/2, déjeuner offert aux membres- du Congrès par l'ad-

ministration de l'asile. Dans l'après-midi, visite à l'église fortifiée

d'Esnandes et aux « bouchots ». ,

Vendredi matin. Départ à 7 heures 1/4 pour l'île'de Ré.

Visite du dépôt des forçats de Saint-Martin-de-Ré. Déjeuner à l'île

de Ré. Visite au phare des Baleines. Retour à La Rochelle à 7 heures

du soir.

Samedi matin, de 8 heures à 11 heures : Communications parti-

culières.

Samedi soir, 2 heures 1/2 à 6 heures : Communications particu-

lières. Clôture du Congrès.

Dimanche matin : Départ à 5 heures du matin; Visite de

l'asile de La Roche-sur-Yon; Déjeuner offert aux membres du,

Congrès par l'administration de l'asile; - Visite des Sables-d'O-

lonne.

Nous croyons devoir rappeler à nos confrères des asiles que la

ligne de l'Etat délivre des billets dits billets de bains de mer pour

La Rochelle et les autres villes du littoral, avec arrêt sur le par-

cours. Ces billets sont accordés avec une réduction de 40 p. 100

sur le double du billet simple et sont valables pendant 33 jours.

Communications annoncées. 1° Idiotie symptomatique de l'hydro-

céphalie, par M. le Dr Bourneville et M. le Dr Noir; 2° Le pécule

des aliénés, par M. le De Drouineau; 3° Dégénérés psycho-sexuels

fétichistes, par M. le D Garnier; 4° Délire des persécutions, par M. le

Dr Séglas; 5° Sur les obsessions et impulsions à forme continue,

par M. le Dr Roubinowitch; 6° Communications diverses, par M. le

D11Mendelsshonn, de Saint-Pétersbourg; 7° Le pénitencier de l'île

de Ré, par M. le De Colin; 8° Elimination de l'acide phosphorique

chez les idiots, par M. le D'' Mabille.

Questions générales : 1 Les auto -intoxications dans les maladies

mentales. - Rapporteurs : M. le Dr Régis et M. le Dr Chevalier-

Lavaure.

Communications inscrites. M. le Dr P. Garnier, llt. le Dr Le-

grain, M. le Dr Seglas, M. le Dr Colin, M. le Dr J. Voisin. Toxi-

cité urinaire chez les épileptiques; M. le Dr Dericq. Etats mélanco-

liques et urticaires; M. le D'' labi1le.

2° Les faux témoignages des aliénés devant la justice. Rappor-

teur : M. le Dr Cullerre, M le Dr Motet, M. le Dr P. Garnier, M. le

Dr Colin, M. le D' Doutrebente, M. le Dr Habille.

3° Les sociétés de patronage des aliénés. Rapporteurs : M. le

Dr Giraud et M. le Dr Ladame, M. le Dr Pons, M. le Dr Bourne-

ville.

varia. , 173

LES classes DES enfants arriérés EN SUISSE.

Le gouvernement bâlois vient de créer, à titre d'essai, dans la

ville de Bâle, des classes à l'usage des élèves de faible intelligence

(Schwachbegabte Schftler). On n'y admettra ni les enfants qui, à

raison d'infirmités corporelles ou mentales, sont hors d'état de fré-

queuter une école, ni les enfants moralement corrompus. Lorsque les

parents s'opposeront il ce qu'un enfant soit placé dans une classe

spéciale, le département d'éducation décidera si l'enfant peut être

maintenu dans une classe ordinaire ou doit être renvoyé définiti-

vement de l'école. Le nombre des élèves d'une classe spéciale ne

doit pas dépasser vingt-cinq ; la direction en est confiée à une

institutrice. (Extrait de l'Annuaire de l'Enseignement, année 1889.)

II s'agit là d'une question très importante au point de vue

pédagogique et au point de vue des finances. Nous l'avons

maintes fois signalée sans avoir eu la chance de la voir exa-

minée sérieusement. Espérons qu'à force d'y insister nous fini-

rons par provoquer une solution. B.

LA JEUNEUSE IRLANDAISE.

Dans un récent numéro du Freemnn's Journal, se trouvait le

récit d'une jeûneuse irlandaise qu'un correspondant du journal

interviewa à cette époque, ou plutôt qu'il visita, et dans le même

article le procès qui surgit à la suite des différents récits que la

curiosité de ce cas avait fait surgir dans le district. La jeune fille

repose dans un humble cottage au milieu des montagnes du comté

de Cavan; elle est restée, dit-on, privée de la parole et en léthar-

gie depuis le commencement de l'année. Elle a dix-neuf ans et est

bien développée, mais elle est, parait-il, poitrinaire, et deux de

ses frères sont morts de la poitrine. Son état actuel a été précédé

d'une série de crises hystériques accompagnées d'hallucinations,

et elle fut tellement malade à cette époque qu'on lui administra

les derniers sacrements. Ceci se passait le jour du nouvel An, et

c'est très peu de temps après qu'elle tomba dans l'état où elle se

trouve encore aujourd'hui. Pendant six semaines elle n'a pris au-

cune nourriture, mais ces derniers temps on a pu lui faire prendre

des aliments liquides. C'est là évidemment un cas de catalepsie,

et, bien que le fait d'avoir été privée de toute nourriture pendant

six semaines ne doive être accepté que sous une certaine réserve,

il est permis de croire que des malades dans cette condition peu-

vent vivre avec une quantité de nourriture qui, comparée à celle

que prendrait une personne bien portante du même sexe et du

même âge, peut paraître très petite. Nous ne désapprouverons

174 4 VARIA.

jamais trop ce système d'exhibition de cette jeune fille comme une

curiosité à tous venants.

Le correspondant du journal qui publie ce récit, tel que nous

l'avons recueilli, n'eut qu'à se présenter au curé de la paroisse qui

l'accompagna immédiatement dans la chambre où la malade re-

posait. -

Quel que puisse être l'état de cette personne au début, il n'est

pas douteux que chez de tels malades les traits morbides sont plus

accentués par « l'attention » qu'on appelle sympathique, mais qui

est réellement dénaturée, et l'on est peu surpris de lire dans le

même journal le récit d'un procès intenté à un homme, malheu-

reusement c'est vrai, pour s'être introduit subrepticement dans la

demeure de cette malade et d'y avoir assiégé cette malheureuse

jeune fille. (The Lancet, 15 juillet 1893, p. 149.) R.

Ce cas et la curiosité malsaine dont il est l'occasion rappelle

l'exploitation faite en Belgique, par le clergé, du cas de Louise

Lateau et par la famille du cas de la jeunesse du pays da

Galles. B.

INFLUENCE DE la POLITIQUE SUR la nomination DES médecins ALIÉNlsn : 3

. aux Etats-Unis. ' t

, Dans les derniers numéros des Annales médico-psychologiques, il

a été fait mention de l'influence déplorable dont il s'agit. Une des

victimes de cette intluence a été M. le Dr Dewey, l'un des plus dis-

tingués parmi les aliénistes américains. Au sujet de sa destitution

le British médical Journal du 1°1' avril 1893 a publié une lettre du

Dr Hack-Tuke qui flétrit cette mesure en termes justement distin-

gués. En voici quelques passages : .

« Le D'' Dewey médecin directeur de l'asile de Kankakée est desti-

tué des fonctions que depuis bien des années il remplissait avec

autant d'honneur pour lui-même que de profit pour ses malades.

Je parle de ce que je sais personnellement, quand je dis que ce

médecin est un des hommes les plus estimables, à qui on ne peut

rien reprocher; il était tout dévoué à l'institution qu'il a dirigio

avec plein succès, malgré les difficultés exceptionnelles que susci-

taient des errements tout à fait nouveaux ; c'est lui, en effet, qui a

expérimenté pour certaines catégories de malades, l'usage des

pavillons distincts du centre de l'asile. Il a montré quels avantages

on pouvait obtenir de cette manière de faire, et il a exercé une

grande influence sur l'application de la même mesure dans d'autres

asiles, en faisant entrer dans la pratique les idées de Frédéric

Wines et d'autres qui ont préconisé le groupement des aliénés par

petits nombres en opposition à l'entassement d'un millier de ma-

lades dans un bâtiment monstre.

FAITS DIVERS. 175

« Le Dr Dewey a résolu un problème. Mais maintenant que les

affaires politiques ont pris une voie nouvelle, il est obligé de céder

]a place sans qu'on ait le moindre égard à ce qu'il a fait d'admi-

rable. Son successeur peut être un médecin de mérite, capable de

bien remplir ses fonctiions, cela n'est point à mettre en question;

mais l'injustice criante commise à l'égard d'un médecin distingué

pour des motifs purement politiques, reste tout entière et donne

matière à graves réflexions sur le système qui a permis de la com-

mettre. » -C'est le Dr Clevenser qui a été nommé à la place du

D' Dewey. (Annales med. psychol.)

FAITS DIVERS.

Faculté DE médecine DE Paris. Nominations : àt. LEFILLIATRE,

interné des asiles de la Seine, est nommé, à partir du 1 cr juin et

jusqu'à la fin de l'année scolaire 1892-1893, aide du laboratoire de

clinique des maladies mentales, en remplacement de M. Champion.

Faculté DE MÉDECINE DE Bordeaux. - M. le Dr Régis est chargé, jus-

qu'à la fin de l'année scolaire 1892-1893, d'un cours complémentaire

des maladies mentales. z

Université de Vienne. M. le professeur von Ivrafft-Eling, est

nommé premier professeur de psychiatrie en remplacement de

M. Meynert, décédé. '

Académie royale DE médecine DE BELGIQUE. Prix : Nous ex-

trayons du programme du concours de l'Académie royale de méde-

cine de Belgique, les renseignements suivants : Concours 1893-1895.

Faire l'étude pathogénique et clinique des névroses traumatiques.

Prix : 600 francs. Clôture du concours : 15 février 1895 ; Con-

cours 1891-4894 ? Prix fondé par un anonyme. Elucider par des

faits cliniques, et au besoin par des expériences, la pathogénie et

la thérapeutique de l'épilepsie. Prix : 4,000 francs. Clôture

du concours : 1 cr février 1894. Des encouragements de 300 à

1,000 francs pourront être décernés à des auteurs qui n'auraient

pas mérité le prix, mais dont les travaux seraient jugés dignes de

récompense. Une somme de 25,000 francs pourra être donnée en

outre du prix de 4,000 franc ? , à l'auteur qui aurait réalisé un pro

grès capital dans la thérapeutique des maladies des centres ner-

veux, telle que serait, par exemple, la découverte d'un remède

curatif de l'épilepsie. N. B. Les mémoires lisiblement écrits en

176 s BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

latin, en français ou en flamand, doivent être adressés, franc de

port, au secrétariat de l'Académie, à Bruxelles.

Chaire DE clinique des maladies mentales. La Faculté de méde-

cine a présenté jeudi, en première ligne, notre ami M. Joffroy,

agrégé, pour la chaire de clinique des maladies mentales laissée

vacante parle décès du professeur Bail.

- 1 - J.-B. Charcot et Georges GUINON.

i . - . ' -

Distinction honorifique. Nos bien sincères compliments à

notre distingué collaborateur et ami le Dr Gilles de la Tourette,

médecin des hôpitaux, qui vient d'être fait chevalier de la Légion

d'honneur, à l'occasion de l'inauguration de la statue de Théo-

phraste Renaudot.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

BOURNEVILLE. 7{ec/Mrc/tM cliniques et thérapeutiques sur l'épilepsie,

l'hystérie et l'idiotie. Compte rendu du service des enfants idiots, épilep-

tiques et arriérés de Bicëtre pendant l'année 1892. Publié avec la colla-

boration de MM. Dauriac, Ferrier et Noir. Volume in-8° de cxn-368 pages,

avec 37 figures dans ,le texte et 15 planches. Prix 7 fr. Pour nos

abonnés : 5 fr.

FLOURNOY (Th.). Des phénomènes de synopsie (Audition colorée),

Volume in-8° de 259 pages. Prix : 6 fr. Paris, 1893. Librairie

F. Alcan.

Noir (J.). - Etude sur les tics chez les dégénérés, les imbéciles et les

idiots. Volume in-8° de 17t pages, avec 24 figures. - Prix : 4 fr. -

Pour nos abonnés : 2 fr. 75.

, ROUBI1\OVITCll (.T.). - Sur les hallucinations verbales psycho-motrices

. dans un cas de délire de persécution systématisé à évolution progressive

chez une dégénérée. Brochure in-8° de 20 pages. Paris, 1893. - Impri-

.merie L. Maretheux.

TOULOUSE (Ed.). De la dynamomélrie chez les aliénés. Brochure in-8°

de 13 pages. Extrait du Bulletin de la Société de médecine mentale

de Belgique. Gand, 1893.

Le rédacteur-gérant, Bourneville.

Evreux, Ch. Héiiissev IWp. 703.

'Vol. XXVI. Septembre 1893. N" 79.

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

J.-M. CHARCOT

Le mercredi 16 août, le télégraphe apprenait que

M. Charcot, en excursion de vacances, depuis quelques

jours sur les bords du lac des Settons dans la Nièvre,

venait de succomber soudainement et sans que rien ne

le fit prévoir, à une attaque d'angine de poitrine.

Après quelques minutes de souffrances, M. Charcot

expirait entre les bras de ses deux compagnons de

voyage, MM. Debove et Straus, ses amis. La veille au

soir il écrivait encore à Mme Charcot une lettre pleine

de gaîté dans laquelle il se félicitait de son voyage.

CHARCOT (Jean-Martin) est né à Paris le 29 novembre

1825, d'une famille d'artisans honorables mais d'une

modeste aisance. M. CIIARCOT, qui ne cachait pas son

origine, nous a raconté qu'en raison de l'impossibilité

où son père était d'engager ses trois fils dans les pro-

fessions libérales, il leur dit un jour : « Je ne peux

vous faire faire à tous vos études; celui qui aura le

mieux travaillé à la fin de l'année scolaire, seul, con-

tinuera ; un autre sera soldat, le troisième sera car-

AIICIIIVES, t. XXVI. 12

178 J.-M. CHARCOT.

rossier comme moi. » Ainsi fut fait. Notre Maître

l'emporta et, en conséquence, fut envoyé au lycée

Saint-Louis. Ses études secondaires achevées, il se fit

inscrire à la Faculté de médecine. Il fut reçu interne

des hôpitaux en 1848 et passa sa thèse de doctorat

en 1853 1.

Peu après, son maître Rayer lui confia le soin

d'accompagner en Italie, un de ses malades, M. B. F.,

appartenant à une riche famille de financiers et de

politiques. Avec les quelques milliers de francs éco-

nomisés dans ce voyage, à son retour, il s'installa cité

Trévise. C'est alors aussi qu'il fut nommé chef de cli-

nique médicale. Il en remplit les fonctions en 1853-

1854 et 1854-55.

M. CHARCOT aimait à rappeler que, durant son inter-

nat et son clinicat, il donnait des leçons particulières

afin d'atténuer les sacrifices que s'imposait sa famille

pour son éducatiou. L'année suivante (1856), il était

nommé médecin du Bureau central. Quatre ans plus

tord (1860), à son second concours, il arrivait à l'agré-

gatioii En dépit de son ardeur au travail, de ses

connaissances aussi sûres qu'étendues, il faillit échouer,

et ne dut son succès qu'à la dernière épreuve : l'argu-

\

. Eludes pour servir à l'leisloire de l'affection décrite sous les noms

de goutte asthénique primitive, nodosités des jointures, rhumatisme

articulaire chronique (forme primitive). Avec planches. Plus tard il

revint sur le rhumastisme et la goutte dans des communications à la

Société de biologie (avec Cornil), dans ses leçons de 1SCG, dans les

nombreuses notes jointes à la traduction du livre de Garrod en 18G7.

z Son premier sujet de thèse d'agrégation avait pour titre : De l'ex-

pectation en médecine (1857) et le second : De la pneumonie chronique

(1860). Dans celle-ci, souvent citée, M. Charcot utilise des faits per-

sonnels et décrit une forme nouvelle qu'il nomme pneumonie chro-

nique ulcéreuse.

J.-M. CHARCOT. 179

mentation de sa thèse. Aussi exprimait-il le regret de

voir, dans ces dernières années, cette épreuve devenir

à peu près illusoire.

- En 1862, M. Charcot revint, comme chef de ser-

vice, à la Salpêtrière où il avait été interne et rassem-

blé les éléments de sa thèse inaugurale et dont il avait

su voir les inépuisables ressources. Il ne devait plus la

quitter. Aussitôt il se mit à l'oeuvre. Avec Vulpian,

son ami, il entreprit de recueillir les observations de

toutes les administrées (séniles, chroniques) et de

toutes les entrantes. La réunion de ces observations

formait les Archives médicales de la Salpêtrière, et

lorsqu'une affection intercurrente amenait les adminis-

trées à l'Infirmerie générale, il les connaissait déjà et

pouvait poursuivre fructueusement leur histoire patho-

logique. Et cela se continuait jusqu'à la fin. Toutes

les autopsies étaient pratiquées avec le plus grand

soin et c'était lui-même qui en dictait les résultats.

Sauf pendant les vacances, il était d'une assiduité

exemplaire à son service. La besogne qu'il s'était

imposée remplissait toute sa matinée et souvent au

delà. Cette abondance de matériaux de choix consti-

tuait une mine inépuisable, qui s'accroissait d'année

en année. C'est de là que sortaient les travaux qu'il

communiquait à la Société de biologie, dont il fut le

secrétaire, puis le vice-président, ou qu'il insérait

dans la Gazette hebdomadaire, dont il fut le collabora-

teur assidu de 1857 à 1869. En outre de ses

mémoires originaux, sur l'Endocardite ulcéreuse,

les Embolies pulmonaires, la Maladie de Basedow, les

Gangrènes viscérales, etc., il publia dans ce journal des

'180 J.-M. CHARCOT.

articles d'histoire et de critique qui sont de véritables

modèles du genre 1.

Son nom était donc déjà très honorablement connu

lorsqu'il inaugura, en 1866, ses leçons, à la Salpê-

trière, non pas dans le bel amphithéâtre que l'on

connaît, mais simplement dans une salle de malades

évacuée pour la circonstance. Aussi son cours fut-il

suivi avec empressement, en particulier par les anciens

internes, candidats au Bureau central, qui étaient

assurés de trouver là les sujets abordés, la pneumonie *

des vieillards, le rhumatisme chronique et la goutte %

traités avec une incontestable compétence et mis au

courant de la science.

En 1867, pour des motifs dont nous n'avons pas

gardé le souvenir, M. Charcot fit son cours libre à

l'École pratique : il le consacra à l'hémorrlzagie et au

ramollissement du cerveau, après une première leçon

de haute philosophie médicale intitulée : Parallèle

entre la médecine empirique et la médecine scientifique .

Il reprit l'année suivante (1868) son cours à la Salpê-

trière, décrivit, entre autres, la paralysie agitante, la

sclérose en plaques, jusque-là confondues, qu'il a pour

ainsi dire découvertes et dont il a tracé un tableau si

exact et si complet que, depuis, il n'y a rien été

ajouté de vraiment important 3 ; les scléroses de la

Citons aussi les articles : fièvre typhoïde, typhus fever, peste,

fièvre jaune, parus en 1863 dans la Pathologie méd. de Requin, l'art.

Anévrysmes de l'aorte du Dict. encyclop., etc.

' Ces leçons ont été publiées par M. Benjamin Bail.

' Nous avons publié ces leçons dans la Gazette des Hôpitaux (1868).

J.-M. CHARCOT. 181

moelle épinière, la sclérose primitive des cordons laté-

raux, etc.

Dans son cours de 1869, il traita de nouveau de

l'hémorrhagie et du ramollissement du cerveau. Mal-

heureusement, une partie seule de ses belles leçons a

été recueillie. On doit d'autant plus le regretter,

qu'elles étaient pleines de faits nouveaux, au point de

vue de la pathogénie, du diagnostic et du pronostic *.

Outre les leçons dont nous venons de parler, men-

tionnons encore pour 1869 celles qu'il a faites sur

l'importance de la thermométrie dans la clinique des

maladies des vieillards =, et faisons remarquer à ce pro-

pos, que c'est principalement à M. Charcot que l'on

doit la vulgarisation de la thermométrie en France et

qu'il lui a dû d'intéressantes données qu'il a maintes

fois mises à profit dans son enseignement 8.

Cette même année il découvrit les arthropathies des

ataxiques, auxquelles les Anglais ont donné le nom de

Charcofs joint disease, et fonda les Archives de phy-

siologie avec Vulpian et Brown-Séquard.

Son cours de 1870 s'ouvrit sous les meilleurs aus-

Trois petits fascicules, publiés par Bouchard. Nous devons dire,

toutefois, que ces leçons ont été utilisées dans plusieurs thèses de

doctorat et dans l'article Hémorrhagie cérébrale, inséré par M. Brouar-

del dans le Dictionnaire de méd. et de chir. prat.

1 Publiées par A. Joffroy dans la Gaz. hebd. de 1869, réimprimées dans

les OEuvres complètes.

3 La thermométrie avait déjà été mise à contribution (Gavarret,

Andral, 11. Roger, etc.), puis avait été abandonnée dans notre pays

pour être reprise en Allemagne (Wunderlich, etc.). Pendant longtemps,

nous avons été personnellement l'objet de plaisanteries à cause de

notre«manie de la thermométrie », que nous avait inculquée JI. Charcot.

Nous avons persisté, sur ses conseils, et nous n'avons pas lieu de le

regretter.

182 J.-M. CHARCOT.

pices. La salle de consultation où il avait lieu était

devenue insuffisante. Parmi les auditeurs, le nombre

des médecins étrangers, notamment d'Allemagne,

n'avait jamais été aussi grand. C'est à cette époque

qu'il fit ses remarquables leçons sur les Troubles tro-

phiques consécutifs aux maladies du cerveau et de la

moelle épinière. La guerre criminelle de 1870 vint

les suspendre. Pendant les deux sièges, M. Charcot,

simplement, fit son devoir comme il l'avait fait lors

des épidémies cholériques. Outre ses salles ordinaires,

il eut la charge d'un service de varioleux et d'un bara-

quement de militaires fiévreux.

Dans le courant de cette même année (1870), il se

produisit un événement imprévu, insignifiant en appa-

rence, qui eut sur la destinée scientifique du maître

une importance considérable. Le bâtiment dit de Sainte-

Laure, où était installé le service de.111. Delasiauve,

comprenant les épileptiques, les hystériques et les

idiotes adultes, menaçant ruine, l'Administration dut

le faire évacuer. On plaça les idiotes adultes dans trois

des sections du quartier des aliénées ; on mit lés épi-

leptiques et hystériques réputées aliénées dans la sec-

tion de M. Baillarger et on sépara les épileptiques et

hystériques dites non aliénées *, dont on fit un quartier

spécial. M. Charcot étant le plus ancien des deux méde-

cins de l'hospice on le lui offrit, il l'accepta. Le hasard

1 Nous avions été interne de M. Delasiauve en 1866 et nous avions

recueilli les observations d'une partie des malades qui venaient de

passer sous la direction de M. Charcot. Il nous demanda de les mettre

à sa disposition, puis de les continuer. Voilà comment de 1871 à 1879,

époque où nous avons été nommé médecin de Biettre, nous avons

rempli officieusement dans son service les fonctions d'assistant.

J.-M. CHARCOT. 183

le favorisa ; la science en profita. On sait, en effet,

comment il exploita ie nouveau champ d'investigation

mis à sa disposition. '

Après la guerre, M. Charcot reprit son enseigne-

ment. Il nous avait confié la publication du premier

volume de ses Leçons sur les maladies du système ner-

veux. Plusieurs leçons, dès 1868, avaient paru dans

la Gazette des Hôpitaux; les leçons sur les troubles

trophiques venaient de paraître dans le Mouvement

médical. Nous pensions donc pouvoir aller vite. Nous

comptions sans la sévérité, parfois extrême, du maître

pour ses propres travaux. Il reprit la composition des

leçons sur les troubles trophiques parue dans ce der-

nier journal et la remania de fond en comble : ce fut

à une impression nouvelle qu'il fallut procéder. Et

celle-ci subit à son tour de telles modifications que

nous désespérions de pouvoir jamais parvenir au but.

Après les leçons sur les troubles trophiques, venaient

les leçons sur la paralysie agitante et la sclérose en

plaques. Il ne les modifia pas et nous avions repris

confiance. Nous n'étions pas cependant à la fin de nos

peines. Ce fut à force de le tourmenter, avec une

insistance qui aurait fini par être déplacée si nous

n'avions été soutenu par Mme Charcot, que nous

eûmes enfin les leçons sur l'hystérie et l'laystéro-épi-

lepsie qui terminent ce volume '. Souvent, dans les

' Il parut enfin en 1872. M. le D' Max Simon s'exprimait ainsi au

début de l'analyse qu'il en fit dans le Bulletin de Thérapeutique (1874,

p. 503) : M. le pr Charcot est un de ces hommes qui, sachant faire

grâce au temps, mûrissent dans une laborieuse solitude les travaux

qui doivent les conduire à une légitime célébrité. M. Charcot est jeune

encore ; il n'a pas dit son dernier mot, mais son premier mot a été

la révélation d'une saine et féconde originalité. »

184 J.-M. CHARCOT.

années qui suivirent, il en fut de même en bien des

circonstances et sans l'intervention incessante- de

Mme Charcot, sans ses encouragements, la plupart des

leçons de cette période auraient eu le même sort que

celles de 1867 et 1869. Si nous avons insisté sur ces

détails, c'est pour montrer le rôle bienfaisant que peut

exercer une femme intelligente et dévouée dans la vie

d'un savant, et aussi pour détruire cette assertion de

certains publicistes qui ont accusé le maitre d'un

amour immodéré de la publicité. Que n'en eût-il été

ainsi ! Nous aurions, à l'avantage de tous, une foule

de leçons qui sont demeurées enfouies dans ses car-

tons. ·

Nommé, en 1872 ', professeur d'anatomie patholo-

gique à la Faculté de médecine de Paris, en remplace-

ment de son ami Vulpian devant lequel il s'était effacé

quelques années auparavant (1867), il occupa cette

chaire jusqu'en 1881. C'est durant cette période qu'il

fit ses Lecons sur les maladies du poumon, du foie \ des

reins 3, sur les Conditions pathogéniques de l'albzcmi-

nurie 4, sur les Localisations dans les maladies du cer-

veau et de la moelle épinière 5, etc.

Bien qu'il s'agisse là d'une branche des sciences

médicales qui n'a pas l'attrait de la clinique, Lpar

exemple, il sut attirer et retenir à son cours un nom-

breux auditoire. Pour le rendre attrayant et compré-

' Cette même année, il fut élu membre de l'Académie de médecine.

2 Elles ont été publiées par nous.

3 Publiées par Sevestre. "

4 Publiées par Brissaud.

* Publiées par Bourneville et Brissaud.

J.-M. CHARCOT. 188

hensible, même pour les étudiants les moins au cou-

rant de l'anatomie pathologique, il faisait lui-même

ou faisait faire des planches murales représentant les

lésions des maladies qu'il décrivait, procédés qu'il

appliquait à ses cours de la Salpêtrière dès 1866 et

qu'il ne cessa de perfectionner. Il se servait dans ce

but tantôt des dessins des auteurs, tantôt et surtout

des pièces anatomo-pathologiques recueillies dans son

riche service de la Salpêtrière ou collectées à la So-

ciété anatomique. En effet, voulant donner à son

enseignement un caractère absolument pratique,

M. Charcot avait compris que si les richesses anatomo-

pathologiques de la Salpêtrière suffisaient pour l'en-

seignement d'un certain nombre de maladies, il n'en

était plus de même pour une foule d'autres. Afin de

combler cette lacune, il eut l'heureuse idée d'accepter

la présidence de la Société anatomique (1879--1882) où,

alors, la majorité des internes des hôpitaux venaient

apporter toutes les pièces les plus intéressantes. Et

comme on savait, qu'il ne manquait aucune séance, que

sa présidence élait réellement effective, qu'il profitait

des présentations pour émettre d'utiles remarques, les

séances de cette Société étaient très fréquentées. Cha-

cun s'empressait de mettre à sa disposition tout ce qu'il

jugeait susceptible de servir à son cours.

Pendant les dix années qu'il professa l'anatomie

pathologique à la Faculté, il n'en continua pas moins

ses cours libres de la Salpêtrière, fournissant ainsi une

somme de labeur telle que peu d'hommes en ont

fourni une semblable, accomplissant ainsi d'« immenses

travaux connus dans le monde entier ». Cela lui a été-

186 J.-M. CHARCOT.

possible, parce que sa compagne, pleine de dévoue-

ment et d'affection, « d'esprit élevé, l'intelligence

ouverte à tout ce qui est beau dans les sciences et dans

les arts, lui donnait le charme et les joies de l'inté-

rieur et de la famille » ; parce que ses enfants l'en-

touraient du plus profond respect et de la plus vive

affection. Chacun, autour de lui, s'empressait à lui faci-

liter sa tâche. Aussi u'éprouvait-il nullement le besoin

de se répandre au dehors. Tout ce qu'il voulait était

bien, et comme ce qu'il voulait c'était la liberté de

travailler, il a pu accomplir, dans une vie prématuré-

ment interrompue, l'oeuvre qu'admirent tous ceux qui

travaillent eux-mêmes et cherchent à se tenir au cou-

rant de la science.

C'est durant cette période qu'il publia ses Leçons

sur les anomalies de l'ataxie locomotrice, sur la Com-

pression lente de la moelle épinière, les Amyotrophies

spinales, les Paraplégies urinaires, l'HémichorEe post-

hémiplégique , l'Epilepsie partielle d ! origine syphilitique,

le Tabès dorsal spasmodique, l'Athétose, etc. Ce fut alors

aussi qu'il nous aida à fonder le Progrès médical (1873),

qu'il créa la Revue mensuelle de médecine et de chirur-

gie (1877), et que nous fimes paraître ensemble les

Archives de Neurologie (1880). Là aussi prennent place

ses recherches sur la nzélalloscopie et \ hypnotisme.

C'est pendant l'été de 1876 que M. Charcot fit la

revision des travaux de Burq sur la métalloscopie et la

métallothérapie. Il s'ensuivit plusieurs découvertes inté-

ressantes : modifications que subit l'achromatopsie

sous l'influence des applications métalliques ; transfert;

anesthésie métallique, etc. Ces découvertes, à leur

J.-M. CHARCOT. '18ï 1

tour, furent le point de départ d'investigations curieuses

sur l'action des barreaux aimantés, des électro-aimants,

des solénoïdes, de l'électricité statique, des vibrations

d'un corps sonore, etc.

Les recherches entreprises à la Salpêtrière par notre

Maître et, sous sa direction, par plusieurs de ses élèves

sur l'hypnotisme datent de l'année 1878. Dès l'origine,

comme il l'a consigné lui-même, il s'est attaché à im-

primer à ces recherches une allure prudente et réser-

vée. Peu préoccupé du scepticisme, d'ailleurs pure-

ment arbitraire, familier à ceux qui, sous le prétexte

d' ce esprit scientifique », cachent un parti pris de ne

rien voir et de ne rien entendre en ces matières,

M. Charcot s'est tenu autant que possible éloigné de

l'attrait du singulier, de l'extraordinaire, écueil qui,

dans ce domaine encore peu exploré scientifiquement,

se rencontre, pour ainsi dire, à chaque pas. Il a

résumé très simplement la méthode qu'il convient

de suivre dans ces études ardues de physiologie et de

pathologie nerveuses : Au lieu, disait-il, de se laisser

aller à la poursuite de l'inattendu, de l'étrange, il con-

vient, quant à présent, de s'attacher à saisir les signes

cliniques, les caractères physiologiques facilement ap-

préciables des divers états et phénomènes nerveux

produits ; de se renfermer d'abord dans l'examen des

faits les plus simples, les plus constants, de ceux

dont la réalité objective est le plus facile à mettre en

évidence, n'abordant qu'ensuite et toujours avec cir-

conspection les faits les plus complexes ou plus fugi-

tifs ; de négliger même systématiquement, du moins à

titre provisoire, ceux d'une appréciation beaucoup plus

188 J -11f. CHARCOT. ·

délicate, qui, pour le moment, ne paraissent se ratta-

cher par aucun lien saisissable aux faits physiologiques

connus. C'est en grande partie, selon M. Charcot, parce

que ces précautions si simples ont été trop souvent

négligées que les recherches sur l'hypnotisme consi-

déré comme une névrose expérimentale, recherches

destinées certainement à porter quelque jour la lumière

dans une foule de questions, non seulement de l'ordre

pathologique, mais encore de l'ordre physiologique ou

psychologique, autrement presque inaccessibles, n'ont

pas jusqu'ici donné tous les fruits qu'on peut en at-

tendre, et n'ont pas rencontré partout l'accueil favo-

rable qu'elles méritent.

Les études faites à Salpêtrière concernant l'hypno-

tisme ont toujours porté sur des sujets atteints de grande

hystérie (hystéro-épilepsic ; hysteria major). C'est d'ail-

leurs sur les sujets de cette catégorie surtout, que les

diversétats nerveux, produits artificiellement, semblent

atteindre leur développement le plus parfait et se mon-

trer doués de leurs attributs les plus caractéristiques.

Il a paru plus philosophique de s'arrêter tout d'abord

aux types réguliers, classiques en quelque sorte, avant

d'envisager les formes frustes, rudimentaires, mal

dessinées.

Nous avons cru utile de rappeler la méthode pru-

dente, tout à fait scientifique, qui avait guidé le Maître

dans l'étude de faits délaissés par les médecins, consi-

dérés sous un jour très défavorable et qu'il avait hésité

même à aborder. Les découvertes précises qui en sont

découlées ont contribué à agrandir la réputation de

l'Ecole de la Salpêtrière. Elles sont sorties du monde

médical et ont attiré à un tel point l'attention de l'opi-

J.-M. CHARCOT. 189

nion publique, que beaucoup se figurent que les tra-

vaux de M. Charcot se bornent à l'hypnotisme alors

qu'ils ne constituent qu'une petite partie des travaux

dus à son génie. Ils ont répandu son nom dans le pu-

blic, mais déjà sa réputation scientifique était faite et

reposait sur des bases inébranlables.

Son enseignement sur l'hypnotisme a été l'origine

d'une foule d'expériences et de publications. Certains

auteurs se sont écartés de la méthode scientifique posi-

tive et se sont laissé entraîner sur une pente où l'ima-

gination et le besoin du merveilleux l'emportent sur

une saine et vraie observation. M. Charcot le constatait

avec peine. Il craignait de voir cette nouvelle partie de

la science retomber dans le mépris et le dédain dont il

l'avait tirée. Quelques-uns, et tout récemment encore,

en ont induit que c'était jalousie; qu'il ne voulait pas

que qui que ce soit touchât aux questions qu'il avait

lui-même traitées 1. Ceux-là connaissaient peu cet

homme dont la générosité scientifique était hors de

pair. Ils oubliaient qu'en se hasardant dans l'étude

d'un sujet discrédité, en cas d'insuccès, il s'était ex-

posé à compromettre une renommée bien acquise, à

fournir des arguments aux jaloux qui voyaient avec

peine le succès toujours croissant des cours libres de

la Salpêtrière. M. Charcot se souvenait que ses adver-

* Dans une interview des Débats (18 août), il est dit : « Après s'être

occupé longtemps de l'hypnotisme, il abandonna complètement les

études qu'il avait si bien commencées, sans que l'on pût jamais savoir

pourquoi il avait pris cette résolution. » Le « pourquoi », nous

venons de le déceler. « M. Charcot, dit la Gaz. de France (18 août),

était prudent dans ses assertions, et c'était sa force, mais il n'admet-

tait pas qu'on pût exploiter sans lui ce champ nouveau. C'était sa

propriété, et nul ne pouvait avoir raison s'il allait plus vite. En dehors

de son Eglise matérialiste il ne pouvait y avoir de salut. »

190 CHARCOT..

saires s'étaient fait des armes de ses recherches sur ces

sciences « occultes » pour combattre sa candidature

à l' f nstitut.

En 1882, le but poursuivi par le Maître est réalisé.

Une chaire de clinique des maladies nerveuses est créée

pour lui, à la Salpêtrière. Ce n'était, du reste, que la

reconnaissance officielle, quoiqu'un peu tardive, d'un

enseignement vivant, fonctionnant, et honorant la

science française depuis seize ans. En effet, antérieu-

rement à la consécration universitaire, M. Charcot avait

été mis en possession, par l'Assistance publique et sur-

tout par le Conseil municipal, d'installations qui avaient

fait de son service un véritable Institut neuro-patlaoln-

gique. Dans sa leçon d'ouverture, après avoir exprimé

sa gratitude envers tous les corps administratifs, il

ajoutait :

Enfin, Messieurs, pour terminer cet acte de gratitude, il

m'incombe un devoir qu'il me sera particulièrement doux de

remplir. Ravivant d'anciens souvenirs, je viens faire appel à

ceux qui me font l'honneur de se dire mes élèves tous

aujourd'hui sont devenus des maîtres ou sont en voie de le

devenir et, leur donnant une fois de plus l'assurance de mon

vif et sincère attachement, je les convie à se réjouir avec nous

de l'heureux succès d'une oeuvre à laquelle ils ont parti-

cipé 1. D

Dans cette même leçon, il déclarait une fois de plus

que « l'intervention largement acceptée des sciences

anatomiques et physiologiques était une condition

essentielle de progrès » ; il affirmait « l'influence déci-

sive qu'ont eue sur les progrès de la neuro-pathologie

les investigations microscopiques dirigées suivant la

1 Progrès médical, 1882, 29 avril.

J.-M. CHARCOT. 191

méthode anatomo-clinique » ; il proclamait que « les

principes qui régissent l'ensemble de la pathologie

sont applicables aux névroses et que, là aussi, on peut

chercher à compléter l'observation clinique en pensant

anatomiquement et physiologiquement » .

Depuis lors jusqu'à ce jour se sont succédé, à côté

de travaux sur l'hypnotisme, sur les maladies orga-

niques du cerveau et de la moelle épinière, d'autres

travaux sur l'aphasie au point de vue de la clinique et

de la psychologie physiologique, sur l'laystéro-trazrnza-

time, l'épilepsie, la psychiatrie, les amyotrophies ,

la cécité verbale, l'hystérie chez l'honcnze, etc. Citons

encore les deux volumes des Leçons du Mardi données

dans les années scolaires 1887-1889, véritable chef-

d'oeuvre d'examen des malades, de séméiologie et de

diagnostic ', et les deux volumes. de Clinique des mala-

dies du système nerveux qui réunissent ses travaux

pendant les années 1889 à 45913.

On a osé écrire, ignorance ou mauvaise foi, sinon

les deux, que M. Charcot ne se préoccupait aucune-

ment de guérir ses malades. Assertion absurde, car

s'il en eût été ainsi, il n'aurait pas vu la foule des

clients envahir son cabinet. La thérapeutique, comme

les autres branches des sciences médicales, lui doit

de nombreuses contributions. Nous relèverons les sui-

vantes : Sur l'Emploi et les inconvénients du nitrate

d'argent, sur le Traitement du rhumatisme articulaire

aigu par les alcalins, sur Y Anaphrodisie produite par

l'usage prolongé des préparations arsenicales, l'Expecta-

' La traduction allemande est en cours de publication.

' Publiés par Georges Guinon.

192 J.-M. CHARCOT.

lion en médecine, l'Inopportunité de l'administration des

préparations opiacées dans les cas de néphrite albumi-

nellse ou chronique, sur l'application des pointes de

feu dans le Traitement de la paraplégie par mal de Pott,

sur le Traitement du vertige de Ménière par le sulfate de

quinine à hautes doses, sur le Traitement de l'épilepsie

partielle d'origine syphilitique, sur la M étallothémpie,

l'Électrothérapie, l'application des aimants, la compres-

sion ovarienne, l'hydrothérapie. Notons encore l'en-

semble des règles qui doivent guider dans le Traitement

de l'hystérie, qui lui a permis de rendre à la santé un

grand nombre de malades et qui sert généralement

de guide aux praticiens ; son admirable mémoire sur la

Foi qui guérit, dans lequel il prouve que le « domaine

du surnaturel voit tous les jours ses frontières se

rétrécir sous l'influence des acquisitions scienti-

fiques ». Ajoutons enfin que la plupart de ses leçons

de clinique se terminent par un exposé du traitement'.

M. CHARCOT fut élu membre de l'Institut en 1883

en remplacement de J. Cloquet et nommé comman-

deur de la Légion d'honneur en février 1892.

Ses OEuvres complètes, dont nous avons entrepris la

publication et dont neuf volumes ont vu le jour, n'en

formeraient pas moins de quinze, si elles étaient'4er-

minées. Pour indiquer en quelle haute estime ses tra-

vaux étaient appréciés à l'étranger, nous rappellerons

' C'est dans son service, avec son assentiment, sous sa surveillance,

que, de 1871 à 1879, nous avons employé l'arséniate de potasse et le

bromure de camphre dans le traitement de la paralysie agitante et de

quelques autres tremblements; le bromure et l'oxyde de zinc, le sul-

fate de cuivre, le nitrite d'amyle, le bromure de camphre dans le trai-

tement de l'épilepsie et de l'hystérie. Nous ne parlons que des médica-

ments qui ont fait l'objet de publications.

J.-M. CHARCOT. 19

qu'un grand nombre d'entre eux ont été traduits en

allemand, en anglais, en espagnol, en italien, en

magyar et en russe. Nul, parmi les médecins contem-

porains, n'a eu au même degré cet honneur qui

rejaillit, du reste, sur la science française.

La Salpêtrière était devenue en quelque sorte, pour

lui, une seconde maison. Il s'intéressait à tout ce qui

s'y faisait. C'est ainsi qu'indirectement il nous a prêté

son concours pour le succès de l'École des infirmières.

Nous n'en aurions point parlé si les attaques dont il

vient d'être l'objet ne nous y contraignaient'.

La Salpêtrière, en raison de sa population, de la

variété des malades qu'elle renferme, vieillards, chro-

niques, aliénées, épileptiques, enfants, s'imposait à

notre choix pour la création de la première école

d'infirmières. Deux années d'internat, huit années

d'assistant bénévole dans les salles de M. Charcot

affectées aux épileptiques et aux hystériques, quelques

services rendus pendant cette période au personnel

de la maison, nous y avaient donné une certaine in-

fluence qui devait contribuer au succès de l'École.

M. Charcot, qui connaissait par expérience ce qui se

faisait dans les hôpitaux de Londres, encouragea dès

, « Le pauvre M. Charcot a été, avec M. de Bourneville, dont il

subissait la pernicieuse suggestion, un des fondateurs principaux de

la laïcisation des Hôpitaux de Paris... » (La Croix, 19 août). Dans

l'Eclair du 23 août, Arsène Alexandre rappelle un article du « célèbre

Ignotus dans lequel M. Charcot était traité de faux savant et il

ajoute : « Mais le fin du fin dans cet article... était le reproche pathé-

tique, à Charcot, d'avoir expulsé les pauvres soeurs de charité de la

Salpêtrière. Or ce reproche venait... retomber sur la propre tête de

saint Vincent de Paul qui avait institué d'une façon expresse un

service laïque dans cet établissement où tout le monde à l'heure pré-

sente pleure Charcot comme un ami, l'ayant vu à l'oeuvre comme un

maître, un surprenant maître. »

Archives, t. XXVI. 13

194 J.-M. CHARCOT.

le début, par des dons généreux auxquels Mme Char-

cot participait et faisait participer sa famille, les infir-

mières à profiter des moyens d'instruction qu'on

mettait à leur disposition. Il en a toujours été de

même depuis 1878 jusqu'à la distribution des prix du

29 juillet dernier. Homme de progrès, comment pou-

vait-il se désintéresser d'une oeuvre qui mettait son

personnel mieux en mesure de le seconder ? Il en exi-

geait beaucoup, et il en obtenait tout ce qu'il voulait.

Comme on le voyait s'occuper minutieusement de

ses malades, leur consacrer de longues heures,

chacun s'inclinait et, à son exemple, se dévouait.

Tous l'aimaient. Il y aurait donc eu ingratitude de sa

part, s'il n'avait, l'ocasion s'en offrant, rendu justice à

tout ce personnel qui, modestement mais constam-

ment, nuit et jour, l'aidait scrupuleusement. Cette

occasion se présenta lors de la célébration du cin-

quantenaire des services hospitaliers de M'1° Bottard.

Et pour montrer comment lui-même appréciait son

personnel, nous reproduisons le passage de l'allocu-

tion, pleine de coeur, qu'aux applaudissements de

tous, il prononça à cette cérémonie.

fi. Il y aune trentaine d'années, un peu plus peut-être, disait-

il en s'adressant à sa surveillante, que vous et moi nous mar-

chons chaque jour côte à côte, ici, dans ce grand asile des

misères humaines que l'on appelle l'hospice de la Salpêtrière,

traitant ou consolant de notre mieux les malades, chacun

suivant ses attributions spéciales.

fi. Je puis donc avoir la prétention de vous bien connaître, et

de pouvoir apprécier votre longue et laborieuse carrière, puis-

que je l'ai suivie en quelque sorte pas à pas.

fi. Eli bien ! je n'hésite pas à dire, et même je tiens à décla-

rer hautement, à proclamer publiquement, après vous avoir

connu comme je vous connais, qu'à mon avis ceux qui viennent

J.-M. CHARCOT. 195

prétendre que les surveillantes laïques des hôpitaux sont inca-

pables de montrer, dans l'exercice de leurs fonctions, ce désin-

téressement absolu, ce dévouement sans bornes, ces qualités

morales, quintessenciées en un mot, dont le monopole appar-

tiendrait, suivant eux, aux surveillantes de l'autre système;

ceux-là, dis-je, se trompent ou ils trompent les autres.

« Simple laïque, en effet, laïque selon la tradition de l'hos-

pice qui remonte à 1656 (fondation saint Vincent de Paul), sans

autre stimulant par conséquent que le sentiment impérieux

du devoir et de la dignité personnelle, aiguisés, il est vrai,

chez vous, par une sympathie profonde pour les déshérités, les

incurables, les difformes au physique comme au moral, les

malheureux de tout genre en un mot ; n'avez-vous pas pendant

plus- de cinquante ans, sans bruit, modestement, sans visées

autres que la satisfaction de votre conscience, sans autre sou-

tien que votre coeur ardent pour le bien ; n'avez-vous pas, dis-

je, mené cette vie d'abnégation et de sacrifice que commandait

le poste d'honneur qui vous était confié ? »

Ce n'est pas seulement envers ses modestes auxi-

liaires, surveillantes et infirmières que, lui et les

siens, manifestaient leur bienfaisance : c'était encore

envers les vieilles femmes, les incurables, envers les

malades de son service, envers les malades sorties.

Que de fois nous et ses autres élèves, nos amis, nous

avons servi d'intermédiaire pour des actions de ce genre !

Sa libéralité envers ses élèves immédiats et même

envers tous les étudiants qui se présentaient n'a jamais

été dépassée par personne. Ce n'étaient pas des sujets

banaux qu'il donnait, c'étaient parfois des sujets tout à

fait originaux : telles la sclérose en plaques, les arthro-

pathies, la pathogénie de Phémorrhagie cérébrale, etc.

Il donnait le sujet, traçait le plan, fournissait les

observations et de plus les notes bibliographiques

nécessaires à l'historique de la question, quand ce

n'était pas le résumé analytique fait par lui de ces

196 J.-M. CHARCOT.

travaux. Sachant l'allemand et surtout l'anglais qu'il

parlait, il s'est toujours tenu d'une manière très

exacte au courant de la science, et se plaisait à rendre

à chacun la justice qui lui était due : tous ses travaux

en témoignent. Sa bibliothèque fournissait aussi son

contingent.

il nous est impossible de dire, d'une façon exacte, le

nombre des thèses de doctorat, des mémoires et des

thèses d'agrégation auxquels il a apporté son tribut.

En était-il toujours récompensé comme il le méritait

et comme ç'aurait été justice ? Non ! Mais cela ne l'a

jamais arrêté et sa générosité scientifique n'a jamais

faibli. Elle avait encore d'autres conséquences, c'était

de créer parmi ses internes une véritable émulation

dans cette voie de libéralité scientifique. C'est ainsi

qu'il a créé l'ÉCOLE DE la Salpêtrière « qui rayonne

sur le monde médical entier', et dont le développement

progressif et l'avenir reposent sur des assises inébran-

lables et sur une pléiade de disciples dignes du maître

et de son oeuvre 2. »

Ses anciens internes devenaient ses amis, faisaient

partie de sa famille. Il les aidait dans leurs travaux,

les soutenait dans leurs luttes. Il partageait leurs

soucis et leurs angoisses et était profondément affecté

quand l'un d'eux était victime de l'injustice du sort...

et des hommes. L'ingratitude lui brisait le coeur.

. Laborde. Tribune médicale, 24 août.

t« A l'étranger, lisons-nous dans la Gaz. des Hôpitaux (25 août), l'au-

torilé de M. Charcot n'était pas discutée, il était, sans contestation,

estimé comme un des maîtres de la médecine. Les étrangers avaient

plus que nous la reculée voulue pour juger ce grand homme ; son

ombre ne les gênait pas comme quelques-uns de ses compatriotes.

Nous pensons que la postérité confirmera ce jugement et il restera

dans la série des âges l'un des plus grands parmi les médecins. »

J.-M. CHARCOT. 197 i

Nous avons essayé, bien imparfaitement, d'esquisser

à grands traits la vie scientifique de M. Charcot. Le

temps et l'espace nous font défaut pour définir et

apprécier à leur juste valeur les faces multiples de ce

vaste génie. Mais il est un côté que, même dans cette

courte notice, nous ne saurions laisser dans l'ombre.

C'est que ce savant de premier ordre, ce savant qui, à

juste titre, peut être considéré comme un de ces phares

éclatants mais rares, placés de loin en loin sur la route

de l'humanité pour en guider la marche vers le progrès,

était en même temps un philosophe, esprit d'élite, un

artiste dans la plus haute et la plus entière acception

du mot.

Il connaissait les Musées d'Europe comme peu les

connaissent, même parmi ceux qui font profession

d'art, et bien des fois, dans les causeries familières de

ses réceptions, nous l'avons vu étonner les gens du

métier par l'étendue de ses connaissances spéciales. Il

eût fait l'expert en peinture le plus fin et le plus sûr.

C'était un jeu pour lui que de deviner au premier coup

d'oeil la signature d'un tableau, et plus d'une fois, chez

les clients, la consultation faite, l'artiste curieux et

chercheur qui n'abdiquait jamais complètement en lui,

se révélait et d'un mot définissait diagnostiquait

pour ainsi dire les différents tableaux que le hasard

avait placés sous ses yeux.

Il aimait l'art comme il aimait la science. Et il appor-

tait dans son étude les mêmes méthodes faites de

logique et de clarté. Il n'admirait pas s'il ne comprenait

pas. A ses yeux, les qualités artistiques faciles et bril-

lantes n'avaient aucune valeur si elles ne reposaient

sur des connaissances sérieuses et approfondies de l'art

198 J.-M. CHARCOT.

et de ses procédés techniques. Il considérait le dessin

comme la base fondamentale de la peinture et le travail

comme la condition première de toute oeuvre d'art. Ce

n'est pas qu'il dédaignât la couleur, il avait pour Dela-

croix une admiration profonde et gardait comme un tré-

sor, dans un tiroir deson bureau, un album original de ce

maître, rempli d'aquarelles et de croquis pris au : Vlaroc'.

Son éducation musicale n'élait pas moindre. Sui -

vant toujours les mêmes tendances de son esprit, les

écoles nouvelles ne l'attiraient point. Il avait gardé ses

préférences pour Glück, Beethoven et Weber.

En littérature, il avait trois auteurs favoris, dont il

ne se lassait jamais de relire les ouvrages, et qu'il citait

d'ailleurs volontiers à ses cours, c'étaient Shakespeare,

Dante et Rabelais.

Mais il n'est pas sans intérêt d'ajouter qu'en fait de

dessin et de peinture il ne se contenta pas seulement

d'admirer, il pratiqua lui-même et non sans succès. On

a parlé bien des fois des dessins qu'il montrait à ses

cours, qui illustraient ses livres, et de ces rapides

esquisses dont il couvrait d'une main distraite les

feuilles blanches placées devant lui aux examens et aux

concours. De chacun de ses nombreux voyages il

rapportait des albums couverts de notes et de croquis.

Chez lui, même, il aimait à employer ses rares loi-

sirs à des travaux d'art. Il copia deux fois les célèbres

émaux de Léonard Limousin, représentant les douze

apôtres, une première fois sur faïence à grand feu,

presque dans la taille de l'original 2 ; une deuxième

' Ce précieux album lui avait été cédé par M. Burty.

1 Trois de ces panneaux décorent la cheminée monumentale de son

bureau à sa maison de Neuiiiy.

J.-M. CHARCOT. 199

fois, en plus petit, sur un émail sur cuivre, et ces

émaux font partie d'un délicieux petit meuble Renais-

sance en bois noir. il reproduisit la Danse des Fous

d'Albert Dürer sur de grandes plaques de faïence qui

ornent l'une des façades de son hôtel à Paris. Il pei-

gnit un service complet en porcelaine avec les croquis

originaux de ses voyages, etc., etc. -

Ceux qui ont visité ses deux maisons, celle du bou-

levard Saint-Germain et celle de Neuilly, peuvent se

faire une idée de ce qu'était l'esprit fin et délicat qui

avait su créer de tels milieux. On pourrait presque

dire qu'il avait fondé chez lui une véritable école d'art

décoratif. Rien de banal dans ce mobilier somptueux,

dans cet ensemble à la fois si harmonieux et si varié.

Partout on retrouve ses goûts, ses préférences, partout

se révèle la note personnelle et originale du Maître.

Ces mille objets, ces meubles même, parmi lesquels

se trouvent de vraies merveilles artistiques, ont leur

histoire : ce sont des souvenirs de voyages, des spéci-

mens intéressants à divers titres ; mieux que cela, ce

sont des oeuvres originales fabriquées par lui ou autour

de lui. Car sous son inspiration, sous sa direction à

vrai dire, sa femme, sa fille, Mule Jeanne Charcot, ont

cultivé avec une ardeur infatigable et avec un véritable

succès les arts les plus variés, arts du feu, arts du

métal, arts plastiques, etc. Pour n'en citer qu'un

exemple, les peintures décoratives du plafond de son

magnifique cabinet de travail à Paris ont été entière-

ment exécutées par Mme Charcot sur les indications de

son mari. Il aimait l'art sous toutes ses formes et il a

su faire de ses appartements un véritable musée d'art

intime où se lit la vie de la famille. Mais il n'était

200 0 J.-M. CHARCOT.

point un collectionneur ni un classeur. Avant tout il

voulait jouir des objets qu'il accumulait autour de lui.

C'était un artiste, un dilettante.

De telles qualités artistiques ne pouvaient nuire au

savant. Elles n'ont fait que le compléter '.

Dans ses conversations scientifiques, dans ses cours

surtout, l'artiste se révélait, qui savait donner à ses

démonstrations un relief extraordinaire. Dans l'art de

professer il n'eut point d'égal, et là était le secret de

son originalité. Il sut donner dans la science une place

importante et légitime au document figuré. Enfin il

laisse deux études remarquables bien connues : « Les

démoniaques dans l'art et les Difformes et les malades

dans fart, » dans lesquelles l'art et la science ont leur

part '. M. Charcot fut certainement en ce temps-ci

la personnalité la plus haute, dont l'existence tout

entière montre à quel point la science et l'art, loin de

se nuire, sont rattachés l'un à l'autre par de secrètes

et étroites affinités.

Toutes les préoccupations de M. Charcot, dans ces

* « Charcot, écrit Arsène Alexandre, était un grand artiste. On le lui

a bien assez reproché jadis pour qu'on lui en fasse gloire aujourd'hui

et c'est, et ce sera comme un grand artiste qu'il apparaîtra aux pro-

fanes que nous sommes pour la plupart ou aux sceptiques qui ne peu-

vent s'empêcher de remarquer que les plus grands médecins meurent.

L'art a puissamment aidé sa carrière, et beaucoup plus qu'il ne lui a

nui. Tout était d'un art exquis et parfait, et si son enseignement était,

comme l'affirment les spécialistes, d'une grande supériorité, chacun

pouvait voir que sa personne était d'une grande beauté, ce qui est une

supériorité plus difficile encore à conquérir et plus rare que le plus

profond de la science. » {L'Eclair du 23 août).

' En collaboration avec notre ami P. Richer que nous remercions

des notes qu'il a bien voulu nous envoyer.-Signalons aussi trois arti-

cles plus anciens : De quelques marbres antiques concernant les études

analomiques ; Représentation d'après nature de la danse de Saint-

Guy, par P. Breughel; - Esquisse de Rubens représentant une démo-

niaque. ,

J.-M. CHARCOT. ' 50'1

derniers temps, étaient tournées vers les siens, vers

son fils Jean, en particulier, dont l'avenir scientifique

le préoccupait et qu'il voulait assurer avant de mourir.

Il n'est plus là pour agir. Mais l'illustre mémoire du

père, le souvenir des immenses services qu'il a rendus

feront aux élèves du Maître le devoir - et ils n'y man-

queront pas de se substituer à lui dans la direction

qu'une mort brutale l'empêche d'exercer. Jean, d'ail-

leurs, par son intelligence, par ses connaissances

acquises sous les yeux d'un tel père, par son amour du

travail est de ceux qui sauraient au besoin se diriger

eux-mêmes. Il profitera des innombrables matériaux

accumulés par le Maître et que sa modestie a empêché

de mettre au jour, de ses Recueils de pensées et de

citations choisies, fruit de ses lectures quotidiennes

des oeuvres des médecins, des littérateurs et des phi-

losophes de tous les pays, composés avec tout son

amour paternel : « Jean, disait-il à llme Charcot, sera

heureux de feuilleter ces volumes, et il connaîtra

mieux son père. » le

Reçu dans l'intimité du Maître depuis vingt- cinq ans,

associé à la publication de ses travaux, à ses luttes

scientifiques et administratives ; témoin de l'affection

profonde qui l'unissait à son infortunée compagne, dont

la vie était confondue avec la sienne, et à ses dignes

enfants, Jeanne et Jean, devenus nos meilleurs amis;

témoin de son bonheur au milieu des siens et de ses

élèves qu'il considérait comme des membres de sa fa-

mille, nous avons parfois frémi d'effroi à la pensée

d'un malheur qui surviendrait inopinément, avant le

temps, dans ce milieu d'affection. Ce malheur, hélas !

est arrivé.

202 J.-M. CHARCOT.

Lorsqu'on lit son Mémoire de la fin de 1892, pensé

avec une si haute élévation de vues, écrit avec tant de

simplicité et d'élégance, sur La foi qui guérit, et son

Rapport tout récent- sur la candidature de Lister, à

l'Académie des sciences, si net, si précis, si équitable,

on comprend que sa carrière n'était pas achevée, qu'il

avait conservé la plénitude de ses facultés intellectuelles,

de son génie, qu'il pouvait encore doter son pays

d'oeuvres originales, inspirer et guider de nouvelles

générations. On se rend compte que l'homme qui a

écrit ces pages n'était pas fini comme des lettres

infâmes et lâches, dont i ! s'affectait trop, hélas ! le lui

annonçaient pérodiquement. Maudit soit leur criminel

auteur ! 1

L'oeuvre du Maître est solide, impérissable, parce

qu'elle repose non sur des hypothèses plus ou moins

exactes, sur des théories ou des systèmes plus ou

moins ingénieux, mais sur une observation sévère,

complète, peinture fidèle de la réalité. Plus sûrement

encore que le bronze qui l'attend, ses nombreuses

découvertes, qui en ont fait un homme de génie, per-

pétueront son nom dans l'avenir \

En J.-M. Charcot, la Science perd une de ses

gloires les plus pures, la France un patriote ardent et

passionné et une de ses plus nobles illustrations.

BOURNEVILLE.

, «Les funérailles de M. Charcot avaient un caractère familial, dit notre

ami Ch. Eloy, dans la Revue gén. de clin. et de thérapeutique... A

défaut des pompes officielles que ce grand médecin ne voulait point,

la France ou ce qui est différent parfois le gouvernement qui admi-

nistre notre pays, lui devait un deuil national. Sa mémoire respectée

survivra certainement sans avoir reçu les honneurs du Panthéon.

Cependant, avouons-le, la République et la Ville de Paris n'auront

acquitté leur dette que le jour où elles perpétueront devant l'étranger,

J.-)1. CHARCOT. 1.103

TRAVAUX DE li. CHARCOT.

Nous n'avons pu indiquer, dans l'article qui précède, que

les principaux travaux de M. Charcot, et encore en avons-nous

certainement omis, écrivant loin de Paris. Son Exposé de

litres, qui date de l'époque où il avait été nommé membre de

l'Institut (1883), forme un volume de 200 pages. Nous nous

bornons à indiquer les travaux du Maître, de 1883 à ce jour 1.

§ I. Travaux publiés dans les Archives de Neurologie.

Contribution à l'étude de l'hypnotisme chez les hystériques ; du

phénomène de l'hyperexcitabilité neuro-musculaire (en collaboration

avecRicher), 1881-82-83 ; Inversion du sens génital (en collabo-

ration avec Magnan), 1882; Affections osseuses et articulaires du

pied chez les tabéliques (en collaboration avec Féré), 1883 ; Deux

nouveaux cas de sclérosé latérale amyotrophique suivis d'autopsie (en

collaboration avec Marie), 1885 ; De l'Ozzonzatomaazie (en collabora-

tion avec Magnan), 188 ? - Deux nouveaux cas de sclérose latérale

amyotrophique suivis d'autopsie (en collaboration avec Marie), 1885 ;

- Rapport médico-légal sur Annette G... (en collaboration avec

Brouardel et Mottet), 1880 ; - Rapport présenté à M. le Ministre de

l'Intérieur au sujet de l'aliéné Mistral (en collaboration avec Pierret),

1888 ; - Sur un cas de paraplégie diabétique, 1890 ; - Sur un cas

d'hystérie simulatrice du syndrome de Weber, 1891 ; - A propos

d'un cas d'hystérie masculine : 1 ° paralysie dissociée du facial infé-

rieur d'origine hystérique; 2° cumul de facteurs étiologiques ; trau-

matisme, alcoolisme, hérédité nerveuse, 1801 ; Sur un cas de para-

lysie radiculaire de la première paire dorsale, avec lésion hémilaté-

rale de la moelle, d'origine Iraumatiqve simulant la sYI'i1 ? ! Jomyélie;

- Toux et bruits laryngés chez les hystériques, les choréiques, les

tiqzecux et dans quelques autres maladies des centres nerveux, 1802 ;

- Sur un cas de paralysie générale progressive à début très précoce

par un monument ou une institution durables, le nom illustre et les

immortels travaux de ce grand Français. A défaut de l'initiative offi-

cielle, nous demandons que l'initiative privée satisfasse promptement

à ce noble et patriotique devoir. » L'idée de M. Eloy était dans l'esprit

de tous. Un comité d'organisation composé de ses élèves, des repré-

sentants de la presse médicale, des Sociétés savantes, d'artistes, etc.,

va se former pour la réaliser. Dès maintenant, à l'occasion, le Progrès

médical recevra les souscriptions.

' On trouvera au Bulletin bibliographique l'indication des volumes

parus des OEUVRES complètes et des derniers ouvrages de il. Charcot.

204 CHARCOT.

(en collaboration avec Dulil), 1892; - De l'Oizomatoina211e (en col-

laboration avec Magnan), 1892; La foi qui guérit, 1893; -

Sclérose latérale amyot1'ophique ou amyotrophie hystérique ? diffi-

cultés de diagnostic, 1893.

II. - Travaux publiés dans le Progrès Médical.

1884 : Hémiplégie hystérique. - 1885 ; Revision nosogrnphique

des atrophies musculaires progressives : Tremblements, mouvements

choréiformcs et chorée rhythmée ; A propos de six cas d'hystérie chez

l'homme ; Sur deux cas de monoplégie brachiale hystérique, de cause

traumatique, chez l'homme. - 1886 ; Sur un cas de coxalgie hystérique

de cause traumatique chez l'homme ; Sur un cas de concmcl1l1'e spas-

modique d'un membre supérieur survenu chez l'homme, en conséquence

de l'application d'un appareil à fracture ; Cas de mutisme hystérique

chez l'homme. - 1887 : Deux nouveaux cas de paralysie hysléro-trltu-

matique chez l'homme ; La maladie de F¡'iedl'eich Sur la claudication

intermittente par oblitération artérielle; Hystérie et syphilis ; De l'in-

fluence d'une maladie ou d'une intoxication antérieure sur le mode

de localisation et sur la forme des accidents hystériques. - 1888 :

Arthralgie hysléro-traumatique du genou. - 1890 : De la maladie de

11101'van j Sur un cas d'hyslél'o-t1'aumalisme; Monoplégie brachiale

hystérique développée à la suite d'une fracture du radius; Sur

un cas de migraine ophtalmique; Des tremblements hystériques ;

L'oedème bleu des hystériques. - 1891 : Des formes frustes de la sclé-

rose en plaques. - 1892 : Un calculateur prodige : Inaudi; La méde-

cine vibratoire; Application des vibrations rapides et continues au

traitement de quelques maladies du système nerveux. - 1893 : Amyo-

trophies spinales réflexes d'origine abarlicaclccire; Arthropathies syrin-

gomyéliques et le syndrome paralysie labio-glosso-laryngée PI'O{]I'eS-

sive dans le tabes.

§ III. Travaux publiés dans la Nouvelle Iconographie

. DE LA SALPÊTRIÈRE.

En collaboration avec Paul Richer, les articles suivants : 1888 : Le

Mascaron 'grotesque de l'église de Santa Maria Formosa, à Venise, et

l'hémispasme glosso-labié hystérique; Les infirmes d'une ancienne

Fresque de Florence; Le paralytique de Raphaël; Les aveugles dans '

l'art ; Les Syphilitiques dans l'art, - 1889 : De la suspension dans le

traitement de l'a taxie locomotrice progressive et de quelques autres

maladies du système nerveux; Les malades dans l'art. - 1890 :

Deux bas-reliefs de Nicolas de Pise; La « Transfiguration » du Sacro

Monte di Varallo (Valsisie). - 1891 : « Les pestiférés de iaffa » par

Gros ; Deux dessins de lépreux par Hans BurykmllÏ1'; - Quatre

gravures de Hans B1l1'okmaÎ1', - 1892 : La ventouseuse par Quiryng

J.-M. CHARCOT. 205

Breheleazkam. 1893 : La danse macabre du Bar. - En 1892, il

publia une leçon sur les Arthropathies coæo-fémomles au début

du tabès ataxique.

§ IV. Travaux publiés dans les autres journaux.

Revue de médecine : Étude antique et clinique de la doctrine des

localisations motrices dans l'écorce des hémisphères cérébraux de

l'homme (en collaboration avec Pitres, 1883) ; - Sur une forme par-

ticcaliére d'atrophie musculaire progressive (en collaboration avec

Marie, 4886);-Sur un cas d'anmésie rétro-antérograde probablement

d'origine hystérique (1892). ,

Gazette hebdomadaire de médecine et de chirurgie : De 1884 à 1889

inclus, il ne publia aucun travail ; en 1890, il publia : Sur la para-

lysie faciale d'origine auriculaire (leçon recueillie par Blocq); De la

paraplégie du mal de Pott (ibid.) ; - 1891 : Epilepsie partielle cru-

rale et tuberculose de la région pa1'acentl'ale : - 1892 : Paralysie

générale chez l'adolescent (leçon recueillie par Blocq) ; - Existe-t-il

un tremblement mercuriel ? (ibid.). - 1893 : Le somnanbulisme hys-

térique spontané considéré au point de vue nosographique et médico-

légal (leçon recueillie par Dutil).

Semaine médicale : Hystérie chez l'homme ; Hystérie et tics, dia-

gnostic (1886) ; Spasme glosso-labié unilatéral des hystériques ; Dia-

gnostic entre l'hémiplégie eapsulaire et l'hémiplégie hystérique ; Des

paralysies hystéro-traumatiques chez l'homme (1887) ; - Sciatique,

neurasthénie et hystérie (1888); - Kpilepsie, hystérie et morphinoma-

nie ; De la maladie de Morvan (1889) ; - Sclérose en plaques et para-

lysie générale; Arthropathies précoces dans le tabes dorsalis; Sur

un cas de monoplégie brachiale chez l'homme, présentant des difficultés

de diagnostic ; La médecine vibratoire : Application des vibrations

rapides et continues au traitement de quelques maladies du système

nerveux (1892).

Bulletin médical : Rétractions fibi o-leizdii2etises dans les paralysies

spasmodiques par lésions organiques spinales et dans la contracture

spasmodique hystérique (pied bot hystérique) ; Hémianopsie hystérique

et hémiazzesticésies toxiques (1887) ; Attaque de sommeil hystérique;

Des tics et des tiqueurs (1888) ; Nouveaux signes de la maladie de

Ba.iedow; Accès d'automatisme ambulatoire de nature comitiale ;

Abasie à forme trépidante à la suite de l'intoxication par l'oxyde de

carbone; Amyotrophie spinale à forme scapulo-humérale, comme con-

séquence d'une paralysie infantile contractée 35 ans auparavant ;

De la syringomyélie ; Des accidents nerveux provoqués par la foudre

(1889) ; - Traitement du vertige de Minière (1890) - Un cas de

syphilis cérébrale héréditaire tardive; Encore deux cas de syphilis

206 J.-M. CHARCOT.

cérébrale ; Sur un cas de claudication intermittente par oblitération

artérielle probablement d'origine syphilitique (1891) ; Formes

cliniques des névrites périphériques (1892).

Tribune médicale. 1891 Des tics et des liqueurs; La Gazette

des hôpitaux elle Journal de médecine et de chirurgie pratiques, ont

publié de nombreuses analyses des leçons de M. Charcot.

TITRES HONORIFIQUES DE M. CHARCOT

M. CHARCOT a été nommé membre adjoint de la Société anato-

znque le 16 mars 1849, président de 1872 à 1881, président hono-

raire en 1882.

Membre de la Société de biologie en 1851, vice-président de ladite

Société, en 1860 ;

Membre de l'Académie de Médecine de Paris en 1872 ;

Membre correspondant de la Société royale des Sciences naturelles

de Bruxelles, en 1874 ;

Membre correspondant de la « New-Y01'k Society of Ne1t1'ology

and Electricity », en 1874 ;

Membre honoraire de la Société clinique de Londres, en 1874;

Membre correspondant de la Société royale de Médecine de Buda-

Pesth, en 1876 ;

Membre correspondant de la Société impériale de Médecine de

Vienne, en 1878 ;

Membre honoraire de la « Harveian Society » (Londres), en 1878 ;

Membre correspondant de la Société pathologique de Londres, en

1878 ;

Membre associé étranger de la Société médico-chi1'UJ'{jicale d'Edim-

bourg, en 1878 ;

Membre honoraire de la Société physico-médicale d'Erlangen, en

1878;

En 1879, 1880 et 1881, M. Charcot a été nommé :

Membre correspondant de {'Académie royale de médecine de Bel-

giqzie ;

Membre honoraire de la Société des sciences naturelles et médicales

de Dresde ;

Membre honoraire de la Société médicale de Finlande (Hel-

singfors) ;

Membre de l'Association médico-psychologique de Londres ;

Membre honoraire étranger de la Société médico-physique Flo-

1'entine (1881) ;

Membre correspondant de l'Académie de médecine de New-I'orlc;

Membre honoraire de la Société psychiatrique de Saint-Péte1's-

bourg ; ,-

Membre de la Société des médecins Russes de IIloscou,.

J.-M. CHARCOT. 207 -1

Membre honoraire de la Société des sciences médicales de Lis-

bonne ; ,-

Membre honoraire de la Société de médecine de Londres;

Membre honoraire de l'Académie royale de médecine de Rome;

Membre honoraire de l'Association neurologique Américaine.

L'Académie des Sciences (Institut de France) a décerné à

M. Charcot un prix de 2,500 francs dans le concours Montyon,

médecine et chirurgie, de l'année 1880, pour l'ouvrage intitulé

Les Localisations dans la maladie du cerveau et de la moelle épi-

nière.

M. Charcot a été nommé : Docteur honoraire (Elarendoctor) de la

Faculté de Wurxbourg à propos du 300° anniversaire (Jubilé) de la

fondation de l'Université de cette ville en juin 1882 1.

Membre honoraire de la Société médicale Royale d'Edimbourg

en mars 1882.

Membre honoraire de la « Royal Irislt Academy » (Académie des

Sciences de Dublin) en mars 1883.

Membre correspondant de l'Académie de médecine de Rio-de-

Janeiro (1883) ;

Membre de la Société de médecine de Suède (1883) ;

Membre correspondant étranger de la Société de médecine

publique de Belgique (1883);

Membre de l'Academica frezzopatica espanola (1883) ;

Membre de l'Institut (Académie des sciences), en 1883.

De 1884 à ce jour, M. CHARCOT a été nommé :

Membre correspondant de l'Académie royale des sciences de Lis-

bonne (1884) ;

Membre de l'Université de Kief (1884) ;

Membre honoraire de l'Académie de médecine d'Irlande (1885) ;

Membre de l'Académie des sciences de Bologne (1885) ;

Membre de l'Académie royale des sciences de Suède (1887) ;

Membre honoraire du King and Queen College of Physicians

11'clmul (26 juillet 1887);

Membre honoraire de la Société française d'hygiène (1887) ;

Membre de la Trinity historical Society, Dallas, Texas (1887) ;

1 J.-M. Charcot... qui novam doctrinam de curatione atque experi-

mentis pathologix nervorum adhibendis admirabili ingenio invenit

praeterea totam morborum cohortem libris suis quibus varias, tam

anatomicas quam curationis vias feliciter explanavit medicis omnibus

militer illustravit.

... for his important researches in patliological anatomy and phy-

siology, especially of the central nervous system...

208 J.-M. CHARCOT.

Membre honoraire étranger de la Société médicale de Norvège

(1887) ;

Docteur de l'Université de Bologne (1888) ;

Membre honoraire de la Société impériale de médecine de Cons-

tantinople (1889) ;

Membre de l'Academia medico-cleirurgica de Perugia (1889) ;

Membre de la Société impériale de médecine du Caucase (1889) ;

Membre de la Société du College of Physicians de Philadelphie

(25 mars 1889) ; .

Membre de la Société royale des sciences d'Upsa ! a (1889) ;

Membre de l'Institut historique, géographique et ethnographique

du Brésil (1889) ;

Vice-président d'honneur de la British Ilypnotic Society de

Londres (1889) ;

Membre de la Société médico-légale de New-Yorlc (t889);

Membre correspondant de l'Instituto Veneto di science, lettcre ed

arti (1889) ;

Membre de la Société de médecine de Vienne (1890) ;

Membre de l'Université de Dublin (1891) ;

Membre de l'Académie des sciences, des lettres et des arts de

Padoue (1891) ;

Membre de la Société des neurologistes de bloscou (f 891) ;

Membre honoraire de la Société médico-psychologique néerlandaise

(1891).

OBSÈQUES DE M. LE P'' CHARCOT

La cérémonie des obsèques du professeur Charcot a été célé-

brée samedi matin, 19 courant, à dix heures, à la Salpêtrière.

Le porche de l'hôpital était décoré de tentures noires avec

cartouches à l'initiale C..., ainsi que le portique et l'intérieur

de la chapelle.

Le catafalque était dressé au milieu du choeur; sur le

cercueil étaient placés le chapeau et l'épée d'académicien ainsi

que la robe de professeur de M. Charcot. Auprès du catafalque

étaient assis les personnages chargés de tenir les cordons du

poêle : MM. Joseph Bertrand, secrétaire perpétuel de l'Aca-

démie des sciences; Brouardel, doyen de la Faculté de méde-

cine ; Cadet de Gassicourt, de l'Académie de médecine ; Hanot,

délégué de la Société médicale des hôpitaux ; Derouin, secré-

taire général de l'assistance publique ; Galippe, délégué de la

Société de biologie ; Marie, délégué de la Société anatomique ;

Joffroy, représentant les élèves de Charcot ; Legendre, repré-

sentant ses amis et ses camarades ; Londe, représentant le corps

des internes des hôpitaux de Paris.

J.-M. CHARCOT. 209

Des places étaient réservées dans le choeur : à droite, pour

les membres et les amis de la famille ; à gauche, pour les

représentants de l'Institut, de l'Académie et de la Faculté de

médecine.

Le deuil était conduit par MM. Jean Charcot, Martin Charcot,

le commandant Charcot, fils et frères du défunt, et Waldeck-

Rousseau. On sait que Mme Waldeck-Rousseau est la belle-

fille de M. Charcot. Elle assistait à la messe avec Mm° et

Mlle Charcot qui avaient eu le courage d'assister à cette poi-

gnante cérémonie.

Parmi les nombreuses personnalités du monde scientifique,

médical, littéraire et de l'Administration qui assistaient à cette

triste cérémonie, nous avons remarqué : MM. Sainsère, repré-

sentant M. le Président du Conseil; M. Payelle, représentant

M. le Ministre de l'Instruction publique ; M. Poubelle, préfet

de la Seine ; M. Lépine, préfet de police ; MM. Faye, Sappey,

Grandidier, Loevy, membres de l'Institut; MM. Larrey,

Daremberg, Javal, Lagneau, Lancereaux, membres de l'Aca-

démie de Médecine ; MM. Bouchard, Cornil, Debove, Farabeuf,

Fournier, Guyon, Proust, Germain Sée, Straus, Tillaux,

Verneuil, professeurs à la Faculté de Médecine ; M. le profes-

seur Pierret, de la Faculté de Lyon, M. le Professeur Pitres, de

la Faculté de Bordeaux ; MM. Brissaud, Chantemesse, Charrin,

Dejerine, Landouzy, Poirier, agrégés à la Faculté de Médecine ;

MM. Babinski, Balzer, Bourneville, Champetier de Ribes,

Charpentier, Deny, Falret, Charles Féré, Gilles de la Tourette,

Luys, J. Voisin, médecins des Hôpitaux; M. Duflos, directeur

des services pénitentiaires au Ministère de l'Intérieur ; M. le

Dr Bajenow, délégué de la Société des Neurologistes et Alié-

nistes de Moscou ; M. le Dr Cherchewsky, délégué de l'Aca-

démie impériale de Pétersbourg ; MM. Imard et d'Echérac,

inspecteurs de l'Assistance publique; M. Charles Quentin,

ancien directeur de l'Assistance publique ; M. Kæmpfen, direc-

teur des Musées nationaux; M. Tony Révillon, député de la

Seine; MM. Paul Arène, Charlier-Thabur, L. Heuzey, Gley;

MM. Le Bas, directeur de la Salpêtrière, Magnan, Malassez,

Bouchereau, Kéraval, J. de Rothschild, Soury, Spuller,

P. Strauss, Weiss, Yvon; MM. les Drs Koenig, Hubert, Nattier,

etc., etc.

Le service funèbre a commencé, à dix heures, dans la cha-

pelle toute tendue de deuil avec un goût qui fait honneur à la

Archives, t. XXVI. 14

210 J.-M. CHARCOT.

maison de Borniol. La nef était occupée par la Société médi-

cale des hôpitaux, la Société de biologie, la Société anato-

mique, les internes et les élèves du défunt, une délégation de

l'Association des étudiants et beaucoup de dames. Dans les

chapelles latérales étaient massés le personnel et tous les pen-

sionnaires valides de l'établissement.

La cérémonie religieuse a été célébrée par M. l'abbé Girou,

curé de Saint-Marcel, qui a donné l'absoute. Pendant l'office,

la maîtrise de Saint-Sulpice, dirigée par son maitre de

chapelle, M. Bellenot, a exécuté le chant du De Profundis.

Ensuite ont été exécutés : la marche funèbre de la Symphonie

héroïque, de Beethoven, le Kyrie de Niedermeyer, le Dies irx,

le Sanctus de Bellenot, le Pie Jesu de Saint-Saëns, l'Agaus de

Blaye et le grand Libera de Théodore Dubois. Les solistes

étaient : MM. Martin, Brette et Engel, de l'Opéra. Le grand

orgue, à l'entrée et à la sortie, a été tenu par M. Bellenot.

Au moment où le cortège s'est mis en route sous une pluie

battante, les honneurs militaires ont été rendus par le bataillon

du z1030 de ligne dont la musique a joué une marche funèbre.

Derrière le corps, venait, précédant la famille, une délégation

des surveillantes, sous-surveillantes et infirmières de la Salpê-

trière. On remarquait beaucoup les voitures de l'Institut et

celles de la Faculté de médecine, où avaient pris place les pro-

fesseurs et le massier portant la masse recouverte d'un crêpe.

Le cortège a gagné le cimetière Montmartre, où a eu lieu

l'inhumation, en prenant le boulevard de l'Hôpital, le pont

d'Austerlitz, la place de la Bastille, le boulevard Magenta et le

boulevard Rochechouart.

Malgré le désir qu'avait souvent exprimé M. Charcot de ne

pas avoir de fleurs sur son cercueil, de superbes couronnes

avaient été envoyées, notamment par les internes de M. Char-

cot, les internes de la Salpêtrière, les internes en pharmacie,

la direction et le personnel de la Salpêtrière, l'Association des

étudiants, et par des amis et collègues du défunt. Mais ces

couronnes n'ont pas été placées sur le cercueil ; elles ont été

transportées au cimetière par une voiture qui ne faisait pas

partie du cortège. J. DAURIAC.

THÉRAPEUTIQUE

DE L'ACTION SÉDATIVE DE LA DUBOISINE A DOSES CONTINUES

CHEZ LES ALIÉNÉS

Par le Dr E. MARANDON DE MONTYEL.

Depuis bientôt deux ans la duboisine est préconisée dans la

folie soit comme hypnotique, soit comme sédatif. Elle a déjà

inspiré un nombre assez considérable de travaux, surtout à

l'étranger. C'est ainsi qu'en Allemagne, Ostermayer, Prusin-

ger Lewald, Vacke et Mendel ; en Italie, Belmondo, Pisita,

Bianchi, de Sarlo, Bernardini, Verranzio et Silvatico Estuni;

en France, Mabille et Lallemand seuls, chez nous, à ma con-

naissance, ont tour à tour vanté son action somnifère ou ses

propriétés calmantes. Mon intention n'est point de passer en

revue les résultats obtenus par ces aliénistes, car ce mémoire

est un travail exclusivement clinique destiné à faire connaître

ce qu'une longue et minutieuse expérimentation dans mon

service de Ville-Evrard m'a permis de constater par moi-même

quant aux effets à doses continues de ce médicament, jusqu'à

présent si peu étudié dans notre pays, dans l'agitation diurne

des vésaniques et des paralytiques, me réservant de relater

plus tard, dans d'autres études, mes constatations relatives à

son influence durant le jour à doses espacées et à son in-

fluence narcotique durant la nuit.

J'ai administré la duboisine dans la journée à doses con-

tinues comme calmant à 35 aliénés, savoir : 11 paralysés gé-

néraux, 10 maniaques et 14 lypémaniaques. Je dirai tout de

suite que cette substance fut un merveilleux sédatif; peu ou

prou elle apaisa toujours et dans tous les cas l'agitation et

souvent substitua une tranquillité parfaite à la surexcitation

la plus violente. Et ce n'est pas, telle l'hyoscine par exemple,

212 THERAPEUTIQUE.

en paralysant les muscles volontaires et en mettant par là les

sujets dans l'impossibilité physique de crier, de gesticuler et

de marcher; ce n'est pas davantage en les narcotisant à l'ins-

tar du somnal, car le sommeil dans la journée, loin d'avoir

été constant, ne s'est montré qu'exceptionnellement une

heure ou deux au cours de l'après-midi, malgré les propriétés

hypnotiques incontestables du médicament, qui, dans le jour,

semblaient annihilées par le bruit et le mouvement du milieu,

et avoir besoin, pour se manifester, du calme de la nuit et du

séjour au lit ; non, c'est en calmant directement, paraît-il,

la cellule nerveuse cérébrale en éréthisme qu'elle amena

l'apaisement, tout en lui laissant ainsi qu'à la cellule bulbo-

spinale leur libre exercice, de telle sorte qu'on assistait à ce

spectacle d'un maniaque dont la fureur tombait comme par

enchantement et qui s'adonnait aux soins du ménage. Et

encore ne l'ai-je expérimentée que sur des hommes beaucoup

moins sensibles, dit-on, que les femmes à son action.

La sédation amenée par la duboisine n'atteignit pas tou-

jours d'emblée toute son intensité; il n'était pas rare qu'elle

ne se montrât complète que le second jour, parfois même le

troisième. Cependant une fois produite, elle persistait assez

régulièrement tant que l'accoutumance n'avait pas apparu;

jusqu'à ce moment l'efficacité du médicament se maintenait

d'ordinaire au même taux et les sujets ne passaient guère par

des alternatives de bonnes et de mauvaises journées. En outre

il arriva encore assez fréquemment que le mieux ainsi obtenu

se prolongeât quelques jours encore après l'abandon de la mé-

dication et même qu'une période plus ou moins longue de

calme s'établit. A cet égard, nous trouvons dans nos obser-

vations, les constatations suivantes : chz 8 vésaniques qui

suivirent la médication continue et la cessèrent alors qu'au-

cun indice d'accoutumance n'avait encore apparu le calme a

persisté plus d'un mois chez cinq, vingt jours chez un et neuf

jours chez unJantre; une fois seulement il n'a pas duré plus

de vingt-quatre heures; de deux paralytiques, dans les mêmes

conditions, l'un a. été tranquille, lui aussi, durant plus d'un

mois. Avec la médication interrompue à doses espacées dont

les résultats complets feront l'objet d'un autre mémoire et

arrêtée également sans trace d'accoutumance, sur 11 vésa-

niques, trois se sont agités immédiatement, un après vingt-

quatre heures, un après trois jours, trois après une semaine,

ACTION SÉDATIVE DE LA DUBOISINE CHEZ LES ALIÉNÉS. 213

deux après douze jours et un au bout d'une quinzaine; de

deux paralytiques généraux, un a mis trois jours à s'exciter,

le second est retombé tout de suite dans son état antérieur.

D'une manière générale il résulte de cet exposé que la durée

de la période de tranquillité, après abandon du remède, a été

dans 22 cas de : plus d'un mois, 6; vingt jours, 1; quinze

jours, 1; douze jours, 2; neuf jours, 1; huit jours, 3; trois

jours, 1 ; un jour 2 ; nulle 5. Il est donc incontestable qu'a-

près la suppression du médicament, le plus souvent la séda-

tion produite se maintient plus ou moins longtemps. Il n'est

dès lors pas étonnant que dans les formes intermittentes et

rémittentes la duboisine ait réduit la durée des crises et pro-

longé les périodes de lucidité et d'apaisement. Néanmoins, il

n'est pas douteux non plus que les heureux effets de la subs-

tance furent d'autant plus marqués surtout au début de la

médication qu'elle venait d'être administrée et qu'ils, s'atté-

nuaient en raison du temps écoulé ; chez nos sujets, quand

l'agitation reparaissait au cours de la journée, c'était toujours

aux heures les plus éloignées de l'administration du remède ;

de là la précaution qui s'impose de fractionner la dose quoti-

dienne en deux fois au moins.

Ainsi la duboisine serait, sans conteste, d'après nos cons-

tatations, un médicament énergique sur lequel on serait en

droit de toujours compter, qui, chez tous, apaiserait l'agita-

tion dans une mesure plus ou moins grande et souvent la

dissiperait complètement, sans paralyser ni la volonté ni le

jeu des muscles. C'est là une propriété précieuse qu'elle serait

peut-être seule à posséder ; à ne considérer que cette qualité,

je devrais ne pas trouver d'expression assez forte pour recom-

mander ce remède, et cependant je crois devoir faire les plus

grandes réserves sur son emploi dans le traitement de la folie,

surtout sur son emploi prolongé ainsi que l'exige la longue

évolution des maladies mentales. Pourquoi ? parce que malgré

ses brillants avantages la duboisine exposerait à un grave

danger qu'il convient maintenant de signaler.

Tout d'abord nos aliénés se sont accoutumés souvent à son

action avec une rapidité désespérante et une fois l'accoutu-

mance établie, elle résista d'ordinaire à toutes les doses, même

aux plus élevées; la merveilleuse sédation des premiers jours ne

se recouvrait plus, dès qu'elle était perdue. Sur 22 cas où les

effets avaient été tout d'abord très remarqués, l'accoutumance

214 THÉRAPEUTIQUE.

s'est produite huit fois, soit dans la proportion de 37 p. 100;

de plus celle-ci s'est montrée deux fois après quatre jours,

trois fois après six jours, et une fois, durée la plus longue,

après douze jours. Toutefois telle n'est pas la raison pour la-

quelle nous sommesporté à condamner la duboisine; en pre-

mier lieu parce que cette accoutumance, comme on voit, n'a

pas été générale, puis surtout parce que, en utilisant la pro-

priété que nous venons d'établir, d'avoir une certaine persis-

tance d'action après suppression, nous sommes parvenus,

comme nous l'établirons plus tard, à lui conserver pour ainsi

dire indéfiniment son efficacité par une interruption de vingt-

quatre heures tous les deux ou trois jours. Mais nous trouve-

rons dans les actions physiologiques, et plus particulièrement

dans une d'elles, la justification de notre appréciation.

Ces actions physiologiques sont encore fort peu connues,

ainsi que le constatait tout dernièrement encore M. Mendel

dans le travail le plus récent paru sur la duboisine; aussi nous

poursuivons en ce moment, sur ce point, une série de recherches

qui seront sous peu l'objet d'un mémoire spécial. Pour l'ins-

tant, nous nous bornerons exclusivement à énumérer les

phénomènes présentés par les trente-cinq sujets auxquels nous

avons prescrit la substance à doses continues comme sédatif

de leur agitation diurne, phénomènes qui confirment notre

manière de voir. Ce n'est pas que j'aie eu d'accidents toxiques

aigus graves à déplorer, et cependant il m'est arrivé fréquem-

ment de prescrire, cela durant plusieurs semaines consé-

cutives, l'énorme dose quotidienne de 4 milligrammes. A

cet égard j'ai été beaucoup plus heureux que quelques auteurs.

Les phénomènes que présentèrent nos trente-cinq sujets sié-

gèrent aux organes visuels, digestifs et nerveux et aussi, chose

plus importante, intéressèrent la nutrition générale. Du côté

du système nerveux, outre la sédation, une certaine lassitude

avec ou sans diminution réelle des forces, puis très irréguliè-

ment, une sieste plus ou moins longue; du côté de la vue,

une dilatation souvent très marquée des pupilles avec ou non

du brouillard devant les yeux. Du côté du tube digestif, une

sécheresse assez notable de la gorge, une diminution de l'ap-

pétit et parfois une mauvaise bouche et un goût désagréable

trouvé aux aliments, ensuite des vomituritions au moment des

repas ou immédiatement après. Sans insister davantage pour

le moment sur ces actions physiologiques, je dirai que leur

ACTION SÉDATIVE DE LA DUBOISINE CHEZ LES ALIÉNÉS. 213

intensité et leur gravité ne furent point telles qu'elles justifie-

raient l'abandon du remède, mais malheureusement elles se

sont presque toujours, pour ne pas dire toujours, associées à

un autre trouble, celui-là très inquiétant, la dénutrition. Il est

à craindre que cette perturbation grave apportée par la duboi-

sine dans les échanges nutritifs n'entrave singulièrement son

emploi malgré ses merveilleuses propriétés sédatives.

Dans nos recherches chez nos trente-cinq sujets nous avons

employé la duboisine à des doses continues variant de 2 à

4 milligrammes. Toujours et dans tous les cas , quelles

que fussent celles-ci, le médicament a été administré de la

même façon, en deux fois, par fractions égales, à neuf heures

du matin et à trois heures de l'après-midi. A Ville-Evrard les

malades prennent leur nourriture à sept, onze et cinq heures.

Vu d'une part l'action sur l'estomac et de l'autre l'avantage de

fractionner la quantité prescrite de façon à maintenir toute

la journée l'influence sédative exercée sur l'organisme, nous

avons choisi ces deux moments comme les plus également

éloignés des trois repas. Cette influence sédative a été minu-

tieusement contrôlée, car l'état de chaque malade, du réveil

au coucher, a été relevé heure par heure sous les rubriques :

tranquillité, agitation, grande agitation, sommeil, ce qui a per-

mis de dresser ensuite des tableaux plaçant sous les yeux tous

les résultats obtenus; bien entendu les constatations commen-

çaient plusieurs jours avant le début de la médication et étaient

poursuivies après afin d'avoir des termes de comparaison. Nos

expériences ont été continuées, dans ces conditions rigou-

reuses d'observation pendant non seulement plusieurs se-

maines au moins pour tous, mais même pour beaucoup,

durant deux, trois et quatre mois. Je ne crois pas que jusqu'ici

la duboisine ait été l'objet de recherches aussi prolongées; à

elles nous devons en particulier d'être arrivé à nettement

constater l'influence nocive exercée sur la nutrition. Quelques-

unes de nos observations ont été arrêtées soit en cours, soit,

le plus souvent, peu après la suppression de la médication,

par suite du décès des sujets emportés par le choléra. L'épi-

démie qui a frappé mon service à cette époque a surtout sévi à

la section des agités et, sauf un, tous les malades atteints

étaient ou venaient d'être médicamentés par la duboisine. Je

ne crois pas qu'elle y ait été pour quelque chose, car, dans

toutes les épidémies cholériques des asiles d'aliénés, il en a été

z)16 THÉRAPEUTIQUE.

de même et on vient d'en avoir encore une preuve récente à

Bonneval. D'ailleurs si le fléau nous a enlevé onze malades

ayant suivi le traitement, il a fauché aussi bien ceux qui

avaient éprouvé l'action gastrique que ceux qui ne l'avaient à

aucun instant ressentie, et puis nous avions précisément choisi

pour nos recherches les sujets les plus agités; or ce sont ceux-

là, comme nous venons de dire, qui paraissent le plus expo-

sés à contracter le choléra et à y succomber. Néanmoins je ne

contesterai pas que les perturbations nutritives, du fait de la

duboisine, ne les avaient pas précisément placés dans les con-

ditions les meilleures pour triompher de l'épidémie.

Nous allons maintenant entrer dans le détail des faits que

nous avons observés et en entreprendre l'étude comparative

d'après les formes mentales. Tout d'abord dans la paralysie

générale.

Observation I. Emile Sem..., trente-six ans, paralysie géné-

rale à la première période avec violente agitation presque toute la

journée. Un milligramme de duboisine pendant quinze jours pro-

cure en moyenne de sept à neuf heures de calme ; une seule mau-

vaise journée, la huitième; de temps à autre dans l'après-midi une

sieste de une à trois heures. Suppression pour contrôler, mais le

mieux obtenu ne se maintient que deux jours séparés par deux

autres journées d'agitation puis celle-ci se reproduit régulièrement.

Reprise de la duboisine à 1 milligramme sans elfet durant deux

jours tandis que 1 milligramme et demi dès le second jour et pen-.

dant onze jours donnent une moyenne régulière de six à huit

heures de calme, avec rarement une heure de sommeil dans

l'après-midi. Puis brusquement l'accoutumance se montre et

2 milligrammes n'agissent point, mais 3 milligrammes dès la

deuxième prise et pendant trente-deux jours apportent régulière-

ment, sans sommeil, de huit à douze heures de tranquillité. Mal-

heureusement, bien qu'il n'y ait pas d'accoutumance, l'amaigris-

sement marqué du sujet oblige à suspendre la médication ;

néanmoins l'amélioration réalisée se maintient deux semaines.

Jamais de vomissements ni de perte d'appétit; outre la dénutrition

signalée, dilatation des pupilles, sécheresse delà gorge et diminu-

tion marquée des forces. La médication a duré soixante-trois jours

durant lesquels on a prescrit 135 milligrammes de duboisine.

Observation II. - Emile Merl..., quarante-deux ans; paralysie

générale à la première période, avec violente agitation presque

.toute la journée. Un milligramme de duboisine pendant huit'

ACTION SÉDATIVE DE LA DUBOISINE CHEZ LES ALIÉNÉS. 217 i

jours donne durant tout le jour une parfaite tranquillité sans

. sommeil et le malade s'occupe dans le quartier. Suppression pour

contrôle et l'agitation revient progressivement, si bien qu'après

cinq jours l'état antérieur a reparu. Reprise de la duboisine à

1 milligramme et pendant trente et un jours on a de nouveau un

calme à peu près complet permettant d'employer le sujet aux soins

du ménage. Abandon du traitement, malgré l'absence d'accoutu-

mance, nécessité par l'action physiologique, quoique la dose quo-

tidienne soit faible : dilatation des pupilles, sécheresse de la gorge,

diminution des forces mais surtout vomituritions assez abondantes

presque à tous les repas, et amaigrissement considérable. Persis-

tance définitive du calme après la suppression qui fut suivie, en

trois semaines, d'une augmentation de poids de cinq kilos. La mé-

dication a duré trente-neuf jours durant lesquels on a prescrit

39 milligrammes de duboisine.

i

Observation III. - matrice Ellingh..., quarante-cinq ans; para-

lysie générale à la première période avec vive agitation; deux ou

trois heures de tranquillité au plus dans la journée. Un milli-

gramme de duboisine pendant vingt-deux jours apporte un calme

à peu près complet, avec irrégulièrement de une à deux heures de

sieste; trois seules mauvaises journées intercalées; le malade s'uti-

lise dans le quartier; aucun indice d'accoutumance; congestion

cérébrale suivie de mort dans les quarante-huit heures.

Observation IV. Eugène Roll..., cinquante et un ans; paralysie

générale à la première période ; agitation à peu près continue. Un

milligramme de duboisine pendant quinze jours donne une

moyenne régulière de huit à dix heures de tranquillité sans som-

meil. Suppression pour contrôle, mais après vingt-quatre heures

retour de l'état antérieur. Reprise dé la, duboisine à 1 milligramme

et pendant vingt-neuf jours, on a durant la première quinzaine

une moyenne régulière de dix à douze heures de calme et durant

la seconde de sept à huit heures; toujours pas de sommeil; le

malade s'occupe dans le quartier. Aucun indice d'accoutumance,

mais l'amaigrissement marqué oblige à abandonner le traitement;

dès le lendemain, retour de l'état antérieur. La médication a duré

quarante jours durant lesquels on a prescrit 44 milligrammes de

duboisine. Outre l'amaigrissement, dilatation pupillaire, séche-

resse de la gorge, diminution des forces, nausées et vomituritions

aux heures des repas.

Dans ces quatre cas sur onze, soit dans la proportion de

36 p. 100, l'action sédative de la duboisine, non seulement i

été remarquable, mais encore- continue, bien que les quantités

218 S THÉRAPEUTIQUE.

administrées fussent presque toutes faibles. Dans la même

proportion, l'accoutumance s'est au contraire produite plus ou

moins rapidement et a résisté à l'élévation des doses, comme

en témoignent les quatre faits suivants :

Observation V. - Félix Hasc..., quarante et un ans; paralysie

générale à la première période; agitation à peu près continue. Un

milligramme de duboisine à partir du second.jour donne pendant

trois jours de sept à huit heures de tranquillité, puis brusquement

l'accoutumance se montre, 1 milligramme et demi n'agissent guère

que le premier jour où il y a cinq heures de calme ; alors 2 mil-

ligrammes pendant trois jours ne donnent qu'une moyenne de

quatre heures de tranquillité; 3 milligrammes pendant quatre

jours et 4 milligrammes pendant trois jours qu'une moyenne de

quatre à cinq heures au plus. De temps à autre une heure ou

deux de sieste. La médication a duré vingt-deux jours, durant les-

quels on a prescrit 47 milligrammes de duboisine. Dilatation pu-

pillaire comme seule action physiulogique.

Observation VI. - Charles Col..., trente-quatre ans; paralysie

générale à la première période; très violente agitation à peu près

continue. Un milligramme de duboisine pendant six jours donne

à partir du troisième jour une moyenne de six à sept heures de

calme avec alternatives, toutefois, de journées plus ou moins

bonnes et mauvaises; deux fois seulement une sieste d'une heure.

Puis brusquement l'accoutumance s'établit, et alors 1 milli-

gramme et demi pendant trois jours, 2 milligrammes pendant

deux jours, 3 milligrammes pendant cinq jours et 4 milligrammes

pendant deux jours restent à peu près sans effets sédatifs; rare-

ment une sieste d'une heure. La médication a duré vingt-trois

jours, durant lesquels on a prescrit 40 milligrammes de duboisine.

Comme action physiologique : dilatation des pupilles et sécheresse

de la gorge.

Observation VII. -Arthur Laff..., quarante-cinq ans; paralysie

générale à la première période; agitation à peu près continue. Un

milligramme de duboisine pendant six jours donne en moyenne

six heures de calme, avec alternative de journées bonnes et mau-

vaises : habituellement sieste d'une heure ou deux. Brusquement

l'accoutumance s'établit. Un milligramme et demi pendant trois

jours ne donnent que deux fois cinq et une fois quatre heures de

tranquillité; 2 milligrammes pendant deux jours apportent cinq

et deux heures de calme; 3 milligrammes pendant six jours pro-

curent de six à sept heures de sédation, puis restent sans in-

fluence ; 4 milligrammes pendant trois jours n'ont aucune action.

ACTION SÉDATIVE DE LA DUBOISINE CHEZ LES ALIÉNÉS. 219

Toujours assez régulièrement une sieste d'une à deux heures.

La médication a duré vingt-six jours, durant lesquels on a prescrit

48 milligrammes de duboisine. Comme action physiologique : dila-

tation des pupilles et sécheresse de la gorge.

Observation VIII. -Marie-Ange Rab.... trente-sept ans; para-

lysie générale à la première période; agitation furieuse continue.

Un milligramme de duboisine durant onze jours procure réguliè

rement de huit à dix heures de calme, si bien que le malade,

jusqu'alors tenu dans sa cellule, reprend la vie commune, puis

brusquement l'accoutumance s'établit et toute la fureur d'avant

revient. Alors 2 milligrammes pendant deux jours, 3 milligrammes

pendant cinq jours et 4 milligrammes pendant deux jours restent

absolument sans effet. La médication a duré vingt et un jours,

durant lesquels on a prescrit 39 milligrammes de duboisine.

Comme action physiologique : dilatation des pupilles et sécheresse

de la gorge.

Enfin, dans les trois cas qui suivent, soit dans la proportion

de 27,4 p. 100, l'action a été nulle; quand je dis nulle, je

veux désigner par là que les heures de tranquillité n'ont pas

été accrues, mais il n'est pas douteux que, même dans ces

cas les plus défavorables, l'intensité de l'agitation, sinon sa

durée, a été considérablement atténuée; ainsi, même quand la

duboisine a été impuissante à produire une sédation complète

et à amener le calme, elle a encore apaisé la surexcitation dans

une mesure plus, ou moins grande.

Observation IX. Edouard Carb..., trente-huit ans; paralysie

générale à la première période avec violente agitation une bonne

partie de la journée. Un milligramme de duboisine pendant cinq

jours, 2 milligrammes pendant seize jours, 3 milligrammes pen-

dant cinq jours et 4 milligrammes pendant quatre jours atténuent

seulement la surexcitation. Assez régulièrement sieste d'une

heure ou deux. Durée de la médication : trente jours, durant

lesquels on a prescrit 68 milligrammes de duboisine. Action phy-

siologique assez marquée : dilatation des pupilles avec troubles de

la vue, sécheresse de la gorge, diminution des forces, vomituritions

aux repas avec les dernières doses et un peu d'amaigrissement.

Observation X. Alfred Ceml..., quarante-cinq ans; paralysie

générale à la première période avec agitation à peu près continue

toute la journée. Un milligramme de duboisine pendant trois

jours; 2, 3 et 4 milligrammes pendant deux jours ne produisent

ni calme ni sommeil. La médication a duré neuf jours, durant les-

220 THÉRAPEUTIQUE.

quels on a prescrit 21 milligrammes de duboisine. Action physio-

logique : dilatation des pupilles et sécheresse de la gorge.

Observation XI. - Adrien Lor..., trente et un ans; paralysie

générale à la première période avec vive agitation la plus grande

partie de la journée. Un milligramme de duboisine pendant cinq

jours, 2 milligrammes pendant quatre jours, 2 milligrammes et

demi pendant trois jours, 3 milligrammes pendant neuf jours et

1- milligrammes pendant deux jours n'apportent pas de calme.

Assez régulièrement sieste de deux heures. La médication a duré

vingt-trois jours, durant lesquels on a prescrit 51 milligrammes

de duboisine. Action physiologique assez marquée : dilatation

des pupilles, sécheresse de la gorge, diminution des forces et léger

amaigrissement. ' ·

Les résultats obtenus dans la manie vésanique sont encore

plus intéressants, car ils ont nettement différé selon l'état aigu

ou chronique. Dans ce dernier, l'accoutumance a été pour

ainsi dire nulle ou tout au moins si longue, si longue à s'éta-

blir que la médication a pu être très avantageusement conti-

nuée jusqu'à trois mois et au delà; il me paraît difficile d'exi-

ger davantage. Ce que nous avançons est prouvé par les cinq

observations suivantes, dont la dernière est curieuse à ce titre

que le sujet, dont l'isolement datait déjà de plus de deux ans,

et qui semblait marcher vers la démence, a complètement

guéri à la suite du traitement par la duboisine.

Observation XII. - Edmond Beg..., trente-six ans, débilité men-

tale avec manie chronique rémittente. Lors d'un paroxysme vio-

lent avec agitation presque continue, 1 milligramme de duboi-

sine pendant dix-huit jours et sans trace d'accoutumance a procuré

une moyenne assez régulière de sept heures de calme et irréguliè-

rement une sieste de deux heures. Suppression pour contrôle,

mais après quarante-huit heures, retour de l'état antérieur. Reprise

de la duboisine à la même dose et action sédative encore plus re-

marquable ; tant qu'a duré le paroxysme, soit vingt-cinq jours, on

obtint de neuf à douze heures de tranquillité, sans accoutumance.

Durée de la médication : quarante-trois jours pendant lesquels on

a prescrit 43 milligrammes de duboisine. Action physiologique

assez marquée : dilatation des pupilles, sécheresse de la gorge, et

surtout, bien que le sujet n'eût jamais eu de vomissements, amai-

,crissement, considérable qui aurait rendu difficile de prolonger le

traitement si la crise n'avait pas pris fin.

Observation XIII. Louis Mat..., cinquante-six ans; manie chro-

ACTION SÉDATIVE DE LA DUBOISINE CHEZ LES ALIÉNÉS. 221

nique avec agitation à peu près continue : deux ou trois heures de

calme au plus dans la journée. Avec 1 milligramme de duboisine à

partir du second jour, le malade pendant douze jours a, au contraire,

tout au plus une heure ou deux d'agitation; irrégulièrement, sieste

d'une heure. Suppression pour contrôle, mais après vingt-quatre

heures, retour de l'état antérieur. Reprise de la duboisine à la

même dose, et pendant vingt-cinq jours on a à peu près les mêmes

excellents résultats, très rarement une mauvaise journée entre

d'autres excellentes. Deuxième suppression pour contrôle et de

nouveau, après vingt-quatre heures, l'état antérieur a reparu. De-

rechef, on prescrit 1 milligramme de duboisine avec plus de succès

encore, car il n'y a plus une seule mauvaise journée et seulement,

après quarante-deux jours, l'accoutumance parait se montrer; il

n'y a alors que cinq heures de sédation. La dose est portée en con-

séquence à 2 milligrammes et pendant huit jours, on obtient

encore neuf et dix heures de tranquillité, avec rarement une sieste

d'une heure ; une seule mauvaise journée. Mais pour conserver ces

bons effets, il faut élever la dose à 3 milligrammes pendant

neuf jours et à 4 milligrammes pendant vingt-deux jours. A ce

moment, l'accoutumance s'étant manifestée brusquement, nous

n'avons pas osé pousser plus loin les quantités administrées et nous

avons suspendu la médication qui ne durait pas depuis moins de

cent dix-huit jours, pendant lesquels le malade avait pris

210 milligrammes de duboisine. Néanmoins, action physiologique

des moins marquées, surtout de la dilatation des. pupilles et de la

sécheresse de la gorge. Le malade, très autoritaire et très entêté

d'habitude, a toujours opposé une vive résistance aux piqûres, mais

il n'eut jamais d'accidents locaux. ,

Observation XIV. Félix Mauii..., trente-neuf ans; manie chro-

nique avec violente agitation ; à peine deux heures de calme dans

la journée. Un milligramme de duboisine à partir du troisième

jour donne, pendant douze jours, une moyenne régulière de neuf

à dix heures de tranquillité avec le plus souvent une sieste d'une

heure. Une seule mauvaise journée, la dixième. Suppression pour

contrôle et la sédation obtenue se maintient quatre jours, puis

retour de l'état antérieur. Reprise de la duboisine à la dose de

1 milligramme, qui n'agit que durant deux jours séparés par une

très mauvaise journée, mais' sans sommeil. Un milligramme et

demi pendant trois jours restent peu efficaces, mais 2 milli-

grammes à partir du second jour procurent régulièrement, sans

narcose, une sédation de dix à douze heures, et ce pendant trente-

deux jours ; une seule mauvaise journée, la quatrième. Deuxième

suppression pour contrôle et absolument le même résultat que la

première fois. De nouveau, 2 milligrammes de duboisine don-

nent, durant dix-neuf jours, des effets aussi satisfaisants que

222 THÉRAPEUTIQUE.

précédemment. Cependant, l'amaigrissement du malade est tel

que nous jugeons prudent de suspendre la médication qui dure

depuis soixante-dix jours pendant lesquels on a prescrit 122 milli-

grammes et demi du remède. Lors de cette suspension, le poids

du sujet était de 65 kilogrammes ; malgré le retour assez rapide

de l'agitation, ce poids s'était élevé, au bout de quinze jours, à

69 kilogrammes, et au bout d'un mois à 72. Jamais de vomisse-

ments, seulement de la dilatation pupillaire. Le malade résistait

aux piqûres, disant qu'il ne voulait pas servir à des expériences et

qu'il en avait assez de tout ce qu'il endurait déjà, mais il n'eut pas

d'accidents locaux.

Observation XV. - Henri Sau..., cinquante-deux ans; manie

chronique rémittente. Lors d'un paroxysme avec agitation conti-

nue, 1 milligramme de duboisine, à partir du troisième jour,

procure, durant douze jours, une moyenne régulière de neuf à dix

heures de calme, avec rarement une sieste d'une heure; une seule

mauvaise journée, la huitième : puis la crise prend fin, alors que

d'habitude elle dure plusieurs semaines. A un second paroxysme

très violent, 1 milligramme de duboisine apporte régulièrement

sans narcose, de neuf à dix heures de tranquillité pendant vingt-

quatre jours, puis il n'y a plus que six à sept heures. La dose est

portée à 2 milligrammes et, toujours sans sommeil, on a régu-

lièrement, pendant vingt-deux jours, de dix à onze heures de

calme. Derechef, l'accoutumance tend à s'établir et nous prescri-

vons 3 milligrammes; néanmoins, nous n'obtenons plus que

sept à huit heures de tranquillité pendant une semaine, mais

4 milligrammes .durant vingt jours, toujours sans sommeil et

régulièrement donnent de onze à douze heures de calme, puis une

fois encore l'accoutumance se montre. N'osant forcer davantage les

doses, nous arrêtons la médication qui, cette seconde fois, durait

d'ailleurs depuis soixante-dix-neuf jours durant lesquels on avait

prescrit 179 milligrammes de duboisine. Action physiologique :

dilatation des pupilles et légers troubles de la vue, en plus, avec les

doses les plus élevées, vomituritions et diminution de l'appétit avec

mauvais goût à la bouche ; néanmoins, l'amaigrissement n'a pas été

sensible.

Observation XVI. - Joseph Dan..., trente-sept ans; manie avec

très violente agitation datant de plus de deux ans. Pas un instant

de calme dans la journée. Avec 1 milligramme de duboisine, on

obtient de suite et pendant douze jours, régulièrement de sept à

huit heures de tranquillité avec une sieste de deux heures. Suppres-

sion pour contrôle; après deux jours d'un calme relatif séparés par

deux autres jours d'agitation, celle-ci devient continue comme au-

paravant. Reprise de la duboisine à 1 milligramme et pendant

un mois; à partir du second jour on obtient une sédation progrès-

action sédative DE la DUBOISINE CHEZ LES aliénés. 223

sive qui, de six heures, finit par s'étendre à toute la journée; dans

la première quinzaine, de temps à autre, une sieste d'une heure.

Dan... s'occupe aux soins du ménage et parait revenir à lui. Cette

fois, après la suppression du remède, la guérison se maintient et

le malade sort guéri deux mois après. Action physiologique : séche-

resse de la gorge et dilatation des pupilles avec troubles de la vue

au début du traitement; et aussi amaigrissement assez marqué,

bien que, durant les quarante-deux jours de la médication, le

malade n'eût pris que 42 milligrammes de duboisine.

Dans l'état aigu, les résultats ont été moins bien satisfai-

sants. De cinq sujets, un seul a retiré du traitement un béné-

fice momentané, vu que l'accoutumance s'est définitivement

établie au bout d'une semaine environ; les quatre autres n'ont

eu qu'une atténuation de leur surexcitation, mais pas une

heure de calme en plus. Voici ces cinq faits brièvement

résumés :

Observation XVII. Alexis Ger..., cinquante ans, manie aiguë

avec très vive agitation continue. Un milligramme de duboisine

pendant cinq jours donne, à partir du second jour, six heures de

calme avec une sieste d'une heure. Puis accoutumance brusque.

Avec 1 milligramme et demi, mêmes résultats favorables pen-

dant le même laps de temps, mais sans sommeil,.et de nouveau

brusque accoutumance. Alors, avec 2 milligrammes pendant cinq

jours, 3 milligrammes pendant quatre jours et 4 milligrammes pen-

dant trois jours, l'action sédative va sans cesse s'affaiblissant et

finit par être nulle; néanmoins, irrégulièrement, une sieste d'une

heure. Action physiologique : sécheresse de la gorge et légère

dilatation pupillaire. La médication a duré vingt-quatre jours

durant lesquels on a prescrit 48 milligrammes et demi de

duboisine.

Observation XVIII. Samuel Neum..., quarante-sept ans;

manie intermittente, violent paroxysme avec une heure ou deux

de calme au plus dans la journée. Un milligramme de duboisine

pendant neuf jours, 1 milligramme et demi pendant sept jours,

2 milligrammes pendant trois jours, 3 et 4 milligrammes pen-

dant deux jours sont sans grand effet; de temps à autre, cepen-

dant, sieste d'une heure. La médication a duré vingt-trois jours

durant lesquels on a prescrit 39 milligrammes et demi de duboisine.

Action physiologique : sécheresse de la gorge et dilatation des

pupilles. Le malade se plaignait beaucoup que les piqûres étaient

très douloureuses et lui abîmaient la peau; jamais d'accident

local.

224 4 THÉRAPEUTIQUE.

Observation XIX. Emile Gay..., vingt-deux ans; manie aiguë

avec violente agitation continue. Un milligramme de duboisine

pendant quatre jours, 2 milligrammes pendant trois jours, 3 et

4 milligrammes pendant deux jours restent sans effet sédatif ou

narcotique. Action physiologique ? dilatation des pupilles et

légère sécheresse de la gorge. La médication a duré onze jours

durant lesquels on a prescrit 23 milligrammes de la substance.

Observation XX. Jean Gaut..., vingt-cinq ans; débilité men-

tale avec manie aiguë. Agitation à peu près continue. Un et 2 mil-

ligrammes de duboisine pendant deux jours, 3 et 4 milligrammes

pendant trois jours n'apportent ni sommeil, ni calme complet.

Action physiologique à peu près nulle. La médication a duré dix

jours durant lesquels on a prescrit 27 milligrammes de la substance.

Observation XXI. François Gaim..., dix-huit ans; manie aiguë

avec agitation continue. Un milligramme de duboisine durant

deux jours, 2 milligrammes durant cinq jours, 3 et 4 milligrammes

durant deux jours n'agissent pas; toutefois, deux fois une heure

de sieste. La médication a duré onze jours, durant lesquels on a

prescrit 22 milligrammes de la substance. Action physiologique

assez marquée avec les dernières doses : sécheresse de la gorge, dila-

tation des pupilles, sensation de faiblesse, nausées aux repas.

Ainsi, tandis que dans la manie chronique, nous avons eu

z100 p. 100 de résultats favorables, dans la manie aiguë, nous

n'avons pas rencontré un seul cas complètement satisfaisant,

seulement 20 p. 100 avec accoutumance, soit 80 p. 100 de ré-

sultats défavorables, c'est-à-dire avec seule atténuation de la

surexcitation, sans aucune augmentation des heures de calme.

Quels ont été les effets de la duboisine cbez les lypémaniaques ?

Tout le contraire, à peu de chose près, de ceux obtenus chez

les maniaques. Voici d'abord cinq cas où l'accoutumance ne

s'est pas produite ou ne s'est manifestée qu'après un temps

considérable, même plus de deux mois, or trois d'entre eux

étaient franchement aigus.

Observation XXII. Auguste Cab..., quarante-deux ans; lypé-

manie chronique avec surexcitation à peu près continue. Avec 1 mil-

ligramme de duboisine, transformation complète; les deux pre-

miers jours sept heures de calme, le troisième et le quatrième onze

heures, le cinquième douze heures; ensuite, pendant quinze jours,

au grand étonnement de tous, tranquillité continue; seulement

une heure de sommeil le second et le septième jour. Suppression

du remède, et pendant près d'un mois le calme se maintient, puis

action sédative DE la DUBOISINE CHEZ LES ALIÉNÉS. 225

rapidement reparaît l'état antérieur. La médication n'avait duré

que vingt jours, avec 20 milligrammes de duboisine. Action

physiologique à peu près nulle : légère dilatation des pupilles et

un peu de sécheresse de la gorge.

Observation XXIII. Nicolas Gof..., quarante-six ans; lypé-

manie aiguë avec violents emportements contre les hallucinations ;

une heure ou deux de tranquillité au plus. Avec 1 milligramme de

duboisine, dès le deuxième jour, le malade a régulièrement de

dix à douze heures de calme et s'adonne avec ardeur aux soins du

ménage;'sieste d'une heure ou deux. Au bout de deux semaines,

suppression pour contrôle, mais en trois jours l'état antérieur a

reparu. La dose de 1 milligramme n'a plus alors la première effi-

cacité, la sédation complète n'excède pas trois ou quatre heures au

maximum et il en est de même avec 2 milligrammes; par

contre, 3 milligrammes, dès le second jour, procurent pendant

trente-deux jours une moyenne régulière de dix à douze heures de

calme, et le malade s'est remis au travail; très régulièrement sieste

d'une heure. Deuxième suppression pour contrôle et même résultat

que la première fois;-en trois jours, retour de l'état antérieur.

Reprise de la duboisine à'3 milligrammes et de nouveau, pen-

dant un mois, on a régulièrement une moyenne de dix à douze

heures de tranquillité avec bon travail et rarement une heure de

sieste, puis brusquement, une certaine accoutumance se montre

et la durée du calme n'est plus que de cinq à six heures. Quatre

milligrammes améliorent la situation sans la rendre aussi bonne

que par le passé; sept à huit heures de tranquillité avec travail

moins soutenu; plus rarement encore qu'avant, sieste d'une heure.

L'amaigrissement étant assez marqué, on cesse le traitement, d'au-

tant plus que l'appétit a beaucoup diminue et que le malade se

plaint d'avoir un goût de savon dans la bouche, goût qu'il retrouve

dans ses aliments. Dès le second jour, l'état antérieur reparaissait.

La médication avait duré quatre-vingt-dix-huit jours durant lesquels

on avait prescrit 271 milligrammes de duboisine. Action physiolo-

gique peu marquée relativement à la durée du traitement et aux

doses : amaigrissement, sécheresse légère de la gorge, dilatation

des pupilles avec troubles de la vue les premiers jours, perte de

l'appétit mais jamais de vomissements. Le sujet se plaignait beau-

coup des piqûres qui étaient, à son dire, horriblement doulou-

reuses et une machination de ses ennemis, mais pas d'accident

local.

Observation XXIV. Pierre Toun..., trente-deux ans; lypé-

manie chronique avec vive surexcitation, à peine deux heures de

calme. Un milligramme de duboisine pendant sept jours et 1 mil-

ligramme et demi durant le même temps apportent déjà une notable

Archives, t. XXVI. 15 5

226 thérapeutique.

amélioration, cinq à six heures de tranquillité en moyenne, mais

les bonnes et les mauvaises journées alternent; régulièrement une

sieste d'une heure au moins. Avec 2 milligrammes, on a, dès

le second jour et pendant un mois, régulièrement de huit à douze

heures de calme sans sommeil; deux seules mauvaises journées,

la sixième et la douzième. Suppression pour contrôle et, pendant

une semaine, la sédation obtenue se poursuit : il y a encore sept et

huit heures de tranquillité, puis, brusquement, l'état antérieur'

reparaît. Reprise de la duboisine à 2 milligrammes et, pendant

douze jours, on a de nouveau très régulièrement de huit à onze

heures de calme, puis, durant trois jours, de sept à huit et enfin,

pendant deux jours, seulement cinq et quatre heures. La dose ayant

été portée à 3 milligrammes, on obtient encore très réguliè-

rement, durant trente-cinq jours, de huit à douze heures de tran-

quillité et ensuite, pendant quatre jours, de sept a huit heures au

maximum. Quatre milligrammes laissent les choses en l'état une

semaine et l'accoutumance s'établit de plus en plus, car on n'obtient

qu'une sédation complète de quatre heures. Cette accoutumance a

été, en somme, très longue à s'établir, puisque la médication du-

rait depuis cent neuf jours durant lesquels on a prescrit 265 milli-

grammes et demi de duboisine. Néanmoins, action physiolo-

gique peu marquée : amaigrissement insignifiant, dilatation

pupillaire, sécheresse du gosier et rarement sieste d'une heure

dans l'après-midi.

Observation XXV. - Désiré Porch..., trente-trois ans; lypéma-

nie aiguë avec désespoir anxieux et gémissements continuels. Un

milligramme de duboisine procure, pendant onze jours, une

moyenne de huit à dix heures de tranquillité avec, toutefois, deux

mauvaises journées, là septième et la huitième, puis brusquement

l'accoutumance se produit et il n'y a plus que deux ou trois heures

de calme; jamais de sommeil. Dose de 2 milligrammes qui,

en cinq jours, procure en décroissant régulièrement de quatorze à

trois heures de tranquillité; toujours pas de sommeil. Par contre,

avec 3 milligrammes, dès le second jour on a, pendant quatre

semaines, de dix à quatorze heures de calme; une seule mauvaise

journée, la huitième; jamais de sieste. Mais l'amaigrissement du

sujet oblige à arrêter la médication qui durait depuis quarante-six

jours pendant lesquels on a prescrit 106 milligrammes de du-

boisine. Action physiologique très marquée : outre cette dénu-

trition accusée, dilatation pupillaire, sécheresse vive de la gorge,

diminution des forces, vomituritions et, durant trois jours, avec la

dernière dose, diarrhée assez forte. Malgré l'abandon du remède,

la sédation s'est maintenue jusqu'à la mort du malade survenue

vingt-huit jours après par suite du choléra.

Observation XXVI. Victor Lhuil..., cinquante-trois ans; lypé-

ACTION SÉDATIVE DE LA DUBOISINE CHEZ LES ALIÉNÉS. 227

manie aiguë avec vive réaction anxieuse à peu près continue. Un

et 2 milligrammes de duboisine pendant deux jours atténuent

simplement cette anxiété, tandis que 3 milligrammes pendantvingt

jours donnent régulièrement de huit à dix heures de tranquillité,

sauf deux mauvaises journées, la quatorzième et la seizième; rare-

ment sieste d'une heure. Aucune accoutumance ne s'était encore

montrée et l'action physiologique n'avait pas été très marquée

surtout en ce qui concerne la nutrition, quand une attaque de cho-

léra enleva le sujet en deux-jours; il n'avait jamais eu de troubles

digestifs.

De même, les trois cas suivants, dans lesquels l'accoutu-

mance, il est vrai, s'est établie plus ou moins rapidement,

mais après une période d'action efficace, étaient également des

cas aigus.

Observation XXVII. Alfred Rut..., trente-cinq ans; lypémanie

aiguë catatonique. Un milligramme de duboisine pendant douze

jours procure régulièrement une sédation de sept à huit heures

avec de temps à autre une sieste d'une heure, puis brusquement

l'accoutumance se produit et alors, 1 milligramme et demi pendant

quatre jours, 2 milligrammes pendant trois jours, 3 et 4 milli-

grammes pendant quatre jours n'agissent guère; toutefois, sieste

d'une heure ou deux. La médication a ainsi duré vingt-sept jours

durant lesquels on a prescrit 52 milligrammes de duboisine. Dila-

tation pupillaire.

Observation XXVIII. Arthur Gent..., quarante ans; lypémanie

aiguë avec anxiété presque continue. Un milligramme de duboi-

sine, à partir du second jour, procure pendant cinq jours de six à

sept heures de calme, avec toutefois une mauvaise journée, la qua-

trième ; puis brusquement l'accoutumance se montre et alors, 1 mil-

ligramme et demi pendant deux jours, 2 milligrammes pendant

trois jours, 3 et 4 milligrammes pendant deux jours restent peu

efficaces; jamais de sommeil. La médication n'a duré que dix-huit

jours durant lesquels on n'a prescrit que 32 milligrammes de duboi-

sine, néanmoins action physiologique assez marquée : dilatation

des pupilles, sécheresse de la gorge, sensation de faiblesse, dimi-

nution des forces et nausées aux moments des repas.

Observation XXIX. - René Trah..., cinquante-trois ans; lypé-

manie aiguë hallucinatoire avec agitation continue. Un milligramme

de duboisine durant les trois premiers jours a amené de six à sept

heures de calme, puis brusquement l'accoutumance s'est produite

et alors, 2 milligrammes pendant trois jours, 3 et 4 milligrammes

pendant deux jours ont été inefficaces; sieste d'une, heure seule-

228 - thérapeutique.

'ment le premier jour. La médication a duré treize jours durant

lesquels on a prescrit 26 milligrammes de la substance. Action phy-

siologique : sécheresse de la gorge et dilatation pupillaire avec

troubles passagers de la vue.

Ainsi, sur huit cas de lypémanie dans lesquels l'influence

sédative de la duboisine s'est manifestée plus ou moins long-

temps, cinq étaient des cas aigus ; au contraire dans les six qui

suivent et dans lesquels cette action a été à son minimum,

atténuant, il est vrai, la surexcitation dans une certaine mesure

mais n'amenant pas l'apaisement, quatre étaient des cas chro-

niques. Dans la lypémanie, nous avons donc obtenu pour

l'état aigu 37 p. 100 d'action, soit continue, soit avec accoutu-

mance, et 26 p. 100 seulement d'action faible, tandis que dans

l'état chronique cette dernière action défavorable s'est élevée à

66 p. 100. Ces résultats sont bien, ainsi que je l'ai déjà signalé,

à peu de chose près, tout l'opposé de ce que nous a fourni la

manie.

Observation XXX. Henri Loug..., cinquante-quatre ans; lypé-

manie chronique avec agitation vive et continue. Un milligramme

de duboisine pendant cinq jours, 2 milligrammes et 2 milligrammes

et demi pendant quatre jours, 3 milligrammes pendant deux jours

et 4 milligrammes pendant une semaine ne donnent ni sédation

complète ni sommeil. La médication a duré vingt-deux jours durant

lesquels on a prescrit 57 milligrammes de duboisine. Dilatation

pupillaire comme seule action physiologique, même avec les hautes

doses.

Observation XXXI. Louis Mah..., trente-huit ans; lypémanie

chronique avec hallucinations de tous les sens et crises d'agitation.

Au cours d'une de celles-ci, très violente, 1 milligramme de duboi-

sine pendant une semaine, 1 milligramme et demi pendant quatre

jours, 2 et 3 milligrammes pendant une semaine et 4 milligrammes

pendant cinq jours n'apportent ni sédation complète ni sommeil.

La médication a duré un mois durant lequel on a prescrit 68 milli-

- grammes de duboisine. Action physiologique : dilatation des

pupilles avec brouillard devant les yeux.. : 1

Observation XXXII. Victor Rau..., vingt-quatre ans; lypéma-

nie aiguë avec anxiété continue. Un milligramme de duboisine

pendant deux jours, 1 milligramme et demi pendant cinq

jours, 2 milligrammes pendant quatre jours, 3 milligrammes pen-

dant trois jours et 4 milligrammes pendant deux jours n'apportent

aucune sédation complète; deux fois seulement sieste d'une heure

action sédative DE la DUBOISINE CHEZ LES aliénés. 229

au début de la médication qui n'a duré que onze jours, durant les-

quels le malade n'a pris que 31 milligrammes et demi de duboi-

sine ; néanmoins l'action physiologique a été assez marquée : dila-

tation pupillaire, sécheresse de la gorge, diminution des forces

avec sensation de faiblesse, vomituritions aux repas et immédiate-

ment après.

Observation XXXIII. - Léon Guid..., vingt-sept ans; lypémanie

chronique avec surexcitation continue. Un milligramme de duboi-

sine pendant une semaine, 1 milligramme et demi pendant deux

jours, 2 milligrammes pendant cinq jours, 3 milligrammes pendant

deux jours 4 milligrammes pendant cinq jours ne procurent ni

sédation complète, ni sommeil. La médication a duré vingt et un

jours durant lesquels on a prescrit 42 milligrammes de duboisine.

Action physiologique assez marquée : dilatation des pupilles, sensa-

tion de faiblesse, nausées sans vomissements au moment des repas.

Observation XXIV. Honoré Treg..., trente-cinq ans; lypéma-

nie chronique avec soliloques toute la journée. Un milligramme de

duboisine pendant quatre jours, 2 milligrammes pendant trois

jours, 3 et 4 milligrammes pendant deux jours n'amènent ni séda-

tion complète ni sommeil. La médication a duré onze jours durant

lesquels on a prescrit 24 milligrammes de la substance. Action phy-

siologique : sécheresse de la gorge et dilatation pupillaire avec

troubles passagers de la vue. Le malade a toujours protesté vive-

ment contre les piqûres qu'il déclarait douloureuses et toxiques,

mais jamais d'accident local.

Osbervation XXXV. - Urbain Rosen..., trente-cinq ans; lypé-

manie aiguë avec agitation désespérée presque toute la journée.

Un et 2 milligrammes de duboisine pendant deux jours, 3 milli-

grammes pendant trois jours et 4 milligrammes pendant deux

jours n'ont apporté ni sédation complète ni sommeil. La médica-

tion a duré dix-neuf jours durant lesquels on a prescrit 23 milli-

grammes du remède. Action physiologique peu marquée : un peu

de sécheresse de la gorge et une légère dilatation pupillaire.

S,i nous jetons un coup d'oeil d'ensemble sur les résultats

obtenus dans nos vingt-quatre cas de vésanie, manie et lypé-

manie, nous voyons que la proportion a été la même pour

l'action efficace et continue comme pour l'action faible, in-

capable d'amener le calme, soit 46,7 p. 100, tandis que l'in-

fluence favorable mais vite suivie d'accoutumance n'a été que

de 6,6 p. 100. Les rapprochant de ceux que nous avons signa-

lés plus haut, dans la paralysie générale, il ressort que le

paralytique a été bien plus sensible à la duboisine que le

230 thérapeutique.

vésanique, puisque plus ou moins longtemps il en a ressenti

l'influence sédative complète dans la proportion de 72,6 p. 100,

alors que ce dernier ne l'a éprouvée que dans la proportion

de 53,3 p. 100, cependant plus que le paralysé général, dans une

proportion supérieure de 10 p. 100, il a résisté à la prompte

accoutumance. Si, maintenant, entrant plus dans le détail

des cas, nous comparons l'action de la duboisine chez les ma-

niaques et les lypémaniaques, nous voyons que, complète ou

incomplète, elle a été à peu près la même, tandis que l'accou-

tumanee a été deux fois plus fréquente chez ces derniers.

En conséquence, nous résumerons dans les conclusions sui-

vantes, nos constatations relatives à la duboisine à doses

continues de 2 à 4 milligrammes durant même près de

quatre mois dans le traitement des agitations maniaques et

lypémaniaques.

1. -La duboisine s'est révélée un merveilleux sédatif, ca-

pable d'apaiser toujours et dans tous les cas l'agitation ma-

niaque et lypémaniaque, soit vésanique soit paralytique, et

très souvent de substituer une tranquillité absolue à la surex-

citation ou à l'anxiété la plus violente; son action toujours effec-

tive s'est donc présentée à deux degrés : l'une, incomplète,

consistant en une simple atténuation de l'exaltation, l'autre,

complète, caractérisée par la disparition totale de celle-ci pour

un temps plus ou moins long. -

II. La sédation amenée par la duboisine n'atteignit pas

toujours d'emblée toute son intensité; souvent elle n'est arri-

vée à son apogée que le second jour, parfois même le troi-

sième jour.-

Ici. - Une fois produite, la sédation due à la duboisine s'est

maintenue assez régulièrement, tant que l'accoutumance ne

s'est pas manifestée; exceptionnellement les bonnes et les

mauvaises journées ont alterné,

IV. - La sédation, même complète, obtenue par la duboi-

sine a, le plus souvent, persisté un ou plusieurs jours après

l'abandon du remède et parfois même il est arrivé qu'une

assez longue période de calme ait suivi la suppression de la

médication.

V. Dans les formes intermittentes et rémittentes, la du-

boisine s'est révélée capable de réduire la durée des crises et

de les espacer.

ACTION SÉDATIVE DE LA DUBOISINE CHEZ LES ALIÉNÉS. 231

VI. - L'action sédative de la duboisine, à tous les degrés, a

été, en général, surtout dans les premiers jours de la médica-

tion, en raison inverse du temps écoulé depuis l'administra-

tion du remède, d'où l'avantage de fractionner en deux fois la

dose quotidienne à administrer.

VIL-La duboisine a eu une action complète beaucoup

plus fréquente dans la manie chronique que dans la manie

aiguë et au contraire dans la lypémanie aiguë que dans la

lypémanie chronique; et, d'une manière générale, dans la

manie que dans la lypémanie.

VIIL-Dans la paralysie générale la duboisine a eu une action

complète moins fréquente que dans la manie chronique et la

lypémanie aiguë, mais plus fréquente que dans la manie aiguë

et la lypémanie chronique; et ainsi que dans la manie et la

lypémanie en général, de telle sorte qu'au total les paralysés

généraux se sont montrés plus sensibles à l'influence sédative

du médicament que les vésaniques.

IX.-L'organisme des aliénés s'est montré souvent très

prompt à l'accoutumance à la duboisine et cette accoutumance

qui, d'habitude, s'établissait brusquement une fois produite,

résistait, d'ordinaire, à toutes les élévations de doses; cela fut

surtout vrai pour la sédation complète.

X. L'accoutumance à la duboisine a été plus fréquente et

plus rapide dans la paralysie générale que dans les vésanies

en général, la manie aiguë et chronique et la lypémanie chro-

nique ; elle a été sensiblement la même^dans la paralysie géné-

rale que dans la lypémanie aiguë, elle a été plus fréquente

dans la lypémanie que dans la manie ; enfin elle ne s'est pas

montrée dans les vésanies chroniques.

XI. L'action incomplète de la duboisine a été moins fré-

quente dans la paralysie générale que dans les vésanies en

général mais plus fréquentes que dans la manie chronique et

la lypémanie aiguë; elle a été moins fréquente dans la manie

que dans la lypémanie, dans la manie chronique que dans la

manie aiguë, dans la lypémanie aiguë que dans la lypémanie

chronique.

XII. D'une manière générale il est vrai de dire que la du-

boisine a été plus active dans la paralysie générale que dans

les vésanies, dans la manie que dans la lypémanie, dans la

232 RECUEIL DE FAITS.

manie chronique que dans la manie aiguë, et au contraire

dans la lypémanie aiguë que dans la lypémanie chronique.

XIII. - Vu l'influence' exercée par la duboisine sur les esto-

macs, il convient de l'administrer, pour en obtenir les effets

sédatifs, dans la journée avec un minimum d'inconvénients

aux heures les plus éloignées des deux principaux repas.

XIV. -La duboisine, par malheur, a agi très désavantâ-

geusement sur la nutrition, particulièrement à la longue, et il

est à craindre que cette action dénutritive, malgré les mer-

veilleuses propriétés sédatives du médicament, ne s'oppose à

son emploi, surtout longtemps continué, ainsi que l'exigerait

la thérapeutique des maladies mentales dont l'évolution est

toujours fort longue.

RECUEIL DE FAITS

PSEUDO-SCLÉROSE EN PLAQUES D'ORIGINE PALUSTRE

Par le D' TRIANTAPIIYLLIDÉS (de Batoum).

Observation. ' Chalmag..., restaurateur, trente-six ans, né à

Tiflis et habitant Batoum depuis un an et demi. Antécédents héré-

ditaires nuls. Toujours bien portant, sans aucune nervosité, ni

trace de diathèse rhumatismale, sept ans avant, pendant un de

ses voyages fréquents dans les pays marécageux, il a contracté le

paludisme dont il fut vite guéri, et il y a deux ans il m'a consulté

pour des ulcères aux jambes, qu'il avait depuis plusieurs mois et

qui sont vite guéris par l'iodure de potassium, malgré l'affirmation

du malade qu'il n'a jamais contracté la syphilis. Vers le 20 du

mois de septembre, il fut atteint de paludisme à accès réguliers

quotidiens au début, puis réguliers et atypiques, et au bout de

vingt à vingt-cinq jours, grâce à sa faiblesse progressive, il a dû

garder le lit. Le 13 octobre 1892, c'est-à-dire le vingt-troisième

jour de sa fièvre, je l'ai vu dans l'état suivant :

Le malade, d'une constitution assez robuste, est couché sur le

dos, immobile, ayant le faciès d'une cachexie palustre précoce.

Apy rétique, depuis cinq jours il n'a plus d'accès de fièvre. Sa

PSEUDO-SCLÉROSE EN PLAQUES D'ORIGINE PALUSTRE. 233

physionomie exprime une tristesse profonde et il pleure à chaque

instant. La parole est lente et scandée, absolument caractéristique

de la sclérose en plaques. Au repos le malade n'accuse aucun trem-

blement, mais en l'engageant de porter la main sur la bouche,

celle-là est prise d'un tremblement qui augmente d'amplitude avec

l'étendue du mouvement, et elle atteint difficilement le but. Aux

yeux on remarque le nystagmus net. Sitôt que le malade, aidé par

nous, lève sa tête, il est immédiatement pris de vertige accompa-

gné de tremblement de tout le corps, avec raideur musculaire

et commencement de perte de connaissance, et pour éviter une

attaque épileptiforme nous le recouchons immédiatement et le

malade reprend vite sou calme. Chaque tentative pareille est

accompagnée des mêmes phénomènes. Les réflexes tendineux sont

exagérés dans les quatre membres. Sensibilité générale et sens

spéciaux normaux. Aucun signe d'hystérie ni de neurasthénie.

Foie et rate très engorgés, la dernière est dure et palpable.

Langue humide et un peu chargée, inappétence complète et légère

constipation. Rien de particulier du côté des autres organes. Trai-

tement : injections hypodermiques de quinine bimuriat., 1 gramme

à la fois et chaque jour.

17 octobre. Après la deuxième injection de quinine, le malade

peut déjà tenir la tête soulevée sans menace d'accès épileptiforme,

et après la quatrième injection, l'état vertigineux est tellement

atténué, que nous pouvons tenir le malade debout pendant quel-

ques minutes. Je remarque en même temps, que le tremblement

des mouvements intentionnels est moins accusé, le moral se réta-

blit et l'appétit revient. Je lui pratique la cinquième injection

hypodermique de quinine et je lui administre la quinine par la

bouche, 1 gr. 20 par jour.

21. Le malade se présente à la consultation chez moi, appuyé

sur une canne. Debout, il a la démarche de tabes dorsal spasmo-

dique, grâce à la rigidité musculaire des membres inférieurs, rigi-

dité qui disparaît au repos. Les vertiges ne lui arrivent que par

moments et passent vite sans qu'il soit obligé de prendre la posi-

tion horizontale. Avec trois de mes collègues, que j'ai invités

exprès pour examiner le malade, nous retrouvons encore tous les

signes classiques de la sclérose en plaques, signes qui malgré leur

atténuation, sont encore assez accusés pour ne permettre aucun

doute sur le diagnostic.

Foie et rate moins engorgés. Fonctions digestives normales.

Urines normales. Examen du sang : hémoglobine 0,65. Plasmodies

pigmentées en abondance et quelques-unes en forme de croissant.

Le malade n'a plus eu d'accès de fièvre. Traitement : sixième injec-

tion hypodermique de quinine 1 gr. 20 et traitement ultérieur

quinine 1 gr. 20 par jour.

234 RECUEIL DE FAITS.

23. L'amélioration s'accentue. Vertiges disparus, parole moins

scandée, démarche plus normale, réflexes moins exagérés. Traite-

ment : septième injection de quinine 0 gr. 80 et quinine 1 gr. 20

par jour.

26. Amélioration plus accentuée, le malade marche bien et

sans l'appui de la canne. La parole est un peu lente, mais peu

scandée. On remarque encore un léger tremblement qui ressemble

à celui des alcooliques, réflexes normaux; le nystagmus n'est plus

constant et à peine appréciable. Foie et rate restent engorgés.

Plasmodies pigmentées dans le sang en moindre quantité. Etat

général excellent. Traitement : 1 gr. 60 de quinine muriat. par jour

en quatre doses, teinture de quinine et arsenic.

il novembre. -Je retrouve mon malade complètement guéri, il

me raconte que quatre jours après la dernière consultation, se

sentant bien il a laissé tout traitement. Il ne présente plus aucun

signe de la sclérose en plaques.

Mai 1893. - Depuis cinq mois et demi, je vois de temps en

temps mon malade qui se porte tout à fait bien. Pendant ce temps

là, il a eu deux fois la fièvre, sans aucun autre trouble, qui a passé

sans traitement, ou avec un peu de quinine.

L'origine palustre de ces troubles ne laisse à l'esprit aucun

doute, et la quinine paraît avoir eu une efficacité. Hirt, dans

son Traité des maladies du système nerveux mentionne les

accès de fièvre précédant la sclérose en plaques ; mais la brus-

querie de l'invasion de ces troubles et la guérison si prompte

de mon malade éloignent l'idée d'une sclérose vraie, et rap-

proche mon cas de la pseudo-sclérose en plaques, observée

aussi dans le rhumatisme. Il serait intéressant de savoir si

les cas analogues, non traités, ont abouti à la sclérose en

plaques vraie. En tout cas il faut noter que parmi les milliers

de paludiques et d'autres malades que j'ai eu à soigner dans

l'espace de six ans à Batoum, je n'ai jamais rencontré la sclé-

rose en plaques, qui paraît une maladie excessivement rare

dans un pays aussi marécageux que Batoum.

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

I. RAPPORT SUR U CAS DE M1CROCÉPH.\LlE : OPÉRATION ; MORT ; RE-

MARQUES ; par J.-F. BwtE. (Kansas City Med. Index, 1892, XIII.

125 et A1'ch. of Pectiatrics, 1892, nov., p. 877.)

L'enfant était un garçon âgé de vingt mois. Le diagnostic était

microcéphalie et arrêt dans le développement du cerveau, amenant

des altérations rétrogrades dans la parole et dans les régions mo-

trices. Il mourut treize heures après l'opération.

Le rapporteur qui a analysé ce cas et d'autres rapportés en tire

deux conclusions : 10 qu'il y a deux formes de microcéphalie :

(a) congénitale, (b) acquise, et 2° que la crâniotomie qui semble

indiquée dans la microcéphalie acquise, serait probablement très

inutile dans la microcéphalie congénitale.

II. La CRANIECT031lE contre la microcéphalie ET l'idiotie; par

J.I\IOEcKEL. (Gaz. méd. de Strasbourg, 1893, p. 27.)

La chirurgie du crâne, dit M. J. Boeckel, m'a permis d'expérimen-

ter la méthode opératoire que M. Lannelongue a tout dernière-

ment préconisée contre la microcéphalie et l'idiotie '. J'ai eu l'oc-

casion de faire neuf fois la crarziectoznie pour des affections de cette

nature. Trois fois sur des microcéphales de onze ans et un an, une

fois sur un garçon de cinq ans, atteint d'épilepsie jacksonnienne,

une fois dans un cas de méningite chronique avec contractures

généralisées, enfin quatre fois sur des idiots. Comme je me propose

de faire sur ces différents cas un article spécial, je n'insisterai pas

ici sur la valeur de cette opération. Je me bornerai à dire qu'à

part les cas de microcéphalie, et encore elle a été loin de me satis-

faire au point de vue des résultats définitifs, elle est peu efficace.

Le silence qui semble d'ailleurs se faire autour d'elle et les attaques

dont elle a été l'objet de différents côtés, confirment d'ailleurs,

l'opinion sommaire et le jugement peut être précoce que ma

faible expérience vient de me faire porter sur elle.

' Nous rappellerons que la première craniectomie a été pratiquée en

1877, par il. le D' Fuller (de Montrée).

236 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

III. Microcéphalie ET CRANIECTOfIE par le Dr HADDEN.

Le Dr Hadden a fait voir un cas de microcéphalie chez un enfant

atteint de rigidité des membres et de rétraction de la tête. Les

parents étaient sains, mais la mère avait eu trois frayeurs dis-

tinctes pendant les premiers mois de la gestation. Les fontanelles

étaient apparemment fermées à la naissance. Le Dr Wallace Ord

et le Dr Lees ont fait connaître des cas semblables et la question

de la crâniectomie fut soulevée. Le Dr Jones (d'Earlswood), dit que

le pronostic était nécessairement très obscur. Dans ces circons-

tances, il pensa qu'une opération était permise. Il écarte l'idée des

impressions maternelles et dit qu'un tel cas formait les z10 de ceux

de l'asile de Earlswood. La voûte du palais était absente, les enfants

avaient ordinairement une humeur revêche, et les progrès lents. Il

renvoie à un examen qu'il a fait après la mort sur un cas d'adulte,

chez lequel les lobes occipitaux étaient défectueux et où il y avait

aplatissement du gyrus angulaire. La plupart des cas deviennent

épileptiques. Une opération a été pratiquée dans quatre cas, mais

il ne sait pas encore les résultats. (Société clinique de Londres,

26 fév. 1892, d'après The Lancet, du 5 mars, p. 531.)

Ces nouveaux documents viennent à l'appui de la thèse que

nous avons soutenue, que, sauf dans les cas où la défectuosité

mentale reconnaît pour causes un traumatisme, l'intervention

chirurgicale n'est pas justifiée. Elle ne constitue même pas un

adjuvant du traitement médico-pédagogique.

IV. L'EXALGINE DANS LES MALADIES NERVEUSES ET MENTALES;

par le Dr VENTRA. (Ilmanicomio, fasc. I, 1892.)

Dans les névralgies, l'exalgine est un remède analgésique d'un

effet certain. Elle est moins active contre les céphalées diffuses

dans lesquelles on peut obtenir des résultats plus satisfaisants par

l'usage de l'antipyrine. Le processus fébrile ne constitue pas une

contre-indication à l'emploi de l'exalgine. Dans ;la folie épilep-

tique, elle est toujours restée sans effet : l'état des malades soumis

à ce traitement ou bien est resté stationnaire, ou bien s'est aggravé

soit par la fréquence et l'extensité plus grandes des accès convul-

sifs, soit par l'agitation post-épileptique et l'excitabilité du carac-

tère. Le bromure de potassium uni à l'exalgine a, dans quelques

cas, déterminé une légère amélioration qu'on eût pu obtenir avec

la même dose du seul bromure. Dans la manie, l'exalgine n'agit

ni comme calmant, ni comme hypnotique. Il en est de même dans

la mélancolie. Il résulte de ces recherches que si l'exalgine a bien

une action analgésique, elle n'a point, comme l'a dit Dujardin-

Beaumetz, d'action anticonvulsivante ni calmante. J. Séglas.

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 237

V. Sur LE traitement DE la folie par L'HYPNOTISME; par M. Percy

SUITE etA.-T. MYERS. (The Journal of mental Science, avril 1890.)

Après un court historique consacré au rôle de l'hypnotisme dans

le traitement des maladies mentales, les auteurs ont résumé sous

forme tabulaire les différents cas, suivis ou non de succès, dans

lesquels on a eu recours à l'hypnotisme; ces cas sont au nombre

de cinquante et appartiennent à Aug. Voisin, à Dufour, à Jules

Voisin, à G. Burckhardt, et à Forel.

MM. Percy Smith et Myers ont poursuivi des recherches dans le

même sens à l'hôpital Royal de Bethlem, leurs expériences ont

porté sur 21 malades, et ont presque complètement échoué tant

au point de vue purement hypnotique qu'au point de vue théra-

peutique. Dans quatre cas, les malades ont paru présenter une

légère amélioration. Sur ces quatre malades trois refusaient de

manger, et certainement il y a eu à cet égard une légère amélio-

ration après les tentatives hypnotiques, mais les auteurs estiment

eux-mêmes que le soin tout particulier qu'on a pris à ce moment

de les encourager à s'alimenter parait avoir joué un rôle plus effi-

cace que l'hypnotisme. Dans le quatrième cas, il n'y avait pas de

stupeur et si la suggestion a donné de bons résultats, il faut recon-

naître que c'était de la suggestion sans hypnotisme. Dans deux cas,

l'hynotisation des malades a été certaine, mais la suggestion n'a été

suivie d'obéissance. Enfin dans un cas qui, au début, semblait pro-

mettre de beaux résultats on a observé une marche inverse de

celle que suivent ordinairement les phénomènes, et l'obéissance

aux suggestions, au lieu de devenir de plus en plus passive, a pris

une allure rapidement décroissante. La cause d'insuccès la plus

fréquemment signalée dans les observations a été l'impossibilité de

fixer l'attention des malades. R. M.-C.

VI. Sur L'EMPLOI DE l'hypnotisme chez les aliénés; par George

M. ROBERTSON. (The Journal of Mental Science, janvier 1893.)

Après des expériences, d'ailleurs assez restreintes, sur l'emploi

de l'hynoptisme chez les aliénés, M. Robertson a été amené à

penser que les pratiques hypnotiques pouvaient être utilisées à un

double point de vue : l°le point de vue thérapeutique; 2° le point

de vue qu'on pourrait appeler disciplinaire.

Au point de vue thérapeutique l'hypnotisme est directement

utile : 1° dans l'insomnie, où il réussit parfois alors que les divers

traitements pharmaceutiques ont échoué ; le sommeil hypnotique,

d'ailleurs, doit être préféré au sommeil provoqué par les narcoti-

ques, parce qu'il se rapproche davantage du sommeil physiologique

et ne s'accompagne pas de dépression ; 2° dans les périodes d'exci-

tation, comme agent sédatif; il peut ici empêcher l'excitation pas-

238 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

sagère de dégénérer en manie dans un cerveau en état d'instabilité

manifeste; 3° dans les états vagues de délusions et dans les psy-

choses encore peu accusées, où la suggestion verbale pendantl'état

hypnotique peut corriger un trouble mental encore léger.

Au point de vue disciplinaire l'hypnotisme peut aider à vaincre

la résistance opposée par les malades aux traitements les plus

indispensables du traitement; on peut avec ce secours décider les

malades réfractaires à prendre les médicaments utiles, ou même à

accepter des aliments dont le refus formel avait nécessité l'emploi

de la sonde. En outre, dans certains cas, malheureusement pas

dans tous, l'hypnotisme peut chez des malades agités ou violents,

remplacer la camisole, la ceinture, ou les agents pharmaceutiques,

ou du moins atténuer l'emploi de ces divers moyens de contention.

Il ne faudrait pas toutefois se faire d'illusions sur le rôle possible

de l'hypnotisme chez les aliénés ; s'il peut être utile dans les cas

qui viennent d'être indiqués, il est à peu près certain qu'il de-

meure impuissant sur les troubles mentaux, et il ne saurait, du

moins à l'heure actuelle, être considéré comme un agent curatif.

Il faut ajouter que, dans les asiles, il ne doit être employé

qu'avec certaines précautions dans un milieu où la croyance patho-

logique aux forces occultes et aux puissances mystérieuses n'est

déjà que trop commune. R. M.-C.

VII. Sulfate DE DUBOISINE CHEZ LES aliénées CHRONIQUES;

par P. NOECKE. (Allg. Zeitsch. f. Psychiat., XLVIII, 6.)

En l'administrant comme réactif chez vingt et un malades en

injections hypodermiques à la dose d'un demi-milligramme répé-

tée jusqu'à quinze fois on obtient du calme et même du sommeil.

A l'intérieur chez dix-neuf sujets, aux doses de deux tiers de mil-

ligrammes à un milligramme et demi. Ce résultat est presque tou-

jours positif; action hypnotique. Ses inconvénients sont en ce qui

concerne l'injection sous-cutanée : lassitude, vertiges, titubations,

obtusion mentale, inconscience, mydriase, sécheresse de la gorge,

inappétence, céphalalgie, crampes. L'administration gastrique

n'a guère d'inconvénients.

Conclusion. Comme agent sédatif prescrivez-le en injections

hypodermiques, d'abord d'un demi-milligramme, puis graduel-

lement jusqu'à deux milligrammes jusqu'à ce qu'il « grise».

Neuf cents injections hypodermiques et dix-huit cents ingestions

gastriques permettent d'affirmer que le médicament n'agit pas sur

lamaladie, que l'injection sous-cutanée provoque peu d'assuétude

que l'injection gastrique produit plus vite l'assuétude que l'injection

sous-cutanée. P. K.

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 239

VIII. DES INFUSIONS de chlorure de sodium CHEZ LES aliénés SITÉOPHOBES

en état DE collapsus; par G. ILBERG. (Allg. Zeitsch. f. Psychiat., ? LVIII, 6.)

Injection sous-cutanée en masse de solution de 0,,75 p. 100. Elle

dissipe le danger immédiat du collapsus et relève la nutrition, tout

en faisant disparaître la sitiophobie, probablement en excitant la

sécrétion salivaire et la sensibilité gustative. Elle met fin à l'état

mental des aliénés qui présentent du désordre dans les idées avec

inconscience. C'est le procédé Mercklin. P. K.

IX. UN cas DE démence aiguë; traitement par LES applications

CHAUDES ET FROIDES SUR LA TÈTE, L'ÉLECTRICITÉ, LE MASSAGE GÉNÉ-

RAL, ETC. Guérison; par Alex. ROBERTSON. (The Journal of Mental

Science, janvier 1891.)

Après l'essai de divers traitements, l'amélioration n'a commencé

à apparaître nettement que sous l'influence des applications locales

chaudes et froides sur.la tête. Les cheveux avaient été préalable-

ment rasés. L'auteur expérimente actuellement le même traite-

ment dans un cas de mélancolie rebelle datant de trois ans ; mais

dans le second cas la malade n'a pas été rasée ; il a constaté une

amélioration, toutefois le traitement est institué depuis trop peu

de temps pour que les résultats puissent être considérés comme

démonstratifs. R. M.-C.

XI QUELQUES cas d'épilepsie traités par l'hydrate d'amylène ;

par EDwIN L. DUNN. (The Journal of Mental Science, Octobre 1891.)

L'auteur a constaté que sous l'influence de ce médicament, on

commençait toujours par obtenir quelques résultats en apparence

favorables : peut-être ces avantages ont-ils été réels et durables

dans les cas les plus légers ; mais dans les cas graves, ils ont

promptement cessé de se manifester, et le médicament est resté

sans action sur l'excitation épileptique alors même que les doses

ont été poussées assez loin. Dans ces conditions on peut se deman-

der si l'amélioration obtenue dans les cas légers était bien réelle-

ment due à l'agent pharmaceutique. En tout cas, M. Dun estime

que les résultats qu'il a obtenus ne sont pas assez encourageants

pour qu'il y ait avantage à substituer à la médication bromurée

l'hydrate d'amylène, qui a, par surcroît, l'inconvénient d'être d'un

prix élevé. R. M. C.

SOCIETÉS SAVANTES

CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES

DES PAYS DE LANGUE FRANÇAISE.

IVe SESSION DE LA ROCHELLE.

Séance du 1er août 1893. Présidence DE M. CHRISTIAN.

Le mardi leur août, à neuf heures du matin, s'est réuni le cin-

quième congrès des médecins-aliénistes de langue française, au

palais de la Bourse à la Rochelle. Après l'installation du bureau et

l'élection des secrétaires, M. le Dr CHRISTIAN, médecin en chef de la

Maison Nationale de Charenton, président de la Société médico-

psychologique de Paris, a été élu président.

Ont été ensuite nommés :

Secrétaire général : M. le Dr Mabille, directeur médecin en chef

de l'asile de Lafond; - secrétaires des séances : MM. Colin, médecin

de l'asile de Lafond, et Pactet, chef de clinique des maladies men-

tales à la Faculté de Paris.

Lecture est tout d'abord donnée du rapport préparatoire Sur les

maladies mentales dans leurs rapports avec les auto-intoxications.

Cette étude est due à MM. Régis (de Bordeaux) et Chevalier-Lavaure

(d'Aix). Les auteurs rappellent tout d'abord les trois grandes causes

d'intoxication qui peuvent résulter de troubles dans la nutrition

de l'organisme : 1° production anormale de substances toxiques;

2° transformation incomplète de celles introduites .dans l'orga-

nisme ; 3° élimination insuffisante des poisons normaux et anor-

maux, d'où auto-intoxication.

Ils rappellent ensuite brièvement l'historique des recherches

sur la question depuis les anciennes théories humorales jus-

qu'aux études de Selmi et Gautier, de Bouchard et de son école

en France.

C'est chimiquement, et expérimentalement, que les principales

toxines doivent être déterminées et reconnues tant dans l'orga-

nisme normal que dans l'état de maladie : Produits de la vie cellu-

laire de nos tissus ou des cellules microbiennes parasites, ces alca-

loïdes (leucomaïnes ou ptomaïnes) s'éliminent surtout par le rein,

SOCIÉTÉS savantes. 241

aussi est-ce dans l'urine et ses produits extractifs que les expéri-

mentateurs les ont surtout étudiés.

C'est par les injections intraveineuses qu'ont été déterminées les

grandes règles de l'expérimentation, où l'on doit tenir compte et

du temps écoulé pendant l'injection, et du poids de l'animal en

expérience par rapport à la quantité injectée. Mais la toxicité des

urines est en raison inverse de celle du sérum et des autres produits

de sécrétions et excrétions physiologiques.

Les éléments de l'empoisonnement par l'organisme sont donc

multiples; outre les toxalbumines, protéines, diastases, etc., il

faut tenir compte des matières minérales : potasse, soude, acide.

Comme l'a dit Bouchard, l'homme est un réceptacle et un labo-

ratoire de poisons synthétisant les applications des données précé-

dentes à la psychiatrie et à la neuropathologie, les auteurs posent

les conclusions suivantes :

La toxicité de l'urine serait notablement diminuée dans les états

maniaques, augmentée, au contraire, dans les états mélancoliques.

De plus, l'urine des maniaques et celle des mélancoliques aurait

des effets différents sur les animaux injectés; la première produi-

rait surtout de l'excitation, de la convulsibilité; la seconde de la

tristesse, de l'inquiétude, de la stupeur : preuve péremptoire que

l'auto-intoxication serait la cause et non l'effet de l'état mental.

Comme cela a été constaté dans certaines maladies auto-toxiques,

par exemple l'éclampsie, il y aurait assez souvent dans la folie

toxicité inverse de l'urine et du sang; dans la manie, notamment,

le sang est parfois d'autant plus hypertoxique que l'urine est plus

hypotoxique.

2° Ces résultats qui, tout incomplets qu'ils soient, montrent par

leur concordance à peu près absolue que les phénomènes d'auto-

inloxication jouent un rôle important dans les maladies mentales,

sont confirmés par les récentes recherches nosologiques sur les

folies des maladies infectieuses aiguës, des maladies viscérales, des

maladies diathésiques.

En ce qui concerne les psychoses des maladies infectieuses, elles

seraient le résultat soit de l'action directe des microbes, soit de

leur action indirecte et médiate par les toxines qu'ils sécrètent; au

point de vue clinique, elles peuvent se présenter à deux moments

différents, et, par suite, sous deux aspects. Durant le stade fébrile,

elles revêtent ordinairement la forme d'un délire aigu. Durant le

stade post-fébrile ou la convalescence, on a affaire à la psychose

dite asthénique, état mental plus ou moins variable d'aspect, cons-

titué d'habitude par du désarroi intellectuel, de la stupidité, de

l'obnulation, de la pseudo-démence, dela confusion mentale; peut-

être y aurait-il lieu d'admettre une troisième forme intermédiaire

aux deux précédentes.

Les psychoses viscérales sont elles aussi, à n'en pas douter, et

Archives, t. XXVI. 1G ()

242 sociétés savantes.

dans une large mesure, la conséquence d'une auto-intoxication.

Ce sont même, à vrai dire, les véritables folies par auto-intoxication.

On peut dire que, dans les cas où l'intoxication est aiguë, la folie

se manifeste habituellement sous la forme d'un délire aigu, toxique,

semblable au délire alcoolique (c'est le cas pour la folie urémique);

lorsque l'intoxication est lente et chronique, c'est d'ordinaire d'un

état mélancolique qu'il s'agit; enfin, on peut observer parfois des

états rappelant de plus ou moins loin la démence paralytique.

Les psychoses diathésiques, bien que rentrant dans la question

des folies par auto-intoxication etpar infection, n'ont pas été l'objet

de développements étendus ; durant les épisodes aigus des diathèses

ces psychoses revêtiraient aussi le type du délire aigu toxique; ces

accès semblent correspondre aux variations de composition des

liquides organiques (décharges uriques précédant la fin de la crise,

et hypotoxicité urinaire).

Le traitement anti-infectieux, antiseptique, général ou local, et

c'est là un argument puissant en faveur de l'origine toxique des

folies étudiées, donne souvent ici d'excellents résultats. Bien qu'on

ne puisse formuler à cet ' égard une thérapeutique définitive, les

faits sont néanmoins assez nombreux pour établir que, dans les

folies infectieuses ou auto-toxiques, c'est au traitement de l'infection

oude l'auto-intoxication qu'il faut surtouts'adresser pour combattre

et guérir le trouble mental.

M. Gilbert Ballet (de Paris) en son nom et au nom de MM. Bordas

et Roubinovitch, résume les résultats des recherches qu'ils ont

faites en commun sur la toxicité et la composition chimique de

l'urine des aliénés. La question des relations des vésanies avec les

auto-intoxications est une de celles qui, depuis quelques années,

s'impose le plus vivement à l'attention des aliénistes; aussi a-t-on

été bien inspiré en la mettant à l'ordre du jour du Congrès. Toute-

fois, le titre adopté n'est-il pas trop compréhensif ? En visant

dans son ensemble le problème des auto-intoxications dans les

maladies mentales, on laisse sans doute le champ plus libre aux

diverses communications qui pourront se produire, mais on court

le risque de voir la discussion s'égarer sans que les orateurs se

rencontrent. Peut-être eût-il été préférable de préciser les points

sur lesquels le débat aurait dû s'établir.

Toute auto-intoxication a pour résultat une modification de la

composition chimique et par suite des propriétés des humeurs et

des liquides d'excrétion de l'économie. 11 était dès lors tout naturel

. de chercher dans les altérations de ces liquides la preuve des trou-

bles de nutrition dont les vésanies étaient supposées s'accompa-

gner. Parmi ces liquides, l'urine qui est la voie d'élimination la

plus importante de l'organisme, et qui se prête à l'étude mieux que

toute autre sécrétion, devait surtout fixer l'attention.

Les expériences entreprises sur la toxicité urinaire chez les aliénés

sociétés savantes. 243

ont paru donner d'intéressants résultats. Mais M. Ballet insiste sur

ce fait que ces expériences ne sont pas toujours parfaitement com-

parables entre elles : cela tient à ce que la technique employée par

les divers expérimentateurs, pour avoir été à peu près toujours la

même dans l'ensemble, n'a pas toujours été uniforme dans le dé-

tail. A ce propos M. Ballet s'attache à montrer l'importance qu'il

y aurait à tenir compte dans toutes les recherches de la vitesse

avec laquelle sont faites les injections d'urine, de la température

de l'urine injectée, de la quantité d'urine rendue en 24 heures

par le malade qui est le sujet de l'expérience, du régime auquel

est soumis ce malade, du degré de résistance difficile à apprécier

de l'animal servant à l'expérimentation.

Si l'on veut s'assurer que les phénomènes constatés sont

bien le fait' de la toxicité urinaire seule, il est nécessaire que

d'ailleurs toutes choses soient égales, condition qui n'a pas

toujours été réalisée et qui, il faut le dire, n'est pas toujours facile

à réaliser.

A ce point de vue, M. Ballet cite quelques expériences qui sont

de nature à jeter le trouble et à faire naître des doutes sur la va-

leur du procédé expérimental employé. Il a tué des lapins avec

14 ce. d'eau distillée par kilogramme, avec 10 ce. 25 d'eau ordi-

naire, avec 9 ce. d'une solution se rapprochant d'une urine artifi-

cielle. Voilà donc des liquides qu'on était en droit de supposer

peu nocifs (l'eau distillée peut être exceptée) et qui se sont mon-

trés notablement plus toxiques qu'une urine normale et même

que la plupart des urines pathologiques.

Quoi qu'il en soit, MM. Ballet et Roubinovitch ont poursuivi leurs

expériences sur le lapin avec des urines de mélancoliques, de ma-

niaques, de malades affectés de confusion mentale et de délire dé-

généra tif.

. En prenant comme chiffre de la toxicité des urines normales

ceux indiqués par M.Bouchard (45 cc. parkilogramme en moyenne),

les urines des mélancoliques se sont constamment montrées plus

toxiques que celles de l'état physiologique. Sur six expériences, six

fois le résultat a été le même au degré pris (30 ce, 30, 7, 11, 30,

18) : il semble donc significatif, d'autant plus qu'il est conforme à

ce qu'ont constaté la plupart des expérimentateurs (Chevalier-La-

vaure, Bak et Schlosse, Brugia, Mairet et Bosc). Mais on trouve là

encore certaines anomalies embarrassantes :

Chez l'une des malades les urines ont continué à se montrer

toxiques après la guérison ; elles l'étaient même à ce moment no-

tablement plus qu'au cours de la maladie, et à cette époque on

était logiquement en droit de supposer que les produits fabriqués

au cours de l'étatll1orbide étaientcoll1plètell1entéliminés.l\IlII. Ballet

etRoubinovitch relèvent d'ailleurs que l'hypertoxicité des urines a

coïncidé dans presque tous les cas avec un état saburral très accusé

'244 'SOCIÉTÉS SAVANTES.

des voies digestives et ils se demandent s'il ne faut voir dans des

fermentations intestinales et anormales la cause du phénomène.

Divers faits qu'ils citent viennent à l'appui de cette interprétation.

Chez trois maniaques, les urines ont semblé moins toxiques qu'à

l'état normal; mais, pour diverses raisons, les auteurs font des ré-

serves sur la signification de ces dernières expériences. Dans deux

cas de confusion mentale, l'une post-puerpérale, l'autre consécu-

tive à des fatigues physiques et morales, les urines ont été nette-

ment (légèrement dans un cas) plus toxiques qu'à l'état physiolo-

gique et la toxicité s'est atténuée pendant la convalescence.

Tout en donnant ces résultats extraits de l'ensemble de ces expé-

riences, les auteurs pensent qu'il ne faut pas exagérer l'importance :

l'étude de la toxicité urinaire chez les aliénés a sans doute son

utilité, mais ce serait, leur semble-t-il, s'aventurer que de fonder

sur elle seule des distinctions nosologiques, l'une des urines les

plus toxiques (9 ce. par kilog.) que l'auteur ait rencontrée était

celle d'un homme hystérique, sans manifestation délirante et

sans trouble apparent de la santé, autre que l'hystérie.

M. Ballet pense que l'analyse chimique des urines n'a pas moins

d'intérêt que l'étude de leur toxicité. Aussi s'est-il attaché, avec le

concours de 1\I : Bordas, à rechercher les produits anormaux qu'elles

peuvent renfermer. Les auteurs ont fixé particulièrement leur at-

tention sur les ptomaïnes.

Les analyses ont porté sur cinq urines d'individus bien portants

et sur dix urines d'aliénés. Chez les gens bien portants on n'a

trouvé aucune trace de ptomaïne. Les malades doivent être divisés

en deux catégories : dans la première figure un dégénéré avec

excitation maniaque, un maniaque simple, une dégénérée avec

délire mystique, une femme atteinte de confusion mentale puerpé-

rale. Les ptomaïnes faisaient défaut dans ces quatre cas.

Dans six autres, au contraire, on en a trouvé en quantité notable.

M. Ballet a montré des photographies représentant ces ptomaïnes.

Les six malades se répartissent ainsi : deux maniaques, deux mé-

lancoliques simples, une dégénérée avec délire mélancolique, une

jeune fille atteinte de confusion mentale. Chez deux seulement

(mélancolique simple et confusion mentale) les ptomaïnes étaient

toxiques, comme l'ont montré les expériences faites directement

'avec ces corps sur la grenouille et le cobaye. Il est intéressant de

relever que, dans ces deux cas, l'expérimentation faite avec l'urine

en nature avait décelé une notable hypertoxicité du liquide.

Par contre, chez l'un des malades (dégénérée avec délire mélan-

colique), dont les urines étaient également hypertoxiques, l'ana-

lyse décela la présence d'une ptomaïne non toxique : ce qui suffi-

rait à établir, s'il était besoin, que ce n'est pas seulement aux

produits alcaloïdiques qu'elle renferme accidentellement que

l'urine emprunte sa toxicité. -

SOCIÉTÉS SAVANTES. 248

M. Ballet, en citant ces faits, n'a pas la prétention d'en tirer des

conclusions : il s'agit là de recherches à peine ébauchées et qui

sont à poursuivre. Il pense que la question des relations des auto-

intoxications avec les maladies mentales est à son aurore, et qu'en

ce moment toute tentative de synthèse serait au moins prématurée. '

Séance du 1° août (soir).

Le Président donne la parole à M. A. Voisin (de Paris), qui rap-

porte quelques cas de délire qu'il a observés chez des opérées

d'ovariotomie. Ces malades mortes dans les quarante-huit heures

après l'opération n'offraient à l'autopsie aucune trace de foyer

septique permettant d'expliquer la complication cérébrale par le

mécanisme de l'auto-intoxication infectieuse; on ne pourrait qu'in-

voquer un choc moral et le traumatisme opératoire. Après quel-

ques critiques de détail concernant le rapport de MM. Régis et

Chevalier-Lavaure, M. Voisin donne lecture de quatre observa-

tions rentrant dans le cadre proposé par ces auteurs.

Les deux premières sont des manies éclamptiques liées à une

grossesse terminée par un accouchement normal. Guérison simul-

tanée de l'albuminurie et du délire par un traitement (saignée,

régime lacté, benzoate de lithine, etc.). Les deux autres sont des

observations de brightiques amnésiques à dépression mélancolique,

guéris aussi du délire en même temps que de l'albuminurie.

M. Voisin termine par l'observation d'un hépatique répondant

assez bien aux cas décrits par les auteurs du rapport sous le nom

de psychoses viscérales.

M. Jules Voisin lit une communication sur la toxicité des urines

chez les épileptiques aliénés. Dans les cas de crises en série, il y a

tout d'abord prodromiquement hypotoxicité pendant la série, la

toxicité tend à se relever vers la normale. La série terminée, dis-

parition de l'hypotoxicité et tendances à l'hypertoxicité pendant la

phase consécutive de détente. Les cas d'hypotoxicité continués

semblent correspondre aux troubles mentaux permanents. Un

trouble gastrique profond précède et accompagne toujours les ac-

cès et coïncide avec l'hypotoxicité.

Avec M. Raymond Petit, M. J. Voisin a répété ces recherches sur

les épileptiques simples, non délirants : elles ont corroboré les pré-

cédentes. Les auteurs ont construit pour ces expériences un nou-

veau dispositif assurant une pression constante pendant l'injection

expérimentale, ce qui permet de comparer entre eux les résultats z

obtenus sur des animaux différents'. Il' serait à désirer qu'un mode

opératoire commun soit adopté pour permettre les comparaisons.

Tous les auteurs devraient expérimenter sur la totalité des urines

de vingt-quatre heures, adopter une pression constante et des es-,

246 sociétés savantes.

pèces animales identiques. Les veines de l'oreille du lapin pa-

raissent le lieu d'élection pour pratiquer les injections.-

M. J. SÉGLAS. - L'influence de l'auto-intoxication dans les ma-

ladies mentales n'est encore qu'une hypothèse qui demande l'appui

d'observations et d'expériences. Aussi ne peut-il qu'être utile d'en

rassembler le plus possible. De ces faits, les uns auront trait à des

phénomènes d'auto-intoxication au cours de maladies mentales

préexistantes; les autres se rapportent à des cas où il semble y

avoir rapport direct, de cause à effet, entre l'auto-intoxication et

les troubles intellectuels : ce sont ces derniers seuls que M. Séglas

veut envisager dans sa communication. Il présente d'abord qua-

torze observations personnelles et cherche quelles sont les indica-

tions diverses qu'elles peuvent fournir sur la question.

Au point de vue étiologique, sans éliminer l'influence de la pré-

disposition héréditaire, la cause occasionnelle des troubles psy-

chiques a toujours été aussi vague et peut susciter l'idée d'une auto-

intoxcitation d'origine variable. Cette cause, en effet, a été la puer-

péralité, différentes maladies infectieuses (influenza, érysipèle,

angines, fièvre typhoïde, diarrhée cholériforme), des désordres

neurasthéniques avec troubles dyspeptiques, constipation, la mi-

sère et l'hygiène défectueuse, etc., etc.

Au point de vue clinique, on rencontre dans tous ces cas le même

ensemble de symptômes qui ne diffèrent qu'en intensité. La

maladie revêt toujours le type clinique décrit sous Je nom de con-

fusion mentale primitive, simple ou hallucinatoire et allant de la

simple torpeur intellectuelle à la stupidité complète. En même

temps on a pu noter des troubles somatiques parfois accentués

du côté des divers appareils et de l'amaigrissement, des états fé-

briles, typhoïdes, cachectiques. ,

- Ces remarques s'appliquent aux quatorze cas : mais en outre à

propos de deux d'entre eux, M. Séglas a fait des recherches expé-

rimentales et chimiques. Les recherches expérimentales ont eu

trait d'abord à la détermination de la toxicité urinaire : injection

intra-veineuse, chez le lapin, mais le mode d'expérimentation sou-

lève bien des objections. C'est d'abord la difficulté de fixer exacte-

ment le degré de toxicité de l'urine normale; la dose nécessaire

pour tuer un kilogramme d'animal et la quantité de poison rejeté

dans un nycthémère est très variable. Il faut tenir compte du vo-

lume d'urine en vingt-quatre heures et du poids du sujet. L'homme

normal mettant en général cinquante-deux heures à éliminer de

quoi tarer son propre poids. ,

'- C'est le fait le plus constant. Aussi ne faut-il pas, comme on le

fait souvent, se borner à fixer le degré de toxicité de l'urine pour

un kilo.. d'animal sous- peine d'erreur, mais calculer le coefficient

urotoxique. Cela, il est vrai, est souvent difficile chez l'aliéné, à

sociétés savantes. 247

cause du gâtisme qui empêche de fixer le volume total d'urine en

vingt-quatre heures. D'autre part, l'urine d'un même individu subit

d'un jour à l'autre des variations de toxicité dépendant du genre

de vie, de nourriture. Aussi est-il urgent de noter ces détails dans

les expériences et aussi de les poursuivre plusieurs jours à inter-

valles rapprochés et suivant les phases de la maladie, afin d'avoir,

non plus comme on le fait presque toujours, un chiffre unique pour

une maladie qui dure des mois, mais une série de moyennes. Il

est encore une cause d'erreur à laquelle on ne peut remédier, c'est

la différence de résistance individuelle des animaux en expérience,

fussent-ils de même espèce.

Il importe enfin de fixer toujours les conditions de l'expérience.

M. Séglas pense qu'il est utile d'élever la température de l'urine

au même degré que la température centrale, pourvu que l'écart

ne soit pas trop accentué, cela suffit et de l'eau injectée dans ces

conditions, en quantité plus que triple n'a pas produit un abaisse-

ment plus sensible de la température centrale. L'injection ne doit

pas être faite ni trop lentement, ni trop vite, sous peine de fournir

des résultats faussés, soit en permettant l'élimination au sur et à

mesure, soit en augmentant anormalement la toxicité, ou en mo-

difiant la pression intra-vasculaire.

Si l'on injecte dans les limites de 2 ce. 5 à 5 ce. par minute, les

résultats sont très sensiblement comparables et différents de ceux

d'une injection d'eau faite dans les mêmes conditions. Il faut tou-

jours injecter d'une façon continue jusqu'à la mort immédiate de

l'animal. Le procédé de la mort médiate ne peut°servir à une série

de recherches, car on ne peut fixer la quantité exacte à injecter :

il faudrait alors faire le même jour des injections de quantités dif-

férentes en série; encore ce moyen, sans bases fixes, ne peut-il

servir que de moyen de contrôle aux expériences de mort immé-

diate. D'autre part les symptômes de l'intoxication sont variables

et ne reproduisent pas, comme on l'a dit, ceux de la maladie.

Chez ses malades, M. Séglas a trouvé, dans un cas, le coefficient

protoxique supérieur à la normale, les Set 7 juillet (0,489-0,645),

tombant en dessous le lendemain (0,287). Ce malade avait été

purgé dans la journée du 5 et avait eu six sangsues le 6.

Dans l'autre cas, les urines examinées les 22 juin, 7, 8, 15 juillet

ont donné constamment un coefficient urotoxique inférieur à la

normale (0,432, 0,407, 0,503, 0,226) régime lacté et oeufs au moment

de la première expérience; régime commun de l'infirmerie pendant

les trois autres. La toxicité du sérum recherchée dans ce cas fut

trouvée égale à la moyenne normale.

L'analyse chimique des urines n'a donné rien de particulier pour

le premier cas : recherche des ptomaïnes infructueuse. Dans le

deuxième cas, il y avait une légère diminution de l'urée, des chlo-

rures et de l'acide phosphorique. Dans une autre série d'analyses

248 sociétés savantes.

moins démonstratives à cause du gâtisme, il y avait diminution

plus grande de l'urée avec augmentation des chlorures; quantité

assez abondante d'urobiline.

La recherche des ptomaïnes a permis d'isoler une première fois,

dans 475 ce, un produit toxique déterminant instantanément la

mort d'une grenouille; une seconde fois, dans 4,100 ce, un produit

déterminant la mort immédiate d'une grenouille et d'une souris

blanche au bout de cinq jours, le produit n'a pu être déterminé

chimiquement. 1

Il est curieux de remarquer que chez ces deux malades, atteints

d'une façon identique, l'urine est plutôt hypertoxique dans un cas

et constamment hypotoxique dans l'autre. Et tandis que dans le

premier cas l'analyse chimique reste négative, dans le second cas

l'analyse de ces urines hypotoxiques montre des variations de quan-

tité des éléments normaux, la présence de l'urobiline et d'un pro-

duit toxique déterminant la mort des animaux en expérience. La

toxicité du sérum est normale. Ces recherches devront d'ailleurs

être continuées suivant les phases de la maladie encore en

cours.

Enfin, il est à remarquer que la thérapeutique somatique qui

donne dans tous les cas de meilleurs résultats consiste à relever la

nutrition. Les émissions sanguines, purgatifs et les sudorifiques

etdiurétiques employés jadis semblent utiles, peut-être en favorisant

l'élimination des poisons. On n'a également qu'à se louer de l'anti-

sepsie gastro-intestinale. '

t

M. Séglas conclut que dans toutes ces observations, si la nature

des causes occasionnelles, la symptomatologie identique, l'action

de certains moyens thérapeutiques semblent plaider en faveur de

l'hypothèse d'une auto-intoxication, la démonstration rigoureuse

ne peut pas encore être faite à l'aide des procédés chimiques et

surtout expérimentaux, encore bien incertains et ne donnant que

des indications vagues et sans précision. D'ailleurs, les résultats,

incomplets ou contradictoires, consignés à ce sujet dans toutes les

observations publiées jusqu'ici par les auteurs, ne peuvent servir à

trancher la question. C'est une voie nouvelle aux recherches, mais

on est encore bien loin d'avoir atteint le but.

M. Charpentier (de Paris) lit un travail sur les auto-intoxica-

tions dans leurs rapports avec l'aliénation mentale. Il insiste en

finissant sur l'influence, exagérée selon lui, attribuée trop souvent

à l'hérédité, à l'exclusion des influences occasionnelles physiques et

même morales. Après avoir entendu lecture d'une série d'observa-

tions de folie brightique rentrant dans le cadre tracé par les rap-

porteurs et présentées par M. le Dr Cullerre, le Congrès étudie les

résultats de recherches faites à l'asile de Lafond par MM.Michaud,

Mabille et Collin, sur la toxicité des urines des aliénés. Chez les ar-

SOCIÉTÉS SAVANTES. 24 ? '

thritiques, ces auteurs ont presque constamment rencontré des

traces d'albumine en même temps que l'acide urique. Ces albumi-

nuries légères n'offrent pas à l'examen microscopique des traces de

cylindres. Au point de vue mental, la plupart de ces malades étaient

des mélancoliques hypochondriaques avec vertige, lassitude géné-

rale et affaissement physique. Ce sont les malades décrits par Bou-

chard sous le nom d'oxaluriques. L'indican est rencontré égale-

ment souvent chez ces malades, indice de troubles gastro-intesti-

naux profonds : ce sont donc au demeurant des ralentis de la nu-

trition. Les auteurs rappellent les propriétés toxiques de l'indican,

ils se demandent si l'albuminurie elle-même n'était pas une con-

séquence de l'indicanurie. Par un régime spécial, on peut réduire

cette indicanurie.

M. Mabille insiste sur la contre-indication de l'hydrothérapie-

froide.

En présence d'états mélancoliques par accès, on devra donc dé-

pister soigneusement l'arthritisme et l'albuminurie légère avec

indicanurie.

Toutes les fois qu'on se trouve en présence d'accès mélancoli-

ques, revenant par exemple de trois en trois jours, on devra songer

à une intoxication par élimination insuffisante et hypotoxicité uri-

naire, d'où nécessité de faire l'essai des urines et l'étude de leur-

toxicité sur les animaux.

M.DENY(de Paris) rapporte des expériences nouvelles de M.Brown-

Séquard. On enlève les reins à un animal à qui on injecte du suc

rénal. On obtient ainsi l'anurie avec survie. Ce qui tue paraîtrait,

donc n'être pas seulement la suppression du filtre rénal, mais la,

suppression d'une sécrétion particulière au parenchyme rénal. Le-

rein serait dès -lors à la fois sécrétant et excrétoire, c'est-à-dire

une glande double, interne et externe, au même titre que d'autres

glandes vasculaires (corps thyroïde, capsules surrénales, etc.).

M. Bnlssaun (de Paris) signalel'intoxication iodoformique comme-

cause possible d'accidents délirants, post-opératoires graves et

même de mort après laquelle l'autopsie ne décèle aucune trace-

d'empoisonnement septique appréciable.

M. BR1A1D (de Paris), après avoir rappelé sa thèse sur le délire

aigu d'origine microbienne, rapproche les délires toxiques par in-

fection des délires alcooliques qui supposent un terrain de pré-

disposition spécial. '

M. Séglas rappelle la diminution de l'urée post-opé¡'atoire'

signalée par M. Lucas-Championnière et la complexité possible du, 1

mécanisme dont l'étude nécessite l'examen des facteurs toxiques

extérieurs (pansements par exemple) et, dans les facteurs toxiques

internes, non "seulement les toxicités urinaire et sanguine, mais-

aussi digestive (stercorhémie). Il cite une observation à l'appui.

250 sociétés savantes.

M. Régis répond à quelques-unes des objections posées à ses con-

clusions dont il rappelle la prudence et la réserve; il reconnaît la

nécessité de reprendre et multiplier les expériences.

M. BOUBINOWITCII fait remarquer à M. Charpentier qu'il s'exagère

un peu l'importance de l'étude de la toxicité urinaire chez les alié-

nés, en fondant dès à présent sur la théorie des auto-intoxications

des distinctions nosologiques précises et en privant la dégénéres-

cence mentale de son rôle généralement reconnu comme impor-

tant. Il répond ensuite à M. Colin en lui rappelant que le plus'

grand nombre d'expériences faites par MM. Ballet, Bordas et lui

ont porté sur l'urine simple non réduite. (M. Colin objectait à

MM. Ballet et Roubinowitch l'emploi expérimental d'urines réduites

par la chaleur. Communication du matin.)

M. LEGRAIN appelle plus particulièrement l'attention sur le rôle

clinique de la question et cherche à établir d'une part qu'il existe

des connexions étroites entre les trois états morbides dénommés :

confusion mentale, délire hallucinatoire et délire aigu, et, d'autre

part, entre ces trois états et les auto-intoxications. A l'appui de ses

idées il présente deux observations minutieusement prises, dont

l'une est un cas typique d'auto-intoxication d'origine gastro-intes-

tinale qui s'est présentée cliniquement sous la triple forme simul-

tanée du délire aigu, du délire hallucinatoire et de la confusion

mentale. Le lien qui réunit ces états morbides à l'intoxication est

évident. L'auteur émet deux idées, l'une qui généralise sa première

observation, à savoir que les délires toxiques, quels qu'ils soient

affectent un type uniforme, cliniquement parlant, type caractérisé

par un mélange, par proportions inégales, des trois syndromes

déjà mentionnés. Sa seconde idée, simple hypothèse, est que son

cas d'auto-intoxication pourrait être justiciable du coli-bacille dont

le rôle pathogénique tend à s'élargir de jour en jour. Le même

bacille autochtone serait responsable en général de certaines com-

plications aiguës que l'on observe si fréquemment chez les aliénés

à complications gastro-intestinales. Laseconde observation est rela-

tive à un cas d'auto-intoxication, non plus microbienne, mais d'o-

rigine dyscrasique, dystrophique. Cliniquement, la maladie s'est

présentée, au point de vue clinique, sous la forme de la confusion

mentale avec délire hallucinatoire. Au point de vue somatique, on

a observé des spasmes par accès dans divers territoires organiques :

spasmes musculaires (aphasie motrice spasmodique et transitoire,

secousses musculaires dans les bras (spasmes respiratoires (respi-

ration de Cheyne-Stokes); spasmes circulatoires (tachycardie, sus-

pension et irrégularité des battements cardiaques); spasmes uri-

naires (alternatives d'anurie relative et de polyurie). Pendant ce

temps le malade se montre constamment hypo-azoturique. Un

tracé, représentant la courbe de l'urée pendant trois mois, montre

SOCIÉTÉS SAVANTES. 251

que le malade excrète une moyenne de 9 grammes d'urée par jour.

M. Legrain pense que le malade est intoxiqué et que la dyscrasie

excrémentitielle est la cause première de l'intoxication. Les deux

cas sont superposables au point de vue psychique, bien que les

deux intoxications soient différentes dans leur cause. Ce fait prouve

l'universalité des caractères des délires toxiques sur laquelle l'au-

teur a insisté.

. Séance du 2 août (matin).

Lecture est donnée du rapport préparatoire de M. Cullerre sur

les faux témoignages des aliénés : L'auteur du rapport cherche

tout d'abord à établir l'incertitude du témoignage des aliénés,

quelle que soit la forme de leur maladie, et pose en principe qu'ils

ne doivent pas être admis à prêter serment et à témoigner en la

forme ordinaire. Tout au plus peuvent-ils être entendus à titre de

renseignements comme les enfants et mineur ? Certaines formes

partielles de l'aliénation sont, à la vérité, compatibles avec une ob-

servation exacte du monde extérieur, mais à moins d'avoir une

connaissance approfondie des maladies mentales, nul ne peut être

sûr que dans le récit des faits qu'il demande à un aliéné atteint de

folie partielle, ce dernier ne mêle aucune illusion, aucune inter-

prétation délirante. Comme dit Georget, dans un procès criminel,

la déposition d'un aliéné ne peut avoir à peu près aucune valeur.

Les aliénés, dans certains cas, peuvent faussement témoigner

contre eux-mêmes; si l'affection mentale est caractérisée, il est

facile de rattacher ces auto-accusations à leur véritable origine,

mais elles peuvent se produire à la période d'incubation et provo-

quer une erreur judiciaire, étant méconnues pour ce qu'elles va-

lent. Le plus souvent, ces a.uto-accusateurs sont mélancoliques ou

alcooliques, voire l'un et l'autre. Les faux aveux des hystériques

puisent aussi leur source dans l'hallucination et le délire du rêve.

Cette dernière catégorie d'auto-accusation semblerait, dit le rappor-

teur, plus rare de nos jours. Ajoutons pour cause d'aveu d'une cul-

pabilité imaginaire certains paroxysmes psychiques relevant de'la

dégénérescence mentale acquise ou héréditaire. L'aveu spontané

d'un crime n'a donc rien de décisif, et quand preuve ne peut être

faite, il y a lieu de soupçonner de folie l'auteur de l'aveu et le sou-

mettre à une expertise. Enfin les psychopathes pseudo-lucides

appartenant à la folie héréditaire présentent généralement au

point de vue nosologique un caractère commun, faiblesse ou per-

version du sens moral. Ils dénoncent par haine, par vengeance,

par appétit de mal faire, cela devient chez quelques-uns une idée

fixe qui dirige toutes leurs démarches, toutes leurs actions, leur vie

entière. Il y a lieu d'appeler surtout l'attention sur les persécutés

persécuteurs dont les dénonciations mensongères, et les revendica-

tions non fondées peuvent être et sont probablement la cause de

252 SOCIÉTÉS SAVANTES.

,-

nombreuses erreurs judiciaires. L'auteur englobe les hystériques

dans le groupe des héréditaires et des dégénérés, selon les données

classiques. Tout en maintenant que nombre de ces malades appar-

tiennent bien à ce groupe, il est bon de rappeler que leurs faux

témoignages peuvent provenir, et en fait proviennent souvent,

d'une autre source que la perversion de leur sensibilité morale, et

qu'ils sont alors la conséquence d'une idée délirante tirée d'un

rêve ou d'une hallucination. Cette notion jette une vive lumière

sur un certain nombre d'accusations étranges et monstrueuses lan-

cées de bonne foi par des hystériques contre des malheureux qui,

il'ayant pu démontrer leur innocence, ont reçu une flétrissure et

un châtiment immérités. Mieux connue des médecins et mieux

appréciée des magistrats, elle pourra éviter à l'avenir les doulou-

reuses erreurs judiciaires dont on peut trouver des exemples dans

un passé encore près de nous.

M. DOUTREI3ENTE, qui prend ensuite la parole, estime que c'est un

néologisme de dire faux témoignage des aliénés, tout témoignage

de délirant étant par définition nul et partant faux. Si la question

de ces témoignages est relativement simple pour ce qui concerne

les aliénés séquestrés, la difficulté peut être inextricable pour les

aliénés libres. L'auteur signale à ce propos une série de faits per-

sonnels de ce genre.

M. Roubinowitch lit au nom de M. A. Voisin une observation

d'hystérique ayant porté une accusation de viol vis-à-vis d'un élève

du service. Cette accusation énoncée avec force détails fut con-

trouvée par le témoignage de la mère qui ne l'avait pas quittée le

jour de l'attentat prétendu. Enfin la malade était vierge et recon-

nut plus tard la fausseté de l'accusation.

M. MAILLE relate quelques faits de même ordre.

M. Charpentier rappelle les aveux d'obsessions homicides fausses

dans le but de se faire interner; c'est là un cas particulier de simu-

lation de la folie par des aliénés.

M. J. Voisin demande que l'acceptation du témoignage à titre'

de simple renseignement soit étendue pour l'épileptique : au lieu

du délai actuel de trois jours, à la suite des crises, on devrait

demander dans ces cas un examen médical préalable pour déter-

miner nettement l'état mental.

- 111. BncAlVn appelle l'attention du Congrès sur le cas possible de

faux témoignages se corroborant par suite de folie communiquée,

plusieurs malades affirmant la même accusation fausse par suite

d'un délire commun, M. Régis a d'ailleurs signalé ces cas. 1

M. DOUTREDENTE rappelle un cas de persécuté à idées d'empoi-

sonnements mort à l'asile, et dont la domestique libre et persécutée

SOCIÉTÉS SAVANTES. 253

de la même façon dénonça la mort comme causée par le poison,

d'où exhumation et expertises délicates.

M. MABILLE insiste sur la persistance possible des images hallu-

cinatoires de certains alcooliques qui persistent dans leurs témoi-

gnages erronés assez longtemps après l'accès délirant.

M. CHRISTIAN déplore en terminant la facilité avec laquelle les

autorités compétentes accueillent parfois les dénonciations des ma-

lades les plus extraordinaires, il rappelle le cas de ce malade mort

d'étranglement interne à l'Asile clinique, pour lequel une enquête

fut faite, un autre aliéné ayant dénoncé l'interne du service

comme l'ayant étranglé.

M. Briand propose au Congrès d'émettre le voeu que c les auto-

rités compétentes n'acceptent qu'avec la plus grande réserve le

témoignage des aliénés. » Cette proposition est adoptée.

Le Congrès se sépare après avoir voté la fusion des médecins

aliénistes et neurologistes des pays de langue française.

Cette proposition, déposée par M. Brissaud, appuyée par divers

membres du Congrès, entre autres M. Bourneville, Deny, etc.. avait

déjà été faite au Congrès de Rouen, en 1890, par M. Sollier.

Depuis lors, en maintes circonstances, soit dans les Archives,

soit dans le Progrès médical, quand il était question du Congrès des

aliénistes, on ajoutait souvent avant la lettre - et des neuro-

logistes. La décision du Congrès nous paraît excellente. D'ailleurs,

elle ne fait que confirmer ce qui existait dans la pratique.

Séance du 2 août (soir).

Lecture est donnée du rapport préparatoire de M. Giraud sur les

Sociétés de patronage pour les aliénés sortants.

Après avoir rappelé le remarquable rapport fait sur les Sociétés de

patronage par M. Bourneville au Conseil supérieur de l'Assistance

publique, et le rapport du même auteur à la Commission de sur-

veillance des asiles de la Seine, documents où il a largement

puisé, M. Giraud expose en détail les efforts faits jusqu'à ce jour en

France pour le patronage des aliénés (Sociétés créées par 111r11. ral-

ret, Baillarger, Alitivié, David Richard, etc.) et les résultats de la

récente intervention de pouvoirs publics dans la question (1889),

M. Giraud expose l'organisation des Sociétés de patronage étran-

gères sur lesquelles a pu porter son enquête. C'est ainsi qu'il passe

en revue les principales institutions de l'Allemagne, de la Belgique,

Italie, Autriche et Grande-Bretagne. Les Sociétés de patronage

suisses font l'objet d'une étude spéciale et particulièrement détaillée

de M. le Dr Ladame, étude annexée au'rapport. De tout l'exposé il

résulte que le principe même des Sociétés de patronage ne saurait

254 SOCIÉTÉS SAVANTES.

être discuté; ce qui a été dit il y a plus de cinquante ans reste tou-

jours vrai : La Société n'a pas rempli sa tâche jusqu'au bout lors-

que, après avoir assisté des aliénés à l'asile, elle les laisse à la

sortie sans appui. Tout asile devrait être, sinon pourvu d'une

Société de ce genre, au moins affilié à une oeuvre de patronage

pour que l'assistance, si elle est encore nécessaire, ne s'arrête pas

au seuil de l'asile. L'objection posée de la nécessité de l'interven-

tion des pouvoirs publics est controuvée par le succès si encoura-

geant de l'initiative privée de plusieurs pays (Suisse notamment).

L'indifférence du public et le nombre déjà grand des oeuvres de

bienfaisance sont des obstacles sérieux au .début; une propagande

active et un taux minime des cotisations peuvent en triompher.

Le faible mouvement de certains asiles et le milieu agricole peu-

vent restreindre les applications du patronage et en rendre le fonc-

tionnement onéreux; on y peut obvier par une sorte de fédération

de diverses Sociétés, une seule pouvant assister les sortants de plu-

sieurs établissements.

Quoi qu'il en soit, aussi bien en France qu'à l'étranger, l'organi-

sation des Sociétés de patronage paraît être toujours réalisable.

Reste à choisir entre les différents modes d'organisation. On les

peut ramener à deux types qu'on pourrait appeler type Falret ou de

Paris, et type David Richard, très développé en Allemagne et en

Suisse; le premier type est une Société indépendante, tandis que

le deuxième est une dépendance administrative de l'asile. Les

deux systèmes répondent chacun à des besoins différents et l'on,

pourrait appeler l'un système des grandes villes, l'autre système

des campagnes. La question du patronage familial, rattaché

comme en Belgique aux colonies de Ghéel et Lierneux, ou au

Boarding ont System, en Angleterre, doit être réservée, en parti-

culier pour ce qui concerne la France, la tentative de Dun-sur-

Auron étant de création trop récente et les questions multiples qui

se posent à son sujet étant encore pendantes. La grosse question

des ressources pécuniaires nécessaires à ces créations pourrait être

en partie résolue par l'attribution intégrale du produit du travail

des aliénés et des effets de succession. Quel que soit le système

adopté il parait y avoir grand intérêt à ce que la direction de la

Société soit en relation avec le personnel de l'asile. Nul ne peut

s'intéresser au malade plus que le médecin qui a donné des soins

et qi a provoqué la sortie. Il ne faut pas que le convalescent ait,

en rentrant dans la Société, à faire des démarches multiples pour

obtenir l'assistance nécessaire. Si le convalescent a besoin, pendant

un certain temps, de secours, la connaissance des antécédents

n'est pas inutile pour apprécier l'importance et la durée de ces

secours.

M. BOUIINEVILLE tient à remercier tout d'abord M. Giraud de

l'appréciation bienveillante de ses rapports antérieurs et constate

SOCIETES SAVANTES. 255

que M. Giraud a, de nouveau, mis la question au point. Les réponses

des médecins aliénistes français consultés sur l'utilité de la création

des Sociétés de patronage est d'un grand intérêt. Toutefois c'est

avec regret que nous avons vu qu'un certain nombre de nos col-

lègues avaient répondu que le besoin d'une Société de patronage ne

' se faisait pas sentir dans leur département. Que de telles réponses

soient faites par des commissions administratives, composées de

braves gens, animés de bonnes intentions, mais trop souvent

incompétents et ne cherchant pas assez, par la lecture des publi-

cations spéciales et par la visite des asiles, à se mettre au cou-

rant de l'organisation des asiles, de telles réponses, répéterons-

nous, ne nous auraient pas surpris. Pour qu'il en soit ainii, il faut

qu'ils n'aient rien lu de ce qui a été écrit sur cette question. Qu'ils

ignorent les rapports annuels de l'OEuvre de la Salpêtrière, cela

se conçoit, puisqu'ils ne sont distribués qu'aux membres de l'OEuvre.

Mais il y a eu des communications au Congrès international d'assis-

tance publique de 1889,au Congrès international de médecine men-

tale de la même année sur la création des Sociétés de patronage.

Tous les médecins des asiles auraient dû recevoir notre rapport au

conseil supérieur de l'Assistance publique. M. le rapporteur nous

apprend qu'ils ne l'ont pas reçu et que l'administration s'est bornée

à l'envoi d'une circulaire et du procès-verbal de la discussion. Si cet

oubli explique les réponses peu enthousiastes de quelques-uns de

nos collègues, il témoigne aussi de la négligence de l'administra-

tion supérieure, qui, en ce cas, semble avoir obéi à un sentiment

mesquin et agi à l'encontre de l'intérêt public.

Si nos collègues avaient lu ce document, ils auraient vu et

nous avons insisté maintes fois sur ce point, que les Sociétés de

patronage n'ont pas seulement pour but de procurer du travail aux

malades sortants, mais qu'elles poursuivent encore d'autres buts.

Ces buts sont bien mis en relief dans le rapport de M. Giraud.

Eclairer le peuple sur les causes, la nature, le traitement de l'alié-

nation mentale, rapports des familles avec les malades pendant

l'internement; faciliter l'entrée rapide des malades dans les

asiles; -secours aux malades sortants; - encourager et aider les

familles pendant le placement; - statistique plus précise des alié-

nés ; conférences populaires pour dissiper les préjugés relatifs

aux aliénés et aux asiles, etc.

N'y-a t-il pas dans cette tâche à remplir une oeuvre sérieuse, une

oeuvre humanitaire, d'une utilité incontestable aussi au point de

vue économique puisqu'elle peut donner plus de guérisons en aidant

à un prompt placement et qu'elle permet d'envoyer, avec plus de

sécurité, les malades en congé d'essai de sortie dans leur famille.

C'est précisément par des interventions et des créations de ce genre

que notre prefession s'élève au-dessus des autres est que nous ne

sommes pas de simples commerçants ou de simples industriels.

256 . SOCIÉTÉS SAVANTES.

Bientôt, après la lecture du rapport de MM. Giraud et Ladame,

ainsi que du procès-verbal de la discussion en cours, nos collègues,

mieux éclairés, entreprendront partout, nous l'espérons, l'or-

ganisation des Sociétés de patronage en appropriant les statuts

aux besoins de leur région.

Avant de terminer, qu'il nous soit permis d'insister sur les heu-

reuses conséquences des conférences populaires faites par les

membres des sociétés de patronage, surtout en Suisse, et pour

cela nous citerons le passage du rapport de M. Giraud qui a trait

à la Société du canton d'Appenzell :

« Cette Société a poursuivi son but avec persévérance et a fini

par triompher de toutes les difficultés en intéressant le peuple à

la création d'un asile cantonal et en lui démontrant la nécessité

de cette création. Le caractère essentiel de cette Société c'est

d'avoir réussi à pénétrer dans toutes les communes du canton et

dans toutes les couches de la population. La Société appenzelloise

de secours aux aliénés est vraiment populaire dans le meilleur sens

du mot. »

Ce qui a été fait dans le canton d'Appenzell nous semble favo-

rable et bon dans nos départements, même les plus agricoles. Et

c'est avec raison que M. Giraud a formulé sa seconde conclusion,

à savoir « qu'une société de patronage pour les aliénés sortants

est toujours possible ».

M. TOUTANT (de La Rochelle) rappelle la teneur des circulaires

ministérielles et donne lecture des paragraphes relatifs à ce sujet.

M. Charpentier regrette que, pour des raisons d'ordre politique,

les pouvoirs publics n'aient pas songé à développer, à Paris, l'insti-

tution déjà ancienne et assez florissante par la seule initiative

privée. La Société créée par MM. Falret et Baillarger remplit d'ex-

cellentes conditions et s'imposait à l'attention du conseil général;

pour créer côté une Société nouvelle, il faut, a-t-on dit, une pro-

pagande active; M. Charpentier redoute les conférences à un public

étranger aux questions d'aliénation mentale, auquel cette demi-

vulgarisation ne peut que donner des notions fausses préjudiciables

selon lui aux asiles, aux aliénistes comme aux aliénés.

M. BOURNEVILLE. Le Conseil général de la Seine n'a pas perdu

de vue le devoir qui s'impose à lui. Déjà les aliénés sortants dispo-

sent de l'asile de la rue de Charenton et les femmes de l'asile de

la rue Fressard ; les unes et les autres du legs d'André et d'une

subvention de 500 francs par asile. Tout fait espérer que le Conseil

général se préoccupera prochainement d'une façon sérieuse de la

création d'une Société laïque de patronage pour ses aliénés sortants.

M. Charpentier a critiqué les conférences populaires. Nous ne

partageons pas cet avis et le titre de quelques-unes de ces conféren-

ces nous fournira une réponse péremptoire. Les aliénés et les asiles

SOCIÉTÉS SAVANTES. : 2Õ7 -1

d'aliénés ; Nécessité des asiles ; Les causes des maladies

mentales; - Conduite à tenir vis-à-vis des aliénés; - La ques-

tion de l'alcool ; - De l'occupation des aliénés dans les asiles ;

Rapports des parents avec le malade pendant son internement

dans l'asile ; - Le traitement des aliénés dans les familles, etc.

Qui contestera l'utilité de conférences populaires sur de tels

sujets ? Nous les croyons utiles, pratiques et il est facile aux mem-

bres des sociétés de patronage de faire tous les ans dans chaque

chef-lieu de canton des conférences qui rendront service aux

malades, aux asiles, et même aux médecins.

M. GIRAUD fait observer que ces conférences se font sous forme

de sermons de charité dans la Société du type que défend M. Char-

pentier ; il ne voit pas pourquoi une propagande laïque parallèle et

semblable ne donnerait pas les mêmes résultats comme propaga-

tion des idées philanthropiques et recrutement d'adhérents.

M. Mabille lit une note de M. Pons (de Bordeaux) sur les incon-

vénients que peut avoir le patronage entre les mains de personnes

autres que le personnel des asiles. Il considère comme violation

périlleuse du secret professionnel le fait de signaler à un patron

tel ouvrier, par exemple, comme sortant de l'asile. M. Mabille

ajoute que les ressources qu'on propose de tirer du pécule des

aliénés morts nécessiteraient une modification aux décrets et règle-

ments qui l'attribuent à l'asile.

M. DROUINCAU, après avoir rappelé la teneur de ces règlements

qui ne peuvent être modifiés par la seule autorité préfectorale pro-

teste contre une objection de M. Pons qui, comparant incidem-

ment le patronage à l'organisation de la protection de l'enfance,

croit que celle-ci végète et aurait même échoué en plusieurs en-

droits. La République, dit M. l'Inspecteur général, a créé un réseau

complet de Sociétés et de fonctionnaires dévoués à la protection

de l'enfance; chaque jour on fait en ce sens un pas nouveau, et

tout dernièrement encore, on vient de compléter l'effort par la

protection de la femme enceinte actuellement eu voie de réalisa-

tion.

M. Charpentier appelle l'attention sur une catégorie nombreuse

de dégénérés pervers assez lucides pour être mis en liberté des

asiles, mais y revenant constamment; il estime que le patronage,

en s'égarant sur de tels malades, mène à de grosses déceptions.

Suivant lui, d'ailleurs, de tels individus ne devraient pas être admis

à l'asile, on n'aurait pas ainsi à les patronner à la sortie.

M. DOUTREBENTE rend compte des résultats négatifs de sa ten-

tative d'organisation du patronage. La responsabilité de la Com-

mission de patronage, eu cas d'accidents causés par les aliénés

sortis, a été le principal écueil.

ARLmvËS, t. XXVI. 1 ï

258 SOCIÉTÉS SAVANTES.

M. LE Président propose au Congrès de clore la discussion en

votant les conclusions du rapport de M. Giraud. Ces conclusions

sont adoptées.

La parole est alors donnée à M. Luys (de Paris) qui soumet le

résultat de ses expériences sur l'action des anneaux en couronnes

et la vision colorée des hystériques tendant à lui faire admettre

une polarisation fluide des corps vivants. Une série de dessins très

curieux dus à des malades hystériques est soumise aux congres-

sistes ; la polarisation unilatérale y est indiquée par des colora-

tions bleues ou rouges en rapport avec les pôles aimantés égale-

ment teintés de couleurs homologues ou inverses.

Entre temps le Congrès a visité l'hôpital de La Rochelle et la

station balnéaire de Chatelaillon; une réception à la mairie et un

banquet sur la plage ont terminé les journées des lor et 2 août.

Le 3, visite et réception à l'asile de Lafond.

Séance du 3 août. Présidence DE M. Christian.

Cette séance a eu lieu à l'asile de Lafond. Lecture est d'abord

donnée par M. Lagrange d'une observation de dégénéré héréditaire

accusé de faux et atteint d'hystérie et d'astasie-abasie. Une discus-

sion s'engage à la suite, entre MM. Charpentier, Lagrange, Legrain,

Régis.

Pour M. Charpentier, un tel malade, au nom de la dégénéres-

cence, serait, en cas de délit, interné comme irresponsable alors

que suivant lui il y aurait lieu d'appliquer une pénalité et la réclu-

sion pénitentiaires.

lI\l. LEGR.11N et RÉGIS font observer que dans le cas particulier,

la dégénérescence est indéniable et les tares héréditaires mani-

festes ainsi que leurs conséquences somatiques immédiates et par-

tant psychiques.

M. DOUTREBENTE pose la question de savoir quelle estla conduite à

tenir pour la médecine lorsque l'autorité judiciaire ou adminis-

trative accorde à un individu délinquant le bénéfice d'une ordon-

nance de non-lieu, comme irresponsable mentalement.

M. Mabille fait remarquer que dans la pratique la plus ordinaire

les autorités mettent purement et simplement en liberté ces indi-

vidus s'ils ne sont pas à l'asile, et il est permis de se demander si

elles n'entendent pas par cette pratique même qu'il en soit ainsi

lorsque le malade est en observation à l'asile. Il y aurait peut-être

lieu d'émettre un voeu tendant à interner au contraire en prin-

cipe les individus déclarés aliénés, et ayant ainsi bénéficié d'une

ordonnance de non-lieu, échappant à la prison ils n'en seraient pas

moins mis hors d'état de nuire àla société. Une discussion s'engage,

relativement à l'interprétation à donner au texte du Code pénal,

SOCIÉTÉS SAVANTES. 259

art. 8 : « Il n'y a ni crime, ni délit, lorsque « l'auteur était en état de

démence ou « contraint par une force à laquelle il n'a pu résister. »

M. Charpentier dit qu'il importerait d'établir jusqu'à quel point

certaines impulsions peuvent être incoercibles par la volonté de

l'impulsif.

M. CHRISTIAN fait observer que ce dosage de l'irrésistibilité est

impossible; tel malade qui résiste aujourd'hui peut avoir demain

un accès plus intense où le raptus impulsif l'emportera à quelque

acte délictueux.

M. Mabille présente ensuite plusieurs malades. L'un est un

ataxique avec état mental et somatique de paralytique général,

syphilitique ancien d'ailleurs. Le deuxième malade est un amné-

sique ressemblant aussi beaucoup à une périencéphalite diffuse.

Enfin, trois athétosiques, l'un hémilatéral, les deux autres doubles

et compliqués d'idiotie et épilepsie avec érotisme et perversions

sexuelles.

Séance du 5 août (matin). - Présidence DE M. CHRISTIAN.

MM. Bourneville et NOIR. Des différentes formes de l'hydrocé-

phalie (Idiotie laydrocéphalique. et ses variétés). M. Bourneville

place sous les yeux des membres du congrès dix-sept crânes d'en-

fants hydrocéphaliques, accompagnés de la photographie des cer-

veaux correspondants ainsi que la photographie des enfants. Il

signale les points principaux de chaque cas. Dans un premier

groupe concernant l'hydrocéphalie simple, les auteurs distinguent

l'hydrocéphalie sans malformations importantes du cerveau (cas

de Cher..., Coeu..., Ess..., Gar..., Gre..., Lob..., Revel) et l'hydro-

céphalie compliquée de malformations ou de lésions, par exemple,

l'absence de corps calleux , l'absence des hémisphères cérébel-

leux, etc. (Alix. Sor... et une petite fille de la Salpêtrière dont l'ob-

servation a paru dans le premier volume des Archives de Neuro-

logie.) Dans ce groupe les crânes ont en quelque sorte un air de

famille, l'hydrocéphalie occupe soit les ventricules latéraux seuls,

soit en même temps la cavité arachnoïdienne et est accompagnée

ou non d'hydrocéphalie enkystée.

Un autre groupe comprend les cas dans lesquels le crâne pré-

sente les caractères de la scap7tocéplaolie.

A l'appui, il présente les pièces relatives à Charmes... Cheval...

Noiret... ainsi qu'une série de photographies concernant un enfant

de son service nommé Moquer... Eu ces cas, il y a une hydro-

céphalie ventriculaire seule ou compliquée de méningo-encé-

phalite avec ou sans épilepsie. Quelquefois l'hydrocéphalie n'in-

téresse que l'un des ventricules latéraux, tel est le cas de Fau...

(hémi-hydrocéphalie).

260 SOCIÉTÉS SAVANTES.

Souvent l'hydrocéphalie est symptomatique : 1° de méningo-

encéphalite, ce qui est assez commun. Exemple : Hani...; 2° de

tumeur du cervelet. Exemple : Berli... (sarcome), Besse (tuber-

culose), etc. Il s'agit là de deux crânes qui ont figuré dans une

communication à l'Académie de médecine et sur lesquels on ob-

serve une disjonction remarquable de toutes les sutures de la voûte

du crâne. M. Bourneville rappelle que Barthez et Rillet ont si-

gnalé deux cas analogues, l'un personnel, l'autre emprunté à un

journal anglais.

L'hydrocéphalie symptomatique a nécessairement une issue

fatale, il n'en est pas de même de l'hydrocéphalie que l'on appelle

idiopathique, celle-ci peut guérir et les malades peuvent vivre

même au delà de cinquante ans.

Dans ces derniers temps on a préconisé de nouveau les ponc-

tions capillaires auxquelles avaient eu déjà recours Conquest, Bat-

tersby, West, Giraldès, etc. Elles ont été préconisées de nouveau

par Spencer, Smith, Unverricbt, tantôt seules ou précédées de la

trépanation, avec application d'un drain. (A. Broca, Quincke,Keen,

Phocas, Audry, Arthaud, etc.) Quincke a eu recours aussi à la ponc-

tion lombaire avec succès, assure-t-il, et a été imité par quelques

autres chirurgiens. Dans la plupart des cas de ponction avec tré-

panation et drains, les malades sont morts.

Comme exemple d'hydrocéphalie avec survie, M. Bourneville

montre la photographie collective de Peti..., âgé aujourd'hui de

vingt ans, et la photographie d'une de ses soeurs dont l'hydrocé-

phalie semble avoir rétrocédé.

L'auteur montre ensuite une série de photographies concernant

une petite fille, nommé Escoffi..., âgée de plus de trois ans qu'il

observe presque depuis sa naissance et sur laquelle le développe-

ment de la tête semble s'arrêter. Cet enfant a toutes ses dents, elle

marche, rit, cause, est affectueuse. Chez elle l'auteur a mis à con-

tribution un traitement classique : compression avec des bande-

lettes d'emplâtre de Vigo, calomel, bains salés, antiscrofuleux,

exercice de la marche et de la parole. Ce traitement dure depuis

près de trois ans. Pour avoir quelques chances de succès, dans ces

cas, il faut intervenir le plus tôt possible et continuer le traitement

avec persistance. On peut aussi raser la tête, appliquer des vésica-

toires, puis, quand la plaie est à peu près cicatrisée, appliquer les

bandelettes d'emplâtre de Vigo, et recommencer au bout d'un mois

ou deux. Ce traitement, s'il ne réussit pas toujours, a au moins

l'avantage de ne pas occasionner la mort à bref délai comme le

traitement chirurgical.

M. DaouH'OE,\U soumet ensuite au Congrès les résultats de re-

cherches comparatives sur le produit du travail des aliénés dans

tous les asiles publics de France, d'après les documents du Minis-

tère de l'Intérieur. D'après ces recherches, un seul asile équilibre-

SOCIÉTÉS SAVANTES. 261

rait exactement les frais causés par l'emploi des malades par les

bénéfices ainsi obtenus. Vingt et un établissements seraient en perte

à ce point de vue et vingt autres, en revanche, en bénéfice. La

perte serait en moyenne, pour les premiers, de 1,06, différence en

moins, et le gain pour les autres de 1,36, différence en plus.

Sur deux cas d'obsessions et d'impulsions à forme continue.

M. Roubinovitch rapporte deux observations qui prouvent qu'à

côté de la forme paroxystique des obsessions et impulsions qui est

la plus fréquente et qui a surtout attiré l'attention des aliénistes,

il en existe une autre dans laquelle le caractère paroxystique

manque complètement et où l'individu est obsédé à l'état pour ainsi

dire permanent.

Son premier cas est relatif à une femme âgée de vingt-cinq ans,

internée à la Salpêtrière. Elle présente le type de l'arilhmomanie

à forme continue. Dans le diagnostic de ce cas, l'auteur démontre

que cette malade n'entre pas dans la variété dite a des compteurs >

de la maladie du doute, ni dans la catégorie des obsessions à

forme paroxystique. Les caractères propres à l'affection dont est

atteinte cette femme sont les trois suivants : 1° Continuité de l'obi

session et de l'impulsion sans aucune interruption; 2° Etat de sa-

tisfaction, non seulement après l'exécution du désir, mais surtout

pendant toute la durée des obsessions ; 3° Lutte pour l'obéissance

à l'obsession en cas d'absence venant du dehors. Le second cas

concerne une femme âgée de quarante-cinq ans, ancienne institu-

trice, atteinte d'obsessions superstitieuses qui ont envahi complè-

tement sa vie psychique. Là encore on retrouve les trois carac-

tères que l'auteur a notés chez sa première malade.

M. Roubinovitch s'attache surtout à indiquer avec netteté l'ori-

gine, la marche et le caractère progressivement envahissant des

obsessions décrites par lui. On voit en effet que, dans les deux cas,

la forme d'obsession n'est pour ainsi dire qu'une habitude poussée

à l'extrême et passée à l'état de mal obsessif chez des individus à

volonté très affaiblie.

C'est cette évolution même de la maladie qui explique pourquoi

tout traitement physique ou psychique sera toujours infructueux;

il faudrait, en effet, refaire complètement l'éducation de ces deux

malades, chose que leur âge et leur état de satisfaction rendent

impossible.

En concluant, l'auteur déclare vouloir simplement signaler l'al-

lure particulière que ces deux cas d'obsession présentent, surtout

à cause de leur forme continue. Ce n'est donc pas dans un but de

classification théorique qu'il les détache des obsessions à forme

paroxystique et de la folie du doute; c'est surtout à cause de la

symptomatologie, et, partant, de leur diagnostic, qui présentent

en effet une physionomie à part.

262 SOCIÉTÉS SAVANTES.

M. RAtADIER (de Rodez), lit ensuite un travail sur le goitre et sa

fréquence sur les aliénés du département de l'Aveyron.

M. Marie lit en son nom et au nom de M. FRIÈSE (de Mayenne),

l'observation d'un persécuteur migrateur; inquiet d'abord, puis

franchement persécuté, il fuit jusqu'à Chicago ses ennemis; ruiné

par la faillite d'un notaire qui meurt, ce malade évolue en quel-

que sorte et se transforme en persécuteur chargé d'une mission

vengeresse ; il poursuit maintenant le notaire à la mort duquel il

ne peut croire et vagabonde ainsi de longues années à travers la

France, non plus fuyant et craintif, mais agressif et cherchant à

tuer, à défaut de sa victime insaisissable, les parents et surtout la

veuve. Arrêté"pour tentative d'homicide sur cette dernière, il

simule la folie d'une façon grotesque ; mais, sa simulation

déjouée, il est reconnu néanmoins pour un véritable aliéné et in-

terné.

M. Marie donne ensuite lecture, au nom de M. DESCHAMPS (de

Paris), d'une note relative à la situation de la colonie familiale de

Dun. Dans le premier semestre de l'année 1893, le nombre des

malades envoyés à Dun a atteint 82 en huit mois, le nombre des

décès a été nul ainsi que celui des évasions. Il n'y a eu que 9 réin-

tégrations. Le total des journées du semestre a été de 8,212, dont

221 à l'infirmerie. La somme payée pour ces journées a été de

9,415 fr. 40, soit, prix moyen pour l'une, 1 fr. 145.

Les prévisions pour 1894 sont de 1 fr. 20,

soit pour 100 malades 43,800 fr. »

Frais généraux à amortir ........... 15.147 fr. 50

Prix moyen.par jour, 1 fr. 615 (x 100 x 365 =) 58,947 fr. 50

Ajoutons, en dehors de ces frais annuels, 19,800 francs pour ins-

tallations et translations. A l'heure actuelle, frais généraux com-

pris, il y a eu quatre avances de régie de 5,000 francs en six mois,

soit20,000 francs, ce qui donne, en défalquant 3,000 francs d'instal-

lation première, un peu plus de 2 francs par jour. Prix total, avec

8,212 journées (17,000 : 8,212) = 1 fr. 145 comme prix de journée ».

Séance du 5 août (soir). Présidence DE M. Christian.

MM. J. Séglas et G. BROUARDEL présentent plusieurs observa-

tions de persécutés. La première est celle d'une femme dont la ma-

ladie présente les symptômes habituels et l'évolution du délire des

persécutions : le fait intéressant à relever c'est qu'en même temps

' Nous avons déjà eu l'occasion de signaler quelques-uns des artifices

employés pour atténuer le prix de journée; nous y reviendrons. Voir

aussi plus loin les articles de MM. Noecke et Bothe. (Bourneville.)

.SOCIÉTÉS SAVANTES. 263

elle est auto-accusatrice. Les persécutions s'expliquent pour elle

par des fautes antérieures : les tourments, la u condamnation »

qu'elle subit ne sont que l'expiation de ces fautes. Les hallucina-

tions se présentent sous le même aspect divergent : elle est un être

nuisible, elle peut donner le choléra aux autres. Elle a manifesté

des tendances au suicide. Ce fait est comparable à d'autres rap-

portés par M. Ballet au Congrès de Blois.

Les auteurs rapportent ensuite d'autres observations de persé-

cutés possédés : dans l'une, on assiste d'abord à l'évolution d'un

délire des persécutions n'offrant guère de phénomènes particuliers,

sauf déjà quelques troubles psycho-moteurs, impulsions et phéno-

mènes d'arrêt. Puis, dans une deuxième période, ces symptômes

se développent, il apparaît des hallucinations verbales motrices et

très accentuées et un dédoublement de la personnalité des plus

nets. Ce sont ces troubles qui maintenant dirigent la scène psy-

chique. La malade les interprète par des idées de possession et dans

l'explication qu'elle en donne on retrouve les croyances à l'envotî-

tement. Comme le disait un autre malade auquel il est fait allusion

au cours du travail, la maladie évolue comme « une obsession qui

devient une possession ». Ces symptômes peuvent toutefois appa-

raître dès le début de la maladie, ainsi que le prouve une troi-

sième observation, et parfois aboutissent à un délire des négations

systématisé comme dans un cas rapporté au Congrès de Blois par

l'un des auteurs.

Ce travail se termine par les conclusions suivantes : certains

aliénés persécutés et nullement mélancoliques peuvent cependant

être auto-accusateurs et présentent des idées de persécution ana-

logues à celles des mélancoliques, constituant un groupe mixte,

transition entre ces deux modalités délirantes. Si, d'autre part,

parmi les persécutés, il en est dont la maladie ne représente qu'un

vice de développement intellectuel, qu'une évolution anormale de

la personnalité toujours dans le même sens, il en est d'autres chez

lesquels la maladie se traduit par une dissociation assez rapide,

parfois d'emblée et toujours très accentuée de la personnalité.

Cette dissociation de la personnalité se trouve en rapport avec un

certain nombre de symptômes qui prennent alors un grand déve-

loppement et dirigent même la scène délirante. Ce sont d'une façon

générale des troubles psycho-moteurs (hallucinations motrices, im-

pulsions, aboulie, phénomènes d'arrêt). Aussi, en les envisageant à

ce point de vue, par opposition aux persécutés hallucinés sensoriels

et aux persécutés raisonnants, l'un de nous avait proposé de ranger

ces cas sous le nom de variété psycho-motrice du délire des persé-

cutions.

Les idées de persécution se modifient d'une façon connexe, et

c'est plutôt par des idées de possession que le malade interprète

alors les troubles psychopathiques qu'il accuse. On peut même ren-

264 SOCIÉTÉS SAVANTES.

contrer des cas où il en arrive à formuler un délire de négation

systématisé.

Ces malades, étudiés autrefois sous la dénomination très vague

de délirants mystiques ou dépossédés, se distinguent des mélanco-

liques possédés ou négateurs et rentrent dans le cadre des délirants

systématiques primitifs dont ils ne constituent incontestablement

qu'une variété. Néanmoins, il nous semble qu'il y aurait intérêt à

leur faire une petite place dans ce grand groupe. Car la division

la plus habituelle en France en délirants chroniques et délirants

dégénérés est vraiment bien sommaire : parmi ces derniers sur-

tout se rangent de nombreux cas très disparates, parmi lesquels

il serait certainement utile à tous les points de vue d'établir un

classement.

M. LEGRA1N (de Paris) lit, au nom de M. DEacQ, sept observations

d'auto-intoxication d'origine gastro-intestinale, dans lesquelles le

phénomène critique a été l'urticaire , syndrome éminemment in-

fectieux. Au point de vue mental il s'est agi dans ces cas d'états

mélancoliques sans fièvres. L'auteur établit un lien très net entre

ces états et l'auto-infection; généralisant son idée, il estime qu'il

en est ainsi le plus souvent dans la mélancolie.

Le Congrès se sépare après avoir nommé M. le professeur PIER-

RET (de Lyon) président du prochain Congrès dont le siège se tien-

dra à Clermont-Ferrand. Les noms proposés étaient ceux de

MM. Cullère, Joffroy, Giraud et Pierret.

Les Congressistes ont quitté La Rochelle pour visiter, à La Roche-

sur-Yon, l'asile que dirige avec tant d'habileté et de savoir M. Cul-

lerrp, et après un dernier banquet se sont dispersés aux Sables-

d'Olonne. A. Marie.

SOCIÉTÉ DE PSYCHIATRIE ET DE PSYCHOLOGIE

MÉDICO-LÉGALE DE VIENNE.

Séance du 4 novembre 1891 .

M. I'aixsce. - Mensonge et aliénation mentale. ' (

J Nous rappelons que tous les mémoires inscrits ici sont publiés in

extenso à part et analysés, par suite, à leur place, avec le JahrGücla. t.

Psychiat. ' P. K.

sociétés savantes. 263

Séance du 4 février 1892.

M. CIIOSTEK. Des paralysies ischémiqucs .

M. MAYER. Présentation de névropathes.

Séance du 31 mars 1892.

M. REDLICH. De l'immobilité des pupilles dans la paralysiegénérale.

Après quelques mots consacrés à l'étude de la fréquence et

de l'importance diagnostique de ce symptôme de la paralysie géné-

rale, l'orateur traite des caractères différentiels de la réaction pu-

pillaire directe et de la réaction pupillaire synergique (consen-

suelle), contraste qui existe toujours quand l'une des pupilles du

malade est immobile tandis que l'autre réagit encore.

En pareil cas, la pupille immobile ne réagit pas non plus sous

l'influence de l'excitation de l'autre oeil, tandis que la réaction di-

recte ou synergique de celui-ci se produit lorsqu'on incite le

premier. En d'autres termes, l'oeil immobile transmet cependant

l'excitation qu'il reçoit l'autre oeil, tandis que l'oeil dont la pu-

pille fonctionne encore n'exerce pas d'action synergique sur le

premier. M. Redlich pense qu'on ne peut expliquer ce phénomène

que par l'hypothèse de l'entre-croisement partiel des fibres qui

transmettent le réflexe pupillaire. Voici un malade atteint d'une

paralysie unilatéale de l'oculomoteur commun; on constate exac-

tement les mêmes contrastes entre la réaction pupillaire directe et

la réaction pupillaire synergique, mais le mécanisme n'est pas le

même.

Quand le nerf optique est altéré d'un seul côté, on note des phé-

nomènes différents : l'oeil malade réagit non directement mais par

transmission, l'oeil saint réagit directement et non par transmis-

sion (présentation du malade).

M. M.\YER. Observation de néoplasme dans le quatrième ventricule.

Séance du 18 mai 1892.

M. CHOOSEh. - De l'aphasie.

Séance du 14 juin 1892.

Eloge de MEYNEKT par Fn.rrscH. Sur la proposition de M. Fries

on nomme un comité composé de MM. Janchen, Fritsch et Fries,

qui prendra les dispositions nécessaires à l'érection d'une statue

du savant psychiatre dans la salle de cours de sa clinique il l'hôpi-

tal général. Ce Comité fera des propositions exécutoires dans la

prochaine séance. (Jarbüch. f. Psychiat., XI, 1, 2.)

P. IER AV AL.

ASILES D'ALIÉNÉS.

Assistance des aliénés par des familles de nourriciers . Asiles

modèles de Belgique et état actuel des colonies d'aliénés en ce pays

par P. NOECKE (Allg. Zeitsch. f. Psychiat. XLIX. 5.)

Une étude attentive des établissements et fondations pour l'assis-

tance familiale des aliénés est toujours un document instructif.

M. Noecke a visité l'asile d'Etat pour les femmes de Mons, l'asile

d'Etat pour les hommes de Tournai, l'asile privé d'Uecle près

Bruxelles; il formule ainsi son opinion :

1° La surveillance y est telle que toute séquestration arbitraire

est impossible et que le prestige des médecins en bénéficie. Le

gouverneur de la province visite chaque année l'établissement. Le

bourgmestre de la localité deux fois par an, le procureur du roi

quatre fois, l'inspecteur du service plusieurs fois. 11 existe en outre

à Mons et à Tournai une commission de surveillance de cinq mem-

bres qui se réunissent mensuellement à l'asile et y font faire une

tournée par un de leurs délégués. On a en outre en divers endroits

de l'établissement placé des boites aux lettres dans lesquelles les

malades jettent leurs réclamations; ces boites ne sont ouvertes que

par le procureur du roi. Les malades n'ont donc plus aucune ap-

préhension ; - 2° Le confortable y est pour les indigents poussé à

l'extrême. Ony constate une abondance de fleurs et de nombreuses

volières; 3° La nourriture est bonne et abondante ; elle pourrait

peut-être être un peu plus variée et l'on ferait bien de veiller un peu

plus sur les couteaux ; 4° Les asiles font eux-mêmes leur gaz à

bon compte; il sert même à Tournai à faire fonctionner la cuisine,

le four de la boulangerie, la buanderie; 5° Tournai possède

aussi sa brasserie, sa boucherie qui fonctionnent bien et à bon

marché; 6° Le système de la mise en régie donne d'excellents

résultats à Tournai, il économise à l'État beaucoup d'argent, de

peine, d'employés, et au directeur un temps précieux. Il a cepen-

dant aussi ses inconvénients qui sont ceux que l'on sait. Toutefois

cela marche très bien grâce à l'excellence du personnel (des frères),

grâce aussi à la mise en vigueur d'un bon règlement; 7° On se

sert de couchettes en fer, de bons matelas de laine et de couver-

tures ; les paillasses sont remplies de balle d'avoine bien plus moel-

leuse que la paille. Les pots de nuit et les draps ne laissent rien

à désirer; 8° Tous les dortoirs de Tournai sont pourvus de

thermomètres ; - 9° A la porte de chaque dortoir et de chaque

asiles d'aliénés. 267

cellule on affiche le cubage d'air et le nombre de lits correspon-

dants ; 10° Le système balnéaire est complet et bien disposé.

Nous recommandons surtout à Tournai la grande piscine, et les

appareils d'hydrothérapie; 11° Le meilleur système que l'on

puisse voir est celui du chauffage de l'eau chaude à basse pression

(Tournai); 12° Enfin, toujours à Tournai, il y a un riche labo-

ratoire.

Quelles sont maintenant les critiques ?

4° Le service des infirmiers est fait à Mons par des soeurs (service

complètement religieux), à Tournai par des frères (service mixte).

Tout va bien, dit-on, mais le directeur n'a pas le droit de les ren-

voyer, il faut qu'il se plaigne au supérieur ou à la supérieure. C'est

inadmissible. Il ne faudrait pas aller loin pour voir l'influence du

médecin devenir nulle en présence de celle des religieux. Or,

dans un asile le médecin doit être tout; l'administration même doit

être subordonnée à son action ; 2° Les asiles de Mons et de Tour-

nai sonttrop étendus, il est impossible d'exercer dans ces établisse-

ments une surveillance continue et complète; - 3° Il n'y a pas

assez de médecins; ils n'habitent généralement pas à l'asile et font

de la clientèle. Ainsi à Mons et à Tournai un seul médecin réside dans

l'établissement, le directeur, et encore est-il souvent absent;

4° Il n'y a pas assez de gardiens, ils ne sont pas assez stylés mais

cette critique ne s'adresse ni aux frères ni aux soeurs. Les infir-

miers sont très mal payés. Aussi le no-restraint ne peut-il y être

mis en vigueur; du moins c'est une excuse valable ; 5° La cami-

sole y règne; 6° Il n'existe pas de compteurs de ronde ; 7° Les

corridors et les escaliers sont trop étroits et trop raides ; 8° On

n'y a pas suffisamment de lits perfectionnés pour gâteux, on n'y

connaît pas les vêtements lacés des agités et des malpropres ; -

9° A Mons on ne fait pas assez travailler les malades. A Tournai le

travail est plus en honneur ; - 10° On n'écrit pas régulièrement

de rapports annuels sur le service; 11° Les autopsies devraient

être toutes pratiquées; c'est impossible à raison du petit nombre

des médecins; 12° Il y a trop à faire pour les criminels qui sont

en trop grand nombre.

L'analyse de Gheel et de la colonie de Lierneux, fondée comme

on sait de toutes pièces (1884), l'étude correspondante des travaux

allemands et anglais sur l'assistance des aliénés dans les familles

en Belgique (Koehler, Tucker, Hack Tucke) et l'appréciation per-

sonnelle de M. Noecke, aboutissent aux conclusions suivantes :

Le système de Gheel, débarrassé des défauts qui ont été signalés

partout, et les améliorations demandées sont possibles, est le sys-

tème le meilleur et le moins coûteux d'assister les malades atteints

de vésanies chroniques, plus ou moins inoffensifs, en y comprenant

même certains paralytiques généraux et certains épileptiques. Il

est même indiqué d'assister ainsi bien des aliénés à formes morbi-

268 asiles d'aliénés.

des curables. Malheureusement chez nous, il n'est pas praticable;

ce mode d'assistance ne paraît pas vouloir s'acclimater soit parce

que les conditions sociales ne s'y prêtent pas, soit parce que les ad-

ministrateurs et même beaucoup de médecins n'en saisissent pas

le mécanisme et l'adaptation. Il en résulte qu'actuellement, nos

colonies agricoles constituent encore la meilleure solution de ces

difficiles questions pour la majeure partie des malades que nous

venons de spécifier, notamment pour ceux qui sont susceptibles de

travail.

Tel est le fond du mémoire de M. Noecke, peut-être nous trom-

pons-nous, mais il nous semble lire entre les lignes, que pour

juger sainement de la valeur réelle de la trame de ces colonies et de

l'assistance familiale, il faudrait pouvoir y pénétrer en toutes saisons

et pour ainsi dire incognito. Il doit y avoir des desiderata qu'évi-

demment chacun in petto a de prime abord formulés et qui ne se

peuvent révéler que par un examen prolongé en dehors de l'éti-

quette officielle. C'est ce que nous n'avons pas craint d'imprimer

au Congrès international d'assistance publique de Paris en 1889.

Aussi recommandions-nous d'échelonner graduellement une série

d'expériences, tendant à acclimater l'assistance familiale par la

mise en pratique autour d'un asile servant de centre des systèmes

permettant de libérer au sur et a mesure les aliénés. Nous pen-

sions qu'en étendant les colonies agricoles, en procédant au trai-

tement à l'air libre, le plus large que l'on pût trouver, en installant

au besoin des ménages d'infirmiers à qui l'on confierait des grou-

pes de malades on pourrait peut-être, sans crainte d'incidents ou

d'accidents graves, s'acheminer sûrement vers la colonie familiale

des nourriciers proprement dits. Mais nous insistions en tous cas

sur la nécessité d'installer toujours une infirmerie centrale bien

pourvue prête à parer à toutes les éventualités.

Le mémoire de M. Noecke ne nous donné point tort. Voici par

exemple les reproches qu'il fait à ces colonies d'aliénés de Bel-

gique :

1° Il n'y a pas assez de médecins, pas assez de surveillants pour

suivre tous les malades ; 2° Il faut les payer suffisamment pour

qu'ils ne fassent pas autre chose; 3° Il faut bien choisir les ma-

lades à confier aux familles. Il n'y faut pas envoyer d'aliénés fai-

bles ayant besoin d'un régime spécial. Il faut aussi bien choisir les

nourriciers. Défions-nous tout particulièrement des cabaretiers;

4° Il ne faudrait pas donner à chaque nourricier plus d'un malade;

5° Il convient d'exiger une plus grande salubrité des habitations

tant au point de vue des locaux que des couchettes, de l'alimenta-

tion, du voisinage, du chauffage, de l'aération, de la disposition des

fenêtres, etc. ; - 6° Il ne serait pas mauvais d'occuper davantage

et de distraire un peu plus les aliénés. Beaucoup 'd'entre eux de-

meurent inactifs et n'ont même pas l'agrément de la lecture; -

BIBLIOGRAPHIE. 6 9

7° Enfin il faut s'efforcer de surveiller les nourriciers en ce qui con-

cerne l'application du no-restraint. (AU. Zeitsch. f. Psychiat., XLIX, 5.)

P. KÉRAVAL.

De l'assistance familiale des aliénés, d'après les observations faites

en expérimentant ce système à Dalldorf, par A. BOIRE. (Allg.

Zeitsch. f. Psychiat., XLIX, 5.)

1" L'assistance des aliénés par le système des familles de nourri-

ciers doit être considérée comme non un pis-aller, mais le com-

plément nécessaire et plein de valeur d'un asile public comme une

forme d'assistance équivalente aux autres modes d'assistance;

2° On l'installera sinon partout, du moins à côté d'un grand nombre

d'asiles publics et dans ces conditions, c'est-à-dire comme annexe

de ces asiles, on pourra l'étendre; 3° Pratiquée sur une large

échelle, elle déchargera l'établissement; - 4° Si l'on veut qu'elle

réussisse il faut que la surveillance des nourriciers et des malades

reste entre les mains du médecin; - 5° Ce n'est pas un moyen

économique sérieux car les dépenses de cette assistance ne sont pas

beaucoup inférieures à celles de l'assistance par l'asile; on a exa-

géré l'importance financière de l'assistance familiale ; 6° Quand

on l'organise avec intelligence dans des conditions satisfaisantes,

on ne saurait arguer des inconvénients qu'elle peut avoir pour

l'attaquer. P. Kéraval.

BIBLIOGRAPHIE.

V. L'hérédité normale et pathologique, par André Sanson. Paris,

Asselin et Houzeau; 1 vol. in-8°, 1893.

Ce livre est en retard de dix ans. Quoique ce soit « la lecture des

publications médicales et ses conversations avec les médecins » qui

ont poussé l'auteur à l'ecrire, il ne semble pas qu'il soit bien au

courant des sources où puiser des documents concernant l'hérédité.

Nous pourrions lui signaler entre autres 13 volumes de comptes

rendus du service de notre maître Bourneville où, depuis treize

ans, sont accumulés des matériaux de cet ordre, sans compter ceux

qui ont été utilisés par M. Déjerine dans sa thèse d'agrégation. A

propos de l'hérédité de l'alcoolisme, il parait ignorer que la ques-

tion a été mise au concours à la Société médico-psychologique

en 1886, et que deux mémoires sont publiés, un par M. Legrain, un

par nous-même. Nous pourrions citer bien d'autres oublis. Les

théories sur l'hérédité en général n'occupent qu'une place absolu-

ment insuffisante, si on songe qu'elles sont traitées eu 15 pages dans

270 varia. - faits DIVERS.

un livre de plus de 400. Nous n'insisterons pas davantage sur cet

ouvrage qui n'a même pas l'originalité d'être complet et au cou-

rant de l'état actuel de la science. P. SOLLIEn.

VARIA.

UNE JEUNE fille exorcisée

Un exorcisme selon tous les rites religieux, tel que l'Église le

pratiquait au moyen âge pour chasser le démon du corps des pos-

sédés, vient d'être fait à Gif (Seine-et-Oise).

Une jeune fille de cette commune, Mlle Blanche G..., avait depuis

quelques mois des crises très violentes d'hystérie. Deux médecins

spécialistes ayant examiné la malade voulurent l'amener à Paris

pour la soigner. Ses parents s'y opposèrent, ayant plus de con-

fiance dans l'exorcisme que M. Périer, le curé du pays, voulait

pratiquer que dans la science des docteurs.

Muni de l'autorisation de l'évêque de Versailles, l'abbé Périer,

assisté de deux prêtres venus de cette ville, se rendit chez la jeune

malade et se mit en devoir de l'exorciser, c'est-à-dire de chasser de

son corps les démons qui s'y étaient tntroduits.

Depuis, la cérémonie s'est renouvelée plusieurs fois. Aujourd'hui,

Mlle Blanche G... est, paraît-il, à peu près guérie. Les dévots de

l'endroit affirment naturellement qu'elle doit sa guérison à l'exor-

cisme. Nous nous bornons, pour ne pas les chicaner sur ce point,

à signaler cette pratique d'un autre âge qui vient de s'accomplir

aux portes de Paris. (Petit Journal, 26 juillet 1893.) Ce fait

montre une fois de plus que le clergé catholique est aujourd'hui

ce qu'il était il y a plusieurs siècles et que le progrès scientifique

qui a fait la société moderne, ne l'a même pas effleuré, et qu'il ne

veut pas le comprendre et qu'il ne cédera jamais..., même pas

devant le ridicule.

FAITS DIVERS.

Société d'Anthropologie DE Paris. Legs Fauvette. Le pré-

sident du comité central de la Société d'anthropologie de Paris,

reconnue comme établissement d'utilité publique par décret du

FAITS DIVERS. 271 1

21 juin 1864, est autorisé à accepter au nom de ladite Société, aux

clauses et conditions imposées par le testateur, le legs que lui a

fait le Dr Louis-Jules Fauvelle, d'une rente annuelle de 667 fr. en

rente 3 p. 100 sur l'Etat français, pour constituer, tous les trois

ans, un prix de 2.000 fr. à titre de récompense ou d'encourage-

ment à tout travail inédit, comme ouvrage spécial, sur la structure

du système nerveux ou l'étude des manifestations de la force

connue sous le nom d'influx nerveux. Ces travaux devront con-

courir au but que s'était proposé le Dr Fauvelle dans ses diverses

communications à ladite Société.

Un nouveau JEUNEUR. - Le 24 janvier, Alexandre-Jacques, le

jeûneur professionnel, a atteint son cinquantième jour déjeune,

qui excéda de cinq jours les plus longs jeûnes accomplis antérieu-

rement. Pendant ces cinquante jours il a perdu 32 livres 1/4. Il

pesait au début 144 livres 1/2 et à la fin 112 1/4, pendant les der-

nières vingt-quatre, il perdit 2 livres 1/4. Un fait curieux men-

tionné, c'est qu'il a grandi de 1 pouce 1/4, et que chaque fois qu'il

jeûne sa taille augmente plus ou moins ; et cet accroissement dis-

paraît aussitôt qu'il remange. Pendant ses cinquante jours de jeûne,

il a absorbé 88 kil. 749 grammes d'eau ordinaire de Craton,

11 kil. 720 grammes d'eau de Vichy, et 2 kil. 820 d'eau ferru-

gineuse faite avec des clous rouillés. 11 fumait aussi beaucoup

de cigarettes camphrées et prit 107 paquets d'une poudre secrète

qui, disait-il, remplacait la nourriture. Pendant les trois derniers

jours, il était enfiévré et agité avec insomnie, et son état général

était mauvais. (Boston med. and Surg. Journ., 1893, p. 125),

Drame DE l'hystérie. Nous lisons dans le Progrès médical : .-

Lorsqu'elle était en traitement dans une maison de santé à Ivry,

Mmo Delagrange, née Pauline Beltzens, était devenue éperdument

amoureuse de l'interne, M. Sicard de Plouzoles. Celui-ci, d'ailleurs,

n'accorda aucune attention aux manigances de l'hystérique confiée

à ses soins. Sa thèse passée, M. Sicard de Plouzoles se maria et

s'établit à Crosnes, où 1\ie Delagrange, sortie de la maison de

santé d'Ivry et installée chez un de ses oncles, à Chaville, l'accabla

de ses lettres enflammées. Il se garda d'y répondre. Vendredi soir,

une jeune femme, jolie, très élégante, entrait à Crosnes, dans un

restaurant tenu par M. Preisach; elle y dîna, puis demanda une

chambre pour y passer la nuit. Le lendemain matin elle se plai-

gnit d'être souffrante et demanda un médecin et, comme on lui

proposait d'appeler le médecin de Montgeron : Non, dit-elle,

je ne veux pas un médecin de campagne. N'avez-vous pas, ici, un

jeune docteur nouvellement installé ? M. de Plouzoles ? C'est

cela même. Ayez l'obligeance de le prier de venir me voir. Une

domestique alla quérir M. Sicard de Plouzoles. Une heure après,

272 bulletin bibliographique.

comme le docteur n'était point ressorti de la chambre de 1Zm° De-

lagrange, M. Preisach eut occasion de frapper à la porte. Comme

on ne lui répondait point, il entra et trouva étendu sur le sol, le

cadavre du Dr Sicard de Plouzoles, la tempe percée d'une balle

tandis qu'à côté gisait celui de Mme Delagrange, ayant encore un

revolver dans sa main crispée. Mm° Delagrange, en une lettre déchi-

rante, expliquait que, ne pouvant vivre sans le docteur Plouzoles et

souffrant trop de le savoir à une autre, elle se décidait à le tuer et

à se tuer elle-même. '

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

BlAKCH ! e PiCCIMKO. Sulla origine infettiva di una forma di de-

lirio acuto. Brochure in-8° de 23 pages, avec 2 planches hors texte.

Napoli, 1893. Tipografia A. Tocco.

Eloy (Ch.). La méthode de Brown-Séqua1'd, la médication orchi-

tique, thyroïdienne, pancréatique, capsulaire et cérébrale, les injections

d'extraits organiques, la transfusion nerveuse. Physiologie, indications

cliniques et thérapeutiques. Technique. Volume in-18 de 282 pages.

Prix : 3 fr. OU. Librairie J.-B. Baillière et fils.

Langlois. Contribution à l'élude de l'élal mental des hystériques !

dénonciation de crimes imaginaires, chromhydrose simulée. Brochure

in-8, de 25 pages, avec une planche hors texte. Paris, 1892.

Librairie Ollier Henry.

Pechère et Funck. - Le système nerveux dans la fièvre typhoïde.

Brochure in-8° de 76 pages. Bruxelles, 1893. Librairie II. Lamertin.

Régis (E.) et Chevalier- La vaure. Des auto-intoxicalions dans le.1

maladies mentales. (Congrès des médecins aliénistes des pays de langue

française. (Session de la Rochelle, 1893.) Volume in-8° de 95 pages.

La Rochelle, 1893. Typographie E. Martin.

Voisin (J.). L'Idiotie (Hérédité et dégénérescence mentale, psyc/w-

logie et éducation de l'idiot). Volume in-12 cartonné de 295 pages, avec

17 figures. Paris, 1893. Librairie F. Alcan.

'Le rédacteur-gérant, Bourneville.

Evreu : , Ch. tIEW sssv, m.p, 993.

Vol. XXVI. Octobre 1893. N" 80

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

CLINIQUE NERVEUSE.

CONTRIBUTION A L'ETUDE DES TUMEURS DU CERVEAU : z

UN CAS DE GLIOME NEURO-FORMATIF

Par M. le D' F. RAYMOND

Professeur agrégé à la Faculté de Médecine, Médecin de l'hôpital Lariboisière.

11 n'existe encore que peu d'observations de cette sorte de

tumeur cérébrale où des cellules ganglionnaires entrent à titre

d'éléments constitutifs. A un point de vue général, il est cu-

rieux de voir une cellule néoplasique reproduire un élément

d'une aussi haute différenciation que la cellule nerveuse; au

point de vue plus spécial du système nerveux, ces néoplasmes

sont encore intéressants parce qu'ils permettent de se rendre

compte, sur l'adulte, de l'évolution des éléments ganglion-

naires et de leur parenté avec les éléments de soutien des cen-

tres nerveux, les cellules de la névroglie.

Je viens d'observer une de ces tumeurs, qui ont été nom-

mées très justement gliomes new'o- (ol'mati(s ou neurogliomes,

et je crois devoir en rapporter l'histoire en détail, à cause des

dispositions remarquables qu'elle affectait. De plus, il m'a été

permis de vérifier dans ce cas les idées que j'ai avancées l'an

dernier à la Société médicale des hôpitaux, au sujet de la dis-

parition des fibres à myéline tangentielles de l'écorce dans la

compression cérébrale.

Voici cette observation, qui, au point de vue clinique, a été

d'une régularité et d'une simplicité presque schématiques :

Ancull'Es, t. XXVI. 18

274 CLINIQUE NERVEUSE.

0 S ERVATION. Céphalalgie violente avec crises épileptiformes

démence rapide, sans délire, sans paralysies, ni contractures; titu-

bation rendant la marche et la station debout impossibles. Evo-

[¡Ilion de la maladie en mois. Mort dans le coma. Autopsie, gliome

neuroformatif du volume d'une orange, parti de la face interne du

lobe frontal gauche. Compression cérébrale; atrophie par com-

pression des fibres tangentielles de l'écorce du cerveau; dégéné-

nescence des fibres de la substance blanche du lobe frontal gauche

et du faisceau d'association sous-jacent à la circonvolution de

l'ourlet.

R... Adélaïde, âgée de quarante ans, cuisinière, entre à l'hôpital

Lariboisière, salle Trousseau, n° 18, le 12 septembre 1852.

C'est une femme pâle, d'aspect cachectique, qui frappe au pre-

mier abord par son air hébété et l'expression de démence profonde

qu'elle porte sur son visage. Si on la laisse tranquille, elle reste

indéfiniment assise sur son lit, inerte, le regard vague, dans une

immobilité presque absolue. De temps en temps, elle porte la main

à son front en faisant entendre, une légère plainte. Il faut la faire

manger et boire, sans quoi elle n'y penserait pas ; elle laisse aller

ses urines et ses matières sous elle. Lorsqu'on l'interroge, elle vous

regarde avec un sourire niais, mais ne répond que si on l'interpelle

vivement et si l'on répète la question plusieurs fois; sa parole est

lente, comme tous ses gestes, mais sans trouble de l'articulation ;

sa réponse est insignifiante, presque toujours affirmative, et sou-

vent elle s'arrête au milieu de sa phrase pour retomber dans sa

torpeur.

, La mémoire est complètement perdue; la malade n'a plus aucune

notion ni du temps ni du lieu où elle se trouve; elle reconnaît à

peine les personnes qui viennent la voir. Il n'y a pas trace d'hallu-

cinations, ni d'un délire quelconque.

R... marche à peine, avec l'aide d'une personne; la station

debout, sans appui, est rendue impossible par des oscillations à

droite et à gauche, en avant et en arrière, qui rappellent celles des

tabétiques quand on leur ferme les yeux; mais chez elle l'occlusion

des paupières n'a aucune action sur ce phénomène. Ses jambes

ne fléchissent d'ailleurs pas sous elle et la force musculaire est

' encore relativement bien conservée ; il n'existe aucun tremblement

de la face ni des membres, aucune trace de contracture et les

réflexes patellaires sont normaux.

Les pupilles réagissent bien. A l'ophtalmoscope on constate

-l'existence d'une stase papillaire assez marquée, égale des deux

côtés; l'état de démence de la malade ne permet pas de se rendre

compte de l'acuité visuelle, néanmoins il est évident que la vision

est conservée dans une large mesure. Le sens du poût et de l'odorat

sont conservés autant qu'on peut en juger; l'ouïe parait absolu-

UN CAS DE GLIOME NEURO-FORMATIF. 37S

ment intacte. La sensibilité générale semble normale à droite, en

tenant compte de la lenteur des réactions qui est le fait de son

état cérébral; elle est peut-être un peu diminuée à gauche; enfin

la pression de points situés au-dessus du sein et dans la région ova-

rienne, provoquent une réaction assez vive (zones hystérogènes).

Un des phénomènes les plus marqués de cet état morbide est la

présence continuelle d'une céphalalgie intense, qui est localisée à

la région frontale et au sommet de la tête; cette douleur, qui

empêche le sommeil, est sujette à des exacerbations pendant les-

quelles la malade gémit.

La langue est blanche, saburrale ; l'appétit est complètement

aboli et c'est à peine si on peut faire prendre à la malade un demi-

litre de lait dans la journée ; la constipation est opiniâtre ; parfois, mais

rarement, il survient un vomissement de lait caillé, qui se produit

sans'effort. Les urines sont peu abondantes et ne contiennent ni

albumine ni sucre. Le pouls est régulier, à 60 pulsations. L'exa-

men du coeur, des poumons, du foie ne donne que des résultats

négatifs. Il n'existe aucune trace de syphilis à la surface du corps.

Les renseignements, que cette malade était naturellement hors

d'état de donner, ont été fournis par une de ses amies, qui la

connaissait depuis vingt ans; ils sont muets sur les antécédents héré-

ditaires ; la malade avait été bien portante jusqu'à sa maladie

actuelle, sauf un « catarrhe du nez » avec larmoiement et surdité

intermittente, qui avait été soigné pendant longtemps par un spé-

cialiste et qui s'était beaucoup amélioré par le traitement; c'était

une femme d'une conduite régulière, sobre quoique cuisinière, d'un

naturel gai; elle n'avait jamais eu de crises ni d'attaques d'aucune

sorte. '

Il y a trois mois, étant aux bains de mer avec ses maîtres, elle a

été prise de douleurs violentes dans la tête ; l'invasion de ces dou-

leurs aurait été brusque, et c'est au sortir d'un bain qu'elles auraient

débuté. Bientôt elles ont acquis une intensité très grande et se sont

accompagnées de crises épileptiformes; ces crises débutaient par

quelques plaintes de la malade, qui accusait une vive douleur au

sommet' de la tête; puis la douleur augmentait au point de lui

arracher des cris perçants; au bout de quelques instants il surve-

nait une perte de connaissance qui durait plusieurs minutes et au

sortir de laquelle la malade ne se souvenait plus de rien. Pendant

la crise la face grimaçait et la bouche était tirée d'un côté (à

gauche ? ).

Ces crises survenaient plusieurs fois par jour; depuis lors, elles

ont diminué de fréquence. Au bout de deux mois ses maîtres la

renvoyèrent à Paris. A son arrivée elle marchait encore, elle mon-

tait et descendait les escaliers, mais déjà l'intelligence était éteinte.

En présence de l'état de la malade et des renseignements fournis

sur son compte, on porte le diagnostic de tumeur cérébrale. Les

76 CLINIQUE NERVEUSE.

troubles de l'équilibre et les symptômes oculaires sont loin d'être

assez intenses pour permettre de localiser le néoplasme dans le

cervelet. L'absence de symptômes paralytiques, la douleur frontale,

les troubles mentaux prédominants sont au contraire suffisamment

caractéristiques pour faire supposer qu'il s'agit d'une tumeur fron-

tale. Malgré l'absence d'antécédents syphilitiques on donne le

traitement spécifique, qui reste sans action.

L'évolution de la maladie continue ; elle est régulière et rapide.

Il survient encore quelques crises semblables à celles qu'elle a eues

autrefois ; on constate alors que pendant le paroxysme douloureux

la face grimace, les yeux sont convulsés, mais il n'y a pas de pré-

dominance d'un côté ou de l'autre ; les bras s'agitent légèrement,

mais les jambes restent immobiles. Puis la malade tombe dans un

assoupissement stertoreux qui se dissipe assez rapidement. Ces

crises deviennent de moins en moins fortes et disparaissent bientôt

complètement.

L'amaigrissement fait des progrès rapides. La stupeur devient

telle que l'on ne peut plus en tirer la malade, qui ne répond bien-

tôt plus que par des sons inarticulés. Puis il survient une escharre

fessière double, la température s'élève à 39°;5 et la malade meurt

dans le coma le si octobre 1892, à 6 heures du matin, quatre mois

à peine après le début de sa maladie.

Autopsie. L'autopsie est faite vingt-cinq heures après la mort.

Le cadavre est profondément émacié, sans oedème ; il existe deux

escharres fessières larges comme la paume de la main, encore

adhérentes, tendant à se réunir sur la ligne médiane; de plus on

aperçoit une plaque noirâtre, sèche, sur le grand trochanter droit,

répondant à une tache érythémateuse qui s'était montrée à la fin

de la vie.

Le canal rachidien ouvert montre la dure-mère distendue par le

liquide céphalo-rachidien plus abondant que de coutume. A part

cela et une certaine congestion veineuse de la pie-mère, il n'y a

rien d'anormal, ni dans la moelle, ni dans les méninges.

Après ablation de la calotte cranienne, qui est saine, les veines

de la dure-mère paraissent gorgées de sang noir; la dure-mère,

également saine, étant incisée, les lèvres de l'incision s'écartent

aussitôt et laissent apercevoir l'encéphale qui tend à proéminer.

La surface des hémisphères est complètement lisse et sèche ; il n'y

a pas une goutte de liquide céphalo-rachidien; les circonvolutions

paraissent séparées les unes des autres simplement par les veines

de la'pie-mère dilatées, mais elles ne font plus à la convexité la

saillie habituelle. En un mot, le cerveau porte les traces d'une

compression énergique.

L'encéphale étant enlevé en totalité, on n'aperçoit encore pas

la lésion, mais lorsqu'on veut écarter la scissure jnlel'-hémi'3phé-

UN CAS DE GLIOME NEURO-FORMATIF. 277 7

rique au niveau des lobes frontaux, on tombe immédiatement sur

une tumeur volumineuse située sur la ligne médiane à un centi-

mètre du bord antérieur des lobes frontaux. Cette tumeur, qui a

l'aspect d'une circonvolution, peut être décortiquée jusqu'à un cer-

tain point, tant à droite qu'à gauche; mais bientôt il devient

impossible de la séparer du reste du cerveau sans faire violence

aux tissus ; la faux du cerveau est érodée et détruite à ce niveau.

On sectionne la tumeur sur la ligne médiane et, les hémisphères

étant séparés, on complète l'examen en pratiquant la coupe de

Flechsig. On aperçoit alors une tumeur du volume d'une orange

environ dont une moitié est restée adhérente à chaque hémisphère.

A droite, ainsi qu'il a été dit, on peut décortiquer la tumeur sur

toute sa périphérie, mais elle adhère intimement à l'écorce du

lobe frontal par sa partie la plus saillante. A gauche, la tumeur

peut être décortiquée; de même en avant, en haut et en bas, mais

en arrière elle se continue directement avec la circonvolution de

l'ourlet qui se renfle beaucoup en se rapprochant d'elle (fig. 13);

de plus, la surface de cette circonvolution est toute hérissée de

très petites saillies qui lui donnent à ce niveau un aspect rugueux.

En pratiquant des sections transversales de cette circonvolution,

on aperçoit sous l'écorce, qui a gardé à peu près son aspect ordi-

naire, une tache arrondie, d'aspect translucide, qui remplace la

l, Fig. 13. La tumeur coupée sur la ligne médiane; son prolongement

en arrière dans la circonvolution crètée, sa cavité.

278 CLINIQUE NERVEUSE.

substance blanche : c'est un prolongement postérieur de la tumeur

qui s'insinue, sous la forme d'un cône effilé, dans l'épaisseur de la

circonvolution, qui lui doit son ampleur anormale et sa forme

cylindrique. Sur la. coupe de Flecbsig, la tumeur pénètre en arrière

et en dehors dans le noyau blanc du lobe frontal, sans atteindre

le corps strié (fig. 13) ; un simple changement de couleur et de

consistance indique la transition entre Ja substance saine et le néo-

plasme ; il n'y a aucune trace d'hélllorrhagie ni de ramollissement

à son pourtour.

En résumé, on voit que la tumeur est née de la circonvolution de

Fi ! }. IL - La tumeur vue sur une coupe pratiquée suivant la ligne

. aa' de la figure 13 ; compression des deux lobes frontaux.

UN CAS DE GLIOME NEURO-FORMATIF. 279

l'ourlet gauche au devant du genou du corps calleux ; elle a formé

une masse très largement pédiculée qui s'est avancée sur la ligne

médiane en refoulant à droite les circonvolutions de l'ourlet et

la frontale interne, à gauche la circonvolution frontale interne du

même côté, et en détruisant la faux du cerveau à ce niveau. Les

centres blancs des lobes frontaux sont très fortement aplatis; les

circonvolutionscorrespondantes sont couchées et amincies (fig. 15).

Cette tumeur, considérée en elle-même, présente un aspect

translucide et grisâtre; elle est molle et comme gélatineuse par

places, plus dure et plus opaque en d'autres points. Elle contient

à son centre, une cavité irrégulière grosse comme une noisette.

A part une broncho-pneumonie double, à noyaux disséminés

avec congestion étendue à la base et un léger degré d'épanche-

ment dans les plèvres, les autres organes ne présentent rien à 1

signaler. ' ' ' ·

Examen histologique. Les pièces ont été étudiées' sur des dis-

sociations à l'état frais et après l'alcool au tiers;, puis sur des

Fig, 15. La tumeur vue sur une coupe pratiquée suivant la ligne ce'

des (lgtll'es 13 et 1 L

580 - CLINIQUE NERVEUSE.

coupes après durcissement prolongé dans la liqueur de Millier. Les

coupes ont été faites après inclusion dans le collodion et la paraf-

fine et colorées par les' méthodes usuelles ; les préparations les

plus démonstratives ont été fournies par des fragments de la

Fig. 16. - Éléments de la tumeur dissociés.

1, 1" noyaux neuroblastiques; 2, 2', 2" ncuroblastes arrondis, avec un noyau excen-

trique et un protaplasma trouble; 3 neuroblaste plus développé; 4 cellule nerveuse

adulte du type multipolaire, avec vn gros noyau nucléole et des prolongements brisés

pres de leur origine; 5 cellule semblable en forme de poulpe avec un prolongement

c)lindraxile; 6, 6' cellules du type pyramidal ; 7 cellule fusiforme ; 8 cellule araignée

avec deux petits noyaux; 9 neuroblaste avec un noyau muriformc; 10 neuroblaste avec

un noyau divisé eu une multitude de petites boules arrondies; Il noyau semblable dont

les fragments moléaires s'éparpillent dans le protoplasma : 13 à 15 cellules de formes

diverses à noyaux multiples ou divisés. Picro-carmin et hématoxyline. - (obj. 7

Vérick, oc. 1.)

UN CAS DE CHOME NEURO-FORMATIF. 281

tumeur colorés en masse dans le picro-carmin et inclus dans la

paraffine. ' 1 ' ? r 1 , o z

1° La tumeur. - Sur les dissociations à l'état frais on constate

que le tissu néoplasique est formé d'éléments divers suivant les

points ; tantôt on a sous les yeux un tissu riche en cellules qui, à

part leur volume plus considérable et leur abondance extrême,

ressemblent parfaitement à des cellules névrogliques; tantôt au

contraire le tissu parait composé de cellules nerveuses, à prolonge-

ments multiples, et de filaments épais de 0,5 à 2 IL de longueur

indéfinie, d'aspect légèrement fibrillaire, qui ne sont autres que

des fibres nerveuses amyéliniques, Nous étudierons successivement

ces deux ordres de tissus, qui sont disposés au centre de la tumeur

sous forme d'îlots sans forme et sans ordre définis.

,

A. Le tissu névroglique, plus translucide, plus mou, présente à

considérer : -1° des noyaux ovoïdes ou arrondis, de 3 à 5 IL de dia-

mètre (1, 1', fig. 16), autour desquels on aperçoit à peine une très

fine couche de protoplasma ; ce sont là des formes purement

embryonnaires des neuroblastes ; 2° des cellules avec un noyau

semblable, ou quelquefois deux ou plusieurs noyaux, qui sont très

finement granuleuses, et émettent des prolongements également

grenus d'où se dégagent des fibrilles fines et réfringentes (cel-

lules névrogliques) ; 3° des cellules plus avancées encore dans

leur évolution; qui présentent un corps protoplasmique clair et qui

sont hérissées de prolongements fins, raides, réfringents, non

ramifiés : ce sont des cellules-araignées typiques (8, fig. 16).

Sur les coupes ce tissu forme un réseau dont les travées sont

constituées par un feutrage très fin de fibrilles fines, qui doivent

un aspect grenu au dépôt d'une couche de substance interstitielle

(fig. 17) ; traitées par la méthode de Malassez ces fibrilles deviennent

plus nettes et résistent parfaitement à la potasse; elles sont colo-

rées par le carmin.

En somme, «il s'agit d'un tissu néoplasique qui reproduit très

exactement le type de la névroglie, en un mot d'un gliome.

B. Le tissu nerveux proprement dit a un aspect un peu blan-

châtre et est, un peu plus ferme; il est constitué par des cellules

nerveuses à différents stades de leur évolution et des fibres amyéli-

niques. On y trouve : 1° des noyaux isolés semblables à ceux qui

ont été décrits plus haut ; - 2° des noyaux analogues, entourés

d'uue couche assez épaisse d'un prbtoplasma un peu trouble, très

avide de carmin; le tout forme des cellules arrondies, de volume

variable (2, 2', 2", fig. 16) qui représentent un stade intermédiaire

de l'évolution des éléments suivants; 3° de véritables cellules

ganglionnaires reconnaissables à leur volume énorme, à leurs pro-

282 . ,CLINIQUE NERVEUSE.

longements nombreux, à leur protoplasma trouble, à leur noyau

volumineux, finement- réticulé, munis d'un nucléole et colorés,

d'une façon peu intense par les différents colorants nucléaires; -

4° des filets nerveux amyéliniques qui forment des feutrages ou des

faisceaux serrés. - 1 - 1 , , . , ,

'Les cellules ganglionnaires adultes ont des formes très variées;

,

, , , l , . ¡ , . T j

beaucoup sont vacuolisées. Les unes, plus rares, sont faites sur le

type médullaire et atteignent les dimensions de 20-à 30 IL (4 et 5,

fia, 16). Elles ont des prolongements très nombreux qui n'ont

d'anormal que leur nombre et leur disposition quelquefois irrégu-

lière : ces prolongements sont larges, très peu ramifiés et s'éten-

dent très loin. Les uns s'amincissent bientôt pour former parleur

entre-croisement un réseau élégant; les autres au contraire ne

changent pas de dimension dans toute la partie de leur trajet que

Pig. 17. Coupe prise dans une portion glanglionnaire de la tumeur;

cellules nerveuses éparses dans un bain formé exclusivement par' des

filaments nerveux isolés ou groupés en faisceaux. Neuroblastes dessé-

minés. Inclusion à la parafine; picrocarmin et safranine. (Obj. 2,

Vériclc, oc. 1.) .

UN CAS DE GLIOME NEURO-FORMATIF. 283

l'on peut suivre et ont tous les caractères des prolongements cylin-

draxiles; à côté des prolongements qui, dès leur origine, ont l'as-

pect de cylindre d'axe- (5, fig. 16) il y en a d'autres qui semblent

prendre ces caractères à une certaine distance de la cellule, leur

calibre devenant régulier et leur aspect légèrement fibrillaire; de

telle sorte qu'il semble très probable qu'une seule cellule estcapable

de fournir plusieurs fibres au réseau des cylindres d'axe qui par-

courent la tumeur.

Ces cellules à type médullaire siègent plutôt dans le prolonge-

ment que la tumeur envoie dans la circonvolution de l'ourlet;

dans la partie centrale de la tumeur on en trouve d'autres, en très

grand nombre, qui ont la forme d'un triangle allongé et qui sont

faites sur le type cortical; ce sont à vrai dire des cellules pyrami-

dales, remarquables par la longueur et l'épaisseur du prolongement

qui forme leur pointe. Par leur base, elles émettent d'autres pro-

longements plus fins qui semblent se terminer bientôt en s'effilant;

mais, parmi ces derniers, il est possible d'en distinguer parfois un

qui garde, un calibre régulier et qui ne parait être autre chose

qu'un prolongement cylindraxile. Le protoplasma de ces cellules,

comme celui^des cellules à type médullaire, est finement, grenu et

ne diffère en rien du protoplasma des cellules nerveuses normales;

il ne contient pourtant jamais de pigment.

On rencontre encore une troisième espèce de cellules qui ont la

forme d'un fuseau très allongé (7, fig. 16) ; elles sont moins nom-

breuses que les précédentes.

Les noyaux des cellules n'ont pas tous le même aspect ; ceux des

cellules ganglionnaires à type médullaire ont pour la plupart les

caractères des noyaux normaux; ils sont volumineux, arrondis,

formés par un très fin réticule chromatique et munis d'un nucléole

volumineux; ils sont peu avides de couleur. Les cellules ganglion-

naires à type cortical au contraire ont plus volontiers des noyaux

qui se rapprochent de l'état embryonnaire; ils sont plus petits, plus

compacts, fortement colorés, assez souvent déformés ou multiples.

Une m'a pas été possible de déceler des figures de karyokinèse;

il est vrai que je ne me suis pas servi de fixateur autre que la

liqueur de Muller, mais les différents aspects des noyaux semblent

indiquer que leur- multiplication se fait suivant le mode direct;

ainsi dans les points où la prolifération est active, sur les bords de

la tumeur, beaucoup de noyaux sont allongés ou étranglés en

bissac; d'autre part on trouve de grandes cellules arrondies, à

protoplasma trouble qui contiennent jusqu'à huit ou dix noyaux

(14, fig. 16); il est probable que ces cellules-mères donnent par divi-

sion des neuroblastes tels que ceux qui sont représentés en 2, 2', 2",

figure 16 : ce serait une multiplication endogène à un stade tardif

de l'évolution. , .

A côté de ces cellules, où la division des noyaux parait s'effectuer.

' 11'1 .Il.... ,,1. 'i : o dll ,1(l Á}\ Y""

2o4 CLINIQUE NERVEUSE.

4 . 19.11 ` . ` 1/ · t > - " fi. '1 ? > r ? , HnI.t ? f}'-t'{(''1q

d'une façon régulière,, on en trouve beaucoup d'autres où le noyau

subit une ? a{¡me ! WftiRn.j ! '1'¡]gul,ièl'c qui ressemble beaucoup plus à

une dégénérescence qu'à un processus de division directe 'ou indi-

recte; on peut en voir les phases en 9, 10, il* 12, 15, Hi', 15 ? H¡ ?

figure 16. D'ailleurs les éléments qui portent de semblables noyaux

gardent presque toujours une' forme irrégulièrë ét semblent avorter,

dans leur évolution. r" , : " t ? 1 ? f., ' ?

En résumé, les éléments, que nous venons de décrire sont faits

sur des types qui reproduisent assez exactement lesncellules nerr.)

veuses normales et qui se développent comme elles. Néanmoins,, à

bien des caractères, on voit que l'on a affaire à une évolution rl1or,-{

bide et les cellules néo-formées portent.pour la plupart .le cachet

évident de leur origine cancéreuse. , , , > .j* 'II IIlq

Voyons maintenant comment ces éléments se groupent pour

former un tissu. D'une façon générale, au pourtour.de la tumeur,

les éléments embryonnaires prédominent : il y a là une zone de

Fig. 18. Coupe prise dans la même région que la précédente. Le'

tissu est constitué exclusivement par des cellules ganglionnaires du

type pyramidal, des filaments nerveux et des neuroblastes; les vais-

seaux sont rares. Inclusion à la paraffine; picrocarmin et hdma-

Goaylinc. (Obj. 7, Vérick, oc. 1.) 1 1't

UN CAS DE GLIOME NEURO-FORMATIF. 285

1- "' ". '/> s

prolifépation; puisse, mesure qu'on se rapproche du centre, on voit

les éléments évoluer vers lés types adultes, 'qui bientôt constituent

le tissu presque1 a ''eux1 seuls. Il n'existe nulle pari d'èxtravasatiôn

sàng'uineni'de'pigmentati6n;'bn n'aperçoit pas non plus de trace

der dégénérescence 'des élémeilts`ânatômiques.,L'excavationqui`

occupe'le" contre du ganglion semble formée par simple écarter

ment des" tissus; ses' parois'' contiennent des"ee)iutés parfaitement

vivantes et elles sont tapissées par un feutrage de fibres nerveuses,

ainsi qu'on le verra plus loin.

J'ai déjà décrit l'aspect des points où le type névroglique prédo-

mine ; je dois ajouter que même dans ces points on trouve encore

des cellules ganglionnaires éparses au milieu de la névroglie néo-

plasique(Tg.47). Dans les endroits où le tissu est fait sur le type

nerveux pur, on n'aperçoit que des cellules ganglionnaires qui

enlacent leurs prolongements de manière à former un feutrage

serré, sans substance interstitielle ni fibres névrogliques (rtg. 18 et 19).

Des fibres nerveuses amyéliniques plus ou moins groupées en fais-

Fig. 19. Coupe prise dans une portion névrogliques de la tumeur.

Cellules et réticulum névrogliques; une cellule araignée ; neuroblastes

plus ou moins avancés dans leur évolution sur le type ganglionnaire.

Inclusion- it la paraffine; picrocarmin et hématoxyline. (Immers.

1/10, Vérick, oc.) 1

286 " CLINIQUE NERVEUSE. ; '

ceaux parcourent le tissu dans tous les sens. Les vaisseaux sont peu

abondants; ils ont des'parois'saines et constituées normalement

le plus souvent; quelquefois pourtant leurs tuniques sont. infiltrées

de leucocytes. 1 ,r ' ,"·, , . .1. <» >' <'> : n.'1

Souvent'ils sont enveloppés d'une gaine épaisse de fibres ner-

veuses parallèles à leur direction, tassées les unes confrères autres,

qui semblent avoir trouvé là une sorte de conducteur;, on- peut

comparer à cette disposition celle que les fibres affectent lorsqu'elles

arrivent sur une surface libre, comme'par exemple la surface de la

circonvolution de l'ourlet ou bien celle de la cavité qui creuse la

tumeur; on les voit alors ramper dans tous les sens, comme les bran-

ches d'un lierre qui grimpe le long d'un mur, et former une couche

feutrée plus ou moins épaisse, plus ou moins irrégulière c'est

là ce qui donne à la circonvolution de l'ourlet son aspect rugueux.

Vers le centre de la tumeur il existe, outre la cavité principale,

une grande quantité de petites fissures microscopiques qui sont

faites sur le même type et qui sont toutes munies d'une couche,

simple ou double, formée par un pareil feutrage.

Origine des cellules néoplasiques. Sur toute la tumeur l'écorce

cérébrale envahie par le néoplasme ne se distingue plus du reste.

Sur les limites de l'écorce saine on peut se rendre compte de l'évo-

lution de la tumeur, car l'activité proliférative semble s'étendre de

proche en proche et la tumeur s'agrandit, non pas seulement par

la multiplication des éléments qui la composent, mais encore par

propagation de l'irritation néoplasique aux éléments similaires des

tissus encore sains. Il semble que, comme dans les carcinomes,

les éléments susceptibles de proliférer sont atteints par la conta-

gion au contact des éléments déjà cancéreux. Un point particu-

lièrement favorable pour cette étude est l'écorce de, la circon-

volution de l'ourlet qui est en contact avec la tumeur par sa face

inférieure... . " ..

A cet endroit, les éléments commencent à entrer en proliféra-

tion ; on voit les noyaux des cellules de la névroglie éparses dans

l'écorce augmenter de volume et présenter des signes évidents dé

multiplication directe : forme allongée, en bissac, etc ? un peu

pins bas apparaissent les formes cellulaires différenciées que nous

avons décrites plus haut et qui proviennent évidemment des cel-

lules névrogliques revenues à l'état embryonnaire et proliférées. Il

est un point qui présente un intérêt tout particulier : c'est autour

des grandes cellules pyramidales; on sait qu'il existe normalement

dans l'espace péricellulaire de ces éléments, vers leur base, un

noyau petit, arrondi, fortement coloré par les réactifs nucléaires;

ce noyau a été considéré, avec beaucoup de vraisemblance, comme

appartenant à un neuroblaste destiné à remplacer la grande cel-

lule nerveuse au cas où elle viendrait à manquer; 01 ? on trouve

UN CAS DE GLIOME NEURO-FORMATIF. 287 Î

dansée cas actuel, autour de la cellule pyramidale et dans l'espace

clair qui l'entoure, un nombre assez considérable de noyaux en'

état 'de prolifération évident (fig. : 21). Ces noyaux, dont quelques-

uns sont entourés déjà d'une couche de protoplasma visible, déri-

vent évidemment du petit noyau de remplacement de la cellule

nerveuse. En descendant vers le néoplasme, on voit cette disposi-

tion s'exagérer, les cellules pyramidales sont détruites progressi-

vement et remplacées par de petits nids de cellules embryonnaires

qui finissent par se diffuser 'dans -les tissus et se mélanger aux élé-

ments néoplasiques quittes entourent. Ces cellules sont-elles des-

tinées à produire les cellules ganglionnaires du néoplasme à l'ex-

clusion dès éléments analogues qui proviennent de la névroglie ?

C'est là une question qui serait intéressante à résoudre, mais on

ne 'peut que faire des suppositions à cet égard, car les éléments

embryonnaires de la tumeur ne se distinguent pas les uns des

autres; il est pourtant plus probable que les éléments embryon-

naires une fois formés, qu'ils proviennent d'éléments préexistants

différenciés dans un sens ou dans l'autre, mais issus de la même

origine embryogénique, se comportent comme les neuroblasles de

la période embryonnaire et donnent naissance indifféremment les

uns à des cellules de la névroglie, les autres à des cellules gan-

glionnaires.

.. ,

2° Lésions secondaires du cerveau. J'ai déjà fait remarquer

rig. 20.- Cellules pyramidales d'une portion de l'écorce prises à la limite

du néoplasme; prolifération des éléments des espaces péricellulaires.

Inclusion au collodion; hématoxyline et éosine. (Obj. 7, Vérick, oc. 3.)

'288 CLINIQUE NERVEUSE.

l'aplatissement subi par le centre blanc des deux lobes frontaux,

la destruction par le néoplasme de l'écorce de la circonvolution de

l'ourlet gauche au devant du corps calleux, la compression directe

subie par le reste de l'écorce de la face interne des lobes frontaux

droit et gauche, la compression générale des hémisphères par suite

de l'augmentation du volume de l'encéphale. Il me reste à faire

connaître les résultats plus précis fournis soit par de grandes coupes

histologiques pratiquées dans l'épaisseur des hémisphères, soit par

des coupes portant sur des circonvolutions isolées.

Le centre blanc du lobe frontal droit, quoique comprimé, ne pré-

sente aucune trace de dégénérescence et se colore par la méthode

de Pal d'une façon aussi intense que le reste du cerveau ; il en est

d'ailleurs de même pour l'hémisphère droit tout entier qui ne ren-

ferme pas de dégénérescence appréciable.

A gauche, au contraire, la substance blanche présente des marques

évidentes de dégénérescence dans toute la partie antérieure du

lobe frontal qui est respectée par la tumeur; dans ce point les coupes

colorées à l'hématoxyline de Weigert-Pal montrent une pâleur qui

tranche vivement sur la netteté de la coloration des parties envi-

ronnantes. La dégénérescence s'étend en haut et en dehors de la

tumeur vers l'écorce qu'elle atteint dans la moitié antérieure des

circonvolutions frontales; plus en arrière elle s'éloigne graduelle-

ment de la substance grise, de telle sorte que le pied des circon-

volutions frontales et la circonvolution rolandique antérieure ont

leur substance blanche intacte. En bas, dans la portion qui est com-

prise entre la tumeur et l'écorce de la face orbitaire du lobe fron-

tal, la dégénérescence est moins accentuée.

En arrière, la dégénérescence gagne la face antérieure du corps

strié, en respectant, comme je l'ai dit, les rolandiques; elle s'étend

même un peu dans la capsule externe, sous l'écorce de l'insula,

mais je n'ai pas pu suivre par en bas cette dégénérescence de la

capsule externe, et je n'ai pas pu m'assurer si elle répond au trajet

du faisceau unciforme, comme son siège pourrait le faire supposer.

Malgré toutes ces lésions la branche antérieure de la capsule

interne est remarquablement intacte.

On a vu plus haut que la tumeur envoyait en arrière un prolon-

gement dans la substance blanche de la circonvolution de l'ourlet.

Ce prolongement occupe très exactement la place du faisceau d'as-

sociation longitudinal qui est sous-jacent à cette circonvolution

(cinguluml; il s'étend jusque vers l'union du tiers antérieur avec

les deux tiers postérieurs du corps calleux, en s'amincissant gra-

duellement. Mais en arrière de ce point, quoique les éléments néo-

plasiques disparaissent complètement, il reste au même endroit

une dégénérescence qui est bien visible sur la figure 21. Ce sont les

fibres du cingulum qui ont dégénéré en conséquence de la des-

truction de leur lieu d'origine, la face interne du lobe frontal

UN CAS DE GLIOME NEURO-FORMATIF. 289

gauche. On suit cette dégénérescence tout le long du corps calleux,

mais* elle s'amincit graduellement à mesure qu'il apparaît des

- fibres'saines entre elle et l'écorce ; on en retrouve encore des traces

dans le lobe temporal où les fibres longitudinales, qui occupent la

hase de la circonvolution de l'hippocampe, sont certainement moins

nombreuses à gauche qu'à droite.

Ainsi donc, en résumé, la substance blanche du lobe frontal

gauche a subi, autour de la tumeur, une dégénérescence considé-

rable, qui ne se propage pas à la branche antérieure de la capsule

interne. Il n'y a, pas d'autre dégénérescence secondaire dans le

reste de l'hémisphère que celle du cingulum ; cette dégénéres-

cence montre que ce faisceau d'association part de la face interne

du lobe frontal, cède ses fibres tout le long de son trajet, pour en

reprendre d'autres et ne contient plus beaucoup de ses fibres fron-

tales lorsqu'il arrive dans la circonvolution de l'hippocampe.

Il nous faut maintenant étudier les dégénérescences de la subs-

tance grise, qui sont très étendues et très importantes dans l'es-,

pèce. Sur les coupes colorées par le carmin et l'hématoxyline, on

ne voit rien d'anormal sauf une congestion assez intense; les parois

vasculaires,les cellules ganglionnaires et névrogliques neprésentent

aucune lésion appréciable en aucun point de l'écorce, mais l'étude

Archives, t. XXVI. 19

Fig. 21. Coupe transversale du la moitié supérieure de l'hémisphère

gauche, pratiquée à l'union du 1/3 postérieur avec les 2/3 antérieurs

du corps calleux. Dégénérescence du cingulum. Inclusion au collodion;

coloration de Pal. (Grandeur naturelle.)

290 CLINIQUE NERVEUSE.

. de coupes colorées par la méthode élective de Pal décèle une atro-

phie considérable des fibres tangentielles de l'écorce.

On sait que ces fibres peuvent être distinguées en trois plans ;

4° un réseau superficiel très serré mais peu épais; 2° un réseau

très lâche de fibres'très fines plus ou moins horizontales, qui répond

aux petites cellules pyramidales; 3° ce réseau devient de plus

en plus puissant à mesure qu'on descend dans la zone des grandes

cellules pyramidales où ses fibres s'entre-croisent avec les fibres

irradiées de la substance blanche. Il nous faut étudier les lésions

de ces différentes couches dans les diverses régions de l'écorce céré-

brale.

Dans le lobe frontal gauche toute la région antérieure ne con-

tient plus de fibres à myéline dans la deuxième couche ; elles sont

fortement diminuées dans la troisième et la première n'en contient

plus que quelques rares, dans les points qui répondent à des

sillons. A mesure que l'on se rapproche de la région rolandique, les

fibres conservées augmentent de nombre graduellement, d'abord

au fond des sillons; au niveau du pied des frontales l'aspect de la

substance grise sur les faces latérales des circonvolutions est rede-

venu presque normal, mais à la face supérieure les fibres restent

bien moins nombreuses, surtout dans la deuxième couche. Il en

est de même au niveau du cap de Broca. ,

Le lobe frontal droit, d'une façon générale, subit une lésion

parallèle à celle du gauche, mais moius intense; les fibres de la

deuxième couche qui sont complètement détruites vers la pointe,

réapparaissent dans le fond des sillons plus en avant que du côté

opposé. La lésion est beaucoup plus marquée à la face interne de

ce lobe, au niveau des points directement comprimés et adhérents

à la tumeur. Mais là encore il reste quelques rares fibres superfi-

cielles pour témoigner de l'intégrité relative des tissus ; d'ailleurs

les cellules nerveuses ne paraissent pas avoir souffert.

Les circonvolutions rolandiques et le lobule paracentral à gauche

présentent un aspect très différent suivant qu'on les examine sur

leurs faces cachées ou sur leurs faces découvertes : au fond des

sillons elles sont absolument normales; à la périphérie la deuxième

couche est assez fortement lésée et la première n'est plus

intacte.

A droite les régions correspondantes sont complètement saines,

sauf encore une certaine diminution des fibres de la deuxième

couche dans la partie superficielle des circonvolutions; cette diminu-

tion n'est pas régulière, mais est répartie sous forme de plaques.

Dans le lobe pariétal la lésion redevient plus intense; à gauche,

dans la partie antérieure de ce lobe, on ne trouve presque plus de

fibres dans la première couche, à la face supérieure des circonvo-

lutions ; celles de la deuxième couche ont complètement disparu.

Sur les faces latérales, les première et deuxième couches sont encore

Fig. 22. Coupe de la circonvolution

frontale ascendante gauche vers son

milieu, dans la portion située au fond

d'un sillon. Coloration de Pal. (Obj. 2,

Vérick, oc. 1.)

NOTA. Sur ce dessin la couche superficielle

des libres à myéline horizontales et la couche

profonde ne tranchent pas aussi nettement sur

la couche moyenne que dans la réalité.

Fig. 23. - Même coupe que dans

la figure précédente, mais le des-

sin est pris dans la portion super-

ficielle de la circonvolution. Atro-

phie des fibres tangentielles des

couches superficielle et moyenne.

292 CLINIQUE NERVEUSE.

assez mal fournies. Dans la par-

tie postérieure du lobe pariétal la

lésion est encore plus avancée.

A droite les fibres sont mieux

conservées, d'une façon générale,

dans la région pariétale anté-

rieure, mais elles s'atrophient

presque autant qu'à gauche dans

la région pariétale postérieure.

Dans le lobe temporal la lé-

sion est à son maximum dans

la région moyenne, où les fibres

superficielles ont presque com-

plètement disparu, même dansles

sillons, à gauche. Le lobe droit

est moins altéré.

Enfin en arrivant dans le lobe

occipital, on retrouve encore une

atrophie très marquée des deux

premières couches à la face su-

périeure des circonvolutions tan-

dis que les faces latérales sont

presque normales; cette lésion,

plus faible à droite, est beau-

coup moins intense que celle du

lobe pariétal; elle est pourtant

plus forte que celle des circonvo-

lutions motrices, surtout à droite.

En somme, on voit que la dis-

parition des fibres tangentielles

de l'écorce est plus avancée dans

l'hémisphère gauche, plus direc-

tement comprimé; elle débute par

la deuxième couche, qui répond

aux petites cellules pyramidales,

et, point important, elle est tou-

jours beaucoup plus avancée à la

partie superficielle des circonvo-

lutions que dans les sillons où

l'écorce est relativement protégée

contre la compression. Dans le

Fig. 2L - Coupe de la dernière circonvolution frontale gauche dans sa

région moyenne; dessin pris dans la portion située au fond d'un sillon.

Atrophie considérable des fibres tangentielles dans toutes les couches

de l'écorce.

UN CAS DE GLIOME l'OEUH.O-FOlOIATIl'. 293

lobe frontal la lésion est à son maximum; elle diminue à mesure

que l'on se rapproche de la zone rolandique, qui semble jouir

d'une immunité particulière, pour reparaitre dans le lobe pariétal

et s'atténuer de nouveau dans le lobe occipital, le plus éloigné de

la cause de compression. Dans le lobe temporal la pointe, pro-

tégée par le rebord des ailes sphénoïdales, est beaucoup moins

lésée que la partie moyenne, qui répond au rocher; la région

postérieure, qui appuie sur la tente du cervelet, est également

mieux conservée. Je dois ajouter que les pièces ont été fort bien

fixées et que les colorations se sont faites avec la plus grande

netteté, ce qui exclut l'idée d'altérations cadavériques. D'ailleurs

le maximum des lésions siégeant toujours à la superficie, dans les

points les plus accessibles aux réactifs, tandis que dans les sillons

les fibres sont partout plus nombreuses, on ne peut pas accuser le

défaut de pénétration des liquides fixateurs, qui aurait produit un

effet exactement inverse. Enfin des préparations ont été faites à

l'état frais par la méthode d'Exner, qui ne permet aucun doute,

et ont confirmé exactement par avance les résultats trouvés plus

tard par la méthode de Pal.

En dehors du cerveau il n'y a aucune dégénérescence du reste

de l'axe nerveux. Le bulbe et la moelle sont complètement sains.

- Une femme de quarante ans est prise subitement de maux

de tête violents et d'attaques épileptiformes avec perte de con-

naissance, sans grands mouvements convulsifs, sans para-

lysies ni contractures. Bientôt il survient une démence rapi-

dement progressive, sans délire d'aucune sorte. Quelques

stigmates d'hystérie ne jouent dans le tableau clinique qu'un

rôle très effacé. La mort survient au bout de quatre mois et, à

l'autopsie, on trouve un gliome neuro-formatif, comprimant

directement la face interne des deux lobes frontaux et indirec-

tement le cerveau tout entier.

De cet ensemble je retiendrai deux points : la démence et

la nature de la tumeur.

La démence est le fait de l'altération des lobes frontaux,

que l'on regarde unanimement comme le siège de l'intelli-

gence. Mais il est nécessaire d'analyser exactement la nature

de cette altération. La portion d'écorce cérébrale détruite

complètement ne représente qu'un petit territoire de la face

interne du lobe frontal gauche, l'extrémité antérieure de

l'ourlet; par contre tout le reste de l'écorce des deux lobes

frontaux a conservé l'intégrité de ses éléments sauf la diminu-

tion des fibres à myéline tangentielle. D'autre part, la subs-

t 294 CLINIQUE NERVEUSE.

tance blanche du lobe frontal droit est 'complètement intacte,

quoique déformée, et celle du lobe frontal gauc ! le,st SJ11Q p,our

la bonne moitié de la partie convexe de l'écorce frontale enfin

la branche antérieure de la capsule interne n'est altérée ni

d'un côté ni de l'autre. De sorte qu'en réalité, si l'on fait abs-

traction de la dégénérescence des fibres à myéline tangentielles,

la lésion destructive est beaucoup moins étendue qu'elle ne le

paraît à première vue, à cause des déformations subies par la

région.

Cette dégénérence des fibres tangentielles acquiert une im-

portance d'autant plus grande que dans beaucoup de ces

lésions traumatiques, même étendues, des lobes frontaux, on

n'a pas constaté l'apparition d'une démence comparable à celle

de ma malade. Les seuls désordres intellectuels qui paraissent

être directement sous l'influence de pareilles destructions sont

un changement du caractère, qui devient violent et emporté,

ou bien, chez les prédisposés, l'apparition de psychoses

variées, ainsi Welt (Alienist and Neurologist, Saint-Louis,

avril '1890) n'a pas constaté d'autres troubles qu'un change-

ment de caractère et d'humeur dans huit cas de lésions variées

des lobes frontaux. 1

D'autre part, on sait l'importance qu'ont prise, dans l'ana-

tomie pathologique des démences, les fibres tangentielles de

l'écorce, qui ont été bien décrites pour la première fois par

Exner CI 881) : il me suffira de citer les travaux de Tuczek,

Zacher, Greppin, Friedmann, Kronthal, Chaslin, Fischl,

Cramer, Emminghaus, Targowla et Kéraval, pour justifier

cette assertion.

Il me semble donc absolument légitime de placer dans le

cas actuel la dégénérescence si étendue de ces fibres, que

j'ai décrite plus haut, au premier rang parmi les lésions qui

ont amené une démence si rapide et si profonde.

Dans le cas de tumeur avec compression du cerveau que j'ai

publié l'an dernier à la Société médicale des hôpitaux, j'ai

montré l'existence de cette lésion, j'ai cru devoir la rattacher

à la compression et j'ai insisté sur son rôle dans la production

de la démence. L'observation qui précède confirme absolument

ces vues; c'est un. second cas de dégénérescence, corticale du

cerveau sous l'influence de la compression et ici l'intensité

plus grande de la lésion à la face supérieure, des circon`y,olu-

tions, c'est-à-dire au niveau des points, où le cerveau appuie

directement contre la boite cranienne, montre bien la légiti-

UN CAS DE GLIOME NEURO-FORMATIF. 295

· 'Il/ -, 1.

mité de cette interprétation. Je crois donc pouvoir admettre

que la compression agit en premier lieu sur les fibres d'Exner, ? Pour en gêner le fonctionnement d'abord, puis pour les dé-

truire, alors que les autres éléments de l'écorce ne semblent

pas encore avoir souffert." D'ailleurs on conçoit fort bien a

priori qu'il doive en être ainsi.

' Un point remarquable est l'immunité relative dont parait

jouir la zone motrice, qui était l'endroit le moins atteint dans

les deux cas ,que j'ai observés.1 Dans ces deux cas, en effet, la

distribution de l'atrophie était exactement comparable, ainsi

qu'on pourra s'en convaincre en comparant les schémas ci-

' joints, qui appartiennent à ma première observation, avec la

description des lésions dans le deuxième cas (fig. 25 à 31). Je

Fig. 25. - Tumeur du cerveau vue sur une coupe horizontale.

(Soc. méd. des 116 ? 24 juin 1892.)

296 CLINIQUE NERVEUSE.

dois ajouter qu'à l'état, normal, ainsi que je m'en suis assure,

la région motrice ne se distingue pas des autres par sa richesse

plus grande en fibres tangentielles, elle possède seulement un

plus grand nombre de fibres épaisses.

Le gliome neuro-formatif n'est pas une tumeur commune, à

en juger par le petit nombre d'observations qui en ont été

données; et encore la plupart d'entre elles ont trait à des cas

où la tératologie joue un grand rôle.

Virchow a décrit, sous le nom de névromes centraux, de

Fi. 26. Tumeur du cerveau vue sur une coupe pratiquée suivant

'la ligne B B' de la figure 25. (Loc. cil.)

Fig. 27. Tumeur du cerveau vue sur une coupe pratiquée suivant la

ligne C CI des figures 25 et 26. (Loc. cil.)

UN CAS DE GL : OOE nl;Ulio-1GHJI1'l'11 07

petites tumeurs de substance grise, ordinairement multiples,

dont le volume varie depuis celui d'une moitié de grain de

chènevis jusqu'à celui d'une moitié de cerise, qui siègent sous

l'épendyme des ventricules chez des idiots ou des aliénés. Ces

Fig. ` ? S. Schéma de la disposition de l'atrophie des libres iL myéline

tangentielles de l'écorce dans l'hémisphère droit du cerveau représenté

fig. 2.ï, 26 et 27.

Les parties noires représentent les circomolutions envahies par le néoplasme et

complètement détruites au point de vue fonctionnel ; l'intensité de la teinte grise indique

le degré de l'altération. (Loc. cit.)

Fig. 29. Schéma, de la disposition de l'atrophie des fibres à myéline

tangentielles de l'écorce de l'hémisphère droit. (Loc. cit.)

298 1 CLINIQUE NERVEUSE.

petites tumeurs renferment quelquefois une traînée blanche

, à leur centre,- présentant ainsi. une grande analogie, avec les

circonvolutions de l'écorce; elles coïncident souvent avec des

îlots de substance grise dans l'épaisseur des lobes cérébraux,

sans connexions avec l'écorce. Tùngcl, Meschede ont décrit des

productions analogues. Ce sont des formes manifestement

congénitales, qui coïncident souvent avec d'autres anomalies;

c on génitales, qui res ail. . ".

Fig. 30. Schéma de la disposition des fibres à myéline tangentielles

de l'écorce de l'hémisphère gauche. (Loc. cit.) .

Fiy. 31. Schéma de la disposition de l'atrophie des fibres à myéline

tangentielles de l'écorce de l'hémisphère gauche. (Loc cil.) ''

if Il

UN CAS ! DE GLIOME NEURO FORMATIF ',12üD

^néanmoins il n'est- pas impossible qu'elles ne subissent. un

^moment. donné une augmentation de volume' et) qu'elles ne

soient le point de départ de véritables tumeurs.

C'est probablement là l'ôrigine des deux tumeurs que Lance-

reaux a décrites dans.le cerveau d'une femme « dont l'esprit

passait,- pour êtré singulier "et bizarre ». (Note sur deux

tumeurs formées d'éléments cellulaires ayant la plupart des

caractères de cellules'nervèuses," A1'ch. de Phys., 1869.) Sur

les derniers temps de sa vie seulement cette femme avait pré-

senté des signes de tumeur, mais la( duplicité des formations

néoplasiques et l'existence de tares mentales laissent supposer

avec beaucoup' de( vraisemblance que ces tumeurs avaient pour

/origine des névromes centraux, tels que Yirchow les a décrits.

1 Dans le cas de Hayem (Note sur un cas de névrome médul-

laire ou cérébrome développé dans l'épaisseur du cerveau, Soc.

e-Biol ? 1864); la~tumeur avait toute l'apparence d'un téra-

tome ; elle était formée de cellules à la périphérie, de fibres au

. centre,' présentait à sa surface des rudiments de circonvolu-

tions et était entourée d'une fine membrane conjonctive qui

^permettait, la, décortication; il s'agissait , évidemment d'une

, (inclusion remontant à la, période embryonnaire. ' 1

Lesage et Legrand ont décrit avec beaucoup de soin une tu-

meur qui, au point de vue histologique, ressemblait beaucoup

à la mienne (Arch. de PI/ys., 1888), mais-elle était congénitale

et s'était développée à la base du nez, aux dépens sans doute

d'un pincement de l'écorce cérébrale; elle n'avait d'ailleurs

plus aucun rapport avec l'encéphale au moment de la nais-

sance. C'est,. probablement à cette catégorie de faits que se

'rapportent certains'encéphalbcëles et certaines tumeurs coccy-

'giennes liés au spina bifida, qui contiennent des 'cellules

"ganglionnaires^.^/ ^ -" ' "nV f

`On voit .par ces quelques faits que les parcelles aberrantes

de tissu nerveux, qu'elles 'restent dans les centres ou qu'elles

s'en séparent, ont une certaine tendance à proliférer pour don-

ner naissance'à.des néoplasmes. faits, sur le type de la tumeur

qui nous occupe. Il y a là quelque chose d'analogue à ce qui se

passe dans les kystes dermoïdesqui subissent la dégénéres-

cence épitheliomateusé. Mais telle ne me parait pas être l'ori-

gine de la tumeur que je viens de décrire; ses connexions avec

, ^l'écorce cérébrale, qu'elle ''envahit de proche en proche; son

développement chez une femme 'qui n avait présenté jusqu'a-

lors aucune anomalie psychique, me portent à croire' qu'il

300 CLINIQUE NERVEUSE.

s'agit d'une tumeur primitivement développée aux dépens de

l'écorce de l'ourlet et non pas d'une tumeur secondaire à une

malformation foetale.

Dans cette catégorie de faits il n'existe, à ma connaissance,

que l'observation ancienne de Wagner (Arch. f. Ileilk., 1131),

celle plus récente de Lemecke (Langenbeck's Arch., XXVI) et

enfin celle de Rénaut (Note sur le gliome neuro-formatif et

l'équivalence nerveuse de la névroglie, Gaz. méd., 1884), qui

est la seule indiscutable.

Les tumeurs développées aux dépens des cellules formatives

des tissus nerveux peuvent donc reproduire les deux espèces

d'éléments qui caractérisent ce tissu à l'état adulte : les cellules

névrogliques, avec les fibres qui en dérivent, et les cellules

ganglionnaires, avec les cylindres d'axe qu'elles émettent.

Tantôt, et c'est le cas le plus fréquent, il se forme simplement

de la névroglie; tantôt, mais c'est l'exception, les neuroblastes

néoplasiques ont une vitalité suffisante pour acquérir la diffé-

renciation supérieure qui caractérise les cellules nerveuses.

Dans un mémoire précédent je me suis efforcé de montrer

que certaines syringomyélies sont sous la dépendance de

gliomes, qui diffèrent de ceux du cerveau par l'exubérance des

fibres névrogliques (gliomes fibrillaires), mais qui ont exacte-

ment la même origine.

On voit quelle variété d'aspects les tumeurs issues du tissu

nerveux peuvent revêtir; elles ont pourtant toutes une parenté

indéniable, car elles dérivent d'un même élément embryon-

naire, le neuroblaste qui provient lui-même de l'ectoderme.

D'ailleurs la preuve directe de cette parenté peut être trouvée

dans certaines de ces tumeurs qui contiennent, en plus ou

moins grand nombre, des éléments reproduisant plus ou moins

parfaitement les éléments caractéristiques des autres formes.

Ainsi, dans le cas actuel, le tissu est mi-partie gliomateux, mi-

partie ganglionnaire; ainsi encore la syringomyélie à laquelle

je viens de faire allusion contenait des points purement glio-

mateux et de plus, fait important, des cellules disséminées

d'une nature toute particulière; ces cellules arrondies, ou

munies d'un court prolongement, à protoplasma» trouble et

avide de carmin, à noyau volumineux, reproduisaient exacte-

ment les formes intermédiaires entre les neuroblastes et les

cellules nerveuses, formes qui sont si abondantes dans la tu-

meur qui fait l'objet du présent travail.

ASILES D'ALIÉNÉS.

Notice SUR l'asile d'aliénés DE La ROCIIE-SUR-5'oN;

' Par le Dr CULLERRE.

I. En 1841, trois ans après le vote de la loi sur les aliénés,

quelques-uns des fous de la Vendée étaient disséminés dans divers

hospices du département, mais le plus grand nombre était recueilli

par l'hospice de Fontenay-le-Comte. Voici, d'après la communica-

tion orale de Ferrus au conseil général de ce département, com-

ment ils y étaient soignés.

« Les aliénés de Fontenay subissent un traitement tout à fait

opposé à celui qu'on doit suivre; ils sont tenus avec une malpro-

preté repoussante et invétérée. On dirait qu'on les réunit là, non

pas pour essayer leur guérison et adoucir leursort, mais seulement

pour les emprisonner; cependant la condition des hommes est

moins dure sous le rapport de la liberté que celle des femmes. Les

aliénés ne sont point catégorisés, ce qui est un obstacle à l'amé-

lioration de leur situation mentale. Le service du médecin est très

mal organisé, il n'y a point de cahier de visite, point de bains,

point de surveillance, les soeurs de l'hospice règlent tout, et, quoi-

qu'elles soient des modèles de patience, de douceur, pour toutes les

autres souffrances de l'humanité elles n'ont pas la même abnéga-

tion pour ce genre d'infirmité qui ne peut respecter aucune con-

venance. Enfin, on doit dire qu'il n'y a pas de service d'aliénés à

Fontenay : cet état de choses appelle une prompte réforme. »

La seule mesure prise tout d'abord pour remédier à ce triste état

de choses fut (20 janvier 1843), la nomination dunr Dagron comme

médecin préposé responsable du quartier d'aliénés de Fontenay. Ce

praticien s'efforça d'apporter quelque adoucissement au sort de ses

malheureux malades, mais il trouva dans la commission adminis-

trative une opposition presque invincible.

Cette même année, malgré ses réclamations, il ne pouvait obte-

nir de cette administration de la literie et du linge pour les aliénés.

Le département qui pourtant payait leur pension à l'hospice de

Fontenay, fut obligé de prendre cette dépense à sa charge, et pour

obtenir l'augmentation du nombre des infirmiers, l'amélioration

de la nourriture, une vêture d'hiver et d'été convenables pour

chaque aliéné, il augmenta le prix de journée qui fut porté à 0 fr.882

par jour. Un moment il avait songé 1t évacuer une partie de ses

3021 ASILES 'D'ALIÉNÉS.' ·

malades sur l'asileSaint-Jacques 'de Nantes; bien' que leur'n'ombre T

ne dépassât pas 90 en moyenne., , - ' ' I ? r '1 Ir ? r si t o,j ? nf

Cependant,. ces améliorations étant reconnues irisuffisantesV ? il'r

fallut se résoudre à la création d'un'asile. En 1845,'lé'conseil gré-' ' 1

néral décide qu'un.établissement' d'aliénés serait fondéf dans 'Jjè ! if

département de =la Vendée, et parla loi du 3 juillet» 1846,' il'-est"'

autorisé à emprunter la somme nécessaire à cette fondation ? 1 III 1'r

a Le projet relatif à cet établissement, disait le préfet dans la

session de. la même année, a été approuvéipar M.de ministre de

l'Intérieur, le 24 août- 1846; la dépense, totale- en 'est'fixée à)1

320,000 francs, y compris les honoraires de l'architecte ? 1 ? 11(>{ 1

« Le terrain que j'ai jugéle plus convenable pour la construction' ¡

de cet important établissement, se trouve situé au lieu ditla,nallee'

de la Grimaudière; à environ deux kilomètres' de- la, ville de

bon-Vendée. Ce terrain est sec, élevé, éloigné de toutes espèce ,.

d'agglomération d'habitants, à l'abri des exhalaisons insalubres 'et' '

du bruit ; une source précieuse y existe : dans mon opinion,1 il ?

réunit toutes les conditions désirables pour.un tel établissement'. »e'

Le projet de construction d'un asile d'aliénés avâit soulevé'la

plus vive opposition de la part delà commission administrative'de ?

l'hospice de Fontenay et du conseil municipal de : da'même ville ;"

deux délibérations de ces corps constitués, en date des 17 et 24 dé-i'

cembre 1845, avaient été adressées à 1\1. 'le ministre de l'Intérieur.

Mais.il n'en fut pas tenu compte, et l'on passa' à l'exécution. La"

ferme de la Grimaudière- fut achetée- moyennant le prix* de o

50,000 fr. et l'adjudication des travaux fut faite Ie23janvierl817; '

Les travaux furent commencés, mais avec unè sage lenteur. Les

fonds ne furent mis à la disposition de l'architecte que par sommes

peu importantes. Bientôt- on s'effraie de la dépense, une reculade <

s'opère, et en 1849 le' conseil général ne veut plus de l'asile; et : '

nomme une commission pour chercher quoi on pourrait bien' Uli1l

liser les bâtiments en voie de construction.' - ' ''

«Une autre destination de l'hospice des aliénés est-elle avanta-

geuse pour le département ? vient dire le rapporteur. ' ' ?

» Votre commission, à l'unanimité moins une voix a décidé cette'

question en répondant : oui. à .4 - à ? "

« Les dépenses de ces constructions sont déjà fort élevées, et il

est impossible de prévoir à quel chiffre on devra s'arrêter. Après'

la construction achevée viendra la question d'entretien et le rapport 1

de M. le Préfet de la Loire-Inférieure vient nous apprendre que le

chiffre d'entretien à l'hospice de Saint-Jacques, pour chaque aliéné

s'élève à 5 francs par jour. Pensez-vous qu'à Napoléon la dépense

sera moindre ? Votre commission ne l'a pas pensé. Elle a vu dans

ce chiffre un avertissement dont elle veut faire profiter le départe-

ment de la Vendée. D Il ' , ; . "4

En ferait-on une ferme régionale d'agriculture, ou y transfère-

asiles d'aliénés. 3031

rait-on, l'hôpital départemental de Bourbon-Vendée, dont les cons-

tructions menaçaient ruine ? Ce dernier avis était celui de la com-

mission, et parl9voix contre 4, le conseil décida en principe que

l'hôpital de Bourbon-Vendée serait transporté dans les bâtiments de

laGrimaudière. Les aliénés resteraientà Fontenay.Ce projet bizarre z

fut enfin abandonné, et l'on en revint à celui de l'asile d'aliénés qui

fut inauguré le, le,, janvier 1853, avec 127 malades des deux sexes.

rl ç : : )1'

il. -.L'asile de la Grimaudière, construit sur un plateau formé

de schistes argileux,- et micacés, au pied duquel coule la rivière

d'Yon, est entouré d'un domaine d'environ trente hectares. Il se

compose au moment de son inauguration de deux corps de bâti-

ments principaux à rez-de-chaussée surmonté d'un étage disposés

sur une seule ligne s'étendant duN.-O. au S.-E. et séparés par une

cour au centre de laquelle, perpendiculairement aux précédents,

s'étend d'avant en arrière un troisième corps de bâtiment où sont

établis les bureaux,. les logements du directeur-médecin et des

soeurs, la cuisine, la chapelle, la lingerie et le vestiaire.

Chacun des deux grands pavillons est divisé intérieurement en

quatre sections de classement ayant chacune une salle de réunion

un dortoir et un préau séparés. Un vaste couloir dessert au rez-de-

chaussée et au premier ces divers services. 1

Deux ailes se détachent en avant de la partie centrale des deux

grands pavillons : le rez-de-chaussée y est occupé parle service des.

bains, qui comprend pour chaque sexe sept baignoires et une salle

d'hydrothérapie 2, et le premier par l'Infirmerie.

Enfin, quatre petits pavillons isolés, à simple rez-de-chaussée,

flanquent deux par deux chacune des ailes dont nous venons de

parler et sont affectés aux aliénés malpropres et aux agités de

chaque sexe..Chaque pavillon de malpropres se compose d'un dor-

toir et d'une petite salle de réunion et chaque pavillon d'agités de

six cellules seulement disposées de chaque côté d'un couloir.

Tel était l'asile en 1857, époque où fut établi le règlement offi-

ciel qui fixe ainsi le nombre des places : deux cents pour les malades

du régime commun et trente pour les pensionnaires. Reculant

toujours devant la dép.ense qu'entraînait l'achèvement de l'asile, on

avait ajourné la construction des pensionnats, et on avait aménagé

une des sections de chacun des grands pavillons poury installer les

malades payants.

En dépit du règlement, les deux cent trente places n'existaient

1 Depuis l'année 1892, le directeur-médecin habite un pavillon séparé,

situé en dehors de l'établissement.

1 Primitivement le service des bains ne comprenait que six baignoires

pour chaque sexe. Il a été augmenté récemment d'une baignoire et d'une

salle d'hydrothérapie pour chaque division (1882-85).

304 asiles d'aliénés.

pas réellement à cette époque, car le ministre de l'Intérieur, pour

pousser à la construction des pavillons de pensionnaires écrivait; -,

« Les pavillons qui seront alors créés permettront d'isoler davan-

tage les aliénés pensionnaires des indigents et les locaux que ce

déplacement laissera libres dans les bâtiments actuels pourront être

affectés à cette dernière catégorie de malades. Les infirmeries qui

faute de place, servent aujourd'hui à un double service reprendront

le caractère spécial qu'elles doivent avoir.

Les pensionnats commencés en 1860 ne furent achevés qu'en

1863. Ils formèrent deux pavillons situés à l'extrémité de chacun

des grands pavillons du régime commun, dont ils ne sont séparés

que par une galerie fermée; donnant chacun vingt places, ils por-

taient à deux cent soixante-dix le nombre de places réglementaires

que contenait l'asile..

Entre temps, diverses défectuosités apparaissaient, les lieux d'ai-

sances consistant en fosses fixes annexées aux bâtiments d'habita-

tion, faisaient pour ainsi dire partie des sections, de sorte que les

effluves qui s'en exhalaient infectaient les salles de réunion et les

dortoirs. On crut même s'apercevoir que les infiltrations mena-

çaient de corrompre l'eau des sources et des puits. Aussi en 1859,

les fosses furent-elles condamnées et remplacées par des tinettes

mobiles. En 1866, les cabinets furent reportés à l'extrémité des

préaux et reliés aux bâtiments par une galerie couverte. Le système

des tinettes mobiles avec vidange quotidienne fut conservé, et il

subsiste encore à l'heure qu'il est successivement amélioré.

L'Asile possédait, sur le liane du coteau où il est assis de fort belle

sources, mais elles n'étaient guère utilisées que par la buanderie,

faute de captage et d'une machine élévatoire. On consommait

donc surtout l'eau de puits tant pour l'alimentation que pour le

-service des bains et de la cuisine. L'été, par suite de la diminution

de rendement des puits on devait fréquemment suspendre l'admi-

nistration des bains.

- En 1870. un service d'eau complet fut commencé et terminé l'an-

née suivante. Depuis cette époque l'eau est distribuée dans toutes

les parties de l'établissement. Pour des motifs d'économie ce service

n'a pas été installé avec l'ampleur désirable.

De cent vingt-sept en 1853, la population de l'Asile avait atteint

en 1880 le chiffre de trois cent quatre-vingt deux. Les deux cent

soixante-dix places réglementaires étaient comme on le voit, con-

'sidérableinent dépassées, et malgré de déplorables expédients

comme la transformation en dortoirs des couloirs du 10r étage

l'augmentation des lits dans les dortoirs, l'envahissement du peu-

sionnat par les aliénés indigents, la place manquait de toutes parts

il fallait en créer coûte que coûte. Alors, à chacun des petits pavil-

lons cellulaires s'élevant en dehors des ailes centrales fut accolé un

pavillon avec étage donnant 20 places chacun. C'était insuffisant,

asiles d'aliénés. 305

puisque le nombre des places réglementaires n'était ainsi porté

qu'à 310, pour 382 malades. Aussi les installations défectueuses et

l'encombrement continuèrent à subsister. '

En 1885 le nombre des aliénés dépassait 400. On se trouvait de

nouveau acculé à la nécessité de reprendre les agrandissements.

Les petits pavillons consacrés aux malpropres, et où l'hygiène

était outragée au point que chaque lit n'avait que 14 mètres cubes

d'air à sa disposition, furent désaffectés, remis à neuf, et transfor-

més en dortoirs de valides après qu'on eut construit aux deux extré-

mités de l'asile deux nouveaux pavillons de malpropres contenant

chacun 20 places et installés dans des conditions absolument satis-

faisantes au point de vue de l'hygiène et du bien-être des malades*.

Depuis cette époque, les améliorations et les agrandissements

ont été poursuivis avec activité. En 1888, on a construit une ferme

en dehors et à distance de l'Asile, et les bâtiments, précédemment

occupés dans l'intérieur de l'établissement par les animaux et

l'exploitation agricole, ont été transformés en ateliers (forge, me-

nuiserie, tissage, saboterie).

En 1891 et 1892, ont été édifiés deux pavillons destinés aux en-

fants idiots et épileptiques des deux sexes. Ils sont déjà occupés

par 26 malades (13 garçons et 13 filles).

Actuellement, en 1893, bien que le nombre réglementaire des

places ne soit que de 392, l'asile de la ( : rimaudièrecontient 460 alié-

nés. Tel est le flot ascendant de la population indigente de l'Asile,

dû, non à un plus grand nombre d'admissions d'année en année,

mais à l'accumulation qui résulte du défaut d'équilibre entre les

extinctions et les admissions, qu'il faut songer à de nouveaux

agrandissements. Dans sa sesssion d'avril 1893, le conseil général

a décidé la construction de deux pavillons de tranquilles devant don-

ner 114 places. En même temps, il a voté la réfection complète de la

buanderie, le captage complet des sources et l'achat d'une machine

à vapeur capable de fournir à la fois l'eau et la lumière électrique

nécessaires à l'établissement.

La population masculine dépasse d'environ trente têtes la popu-

lation féminine, ce qui fait que c'est surtout dans la division des

hommes que le trop-plein se fait sentir.

La surveillance de la division des femmes et les services géné-

raux occupent treize religieuses et vingt filles de service. Des treize

religieuses, cinq seulement sont affectées à la surveillance des ma-

lades ; les autres sont employées à la cuisine, à la buanderie, à la

lingerie et au vestiaire.

La surveillance des hommes est confiée à un surveillant-chef et

à dix-huit infirmiers. Il y a en outre huit préposés employés aux

A A l'heure actuelle la valeur des bâtiments est de plus de 600,000 francs,

le double de la dépense des premières constructions.

"\I\CiJIYl : S. t. XXVI. 20

306 asiles d'aliénés.

ateliers et aux travaux extérieurs, qui surveillent et dirigent les

travaux des malades.

Le personnel médical se compose d'un médecin qui remplit en

même temps les fonctions de directeur et d'un interne.

TABLEAU DES VARIATIONS DU NOMBRE DES ALIÉNÉS INDIGENTS DE LA VENDÉE E

(Population du 1e' janvier de chaque année)

III. Malgré l'encombrement très réel qui existe à l'asile de la

Grimaudière, les conditions hygiéniques dans lesquelles se trou-

vent ses habitants ne sont pas aussi fâcheuses qu'on pourrait le

supposer. La mortalité y est très faible, et ne dépasse pas, comme

moyenne, six à sept pour cent du nombre des malades traités pen-

dant l'année.

En dehors de quelques cas de tuberculose, maladie commune

chez les aliénés appartenant aux diverses variétés de la dégéné-

rescence, on n'y constate aucune espèce de maladies cachectiques,

Fig. 32.

asiles d'aliénés. 307

ni scorbut, ni entérites chroniques, ni pseudo-pellagre. Chez les

paralytiques et les grabataires, les escharres sont à peu près in-

connues. Les maladies accidentelles sont très peu nombreuses, et

sont toutes de cause saisonnière.

TABLEAU DES VARIATIONS DU NOMBRE DES ALIÉNÉS INDIGENTS#DR LA VENDÉE

(Population du 1er janvier de chaque année)

Ces heureux résultats me semblent dus à plusieurs causes. La

situation de l'établissement, placé sur une hauteur, isolé en pleine

campagne, continuellement balayé par les vents, entouré d'une

végétation luxuriante, y contribue dans une certaine mesure.

Il en est de même de l'organisation du travail, qui fait qu'un

grand nombre de malades, vivent au grand air ou éloignés de

leurs sections : les hommes aux champs, dans les jardins, les

femmes à la buanderie, au lavoir, à la Jégumerie et dans les ser-

vices généraux.

Fig. 33.

308 asiles d'aliénés.

Joignons-y la propreté scrupuleuse des locaux, de la literie, du

linge et des vêtements, et la profusion avec laquelle les bains sont

administrés à tous les,malades.

Enfin, le régime alimentaire, sans être bien riche, est institué

de façon a ce que,les aliénés en tirent le meilleur parti possible.

Chaque semaine ils reçoivent :

asiles d'aliénés. 309

lugubres périodes. Jusqu'en 1865, une épidémie de dysenterie

s'abattit chaque automne sur l'Établissement, faisant de nombreuses

victimes, frappant surtout les malades affaiblis, les non acclima-

tés, mais n'épargnant ni les plus robustes parmi les aliénés, ni

le personnel administratif. Deux médecins-directeurs furent succes-

sivement atteints, ainsi que de nombreux employés ou surveillants.

En 1858, année où cent deux aliénés sur moins de deux cents furent

frappés, où vingt et un succombèrent, le médecin-directeur écrivait

dans son rapport :

« La dysenterie, qui nous avait déjà visités en 1857, a envahi de

nouveau l'établissement dans les derniers jours de septembre.

Commencée le 20 septembre elle a atteint son summum dans la

première quinzaine d'octobre et n'a cessé d'une manière défini-

tive que le 15 décembre... Le personnel des préposés n'a pas eu de

décès à déplorer quoique trois religieuses, six infirmières, le surveil-

lant et quatre infirmiers aient été malades. Les bâtiments de l'ad-

ministration, qui l'année dernière avaient été préservés, n'ont pas

joui cette année de la même immunité. Plusieurs cas graves se

sont en effet déclarés parmi les membres des familles de l'au-

mônier, du chef de culture et du concierge qui a perdu un de ses

enfants. »

On s'évertue à trouver la cause de ce fléau; on la cherche dans

un principe miasmatique, dans un contage, dans l'existence du

poison palustre. Pendant qu'on se livre à ces recherches théoriques,

le mal continue ses ravages. Ce n'est que quand on eut compris

que ce n'était pas au génie épidémique qu'il fallait s'attaquer

mais aux causes qui en favorisaient l'explosion, comme le refroi-

dissement brusque de la température, l'insuffisance du régime ali-

mentaire, des infractions trop grandes aux lois de l'hygiène, que

le mal fut conjuré.

En effet, en 1866, le médecin-directeur annonçait dans son rap-

port que le régime avait été amélioré, que la ration de viande

avait été divisée en demi-portions, de façon que les malades en ti-

rassent le meilleur parti possible, que le vin rouge était substitué

au vin blanc et la ration portée de 15 à 25 centilitres; que la

vêture avait été améliorée, les lieux d'aisances éloignés des habi-

tations et assainis, les désinfectants employés sur une large échelle.

A partir de cette époque, la dysenterie cesse de se montrer à

l'état épidémique (sauf en 1878). Comme elle existe dans la région

à l'état endémique, elle n'est pas supprimée, bien entendu, mais ne

se manifeste plus chaque automne que par quelques cas isolés;

beaucoup d'années sont même absolument indemnes. Depuis 1879,

il n'est mort que deux malades de la dysenterie à l'Asile de la

Roche-sur-S'on.

En même temps que la dysenterie, on voyait sévir l'entérite

chronique; celte maladie de misère a également disparu; et sa

310 asiles d'aliénés.

disparition date, comme l'autre, de l'époque des améliorations

hygiéniques.

Signalons, pour terminer, un point noir à notre horizon : jus-

qu'en 1870, la fièvre typhoïde était presque inconnue à l'Asile.

Depuis cette époque on en voit tous les ans quelques cas; et on

compte de ce chef deux ou trois décès par an. Pour nous, ainsi que

RAPPORT DU NOMBRE DES DÉCÈS AU NOMBRE DE LA POPULATION TRAITÉE

nous l'avons signalé dans nos rapports officiels, nul doute que

l'encombrement ne soit pour une certaine part dans la multiplica-

tion de cette maladie.

IV. Les diverses régions du département fournissent des alié-

nés à l'Asile suivant une proportion inégale. Si l'on dresse une

liste des cantons par leur rang d'importance au point de vue de la

population d'aliénés qu'ils envoient à l'Asile, on constate, sauf de

rares exceptions, que les cantons du Bocage tiennent la tête, que

Fig. 34.

PLAN D'ENSEMBLE DES BATIMENTS APRÈS SON AGRANDISSEMENT

asiles d'aliénés. 315

ceux de la plaine occupent un rang intermédiaire et que ceux du

marais, du moins en partie viennent les derniers, ce qui revient à

dire que le Bocage produit, toutes choses égales d'ailleurs, plus

d'aliénés que les autres régions. J'ai montré dans un travail précé-

dent 1 que la cause de ce phénomène devait être attribuée sur-

tout à l'infériorité du Bocage au point de vue climatologique,

ethnologique, intellectuel et hygiénique. De plus, le rôle de l'hé-

rédité morbide y est d'une importance capitale. On trouve, princi-

palement en Bocage, de véritables foyers de dégénérescences

psycho-cérébrales que l'on doit attribuer à l'hérédité, dont l'action

est aggravée par des unions trop rapprochées, trop en dedàns.

Les diverses formes de l'aliénation mentale dont sont atteints

les individus envoyés à l'Établissement se présentent dans les pro-

portions suivantes, qui sont basées sur les admissions d'un grand

nombre d'années.

316 asiles d'aliénés.

jadis les démonopathes, improvisant des prières, récitant des pas-

sages des Écritures, apostrophant les impies, et débitant des ser-

mons.incohérents sur un ton plein de force.

Une hystérique extatique qui est encore à l'Asile en ce moment,

se faisait, avant son entrée, administrer des secours, comme une

convulsionnaire de Saint-Médard; dans ses crises hystériformes,

elle éprouvait de telles souffrances dans les parties sexuelles et le

flanc gauche, qu'elle ne pouvait être soulagée que par l'application

sur la partie malade des coins de fer qui servaient à son père pour

fendre le bois.

L'observation de certaines malades a ainsi une saveur archaïque

toute spéciale, et les visions, les extases, les possessions y jouent

un rôle caractéristique. En cas de possession démoniaque, on

assiste à un véritable dédoublement de la personnalité. « Hélas,

monsieur, je ne puis plus prier le bon Dieu ! t me disait l'une sur

un ton de désespoir, et aussitôt elle s'écriait avec un accent de

fureur des plus prononcés : « Non, tu ne le prieras pas, ton vieux

maq... de bon Dieu ! » Et le dialogue entre la malade et le diable

qu'elle croyait en elle continuait ainsi des heures entières, avec les

plus étranges péripéties, les contorsions les plus bizarres.

L'érotisme lui-même revêt la forme démoniaque, et les succubes

ne sont pas rares parmi les femmes aliénées.

Les guérisons comptent en général pour un peu plus d'un quart

des admissions; et l'on peut estimer qu'en éliminant les cas de folie

simple déjà arrivés à la période de démence, on renvoie guéris la

moitié des autres.

Parmi les causes de folie, la plus puissante est l'hérédité. J'ai,

depuis douze ans, constamment trouvé la prédisposition héréditaire

dans la proportion de 60 p. 100. Puis viennent la religion mal

entendue, les chagrins domestiques, la ménopause, les divers états

puerpéraux et enfin les excès alcooliques : nous nous arrêterons

un instant sur cette dernière cau-e.

La proportion des individus admis annuellement pour cause

d'aliénation due aux excès alcooliques est en moyenne, depuis la

fondation de l'Asile, de 15 p. 100. Il résulte de mes recherches sta-

tistiques que dans le département de la Vendée, l'alcoolisme n'a

fait aucun progrès réel depuis vingt-cinq ans. Ces résultats sont

pleinement en harmonie avec l'opinion que je me suis faite per-

sonnellement à ce sujet depuis treize ans que je suis il la tête de

l'Asile de la Roche-sur-Yon. La cause en est que, jusqu'à présent,

les conditions économiques du pays, au point de vue du commerce

des boissons, n'ont subi aucune modification importante.

La boisson généralement usitée, celle qui est préférée par les

buveurs, est un vin blanc récolté dans le pays même, où jusqu'ici

le phylloxera n'a fait que peu de ravages, quoiqu'il soit signalé sur

de nombreux points.

asiles d'aliénés. 317

' Le vin blanc récolté en quantité assez considérable en Vendée

est âpre, d'une acidité extraordinaire; il faut un certain courage

pour le boire quand on n'y est pas habitué ; mais les indigènes

en font leurs délices. Son degré alcoolique est en moyenne de

6 à 7 p. 100,. 8 dans les bonnes années et pour les vins de choix. Le

prix en est peu élevé, de sorte que le commerce n'a aucun intérêt

sérieux à le frauder. Comme il ne voyage pas, il est entièrement con-

sommé dans la région, et on n'éprouve. pas la nécessité d'y ajouter

des alcools d'industrie. 11 est en définitive absorbé à l'état naturel.

J'ai cependant ouï dire que la consommation des eaux-de-vie de

commerce prenait, dans les cabarets, une extension de plus en

plus grande, depuis quelques années.

En dépit de ces conditions relativement favorables, notre statis-

tique montre que le nombre des individus que les excès de bois-

son conduisent à l'Asile d'aliénés est cependant considérable. Cela

lient au tempérament, aux habitudes et au goût de la population

vendéenne, qui est universellement portée aux excès de boisson.

Si le Vendéen est ivrogne, il devient toutefois rarement alcoo-

lique au sens étroit du mot : 1° parce qu'il consomme surtout du

vin, dont.la nocuité'est faible comparée aux boissons fabriquées

avec les alcools d'industrie; 2° parce que ses excès sont ordinaire-

ment intermittents et restreints aux dimanches, fêtes, foires et

marchés. Ces jours-là, tous boivent outre mesure; la plupart même

s'enivrent abominablement, mais ces excès n'ont pas de lendemain,

et le poison s'élimine rapidement, grâce à la sobriété des jours

ouvrables.

Les alcooliques que nous recevons appartiennent à deux catégo-

ries : 1° les alcooliques vrais, présentant les signes cliniques de l'in-

toxication aiguë ou chronique (tremblements, délire spécifique,

etc.); 1° les individus devenus aliénés par suite d'excès alcoo-

liques avant que l'intoxication ne soit devenue complète. Ces der-

niers, en général prédisposés, n'offrent la plupart du temps aucun

symptôme qui les distingue des aliénés ordinaires.

Les individus appartenant à la deuxième catégorie sont peut-

être plus nombreux que ceux de la première. La proportion des

uns et des autres est, faute de documents, impossible à établir.

Une remarque assez importante, que l'expérience m'a permis

de faire, c'est que la population rurale proprement dite, celle qui

se livre exclusivement aux travaux agricoles, fournit, bien que ses

qualités de sobriété ne soient pas plus grandes, moins d'alcooliques

que la classe des artisans. Ceux-ci, en effet, qui habitent au centre

de la commune, et par conséquent dans le voisinage immédiat du

cabaret, renouvellent leurs excès plus fréquemment et arrivent

plus sûrement à dépasser la mesure de résistance de leur système

nerveux et à s'intoxiquer d'une façon complète.

Comme exemple de ce fait je citerai le suivant. Depuis la fonda-

318 REVUE DE PATHOLOGIE mentale.

tion de l'Asile, la profession de forgeron a fourni quatorze admis-

sions. Chez dix, soit 71 p. 100, les excès alcooliques ont été signalés

comme cause déterminante de l'aliénation mentale. Ces dix cas

se décomposent ainsi au point de vue nosologique :

REVUE DE pathologie mentale. 319

sant de la plénitude de leur activité intellectuelle. Vient Griesin-

ger qui la' déclare toujours secondaire; elle serait, d'après lui,

précédée d'une maladie de l'affectivité, de la sensibilité morale, le

plus souvent d'une mélancolie; telle est sa veroiccktheil qui dérive

du développement et de la fixation des idées délirantes par l'affec-

tion préalable qui a affaibli l'intelligence, le jugement. Puis l'on

reconnaît que la verl'iicklheit n'émane pas le moins du monde d'une

mélancolie pure, et cependant beaucoup d'auteurs admettent que

le développement des idées délirantes fixes prend racine à raison

d'un affaiblissement intellectuel dans le domaine du raisonnement.

Westphal dit : a l'essence même la verrûcktheit c'est l'anomalie du

mécanisme de la conception; qu'il y ait ou non délires sensoriels

concomittants, ce mécanisme est faussé, et le nouveau système

logique porte sur des conceptions morbides qui restent toujours

les mêmes et ont le caractère général du délire des persécutions

ou des grandeurs. » Il y a lieu de distinguer à ce sujet.

Il y a des cas (rares) dans lesquels, pendant des années, la

seule manifestation morbide, c'est un délire systématisé de pe1'sécu-

tion. Le processus est d'ailleurs constitué non pas par le texte

du délire, mais bien 'par la formation, la genèse, l'évolution du

délire'; car, à côté d'idées réellement fixes, le délire, le système

se transforme ou se perfectionne, s'étend, vit; ce qui demeure

constant, c'est le même vice dans le mécanisme de la pensée. Le ma-

lade est tout, rapporte tout à lui (délire d'attention de Meynert ou

mieux de relations personnelles).

En réalité, le système du délire est un phénomène secondaire

produit par un travail psychique normal, tandis que l'exagération des

rapports du moi avec le monde extérieur est un phénomène primitif,

résultant de toutes pièces d'un trouble morbide, c'est là le symptôme

cardinal de la paranoïa, cette exagération de la personnalité entre-

tenant en certains cas seule le délire, et ne faisant défaut dans

aucune observation de délire chronique. Elle émane évidemment

de foyers circonscrits du bulbe qui provoquant des sensations hypo-

chondriaques anormales éveillent au plus haut point le souvenir

continu de la personnalité individuelle chez le patient et déter-

minent ainsi toute une série de conceptions morbides (Meynert,

Wernicke). Voici les deux types principaux de délire systématique

chronique.

A.-Cas qui comprennent aussi le délire chronique de Magnan.

D'abord le seul symptôme est celui de l'exagération des relations

du moi avec le monde extérieur. Plus tard se développe le cor-

tège des autres symptômes, d'une façon progressive. Finalement

démence.

1 Voir la tlièse de Dupain sur le délire religieux..

320 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

R. Cas à deux stades.

Un stade -de début, court, de quelques heures à quelques

semaines ou mois; délire général très variable, très mobile, com-

prenant aussi tous les symptômes du stade ultérieur mais à l'état

passager. Graduellement arrive le stade de délire organisé, chro-

nique, délire de persécutions avec exagération des fonctions cosmi-

ques du moi et l'ensemble des accidents connus, qui tous sont loca-

lisables en des zones du cerveau dont on commence à soupçonner

selon toutes probabilités les fonctions (lésions en foyers associées).

Maintenant M. Neisser insiste sur sa découverte de la paranoïa

aiguë. Trois observations à l'appui offrant : 1°, le stade initial (délire

général) ; - 2° le symptôme particulier de l'exagération des rap-

ports du moi ; 3° d'autres éléments morbides appartenant à la

paranoïa. P. KERAVAL.

XVIII. DES bases somatiques des psychoses aiguës ; par Wagner.

(Jahrbiich. f. Psychiat., X, 2,3.)

Les psychoses aiguës postfébriles proviennent, du moins la chose

est possible, d'une névrite des organes centraux. On peut égale-

ment incriminer, dans l'espèce, les altérations vasculaires, si fré-

quentes dans la polynévrite périphérique, mais il fàudrait qu'on les

constatât régulièrement. Il en est, tout comme les névrites, de

cause toxique (alcool, plomb, arsenic, toxine). Il est, en tout cas,

certain, qu'il y a une psychose spéciale rattachée à la névrite

multiloculaire, que dans les psychoses postfébriles, la névrite est

fréquente, que la pellagre et l'ergotisme provoquent des psychoses.

Peut-être y a-t-il aussi des psychoses aiguës par auto-intoxications;

nous tendrions à signaler comme tel le désordre dans les idées,

hallucinatoire, aigu. P. K.

XIX. Contribution A la. connaissance DES psychoses DU JEUNE AGE;

par SCHOENTHAL. (Archiv f. Psychiat., XXIII, 3.)

Dix observations concernant l'enfance et la puberté, qui se dé-

composent en deux cas de chorée avec aliénation mentale (onze et

treize aus; guérison chez fillette et garçon). Un cas de stu-

peur guéri chez un garçon de quatorze ans. Une fillette de

quinze ans atteinte à l'époque de la menstruation d'une folie cir-

culaire qui cède après avoir duré six mois. Un garçon de quinze

ans et demi affecté de folie morale. Une folie périodique mens-

truelle chez deux fillettes de quinze ans non réglées (guérison).

Un exemple de manie hallucinatoire chez fille et garçon de qua-

torze et qninze ans (guérison). Chez ces sujets forte tare héré-

ditaire ; fréquence des hallucinations. P. K. z

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 321

XX. D'une NOUVELLE méthode DE recherche DES réflexes tendineux

et DE LEUR modification dans LES maladies mentales ET chez LES

épileptiques; par W. DE Bechterew. (Neurolog. Centralbl., 1892.)

Nouvel appareil de précision électrique (réflexographe) qui res-

semble terriblement à celui de Brissaud.

Le temps perdu est bien plus grand chez l'individu sain que chez

Y aliéné. En outre non seulement la force des réflexes cutanés et

tendineux est modifiée chez l'aliéné, mais la durée de la période

latente (temps perdu), la durée du réflexe lui-même, et le carac-

tère de la courbe obtenue sont changés. En certains cas les ré-

flexes patellaires sont inégaux; en d'autres, ce réflexe est diminué,

parfois celui-ci disparaît temporairement (état cataleptoïde dans

la catatonie). Mais il est impossible d'établir une constante corres-

pondant à telle ou telle forme de maladie mentale. Chez l'épilep-

tique, les réflexes patellaires sont remarquablement altérés; exa-

gérés et inégaux, dans beaucoup de cas, ils disparaissent pendant

les attaques de grand mal et parfois restent longtemps sans

revenir. En d'autres cas, après l'attaque, les réflexes tendineux sont

temporairement renforcés ou le caractère de la courbe est modifié.

Le temps perdu est un peu plus long après l'attaque qu'avant;

mais, parfois aussi, il est ou trop accusé ou moindre qu'avant

l'attaque. La modification des réflexes immédiatement après l'at-

taque (exagérés ou disparus) est utile quand il s'agit de découvrir

la simulation.

Eludes expérimentales chez le chien rendu épileptique par excita-

tion électrique de l'écorce. Voici ces conclusions :

1° Pendant la période tonique de l'accès d'épilepsie, les réflexes patel-

laires peuvent ne pas être conservés car les muscles sont tendus; géné-

ralement ils apparaissent dans la période clonique. 2° A la suite d'un

fort accès d'épilepsie on observe d'ordinaire ou une totale disparition

des réflexes ou une diminution plus ou moins considérable de ceux-ci.

- 3° Cette disparition ou la diminution des réflexes a lieu d'habitude

presque aussitôt ou quelques secondes après la cessation de la période

clonique. 4° La complète disparition des réflexes patellaires à la suite

des accès d'épilepsie dure ordinairement quelques minutes, une à douze.

5o La normale des réflexes patellaires s'établit lentement et graduel-

lement après l'accès; en quelques cas de disparition persistante des

réflexes, le réflexe patellaire reprend sa force normale, seulement en une-

demi-heure, - 60 En quelques cas, le réflexe disparu, puis revenu après

l'accès, acquiert temporairement une force plus grande qu'avant l'accès;

puis, graduellement, il reprend sa force normale. P. KERAVAL.

XXI. SUR L'ISOTONIE du sang chez les aliénés; par C. AGOSTINF.

(Riv. sp. di fren., fasc. 111-1V, 1892.)

Dans la majeure partie des formes maniaques, le pouvoir isoto.

nique (résistance spécifique des globules rouges du sang) est un

Archives, t. XXVI. 21

322' REVUE/DE PATHOLOGIE MENTALE.-

peu diminué,, la proportion de l'hémoglobine est inférieure à la

normale tandis que le nombre des globules reste presque dans les

conditions physiologiques et donnant seulement 25 p'. 100 d'hypo-

globulie. Dans les formes dépressives, dans l'idiotie, dans les

démences posthémiplégiques l'isotonie est encore moins élevée, la

quantité d'hémoglobine se 'trouve diminuée d'nne façon plus fré-

quente et plus-intense, le pourcentage de l'hémoglobulie augmente

notablement. Dans les formes toxiques, il y a diminution encore

plus grande de la résistance globulaire et de la richesse en hémo-

globine et l'hypoglobulie augmente de fréquence et de gravité.

Parmi les formes toxiques, la pellagre occupe le, premier rang :

l'hyposotonie et le manque d'hémoglobine s'y trouvent dans le

nombre maximum des cas, l'hypoglobulie dans le plus grand

nombre d'entre eux; à côté de cela il est quelques cas où l'on

rencontre un pouvoir isotonique et une richesse en hémoglobine

tout à fait normale, et d'autres en petit nombre où la quantité des

globules est physiologique.-Dans les périodes d'agitation, sur-

tout si elles se prolongent, des épileptiques, des hystériques, des

paranoïaques, des déments, après les attaques épileptiformes ou

apoplectiformes, le pouvoir isotonique s'abaisse, la proportion des

corpuscules et de l'hémoglobine n'est que peu modifiée. - Dans la

folie paralytique classique, le pouvoir isotonique est de peu infé-

rieur à la normale, l'hémoglobine et le nombre des globules dans

le plus grand nombre des cas se trouvent dans des conditions phy-

siologiques ; tandis que dans les périodes d'agitation prolongée

qui parfois conduisent au marasme, l'isotonie diminue d'une

façon notable et la proportion des globules et de l'hémoglobine

s'abaisse. Chez les imbéciles, chez les épileptiques, chez les

hystériques, chez les paranoiaques, chez les déments le pouvoir

isotonique, la richesse globulaire, la quantité d'hémoglobine

oscillent dans les moyennes physiologique pour le plus grand

nombre des cas. J. SÉGLAS.

XXII. SUR l'état mental DE CHRISTINE, REINE DE Suède; par

DE SARLO. (Riv. sp. di frein., fasc. III-IV, 1892.) w

XXIII. Les NOTIONS DE quantité ET d'étendue chez les aliénés ; par

le Dr PELLEGRINI. (Il manicomio, fasc. I, 1892.)

La notion de la quantité, mesurée par la capacité à faire des

calculs, va en diminuant progressivement chez les aliénés à mesure

que l'on passe des formes aiguës de lafolie aux formes chroniques

et aux démences, pour atteindre son maximum dans la paralysie

générale. C'est également chez les déments et les paralytiques

généraux que la notion de l'étendue se trouve le plus altérée.

J. SÉGLAS. »

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 323

- 1

XXIV. Un cas(de folie associée A' LA chorée A'UN AGE avancé; par

1M. llinc, (The lot.i7,iial of Mental Science, janvier 1890.) z

' ' . , l)

Il s'agit d'une femme de soixante-quatre ans chez laquelle les

symptômes choréiques firent leur apparition deux ans après le début

destroubles de l'intelligence (idées de persécution, de suicide; halle : ,

cinations de la vue). Elle était, au moment de son admission, dans

un état de santé absolument misérable : pendant son séjour à

l'asile, elle se remonte un peu, mais succombe au bout de trois

mois et demi, à une attaque assez légère de paralysie, accompagnée

d'une congestion intense des- deux poumons. R. M.-C. - : 1

XXV. DE l'action NEURIQUE dans SES rapports avec LES fonctions

mentales du cerveau; par Francis WARNER. (Tlce.Torl1·TZat of men-

tal science, janvier 1893.) 4

.

C'est la coutume de M. F. Warner d'aborder sous une forme

très serrée et dans une langue très concise les problèmes les plus

ardus de la neuro-pathologie ou de la psychologie physiologique;

aussi les analyses de ses travaux sont-elles presque des traduc-

tions : ce sera le cas pour le présent mémoire. '

L'auteur rappelle d'abord qu'en traitant des fonctions mentales

du cerveau, il faut écarter toute considération de l' esprit consi-

déré comme entité abstraite » aussi bien que des processus de sen-

timent ou de conscience, pour ne se préoccuper que des actes

neuriques. Dans ce travail, il limitera ses observations à l'action

inlra-cérébrale chez l'homme, telle qu'on peut la déduire des faits

observés. Chez le nouveau-né sain, on observe dans les extrémités

digitales et dans d'autres petites parties du corps. des mouvements

généraux, lents et spontanés, que l'auteur a décrits sous le nom de

microkinèse. Tout d'abord ces mouvements ne sont pas réglés par

des impressions extérieure*; ils paraissent se rattacher à l'action

lente et spontanée de divers centres nerveux séparés. A l'àge de

trois mois, ces mouvements deviennent susceptibles de se, coor-

donner temporairement, par exemple de se diriger vers un objet;

mais l'effet répond immédiatement au stimulus. Vers quatre ou

cinq mois, la vue d'un objet peut suspendre pasagèrernent la mi-

crokinèse ; c'est le phénomène de l'attention; bientôt le mouve-

ment recommence, cette fois en vue de saisir l'objet. L'auteur

pense qu'il y a là la première révélation de ce qu'on peut appeler

une « action mentale », et que durant la période d'inhibition

pendant laquelle la microkinèse est suspendue, les groupements

nerveux s'organisent en vue de l'action qui va suivre : mais com-

ment s'accomplit cette organisation ? Si la microkinèse révèle une

action spontanée de plusieurs centres nerveux disticnts, sa sus-

pension révèle un arrêt temporaire de la fonction efférente de ces

324 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

centres,* et le mouvement est le résultat actif d'une iimpression

visuelle : cette période- de suspension ne saurait être négative au

point de vue de l'action puisqu'elle est immédiatement suivie d'une

action visible nettement consécutive à l'impression. L'auteur sup-

pose, donc que sous l'influence d'une impression visuelle, il s'est

produit, pendant l'arrêt du mouvement, un groupement nerveux

aboutissant à l'activité.

. En poursuivant l'hypothèse, on arrive à comprendre l'évolution

du pouvoir intellectuel : en effet, il y a une loi, généralement

admise, suivant laquelle des cellules semblables et à nutrition simi-

laire, qui exécutent leurs fonctions synchroniquement sous l'in-

fluence d'un stimulus, tendent par la suite à agir simultanément,

par groupessimilaires, et cette tendance est fortifiée par la répétition

d'actions analogues. C'est en conformité de cette loi que s'accom-

plit la coordination des centres nerveux. Chez l'adulte, les groupe-

ments nerveux qui correspondent aux idées sont déterminés par la

vue des objets : la répétition du stymulus rend l'impression plus

profonde et plus persistante, l'empreinte neurique est conservée, et

ainsi peuvent s'établir les courants d'idée qui, finalement, abou-

tissent à l'expression ou à l'action. On remarquera que, chez

l'adulte comme chez le nouveau-né, la suspension du mouvement

est favorable à la pensée : l'action motrice suspendue est remplacée

par la formation des séries de groupes iieuriques. Il faut noter en

outre que les lois de la logique sont ici en parfaite harmonie avec

la loi physiologique. Une saine action intellectuelle ne détermine

pas plus d'usure physique qu'une action intellectuelle défectueuse,

parce que la somme d'énergie nerveuse d'un groupe de cellules

n'est pas plus considérable que celle d'un autre groupe correspon-

dant : la valeur de l'acte intellectuel dépend de la façon plus ou

moii,s complète dont il est subordonné au stimulus. La fonction

intellectuelle normale est en parfaite harmonie avec les conditions

ambiantes tout simplement parce qu'elle est sous la dépendance

de ces conditions même, et qu'elle est en réalité créée par elles.

R. DE Musgrave-Clay.

XXVI. DE la folie amnésique ; par Tn. TILING. (Allg. Zeitsch.

f. Psychiat., XLVIII, 6.)

La folie amnésique est de règle dans la névrite alcoolique ; on

ne l'observe qu'exceptionnellement dans d'autres névrites.

Voici une observation de folie amnésique avec névrite, à la suite

de la fièvre typhoïde. Mais la folie amnésique n'est en rien spéci-

fique des névrites; on l'observe aussi bien dans l'alcoolisme sans

névrite, dans la sénilité, à la suite de traumatismes céphaliques.

L'entité de Korsakow (psychose polynévritique toxémique) ne

s'applique pas à tous les cas de folie amnésique. P. K.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 32t)

. ' il "'1 fr, '1' 1'1 ,.[,

.. UN cas DE mélancolie INDUITE ; par"K.70. DEES. " .J

(Allg : Zeitsch. f. Psychiat., XLVIII, 0.) i ? "1'9;, "

Il s'agit d'une femme prédisposée aux' idées noires par une' né-

vralgie elle-même occasionnée par un bouchon'-cérumineux; son

mari est mélancolique, elle dévient mélancolique. On lui enlève

son bouchon de cérumen, on séquestre son mari, elle guérit.'P. K'.

1 - - IL'

XXVIII. UN cas d'aliénation mentale chez l'enfant; par F. Feulach,

, (Allg. Zeitsch. f. Psychiat., XLVIII, 6.) '' '

, - Il ?

Fillette de dix ans, bien développée, tare héréditaire à peine gué-

rie d'un néphrite scarlatineuse. Soudain, sans prodromes, perte de

connaissance et convulsions cloniques généralisées pendant douze

heures; sommeil de quarante-huit heures; au réveil, perte de la

parole. Deux jours après, contracture généralisée avec perte de

connaissance, grande excitabilité, impulsion à détruire, excitation

maniaque incohérente, hallucination terrifiante de l'ouïe et de la

vue. Sommeil calme. Il faut l'alimenter. Gâtisme. Pupilles très

larges réagissant bien, mais dirigées en dehors. Diminution de la

sensibilité à la plante des pieds. Pas d'albuminurie automatismes.

Puis, faiblesse généralisée avec troubles de. coordination des

muscle du tronc et du cou. Convulsions cloniques des muscles flé-

chisseurs des deux médius, contracture du genou gauche et vomis-

sements répétés pendant cinq jours. Tel est l'état qui dure cinq

mois ; puis , guérison progressive en trois mois. La malade

raconte alors ce qui se passait en elle et la teneur de ses halluci-

natsons. Il s'agit d'une auto-intoxication du cerveau par des produits

de dénutrition accumulés dans l'économie pendant l'évolution de

la néphrite antérieure (type Bouchard, Korsakow). P. K.

XXIX. Contribution A l'étude DES folies toxiques; par C. KNOERR.

(Allg. Zeitsch. f. Psychiat'"XLVIII, 6.)

Six observations.

Conclusion : 1° Chez les buveurs par .habitude, il peut, de même

que chez les morphinomanes et les cocaïnomanes, de même qu'a-

près l'influenza, se produire, à la suite des excès d'alcool et des

accidents aigus ou subaigus., une véritable psychopathie organisée;

2° C'est une folie systématique aiguë ou folie systématique

abortive de Sander, caractérisée par des hallucinations de l'ouïe

qui provoquent des idées de persécution, sans idées de grandeurs,

avec accidents anxieux consécutifs. Marche très rapide, guérison

constante; 3° Les hallucinations de l'ouïe, cause de tout le mal,

sont des hallucinations élémentaires. Ces mêmes accidents, si

graves de la folie systématique chronique non alcoolique, ont ici

32fi revue' de pathologie mentale.

un pronostic bénin, et guérissent rapidement. En même temps

que ces hallucinations élémentaires de l'ouïe, se' montrent' des

hallucinations du sens musculaire qui sont en rapport avec l'appa-

reil de la parole. ' , , ' 1 Keuaval. g

- l , {.1 : ...,

tr - -. .

XXX. Communication casuistique relative A l'étude DES illusions DE

-- la mémoire; par H. SCHELDTLER, (Allg. ZC2tSCÎ6, f. Psychicit.,

, XLVIII,, 6.) . , : '1'

'~ Type de pseudo-réminiscences de Kroepelin. -P. K.s f

()iI

- " XXXf. La folie en Norvège (1891); par William HABGOOD. '

(The Journal of Mental Science, janvier 1892.) > T

En, 1875, date du dernier recensement publié, on comptait en

Norvège 23 aliénés par 10. 000. habitants ; l'aliénation était un peu

plus commune chez les femmes que chez les hommes. En 1889, le

chiffre des malades admis dans les asiles a été de 756, soit If, 13 par

10.000 habitants. Les malades admis se répartissent par maladies

de la façon suivante : Mélancolie 32 p. 100; Manie 27 p. 100; Dé-

mence, 24 p. 100; Paralysie générale et épilepsie, respectivement

1,9 p. 100. Les asiles en Norvège sont peu nombreux (on en compte

en tout onze) et de dimensions restreintes, ce qui s'explique par le

petit nombre des aliénés et par l'habitude d'installer autant que

possible les chroniques à la campagne, chez les paysans. Ces asiles

sont régis par un médecin-directeur, sous le contrôle d'une com-

mission de surveillance de trois membres. Les formalités de l'ad-

mission et du maintien de l'aliéné à l'asile sont les mêmes qu'en

France. Les criminels chez qui l'on soupçonne un trouble mental

sont diriges sur un asile du gouvernement où ils restent en obser-

vation pendant le temps nécessaire. Un règlement gouvernemental

veille à ce que les autopsies soient pratiquées toutes les fois que le

médecin-directeur le juge à propos.

L'auteur a visité deux asiles norvégiens, l'un gouvernemental,

celui de Rotvold, l'autre municipal, celui de Bergen. (Rappelons

que tous les asiles, qu'ils soient gouvernementaux, municipaux ou

privés sont soumis au même règlement.) Nous relèverons ici les

points les plus intéressants notés par M. Habgood dans ces deux

visites.

L'asile de Rotvold contient 240 lits : les salles sont simplement

meublées. Le personnel médical se compose de trois médecins

résidents : on les choisit de préférence mariés. Le traitement ne

paraît guère différer de celui qui est usité en Angleterre : les bains

y entrent pour une large part. Le seul moyen mécanique de con-

tention auquel on ait recours est la camisole. Il y a un bon per-

sonnel d'infirmiers (un infirmier par neuf malades); ils ont un jour

de congé par semaine; en plus de la journée on accorde la nuit aux

.REVUE DE pathologie mentale. 327

1 E ..1t1. ,HVrn, , ,i · n i 1 ,

infirmiers mariés ; tout le personnel a droit à un congé annuel de

huit jours consécutifs. 'd ' - ' contient z

- L'asile'i'n ? ncip'al"4.e Bergen est un bâtiment neuf qui contient

150'lits. Les chambres sont spacieuses, bien chauffées au moyen de

l'air chaud, parfaitement éclairées et ventilées. Les cellules destinées

aux malades agités, violents ou destructeurs, ne contiennent abso-

lument qu'un tas de paille, et=le malade y est enfermé tout'nu.

M. Habgood a témoigné quelque surprise'à propos de cette manière

de procéder ; mais on lui a répondu qu'il était fort inutile dé donner

à des aliénés des vêtements pour qu'ils les déchirent, et de la literie

pour qu'ils la détruisent. Les malades malpropres couchent sur

un tas de paille recouvert d'un drap ; on a reconnu qu'on avait

moins creschares avec cette literie sans valeur et facile à renouveler

et à changer qu'avec l'emploi du tissu imperméable. Les water-

closets sont à terre sèche' Il n'y a pas de pavillon d'isolement :

les* maladies contagieuses sont simplement soignées dans une salle

spéciale dû bâtiment commun. 'f' ' r ' >

L'auteur termine par quelques considérations sur le taux des

guérisons et sur l'interprétation qu'il convient de donner "aux

chiffres comparés des guérisons et des améliorations en Norvège et

en Angleterre. R. DE MUSGRAVE-CLAY.

XXXII. SUR LES TROUBLES psychiques dans LES NÉVRITES périphériques;

' par James Ross. (The Journal of Mental Science, avril 1890.) '

On a depuis quelques années, réuni en, un seul groupe patholo-

gique, sous le nom de névrites périphériques, des affections qui

paraissaient autrefois très différentes les unes des autres. Le carac-

tère le plus remarquable de ces affections est de reconnaître pres-

que toujours une origine toxique, intra ou extra-organique. Les

névrites périphériques multiples ont quelquefois pour effet de

déterminer des troubles psychiques : lorsqu'ils se manifestent, ces

troubles psychiques présentent quatre périodes : 1° une période

prémonitoire, dans laquelle il y a exaltation des diverses sensibi-

lités particulières et des facultés imaginatives ; 2° une période de

dépression ou de mélancolie ; 3° une période de transition, caracté-

risée par de la manie ou de la mélancolie avec excitation, ou bien

par des états convulsifs; 4° une période finale de démence. '

L'auteur décrit avec soin ces quatre périodes, en s'attachant sur-

tout à la forme alcoolique qui est évidemment la plus commune

des formes de névrite multiple par intoxication. R. M.-C.

XXXIII. La bouche chez les enfants arriérés (imbéciles) DU type MON-

GOLIEN ; par ROBERT JoNES. (The Journal of Mental Science. Avril.)

Après avoir examiné un grand nombre de sujets, M. Jones a été

amené à penser que l'exagération de la voussure palatine n'est pas

328 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

aussi commune qu'on l'admet généralement, et qu'elle est surtout

spéciale à deux catégories d'individus : aux microcéphales et aux

enfants imbéciles ou idiots du type mongolien; cette dernière caté-

gorie est même;celle où, suivant lui, on rencontre de beaucoup,le

plus fréquemment cette disposition, ce qui revient à dire qu'elle est

peu commune,* puisque le type mongolien ne représente que 5 à

6 p. 100 du chiffre total des imbéciles. L'auteur étudie ensuite suc-

cessivement la situation des dents, la disposition des maxillaires,

et enfin la voûte, palatine elle-môme'. R. M.-C.

XXXIV. La pathologie DE la'mort subite dans la manie; par James

R. WHITwELL (TheJourlial of Mental Science, 1891).

Après avoir rapporté deux observations intéressantes de mort

subite dans la manie, l'auteur résume son travail dans ces conclu-

sions : 1° L'embolie pulmonaire graisseuse est assez fréquemment la

cause, chez les malades atteints de manie, d'un collapsus brusque

qui peut ou non se terminer par la mort;

- 2° On peut, pendant la vie, penser à cette forme d'embolie ou

la diagnostiquer lorsque l'on constate les signes suivants : a) col-

lapsus brusque avec refroidissement des extrémités, etc. b) pâ-

leur blafarde de la fare et quelquefois cyanose marquée; c) un

peu de dyspnée, de respiration suspirieuse ou pénible; d) pouls

de volume moyen, ordinairement irrégulier; e) à l'auscultation,

oedèmepulmonaire ou pneumonie embolique secondaire.

3° On peut la suspecter après la mort en présence des lésions

suivantes : a) oedème local intense de l'un ou des deux poumons;

b) présence d'infarctus dans le poumon ; c) pneumonie loca-

' lisée, liée ou non aux infarctus.

4° La source réelle de l'embolie graisseuse n'est pas actuellement

connue. 5° Mais il est certain qu'on peut constater cette embolie

dans les cas qui ont été indiqués sans qu'il existe de lésion appré-

ciable du système osseux ou des tissus sous-cutanés.

, 6° Il est possible qu'elle ait pour cause une modification du sang

déterminée par une excitation maniaque de longue durée. R. M.-C.

XXXV. DE la faculté arithmétique ET DES atteintes QU'ELLE SUBIT

dans l'imbécillité et la FOLIE; par William W. IIIELAND. (Tlte

Journal of Mental science. Juillet 1891.)

La faculté arithmétique est une faculté de développement qui

n'existe pas chez le nouveau-né. M. Ifreland étudie successivement

son activité plus ou moins grande chez les sauvages et les peuplades

1 Voir Bourneville. Mémoire sur la condition de la bouche chez les

idiots; Paris, 1808. Sollier (Alice). De l'état de la dentition chez les

'enfants idiots et arriérés.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 329

qui se rapprochent le plus de l'état primitif. Il constate ensuite

que la précocité et l'intensité de son développement chez des sujets

peu ou point instruits montre que cette faculté peut être indépen-

dante des méthodes qui servent ordinairement à la cultiver. Il fait

remarquer que certains imbéciles, en petit nombre, à la vérité,

ont pour les chiffres une aptitude particulière. Il signale d'autre

part un fait assez étrange' : la facullé arithmétique étant l'une de

celles qui se développent le plus lentement et le plus tardivement

chez l'enfant, on pourrait supposer qu'elle est l'une des premières

à disparaître chez les déments et les paralytiques généraux; or, on

constate souvent qu'elle est peu atteinte, quelquefois même l'une

des moins atteintes chez ces deux ordres de malades ? R. M.-C.

XXXVI. DE l'influence du milieu SUR la PRODUCTION DE la folie; par

Geo.-H. Savage. (Tlae journal of Mental Science, octobre 1891.)

L'auteur s'est proposé dans ce travail deux objets principaux :

il veut tout d'abord protester contre l'idée très répandue que la

folie est presque toujours le résultat de l'hérédité névropathique,

il veut montrer ensuite que si la folie est souvent sous la dépen-

dance du milieu ambiant, il est plus rationnel et plus utile de la

traiter par desmodifications de milieu que par des agents médica-

menteux. La tyrannie de l'organisme est une forme de pessimisme

contre laquelle le moment est venu de réagir, sans d'ailleurs la nier

pour cela : dans l'évolution il y a autre chose que l'hérédité, il y al'a-

daptation au milieu. Les statistiques d'asile montrent que l'hérédité

collatérale ne figure que dans un nombre assez restreint des obser-

vations. Il ne s'agit pas, l'auteur le répète, de nier le rôle de l'héré-

dité, mais de le préciser; bien souvent en effet l'hérédité névro-

pathique se traduit par des résultats autres que la folie, par

exemple l'idiotie, ou encore certaines formes spéciales de troubles

musculaires ou sensoriels. Il est important de savoir et de recon-

naître que quelques formes d'aliénation mentale liées à une lésion

cérébrale sont cependant sous l'étroite dépendance du milieu am-

biant. Pourquoi n'admettrait-on pas l'influence du milieu sur l'état

mental, puisque toutes nos méthodes d'éducation ont pour but

définitif de modifier le corps et l'esprit à l'aide de certaines con-

ditions ambiantes ? Au fond la question de la folie est une ques-

tion sociale autant que médicale.

Les conditions ambiantes peuvent provoquer des hallucinations;

l'auteur cite plusieurs cas dans lesquels cette influence peut être

invoquée, il indique aussi le rôle que peuvent jouer la solitude,

l'excès de travail, le célibat ou le veuvage, les vices solitaires,

l'oisiveté. La profession elle-même n'est pas sans influence. Ainsi

' Voir Charcot.- Un calculateur proche Inaudi. (Progrès mec ? 1892.)

'330 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

donc à .côté de la tyrannie de l'organisme, il faut admettre la

tyrannie,des milieux, : la folie dépend en grande partie desf rap-

ports* des maladies mentales; mais l'altération de fonction peut

conduire à l'altération de tissu. Il est heureux d'ailleurs que l'in-

fluence du milieu soit réelle, car si les lésions organiques des

centres nerveux étaient la cause unique et primordiale de l'aliéna-

tion mentale, la médecine resterait singulièrement désarmée en

face de,la folie ' R. 11.-C

XXXVII. Manie ET mélancolie; par John MACPHEIisON. (The Journal

.. of Mental Science, avril 1891.) ' '1> .

Les conclusions de ce travail sont les suivantes : l'auteur a mon-

tré, dit-il : 1° Que les perceptions et les idées, malgré, leur variété

d'origine et de nature, ne produisent que deux catégories d'émo-

tions, des émotions de plaisir et des émotions de, souffrance;

2° que ces deux émotions déterminent, physiologiquement, deux

ordres opposés de symptômes somatiques, et particulièrement des

altérations vaso-motrices très distinctes; 3° qu'une émotion, qu'elle

soit d'origine normale ou d'origine pathologique, tend invaria-

blement il troubler le jugement; 4° que, de même que l'on peut,

au moyen des médicaments, et en modifiant le métabolisme des

substances âlbumineuses contenues dans l'organisme, produire

artificiellement l'exaltation ou la dépression des sensations, il y a

lieu de supposer que des modifications de la nutrition constituent le

point de départ des symptômes de dépression mentale ou d'exal-

tation mentales pathologiques; 5° nous savons que les poisons qui,

'dans certains états morbides prennent naissance dans l'organisme,

ont tout au moins la propriété de produire l'excitation ou la dé-

pression mentale; 6° il y a des raisons de croire que certaines pto-

maïues, nées dans l'organisme humain, ont pour effet, quand on

'les injecte aux animaux, de déterminer des convulsions ou de la

stupeur, ou de la dépression, ou de l'excitation des systèmes mus-

culaire et vasculaire; 7° de nombreuses preuves cliniques nous

montrent qu'une alimentation très fortement azotée tend invaria-

blement à l'exacerbation et au réveil des névroses mentales.

R. M.-C.

XXXVIII. Des symptômes DE la catatonie dans LE COURS DE la para-

LYSIE générale CHEZ la femme; par P. NOECKE. (Allg. ZC7LSCIL. f.

Psychiat., XLIX, 1, 2.)

Trois observations caractérisées par des accès répétés de stupeur

avec tension du système musculaire, survenant en dehors des ictus

apoplectiformes. En outre, deux des malades étaient des filles pu-

bliques (bien que ce ne fut pas absolument sûr) ; la troisième avait

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. '331

fait des excès sexuels; la première était certainement syphilitique;

la' seconde l'était probablement; il ne serait pas impossibletqup la

troisième le fût également. C'est à l'avenir qu'est réservée les solu-

tions de la question de savoir si la stupeur et la tension- muscu-

laires ont pour origine le système génital. 1 P : Ii : '

J . t' '1"- ? '

XXXIX. Contribution A l'étiologie DE la paralysie générale PRO-

GRESSIVE ; par OEEBERE. (Allg. Zeitsch. f. Psychiat., XLVIII, 6.)

Sur 100 paralytiques généraux, 47 observations de non syphili-

tirrnes l ? '1. 46 malades chez lesauels on trouve ..

332 SOCIÉTÉS SAVANTES.

,Trois d'entre eux ne présentaient, comme cause de paralysie géné-

rale que la syphilis antérieure, chez tous les autres, il y avait à

faire intervenir une ou, plusieurs 'des causes du groupe des qua-

rante-sept déjà éuuméréés. , , 1

Voici un tableau synoptique de la proportion des causes de la

paralysie générale chezjes cent paralytiques généraux en question.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 333

s'emparait progressivement quoique lentement du reste du système

locomoteur, le patient succombait à des troubles de la circulation

et de la respiration après deux ans'de maladie.' 'w nr l ?

L'nutopsie ne révèle pas de lésions, pas plus dans les nerfs périphé-

riques que dans les organes centraux.' ' 1 ? < -*' ' J1> -^ > z

Comparant cette observation aux'faits deNelle; Oppèn1Íeim('et

Eisenlohr, M : Hoppe conclut que le tableau symptomatique qui les

caractérise tous les quatre n'est ni celui de la paralysie bulbaire

chronique, atrophique, progressive, ni celui de la paralysie pseudo-

bulbaire, ni celui de la paralysie bulbaire aiguë, il n'appartient pas

davantage à l'hystérie non plus qu'à la névrite périphérique. Peut-

être s'agit-il de lésions de l'écorce cérébrale qui, dans, l'état actuel

de nos connaissances, échappent à nos moyens d'investigation.

De la discussion à laquelle prennent part 1L11. Oppenheim, Sena-

tor, Bernhardt, Remak, il résulte que la manière d'envisager les

faits de M. Hoppe est exacte. .

Discussion relative au mémoire de M. LEYDEN. -j)7 ? /g/t<e chor21-

que et lésions systématiques de la moelle. M. JOLLY. En effet,

le complexus symptomatique de la paralysie spinale spasmodique

a pour substratum des foyers de myélite chronique à localisations

variables. Voici par exemple les préparations anatomiques prove-

nant d'un malade affecté de paralysie spinale spasmodique, qui se

complique d'érysipèle. Vers la fin de la maladie disparut le réflexe

patellaire. Les trois cordons sont lésés. On y voit : foyers dissémi-

nés, lésions systématiques, lésions disséminées. Ce qui prouve que

des formes très différentes de myélite chronique peuvent se traduire

par le complexus clinique de la paralysie spinale spasmodique.

Mais cela n'empêche que la lésion de tels et tels cordons ne se tra-

duise par des symptômes déterminés et par suite, qu'il ne soit pos-

sible d'établir, des variétés cliniques. La sclérose multicolaire de la

moelle peut, durant des années, présenter le tableau de la paralysie

spinale spasmodique ; si, plus tard les réflexes patellaires disparais-

sent, on est autorisé à admettre que la lésion des cordons latéraux

s'est compliquée d'une altération des cordons postérieurs. L'évolu-

tion de la maladie permet donc de préciser et de dire que différents

faisceaux sont atteints. Ce n'est qu'à l'égard des cordons antérieurs

ou antéro-latéraux que l'on n'est pas toujours en situation de se

représenter nettement la lésion. Quant aux autres on parvient à en

dépister l'altération d'après la symptomatologie. Ce qui revient à

dire qu'il y a lésions combinées de cordons médullaires. J'insiste sur

cette expression qui vaut mieux que celle de lésions systématiques

parce qu'elle ne préjuge point de la fonction physiologique des

cordons en question. On est cependant autorisé à formuler le dia-

gnostic d'affection systématique combinée dans les cas de lésion

des cordons postérieurs et latéraux, à la condition qu'on n'attribue

pas un sens trop précis au mot système. C'est ainsi qu'on peut dis-

334 SOCIÉTÉS SAVANTES.

tinguer certaines affections'spinales des paralytiques généraux, que

Westphal a démontrées n'être point secondaires. C'est ainsi en outre

qu'il existe-'des lésions communes auxicordons latéraux et posté-

rieurs, sans paralysie générale, et que maints cas d'affection pure

des cordons latéraux sont au -point de vue anatomique dûs à des

lésions systématiques combinées. Quant au tabes il y a lieu de le

tenir-pour une,affection systématique des cordons postérieurs tant

au-point de vue de leur fonction (Leyden), qu'à celui de leur déve-

loppement (Flechsig,). Mais il ne faut point oublier que l'on n'a

point encore tout dit sur' le tabès soit cliniquement, soit anatomi-

quement. ,. 1

Charcot et Leyden n'ont-ils pas, dans cette affection, décrit des

lésions des cornes antérieures ? Le système nerveux périphérique

sensitif ou moteur y a été trouvé lésé; et cependant ce sont là

des systèmes distincts tant comme physiologie que comme anato-

mie.

'M. Oppenheim. Alors que dans le cours des vingt dernières

années, la science s'est efforcée de détacher du magma incohérent

des myélites certains groupes symptomatiques qui méritent, de par

leur substratum anatomo-pathoJogique, de constituer autant de

modalités morbides autonomes, M. Leyden vient nous dire que

cette analyse n'est pas justifiée et prétend en revenir aux anciens

errements. Son premier argument est d'ordre histologique. Les

processus d'atrophie, de sclérose, de dégénérescence à forme de

cellules granuleuses, etc., se confondent, dit-il. Soit. Mais il ajoute

qu'il importe peu que ce processus s'étende sous la forme de lésions

diffuses, disséminées ou systématiques, que la myélite n'en sub-

siste pas moins. En cela il détruit le groupement nosologique des

affections de la moelle et le diagnostic qui repose en réalité sur le

concert de l'analyse clinique et des altérations correspondantes

localisées en tels ou tels organes de la moelle. M. Leyden n'en pour-

rait dire autant de la terminologie des anciens âges à laquelle il

revient de sa myélite.

Quant à la théorie des affections systématiques combinées, si elle

a des lacunes et des points faibles, faut-il pour cela la rejeter ? S'i

est certain que des lésions combinées de certains cordons de la

moelle produisent un tableau clinique constant, qu'il y a par

exemple affection combinée des cordons postérieurs et latéraux,

faut-il le passer sous silence ? S'il existe un tabes avec paralysie ou

une paralysie spinale spasmodique avec ataxie, et si ces variétés

spasmodiques tiennent au mode d'expansion et à l'intensité des

lésions dans les deux territoires de la moelle, dans ! les deux cor-

dons de cet organe, faut-il en priver la nosographie ? C'est cepen-

dant la gloire du clinicien et le triomphe du micrographe d'avoir

établi ces relations. Cela n'empêche évidemment qu'il y ait des cas

de tabès avec paralysie tenant à une autre lésion, et qu'en certains

SOCIÉTÉS SAVANTES. 33d

cas une lésion combinée de plusieurs faisceaux- n'évolue en- pré-

sentant les' symptômes de la myélite diffuse.-Tout le. monde sait

qu'il y a des cas frustes atypiques qui n'infirment en rien les acqui-

sitions certaines. 1 i l ? ;,> - ..() "

'Il ne m'est pas possible non plus d'assimiler la sclérose en plaques

à une myélite. La première est une maladie bien tranchée ayant

son individualité jusque dans ses variétés les plus rares. La myélite

chronique au contraire, comme l'entend M. Leyden, est trop com-

préhensive, mal définie. C'est précisément parce que l'expérience

et la recherche, mécontentes du diagnostic de myélite chronique,

ont porté leurs investigations plus loin et abouti aux belles décou-

vertes que l'on sait; c'est parce que, dans les cas de sclérose pure-

ment spinale en apparence, nous avons trouvé des symptômes qui

nous ont conduit à la constatation de foyers scléreux dans le nerf

optique ou en d'autres parties'de l'encéphale que la forme spinale

de la sclérose en plaques est devenue de plus en plus rare et qu'a

disparu simultanément la myélite chronique. On a dû cantonner

cette dénomination aux observations rares aujourd'hui de myélite

diffuse à marche chronique et l'on a été forcé de ne formuler ce

diagnostic qu'après avoir exclu ceux de sclérose disséminée, affec-

tions combinées des faisceaux de la moelle, etc. '}

- M. Jolly vient de dire que Westphal admettait l'existence d'une

sclérose latérale purement primitive, indépendamment de la

démence paralytique. Or, à ma connaissance, Westphal l'a rejetée.

Enfin c'est aussi progresser que d'extraire de la syphilis spinale

certaines formes justifiant de leur existence de par la méthode

anatomo-clinique, et de les enlever à la myélite. Il 1

M. LEYDEN. La sclérose en plaques disséminées, avec symp-

tômes cérébraux, diffère de la sclérose en plaques purement spi- '-

nale. Celle-ci ne représente qu'un complexus clinique correspon-

dant au tableau morbide des autres cas de la myélite chronique.

Quant aux affections systématiques, il convient de ranger sous ce

nom, comme l'a fait Vulpian, les lésions des faisceaux de la moelle;

sans doute l'idée du système physiologique esl bonne, mais non

point celle qui consiste, comme le fait Flechsig, à se guider seule-

ment d'après l'anatomie et non d'après la physiologie.

Or il est impossible de juger le tabes d'après cet étalon, et quand

aux cordons latéraux dans les pyramides, que dire de leur dégéné-

rescence chezles paralytiques généraux, quand on ignore s'il s'agit-

d'une dégénérescence secondaire ou d'une lésion autonome. La

sclérose latérale amyotrophique n'est point une affection systéma-

tique, car comment englober dans le système des cellules nerveuses

atteintes. Enfin je n'ai vu qu'un tabes typique se soit associé à une

autre lésion : les affections systématiques combinées sont des formes

de la myélite chronique puisqu'on en constate toutes les modalités

intermédiaires. ` ' ,

336 SOCIÉTÉS SAVANTES.

M. MARINESCO. Sur les altérations des nerfs et de la moelle consé-

cutive aux amputations. Etude de trois malades. Le premier avait

subi l'amputation de la cuisse droite il y a vingt-trois ans. Le nerf

sciatique contenait de très nombreuses fibres fines entourées d'une

couche de myéline. mortifiée; faible prolifération du tissu intersti-

tiel. Intégrité des cellules et ganglions spinaux. Atrophie du cor-

don postérieur correspondant, sans altération. Dans les régions

sacrées et lombaires, le groupe postéro-latéral de la corne antérieure

droite est très atrophié. Dans la région dorsale, diminution des cel-

lules de la colonne de Clarke droite. Dans le renflement cervical il

y a atrophie de la corne latérale droite surtout au niveau du groupe

latéral. Atrophie des racines postérieures dans toute leur étendue

dans la moelle lombaire et dorsale inférieure.

La seconde observation concerne l'amputation du bras gauche,

Atrophie à la corne latérale gauche dans le renflement cervical,

elle s'étend jusqu'à la partie supérieure de la région dorsale. Dimi-

nution des cellules de la colonne de Clarke, atrophie du cordon pos-

térieur gauche, mais limitée au faisceau de Burdach; intégrité

du faisceau de Goll dans la moelle cervicale et dorsale.

L'observation III est identique à l'observation I.

M. Marinesco a fait de nombreuses expériences. Il formule le

mécanisme suivant : A l'état normal les extrémités nerveuses sen-

sitives sont le siège d'un état de tension produit par la nutrition

et l'excitation constante qui les sollicite. Elles entretiennent dans

les ganglions spinaux des modifications biologiques qui se traduisent

par une influence trophique. Cette action trophique n'est donc

point spontanée, elle dépend des excitations périphériques. Si l'on

enlève un nerf ou un membre recteur de ce nerf, on modifie la

quantité et la qualité des excitations périphériques nécessaires

pour maintenir l'équilibre de la nutrition et la fonction des nerfs.

Aussi, les fibres nerveuses du bout périphérique du nerf dégénèrent-

elles. Tel est le mécanisme des altérations des fibres sensitives

dans les cordons de la moelle.

Séance du 14 mars 1892. Présidence de M. JOLLY.

M. KOEPPEN. Des altérations des os dans la maladie de Basedoiu. -

Il s'agit d'une jeune fille de vingt-trois ans atteinte de cette ma-

ladie depuis cinq ans et présentant en outre des symptômes de la

maladie, c'est-à-dire du goitre, des palpitations de coeur, du trem-

blement, des sueurs, de la pigmentation brune de la peau, la perte

complète de son talent de chanteuse. Sa voix est devenue mono-

tone, très basse; intégrité du larynx. Il existe aussi une scoliose de

la colonne vertébrale datant de deux ans seulement. Elle meurt

et l'on constate -iL l'autopsie de l'hyperplasie du corps thyroïde,

de tous les ganglions lymphatiques, du typhus, et'1'ostéomalacie

SOCIÉTÉS SAVANTES. 337

de tout le système osseux. Il est à remarquer que la malade, qui

n'avait jamais eu d'enfant, présentait une dentition très défec-

tueuse, et de la sensibilité des os à la pression. '

Discussion. M. SPERLING rappelle des expériences de Wagner

sur le traitement des affections des os à l'aide du phosphore et des

phosphates. 11 en conclut à la nécessité d'examiner la nutrition et

l'urine des malades affectés de maladie de Basedow.

M. REMAK fait observer que l'ostéomalacie est endémique en

Allemagne. Elle est fréquente à Wurzbourg, rare à Berlin. Les

troubles de la voix sont dus aux troubles respiratoires.

M. GOLDSCHEIDER rappelle que M. Charcot a constaté en pareil

cas des anomalies dans l'excrétion des phosphates.

M. KOEPPEN. Sans doute l'ostéomalacie sévit un peu à Berlin, mais

dans les autres observations de maladie de Basedow, les os ne

présentaient rien de semblable.

M. KOENiG. De l'atteinte du facial et de l'hypoglosse dans l'hémiplégie

fonctionnelle Présentation de malades. Ce travail sera publié in

extenso dans la Neurolog. Cent2,albl. 1.

Séance du 9 mai 1892 - Présidence DE M. JOLLY.

Discussion relative à la communication de M. KcENic ? M. RE-

MAK. Peut-être en ce qui concerne la première observation s'agis-

sait-il d'une complication hystérique surajoutée à une hémiparésie

d'origine organique. Puis, en certains cas, il peut y avoir un trouble

physiologique dans l'innervation du facial. Enfin il n'est pas tou-

jours possible d'établir s'il s'agit d'une contracture hystérique

ou d'une parésie de la langue et de la face.

Les caractères spéciaux de la déviation de la langue et de la face

de nature hystérique sont établis par l'observation qui a été repro-

duite depuis 1862 par Hersel, P. Guttmann, A. Bamberger, L. Landau,

E. Remak, B. Baginsky. Il s'agit d'une malade, âgée aujourd'hui

de soixante-deux ans, présentant une hémianesthésie gauche

absolue et une hémiplégie hystérique du même côté; depuis 1859,

quand elle tire la langue, celle-ci présente une déviation extrême

à droite. Evidemment elle a une contracture des muscles de cet

organe du côté droit. Les fonctions des muscles du côté gauche de

la face sont peu actives; le pli naso-labial droit est très marqué

et par suite il semble y avoir une véritable parésie du facial gauche,

venant compliquer une hémi-aneslhésie hystérique gauche avec

hémiparésie. Pour qu'elle puisse souffler une allumette qu'on lui

présente à 3 centimètres de la bouche, il faut qu'on la lui amène

de gauche à droite en dépassant la ligne médiane, ce qui prouve

. ' Voir Archives de Neurologie. Revues analytiques.

Archives, t. XXVI. 22

S SOCIÉTÉS SAVANTES.

que la pseudo-parésië'du facial ne' permet' la réunion des lèvres

'que dans des conditions telles que le courant d'air nécessaire pour

- '1 ... - 1 1 .... ¡. - 4 z..., 1 ? 1 ,... ' (. f . , .. o.. ¿ Í.

cette opération ne,, peut s'échapper 'que par' la moitié droite de

l'orifice buccal. Or,'d'après Brissaud et Marie', cette manière d'être

est caractéristique 'de la contraction faciale du côté droit. Il' y a

J donc' avec l'hémianeslhésiè gauche hystérique, hémispasme hys-

térique labio-lingual droit. (Voyez la' Be1'lin. Kliz. Vochenschift.)" `

. 1..1 1 11 Ii .

" M. KOENtc. Ma première observation témoigne non de l'hystérie

mais'd'un' de ces. troubles fonctionnels semblables à ceux qui' se

produisent à la suite de l'artério-sclérose, et que l'on a coutume de

considérer comme engendrés par des' troubles de la circulation.

.-Elle ressemble aussi à ces hémiplégies passagères observées parfois

- la suite d'accès de migraines, avec ou sans trouble de la parole.

On connaît quelques faits dans lesquels les phénomènes paraly-

tiques, après s'être montrés passagers pendant de nombreuses an-

nées,' sont devenus permanents par suite de la complication d'une

lésion organique. Dans l'espèce, il ne serait pas impossible qu'il y

ait maintenant un tout petit, foyer responsable de cet. affaiblisse-

ment léger mais persistant du côté droit, tandis que les exacer-

hations périodiques et notamment les troubles de la parole seraient

considérés comme fonctionnels. j

Quant aux autres observations, l'alcoolique présentait un spasme

pur dépourvu de toute complication. Sur les trois autres cas, il est

douteux que les troubles de l'innervation faciale soient en rapport

avec l'épilepsie ou l'hystérie. Restent deux malades atteints de

névrose traumatique. L'un d'eux, vu par M. Oppenheim, présente

une légère parésie faciale; s'agit-il de ces troubles que l'on ren-

contre fréquemment chez les paralytiques généraux ? . S'agit-il

d'anomalies congénitales de l'innervation, comme le veut1\[ : e.

mak ? En tout cas, il est bon de rappeler que dans ces hémiplégies

organiques on considère comme parétiques les différences très

minimes que l'on constate dans l'innervation des deux facials.

M.OPPENHEIM a décrit des cas de parésie faciale faisant corps avec

une hémiplégie fonctionnelle, en 1889. Dans sa monographie sur

la névrose traumatique, il y a une observation d'épilepsie réflexe,

dans laquelle les convulsions hémilatérales furent suivies d'hémi-

parésie avec participation de la branche buccale du facial. On en

trouvera une autre dans la thèse de M. Steinthal. Dans des cas de

ce genre, la parésie n'était que faible au repos; elle était plus nette

quand les malades parlaient ou quand ils exécutaient des mouve-

ments ordinaires de la physionomie'. " , ' ., 'J

. Voici une observation frappante tirée de sa policlinique. Il s'agit t

d'un homme de cinquante-sept ans se disant paralysé du côté

gauche depuis novembre de l'année précédente. La paralysie s'est

installée brusquement sans perte de connaissance, mais plus tard

SOCIÉTÉS . SAVANTES. 339

il y a eu des troubles de la connaissance qui ont persisté plusieurs

jours..Au premier coup d'céil, personne ne doute de l'existence

d'une hémiplégie gauche véritable avec contracture. La, bouche est

fortement déviée adroite, la commissure ^gauche dès' lèvres ? est

endante,, et elle reste inactive pendant les' mouvements, même

quand le malade ouvre la bouche : cette. particularité ne saurait

être expliquée par la contraction primitive du facial du côté sain. La

main gauche n'a pas l'attitude que l'on connaît dans la contrac-

Lure -Ilemiplé-ique, mais la situation de la crampe des écrivains. Il

n'y a pas de tension musculaire, vraie. Il y a hémianesthésie gauche

totale avec atteinte des nerfs sensoriels. L'hypnotisme et' l'emploi

de l'aimant firent disparaître ces accidents paralytiques y compris

la parésie faciale (c'est tout au plus siaujourd'hui il existe encore

une légère différence entre l'innervation des deux côtés), y-compris

l'hémianesthésie et les troubles sensoriels. 1 - 1

l Passons aux observations de M. ICcenig : La parésie est une-para-

lysie périodique en rapport avec l'hémicranie. Mais il est évident,

comme l'ont démontré Charcot et Féré, que la contracture passa-

gère des vaisseaux de l'encéphale qui produit ces accidents, peut

devenir permanente et provoquer l'oblitération et la thrombose

de ces tuyaux. Toutefois nous ne possédions pas encore d'autop-

sies confirmatives. J'ai comblé cette lacune. On trouvera une obser-

vation de ce genre dans Charité Annalen, quinzième année (pronostic

de l'hémicranie). On n'est donc plus en- droit de dire que ces para-

lysies périodiques soient tout à fait exclusivement fonctionnelles,

et il est douteux que tous les symptômes cérébraux, qui ne relèvent

pas de lésions anatomiques persistantes, soient sans plus ample

informé, hystériques. -

. M. REtas : C'est jouer sur les mots que d'essayer de distinguer

l'hémianesthésie ou hémiparésie fonctionnelle de l'hémianesthésie e

ou* l'hémiparésie hystérique. Les névroses traumatiques dans les-

quelles on rencontre ce complexus symptomatique sont de l'hys-

térie traumatique. Quand, à la suite de l'hémicranie, il se produit

une affection organique, évidemment la première tenait à une

lésion de même nature. C'est pourquoi j'ai voulu démontrer le

caractère clinique des déviations, de la langue et de la face d'ori-

gine hystérique en la mettant en parallèle avec le même, phéno-

mène dans les paralysies organiques.

M. GOLDCHEIDEIt. Contribution ci l'examen objectif de la sensibilité

dans la névrose traumatique. Mémoire publié in extensol.

Discussion : 'M. JOLLY demande si l'orateur a rencontré souvent

, des anomalies du sens de la température dans l'hystérie ou la

névrose traumatique. ,

. f ? . '1

Voyez Archives de Neurologie, Revues analytiques. , , .

340 SOCIÉTÉS SAVANTES.

M. GOLDSCHEIDER répond affirmativement. Il ajoute que, naturelle-

ment, sa méthode n'est pas utilisable quand il y a anesthésie com-

plète.

M. OPPENIIEIhi. Contribution ci la pathologie dans la paralysie spi-

nale atrophique chronique.1 1

Mémoire publié in extenso dans les A1'chiv. sur Psychiatrie (Archiv.

f. Psychiat., XXV.)2 2 P. Keraval.

SOCIÉTÉ DES MÉDECINS NEUROLOGISTES ET ALIéNISTES

DE MOSCOU.

Séance du 18 décembre 1892.

Le Dr L. l\I1r\OR présente un malade affecté de doigt en forme de

baguette de tambour (Trommels chlagelfillger) bien caractérisé. Le

rapporteur partage l'opinion de Moebius suivant laquelle les doigts

en « baguette de tambour , l'ensemble des symptômes décrits par

Bamberger, l'ostéo-arthropathie pneumique (Marie) ne sont que

des formes d'une seule et même maladie, quoiqu'à divers degrés

de développement. Il se range entièrement à l'avis de Marie qui

envisage l'acromégalie comme une maladie distincte et ne voit

dansl'ostéo-arthropathie et les doigts hippocratiques que des symp-

tômes d'une maladie interne.

Parmi les causes les plus fréquentes de cette maladie, il faut pla-

cer les processus pulmonaires, purulents et chroniques ; on a éga-

lement signalé l'influence des maladies du coeur et, dans un cas

(Schmidt), celle de la syphilis. Mais, indépendamment de l'action

directe d'un virus produit par le pus, il est indispensable de ne pas

perdre de vue certaines conditions particulières, telles que : 1° une

prédisposition générale qui peut être héréditaire; 2° des causes

accidentelles, le plus souvent un traumatisme, une inflammation

locale, etc. Sous ce rapport il convient de mentionner le cas inté-

ressant cilé par Moebius : il s'agit d'un pthisique chez lequel, sous

l'influence d'un traumatisme et d'une névrite, les doigts prirent en

peu de.temps la forme de baguettes de tambour. Le rapporteur

mentionne un cas du même genre : chez un malade, probablement

un pthisique, le pouce de la main gauche ressemblait d'une ma-

nière frappante à une baguette de tambour; cette modification

Voyez Archives de Neurologie, Revues analytiques.

* Voir la séance dernière. Archives de Neurologie.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 341 1

était survenue à la suite d'une piqûre d'aiguille qui s'était enfoncée

sous l'ongle et avait déterminé la formation d'un abcès.

Le rapporteur présente en outre un malade dont le cas montre

le rôle important que joue la prédisposition héréditaire dans le

développement de cette affection. Cette importance a déjà été

signalé par Rauzier. Autant qu'il s'en souvient, ce malade qui

souffre depuis quatre ans d'accès d'asthme cardiaque (probablement

par suite d'une myocardite) affirme que les doigts de ses mains et

de ses pieds ont toujours ressemblé à des baguettes de tambour.

Sa fille présente la même difformité depuis l'âge de seize ans.

La communication de M. le Dr MINOR donne lieu à des observa-

tions de la part de M. le professeur KOJERNIKOV et de M. le Dr Ion-

NILOV.

M. le Dr ICORnILOV rend compte des observations qu'il a faites sur

une malade affectée d'acromégalie. (Cette malade a été présentée à

la Société dans la séance du moins de janvier.) Cette personne,

âgée de quarante ans, présente une augmentation considérable de

la face, surtout à la partie inférieure ; les lèvres, le nez et la langue

sont hypertrophiés; les dents du côté gauche sont tordues et un

peu écartées, le maxillaire inférieur fait saillie, les globes oculaires

sont plus espacés qu'à l'état normal. Il faut signaler encore des

maux de tête, l'abolition du réflexe de la conjonctive gauche, une

certaine difficulté de la convergence. Les pieds et surtout les mains

sont fortement augmentés en largeur. Les os et les tissus paraissent

également participer cette hypertrophie; il n'existe aucune lésion

des articulations. L'accroissement du volume de la face, des mains

et des pieds date de huit ans.

M. le Dr W.-A. Doubrovine décrit d'une manière succincte les

résultats de l'autopsie d'un malade atteint d'acromégalie, malade

qu'il n'a pas eu l'occasion d'observer pendant la vie MM. les

Drs Minot, NETCAAER et W. RoTH ne partagent pas l'avis du rappor-

teur relativement au diagnostic.

M. le Dr FOKARSKY. Sur la maladie des tics convulsifs. Le rap-

porteur présente l'observation d'un malade chez lequel on a pu

constater l'influence de l'élément psychique sur la production de

mouvements particuliers offrant le caractère de convulsions. Ces

mouvements présentent une grande variété : le malade fait claquer

ses doigts, se touche la région de l'hypochondre, fait jouer le cou-

vercle de sa montre, se tiraille le nez et présente un mouvement

latéral coordonné des yeux qu'il détourne assez souvent en fixant

les objets extérieurs. L'apparition de tous ces mouvements est liée

dans la conscience du malade à des moments psychiques (imitation

ou impulsion consciente). Au bout de quelque temps ces préten-

dues causes disparaissent : mais les mouvements persistent sous

leur forme primitive.

342- SOCIÉTÉS SAVANTES

Le malade à été- affecté en outre de contractions fibrillaires

des muscles entourant l'oeil et des muscles releveurs des ailes du

nez et de la lèvre supérieure. L'affection remonte à six ans ; certains

se répètent sans changements* depuis ? près1 ! de' seize ans. D'autres

qui avaient fait leur. apparition au cours de la maladie, ont dis-

paru entièrement ou ont diminué d'intensité. La marche de la ma-

ladie a été soumise à de grandes variations, mais jamais on n'a cons-

taté de disparition complète;des symptômes.. Les signes caractéris-

tiques de la maladie des tics convulsifs sont, d'après le rapporteur :

1°la tendance aux obsessions; 2° les mouvements de nature particu-

lière offrant un caractère psychique se répétantsous la même forme

présentant ou ayant présenté le caractère-d'actes conscients ayant

ún-' but déterminé'; mais'sè' produisant spontanément sans le con-

cours de la volonté et.par conséquent sans la sensation de,l'effort.

Ces mouvements peuvent être réprimés par un efforttde la volonté.

3° les contractions musculaires et fibrillaires principalement au

visage; au cou, et souvent' aussi au bras;- 4° la tendance àj l'imita-

tion quoique à-un degré- très faible. ? l '' ? .n",f 'f 3(''3')'1

, \, Ces deux, derniers signes permettent de relier la maladie des tics

convulsifs d'une part à la. myoclonie, d'autre part à la mériat-

chénie., Vécholalie et l'échokinésie peuvent faire défaut : La copro-

làliè aussi bien que la cronomanie n'apparaissent que d'une ma-

mière exceptionnelle. En terminant le rapporteur présente, les

conclusions suivantes : " ' r- r J'11'.

1° La maladie des tics convulsifs doit occuper en tant que forme

clinique, une place distincte.. ·

2° On ne doit pas confondre'avec elle les cas de tic simple 'isolé,

de même que le tic convulsif de la face doit être distingué della

myoclonie. ' , ' ' 01- ~

' 3° La inériatchénié, la maladie des tics convulsifs et la myoclonie

sont trois formes cliniques distinctes. '

Cette communication a été l'objet dè`débats vifs -et 'prolongés

auxquels ont pris part'MM. SER13SKY, Ionsnhov, B ? IENON, ROSSOLI110,

Koknilôv et 'KOJEVNIKOV. La discussion a porté principalement sur

la question de savoir quels sont les principes qui* permettent de

distinguer d'une part les maladies des tics convulsifs des maladies

avec idées et- mouvements obsédants,'et d'autre part desitics

simples. r- ' ' o f ri ''... ? '"

. ? ? ? - ai.- ? i ' - - - -- - - . 1 t

11 Il ' - > - i, ' ' 3hCU u(.· ? 1

q 1 ,t 4, lf,f 1 1 : I,è 1 , t - . o. , 3. , '" ? t-t to;.

.<. ', ? {-. .... ? .. -'

.... . '" "r .... , ? f";ll"SJ" ? .j ? 1 ? }

VI. -Le Juif Errant à la Salpêtrière. Etude sur certains névropathes,

'voyageurs par le docteur Henry MEIGE. L. Battaille et C ? édi-

teurs. q-` 1$93. ^ '1 ? "t'. <- *». - wt C u ,tC ? \

'=if(lf t.<J '. , o..Fe - . j 1.f ? 1 1 Ir, f - t'

Dans un travail; qui a pour titre «, le- Juif Errant ci là Salpê-'

trière - * M. le docteur'Henri. Meige étudie'certains névropathes

voyageurs sur lesquels M. le professeur Charcot a .déjà plusieurs

fois attiré l'attention dans ses cliniques et dont l'histoire, est encore

peu connue. , - .- - , 1 .f' ,<,JI l ! \' ',)-'1 1 ? 'j

Il s'agit de neurasthéniques ou d'hÿstérô-neurasthéniqués qui^

indépendamment de tous les symptômes classiques des"deux

névroses, 'paraissent. soumis, au régime d'impulsions irrésistibles

les poussant à déambuler par tous les pays à la recherche d'un

remède introuvable. " 1 - 1 .' ,

- L'instabilité psychique des neurasthéniques est chose notoire, et

chacun connaît les démarches sans cesse renouvelées qu'ils font

auprès de toutes les célébrités médicales afin de trouver un soula-

gement à leurs souffrances. Pleins de foi aujourd'hui, en la médi-

cation qu'on leur ordonne, ils la rejetteront demain comme vaine

ou même dangereuse pour en adopter-une autre dont les bienfaits

«seront également éphémères. ," ,

« C'est toujours la même histoire; c'est à très, peu près, toujours

.« la même figure. Chaque année, on voit se présenter à la clinique

« de la Salpêtrière de pauvres diables misérablement vêtus; leur

face amaigrie, aux rides profondes et tristes,, disparaît sous une

« barbe immense et jamais peignée. D'un ton lamentable, ils con-

« lent une histoire pleine de douloureuses péripéties, et, si on ne

« les interrompait, il semble que jamais on n'en saurait la fin.

a^Nés bien loin du côté de la Pologne ou dans le fond de l'AIle-

«, magne, dès leur enfance, la misère et la maladie les ont accom-

« pagnes partout. Ils ont fui le pays natal pour échapper à l'une

« et à l'autre; mais nulle part ils n'ont encore rencontré le travail

« qui leur convient ni le remède qu'ils cherchent. Et c'est après

« des lieues et des lieues parcourues à pied, sous la pluie et le

« vent, par le froid et dans le plus affreux dénuement qu'ils vien-

« nuent échouer à la Salpêtrière dont la renommée les attirait. »

Ce qu'il est intéressant de constater chez ces' voyageurs, c'est

qu'ils sont tous Israélites. C'est là une cohdition'étiologique'qui

assurément n'a rien d'absolu ; ornais la grande fréquence' des tares

344 BIBLIOGRAPHIE.

nerveuses dans la race juive, sa prédisposition remarquable à toutes

les névroses doivent toujours, d'après l'avis de M. Charcot, entrer

en ligne de compte dans le chapitre des causes prédisposantes.

Les causes occasionnelles de la déambulomanie des malades de

M. Meige paraissent' être les mêmes qui provoquent l'éclosion des

accidents hystériques'et neurasthéniques : émotions vives, trauma-

tismes, misères et privations de toutes sortes, surmenage, etc.

Peut-être y a-t-il lieu de faire intervenir ce fait que les douleurs

dont se plaignent les malades sont moindres pendant la marche

que pendant le repos. Le fait mérite d'être contrôlé et il n'est pas

sans intérêt de le comparer au phénomène analogue qui se passe

chez les malades atteints de paralysie agitante : On sait en effet

que chez ceux-ci certains (mouvements (trépidations, oscillations)

calment momentanément du moins les douleurs.

Le facies de ces israélites voyageurs est frappant.

t Leur face est amaigrie, les pommettes saillantes au-dessus des

joues creusées. Les rides du front sont remarquables. On les

retrouve chez tous les malades et sur tous les portraits. Très lon-

gues, très profondes, elles se perdent en haut dans l'attache des

cheveux, formant autour du front un triple ou un quadruple cercle.

Au-dessus du nez deux sillons obliquement ascendants sont l'in-

dice de la fréquente contraction des sourciliers, les muscles de la

douleur. L'oeil est petit, triste, enfoncé, cerclé de rides qui s'en-

chevêtrent, et le brident parfois en un clignotement furtif. Le

nez tantôt long et busqué, plus souvent large, épaté, comme il se

voit fréquemment dans la race germanique. »

La richesse de leur mimique est extrême, et de même qu'ils exa-

gèrent les récits de leurs souffrances, de même ils possèdent un

luxe de grimaces et de gestes appropriés à leurs discours.

Les symptômes morbides sont tantôt ceux de la neurasthénie,

tantôt ceux de l'hystérie, tantôt ceux des deux névroses combinées.

La céphalée suivant le type classique, en casque.

Les douleurs lombaires et sacrées.

Cette rachialgie communique à la colonne vertébrale une rai-

deur spéciale qui fait que les malades marchent à tout petits pas,

évitant de se pencher, se tournant tout d'une pièce. Ils se plai-

gnent aussi tous de douleurs errantes dans les membres; des « rhu-

matismes qui se promènent », disent-ils.

L'insomnie, les rêves pénibles, les troubles dyspeptiques, les

troubles de l'appareil génital, etc., tous ces symptômes relèvent de

la neurasthénie.

A l'hystérie se rattachent les troubles de la sensibilité : anesthé-

sies localisées, troubles oculaires, troubles sensitivo-sensoriels.

Hémiplégies ou monoplégies. Tremblements limités à un membre

ou à un seul côté du corps. ,

L'état mental des névropathes voyageurs mérite un'examen spé-

BIBLIOGRAPHIE. 345

cial.. A côté de l'asthénie psychique si fréquente chez les neuras-

théniques, et qui se traduit par l'impossibilité de suivre longtemps

une idée ou une suite d'idées, par une indécision constante de l'es-

prit qui semble vaciller dans toutes les directions, on trouve une

fâcheuse tendance aux impulsions. Celles-ci peuvent venir du

dehors, ou germer spontanément dans l'esprit du malade : c L'in-

fluence héréditaire semble en cela jouer un rôle important. Et

c'est à ces nouveaux facteurs qu'on doit attribuer les brusques dé-

parts, les lointains voyages entrepris tout à coup, sans raison plau-

sible ou sous le couvert de prétextes irraisonnés.

La mémoire est souvent atteinte, soit dans son ensemble, soit

partiellement. Témoin le cas d'un nommé S... qui avait oublié trois

langues sur quatre qu'il parlait couramment.

Le diagnostic n'est en général pas difficile à faire. D'abord, il

convient de rapprocher ces malades de ceux qui ont été décrits par

M. Tissié sous le nom de « Captivés » ou des soldats de M. Dupon-

chel atteints de « Déterminisme ambulatoire », mais on ne les con-

fondra pas avec les épileptiques voyageurs sujets aux crises d'auto-

matisme comitial ambulatoire, et qui perdent à leur réveil tout

souvenir des pérégrinations qu'ils ont faites.

Les différents somnambulismes offrent aussi des points de dis-

semblance trop nombreux pour être confondus avec le mal des

voyages : L'attitude des malades, les chemins bizarres qu'ils pren-

nent, leurs promenades sans but sont bien à part.

Les vrais hypochondriaques enfin ont dans leurs idées délirantes

un caractère de fixité et de fatalité qui diffère absolument de la

mobilité excessive des névropathes errants. Ces derniers sont

accessibles aux consolations, aux encouragements et passent avec

facilité d'une idée triste à une pensée joyeuse.

Le pronostic est grave - non pas quoad vitam - mais on sait d'a-

près M. Charcot combien tenaces et généralement incurables sont

les deux névroses qui s'associent souvent, chez les névropathes voya-

geurs.

L'hydrothérapie, et surtout l'électricitéibien appliquée, amènent

cependant des améliorations très sensibles. ,

Pour terminer, M. Meige reprend une question d'ordre médico-

légal déjà soulevée par M. Charcot : Les vagabonds [sont-ils tous

des neurasthéniques ? M. le professeur Benedickt, qui s'est atta-

ché à la résoudre, a 'conclu en disant que « le premier élément

constituant du vagabondage est la neurasthénie, physique morale

et intellectuelle ». La chose est très vraisemblable, et pour les

névropathes errants, cette conclusion semble applicable, mais il

faut se garder de l'étendre à tous les vagabonds qui parcourent le

monde. ,

A côté de cette étude neuropathologique, M. Meige a placé une

critique dé la légende du Juif Errant, et il s'est attaché à démon-

346 VARIA.

trer que celui-ci pourrait bien,n'être qu'une sorte de prototype des

Israélites névropathes pérégyinant, de par. le, monde. ? ,9or, 1si

, Les plus vieux textes concernant ce personnage légendaire connu

de tout le monde, semblent en effet prouver que Ahasvérus ou Car.-

tophilus était 1 atteint de la,, même maladie que , les , malades de

la Salpêtrière. - La,tradition populaire et l'amour du merveilleux

en ont fait un mythe dont il n'est pas difficile de reconstituer les

origines.. ? vjW -, i['" Il J r...1 rr .;... ' ,, t

., A certaines époques de sa vie, écrit Matthieu Paris en 1571,.il il

fait une maladie qu'on croirait incurable : il est comme ravi, en

extase; mais, bientôt guéri, il renaît. » , 1 l' . , -

f.Et cette,autre phrase de Collin de Plancy : « Pendant un mois,

il s'obstine à repousser tout aliment; mais chaque nuit le sommeil

^établissait ses organes. ».-7-,On,ne peut s'empêcher en lisant ces

lignes de songer aux extases et aux longs jeûnes des hystériques

du moyen âge. ".r .. , ? , .'1

Enfin, pour compléter cette étude d'exégèse et de pathologie

rétrospective, Il., Meige a recueilli tous les portraits connus du

Juif Errant..Tous présentent des caractères communs typiques;, et

il- faut -bien reconnaître que les plus anciens sont aussi les plus

frappants, aussi peut-on croire à bon droit que ce sont là, non

des compositions d'un artiste fantaisiste, mais l'exacte reproduction

des névropathes voyageurs qui couraient le monde* et que le

peuple s'imaginait être des apparitions du Juif Errant ? "

Un coup d'oeil jeté sur les dessins faits par l'auteur de deux.de

ses malades : Moser B ? dit Moïse, et Gottlieb M... et sur les repro-

ductions des plus vieilles estampes figurant le Juif Errant, fait bien

ressortir ces analogies de facies et d'habitus extérieur.

« Le Juif Errant existe donc encore aujourd'hui; il existe sous

la forme qu'il avait prise aux siècles passés. Sa figure, son costume,

ses manières conservent les mêmes caractères à travers les âges.

C'est que ce mystérieux voyageur est un malade; ce qui nous

frappe en lui, c'est précisément le cachet spécial que lui imprime

sa maladie et qu'on retrouve dans toutes ses apparitions. Car-

tophilus, Ahasvérus, Isaac Laquedem, relèvent de la pathologie

nerveuse, au même titre que les névropathes voyageurs de la Sal-

pétrière. » J.-B. CIIARCOT.

VARIA.

LA MORTE- VIVANTE ' '

Il 1 1 , l

- Un des faits les plus curieux, en, France,, de, catalepsie : est celui

de la morte-vivante d'Oriuy-aiute=Beuoite. i - ." -

VARIA : ' 347

Cette, femme; âgée d'une trentaine d'années ? fille et soeur' d'hys

tériques, a éprouvé ? dans sa jeunesse'une grande frayeur. >'-« M

Ilr Ayanl àccoùché' subitement" en 'pleine : campagne," son. 'enfant a

été tué èÍi- vè"Í1aÍ'¡t au mbndej'et ! ' à1 la 'suite : de' cet incident; les maut

vaises "IlaÍ1gues\' dû Ï5ajsf ayant prononcé, «"assez' haut pour qu'il,fût

entendu du parquet ! le mot d'infanticide; une instruction judiciaire

fut ordonnée ? "1 ott Su ,.1'1> 1 ? 9 ,1" ? . t ! 1ot ',rI"" r n>- «< ' l 10 -,

A la vue des gendarmes, la jeune fille ressentit une telle impres-

sion qu'elle 'tomba' en attaque et's'endormit. Depuis, elle- ne s'est

jamais réveillée ! '' il ? ' ! Jf ! 1 lu : "ù ? ,'0 i'1 -, 1>(1\ 3P' < *

Pendant les deux premières- années,' la- malade fut soignée par

le' médeciIÎ 'du1p'<iys, qui"appela à, là'rescouss ? -mais inutilement,

nos sommités' médicales ? M. le'D1' Charcot en tète. Les aspersions

'd'eau froide, l'éther; les antispasmodiques restèrent inutiles et sans

'effet™' z '- 1 ? 1"Hi -- ? ' - '- 0.0" î / 14-1 ..

De tous les points de la France, les docteurs arrivèrent "et l'un

'd'éL,xi médecin à Lorient; qui avait eu, paraît-il,' un-cas analogue

dans son'' service ? formula : le pronostic suivant : : le 'jour, où- la

malade' se 'réveillera, 'son réveil sera suivi aussitôt de sa mort.

' Inutile de' dire que, depuis cette époque, aussi bien le médecin

du' pays" que', ceux appelés en consultation,"ont dû renoncer à

essayer de réveiller la' cataleptique 'qui; passée à l'état de curiosité

locale, est "devenue' pour 'sa famille un -objet de rapport assez

lucratif. tr¡" 1, ? ,¡; . ? '«'" » h .JI '11""1

0 Etendue- sur une couchette en fer et ténue dans un`état d'exces-

sivê'propreté; 'l'endormie d'Origlly-Sainte-Benolte avait l'aspect

d'une'personne'en bonne santé et simplement endormie. La pau-

pière, légèrement entr'ouverte, laisse voir les deux yeux retournés

et'dont on n'aperçoit que le blanc; quant à la ! mâcllOire, elle est

contractée et tous 'les efforts qui 'ont été faits'pour desserrer'les

dents n'ont eu' d'autres résultats que d'en briser plusieurs'. il ' <

1 Dans ce corps inerte et réduit à l'état de' véritable squelette,

toutes les fonctions ordinaires de la vie s'accomplissent naturelle-

ment et, à'l'auscultation, bien que très faibles, les mouvements du

coeur sont réguliers et perceptibles. ' ' '" t. r

Depuis' dix ans,'la morte-vivante d'Origny-Sainte-Benolte n'est

nourrie qu'à la sonde ou à l'aide d'injections de peptone. Inutile

de dire que ce cas, unique en France, laisse bien loin derrière lui

tous les accidents cataleptiques qui peuvent se produire de temps

à autre. Bien que l'état cataleptique soit' généralement de courte

durée et, dans la plupart des cas, cesse de lui-même avec les

causes qui ont pu le produire : hystérie, névrose, frayeur, violent

chagrin, grande émotion, c'est toujours' un état très alarmant et

qui, même de courte durée, ne peut que produire de graves

désordres. ,. - l «,v , = r

La nutrition ne pouvant qu'être artificielle,, devient nécessaire-

348 VARIA.

ment insuffisante et le jour où la machine humaine, revenue à la

vie, veut se remettre en mouvement, les rouages intérieurs, qui se

sont rouillés, ne fonctionnent plus. S'il en est ainsi pour quelques

mois, à plus forte raison au bout de quelques années. (La Justice,

28 septembre 1893.)

Organisation D'UNE caisse DE SECOURS EN attendant la création

D'UNE SOCIÉTÉ DE patronage POUR LES aliénés NÉCESSITEUX sortant

DES asiles d'aliénés DE la SEINE-INFÉRIEURE.

Dans la séance du Conseil général du 12 avril 1893, M. Roederer,

au nom de la deuxième Commission, a donné lecture du rapport

suivant :

0 : Messieurs, sur la demande de M. le Ministre de l'intérieur, et

conformément au voeu formulé par le Conseil supérieur de l'assis-

tance publique, la Commission de surveillance des asiles d'aliénés

de la Seine-Inférieure a émis un avis favorable à la création d'une

société de patronage des aliénés sortant sans ressources des asiles

des Quatre-Mares et de Saint-Yon. En attendant la constitution de

cette société, la Commission de surveillance demande qu'il soit

organisé immédiatement une caisse de secours alimentée par le

pécule et les vêtements des aliénés décédés. Se rangeant à cet

avis, votre deuxième Commission, d'accord avec M. le Préfet, a

l'honneur de vous proposer de décider que les fonds provenant du

pécule des aliénés décédés, et leurs effets, attribués jusqu'à présent

aux asiles, seront désormais employés, par les soins de MM. les

Directeurs, sous le contrôle de la Commission de surveillance, à

secourir les aliénés nécessiteux qui sortiront des établissements de

Quatre-Mares et de Saint-Yon. Pendant les cinq dernières années,

ces fonds se sont élevés, en moyenne, à 1,682 fr. 86 par an, pour

Quatre-Mares; et 1,047 fr. 77 pour Saint-Yon. Pendant le même

laps de temps, la sortie des malades indigents a été en moyenne

de 58 par an pour Quatre-Mares et 58 pour Saint-Yon. » Le rapport

est adopté.

Lettre de M. le Préfet aux Directeurs-Médecins de Quatre-Mares

et de Saint-Yon.

Rouen, le 4 mai 1893.

« Monsieur le directeur, j'ai l'honneur de vous adresser ci-jointe

une copie de la délibération par laquelle le Conseil général de la

Seine-Inférieure a, en attendant la création d'une société de patro-

nage pour les aliénés nécessiteux sortant des asiles de ce départe-

ment, autorisé l'emploi, au profit de ces indigents, des fonds pro-

venant du pécule des aliénés décédés et de leurs effets, attribués

jusqu'à présent aux asiles. Je vous prie de vouloir bien assurer, en

ce qui vous concerne, l'exécution de ces dispositions. Agréez, Mon-

VARIA. 349

sieur le Directeur, etc.. Pour le Préfet en tournée de revision, le

secrétaire général délégué, signé : F. Cauro. »

MM. les Directeurs-Médecins, conjointement avec la Commission

de surveillance des asiles d'aliénés de la Seine-Inférieure; vu la

délibération du Conseil général en date du 12 avril 1893, statuant

que « les fonds provenant du pécule des aliénés décédés, et leurs

effets, attribués jusqu'à présent aux asiles, seront désormais

employés par les soins de MM. les Directeurs, sous le contrôle de

la Commission de surveillance, à secourir les aliénés nécessiteux

qui sortiront des établissements de Quatre-Mares et de Saint-1'on »,

Ont pris les dispositions suivantes en vue d'assurer l'exécution de

ladite délibération qui, n'ayant pas été frappée d'annulation, est

devenue exécutoire à partir du 4 mai 1893, la session du Conseil

général ayant été close le 13 avril 1893. (Article 47 de la loi du

10 août 1871.)

Règlement. Secours en argent : 1° Il est institué une caisse de

secours pour venir en aide aux aliénés nécessiteux des asiles de

Quatre-Mares et de Saint-Yon; 2° La caisse de secours est ali-

mentée par le pécule des aliénés décédés et par les subventions qui

pourront être accordées par le Conseil général. Le pécule des ma-

lades décédés depuis le 4 mai 1893 jusqu'à ce jour sera immédiate-

ment versé à cette caisse, dont le receveur des asiles est constitué

le trésorier. A l'avenir, les versements auront lieu dans les huit

premiers jours de chaque trimestre ; 3° Les secours aux aliénés

nécessiteux sont accordés, au moment de la sortie (provisoire ou

définitive), par le Directeur-Médecin de Quatre-Mares pour les

hommes, par le Directeur-médecin de Saint-Yon pour les femmes.

Le secours peut être renouvelé sur l'avis favorable d'un membre

délégué de la Commission de surveillance dans les trois mois qui

suivent la sortie du malade, sans cependant que le total des

sommes allouées au même malade puisse dépasser cinquante

francs; 4° Passé ce délai de trois mois, après la sortie, ou après

allocation d'une somme de cinquante francs, les secours en argent

ne peuvent plus être accordés que sur l'avis favorable de la Com-

mission de surveillance; 5° Le receveur ne peut conserver en

caisse pour fonds de secours une somme excédant cinq centsfrancs.

Le surplus des fonds de la caisse de secours sera placé en un livret

de caisse d'épargne de Rouen. Lorsque par les apports qui seront

faits successivement à la caisse de secours, le livret de cette caisse

paraîtra devoir dépasser deux mille francs, MM. les Directeurs des

asiles se pourvoiront aux fins d'obtenir, par application des arti-

cles 13 et 21 de la loi du 9 août 1881, que le compte courant de la

caisse de secours soit porté à huit mille francs. Le receveur aura

seul qualité pour verser les fonds 1l la Caisse d'épargne et les reti-

rer en tout ou partie sur une autorisation de l'un de MM. les Direc-

teurs ; 61 Les Directeurs-Médecins présenteront conjointement

350 : q ? 4RIA.,

chaque année au-mois^de-janvier, à la.Commission de surveillance,

un rapporteur Jes opérations jle l'année e ? sûrla .situation finan-

cière de la caisse de, secours. ? -.¡,\.) ? II> 4, '>yO\[)s\ I>\\r"\o

Secours^en acahce ? 4° II est' formé dans châqueasilé`etasôus,la

garde de' l'économe de, l'établissement5 unK vestiaire alimenté avec

Je linge et les vêtements provenant des'aliénés décédés;·-- 2° Indé-

pendammentdesa secours en;,argent, sus-éuonéés, des`secours,.en

nature, linge et vêtements, sont accordés aux aliénés nécessiteux

au moment de leur sortie, avec les objets provenant de ce vestiaire,

et sur un bon du Directeur-Médecin; 3° Les secours en nature

peuvent être renouvelés sur un bon du Directeur-Médecin dans les

six mois qui suivent liliSôrt5e'dú : malaqèY Passé ce délai, les secours

ne peuvent plus être accordés que sur l'avis favorable de la Com-

mission de surveillance; 4° Les Directeurs-Médecins présenteront

conjointement, chaque année, au mois de janvier, à la Commission

dé' surveillance ? le relevé des' secours* en'nature pendant l'année

écoulée,' et'l'état de; situation ¡ du vestiatre, dans, chaque a , sile,,Iau

31 décembre : *1' -r,c ' "3- '" - T, ? "0 '10.' IL 9- £ t-

1,.1 b -'J'rq

'4' i I t -tHI' t f ' « t 1 , r *{<aï -"1 ,f , lnt3^ Y'' 1

, ( fF ú NOU\'EL EXEMPLE D'UNE JEUNE^DORMEUSE, . , '^j, .

. ? .

1 J uf...) r11 t nt,"t ... > 1 ...' . (\ f " , . 1-~u ïrr, ..... l1ff

.t.Nous remarquons dans l'Echo du 17. courant, qu'un cas, sem-

blable à celui rapporté dans un récent numéro/de The Lcacet, s'est

produit, en Prusse. C'est celui'd'une jeune fille, de .vingt ans. Voilà

six, jours qu'elle,dort,,etil·a été,imposs3ble jusqu'ici de la réveiller

si.ce n'est que. pour quel,que. I ? ? ute et pa.r,,4 ? 9yens ? l : f}ta-

tion externes.,Le caractère. essentiel de ce, cas est' le même que

celui que nous avons rapporté, et il est de forme cataleptique ? w

La pathologie de cette condition est très mystérieuse, niais i 1 est

peu douteux que l'attention^ sympathique n'arrive à perpétuer lés

symptômes. Les. malades sont toujours très nerveux, et il, semble

qu'il existe là une idiosyncrasie nationale ou plutôt naturelle, ^car

il paraît évident que chez les Slaves et les Celtes ces cas sont beau-

coup plus, communs que chez les^ autres peuples., La Salpêtrière,

chez les Français, nos voisins, montre beaucoup de cas similaires,

et dans notre pays 01 z,).. mme a La jeûneuse du pays de .Galles «est

devenue presque proverbiale. La jeune fille dont nous parlions

récemment était Irlandaise, mais probablement de la même race.

Nous n'entendons pas souvent parler de cas semblables dans les

pays nord, du royaume et il est possible que la raison en. est dans

ce fait que le caractère apathique dès gens .s'oppose aux émotions

extérieures. (The Lancei, 29 juillet 1893, p. 267.) ` · v n '

r Q1 j

'- Nous .nous- permettrons de, rappeler à t¡c : 1te,-¡R.C,si"01f"que

nous avons l'un des premiers consacré tout un chapitre spécial

FAITS DIVERS. 351

au' sommeil des- épileptiques études, hystériques et en parti-

culier aux attaques' de' sommeils Gela remonte à 1877 (lcono-

graphie phOtOg1', de la Salpêtrière)' ! Depuis, cette question a

fait l'objet de, nombreuses publications. Quelques auteurs, par

exemple, M. Barth, dans sa thèse* d'agrégation, ont4 rappelé

nos recherches antérieures, d'autres- ont 'paru ne pas les con-

naître. C'est pour éviter pareil oubli que que nous faisons ce

rappel. 5 ' ' (1 ".1 ? ,

' ' ' r ... ,

Il : : - - j J 1 14 , r' 1 , 14 a . -

r FAITS DIVERS.. .. ? ' b ? t 1. 1 ? Ir -1..

= - Brillant acte de, courage. Dimanche, à 5.heures de l'après-

midi, M. Chevalier, médecin-adjoint à l'asile d'aliénés d'Aix, a failli

être victime de son dévouement, dans les collines du Grand-Arbois,

près d'Aix.

A la pente la plus rapide, au contour le plus raide de la route

des Martigues, et à quelques kilomètres du bassin du Réaltort, un

mulet emporté entraînait à une mort certaine un homme, une

femme et un garçon d'une quinzaine d'années, 'montés sur un

véhicule' dit « Jardinière ». ' ' ' ' ' 1

Le docteur se jeta courageusement à la tête de l'animal, et au

moment où'la jardinière allait s'effondrer en déployant une force

énorme aie maintenir et à le ramener sur la route. Malheureuse-

ment, les guides se brisèrent dans ses mains, et, bousculé par le

mulet qui tentait de reprendre sa course effrénée, M. Chevalier

tomba et le véhicule lui passa sur la cuisse gauche, après lui avoir

contusionné fortement lajambe droite. ' ·

Le conducteur avait été précipité de son siège et la femme et

le garçon étaient traînés par le mulet, emporté de nouveau, lorsque

heureusement la jardinière, aux trois quarts démantelée, buta

contre'un arbre de la route et arrêta net l'animal. La mère et

l'enfant étaient aussitôt dégagés par un des amis qui accompa-

gnaient le docteur et tous s'empressèrent autour de celui à qui cette

famille doit certainement là vie. On espère que les blessures de

M. Chevalier n'auront pas de suites fâcheuses. (Le Petit Provençal,

3 octobre'1893.) ..

Nous enregistrons avec plaisir le récit de l'acte de dévouement

de M. le Dr Chevalier, acte qui fait honneur et à lui et à notre

profession. '

Asile départemental DES aliénés- de-la CHARENTE-INFÉRIEURE.

Une place d'interne en medecine est actuellement vacante à l'asile

352 BULLETIN bibliographique.

des aliénés de.Lafond, La Rochelle (Charente-Inférieure). Outre le

logement, l'éclairage, le chauffage et la nourriture, les titulaires

nommés par le préfet reçoivent une indemnité annuelle de 800 fr.

Pièces à fournir : extrait de naissance, certificat de bonnes vie et

moeurs, certificat de scolarité. Les candidats doivent être munis de

douze inscriptions avec certificats d'examen.

Asiles d'aliénés. Nominations et mutations. Par arrêté du

24 juillet : M. le Dr l\10RDRET, médecin en chef de l'asile du Mans, à

été admis à la retraite à partir du leur août. M. le Dr FABRE, mé-

decin en chef de l'asile de Montdevergues, a été nommé médecin

en chef de l'asile du, Mans en remplacement de M. le D'' MORDRET.

Arrêté du 27 juillet : M. le Dr Ciiaussinant médecin-adjoint de

l'asile de Fains, est nommé médecin-adjoint de l'asile de Dijon en

remplacement de M. le Dr BELLAT, nommé directeur-médecin de

l'asile de Saint-Dizier. Par suite des vacances qui se sont' pro-

duites, nous espérons que M. Monod ne tardera pas, comme c'est

son devoir, à annoncer l'ouverture d'un prochain concours pour les

places de médecins-adjoints. .

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

FALCONE (C.) La Corteccia del cervelletto-sludi d'istologia a Nor-

fologia comparate. Volume in-4° de 223 pages, avec 4 planches hors

texte. Napoli, 1893. Chez l'auteur, 77, via Duomo.

MoNTGOMEnv (W.). Unilatéral lapyertrophy of the face. Brochure

in-8, de 13 pages, avec 4 figures. Philadelphia, 1893. Tlae Médical

News.

PIARACCIXI (A.). Conlributo allô studio allucinagionis verbali psico-

motrici. Brochure in-8", de 71 pages. Noura inferiore, 1893. Tipo-

rafla. del 111anicomio.

SAJORES (Ch.-E.) Atnual of the Uaiversal lfedical Sciences a ycarl,y

report of llie progress o/' the gênerai sanilary zciences t/ ! 1'ougllOut the

lvorld. Ouvrage composé de 5 volumes et illustré de nombreuses

tigures. G volumes in-8" cartonnés. Philadelphie, 1893. F.-A. Davis.

.

Le rédacteur-gérant, Bourneville.

Evreul. Gh. HEEIBBEY, Imp. 1093

Vol. XXVI. Novembre 1893. Nu 81

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

ANATOM1E PATHOLOGIQUE

SUR UNE LÉSION SYSTÉMATISÉE DU CERVELET ET DE SES

DÉPENDANCES BULBO-PROTUBÉRANTIELLES

PAR MSI.

H. ROYET J. COLLET

Chef de clinique des maladies mentales Préparateur du cours de Pathologie

générale

A la Faculté de médecine de Lyon.

Nous avons 'eu l'occasion de pratiquer l'autopsie d'un ma-

lade, du service du Dr Garel, dont l'observation clinique a été

publiée par l'un de nous', alors son interne, dans les Annales

des maladies de l'oreille et du larynx. Ce malade avait pré-

senté la plupart des symptômes de la sclérose en plaques et, de

plus, un tremblement des cordes vocales, symptôme décrit

depuis quelques années comme à peu près spécial à cette affec-

tion. La nécropsie a montré une sclérose du cervelet avec

lésions secondaires de la protubérance. Comme les cas de ce

genre sont rares, et plus rares encore ceux accompagnés d'un

examen microscopique de la protubérance et du bulbe, nous

avons cru devoir rapporter le nôtre en détail. Il offre les plus

grandes analogies avec celui qu'a publié autrefois notre

maître, M. le professeur Pierrret; il sera intéressant de rappro-

cher chemin faisant ces deux observations. Nous utiliserons

cette occasion pour faire en quelque sorte une revue générale

' J. Collet. Le tremblement des cordes vocales et les troubles de la

phonation dans la sclérose en plaques. Février 1892.

Archives, t. XXVI. 23

3ü4 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

des symptômes cliniques de la maladie et des lésions bulbo-

protubérantielles qui l'accompagnent, d'après les documents

dont on dispose à l'heure actuelle.

Grumel (Claude), cultivateur, âgé de cinquante ans, entre à

l'hôpital de la Croix-Rousse, le 8 décembre 1886.

Son père est mort à cinquante ans, sa mère à quatre-vingts ans, de

maladies indéterminées. Un frère bien portant. Un frère mort à

vingt-deux ans d'accident; un autre frère mort pendant son ser-

vice miltaire. Ni scrofule, ni syphilis. Pas d'alcoolisme. Il y a dix

ans, auraient apparu des douleurs dans le cou; ce torticolis n'au-

rait disparu que depuis deux ans.

L'affection actuelle a débuté il y a dix-huit mois; les premiers

troubles se seraient manifestés dans le membre supérieur droit,

qui aurait été le siège de douleurs très vives. La paraplégie n'est

bien marquée que depuis quinze jours.

Actuellement le malade chancelle, quand il se tient debout, s'il

n'élargit pas considérablement sa base de sustentation. L'occlu-

sion des yeux n'augmente pas manifestement la difficulté de se

tenir debout. 11 se produit parfois, au dire du malade, des contrac-

tures dans les muscles des membres inférieurs, surtout dans les

mollets; mais à l'examen, ceux-ci, comme tous les autres muscles,

ont la flaccidité normale. Les réflexes rotuliens sont manifeste-

ment exagérés, surtout à droite. Réflexes plantaire et crémasté-

rien à peu près normaux. On ne peut produire l'épilepsie spi-

nale.

Un peu de tremblement des membres supérieurs quand le ma-

lade étend les bras en avant, les doigts écartés, et quand il porte

un objet à sa bouche. Les objets sont portés à peu près directe-

ment au but avec quelques légères oscillations.

Nystagmus ne se produisant pas quand l'oeil est au repos, mais

devenant manifeste à l'occasion des mouvements du globe oculaire.

Troubles de la parole très marqués, n'existant que depuis quinze

jours. La parole est lente et embarrassée, mais le malade prononce

bien les syllabes qu'il veut prononcer, sans en oublier et sans en

transposer. Aucun trouble de la sensibilité.

L'appétit et la digestion sont normaux ; un peu de constipation.

Pas de troubles de la miction. Rien aux poumons. Rien au coeur.

Pas de sucre ni d'albumine dans les urines.

26 février 1886. OEdème des pieds el des malléoles : Iodure de

potassium, 2 grammes, pointes de feu.

Le premier examen laryngoscopique n'a été fait qu'en 1888,

époque à laquelle M. Garel prit la direction du service.

13 juillet 1888. A l'examen laryngoscopique, pendant les phéno-

mènes respiratoires, on constate un très large écartement des cordes

vocales, qui disparaissent sous les bandes ventriculaires, sans que

SUR UNE LÉSION SYSTÉMATISÉE DU CERVELET. 355

celles-ci soient cependant hypertrophiées. Dans les tentatives de

phonation, qui n'aboutissent, d'ailleurs, qu'à un résultat presque

nul, on voit nettement se fermer la glotte interaryténoïdienne,

alors que la glotte ligamenteuse reste largement ouverte sous la

forme elliptique. Le malade ne peut articuler que des syllabes

rauques et très rarement sonores. Les cordes vocales ne sont pas

altérées dans leur coloralion.

23 octobre 1888. Depuis deux ou trois jours le malade peut

émettre des sons beaucoup plus distincts, mais on voit que l'air

passe dans le larynx à plein jet. Il y a épuisement très rapide, cou-

lage de l'air.

15 juin 1889. Le malade a de la cystite avec urines purulentes

et ammoniacales. Lavages de la vessie avec naphtol. Améloration

très rapide.

16 décembre. Le malade a eu ce matin une selle involontaire.

Janvier 1890. Influenza pendant quelques jours.

Au début de l'année 1891, M. Garel, en examinant de nouveau

le malade au laryngoscope, constate des oscillations des cordes

vocales analogues au tremblement. A plusieurs reprises, pendant

le courant de l'année, on s'assure de la persistance de ces mou-

vements.

Etat du malade en décembre 1891. Le malade reste constam-

ment assis sur une chaise roulante. L'écoulement de l'urine est

constant. Pas d'incontinence des matières fécales. Pouls à 75. Nys-

tagmus très accusé. 1

Le tremblement est beaucoup plus accentué qu'autrefois; les

mains tremblent presque constamment. Ce tremblement s'exagère

considérablement lorsqu'on dit au malade de porter la main à sa

bouche. Pas de contractures, mais les jambes se raidissent par mo-

ments. Trépidation épileptoïde très nette, surtout à droite.

Troubles de la parole toujours très accusés; le malade ne peut

dire que quelques mots à peine intelligibles. Au laryngoscope, on

constate des oscillations à peu près continues des cordes. Elles se

produisent aussi bien pendant l'ouverture que pendant la ferme-

ture de la glotte. Pendant l'inspiration, les cordes se cachent der-

rière les bandes ventriculaires; on les voit alternativement appa-

raître, puis disparaître par le fait même du tremblement.

Ordonne-t-on au malade d'émettre un son, on-voit les cordes se

rapprocher l'une de l'autre en décrivant des oscillations, au lieu

de se rapprocher franchement et d'un seul coup. Ces oscillations,

sont irrégulières, à tel point qu'on ne peut en déterminer

le rythme : elles ne paraissent pas en moyenne être plus de GO

par minute. Les oscillations des deux cordes ne se correspondent

pas; à certains moments elles sont plus nombreuses d'un côté que

de l'autre. Les cordes une fois juxtaposées pour la phonation,

laissent entre elles un espace elliptique permettant un léger degré

35G ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

de coulage; d'ailleurs, elles ne restent pas longtemps juxtaposées

et s'écartent de nouveau en décrivant leurs oscillations. Quand on

dit au malade de tenir le son un peu plus longtemps, il répond

qu'il ne peut pas.

La dilatation de la glotte pendant l'inspiration est beaucoup

plus grande qu'à l'état normal, et le regard plonge profondément

dans la trachée. La muqueuse du larynx est de coloration abso-

lument normale.

Lorsqu'on essaye de faire rire le malade, on ne peut obtenir l'ins-

piration éclatante signalée par Leube, Loeri, etc., ce qui s'explique,

d'ailleurs, par l'énorme dilatation de la glotte.

La langue présente un tremblement très évident, mais le malade

peut la tirer parfaitement au dehors.

On conviendra que tout, dans cette observation, était en

faveur de la sclérose en plaques : tremblement, trépidation

épileptoïde, troubles de la parole, etc. En janvier 1892 le ma-

lade succombe au bout de quelques jours à une petite épidé-

mie de grippe qui s'était déclarée dans la salle. Nous ne vou-

lons rapporter de son autopsie que ce qui a trait aux lésions des

centres nerveux.

Le cerveau paraît absolument indemne : on ne trouve rien à signa-

ler soit à la surface, soit sur les coupes. Mais, en examinant le cer-

velet on est frappé de la teinte 'jaune, anormale, qu'il présente ;

cet aspect se retrouve sur les coupes qu'on pratique dans son épais-

seur ; de plus sa consistance est augmentée, comme scléreuse.

La bulbe et la protubérance présentent aussi à la coupe la même

consistance scléreuse; la moelle, d'aspect normal, divisée en plu-

sieurs segments après incision des méninges, est placée avec le

le bulbe et la protubérance dans le liquide de MùIIer. On a mal-

heureusement négligé de faire l'examen microscopique du cervelet,

se contentant de noter sa sclérose et sa teinte : cette lacune est

regrettable car on aurait pu localiser dans l'écorce du cervelet les

divers aboutissants des fibres olivaires.

Les pièces ont été portées au laboratoire de M. le professeur

PIEItItÉT, et leur aspect macroscopique lui a immédiatement rappelé

le fait qu'il avait autrefois observé. Notre maître a bien voulu nous

guider dans l'examen microscopique de nos préparations, et c'est

à lui que nous devons l'interprétation exacte des lésions qu'elles

révèlent.

La protubérance est comme aplatie dans le sens antéro-posté-

rieur, et on peut constater que cette diminution d'épaisseur s'est

faite aux dépens du pont de Varole; le paquet des fibres des pédon-

cules cérébelleux moyens ne forme plus la saillie qu'on est habitué

à trouver au-dessus du bulbe, au-devant des pyramides et les recou-

SUR UNE LÉSION SYSTÉMATISÉE DU CERVELET. 357

vrant en sautoir. Sur une série de coupes transversales de la pro-

tubérance on peut se convaincre du bien fondé de cette supposition.

Les pyramides qui paraissent intactes forment de chaque côté

du raphé une forte saillie antérieure, immédiatement en dehors de

laquelle se trouve une forte dépression se prolongeant jusqu'aux

racines antérieures de l'auditif. Le diamètre antéro-postérieur de

la protubérance qui égale presque, dans les conditions normales,

son diamètre transverse, est ici diminué d'un tiers au moins,

comme on peut s'en rendre compte en jetant un coup d'oeil sur

la figure 371 (protub. normale), que nous avons placée en regard

' Cette figure a été remplacée par un simple pointillé ajouté àlafigui,e 35,

pour représenter les limites antérieures de la protubérance normale.

Fig. 35.- Coupe au niveau de la partie inférieure de la protubérance :

elle montre son aplatissement antéro-postérieur, par suite de la sclé-

rose des pédoncules cérébelleux moyens.

1, t', pyramides; 2, 2, pédoncules cérébelleux moyens atrophiés et sclérosés ; -3, fas

ciculus teres; - 4, corps restirorme; 6, noyau commun du facial et de l'oculo-

moteur externe; 7, noyau propre du fascial; 8,8', olives supérieures intactes.

V, racine de la cinquième paire; VI, VU, VIII, racines de l'abducens, du facial et de

l'acoustique. La ligne pointillée (destinée à remplacer la fig. 37) représente le contour

antérieur d'une protubérance normale.

358 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

pour bien marquer cet aspect singulier qui ne se retrouve dans

aucune autre lésion protubérantielle.

Toutes nos coupes ont été colorées au carmin acétique de façon

à bien mettre en évidence le tissu de sclérose qui se détache en

rouge, tandis que les parties restées normales prennent une colo-

ration légèrement jaune ou rosée. On voit aussi une mince bande

de tissu conjonctif dense passer au devant des pyramides; c'est

tout ce qui reste des pédoncules cérébelleux moyens. On ne retrouve

pas, disséminés entre les fibres, les riches amas cellulaires qui

existent habituellement dans les couches antérieures des protu-

bérances normales. Le tissu de sclérose s'infléchit entre les pyra-

mides et gagne le raphé où il s'atténue peu à peu. Ces détails sont

bien visibles sur la figure 35 où on aperçoit en 2-2' les pédoncules

cérébelleux moyens sclérosés, en VIL et VI l'origine apparente du

facial et de l'oculo-moteur externe, émergeant au milieu du

tissu sclérosé, mais sans présenter eux-mêmes d'altérations. On

H'ig. 3ti. Coupe du bulbe à la partie moyenne des olives.

1,2, raphé; 3, noyau de l'hypoglosse; - 4, noyau du pneumogastrique; 5, tronc

de l'hypoglosse; 6, parolive antérieure; - 7, parolive postérieure; 8, faisceau

grêle de Pierret (slender column de Clarke); 9, olive sclérosée; 10, émergence du

tronc du pneumogastrique; Il, pyramide avec ses faisceaux conjonctifs antéro-pos-

térieurs.

SUR UNE LÉSION SYSTÉMATISÉE DU CERVELET. 359

peut constater aussi l'intégrité du noyau d'origine de l'oculo-moteur

externe. En V se retrouve la racine ascendante du trijumeau,

normale d'ailleurs. On remarquera aussi l'intégrité des olives supé-

rieures en 8', du champ moteur, du corps trapézoïde.

Une autre coupe, passant par le bulbe, et intéressant la partie

moyenne des o[ives,vamettre en évidence leurs altérations (fig. 36).

On y reconnaît en 8 le faisceau solitaire de Stilling, en 9 l'olive

malade, en 6 et 7 les parolives, en 5 et 10 les nerfs hypoglosse et

pneumogastrique avec leurs noyaux en 3 et 4.

Nous avons deux particularités à signaler dans cette coupe du

bulbe : l'intégrité des noyaux du plancher du 4e ventricule et

la dégénérescence complète des olives et des parolives. Les

olives sont envahies dans la région du hile par un tissu de

sclérose dense qui se produit dans leur intérieur. A la péri-

phérie des corps olivaires, au point correspondant aux cellules

Fig. 37. L'une des olives sclérosées, vue à un plus fort grossissement.

1, l'olive; 2, parolive antérieure; - 3, parolive postérieure; - 4, tronc de l'hy-

poglosse ; 5, la p)ramidc; 6, sillon préolivaire.

360 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

qui forment la lame grise, plissée, la striation normale disparaît;

on ne retrouve plus qu'une masse homogène, vitreuse, forte-

ment teintée par le carmin, dans laquelle il est impossible de

reconnaître aucune disposition fibrillaire, ni aucun corps cel-

lulaire. Il s'agit sans doute d'une lésion relativement ancienne.

Les parolives sont représentées par deux petites masses, forte-

ment colorées, ne contenant aucune cellule dans leur intérieur

et présentant un bord irrégulier, formé par des franges du

tissu de sclérose, se dirigeant vers le raphé, à travers le champ

moteur. Cet aspect des olives et des parolives, identique des

deux côtés, nous a paru tellement typique que nous avons

représenté isolément l'olive et les parolives du côté opposé à

un plus fort grossissement (fig. 37). On peut bien y constater

les dispositions que nous venons de décrire, et voir l'hypo-

Fig. 38. Coupe au niveau de la partie supérieure

de la protubérance.

. 1 faisceaux nerveux des voies pyramidales; 2, 2', faisceaux transversaux sclérosés.

SUR UNE LÉSION SYSTÉMATISÉE DU CERVELET. 361

glosse serpentant au voisinage de l'olive dégénérée, sans pré-

senter lui-même aucune trace d'altération, La coupe 2 permet

de suivre tout le trajet intra-bulbaire de l'hypoglosse depuis

son origine apparente jusqu'à son noyau ventriculaire dont la

figure 38 montre l'intégrité absolue. Nous aurons à revenir plus

loin, quand nous tenterons l'interprétation des symptômes sur

cette intégrité absolue de la douzième paire, coexistant cepen-

dant avec le tremblement de la langue et les troubles de la

parole. Le même contraste se retrouvait dans un cas décrit par

par Meynert.

Sur une coupe au niveau de la partie moyenne de la

protubérance, on est frappé ici encore par 1 a sclérose des fibres

transversales, fortement colorées, circonscrivant des espaces

dans lesquels se trouvent les fibres normales qui sont au pied

du pédoncule.

Si nous jetons un coup d'oeil d'ensemble sur les lésions que

nous avons décrites sur nos coupes successives du bulbe et de la

protubérance, nous pouvons les résumer ainsi : sclérose des

pédoncules cérébelleux moyens et des olives inférieures.

Les dégénérescences bulbo-protubérantielles consécutives

aux lésions cérébelleuses sont depuis longtemps connues. En

1872, M. Pierret' a publié un cas type d'atrophie cérébelleuse,

accompagné d'un examen microscopique de la protubérance

et du bulbe. Ce cas et celui que nous publions ici offrent tant

au point de vue clinique qu'au point de vue anatomo-patholo-

gique de trop nombreuses analogies pour ne pas tenter de les

rapprocher. Dans les deux cas, à la lésion cérébelleuse, étaient

associées la sclérose des pédoncules cérébelleux moyens et des

olives. Une série de travaux nous a renseignés sur la destina-

tion des fibres des pédoncules cérébelleux moyens : on ne les

considère plus comme des commissures réunissant deux points

opposés de l'écorce des hémisphères; l'expérimentation (Mar-

chi 2, etc.) et l'anatomie pathologique des cas où la lésion était

localisée à une moitié du cervelet, nous les montrent franchis-

sant la ligne médiane, pour se terminer dans les cellules ner-

veuses qui remplissent les couches antérieures de la protubé-

rance. Dans son premier article sur l'atrophie cérébelleuse, et

1 Pierret. Note sur un cas d'atrophie périphérique du cervelet avec

lésion concomitante des olives bulbaires. (Arch. de Physiol., 1872.)

1 Archives italiennes de biologie, t. XVII, p. 190.

36'2 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

plus récemment dans la thèse d'un de ses élèves 1, M. Pierret a

longuement insisté, sur la disparition de ces cellules nerveuses

comprises à l'état normal entre les fibres des pédoncules céré-

belleux moyens; ces cellules disparaissent également dans les

vieilles lésions descendantes des voies pyramidales. Leur situa-

tion sur le trajet des fibres cérébelleuses et des pyramides, et

cette double trophicité empruntée à la fois au cervelet et au

cerveau, tendraient à faire admettre que leurs fonctions sont

en rapport à la fois avec ces deux organes, qu'elles leur ser-

vent probablement d'intermédiaire. Cette hypothèse de M. Pier-

ret, basée sur l'anatomie pathologique, s'accorde bien avec ce

que nous savons de la physiologie du cervelet : on tend de

plus en plus à la considérer comme un organe lié à la motricité,

et à lui refuser un rôle sensitif, contre lequel plaide l'extrême

rareté des troubles de ce genre dans les lésions cérébelleuses.

Les expériences de Flourens2 et de Lussana qui en faisaient

le centre coordinateur des mouvements ou le régulateur

de l'équilibre locomoteur, celles plus récentes de Luciani3, qui

le considèrent comme le centre du tonus musculaire, ne nous

apprennent rien de précis sur la voie par laquelle s'exerce cette

coordination ou ce tonus. L'hypothèse que la communication

entre ces deux grands systèmes se fait au niveau des cellules

grises de la partie antérieure de la protubérance est suffisante :

plus on. remonte vers ces parties supérieures, plus on voit

augmenter l'intrication des fibres verticales ou pyramidales

avec les transversales ou cérébelleuses : c'est la continuation

de processus de connexion cérébelleuse avec le système pyra-

midal, mettant en relation la masse du cervelet avec les con-

ducteurs émanés du système cérébral.

Enfin, dans notre observation, comme dans celle de M. Pier-

ret, il y avait sclérose des olives. Les relations des olives et du

cervelet sont bien connues et aujourd'hui indiscutables : leur

lésion a été décrite en détail dans l'observation de M. Pierret ;

nous ne reproduirons pas cette description analogue à la nôtre

il a seulement trouvé quelques corps cellulaires ratatinés, tan-

1 Brosset. Contribution à l'élude des connexions du cervelet. Thèse

de Lyon, 1890.

2 Recherches expérimentales sur les propriétés et les fonctions du

système nerveux. 2" édit. Paris, 1842.

' Luciani. Linee generali della fisiologia del cervelletlo. (Riv.

sperim. di med. leg. NI 1-2, 1881.)

SUR UNE LÉSION SYSTÉMATISÉE DU CERVELET. 363

dis que dans notre cas il n'en restait aucune trace. On sait que

les olives dégénèrent dans les lésions atrophiques du cervelet ;

ce rapport est encore confirmé par l'expérimentation qui a per-

mis de constater la sclérose des olives après ablation du cerve-

let. La question devient moins nette quand il s'agit de préciser

exactement la voie et la nature de ce rapport. On connaît la

théorie de Meynert' et Huguenin 2 qui fait passer par les olives

et relayer dans leur substance grise, les fibres qui se rendent

des corps restiformes, aux cordons postérieurs. Edinger n'ad-

met comme prouvées que les fibres décrites entre les olives et

les corps restiformes, restant sur la réserve pour les préten-

dues fibres allant des cordons postérieurs à l'olive : elles ne

feraient que la traverser sans entrer en connexion avec elle.

Schwalbe, Flechsig, Marchi, battent en brèche la théorie de

Meynert et Huguenin, et Bechterewa, tout en admettant que les

olives sont des organes destinés à recueillir les sensations tac-

tiles pour les transmettre au cervelet, ne s'accorde pas avec

Meynert sur le point où se fait le croisement de ces fibres; il

pense qu'il a lieu plus haut, dans le cervelet. En somme,, si un

fait reste bien établi, c'est le rapport entre une moitié du cer-

velet et l'olive du côté opposé, le trajet des fibres qui les

relient est encore discuté. Nous affirmons seulement la parfaite

intégrité de la couche interolivaire postérieure du raphé. Or,

précisément, cette intégrité, mise en opposition avec l'atrophie

des pédoncules cérébelleux moyens, la disparition des riches

amas cellulaires antérieurs de la protubérance et la présence

de tractus de sclérose cloisonnant la pyramide dans le sens

antéro-postérieur, permet de se demander si nous n'avons pas

là, tout tracé, le trajet qui relie normalement le cervelet aux

olives, trajet que la lésion aurait simplement souligné. Dans

cette hypothèse, que l'examen anatomique du cas que nous

publions parait autoriser, c'est par les pédoncules cérébelleux

moyens et non par les inférieurs que se ferait la communica-

tion entre le cervelet et les olives et les amas cellulaires dissé-

minés dans la partie antérieure de la protubérance serviraient

de relai ou d'intermédiaire entre ces deux organes.

1 Meynert. Striclcer's 7/aMHtMMcA. Bd XII, p. 768.

2 Huguenin. Anatomie des centres nerveux. Trad. Keller. 1879.

3 Bechterew. Rapports fonctionnels des olives inférieures avec le

cervelet et leur rôle dans le maintien de l'équilibre. (Arch. für die

gesammle Physiol. XXIX, 257.)

364 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

Un dernier fait que nous tenons à signaler au point de vue

anatomo-pathologique, c'est l'intégrité des olives supérieures,

à l'inverse des olives bulbaires. 11 était naturel de supposer

qu'elles forment avec le corps trapézoïde et les nombreuses cel-

lules dont nous parlerons plus haut, un système de connexion

cérébelleuse et pyramidale. Nous n'avons rien trouvé dans la

littérature au sujet des connexions des olives supérieures éclai-

rées par l'anatomie pathologique. Il semblerait d'après notre

cas qu'elles sont indépendantes du système cérébelleux, mais,

d'après ce fait unique, nous ne voulons rien conclure. Edin-

ger1 admet que les olives supérieures sont entourées par des

fibres émanées du corps restiforme du même côté, mais on ne

sait pas s'il s'agit d'une terminaison partielle ou d'une simple

contiguïté. Les rapports de l'olive supérieure avec les noyaux

d'origine de l'auditf et de l'oculo-moteur externe, nerfs qui ont

leur importance dans la' statique du corps, nous expliquent

mieux le rôle que joue ce petit centre dans le maintien de l'é-

quilibre.

De. nombreuses coupes ont été partiquées sur la moelle :

elles ne présentaient absolument rien d'anormal, aussi nous

avons jugé inutile de les reproduire ici. Ainsi donc tous les phé-

nomènes de sclérose en plaques, que nous faisions remarquer

en terminant l'exposé de l'observation clinique, ne relevaient

d'aucune lésion médullaire, et c'est à la lésion cérébelleuse

seule ou aux lésions secondaires qui en dépendent qu'il faudra

demander compte de leur production.

Les mêmes analogies que nous avons trouvées au point de

vue anatomique entre le cas publié par M. Pierret et le nôtre,

se retrouvent sur le terrain de la clinique. Dans les deux cas,

longue durée de la maladie; titubation cérébelleuse et mala-

dresse des membres supérieurs; troubles de la parole; nys-

tagmus dans un cas, dans l'autre, troubles oculaires qui pour-

raient se rapporter au fonctionnement des muscles de l'oeil;

convulsions et raideurs tétaniques persistantes se produisant

par accès ; tremblement semblant avoir lieu surtout à l'occa-

sion des mouvements volontaires; phénomènes douloureux à

la nuque dans un cas, dans l'autre céphalalgies; mais sensibi-

lité intacte et absence de troubles trophiques; symptômes

bilatéraux et sensiblement symétriques pendant toute l'évolu-

1 Edinger. Anatomie des centres nerveux. Traduction Siraud, 1889, r

p. 207.

SUR UNE LÉSION SYSTÉMATISÉE DU CERVELET. 365

tion de la maladie. Nous allons rapidement passer en revue

les principaux symptômes et tenter leur interprétation. Cette

revue sera basée sur une vingtaine d'observations de sclérose

actuellement connues.

Tout d'abord la titubation cérébelleuse et la maladresse des

membres supérieurs pouvaient être prévues a priori. Ces

symptômes d'incoordination sont communs à toutes les lésions

cérébelleuses (ramollissement, tumeur, etc.), et nous les

retrouvons dans la plupart des cas de sclérose. Dans son Traité

de diagnostic des maladies de l'encéphale, où sont colligés les

cas d'atrophie jusqu'en 1883, Nothnagel * s'attache à montrer

la fréquence de ce signe et à en relever la trace même dans les

observations qu'on cite habituellement comme des arguments

contradictoires, parce que les troubles moteurs n'y sont pas

suffisamment mis en relief. Quatre observations d'atrophie,

celles d'Otto 2, de Fischer de Verdelle '* et de Lallement font

exception à la règle, mais dans la première il y avait simple-

ment diminution de volume de l'organe, sa structure normale

étant conservée; dans la deuxième, l'absence d'examen micros-

copique pourrait légitimer une réserve analogue; dans la troi-

sième, les incurvations rachitiques des membres empêchaient

l'incoordination de se montrer; dans la quatrième, enfin, le

vermis et un hémisphère étaient sains, ils pouvaient suffire à

la coordination et Nothnagel cite précisément ce cas comme'

venant à l'appui de sa thèse sur la latence des lésions des hémis-

phères. A ces rares exceptions près et quelle que soit d'ailleurs

l'interprétation qu'on leur donne, il n'en reste pas moins

démontré que la titubation et l'incoordination figurent au rang

des symptômes les plus constants de l'atrophie cérébelleuse.

Il n'y a là rien qui ne cadre avec ce que l'expérimentation

nous a déjà appris (Flourens, Lussana, Luciani), aussi n'insis-

tons-nous pas.

Le vertige est beaucoup moins fréquent; il constitue, avec

les troubles de la vue et le vomissement, une triade sympto-

matique, fort connue dans les affections du cervelet, mais seu-

lement dans celles qui, par l'augmentation de volume qu'elles

' Traité de diagnostic des maladies de l'encéphale. Trad. Keraval,

p. 3 et suiv.

1 Otto. Arch. für Psych. und Nervezlcranklz., t. IV et VI.

' Fischer. Id., t. V.

' Verdelli. Rivista clinica, 1874. Alaggio.

366 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

entraînent, restreignent la capacité de la cavité cranienne, et

peuvent exercer une action à distance sur le centre bulbaire du

vomissement, le nerf optique ou le sinus caverneux. Pour le

vertige en particulier, sa rareté dans les lésions de déficit pures,

comme l'atrophie, où sont si marqués les troubles de la coordi-

nation, montre l'indépendance relative de ces deux^symptômes.

La même réflexion s'applique aux phénomènes doulouréux

(céphalalgie, douleur de la nuque, etc.) moins fréquents que

dans les autres affections du cervelet. La malade de M. Pierret

avait de fréquents maux de tête; ils sont notés dans le cas de

Schultze 1 ; la malade de Seppili 2 avait une douleur fixe à la

nuque, cette douleur de la nuque se retrouve dans le cas de

Menzel3 et dans le nôtre où elle aurait duré plus de huit ans.

Dans les autres observations, ces phénomènes douloureux

étaient absents ou non mentionnés.

Quant aux troubles de la sensibilité proprement dite, nous

en avons trouvé mention seulement dans l'observation de

M. Pierret : « La malade se.plaignait de ne pas bien sentir ce

qu'elle tenait. » Dans toutes les autres observations, l'état de

la sensibilité n'était pas mentionné, ou bien, et c'est le cas

pour la plupart, il est dit expressément qu'elle était normale

(cas de Combette4, Diiguet 3, Andral0, Menzel7, Brosser et

le nôtre), ou même d'une finesse extrême (Seppili). Il n'y a

rien là qui doive nous surprendre; l'anatomie pathologique

nous montre que le système sensitif, relégué qu'il est en

arrière dans le bulbe et la protubérance, n'affecte pas de rela-

tions avec le système cérébelleux.. Ses fibres sont dissociées

par de nombreuses fibres venant du cervelet et se rendant direc-

' Schultze. Ueber einen Fall von KleinhÙ'nschwund mit Degene-

rationen im verlangerten .1larke MK6< .Mc/fMM : <M ? (Virchow's Arch.

Bd CVIII, 1887.)

2 Seppili. -- Sopra caso della atrophia del cerveletlo. (Riv. suer. di

frenialria, 1879.)

3 llienzel, - Beitrag zur Kenntniss der hereditaren, ataxie und

Menzel. B<K'<rN zMr sur Psychiatrie, t. XII, 1890.)

/eMt/Kf7tob'op/tM. (rcA. /Mr Psyc/tMt'e, t. XII, d890.)

. Combette. Journal de Physiologie de Magendie, 1831.

E Duguet. - Bulletin de la Société Anatomique. Mai et janvier 1862.

8 Andral. Clinique médicale. Appendice, p. 37.

Menzel,. - Loc. cit.

8 Brosse ! . Sclérose et atrophie du cervelet. (Lyon médical,

20 avril 1890.)

SUR UNE LÉSION SYSTÉMATISÉE DU CERVELET. 367

tement à la partie antérieure de la protubérance, mais elles

n'ont probablement avec elles que des rapports de contiguïté.

Nous avons déjà dit plus haut quels adversaires avait rencon-

tré la théorie de Meynert et Huguenin : quelle que soit la solu-

tion anatomique qu'on donne à cette question, l'ancienne

théorie de Pourfour du Petit qui faisait du cervelet le siège du

sensorium commun et l'aboutissant des cordons postérieurs

n'est plus soutenable depuis longtemps. Le cervelet apparaît

de plus en plus comme lié aux fonctions motrices.

Il nous reste maintenant à étudier une série de symptômes

beaucoup moins communs dans la pathologie cérébelleuse, à

tel point que, de par leur rareté, de par leur fréquence dans

les lésions d'autres points de l'axe encéphalomédullaire, ils

sont plutôt propres, dit Nothnagel, à faire repousser le dia-

gnostic d'une lésion cérébelleuse qu'à mettre sur sa voie. Or,

nous avons rencontré quelques-uns de ces symptômes dans

plusieurs observations de sclérose cérébelleuse; ils se trouvaient

à peu près tous réunis dans l'observation que nous publions;

et, d'autre part, leur fréquence dans la sclérose en plaques,

les erreurs de diagnostic auxquelles ils peuvent donner lieu,

légitiment, croyons-nous, la place que nous leur donnons dans

cette revue. '

Le tremblement, par exemple, se trouve signalé dans l'obser-

vation de M. Pierret, où il était tel que la malade ne pouvait

pas se servir d'une canne. Le malade de Meynert offrait des

tremblements oscillatoires à l'occasion des mouvements volon-

taires. Même constatation chez celui d'Andral, chez le nôtre,

chez celui de Schultze qui en offrait des traces. Dans quelques

observations, il est dit que ce tremblement avait lieu à l'occa-

sion des mouvements volontaires; dans la nôtre il semblait

plutôt continu, mais seulement dans les derniers temps de la

maladie. Il n'y a donc pas de caractère particulier qui puisse le

faire distinguer de celui de la sclérose en plaques. Sa patho-

génie n'est peut-être pas bien différente de celle attribuée au

tremblement dans cette dernière affection; dans l'une et l'autre

il s'agit de conducteurs nerveux cheminant au milieu d'un

tissu de sclérose, que cette sclérose soit disséminée en îlots, ou

qu'elle soit tout entière condensée sur la vaste commissure qui

traverse les voies pyramidales.

Dans quatre observations, nous trouvons des altérations de

la motricité du globe oculaire; strabisme bilatéral dans le cas

368 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

d'Andral; dans le cas de Menzel les yeux, dont les mouvements

pouvaient s'effectuer dans tous les sens, se tournaient invinci-

blement à droite; enfin, dans le cas de Seppili et dans le

nôtre, nystagmus, nouvelle analogie avec la sclérose en

plaques'. -

Pour compléter cette analogie, mentionnons l'exagération

des réflexes tendineux et les raideurs tétaniques, le premier

symptôme noté dans les observations de Seppili, de Schultze,

de Menzel, et la nôtre, le deuxième dans celles de Pierret et la

nôtre, où il s'était accompagné, dans les derniers temps, d'une

trépidation épileptoïde très facile à obtenir

Nous abordons l'étude d'un signe qui est pour ainsi dire

caractéristique de la sclérose dans les lésions du cervelet : les

troubles de la parole 3. Nous avons retrouvé ces troubles, si

nets chez notre malade, dans les cas suivants :

Combette : parole difficile et bégayée;

Duguet : « les lèvres et la langue tremblent quand la malade

est pour parler, à peu près comme chez les paralytiques géné-

raux » ;

Meynert * : balbutiement extrême sans que l'intelligeuce

soit notablement troublée;

Huppert6 : parole hésitante émise par saccades successives;

Verdelli : son malade n'a commencé à parler que tardive-

ment ; il bégaie ;

Seppili : parole tremblante;

Pierret : embarras de la parole ;

Schultze : a troubles très prononcés de la parole. Les mots

étaient prononcés lentement et en hésitant, avec une articula-

tion indistincte. Ce n'était pas cependant un type net de parole

scandée; ce n'était pas non plus la parole qu'on observe dans

l'atrophie du noyau de l'hypoglosse D ;

' Parmi les affections du cervelet, l'atrophie ne paraît pas être la

seule qui ait le privilège de s'accompagner de nystagmus. M. Caussade

a présenté en 1889 à la Société analomique, une tumeur du cervelet qui

avait provoqué ce symptôme.

' V. Prince. Boston med. Journal, 26 mai 92. Tumeur du cervelet

avec exagération des réflexes.

3 V. cependant libhler (trav. analysé in R. des Sc. méd., 1891). Kyste

hydatique du cervelet avec troubles de l'articulation.

* Meynert. Wien. med. Jahrbuch., 1861.

* Huppert. Arch. f. Psych. u. Nervenkrankheilen, t. VII,

p. 98-123.

SUR UNE LÉSION SYSTÉMATISÉE DU CERVELET. 369

Menzel : parole pénible, scandée, interrompue, comparable

à celte d'un homme qui aurait de violentes douleurs abdomi-

nales ; les mots sont brusquement émis, mais chaque mot est

très nettement articulé.

Brosset : le malade ne prononce que des mots mal articulés,

des sons lentement émis et fait entendre presque continuelle-

ment une sorte de grognement. Dans ce dernier cas, évi-

demment, la parole se rapprochait davantage de celle qu'on

note dans la paralysie glossolabiée; mais on vient de voir que

dans plusieurs cas elle était scandée, émise par saccades, rappe-

lant bien plus celle de la sclérose en plaques. Ajoutons que

dans plusieurs de ces cas on a fait un examen microscopique

de la protubérance et du bulbe; les noyaux du plancher du

4e ventricule, hypoglosse compris, ont été reconnus sains dans

les cas de Pierret, de Meynert et le nôtre; on ne trouvait non

plus rien à noter dans le trajet intrabulbaire du nerf. On peut

se demander, puisque ces symptômes sont inconstants malgré

leur fréquence, s'ils n'offriraient pas une indépendance rela-

tive vis-à-vis de la lésion cérébelleuse, et s'ils ne seraient pas

dus à un facteur concomitant : les altérations des olives. En

effet, les cas où les troubles de la parole étaient les plus mar-

qués sont précisément ceux où on a noté une altération de ces

petits centres (Pierret, Schulze, Menzel, nous-mêmes); dans

les deux cas de Combette et de Verdelli, on note les troubles

de la parole coexistant avec l'atrophie du cervelet, du bulbe et

de la protubérance, et on peut présumer que les corps olivaires

étaient aussi atrophiés. De pareilles constatations, si elles ne

rencontraient pas d'arguments contradictoires, tendraient à

nous ramener, en partie au moins, à la théorie de Schroeder

van der Kolk sur les olives : se fondant surtout sur des ana-

logies de structure, il les considérait comme des cervelets

accessoires, en rapport avec l'hypoglosse, le facial et le triju-

meau, jouant pour les nerfs de l'articulation des sons un rôle

coordinateur analogue à celui que joue le cervelet pour les

autres mouvements du corps. Cette théorie ne saurait tenir

devant les progrès des localisations corticales, mais une suppo-

sition plus vraisemblable est celle qui, refusant aux olives tout

rôle dans l'exercice physiologique de l'articulation des mots,

accorderait à leur lésion, par simple action de voisinage, un

rôle perturbateur de cette fonction. Cette deuxième hypothèse

rencontre des objections sérieuses, d'abord dans l'intégrité

Archives, t. XXVI. 24

370 ANATOMIE PATHOLOGIQUE

absolue des noyaux et des racines de l'hypoglosse, ensuite

dans les cas comme celui de Lallement' où la sclérose bien

nette d'une olive ne s'accompagnait pas de troubles de la

parole, comme celui de Vulpian, cité par Laborde 2, ou une

atrophie des pyramides antérieures s'accompagnait d'une sclé-

rose manifeste des olives, et cependant la parole était restée

parfaitement nette jusqu'à la mort de la malade. A citer encore

contre cette théorie les cas où il y avait troubles de la parole

sans altération des olives, ou du moins sans que cette altéra-

tion soit mentionnée : il est vrai que ce dernier argument,

d'ordre négatif n'a pas une grande valeur : le cas de Meynert

est d'ailleurs le seul de cette catégorie qui soit suivi d'un examen

microscopique du bulbe. Il serait peut-être prématuré de con-

clure, mais il n'y a provisoirement aucun inconvénient à ratta-

cher les troubles de la parole au cervelet lui-même, organe

coordinateur, et à faire cadrer les données nouvelles avec le

rôle que lui ont prêté Luys et Jaccoud : on peut le faire avec

d'autant plus de probabilité que dans les cas connus jusqu'ici

de troubles de l'articulation avec sclérose olivaire, il y avait

toujours sclérose concomitante du cervelet. Nous tenons bien

à faire remarquer ce rapport entre la sclérose de l'organe et la

dysarthrie qui ne se rencontre qu'à titre exceptionnel dans les

autres affections du cervelet, comme s'il s'agissait d'une pro-

priété spéciale à l'écorce cérébelleuse.

Dans cette revue rapide des symptômes de la sclérose céré-

belleuse et des lésions bulbo-protubérantielles qui l'accom-

pagnent, où nous nous proposions surtout de mettre en relief

les ressemblances que présentait notre observation avec les

cas jusqu'ici connus, nous avons dû forcément passer sous

silence un dernier symptôme inconnu jusqu'ici, très nettement

mentionné dans notre observation, et sur lequel nous désire-

rions appeler l'attention : le tremblement des cordes vocales.

Dans le travail antérieurement publié par l'un de nous dans

les Annales des maladies de l'oreille et du larynx, nous ratta-

chions ce symptôme à la sclérose en plaques, et nous arri-

vions même à le considérer comme à peu près spécial à cette

maladie. Cette conclusion trop affirmative était en partie

' Lallement. Bulletin de la Société anatomique. Avril 1862.

2 Laborde. Traité élémentaire de physiologie, p. 165. Nous n'avons

pu trouver l'indication bibliographique exacte de cette observation de

Vulpian.

SUR UNE LÉSION SYSTÉMATISÉE DU CERVELET. 371 1

motivée par la grande analogie symptomatique qu'offrait notre

observation avec la sclérose en plaques, en partie par les tra- ' 1

vaux antérieurs que nous avions pu rassembler à ce sujet dans' r

la littérature. Les quelques cas aujourd'hui connus où ce symp-

tôme a été rencontré se rapportent à peu près tous à des

observations de sclérose multiple du cerveau et de la moelle,

recueillies en Allemagne par des cliniciens de valeur indis-

cutable. '

La rareté des documents et l'état encore embryonnaire de

la question ne nous encombreront pas d'un long historique.

Nous devons à Leube1 la première mention de ce symptôme.

En décrivant trois cas de sclérose en plaques accompagnés de

troubles laryngés, il en cite un où, à l'examen laryngoscopique

on constatait que les cordes pouvaient parfaitement se juxta-

poser ; mais la glotte ne restait pas longtemps fermée ; elle

présentait des alternatives de tension et de relâchement. L'au-

teur n'insiste, pas davantage sur ce phénomène, et il faut arriver

au mémoire de Loeri (deBudapesth), sur les maladies du larynx

dans leurs rapports avec les affections générales pour retrouver

une description détaillée du symptôme et un essai d'interpré-

tation de sa pathogénie. Il s'agissait de deux cas de sclérose en

plaques qui n'ont pas reçu, il est vrai, le contrôle de l'autopsie.

Lorsqu'on priait le malade d'émettre une note, on voyait se

produire, au moment de la fermeture de la glotte, de légers

mouvements oscillants des cordes vocales. Ces oscillations res-

semblaient à de très petites secousses fibrillaires. Le malade ne

pouvait pas tenir le son longtemps, et était obligé de faire une

brusque et bruyante inspiration qui montrait à son début des

mouvements oscillants des cordes. En raison de la production

de ce tremblement à l'occasion des mouvements volontaires du

larynx et de son absence pendant le repos des cordes, en rai-

son de sa coexistence avec les symptômes de la sclérose en

plaques. Lôri l'assimile volontiers au tremblement intentionel

des membres, caractéristique de cette affection. Récemment

Krzvwicki' donnait la relation d'un cas de tremblement des

cordes vocales observé chez une malade qui présentait tous les

signes rationnels de la sclérose multiple. L'observation n'était

pas accompagnée d'autopsie.

1 Leube. Deutsche Arch. f. Klinische Medicin, 1870 et 1871.

' Krzysvicki. Intentionstremor der Slimmbauder. Anal, in Cen-

tralbiait für Medicin. Il isseîzschart. 1892. -

3 : 71 ANATOMIE PATHOLOGIQUE

Mais ce tremblement des cordes vocales n'a pas été décrit

uniquement dans la sclérose en plaques. Hermann Krausel l'a

vu dans la chorée, alors que les cordes ne présentaient pas de

grands mouvements, analogues aux mouvements choréiques,

comme on aurait pu le supposer a priori. Il signale également

un-cas de paralysie saturnine avec tremblement des cordes qui

coïncidait avec une parésie des adducteurs.

Enfin Herbert R. Spencer 2 a décrit sous le nom de nystag-

mus pharyngo-laryngien, un cas singulier de tremblement des

cordes vocales, chez une jeune fille qui présentait depuis

quinze mois les signes d'une tumeur cérébelleuse (nystagmus

oculaire, vertige intense, céphalée occipitale, constipation,

vomissements, tendance à la chute en arrière ou sur le côté).

Le, constricteur supérieur du pharynx, le voile et ses piliers

étaient agités de mouvements isochrones à Ceux des yeux et

très.rapides (180 environ par minute), tellement évidents que

l'auteur a pu les enregistrer avec un appareil analogue au

sphygmographe. La malade présentait des mouvements aussi

nombreux des aryténoïdes, s'écartant et s'éloignant alternati-

vement 1.'un de l'autre. Dans l'inspiration calme, l'élargissement

était interrompu par ces contractions. Quand la glotte se fer-

mait,.les, cordes parallèles et fixées l'une contre l'autre restaient

très légèrement agitées jusqu'à ce que la patiente se remit à

respirer. Lepouls battait àlOOpar minute, coïncidence qui peut

s'expliquer, comme on l'a fait remarquer, par une lésion du

noyaurdu spinal qui contribue simultanément à l'innervation du

coeur et à celles des muscles pharyngo-laryngés. La patiente a

été suivie pendant deux mois; les mouvements ont toujours

persisté. Nous trouvons ici, comme dans notre cas, un tremble-

ment, continu; il ne semble pas d'après la description de Spen-

cer que ces. oscillations soient exagérées par les mouvements

du.larynx; dans notre cas nous n'avons pu faire aucune cons-

tatation de ce genre : bien que notre attention ait été attirée

sur ce. sujet, nous n'avons pu surprendre aucune exagération

à l'occasion des mouvements du larynx : il y a là quelque

chose de plus qu'un tremblement intentionnel. Dans ces deux

cas ils ne présentaient pas une fréquence identique ; ils étaient

au moins trois fois plus nombreux dans le cas de Spencer : de

' Krauseï Travail analysé in Journal of Laryngology, juillet 1888.

2 Herbert R. Spencer. Lancet du 9 oct. 1886 et 10 oct. 188f. Plia-

ryngeal and laryngeal nystagmus.

SUR UNE LÉSION SYSTÉMATISÉE DU CERVELET. 373

plus il y avait eu à un moment donné chez notre malade para-

lysie des thyro-aryténoïdiens; le reste de l'observation offre

dans les deux cas de grandes dissemblances; enfin, l'absence

d'autopsie, et, partant, de tout examen microscopique"au

bulbe, empêche de tirer de cette observation tout le profit

qu'elle semble permettre.

Nous n'avons pas la prétention de donner ici une interpré-

tion pathogénique de ce nouveau symptôme, d'autant plus -que

la diversité des affections dans lesquelles on l'a rencontré (cho-

rée, intoxication saturnine, tumeur cérébelleuse), interdit de

lui reconnaître dans tous les cas une cause identique. En ! ce

qui concerne la sclérose en plaques, on peut, en l'assimilant'au

tremblement intentionnel, comme l'a fait LOri, invoquer pour

éclaicir sa pathogénie l'interprétation du tremblement habituel

dans cette maladie, à savoir « la longue persistance des cylin-

dres axiles, dépouillés de leur enveloppe de myéline, au sin

des foyers sclérosés » et la transmission irrégulière et sacr I-

dée des mouvements volontaires à travers des cylindres axes

dénudés'. Dans la sclérose cérébelleuse on est autorisé à

une explication différente, légitimée par l'étude des lésions

secondaires de la protubérance. L'atrophie des pédoncules céré-

belleux moyens, la disparition des nombreuses cellules ner-

veuses qui les mettent normalement en relation avec les fais-

ceaux pyramidaux, la lésion en un mot de cette commissure

qui rattache le cervelet, organe coordinateur, aux voies de con-

duction motrice en céphalo-médullaires, peuvent parfaitement

expliquer le tremblement, plusieurs fois signalé dans la mala-

die qui nous occupe, comme elles expliquent les troubles de

l'équilibre, etc. Cette interprétation générale du tremblement

dans les affections cérébelleuses nous parait applicable à celui

des cordes vocales, bien que nous n'ayons pu saisir la voie par

laquelle s'opère à l'état normal la coordination de leurs mou-

vements, ni découvrir la trace de sa lésion. '

Si nous jetons maintenant un coup d'oeil rétrospectif sur les

faits que nous avons signalés dans cette étude, nous voyons

qu'on peut rencontrer réunis dans la sclérose cérébelleuse l'exa-

gération des réflexes, les raideurs tétaniques, les trépidations

épileptoïdes, le tremblement, le nystagmus, les troubles de la

parole, bref tous les symptômes habituels de la sclérose en

plaques : ordinairement isolés ou au nombre de deux ou trois,

1 Charcot. Leçons sur les maladies du syst. nerveux, t. I, p. 267.

374 RECUEIL DE FAITS.

comme c'est le cas dans plusieurs observations, ces symptômes

peuvent se présenter au grand complet, le fait que nous

publions en est la preuve. Il est des cas où rien dans ce trem-

blement, ce nystagmus, ces troubles de la parole, ne peut

déceler de différences avec le tremblement, le nystagmus ou les

troubles de la parole de la sclérose en plaques. Le diagnostic

ne peut se baser que sur la recherche des signes concomitants

de l'affection cérébelleuse; or les plus connus, tels que les

symptômes douloureux (céphalalgie, etc.), le vomissement,

les troubles de la vue et de l'ouïe, manquent dans l'atrophie,

qui ne s'accompagne d'aucun retentissement à distance, par

augmentation de la pression intra-cranienne : il ne reste donc

que la titubation et les troubles de la coordination qui puissent'

mettre sur la trace de cette sorte de sclérose en plaques d'ori-

gine cérébelleuse.

Nous croyons inutile de résumer sous forme de conclusions

les quelques faits mis en lumière dans ce travail; nous nous

sommes seulement proposé, après avoir apporté notre contin-

gent à l'anatomie pathologique des lésions bulbo-protubéran-

tielles qui accompagnent l'atrophie cérébelleuse, d'insister sur

les difficultés de son diagnostic, et de faire connaître le

symptôme nouveau révélé par l'examen laryngoscopique.

RECUEIL DE FAITS

PERVERSIONS SEXUELLES A FORME OBSÉDANTE;

Par MM. François BOISSIER et GEORGEs LACHAUX,

Internes à l'Asile clinique (Sainte-Anne).

I.

Souvent les tribunaux ont jugé des hommes qui avaient

publiquement ou devant des personnes déterminées exposé

leurs organes sexuels. Parmi ces accusés, les uns manifeste-

ment inconscients étaient acquittés, d'autres jouissant ou

paraissant jouir du libre exercice de leurs facultés, étaient

PERVERSIONS SEXUELLES A FORME OBSÉDANTE. 375

indistinctement condamnés. Ainsi se passaient autrefois les

choses. '

Le cas de ces délinquants n'inspira aucun écrit jusqu'à

Lasègue, qui leur donna le nom d'exhibitionnistes. Plus tard

les recherches et les travaux de M. Magnan ont complètement

élucidé et défini cette étude. Le mémoire de Lasègue fait

l'histoire de catégories très diverses de malades, groupées en

commun sous la même dénomination. De simples érotomanes

obstinément postés, mais sans aucune manifestation impudique

sur le chemin de certaines femmes, y prennent place à côté

de déments séniles, de paralytiques généraux, d'épileptiques

même, ayant, pour la plupart, très inconsciemment outragé la

pudeur.

Dans le même ouvrage, enfin, nous rencontrons, signalé

pour la première fois,' un nouveau type pathologique bien plus

intéressant et que le maître regrette d'avoir trop longtemps

méconnu, Il est frappé de la forme obsédante et impulsive; de

l'irrésisdbititè du délit commis par des individus dont l'intel-

ligence conserve son activité et dont la moralité générale est

bonne. Il y a un trop éclatant contraste entre l'aspect raison-

nable de l'inculpé et l'absurdité du fait accompli.

e L'instantanéité, le non sens reconnu par le malade de son

« acte, l'absence d'antécédents génésiques, l'indifférence aux

« conséquences qui en résultent, la limitation de l'appétit à

a une exhibition qui n'est jamais le point de départ de lubriques

« aventures; toutes ces données imposent la croyance à la ma-

« ladite. » L'histoire qui précède ces lignes dans le travail de

Lasègue, est celle d'un jeune homme intelligent, instruit, hon-

nête et d'éducation soignée, qu'un étrange désir entraîne dans

des endroits spéciaux, et une fois dans une église, ou devant

des femmes qui prient il étale silencieusement la nudité

de ses organes génitaux. L'auteur ne signalait pas tous les

caractères de l'état d'obsession, mais il admettait l'un d'eux,

l'impulsion ; il ne reconnaissait pas l'incompatibilité logique

de pareils événements avec la santé psychique et cependant ce

dernier accusé et d'autres encore furent abandonnés par lui à la

sévérité des magistrats. Il ne croyait pas à l'annulation com-

plète de la volonté en présence de l'intégrité des facultés de

l'esprit. Il y a donc une lacune dans l'exercice des fonctions

cérébrales de tels hommes. C'est M. Magnan qui en a donné

' Magnan. Recherches sur les centres nerveux. Paris, 1893.

376 RECUEIL DE FAITS.

l'explication dernière. Il a éclairci le mécanisme de cette ano-

malie ; et depuis lors, nombre de malheureux ont été sauvés

de l'emprisonnement 1.

Le processus de cette aberration est identique à celui des

actes symptomatiques de tous les dégénérés obsédés. Le malade

subit les mêmes angoisses que l'onomatomane à la poursuite du

mot, que le dipsomane, que le coupeur de nattes et que leurs

autres congénères. L'action répréhensible est précédée pareille-

ment de la pénible mais inutile lutte avec soi; elle est suivie

aussi d'un égal apaisement.

Même anxiété douloureuse, mêmes infructueux efforts, pour

repousser l'implacable envie de découvrir ses organes génitaux.

Vaincu enfin, le malade cède, rempli de honte, mais entière-

ment et profondément soulagé. Tout le combat se livre et la

défaite arrive devant le contrôle lucide, mais impuissant de la

conscience.

Le calme n'est donc reconquis qu'au prix de cet acte si simple

et si bête, mais dont l'attrait incompréhensible, irréfléchi,

prend des proportions énormes au point de faire endurer les

tortures d'un désir affreusement impérieux. Il exige la détente

sous peine de souffrances morales intolérables. « Cette perver-

sion de l'appétit sexuel, dit notre maître, est tellement obsé-

dante et pressante, qu'elle s'émancipe de l'influence modé-

ratrice des centres supérieurs pour arriver à l'acte irrésis-

ci tible'. p C'est donc bien un des «stigmates psychiques j, un

des éléments qui caractérisent le cortège symptomatique de

la dégénérescence. C'est le signe qui dénote chez le malade

une hérédité morbide certaine. L'exhibitionnisme peut être

accompagné chez le même sujet d'autres phénomènes mentaux

analogues, d'autres fois, à lui seul, il doit laisser craindre ulté-

rieurement l'éventualite d'autres désordres.

Ou bien encore comme pour les autres troubles de cet ordre,

l'accident est demeuré latent, existant en puissance, et semble

dans ce cas avoir attendu, pour éclore, l'intervention d'une

cause déterminante. Celle-ci pourra être le surmenage, les

intoxications et toute la série des provocations secondaires.

c C'est ainsi que l'acte réprimé par des efforts, devient irrésis-

tible par un appoint alcoolique 2. Ce dernier mode est assez

fréquent. Les exhibitionnistes dont nous parlons appartiennent

1 Magnan. Op. cil.

2 Magnan. Loc. cil.

PERVERSIONS SEXUELLES A FORME OBSÉDANTE. 377

donc au groupe des héréditaires syndromiques de M. Magnan.

A ce point de vue, l'observation qui suit nous a paru démonstra-

tive.

Joseph B..., âgé de trente-deux ans, est de taille moyenne, un

peu maigre, mais régulièrement constitué et assez robuste. La

figure est osseuse, les arcades zygomatiques saillantes. Les oreilles

très écartées et désourlées n'affectent pas des proportions exagérées.

Le nez est assez effilé, le regard doux, inquiet et indécis. Une barbe

et des moustaches d'un châtain clair, régulièrement distribuées et

bien fournies, encadrent des lèvres minces. Le front est bas sous une

chevelure dense. La face présente un léger degré d'asymétrie.

Les tares nerveuses abondent dans les antécédents héréditaires

de Bo... Le père, mort phtisique, était intelligent et rangé, mais

d'un caractère emporté. Un oncle paternel est mort vésanique. La

mère était un type de déséquilibration mentale. Migraineuse,

inégale, d'une émotivité anormale, elle était la victime de toutes

sortes d'obsessions et de craintes imaginaires. Une envie insatiable

de connaître par le détail les affaires d'autrui et la tendance à

s'immiscer à tout ce qui ne la concernait pas, faisaient d'elle une

voisine insupportable. Elle avait conscience de son indiscrétion,

mais elle ne pouvait s'en défendre. Exagérée dans ses sentiments

affectifs, elle était torturée par la peur qu'il n'arrivât malheur à

son fils ainé, dès que celui-ci la quittait; et les heures qu'il consa-

crait à ses travaux extérieurs étaient pour elles remplies d'angoisses.

Vers la ménopause survinrent des accès de dipsomanie dont elle

souffrit cruellement. De tout temps elle avait eu des intervalles de

découragement et de tristesse sans motifs. Plus tard, enfin, à un

âge déjà avancé, une endocardite rhumatismale favorisa l'éclosion

d'un véritable délire mélancolique, et elle mourut à Ville-Evrard.

Une tante maternelle du malade est morte à l'asile de Vaucluse

après un long internement. Un frère utérin sujet à des attaques

convulsives, s'est volontairement noyé. Un autre frère, l'aîné, est

d'une intelligence remarquablement vive et pénétrante, mais d'une

activité très méticuleuse et très scrupuleuse. Artiste distingué,

auteur d'un ouvrage technique estimé, il recherche volontiers les

débats et les polémiques en matière d'art ou de politique. Il

prend à coeur dans les réunions publiques la poursuite des revendi-

cations qu'il croit justes. Les images optiques et la mémoire visuelle

présentent chez lui une intensité d'impression et de durée très

puissante, qui ont pour une grande part, dit-il, contribué à ses-

succès professionnels.

Notre malade paraît, au contraire, avoir toujours eu une intelli-

gence beaucoup moins ouverte et moins judicieuse. C'est avec

peine qu'il a appris à lire, son écriture est restée défectueuse; une

idée abstraite demeure difficilement fixée dans sa mémoire. Il

378 RECUEIL DE FAITS.

déclare que, étant enfant, même après de sincères efforts, ses

leçons étaient toujours mal sues. Comme son frère aîné, mais à un

moindre degré, il possède une heureuse aptitude pour la percep-

tion et la fixation des couleurs, de la forme et des caractères exté-

rieurs des objets. Aussi a-t-il aisément appris le métier de dessina-

teur, qu'il exerce avec habileté.

Le caractère de Joseph B... est perplexe et instable. Il n'estjamais

bien où il se trouve. Il persévère peu dans ses entreprises, démé-

nage à tout propos. Pour remédier à son indécision habituelle, il

recherche sans cesse l'avis des autres; aussi devient-il facilement

Je jouet des inlluences bonnes ou mauvaises de son entourage. Il se

rend facilement comple de ses défauts et s'avoue heureux de trou-

ver, dans l'énergie éclairée de son frère, un appui moral dont il ne

saurait se passer. Noire homme n'est ni dipsomane, ni ivrogne,

mais il n'a jamais osé repousser les propositions des camarades

qui parfois l'ont poussé à boire avec excès, et tendent à abuser de

la facilité avec laquelle il se laisse entraîner au plaisir.

Le langage de Joseph B... est assez correct, mais il a une ten-

dance marquée à dénaturer sans raison les faits qu'il raconte. Il

s'attribue parfois des actes de son frère, qu'il admire beaucoup, et

exagère volontiers les mérites de celui-ci. Enclin à la tristesse avec

paroxysmes passagers, il a toujours été sensible et émotif; il pleure

facilement; ses yeux deviennent humides à la vue d'une personne

qui verse des larmes, et il se contraint visiblement pour ne pas en

faire autant. Malgré ces points défectueux, il vit assez largement

du produit de son travail ; ses patrons, d'ailleurs, se montrent satis-

faits de son ouvrage et ne se plaignent que de son inexactitude.

Les cinq années que le malade a passées sous les drapeaux se

sont écoulées paisiblement sans le moindre incident. D'autre part,

aucune extravagance ne lui a valu la défiance de ses proches ni de

ses amis.

Le 3 mai 1892, Joseph B... entre à Sainte-Anne dans le service

de M. Magnan. Il vient d'être arrêté pour avoir, au jardin des Tui-

leries, exhibé ses organes génitaux devant deux dames. Il parait

très inquiet et profondément attristé de cette mésaventure. Un

peu effrayé au début de notre interrogatoire, il finit par faire d'un

air très piteux le récit de son méfait. « C'est trop bête, conclue-t-

il, mais je ne puis m'en empêcher. »

Se rassurant peu à peu sur notre compte, il décrit les angoisses,

les « transes » qu'il a éprouvées au moment où, saisi par le désir

d'ouvrir son pantalon, il a fait d'inutiles efforts pour repousser

cette idée. Dans divers entretiens, nous apprenons des délails sur

l'existence antérieure du malade. « Il n'en est pas, hélas ! à son

premier exploit... Pas plus que les autres fois, il n'a eu la pensée

de pousser plus loin les choses avec ces deux femmes; aucune cir-

constance ne l'y invitait; rien chez elles ne devait le tenter. »

PERVERSIONS SEXUELLES A FORME OBSÉDANTE. 379

B... n'agit pas en effet aiguillonné par les arriérés d'une trop

longue continence. Il vit depuis longtemps maritalement et en très

bonne intelligence avec une jeune femme qui, de son propre aveu,

le satisfait pleinement. Sa vigueur génésique, très normale, ne

réclame aucun subterfuge pour se donner carrière. La tentation

est subite et semble naître de toutes pièces, comme le montre la

dernière affaire.

Le malade flânait seul aux Tuileries, deux femmes à pas lents

marchaient vers lui. Depuis un moment il les voyait et restait-

indifférent. Mais soudain il ressent un malaise, qu'il connaît déjà.

Envahi par une formidable envie de montrer sa verge à ces dames,

il hésite d'abord, il cherche à se reprendre et veut changer de

direction. Le désir à chaque instant plus puissant, paralyse ses ten-

tatives. Bien qu'il J,'éprouve in situ aucune incitation fonctionnelle,

il subit l'influence d'une attraction générale étrangement pénible.

Une angoisse croissante étreint sa poitrine. Il sait que malgré lui

il succombera. Ses tempes battent; un tremblement le secoue, la

sueur perle àson front, sa respiration devient plus courte et sacca-

dée. Cependant les femmes l'atteignent et le dépassent, sans qu'il

ait encore fait aucun geste. Mais l'obsession est à son comble et

trouble toutes les facultés du malheureux; elle absorbe toutes ses

forces. Enfin, impulsivement emporté par elle, il passe devant les

femmes, se jette sur un banc et étale au grand jour ses organes

génitaux.

Aux tortures de tout à l'heure, succède immédiatement un apai-

sement immense. Mais les deux personnes effarouchées poussent

les haut cris, les passants s'attroupent, les gardes arrivent, B... est

arrêté...

En 1891, pour un fait pareil et accompli dans des circonstances

prèsque identiques, le malade a déjà fait un long séjour à l'Admis-

sion de l'Asile clinique. Le petit drame avait eu lieu dans une rue

peu fréquentée servant de passage à quelques femmes.

Grâce àla confiance toutà fait conquise, nous pouvons apprendre

encore d'autres exhibitions de notre patient; mais celles-ci sont

demeurées inconues. Sur une grande route, un jour, il voit venir à

lui une dame et lui montre sa verge sans rien dire... Combien de

fois a-t-il commis le même méfait ? « Une quinzaine de fois à peu

près. » Voici la relation de son accident textuellement écrite par B...

lui-même (l'orthographe seule est rétablie).

« Quand ça me prend je ne peux résister, je ne sais pourquoi, je

me sens troublé et je tremble resserré dans l'estomac. Dimanche

matin je me suis trouvé dans le jardin des Tuileries. Quand ça m'a

I,ris, je voyais trouble et je n'ai pas pu résister de me mettre sur un

banc et de me débrailler. Quand le garde m'a arrêté, il m'a mis en

présence de deux dames qui ont dit me reconnaître pour leur avoir

montré mes parlies et on m'a mené chez le commissaire, et on m'a

380 RECUEIL DE FAITS.

reproché que j'avais fait voir mes parties et envoyé au Dépôt. Je ne

sais pas combien de fois ça m'est arrivé au juste. Une fois dans une

rue j'ai aperçu une dame, je ne voulais as me déboutonner, et quand

j'ai été près d'elle, je l'ai fait. »

Ces lignes ont été écrites par B... le jour même de son arrivée à

l'Asile clinique. II était encore alors dominé par la crainte d'une con-

damnation judiciaire. Une savait s'il devait voir en nous des agents

de l'instruction ou des médecins; aussi hésitait-il entre une réti-

cence prudente et le désir de paraître peu conscient et même amné-

sique, ce dont il était bon de tenir compte. Mais vite rassuré par

notre attitude et bien fixé sur la nature bénévole de notre rôle, il

n'a plus épargné les détails sur les péripéties de ses malheureuses

luttes contre l'impulsion.

Nous devons observer qu'il a pu à diverses reprises, dans des

périodes où son équilibre mental était meilleur, se soustraire, non

sans souffrir, au dénouement habituel de ses aventures. Mais cette

dernière fois, pour son malheur, « l'appoint alcoolique » ne faisait

pas défaut. B... s'était laissé entraîner, les jours précédents, à boire

des quantités d'absinthe qui, selon son expression, l'avait a énervé

davantage ».

L'attitude de B... dans le service a été assez correcte. Abattu et

découragé pendant la première semaine, il assistait cependant les

infirmiers dans leurs occupations, et a vite repris son assiette ordi-

naire. Son caractère reste perplexe, inégal. Il lit, dessine un peu,

se montre docile et doux, mais il s'inquiète toujours de la durée

de son traitement. II a peur qu'on ne le garde longtemps à l'asile,

nous accable de questions au sujet de sa sortie. Quand son frère le

visite, il le harcelle de la même manière et le supplie de demander

au médecin son certificat de départ si impatiemment attendu.

Son état est d'ailleurs satisfaisant, et les portes lui seront bientôt

ouvertes. Son sommeil est bon, son appétit régulier. Rien d'anor-

mal dans ses idées ou tendances n'imposent pour lui un plus long

séjour.

Cette histoire demande peu de commentaires. Elle montre

avec netteté l'obsession dans ses quatre phases : invasion

subite du désir ; lutte douloureuse et angoissante ; acte irrésis-

tible ; soulagement complet. Elle est suggestive aussi, au même

titre que celles des onomatomanes , au point de vue de l'oppo-

sition frappante entre l'insignifiance etl'absurdité du fait et les

proportions débordantes de l'envie de l'exécuter. Il est à

remarquer en effet que, -aucun appétit de copulation, aucune

' Charcot et Magnan. De l'Onomatomanie (Archives de Neurologie,

1892), et Magnan, Recherches sur les centres nerveux, 2e série. Paris,

1893.

PERVERSIONS SEXUELLES A FORME OBSÉDANTE. 381

excitation génésique ne se produit chez notre malade. Il ne

cherche pas comme le font d'autres exhibitionnistes, à « se

frotter n, pas plus qu'à se masturber, ni à se procurer un

spasme érotique. Il se « débraille et c'est tout.

Il n'est pas sans intérêt aussi de noter que, sauf des élé-

ments défectueux du caractère, et quelques indices physiques

il n'existe pas chez B... d'autres manifestations typiques de

dégénérescence. Il n'a pas eu d'autres formes d'obsessions; il

n'a jamais ébauché la moindre conception délirante, il n'est

sujet à aucune superstition, à aucune «phobie ». Dans la

sphère génitale même, pas d'autres tendances bizarres. Ses

rapports sexuels avec sa maîtresse ne comportent ni exigences

contre nature, ni appétits exagérés. Le cas est d'une grande

simplicité. L'exhibition existe seule et son mode d'évolution

dans l'espèce, suffit symptomatiquement pour permettre d'af-

firmer à une hérédité pathologique chargée. Elle doit de plus

laisser redouter pour le malade l'imminence possible d'autres

troubles épisodiques, s'il ne se tient en garde contre les causes

capables de leur donner carrière. Pendant son séjour dans nos

salles, l'isolement, les douches, un régime tonique, la régula-

rité constante de la vie intérieure, en un mot l'hygiène phy-

sique et le traitement moral persévérants ont ramené chezB...

un état plus égal et plus stable. Mais cette équilibration acquise

aura pour se maintenir besoin d'un certaine protection. La

durée et la solidité en sera inversement proportionnelle au

nombre et à l'intensité des chocs et des influences nocives qui

peuvent revenir à la charge, dans le tourbillon de l'existence

extérieure. Le meilleure source de sécurité pour B... serait de

demeurer sous la domination ferme et calme d'une autre intel-

ligence mieux harmonisée que la sienne.

II.

Le second malade que nous avons suivi, présente avec le

même caractère obsédant et impulsif, un autre genre de per-

version. Il s'est livré à des actes de bestialité. M. Magnan a

brièvement cité le cas de cet homme dans ses Recherches sur

les centres nerveux (p. 31). Nous avons relevé et reproduisons

in extenso son observation.

« On voit, dit M. Paul Moreau (de Tours)', traduire en justice

' Paul Moreau de Tours. Des aberrations du sens génésique.

382 RECUEIL DE FAITS.

pour outrage public à la pudeur des gens surpris à polluer

des chiens, des brebis, des vaches ! ... » Ces faits sont pourtant

moins fréquents que le précédent dans la littérature psychia-

trique ; c'est dans les ouvrages de médecine légale (Tardieu)

que l'on en rencontre le plus grand nombre. Encore sont-ils

envisagés à des points de vue très divers. Le livre que nous

venons de citer fait une étude générale mais courte de cette

déviation sexuelle. Dans un très intéressant historique, l'au-

teur rappelle les actes de bestialité consacrés aux rites anti-

ques de certains mystères païens, et fait mention des mons-

tres, tels que le minotaure, dont la mythologie attribue la

naissance à des accouplements contre nature, provoqués par

la jalouse colère de Vénus. Nous ne trouvons pourtant pas

d'allusion à l'origine des satyres, issus d'après les mêmes

légendes des amours monstrueuses des bergers avec leurs

chèvres dans les solitudes boisées d'yeuses des montagnes de

la Grèce et du Latium. Mais revenons à nos malades. Ecartons

d'abord tous les faits imputables à l'idiotie, à l'épilepsie, aux

obtusions intellectuelles en général, que l'on trouve abon-

damment dans les travaux des médecins légistes. Rappelons,

en passant, l'atroce férocité des lois du moyen âge, qui

tuaient et brûlaient les gens inculpés de bestialité ; examinons

seulement les dégénérés lucides coupables de tels actes.

Leur histoire clinique et psychologique est encore la même

que celle de autres syndromiques. La forme angoissante et

implacable de l'acte n'a pas échappé à M. Moreau, de Tours.

La perversion génilale, dit-il, poussée à son summum, en-

chaîne, annihile la liberté morale... Il y a désharmonie, anar-

chie véritable entre les diverses puissances intellectuelles, et

l'impulsion devient irrésistible. Mais l'auteur n'insiste pas

sur les tentatives de défense, les efforts de répulsion du ma-

lade contre la tentation qui le harcelle. Les phases du début,

son évolution douloureuse paraissent pourtant être des carac-

tères importants. Ils permettent de classer plus aisément les

faits, de les déterminer et de leur assigner dès l'abord le cadre

auquel ils appartiennent. 0

Jules T... a trente-cinq ans. Il est le fils d'un père ivrogne.

Le caractère de la mère était des plus bizarres. D'un aspect

anxieux et affaissé, elle traversait de longues périodes de décou-

ragement, sans qu'aucune circonstance ait pu donner raison à

ces accès de tristesse. Elle se plaignait habituellement de tout et

PERVERSIONS SEXUELLES A FORME OBSÉDANTE. 383

surtout d'elle-même. Scrupuleuse à l'excès, elle vivait avec la per-

pétuelle crainte de n'avoir pas suffisamment accompli ses devoirs

religieux; aussi par instants se livrait-elle avec un acharnement

inquiet et superstitieux à la pratique de ses dévotions. Plus désé-

quilibrée encore sur ses vieux jours, elle se montre terrorisée à

l'idée qu'après sa mort, sa fille (déjà une femme) sera seule au

monde et pourra devenir très malheureuse. Aussi se propose-t-elle

d'empoisonner celle-ci avec du phosphore pour lui éviter cet aban-

don. Ce projet n'eut heureusement, pas de suite et elle mourut peu

de temps après. ' .

J. T...n'a jamais eu ni maladie grave, ni convulsions, ni troubles

nerveux reconnus pendant sou enfance. Son développement s'est

régulièrement accompli. Dès qu'il a pu, il a déployé une activité

assidue aux travaux des champs. Son entourage n'a jamais remar-

qué en lui aucune excentricité, aucune bizarrerie capable d'éton-

ner personne. Cependant, de son propre aveu, il a été, dès son

enfance et à plusieurs reprises, tourmenté par une incompréhen-

sible envie de s'accoupler avec des animaux : à neuf ans, se trou-

vant seul à l'étable, il a eu des relations sexuelles avec une poule ; -.

à treize ans avec une génisse; à dix-sept ans enfin avec une

ânesse. Plus tard il a connu les femmes. Cet événement semble

avoir pour un temps modifié ses instincts, les obsessions font trêve,

ou plutôt, s'il en conserve encore de sensibles vestiges, il arrive

aisément à les dominer. A vingt ans, il se marie, toujours résistant

bien à toutes les tentations bestiales. Rien d'anormal ne se mani-

feste dans sa conduite, sauf quelques exigences originales dans ses

rapports conjugaux, mais dont sa femme ne paraît pas s'être

beaucoup effarouchée. Il ne montrait d'ailleurs ni animosité ni

colère quand ses demandes irrégulières étaient repoussées.

Mais à vingt-sept ans un incident survient qui fait entrer dans

une nouvelle phase l'histoire pathologique de J. T... Il commence

à boire, y prend goûl, et voit sous l'influence de cette habitude se

réveiller son ancien penchant relatif aux animaux. Il repousse

encore faiblement les premières atteintes. Mais très vite le mal

reprend toute sa violence, et le terrasse encore dans les circons-

tances dont voici les détails : Le malade devait un jour amener au

bouc, dans un village voisin, une sienne chèvre; il l'avait étendue

dans un tombereau qu'il conduisait lui-même, assis sur une planche.

La présence de cette chèvre allant au mâle lui causait un vague

malaise, augmenté par la solitude de la route longue et déserte,

et qui fait place à un furieux désir d'avoir des rapports avec la

bête. L'envie prend dès le premier instant une intensité inouïe.

Il cherche d'abord à se défendre, il essaie de penser à autre chose ; i

il a peur de lui-même, il accélère la marche du cheval. Mais la ten-

tation est si affreuse qu'il sent sa volonté s'égarer. Il lâche les

rênes et se cramponne au bord du tombereau pour résister

384 RECUEIL DE FAITS.

encore. Les violents battements de son coeur l'ébranlent tout entier,

sa poitrine « se resserre 2, douloureusement. « Il sent qu'il est tout

pâle. » A ce trouble général s'ajoute une excitation génésique.

Il est en érection. La situation devient tout à fait intolérable. A

hout d'efforts il se .couche au fond de la charrette, et, non sans

peine, arrive à ses fins.

Nous lui demandons comment il peut, étant en puissance de

femme céder à ce penchant pour les animaux. Il ne sait pourquoi.

Cette fatale envie le saisit sans qu'il puisse y réfléchir, et devient

tout de suite trop forte. » Il ajoute d'ailleurs que des sensations

plus voluptueuses que celle des rapports licites accompagnent ces

accouplements monstrueux. « Oh ! certainement, dit-il, c'était

plus fort. » Tous ces méfaits sont restés inconnus et T... n'en a

jamais parlé à personne. Sa femme et ses camauades les ignorent.

Il a eu le bonheur de n'être jamais surpris, et ce n'est pas ce qui

l'a conduit à l'Asile clinique.

Jules T... a continué à s'alcooliser, et progressivement cet abus

a donné essort à divers troubles dont l'hérédité avait préparé la

base. Les épisodes se succèdent. T... a maintenant trente-cinq ans;

après quelques périodes d'anxiété, d'insomnie, de cauchemars, il

vient d'entrer dans un état tout à fait délirant, et arrive à l'Admis-

sion le 29 décembre 1891.

Depuis quelque temps il est particulièrement dégoûté de la vie

et a fait une toute récente tentative de suicide. Il se croit coupable

de méfaits importants, mais dont il ne se rend pas bien compte.

Il se sent poursuivi par la justice. c Les gendarmes le recherchent,

la guillotine est prête... »

... « Les bonapartistes, les cléricaux, aussi bien que le parti

« ouvrier, tous le condamnent parce qu'il est indigne.. » Le sou-

venir de ses actes de bestialité demeure très net, ils sont pour une

grande part dans les turpitudes qui attirent sur lui la juste colère

de tout le monde. « On a dû apprendre qu'il les avait commis. »

11 les déplore d'autant plus qu'il ne pouvait s'en empêcher.

Les phénomènes se transforment au mois de mars et prennent

le caractère d'un délire polymorphe. Le malade entend la voix de

sa mère, morte depuis longtemps; on l'appelle, on l'injurie.

En avril, sans perdre son anxiété, il devient ambitieux, sa per-

sonnalité subit des métamorphoses, il est « le fils naturel de Dieu ».

Il est hanté par des idées de sorcellerie, parle de la « bande noire

invisible qui tourmente les hommes. » En mai, T... passe dans un

autre service et nous l'avons perdu de vue.

Cette observation nous montre encore bien clairement le

même stigmate psychique : l'obsession irrésistible, permettant

d'affirmer à première vue l'existence de l'hérédité morbide,

que vient confirmer encore l'histoire des antécédents, et lais-

PERVERSIONS SEXUELLES A FORME OBSÉDANTE. 385

sans pronostiquer l'invasion éventuelle de nouveaux troubles

épisodiques. Notre malade, comme on l'a vu, n'a pas échappé

à ceux-ci. '

L'acte est différent de celui du premier malade, mais le mé-

canisme est identique. Les malades de M. Moreau (de Tours)

ont dû semblablement exprimer leurs souffrances' : « Des faits

« ont pu être imputés, dit l'auteur, à des individus parfaite-

« ment responsables, au premier abord, et qui pour toute

« excuse alléguaient... une cause inconnue, mais impulsive,

« irrésistible instantanée, à laquelle ils succombaient malgré

« eux fatalement.

« Cherchant avec soin les antécédents de ces individus, on

« trouverait bien vite dans leur histoire, une hérédité impla-

« cable qui pesait sur eux. » Ce court passage contribue aux

mêmes conclusions, et témoigne de la réalité de ces données

que M. Magnan a définitivement mises en lumière, et dont il

a édifié la théorie.

Dans l'évolution oppressive et pénible de ce débat dont l'in-

hibition de la volonté va croissant et que termine l'inévitable

chute chez des hommes maîtres en apparence de leur intelli-

gence, n'y a-t-il pas un intérêt psychologique 2 bien plus vif,

une importance légale bien plus délicate, que dans l'acte stu-

pide du dément ou du paralytique qui attentent à la pudeur dans

le hasard d'un geste sans but ou pour montrer des « organes

qu'ils croient en ors ». N'y a-t-il pas pas plus d'intérêt aussi que

dans l'appétit lubrique, têtu et irraisonné de l'idiot, étranger

à toute morale, ignorant des conséquences de ses actes, et plus

aussi que dans l'impulsion tout aveugle et brutale de l'épilep-

tique si purement automatique et machinale, qu'elle ne laisse

même pas au malade le moindre souvenir de son passage.

La foule enfin, indulgente aux inconscients qu'elle peut par-

fois reconnaître, ne manque pas de se montrer féroce dans son

indignation et sa vindicte contre les malheureux dégénérés,

d'apparence raisonnable, qu'elle est incapable de juger. Ces

malades pourtant n'ont-ils pas, autant que les autres, plus

même, en raison de la conscience qu'ils conservent, droit non

pas au blâme et à la vengeance, mais à la compassion et aux

1 Cette phrase tirée de l'ouvrage déjà cité s'y trouve non au chapitre

Bestiatilé, mais au chapitre Profanation de cadavres.

= Ribot. Mal. de la volonté, p. 78.

2 Ritti. Dict. des sciences médicales. Article : Exhibitionnistes .

Archives, t. XXVI. 25

386 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE

soins rationnels '. On n'a pas d'exemples que des prévenus

réellement responsables aient simulé cet état qu'ils ne soup-

çonnent pas.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE

XL. SUR LES THÉORIES PHYSIOLOGIQUES ACTUELLES DE l'ÉPILEPSIE A

PROPOS DES DOCTRINES DU Dr HUGHLINGS Jackson ; par le Dr Jules

CHRISTIAN (traduction par le Dr Me. Dowall). (The Journal of Mental

Science. Janvier 1891.)

La question de la nature de l'épilepsie attend encore sa solution

précise. Après avoir brièvement résumé les théories de Marshall

Hall et de Brown-Séquard, M. Christian rappelle que depuis les

travaux de Ferrier, il faut, sans dépouiller la moelle de la fonction

que lui attribuait Marshall Hall et Brown-Séquard, reconnaître que

celte fonction ne lui appartient pas exclusivement et qu'elle ne

possède pas seule le pouvoir de provoquer des convulsions épilep-

tiques. Et cela étant, on est immédiatement amené à se demander

s'il y a une différence entre les convulsions d'origine corticale et

les convulsions d'origine médullaire, et pourquoi on voit appa-

raître tantôt les unes, tantôt les autres.

C'est ce qu'a essayé de préciser Hughlings Jackson. Pour lui, le

système nerveux central se compose de trois plans superposés repré-

sentant chacun un degré supérieur d'évolution, et contenant cha-

cun un groupe de circonvolutions cérébrales.

Le plan inférieur est formé par la moelle, la moelle allongée et

la protubérance : il correspond aux mouvements les plus simples

du corps en général; à ce plan appartiennent aussi le cervelet et

la région postérieure du cerveau. Le plan moyen est constitué par

1 Un autre malade Pierre G..., vingt-cinq ans, vigneron, est entré à

l'Admission de Sainte-Anne en février 1893. Il avait, dans les mêmes con-

ditions que Jules T ? eu des rapports avec une ânesse et une chèvre,

trois ans avant l'éclosion du délire mélancolique anxieux qui a nécessité

son placement à l'Asile. Peu de jours avant son internement, G... avait

fait une tentative de suicide et entre autres mutilations volontaires, cher-

chait avec acharnement à s'arracher les bourses. Nous ne pouvons mal-

heureusement publier in extenso cette observation, car la mort du

malade au surlendemain de son admission ne nous a pas permis de

nous procurer des documents d'une exactitude suffisante.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE 387

la région rolandique de l'écorce cérébrale et les ganglions du corps

strié : il est le lien d'origine des convulsions épileptiformes. Le

plan supérieur est formé par les lobes préfrontaux; il renfermeles

centres moteurs les plus élevés, et c'est lui qui préside à l'épilepsie

proprement dite.

Mais après avoir précisé le lieu d'origine des accidents convulsifs,

M. Hughlings Jackson s'efforce aussi d'en expliquer le mécanisme ;

et reprenant l'idée ancienne de Schroeder van der Kolk qui com-

parait l'attaque épileptique à la décharge d'une bouteille de Leyde,

il pose comme principe que tous les phénomènes nerveux sont dus

à une décharge nerveuse, c'est-à-dire à la mise en liberté de

l'énergie des éléments nerveux : cette décharge accompagne la

fonction nerveuse normale; c'est seulement dans les cas anormaux

que la décharge prend la forme explosive et donne lieu aux con-

vulsions. Ainsi dans l'épilepsie, la convulsion indique une certaine

instabilité pathologique de certaines cellules corticales, quelle que

soit d'ailleurs la lésion qui provoque cette instabilité. La décharge

d'une cellule se propage aux cellules voisines, à la manière d'une

trainée de poudre, qui s'enflamme, et suivant que cette propaga-

tion s'étend plus ou moins loin, les convulsions sont plus ou moins

limitées, plus ou moins généralisées. On sait que l'explication

adoptée par Gowers est très analogue à celle que propose Hugh-

lings Jackson.

Mais M. Christian fait observer que si par « décharge nerveuse »

on entend, comme Spencer, la « simple mise en liberté de l'éner-

gie des éléments nerveux, » on fournit une explication qui n'ex-

plique rien, et on se borne à indiquer, avec d'autres termes, un

mécanisme qui nous échappe. Mieux vaut donc s'attacher à d'autres

points de l'histoire de l'épilepsie : le reproche commun que fait

M. Christian à Marshal Hall, à Brown-Séquard, à Hughlings Jack-

son, à Gowers, c'est de ne voir dans l'épilepsie que la convulsion

qui n'en est pas le signe pathognomonique, puisqu'elle fait défaut

dans le vertige, dans « l'absence . Ce signe pathognomonique, il

faut le chercher dans la perte de conscience, soudaine et complète,

qui accompagne toutes les manifestations épileptiques, et sans

laquelle il n'y a pas d'épilepsie. Cela étant, ce n'est pas dans les

territoires cérébraux qui président au mouvement, mais dans ceux

qui président à la sensibilité et à l'intelligence qu'il faut chercher

le siège de l'épilepsie, et c'est ainsi qu'on est amené à la localiser

dans la partie antérieure des hémisphères cérébraux, conclusion

qui coïncide absolument avec celle de Hughlings-Jackson, mais à

laquelle, comme on le voit, M. Christian a été conduit par des

voies très différentes.

Suivant que l'ictus épileptique reste limité à ces territoires, ou

que son action se propage, on observe telle ou telle modalité de

l'épilepsie : dans 1' c absence », par exemple, la région hémisphé-

388 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE

rique est seule atteinte, et la maladie s'éteint sur place. Dans le

4 grand mal au contraire le trouble physiologique s'étend aux

organes oui président au mouvement, à la moelle, aux centres

psycho-moteurs, et l'étendue des phénomènes convulsifs et la variété

des formes et des symptômes dépendent de la diversité des centres

envahis et du degré de l'envahissement. Dans le vertige, les phé-

nomènes ressemblent à ceux du somnambulisme, de certains états

de rêve, de l'ivresse alcoolique; ce sont enfin ceux qui se mani-

festent après l'ablation des hémisphères cérébraux chez un ani-

mal : les centres locomoteurs de la moelle entrent en activité, et

exécutent, sans le contrôle du cerveau, les mouvements plus ou

moins compliqués qui leur sont habituels.

En un mot, dit M. Christian, on ne saurait trop répéter que,

dans l'épilepsie, c'est le cerveau qui est primordialement et essen-

tiellement affecté, et les troubles moteurs ne sont que consécutifs

et secondaires. Faut-il aller plus loin dans l'interprétation de ces

phénomènes obscurs ? L'auteur du moins pense que cette tentative

serait prématurée, et que, en ce qui touche la cause prochaine de

l'épilepsie, la seule réponse que nous puissions faire est un aveu

d'ignorance. R. DE iiIUSGRAVE-CL.1Y.

XL1. UN cas DE FOLIE avec STUPEUR CONSÉCUTIVE A l'hypnotisme

provoqué; par M. J. NOLAN. (The Journal of Mental Science, jan-

vier 1891.)

Ce cas est intéressant à plusieurs titres : d'abord il démontre

que les pratiques hypnotiques ne sont pas toujours aussi inof-

fensives que l'on s'est plu à le dire; il est remarquable en outre :

10 par la longueur inusitée de la période de stupeur, durant

laquelle la volition et la conscience étaient partiellement anéanties,

et le sujet absolument irresponsable de ses actions; 2° par le carac-

tère inaccoutumé des hallucinations; 3° par la tendance au sui-

cide ; 4° par le caractère rebelle de l'insomnie. R. M. C.

XLII. Un cas DE PERVERSION sexuelle ; par le Dr URIUD.1RT. (The

Journal of Mental Science, janvier 1891.)

Ce cas est assez banal au point de vue de la pathologie mentale,

car il est absolument conforme à la description donnée parKraft-

Ebbing ; mais il est intéressant au point de vue médico-légal, car

les magistrats, chaque fois qu'ils ont devant eux un malade de ce

genre, sont fort embarrassés. En effet, il est difficile, sinon impos-

sible, d'interner dans un asile des sujets de cette catégorie en les

déclarant aliénés; si on les acquitte, ils ne tarderont pas à se

mettre en état de récidive (on sait que la loi anglaise, à l'inverse

de la loi française qui ne punit que l'attentat ou l'outrage publie

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE 389

à la pudeur, est très sévère sur ce point) ; dans le cas dont il s'agit,

le magistrat a, non sans hésitation, appliqué la peine d'un an

d'emprisonnement avec travail forcé. M. Urquhart fait remarquer,

avec raison, que, prononcée contre un malade de cette sorte, une

condamnation est peut-être une solution, mais qu'elle ne constitue

pas précisément le meilleur des modes de traitement.

R. M. C.

XLIII. PSYCIIOSE ET fièvre typhoïde; par Klinke. (Cent1'albl, f. Ner

venheilk. N. F. III, 1892.)

Epidémie de seize cas. Chez les premiers malades, la èvre

typhoïde exerça une influence heureuse sur l'état mental, puis elle

aggrava l'état psychique, et la psychopathie reparut comme devant.

C'est ce qui se passa ensuite chez les autres patients. P. K.

XLIV. DE LA GENÈSE ET DU SUBSTRATUM ANATOMO-PATHOLOGIQUE DU

DÉLIRE DE GRANDEURS DANS LA PARALYSIE PROGRESSIVE ; par S. KoRN-

FELD et G. BIKELES. (Allg. Zeitsch. f. Psychiat., XLIX, 3.)

La cause du délire des grandeurs, c'est une lacune du jugement

commune à bien des hommes, mais exagéréedans la paralysie géné-

rale, en vertu de laquelle l'individu ne se rend pas bien compte de

la multiplicité des efforts qu'exige un projet déterminé et de la

série de travaux préparatoires, des plans subordonnés auxquels il

doit être astreint pour mener à bien ce qu'il veut faire. La netteté

de l'exacte corrélation des choses manque à l'intelligence. L'imagi-

nation intervient alors; elle embrouille la conception et supprime

les facultés d'analyse. Les troubles de la mémoire et de l'éducation

empêchent enfin l'utilisation efficace et légitime d'éléments

certains.

Le paralytique est, en outre, très suggestible ; aussi tient-il des

propos contradictoires; il amalgame à son délire des idées tout à

fait différentes, parce qu'il supprime l'enchaînement logique. Il

rêve tout éveillé.

L'insomnie, fréquente chez lui, entretient un état de faiblesse

irritable des facultés conceptuelles qui supprime la digestion

psychique et la portée du jugement. Puis, il n'est pas rare qu'un

accès de manie par suractivité mentale nourrisse ou provoque de

nouvelles idées de grandeurs.

Cet ensemble de symptômes est dû. à un trouble de la circulation

de la lymphe cérébrale. De là des troubles de nutrition des cellules

nerveuses, des modifications de l'innervation des fibres d'association

et des centres physiologiques.

Etude comparative du mécanisme de l'euphorie (le malade se

S90 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE

croit bien portant parce qu'il est en démence), du mécanisme du

délire de grandeurs (qui amène surtout de l'annihilation du juge-

ment), du mécanisme de la forme dépressive. Quatre observations.

P. K.

XLV. Rapport MÉDICO-LÉGAL motivé SUR l'état mental DE L'EXPÉDI-

TIONNAIRE C. Fer. A. KRUEGFR, par A. RICHTER. (Allg. Zeitsck.

f. Psychiat., XLIX, 3.)

Héréditaire dégénéré; vésanie chronique caractéristique.

P. K.

XLVI. CRIME ET FOLIE chez la FEMME; par P. NOECKE (AU. Zeitsck.

f. Psychiat., XLIX, 3.)

REVUE DE pathologie mentale 391

Les réhabilitations des criminelles qui étaient aliénées au mo-

ment de l'acte délictueux s'imposent. Ceci fait, on agira à leur

égard, même en ce qui concerne la sortie, comme à l'égard de

toute aliénée. P. KERAVAL..

XLVII. CONTRIBUTION au diagnostic anatomique DE la paralysie

GÉNÉRALE PAR L'ÉTAT ANATOMO-PATHOLOGIQUE DE LA MOELLE; par

B. SCHLESINGER, (Centralbl. f. Nervenheilk. NF. III, 1892.)

Observation de manie suraiguë ; évolution foudroyante en

quatre semaines. Autopsie. Dégénérescence marginale du faisceau

pyramidal. Après une étude critique approfondie, l'auteur tend à

croire à l'existence d'une myélo-méningite diffuse primitive, ou

plutôt il croit que l'ensemble symptomatique a été l'effet simul-

tané d'un seul et même agent nocif. La paralysie générale serait

l'effet non de la forme de lésions matérielles, mais de leur consti-

tution chimique. P. K.

XLVIII. UNE NEUROPSYCHOSE PÉRIODIQUE entée SUR UNE HYSTÉRIE

dégénérative; par W. S. GREIDENBERG. (Centralbl. f. Nervenheilk.

NF. III, 1892.)

Dégénérescence héréditaire ; long isolement; excès bachiques et

vénériens; hystérie avec accès périodiques de troubles nerveux et

psychiques complexes associés. Perversion du sens génital (obses-

sions). P. K.

XLIX. La diathèse DE la paralysie générale; par G. R.-WILSON.

(The journal of Mental science, janvier 1892.)

Le mot « diathèse » n'est peut-être pas très rigoureusement appli-

cable à la conception de M. Wilson relativement à la paralysie

générale. Son intention dans ce travail est d'insister sur l'impor-

tance, dans la genèse de cette maladie, des tendances héréditaires :

« Peut-être, dit-il, peut-on aller jusqu'à reconnaître une diathèse

« de la paralysie générale, une tendance organique vers cette ma-

ladie, la tendance héréditaire de certains types d'organisation

cérébrale. » On ne saurait d'ailleurs résumer la thèse, très discu-

table, de l'auteur, plus nettement que dans cette phrase,, où il a

condensé toute sa théorie : « On naît, on ne devient pas, paraly-

tique général. » . R. M. C.

L. La manie COMPREND-ELLE deux formes distinctes DE FOLIE, ET

DOIT-ELLE être subdivisée ? par 6oRGE-,Nl. ROBERSTON. (The journal

of Mental science. Juillet 1890.)

Après des considérations historiques et cliniques dans lesquelles,

faute de place, il nous est impossible de le suivre, l'auteur décrit

392 REVUE DE pathologie mentale.

quatre formes de manie, que l'on peut logiquement ramener à

deux variétés, ou à deux groupes : cette division est basée sur les

différences symptomatologiques, lesquelles sont elles-mêmes dictées

par la nature des tendances émotionnelles du sujet : le premier

groupe comprend lescas de manie furieuse, mania cum furore; le

second les cas de manie gaie, mania cum hilaritate. L'auteur cons-

tate lui-même que ,c'est là un retour, modifié par quelques idées

modernes, vers les classifications anciennes, et notamment vers

celle d'Esquirol. R. M. C.

LI. La propagation DE l'aliénation mentale ET DES névroses QUI LUI

sont connexes ; par S.-A.-I. Strahan. (The Journal of Mental

Science. Juillet 1890.)

M. Strahan constate d'abord que, depuis trente ans. le nombre

des aliénés dans le Royaume-Uni a augmenté dans la proportion de

1500 cas par an : il sait que la statistique s'est efforcée de montrer

que ce chiffre n'était pas réel; mais même en lui donnant raison,

et en supposant le chiffre exagéré, il croit qu'il faut néanmoins

admettre une augmentation annuelle. Il insiste surtout, pour

démontrer le fait, sur la fréquence croissante des suicides d'enfants,

et des suicides d'adultes, admettant a priori que le suicide est un

symptôme d'aliénation mentale : cela est probablement vrai,

disons-le en passant, pour les enfants, chez lesquels le suicide

parait bien en effet l'indice d'une tare mentale nécessairement

héréditaire chez eux; quand il s'agit des suicides d'adultes, la suppo-

sition est plus contestable, bien que certainement les troubles

mentaux aient une laarge part dans la genèse de la mort volontaire

Quoi qu'il en soit, M. Strehan attribue presque exclusivement à

l'hérédité l'accroissement, discutable dans ses causes, mais à peu

près incontesté en effet, du nombre des maladies mentales, et il

cherche les moyens de remédier à cet état de choses. Il en trouve

deux : le premier, qui est lent et peu efficace, est l'éducation, qui

renseignerait sur le danger d'une union avec des personnes frap-

pées d'une tare mentale quelconque, le second consiste dans l'in-

tervention de la loi, et voudrait empêcher le mariage des sujets

suspects au point de vue mental : il va plus loin, et ne conclut

à rien moins qu'à leur interdire non seulement le mariage, mais

la procréation. Son raisonnement se résume de la façon suivante :

puisqu'on prend des mesures légales pour interdire à un varioleux

de donner la variole par contact, pourquoi ne pas interdire à un

fou actuel ou virtuel de donner la folie par la procréation ? La

mesure proposée est efficace autant que radicale. Nous pensons bien

toutefois que ce n'est pas encore elle qui remédiera au mal : pour

que la solution d'un problème soit... une solution, il ne suffit pas

qu'elle soit juste, il faut aussi qu'elle soit réalisable.

R. de Musgrave CLAY.

REVUE DE pathologie mentale. 1 393

LU. Note sur LE COCAINISME ; par CONOLLY NORL1N. (The Journal of

mental Science, avril 1892.)

Les ravages de l'intoxication cocaïnique ont eu pour cause princi-

pale l'emploi de cette substance, comme agent de substitution ou

de transition, pour soustraire les morphinomanes à leur poison

habituel, et si ces ravages ne sont pas actuellement plus répandus,

c'est qu'il s'agit d'un médicament dont le prix est resté assez

élevé. Il faut bien savoir en effet que la cocaïne est encore plus

attrayante que la morphine. Elle présente trois dangers princi-

paux : 1° Son attrait insidieux; 2° la précocité de ses effets au

point de vue mental ; 3° son pouvoir toxique qui est considérable,

et qui, après un très court abus, détermine promptement des alté-

rations des tissus.

Deux points intéressants sont à remarquer dans l'intoxication

cocaïnique : 1° Une excitation génitale marquée, signalée par le

docteur Stoker ; 2° la perte du sens du temps, observée par le doc-

teur Clouston. Lorsque, à ces deux symptômes, vient se joindre

la précocité des hallucinations, on peut, presque à coup sûr, diag-

nostiquer la cocaïnomanie. R. M.-C.

LUI. LE -VÉLOCIPÈDE dans l'aliénation mentale; par C. Théodore

EWART. (The Journal of Mental Science, juillet 1890.)

Dans un mémoire de plusieurs pages, M. Ewart insiste sur les

services que pourrait rendre la vélocipédie dans les asiles. Il est

certain qu'en provoquant un exercice qui met en jeu presque tous

les muscles du corps, en permettant de parcourir de plus longs

trajets que ceux qui pourraient être accomplis à pied, et par là,

en multipliant les paysages et en offrant aux yeux et par suite à

l'imagination des distractions plus nombreuses, le bicycle et les

instruments de locomotion qui en dérivent (tricycle, tricycles omni-

bus à plusieurs places) peuvent être, chez les aliénés, d'un emploi

fort utile. Avec de bons instruments et une surveillance suffisante,

les risques d'accident sont négligeables; le seul écueil, et il est

aisé de l'éviter, c'est le surmenage. , R. M.-C.

LIV. RECHERCHES sur LE sang et l'urine DES aliénés; par W. Johnson

SMYTH. (The Journal of Mental Science, octobre 1890.)

On ne peut que résumer ici les principales conclusions de ce

mémoire qui sont les suivantes :

A. En ce qui touche le sang : Chez les aliénés on constate une

notable diminution de l'hémoglobine ; 2° cette diminution atteint

son maximum dans la démence secondaire ; 3° les variations du

394 revue DE pathologie mentale.

chiffre de l'hémoglobine sont peu marquées dans la mélancolie,

l'épilepsie et la paralysie générale ; dans cette dernière maladie

toutefois on constate une proportion d'hémoglobine très élevée

pendant les périodes d'exaltation très accusée; 4° dans ces divers

états mentaux, le nombre des globules rouges est au-dessous du

chiffre normal ; 5° le chiffre des globules rouges atteint son mini-

mum dans la démence secondaire, son maximum dans la para-

lysie générale : dans les autres maladies mentales, les variations

peuvent être considérées comme insignifiantes ; 6° Si l'on tient

compte de la densité normale du sang, du chiffre normal des glo-

bules rouges, de la quantité normale de l'hémoglobine qui en

constitue l'élément lourd, on voit clairement que, dans les mala-

dies mentales, où nous constatons que le poids spécifique du sang

est plus élevé qu'à l'état sain, et où il y a une diminution des glo-

bules rouges et de l'hémoglobine, il faut nécessairement que le

plasma sanguin ait une densité exceptionnelle ; 7° que le maximum

de cette densité se rencontre dans la démence secondaire, comme

d'ailleurs dans l'état sénile, où la mentalité va s'affaiblissant ;

8° que, dans l'épilepsie, la densité du plasma sanguin est variable,

mais qu'elle augmente au moment des crises convulsives. Enfin

l'auteur pense qu'on ne saurait, chez les aliénés, attacher d'impor-

tance aux rapports numériques des globules rouges et des leu-

cocytes, car ces rapports sont normaux le plus souvent, et quand

ils ne le sont pas, l'anomalie n'a rien de caractéristique.

B. En ce qui touche l'urine : 1° au point de vue de la quantité,

le maximum (et un maximum qui dépasse de beaucoup le chiffre

normal) a été constaté dans la paralysie générale, et le minimum

dans la démence secondaire ; il y a diminution dans la mélan-

colie ; - 2° la totalité des résidus solides atteint son maximum

dans la paralysie générale, son minimum dans la démence secon-

daire, et varie très faiblement dans les autres cas; 3° l'homme

sain n'excrète pas plus d'urée que l'aliéné ; 4° dans la paralysie

générale, l'épilepsie et la mélancolie, la quantité d'urée excrétée

est à peu près égale; elle est inférieure dans la démence; 5° la

quantité d'acide urique excrétée est augmentée chez les aliénés ;

elle atteint son maximum dans la paralysie générale, l'épilepsie

et la démence ; 6° le taux de la créatinine est plus élevé dans la

paralysie générale, et la démence qu'à l'état de santé ; 7° il

semble qu'il y ait, dans l'épilepsie, un léger excès d'acide phospho-

rique, mais cet excès est peu accusé. R. de Musgrave CLAY.

LV. SUR LE POIDS DU CERVEAU ET DE SES DIFFERENTES PARTIES CHEZ LES

aliénés; par A. Mercier. (The Journal of Mental Science, Avril

1891.) .

Mémoire très important (dans lequel pour la détermination des

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 395

parties constituantes du cerveau, on s'est conformé à la méthode

de Meynert), mais qui est exclusivement constitué par des chiffres

et des tableaux et qui demeure par là rebelle à toute analyse.

R. M. C.

LVI. Un cas DE folie avec DILUSIONS; par le Dr KEAY. (The journal

of Mental Science. Avril 1891.)

Cas dans lequel la guérison a été obtenue au bout de neuf

années. R. M. C.

LVII. Richard ET SYSfOND, LEUR INFLUENCE SUR la médecine mentale;

par D. HACr TUKE. (The journal of Mental Science, juillet 1891.)

Etude biographique sur deux médecins distingués, dont le pre-

seul s'est directement occupé de psychiatrie, mais dont le second

fut un psychologe éclairé en même temps qu'un praticien de pre-

mier ordre. R. M. C.

LVIII. SUR QUELQUES vices d'articulation CHEZ LES enfants avec OBSER-

VATIONS MONTRANT LES RESULTATS DE L ÉDUCATION PAR LE SYSTÈME ORAL;

par W B. HADDEN. (The Journal of Mental Science janvier 1891.)

Etude intéressante, mais impossible à reproduire, puisque tout

repose ici sur des défauts ou des progrès phonétiques qui ne peu-

vent passer d'une laugue dans une autre. R. M. C.

LIX. LE CANCER DANS SES RAPPORTS AVEC LA FOLIE; par HERBERT SNOW.

(The Journal of Mental Science, octobre 1891.)

Voici les conclusions de ce travail : 1° Les affections cancéreuses

sont rares chez les aliénés; elles font presque entièrement défaut

chez les sujets atteints de défectuosités mentales congénitales ;

2° Le cancer n'augmente pas de fréquence chez les aliénés; 3° Il

n'est pas rare de voir le cancer précéder et causer les troubles

mentaux, indépendamment de toute production cancéreuse siégeant

dans le cerveau : le cancer devrait être rangé parmi les causes

reconnues d'aliénation mentale. R. M. C.

LX. LA PROTECTION DES MÉDECINS PAR LA LOI ANGLAISE SUR L'ALIÉNATION

mentale; par A.-Wood RENTON. (The Journal of Mental Science,

octobre 1891 et janvier 1892.)

Nous ne pouvons que signaler ce travail dont le compte rendu,

pour être intelligible,' nécessiterait l'exposé préalable de la légis-

lation et de la jurisprudence anglaises sur l'aliénation mentale, et

des confirmations ou modifications qui y ont été apportées en 1889

et 1890. R. M. C.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE

PATHOLOGIQUES.

XXIV. Contribution A l'anatomie pathologique DU tabès dorsal;

par A. KRWSS, (Archiv. f. Psychiat., XXIII, 23.)

A. Première série de quinze cas (étude clinique et anatomo-

pathologique). Etude de la topographie des lésions dans les cor-

dons postérieurs et dans la corne postérieure. Puis étude histolo-

gique des parties altérées et des nerfs périphériques.

B. Quelle est la lésion anatomique primitive du tabes ? Sont-ce

les éléments nerveux, est-ce le tissu conjonctif ou conjonctivo-

vasculaire qui commencent ? Etude comparative de la dégénéres-

cence secondaire consécutive aux affections cérébrales et spinales.

Conclusion :

Nous tendrions à admettre que aussi bien dans les dégénérescences secon-

daires que dans le tabes le processus anatomique est identique. Pour des

motifs inexpliqués (peut-être la plus longue durée du tabes que des dégé-

nérescences secondaires), l'appareil connectivo-vasculaire est parfois plus

fortement affecté dans le tabes que dans les dégénérescences secondaires.

Mais, comme dans quelques cas de tabes il n'y a pas d'altération vascu-

aire, comme l'épaississement vasculaire existeà tous les degrés dans tous

les autres cas, ce n'est pas là l'essentiel. Il nous faut donc en revenir au

parenchyme et aux libres nerveuses dont la déchéance entraîne consécu-

tivement le développement du tissu interstitiel. Quant à l'allure de l'hy-

perplasie secondaire du tissu connectivo-vasculaire, elles dépendent par-

fois de causes générales (artério-sclérose antécédente bien que celle-ci

soit souvent localisée, etc., etc.).

C. Relation des altérations anatomiques de la moelle avec les

symptômes cliniques. Relation des parties des cordons postérieurs

lésés avec chacun des symptômes cliniques.

C'est à la moelle seule qu'il convient de rattacher les symptômes

du tabes. Mais on ne peut encore localiser avec certitude que la

perte des réflexes patellaires; elle tient très probablement à la

lésion de la zone d'entrée radiculaire postérieure, entrele segment

thoracique et le segment lombaire de la moelle.

D. Comparaison des résultats de ce travail avec ceux des auteurs.

P. K.

XXV. DE L'INFLUENCE VASO-MOTRICE du sympathique cervical; par le

Dr CAvAZzANI. (Riv. sp. di fren., t. XVIII, fasc. 2, 1892.)

Le système du grand sympathique dans la région cervicale con-

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 397

court à l'innervation des vaisseaux cérébraux, par des fibres vaso-

constrictives et vaso-dilatatrices, les premières excitables directe-

ment par le stimulus électrique, les secondes par ce même stimulus

conjointement avec celui de l'anémie. L'action vaso-motrice du

sympathique dans les conditions ordinaires ne s'étend pas aux vais-

seaux du cerveau, ou est très légère; tandis qu'elle est énergique,

jusqu'à atteindre presque la crampe des vaisseaux, par le fait de

stimulations mécaniques ou électriques. L'excitation des fibres

vaso-dilatatrices est due à l'anémie plutôt qu'à l'abaissement de la

pression dans les ramifications vasculaires. J. SI : GLAS.

XXVI. UNE NOUVELLE méthode POUR exécuter DES préparations

sèches du cerveau; par L. STIED : 1. (Neurolog. Centralbl., 1892.)

Placer le cerveau frais entier dans une solution aqueuse con-

centrée de chlorure de zinc; y mettre autant de cristaux de chlo-

rure qu'il en faut pour que le cerveau nage dans la solution. Le

laisser ainsi vingt-quatre heures. On détache alors aisément la

pie-mère. On place ensuite l'organe intact ou découpé dans de

l'alcool à 96° qu'on renouvelle tous les cinq à six jours. ,Le durcis-

sement est complet en deux ou trois semaines (l'alcool a alors

chassé l'eau). On le soumet alors à l'action de la térébenthine pen-

dant deux à quatre semaines. La térébenthine ramollit le cerveau,

mais le rend clair et transparent, plus ou moins selon la couleur

de la térébenthine. Finalement on le plonge deux semaines dans

le vernis gras des peintres à l'huile. On laisse alors le cerveau à

l'air pendant une ou deux semaines jusqu'à ce qu'il soit devenu

complètement sec et qu'il ne soit plus huileux. On peut le couvrir

d'un siccatif (vernis gras cuit). P. K.

XXVII. QUELQUES remarques SUR LES dégénérescences EXPÉRIMEN-

tales du corps calleux ET DE L'ÉCORCE du cerveau; par Wl. Mu-

Raton. (Neu1'olog, Centralbl., 1892.)

Extirpation de la région motrice corticale chez le chien. Au bout

de deux à trois semaines, on tue les animaux et on examine au

microscope. On avait constaté auparavant de la faiblesse des mou-

vements et de la maladresse à se mouvoir. Voici maintenant les

altérations relevées.

1° Intégrité de la commissure antérieure. 2° Dégénérescence

partielle des fibres du corps calleux. Si l'on examine les fibres de

jonction d'une région déterminée de la zone extirpée à la région

homonyme de l'autre hémisphère, on trouve qu'en avant de la

scissure sigmoïde les fibres du corps calleux sont normales, en

arrière, il y a dégénérescence de la substance blanche (blocs et

boules de myéline en dissociation) sur toute la longueur des fibres.

398 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.-

- 3° Dans l'hémisphère gauche (opéré) les fibres commissurales qui

relient certains endroits de l'hémisphére sont dégénérées. Les

fibres propres de Meynert sont atteintes. 4° A gauche, dégéné-

rescence des fibres qui forment la couronne rayonnante et se diri-

gent en bas dans la capsule interne et les faisceaux pédonculaires.

5° Sous le corps calleux, on peut distinguer un trousseau, coupé

transversalement qui ne contient que des mottes de myéline. Ce

trousseau est limité en haut par le corps calleux, en bas par le

noyau caudé, en dehors par la couronne rayonnante (dégénéres-

cence partielle systématique). 6° A droite, mottes de myéline

disséminées dans le corps calleux et dans les fibres qui probable-

ment traversent le corps calleux pour aller à l'écorce. Intégrité

des fibres propres sous-corticales et des fibres de la couronne

rayonnante. Remarquables différences dans le nombre des mottes

myéliniques des fibres sous-corticales entre les deux hémis-

phères.

P. KERAVAL..

XXVIII. La coloration 051(10-CUPRO-H)JiATOxYLIQUE. Méthode DE

WEIGERT accélérée, par H.-J. BERKLEY. (Neurol. Centralbl., 1892.)

Méthode recommandée pour lespiècestout àfaitfraiches. La colo-

ration persisterait deux ans quoique diminuant un peu d'inten-

sité.

On prendra des coupes de 2 mill. 5, pas plus, mais aussi larges

que l'on voudra. Durcir vingt-quatre à trente heures à 25° dans la

solution de Flemming, puis, sans les laver, les plonger directement

dans l'alcool absolu renouvelé deux fois dans les vingt-quatre heures

suivantes. On les porte ensuite dans la celloïdine pendant douze

à vingt-quatre heures. On pratique alors à l'aide du microtome

Schanze des coupes très minces d'une demi-division de l'échelle.

On lave à l'eau, on porte dans la solution cupro-acétique filtrée,

on couvre, on laisse passer la nuit. On chauffe à un bain-marie de

35 à 40° pendant vingt-cinq à trente minutes ; on laisse refroidir.

On lave à l'eau très vite, finalement on plonge dans la solution

d'hématoxyline ainsi préparée. (A 50 centimètres cubes d'eau dis-

tillée bouillie, on ajoute 2 centimètres cubes de solution de carbo-

nate de lithine filtrée; on fait bouillir une minute et l'on ajoute

1 cent. 5 à 2 centimètres cubes d'une solution d'hématoxyline à

10 p. 100. Conserver bouché, utiliser froid.) Dans cette solution,

les coupes restent quinze à vingt-cinq minutes au bain-marie à 40°.

Après refroidissement, on lave à l'eau et l'on fait agir le liquide

décolorant (borax et ferrocyanure de K.) pendant une à trois

minutes.

Les fibres myéliniques sont noir bleues, la névroglie jaune, les

cellules incolores ou noir brun avec leurs prolongements. P. K.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 399

XXIX. CONTRIBUTION A la question DES STRIES médullaires (ou acous-

tiques, barbes du calamus) du bulbe; par W. DE BECHTEREW. (vVeu- £ -

rol. Centralbl., 1892.)

Chez l'homme, elles n'ont rien à voir avec les fibres de l'acous-

tique. Il y a une différence entre leur volume et celui de ces der-

nières. Et du reste on voit très bien que les stries médullaires ne

peuvent être le prolongement du rameau postérieur de l'auditif.

Latéralement, le long de la face externe et supérieure du corps

restiforme, elles passent par-dessus ce rameau postérieur, pour

pénétrer, en dehors du tubercule acoustique, dans la substance

blanche du cervelet dans le voisinage du lobule du pneumogas-

trique. En arrière d'elles, apparaissent les fibres de rameaux pos-

térieurs de l'acoustique, non couvertes par ces barbes, sous la forme

de trousseaux extrêmement délicats, grisâtres, qui tournent autour

du corps restiforme, de dehors en dedans et de haut en bas, pour

cesser à la limite interne de celui-ci dans le bulbe. Par contre, les

stries médullaires sont des trousseaux myéliniques épais qui, géné-

ralement, vont de la limite externe du corps restiforme, jusque

contre le raphé et tranchent d'ordinaire par leur couleur blanche.

Il n'esl pas rare de voir ces trousseaux abandonner résolument les

fibres du rameau postérieur de l'auditif, déviant un peu avant et

gagnant directement la région la plus proche de la substance

blanche du cervelet. Les stries médullaires prennent naissance dans

le voisinage du lobule. du pneumogastrique et s'écartent de lui

comme du tubercule acoustique, en dehors desquels elles vont.

Dans le raphé du quatrième ventricule, elles s'entre-croisent et

pénètrent la face antérieure du bulbe, en contournant de dedans

en dehors et d'arrière en avant, la pyramide du côté opposé, pour

gagner les fibres antérieures du côté opposé du bulbe. On ne peut

pas bien saisir leurs rapports avec le raphé, avec la substance grise

du raphé en relation avec la substance grise de la protubérance.

Mais on sait, à n'en pas douter, qu'elles n'ontaucune attache avec le

pneumogastrique, le glosso-pharyngien, le trijumeau. Il y a lieu

de douter qu'elles se rattachent au tubercule quadrijumeau pos-

térieur. Il est probable qu'elles servent à unir les segments de la

base du cervelet. Si elles prennent leur origine dansle voisinage du

lobule du pneumogastrique, elles ne sauraient être confondues

avec le pédoncule de ce lobule qui, lui, est un trousseau totalement

autonome ; trousseau doté de ses manchons de myéline, bien avant

les fibres des parties avoisinantes des hémisphères cérébelleux, et

bien avant aussi celles des fibres des stries médullaires qui se dé-

veloppent les premières après la naissance.

Le pédoncule du lobule du pneumogastrique se compose de fibres

qui prennent naissance dans l'écorce de la surface postérieure et

400 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

basale du lobule en question, se dirigent en dedans pour gagner

le bord de l'hémisphère cérébelleux qui entoure le corps restiforme

à son entrée dans le cervelet, atteignent le bord du plancher du

quatrième ventricule, se relèvent la long du toit du même ventri-

cule et vont à l'olive cérébelleuse. P. KERAVAL.

XXX. DE certains phénomènes DE contraction DES muscles quand ON

LES excite au courant faradique ; par W. BROCIi. (Neurolog.

Centralbl., 1892.)

Excitation des muscles à l'aide d'interruptions lentes. Peut-elle,

dans le muscle humain, produire des conlractions toniques ? 2

Des anomalies dans la conductibilité des nerfs peuvent-elles déter-

miner cette anomalie dans la forme de la contraction ? Y a-t-il s'il

n'en est pas ainsi un rapport entre ce phénomène et l'intensité de

l'excitant ? Dans certains états pathologiques, des interruptions

lentes peuvent provoquer des contractions toniques; celles-ci peu-

vent aussi être produites dans le muscle sain, quand on modifie

comme il est dit l'excitation. Mais il est impossible de rattacher

ce phénomène à des altérations dans la conductibilité du nerf.

En revanche, l'intensité de l'excitant joue un rôle. Sur un muscle

sain, si l'on affaiblit graduellement la force d'un courant faradique,

on arrive à une limite où le muscle est animé de contractions

toniques sans secousses isolées. Mais l'intensité de l'excitant varie

avec le muscle. Il en est de même pour les muscles atrophiés (para-

lysie faciale rhumatismale, paralysie traumatique du péronier,

névrite du nerf péronier, myélite chronique, syringomyélie). Dans

la paralysie faciale rhumatismale, le courant faradique produit les

contractions rythmiques (isolées ou tétanos abrégé) de Richet,

Rosenthal, Bernhardt. P. K.

XXXI. DU développement ET DE l'expansion DES FIBRES tangentielles

du l'écorce du cerveau humain aux divers âges DE la VIE; par

0. VULPIUS. (Archiv f. Psychiat., XXIII, 3.)

Examen strictement comparatif, places par places, de la pre-

mière frontale gauche, de la circonvolution de Broca, du lobe fron-

tal, de la frontale ascendante droite, de la pointe du lobe occipi

tal droit, de la première temporale gauche. Méthode de Weigert.

Numération des fibres à l'oculaire quadrillé. Etude de vingt-deux

cerveaux.

1° Le nouveau-né n'a pas de fibres myéliniques dans les couches

spéciales de son écorce ni dans la substance blanche. On n'en

trouve que dans la substance blanche de la frontale ascendante.

2° Il existe réellement trois couches (interne, externe, moyenne),

de fibres tangentielles. 3° Les premières fibres tangentielles se

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 401

montrent dans les couches externe et interne à l'àge de quatre

mois, dans la couche moyenne à t'âge de huit mois. 4° Le déve-

loppement en est très différent suivant les diverses régions du cer-

veau et les couches envisagées. 5° Les troubles de la nutrition

générale paraissent arrêter le développement des fibres tangen-

tielles. 6° Le développement n'en est pas terminé dans tous les

segments du cerveau à l'âge de dix-sept ans. 7° L'âge paraît

amener une faible diminution des fibres en question. 8° Les

fibres tangentielles proviennent souvent de fibres radiaires péné-

trant isolément ou en touffes. Ce dernier mode de pénétration est

propre à la profondeur des sillons dans lesquels s'épandent les

trousseaux radiaires à la couche externe. 9° Le nombre des

fibres tangentielles n'est pas le même dans les diverses régions

du cerveau. Le plus grand nombre occupe la frontale ascendante

droite. - 10° La frontale ascendante droite possède le plus grand

nombre de fibres tangentielles épaisses. La première frontale

gauche et le lobe occipital droit possèdent une abondance considé-

rable de fibres fines. 11° Les raies de Baillarger et de Vicq

d'Azyr sont formées par l'accumulation des fibres tangentielles.

12° La raie de Vicq d'Azyr est bien plus constante que celle de

Baillarger qui bien souvent apparaît double dans le lobe frontal.

P. KERavAL.

XXXII. LES expériences faites par la nature SUR LE cerveau ;

par MEYNERT. (Jahrbuech. f. Psychiat., X, 2-3.)

Eloge de la méthode anatomo-clinique en termes originaux,

mais un peu à bâtons rompus. P. K.

XXXIII. Contribution A l'emploi DE la méthode DE coloration DE MAR-

CHI DANS LES PRÉPARATIONS ANATOMO-PATHOLOGIQUES DU SYSTÈME NER-

VEUX ; par E. REDLICII. (Ceatrnlbl. f. Nervenkeilk, N F. III, 1892.)

Excellente pour déceler de très bonne heure la dégénérescence

des fibres nerveuses et, par suite, pour l'élude expérimentale des

faisceaux conducteurs et systèmes, voici en quoi il consiste :

Pendant huit jours, on soumet de petits cubes de 3 à 4 milli-

mètres à l'action d'une solution de chromate de potasse à 2 p. 100

ou du liquide de àluiler; puis on les met dans un mélange de

deux parties de chromate de potasse (à 3 p. 100) et d'une partie

d'acide osmique (à 1 p. 100) jusqu'à ce qu'ils soient devenus noirs

ou presque noirs; cela, pendant cinq à huit jours. On les soumet

enfin au durcissement à l'alcool et ou les inclut dans la celloïdine

ou la photoxyline. A la coupe, on constate un ton uniformément

brunâtre, dans lequel on distingue parfaitement fibres et cellules

nerveuses. P. K.

Archives, t. XXVI. 26

402 revue d'anatomie ET DE physiologie pathologiques.

'. LÉSIONS ANATOMIQUES DANS UN CS DE BLÉPHAROPTOSE C0,NGNl-

T,\Ll-, UNILATËRALE;parE. Siemerling. (Arc)eiv f. Pscleicat., XXIII, 3.)

Blépharoptose à gauche ; dégénérescence centrale du noyau de

l'oculo-moteur commun correspondant. P. K.

XXXV. Recherches expérimentales ET ANAT01110-PATHOLO-

GIQUES SUR LES CENTRES OPTIQUES ET LES TROUSSEAUX DE

FIBRES AUXQUELS ILS COMMANDENT, AVEC CONTRIBUTIONS CLI-

NIQUES A l'hémianopsie corticale ET A l'alexie (nouvelle

série); par G. DE MoNAnow. (Arclaiv f. Psychiat., XXIII, 1.)

Trois nouvelles observations avec autopsies montrent encore

que chez l'homme, les centres optiques primitifs (infra-corti-

caux), dépendent du lobe occipital correspondant, puisque les

lésions encéphalomalaciques, hydrocéphaliques, traumatiques

ou autres du lobe occipital, entraînant des dégénérescences

secondaires de ces organes. La dégénérescence secondaire part

du point lésé du lobe occipital et se propage par la substance

blanche antéro-postérieure aux segments correspondants des

centres optiques sous-corticaux. La différence des localisations

dans ces derniers dépend de la différence de localisations des

lésions dans le lobe occipital. La dégénérescence secondaire

est en tout semblable à celle qui se voit dans les faisceaux

pyramidaux; en outre de celle-ci, il y a des lésions de cellules.

Mais ce que nous ignorons, c'est lé rôle des distributions des

vaisseaux qui ne sont pas, d'ailleurs, encore précisées.

Le pourtour de la fissure calcarine (coin lobule lingual pre-

mière et deuxième occipitale) commande au corps genouillé

externe, au pulvinar, aux couches superficielles des tubercules

quadrijumeaux antérieurs. Les fibres blanches de jonction occu-

pent surtout le segment inférieur des lractus antéro-postérieurs de

la couronne rayonnante, limités en dedans par le sapetum. Ces

irradiations optiques arrivent dans la substance blanche latérale

du pulvinar et du corps genouillé externe. Au-dessous de ce trous-

seau, un peu plus en avant, on constate trois faisceaux qui se

dirigent en dedans. L'un va dans le bras du tubercule quadriju-

meau antérieur où il se réunit aux fibres de la bandelette optique.

confinant, par en haut, au corps genouillé interne. Le second s'é-

pand dans le pulvinar. Le troisième va d'arrière en avant, en

décrivant un cercle, irradier dans la substance grise du corps

genouillé externe, prenant part à la formation de ses lames

blanches et s'épuisant complètement dans son noyau même.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 403

Le; segments antérieurs du lobe pariéto-orcipital, c'est-à-dire

du lobule pariétal supérieur et du pli courbe, se groupent, avec

quelques fibres des première et deuxième occipitales, en un trous-

seau de fibres blanches qui constitue un trousseau d'irradiations

optiques sus-jacent à celui du coin et du lobule lingual.

Entre ces deux faisceaux blancs il existe une zone de transition

qui constitue le bouquet des fibres émanées du tiers médio-antéro-

postérieur du corps genouillé externe, avec la branche médiane

duquel elles se confondent.

Donc, chez l'homme comme chez les animaux, les cellules

nerveuses qui occupent l'extrémité caudale de la couche opti-

que sont en relation avec les parties corticales de la pointe du

lobe occipital ; celles qui sont plus antérieures, sont surtout en

rapport avec les régions antérieures de la sphère visuelle de

l'écorce, de sorte qu'à chaque poste de cellules correspond un

territoire cortical, assez circonscrit, dont la destruction cause

la destruction du groupe cellulaire correspondant. Dans la

couronne rayonnante, on retrouve les faisceaux de fibres qui

vont des centres corticaux aux groupes cellulaires et vice

versa. La plupart des cellules périphériques du corps genouillé

externe, et, à leur tète, la couronne inférieure des gros élé-

ments, ainsi que presque toutes celles du pulvinar, projettent

leurs cylindraxes vers l'écorce. Les segments rétiniens, eux

aussi, envoient leurs éléments vers l'écorce, mais en passant

par les groupes de cellules des centres primaires qui sont en

rapport avec les fibres que nous venons de décrire.

P. KERAVAL.

XXXVI. Des altérations dans les noyaux des nerfs crâniens chez

LES DÉMENTS PARALYTIQUES; par r\'TOIiR.ITOW. (Nrl9'Oi. Centralbl.,

1892.)

Quatre observations. Dans tous ces cas excepté un (mort précoce)

les noyaux en question étaient altérés. L'altération était la moins

avancée dans les noyaux principaux de l'auditif et du trijumeau.

Ces observations rapprochées de celles de la bibliographie montrent

qu'il s'agit dans l'espèce des mêmes lésions que celles qui frappent

les cellules nerveuses en d'autres parties du cerveau et que leur der-

nier terme est la destruction de la cellule. Il semble aussi que tous les

noyaux ne soient pas simultanément affectés, que ceux par exemple

du facial et de l'hypoglosse subissent des altérations avant le noyau

de l'auditif, plus résistant. Plus la maladie dure longtemps, plus

sont nettes les altérations dégénératives des noyaux des nerfs

404 revue d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques.

crâniens. L'altération des cellules est ausssi en rapport avec l'alté-

ration dans la région des parois des vaisseaux. P. K.

XXXVII. CONTRIBUTION A l'anatomie pathologique DE la chorée;

par KROEMER.*(A ! 'e/t. f. Psychiat., XXIII, 2.)

Femme de trente-cinq ans choréique depuis l'âge de onze ans.

Gloutonnerie. Conservation de la sensibilité. Onanisme quotidien,

durant des heures. Démence. Le 8 octobre, chute sur le temporal

droit avec plaie; coma consécutif, pouls = 60,. t = 37,2, dispari-

tion des mouvements choréiques, mais raideur des extrémités,

fréquentes convulsions fibrillaires dans le pectoral droit. La malade

est transformée en un bâton rigide ; pouls très petit = 50 ; t=37,8.

Le 41, t = 38 ? le 1, t = 39; pouls =120. Rigidité disparue;

pupilles étroites, yeux fermés, grincements de dents; pas de

chorée; accidents gangreneux du décubitus; mort le 18 ; t =35,4.

Autopsie : hématome considérable de l'hémisphère gauche creusant

l'écorce en une coupe concave (membranes épaisses d'une couenne

gris noir). A droite, petit hématome de 5 centimètres de diamètre.

Au microscope : nombreux foyers dans le corps strié, la capsule

interne, la couche optique, de diamètres variés, surtout à gauche.

Atrophie des pyramides correspondant aux gros ganglions du côté

gauche et se propageant surtout dans la moitié droite de la moelle.

L'auteur conclut que la chorée tient toujours à la lésion des pyra-

mides. Quand cette lésion passe inaperçue c'est qu'il y a dans l'or-

gane en question des modifications moléculaires. P. K.

XXXVIII. Attributs fonctionnels DE l'écorce cérébrale ;

par Aug. Raller. (Braiii, Parts LIX et XL, p. 329.)

Dans la première partie, l'auteur discute la valeur des descrip-

tions données des centres « moteurs et sensitifs * du cerveau.

Il reproche aux termes c moteurs et sensitifs » d'être trop souvent

employés d'une façon très vague, souvent même trompeuse, d'au-

tant plus trompeuse qu'ils paraissent plus précis en eux-mêmes.

Ils semblent, en effet, désigner des qualités bien connues et bien

définies de certains centres, alors qu'il ne paraît pas encore pos-

sible de déterminer en propres termes, et en limites exactes des

fonctions purement motrices et purement sensitives dans l'écorce.

Vient ensuite la discussion des théories de Hitzig qui fait de la

zone motrice l'aire du sens musculaire, et de celles de Munk qui

en fait le siège de la sensibilité générale. L'espace est bien restreint

où l'on peut distinguer la fonction motrice de la fonction sensitive

et l'impulsion motrice comme la sensation découlent pour l'auteur

d'un seul et même processus. Ce n'est pas un centre qui sent,

mais un centre est le siège du processus qui cause la sensation.

L'antithèse entre les termes «moteur » et « sensitif est trop nette

REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques. 405

et tombe dans le cas du langage populaire. C'est voir trop complè-

tement l'existence d'espèces différentes dans les fonctions. C'est la

théorie c carotte et la théorie « navet » appliquées à l'étude des

centres nerveux. Il faut forcément une fusion et dire que le

processus nerveux fonctionnel de l'écorce est sensitivo-moteur.

En somme Hitzig, Munk et Bastion ont exprimé des idées sem-

blables en termes différents. Bastion et H. Ferrier ont exploré les

deux faces de la question, mais Bastion refuse la question motrice

à la zone rolandique et admet que le faisceau pyramidal n'est pas

efférant, mais bien indifférent. Pour James, l'aire rolandique n'est

que la bouche d'un entonnoir où se recueillent, pour s'écouler, les

fonctions créées ailleurs. L'auteur discute et approuve les expé-

riences de Bubnoff et Heidenhain.

Dans la seconde partie, l'auteur cherche à schématiser et syn-

thétiser par un système de « niveau» la fonction corticale. Il ap-

prouve et modifie le schéma de Jackson.

Pour lui, la sensation la plus élémentaire est un rapport entre

deux facteurs. Il assimile complètement et fond en une seule

quatre diverses théories : celle du centre d'aperception de

Wundt, celle du centre de niveau supérieur de Jackson, celle de

l'écorce préfontale de Ferrier; et enfin celle de la zone psy-

chique de Munk. Tendance à l'unité de conscience.

Le sens de l'effort résulte d'une association de sensations avec

un travail molléculaire siégeant dans les centres sensitivo-moteurs,

et l'attention est l'exagération du processus sensitivo-moteur.

D'ailleurs des matériaux dynamogènes sont consommés pour

l'énergie initiale d'une action dans les centres supérieurs et d'un

autre côté, les sensations d'effort et de fatigue dépendentd'échanges

matériels ayant leur origine aussi bien à la périphérie que dans

les centres. Il y a toujours liaison intime entre le mouvement et la

sensation. P. SOLLIER.

XXXIX. Description DE la couche motrice DE l'écorce cérébrale

d'un enfant; par le Dr Edwin GOODÀLL.

L'auteur a eu l'occasion d'examiner le cerveau d'un enfant viable,

né à terme, mort d'accident après dix-huit heures d'existence.

Cet examen a eu lieu sur le cerveau à l'état frais par la méthode

de la congélation; les coupes de l'écorce ont été pratiquées à

l'union du tiers supérieur et du tiers moyen de la circonvolution

frontale ascendante.

La couche la plus externe de l'écorce est bien délimitée. A un

léger grossissement, il est évident qu'elle contient des éléments

plus nombreux que chez l'adulte. A un fort grossissement, on voit

que ces éléments sont des noyaux du tissu conjonctif, soit libres,

soit entourés d'une enveloppe incomplète de protoplasma; les

406 revue d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques.

cellules araignées qu'on rencontre chez l'adulte sont absentes; les

capillaires sanguins sont en plus grand nombre que chez l'adulte;

les noyaux de tissu conjonctif ronds ou ovales ont de 4 à 10 la de

diamètre. Au-dessous de cette couche externe est une bande de

tissu nerveux de 150 d'épaisseur, bien délimitée vers la périphé-

rie, mais se confondant peu à peu avec la couche sous-jacente :

elle se compose tout d'abord de noyaux de coloration foncée, pour

la plupart dépourvus d'enveloppe, de 6 a 9 de diamètre. Quel- ,

ques-uns sont cependant entourés en partie de protoplasma légè-

rement coloré : ce sont des cellules rudimentaires, dont certaines

affectent mieux une forme pyramidale; les noyaux de ces cellules

rudimentaires sont comparativement plus larges que ceux des

cellules de la seconde couche chez l'adulte; comme la première,

cette seconde couche est très riche en capillaires sanguins.

Entre celte seconde couche etla substance blanche, en existe une

troisième aux dépens de laquelle se développeront chez l'adulte

les troisième, quatrième et cinquième couche, mais ici il n'existe

pas encore de différenciation suffisante pour y déterminer plusieurs

couches. On y distingue 1° des noyaux du tissu conjonctif; 2° des

cellules nerveuses à forme pyramidale constituées par un noyau

entouré d'une couche de protoplasma légèrement coloré. Aucun

prolongement n'est encore visible; à peine distingue-t-on de ci et

de là une ébauche de prolongement du sommet; ces cellules, dont

les dimensions maxima sont de 18 p., représentent le premierstade

du développement des cellules géantes ; 3° quelques larges noyaux

irrégulièrement ovales, formés probablement de tissu nerveux

propre. A la partie la plus profonde de l'écorce, existent quelques

rares cellules fusiformes.

Les capillaires sanguins, ici comme dans les couches superficielles,

sont très développés; les sacs lymphatiques péricellulaires n'ont

pu être aperçus; peut-être les espaces péricellulaires que l'ont voit

sur les préparations faites après durcissement du cerveau sont-ils

une conséquence de la rétraction du tissu. Toutefois, si l'auteur

n'a pu, par les méthodes de préparation du cefveau à l'état frais,

en déceler la présence chez l'enfant, il les a constatés dans l'écorce

cérébrale du chat.

En résumé, trois couches de l'écorce ont pu seulement être dif-

férenciées, et la caractéristique da la structure de celle écorce con-

siste dans la prédominance des noyaux, soit des cellules nerveuses,

soit des cellules du tissu conjonctif et dans la richesse des réseaux

vasculaires. En comparaison avec cette écorce cérébrale d'enfant de

dix-huit heures, l'auteur a examiné l'écorce cérébrale motrice d'un

enfant de deux ans.

La différenciation des cinq couches de l'écorce était complète et

l'aspect des couches élait à peu de chose près celui de l'écorce

cérébrale chez l'adulte. (Ime·ic«n jo2z·nul of ins«zit, 1892.) E. B.

revue D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques. 407

XL. Résumé DE 1,565 autopsies DU cerveau faites A l'asile DE

V.1AEFIELD pendant une période DE onze années; par F. ST. JOHN

BULLEN. (The Journal or Mental Science, janvier 1870.)

Ce n'est pas chose commune de pouvoir compulser la relation de

1,565 examens de crâne, du cerveau et de la moelle, pratiqués par

des neuro-pathotogistes tels que sir J. Crichton-Browne et

MM. Herbert Major et Bevan Lewis; aussi pensons-nous qu'on ne

nous reprochera pas de donner quelque étendue à l'analyse de ce

mémoire, et de suivre presque pas à pas l'auteur dans le dépouil-

lement de ce volumineux dossier anatomo-pathologique. Sans

doute il faut regretter, avec M. Ballen qu'une méthode uniforme

n'ait pas été suivie dans ces 1565 cas, car alors, pour chacun des

points à étudier et pour chaque cas, on eût trouvé une constatation

affirmative ou négative; mais, tout imparfait qu'il puisse être à ce

point de vue, le dossier n'en contient pas moins des renseigne-

ments d'un réel intérêt. Nous les résumons ici, d'après les

conclusions même de l'auteur.

Chez les malades ayant succombé à la période aiguë de la manie

et de la mélancolie, il est assez commun de ne rencontrer aucune

grosse lésion appréciable; et lors même que des lésions apprécia-

bles existent, elles ne sont nullement spéciales à l'une ou à l'autre

de ces deux formes d'aliénation, car elles se rencontrent indistinc-

tement chez ces deux ordres de maladies :

C'est dans les états aigus accompagnés de dépression mentale

que l'on rencontre le maximum de minceur et de densité de la

voûte crânienne; dans la manie, on rencontre la même augmen-

tation de densité, mais l'épaisseur de la table osseuse est normale.

Les altérations méningées sont assez fréquentes dans la mélan-

colie comme dans la manie; mais, soit sur l'arachnoïde, soit sur

la pie-mère, elles sont généralement peu accusées.

Les adhérences méningo-corticales sont rares ; quand elles exis-

tent, c'est surtout dans la manie qu'on les rencontre, ainsi que les

états hypérémiques.

Etant donnée la marche de ces formes aiguës de folie, on ne

s'attendrait guère à y observer l'atrophie ou l'infiltration séreuse :

la première pourtant a été observée. dans près de la moitié des

cas de manie, et au moins dans les deux tiers des cas de dépression

mentale.

On rencontre assez souvent dans la mélancolie la diminution de

consistance et l'oedème du cerveau : le ramollissement n'a été

constaté qu'une seule fois; l'athérome des vaisseaux de la base, la

dilatation des ventricules sont rares ; toutefois la première de ces

lésions serait plus fréquente dans la mélancolie, et la seconde dans

la manie.

408 REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques.

La disposition des circonvolutions n'a malheureusement été

notée que pour un petit nombre de cas, mais il est assez remar-

quable que, dans 80 p. 100 des cas de mélancolie aiguë, cette dis-

position était très simple, tandis que la proportion est renversée

pour les cas de manie.

Dans les formes chroniques de la manie et de la mélancolie :

on voit le plus souvent s'accentuer, sous l'influence de leur durée,

les altérations déjà rencontrées dans les formes aiguës; mais quel-

quefois aussi on constate des phénomènes absolument contraires à

ceux des formes aiguës.

Les altérations de texture de la dure-mère sont rares, et quand

elles existent, c'est surtout (en laissant de côté la paralysie géné-

rale) dans la manie et la mélancolie chonique qu'on les observe.

Les opacités de la dure-mère et de l'arachnoïde sont d'ordinaire

peu marquées; les adhérences méningo-encéphaliques sont peu

communes.

Les kystes de l'arachnoïde et les hémorrhagies siégeant sous la

dure-mère, en dehors des cas de démence consécutive bien accusée,

appartiennent nettement aux états d'exaltation mentale, et ne se

rencontrent que rarement dans les états de dépression. L'état

d'hypérémie n'est pas souvent constaté; il en est tout autrement

de l'anémie qui paraît s'accentuer parallèlement à la chronicité.

L'atrophie du tissu cérébral existe dans les deux tiers des cas,

et si l'on considère les cas où elle atteint un degré assez accusé,

elle est également fréquente dans la mélancolie et dans la manie.

Dans la mélancolie la substance corticale est souvent pâle, et,

dans la manie, c'est la minceur qui s'observe au lieu de la pâleur.

La diminution de consistance du tissu cérébral, les granulations

épendymaires appartiendraient surtout à la mélancolie ; la dila-

tation ventriculaire serait au contraire deux fois plus fréquente

dans la manie.

L'hémorrhagie, le ramollissement ne sont pas communs dans

ces deux formes d'aliénation ; elles ne figurent que pour 16 p. 100

dans le total des cas d'hémorrhagie et de ramollissement, et sont

entre elles sur un pied d'égalité ; cette égalité se maintient en ce

qui touche le siège de ces lésions (ganglions delà base ou couches

superficielles) : on peut noter seulement que dans la mélancolie,

les trois quarts des foyers siègent dans les couches optiques, les-

quelles sont demeurées absolument indemnes dans la manie.

L'athérome des vaisseaux est de même très également réparti

entre ces deux formes de folie chronique. L'auteur remarque en

terminant que l'on rencontre dans la mélancolie chronique une

plus forte proportion decerveaux à circonvolutions régulières que

dans n'importe quelle autre forme de folie.

On ne peut guère déduire des faits dont il s'agit qu'il y ait

des altérations anatomiques appréciables qui soient nettement ca-

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 409

ractéristiques de la paralysie générale : il y a cependant quelques

remarques intéressantes à déduire des documents compulsés.

Du côté du crâne, la condensation du tissu osseux a été observée

dans la moitié des cas, et l'épaississement de la voûte crânienne

dans moins d'un tiers. C'est la dure-mère qui est le siège des mo-

difications les plus importantes : ce périoste interne, qui ne s'é-

paissit et ne s'injecte que si rarement, présente, en effet cette

double altération dans la paralysie générale, et ne la présente

guère que là ; mais les altérations méningées ont été rencontrées

surtout dans la pie-mère et dans l'arachnoïde : l'opacité de cette

dernière membrane surtout a été rencontrée avec une fréquence

(un peu plus des trois quarts des cas) et à un degré tout à fait

inusités dans les autres formes, même les plus chroniques, d'alié-

nation mentale. L'adhérence des membranes à la substance

corticale a été constatée avec sa fréquence ordinaire dans cette

maladie ; mais il est à remarquer que très souvent (dansplus d'un

septième des cas) elle était accompagnée d'hémorrhagie dans la

cavité arachnoïdienne : c'est à peu près la même proportion que

dans la démence, bien que, dans celle-ci, les lésions athéromateuses

des artères soient environ cinq fois plus communes que dans la

paralysie générale. On a également noté ici, beaucoup plus sou-

vent que dans les diverses autres catégories, l'amincissement des

couches corticales. Enfin il y a deux autres altérations qui, elles

aussi, sont plus fréquentes dans la paralysie générale que partout

ailleurs, ce sont : la dilatation des ventricules, et l'état granuleux

de la membrane qui les tapisse. En revanche, l'athérome des

vaisseaux de la base est ici peu commun. La proportion des

cerveaux à configuration simple est plus élevée dans la paralysie

générale que dans la plupart des autres maladies mentales.

A l'inverse de l'affection dont il vient d'être parlé, l'épilepsie

présente surtout'des altérations qu'on pourrait appeler négatives,

tant elles paraissent insignifiantes à côté de celles qui appartien-

nent aux autres formes morbides. Il en est quelques-unes pourtant

qui sont positives. C'est ainsi que l'épilepsie fournit la plus forte

proportion d'hypertrophies de la voûte crânienne. Mais les al-

térations de la pie-mère, les opacités de l'arachnoïde sont rares

dans l'épilepsie ; les adhérences ménin-o-corticales y sont excep-

tionnelles, et de toutes les affections mentales étudiées dans ce

travail, c'est elle qui a donné le moins d'hémorrhagies méningées.

L'atrophie, la diminution de consistance du tissu cérébral manquent

presque toujours. Les signes de congestion ne se montrent guère

que dans le quart des cas. Les altérations de la substance médullaire

ne dépassent pas la proportion de 25 p. 100. Les altérations

artérielles, les granulations épendymaires, le ramollissement, l'hé-

morrhagie, la dilatation des ventricules, et d'une façon générale, les

autres lésions ne s'observent, dans l'épilepsie, que de loin en loin.

410 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

L'induration de l'un ou des deux hippocampes n'a malheureuse-

ment été recherchée que dans un nombre assez restreint de cas :

sur trente-quatre cas où elle fait l'objet d'une mention, elle a été

rencontrée dix-sept fois, soit exactement dans la moitié des cas.

Les scléroses superficielles, dans la maladie qui nous occupe,

ont été constatées seulement dans 6 p. 100 des cas. Les adhé-

rences méningo-corticales n'ont été trouvées que deux fois. Au

point de vue de la complication des circonvolutious, les cerveaux

d'épileptiques sont restés au-dessous de la normale.

R. DE Musgrave-Clay.

XLI. Histologie pathologique d'un cas d'idiotie épileptique d'origine

syphilitique; par F. St-John Bullen. (The Journal of Mental

Science, avril 1890.)

Observation intéressante, très détaillée et recueillie avec beau-

coup de soin, destinée à confirmer les idées émises par M. Bevan

Lewis au sujet des altérations des cellules nerveuses et de leurs

noyaux dans l'épilepsie. R. M.-C.

XLII. Tumeur cérébrale intéressant les lobes frontaux; par A. HILL

Griffitu et T. STEELE Sheldon. (Tite Journal of mental Science,

avril 1890.) z

Il s'agit d'une jeune fille de vingt-trois ans employée comme in-

firmière à l'asile de Parkside, et sans antécédents névropathiques :

les principaux symptômes ont été les suivants : névralgie inlen-eà à

gauche et céphalalgie occipitale, paroxystiques pendant plusieurs

mois, et accompagnée de nausées et de vomissements; par mo-

ments, délire nocturne et obscurcissement de la vue, avec affai-

blissement de l'ouïe; ces deux derniers symptômes étaient passa-

gers et se montraient surtout le matin, la mémoire était légère-

ment atteinte, il y avait un peu d'amaigrissement. On pensa

d'abord à l'hystérie, jusqu'à ce que l'apparition d'un léger stra-

bisme gauche vint indiquer l'existence d'une lésion plus grave.

L'examen ophlhalmoscopique révéla l'existence d'une névrite

optique double, avec vascularisation, oedème et saillie de la papille,

sans hémorrhagie..Il y avait de l'anosmie gauche. Rien de parti-

culier dans la démarche. Réflexes tendineux normaux. Quelques

jours plus tard, hémiplégie gauche, suivie d'une amélioration

prompte et assez complète pour permettre à la malade de reprendre

son service. Six mois plus tard, même état, sauf pourtant un re-

lèvement assez accusé de la santé générale. Trois mois plus

tard, la santé générale parait encore améliorée, mais les lésions du

nerf optique sont aggravées, adroite la pupille est obscure à sa

circonférence, et grisâtre, à gauche elle est d'une couleur gris

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 4 H

pâle. Réapparition des vomissements la nuit. Titubation légère.

Huit mois plus tard, l'mil gauche n'a conservé que la perception de

la lumière. L'audition est intacte. Le goût et l'odorat sont abolis.

Douleurs fulgurantes dans les genoux, la cheville gauche et les

épaules. Six semaines plus tard, i'oeil droit perçoit encore la

lumière, mais l'oeil gauche ne perçoit plus rien. Surdité à droite.

Abolition du réflexe du genou et anesthésie droite. La malade

rentre chez elle où elle meurt au bout de trois mois. Après une

période d'excitation maniaque d'environ huit jours, elle s'était cal-

mée, mais son état vertigineux était tellement accusé qu'elle était

obligée de garder le lit : la vue, l'ouïe, l'odorat et le goût étaient

à peu près complètement abolis. L'appétit persistait néanmoins, et

la nutrition générale était satisfaisante. Dans la dernière semaine,

elle tomba graduellement dans le coma, avec convulsions cloni-

ques d'un côté et flaccidité de l'autre; l'articulation des mots

était devenue de moins en moins nette.

L'autopsie a pu être faite, voici les principaux points qu'elle a

révélés : crâne aminci, à surface intérieure irrégulière et bosauée,

dure-mère saine mais un peu adhérente à la voûte. Les circonvo-

lutions de la convexité sont aplaties. En soulevant les lobes fron-

taux, on aperçoit le bord antérieur d'une tumeur volumineuse,

occupant les deux fosses antérieures, et adhérant au cerveau. En

soulevant la tumeur pour atteindre les nerfs optiques, on rompt

une courte et fragile adhérence avec la dure-mère, siégeant à peu

près à un quart de pouce en avant et à droite du point de péné-

tration du nerf optique dans l'orbite. Vue par en dessous, la tumeur

ressemblait grosso nzodo, tant comme forme que comme volume, à

un cervelet, insinué entre les lobes frontaux; elle était en effet

divisée par un sillon longitudinal en deux hémisphères, dont cha-

cun avait largement creusé sa place dans la substance blanche du

lobe frontal correspondant. On put assez facilement énucléer la

tumeur et l'on constata alors que sa moitié gauche, de beaucoup

la plus volumineuse, atteignait, sans toutefois l'envahir, le bord

antérieur du corps strié. Autour de la tumeur ni ramollissement

inflammatoire, ni oedème. Les nerfs optiques et olfactifs avaient

évidemment subi une compression considérable.

La tumeur était enveloppée d'une capsule fibreuse lisse; à la

coupe, elle était d'un gris rose, et sa consistance était à peu près

celle du rein. L'examen histologique montra qu'elle était de nature

sarcomateuse. R. DE IUSGR.1VE-CL.1Y.

XLIII. UN cas DE développement anormal du cuir chevelu; par

'f.-\V. Mac Dowall. (The Journal of mental science, janvier 1893.)

L'état du cuir chevelu chez ce malade est très exactement figuré

sur une planche que nous ne pouvons malheureusement pas repro-

duire ici; il a été constaté par hasard au moment d'une coupe de

412 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

cheveux. De chaque côté de la ligne médiane, on remarque cinq

sillons profonds allant d'arrière en avant; les plus rapprochés de

la ligne médiane sont rectilignes, les autres sont légèrement

incurvés, et ils sont d'autant plus incurvés et d'autant plus courts

qu'ils s'éloignent davantage de cette ligne; ils ne sont d'ailleurs

visibles que lorsque les cheveux sont coupés courts. Les sillons du

front n'ont rien d'anormal, mais deviennent très apparents lorsque

le sujet a quelque cause de contrariété.

Le malade est un idiot épileptique, âgé de vingt-deux ans et

habitant l'asile depuis neuf ans. Sa santé est bonne, son niveau

intellectuel très bas. 11 présente à droite de l'atrophie générale et

de la contracture musculaire des membres : d'après les renseigne-

ments, il est épileptique depuis l'âge d'un an. Il est microcéphale,

mais la microcéphalie n'est pas très accentuée. L'examen des

autres malades a abouti à la découverte d'un cas analogue, mais

bien moins accusé, chez un autre idiot microcéphale.

L'auteur a recherché si des faits analogues avaient été constatés

par d'autres observateurs : seul, le D'' Carlyle Johnstone lui a fait

' connaître qu'il avait rencontré deux faits semblables. Le profes-

seur Unna, à qui Mac Dowall a communiqué cette observation, a

conseillé de rechercher quels résultats donnerait l'excitation élec-

trique du cuir chevelu dans le sens des sillons, afin de déterminer

si l'hypercontractililé des muscles peauciers n'avait pas pu les

produire. Son conseil a été suivi, mais les résultats de l'expérience

ont été absolument négatifs.

Le professeur Kaposi, d'accord avec le professeur Kundrat,

pense qu'il s'agit d'une lésion hypertrophique de la peau ; le cer-

veau n'ayant pas atteint progressivement son développement nor-

mal, la peau se serait développée néanmoins conformément au rôle

qu'elle aurait dû avoir, mais qu'elle n'avait pas, à remplir; il

a constaté d'ailleurs la fréquence des hypertrophies partielles chez

les microcéphales.

L'auteur fait observer avec raison que si l'explication du profes-

seur Kaposi était correcte, cet état du cuir chevelu, étant donné la

fréquence delamicrocéphalie, seraitbeaucoup plus communément

observé : il incline à penser qu'il s'agit plutôt d'une anomalie

régressive; les sillons de la peau du crâne sont, en effet, très fré-

quents chez certains animaux. R. M.-C.

XLIV. La CELLULE NERVEUSE CONSIDÉRÉE COMME BASE DE LA £

neurologie; par SCILEFER. (Brain, 1-11, 1893, p. 134.)

À ticle critique intéressant dannant l'exposé des plus récentes

recherches sur la constitution de la cellule nerveuse, et en particu-

lier des importants travaux de Retzius et de R. y Cajal. P. S.

SOCIÉTÉS SAVANTES

SOCIÉTÉ il-ÉDICO-PSYCIIOLOGI()UE.

Séance du 26 juin 1893. Présidence DE M. CHRISTIAN.

A propos du procès-verbal, M. Moreau (de Tours) rapporte l'ob-

servation d'une malade devenue mélancolique par suite de sa stéri-

lité liée à l'impuissance du mari et dont la première grossesse

améliora considérablement l'état mental. Malheureusement, sur

les quatre enfants, que cette femme eut par la suite, deux se signa-

lèrent par des tares héréditaires les plus fâcheuses.

Affaire Valrof, de Nice. M. A. Voisin demande à s'expliquer

devant la Société sur le rôle que la presse lui a prêté dans l'affaire

Valrof. Il n'a jamais eu dans la pensée de soutenir, comme un

principe, qu'on fût autorisé dans aucun cas à délivrer un certificat

d'aliénation mentale, sans avoir directement observé l'individu

supposé aliéné. J'ai dit, il est vrai, expose-t-il, à l'audience de la

Cour d'assises qu'après l'étude des rapports des médecins experts

commis pour examiner Valrof et sur le vu de leurs constatations,

je signerai son internement; mais j'ai été amené à faire cette

déclaration par une question insidieuse que m'a posée le procureur

de la République et par cette circonstance que, venant d'affirmer

que je considérais l'accusé comme un irresponsable, je ne pouvais

pas faire une autre réponse sans lui nuire en laissant s'affaiblir

dans l'esprit des jurés, la conviction que je m'étais efforcé de leur

communiquer.

LE Président annonce à la Société la perte qu'elle vient d'éprou-

ver en la personne de M. DELASIAUVE, son ancien président et

membre fondateur qui vient de succomber. Il donne lecture du

discours qu'il a prononcé sur la tombe de ce maître regretté. (Voir

le n° 77 des Archives de Neurologie, p. 65.)

M. Falret lit le discours dont il a été chargé par les médecins

des asiles et hospices de la Seine. (Voir le même n° des Archives.)

La séance est ensuite levée en signe de deuil.

Séance du 24 juillet 1893. -PRÉSIDENCE de M. CHRISTIAN.

Traitement de la céphalie nerveuse par la douche statique avec les

disques ci pointes. M. A. Voisin, à l'imitation de M. Imbert de la

414 SOCIÉTÉS SAVANTES.

Touche, a eu l'occasion de traiter par les douches d'électricité sta-

tique une fillette de dix ans atteinte de céplialie. Le résultat a été

des plus satisfaisants. MARCEL 13RIA ? D.

Société DES MÉDECINS NEUROLOGISTES ET ALIÉNISTES

DE MOSCOU.

Séance du 22 janvier 1893.

M. 110RNILOP. Sur la question de l'aphasie.-Le rapporteur, réfu-

tant la théorie de Grashey-Wernicke, suivant laquelle la lecture

s'effectue une lettre après l'autre, a présenté les résultats de ses

propres expériences qui peuvent se diviser en deux groupes. Voici

en quoi consistent les expériences du premier groupe : I*expéri-

meutateur fixe sur un cylindre tournant une feuille de papier sur

laquelle sont inscrits des mots; devant la feuille de papier, il place

un écran percé d'une étroite fente ne permettant de voir qu'une

seule lettre à la fois. Le cylindre étant en mouvement, le rappor-

teur n'est parvenu à déchiffrer les mots inscrits que lorsque les

lettres passaient devant ses yeux avec une vitesse de 0,12", mais

pas plus vite, tandis que Grashey suppose que nous percevons la fi-

gure d'une lettre avec une vitesse de 0,03". En ce qui concerne la

deuxième catégorie d'expériences, le Dr Kornilov a essayé de lire

des mots à la lueur de l'étincelle produite par une machine statique,

lueur dont la durée ne dépasse pas des centièmes et même des

millièmes de seconde; il a réussi de la sorte à lire des mots for-

més de quatorze lettres et appartenant à une langue connue. Le

rapporteur en conclut que nous apprenons à lire au moyen de

deux processus différents : un processus conscient, chaque lettre

étant perçue séparément, et un processus inconscient, le mot

entier étant perçu comme une seule image visuelle; la lecture

d'une langue connue se fait au moyen du second processus, c'esl-à-

dire chaque mot est perçu comme une image visuelle d'objets

connus et non par chaque lettre séparément. Il considère de

ses expériences réfutent complètement la théorie de Grashey-

Wernicke.

Suivant M. Serbsky, l'opinion du rapporteur est confirmée uar

le fait de l'omission de fautes d'impression lors de la correction

des épreuves.

M. Rossolimo rappelle que les personnes douées au point de vue

musical, lorsqu'elles déchiffrent un morceau, saisissent facilement

SOCIÉTÉS SAVANTES. 41J 0

les notes qui suivent celles qu'elles viennent de jouer, tandis que

les personnes peu douées sous ce rapport sont obligées de dé-

chiffrer chaque note l'une après l'autre.

M. Tokarsky attire l'attention sur le fait que, non seulement

dans la lecture, mais encore lors de la perception des autres

images visuelles, nous procédons soit en décomposant l'impression

générale en ses parties intégrantes, soit en composant un tout au

moyen de perceptions séparées.

Indépendamment des personnes mentionnées ci-dessus, MM. les

Drs Repmaun et Korsakov ont également pris part au débat.

2. M. Tokarski. De la suggestion forcée. -C'était M. Voisin qui a

employé le premier la force pour hypnotiser une malade atteinte

d'aliénation mentale et peu de temps après M. Herrero a voulu

faire de l'hypnotisation forcée une méthode à part applicable sur-

tout aux aliénés, aux enfants et aux inculpés afin de tirer de ces

derniers des renseignements précis. Puis M. Delboeuf en croyant

que l'effet de l'hypnotisation dépendait exclusivement de la sug-

gestion a procédé avec violence en faisant à un vieillard une

suggestion à l'état de veille, et M. Caryophilis cherchait à établir

une méthode de la suggestion forcée dans le cas où les malades

sont réfractaires à l'hypnotisation.

En étudiant ces cas M. Tokarsky n'y voit pas de raisons suffi-

santes pour employer la violence et, vu qu'il est impossible de sa-

voir d'avance : 1°) si le sujet est suggestible en général ; 2°) si, en

particulier, la suggestion peut agir sur la maladie donnée,-croit

que l'emploi de violence, comme méthode à suivre dans certains

cas, doit être complètement rejeté. Il rappelle ensuite, que la force

ne peut être employée par le médecin que dans les cas où un dan-

ger immédiat pour les malades ou pour ceux qui l'entourent doit

être éloigné et que dans les autres cas tous les autres moyens

devraient être appliqués préalablement, surtout quand il s'agit

des aliénés et des enfants, où la violence pourrait être même ;nui-

sible. Quant aux inculpés, M. Tokarski affirme que M. Herrero se

trompe en supposant que le mensonge soit impossible dans l'état

de sommeil et rappelle que la violence chez les criminels est aussi

peu permise que chez les autres personnes.

Cette question a soulevé des débats auxquels ont pris part

MM. Serbski, Bajenov, Chatalov, Rossolimo, Luntz et Eojevnikov.

3. M. SER13SKI - Sur le délire des négations . -Pour pronver l'exis-

tence de la forme décrite par Cotard dans ses articles consacrés

« au délire des négations b, articles que le D'' Serbsky résume en

quelques mots au début de sa communication, le rapporteur décrit

un cas de cette maladie, observé chez une institutrice, âgée de

cinquante-quatre ans, soignée pendant plus d'un an à la Clinique

psychiatrique de Moscou. L'anamnèse dénote l'influence d'une héré-

416 SOCIÉTÉS SAVANTES.

dite bien prononcée; le caractère de la malade a toujours été

doux, craintif et irrésolu. Après s'être occupée, pendant 37 ans,

de l'éducation des enfants, elle a été renvoyée en dernier lieu

d'une maison où elle servait et, peu de jours après, elle est tombée

dans un état de mélancolie avec tendance à s'accuser de fautes

imaginaires, tristesse, insomnie et crainte d'être privée de tous

moyens d'existence. Plus tard apparaissent des idées délirantes :

la malade s'imagine qu'elle est damnée, qu'elle est abandonnée

de Dieu, qu'elle s'est métamorphosée en diable (cornes sur le

front), que ses organes internes sont détruits. Elle nie sa propre

existence et celle de ses parents, elle se croit immortelle; finale-

ment elle s'imagine être une masse informe et monstrueuse (tête

énorme). Etat mélancolique très prononcé, refus de prendre de la

nourriture. Le cours de la maladie, qui a duré quatre ans et demi,

a présenté, principalement au début, de grandes oscillations.

Mort par suite d'épuisement.

Après avoir remarqué qu'ici, de même que dans la plupart des

cas décrits, le délire des négations s'est développé chez une femme

prédisposée par l'hérédité et ayant dépassé l'âge de quarante-

cinq ans, le rapporteur pense que dans les cas typiques de ce

genre chez les mélancoliques le pronostic doit être absolument

défavorable.

M. Tokarski pense que le principal intérêt de la forme décrite

consiste moins dans le caractère du délire qui, en tant que symp-

tôme, peut être observé dans les autres psychoses, que dans sa

systématisation et surtout dans son évolution progressive.

M. Korsakov est d'avis que la description des cas de délire des

négations a une grande importance pour l'éclaircissement de la

question d'évolution du délire en général. L'explication d'évolution

du délire mélancolique, que beaucoup d'auteurs admettent, à

l'aide de l'interprétation (Mrkiaerungsversuch de W. Griesinger),

semble peu suffisante. On observe beaucoup de cas où le délire

mélancolique évolue par l'association des idées dans la sphère

inconsciente et parvient, une fois développé (formé), à la cons-

cience, comme une découverte, comme une vérité réelle. Il est

possible que le délire des négations ne présente qu'un stade de

l'évolution du délire mélancolique sous l'influence de condi-

tions favorables telles que : l'âge sénile des malades et quelques

complications physiques, par exemple : l'anesthésie et la pares-

thésie qui donnent lieu à la formation des idées de négation à

l'aide des associations dans la sphère inconsciente de la vie

psychique.

M. Serbsky pense néanmoins que dans les cas de ce genre le

raisonnement doit certainement jouer un rôle considérable dans

le développement du délire.

M. Butzke trouve que le cas cité par W. P. Serbsky n'est pas

SOCIÉTÉS SAVANTES. 417 7

tout à fait typique, étant données l'absence de systématisation du

délire, sa marche progressive et son intermittence.

M. Serbsky insiste néanmoins sur le caractère typique de ce cas

et pense que si le délire semble ici moins systématisé que dans la

paranoïa, cela provient uniquement de la différence qui existe dans

la manière dont il se manifeste.

Séance du 19 février 1893.

1. M. le professeur Filatov : Sur la chorée paralytique. Après

avoir passé en revue toutes les données relatives à cette forme, le

rapporteur présente une malade de sa clinique, âgée de quatre ans

et demi, sans tare héréditaire et n'ayant pas souffert antérieure-

ment de maladies graves. La maladie actuelle débuta à la fin du

mois de décembre 1892 par une nervosité générale et par de

légères grimaces du visage. Le 9 janvier 1893, la malade fut punie,

et trois jours après des mouvements choréiques apparurent à toutes

les extrémités; ces mouvements cessaient pendant le sommeil.

Pendant quelques jours on administra à la malade du sulfate d'ésé-

rine à la dose de 2 milligrammes et demi deux fois par jour.

Le 19 janvier, la malade entra à la clinique des enfants. Sous l'ac-

tion du bromure de sodium 0 gr. 8 par jour les mouvements cho-

réiques commencèrent à s'amender et cessèrent complètement au

bout de dix jours, mais, pendant ce temps, il se développa un affai-

blissement général des mouvements volontaires qui aboutit à une

paralysie complète avec incontinence urinaire et fécale, abolition

des réflexes plantaires, exagération des réflexes rotuliens et ab-

sence du clonus du pied. La sensibilité était intacte. Le sommeil

et l'appétit restaient bons, l'intelligence paraissait normale. Pen-

dant plusieurs jours la malade ne parlait pas. Au bout de deux à

trois semaines (usage interne de la teinture de noix vomique) les

mouvements spontanés firent de nouveau leur apparition : d'abord

aux extrémités supérieures, ensuite aux extrémités inférieures; les

fonctions des organes pelviens se rétablirent, la malade commença

à exprimer par des pleurs ses besoins, d'où le rapporteur conclut

que les troubles des organes pelviens ont dû provenir ici d'un

trouble du langage ou de la sphère psychique. Les mouvements

choréiques ne se renouvelèrent plus. Ce cas peut être rangé dans

la catégorie de la chorée dite molle (limp chorea West).

Le professeur Kojevnikov ne pense pas que, dans les cas du genre

qui vient d'être décrit, on puisse attribuer le développement des

phénomènes choréiques et paralytiques à l'influence d'un seul pro-

cessus ; en effet, cette hypothèse est démentie par les troubles des

organes pelviens et par le fait que, en dépit d'une paralysie qui

semblait complète, la malade était en état de mouvoir les jambes

Archives, t. XXVI. 27

418 SOCIÉTÉS SAVANTES.

lorsqu'on provoquait ses pleurs. La chorée peut être combinée

avec de la paralysie hystérique.

M. Minor croit avec Gowers qu'il est plus pratique, de considérer

la combinaison de phénomènes présentés par la petite malade

comme une forme distincte, la chorée paralytique.

2. M. le Dr Sémidalov : Deux cas de lathyrisme. Après avoir

fait un historique très détaillé de cette question, le rapporteur

passe à ses recherches sur l'endémie de lathyrisme observée pour

la première fois en Russie en 1893 dans une métairie du gouver-

nement de Saratov où, après avoir employé pendant deux mois la

gesse (Jathyrus sativus) en guise de nourriture, 34 ouvriers sur

130 ont été atteints de lathyrisme différents degrés; 27 de ces

malades ont été observés par le rapporteur. Chez la plupart les

premiers symptômes de l'affection ont été des crampes aux mol-

lets et aux adducteurs de la cuisse principalement pendant la nuit.

Dans tous ces cas il y a eu prédominance des phénomènes parético-

spastique aux extrémités inférieures; dans la moitié des cas on a

observé des troubles passagers et peu importants des organes pel-

viens, dans cinq cas un tremblement passager des mains. Les ré-

flexes cutanés sont restés normaux, les réflexes tendineux ont été

exagérés. Un tiers des malades a présenté quelques troubles vaso-

moteurs des extrémités inférieures (oedème, abaissement de la tem-

pérature ; les troubles trophiques ont fait défaut. La sensibilité cu-

tanée est restée normale. Une certaine amélioration est survenue

dans l'état de cinq malades.

Le rapporteur présente à la Société deux malades qui se trouvent

actuellement à la clinique psychiatrique de Moscou ; ces malades

offrent des phénomènes bien prononcés. Le rapporteur présente

leur observation détaillée.

Le D'' Tchirwinsky fait remarquer que quelques-uns des phéno-

mènes décrits par le rapporteur, notamment les désordres gastriques

qui sont'accompagnés parfois de vomissements sanguins, rappellent

les symptômes de l'empoisonnement par le phosphore et pourraient

faire supposer que c'est à la présence du phosphore dans le lathyrus

sativa, que ce dernier est redevable de son action toxique; cette

hypothèse est d'autant plus vraisemblable que l'on a observé des

cas de myélite dans l'empoisonnement par le phosphore.

Le D1' Sémidalov combat cette hypothèse et fait observer que ses

malades ne présentent pas le tableau ordinaire de l'empoisonnement

par le phosphore.

Le professeur Korsakov se range à l'avis du D'' Sémidalov et insiste

tout particulièrement sur le fait que, les signes d'une lésion de la

moelle épinière que l'on n'observe qu'à titre d'exception daua l'em-

poisonnement par le phosphore, figurent au contraire au premier

rang dans le lathyrisme.

SOCIÉTÉS SAVANTES. 419 J

Le professeur Kojevnikov. Les recherches faites sur le lathyrisme

présentent une grande importance, étant donné la consommation

toujours croissante de la gesse comme substance alimentaire au

sud de la Russie ?

3. Dr DOURDORPI : L'infection blennorrhagique envisagée comme mo-

ment étiologiqzie dans les affections du système nerveux. Se basant sur

les données que nous fournit la littérature médicale, le rapporteur

est arrivé à la conclusion que l'infection générale de l'organisme

par le virus blennorrhanique peut présenter divers symptômes cli-

niques dont les uns se manifestent par le rhumatisme dit blen-

norrhagique, les autres offrent les syndromes des névrites et des

myélites (principalement de la méninge-myélite). Le rapporteur

propose de donner à tous ces cas la dénomination générale de

biennorrhagimus ou de morbus bieunorrhagicus.

Le D''Mouratov pense qu'on peut expliquer tous les cas de lésion

biennorrhagique du système nerveux soit par la myopathie arthro-

pathique, soit par la névrite et que, dans le cas de Leyden, la lésion

peu prononcée de la moelle épinière ne suffit pas pour expliquer

tous les phénomènes cliniques.

Le D''Minor fait remarquer que, faute de données statistiques ou

bactériologiques suffisantes, il est prématuré d'expliquer ces ailec-

tions du système nerveux par l'urëthrite blennorrhagique antérieure

et que le cas de Leyden ne prouve pas l'existence des myélites blen-

nhorragiques, parce que le -otiococcus ne fut pas trouvé dans la

moelle épinière quoiqu'on l'ait cherché.

SOCIÉTÉ DE PSYCHIATRIE et MALADIES NERVEUSES

DE BERLIN

Séance du 13 juin 1892. Présidence de M. JOLLY.

Le président consacre quelques paroles émues à la mémoire de

MM. lllüazau, Citron, nLE7NEAT et SNELL.

M. OTTO. Des altérations du nerf optique, notamment dans l'a ? ,té-

rio-scté7·ose, avec présentation de préparations. Sur vingt malades

examinés par lui à la section d'infirmes de Dulldorf, il en a trouvé

dix-sept atteints d'artério-sclérose (artère carotide, artère ophthal-

mique). Sur ces dix-sept malades, six ne présentaient aucune mo

420 0 SOCIÉTÉS SAVANTES.

difcation morphologique de nerfs optiques, onze présentaient des

anomalies de cette nature. Chez les six premiers malades, il y avait

simplement un léger aplatissement, ou une légère excavation du

nerf optique produite par la carotide dilatée; mais il n'y avait pas

de lésions microscopiques de par l'artério-sclérose. Les onze autres

présentaient de forts aplatissements, des excavations prononcés,

de profondes entailles du nerf optique; l'aplatissement était dû à

la compression des trousseaux nerveux qui finissaient par s'atro-

phier ; ces altérations étaient, quant à leur genre, leur orienta-

tion, leur étendue et leur volume, exactement en rapport avec la

manière d'être des vaisseaux altérés.

Ces modifications dans la forme du nerf optique se distinguent

nettement des anomalies congénitales de cet organe. Elles accom-

pagnent toujours l'artério-sclérose et tiennent à une altération mé-

canique des trousseaux nerveux; car ce sont les trousseaux ner-

veux centraux qui subissent les premiers ces transformations. En

second lieu, les caractères anatomiques en sont comparables à

ceux qui se rencontrent dans la compression de la moelle. Il con-

vient de ranger dans la même catégorie d'altérations l'atrophie du

nerf optique, à évolution lente, des gens âgés.

Discussion. M. Jolly présente, au nom de M. SIEMERLING, une

préparation qui concerne un étranglement congénital du nerf

optique.

M. Oppenheim. Quand le nerf optique n'a pas subi d'aplatisse-

ment y a-t-il au microscope des altérations ? En 1887, j'ai présenté

des préparations relatives à la dégénérescence des olives dans

l'athéromasie des artères de la base (Berlin. Klin Wochennschtif,

n° 34). Dans l'espèce, il y avait artério-sclérose de la vertébrale,

sans cependant qu'on pût prononcer le nom d'anévrysme. Il n'y

avait pas eu compression du bulbe, ni dépression de cet orgaue, et

cependant l'olive correspondante était atrophiée; atrophiées en

étaient, les fibres.

M. Bernhardt. Qu'esl-ce que l'atrophie du nerf optique de

Fuchs ? `t

M. OTTO. Je n'ai pas trouvé d'atrophie du nerf optique dans

le voisinage des vaisseaux malades, quand il n'y avait pas les mo-

difications morphologiques susmentionnées du nerf et de ses

vaisseaux.

M. BAYER présente un malade atteint d'iaémihyperhydrose croi-

sée. C'est un homme de trente-six ans, sans hérédité, qui n'a pas

eu d'autre maladie qu'une fièvre typhoïde, il y a dix-huit ans. Il

est atteint d'une hypersécrétion sudorale sur la moitié droite du

corps jusqu'au nombril, et sur le côté gauche le long de la jambe

SOCIÉTÉS SAVANTES. 431

depuis l'arcade crurale. La tête, les deux bras et la jambe droite

ne présentent aucune anomalie semblable. La pilocarpine ne dé

termine qu'une faible sudation même dans les régions qui ne suent

d'ordinaire point. On trouve défaut complet de poils autour du

mamelon gauche, tandis que le mamelon droit est normal à

cet égard ; dimensions variables des pupilles; hippus intermittent;

aucun trouble de la sensibilité ni de la motilité. Intégrité des ré-

ilexes, Légère lassitude; céphalalgies fréquentes; la main gauche

se gèle facilement. Evidemment c'est un cas d'anomalie, probable-

ment congénitale, restée stationnaire, dont le patient ne s'est

aperçu qu'à l'âge de quatorze ans.

Discussion. M. JOLLY. Dans des cas d'hémihyperhydrose la

pilocarpine produit généralement une active et égale sudation des

deux côtés ; la sécrétion est simplement plus tardive du côté qui

sue le moins.

M. Remak rappelle un malade atteint de tabes qu'il a présenté à

la Société en 1880 ; il y avait, outre un trouble notable de la sen*

sibilité avec ataxie du membre supérieur droit, une très vive

sécrétion sudorale exclusivement limitée à la moitié droite du

corps avec rougeur légère du visage. Quand le malade s'était fati-

gué ou qu'il avait ingéré des aliments acides, ce phénomène appa-

raissait dans son plein.

M. KfENiG. De la fatigue du champ visuel et de ses rapports avec

le rétrécissement concentrique, des affections du système nerveux ceza-

li-al. Qu'est-ce que la fatigue du champ visuel ? Qu'il y ait ou non

au préalable rétrécissement concentrique, on voit suivant le méri-

dien le plus ample se produire un rétrécissement fonctionnel

plus ou moins irrégulier. Cette fatigue caractérise l'anesthésie

rétinienne de de Groefe (1865), désignée depuis sous les noms

d'amblyopie du champ visuel (Schwiegger) ; 'anesthésie optique

(Pflüger); hyperesthésie rétinienne (St'ffan); asthénopie neurasthé-

nique (Beard-Wilbrand) ; asthénopie nerveuse (Wilbrand). L'asthé-

nopie nerveuse en question est l'expression locale d'un état géné-

ral"du système nerveux; elle va de pair avec une exagération de la

sensibilité et une légère excitabilité de l'appareil de la vision, et

se traduit non seulement par la constatation périmétrique sus-

mentionnée, mais aussi par une diminution de l'acuité centrale,

des troubles de l'accommodation, de la paresse des muscles de

l'oeil, des fantasmes entoptiques, des hallucinations de la vue, de

blépharospasme. C'est Foerster qui, en 1877. remarqua que, dans

ces conditions, l'individu atteint présentait des troubles de percep-

tion variables suivant les méridiens de l'oeil, quand on distançait

les séances, pourvu qu'on sût varier le mode d'introduction de

l'objet dans le champ périmétrique (déplacement des champs

422 SOCIÉTÉS SAVANTES.

visuels de Foerster). Aujourd'hui Wilbrand a simplifié la méthode.

On s'occupe simplement du méridien horizontal. L'objet soumis à

l'oeil examiné est introduit lentement et suivant un mouvement

uniforme par le plan temporal, il chemine en passant par le point

de fixation vers le plan nasal. On note avec soin le moment précis

où il est perçu par le patient et celui où il disparait du champ

visuel et l'on revient au point de départ en faisant la constatation

inverse. Il est évident que si le champ visuel n'est pas fatigable,

l'objet ressortira du champ visuel juste au point où il y était entré

tout à l'heure et vice versa. On recommence pour se rendre compte

du nombre de voyages nécessaires pour fatiguer le champ visuel,

des variétés de la perception à chaque tour, et aussi de la facilité

avec laquelle le champ visuel récupère par l'exercice son activité

et son amplitude. On a ainsi le champ visuel minimum elle champ

visuel maximum. On apprécie le fonctionnement du champ visuel

à ce pont de vue spécial et par des objets et par des cordes. On

note si le champ visuel est au début concentrique ou non, s'il se

produit des phénomènes de lassitude, de quel côté ces phénomènes

sont le plus accentués, la quotité du champ visuel minimum. On

apprécie également le degré d'attention des malades, en compa-

rant, par la multiplication des tours du curseur et l'interception

des séances propres à calmer la fatigue, les indications du sujet.

C'est ainsi que Wilbrand a trouvé que la quotité de fatigue est la

plus accentuée quand on commence; que le plan temporal se

fatigue plus vivement que le plan nasal; qu'il y a même des cas

dans lesquels la fatigue se limite au plan temporal; enfin qu'il

existe un champ visuel oscillant. En pareille circonstance, l'objet à

examiner disparait sur une certaine étendue du chemin qu'il par-

court pour reparaître plus loin et ainsi de suite ; en d'autres temps

il y a série de scotomes inégaux et irréguliers. Leur nombre est

inversement proportionnel à ia rapidité de l'excursion du cavalier.

Or le champ visuel oscillant peut affecter la forme chronique. Il en

existe aussi une forme très rare, le scotome central ou paracentral,

déjà observé par Wilbrand et Soeuger.

Quoi qu'il en soit, M. Koenig a examiné quatre-vingt-dix-neuf

hommes et cent seize femmes : deux cent quinze individus. Il a

trouvé des modifications du champ visuel chez vingt-deux hommes

et cinquante-neuf femmes : en tout quatre-vingt-un. 11 en a suivi

quarante-un pendant trois mois. Chez quelques-uns, il a tenté de

modifier le champ visuel, soit en pratiquant la galvanisation

céphalique, soit en faisant inhaler du nitrate d'amyle. Sous l'in-

fluence de ce dernier, le champ visuel augmente, la fatigue dispa-

raît ou tout au moins diminue d'intensité. L'hypnotisme a déter-

miné chez un sujet constamment le type de lassitude de Foerster

et Wilbrand, avec un rétrécissement concentrique du champ

visuel.

SOCIÉTÉS SAVANTES. -M3

Voici d'ailleurs de quels malades il s'agissait en l'espèce :

424 SOCIÉTÉS SAVANTES.

l'on ne serait pas en droit en l'espèce de faire intervenir d'autres

facteurs.

Les modifications du champ visuel doivent être tenues pour

des symptômes objectifs mais d'une objectivité relative, car pour

en déceler l'existence, il faut s'en raporter aux indications don-

nées par les-sujets examinés (Wilbrand-Senger) . Toutefois la

fatigue et le rétrécissement concentrique du champ visuel ont

même dans leurs faibles degrés, une très grande valeur symptoma-

tique. Et c'est la vérité.

En ce qui concerne la simulation, M. Koenig n'a jamais constaté

la simulation d'un rétrécissement concentrique de faible intensité

ou d'un degré modéré. On peut simuler un rétrécissement prononcé

avec ou sans fatigue du champ visuel, mais pour cela il faut que le

malade ait préalablement étudié le périmètre et connaisse les lois

de ces phénomènes. En ce cas, l'intervention de l'appareil à fils de

Wilbrand le réduira. Et par conséquent une pareille simulation de-

vient plus théorique que pratique.

Séance du 11 juillet 1892. Présidence de M. JOLLY.

Discussion sur la communication de M. Koenig.

M. PLACZFK. J'ai fait de longues études sur ce sujet, et j'ai trouvé

que tous les malades atteints de névrose traumatique, qui présen-

taient un rétrécissement concentrique du champ visuel, décelaient

le type des champs visuels déplacés de Foerster. Mais il y a des ma-

lades qui souffrant de la même affection, ne présentent m le

rétrécissement concentrique, ni le phénomène de Foerster. Pour-

quoi ? Je l'ignore.

M. 11NIG. Depuis ma dernière communication j'ai trouvé que la

fatigue systématique du champ visuel agrandit le punutum COECMrn.

En pareil cas la tache aveugle augmente exclusivement vers la pé-

riphérie et non vers le point de fixation, le maximum de fatigue se

montre au début de l'expérience, la fatigue disparaît quand on a

multiplié les voyages du curseur et à ce moment la tache aveugle

ne s'étend plus vers la périphérie, l'expansion du punctum coecum

par les tentatives de fatigue est plus grande du côté où existe le

rétrécissement concentrique considérable, du côté ou existe le

trouble de la sensibilité rétinienne que de l'autre côté. Il est à

remarquer également que la fatigue ne va pas (usqu'à la périphé-

rie du champ visuel.

M. Placzek montre un homme de quarante ans et sa fille âgée

de neuf ans présentant tous deux une hémianesthésie hystérique

comprenant aussi les fonctions sensorielles. Le père est ensuite

atteint de tremblements et de faiblesse des membres inférieurs,

SOCIÉTÉS SAVANTES. 425

l'épaule gauche est secouée de mouvement irréguliers ; il est anxieux

terrifié, excitable, il ne dort pas. S'il essaie de passer de la situa-

tion assise à la position horizontale, il hésite ; sa face se conges-

tionne, les pupilles se dilatent pour revenir promptement sur elles-

mêmes, les muscles des jambes se tendent et restent immobiles ; le

pouls monte de 80 à 140. On l'hypnotise alors, et sous J'influence

de la suggestion, on résout cette contraction. La jeune fille est en

proie à des accès de catalepsie ; elle est des plus suggestibles.

L'hérédité dans la genèse de cette hystérie est notoire L'impor-

tance médicologue à cette observation est des plus nettes. Ajou-

tons que certains médecins y ont vu la simulation.

M. MOELI. Des lésions de la calotte dans le pont de Vauole avec

démonstrations Publié in extenso dans les Archiv. f. Psychiat. 1.

Discussion. M. REM.\K. La clinique a fourni à M. Moeli une para-

lysie unilatérale des masticateurs, alors que l'anatomie patholo-

gique lui montraitune lésion unilatérale du noyau moteur du triju-

meau. On a toujours vu dans les cas de foyers unilatéraux une para-

lysie bilatérale des muscles en question. M. Remak a lui-même

constaté une paralysie unilatérale de ce genre avec luxation para-

lytique du maxillaire inférieur et ouverture de la bouche dans un

cas de paralysie bulbaire apoplectique, dans son travail intitulé

Contribution à la pathologie de la paralysie bulbaire.

Quant à Y hémihypéresthésie croisée observée, il est intéressant de

relever l'existence de douleur dans la moitié du corps hypéresthé-

siée. Tout récemment Edinger appelait l'attention sur les douleurs

d'origine centrale à propos d'un cas dans lequel on trouva une

lésion au foyer de la partie la plus externe de la couche optique

et du segment le plus postérieur de la capsule la plus interne.

Maun chez un malade atteint d'hypéresthésie croisée du trijumeau

d'un côté et du côté opposé du corps, qui, lui aussi, accusait des dou-

leurs, a rencontré un foyer de ramollissement dans le bulbe (Ber-

lin, Klii2. Wochenschrift, 1892, n° 11). Il a montré que les douleurs

avaient une origine centrale, quel que fût le point lésé dans le trajet

des voies sensitives centrales. Remak lui-même a présenté à la

Société en 1888 (Archiv. f. Psychiat., XII), un malade affecté d'hé-

mianesthésie croisée du trijumeau et accompagnée de paralysie des

cordesvocales chez lequel il existait des sensations douloureuses dans

les extrémités insensibles.

M. Oppenheim. Je traite en ce moment un tabétique affecté de

paralysie delà sensibilité et de la motilité dans le domaine du tri-

jumeau d'un côté. Le ptérygoidien externe est seul atteint; il y a

suppression du mouvement du maxillaire inférieur du côté sain,

quand il ouvre la bouche, le maxillaire inférieur dévie du côté para-

' Voy. Archives de Neurologie, n° 73, p. t.

426 6 BIBLIOGRAPHIE.

lysé, il n'y a pas de troubles du mouvement du côté du temporal T,

ces muscles sont simplement un peu moins sensibles au courant

électrique.

M. Senator fait remarquer, à propos du fait de M. Moeli, que

parmi les masticateurs innervés par le trijumeau, sont seuls paré-

siés ceux qui sont soumis à l'action individuelle de la volonté de

chaque côté, savoir : les muscles ptérygoïdes qui produisent des

mouvements latéraux du maxillaire inférieur. Les masticateurs

proprement dits, qui ne sont pas susceptibles de mouvements indé-

pendants unilatéraux, sont demeurés intacts. Or les muscles qui

normalement agissent toujours de concert ne sont paralysés, dans

les cas de foyers unilatéraux que lorsque les noyaux ou les fibres

radiculaires sont lésés, mais non point quand il y a lésion des trac-

tus centraux que régit immédiatement l'écorce, car alors chaque

hémisphère cérébral innerve suffisamment les muscles chargés de

mouvements associés, combinés, coordonnés, connus.

M. 11PPEN. De la formation de cavités de la moelle à l'état aigu

avec démonstrations. Sera publiée ailleurs.

BIBLIOGRAPHIE-

VII. Traité élémentaire des maladies mentales; par le professeur

S. S. Korsakov. Moscou, 1893, 604 p. (en russe).

Après une série de travaux remarquables touchant aussi bien à

la pathologie mentale pure qu'aux questions pratiques relatives à

l'assistance des aliénés', l'éminent professeur de l'Université de

Moscou publie aujourd'hui un cours complet' des maladies men-

tales.

Dans la première partie de ce cours, l'auteur consacre une

soixantaine de pages à des notions élémentaires de psychologie ; il

ne s'arrête sur ce sujet que juste assez pour permettre à ceux qui

1 Citons quelques-uns des travaux de M. Korsakov : « Sur une forme

de maladie mentale combinée avec la neurile muliple dégénérative » ;

« Sur un cas de psychose polyncurilique avec autopsie ,; ; CozzLribze-

lion à la symptomatologie de la forme polyncurilique des psychoses

postlyphoïdiques » ; ; Sur les formes aiguës de la folie » ; « Sur l'assis-

tance familiale des aliénés » ; « Sur la pathogénie de la paralysie sue-

ciale atroplaique et de la neurile multiple »; « De la paralysie acQQ-

lique, etc. »

BIBLIOGRAPHIE. 427 -1

désirent se consacrer d'une façon spéciale à l'étude des maladies

mentales, de consulter avec fruitles ouvrages de Wundt, de Taine,

de Spencer. Il se montre réservé sur les résultats des recherches

pyschométriques faites dans ces derniers temps principalement au

laboratoire de Wundt. Cependant, il constate que l'introduction

d'une nouvelle méthode scientifique dans l'étude des phénomènes

psychiques a contribué à mieux établir la théorie de la perception

et de l'aperception.

Après le résumé des notions psychologiques, le professeur traite

d'une façon très vaste la psychopathologie générale. Dans lasymp-

tomatologie générale il donne une description détaillée de tous les

états psychopatbiques typiques : l'état mélancolique qui peut être

passif ou actif; l'état maniaque avec ses deux variétés : état d'ex-

citation maniaque et état de fureur; l'état de confusion mentale

avec ses différentes formes : état de rêve, état de délire général et

état de stupeur; Y étal paranoïaque; l'état de démence; et, enfin, l'état

de déséquilibration psychique.

Il étudie ensuite les troubles élémentaires, de l'activité psychique

dont les différentes' combinaisons contribuent à former les états

psychopathiques que nous venons d'indiquer. Ce sont : les troubles

intellectuels, avec toutes les modifications qui peuvent survenir :

1° dans le nombre des conceptions; 2° dans leur qualité, depuis

les illusions et les hallucinations qui ne sont que «des idées revêtues

d'une brillante enveloppe sensitive », jusqu'aux idées délirantes

proprement dites et aux idées fixes; 3° dans l'intensité des concep-

tions ; 4° dans la rapidité avec laquelle elles se succèdent; o° dans

leur association; 6° dans leur stabilité; 7° dans la mémoire : hy-

permnésie, amnésie, paramnésie.

Ce sont encore les troubles de la conscience de soi-même, tels

que l'inconscience de l'état morbide, la somnolence, le coma; les

troubles de la sensibilité psychique; la faiblesse irritable; l'hyperes-

thésie psychique avec sa variété de moral insanity, l'hyperalgésie

psychique, les différentes formes pathologiques de l'état anesthé-

sique, les émotions. L'auteur parle ensuite des troubles élémen-

taires de la volonté avec les modifications pathologiques qui se

produisent dans le choix des motifs, les penchants, les désirs irré-

sistibles, les impulsions, le dédoublement de la personnalité, les

phobies, les déviations de l'instinct génital; les troubles de l'atten-

tioiz; les troubles moteurs avec leurs diverses manifestations :

extrême mobilité, immobilité, tics, catalepsie, tétanie, mimique

bizarre; les troubles du langage tels que la logorrhée, le mutisme,

les néologismes; les troubles de l'écriture.

Un grand chapitre est consacré aux troubles somatiques des alié-

nés et en tête est placée la question du sommeil dont les modifi-

cations forment une transition naturelle entre les symptômes psy-

chiques et les manifestations physiques.

428 BIBLIOGRAPHIE.

L'auteur passe ensuite aux troubles très nombreux qui s'observent

du côté des fonctions physiques du système nerveux central ou péri-

phérique et qui consistent en des modifications plus ou moins

graves d'ordre moteur, sensitif, sécrétoire et vaso-moteur. C'est

dans l'étude de tous ces troubles qu'on voit combien la pathologie

mentale est étroitement liée à la neurologie. Du côté des systèmes

autres que le systèmo nerveux, on observe souvent des troubles chez

les aliénés, mais leur importance n'est pas toujours également

crande. Dans tous les cas, l'auteur est convaincu que le rapport

entre les affections psychiques et les troubles physiques peut être

très considérable, d'où résulte la nécessité absolue d'examiner chez

les aliénés l'état de tous les organes. La psychopathologie générale

traite encore des anomalies du développement physique, de l'évo-

lution des maladies mentales, de leur classification, de l'anatomie

pathologique, de l'étiologie, du diagnostic, de la thérapeutique

générale, de la législation, de l'expertise médico-légale. Ce qui

nous a frappé dans l'exposé de toutes ces questions c'est l'abon-

dance d'idées nouvelles, de conseils pratiques précieux, de vues

originales, personnelles. Ainsi, on ne peut qu'applaudir à l'insis-

tance avec laquelle M. Korsakov recommande l'emploi de la mé-

thode graphique dans l'étude de l'évolution des maladies mentales.

L'application de cette méthode a, en effet, des avantages énormes ; si

imparfaite qu'elle soit encore, elle permet de remarquer du premier

coup non seulement les oscillations survenues dans l'état psychique,

mais encore les rapports qui existent entre ces oscillations et les

autres courbes, la courbe du poids, la courbe du nombre d'heures

de sommeil, de l'apparition des règles chez la femme, etc.

Les idées de l'auteur sur la valeur des anomalies du développe-

ment physique méritent également d'être mentionnées. 11 faut

bien se rappeler, dit-il, qu'il n'existe pas un seul individu chez

lequel à un examen bien détaillé, on ne trouverait pas un stigmate

physique quelconque. Il est certain qu'il devient utile de mettre

une bride à cette passion de la recherche des stigmates de dégéné-

rescence ; on en voit partout : chez les criminels de tout nom et de

toute espèce, chez les prostituées, etc. On oublie évidemment que

le terme juridique de « crime » est loin de présenter, en tant que

manifestation d'une mauvaise volonté, des limites très précises. Il

en de même pour le terme de « prostitution » et pour d'autres

qui ont servi de prétexte à la recherche des stigmates dégénératifs.

Il est curieux aussi dénoter la classification adoptée par M. Kor-

sakov. Celle de Krafft-Ebing lui déplaît à cause de sa complexité,

du manque de netteté de ses divisions, de l'impossibilité dans

laquelle on se trouve souvent, dans la pratique, de rattacher tel ou

tel cas observé en clinique à l'une des formes de Krafft-Ebing.

Quant à la classification de la Société des aliénistes de Saint-

Pétersbourg et à celle adoptée à Paris par le Congrès international

BIBLIOGRAPHIE. 429

de 1889, M. Korsakov ne fait que les citer. La sienne, adoptée en

1892 par la Société des aliénistes et des neuropathologistes de

Moscou doit être rappelée. L'auteur divise toutes les psychoses en

trois grandes classes. La première comprend tous les troubles psy-

chiques symptomatiques et transitoires tels que : 1° les manifes-

tations psychiques au cours de différentes affections somaliques;

2° les états psychopathiques très fugaces en rapport avec une

action toxique immédiate; 3° les états psychopathiques indépen-

dants qui se montrent sous l'influence des causes occasionnelles

chez des individus atteints d'une prédisposition névropathique.

Aussi voit-on figurer dans cette première classe : le délire fébrile,

l'état psychopathique des maladies générales sans fièvre, le délire

du collapsus, la confusion mentale asthénique, le délire trauma-

tique, l'état comateux, l'intoxication par les boissons alcooliques,

les autres intoxications, la fureur transitoire, le somnambulisme,

l'émotion pathologique, les états impulsif et hypnotique. On pour-

rait évidemment critiquer cette première division, car il parait

aujourd'hui prouvé que le délire de la fièvre typhoïde, du col-

lapsus, de la confusion mentale asthénique, tiennent également à

une intoxication du sang par des ptomaïnes analogues à l'intoxi-

cation par l'alcool, le haschisch, etc.; dès lors, les deux premières

subdivisions se confondent au point de vue étiologique.

La deuxième classe comprend les psychoses et les constitutions

psychopathiques. Elle se divise en trois groupes : '10 formes fon-

damentales des psychoses; 2° constitutions psychopathiques, et

3° maladies mentales à base organique. Au premier groupe se

rattachent : a) la mélancolie avec ses subdivisions : disthymie,

mélancolie typique, melancolia attonita; 6) manie (excitation ma-

niaque, manie aiguë et manie suraiguë); c) confusion mentale ou

amentia de Meynert ou dysnoïa de Korsakov; d) paranoïa aiguë,

subaiguë et chronique avec les subdivisions de cette dernière en

délire de persécution, type Lasègue, la folie processive, folie reli-

gieuse, érotique ; e) formes mixtes : vésanie mélancolique, cata-

tonique, etc.; f) formes terminales : paranoïa secondaire et

démence secondaire.

Dans le deuxième groupe on trouve : a) les psychoses pério-

diques simples et circulaires; 6) les constitutions psychopathiques

originelles : instabilité générale, paranoïa originaire, folie à deux,

délires des dégénérés, manie raisonnante, folie morale, inversions

du sens génital, folie impulsive, autres syndromes non encore

suffisamment décrits; c) la neurasthénie et les psychoses neuras-

théniques ; d) les psychoses dégénérativo-neurasthéniques, les

obsessions, psychoses hypochondriaques; e) les psychoses épilep-

tiques : dégénérescence psychique des épileptiques, psychoses

épileptiques transitoires ou durables; f) les psychoses hystériques;

g) les psychoses choréiques ; i) les psychoses de la maladie de

430 BIBLIOGRAPHIE.

Basedow, de la paralysie agitante, etc; 1,;) les psychoses et psycho-

névroses traumatiques; 1) les maladies psychiques constitution-

nelles consécutives aux affections cérébrales; m) les maladies

mentales constitutionnelles consécutives aux intoxications chro-

niques : alcoolisme chronique avec la dégénérescence psychique

des ivrognes, delirium tremens, délire alcoolique durable, etc. ;

morphinisme, cocaïnisme et autres intoxications ou auto-intoxi-

cations chroniques. Le troisième, groupe contient : le délire aigu,

la paralysie générale, la démence sénile, les affections organiques

diffuses mal limitées, la psychose polynévritique, la syphilis céré-

brale et l'affaiblissement intellectuel par lésion cérébrale circons-

crite. Enfin la troisième classe comprend les états liés à un arrêt

de développement : idiotisme, imbécillité et crétinisme.

Les chapitres suivants sont consacrés à l'anatomie et à l'étiologie

des maladies mentales. Le chapitre qui traite du diagnostic con-

tient beaucoup de conseils précieux. Nous y trouvons un plan

systématique très complet et très bien compris qui peut être un

guide excellent pour l'examen détaillé d'un aliéné.

La deuxième partie du Traité donne une description des diffé-

rentes formes de maladies mentales d'après l'ordre indiqué par la

classification de l'auteur. Ici encore, tout est clair, substantiel,

sans redites stériles et fatigantes. Ce qui a été décrit surtout avec

un soin particulier, c'est la confusion mentale, l'amentia de

Meynert, dans laquelle l'auteur distingue quatre variétés : 1° con-

fusion mentale primaire à forme stupide, curable (dysnoïa stupo-

rosa de Korsakov) ; 2° confusion mentale aiguë hallucinatoire à

forme délirante avec ses subdivisions : confusion mentale à forme

maniaque, confusion mentale à forme mélancolique, confusion

mentale à forme récurrente et alternante de Greidenberg; 3° con-

fusion mentale à forme démentielle; et 4° confusion mentale à

forme abortive. Dans l'exposé des psychoses des dégénérés, on trouve

une description très concise du fond mental des malades de cette

catégorie.

La place nous manque pour rapporter ici toutes les idées de

l'auteur sur la paranoïa, les folies intermittentes, les psychoses

liées à la maladie de Basedow, etc., etc. On peut sur un certain

nombre de questions ne pas être complètement d'accord avec

M. Korsakov, mais tout dans son livre est à étudier et à con-

sulter. En terminant cette analyse trop courte pour un travail

aussi documenté qu'il nous soit permis de dire que ce Traité

mérite une place parmi les manuels les plus renommés de notre

temps. Aussi, son succès nous parait-il tout à fait assuré.

J. RoU)31NOVITCII.

FAITS DIVERS. 43)

FAITS DIVERS

Asiles PUBLICS d'aliénés du département DE la SEINE. Concours

pour la nomination aux places d'interne titulaire en pharmacie

vacantes au {"janvier 1894. -Le lundi 27 novembre 1893, à une

heure précise, il sera ouvert à l'Asile Clinique, rue Cabanis, n° i,

à Paris, un concours pour la nomination aux places d'interne titu-

laire en pharmacie vacanter au le' juillet 1894 à l'Asile Clinique,

aux Asiles de Vaucluse, Ville-Evrard, et Villejuif. Les candidats qui

désirent prendre part à ce concours devront se faire inscrire à la

Préfecture de la Seine, service des aliénés, annexe de l'Hôtel de

Ville, 2, rue Lobau, tous les jours, dimanches et fêtes exceptés,

de onze heures à quatre heures. Le registre d'inscription sera

ouvert du lundi 23,octobre au samedi 11 novembre 1893, inclusi-

vement.

Asiles d'Aliénés. Asile de l'Hérault. Le Conseil général qui,

depuis six ans, s'occupe de la construction d'un asile départe-

mental des aliénés devant coûter quatre millions, a encore cette

année décidé de retarder la solution jusqu'en janvier 1894.

École LIBRE DE magnétisme. L'ouverture de l'Ecole libre de

magnétisme, fondée par la Société magnétique de France, a eu

lieu cette semaine, rue Saint-Merri, 28. M. de Cliampville a ouvert

la séance par une allocution dans laquelle il a exposé le but de

cette nouvelle institution qui se propose de mettre la thérapeu-

tique magnétique à la portée des amateurs ! ! M. Durville a exposé

ensuite le programme des cours. Puis M. le docteur Encausse

(Papus) a fait sa première leçon de physiologie ( ? ). -Grâce à cette

école, tout porte à croire que les médecins neurologiques verront

d'ici peu augmenter leur clientèle.

Les fous. Hier, l'après-midi, un insensé, Cross, dont la femme

a été récemment internée, se promenait rue Saint-Georges, à

Saint-Ouen, dans un costume plus que sommaire. Le malheureux

allait de porte en porte offrant de vendre son pantalon et sa che-

mise, qu'il venait de retirer dans le milieu de la rue. On l'a pres-

tement envoyé à l'infirmerie spéciale.

Avant-hier, une dame se présentait au commissariat du quai

de Gesvres, disant : c Veuillez avoir l'obligeance d'avertir mon fils

qu'il n'est plus mon fils et que je ne suis plus sa mère. Elle se retira,

suivie par un agent qui l'arrêta au moment où elle allait enjamber

432 Z BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE .

le parapet du Pont-au-Change. La pauvre folle s'appelle Louise

Steiner, elle est âgée de quarante ans et demeure 57, rue de Ram-

buteau.

- Une heure après, au même commissariat, un mendiant entrait

et disait d'une voixjdolente : «Je suis fou, je me suis évadé il y

a deux jours de Ville-Evrard en mettant les vêtements d'un gar-

dien ; j'ai rôdé dans Paris depuis ce temps-là, mais j'en ai assez de

la liberté. Comme je suis fou, renvoyez-moi à Ville-Evrard. »

- Rue Barye, Victor Berset, âgé de trente-trois ans, a été arrêté

commettant toutes sortes d'excentricités sur la voie publique.

- M. Gavrelle a fait arrêter encore un cocher, âgé de vingt-neuf

ans, François Vitocar, qui se sauvait à toutes jambes sur le boule-

vard Malesherbes, épouvanté, criant aux passants que trente indi-

vidus voulaient l'assassiner et avaient lancé des rats à sa poursuite.

Et enfin, pour clore cette série lugubre, un Dijonnais, Henri

Gautier, a été également envoyé à l'infirmerie du Dépôt, parce

que l'amour de la Russie avait troublé son jeune cerveau. Il

prétendait qu'il était messager de Dieu, chargé de cimenter

l'alliance franco-russe, il ajoutait qu'il était venu exprès de Dijon

pour s'entendre avec le président de la République, au sujet de la

réception des marins russes à Paris. (Le Petit Troyen, 22 sept.)

Si nous reproduisons aussi souvent des faits de ce genre, ce n'est

pas pour convaincre nos lecteurs de la nécessité de l'internement

rapide des aliénés dans les asiles, leur opinion à cet égard est faite

depuis longtemps, mais, c'est pour qu'ils aient sous la main des

documents leur permettant d'intervenir utilement dans les séances

des commissions de surveillance et des commissions spéciales des

Conseils généraux.

J.-13. CIIARCOT et Groucrs l;ur : vov.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

Dacionet (J.). Les nouvelles recherches sur les éléments nerveux

Brochure m-8°de 47 pages. Prix, 1 11·, 25. Paris, J893. Librairie 0. Doin.

Kraepelin (E.). Psychiatrie. Fin liurzes Lehbuch sur Sludi-

rende und aerzle. Volume in-8° de 702 pages. Leipzig, 1893. Verlag

A. Meiner.

Le rédacteur-gérant, Iîoubneville.

Evreux, C6. IIÉRISSEY, imp, t1 ! ri.

Vol. XXVI. Décembre 1893. N- 82

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

CLINIQUE MENTALE

PERSÉCUTÉS AUTO -ACCUSATEURS ET PERSÉCUTÉS

POSSÉDÉS1

Par MM. J. SÉGLAS, médecin de la Salpêtrière et G. BROUARDEL,

interne des hôpitaux.

MESSIEURS,

Nous n'avons pas la prétention, dans cette brève communi-

cation, de vous présenter un mémoire détaillé sur les variétés

cliniques du délire des persécutions. Notre but est plus mo-

deste ; nous nous contenterons de vous apporter quelques

observations recueillies à la Salpêtrière, dans le service de

M. J. Falret, et qui nous ont semblé offrir quelques particu-

larités dignes d'intérêt.

I

C'est un fait clinique aujourd'hui bien connu que le délire

des persécutions typique repose toujours sur un fonds d'or-

gueil. Le persécuté vrai, même lorsqu'il ne formule pas nette-

ment d'idées orgueilleuses, est toujours disposé avoir dans les

misères qu'on lui fait une preuve de la jalousie, de l'envie que

lui portent ses ennemis. Aussi se pose-t-il toujours en victime

injustement attaquée, et pouvant de ce fait se révolter contre

l'injustice des persécutions qu'il endure et devenir agressif.

A ce persécuté classique on peut opposer le mélancolique à

1 Communication faite au Congrès des médecins aliénistes. (Session de

la Roclielle, août 1893.)

Aitcilivus, t. XXVI. 28

434 clinique mentale.

idées de persécution. Les idées de persécution participent alors

des caractères généraux du délire mélancolique dont le fonds

est l'humilité. L'auto-accusation habituelle au mélancolique

se retrouve chez lui, même lorsqu'il émet ses idées de persécu-

tion, et pour lui, les poursuites dont il se croit l'objet trouvent

leur raison d'être dans son indignité ; il les regarde en quelque

sorte comme méritées. C'est toujours une victime, non plus

innocente comme le persécuté vrai, mais coupable et le plus

souvent résignée.- Dans de précédents travaux l'un de nous,

à différentes reprises, a insisté sur ces caractères des idées de

persécution du mélancolique, opposées à celles des persécutés

vrais '.

Entre ces deux types de délirants se place un groupe de ma-

lades, constituant en quelque sorte comme une transition

entre les deux extrêmes. Par l'ensemble symptomatique, par

l'évolution de leur affection, ces malades sont bien nettement

atteints de délire des persécutions;- mais leurs idées de persé-

cution présentent ce fait particulier de ressembler à celles du

mélancolique. Ils rapportent les persécutions qu'ils subissent

à leur propre indignité, sont victimes aussi, mais coupables

en même temps. Tout en accusant les autres, ils s'accusent

eux-mêmes. Au dernier congrès de Blois, puis dans un article

postérieur, M. Ballet a rapporté plusieurs faits de ce genre=; en

voici un nouveau que nous avons pu observer.

M-e veuve L..., âgée de quarante-trois ans, entrée le 8 juin 1893

à la Salpêtrière. D'après les renseignements qu'elle seule peut nous

fournir, car elle n'est pas visitée, son père avait des tendances à

boire; sa mère, marchande aux halles, buvait un peu également.

Pour elle, elle dit n'avoir jamais été malade et semble n'avoir pré-

senté jamais aucun désordre psychique.

Au dire de la malade, l'état dans lequel elle se trouve aurait

commencé il y a vingt et un mois. A ce moment elle avait perdu

depuis quelque temps un mari qui buvait et la rendait malheu-

reuse ; elle prit un amant qu'elle ne vit que deux fois. Pour elle

c'est là le point de départ des maux dont elle souffre. C'est cet

amant qui, aidé de sa soeur, l'a fait tomber dans un guet-apens

pour pouvoir l'en punir ensuite. Après la première entrevue avec

1 J. Séglas. Diag. des délires de persécution systématisés. (Seni. méd.,

15 nov. 1890.)-Les idées de persécution. (Journ. des Conn. méd., 11, et

8 oct. 1891.) Voir encore Sem. méd., n° 50, 1892.

2 G. Ballet. Compte rendu du Congrès de Blois, 1892, et Semaine

médicale, n° 33, 1893.

persécutés auto-accusateurs ET POSSÉDÉS. 435

son amant, elle eut un gros chagrin de ce qu'elle venait de faire ;

elle eut des crises de larmes et de désespoir, mais au bout de quel-

ques jours elle retournait auprès de cet amant. - « Je vois bien

maintenant, dit-elle, que c'était lui au fond qui m'obligeait à

retourner avec lui, sans que je m'en doute. »

Mais à partir de cette seconde entrevue qui lui cause encore un

grand désespoir, elle est prise de ce qu'elle appelle aujourd'hui

« les stérilisations dans la tête ». Ces stérilisations sont le résultat

des « bêtises qu'elle a faites » et d'où dérivent toutes les douleurs

qu'elle ressent.

Aussi, la première fois que la malade entre à la consultation,

elle se plaint vivement de ces douleurs résultant des persécutions

que lui infligent les habitants de son quartier qui la croient de la

police. Interrogée sur l'origine de ces persécutions, elle répond

sans hésitation ; « C'est pour expier mes fautes. Elle prie instam-

ment qu'on la reçoive à l'hôpital et déclare que si les douleurs

qu'elle ressent ne cessent pas elle est décidée à se tuer.

Examinée quelques jours après son entrée, ce qui frappe le plus

d'abord en la malade, ce sont les hallucinations qu'elle présente.

Les hallucinations auditives sont les plus accusées. La malade

dit avoir entendu nettement, lorsqu'elle se promenait, les per-

sonnes qui passaient à côté d'elle dans la rue, dire : c Si nous

savions comment tout cela a commencé, nous vous ferions votre

affaire. Elleestde la police; elle est dangereuse, elle peut donner le

choléra ; elle est suppliciée etpeutdonner des supplices aux autres. »

Toutes ces paroles ne lui étaient pas adressées directement. Les

personnes passaient à côté d'elle et disaient tout cela sans avoir

l'air de s'adresser à elle, mais elle comprenait bien néanmoins.

Elle entendait aussi des voix nuit et jour n'importe où elle se

trouvait. Ces voix semblaient provenir de loin, quelquefois de près,

mais rarement.

De temps en temps la malade se met à rire d'une façon en

quelque sorte impulsive. Elle prétend à ce propos que si elle rit,

c'est qu'on lui dit des bêtises telles que : «Vieille salope; vieille

cochonne. » Ce qui n'est plus une injure à cause du ton sur lequel

cela est dit.

En outre, elle présente aussi des impulsions et des hallucina-

tions verbales motrices. Elle raconte qu'on lui parlait souvent en

elle-même : < On me faisait chanter dans les commencements et

je ne m'en apercevais même pas ; c'est une ouvrière qui me l'a

dit. » A ce moment la malade rit de nouveau et dit : c Oh ! je vois

bien que vous êtes électrisé aussi. Vous entrez en communication

avec moi ; vous venez de me dire un gros mot. Un peu plus tard

elle reprend : Pourquoi voulez-vous m'arracher l'oeil 2

- Mais, je n'ai rien dit de semblable.

Si, si ! j'ai bien entendu.

436 CLINIQUE mentale. 1

Ces phrases que vous m'attribuez, les avez-vous entendues par

l'oreille ?

Non ! vous êtes en communication avec moi ; je les ai enten-

dues en moi-même. »

La malade éprouve encore d'autres troubles inverses, sorte de

phénomènes d'arrêt. « On la courbature ; on l'empêche de marcher.

Une fois, devant la mairie du Xle arrondissement, dit-elle, j'ai

éprouvé dans le pied une vive douleur; je ne pouvais plus lever la

jambe. On m'empêche parfois de- manger; je ressens une vive

douleur dans la mâchoire et suis forcée de m'arrêter. On me donne

quelquefois des battements de coeur. » Elle regarde cela comme

le fait de l'électricité. Elle accuse aussi des hallucinations géni-

tales, nocturnes ou diurnes qu'elle attribue encore à ses persécu-

teurs ou plutôt à ses justiciers, comme nous le verrons tout à

l'heure : « On me fait subir ces viols de force, nous dit-elle. Cela

fait donc aussi partie de la torture ? C'est probable. » ,

La malade a eu aussi des hallucinations visuelles, mais elle s'en

rend compte et les explique. Elle voit les personnes qui la pour-

suivent et sont en communication avec elle, mais seulement quand

ces personnes le veulent. Elle les voit très nettement, mais sait

qu'elles ne sont pas là. Elle ajoute en souriant : « Elles sont géné-

ralement dans une tenue très inconvenante. »

Si l'on vient à lui demander quelle est la raison de cette stérili-

sation dans la tête, qui, d'après elle, est l'origine de tous ses maux,

elle fait d'abord les réponses des persécutés ordinaires : c Vous le

savez bien. Pourquoi mêle demandez-vous ? Tout le monde lésait :

on sait tout ce que je fais. » Mais bientôt, après des interrogatoires

réitérés, elle nous dit : « Tout ça, c'est à cause des bêtises que j'ai

faites, à cause de mon amant. »

Elle n'emploie pas dans la conversation les mots de persécution,

de misères, etc. : elle n'en veut pas à ceux qui lui font du mal, qui

ont inventé la machine à stériliser sa tête. Ces personnes sont son

amant et sa soeur, mais ils ne font cela que pour la punir. Elle

emploie toujours pour désigner ses souffrances les mots torture,

pénitence. c Ce sont des choses de pénitence ; c'est une torture,

dit-elle. »

D'ailleurs, elle croit ne pas être la seule à souffrir.- Celles qui ont

fait comme elle seront punies aussi. « Tantpis, dit-elle, pour celles

qui s'y laissent prendre, » et elle ajoute : c Je les plains. » Elle ne

croit pas que ses souffrances soient une punition pour elle seule :

« On m'a prise comme échantillon pour montrer aux autres per-

sonnes coupables quelle était la pénitence à leur infliger. Je res-

sens la troisième condamnation, celle qui est destinée à savoir si les

gens sont coupables ou non. »

Alors tout ce que vous ressentez n'est pas injuste ? lui deman-

dons-nous.

PERSÉCUTÉS auto-accusateurs ET possédés. 437

Non, répond-elle ce n'est pas injuste pour les coupables.

Telles sont les idées qui dominent la scène psychique et qui res-

sortent surtout de l'interrogatoire. Elle souffre beaucoup, mais

c'est une punition et elle l'a méritée; bien plus, elle doit servir

d'exemple à toutes celles qui commettront des fautes comme elle.

Elle est persécutée, mais elle n'a pas grande animosité contre ceux

qui la fuient ou cherchent à lui nuire. On la fuit parce qu'elle subit

la troisième condamnation que tout le monde doit craindre, con-

damnation que lui ont value ses fautes et qui doit servir d'exemple

à tous.

La malade ne présente pas de vices de conformation physique à

part une légère asymétrie faciale. Les diverses mensurations crâ-

niennes que nous avons pratiquées sur elle nous ont donné les

résultats suivants :

438 CLINIQUE MENTALE.

Ces caractères sont reliés à une origine génitale comme point

de départ du délire ; c'est en effet la faute qu'elle a commise en

prenant un amant qui est le point de départ de tous ses maux.

C'est là un fait qui mérite d'être relevé, car M. G. Ballet l'a

signalé dans toutes ses observations.

Cette observation comparée à celles de M. Ballet nous montre

donc que chez certains malades vraiment atteints du délire des per-

sécutions, les idées peuvent revêtir l'aspect qu'elles ont chez les

mélancoliques. Il semble que ces malades constituent en quelque

sorte un groupe mixte, tenant du délire des persécutions par le

fond, de la mélancolie par les idées délirantes, et servant de tran-

sition à ces deux modalités entre lesquelles ils sont comme un trait

d'union.

II

Mais, Messieurs, s'il est des persécutés qui se font remar-

quer par la nature spéciale de leurs idées de persécution faisant

d'eux en même temps des auto-accusateurs, il en est d'autres

qui diffèrent aussi par plusieurs points des persécutés ordi-

naires, ce sont les persécutés possédés.

« Les symptômes les plus saillants de la maladie, disait l'un

de nous à la Société médico-psychologique, sont alors les hallu-

cinations verbales motrices qui dirigent absolument la scène

pathologique. Il peut y avoir aussi des hallucinations verbales

auditives, mais plus effacées, parfois même elles manquent

complètement. On peut rencontrer aussi des hallucinations

visuelles, simples et même verbales. En revanche, à côté des

hallucinations verbales motrices prédominantes, se mani-

festent des hallucinations motrices communes, également très

accentuées, telles que sensations de déplacement d'une partie

du corps ou du corps tout entier, de mouvements imaginaires

dans certaines parties du corps, et même des impulsions

diverses, verbales ou portant seulement sur des mouvements

que le malade accomplit malgré lui. On peut noter aussi des

phénomènes inverses d'inhibition (obstacles à l'accomplisse-

ment de certains actes volontaires), des troubles de la sensibi-

lité profonde (sensations de pesanteur, de légèreté, de vide, de

rapetissement), des troubles de la sensibilité viscérale, des

hallucinations génitales. Ce sont souvent ces différents symp-

' J. Séglas.- Variété psycho-motrice des délires de pcrsgcK</oH.(4KK.

médic. psych., n° janvier 1893, p. 110.)

PERSÉCUTÉS AUTO-ACCUSATEURS ET POSSÉDÉS. 439

tomes qui marquent le début de la maladie, les hallucinations

verbales ne se montrant qu'un peu plus tard. »

Le fait capital est alors la prédominance excessive des

troubles psycho-moteurs avec les altérations de la person-

nalité qui en résultent et que le malade traduit au dehors par

des idées de possession.

Tels sont, dans le fait suivant, les symptômes que nous

voyons se placer au premier plan à une certaine époque de la

maladie, qui, au début, se présentait sous l'aspect le plus ordi-

naire du délire des persécutions.

M-0 P.... née L..., âgée de trente-six ans, entrée le 10 juillet 1593

à la Salpêtrière, ne présente rien de particulier, au moins d'après

ce qu'elle raconte, dans ses antécédents héréditaires ou person-

nels.

' Le début des accidents actuels remonte à sept ans environ. La

malade qui travaillait à la manufacture des tabacs, va, un dimanche

au matin, chercher du café chez un épicier qui auparavant faisait

déjà, dit-elle, le geste de l'appeler. Il l'aurait alors tirée par une

porte ; elle lui aurait répondu par un coup de coude et serait par-

tie, l'entendant dire : « Tu te rappelleras avoir refusé, tu mourras

à petit feu. » Elle rentre ensuite chez elle très impressionnée, porte

la main à sa tête pour se peigner et se sent alors comme élec-

trisée. Elle fait son café qui lui laisse dans la bouche un goût de

soufre, comme s'il était empoisonné ; elle ressent une soif inextin-

guible.

En même temps, elle a commencé à entendre parler de loin,

sous le lit, dans la cheminée. Elle distinguait deux voix, une

d'homme, une de femme. Ces voix parlaient haut et cela « lui pas-

sait à l'oreille ». Elles lui disaient des gros mots, des injures, des

méchancetés pour la faire rougir devant le monde.

Elle a eu aussi des hallucinations de la vue : elle voyait des

flammes de feu et mettait le pied dessus pour voir si c'était vrai.

Ils lui ont fait voir un homme nu avec une chandelle à la main,

qui lui disait : c Tu as vu le devin, tu n'as pas fini. » Elle s'enfuit,

revient et le voit de nouveau. En se peignant, elle se voyait à

elle-même des yeux gros comme le poing et rouges comme du

sang. Elle voyait souvent aussi plusieurs personnes au lieu d'une;

elle voyait des bêtes dans son assiette, et tout en se rendant

compte que cela n'était pas vrai, « qu'ils lui faisaient voir dans les

yeux », elle ne pouvait arriver à manger.

D'autre part, lorsqu'elle mangeait, elle ressentait de mauvais

goûts dans la bouche et on lui disait : « mange du caca, cha-

rogne ! »

Au début, elle ne comprenait rien à tout cela ; ce sont les voix

440 CLINIQUE MENTALE. -

qui lui ont donné la raison de ces misères, en lui disant : « Tu as

refusé, tu t'en repentiras. »

' Dès ce moment, elle a présenté quelques-uns des symptômes

qui se sont développés plus tard : on l'anéantissait ; on lui arrê-

tait ses pensées et on lui coupait ses phrases. On l'empêchait de

faire certains actes, mais elle s'entêtait et arrivait encore à se

dominer.

Elle regardait les hommes sans pouvoir s'en empêcher, et une

voix les lui proposait, lui fixant même un lieu de rendez-vous.

Mais elle se serait tuée plutôt que d'y aller, craignant d'être anéan-

tie et de ne pouvoir en sortir. Elle avait aussi des hallucinations

génitales et ressentait fréquemment des secousses électriques.

La nuit, elle ne dormait pas, son lit la brûlait, tournait, dansait;

elle entendait toute sorte de bruits ; elle ressentait des tremble-

ments, ses mains se contractaient ; on lui ouvrait la gorge, on lui

tirait la langue.

Cela a duré ainsi environ cinq ans. Jusque-là, elle a pu com-

battre ; malgré tout ce que faisaient ses ennemis qui allaient

jusqu'à lui contracter bras et jambes pour l'immobiliser, elle pou-

vait encore prendre le dessus : elle répondait à ses ennemis et les

faisait taire. Maintenant, elle ne peut plus rien faire, n'ayant plus

de volonté.

C'est que depuis deux ans sont apparus de nouveaux symptômes

qui se sont accentués surtout depuis six mois et qui lui ôtent toute

énergie personnelle, tout pouvoir de réaction.

Les voix qu'elle perçoit ont changé de nature. Elle ne les entend

plus du tout par l'oreille, sauf un léger bourdonnement plus fort

quand c'est l'homme qui parle, mais ce n'est pas une voix formulée.

Elle perçoit la voix parla bouche et il y a des moments où cela lui

fait marcher la langue. « C'est comme cela, dit-elle, qu'ils commu-

niquent avec elle», car elle ne prononce rien, n'entend pas de

parole en même temps. Elle a essayé d'arrêter sa langue avec ses

dents, mais- quelque chose la lui tire et cela recommence. De

même elle serre son corset pour arrêter la voix venant de l'esto-

mac, qui alors lui dit : c Oli tu me serres, suis-je assez lasse ! b

D'autres fois elle se pend par les bras et cela fait cesser la voix

pendant quelques minutes. Tout le temps qu'elle parle elle-même,

la voix la laisse tranquille ; après, elle recommence de suite. Cette

voix s'accompagne souvent de sensations de piqûres, d'engourdis-

sement dans une partie quelconque du corps.

En plus de ces hallucinations, verbales motrices, la malade a

également des impulsions nombreuses. Parfois, elle parle tout

haut malgré elle : une volonté plus forte que la sienne la pousse à

faire des choses qu'elle ne veut pas faire, à sortir, à courir, à

marcher sans cesse, à boire et à manger sans raison. Il lui vient

de mauvaises pensées ; on lui retire sa volonté de faire le bien et

PERSÉCUTÉS AUTO-ACCUSATEURS ET POSSÉDÉS. 441

on la pousse à faire le mal. « Va là, fais cela, » lui dit la voix, et

alors elle se sent poussée à obéir, comme si elle était électrisée.

Elle a beau lutter, cela ne sert qu'à la faire souffrir ; elle se sent

attirée comme si- elle' se sauvait de dessus sa chaise, et elle irait

alors n'importe où. Elle est trop faible pour lutter; elle est do-

minée et n'a plus ses facultés. t

A côté de ces impulsions se trouvent inversement des phéno-

mènes d'arrêt. Quand cette électricité cesse, elle a comme un poids

qui l'anéantit.'On l'empêche de faire ce qu'elle veut, on lui retient

la main dans son travail ; ou lui retire sa pensée; si elle a une

idée, cette idée s'en va et elle reste comme abrutie. Elle craint de

parler parce qu'elle ne sait plus'ce qu'elle dit. Elle se sent des

poids dans le dos, des tiraillements dans les pieds. La femme lui

dit qu'elle est magnétisée, qu'elle a sa pensée et qu'elle lui fera

faire tout ce qu'elle voudra, même tuer quelqu'un. a Malheur ! ré-

pond-elle, je préférerais me faire enfermer. » Et c'est en effet ce

qu'elle a fait, car elle est venue elle-même demander son interne-

ment. Pour une persécutée ce fait vaut, il nous semble, la peine

d'être signalé. ' * ' .

Notons encore des hallucinations génitales et des impulsions à

regarder les hommes.

Toutes ces souffrances sont le résultat du magnétisme par l'élec-

tricité qui fait de la malade « une possédée du mauvais esprit ».

L'explication qu'elle en donne ne laisse pas d'être assez particu-

lière. Elle pense, d'après les dires de ses hallucinations, que l'épi-

cier qu'elle accuse de lui avoir fait des propositions, a soudoyé,

moyennant une somme de 800 francs, un homme et une femme

pour la punir de sa résistance. Elle n'a jamais vu ces personnes,

mais elles sont entrées en communication avec elle par le moyen

suivant. Le jour où, au début de toute l'affaire, elle était allée

acheter son café chez l'épicier, elle lui avait donné une pièce d'un

franc. Elle se rappelle qu'il est sorti à ce moment et. que ce n'est

qu'un instant après qu'il lui a rendu sa monnaie. c Sans doute,

dit-elle, il avait emporté ma pièce'd'un franc pour la donner à

ses agents, afin que, possesseurs d'un objet qui m'avait appartenu,

ils pussent agir sur moi. > La monnaie que l'épicier lui a rendue

était évidemment électrisée. En effet, en rentrant chez elle, elle la

dépose sur sa commode et veut se peigner, mais en portant à sa

tête la main' qui' avait tenu la monnaie, elle ressent comme une

grande secousse ; la communication était établie. ' ,

Pour lui faire ressentir tout ce qu'elle éprouve, l'homme se sert

de la femme comme d'un sujet qu'il fait souffrir pour que la ma-

lade ressente par contre-coup les mêmes souffrances. « Car, dit-

elle, nous sommes deux en une. » Cette femme le lui a expliqué

d'ailleurs : c Quand tu es inerte, je suis inerte comme toi ; quand

tu vois des flammes de feu, c'est qu'on allume des allumettes

442 CLINIQUE MENTALE.

devant mes yeux; si l'on me tue, tu mourras. Moi et toi, cela ne

fait qu'une; quand on me touche, cela te touche. » Parfois la

femme dit : « Je suis lasse », et alors la malade est toute fatiguée.

« Cela lui fait pareil, » et ajoute-t-elle : « C'est absolument comme

si c'était moi qui -l'avais dit. » Pour ses hallucinations génitales,

c'est également par l'intermédiaire de cette femme qu'elle les

ressent; elle se touche et en même temps la malade éprouve des

sensations voluptueuses.

Bien que cette femme soit une misérable de consentir ainsi à

souffrir pour lui faire éprouver les mêmes souffrances, notre ma-

lade ne lui en veut pas trop. Elle ne la connaît pas ; il lui serait

d'ailleurs impossible de la connaître, car elle lui a dit n'avoir

jamais vu le jour. En revanche elle manifeste des idées de ven-

geance contre l'épicier qu'elle rend responsable de tous ses maux.

Elle le prendra par où il l'a prise et lui montrera c ce que l'on

gagne à faire souffrir une femme ».

Au point de vue somatique, la malade se plaint de quelques

symptômes neurasthéniques : fatigue générale, courbature, essou-

flement, faiblesse de jambes, pesanteur de la tête, gonflement de

l'estomac. Les règles sont régulières.

Conformation physique normale. Très légère asymétrie faciale;

lobule de l'oreille adhérent.

PERSÉCUTÉS AUTO-ACCUSATEURS ET POSSÉDÉS. 443

troubles psycho-moteurs : hallucinations motrices, impulsions,

aboulie, phénomènes d'arrêt, accompagnement obligé et sym-

bole d'un dédoublement de la personnalité, tellement évident

chez notre malade qu'il nous semble inutile d'y revenir.

Sans aucun doute de pareils symptômes ne sont pas rares

au cours des délires habituels de persécutions. Toutefois,

nous ferons remarquer qu'ils n'atteignent pas d'ordinaire un

tel développement, et qu'ils ne s'installent pas pour ainsi dire

en maîtres au premier plan pour modifier à un tel point l'aspect

de la maladie '.Lorsqu'on peut faire une pareille constatation,

c'est qu'il s'agit de cas particuliers, semblables à celui que

nous signalons ici.

La nature même des idées délirantes à l'aide desquelles la

malade interprète ces symptômes psychopathiques, ne laisse

pas d'avoir une teinte assez spéciale.

' r Au premier abord 2 on peut croire que l'on a affaire à de

simples idées de persécution, en général assez systématisées,

mais il est à remarquer que ces idées de persécution ont une

teinte spéciale mystique, comme la phraséologie qu'affec-

tionnent ces malades, et traduisent en quelque sorte la con-

trainte qu'ils éprouvent, les troubles de leur personnalité. Ils

attribuent leurs tourments aux sorciers, aux prêtres, à la

théologie sacrée ou démoniaque, s'en prennent aux esprits, au

spiritisme, à la suggestion, se disent ensabbatés », si bien

que par leur teneur et leur fondement psychologique cons-

titué par les différents troubles psychomoteurs énumérés tout

à l'heure, ces idées s'éloignent des idées de persécution habi-

tuelles, et, en tenant compte de la différence due à l'éduca-

tion, au milieu social, se rapprochent au contraire beaucoup

des idées de possession, d'observation fréquente autrefois. »

Cette remarque peut trouver, croyons-nous, un appui dans

le fait que nous venons de rapporter. La malade se dit bien

nettement possédée du mauvais esprit, et, lorsqu'elle explique

les moyens auxquels on recourt pour la faire souffrir, on

retrouve des croyances analogues à celle de l'envoûtement.

C'est en agissant directement sur un être qui ne fait qu'un

' J. Séglas et P. Bezançon. De l'antagonisme des idées délirantes

chez les aliénés : l'attaque et la défense, le bien et le mal; le dédouble-

ment de la personnalité. (Aitit. médic. psch., janv. 1889, p. 22 et suiv.)

(A2 J. Séglas. Variété' psycho-motrice des délires de persécution.

C4 ! Mt. médic. psch. janv. 1893, p. 111.)

444 CLINIQUE MENTALE.

avec elle qu'on arrive à lui faire ressentir par contre-coup des

souffrances absolument identiques. ' '

Ce n'est pas seulement pour le mode d'expression de leurs

idées que ces persécutés méritent à notre avis d'être distin-

gués à titre de variété. Mais ces idées même de possession ne

sont que l'étiquette de troubles psychologiques plus profonds,

en particulier les troubles psycho-moteurs se résumant en' un

dédoublement de la personnalité que l'on ne rencontre le plus

souvent qu'à l'état rudimentaire chez le persécuté ordinaire.

L'évolution même de la maladie peut être assez' différente

de ce que l'on observe habituellement chez le' persécuté. Le

dédoublement delà personnalité aboutissant aux idées' de pos-

session peut ne survenir qu'après une certaine période de

maladie n'offrant guère de symptômes différents de ceux des

délires de persécution habituels.

C'est le cas de notre malade, c'était aussi celui d'un autre

aliéné dont l'observation a été déjà communiquée par l'un de

nous au congrès de Paris et qui résumait fort bien l'évolution

de sa maladie en disant que » ce fut d'abord une. obsession qui

est devenue une possession de l'individu hanté par les

esprits ' D . ' ' z

D'autres fois, les troubles phycho-moteurs, les'altérations

de la personnalité et les idées de possession apparaissent très

vite, presque dès le début de la maladie. Dans la communi-

cation à laquelle nous faisions allusion plus haut, l'un de

nous2 avait signalé ce fait, corroboré par une observation pos-

térieure de M. J. Voisin 3. En voici un nouvel exemple :

La nommée V... se présente à la consultation externe de la Sal-

pêtrière, et nous raconte qu'elle a connu auparavant un amant qui

en la quittant lui aurait dit que, malgré son absence elle serait

toujours en son pouvoir. Cela l'a beaucoup frappée et aujourd'hui

elle en est convaincue. Sa conviction repose sur une série de

troubles intellectuels dont les plus saillants sont des troubles psycho-

moteurs, hallucinations et impulsions. C'est ainsi qu'elle a des hallu-

cinations verbales motrices très accentuées : elle sent parler en elle-

même et sa langue remue malgré elle. Elle a aussi des impulsions

1 J. Séglas. Le dédoublement de la personnalité et les hallucina-

tions verbales psycizo-motrices. (Congrès de médecine mentale de Paris,

1889.)

2 J. Séglas. (4MH. médic. psch., janvier 1893, p. 110.)

1 J. Voisin. (Ann. médic. pysch., mai, juin 1893, p. 440.)

PERSÉCUTÉS AUTO-ACCUSATEURS ET POSSÉDÉS. 445

verbales très nettes; elle se sent forcée de parler malgré sa volonté,

de dire sa pensée avant qu'elle ne. veuille le faire. Elle présente

aussi d'autres impulsions qu'elle exprime en disant qu'on la force

de se lever/de changer de place, d'acheter un revolver, de voyager.

Un jour, elle est 'allée dans une ville de province pour retrouver

son amant,' forcée par lui à distance d'accomplir ce voyage. Lors-

qu'elle est arrivée, elle ne l'a pas reconnu, parce qu'il s'était trans-

formé en une autre personne. De même qu'elle se sent obligée à

accomplir certains actes qui lui sont imposés, de même on l'em-

pêche d'un autre côté de dire ou de faire ce qu'elle veut. C'est ainsi

que, lorsqu'elle parle, elle arrive à dire le contraire de ce qu'elle

pense, de même elle fait le contraire de ce qu'elle avait décidé de

faire.

Ce sont ces phénomènes spéciaux, impulsifs ou d'arrêt, qui ont

marqué le début de la maladie et qui prédominent encore aujour-

d'hui. Elle a de plus des hallucinations auditives : elle entend par

les oreilles des injures prononcées par des voix d'hommes et de

femmes. Elle a aussi des hallucinations génitales.

Tout cela est le résultat de la magie et de la physique que son

amant pratique à distance sur elle à l'aide d'objets lui ayant appar-

tenu et sur lesquels il fait des signes. S'il communique ces objets

à d'autres personnes, elle ressent alors leur influence.

Elle veut se soustraire à cette possession et opposer à ce pouvoir

qui la domine, un pouvoir supérieur qui l'anéantisse. Si nous ne

pouvons pas être de taille à cela, elle ira trouver M. Charcot. Cette

malade est manifestement une débile; elle n'offre 'pas de signes

constatables d'hystérie.

Enfin l'évolution de la maladie- peut ne pas en rester là et

alors elle ne laisse pas non plus d'être parfois assez singulière.

Ces malades peuvent, en effet, suivre deux voies différentes.

« Les uns regardent comme une faveur les symptômes de

possession qu'ils accusaient précédemment. Ils formulent des

idées de grandeur : Dieu, les Esprits parlent par leur bouche;

ils sont inspirés, ils 'prophétisent. Les autres, au contraire,

accusent de plus en plus les atteintes portées à leur personna-

lité individuelle, en arrivent à un véritable délitée de négation

systématisé, différant d'ailleurs comme symptômes et comme

évolution des cas envisagés par Cotard. Ils n'ont plus rien,

plus de sentiments, plus de pensées, plus même d'organes', x

Un fait rapporté par M. Roubinowitch pourrait être regardé

comme un 'exemple du premier genre 2. D'autre part, l'un de

1 J. Séglas. (4 ? Ht. 72 ? ddie.-psycl&., janv. t893, p. 112.)

R Houbinowitch. ( Ibid., p. 98.)

446 CLINIQUE MENTALE.

nous a pu observer deux cas semblables dans lesquels on

pouvait noter un délire de négation et sur lesquels nous ne

reviendrons pas, car ils ont déjà-été présentés aux Congrès de

Paris et de Blois '.

ni

Des observations et des brèves considérations que nous

venons d'exposer, il nous semble résulter que :

Certains aliénés persécutés et nullement mélancoliques

peuvent cependant être auto-accusateurs et présentent des

idées de persécution analogues à celles des mélancoliques,

constituant un groupe mixte, de transition entre ces deux

modalités délirantes.

D'autre part, si, parmi les persécutés, il en est dont la ma-

ladie ne représente qu'un vice de développement intellec-

tuel, qu'une évolution anormale de la personnalité toujours

dans le même sens, il en est d'autres chez lesquelles la maladie

se traduit par une dissociation assez rapide, parfois d'emblée

et toujours très accentuée delà personnalité.

Cette dissociation de la personnalité se trouve en rapport

avec un certain nombre de symptômes qui prennent alors un

grand développement et dirigent même la scène délirante. Ce

sont d'une façon générale les troubles psycho-moteurs (hallu-

cinations motrices, impulsions, aboulie, phénomène d'arrêt).

Aussi en les envisageant à ce point de vue, par opposition

aux persécutés hallucinés sensoriels et aux persécutés raison-

nants, l'un de nous avait-il proposé de ranger ces cas sous le

nom de variété psycho-motrice du délire de persécutions.

Les idées de persécution se modifient d'une façon connexe

et c'est plutôt par des idées de possession que le malade inter-

prète alors les troubles psychopathiques qu'il accuse.

On peut même rencontrer des cas où il en arrive à formuler

un délire de négation systématisé. '

Ces malades, étudiés autrefois sous la dénomination très

vague de délirants mystiques ou de possédés, se distinguent des

mélancoliques possédés ou négateurs, et rentrent dans le

cadre des délirants systématisés primitifs dont'ils ne cons-

tituent incontestablement qu'une variété. Néanmoins, il nous

semble qu'il y aurait intérêt à leur faire une petite place dans

' J. Séglas. (Congrès de Paris, 1889 et congrès de Blois, p. 92. et suiv.)

DE L'HYSTÉRIR EN VENDÉE. 447

ce grand groupe. Car la division la plus habituelle en France

en délirants chroniques et en délirants dégénérés est vraiment

bien sommaire; parmi ces derniers surtout se rangent de nom-

breux cas très disparates entre lesquels il serait certainement

utile à tous les points de vue d'établir un classement.

DE L'HYSTÉRIE EN VENDÉE;

Par le DITERRIE.N.

Si la Vendée a fourni aux historiens tant de pages intéres-

santes, elle offre aux neurologistes un champ d'études abso-

lument remarquable. Sous des dehors rustiques, le paysan

vendéen cache une âme profondément émotive impression-

nable, facile aux suggestions. C'est un névropathe. Les hysté-

riques hommes et femmes se rencontrent à chaque instant,

les neurasthésiques sont légion. Je puis certifier, sans avoir

fait de statistique exacte, que les trois quarts des malades

venant me consulter viennent, pour des troubles nerveux. Si

cette fréquence des névroses chez le Vendéen m'a frappé, un

autre point attirait bientôt mon attention, c'est la facilité avec

laquelle il obéit à la suggestion. Aussi l'hypnotisme, fut-il pour

moi une ressource précieuse dans le traitement de la névrose

hystérique.

Il y a six mois j'avais appelé M. Babinski en Vendée pour un

cas de névrite du plexus cardiaque à forme anormale. Je lui

faisais part incidemment de divers faits relatifs à l'hystérie que

j'avais observés. Ces exemples lui ont paru assez intéressants

pour qu'il me donnât le conseil de rassembler en un fascicule

les nombreux cas de névropathie qui s'étaient présentés et

devaient se présenter à mon observation.

Mon but dans ce travail sera donc d'exposer le résultat de

mes expériences sur le rôle que peut jouer l'hypnotisme dans

les maladies nerveuses, en particulier dans l'hystérie. J'es-

saierai de démontrer : 1° que l'hypnotisme est une excellente

méthode de traitement des accidents hystériques : paralysies,

contractures, spasmes, etc., chez les sujets hypnotisables;

2° Que chez les sujets non hypnotisables on doit avoir

recours à la suggestion à l'état de veille, qui fournit d'excel-

448 ' CLINIQUE MENTALE.

lents résutats, en donnant aux divers traitements employés

une vertu, une efficacité qu'ils n'ont pas sans elle;

3° Que si l'efficacité de l'hypnotisme est telle dans l'hystérie,

en revanche elle n'est d'aucun secours 'dans le traitement des

autres névroses, a fortiori des affections organiques, que, si

un résultat est obtenu, il n'est qu'absolument transitoire, mo-

mentané ; que, si parfois on constate une amélioration persis-

tante, c'est que ces névroses ou affections organiques ne sont

pas seules, que l'hystérie s'y trouve associée et que c'est l'effa-

cement de ces troubles hystériques qui, en améliorant le sujet,

a fait croire à l'action bienfaisante de l'hypnotisme sur diverses

maladies.

Comme on le voit, contrairement à ce que soutient l'Ecole

de Nancy, et conformément aux doctrines de la Salpêtrière,

je suis d'avis qu'il existe d'étroites relations entre l'hystérie et

l'hypnotisme.

En ce qui concerné le rôle de l'hypnotisme en thérapeutique

je partage la manière de voir de M. Babinski, qui, dans plu-

sieurs mémoires' a démontré que l'hypnotisme ne peut avoir

d'action thérapeutique que sur les manifestations de l'hystérie;

4° J'essaierai en dernier lieu d'expliquer la fréquence des

affections névropathiques en Vendée. Est-elle due à l'alcoo-

lisme ? Aux mariages consanguins si nombreux ? Faudra-t-il

penser également que l'hystérie se développe plus facilement

dans un pays neuf, primitif, superstitieux à l'excès ? Sont-ce

ces trois causes réunies ? -

CHAPITRE PREMIER

HYSTÉRIE CHEZ LES ENFANTS HYPNOTISABLES. GUÉRISON DES-

ACCIDENTS HYSTÉRIQUES PAR L'HYPNOTISME

Observation I. Aphonie. Astasie et abasie. Anorexie, spasme

hystérique. Durée quatre mois. Guérison. (Une séance.)

B..., dix-neuf ans, mère et tante nerveuses, plusieurs soeurs hys-

tériques. Dès son bas âge, cette jeune fille fut sujette à des actes

1 Voir : Hypnotisme et Hystérie. Du rôle de l'hypnotisme en thérapeu-

tique. Leçon faite à la Salpêtrière, par J. Babinski. (Gazette hebdoma-

ctaire de médecine et de chirurgie, juillet 1891.)

Voir aussi : Association de l'hystérie avec les maladies organiques du

DE L'HYSTÉRIE EN VENDÉE. 449

de somnambulisme, se levant la nuit et vaquant à toutes sortes

d'occupations dont le matin à son réveil elle n'avait aucun sou-

venir. A plusieurs reprises elle eut des attaques de sommeil

variables, comme'durée, de quelques heures à plusieurs jours. Il y

a deux ans environ, à la suite d'une vive émotion, elle tombe à

terre. On la, relève.. Elle ne peut plus se tenir debout et elle est

sans voix. Elle se fait comprendre seulement par signes et par

le mouvement des lèvres. Il lui est impossible également de dé-

glutir. Le liquide semble trouver dans l'arrière-cavilé buccale une

barrière, un spasme qui l'arrête, lui ferme la routé. Inutile d'ajou-

ter que ne pouvant se tenir' debout, quoique non paralysée, elle

ne pouvait marcher. Elle était donc aslasique et abasique. Et ici,

comme oh peut en juger; l'astasie et l'abasie n'existaient pas,

comme c'est la règle, à l'état de monosyndrome. On voit l'aphonie

et l'anorexie coexister. On verra plus loin que d'autres stigmates hys-

tériques les accompagnent. Malgré les traitements multiples em-

ployés, l'état était toujours resté le même depuis quatre mois, la

malade s'affaiblissant de plus en plus par le défaut d'alimentation.

C'est alors que, mon confrère qui depuis le début donnait ses soins

à cette malade me fit appeler. Je trouvai une jeune fille pâle, amai-

grie, je trouvai une famille en pleurs; c'était en effet pour elle

une consultation in ea;h'e<7 ! M,leur enfant leur semblant vouée aune

mort certaine, et presque imminente. Avec les renseignements

donnés par le confrère et que j'ai signalés plus haut, après un

examen rapide du sujet, le diagnostic fut vite établi. Les troubles

de la sensibilité, hémianesthésip sensitivo-sensorielle droite, cette

aphasie absolue (aphonie) sans agraphie, sans surdité verbale, ni

cécité verbale, l'anorexie, le spasme, tout cela rentrait bien dans

le cadre de l'hystérie. Les troubles moteurs eux-mêmes, astasie et

abasie, la malade pouvant dans son lit mouvoir ses jambes en tous

sens et déployer une force presque normale, quand, la jambe étant

en flexion, on essaie .d'empêcher, son extension et, malgré cela,

s'affaissant aussitôt quand on veut la maintenir debout, ces troubles

moteurs, dis-je, se rattachaient bien à l'hystérie, l'astasie et l'abasie

étant des phénomènes purement hystériques ainsi que l'a proclamé

Charcot et son interne Blocq dans son travail sur cette affection.

La disparition subite du mal par l'hypnotisme nous démontrera

bien du reste qu'on a raison d'en faire un syndrome hystérique.

Je consolai alors malade et parents en leur faisant entendre que

la guérison était certaine, peut-être immédiate. J'endors notre

jeune hystérique. Je lui recommande de manger, de parler, de se

lever et de marcher. A son réveil, elle demande à haute voix et

système nerveux, les névroses et diverses autres affections, par J. Ba-

bilisizi. (Bulletins et Mémoires de la Société médicale des hôpitaux de

Paris, 11 nov. 1892.) ,

Archives, t. XXVI. 29

450 CLINIQUE MENTALE.

sans bégaiement qu'on lui donne à boire. Elle boit, s'échappe brus-

quement de son lit, marche, se met à table, criant la- faim. Au

bout de quelques instants tous les phénomènes hystériques avaient

disparu, sauf peut-être les troubles de la sensibilité que je n'ai

pas songé à étudier. Et la jeune fille put recevoir à la porte son

curé mandé en même temps que moi etvenu pour lui donner sa der-

nière bénédiction. La surprise fut grande; dirai-je qu'on me remer-

cia ? Non. On crut à une intervention diabolique, sans doute, car on

m'a fort mal accueilli le lendemain, et je sais, qu'on ne m'a pas

encore pardonné d'avoir guéri la jeune fille, dont la santé pourtant

s'est maintenue excellente depuis deux ans.

Observation II. Hystérie mâle chez un jeune garçon de treize ans .'

10 Hyperesthésie, parésie, contracture datant de cinq mois. Gué-

rison (une séance) ; 2° Chez le même enfant : Paralysie hystéro-

traumatique datant de un mois. Guérison (une séance).

G..., treize ans, père hystérique, mère nerveuse, présentant de-

puis cinq mois de vives douleurs dans les deux jambes. Il avait la

sensation d'épingles s'enfonçant dans les chairs. Le moindre con-

tact, le moindre frôlement était douloureux, la marche était dès

lors impossible. Car, outre cette hyperesthésie, on constatait un

certain degré de parésie et les membres inférieurs restaient tou-

jours en demi-flexion. Appelé dès le début des accidents, je cons-

tatai, en outre des phénomènes décrits plus haut, de l'anesthésie du

pharynx et un rétrécissement concentrique assez notable du champ

visuel. C'était donc bien de l'hystérie.

Craignant que les parents ne veuillent accepter l'emploi du

traitement par l'hypnotisme et me rappelant les bruits fâcheux,

les déboires que ma première cure avaient fait naître, j'usai de

l'hydrothérapie, du valérianate d'ammoniaque, etc.

Aucune amélioration ne se produisant après cinq mois d'un

traitement suivi, je résolus, quand même, d'en venir à l'hypno-

tisme. Bien en prit au malade et aux parents du malade d'avoir

accepté cette médication, car l'enfant amené dans mon cabinet,

soutenu par des béquilles ou plutôt par ses parents, sortait après

une séance de quelques minutes, en courant de toutes ses forces,

sans douleurs aucunes. La parésie, l'hyperesthésie, la contracture

tout avait disparu. Il avait suffi d'une simple suggestion pendant

un sommeil qui n'a pas duré plus de cinq minutes. Cinq ou six

mois après, ce même enfant, travaillant près de la ferme qu'il

habitait, se heurte dans une pierre et tombe. Il se relève, mais il

est paralysé de la main droite. Croyant à une fracture, vite on le

conduit chez le rebouteur ou médecin du village, comme on l'ap-

pelle dans le pays. Le médecin improvisé fait quelques manoeuvres,

déclare qu'il y a fracture, et malgré ses soins les doigts restent

DE L'HYSTÉRIE EN VENDÉE. 451

toujours immobiles. Au bout de un mois, on songe à venir me

consulter. Il n'y avait jamais eu de fractures, mais en revanche il

existait une paralysie hystéro-traumatique avec anesthésie du

membre jusqu'au coude. J'endors en quelques secondes le malade,

je lui ordonne de me serrer la main, qu'il le peut, qu'il n'est plus

paralysé, qu'il est guéri, qn'il va pouvoir écrire. De mon cabinet

il court à l'école qu'il venait de quitter le bras en écharpe, et

au grand étonnement de son professeur, il écrit avec la même

aisance, la même facilité qu'autrefois. Depuis cette époque, il n'a

présenté aucun accident nerveux. -

A propos de ce dernier cas, il me semble utile de faire remar-

quer, comme l'a fait tant de fois mon maître M. le professeur

Charcot, le rôle que joue la suggestion dans l'éclosion des acci-

dents hystériques : paralysie, contracture, etc. C'est une loi chez

le paysan vendéen que la fracture entraîne l'impuissance, la para-

lysie du membre. Vous êtes fracturé d'un bras, vous ne pouvez

plus remuer les doigts. Or voici comment les parents du malade

m'ont raconté la scène. Je cite à peu près textuellement. Voyant

l'enfant tomber lourdement à terre, sa mère lui crie : « Malheu-

reux, tu t'es cassé le bras. Tiens, tu ne dois pas pouvoir remuer les

doigts. » L'enfant essaye, en effet, et ne peut imprimer aucun mou-

vement à la main. N'est-ce pas du reste à peu près le langage que

l'on tient à une hystérique chez qui on essaie de provoquer une para-

lysie hystéro-traumatique.

J'ai une malade, une hystérique ; sans la mettre en état de som-

nambulisme, sans préparation aucune, je lui frappe sur l'épaule et

lui dis qu'elle ne peut plus faire mouvoir son bras; aussitôt il lui est

impossible d'imprimer le plus léger mouvement. Dans le cas qui

nous occupe, l'enfant persuadé qu'il s'est fait une fracture, puisque

sa mère le lui dit, se persuade aussitôt qu'il est paralysé des doigts

et de la main; l'idée de fracture, entraînant l'idée d'impuissance

fonctionnelle, et la paralysie psychique est produite. Seulement

dans ce cas la paralysie s'est produite plus rapidement que M. le

professeur Charcot ne l'indique. Elle fut immédiate. Il est vrai que

là la suggestion directe est venue aider l'autosuggestion. Le malade

n'a rien présenté d'anormal depuis cet accident, c'est-à-dire depuis

six mois.

Observation III. Hyperesthésie plantaire. Douleurs téi,ébi,ai2tes

dans les membres inférieurs. - Faiblesse musculaire. Guérison

par hypnotisme (une séance).

C'est le père de l'enfant cité plus haut. Aux deux genoux, à la

jambe droite tout entière, il éprouvait de vives douleurs lui rendant

le sommeil difficile. La marche, à cause d'une hyperesthésie plan-

taire, ne se faisait qu'avec peine, d'autant qu'il existait une faiblesse

432 CLINIQUE MENTALE.

musculaire très marquée dans les deux membres inférieurs. Quant

aux douleurs, ce sont, disait-il, des aiguilles qui s'enfoncent dans

mes chairs et me forcent à crier. J'examine le malade. Rien qui

m'indique les troubles ataxiques, sauf les douleurs; tout, au con-

traire, révélait l'hystérie, rétrécissement du champ visuel, quoique

peu notable, anesthésie pharyngienne et enfin l'histoire du fils

venant encore éclairer le diagnostic. C'était un hystérique. Je l'en-

dors très facilement. Je lui déclare qu'il ne souffrira plus, qu'il

marchera sans douleurs, qu'il est guéri. En effet il s'écria à son

réveil qu'il ne souffrait plus. Mais, ajouta-t-il, je n'ai pas de forces

dans les jambes. J'avais en effet oublié dans la suggestion ce

détail, tout avait bien disparu, sauf l'asthénie motrice. Il fallut

l'endormir à nouveau. Et tout revint dans l'ordre. Voilà six mois

que la guérison a eu lieu, et j'ai appris qu'il éprouvait seulement

de temps en temps et à de rares intervalles, quelques douleurs

fugitives dans les membres.

Observation IV. Vomissements hystériques datant de six mois.

Guérison (deux séances.)

Eugénie J... treize ans. Mère neurasthénique, père légèrement

alcoolique. A depuis six mois des vomissements presque continuels.

A peine l'aliment est-il ingéré qu'il est aussitôt rejeté. Plusieurs

confrères lui avaient donné leurs soins, et cela sans résultat. La

malade vomissait toujours autant. C'est alors qu'on vint me con-

sulter. Je vis une jeune fille bien constituée, ne présentant, malgré

ses troubles dyspeptiques, qu'un léger degré d'amaigrissement peu

en rapport avec un défaut d'alimentation aussi prolongé. Je cons-

talai un peu de chlorose; de douleurs, nulle part, pas même à la

région épigastrique. Insomnie fréquente, sommeil troublé par des

rêves terrifiants, caractère irritable.

Rétrécissement concentrique du champ visuel. Pas de troubles de

la sensibilité générale. Ces vomissements continuels sans douleurs

et sans amaigrissement de la malade, le rétrécissement du champ

visuel, en l'absence d'autres stigmates, m'ont suffi pour que je

porte le diagnostic : hystérie.

C'était bien en effet de vomissements hystériques dont il s'agis-

sait, car j'endors l'enfant en deux ou trois minutes, et je lui com-

mande de ne plus vomir. Quinze jours après la mère, sur mon ordre,

la ramena. L'enfant allait mieux. Deux ou trois vomissements seu-

lement avaient eu lieu. Nouvelle séance, même suggestion. Et notre

malade n'a jamais rien éprouvé depuis. Toutefois il y a un mots,

c'est-à-dire un an après la guérison que je viens d'indiquer, la

jeune fille eut un vomissement. On me la ramena aussitôt, craignant

le retour de la maladie. Nouvelle séance d'hypnotisme. Ce vomis-

sement ne s'est pas reproduit.

DE L'HYSTÉRIE EN VENDÉE. 4S3

Observation V. Grande hystérie avec crises convulsives. Con-

tractures, surdité, cécité. Douleurs ovariennes. Guérison.

Demoiselle Br..., vingt-deux ans. Mère très nerveuse, père très

vif, frère hystérique avec crises convulsives. Jusqu'à l'âge de seize

ans, n'avait présenté aucun trouble nerveux, quand, à la suite d'une

vive contrariété au sujet d'un mariage, elle fut prise d'accès con-

vulsifs avec hallucinations, etc.. Après un séjour d'un an dans une

maison de santé, elle redevint calme. D'après les renseignements

que la malade, très intelligente, a pu me donner, ou eut souvent

recours à l'hypnotisme pour faire cesser certains troubles qu'elle

présentait : anorexie, contractures, surdité, etc.

Il y a trois mois environ elle fut prise de douleurs atroces dans

la région ovarienne gauche. Douleurs à la tête, insomnie, vomis-

sements, anorexie. Appelé près de cette malade que je voyais

pour la première fois, je constatai tous les stigmates de l'hystérie :

hémianesthésie sensitivo-sensorielle droite, rétrécissement concen-

trique énorme du champ visuel, amaurose à gauche. J'endors la

malade par un simple commandement. Dans une seule séance je

puis faire disparaître la douleur ovarienne, la céphalée, l'anorexie.

Elle n'attendit même pas son réveil, pour prendre de la nourriture.

C'est les yeux absolument clos qu'elle va elle-même chercher le pain,

le vin, un verre, etc.. et tous ces mouvements sont exécutés avec

une sûreté, une précision admirable.

Cette jeune demoiselle, le plus beau sujet hystérique hypnoti-

sable 'que j'aie jamais rencontré malgré un séjour de six années

dans des hôpitaux spécialement affectés aux maladies nerveuses,

posséderait à un suprême degré ce que l'on appelle la vision à dis-

tance. Un jour qu'elle était couchée, malade dans son lit, elleaurait

raconté dans tous ses détails à sa soeur, le voyage que faisait en ce

moment sa mère, lui disant l'argent qu'elle avait emporté, les per-

' sonnes qu'elle avait rencontrées dans le cours de ce voyage, les

cadeaux qui lui étaient faits (deux rosiers ayant chacun une rose

épanouie). Quand la mère rentra, la soeur ne put s'empêcher de

rire en voyant à la gare d'arrivée sa mère portant les deux rosiers.

à la main, et en lui entendant raconter toutes les péripéties d'un

voyage qu'elle connaissait déjà.

Il m'est, il est vrai, impossible de garantir l'exactitude de ce fait,

que je mentionne sous toutes réserves.

Cette jeune fille obéit d'une façon remarquable à la suggestion.

Une contracture se produit-elle ? et cela a eu lieu il y a quelques

jours, la malade cherchant à railler un pauvre homme difforme

qui avait la tête penchée sur l'épaule, elle est prise immédiatement

à son tour de la même difformité. Une courte séance d'hypnotisme

redresse le cou de notre jeune hystérique, qui en raillant notre

homme avait fini par copier sa difformité, son sterno-mastoïdien

4S4 CLINIQUE MENTALE.

s'étant subitement contracture. Un autre jour devient-elle sourde ?

On l'endort, on lui fait lire un papier où l'on a écrit * qu'elle

entend » et la surdité s'efface aussitôt. L'amaurose à gauche est plus

tenace. On la fait disparaître, mais elle se reproduit quelques jours

après. J'en aurais long à dire sur cette hystérique; mais je suis

obligé de me borner pour ne pas donner trop d'étendue à ce travail.

Observation VI. Gastralgie. Vomissements.

Asthénie motrice. Guérison (deux séances).

Femme N..., quarante-cinq ans, a une longue histoire patholo-

gique. Paraplégique à trente ans, fut traitée pour une affection

médullaire. La paraplégie dura deux ans. Quelques années plus

tard, c'était une rétention d'urine, avec douleurs vésicales, troubles

qui persistèrent pendant près d'un an. 11 y a quatre mois d'autres

phénomènes apparurent. Ce fut une douleur vive, persistante

dans la région épigastrique et la région dorsale, avec anorexie,

vomissements.

Son médecin crut probablement à une affection organique grave

de l'estomac, car la malade fut mise au régime exclusivement

lacté, et le pronostic d'incurabilité probable avait été porté.

Le lait n'étant pas plus supporté que toute autre nourriture, on

me fit appeler. Les antécédents de la malade, l'histoire de cette

paraplégie, de ces troubles de la vessie me firent penser aussitôt à

l'hystérie. L'examen direct me confirma dans mon diagnostic.

Anesthésie pharyngienne, diminution de la sensibilité à gauche,

rétrécissement concentrique notable du champ visuel, sensation de

boule lui montant à la gorge.

J'en avais assez pour voir que c'était bien a des troubles hysté-

riques que j'avais affaire. J'endors la malade. Je lui enlève aussitôt

par la suggestion l'anorexie, le vomissement, la douleur épigas-

trique. L'asthénie motrice, que j'avais un peu laissée de côté,

existait encore, mais plus faiblement, de même la douleur à la

région dorsale et lombaire. Le surlendemain, je lui fais une nou-

velle suggestion. Et la malade reprenait son travail dans les

champs, mangeait les aliments les plus indigestes, et cela sans

éprouver les moindres troubles dyspeptiques.

L'histoire pathologique de cette malade montre une fois de plus

quelles grosses erreurs les hystériques peuvent faire commettre

aux médecins peu versés en neuropathologie : voilà une malade

condamnée pour myélite, jugée sérieusement compromise pour

une cystite chronique, vouée à une mort certaine pour une affec-

tion cancéreuse de l'estomac et qui n'a jamais rien eu autre chose

que de l'hystérie, affection gênante, qui persiste, mais qui ne tue

jamais, et dont il est facile par l'hypnotisme d'enlever les accidents

qu'elle peut produire.

DE L'HYSTÉRIE EN VENDÉE. ,455

On ne devrait jamais oublier que l'hystérie peut simuler toutes

les maladies, les copier, si je puis parler ainsi, points par points,

et si l'on n'a pas soin de rechercher quelques-uns des stigmates de

l'hystérie (car il en existe presque toujours), on est exposé à com-

mettre de grosses erreurs, très préjudiciables au malade qu'on a

alarmé inutilement.

Observation VII.

Demoiselle Maq..., vingt-cinq ans. Mère alcoolique, soeurs

très nerveuses, vint un jour à mon cabinet; elle était aphone et

avait une paralysie du bras droit. Après la constatation des prin-

cipaux stigmates de l'hystérie j'endors la jeune fille et lui enlève

instantanément sa paralysie du membre. La voix revient aussitôt;

elle parle avec la même netteté qu'auparavant. Les accidents

remontaient à huit jours. Ces accidents se reproduisirent plusieurs

fois, je les fis disparaître à chaque fois avec la même facilité'.

Observation VIII. Aphonie survenue à la suite d'une chute

sur le genou chez un garçon de onze ans. Guérison.

X..., onze ans. Mère très nerveuse, père congestif, n'avait

jamais rien présenté d'anormal ; son caractère était doux, patient.

La santé physique était excellente. Son père meurt subitement en

descendant du train, frappé d'apoplexie. Le caractère de l'enfant

change aussitôt. Il est devenu triste, pleure à chaque instant et

sans motif. Quelques jours plus tard il fait une chute sur le genou.

La chute n'était pas grave, une simple ecchymose, c'était tout. Ce

fut pourtant suffisant pour amener les premières manifestations

d'un mal qui aurait pu éclater bien plus tard et peut-être jamais.

Les émotions causées par la mort de son père avaient préparé

l'hystérie, la chute la fit apparaître.

Le soir de la chute il perdit la voix complètement, sans perdre

connaissance, sans éprouver rien d'anormal en dehors de cette

aphonie ; on remarqua toutefois un certain degré d'amnésie. Quand

on le conduisit dans mon cabinet, l'aphonie avait disparu, il ne

restait plus qu'unesorte de bégaiement, ce bégaiement qui termine

souvent ce phénomène nerveux. Outre ce bégaiement, je constatai

que la mémoire était encorebien diminuée et une sorte d'hébétude

se peignait sur son visage.

Cette simple chute sur le genou avait donc eu de très singulières

conséquences, puisqu'elle rend d'un seul coup l'enfant amnésique.

Il perd la mémoire des mouvements coordonnés des lèvres et de la

' Elle fut atteinte il y a quelques jours de cécité, que fit disparaître, dans

une courte séance d'hypnotisme, mon excellent ami le D' Guibert médecin

oculiste, qu'elle était allée consulter dans cette circonstance.

li56 CLINIQUE MENTALE.

langue, nécessaires pour l'articulation des mots (il est aphone) et

cette amnésie s'étend également sur presque toutes ses connais-

sances acquises. Il a perdu le souvenir. Sa mère n'a pas su me dire

s'il aurait pu écrire, calculer; elle ne le croit pas, car son intelli-

gence s'était subitement obscurcie. Quel traitement a-t-on fait

suivre à ce malade. On lui avait appliqué, nous dit la mère, quel-

ques sangsues. Pourquoi ? On avait sans doute cru à une lésion

organique. Et pourtant c'était bien l'hystérie qui était en jeu, car

outre cette aphonie qui n'existe ainsi marquée que dans l'hystérie,

aphonie survenant sans perte de connaissance, après un choc léger,

je constatai un rétrécissement concentrique notable du champ

visuel, une diminution de la sensibilité du côté gauche, et un peu

d'anesthésie pharyngienne. Quelle conduite devais-je tenirdans

la circonstance ? Il était probable que tout allait bientôt rentrer

dans l'ordre. Pourtant je voulais voir si l'hypnotisme pouvait faire

cesser immédiatement ces bégaiements, et ce qu'il pouvait faire

sur l'amnésie. Le résultat fut très heureux, car quelques jours

après on m'apprenait que l'enfant était complètement guéri de

son bégaiement, et que la mémoire lui était revenue.

Cette observation offre un certain intérêt, car ces cas d'amnésie

hystéro-lraumalique doivent être rares !

Observation IX. Agoraphobie chez une hystérique durant

depuis cinq ans. Guérison (deux séances).

Ch. ? quarante ans, hérédité chargée. Père, mère très ner-

veux, tantes et oncle également nerveux. Tous les enfants de cette

femme présentent des signes manifestes de la névrose hystérique.

Depuis cinq ans la femme Ch. ne pouvait plus quitter la chambre.

A peine essayait-elle de franchir le seuil de sa maison, qu'elle était

prise de suffocation, surtout quand elle rencontrait quelqu'un. Les

jambes fléchissaient, se dérobaient sous elle, il lui était impossible

d'aller plus loin. Aussi restait-elle toujours renfermée dans sa

chambre. Mais là elle ne pouvait rester seule, il lui fallait près

d'elle un membre de sa famille, son mari ou un de ses enfants,

sans cela les mêmes étouffements, les mêmes suffocations se pro-

duisaient. Elle avait donc peur de la foule, et peur de l'isolement,

agoraphobie et claustrophobie. A quoi rattacher ces phénomènes

que je viens de décrire ? Existait-il chez cette femme de la dégéné-

rescence mentale ? Etait-ce une hystérique, que j'avais devant moi ?

C'était bien certainement une hystérique car elle présentait des

troubles de la sensibilité générale et sensorielle : perte du goût,

rétrécissement du champ visuel, plaque hystérogène sous le sein

gauche. D'un autre côté, pas de signes physiques de dégénérescence,

tête à conformation normale, quoique front un peu fuyant. J'en-

dors la malade et, par la suggestion pratiquée deux jours consé-

DE L'HYSTÉRIE EN VENDÉE. 457

cutifs, j'arrive à lui faire quitter sa maison, à se rendre à l'église

où elle n'était pas allée depuis cinq ans et cela sans éprouver le

plus léger malaise.

Dans une troisième séance j'ai essayé de lui enlever les suffoca-

tions qu'elle éprouvait quand elle était seule dans sa maison. Cette

séance, n'a pas suffi; malheureusement je n'ai pas été appelé de

nouveau et les choses en sont restées là. La malade peut vaquer à

ses occupations au dehors, mais chez elle il lui faut un de ses en-

fants ou son mari. Si j'avais continué il est probable que la claus-

trophobie, comme l'agoraphobie, aurait cessé. Cette agoraphobie

n'a pas reparu depuis. Maintenant à quoi rattacher ces différents

phénomènes, cette agoraphobie guérie si facilement par l'hypno-

tisme ? M. Babinski dans une relation analogue se demande si l'ago-

raphobie ne peut pas être un syndrome de l'hystérie. J'accepterais

volontiers pour ma part cette opinion. Pour cela je m'appuie sur

la facilité avec laquelle j'ai pu effacer par l'hypnotisme un phéno-

mène aussi tenace, puisqu'il durait depuis cinq ans. On trouve bien

chez les dégénérés des craintes de peurs à peu- près analogues.

Mais chez les dégénérés ces peurs résistent à l'hypnotisme. J'ai eu

l'occasion de donner mes soins à un dégénéré non hystérique qui

ne pouvait entendre le tambour sans être pris d'un accès violent

de suffocations, sans pousser des cris affreux, sans se trouver mal.

Je l'ai endormi plusieurs fois (il ne présentait aucun stigmate de

l'hystérie) je n'ai jamais pu atténuer ces peurs, même faiblement.

L'agoraphobie, selon moi, peut être un signe de dégénérescence

mentale, mais là l'hypnotisme n'y fait rien, elle peut être un signe

de l'hystérie, et là l'hypnotisme au contraire produit d'excellents

résultats puisqu'elle peut amener la cessation du phénomène.

Ainsi les troubles psychiques dus à l'hystérie sont presque toujours

améliorés par la suggestion. L'aliéné, au contraire, ne verra jamais

son délire tomber sous l'influence de l'hypnotisme.

Observation X. Perversion du goût et de l'odorat chez une hys-

térique. Guérison par l'hypnotisme.

Je dirai deux mots de cette malade qui me fut présentée un jour

par sa maîtresse. Elle n'était pas souffrante, mais on craignait de

la voir s'empoisonner. Elle ne pouvait verser du pétrole dans la

lampe sans être portée à en boire. C'était une obsession qui la

poursuivait sans cesse et qui la fatiguait. Elle sentait elle-même

qu'elle finirait par succomber. Cirait-elle le parquet ? quelque

chose la poussait à manger cette cire. C'était donc pour lui enlever

ces idées qui pouvaient un jour lui être si funestes qu'on me

l'amena. L'examen direct de la maladie me fit porter le diagnostic :

hystérie avec perversion du goût, idées impulsives. J'endors la

malade et dans une séance de cinq minutes je fais disparaitre

458 CLINIQUE MENTALE.

immédiatement les troubles psychiques. Je lui enlève trop bien

même, puisqu'au lieu d'aimer l'odeur de pétrole et la saveur de

la cire, elle ne pouvait supporter ni l'une ni l'autre. C'était main-

tenant du dégoût, de la répulsion; c'était tombé dans l'excès con-

traire. Il a fallu l'endormir nouveau pour substituer l'indifférence

à l'aversion et lui permettre de manier ces deux substances sans

se trouver indisposée ainsi que cela s'était produit après la pre-

mière séance. J'ai dit plus haut que c'était une hystérique, elle

avait un rétrécissement du champ visuel considérable, la boule

nerveuse lui montant à la gorge et l'étouffant, une diminution de la

sensibilité à droite, etc. Pas de signe de dégénérescence ni de dé-

bilité mentale. Ces troubles psychiques je les rapporte à l'hystérie.

Or, on a pu voir combien la suggestion est efficace, quand elle

attaque l'élément hystérique.

Je pourrais citer bien d'autres exemples. Ceux-ci suffiront, je

crois, pour montrer l'action puissante de la suggestion pendant le

sommeil hypnotique sur les accidents dus à l'hystérie. Chez un

sujet hypnotisable, et ils le sont presque tous en Vendée, les résul-

tals ont toujours été complets, immédiats et durables.

CHAPITRE II

hystérie CHEZ DES SUJETS NON HYPNOTISABLES OU QUI refusent

d'être hypnotisés. guérison DES accidents hystériques

par la suggestion A l'état DE veille.

Tous les hystériques ne sont pas, on le sait, hypnotisables.

D'autres le seraient peut-être, mais refusent de se laisser en-

dormir. Chez ces malades quel traitement employer ? Encore

la suggestion ; suggestion à l'état de veille. Je montrerai par

quelques exemples qu'il vaut parfois mieux donner un verre

d'eau colorée à une hystérique pour faire disparaître des acci-

dents tels que l'anorexie, les vomissements, les contractures,

les paralysies, en lui disant que ce liquide la guérira, que

d'employer l'électricité, l'hydrothérapie, etc., etc.. sans dire

qu'à ce mode de traitement est attachée une guérison certaine.

Observation I. Vomissements hystériques. Guérison par eau

colorée avec suggestion à l'état de veille.

Demoiselle G..., vingt-deux ans, domestique, était prise de vo-

missements depuis trois semaines. Elle ne pouvait même pas

DE L'HYSTÉRIE EN VENDÉE. 459

garder quelques cuillerées d'eau ou de lait. L'estomac rejetait tout.

Je recherche et trouve quelques stigmates qui me fixent aussitôt

sur la nature de ces vomissements. Rétrécissement léger du champ

visuel. Plaques hystérogènes sous le sein droit. -Anesthésie

pharyngienne. Hystérie. Je veux endormir la malade qui s'y

refuse. Je vais alors préparer une potion avec de l'eau dans laquelle

j'ajoute un peu de carmin pour la colorer. Je déclare à la malade

que, dès la première cuillerée qu'elle supportera fort bien, du reste,

elle n'aura plus aucun vomissement, qu'avec cette potion elle ne

peut plus vomir. Quelques jours après je revoyais sa maîtresse qui

me remerciait du soulagement apporté à sa bonne. Après la pre-

mière cuillerée de la potion elle avait été radicalement guérie,

mangeant d'un bon appétit et n'avait pas eu un seul vomisse-

ment. ,

Observation II.

G..., trente ans, mère très nerveuse, soeur nerveuse, père con-

gestif, souffrant depuis trois mois d'une gastralgie intense empê-

chant toute alimentation; elle vomissait tout, les médicaments

devaient être administrés en lavements. La malade s'affaiblissant

tous les jours, ne pouvant plus se tenir debout, obligée de garder

le lit à cause de son extrême faiblesse, on me fit appeler. Je trouvai

une femme émaciée, à la physionomie triste, indiquant la souf-

france, dépression mélancolique. Je crus d'abord à la neurasthénie,

en raison de cet amaigrissement considérable, si peu commun

chez l'hystérique même soumis à un jeûne prolongé. Mais les stig-

mates hystériques existaient : anesthésie du pharynx, sensibilité

diminuée à droite, ovarie à gauche et à droite, plus marquée à

gauche. J'en avais assez. C'était de l'hystérie. C'était de l'anorexie

hystérique, des vomissements hystériques. Je ne crus pas devoir

demander à la malade la permission de l'endormir, sachant

d'avance qu'elle s'y refuserait. Ce procédé « diabolique » devait

répugner à une jeune fille que je savais très dévote. Je me con-

tentai alors de la suggestion à l'état de veille. Parmi les médi-

caments donnés par mon confrère j'en choisis un « Elixir Grez »

resté presque intact, la malade ne pouvant le supporter. Je lui

fis remarquer que, pris de la façon que je lui indiquais, elle le

supporterait à merveille, qu'elle ne le vomirait pas, qu'elle ne

pouvait pas le vomir et qu'il devait l'empêcher de vomir.

Trois jours après, je revins voir la malade dont la physionomie

avait déjà changé. Elle n'était plus aussi triste, elle espérait guérir

maintenant, car elle n'avait pas eu un seul vomissement et com-

mençait à prendre un peu de bouillon et de vin. L'amélioration

continuait quand son père tombait frappé d'apoplexie, et mourait.

Les douleurs, les vomissements reparurent. Je lui prescrivis un mé-

dicament quelconque très anodin, de l'eau avec un peu de sirop

460 CLINIQUE MENTALE.

'd'écorces, mais en ayant soin de renouveler la suggestion. Le ré-

sultat fut parfait, car la malade se porte assez bien aujourd'hui,

mange d'un bon appétit, vaque aux occupations du ménage et a

repris de l'embonpoint.

Observation III. Hystérie. Parésie des jambes. Toux.

Hémoptysie. Anorexie. Enrouement allant presque jusqu,à

l'aphonie. Guérison par autosuggestion. (Lourdes.)

Si je rapporte cette observation, ce n'est pas parce que je compte

à mon actif cette guérison : non, puisque c'est Lourdes qui l'a pro-

duite. Je la cite pour montrer que l'autosuggestion qui n'est autre

chose que la suggestion faite par la personne sur elle-même, sug-

gestion qui produit si bien les paralysies, contractures, peut égale-

ment les faire disparaître. Je veux aussi me servir de cet exemple,

pour bien faire voir les erreurs que l'hystérie fait souvent com-

mettre même aux médecins qui se prétendent versés dans les

études de la neuropathologie.

Voilà une jeune fiiIeP...,vingtetun ans, que j'ai soi"néeil y a trois

ans d'une pleurésie à gauche avec épanchement; guérie de sa pleu-

résie, elle conserve une toux opiniâtre, crache le sang fréquemment,

n'a pas d'appétit, dépérit à vue d'oeil. Bientôt elle ne peut plus se

tenir sur les jambes et il lui faut marcher à l'aide d'un bâton; de

plus enrouement très prononcé allant jusqu'à l'aphonie. Les anté-

cédents de la malade (pleurésie avec épanchement) et enfin tous

ces caractères que je viens de tracer me font porter un pronostic

très grave, puisque, malgré l'absence de signes stéthoscopiques, je

crois à la phtisie, le diagnostic ne semblait-il pas, du reste, jus-

ticié ? N'ayant plus rien à espérer de son docteur qui, je l'ai dit,

l'avait condamnée, elle demanda à la Vierge une guérison que la

médecine lui refusait. C'était une grande dévote, très confiante

dans les pouvoirs de la Vierge de Lourdes. Elle trouve des âmes

charitables qui lui paient son voyage. Elle part. A plusieurs re-

prises on croit qu'elle va s'éteindre avant d'être arrivée. On la

porte dans la piscine. Elle en sort, la voix redevient nette, les

jambes retrouvent leur vigueur, l'anorexie s'efface, elle court dé-

jeuner à l'hôtel d'un bon appétit.

On crie au miracle. Le retour à Sainte-Cécile, son pays, fut

triomphal. On amène la malade dans mon cabinet afin que je

puisse constater la guérison, et que je donne un certificat l'attestant.

Je fus obligé de constater chez ma malade une amélioration très

sensible, je dirai mieux, une guérison complète au moins en appa-

rence. Très sceptique de nature, je cherchai vite l'hystérie; ne

reconnaissant à la Vierge de Lourdes que le droit de guérir les hys-

tériques. Eh bien ! je vis avec stupéfaction que j'avais fait une

grosse erreur de diagnostic, ma phtisique n'était qu'une hysté-

DE L'HYSTÉRIE EN VENDÉE. 461

rique; elle en portait les stigmates. Elle gardait le rétrécissement

concentrique notable du champ visuel. Elle avait eu souvent la

sensation de boule hystérique partant du creux épigastrique, remon-

tant jusqu'à la gorge et la serrant jusqu'à l'étouffer. Elle gardait

une sensibilité très prononcée dans les deux régions ovariennes.

Inutile d'ajouter que j'ai refusé tout certificat, le seul que j'aurais

pu donner eût été le brevet d'hystérie et j'avais un exemple déplus

de la difficulté qu'offre souvent l'hystérie et des erreurs qu'elle fait

commettre. J'avais ensuite un exemple frappant du pouvoir de

l'hypnotisme, et de l'efficacité de la suggestion. Voilà un an et demi

que ce fait s'est produit, la malade se porte à merveille, a pris de

l'embonpoint ne tousse plus et se livre aux travaux des champs.

Cette relation nous montre qu'on doit avoir recours à tous les

moyens pour guérir les hystériques et pour mon compte je ne

me ferais pas de scrupule d'envoyer à Lourdes une hystérique que

je sais très dévote, très confiante dans la puissance de la Vierge,

si cette malade je ne puis la guérir'.

Observation IV. Contracture spasmodique permanente des md-

choires de nature hystérique chez une malade de soixante-quatorze uns

survenue à la suite d'un traumatisme chirurgical (ablation d'un

cancer de l'oeil). Durée un mois. Guérison (une séance).

S..., soixante-seize ans. Je n'ai pu avoir de renseignements

bien précis au sujet de l'hérédité nerveuse de cette malade. La

femme S... n'a que des souvenirs très vagues de son père et de sa

mère. Une soeur et ses frères auraient été nerveux. Comme elle, ses

enfants sont tous très nerveux. Jusqu'à l'âge de soixante-quatorze

ans, notre malade, abstraction faite de sa tumeur développée dans

l'oeil, n'avait jamais beaucoup souffert. Caractère irritable, impres-

sionnable à l'excès, quelques maux de tête, des étouffements, une

sensation de constriction à la gorge. Ce fut tout. Une tumeur déve-

loppée dans l'oeil droit, rendit l'ablation de l'eeil nécessaire. L'opé-

ration fut faite il y a deux ans par le D1' Guibert, médecin oculiste

à la Roche-sur-Yon. L'opération réussit parfaitement, mais deux

mois après environ, une complication singulière survint. La malade

subitement se vit dans l'impossibilité d'ouvrir la bouche, d'articu-

ler les mots, de parler. Elle faisait entendre des sons, mais des sons

non articulés. Au bout de deux ou trois mois ces phénomènes avaient

disparu. Il y a un an environ ces accidents reparurent; c'est alors

qu'on me fit appeler.

Examen direct. Je trouvai la malade au lit, pas trop affaiblie

1 Voir à ce sujet le remarquable article du professeur Charcot : « La foi

qui guérit » dans le n° du loir décembre 1892, de la New Review, de

Londres. Traduction dans le n° de janvier 1893 des Archives de Neu-

rologie.

462 CLINIQUE MENTALE.

par son grand âge, les membres inférieurs et supérieurs avaient

conservé leur vigueur. Pas de paralysie, ni parésie. Le masque de

la face n'est pas altéré, les deux côtés sont tout à fait symétriques.

Je n'ai pas examiné les réflexes. Pas de troubles marqués de la sen-

sibilité sauf une plaque très sensible, très douloureuse à la pression

à la pommette droite. Je prie la malade de tirer la langue, elle ne

le peut. Je la prie d'ouvrir la bouche. Impossible. Les deux mâ-

choires restent serrées. Elle ne peut causer. Un son clair mais non

articulé s'échappe quand elle veut essayer de répondre aux ques-

tions. Et il est à peu près impossible de la comprendre. Elle parle

comme on parlerait en fermant la bouche et en tenant la langue

immobile dans la cavité buccale. En présence des antécédents de

cette malade, des quelques troubles nerveux présentés jadis (cons-

triction à la gorge, étouffements), et des constatations directes que

je venais de faire, le diagnostic hystérie traumatique s'imposait, du

reste la suggestion hypnotique vint éclairer le diagnostic, le con-

firmer par les résultats qu'elle obtint. Je n'endors pas la malade

(la suggestion à l'état de veille ayant presque autant d'effets sur le

paysan vendéen que la suggestion pendant le sommeil), j'introduis

avec les plus grandes difficultés l'extrémité de la pulpe du petit

doigt entre les mâchoires, je commande à la malade d'ouvrir la

bouche, qu'elle le peut maintenant. Aussitôt les mâchoires s'en-

tr'ouvrent avec douleurs d'abord, puis bientôt peuvent jouer sans

douleurs, mais la langue restait encore appliquée inertesur le plan-

cher de la bouche. Je l'attire au dehors avec une pince et je dis à

notre vieille femme qu'elle peut désormais la faire mouvoir dans

tous les sens. C'est ce qu'elle fit. Qu'elle peut parler, articuler les

mots. Et elle parle aussitôt d'une voix nette sans bégaiement, sans

mâchonnement. Elle était guérie, la santé s'est maintenue depuis.

Cette observation est intéressante à plusieurs points de vue :

1° L'apparition tardive des accidents hystériques, soixanle-qua-

torze ans; 2° Apparition de ces accidents sous l'influence d'un

traumatisme chirurgical ; 3° La forme de ces manifestations hysté-

riques ; 4° La facilité vraiment surprenante avec laquelle, sans

l'aide du sommeil, on arrive par la suggestion à les supprimer.

Comme on peut en juger par ces observations auxquelles je pour-

rais en ajouter bien d'autres, si je ne devais me limiter, la sug-

gestion si efficace chez les hystériques hypnotisables et qu'on a

endormis peut être utilisée et avec succès chez des sujets non hyp-

notisables ou que l'on ne peut endormir pour des raisons spéciales,

préjugés, etc., etc.

Observation V. Douleurs particulières de nature hystérique ren-

dant la marche impossible. Guérison par suggestion sans sommeil.

G..., quinze ans, mère hystérique, tantes nerveuses, vint me

DE L'HYSTÉRIE EN VENDEE. 463

consulter pour des douleurs vives qu'elle éprouvait dans lesjambes

surtout la jambe gauche. Ces douleurs n'étaient pas permanentes.

Elles survenaient subitement, durant huit jours, quinze jours et

plus, puis cessaient. Quand la crise douloureuse éclatait, il lui était

difficile de se tenir debout. Et si elle essayait de marcher, c'était

des cris tant elle souffrait. L'examen de cette malade m'indique

l'hystérie, rétrécissement concentrique très marqué du champ

visuel sensation de boule nerveuse lui serrant la gorge et la suf-

foquant. Le genou droit est très douloureux à la pression. Pas de

gonflement, pas de craquements. Les mouvements de flexion

et d'extension arrachent des cris à la malade. Je voulus endormir

la jeune fille, elle s'y refusa. Devant ce refus absolu, je n'insistai

pas et me contentai de lui ordonner des bains, puis à l'intérieur

quelques calmants. Le résultat fut assez satisfaisant d'abord. Les

douleurs allèrent en s'effaçant. Mais bientôt elles reparurent avec

une nouvelle intensité. On ramena la malade dans mon cabi-

net ou plutôt on la porta dans mon cabinet. Ses parents cette fois

l'avaient décidée. On me pria de l'endormir. Malheureusement je

n'ai pu réussir malgré une tentative prolongée. Pensant que l'élec-

trisation aidée par la suggestion réussirait, je veux électriser la

malade. Je jouais de malheur. Ma pile ne fonctionnait pas, impos-

sible d'avoir le plus faible courant.

Je ne me décourageai pas pour cela, sachant que ma jeune

cliente ignorait absolument ce qu'était un courant électrique et

que je pouvais par conséquent lui faire croire que tout allait bien;

j'appliquai quand même les deux électrodes sur la face interne et

externe du genou et je déclarai à la malade que sous l'action

de l'électricité les douleurs iraient s'atténuant et que dans un

quart d'heure elles auraient totalement disparu et qu'elle pourrait

marcher. Je tenais les deux électrodes avec le plus grand sérieux.

« La douleur doit diminuer, lui disais-je.- Oui, répondait-elle,

je sens qu'elle est moins forte. Puis bientôt : c Elle ne doit

plus exister, Non, m'était-il répondu. Maintenant vous

pouvez marcher. » Je retirai l'appareil, qui n'avait jamais fonc-

tionné (je l'ai dit plus haut) et qui pourtant a eu la propriété de

supprimer la douleur et de permettre la marche. La malade est

partie guérie.

CHAPITRE III

HYSTÉRIE ASSOCIÉE. GUÉRISON DE TROUBLES HYSTÉRIQUES PAR

HYPNOTISME. PERSISTANCE DES TROUBLES DUS AUX MALADIES

CONCOMITANTES.

J'ai dit dans l'exposé de ce travail que l'hypnotisme n'était

efficace que dans l'hystérie, que partout ailleurs ses résultats

464 CLINIQUE MENTALE.

étaient nuls ou à peu près nuls, que si le malade semblait

soulagé par ce mode de traitement c'est que l'élément hysté-

rique était surajouté et que c'est l'effacement de ces troubles

hystériques qui faisait croire à l'action bienfaisante de

l'hypnotisme. -

L'école de Nancy prétend bien que l'hypnotisme a guéri

d'autres névroses, et même certaines affections organiques.

Tout dernièrement on relatait dans les journaux un cas de

guérison de la chorée par l'hypnotisme.

Je ne voudrais pas contester ces résultats magnifiques dus à

l'hypnotisme, pourtant toutes mes expériences faites à ce

sujet me forcent à soutenir une opinion absolument contraire.

Jamais dans aucune autre affection que dans l'hystérie, la sug-

gestion pendant le sommeil hypnotique ne m'a donné de ré-

sultats sérieux. Tout au plus un soulagement très passager, ne

durant que les quelques minutés qui suivaient la suggestion.

J'ai parlé tout à l'heure de chorée de Sydenham prétendue

guérie par l'hypnotisme; mais j'ai sous les yeux)^ l'observation

et j'y vois qu'il a fallu continuer les séances pendant bien

longtemps. Or on sait que les crises choréiques ne se pro-

longent pas ordinairement au delà de deux ou trois mois,

quatre mois au maximum dans cette chorée de Sydenham.

Si la chorée, pendant le traitement par l'hypnotisme, allait

toujours en s'amendant, ne peut-on pas soutenir que c'est le

temps, plus que le traitement, qui entraînait ainsi le malade

vers la guérison. J'ai eu à donner, il y a trois mois, mes soins

à une choréique, j'ai fait sur elle de l'hypnotisme; ne consta-

tant pas de diminution dans l'intensité de ses mouvements

choréiformes, j'ai abandonné ce traitement et me suis con-

tenté de lui donner du fer et de l'arsenic. Deux mois après

environ, la guérison avait lieu. Aurais-je donc été en droit si

j'avais continué les séances d'hypnotisme de mettre sur le

compte de la suggestion le résultat obtenu. Evidemment, non.

Et c'est, je crois, ce qu'on se presse trop de faire dans des cir-

constances analogues. Quant aux prétendues guérisons par

l'hypnotisme signalées par le représentant autorisé de l'école

de Nancy, par Bernheim, si on les étudie sérieusement, si on

les dissèque avec soin, on est surpris de constater que la plu-

part de ces malades étaient des hystériques, que des troubles

rapportés à certaines lésions organiques pouvaient bien n'être

que des manifestations hystériques. Je ne voudrais pas pro-

DE L'HYSTÉRIE EN VENDÉE 4G5

longer cette discussion, d'autres, M. Babinski en particulier,

ayant traité la question avec plus d'autorité et plus d'éclat. Je

relaterai seulement quelques exemples où l'hystérie était asso-

ciée à d'autres affections organiques et où il y a eu améliora-

tion par l'hypnotisme, par la disparition de phénomènes

hystériques.

Observation I. Hët't'e. Neurasthénie. Guérison par hyp-

notisme des accidents hystériques. Contractures. Persistance

des troubles neurasthéniques.

G..., trente-huit ans. Les antécédents héréditaires ne révèlent

rien. Un père qui boit peut-être plus que déraison et c'est tout.

Depuis plus de dix ans, cette femme souffre de douleurs vives à

l'estomac; ses digestions sont très pénibles. Il y a du météorisme

abdominal. Je lui avais donné à plusieurs reprises mes soins. Il

y avait eu soulagement, mais pas guérison. Ce n'était du reste pas

à ce sujet qu'elle venait en dernier lieu me consulter. Depuis trois

semaines elle était prise d'une contracture du sterno-mastoïdien.

C'était là une manifestation évidemment hystérique. Du reste

les stigmates de l'hystérie, zone hystéropène au-dessous du sein

droit et au sommet delà tête, rétrécissement concentrique doublé

du champ visuel, anesthésie pharyngienne, existaient. C'était donc

une hystérique que j'avais toujours auparavant considérée comme

une pure neurasthénique, car la céphalée, l'insomnie, la dépression

cérébrale, l'asthénie motrice, l'atonie gastro-intestinale, tous les

symptômes cardinaux de la neurasthénie, elle les présentait. L'hys-

térie s'était jusque-là dissimulée; il a fallu l'apparition de cette

contracture pour me mettre sur la voie. J'avais ainsi devant moi

une hystérique et une neurasthénique tout à la fois.

Pour lui enlever cette contracture, la suggestion était tout indi-

quée. Je l'endors et fais disparaître aussitôt sa contracture. J'essaie

de lutter par le même moyen contre les troubles neurasthéniques,

céphalée, gastralgie, atonie gastro-intestinale. A son réveil, elle est

tout étonnée d'avoir le cou droit, et très mobile, la douleur épigas-

trique, elle aussi, avait disparu. Je lui dis de revenir le soir dans

mon cabinet. << Je suis guérie, me dit-elle alors, de mon cou, mais

je souffre toujours dans le ventre. Le mieux n'a duré qu'un quart

d'heure environ. » Je n'en fus pas surpris, car j'avais fait maintes

fois l'expérience chez des neurasthéniques, et je n'ai jamais pu

obtenir qu'un soulagement absolument passager, variable de

cinq minutes à une heure au maximum.

Voilà donc une malade chez qui sont associées deux névroses,

hystérie et neurasthénie. Elle est très sensible à la suggestion; les

troubles hystériques s'effacent instantanément et le résultat est

Archives, t. XXVI. 30

466 CLINIQUE MENTALE.

durable, la neurasthénie, elle, n'est touchée que pendant les quel-

ques minutes qui suivent la suggestion. En répétant l'expérience,

dira-t-on peut-être, ce soulagement de quelques minutes deviendra-

t-il permanent. J'ai fait l'essai, à la dixième séance je n'étais pas

plus heureux qu'à la première. Essayez d'enlever la céphalée à

une hystérique, vous y arriverez par l'hypnotisme; à la céphalée

de la neurasthénique, l'hypnotisme n'y touchera pas, ou y tou-

chera peu. Toutefois j'estime que chez les neuiasthéniques, il est

bon d'utiliser le traitement moral, de l'associer aux médicaments

donnés.

Observation II. Hystérie Chorée.

Au début de ce chapitre j'ai dit un mot de cette enfant qui fait

l'objet de cette observation. J'ai dit que j'avais essayé de la guérir

de sa chorée et que j'avais dû cesser les séances, en raison de

l'inefficacité du traitement. La suggestion, chez elle, lui avait pour-

tant apporté quelques soulagements ; mais c'était une petite hysté-

rique : ovarienne double, hyperesthésique à gauche, hémianes-

thésique à droite. Je fis cesser les douleurs des membres gauches

et les douleurs gastro-abdominales; mais la chorée, je n'avais pu

la toucher. Elle a guéri, comme je l'ai dit plus haut, au bout de

deux mois environ. Mais je ne suis nullement en droit de mettre

sur le compte de l'hypnotisme une guérison qui, sans traitement,

a l'habitude de se produire dans un délai variable de un mois à

quatre mois.

Observation III. Myopathie primitive (Type Erb). Hystérie.

Je ne devrais pas parler ici de cette malade puisque sur elle je

n'ai pas fait d'hypnotisme. Toutefois les cas de ce genre sont encore

assez rares pour que l'on doive les signaler quand on les rencontre,

dût-on s'écarter un peu du cadre tracé et puis cette myopathique

est une hystérique. A un moment donné elle peut à ce titre être

frappée de certains accidents dont l'hypnotisme aura raison. Et si

l'on n'y prend garde, on sera tenté dans cette circonstance de

tirer cette déduction que la suggestion hypnotique a prise même

sur la myopathie, puisqu'elle a amélioré un sujet atteint de cette

affection, déduction fausse évidemment, mais déduction fatale si

l'on n'a pas eu soin de fouiller ce malade et d'y voir tout ce qu'il

renferme.

Je voudrais donner de cette malade une observation plus com-

plète, mais je ne l'ai vue qu'une fois, certains détails m'échappe-

ront donc dans cette relation.

G..., vingt-cinq ans, mère nerveuse, père alcoolique, n'a rien

présenté d'anormal jusqu'à l'âge de quinze ans. A cette époque elle

éprouve une faiblesse dans le bras droit puis bientôt dans le bras

DE L'HYSTÉRIE EN VENDÉE. 467

gauche. Bientôt on peut constater un amaigrissement déjà consi-

dérable des deux épaules. Les jambes se prennent à leur tour. Fai-

blesse et amaigrissement de la hanche. La malade est devenue

impotente. Elle ne peut plus se vêtir seule. La marche est très

difficile, presque impossible.

- Examen direct. C'était une jeune fille très intelligente que

j'avais devant moi : figure expressive, tête bien conformée, fraîcheur

du teint que la maladie n'avait pas altérée. Pas d'atrophie des

muscles de la face. L'orbiculaire des paupières et des lèvres

intact. La malade s'était trainée dans mon cabinet avec une

démarche bizarre. Les pieds ne quittaient pas le sol. Elle s'avan-

çait toutd'une pièce. - Le ventre très proéminent en avant comme

si elle était porteur d'un volumineux kyste. Les épaules forte-

ment projetées en arrière, ensellure considérable à larégion dorso-

lombaire, les bras sont tombants le long du tronc. Elle imitait

assez bien les clowns que l'on voit dans les cirques et qui s'avan-

cent en se traînant avec une énorme bosse abdominale, les fesses

et la partie supérieure du dos faisant une immense saillie en

arrière.

Si l'on fait asseoir la. malade, elle ne peut se relever seule, il faut

qu'on la soulève. Une fois debout elle peut se maintenir dans

la position droite, mais si on lui imprime le plus léger choc, ou si

la pauvre infirme imprime à son corps la moindre oscillation,

aussitôt l'équilibre est rompu, la rectitude s'efface ; si le choc se

fait d'un côté, les membres inférieurs feront aussitôt avec le reste

du tronc un angle rentrant, la tête fémorale du côté opposé sortant

en partie de sa cavité, attitude que la malade ne pourra conserver

longtemps. Elle ne peut se redresser elle-même, il faut qu'on la

redresse.

Si elle veut s'asseoir, elle se laissera choir tout d'une pièce. Elle

tombe comme une masse, lourdement. Une fois le mouvement

commencé pour s'asseoir, elle ne peut se retenir. Il faut désormais

qu'elle s'abatte sur son siège.

Si on l'étudié de plus près, après l'avoir dépouillée de ses vête-

ments, que remarque-t-on ? Une atrophie complète des muscles de

l'épaule et de la hanche, atrophie telle que les têtes humérales

et fémorales peuvent jouer dans leurs cavités respectives, en sortir

et y rentrer avec une étonnante facilité comme s'il n'existait pour

empêcher une disjonction complète que la peau et une capsule très

relâchée. Les deux articulations sont aussi mobiles que celles que

l'on vient de préparer dans une salle de dissection après avoir

enlevé tous les muscles qui les recouvrent. Chez cette malade la

peau recouvrait de véritables pièces anatomiques.

Faisant contraste, les muscles de l'avant-bras et des mains, les

muscles des jambes ont conservé leur volume normal. Pas d'hyper-

trophie mais pas d'atrophie, les éminences thénar et hypothénar

468 CLINIQUE MENTALE.

ont conservé leur relief. Pas d'amaigrissement de la face comme

je l'ai dit plus haut, l'orbiculaire des paupières et des lèvres n'est

pas touché. Les réflexes sont diminués. Pas de secousses fibriliaires.

Quelques douleurs fugitives et légères dans les membres. Les fonc-

tions digestives ne sont pas troublées, le cerveau reste intact.

J'avoue sans fausse honte, que ce cas tout d'abord me troubla.

C'était de l'atrophie musculaire mais quel genre d'atrophie ?

Ce n'était pas l'atrophie musculaire progressive de Duchonne.

L'intégrité des muscles des mains, l'absence des tremblements

fibrillaires écartaient ce diagnostic. Ce n'était pas l'atrophie mus-

culaire héréditaire de Duchenne, l'orbiculaire des lèvres et des

paupières étant parfaitement conservé. Ce ne pouvait donc être

que l'atrophie juvénile décrite par Erb où la ceinture scapulaire

est surtout prise et où les muscles affectés ne présentent pas d'ap-

parence hypertrophique. Cet embarras dans lequel m'avait jeté

cette malade ne fut pas sans profit. En m'égarant dans des re-

cherches absolument inutiles dans ce genre d'affection, je fus con-

duit à trouver autre chose que la myopathie. La myopathie n'exis-

tait pas seule, la névrose hystérique y était associée ainsi que l'at-

testaient un rétrécissement notable et double du champ visuel,

l'anesthésie du pharnyx et certaines sensations de suffocation,

d'étranglement à la gorge. Elle aurait eu en bas âge quelques

pertes de connaissance, attaques de sommeil. "

Nous trouvons donc encore là deux maladies associées. Comme

c'est la myopathie qui domine la scène, supposons une paralysie,

une contracture survenant subitement et disparaissant par la sug-

gestion, on sera tenté de croire à l'efficacité de l'hypnotisme dans

une maladie où jusque-là tout traitement a échoué. C'est là du

reste ce que, dans certaines écoles, on s'est trop pressé de conclure

dans des cas à peu près analogues. Il importe donc de se mettre

en garde contre de tels résultats et de ne pas en tirer d'aussi

fausses déductions.

Observation IV. Mal de Poil. Hystérie. Guérison par hypno-

tisane d'un hoquet hystérique permaneii' et de douleurs vives à la

région interne et externe de la cuisse à la région dorso- lombaire

rendant la marche très difficile, douleurs qui m'avaient fait croire

longtemps à une altération de la moelle par la carie vertébrale.

Ch...; trente-huit ans, appartient à une famille de névropathes,

père, mère, tantes, oncles, tous nerveux.

Pas de tuberculeux dans les ascendants et les collatéraux. Depuis

son bas âge, cette malade présente une déformation très marquée

de la colonne vertébrale qui est déviée fortement à droite. Les

apophyses épineuses font une saillie énorme à la région dorsale.

L'ensellure lombaire est très prononcée. Ch... a toujours traîné

DE L'HYSTÉRIE EN VENDÉE. 469

une existence très misérable, souffrant tantôt dans un point, tantôt

dans un autre. Aux dernières vertèbres lombaires surtout et à la

hanche gauche, les douleurs sont parfois si intenses que la marche

est excessivement pénible. Peu ou pas de sommeil à cause de la

douleur. Tous mes confrères de la région ont eu à donner leurs

soins à cette malade qui cherchait partout un soulagement et qui

n'en trouvait jamais. Teinture d'iode, vésicatoires, pointes de feu,

tout fut employé et cela sans résultat. Quant elle vint me trouver

il y a trois mois, ce n'était plus dans le but d'obtenir une guérison.

Ayant tout tenté sans succès, elle n'y croyait plus. Mais elle crai-

gnait que le mal n'augmentât et qu'elle ne restât clouée sur le lit

pour le reste de ses jours. Après examen de ma malade, la consta-

tation de son mal de Pott, je crus comme mes confrères que les

douleurs, qu'elle indiquait, résultaient de la déformation verté-

brale. La moelle serait intéressée.

Je fis de la révulsion le long de la colonne vertébrale et pres-

crivis l'iodure et l'arsenic à l'intérieur. Pendant trois mois, tous les

huitjours, j'appliquais des pointes de feu et l'amélioration ne se

faisait pas sentir. J'allais abandonner le traitement, la malade, du

reste, en était fatiguée, quand elle se présenta à moi avec un hoquet

permanent qui ne lui laissait pas de trêves. Un hoquet qui durait

déjà depuis huit jours sans interruption ne pouvait être qu'un

hoquet hystérique. J'avais bien toujours jusque-là considéré ma

malade comme nerveuse. Mais je n'y avais attaché aucune impor-

tance, persuadé que le nervosisme n'était pour rien dans les dou-

leurs qu'elle avait toujours indiquées. Ce hoquet éveilla mon atten-

tion. Si tous les phénomènes que madame C... présentait allaient

être des phénomènes hystériques ! Je recherchai les principaux

stigmates de cette névrose. J'en trouvai peu : un peu de rétré-

cissement du champ visuel cependant, mais j'étais fixé par le

trouble particulier qu'elle venait de manifester. J'ai eu peur d'un

refus en lui proposant de l'endormir et me contentai de la sug-

gestion à l'état de veille en lui posant la main sur le ventre et en

lui disant que maintenant je lui défendais d'avoir le hoquet devant

moi pendant toute la durée de la consultation. Le hoquet s'arrêta

à son grand étonnement. J'étendis alors la suggestion et lui dé-

clarai qu'elle ne l'aura jamais plus. Je ne m'occupai pas cette fois

de ses douleurs peu confiant dans la puissance de la suggestion

pour les faire disparaître, d'autant que je n'étais pas fixé sur leur

nature et craignant que l'insuccès de cette dernière suggestion ne

détruisît le bon effet de la première.

Huit jours après la malade me revint, le hoquet avait reparu.

Une nouvelle suggestion pratiquée à l'état de veille ne donna pas

de résultats. C'est alors que, sans la prévenir, je la plongeai dans

le sommeil hypnotique. Le hoquet s'arrêta aussitôt. Cette fois

j'étendis ma suggestion aux douleurs et à la marche et le résultat

470 0 CLINIQUE MENTALE.

fut complet. Les douleurs que les pointes de feu n'avaient jamais

calmées s'évanouirent, comme par enchantement, dans une courte

séance d'hypnotisme. La marche n'est plus pénible, la malade, en

un mot, est guérie et la guérison se maintient depuis plusieurs

mois.

Voilà encore un bel exemple de la difficulté de diagnostic de

l'hystérie, quand elle est associée aux affections organiques. Il est

souvent difficile de savoir la part qui revient à ces diverses mala-

dies'. L'hypnotisme peut servir d'élément au diagnostic et je con-

fesse que c'est surtout dans le but de m'éclairer que j'avais fait ici

usage de la suggestion. J'ignorais auquel, du mal de Pott ou de la

névrose, je devais rattacher les phénomènes douloureux que la ma-

lade présentait depuis si longtemps et qui rendaient la marche si

difficile et si pénible. Après l'expérience j'étais fixé. Il devenait

incontestable que tout cela se rapportait à l'hystérie. J'avais bien

fait souffrir cette pauvre infirme, et d'autres, avant moi, l'avaient

bien fait souffrir aussi sans résultat; il a suffi d'une séance d'un

quart d'heure pour rétablir une santé jugée très compromise et

que des soins continus pendant de longues années n'avaient pu

améliorer.

Avant de clore la série de mes observations, je voudrais pourtant

dire un mot de certains accidents hystériques que j'ai eu à consta-

ter depuis quelques jours, et qui tout d'abord m'avaient un peu

égaré. Je veux parler de la coxalgie hystérique. Voilà plusieurs coxal-

gies hystériques que je rencontre depuis un mois; à la première je fis

erreur. Je crus, malgré l'apparence d'une santé robuste et malgré

l'absence d'hérédité, que ma malade portait une arthrite tubercu-

leuse. Je la fis mettre dans un appareil. Ce cas se produisit dans ce

pays de Saint-Fulgent dont je parlerai plus loin, pays qui m'a fourni

presque toutes les observations que j'ai relatées. Cette jeune fille

était très aimée de ses compagnes et on allait en foule lui rendre

visite. Dix jours après environ, une autre jeune fille se présente,

elle souffrait de la hanche, avait de la claudication, et craignait

d'avoir la maladie de sa camarade ! Je l'examine et je constate'une

légère déformation de la hanche, le pli fessier du côté malade était

abaissé. Là encore je crus à une arthrite tuberculeuse. Trois jours

après c'élail le tour d'une autre jeune fille. Elle souffrait, elle aussi,

de sa jambe et présentait également un peu de claudication. Elle

aussi, craignait de devenir comme sa camarade et d'être mise dans

un appareil. Enfin une quatrième arrive, mêmes douleurs, mêmes

déformations et mêmes craintes. Cette fois, cette épidémie de

coxalgies fut pour moi une révélation. Tant de coxalgies dans

i

1 Voir à ce sujet le mémoire de M. Babinski intitulé : « De la migraine

ophlhalmique hystérique » (arcs. de Neurol., n° 60) dans lequel cet

auteur fait connaître les règles du diagnostic de l'hystérie.

DE L'HYSTÉRIE EN VENDÉE. 471 1

une même localité et survenant 'en si peu de temps ! La peur

n'aurait-elle pas créé le mal ? Et ce mal créé par la peur ne

pouvait être qu'un accident hystérique. J'ai examiné à nouveau

ces malades, y compris celle que j'avais placée dans l'appareil :

et bien j'avais quatre hystériques. Et je m'incline à croire que

la tuberculose n'est pour rien dans ces manifestations et que

ce sont des manifestations purement hystériques. Je n'ai pas encore

essayé ce que peut faire l'hypnotisme, mais il est probable que ce

traitement réussira. J'arrête ici mes observations personnelles. Elles

suffiront pour montrer toute la puissance de la suggestion dans le

traitement des accidents hystériques. Mais là se borne son action.

L'hystérie voilà son domaine. L'hypnotisme n'en a pas d'autres. On

prétend bien que le neurasthénique est amélioré, guéri même de

ses accidents par l'hypnotisme. Mais le neurasthénique est souvent

hystérique, n'est-ce pas alors l'hystérique qui a été touché. J'ai dit

ce que je pensais de la chorée guérie par la suggestion Je n'y crois

pas. Quant aux affections organiques, je m'étonne même que cer-

tains esprits, pourtant fort appréciés, aient pu croire un instant à

la possibilité de l'amélioration même légère de ces affections par

cette médication psychique. Je dirai également qu'en clinique men-

tale l'hypnotisme n'est d'aucun secours. Toutes les prétendues

guérisons que l'on signale sont très discutables, on cite des mania-

ques guéris par la suggestion, des dégénérés qui ont vu par ce

traitement leurs obsessions disparaitre.

Mais l'aliéniste n'est pas toujours un neuropathologiste. Il peut

oublier que l'hystérie est susceptible de coexister avec toutes ! es

formes d'aliénation mentale.On trouve des dypsomanes hysté-

riques, des dégénérés hystériques, des hystériquespersécutés, quoi-

qu'ils soient rares, des mélancoliques, des vicieux hystériques. Et

certes, dans ces différents cas, l'hypnotisme peut et doit agir. Mes

expériences faites sur ce sujet me confirment du moins dans cette

opinion. Mais elles m'ont prouvé également que jamais l'hypno-

tisme n'a pu supprimer le délire a un délirant non hvstérique. Et

je suis heureux de me trouver ici, d'accord avec mon ancien maître

M. le Dr Briand. L'aliéné est d'abord difficilement hypnotisable, et,

le serait-il, qu'on n'arrivera jamais par la suggestion à lui supprimer

les hallucinations qui alimentent son délire. Je suis partisan

autant que personne de l'hypnotisme. Mais mon enthousiasme

n'ira pas jusqu'à lui conférer des pouvoirs qu'il n'a pas. Ne le

sortons pas du domaine de l'hystérie. Et certes, vu la fréquence

de cette névrose, le- champ est vaste déjà; et il suffit pour qu'on

apprécie hautement les bienfaits de cette médication.

Comme on a pu le constater, en parcourant quelques-unes de

mes observations, la suggestion pendant le sommeil n'est pas

nécessaire. A l'état de veille une suggestion bien faite donne par-

fois de bons résultats. Depuis quelque temps j'en arrive même à ne

472 CLINIQUE MENTALE.

plus prendre la peine d'endormir mes sujets. Il est vrai que je me

-trouve ici dans un terrain spécial que l'un ne rencontre pas sou-

vent, les malades obéissant avec une facilité étonnante à la sug-

gestion. On a pu voir que par un simple commandement, un

hoquet hystérique était arrêté, une contracture spasmodique ces-

sait, un vomissement hystérique était supprimé, etc., et cela chez

des malades qui n'avaient jamais été soumis aux pratiques de l'hyp-

notisme. Toutefois j'ai reconnu que, si les troubles effacés par la

suggestion faite à l'état de veille reparaissaient, il était inutile d'es-

sayer à nouveau ce mode de suggestion, les résultats demeuraient

cette fois absolument nuls. Ces malades ayant toujours présent à

l'esprit l'échec de ce procédé et faisant cette réponse : « Vous

m'avez déjà commandé de ne plus souffrir et vous savez que le

mal est revenu quand même. Il faut alors en venir au sommeil.

Chez nos hystériques vendéens il est essentiel aussi, pour mettre

le plus de chances de son côté, de parler avec assurance, de pro-

mettre formellement la guérison; si l'on se bornait simplement à

leur faire entrevoir la possibilité d'une amélioration, comme la pru-

dence semblerait le commander, on n'aurait avec eux aucun suc-

cès, car ils ont plus que qui que ce soit besoin d'une foi complète

dans la guérison. On voit quel rôle important est appelé à jouer

l'hypnotisme dans le traitement delà névrose hystérique et je m'é-

tonne que certains médecins se font encore un scrupule d'em-

ployer cette médication. Ils craignent que l'on voie le charlatan

dans l'hypnotiseur et que, de ce fait, leur dignité se trouve compro-

mise. Qu'importe ce que l'on peut dire si l'on guérit ? N'est-ce pas

le devoir du médecin de travailler de toutes ses forces, par tous les

moyens que la science lui fournit, au soulagement de ses sembla-

bles ? Que n'at--on pas dit de moi tout d'abord dans ce pays si fana-

tique de Vendée ! Que j'usais de procédés diaboliques. Pour un peu on

.aurait songé à m'exorciser. Devant certains succès on s'est tu et bien -

tôt on ne vit plus que les résultats obtenus et on aima à en profiter .

Je dirais même que les choses allaient trop loin. Que de vieil-

lards paralytiques, que d'enfants atteints de paralysie infantile ne

m'a-t-on pas conduits à ma consultation, pour que je rende la vie

à des membres qui refusaient tout service. Pour peu mon cabinet

serait devenu une succursale de Lourdes.

CHAPITRE IV

DES CAUSES DE LA FRÉQUENCE DE L'HYSTÉRIE EN VENDÉE.

Il me reste une dernière question à traiter. Pourquoi les

névroses, surtout les névroses hystériques et neurasthéniques

DE L'HYSTÉILIE EN VENDÉE. 473-

sont-elles si fréquentes en Vendée, ou du moins dans cette

partie de la Vendée que j'habite, car, comme je l'ai dit au

début de mon travail, il ne se passe pas de jours que je ne

trouve à ma consultation trois ou quatre hystériques nou-

veaux. Et si depuis trois ans que j'exerce dans ce pays j'avais

voulu noter tous les sujets hystériques que j'ai eu à traiter,

j'en aurais un volume, car je n'ai relaté ici que ceux qui

offraient les particularités les plus intéressantes ou dont j'avais-

recueilli les observations.

Un canton limitrophe de celui que j'habite, le canton de

Saint-Fulgent, est vraiment remarquable à ce point de vue.

Je pourrais citer certains villages composés de plusieurs fa-

milles où tous presque sans exception, hommes, femmes,

enfants, sont des hystériques ou des neurasthéniques. Pour

donner un léger aperçu de la fréquence des névroses dans ce

canton, je suis appelé un jour dans un de ces villages pour

une malade affaiblie par une métrorrhagie abondante. Profitant

de mon passage, on me fait rentrer dans cinq maisons de ce

village. Qu'est-ce que j'y trouve ? Certes, mon diagnostic fut

peu varié, nervosisme partout. Dans une maison le père et

les deux filles, tous trois hystériques avec boule nerveuse,

rétrécissement du champ visuel, plaques hystériques; dans.

une autre, père asthmatique, un garçon de quatorze ans

hystérique avec hyperesthésie douloureuse aux deux membres

supérieurs, un autre enfant hystérique avec tous les stigmates

de l'hystérie : étouffement , bourdonnement d'oreilles, in-

somnie, rétrécissement du champ visuel; dans une troisième

maison, une femme de soixante-seize ans , contracture spas-

modique des muscles de la mâchoire, hystérie (observation

relatée plus haut), la fille de la malade également hystérique.

Dans une quatrième maison, la malade pour qui j'avais été

appelé et qui avait des hémorrhagies abondantes. C'était

encore une hystérique, elle en avait les principaux stigmates.

Dans une cinquième maison, je retrouvai une neurasthénique

avec les principaux syndromes : asthénie motrice, sensations

de casque lui serrant le crâne, douleurs à la nuque, dyspepsie,

insomnie, etc... et les deux enfants de cette femme, l'un neu-

rasthénique comme sa mère, l'autre hystérique. J'ai pris ce

village au hasard parmi une foule d'autres, où, appelé pour une

malade, je voyais courir à moi un tas d'hystériques ou neuras-

théniques toujours en quête, comme nous le savons, de trouver

474' CLINIQUE MENTALE.

un remède aux souffrances qu'ils endurent. Je crois pouvoir

assurer que sur cent habitants pris au hasard dans le canton

de Saint-Fulgent, je trouverai 90 nerveux, hystériques ou

neurasthéniques. Saint-Fulgent est une véritable colonie de

névropathes. A quoi attribuer cette fréquence de névroses ?

L'hystérie'et la neurasthénie semblent de prime abord vou-

loir habiter de préférence les grands centres. Là, les bals, les

spectacles, les plaisirs de tous genres, le surmenage intellec-

tuel, les fatigues morales sont autant d'éléments propres à

favoriser le développement de ces névroses. Le paysan ven-

déen, lui, est pourtant soustrait à toutes ces causes. Il ne

connaît que son champ, sa charrue et ses boeufs. Il ignore

toutes les grandes émotions. Il n'a pas le souci de la lutte pour

l'existence. Il vit sans ambition, et, par conséquent, sans

grandes déceptions. Il vit de peu, et son travail lui assure

toujours un bien-être suffisant. Pourquoi dans un pays ou la

vie est si calme, les habitudes si austères, trouve-t-on tant de

nerveux ? Est-ce l'alcoolisme des parents ? On boit en effet

beaucoup en Vendée, le Vendéen a cette réputation et elle est

méritée. Toutefois on trouve très peu d'alcooliques, surtout

d'alcooliques avec manifestations cérébrales. On constatera

bien quelques scléroses hépatiques, rénales et cardiaques,

encore sont-elles rares. Mais le cerveau reste intact. Cela

tient sans doute à cette raison que le Vendéen ne boit guère

que du vin, le vin qu'il récolte lui-même, car chacun a son

coin de vignes, et, si parfois il boit des alcools, c'est de l'eau-de-

vie qu'il fait retirer lui-même de la distillation de son vin.

Ce n'est donc pas l'alcoolisme des parents, la vraie cause, car

à Paris où l'alcoolisme fait tant de ravages, puisque les alcoo-

liques peuplent plus de la moitié des asiles de la Seine, l'hys-

térie, sans être,rare, n'est pas aussi fréquente 'que' dans le

pays qui nous occupe en ce moment. Il faut donc chercher

autre chose. Le Vendéen n'émigre pas, il ne quitte pas

facilement le lopin de terre qui l'a vu naître. Il se mariera

avec un voisin, et ce voisin sera le plus souvent son parent, à

un degré plus ou moins éloigné. Et on est étonné de voir

qu'une agglomération de plusieurs milliers d'hommes n'est

représentée que par quelques familles. Ces mariages consan-

guins qui favorisent la dégénérescence mentale peuvent éga-

lement produire l'hystérie. ZD

C'est là certainement la raison principale de cette véritable

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 475

épidémie de névropathie constatée dans les deux cantons où je

suis appelé à donner mes soins. J'ai dit que quelques familles

composaient toute l'agglomération et que presque tous les

habitants étaient parents à un degré plus ou moins rapproché.

Supposons à l'origine deux ou trois troncs nerveux à côté de

deux ou trois troncs non nerveux. Le mariage des branches

de ces différents troncs entre elles entraînait fatalement cette

conséquence pour l'avenir, que tous les rameaux sans excep-

tion issus de ces branches devaient porter avec eux la tare

nerveuse.

Il y a enfin cette autre considération qu'un pays neuf,-pri-

mitif, où les idées superstitieuses dirigent tant de cerveaux, où

règne le fanatisme religieux, où la croyance à tout ce qui est

surnaturel est si profondément enracinée qu'un tel pays peut

voir se développer plus aisément les névropathies. L'enfant

au coin du feu, dans ces longues veillées d'hiver, entend ra-

conter les histoires les plus fantasques de revenants, de sor-

ciers. Sa jeune imagination est frappée par ces récits gro-

tesques. Son cerveau travaille sur ces idées bizarres que l'on y

sème. Le jour il y pense, la nuit il y rêve. Toutes ces images,

toutes ces représentations terrifiantes ne sont-elles pas propres

à ébranler le système nerveux, à le surexciter, au point de

produire bientôt un état pathologique qui sera l'hystérie ou

la neurasthénie ? L'alcoolisme des parents, le mariage con-

sanguin surtout', le fanatisme et les superstitions, voilà les

seules causes que je trouve pour expliquer le développement

anormal du nervosisme dans cette partie de la Vendée.

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

XII. Fâcheuses conséquences delà, contrainte; par le DCIL`V. Page.

Une jeune fille d'excellente famille bien élevée, pieuse, tenue

à l'abri des mauvaises fréquentations, devient tout à coup folle

' Nous croyons devoir faire des réserves au sujet du rôle de la consan

guinité. C'est à l'hérédité névropathique surtout que sont dus ces nom-

breux cas de maladies nerveuses, hérédité, il est vrai, qui se trouve

doublée par le mariage consanguin. (B.)

476 6 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

furieuse, par suite d'un surmenage intellectuel trop grand pour sa

santé délicate. Dans ses accès, ses parents l'entendaient, à leur

grande douleur, proférer les mots les plus grossiers, les expressions

les plus impures.

Pourtant la" conduite de leur fille ne pouvait être soupçonnée.

L'auteur explique ce fait étrange de la manière suivante :

La jeune fille avait entendu peut-être une seule fois ces mots

qui avaient fait une forte impression sur elle, parce qu'elle les

abhorrait. Elle se les était souvent répétés, à elle-même, pour

accroître son horreur du vice. Tant qu'elle avait joui d'un esprit

sain, sa volonté avait eu assez d'empire pour l'empêcher de les pro-

noncer. Maintenant que la raison n'avait plus aucune action sur

les émotions, ces mots qui l'avaient vivement frappée, lui venaient

aux lèvres, de là la forme bizarre de sa folie. La contratnte même

qu'elle s'était imposée avait, sinon causé sa maladie, du moins

déterminé le sens dans lequel elle se manifestait.

Les mêmes faits peuvent se présenter, non plus dans la folie

furieuse, mais dans la mélancolie. Les fous qui se croient des cri-

' minels, qui sont assaillis de remords, sont les gens qui, avant leur

maladie, furent les plus honnêtes. C'est la pensée conrte laquelle

ils luttaient qui fait sur leur esprit l'impression la plus profonde et

qui dominera lorsqu'ils ne sont plus maîtres de la direction de

leurs facultés. Dans ces conditions, toute émotion, tout sentiment

toute pensée réprimée s'imposent à l'esprit avec plus dé force. Un

désir non satisfait produit les mêmes conséquences.

La conclusion de l'auteur est la suivante :

c Si vous voulez ne pas vous exposer aux fâcheuses conséquences

de la contrainte de la pensée, n'ayez jamaisdevaut les yeux que ce

quiest juste, bon et honnête.» (American journal ofinsanity, 1893.)

E.B.

XIII. Parallèle du traitement chirurgical ET DE l'éducation pour

l'amélioration des conditions mentales des arriérés; par le

Dr P. NORBURY.

L'idiotie, la microcéphalie, dues à des troubles survenus dans le

cerveau aux cinquième et sixième mois de la gestation, ne peuvent

pas être guéris par une opération chirurgicale. Les opérations n'ont

apporté que des résultats contestables et incomplets. Le véritable

remède de l'idiotie est une éducation patiente, bien comprise et bien

graduée. (Amencan journal ofinsanity, 1893.) C'est la thèse qui a

été souvent soutenue dans ce Recueil, par M. Bourneville.- E. B.

XIV. Du trional comme narcotique; par BRiE. (ueunolog. Cettral.,189,-3.)

. C'est le premier des narcotiqnes. Il doit remplacer le sulfona

quand on n'a pas besoin d'une action prolongée, et mérite la pré-

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 477

férence sur ce dernier parce qu'il est presque insipide, facile à

prendre, parce qu'il agit vite, n'a que rarement d'effets accessoires

et encore très peu. Indiqué dans l'insomnie des aliénés agités.

Doses : 2 à 3 grammes dans l'eau chaude refroidie ensuite. Sommeil

de 6 heures au moins. P. K.

XV. L'OVARIOTOMIE DANS LE TRAITEMENT DE LA FOLIE J

par le Dr Thomas G. MORTO-I.

L'ovariotomie pratiquée sur les aliénées pour rétablir l'équilibre

mental n'a pas généralement réussi. Quelquefois même la folie est

résultée de cette opération chez des femmes saines d'esprit. C'est

dans les centres nerveux qu'est le siège du mal et non dans des

organes distincts n'exerçant qu'une action secondaire. Il faut mettre

iL part, cela s'entend, les cas où des affections visibles des ovaires

rendent leur ablation nécessaire.

A un autre point de vue, le médecin n'a pas le droit de pratiquer

ni les parents d'une aliénée le droit de permettre la castration

d'une femme qui ne peut donner son consentement et qui, revenue

à la raison, peut ressentir douloureusement la perte de ses organes

sexuels : supposez, dit l'auteur, que vous fassiez la même opéra-

tion à un homme pour le guérir de quelque manie'érotique ? et

voyez, par comparaison, les conséquences morales et légales d'une

telle opération. (American journal ofinsanity, 1893.) E. B.

XVI. L'HYDRASTINIE dans L'ÉPILEPSIE.

V. G. Kiseleff, faisant des expériences sur des chiens et des

cochons d'Inde, a trouvé que des injections intra-veineuses d'hy-

drastine (voir Epitome, 23 avril, 1892, p. 66, et 28 mai, p. 87) même

à petite- dose (0 gr. 04 p. 1,000 chez le chien) abaissait visible-

ment l'excitabilité de la substance corticale du cerveau et adou-

cissait ou arrêtait les accès d'épilepsie causés par l'absinthe.

Les observations qu'il fit l'amenèrent à essayer l'hydrastine

dans 6 cas d'épilepsie. Donné à l'intérieur en solution d'un 1/5 à

1 /L) grain jusqu'à un ou 2 grains par jour. Chez quatre' malades dans

l'espace de deux ou trois semaines, les accès diminuèrent à la fois de

fréquence et d'intensité alors que chez les deux autres le traitement

fut moins efficace. On ne constata aucun effet désagréable par la

suite.F. Kh. Gadziacki employa également l'hydrastine dans un

cas d'épilepsie, mais n'obtint aucun résultat. Le traitement de l'épi-

lepsie par l'hydrastine, aussi bien que de la rage et de l'empoison-

nement par la strychnine, fut d'abord suggéré par P. I. Arkhan-

gelski dont les expériences sur des animaux démontrèrent que

l'alcaloïde^11 H13 NO') possédait des propriétés antispasmodiques

puissantes. (3led. and Surg. Journ., 1892, p. 169).

478 REVUE DE THERAPEUTIQUE.

XVII. Contribution A l'histoire DU traitement sans contrainte ET

DU séjour au LIT d'aliénés; par 0. KUNEE. (Allg. ZeiLSCk. f. Psychiat.,

XLIX, 5.)

Revue historique et critique. Le traitement des aliénés par l'alite-

ment est un moyen souverain qui n'est pas encore suffisamment

apprécié comme il conviendrait. C'est un puissant calmant. S'il est

difficile d'arriver à maintenir au lit les mélancoliques agités, les

catatoniques à impulsions d'origine passive et à délire des néga-

tions, ceux surtout qui ont déjà eu des accès de folie pendant les-

quels on n'a pas exigé leur maintien au lit, on alite facilement

les maniaques, les fous systématiques agités, les épileptiques et les

idiots en état d'agitation, et l'on obtient des résultats surprenants

du séjour au lit chez les aliénés malpropres et destructeurs. Par ce

traitement, on supprime l'isolement ou on le réduit au minimum ;

on diminue l'élément émotif, et l'on donne aux salles l'aspect

réconfortant d'une salle de malades ordinaires. Enfin, c'est un trai-

tement à bon marché. P. K.

XVIH. D'une nouvelle méthode DE traitement DE L'ÉPILEPSIE ; par

P. Flechsig. (Neurolog. Centi-albl., 1893.)

D'abord 0,05 centigr. d'extrait d'opium deux à trois fois par jour,

à dose progressive jusqu'à 1 gramme (dose de 0,25 à 0,35). Au bout

de six semaines on cesse l'opium, qu'on remplace par 7 gr. 50 de

bromure pendant deux mois. On diminue alors graduellement en

revenant à 2 grammes et l'on reste à ce taux. P. K.

XIX. DE la DUBOISINE; par E. MENDEL. (Neurolog. Centralbl., 1893.)

Elle convient chez les malades agités dont l'agitation ne s'expli-

que pas seulement par les conceptions délirantes et les hallucina-

tions. C'est un calmant; l'effet narcotique n'est que secondaire.

En injections sous-cutanées de 0,0005 à 0,0008 sans dépasser

1 milligramme. Elle est déjà toxique à 0,0002 de milligramme

(dilatation pupillaire sécheresse de la gorge accélération du

pouls). Action sédative dans la paralysie agitante grave à la dosé de

0,0002 à 0,0003, deux à trois fois par jour. C'est un médicament

qui agit rapidement et ne cause pas de dommages ; il n'entraîne

pas l'assuétude. P. K. z

XX. MAGNÉTOTHÉRAPIE ET suggestion; par M. BENEDIET.

- ' (Neurolog. Centralbl., 1893.)

D'après Paterson et Kennelly (New-York Medic. Journal, 1892) les

aimants d'une extrême puissance n'agissent ni sur la sensibilité, ni

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 479

sur la circulation, ni sur les fonctions organiques de l'homme nor-

mal. Mais, de même qu'il y a des variétés dans la sensibilité indi-

viduelle, de même les individus pathologiques ont une réceptivité

et une excitabilité variables, spécifiques. Chez beaucoup'd'entre eux

l'aimant agit alors que les moyens pharmacodynamique ont échoué.

Quant à l'action des pôles de l'aimant, c'est avec un aimant en fer

à cheval que les expériences ont été faites en France et à Vienne,

par suite il ne saurait être question de l'action distincte des pôles.

P. K.

XXI. DE L'INFLUENCE DE la SUSPENSION SUR LES TROUBLES DE la vue

dans les affections DE la moelle; par DE BECHTEREW. (Neurolog.

Ccntralbl., 1893.)

D'après les recherches de B. Worotynski, le suspension, en cer-

tains cas, agit favorablement sur les troubles de la vue, même

quand ils sont produits par des lésions'organiques de l'ceil. Trois

observations. P- K.

XXII. DES INFUSIONS de' chlorure DE sodium chez LES aliénés SITJO-

pHOBES;par Lehmann. (Centralbl. f. ueruenheilk.,N. F. 1893).

Ces grandes injections sous-cutanées pratiquées d'abord par

Ilberg et Kroepelin, relèvent toujours l'action du coeur et les forces

(en modifiant la constitution du sang) sollicitent presque tou-

jours le besoin de boire et souvent le besoin de manger (action

sur les glandes salivaires) parfois modifient l'état mental,

notamment la stupeur (en relevant la pression du sang, dont ils

améliorent la composition, et, par suite, en modifiant l'irrigation

et la nutrition du cerveau. P. KERAVAL.

Avis A Nos abonnés. L'échéance du 1" janvier étant l'une des plus

imposantes de l'année, nous prions instamment nos souscripteurs, dont

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traire, la quittance de réabonnement leur sera présentée le 25 janvier,

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donc à nous envoyer de suite le renouvellement par un mandat-posle.

REVUE' D'ANAT01111E · ET' DE PHYSIOLOGIE

"... i '.PATHOLOGIQUES... ' " ? ?

1 't p il v 1-; 1, "'<)"' mi- i<| ') . ttt t't'r.')Ljt.j<

)'. t (f Ir - i <-)i. "...-M u ,. Il' r t'il 1 t ' ' . zon

, - ' "* " 1, , "I JllP> , , ' > < 1 i (C

XLV. DE l'altération DES NERFS ET'DE LA'MOELLE consécutive aux

amputations ? contribution ArL'I;TUDE'DELA"FO : VCTI01 trophique

' des NEftFS;,pat : G. IARINÇSÇO..(NeurOl.Çentyalbl ? l892.),t' "7"' ' '

'Trois observations 'caractérisées par l'atrophie' des racines posté-

rieures, des cornes postérieures et des cordons postérieurs. Atrophié

modérée des colonnes'de Cfarke.. Les deux premiers faits permet

modérée des colonnes de Clarke., Les deux premiers faits permet-,

tent aussi de constater une atrophie des cornes antérieures portant

principalement sur let groupe de cellules postéro-latérales ? mais

lés'deux autres groupes de celluleslduncôté amputéine sonti pas

eo41)pletementintacts. Mentionnonsf aussi l'atrophie des 'racines

antérieures dans' leur trajet intra-médullaire. Dans la seconde

observation où un bras avait été amputé, les racines antérieures

étaient aussi atrophiées ; en dehors de la moelle, intégrité de la

commissure1 antérieure'; 'légère' atrophie de la commissure1 postés

r 16 à r 'è /s «'.ji.ii-n .il .lu "'t<,.j ? ? -'il ? *u5''ja

rieure. , , . ,.

Conclusions. 1° L'amputation ou la section d'un nerf est suivie d'al-

térations'pathologiques'qui atteignent aussi le bout central. Leur inten-

sité dépend de l'espècelietjsurtout )do l'âge de l'animal. eni expérience,'

ainsi, que, du | temps pendant lequel l'animal a survécu à, là lésion; 2° le

processus anatomique ressemble en soi à la dégénérescence Wallérienne -

ceci est très remarquable, car le bout nerveux tient encore à son centre

trophique. Cependant les bouts périphériques' des' nerfs dégénèrent- bien

avant les bouts centraux ;t 3" l'origine de cette dégénérescence tient ma-

nifestement à l'interruption entre la1 périphérie et' le centre.' Il y a'lieu

de croire'que l'extrémité des nerfs'sensitif; provoque dans les ganglions

spinaux des modifications biologiques,' probablement ! de nature clinique,

qui exercent une influence trophique sur les fibres qui'partent des cellules

nerveuses; 4°'quand on'coupe untmembrH'ou un nerf,nles excitations

normales' qui 'partent des extrémités nerveuses sont remplacées par. des

excitations différentes en quantité et en qualité qui ne sont plus capables

de déterminer dans les cellules ganglionnaires l'activité trophique 'suffi-

sante/Ainsi se produit'la' dégénérescence lente'et continuellement pro-

gressive des fibres . nerveuses qui', en' partent : ' 5° les extrémités ner-

veuses sensibles, -notamment -les,, corpuscules du' tact de 111eissner,° ne

représentent'pasdes'centrestrophiquesipour les nerfs, en- rapport avec

eux.- Ils dégénèrent{après la section des nerfs, quoiqu'ils présentent une

plus longue résistance que les' plaques terminales motrices; 6° il"est

impossible de' décrire avec précision la succession des phénomènes qui

traduisent la dégénérescence des diverses espèces de fibres sensitives et

tt IV/Y 1

REVUE D'ANATOMTE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 481

motrices. Mais cette succession dépend de la force de résistance indivi-

duelle des fibres atteintes, force de résistance elle-même en rapport avec

l'énergie de leur nutrition (échanges nutritifs); 7° les mêmes causes qui

président a la dégénérescence des bouts nerveux centraux président aussi

à l'altération des fibres que les cellules nerveuses des ganglions spinaux

envoient à la moelle. Ainsi s'explique l'atrophie dans les régions qui

président à la sensibilité. Elle diffère des altérations pathologiques du

bout central du nerf périphérique, parce qu'il y a des différences dans

le mode de nutrition des parties atteintes, peut-être aussi parce que le

ganglion exerce sur elles une influence distincte ; 8° les cellules des

ganglions spinaux restent en apparence indemnes (Criedlender et Krause,

Homén, Van Lair et moi-même). Ceci prouve que les centres trophiques

(ganglions spinaux) peuvent conserver leur constitution anatomique, bien

que les fibres qui en partent soient départ en part altérées; 9° les alté-

rations pathologiques de la moelle atteignent également les régions mo-

trices, car je crois avoir montré que les cellules du groupe postéro-

latéral des cornes antérieures sont de nature motrice. L'atrophie de ces

cellules doit démontrer qu'elles possèdent une force de résistance spé-

cifique moindre que les cellules des ganglions spinaux; 10" dans le

cordon postérieur, il y a atrophie de groupes de fibres différents au point

de vue anatomique et physiologique; on en peut conclure que dans le

bout central des nerfs dégénèrent non les fibres qui sont en rapport

avec les corpuscules de Meissner, mais d'autres fibres sensitives.

' P. KERAVAL.

XL VI. Des modifications dans la rapidité des processus psychiques A

divers moments DE la journée; par W. DE Beciiterew (Neurolog.

CelzGrul6l., 1893.)

Etude du temps de réaction simple ; du temps de différencia-

tion ; du temps d'élection (son plus fort ou plus faible); du calcul

avec des nombres simples (addition, soustraction, multiplication) ;

du temps d'association, chez divers individus.

Conclusions. 1° La rapidité dans l'exécution -des opérations psy-

chiques n'est pas une grandeur constante. Il y a à tenir compte des

individus, de l'âge, d'autres conditions, et aussi du moment de la journée;

2° mais, en ce qui concerne les opérations les plus simples, il y a des

différences constantes selon le moment de la journée, chez le même

individu, c'est-à-dire que les valeurs moyennes d'une série d'examens

,sont plus ou moins constantes ; 3° le matin, ces opérations sont plus

lentes, le soir elles sont accélérées, c'est dans l'après-midi qu'elles sont

le moins rapides; 4° plus l'opération psychique est complexe, plus il lui

faut de temps pour s'effectuer, plus les différences suivant les moments

de la journée sont accusées. Aussi est-ce lé temps de réaction simple

qui présente le moins d'oscillations et même, en quelques cas, peu

d'oscillations; 5° l'opération psychique des associations n'est pas seule-

ment accélérée, le soir, comme les autres; les associations d'idées elles-

mêmes gagnent en qualité, par suite du travail intime de la pensée inté-

rieure et de ses coordinations ; 6° l'ingestion et l'absorption alimentaires

ralentissent toujours les opérations de l'esprit ; 7° quand on détourne

l'attention du sujet, on ralentit le cours de toutes les opérations de

Archives, t. XXVI. 31

z2 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

i, 1 . , , il,yn l , 11,Y · W 1 1 ' t te @)MIre , , 1

l'esprit proportionnellement à leur complexité, excepté lorsqu'il s'agit

des associations d'idées' qui1 sont"' alors' accélérées. C'est'pourquoi'chez le

paralytique général, de' même que'les gens en état de sommeil hypno-

tique, les opérations de l'esprit sont accélérées (de Tschisch, Walitzlcaïa,

, Henika, Worotynsky); 8o mais la dérivation de l'attention ne change pas

le rapport des chiffres exprimant..la.. rapidité des opérations, psychiques

le matin 1 ceux qui expriment le cours, du soir; elle semble en revanche

augmenter l'accélération vespérale 'des opérations de l'entendement; -,

9° la vieillesse,' de'même que le défaut 'de culture, intellectuelle, ralentit

le temps des réactions psychiques (V tindt,'Ignatov, Rairriôndo); 10"l'a'd-

dition et la soustraction des nombres pairs demandent moins de temps

que celles' des nombres impairs. La multiplication des nombres simples

est plus rapide que l'addition et la soustraction de ceux-ci. I

......HM ? 1 f .nP. KLRAVAL.

...Il film «1 (t . ,rt c ,<f j . , t

XLVII. Contribution A la QUESTION DES ALTËHATioNS'ANATOMO-PATHO - ·

1 11, 1 A , fil 1 il. ,nI m . 1 ,

LOGIQUES dans la paralysie faciale périphérique NON spécifique ;

par L. D.1R6SCHENITSCH et S. TICIIONOw.. (Neurolog . Centralbl.,

1893.) un, Il ' ' r.-iitri , .' t

' ;il f) t f , ; .n. Tj ;

Etude microscopique dans un cas de(paralysie faciale consécutive

à une otite. Celte étude montre qu'une carie, avec nécrose du tem-

poral a provoqué une névrite infectieuse parenchymateuse de l'ex-

trémité du facial qui occupe le canal de Fallope, sans qu'il y ait de

compression mécanique dans le canal; puis, secondement, sous

cette influence, s'est produite une atrophie simple, non'inflamma-

toire du noyau qui a alors déterminé la dégénérescence descen-

date,du' bout central, entre le ganglion géniculé et le noyau du

7t ' I . I ? t ·1· ... I ' ? -.f I ', , t i / . , i.`)fW

XLVIII. Remarque SUR la localisation DU CENTRE DU GOUT .chez LE

1 ? 4)LAPIN;, par A.-T. SCHTSCHERBAK. (Neurolog. Ce)2lrn,lbl., 1893.) ?

. En détruisant l'écorce grise de la région qui correspond- au,lobe

temporal, on supprime le goût du côté opposé. En lésant les,fibres

les plus postérieures delà couronne rayonnante en, ce point,' on

obtient le même résultat.. lit, 4 m ;, > - r P. K. "'

' \ ' ' t . ,i i ' >* 1 »

XLIX. Examens du sens olfactif au point DE vue clinique; par

il " r N. SAVELIEw. (11'eterolog. Centralbl., 4893.; · "3

" ! ')')) ' n , ' tii, n n n a·

.Critique des méthodes, et des appareils olfactométriques, d'Or ?

bantscliisch, Aronsohn, Froehlich ? Zwoerdemaker. Avantages.de

l'appareil de Saveliew. Il se compose : ,, , ,1, ? .,t,

D'un récipient, qui est un ilacon de Woolf; le liquide odorant

envoie ses émanations dans un second flacon à .deux tubulures.

L'une de ces tubulures est munie d'un tuyau de verre qui porte à

son extrémité supérieure deux olives que l'on introduit dans les

, l'I n ##lit il 1 1 1 .. Il, f-191 Il ., 'Ul<™ ' -,il 1

"TtT( ifin^lTT/O 1T)i.' Tnfovtj T T^ TI'T-T»^/ f' -1 . ' T '< ,' ' y

,,ytt4 Il 'l 1 Ir-7 e Il t 1,1

REVUE DANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 483

ti-;r «..h up ? i'<"> » ,*i il.id" ne- ni'irti <n mu' ' '"< 11' . ' 1.

9narinej. Avant.djj se servir de l'appareil, on l'assèche en inlerpo-

(Sant entre les deux (flacons un tubc^ciinU, contenant chlorure . de

,)caicium;g']ycérine, pierre ponce ? '* 10 <.it. i'i( < *' ' i> z

8-cli Peur doser la faculteotfactometrique ;du 'nez ou de chacune' des

deux ? narineson atïaib]it'graduei)e[nont"'dans z

te'')iquide6doraht,parl'additi6n'd'ùn'e nuantitu d'eau déterminée,

....< ? T< ? ...' r. f.'V'l.'ll" f). 'IR'll.-ri 1 ? , ? .... ' "I ' ? ),'

.jusqu a ce que- le.sujet,a examiner ne, sente plus rien. -(Voici les

..limites de perceptibilité chez des personnes saines, dont 1 auteur r ? Mm On ne perçoit plus : , Quand on l'a affaibli a

'.9tqm) ? Z9)).)inon 11 nuit., iijfuu .J < ? uti ? tu ? ). ? )tJ !

484 REVUE D'ANATOMIE ET, DE- PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

épaules par un bandage.de corps, soutient une bande de cuir, qui

va rejoindre le pied. Celui-ci entre dans un,étrier ? Entre cette

bande et l'étrier, est intercalé un dynanomètre.,Le pied, en tirant

sur.l'étrier; actionne le dynaiiiornètre. 1 , . 1 . b Ui P.,I ? T,

,,il fil 4)lel '' il( t ? vr,< n,> S if> >- ! -1 .l ·W i Tn<.;11·2 111

ZLII. Colorationi OSlfIO-FCfiRO-H)sI : ITOSYLTQUG , par,. Kaiser., ?

(Neurolog. Centralbl., 1893.)

r) n ? , ' w , r · ? 1 TT f -7 tfI r / v.r- (1 V ]

On place les morceaux d'organes dans.le liquide de Mutier pen-

dant deux à trois jours; on les coupe en segments de l' à 2 milli-

mètres et on les traite encore par le liquide 'de' Millier durant cinq

à six jours. Alors on les fait séjourner huit jours dans la liqueur 'de

larchi ' : - Il' , '14 't' " ,n " uil ' «"< ! "< * n 1 ,3

REVUE D'ÀNATOMIE ET DE 'PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES ? 485

riences,' le centre delà contraction du sphincter anal est situé un

peu en'arrière'du sillon crucial,'dans le segment postérieur de la

circonvolution sigmoïde, plus près de son bord externe que de son

bord' interne. Celui du sphincter vésicat occupe la partie externe

du segment postérieur de la circonvolution sigmoïde, immédiate-

ment en arrière de' l'extrémité externe'du sillon crucial.' P. K.

t Cr f , t j", ? ) -) " 31 ,. ?

LV. De. l'abondance DES fibres INTRA-CORTICALES D.1NS LES couches II

ET de Meynert ;^ études 'de'1 proportion DE'L'ENSEMBLE" DE

- il, , . U., ,,« f. z P '' fl an.1 'i`1 -1 r ..

L'ÉCORCE,ET DE chacune DE ses couches';1 pâr'TH.' Kaes'. (Neurolog.

Pl Cén ti-tilbl., 1893.) Il 4 (Jfl" 41 'T'cri 9"( u..i 3,f.^J " '" i ? J'

1)13 W'IIJI il cb' 'f''f't ) `.Ii,t· ,,O,t9Jl0·rjl- a.ri fl- a'lt, x1 ri) < ' ''

Ce sont les deuxième et troisième couches de Meynert qui; sont

le plus faciles à analyser à cause de la disposition claire et métho-

dique de leurs éléments et de leur, faible teneur en fibres. C'est

là qu'à l'avenir on devra étudier l'atrophie des fibres intra-corticales.

La'largeur'de l'écorce à la' convexité,' 'sur le sommet de la circon-

'v`ôl'ûtion,l esfde'4.' millimètres 2; sur'le flanc de ce monticule elle est

de 3 millimètres 01., à la base du cône de cet organe (Vallée) elle

est de 3 millimètres 14. L'analyse du marne ! onde là circonvolution

montre que les deuxième et troisième couches de'Meynert mesu-

rent ensemble 1 millimètre 58 ; les fibres d'asàciation etia lisière de

Baillarger sous-jacente's représeutent2 millimètres 25; la substance

blanche marginale sous-jacente est.de 3 millimètres 3 ? , P. K ? i 1

Bl iiiiii.->i- ,jq -j. ' < . ) 1 n,l.,itiv. , , l.jjijiv- ff 'mrT-

LVI. Uni CA$;DE,LESION-DLAfILATÉR.1LE, DE la moelle avec atteinte du

trijumeau du côté delà lésion; par L. STIEGLITZ. (Neui'olog. Cen-

rrt'al6l.; 1893.) , ttrt/ D 1. 1,1 , 9 ? .t"J. , r ? ·,uf h j it.

"Hémiplégie'droite' consécutive à 'un'< ictus ;'anesthésie< de ! 'la

moitié gauche'du corps et de la'moitié droite de la face ; hyperes-

thésie du côté paralysé.'Te" t ? '>r ? * 'fC "ICI ? ) . ->1( t . 1

Quatorze jours après l'ictus, réflexes itendineuxi égaux des deux

côtés et un peu diminués ; puis, la motililé tend à revenir, et alors les

réllexes' tendiueux s'exagèrent' considérablement du côté paralysé,

mais'alors, ataxie progressive des'membres supérieurs et inférieurs.

Evidemment il y a une lésion au-dessous de l'entrecroisement

des pyramides àj droite, au niveau de la partie supérieure delà

moelleJéérvicàlé entre les mièré.e ? de xièrûe."ra'ciiiés spinâles

moelle, cervicale entre les .première, et deuxième racines spinales

.(observations de Ludwi- llann, in l3er·lin glit ? Vôcheüschri/'t, 1893).

Thrombose du raineâu descendnnt de la'spinale'postérieure', celui

qui^anime.la partie. supérieure de la moelle;' syphilis probable Z1 'q

A q , ni .1 ').tl(ht ? t't,< ? ()t. £ , ? ), ufi

LVII. CONTRIBUTION au développement pathologique DU système NER-

VEUS 'central ! ' Observation D 1NENCÉPH.1LIE, .1VEC ? 1M1'l.LIE totale ;

par 0. Di : LE6NO\VA;'(JY'e'u)'oo'. Cëiatrill6l : ; 1893) "M " ' ? Etude complète avec planches.' On' sait'que' l'encéphale' etl la

486. revue D'ANATOMIE.ET.DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

.. 1 .n.. i<...).i ? t u 1.. I I.n .ya aa 4' ·1V ·1

moelle sont un produit de l'ictodemmet que la lame médullaire

primitive se ferme en formant un tuyau inédrillâii'ë. 0r, ici,, (i`ti bien ,

la fermeture du 'tuyau médullaire été, arrêtée par'des 'accidents z

pathologiques dont la discussion n'appartient pas à ce mémoire, ou,

ce qui est' plus probabfe.le tuyau ' médullaire j était, déjà ferm6 avec r

la. vésicule encéphalique a.Iaqueiip il avaitjdb'nnehaissance'quan'd' ie', L

./ ,, . ? ->.i iii^i ? ,.« ...f «j-l'.l.'M i; u.l. ? ,l( ut

développement ultérieur en a été trouble, de sorte qu v â,"eû i·ei,es 1

sion des, parties déjà développes, d ou lanencephaito et lamyche.

Aussi le système .nerveux est-il réduit aux organes indépendants ? t ? ''t' Jf ? nt ? ? tit ? it"jQ)'ti'U) ? )<t.i)2

des elemenU,en question riU ,, ,9, ,nv.JlT J1 ? ft M0

deselements.enqstion ? v1'Tptm^·t7 ! ! il ? ....i ? \. ? 00

11 se compose dos ganglions sympathiques, des ganglions spinaux

et des racines postérieures,' normaux, ce. qui prouve leur indépen- *

danco embryogenique du système nerveux, central.du. tuyau me- "

dullail'e.,w.,m.,nrn Mifin ? rrl, "(>. ? ii ? ii'.i'rid i" Hi'-^i'i ? i(q ?

Quant au nerf optique, il est réduit aune gaine dans laquelle on

trouve un lacis vasculaire, des, éléments, de, soutènement. Ni fibres,,

myeliniques,, ni fibres amyéliniques., Cela prouve, une'fois'do plus, L

que le nerf opliquc,et la rétineémanent du, systôme nerveux contrai, t

L'on sait en effet que ]a vésicule oculaire, résulte de l'invagination ., ? < , . ",.... ' ! (U...JP- ' UU 111' 0lh/>.U .of

du cerveau antérieur, .primaire, elle suppose^donc.la fermeture ?

du tuyau médullaire. D autre part 1 existence des rudimentS|dunerfv

optique prouve que le tuyau médullaire s était forme et qu il y.. a

eu déchéance régressive de ses éléments a la suite de la formation ,

j ? r ,.li r .1 i ? 1111*1 ? n Il'" 111," ·· ? l,In nlm.n4n S

de la vésicule oculaire, exactement comme lorsqu on détruit chez

1 animal nouveau-ne la bandelette et le nerf optique, 1 appareil ? -/ , ', " -, .- il» i ne ? mini «"t n> fiiui'i'ip 'j i ? i an jinajni

oculaire s atropine.. , .

ocuia)resatropitic. rt r,F i .; , ,y, - ,. .) .r nf ? y, r., ,rtlo3

Enfin, malgré, l'absence tptaie des cellules des cornes antérieures,,

et des raciries'aritérieures de la moelle, on trouvait 'dans les'extré- , Z

mites des muscles stries intacts. Ce qui prouve que 1 influence des

nerfs' moteurs" sur 'la nutrition des 'musoles,îqu'ils''irinè'rvent'W

débute' qu'après' la vie'emb'ryb'nnaire/ '' ? "P^Keraval ? 1 ! suL'hd

nf. 7 ., , , m y. m y ml nru G U, txm,Ttt· tc .,JUUa ILn 91T17Qi

LVIII.^'Le pédoncule DU LOBULE'DU'PNEUMOGASTRIQUE' ET le^segment'00

interne du tcorps IIESTIF0AIiEj pai'J'SciiTScaERBAK1. (Nea(iol0 ? Cen'u''

tralbl : ; 1893 : )`'1 trt ? : ·'t'I l"'1''1 <i»'. xi)M'lpjd*nio .ilu.'inoh'iq a)

r11, f9 I ",rt ? , i iI'm "il I n" yt7 HI'·'·,t,y(t ub ? It`a 'tr, r.97v'rWBÎ

Coupetobliquetlransverse et,perpeudiéulaire3passant trayersja ?

base du ,c'ei'veau,et-du,cerveletrsuivant une ligne dirigée, de haut ?

en bas, et d ayant, en arrière; chez le, nouveau-né. Le,pedoncule du

lobule du.pneumogastrique est la, condensation de la masse entière ?

des fibres des circonvolutions de ce lobule et forme, un fort trouez

seau, qui se dirige, en haut et en avant,vers le vermis cérébelleux.,™

Dans ce trajet, il est d'abord en^debors^de^la partie^exlcrne^u,^,

corps restiforme,puisit il passe en yièr4 ,dë celle;ci ? yé,lë,segmesntY

interne du, corps reslitorme et l'olive cérébelleuse; plus haut, il, est ,

en dedans de, .cette, olive, finalement, il se perd entre les, libres du, , (

pédoncule cerubeileux supérieur au milieu dc lcur sënutënL'yllcrô-1

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE' PATHOLOGIQUES." 487

inférieur. Ce pédoncule émet''aussi un pédicelle qui se dirige en"

arrière de la partie externe du corps' restiforme pour gagner la j 1

profondeur interne de's'céutt'es où'on le perd de vue. ' z / ' s

Les ^fibres dû lobule du pneumogastrique qui se dirigent en '

dedans, que' deviennent-elles ? Unecoupe perpendiculaire au niveau '

du pédoncule cérébelleux supéro-antérieur montre qu'en ce point'

le" pédoncule en question se compose de fibres obliques qui, d'abord

en'(dehbrs du corps restiforme, se placent en arrière de lui pour'"

gagner' la partie externe de l'olive cérébelleuse'. Plus haut, entre A

ces fibres se.placent les premières fibres inféro-antérieurësdu' ''

pédoncule cérébelleux supérieur'. Plus haut encore, ces fibres mas'-

sées 'en trousseaux épais, croisent soifs un angle aigu le pédoncule

cérébelleux supérieur, pour se diriger en haut et en dedans au noyau

sphérique, au bouchon, à l'écorce du vermis; autrement dit', lé

pédoncule du lobule du pneumogastrique, participé' à là* forma-

lion de la commissure au-dessus du noyau du toit et' passé' ainsi"

du'côté "oppose où ses ""fibres" gagnent le lobule du pneumogas ?

trique. n'existe aussi des fibres obliques qui vont en dedans dans ' ' !

les'noy'aux' du nerf vestibulaire,lç'est-a-'dire que' les' fibres dû neéf

vestibulaire vont'non pascaux noyaux centraux du cervelet,' mais'

infra au' lobule dii' pneumogastrique. ' T1 'h ' ' ?

L'étudedu développement des fibres du' pédoncule 'du lobule

du pneumogastrique permet de distinguer les fibres de' cepédon-^' '

culetde celles du pédoncule cérébelleux supérieur et du segment ,

interne du corps restiforme. Or, les fibres internes du corps resti-

forme sont celles de la racine ascendante du nerf vestibulaire, qui

s'accolent'^ au niveau'de l'olive, cérébelleuse, à celles du'pédoncule

du lobule du pneumogastrique. , . ,

-u . "i ? if m °y .1'^ i.. < ? ? t ? ".f -1...' iil

Il existe une autre partie du segment interne du corps restiforme,

située plus en( dehors, acpolee a la masse principale du côrps,resti-

forme, qui contient surtout des fibres issues'du noyau de Deiters du jt

côté homonyme et du côté : opposé. Elles s'en vont, comme lepédon-f 1

cule,du lobule du pneumogastrique, à des trousseaux qui croisent

le pédoncule cérébelleux supérieur. Ces fibres sont plus antéro-in-

férieures que celles du pédoncule en question ; elles croisent presque

transversalement le°pédoncule "cérébelleux' supérieur,1' tandis"'que

celles du pédoncule prennent une direction'obliqùe supérb-interne^' i

La partie externe du segment interne d'ii'cbrps restiforme réunie, '™

pour'unè'pàrt,' au pédoncule 'du lobule 'dti 'pneumogastrique ? va'1 '

avecMûi aux noyaux accessoires de'l'olive cérébelleuse, mais 'sa "

massé principale passe dans le 'noyau'du toit et participe à là'for ? 1'

mation dé' là commissure postérieure ! v ' ' ' ' '' ?

Mais'Me pédoncule' cérébelleux supérieur n'a qu'un rapport topo-1 ' ·'

graphique avec'le pédoncule'du lobule du' pneumogastrique, car ?

à une époque embryounaire (embryon de 37 cent.) où ce pédon- f

cule dû'lobble'n'existè pas, la' partie a'nléfb-inférieure'dupédonc'ule '

88 REVUE d'anatomiè ET' DÉ PHYSIOLOGIE' P.11'HOLOGIQUES :

cérébelleux supérieur est déjà développée', et a exactement la forme'

qu'elle aura plus tard /'après l'apparition du pédoncule du'lobe du

imcumo'sùlrique ? ? ? ? ' '' ? q'1' ' ' " , '1'. li : y m

.... ,. *.»., Mi.'yul Il rtri, , , , ,H)M,j 1 r,l ?

LIX." Contribution A' l'étude DES troubles, DE la', pondération DE

'4 l'activité musculaire chez LES i SOULIDS-MUETS; parl : 1110SIsND.IGII.

(qch lî-(t lb l.e f. Nei,'ven iN. F ? 1 1 V, 1893.)" ' .A rt,,(1 3 ? b

JJ 1 ) 1 t tt) '1 · ffj 11' i ' 4 1 1, t 1 ') F t- , ' ..

. Une partie .des, fibres de l'acoustique servent à régler la tension

des muscles du corps, et leur terminaison dans le labyrinthe exerce

unejnfluence sur latontéitc.des muscles,(Wvâld);'la séctionxdé

l'acoustique chez le chien, modifie le genre' et' ta forme de' l'activité

musculaire chez le chien (Schifi7; la surdi-mutilé dontla cause tient t

à des altérations des fibres tonorégutatrices de l'appareil acoustique

s'accompagne d'une, e,spècéd'ataxi ? des actions musculaires com-

Piexe % (Jariies - 't .4 Iirëidl). Or,111 : Rôsenbach â.`coristaté que les sourds-

muets exagèrent 1 intensité de la force musculaire des muscles

employés, à Ja marche; l'impulsion est trop forte. L'oreille ne fonc-

tionnant plus, ils ne peuvent régler cette intensité d'après'le bruit;

c'est,pâr 'un , méciiiisme' àllàl'g'Ué qie'les 'd3,*saéoàsiques'arlent

trop haut où trop bas.' ' ' ' ` ,< . . u ' '" ' PLK, ' ifî

L ? LE noyau dorsal et LE noyau sensoriel du' nerf GLOSSO'-PLIA-

· ItYNGIPN; par N. MACHIN. (Centralbl. ? JfC) ? CH/(etM ? N. F. IV,

, /i893.) / " ? ' 1 ' " » ? '- ' .. 1 ' . , ! fxj

,\' Sur une,, coupe , transverse du bulbe, à peu près au niveau de

l'extrémité inférieure du tiers supérieur du noyau de l'hypoglosse,

existe un groupe de cellules nerveuses situé en dehors etf uiîc peu u

au-dessus du noyau ide, 1'liypo -1 ose,, 11, est., dirigé, obliquement de

'dedans en dehors; d'arrière, ert,avaut..il est limité. en arrière par

la partiel externe'' du faisceau longitudino-dorsal de Schutz ? -jen

dehors, par le'noyau du nerf vague ? en avant, .par lesfibres arci-

,fdrmési lesiplus postérieures,, de- la 'formation reticutaireJjen

- dedans, : pur,le'noyau de4l'liypo,-Iosse, dont.il^est séparé pari deux

trousseaux'dé fibres. Un, de ces trousseaux vient du faisceau longi-

ludino-dorsal(fibresradiaires-,de; Seliutz) ;, 1 ? Lre,vient duliiiC[Iic

groupe, s'inilécidt autour du noyau de l'hypoglosse, de dehors en

dedans, et d'avant en arrière, pour, aller au raphé-.A ce,uiveaule

groupe en question donne ? ,1 ff, ? iwu ? «l >< !

10 Des fibres au ra lip (trousseau arciforme de Gerlach);

.2° des fibres (lui, ti-avet-saiit 1 - eiio3 rà'du iiét-f'vagtielvoiit*au noyau

^interne de l'acoustique; = 3° üës'fib`resuadiaires qui- vont à la for-

mation réticulaire et qu'on'"peut suivre 'presque 'jusqu'au* niveau

de l'olive'accessoire "externe.* ? l 4 ' . loin

'' Tel, est'le' noyau' dorsal qui,'en réalité forme une' petite colonne

de' cellules siluées'priricipaleménl au-dessous des fibres du'faisceau

lohgit'u'dino-dorsal ? '>- ™l« il., mnuj-i iudlb4lt) rit.jj,, eLl ? b

REVUE D'ANATOMIE, ET, DE. PHYSIOLOGIE, PATHOLOGIQUES. 489

* ? , Lm, r. u ? U . u - » .

i Au' niveau du tiers inférieur,du noyau de l'hypoglosse, le noyau

dorsal est situé), en .arrière de celui-ci. Au .niveau de la partie

moyenne du noyau de l'hypoglosse, le noyau dorsal est situé entre

le noyau de l'hypoglosse et le faisceau longitudino-dorsal. Son

volume augmente en montant et il occupe, alors le côté externe;du

noyau'de 'l'hypoglosse,1 par exemple à, la base du tiers supérieur

de ce noyau. Au-dessus; le noyau de l'hypoglosse diminue et le

noyau dorsal s'accroît, prenant la place du premier au niveau de

la, partie, médiane de la substance grisë`centoale : 4'Au niveaulde

l'extrémité supérieure' du noyau'de" l'h 1pd ? ioie;' le noyau dorsal

touche au noyau -interne de l'acoustique alors," il diminue à son-

tour et prend. la formé d'un ova)e'dont']e'grand'axe est'médio-

latéral ;, c'est ce qui(se voit dans les plans inférieurs 'de la protubé-

rance; jusqu'au nôyaü,dé l'ôculo-moteür externe. A'cet'endroit' il

est situé entre ce nôÿali'et',1'épéndylriè'du' quatrième'ventriculé ;

,mais il ne se. confond pas 'avec ce' noyau.' Dans la protubérance et

au-dessus, nous savons rien w de lui. '" " ' , ? 5 "' "

i. En réalité, ce n'est pas un noyau d'origine des nerfs crâniens.' Il

se rattache au noyau interne de L'acoustique dont 'on ! ignore )à

physiologie. Forel, Onufrowicz, Baginsky et Bochterew en rejettent

le rôle auditif. Noyau sensoriel du glosso-phâéyigién.'Idées à'peu

de chose, près celles de Roller. . jf.H , , P. K. ,

.V1 vl .Ï ? s'"c at m l(l,^ r.. 1 / rji1 ? r ·

LXI. La circulation du sang ET DE la lymphe dans le CRANE

,1, PENDANT LE SOMMEIL, ET L'INSOMNIE, AVEC QUELQUES OBSERVATIONS SUR

.LES médicaments IIYPnOTIQUES,;·par`Johiï CUÜMING'INACHENZIE : (The

,, JoMt'o ? M ? 8'*ct-e'ncé, janvier 189).) ? ? Jm,r : ma"9' t

""Tôûy'iial of, lll71lülScéncéi jan yiér 1s'J1.) j, ^1, IV ,Ay , f

1li 'P,'Fait'difficilô de rendre' comptemtilement d'un, travail détaillé

'qui'ne'comporte pas moins de quarante-trois pages,'et qui est très

rempli de faits^et d'observations : disons qu'aprèslavoir. recherché

quelles sont les conditions physiologiques qui président au sommeil,

'à'la veille et' à'T'iiisomnie,' l'auteur -publie'1 le «.compte rendu. des

'résultats que lui 'ont 'donné un ertairinombrend'agents hypno-

tiques' : les médicaments sur lesquels porte'cette étude. sont l'hyos-

clll6," 1,'di-éLhatie;'I'opiuiii'et'i- stilfonal.11 - R.'DE 111USGnAVECL.'<x : z

rI s,r.f101, nt ? ' 7G rft. l : i n, ub m, U> irr) ,.1 r r 1 , ..

91LIL'SUlt''LES'CDANULATI0N5'DEL'ÉPENDYME VÉNTIIICUL.IIR r par

D'' Pellizzi. (Riv. sh. di frett ? fas.lI, 1893.) ^» ? j

f Il'Wl7m I n 9ut v,l r,m- m 9p,· t i, ? f tj,7 ,m 1'l qf)

lie Les granulations de d'épendyme qui.se rencontrent souvent dans

les ,formes . chroniquesjjde .démence, primitiyqi et, secondaire sont

)ConstituéeS) exclusivement, par des^cellules de, la, névroglie. Elles

ont leur origine dans les cellules de,.Ia,nevrogt[e placées entre

;les,, couches ^ les., plus, profondes ,,du tissu, conjonctif de , lopeti-

d}me.et la paroi ,des( vaisseaux sous-épendymaires ;, probablement

dans celles éparses ou réuiiies en plus ou moins grand nombre,

490 i SOCIÉTÉS'SAVANTES ?

qui se trouvent en contact avec la paroi de ces vaisseaux. Les accu-

mulations des cellules delà névroglie'qui sé rencoitréiit'dâüsFcet

endroit et dans lesquelles on trouve, des figures karyokinésiques,

doivent étrèéonsidééescôriünë`lé stâde initial, des, granulations, 1,

Celles-ci,' dans leur développement, , prennent , en . général .une h

forme plus ou moins ovoïde, les cellules de nevroghe qui les.cons ?

tituent § éloignent plus ou moins 1 une. de l'autre et envoient leurs £

nombreux prolongements surtout suivant le plan lirizantal. Quand

il existe» de' répendymité'gra'nùleusé1 il 'y a'a'ussi 'dès altérations

plus ou moins graves des parois des vaisseaux. 11, J. SEGLAS' ,"

1.11, - ï'l Il , )7 fil i-i- if fli Fi III, '1V h ,la · ' ! m ? .nt K

LXIlIi' Influence1 de la'paralysie V.ISO-11OTItICE'ET DE l'a section des'1

NERFS SENSITIFS SUR LE DÉVELOPPEMENT DE L'INFAMMATIONET DE L'ABCÈS , ',

produits par'le-streptocoque'de' L'OTHMÉATOMÉ d^s' 'aliénés par

le D PELLIZI ? (Riv : 'sp, di f·én ? fasc. I;' 1893 : )'i"" ttil '"V"4-1""11

,ib iil J,I·.u`J l y. -but l7tli· I 1/.1· .' 't-nr ? t 't91JpiU>;

La section du sympathique au cou rend moins graves* et' pour' !

ainsi dire nuls les effets de^ l'inoculation ( dans l'oreille du lapin, du

streptocoque que l'auteur a réussi à. isoler dans plusieurs cas d'olhé ?

matome des aliénés. ^Au contraire par la section des nerfs sonsitissll,

les mêmes eu'ets'sè'trouvent aggravés, cependant les résultats de

ces dernières expériences ne sont pas aussi évidents et démonstra-

tifs que ceux consécutifs à la section du sympathique. Ces résul-

tats sont semblables à ceux obtenus par, d'autres auteurs (Roger),

en opérant dans les mêmes conditions sur le streptocoque de l'éry-

sipèle.'ad : .lfl1 <11(JAJM J" ;lIft'l'A.111Jf 1 Jl. J : ·'galJOC

vs ui-in ni

.yju'4 Il au 1-inqi,ipq - v<««^ «m a't ? sw*

n ? n .r, ? m ? 1 r.,vir : m· -il anfib ! 7V ">'3 ! <"\ ""W<

no'l ir* .1 ? a" 6 .aj ,b Jr-, ri;Ln1 t.' Inimoismiinir 1111 - ? »... ? .. -; - -/ (< f t-.m ? n., , 1 i >.(, m( ifiv. 17fllr,f.

'" 1' ' SOCII : ,T-L` : 11ÉDIC0 PSYCIIOLOGIQ UÇ ? If ? r'J n0-|

ff ., V·1 w t-1 i;i n ·f 1 . 41r, 1l'lr ) 'J ? 1.;14 inl. 1 ? tllf(

Séance dit 30 octobre 1893. ? Présidence. de M.|Cubistiaki.j.j,,0o» e

1·J.lill JIÙti11R1 'tl 1411 nJ.111·UI IlJ .II . m ! u. 11J J IJf.. ,.

, -oif"iPii',f -,1'ir^;»- .v ? )') , il ">". il ? 1'.1 ".^ l.uij

Le Président annonce,' à la' Société, la perte quelle vient

d'éprouver' en la 'personne de 11 ? BlaucIJe ? décédé 'pendant1 lés

vacances et donné ensuite ! leclure'dil'discours'qu'il'1a'prononcé(sur 'il

la tombé.1 M;' Blanche 'ayant "été' président' de la Société1, 'la séance1 ?

est levée en signe de Jdeuil' : 11 1-uiv'tu ! l JuibiMn un- JImltyilrB1 juc'

SOCIET&SFSAVANTES. 491'

UT.i. po,| -trfau< ? 3h ? (q'H ? v("r)nt''r<'ti''v ? ' i|

. Id il 3.120vemb ? c,j PRÉSIDENCE DE M. CIIRISTI-N t : t,lltl

, t ? t ? '<f) ? nn ? t)'9 ? f J lio-i-xi'j

1 : 01pit-SIDÉN-T--C"X'PO'S"é'àla Société. qu'un vote dùrdernier,Congrès f

do'Mëdécitle'mentale semble vouloir'deponiOër la Société du droit t

delpiésidét-"iL'-Ia'Idièeti611 du'pi-ochain oti ? res. lie discussion ?

' f 1 ,- -,t, 1 ? ).t ? f 7.nli' e GWue ru0 .a ...,

générale's engage sur la question, de savoir si oui ou non. la Société, j

aLin'doiL'd'or-a-iii*àtiàii du .

a'uldroid'organisat.ioti du C6ngrcs"do'nt"eHe'est'râme ' ?

' B"') iflr; m '^'1 "Kl'i 'il Jirj'/li si ' 1 t à G .. ' «' "lliiiui

'lf : , IaLnçT nslste pour qûelâ ? Soiété maintienne son droit d'or- it

g-11 ani'salion si et r, de d)rectin : 3 gPY ? ? < ? , ? M\U

'i ? , mi; ? aIn 21fY),f',(( 991a 20l ? nit.lW sur ? 111fez

M. Jorrnox est d'avis que le meilleur moyen de conserver une

chose^est de ne n'en pas discuter, la,possession et l'on, tombe1 d'ac-J J

côivd ûi`l ? césôlûtiôn.sûivar)te quest ? adopteo. : )La Société donne

le soin d'organiser le, prochain, Congrès de médecine mentale et de

neurologie une commission composée des, membres. du. Bureau

auxquels s'adjoindront MM. Fairet, Joffroy et Pierret, président du

proçlJain,CourAS.rrIUrt1 bim iioi u· ',n,t " '.q ? V[ tlt nn'J'' e1

. ? \ ? ? ', .h ,t''ii-, /... a S ! '·111z Wi1t !

Commission de classement des candidats aux places de membres , ·

titùtâlrés.`Elle)esl'cômposéé`dè'11111 : B)ii : lô, CIIADPENTIELi,,l.ILDET, , ,,

MAItANDON DE MONTYEL'et VALLON. ? ? '' ? MKC'EL BmAND.. 1

Mahandon de 111ONTTEL etTVALLO'. ,t91 , Marcel Briand. ,,

9b 2.lBJt1)aHn r,91 Jf.lf s ! 4"' , f J ? ivwo7) ·. ,·.i."·;a ? mi. "

.6'IJi'notl) ? Î1 ift aJ[. ,114' · ' m : hr· 1171 ! im r, 'tnf'i'j ;y7.i 29' m» «al1 ? j

llJ ? 91 3 SH]nr ! )J.'7fi <,' 'b t)^L1^S7 i, ù ;il.1u : »«»fH'" vi1`3J snp ait'

,|r,u0jn nit.'Wt r >71 ? L ? y )ruuJdr, xrJn ? .okij,ldimf- jm.ip* ? 1lI

- ? 1 ,t> )tjT.o'f7 ? ).t ? .,fjIJ)Iltto : l G ? )iF)Il : JI 2flJift JI)&7Jyts It°

SOCIETÉ, 1 DE PSYCHIATRIE et MALADIES NGRVEUSGSI;i 1)·

DE BERLIN

Séance du 14 novembre 1892. Présidence de M. JOLLY.

M. Hitzig. De lt sit2tatiôt`eh,; lanyié `diyns `lh'pârnlsie périplvé-

rique du facial. On observe dans les paralysies faciales périphé-

riques graves une déviation considérable de la langue du côté

sain. Simultanément, la bouche est déviée de ce côté. Si l'on

assure avec le doigt la.rectitude de la position de, la bouche et que

,, .. '1 ,1 l ? y .11» 11)11 » » p'J-jnilllj.lK ? I I 'I l.lpr, . ., ,

Ion fasse tirer lavlangue au malade, celle-ci sort toute droite de

la cavité buccale. Par conséquent, la-déviation de la langue précé-

demment constatée, ne provient pas de la paralysie de quelque

muscle lingual que ce soit, elle est due. à un état, d'innervation

1 il 10 p-, Il 1 p ? -% it, , .

spontané inconscient qui a pour'but de maintenir le rapport habi-

tuel de la langue avec les commissures huccales. c ,, i

1'jv ·W &. Jynev bi , JJ 'it'r 4, p .. m ? IIB Pl7rtl8A 1 '11

\I,.l Hitzig. Des,, accidents consécutifs au sevrage^de la morphine et' L t,

de llqtoi7za(,. , i ' 1, C'rLailis de .5 accideilts,qtii,ipendaiiL l'oult,aliiemetit .v

propre au sevrage de la morphine, suivent,la privation ,de' cet exci; 1

tant ressemblent aux accidents nerveux qui accompagnent la bas-3

' p...T;- >;r ? ..(T ? Tr.'

492 SOCIETES SAVANTES. ? .">« ti Cf l'1· fllT 'lil rl° 1 ' si .IJI' i 'tltt. '.r ? ^ \''4h< i

tritercatarrhale chronique. C est ce qui a conduit M. Hitzigà sup-

poser que l'excrétion constatée par l'estomac delà'morphine intro-

duite dans l'économie par la voie sous-eutanée'entraîne une'acidité

ou une ? sûb-âciditéartifiielle"ét'qüé, d'autre' part,' la' tënêur ètï

acide 'chlorhydrique'du suc, gastrique croit'dans des proportions

ales pendant le sevi-a-e des morphinomane-, au point de

permettre e com[ Iës"accidents*en question à ceux que'l'on

permettre de comparer les accidents en question 1 ceux que 1 on

observe dans, la gastrite catarrhale par excès d acidité. On a en

™', ''^ . ..4 ? w ? t ' -, '«CI ? l'ijl k

effet constate chez un morphinomane en traitement que 1 il]-es-

tion de hautes doses de morphine va, de pair avec la disparition

J 1 ! " 'J ->"l I '"V' J ' ? i 1 1 - - 14 l"1 ! 1' " "" ? W i<\ ? A'' ? '

de'l'acide''cht6rhydrique stomacal et que celui-ci reparaît et atteint ? l-.i'.l'J, ''V' <«"' I ? 1 "J-V, '<-. ^If/A'nnH ? fj'nm ? 1' 1 ? ' ? lVJ '

bientôt des proportions élevées (0,205 p. 100) a mesure que Ion

diminue la dose du poison, mais;i) ne survient pas réellement

e ,ruz. yll,vpl....,i t al,'Ir : ·' i,i· t pas rée me ·vit, r

d hyperacidile absolue. toutefois, ce malade qui, pendant les pre-

cédents sevrages qu'il aviiL ? 1)i's; avait extrêmement souffert, subit

cette 1 fois . -il sans 1 C ... iiialaisi' ia désaccoutumance parce qu'on lui pres-

crivit le traitement a Pl 1 4j- 1 - . - tarrhale' par 'excès

d'aciditéf'It'est aisé'de^compreîidrë1 là susceptibilité des nerfs"de

l'estomac privés'dë')eTir narcotique 6rdinairé ? et l'action' irritante

que peut alors produire sur eux le contenu de 1 estomac àcldifié :

Aussi les lavages avec les alcalins sont-ils indiqués; il est prudent

également de recommander aux-morphinomanes l'usage'de l'acide

chlorhydrique', de même qu'aux malheureux atteints d'ulcère rondj

on'conseillera4lanmor;phinet comme'propre à^ entretenir^ l'état

neutre'des liquides de'J'estomac.y ' 1 n Irant.'i '«tf il,' f.h)j ? fjM

nii'h .m «((» -)' Ji""o "in iliddr tsv p( h Inn·7.t 3tmt " anntvfnf

Discussion. M. EN TOIT. Depuis longtemps on donne, aux

malades atteints d'ulcère rond, du nitrate d'argent qui forme' une

combinaison 'avec'' l'àideiélilôrliÿdriqûëL'belladonëa·ést''éâle

ment précieuse dans l'espèce.9jjP ? v. nu y'a" "on,lu ' 111 *

21'i 0 i, - . 1 () 1 , tyl 0 , " 1 ef, ri T 1 , 1 , 1 , 1 , , ' Q , -q Î

MfOpENiiEiM ? DJs ? o ? M atypiques de 'la gtOS6°pMKe' Il

importe d apprendre a connaître- les variétés frustes' de la synn- 1,

'g'omyelië ? L'oPateur én décrlt qûèlques cas auxquels il 'manque

encore'' là 'sanction' J anatomique.' ''Puis, il 'en'rapporte'une'forme

associée au tabès; étude clinique et`taâatomo-paiholoa;qe; prépa-

râtions ët déssirîs : Mémbire'publié'n ? so. ll", ^UH l ,,fffj £ !

yt'ry ? lf..B') 9tr nnt· y F · itR9lwbnf ..If .tn ? y,

11, DtscusstoY.ï h M. Remak. La sensibilité à l'égard de la chaleur

n est altérée, dans le tabès, que tout a fait à la fin; par conséquent

un trouble^ accentué è, cette nature sur les téuménts`dû trôné

indique la syrinomyélie; en revanche, l'atrophie précocerdu nerf f

optique et l'immobilité réflexe des pupilles relèvent du tabès : Hôff

mann,a"separé de la gliose'(s3,i-in ? omyélie),Ia gliomatbsë earaeté-

risêe''par' la 'forma ion d un néoplasme comprimant les'tractus

'voisi'n's."QuÏnt'à lui, RémakJ'il est'arrivé"a diagnostiquer )à''syrinL

gomyétie en sept cas, à l'aide de cet oedème spécial des extrémités

supérieures qu'il 'à" dépislé" (Berlin"^ K lin ! Wôchcnchrift ? 1889),

SOCIÉTÉS SAVANTES. 493 ? 1 r - ,1'i'M. - · .t.-t

oedème qui .dépend d'une lésion de la corne postérieure^du même '

c6té,(voir Rôssôr.inô, Coztribictiôri ci''la physiologiedû â`icbcin'dè Re);

mais la' constatation d'une^ paralysie^ partielle 'de la sensibilité à

l'égard'dë'Ia'chaleur, du froid' et de la dbùleur"è'ntra eh ligne de

compté ! La'chéiromêgaiie fut notée une fois ! Dans'iës'observaUons

typiques il'ÿ avaitavec' de l'atrophie musculaire ? un troublé très

élendu''dé'la'r' sensibilité.' Dans"trois 'observations fruste's,' il' fallut

cliércliër`éédèrniëisÿinpt6më; c'est l'atrophie" musculaire spinale e,,

qui prédominait. L'une d'elles offre'cette particularité qu'elle' pré-

seûtaitrplutôt lé masqued'une dÿ;stëôpbie musculaire ? l'existence

e eonvuls 0 i' e - l"iéaction"'dé ? é èii iinpo-

sait pour une atrophie musculaire spinale progressive;, enfin on

s explique, dans 1 espèce, les remissions constatées, par ce fait

'i ,.^.. ,' (i'i ? r ? '.i u-^v-nx ...-...( ? 1 -1 , 1 11 1 q à 1 . 1 , t

que le néoplasme générateur de la syringomyehe et du symptôme

^ ...-,< .(.fi'ii-m . ? , .r ? .» v, >n *, ;i°i Ano-Uf. 'UllJlJr i %l il h

spécial en ieu avait luirmeme rétrocède... ,

speciaLen jeu avait lui-même rétrocède. up ='^rzv,· s`·,h`la

lr"" I bJU°, (il 'Hl'Ui a 3 Vf. Il nus 'U5YB 1 IIP - "H"lVj"* ri'llt"i3

.e M.( BERNIIARDT rapporte, t.rG S, 0'ser.vations ? de, syringomyélie ? La

première a pour, caractères l'atteinte, des nerfs bulbaires et. la surj

venance d'hémoglobinurie périodique ; la seconde est remarquable

parles accidents rappelan , . tle ebnleus'syn-ipràtiq- ne de ' 13S own-,

Séquard. , );lles ? ont, été publiées, dans les,, A'chiv" f. Psychiat., t,

RX1V1.1 Je" ! i ,,lui' Loi 3S' h ! '[-ii;'tft'. 89 avj; 'tgfvjnt pîh( ici'i/

of3'I : ,HiTZic-communique.une observation dur même tordre. Avec

l'oedème; il y avait une infiltration dure,- ligneuse,' des^muscles.du

braslgauclieuetsde l'épaule,,de,ce, c8té. ! rLemêmecsymptcîme,se

représenta chez une femme du type delmorvaii-et chez un, homme

indemne de tout trouble de la sensibilité qui avait le masque d'un

r. nnnn t1(t at1 fY9r'I'. r °Itr l9LI Q'l'ri,r r tl1 f<'t' ' v°ll

tétanique. , ? '... i , ., r r

1(in ., Viol u n j» » -is L «fo -u] t.b bao" iVjli, h -'nifl'li. f>;>iiisl'ii.i

Ai. Mendel/ J'ai constaté^cette dureté ligneuse^des muscles avec

M.' Pbllnbw, chez un syring'o'myéliq'ue ? 1 aub ,clnj"9.r.1 irtcir

11 M. Bern,hardt.i , Ces ^infiltrations inflammatoire^ des ( parties

molles .'commencent,, dans la s3>rugôn·ÿélie,, par, des. crevasses et

des fissures indolentes.de'la peau' oedematiée..Demême que chez

lés.tâbéliques,il,péut,,chez7es,sÿringômyéliquës, sejproduire des

affections osseuses et, articulaires,, et, ! de même que. dans, une poser-

vation d'Hitzi-, elles peuvent donneranaissance à ces perturbations

également indolentes à raison de l'analgésie.

11>. -' dem.' 1 e si inriltratioii' "ligneuse des muscles peut

être cônsidéréeeorrime -ysue;de prolfératfonsintèrstitielleset si

eile n'est pas 'semblable aux trophonévroses'ou'aux troubles angio-

. ,d, .. 1.1fi i , , (1 7 ? l il, ` '

paralytiques d origine spinale. , .; , .. ^ . , £ ,n

Ltr.y . v ? t ar tt` .I.r Icyl ü 1 ? 11v r,lfi(ltn Intl ,l'' · r.y.v"

.jM^Oppenheim ? , c Le,,mode,de,répar,titio, et^ le^caractère^ de de

];anesthésie permettent' 'de supposer'' Inexistence Ilécla syringoni3,e-

lié. Puis, la paralysie partielle. de, la sensibilité et, en particulier la

, ''li"Vyi.lïi - ? ' ' '<iip- 'ni '. o ' "' "' <i> t ' ; ! " Jq < ' ? ? l'wn<>"

Voyez,Aiciiives .1, de Neurologie., Revues analytiques. , 4112 ? ,n,,=

494 SOCIÉTÉS ' SAVANTES.

' thermo-aneslhésie; est rare dans' le tabès. Toutefois, les anomalies

de là sensibilité dans le. tabes ! (Bollco`;iStern) prouvent.'qu'il'peut'y

avoir .confusion entre les deux maladies. M. Hoffmann, , dans1 son

travail, repousse les formes^ frustes dont'il importe "cependant clé

s'inquiétertpour arriver au- diagnostic;" à' plus forte'raison"n'ectait'-

cil-il passes procédés de différenciation de'ta'giiose'(syringomyé ! ie)

.et de,la, liomatose (uéoplasie'de Ia moelle) : 'J'ât soüvént'`c'ônstâlL

l'existence.) d'une atrophie'du nerf'1 optique et" d'un, a 'pâ,rài ? si'éld'e s

pupilles dans'la syringomyélie; mais il 'convient 'de faire a'cG'suje't

de nouvelles rechercbes : EnGnl : \\Ticlimann'a'môntrév'qu'il'ÿ a'des

rémissions'dans la syringomyélie'. i;1 r'dJn'oftsa nU - .3tsj»wa'4ns«

- 9t) it0"ql 3tI,·rllflmrt 21f Lil 1`J 9LIrI911rti r`Tft 'itd5l1;1g : f f.l .fi 3f19fi;1J)J

,LSéInce,du : 4 décembre A8Q2'. tPRsiDENCE'DE M. JOLL-Y ? IDOd

' qh fTtnf) 8' ? ? lfr9Wn'·sl' aanîî J9 enr.rt

(lit 111 ? Bruns.' Présentation d'un cas

' cénicalê inférieure. ,fl l;tüdé ? du`'i·éflésé, tendineux patellaire.. en

areil`câ's. Pùblié in extenso dans les Archiv t`. Ps2 clciat. tu

e. î, , ,e,. , feig Je-i i t .'IL. -- J ? ruz trauzzfcv

- l Bâus ! 'Cortt.i6ution la symptoinatologie (le, la paralysie. isolée

''du grand dentelé ? 'Publié ïin, extenso dans 1g Ncacolocg : ce 22 ti,â 1 b 1.

]' onn9&ttil 'jiftn t' J ? t. 1

- rl·o irrT rtt'1"n'fil5 Jrf,Vt v ' .< : 1 ,CitU `9r1 9t1 ! 1rQ IplBB 91Y'jf.41bt( ah 2D.'1

..Discussion ? A, ce. propos,, M.- Jolly fait circuler dans'l'assom-

bléedes photographies-^ ! malade* présenté'il'and dernier^par

`11L°SèstiLINC étiexâminé pardui. lli.tRunh; n'a reuconfréjque trois

çâs'dëpâ.râlysieisoléeJdu'rand dentelé sur douze . mille cinq'cents

admissions, parmi. lesquelles. vingt- trois. cas 1 de paralysies' périphé-

riques 'a'v"è'è c1olicracture des ,mùgeles'de, la ceintureodoll·épaule'

l. 4 , ITZIG croit quctdansilejcasjde l.,BIIUNS lot malade pouvait

élever le bras verticalement parla conservation d'un, reste' du'grand

déntelé,F(dréhiyf.;Psyçleint.; XXV : )nvJf19L.1nrsJiJ J P.IKERAVAÈ ! 1-1 ? MbatdE-Mt... .ridQU'1jS I nv toI '3321 ljfln"l 2l.IStI zsb is

TW.Yoa qbiinbllodb tqi) ow$ailqJ(rrr7n 4va giifqo-ilb

.0 nt-toi s ! hu-VB Bqtljl"e- asflvl51rri JJ zfn7o31zflî

. . ? ? < ? ... ? nt r ? xorf.1 Iznr,rfanr 11 cJsfIsF;a zsfr,ntl

l XVIÎ,cJÇONGRESc9DS1 NEUROLOGISTES^.ET ALIhNISTESsh

qqJtgYtt<J'U ? ` 1ü DÜ LTL., SLID - OÛEST, DE L'ALLE111AGNE 3.trtn nu

« ! ,; qao .eb D t li blinda : « - : "" **™ 3·IS) 2trlq tiuid Jcs

tsioq frl9'rr110' ï an dIID .89T$1tt(Tj9'r71 23t1'JnÎ >ob lflf.tfi ? 2yb ,zsndit

ul9bfv5l SION 1 PLU BADE-LES-BAINS f> lrJ9beT 01 Mi

wooeiira «wii r,l "<.">h ? ? -supnEdqmYl «w>ii '»' « I '' '1turn ? Séance clu 3 juin 4893.,PRÉSfDENCE·nE MI.-FUEIISTNrRICI911 IIIP

rJli^IIoçus ! uDe' rophUialiktylé51eh,,§ ? ffîy8vcïa2t Fille11 vierge rde'

quarante-neuf all'S ? iild'èiriiie clë"s3', plillis et d' 13 rslét,ie; 1 saill cause

)) mlii.nji..om>iilq'>tluX,mii «.L^jlj Odo'i» ? *»« ? T ? ? r, ? 1 . ? ) ? i ? )')Mf ? t'0 ? t)Hd

n Voyez- Archives de -Neurologie. Revues, analytiques. it g j t, ,v2rt2, »

2 Ibicl. Ibid. v" * "" ' ' ' . Ail, le

>> ? Voirie XV11° Congrès 1892, In Archives de'Neurologie )'e<;'0 ! 'SMM.

.SOCIÉTÉS SAVANTES. 4495

connue, elle est, dans le cours-de plusieurs mois, atteinte de para-

l,s,i'to,1,etle de tous.les,muscles)extrinsèques de l'oeil; seul l'éléva-

teur de^la paupière'n'est.pas tout à fait paralysé, les pupilles réa-

gissent encore à lajumière et à l'accommodation; pas de diplopies;

de,temps à, autre,) céphalée et .vertiges- sans/ vomissements.'1 Cette

|dplithalmpp.légieJ1, externe, (bilatérale,, chronique, 5 progressive

(nucléaire) /guérit çornplètetrccnt. en,·sixFlmois sous'i l'influence 'de

1,'iodure de potassium et du ,courant galvanique, alors qu'elle exis-

tâit dëpüissix mois(voir, ]a)B6 ? 'HK rHm.Woc/tcnsc/t ? <) ? M ; ''ih'j"')

89(jM. - spéciale à'diverses formes'de'dégénérescence

musculaire. On rencontre la lésion quetLanghans'et'Kopp rat-

tachent à la cachexie thyroïdienne et qu'ils nomment lésion des

bourgeons musculaires,.Ierfd'autr6 ? affections" On- sait"1 que' Lang-

hans et Kopp décrivent sous le nom de bourgeonnmusculaire un

e'semble' anaeo-miq"u"è'«' 'c'o'ii"sLitué"'pà'r' 1 un'è" ? ai'n.e ? de %"p,rimysiuin

englobant*'un'cértam ioinb·i·e' dé fibi·ill,és,intürièment uaia,s"jun

vaisseau et souvent un nerf. C'est un''système\hist6)ogique. Eh bien !

ce Système*présente les' altérations décrites par Langhâns et Kopp

toutes- les fois'qu'il-y a'dégénérescence'du' muscle. Ainsi, dans un

cas de paralysie saturnine des péroniers, il y avait atrophie muscu-

Igire, excessive, etq l'on ' constatait' une lénorme'multiplication· des

noyaux; . le. bourgeon cmusculkirei n'avait' plus rsa'lgâlrie 'normale,

celle-ci. était remplacée par quatre à ! cinq~gro'upes 'de'1 noyaux 'fusi-

formes Il entourant ri le tfaisceaut6utentier;"entre "eux erraient

q,,el q uqsfil)res;ile ! paquet-da' fibrilles du' bourgeon était devenu

très, petit, ilsouventi aussi petitrquei te'diamètre' dû"noyau et,"par

places, on. voyait entrel ellési quelquès i no'yau- -x" n4"-eti ' lüs' olu-

minouk.)Les mêmes altérations se retrouvent; ! àpén'de'hosé près',

chez un malade atteint de névrite alcoolique; l'intégrité de la moelle

et des nerfs contraste ici avec l'atrophie considérable des muscles,

atrophie avec multiplication- de3 noyaux; abondance de noyaux

fusiformes et quelques cellules vésiculeuses, ayant la forme de

bagues à cachets (Langhans). Chez un troisième malade présentant

de isTdystrophie musculaire ' associée à 1&""p"sendo-hypettrophie, le

bourgeon musculairelparait d'enveloppe

est bien plus large; entre les groupes.de fibrilles il y a des espaces

libres, dessinant des formes irrégulières, qui ne se colorent point

par les réactifs; çàiettia quelques cëllûlës="vésiculeuses. Evidem-

ment il ya a là stase lymphatique. De plus, dans le tissu graisseux

qui tient' la placel de larsubstance`inusuleuse,'oü'vôitûn corpus-

cule dont la structure correspond celte, du corpusçule,de,Pacini

et'dë'StadeImann7 Une' 'quatrième et dernière ? observation \ est

empruntée à une sclérose lâtëralë arpÿotropliique; atrophie des

bourgeons musculaires, intégrité, de la gaine ? llfémoire,publié in

extenso dans les â're'hi f ! 'Ps'ychidt. · z j,f] ^ ? v

M. Manz. Du scotome scintillant. ? L'action;, objective.)de la

496 SOCIÉTÉS SAVANTES.

lumière peut provoquer la migraine oculaire dans' certaines con-

ditions temporaires mal définies, mais qui certainement résident

dans l'encéphale. Il est à penser que dans ces conditions la lumière,

en excitant la rétine, transmet aux centres optiques une irritation

spéciale qui se propage d'une certaine manière. Le symptôme

migraine, si fréquent en pareil cas, vient à l'appui de l'irradia-

tion centrale. Toutefois, la localisation du scotome à l'oeil à la

périphérie a pour elle l'observation de M. Manz sur lui-mûme; que

de fois n'est-il pas arrivé à faire disparaître promptement des

phosphènes qui semblaient indiquer l'imminence d'un accès, en

fermant les yeux et en appuyant fortement sur les paupières. La

céphalalgie était supprimée également avec les scotomes qu'elle

devait sans cela suivre fatalement. Mémoire publié in extenso.

M. KLI';MPEREIt. Contribution ci la séméiologie de l'herpès labial

dans la méningite cérébi,o-spiiiale. Trois observations dont une,

avec autopsie, témoignent en faveur d'une méningite épidémique,

alors que certains symptômes, non sans importance, permettaient

de croire à une méningite tuberculeuse. Or, l'herpès labial qui se

montra dans ces trois cas, eût-il pu suffire à établir ce diagnostic ?

La cause de l'herpès labial réside dans les cocci inflammatoires

ordinaires non spécifiques. Cet herpès indique donc que dans la

maladie pendant laquelle il apparaît entre en jeu, soit comme

générateurs, soit comme éléments de complication, des germes

inflammatoires communs non spécifiques. Par conséquent, quand

l'herpès labial apparaltdans la méningite, ilest le signe certain d'un

processus inflammatoire aigu. Mais l'apparition de l'herpès labial en

pareil cas, ne permet pas d'affirmer qu'on ait affaire à une ménin-

gite épidémique pure, ou à une méningite suppurée aiguë survenue

chez un tuberculeux qui, d'ailleurs, peut recéler en même temps

un tubercule méningé. Quoi qu'il en soit, il est certain que l'herpès

labial ne se montre jamais dans la méningite tuberculeuse pure.

M. DiNKLER. Contribution à l'élude des affections postsyphilitiques

du système nerveux central et périphérique. Le malade en ques-

tion présente successivement les accidents suivants : en 1870, chancre

douteux; en janvier 1879, traumatisme crânien avec perte de

connaissance ; - neuf mois après deux ictus apoplectiformes avec

aphasie à trois jours d'intervalle; le 13 septembre, hémiparésie

faciale à gauche; le 16 décembre, paralysie du pathétique droit,

parésie des branches palatines du facial droit; amélioration

graduelle; - le 2 mars 1880, troisième ictus apoplectique avec

aphasie; le 29 juillet, paralysie complète de l'oculomoteur com-

mun gauche, avec paralysie de la pupille absolument immobile et

mydriase; - amélioration spontanée; - le 15 mars 1881, intégrité

cérébrale, mais parésie du bras droit, hypoesthésie du cubital

droit, faiblesse du bras gauche ? le 14 janvier 1890, mort de

pleuropneumonie. On a donc pu observer le malade neuf années

SOCIÉTÉS'SAVANTES. 497

,consécutives.- Autopsie : Tissus cicatriciel' dans la'voûte palatine et

le voile du palais et dans la paroi du pharynx; -`endartérite'de

l'aorte et des vaisseaux de l'encéphale; nodosité de la tunique alhu-

.ginée du testicule; méninges opalescentes et épaissies; kystes

hémorrhagiques anciens dans. les .deux noyaux lenticulaires; -

sclérose des cordons postérieurs dans la moelle cervicale; dégé-

nérescence radiculaire disséminée de lai moelle dorsale, cervicale'et

lombaire; dégénérescence des cornes) antérieures dans la moelle

cervicale; atrophie dégénérative de la plupart des fibres du cubital,

.d'un certain nombre i de fibres. du médian, .du radial, du musculo-

cutané; atrophie dégénérative des «muscles de l'éminence hypothé-

nar;t endartérite syphililique'diffuse de' la cérébrale.moyenne,

de la cérébrale antérieure,, de laibasilaire et de leurs 'branches

.(voyez la Deutsche Zeilschrift f. Neraenheilfiutde). T ? r

111.' EDINGfiIt.IDe l'origine phylogénétique des centres corticaux et de

l'appareil', olfactif. L'écorce cérébrale la plus ancienne, celle des

reptiles; «se -confond avec l'appareil olfattif (encéphale'du, elieloile

midas). C'est chez cet animal la première manifestation de l'écorce

dans le règne animal; or t'écorce' est'tout entière.consacrée à la

fonction.olfactive. Chez les mammifères osmatiques. le lobe olfactif

et l'espace quadrilatère de Broca, se rattachent au cerveau antérieur

au, cerveau intermédiaire et au cerveau, moyen.1 Le renflement

olfactif est relié à l'écorce du lobe olfactif et de la corne d'Ammon

parles bandelettes olfactives [latérales (trousseaux- tangentiels) et

par un..tractus blanc spécial,qui,s'enfonçantidansla substance

blanche du lobe olfactif et delà1 région- olfactive, .gagne, l'écorce de

la corne en question.- Les deux lobes : olfactifs sont'reliés entre eux

par.lesifibres,de la commissure antérieure; d'autres \ tractus'» de la

même commissure réunissent, entre. eux les territoires latéraux du

lobe temporal ;.les lobes limhiquessont également unis' par des

trousseaux spéciaux de ladite commissure. Chaque partie des centres

olfactifs possède ainsi des fibres, commissurales. La lyre n'est qu'une

commissure de l'écorce de la corne d'Ammon. ? , v ' *

,. La. substance blanche de la région (Olfactive, celle notamment

du champ latéral de,cette région, -est* rattachée au cerveau inter-

médiaire par le pédoncule antérieur.de la, glande pinéale..Le gan-

glion de l'habénule et les faisceaux de Meynert qui se, confondent

avec lui, sont, de même que le ganglion, interpédonculaire où se

terminent ces derniers, i partie constituante de- l'appareil olfactif.

C'est ce que montre, la vivisection, c'est ce,que montre t,dévelo-

pement très vigoureux de tousses organes chez .les-animaux dont

l'olfaction\est puissante (eliiei.is1pai ? exemple), c'est ce. que montre

l'atrophie, des mêmes orâanésl,chezl'homme.`sUne portion, de la

substance, blanche olfaeth e se poursuit en arrière et peut être sui-

vie jusque dans la région des tubercules, mamillaires. C'est là que

se terminent les,troùsseâuxdeJfilires.dülriâôneqm viéniientde la

Archives, t. XXVI. 32

498 SOCIÉTÉS SAVANTES.

corne d'Ammon. Or, celle-ci appartient à coup sûr à l'appareil

olfactif (Broca, Zuckerhandlj.

Séance du 4 juin 1893. -PRÉSIDENCE DE M. BOEUMLER.

M. FItIED31A\N. Contribution à l'ah-7-oparesthésie. Le bout des

doigts et des orteils est le siège de sensations insupportables, de

fourmillements, et cependant il n'existe aucun signe de névrite,

névralgie, ni aucune altération matérielle. C'est donc un complexus

autonome indépendant de toute autre maladie nerveuse organique

ou fonctionnelle qui appartient réellement à MM. Schultze et

Laquer. M. Friedmann en a vu plusieurs douzaines de faits; les

uns ayant une évolution chronique, les autres, en plus grand

nombre, ne durant que quelques jours ou quelques semaines. Sou-

vent ces paresthésies se limitent à une partie du doigt ou de l'orteil,

le plus volontiers aux quatrième et cinquième doigts; elles résident

donc volontiers dans le cubital. Il en existe une forme bénigne très

supportable. La maladie a pour facteurs : l'anémie, surtout quand

il existe des arrêts de la circulation; une prédisposition aux rhu-

matismes ; les sévices du froid. Elle occupe les dernières ramifica-

tions des nerfs sensitifs, mais porte sur tout le traclus sensitif depuis

les filets du nerf jusqu'au cerveau. C'est l'électricité qui réussit le

mieux.

M. Stroebe. De la dégénérescence et de la régénération des nerfs

périphériques à la suite de blessures. L'auteur a d'abord cherché

une méthode fidèle de coloration des cylindres-axes ; il l'a trouvée

au moyen du bleu d'aniline : l'élection se fait au moyen de l'alcool

alcalin ; la double élection suit par la safranine. Il a alors sectionné

chez le lapin le grand nerf auriculaire, ou le sciatique (cinquante-

deux expériences) et les a observés de un à cent dix-sept jours à

la suite de la lésion. Au nombre des processus observés dans le

bout périphérique qui dégénère toujours en présentant les phéno-

mènes de la destruction de la myéline et du cylindre-axe, il faut

noter la prolifération, par karyokinèse, des cellules de la gaine de

Schwann. On les constate dès le second jour, sur le tronçon péri-

phérique du nerf séparé. Ces cellules pénètrent dans la lumière du

tube nerveux ; leur protoplasma boit les gouttes de myéline du

manchon qui se décompose, s'effrite, et elles forment alors des

éléments ronds ou ovoïdes, gorgés de ces débris ; elles ressemblent

alors tout à fait aux cellules granuleuses des dégénérescences du

système nerveux cenlral. On les rencontre d'ailleurs dès la qua-

trième et cinquième semaine qui suivent la lésion des nerfs dans

les gaines lymphatiques adventices des vaisseaux sanguins des nerfs.

Ce sont donc elles qui ramènent dans le courant lymphatique de

l'économie les produits de dégénérescence des nerfs.

La proliféiatipn des cellules de la gaine de Schwann n'a cepen-

SOCIÉTÉS SAVANTES. 499

dant rien à faire avec la régénération du bout nerveux. Pour former

déjeunes fibres nerveuses, il faut du tissu conjonctif. La régénéra-

tion se produit au moyen delà germination, pour ainsi parler, des

anciennes extrémités des fibres du bout central, à l'endroit lésé.

Ou bien la jeune fibre provient du prolongement de l'ancienne, ou

bien un cylindre-axe ancien en produit plusieurs par dichotomie.

Le sixième ou septième jour, commence cette néoplasie de fibres

nerveuses jeunes extrêmement minces; à peine nées, celles-ci sont

revêtues d'une gaine myélinique excessivement délicate, elles sor-

tent du manchon coupé de l'ancienne gaine de Schwann et s'en-

gagent entre les cellules du tissu conjonctif intermédiaire, à l'en-

droit lésé, poussant leurs prolongements vers le bout périphérique.

Dès qu'elles ontatteintce dernier, elles y pénètrent, s'introduisent

à plein canal dans la gaine de Schwann ancienne ou dans l'épais-

seur de celle-ci. Le bout périphérique dégénéré ne joue dans toute.

cette affaire qu'un rôle passif. Mais il se peut fort bien que les

anciennes cellules de la gaine de Schwann qui ont proliféré

viennent former la gaine nouvelle des jeunes fibres. En tout cas,

il n'y a ni hyperplasie nerveuse discontinue par cellules isolées ou

systèmes de cellules indépendantes, ni réunion par première inten-

tion des fibres nerveuses sans dégénérescence du bout périphé-

rique. (Voyez Ziegler's s l3eilrxye sur patholog. Anatomie. t. XIII,

cah. 2.)

M. Laquer. Des effets de la cocaïne sur 1'oeil et de ses rapports

avec le grand sympathique. La cocaïne anesthésie l'oeil, par son

contact direct sur les extrémités des nerfs sensitifs ; en outre elle

dilate la pupille. Cette mydriase, qui commence cinq à dix minutes

après l'instillation, dure pendant vingt-quatre à trente-six heures,

si l'on maintient sur l'oeil un bandeau compressif. Evidemment,

alors, ce bandeau ralentit l'excrétion du médicament. Il en est du

reste de même à l'égard de l'action de l'atropine et de la physo-

sti-mine.

L'avantage de la cocaïne comme mydriatique, c'est que, si elle

est moins intense que l'atropine, elle ne gêne pas les mouvements

pupillaires, la réaction à la lumière et à la convergence. De plus,

les oscillations diamétrales des pupilles, physiologiques comme l'on

sait, indépendantes de l'éclairage et de l'accommodation, subsistent

après l'action de la cocaïne, et sont souvent renforcées. La cocaïne

ne paralyse donc pas les terminaisons de l'oculo-moteur com-

mun, elle excite les fibres pupillo-dilatatrice du grand sympa-

thique.

La cocaïne augmente l'ouverture de la fente palpébrale, non point

en projetant en avant le globe de l'oeil, mais en élevant la paupière

supérieure. Cette action ne peut s'expliquer que par une excitation

des branches terminales du grand sympathique, qui commandent

au muscle palpébral de Muller (élévateur accessoire lisse de la pau-

500 SOCIÉTÉS SAVANTES.

pière supérieure). Et, en effet, dans la blépharoptose congénitale

ou autre, quand l'élévation de la paupière supérieure est paralysée,

la cocaïne agrandit encore la fente palpébrale, ouvre l'oeil dans

une certaine mesure (fait de Reichenheim, 1884; faits de La-

queur.)

La pâleur de la conjonctive, l'abaissement local de la tempéra-

ture, la diminution de tension du globe de l'oeit par diminution

de la filtration vasculaire, viennent, encore, de concert avec l'anes-

thésie locale produite par l'action de la cocaïne, indiquer l'excita-

tion par elle des fibres sympathiques.

Toutefois, quoi qu'en dise E. Pflüger, la cocaïne agit encore, dans

les cas où il y a paralysie du sympathique (complexus symptoma-

tique de Horner). Ceci n'infirme point la théorie. On peut admettre

qu'en pareil cas, ou bien le sympathique n'était pas complètement

,paralysé, ou, ce qui est plus probable, le tronc du nerf étant com-

primé, les extrémités en étaient encore excitables. Cela ne se voit-il

pas dans beaucoup d'autres paralysies motrices, quand la dégéné-

rescence n'est pas trop avancée.

M. BEYER. Du trional. Ce médicament n'a pas forcément une

action sédative ; c'est un narcotique à recommander : à petites

doses, dans l'insomnie simple et neurasthénique ; associé à la mor-

phine contre la douleur; associé à l'opium dans la mélancolie; à

doses moyennes dans les modalités psychopathiques hallucinatoires;

à hautes doses dans la manie. Il n'exerce pas d'influence spécifique

sur la psychose. La dose active varie suivant les individus et les

symptômes; elle oscille entre 0,50 et 4 grammes. Il exerce déjà une

action toxique à la dose de 1 gramme, de sorte que dès qu'on a

atteint le maximum d'effet utile, il ne faut point persister. -Il ne faut

l'administrer qu'une fois par jour, le soir. Il n'est pas difficile d'é-

viter l'intoxication puisqu'on est déjà averti par des prodromes

désagréables ; ceux-ci du reste disparaissent tout à fait et vite dès

qu'on suspend le médicament.

M. 11RPELIN. La disposition d'esprit. La bonne disposition se

traduit par une augmentation de l'activité et de la capacité de tra-

vail dans l'unité de temps ; l'inverse indique la fatigue mentale. Si

l'on exécute une somme importante de travail efficace dès les

premiers efforts, il y a lieu de croire que la fatigue viendra vite,

tandis que si, dès le début, l'activité est médiocre, on peut penser

que l'on en accomplira progressivement davantage ou bien qu'on

est fatigué ; en ce dernier cas, la capacité au travail diminue gra-

duellement. Tout repos améliore les dispositions. Mais, si l'on a

poussé trop loin la fatigue, l'interruption du travail ne suffit plus

pour rendre dispos; il faut cesser totalement toute activité psy-

chique et dormir. Après le sommeil, nous nous réveillons moins

apte à agir, mais doué d'une activité ascendante. La mensuration

'l<3 la profondeur du sommeil nous montre que cette régénération

SOCIÉTÉS SAVANTES. 501 l

est obtenue par les divers individus avec une rapidité très variable.

Chez beaucoup de personnes, qui paraissent constituer le type sain,

il y a réfection complète après un sommeil de quelques heures;

chez d'autres, notamment chez les nerveux, la réparation est si lente

que les signes de la fatigue subsistent encore assez longtemps après

le réveil. Les premiers sont disposés dès le matin; les seconds dans

la matinée seulement. L'alimentation change la disposition d'es-

prit. Quand le travail a été prolongé, l'efficacité de l'effort s'accroît

jusqu'au déjeuner de midi ; puis elle baisse soudain très notable-

ment, on constate alors une abondance d'association d'idées d'ori-

gine extérieure tandis que la trame des conceptions personnelles

est peu solide. Toutefois ce ne sont pas là les signes de la fatigue

car ils disparaissent, si l'on continue à travailler, au bout de deux

à trois heures. Il est très probable qu'ils tiennent à de l'anémie,

cérébrale par suite d'un afflux exagéré du sang aux viscères abdo-

minaux. Au sur et à mesure que s'effectue la digestion, les phéno-

mènes de la fatigue reprennent le dessus.

La disposition individuelle subit des variations pendant la journée ;

plus actif le matin et graduellement plus dispos au travail jusqu'à

midi, l'aptitude au travail baisse brusquement après le repas ; puis

l'activité remonte ; finalement, le soir, survient la fatigue. La répa-

ration s'effectue d'abord par l'alimentation, puis par le sommeil.

Cette courbe naturellement peut être modifiée par la division du

travail, la répartition des reprises, la multiplication des repos,

l'ingestion de nervins tels que le café, le thé, l'alcool, les émo-

tions, etc.

Il faut aussi tenir compte de l'individu. Tel est plus facile à fati-

guer, celui-ci n'a pas la même courbe hypnique que celui-là; tel

autre ne subit pas de la même manière les causes déjà mentionnées

et ne réagit pas semblablement. La fatigue due au travail phy-

sique est différente de la fatigue psychique : les modifications pro-

duites par les nervins et les émotions présentent des caractères

spéciaux. Ainsi s'explique, qu'en dehors des états morbides parti-

culiers, les variations et aspects de chaque disposition d'esprit

soient autant de caméléons. Mais le travail, l'ingestion alimentaire,

et le sommeil y marquent leur empreinte.

M. ASCH.1FPENHUItG. Des phénomènes psychiques de l'épuisement. -

La fatigue et l'épuisement physique ralentissent la réceptivité des

excitations externes, diminuent la résistance au travail et son effi-

cacité ; l'association des idées devient alors monotone et dépourvue

de sens, comme stéréotypée ; en même temps le mécanisme de

l'activité mentale prend les allures de l'excitabilité réflexe ; elle est

comparable à l'hyperexcitabilité motrice qui succède à la fatigue

physique.

Dans les psychoses qui procèdent de l'épuisement et, qui se rat-

tachent à des troubles graves dans les fonctions organiques,

g02 £ 1 BIBLIOGRAPHIE. ·

notamment dans la démence aiguë et le délire du collapsus, on

constate de l'hyperexcitabilité motrice; la réceptivité des impres-

sions extérieures est plus ou moins suspendue; il y a du désordre

dans les idées par automatisme cérébral, par profusion dans les

excitations personnelles d'origine interne, des obsessions par asso-

nances et résonances incohérentes.

En un mot, les troubles dus à l'épuisement physiologique sont

tout à fait comparables aux troubles dus à l'épuisement psychique

d'ordre pathologique. (Archiv f. Psychiat., XXV. 2.)

P. KÉRAVAL.

BIBLIOGRAPHIE

VIII. Un cas de pseudo-tabes post-iizfectieux; par le professeur Gras-

SET. Ch. Boelm, édit. Montpellier, 1892.

Il s'agit d'un jeune homme de vingt ans qui, à la suite d'un éry-

sipèle de la face, présenta .de la paraplégie, avec perte du sens

musculaire et diminution de la sensibilité tactile. Un an après il

s'améliore sous l'influence de l'électricité et des grandes marches.

Ayant cessé, les accidents paraplégiques reparaissent.il ade l'aboli-

tion des réflexes rotuliens; la démarche est celle du steppeur; il a

un faux signe de Romberg, présentant ce que M. Grasset a désigné

d'un mot qui fait image, l'équilibre du vélocipède. Il y a en réa-

lité paralysie des extrémités des membres inférieurs par névrite

symétrique post-érysipélateuse du tibial antérieur et un peu d'une

branche du crural, produisant ce qu'on appelait autrefois un pseudo-

tabes. A l'occasion de ce cas M. Grasset refait l'histoire des pseudo-

tabes qui constituent aujourd'hui un groupe à supprimer, et dont

il ne reste que des tabes vrais et fugaces d'un côté, des névroses

simulatrices et des névrites de l'autre. SOLLIER.

IX. Système nerveux dans la fièvre typhoïde; par V. Pechère

et M. 1 UNCE. Bruxelles, H. Lamertin, 1893.

, Cette courte brochure de soixante-cinq pages se divise en quatre

parties. La première a trait aux symptômes méningo-encépha-

liques : céphalalgie, phénomènes mentaux, méningites, localisations

bulbaires et névroses forment autant de têtes de chapitres, et tout

ceci est traité en une brève compilation de trente-trois pages.

L'étude des troubles mentaux et des névroses y est particulière-

ment écourtée. Aucune idée originale ne s'y trouve exposée.

La deuxième partie, encore plus brève, donne en cinq pages les

bibliographie. 503

hypothèses faites jusqu'ici sur les symptômes médullaires (paraly-

sies et actes réflexes). La troisième partie traite de la même façon

les névrites typhoïdiques.

Quant àlaquatrième, intitulée « fièvre typhoïde expérimentale »,

elle est un vague exposé de pathologie générale, très incomplet,

où l'infection diphtérique tient la plus grande place. En un mot,

ce travail sans conclusion est une simple compilation, les auteurs

prenant à coeur leur épigraphe, ont voulu démontrer que : c la

médecine, au moment où ils en commençaient l'étude, subissait

dans sa doctrine un amendement considérable ». J. Noir.

X. Un cas de sclérose en plaques et hystérie associés, avec autopsie ;

par le professeur Grasset. Montpellier, 1892.

C'est un bel exemple d'association hystéro-organique. Il s'agit

d'une femme de vingt-trois ans présentant du nystagmus, de la

scansion de la parole, du tremblement dans les mouvements volon-

taires, rendant la marche presque impossible, de la trépidation

épileptoïde des pieds, et des vertiges. A côté de cela des crises

d'hystérie apparurent avec diminution de la sensibilité du membre

inférieur droit, existence de zones hystérogènes et hystéro-fréna-

trices, points ovariens, abolition du réflexe pharyngien, rétrécis-

sement concentrique du champ visuel. La mort, étant survenue

d'une façon inattendue, vint confirmer par l'autopsie l'opinion de

M. Grasset qu'il s'agissait bien réellement de sclérose en plaques et

que l'hystérie lui était combinée et ne s'était pas borné à la

simuler. P. SOLLlER.

XI. Les diplégies cérébrales de l'enfance; par E. ROSENTIIAL.

Paris, J.-B. Baillère et fils, 1893.

Ce travail, basé sur cinquante-trois observations, est une thèse

de Lyon, bien qu'inspirée par M. le Dr Freud, de Vienne (Autriche).

Par diplégies cérébrales, l'auteur désigne quatre types patholo-

giques parmi lesquels est la maladie de Litlle; ces types sont :

lu la rigidité généralisée (maladie de Little) ; 2° la rigidité para-

plégique; 3° l'hémiplégie spasmodique, et 4° la chorée bilatérale

congénitale. L'auteur fait une grande place aux accidents obstétri-

caux (traumatisme pendant la naissance, asphyxie, présentation

anormale, etc.) dans l'étiologie de ces diplégiesl. Il avoue qu'elles

ne forment qu' une unité clinique provisoire et ne présentent pas

une unité anatomique ». Et nous sommes heureux de constater

' Ce sont des causes dont nous avons souvent signalé l'importance

dans les observations qui composent les treize volumes de nos Comptes

rendus de Bicêtre. (B.)

504 bibliographie.

que M. Rosenthal arrive à conclure que ces accidents ont pour

cause « différents processus morbides du cerveau qui ont pour con-

séquence commune un affaiblissement de l'influence du cerveau

sur la moelle ». Dans un travail intitulé : Etude sur les tics chez les

dégénérés, les imbéciles et les idiots, fait sous l'inspiration de notre

maître M. Bourneville, où plusieurs de nos observations, prises

dans son service, ont trait à des diplégies cérébrales, nous avons

nous-même soutenu la même hypothèse. Dans ce travail, du reste,

nombre de tics coordonnés et de phénomènes désignés par nous

sous les noms de pseudo-chorées, de pseudo-athétoses, etc., pour-

raient recevoir celui de diplégies cérébrales. Les critiques que

nous ferons à M. Rosenthal seront toujours adressées à ses obser-

vations écourtées pour la plupart et manquant d'antécédents héré-

ditaires suffisants qui lui auraient permis de tirer peut-être

d'autres conclusions intéressantes, et puisque ce travail a un cha-

pitre d'anatomie pathologique, nous regrettons que M. Rosenthal

ait adopté les conclusions de Freud à l'égard des diplégies céré-

brales sans les étayer d'autopsies qui font défaut à ses cinquante-

trois observations. J. Nom.

XII. Un cas de maladie de Morvan; par le professeur Grasset. Mont-

pellier, 1892.

Il s'agit d'un cas très net de maladie de Morvan, avec panaris

analgésique, thermo-anesthésie, parésie des extrémités, rétrécisse-

ment notable du champ visuel à droite. C'est de ce côté du reste

que les phénomènes sont de beaucoup plus marqués. Des figures

illustrent cette intéressante leçon. P. S.

XIII. A propos d'un cas de maladie des tics convulsifs avec mouve-

ments par obsession; par ROCB1NOWITCli. Paris, Maretheux, édit.

1893.

L'auteur, à propos d'une intéressante observation prise à la

Salpêtrière dans le service de M. le Dr A. Voisin, passe en revue

les diverses opinions émises sur la maladie des tics convulsifs et le

myriachit. Ce court exposé est en quelque sorte la réédition d'une

communication faite par le même auteur le 25 juillet 1892 à la

Société médico-psychologique, devant laquelle M. Roubinowitch a

résumé un travail du Russe Tokarsky sur le même sujet. J. Noir.

XIV. L'hydrothérapie dans les maladies chroniques et les maladies

nerveuses; parlesDSBENI-BARDE etMATERNE. 1 vol. in-8°. Masson,

édit., Paris, 1893.

Ce volumineux ouvrage de 500 pages pourrait facilement être

réduit de trois quarts. Après avoir démontré que l'hydrothérapie,

en variant ses applications, est nécessaire ou tout au moins utile

bibliographie. 505

dans toutes les maladies, les auteurs entreprennent de passer en

revue toutes les affections chroniques et du système nerveux. Ils

ne se sont pas contentés d'indiquer la méthode qui a leur préfé-

rence dans chacune d'elles, ils ont encore entrepris d'en donner

un résumé. Leur ouvrage a ainsi l'air d'un manuel de médecine

dont le chapitre du traitement ne comporterait que l'hydrothé-

rapie. Nous y apprenons du reste des choses fort intéressantes, par

exemple que l'hystérie possède quelques signes qui lui sont

propres (p. 236), que l'isolement peut dans certains cas rendre

des services pour le traitement de l'hystérie, dont l'hydrothérapie

est le seul traitement général et rationnel. Ils reconnaissent cepen-

dant que souvent la suspension de ce traitement si rationnel

amène une grande amélioration (p. 249). Du reste, l'idée qu'ils se

font de l'hystérie est bien surprenante quand on lit (p.56)à la fin

de l'article Épilepsie 1 : « On pourra employer aussi avec avantage

l'hydrothérapie contre l'hystéro-épilepsie, cet état complexe et

mal défini où l'on observe un mélange de symptômes qui tiennent

à la fois de l'hystérie et de l'épilepsie » ( ! ) Plus loin, nous lisons :

« Pour nous, l'hypoéhondrie est une névrose cérébrale dépendant

d'une altération de nutrition du cerveau amenant une surexcita-

bilité excessive de certains éléments nerveux. Tous les chapitres

consacrés aux affections mentales, mélancolie, psychopathies, etc.,

présentent des aperçus aussi ingénieux. La conception des pseudo-

tabes est à citer presque entièrement. a Le pseudo-tabes est pro-

duit par une simple neurasthénie de la moelle. On le rencontre

dans l'hystérie et dans les principales intoxications. Mais, dans

tous les cas, à moins de névrite périphérique, le mode de produc-

tion est le même et consiste dans un trouble nutritif de l'axe

médullaire. Le pseudo-tabes n'est qu'un syndrome de diverses

maladies amenant une neurasthénie de la moelle. » Ainsi, le

pseudo-tabes est à la fois le résultat et la cause d'une neurasthénie'

de la moelle ! Qu'est-ce que tout cela veut dire ?

Ces conceptions n'auraient d'ailleurs aucune importance, si

MM. Beni-Barbe et Materne se contentaient de les émettre sans en

tirer des conséquences thérapeutiques. Là est le danger, mais il

n'est pas que là. De semblables livres par la façon dont sont pré-

sentées les choses peuvent induire en erreur et empêcher d'appli-

1 Les auteurs, s'occupant dans leur livre d'une façon spéciale du trai-

tement des maladies nerveuses par l'hydrothérapie, auraient dû rappeler

les travaux faits sur le même mode de traitement. Depuis bien des

années, et surtout depuis 1879, nous avons soumis un nombre considé-

rable d'épileptiques au traitement hydrothérapique. Tous les ans nous

le rappelons. Nous avons publié en 1882, un travail spécial avec P. Brieon,

un de nos élèves, qui déjà avait consacré à ce sujet un chapitre spécial

de sa thèse. Nous devons à l'hydrothérapie, seule ou combinée avec les

bromures, un nombre respectable de succès. (B.)

506 BIBLIOGRAPHIE.

quer un traitement plus rationnel et plus efficace. Je n'en veux

pour exemple que la paralysie infantile et la paralysie spinale

antérieure chronique. Conseiller l'hydrothérapie comme le seul

traitement, en omettant de prononcer le mot d'électrothérapie

dont elle n'est qu'un adjuvant, pas même indispensable, c'est con-

damner les malades pour lesquels on suivrait ces conseils à l'incu-

rabilité. De tels livres ne sont guère utiles qu'à leurs auteurs et

échappent à la critique scientifique. P. S.

XV. Un cas de méningite tuberculeuse ; par E. RIBEROLLES. (Extrait

de la Revue générale de clinique et de thérapeutique, 3 mai 1893.)

Cette courte observation aurait trait à une méningite tuberculeuse

en plaques à foyers disséminés, guérie. L'auteur se base pour affir-

mer la nature tuberculeuse de la méningite sur la coexistence de

la tuberculose pulmonaire. L'amélioration des symptômes ménin-

gitiques à la suite d'une intoxication iodurée accidentelle et la

perte après la guérison de la notion du patois que l'enfant parlait

habituellement avant sa maladie, sont les points les plus intéres-

sants de l'histoire de ce malade. J. Noir.

XVI. Neurasthénie et arthritisme ; par R. VIGOUROUX. 1 vol. Paris.

laloine, édit., 1893.

En examinant par le procédé de Gautrelet l'urine des neurasthé-

niques, l'auteur a constaté qu'elle présente toujours un excès d'aci-

dité qui en est la caractéristique, avec diminution des produits

excrémentitiels normaux et augmentation ou présence anormale

des produits d'oxydation incomplète. Cette urine présentant les

mêmes caractères que dans l'arthritisme, l'auteur en conclut que

tous les neurasthéniques sont des arthritiques. De là découlent le

régime et le traitement qui sont, on va le voir, d'une simplicité

étonnante. M. Vigouroux a en effet découvert qu'il ne suffisait pas

de suralimenter les gens débilités pour leur rendre leur vitalité et

les faire augmenter de poids, mais qu'il faut avant tout qu'ils assi-

milent ce qu'ils absorbent. D'où il conclut que le régime alimen-

taire ne doit pas excéder la normale. Quant à savoir sur quoi se

baser pour établir cette normale pour chaque malade, il ne le dit

pas précisément. On réglera le régime sur l'augmentation ou la

diminution du poids du sujet. Ajoutez à cela l'emploi des alcalins

pour combattre l'acidité de l'urine et vous aurez la moitié du trai-

tement. La seconde moitié c'est l'électricité statique, la frankli-

nisation. Avec trente séances, d'après M. R. Vigouroux, vous êtes

sûr de guérir tous les neurasthéniques. Peut-être serait-il prudent

de faire quelques réserves. P. SOLLIeR.

VARIA.

HOMMAGE A 111. J.-M. CHARCOT

Nous extrayons d'une lettre de Santiago le passage suivant :

« La presse de Santiago a consacré de nombreux articles à l'exposé

des importants services rendus à la science et à l'humanité par

notre compatriote. D'autre part, le jour où les télégrammes d'Eu-

rope annonçant la mort du savant défunt sont parvenus, le drapeau

de l'Ecole de médecine a été mis en berne, et, pendant la journée

du lendemain, le cours du professeur des maladies nerveuses a été

exclusivement consacré à un exposé des travaux et de la vie du

docteur Jean CHARCOT.

« Une délégation des élèves de dernière année est venue à la Léga-

tion de France, témoigner à notre représentant les condoléances

des élèves et des membres de l'Ecole pour la grande perte faite

par la France. »

Nous avons reçu de notre savant collaborateur, M. le profes-

seur Kojevnikoff, la lettre suivante :

· Moscou, le 28 septembre, 10 octobre 1893.

Monsieur ET TRÈS honoré confrère,

J'ai l'honneur de vous informer que tous les Médecins Neurolo-

gistes et Aliénistes de Moscou, réunis en séance d'ouverture le

24 septembre (6 octobre), après avoir entendu l'éloge du regretté

professeur CHARCOT, prononcé par le président, a décidé à l'una-

nimité :

1° D'exprimer à la veuve et à la famille de l'illustre Maître le sen-

timent de profond regret que la perte douloureuse qui les a

frappées fait éprouver à la Société ;

2° De charger un des membres de la Société de prononcer, en

séance publique, un discours retraçant les grands traits de la vie et

de l'oeuvre du défunt;

3° De placer le portrait de l'éminent Maître dans la salle de

l'Université où la Société a ses séances, et, à cet effet, d'en deman-

der l'autorisation à M. le Ministre de l'Instruction publique ;

4° De participer à la souscription pour l'érection du monument

qui doit être élevé à Paris, à la mémoire de l'illustre savant ;

5° Enfin, de vous prier de transmettre à nos confrères français

et, en particulier, aux disciples et amis de M. CHARCOT, les senti-

508 VARIA.

ments de sincère douleur que nous cause le décès du Maître, qui a

tant fait pour la science et pour la gloire de sa patrie.

Veuillez agréer, Monsieur et honoré confrère, l'assurance de ma

considération la plus distinguée.

- AL. KOJEVNIKOFF,

Professeur de l'Université; Président de la Société des

Médecins Neurologistes et aliénistes de Moscou.

CONCOURS POUR LES PLACES

DE MÉDECINS-ADJOINTS DES ASILES D'ALIÉNÉS

Nous avons reçu la lettre suivante au sujet de cette question

si intéressante :

Paris, le 5 novembre 1883.

A M. le Dr BOURNEVILLE, rédacteur en chef du Progrès Médical.

Monsieur,

Depuis quinze mois j'attends l'annonce de l'ouverture du con-

cours annuel d'admissibilité aux emplois de médecin-adjoint des

asiles. L'an dernier, me dit-on, le concours n'a pu avoir lieu faute

d'argent pour acquitter les frais d'un jury d'examen ; cette année,

les fonds sont votés, mais le concours se fait attendre. Que me

conseillez-vous ? Dois-je me lancer dans une autre voie ? Et, en

effet, si le concours est supprimé, c'est le retour à la faveur et je

n'ai, hélas ! pas de titres politiques. D'un autre côté, si'.le concours

maintenu me permet d'être classé et nommé adjoint, suis-je bien

sûr que mon avancement ne sera pas entravé par des nominations

d'emblée à des postes de chef de service, comme on l'a vu récem-

ment, au mépris de tous les droits. Mes préoccupations à cet égard

sont bien légitimes et ne sont pas isolées, puisqu'au Congrès

récent des médecins aliénistes, on avait demandé qu'aucune nomi-

nation de médecin en chef ou de directeur ne pût se faire à l'avenir

en dehors du cadre des adjoints titulaires, ce que l'Empire n'avait

jamais osé faire.

J'aimerais à vous voir exprimer votre sentiment sur ces reven-

dications au triomphe desquelles vous vous êtes toujours dévoué.

Veuillez agréer, Monsieur le rédacteur, l'assurance de mes senti-

ments très distingués.

Dr X..., ancien interne des Asiles.

M. Monod, à qui nous avons demandé les renseignements

sur les motifs qui s'opposaient à l'annonce d'un concours pour

les places de médecins-adjoints des Asiles publics d'aliénés,

nous a répondu que la Commission du budget avait supprimé

VARIA. 509

le crédit demandé dans ce but pour 1893; que sur son initia-

tive le crédit figurait sur le projet de budget de 1894, mais

qu'il avait été rayé comme l'année précédente et, que, par

conséquent il était dans l'impossibiliié actuellement de

faire procéder à un concours, mais qu'il se proposait d'inter-

venir auprès de M. le Ministre de l'Intérieur afin d'avoir les

fonds indispensables. Il s'agit là d'une dépense peu élevée ;

on pourrait la prélever facilement sur les fonds du pari mutuel.

Le concours est destiné, en effet, à assurer le bon recrutement

du personnel médical des établissements d'aliénés, établisse-

ments de bienfaisance.

Il est indispensable que l'on sache à quoi s'en tenir exacte-

ment sur le mode de nomination des médecins des asiles.

Est-ce la nomination directe, c'est-à-dire la faveur ? Est-ce le

concours ? Le concours a été établi. Les différentes commis-

sions parlementaires qui ont été chargées d'examiner les pro-

jets de loi portant revision de la loi du 30 juin 1838, ont toutes

demandé le concours. On est donc étonné de voir le ministère

de l'intérieur se laisser supprimer un crédit, d'ailleurs très

modique, destiné à l'application d'une mesure juste et libérale.

Peut-être se trouvera-t-il un député qui consentira à poser

une question sur ce sujet au nouveau ministre de l'intérieur.

ASSISTANCE DES IDIOTS

Souvent, avons-nous dit, les idiots, enfants ou adultes,' servent

d'instrument aux malfaiteurs pour commettre des crimes ou des

délits. D'autres fois, ils servent de jouets à des malheureux chez

lesquels font défaut les sentiments d'humanité. D'où la nécessité

de les hospitaliser. Le fait suivant, emprunté au Républicain Orléa-

nais du 18 novembre, vient à l'appui de notre thèse.

t Nous avons annoncé, dit ce journal, que les jeunes Renard,

Merlin et Yssert, de Châteauneuf-sur-Loire, avaient été condamnés

par défaut à 16 et 25 francs d'amende, pour avoir frappé un' pauvre

d'esprit nommé Baranger. Les trois jeunes gens se représentent

aujourd'hui devant le tribunal qui, après plaidoirie de M0 Jourdan,

les condamne chacun d'eux à 16 francs d'amende avec application

de la loi Bérenger. »

OCCUPATION DES ÉPILEPTIQUES

Dansun article éditorial,TheLancetfait des remarques surl'établis-

sementen Angleterre d'une maison pour les malades atteints d'épi-

lepsieet de désordres similaires. On a ouvert tout récemment à Gadal-

510 VARIA.

ming une institution appelée Lady Meath's Home of Comfortpour

épileptiques, et une organisation bienfaisante connue sous le nom

de « Société nationale pour l'emploi des Epileptiques » s'est formée

dans le but de venir en aide aux épileptiques nécessiteux et qui dési-

rent travailler, une partie du temps au moins, mais qui ne peuvent,

à cause de leurs infirmités, se procurer une situation quelconque.

Une série de cottages, on l'espère, sera occupée, et chacun d'eux

sera aménagé pour dix ou vingt épileptiques. Les sexes seront

séparés, et les enfants et les adultes également. Le système de

direction sera le même que celui qui a si bien réussi et a été mis en

usage à la colonie d'épileptiques de Bielefield, et quelques malades

mâles y seront bientôt placés. Les travaux de jardinage, bêchage,

y seront faits, mais à mesure que la colonie prendra de l'exten-

sion, on y développera aussi quelques arts mécaniques et autres

industries. Il est à espérer que de cette manière l'asile arrivera à

se suffire à lui-même, en partie d'abord et augmentant au sur et

à mesure du développement de l'établissement.

La colonie ou maison sera dès le début dirigée par un docteur

sans distinction de service ou sections. Bien que dans le principe

cet établissement soit créé pour les pauvres, par la suite, on pourra

y admettre des malades payants, qui seront reçus comme pen-

sionnaires. (Tlae New-York bled. Joum" 14 janvier, p. 45.)

BOURSE DE VOYAGE DES INTERNES DES ASILES

d'aliénés DE LA SEINE

Dans notre rapport à la Commission de surveillance des asiles de

la Seine, sur le budget de l'asile de Villejuif, nous avons signalé le

passage suivant du rapport médical de notre ami le Dr Briand :

« On ne peut que regretter, écrit M. BRIAND, la mesure prise par

le conseil général de la Seine qui n'a pas continué la subvention

accordée tous les deux ans, pour permettre à l'interne jugé le plus

digne par le concours, de faire à l'étranger un voyage extrême-

ment profitable à nos malades, à lui-même et aussi à la bonne

renommée des asiles de la Seine. Ce concours de la bourse de

voyage équivalait pour les internes des asiles à la médaille d'or

des internes des hôpitaux. Il constituait une tradition tout en

encourageant l'émulation.

« Les internes dont je me fais ici l'interprète formulent des

voeux pour que vous vouliez bien intervenir auprès du conseil géné-

ral en faveur de la bourse de voyage. »

Peu après l'institution du concours pour le recrutement des

internes des asiles d'aliénés de la Seine, alors que nous étions

conseiller général, nous avons réclamé et obtenu, par analogie avec

ce qui existe dans les hôpilaux, la création d'une bourse de voyage

(au lieu d'une médaille d'or) pour les internes des asiles et des

VARIA. , ' su11

quartiers d'hospice. Le premier concours a eu lieu en 1882, la

bourse a été accordée à M. le Dr Briand, qui a déposé un rapport

entre les mains de l'administration. Le second concours a eu lieu

en 1884, la bourse a été obtenue à M. le Dr VÉTAULT. Le troisième

concours a eu lieu en 1886 et la bourse a été obtenue par M. le

Dr Pichon. Le quatrième concours a eu lieu en 1890 et la bourse a

été obtenue par M. le Dr Marie, médecin de la colonie de Dun-sur-

Auron.

M. le Roux a eu l'excellente idée de faire imprimer le rapport de

M. Marie et tous ceux qui l'ont lu en ont retiré des bénéfices, car ce

rapport renferme des renseignements très intéressants sur les asiles

d'Ecosse. C'est donc avec une véritable surprise que nous avons

appris la décision du conseil général. Nous associant à la réclama-

tion de M. le Dr Briand, nous demandons à la Commission d'émettre

un voeu pour le rétablissement de la bourse de voyage.

M. LE Président. J'appuie la proposition de M. le Dr Briand

qui nous est présentée par M. le Dr Bourneville, mais sous réserve

toutefois que le rapport demandé au lauréat sera écrit et imprimé

dans les délais prescrits par le règlement. Sous le bénéfice de celle,

réserve, la commission émet un voeu favorable au rétablissement

de la bourse de voyage.

LES MIRACLES DE LOURDES

Nous avons, d'après la Croix de Paris, dit le Bonhomme Normand

(8-14 sept.), signalé plusieurs miracles qui se seraient produits

à Lourdes lors du pèlerinage du diocèse de Bayeux. La Croix de

Caen, avec une sage réserve, s'est contentée de dire qu'une dame

de Caen et deux demoiselles de Deauville et de Vire avaient été

guéries miraculeusement. Or, comme nous l'avons annoncé, la

demoiselle de Vire est décédée, en chemin de fer, non loin du

Mans. C'est assurément une guérison radicale, mais pas du tout

miraculeuse. C'était la troisième fois que la pauvre malade, une

demoiselle Guesdon, allait à Lourdes demander la guérison du

mal dont elle était atteinte depuis longtemps.

Quant à la demoiselle Hélène Blanchet, c'est une jeune personne

en service chez une dame Sénécal, demeurant à Deauville, atteinte

d'un mal qui parait tenir de l'asthme. Si elle a éprouvé du mieux

à Lourdes, il n'y paraît plus aujourd'hui, car elle est obligée de s'y

reprendre en deux fois pour dire qu'elle va mieux. Cela n'empêche

que le bienheureux président du syndicat des miracles de Deauville

veut organiser une procession à saint Hélèn', patron des déraillés,

en souvenir de cette soi-disant guérison miraculeuse.

La Croix de Paris avait aussi annoncé qu'une dame Augustine,

trente-six ans, [habitant Lugnolles (Orne), atteinte d'hémiplégie

depuis neuf mois, avait, au passage du Saint Sacrement, jeté son

SI 1 ? 4jII AITSV DIVEItS yIT'f,TTt zut

bâton 'et était rentrée seule à l'hôpital. Il n'y'a qu'un malheur à cela1 ? ?

c'est qu'il'n'existe ni dans 'l'Orne/' ni même en France, aucune ]OC¡¡ ! lvf

lité du'nom'de' Lug¡{Ólles ! ? t'\1 Jll ? "O i ' ? l'JLl't .'19 ? f,'l 1

spi Il , sur n"I1 ? >9'J'1 'le 9r)n,t)t ! i 1 : , -;)«,'IL éll.hIIÜ¿ 'lU h 8"j'l

m '1 i · F 19 t : (Tf ? 'riZ ? II P'J'tllf'1JIIII>;> ".1 Il'1 ? si ? ? ;\¡1'

M" 1'/lUl¡ 'jJ" j F A'Í l'S' b Í \' É',R'S ? I )f'IO 'J)Ijq ')[111 '(Ir ! ,

rJ. c;i'L1.711f.fl;'1 'P'i. ! J"'... ? ? 1.u lu) ? Id J ? .fia 'YL'j"} zni jp, Jj 1d

ttt'7. 1.1", <.Il.J.'J.J.IU..1 -, >J ? JI (U'Ji "p-' 'J : .J'I ? )lU UJ JlIJ ? 1.q,1 . Jr'JJ1 ? I t=1 'J11

, ! ..... , .. 'J "... f J 1 ? - r' ? f.- ro" -' l, {l'' , r t .

ASILES' D'ALIÉNÉS,1 1\0111 : VATIONSrET IUTaTIONB. - 11. le D Quillèmin/111

médecinadjoint'de l'asile'de Dôl"è;1 ése' nommé" mé decin' en 'chèf 'à J)

Montdevergues en remplacement de M. F'\BRE\' nomÍnéfilU Niatis en ,1

remplacement de M. le Dr VfORDRET, retraité (9 sept ! le')[

Dr CII : 1USSIuI.INTJ médecin-adjoint à l'asile de Dijon, est nommé

médecin-directeur à l'asile de Dote en remplacement'de 'M. BECOU : '

LET'/admis à'1 faire valoir ses droits'à 'la retraité' (3 novembre 1893); ''

M. le' Dr BROQ(nlll.E; illédecin-a,djoint'de31'asile''de BI;aqueviUe;lest 1"

noÍnmé'directeur-médecin) la Roche-Gahdon.en'-rémplacement t t>

de M. Frière, décédé '(3 novembre' 4893) : 1j,> .,1 Id . ? 1 .1, 1/' 1 l/,fI

J '1.. 1'1" JI ino t 4 lyv YIJ a`J ! i ,du fil i f ) ? thlfl J'r Jml1 '11ft' vu- e

LE crime DE Locunolé. On télégraphie de Brest : ' Une 'affaire ?

émouvante vient de se dérouler à la cour d'assises du Finistère, de-

vant iaqueliecomparaissaitlenommé'Le'Dain," cultivateur à Locul

nolé,' qui, le' juillet dernier/dans un accès d'aliénation, men ta]e il

et après avoir absorbé le contenu.d'un litre d'eau-de-vie, coupa^lalrs

gorge' à l'un J de ses enfants; âgé' de trois ans, qui '¡mourut¡ sur-le ? i

champ..Le'second,' âgé de cinq ans; fut blessé grièvement au cou et h

à l'abdomen.' Les enfants dormaient paisiblement dans leur lit.' Le,» P

19 mars, il'avait' déjà assommé un de ses voisins et fut, de ce chef,) ?

condamné à cinqlmois dé prison.' J ? ab = 1 << .ulïa i ? 9 Jun 'J¡fl,) Il ?

Malgré son état'de démence,. Le Dain `ne peut retenir ses san-r.°

glots à'l'audience,'quand on introduit-son fils, à peine remis desesir

blessures;¡,Reconnu i ! '['esponsable ? iL été'acquitté,'mais .iltiseran

interné dans un' asile i ce que l'on, aurait dû faire^i

plus Lût et'Ce qui; serait -si. les préfets et,les;maires set rendaient

mieux compte que la loi du 30 juin 1838 est non seulement une

loi de sécurité publique, mais surtout une loi d'assistance.

Les drames DE la folie. La rue du Marché, à Lille, a été

mise en émoi aujourd'hui par les cris : Au secours ! A l'assassin ! 1

Presque aussitôt une femme, la poitrine sanglante, sortait de chez

elle, poursuivie par un homme brandissant un couteau et poussant

des cris affreux. ·

Depuis dimanche, le malheureux Arthur Desmarets était en

i J l'\Tf,I'ln¡

BULLETIN bibliographique. 513

proie à des accès de folie. Par prudence sa femme avait enfermé

tous les couteaux, ayant un pressentiment de ce qui allait se

passer. Aujourd'hui, la femme Desmarets épluchait de la salade.

Pris d'un soudain accès de folie, Desmarets se précipita sur elle, lui

arracha le couteau qu'elle avait entre les mains et le lui plongea

dans le sein gauche en poussant des hurlements effroyables.

Malgré ses horribles souffrances, lllmo Desmarets s'est rendue

dans une pharmacie où les premiers soins lui ont été donnés. Son

état est très grave. Elle porte une blessure de cinq centimètres au

sein gauche; le poumon a été atteint. On l'a transportée à l'hôpital

de la Charité. Quant au malheureux fou, il a été conduit au com-

missariat de police d'où il sera dirigé sur l'hôpital Saint-Sauveur.

(L'Eclair.) Ce fait s'ajoute à ceux que publient quotidiennement

les journaux pour démontrer la nécessité du placement immédiat

des aliénés dans les asiles.

Suicide D'UN enfant. Le sieur Rohr, 20, rue d'Aubervilliers,

rentrait à son domicile, sa journée terminée, lorsqu'il aperçut,

étendu à terre, le corps de son fils âgé de 14 ans. Une odeur d'oxyde

de charbon se dégageait dans l'appartement; le père affolé ouvrit

immédiatement la fenêtre, mais il était trop lard. On ignore les

causes qui ont pu pousser le malheureux enfant à commettre cet

acte de désespoir.

Les aliénés EN LIBERTÉ. Sous ce titre : Une femme qui se pend,

le Bonhomme Normand (8-14 sept.) raconte le fait suivant : « Di-

manche, la dame Caval, née Justine Legras, 60 ans, ménagère à

Clinchamps-sur-Orne, se leva en disant à son mari qu'elle allait

chez un voisin. Le sieur Caval s'étant levé environ une heure après,

s'étonna beaucoup de ne pas voir sa femme dans la maison, alors

qu'elle aurait dû être rentrée depuis longtemps. Etant allé dans

sa cave, qui est située près de sa maison d'habitation, il y trouva

sa femme, pendue à une corde, attachée à une traverse. Il appela

aussitôt à l'aide. La femme Caval fut dépendue, mais, malgré les

soins, il a été impossible de la rappeler à la vie. Cette malheu-

reuse était atteinte d'une maladic mentale déclarée incurable;

elle manifestait souvent l'intention d'en finir avec la vie. »

ARCUIVES, t. XXVI. 33

BULLETIN, BIBLIOGRAPHIQUE.

1 1 '1. 1 1 1"" 9

Association générale DES étudiants DE paris, fondée en 1884. Reconnue

d'utilité publique en 1891. Annuaire 1893-189'r. - Volume ,in-8° de

220 pages. Prix : 0 fr. 40. Paris, 1893. Au Siège social.

Charcot. - : Clinique-des maladies du système nerveux (leçons du

professeur, mémoires, notes et observations). Parus pendant les années

1889-90 et 1890-91 et publiés sous la direction de Georges GuiNON).

Tome Il. Volume in-8° de 482 pages, avec 20 figures. Prix : 12,fr. -

r Pour nos abonnés, 8 fr. · " 1

CiIIPAULT (A.). Etudes de chirurgie médullaire. (Historique, Chi-

rurgie opératoire, Traitements Un volume m-8" de 403 pages, avec

66 figures et 2 planches hors texte. Prix : 15 fr. Paris,- 1893.

Librairie F. Alcan.

IIincL (M.). Suggestion und Hypnose, Ein Kttizes Lehrbuch far

Aozte. Volume in-18 cartonné de vi-209 pages. Leipzig, 1893. .Veriaz

von A. Abel. ,

OCBEKE. Ueber die Pupille nreaclion und einige andere Ersçhei-

nungen bei der allgemeinen fortschreitendon Pal'laysie mit Beriicksich-

tigurzg der Syphilis /rage. Brochure in-81 de 28 pages. Bonn, 1893.

Chez l'auteur. ' ' ', , j

Pecharman (A.). Essai sur les psychoses de la , vieillesse. Volume

in-8° de 119 pages. Paris, 1893/ Imprimerie II. Jouve.' ' " "'

Pick (A.). Ueber Asymétrie der Riic/cenmw'kshæl(ten als> Folge

ciGrnornzen Baues der Medulla oblozgata. - Brochure in-8° de 9 pages,

avec une planche hors texte. Prague, 1893. Chez l'auteur. e

, Pick (A.). Ueber allgemeine Gedoeclitnisschwseche als Folge cere-

bralar Herderkrankung, mit einem Beilrage zur Lehre von der topis-

chen Diagnostic der Sclthügel-Loesio7ze2z. Brochure in-8° de 10 pages.

- pagne, 1893. Chez l'auteur. 1 r. " ' J'

VIALET. Les centres cérébraux de la vision et l'appareil nerveux

visuel intra-céréúml, avec une préface du D' Dejérine. Volume in-8°

, de 355 pages, avec 90 figures. Paris, 1893. Librairie F. Alcan. "

.

Le rédacteur-gérant, BOURNEVILLE.

1 J ÍI J Il 'JI, ,T. -III' un ff 1 Il' , 1. 1 J i

J ' TABLE DES MATIÈRES

,1) ACOUSTIQUE, contI ibulion fi, l'étude

des noyaux d'origine et du trajet

contrai du nerf-, par KiriltzefT,

G2 ! . ' " v ."

'ACRoIÉGÁLm, par 1ojernilow, 61;

par Kornilow, 341

Action de 1 neurique daiis,ses

" ' rapports avec les fonctioris mén-

tales du cerveau, par F. Warner,

- t`323; étude des lois qui

nent les humaines, par A. Ty-

'1 1er, 51. ,, ., ? Il

tt eIÇIIV11'L .musculaire, troubles de la

1 pondération de Il ' chez 'les

sourds-muets, par Rosenbach,

,v 485. , c ,c ,

AGHA(;HtE,des diverses formes d ?

et en particulier de , l'agraphie

' d'origine sensorielle, par P. Sé-

rieux, 1 45.

AFFAIRE ,Vait'of, par A. Voisin, 413.

AW\SIA. Contribution si l'étude de

1' algera, par W. Rcenij, 1+7.

\ AKROPARES1'llÉSIE, contributionàl ?

., par Friedmann, 498.1 1 Il

Alexie, cas d' sous-corticale, par

0. Berkhem, 131.

Aliénation mentale syphilitique,

. par' lairet, 61; De l'utilité 'qu'il

, y aurait pour l'étude de 1' = à

ouvrir les asiles, etc., par Walms-

ley, 82; Un cas d' - mentale

i chez' l'enfant, par Ferlach, 325;

J 1 Propagation de 1 ? mentale, par

Strahan, 392; Le vélocipède dans

1' mentale, par TU. Ewart,

393; la protection des médecins

par, la loi , anglaise sur Il mer-

tale,' par Rentôtn, 395" ' '

Aliénés, hôpitaux proposés pour le

traitement des -, par E. Clifford

Albutt, 81; la colonie d' - de

Ghcel, par M. Cleaves, 83; des

soins à continuer à donner aux-

il leur sortie de l'asile, par Ray-

lier, 84; faux témoignages des -,

par, Cullerre, 251 ; société de pa-

, trônais pour les sortants,

par, Giraud, 253; de l'assislance

familiale des -, par A. Bothe,

'269; recherche sur le sang et

l'urine des =, par Smyth; 393;

sur. le poids du cerveau.et de

ses différentes parties chez les-,

par A. Mercier, 3 ! J; contribu-

tion' à l'histoire "du traitement

sans contrainte et 'du 'séjour au

lit des -, par Klinke, 478, en

liberté, 513. 1

Aliénistes, les toutes récentes at-

taques contre les et les asiles

, asiles d'aliénés, par l'elman, 165 ;

influence de la politique- dans

,. la nomination des, médecins

aux Etats-Unis,' 174.

Amnésique, de la folie -, par Cri.

1'iUn, 324.. 1 q t

AIYLÙ';E, quelques, cas d'épilepsie

traités par l'hydrate ti ? par E.

'Dtum, 329. 1 ' '

Anatomiques, remarques sommaires

sur quelques pièces -,par Percy

Smith, 59. , 1

Anencéphalie, observation d'1 , par

,téonowa, 4s.ï. Il' -

Anurie,- un cas d' hystérique; par

llolst, 1 ia. i 1 1

Aphasie, dans la syphilis cérébrale,

par Heilbronner, 132; de l' -

dans la paralysie générale, par

Ascher, "142 ; l'attaque hysté-

rique d' - et la simulation, par

Ladame, 1f7;-parChoosel ? 65;

sur la question de l' -, par Kor-

nilow, -'r14.

Arriérés, les classes des enfants

en Suisse, 173; la bouche chez

les enfants du type mongolien,

par R. Jones, 327; parallèle du

traitement chirurgical et de l'édu-

cation pour l'amélioration des

- , par 1\orbnry, ! E7G.

SI 6 TABLE DES, MATIÈRES.

1 ..1 ., 1 . a I,t ,

Articulation, SLII .quelques vices

d' - chez les enfants, etc ? par

W.-B. IIaddel1, 395. '1 ? n

Arithmétique, de la faculté ? et des

atteintes qu'elle subit dans'l'im-

hécillité et la folie, pal ? \r.1 Ire-

land, 328. iieul,asllicilie ?

AnTrnrrlsME, neurasthénie et =, Par

,Vigoureux,506. -, ? 1 J J.lu,

Asiles, visites il quelques étran-

gers, par, F. Necddam, 83; l' -

'de la ltoche-sur-Yon, , 300 ?

d'aliénés, 431., ' 0 ?

Assistance des aliénés, par 'les fa-

\ milles, par, Nmcl : e ? 260;' de l'-

"familiale des aliénés, par A.

Ilotlie, 269. ''

Association' médico-lisychologique,

" discours présidentiel prononcé à

(la séance annuelle de 1 ? à

l'asile royal de Gartnavel, par

Yellowlees, 83. '

Ataxie, un cas d' - locomotrice

avec maladie des jointures dp

Charcot" par lleilhronner, 132.'

Atrophie musculaire idiopathique

compliquée de névrite multiple,

par Eskridge, 58.' " " .,

AU'L0-ACCUSnTItICE, par Séglas lI'et

Brouardel, 262. ' " "' ,

AUTO-11TO11CA'l'IO : IS,sur les maladies

mentales`dans leurs rapports avec

les -, ` par ' Régis et Chevallier-

, Lavaure, 240; -, par Legrain,

264. "" ", 1 1'1 . 'Ij

) f 'Idl zip

BASED0w(Maladie de),du symptôme

de Groefe'dans la ? par Bruns,

,144; contribution iL la ? par

Homen,' 147; des' altérations des

os dans la -, par Koeppen, 336;

BLE\\OIIHH1G1QUE, l'infection --envi-

' sagée comme moment étiologique

dans les affections du système

nerveux, par Dourdorfi; 419. ,

Blépharoptose, lésions anatomiques

dans un cas de - congénitale,

par siemerling; 402.' ' ' '

Bouche, la chez ! les' enfants ar-

riérés du type mongolien, par R.

Jones, 327. ' , ' 0

Bourse DE voyage des internes des

asiles ? 510. J : ' ' .

'' Bulbe, contribution, il la question

des stries médullaires du ? par

. J Betcherew' "1' 399; tll ' "' 01

Caisses de secours pour les aliénés

nécessiteux, 348. , '

Calorimétrie chez les oiseaux, par

, rsaac Ott, 57. '. ""11. ' "" -

Calotte, des lésions de la ? dans

le 'pont de Varole, par lliceli ? 425.

Cancer, le' ''dans' ses' rapports

' avec' la' folie,' par'H.' Snow; 395.

Catalepsie, 93. 1 ? - r.I '1' 1 1,

Catatonie,1 des symptômes 'de'

' dans le cours;> de ' la -paralysie

1 générale chez la femme ? par

' Naecl : e, 330." si ? ' =r" ¡ud

Causes, des 'et'de l'hérédité dans

les 1 affections 1 nerveuses etf men-

, 0, taies, par Rieger,' 1G ? .1" 11/9 Il')

Cécité, sur un cas"d'hémianopsie

bilatérale' avec psychique, 'par

Vorster, 1fI5 ? - I P'1'JIII.)

Cellule nerveuse, la considérée

"comme base''de' la neurologie,

'par Schoefer, 412. ? 11'11'"

Centres corticaux, de' l'origine

1 phylogénétique des'- et de l'ap-

pareil olfactif ? par Edinger; 497.

Céphalée, traitement delà ^ner-

veuse par la douche statique. par

' A. Voisin,413. 1 1 i ;, - , ' .1,

Cérébrale,' attributs fonctionnels de

l'écorce , par A'. Waller; 40'r;

description de la couche' motrice

4 de l'écorce ') par, Goodall,'40û.

Cerveau, méthode d'examen dû -

" à l'état frais; par ICindred; 52 -

quelques remarqués, sur la' dégé-

nérescence expérimentale du' corps

calleux et de l'écorce du' J' par

Muratow, 397; du' développement t

et'de l'expansion' des'fibres tan-

gentielles de l'écorce du'-humain

aux divers âges de la vie; par Vul-

' pius,40û; les' expériences' faites

'' par la nature sur le -, par'Dley-

nert ? 401 ; résumé 'de' 1,565 au

'' toPsies 'du , etc., par 1 J;D Bul-

len, 407. , it : ;

Cervelet ? sur une lésion'systémn-

tysée"du/ et' de' ses dépeu-

' ' dances 'bûlbo-protubérantielles,

par Rojet et Collet, zip

CHAHCOT, par Bourtievillel 177 ;

' travaux' de ? 203 ; ;' obsèques de

, 208 ; hommage u' '='; 507.'

Chirurgie, intervention de t lat -

,J dans les'maladies' cérébrales 'de

l'enfance, par Parsons' Norbury,

tr 1b8 : "r ,· , 1 ! JI) t J l 'il e

Crorée, sur un cas de ? do 1,lIu-

tington, par Greppin, 138;'rye-

'' marques 'sur les formes de la

.. - chronique,' par W. Osier, 142;

- ar¡r ,. r"T 11' 'J ? ..... ? f.

TABLE DES MATIÈRES. 517

liiq .zuroorr ;il ^fi iitt ? r ,. .

congénitale, etc., ,par Wy- Y ?

gmann,14.4;un,casdefoUe,'as-

sociée, la il un âge avancé,

·,par, 1\Iac Parlane; 3 ? 3; èorïtri-

(butionà. Fanatomte pathologique

de la -, par Kroemer, 40} j sur

la-paralytique, par Fitatov,417.

Climquks, '.trois, cas , par Clarke,

" \ ^i H ? ? J " ~

10,101. tr,, ¡'t | y r| q|, ,^,,

Cocaïne, des effets de la sur l'oeil ? j;jet det ses rappoyts aV,e.ÿ lç' ¡ : (rlyI

n. sympathique,, par Laquer,' 499.

Coc.ïwsntE,.note sur le ^7 par'Co- ? nolly, Norman, 393 : ? , 1

, Colonie,, familiale de Dun,,parDes-

champs, 262. "^('v^ ?

.Coloration , , OSn710; Cül)10-hélna-

tdxyiique, par Berkley, 39S ? con-

trihutions à remploi dea'm6-

,"7thode de - déMarclii, étc ? par

'1 Redlich, 401 ; osmio-ferro-lé-

;Ematoayliqne,jparIiaiser; 484., t

CoGnÈs, `de, médecine , mentale,

u;, 171 ? 1 ? r des, m6decinsalienis-

tes des pays de langue française.

,h 240 et, lrmtibme,, ;"des neurolo-

. gistes et aliénistes du sud-ouest

a·"1e l'Allemane, F9` ? ? t,. ' ,,

.Contraction ? de certains, phénomè-

nes de-;des muscles quand on

les, excite au cgurant faradique,

; par, lirOClC, 40U. ? ., ,, ?

,.\1q : lTn.\I : lTr., fâcheuses conséquences

rr,,dela, ; , par Pae, r75. , ?

,CORPS" calleux, contribution, il la

(^casuistique, des tumeurs du -,

Ii-;Pal'(, Gièse, 132; ; Iitres Cas d'a-

.11.11esthésie duc à' une. lésion de

it., laj circonvolution ,du ? par Th.

'(. Gal1l11, 139; ., quelques,, rèmar-

m ques sur, la dégénérescence. expé-

lt,rimpntale du , par 111ut,atow;

397 : ? -m ' ,

397, 1'11.1' "" \

CnANIEcTOIIE,,1 chorée, cgngépita)e,

lI' incapacité" de, coordonner, etc.;

.«">. ;ii linéaire, "par,II'Vymann, '1 Í4;

linéaire ? par, Çiyton .Par-

lcyll, 1 f9 ? -, contre la mlcro-

,1, céplialie et l'idiotie, par J, Boeckel,1

23a ; microcëphatiej et ? , par,

- lIadden, 36.. J ? .. 1

Ca> : Tmouo ? un cas d'idiotie ? pari

,v l''rancotte, 153. ,ry ,n n ,

Crime, et folie chez la' femme, par

IIINcrcl : e,.390; le ? de Locunolé,

. 512 ? p uuln ,a ? 1 o i

Cuir chevelu, un cas de;développe-

ment , anormal, du' , , par Mac

Uwval, ill. "

Dégénérés, héréditaires, par La-

" grange, 258 ? .Vv' r r .

Dégénérescence, lésions spéciales à

"diverses formes de musculaire,

par Fuerstner, 495.

Delasiauve, mort de z, 163.

Délirantes, , de la variabilité des

conceptions et des hallucina-

I tions sensorielles,' par' Tli. Koelle,

1 151. - ? J ? l,; 't j" . ? 1 j

Délire, dans l'influenza, par

Hanter, ' 153 ; z des négations

- y,à apparition précoce chez une

mélancolique, par Toulouse,' 156;

' de' jalousie ? chez l'homme,

' par Kraft Ebing; 156 ;. sur le

des négations,, par Serbski, 415.

Démence, un" cas de = aigue, par

A. Robertson; 239. (

Déments, des ' altérations dans, les

noyaux des nerfs crâniens chez

les . paralytiques, par Autbkra-

, tow, 403. ' " ' ' ' '

Dérivatifs,, de l'emploi des mél31ca-

ments - externes dans les mala-

'dies cérébrales et nerveuses, par

Erlenmeyer, 165. ; ,

Diplégies, - cérébrales de l'enfance.

par Rosenthal, 503 ' ,, 1

Doigt, en,forme" de bauette de ? tambour, par L.' ]1111101', 310. "

Drame,] de famille^ 93 ; le - de

, la rue Truffant, 94. '" ' , T

Dl'BOIÍ : iE, .de l'action sédative de la

à doses continues chez les

,,¡aliénés, par Marandon de Mon-

ntyél, 211 ;"sulfate'de - chez les

aliénés chroniques, par P. Noecke,

, ;23 ; F dé,1 =,, par, Mendel ? 478.

Et.Érmwu.tsîs,, manière d'être de. la

résistance du corps à l'électricité

'galvanique dans I ? par Pasche-

lès; 1 ! rt., ? ? 1 . 1 ut

Empoisonnements, les' - dans l'Inde, ? 90. . ? ... ...., .. .J

'f . q"l'('I) ) '1 '¡ ?

Epilepsie, quelques cas,,d ? traités

., par, l'livdratéd'amylène, par E.-L.

yl Dunn; ` ? `39;r sur, les, théories phy-

siologiques actuelles, de l'- à

;9,propos, des doctrines de 11,' Jack-

son, par 'J." Christian, 386 ? d'une

yo nouvelle, méthode de traitement

- 'de 1 ? par,rléclsi" 478. ' "

Ependyme', sur'ies'.granniations de

1 ? ventriculaire, par Pellizzi,"i89.

Epileptiques,, les colonies d ? par

Th. Ewart," 80 ; ' aliénés ;' toxi-

cité des urines ' chez les , par

518 r TABLE DES 'MATIÈRES.

J. Vuisin, 21b; occupation des

- , a00. Il '

Epuisement, des phénomènes psy-

chiques de l ? par Aschatlen-

bur, 501. -' '1 '

Esprit, la disposition de ·l ? par

Kroepeiin,500. ' ' '

Etat mental, sur l'- de Christine,

reine de Suède, par Sarbo, .32;

rapport médico-légal motivé sur

l'- de l'expéditionnaire Krueger,

par Hichter, 390. il , 1

Etendue, les notions de quantité et

ci'- chez les aliénés, par Pelle-

blini, 322.

Ea.a.umr, - dans les maladies

nerveuses et mentales, par Ven-

tura, 236. ' ' 1

Exercice illégal de la médecine, 89.

Exophtalmie, cas d'- compliquant

une néphrite, par Harold, 58.

Exorcisée, jeune fille -, 270.

1

Facial; des troubles fonctionnels

dans le domaine du et de

l'typogtosse, etc., par Koenig, 1 Í5;

de l'atteinte du - et de l'hy-

pog10sse dans l'hémiplégie fonc-

tionnelle, par Koenig, 337.

Faux témoignage des aliénés, par

Cullere, 2J1.

Fenêtres, nouvelles pour cel-

lules, par Poetz, 87.

Fièvre hvstériqup, par A. Sarbo,

88. 1

Folie, les drames de la 91, 512;

de quelques cas de consécutive

au traumatisme, par Liebmann,

155; aperçu sur la systéma-

tique au point de vue clinique,

par Neisser, 318; un cas de

associée à la chorée à un 1 âg-e

avancé, par ' Mac-Farlane, 323;

de la - amnésique, par Th, Ti-

linon, 321; contribution à l'é-

tude des toxiques, par Knoerr,

325; la en Korwege, par

Ilabgood, 326; de l'influence du

milieu sur la production de la

har Savage, 329; un cas de

avec stupeur consécutive à

l'hypnotisme provoqué, par No-

lan, 388; criuu· et chez la

femme, par Xoecke, 300;'un

cas de - avec dilusion,parlieay,

395. 1 Il il ''

Folle. Une -4 'Ji; tentative de

meurtre d'une -, sa; meurtre

commis par titiu 95. "

Fou : Le - et les gendarmes, 92;

officier - à la frontière, tu'2; un

' à la recherche de sa femme, 93 ;

suicide d'un , 94; les , 13l.

Force, un appareil pour mesurer

'^ la des jambes, par Krauss;'

h83. '

FIIIEDIIEICII (Maladie de). Un cas de ! 1

, par huntz, 62; deux cas sin-

guliers de -, par Ilossi, 137.

"

GnosE, des formes atypiques de

l' la spinale, par Ôppenheim,

492. ' l

GLOSSO-PIIARY\GICV, noyam dorsal et

' noyau sensoriel du nerf -, par

lllucliin, 488. 4

Goût, localisation du centre du '

' chez le lapin, par Schtsbherbak,

482. -

Graves (Maladie DE) -, par Dour-

'f dorfi, 62. ' ¡

, i *

Hallucinations, de la variabilité des

'conceptions délirantes et des - 1

sensorielles, par T. Koelb, 154;

contribution à' la théolie des ?

par Pick, 163. 1 z -

Hémianopsie, sur un cas ci'- bilaté-

rale avec cécité psychique, par

Vorster, 155. , , '

Hémiplégie cérébrale spasmodique 1

.avec imbécilité, par Limoncelli et

Ventura, 145; de l'atteinte du

facial et de l'hypoglosse dans ' f

l'- fonctionnelle, par Koeni",

372. ,

Hérédité, des causes* et de 1' i. '

dans les affections nerveuses et

' mentales, par Rieer, 162;

normale etlrathologtque, parSan-

son, 269, 1

II¡ : TtlloPIE, un cas d'- de la moelle

' chez un paralytique général, par

Feist, 146. 1

Hôpital, - royal de Montrose, par

J. Hoween, 87. ,

Hydrasiine, de l'- dans l'épilepsie,

477. 1 .

Hydrocéphalie, des différentes fuir- 1

mes de l ? par Bourneville et

Noir, 259.

dans les maladies

' chroniques, par René Barde et

Materne, 501.

Ilr reuesrntam, hémi-- croisée, par

llemak, 425. l' '

H1PEHHYVIIOE, llémi-- croisée, par

Bauer, 120. '

TABLE DES MATIÈRES. 519

Hypnotisme, l'escroquerie à 1 ? 89;

recherches sur 1 ? par 0. Ile-

hohl, 133 ; sur le traitement

de la folie par l ? par Percy

Smith et A.-E. Myers, 237; sur

l'emploi do l'- chez les aliénés,

par Hobertson, 237.

HI'IOGLOSSL des troubles fonction-

nels dans le domaine du facial

, et de l'- par Koenig, 145; de

l'atteinte du facial et de 1' -,

dans l'hémiplégie fonctionnelle,

par Koenig, 337.

Hystérie, quelques définitions de

l' par P. Janet, 1 ; drames de

l ? 271; de 1' en Vendée, par

Terrien, 447.

Hystériques, une accusée en crise

- 95 ; de la fièvre -, par

Sarbo, 138; un cas d'anurie-

par Halot, 145; contribution à

l'état mental des -, par Long-

bois, 168. -

Idiotie, un cas ci'- crétinoide, par

Fraticotte 153; la craniectomie

contre la microcéphalie et 1' ,

par J. l3eechel. 235; histologie

pathologique d'un cas d'-épilep-

tique d'origine syphilitique, par

Bullen, 410.

Idiots, (asiles d'-) nécessité de les

rendre plus grands et de les mul-

tiplier, 87 ; assistance des , 509.

Illusions, communication casuis-

tique relative à l'étude des de

la mémoire, par Scheldtler, 326.

Impulsions, sur deux cas d'obses-

sions et d'- à forme continue,

par Roubinovitch, 261.

Influenza, délire dans l ? par Gan-

ger, 153.

Iwr.cTiovs, des - de chlorure de

sodium chez les aliénés siliopho-

bes en état de collapsus, par

llberg, 239 : - par Lelimaiiii, 479.

Irlandaise, la jeunesse -, 173.

Jeûneur, un nouveau 271.

Juif errant, Le il la Salpêtrière,

par H. Meige, 343.

Lathyrisme, deux cas de -, par

Semidalov, 418.

Lésions, microscopiques par Ed.

Goodall, 59.. f

LÉTII IHGIE, attaques de et sug-

gestion hypnotique, par Ilitzig,

148..

111 \GXÉTIr.t : H, création d'un syndi-

cat de -, 88.

Magnétisme, école libre de -, 131.

Magnètothéiîahie, et suggestion,

par Benedikt, 478.

Manie, la comprend-elle deux

formes distinctes de folie, etc. ?

par G.-111. Robertson, 391; - pé-

riodique, par Dagonet, 156 ; la

pathologie de la mort subite, dans

la , par Yitmell, 328; et mé-

lancolie, par J. Macpherson, 330.

Médecins-adjoints, concours pour

les places de des asiles d'alié-

nés, 508.

Mélancolie, un cas de induite

par R.-O. Dees, 325; manie et,

par J. Macpherson, 330.

Méningée, des sillons de l'artère

moyenne dans l'endocrâne,

par G. Peli, M. v

Méningite, cas de chronique, par

J.-W. Plaxton, 133; contribution

à l'étude de la séméiologie de

l'herpès labial dans la cérébro-

spinale, par Klamperer, 496; un

cas de tuberculeuse, par Ri-

berolles, 506.

Mémoire, communication casuisti-

tique relative à l'étude de la

par Scheldtler, 326.

Mensonge, et aliénation men-

tale, par Fritsch, 264

Mentale, Richard et Simon et leur

influence sur la médecme -, par

H. Tuke, 395; traité élémen-

taire des -, parKorsakov, 426.

Meurtre, tentative de -d'une folle,

95; commis par une folle, 95.

ME\1\ERT, Eloge de par Fritsch,

265 ; de l'abondance des fibres

mtra-corticates dans les couches

Il et III de, par Kaes, 485.

MICROCÉPHALIE, rapport sur un cas

de -, opération, mort, etc., par

Binuies, 235, 179; Crâniecto-

mie contre la - et l'idiotie, par

J. Boekel, 235; - et craniectomie

par Iladden, 236.

Milieu, de l'influence du sur la

production de la folie, par Sa-

vage, 329.

Miracles, les de Lourdes, 511.

Moelle, contribution à l'étude des

altérations de la et des nei fs

périphériques, par Fuerstner, 19;

Structure histologique de la

épiuière chez l'homme, par Min-

gazzini, 53; des altérations des

520" 111 ' -1 1-1 il, "Ti TABLE^DES, MATIERES. 'fflO1r,nr {(()¡jr ? 111

l ,- l' t . ,| r Il,¡ 1 fjl'

nerfs et de la consécutives aux

amputations, par Marinesco, 480;

par, Hedlich, 4.84;/ un cas de,lé-

sion hémilatérale .de ,1a ? par

Stieolitz, 485. ù- ?

Morphine, des acci(lelits,, consécü tifs

au sevrage (le,la .- et,, de, l'esto-

,mac"par Hitzi, 91. ,,7 '1 u" IjS,

Morte, la - vivante, 346" ,r Ir : .

Morvan (maladie de), un cas de ?

par Grasset, 504. '

Motrice, prétendue aire jdel'é-;

, corce cérébrale, par, L'âne, 57. 1

MvËnTE ? chronique/, et, lésions

systématiques de la -moelle, par

- Leyden, 333. "· ? ". ,/x ? ,/j

AIYxOf.U1'ltE, pay,Rotlt,·G1. ? ,

i 'pj

Nécrologie,. Delasiauve, par Bour-;

. neville; , discours de Fahet; de

Christian;, de Semelaigne; de La-

borde : d'lsambard 1G3; Charcot,

t par Boui'Î1eville, 177. '.1 j, ';1

Néoplasme, observation de dans

le 4"t ventricule ? par, Mayer, 265.

Nerfs, contribution/à à l'étude;,des

altérations de la moelle et,des ?

, périphériques, par Fuerstneu,49;

de l'altération des ,= etlfde.l,r

moelle, consécutive aux'amputa-

tions, par de la

, dégénérescence et de lanrégéné-

ration de = l7ériphériyues,,à; la

,. suite de blessure, par Stroebe, 498.

Neurasthénie, 'par Mathieu, 168;'et

, arthritisme, par Vigouroux, 506.

Neuropsychose, une' périodique

entée sur une hystérie dégénéra-

tive, par, Griedenbel'g,¡3Dl.¡, ,. , ,p,

ÉVIiITE, atrophie musculaire, idio-

,, pathique compliquée de multiple,

,. par Eskridge, 58 ? un cas' de ?

périphérique 'd'origine alcoolique,

par J. Clarke Fenwick, 134;. sur

( lqs troubles, psychiques `dans les

- , périphériques, par'J. Ross,327.

Névroses, consécutives aux acci-

dents, par loi-iiilow,'Bajeno%% ? et

minot, 60; contribution, à l'exa-

men objectif des troubles de,, la

,, .sensibilité dans la^-, traumatique

,4 I)LIV"1GolclsÙliei(ler' 136,et J 339 ;

/leçons sur le, traitement ] des z

'.par C.-E. Séuid;nlli9., ,. ,,

N ivL. E la folie en par 111Lb ? Ood,

NoKvn.E,la folie en,-pcr llabgood, i

32(i- "h 1'S mIw ·11 1 'l Vu 1

0usi : yuESde M. ,1 le D' Chariot, par ¡

J. Dauriac, 208. '

',... . ,. m. 1"{ "'UI lt 1] ? 1'1

Obsessions, sur, deux., cas d,· ? et

" d'impulsions,, forme/continue,

par, ltoelilïovltch; 201 ? r o, nv

OLFACTn ? ' Examens..dusehs) ? au

point de vue clinique llar5aveliér,

. 482.q '1- . '¡ : : : ) r t ? b ',¡i' 'Ha,;

Optique, 1 q,es",a1t,ratlOnsd,u t,npuf

1 ? notamment dans t'arterio-sclé-

rose,'par Otto, 4J 9;. recherches

., expérimentales sur les centres'=;

par.C. de Monkaow, 402. ,. (f(1 ?

OpHTALMOPLËGiE.De progressive ? ar;Ho;he,49f.ty ? i,' '1" nn

Osides altérations,,des,= dans, la

, maladie de Baseddw, pal' Koeppell

336." ., Hj. ? 0) ? ? t .. .IJ l, .

0,VARioTOMiE,.de 1; dans le, traite-

(lP1el,t ,de la, folie, par Morton, 177 :

t .t 011 '' ` r ·1W tm · n.· <)') ? }

Palatine. Ronllement de la, voûte; ? nouveau signe., de .degene-

, iescence, par Ncecl : e" 183 ? rII

PÂnALYsiEs motrices organiques^et

hystériques, par. Freud, 29;,ma-

ladite toute spéciale affectant deux

i 'soeurs sous la forme de ? pro-

agressive, par Homen,' 49 ; de.s,

du plexus brachial, et du trouble

de ;la sensibilité) dans la ,'axil;

^ laire,' par'Pagenstedier, ,136; de

, " l'aphasie dans Ia ? générale, par

Ascher.142; un cas de raciale

''congénitale, par Se))ultze,14G;

,·spinale syplilitique, par, llfucUiu

et 1 Konalewsky H7;, nouvelles

' observations de générale, pro-

gressive à marche circulaire, par

", (3uddeberg, 1(ir; des symptôme^

de la cacatçnie'dans la"'1/ géné-

rale chez, la femme pal' N'oecl.et

.,330 ^'contribution' à l'étiologie'de de

la : ...." générale, par OEberke,,3,31;

, (l' contribution à la connaissance de

rlla 缭-( ? ulbaire",par Iloppe", 332;

, contribûti61ï ! à la pathologie, dé' la ? spinale' atroplnque chronique,

,'par Oppenheim 3t0; des ischô-

Imquey, par',Chostelc ? 36; immo-

,f,bilité. des pupilles dansla' 'gèné-

' 'raie, par Hediich, 265;'de la genèse

'et du substratum anatomo-patho-

"logique du 'délire' des grandeurs ? dans, la ? g.énérale; Ij¡I' K' : H'nf : el,1

et Blkeles, 389; contribution/au

, diaguostic, anatotnicjue, de/là'

.1 g,\né¡ : ale ? par.,¡'ét1 ! t ¡m¡¡to111l{ : pa-

tliologique de la Ilielv, , 1ar

Schlesinger, 391 ; diathesede

la générale, par Wilson, 301.

TABLE DES MATIÈRES. 521

Altérations anatomo-pàthologi-

ques dans la faciale périphé-

''phérique' p : u ? 1 D : Írskewitsch, 'et

«' Tichonow,1 482. Influence/de la-

vaso motrice ''sur' le ' développe-

'^ ment'de l'inflammation produite

''par' le' streptocoque de 'l'othe-

matome des aliénés par Pellizzi, ? 490.' De la.'situation de la langue

. dans .'la' périphériquefldu 1 facial

"'par Hitig ? 91. '" ? f' ;.C"U ?

Paralytiques,' des fibres ^d'associa-

tion dans l'écorce cérébrale'des'-

'néïiéraûï,"par `Lioubinrow,' 53; ;'

,un cas d'hétérotopie';¡'dâns 'lIa

si moelle, chez^un ? général;'4+6.'

PARAMYOCLONUS inult'iplex ? liérédi-

taire, par Gucci, 140. ? ^ "

PABAMYOTONIE 1 ataxiqup.' et 1 maladie

1 de,'Tliomseril 'par' Gowers,' 140.

Parole, contribution à l'étude des

.troubles de la''='par Picl ? 135; : des 'troubles'- de" les

aliénés, par'0."Klinke, 153; des

3'troÙbles de. laJ1 '' dus' 1'lis-'

' pocliondrie, par 111 '457. fi,

Pellagre, |cas de' -^ avec syringo-

,0'ihyélie,' par Pellizzi, 131. ' ? ,

Peptonurie, de la chez les para-

3'lyti(liies', par Fronda,' 143.l J"

Persécuté Pal : ' les"jésuites,"92 ?

..1 auto : accusateurs 'et possédés, par

lis églas et,Brouardel, 133.r" 1- ' ,'

Persécuteur migrateur, par Frièse,

n 2 ? aJW wr ..hl ! 'i ? 1111 -51»<>-«

Perversions SE\UGLLES'r7L' formes

obsédantes ? par'Boissier et La-

1 chaux,' 37'F; un'cas'de par

'1 Urquh ? t; 388.' ? ? ? ? -

PITUITAIRE; de la destruction' ! de la

"glande, par' Vassal,' 54 t'

PNEMiOGASTHiQUEP : Le pédoncule ? dû' lobule, dû ' "par Schts'cher-

bach; 48GJ' ",11 ,1' - /,

Po4to-nvarc;'de la réparation' de

- certains'muscles 'paralysés à'la

suite de , par Craème M. Ham-

q'Ínond 56 cas'' de ? antérieure

avec altérations) nerveuses péri-

phériques, par J., Bullen; 58. ';

Politique; influence; de la dans

la nomination des médecins alié-

Pnistes aux.États-Unis,. 174 : ' "

Pru1 ! ;ARATIO : 'iS; une nouvelleinéthode

01 de"'... ? sèches' du' T cerveau,"par

"stiéda; 397 : ' ' ? ? 1 ? 1" ,

PsEUDo-somnosE eh ' plaqués d'ori-

nixe palustre ! ' par Triantaphyl-

Midès, 232 : ,, '" ,

,,luUs, 232 : . 10. 1 1 11 "d .

r4 ! t 11111 W f lu' , 1 '

Psychique,' arrêt de développement

par lésions de la tête de l'en-

*'fani avant, , pendant l'accouche-

' ment'et''aussitôt après lai nais-

- 1 sance,' par \Vulf; 50. Des modifi- ? cations dans la rapidité' des pro-

cessus par.de Bechterew, 481.

Psychose; des'hases somatiqnes'des ? aiguës, par Wagner, z

du jeune,vge,'par Sehoenthai;320;

et fièvre typhoïde; pas Klinke,

- 389 : -¡¡fi HP "'J'J 3ttO,m nrr .A( niiii

'0 A1 " ? s.11rt 'V" {

Quantité;. lesr notions' 'de., -' et' d'é-

tendue "cliéz' les - aliénés, par Pel-

']egrit]i322 ? < ? - ? $' 'tt

il 1 ' 11 I ,f 11J ' ! Yhfft u .

Bncumtennr, les sinus et lés' veines

des parois de la cavité -par Tro-

lard, 43. 1,

RÉFLEXES ? d'une' nOIIVellc'-méthodr

"de recherche des ? tendineux'et

- ` de leur modificatioii`dans les ma-

ladies mentales 'et' chez les' épi-

leptiques, par dc'Betcherew,'321.

nf ! ' t . 1/ f < C ;l(hH -.4 ,

Sang ? sur'l'isotonie 'du ? chez les

'"aUénés,'par-Ago=tini; 32f. ." Il

SATUnNISF..lr'èc¡;ehhê expérim'en-

' tales' sur l'intoxication,' etc ? par

l,iSieglitz, 4.S ? " 1-1 1 , ,

Sclérodermie, 'manière 'd'être de la ? résistance'du,corps à l'électricité

1 gaivalllqne dans la'=; par Eulen-

a.lbnl'âs 1F3"m,m 1. {I .

Sclérose,1 1 ENI¡'PLAQUES ? pscndo ? d'origine ''palustre, par Trianta-

( phillydès, 232. Un cas de et

61 hystérie' associées avec autopsie,

par Grasset; 503 ' il t" ` "

Scotome] - Du ="'scintillant' par

- ' Manz,'495 ? m 9' J "1 ut '

Sensibilité,' contribution a. l'examen

, objectif delà ' dans' la névrose

'traumatique, 'par Goldscheider,

"'136, 339.' , 1 Il 1 4d ? t r, '

SITIOPIIOBES,'de'S injections de chlo-

' rure de sodium chez les aliénés

' =en état de collapsus, par libero,

239 ? ? 1 '...j ?

Société dés médecins neurologistes

"'et'aliénistes de Moscou, 60, 340,

'"414;-médico=psychologique; 59,

1 163, 413,490 ; psvehiatrique de la

province'du'llhin; 164; psy-

chiatrjque"de'Berlin, '166, '191; ? de psychiatrie et maladies ner-

veuses de Berlin, 232, 419; de

patronage pour les aliénés sor-

U.I '' ' -iL' U il u " < <<

"tu) Il n ' 1

522 table DES matières.

tants, par Giraud, 253; - de psy-

chiatrie et psycho-médicale de

Vienne, 261; d'anthropologie

de Paris, legs Fauvelle, 270.

Sommeil. Circulation du sang et de

¡ fia lymphe dans ,1e crâne pendant

le -=, pal' l\lackenzlC; 489. "

Somnambulisme, un cas de spon-

tané, par Hoefelt, 155. - -«

Sphincter. Des centres corticaux du

anal et du vesical par de

Bechterew, 484.

Suicide d'un fou, d'un enfant, 513.

Suggestion, attaque de léthargie et

hypnotiqtie,l'1)ar Hitzig, 148;

de la forcée, par Tokarski,

415; magnéto-thérapie et , par

Benedlht, 478. l' li,

Surdité verbale, contribution'à. la

question de, la ? par Scarano,

145. >;O, ,h·W nt ' È n

Suspension," de l'influence de la

sur les troubles de la vue dans

les affections de' la moelle, par

Betchrew,'479.v ?

Sympathique, de' l'influence vaso-

motrice du -cervical, par Cavaz-

zani, 396 ? , ' l 1 i " ;. .

Synostose^ crânienne congénitale,'

par Calvert, 318.' .

Syphilitique, aliénation mentale ? ,'

par l\Iairet,' 64. Il I : '1'

Syphilis, contribution statistique' à à

I ! f la question' de 'la ' et du tabès,'

par L. Minora 132; aphasie dans

la cérébrale,1 par Heilbronner;

132. te t tin z a il ,

Î SS'I21\GOM1'I;LIE, cas de pellagre avec

- , par l'ellizzi; 131. ?

Système ^nerveux. «Contribution au

développement' pathologique du

central, parLeonowa, 485.

Coiitiibntion à l'étude des'affec-

tions port' syphilitique du ? cen-

tral et périphérique par Dinkler,

49G." 1 t' ,"IrJI1' il 1 Uuu ,iUl , ?

4 t(l( ,thq ? jA

Tabès, contribution 1 statistique ? à

la question» de' la' syphilis et du

1 . .1 1 1,

- , par L. l\11nor, 132; contribu-

tion à la symptomntologie du -,

par 0. Rosenbach, 135; contri-

bution à l'anatomie patholo-

gique du - dorsal, par Krauss,

396.;Un;cas,drpseudo - post-

infectieux par Grasset, 502.

Temporaux, contribution à l'étude

des lobes -, par Seppili, 55.

Tiiomsen (maladie DE), paramyoto-

nie et -, par Gowers, 140 ; con-

tribution à la connaissance de la

, par Frûs, 143.

Tics, sur la maladie, des con- ? vulsifs, par Tokarsky,'341 ! 'Alpl'0-

' pas'd'un cas de maladie des

par Roubihowitch, 504 ! 1 ! \/I'MI

Toxicité des urines chez les'épilcp-

IIl'tiqu,es aliénés, par J."joisin; 245.

TR IO ! I'AL , du - par Brie, 16'r, 476;

Id par Beyel, 500. ,(lU, " 10*^*1

Tumeur, corticale occasionl1 ant June

hémiplégie, etc ? par,' Hàdden,

'50; névrogl iques, (113' la moelle

épinière, par F : ' Raymond ,t 97;

"casuistique des 1-L du'11 corps

' calleux ? par Giése,; ')32 ? du

''centre ovale ayant causé'une pa-

I " ralysie des mouvement's'Yetl du

t'sens1 musculaire, etc ? par Lan-

or, don'(Carter Gray; ! 39;' Contri-

bution à l'étude- des' ''du'cer-

''veau; par Raymond, 273;cere-

. C braie intéressant les lobes frontaux,

4t par Griffitli et Steele Sheldon, 410.

'Typhoïde, psychose et , fièvre ?

Par Klinke, 389. Système nerveux

dans la fièvre , par' Pechère et

,·runcl : , 502.'d : : , , · r r w,m·,r

' I ! . I I . si t ? lIfJ'lfJ

Variations , transÍhission' des 11,

'acquises par Richardson ? 56."

Vélocipède, le dans l'aliénation

' mentale, par Th. Ewart, 393.' J

Villa-Hôpital, description sommaire

'-de' là nouvelle 缭· tle' New-York,

1 par R Baker, 8F. : m ..

Visuel',1 de la fatigue du champ ?

''etc ? par Koe'nig; ! ,21 ? Ic ? 1

1 l' Il.... 0..1 ,r... y,ïI ? r 1

lM,'l'ABLE"DES' AUTEURS ET DES' COLLABORATEURS.

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O" 'Agostini, 321. 1 1'1 ,

Albutt, 81." ? ,1

Aschaffenbourg, ,501., , ? Ascher, 12..., " . l, ? Autolcratov, 403. , ?

1)- , : 1 ! -' 'jjti '

Bajanow, 60. , nr' t/ 1 ? Bauer, ? 0. , `I ,,

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,011 Benedikt, j78" J . ,

; rpBeni-Barde, 50L"J,t¡ -,

f" Berkley, 398. > , .'

, , Betchrew, 321, 399. f 78,

JlU ? 81, '81. ," , .j

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t,fllilceles, 389. , l ? , (

,n Binnies, 235 ? ? Bcecl : el (J. ), 2,15. , , , . ? Boissier, 37'E. ,

71,BoHl'neville,G1G3, 177, : i9. ? , 1 r ",

.Bothe, 269.

'<11,Brie, 16L, . > 1 Il

Brock,4000. ,

3rouard l (G.), 2G2·;r,

Bruns, 144.

Buddeber, 16É. ,. ?

' Bullen, 58, 407, .410.

HUI ,. \ . ! ,1

Cal vert, 318, ,

"Cavazzani, 396. , ,

AI Chevallier-Lavaure,2f0.

Choosek, 265" ';1 : 1 i\

Chostek, 205. , , .

Christian, 1G3, 386 ? "

Clarke, 13F, 137.

Cleaves, 83.

Collât, 253.

ClIllel'l'e, 251.

Dagonet, 15G.

Darskewitsch, 482.

Dauriac, 208.

Dees, 325.

Deschamps, 2G2.

Dinkler, 49G.

.T ... t. 1

Dourdoilfi, 62, 419..r , 1

Dunn,3M.; . i . .1

.(I il 'T ? -j ,1(,

Edinger, 497.

Erlenmeyer, 165.|j ? li

Eskeride",58. & x-i{

Eulenburô, 143.

Ewart, 85, 393 ? ....

Ifn Id 1 # i , 1

Falret, 163.,

Feist, 146.

Ferlach, 325. , .;

Filatow, 417 ? .

Flechsig, 478.

Fi-ancotte,,153.

Freud, 29.

Friedmann ? 98.r, " ,

Frièse, 262.

Fritsch, 264,, 265. t..o '

Fronda, 143 ? m i

Frûs, 143. n i - Il l, ,,

Fuerstner,. 49, 495.3ti -

Funcl;, 502.

i.i ' '<

Ganger, 153. '

Gamll, 139. ~

Giese, 132., ? ,l(

Giraud, 253. ,r- <-.<,

Goldscheider, 136.

Goodall, 59, 405. HI' ,,

Gowers,,140 ? · .

Grasset, -503, 501, 502.

Gray, 139.

Greppin, 138. , ,

Gril'fith, 410. ? dll'hl)

Gucci, 140.

Habgood, 326.

Hadden, 150, 236, 395.

Hammond, 56.

Harold, 58.

Hebold, 133.

Heilbronner, 132.

Hitzig, aS,4 ! J1.

Hoche, 494.

lIoefült, 155.

Iif 1'; '"

Holst, 145 ,·'i

f10lnCn, 49, 14î ,

lippe, 332. Ii

lIollden, 81 ,1 ' ? i

hl ' : 1; : 1 rr

Ilberg, 1239 ?

Ireland, 328, , '

Isambard, 163. r

. - ,; .j- ,'1 !

Jackson, 386.

Janet, 1 ? ,,·

Jones, 327. ur ....

j . 1 HI

Kaes, 48G. ,. -

Kaiser. 484. <.-i> 1

Keay, 395. 1 ? M

Kindred, 52. Mi .s

Kil'iltzefT,.62, ... .

Klall1percl', 496, , s,

Kliiile,l 153 ? 157, 389,

;. 478.. t W x,

Kiioerr, 325.

Koelle, 154. 1

Koenig, 145, 147, 337,

I 421.; t

Koeppen, 336.

Konalewsky, 147.

Korufelcl, 389.

Kornilow, 60, 341; 414.

Korsakow, 420. t

Kraft-Ebing, 156.'

Krauss, 396, 483.

Kl'oepelli, 500.

,·"i "iI01l'.4 a ft'1

Laborde" '163, ¡ <

Lachaux, 374.

Ladame, 147.

Lagrange, 258.

Lane, 57.

Laquer, 499.

Leârain, 2G+.

Lehmann, 479.

Leonowa, 485.

Leyden, 333.

Liebll1anll, 165.

Limoncelli, li5.

824 table DES auteurs ET DES collaborateurs.

Lioubinrow, 53.

Long-bois, 168.

Luntz, 62.

Mac Donal, 411.

Mackensie, 489.

Mac Farlane, 323.

Macpherson, 330.

Alairet, 61.

Manz, 495.

Marandon de Montyel,

211. 1.

Marinesco, 480.

Materne, 50F. Í.

Mathieu, 168.

Mayen, 265.

Neige, 343.

Mendel, 478.

Mercier, 394.

Meyuert, 401.

llfinaazzini. 53.

Iinor(L.), 6U, 132, 310.

Moeli, 425.

Monakow, 402.

Alorton, 477.

111uchin, 147, 488.

Muratow, 397.

Myers, 237.

Necdam, 83.

Neisser, 318, 310.

Noec]¡e, 330, 338, 390,

483.

Noir, 259.

Notai, 388.

Norbury, 158, 410.

Norman, 393.

OEberke, 331.

Oppenheim, 340, 492.

Osier, 142.

Ott, 57.

Otto, 19,

Page, 475..

Pang'stcher, 136,

Parkyll, 149.

Péchêre, 502.

Pascheles, 143.

Peli, 5-1.

Pellenrini, 322.

Pellizzi, 131, 1189, 4 (JO,

Pick, 135, 163.

Plaxlon, 133.

l'cetz, 87.

Raymond,97, 273.

Rayner, 84.

Redlich, 265, 401, 584.

Ilegis, 240.

Remah, 425.

ltiberolles, 506.

Uenton, 395.

Richardson, 5G.

Iticliter, 390.

lIiegel', 162,

Robertson, 237, 239,391.

Rojet, 233.

Hosenbach, 135, 488,

Hosenthal, 50J,

Ross, 327.

Hossi, 137.

Hoth, 61.

Roubinowitch, 291, 10>.

Sanson, 209.

Sarbo, 138, 322.

Savetieu, 482.

Savage, 329.

Scarano, 145.

Scheldtler, 326,

Schlesinger, 391.

Schci'fer, 41°.

Schoenthal, 320.

Schtscherbach, 482, 486.

Schultze, 146.

Semclaig'ne 163.

Séglas, 262.

Séruin, IG9.

Semidilow, 418.

Seppili, 55.

Serbslcy, 415.

Sérieux, 145.

Sheldon, 410.

Sieglitz, 48.

Siemerling, 402.

Smith, 59, 237, ;i93.

Siiow, 395.

Stiécla, 397.

Stieolitz, 485.

Strallan, 392.

Stroebe, 498.

Terrien, 447.

Ticllonow, 482.

Tilin 31)1.

Tokarsky, 341, 415.

Toulouse, 15G.

Triantaphyllidcs, 232

'l'rolard, 43.

TrutTant, 91.

Tune, 395.

Tyler, 51.

Urquhart, 388.

Vassale, 54.

Ventllra, 1'r.), 23G.

Vig-ourom, 50G.

Voisin (A.), 413.

Voisin (J.), 2î5.

Vorster, 155.

Vulpius, 400.

Wagner, 320.

Waller, 404.

Walmsby, 82.

Warner, 323.

Wi'soii, 391.

Withwell, 328.

Wult, 50. ·

Wymann, 1'rt.

Yelowlees, 83.

Evrcux.Ch. 11ÉRISSEY, imp. - 1203