ARCHIVES
DE
NEUROLOGIE
ARCHIVES
DE
NEUROLOGIE
PARAISSANT TOUS LES MOIS
REVUE
DES MALADIES NERVEUSES ET MENTALES
PUBLIÉE SOUS LA DIIIECTION DE
J.-M. CIIA11COT
AVEC Li COLLABORATION DE
MM. BAB1NSKI, BALLET, BLANCHARD,
JILIN (1 : .), BLOCQ, BONNAIRE lE.), BOISSIEB, BOUCHEItEAU,BItIAND (M.),
BItISSAUU (E.), BHOUARDEL (P.), DIIOUAIIDEL (G.), CAMUSET. CATSAItAS,
CHABBEBT, CHARPENTIER, CHRISTIAN, COLLET, DAUIUAC, DEBOVE (M.),
DENY, DUT1L, DUVAL (Nsrmns), FERRIEIl, FRANCOTTE, 1
CILLES DE LA TOUItETTE, GOMBAULT, GRASSET, P. JANET, JOFFROY (A.),
JOEIIA YAL (P.), LACIIAUX, LA1DOLZY, MAGNAN.MARANDON DE MONTYEL,
111Altll's, MAUNOUKY, M1ERZEJEYVSICY, 11USGItAVE-CLAY,
NOIR. PAITINAUI), l'ILLIET, P1EUHET, PITIIES, POPOFF, RAYMOND (F.),
llEGNAIIU (A.), IIEGNAIiD (l'.), IIICHEll (P.), I\OUIIINOYITCII,
110 TII (\V.), IIOYET, SÉGLAS, SEGUIN (E.; C.), SOLDER. SOUQUES,
SOURY (J.), 'OEINTUIIIEB (E.), TERRIEN, THULIE (H.), TROLARD, TROIS1EU (E.),
VIGOUREUX (R.), Y01S1N(J.), P. YVON.
Rédacteur en chef : BOUltNEVILLE
Secrétaires de la rédaction : J.-B. CHARCOT et G. GUINON
Dessinateur : LEUBA
Tome XXVI. 1893.
Avec 38 figures dans le texte.
PARIS
il U LI EAU X DU U P 110 GLU;; MÉDICAL
1 ? -lie des Carmes.
1893
Vol. XXVI. Juillet 1893. N, 77.
ARCHIVES DE NEUROLOGIE
REVUE GENERALE
QUELQUES DÉFINITIONS RÉCENTES DE L' HYSTltH lE 1;
Par M. Pierre JANET.
III. LE rétrécissement DU champ DE la CONSCIENCE.
Les définitions précédentes ont certainement une grande
généralité, elles s'appliquent à la majorité des accidents
hystériques ; mais il est évident, d'autre part, qu'elles laissent
à peu près complètement de côté d'autres caractères également
nombreux et très importants, je veux dire les stigmates hys-
tériques. A mesure que l'on a étudié davantage ces malades,
on a remarqué de plus en plus l'importance de certains symp-
tômes qui semblaient se dissimuler, dont les malades ne se
plaignaient pas, et qui cependant persistaient en même temps
que les accidents ou même dans leurs intervalles. Ces symp-
tômes essentiels à la maladie, permanents, non douloureux,
sont surtout constitués par des troubles divers de la sensibilité,
de la mémoire, de la volonté, qui se manifestent par des mo-
difications des mouvements et du caractère. Il est impossible
dans une définition générale de l'hystérie de ne pas en tenir
compte.
Certains auteurs ont essayé d'appliquer aux stigmates la
même explication qu'aux accidents et de les rattacher égale-
ment à des idées fixes.' Certains malades semblent, en effet,
avoir une pensée plus ou moins nette se rapportant à leurs
amnésies ou à leur faiblesse motrice, certains autres, on l'a
1 Voir Archives de Neurologie, n° 76.
Archives, t. XXVI. 1
3 REVUE GENERALE.
remarqué assez vite, ne présentent leurs stigmates qu'au mo-
ment où ils paraissent y faire attention et ne les présentent
plus quand ils sont distraits. On croit les prendre en dé-
faut, quand ils ne pensent plus à jouer la comédie de l'in-
sensibilité ou de l'amnésie et on en conclut facilement que ces
stigmates sont des sortes d'idées fixes survenues par accident.
Cette explication serait simple, conforme aux principes que
nous avons posés, mais nous regrettons de ne pouvoir l'accep-
ter ; l'observation d'un grand nombre de faits très réguliers et
faciles à constater nous empêche d'assimiler les stigmates,
l'anesthésie, par exemple, aux symptômes accidentels. 1° Il y
a toujours un événement précis au début de l'accident par idée
fixe, ici nous ne voyons rien dans l'histoire des malades qui
ait pu leur mettre en tête la pensée de ne pas sentir du côté
gauche et celle d'avoir le champ visuel rétréci. 2° Les acci-
dents par idée fixe sont connus par les malades, les stigmates
sont tellement indifférents au malade que le plus souvent ils
sont ignorés. 3° Il est vrai que certaines idées fixes sont sub-
conscientes, mais on en retrouve la pensée dans des états som-
nambuliques ou par les procédés qui permettent de constater
les phénomènes subconscients; jamais aucun de ces procédés
ne nous a permis de constater une idée fixe relative aux stig-
mates. 4° La pensée de l'accident détermine la nature du symp-
tôme, en d'autres termes, le malade réalise son symptôme
comme il le pense. Au contraire, nous trouvons dans le stig-
mate des caractères compliqués dont le sujet n'a aucune idée.
Soupçonne-t-il les troubles bizarres des mouvements qu'amène
avec elle l'anesthésie musculaire ? Avait-il la notion de ce
syndrome de Lasègue que nous constatons quelquefois chez
lui dès qu'il arrive à l'hôpital ? 5° Les idées fixes étant acci-
dentelles et personnelles sont très variables, on ne peut énu-
mérer les tics bizarres que l'on rencontre et on peut toujours
s'attendre à en voir encore de nouveaux que l'on n'avait pas
prévus. Les stigmates sont parfaitement réguliers et sont restés
les mêmes depuis le moyen âge jusqu'à aujourd'hui dans tous
les pays où on les a observés. 6° Enfin, nous avons déjà re-
marqué autrefois que les idées fixes ne se développent d'ordi-
naire, sauf des cas tout particuliers, qu'à une époque déjà
assez avancée de la maladie. Cette disposition à la suggesti-
bilité, à la division de la conscience n'est pas complète dès le
début, or les stigmates se montrent souvent très tôt à une
définitions RÉCENTES DE l'hystérie.
période où les idées fixes ne pourraient avoir cette force et
cette persistance. Sans doute dans certains cas, des caractères
partiellement analogues aux stigmates, des anesthésies ou
des troubles du mouvement pourront être déterminés par sug-
gestion. Mais nous croyons que ce n'est pas la formation
naturelle de ces symptômes. Le plus souvent, ils ne sont pas
accidentels mais obéissent à des lois générales qu'il faut
essayer de déterminer.
Les stigmates se présentent comme des affaiblissements, des
suppressions au moins apparentes des sensations, des sou-
venirs, des mouvements. (Les hyperesthésies et les contrac-
tures ne sont pas pour nous, dans les cas les plus ordinaires,
de véritables augmentations des sens ou des mouvements, les
malades hyperesthésiques sentent en réalité fort mal, et ceux
qui ont des contractures ne font pas des mouvements aussi
puissants qu'on le croit. D'ailleurs ces phénomènes sont
presque toujours des accidents par idée fixe.) Si les stigmates
ont toujours ce caractère en quelque sorte négatif, on peut les
considérer évidemment comme la preuve d'un amoindrisse-
ment des fonctions nerveuses, d'un épuisement des organes.
Ce n'est pas là une théorie, c'est l'expression aussi juste que
banale du fait lui-même; reste à interpréter la nature de cet
épuisement.
Pour nous la question se pose de la manière suivante : cet
épuisement est-il localisé à tel ou tel organe sensoriel ou porte-t-
il d'une manière généralesur les parties supérieures du cerveau ?
Peut-on dire que l'anesthésie tactile, le rétrécissement du champ
visuel se rattachent précisément à un arrêt du fonctionnement
des centres nerveux qui servent à cette sensation tactile ou
visuelle; ou bien ces anesthésies ne sont-elles qu'une manifes-
tation particulière d'un affaiblissement portant sur toutes les
fonctions de l'écorce cérébrale et se rattachent-elles par con-
séquent à un trouble général des fonctions psychologiques ?
Nous ne pensons pas que les stigmates soient dus à des
lésions locales des appareils sensoriels, des muscles, des nerfs,
des centres : 1° Les stigmates sont trop mobiles, ils dispa-
raissent trop facilement dès que l'on modifie un peu la pensée
du sujet; la suggestion, l'association des idées, l'attention sur-
tout suppriment comme par enchantement ces insensibilités et ces
impotences musculaires. 2° Les stigmates sont contradictoires,
c'est-à-dire que le fonctionnement des organes est réel et per-
4 REVUE GÉNÉRALE.
siste au moment même où il semble être supprimé. Nous avons
montré dans de nombreuses études que la sensation tactile,
la sensation visuelle, même à la périphérie du champ visuel,
continuaient à s'exercer, que les souvenirs étaient reproduits
malgré l'amnésie apparente, que les mouvements étaient pos-
sibles et qu'ils avaient même conservé leur force malgré la
faiblesse, l'amyosthénie indiquée par le dynamomètre '. Ces .
faits peuvent être démontrés par un grand nombre d'expé-
riences précises, mais ils peuvent être constatés par l'obser-
vation clinique la plus simple. Les hystériques, marchent,
courent sans tomber, sans se heurter aux obstacles comme
devraient faire de vrais anesthésiques, des malades ayant véri-
tablement le champ visuel réduit à un point. On les voit tra-
vailler, soulever des fardeaux, faire des exercices prolongés si
elles ne se sentent pas observées, tandis qu'elles présentent
une faiblesse musculaire étonnante, une fatigue extrêmement
rapide dès qu'on les soumet à un examen. Nous avons été
heureux de voir M. Jolly faire indépendamment les mêmes
remarques : il parle d'enfants ayant une amaurose hystérique
complète et il ajoute : * Ces enfants qui paraissent ne perce-
voir aucune lumière, évitent les obstacles placés inopinément
devant eux, et cependant ils ne se conduisent pas par le tact...
ils ne ressemblent pas à de vrais aveugles... il doit y avoir ici
quelque espèce de perception. » Et plus loin : « J'ai beaucoup
de raisons pour croire que cette surdité ne doit pas être réelle...
il n'est pas douteux pour moi que l'enfant ait entendu les con-
versations 2. » M.Oppenheim dit aussi : « L'hystérique a perdu tri
la volonté de mettre en mouvement des groupes de muscles dé-
terminés... c'est tout autre chose de mettre ces muscles en mou-
vement par un effort de volonté ou par l'intermédiaire d'un
état affectif 3. Cette réapparition rapide et cette conservation
des phénomènes nous empêchent de croire à un épuisement
localisé.
L'épuisement général des fonctions cérébrales a été signalé
par beaucoup d'auteurs, les hystériques, disait M. Féré,
sont dans un état permanent de fatigue psychique qui se tra-
' Ces travaux, déjà anciens, publiés en 1886 et 1887 et sur le détail
desquels nous ne pouvons revenir ici, sont résumés dans notre dernier
livre sur les stigmates mentaux des hystériques.
2 Jolly, op. cit., p. i.
3 Oppenheim, op. cil., p. G.
définitions récentes DE l'hystérie. 5
duit par un affaiblissement de la sensibilité des mouvements
de la volonté '... 8 \I. Feré a repris cette étude avec beaucoup
de détails très intéressants dans un dernier livre sur « la patho-
logie des émotions ». Si nous ne pouvons admettre toutes les
opinions de cet auteur sur les épuisements localisés des centres
nerveux qui nous semblent encore bien hypothétiques, nous
avons toujours adopté ses idées sur l'épuisement général du
système nerveux chez l'hystérique. « Le fait fondamental de
l'hystérie, dit M. Oppenheim, est la faiblesse irritable, une
excitabilité anormale jointe à un épuisement, ces caractères
se constatent surtout dans la sphère des phénomènes affec-
tifs 2. M. Jolly reprenant la conception de M. Oppenheim
parle aussi d'une faiblesse nerveuse incontestable, qui permet
l'exagération des phénomènes affectifs, mais il ajoute que cette
formule manque de précision et ne résume pas les faits parti-
culiers 3. Nous pensons comme cet auteur qu'il est nécessaire
de préciser ce que l'on entend par cette faiblesse cérébrale.
Il ne suffit pas de dire, ce qui d'ailleurs est évident, que l'hysté-
rique est cérébralement affaiblie, car il y a mille variétés d'af-
faiblissement cérébral, et il faut, autant que possible, montrer
celui qui est propre à l'hystérique. Comme les fonctions es-
sentielles du cerveau sont des fonctions psychologiques, il
faut montrer, par l'analyse des phénomènes moraux, en quoi
consiste cette insuffisance psychologique.
Nous avons proposé autrefois d'étudier un phénomène psy-
chologique qui était déjà signalé d'une manière plus ou moins
vague parmi les troubles du caractère des hystériques, mais
qui nous paraissait l'expression principale de cette insuffisance.
Il s'agit d'une faiblesse de l'attention, ou mieux d'un état de
distraction perpétuelle que l'on constate facilement chez la
plupart de ces malades. L'attention est lente à se fixer, pénible,
s'accompagne d'accidents de toute espèce, s'épuise très rapide-
ment et ne donne que des résultats très minimes, elle ne forme
que des idées vagues, douteuses, surprenantes et inintelli-
gibles 1. Si on considère l'attention sous son aspect moteur,
férié. Sensation et Mouvement , 1887, p. 21 et Pathologie des dmu-
lions, 1872, p. 158.
2 Oppeinheim, op. cit., 1880, p. 3.
' Jolly, op. cit., p. 12.
' Les stigmates mentaux des hystériques, p. 137. JGicl.. p. 13.
6 REVUE GÉNÉRALE.
quand elle s'applique aux actions, on retrouve les mêmes ca-
ractères : les actes volontaires sont pénibles, lents, de courte
durée, entrecoupés d'arrêts innombrables. Souvent même cette
attention si faible semble disparaître entièrement, tout effort
intellectuel, tout acte volontaire devient impossible, le sujet
n'est plus capable de comprendre ce qu'il lit, ni même ce qu'il
entend, d'effectuer le plus petit mouvement volontaire. L'abou-
lie, l'aprosexie, l'hésitation, le doute, nous croyons devoir y in-
sister, sont les caractères psychologiques essentiels chez l'hys-
térique. Ces caractères se retrouvent plus ou moins semblables
chez d'autres malades, cela est évident, mais ce n'est pas une
raison suffisante pour les négliger chez l'hystérique.
Ces faiblesses de l'attention sont si grandes qu'elles troublent
non seulement les travaux intellectuels, mais modifient même
la vie normale, la pensée ordinaire qui demande continuelle-
ment un certain effort d'attention. Le malade distingue mal les
faits qui se passent autour de lui, il se rend très mal compte de
toutes les situations de la vie et surtout il ne perçoit qu'une
très faible partie des faits, il semble toujours oublier la ma-
jeure partie des impressions qui devraient le frapper '. Si on
cherche à vérifier cet état de l'esprit d'une manière plus pré-
cise, on constate qu'une femme hystérique ne peut percevoir
plusieurs sensations à la fois : dès qu'elle est occupée à sentir
un phénomène, elle devient indifférente à toutes les autres exci-
tations faites sur des parties du corps et sur des sens ordinai-
rement sensibles. Elle présente la même distraction pour les
souvenirs et pendant qu'elle pense à une idée, elle oublie toutes
les notions opposées qu'elle savait fort bien l'instant précé-
dent. Enfin on constate le même caractère dans ses actes et
ses mouvements : elle ne fait volontairement qu'un mouve-
ment à la fois et cesse de pouvoir le faire dès qu'elle est dis-
traite par une sensation ou un autre mouvement. Ce dernier
point a été particulièrement étudié dans le travail intéressantde
M. Piclc 2. Des distractions semblables existent rarement chez
l'homme normal et elles ne sont produites que par une con-
centration excessive de la pensée sur un problème compliqué ;
chez l'hystérique elles se produisent d'une façon beaucoup
' Automatisme psychologique, p. 188.
' 1. Pick. - Ueber die sogenal1nle « conscience musculaire» (Duchenne).
(7,citschi,ifi sur psych. und physiol der sinnesorgane, t. IV, 1892.) Cf.
Stigmates mentaux de l'hystérie, p. 156.
DEFINITIONS RECENTES DE LHYSTERIE. 1
plus simple. « C'est un état exagéré de distraction', qui n'est
pas momentané et ne résulte pas d'une attention volontaire
dirigée uniquement dans un sens ; c'est un état de distraction
naturelle et perpétuelle, qui empêche ces personnes d'appré-
cier aucune autre sensation en dehors de celle qui occupe
actuellement leur esprit. »
Nous avons essayé autrefois non d'expliquer, mais de résumer
tous ces faits très nombreux dans une formule simple. La vie
psychologique n'est pas uniquement constituée par une suc-
cession de phénomènes venant à la suite les uns des autres,
formant une longue chaîne qui se prolonge dans un seul sens.
Chacun de ces états successifs est en réalité complexe, il ren-
ferme une multitude de faits élémentaires et ne doit son unité
apparente qu'à la synthèse, à la systématisation de tous ces
éléments. Nous avons proposé d'appeler « champ de conscience
ou étendue maximum de la conscience, le nombre le plus
grand de phénomènes simples ou relativement simples qui
peuvent être réunis à chaque moment, qui peuvent être simul-
tanément rattachés à notre personnalité '2 Ce champ de
conscience ainsi entendu est fort variable. Un chef d'orchestre
entendant simultanément tous les instruments et suivant par
la lecture ou par la mémoire la partition de l'opéra, réunit
dans chacun de ses états de conscience un nombre immense
de faits. L'individu endormi qui rêve, le malade pendant une
crise d'extase, n'ont au contraire dans la pensée consciente
qu'un nombre de faits très restreint. Il est facile de voir en
étudiant la distraction des hystériques que leur champ de
conscience semble très petit, il est rempli tout entier par une
seule sensation relativement simple, un seul souvenir, un petit
groupe d'images motrices et ne peut plus en contenir d'autres
en même temps 3. Ce rétrécissement du champ de la conscience
n'est qu'une manifestation de l'épuisement cérébral général
que l'on a admis. Cet épuisement nous semble décrit avec
plus ^de précision quand nous disons : c'est une faiblesse
morale particulière consistant dans l'impuissance que présente
le sujet faible de réunir et de condenser ses phénomènes psycho-
logiques, de les assimiler à sa personnalité ' .
' Autom. psych., p. JS9.
.lutom. psych., p. 19É.
3 Autom. psych. p. 195.
, il utom. psych., p. loi. 1.
8 REVUE GÉNÉRALE.
Cette remarque permet de grouper un grand nombre de
faits, de traits de caractère qui ont bien souvent été signalés
chez les hystériques. Leurs enthousiasmes passagers, leurs dé-
sespoirs exagérés et si vite consolés, leurs convictions irrai-
sonnés, leurs impulsions, leurs caprices, en un mot ce carac-
tère excessif et-instable, nous semblent dépendre de ce fait
fondamental qu'elles se donnent toujours tout entières à l'idée
présente, sans aucune de ces réserves, de ces restrictions men-
tales qui donnent à la pensée sa modération, son équilibre et
ses transitions. « C'est encore au rétrécissement du champ de
la conscience, disait M. Laurent 1, qu'il faut attribuer chez
l'hystérique, la peur, l'étonnement, l'émotivité, les manifes-
tations de l'intensité des impressions. Une impression donnée
venant effacer brusquement les idées antérieurement exis-
tantes, l'hystérique se trouve dans la situation de l'homme
qui apprend tout à coup ou qui voit quelque chose à quoi il
ne s'attend pas. Cette impression chasse les autres idées et,
dominant l'intelligence, cause, selon sa nature, l'étonnement,
la peur, la joie ; n'étant contre-balancée par rien, aucun rai-
sonnement ne survenant, l'expression instinctive de la pensée
vient se manifester. D Les mêmes remarques peuvent s'ap-
pliquer aux impulsions subites de ces malades et à leurs chan-
gements brusques ; c'est là simplement l'expression psycholo-
gique un peu plus précise de ce que l'on décrivait d'une manière
vague sous le nom de faiblesse irritable.
Nous croyons que l'on peut aller plus loin et que les stig-
mates, l'anesthésie elle-mème, peuvent être considérés comme
une dépendance de ce caractère psychologique. L'anesthésie
se comporte comme une distraction, elle est variable, mobile,
elle disparaît souvent quand on peut provoquer un effort d'at-
tention du sujet. Elle n'est ni profonde, ni complète, car elle
laisse subsister des sensations élémentaires sous forme de phé-
nomènes subconscients, faciles à constater dans bien des cas.
On peut produire par la distraction elle-même des insensibi-
lités qui ont tous les caractères des anesthésies 'hystéri-
ques. Quand la répartition de l'anesthésie se modifie, ce qui
est très fréquent, on constate des alternances des équivalences
dans les sensations disparues. « La sensibilité, disait autrefois
Cabanis, semble se comporter à la manière d'un fluide dont la
quantité totale est déterminée, et qui, toutes les fois qu'il se
' L. Laurent. Etals seconds, 1892, p. 127.
DÉFINITIONS RÉCENTES DE L'HYSTERIE. 9
jette en plus grande abondance dans un de ces canaux, diminue
proportionnellement dans les autres'. * Si vous contraignez
le sujet, en attirant son attention, à retrouver la sensibilitédu
côté gauche, il la perd du côté droit. Obtenez-vous la sensibilité
tactile totale, le rétrécissement du champ visuel augmente telle-
ment que le sujet devient momentanément aveugle, ainsi que
je l'ai observé plusieurs fois sans l'avoir prévu. Voulez-vous
élargir le champ visuel, l'anesthésie tactile augmente. Ces mo-
difications arrivent souvent d'une manière spontanée,et certains
sujets semblent avoir le choix entre plusieurs formes d'anes-
thésies équivalentes. Ces alternances n'existent pas seulement
pour les anesthésies, mais pour bien d'autres phénomènes,
et c'est pourquoi les hystériques ne sont pas guéries quand
on leur a plus ou moins complètement supprimé un symptôme.
La faiblesse de leur pensée subsiste et elles perdent d'un côté
ce qu'elles ont semblé regagner d'un autre. La localisation de
l'anesthésie peut dépendre d'une suggestion ou d'une idée fixe,
mais l'anesthésie en elle-même et les stigmates en général
sont des manifestations de l'insuffisance de la perception per-
sonnelle, du rétrécissement du champ de la conscience.
M. J. Héricourt quand il résumait notre étude sur l'anes-
thésie hystérique a employé une expression très heureuse qui
exprime bien notre pensée. « C'est par une sorte de paresse
que le personnage principal supprime toute une série de sensa-
tions, celles qui lui sont le moins indispensables, afin délimiter
le champ d'une activité dont il aurait quelquefois peine à
faire les frais... Ce rejet de tout un groupe d'éléments psychi-
ques gênants constituerait une sorte d'autotomie psychologique
spontanée dont il existe d'ailleurs des cas non douteux. Ainsi
l'on sait que les personnes qui louchent d'un oeil suppriment
complètement la vision de l'oeil atteint par le strabisme et ne
voient en réalité que d'un oeil, bien que les deux yeux soient
également sensibles aux impressions rétiniennes 2. )1 Nous pen-
sons donc que l'on peut résumer les stigmates par la formule
suivante : « Les choses se passent comme si les phénomènes
psychologiques élémentaires étaient aussi réels et aussi nombreux
que chez les individus normaux, mais ne pouvaient pas à cause
1 Cabanis. Histoire des sensations, dans l'étude sur le rapport du
physique et du moral, oeuvres complètes, 1824, t. III, p. 153.
2 Héricourt. - L'activité inconsciente de l'esprit. (1tevue Scienti-
lique 1889, t. II, p. 262.)
10 REVUE GÉNÉRALE.
du rétrécissement du champ de la conscience, à cause de celle
faiblesse de la faculté de synthèse se réunir en une seule per-
ception ou une seule conscience personnelle 1. »
Cette nouvelle conception, à laquelle nous avons été amené,
par l'étude des stigmates, est loin d'être en opposition avec les
conclusions de nos précédentes études sur les accidents. Le
dédoublement de la personnalité est bien plutôt la conséquence
immédiate de cette faiblesse de synthèse psychologique. Celle-
ci laisse subsister les phénomènes psychologiques, mais ne les
réunit pas à l'idée de la personnalité. On peut se représenter
les faits de somnambulisme et les actes subconscients comme
des groupements secondaires, des systématisations accessoires
de ces phénomènes psychologiques négligés « les choses se
passent comme si le système des phénomènes psychologiques qui
forme la perception personnelle chez tous les hommes était, chez
ces individus, désagrégé et donnait naissance à deux ou plusieurs
groupes simultanés ou successifs, le plus souvent incomplets et
se ravissant les uns aux autres les sensations, les images et par
conséquent les mouvements qui doivent être réunis normalement
dans une même conscience et un même pouvoir- ». La sugges-
tibilité elle-même et les maladies par représentation se ratta-
chent à cette conception générale ; car le développement exagéré
de certaines idées dépend de leur isolement, et cet isolement
est une conséquence du rétrécissement du champ de la cons-
cience. L'exaltation des phénomènes automatiques résulte le
plus souvent d'une diminution dans la puissance de l'activité
volontaire qui réunit à chaque instant de la vie les phéno-
mènes présents. C'est l'ensemble de ces conceptions que nous
avions désigné sous le nom de désagrégation mentale, et il
semble encore, d'après les analyses précédentes, que cette
idée puisse fournir le moyen de résumer un grand nombre de
phénomènes hystériques.
Plusieurs auteurs ont accepté ce résumé des faits et l'ont
complété par de nouveaux exemples. M. Pick considère la
diminution de la puissance d'attention, le rétrécissement de la
perception personnelle, auquel il ajoute le rétrécissement de
l'impulsion motrice, comme la caractéristique de l'hystérie : 1.
lI. Laurent s'exprime à peu près de même : « Nous disons
1 Automatisme psychologique, p. 361.
2 Automatisme psychologique, p. 3üL
.1 Pick, op. cil., 1892, p. 190, 208, ..
DÉFINITIONS RECENTES DE L'HYSTÉRIE. 11
hystérique, car aujourd'hui c'est le seul mot scientifique pour
désigner le rétréci mental, le minus habens conscientix, si nous
pouvons exprimer ainsi l'état mental de cet individu très intel-
lignent peut-être, mais dont toutes les facultés mentales sont
marquées d'un stigmate plus fixe certainement qu'aucun de
ceux que l'on est habitué à rechercher dans l'hystérie 1. »
Le rétrécissement du champ de la conscience devient ainsi
le caractère principal signalé dans un nouveau groupe de défi-
nitions de l'hystérie; il permet de résumer les faits contenus
dans les définitions précédentes et y ajoute une assez grande
quantité de faits nouveaux, les stigmates, en particulier, qui
n'y étaient pas contenus.
IV. - L'hystérie, maladie mentale.
a Nous disons hardiment, écrivait Brachet en 1847, non, le
cerveau n'est pas essentiellement lésé dans l'hystérie 2. » De-
puis cette époque, les opinions ont singulièrement changé; il est
rare de trouver aujourd'hui des médecins qui considèrent encore
l'hystérie comme une maladie des organes génitaux et qui
enlèvent les ovaires aux femmes pour les guérir de leurs idées
fixes. « Il est évident, dit M. Jolly, que dans le cours des temps
la théorie de l'hystérie s'est de plus en plus rapprochée d'une
interprétation psychique'. » « Les paralysies par segment de
membre, disait'M. G. Guinon, sont des phénomènes cérébraux,
l'hémianesthésie également, l'état mental, syndrome important
chez les hystériques, relève directement d'un trouble du fonc-
tionnement du cerveau. Il faut donc admettre que l'hystérie
est une névrose particulièrement cérébrale z. » * L'hystérie
n'est qu'une manière de fonctionner du cerveau, écrit M. Sol-
lier ; il n'y a pas une maladie hystérique... c'est le mécanisme
cérébral qui est hystérique, ce n'est pas l'affection ? » Dans le
récent dictionnaire de médecine mentale de M. Hack Tuke,
les deux articles consacrés à l'hystérie aboutissent à cette
même conclusion. « L'hystérie, d'après M. Donkin, est un
1 Laurent. - Les étals seconds, 1893, p. l : JL
- Brachet. - Hystérie, p. 291.
J Jolly, op. cit., t. II.
* Georges Guinon. Les agents provocateurs de l'hystérie, 1889,
p. 354.
si Sollier. Amnésies, 1892, p. 323.
12 REVUE GÉNÉRALE.
désordre ou un développement défectueux des centres fonc-
tionnels les plus élevés del'écprce cérébrale... On court moins
de risque de se tromper en considérant l'hystérie comme une
espèce de folie qu'en cherchant à grouper les phénomènes au-»
tour d'un symptôme physique de cette maladie'. » Dans le
même ouvrage, MM. Charcot et Marie, rattachent également
l'hystérie à un trouble dans le fonctionnement des régions
cérébrales les plus élevées. L'hystérie est moins, d'après eux,
une maladie dans le sens ordinaire du mot, « qu'un mode
particulier de sentir et de réagir 2 ». Toutes les études que nous
avons faites jusqu'à présent, nous amènent aussi à faire ren-
trer l'hystérie dans le groupe des maladies mentales. Il faut
cependant examiner les difficultés que présente une semblable
assimilation, non pour les résoudre complètement, mais pour
nous rendre compte de la valeur pratique de notre définition
toute provisoire de l'hystérie.
Pour critiquer notre définition qui tend à faire de l'hystérie
une maladie mentale, on nous permettra de suivre une vieille
méthode qui remonte à la scholastique, mais qui est assez pré-
cise : 0 : Conveniat toti et conveniat soli definito », disait-on
d'une définition. Nous chercherons d'abord si les conceptions
précédentes sont assez larges pour s'appliquer à tous les hys-
tériques, c'est-à-dire pour contenir tous les symptômes que
ces malades peuvent présenter et ensuite si elles sont assez
précises pour caractériser l'hystérie seule et la distinguer des
autres maladies de l'esprit.
Considérons d'abord le premier point : la conception de
l'hystérie considérée comme une maladie mentale, résume-
t-elle tous les symptômes de cette maladie ? Sans doute un grand
nombre de phénomènes décrits autrefois comme physiques,
sont aujourd'hui regardés comme psychologiques ; les paraly-
sies, les contractures, les chorées, les hyperesthésies, les
anesthésies sont des symptômes moraux. Mais il existe d'autres
accidents hystériques dont l'interprétation psychologique est
beaucoup moins avancée et même beaucoup moins vraisem-
blable : nous croyons pouvoir les ranger dans trois catégories
principales : 1° les accidents viscéraux de l'hystérie; 2° les
1 DOl1kili. Hyslcria : Dictionurq of psychotogical >tcclicizc, t. 1,
p. 619.
; Charcot et .Marie. - lIyslél'o-é}11lcpsy : Dictionarij o/ psychological
medicine, t. I, p. 628.
DÉFINITIONS RÉCENTES DE L'HYSTÉRIE. 13
troubles vaso-moteurs et secrétoires; 3° les troubles tro-
phiques.
Les accidents viscéraux sont très nombreux chez les hysté-
riques et même, chez quelques malades, ils sont tout à fait t
prédominants. Rappelons seulement les palpitations cardiaques
et même certaines altérations dans les battements du coeur,
la fièvre hystérique déjà signalée par Briquet ' et qui, aujour-
d'hui, attire justement l'attention, les toux nerveuses, les
sanglots, les hoquets, toutes sortes de modifications du rythme
respiratoire. Ces malades m'ont souvent semblé présenter
d'une manière exagérée un type de respiration particulier, le
type costo-supérieur; les côtes inférieures et le diaphragme
paraissent quelquefois absolument immobilisés, les altérations
dans les mouvements du diaphragme sont d'ailleurs extrême-
ment fréquentes et jouent probablement un grand rôle dans
certains accidents comme le tympanisme abdominal 2. Cepen-
dant on sait que les accidents les plus nombreux portent sur le
système digestif. Il est facile de constater des anomalies de
diverses espèces, des troubles de la déglutition, des spasmes de
l'oesophage à diverses hauteurs, des vomissements, puis des
phénomènes intestinaux, des diarrhées aussi bien que des cons-
tipations, des ballonnements du ventre, des paralysies ou des
spasmes des sphincters, des troubles du même genre dans
l'émission et même dans la sécrétion des urines, etc. L'ischurie
hystérique est l'un des plus importants de ces phénomènes,
t le fait capital est ici une diminution considérable du chiffre
des matières excrémentitielles malgré la présence de l'urée
dans les vomissements 3 ».
Les altérations des fonctions vaso-motrices sont déjà mani-
festes dans les troubles si communs des phénomènes mens-
truels, dans ces hémorrhagies supplémentaires si singulières
qui se font par le nez, par l'estomac et même par le poumon.
Mais on peut également les constater à la surface cutanée et
dans les organes phériphériques. Beaucoup de malades ont
sur la peau des plaques rouges légèrement saillantes, qui ap-
paraissent avant ou après les attaques et qui persistent plus
ou moins longtemps, beaucoup présentent un gonflement no-
1 Briquet, op. cil., 493. ! Interprétation de S. Tatma (d'Utrecht) et de M. Bernheim, hy¡mo-
tisme, suggestion, 1891, p. 191.
3 Charcot. - )lal. du syst. nerveux, t. I, p. 278, 296.
14 REVUE GÉNÉRALE.
table des glandes vasculaires. Le goitre vasculaire est fréquent
chez les hystériques, et chez quelques-unes il se développe
subitement à la suite d'une attaque et d'une émotion. Enfin,
les réflexes vaso-moteurs ne sont pas toujours normaux, il ne
s'agit pas ici, bien entendu, d'expériences physiologiques qui
sont, comme on sait, extrêmement contestables, mais de sim-
ples constatations cliniques, les piqûres ne saignent pas, les
pincements même légers provoquent des ecchymoses exagé-
rées, l'application d'un objet légèrement chauffé amène des
brûlures, etc., et ces phénomènes ne sont pas identiques si on
opère du côté anesthésique ou du côté sensible. Enfin il suffit
de signaler les phénomènes si curieux de la peau dermogra-
phique. Nous n'avons pas l'intention d'analyser ici toutes ces
observations, nous voulons seulement les rappeler.
On connaît l'observation étonnante de sécrétion laiteuse,
rapportée par Briquet', peut-être trouverait-on des faits sem-
blables dans les cas de « sein irritable » signalés par plusieurs
auteurs. Mais sans rechercher des observations aussi rares, on
constate bien souvent des troubles de la sécrétion chez les hysté-
riques. Les magnétiseurs avaient fait sur ce point des remarques
fort exactes. « Je signalerai, disait Despine, quelques phéno-
mènes peu connus qui me paraissent se rattacher à la non-
perspirabilité de la peau qu'on rencontre généralement chez les
personnes atteintes de ces affections nerveuses graves et que
j'ai rencontrés chez toutes mes cataleptiques, la sécheresse et le
crépu des cheveux, la chaleur brûlante de la peau... la nullité
d'odeur du cuir chevelu, ainsi qu'aux aisselles et aux pieds 9 ... »
Il est vrai, en effet, que les sécrétions sudorales sont souvent
très diminuées, mais on peut constater aussi le fait opposé ;
nous avons vu une femme hystérique, anesthésique totale qui
avait continuellement, pendant deux ans, des sueurs extraor-
dinaires, capable de mouiller ses vêtements et dont les sueurs
disparurent subitement, quand des attaques délirantes se sont
développées à la suite d'une émotion. N'a-t-on pas signalé des
sueurs colorées chez des hystériques 3 ? Toutes les autres sé-
crétions peuvent présenter des modifications pathologiques.
' Briquet, op. (;il., p. 481.
' Despine (d'Aix). Traitement des maladies nerveuses par le ma-
gnétisme, 1840, p. 222; même remarque dans l'ouvrage curieux du
D' Pétetin sur l'électricité animale, p. 110.
3 V. Fouré. De la chrornhlldrose, thèse 1891, p. 12.
DEFINITIONS RÉCENTES DE L'HYSTERIE. 15
Les études précises sur les atrophieshystériques sont récentes,
mais le fait, dans sa généralité, est d'observation ancienne.
Despine (d'Aix), dans le même passage que nous venons de
citer, décrivait également, peut-être avec un peu de naïveté,
« le velu extraordinaire des jambes, bien supérieur à ce qu'il
est dans le commun des femmes, la presque nullité de crois-
sance dans les ongles des mains et des pieds, et particulière-
ment dans les membres qui sont le plus atteint de paralysie...
Une malade remarquait elle-même qu'elle ne se coupait qu'une
fois les ongles de la main gauche, tandis qu'elle était obligée
dans le même temps de les couper trois fois du côté droit'. »
Il suffit de rappeler les beaux travaux de M. Charcot, de
M. Babinski, de MM. Gilles de la Tourette et Dutil, sur l'atrophie
musculaire chez les hystériques. Ce sont là des phénomènes
qui demandent encore à notre avis bien des études, mais qui
semblent cependant dès aujourd'hui se rattacher légitimement
à la maladie hystérique.
Ce court résumé a simplement pour but de montrer qu'en
rattachant l'hystérie au groupe des maladies mentales, nous
n'oublions pas les nombreux symptômes organiques que l'on
constate chez ces malades. Comment devons-nous les inter-
préter ? Ces faits nouveaux doivent-ils donc faire renoncer aux
définitions précédentes ? Remarquons d'abord qu'un certain
nombre de ces faits doivent probablement se rattacher à des
idées fixes persistantes, plus ou moins consciemment, ainsi
que les paralysies et les contractures, expliquées par M. Char-
cot. En montrant l'importance de l'isolement dans le traite-
ment de l'anorexie hystérique, M. Charcot montrait que l'élé-
ment psychique joue dans cette maladie un rôle prédominant 2.
« A notre avis, écrivait M. Sollier, il n'y a qu'une sorte d'a-
norexie nerveuse, c'est l'anorexie mentale 3. » Nous aurions
peut-être ici quelques restrictions à faire, car toutes les ano-
rexies ne sont pas semblables, si beaucoup de malades refu-
sent de manger par idée fixe, d'autres acceptent la nourriture,
puis la rejettent à cause de certains spasmes de l'oesophage,
de l'estomac, du diaphragme ou même des muscles de l'abdo-
men. Mais il n'en est pas moins vrai que ces spasmes
eux-mêmes peuvent être provoqués et modifiés d'une façon
1 Despine (d'Aix), op. cit., p. 222.
' Charcot.. Mal. du sysl. nerveux, t. III, p. 238. 0
3 solfier. L'anorexie hystérique. (Revue de médecine, 1891, p. 626.)
16 REVUE GÉNÉRALE.
plus ou moins directe par les idées du sujet, ainsi que l'on peut
le montrer très nettement par des expériences de suggestion.
Des expériences du même genre ont provoqué des modifications,
des règles, des troubles vasculaires graves, capables de
produire sur la peau l'érythème d'un sinapisme ou les phlyc-
tèmes des brûlures 1. Sans'doute ces expériences sont à refaire,
elles doivent être encore vérifiées et interprétées, mais elles
nous montrent au moins que nous ne connaissons pas complè-
tement l'influence énorme de la pensée sur le corps. Beaucoup
des phénomènes organiques que nous avons signalés pourront
donc plus tard être attachés à des idées fixes, modifiant même
les fonctions viscérales.
Une deuxième catégorie de faits pourront s'interpréter autre-
ment : les hystériques n'ont pas seulement des idées fixes,
elles ont des émotions persistantes et les émotions sont des
états complexes de tout l'organisme dans lesquels se mêlent
intimement des phénomènes physiologiques et psychologiques.
Certains troubles physiologiques de l'hystérie ressemblent
tout à fait aux troubles qui accompagnent les émotions .
MM. Oppenheim et Strumpell2 ont justement insisté sur ce
point. Est-il nécessaire de rappeler l'érythème émotif, la séche-
resse de la bouche dans la peur, le vomissement du dégoût,
l'ictère émotionnel, etc... Nos connaissances sur la psychologie
de l'émotion sont insuffisantes pour expliquer le détail des
faits, mais nous en soupçonnons assez pour croire que cette
étude expliquera plus tard bien des modifications en apparence
uniquement corporelles, et cette catégorie de phénomènes se
rattacherait encore à notre conception générale de l'hystérie.
S'il reste des phénomènes inexpliqués et nous croyons qu'il
en reste, il faut, pour les comprendre, se souvenir de certaines
remarques générales qui ont été faites sur toutes les maladies
mentales. Ces maladies dépendent d'altérations inconnues du
cerveau, et il n'est pas vraisemblable que ces altérations, quelle
que soit leur cause inconnue, soient absolument isolées dans
un organisme tout à fait sain. Les actions et les réactions des
diverses parties du système nerveux et même de tous les or-
ganes, les uns sur les autres, sont trop nombreuses pour
' Beaucoup de ces expériences sont résumées d'une manière intéres-
sante dans le travail de AI. Myers, Subliminal consciousness. (Procee-
rins of the Society for psychical researches, 1892, p. 308.)
2 Oppenheim, op. cil., 4. Strumpell, op. cit., 7.
DÉFINITIONS RÉCENTES DE L'HYSTERIE. '1 ' i
qu'une insuffisance du fonctionnement cérébral ne s'accom-
pagne pas de beaucoup d'autres troubles. On les constate dans
les mélancolies et les manies qui sont cependant considérées
comme des maladies mentales, pourquoi ne les verrait-on pas
dans l'hystérie ? Le défaut de nutrition, la diminution des ma-
tières excrémentitielles, l'anémie, la prédisposition même aux
maladies infectieuses qui sont dans certains cas évidents, ne
nous étonnent nullement dans cette maladie. Peut-être, un
jour, ces modifications physiologiques qui accompagnent les
insuffisances cérébrales seront déterminées d'une manière
assez précise pour que l'on puisse montrer un phénomène
physiologique fondamental, auquel on rattache tous les détails
du délire de persécution et un autre par lequel on explique
avec précision tous les phénomènes de l'hystérie. 11 y aura
alors une définition physiologique de l'hystérie. Mais nous
pensons qu'aujourd'hui une semblable définition serait extrê-
mement vague et ne contiendrait pas nettement les phéno-
mènes caractéristiques de la maladie. Si l'on admet une fois
pour toutes qu'une maladie mentale est une maladie céré-
brale et qu'elle s'accompagne toujours d'un cortège de phéno-
mènes pathologiques, on comprendra qu'une définition psy-
chologique est encore aujourd'hui la meilleure formule capable
de résumer la grande majorité des symptômes hystériques-
Considérons maintenant le problème d'un autre côté : cette
conception de l'hystérie qui est assez générale pour embrasser
la plupart des symptômes connus n'est-elle pas maintenant
trop large, ne fait-elle pas rentrer sous le titre d'hystérie une
quantité d'accidents qui appartiennent à d'autres maladies. Il
est incontestable, M. Moebius le remarquait déjà fort justement',
que depuis quelques années le domaine de l'hystérie s'est con-
sidérablement agrandi. Ce terme ne s'appliquait d'abord qu'à
des femmes présentant des douleurs, des symptômes relatifs
aux organes génitaux et des attaques particulières, c'est-à-dire
en réalité à un petit nombre de malades; puis il a été appliqué
à des enfants, à des hommes, à des malades sans troubles
génitaux et sans attaques, en un mot à un bien plus grand
nombre de personnes. Nous constatons ce mouvement d'exten-
sion et nous croyons qu'il continuera encore et que nombre
' : \roeiJill, op. ci(., p. 5.
Archive ? t. XXVI. 2
18 g REVUE GÉNÉRALE.
de tics, de douleurs, d'idées fixes seront bientôt rattachés très
légitimement à l'hystérie. C'est là un fait curieux de l'histoire
de la médecine, il a une signification importante et montre la
part de plus en plus grande attribué dans la pathologie aux
phénomènes de l'esprit, l'importance que prend la psychiatrie.
Sans doute, il arrivera un moment où l'hystérie sera démem-
brée, et il n'est pas impossible de prévoir dès maintenant cer-
taines subdivisions qui s'établiront plus tard. Il en a été
ainsi pour toutes les grandes classifications médicales, pour
les néphrites et les atrophies comme pour les maladies men-
tales. Cela ne doit pas nous empêcher de faire l'oeuvre qui est
aujourd'hui utile et de chercher à comprendre d'abord les ca-
ractères communs des grands groupes. Nous désirons donc
préciser comment et jusqu'où nous sommes disposés à élargir
le champ de l'hystérie.
L'une de ces discussions sur les limites de l'hystérie a été
provoquée par l'étude du somnambulisme. Depuis que l'on
s'est intéressé à ce phénomène on a reconnu que l'on pouvait
le constater et le provoquer sur un grand nombre de personnes,
on s'est demandé si ces personnes étaient des malades et quelle
était leur maladie. Pour étudier cette question, il faut faire
d'abord une distinction aujourd'hui plus nécessaire que jamais :
nous parlons du somnambulisme et non pas de l'hypnotisme.
Ce mot a perdu tout sens précis, il s'applique à l'enfant qui
dort, au malade qui boit sa potion, aussi bien qu'au sujet
ébloui par une fixation continue et à l'hystérique en attaque
extatique. Nous ne nions aucunement que l'observation de
tous ces faits très réels ne puisse fournir des détails intéressants
pour l'étude du sommeil, de la foi, du vertige, des fatigues de
l'attention, etc. Mais nous n'étudions pas ici toutes ces ques-
tions, nous parlons d'un fait particulier et beaucoup plus
précis du somnambulisme proprement dit. Le somnambulisme
est pour nous une seconde existence psychologique nettement
distincte de la première et alternant avec elle, c'est un état dans
lequel les phénomènes intellectuels sont assez développés pour
que le sujet perçoive les sensations, comprenne même les
signes et le langage, mais est cependant suivi d'une amnésie
complète quand le sujet revient à l'état normal et ces souve-
nirs ne se retrouvent que dans un autre état analogue. Sans
doute il y a mille degrés et complications de ces phénomènes,
mais aucune discussion médicale, ni scientifique ne peut être
DÉFINITIONS RÉCENTES DE L'HYSTÉRIE. 19
faite sur des phénomènes douteux et indistincts, et il ne faut
parler d'abord que du somnambulisme le plus indiscutable.
Si on ne considère que ce somnambulisme conforme à notre
définition, il est facile de remarquer qu'il se produit presque
toujours chez des sujets présentant déjà tout un ensemble de
symptômes appartenant à l'hystérie. Les magnétiseurs, qui-
connaissaient bien le somnambulisme, l'avaient déjà souvent
remarqué. Despine y insiste à plusieurs reprises', il ajoute
même une remarque que nous croyons importante, c'est
que, même chez les hystériques, le somnambulisme dispa-
raît quand la maladie nerveuse se guérit 2. « Ce sont les
maladies de nerfs et l'hystérie, disait aussi Noizet, qui four-
nissent le plus de somnambules artificiels 3. » Plus tard,
M. Gilles de la Tourette4, M. Babinski3, M. Blocq0, M. Lau-
rent7, développant l'enseignement de M. Charcot, ont énu-
méré tous les symptômes hystériques que l'on rencontrait
chez les somnambules. La plupart des auteurs étrangers que
nous avons étudiés dans ce travail arrivent à la même conclu-
sion : D'après M. Strumpell, « les états hypnotiques et les
manifestations hystériques sont au fond étroitement unis ».
Pour MM.'Breuer et Freud, « les états hypnoïdes et les phé-
nomènes hystériques sont unis par un lien étroit ». « C'est
parmi les hystériques, écrit M. Donkin, que l'on trouve le plus
d'exemples de somnambulisme... il est certain, d'après une
expérience générale, que les êtres humains sont hypnotisables
en proportion directe de leur instabilité nerveuse ? «Nous
devons ajouter, si notre petite expérience peut avoir quelque
intérêt que nous n'avons jamais vu un somnambulisme même
incomplet sans être contraint de constater tôt ou tard un en-
' Despine (d'Aix), op. cil., p. 86; Despine (de Marseille), le somnam-
bulisme, 1880, p. 140.
. Automatisme psychologique, p. 3t3, ii6.
3 Général Noizet. Le somnambulisme, 1854, p. 187.
' Gilles de la Tourette. - Hypnotisme et étals analogues, 1887, p. ôo.
r' Babinski. - Hystérie et hypnotisme. (Gazette hebdomadaire, juillet
1891, p. 15.)
a Blocq. - Gazelle des Hôpitaux, 23 janvier 1893.
' Laurent, op. cit., 1892, p. 1 : '9.
8 Strumpell, op. cil., p. 18. '
" Breuer et Freud, op. cil., p. 7.
10 Donkin, op. cil., p. 620.
20 REVUE GÉNÉRALE.
semble de,, symptômes hystériques. ^L Charcot a donc eu rai-
son de dire dès le début, que le somnambulisme est un phéno-
mène qui se. développe chez les hystériques. ,
Mais nous croyons que, l'on, peut, aujourd'hui aller un peu
plus loin : les phénomènes hystériques ont été analysés et nous
savons quelle est^ leur nature. au, point de vue psychologique,
ils, sont tous caractérisés, précisément par ce dédoublement de
la personnalité qui existe au suprême degré dans le somnam-
bulisme. Le,,somnambulisme n'est. pas. seulement hystérique
parce qu'il coïncide avec des symptômes hystériques;. en lui-
même il présente de la façon la plus parfaite le caractère
de tous les phénomènes de, cette maladie. S'il nous, arrivait de
constater un somnambulisme indiscutable chez une personne
ne présentant (supposition presque contradictoire) aucun autre
symptôme maladif, nous serions disposés à la déclarer hysté-
rique d'après ce seul symptôme qui résume à notre avis tous les
autres. Nous n'aurions quelque hésitation qu'en songeant à un
accident encore incomplètement analysé, l'automatisme ambu-
latoire ou les fugues des épileptiques. La description de ce phé-
nomène, que nous n'avons pas observé nous-mêmes, ressemble
singulièrement à celle du somnambulisme hystérique et le
diagnostic psychologique nous semble bien .difficile. Aussi
avons-nons lu avec curiosité une thèse de M. Saint-Aubin qui
semblait se proposer la discussion de. ce diagnostic ', malheu-
reusement l'auteur ne décrit que des hystériques et n'aborde
guère(le problème difficile. Nous sommes obligé de nous en
tenir Taux-signes un peu vagues indiqués déjà par M. Jules
Voisina d'après les commémoratifs, la nature des accidents
qui précèdent ou qui terminent l'état second. Nous insistons
surtout avec, cet auteur, sur le caractère incoordonné, dérai-
sonnable des actes impulsifs chez les épileptiques. Un auto-
matisme vraiment épileptique doit être à notre avis très court,
sans .raisonnement, sans combinaison intelligente des actes,
et, pour avouer toute notre pensée, une fugue complète durant
des journées entières, dans laquelle le sujet parle et agit en
apparence comme une personne normale nous parait appartenir
bien plus à l'hystérie qu'à l'épilepsie. Tout en tenant compte
f ' Louis Saint-Aubin. Des fugues inconscientes, lzysléoiques et dia-
ynoslic différentiel arec l'automatisme de l'épilepsie, 1890. ! Jules Voisin. Distinction de l'automatisme hystérique et de l'au-
iomafisme épileptique, Congre" ! de 'médecine mentale, 1889.
DÉFINITIONS RÉCENTES DE L'IIY¡'TÉIUE, 21
de cette difficulté qu'il était juste de signaler nous pouvons
conclure sur le premier point' et dire que le' somnambulisme
rentre tout entier dans le domaine' de l'hystérie.' ' 1 .. '
- On pourrait répéter la même discussion à propos de l'écri-
ture automatique' des' médiums et à propos des hallucinations
développées par le « crystal'gaziriâ ».'Ces phénomènes se pré-
sentent le plus souvent'chez des sujets 'qui présentent d'autres
symptômes hystériques 'et, de plus, ces ''phénomènes- pré-
sentent en eux-mêmes ce qu'il y a. d'essentiel dans l'hystérie,
des anesthésies, des amnésies, des idées subconscientes, etc. Il
est bon de s'entendre sur les termes et de parler un' langage
précis, même si on se'trompe. Pour nous, cette division de la
personnalité qui se manifeste dans les phénomènes médiani-
miques, c'est précisément ce que nous ' appelons hystérie,
parce qu'elle se retrouve dans tous les autres phénomènes dits
hystériques et qu'elle les constitue. Nous acceptons donc sur
ce point l'élargissement du concept de l'hystérie et nous y fai-
sons rentrer les somnambulismes, les écritures automatiques
et en général, toutes ces manifestations en rapport avec des
phénomènes psychologiques subconscients. " ,"
Si nous continuons ces études de diagnostic, nous rencon-
trons d'autres états mentaux qu'il faut comparer avec'celui de
l'hystérique. Dans certaines intoxications, celle du haschisch,
celle de l'alcool principalement, se produisent des ivresses, des
délires qui sont très souvent semblables à des états hysté-
riques. Nous avions insisté autrefois sur la- suggestibilité et le
dédoublement très net de la personnalité que l'on peut cons-
tater pendant le délire alcoolique 2; depuis, M. Il., Colin et
M. L. Laurent3 ont publié des observations très précises des
mêmes faits. Nous pensons que dans certains cas; la désagré-
gation de l'esprit causée par l'alcoolisme ou une autre intoxi-
cation peut être très durable et prendre tout à fait la forme
hystérique; dans ce cas, quel que soit l'agent provocateur, il
est nécessaire de reconnaitre que l'on a affaire à de'J'hystérie '.
Mais le plus souvent, la distinction peut être faite soit par la
nature du délire, soit mieux encore par le caractère passager
, -
1 Charcot, op. ctl., t. II1, p. 228, Automatisme psycho. p. iO ! ,
- Actes inconscients... Revue Philosophique, 1888, t. 1, p. 251.
Il. Colin. Etat mental des hystériques, 1890, p. 39, il. L. Lau-
recul. - Etals secotttls, 1892, p. 35. 11.
1 Georges Guinun. L'" agents provocateurs de l'hyslérie, p. 163.
22 REVUE GÉNÉRALE.
transitoire de la désagrégation mentale. Ce diagnostic de
l'hystérie et des délires toxiques nous apprend donc qu'il faut,
dans la définition de l'hystérie, ajouter un élément de plus,
la durée, la permanence pendant un temps assez long du
dédoublement de la conscience.
L'étude d'une autre catégorie de malades soulève un pro-
blème bien plus intéressant et beaucoup plus difficile à
résoudre. Ce sont ces malades fort nombreux sur les frontières
de la folie, qui présentent, des symptômes en apparence très
variés, mais ayant entre eux d'incontestables rapports, le délire
du doute, la folie dite consciente ou raisonnante, les obses-
sions, les impulsions, les phobies, etc. Ces sujets, quoique
très divers, ont été presque toujours réunis par les auteurs
modernes en un seul groupe, mais ce groupe a reçu des noms
différents suivant les théories des auteurs. En France, à
l'exemple de M. Magnan, on désigne presque toujours ces
affections sous le nom de délire des dégénérés; en Allemagne,
on appelle ces malades des neurasthéniques délirants ; pour
ne point prendre parti sans une discussion suffisante dans
les querelles que soulèvent justement ces appellations, nous
désignerons d'une manière vague toutes ces personnes par un
nom qui a déjà été souvent employé et qui leur convient bien;
nous les appellerons simplement des psychasthéniques. Autre-
fois ces psychasthéniques que l'on n'hésitait pas à rapprocher
des aliénés, étaient nettement séparés des hystériques, simples
névropathes, mais aujourd'hui que l'hystérie elle-même est
considérée comme une maladie mentale, cette séparation est-
elle restée aussi nette, ces deux catégories de malades doivent-
elles rester dans les classifications complètement indépen-
dantes l'une de l'autre ?
Evidemment non. Il y a, à notre avis, entre les deux groupes
les rapports les plus étroits, et c'est pour les avoir méconnus
que l'on s'est engagé souvent dans des discussions intermi-
nables. D'abord il est impossible de nier qu'un très grand
nombre de malades appartiennent simultanément aux deux
classes ; beaucoup d'hystériques, comme M. Tabaraud 1 et
M. Colin l'ont montré par d'excellentes observations, ont des
obsessions, des impulsions, des pliobïes de toutes espèces. Je
' Tabaraud. Les rapports de la dégénérescence mentale et de l'hys-
térie, 1888.
II. Colin. - L'état mental des hystériques. 1890.
DÉFINITIONS RÉCENTES DE L'HYSTÉRIE. 23 ruz
serai même un peu plus affirmatif que ces auteurs, en disant
que ces symptômes signalés par eux chez quelques hystériques,
existent en réalité, plus ou moins dissimulés, chez presque
tous. Ce sont même ces idées fixes, comme M. Charcot l'a établi
autrefois, qui rendent compte des accidents de l'hystérie.
Inversement, il est assez difficile de rencontrer un psychasthé-
nique qui soit, si l'on peut ainsi dire, un type pur de cette
affection et qui ne présente pas des anesthésies plus ou moins
nettes, des amnésies au moins transitoires, des actes subcons-
cients, en un mot des symptômes d'hystérie. Il existe même
certains symptômes qui sont toujours communs aux deux caté-
gories de malades, ce sont les phénomènes qui dépendent de
l'aboulie. Plusieurs personnes se sont étonnées que dans notre
travail sur les stigmates mentaux de l'hystérie, nous ayons
décrit les troubles de la volonté et de l'attention, les hésitations
des mouvements volontaires, l'impuissance de l'attention pour
comprendre et retenir les idées comme des stigmates de l'hys-
térie. Ce sont, disaient-elles, des symptômes appartenant aux
aliénés, qui caractérisent certains mélancoliques et surtout les
douteurs et les obsédés. Peut-être, car nous n'hésitons pas à
reconnaître la justesse d'une critique, n'avons-nous pas dit
assez nettement que ce symptôme n'était pas toujours carac-
téristique de l'hystérie,' qu'il devait se présenter d'une ma-
nière particulière pour servir au diagnostic de l'hystérie et
que, en un mot, c'était un symptôme banal appartenant à à
beaucoup de maladies mentales' ? Mais, quoi qu'il en soit,
nous ne croyons pas que l'on puisse retirer ce caractère de la
description des hystériques, il se retrouve chez ces malades au
suprême degré, il joue dans tous les accidents un rôle capital :
c'est ici, comme toujours, l'aboulie, c'est-à-dire la diminution
de la synthèse actuelle des phénomènes psychologiques qui
permet le développement de l'automatisme, c'est-à-dire la repro-
duction des phénomènes anciens sous la forme des idées fixes
et du délire. L'aboulie est un caractère commun aux hysté-
riques et aux psychasthéniques.
Même si l'on compare des phénomènes qui, chez ces deux
malades, sont incontestablement différents, on remarquera
qu'une analogie essentielle subsiste toujours. Il ne serait pas
impossible de ranger les symptômes de ces malades deux par
1 Nous avons cependant Insisté sur ce point a plusieurs reprises.
Stigmates mentaux de l'hystérie, p. 112, 231.
? 1· Il. REVUE GENERALE.
deux, en montrant qu'à chaque symptôme hystérique corres-
pond un symptôme psychasthénique, non pas identique, mais
très analogue dans son mécanisme psychologique. Aux anes-
thésies correspondent des distractions et des erreurs de sen-
sation, aux amnésies des doutes, aux paralysies des hésitations
du mouvement volontaire qui ont été quelquefois confondues
avec des délires du contact, aux contractures des idées fixes, aux
attaques convulsives certaines attaques d'idées précédées d'une
angoisse comme d'une aura, aux somnambulismes mêmes des
périodes bizarres où le malade ne se reconnaît plus lui-même,
trouve sa personnalité changée, etc., etc. Si nous étudions le
mécanisme de tous ces phénomènes, nous trouvons, d'un côté
comme de l'autre, la diminution de la synthèse et l'émancipa-
tion des phénomènes automatiques. Il nous parait donc im-
possible de séparer complètement ces deux maladies ; nous
pensons qu'elles font partie toutes deux d'une vaste classe de
maladies mentales très voisines les unes des autres et que nous
avons proposé d'appeler les maladies de désagrégation mentale.
« Nous sommes disposés à croire, disions-nous autrefois, que
les phénomènes d'automatisme et de désagrégation dépendent
d'un état qui est maladif, mais qui n'est pas uniquement hys-
térique. Cet état serait au contraire plus large de beaucoup que
l'hystérie; il comprendrait les symptômes hystériques parmi
ses manifestations, mais il se révélerait aussi par les idées
fixes, les impulsions, les anesthésies dues à la distraction,
l'écriture automatique et enfin le somnambulisme lui-même' ».
Nous sommes heureux de nous trouver d'accord sur ce point
avec plusieurs autres auteurs qui ont aussi affirmé cette rela-
tion des deux maladies. « La majeure partie des hystériques,
pour ne pas dire toutes, écrivait M. Legrain, sont des héréditaires
dégénérées. » Et M. Tabaraud ajoutait : « De là it dire que l'h ! ls-
série fait en quelque sorte partie de la dégénérescence, qu'elle
doit en cire considérée pour ainsi dire comme un des syndromes,
il n'y a qu'un pas'. » « La dégénérescence mentale et l'hys-
térie, disait aussi cl. Roubinovitch dans un travail présenté à
la Société médico-psychologique, paraissent avoir une affinité
mutuelle... l'hystérie parait être ainsi le résultat d'une évolu-
tion logique de la dégénérescence. '1» L'assimilation de l'ly;-
1 'Automatisme psychologique, p. ¡JI.
. - Tabaraud, op. cil., p. 28.
3 ftizctles mécico-psclauloirlzses.. 18J; l. Il, p. 1 ¡ : ¡.
DEFINITIONS RECENTES DE L'HYSTERIE. ->
térie et de la psychasthénie a frappé tous ceux qui ont étudié
la nature psychologique de ces deux maladies mentales.
Rapprocher et classer ce n'est pas confondre, bien au con-
traire ; nous n'avons pas l'intention d'assimiler entièrement t
une hystérique simple avec ses anesthésies, ses attaques et ses
contractures à un psychasthénique qui ne présente que des
doutes, des impulsions et des idées fixes. Il n'y a pas entre ces
deux catégories de faits la grande différence que l'on suppo-
sait autrefois en disant que les premiers étaient des phéno-
mènes physiques et les autres des phénomènes moraux; en
réalité, ces faits sont aussi psychologiques les uns que les autres,
mais des différences importantes peuvent exister même entre
des faits psychologiques. Le défaut de synthèse mentale, la dé-
sagrégation de l'esprit ne se présente pas de la même manière
dans les deux cas. Dans l'hystérie les phénomènes psychiques
ne pouvant plus être complètement réunis se séparent nette-
ment en plusieurs groupes à peu près indépendants l'un de
l'autre. La personnalité ne peut percevoir tous les phéno-
mènes, elle en sacrifie définitivement quelques-uns, c'est une
sorte d'autotomie et ces phénomènes abandonnés se déve-
loppent isolément sans que le sujet ait connaissance de leur
activité. Aussi l'anesthésie est nette, l'amnésie est absolue,
l'attaque et le somnambulisme se distinguent bien de la veille,
les idées fixes ne sont pas exprimées, ni même connues par
le sujet. Le délire existe dans la tête du sujet sans qu'il s'en
rende compte et pendant qu'il continue à avoir un langage
très raisonnable. Une hystérique crache tous ses aliments dès
qu'elle les met' dans sa bouche, elle parait faire raisonna-
blement tous ses efforts pour manger et rejeter ses aliments
malgré elle sans aucune intention, ni pensée de sa part; on
croit en la voyant et elle croit elle-même- qu'il s'agit d'un
trouble de la déglutition et d'un accident simplement phy-
sique, on serait mal venu à déclarer qu'elle est folle. Cepen-
dant elle est en plein délire, depuis sa dernière attaque elle
rêve continuellement que sa mère, du haut du ciel, l'invite à
venir la rejoindre et lui commande de mourir de faim le plus
tôt possible, et c'est uniquement ce délire qui provoque le
vomissement. Mais ce délire est séparé de la conscience
normale, il est subconscient, ignoré par les assistants et par
le sujet lui-même. « Les hystériques, disaient MM. Breuer et
Freud, sont raisonnables dans leur état éveillé et aliénées dans
2G REVUE GÉNÉRALE.
leur état hypnoïde'. » C'est cette séparation nette des phé-
nomènes psychiques que l'on peut exprimer d'une manière
schématique en disant que dans l'hystérie il y a- formation de
deux personnalités indépendantes; la désagrégation prend la
forme du dédoublement de la personnalité.
Il en est tout autrement chez les psychasthéniques, la désa-
grégation mentale ne s'est pas faite de la même manière : il
semble que la personnalité ne se soit pas résignée aux sacri-
fices nécessaires et qu'elle n'abandonne qu'en partie les phé-
nomènes à leur développement automatique. Il n'y a plus
d'anesthésie et d'amnésie bien nettes, elles sont toujours in-
complètes et prennent la forme d'une distraction et d'un doute
continuel. Au lieu de passer d'une idée à une autre avec une
facilité extrême en oubliant totalement l'idée précédente, le
psychasthénique reste toujours indécis entre les différentes
idées. Les délires , malheureusement pour le malade, ne
restent pas subconscients, ils envahissent à chaque instant la
conscience, se mêlent avec les autres idées et produisent un
trouble général de la pensée beaucoup plus considérable.
Aussi cette malade qui vient se plaindre en gémissant parce
qu'elle pense malgré elle à tromper son mari et qu'elle est
obsédée par cette idée continuelle, nous paraît beaucoup plus
folle que l'hystérique qui vomit. Le sujet lui-même se sent
beaucoup plus malade et n'a jamais la belle indifférence des
hystériques. Quelquefois, quoique plus rarement, la désagré-
gation va chez ce malade jusqu'à la formation de person-
nalités différentes, mais elles ne sont jamais indépendantes
comme chez l'hystérique. Le malade sent ce développement
d'une autre personnalité en lui-môme et il parle sans cesse de
possession, tandis que l'hystérique la plus dédoublée, la plus
possédée, en réalité ignore le plus souvent cette division de
son esprit.
Nous ne pouvons étudier ici cette nouvelle forme de la désa-
grégation mentale qui caractérise le psychasthénique, ni mon-
trer son degré de gravité et ses conséquences. Il nous suffit
de faire remarquer qu'elle est différente de celle, qui a été
constatée chez les hystériques. Nous pouvons donc conclure
comme M. Colin 2 que « l'hystérie a sa place marquée au soleil
et qu'elle a des règles qui lui sont propres p. Il n'est pas né-
1 Breuor et Freud, op. cil., p. 8.
2 Colin, op. cil.
DÉFINITIONS RÉCENTES DE L'IIxSTERIE. 27
cessaire de nier le caractère moral de l'hystérie pour lui con-
server sa place, il suffit de distinguer les maladies mentales
les unes des autres.
Nous avons élargi sur un point le concept de l'hystérie en
lui rattachant les somnambulismes et les actes subconscients,
mais nous avons limité l'étude de cette maladie en la distin-
guant des délires et des aliénations qui paraissent le plus s'en
rapprocher. La désagrégation mentale est plus permanente
dans l'hystérie que dans les délires, elle est beaucoup plus
complète dans cette maladie que dans les états psychasthé-
niques.
CONCLUSION.
Nous n'avons pas à insister dans ce travail sur l'étiologie ni
sur l'évolution de l'hystérie, il suffit de rappeler des notions
bien établies. L'hérédité pathologique joue dans l'hystérie
comme dans toutes les autres maladies mentales un rôle
absolument prépondérant 1, et en prenant le mot dans le
sens large, dans le sens de Morel nous pouvons dire que cette
affection est une maladie de dégénérescence. Un très grand
nombre de circonstances jouent le rôle « d'agents provo-
cateurs » et viennent manifester par des accidents cette pré-
disposition latente : ce sont les hémorrhagies 2, les maladies
anémiantes et chroniques, les maladies infectieuses, la-fièvre
typhoïde en particulier et dans certains cas les auto-intoxi-
cations', les maladies organiques du système nerveux 4, les
diverses intoxications 3, les shocks physiques ou moraux°, le
surmenage qu'il soit également physique ou moral 7, les émo-
tions pénibles et surtout une suite d'émotions de ce genre qui
1 Brique ! , op. cil., p. SI. Georges Guinon, les agents provocateU1's de
l'hystérie, 1889, p. 2S5, Pitres, op. cit., t. I, p. 1G, etc.
2 Briquet, p. 111. Guinon, p. 121.
3 Guinon, p. 77. Dulie. - Hystérie et neurasthénie associées. Gazette
médicale de Paris, 1889, p. 29.
1 Guinon, p. 218. - Souques. Syndromes hystériques simulateurs,
1861, p. 51. Babinsky. Association de l'hystérie avec les maladies
organiques clu ssl. ieei-v. (l3zcll. et mem. de la soc. mécl, des hôpitaux,
11 nov. 1892.)
rt Guinon, p. 136, et s. q.
o Charcot. - Mal. du syst. nen., t. III, p. '269. Guinon, p. 263.
7 Dutil, op. cit., p. 27. - Somtues, o. cit., p.17. - Jolly, op. cit , ,p.9.
28 REVUE GÉNÉRALE. DÉFINITIONS DE L'HYSTÉRIE.
se succèdent et dont les effets s'additionnent,1, etc. Il est facile
de voir que tous ces agents provocateurs ont le même. carac-
tère, ils affaiblissent l'organisme et augmentent la dépression
du système nerveux. 11 est un âge surtout qui est à ce point de
vue particulièrement, critique, c'est l'âge de la puberté. Nous
ne parlons pas seulement de la puberté physique qui a cepen-
dant une grande influence, mais d'un état qui vient un peu
plus tard et que l'on pourrait appeler justement la puberté
morale. Il est un âge légèrement variable suivant les pays et
les milieux où, tous les plus grands problèmes de la vie se
posent simultanément, le choix d'une carrière et le souci 'de
gagner son pain, tous les problèmes de l'amour et pour quel-
ques-uns tous les problèmes religieux; voilà des préoccupations
qui envahissent l'esprit des jeunes gens et qui absorbent complè-
tement leur faible force de pensée. Ces mille influences manifes-
tent une insuffisance psychologique qui reste latente pendant l
les périodes moins difficiles. Dans un esprit prédisposé paroles
influences .héréditaires, cette insuffisance psychologique se dé-
veloppe, se constitue d'une manière particulière et se manifeste
par l'ensemble des symptômes qu'on appelle l'hystérie.
Le mot « hystérie » doit être conservé, il serait bien difficile
aujourd'hui de le modifier 2, et vraiment, ce nom ,a une si
grande et si belle histoire, qu'il serait pénible d'y renoncer.
Si l'étymologie embarrassait trop, il vaudrait mieux, comme
disait très bien M. Charcot, modifier le mot « utérus » plutôt
que le mot « hystérie >. Mais puisque chaque époque lui a
donné un sens différent, cherchons la signification qu'il a au-
jourd'hui pour quelques auteurs. '
Pour essayer de résumer ce que nous avons emprunté à
toutes ces études récentes sur l'hystérie, il suffit de réunir les
conclusions de nos précédents paragraphes. « L'hystérie, pou-
vons-nous dire, est une maladie \mentale\ appartenant au
groupe considérable des maladies de dégénérescence, elle Il'a
que des symptômes physiques assez vagues consistant surtout
dans une diminution générale de la nutrition, elle est surtout
caractérisée par des symptômes moraux; le principal' est un
affaiblissement de la faculté de synthèse psychologique, un ré-
trécissement du champ de la conscience; un certain nombre de
phénomènes élémentaires, sensations et images, cessent d'être
' ' ! un)un, p. 11. Breuer 'c Iren op. cil., p. 3.
2 A)oebins, op. ('il., p. 1 .
PARALYSIES MOTRICES ORGANIQUES ET HYSTÉRIQUES. '29
perçues et paraissent supprimés de la perception personnelle,
ce qui constitue les stigmates; il en résulte une tendance à la
division permanente et complète de la personnalité, à la forma-
tion de'plusieurs groupes de phénomènes indépendants les mis
dès'autres; ces systèmes de faits psychologiques alternent les uns
à la suite des autres ou coexistent, ce qui donne naissance aux
attaques, aux somnambulismes,' aux actes subconscients; enfin
ce défaut de synthèse favorise la formation de certaines idées
parasites qui se développent complètement et indépendamment
à l'abri du contrôle dé la conscience personnelle et qui se mani-
festetit par les troubles les plus variés, d'apparence uniquement
physique, c'esl-à-dire par les accidents. Si on veut résumer
en deux mots cette définition un peu complexe, on dira :
« L'hystérie est une forme de la désagrégation mentale, caracté-
risée par la tendance au dédoublement permanent et complet de
la personnalité. » ,
'Qu'il nous soit permis de répéter encore en terminant ce
que nous disions au début. Une définition de ce genre n'a pas
la prétention d'expliquer les phénomènes, mais simplement
d'en résumer le plus grand nombre possible. Elle sera vite,
nous le désirons; remplacée par une définition plus compré-
hensi\'e qui contiendra tous les faits précédents et y ajoutera
encore d'autres phénomènes, tels que les modifications physio-
logiques qui accompagnent cette insuffisance cérébrale. Nous
espérons seulement que cette définition toute provisoire pourra
maintenant rendre quelques services et préciser un peu les re-
marques innombrables faites depuis longtemps par les méde-
cins et les psychologues sur l'état mental des hystériques.
CLINIQUE NERVEUSE,
QUELQUES CONSIDERATIONS POUR UNE ÉTUDE COMPARA-
'l'I1'I; DES PARALYSIES MOTRICES ORGANIQUES ET HYSTÉ-
RISQUES; r
Par le D' SIGM. FREUD, de Vienne (Autriche).
M. Charcot, dont j'ai été l'élève en 1883 et l3bG, a bien
voulu, il cette époque, me confier le soin de faire une étude
30 CLINIQUE NERVEUSE.
comparative des paralysies motrices organiques et hystériques,
basée sur les observations de la Salpètrière, qui pourrait ser-
vir à saisir quelques caractères généraux de la névrose et con-
duire à une conception sur la nature de cette dernière. Des
causes accidentelles et personnelles m'ont empêché pendant
longtemps d'obéir à son inspiration ; aussi je ne veux apporter
maintenant que quelques résultats de mes recherches, lais-
sant à côté les détails nécessaires pour une démonstration com-
plète de mes opinions..
I. Il faudra commencer par quelques remarques sur les
paralysies motrices organiques, d'ailleurs généralement
admises. La clinique nerveuse reconnaît deux sortes de para-
lysies motrices, la paralysie périphéro-spinale (ou bulbaire) et
la paralysie cérébrale. Cette distinction est parfaitement en
accord avec les données de l'anatomie du système nerveux
qui nous montrent qu'il n'y a que deux segments sur le par-
cours des fibres motrices conductrices, le premier qui va de la
périphérie jusqu'aux cellules des cornes▶ antérieures dans la
moelle, et le second qui va de là jusqu'à l'écorce cérébrale. La
nouvelle histologie du système nerveux, fondée sur les travaux
de Golgi, Ramon v Cajal, Kôlliker, etc., traduit ce fait par les
mots : « le trajet des fibres de conduction motrices est constitué
par deux neuron (unités nerveuses cellulo-fibrillaires), qui se
rencontrent pour entrer en relation au niveau des cellules dites
motrices des ◀cornes▶ antérieures. » La différence essentielle de
ces deux sortes de paralysies, en clinique, est la suivante : La
paralysie périphéro-spinale est une paralysie détaillée, la para-
lysie cérébrale est une paralysie en masse. Le type de la pre-
mière est la paralysie faciale dans la maladie de Bell, la para-
lysie dans la poliomyélite aiguë de l'enfance, etc. Or, dans ces
affections, chaque muscle, on pourrait dire chaque fibre mus-
culaire, peut être paralysée individuellement et isolément. Cela
ne dépend que du siège et de l'étendue de la lésion nerveuse,
et il n'y a pas de règle fixe pour que l'un des éléments péri-
phériques échappe à la paralysie, tandis que l'autre en souffre
d'une manière constante.
La paralysie cérébrale, au contraire, est toujours une affec-
tiôn qui attaque une grande partie de la périphérie, une extré-
/ mité, un segment de celle-ci, un appareil moteur compliqué.
Jamais elle n'affecte un muscle individuellement, par exemple
le biceps du bras, le tibial isolément, etc., et s'il y a des excep-
PARALYSIES MOTRICES ORGANIQUES ET HYSTÉRIQUES. 31 1
lions apparentes à cette règle (le ptosis cortical, par exemple),
on voit bien qu'il s'agit de muscles qui, à eux seuls, remplissent
une fonction de laquelle ils sont l'instrument unique.
Dans les paralysies cérébrales des extrémités, on peut remar-
quer que les segments périphériques souffrent toujours plus
que les segments rapprochés du centre; la main, par exemple,
est plus paralysée que l'épaule. Il n'y a pas, que je sache, une
paralysie cérébrale isolée de l'épaule, la main conservant sa
motilité, tandis que le contraire est la règle dans les paralysies
qui ne sont pas complètes.
Dans une étude critique sur l'aphasie, publiée en 1891, Zur
Auffassung der Aphasien, Wien, 1891, j'ai tâché de montrer
que la cause de cette différence importante entre la paralysie
périphéro-spinale et la paralysie cérébrale doit être cherchée
dans la structure du système nerveux. Chaque élément de la
périphérie correspond à un élément dans l'axe gris, qui est,
comme le dit M. Charcot, son aboutissant nerveux; la péri-
phérie est pour ainsi dire projetée sur la substance grise delà
moelle, point pour point, élément pour élément. J'ai proposé
de dénommer la paralysie détaillée périphéro-spinale, para-
lysie de projection. Mais il n'en est pas de même pour les rela-
tions entre les éléments de la moelle et ceux de l'écorce. Le
nombre des fibres conductrices ne suffirait plus pour donner
une seconde 'projection de la périphérie sur l'écorce. Il faut
supposer que les fibres qui vont de la moelle à l'écorce ne repré-
sentent plus chacune un seul élément périphérique, mais plu-
tôt un groupe de ceux-ci et que même, d'autre part, un
élément périphérique peut correspondre à plusieurs fibres con-
ductrices spino-corticales. C'est qu'il y a un changement
d'arrangement qui a eu lieu au point de connexion entre les
deux segments du système moteur.
Alors, je dis la reproduction de la périphérie dans l'écorce
n'est plus une reproduction fidèle point par point, n'est plus
une projection véritable; c'est une relation par des fibres, pour
ainsi dire représentatives et je propose, pour la paralysie céré-
brale, le nom de paralysie de représentation.
Naturellement, quand la paralysie de projection est totale et
d'une grande étendue, elle est aussi une paralysie en masse,
et son grand caractère distinctif est effacé. D'autre part, la
paralysie corticale, qui se distingue parmi les paralysies céré-
brales par sa plus grande aptitude à la.dissociation, présente
32 CLINIQUE NERVEUSE.
cependant toujours le caractère d'une paralysie par représen-
tation.
Les autres différences entre les paralysies de projection et
de représentation sont bien connues; je cite parmi elles l'inté-
grité de la nutrition et de la réaction électrique qui se rattache
à la dernière. Bien que très importants dans la clinique, ces
signes n'ont pas la portée théorique qu'il faut attribuer au
premier caractère différentiel que nous avons relevé, à savoir :
paralysie détaillée ou en masse.
On a assez souvent attribué à l'hystérie la faculté de simuler
les affections nerveuses organiques les plus diverses. Il s'agit
de savoir si d'une façon plus précise elle simule les caractères
des deux sortes de paralysies organiques, s'il y a des paralysies
hystériques de projection et des paralysies hystériques de re-
présentation, comme dans la symptomatologie organique. Ici,
un premier fait important se détache : l'hystérie ne simule
jamais les paralysies périphéro-spinales ou de projection; les
paralysies hystériques partagent seulement les caractères des
paralysies organiques de représentation. C'est là un fait bien
intéressant, puisque la paralysie de Bell, la paralysie ra-
diale, etc., sont parmi les affections les plus communes du
système nerveux.
Il est bon de faire observer ici, de manière à éviter toute
confusion, que je ne traite que de la paralysie hystérique
flasque et non de la contracture hystérique. Il me parait im-
possible de soumettre la paralysie et la contracture hystériques
aux mêmes règles. Ce n'est que des paralysies hystériques
flasques qu'on peut soutenir qu'elles n'affectent jamais un seul
muscle, excepté le cas où ce muscle est l'instrument unique
d'une fonction, qu'elles sont toujours des paralysies en niasse,
et qu'elles correspondent sous ce rapport à la paralysie de
représentation, ou cérébrale organique. En outre, en ce qui
concerne la nutrition des parties paralysées et leurs reactions
électriques, la paralysie hystérique présente les mêmes carac-
tères que la paralysie cérébrale organique.
Si la paralysio hystérique se rattache ainsi à la paralysie
cérébrale et particulièrement à la paralysie corticale, qui pré-
sente une plus grande facilité de dissociation, elle ne manque
pas de s'en distinguer par des caractères importants. D'abord
elle n'est pas soumise à cette règle, constante dans les paraly-
sies cérébrales organiques, il savoir que le segment périphé-
PARALYSIES MOTRICES ORGANIQUES ET HYSTÉRIQUES. 33
rique est toujours plus affecté que le segment central. Dans
l'hystérie, l'épaule ou la cuisse peuvent être plus paralysées
que la main ou le pied. Les mouvements peuvent venir dans
les doigts tandis que le segment central est encore absolument
inerte. On n'a pas la moindre difficulté de produire artificiel-
lement une paralysie isolée de la cuisse, de la jambe, etc., et
on peut assez souvent retrouver, en clinique, ces paralysies
isolées, en contradiction avec les règles de la paralysie orga-
nique cérébrale.
Sous ce rapport important, la paralysie hystérique est pour
ainsi dire intermédiaire entre la paralysie de projection et la
paralysie de représentation organique. Si elle ne possède pas
tous les caractères de dissociation et d'isolement propres à la
première, elle n'est pas, tant s'en faut, sujette aux strictes
lois qui régissent la dernière, la paralysie cérébrale. Ces res-
trictions faites, on peut soutenir que la paralysie hystérique
est aussi une paralysie de représentation, mais d'une repré- 1
sentation spéciale dont la caractéristique reste à trouver '.
II. Pour avancer dans cette direction, je me propose
d'étudier les autres traits distinctifs entre la paralysie hysté-
rique et la paralysie corticale, type le plus parfait de la para-
lysie cérébrale organique. Le premier de ces caractères dis-
tinctifs, nous l'avons déjà mentionné, c'est que la paralysie
hystérique, peut être beaucoup plus dissociée, systématisée que
la paralysie cérébrale. Les symptômes de la paralysie orga-
nique se retrouvent comme morcelés dans l'hystérie. De l'hémi-
plégie commune organique (paralysie des membres supérieur
et inférieur et du facial inférieur) l'hystérie ne reproduit que
la paralysie des membres et dissocie même assez souvent, et
avec la plus grande facilité, la paralysie du bras de celle de la
jambe sous forme de monoplégies. Du syndrome de l'aphasie
' Chemin faisant, je ferai remarquer que ce caractère important de la
paralysie hystérique de la jambe que M. Charcot a relevé d'après Todd,
il savoir que l'hystérique traîne la jambe comme une masse morte au
lieu d'exécuter la circumduction avec la hanche que fait l'hémiplégique
ordinaire, s'explique facilement par la propriété de la névrose que j'ai
mentionné. Pour l'hémiplégie organique, la partie centrale de l'extrémité
est toujours un peu indemne, le malade peut remuer la hanche et il en
l'ait usage pour ce mouvement de circumduction, qui fait avancer la
jambe. Dans l'hystérie, la partie centrale (la hanche) ne jouit pas de ce
privilège, la paralysie y est aussi complète que dans la partie périphé-
rique et en conséquence, la jambe doit ètre traînée en masse.
AucatvES, t. XXVI. 3
34 CLINIQUE NERVEUSE.
organique, elle reproduit l'aphasie motrice à l'état d'isole-
ment, et ce qui est chose inouïe dans l'aphasie organique, elle
peut créer une aphasie totale (motrice et sensitive) pour telle
langue, sans attaquer le moins du monde la faculté de com-
prendre et d'articuler telle autre, comme je l'ai observé dans
quelques cas inédits. Ce même pouvoir de dissociation se ma-
nifeste dans les paralysies isolées d'un segment de membre
avec intégrité complète des autres parties du même membre,
ou encore dans l'abolition complète d'une fonction (abasie,-
astasie) avec intégrité d'une autre fonction exécutée par les
mêmes organes. Cette dissociation est d'autant plus frappante,
quand la fonction respectée est la plus complexe. Dans la symp-
tomatologie organique, quand il y a affaiblissement inégal de
plusieurs fonctions, c'est toujours la fonction la plus complexe,
celle d'une acquisition postérieure, qui est la plus atteinte en
conséquence de la paralysie.
La paralysie hystérique présente de plus un autre carac-
tère qui est comme la signature de la névrose et qui vient
s'ajouter au premier. En effet, comme je l'ai entendu dire à
M. Charcot, l'hystérie est une maladie à manifestations exces-
sives, ayant une tendance à produire ses symptômes avec la
plus grande intensité possible. C'est un caractère qui ne se
montre pas seulement dans les paralysies, mais aussi dans les
contractures et les anesthésies. On sait jusqu'à quel degré de
distorsion peuvent aller les contractures hystériques, qui sont
presque sans égales dans la symptomatologie organique. On
sait aussi combien sont fréquentes dans l'hystérie les anesthé-
sies absolues, profondes, dont les lésions organiques ne peu-
vent reproduire qu'une faible esquisse. Il en est de même pour
les paralysies. Elles sont souvent on ne peut plus absolues;
l'aphasique ne profère pas un mot, tandis que l'aphasique
organique garde presque toujours quelques syllabes, le oui
et non », un juron, etc.; le [bras paralysé est absolument
inerte, etc. Ce caractère est trop bien connu pour y persister
longuement. Au contraire, on sait que, dans la paralysie orga-
nique, la parésie est toujours plus fréquente que la paralysie
absolue.
La paralysie hystérique est donc d'une limitation exacte et
d'une intensité excessive; elle possède ces deux qualités à la
fois et c'est en cela qu'elle contraste le plus avec la paralysie
cérébrale organique, dans laquelle, d'une manière constante,
PARALYSIES MOTRICES ORGANIQUES ET HYSTÉRIQUES. 35
ces deux caractères ne s'assorient pas. Il existe aussi des mono-
plégies dans la symptomatologie organique, mais celles-ci sont
presque toujours des monoplégies a potiori et non exactement
délimitées. Si le bras se trouve paralysé en conséquence d'une
lésion corticale organique, il y a presque toujours aussi atteinte
concomitante moindre du facial et de la jambe, et si cette
complication ne se voit plus à un moment donné, elle a cepen-
dant bien existé au commencement de l'affection. La mono-
plégie corticale est, à vrai dire, toujours une hémiplégie dont
telle ou telle partie est plus ou moins effacée, mais toujours
reconnaissable. Pour aller plus loin, supposons que la para-
lysie n'ait affecté aucune autre partie que le bras, que ce
soit une monoplégie corticale pure; alors on voit que la para-
lysie est d'une intensité modérée. Aussitôt que cette monoplé-
gie augmentera en intensité, qu'elle deviendra une paralysie
absolue, elle perdra son caractère de monoplégie pure et s'ac-
compagnera de troubles moteurs dans la jambe ou la face.
Elle ne peut pas devenir absolue et reslée délimitée à la fois.
C'est ce que la paralysie hystérique peut, au contraire, fort
bien réaliser, comme la clinique le montre chaque jour. Elle
affecte par exemple le bras d'une façon exclusive, on n'en
trouve pas trace dans la jambe ou la face. De plus, au niveau
du bras, elle est aussi forte qu'une paralysie peut l'être, et
c'est là une différence frappante avec la paralysie organique,
différence qui prête grandement à penser.
Naturellement, il y a des cas de paralysie hystérique dans
lesquels l'intensité n'esi pas excessive et où la dissociation
n'offre rien de remarquable. Ceux-ci, on les reconnaît au moyen
d'autres caractères ; mais ce sont des cas qui ne portent pas
l'empreinte typique de la névrose et qui, ne pouvant en rien
nous renseigner sur sa nature ne présentent point d'intérêt au
point de vue qui nous occupe ici.
Ajoutons quelques remarques d'une importance secondaire,
qui même dépassent un peu les limites de notre sujet.
Je constaterai d'abord que les paralysies hystériques s'accom-
pagnent beaucoup plus souvent de troubles de la sensibilité
que les paralysies organiques. En général, ceux-ci sont plus
profonds et plus fréquents dans la névrose que dans la sympto-
matologie organique. Rien de plus commun que l'anesthésie
ou l'analgésie hystérique. Qu'on se rappelle par contre avec
quelle ténacité la sensibilité persiste en cas de lésion nerveuse.
36 CLINIQUE NERVEUSE.
Si. l'on sectionne un nerf périphérique, l'anesthésie sera
moindre en étendue et intensité qu'on ne s'y attend. Si une
lésion inflammatoire attaque les nerfs spinaux ou les centres
de la moelle, on trouvera toujours que la motilité souffre en
premier lieu et que la sensibilité est épargnée ou seulement
affaiblie, car il persiste toujours quelque part des éléments
nerveux qui ne sont pas complètement détruits. En cas de
lésion cérébrale, on connaît la fréquence et la durée de l'hémi-
plégie motrice, tandis que l'hémianesthésie concomitante est
indistincte, fugace et ne se trouve pas dans tous les cas. Il n'y
a que quelques localisations tout à fait spéciales qui puissent
produire une affection de la sensibilité intense et durable (car-
refour sensitif), et même ce fait n'est pas exempt de doutes.
Cette manièred'être de la sensibilité, différente dans leslésions
organiques et dans l'hystérie, n'est guère explicable aujour-
d'hui. Il semble qu'il y ait là un problème dont la solution
nous renseignerait peut-être sur la nature intime des choses.
Un autre point qui me paraît digne d'être relevé, c'est qu'il
y a quelques formes de paralysie cérébrale qui ne se trouvent
pas réalisées dans l'hystérie, pas plus que les paralysies péri-
phéro-spinales de projection. Il faut citer en premier lieu la
paralysie du facial inférieur, la manifestation la plus fréquente
d'une affection organique du cerveau et, si je me permets de
passer dans les paralysies sensorielles pour un moment, l'hé-
mianopsie latérale homonyme. Je sais que c'est presque une
gageure que de vouloir affirmer que tel ou tel symptôme ne
se trouve pas dans l'hystérie, quand les recherches de M. Char-
cot et de ses élèves y découvrent, on pourrait dire journelle-
ment, des symptômes nouveaux qu'on n'avait point soupçonnés
jusque-là. Mais il me faut prendre les choses comme elles sont
actuellement. La paralysie faciale hystérique est fortement
contestée par M. Charcot et même, si on croit ceux qui en
sont partisans, c'est un phénomène d'une grande rareté. L'hé-
mianopsie n'a pas encore été vue dans l'hystérie et, je pense,
elle ne le sera jamais.
Maintenant, d'où vient-il que les paralysies hystériques,
tout en simulant de près les paralysies corticales, s'en écartent
par les traits distinctifs que j'ai tâché d'énumérer, et quel est
le caractère général de la représentation spéciale auquel il
faut les rattacher ? La réponse à cette question contiendrait
une bonne et importante partie de la théorie de la névrose.
PARALYSIES MOTRICES ORGANIQUES ET HYSTÉRIQUES. 37
III. Il n'y a pas le moindre doute sur les conditions qui
dominent la symptomatologie de la paralysie cérébrale. Ce
sont les faits de l'anatomie, la construction du système ner-
veux, la distribution de ses vaisseaux et la relation entre ces
deux séries de faits et les circonstances de la lésion. Nous avons
dit que le nombre moindre des fibres qui vont de la moelle au
cortex en comparaison avec le nombre des fibres qui vont de la
périphérie à la moelle, est la base de la différence entre la
paralysie de projection et celle de représentation. De même,
chaque détail clinique de la paralysie de représentation peut
trouver son explication dans un détail de la structure céré-
brale et vice versa nous pouvons déduire la construction du
cerveau des caractères cliniques des paralysies. Nous croyons
à un parallélisme parfait entre ces deux séries.
Ainsi s'il n'y a pas une grande facilité de dissociation pour
la paralysie cérébrale commune, c'est parce que les fibres de
conduction motrices sont trop rapprochées sur une longue
partie de leur trajet intracérébral pour être lésées isolément.
Si la paralysie corticale montre plus de tendance aux mono-
plégies, c'est parce que le diamètre du faisceau conducteur
brachial, crural, etc., va en croissant jusqu'à l'écorce. Si de
toutes les paralysies corticales celle de la main est la plus
complète, cela vient, croyons-nous, du fait, que la relation
croisée entre l'hémisphère et la périphérie est plus exclusive
pour la main que pour toute autre partie du corps. Si le seg-
ment périphérique d'une extrémité souffre plus de la paralysie
que le segment central, nous supposons que les fibres repré-
sentatives du segment périphérique sont beaucoup plus nom-
breuses que celles du segment central, de sorte que l'influence
corticale devient plus importante pour le premier qu'elle n'est
pour le dernier. Si les lésions un peu étendues de l'écorce ne
réussissent pas à produire des monoplégies pures, nous en con-
cluons que les centres moteurs surl'écorce ne sont pas nette-
ment séparés les uns des autres par des territoires neutres, ou
qu'il y a des actions en distance (Fernwirkungen) qui annu-
leraient l'effet d'une séparation exacte des centres.
De même s'il y a dans l'aphasie organique, toujours un
mélange detroublesde diverses fonctions, ça s'explique parle
fait que des branches de la même artère nourrissent tous les
centres du langage, ou si l'on accepte l'opinion énoncée dans
mon étude critique sur l'aphasie, parce qu'il ne s'agit pas de
38 CLINIQUE NERVEUSE.
centres séparés, mais d'un territoire continu d'association. En
tout cas, il existe toujours une raison tirée de l'anatomie.
Les associations remarquables qu'on observe si souvent
dans la clinique des paralysies corticales : aphasie motrice
et hémiplégie droite, alexie et hémianopsie droite, s'expli-
quent par le voisinage des centres lésés. L'hémianopsiememe,
symptôme bien curieux et étranger à l'esprit non scientifique,
ne se comprend que par l'entre-croisement des fibres du nerf
optique dans le chiasma; elle en est l'expression clinique,
comme tous les détails des paralysies cérébrales sont l'expres-
sion clinique d'un fait anatomique.
Comme il ne peut y avoir qu'une seule anatomie cérébrale
qui soit la vraie et comme elle trouve son expression dans les
caractères cliniques des paralysies cérébrales, il est évidem-
ment impossible que cette anatomie puisse expliquer les traits
distinctifs de la paralysie hystérique. Pour cette raison, il
n'est pas permis de tirer au sujet de l'anatomie cérébrale des
conclusions basées sur la symptomatologie de ces paralysies.
Assurément il faut s'adresser à la nature de la lésion pour
obtenir cette explication difficile. Dans les paralysies organi-
ques, la nature de la lésion joue un rôle secondaire, ce sont
plutôt l'étendue et la localisation de la lésion, qui dans les
conditions données de structure du système nerveux produisent
les caractères de la paralysie organique, que nous avons rele-
vés. Quelle pourrait être la nature de la lésion dans la para-
lysie hystérique, qui à elle seule domine la situation, indé-
pendamment de la localisation, de l'étendue de la lésion et de
l'anatomie du système nerveux ?
M. Charcot nous a enseigné assez souvent que c'est une
lésion corticale mais purement dynamique ou fonctionnelle.
C'est une thèse dont on comprend bien le côté négatif. Cela
équivaut à affirmer qu'on ne trouvera pas de changements de
tissus appréciables à l'autopsie ; mais à un point de vue plus
positif, son interprétation est loin d'être à l'abri de l'équivoque.
Qu'est-ce donc qu'une lésion dynamique ? Je suis bien sûr que
beaucoup de ceux qui lisent les oeuvres de M. CrrARCOT, croient
que la lésion dynamique est bien une lésion, mais une lésion
dont on ne retrouve pas la trace dans le cadavre, comme un
oedème, une anémie, une hypérémie active. Mais ce sont là,
bien qu'elles ne persistent pas nécessairement après la mort,
des lésions organiques vraies, qu'elles soient légères et fugaces.
PARALYSIES MOTRICES ORGANIQUES ET HYSTÉRIQUES. 39
Il est nécessaire que les paralysies produites par les lésions
de cet ordre, partagent en tout les caractères de la paralysie
organique. L'oedème, l'anémie ne pourraient, plutôt que l'hé-
morragie et le ramollissement, produire la dissociation et l'in-
tensité des paralysies hystériques. La seule différence serait
que la paralysie par l'oedème, par la constriction vasculaire
etc., doit être moins durable que la paralysie par destruction
du tissu nerveux. Toutes les autres conditions leur sont com-
munes et l'anatomie du système nerveux déterminera les pro-
priétés de la paralysie aussi bien dans le cas d'anémie fugace
que dans le cas d'anémie permanente et définitive.
Je ne crois pas que ces remarques soient tout à fait gra-
tuites. Si on lit a qu'il doit y avoir une lésion hystérique »
dans tel ou tel centre, le même dont la lésion organique pro-
duirait le syndrome organique correspondant, si l'on se sou-
vient qu'on s'est habitué à localiser la lésion hystérique dyna-
mique de même manière que la lésion organique, on est porté
à croire que sous l'expression « lésion dynamique » se cache
l'idée d'une lésion comme l'oedème, l'anémie, qui, en vérité,
sont des affections organiques passagères. J'affirme par contre
que la lésion des paralysies hystériques doit être tout à fait
indépendante de l'anatomie du système nerveux, puisque l'hys-
térie se comporte dans ses paralysies et autres manifestations
comme si l'anatomie n'existait pas, ou comme si elle n'en avait
nulle connaissance.
Un bon nombre des caractères des paralysies hystériques
justifient en vérité cette affirmation. L'hystérie est ignorante
de la distribution des nerfs et c'est pour cette raison qu'elle ne
simule pas les paralysies périphéro-spinales ou de projection ;
elle ne connaît pas le chiasma des nerfs optiques et conséquem-
ment elle ne produit pas l'hémaniopsie. Elle prend les organes
.dans le sens vulgaire, populaire du nom qu'ils portent : la
jambe est la jambe jusqu'à l'insertion de la hanche, le bras
est l'extrémité supérieure comme elle se dessine sous les vête-
ments. Il n'y a pas de raison pour joindre à la paralysie du
bras la paralysie de la face. L'hystérique qui ne sait pas parler
n'a pas de motif pour oublier l'intelligence du langage, puisque
aphasie motrice et surdité verbale n'ont aucune parenté dans
la notion populaire, etc. Je ne peux que m'associer pleinement
sur ce point aux vues que M. JANET a avancées dans les der-
niers numéros des Archives de Neurologie ; les paralysies hys-
40 CLINIQUE NERVEUSE.
tériques en donnent la preuve aussi bien que les anesthésies
et les symptômes psychiques.
IV. - Je tâcherai enfin de développer comment pourrait être
la lésion qui est la cause des paralysies hystériques. Je ne dis
pas que je montrerai comment elle en fait; il s'agit seulement
d'indiquer la ligne de pensée qui peut conduire à une concep-
tion qui ne contredit pas aux propriétés de la paralysie hysté-
rique, en tant qu'elle diffère de la paralysie organique céré-
brale.
, Je prendrai le mot « lésion fonctionnelle ou dynamique »
j dans son sens propre : « altération de fonction ou de dyna-
misme » ; altération d'une propriété fonctionnelle. Une telle
altération serait par exemple une diminution de l'excitabilité
ou d'une qualité physiologique qui dans l'état normal reste
constante ou varie dans des limites déterminées.
Mais dira-t-on, l'altération fonctionnelle n'est pas autre
chose, elle n'est qu'un autre côté de l'altération organique.
Supposons que le tissu nerveux soit dans un état d'anémie
passagère, son excitabilité sera diminuée par cette circonstance,
il n'est pas possible d'éviter d'envisager les lésions organiques
par ce moyen.
J'essaierai de montrer qu'il peut y avoir altération fonction-
nelle sans lésion organique concomitante, sans lésion gros-
sière palpable du moins, même au moyen de l'analyse la plus
délicate. En d'autres termes, je donnerai un exemple appro-
prié d'une altération de fonction primitive ; je ne demande
pour cela que la permission de passer sur le terrain de la
psychologie, qu'on ne saurait éviter quand on traite de
l'hystérie.
Je dis avec M. Janet, que c'est la conception banale, popu-
laire des organes et du corps en général, qui est en jeu dans
les paralysies hystériques comme dans les anesthésies, etc.
Cette conception n'est pas fondée sur une connaissance appro-
fondie de l'anatomie nerveuse mais sur nos perceptions tac-
tiles et surtout visuelles. Si elle détermine les caractères de
la paralysie hystérique, celle-là doit bien se montrer igno-
rante et indépendante de toute notion de l'anatomie du sys-
tème nerveux. La lésion de la paralysie hystérique sera donc
une altération de la conception, de l'idée de bras , par
exemple. Mais de quelle sorte est cette altération pour pro-
duire la paralysie ?
PARALYSIES MOTRICES ORGANIQUES ET HYSTÉRIQUES. 41
Considérée psychologiquement la paralysie du bras consiste
dans le fait que la conception du bras ne peut pas entrer en
association avec les autres idées qui constituent le moi dont le
corps de l'individu forme une partie importante. La lésion
serait donc l'abolition de l'accessibilité associative de la con-
ception du bras. Le bras se comporte comme s'il n'existait pas
pour le jeu des associations. Assurément si les conditions maté-
rielles, qui correspondent à la conception du bras, se trouvent
profondément altérées, cette conception sera perdue aussi,
mais j'ai à montrer qu'elle peut être inaccessible sans qu'elle
soit détruite et sans que son substratum matériel (le tissu ner-
veux de la région correspondante de l'écorce) soit endom-
magé.
Je commencerai par des exemples tirés de la vie sociale. On
raconte l'histoire comique d'un sujet loyal qui ne voulut plus
laver sa main, parce que son souverain l'avait touchée. La
relation de cette main avec l'idée du roi semble si importante
à la vie psychique de l'individu, qu'il se refuse à faire entrer
cette main en d'autres relations. Nous obéissons à la même
impulsion si nous cassons le verre dans lequel nous avons bu
à la santé de jeunes mariés; les anciennes tribus sauvages
brûlant le cheval, les armes et même les femmes du chef
mort, avec son cadavre, obéissaient à cette idée que nul ne
''devait plus les toucher après lui. Le motif de toutes ces
actions est bien clair. La valeur affective que nous attribuons
à la première association d'un objet répugne à le faire entrer
en association nouvelle avec un autre objet et par suite rend
l'idée de cet objet inaccessible à l'association.
Ce n'est pas une simple comparaison, c'est presque la chose
identique, si nous passons dans le domaine de la psychologie
des conceptions. Si la conception du bras se trouve engagée
dans une association d'une grande valeur affective, elle sera
inaccessible au jeu libre des autres associations. Le bras sera
paralysé en proportion de la persistance de cette valeur affec-
tive ou de sa diminution par des moyens psychiques appropriés.
C'est la solution du problème que nous avons posé, car dans
tous les cas de paralysie hystérique on trouve que l'organe
paralysé ou la fonction abolie est engagé dans une association
subconsciente qui est munie d'une grande valeur affective, et l'on
peut montrer que le bras devient libre aussitôt que cette valeur
affective est effacée. Alors la conception du bras existe dans le
42 CLINIQUE NERVEUSE.
substratum matériel, mais elle n'est pas accessible aux asso-
ciations et impulsions conscientes parce que toute son affinité
associative, pour ainsi dire, est saturée dans une association
subconsciente avec le souvenir de l'événement, du trauma, qui
a produit cette paralysie.
C'est M. Charcot qui nous a enseigné le premier qu'il faut
s'adresser à la psychologie pour l'explication de la névrose
hystérique. Nous avons suivi son exemple, Breuer et moi, dans
un mémoire préliminaire (Uber den psychischen Mechanismus
hysterischer Phânomene, Neu2-olog. Centralblatt, n° 1 und : 3,
1893). Nous démontrons dans ce mémoire que les symptômes
permanents de l'hystérie dite non traumatique s'expliquent
(à part les stigmates) par le même mécanisme que Charcot a
reconnu dans les paralysies traumatiques. Mais nous donnons
aussi la raison pour laquelle ces symptômes persistent et
peuvent être guéris par un procédé spécial de psychothérapie
hypnotique. Chaque événement, chaque impression psychique
est munie d'une certaine valeur affective (Affectbetrag), dont
le moi se délivre ou par la voie de réaction motrice ou par un
travail psychique associatif. Si l'individu ne peut ou ne veut
s'acquitter du surcroît, le souvenir de cette impression acquiert
l'importance d'un trauma et devient la cause de symptômes
permanents d'hystérie. L'impossibilité de l'élimination s'im-
pose quand l'impression reste dans le subconscient. Nous avons
appelé cette théorie : Das Abreagiren der Reizzuwâchse.
En résumé, je pense qu'il est bien en accord avec notre vue
générale sur l'hystérie, telle que nous l'avons pu former
d'après l'enseignement de M. Charcot, que la lésion dans les
paralysies hystériques ne consiste pas en autre chose que dans
l'inaccessibilité de la conception de l'organe ou de la fonction
pour les associations du moi conscient, que cette altération
purement fonctionnelle (avec intégrité de la conception même)
est causée par la fixation de cette conception dans une asso-
ciation subconsciente avec le souvenir du trauma et que cette
conception ne devient pas libre et accessible tant que la valeur
affective du trauma psychique n'a pas été éliminée par la
réaction motrice adéquate ou par le travail psychique cons-
cient. Mais même si ce mécanisme n'a pas lieu, s'il faut pour
la paralysie hystérique toujours une idée autosuggestive
directe comme dans les cas traumatiques de M. Charcot, nous
avons réussi à montrer de quelle nature la lésion ou plutôt
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 43
l'altération dans la paralysie hystérique devrait être, pour
expliquer ses différences avec la paralysie organique céré-
brale.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE
PATHOLOGIQUES.
I. LES sinus ET LES veines DES parois DE la cavité rachidienne
par le D'' TuoLARD.
M. le professeur Trolard frappé de la différence que présente
suivant les auteurs la description des veines intra-rachidiennes, a
repris leur étude dans un travail tout récent et encore inédit. Il
attribue le défaut de précision des descriptions faites jusqu'à ce
jour, aux difficultés de la dissection dans l'intérieur du rachis qui
oblige à avoir recours à l'ouverture de fenêtres, souvent insuffi-
santes pour apercevoir l'ensemble des dispositions, ou bien telle-
ment grandes qu'il ne reste plus grand'chose de ce que l'on veut
observer.
, La suffusion des injections solides est aussi une cause d'erreur.
L'extrême minceur des parois des veines, lesquelles ne sont pas du
tout soutenues, dans certaines parties tout au moins, et la facilité
avec laquelle le tissu cellulaire péri-dure-mérien se laisse injecter,
expliquent les suffusions.
M. Trolard a obtenu de bons résultats avec les injections par la
voie artérielle. Grâce aux injections conservatrices, qui désobs-
truent et déblaient les voies de communication on arrive aisément
à injecter les veines.
On peut se servir aussi des injections mercurielles, mais on
ne peut remplir que des points très limités, en raison des multi-
ples ouvertures que l'on pratique dans les veines quand on fait
une brèche au canal rachidien. Le meilleur procédé consiste à
ouvrir les canaux sur la sonde, et à insuffler ceux que la sonde
ne peut pénétrer. ,
M. Trolard s'est servi dix fois de colonnes vertébrales décalci-
fiées dans une solution acidulée. Cela lui a permis de faire un
grand nombre de coupes horizontales. De plus, étant donnée la
malléabilité du tissu osseux, il a pu, après avoir fait des ouvertures
peu étendues dans la partie postérieure du rachis, fixer les deux
44 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
lèvres de l'incision sur des plaques de liège et se donner ainsi
beaucoup de jour.
- Tous les auteurs donnent, à peu de chose près, la même descrip-
tion de la veine rachidienne antérieure. Il n'en est pas de même
pour la veine postérieure. Pour Walter, elle ne serait pas cons-
tante, et quand elle existe, elle serait constituée par une série d'ar-
cades situées en arrière des trous de conjugaison.
Cet auteur réserve le nom de plexus postérieur, aux seules
anastomoses transversales qui sont appliquées contre la paroi pos-
térieure du canal, à condition d'admettre alors l'existence cons-
tante des veines longitudinales postérieures. En effet, sur une
coupe antéro-postérieure du canal rachidien, on voit que chaque
trou de conjugaison est entouré d'un cercle veineux, dont le fond
antérieur est formé par les veines longitudinales antérieures, le
bord supérieur et le bord inférieur par des branches anastomoti-
ques ; le bord postérieur est formé par les veines longitudinales
postérieures proprement dites de l3resoliet, mais dans les régions
où elles manquent, par des arcades veineuses qui s'anastomosent
largement avec les plexus dont elles font partie. Ces arcades se-
raient souvent formées, d'après Breschet, par un dédoublement
annulaire complet d'une veine longitudinale antérieure, Walter
regarde comme veine postérieure tout ce qui est en arrière des
trous de conjugaison; et comme les veines qui forment les bords
postérieurs de ces anneaux, forment entre elles une série d'arcades
continue sverticalement placées en arrière des racines rachidiennes,
on peut les considérer comme de véritables veines longitudinales
postérieures. Ces veines longitudinales, ordinairement formées
par une succession d'anastomoses plexiformes, sont représentées
en certaines régions par une ou deux veines volumineuses, régu-
lières, veines longitudinales postérieures.
Telle est résumée la description de Walter.
Pour Testut, la veine postérieure n'est pas immédiatement der-
rière les trous de conjugaison : elle repose de chaque côté de la
ligne médiane, sur la série des lames vertébrales et des ligaments
jaunes. » Krause la place entre le sac de la dure-mère et la paroi
postérieure du canal vertébral.
Du travail de 1\1. Trolard, il se dégage la conclusion suivante,
que dans le rachis, les veines, tout en présentant diverses disposi-
tions, se rapprochent d'un type qu'il décrit de la façon suivante :
1° La canalisation veineuse logée dans le rachis se réduit à deux
conduits principaux ;
2° Le restant de la canalisation ne serait composé que de bran-
chements secondaires destinés les uns à assurer la circulation des
deux conduits de premier ordre (canaux de sûreté de Verneuil) ;
les autres à mettre en communication ces conduits, avec les veines
extra-rachidiennes.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 45
Sinus intra-rachidiens. Les deux conduits en question repo-
sent sur la partie la plus externe de la face postérieure des corps
vertébraux. Au cou, par le quart externe de leur diamètre, ils em-
piètent sur les pédicules et les échancrures des vertèbres. M. Tro-
lard les classe dans la catégorie des sinus, et les nomme sinus
intra-rachidiens.
Chacun d'eux commence au trou condylien antérieur, ou plus
exactement au confluent condylien antérieur. Leur terminaison a
lieu au niveau de la première vertèbre sacrée. '
Dans tout son trajet, le sinus est régulièrement calibré.
On peut distinguer les voies de sûreté et de dégagement en
veines collatérales externes et en veines collatérales internes.
Veines collatérales externes. L'origine de ces branches dans le
sinus est représentée par une ouverture grillagée, à mailles multi-
ples et arrondies (fig. 2 et 3).
Ce tissu fenêtré disposé sur deux plans existe au niveau de
toutes les racines. Quand on sectionne ce tissu et que l'on tend le
nerf en dedans, on aperçoit un infundibulum dont la branche
nerveuse représente l'axe. Dans cette cavité il faut distinguer deux
sortes d'orifice : les uns placés au fond ou dans la partie moyenne ;
les autres situés à la base du cône, c'est-à-dire très près de la ca-
vité du sinus. Les premiers sont ceux des vaisseaux de dégage-
Fig. 1.
46 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
ment; les derniers orifices sont ceux des canaux de suppléance ou
de dérivation du sinus.
Les veines de dérivation vont d'un trou de conjugaison à un
autre, ayant la forme d'un arc dont la concavité regarde le sinus.
Elles manquent au cou, ou plutôt y sont représentées par les veines
vertébrales. De cette série d'arcades, quelques auteurs ont fait un
vaisseau particulier qu'ils ont appelé veine longitudinale posté-
rieure. Rien ne justifie cette analogie avec la veine longitudinale
antérieure.
Au dos, le système de dérivation est un peu plus complexe. De
la convexité des arcs décrits ci-dessus, partent d'autres arcs dont la
concavité est dirigée en dedans également, et qui se joignent entre
eux à leurs deux extrémités.
C'est avec cette deuxième série d'arcades veineuses, que quel-
ques anatomistes ont constitué la veine longitudinale postérieure
seconde manière c'est-à-dire celle qu'ils placent « de chaque
côté de la ligne médiane ».
Plexus postérieur. D'un ou de plusieurs points des arcs de
second ordre au dos, des arcs de premier ordre aux lombes, di-
rectement du sinus au cou, partent des branches transversales
Fig. 2.
Fi,q.3.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 47
qui s'anastomosent entre elles et qui constituent le plexus posté-
rieur.
Veines de dégagement. - Les orifices que l'on voit au fond de
l'infundibulum des trous de conjugaison sont ceux des veines de
dégagement. Ces veines sont ordinairement au nombre de deux :
l'une placée au-dessus ou en avant de la racine nerveuse, l'autre
au-dessous ou en arrière. Aux lombes et à la partie inférieure du
dos, il y a un troisième canal qui passe au-dessous d'un ligament
qui va des côtés du corps vertébral au bord supérieur du pédicule
de la vertèbre située au-dessous, et que Trolard appelle ligament
vertébral latéral.
Tous ces vaisseaux vont aux veines extra-rachidiennes; ceux du
dos et des lombes, directement; ceux du cou, après avoir traversé
le sinus vertébral.
Veines collatérales internes. Le diploé des corps vertébraux
est creusé de canaux qui viennent converger au centre de la face
postérieure de ces corps dans une cavité ampullaire. C'est dans ces
cavités qu'aboutissent des canaux qui viennent des sinus longitudi-
naux.
Quand on examine ce sinus dans l'angle de jonction de la paroi
postérieure avec l'antérieure, on voit d'abord sur la ligne horizon-
tale qui joint cet angle à la partie moyenne de la face postérieure
du corps vertébral, soit une lame criblée, soit deux ou trois ori-
fices. Ces orifices et ceux de la lame criblée conduisent dans un ou
deux canaux qui vont directement à la citerne vertébrale.
Au-dessus et au-dessous de ces trous, on en découvre d'autres.
Ceux-là conduisent dans des canaux obliques qui rejoignent égale-
ment la citerne.
l'ig. ?
48 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
A la région lombaire, au niveau de la face postérieure des corps
vertébraux, ces veines se pelotonnent, et forment un véritable
corps spongieux (fig. 4).
En résumé, l'appareil de la circulation veineuse intra-rachidienne
se réduit à deux sinus longitudinaux munis :
1° De canaux de dérivation qui sont, en dehors et en arrière, les
arcades anastomotiques (au cou le sinus vertébral) et le plexus pos-
térieur ; en dedans, les canaux qui vont aux réservoirs des corps
vertébraux;
2° De canaux de dégagement qui sont les veines des trous de
conjugaison.
De la sorte disparaîtrait la séduisante image classique des quatre
gros troncs enlacés par une belle ceinture veineuse. J. DAURIAC.
II. RECHERCHES expérimentales SUR l'intoxication saturnine EXA-
minée principalement DANS SES RAPPORTS AVEC LES ALTÉRATIONS DU
système nerveux ; par L. STIEGLITZ. (AI'ch. f. Psychiat., XXIV, 1.)
Intoxication de treize cobayes et de neuf lapins, par des pulvéri-
sations de solutions d'acétate de plomb au moyen d'un appareil
spécial, pendant six jours, un mois, cent quarante-quatre jours,
cent soixante-cinq jours. Etude anatomo-patllologique et histolo-
gique complète. Cinq observations très détaillées.
Observation 1. Paralysie des deux pattes postérieures, lésions inflam-
matoires frappantes dans la substance grise d'une des ◀cornes▶ antérieures
du renflement lombaire, dégénérescence des grandes cellules dans les
◀cornes▶ antérieures (vacuolisation), des racines antérieures et postérieures.
Intégrité des nerfs périphériques. Observation Il. Attaques épilep-
tiformes avec paralysie des quatre pattes. Nombreuses hémorrhagies
de toutes dimensions dans l'encéphale. Atrophie très accusée d'une des
◀cornes▶ antérieures de la moelle cervicale; atrophie des grandes cellules
ou formation de vacuoles dans ces' éléments, des deux côtés. Dégéné-
rescence des racines correspondantes. Lésions des quatre ganglions spinaux
cervico-inférieurs. Entre la moelle et les ganglions en question, lésion
des manchons de myéline, persistance des cylindraxes. Dégénérescence
très accentuée des nerfs périphériques.- Observation III. Paralysie spinale
aiguë, vacuolisation des cellules nerveuses. Dégénérescence segmentaire
des racines; dégénérescence commençante des nerfs périphériques;
hémorrhagies capillaires dans la moelle. - OGselw2tioz Il ? Paralysie
d'un seul membre, vacuolisation des cellules nerveuses, dégénérescence
très marquée des racines qui cesse brusquement au moment où ces
racines pénètrent dans la moelle; dégénérescence très accusée des nerfs
sciatiques. - Observation V. Mort subite par intoxication suraiguë.
.Mêmes lésions.
En réalité, douze faits témoignent de l'existence d'hémorrhagies
encéphaliques, d'altérations de la moelle et des racines spinales, de
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 49
dégénérescence des nerfs périphériques. Chez ces douze animaux
il y avait vacuolisation des ◀cornes▶ antérieures.
Pathogénie. Le plomb trouble d'abord les fonctions des
centres spinaux, puis les nerfs périphériques sont atteints et c'est
alors qu'apparaît la paralysie. Mais les nerfs périphériques et les
muscles sont altérés avant les centres. C'est la seule théorie qui
puisse correspondre en même temps aux faits cliniques et aux
constatations anatomo-pathologiques. Quant aux lésions du coeur,
du poumon, des reins, ou les rencontre également. (Voir le mé-
moire.) P. KERAVdL.
III. UNE MALADIE TOUTE SPECIALE AFFECTANT TROIS FRÈRES ET SOEURS
SOUS LA FORME DE PARALYSIE PROGRESSIVE, AVEC LÉSIONS VASCL'LAIRES
ÉTENDUES, PROBABLEMENT DUE A UNE SYPHILIS HÉRÉDITAIRE TARDIVE ;
par E.-A. HOMES. (Archiv f. Psychiat., XXIV, 1.)
Autopsie du dernier malade dont il a été question dans le Neu-
rolog. Centralbl. 1890. (Voir Archives de Neurologie. Revues analy-
tiques, n° 66.)
En résumé le type clinique de la maladie se compose ainsi qu'il
suit : vertiges, lourdeur de tête, sensation de lassitude, diminution
de l'appétit, affaiblissement de l'intelligence, démarche incertaine,
semblable à celle d'Une homme ivre, vagues douleurs dans les
jambes et autres parties du corps, démence progressive, parole
indistincte, accidents spasmodiques et finalement contracture,
dysphagie, lenteur de la réaction des pupilles, dimution de la sen-
sibilité, aspect infantile. Durée : trois ans et demi, six et sept ans.
Anatomie pathologique. - Epaississement des méninges, adhé-
rence, par places, de la pie-mère et de l'écorce, atrophie cérébrale,
surtout des lobes frontaux, vaisseaux scléreux, foyer de ramollisse-
ment des deux noyaux lenticulaires, cirrhose hépatique, tuméfac-
tion splénique.
Histologie. Atrophie des fibres à myéline, surtout des fibres
tangentielles des lobes frontaux, atrophie des cellules pyramidales.
Epaississement de la névroglie dans la substance corticale et en-
dartérite. p. K.
IV. Contribution A la pathologie ET A l'anatomie pathologique DE
la paralysie générale ET notamment A l'étude DES altérations
DE la MOELLE ET DES nerfs PÉRIPHÉRIQUES; par fUERSTNER. (A1'ch. f
Psychiat., XXIV, 1.)
Dans la paralysie générale, peut-il y avoir lésion concurrente de
tout le système nerveux périphérique ? Existe-t-il entre la lésion
de ce dernier et les processus pathologiques du système nerveux
Archives, t. XXVI. 4
50 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
central un rapport de dépendance ? Pick a répondu affirmative-
ment (Berlin. Klin Wochenschrift, 1890, n° 47.)
Etude complète de 145 malades, 118 hommes,27 femmes.
En ce qui concerne les lésions spinales de la paralysie générale,
celles qui sont de beaucoup les plus fréquentes porteut sur les cor-
dons latéraux et postérieurs - puis, viennent celles des cordons
postérieurs seuls- enfin la troisième catégorie a trait aux lésions
des cordons latéraux seuls. Il est imposible d'établir si, chez les
paralytiques généraux syphilitiques, il y a lésion exclusive ou pré-
dominante des cordons postérieurs. Le processus primitif est cons-
titué par la dégénérescence de la substance nerveuse. Le nombre
des observations existantes jusqu'ici ne permet pas de prouver que
la paralysie progressive soit le'facteur direct d'une névrite périphé-
rique. P. K.
V. LES arrêts DE développement psychique par lésions DE la
TÊTE DE L'ENFANT AVANT, PENDANT L'ACCOUCHEMENT ET AUSSITÔT APRÈS
la naissance, par WULFF. (Allg. Zeitsch. f. Psychiat., XLIX, 1,2.)
Étude des commémoratifs et des observations de 1436 idiots à des
degrés divers et de toutes les formes. Fréquence des traumatismes
céphaliques intra-utérins, pendant l'accouchement, après la nais-
sance, auxquels on doit rattacher l'idiotie.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 51
sation cérébrale des sensations du toucher, de la douleur, de la
température, ainsi que le sens musculaire, correspond à peu près,
sinon tout à fait aux centres moteurs correspondants ; l'observation
suivante d'après l'auteur doit être comptée comme une de plus. Il
s'agit d'un homme ayant présenté les symptômes d'un néoplasme
cérébral avec attaques d'épilepsie partielle, puis hémiplégie gauche,
accompagnée d'anesthésie complète du membre supérieur du même
côté. L'autopsie a montré la présence d'un vaste mélano-sarcome.
Cette tumeur recouvrait la pariétale ascendante, les première et
deuxième pariétales et les circonvolutions occipitales de l'hémi-
sphère droit. J.-B. CHARCOT.
VII. ETUDE DES LOIS QUI GOUVERNENT LES actions humaines ;
par le Dr A. TYLER.
, Les actions humaines sont sujettes à des lois. Ces lois peuvent
être établies et nous permettent de prévoir, dans une certaine
mesure, la conduite de nos semblables. C'est ainsi que le marchand
qui se lance dans des entreprises, le capitaliste qui place ses fonds,
le voyageur qui se confie à un mécanicien de chemin de fer ou à
un capitaine de vaisseau, escomptent la conduite de leurs sem-
blables et croient la prévoir.
Quelles sont donc les lois des actions humaines ? 1° L'hérédité.
La race humaine forme une chaîne ininterrompue; le fils hérite
du père des forces physiques et morales que celui-ci a reçues lui-
même de ses ancêtres. Si nous partons du moment où pour la pre-
mière fois la matière a été animée, nous pouvons suivre son évolu-
tion. Sous l'influence du milieu, la matière animée se différencie en
végétaux et animaux ; le genre humain étant lui-même classé
parmi les animaux.
Chaque individu hérite de ses ancêtres, de leurs caractères phy-
siques et moraux, y ajoute quelque chose sous l'influence du
milieu et transmet à ses descendants les qualités qu'il a reçues et
qu'il a apportées.
Prenons comme exemple le sentiment religieux. L'homme, à
l'origine, effrayé de ce qu'il ne pouvait expliquer, le tonnerre, les
éclairs, la mer, la succession des jours et des nuits, a attribué tous
ces phénomènes à des puissances supérieures. Au sur et à mesure
que la science a progressé et expliqué les causes de ces effets terri-
fiants, le nombre des dieux a diminué jusqu'à ce qu'il n'en soit resté
qu'un seul. Mais le sentiment religieux persiste. Mettez l'homme le
plus instruit au milieu d'un cataclysme terrible, il éprouvera à
l'égard des forces naturelles, le même sentiment que l'homme
primitif.
Dans la folie, ce sont les qualités les plus récemment acquises et
les plus parfaites qui disparaissent les premières. Le fou se trouvé
52 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES..
par rapport au sentiment religieux dans l'état d'esprit du sauvage.
De même la morale s'est développée avec le temps et les condi-
tions nouvelles de la vie. L'homme primitif, vivant seul ou par
petits groupes, n'a pas de morale. Celle-ci naît avec la société et
se complique avec ellejusqu'à l'état où nous la voyons aujourd'hui :
c'est une véritable science. Le fou n'a pas de morale, pas plus que
l'homme sauvage.
2° Le milieu. Les actions humaines sont une résultante de la
lutte entre les forces de l'organisme, d'une part, et celles du milieu,
d'autre part. Quelles différences le climat ne produit-il pas dans
les moeurs ?
Conclusion. Le milieu modifie la conduite. Quand l'influence
du milieu dure, des habitudes de vie prennent naissance, des mo-
difications de structure se forment. Par l'hérédité, elles se trans-
mettent de génération en génération et subissent continuellement
des changements dus au milieu. (American journal ofinsanity, 1892.)
E. B.
VIII. MÉTHODE D'EXAMEN DU CERVEAU A L'ÉTAT FRAIS;
par le Dr 111NDRED.
L'auteur décrit le procédé des coupes de tissu cérébral par con-
gélation, procédé qu'il s'étonne de ne pas voir employer plus fré-
quemment en Europe. La pièce à congeler est placée directement
sur une plaque en métal sous laquelle on pulvérise de l'éther jus-
qu'à congélation de la pièce.
Les coupes sont d'abord mises dans l'eau, puis placées sur une
lamelle où on les met, pendant quelques secondes seulement, en
contact avec une solution d'acide osmique à 0 gr. 25 p. 100. Cette
action de l'acide osmique n'est pas destinée à donner à la coupe
la coloration spéciale de l'osmium, mais seulement à fixer la myé-
line qui, sans cela, se désagrégerait dans l'eau. La coupe est de
nouveau lavée à l'eau, puis colorée par une solution de bleu-noir
d'aniline à 0,25 p. 100 et plongée pour la dernière fois dans l'eau
distillée. Elle est alors placée sur une lamelle. On laisse la prépa-
ration se sécher à l'air en ayant seulement soin de la couvrir d'une
cloche. Lorsqu'elle est bien sèche, on la monte au baume.
Cette méthode permet d'observer les différents éléments du cer-
veau dans leur forme et leurs rapports exacts, et présente une supé-
riorité évidente sur les méthodes d'examen du cerveau après durcis-
sement, car dans ces derniers se produisent de nombreuses défor-
mations en même temps que d'autres conditions artificielles. Les es-
paces artificiels que l'on voit autour des cellules, dans les sections
durcies, sont absentes sur les coupes fraîches; sur ces dernières,
les cellules nerveuses sont considérablement plus larges, leurs pro-
longements plus volumineux, les couches de l'écorce plus épaisses.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 53
La coloration doit être faite avec attention, notamment sur les
cerveaux malades où l'action de l'aniline est plus rapide, ce qui
expose à des excès de coloration. '
Bien que le bleu d'aniline seul donne, en général, de bons ré-
sultats, cependant pour quelques éléments particuliers, et notam-
ment pour les leucocytes amassés autour des parois vasculaires
dans les états inflammatoires aigus ou chroniques, on aura de
meilleurs résultats avec d'autres couleurs d'aniline, et en parti-
culier le bleu de méthylène en solution aqueuse et le violet de
gentiane. (American journal of ïnsanity, 1892.) E. B.
IX. DES FIBRES D'ASSOCIATION DANS L'ÉCORCE CÉRÉBRALE DES PARALY-
TIQUES généraux; par M. Lioubimov. (Messager de psychiatrie cli-
nique et légale, ixe année, t. II, Saint-Pétersbourg, 1892.)
Les conclusions de M. Lioubimov ne s'éloignent pas beaucoup
de celles de Tuczeck; lui aussi a pu constater que les fibres à
myéline sont absentes souvent dans l'écorce du cerveau des para-
lytiques généraux, surtout au niveau des circonvolutions frontales
et pariétales. Il exprime seulement le doute sur le fait avancé par
Tuczek que le processus morbide commence toujours par la couche
superficielle de l'écorce pour atteindre successivement les couches
plus profondément situées ; il a trouvé, au contraire, dans plusieurs
cas (observations 3 et 6) que tandis que les fibres à myéline des
couches profondes avaient totalement disparu, celles des couches
superficielles n'étaient souvent qu'à peine altérées dans leur
structure.
Ces résultats nous donnent-ils une idée plus précise sur le pro-
cessus pathologique si complexe de la paralysie générale ? Quand
on pense que ces recherches ont été faites, comme bien d'autres,
sur les cerveaux des paralytiques généraux arrivés au dernier
terme de la maladie, et qu'à côté des altérations des fibres à
myéline, il existe presque toujours des lésions cellulaires et vascu-
laires, il est permis de se demander quelle est la lésion qui com-
mence la première, est-ce celle de la fibre à myéline, celle de la
cellule ou celle des vaisseaux ? On sait que chacune d'elles a eu ses
défenseurs et pour trancher la question, il faudrait examiner un
certain nombre de cerveaux des paralytiques morts accidentelle-
ment tout à fait au début de la maladie. J. Roubinovitch.
X. DE LA STRUCTURE 111;;TOLOGIQUE DE LA MOELLE ÉPINIÈRE CHEZ
l'homme; par le Dr I\hNGAZzm. (Riv. sp. di fren., fasc. III-IV,
1892.)
Le réseau nerveux de la ◀corne▶ antérieure (excepté dans sa por-
tion médiane) est formé presqu'en totalité par des fibrilles termi-
nales (collatérales des faisceaux pyramidaux) qui mettent en
54 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
relation le segment cérébro-spinal avec le segment spino-muscu-
laire des trajets pyramidaux. Tous les groupes des cellules de la
◀corne▶ antérieure (et latérale) ont la signification d'éléments mo-
teurs;- cependant les groupes moyen et antéro-latéral ,ont en
rapport direct seulement avec les fibrilles collatérales des faisceaux
pyramidaux : tandis que le groupe postéro latéral est en rapport
non seulement avec les mêmes fibrilles mais aussi avec l'extrémité
terminale des collatérales sensitives des fibres radiculaires posté-
rieures, qui s'étendent par leurs extrémités terminales jusqu'à la
base de la ◀corne▶ antérieure.- La commissure antérieure est cons-
tituée par deux portions : une postérieure, formée par l'entre-
croisement d'une portion des fibres postérieures radiculaires; une
antérieure, formée, en partie au moins, par les prolongements des
cellules de la ◀corne▶ antérieure et des fibres radiculaires anté-
rieures. J. SI(GLAS.
Xi. DE LA DESTRUCTION DE LA GLANDE PITUlT.IRF; par G. VASSALE
et E. Sacciii. (Riv. sp. di f7-eiz., fasc. III-1V. 1892.)
La destruction complète de la glande pituitaire a chez le chat et
le chien des conséquences fatales, indépendamment de toute com-
plication opératoire. La destruction partielle de l'hypophyse est
chez ces animaux compatible pour un long temps avec la vie. On
a cependant des phénomènes typiques d'insuffisance fonctionnelle
de la glande ; sans que les recherches des auteurs établissent si ces
phénomènes d'insuffisance fonctionnelle peuvent, à une date plus
ou moins éloignée de l'opération, s'aggraver et conduire à une
véritable cachexie fatale : ou si au contraire ils s'atténuent ou
disparaissent, la glande reprenant ses fonctions, par suite d'une
régénération partielle, que les auteurs ont notée d'une façon évi-
dente dans un de leurs cas.- L'augmentation des cellules chro-
mophiles dans la glande pituitaire témoigne tout autant d'un pro-
cessus dégénératif que n'un processus fonctionnel compensateur
de cette même glande. Bien que le cadre symptomatique,
résultant de la destruction complète de l'hypophyse offre des ana-
logies avec celui qui succède à l'extirpation du corps thyroïde, on
ne peut admettre que le rapport fonctionnel entre les deux glandes
soit tel qu'elles puissent se substituer l'une à l'autre pour les
besoins de l'économie. Relativement à la nature fonctionnelle,
l'hypophyse rentre dans le nombre de ces glandes dont la des-
truction donne lieu à la formation et à l'accumulation dans l'or-
ganisme de substances toxiques spéciales. J. SÉGLAS.
XII. DES SILLONS DE l'artère méningée MOYENNE dans L'ENDOCRANE;
par G. Phi. (Riv. sp. di fi-en., fasc. III-IV. 1892.)
L'auteur tire de ses recherches les conclusions suivantes : à l'ex-
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 55
ception des microcéphales chez lesquels prédomine l'égalité de
développement des sillons de l'artère méningée moyenne de chaque
côté du crâne, autrement dit la symétrie, on trouve généralement
que les sillons sont plus manifestes à gauche qu'à droite, chez les
individus normaux, les singes anthropomorphes, les délinquants
et les aliénés; en d'autres termes, l'asymétrie est de règle en faveur
de la moitié gauche de l'endocrane. D'autre part il y a des diffé-
rences notables. Ainsi, en se tenant aux recherches de Danillo chez
les hommes et les singes et à celles de Lombroso chez les criminels,
l'écart entre les chiffres de développement plus marqué des sillons
à gauche et celui de profondeur et de largeur égales des deux
côtés, est léger; tandis que suivant les recherches de l'auteur, cet
écart devient assez marqué soit chez les individus sains, soit (bien
qu'à un degré moindre) chez les aliénés, et avec prédominance en
moyenne à gauche, d'où l'asymétrie, à laquelle, en conséquence,
ces derniers inclineraient moins que les sujets sains d'esprit. Le
développement plus grand des sillons de l'artère méningée
moyenne dans l'endocrane à droite se trouve plus rarement chez
les microcéphales que chez les primates (Danillo) et les délin-
quants (Lombroso) ; tandis que d'après les recherches de l'auteur,
elle se rencontre plus souvent que chez ceux-ci et ceux-là, chez les
individus sains et plus encore chez les aliénés qui, encore par ce
caractère, différeraient des normaux, en offrant une moins grande
fréquence dans la différence des sillons artériels dans les deux
moitiés du crâne J. SGLAS.
XIII. Contribution aux affections DES lobes temporaux : - UN cas
DE SURDI-MUTITÉ; UN CAS DE LÉSIONS DU LOBE TEMPORAL GAUCHE
SANS SURDITÉ VERBALE CHEZ UN INDIVIDU GAUCHER; par G. SEPPILI.
(Riv. sp. di fren., fasc. III-IV. 1892.)
1° Observation d'un cas de surdi-mutité dans lequel l'autopsie
révéla une lésion destructive ancienne des deux lobes temporaux.
Si l'on se reporte au mécanisme de la formation du langage, on
peut admettre que dans des cas semblables où les circonvolutions
temporales sont détruites par suite d'un processus d'encéphalite
survenu dans l'enfance, la surdité résulte de l'empêchement
apporté dans la formation des images auditives verbales, le
mutisme résultant nécessairement de l'absence de cet élément de
développement et d'élaboration des images verbales motrices.
La surdi-mutité d'origine cérébrale, différant en cela de celle qui
résulte d'une affection périphérique des organes de l'audition, s'ac-
compagne facilement de convulsions épileptiques, d'états d'imbé-
cillité ou d'idiotie, qui sont ordinairement les effets concomittants
de l'encéphalite de l'enfance qui est la cause première de la surdi-
mutité d'origine centrale.
56 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
2° Observation d'un cas de lésions destructives anciennes du
lobe temperal gauche chez un individu gaucher qui pendant la vie
n'avait présenté aucun trouble du langage, entendant bien, com-
prenant bien le sens des mots et y répondant promptement, la
parole ayant été toujours intacte. De ce cas et d'autres analogues,
l'auteur conclut que chez les gauchers le centre auditif du langage
n'a pas son siège dans l'hémisphère gauche, mais bien dans l'hé-
misphère droit. J. SEGLAS.
XIV. DE la réparation DE certains MUSCLES QUI ONT ÉTÉ COMPLÈTE-
MENT paralysés A la SUITE du polio-myélite ; par GJAÈIE111. HAM-
MOUND, M.-D. (The Journal of Nervous and Mental Disease, janvier
1893.)
Il est bien certain que si il n'y a plus aucune contraction des
éléments musculaires ou s'il n'y a plus d'élément musculaire, l'élec-
tricité ne peut être d'aucun secours. Mais, l'auteur fait remarquer,
et il publie trois observations à l'appui de son dire, qu'il n'est pas
toujours possible de savoir s'il y a encore ou s'il n'y a plus de con-
traction musculaire. Il ne faut donc désespérer qu'après un trai-
tement électrique très prolongé. J.-B. C.
XV. Transmission DES variations acquises; par le Dr RICHARDSON.
Etudiant les lois de l'hérédité chez les formes les plus simples de
la vie, l'auteur arrive aux conclusions suivantes :
1° Il existe une certaine continuité du germe plasma en ce sens
qu'une partie de la cellule reproductrice passe à la génération
suivante et forme le substratum duquel dérive le futur orga-
nisme.
2° Des variations se rencontrent dans l'agencement moléculaire
du germe, résultant des variations en quantité et en qualité de
l'élément trophique et des changements dans les conditions envi-
ronnantes.
3° La loi de l'hérédité, propriété essentielle et inhérente de la
vie organique, reproduira cette variation jusqu'à ce qu'elle soit
modifiée ou détournée par des conditions d'entourage et de nu-
trition.
4° Lorsque cette variation est avantageuse à l'individu, elle le
rend ainsi plus apte à résister aux influences ennemies de son en-
tourage ou à s'approprier en plus grande quantité ou à utiliser
plus efficacement ses forces nutritives, et par conséquent plus apte à
se reproduire et à atteindre un plus haut degré dans les généra-
tions suivantes.
5° Chaque organisme transmettra à sa descendance les particu-
larités précises de sa propre structure, telles qu'elles existent aumo-
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 57
ment de la cessation des relations nutritives entre l'être généra-
teur et sa cellule reproductrice : toutefois ces particularités orga-
niques ne sont jamais reproduites sans plus ou moins de modifica-
tions, car il existe constamment des changements dans les condi-
tions environnantes et dans les variations en quantité et en qualité
des forces nutritives. (Améric an Journal of insanity, 1891.) E. B.
XVI. LA PRÉTENDUE AIRE MOTRICE DE L'ÉCORCE CÉRÉBRALE ;
par le Dr LANE.
Après avoir repris l'histoire des localisations motrices corticales,
l'auteur s'élève contre la théorie d'une localisation motrice : parce
qu'un mouvement suit l'excitation d'un point donné de la couche
corticale, il ne s'en suit pas que cette aire cérébrale soit, à l'état
sain, le siège d'une impulsion volontaire, pour la contraction de
son muscle correspondant, encore moins cela prouve-t-il que cette
aire est motrice plutôt que sensorielle. ,
La soi-disant région motrice n'est qu'une région purement senso-
rielle, kinestésique.
Le terme kinestésique renferme plus que ce qu'on entend stricte-
ment par « sens musculaire » : il signifie toute sensation de mou-
vement, les sensations tactiles et mixtes, toute sensation pro-
venant des muscles de la peau, des ligaments, des tendons, des
surfaces articulaires, sensations qui sont le résultat d'une action
musculaire et du mouvement qui en est la conséquence. La tota-
lité de l'écorce cérébrale serait une région sensorielle, siège de la
mémoire et de la volonté. En admettant, par exemple, que la cir-
convolution de Broca soit une région kinestésique, sensorielle,
qu'arrivera-t-il comme résultat de son altération ? Le malade
pourra penser, pourra comprendre les mots parlés ou écrits mais
il ne pourra les prononcer : il aura oublié comment parler, l'arti-
culation volontaire sera perdue.
Cette théorie de la nature sensorielle de la soi-disant aire mo-
trice de l'écorce cérébrale trouve un appui dans l'existence des
hallucinations du sens musculaire (membres amputés) et récem-
ment dans un mémoire de Tamburini sur les hallucinations du
mouvement. (dmerican jourrzal of insanity, 1890.) E. B.
XVII. Calorimétrie chez les oiseaux ; par ISAAC OTT, M.-D. (The
Journal of Nervous and Mental diseuses, (New-York), janvier
1893.)
D'après les expériences de l'auteur consistant à piquer le corps
strié et le tuber cinereum, chez des pigeons, ces organes seraient
en rapport avec l'élévation de la température. La piqûre des tuber-
cules quadrijumeaux produit également une légère élévation de
58 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.
température avec abaissement de la pression sanguine; les tuber-
cules quadrijumeaux seraient donc en rapport avec les centres ther-
miques. J.-B. C.
XVIII. Atrophie musculaire idiopathique COMPLIQUÉE DE NÉVRITE MUL-
TIPLE, par J.-F. ESKRIDGE M.-D. (The Journal of Nervous and
3lelztul disease, avril'1893.)
Il s'agit d'une malade présentant une hérédité bien nette et
atteinte d'atrophie musculaire compliquée d'anesthésie complète des
membres inférieurs. L'auteur, après avoir discuté les différents
diagnostics, arrive à admettre celui d'atrophie musculaire idiopa-
thique compliqué de névrite multiple. J.-B. C.
XIX. Du mouvement choréique; par Horatio C. \VooD M. D.
(The Journal of Ne ? -vous and Mental disease, avril 1893.)
L'auteur, s'appuyant sur des recherches personnelles précédem-
ment publiées, prétend que la chorée infantile est analogue à la
chorée du chien, et que, comme il est prouvé que cette dernière
est de cause spinale, la chorée infantile aurait la même cause.
Ceci lui semble indiscutable, car il n'est pas admissible pour lui
que le mécanisme de la chorée diffère d'une espèce à l'autre. Se
fondant sur ces prétentions, il explique les mouvements choréiques
en supposant que l'appareil spinal d'inhibition est si affaibli qu'il
a perdu tout contrôle sur l'appareil de la décharge motrice. Cette
théorie expliquerait également l'absence de fatigue malgré les
mouvements continuels. L'auteur cite ensuite des expériences sur
des chiens choréiques, tendant à prouver que la fonction d'inhibi-
tion peut être stimulée; la quinine aurait ce pouvoir à un haut
degré aussi préconise-t-il ce médicament dans cette affection.
XX. Un cas D'EXOPHTIIALMIE compliquant une néphrite; par HAROLD,
N. Moyen, M. D. (The Chicago Médical Recorder january, 1893.)
L'auteur publie une observation où l'on trouve une exophthal-
mie très prononcée chez un individu atteint de néphrite. Rien ne
vient expliquer cette exophthalmie et l'auteur ne trouve à émettre
que l'hypothèse suivante; ce symptôme serait dû à ia grande
résistance dans la circulation périphérique et à l'état tortueux con-
sécutif du système artériel. J.-B. CHARCOT.
XXI. Observation CLINIQUE ET ANATOMO-PATIJOLOGIQUE D'UN cas DE
POLlOM1ÉL ! TE antérieure avec altérations NERVEUSES PéRIPHéRIE-
QUES ; par F.-S.-John BULLEN. (The Journal of Mental Science,
janvier 1892.)
Observation d'un grand intérêt, suivie de l'autopsie détaillée du
SOCIÉTÉS SAVANTES. 59
malade et accompagnée d'une planche en photogravure : malheu-
reusement il manque, dans l'observation clinique, quelques détails
importants. L'autopsie et les lésions constatées sont l'objet de la
part, de M. Bullen, de judicieux commentaires. R. M.-C.
XXII. LÉSIONS NÉCROSCOPIQUES (DONT PLUSIEURS sont D'UNE interpréta-
TION difficile) observées SUR certains points DU système NERVEUX
dans un cas d'hémiplégie spasmodique; par Edwin GOOD.1LL. (The
Journal of l\1ental Science, avril 1891.)
Observation très complète, suivie de commentaires intéressants,
et accompagnée d'une planche. R. l\1.-C.
XXIII. Remarques sommaires SUR QUELQUES PIÈCES .\NATOMIQUES PRÉSEN-
TÉES A LA SÉANCE TRIMESTRIELLE TENUE, A L'HOPITAL DE BETHLEIf, le
15 mai 1890; par R. PERCY S;,flrn. (The Journal of Mental Science,
juillet 1890.)
Voici l'indication de ces pièces :
1° Portion d'estomac avec une grosse masse cancéreuse dépen-
dant de la petite courbure et déterminant l'obstruction partielle
de l'orifice oesophagien. '
2° Vaisseaux de la base du cerveau avec embolie de la cérébrale
postérieure gauche et alhérome de la cérébrale moyenne. -Coeur
du même mavégétations aortiques et mitrales. Prépa-
rations micrographiques de ces divers tissus.
3° Section de l'écorce cérébrale (aire motrice) dans un cas de
mélancolie aiguë, avec agrandissement des espaces péri-vascu-
laires. - Augmentation des noyaux le long des petits vaisseaux. z
Dégénérescence granulo-graisseuse des cellules pyramidales, etc.
R. M.-C.
SOCIÉTÉS SAVANTES
SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE.
. Séance du 29 mai 1893. Présidence de M. CHRISTIAN.
La mélancolie dans les ménages inféconds. - 11. A. Voisin, rapporte
trois observations de mélancolie liée, chez la femme, à l'infécon-
dité du mari et disparaissant après la naissance d'enfants. Chez
60 SOCIÉTÉS SAVANTES.
ces trois femmes, le chagrin de se voir condamnées à la stérilité
avait provoqué l'explosion d'un délire mélancolique très accusé.
L'absence d'enfants tenait, dans les trois cas au manque de
spermatozoaires chez les maris qui, tous les trois, étaient goutteux.
Après quelques saisons d'eaux effectuées par les maris, les femmes
devinrent enceintes et guérirent de leurs troubles intellectuels.
Chaque couple eut plusieurs enfants. Les maris avaient récupéré
des spermatozoaires pendant leurs déplacements balnéaires.
M. Blanche trouve les observations de M. Voisin fort intéressantes.
M. B.
SOCIÉTÉ DES MÉDECINS NEUROLOGISTES ET ALIÉNISTES
DE MOSCOU.
Séance publique annuelle du 25 octobre 1892.
M. A. ROISNILOF. Névroses consécutives aux accidents. A la suite
d'un coup de tonnerre qui éclata non loin de lui, le malade, âgé
de quarante-cinq ans, a vu se développer chez lui une hémianes-
thésie sensitive et sensorielle du côté droit, avec mutisme, hémi-
plégie gauche et paraplégie des membres inférieurs, rigidité des
muscles et abolition des réflexes cutanés et tendineux du côté
gauche. La convalescence a commencé dès le troisième jour; au
bout de deux semaines, le malade était complètement guéri.
Se basant sur ce cas, le rapporteur trace une esquisse générale
de la question des névroses traumatiques. Il est porté à leur attri-
buer une nature hystérique et s'arrête longuement sur le traite-
ment prophylactique, sur la lutte contre la prédisposition ner-
veuse et sur le raffermissement de la volonté par la discipline
physique et morale.
M. N. BAJEXOF. Un anniversaire dans l'histoire de la psychia-
trie (1792-1892). Le rapporteur parle de la grande réforme en
psychiatrie qui se rattache aux noms de Pinel, de Fuke, de Chia-
rugi, de Doquin et de Pussin, et s'altache plus particulièrement à
faire ressortir les services rendus par les deux premiers de ces célè-
bres aliénistes. Les portraits de ces deux savants ornaient la salle
des séances de la Société.
M. L. minot. Sur les modifications de la physionomie dans
les maladies nerveuses et mentales. Le rapporteur accompagne sa
communication de la projection sur écran d'un grand nombre de
photographies préparées par lui-même.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 61
Séance du 20 novembre 1892.
M. le Dr W. RoTH présente une femme atteinte de myxcedème,
dans le but de permettre de comparer l'état actuel de la malade
avec celui qui se produira à la suite du traitement par la glande
thyroïde. Le rapporteur promet de faire connaître dans la suite
l'histoire détaillée de la maladie.
M. le professeur KOJERNIKOF. Sur l'acromégalie, avec présenta-
tion du malade. Le malade, âgé de trente ans, présente un cas
typique de cette maladie : augmentation du volume des poignets
et des pieds, pricipalernent dans le sens de la largeur, de la tête,
et en particulier du visage, avec prognathisme de la mâchoire
inférieure.' Pâleur de la peau. Le sang contient 98 p. 100 d'hémo-
globine (d'après Fleischl), son poids spécifique est de 1058, et le
rapport entre les corpuscules blancs et rouges est de 1 : 700. Cel-
lules blanches neutophyles 56,2 p. 100; lymphocytes 33,9 p. 100;
formes transitoires 9,4 p. 100; formes éosinophyles 0,5 p. 100. On
constate dans l'urine une certaine augmentation d'urée (41, 8 gr.)
et une diminution de l'acide phosphorique lié aux bases terreuses
(0,96). Varices hémorrhoïdales. La glande thyroïde est impalpable.
Absence de matité sur la poignée du sternum. En outre, on cons-
tate toute une série de symptômes cérébraux et spinaux, tels que
céphalée, indolence, apathie, affaiblissement de la vue et hemia-
nopsia bitemporalis. Le malade est un peu voûté et présente une
courbure scoliotique de l'épine dorsale; pendant la marche, il
ressent une douleur au sacrum, aux fesses et à la jambe droite,
douleur qui augmente lorsqu'on exerce une pression sur le sacrum
et le coccyx. Les protubérances et les saillies de ces os sont aug-
mentées. Légère rétention d'urine, affaiblissement de l'énergie
sexuelle et constipation. L'augmentation de volume des extrémités
et du visage s'est développée pendant ces dernières années; l'af-
faiblissement de la vue et les modifications de l'activité physique
ont commencé au mois d'août 1890.
Suivant le rapporteur, les symptômes spinaux s'expliquent par
l'excitation ou la cOl11preSSio'l des nerfs, par suite de l'excroissance
de la substance osseuse autour des orifices. Il fait dépendre l'hé-
mianopsie de l'accroissement supposé de la glande pituitaire. Il ne
place pas l'acromégalie dans une dépendance étiologique des modi-
fications de cette glande, mais il considère ces deux phénomènes
comme le résultat d'une seule et même cause.
Après l'application de sangsues à la cloison nasale et au sacrum,
l'emploi de vésicatoires et l'usage interne d'iodure de potassium,
les douleurs du sacrum et des jambes ont presque disparu, la dé-
marche est devenue plus ferme et la scoliose a diminué. L'état
psychique s'est amélioré, la céphalée est devenue plus faible et la
cécité moins complète dans la région de l'hémianopsie.
62 SOCIÉTÉS SAVANTES.
M. G. DOURDOUFI. Pathogénie de la maladie de Graves. - Le rap-
porteur distingue : 1° les formes chirurgicales de cette maladie et
celles qui dépendent de lésions de régions déterminées du système
nerveux; 2" la forme réflexe; 3° la forme essentielle.
Cette dernière forme doit être considérée comme une auto-
intoxication causée par une substance dont l'élaboration par
la glande thyroïde est exagérée, substance ressemblant, par son
action, à la cocaïne qui produit les principaux symptômes de la
maladie de Graves. ·
Discussion. Cette communication donne lieu à des débats ani-
més, auxquels prennent part MM. les docteurs Mouratof, Roth,
Chatalof, Kojevnikof, Rossolimo et Korsakof qui, se basant sur
l'expérience clinique, réfutent l'hypothèse du rapporteur et trou-
vent que l'analogie avec l'empoisonnement par la cocaïne est loin
d'être complète (Rossolimo) et qu'il n'existe pas de données elfec-
tives en faveur de cette hypothèse (Kojevnikof).
Séance du 4 décembre 1892.
M. M. LUNTZ. Un cas de la maladie de Friedreich (avec présen-
tation du malade). Le malade est un garcon de treize ans. Son
père est bien portant et ne présente pas de traces de syphilis; sa
mère est nerveuse, son grand-père maternel, alcoolique et un de
ses cousins, du côté maternel, est faible d'esprit. Son frère cadet
a été atteint de la maladie de Friedreich dès l'âge de quatre ans;
il est mort à neuf ans de la scarlatine. Les troubles de la marche
ont commencé chez le malade dès l'âge de deux ans, à la suite de
la rougeole. A sept ans, on a remarqué des troubles dans la parole
et dans les mouvements des extrémités supérieures. Il souffre main-
tenant de céphalée et d'étourdissements. Le nystagmus fait défaut
et les mouvements des yeux sont normaux. Parole scandée, insta-
bilité choréique du tronc, légère cyphoscoliose de l'épine dorsale,
ataxie bien prononcée des extrémités supérieures et inférieures.
Signe de Romberg. Démarche tabético-cérébellaire, troubles du
sens musculaire dans les extrémités supérieures et inférieures,
absence complète des réflexes patellaires.
M. S. KIRILTSEFF. Contribution ci l'étude des noyaux d'origine et
du trajet central du nerf acoustique. - Le rapporteur a étudié six
cerveaux de cobayes chez lesquels (depuis quinze jours jusqu'à six
mois), on avait préalablement, soit détruit les limaçons, soit sec-
tionné le ruban deReil dans sa partie inférieure, soit lésé en par-
tie le tubercule acoustique, soit enfin lésé simultanément avec le
noyau antérieur de l'acoustique. Coloration au carmin par le pro-
cédé de Weigert-Pal et de Marchi. Se basant sur l'étude des dégé-
nérescences et des atrophies obtenues de cette manière, le rappor-
teur est arrivé aux conclusions suivantes : 40 le noyau interne et
SOCIÉTÉS SAVANTES. 63
celui de Deiters ne sont pas le point de terminaison des fibres de
la racine postérieure du nerf acoustique; 2° les fibres de cette
racine se terminent dans le noyau antérieur, le tubercule acous-
tique, les deux olives supérieures et le quadrijumeau postérieur du
côté opposé. Quelques-unes se terminent peut-être dans le quadri-
jumeau postérieur situé du même côté qu'elles. Ainsi donc, toutes
les masses grises mentionnées sont des centres primitifs de la ra-
cine postérieure du nerf acoustique, c'est-à-dire du nerf du limaçon;
3° les fibres de la racine postérieure. qui se terminent dans les
olives supérieures, passent par le corps trapézoïdal, tandis que les
fibres qui se terminent dans le quadrijumeau postérieur passent
en outre par le corps trapézoïdal, dans la partie inférieure du
ruban de Reil ; 4° strix medullares s. acusticoe, se composent de
deux sections : une plus grande, située plus en avant, et une plus
petite, située plus en arrière (direction caudale). La grande sec-
tion part du tubercule acoustique, contourne, à l'extérieur, et par-
dessus, le corps restiforme et s'abaisse dans la direction ventrale,
en passant obliquement par le raphé. Ici, elle s'entrecroise dans la
direction dorsale à partir du corps trapézoïdal, avec le faisceau
identique du côté opposé et se termine en partie dans l'olive supé-
rieure opposée, tandis qu'une fraction plus considérable se pro-
longe dans la direction cérébrale et fait partie du ruban de Reil,
puis se dirige vers le quadrijumeau postérieur dans lequel elle
se termine. Une partie insignifiante des fibres de cette section de
la strie médullaire se porte vraisemblablement vers l'olive supé-
rieure, située du même côté et, plus loin, vers le quadrijumeau su-
périeur également du même côté. La petite section part du noyau
antérieur et, après avoir, comme la grande section, contourné au
début le corps restiforme, s'abaisse entre ses sections externe et
interne, directement dans la direction ventral, s'étend sur la partie
moyenne de la racine naissante du nerf trijumeau et, se détour-
nant plus loin vers la ligne médiane, se dirige dorsalement, à par-
tir du corps trapézoïdal, vers l'olive supérieure de l'un et l'autre
côté, en formant un entre-croisement dans le raphé. Les fibres
isolées les plus postérieures (direction caudale) de cette section
passent dans le noyau du nerf facial situé de leur côté. La marche
anatomique et les points de jonction des stries acoustiques, nous
permettent de conclure qu'elles constituent les voies d'association
centrales du nerf acoustique, voies qui ont un rapport intime avec
les centres primitifs de la racine postérieure; 5° le ruban de Reil
contient les fibres de l'olive supérieure du même côté, fibres qui
l'unissent avec le quadrijumeau postérieur. Il n'y a vraisemblable-
ment pas lieu de nier l'existence de fibres semblables pour l'olive
supérieure du côté opposé; 6° dans le corps trapézoïdal passent
les fibres du ruban de Reil qui se dirigent vers le noyau antérieur
opposé et unissent ce dernior au quadrijumeau postérieur; 7° la
64 BIBLIOGRAPHIE.
racine antérieure du nerf acoustique, autant que les recherches
du nerf rapporteur, d'ailleurs incomplètes sous ce rapport, per-
mettent de le supposer, se dirige partiellement vers le noyau de
W. M. Bekhtéref (noyau principal n. vestibularis) et s'abaisse en
partie vers la racine naissante du nerf acoustique (Roller).
A la discussion ont pris part MM. L. Darkchévitch, W. Roth et
G. Pribuitkof. -
BIBLIOGRAPHIE.
I. Aliénation mentale syphilitique. - Leçoils cliniques, par Mairet.
(Montpellier, 1893.)
L'auteur distingue, sans les définir, la folie syphilitique de l'alié-
nation mentale syphilitique et semble accorder à ce dernier terme
une compréhension plus vaste qu'au terme folie.
L'aliénation mentale syphilitique a pour critérium clinique les
troubles moteurs et sensitifs de la syphilis cérébrale, et comme
critérium anatomo-pathologique les lésions de la syphilis; c'est en
vertu de ces critériums que l'auteur n'admet pas la folie simple
de nature syphilitique, m la paralysie générale syphilitique; mais
il admet que la syphilis cérébrale peut au début revêtir le masque
symptomatique de la folie simple, mais bientôt au délire s'ajou-
tent des troubles révelant la nature organique de la folie; de
même aussi la syphilis cérébrale peut revêtir le masque de la para-
lysie générale et pour cet aspect propose le nom de paralysie géné-
ralisée. Pour M. Mairet, toutes les lésions syphilitiques du cerveau
pourraient donner naissance à l'aliénation mentale ; lésions cir-
conscrites, localisées à foyer unique ou à foyers multiples de
toutes les parties constitutives des hémisphères; il ne faut pas
confondre les lésions syphilitiques avec les lésions qu'il appelle
banales, coïncidant avec la syphilis ou produites à son occasion; ce
sont ces lésions qui ne guérissent jamais qui causent l'incurabilité
de beaucoup de paralysies généralisées.
La description est assez vague; début souvent brusque, parfois
progressif; le délire peut exister seul ou associé à de la démence
ou à des troubles paralytiques, d'où quatre formes : folie simple,
folie démentielle, folie démentielle avec paralysie localisée, folie
démentielle avec paralysie généralisée.
Le délire n'a pas une forme unique ni de caractères spéciaux; il
n'est jamais partiel, toujours général.
Le diagnostic repose par conséquent tout entier sur la constata-
tion des phénomènes propres à la syphilis, antécédents, troubles
NÉCROLOGIE. 65
moteurs partiels (muscles de l'oeil); paralysie faciale, hémiplégie ' ·
plus fréquente.
Ces leçons constituent un exposé bien fait, attrayant mais dont
l'esprit ne sort pas satisfait. Charpentier.
NÉCROLOGIE
L.-J.-F. DELASIAUVE.
Notre vénéré maître, M. Delasiauve, est mort, le 5 juin, dans
sa quatre-vingt-neuvième année. ·
DELASIAUVE (Louis-Jean-François) est né le 14 octobre 1804, à
Garennes (Eure). Il passa son enfance soit dans ce pays, soit à
Ivry-la-Bataille et tout jeune aida son père dans son commerce,
ainsi qu'il se plaisait sisouvent à le rappeler, car loin de rougir de
sa modeste origine, en sa qualité de démocrate convaincu, il s'en
faisait, au contraire, honneur et avec raison 1. 11 commença tar-
divement, à Evreux, ses études classiques qu'il mena vite. Puis il
vint à Paris étudier la médecine et passa sa thèse en 1830.
Il alla s'établir à Ivry-la-Bataille et acquit bientôt une juste
renommée, grâce à son dévouement et à ses connaissances scien-
tifiques qu'il trouva toujours le moyen de perfectionner malgré les
soucis et les fatigues d'une nombreuse clientèle.
Mais l'exercice de la médecine en province, à la campagne sur-
tout, constituait un champ trop étroit où il lui fût possible d'exer-
cer son activité et d'utiliser avantageusement ses éminenles facultés
intellectuelles. Aussi, dès que les circonstances le lui permirent,
s'empressa-t-il de revenir à Paris (vers 1839). Il s'y acquit de suite
un rang honorable en prenant une part active à la rédaction de
la Bévue médicale et de l'Expérience. Il en profita pour publier les
observations les plus intéressantes qu'il avait pu recueillir durant
la première période de sa vie de praticien 2.
1 Dans une profession de foi qu'il adressait aux électeurs du départe-
ment de l'Eure en 1849, il disait : « Sorti du peuple, élevé dans ses
rangs, initié à ses besoins, à ses efforts, à ses douleurs, j'ai demandé
pour lui, à l'heure où se taisaient tant de voix puissantes, la justice, la
lumière, la -réhabilitation, l'intelligence; par des études sévères, je me
suis mis en état de défendre ses droits et ses intérêts, j'ai voulu m'élever
à la hauteur de ce glorieux apostolat... »
' Nous citerons les mémoires suivants : Descente tardive du testicule,
prise pour une hernie étranglée et opérée^ 1840; Empoisonnement
par les substances alimentaires altérées spontanément, 1840; Consul-
fiC ? E3, : . ? Ÿ . J
66 NÉCROLOGIE.
' A la même époque il fit à l'Ecole pratique un cours libre sur la
thérapeutique et la matière médicale. En 1843, il fut nommé au
concours (à l'unanimité) médecin résident adjoint de l'hospice de
Bicêlre et fut attaché au service de Leuret. A la mort de celui-ci,
son service fut divisé en deux sections : celle des épileptiques et
des enfants arriérés échut à notre maître. Il en fut heureux, lui
qui de longue date portait un si vif intérêt aux questions d'ensei-
gnement. De là est sorti son beau Traité de l'épilepsie (1854) et son
remarquable mémoire : Des principes qui doivent présider à l'édu-
cation des idiots. Il quitta Bicêtre en 1864 pour prendre à la Salpê-
trière la direction médicale de la 4° section consacrée aux épilep-
ques et aux idiotes adultes.
Un peu avant la guerre, l'Administration décida la démolition
des bâtiments affectés à la 4° section, et pendant près de deux ans
M. Delasiauve se trouva sans service. M. Baillarger s'étant retiré,
sa section revint à notre maître qui retrouva là, à côté des épilep-
tiques adultes, Je service des petites filles idiotes, c'est-à-dire un
service tout à fait semblable à celui qu'il avait eu à Bicêtre.
Presque chaque année, il profitait de la distribution des prix faite
aux enfants pour revenir sur quelques points de leur éducation
spéciale.
C'est au concours et avec des épreuves analogues à celles des
médecins du Bureau central que M. Delasiauve fut nommé méde-
cin de Bicêtre. Un premier concours avait été institué par le Con-
seil général des hôpitaux et hospices, en 1810, afin de pourvoir aux
quatre places de médecins résidents adjoints de Bicêtre et de la
Salpêtrière. M. Delasiauve venait de s'installer à Paris. Il avait eu
l'occasion de connaître MM. F. Voisin et Falret père, et de causer
avec eux des questions concernant le service des aliénés. Il se décida
à prendre part à la lutte qui allait s'ouvrir. Les places furent don-
nées aux élèves d'Esquirol. Deux ans ét demi après, l'un d'eux,
Archambault, ayant été nommé médecin en chef à l'asile de
Maréville, la place vacante fut mise au concours (octobre et no-
tation médico-légale sur une aliénation m-nlale occasionnée par les
émanations mercurielles,18l0; Mémoire sur divers cas de furoncles,
d'anthrax, pustules malignes, 1841 ; Mémoire sur divers cas de réten-
tion d'urine, 1841; - Mémoire sur divers cas de fractures, 181;
Expérience sur les conjonctives. avec la solution concentrée de nitrate
d'argent, 98f4; - Mémoire sur l'exlase, 1812; - Considérations sur
les tempéraments, sur les causes des maladies chroniques, à propos de
travaux du D' Foucault sur le même sujet, 1842; Considérations théorie-
ques sur la folie, 1813 ; - Aldin. sur l'angine laryngée cedémaleuse; - ? Ean : eK t ! e : i)e ! 'ses c ? ' ! <t<yuei ! de < pAre'ttotoM; jEsa ! de cat'/ïcN;-
Examen de diverses critiques de la phrénologie; - Essai de classifica-
tion des maladies mentales; - Déontologie médicale, 1846; - Noie sur
les fièvres intermittentes pernicieuses; 1852; - Notices biographiques
sur Foucault, Dupuytren, etc.
NÉCROLOGIE. 67
vembre 1843). Sd nomination lui fut notifiée le 22 décembre et il
prit possession de son service le 1 1 janvier 1844. Partisan convaincu
du concours, il protesta lorsque Marcé fut nommé directement au
poste de médecin créé à la ferme Sainte-Anne, dépendant de
Bicêtre. Le ministère de l'intérieur cherchait à mettre la main sur
le service des aliénés de la Seine et à l'enlever à l'Assistance pu-
blique. Plusieurs des collègues de M. Delasiauve en profitèrent
quelque temps après, pour demander, en ce qui les concernait,
l'abrogation de la limite d'âge que leur imposait leur qualité de
médecins des hôpitaux. Il refusa d'abord de les suivre, puis céda,
vaincu par leurs sollicitations. Il fut ainsi amené à conserver ses
fonctions jusqu'en 1878, époque où, sans y être sollicité, il donna
sa démission. « C'est une illusion de croire, nous écrivait-il alors,
que je puisse m'éterniser dans un titulariat fictif. Moreau et moi
nous devons disparaitre. Le retraite de l'un entraîne forcément la
retraite de l'autre. »
Dr DELASIAUVE.
68 NÉCROLOGIE.
Comme médecin de Bicêtre et de la Salpêtrière, jusqu'à sa
retraite, il s'est acquitté de ses fonctions avec la plus rigoureuse
exactitude, qualité devenue rare de nos jours. Tout le personnel
de ces Maisons, surtout de Bicêtre où il était résident, auquel il
prodiguait sans compter et bénévolement ses soins avec une bien-
veillance constante et un dévouement inépuisable, lui a gardé une
profonde reconnaissance. Il s'intéressait vivement à ses élèves, leur
inspirait le sentiment des devoirs que leur imposait leur profession
les incitait au travail et.se faisait un plaisir de les aider dans l'éla-
boration de leurs thèses.
M. Delasiauve a été l'un des fondateurs de la Société médico-
psychologique, dont il fut le président, et prit à ses travaux une
part des plus actives, ainsi qu'en témoigne la belle collection des
Annales médico-psychologiques. Il fut aussi l'un des dix-neuf fonda-
teurs de la Société d'anthropologie (1859), participa souvent à ses
discussions et en fut le président. On trouve encore des marques
de son activité dans les Bulletins de la Société médicale des Hôpitaux 1
et de la Société de médecine de Paris.
En M. Delasiauve, le publiciste ne fut pas moins fécond que le
membre des Sociétés scientifiques. Outre les journaux dont nous
avons parlé, il a collaboré activement à la Gazette hebdomadaire, de
1854 à 1851, année où il fonda le Journal de médecine mentale,
dont tous les articles sartaient de sa plume ou étaient soigneuse-
ment revus par lui. Ces articles, réunis, formeraient des traités
complets de psychologie, de pathologie, de médecine légale et de
thérapeutique des maladies mentales. Après la guerre de 1870-1871,
il ne reprit plus la publication de son journal et c'est au Progrès
médical ou aux Archives de Neurologie qu'il a donné ses derniers
travaux.
Ce n'est pas tout. Pour être complet, nous devons rappeler que
M. Delasiauve s'est sans cesse préoccupé des questions politiques et
sociales ; qu'il joua un rôle actif dans les élections législatives
(1848-1889) et municipales (1871-1890); qu'il dut à sa situation
1 Voici la liste de ses principales communications à cette Société :
Tumeurs multiples disposées symétriquement sur les deux côtés du
corps (27 février 1861); - Confusion mentale, illusions et hallucinations
incohérentes dues il l'abus invétéré de l'opium, du haschich, et des
alcooliques (29 juin 1862); Gangrène du cerveau (p. 104, t. I, 1850);
Observation de calcul volumineux du sein gauche ayant déterminé
la fonte purulente de cet organe et la communication du foyer avec la
cavité abdominale et l'intestin grêle (p. 168, t. I, 1850); - Degré parti-
culier du delirium tremens (p. 310, t. I, 1850); Compression de la
moelle épinière par une tumeur osseuse (p. 354, t. I, 1850); Fungus
de la dure mère (p. 3t4, t. II, 1850); Délire de persécution (23 juillet
1880); Note sur les phénomènes nerveux du goitre exophthalmique
(p. 292, 1874), etc.
NÉCROLOGIE. 69
scientifique et à ses relations d'échapper à la proscription de l'Em-
pire, dont il fut un des adversaires irréconciliables et dont, plus
tard, il sut refuser dignement les faveurs. Comme on le verra plus
loin, nombreuses sont ses publications sur les questions politiques
à l'ordre du jour, sur l'enseignement de la médecine, sur l'Assis-
tance publique. On peut le considérer juste titre comme l'un des
écrivains qui ont le mieux mis en relief l'importance, au point de
vue social, de la médecine et du médecin.
Par ses travaux en psychiatrie, M. Delasiauve s'était créé une
place des plus enviables parmi cette brillante pléiade d'aliénistes
qui a succédé à Pinel, Esquirol, Ferrus, Bayle, Falret père, F. Voi-
sin, et qui se composait entre autres de Baillarger, Calmeil,
Leuret, Lélut, Moreau (de Tours), Morel, Parchappe, Renaudin et
Trélat.
Par l'élégance de son style, l'harmonie de sa phrase, le choix
des expressions, il méritait cette appréciation que nous avons
entendu formuler par Axenfeld : c De tous les médecins con-
temporains, disait-il, celui qui écrit le mieux, c'est Delasiauve. »
Par son dévouement aux malheureux, par ses efforts incessants
pour amener dans l'organisation de l'Assistance publique, non seu-
lement à Paris mais dans tout le pays, des réformes radicales des-
tinées à remédier aux abus, à apporter des secours prompt et effi-
caces à ceux que la maladie ou la misère obligent à faire appel à
la solidarité sociale ' ; par son ardeur, qui ne s'est jamais démentie,
à réclamer la dil1usion de l'enseignement primaire, à mettre l'en-
seignement de la médecine plus en harmonie avec les besoins des
étudiants et avec les progrès de la science; par sa participation à
toutes les luttes politiques en faveur de la liberté, notre vénéré
maître mérite l'hommage et la reconnaissance de tous ceux qui
ont au coeur l'honneur de la Patrie et de la République.
BOURNEVILLE.
Voici la liste des autres travaux de M. Delasiauve :
Discours prononcé le 10 juin 1838, ir, l'occasion de la distribution
des prix de l'école primaire de Garennes (Eure) ; Lettre à AIJI. les
pairs, à l'occasion de la condamnation de Mme Lafa1'ge, en collabora-
tion avec G. Gallet, 1841; -De l'extase (Recueil de l'Eure, 1842);
De l'organisation médicale en France sous le triple rapport de la
1 Dès 1843, dans son beau livre sur l'Organisation médicale en France,
il réclamait en termes éloquents la création d'hôpitaux dans les petites
villes et dans les campagnes : « Les établissements dont nous souhai-
terions qu'on dotât les campagnes, écrivait-il, devraient réunir le triple
caractère d'hôpitaux, d'hospices et de dispensaires. Il y a de cela
bientôt un demi-siècle et cette organisation, qu'il précise si nettement,
n'est pas commencée !
70 NÉCROLOGIE.
pratique, des établissements de bienfaisance et de l'enseignement, 1843;
Agrégation : Lettre à M. le Directeur de la Revue Médicale, 1844 ; ,
Rapport à la Société de médecine de Paris sur les questions pro-
posées dans les progrès du Congrès médical de 18'1.5, inlr5; - Du
projet de loi sur l'exercice de l'enseignement de la médecine, 187 ;
La République, ce qu'elle est, ce qu'elle doit être, 18 ! r9 ; - Nature et
degré de l'enseignement primaire, 18 19 - Un an de révolution ou
la situation politique et sociale, 1849 ; - De l'enseignemedt clinique
dans les hôpitaux, 1858; De l'hallucination au point de vue
pathologique (Rev. des spécialités, 1856) ; De la création d'asiles
communaux pour le traitement des aliénés. D'un mode simple
rationnel et efficace d'assistance pour lss malheureux, 1865 ; -Ecole
de la Salpétrière pour les enfants malades, infirmes et arriérées de la
5° division. Distribution solennelle des prix, 1872 ; Confusion poli-
tique, dangers, causes, remède, 1873 ; La solution du problème
gouvernemental, 1874 ; Du double caractère des phénomènes psy-
chiques, 1877 ; De la clinique à domicile et de l'enseignement qui
s'y rattache dans ses rapports avec l'assistance publique, 1877 ;
Classification des maladies mentales ayant pour double base la psycho-
logie et la clinique, 1877 ; Distribution des prix à l'école des
enfants idiots épileptiques de la Salpêtrière, discours, 1878, 1879 ;
Le scrutin de liste devant la Chambre des députés, 1881 ; Discussion
à propos d'une prétendue monomanie religieuse, 183 ? ; - Du double
caractère des phénomènes psychiques, 1877 ; De l'enseignement
médical, lettre à M. J. Duval, 1868; D'une forme mal décrite de
délire consécutif à l'épilepsie, 1832 ; Diagnostic différentiel du déli-
rium tremens (Reu. méd., 1851 ; Du diagnostic différentiel de la
lypémanie (Annales médico-psychologiques, 1851) ; Classification
et diagnostic différentiel de la paralysie générale; Paris, 1852 ;
(Annales médico-psychologiques) ; Examen des critiques adressées
à la phrénologie, 1843; - Lettres sur le suicide (L'observation) ; -
De la mélancolie avec stupeur : stupidité. Réponse à M. Baillarger,
(Revue médicale, 1853); - Conséquences de l'épilepsie (Annales méd.
psych., 1854, p. 86.
Nous avons enfin relevé dans la Gazette hebdomadaire la liste des
principaux articles de M. Delasiauve :
D'une forme grave de delirium tremens, 485; - Lettres sur le
suicide ; Des pseudo-monomanies ou folies partielles diffuses, 1859;
Rapport du Comité administratif de l'oeuvre de patronage de la
Salpétrière et de Bicêtre, 1854; Rapport à l'assistance publique
au nom du Comité des médecins des hôpitaux, 1846; De la
monomanie au point de vue psychologique et légal, 1853; Rap-
port sur l'épilepsie (id. 1858, p. 774); Vice du langage psy-
chologique (id. 1858, p. 161); La Société médico-psychologique ;
ses phases et ses travaux (1858, p. 161, 585) j - Effet de l'opium
NÉCROLOGIE. 71
(1859, p. 238); - Sur la monomanie (1859, p. °8); - Des tumeurs
sanguines de l'oreille (1859, p. 306, 322, 450); Traitement de
l'Idiotie (1859, p. 161, 199, 225, 241); Noyau d'abricot introduit
dans le larynx (1859, p. 648); - Des principales sources d'indi-
cations thérapeutiques dans l'épilepsie, 1854, p. 204 ; Manie des
prêches et lectures aans le Lappmarck, 1854, p. 1069; Effets
de la strychnine, 1855, p. 423; Traitement de l'idiotie, 1855,
p. 524; - Sur les pressentiments, 1856, p. 489; Tuyau de pipe
introduit dans le larynx pendant un accès d'épilepsie, 1856, p. 239 ;
- Délire consécutif à l'épilepsie, 1854, p. 56; - Folie au Bengale,
1857, p. 585; Sur les sectateurs de Piseld, 1857, p. 225; Acci-
dents produits par la térébenthine, 1858, p. 659; - De la monomanie,
1858, p. 585; Empoisonnement par l'opium, 1858, p. 500; -
Délire aigu; iodisme ( ? ); Démence paralytique; influence des
vapeurs de sulfure de carbone, 1860, p. 445; Sur les hallucina-
tions (Ibid., p. 666), etc.
Les obsèques de notre vénéré maître ont eu lieu le 7 juin
à midi. Nous avons remarqué dans l'assistance 11TI. les Drs Fal-
ret, Magnan, Reliquet, Laborde, Christian, Laboulbène, J. Voisin,
Ch. Féré, A. Voisin, Charpentier, Semelaigne père, Mottent, Ritti,
René Semelaigne, Bihorel, Perrin, Durozier, Deffaux- MM. Ad.
Carnot, président de la Société d'enseignement élémentaire, Remoi-
ville, ancien député, Salmon, président de la Société d'Azzthropo-
logie, Pujol, le Dr Ch. Letourneau, le Dr llanouvrier,le Dr Loiseau,
le Dr Dureau, M11ONicolle, AI. Sauton, le Dr Moissenet, le D Pinel,
le Dr Bouchereau,le Dr Dubuc, de Beurmann, Deschamps, E. Duval,
le Dr Collineau, J. Vinot, H. Durand, Lépargneux, Maupas, etc.
Une délégation de surveillantes de la Salpêtrière entourait le cor-
billard.
Après la cérémonie religieuse le corps a été transporté dans la
cour du presbytère où des discours ont été prononcés; par M. le
D1' Jules Falret, au nom des médecinsaliénistes de la Seine; par M le
Dr Christian, au nom de la Société médico-psychologique; par
M. le Dr Semelaigne, au nom des anciens élèves du maître ; par
M. le Dr Laborde, au nom de la Société d'anthropologie; par
M. le Dr Isambard, député de l'Eure, au nom de l'Association ami-
cale des républicains de l'Eure, habitant Paris. Après les discours,
le corps a été transporté à la gare Saint-Lazare, l'inhumation
devant avoir lieu à Garennes (Eure), pays de naissance de M. D31a-
siauve.
Voici le discours prononcé par M. le Dr FALRET, médecin de
la Salpètrière :
Au nom des médecins des asiles d'aliénés de la Seine, je viens
aujourd'hui rendre un dernier hommage et exprimer les vifs
7'2. NÉCROLOGIE.
regrets que nous ressentons à l'occasion de la mort d'un collègue
aimé et respecté, notre doyen à tous, qui vient de succomber à la
fin d'une longue carrière, honorablement remplie, ne laissant
parmi nous que des amis.
C'est une grande perte pour la médecine mentale, qui vient
s'ajouter à toutes cellesque nous avons déjà éprouvées. Après
Baillarger et Benjamin Bail, dont nous déplorons tous la perte
récente, voici notre excellent collègue et maître, le Dr Delasiauve,
qui disparait à son tour, l'un des vétérans de notre science spé-
ciale, l'un des derniers survivants de cette nombreuse phalange
de médecins spécialistes, élèves de nos grands maîtres, Pinel et
Esquirol, qui ont tous succombé successivement; Ferrus, Par-
chappe, mon père, Félix Voisin, Mitivié, Trélat, Moreau de Tours,
Baillarger, Morel, etc., etc., noms célèbres qui ont illustré la
médecine mentale française au xixe siècle, et dont les travaux im-
portants laisseront une trace profonde et durable dans l'histoire
de notre science spéciale.
Le Dr Delasiauve est né en 1804, à Ivry-la-Bataille, dans le dépar-
tement de l'Eure. Après de sérieuses études médicales, il ne s'était
pas d'abord destiné à notre spécialité. Reçu docteur en 1830, il exerça
la médecine pratique dans son pays, pendant un certain nombre
d'années, et ce n'est que vers 1843, qu'il se décida à abandonner
son pays, où il avait pourtant réussi à se créer une clientèle, pour
venir se fixer à Paris et y parcourir la carrière des concours.
A cette époque, après un premier concours pour quatre places
de médecins-adjoints des asiles de Bicêtre et de la Salpétrière, à la
suite duquel furent nommés MM. Baillarger, Trélat, Moreau de
Tours et Archambault, un second concours fut ouvert, et après de
brillantes épreuves, M. le Dr Delasiauve fut nommé médecin adjoint
à l'hospice de Bicêtre.
A partir de ce moment, son avenir fut définitivement fixé. Il
partagea dès lors sa vie entre son service de Bicêtre, où il se livra
à des études sérieuses sur les diverses branches de la pathologie
mentale et ses travaux sur l'organisation médicale, l'éducation
populaire et la politique, à laquelle il fut toujours mêlé de la ' ·
façon la plus active.
Il publia alors son livre sur l'Organisation de la médecine en
France, travail auquel il attachait une grande importance, et qu'il
défendit avec chaleur au Congrès médical de 1845. Avec Baillarger,
Cerise et Moreau de Tours, il participa à la même époque, à la
fondation des Annales médico-psychologiques, et avec mon père à la
création de la Société de patronage pour les aliénés convalescents,
dont il est resté l'un des membres les plus actifs jusqu'à sa mort.
En 1848, il se lança, avec une ardeur toute juvénile, dans la poli-
- tique contemporaine et collabora à plusieurs journaux républicains,
sans négliger cependant ses travaux sur la médecine mentale,
NÉCROLOGIE. 73
l'épilepsie et l'éducation des idiots, dont il avait la direction
médicale et pédagogique à l'hospice de Bicêtre et qu'il continua plus
tard à la Salpétrière. En 1852, il fut l'un des fondateurs de la
Société médico-psychologique, dont il devint plus tard président,
et pendant toute sa vie, il prit part à toutes les discussions impor-
tantes qui eurent lieu dans cette Société, sur la paralysie générale,
la mnnonznnie au point de vue légal, Irresponsabilité partielle, les divers
modes d'assistance pour les aliénés, etc., etc., avec cette exubérance
de parole, cet amour de la discussion et cette vigueur pour la dé-
fense de ses idées, qui le caractérisaient au plus haut degré.
Mais, après son traité classique sur l'épilepsie et son traitement,
son oeuvre principale est son Journal de médecine mentale, qu'il
dirigea seul et à ses frais, pendant dix années consécutives et où
il a exposé, avec les plus grands développements, ses idées person-
nelles sur la pathologie mentale et la médecine légale des aliénés,
tout en discutant avec énergie, mais toujours avec modération
dans la forme, les opinions de ses adversaires.
C'est dans ce recueil important et dans les Annales médico-
psychologiques, qu'il a déposé les résultats du travail incessant de
toute sa vie, et en particulier ses idées personnelles sur la mono-
manie et la pseudo-monomanie, auxquelles il attachait une grande
valeur, quoiqu'elles n'aient pas pu obtenir l'assentiment général,
et qu'elles se ressentent trop des tendances purement psycholo-
giques qui dominaient alors la médecine mentale.
Son ardeur pour la science à laquelle il avait consacré son exis-
tence, ainsi que pour l'organisation médicale, l'éducation popu-
laire et l'éducation spéciale des idiots, qui le préoccupaient inces-
samment, ont été les passions dominantes de sa vie.
Travailleur infatigable, lutteur passionné, orateur disert et abon-
dant, toujours prêt à la discussion et à la réplique, écrivain dis-
tingué et fécond, penseur original, mais trop souvent dominé par
des idées chimériques et irréalisables, il a offert, pendant toute sa
vie, cet étonnant contraste d'un esprit porté à la lutte, à l'oppo-
sition et à la controverse, toujours enclin à contester les idées
généralement acceptées, et en même temps, d'un coeur aimant et
bienveillant, disposé à l'indulgence et à l'optimisme, inspirant
la sympathie et l'affection à tous ceux qui se trouvaient en rapport
avec lui et animé d'un profond amour de l'humanité.
Après une vie si longue et si laborieuse, il s'est éteint lentement
et successivement, conservant cependant jusqu'à la fin sa lucidité
d'esprit, et nous laissant, comme héritage, le salutaire exemple
d'un labeur continu et productif, dans le domaine de la science
spéciale qu'il a cultivée, en même temps que celui d'une existence
de dévouement et d'honnêteté sans tache, animée par le plus pur
amour de l'humanité et par les aspirations les plus élevées pour
les progrès incessants de l'espèce humaine.
74 4 NÉCROLOGIE.
Puis, M. le D'' CHRISTIAN a parlé ainsi au nom de la Société
médico-psychologique :
MESSIEURS,
C'est une helle et noble figure qui vient de disparaître. A l'âge
auquel était arrivé M. Delasiauve, âge que bien peu d'entre nous
peuvent espérer d'atteindre, la fin devait sonner. Notre maître a
quitté la vie, comme le travailleur, qui, à la tombée de la nuit,
abandonne son ouvrage, et va prendre son repos. Et cependant, il
y a quelques jours à peine, nous le voyions plein de vie à nos
séances, et nous ne pouvions penser que la séparation fût si proche.
Si longue qu'ait été l'existence de M. Delasiauve, elle a été d'une
admirable unité. Arrivé au terme de sa course, il pouvait avec
orgueil regarder en arrière, et se rendre ce témoignage que jamais
il n'avait transigé avec les principes dont il s'était fait, dès sa jeu-
nesse, le défenseur ardent et convaincu. Libéral il était en 1830, à
son entrée dans la carrière : libéral il est resté jusqu'à son dernier
souffle. S'il a eu la joie de voir triompher les idées qui lui étaient
chères, il pouvait se dire qu'à ces idées il était toujours resté
fidèle, qu'il n'avait jamais désespéré d'elles, même aux heures som-
bres où elles semblaient àjamais compromises.
Né en 1804, dans le département de l'Eure, M. Delasiauve fut
reçu docteur en 1830. Il aimait à raconter que la soutenance de sa
thèse devait avoir lieu le jour même où la révolution éclatait dans
Paris. Il prit aisément son parti d'un retard de quelques jours, et
bientôt il allait s'établir dans son pays natal. Pendant huit ans, il
y mena la vie si rude et si méritante de médecin de campagne.
Mais les soins à donner à ses malades n'étaient pas pour lui une
tâche suffisante. Les questions qui aujourd'hui tiennent le premier
rang dans nos préoccupations, les questions d'assistance, d'instruc-
tion publique. l'avaient passionné à une époque où elles éveillaient
à peine l'attention de quelques hommes d'élite. Il avait cherché
des solutions, imaginé des réformes; jamais il ne laissa passer une
occasion de les discuter au grand jour de la publicité. Nous verrons
peut-être s'élever les hôpitaux cantonaux qu'il avait rêvés : ce
ne sera que justice alors d'y rattacher le nom de M. Delasiauve.
En 1838, VI. Delasiauve se décida à quitter la province; il vint se
fixer à Paris. Bientôt il était nommé, au concours, médecin de
Bicêtre. Dès lors, sa carrière se trouva définitivement tracée, et
toute son activité scientifique se porta sur la pathologie mentale.
Placé à la tête d'un service d'enfants idiots et épileptiques, il étudia
spécialement l'épilepsie, et lui consacra un livre qui est resté long-
temps classique. Arrivé à une époque où les questions de classifica-
tion jouaient un rôle important, il fit, lui aussi, un essai de classi-
fication, qu'il défendit avec l'ardeur entraînante qu'il mettait en
toutes choses. Nous l'avons entendu au Congrès de 1880 ; il y venait
NÉCROLOGIE. 75 NJ
exposer avec une verve toute juvénile, qu'aucun échec n'avait lassée,
les bases de cette classification qui lui était chère, et que depuis
près d'un demi-siècle il avait vaillamment défendue. Seul il n'avait
pas varié; seul il paraissait surpris de parler une langue que son
auditoire ne comprenait plus.
Rappellerai-je ses études sur la stupeur, sur les pseudo-monoma-
nies, son Journal de médecine menta le qu 'il a rédigé presque seul
pendant une dizaine d'années et qui ne fut interrompu qu'en 1870 !
Tous ces travaux sont connus et suffiraient à lui assurer une place
parmi les maîtres.
Mais ce n'était pas assez pour lui : il faisait des cours à l'Ecole
pratique, il gardait la clientèle des pauvres de son arrondissement.
Et son service d'hôpital, comme il s'y intéressait, comme il s'y
donnait tout entier ! L'un des premiers, il s'est occupé de l'éduca-
tion des enfants arriérés et idiots. En lisant les pages que le sujet
lui a inspirées, on se demandera ce qu'il faut admirer le plus, de
l'ingéniosité des moyens qu'il mettait en oeuvre, ou de l'exquise
bonté de coeur qui lui dictait ses inspirations.
M. Delasiauve a parcouru une vie exceptionnellement longue. Son
existence a toujours été simple et modeste. Dédaigneux des honneurs
il n'a cherché sa récompense que dans la joie du devoir accompli.
Ceux qui ont vécu dans son intimité ont pu seuls apprécier. toute
l'étendue de ses qualités, toute la délicatesse de son coeur, toute
l'élévation de son âme. Mais tous ceux qui l'ont approché, tous
ceux qui l'ont vu dans les sociétés savantes auxquelles il est resté
fidèle jusqu'à la dernière heure, peuvent dire que c'était, dans
toute l'acception du mot, un homme de bien.
La Société médico-psychologique adresse un suprême adieu au
maître qui a été un de ses membres fondateurs et un de ses anciens
présidents. Elle conservera pieusement la mémoire de M. Delasiauve ;.
son nom sera toujours prononcé avec respect.
M. le Dr SsMELAiGNE a prononcé ensuite le discours suivant
au nom des anciens élèves de M. Delasiauve :
Us s'en vont, nos vieux maîtres ! De la forte génération qui put
voir encore Pinel et Esquirol, il ne restait plus, avec le vénérable
M. Calmeil, que M. Delasiauve dont la robuste santé semblait iné-
branlable. Et voilà, qu'après quelques jours de maladie, il vient
de s'éteindre, à quatre-vingt-neuf ans, conservant jusqu'à la fin la
plus grande partie de ses forces intellectuelles et toute la chaleur
de son coeur, épuisant jusqu'au dernier instant les pensées de toute
sa vie. M. Delasiauve est mort préoccupé d'idées de progrès et
d'amélioration sociale.
Quelques mots suffisent à faire connaître le savant, le médecin
et l'homme au coeur généreux que nous avons aimé.
16 G NÉCROLOGIE.
D'abord médecin de campagne, à Ivry-la-Bataille, pendant une
douzaine d'années, M. Delasiauve y acquit rapidement une réputa-
tion des plus enviables. Son activité sans bornes, son dévouement
infatigable, sa bienveillance et sa charité lui valurent bientôt une
vaste clientèle et son heureuse pratique justifiait la confiance des
malades. Mais, si absorbants qu'ils fussent, les soins de cette clien-
tèle ne suffisaient pas à remplir la vie de M. Delasiauve. Membre
dès 1833, de la délégation cantonale, il prit sa mission au sérieux,
et s'éprit d'une véritable passion qui ne le quitta plus pour les
questions d'instruction et de pédagogie. C'est en s'appuyant sur
l'expérience acquise en ces modestes fonctions de délégué cantonal,
que M. Delasiauve proposait, il y a bientôt cinquante ans, aux
divers degrés de l'enseignement public, des réformes qui commen-
cent seulement aujourd'hui à se réaliser.
Il n'est que juste de rappeler qu'il en fut un des premiers promo-
teurs, comme aussi de la création des hospices cantonaux et de
l'organisation médicale dans les campagnes qu'il réclamait dès 1865,
devançant de bien loin l'action des pouvoirs publics.
Quel que soit le mérite des travaux de M. Delasiauve, relatifs à
l'enseignement et à l'assistance publique, c'est surtout comme mé-
decin qu'il est connu. Conscient de sa valeur, malgré sa modestie,
il sentait que dans un autre milieu qu'lvry-la-Bataille et dans d'au-
tres conditions, son intelligence se déploierait plus à l'aise et s'af-
firmerait plus utilement. Paris l'appelait. En 1844, après un bril-
lant concours, il étaitnommé médecin de Bicêtre. Apartirdecette
époque, il marquait sa place dans la science mentale par des tra-
vaux considérables. Il serait trop long de les énumérer, et ce n'en
est pas ici le lieu. Un des plus importants, couronné par l'Institut,
est son Traité de l'épilepsie, monographie complète et saisissante
dans l'exposé des symptômes de cette terrible névrose. Dans un
recueil arrêté au dixième volume, le Journal de médecine mentale,
fondé par lui et dont il fut le principal rédacteur, M. Delasiauve
s'est montré un écrivain des plus distingués, avec sa forme particu-
lière, son originalité propre servie par un style correct, clair et
précis. C'est là qu'on trouve exposée sa classification des maladies
mentales, si remarquable de logique et de simplicité.
A Bicêtre d'ahord, M. Delasiauve s'occupa principalement de
recherches sur l'éducation des idiots. Non sans peine, il obtint
quelques améliorations dans ce service des idiots, aujourd'hui ma-
gnifiquement installé et dirigé par une volonté énergique. Plus
tard, la Salpêtrière fut une autre étape de sa carrière, où tous les
jours, comme à Bicêtre, il consacra de longues heures à la classe des
idiots et des enfants arriérés. Il aimait à suivre les exercices de ces
enfants, les interrogeait lui-même. Educateur né, il était aussi ha-
bile à saisir le moindre éclair d'intelligence, qu'heureux d'en tirer
parti. Le fait est que chez ces déshérités du sort, on obtient par des
NÉCROLOGIE. 77
méthodes appropriées, plus qu'on aurait pensé ou espéré au début.
Eh bien, après tant de services et plus de quarante ans consacrés
au soulagement des malheureux, dans les deux grands asiles de
Bicêtre et de la Salpêtrière, aucun signe de distinction n'est venu
montrer qu'on tînt compte à M. Delasiauve de son dévouement,
de son abnégation et de tout le bien qu'il faisait si simplement.
Appartenant à différentes sociétés savantes, M. Delasiauve avait
une prédilection bien naturelle pour la Société médico-psycholo-
gique. Il en était un des membres fondateurs; il l'avait vue naître
et grandir, il en avait présidé les séances. Plus qu'ailleurs, il s'y
sentait chez lui, on l'y écoutait avec attention et déférence. Ses
moeurs simples, ses relations agréables et sûres, faisaient que là,
comme ailleurs, il n'avait que des amis.
D'autres plus compétents étudieront sous d'autres faces cet esprit
d'élite; pour moi, je n'ai voulu qu'esquisser rapidement la vie de
M. Delasiauve, véritable vie de bénédictin, toute entière remplie
par le travail et la pratique du bien, et rappeler que chez M. Dela-
siauve le coeur était au moins à la hauteur de l'intelligence ! 1
Encore un mot. C'est au nom des anciens élèves de M. Delasiauve
que j'ai apporté ici, en face de son cercueil, le juste tribut de sym-
pathie et de reconnaissance que nous devions à sa mémoire. Aui
nom de tous, adieu, cher et vénéré maître. '
Au nom de la Société d'anthropologie le discours suivant a
été prononcé par M. LABORDE :
Après les nombreux et si justes hommages qui viennent d'être
rendus au grand médecin spécialiste, au savant, au penseur et à
l'écrivain, à l'homme de bien, il semble qu'il n'y ait plus aucun
titre à ajouter à tous ceux qui viennent d'être énumérés et loués
en Delasiauve.
Eh bien ! il en revendique encore un, qui n'est pas de moindre
mérite et au nom duquel je viens saluer sa vénérée mémoire :
celui d'anthropologue et de membre de la Société d'anthropologie,
une des sociétés qui ont honoré et honorent le plus la science-
française, à la fondation de laquelle il participa et qu'il a suivie et
servie jusqu'à son dernier souffle.
Lorsqu'en 1859-60 notre illustre et regretté Broca animaient de
leur souffle puissant et créateur, quelques-uns de ses collègues.
et amis qu'il associait à son oeuvre pour la fondation d'une science
nouvelle et d'une société destinée à en poursuivrè et favoriser
l'étude et le développement, il trouva en Delasiauve un esprit natu
'Tellement ouvert et préparé à cette collaboration.
Ils venaient, du reste, de se rencontrer sur le fécond et vaste
champ d'étude de Bicêtre, où Delasiauve avait déjà jeté les bases
de sa renommée et ses remarquables travaux sur l'épilepsie et l'i-
78 NÉCROLOGIE.
dioLie, dont je vois à ses côtés le continuateur, dans un de ses plus
dignes élèves, le Dr Bourneville (qu'il est profondément regrettable
"de ne pas entendre ici nous parler du maître, dont personne n'a
plus que lui pu pénétrer les intimités), et à Broca préludait à se
mémorables découvertes, notamment à celles de la localisation de
la fonction du langage articulé.
Delasiauve fut donc l'un des dix-neuf fondateurs de la Société
d'anthropologie, et il en restait naguère le quatrième survivant,
avec Brown-Séquard, Verneuil et Dareste.
Dans le milieu et sur le terrain scientifique nerveux, qui ou-
vraient les larges horizons à l'histoire naturelle de l'homme, Dela-
siauve trouva et ne manqua pas de saisir l'occasion favorable de
déployer l'infatigable activité de son esprit, et il apporta dans
toutes les questions et discussions pendantes, avec les inépuisables
ressources de sa dialectique, l'appui de sa grande expérience et de
sa compétence.
Il suffit de parcourir le Bulletin delà société, depuis le début jus-
qu'à ses dernières années, pour rencontrer partout, presque à chaque
page, les tracas et les témoignages de cette intervention toujours
et féconde, qui pendant vingt-cinq ans, n'a pas cessè d'être sur la
brèche : une simple énumération des sujets où s'est produit cette
intervention, donnera une idée de sa multiplicité et de son impor-
tance.
La perfectibilité des races, une des premières questions traitées et
discutées à la société naissante, dont elle s'occupa durant près'une
année, et à laquelle Delasiauve apporta des éclaircissements moraux
et imprévus puisés dans l'observation étiologique de son pays.
Le volume et la forme du cerveau ; - le poids du cerveau des mi-
cracéphales (1859-60 et 1875) ; - le poids des hémisphères cérébraux;
sur un crâne parisien déformé ; sur l'homme et les animaux ; ,'
sur le siège des phénomènes intellectuels ; sur la criminalité - -
sur la déformation toulousaine; L'acclimatement des Européens
en Algérie j - la natalité dans les différentes classes de la société; -
sur la vision de la série des nombres ; - le suicide ; - la dégénéres-
cence humaine; sur un cas de nanisme ; - le crétin de Batignolles.
Il était, comme on le sait, fidèlemont attaché à la société et à
ses travaux, et il ne manquait pas une de ses séances bimen-
suelles, sans compter celles de son comité d'administration, dont il
faisait depuis longtemps partie.
Quelques jours avant de s'éteindre, il gravissait encore avec cette
ardeur juvénile qui a été, jusqu'au dernier jour, le privilège de
ses quatre-vingt-neuf ans, les hauts et pénibles étages du musée
Dupuytren, pour venir s'asseoir à sa place accoutumée, au milieu
de vous; et vous. recueillerez, comme toujours, son aimable sou-
rire et sa franche et sincère poignée de main qui, pour moi per-
sonnellement il me sera permis de le rappeler ici avait une
NÉCROLOGIE. 79
signification particulière, car elle me disait, et le regard du beau
vieillard accusait cette pensée :
« A vous, qui avez apprécié mon inébranlable fidélité à des con-
victions que vous partagez et qui lui avez rendu justice, cette
étreinte me dit toute une sympathie et toute une estime. »
Vous voudrez bien permettre, Messieurs, à un des élèves qui
s'honore, d'avoir recueilli du maître la haute leçon et l'exemple
d'indépendance civique qui fut un de ses plus grands mérites, de
se montrer fier de cette estime et de cette sympathie, et de la
remercier sur cette tombe, qui n'emporte pas seulement le savant,
le penseur et l'écrivain, le philanthrope qui a laissé ce qui est
rare en notre temps un caractère.
Au nom de la Société d'anthropologie, je salue'de ces hommages
respectueux et reconnaissants, la mémoire du D'' Delasiauve.
M. le Dr ISA11OEARD, député de l'Eure, s'est exprimé ainsi
qu'il suit au nom des républicains du département de l'Eure :
« Les compatriotes de M. Delasiauve ont voulu qu'une voix appar-
tenant au département de l'Eure lui adressât un dernier adieu.
C'est ce pieux devoir que je viens remplir.
On vous a dit ce qu'avait été le savanl, ce qu'avait été le prati-
cien, le bien qu'il avait fait dans ce Ve arrondissement, où il a
passé la plus grande partie de son existence. C'est du citoyen que
je voudrais vous dire un mot.
Quelque absorbé qu'il fût par ses travaux, M. Delasiauve ne s'est
jamais désintéressé des affaires de son pays. Dès sa jeunesse, il a
eu le culte de la liberté et l'amour de la République. En 1830, il
faisait partie du groupe libéral qui en entrevoyait l'avènement avec
les Hippolyte Carnot et les Charton dont il était l'ami intime. Il a
vu son rêve réalisé en 1848, quand notre grand compatriote Dupont
de l'Eure devint le président du gouvernement provisoire.
La science le consola de l'Empire.
Il était appelé à revoir la République s'établir une troisième fois
dans notre pays et il a eu la grande consolation de vivre assez
longtemps pour avoir la certitude qu'elle y était cette fois défi-
nitivement fondée.
Sans doute elle n'a pas encore exécuté toutes les réformes con-
çues et réclamées par ce vaillant esprit, particulièrement dans des
travaux remarquables sur les questions d'enseignement et d'ins-
truction populaire. Mais déjà les progrès accomplis par notre
démocratie sont considérables dans la voie que M. Delasiauve avait
depuis longtemps indiquée.
Il était resté jeune et enjoué, malgré ses quatre-vingt-neuf ans,
il aimait la fréquentation des jeunes, il leur prodiguait volontiers
des conseils toujours écoutés.
80 asiles d'aliénés.
Il est l'un des fondateurs de cette Association des républicains de
l'Eure, où sa perte sera vivement ressentie. Il était l'un des hôtes
assidus de ses réunions mensuelles, il avait trouvé là le moyen de
satisfaire trois passions qui, avec la science, s'étaient partagé sa
vie : l'amour de la jeunesse, l'amour de la République et l'amour
de ce département qui va recevoir et qui conservera pieusement sa
dépouille mortelle. -
ASILES D'ALIÉNÉS.
Nominations FT promotions. - 9 mai 1893. Le Dr DounsouT,
directeur-médecin de l'asile de Naugeat (Haute-Vienne), est élevé à
la Isolasse du cadre (7.000 fr.); 13 juin 1893. - M. le Dr ADAM,
médecin en chef de l'asile de Montdevergues (Vaucluse), est nommé
médecin en chef de l'asile de Clermont (Oise), en remplacement
du Dr Martinenq appelé à d'autres fonctions (20 juin 1893), il est
placé en cette qualité dans la 2° classe du cadre (6.000 fr.);
26 juin 1893. Le D'' FABRE, directeur-médecin de l'asile de Saint-
Dizier (Haute-Marne), est nommé médecin en chef de l'asile de
Montdevergues (Vaucluse); 29 juin 1893. Le Dr BELLAT, mé-
decin-adjoint de l'asile de Dijon, est nommé directeur-médecin de
l'asile deSaint-Dizier, en remplacement du Dr Fabre; il est placé
en cette qualité dans la 3° classe du cadre (5.000 fr.).
Par arrêté ministériel du 29 juin 1893 sont promus à dater du
1er juillet : à la classe exceptionnelle du cadre (8.000 fr.), M. le
Dr FitiEsE, directeur-médecin de l'asile de La Roche-Gandon
(Mayenne). A la 1", classe du cadre (7.000 fr.) : M. le Dr SCIIILS,
directeur-médecin de l'asile de Lesvellec (Morbihan); - M. le
Dr Carnier, médecin en chef de l'asile de Dijon (Côte-d'Or) ;
M. le Dr Maunier, directeur-médecin de l'asile de Pierrefeu (Var).
A la 2° classe du cadre (G.00.0 fr.), M. le Dr BESSIÈRE, directeur-
médecin de l'asile de Saint-Alban (Lozère); M. leDIKERAVAL, méde-
cin en chef del'asiIedeVaue) use.A laclasse exceptionnelle du cadre
(4.000) : M. le Dr JOURNIAC, médecin-adjoint à l'asile de Châlons
(.Marne); M. le Dr SizARET (Jules), médecin-adjoint à l'asile de
La Roche-Gandon (Mayenne); M. le Dr PETIT-GILBERT, médecin-
adjoint de l'asile de Sainte-Gemmes (Maine-et-Loire). A la
1111 classe du cadre (3.000 fr.) : M. le Dr Marie, médecin-adjoint des
asiles de la Seine (annexe de Dun-sur-Auron (Cher); M. le Dr BLINI
médecin-adjoint de l'asile de Vaucluse); M. le Dr Colin, méde-'
ASILES D'ALIÉNÉS. 81 L
cin-adjoint de l'asile de Lafond (Charente-Inférieure) ; le Dr CHE-
VALIEn-LAvAuRE, médecin-adjoint de l'asile d'Aix (Bouches-du-
Rhône).
LES hôpitaux proposés pour LE traitement DES aliénés; par E.
CLIFFORD-ALLBUTT. (The Journal of Mental Science. Octobre 1891.)
Il y a deux ans une commission a été nommée pour étudier les
diverses questions relatives à l'hospitalisation des aliénés; ses tra-
vaux ont abouti à la proposition de construire à Londres un hôpi-
tal destiné au traitement et à l'étude des maladies mentales.
M. Clifford-Allbutt regrette que la commission, qui était composée
d'hommes très compétents, n'ait pas poussé plus avant ses travaux
pour s'occuper du traitement et de l'hospitalisation des aliénés en
général.
Il est certain que le système actuellement en vigueur des grands
asiles, des asiles monstres est absolument fâcheux : un asile ne
devrait pas réunir plus de mille aliénés, et chacune des salles ne
devrait pas contenir plus de cinquante malades ; sinon, à la vie
d'asile, on substitue la vie de caserne; le médecin directeur ne peut
plus bien connaître ses malades devenus trop nombreux, la surveil-
lance devient très difficile, le traitement médical et moral est à
peine possible, et demeure à peu près nul soit pour le malade soit
pour la science. L'auteur voudrait que l'on divisât les asiles en
sections plus nombreuses, en pavillons isolés; ces pavillons ne con-
tiendraient qu'un nombre restreint de malades, une trentaine, par
exemple, et en groupant habilement les aliénés dans ces villas, on
leur rendrait la vie moins pénible et l'internement plus utile : la
surveillance serait aussi plus aisée, le traitement médical plus effi-
cace. Un médecin directeur peut, sans trop de peine, connaître à
fond un millier d'aliénés ainsi répartis, dont beaucoup d'ailleurs
sont des chroniques et ne réclament pas de sa part une attention
quotidienne. On a beaucoup exagéré d'ailleurs les occupations
professionnelles ou administratives d'un médecin directeur; un
homme actif et intelligent vient sans peine àbout de cette besogne,
mais à la condition de savoir en déléguer une partie à ses subor-
donnés : il y a des médecins d'asile qui écrivent chaque jour vingt
ou trente lettres qu'un scribe de leur bureau écrirait aussi bien
qu'eux : il est clair que le temps leur manque alors pour des de-
voirs plus importants. Mais, ajoute l'auteur, si l'on demande à un
homme d'être à la fois un médecin instruit, un organisateur heu-
reusement doué, un administrateur habile, il faut se résigner à lui
donner des appointements en rapport avec les mérites que l'on
exige de lui, et ne pas lui offrir le quart, ou au plus le tiers de ce
qu'il pourrait gagner dans une autre branche de sa profession. Il
faut aussi lui donner comme aide ou comme suppléant un direc-
ARCHIVES, t. XXVI. 6
82 asiles d'aliénés.
leur adjoint, déjà expérimenté, et lui aussi convenablement rému-
néré. Chaque asile doit avoir, en outre, un médecin chargé du
service anatomo-pathologique, et il ne faut pas que ce médecin
soit un débutant, faisant là ses premières armes.
L'auteur revient ensuite sur l'un des détails du projet d'hôpital
proposé par la commission dont nous avons parlé; ce point est en
effet assez étrange : la commission, voulant revenir au traitement
purement thérapeutique de la folie, qui donnerait, à son avis, une
augmentation de guérisons- de 10 p. 100, voudrait que le service
médical de cet hôpital fût confié à des médecins des hôpitaux de
Londres, choisis parmi les plus en renom. Ainsi, non seulement,
ce ne serait pas un asile, le directeur ne serait pas un médecin, et
les malades recevraient simplement, une fois par jour comme dans
les hôpitaux ordinaires, la visite du médecin, mais les médecins
qui seraient chargés de soigner ces aliénés ne seraient pas, ou du
moins ne seraient pas nécessairement, des aliénistes. Il est pro-
bable même qu'on les choisirait en dehors de la psychiatrie, puis-
qu'il s'agit de revenir à un traitement de l'aliénation mentale qui
soit plus « médicinal » que celui des asiles. Et ici l'auteur fait une
objection difficile à réfuter : Si, dit-il, le traitement pharmaceu-
tique de la folie doit donner de si beaux résultats, comment se
fait-il que les médecins, même versés dans l'étude des maladies
mentales, qui ont un aliéné dans leur clientèle, ne réussissent pas
à le guérir, et que même ils insistent auprès de la famille sur le
peu de succès que promet un traitement institué en dehors d'un
asile, et que finalement ils fassent interner leur client ?
M. Allbutt termine en rappelant une fois de plus que si le traite-
ment médical ne doit pas être négligé, si les recherches dirigées
dans ce sens doivent être poursuivies, c'est, au moins à l'heure ac-
tuelle, du traitement moral des aliénés qu'il faut attendre les meil-
leurs et les plus durables résultats. R. DE lIUSGRAVE-CLAY.
DE L'UTILITÉ QU'IL Y aurait POUR L'ÉTUDE PE l'aliénation mentale
A ouvrir LES asiles aux médecins déjà diplômés; par Francis
H. W ALMSLEY. (The Journal of M entai ^Science. Octobre 1891.)
Après avoir rappelé les diverses et multiples circonstances dans
lesquelles le praticien ordinaire aurait besoin de posséder des 'no-
tions solides et précises de psychiatrie, l'auteur émet le voeu que
tous les asiles d'aliénés soient ouverts aux médecins qui voudraient
y étudier l'aliénation, et même que le personnel médical des asiles
fasse à l'usage des praticiens des cours de psychiatrie : il résulte-
rait d'ailleurs de cette fréquentation réciproque des échanges
d'idées qui ne pourraient être que profitables à la science.
R. M.-C.
asiles d'aliénés. 83
La COLONIE d'aliénés DE GHEEL (BELGIQUE) ; par Mme MARGAEET
A. CLEAVES, docteur en médecine (The Jourltal of Mental Science.
Avril 1891.)
La colonie de Gheel a le privilège d'attirer beaucoup de visiteurs
et par conséquent de donner lieu à beaucoup de descriptions. Dans
son ensemble, celle que nous donne Mme Cleaves ne diffère pas
sensiblement de celles que l'on connaît déjà, et l'intérêt qu'on
y trouve dépend surtout de menus détails, négligés par les obser-
vateurs du sexe masculin, mais qui n'ont pas échappé à la saga-
cité féminine. - Quant au jugement définitif, l\1me Cleaves est
d'accord avec ceux qui ont parlé avant elle de la colonie : elle
constate que Gheel n'est pas parfait et qu'il y aurait sur plusieurs
points de sérieuses améliorations à introduire : le personnel
devrait être plus nombreux, la surveillance plus attentive; la
possibilité du surmenage devrait être évitée par la limitation
réglementaire des heur es de travail; enfin il faudrait multiplier
pour les malades les amusements et les distractions.
Malgré tous ces défauts, que compensent d'ailleurs d'incontesta-
bles avantages, l'organisation de la colonie de Gheel comporte un
enseignement qui n'est pas négligeable. Si l'on voulait créer
ailleurs des institutions analogues, il ne faudrait assurément pas
copier servilement la colonie belge, mais on aurait avantage à en
conserver les grandes lignes et à s'inspirer des idées générales qui
ont présidé à sa fondation. R. M.-C.
Une VISITE A QUELQUES asiles étrangers ; par Frederik NEEDHAM
(The Journal of Mental Science. Avril 1892.)
M. Needham a profité de ses voyages pour visiter quelques
asiles dans les pays qu'il parcourait, et il nous rend compte de ses
visites aux asiles de San Servilio, à Venise, de Grenade, de Gi-
braltar, et enfin de San Spirito à Rome ; il y a observé des choses
plus intéressantes au point de vue des moeurs locales qu'à celui de
l'amélioration des asiles, et ses récits sont beaucoup plus pitto-
resques qu'instructifs. R. M.-C.
Discours présidentiel prononcé A la séance annuelle DE l'associa-
TION 31ÉDIC0-PSYCHOLOGIQUE, A L'ASILE royal DE G : 1RTNAVEL, GLASGOW
le 24 juillet 1890 ; par M. Yellowlees. (The Journal of Mental
Science. Octobre 1890).
Discours intéressant où l'auteur examine quelques points de la
législation qui régit les aliénés et les règlements administratifs
auxquels obéissent les asiles. Notons en passant que l'auteur,
comme beaucoup de ses confrères, regrette que les asiles ne soient
pas plus largement ouverts aux étudiants en médecine, et même
84 ik asiles d'aliénés.
qu'un stage dans ces asiles, sanctionné par une épreuve de psy-
chiatrie dans les examens probatoires, ne soit pas encore devenu
obligatoire : il est fâcheux en effet que la liberté physique et mo-
rale de ses semblables puisse éventuellement dépendre d'un mé-
decin qui peut, tout en étant d'autre part très instruit et très digne
de confiance, n'avoir jamais examiné un aliéné. R. M.-C.
DES SOINS A continuer aux aliénés après LEUR SORTIE DE l'asile ;
par II. RAYNER. (The Journal of Mental Science. Octobre 1891.)
On a fondé en Angleterre une société qui a pour but de prendre
soin des femmes qui sortent des asiles et de protéger et d'assurer
leur rentrée dans la vie commune. M. Rayner pense qu'une insti-
tution analogue serait très utile à créer en faveur des hommes.
Il fait le tableau des circonstances difficiles au milieu desquelles se
débat un aliéné guéri qui sort d'un asile, de la difficulté qu'il ren-
contre à s'employer utilement et régulièrement, des promiscuités
fâcheuses qu'il est amené à subir et bientôt à accepter, et enfin,
s'il s'agit d'un alcoolique, ce qui est le cas le plus fréquent, de la
facilité avec laquelle il retombera dans son vice habituel. Quel-
ques-uns à la vérité peuvent rentrer dans leur pays ou dans leur
famille ; mais dans leur pays, ils ne rencontrent que la défiance,
née du souvenir de leurs actes délirants; et quant à leur famille,
si quelquefois elle est irréprochable, elle est parfois aussi le milieu
même où ils ont contracté les habitudes vicieuses qui les ont con-
duits à l'aliénation. Dans les unes ou les autres des conditions qui
viennent d'être rappelées ils sont hors d'état d'employer utilement
la partie saine de leur activité et ils ne tardent pas à retomber à
la charge de la société. Dépayser ces malades, leur assurer du tra-
vail, c'est leur rendre un signalé service, et rendre profitables à
tous des forces qui, si elles demeurent stériles, ne tarderont pas à
devenir nuisibles ou même dangereuses. R. M.-C.
Description sommaire DE la NOUVELLE Villa-Hôpital RÉCEMMENT CONS-
TRUITE sur LES terrains DE la « Retraite » de YORK; par Robert
BAKER. (The Journal of Mental Science. Juillet 1891).
Les administrateurs de l'asile « La Retraite » de York ont
depuis longtemps renoncé au système d'extension, qui consiste à
créer des ailes nouvelles reliées par des corridors au bâtiment cen-
tral ; ils lui préfèrent de beaucoup le système des villas isolées ; c'est
sur la dernière de ces villas que M. Baker vient donner aujourd'hui
quelques renseignements, dans un mémoire accompagné d'une
photogravure et d'un plan détaillé.
Le bâtiment se compose d'un rez-de-chaussée et d'un seul étage :
il est disposé de façon qu'un tiers, deux tiers, ou la totalité de
asiles d'aliénés. 85
l'édifice puissent être utilisés pour le service des aliénés, soit du
sexe masculin, soit du sexe féminin, appartenant au bâtiment
principal.
La villa comporte un salon et une chambre à coucher pour
chaque groupe de dix malades. Elle est chauffée par de l'air venu
du dehors et passant par une chambre de chauffe munie de tuyaux
à eau chaude. L'air vicié est évacué par des ouvertures centrales
pratiquées au plafond et communiquant avec une cheminée d'é-
chappement.
Le bâtiment est éclairé à la lumière électrique, à l'aide d'appa-
reils très bien conçus et qui permettent sur tous les points une
distribution de lumière absolument facultative. - La villa tout
entière, chauffage et éclairage compris, a coûté cent mille francs :
elle est aménagée pour recevoir douze à quinze personnes.
R. 11f.-C.
LES colonies d'épileptiques; par C. Théodore EwnnT. (The Journal
of Mental Science, avril 1892.)
Tout le monde est d'accord, à l'heure actuelle, pour penser que
les asiles d'aliénés sont encombrés de malades que l'on pourrait
avec avantage secourir, surveiller et soigner en dehors des asiles,
par exemple dans une sorte de colonie organisée à cet effet.
Parmi les malades de cette catégorie on peut ranger en première
ligne les épileptiques, et non seulement les épileptiques aliénés,
mais encore les épileptiques simples, que la société écarte autant
que possible de son sein, sans rien faire pour pourvoir à leurs
besoins. Si l'on fondait une colonie de ce genre, comme le souhaite
ardemment M. Ewart, on aurait à se préoccuper de trois classes
d'individus : 1° les épileptiques aliénés, aigus ou chroniques;
2° les épileptiques non aliénés; 3° les enfants epileptiques.
Les épileptiques aliénés bénéficieraient assurément de cette ré-
forme ; la vie simple et saine à la campagne, sous une surveil-
lance médicale suffisante sans qu'elle ait besoin d'être quoti-
dienne, leur serait favorable; quant à l'asile l'avantage pour lui
est évident, car, en s'éloignant, l'épileptique aliéné le désen-
combrerait et ferait place à un aliéné curable.
L'épileptique non aliéné est très souvent intelligent, capable
d'instruction, de travail, et s'il a dans la société une situation
difficile, il la doit uniquement à sa maladie ; dès qu'il se trouvera
au milieu de malades semblables à lui il reprendra ses avantages
et deviendra laborieux et utile. L'épreuve d'ailleurs a été faite. Il
y a vingt-cinq ans un pasteur luthérien, M. von Bodelschwingh,
créa dans une ferme, à Bielefeld, en Westphalie, un petit refuge
pour les épileptiques; il y en avait quatre au début, il y en a plus
de onze cents aujourd'hui : les malades sont divisés par petits
86 asiles d'aliénés.
groupes et par familles; on a créé pour cette colonie des écoles
d'infirmiers et d'infirmières, et ce personnel d'assistance est au-
jourd'hui assez nombreux non seulement pour satisfaire aux
besoins de la colonie, mais pour aller rendre en dehors d'elle ses
services professionnels. La colonie comporte une trentaine d'ate-
liers ou d'industries diverses; il y a même un orchestre, recruté
parmi les malades, et un musée créé, entretenu et enrichi par
eux. Dans chaque atelier, il y a un matelas, et chacun s'empresse
de le rapprocher de celui qui tombe, sachant bien que demain il
aura besoin du même service. En résumé cette colonie est un
hôpital pour les malades, un asile pour les déments, une école
pour les enfants, un atelier pour les adultes. Son succès a été tel
que les imitations ne se sont pas fait attendre, et l'on peut citer
aujourd'hui les colonies, toutes florissantes, de Rotenburg en
Hanovre, de Mariahilf, près Munster et d'Olpe en Westphalie,
d'Alexandra-Kloster à Aix-la-Chapelle et de Rath près de Dussel-
dorf pour les Provinces Rhénanes, de Neinstedt-Thale pour la
Saxe, de Tabor près de Stettin pour la Poméranie et le duché de
Posen, de Karlshof près de Rastenburg pour la Prusse orientale
et occidentale, de Postdam pour le Brandebourg, de Haarlem en
Hollande, de Zurich en Suisse.
Quant aux enfants épileptiques et idiots, on sait combien il est
fâcheux de les mêler aux aliénés dans les asiles. On sait aussi
quels résultats on peut espérer et obtenir chez eux quand on veut
bien ne leur ménager ni son temps ni ses efforts. (Nous avons à
cet égard en France un exemple de premier ordre, et, s'il nous
est interdit de louer comme il conviendrait, dans le recueil où
nous écrivons, les admirables progrès réalisés par M. Bourneville,
dans son service de Bicêtre, il nous est également interdit de les
oublier ou de les passer sous silence.)
L'utilité d'une colonie comme celles dont on vient de parler
n'étant ni contestable ni contestée, sur quelles bases conviendra|it-
il de. l'établir ? Voici quel est à cet égard le résumé des idées de
M. Ewart : 1° comme terrain, il faudrait au moins cinq cents acres
de ferme et de bois propres à l'agriculture et à l'horticulture, le
tout à portée d'une grande ville afin que le marché de vente soit
suffisamment voisin du centre de production ; 2°commehabitations
il faudrait de petites constructions, disposées en groupes séparés
pour les deux sexes, et dans chacun de ces groupes tous les amé-
nagements nécessaires pour recevoir séparément les déments, les
convalescents, les écoliers, les divers ouvriers, et les pensionnaires
d'une classe plus élevée ; 3° chaque malade, sans exception, rece-
vrait les soins du médecin, et il y aurait au moins un médecin
pour deux cents malades; 4° il y aurait une maison d'école pour
les enfants épileptiques; 5° on organiserait des ateliers pour les
adultes; 6° enfin on annexerait à la colonie un laboratoire pour
asiles d'aliénés. 87
l'étude de l'épilepsie et on en confierait la direction à un patholo-
giste expérimenté.
En terminant, l'auteur examine les diverses objections que l'on
a opposées à ce mode d'assistance à l'égard des épileptiques; il les
combat, et conclut que les avantages l'emporteraient de beaucoup
sur les inconvénients. R. de MusGRavE-CLAY.
Chauffage, ventilation ET éclairage électrique DE l'hôpital royal
DE 1\IONTROSE; par James IIOwDEN. (The Journal of Mental Science,
octobre 1890.)
Description détaillée, mais purement technique, et accompagnée
de figures, d'une installation d'appareils de chauffage, d'éclairage
et de ventilation qui paraît fort bien conçue. R. AL-C.
00. Nouvelles fenêtres pour cellules ; par POETZ.
(Allg. Zeitsch. f. Psychiat., XLV111, 6.)
Fenêtre ayant l'aspect d'une fenêtre de maison ordinaire, mais
toute en fer à battants mobiles indépendants ayant chacun (la
fenêtre s'ouvre en quatre parties) son système de fermeture spécial
disposé de telle sorte que la négligence du personnel ne peut
passer inaperçue. Le système ferme la fenêtre automatiquement,
et, si les ressorts ne prennent pas dans l'arc de fermeture, le battant
demeure ouvert. Jalousies extérieures mobiles à panneaux indé-
pendants qui permettent de graduer l'accès de lumière. P. K.
LES Asiles D'IDIOTS, NÉCESSITÉ DE LES RENDRE PLUS grands
ou DE LES MULTIPLIER.
A la réunion annuelle des actionnaires de l'asile Royal-Albert
tenue le 30, un rapport favorable a été présenté sur les affaires
générales de l'institution. Le compte rendu du directeur médical,
Dr ShuttleNOrth, contenait des détails que nos lecteurs liront avec
beaucoup plus d'intérêt que de simples considérations financières,
quoiqu'elles soient ordinairement loin d'être sans importance.
Ainsi nous trouvons que le nombre moyen d'habitants de l'asile
pendant l'année passée avait été de 581, pendant que le nombre
total des malades dans une partie de l'année élait monté à 658.
Le nombre des renvois avait été de 35 et celui des morts de 18
nombre plus bas que celui de l'année précédente, lequel calculé
sur le nombre moyen des habitants avait seulement donné
3,1 p. 100. Une observation a été faite par le Dr Shuttleworlb sur
la nécessité de s'accorder dans le cas de maladies infectieuses.
Heureusement, aucune épidémie n'est survenue pendant ces douze
mois, mais le directeur médical montra bien la nécessité de cet t
accord, car plus tard, les directeurs seraient très sérieusement
88 FAITS DIVERS.
embarrassés dans la conduite des affaires de la maison. La lecture
du rapport du comité central fournit l'occasion -.l'évêque de Car-
lisle, qui présidait, de présenter une remarque sur la distinction
qu'il y a entre les mots amentia et dementia, distinction qui n'est
pas toujours faite par le public ordinaire ou par ceux qui prennent
intérêt à des établissements semblables. L'évêque pense que les
deux classes d'infortunés doivent, dans toutes les institutions desti-
nées à leur traitement, être séparées.
Le clou de la discussion fut, toutefois, le discours de l'honorable
J.-T. Hibbert, N. P. Ce gentilhomme, en prenant le texte de
l'orateur précédent, pour ainsi dire, insinuait que ce serait une
bonne chose si on changeait le titre de ces institutions d'asiles
pour idiots en asiles pour les gens faibles d'esprit.
Un tel changement néanmoins, pense-t-il, ne serait pas facile à
effectuer, bien que les sympathies des parents ne soient sans doute
pas avec ceux qui désirent qu'une telle altération soit faite. M. Hib-
bert montre la difficulté d'obtenir des statistiques authentiques de
l'extension prédominante de l'idiotie dans le Royaume-Uni. Les
familles qui sont atteintes par une telle affliction sont naturelle-
ment désireuses de cacher le fait autant que possible.
Le dernier recensement connu - il n'a pas encore été possible
d'avoir connaissance de celui de 1891 donne le nombre de
41,000 personnes comme formant la classe des imbéciles, mais ce
nombre, pense l'orateur, doit avoir au moins doublé. Des 41.000
imbéciles ainsi reconnus, 18,456 ont, croyons-nous, au-dessous de
vingt ans; en d'autres termes, on avait ce nombre d'idiots suscep-
tibles d'éducation à soigner, pendant qu'on n'avait de logement que
pour 3,000 malades seulement. A cet égard, l'Amérique est plus
avancée que nous, car dans les États-Unis il n'y a pas moins de
14 asiles entretenus dans le but de loger et de traiter les personnes
appartenant à la classe affligée en question. Plusieurs de ces éta-
blissements ont leur budget fourni par les Etats dans lesquels ils
sont construits, les autres fondés et dotés par la bienfaisance pu-
blique ou par des dons de corporations. Assurément le manque de
fonds suffisants dans nos propres contrées pour les besoins physique
et mental des faibles d'esprit est un reflet de l'esprit philanthro-
pique actuel. (The Lancet, 8 octobre 1892, p. 85G.)
FAITS DIVERS
Création d'un syndicat de magnétiseurs. Les membres de
la Société magnétique de France se sont réunis dans le but de
FAITS DIVERS. bu
jeter les bases d'un syndicat de magnétiseurs professionnels. Le
nombre des adhérents a été de vingt. Ce chiffre jugé suffisant, on a
immédiatement procédé à l'élection d'un bureau. Ont été nommés :
MM. Houssay, président, Cazalis et Lorenza, vice-présidents; Mar-
tin, secrétaire; Auffinger, trésorier. La nouvelle Association se pro-
pose de défendre la liberté du malade, aucune loi ne pouvant le
contraindre à ne pas accepter les conseils d'un simple amateur ! Le
syndicat des magnétiseurs ne comprendra que des professionnels;
ses membres ne traiteront que par le magnétisme curatif ; ils s'en-
gagent à ne jamais employer de médicaments. » L'assemblée a
décidé ensuite de se réunir à nouveau pour élaborer les statuts de
la nouvelle Société. Eh ! voilà qui promet !
Exercice illégal de la médecine. Rue de la Jonquière, près de
l'avenue de Saint-Ouen, dans une maison de modeste apparence, au
rez-de-chaussée, une main, peinte sur un écriteau, indique la porte
du magnétiseur Bonnefoy.
Nous entrons. Le cabinet de consultations est une petite pièce nue
et sombre. Une seule fenêtre, donnant sur un jardinet, laisse filtrer
un peu de clarté. Pour tous meubles : deux bancs de bois et une
table. Dans un coin un lit cage se dis,imule sous une housse de per-
cale. Aux murs : un christ de plâtre; deux images religieuses enca-
drées de noir. Sur la cheminée, quelques fleurs. Le maître du logis
est aussi simple que le cadre dans lequel il se meut.
Le magnétiseur Bonnefoy donne sa consultation. Il tient sur ses
genoux une fillette de quatre ans, affligée d'une maladie nerveuse
pour laquelle on a, sans succès, consulté le docteur Charcot. Bonne-
foy prodigue les passes magnétiquessurtoutelapersonne de l'enfant
qui ne bronche pas. Nous interrogeons la mère :
- Ça lui fait beaucoup de bien, répond-elle.
Le magnétiseur est en ce moment poursuivi pour exercice illégal
de la médecine.
- Je n'ai pas un médicament chez moi, nous dit-il. On a perqui-
sitionné sans rien trouver. En outre, mes clients sont libres de ne
pas me payer, puisque je ne réclame rien. Au contraire, je fais la
charité à quelques-uns.
C'est vrai, dit une femme. Et dire qu'il y a des gens qui vous
en veulent.
Moi, je ne leur en veux pas. Je suis prêt à leur rendre service
si l'occasion s'en présente. Je ne suis pas médecin, je suis jardinier,
et certainement je vais avoir beaucoup d'ouvrage ces jours-ci, car
on va commencer la taille des arbres.
Ne serait-ce que pour l'amour de son jardin, ne trouvez-vous pas
que ce médicastre a quelque chose de candide ?
L'ESCROQUERIE A l'hypnotisme. Il y a quelques jours, le parquet
90 faits DIVERS.
était saisi d'une plainte au sujet d'une escroquerie dont deux sous-
officiers d'infanterie d'un régiment de la garnison de Paris, ont été
victimes dans les conditions suivantes :
Ces deux sous-officiers, grands amateurs des pratiques de l'hypno-
tisme, avaient, il y a deux ans, remarqué qu'un soldat de leur régi-
ment, C..., était un merveilleux sujet, se prêtant admirablement
aux exercices récréatifs de la chambrée. Us se lièrent intimement
avec C..., qui, dans les séances occultes auxquelles il prenait part,
révélait des choses extraordinaires. Ainsi, il parlait souvent d'un
grand seigneur russe, un duc de Peliskoff, qui lui « voulait du bien ».
A plusieurs reprises C... ayant évoqué devant eux ce mystérieux pro-
tecteur, les sous-officiers s'imaginèrent qu'ils lui devaient leur
rapide avancement, prédit maintes fois par le très lucide C...
Après que C..., en septembre 1891, eut été libéré du service mili-
taire, il demeura en excellentes relations avec les deux sous-officiers
et ceux-ci reçurent un jour une lettre par laquelle il leur annonçait
qu'il était en Russie et qu'il avait hérité du titre et de la fortune
du duc de Peliskoff. Mais il lui fallait une somme pour entrer en
possession de l'héritage. Les deux amis du régiment envoyèrent la
somme.
Un peu après, nouvelle missive émanant cette fois d'un homme
d'affaires. C... était mort en laissant à ses amis toute sa fortune.
Mais nouvelle demande d'argent pour acquitter les frais de cette
autre succession. Confiants en la légalité de ces demandes, les naïfs
sous-officiers versèrent les fonds qui leur étaient réclamés; mais, à
la longue, devant de nouvelles demandes d'argent, plus pressantes
encore que les premières, s'apercevant qu'ils avaient été bernés et
volés, ils n'hésitèrent pas à faire part à leur colonel de l'escroquerie
dont ils avaient été victimes.
Des recherches ayant été faites pour en découvrir les auteurs, il
fut établi que C... n'était pas mort en Russie et qu'il menait, au
contraire, joyeuse vie à Paris. Arrêté, il déclara qu'il ne comprenait
absolument rien à l'accusation dont il était l'objet et que, si jamais
ilavaitprisle nom de duc de Peliskoff, ou signé de ce titre, ce ne pou-
vait être qu'inconsciemment. Pressé de questions par le magistrat,
il s'est retranché derrière son état de « sujet ». S'il a écrit et em-
prunté quoi que ce soit, ce ne peut être qu'au cours d'un sommeil
hypnotique. On lui aurait suggéré l'idée de prendre le nom et le
titre de duc et la pensée d'escroquer ses amis à la faveur de ce
stratagème. (L'Eclair.)
LES empoisonnements dans L'INDE. -Les empoisonnements sont,
à l'heure actuelle, encore très fréquents dans l'Inde anglaise, mal-
gré l'énergie déployée par le gouvernement pour les faire dispa-
raître. Ils étaient beaucoup plus nombreux il y a quelques années
faits DIVERS. 91'
et leur accroissement s'est manifesté après la suppression du
« Thugg,sme ».
On désignait sous ce nom une association de voleurs et d'as-
sassins existant depuis les temps les plus reculés; cette association
a exercé des ravages terribles jusqu'en 1860, époque à laquelle elle
a été détruite, grâce aux mesures énergiques de sir Sleeman et
de ses successeurs. Traqués de tous côtés, emprisonnés et pendus
sans merci, les « Thugs » finirent par disparaître.
Les « Thugs » appartenaient à toutes les castes de l'Inde : ils
parcouraient les pays en bandes, déguisés en marchands ou pèle-
rins. Quand ils avaient désigné une victime, ils l'attiraient au
milieu d'eux et l'étranglaient. Après chaque meurtre, un sacrifice
solennel était offert au dieu de la destruction. Les Thugs étaient
des fanatiques; ils ne tuaient que parce que leur religion le leur
commandàit.
Dans l'espace de neuf années, plus de 2.000 Thugs furent arrê-
tés : 1.467 furent convaincus de crime; on en pendit 382, on en
déporta 919, on en emprisonna 77 à vie, 92 pendant des période
variables, on en acquitta 20; 31 moururent pendant le procès et
250 furent relâchés parce qu'ils avaient dénoncé leurs complices.
Quelques-uns de ces Thugs avouaient avec orgueil avoir tué plus de
200 personnes. Les « Thugs » étrangleurs respectaient les femmes,
les gens de la basse classe, les musiciens, les danseurs, les fakirs.
C'est après la suppression des « Thugs » que les empoisonne-
ments devinrent plus fréquents. Il se forma une secte qui se ser-
vait du datura comme poison et qui détruisait sans raison aucune;
on leur donna le nom de « Daturiahs ».
Les « Daturiahs . » n'exercent pas des ravages aussi prononcés
que leurs prédécesseurs les « Thugs » et cependant, les empoison-
nements atteignent, dans les Indes, un chiffre très élevé. C'est que
les Indous se servent volontiers du poison pour supprimer ceux qui
les gênent.
Le datura (D. fastuosa; D. alba et D. stramonium) est
employé de façon différente : on se sert des semences entières,
des semences réduites en poudre, d'essence qu'on mélange à du
tabac, à du sucre, à de la farine. Le datura n'amène pas toujours
la mort; on s'en sert quand on veut produire un empoisonnement
léger, aussi est-il moins employé que l'arsenic et l'opium. Les
sels de cuivre, de mercure, de plomb, sont employés avec un peu
moins de fréquence; de même l'aconit et la strychnine.
Les empoisonnements ne portent pas seulement sur les per-
sonnes, mais aussi sur les animaux.
LES drames DE la folie. Pris d'un subit accès de folie, Désiré
Leclerc, âgé de trente-neuf ans, peintre en bâtiments, a tenté hier,
vers trois heures de l'après-midi, de tuer sa femme.
92 faits DIVERS.
Leclerc, qui, à plusieurs reprises, a donné des signes d'aliéna-
tion mentale, accusait à tout propos sa femme de le tromper. C'est
pendant une de ces scènes que Leclerc, devenu fou furieux, s'est
emparé d'un revolver et a fait feu sur sa femme. Celle-ci n'a eu
que le temps de se réfugier dans la chambre à coucher et de fermer
la porte à clef. -
Des gardiens de la paix, que les détonations et les cris de Mm0 Le-
clerc avaient attirés, pénétrèrent dans le logement et durent
engager une lutte terrible avec le forcené, qui fit deux fois feu sur
eux sans les atteindre. Us purent enfin se rendre maîtres de l'a-
liéné, qui a été envoyé à l'asile de Sainte-Anne, par les soins de
M. Grima], commissaire de police.(La Marseillaise.)
Persécuté par LES jésuites.- - Hier matin, vers huit heures, rue
de Sèvres, devant la maison des pères Jésuites, des gardiens de la
paix apercevaient un homme qui gesticulait, parlant avec anima-
tion. Ils s'approchèrent. L'homme continua ses discours, parlant
de temps à grands éclats de voix, et les deux gardiens se décidèrent
à l'interpeller. ,
Comment vous appelez-vous ? demandèrent-ils. L'orateur
refusa de répondre, et les deux agents le conduisirent chez le
commissaire de police, à qui il déclara se nommer Yves-Jean Le
Bourvellec, âgé de cinquante-quatre ans, originaire des Côtes-du-
Nord. Il raconta qu'il avait été ruiné par les jésuites et qu'il était
eu butte à leurs persécutions.
Depuis 1889, ajouta-t-il, j'ai fait quatre fois le tour du monde
pour leur échapper ; mais toujours ils m'ont poursuivi.
Ce pauvre homme est titulaire des médailles de Crimée, d'Italie
et du Mexique. Il a fait quinze ans de service militaire. Il a été
envoyé à l'asile Saint-Anne. (La Marseillaise.)
. t
LE FOU ET LES gendarmes. hier, un individu, pris subitement du
délire alcoolique, avait provoqué, rue Mot, à Fontenay-sous-Bois,
un rassemblement d'une cinquantaine de personnes qu'il injuriait
et terrifiait à la fois, menaçant de tuer quiconque l'approcherait.
Deux gendarmes, prévenus, accoururent pour s'emparer de ce for-
cené, mais celui-ci fit résistance, frappa violemment les agents de
la force publique, et il fallut le concours de six hommes pour se
rendre maître de cet énergumène.
C'est un nommé Jules Bompeix, employé de commerce, demeu-
rant rue de Neuilly, 39, à Fontenay. Il a été envoyé à l'asile Sainte-
Anne. (La Marseillaise.)
UN officier FOU A la Frontières Il y a quelque temps, un capi-
taine d'artillerie français, en garnison à Verdun, revêtu de son
uniforme, arrivait en voiture à Lorquin, accompagné d'un gen-
FAITS DIVERS. 93
darme allemand. Il fut dirigé sur Sarrebourg et conduit auprès
du général commandant la place, puis chez le Kreisdirector.
Ce malheureux jeune homme, âgé de trente-trois ans, en congé
depuis quelques jours, chez ses parents, à Bertrambois (France),
devenu subitement fou, voulut venir en grand uniforme chez le
général à Sarrebourg annoncer que le lendemain il aurait une
entrevue avec l'empereur sur le Donon, pour traiter au sujet de la
restitution de l'Alsace-Lorraine à la France. Après avoir été inter-
rogé, cet officier français a eté reconduit chez ses parents à Ber-
trambois. (La Marseillaise.)
Un FOU A la recherche DE sa FEMME.Abandonné par sa femme,
un nommé Faux, demeurant rue Durantin, avait fait pour la re-
trouver nombre de démarches inutiles.
Tous ces insuccès lui firent perdre la raison et, hier matin, très
grave, en redingote, Faux se présentait à l'Elysée, demandant à
parler au président de la République.
M. Carnot, qui est tout-puissant, sait où est ma femme, et je
viens lui demander son adresse, déclara le mari au concierge du
palais. Amené chez M. Ganelfe, commissaire de police du quartier,
le pauvre détraqué a été envoyé à l'asile Sainte-Anne. (La lIIal'seil-
laise.) 1 t
Drame de FAMILLE. - Alac S..., établie rue de Rennes, prévenait
hier, à l'aurore, les gardiens de la paix en service de ronde, que
son fils Charles, subitement atteint d'aliénation mentale, cassait
tout dans son appartement. Les agents montèrent chez cette dame,
pour appréhender l'aliéné qui s'était retranché derrière une barri-
cade improvisée, d'où, armé d'un revolver chargé et d'une lourde
pince, il menaçait de mort quiconque approchait. Le gardien
Stoub s'étant avancé, reçut sur la tête un coup de pince qui le
blessa. Alors, changeant leur tactique, les agents, sur l'avis de la
mère, très alarmée, avertirent les deux docteurs de la famille qui
accoururent en toute hâte et parvinrent, après quelques admo-
nestations qu'il écouta 'avec douceur, à chloroformer le jeune
homme qni fut conduit en voiture à l'établissement du docteur
Blanche. ,
Catalepsie. -Les passants qui descendaient mardi soir l'avenue
de l'Aima, virent soudain une femme vêtue de noir tomber de son
haut sur le trottoir, des suites d'une attaque de catalepsie. Trans-
portée dans une pharmacie, où les soins les plus empressés lui
furent prodigués, et enfin à l'hôpital Beaujon, cette femme n'a pas
encore, après plus de quarante-huit heures, repris connaissance.
Il a été impossible d'établir son identité. A sa mise, on juge que ce
94 FAITS DIVERS.
doit être une domestique; elle est brune et parait âgée de trente
à trente-cinq ans..
LE drame de la RUE Truffaut. Les habitants de la rue Truffaut
étaient mis en émoi, avant-hier soir, de sept à neuf heures, par un
bruit épouvantable de carreaux brisés, de vociférations émanant
du n° 14. La vérité, une fois connue, produisit chez tous un senti-
ment de tristesse. -
Celui qui causait tout ce bruit était un jeune homme de trente
ans, M. de la Tremblaie, qui, après avoir été simple soldat en Corse
et en Algérie, avait fait, toujours dans le rang, la campagne du
Tonkin. Comme tant d'autres, il avait contracté les fièvres. Depuis
sa rentrée en France, il y a trois ans, il avait été sujet à de fré-
quentes maladies. Depuis quatre jours, il était dans un état de
surexcitation extrême et, subitement, avant-hier, il s'écria que son
beau-frère voulait tuer sa mère, que des cambrioleurs s'introdui-
saient chez lui. Il se barricada dans sa chambre, s'arma d'une hache
et fit voler en éclats meubles et vitres.
M. Gilles, commissaire de police, se présenta à la porte du ter-
rible aliéné et lui offrit de le débarrasser des cambrioleurs. Après
de longs pourparlers, M. de la Tremblaie finit par y consentir et
monta en fiacre, à destination de Sainte-Anne. (La Marseillaise.)
LE SUICIDE d'un FOU. Un pensionnaire de Bicêtre, nommé
Roos, qui se trouvait en permission de deux jours, a tenté de se
suicider, hier soir, en se précipitant dans la Seine du Pont-au-
Change.
Un passager d'un bateau-omnibus qui, justement, passait sous le
pont, M. Lagarde, mégissier, s'est porté au secours du malheureux,
qu'il a sauvé.
Le pauvre aliéné a été reconduit à Bicêtre. (La Marseillaise.)
1
UNE folle. - Les commissaires de police sont habitués à des
surprises de métier généralement désagréables.
C'est ce qui est arrivé à M. Benezech, commissaire de police du
quartier Rochechouart. Il était dans son cabinet, compulsant un
dossier, lorsque se présenta à lui une femme d'une quarantaine
d'années, d'allures très raisonnables, mais qui, à peine entrée,
sortit de ses poches, au grand étonnement du magistrat, un vieux
rasoir, une énorme clef rouillée et... un pistolet à mèche.
« Je m'appelle 111'°e Lucas, dit-elle, tout en procédant à cette
exhibition. J'ai soustrait à mon mari ces armes dangereuses, et je
viens me mettre sous votre protection. » ,'
Comme elle était, au reste, fort calme, M. Benezech a consenti
sans difficulté à protéger, en effet, la pauvre folle. (Journal des Dé-
bats.)
FAITS DIVERS. 95
Tentative DE MEURTRE D'UNE FOLLE. Une institutrice de Passy,
qui ne jouit pas de la plénitude de ses facultés mentales, Mme Mar-
celine Quintallet, âgée de cinquante-sept ans, demeurant rue Yvan
Villarceau, 7, a tiré plusieurs coups de revolver sur une dame
Carola Gratix, propriétaire d'un hôtel meublé, rue Lauriston, 82,
qu'elle venait de rencontrer dans l'avenue Kléber.
Une seule balle a atteint Mme Gratix, sans toutefois lui faire de
blessure grave.
M. Delamarre, commissaire de police, a mis en état d'arresta-
tion la dame Quintallet, qui a été envoyée à l'infirmerie du Dépôt
et placée en surveillance spéciale. (L'Eclair.)
MEURTRE commis par UNE folle. - La femme Lévêque, âgée de
soixante-sept ans, était atteinte d'une étrange monomanie : elle
sciait tout ce qui se trouvait à sa portée. Il y a quelques années,
elle s'était même détaché le poignet gauche avec une petite scie à
main. Internée pendant quelque temps à l'asile de Lafond, elle en
sortit guérie. Mercredi, brusquement reprise de sa monomanie, la
femme Lévêque vint chercher chez l'instituteur un de ses petits-
enfants, Abel Touchet, âgé de cinq ans; elle l'entraîna dans les
champs et lui scia le cou avec un couteau de poche.
Quelques instants après, couverte de sang, la malheureuse dé-
meule se présentait à sa fille et lui racontait tranquillement les
détails de l'horrible scène. (Journal des Débats.)
UNE accusée EN crise hystérique. Félicité Delcros était ser-
vante dans la brasserie de M. Rabet. Elle plut à son patron qui
l'épousa. Elle devint donc M"'e Rabet et, de l'office, passa au comp-
toir. Mais, en sa nouvelle position, elle eut de telles légèretés de
conduite, que son mari ne tardait pas à introduire contre elle une
demande en divorce. Cela irrita fort l'ancienne servante. Elle mit
tout en oeuvre pour fléchir M. Rabet, le faire revenir sur son pro-
jet. Elle ne réussit point. M. Rabet tenait bon. Elle fut de plus en
plus outrée, et le 2 janvier dernier, après un suprême essai de
réconciliation resté aussi infructueux que les autres, elle tuait son
mari d'un coup de revolver.
La cour d'assises de la Seine devait la juger hier. Seulement,
avant l'ouverture de l'audience, l'accusée tombait dans une vio-
lente crise hystérique. Impossible aux gardes de la conduire à son
banc. Ou dépêcha près d'elle un médecin, il revint disant que la
malade ne pourrait comparaître. Force a été de renvoyer le procès
à une autre session. (L'Eclair.)
96 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Bourneville. - Recherches cliniques et thérapeutiques sur l'épilepsie,
l'hystérie et l'idiotie. Publié avec la collaboration de 1\01"'1. Dauriac, Ferrier,
Noir. Vol. in-8° de cxx-368 pages, avec 37 figures dans le texte et 15 plan-
ches hors texte. Prix 6 fr.; pour nos abonnés, 4 fr.
BoupxEVtLLE. Du traitement chirurgical et du traitement médico-
pédagogique de l'idiotie. - In-8°. Extrait du compte rendu du Congrès
de Blots.
BRiTTO (A.). - Conlribuiçâo para o est udo da .4slasia-abasia no est
ado da Bahia. Brochure in-18 de 79 pages. - Bahia, 1892 - Imprenza
popular.
CHlAïs (F.). - Urines et nutrition. Variations quantitatives des
éléments urinaires normaux dans les perversions nutritives. Brochure
m-S° de 20 pages. Menton, 1890. - Imprimerie mentonnaise.
FREUD (S.). Zur Kenntniss 'der cerebralen diplegien des Kinder-
salters (im auschsuls an die litllesche Krankheil). Volume in-8° de
168 pages, avec 2 tableaux hors texte. Leipzig und Wien, 1893. F.
Deuticke.
Guermonprez. De la prudence en thérapeutique. - Brochure in-8°
de 69 pages. Paris, 1893. Librairie J.-B. Baillière et fils.
Mossi. Valeur séméiologique de l'anesthésie de l'arrière-gorge et
de l'épiglotte, comme stigmate de l'hystérie. Broch. in-8° de 12 pages.
Toulouse, 1893. Imprimerie Marques et CI*.
SADLEIt (C.). Klinische Unte/'suchungen t)0gt' die Zahl der corpus-
culâren Elemenle und den Ilaemoglobingehalt des Blutes. Brochure
in-8° de 46 pages. - Berlin, 1893. - Verlag von Fischer's.
Séguin (E.-C.). Leçons sur le traitement des névroses. Volume
in-8° de 98 pages. - Prix : 3 tr. Paris, 1893. - Librairie O. Doin.
ViBERT (CH.). - La Névrose traumatique. Étude médico-légale sur les
blessures produites par les accidents de chemins de fer et les trauma-
tismes analogues. - Volume in-8° de 171 pages. - Prix : 5 fr.
ZUCCAIiELLI (A.). - Degenerazione, Pazzia e lelitto. Brochure in-8o
de 46 pages. - Prix : 1 fr. 50. - Napoli, 1893. - Car. A. Tocco.
ZuccAReLLi (A.). - Divorzio e scienza antropologica, conferenza pro-
nunziala il 5 febbraio 1893. Brochure in-18 de 47 pages. Napoli,
1893. Tipografico A. Tocco.
Le rédacteur-gérant, BOUR\EVILLE.
Evruux , Ch IiEmss iirp. 793.
Vol. XXVI. Août 1893. N" 78.
ARCHIVES DE NEUROLOGIE
PATHOLOGIE NERVEUSE.
' CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES TUMEURS NÉVROGLIQUES
DE LA MOELLE 'ÉPINIÈRE
(SYRINGOMYÉLIE A TYPE SPASMODIQUE)
Par le D' RAYMOND,
Professeur agrégé à la Faculté de Médecine, médecin de l'hôpital Lariboisière,
Je viens d'observer un cas de syringomyélie, remarquable
par la rapidité de son évolution, par l'intensité des phéno-
mènes spastiques, par la longue période qui s'est écoulée entre
le début des symptômes et l'apparition des troubles classiques
de la sensibilité. Le diagnostic, égaré par un tableau clinique
insolite, a mené à une intervention chirurgicale dont les résul-
tate immédiats ont été remarquablement favorables ; mais au
bout de quatre jours des phénomènes d'hyperthermie et de
contracture généralisée ont emporté le malade.
Les particularités cliniques et les résultats de l'examen ana-
tomique, intéressants à plusieurs points de vue, m'engagent à
publier cette observation dans tous ses détails.
OBSERVATION. - Syringomyélie à forme spasmodique, avec atrophie
musculaire prédominant dans les muscles péri-scapulaires, prise
pour une pachymêningite cervicale hypertrophique. Trépanation
du canal rachidien. Amendement rapide des symptômes de contrat-
tures. Mort au cinquième jour après l'opération : hyperthermie,
tétanie généralisée, etc. Névromes de régénération des racines pos-
térieures.
Mat... Jean, âgé de trente-sept ans, cimentier, entré le 19 juin
1889, à l'hôpital Lariboisière, salle Bouley, 'no 10.
Archives, t. XXVI. 7
98 PATHOLOGIE NERVEUSE.
Renseignements héréditaires. - La mère de M... est morte luber-
culeuse, rien de particulier du côté des autres parents.
Renseignements personnels. Le malade était assez frêle dans
son enfance; mais il a joui d'une bonne santé jusqu'en 1886.
Marié, il a un enfant de douze ans, bien portant.
Pas de trace de syphilis. Quelques excès alcooliques. M... a fait
son service militaire; il n'a jamais quitté la France. Il exerce, de-
puis longtemps, la profession de cimentier, profession qui l'expose
constamment aux refroidissements. Il y a quatre ans environ, il
dut, pendant six semaines, travailler dans un égout, couché sur le
dos et continuellement mouillé. A la suite de ce travail fatigant,
M... a eu, à la nuque, un furoncle volumineux, véritable anthrax
dont il porte encore les traces aujourd'hui.
Le malade fait remonter à trois ans le début des accidents ac-
tuels. Vers cette époque, il a commencé à éprouver des sensations
de froid dans les jambes; il lui semblait, dit-il, les avoir constam-
ment dans l'eau. Il ne parvenait à vaincre celte sensation que devant
un feu très vif. En même temps survenait une légère parésie des
membres inférieurs, le gênant beaucoup dans son travail. Peu de
temps après les débuts de ces premiers accidents, les mêmes phéno-
mènes se produisirent dans le bras droi qui lui paraissait très lourd.
Au bout de six mois environ, il avait de la raideur généralisée
aux quatre membres, et à la poitrine, d'où une certaine gêne de la
respiration et de la parole.
Il fut, à celte époque, obligé de s'arrêter de travailler. Peu à
peu, il s'affaiblit, et il éprouva quelques troubles de la miction et
de la défécation. Finalement il se décida à entrer à l'hôpital.
Etat actuel (19 juin 1889). Homme maigre, pâle, de taille
moyenne. Santé générale bonne. Ce qui frappe tout d'abord,
lorsqu'on examine le malade debout et entièrement nu, c'est une
sorte de raideur généralisée étendue au tronc et aux membres su-
périeurs et inférieurs. La tête est légèrement inclinée en avant ;
pourtant tous les mouvements de rotation, de flexion et d'exlen-
sion sont possibles. et le champ d'excursion de ces mouvements
ne paraît pas diminué beaucoup.
Le tronc est légèrement tordu sur lui-même. Il existe une assez
notable scoliose latérale gauche. Les mouvements d'excursion des
côtes se font avec une certaine raideur. Les muscles du tronc, en
général, sont plus rigides, plus tendus que normalement. Les ilio-
spinaux, en particulier ceux de la gouttière vertébrale droite, sont
très contractures ; de même, les muscles de l'abdomen.
Il existe, à la nuque, les traces du large furoncle qu'a eu le ma-
lade. Au niveau de la proéminente se trouve une sorte d'épaissis-
scment du derme, rayonnant autour des lignes d'incisions faites
par le bistouri. 0
DES TUMEURS NÉVROGLIQUES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE. 99
Les muscles péri-scapulaires sont considérablement atrophiés,
surtout à droite. L'atrophie porte plus particulièrement sur les
muscles sus et sous-épineux, rhomboïde, grand dorsal et trapèze
(portion inférieure). Les deltoïdes ont, pour ainsi dire, leur volume
normal.
Les membres supérieurs, en demi-flexion, sont comme collés
contre le tronc. La flexion du coude est assez facile; au contraire
l'extension ne peut se faire que difficilement et en plusieurs temps.
L'articulation de l'épaule a conservé très peu de mouvements; la
circumduction du bras est impossible. Les mouvements des articu-
lations radio-carpiennes sont assez faciles dans le sens de la flexion ;
par contre, ces mouvements sont plus difficiles dans l'extension.
De même, pour les,doigts. Les muscles des membres superieurs
ont conservé à peu près leur volume normal ; ces muscles sont con-
tracturés, surtout les extenseurs. La contracture est moins accen-
tuée à gauche qu'à droite.
Du côté des membres inférieurs, on constate un certain degré
de parésie et la même raideur qu'aux membres supérieurs. L'ex-
tension du genou est assez difficile, la flexion, plus facile. Les mol-
lets, contractures, sont le siège de tiraillements douloureux presque
continuels.
La marche est gênée par une sensation de chatouillement de la
plante des pieds et de lourdeur générale dans les deux membres
inférieurs. M... ne peut se tenir debout sur un seul pied. L'oc-
clusion des yeux n'est pour rien dans la production de ce phéno-
mène.
Tous les réflexes, à part celui des masséters, qui est normal, sont
très considérablement exagérés, principalement du côté des mus-
cles extenseurs. 11 suffit de percuter, même très légèrement, le
tendon ou le muscle, pour provoquer ces réflexes. Les réflexes
cutanés sont aussi très exagérés : le chatouillement, même léger de
la peau, provoque immédiatement des contractions musculaires.
Trépidation spinale intense que l'on arrête facilement par la
torsion du gros orteil. La sensibilité est complètement intacte
sous tous ses modes. Pas de troubles actuels des sphincters. Vue,
ouïe, normales. Les fonctions cérébrales ne laissent rien à désirer.
L'examen des yeux est négatif.
REMARQUE. - Je fus, je l'avoue, fort perplexe pour établir
dans l'espèce un diagnostic précis. Je passai successivement
en revue les affections de la moelle dans lesquelles le symp-
tôme contracture est le phénomène dominant.
J'écartai immédiatement l'hystérie dont je n'avais devant
moi aucun stigmate, et dans le passé comme dans le présent,
je ne relevais aucun phénomène hystérique.
100 PATHOLOGIE NERVEUSE.
Je discutai ensuite les dystrophies nusculaires progres-
sives, la poliomyélite antérieure, la forme spinale de la sclé-
rose en plaques, la polynévrite généralisée, l'hématomyélie,
la lèpre anesthésique, la syringomyélie, la myélite transverse
cervicale, la sclérose latérale amyotrophique, le tabes spasmo-
dique,etc. Je ne conclus pas à l'existence de l'une ou l'autre
de ces affections parce que le tableau clinique que j'avais sous
les yeux s'écartait par plusieurs symptômes importants de
celui que l'on est dans l'habitude de regarder comme caracté-
ristique de ces diverses maladies.
Je m'arrêtai au diagnostic suivant : aclcyméningite cervicale
hypertrophique. Compression antérieure et latérale de la moelle;
myélite transvez se consécutive ayant détruit une partie des
◀cornes▶ antérieures. Dégénérescence descendante des faisceaux
latéraux. Je ne me dissimulai pas que l'ensemble des signes
que j'observais était loin de correspondre à la forme classique,
habituelle delà pachyméningite cervicale hypertrophique, mais
on sait combien grandes sont les variations du tableau cli-
nique, dans les maladies chroniques de la moelle. L'absence
de tout trouble de la sensibilité m'empêcha de conclure à la
syringomyélie, quoique aujourd'hui il ait été produit des
observations de cette maladie avec pièces anatomiques à l'ap-
pui, dans lesquelles il n'y a eu aucun trouble de sensibilité.
D'ailleurs à l'époque où j'observais mon malade, la forme
spastique de la syringomyélie était mal connue.
Traitement. - En conséquence de mon diagnostic, je fis mettre
des pointes de feu, fréquemment, sur la région cervico-dorsale
de la colonne vertébrale. J'ordonnai, en outre, l'iodure de potas-
sium et des bains sulfureux.
Après deux mois de séjour à l'hôpital, l'état du malade s'amé-
liore ; la marche devient plus facile. Mais à la fin du mois d'octo-
bre, il survient une aggravation : le malade pour marcher est
obligé de se cramponner aux montauts des lits ; il ne peut plus
aller aux bains sans se faire accompagner.
Au mois de novembre, il contracte dans le service une fièvre
typhoïde. Cette affection ne semble avoir influé en rien sur la
marche de la maladie. Dans le courant de la convalescence,
quinze jours environ après la chute de la fièvre, il se trouve bien
de nouveau, et dans l'état d'amélioration où il était avant sa fièvre
typhoïde.
Au mois de mars 1890, -en même temps qu'un état fébrile assez
marqué, des mouvements involontaires se produisent dans les
DES TUMEURS NÉVROGLIQUES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE. '101
membres inférieurs du malade. Les draps relevés, la simple
impression de l'air froid suffit pour amener un tremblement
étendu des deux jambes. La plus petite percussion des muscles
détermine une trépidation spinale prolongée. Le malade est
incapable de se tenir sur ses jambes sans être soutenu par un infir-
mier. Ces phénumènes disparaissent peu à peu, dans l'espace de
quinze jours.
15 avril. Le membre supérieur droit est dans la demi-flexion
et la pronation, par suite de la contracture du biceps; le malade
peut fléchir le bras, mais l'extension complète n'est pas spontané-
ment possible. Légère rétraction de l'extrémité du petit doigt.
Le malade arrive à mettre son bras sur sa tête, mais avec diffi-
culté ; quand il veut exécuter ce mouvement il est pris d'un trem-
blement assez étendu.
Du côté gauche, on constate une rétraction du petit doigt et une
rétraction un peu moindre de l'index; un léger degré de contrac-
ture du biceps n'empêche pas l'extension complète, avec un effort
relativement minime.
Le deltoide est légèrement atrophié des deux côtés : les muscles
des fosses sus et sous-épineuses sont beaucoup plus atteints que le
rhomboïde, le grand dorsale et le trapèze. - Les omoplates sont
détachée^ et un peu éloignées de la ligne médiane (davantage à
droite). 0
10 : 2 PATHOLOGIE NERVEUSE.
modes; il n'existe pas d'anesthésies, ni d'hyperesthésies. Pas de
troubles de la miction. La défécation est un peu pénible. La
vue est toujours normale.
Mai. - Le malade est pris de douleurs en ceinture très vives;
déplus il sent au milieu des deux épaules une douleur qui le serre
comme un corset. -
Juin. Persistance des douleurs précédentes; de plus, douleurs
violentes aux cuisses, affectant par moment la sensation «d'éclairs» :
elles suivent à peu près exactement le trajet du sciatique.
Novembre. - On constate l'apparition d'une zone d'hyperesthésie
occupant tout le membre inférieur droit, sauf au niveau du pied, où
la sensibilité est la même qu'à gauche. La sensibilité est encore
normale dans tout le reste du corps. Réflexes rotulien et plantaire
exagérés.
A gauche, on provoque facilement la trépidation spinale; à
droite, on ne peut la produire, le pied étant immédiatement
immobilisé en adduction et rotation en dedans par la contracture
des muscles de la jambe.
Les douleurs en éclair qui traversaient la cuisse sont devenues
plus rares. - Les douleurs actuelles siègent surtout au genou
gauche, où elles sont continues, et, bien moins fortes, au genou
droit. Crampes fréquentes des mollets, bien plus rares égale-
ment du côté droit.
Le malade ressent des fourmillements continuels dans les jambes
et a une sensation de froid au niveau des jambes et des pieds. (La
température est la même au toucher que celle du reste du corps. )
Les douleurs en ceinture n'ont pas varié d'intensité; les douleurs
interscapulaires sont devenues plus fortes, surtout le soir, gênant
par moment la respiration.
Au niveau du sacrum douleur vive, que fait disparaître momen-
tanément une application de pointes de feu. Douleurs intermit-
tentes dans l'épaule droite. - La constipation est habituelle; la
miction se fait bien. -La parole est devenue un peu plus difficile;
il n'y a pas de troubles de la déglutition.
Le malade n'a pas d'appétit. - La marche est devenue bien
plus difficile. - Dès que les pieds du malade touchent terre, il se
produit une contraction du triceps qui rend la flexion de la jambe
impossible. Le malade doit tenir les yeux fixés à terre et s'appuyer
sur une chaise pour marcher. De plus, quand il éprouve en
marchant une sensation de froid, la contracture des muscles rend
la marche totalement impossible et il doit se recoucher. Ces phé-
nomènes se dissipent au bout de quelque temps. A la main droite,
l'annulaire s'étend maintenant comme le médius. Quand le
malade étend l'avant-bras, le mouvement est quelquefois arrêté par
DES TUMEURS NÉVROGLIQUES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE. 103
une brusque contraction du biceps. L'avant-bras est contracture
en pronation. On parvient cependant facilement à vaincre la con-
tracture.
104 PATHOLOGIE NERVEUSE.
La force musculaire est conservée. On constate au membre infé-
rieur une contracture marquée. La jambe est légèrement tléchie
sur la cuisse. De même, les membres supérieurs sont le siège
d'une parésie spasmodique plus accentuée à droite qu'à gauche.
DES TUMEURS NÉVROGLIQUES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE. '105
parait bomber légèrement en arrière, est également ouverte, avec
précaution. On constate nettement l'existence d'une saillie à la
face postérieure de la moelle. En pinçant cette saillie entre les
deux mors d'une pince à griffes, le tissu médullaire se rompt et il
sort d'une cavité intra-médullaire une certaine quantité de liquide
clair, limpide, ressemblant à du liquide céphalo-rachidien ; on
constate alors qu'on a ouvert un kyste assez étendu situé dans la
région postérieure de la moelle et qui n'était séparé de la surface
que par une très faible couche de tissu nerveux, mesurant de
1 à 2 millimètres. Il s'est écoulé au moins deux ou trois cuillerées
de liquide.
30 décembre. Soir. T. 40°,5. P. 120. Le malade se trouve
bien. Un peu moins de contracture des membres inférieurs et
supérieurs, surtout à droite.
31 décembre. Matin, T. 39°. Soir, T. 40°,4. P. liO, 112.
L'état général paraît bon. Soif assez intense. La contracture
a diminué, le malade trouve qu'il remue mieux ses bras.
1 cr janvier. Matin, T. 39°,5. Soir, 40°,2. P. 115,120. Un lave-
ment ; selles abondantes, sulfate de quinine 1 gramme en deux fois.
L'amélioration est manifeste; le malade remue beaucoup mieux
les membres.
2 janvier. Matin, T. 39°,4 Soir, 40. P. 110,100. Léger sub-
délirium pendant la nuit : on l'attribue à la quinine.
3 janvier. T. 39°, 4 au matin, P. 90. La nuit a é ! é assez agitée.
Le malade se trouve d'ailleurs bien; on défait le pansement. La
plaie parait en bon état, on n'y touche pas. Le soir l'agitation a
augmenté. Le malade voit continuellement des gens qui veulent
l'assassiner. Il ne cesse de crier et de s'agiter dans son lit. T.40°,4,
pouls rapide, mais régulier, à 120. Contracture des membres infé-
rieurs en extension, des supérieurs en flexion. Mort le 4 janvier
à quatre heures du matin.
Autopsie le 5 janvier 1892. La partie postérieure des lobes
inférieurs des deux poumons est le siège d'une légère congestion
passive. Le coeur est normal et en systole; il est complètement
vide de sang. On n'observe rien de spécial dans les autres viscères,
foie, rein, rate.
Cerveau. Les méninges cérébrales sont injectées, leurs veines
sont fortement dilatées, surtout vers la convexité et dans le lobe
frontal, au niveau de la scissure de Rolando. Il n'y a rien d'anormal
dans le reste de l'organe.
Moelle. Au niveau de l'incision opératoire on trouve un peu
de sérosité sanguinolente, avec de petites plaques de fibrine, mais
pas de pus : cette sérosité a été examinée au point de vue bactério-
106 PATHOLOGIE NERVEUSE.
logique par M. le Dl' Netter,qui n'y a trouvé aucun micrograuisme;
il ne s'agissait donc pas d'une infection consécutive à l'opération,
et l'hyperthermie présentée par le malade était de nature pure-
ment nerveuse.
Il n'y a pas d'épanchement notable dans le canal rachidien
autour de la dure-mère, qui présente un aspect normal, sauf au
niveau de l'incision, où elle est un peu colorée par le sang. La
suture au catgut tient très bien et ne laisse pas écouler le liquide
céphalo-rachidien. Les lames des quatrième et cinquième vertèbres
cervicales sont enlevées à droite.
Après avoir découvert la moelle complètement, on constate que la
dure-mère n'est pas plus tendue que d'habitude. La dure-mère et
l'arachnoïde sont complètement normales. La pie-mère est rouge
pâle et oedémateuse surtout dans les régions dorsale et lombaire ;
dans toute son étendue, elle est très vascularisée et on aperçoit de
'grosses veines tortueuses qui rampent à sa surface.
La moelle a conservé partout son volume normal, si ce n'est au
niveau du renflement cervical, où elle est fortement augmentée de
volume, surtout en largeur. A ce niveau, elle présente en arrière
une coloration verdâtre qui tranche sur la coloration blanche de la
face antérieure.
L'incision, faite pendant l'opération, se trouve au niveau de l'ori-
gine des cinquième et sixième paires cervicales; elle a environ
un centimètre et demi de longueur. Par cette incision, on peut
introduire une sonde cannelée dans une cavité qui paraît remonter
jusqu'à la quatrième paire cervicale et descendre jusqu'à la
deuxième paire dorsale. Sur une coupe pratiquée à ce niveau, on
aperçoit une tumeur formée d'un tissu mou, gélatineux, gris ver-
dâtre, qui a une forme arrondie et qui occupe presque entière-
ment la place réservée aux cordons postérieurs; au centre de
ce tissu néoplasique, se trouve une perte de substance, de forme
étoilée sur la coupe, qui est la cavité du kyste ouvert par le
chirurgien. Sur des coupes successives pratiquées au-dessus et au-
dessous de la première, on constate que la tumeur remonte jusqu'à
quelques millimètres au-dessous du bec du calamus et qu'elle
descend jusqu'à l'extrémité du renflement lombaire, en diminuant t
beaucoup de volume et en se cantonnant dans la région de la ◀corne▶
postérieure gauche. A partir de la région dorsale, le gliome n'est
plus excavé. ,
Les racines antérieures et postérieures ne paraissent pas sensi-
blement altérées; elles ont conservé à peu près leur volume nor-
mal et/leur coloration habituelle.
Les muscles de la ceinture scapulaire sont atrophiés des deux
côtés, mais non complètement détruits ; leur coloration et leur
consistance sont encore assez bien conservées. Le rhomboïde et la
partie cervicale du trapèze paraissent être les plus atteints.
DES TUMEURS NÉVROGLIQUES DE LA MOELLE ÉPINIERE. '107
Examen iiistologique. - I. Topographie de la tumeur. - L'évolu-
tion du néoplasme étant beaucoup plus avancée dans les régions
supérieures de la moelle, il est plus facile de la décrire en allant
de bas en haut; de cette façon on se rend mieux compte de son
extension progressive et on assiste à l'envahissement successif des
différentes régions de la moelle.
Dans le cône terminal, la tumeur apparait à environ un centi-
mètre au-dessus de l'extrémité inférieure de la moelle (fig. 1). En
ce point elle est constituée simplement par une infiltration diffuse,
contenant encore de nombreux tubes nerveux écartés, dissociés et.
tordus par les éléments néoplasiques; cette infiltration est située
en arrière du canal central, dont les cellules ont proliféré à ce
niveau, mais qui en reste parfaitement distinct ; elle envahit en
arrière les cordons postérieurs, surtout à gauche.
Vers le milieu du renflement lombaire, il n'existe plus de tubes
à myéline au centre de la tumeur, qui s'étend du col de la ◀corne▶
postérieure gauche au col de la ◀corne▶ postérieure droite; de plus
une mince fusée de tissu néoplasique suit le sillon postérieur dans
toute sa longueur. Les limites de la tumeur restent très vagues et
son tissu se confond insensiblement avec le tissu sain.
Vers la deuxième lombaire, il se forme au sein du néoplasme
une masse cylindrique, nettement délimitée et formée de nattes
névrogliques entrelacées. Cette tumeur, véritablement circonscrite,
décapite la ◀corne▶ postérieure gauche, sans beaucoup comprimer la
◀corne▶ antérieure. Les fibres de la racine postérieure contournent
la tumeur en s'étirant; elles passent les unes en dehors, les autres,
Fig. 1. - Coupe du cône terminal; coloration de Pal.
La tumeur se montre sous la forme d'une infiltration diffuse située en arrière de la
substance grise centrale, au ni\eau du col de la ◀corne▶ postérieure gauche.
108 PATHOLOGIE NERVEUSE.
beaucoup plus nombreuses, en dedans. Ces dernières séparent le
nodule circonscrit d'une zone d'infiltration néoplasique diffuse qui
gagne le col de la ◀corne▶ postérieure droite en ]ongl'ant la commis-
sure grise, et se perd insensiblement en arrière dans les cordons
postérieurs. A ce niveau, il ne reste plus aucune trace de la subs-
tance gélatineuse de Rolando à gauche.
A mesure que l'on remonte, la tumeur envahit de plus en plus
la ◀corne▶ antérieure et elle se dirige en dehors. Au niveau de la
douzième dorsale (fig. 2), elle a passé complètement en dehors de
la ◀corne▶ postérieure; en dedans et en arrière de la tumeur, on
aperçoit la tète de la ◀corne▶ refoulée, ainsi que les fibres radicu-
laires postérieures; celles-ci pénètrent dans l'intérieur même de la
tumeur où elles disparaissent bientôt. Outre la portion circonscrite,
il existe, comme plus bas, une portion diffuse qui envahit les cor-
dons postérieurs et qui se distingue nettement de la première.
De plus, on peut apercevoir en arrière, à gauche de la scissure
postérieure, un petit noyau, complètement isolé, de tissu néopla-
sique diffus. A ce niveau, le faisceau latéral profond est envahi, à
gauche, par l'infiltration.
Un peu plus haut, vers la dixième dorsale, la tumeur qui, partie
des cordons postérieurs, était passée entièrement en dehors de la
◀corne▶ postérieure gauche, en la décapitant, revient en dehors
d'elle, en repassant par conséquent dans les cordons postérieurs
Fig. 2. Coupe pratiquée au niveau de la douzième racine dorsale.
La portion circonscrite de la tumeur a décapité la ◀corne▶ postérieure gauche; elle
contient de gros amas de granulations pigmentaires. La portion diffuse envahit les
cordons postérieurs ; un petit nodule néoplasique isolé est situé en arrière, à gauche de
la scissure postérieure. Dégénérescence des faisceaux pyramidaux.
DES TUMEURS NÉVROGLIQUES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE. 109
(fig. 3). Les fibres radiculaires postérieures, très atrophiées, passent
maintenant en dehors du néoplasme. La substance de Rolando est
de nouveau complètement détruite, ainsi que la colonne de Clarhe,
dont il ne reste plus aucune trace. En arrière, on retrouve la même
infiltration diffuse que plus bas.
. Sur les coupes suivantes, la tumeur continue à occuper la même
place; les fibres radiculaires postérieures passent pour la plupart
en dehors d'elle; quelques-unes pourtant passent parfois en de-
dans ; elles sont toutes fortement étirées et atrophiées. La colonne
de Clarlce reste détruite à gauche; à droite, elle est tantôt détruite,
tantôt saine, suivant que le néoplasme l'atteint ou en reste écarté.
Vers la sixième dorsale, la ◀corne▶ antérieure gauche disparait
presque complètement ; toutes ses cellules ne sont pourtant pas
détruites et on les retrouve étalées à la périphérie de la tumeur.
Vers la quatrième dorsale, la ◀corne▶ antérieure se reforme, tout
en restant plus comprimée et plus déformée que la droite. C'est à ce
niveau que le gliome commence à s'excaver ; on aperçoit sur la
coupe deux excavations de nature différente, dont l'une disparait
bientôt, tandis que l'autre remonte en se dilatant jusqu'à l'extré-
mité supérieure de la tumeur; il en sera question plus tard en
détail.
Au niveau de la troisième dorsale, la cavité est déjà grande ; elle
a une forme étoilée et est creusée dans un tissu néoplasique épais,
compact et nettement circonscrit sur ses bords.
Fig. 3. Coupe pratiquée au niveau de la dixième racine dorsale.
La portion circonscrite de la tumeur a repassé dans les cordons postérieurs; en
dehors d'elle, on aperçoit quelques rares fibres radiculaires; la substance de Holando a
complètement disparu a gauche. La portion diffuse rayonne dans les cordons postérieurs.
Dégénérescence des faisceaux pyramidaux.
110 PATHOLOGIE NERVEUSE.
La figure 4 représente une coupe de la moelle à la hauteur de
la huitième cervicale; on voit comment les ◀cornes▶ antérieures et
postérieures s'étalent à la périphérie; le cordon postérieur gauche
est fortement entamé; le droit, au contraire, est conservé en partie,
quoique très déformé.
Au niveau de la sixième cervicale, la cavité a été ouverte par le
chirurgien (fig. 5) ; on voit le développement énorme que la tumeur
a pris à ce niveau. A l'endroit de la section, les tissus sont forte-
ment infiltrés de globules rouges encore intacts.
Un peu plus haut, à la hauteur de la quatrième cervicale, la
tumeur a pris une conformation très irrégulière; outre la cavité
principale, il en existe d'autres petites, communiquant plus ou
moins entre elles et limitées par des lames de tissu contournées
dans tous les sens. De plus, outre la partie principale, circons-
crite, on trouve sur les côtés et en arrière, une zone d'infiltration
diffuse, qui envahit dé,à presque la totalité des cordons posté-
rieurs. Le canal central est dilaté sur une petite étendue, il forme
Fiv. 4. Coupe pratiquée au niveau de la huitième racine cervicale.
La tumeur est creusée à son centre d'une excavation de forme irrégulièrement étoiléc.
Aplatissement etètirement des ◀cornes▶ à son pourtour. Dégénérescence intense des faisceaux
pyramidaux croisés et des faisceaux cerebelleux directs; dégénérescence moins visible
des faisceaux de Gowers.
DES TUMEURS NÉVROGL1QUES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE. 111
une petite lacune tapissée d'une couche très régulière d'épithé-
lium cubique cilié.
Enfin au niveau de la deuxième cervicale (fig. 6), bien que la
tumeur principale ait diminué de volume, la portion infiltrée a
112 PATHOLOGIE NERVEUSE.
fait de tels progrès qu'elle a détruit complètement les cordons pos-
térieurs, dont il n'existe plus que de rares fibres isolées, et les zones
radiculaires des deux côtés. La partie profonde des faisceaux laté-
raux est même envahie, surtout à droite ; la ◀corne▶ antérieure droite
est également la plus comprimée. Toute cette masse de néoplasme
diffus est parsemée d'hémorrhagies anciennes et récentes; elle est
très friable et toute craquelée sur les coupes. Le canal central n'est
plus dilaté sur ce point; il forme là, comme dans tout le reste de
DES TUMEURS NEVROGLIRUES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE 113
la moelle, un petit amas de cellules proliférées, refoulé par la
tumeur, mais très nettement distinct d'elle. Plus haut, le néo-
plasme disparaît presque brusquement et au niveau du collet du
bulbe, on n'en trouve plus aucune trace.
II. Structure de la tumeur. - Il existe du haut en bas de la
moelle une porticn du néoplasme qui est nettement circonscrite et
qui forme comme une tige plus ou moins arrondie, excavée dans
sa partie supérieure; cette tige est isolée du reste de la moelle
par une mince couche fibrillaire, lâche, très visible en certains
points, moins marquée en d'autres; il en résulte que cette portion
du néoplasme paraît énucléable et se distingue parfaitement du
reste; son tissu ne contient plus d'éléments nerveux. Mais en
dehors de cette formation, à laquelle on ne peut pas refuser le
nom de tumeur, il existe à sa périphérie, sur la plus grande partie
de son étendue, une infiltration diffuse des mêmes éléments néo-
plastiques, qui tendent à étouffer les éléments nerveux; tandis que
dans la partie circonscrite de la tumeur, les éléments se dispo-
saient en nattes, en tourbillons, en lames contournées,. ceux de la
portion diffuse n'affectent aucune disposition architecturale, tout
en étant manifestement de même nature. Nous pouvons donc trou-
ver dans le néoplasme deux parties parfaitement distinctes :
1° une partie circonscrite ; 2° une partie diffuse, sans limites nettes.
La partie circonscrite de la tumeur est constituée par un tissu
fibrillaire, contenant des cellules en quantité variable suivant les
points; de plus, ce tissu est tout infiltré d'une substance, d'aspect
hyalin, qui se colore faiblement par le carmin, et qni parait homo-
gène au premier abord; mais, sur les coupes dissociées, après
avoir subi les manipulations de la méthode de Malassez, on voit
qu'en bien des points, et particulièrement aux environs de la cavité,
cette substance interstitielle est formée de petites boules arrondies
qui sont peut-être les débris d'éléments cellulaires. Les cellules
sont en eli'et beaucoup moins abondantes dans ces points qu'à la
périphérie de la tumeur, là où celle-ci paraît être en voie d'accrois-
sement, et on peut admettre qu'un grand nombre d'éléments fi-
gurés ont subi une dégénérescence qui les rend méconnaissables.
Les cellules contiennent un noyau plus volumineux que les cellules
névrogliques normales ; ce noyau est arrondi ou irrégulier; sou-
vent il est allongé ou en bissac. Sur les coupes colorées à l'héma-
toxyline, on constate que les noyaux sont disposés en nappes ou en
bandes, d'orientation variable ; très abondants en certains points,
ils deviennent beaucoup plus rares en d'autres points, et particu-
lièrement au voismage de l'excavation où le tissu est presque pure-
ment fibrillaire. Souvent les noyaux se disposent par files de quatre
ou cinq, toutes orientées dans le même sens et plongées dans des
fibrilles qui affectent elles-mêmes la même direction générale , il
Archives, t. XXVI. 8
1J4 PATHOLOGIE NERVEUSE.
en résulte la formation de bandes fibreuses qui s'entremêlent irré-
gulièrement; habituellement la périphérie de la tumeur est cir-
conscrite par de semblables faisceaux qui se disposent en cercles
plus ou moins parallèles au bord du néoplasme.
Il faut ajouter que le corps d'un très grand nombre de ces cel-
lules est infiltré de granulations de pigment sanguin; des amas
souvent très volumineux de granulations semblables sont d'ail-
leurs semés dans tout le tissu. *
Outre les cellules dont il vient d'être question, on trouve aussi
des blocs homogènes très volumineux, à contour arrondi ou ovoïde;
ces blocs contiennent un noyau volumineux ou n'en contiennent
plus; ils peuvent être infiltrés de granulations pigmentaires. Cette
formation résulte certainement d'une transformation particulière
des cellules de la névroglie, car on peut trouver tous les stades de
la transformation. La comparaison de ces cellules avec celles que
l'on trouve dans cerlains gliomes neuroformatifs du cerveau et la
présence très nette de un ou deux prolongements sur quelques-
unes d'entre elles, permettent de soupçonner qu'il y a là une ten-
dance à l'évolution ganglionnaire des cellules néoplasiques.
Les fibres sont de volume et de disposition variables; en certains
points elles sont très apparentes et forment un réseau régulier, à
mailles larges ; c'est l'aspect que l'on rencontre autour de la cavité.
Ailleurs, elles se disposent presque parallèlement les unes aux autres
et forment des bandes d'aspect fibroide. Enfin dans bon nombre
d'endroits la névroglie prend un aspect granuleux et ressemble
beaucoup à celle que l'on rencontre dans l'écorce cérébrale; mais
à un fort grossissement on aperçoit encore les fibrilles, très fines,
engluées par une substance interstitielle grenue.
La tumeur infiltrée est constituée des mêmes éléments, mais on
trouve encore dans son épaisseur des éléments nerveux qui n'ont
pas été étouffés complètement. Les cellules ont les mêmes aspects
que dans la tumeur circonscrite, mais elles ne se disposent jamais
en traînées; en certains points elles sont très peu abondantes;
mais par places, surtout vers la périphérie, elles prolifèrent abon-
damment, au point de se toucher presque. En un mot, il existe des
endroits nombreux où on croirait avoir affaire à un gliome vrai,
tel qu'on en rencontre dans le cerveau.
Entre les cellules le tissu est formé de fibres très fines; par
places il a même un aspect très finement granuleux et les fibrilles
ne se distinguent plus guère. Dans le renflement cervical, où il est
très abondant, ce tissu néoplasique diffus est très friable (fig. 6).
Toute la tumeur est très vasculaire et a été le siège d'une con
gestion très intense, pendant fort longtemps, ainsi qu'en témoignent
les nombreux amas pigmentaires qu'elle renferme; ces amas pig-
mentaires sont situés soit dans les cellules, soit dans la paroi vas-
culaire et dans le tissu conjonctif qui accompagne les vaisseaux; il
DES TUMEURS NÉVROGLIQUES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE 115
en existe aussi de très considérables qui sont libres, en plein tissu.
La congestion est marquée surtout à la périphérie de la tumeur
circonscrite, où on aperçoit une couronne de gros vaisseaux di-
latés.
En étudiant de plus près la disposition des vaisseaux, on voit que
les plus volumineux d'entre eux se groupent en nombre de trou
ou quatre, pour cheminer dans le tissu néoplasique; ces faisceaux
vasculaires sont accompagnés d'une gaine conjonctive épaisse,
formée de grosses fibres et de cellules plates : c'est du tissu fibreux
à proprement parler. Suivant que ces tractus conjonclivo-vascu-
laires sont coupés perpendiculairement à leur axe ou plus ou moins
obliquement, ils forment des polygones étoilés ou des lignes rami-
fiées. Le tissu de la tumeur étant d'origine névrotique, on peut
comparer cette disposition à celle des tumeurs épithéliales. où un
élément ectodermique et un élément mésodermique se trouvent
en présence; mais ici nous avons affaire à un organe où le tissu
conjonclif est extrêmement peu abondant à l'étal normal, et dis-
posé exclusivement le Joug des vaisseaux : il en résulte que, lorsqu'il
Fig. z Un tractus vasculo-colljollctif coupé perpendiculairement il son
axe, pris dans le rendement cervical, au voisinage de la cavité.
Tissu fibreux infiltré de granulations pigmentaires, contenant des vaisseaux dilatés. A
la périphérie, membrane onduleuse d'aspect papillaire, séparant partout le tissu méso-
dermique du tissu ectodermique. Au pourtour le tissu néoplasique, d'origine névro-
glique est très pauvre en cellules. (Obj. ° Véric6, oc. 1. Hëmtoxime et éosine.)
'lez 6 PATHOLOGIE NERVEUSE.
s'épaissit, au contact de l'élément épithélial néoplasique, il n'ar-
rive à former qu'un stroma extrêmement lâche, à travées exclusi-
vement vasculaires. Les vaisseaux sont certainement altérés, car
leurs parois sont très épaisses et souvent infiltrées de pigment
sanguin; mais n'existe nulle part d'endartérite ni de thrombose.
. , Les figures 7 et 8 donnent une excellente idée de la forme et de
. la. constitution des tractus conjonctivo-vasculaires. On voit qu'ils
sont limités de toutes parts par une formation très caractéristique,
Fig. S. Un tractus vasculo-conjonclif coupé obliquement et contenant
des névromes de régénération avec des vaisseaux gorgés de sang.
Membrane onduleuse séparant partout le tissu conjonctif du tissu névrogliques
néoplasique. (Obj. 2 Verick, oc. 1. Hémitoxylinu et éosine.)
DES TUMEURS NÉVROGLIQUES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE. 1'ici
une membrane plissée qui sépare le tissu ectodermique du tissu
mésodermique. Cette membrane décrit des sinuosités que l'on ne
saurait mieux comparer qu'à la tranche d'une fraise tuyautée. De
plus, comme les tractus conjonctifs envoient dans la tumeur de
nombreuses expansions en forme d'épines, il en résulte que la
membrane limitante décrit des sinuosités de premier ordre sur
lesquelles viennent se greffer les sinuosités de deuxième ordre
dont il vient d'être question ; l'ensemble prend l'aspect d'nne série
de grosses papilles coniques, parfois ramifiées, hérissées de petites
papilles en forme de massue. A un faible grossissement on croirait
voir une cavité étoilée tapissée d'un épithélium cylindrique. Très
fine et d'aspect anbysle sur les tractus de moyen volume, la mem-
brane devient beaucoup plus épaisse et stratifiée sur les gros
tractus. Les vaisseaux qui cheminent isolément et qui ne sont pas
accompagnés d'une gaine conjonctive épaisse, ne possèdent pas
non plus de membrane sinueuse, mais partout où l'on trouve cette
formation, on peut s'assurer qu'elle entoure des éléments conjonc-
tifs. Les fibrilles névrogliques viennent s'insérer perpendiculaire-
ment à la face externe de cette membrane ; les faisceaux conjonctifs
au contraire. lui sont parallèles et forment souvent une transition
insensible entre elle et l'espace mésodermique; d'ailleurs sur les
coupes colorées par la méthode Malassez on peut voir que la mem-
brane se gonfle et se comporte comme le tissu conjonctif; elle n'est
donc pas une formation névroglique, mais appartient au contraire
en propre au tractus vasculo-conjonctif.
En lisant cette description, et surtout en regardant les figures
qui la rendent compréhensible, le lecteur sera frappé de la ressem-
blance qui existe entre cette formation conjonctive et la membrane
limitante de la cavité de beaucoup de syringomyélies; c'est la dis-
position papillaire qui est bien décrite et figurée dans la thèse
récente de Critzman. La conclusion naturelle de ce rapproche-
ment est que, dans bon nombre de cas de syringomélie, la cavité se
développe aux dépens d'espaces coujonctivo-vasculaires dégénérés
et dilatés; les vaisseaux ont disparu, ou forment encore des tra-
vées à l'intérieur de la cavité; il ne reste donc que la périphérie du
tractus, sous la forme d'une mince couche hyaline, qui est du tissu
conjonctif modifié, et d'une membrane plissée; mais cette mem-
brane est suffisamment caractéristique pour permettre d'affirmer
l'origine de la cavité. D'ailleurs on peut trouver dans la moelle qui
nous occupe une preuve directe de la réalité de ce processus; en
effet, vers le point où commence la cavité principale, qui, dans
notre cas, a une origine toute différente, ainsi que nous allons le
voir, il existe une petite cavité qui se forme aux dépens d'un trac-
tus conjonctivo-vasculaire (fig. 9). Le tissu conjonctif est en train
de subir une transformation hyaline et l'espace, très dilaté, ne
contient plus à son centre qu'un vaisseau en voie de dégénères-
118 PATHOLOGIE NERVEUSE.
cence; à la périphérie, on aperçoit bien la membrane plissée, qui
subsiste encore.
Mais ce n'est pas de cette façon que s'est formée la cavité prin-
Fig. 9. - Coupe pratiquée vers la quatrième paire dorsale.
En haut on aperçoit une petite cavité, irrégulièrement quadrangulaire, qui est en train
de se constituer aux dépens d'un tractus vasculo-conjonctif Au centre de cette ca\ité le
tissu conjonctif est en voie de dégénérescence lyaliue; le \aisseau n'est plus perméable
au sang et à peine reconnaisstible; des granulations pigmentaires sont éparses; la
membrane plissée, qui persiste, donne au boid de la cavité un aspect papillaire. Au-
r.'essous se trouve une portion de la cavité principale, qui est encore peu développée à ce
niveau; elle se forme, par fonte du tissu a,é%rogiique et est remplie d'une substance
homogène, faiblement colorée, qui est un coaguleux albumineux ; au centre nage un gro,
amas de détritus cellulaires, d'aspect hyalin, et de granulations pigmentaires, qui pro-
viennent de la désintégration du tissu et qui se sont accumulés dans ce point dpethe
de la cavité principale de la tumeur. (Obj. 2,Vérick,oc. 1. t'rcio-carminetbbmaloxylinc.)
DES TUMEURS ? NÉVROGLIQUES DE LA. MOELLE ÉPINIÈRE. 119
cipale dans le cas actuel; on la voit qui commence en arrière de la
petite cavité que je viens de décrire; elle n'en est même séparée
que par une très mince lamelle, qui certainement allait dispa-
railre et les deux cavités étaient sur le point de se confondre. La
cavité qui va nous occuper maintenant et qui a pris dans le ren-
flement cervical de si grandes proportions est le résultat de la
fonte du tissu néoplasique à son centre, par suite d'une irrigation
sanguine insuffisante. Tandis qu'à sa périphérie la tumeur cir-
conscrite parait en voie d'accroissement et est richement pourvue
de cellules, à son centre au contraire ses éléments actifs se raré-
fient de plus en plus et, à un moment donné, le tissu tout entier
dégénère. Au point où la cavité vient seulement de se former, on
aperçoit sur ses bords des fibrilles névrogliques qui se dissocient et
mettent en liberté quelques rares cellules-araignées; le contenu
est un coagulum très finement grenu, teinté en rose parle carmin,
qui contient des amas de petites boules hyalines non colorées et
quelques globules sanguins. Plus haut, lorsque la cavité est déjà
grande, il semble que la pression exercée par le liquide en régula-
rise les bords; qui sont comme tranchés au couteau en plein tissu ;
aucune fibrille ne dépasse plus.
1,'ig. 10. -- Un névrome de régénération, situé dans un espace vasculo-
conjonctif, qui contient en outre des vaisseaux remplis de sang (co-
loré en noir par l'liématoxyline) et des granulations pigmentaires.
Tout autour on aperçoit la membrane plissée qui sépare le tissu conjonctif de la névro-
glie. Cet espace %asculo-conjonctif est situé à la périphérie du néoplasme, en avant de
celui-ci ; sur des coupes en séries, pratiquées au-dessous de ce point, on voit que le
névrome vient en réalité des racines postérieures et a traversé la tumeur de part en paît.
(Obj. 2, Vérick, oc. 1. Coloration de Pal et éosine.)
120 PATHOLOGIE NERVEUSE.
Nous venons de passer en revue les principales dispositions du
tissu néoplasique, avec ses tractus conjonctivo-vasculaires et ses
cavités; il me reste maintenant à décrire une formation très
curieuse qui, je crois, n'a pas été encore observée dans la moelle;
je veux parler de véritables névromes de régénération qui se sont
formés aux dépens des racines postérieures et qui cheminent dans
l'épaisseur des tractus vasculo-con jonctifs, à différentes hauteurs de
la moelle. Ce sont de petits fascicules nerveux, de forme arrondie,
qui ressemblent parfaitement à des nerfs périphériques; les tubes
qui les constituent sont très fins et possèdent très vraisemblable-
ment une gaine de Schwann, ils sont disposés parallèlement les
uns aux autres, ou bien, au contraire, ils forment des tourbillons
très caractéristiques (fig. 8 et 11). Ces petits nerfs possèdent un
névrilemme riche en noyaux allongés. Ce qui permet d'affirmer
que ce sont bien là des névromes de régénération c'est, outre leur
structure spéciale, le fait qu'ils ne se rencontrent jamais ailleurs
qu'au centre des espaces conjonctifs et que, par conséquent, ils
ne répondent à aucune formation normale de la moelle; d'autre
part, étant toujours séparés du tissu néoplasique proprement dit,
ils ne peuvent pas être considérés comme les éléments nerveux
d'un neurogliome. En pratiquant un grand nombre de coupes en
séries j'ai pu en suivre plusieurs jusqu'à l'entrée des racines pos-
térieures de la moelle (fig. 11), et j'ai tout lieu de croire qu'ils sont
tous formés par la prolifération des racines centripètes, interrom-
pues par la tumeur.
Fig. 11. SP, sillon postérieur de la moelle; NR, névromes de régéné-
ration partant des racines postérieures dans la région dorsale et remon-
tant obliquement pour traverser la tumeur.
(Obj. 0, Vérick, oc. 1. Coloration de Pal.)
DES TUMEURS NI : VROGLI(I1ES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE. '121
La pie-mère est le siège d'une inflammation assez active, parti-
culièrement dans la région lombaire en arrière, où elle est
infiltrée de nombreux noyaux arrondis.
Je dois ajouter que j'ai recherché sans succès les bacilles de la
lèpres, sur les coupes après durcissement dans la liqueur de Mailler ;
je me suis servi de la méthode indiquée récemment par M. Letulle
pour les bacilles de la tuberculose.
III. Lésions des éléments nerveux. Les éléments nerveux sont
détruits soit par atteinte directe du néoplasme, soit par dégéné-
rescence secondaire.
Les racines postérieures sont toutes complètement saines, en
dehors delà moelle, mais elles sont interrompues dans leur trajet
intra-médullaire à gauche depuis la première lombaire jusqu'à la
dixième dorsale environ; plus haut elles sont encore fortement
atrophiées et un certain nombre ont même sans doute subi une
interruption plus ou moins complète, puisqu'elles donnent nais-
sance en plusieurs points de la région dorsale à des névromes
de régénération. Dans la partie supérieure du renflement cer-
vical les zones radiculaires des deux côtés sont fortement com-
promises par l'infiltration néoplasique diffuse; néanmoins il sub-
siste encore quelques fibres, surtout à droite, qui gagnent la ◀corne▶
antérieure en s'étirant sur la périphérie du néoplasme, qu'elles
contournent.
La colonne de Clarke gauche est complètement détruite, sur
toute son étendue; à droite elle est détruite seulement par places.
Il est difficile de se rendre compte exactement des lésions des
◀cornes▶ antérieures, car si elles sont déformées par compression,
elles conservent encore leurs cellules et leur réticulum nerveux
intacts en apparence, sauf vers le milieu de la région dorsale où
la ◀corne▶ gauche disparait presque. Néanmoins, il est probable
qu'un certain nombre de cellules profondes ont été détruites, sur-
tout dans le renflement cervical.
Les racines antérieures ne présentent pas non plus de lésions
bien visibles; elles se colorent encore très bien par la méthode de
Pal.
La commissure antérieure n'est détruite que dans la région cer-
vicale supérieure. Les faisceaux pyramidaux sont atteints par l'in-
filtration diffuse dans la région cervicale et particulièrement vers
la deuxième cervicale (fig. 6); cette destruction de cause directe,
à laquelle s'ajoutent les effets de l,a compression, amène une dégé-
nération intense des faisceaux pyramidaux dans toute l'étendue de
la moelle.
Les faisceaux pyramidaux directs sont parfaitement intacts.
Les faisceaux latéraux profonds sont naturellement lésés de
la même façon, particulièrement à droite (fig. 6). Mais cette
122 PATHOLOGIE NERVEUSE.
lésion ne parait pas donner lieu à une dégénérescence secondaire.
Les faisceaux postérieurs sont complètement détruits vers la
limite supérieure de la tumeur. Il en résulte une dégénérescence
ascendante très remarquable par sa disposition : elle envahit, en
effet, la totalité des cordons grêle et cunéiforme.
Sur la figure \.1 on voit que le cordon grêle a déjà presque dis-
paru dans son noyau, d'où partent en avant les fibres du ruban de
Reil remarquablement intactes; la zone dégénérée se réduit donc
ici a une très mince bande en arrière du noyau grêle. Un peu plus
haut toute trace de dégénérescence de ce faisceau disparait com-
plètement.
Au contraire la sclérose du faisceau cunéiforme, qui est aussi
absolument totale, remonte beaucoup plus haut et ne disparait
complètement qu'un peu au-dessus du bec du calamus. Du noyau
du faisceau cunéiforme partent également, en avant, des fibres
arciformes qui se rendent au ruban de Reil et qui ne présentent
aucune trace de dégénérescence. Il faut ajouter qu'en arrière
des cordons grêle et cunéiforme dégénérés on aperçoit une mince
couche de fibres arciformes exlernes (fig. 12). On remarquera com-
bien cette dégénération du faisceau cunéiforme, produite par une
destruction très haut située dans la moelle, diffère de celle que
Fig. 12. Coupe du bulbe au niveau de l'entre-croisement du ruban
de Reil. Dégénérescence ascendante du faisceau grêle, du faisceau
cunéiforme, dans sa totalité, et du faisceau latéral du bulbe (faisceau
cérébelleux direct et faisceau de Gowers).
DES TUMEURS NÉVROGLIQUES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE. 123
l'on observe dans le tabès et dans les cas de compression située à
la partie moyenne ou inférieure du renflement cervical. (M. A. Gom-
bault, Société anat., 1891.) Dans ces cas, en effet, la dégénérescence,
au lieu d'être totale, se limite à un croissant, à bords très nets,
situé à égale distance de la périphérie et du noyau.
Enfin, ainsi qu'on peut le voir sur les figures précédentes, le
faisceau cérébelleux direct est le siège d'une sclérose intense, à
gauche surtout; ce fait n'a pas lieu de surprendre, puisque la co-
lonne de Clarté est complètement détruite à gauche et fortement
entamée à droite. Quant au faisceau de Gowers, il participe large-
ment à cette sclérose, surtout dans sa portion postérieure. Au
niveau du collet du bulbe, le faisceau cérébelleux direct et le fais-
ceau de Gowers sclérosés se fusionnent et forment un petit triangle
immédiatement en avant de la racine ascendante du trijumeau :
c'est là le faisceau latéral du bulbe. En remontant dans le bulbe,
on retrouve toujours la même tache scléreuse entre l'olive et le
corps restiforme ;je ne suivrai pas cette dégénérescence plus haut
pour le moment, ayant l'intention de l'étudier bientôt à nouveau
dans un autre travail.
IV. Lésions des nerfs et des muscles. - Les gros troncs nerveux
des membres supérieurs et inférieurs, examinés sur des coupes
après durcissement dans le bichromate, présentent de petits îlots
clairsemés de tubes en voie de dégénérescence, mais il n'existe
aucune trace de névrite interstitielle. Les muscles de la ceinture
scapulaire et le triceps fémoral contiennent quelques fibres en voie
d'atrophie, avec prolifération des noyaux, ces fibres sont d'ailleurs
assez rares et toutes les autres sont complètement saines. En
somme, les lésions des nerfs et des muscles sont très peu impor-
tantes.
La longue histoire pathologique, dont je viens de'rap-
porter les détails, contient des enseignements de divers ordres,
sur lesquels je voudrais maintenant insister.
11 s'agit d'un homme de trente-quatre ans qui, sans cause
appréciable, présente du côté de ses membres inférieurs, puis
du côté de ses membres supérieurs des troubles nerveux dont
l'intensité rapidement croissante le réduit bientôt à l'impotence.
Ces troubles nerveux comportent dès le début un élément dou-
loureux qui ne fait qu'augmenter par la suite : du côté de l'ap-
pareil musculaire, il se développe une paralysie spasmodique,
qui affecte, au membre supérieur, de préférence les muscles
extenseurs; quelques muscles de la ceinture scapulaire subis-
sent une atrophie évidente, mais qui ne devient jamais très
124 PATHOLOGIE NERVEUSE.
considérable. Il existe également quelques troubles des sphinc-
ters, mais toujours assez légers. Trois ans après le début, le
malade est déjà depuis longtemps hors d'état de travailler ; à
cette époque, -j'attire l'attention sur ce fait, il n'existe encore
aucun trouble de la sensibibilité qui est absolument intacte dans
tous ses modes. -
C'est seulement au mois de novembre 1889 qu'apparaît
une zone d'hyperesthésie occupant tout le membre inférieur
droit, sauf le pied. A cette époque la rigidité musculaire est
extrême.
Deux ans après, en octobre '1891, les troubles caractéris-
tiques de la sensibilité se montrent à la partie interne de la
jambe et de la cuisse gauches, où la douleur et la température
ne sont perçues qu'avec une diminution et un retard évidents,
le tact étant conservé. C'est la dissociation syringomyélique,
mais encore incomplète. De plus, il existe une zone d'anes-
thésie totale dans toute la moitié gauche de l'abdomen. Enfin
on retrouve la dissociation syringomyélique au cou, dans toute
la zone innervée par le plexus cervical superficiel. La marche
de l'affection est relativement rapide ; elle se fait par poussées
entrecoupées par des phases d'amélioration ; mais dans son
ensemble elle est assez régulièrement progressive, chaque
recrudescence marquant un pas en avant. La durée totale est
de six ans seulement, ce qui est court pour une syringomyélie;
il est vrai que l'intervention chirurgicale a abrégé l'évolution
de symptômes, mais, vu la gravité des phénomènes spastiques
au moment où elle a eu lieu, on peut supposer avec beaucoup
de vraisemblance que le dénouement naturel n'était pas bien
loin.
Ce fait montre, avec la dernière évidence, que les troubles
sensitifs, et en particulier la dissociation dite syringomyélique,
ne sont pas des symptômes nécessaires de la syringomyélie.
Pendant plus de trois ans, en effet, et alors que les progrès de
la maladie avaient déjà fait du patient un infirme, il n'y avait
encore aucune trace d'anesthésie; et si, à ce moment, je me suis
fondé sur l'absence de ce symptôme pour rejeter l'idée d'une
syringomyélie, j'ai eu tort ; mais l'erreur, on en conviendra,
était bien excusable, surtout en 1889, la forme spasmo-
dique de la syringomyélie commençant à peine à être connue
en France. A ce point de vue, mon observation se rapproche
de celles de Schüle (Deutsch. Arch. /. kl. Med. XX, 1877),
DES TUMEURS NÉVROGLIQUES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE. 125
de Schultze (Arch. f. path. Anat., LXXXVII, '188`), deKrauss
(Arch. f. path. Anal., C, 1885), de Sirümpell (Arch. f. Psych.,
X. 1880), de Bernhardt (Arch. f. Psych., XXIV), et de Par-
mentier (thèse de Critzman, 1892), où il n'y a eu aucun trouble
de la sensibilité pendant toute la durée de la maladie.
Plus tard, lorsque les troubles de la sensibilité ont apparu,
nous notons encore une anomalie ou plutôt un symptôme qui
ne rentre pas dans le tableau clinique, tel qu'on l'avait
entrevu tout d'abord; je veux parler de cette zone d'anesthésie
absolue qui existait àla partie droite de l'abdomen. Dans cette
région, le contact, le frôlement ne sont plus perçus. Il n'y a
pas longtemps, l'absence de toute altération de tact était con-
sidérée comme une des caractéristiques les plus importantes de
la syringomyélie ; c'était là une exagération dont les travaux
modernes ont fait justice. Après Rumpf (Neurol. Cenlralbl.,
1880), Critzman, dans sa thèse récente, étudie très finement
les altérations des différents éléments des sensations tactiles,
et arrive à cette conclusion que dans la syringomyélie t l'ap-
préciation du contact simple, de la pression tactile, des pres-
sions tactiles successives et du relief, a dévié de la normale,
soit en disparaissant, soit en perdant beaucoup de sa finesse. »
D'autre part on retrouve la dissociation dans beaucoup
d'autres maladies, l'hystérie (Charcot), la névrite alcoolique,
(Lancereaux), la névrite traumatique (J.-B. Charcot), la lèpre
(Babinski, Leloir), l'hématomyélie (Minor), l'ataxie locomo-
trice (Parmentier), enfin je l'ai vue une fois de la façon la
plus nette, mais passagèrement, chez un malade atteint de
tumeur extra-médullaire. La valeur de ce symptôme n'est donc
pas aussi grande qu'on l'avait cru tout d'abord.
Au point de vue physiologique, il n'est pas possible de se
rendre un compte exact des lésions qui amènent les différents
troubles sensitil's. D'abord la déformation extrême de la moelle,
l'écartement, le refoulement, l'étirement des fibres nerveuses ne
permettent pas toujours d'apprécier exactement l'étendue de
la lésion destructive ; puis les notions que nous avons sur les
voies centripètes de la moelle sont beaucoup trop insuffisantes :
lorsqu'il s'agit de la physiologie de la sensibilité tous les faits
semblent paradoxaux et contradictoires. Ainsi on ne comprend
pas bien pourquoi le sens de la température a persisté dans la
région thoracique à gauche, où la ◀corne▶ postérieure et les fais-
ceaux blancs environnants subissent une lésion à peu près
126 ' PATHOLOGIE NERVEUSE.
analogue à celle que l'on observe à la région cervicale. Quant.
à l'anesthésie de l'abdomen, elle trouve une explication très
satisfaisante dans la destruction complète des fibres radiculaires
intramédullaires de racines postérieures gauches dansles régions
dorsale inférieure et lombaire supérieure.
Il est encore une autre cause qui pourrait contribuer à
obscurcir la question : c'est la tendance à la régénération ner-
veuse que présentent les racines postérieures dans le cas qui
nous occupe. L'étude de la régénération de la moelle a vive-
ment intéressé de nombreux observateurs depuis Brown-
Séquard, qui s'en est le premier occupé dès 1849. L'illustre
physiologiste avait constaté la restauration presque complète
chez les pigeons après section de la moelle (sur plusieurs cas
de cicatrisation de plaies faites à la moelle épinière, avec re-
tour des fonctions perdues, Gaz. méd., 1851). Nlüller, en 1864,
a obtenu des résultats analogues sur des lézards et des tritons.
Depuis, Masius et Van Lair, sur des grenouilles, ont vu, au mi-
croscope, des tubes nerveux régénérés.
Sur les mammifères, Eichhorst (1874) a montré que l'on
obtient des résultats positifs lorsque les animaux, sont très
jeunes (lapins et cobayes de trois à quatre jours) et Masius
est arrivé au même résultat sur quatre chiens. Il faut pour-
tant ajouter que Vulpian n'a jamais obtenu que des insuccès
dans de nombreuses expériences faites sur des grenouilles, des
pigeons, des cobayes, etc..., et que Schiefferdecker met en
doute l'exactitude des expériences de ceux qui croient à la
possibilité de la restauration de la moelle. Cependant les ré-
sultats d'Eichhorst, en particulier, ne paraissent pas devoir
être suspectés, et Tooth conclut, dans son remarquable mé-
moire, que la moelle a d'autant plus de tendance à se régé-
nérer que l'on descend plus bas dans l'échelle animale, ou
que l'on s'adresse à des animaux plus jeunes.
A côté de tous ces résultats expérimentaux il faut mettre
en parallèle ceux fournis par la clinique, qui sont plus en-
courageants. La célèbre observation de mal de Pott donnée
par M. le professeur Charcot, les observations chirurgicale de
Ilorsley, de Mac-Ewen, prouvent, en effet, que la moelle est
susceptible de recouvrer toutes ses fonctions, abolies momen-
tanément par une compression. Mais au point de vue anato-
mique nous sommes loin de savoir exactement de quelle façon
se fait la restauration et dans quel état étaient les cylindres
DES TUMEURS NÉVROGLIQUES DE LA MOELLE ÉPINIÈRE. 12 f
d'axe au moment où l'amélioration est survenue ; en effet, il
existe au niveau des compressions, même très avancées, des
cylindres d'axes dénudés, gonflés, altérés, incapables de servir
de conducteurs, mais très susceptibles de se réparer lorsque
la compression vient à cesser.
Quoi qu'il en soit, chez mon malade, les racines postérieures
envoyaient en bien des points de véritables névromes de régé-
nération qui remontaient assez haut dans la moelle; la des-
cription et les planches que j'en ai données plus haut suffiront
pour prouver qu'il s'agit là réellement de tubes nerveux régé-
nérés, qui affectent beaucoup plutôt la disposition qu'ils ont
dans les nerfs périphériques que dans les cordons blancs de la
moelle. Jusqu'à quel point ces nerfs régénérés sont-ils capables
de rétablir les fonctions perdues ? C'est là une question à
laquelle je ne peux répondre d'une façon précise; il m'a
semblé pourtant que la plupart d'entre eux se terminent par
une extrémité arrondie et renflée et ne remontent pas très
haut. D'ailleurs, on comprendrait difficilement comment ces
fibres nerveuses, perdues dans le stroma conjonctif de la
tumeur, pourraient retrouver leur chemin et aboutir précisé-
ment aux organes centraux auxquels étaient destinées les
fibres des racines postérieures.
Pour terminer ce qui a trait à la physiologie des faisceaux
ascendants, je ferai remarquer que rien dans le tableau cli-
nique ne paraît répondre à la disparition complète de la co-
lonne de Clarke gauche et à la destruction totale des cordons
postérieurs à la partie supérieure de la moelle; il n'y a eu,
en particulier, aucun symptôme d'ataxie. L'absence des trou-
bles trophiques est également un fait remarquable; on tend
en effet à admettre actuellement que ces symptômes sont
sous la dépendance de lésions placées au voisinage des com-
missures de la moelle ; or, chez mon malade, ces régions étaient
fortement altérées, particulièrement à la partie supérieure du
renflement cervical, et cependant les troubles trophiques
faisaient complètement défaut.
Pour ce qui concerne les troubles moteurs, il est infiniment
plus aisé d'établir la concordance entre les symptômes pré-
sentés pendant la vie et les lésions constatées après la mort.
Les lésions des ◀cornes▶ antérieures dans le renflement cervi-
cal vont en décroissant à mesure que l'on descend, et c'est ce
qui permet de comprendre pourquoi les muscles de la main
' ' 'd'T ? IIT'I ? 9 T'a - 1 "» 7'T 1 (,J T'11ft a : : r'Ja'fffTT" a`f'3
'158 " ? - - PATHOLOGIE NERVEUSE.
'. , i ,. 10-. 'Tf1 n\Jt. tJ 5.1 . (\ ? t\ \ t, v..1' .Y "
étaient restés relativement intacts et pourquoi 1 atropine pre-
4 1 f' 1 t /1" /' l'¡ ¡ ) (\ " ,\ 1 . , 1 \ \ 1 " ...
dominait sur les muscles extenseurs à l'ayant-bras. En,effet si >
l'on se rapporte au tableau dressé par Thornburn (.4 conlribu- -
lion t6'ihe sui"e ? y ôf,tlae,sazal ço ? °d : ; Lôndrés ? 138c,J), on , voit
que les noyaux des muscles de la' main sont les plus., bas i
situés et que les filets qui en partent passent par la première,
racine dorsale ; immédiatement,au-dessus d'eux viennent les z
fléchisseurs, qui sont innervés par la huitième racine cervi-.
cale. Enfin la scoliose à convexité gauche concorde fort bien
avec l'altération très marquée de la ◀corne▶ antérieure gauche à,
la partie moyenne delà région dorsale. , Il Il f' , '1 .<.
u '" 'j..1 ,t l, Il 1 1
La lésion considérable du faisceau pyramidal, attaqué direc-
tement à la région' cervicale supérieure par l'infiltration néo-,
plasique, explique la'parésie et la contracture intense qui a
dominé le tableau clinique uri' moment donné. C'est cette con-
tracture qui fait errer le diagnostic, parce que j'ai cru
devoir faire intervenir ? pour' l'expliquer, une compression mé-'
dùllaire. Il est pourtant un point qui aurait dû attirer mon atten-
tion, c'est l'absence de'cette atrophie des muscles de la main
qui se rencontre dans la pachyméningite cervicale avec ou
sans cavité médullaire ; c'est qu'en effet le manchon fibreux
descend toujours assez bas et englobe les'régions inférieures
du renflement cervical, au lieu de rester cantonné dans sa moi-
tié supérieure ; d'ailleurs, chez les^ malades atteints de pacha- f.
méningite, la distribution de l'atrophie dans le membre supé-'
rieur est toute spéciale et très caractéristique, ainsi que l'ont,
bien montré MM. Charcot et Joffroy... / ',¡ j \.. '
Quoi qu'il en soit, on voit qu'il il'est,pas nécessaire d'inV074
quer une compression extra-médullaire pour expliquer une
contracture plus marquée qu'elle ne l'est d'habitude dans la
syringomyélie, le gliome suffit, et la forme spastique de cette
maladie peut simuler, jusqu'à un certain point, le tableau cli-
nique de la pachyméningite cervicale hypertrophique. , , , ,
J'ai fait remarquer la rapidité de l'évolution des symptômes
chez mon malade et le contraste qui existera cet égard, avec la
marche habituellement insidieuse de la syringomyélie; , . la
nature du processus morbide dans le cas actuel cadre très bien
avec cette particularité. Je ne crois pas,,pour ma part, que la,
syringomyélie soit due toujours à la même cause.,En mettant '
à part l'hydromyélié, liée certainement à un vice d'évolution, ,
la présence d'une cavité dans la moelle paraît pouvoir résulter
, 1/ J . , 'y '.) Ji, 1
DES TUMEURS NÉVROGLIQUES DE LA MOELLE ÉPINIÉRE. 129
soit de la fonte d'une tumeur, soit d'un processus particulier
relevant de l'inflammation chronique (myélite cavitaire de
Joffroy et Achard), soit de troubles circulatoires amenant la
désagrégation médullaire par une sorte d'oedème chronique
(cas de Langhans, de Kronthal, de Schültze, expériences de
Rosenbach et Schtscherbak), soit enfin d'hémon'hagies an-
ciennes, comme Minor l'admet dans un mémoire récent, ou de
foyers de ramollissement comme le montrent les expériences
de Eichhorst ; ce dernier auteur obtenait, en effet, une cavité
dans la cicatrice de la moelle de ses animaux toutes les fois
qu'il avait pratiqué l'écrasement, tandis que la section com-
plète n'amenait pas cette formation. 1
Dans le cas actuel nous avons affaire à une tumeur, et cette
tumeur est complètement indépendante du canal central, la
chose n'est pas douteuse ; mais de quelle espèce est-elle ? Cer-
tains auteurs, considérant que ces néoplasmes se développent
aux dépens de la névroglie, leur ont donné le nom de gliome,
qui a soulevé de nombreuses protestations. On a fait observer
avec juste raison que les gliomes vrais, tels qu'on les observe
dans le cerveau, sont des néoplasies presque exclusivement cel-
lulaires et diffuses, tandis que les tumeurs de la moelle sont
très pauvres en cellules, très riches au contraire en fibrilles, et
plus ou moins nettement circonscrites. D'autre part, on a
montré qu'il existe des gliomes vrais de la moelle, caractérisés
par la rapidité beaucoup' plus grande de leur évolution, par
leur diffusion et par leur structure cellulaire. K. Miura (Uber
Gliom des RückenmQ1'kes und Syringomyélie, Beitrage z.
pathol. Anat. XI, 1892) a rapporté douze observations sem-
blables ; dans ces cas, dont la durée atteint rarement trois ans,
il n'y a pas d'excavation ; pourtant dans l'observation de Hoch-
haus, il est dit que par places on pouvait constater le début
d'une fissuration; il existerait aussi des observations où l'on
a trouvé du gliome dans un point et une cavité dans un autre,
mais Miura pense que dans ces cas la légitimité du gliome est
douteuse.
On a cherché à tourner la difficulté en donnant les noms de
gliose et de gliomatose à ces productions lorsqu'elles sont dif-
fuses ; mais ces dénominations ont l'inconvénient d'indiquer
plutôt un processus inflammatoire. D'ailleurs même dans les
cas où il s'agit nettement d'une tumeur circonscrite, on ne peut
encore pas sous peine de confusion, lui donner lenom de gliome.
Archives, t. XXVI. 0
130 . PATHOLOGIE NERVEUSE.
Il existe donc différents genres de tumeurs développées aux
dépens de la névroglie; ce tissu, d'origine ectodermique, est
composé de cellules et de fibres : tantôt les cellules'proli-
fèrent, en prerai7edeZèààctèéi très^variés d'ailleurs; et l'on
a ce néoplasme diffus, à évolution rapide, auquel convient le
nom de gliome cellulaire.-Tantôt..la néoformation porte sur-
tout sur les fibres, et l'on a une tumeur plutôt circonscrite,
assez pauvre en cellules, se développant lentement, avec une
tendance marquée a.la'dégénérescence cavitaire, je donnerai
à cette néoplasie le nom de gliome fibrillaire. Si l'on prend un
terme de comparaison dans la série des tumeurs mésoder-
miques, on voit que' le'gliome'cellulaire reproduit' 'd'une
l ,1 .It' . 1 f mie n r r o 1.. t. - r . l' ? l'r....
F fâcoilfrappante le sarcome, sauf quil ne se généralise pas, et
j.que e lé gliome f ibrillaire'é ' d
fque le gliome fibrillaire répond ( très exactement,) au, fibrome.
,De même qu'entre le sarcome et,le,fibrome on observe toute
. une gamme de. tumeurs intermédiaires,, de même on peut trou-
fer dans, la, moelle des. tumeurs contenant un nombre très
- variable d'éléments cellulaires. Dans l'observation que je viens
' de rapporter,' en bien des points, la tumeur tournait très sensi-
blement au gliome cellulaire ; à côté d'espaces formés presque
' exclusivement'de fibrilles, on en trouvait facilement d'autres,
surtout, à la périphérie, dont l'aspect, se .rapprochait beau-
. coup de celui d'un gliome cérébral..C'est sans, doutera cette
circonstance qu'il faut attribuer la marche relativement rapide
de l'affection. D'ailleurs la tumeur, ainsi qu'on a pu le voir,
^'était ni complètement circonscrite, ni; complètement diffuse;
c'était une de ces formes intermédiaires qui sont très intéres-
santes à étudier parce qu'elles font bien apprécier la valeur
"dès'classjfiëatiÓrls : n"¡ "1) ? " ' ' W ' r ! f"' . '.) i
- : Je ne'reviendrai pas ici sur la nature du processus cavitaire,
' que'j'ài décrit' longuement dans l'examen histologiqué; l'étude
de la membrane d'enveloppe des tractus conjonctivo-vasculaires
j.etrsa comparaison avec la)1 membrane plissée qui borde, la
i cavité d'un certain nombre de syringomyélies, montrent très
-'clairement, je crois, l'origine conjonctive de ces cavités et les
rapports intimes qu'elles affectent avec les- vaisseaux;, mais
dans d'autres circonstances, et c'était'le cas pour la cavité prin-
` . 'çipale `de la tumeur qui nous occupe, la désagrégation, se fait en
^ plein tissu'név'roglique et sa situation centrale permet de sup-
poser qu'elle est sous la dépendance d'une irrigation sanguine
" ' pc ? .... , ? ·w , ·rr,,
insuffisante ? , ? t, ,` . > - -> ? » ...... ? , , , ?
? f ? \JW,f.i,,1Y. <¡ ? 1¥'j11o.t1'1, 'ï .. O ? h h
) un 29<;\(i'(,. 'lUI z'ttf2t7tJt'9 2E, : fT3". e1 ? s' ! J'lm, '3,.TRr Ot3t"\t : 12;, crl x : t . r : f·r 4ur : mo il ,/JO"" 9') si 81 90 : {n ! Hlfjh,\
e,j ? rl -91+y·. ? i '"t,'3J ? <)'Idfl sb h .J ! : >lll ! f'lD <¡fi 'I81qn ?
a¡,j : 1 REVBE DE PATHOLOGIE"NERVEUSE1'I"f)J
9 n4 .In'. I .pl"tl. t/t r.ytL îe,ién+ltlf(r : `v ,tl ? ftU++t+PF uu'm1 " <
- 'lPE ' ty"i iQ'Pi'»j''T,0, ny.il, J,' .. r ? 1 lrt `S ? d'11 9v..W,p 4t+ (f'\... 'T
" ',), ,,0 1.. t ! u1 ,Ci 'J,I '1Hl¡(j 1,1j) J3 "4,1 ! h ? Tlril ? 'I Wi> ).. ;1 ]tq
«an ? Yr , fII.ffJ anttvi'iq'nlpv.^l) ,,0 ,2'7dtS(y as 9'1'4. : q ? IP.WI'
' I : ' UN Cas d'alexie sous-corticale (DE Wernicke) ; 'par 0.' BERauaN. +
ni ? : d ? 4 (A2-chiv'f Psychiat., XXlIl;'2.)¡¿' t4,ui Il elh'j .' ? Itu t.f' ! ;11j.'qJfftt 1 2 . S ttf'fJ r.' .. 11 ! ';1- *' .«nriini i ? i~ifit ?
Un boulanger de : 1rWluantŸn ans. est' intoxiqué par l'oxyde)(de
carbone. Puis' .on constate, qu'il ne peut trouver les substantifs;
- f-o - ? . 'il,, l- .f-, ri,, rf s> -r ? Tp ? t't ?
ceux-ci reviennent mais il va souvent confusion, même quand on
lui fait' toucher les objets.' Il * ne peut lire'que 'certains caractères
imprimés et'encore'iuii1' faut-il1 quelques, secondes pour trouver la
-lettré : Souvent' en/ écrivant , (notamment' en*copiant) il. passe, des
- lettres,, des syllabes, des mots et remplace même certaines lettres
. par d'autres qui ne conviennent pas. Bégaiement écrit et parlé.
- ;Faible rétrécissement du, champ visuel (moitié, supérieure), pas, de
troubles moteurs, sensitifs ou sensoriels. Intégrité de l'intelligence.
.Autopsie. Un foyer de ramollissement, gros comme une noisette,
occupe l'écorce et la. substance ,blanche dans le dôlüaiuë du pli
courbe. Endartérite très nette du côté de la sylvienne gauche qui,
' en un point, est' totalement 'oblitérée. Dégénérescence kystique
des deux reins. ' " J U,11" t Ici , \ ' P. K. , 1.'1
..1 ? l, ", ? \ ¡ ? Jl,¡",j 1 (" ' ! I, 15 l tl r r '\ 1
il,.... '( ! ¡ l , l ,1 ? 'IÎ'f : I ? T ? 1 , : ' Il . ? p
Il' Un cas 'de' pellagre avec SYaINGOiYÉLIB j ' par ' le' Dr PELLIZZI.,
f ... J (Riv. sp.'di {¡'en ? fasc. 111-1V,'1892.) se "10 ,>' 1, si (1
i^.ti - ' ..\ ? ¡'l ? ql/.< ,'\ 1')/ ,1")); 11 ? . r 'l' : Iorq, .r- '0 .1
Observation d'un malade atteint de folie pellagreuse. et chez
,~ lequel on trouva à l'autopsie les lésions de la syringomyélie ? Les
seuls faits cliniques qui pendant la'vie avaient pu faire songer un
", moment à ce diagnostic étaient la durée de la maladie, la cyphose,
.la paraplégie et l'analgésie de toute la portion inférieure du corps :
pas dé dissociation de'là ? sensibiiilé ! Aussi l'auteur s'élait-il borné
au 'diagnostic de folie pellagreuse grave''avec paraplégie* déter-
minée par l'existence d'une myélite transverse chronique de la
5 portion dorsale inférieure plutôt que par l'intoxication elle-même.
L'auteur en conclut que la syringomyélie peut se' montrer sous un
n' aspect symptomatique, différent de celui,, qu'on lui. attribue d'ordi-
( naire et se présenter, avec les' apparences^ d'une myélite transverse
- .dorsale. Dans ,ce cas,.le diagnostic peut s'aider de, symptômes
d'ordre secondaire soit coexistant' (comme, la cyphose dans le cas
actuel),'soit même antérieurs, (dans le, cas acluel ? IésiIlI t,rop41qe
132 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
f.f'1 3f 'M7aa : fInO,ItlHT4r' 3Q ? UV3n
de la région postérieure du cou signalée dans les antécédents du
malade»)¡1'IfjV Hl. '11j'IWl 9`Ir°I « ? lfIEt GLAS.
"q PO'JI"1'»)' '1 '1 ? ^''l'1' FI3'l''fl >1 ll 9ltylfl7' ici 31, t rfC'9"'lU'1
i. .ri"11 ¡t. t, - if l' F,,1U;' ? 1.i ? ? Cif. 1°' £ a[tl' rt : i^fmrn,t I,t il( 'f-*6«
III. Contribution , LA CASUISTIQUE DE, tumeurs, DU CORPS calleux;
It{,"il" hl 11, 1 1 1 zl"u 1 1 1 .1'1 ? in\ '- Jj,.}' 0'. A
"l,'H" ? pa'r,GrESE ? A1'Clt.l f. Fsychïai, XXII1,3.) ? ')' * , , 1-
r, 911*l'M , '" t, i" t^v r> -< il il ".Jjjau ' . 't.. jJ' 11' a"' 1 L
f Homme de- cinquante-trois ans.1 D'abord attaque 'apop]ectiforme;1
puis attaques épileptiformes ? qui' commencent' par';le°bras' et"la
jambe droite ? avèc douleurtcéplialique;' voiiiissenieiits ? parapa-1
résie des extrémités, 'somnolence.* Pendant 'plusieurs mois}' stase
des vaisseaux' rétiniens, puis'papille''étranglée ? Accroissement de'
la parésie, hémicoiitracluré droite; sopor,"coma fpen'dal1t plusieurs
jours. -Mort/Durée totale : huit à neuf mois. Autopsie. Gliosarcome
ayant pris naissance sur l'extrémité postérieure du corps calleux
et ayant proliféré dans la substance du`lobe occipital droit/ D'avant t
en airière, la tumeur/atteint, la\ branche; ascendante, du sillon cal-
loso-marginal, dépasse en haut de 2 centimètres le lobe occipital,
comprime les tubercules quadrijumeaux 'et le' cervelet. ' upil' 'x "
1 ? <¡1,¡'¡ tlllrlitl J '1' âup ,¡ n ! oj'iH1' C Jf1'Hfl'JJ'D'I ! f )L1) 'I p,'I1. ;.1'1f' ' ! ¿
- ,j Cl.m <(j : l 'hJiJ'- ? 1 ? ) q' ! 4 t.P,I r'b r "'[1 ^fI1 u tu in .H3 W.ril")#' ,1. nul
- ] ? r. nrr f S 1 m·^al 4t1" %t'r9 4r ? .Sl, î ? Fh. ! ")lllli (1,0
IV. Contribution statistique A la question DE la syphilis ? ,
. tScu w.,i...ym·'1 JI'r.1J 1,,) \ 'hÍfr ? l' 1 nil 1 t;...,1 f ul' ? u ..nql
ET du tabès ; par L. I on.`(Nezyol : je ? lûalbl.,tl8cJ.),f fIU'b
' ..t)j..n l ? i....oc 1J : : iJ.jil.uu.u. tJ1J.- ,U ? ? t'' t;ttb
'1] Il 3111 1,,( \1"V f. If ! ' r jUOM11ES QllpÍnrJFEmIES"IIO)', 'lU >'Ilf. I ,
,i ,1" '" .1<. nj Russes...(.). 496 ""tL.q[)264 ' '\fl'I i h - f ,1
. ..11 Juifs ? : ... ? ,u fa9al . JIJP ? J),3 "t;q : ' du ? v Il
. ? r' .0' .. ' 1 ? "'1 i ? ." ' " ? J(,1() it ? ('t t.' /tt ? t0' ' ....
En tout seize cent quarante-deux nerveux. '" " " l ' "i
Chez les Jûisslôlîtroûve'5 \yphililiqJè : ? èé'rt'àinsJ1" 5,5p.`100;t
chez les Juives,' 5 syphilitiques certaines = 1 p. 100. Chez les Russes
hommes, on constate 118 syphilitiques certains = 24 à 25 p. 100;
chez les femmes russes, il y a : 18 syphilis indéniables =9 à111' p. 100.
Chez les 118'Russes syphilitiques,-il y a 22 cas de tabes et 10 cas'de
paralysie générale, tandis que les femmes syphilitiques ont été trois
fois'atteintes de'labes, et trois fois 'de' paralysie'' générale"^ Chez'les
syphilitiques' juifs, 'il y y eu' 4 tabétiques 'et"2 t, paralytiques gêné-11
raux ; chez les syphilitiques juives;pas'unè'seitle paralysie générale'
et`1 cas de'tabes.')1 ! " '' 'rrtli. ri Illf L l ? t' i, il "nl' i-' Pyltitm', "'\')
p .t.xL,t..0 ? 4. (1 ..... Ihll 1 lU tll]1 -1 i oi ( '1"ItI(¡ .Lt luO 1 "jf1'T d{
1 fn'IH '111'1 qf ? `rr, ni '.Mil J ! III "1 PI dlH ho ? tfJP qn f)c''1l1c.
V. Un CAS D APHASIE DANS la syphilis cérébrale; p.r K..H ! f.llO ? r ? E,R '.1
,^v J' d. - L(All. Zeitscit. 1 , Psy 1 ' ' 'XL 1. X y 9, Il .) ! · JW · a ' 1 t rrl ? If " ? 0 , IÜ'tl't LlI', . l n..f wc>' 4J..4 J1). Ot't".n , ! fv q
'Il'manque au malade en question beaucoup'de verbes; ceux iio- ! )
tamment qui se rattachent à la conception ou représenlation"sên
sorielle concrète,"qui, par exemple;, désignent'les cris des animaux ? 1
l'action' de- certaines professions, l'effet de^certaines forces." 11" a
conservé' les verbes'auxiliaires et s'en sert correclement31Wa à"s'a'I
3 ? uavH3K h ? O`IGHTL9 sa ,·1 ? 3° Si `
.REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 133
..1) R3ft4h90'ItlA '9 aiirh 9jt;rt^ ? sa IIIJ(¡ ub 9'tnvlnvWn nuirai fil it
disposition les substantifs tandis qu'une partie des verbes qui leur
correspondent lui manque. Il tournera alors sa proposition par le
passif ou joindra les uns aux autres des substantifs et des adjectifs,
des prépositions et des substantifs.' Il'y a donc aphasie de la forme
et non de l'essence de' l'idéation. Il en a conscience, n'oublie pas
le ,début d'une, proposition, quand il, arrive àlaGnconjugueIes
verbes., qu'il ! possède : et ne, trouve, du reste pas.plus l'infinitif que
les,autres temps. des .verbes qui ¡]ui manquel1t. : ¡ Vouloil'oimaginer,
un, centre de coordination, syntaxale, ce serait multiplier à l'infini
les localisations. £ Nous, préférons, dire* que ,nous.ignorons, et le)
mécanisme, et la localisation, de cet- accident extraordinaire. , > r1 r
frl, .· ? 1 t) i* *< nr'Sjj. t 'M. 1 Jq,l j 1).1 .1 1 t, P : KERAVAL.'Uu,
. , I'r 1- » j'" I 1 ? ,1 ienc. Itt1 (Il 1 1 '111 1 -, 1 f1 1 . 1 Ci J
H"-( ' 'I VI. Recherches sur l'hypnotisme ; -par 0. HEBOLD. ;r... '
' ' ' t (lllg ! Zeitsclc : 'f : Psyclaiat : ; XLIX;`4;'2.) , .
Ui '*> i t .'1 ¡ dl .1',1'"1 : : )..h 1¡..nU 1 ? tt, 1 1.UY ! .... '1' ?
Magnifique observation délinquante et une pages relatives à une
grande hystérique. Traitement symptomatique de chaque épisode
désagréable, au sur et à mesure de sa genèse, pour l'hypnotisme
ou pour parler dans le sens le plus large^par la suggestion.. La
malade' devenant la chose du'médecin traitant, celui-ci doit user
d'un un tact et d une honnêteté sans limites. 'n' ? ?
L'auteur conclut. -Quoique le'traitement par' l'hypnotisme ne
puisse aboutir à une cure persistante et définitive, cette observation
n'en montre pas moins que, dans une maladie aussi grave que la
grande hystérie, il exerce, une action favorable qui peut durer long-
temps et n'a pas son pareil en fait dé moyen thérapeutique ? ' si : , ? 9 t 9 ('A'IJ l ..0) 1 t t..t . "'1 ? lfIJJ'tl n. ! . i -1 < 1 , 'J" P K. , z
ttlftl M <J1 h <E - .. 1ti 1 ? J 'II 1- i .tl · f lit " j...Ioo'l '1 i
.(Mît VII.'UN cas DE méningite chronique; par J.-W. PARTON. \ ? t'>
at ), (The Joumal of ! OEental Science, janvier 1890.)' ' k '\ .,1 , >
., I 1 (" ', , Il . JI 1 t 1 . t.... », ... 1. ,
, Les commentaires dont 1,' auteur fait suivre l'observation détaillée
de son malade, pendant le séjour de celui-ci à l'asile, en éclairent
suffisamment les points principaux pour qu'il suffise ici de résumer
ces communications. s'agit d'un homme d'environ quarante ans,
interné pour la seconde fois et qui succomba dans la deuxième
année de son second internement à une méningite chronique ; les
lésions avaient deux sièges différents' : la région frontale gauche
et la région occipitale droite ; dans ces deux points, de dehors en
dedans, depuis la paroi osseuse jusqu'à l'organe lui-même, tous
les tissus étaient atteints. Toutes les recherches, macroscopiques ou
microscopiques ont démontré, qu'il) s'agissait d'une inflammation
chronique, d'une méningite vraie, en ce qui touche la région occi-
pitale. Mais au niveau du lobe frontal,, la cicatrice qui avait rem-
placé une portion assez importante de la substance cérébrale, ne
134 REVUEf'DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
.saurait' être expliqué parle même processus; là lé processus inflam-
matoire n'avait pas cheminé de, dehors. en.-dedans, là le point de
départ n'élait pas1 extérieur à l'organe. L'auteur, après mûre ré-
flexion, laété' amenée à £ p'enseiy< * et ? la' violence du malade peut
être invoquée à l'appui de cette opinion)' que le poinUde départ
a été une concussion céréhrale; ce. quiF semblerait ,encore confir-
mer cette manière'de ! voir,'e'est que-les'deux.lésions^frontale et
occipitale) occupent les-deux extrémités ! d'un. même axe crânien,
bien 'qu'elles ne siègent pas du même côté; c'est aussi que le ma-
lade, lors de son entrée, portait une ecchymose à la; région' fron-
tale gauche. Si cette opinion est exacte, le traumatisme en question
pourrait être. considéré comme ayant' détermine l'apparition du ! trouble"menta)/ou'p)utôt comme en ayant été la véritable cause.
-L'âge de la cicatrice .vient d'ailleurs à· l'appui de cette interpréta-
tion.- i-rt ·HIyr9ll$,111tr·lU(..Ur. : y· 3tti lJy.r ? v' ? [-ni : -q
" En,résumé.'l'auteur estime que chez ce malade il y a- eu, comme
accidentrprimordial;' une· concussion' cérébrale, ayant' eu., pour
.'résultat immédiat; une destruction localisée de substance nerveuse,
suivie de> méningite" chronique : ' les' troubles psychiques 'ont'été
consécutifs'à cesflésiohs'et' sous leur dépendance : t R..M.-C. jif"- ? 1 £ ,1,,4 ? (1111B11t1 ,y LHt7 .'l.'13 t'Wrl9 : fioiiv »j '9'1·'v ? i. J
t '' - ry 1/ in 1r.' ? ) n '\(1 J ? ") 3lYf ? , >' < ,h **-. r-
VIII.' UN. CASJ DE névrite périphérique d'origine alcoolique (Service
1/ du.Dr E ? V : nlac'DOWAL, observation recueillie parJouN CLARKE
' " FENWiCK).' (The Journal ofr Mental Science,'avri14890.) t ·t l ? JI''I
. : ' \ : U.. J11 ... i. t·. nri' niCi > - rhf ·'4et Il , >i ', ,-
Observation très, intéressante : les phénomènes douloureux delà
névrite avaient. d'abord été pris pour, des douleurs rhumatismales;
le maniement des,, muscles provoquait des'douleurs très vives ; la
plante du pie'd^était extrêmement, douloureuse ; tous. lestphéno-
mènes observés étaient symétriques; les réflexes superficiels étaient
abolis ; l'atyôphiéjet la paralysie"de's muscles fléchisseurs ,'du' pied
étaient^ très marquées,, l'excitabilité faradique^ abolie. La malade
avait un air fin et (soupçonneux* ? vi1 P,TrqH)I}n ! ! II,l,ore, t,
.accusait nettement ,1e". besoin de sloe,l ! ,laB t,sI p'wpr; au,x,)l1 ? ? ]2q ? s.
f\v.eu¡¡ ! co91 ? vol,t. peu à peu. ses" membres recouvrer leur
poumon' moteur, et ses muscles' atrophiés' reprendre eh partie leur
volume. Tout le téaiteniént,éri,elfét, a consisté à sevrer' la malade
d alcool,' a ]a nourrir d'une; manière substantielle, *à' là soumettre'
aüx églésd une ho»pé hygiène. "'7 Ce' fait p1Onre u.n ? foi dp ? s
,que, même dans les cas en apparence incurables de névrite toxique
(ou dûrnôinalcolque); laguérisôn·pèutniâlgrc tciût`être·olitenûé' ¡
,par la suppression simple, mais absolue de 1 agent toxique.
,j1 - -l"ll» .' 41 U<H ! ' ; . ,» Û...". "I¡J ? ;,of ? JO : ) J.
1 l" 'I.J;,) ('1" ? f 9tf ? j in ? i^m>Yu l `,0111H11, t ? nlicû : â ? i r
^t.` .i ;l s`t i tJlr^· lifrr"n·y i : i' ,'11. d ïI' Il).'illl't .'sllf"i . OLt fi'lD.ll1 ¡
'ïi N, lI ! LLJ ni3·ktJa ? It#t 3'L`l.l° : 8y·$ ? Cfl.I1 ? n : I< : OQ . ! Ht. ,fi...'1 ! l ? 0 1
REVUE ),DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 135
IX;rcNŸRîBûTÎÓÑ A l'a1' SYMPT03f.1TOLOG1E'DU TABES ';1 par' 0.' Rosen-
*" ,II '>.j BACH. (Ceiitz.nlLl.'f. e)'u6Kt ? N. F ? III,"489.) ' 'olt ,(If ? 1 1UTI a4"t ? -1 , ? r ? ( yfr51 ' i -.u-.nh-fïtf »< ' · ' ! 3. , -1 f1 ¡O¡r,q...t
la On diagnostiquera de bonne heure le tabès (ce diagnostic précoce
prévient bien des accidents), en¡ recherchant : '1 ? \ , ? t « ?
,') 1°' L'exagération des réflexes du revêtement abdominal ? - - B
..12° L'impossibilité de.se : hausser et de se tenir sur la'pointe des
pieds (orteils),' les yeux' fermés : > »' sU 1[, «' «i"0<,ii( p. K : v-j .
est ( m s ! 1 Î'- ? 11j jas ? 1)('" t) ? ). =»,il jrJ..r- ,1g li' j ? i- P11 .'t : ;1d
- ? 1)1 X. Contribution' a' l'étude DES troubles DE la' parole; ` ' l
0(. ? W m. , ? , XXlll,"3.)' , t - ' tht
ur ""rI"H;'q 1 iiitt ? )91 .]"ex J, "1- .1' : ) 'J ,Ql'.I ! 8r¡r, 9 'J' J J '11'1'j
.'1810 psezcdo-apt.aie, c'est-à-direj perte de¡l'intelligence,de- l'usage
'des choses ne' tenant pas,à' une diminution¡générale des fonctions
psychiques. Les mots et les gestes ne sont plus à leur place (observée
'chez) ne·paralylique'.générale) ? ·2 ? Localisntiorz de l'apraxie
" (asymbolié) . Observation ? Surdité verbale avec cécité psychique,
. paraphasie, hémianopsie bilatérale homonyme, attaques d'épilepsie
. corticale. A1'autopsie; altération de la substance blanche et de
'l'écorce \ des deux lobes temporaux (ramollissement presque fluc-
tuant) ; cette altération s'étend très peu à l'insula, à la partie
inférieure de la capsule externe, à' l'avant-mur. Mais à gauche, en
foutre; elfe atteint la moitié antérieure des circonvolutions occipito-
'temporales inférieures,- de la troisième occipitale; et la moitié infé-
rieure de la pariétale inférieure, et du pli courbe jusqu'auprès de la
paroi latérale du prolongement postérieur du ventricule latéral.
"" -" 3° LocalisCttiOli"dè' la' surdité verbale' : Homme de quarante-deux
jans ; il Y a dix ans, léger ictus (hémiplégie^gauche''et trouble de
la parole) : récidive il y a quatre ans ; troisième" attaque il y a trois
.mois. Démence, parésiedes'rameaux inférieurs du' facial gauche
iet,du bras gauche.'Ne'comprend pas'du'tout' la parole, mais com-
prend l'écriture et les caractères d'imprimerie;' Parle* spontané-
. nient' et* écrit aussi, ne peut lire à' haute voix,' répéter ce,qu'on lui
dit, écrire sous la dictée, copier, ne saisit pas'les mélodies; degré
.moyen'de surdité' Meurt de mal de Bright.' 'Autopsie : les parties
./supérieures des deux' lobes temporaux sont affaissées, molles, jau-
nâtres. La' première' temporale, une assez"1 grande partie de' la
^deuxième temporale, l'insula entière, et' de petites zones circons-
'crites de l'extrémité inférieure de la' frontale 'ascendante et de la
^frontale inférieure 'sont,' à droite, transformées 'en une matière
\ colloïde',^ jaune paillé ! ' Sérum jaunâtre 'dans' le1 ventricule latéral
droit : Ramollissement jaunâtre des circonvolutions altérées; sur une
coupe perpendiculaire . et" tan'vecsalé,' lë i.àmôllissëirièüt, atteint
la frontale ascendante, l'avant-mur, la capsule externe, l'article
externe du noyau lenticulaire. Ramollissement adroite et à gauche
de la, moitié postérieure de la première sphénoïdale^et du lobul i
e
136 REVUE.DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
pariétal inférieur ? mais, en cet endroit, 'la1capsule externe et les
gros ganglions sont intacts ? 4 ? Associcatiolad'une dysacomielgl'os-
siè ? -e à la ,sllI'dité1vel'bale. homme ! de : soixante-quatre' ans;'1 ayant
eu, à plusieurs reprises," de petits' ictus.r.Démence ; signes fd'àtite
.moyenne suppurée,' n'expliquant J ¡'Jas ¡Je) trouble 1 de la perception
auditive.)Au lieu de parler, ! le patient lance un' psclai,ou un/siffle-
.'ment; si, on l'émotionne,) il-. arrive à parler : Trouble très prononcé
de l'intelligence des.mots ! et deyl'écriture; ne peut répéter, 'ni
écrire') sous -la dictée, s Lit; sans' comprendre;, copie ? écrit (para-
graphie). Sorte d'aphasie sensorielle transcorticale : Pas d'autopsie.
· P. KERAYAL.
18=<nl T : 'J ,1 ? >mSJU : >IIH"t : '\(1 'JTfT 'I.1l 3a aJIlII.n;wr.r2 A3 ;q¡¡(1 111/
XI. Contribution AlL'EXA : .IEN, OBJECTIl ? \ DE,L.\ . ENSIBIL(TÉ dans la
névrose traumatique ; par GOLDSCIIEIDER. (Neu1'olog. CeH<t'6[6 ?
t 1892.) ? 1 r ? t't1 itrii'-1 ! )' 1K111100 11H '0' hl êthllJ ? ,f. t u
il' 1, < 1. 9· 9,dTll'" J.'W : ·%I(11.· .9Jtt\/1 Ji) ti 1 >e.dh 1
En examinant méthodiquement Je sens de la , température par
zones et en comparant les résultats de cet examen avec la carte des
zones normalesi, constantes dressées préalablement parxl'auteur
.chez les sujets sains, ,011 empêche( ¡ la 1 similation¡ d l'hypesthésie
thermique., t J3ïn ` Bb 1 lîts , ! J1. lu '.i. lé' · .P.,h.;l ? - ,
1. 1 'i 1 l 'f ' ='ir in . I..lfU ! \ : ! 1 Il-' i b- If >' «j vù '< a.
XI1. DES paralysies du' plexus 'brachial et 'du trouble de la
sensibilité QUI se montre "dans rL.1"P.1R.1LYSIE"ASILLIRE;i par
E. Pagensteciier.'(4)'cA. XXIII, 3.) ? ? a
. '1 '0', . 'il ? tl ....11 1 . J.. J ...t"fJt't JJn'I'11J 1" \ ? 1 Il Ii, , : * Presque toutes les paralysies décrites sous le nom de paralysies
du plexus brachial tiennent à une lésion non pas du lacis du plexus,
mais bien des racines nerveuses ? Exemple la paralysie totale et iiifé,
rieure (terminologie allemande) : 'Yoy.1Klumpke et'Sécrétan. 'Ana-
lyses des cas relevant du territoire supérieur du 'plexus'(Klumpke,
Hu tchinson; Seeligmü1ler; Pajet).. Trajet et schéma- du nerf sus-sca-
pulaire. Complication par résection, des cinquième et sixième
racines cervicales (Rose) ;la paralysie la plus étendue est celle des
cas de Beevoret Remak, etc.' t . -.JIJ,··IJnv° . loI '" '.oH 'IF 1 lii ,1
- Il : y a lieu en. tout'cas' de' désigner sous le nom de paralysies
d'Erb, celles qui tiennent' à la paralysie des cinquième et sixième
racines (paralysies supérieuresidu plexus), dont, celle.de Erb n'est
qu'un cas particulier. 1 11,11" ) ! 1 . , uipilmi dCf'(JQ : 9<
♦Formes rudimentaires. Observation de Borntroeger; observation
de l'auteur. Paralysie périphérique comprenant les nerfs axillaire, ! I
sus et sous-scapulaire : , ? ? ' : 1 [ 111/ u. 4 il 1' , ca. 1 ? [ t
Les troubles) de la sensibilité,,1 étendus dans les paralysies qui»
siègent' sur la partie inférieure du plexus brachial, sont rares dans,
les affections des racines supérieures, notamment dans la, para- {
lysie d'Erb. Leur, .siège est : ! côté externe du bras ? dans le territoire t
REVUE/ DE PATHOLOGIE NERVEUSE. '137
; de 1 l'axillaire et du..inusculo-cutané, 1 et, .pari communication de
- quelques fibres du. médian,, anesthésie du pouce et de l'indicateur.
1 Quelques, cas de paresthésie (musculo-culané et médian). «
qlr Quandion excite ! à l'aide de forts -excitants' quelconques : de
longue durée (électrisation),. ,. la peau . quii recouvre 1 le' deltoïde
.paralysé, celle-ch devient 1 blanche 1 et tout'autour. se iproduittune
coloration purpurine. Cette réaction est dite réaction delà tunique
musculeuse des; vaisseaux).paralysés (HiLzi,,) ;Fce phénomène 'tien-
- draitàjt'exag'ération duipouvoir contractile des. fibres musculaires
tandis que-leur action dilatatrice' est diminuée. r 'P.,lÍER.\V,\L.1
.J,b.71 Ji-i-/l t
XIII. Deux cas singuliers DE maladie DE FIHEDIlEICII; par Rossi.
-' ' ï (Il manicomio; fac : 2-3; 1892.) " "" ' . V
» i l .V <« , f 1.1 ú l 'f . hl 1J" e a ,
Deux observations présentant comme particularités principales
l'absence d'hérédité, la présence de troubles de la sensibilité, et de
la glycosurie; L'auteur émet ensuite de : IÓngues considérations 1 qui
peuvent se résumer dans les' conclusions suivantes : ? 'La maladie' de'Friedreich constitue une véritable entité morbide
par sa causé, par 'ses' troubles particuliers' du- mouvement et de la
sensibilité ! ' Elle se développe en effet dans l'enfance, tout au plus
dans l'adolescence, tandis que le tabes dorsalis est une maladie de
l'âge adulte. L'ataxie de Friedreich se sépare de l'ataxie labétique,
qui peut se considérer comme purement sensitive ou spinale, en ce
sens qu'elle est une ataxie mixte, synthétisant tous les mouvements
anormaux qu'on rencontre dans l'ataxie cérébrale, cérébelleuse, bul-
baire ou spinale. On ne peut encore. affirmer si sa marche est ascen-
dante plutôt que descendante; mais on peutadmettre que les lésions
commencent à,la'foisdansles différents points de l'axe cérébro-
spinal par îlots se rejoignant dans la suite 'et formant un système
continu, -surtout' dans les cordons postérieurs ? Les lésions spinales
seules sont, insuffisantes pour expliquer tous. les symptômes qui
trouvent leur raison dans la diffusion des, lésions à tout le système
nerveux. Les troubles sensitifs, la céphalée, les vertiges s'explique-
raient par des lésions corticales; en tenant compte, bien entendu,
des autres facteurs, altérations de la' moelle, des nerfs périphé-
riques, etc ? Dans les cas précités, la glycosurie trouve'son expli-
cation dans des lésions du. plancher du quatrième ventricule dans
les points indiqués par Cl. Bernard. < 1 . ,
]L'examen microscopique du système nerveux d'un malade faisant
le sujet d'unei de ses observations amène l'auteur à conclure que la
lésion essentielle consiste en un processus inflammatoire à marche
chronique ;qui, suivant toute probabilité, débute en même temps
en, plusieurs points du- système nerveux central et périphérique,
mais plus particulièrement dans l'encéphale et les cordons pos-
térieurs, pour déterminer' secondairement par l'hyperplasie de né-
138 REVUETDE,PATHOLOGIE',NERVEUSE;¡' «
vroglic ? l'atl'Ophie l,et la ldégéuérationr desflémnls'" centraux (e) >
périphériques;^ 11Jhl1 JD11 ! Wp.U'd : : mém IJ : = : J ? : 11J."SÉGLAS.' ,fUJh
i ? b '11 ? v ? H¡¡,/T S¡fJl'I1H.tJ1 : )(rd <)1' p' : f(11 ! hl s,tlbper( 8;iil«tnon ? "X1V.8SDR UN CAS 4D-Ê TON; pa' L·GREPPIN ? lrd
' ' ? ' 'l "'' >,.p, "JIJ(Aréhiv ;rf. : J PJychiat1 XXIV, 1 ')', 1 le 6 si uni - 1'1(' ! )
l{J/'J9'J ,9W';IUtY" du1 . : ¡moril.¡v' 8T''¡H sait b J : I : ,r, "f ' InUlTL10b tu' iup
Homme, de, cinquante;sixt ans, tare, néyropathique très chargée,,
notamment, ,grand-père,,patprnel,Ypère, et, oncle, paternel ,cho-,
réiques. Il est lui-même- affecté depuis cinq(ans,de cq.ol'ée,s.al'acé-.1
ristique ayant. successivement-porté sur] les muscles.,du^cou,et desj
épaules, ides bras, ( des jambes, du .visage, ,1a91angue,lé, larynx, .Le;
dos. Dans ces dernières années, mélancolie terminéepar la démence ?
Impossibilité de se;nourrirmort. ^ft,^u .«uo-.uc ,qt,ui elip
- l'Autopsie ? Calotte' ct;aniennue épaissie ; asymétrique, pachy-l
et lepto-méningilejatropliie des circonvolutions, atiléromasie des'
vaisseaux de la base..Le. microscope révèle de nombreux foyers de.
cellules dans' les espaces périvasculaires de tout l'encéphale, hyper-1
plasie des noyaux des tuniques adventices, musculeuses et internes
des vaisseaux. Ces mêmes- foyers occupent les ,, espaces péricellu ?
laires;. atrophie des grandes cellules de Betz. Dégénérescence des
fibres nerveuses à myéline. Les paquets 1 delcellliles accumulées;et
souvent magmateux, dépourvues d'ailleurs de noyaux, forment des
dessins uniformes' ou arrondis' comme arbôrescelïts : 'III s'agit pour
l'auteur, d'un retour à l'état'ernbryonn'aire des cellules du tissu con-
jonctif, qui, après cela', se sont mises a'pro)iférér; il y a eu, par suite;'
irritation' de' là substance' cérébrale à1' laquelle* on peut' rapporter
la' chorée L'iôdûée' de" potassium l à hautes
dosés pourrait biéIi"'êti-'éJadmii1Ïst'ré 'en pareil' cas. "1 P.' K' : ici
- .u=,t Ii ,11. ".lhd "lfJt -il ] «viik'jl,;)
af. r'1...qE Í '\ V^ ".....r) ? iQ;f-tnnf. ut, "rp r =c ",\f' ? 1'\n,fn.l
XV. DE LA fièvre HYSTERIQUE; par A. SARBO. ` tt ? j i
(Archiv f. Psychiat ? X1111;'2.) Il ? " "JJl ! 3 ? si ? 11 It il .t ta i,.t "if' xitdq iin t ! 1"J'hJ(1'" 0 . t v t.. t r · t w` `1 'r
Mémoire très bien, ordonné avec observations personnelles..Dans
la fièvre,'y est-il, dit,* le"système,nerveux4éentral, joue un rôle
(centres, vaso-moteurs -, cerJtres,' th,er,m.iq,es)"lL,a '.fièvre» sans
substratum organique,, produite pari conséquent par. le. système
nerveuxiseul, est due à des troubles dans la fonction des centres
thermiques (fièvre nerveuse fonctionnelle). C'est probablement une
fièvre de ce genre que, l'on, observe dans l'hystérie, (névrose f ? AC ?
tionnèllèpar,èxëelleriée).=r y ? t .IJ t ? · x ? 3 ? Jy e'oJ.' ,-« : ,^
j 1° -Fièvre ltystél'ique apparente (tachycardie pas d'élévation
thermique). C'est une pseudo-fièvre, qui s'observe dans l'hystérie
simple et dans, l'hy-téro-épilepsie., ? 40 Fièvre : 'hystérique continue,
sans substratum organique, dont l'hyperthermie n'est pas due à,
un travail musculaire,' aux' convulsions) par exemple. Deux formes :
faible, qùiné.dépassé"pas'38°,5 ? élevée; 7qui;dépâsse'38°,5.'Dtire
REVUE''DE". PATHOLOGIE' NERVEUSE.1 139'
quelques jours à quelques mois. Pas de-type'. Peut' apparaître sou-,
dain et disparaître avec la même brusquerie. Elle est remplie d'a-4
nomalies; inégalité thermique, hyperthermie matutinale avec
hypothermie^vespérale; la, température, n'est souvent pas en-rap-
port avec la gravité des symptômes. Elleg peut revêtir des caractères
qui lui donnent l'aspect d'une fièvre typhoïde, tuberculeuse, périto-
nitiqüe.l' Ellet tiënt parfois à la cessation'' des 'règles. Quelquefois
aussi'elle accompagne. un état de' malldont'elle ne dépend nulle- !
ment.*1- Elle s'observe fsurtout"chéz `les'hystéro-épilèptiqnes : r'-1 i
3° Accès de fièvre subits, parfois sans1 cause' appréciable, à intensité
variable (hyperthermies élevées ou' modérées),' qui accompagnent-
fréql1erilment'J un ensemble' deusyil1ptômes" graves,'du' reste'tout
accidentels, indépendants. Même réflexion'pour les accès convulsifs !
Peuvent s'associer à la pseudo-fièvre, et à la fièvre hystérique con-
tinue,'ces trois ' genres pouvant, aussi : se conlbiuer : ,Les accès 'se,
montrent aussi bien dans'l'hystérie simple que dans l'hystéro-épi-
lepsie. '1'. ' ""d '110 ? JI 'p'I v r·ify 4 ? n ,P. Keraval.. , y ? ¡-, IfJ1f.¡ ? tt ? t' 0'" , ? ' l'IT ''h 'ntïttuj -= »0
XVL'TuMEUa DU'CENTRE OVALE AYANT CAUSE' UNE PARALYSIE DU MOU-
'f ? -
VE31ENT ET'DU SENS* MUSCULAIRE : ' OPÉRATION ; 'AUTOPSIE par. Land011
(Brain,part ! 3 LIX et LX; P"443,.) 1 r 0, ' l
7-^t> t. r I ' , i. . nr ,, (Il) ; n'ivl tu y· 1 1, , ' i ·. i
'1¡,HmJ ! 1e ayant présenté plusieurs. tumeurs de, diverses régions du
corps, trente-huitans. j ? AtTaibiissement général, de la jambe et
du bras droits. En même temps. cÓphalées"siégeallt à gauche du
ventre.,Insomnie. Pas de troubles de la parole. L'iodure n'est pas
supporté... Pas d'accidents convulsifs. Sensibilité^ tactile et à la Cou-
leur légèrement diminuée. : \,la température conservée. Sens mus7
culaire presque totalement aboli. `
' Diagnostic : tumeur du centre ovale, basé sur l'absence des
troubles mentaux et convulsifs ? J ? " ? 1 da y L
1 ¡ .1...1 # c .,u',1 ?
Trépanation : Découverte du pied de la F2 et F3, des deux A. et
du pied de'la P2.' Décès.; A" J'autopsie : 'sarcome gros comme une
noisette à 1/4 de pouce de profondeur sous ! la jonction des 2 tiers
supérieurs de la; PA. D'où l'auteur 'conclut qu'une lésion de la PA
peut' léser le sens musculaire à l'exception de toutes les autres-
fonctions 1;') 1 '' il 1 ' f. : , l ? ? 1, ; 'h'r ? ·P. S. '
J1 ! t fI. ).f' 11r1HMp.f', t'd ? - 1 ,.tC,'1 -fil ¡'11JIJ ? 1 < ni > r' .
\
XVII.' Autre cas' d'an'esthésie due a"'une"lésion1\de'"lÀ circonvolu-
1 tio'n, du corps' calleux; par Thomas GâniLL9(Brâi)t,r parts LIX
7'et LY ? p : 4'r8.) y il .'^ ? <" "'<¡(\1, W· ! .vr· t% .. % ,
e1*4 ' VU fcit;,r tVadl)» ·. 1l P Itl1'/¡jJJ ' il "I <1, u ? f. .1 r .' t
^ Homme de quarante-sept ans, -alcoolique., Hémiplégie gauche
* ern - .q ]<<fj I ! )<ff\'<-.sl1'J"c.¡ fil' ! 111 ? ,vnlltl7" : · ? '('> 1 ' ; 1 ?
. ' Des, résultats de.ce, genre devraient rendre^ce. chirurgien plus cir-,
conspect'dans s s e s, é cri t s. 1 e iil, d 22 juilietduProgtès,médiel-)·,(I3.)
t ? ? ? . ? ? j ? .. ? t t ? <'
'P,)T1"q 113'1''1 'f)n TOT-t" Aq -ts a Ia'(
140 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
^r rt ? r;' J. ·'1 ot , n.l ·, ' i, ,I91 'rfJ()1Tf 9a '111.I ? no- 1 ·a;r
ayant succédé des séries d'attaques convulsives. 'Pup.lIIe ,gauche
dilatéé ? Aüéstbéshé,préque, éôlipalété du bras 2aLiche. A aulopsle :
sarcome faisant sail ! te au. tiers, ppstérieurde la circonvolution, du
corps calleux. L auteur croit probable que la partie postérieure, de
la circonvolution du corps calleux est le centre sensitif du bras. , . .
, ;; i, 'i rj.'i *' le ii ? ai tt'UU ? <
I : l''¡ 'f liai-- 1 ,f ? t, , ' , , , 0 j, 1 ''11., .°1 .¡.b.J
11 1 .rll' 1 rI" M 1 > " 'r 'tu ' '1 1
XVIILP.1R.111TUTOV1E.IT.aSIQUE ET maladie de.Thomsen; par GOVERS :
r ? ..(Cenlr'nlbl. f. NCI'vcnhcilk., N. F. Ill, 1892.) .n-. , . ,.J
''Association dé 'la maladie de Thomsen avec une "affeclioiic de là
moelle. Exagération persistante du tbnu ? ata : xie, affaiblisseme'nt'des .
membres inférieurs avec anesthésie partiel[6. le P : 'K ''1';
' b,,1 ,l' ito^1 Il....I1 : Ut (Il lu uJ j[lM"f ? 1'1' «orr··rr,ado ,\J)(¡¡) ¡'3; hJ
'4 t1. h ? n p ? ... i'\ tilV rrs ·' 1, ,i ,nn
XIX. Paramyoclonus multiplex héréditaire; par, le, Dr, R. GUCCL1
J ? (7 ? ? sp ? t/'t-e) ? fasc.III-lV,1892.) ? ? ? J.
' l ". " (Riv. sp. di (l'cn., filse. III-IV, 1892.), J ¡'P "Il ,"q
t"Q"1 ? ..LjJf ? . ir . r i.. w,·t -ni' -1 n ' 1 J jj 'f '1 '11°
Observation généalogique 'd'une famille'dans laquelle'sè sont
transmis 'pendant'trois. générations deux^ états' morbides, 'para-
myoclonus et- folie ? ayant'de plus revêtubcértaines particularités''
semblables; 'le paramyoclonus^ a' suivi 'chez tous lies individus'
atteints la même marche, s'étendant de la même' manière ;et'les'
désordres' psychiques,' chez 'trois* membres de cette famille, ont
présenté de grandes' ressemblances sinon de' degré," au'moins'de;
forme.L'auteur présente 1 ensuite des considérations^ l'appui du
diagnostic paramyoclonus et à l'exclusion de; celui de. chorée ' de1
Hutinglon, tout en -considérant' ces deux' affections comme très' t
voisines au fond, bien que d'aspect clinique un'peu" différent ?
toute la différence se bornant'peut-être'à une extension ou à une
intensité plus ou moins grande de l'état morbide.' Sou observation5
dans laquelle à côté des troubles moteurs caractéristiques du para ?
myoclonus se manifestent des désordres mentaux, queul'on ren-
contre plus habituellement 'dans' la chorée' chronique' progressive-
lui semble établir comme 'un trait d'union entre 'ces deux"myo-"
clonies.) y 1 ' ' i ? >- 1 ''f" J : Séglas. ? ? ' 1
v· 1 l.y,·r «1 t j" fspd . » ' il \,... ..., , W ·.1 '" 1 tr ? ." t fil 1
XA.'DEUS cas d'ataxie'locomotrice"avec maladie DES jointures DE
CHaRCOT; par Henry DAVY et Arthur G.' Blomfield. (B/'M<oM : ed ! co ? '
Chirurgical Journal, décembre 1892; n° 38 : ) ? ' "f '11 " 'J.I ?
. ici, je 9 .1. ' ? t 1" >, 1 . ' W ·5. > '. M 1
, Dans la première observation qui appartient au Dr Davy, il s'agit ,
d'un homme de cinquante-trois ans, qui fait remonter l'origine de
ses antécédents à trois ans, époque où il, eut une attaque de astro-,r ¡I
entérite. Depuis cette époque il présenta des'douleurs en ceinture .
qui n'ont fait qu'augmenter. Il présente des antécédents syphiliti-
ques très nets. Le patient, déclara à l'entrée, qu'il, venait pour se p
faire opérer d'un genou. Lorsque le patient est assis, le genou
.revue DE pathologie NERVEUSE. 141
1 ! 1t"'\ J t /jj.i/ 0l') iw ? ·1 ? 1 1 1 >IV ,f .1-.
dans son entier se trouve tendu et augmenté de volume avec aug-
mentation'du'liquide 'a'rticulaire'Lorsquil s'essaye a marcher/ce
qu'Usait avec une béquille" il se pivdùit4ûne lirâatiô'Jidü'fémûr,`et
du tibia"' La' ligne' du ' fémur 'n'est' plus normale, ,et le condyle
externe semble détruit' en 'totalité ou en partie, permettant la,
tête dû tibia' de 'prendre1' sa/'place comme dans un" cas de genu
vaigum accentué. Pas de douleur; le genou droit est intact. '
Le malade présente des symptômes de tabes tels que : ataxie et
incordin'ation; altérations de la parole'`et de l'intelligence ;'aboli-
tion des rétlexès ? otuliens; il y a degré 'd'anesthésie des membres
inférieurs; crises, , de,, vessie, sous forme intermittente de crises,de
rétention, ,9l p ? ôt 'd'\9,con,t¡nece. Les pupilles sont un peu rétrac-
tées, iliégl,llës; et réagissI ? 11 : l à)a ? 1¡re ou à l'accommodation. !
La seconde observation appartient au Dr Blomfield. Son malade,
âgé de quarante-huit ans, avait passé vingt et un ans dans l'armée.
Il âvingt=six ? aris' il'rëçut`'nn coup'de lance dans la' poitrine. Il
eût, il y a quatre'ans', une paralysie faciale due au froid. Pas de ren-
seignements précis au sujet-dellasypliiiis. m, ? m 'J.),J¡'" l'j ? i,"
C'est il y, a ( seuleJllent,.1lUjt ,mois. quï ressentit, ries- premières
atteintes,de son, mal. 11 avait de la difficulté à marcher et une fai-i
blesse dans la jambe gauche, quatre mois avant son entrée il tomba
.en,essayant,demouter sur. un omnibus, et. depuis cette* époque, il
remarqua que son genou¡droitLdevenait malade, et gonflait. Il fut-
traité par,,la suspension, élises douleurs fulgurantes disparurent à la
suite.,A l'admission on constata une augmentation très notable du'
genou /droit, et une. légère .augmentation du genou gauche. L'en-
flure n'était pas douloureuse ! et paraissait la même que dans l'ob-
servation précédente.;La luxation différait, osj 1 h 'i u 5" z
.11 paraissait y. avoir plutôt du ramollissement que de.la destruc-
tion.,Le tibia était déplacé en arrière comme dans un casid'hyper-
extension ? Qn},p,.o11QhnI" ? ,JII ! O ? lrt", IJ GJtJ ", 1 ¡j. ! Jlll'i <1' ! 11
Les auteurs font suivre leurs observations des réflexions résumées
que nous donnons ici. Ilest bien-connu que les cas de cette espèce
sont.souvent confondues avec des 1 affections. arlÏculaires nécessitant
l'amputation ou la résection. C'est surtout le cas de ceux qui s'ac-
.compactent de symptômes nerveux légers. Comme M. Charcot l'a
dit, l'arthropathie. est.1 un symptôme précoce de, l'ataxie locomo-
trice.,Il insiste sur,l'absence,de douleur et d'inflammation, qui con-
stitue un caractère important de ces arthropathies tabétiques
Deux cas semblables ont été rapportés parle Dr James Murphy
dans le B¡'it.'1ÍiedJ JOll1'n : ' de '1886,' vol. ' II; p.1 '4G8.r` Or; ceux' qui
voûdraient'mettre ces-arlliropathies sur'le compte' de la'1 syphilis, ''
les' auteurs font remarquer que si; dans le premier cas, la ? spécificité
est certaine,'1 elle est'absolument'douteuse dans le second.' r '
, Vir't'how'préte'nd" que l'affection ''articulaire' que l'on' r rèllêontre . "
par hasard' chez un'sujet tabétique, est uneVarthropalhie particu-1'
IIO4l9 si .1n"i1 Jr drl31x.lj Ni JI li ? JJll9 ? fm Il', . ? 1 ' 'l'" t
'142 'ÍiÈ'"ÚÍ1fTDE PATHOLOGIE NERVEUSE. ,
lièrel,dif[6rdnté' de toutes des'autres' maladies^des'jointures^'Il
'croit' que11 toutes ! les. 'causes3 mécaniques' ou' ! thermiques" suffisent
'pour' expliquer l'affection ? Dans son'opinion, une large'proportion
''dès'- cas 'prétendus ttabétiques ? sont"d'origine1 syphilitiques ? et il
n'est' pas-' douteux que le rhumatisme déformant' est l'affection à
laquelle on doit le plus souvent croire.. Dans da 'description des
affections syphilitiques, des, jointures, donnée par Brkeley"H,i ! r,et
Arthur Copwer dâns léûr ôuvragë sür.tlà,s3'philis, iL n'est' point.fait
mention des luxations non douloureuses et étendues si caractérisez
tiques de l'affection dans,lettabes, même à la période tertiaire, et
l'articulation est décrite comme fixée, coiitracturée. ouvres, limitée
dans ses mouvements. Il y a,souvent élévation de la température
-comme l'a,indiqué le Dr,DuUeii-. (Clin. TraMSftct., 1869, p : 81.) J.,D. ? t ? I ,L À · : Jl1'Í'w t ,a ? a qdô. , ,c.r`t ? u f,
XXI. DE l'aphasie dans la paralysie générale ; par B. 1SCIIEB.
. : '«ni ' ! ,fI' (AU. Zeitsch. f. Pschiut., XLIX,,f "2.) ? ,1 Hr4 fi`
r ',t t tAa,, \.1\ ,.) w ? y V dq 1 ,... -... 1 ? t'I .
Observation caractérisée par : 1° survivance' et'longue durée de
-l'aphasie dans la. paralysie générale, sans accidents paralytiques
-du côté des extrémités, sans hémianopsie, sans attaques' apoplecti-
formes préalables; V-2° mode de l'aphasie correspondant, d'après
.le schéma de,Wernicke, à une' lésion, des, voies, sensorielles trans-
- corticales et motrices, ou d'après Moelé,,à une lésion, des icentrés
des images d'articulation .verbale. On pourrait aussi penser à [une
lésion des faisceaux qui joignent les centres des images d'articula-
tion verbale avec le centre de la notion, de l'idée ? 3" lési6n''c6n-
sistant en une inflammation interstitielle chronique très avancée
- mais 'peu étendue; ? 4° dégénérescence secondai re" du ic6rpsr'g"e-
nouillé interne.' 1 -.rD '- »"'» ? n- , . ? "* i " P. KERAVAL.'I.
- - - ,W ? 1 : : ICi.^ ' 91 ? <.1'rI ? 1 1'ar t ii."i ii t ir"i j J
,ldXf \.\'1"4\ < ...... ? ,
XXII. Remarques sur LES formes DE la chorée chronique ? OBSER-
- jVAT101\S DE, DEUX FAMILLES DE LA'FORME HÉRÉDITAIRE AVEC UNE AU-
; 1. topsie; (,. par f, William, Osler, 0.-D..(T/tejIoMmao ? e ! u'OMSaM
, Mental Diseuse, février 1893.) ? ' ' l. Fflr ? ? ¡ ,- > i 1 1 Ii 1 f 1/ .. ? J' - , r : .¡ I Ii ? : 'I/-It -r J
').u J f. 1 . ,,¡'. ? r r .. . Po 1 ? chronique :
L'auteur divise en quatre les 'form 's 'de" la 'elloré6 chronique, : ' :
1° chorée chronique* des enfants'' apparaissant' à la naissance' ou
dans'1 les deux où' trois' 'premières^ années,1* °1 'chorée' chronique
sans; hérédité manifeste* pouvant apparaître' d'` n'importe» quelle ? -Il, LI " .. >'L' g
'période ' de' la vie ; 3° la .chorée d'Hûntington' caractérisée
par* l'hérédité," l'apparition5 tardive ? les'troubles psychiques' et la
pr 'ere i ? appariLioii tard ' ' ti·ôûbles psyhiques et la
marche progressive 'et fatale; 4° les cas' de chorée minora aspect
chronique pouvant persister pendant t des" mois;1' voire'même des
années, mais se terminant toujours 'par`la guerispd. L'auteur pu-
blié ênsuÏle" deu ? ['(ohsehatiàn5' dè chorée1 d'il untingtdnl remarqua-
bles''par l'hérédité dans les deux cas; une- de' ces -observations
,REVUE¡DE PATHOLOGIE NERVEUSE. il 43
contientle résultat de d'autopsie,, ou il"p'Yl a guère à signaler que
Xathé[ome.¡L'auteur .entre.1 ensuite, dans quelques considérations
sur la différence.des. symptômes dans la chorée chronique, pro-
,gressive,et lés autres chorées, différences qui en; font,riettem'e31t
;une malâdiedistinçte. y>)1 a 3lu an;tuJ 13C.^ . , ? ah '1" Iqi ? - ,¡, . , f(I'wff0 2tiEq ';J' llun art . t.9. r ? I-
1"XX111. La peptonurie chez1, les paralytiques '; ! par le Dr Fronda ?
ob, ' '(Il'niâl21cornzo,'fasèu·ITq8rJ.),L " '7r[fI J,'Fr ? J"1.
) a 9lllrf;9Jf' t*1 292"D3L ? ,(1 non au. J ? lI ! a h ni°11'L
Il résulte'des recherches 4expérimentales faites par l'auteur que
-la'peptomurie'se rencontre chez tous 'les paralytiques généraux,
`mais pas toujours constamment." L'absence de peptomurie ne doit
'donc pas faire'exclure le diagnostic de' folié paralytique, ai moins
d'examens répétés de l'urine. J. SÉGLAS.
,¡;>fHj¡A .8 vst, ¡ ,U ? l1dO Ji'.iAfl^'i t.z aat,6 3 : I2J' ! f'11 j ? û ,riz
XXIV. CONTRIBUTION A''LA connaissance .'de. la maladie DE Thomsen
1 (MYOTONIE congénitale) ; par A. FRÛS. (Neuroloq. Centralbl., 1892.)
b v wti iU-'I. ? j jji;J-.vi'i' J. 'm<; -t"i na ,J : 'lb', -'t .1'... : .0 rI l'
° "'1'rôis ôbsertvatio31s. L'observation^III est partieuiièrement inté-
'rêssante, car'la maladie est observée immédiatement après la nais-
rsâüce.. ït`Sirle`s sÿmpt81nes'n'on £ pâs le 'développement voulu, il
'n'en est'pas'moins' certain' que le, diagnostic est indéniable à rai-
l''son : < de"l'hypertl'ophie musculaire, ''surtout' aux 'extrémités infé-
`rieures`'=' et3dü'trouble-myotoniqué"du mouvement, notamment
- da.ns les'mlisèlës des euâ ? ' 11'¡ ? "1/" ".= ? p.K : .i'' >' ? tu.. '1, ').. } "- `fc J,r',J{' ! 1 'Ift 9'l"lfi ? nf 19'6' : i}'l ? l» i
M ? ln.f J3 ,;C) 4P' tirlwir r J d'1r,trfa'I),f-pl JrpiIBlttq'bitrt) 9tm 1 (fI f-
=XXV.1VIANIi : RE D'ÊTRE de. la résistance- du CORPS A L'EGARD DE L'ÉLEC-
tricité, galvanique dans la SCLÉRODERMIE (SCLÉRÊME des^adultes) ;
par A. f.ULENBURG. - 1DE)I, dans l'éléphantiasis ; par W. Pas- ? ciiELES. (Neurol. Centralbl., 1892.) 8.K.1 , ? (jP rr ·r rr T
-a ? "6«v ' -' rl1via.' ? .tu r.^,iou a ? 1 ¡rup p'o{ 1;J 7N " ? ?
H Il s'agit dans l'observalion 'd'Eulènburg 1 d'une dame de'trente-
, trois'\â'ns : V-Orl"étiidi 1 ia""l : ésisikrire. en' question 'comparativement
sur les endroits sciérêmateux et les endroits sains;' et'sur une per-
. sonne saine. Dans les^ régions sclérêmateuses, (paume et dos des
j, mains, face antérieure ,et do'salér1'd.é ? deux tiers antérieurs de
-, l'avant-bras), les minima relatifs de, résistance fournissent dès nom-
n bres radicalement plus élevés que^dans les mêmes régions de la
«personne saine., Dans les endroits moins, atteints, et dans ceux qui
j,, ont jusqu'alors été épargnés', les différences sont bien plus faibles,
l.très peu. notables ; par. places,' la peau encore intacte'présente une
; résistance un peu moindre ? Chez, les deux, malades'de Pscees
. 1 augmentation de la résistance,, comparée à celle.a une personne
..saine ne présentait suivant cet auteur rien de pathologique. ' ,,
*- , ti . -' il"J fi'i'l'urtSKl x ? ou n ? ()'
1 ? di' ';U" ...f : ¡ ¿ ? ? h." .J o1...I.J I rf;1"`I,je 1 P. K'I.T
144 REVUE DE PATHOLOGIE nerveuse.
, Il ? , . I ' .1. t ,
XXVI. Du symptôme de DE GRAÆFE dans la' maladie de rBASEDOW
...I;,#t- e .,
par L. BRUNS. (Neurol. Cetiwlbl.; 1892.)
. i i 'T )l î .") o " ' ' . ».
La paupière supérieure ne suit pas l'abaissement du plan du
regard, mais elle suit le mouvement du globe de l'oeil quand il
s'élève. En somme la paupière supérieure ne suit pas l'abaisse-
ment du globe de l'oeil. Ce n'est donc pas, comme le disent les
auteurs, un défaut de coordination entre les mouvements du
globe oculaire et ceux de la paupière supérieure puisque la pau-
pière s'élève quand le globe s'élève. Deux observations à l'appui.
Moebius, a raison quand il attribue ce symptôme à l'effort que
fait le malade pour ouvrir l'oeil. ' 1 1 P. le " ·
XXVI.. CUR £ E CONGÉNITALE; INCAPACITÉ DE COORDONNER LES FONCTIONS 1
XXVIL Chorée congénitale; INCAPACITE@DE coordonner les fonctions
des membres ou delà parole; absence d'intelligence. - Cuaniec-
tomie linéaire ; par Wymann. (The Med. Times and Register, '
1" octobre 1892, p.,391.) .
Il s'agit d'un enfant, âgé de quatre aus,i qui n'avait jamais pu z
marcher, avait des mouvements choréiques constants et étaitgâteux.
Pas d'épilepsie..Incapable d'apprendre. Mouvements continuels des .
yeux. Il ne prenait de nourriture que si on lui en donnait, et était J
incapable de manger seul. On requit l'assistance constante d'une
infirmière. L'affection datait de la naissance.Le médecin, qui avait.
soigné l'enfant, attribuait cette défectuosité à la compression du
cerveau par le forceps à la naissance. Les mensurations de la
tête démontraient un manque de développement et un défaut de i
symétrie dans la forme générale de la tête. On conseilla la craniec-t
tomie linéaire comme le seul moyen qui pût procurer un soulage-
ment. On fil une incision partant de l'éminence frontale gauche àt
la protubérance occipitale. On, sépara, le cuir chevelu, on soulevai 1
le périoste, et une bande d'os d'un demi-pouce de longueur fut' `
enlevée du crâne, partant de la bosse frontale jusqu'à un pouce de\
la protubérance occipitale. On ramena le périoste sur cette ouver-
ture, on replaça le cuir chevelu, et on sutura. Pansement antisep--
tique. La guérison de la plaie se fit bien et les amis pensent
aujourd'hui qu'il y a amélioration de la chorée. Depuis l'opéra-
tion, qui fut faite il y a trois semaines, il's'est produit une amé-
lioration marquée dans l'état général du malade. 11 est naturelle;- . 1
ment trop tôt pour se prononcer au sujet des améliorations qui
pourront se produire à l'égard des fonctions du cerveau, mais, il
est une chose certaine c'est que l'ouverture qui avait au début de.
l'opération un demi-pouce de largeur, a atteint trois quarts' de
pouce et que ceci est la largeur apparente de la fissure qui existe
aujourd'hui sur le crâne au-dessous du cuir chevelu réuni. A tra-
vers cette fissure il est facile de percevoir les pulsations du cerveau.
.. . l `r > > ` s lxf 1
REVUE 'DE -PATHOLOGIE -NERVEUSE.- 145
' XXVIII.(1Un,cas d'anurie hystérique;, par IIOLST. (Ceiitralbl. f ? z
" t' Ne1'vel ? ei{f¡, N ')"" III, 89,2..), ), 1 , ; ,
Durée : 17 jours. Etude absente au point de vue de l'état de la
physiologie de la nutrition. ' ' ''J'1'" 'P. K. '
¡ ri : ' Il e o ? n Uh 119ft1·,7mln . . 1fj, c I ? 1 11 '
(' )l ? q ! ..if ? (..41 ? 0;. a'T ? ( ! f"I ? d' ni QfT"( '10 : ;) 1 1 ...
XXIX. DES DIVERSES FORMES D'AGRAPHIEET'EN PARTICUL ! ER DE L'AGRAPHIE
XXIX. DE31DIVBRSESPORnIESID'AGRAPHIG ET en ;A ! \TI,CULI,ER,DE L AGRAPHIE
d'origine sensorielle; par le DI', Paul Sérieux. (Bulletin de Soc.
'' de niéd ? mëi¡t;"de' Belgique, 1892'.)' ? II ? Il' ¡ ? , ¡ " ' ><
"1J ? v {IPtj111 4 ? ? .yJ t'})"11'l}tt si , il i i : i-'Ihiii .. li
A l'autopsie de deux, femmes atteintes d'agraphie accompagnée
de cécité verbale, M. Sérieux a constaté qu'il n'existait pas d'alté-'
ration au niveau des circonvolutions motrices et en particulier au
niveau de la deuxième frontale; en revanche un foyer de ramol-
lissement très étendu sur l'un des cerveaux, plus limité sur l'autre,
avait tiré le lobule pariétal inférieur, de l'hémisphère gauche
(centre visuel cortical). ,f I . ., , , , ,
Ces deux observations paraissent démontrer la localisation du
centre de la mémoire visuelle des mots au niveau du lobule pa-
riétal inférieur gauche et en particulier au p)i'courbe'(Magnan) et
d'autre part la possibilité'de'troubles'très ; accusés de l'écriture
consécutivement à la destruction' des. images visuelles graphiques'
et sans altération des, régions psyho-rnoti-ices. 1 - , 1 ,
' Il s'agit donc, dans,ces cas, d'une agraphie d'origine sensorielle,*
caractérisée' au point de vue clinique par la perte de'tous les modes'
de l'écriture et par la coexistence de«cécité verbale, au point de
vue anatomique par l'absence) de (lésion intéressant les, çirconvo--
lutions'' motrices, le, centre visuel verbale étant seul ,détruit. La
possibilité de la perte de l'écriture, en, dehors de toute lésion des
frontales, se comprend facilement si l'on admet, avec Wernicke et
Dejerine, que l'acte d'écrire est subordonné à la vision mentale et
consiste avant tout dans l'acte de, copier les images optiques des)
lettres et des mots.- Que celles-ci disparaissent. par destruction du.
pli courbe et l'agraphie se produit.- · Li,- . G. D.
., , i . j . · ? 1 , ,
XXX. Hémiplégie cérébrale spasmodique avec imbécillité ; par
·LItONCELLI ET VENTRA. (Il manicomio, fasc. 2-3, 1892.) <
Rapport médico-légal pour interdiction) ,/ ' " ' ,
' r" ' ' ' ' ? ' i '
XXXI. Contribution ..... LA question DE la surdité verbale ; par SCARANO`. ? (llmtcnivlnio; fasc. -3, 489; )` , , " ·
XXXII. DES troubles 'fonctionnels dans LE domaine DU facial ET de
L'IIYPOLOSSE,"EN particulier dans les hémiplégies fonctionnelles;
" par W.KOENiG.'(ctH'o.CeH<)-a<., 1892.) " ,
1 . '1 . .. ,
Huit observations. - Conclusions : 1° Rare est la parésie du facial,
Archives, t. XXVI. 10
146 REVUE , DE, p ! JI91<o. ? ! ¥ ? NVU ?
ou du facial avec l'hypoglosse, pure, sans cause, exclusivement fonc-
tiànn"el1essaÍls "spasllles,' iJOtamment d'origine hystérique : '= 2° Un'
peu plus fréquente paraît-elle être quand elle' accompagne certains
états spasmodiquesdes divers muscles siégeant du côté opposé à celui
qu'elle occupe. Ces phénomènes convulsifs .doivent d'ailleurs faire
.1 ' ' * ..." fi, Il. fl , i - 1, « .1
suspecter, l'autonomie dela paresie, car. la paresie véritable s ac-
compagne de parésiêjdes muscles dû,côté coréespoydant ? 3°,L'ô i
pinion, de Charcot d'après^ laquelle la paresie faciale hystérique est
peU|intense et s'accompagne^ de troubles de, la sensibilité, est con-
firmée,par nos observations. Peut-être faut-il y joindre ce trois
sième caractère, qu'à l'état de, repos'la^ paresie est extrêmement
accentuée. , ,4° Dans,l'liémispasme glossô-labial, le syndrome dé
Brissaud et. Marie ii'est'pas 1 invinciblénient,'fatale me rit,' aussi net
que le veulent ces auteurs. Ainsi il peut arriver crue, la langue ne
que le veulent ces auteurs. Ainsi 1 peut arriver que. la langue ne
dévie pas du côté du spasme. Le diagnostic du spasme lingual
trouve dans l'impossibilité pour le mode de ramener la langue
déviée sur la ligne médiane un élément plus important que dans
les déviations de la'pointe de la langue eà'pleinë' cavité buccale,
que dans les mouvements spontanés de la langue, que 'dans la
direction delà déviation lorsque le malade, tire la langue, hors de
la bouche : - 5° Les spasmes qui se manifestent, notamment à
l'occasion des mouvements voulus, dans les muscles, du ^cou, et de
l'épaule du côté non paralysé, constituent un symptôme remar-
quable ; il fera peut-être pencher la balance en faveur de l'idée
d'une affection fonctionnelle quand le diagnostic hésite entre une
hémiplégie organique et une hémiplégie sans lésions. ,1
' . P. Keraval. 'J
r i '.<-,, , , (1 11- i .
XXXIII. UN cas D'HÉTÉROTOPIE de la moelle CHEZ un paralytique, t
' général; par B. Feist. (Neurol. Centralbl., 1892.) . il i
Mémoire très détaillé avec dessins. L'analyse ne peut suppléer
à la lecture et à l'examen' des planches. ' ' ' P. K. ! - 1 1 l . / " ,
XXXIV. Un cas de paralysie faciale congénitale; par F. Schultze.
, (Neurol. Centrnlbl., 1892.) .. -1. '" .
Paralysie' périphérique du facial gauche avec disparition -de
l'excitabilité électrique, mais le nystagmus léger^ pas plus, que
la toute petite déviation de la langue, concomitants ne sauraient
être rattachés à des lésions périphériques. Il y a lieu d'admettre
une lésion des fibres pupillaires de t'oculo-motéur commun gauche. -.
Le siège et la cause de la lésion restent' 'obscurs. Il 'a lieu'de e
penser à un arrêt de développement du noyau du facial du côté
gauche, peut-être ne s'agit-il aussi que d'un trouble dans le'déve-
loppement d'un noyau isolé de ce nerf le centre en étant demeuré
intact. ' l,r 1 . ! - - - p. K. , '1..11
RË'iÙÊ7DE-r P ÃTHOLOGIE C NERVEUSE' 1471
,¡no1 IWHflAVroul1}X8 ,9¿1J,t¡'. ? np 9'TIIQ .6< ? oboq ¡,r'/ twe Il ? 11'' ! If. nit
XXXV; Contribution A la pymptomatologiede la maladie DE BASSEDO N ;'
- 'O'b ? "'Opal; E.7'A. HOMEN. (Neurol. Centralbl., 1892.) ? -If 1 fQ'1.
tI"...) , .11111 '4lll hi t>......"f.Oj ? J>' ! fI' 1 ' 1 f .11 'd ' ?
''Observation'.1 Une femme' appartenant à une famille' de car'-%
diaq'ueSj'et'de névropathes présente' les1 signes r dé la maladie dé
Basedo"les']'p]us"éaràclél'istiqù't3s"âvec;1 de temps" à' autre,' des
troubles ne'rveu'x' : 'parésie'. Óú'pa'ràparésiés7 n'on hystériques, pares-
thésies} lourdeur' et' eiiçôiirdissemént"da.ns''les 'jambes, détente
subite des renoux et danger'de précipitation;'accidents physiques
du"rhuruatisme'articu]aire aussi brusques 'et' aussi aigus'qu'inter-
mitténts'el'passâgers. Autres' symptômes fièvre; tremblement pat-
¡ : Ïébrâ¡"m'èlÚ; t7thmiqué ? parfois' interrompu ¡ pal' de fortes conr
vulsions oü une.,pausé coûrte, 'iristantanée;' à la fei'meture ' des
paupières.' Ce tremblement palpébral n'a fait 'défaut que ! chez deux
malade sur 13 'observations de l'auteur ? '6<1 - ' ? P. K.' "
.. -t l >' '1 J.)j,1'.r1 qr ? 0 ''11 9' 1JIOt' il, il " x-'iiili ;; "l. 1 , ,i ? "» '<><( ? tnt un . 1 n,tl1 ? .. .- , Ir
XXXVI. L'attaque hystérique D'APHASIE ET la simulation ; par
\ , P. L.DaIaE(Cent ? oilbl. f. Ncrvénheilk ? N,r.,·III, 189.) ..[1' z
`lltolière-â`bien vu'un'cas authentique de mutisme hystérique
lorsqu'il ''décrivait ' si parfaitement'la* maladie de Lucinde.Obser-
vation àl'appui ? "' ' t ,W.iLf'J erfly·t1, ,1 <» f1 i P. K. z
> i-no'. '' {J(P I.J 1\, n ir.,71 il ' , r ,1 \ ,[/ ? m , \1
XXXVII. Paralysie spinale syphilitique (type-Erb) ; par MUCHIN et P :
K09ALENSrY. (CeH<)'6< ? JVer);e ? ! /tet ? N.'F., 111, 1892.) .
. \1 \ t . 1'(1\ ? 1. -'t ? , : I
Huit- observations courtes. Traitement antisyphilitique sous di-
verses formes. Bonne alimentation; vie régulière; galvanisation
vertébrale' (séance de 3"'à à minutes par jour à l'aide de 2 à 3 mil-
liampères). Suspension' de Illotschuthowshy : .. P. K.
XXXVIII. Contribution a L'AKINESIA ALGERA; parW. KOENIG,
(Centmlbl. f. Ne¡'venheilk., N. F., III, 189.) ,
C'est l'akinésie douloureuse de Moebius (Deutsche Zeitschr.
f. Nel'venheilk., 1), caractérisée par impotence et douleurs sans
cause saisissable. Elle survient chez des personnes apparte-
nant à une famille névropathe ou déséquilibrée, à la suite de
surexcitations ; la faiblesse nerveuse ouvre la scène, puis les
mouvements déterminent des tensions douloureuses, finale-
ment la plupart d'entre eux sont douloureux. Tantôt, la dou-
leur accompagne le mouvement, tantôt elle le suit et se
montre non pas seulement dans la partie en mouvement,
mais.en d'autres parties du corps. Si bien que les malades,
dans leur impotence absolue, ressemblent à des paralytiques.
148 REVUE, DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
Cet état peut subsiste^ très longtemps. En) même temps, on
constate les signes de la neurasthénie : insomnie-. mélancolie
incapacité de travailt'intellectuel'' "obtusion1 et sensation
de pression céphaliq'ue1 'sensations pénibles dans le dos : Pas
d'hystérie. L'issue n'en'est pas' connue;' il'est à'supposr 'que
la guérison est impossible, mais il' existe une observation' dans
laquelle il y avait maladie mentale concomitante. Ressem-
blance avec l'atrémie de-Neftel qui, pour ce dernier auteur,
est de la folie hypochondriaque 1. L'akinésie serait à peu près
à l'akinésie douloureuse, ce que l'astasie - atasie est à la para-
plégiéhÿstériqúl1 ,r]I,ItI`II]j'j' [ 2(1 8 J'l : ¡ : J
Observation. Femme de quarante-huit ans atteinte de folie
systématique chronique, pas d'hérédité; hypochondrie organisée
en délire. Tout à coup, sans hyperthermie, sans accélération du
pouls/ douleurs intenses 'localisées'' aux muscles, augmentant à*
l'occasion 'des mouvements, et,' de' temps' à' autre,' à tel point'que
la malade ne peuf'plus'se -mouvoir.' Troubles intermittents de' la
sensibilité cutanée, du goût, de l'odorat, de, la vue,, de la parole ;
phénomènes çonvulsifs pouvant aussi être, produits par' des eai-
tants, mécaniques. Peu de sommeil. Appétit, passable. Pas de
troubles dans les organes internes. Pas de modifications, de l'excita-
bilité éleclrique ; pas de fièvre, pas d'eedème, pas de diminution de
poids. Thérapeutique impuissante. Et cependant il se produit une
amélioration graduelle qui ne va point toutefois jusqu'à ta guérison.
Intégrité des muscles, surtout si ,1'on considère l'état satisfaisant,
de la nutrition chez,une personne immobile depuis plus d'un an.
' , , , , . , "P. KERAVAL. ' ,1,
i i - . lin 1 j 1 1,1 .,
' 1 , 1 H ! If ! 'i f '< 1 i '+
XXXIX. Attaques DE léthargie ET suggestion hypnotique; par HITZIG.
· (B¡'ain, 1-11, 1893, p. 203.) , . ..1
. ? V i . - l
11 s'agit d'un campagnard de vingt ans qui, à la suite d'un trau-
matisme du bras, présenta au bout d'une douzaine de jours un état
d'excitation, avec douleur de tête intense, élévation de tempéra-
ture à 39° et enfin une période de sommeil. A, la suite du som-
meil une forte céphalée persiste, il y a une faiblesse générale, puis
les forces reviennent vite, le poids du corps qui avait diminué
augmente, grâce à, un fort appétit. Cette attaque dé sommeil avec
les mêmes caractères revient tous les sept à treize jours et'durait
chaque fois de trente-quatre à quarante heures. (' " ^
Par la suggestion hypnotiquel'auleur parvint à supprimer les
attaques de sommeil, mais non'les prodromes. Aussi- conclut-il,
attaques de '1 n ? nl ? P,f.dr. ? m.sj,i ? HssiSg ! J811t ? i
. il 1 ... Il t l ' -j ' 1.1. b1 Y4'I J.
' ' Voy. Archives de Neurologie, Revues analytiques. 1 1 ? 1 ' lA) ?
REVUE% DE pathologie MENTALE.7 149
très justement quel par l'hypnotisme ont peut supprimer certains
symptômes ¡hystériques, mais "qu'on T ne guérit pas l'hystérie elle->
même. Il se rattache complètement à la doctrine de 1\1.1 Charcot et
considère ces(attaques de sommeil , comme faisant partie de.l'at-,
taque de grande h'ystrie. ¡Il a constaté d'autre part les modifica-
tions de l'urine décrites par MM. Gilles de la Tournette et Catheli-i
néit. ' ' ' ' <. t ? .t.. P. S.
neau. '1 tmtf m-i t 'F r,, 'I' fui i j ' P. S. £
tf ;.I i tttt trli ., 110"' H ! 'f r., Irl (11' 1 j 1. ' ' E
K , 1 1 1 1, 011 ? , . If I ' . m U ( .( 1 1 , . 9
i ? 1 1n·, , ? 1 'r· 1 1 , 1 5· ^;1, ' , 1 - 1 1
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE, ,1
t'bnon t l'¡ ? t Il' ? 1 r 1lnl"' ri j1"'lI (n ? f1 Í- ,(l'I(I') f . ri r
I., CRANIECTOMIE LI"\IIl ? leçon clinique faite , à , l'hôpital du
,.conilà d'Arapahoe, les 9,,et 15 octobre,1891 ? par le Dr CLYTON
· PdR6TLL. (Médical Nezvs, 27 février 1892, p. 236.) ,
Le garçon sur.lequel on' doit opérer aujourd'hui présenté l'his-
toire suivante, tirée du livre du Dr Eskridge aux soins duquel il a
été confié depuis quatre semaines'. ? ' 'J ' ? , ? 111'.im'.t.» ? .il ... - . ? , . i
L. A..., âge de quatre ans en février dernier, commença à avoir
dès spasmés quand' il n'avait que deux jours, et'qui lui durèrent
quatre jours. Ensuite il eut la coqueluche pendant quatre mois. Il'
y a un an il commença' à tomber. 'Après les attaque spasmodiques
il'resta une semaine'sans'se lever. Ces attaques se produisaient à
une ou deux semaines d'intervalle. Il a six mois elles devinrent
plus graves et leur nombre augmenta, se produisant même deux et
trois fois par jour il aurait tombé sur le côté droit de la face, et sa
mère pense que la jambe, gauche était affectée. Le Dr Chase prof
céda à l'examen des yeux. , ' e l 1 ,
Comme vous le voyez, l'enfant est bien venu et bien portant. La
seule chose anormale que nous constatons est que la' tête n'est pas
développée en proportion du corps. En d'autres termes, cet enfant
présente un état' connu sous' le nom de microcéplialie. 11 existe
deux théories concernant les débuts de' cette condition l'un,
qu'il y a ossification ' prématurée des'os 'du 'cI'l/ne \ empêchant de la
sorte le développement 'propre du cerveau;- l'autre, qu'il y a déve-
loppement' imparfait (du système nerveux central et que les os
crânienss partagent celte'condition, quelle'que soit la cause qui y
- donne lieu. - 1 ' .. " que soit la cause qui y ? aÍÍ : elo¡jgue fait la première opération pour la micocréphalie.
Le procédé consistait à enlever une bande étroite d'os du côté du
'crâne, faisant des os os crâniens deux ailes latérales qui pourraient
"se développer par l'extension même du cerveau. ' ;' :
l11w REVUE' DE PATHOLOGIE['MENTALE,
-' Il appela'cette opération c ? '< ! H ! ee<om : eKeen l'a suivieiet a.pro-
posé le nom'f'de l'craniotomie' linéaire', 1terme quoi je) considère
comme le meilleur'pour 'cette opération.'Lorsque lai terminaison
Wectomie » est jointe à'une'opération;' elle signifie qu'il y a ablation
complète de l'organe dont il' cst'parlé : 'Dans cette opération nous
'-n'essayons pas d'enlever le crâne; mais seulement de faire une inci-
'sion dans ce^crâne'et'd'en enlever une portion petite, de sorte que
'je crois que le terme craniotomie linéaireiest de beaucoup. le, meil-
'leur ici, puisqu'il signifie -.incision latérale sur le crâne. ,~,n ,.)-) ?
L'opération faite à l'origine ai subi des modifications dans deux
"cas par Wyetli et DIàcClintoch.lls enlevèrent une languette d'os d'an ici
'"côté ou^de l'autre de la ligne'médiane, prolongèrent l'incisio11,laté-
ralement à' chaque extrémité de cette incision longitudinale; et, de
,;plus, firent des'incisions"lillérales deilavligne moyenne vers, les
oreilles.' Us séparent'ensuite'les os avec force, laissant ainsi ,une
ouverture' béante'. Par rapport à la mortalité qui a3suivi l'opéra-
tion ainsi- poussée loin,' je' ne' crois pas qu'il'y,f ait justification à
faire une opération aussi étendue. ? i f, j'/ 1 n, , 1.' . 1 j
',1 Hors]ey croit que,' 1 à" cause, du 'développement imparfait du sys-
tème' nerveux', 'les enfants' sont' beaucoup 1 plus ¡;ujets aux ! chocs
qu'ils ne 'le seraient' normalement, et il opine, avec'raison, pour : une 'opératioÎ1 : simp]e telle qu'elle est proposée par, Lannelongue, et
qui est le Lpl'océdé' que nous'adopterons.j Je'pourrais, ajouter,que
pendant·le temps- que''cet'enfants est resté à, nlôpita] ? on, a J tout
"'essayé pour développer son inteHigenoe parti'éducation et qu'il a été
impossible d'ajouter à son vocabulaire le plus' simple. mot,, le nom
,,des objets les plus simplesnqu'on lui'ia montrés. t Eussions-nous
- trouvé possible 'de lui enseigner quelque, chose qu'il, eût 1étéj, plus
4,1 sage d'essayer cette méthode plutôt que.de-recourir à,des mesures
' ' aussi radicales que celles'que nous avons formulées. ,, 0(lV.. "IJ 1 ,
4'11 L'enfant a'été préparé avec soin pour l'opération. On a rasé son
"cuir chevelu' hier,' on l'a' frotté et lavé avec du savon. et dell'eau,
3 ' ensuite avec de l'éther,' et finalement avec une solution de bichlo-
S'rure 'de mercure au' 1/2. 000. 'La tête a été enveloppée, dans^une
' serviette saturée de cette solution,-et, comme vous pouvez, le, voir,
f est encore 'en 'place ? Nous. allo11s 'FenJever, et-mesurer le-crâne.
' ''L'éther'a été' employé ! comme anesthésique.et. l'enfant est actuel-
t' 'le-ment corrÍplètementrsousI son influence.,De l'inion.à.la, glabelle
il y a' '10 -pouces. 3/4.' Le diamètrerbipariétal. mesure^) poupes. ? La circonférence du' crâne-est de, 18 pouces ? 3/r.iVous allons ré-
- 111 péter TopératiÓIi. duilavagetdéjà pratiquée) hier..Nus( ll.9ns,en-
'J1.tourer'la' tête d'une}serviette. imbibée dévolution, chaude de, bi-
chlorure, et sous la tête nous placerons un vase de caoutchouc
'"rempli d'eau chaude.111111.11P' ç,, rbjt-jF, "1 gfjoy iL «>ïi«Jni>v £ 'i ii. I
IÏJ"4 M : Horsléy estime qu'il est possible, de cette, manière,, de dimi-
,If nuer la' commotion.' Un quart d'heurej auparavant, on lui.aEqmi-
: REVUE )DErPATHOLOGIE.MENTALE. (,15l
'nistré cinq gouttes : delteinture de noix..vomiques)et,un petit verre
fI'de whiskey pour donner plus de force au système nerveux. 'Port
ne'-Je fais une incision d'environ, trois quarts de,,pouce; à droite(de
''la ligne médiane/ commençant au bord : antérieur" de,s]a chevelure
" et s'étendant en arrière à un pouce environ de l'inion; nous n'avons
comparativement'- qu'une .faible' hémorrhagie, du ^ crâne, comme
9 vous allez le'voir, parce.que j'ai.pris la précaution de, comprimer
au préalable Tarière temporale.' Nous pinçons,les artères qui(sont
sectionnées,5 et,'vous'le voyez, il n'a été perdu qu'un, peu sang. Le
* périoste est maintenant-à découvert,, je vais, Yi faire une simple
n incision ? J'enlève périoste comme.je,l'ai fait pour le cuir chevelu
'et nous' pouvons' voir" maintenant les.os, crâniens. J'applique un
trépan de'trois quartside pouce-entre( l'éminence,, pariétale et la
'''suture sagittale.' J'enlève le bouton d'os,[-,et,, vous le voyez, je, n'ai
""pas lésé la dure-mère qui;git en dessous.,Cet os a, cela de particu-
lier qu'il est-plus mince que normalement, ,ne mesurant pas .plus
* d'un huitième' de pouce d'épaisseur, et il ne, présente pas de struc-
ture diploïque. Avec la pince deFKeen, j'élargis l'ouverture faite
- ? -par le trépan' en avant, en la faisant .terminer en pointe à un
^ quart de pouce de sonuextrémité antérieure, qui correspond , avec
11 l'incision 'faite sur le cuir chevelu, Je prolonge^ l'ouverture, en
arrière de la même-; manière, ? à"eniron,j unl pouce, et demi de
{¡ J'inion. Vous'' remarquerez..que l'incision- est.de forme, elliptique,
JII mesurant trois quarts i de pouce-àrsa partie, la plus large. et ter- ? 1 minée-en' pointelà chaque extrémité, et ayant environ six pouces
et demi t de longueur : q .i çl. e, r, ,ou Il, L '1 .¡- il
2x"'rLa'dûre=âlère'ést'bombée au fond de,la plaie et, est plutôt de
311 couleur 'sombre; avec une paire' de ciseaux j'enlève alors une por-
9 tiôrïr'dû périoste correspondante l'entaille de l'os. ,Je laverai la
plaie avec une "solution^' sublimée de z p. 3,000 pour, enlever les
nf fra-gme-nts'd'os qui.y Q6btLrestés. Je sèche ensuite légèrement avec
11,de\]"gâze;je 'saupoudre avec de' la poudre d'iodoforme et je vais
- (1 fermer la' plaie* opération que' nous 1 ferons 1 au moyen de sutures
9ù faites par intervalles avec de la soie : ¡ Je fais. ces sutures à,un demi
,If pouce'1' antérieurement, trois, quarts de pouce postérieurement.
'"Vous'remarquerez, que">je n'ai'pas préparé'- de j drains, mais si la
'1`' nécessité s'en faisait sentir, on drainerait la plaie entre les sutures
.)11 posLérieurement Nous'saupoudrerons) de nouveau le, cuir^ chevelu
^9 d'iodoforme et nous appliquerons un pansement antiseptique. ,
'WI L'enfant la 'bien 9 supporté) lanesthésique et paraît en bonnes
'"^conditions ? on va' maintenant le faire. coucher. Depuis, le commen-
- Id cément de l'administration' de l'anesthésique, il s'est écoulé trente
'JjJ<minutes ? b '1';11" au "UO ? ;].G ! \} ë1l0a si ? 1 r "JI.' · , j. , ,1
` J'ai l'avantage de vous présenter aujourd'hui l'enfant sur lequel
'1° nous''avons opéré il y ·a une'semaine et nous allons le panser pour
"m la"'première fois : 'Vous,remarquerez que l'enfant la physionomie
152 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. <»
plus éveillée qu'avant; l'opération et semble mieux comprendre ce,
qu'on lui dit. L'opinion de sa mère et des infirmières,,dui l'ont)
gardé est que son état mental s'est amélioré, il est moins agité et
moins nerveux qu'avant l'opération, s'assoit parfois pendant quel-
ques heures sur son'1lit ? aiÚ,sI;t'àve,c des livres dont il regarde
les images. Son état physique est excellent.1 A'sept heures de l'après-
midi dans laquelle il a jeté. ,, opéré, sa, température, atteignait
100° F. 10/B (= 37° 9). A partir de cette époque, tla température,
commença à baisser, devenant normale le lendemain matin. De ?
puis ce moment elle n'a jamais été au-dessus de, la normale. Il a
bien dormi et son appétit est on. Ï,, ri , l '. '.t,
Je vais maintenant enlever le pansement. Je découvre la plaie et
remarquez que nous avons réunion par première intention. Pas
d'inflammation ni de suppuration : ! \Ion' intention'n'était pas d'en-
lever les points de sutures avant"un jour ou^deux'; mais l'état de
l'enfant est si satisfaisant que je vais les enlever. Nous allons
maintenant imbiber le cuir chevelu avec la solution de sublimé, y
répandre' de l'i6dofdÏriie et' faire' notre pansement antiseptique'. '
Au^lieu de placer un 'bandage pour main lenir'ie'pansement en'
place, j'ai fait faire une calotte qui répond' bien 'mieux au but.' b l
Après avoir rappelé les cas de Keen,"de Gerster et Saclis; ceiui'de
Wyeth et Mac Clintock, 111.^' Clistow' Parhwell ajoute que dans un 4
cas opéré par lui, Morrison a noté une véritable amélioration.1' '
' Ilorsley a opéré deux malades en'Angleterre.'L'un mourut quel ?
qu'es jours après, d'un' 1 état f,'d'hyperpyrexie' : L'autre 'malade''
guérit et il y eut une amélioration' mentale très'marquée; Lanne-
longue a rapporté vingt-cinq' cas 'dont un seul' suivi' de'mort, et''
dans les autres cas survivants on a remarqué de l'amélioration.
Au dernier Congrès des chirurgiens d'Amérique, à Vasllinton;
le professeur Agnew, basant son opinion sur les, opérations faites
seulement à Philadelphie, déclara que le procédé employé n'ajou-
terait aucune 'gloire à la science chirurgicale. Prenant en consi-
dération le résultat de toutes les opérations.,qui ont été faites, je
ne puis être d'accord. même avec ce chirurgien distingué. Sur ces '
41 cas, 5 sont morts-et 36' ont été suivis d'amélioration'mentale à f
un degré plus ou moins élevé. Je doute que toutes"les méthodes
d'enseignement employées' puissent présenter 41'cas sur' lesquels'
36 se sont améliorés. a Mais, vous dites, 5 sont'morts : » Avec les'
méthodes .d'éducation, je' crois*'que';vous en trouverez'un'plus
grand nombre qui ne répondront pas à l'attente : Et'qui peut diref1
que pour ces petits êtres, qui n'offrent aucune possibilité de deve- "
loppement intellectuel, la mort n'est pas préférable à la vie ? ? V iq
L'opération est encore récente, et aucun de ces cas n'est resté ? 11
assez longtemps sous l'observation pour pouvoir juger oùatteindra"'
l'amélioration qu'on peut obteuir. Le cas que je vous ai montré ' 1
est, le premier, qui ait étéropéré dans l'Ouest et nous.ne,pouvons
REVUE' DE ' PATHOLOGIE7 MENTALE S1 1S3
espérer'qu'une chose, T c'est qu'il continuera à s'améliorer autant
qu'ir'promet de'le'faire : ' '... ? .' ? '' : ' ' RouTILn ? "P
JJ "1d' '("tt ? lIt i" '. ;"1 H 1ft' f,¡ ? (-} {Pli ? 1' ,1.· c " "* ' '
'QPT j 1- t'Il ? t , 1 1 .... < * , t 1., ' I 1 d, 1 \. .
II. Sur LE délire dans, l'influenza ; par le Dr C.LUGER. JI t
- ? ar. , , (Il manicomio fase. .. I, ri83. j , , i 1 ? 4" ,- .'
L'auteur rapporte 'quatre observations de délire dans l'influenza ;
il note que là température a' été pe'ii'élevée, chez ces malades et
insiste'par "suite 'sur'' ce fait quelle "déliré1 113' Peut' être sous la
dépendadee'd6'la fièvre, 'mais résulte "plutôt "d'une 'auto-intoxi-,
cation relevant de la maladie infectieuse.' ? J. Séglas. ?
t ..rl, (' "'1/U' ? t". ¡.c.rn'Y \1 't9'ti ? f < ? ff' It ' 'IF
ï f1 '\1 f&.¡ q ., JI(f t..I 1'C,IJ Id rr1l ? ...., r .7· ? If 1 Bld \ 'tfT' if
... III. Un cas d'idiotie crétinoïde; par, le D FRANCOTTE.I1' '1 J
.t i , (Bull. de ln Soc. de méd. menl. de l3clgique, 1832.) i '
'... '1 " 1... ? - r ,îj.*î ? - ·
Observation d'un, idiot, âgé de vingt ans, dont la taille ne mesu-
rait que 84 centimètres, et qui présentait la plupart des caractères
assignés par Bourneville ,à l'idiotie myxoedémateuse. On a constaté
l'absence de la glande thyroïde. - Pas d'autopsie. t. " ? , - .
.Admettant la théorie qui assigne àll*idiotie crétinoïde une ori-
gine thyroïdienne, l'auteur, suppose, sans apporter de faits , à
l'appui de, cette hypothèse, que le corps thyroïde a pour fonction
de neutraliser certains produits nuisibles de la désassimilation et que
le crétinisme, l'idiotie crétinoïde, la cachexie strumiprive sont le
résultat de la rétention de, ces produits par, suite de la suppression,
ou de la perturbation de la dépuration thyroïdienne.. r ,G. D.
,11111 ,( i", 1 11J1 Rr Il ( 1 t. 'Il,, ," ' , 1
IV. Des TROUBLES'DE'LA parole chez les aliénés; par O. 11LINKS.
.. ' r ' (Allg. Zeilsch. f.'Psyclr ? tYLIX', i, 2.) " l' ,
Il ' ? 'Il ')(,<Tq '11 f tf". . (I 1 ,
Étude critique desauteurs. Puis observations personnelles témoi-
gnant-des difficultés que le médecin.éprouve à caractériser les
troubles de la,parole et le diagnostic de l'état' mental lui-même.
Il y a évidemment trouble fonctionnel dans les centres qui enre-
gistrent les phonèmes »des mots; pauvreté dans la provision des
mots, contrastant avec les impulsions à parler, entée sur une confu-
sion mentale chronique... , t I .' 1" , I z . 'i· - '
ficulté à s'exprimer (c'était un acteur); 'il essaie de- la combattre
par ses gestes; paraphasique,'il trace dans le vide les mots qu'il ne
peut trouver,' désigne inexactement les couleurs;·lit et écrit incor-
rectement des : ! 1ombrest'mais écrit bien les-lettres et'les' mots,
copie, 'écrit sousi-la dictée, autaut"que le lui permet' son état'
nientai.tf Ir. HI, \ > >- , ' i *» f , n . ? Il '
. ;Enfin il s'agit d'un paralytique général à la dernière période'll
154 REVUE"DE ' '' PATHOLOGIE . ? 11ENTALE.
"rés'semblé'assëz a'un'animal privé' de ,cerveaur quant,aux,impres-
'sio'ns'sensofielles ? JJJtil&Jer ? ! iJ HlqWIHI Jiu;'Hio\ L,< ? (,,0, '), IÍI tf¡
1sio'ns"'sensofielles.vlJ-nini,j8fs «l nxp ? uu 1 t, - h
Les épileptiques aliénés sont atteints de troubles dans l'articula-
'tion, d'aphasie motrice, de dénûment dans leur provision de mots,
de perturbations dans la mémoire ekl'association des, conceptions,
' d'une obnubilation des facultés symboliques. La parole est, ralentie,
balbutiée, lourde;' hésitânte;tout à coup ils s'arrêtent, et ne se
souviennent plus des règles de. la, syntaxe. Ils, ont aussi de la ver-
bigération, des'accès déclamatoires et forment des néologismes.
'' Lés déments séniles ont, également moins de mots à leur. disposi-
tion, ils répètent fréquemment Iles propositions les plus simples,et
lés mots;' ilsl présentent une.verbigération très pauvre, de. même
que les malades en' état' de démence secondaire. Deux observations
avec exemples. llilf;nl ` .y G.1 - - 'tify tl 'IA1 nitn'1 1(Li ! bv . ,t ,1·,.i, f :
' Modèles des troubles de l'écriture des aliénés, des sourds-muets,
d'un malade devenu extrêmement myope (la vue, chez lui, ne peut
plus corriger les imperfections signalées plus haut).^ 1, uu 1-, ? -
`' ` Résumé de quelques- travaux, sur la parole des,.idiots (mémoire
'de Solfier) : L'auteur conclut que la symptomatologie,des psycho-
pathies ne se prêle ! pas à une'identification commune, J. P. h. s ? 1(lr 'b.5 Il r411 lt401" J ,1e-Q {;t.,tf d) 11;1 11J"J : ¡.l1q MU'15'rr ' t'1
, « "
V. De LA VARIABILITE DES CONCEPTIONS DELIRANTES ET J DE511ALLUCI-
NATIONS sensorielles ; par TH. 11LLE. (A llg. Zeitsch., Psych., XLIX,
" , ,1, '2.). '1', ' W) ? ? t'ucU ? 2es'1 r 1 ,i '1* 1/
1 j, ; ,{T ? I ij 4 o 11 ? I'fAW ' ¡(1111 Il lep f, '.vtr.y
Observation I. Délire fixe, le malade se croit Dieu; idées délirantes
subordonnées variant à l'infini, et, dans une seul et même lettre, sous la
plume'mêmé de l'aliéné : ? Observa tio;z'JII." L'i fiée idélirantelqu'il est
Dieu varie, mais le délire principal varie en moins; de Dieu le père, ¡il
devient Dieu' le fils, tandis que dans l'observation 'I, de Dieu le,fils,,Ie
malade devient Dieu, le.père.. Il,étend,son délirera ses,,frèi-es qui sont
évêques et papes ? Observation III. Délire, ries grandeurs, formant un
pivot autour, duquel (Oscillent des idées^, de persécution plus ou moins
mobiles. Observation IV. Trois espèces de mutations.' Tout est mobile;
(,il y, â,suocéssivemënt augmentation 'du u déljr'e,' 1 changerrié : Ilt complet' des
allégations' qui varient.' Le' délire croit au maximum" et1 les' idées déli-
rantes, surtout celles des persécutions' varient en-étendant le .délire. Les
hallucinations varient dans les mêmes proportions. - Observation VI.
Tous les problèmes de la-physique entrent alternativement dans le eadre
du délire. 1 l' t .1....jjj, Lsa.lssW . \1\,\S
91 ? ! Il est en outre à noter'que les( malades masquent, dans leurs
récrits leurs-hallucinations, tandis qu'ils s'étendent suHeurs délires ? et en montrent,en même temps,,la mobilité.. Quand on les inter-
- rogne, on trouve les ! hallucinations¡ correspondantes qu'ils décrivent
n volontiers. sans vouloir, : les- consigner par, écrit. Un des malades
- -finit par dire : « Au fait je veux,bien lest développer, par^écrit, car,
en somme, je suis dans un asile, et, par suite, cela n'a 1)as de,va-
REVUE ? DE : PATHOLOGIE -MENTALE. 88
leur. » : Puis, la variabilité du délire s'accroît en raison directe delà
démence; cela se conçoit, puisque la systématisation est le résultat
de l'association des idées.1) JITI9jJ.\- .IU'" p.6f1'Jd.. p<¡ur" l, ? 0 ? I
e11Nosographia ! Le délire qui s'étend est celui qui s'amplifie, soit
quant à sa teneur,' en changeant de sujet, soit quant aux personnes
ou'aux choses qui tduchent'de malade;1 ? Un délire, premier en
'date, peut donner naissance à un ¡second; exemple, : le délire des
"persécutions'qui donne naissance à> la mégalomanie..77- Un délire
varie'dans le sens large du mot,' quand il se .modifie en général ;
il' variei dans le sens étroit du mot, quand, le fond restant le même
1 seuls les détails'se modifient .Un', délire s'accroît, quand '}..ne ! change-pas de.sujet ! : tel individu qui se croyait comte devient em-
perèur ? et,aloi's,·71e§ détails relatifs à chacune de ces situations
délirantes varient comme de juste. L'oscillation du délire tient
-généralement à1¡a'variation étroite (une idée délirante cesse pour
-'êtfe'remplacée par une nouvelle ou bien, la conception déterminée
subsistant, les détails changent : tel individu ne cesse de.se croire
^empoisonné mais il accuse tantôt telle,personne tantôt telle autre,
'se plaint de tel bu tel poison). La variation de l'ensemble du de-
lire n'est dU'reste<pasJsi>l'are qu'oncle suppose;,il il y, des cas
où la variation générale du délire est composée des diverses sortes
de variabilités. , ¡. f ? '¡¡'U[(f ZUrrq '111(0, rMCr ÎTJJ/lTJI)1,Po.l}RytL'r
Y.IJ/ ..<\ : I\> ? 'l ..113¡\ Vhl>.).dIJ : D/I ,n'J '11;(1 ? l : ;1111 ? i ? ? "r, ..
VI. SUR UN cas d'hémianopsie bilatérale avec cécité psychique,
PHOTOPSIE, hallucinations DE la vue ; par VORSTER. (Allg. Zeitsch.
.11 r.;psychiàt ? XLIX, 1,2,)10 sfrnsnT ql ? >lit ·rr .<r \ 0 w ,l'
J : : I ? 1.1'11141 4 (1htTI T ? ÍlI)rl HH' If.-¡b J'CI. ? .... , n, W tr
,1 ? Perte de connaissance, ! paralysie de la mptilité et de la sensibi-
J¡lité du 1 côté' gauche" amaurose des deux yeux.<Les troubles mo-
8 teurs 'rétrocèdent," il reste" des troubles- partiels de la sensibilité.
Huit''jours" après, hén11opie) latérale 1 gauchelavec', diminution, très
^accusée de l'acuité 'Visuelle, achromatopsie complète; au péri-
"mtre, hémianopsie bilatérale ? Graduellement,' phénomènes de cé-
{,. cité psychique, photopsie, hallucinations de la vue,"1 confusion' dans
îles , ,idées ? Tout,disparait,,sâüf l'hémiôpie'qui, tout en diminuant
."d'étendue,' persiste encore cinq, mois apr8s,l'iétli,s ? P : ,K.,
.1 T moüncm9.(1 0011'HlnO'r(1 9m'Hlf .f M ? ? b H1"t'1fW mo, 1 £ ? ., flc-(1
°111V11 : f ITNCAS de somnambulisme spontané; par.J.-A.-IlOEFELT. (Allg.
Zeitsch. f. Psychiat.. X1LX, 1, 2.) .s1tbt j
^L'observation8 est communiquée t.par unrravocat; elle est suivie
2e'dèsf réflexions 'de 11 ? Fore ! qui insiste sur la` : manifestation de la ? doublé prso'nnalité;l'de la double conscience. Ces-troubles sont, ? p.o : ur' M : ltii : el;`lejrésultat'de l'autohypnose pathologique -d'hysté-
"'nques où' de'psychopathes : 'll estitrès fâcheux; ajoute-l-il,l qu'un
. 'Imédecin' n'ait pas hypnotisé' la malade. La suggestion' eût certaine-
' : Lmentréussi ? >ls9 aJI1l 1s¡q fia r9ltâr as 2m : b &wa si ,strltP. K.j
IJÛ REVUE' DE PATHOLOGIE MENTALE.' q
\ : jlJ"'l.It ? ? itflht¿rr'1qtJqf\ ? )O · ? 1m' ! J· ·il8fi l' , ilrJtfh ! l1.uti
VIII. Manie périodique ayant,duré vingt-trois ANS ETj SUCCÉQANT'Á
-, une manie récidive, (six., ACCÈS MANIAQqE5 DE 'iô3 A 1HG l). GUÉ-
RISON APRÈS TRENTE-SEPT ANS DE MALADIE PAR LE BROMURE DE POTAS-
SIUM a hautes DOSES; lpai, le D ? DAGONET. (li2lll. Cle,iC6 Soc. de métl.,
ment. de,Beliqûe, mars 1893.) l ,l'if. , Il '1'1 '
1 a ,l , i ", . , .. , , l lit ( i 1 .h u (1
lX" : qÉLII\.E DES NÉGATIONS, APPARITION,PRECOCE CHEZ, UNE MELANCO-
LIQUE ; par le D'J, TOULOUSE. (Bzill. de,, la Soc.l,de ,11Ud. ment. de.
Belgique, mars 1893.) , ? 1, 4 , ti,n î-i , , ?
L'observation qui sert de base à ce travail est celle d'une femme,
à antécédents héréditaires peu chargés qui'fut' prise1 subiteruenl'à3
l'âge de trente-six ans, sans cause appréciable, d'un accès de mé-
lancolie'et manifesta presque immédiatement' des ' idées de néga-'
tien nettement systématisées. , t-4 , , ' 0, jfi-' -,
«Les idées de négative de cette malade portaient à la fois sur la
constitution physique et psychique, mais principalement sur la pre-
mière, et dans celle-ci, plus particulièrement sur les organes conte-
nus dans la tête. A ce délire dénégation étaient associées des idées
d'immortalité et aussi de damnation. -'' l'l, ' " '1
Cette observation montre donc que les idées de négation 'systé ?
matisées peuvent se montrer de 'très bonne heure chez les mélan-
coliques,'contrairement à ce qu'a'écrit' Cotard.' La raison de cette
précocité d'apparition est difficile adonner. Il est probable que les
tares héréditaires, communes chez la plupart des négateurs'-n'ont'
pas ici grande valeur pathogéniqüe. La'n'ature' et la disparition des
lésions de la sensibilité, si fl'équeÍ1tes'ch(iz les mélancoliques jouent '
sans doute à cet égard un rôle plus important. ' '
Il ressort encore de cette observation, d'après l'auteur, que le
délire des négations n'est qu'un syndrome et non,une entité vésa-
nique à marche progressive comparable au délire des persécutions
.comme l'ont soutenu MM. Falret et Armand, i, ,r >i t , 1 il
Ce syndrome se manifesterait le plus souvent dans la mélancolies
parce qu'il y trouve des conditions psycho-physiologiques propres t
à son apparition, mais il peut se rencontrer ailleurs, notamment
dans certains délires de persécutions. Il parait se ,p-retfer¡¡sut'.des r
troubles esthesiques encore- mal connus et lorsqu'il apparaît dans
une vésanie, il' est très envahissant.et arrive à jouer le rôle prédo- t
minant. ,' Il' '" ? 1 1 G. 1), 1
minant. .f.l ; l ,\-,j 1 t tf 'j' i i tt ` G; 1) ' .4111111
X. DU délire de jalousie chez l'homme; par R. Dz"KitkF"T'-E'DIN'9., ,.
, .. (Jcilerhâic%. f. Pschiat., X, 23. ) , " ',
- tA., . u .. t J .
Le délire de jalousie existe chez 80 p. 100 des alcooliques encore
susceptibles de relations sexuelles; il apparaît à la période tardive *
de l'alcoolisme généralement sous la forme de délire isolée quasi mo-b a
REVUE · DE r PATHOLOGIE MENTALE. 157
nomaniaque, d'une fixité étrange, recevant, par instants, un appoint
deshallucinations et des illusions auxquelles sont en proie ces malades
bien que^celles-d'appartiennent en'propre à'l'ivresse.'Ce' délire
émane en propre'des modlfications"subies par les'sensations géni-
tàles ; l'alcoolique en`'effet' ne' pe'rçÓit'plus le-plaisir et les selisa-
tions qui résultent du coït, bien que fébesoin''des'relations sexuelles
soit chez lui exagéré. Il provient aussi de la frigidité de l'épouse et
de l'impuissance relative' Qu'absolue' de l'époux ? Il est augmenté
par les incompatibilités1 du,'ména'ge ? la gêne,' 1 Le'délire'de
jalousie peut encore se combinera des idées de persécution vagues
ou coordonnées, à un délire chronique pur, à une folie systématique
alcoolique', à,un délire alcoolique chronique. 1 t" J " P,@li* ,
d ",...( 1Jk IJG lf ! l' J,J ! 1.IJ+- < ? ivJl il - , .....i' a
.,rn il` 2 : t ,ni , n'ti1 .'¡1ùqb ? Il...-;11.,< : , Si 6 u - cl7w,· ' -* " '
XI. DES TROUBLES DE la parole DUS al'hypochondrie ET DES TROUBLES
SEMBLABLES DANS LA FORME DE LA PAROLE ARTICULEE CHEZ LES 'ALIÉNÉS
en, général; par 0. 11LI\EE. (Allg. Zeitschr. Psychiut., XLV111, ? 2.) , 'il Il'1,11'' / ' ta un. ' ''1 7 ,yu '.t i "h i '
1.1 . jii'mii ? il 1'<' J·1,, u i j , j ' r ., .
Balbutiement ,, et parole indistincte rappelant la. parole des
petits enfants, dans la folie systématique hypochondriaque, . le
désordre avec confusion dans les idées, la manie, la, mélancolie de
la folie circulaire, l'hystérie, le délire chronique systématique. L'at-,
titude et le ton étaient(aussi, ceux des petitsteufauts. Quelques-uns
de ces malades se croyaient, aussi redevenus de, petits enfants ; les
hypochondriaques prétendaient n'avoir plus.de langue. Ces phé-
nomènes,sont à rapprocher, des impulsions.de la parole; ils sont,
dus<à des obsessions ou à des hallucinations du sens musculaire de
l'appareil de la parole . 1 ? 11 JI I<," 1 w ? IER,\VAL.
- q \ f iJ t . 1 , \ 1 -..., i , , ! ( j...., c J '
' 'un' ' 'XlI'TRoÍs cas cliniques; par Clarke. 1
annn.t`a ·n --i ' " w I ifi il' )\('if rrW1 i- ' >» j rit. . t
11 est de règle, parmi'' les aliénistes, dé regarder la majorité des
cas de folie datant de deux- ans comme incurables. Les hallucina-
tions persistantes indiqueraient des lésions organiques sans espoir'
d'amélioration.' 1\1 : Clarke 'publie à ce propos trois' cas' cliniques
intéressants,'où le'résultat afété tout différent. ' ' 'b >- ' '*
f» r. Tut.' . ,...,.1 , .\.,.... 'Of' 4 "..., '
Cas I. j- Un homme de trente-quatre ans, mélancolique, avec
idées de^persécution/ entré' à l'asile'dé Kingston. Il avait reçu,"
quelques années auparavant, un coup sur la tête. Trois jours après'
son entrée, le malade refuse de parler. Un an après, son mutisme
était toujours absolu, mais une lettre écrite' par lui à sa femme
indique qu'il est sous le coup d'hallucinations. \.
Enfin, six.ans après son entrée à l'asile,' il se décide, à parler à la
femme du, docteur. Son amélioration fut rapide et il explique au
docteur que son-trouble mental. [remontait à l'époque où il avait
- ) S8 REVUE1' DE ' PATHOLOGIE1 M"ÊNTALE.1l
reçu un 'coup' 'sur la tête et qu'il en tendait' des* voix'lui' disant qu'on
le' tuerait s'il avait lé malheur de parler ? 1"' ' nu nu 901l £ 'J m`,Tr ?
"'1 ? tL' fr n't ioIfI' ni, m.. 'r' ,1 - " ? ? ..., - ,- r
Cas il. Le second cas est un cas de manie puerpérale accom-
pagnant l'écia'mpsie"L'e Dr 'Clarke' eSt ap' pelé un jour auprès* d'une
malade urémique,' présentant un état maniaque'. Le pouls était'
mauvais,'la température' élevée, l'albumine abondante'dans l'urine.'
Quand la malade n'était pas plongée dans lé cornai son' excitation
était furieuse.' L'Í : tlbüI111ne"dispal'ul' au bouf'de'quelques'jours,
mais l'excitation et la température 'persistèrent.1 ? 'i '"u^x - .
La manie était'caractérisée'par des intervalles^de grande luci-'
dite, et par des crises d'une violence extraordinaire'' avec1 de nom. !
breuses hallucinations'. En deux an's;'la'guérison fut complète. lUI.
'1 1 . - ' ,)t') , ) 1 -i ï ,CI. , . i , T
Cas 1)1 ? L'auteur publie un cas remarquable de léthargie qui
lui a été communiqué , par un de ses. confrères. Un homme de
soixante-deux ans a, un frère qui, s'est suicidé lorsqu'il avait vingt-
huit ans, Peu, après ce malheur, il commença à présenter des symp-"
tomes de mélancolie et depuis l'âge de trente ans, il tombe chaque
année dans un profond sommeil. Suit la description d'une de ses
attaques de léthargie. Un soir, Jack se, couche après son dîner et
ne se réveille plus; son sommeil est calme comme celui d'un en-
fant, le pouls régulier, la respiration tranquille. Il uriné' deux fois
dans les vingt-quatre heures et va à la selle tous les trois ou quatre
jours. Chaque nuit, il absorbe un' peu de nourriture. Il se réveille
six mois après et peut, pendant quelques mois, reprendre ses occu-
pations. (Americanj ? 1fl'lwl of insanity, 1892,) E. B. ' ,
fil l' ¡ 1 .
XIII. INTERVENTION DE la chirurgie dans LES maladies cérébrales DE
l'enfance; par le Dr Franck Parsons-Norbury, de Jacksonville
(Illinois). (The Journal of the American med. Association, Chi-
cago, 1 cr octobre 1892, p. 400.) , ' JO>
Lu à la section de Neurologie' et de Jurisprudence médicale, au
quarante-troisième meeting annuel de l'Association médicale
américaine, tenu à'Détroit, en juin 1892. ' -1 , ..
Microcéphalie. La. pathologie des affections particulières à l'en-
fance n'a pas été étudiée comme elle le mérite par les opérateurs,
et autres praticiens, avocats de l'intervention chirurgicale. Ceci
s'applique d'une façon spéciale à la microcéphalie, dont l'amélio-
ration au moyen de la craniectomie linéaire, a été si fortement
défendue, par les chirurgiens des deux côtés de l'Atlantique.' ` '
Tandis que Lannelongue a modifié sa première théorie soutenue
par Virchow, c'est-à-dire que la microcéphalie était due à une
synostose prématurée, en disant que l'état est dû au développe-
ment vicieux du cerveau, et que les changements survenus dans le
crâne sont secondaires, il persiste cependant à faire l'opération,
espérant par là, stimuler la croissance du cerveau. *
REVUE-DE, PATHOLOGIE, MENTALE ? 159.
1 La microcéphalie est une véritable condition pathologique ayant
comme cause un arrêt intra-utérin du ^développement du cerveau.
- Nous ne, pouvons dire si - ;aladi"d' ' " "* 1 ' ' t
.Nous ne pouvons dire si la maladie du foetus, ou changements'
nutritifs provenant d'autres .causes, sont primitifs en produisant ce
nutritifs , .. d.... uti,es causes, sont - . or... ?
résultat. II y a défaut de, structure, ""aussi bien que malformation*
du cerveau, et la .synostose n'est, pas un facteur en produisant ce
rétrécissement du cerveau dans tous > 'f,. ? ' Il rl' "I .9,1*1 -
rétrécissement du, cerveau 1 dans, tous l'tU diamètres^ , 1" , 1" .)
Concomitante comme elle est dans presque. tous les cas, la mI-
crocéphalie peut cep ? q.<;I ! l ? t, ,Xl ? ,t,r, .s.n ? ", qU,Il ry , ait''synostose.'
Down,,de Londres,.ra'ppôrté des cas de microcéphalie dans lesquels'
les sutures ne^sont pas, fermées; même la suture ;Úédio'-ftÓ'ntal'r
qui est, ossifiée pendant la première année de la' vie, était ouverte
Il dit : « Dans mon observation personnelle' des crânes'' de'deux
cents idiots, l'arrêtde'dévelôppément'u'ét31t pas le résultat'de'l'os-
sificatiol1 prématurée dés suturés. »Plus loin ilditfén parlant d'un'
cas particulier : « Je désire rapporter ce cas de microcéphalie au plus
haut degré,, sans synostose,^ comme un exemple frappant/' dans
lequel il ne faut considérer'autré chose' que de simples causes mé-'
caniques comme productrices de ce cas-ci et d'autres analogues. »
rShuttlewôrth, après avoir rapporté un cas similaire, dit : « J'in-
cline à croire que la synostose prématurée est, en général, la con-
séquence, plutôt que la cause, du développement imparfait du*
cerveau, et que l'arrêt de croissance se produit vers le sixième mois
de la gestation. » ? ? 1 ! '' ' ?
° , --ive" ! '1(>*' ftr, , .. .....
Fletcher Beach soutient cet avis, ainsi que Ireland, qui dit que'
dans beaucoup de têtes microcéphaliclues les fontanelles sont ou-t
vertes et les sutures non réunies.
Nous devons à Wilrriarth`une grande partie des progrès' faits
dans la Pathologie de l'Idiotie'; dans ses autopsies nombreuses et
approfondies, il n'a trouvé qu'un cas où il existait de la compression
sur le cerveau, tandis que, dans la'plupart1 des cas, les circonvolu-
tions sont pleines-et arrondies. Dans une lettre particulière qu'il
m'écrit, il me dit : « Il est très peu prouvé que les cerveaux micro-
céphaliques résultent de la compression du crâne; mais, au con-
traire, il semble, exister, dans presque tous les cas, une surabon-
dance de liquide, sous-arachnoïdien, sans aplatissement des circon-
volutions, ou autres indications de pression intra-crânienne. Comme
si le crâne avait poussé légèrement au-dessus du cerveau. Si les
conditions dépendaient de la compression du crâne, toutes les par-
ties du cerveau, soutfriraient également, puisque le cerveau peut
être considéré, comme, liquide, autant que la transmission de
''11' «, ' Ir i < ' u ? Nous signalerons à l'auteur les treize volumes publiés par notre
rédacteur en chef sur la pathologie'de l'idiotie, sur l'épilepsie, etc.,
volumes, dont divers journaux américains de médecine ont publié des
analyses intéressantes. ,, i , , ,
160 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
compression se fait sentir. Je reconnais avec vous que le dévelop-
pement défectueux est plus souvent dû aux défauts de nutrition,
que nous ne comprenons pas encore aujourd'hui. »
Mes propres études basées sur l'anatomie, l'embryologie, la patho-
logie et l'observation clinique, m'out convaincu que dans la microcé-
phalie nous avons affaire à des conditions qui ne relèvent pas de la
chirurgie. Anatomiquement parlant, nous reconnaissons que le dé-
veloppemeut intellectuel dépend, comme le dit lleynert, de la struc-
ture uniforme de toutes les parties du cerveau. Dans la microcé-
phalie, nous trouvons l'absence de la structure corticale, nécessaire
au développement normal de l'esprit, et nous constatons que le
degré d'idiotie ne dépend pas tant du degré de la microcéphalie,
que du défaut de structure. La petilesse du crâne n'est pas le cri-
terium de l'intelligence, dans ces défectuosité'. Le défaut structu-
ral est démontré par l'effacement et l'interruption des circonvolu-
tions ; l'ordre simple et défectueux des fissures; l'absence des por-
tions centrales du cerveau, et l'atrophie des lobes, spécialement le
frontal et l'occipital. L'examen microscopique montre la diminu-
tion du nombre de ganglions et l'absence des cellules de ces der-,
niers dans certaines couches, et le manque de fibres nerveuses.
L'embryologie nous apprend que le cerveau se développe de
bonne heure, mais que pas avant le quatrième mois on n'en peut
voir les parties les plus importantes; on peut alors distinguer les
lobes frontal, occipital, pariétaux et temporaux et les scissures
primitives sont déjà prononcées.
Les fissures secondaires apparaissent entre le cinquième et le
sixième mois; le lobe occipital couvrirait le cervelet au sixième
mois, selon Beaunis et Bouchard. Au septième mois, presque tous
les principaux replis de l'hémisphère sont visibles, le lobe frontal
s'allonge, la scissure de Sylvius se réduit à une fente. Devant ces
faits établis, nous concluons, d'après les observations des cerveaux
de microcéphales, qui dans tant de cas démontrent un arrêt avant
que l'évolution dont il est parlé plus haut soit complète, que l'ar-
rêt de développement se produit vers le sixième mois de la gesta-
tion. Une étude embryologique des progrès de l'ossification ne
soutient pas la théorie que la synostose est la cause de la micro-
céphalie.
L'embryologie démontre que la voûte du crâne est formée en
membrane et la base en cartilage, et la pathologie fait souvent
cette distinction plus évidente que cela existe dans la microcépha-
lie (M. Clellan). L'ossification de la base est bien avancée à la
naissance et le sommet peut bien être ou ne pas être ossifié com-
plètement, selon le procédé du système osseux « existant sans
corrélation aucune entre la croissance du cerveau et du crâne ».
Wilmarth dit : a Je suis convaincu que, dans la majorité des cas, le
crâne ne pousse pas, simplement parce que le cerveau ne se développe
REVUE'DE PATHOLOGIE MENTALE.' 161
pas. » Ma propre observation est que la croissance du crâne dépend
de celle du cerveau jusqu'à concurrence seulement de l'interven-
tion nutritive localisée de la part du cerveau, réfléchie sur le crâne
comme dans l'aplatissement qui suit la sclérose. L'absence géné-
rale du développement du crâne dépend de l'intervention nutritive
générale, qui, tandis qu'elle'peut affecter à la fois le cerveau et le
crâne ne le fait pas nécessairement, comme on levoit dans lasynos-
tose, et aussi dans les fontanelles ouvertes dans la microcéphalie.
Nous concluons que la synostose est le résultat de l'arrêt de déve-
loppement du cerveau sans l'intervention des progrès de l'ossifica-
tion. Les résultats de l'expérience, après l'opération de la craniec-
tomie linéaire,' ne soutiennent pas la réclame faite pour elle par
Lannelongue et ceux qui l'ont suivi. Les statistiques des opérations
accomplies, que j'ai pu recueillir, montrent de si maigres résultats
et une si grande mortalité, dans ce pays et' en. Europe, qu'il me
semble que ce soit une folie de continuer à défendre la craniecto-
mie linéaire. Ceux qui ont survécu à l'opération ont subi dans
quelques cas une certaine amélioration, mais rien ne démontre
que cette amélioration^ ne se serait pas produite aussi bien avant
qu'après l'opération, grâce à une éducation persistante. Dans la
hâte que l'on a mis à rapporter le résultat des opérations, on a
perdu de vue e temps qu'on doit prendre en considération avant
de faire un rapport, chose très importante. Les efforts faits pour
amener l'amélioration et l'attention donnée à l'enfant par ses pa-
rents et ceux qui s'intéressent au cas, avaient obtenu dans la plu-
part des cas sérieux d'arriération mentale, quelque amélioration
notable comme résultat. Ceux qui sont familiarisés avec l'éducation
des arriérés ne se sont point trouvés encouragés par l'opération,
et l'un après l'autre m'ont assuré qu'ils n'accordaient pas de sym-
pathie à ce genre de chirurgie. D Une éducation physiologique per-
sévérante peut faire davantage et cela sans le concours de la craniec-
tomie linéaire. » E. B.
Nous aurions voulu placer à la suite l'un de l'autre, la leçon
sur la craniotomie faite par le ' D Clyton Parkyle (p. 149).
Immédiatement avant l'article du D'' Parsons Norbury. Par
suite d'une erreur de mise en pages, elle se trouve séparée.
Nous ferons, à propos de ces deux travaux, quelques remarques
sommaires : 1° S'il y a des cas de microcéphalie avec synos-
tose prématurée, ces cas sont une exception ; 2° contraire-
ment aux dires de M. le Dr Clyton Parkyle, la première opération
de craniotomie a été pratiquée en 1878 par le D'' Fuler (de Mont-
réal), ainsi que nous l'avons rappelé au Congrès de Blois,
août 1892. Et, le 20 juin dernier, à l'Académie de médecine;
8° dans ce même cas, l'opération a fait constater que les os
Auciiives, t. XXVI. ' Il I
162 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
étaient plus minces que normalement, d'où il suit que le crâne
était encore susceptible de se dilater si le cerveau l'y invitait;
- 4° la mortalité opératoire, sans compter des accidents
graves, est beaucoup plus considérable que le dit le D'' C. Par-
kyle, puisque, sur les quatre-vingt-trois cas de craniotomie que
.nous avons résumés dans le tableau qui accompagne notre com-
munication, il y a eu quinze décès; 5° quant aux amélio-
rations enregistrées dans trente-six cas sur quarante et un,
selon M. Parkyle, il faudrait s'entendre et avoir des détails
autrement nombreux et précis que ceux qui ont été donnés
jusqu'ici par la plupart des chirurgiens; 6° M. Parkyle se
trompe étrangement en supposant que le traitement médico-
pédagogique ne fournit pas de résultats analogues dans la
même proportion. Dans les établissements bien organisés con-
sacrés au traitement et à l'éducation des enfants idiots on
obtient assurément des résultats plus complets que ceux qui
ont été mentionnés à la suite des opérations.
C'est donc avec raison que le Dl' Parsons, dont le travail
est résumé plus haut, conclut au danger et à l'inutilité de la
craniotomie. C'est ce que nous avons montré également dans
les deux travaux que nous avons rappelés et, auparavant, dans
nos deux volumes des comptes rendus de notre service, dans
les années 1840 et 1841. ' BOURNEVILLE.
XIV. DES causes ET DE l'hérédité DES affections nerveuses ET LIEN-
tales ; par RIÉGER. (Cenlrnlbl. f. Nervenheilk., N.F., Ils, 1892.)
L'auteur recommande la division suivante :
SOCIÉTÉS SAVANTES. 163
aussi chez des individus n'ayant cependant qu'une attaque de folie
passagère. P. K.
XV. Contribution A LA THÉORIE des hallucinations; par P1CK.
(Neurol. Cent1'(¡[bl" 1892.)
1° Hallucinations par altérations pathologiques dans le mécanisme
des fonctions sensorielles. Un vieillard alfecté d'aphasie ataxique
avec surdité verbale, à la suite d'une chute, pendant une journée
seulement, fait trois jours plus tard une promenade en voiture.
Immédiatement après il est pris d'hallucinations de l'ouïe (répéti-
tion de phrases absurdes, inintelligibles). La secousse de la voiture
a ébranlé le territoire de la sphère auditive endommagé quelques
jours auparavant. - 2e Influence de l'élément psychique sur les
hallucinations de l'ouïe et de la vue. - Une femme entend des voix
menaçantes qui critiquent sa conduite. Elle dit qu'entendant très
mal de l'oreille gauche elle ne perçoit les voix que de l'oreille
droite. Se bouche-t-elle l'oreille droite avec de l'ouate elle n'entend
plus que des bourdonnements confus. On constate dans l'oreille
gauche la présence d'un bouchon de cérumen, on l'enlève et on en
avertit la malade; des hallucinations apparaissent alors dans
l'oreille gauche. - 3° Des hallucinations unilatérales de plusieurs
sens. Observation caractérisée par les hallucinations auditives,
oculaires, olfactives du côté gauche; en somme trois sens ayant
leurs territoires corticaux limitrophes. P. K.
SOCIÉTÉS SAVANTES
SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE.
Séance du 26 juin 1893. Présidence DE M. CIIRISTIAN.
Mort de M. Delasiauve. Après adoption du procès-verbal de la
dernière séance, le Président annonce à la Société la perte qu'elle
a éprouvée en la personne de son ancien président M. Delasiauve,
et lui communique le discours qu'il a prononcé à cette occasion au
nom de la Société médico-psychologique.
M. FALRET donne lecture des adieux adressés au vieux maître au
nom des médecins de la Salpêtrière.
La séance est ensuite levée en signe de deuil. M. B.
164 SOCIÉTÉS SAVANTES.
CONGRÈS DE LA SOCIÉTÉ PSYCHIATRIQUE
DE LA PROVINCE DU RHIN.
CINQUANTIÈME SESSION A BONN.
Séance du 19 novembre 1892. Présidence DE M. PELMAN.
Le président annonce la mort du plus jeune aliéniste de la So-
ciété, le Dr IIUBERTY. La Société se lève eu l'honneur de sa mé-
moire.
M. Brus. Du trional. - C'est un agent narcotique actif qui con-
vient dana l'agrypnie simple et dans l'insomnie ou l'agitation des
aliénés. 11 a sur le sulfonal l'avantage d'agir plus promptement,
d'être dépourvu d'inconvénients, de ne pas s'accumuler dans
l'économie.
Discussion. - M. Thomsen. C'est exact, en outre il réussit fort
bien dans la cure de la morphinomanie.
M. EILEN11EYER. L'insomnie des morphinomanes invétérés ne
cède point à 2 grammes de trional ; c'est tout au plus si avec cette
dose le malade s'endort le lendemain matin pendant une heure à
une heure et demie, ce qui aurait lieu d'ailleurs sans trional. De
plus, donner des narcotiques aux morphinomanes c'est les changer
d'habitudes vicieuses, ils s'habituent aux nouveaux poisons dont
il faut alors les déshabituer. Au surplus, 5 grammes de chloral
ou 5 grammes d'hydrate d'amylène ont une action bien pius
intense que 2 grammes de trional, car ils procurent cinq à six
heures de sommeil. Cette observation ne concerne toutefois que
les cas graves, car généralement 2 grammes de trional exercent
une action favorable. Seulement, sans exception, les malades se
plaignent d'un sentiment d'ivresse désagréable avec obtusion
céphalique et impotence des membres.
M. BBDDEBERG. Nouvelles observations de paralysie générale progres-
sive à marche circulaire, ou paralysie générale à double forme.
Observation L-H... de trente-quatre ans; tare héréditaire; débutaigu.
Pas de syphilis. Puis alternatives régulières de dépression et d'exalta-
tion ; la durée du stade d'exaltation l'emporta sur celle du stade de
dépression pendant les dix-huit premiers mois ; puis ce fut l'inverse
pendant les six derniers mois. Pendant les dernières semaines, durées
égales des deux syndromes. Pas de rémission.
Observation II. Débile de trente-six ans; tare héréditaire ; syphilis
grave. Début brusque à l'occasion de la mort de son père. Mêmes alter-
nances. La dépression revêt la teinte hypochondriaque. Courtes rémis-
sions permettant le retour du malade chez lui. Au début de cette année,
SOCIÉTÉS SAVANTES. 165
à la suite d'une attaque congestive grave, alternatives mathématique-
ment exactes de mélancolie et de manie durant chacune un jour juste
Puis, nouvelle attaque congestive, troubles trophiques, déchéance psy-
chique et physique, mort. Peut-être faut-il attribuer ces formes-là à la
tare héréditaire.
Discussion. M. PELMAN développe cet argument-là auquel il
souscrit.
M. OEBEKE. A quoi bon prononcer le mot de circulaire puisque,
même quand nous avons affaire à une rémission intercalaire qui
semble compléter les trois stades requis, l'individu est toujours en
réalité un paralytique. Il est plus exact de dire que, dans le cours
de la paralysie générale, il y a eu un syndrome vésanique cyclique.
M. Noter, rappelle trois observations qui lui sont personnelles,
dans lesquelles il y avait non seulement une hérédité chargée
mais même des symptômes antécédents de dégénérescence men-
tale, ces paralytiques présentèrent à plusieurs reprises des alterna-
tives d'exaltation et de dépression. - M. Thomsen appuie la
remarque de M. OEbeke. M. BonnEaEae reconnaît qu'il s'agit
simplement d'un complexus symptomatique greffé sur une dé-
mence paralytique.
M. LIEBfANN. De quelques cas de folie consécutive au traumatisme.
L'auteur passe en revue les diverses formes de folie consécutives
au traumatisme et insiste sur les relations des vésanies chroniques
avec les névroses traumatiques.
M. ERLENMEYER. De l'emploi des médicaments * dérivatif externes
dans les maladies cérébrales et nerveuses. Le séton à la nuque est
indiqué quand il y a congestion encéphalique; on s'en rend sur-
tout compte par l'examen ophtalmoscopique. En pareils cas on
obtient 50 p. 100 de guérisons. Les frictions stibiées sur le crâne
conviennent de préférence aux manies, voire aux mélancolies, qui,
après avoir persisté pendant plusieurs mois, ne se sont pas guéries
et tendent à la chronicité, c'est-à-dire à l'incurabilité : ce dont on
a tout lieu de craindre quand le poids du corps du malade aug-
mente tandis que l'état mental, qui s'était d'abord amélioré, rétro-
cède. Elles sont indiquées dans la paralysie générale, dans les
lésions localisées de l'écorce qui ne sont pas de celles qui imposent
la trépanation.
M. PELMAN. Les toutes récentes attaques contre les aliénistes et les
asiles d'aliénés. Il s'agit d'un mouvement dirigé contre les pré-
tendues séquestrations arbitraires et d'accusations semblables à
celles qui ont défrayé la presse française et ont abouti au nouveau
projet de loi dont on peut dès maintenant escompter l'avenir. Ce
qu'il faut améliorer, comme le dit M. Pelman, c'est le mode d'ad-
mission des malades de façon à les traiter vite et bien. Les auto-
rités auxquelles les admissions sont signalées (et c'est là la seule
166 SOCIÉTÉS SAVANTES.
chose à faire) ont toujours eu qualité pour se mettre en rapport
avec les malades et savoir ce qui se passe dans un asile. Quant à
l'interdiction et à sa levée, c'est un point de vue qui évidemment
mérite l'attention de tous, surtout quand il s'agit de petites gens
qu'on a coutume de renvoyer de Caïphe à Pilate.
Ces questions seront traitées dans la prochaine session, c'est-à-
dire en juin 1893. (Allg. Zeitsch. f. Psychiat., LI ! C, 5.)
P. KËRAVAL.
SOCIÉTÉ PSYCHIATRIQUE DE BERLIN.
SOIXANTE-SEIZIEME SEANCE.
Fête anniversaire de la vingt-cinquième année de sa fondation.
Séance du 1S décembre 1892. -PBÉSIDENCE DE M. LOEHR aîné.
L'histoire de la psychiatrie allemande nous apprend combien,
au début, il se trouva peu de médecins qui voulussent se mettre à la
tête des asiles et prendre la responsabilité de leur gestion. Mais la
vigueur intellectuelle suppléa au nombre, et la netteté des principes
permit d'exécuter les réformes, de convaincre les pouvoirs publics,
d'obtenir le nerf de l'assistance, de multiplier les asiles.
Ces pionniers de la psychiatrie- allemande furent : Damerow,
I'LEhIMING, ROLLEB, JACOBI, ZELLER, JESSEN, Martini, PIENITZ; à la
suite des premiers efforts de HEINROTH et IDELER, ils créèrent la
pathologie mentale et l'assistance des aliénés. Leurs efforts en
multipliant le nombre des établissements publics et celui des mé-
decins montrèrent en même temps la nécessité de travailler de
concert et de se réunir en un point de l'Allemagne. C'est en 1847,
au Congrès des naturalistes, d'Aix-la-Chapelle, que, pour la pre-
mière fois, fut créée une section de psychiatrie et d'anthropologie
sous la présidence de Flemminr; on y compta treize aliénistes.
Virchow s'y fit inscrire et y discuta. Il en est resté bien que l'an-
thropologie l'ait plus particulièrement attiré. Les psychiatres, sous
l'impulsion d'Erlenmeyer, se réunirent ensuite séparément pour la
première fois il Eisenach (1860); ils étaient vingt, sept d'entre eux
vivent encore; je suis leur seul représentant ici; à cette époque,
j'étais un des plus jeunes. Je me rappelle avoir entendu émettre
la crainte que ces sociétés spéciales n'émiettassent l'unité de la
médecine. Virchow lui-même n'était pas tranquille. Or, l'avenir a
montré l'inanité de ces appréhensions. Que de sociétés locales ne
sociétés savantes. 167
sont-elles pas issues de celle-ci qui, loin d'avoir émondé l'arbre,
lui ont permis de prospérer par l'étude divisée du travail et la
cohésion d'éléments qui se serrent de plus près.
La Société psychiatrique de Berlin fut, en effet, la première des
Sociétés locales; elle prit naissance en 1866, le jour où la Société
des aliénistes allemands siégea à Berlin; on en avait déjà préparé
la formation à la session de Landau en 1861. Le 15 mars 1867 elle
siégea; on y trouvait I(OEPPE, BOETTGER, SPONIIOLZ, Weyert, enlevés
par la mort, ARNDT, HAUPTUANN, IDELFR, 11.1HL13AUI, 0. AIULLER,
Ulrich, WENDT, LOEHR, encore vivants mais dont quelques-uns ne
peuvent à cause de leur santé assister à la réunion d'aujourd'hui.
Tout laborieux qu'aient été les débuts, les séances ont été tou-
jours bien remplies. Elles ont resserré les liens qui nous unissaient
déjà. Vingt-cinq ans d'un travail ininterrompu nous donnent la
satisfaction de voir les jeunes infuser un sang nouveau à notre
Société et nous laissent espérer que leurs travaux peuvent encore
compter sur vingt-cinq années de prospérité
Il reste, en effet, beaucoup à faire ! Tant au point de vue scien-
tifique, qu'en ce qui concerne les applications de l'assistance. Et
les préventions du public ! Et celles des magistrats ! Et les contra-
dictions inévitables de spécialistes, pourtant consommés en matière
médico-légale ! Par bonheur cependant, on n'a pas encore inventé
de loi des aliénés; nos jurisconsultes, à qui incomberait ce devoir,
ne se sont point encore représenté un type satisfaisant de cette
législation au point de vue technique, et les Chambres n'ont en-
core rien trouvé de précis. Puissent les nations qui ont atteint ce
but nous servir d'avertissement. Et puissions-nous, sans ces obs-
tacles, nous développer plus librement que ces dernières ! Pour
arriver à perfectionner les asiles, il faut créer un contrôle appro-
prié à ces questions délicates et non un appareil à mailles étroites
qui les étouffe. ' c
Voyez plutôt le développement que dans les vingt-cinq dernières
années, sous l'induence des progrès de la neurologie et de la neu-
ropathologie, a pris la psychiâtrie. Elles marchent maintenant de
conserve. ,
Il y a vingt-cinq ans, l'Allemagne possédait 141 asiles publics
ou privés, qui traitaient et hospitalisaient 19,530 malades, et occu-
paient 261 médecins. En 1890, nous comptons 236 asiles traitant
56,234 aliénés, et 542 médecins. Il n'y a guère de province qui
n'ait à coeur de construire un nouvel asile.
Envisageons donc l'avenir avec confiance ! Continuons à tra-
vailler et nous atteindrons la terre promise et notre science,pourra
s'enorgueillir de cette devise : \Tccnc2cctm retrorsum ! (Allg. Zeitsch.
f. Psychiut., XLIX, 5.) P. KERA VAL.
BIBLIOGRAPHIE.
II. La neurasthénie (Epuisement nerveux) ; par A. AhTnIGU. Un vo-
lume de la Bibliothèque CHARCOT-DEDOVG. - Rueff, éditeur,
Paris, 1893.
M. MATHIEU a cherché avant tout à faire un ouvrage clair et à
simplifier l'exposé de ces nombreux états qu'on range un peu à
tort et à travers aujourd'hui dans la neurasthénie, comme aussi
dans la dégénérescence. Suivant la prédominance des symptômes
dans tel ou tel appareil, il distingue les formes atteignant le sys-
tème nerveux (cérébro-spinale, cérébrale, spinale, périphérique),
l'appareil digestif (n. dyspeptique), l'appareil circulatoire (n. car-
diaque), l'appareil génito-urinaire (n. génitale). Ce qui importe
surtout c'est de reconnaitre si elle est simple, sans dégénérescence
ni névrose surajoutée, - ou si elle est accompagnée de dégé-
nérescence, si enfin il s'y joint d'autres névroses. Il établit que la
neurasthénie est pour lui, commepourM. Charcot, l'expression di-
recte, sans intermédiaire, d'un état particulier de névropathie, que
la neurasthésie est le fait primitif, et que ni la dyspepsie, ni l'en-
téroptose, ni la dilatation de l'estomac ou l'auto-intoxication d'ori-
gine stomacale n'ont la portée générale que certains auteurs ont
voulu leur attribuer.
Après un chapitre critique intéressant sur la pathogénie et les
frontières de la neurasthénie, l'auteur avoue qu'on n'est pas encore
bien avancé. Tout ce qu'on a pu faire, c'est de marquer sa place
dans la famille névropathique, et l'avoir extraite de la masse des
accidents névropathiques. P. S.
III. Contribution à l'état mental des hystériques ; par le Dr Long-
bois (de Joigny). (Annales d'Hygiène publique et de médecine
légale, 4891.)
Deux observations intéressantes, l'une de dénonciation de crimes
imaginaires, faite par une hystérique âgée de quatorze ans, contre
son père qu'elle accusait d'avoir tué une de ses fillettes, l'autre de
chromhydrose simulée par une jeune hystérique qui en imposa
pendant près de six mois à plusieurs médecins. La simulation avait
eu pour point de départ le récit fait par le frère de la malade, de
l'habitude de certaines peuplades de se teindre le visage. Les inter-
rogatoires des médecins dans le sens de la chromhyd rose firent le
BIBLIOGRAPHIE. 169
reste pour lui indiquer en quelles parties la coloration portait spé-
cialement et c'est ainsi qu'elle put donner à sa chromhydrose
simulée un aspect presque classique. M. LoNGi3ois fait justement
ressortir le soin qu'on doit apporter aux examens des hystériques
pour ne pas les suggérer à son insu. P. S.
IV. Leçons sur le traitement des névroses; par le Dr E. C. Sequin
(de New-York), traduit de l'anglais par l'auteur. Paris, 0. Doin,
1893.
« J'estime que les médecins et étudiants liront avec profit dans
ce petit livre, auquel je souhaite, pour ma part, tout le succès qu'il
mérite d'obtenir, les sages et ytiles conseils que leur adresse ce très
distingué neurologue. » Telle est la conclusion de M. le professeur
CHARCOT, dans l'avant-propos où il recommande au public les trois le-
çons danslesquellesM. Seguin fait un exposé sommaire de sa pratique
et de ses observations personnelles. Très personnelles en effet sont
les idées de M. Seguin sur les névroses et leur traitement et plusieurs
sont même en contradiction flagrante avec les habitudes de l'em-
pirisme des praticiens. L'auteur débute par le traitement de l'épi-
lepsie, «syndrome que des maladies diverses peuvent produire ».
Tout en admettant qu'il est utile de supprimer les causes d'irrita-
tion pouvant déteiminer des accès, il repousse les théories absolues
qui donnent à l'épilepsie une cause précisé et généralise ces hypo-
thèses ; il s'élève à ce sujet contre la théorie de Stevens qui attribue
le mal comitial à la fatigue oculaire (eya train). Le véritable trai-
tement du haut mal est l'emploi des bromures qui amènent une
sédation complète du système nerveux sans agir sur la maladie
même. Aussi dans l'emploi des bromures, doit-on, avant tout,
rechercher le degré de résistance des malades; et Seguin donne
des conseils minutieux pour aboutir sans accidents au résultat
cherché. Il rappelle que les doses variables (de 2 à 10 gr. par jour)
sont proportionnellement mieux supportées par les enfants et que
la résistancedes adultes à la médication est le plus souvent en rapz
port avecle poids. Les épileptiques qui sont atteints d'une affection
organique du coeur, qui ont un ralentissement de la circulation
doivent prendre de la digitale pour faciliter l'action des bro-
mures.
Dans l'épilepsie symptomatique de lésions cérébrales, on doit
administrer ces médicaments avec prudence. Le but à atteindre
est de maintenir le malade dans un état de bromisme imminent,
état qui se reconnaît à la perte du réflexe pharyngien.
Seguin donne la préférence au bromure de sodium en solution
aqueuse :
170 1 BIBI,IOGRA PHIE.
Chaque cuillerée contient 1 gramme de bromure. - Il recoin
mande de prendre le bromure avec beaucoup d'eau et de le boire
lentement pour éviter les troubles gastriques. L'eau légèrement
alcalinisée et le lait chez les enfants sont les meilleurs véhicules.
Si les crises sont régulières on donnera le bromure quatre à six
heures avant le moment où elles se manifestent. Si les accès
sont irréguliers, on donnera le bromure en deux fois, le matin au
réveil et le soir après le repas, on évitera autant que possible de le
donner à jeun.
Les doses devront être augmentées dans un traitement à long
lerme avec les progrès de l'âge chez les jeunes gens, et lorsque le
malade est appelé à se livrer à un exercice fatigant ou à une exci-
tation anomale. On diminuera les doses au bout de trois ans de
traitement, s'il n'y a pas eu de manifestation cornitiale, de 1 gramme
tous les deux ou quatre mois. Durant les saisons chaudes, et pen-
dant les maladies intercurrentes, on devra aussi diminuer ou sus-
pendre le traitement bromure. Si des accidents de bromisme sur-
viennent, on ne suspendra pas le traitement, mais on substituera
au bromure dans la solution une quantité équivalente de chloral.
Par exemple : .
VARIA. 171
tant de 1 centigramme chaque semaine, jusqu'au moment où l'on
détermine de légers vertiges. L'antipyrine jointe à la digitale, la
- caféine donnent encore de bons résultats.
La névralgie faciale ou tic douloureux a un remède héroïque
dans l'aconitine de Duquesnel, dont on doit user avec une extrême
prudence. Le traitement mixte, même lorsqu'il n'y a pas d'anté-
cédents syphylitiques, amène parfois la guérison.
Dans la maladie de Bcasedo2v, le médecin américain recommande
nu traitement absolument personnel, l'emploi de l'aconitine et la
compression légère des yeux pendant une heure ou quatre heures
deux fois par jour.
L'ouvrage se termine par un chapitre sur le régime et l'hygiène
des nerveux et l'abus de quelques médicaments (alcool, morphine,
bromures). Le régime de Seguin est basé sur l'idée que l'excès
d'aliments hydrocarbonés est cause de tous les accidents nerveux.
Il recommande une nourriture forte, composée de viandes et d'a-
liments gras, proscrivant les amylacés. Il autorise l'usage du café
très fort, défend les alcooliques, condamne l'usage du lait durant
les repas. Les dyspeptiques prendront comme boisson de l'eau
très chaude.
Le repos, la suggestion à l'état de veille, l'isolement, l'hydro-
thérapie, la gymnastique systématisée sont les autres moyens
hygiéniques que Seguin recommande contre les névroses. J. Noir.
VARIA.
Cf ? GRÈs DE médecine mentale. (Session de La Rochelle,
août 1893.)
Mardi 1er août. - Ouverture du Congrès à 9 heures du matin,
salle haute de la Bourse. Des auto-intoxications dans les maladies
mentales.-Séance de 2 heures à 6 heures du soir. Des auto-intoxi-
cations dans les maladies mentales. A 6 heures, visite des tours de
La Rochelle. Réception des membres du Congrès par la municipa-
lité à l'Hôtel de Ville de La Rochelle
Mercredi % août. - Séance de 8 heures à H heures. Les faux té-
moignages des aliénés devant la justice. Séance de 2 heures 1/2
à 6 heures. Les Sociétés de patronage des aliénés. Banquet à
7 heures du soir. '
Jeudi 4 août. A 8 heures du matin, séance à l'asile de Lafond.
Communications particulières. A 10 heures, visite de Lafond. A
172 varia.
11 heures 1/2, déjeuner offert aux membres- du Congrès par l'ad-
ministration de l'asile. Dans l'après-midi, visite à l'église fortifiée
d'Esnandes et aux « bouchots ». ,
Vendredi matin. Départ à 7 heures 1/4 pour l'île'de Ré.
Visite du dépôt des forçats de Saint-Martin-de-Ré. Déjeuner à l'île
de Ré. Visite au phare des Baleines. Retour à La Rochelle à 7 heures
du soir.
Samedi matin, de 8 heures à 11 heures : Communications parti-
culières.
Samedi soir, 2 heures 1/2 à 6 heures : Communications particu-
lières. Clôture du Congrès.
Dimanche matin : Départ à 5 heures du matin; Visite de
l'asile de La Roche-sur-Yon; Déjeuner offert aux membres du,
Congrès par l'administration de l'asile; - Visite des Sables-d'O-
lonne.
Nous croyons devoir rappeler à nos confrères des asiles que la
ligne de l'Etat délivre des billets dits billets de bains de mer pour
La Rochelle et les autres villes du littoral, avec arrêt sur le par-
cours. Ces billets sont accordés avec une réduction de 40 p. 100
sur le double du billet simple et sont valables pendant 33 jours.
Communications annoncées. 1° Idiotie symptomatique de l'hydro-
céphalie, par M. le Dr Bourneville et M. le Dr Noir; 2° Le pécule
des aliénés, par M. le De Drouineau; 3° Dégénérés psycho-sexuels
fétichistes, par M. le D Garnier; 4° Délire des persécutions, par M. le
Dr Séglas; 5° Sur les obsessions et impulsions à forme continue,
par M. le Dr Roubinowitch; 6° Communications diverses, par M. le
D11Mendelsshonn, de Saint-Pétersbourg; 7° Le pénitencier de l'île
de Ré, par M. le De Colin; 8° Elimination de l'acide phosphorique
chez les idiots, par M. le D'' Mabille.
Questions générales : 1 Les auto -intoxications dans les maladies
mentales. - Rapporteurs : M. le Dr Régis et M. le Dr Chevalier-
Lavaure.
Communications inscrites. M. le Dr P. Garnier, llt. le Dr Le-
grain, M. le Dr Seglas, M. le Dr Colin, M. le Dr J. Voisin. Toxi-
cité urinaire chez les épileptiques; M. le Dr Dericq. Etats mélanco-
liques et urticaires; M. le D'' labi1le.
2° Les faux témoignages des aliénés devant la justice. Rappor-
teur : M. le Dr Cullerre, M le Dr Motet, M. le Dr P. Garnier, M. le
Dr Colin, M. le D' Doutrebente, M. le Dr Habille.
3° Les sociétés de patronage des aliénés. Rapporteurs : M. le
Dr Giraud et M. le Dr Ladame, M. le Dr Pons, M. le Dr Bourne-
ville.
varia. , 173
LES classes DES enfants arriérés EN SUISSE.
Le gouvernement bâlois vient de créer, à titre d'essai, dans la
ville de Bâle, des classes à l'usage des élèves de faible intelligence
(Schwachbegabte Schftler). On n'y admettra ni les enfants qui, à
raison d'infirmités corporelles ou mentales, sont hors d'état de fré-
queuter une école, ni les enfants moralement corrompus. Lorsque les
parents s'opposeront il ce qu'un enfant soit placé dans une classe
spéciale, le département d'éducation décidera si l'enfant peut être
maintenu dans une classe ordinaire ou doit être renvoyé définiti-
vement de l'école. Le nombre des élèves d'une classe spéciale ne
doit pas dépasser vingt-cinq ; la direction en est confiée à une
institutrice. (Extrait de l'Annuaire de l'Enseignement, année 1889.)
II s'agit là d'une question très importante au point de vue
pédagogique et au point de vue des finances. Nous l'avons
maintes fois signalée sans avoir eu la chance de la voir exa-
minée sérieusement. Espérons qu'à force d'y insister nous fini-
rons par provoquer une solution. B.
LA JEUNEUSE IRLANDAISE.
Dans un récent numéro du Freemnn's Journal, se trouvait le
récit d'une jeûneuse irlandaise qu'un correspondant du journal
interviewa à cette époque, ou plutôt qu'il visita, et dans le même
article le procès qui surgit à la suite des différents récits que la
curiosité de ce cas avait fait surgir dans le district. La jeune fille
repose dans un humble cottage au milieu des montagnes du comté
de Cavan; elle est restée, dit-on, privée de la parole et en léthar-
gie depuis le commencement de l'année. Elle a dix-neuf ans et est
bien développée, mais elle est, parait-il, poitrinaire, et deux de
ses frères sont morts de la poitrine. Son état actuel a été précédé
d'une série de crises hystériques accompagnées d'hallucinations,
et elle fut tellement malade à cette époque qu'on lui administra
les derniers sacrements. Ceci se passait le jour du nouvel An, et
c'est très peu de temps après qu'elle tomba dans l'état où elle se
trouve encore aujourd'hui. Pendant six semaines elle n'a pris au-
cune nourriture, mais ces derniers temps on a pu lui faire prendre
des aliments liquides. C'est là évidemment un cas de catalepsie,
et, bien que le fait d'avoir été privée de toute nourriture pendant
six semaines ne doive être accepté que sous une certaine réserve,
il est permis de croire que des malades dans cette condition peu-
vent vivre avec une quantité de nourriture qui, comparée à celle
que prendrait une personne bien portante du même sexe et du
même âge, peut paraître très petite. Nous ne désapprouverons
174 4 VARIA.
jamais trop ce système d'exhibition de cette jeune fille comme une
curiosité à tous venants.
Le correspondant du journal qui publie ce récit, tel que nous
l'avons recueilli, n'eut qu'à se présenter au curé de la paroisse qui
l'accompagna immédiatement dans la chambre où la malade re-
posait. -
Quel que puisse être l'état de cette personne au début, il n'est
pas douteux que chez de tels malades les traits morbides sont plus
accentués par « l'attention » qu'on appelle sympathique, mais qui
est réellement dénaturée, et l'on est peu surpris de lire dans le
même journal le récit d'un procès intenté à un homme, malheu-
reusement c'est vrai, pour s'être introduit subrepticement dans la
demeure de cette malade et d'y avoir assiégé cette malheureuse
jeune fille. (The Lancet, 15 juillet 1893, p. 149.) R.
Ce cas et la curiosité malsaine dont il est l'occasion rappelle
l'exploitation faite en Belgique, par le clergé, du cas de Louise
Lateau et par la famille du cas de la jeunesse du pays da
Galles. B.
INFLUENCE DE la POLITIQUE SUR la nomination DES médecins ALIÉNlsn : 3
. aux Etats-Unis. ' t
, Dans les derniers numéros des Annales médico-psychologiques, il
a été fait mention de l'influence déplorable dont il s'agit. Une des
victimes de cette intluence a été M. le Dr Dewey, l'un des plus dis-
tingués parmi les aliénistes américains. Au sujet de sa destitution
le British médical Journal du 1°1' avril 1893 a publié une lettre du
Dr Hack-Tuke qui flétrit cette mesure en termes justement distin-
gués. En voici quelques passages : .
« Le D'' Dewey médecin directeur de l'asile de Kankakée est desti-
tué des fonctions que depuis bien des années il remplissait avec
autant d'honneur pour lui-même que de profit pour ses malades.
Je parle de ce que je sais personnellement, quand je dis que ce
médecin est un des hommes les plus estimables, à qui on ne peut
rien reprocher; il était tout dévoué à l'institution qu'il a dirigio
avec plein succès, malgré les difficultés exceptionnelles que susci-
taient des errements tout à fait nouveaux ; c'est lui, en effet, qui a
expérimenté pour certaines catégories de malades, l'usage des
pavillons distincts du centre de l'asile. Il a montré quels avantages
on pouvait obtenir de cette manière de faire, et il a exercé une
grande influence sur l'application de la même mesure dans d'autres
asiles, en faisant entrer dans la pratique les idées de Frédéric
Wines et d'autres qui ont préconisé le groupement des aliénés par
petits nombres en opposition à l'entassement d'un millier de ma-
lades dans un bâtiment monstre.
FAITS DIVERS. 175
« Le Dr Dewey a résolu un problème. Mais maintenant que les
affaires politiques ont pris une voie nouvelle, il est obligé de céder
]a place sans qu'on ait le moindre égard à ce qu'il a fait d'admi-
rable. Son successeur peut être un médecin de mérite, capable de
bien remplir ses fonctiions, cela n'est point à mettre en question;
mais l'injustice criante commise à l'égard d'un médecin distingué
pour des motifs purement politiques, reste tout entière et donne
matière à graves réflexions sur le système qui a permis de la com-
mettre. » -C'est le Dr Clevenser qui a été nommé à la place du
D' Dewey. (Annales med. psychol.)
FAITS DIVERS.
Faculté DE médecine DE Paris. Nominations : àt. LEFILLIATRE,
interné des asiles de la Seine, est nommé, à partir du 1 cr juin et
jusqu'à la fin de l'année scolaire 1892-1893, aide du laboratoire de
clinique des maladies mentales, en remplacement de M. Champion.
Faculté DE MÉDECINE DE Bordeaux. - M. le Dr Régis est chargé, jus-
qu'à la fin de l'année scolaire 1892-1893, d'un cours complémentaire
des maladies mentales. z
Université de Vienne. M. le professeur von Ivrafft-Eling, est
nommé premier professeur de psychiatrie en remplacement de
M. Meynert, décédé. '
Académie royale DE médecine DE BELGIQUE. Prix : Nous ex-
trayons du programme du concours de l'Académie royale de méde-
cine de Belgique, les renseignements suivants : Concours 1893-1895.
Faire l'étude pathogénique et clinique des névroses traumatiques.
Prix : 600 francs. Clôture du concours : 15 février 1895 ; Con-
cours 1891-4894 ? Prix fondé par un anonyme. Elucider par des
faits cliniques, et au besoin par des expériences, la pathogénie et
la thérapeutique de l'épilepsie. Prix : 4,000 francs. Clôture
du concours : 1 cr février 1894. Des encouragements de 300 à
1,000 francs pourront être décernés à des auteurs qui n'auraient
pas mérité le prix, mais dont les travaux seraient jugés dignes de
récompense. Une somme de 25,000 francs pourra être donnée en
outre du prix de 4,000 franc ? , à l'auteur qui aurait réalisé un pro
grès capital dans la thérapeutique des maladies des centres ner-
veux, telle que serait, par exemple, la découverte d'un remède
curatif de l'épilepsie. N. B. Les mémoires lisiblement écrits en
176 s BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
latin, en français ou en flamand, doivent être adressés, franc de
port, au secrétariat de l'Académie, à Bruxelles.
Chaire DE clinique des maladies mentales. La Faculté de méde-
cine a présenté jeudi, en première ligne, notre ami M. Joffroy,
agrégé, pour la chaire de clinique des maladies mentales laissée
vacante parle décès du professeur Bail.
- 1 - J.-B. Charcot et Georges GUINON.
i . - . ' -
Distinction honorifique. Nos bien sincères compliments à
notre distingué collaborateur et ami le Dr Gilles de la Tourette,
médecin des hôpitaux, qui vient d'être fait chevalier de la Légion
d'honneur, à l'occasion de l'inauguration de la statue de Théo-
phraste Renaudot.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
BOURNEVILLE. 7{ec/Mrc/tM cliniques et thérapeutiques sur l'épilepsie,
l'hystérie et l'idiotie. Compte rendu du service des enfants idiots, épilep-
tiques et arriérés de Bicëtre pendant l'année 1892. Publié avec la colla-
boration de MM. Dauriac, Ferrier et Noir. Volume in-8° de cxn-368 pages,
avec 37 figures dans ,le texte et 15 planches. Prix 7 fr. Pour nos
abonnés : 5 fr.
FLOURNOY (Th.). Des phénomènes de synopsie (Audition colorée),
Volume in-8° de 259 pages. Prix : 6 fr. Paris, 1893. Librairie
F. Alcan.
Noir (J.). - Etude sur les tics chez les dégénérés, les imbéciles et les
idiots. Volume in-8° de 17t pages, avec 24 figures. - Prix : 4 fr. -
Pour nos abonnés : 2 fr. 75.
, ROUBI1\OVITCll (.T.). - Sur les hallucinations verbales psycho-motrices
. dans un cas de délire de persécution systématisé à évolution progressive
chez une dégénérée. Brochure in-8° de 20 pages. Paris, 1893. - Impri-
.merie L. Maretheux.
TOULOUSE (Ed.). De la dynamomélrie chez les aliénés. Brochure in-8°
de 13 pages. Extrait du Bulletin de la Société de médecine mentale
de Belgique. Gand, 1893.
Le rédacteur-gérant, Bourneville.
Evreux, Ch. Héiiissev IWp. 703.
'Vol. XXVI. Septembre 1893. N" 79.
ARCHIVES DE NEUROLOGIE
J.-M. CHARCOT
Le mercredi 16 août, le télégraphe apprenait que
M. Charcot, en excursion de vacances, depuis quelques
jours sur les bords du lac des Settons dans la Nièvre,
venait de succomber soudainement et sans que rien ne
le fit prévoir, à une attaque d'angine de poitrine.
Après quelques minutes de souffrances, M. Charcot
expirait entre les bras de ses deux compagnons de
voyage, MM. Debove et Straus, ses amis. La veille au
soir il écrivait encore à Mme Charcot une lettre pleine
de gaîté dans laquelle il se félicitait de son voyage.
CHARCOT (Jean-Martin) est né à Paris le 29 novembre
1825, d'une famille d'artisans honorables mais d'une
modeste aisance. M. CIIARCOT, qui ne cachait pas son
origine, nous a raconté qu'en raison de l'impossibilité
où son père était d'engager ses trois fils dans les pro-
fessions libérales, il leur dit un jour : « Je ne peux
vous faire faire à tous vos études; celui qui aura le
mieux travaillé à la fin de l'année scolaire, seul, con-
tinuera ; un autre sera soldat, le troisième sera car-
AIICIIIVES, t. XXVI. 12
178 J.-M. CHARCOT.
rossier comme moi. » Ainsi fut fait. Notre Maître
l'emporta et, en conséquence, fut envoyé au lycée
Saint-Louis. Ses études secondaires achevées, il se fit
inscrire à la Faculté de médecine. Il fut reçu interne
des hôpitaux en 1848 et passa sa thèse de doctorat
en 1853 1.
Peu après, son maître Rayer lui confia le soin
d'accompagner en Italie, un de ses malades, M. B. F.,
appartenant à une riche famille de financiers et de
politiques. Avec les quelques milliers de francs éco-
nomisés dans ce voyage, à son retour, il s'installa cité
Trévise. C'est alors aussi qu'il fut nommé chef de cli-
nique médicale. Il en remplit les fonctions en 1853-
1854 et 1854-55.
M. CHARCOT aimait à rappeler que, durant son inter-
nat et son clinicat, il donnait des leçons particulières
afin d'atténuer les sacrifices que s'imposait sa famille
pour son éducatiou. L'année suivante (1856), il était
nommé médecin du Bureau central. Quatre ans plus
tord (1860), à son second concours, il arrivait à l'agré-
gatioii En dépit de son ardeur au travail, de ses
connaissances aussi sûres qu'étendues, il faillit échouer,
et ne dut son succès qu'à la dernière épreuve : l'argu-
\
. Eludes pour servir à l'leisloire de l'affection décrite sous les noms
de goutte asthénique primitive, nodosités des jointures, rhumatisme
articulaire chronique (forme primitive). Avec planches. Plus tard il
revint sur le rhumastisme et la goutte dans des communications à la
Société de biologie (avec Cornil), dans ses leçons de 1SCG, dans les
nombreuses notes jointes à la traduction du livre de Garrod en 18G7.
z Son premier sujet de thèse d'agrégation avait pour titre : De l'ex-
pectation en médecine (1857) et le second : De la pneumonie chronique
(1860). Dans celle-ci, souvent citée, M. Charcot utilise des faits per-
sonnels et décrit une forme nouvelle qu'il nomme pneumonie chro-
nique ulcéreuse.
J.-M. CHARCOT. 179
mentation de sa thèse. Aussi exprimait-il le regret de
voir, dans ces dernières années, cette épreuve devenir
à peu près illusoire.
- En 1862, M. Charcot revint, comme chef de ser-
vice, à la Salpêtrière où il avait été interne et rassem-
blé les éléments de sa thèse inaugurale et dont il avait
su voir les inépuisables ressources. Il ne devait plus la
quitter. Aussitôt il se mit à l'oeuvre. Avec Vulpian,
son ami, il entreprit de recueillir les observations de
toutes les administrées (séniles, chroniques) et de
toutes les entrantes. La réunion de ces observations
formait les Archives médicales de la Salpêtrière, et
lorsqu'une affection intercurrente amenait les adminis-
trées à l'Infirmerie générale, il les connaissait déjà et
pouvait poursuivre fructueusement leur histoire patho-
logique. Et cela se continuait jusqu'à la fin. Toutes
les autopsies étaient pratiquées avec le plus grand
soin et c'était lui-même qui en dictait les résultats.
Sauf pendant les vacances, il était d'une assiduité
exemplaire à son service. La besogne qu'il s'était
imposée remplissait toute sa matinée et souvent au
delà. Cette abondance de matériaux de choix consti-
tuait une mine inépuisable, qui s'accroissait d'année
en année. C'est de là que sortaient les travaux qu'il
communiquait à la Société de biologie, dont il fut le
secrétaire, puis le vice-président, ou qu'il insérait
dans la Gazette hebdomadaire, dont il fut le collabora-
teur assidu de 1857 à 1869. En outre de ses
mémoires originaux, sur l'Endocardite ulcéreuse,
les Embolies pulmonaires, la Maladie de Basedow, les
Gangrènes viscérales, etc., il publia dans ce journal des
'180 J.-M. CHARCOT.
articles d'histoire et de critique qui sont de véritables
modèles du genre 1.
Son nom était donc déjà très honorablement connu
lorsqu'il inaugura, en 1866, ses leçons, à la Salpê-
trière, non pas dans le bel amphithéâtre que l'on
connaît, mais simplement dans une salle de malades
évacuée pour la circonstance. Aussi son cours fut-il
suivi avec empressement, en particulier par les anciens
internes, candidats au Bureau central, qui étaient
assurés de trouver là les sujets abordés, la pneumonie *
des vieillards, le rhumatisme chronique et la goutte %
traités avec une incontestable compétence et mis au
courant de la science.
En 1867, pour des motifs dont nous n'avons pas
gardé le souvenir, M. Charcot fit son cours libre à
l'École pratique : il le consacra à l'hémorrlzagie et au
ramollissement du cerveau, après une première leçon
de haute philosophie médicale intitulée : Parallèle
entre la médecine empirique et la médecine scientifique .
Il reprit l'année suivante (1868) son cours à la Salpê-
trière, décrivit, entre autres, la paralysie agitante, la
sclérose en plaques, jusque-là confondues, qu'il a pour
ainsi dire découvertes et dont il a tracé un tableau si
exact et si complet que, depuis, il n'y a rien été
ajouté de vraiment important 3 ; les scléroses de la
Citons aussi les articles : fièvre typhoïde, typhus fever, peste,
fièvre jaune, parus en 1863 dans la Pathologie méd. de Requin, l'art.
Anévrysmes de l'aorte du Dict. encyclop., etc.
' Ces leçons ont été publiées par M. Benjamin Bail.
' Nous avons publié ces leçons dans la Gazette des Hôpitaux (1868).
J.-M. CHARCOT. 181
moelle épinière, la sclérose primitive des cordons laté-
raux, etc.
Dans son cours de 1869, il traita de nouveau de
l'hémorrhagie et du ramollissement du cerveau. Mal-
heureusement, une partie seule de ses belles leçons a
été recueillie. On doit d'autant plus le regretter,
qu'elles étaient pleines de faits nouveaux, au point de
vue de la pathogénie, du diagnostic et du pronostic *.
Outre les leçons dont nous venons de parler, men-
tionnons encore pour 1869 celles qu'il a faites sur
l'importance de la thermométrie dans la clinique des
maladies des vieillards =, et faisons remarquer à ce pro-
pos, que c'est principalement à M. Charcot que l'on
doit la vulgarisation de la thermométrie en France et
qu'il lui a dû d'intéressantes données qu'il a maintes
fois mises à profit dans son enseignement 8.
Cette même année il découvrit les arthropathies des
ataxiques, auxquelles les Anglais ont donné le nom de
Charcofs joint disease, et fonda les Archives de phy-
siologie avec Vulpian et Brown-Séquard.
Son cours de 1870 s'ouvrit sous les meilleurs aus-
Trois petits fascicules, publiés par Bouchard. Nous devons dire,
toutefois, que ces leçons ont été utilisées dans plusieurs thèses de
doctorat et dans l'article Hémorrhagie cérébrale, inséré par M. Brouar-
del dans le Dictionnaire de méd. et de chir. prat.
1 Publiées par A. Joffroy dans la Gaz. hebd. de 1869, réimprimées dans
les OEuvres complètes.
3 La thermométrie avait déjà été mise à contribution (Gavarret,
Andral, 11. Roger, etc.), puis avait été abandonnée dans notre pays
pour être reprise en Allemagne (Wunderlich, etc.). Pendant longtemps,
nous avons été personnellement l'objet de plaisanteries à cause de
notre«manie de la thermométrie », que nous avait inculquée JI. Charcot.
Nous avons persisté, sur ses conseils, et nous n'avons pas lieu de le
regretter.
182 J.-M. CHARCOT.
pices. La salle de consultation où il avait lieu était
devenue insuffisante. Parmi les auditeurs, le nombre
des médecins étrangers, notamment d'Allemagne,
n'avait jamais été aussi grand. C'est à cette époque
qu'il fit ses remarquables leçons sur les Troubles tro-
phiques consécutifs aux maladies du cerveau et de la
moelle épinière. La guerre criminelle de 1870 vint
les suspendre. Pendant les deux sièges, M. Charcot,
simplement, fit son devoir comme il l'avait fait lors
des épidémies cholériques. Outre ses salles ordinaires,
il eut la charge d'un service de varioleux et d'un bara-
quement de militaires fiévreux.
Dans le courant de cette même année (1870), il se
produisit un événement imprévu, insignifiant en appa-
rence, qui eut sur la destinée scientifique du maître
une importance considérable. Le bâtiment dit de Sainte-
Laure, où était installé le service de.111. Delasiauve,
comprenant les épileptiques, les hystériques et les
idiotes adultes, menaçant ruine, l'Administration dut
le faire évacuer. On plaça les idiotes adultes dans trois
des sections du quartier des aliénées ; on mit lés épi-
leptiques et hystériques réputées aliénées dans la sec-
tion de M. Baillarger et on sépara les épileptiques et
hystériques dites non aliénées *, dont on fit un quartier
spécial. M. Charcot étant le plus ancien des deux méde-
cins de l'hospice on le lui offrit, il l'accepta. Le hasard
1 Nous avions été interne de M. Delasiauve en 1866 et nous avions
recueilli les observations d'une partie des malades qui venaient de
passer sous la direction de M. Charcot. Il nous demanda de les mettre
à sa disposition, puis de les continuer. Voilà comment de 1871 à 1879,
époque où nous avons été nommé médecin de Biettre, nous avons
rempli officieusement dans son service les fonctions d'assistant.
J.-M. CHARCOT. 183
le favorisa ; la science en profita. On sait, en effet,
comment il exploita ie nouveau champ d'investigation
mis à sa disposition. '
Après la guerre, M. Charcot reprit son enseigne-
ment. Il nous avait confié la publication du premier
volume de ses Leçons sur les maladies du système ner-
veux. Plusieurs leçons, dès 1868, avaient paru dans
la Gazette des Hôpitaux; les leçons sur les troubles
trophiques venaient de paraître dans le Mouvement
médical. Nous pensions donc pouvoir aller vite. Nous
comptions sans la sévérité, parfois extrême, du maître
pour ses propres travaux. Il reprit la composition des
leçons sur les troubles trophiques parue dans ce der-
nier journal et la remania de fond en comble : ce fut
à une impression nouvelle qu'il fallut procéder. Et
celle-ci subit à son tour de telles modifications que
nous désespérions de pouvoir jamais parvenir au but.
Après les leçons sur les troubles trophiques, venaient
les leçons sur la paralysie agitante et la sclérose en
plaques. Il ne les modifia pas et nous avions repris
confiance. Nous n'étions pas cependant à la fin de nos
peines. Ce fut à force de le tourmenter, avec une
insistance qui aurait fini par être déplacée si nous
n'avions été soutenu par Mme Charcot, que nous
eûmes enfin les leçons sur l'hystérie et l'laystéro-épi-
lepsie qui terminent ce volume '. Souvent, dans les
' Il parut enfin en 1872. M. le D' Max Simon s'exprimait ainsi au
début de l'analyse qu'il en fit dans le Bulletin de Thérapeutique (1874,
p. 503) : M. le pr Charcot est un de ces hommes qui, sachant faire
grâce au temps, mûrissent dans une laborieuse solitude les travaux
qui doivent les conduire à une légitime célébrité. M. Charcot est jeune
encore ; il n'a pas dit son dernier mot, mais son premier mot a été
la révélation d'une saine et féconde originalité. »
184 J.-M. CHARCOT.
années qui suivirent, il en fut de même en bien des
circonstances et sans l'intervention incessante- de
Mme Charcot, sans ses encouragements, la plupart des
leçons de cette période auraient eu le même sort que
celles de 1867 et 1869. Si nous avons insisté sur ces
détails, c'est pour montrer le rôle bienfaisant que peut
exercer une femme intelligente et dévouée dans la vie
d'un savant, et aussi pour détruire cette assertion de
certains publicistes qui ont accusé le maitre d'un
amour immodéré de la publicité. Que n'en eût-il été
ainsi ! Nous aurions, à l'avantage de tous, une foule
de leçons qui sont demeurées enfouies dans ses car-
tons. ·
Nommé, en 1872 ', professeur d'anatomie patholo-
gique à la Faculté de médecine de Paris, en remplace-
ment de son ami Vulpian devant lequel il s'était effacé
quelques années auparavant (1867), il occupa cette
chaire jusqu'en 1881. C'est durant cette période qu'il
fit ses Lecons sur les maladies du poumon, du foie \ des
reins 3, sur les Conditions pathogéniques de l'albzcmi-
nurie 4, sur les Localisations dans les maladies du cer-
veau et de la moelle épinière 5, etc.
Bien qu'il s'agisse là d'une branche des sciences
médicales qui n'a pas l'attrait de la clinique, Lpar
exemple, il sut attirer et retenir à son cours un nom-
breux auditoire. Pour le rendre attrayant et compré-
' Cette même année, il fut élu membre de l'Académie de médecine.
2 Elles ont été publiées par nous.
3 Publiées par Sevestre. "
4 Publiées par Brissaud.
* Publiées par Bourneville et Brissaud.
J.-M. CHARCOT. 188
hensible, même pour les étudiants les moins au cou-
rant de l'anatomie pathologique, il faisait lui-même
ou faisait faire des planches murales représentant les
lésions des maladies qu'il décrivait, procédés qu'il
appliquait à ses cours de la Salpêtrière dès 1866 et
qu'il ne cessa de perfectionner. Il se servait dans ce
but tantôt des dessins des auteurs, tantôt et surtout
des pièces anatomo-pathologiques recueillies dans son
riche service de la Salpêtrière ou collectées à la So-
ciété anatomique. En effet, voulant donner à son
enseignement un caractère absolument pratique,
M. Charcot avait compris que si les richesses anatomo-
pathologiques de la Salpêtrière suffisaient pour l'en-
seignement d'un certain nombre de maladies, il n'en
était plus de même pour une foule d'autres. Afin de
combler cette lacune, il eut l'heureuse idée d'accepter
la présidence de la Société anatomique (1879--1882) où,
alors, la majorité des internes des hôpitaux venaient
apporter toutes les pièces les plus intéressantes. Et
comme on savait, qu'il ne manquait aucune séance, que
sa présidence élait réellement effective, qu'il profitait
des présentations pour émettre d'utiles remarques, les
séances de cette Société étaient très fréquentées. Cha-
cun s'empressait de mettre à sa disposition tout ce qu'il
jugeait susceptible de servir à son cours.
Pendant les dix années qu'il professa l'anatomie
pathologique à la Faculté, il n'en continua pas moins
ses cours libres de la Salpêtrière, fournissant ainsi une
somme de labeur telle que peu d'hommes en ont
fourni une semblable, accomplissant ainsi d'« immenses
travaux connus dans le monde entier ». Cela lui a été-
186 J.-M. CHARCOT.
possible, parce que sa compagne, pleine de dévoue-
ment et d'affection, « d'esprit élevé, l'intelligence
ouverte à tout ce qui est beau dans les sciences et dans
les arts, lui donnait le charme et les joies de l'inté-
rieur et de la famille » ; parce que ses enfants l'en-
touraient du plus profond respect et de la plus vive
affection. Chacun, autour de lui, s'empressait à lui faci-
liter sa tâche. Aussi u'éprouvait-il nullement le besoin
de se répandre au dehors. Tout ce qu'il voulait était
bien, et comme ce qu'il voulait c'était la liberté de
travailler, il a pu accomplir, dans une vie prématuré-
ment interrompue, l'oeuvre qu'admirent tous ceux qui
travaillent eux-mêmes et cherchent à se tenir au cou-
rant de la science.
C'est durant cette période qu'il publia ses Leçons
sur les anomalies de l'ataxie locomotrice, sur la Com-
pression lente de la moelle épinière, les Amyotrophies
spinales, les Paraplégies urinaires, l'HémichorEe post-
hémiplégique , l'Epilepsie partielle d ! origine syphilitique,
le Tabès dorsal spasmodique, l'Athétose, etc. Ce fut alors
aussi qu'il nous aida à fonder le Progrès médical (1873),
qu'il créa la Revue mensuelle de médecine et de chirur-
gie (1877), et que nous fimes paraître ensemble les
Archives de Neurologie (1880). Là aussi prennent place
ses recherches sur la nzélalloscopie et \ hypnotisme.
C'est pendant l'été de 1876 que M. Charcot fit la
revision des travaux de Burq sur la métalloscopie et la
métallothérapie. Il s'ensuivit plusieurs découvertes inté-
ressantes : modifications que subit l'achromatopsie
sous l'influence des applications métalliques ; transfert;
anesthésie métallique, etc. Ces découvertes, à leur
J.-M. CHARCOT. '18ï 1
tour, furent le point de départ d'investigations curieuses
sur l'action des barreaux aimantés, des électro-aimants,
des solénoïdes, de l'électricité statique, des vibrations
d'un corps sonore, etc.
Les recherches entreprises à la Salpêtrière par notre
Maître et, sous sa direction, par plusieurs de ses élèves
sur l'hypnotisme datent de l'année 1878. Dès l'origine,
comme il l'a consigné lui-même, il s'est attaché à im-
primer à ces recherches une allure prudente et réser-
vée. Peu préoccupé du scepticisme, d'ailleurs pure-
ment arbitraire, familier à ceux qui, sous le prétexte
d' ce esprit scientifique », cachent un parti pris de ne
rien voir et de ne rien entendre en ces matières,
M. Charcot s'est tenu autant que possible éloigné de
l'attrait du singulier, de l'extraordinaire, écueil qui,
dans ce domaine encore peu exploré scientifiquement,
se rencontre, pour ainsi dire, à chaque pas. Il a
résumé très simplement la méthode qu'il convient
de suivre dans ces études ardues de physiologie et de
pathologie nerveuses : Au lieu, disait-il, de se laisser
aller à la poursuite de l'inattendu, de l'étrange, il con-
vient, quant à présent, de s'attacher à saisir les signes
cliniques, les caractères physiologiques facilement ap-
préciables des divers états et phénomènes nerveux
produits ; de se renfermer d'abord dans l'examen des
faits les plus simples, les plus constants, de ceux
dont la réalité objective est le plus facile à mettre en
évidence, n'abordant qu'ensuite et toujours avec cir-
conspection les faits les plus complexes ou plus fugi-
tifs ; de négliger même systématiquement, du moins à
titre provisoire, ceux d'une appréciation beaucoup plus
188 J -11f. CHARCOT. ·
délicate, qui, pour le moment, ne paraissent se ratta-
cher par aucun lien saisissable aux faits physiologiques
connus. C'est en grande partie, selon M. Charcot, parce
que ces précautions si simples ont été trop souvent
négligées que les recherches sur l'hypnotisme consi-
déré comme une névrose expérimentale, recherches
destinées certainement à porter quelque jour la lumière
dans une foule de questions, non seulement de l'ordre
pathologique, mais encore de l'ordre physiologique ou
psychologique, autrement presque inaccessibles, n'ont
pas jusqu'ici donné tous les fruits qu'on peut en at-
tendre, et n'ont pas rencontré partout l'accueil favo-
rable qu'elles méritent.
Les études faites à Salpêtrière concernant l'hypno-
tisme ont toujours porté sur des sujets atteints de grande
hystérie (hystéro-épilepsic ; hysteria major). C'est d'ail-
leurs sur les sujets de cette catégorie surtout, que les
diversétats nerveux, produits artificiellement, semblent
atteindre leur développement le plus parfait et se mon-
trer doués de leurs attributs les plus caractéristiques.
Il a paru plus philosophique de s'arrêter tout d'abord
aux types réguliers, classiques en quelque sorte, avant
d'envisager les formes frustes, rudimentaires, mal
dessinées.
Nous avons cru utile de rappeler la méthode pru-
dente, tout à fait scientifique, qui avait guidé le Maître
dans l'étude de faits délaissés par les médecins, consi-
dérés sous un jour très défavorable et qu'il avait hésité
même à aborder. Les découvertes précises qui en sont
découlées ont contribué à agrandir la réputation de
l'Ecole de la Salpêtrière. Elles sont sorties du monde
médical et ont attiré à un tel point l'attention de l'opi-
J.-M. CHARCOT. 189
nion publique, que beaucoup se figurent que les tra-
vaux de M. Charcot se bornent à l'hypnotisme alors
qu'ils ne constituent qu'une petite partie des travaux
dus à son génie. Ils ont répandu son nom dans le pu-
blic, mais déjà sa réputation scientifique était faite et
reposait sur des bases inébranlables.
Son enseignement sur l'hypnotisme a été l'origine
d'une foule d'expériences et de publications. Certains
auteurs se sont écartés de la méthode scientifique posi-
tive et se sont laissé entraîner sur une pente où l'ima-
gination et le besoin du merveilleux l'emportent sur
une saine et vraie observation. M. Charcot le constatait
avec peine. Il craignait de voir cette nouvelle partie de
la science retomber dans le mépris et le dédain dont il
l'avait tirée. Quelques-uns, et tout récemment encore,
en ont induit que c'était jalousie; qu'il ne voulait pas
que qui que ce soit touchât aux questions qu'il avait
lui-même traitées 1. Ceux-là connaissaient peu cet
homme dont la générosité scientifique était hors de
pair. Ils oubliaient qu'en se hasardant dans l'étude
d'un sujet discrédité, en cas d'insuccès, il s'était ex-
posé à compromettre une renommée bien acquise, à
fournir des arguments aux jaloux qui voyaient avec
peine le succès toujours croissant des cours libres de
la Salpêtrière. M. Charcot se souvenait que ses adver-
* Dans une interview des Débats (18 août), il est dit : « Après s'être
occupé longtemps de l'hypnotisme, il abandonna complètement les
études qu'il avait si bien commencées, sans que l'on pût jamais savoir
pourquoi il avait pris cette résolution. » Le « pourquoi », nous
venons de le déceler. « M. Charcot, dit la Gaz. de France (18 août),
était prudent dans ses assertions, et c'était sa force, mais il n'admet-
tait pas qu'on pût exploiter sans lui ce champ nouveau. C'était sa
propriété, et nul ne pouvait avoir raison s'il allait plus vite. En dehors
de son Eglise matérialiste il ne pouvait y avoir de salut. »
190 CHARCOT..
saires s'étaient fait des armes de ses recherches sur ces
sciences « occultes » pour combattre sa candidature
à l' f nstitut.
En 1882, le but poursuivi par le Maître est réalisé.
Une chaire de clinique des maladies nerveuses est créée
pour lui, à la Salpêtrière. Ce n'était, du reste, que la
reconnaissance officielle, quoiqu'un peu tardive, d'un
enseignement vivant, fonctionnant, et honorant la
science française depuis seize ans. En effet, antérieu-
rement à la consécration universitaire, M. Charcot avait
été mis en possession, par l'Assistance publique et sur-
tout par le Conseil municipal, d'installations qui avaient
fait de son service un véritable Institut neuro-patlaoln-
gique. Dans sa leçon d'ouverture, après avoir exprimé
sa gratitude envers tous les corps administratifs, il
ajoutait :
Enfin, Messieurs, pour terminer cet acte de gratitude, il
m'incombe un devoir qu'il me sera particulièrement doux de
remplir. Ravivant d'anciens souvenirs, je viens faire appel à
ceux qui me font l'honneur de se dire mes élèves tous
aujourd'hui sont devenus des maîtres ou sont en voie de le
devenir et, leur donnant une fois de plus l'assurance de mon
vif et sincère attachement, je les convie à se réjouir avec nous
de l'heureux succès d'une oeuvre à laquelle ils ont parti-
cipé 1. D
Dans cette même leçon, il déclarait une fois de plus
que « l'intervention largement acceptée des sciences
anatomiques et physiologiques était une condition
essentielle de progrès » ; il affirmait « l'influence déci-
sive qu'ont eue sur les progrès de la neuro-pathologie
les investigations microscopiques dirigées suivant la
1 Progrès médical, 1882, 29 avril.
J.-M. CHARCOT. 191
méthode anatomo-clinique » ; il proclamait que « les
principes qui régissent l'ensemble de la pathologie
sont applicables aux névroses et que, là aussi, on peut
chercher à compléter l'observation clinique en pensant
anatomiquement et physiologiquement » .
Depuis lors jusqu'à ce jour se sont succédé, à côté
de travaux sur l'hypnotisme, sur les maladies orga-
niques du cerveau et de la moelle épinière, d'autres
travaux sur l'aphasie au point de vue de la clinique et
de la psychologie physiologique, sur l'laystéro-trazrnza-
time, l'épilepsie, la psychiatrie, les amyotrophies ,
la cécité verbale, l'hystérie chez l'honcnze, etc. Citons
encore les deux volumes des Leçons du Mardi données
dans les années scolaires 1887-1889, véritable chef-
d'oeuvre d'examen des malades, de séméiologie et de
diagnostic ', et les deux volumes. de Clinique des mala-
dies du système nerveux qui réunissent ses travaux
pendant les années 1889 à 45913.
On a osé écrire, ignorance ou mauvaise foi, sinon
les deux, que M. Charcot ne se préoccupait aucune-
ment de guérir ses malades. Assertion absurde, car
s'il en eût été ainsi, il n'aurait pas vu la foule des
clients envahir son cabinet. La thérapeutique, comme
les autres branches des sciences médicales, lui doit
de nombreuses contributions. Nous relèverons les sui-
vantes : Sur l'Emploi et les inconvénients du nitrate
d'argent, sur le Traitement du rhumatisme articulaire
aigu par les alcalins, sur Y Anaphrodisie produite par
l'usage prolongé des préparations arsenicales, l'Expecta-
' La traduction allemande est en cours de publication.
' Publiés par Georges Guinon.
192 J.-M. CHARCOT.
lion en médecine, l'Inopportunité de l'administration des
préparations opiacées dans les cas de néphrite albumi-
nellse ou chronique, sur l'application des pointes de
feu dans le Traitement de la paraplégie par mal de Pott,
sur le Traitement du vertige de Ménière par le sulfate de
quinine à hautes doses, sur le Traitement de l'épilepsie
partielle d'origine syphilitique, sur la M étallothémpie,
l'Électrothérapie, l'application des aimants, la compres-
sion ovarienne, l'hydrothérapie. Notons encore l'en-
semble des règles qui doivent guider dans le Traitement
de l'hystérie, qui lui a permis de rendre à la santé un
grand nombre de malades et qui sert généralement
de guide aux praticiens ; son admirable mémoire sur la
Foi qui guérit, dans lequel il prouve que le « domaine
du surnaturel voit tous les jours ses frontières se
rétrécir sous l'influence des acquisitions scienti-
fiques ». Ajoutons enfin que la plupart de ses leçons
de clinique se terminent par un exposé du traitement'.
M. CHARCOT fut élu membre de l'Institut en 1883
en remplacement de J. Cloquet et nommé comman-
deur de la Légion d'honneur en février 1892.
Ses OEuvres complètes, dont nous avons entrepris la
publication et dont neuf volumes ont vu le jour, n'en
formeraient pas moins de quinze, si elles étaient'4er-
minées. Pour indiquer en quelle haute estime ses tra-
vaux étaient appréciés à l'étranger, nous rappellerons
' C'est dans son service, avec son assentiment, sous sa surveillance,
que, de 1871 à 1879, nous avons employé l'arséniate de potasse et le
bromure de camphre dans le traitement de la paralysie agitante et de
quelques autres tremblements; le bromure et l'oxyde de zinc, le sul-
fate de cuivre, le nitrite d'amyle, le bromure de camphre dans le trai-
tement de l'épilepsie et de l'hystérie. Nous ne parlons que des médica-
ments qui ont fait l'objet de publications.
J.-M. CHARCOT. 19
qu'un grand nombre d'entre eux ont été traduits en
allemand, en anglais, en espagnol, en italien, en
magyar et en russe. Nul, parmi les médecins contem-
porains, n'a eu au même degré cet honneur qui
rejaillit, du reste, sur la science française.
La Salpêtrière était devenue en quelque sorte, pour
lui, une seconde maison. Il s'intéressait à tout ce qui
s'y faisait. C'est ainsi qu'indirectement il nous a prêté
son concours pour le succès de l'École des infirmières.
Nous n'en aurions point parlé si les attaques dont il
vient d'être l'objet ne nous y contraignaient'.
La Salpêtrière, en raison de sa population, de la
variété des malades qu'elle renferme, vieillards, chro-
niques, aliénées, épileptiques, enfants, s'imposait à
notre choix pour la création de la première école
d'infirmières. Deux années d'internat, huit années
d'assistant bénévole dans les salles de M. Charcot
affectées aux épileptiques et aux hystériques, quelques
services rendus pendant cette période au personnel
de la maison, nous y avaient donné une certaine in-
fluence qui devait contribuer au succès de l'École.
M. Charcot, qui connaissait par expérience ce qui se
faisait dans les hôpitaux de Londres, encouragea dès
, « Le pauvre M. Charcot a été, avec M. de Bourneville, dont il
subissait la pernicieuse suggestion, un des fondateurs principaux de
la laïcisation des Hôpitaux de Paris... » (La Croix, 19 août). Dans
l'Eclair du 23 août, Arsène Alexandre rappelle un article du « célèbre
Ignotus dans lequel M. Charcot était traité de faux savant et il
ajoute : « Mais le fin du fin dans cet article... était le reproche pathé-
tique, à Charcot, d'avoir expulsé les pauvres soeurs de charité de la
Salpêtrière. Or ce reproche venait... retomber sur la propre tête de
saint Vincent de Paul qui avait institué d'une façon expresse un
service laïque dans cet établissement où tout le monde à l'heure pré-
sente pleure Charcot comme un ami, l'ayant vu à l'oeuvre comme un
maître, un surprenant maître. »
Archives, t. XXVI. 13
194 J.-M. CHARCOT.
le début, par des dons généreux auxquels Mme Char-
cot participait et faisait participer sa famille, les infir-
mières à profiter des moyens d'instruction qu'on
mettait à leur disposition. Il en a toujours été de
même depuis 1878 jusqu'à la distribution des prix du
29 juillet dernier. Homme de progrès, comment pou-
vait-il se désintéresser d'une oeuvre qui mettait son
personnel mieux en mesure de le seconder ? Il en exi-
geait beaucoup, et il en obtenait tout ce qu'il voulait.
Comme on le voyait s'occuper minutieusement de
ses malades, leur consacrer de longues heures,
chacun s'inclinait et, à son exemple, se dévouait.
Tous l'aimaient. Il y aurait donc eu ingratitude de sa
part, s'il n'avait, l'ocasion s'en offrant, rendu justice à
tout ce personnel qui, modestement mais constam-
ment, nuit et jour, l'aidait scrupuleusement. Cette
occasion se présenta lors de la célébration du cin-
quantenaire des services hospitaliers de M'1° Bottard.
Et pour montrer comment lui-même appréciait son
personnel, nous reproduisons le passage de l'allocu-
tion, pleine de coeur, qu'aux applaudissements de
tous, il prononça à cette cérémonie.
fi. Il y aune trentaine d'années, un peu plus peut-être, disait-
il en s'adressant à sa surveillante, que vous et moi nous mar-
chons chaque jour côte à côte, ici, dans ce grand asile des
misères humaines que l'on appelle l'hospice de la Salpêtrière,
traitant ou consolant de notre mieux les malades, chacun
suivant ses attributions spéciales.
fi. Je puis donc avoir la prétention de vous bien connaître, et
de pouvoir apprécier votre longue et laborieuse carrière, puis-
que je l'ai suivie en quelque sorte pas à pas.
fi. Eli bien ! je n'hésite pas à dire, et même je tiens à décla-
rer hautement, à proclamer publiquement, après vous avoir
connu comme je vous connais, qu'à mon avis ceux qui viennent
J.-M. CHARCOT. 195
prétendre que les surveillantes laïques des hôpitaux sont inca-
pables de montrer, dans l'exercice de leurs fonctions, ce désin-
téressement absolu, ce dévouement sans bornes, ces qualités
morales, quintessenciées en un mot, dont le monopole appar-
tiendrait, suivant eux, aux surveillantes de l'autre système;
ceux-là, dis-je, se trompent ou ils trompent les autres.
« Simple laïque, en effet, laïque selon la tradition de l'hos-
pice qui remonte à 1656 (fondation saint Vincent de Paul), sans
autre stimulant par conséquent que le sentiment impérieux
du devoir et de la dignité personnelle, aiguisés, il est vrai,
chez vous, par une sympathie profonde pour les déshérités, les
incurables, les difformes au physique comme au moral, les
malheureux de tout genre en un mot ; n'avez-vous pas pendant
plus- de cinquante ans, sans bruit, modestement, sans visées
autres que la satisfaction de votre conscience, sans autre sou-
tien que votre coeur ardent pour le bien ; n'avez-vous pas, dis-
je, mené cette vie d'abnégation et de sacrifice que commandait
le poste d'honneur qui vous était confié ? »
Ce n'est pas seulement envers ses modestes auxi-
liaires, surveillantes et infirmières que, lui et les
siens, manifestaient leur bienfaisance : c'était encore
envers les vieilles femmes, les incurables, envers les
malades de son service, envers les malades sorties.
Que de fois nous et ses autres élèves, nos amis, nous
avons servi d'intermédiaire pour des actions de ce genre !
Sa libéralité envers ses élèves immédiats et même
envers tous les étudiants qui se présentaient n'a jamais
été dépassée par personne. Ce n'étaient pas des sujets
banaux qu'il donnait, c'étaient parfois des sujets tout à
fait originaux : telles la sclérose en plaques, les arthro-
pathies, la pathogénie de Phémorrhagie cérébrale, etc.
Il donnait le sujet, traçait le plan, fournissait les
observations et de plus les notes bibliographiques
nécessaires à l'historique de la question, quand ce
n'était pas le résumé analytique fait par lui de ces
196 J.-M. CHARCOT.
travaux. Sachant l'allemand et surtout l'anglais qu'il
parlait, il s'est toujours tenu d'une manière très
exacte au courant de la science, et se plaisait à rendre
à chacun la justice qui lui était due : tous ses travaux
en témoignent. Sa bibliothèque fournissait aussi son
contingent.
il nous est impossible de dire, d'une façon exacte, le
nombre des thèses de doctorat, des mémoires et des
thèses d'agrégation auxquels il a apporté son tribut.
En était-il toujours récompensé comme il le méritait
et comme ç'aurait été justice ? Non ! Mais cela ne l'a
jamais arrêté et sa générosité scientifique n'a jamais
faibli. Elle avait encore d'autres conséquences, c'était
de créer parmi ses internes une véritable émulation
dans cette voie de libéralité scientifique. C'est ainsi
qu'il a créé l'ÉCOLE DE la Salpêtrière « qui rayonne
sur le monde médical entier', et dont le développement
progressif et l'avenir reposent sur des assises inébran-
lables et sur une pléiade de disciples dignes du maître
et de son oeuvre 2. »
Ses anciens internes devenaient ses amis, faisaient
partie de sa famille. Il les aidait dans leurs travaux,
les soutenait dans leurs luttes. Il partageait leurs
soucis et leurs angoisses et était profondément affecté
quand l'un d'eux était victime de l'injustice du sort...
et des hommes. L'ingratitude lui brisait le coeur.
. Laborde. Tribune médicale, 24 août.
t« A l'étranger, lisons-nous dans la Gaz. des Hôpitaux (25 août), l'au-
torilé de M. Charcot n'était pas discutée, il était, sans contestation,
estimé comme un des maîtres de la médecine. Les étrangers avaient
plus que nous la reculée voulue pour juger ce grand homme ; son
ombre ne les gênait pas comme quelques-uns de ses compatriotes.
Nous pensons que la postérité confirmera ce jugement et il restera
dans la série des âges l'un des plus grands parmi les médecins. »
J.-M. CHARCOT. 197 i
Nous avons essayé, bien imparfaitement, d'esquisser
à grands traits la vie scientifique de M. Charcot. Le
temps et l'espace nous font défaut pour définir et
apprécier à leur juste valeur les faces multiples de ce
vaste génie. Mais il est un côté que, même dans cette
courte notice, nous ne saurions laisser dans l'ombre.
C'est que ce savant de premier ordre, ce savant qui, à
juste titre, peut être considéré comme un de ces phares
éclatants mais rares, placés de loin en loin sur la route
de l'humanité pour en guider la marche vers le progrès,
était en même temps un philosophe, esprit d'élite, un
artiste dans la plus haute et la plus entière acception
du mot.
Il connaissait les Musées d'Europe comme peu les
connaissent, même parmi ceux qui font profession
d'art, et bien des fois, dans les causeries familières de
ses réceptions, nous l'avons vu étonner les gens du
métier par l'étendue de ses connaissances spéciales. Il
eût fait l'expert en peinture le plus fin et le plus sûr.
C'était un jeu pour lui que de deviner au premier coup
d'oeil la signature d'un tableau, et plus d'une fois, chez
les clients, la consultation faite, l'artiste curieux et
chercheur qui n'abdiquait jamais complètement en lui,
se révélait et d'un mot définissait diagnostiquait
pour ainsi dire les différents tableaux que le hasard
avait placés sous ses yeux.
Il aimait l'art comme il aimait la science. Et il appor-
tait dans son étude les mêmes méthodes faites de
logique et de clarté. Il n'admirait pas s'il ne comprenait
pas. A ses yeux, les qualités artistiques faciles et bril-
lantes n'avaient aucune valeur si elles ne reposaient
sur des connaissances sérieuses et approfondies de l'art
198 J.-M. CHARCOT.
et de ses procédés techniques. Il considérait le dessin
comme la base fondamentale de la peinture et le travail
comme la condition première de toute oeuvre d'art. Ce
n'est pas qu'il dédaignât la couleur, il avait pour Dela-
croix une admiration profonde et gardait comme un tré-
sor, dans un tiroir deson bureau, un album original de ce
maître, rempli d'aquarelles et de croquis pris au : Vlaroc'.
Son éducation musicale n'élait pas moindre. Sui -
vant toujours les mêmes tendances de son esprit, les
écoles nouvelles ne l'attiraient point. Il avait gardé ses
préférences pour Glück, Beethoven et Weber.
En littérature, il avait trois auteurs favoris, dont il
ne se lassait jamais de relire les ouvrages, et qu'il citait
d'ailleurs volontiers à ses cours, c'étaient Shakespeare,
Dante et Rabelais.
Mais il n'est pas sans intérêt d'ajouter qu'en fait de
dessin et de peinture il ne se contenta pas seulement
d'admirer, il pratiqua lui-même et non sans succès. On
a parlé bien des fois des dessins qu'il montrait à ses
cours, qui illustraient ses livres, et de ces rapides
esquisses dont il couvrait d'une main distraite les
feuilles blanches placées devant lui aux examens et aux
concours. De chacun de ses nombreux voyages il
rapportait des albums couverts de notes et de croquis.
Chez lui, même, il aimait à employer ses rares loi-
sirs à des travaux d'art. Il copia deux fois les célèbres
émaux de Léonard Limousin, représentant les douze
apôtres, une première fois sur faïence à grand feu,
presque dans la taille de l'original 2 ; une deuxième
' Ce précieux album lui avait été cédé par M. Burty.
1 Trois de ces panneaux décorent la cheminée monumentale de son
bureau à sa maison de Neuiiiy.
J.-M. CHARCOT. 199
fois, en plus petit, sur un émail sur cuivre, et ces
émaux font partie d'un délicieux petit meuble Renais-
sance en bois noir. il reproduisit la Danse des Fous
d'Albert Dürer sur de grandes plaques de faïence qui
ornent l'une des façades de son hôtel à Paris. Il pei-
gnit un service complet en porcelaine avec les croquis
originaux de ses voyages, etc., etc. -
Ceux qui ont visité ses deux maisons, celle du bou-
levard Saint-Germain et celle de Neuilly, peuvent se
faire une idée de ce qu'était l'esprit fin et délicat qui
avait su créer de tels milieux. On pourrait presque
dire qu'il avait fondé chez lui une véritable école d'art
décoratif. Rien de banal dans ce mobilier somptueux,
dans cet ensemble à la fois si harmonieux et si varié.
Partout on retrouve ses goûts, ses préférences, partout
se révèle la note personnelle et originale du Maître.
Ces mille objets, ces meubles même, parmi lesquels
se trouvent de vraies merveilles artistiques, ont leur
histoire : ce sont des souvenirs de voyages, des spéci-
mens intéressants à divers titres ; mieux que cela, ce
sont des oeuvres originales fabriquées par lui ou autour
de lui. Car sous son inspiration, sous sa direction à
vrai dire, sa femme, sa fille, Mule Jeanne Charcot, ont
cultivé avec une ardeur infatigable et avec un véritable
succès les arts les plus variés, arts du feu, arts du
métal, arts plastiques, etc. Pour n'en citer qu'un
exemple, les peintures décoratives du plafond de son
magnifique cabinet de travail à Paris ont été entière-
ment exécutées par Mme Charcot sur les indications de
son mari. Il aimait l'art sous toutes ses formes et il a
su faire de ses appartements un véritable musée d'art
intime où se lit la vie de la famille. Mais il n'était
200 0 J.-M. CHARCOT.
point un collectionneur ni un classeur. Avant tout il
voulait jouir des objets qu'il accumulait autour de lui.
C'était un artiste, un dilettante.
De telles qualités artistiques ne pouvaient nuire au
savant. Elles n'ont fait que le compléter '.
Dans ses conversations scientifiques, dans ses cours
surtout, l'artiste se révélait, qui savait donner à ses
démonstrations un relief extraordinaire. Dans l'art de
professer il n'eut point d'égal, et là était le secret de
son originalité. Il sut donner dans la science une place
importante et légitime au document figuré. Enfin il
laisse deux études remarquables bien connues : « Les
démoniaques dans l'art et les Difformes et les malades
dans fart, » dans lesquelles l'art et la science ont leur
part '. M. Charcot fut certainement en ce temps-ci
la personnalité la plus haute, dont l'existence tout
entière montre à quel point la science et l'art, loin de
se nuire, sont rattachés l'un à l'autre par de secrètes
et étroites affinités.
Toutes les préoccupations de M. Charcot, dans ces
* « Charcot, écrit Arsène Alexandre, était un grand artiste. On le lui
a bien assez reproché jadis pour qu'on lui en fasse gloire aujourd'hui
et c'est, et ce sera comme un grand artiste qu'il apparaîtra aux pro-
fanes que nous sommes pour la plupart ou aux sceptiques qui ne peu-
vent s'empêcher de remarquer que les plus grands médecins meurent.
L'art a puissamment aidé sa carrière, et beaucoup plus qu'il ne lui a
nui. Tout était d'un art exquis et parfait, et si son enseignement était,
comme l'affirment les spécialistes, d'une grande supériorité, chacun
pouvait voir que sa personne était d'une grande beauté, ce qui est une
supériorité plus difficile encore à conquérir et plus rare que le plus
profond de la science. » {L'Eclair du 23 août).
' En collaboration avec notre ami P. Richer que nous remercions
des notes qu'il a bien voulu nous envoyer.-Signalons aussi trois arti-
cles plus anciens : De quelques marbres antiques concernant les études
analomiques ; Représentation d'après nature de la danse de Saint-
Guy, par P. Breughel; - Esquisse de Rubens représentant une démo-
niaque. ,
J.-M. CHARCOT. ' 50'1
derniers temps, étaient tournées vers les siens, vers
son fils Jean, en particulier, dont l'avenir scientifique
le préoccupait et qu'il voulait assurer avant de mourir.
Il n'est plus là pour agir. Mais l'illustre mémoire du
père, le souvenir des immenses services qu'il a rendus
feront aux élèves du Maître le devoir - et ils n'y man-
queront pas de se substituer à lui dans la direction
qu'une mort brutale l'empêche d'exercer. Jean, d'ail-
leurs, par son intelligence, par ses connaissances
acquises sous les yeux d'un tel père, par son amour du
travail est de ceux qui sauraient au besoin se diriger
eux-mêmes. Il profitera des innombrables matériaux
accumulés par le Maître et que sa modestie a empêché
de mettre au jour, de ses Recueils de pensées et de
citations choisies, fruit de ses lectures quotidiennes
des oeuvres des médecins, des littérateurs et des phi-
losophes de tous les pays, composés avec tout son
amour paternel : « Jean, disait-il à llme Charcot, sera
heureux de feuilleter ces volumes, et il connaîtra
mieux son père. » le
Reçu dans l'intimité du Maître depuis vingt- cinq ans,
associé à la publication de ses travaux, à ses luttes
scientifiques et administratives ; témoin de l'affection
profonde qui l'unissait à son infortunée compagne, dont
la vie était confondue avec la sienne, et à ses dignes
enfants, Jeanne et Jean, devenus nos meilleurs amis;
témoin de son bonheur au milieu des siens et de ses
élèves qu'il considérait comme des membres de sa fa-
mille, nous avons parfois frémi d'effroi à la pensée
d'un malheur qui surviendrait inopinément, avant le
temps, dans ce milieu d'affection. Ce malheur, hélas !
est arrivé.
202 J.-M. CHARCOT.
Lorsqu'on lit son Mémoire de la fin de 1892, pensé
avec une si haute élévation de vues, écrit avec tant de
simplicité et d'élégance, sur La foi qui guérit, et son
Rapport tout récent- sur la candidature de Lister, à
l'Académie des sciences, si net, si précis, si équitable,
on comprend que sa carrière n'était pas achevée, qu'il
avait conservé la plénitude de ses facultés intellectuelles,
de son génie, qu'il pouvait encore doter son pays
d'oeuvres originales, inspirer et guider de nouvelles
générations. On se rend compte que l'homme qui a
écrit ces pages n'était pas fini comme des lettres
infâmes et lâches, dont i ! s'affectait trop, hélas ! le lui
annonçaient pérodiquement. Maudit soit leur criminel
auteur ! 1
L'oeuvre du Maître est solide, impérissable, parce
qu'elle repose non sur des hypothèses plus ou moins
exactes, sur des théories ou des systèmes plus ou
moins ingénieux, mais sur une observation sévère,
complète, peinture fidèle de la réalité. Plus sûrement
encore que le bronze qui l'attend, ses nombreuses
découvertes, qui en ont fait un homme de génie, per-
pétueront son nom dans l'avenir \
En J.-M. Charcot, la Science perd une de ses
gloires les plus pures, la France un patriote ardent et
passionné et une de ses plus nobles illustrations.
BOURNEVILLE.
, «Les funérailles de M. Charcot avaient un caractère familial, dit notre
ami Ch. Eloy, dans la Revue gén. de clin. et de thérapeutique... A
défaut des pompes officielles que ce grand médecin ne voulait point,
la France ou ce qui est différent parfois le gouvernement qui admi-
nistre notre pays, lui devait un deuil national. Sa mémoire respectée
survivra certainement sans avoir reçu les honneurs du Panthéon.
Cependant, avouons-le, la République et la Ville de Paris n'auront
acquitté leur dette que le jour où elles perpétueront devant l'étranger,
J.-)1. CHARCOT. 1.103
TRAVAUX DE li. CHARCOT.
Nous n'avons pu indiquer, dans l'article qui précède, que
les principaux travaux de M. Charcot, et encore en avons-nous
certainement omis, écrivant loin de Paris. Son Exposé de
litres, qui date de l'époque où il avait été nommé membre de
l'Institut (1883), forme un volume de 200 pages. Nous nous
bornons à indiquer les travaux du Maître, de 1883 à ce jour 1.
§ I. Travaux publiés dans les Archives de Neurologie.
Contribution à l'étude de l'hypnotisme chez les hystériques ; du
phénomène de l'hyperexcitabilité neuro-musculaire (en collaboration
avecRicher), 1881-82-83 ; Inversion du sens génital (en collabo-
ration avec Magnan), 1882; Affections osseuses et articulaires du
pied chez les tabéliques (en collaboration avec Féré), 1883 ; Deux
nouveaux cas de sclérosé latérale amyotrophique suivis d'autopsie (en
collaboration avec Marie), 1885 ; De l'Ozzonzatomaazie (en collabora-
tion avec Magnan), 188 ? - Deux nouveaux cas de sclérose latérale
amyotrophique suivis d'autopsie (en collaboration avec Marie), 1885 ;
- Rapport médico-légal sur Annette G... (en collaboration avec
Brouardel et Mottet), 1880 ; - Rapport présenté à M. le Ministre de
l'Intérieur au sujet de l'aliéné Mistral (en collaboration avec Pierret),
1888 ; - Sur un cas de paraplégie diabétique, 1890 ; - Sur un cas
d'hystérie simulatrice du syndrome de Weber, 1891 ; - A propos
d'un cas d'hystérie masculine : 1 ° paralysie dissociée du facial infé-
rieur d'origine hystérique; 2° cumul de facteurs étiologiques ; trau-
matisme, alcoolisme, hérédité nerveuse, 1801 ; Sur un cas de para-
lysie radiculaire de la première paire dorsale, avec lésion hémilaté-
rale de la moelle, d'origine Iraumatiqve simulant la sYI'i1 ? ! Jomyélie;
- Toux et bruits laryngés chez les hystériques, les choréiques, les
tiqzecux et dans quelques autres maladies des centres nerveux, 1802 ;
- Sur un cas de paralysie générale progressive à début très précoce
par un monument ou une institution durables, le nom illustre et les
immortels travaux de ce grand Français. A défaut de l'initiative offi-
cielle, nous demandons que l'initiative privée satisfasse promptement
à ce noble et patriotique devoir. » L'idée de M. Eloy était dans l'esprit
de tous. Un comité d'organisation composé de ses élèves, des repré-
sentants de la presse médicale, des Sociétés savantes, d'artistes, etc.,
va se former pour la réaliser. Dès maintenant, à l'occasion, le Progrès
médical recevra les souscriptions.
' On trouvera au Bulletin bibliographique l'indication des volumes
parus des OEUVRES complètes et des derniers ouvrages de il. Charcot.
204 CHARCOT.
(en collaboration avec Dulil), 1892; - De l'Oizomatoina211e (en col-
laboration avec Magnan), 1892; La foi qui guérit, 1893; -
Sclérose latérale amyot1'ophique ou amyotrophie hystérique ? diffi-
cultés de diagnostic, 1893.
II. - Travaux publiés dans le Progrès Médical.
1884 : Hémiplégie hystérique. - 1885 ; Revision nosogrnphique
des atrophies musculaires progressives : Tremblements, mouvements
choréiformcs et chorée rhythmée ; A propos de six cas d'hystérie chez
l'homme ; Sur deux cas de monoplégie brachiale hystérique, de cause
traumatique, chez l'homme. - 1886 ; Sur un cas de coxalgie hystérique
de cause traumatique chez l'homme ; Sur un cas de concmcl1l1'e spas-
modique d'un membre supérieur survenu chez l'homme, en conséquence
de l'application d'un appareil à fracture ; Cas de mutisme hystérique
chez l'homme. - 1887 : Deux nouveaux cas de paralysie hysléro-trltu-
matique chez l'homme ; La maladie de F¡'iedl'eich Sur la claudication
intermittente par oblitération artérielle; Hystérie et syphilis ; De l'in-
fluence d'une maladie ou d'une intoxication antérieure sur le mode
de localisation et sur la forme des accidents hystériques. - 1888 :
Arthralgie hysléro-traumatique du genou. - 1890 : De la maladie de
11101'van j Sur un cas d'hyslél'o-t1'aumalisme; Monoplégie brachiale
hystérique développée à la suite d'une fracture du radius; Sur
un cas de migraine ophtalmique; Des tremblements hystériques ;
L'oedème bleu des hystériques. - 1891 : Des formes frustes de la sclé-
rose en plaques. - 1892 : Un calculateur prodige : Inaudi; La méde-
cine vibratoire; Application des vibrations rapides et continues au
traitement de quelques maladies du système nerveux. - 1893 : Amyo-
trophies spinales réflexes d'origine abarlicaclccire; Arthropathies syrin-
gomyéliques et le syndrome paralysie labio-glosso-laryngée PI'O{]I'eS-
sive dans le tabes.
§ III. Travaux publiés dans la Nouvelle Iconographie
. DE LA SALPÊTRIÈRE.
En collaboration avec Paul Richer, les articles suivants : 1888 : Le
Mascaron 'grotesque de l'église de Santa Maria Formosa, à Venise, et
l'hémispasme glosso-labié hystérique; Les infirmes d'une ancienne
Fresque de Florence; Le paralytique de Raphaël; Les aveugles dans '
l'art ; Les Syphilitiques dans l'art, - 1889 : De la suspension dans le
traitement de l'a taxie locomotrice progressive et de quelques autres
maladies du système nerveux; Les malades dans l'art. - 1890 :
Deux bas-reliefs de Nicolas de Pise; La « Transfiguration » du Sacro
Monte di Varallo (Valsisie). - 1891 : « Les pestiférés de iaffa » par
Gros ; Deux dessins de lépreux par Hans BurykmllÏ1'; - Quatre
gravures de Hans B1l1'okmaÎ1', - 1892 : La ventouseuse par Quiryng
J.-M. CHARCOT. 205
Breheleazkam. 1893 : La danse macabre du Bar. - En 1892, il
publia une leçon sur les Arthropathies coæo-fémomles au début
du tabès ataxique.
§ IV. Travaux publiés dans les autres journaux.
Revue de médecine : Étude antique et clinique de la doctrine des
localisations motrices dans l'écorce des hémisphères cérébraux de
l'homme (en collaboration avec Pitres, 1883) ; - Sur une forme par-
ticcaliére d'atrophie musculaire progressive (en collaboration avec
Marie, 4886);-Sur un cas d'anmésie rétro-antérograde probablement
d'origine hystérique (1892). ,
Gazette hebdomadaire de médecine et de chirurgie : De 1884 à 1889
inclus, il ne publia aucun travail ; en 1890, il publia : Sur la para-
lysie faciale d'origine auriculaire (leçon recueillie par Blocq); De la
paraplégie du mal de Pott (ibid.) ; - 1891 : Epilepsie partielle cru-
rale et tuberculose de la région pa1'acentl'ale : - 1892 : Paralysie
générale chez l'adolescent (leçon recueillie par Blocq) ; - Existe-t-il
un tremblement mercuriel ? (ibid.). - 1893 : Le somnanbulisme hys-
térique spontané considéré au point de vue nosographique et médico-
légal (leçon recueillie par Dutil).
Semaine médicale : Hystérie chez l'homme ; Hystérie et tics, dia-
gnostic (1886) ; Spasme glosso-labié unilatéral des hystériques ; Dia-
gnostic entre l'hémiplégie eapsulaire et l'hémiplégie hystérique ; Des
paralysies hystéro-traumatiques chez l'homme (1887) ; - Sciatique,
neurasthénie et hystérie (1888); - Kpilepsie, hystérie et morphinoma-
nie ; De la maladie de Morvan (1889) ; - Sclérose en plaques et para-
lysie générale; Arthropathies précoces dans le tabes dorsalis; Sur
un cas de monoplégie brachiale chez l'homme, présentant des difficultés
de diagnostic ; La médecine vibratoire : Application des vibrations
rapides et continues au traitement de quelques maladies du système
nerveux (1892).
Bulletin médical : Rétractions fibi o-leizdii2etises dans les paralysies
spasmodiques par lésions organiques spinales et dans la contracture
spasmodique hystérique (pied bot hystérique) ; Hémianopsie hystérique
et hémiazzesticésies toxiques (1887) ; Attaque de sommeil hystérique;
Des tics et des tiqueurs (1888) ; Nouveaux signes de la maladie de
Ba.iedow; Accès d'automatisme ambulatoire de nature comitiale ;
Abasie à forme trépidante à la suite de l'intoxication par l'oxyde de
carbone; Amyotrophie spinale à forme scapulo-humérale, comme con-
séquence d'une paralysie infantile contractée 35 ans auparavant ;
De la syringomyélie ; Des accidents nerveux provoqués par la foudre
(1889) ; - Traitement du vertige de Minière (1890) - Un cas de
syphilis cérébrale héréditaire tardive; Encore deux cas de syphilis
206 J.-M. CHARCOT.
cérébrale ; Sur un cas de claudication intermittente par oblitération
artérielle probablement d'origine syphilitique (1891) ; Formes
cliniques des névrites périphériques (1892).
Tribune médicale. 1891 Des tics et des liqueurs; La Gazette
des hôpitaux elle Journal de médecine et de chirurgie pratiques, ont
publié de nombreuses analyses des leçons de M. Charcot.
TITRES HONORIFIQUES DE M. CHARCOT
M. CHARCOT a été nommé membre adjoint de la Société anato-
znque le 16 mars 1849, président de 1872 à 1881, président hono-
raire en 1882.
Membre de la Société de biologie en 1851, vice-président de ladite
Société, en 1860 ;
Membre de l'Académie de Médecine de Paris en 1872 ;
Membre correspondant de la Société royale des Sciences naturelles
de Bruxelles, en 1874 ;
Membre correspondant de la « New-Y01'k Society of Ne1t1'ology
and Electricity », en 1874 ;
Membre honoraire de la Société clinique de Londres, en 1874;
Membre correspondant de la Société royale de Médecine de Buda-
Pesth, en 1876 ;
Membre correspondant de la Société impériale de Médecine de
Vienne, en 1878 ;
Membre honoraire de la « Harveian Society » (Londres), en 1878 ;
Membre correspondant de la Société pathologique de Londres, en
1878 ;
Membre associé étranger de la Société médico-chi1'UJ'{jicale d'Edim-
bourg, en 1878 ;
Membre honoraire de la Société physico-médicale d'Erlangen, en
1878;
En 1879, 1880 et 1881, M. Charcot a été nommé :
Membre correspondant de {'Académie royale de médecine de Bel-
giqzie ;
Membre honoraire de la Société des sciences naturelles et médicales
de Dresde ;
Membre honoraire de la Société médicale de Finlande (Hel-
singfors) ;
Membre de l'Association médico-psychologique de Londres ;
Membre honoraire étranger de la Société médico-physique Flo-
1'entine (1881) ;
Membre correspondant de l'Académie de médecine de New-I'orlc;
Membre honoraire de la Société psychiatrique de Saint-Péte1's-
bourg ; ,-
Membre de la Société des médecins Russes de IIloscou,.
J.-M. CHARCOT. 207 -1
Membre honoraire de la Société des sciences médicales de Lis-
bonne ; ,-
Membre honoraire de la Société de médecine de Londres;
Membre honoraire de l'Académie royale de médecine de Rome;
Membre honoraire de l'Association neurologique Américaine.
L'Académie des Sciences (Institut de France) a décerné à
M. Charcot un prix de 2,500 francs dans le concours Montyon,
médecine et chirurgie, de l'année 1880, pour l'ouvrage intitulé
Les Localisations dans la maladie du cerveau et de la moelle épi-
nière.
M. Charcot a été nommé : Docteur honoraire (Elarendoctor) de la
Faculté de Wurxbourg à propos du 300° anniversaire (Jubilé) de la
fondation de l'Université de cette ville en juin 1882 1.
Membre honoraire de la Société médicale Royale d'Edimbourg
en mars 1882.
Membre honoraire de la « Royal Irislt Academy » (Académie des
Sciences de Dublin) en mars 1883.
Membre correspondant de l'Académie de médecine de Rio-de-
Janeiro (1883) ;
Membre de la Société de médecine de Suède (1883) ;
Membre correspondant étranger de la Société de médecine
publique de Belgique (1883);
Membre de l'Academica frezzopatica espanola (1883) ;
Membre de l'Institut (Académie des sciences), en 1883.
De 1884 à ce jour, M. CHARCOT a été nommé :
Membre correspondant de l'Académie royale des sciences de Lis-
bonne (1884) ;
Membre de l'Université de Kief (1884) ;
Membre honoraire de l'Académie de médecine d'Irlande (1885) ;
Membre de l'Académie des sciences de Bologne (1885) ;
Membre de l'Académie royale des sciences de Suède (1887) ;
Membre honoraire du King and Queen College of Physicians
11'clmul (26 juillet 1887);
Membre honoraire de la Société française d'hygiène (1887) ;
Membre de la Trinity historical Society, Dallas, Texas (1887) ;
1 J.-M. Charcot... qui novam doctrinam de curatione atque experi-
mentis pathologix nervorum adhibendis admirabili ingenio invenit
praeterea totam morborum cohortem libris suis quibus varias, tam
anatomicas quam curationis vias feliciter explanavit medicis omnibus
militer illustravit.
... for his important researches in patliological anatomy and phy-
siology, especially of the central nervous system...
208 J.-M. CHARCOT.
Membre honoraire étranger de la Société médicale de Norvège
(1887) ;
Docteur de l'Université de Bologne (1888) ;
Membre honoraire de la Société impériale de médecine de Cons-
tantinople (1889) ;
Membre de l'Academia medico-cleirurgica de Perugia (1889) ;
Membre de la Société impériale de médecine du Caucase (1889) ;
Membre de la Société du College of Physicians de Philadelphie
(25 mars 1889) ; .
Membre de la Société royale des sciences d'Upsa ! a (1889) ;
Membre de l'Institut historique, géographique et ethnographique
du Brésil (1889) ;
Vice-président d'honneur de la British Ilypnotic Society de
Londres (1889) ;
Membre de la Société médico-légale de New-Yorlc (t889);
Membre correspondant de l'Instituto Veneto di science, lettcre ed
arti (1889) ;
Membre de la Société de médecine de Vienne (1890) ;
Membre de l'Université de Dublin (1891) ;
Membre de l'Académie des sciences, des lettres et des arts de
Padoue (1891) ;
Membre de la Société des neurologistes de bloscou (f 891) ;
Membre honoraire de la Société médico-psychologique néerlandaise
(1891).
OBSÈQUES DE M. LE P'' CHARCOT
La cérémonie des obsèques du professeur Charcot a été célé-
brée samedi matin, 19 courant, à dix heures, à la Salpêtrière.
Le porche de l'hôpital était décoré de tentures noires avec
cartouches à l'initiale C..., ainsi que le portique et l'intérieur
de la chapelle.
Le catafalque était dressé au milieu du choeur; sur le
cercueil étaient placés le chapeau et l'épée d'académicien ainsi
que la robe de professeur de M. Charcot. Auprès du catafalque
étaient assis les personnages chargés de tenir les cordons du
poêle : MM. Joseph Bertrand, secrétaire perpétuel de l'Aca-
démie des sciences; Brouardel, doyen de la Faculté de méde-
cine ; Cadet de Gassicourt, de l'Académie de médecine ; Hanot,
délégué de la Société médicale des hôpitaux ; Derouin, secré-
taire général de l'assistance publique ; Galippe, délégué de la
Société de biologie ; Marie, délégué de la Société anatomique ;
Joffroy, représentant les élèves de Charcot ; Legendre, repré-
sentant ses amis et ses camarades ; Londe, représentant le corps
des internes des hôpitaux de Paris.
J.-M. CHARCOT. 209
Des places étaient réservées dans le choeur : à droite, pour
les membres et les amis de la famille ; à gauche, pour les
représentants de l'Institut, de l'Académie et de la Faculté de
médecine.
Le deuil était conduit par MM. Jean Charcot, Martin Charcot,
le commandant Charcot, fils et frères du défunt, et Waldeck-
Rousseau. On sait que Mme Waldeck-Rousseau est la belle-
fille de M. Charcot. Elle assistait à la messe avec Mm° et
Mlle Charcot qui avaient eu le courage d'assister à cette poi-
gnante cérémonie.
Parmi les nombreuses personnalités du monde scientifique,
médical, littéraire et de l'Administration qui assistaient à cette
triste cérémonie, nous avons remarqué : MM. Sainsère, repré-
sentant M. le Président du Conseil; M. Payelle, représentant
M. le Ministre de l'Instruction publique ; M. Poubelle, préfet
de la Seine ; M. Lépine, préfet de police ; MM. Faye, Sappey,
Grandidier, Loevy, membres de l'Institut; MM. Larrey,
Daremberg, Javal, Lagneau, Lancereaux, membres de l'Aca-
démie de Médecine ; MM. Bouchard, Cornil, Debove, Farabeuf,
Fournier, Guyon, Proust, Germain Sée, Straus, Tillaux,
Verneuil, professeurs à la Faculté de Médecine ; M. le profes-
seur Pierret, de la Faculté de Lyon, M. le Professeur Pitres, de
la Faculté de Bordeaux ; MM. Brissaud, Chantemesse, Charrin,
Dejerine, Landouzy, Poirier, agrégés à la Faculté de Médecine ;
MM. Babinski, Balzer, Bourneville, Champetier de Ribes,
Charpentier, Deny, Falret, Charles Féré, Gilles de la Tourette,
Luys, J. Voisin, médecins des Hôpitaux; M. Duflos, directeur
des services pénitentiaires au Ministère de l'Intérieur ; M. le
Dr Bajenow, délégué de la Société des Neurologistes et Alié-
nistes de Moscou ; M. le Dr Cherchewsky, délégué de l'Aca-
démie impériale de Pétersbourg ; MM. Imard et d'Echérac,
inspecteurs de l'Assistance publique; M. Charles Quentin,
ancien directeur de l'Assistance publique ; M. Kæmpfen, direc-
teur des Musées nationaux; M. Tony Révillon, député de la
Seine; MM. Paul Arène, Charlier-Thabur, L. Heuzey, Gley;
MM. Le Bas, directeur de la Salpêtrière, Magnan, Malassez,
Bouchereau, Kéraval, J. de Rothschild, Soury, Spuller,
P. Strauss, Weiss, Yvon; MM. les Drs Koenig, Hubert, Nattier,
etc., etc.
Le service funèbre a commencé, à dix heures, dans la cha-
pelle toute tendue de deuil avec un goût qui fait honneur à la
Archives, t. XXVI. 14
210 J.-M. CHARCOT.
maison de Borniol. La nef était occupée par la Société médi-
cale des hôpitaux, la Société de biologie, la Société anato-
mique, les internes et les élèves du défunt, une délégation de
l'Association des étudiants et beaucoup de dames. Dans les
chapelles latérales étaient massés le personnel et tous les pen-
sionnaires valides de l'établissement.
La cérémonie religieuse a été célébrée par M. l'abbé Girou,
curé de Saint-Marcel, qui a donné l'absoute. Pendant l'office,
la maîtrise de Saint-Sulpice, dirigée par son maitre de
chapelle, M. Bellenot, a exécuté le chant du De Profundis.
Ensuite ont été exécutés : la marche funèbre de la Symphonie
héroïque, de Beethoven, le Kyrie de Niedermeyer, le Dies irx,
le Sanctus de Bellenot, le Pie Jesu de Saint-Saëns, l'Agaus de
Blaye et le grand Libera de Théodore Dubois. Les solistes
étaient : MM. Martin, Brette et Engel, de l'Opéra. Le grand
orgue, à l'entrée et à la sortie, a été tenu par M. Bellenot.
Au moment où le cortège s'est mis en route sous une pluie
battante, les honneurs militaires ont été rendus par le bataillon
du z1030 de ligne dont la musique a joué une marche funèbre.
Derrière le corps, venait, précédant la famille, une délégation
des surveillantes, sous-surveillantes et infirmières de la Salpê-
trière. On remarquait beaucoup les voitures de l'Institut et
celles de la Faculté de médecine, où avaient pris place les pro-
fesseurs et le massier portant la masse recouverte d'un crêpe.
Le cortège a gagné le cimetière Montmartre, où a eu lieu
l'inhumation, en prenant le boulevard de l'Hôpital, le pont
d'Austerlitz, la place de la Bastille, le boulevard Magenta et le
boulevard Rochechouart.
Malgré le désir qu'avait souvent exprimé M. Charcot de ne
pas avoir de fleurs sur son cercueil, de superbes couronnes
avaient été envoyées, notamment par les internes de M. Char-
cot, les internes de la Salpêtrière, les internes en pharmacie,
la direction et le personnel de la Salpêtrière, l'Association des
étudiants, et par des amis et collègues du défunt. Mais ces
couronnes n'ont pas été placées sur le cercueil ; elles ont été
transportées au cimetière par une voiture qui ne faisait pas
partie du cortège. J. DAURIAC.
THÉRAPEUTIQUE
DE L'ACTION SÉDATIVE DE LA DUBOISINE A DOSES CONTINUES
CHEZ LES ALIÉNÉS
Par le Dr E. MARANDON DE MONTYEL.
Depuis bientôt deux ans la duboisine est préconisée dans la
folie soit comme hypnotique, soit comme sédatif. Elle a déjà
inspiré un nombre assez considérable de travaux, surtout à
l'étranger. C'est ainsi qu'en Allemagne, Ostermayer, Prusin-
ger Lewald, Vacke et Mendel ; en Italie, Belmondo, Pisita,
Bianchi, de Sarlo, Bernardini, Verranzio et Silvatico Estuni;
en France, Mabille et Lallemand seuls, chez nous, à ma con-
naissance, ont tour à tour vanté son action somnifère ou ses
propriétés calmantes. Mon intention n'est point de passer en
revue les résultats obtenus par ces aliénistes, car ce mémoire
est un travail exclusivement clinique destiné à faire connaître
ce qu'une longue et minutieuse expérimentation dans mon
service de Ville-Evrard m'a permis de constater par moi-même
quant aux effets à doses continues de ce médicament, jusqu'à
présent si peu étudié dans notre pays, dans l'agitation diurne
des vésaniques et des paralytiques, me réservant de relater
plus tard, dans d'autres études, mes constatations relatives à
son influence durant le jour à doses espacées et à son in-
fluence narcotique durant la nuit.
J'ai administré la duboisine dans la journée à doses con-
tinues comme calmant à 35 aliénés, savoir : 11 paralysés gé-
néraux, 10 maniaques et 14 lypémaniaques. Je dirai tout de
suite que cette substance fut un merveilleux sédatif; peu ou
prou elle apaisa toujours et dans tous les cas l'agitation et
souvent substitua une tranquillité parfaite à la surexcitation
la plus violente. Et ce n'est pas, telle l'hyoscine par exemple,
212 THERAPEUTIQUE.
en paralysant les muscles volontaires et en mettant par là les
sujets dans l'impossibilité physique de crier, de gesticuler et
de marcher; ce n'est pas davantage en les narcotisant à l'ins-
tar du somnal, car le sommeil dans la journée, loin d'avoir
été constant, ne s'est montré qu'exceptionnellement une
heure ou deux au cours de l'après-midi, malgré les propriétés
hypnotiques incontestables du médicament, qui, dans le jour,
semblaient annihilées par le bruit et le mouvement du milieu,
et avoir besoin, pour se manifester, du calme de la nuit et du
séjour au lit ; non, c'est en calmant directement, paraît-il,
la cellule nerveuse cérébrale en éréthisme qu'elle amena
l'apaisement, tout en lui laissant ainsi qu'à la cellule bulbo-
spinale leur libre exercice, de telle sorte qu'on assistait à ce
spectacle d'un maniaque dont la fureur tombait comme par
enchantement et qui s'adonnait aux soins du ménage. Et
encore ne l'ai-je expérimentée que sur des hommes beaucoup
moins sensibles, dit-on, que les femmes à son action.
La sédation amenée par la duboisine n'atteignit pas tou-
jours d'emblée toute son intensité; il n'était pas rare qu'elle
ne se montrât complète que le second jour, parfois même le
troisième. Cependant une fois produite, elle persistait assez
régulièrement tant que l'accoutumance n'avait pas apparu;
jusqu'à ce moment l'efficacité du médicament se maintenait
d'ordinaire au même taux et les sujets ne passaient guère par
des alternatives de bonnes et de mauvaises journées. En outre
il arriva encore assez fréquemment que le mieux ainsi obtenu
se prolongeât quelques jours encore après l'abandon de la mé-
dication et même qu'une période plus ou moins longue de
calme s'établit. A cet égard, nous trouvons dans nos obser-
vations, les constatations suivantes : chz 8 vésaniques qui
suivirent la médication continue et la cessèrent alors qu'au-
cun indice d'accoutumance n'avait encore apparu le calme a
persisté plus d'un mois chez cinq, vingt jours chez un et neuf
jours chez unJantre; une fois seulement il n'a pas duré plus
de vingt-quatre heures; de deux paralytiques, dans les mêmes
conditions, l'un a. été tranquille, lui aussi, durant plus d'un
mois. Avec la médication interrompue à doses espacées dont
les résultats complets feront l'objet d'un autre mémoire et
arrêtée également sans trace d'accoutumance, sur 11 vésa-
niques, trois se sont agités immédiatement, un après vingt-
quatre heures, un après trois jours, trois après une semaine,
ACTION SÉDATIVE DE LA DUBOISINE CHEZ LES ALIÉNÉS. 213
deux après douze jours et un au bout d'une quinzaine; de
deux paralytiques généraux, un a mis trois jours à s'exciter,
le second est retombé tout de suite dans son état antérieur.
D'une manière générale il résulte de cet exposé que la durée
de la période de tranquillité, après abandon du remède, a été
dans 22 cas de : plus d'un mois, 6; vingt jours, 1; quinze
jours, 1; douze jours, 2; neuf jours, 1; huit jours, 3; trois
jours, 1 ; un jour 2 ; nulle 5. Il est donc incontestable qu'a-
près la suppression du médicament, le plus souvent la séda-
tion produite se maintient plus ou moins longtemps. Il n'est
dès lors pas étonnant que dans les formes intermittentes et
rémittentes la duboisine ait réduit la durée des crises et pro-
longé les périodes de lucidité et d'apaisement. Néanmoins, il
n'est pas douteux non plus que les heureux effets de la subs-
tance furent d'autant plus marqués surtout au début de la
médication qu'elle venait d'être administrée et qu'ils, s'atté-
nuaient en raison du temps écoulé ; chez nos sujets, quand
l'agitation reparaissait au cours de la journée, c'était toujours
aux heures les plus éloignées de l'administration du remède ;
de là la précaution qui s'impose de fractionner la dose quoti-
dienne en deux fois au moins.
Ainsi la duboisine serait, sans conteste, d'après nos cons-
tatations, un médicament énergique sur lequel on serait en
droit de toujours compter, qui, chez tous, apaiserait l'agita-
tion dans une mesure plus ou moins grande et souvent la
dissiperait complètement, sans paralyser ni la volonté ni le
jeu des muscles. C'est là une propriété précieuse qu'elle serait
peut-être seule à posséder ; à ne considérer que cette qualité,
je devrais ne pas trouver d'expression assez forte pour recom-
mander ce remède, et cependant je crois devoir faire les plus
grandes réserves sur son emploi dans le traitement de la folie,
surtout sur son emploi prolongé ainsi que l'exige la longue
évolution des maladies mentales. Pourquoi ? parce que malgré
ses brillants avantages la duboisine exposerait à un grave
danger qu'il convient maintenant de signaler.
Tout d'abord nos aliénés se sont accoutumés souvent à son
action avec une rapidité désespérante et une fois l'accoutu-
mance établie, elle résista d'ordinaire à toutes les doses, même
aux plus élevées; la merveilleuse sédation des premiers jours ne
se recouvrait plus, dès qu'elle était perdue. Sur 22 cas où les
effets avaient été tout d'abord très remarqués, l'accoutumance
214 THÉRAPEUTIQUE.
s'est produite huit fois, soit dans la proportion de 37 p. 100;
de plus celle-ci s'est montrée deux fois après quatre jours,
trois fois après six jours, et une fois, durée la plus longue,
après douze jours. Toutefois telle n'est pas la raison pour la-
quelle nous sommesporté à condamner la duboisine; en pre-
mier lieu parce que cette accoutumance, comme on voit, n'a
pas été générale, puis surtout parce que, en utilisant la pro-
priété que nous venons d'établir, d'avoir une certaine persis-
tance d'action après suppression, nous sommes parvenus,
comme nous l'établirons plus tard, à lui conserver pour ainsi
dire indéfiniment son efficacité par une interruption de vingt-
quatre heures tous les deux ou trois jours. Mais nous trouve-
rons dans les actions physiologiques, et plus particulièrement
dans une d'elles, la justification de notre appréciation.
Ces actions physiologiques sont encore fort peu connues,
ainsi que le constatait tout dernièrement encore M. Mendel
dans le travail le plus récent paru sur la duboisine; aussi nous
poursuivons en ce moment, sur ce point, une série de recherches
qui seront sous peu l'objet d'un mémoire spécial. Pour l'ins-
tant, nous nous bornerons exclusivement à énumérer les
phénomènes présentés par les trente-cinq sujets auxquels nous
avons prescrit la substance à doses continues comme sédatif
de leur agitation diurne, phénomènes qui confirment notre
manière de voir. Ce n'est pas que j'aie eu d'accidents toxiques
aigus graves à déplorer, et cependant il m'est arrivé fréquem-
ment de prescrire, cela durant plusieurs semaines consé-
cutives, l'énorme dose quotidienne de 4 milligrammes. A
cet égard j'ai été beaucoup plus heureux que quelques auteurs.
Les phénomènes que présentèrent nos trente-cinq sujets sié-
gèrent aux organes visuels, digestifs et nerveux et aussi, chose
plus importante, intéressèrent la nutrition générale. Du côté
du système nerveux, outre la sédation, une certaine lassitude
avec ou sans diminution réelle des forces, puis très irréguliè-
ment, une sieste plus ou moins longue; du côté de la vue,
une dilatation souvent très marquée des pupilles avec ou non
du brouillard devant les yeux. Du côté du tube digestif, une
sécheresse assez notable de la gorge, une diminution de l'ap-
pétit et parfois une mauvaise bouche et un goût désagréable
trouvé aux aliments, ensuite des vomituritions au moment des
repas ou immédiatement après. Sans insister davantage pour
le moment sur ces actions physiologiques, je dirai que leur
ACTION SÉDATIVE DE LA DUBOISINE CHEZ LES ALIÉNÉS. 213
intensité et leur gravité ne furent point telles qu'elles justifie-
raient l'abandon du remède, mais malheureusement elles se
sont presque toujours, pour ne pas dire toujours, associées à
un autre trouble, celui-là très inquiétant, la dénutrition. Il est
à craindre que cette perturbation grave apportée par la duboi-
sine dans les échanges nutritifs n'entrave singulièrement son
emploi malgré ses merveilleuses propriétés sédatives.
Dans nos recherches chez nos trente-cinq sujets nous avons
employé la duboisine à des doses continues variant de 2 à
4 milligrammes. Toujours et dans tous les cas , quelles
que fussent celles-ci, le médicament a été administré de la
même façon, en deux fois, par fractions égales, à neuf heures
du matin et à trois heures de l'après-midi. A Ville-Evrard les
malades prennent leur nourriture à sept, onze et cinq heures.
Vu d'une part l'action sur l'estomac et de l'autre l'avantage de
fractionner la quantité prescrite de façon à maintenir toute
la journée l'influence sédative exercée sur l'organisme, nous
avons choisi ces deux moments comme les plus également
éloignés des trois repas. Cette influence sédative a été minu-
tieusement contrôlée, car l'état de chaque malade, du réveil
au coucher, a été relevé heure par heure sous les rubriques :
tranquillité, agitation, grande agitation, sommeil, ce qui a per-
mis de dresser ensuite des tableaux plaçant sous les yeux tous
les résultats obtenus; bien entendu les constatations commen-
çaient plusieurs jours avant le début de la médication et étaient
poursuivies après afin d'avoir des termes de comparaison. Nos
expériences ont été continuées, dans ces conditions rigou-
reuses d'observation pendant non seulement plusieurs se-
maines au moins pour tous, mais même pour beaucoup,
durant deux, trois et quatre mois. Je ne crois pas que jusqu'ici
la duboisine ait été l'objet de recherches aussi prolongées; à
elles nous devons en particulier d'être arrivé à nettement
constater l'influence nocive exercée sur la nutrition. Quelques-
unes de nos observations ont été arrêtées soit en cours, soit,
le plus souvent, peu après la suppression de la médication,
par suite du décès des sujets emportés par le choléra. L'épi-
démie qui a frappé mon service à cette époque a surtout sévi à
la section des agités et, sauf un, tous les malades atteints
étaient ou venaient d'être médicamentés par la duboisine. Je
ne crois pas qu'elle y ait été pour quelque chose, car, dans
toutes les épidémies cholériques des asiles d'aliénés, il en a été
z)16 THÉRAPEUTIQUE.
de même et on vient d'en avoir encore une preuve récente à
Bonneval. D'ailleurs si le fléau nous a enlevé onze malades
ayant suivi le traitement, il a fauché aussi bien ceux qui
avaient éprouvé l'action gastrique que ceux qui ne l'avaient à
aucun instant ressentie, et puis nous avions précisément choisi
pour nos recherches les sujets les plus agités; or ce sont ceux-
là, comme nous venons de dire, qui paraissent le plus expo-
sés à contracter le choléra et à y succomber. Néanmoins je ne
contesterai pas que les perturbations nutritives, du fait de la
duboisine, ne les avaient pas précisément placés dans les con-
ditions les meilleures pour triompher de l'épidémie.
Nous allons maintenant entrer dans le détail des faits que
nous avons observés et en entreprendre l'étude comparative
d'après les formes mentales. Tout d'abord dans la paralysie
générale.
Observation I. Emile Sem..., trente-six ans, paralysie géné-
rale à la première période avec violente agitation presque toute la
journée. Un milligramme de duboisine pendant quinze jours pro-
cure en moyenne de sept à neuf heures de calme ; une seule mau-
vaise journée, la huitième; de temps à autre dans l'après-midi une
sieste de une à trois heures. Suppression pour contrôler, mais le
mieux obtenu ne se maintient que deux jours séparés par deux
autres journées d'agitation puis celle-ci se reproduit régulièrement.
Reprise de la duboisine à 1 milligramme sans elfet durant deux
jours tandis que 1 milligramme et demi dès le second jour et pen-.
dant onze jours donnent une moyenne régulière de six à huit
heures de calme, avec rarement une heure de sommeil dans
l'après-midi. Puis brusquement l'accoutumance se montre et
2 milligrammes n'agissent point, mais 3 milligrammes dès la
deuxième prise et pendant trente-deux jours apportent régulière-
ment, sans sommeil, de huit à douze heures de tranquillité. Mal-
heureusement, bien qu'il n'y ait pas d'accoutumance, l'amaigris-
sement marqué du sujet oblige à suspendre la médication ;
néanmoins l'amélioration réalisée se maintient deux semaines.
Jamais de vomissements ni de perte d'appétit; outre la dénutrition
signalée, dilatation des pupilles, sécheresse delà gorge et diminu-
tion marquée des forces. La médication a duré soixante-trois jours
durant lesquels on a prescrit 135 milligrammes de duboisine.
Observation II. - Emile Merl..., quarante-deux ans; paralysie
générale à la première période, avec violente agitation presque
.toute la journée. Un milligramme de duboisine pendant huit'
ACTION SÉDATIVE DE LA DUBOISINE CHEZ LES ALIÉNÉS. 217 i
jours donne durant tout le jour une parfaite tranquillité sans
. sommeil et le malade s'occupe dans le quartier. Suppression pour
contrôle et l'agitation revient progressivement, si bien qu'après
cinq jours l'état antérieur a reparu. Reprise de la duboisine à
1 milligramme et pendant trente et un jours on a de nouveau un
calme à peu près complet permettant d'employer le sujet aux soins
du ménage. Abandon du traitement, malgré l'absence d'accoutu-
mance, nécessité par l'action physiologique, quoique la dose quo-
tidienne soit faible : dilatation des pupilles, sécheresse de la gorge,
diminution des forces mais surtout vomituritions assez abondantes
presque à tous les repas, et amaigrissement considérable. Persis-
tance définitive du calme après la suppression qui fut suivie, en
trois semaines, d'une augmentation de poids de cinq kilos. La mé-
dication a duré trente-neuf jours durant lesquels on a prescrit
39 milligrammes de duboisine.
i
Observation III. - matrice Ellingh..., quarante-cinq ans; para-
lysie générale à la première période avec vive agitation; deux ou
trois heures de tranquillité au plus dans la journée. Un milli-
gramme de duboisine pendant vingt-deux jours apporte un calme
à peu près complet, avec irrégulièrement de une à deux heures de
sieste; trois seules mauvaises journées intercalées; le malade s'uti-
lise dans le quartier; aucun indice d'accoutumance; congestion
cérébrale suivie de mort dans les quarante-huit heures.
Observation IV. Eugène Roll..., cinquante et un ans; paralysie
générale à la première période ; agitation à peu près continue. Un
milligramme de duboisine pendant quinze jours donne une
moyenne régulière de huit à dix heures de tranquillité sans som-
meil. Suppression pour contrôle, mais après vingt-quatre heures
retour de l'état antérieur. Reprise dé la, duboisine à 1 milligramme
et pendant vingt-neuf jours, on a durant la première quinzaine
une moyenne régulière de dix à douze heures de calme et durant
la seconde de sept à huit heures; toujours pas de sommeil; le
malade s'occupe dans le quartier. Aucun indice d'accoutumance,
mais l'amaigrissement marqué oblige à abandonner le traitement;
dès le lendemain, retour de l'état antérieur. La médication a duré
quarante jours durant lesquels on a prescrit 44 milligrammes de
duboisine. Outre l'amaigrissement, dilatation pupillaire, séche-
resse de la gorge, diminution des forces, nausées et vomituritions
aux heures des repas.
Dans ces quatre cas sur onze, soit dans la proportion de
36 p. 100, l'action sédative de la duboisine, non seulement i
été remarquable, mais encore- continue, bien que les quantités
218 S THÉRAPEUTIQUE.
administrées fussent presque toutes faibles. Dans la même
proportion, l'accoutumance s'est au contraire produite plus ou
moins rapidement et a résisté à l'élévation des doses, comme
en témoignent les quatre faits suivants :
Observation V. - Félix Hasc..., quarante et un ans; paralysie
générale à la première période; agitation à peu près continue. Un
milligramme de duboisine à partir du second.jour donne pendant
trois jours de sept à huit heures de tranquillité, puis brusquement
l'accoutumance se montre, 1 milligramme et demi n'agissent guère
que le premier jour où il y a cinq heures de calme ; alors 2 mil-
ligrammes pendant trois jours ne donnent qu'une moyenne de
quatre heures de tranquillité; 3 milligrammes pendant quatre
jours et 4 milligrammes pendant trois jours qu'une moyenne de
quatre à cinq heures au plus. De temps à autre une heure ou
deux de sieste. La médication a duré vingt-deux jours, durant les-
quels on a prescrit 47 milligrammes de duboisine. Dilatation pu-
pillaire comme seule action physiulogique.
Observation VI. - Charles Col..., trente-quatre ans; paralysie
générale à la première période; très violente agitation à peu près
continue. Un milligramme de duboisine pendant six jours donne
à partir du troisième jour une moyenne de six à sept heures de
calme avec alternatives, toutefois, de journées plus ou moins
bonnes et mauvaises; deux fois seulement une sieste d'une heure.
Puis brusquement l'accoutumance s'établit, et alors 1 milli-
gramme et demi pendant trois jours, 2 milligrammes pendant
deux jours, 3 milligrammes pendant cinq jours et 4 milligrammes
pendant deux jours restent à peu près sans effets sédatifs; rare-
ment une sieste d'une heure. La médication a duré vingt-trois
jours, durant lesquels on a prescrit 40 milligrammes de duboisine.
Comme action physiologique : dilatation des pupilles et sécheresse
de la gorge.
Observation VII. -Arthur Laff..., quarante-cinq ans; paralysie
générale à la première période; agitation à peu près continue. Un
milligramme de duboisine pendant six jours donne en moyenne
six heures de calme, avec alternative de journées bonnes et mau-
vaises : habituellement sieste d'une heure ou deux. Brusquement
l'accoutumance s'établit. Un milligramme et demi pendant trois
jours ne donnent que deux fois cinq et une fois quatre heures de
tranquillité; 2 milligrammes pendant deux jours apportent cinq
et deux heures de calme; 3 milligrammes pendant six jours pro-
curent de six à sept heures de sédation, puis restent sans in-
fluence ; 4 milligrammes pendant trois jours n'ont aucune action.
ACTION SÉDATIVE DE LA DUBOISINE CHEZ LES ALIÉNÉS. 219
Toujours assez régulièrement une sieste d'une à deux heures.
La médication a duré vingt-six jours, durant lesquels on a prescrit
48 milligrammes de duboisine. Comme action physiologique : dila-
tation des pupilles et sécheresse de la gorge.
Observation VIII. -Marie-Ange Rab.... trente-sept ans; para-
lysie générale à la première période; agitation furieuse continue.
Un milligramme de duboisine durant onze jours procure réguliè
rement de huit à dix heures de calme, si bien que le malade,
jusqu'alors tenu dans sa cellule, reprend la vie commune, puis
brusquement l'accoutumance s'établit et toute la fureur d'avant
revient. Alors 2 milligrammes pendant deux jours, 3 milligrammes
pendant cinq jours et 4 milligrammes pendant deux jours restent
absolument sans effet. La médication a duré vingt et un jours,
durant lesquels on a prescrit 39 milligrammes de duboisine.
Comme action physiologique : dilatation des pupilles et sécheresse
de la gorge.
Enfin, dans les trois cas qui suivent, soit dans la proportion
de 27,4 p. 100, l'action a été nulle; quand je dis nulle, je
veux désigner par là que les heures de tranquillité n'ont pas
été accrues, mais il n'est pas douteux que, même dans ces
cas les plus défavorables, l'intensité de l'agitation, sinon sa
durée, a été considérablement atténuée; ainsi, même quand la
duboisine a été impuissante à produire une sédation complète
et à amener le calme, elle a encore apaisé la surexcitation dans
une mesure plus, ou moins grande.
Observation IX. Edouard Carb..., trente-huit ans; paralysie
générale à la première période avec violente agitation une bonne
partie de la journée. Un milligramme de duboisine pendant cinq
jours, 2 milligrammes pendant seize jours, 3 milligrammes pen-
dant cinq jours et 4 milligrammes pendant quatre jours atténuent
seulement la surexcitation. Assez régulièrement sieste d'une
heure ou deux. Durée de la médication : trente jours, durant
lesquels on a prescrit 68 milligrammes de duboisine. Action phy-
siologique assez marquée : dilatation des pupilles avec troubles de
la vue, sécheresse de la gorge, diminution des forces, vomituritions
aux repas avec les dernières doses et un peu d'amaigrissement.
Observation X. Alfred Ceml..., quarante-cinq ans; paralysie
générale à la première période avec agitation à peu près continue
toute la journée. Un milligramme de duboisine pendant trois
jours; 2, 3 et 4 milligrammes pendant deux jours ne produisent
ni calme ni sommeil. La médication a duré neuf jours, durant les-
220 THÉRAPEUTIQUE.
quels on a prescrit 21 milligrammes de duboisine. Action physio-
logique : dilatation des pupilles et sécheresse de la gorge.
Observation XI. - Adrien Lor..., trente et un ans; paralysie
générale à la première période avec vive agitation la plus grande
partie de la journée. Un milligramme de duboisine pendant cinq
jours, 2 milligrammes pendant quatre jours, 2 milligrammes et
demi pendant trois jours, 3 milligrammes pendant neuf jours et
1- milligrammes pendant deux jours n'apportent pas de calme.
Assez régulièrement sieste de deux heures. La médication a duré
vingt-trois jours, durant lesquels on a prescrit 51 milligrammes
de duboisine. Action physiologique assez marquée : dilatation
des pupilles, sécheresse de la gorge, diminution des forces et léger
amaigrissement. ' ·
Les résultats obtenus dans la manie vésanique sont encore
plus intéressants, car ils ont nettement différé selon l'état aigu
ou chronique. Dans ce dernier, l'accoutumance a été pour
ainsi dire nulle ou tout au moins si longue, si longue à s'éta-
blir que la médication a pu être très avantageusement conti-
nuée jusqu'à trois mois et au delà; il me paraît difficile d'exi-
ger davantage. Ce que nous avançons est prouvé par les cinq
observations suivantes, dont la dernière est curieuse à ce titre
que le sujet, dont l'isolement datait déjà de plus de deux ans,
et qui semblait marcher vers la démence, a complètement
guéri à la suite du traitement par la duboisine.
Observation XII. - Edmond Beg..., trente-six ans, débilité men-
tale avec manie chronique rémittente. Lors d'un paroxysme vio-
lent avec agitation presque continue, 1 milligramme de duboi-
sine pendant dix-huit jours et sans trace d'accoutumance a procuré
une moyenne assez régulière de sept heures de calme et irréguliè-
rement une sieste de deux heures. Suppression pour contrôle,
mais après quarante-huit heures, retour de l'état antérieur. Reprise
de la duboisine à la même dose et action sédative encore plus re-
marquable ; tant qu'a duré le paroxysme, soit vingt-cinq jours, on
obtint de neuf à douze heures de tranquillité, sans accoutumance.
Durée de la médication : quarante-trois jours pendant lesquels on
a prescrit 43 milligrammes de duboisine. Action physiologique
assez marquée : dilatation des pupilles, sécheresse de la gorge, et
surtout, bien que le sujet n'eût jamais eu de vomissements, amai-
,crissement, considérable qui aurait rendu difficile de prolonger le
traitement si la crise n'avait pas pris fin.
Observation XIII. Louis Mat..., cinquante-six ans; manie chro-
ACTION SÉDATIVE DE LA DUBOISINE CHEZ LES ALIÉNÉS. 221
nique avec agitation à peu près continue : deux ou trois heures de
calme au plus dans la journée. Avec 1 milligramme de duboisine à
partir du second jour, le malade pendant douze jours a, au contraire,
tout au plus une heure ou deux d'agitation; irrégulièrement, sieste
d'une heure. Suppression pour contrôle, mais après vingt-quatre
heures, retour de l'état antérieur. Reprise de la duboisine à la
même dose, et pendant vingt-cinq jours on a à peu près les mêmes
excellents résultats, très rarement une mauvaise journée entre
d'autres excellentes. Deuxième suppression pour contrôle et de
nouveau, après vingt-quatre heures, l'état antérieur a reparu. De-
rechef, on prescrit 1 milligramme de duboisine avec plus de succès
encore, car il n'y a plus une seule mauvaise journée et seulement,
après quarante-deux jours, l'accoutumance parait se montrer; il
n'y a alors que cinq heures de sédation. La dose est portée en con-
séquence à 2 milligrammes et pendant huit jours, on obtient
encore neuf et dix heures de tranquillité, avec rarement une sieste
d'une heure ; une seule mauvaise journée. Mais pour conserver ces
bons effets, il faut élever la dose à 3 milligrammes pendant
neuf jours et à 4 milligrammes pendant vingt-deux jours. A ce
moment, l'accoutumance s'étant manifestée brusquement, nous
n'avons pas osé pousser plus loin les quantités administrées et nous
avons suspendu la médication qui ne durait pas depuis moins de
cent dix-huit jours, pendant lesquels le malade avait pris
210 milligrammes de duboisine. Néanmoins, action physiologique
des moins marquées, surtout de la dilatation des. pupilles et de la
sécheresse de la gorge. Le malade, très autoritaire et très entêté
d'habitude, a toujours opposé une vive résistance aux piqûres, mais
il n'eut jamais d'accidents locaux. ,
Observation XIV. Félix Mauii..., trente-neuf ans; manie chro-
nique avec violente agitation ; à peine deux heures de calme dans
la journée. Un milligramme de duboisine à partir du troisième
jour donne, pendant douze jours, une moyenne régulière de neuf
à dix heures de tranquillité avec le plus souvent une sieste d'une
heure. Une seule mauvaise journée, la dixième. Suppression pour
contrôle et la sédation obtenue se maintient quatre jours, puis
retour de l'état antérieur. Reprise de la duboisine à la dose de
1 milligramme, qui n'agit que durant deux jours séparés par une
très mauvaise journée, mais' sans sommeil. Un milligramme et
demi pendant trois jours restent peu efficaces, mais 2 milli-
grammes à partir du second jour procurent régulièrement, sans
narcose, une sédation de dix à douze heures, et ce pendant trente-
deux jours ; une seule mauvaise journée, la quatrième. Deuxième
suppression pour contrôle et absolument le même résultat que la
première fois. De nouveau, 2 milligrammes de duboisine don-
nent, durant dix-neuf jours, des effets aussi satisfaisants que
222 THÉRAPEUTIQUE.
précédemment. Cependant, l'amaigrissement du malade est tel
que nous jugeons prudent de suspendre la médication qui dure
depuis soixante-dix jours pendant lesquels on a prescrit 122 milli-
grammes et demi du remède. Lors de cette suspension, le poids
du sujet était de 65 kilogrammes ; malgré le retour assez rapide
de l'agitation, ce poids s'était élevé, au bout de quinze jours, à
69 kilogrammes, et au bout d'un mois à 72. Jamais de vomisse-
ments, seulement de la dilatation pupillaire. Le malade résistait
aux piqûres, disant qu'il ne voulait pas servir à des expériences et
qu'il en avait assez de tout ce qu'il endurait déjà, mais il n'eut pas
d'accidents locaux.
Observation XV. - Henri Sau..., cinquante-deux ans; manie
chronique rémittente. Lors d'un paroxysme avec agitation conti-
nue, 1 milligramme de duboisine, à partir du troisième jour,
procure, durant douze jours, une moyenne régulière de neuf à dix
heures de calme, avec rarement une sieste d'une heure; une seule
mauvaise journée, la huitième : puis la crise prend fin, alors que
d'habitude elle dure plusieurs semaines. A un second paroxysme
très violent, 1 milligramme de duboisine apporte régulièrement
sans narcose, de neuf à dix heures de tranquillité pendant vingt-
quatre jours, puis il n'y a plus que six à sept heures. La dose est
portée à 2 milligrammes et, toujours sans sommeil, on a régu-
lièrement, pendant vingt-deux jours, de dix à onze heures de
calme. Derechef, l'accoutumance tend à s'établir et nous prescri-
vons 3 milligrammes; néanmoins, nous n'obtenons plus que
sept à huit heures de tranquillité pendant une semaine, mais
4 milligrammes .durant vingt jours, toujours sans sommeil et
régulièrement donnent de onze à douze heures de calme, puis une
fois encore l'accoutumance se montre. N'osant forcer davantage les
doses, nous arrêtons la médication qui, cette seconde fois, durait
d'ailleurs depuis soixante-dix-neuf jours durant lesquels on avait
prescrit 179 milligrammes de duboisine. Action physiologique :
dilatation des pupilles et légers troubles de la vue, en plus, avec les
doses les plus élevées, vomituritions et diminution de l'appétit avec
mauvais goût à la bouche ; néanmoins, l'amaigrissement n'a pas été
sensible.
Observation XVI. - Joseph Dan..., trente-sept ans; manie avec
très violente agitation datant de plus de deux ans. Pas un instant
de calme dans la journée. Avec 1 milligramme de duboisine, on
obtient de suite et pendant douze jours, régulièrement de sept à
huit heures de tranquillité avec une sieste de deux heures. Suppres-
sion pour contrôle; après deux jours d'un calme relatif séparés par
deux autres jours d'agitation, celle-ci devient continue comme au-
paravant. Reprise de la duboisine à 1 milligramme et pendant
un mois; à partir du second jour on obtient une sédation progrès-
action sédative DE la DUBOISINE CHEZ LES aliénés. 223
sive qui, de six heures, finit par s'étendre à toute la journée; dans
la première quinzaine, de temps à autre, une sieste d'une heure.
Dan... s'occupe aux soins du ménage et parait revenir à lui. Cette
fois, après la suppression du remède, la guérison se maintient et
le malade sort guéri deux mois après. Action physiologique : séche-
resse de la gorge et dilatation des pupilles avec troubles de la vue
au début du traitement; et aussi amaigrissement assez marqué,
bien que, durant les quarante-deux jours de la médication, le
malade n'eût pris que 42 milligrammes de duboisine.
Dans l'état aigu, les résultats ont été moins bien satisfai-
sants. De cinq sujets, un seul a retiré du traitement un béné-
fice momentané, vu que l'accoutumance s'est définitivement
établie au bout d'une semaine environ; les quatre autres n'ont
eu qu'une atténuation de leur surexcitation, mais pas une
heure de calme en plus. Voici ces cinq faits brièvement
résumés :
Observation XVII. Alexis Ger..., cinquante ans, manie aiguë
avec très vive agitation continue. Un milligramme de duboisine
pendant cinq jours donne, à partir du second jour, six heures de
calme avec une sieste d'une heure. Puis accoutumance brusque.
Avec 1 milligramme et demi, mêmes résultats favorables pen-
dant le même laps de temps, mais sans sommeil,.et de nouveau
brusque accoutumance. Alors, avec 2 milligrammes pendant cinq
jours, 3 milligrammes pendant quatre jours et 4 milligrammes pen-
dant trois jours, l'action sédative va sans cesse s'affaiblissant et
finit par être nulle; néanmoins, irrégulièrement, une sieste d'une
heure. Action physiologique : sécheresse de la gorge et légère
dilatation pupillaire. La médication a duré vingt-quatre jours
durant lesquels on a prescrit 48 milligrammes et demi de
duboisine.
Observation XVIII. Samuel Neum..., quarante-sept ans;
manie intermittente, violent paroxysme avec une heure ou deux
de calme au plus dans la journée. Un milligramme de duboisine
pendant neuf jours, 1 milligramme et demi pendant sept jours,
2 milligrammes pendant trois jours, 3 et 4 milligrammes pen-
dant deux jours sont sans grand effet; de temps à autre, cepen-
dant, sieste d'une heure. La médication a duré vingt-trois jours
durant lesquels on a prescrit 39 milligrammes et demi de duboisine.
Action physiologique : sécheresse de la gorge et dilatation des
pupilles. Le malade se plaignait beaucoup que les piqûres étaient
très douloureuses et lui abîmaient la peau; jamais d'accident
local.
224 4 THÉRAPEUTIQUE.
Observation XIX. Emile Gay..., vingt-deux ans; manie aiguë
avec violente agitation continue. Un milligramme de duboisine
pendant quatre jours, 2 milligrammes pendant trois jours, 3 et
4 milligrammes pendant deux jours restent sans effet sédatif ou
narcotique. Action physiologique ? dilatation des pupilles et
légère sécheresse de la gorge. La médication a duré onze jours
durant lesquels on a prescrit 23 milligrammes de la substance.
Observation XX. Jean Gaut..., vingt-cinq ans; débilité men-
tale avec manie aiguë. Agitation à peu près continue. Un et 2 mil-
ligrammes de duboisine pendant deux jours, 3 et 4 milligrammes
pendant trois jours n'apportent ni sommeil, ni calme complet.
Action physiologique à peu près nulle. La médication a duré dix
jours durant lesquels on a prescrit 27 milligrammes de la substance.
Observation XXI. François Gaim..., dix-huit ans; manie aiguë
avec agitation continue. Un milligramme de duboisine durant
deux jours, 2 milligrammes durant cinq jours, 3 et 4 milligrammes
durant deux jours n'agissent pas; toutefois, deux fois une heure
de sieste. La médication a duré onze jours, durant lesquels on a
prescrit 22 milligrammes de la substance. Action physiologique
assez marquée avec les dernières doses : sécheresse de la gorge, dila-
tation des pupilles, sensation de faiblesse, nausées aux repas.
Ainsi, tandis que dans la manie chronique, nous avons eu
z100 p. 100 de résultats favorables, dans la manie aiguë, nous
n'avons pas rencontré un seul cas complètement satisfaisant,
seulement 20 p. 100 avec accoutumance, soit 80 p. 100 de ré-
sultats défavorables, c'est-à-dire avec seule atténuation de la
surexcitation, sans aucune augmentation des heures de calme.
Quels ont été les effets de la duboisine cbez les lypémaniaques ?
Tout le contraire, à peu de chose près, de ceux obtenus chez
les maniaques. Voici d'abord cinq cas où l'accoutumance ne
s'est pas produite ou ne s'est manifestée qu'après un temps
considérable, même plus de deux mois, or trois d'entre eux
étaient franchement aigus.
Observation XXII. Auguste Cab..., quarante-deux ans; lypé-
manie chronique avec surexcitation à peu près continue. Avec 1 mil-
ligramme de duboisine, transformation complète; les deux pre-
miers jours sept heures de calme, le troisième et le quatrième onze
heures, le cinquième douze heures; ensuite, pendant quinze jours,
au grand étonnement de tous, tranquillité continue; seulement
une heure de sommeil le second et le septième jour. Suppression
du remède, et pendant près d'un mois le calme se maintient, puis
action sédative DE la DUBOISINE CHEZ LES ALIÉNÉS. 225
rapidement reparaît l'état antérieur. La médication n'avait duré
que vingt jours, avec 20 milligrammes de duboisine. Action
physiologique à peu près nulle : légère dilatation des pupilles et
un peu de sécheresse de la gorge.
Observation XXIII. Nicolas Gof..., quarante-six ans; lypé-
manie aiguë avec violents emportements contre les hallucinations ;
une heure ou deux de tranquillité au plus. Avec 1 milligramme de
duboisine, dès le deuxième jour, le malade a régulièrement de
dix à douze heures de calme et s'adonne avec ardeur aux soins du
ménage;'sieste d'une heure ou deux. Au bout de deux semaines,
suppression pour contrôle, mais en trois jours l'état antérieur a
reparu. La dose de 1 milligramme n'a plus alors la première effi-
cacité, la sédation complète n'excède pas trois ou quatre heures au
maximum et il en est de même avec 2 milligrammes; par
contre, 3 milligrammes, dès le second jour, procurent pendant
trente-deux jours une moyenne régulière de dix à douze heures de
calme, et le malade s'est remis au travail; très régulièrement sieste
d'une heure. Deuxième suppression pour contrôle et même résultat
que la première fois;-en trois jours, retour de l'état antérieur.
Reprise de la duboisine à'3 milligrammes et de nouveau, pen-
dant un mois, on a régulièrement une moyenne de dix à douze
heures de tranquillité avec bon travail et rarement une heure de
sieste, puis brusquement, une certaine accoutumance se montre
et la durée du calme n'est plus que de cinq à six heures. Quatre
milligrammes améliorent la situation sans la rendre aussi bonne
que par le passé; sept à huit heures de tranquillité avec travail
moins soutenu; plus rarement encore qu'avant, sieste d'une heure.
L'amaigrissement étant assez marqué, on cesse le traitement, d'au-
tant plus que l'appétit a beaucoup diminue et que le malade se
plaint d'avoir un goût de savon dans la bouche, goût qu'il retrouve
dans ses aliments. Dès le second jour, l'état antérieur reparaissait.
La médication avait duré quatre-vingt-dix-huit jours durant lesquels
on avait prescrit 271 milligrammes de duboisine. Action physiolo-
gique peu marquée relativement à la durée du traitement et aux
doses : amaigrissement, sécheresse légère de la gorge, dilatation
des pupilles avec troubles de la vue les premiers jours, perte de
l'appétit mais jamais de vomissements. Le sujet se plaignait beau-
coup des piqûres qui étaient, à son dire, horriblement doulou-
reuses et une machination de ses ennemis, mais pas d'accident
local.
Observation XXIV. Pierre Toun..., trente-deux ans; lypé-
manie chronique avec vive surexcitation, à peine deux heures de
calme. Un milligramme de duboisine pendant sept jours et 1 mil-
ligramme et demi durant le même temps apportent déjà une notable
Archives, t. XXVI. 15 5
226 thérapeutique.
amélioration, cinq à six heures de tranquillité en moyenne, mais
les bonnes et les mauvaises journées alternent; régulièrement une
sieste d'une heure au moins. Avec 2 milligrammes, on a, dès
le second jour et pendant un mois, régulièrement de huit à douze
heures de calme sans sommeil; deux seules mauvaises journées,
la sixième et la douzième. Suppression pour contrôle et, pendant
une semaine, la sédation obtenue se poursuit : il y a encore sept et
huit heures de tranquillité, puis, brusquement, l'état antérieur'
reparaît. Reprise de la duboisine à 2 milligrammes et, pendant
douze jours, on a de nouveau très régulièrement de huit à onze
heures de calme, puis, durant trois jours, de sept à huit et enfin,
pendant deux jours, seulement cinq et quatre heures. La dose ayant
été portée à 3 milligrammes, on obtient encore très réguliè-
rement, durant trente-cinq jours, de huit à douze heures de tran-
quillité et ensuite, pendant quatre jours, de sept a huit heures au
maximum. Quatre milligrammes laissent les choses en l'état une
semaine et l'accoutumance s'établit de plus en plus, car on n'obtient
qu'une sédation complète de quatre heures. Cette accoutumance a
été, en somme, très longue à s'établir, puisque la médication du-
rait depuis cent neuf jours durant lesquels on a prescrit 265 milli-
grammes et demi de duboisine. Néanmoins, action physiolo-
gique peu marquée : amaigrissement insignifiant, dilatation
pupillaire, sécheresse du gosier et rarement sieste d'une heure
dans l'après-midi.
Observation XXV. - Désiré Porch..., trente-trois ans; lypéma-
nie aiguë avec désespoir anxieux et gémissements continuels. Un
milligramme de duboisine procure, pendant onze jours, une
moyenne de huit à dix heures de tranquillité avec, toutefois, deux
mauvaises journées, là septième et la huitième, puis brusquement
l'accoutumance se produit et il n'y a plus que deux ou trois heures
de calme; jamais de sommeil. Dose de 2 milligrammes qui,
en cinq jours, procure en décroissant régulièrement de quatorze à
trois heures de tranquillité; toujours pas de sommeil. Par contre,
avec 3 milligrammes, dès le second jour on a, pendant quatre
semaines, de dix à quatorze heures de calme; une seule mauvaise
journée, la huitième; jamais de sieste. Mais l'amaigrissement du
sujet oblige à arrêter la médication qui durait depuis quarante-six
jours pendant lesquels on a prescrit 106 milligrammes de du-
boisine. Action physiologique très marquée : outre cette dénu-
trition accusée, dilatation pupillaire, sécheresse vive de la gorge,
diminution des forces, vomituritions et, durant trois jours, avec la
dernière dose, diarrhée assez forte. Malgré l'abandon du remède,
la sédation s'est maintenue jusqu'à la mort du malade survenue
vingt-huit jours après par suite du choléra.
Observation XXVI. Victor Lhuil..., cinquante-trois ans; lypé-
ACTION SÉDATIVE DE LA DUBOISINE CHEZ LES ALIÉNÉS. 227
manie aiguë avec vive réaction anxieuse à peu près continue. Un
et 2 milligrammes de duboisine pendant deux jours atténuent
simplement cette anxiété, tandis que 3 milligrammes pendantvingt
jours donnent régulièrement de huit à dix heures de tranquillité,
sauf deux mauvaises journées, la quatorzième et la seizième; rare-
ment sieste d'une heure. Aucune accoutumance ne s'était encore
montrée et l'action physiologique n'avait pas été très marquée
surtout en ce qui concerne la nutrition, quand une attaque de cho-
léra enleva le sujet en deux-jours; il n'avait jamais eu de troubles
digestifs.
De même, les trois cas suivants, dans lesquels l'accoutu-
mance, il est vrai, s'est établie plus ou moins rapidement,
mais après une période d'action efficace, étaient également des
cas aigus.
Observation XXVII. Alfred Rut..., trente-cinq ans; lypémanie
aiguë catatonique. Un milligramme de duboisine pendant douze
jours procure régulièrement une sédation de sept à huit heures
avec de temps à autre une sieste d'une heure, puis brusquement
l'accoutumance se produit et alors, 1 milligramme et demi pendant
quatre jours, 2 milligrammes pendant trois jours, 3 et 4 milli-
grammes pendant quatre jours n'agissent guère; toutefois, sieste
d'une heure ou deux. La médication a ainsi duré vingt-sept jours
durant lesquels on a prescrit 52 milligrammes de duboisine. Dila-
tation pupillaire.
Observation XXVIII. Arthur Gent..., quarante ans; lypémanie
aiguë avec anxiété presque continue. Un milligramme de duboi-
sine, à partir du second jour, procure pendant cinq jours de six à
sept heures de calme, avec toutefois une mauvaise journée, la qua-
trième ; puis brusquement l'accoutumance se montre et alors, 1 mil-
ligramme et demi pendant deux jours, 2 milligrammes pendant
trois jours, 3 et 4 milligrammes pendant deux jours restent peu
efficaces; jamais de sommeil. La médication n'a duré que dix-huit
jours durant lesquels on n'a prescrit que 32 milligrammes de duboi-
sine, néanmoins action physiologique assez marquée : dilatation
des pupilles, sécheresse de la gorge, sensation de faiblesse, dimi-
nution des forces et nausées aux moments des repas.
Observation XXIX. - René Trah..., cinquante-trois ans; lypé-
manie aiguë hallucinatoire avec agitation continue. Un milligramme
de duboisine durant les trois premiers jours a amené de six à sept
heures de calme, puis brusquement l'accoutumance s'est produite
et alors, 2 milligrammes pendant trois jours, 3 et 4 milligrammes
pendant deux jours ont été inefficaces; sieste d'une, heure seule-
228 - thérapeutique.
'ment le premier jour. La médication a duré treize jours durant
lesquels on a prescrit 26 milligrammes de la substance. Action phy-
siologique : sécheresse de la gorge et dilatation pupillaire avec
troubles passagers de la vue.
Ainsi, sur huit cas de lypémanie dans lesquels l'influence
sédative de la duboisine s'est manifestée plus ou moins long-
temps, cinq étaient des cas aigus ; au contraire dans les six qui
suivent et dans lesquels cette action a été à son minimum,
atténuant, il est vrai, la surexcitation dans une certaine mesure
mais n'amenant pas l'apaisement, quatre étaient des cas chro-
niques. Dans la lypémanie, nous avons donc obtenu pour
l'état aigu 37 p. 100 d'action, soit continue, soit avec accoutu-
mance, et 26 p. 100 seulement d'action faible, tandis que dans
l'état chronique cette dernière action défavorable s'est élevée à
66 p. 100. Ces résultats sont bien, ainsi que je l'ai déjà signalé,
à peu de chose près, tout l'opposé de ce que nous a fourni la
manie.
Observation XXX. Henri Loug..., cinquante-quatre ans; lypé-
manie chronique avec agitation vive et continue. Un milligramme
de duboisine pendant cinq jours, 2 milligrammes et 2 milligrammes
et demi pendant quatre jours, 3 milligrammes pendant deux jours
et 4 milligrammes pendant une semaine ne donnent ni sédation
complète ni sommeil. La médication a duré vingt-deux jours durant
lesquels on a prescrit 57 milligrammes de duboisine. Dilatation
pupillaire comme seule action physiologique, même avec les hautes
doses.
Observation XXXI. Louis Mah..., trente-huit ans; lypémanie
chronique avec hallucinations de tous les sens et crises d'agitation.
Au cours d'une de celles-ci, très violente, 1 milligramme de duboi-
sine pendant une semaine, 1 milligramme et demi pendant quatre
jours, 2 et 3 milligrammes pendant une semaine et 4 milligrammes
pendant cinq jours n'apportent ni sédation complète ni sommeil.
La médication a duré un mois durant lequel on a prescrit 68 milli-
- grammes de duboisine. Action physiologique : dilatation des
pupilles avec brouillard devant les yeux.. : 1
Observation XXXII. Victor Rau..., vingt-quatre ans; lypéma-
nie aiguë avec anxiété continue. Un milligramme de duboisine
pendant deux jours, 1 milligramme et demi pendant cinq
jours, 2 milligrammes pendant quatre jours, 3 milligrammes pen-
dant trois jours et 4 milligrammes pendant deux jours n'apportent
aucune sédation complète; deux fois seulement sieste d'une heure
action sédative DE la DUBOISINE CHEZ LES aliénés. 229
au début de la médication qui n'a duré que onze jours, durant les-
quels le malade n'a pris que 31 milligrammes et demi de duboi-
sine ; néanmoins l'action physiologique a été assez marquée : dila-
tation pupillaire, sécheresse de la gorge, diminution des forces
avec sensation de faiblesse, vomituritions aux repas et immédiate-
ment après.
Observation XXXIII. - Léon Guid..., vingt-sept ans; lypémanie
chronique avec surexcitation continue. Un milligramme de duboi-
sine pendant une semaine, 1 milligramme et demi pendant deux
jours, 2 milligrammes pendant cinq jours, 3 milligrammes pendant
deux jours 4 milligrammes pendant cinq jours ne procurent ni
sédation complète, ni sommeil. La médication a duré vingt et un
jours durant lesquels on a prescrit 42 milligrammes de duboisine.
Action physiologique assez marquée : dilatation des pupilles, sensa-
tion de faiblesse, nausées sans vomissements au moment des repas.
Observation XXIV. Honoré Treg..., trente-cinq ans; lypéma-
nie chronique avec soliloques toute la journée. Un milligramme de
duboisine pendant quatre jours, 2 milligrammes pendant trois
jours, 3 et 4 milligrammes pendant deux jours n'amènent ni séda-
tion complète ni sommeil. La médication a duré onze jours durant
lesquels on a prescrit 24 milligrammes de la substance. Action phy-
siologique : sécheresse de la gorge et dilatation pupillaire avec
troubles passagers de la vue. Le malade a toujours protesté vive-
ment contre les piqûres qu'il déclarait douloureuses et toxiques,
mais jamais d'accident local.
Osbervation XXXV. - Urbain Rosen..., trente-cinq ans; lypé-
manie aiguë avec agitation désespérée presque toute la journée.
Un et 2 milligrammes de duboisine pendant deux jours, 3 milli-
grammes pendant trois jours et 4 milligrammes pendant deux
jours n'ont apporté ni sédation complète ni sommeil. La médica-
tion a duré dix-neuf jours durant lesquels on a prescrit 23 milli-
grammes du remède. Action physiologique peu marquée : un peu
de sécheresse de la gorge et une légère dilatation pupillaire.
S,i nous jetons un coup d'oeil d'ensemble sur les résultats
obtenus dans nos vingt-quatre cas de vésanie, manie et lypé-
manie, nous voyons que la proportion a été la même pour
l'action efficace et continue comme pour l'action faible, in-
capable d'amener le calme, soit 46,7 p. 100, tandis que l'in-
fluence favorable mais vite suivie d'accoutumance n'a été que
de 6,6 p. 100. Les rapprochant de ceux que nous avons signa-
lés plus haut, dans la paralysie générale, il ressort que le
paralytique a été bien plus sensible à la duboisine que le
230 thérapeutique.
vésanique, puisque plus ou moins longtemps il en a ressenti
l'influence sédative complète dans la proportion de 72,6 p. 100,
alors que ce dernier ne l'a éprouvée que dans la proportion
de 53,3 p. 100, cependant plus que le paralysé général, dans une
proportion supérieure de 10 p. 100, il a résisté à la prompte
accoutumance. Si, maintenant, entrant plus dans le détail
des cas, nous comparons l'action de la duboisine chez les ma-
niaques et les lypémaniaques, nous voyons que, complète ou
incomplète, elle a été à peu près la même, tandis que l'accou-
tumanee a été deux fois plus fréquente chez ces derniers.
En conséquence, nous résumerons dans les conclusions sui-
vantes, nos constatations relatives à la duboisine à doses
continues de 2 à 4 milligrammes durant même près de
quatre mois dans le traitement des agitations maniaques et
lypémaniaques.
1. -La duboisine s'est révélée un merveilleux sédatif, ca-
pable d'apaiser toujours et dans tous les cas l'agitation ma-
niaque et lypémaniaque, soit vésanique soit paralytique, et
très souvent de substituer une tranquillité absolue à la surex-
citation ou à l'anxiété la plus violente; son action toujours effec-
tive s'est donc présentée à deux degrés : l'une, incomplète,
consistant en une simple atténuation de l'exaltation, l'autre,
complète, caractérisée par la disparition totale de celle-ci pour
un temps plus ou moins long. -
II. La sédation amenée par la duboisine n'atteignit pas
toujours d'emblée toute son intensité; souvent elle n'est arri-
vée à son apogée que le second jour, parfois même le troi-
sième jour.-
Ici. - Une fois produite, la sédation due à la duboisine s'est
maintenue assez régulièrement, tant que l'accoutumance ne
s'est pas manifestée; exceptionnellement les bonnes et les
mauvaises journées ont alterné,
IV. - La sédation, même complète, obtenue par la duboi-
sine a, le plus souvent, persisté un ou plusieurs jours après
l'abandon du remède et parfois même il est arrivé qu'une
assez longue période de calme ait suivi la suppression de la
médication.
V. Dans les formes intermittentes et rémittentes, la du-
boisine s'est révélée capable de réduire la durée des crises et
de les espacer.
ACTION SÉDATIVE DE LA DUBOISINE CHEZ LES ALIÉNÉS. 231
VI. - L'action sédative de la duboisine, à tous les degrés, a
été, en général, surtout dans les premiers jours de la médica-
tion, en raison inverse du temps écoulé depuis l'administra-
tion du remède, d'où l'avantage de fractionner en deux fois la
dose quotidienne à administrer.
VIL-La duboisine a eu une action complète beaucoup
plus fréquente dans la manie chronique que dans la manie
aiguë et au contraire dans la lypémanie aiguë que dans la
lypémanie chronique; et, d'une manière générale, dans la
manie que dans la lypémanie.
VIIL-Dans la paralysie générale la duboisine a eu une action
complète moins fréquente que dans la manie chronique et la
lypémanie aiguë, mais plus fréquente que dans la manie aiguë
et la lypémanie chronique; et ainsi que dans la manie et la
lypémanie en général, de telle sorte qu'au total les paralysés
généraux se sont montrés plus sensibles à l'influence sédative
du médicament que les vésaniques.
IX.-L'organisme des aliénés s'est montré souvent très
prompt à l'accoutumance à la duboisine et cette accoutumance
qui, d'habitude, s'établissait brusquement une fois produite,
résistait, d'ordinaire, à toutes les élévations de doses; cela fut
surtout vrai pour la sédation complète.
X. L'accoutumance à la duboisine a été plus fréquente et
plus rapide dans la paralysie générale que dans les vésanies
en général, la manie aiguë et chronique et la lypémanie chro-
nique ; elle a été sensiblement la même^dans la paralysie géné-
rale que dans la lypémanie aiguë, elle a été plus fréquente
dans la lypémanie que dans la manie ; enfin elle ne s'est pas
montrée dans les vésanies chroniques.
XI. L'action incomplète de la duboisine a été moins fré-
quente dans la paralysie générale que dans les vésanies en
général mais plus fréquentes que dans la manie chronique et
la lypémanie aiguë; elle a été moins fréquente dans la manie
que dans la lypémanie, dans la manie chronique que dans la
manie aiguë, dans la lypémanie aiguë que dans la lypémanie
chronique.
XII. D'une manière générale il est vrai de dire que la du-
boisine a été plus active dans la paralysie générale que dans
les vésanies, dans la manie que dans la lypémanie, dans la
232 RECUEIL DE FAITS.
manie chronique que dans la manie aiguë, et au contraire
dans la lypémanie aiguë que dans la lypémanie chronique.
XIII. - Vu l'influence' exercée par la duboisine sur les esto-
macs, il convient de l'administrer, pour en obtenir les effets
sédatifs, dans la journée avec un minimum d'inconvénients
aux heures les plus éloignées des deux principaux repas.
XIV. -La duboisine, par malheur, a agi très désavantâ-
geusement sur la nutrition, particulièrement à la longue, et il
est à craindre que cette action dénutritive, malgré les mer-
veilleuses propriétés sédatives du médicament, ne s'oppose à
son emploi, surtout longtemps continué, ainsi que l'exigerait
la thérapeutique des maladies mentales dont l'évolution est
toujours fort longue.
RECUEIL DE FAITS
PSEUDO-SCLÉROSE EN PLAQUES D'ORIGINE PALUSTRE
Par le D' TRIANTAPIIYLLIDÉS (de Batoum).
Observation. ' Chalmag..., restaurateur, trente-six ans, né à
Tiflis et habitant Batoum depuis un an et demi. Antécédents héré-
ditaires nuls. Toujours bien portant, sans aucune nervosité, ni
trace de diathèse rhumatismale, sept ans avant, pendant un de
ses voyages fréquents dans les pays marécageux, il a contracté le
paludisme dont il fut vite guéri, et il y a deux ans il m'a consulté
pour des ulcères aux jambes, qu'il avait depuis plusieurs mois et
qui sont vite guéris par l'iodure de potassium, malgré l'affirmation
du malade qu'il n'a jamais contracté la syphilis. Vers le 20 du
mois de septembre, il fut atteint de paludisme à accès réguliers
quotidiens au début, puis réguliers et atypiques, et au bout de
vingt à vingt-cinq jours, grâce à sa faiblesse progressive, il a dû
garder le lit. Le 13 octobre 1892, c'est-à-dire le vingt-troisième
jour de sa fièvre, je l'ai vu dans l'état suivant :
Le malade, d'une constitution assez robuste, est couché sur le
dos, immobile, ayant le faciès d'une cachexie palustre précoce.
Apy rétique, depuis cinq jours il n'a plus d'accès de fièvre. Sa
PSEUDO-SCLÉROSE EN PLAQUES D'ORIGINE PALUSTRE. 233
physionomie exprime une tristesse profonde et il pleure à chaque
instant. La parole est lente et scandée, absolument caractéristique
de la sclérose en plaques. Au repos le malade n'accuse aucun trem-
blement, mais en l'engageant de porter la main sur la bouche,
celle-là est prise d'un tremblement qui augmente d'amplitude avec
l'étendue du mouvement, et elle atteint difficilement le but. Aux
yeux on remarque le nystagmus net. Sitôt que le malade, aidé par
nous, lève sa tête, il est immédiatement pris de vertige accompa-
gné de tremblement de tout le corps, avec raideur musculaire
et commencement de perte de connaissance, et pour éviter une
attaque épileptiforme nous le recouchons immédiatement et le
malade reprend vite sou calme. Chaque tentative pareille est
accompagnée des mêmes phénomènes. Les réflexes tendineux sont
exagérés dans les quatre membres. Sensibilité générale et sens
spéciaux normaux. Aucun signe d'hystérie ni de neurasthénie.
Foie et rate très engorgés, la dernière est dure et palpable.
Langue humide et un peu chargée, inappétence complète et légère
constipation. Rien de particulier du côté des autres organes. Trai-
tement : injections hypodermiques de quinine bimuriat., 1 gramme
à la fois et chaque jour.
17 octobre. Après la deuxième injection de quinine, le malade
peut déjà tenir la tête soulevée sans menace d'accès épileptiforme,
et après la quatrième injection, l'état vertigineux est tellement
atténué, que nous pouvons tenir le malade debout pendant quel-
ques minutes. Je remarque en même temps, que le tremblement
des mouvements intentionnels est moins accusé, le moral se réta-
blit et l'appétit revient. Je lui pratique la cinquième injection
hypodermique de quinine et je lui administre la quinine par la
bouche, 1 gr. 20 par jour.
21. Le malade se présente à la consultation chez moi, appuyé
sur une canne. Debout, il a la démarche de tabes dorsal spasmo-
dique, grâce à la rigidité musculaire des membres inférieurs, rigi-
dité qui disparaît au repos. Les vertiges ne lui arrivent que par
moments et passent vite sans qu'il soit obligé de prendre la posi-
tion horizontale. Avec trois de mes collègues, que j'ai invités
exprès pour examiner le malade, nous retrouvons encore tous les
signes classiques de la sclérose en plaques, signes qui malgré leur
atténuation, sont encore assez accusés pour ne permettre aucun
doute sur le diagnostic.
Foie et rate moins engorgés. Fonctions digestives normales.
Urines normales. Examen du sang : hémoglobine 0,65. Plasmodies
pigmentées en abondance et quelques-unes en forme de croissant.
Le malade n'a plus eu d'accès de fièvre. Traitement : sixième injec-
tion hypodermique de quinine 1 gr. 20 et traitement ultérieur
quinine 1 gr. 20 par jour.
234 RECUEIL DE FAITS.
23. L'amélioration s'accentue. Vertiges disparus, parole moins
scandée, démarche plus normale, réflexes moins exagérés. Traite-
ment : septième injection de quinine 0 gr. 80 et quinine 1 gr. 20
par jour.
26. Amélioration plus accentuée, le malade marche bien et
sans l'appui de la canne. La parole est un peu lente, mais peu
scandée. On remarque encore un léger tremblement qui ressemble
à celui des alcooliques, réflexes normaux; le nystagmus n'est plus
constant et à peine appréciable. Foie et rate restent engorgés.
Plasmodies pigmentées dans le sang en moindre quantité. Etat
général excellent. Traitement : 1 gr. 60 de quinine muriat. par jour
en quatre doses, teinture de quinine et arsenic.
il novembre. -Je retrouve mon malade complètement guéri, il
me raconte que quatre jours après la dernière consultation, se
sentant bien il a laissé tout traitement. Il ne présente plus aucun
signe de la sclérose en plaques.
Mai 1893. - Depuis cinq mois et demi, je vois de temps en
temps mon malade qui se porte tout à fait bien. Pendant ce temps
là, il a eu deux fois la fièvre, sans aucun autre trouble, qui a passé
sans traitement, ou avec un peu de quinine.
L'origine palustre de ces troubles ne laisse à l'esprit aucun
doute, et la quinine paraît avoir eu une efficacité. Hirt, dans
son Traité des maladies du système nerveux mentionne les
accès de fièvre précédant la sclérose en plaques ; mais la brus-
querie de l'invasion de ces troubles et la guérison si prompte
de mon malade éloignent l'idée d'une sclérose vraie, et rap-
proche mon cas de la pseudo-sclérose en plaques, observée
aussi dans le rhumatisme. Il serait intéressant de savoir si
les cas analogues, non traités, ont abouti à la sclérose en
plaques vraie. En tout cas il faut noter que parmi les milliers
de paludiques et d'autres malades que j'ai eu à soigner dans
l'espace de six ans à Batoum, je n'ai jamais rencontré la sclé-
rose en plaques, qui paraît une maladie excessivement rare
dans un pays aussi marécageux que Batoum.
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.
I. RAPPORT SUR U CAS DE M1CROCÉPH.\LlE : OPÉRATION ; MORT ; RE-
MARQUES ; par J.-F. BwtE. (Kansas City Med. Index, 1892, XIII.
125 et A1'ch. of Pectiatrics, 1892, nov., p. 877.)
L'enfant était un garçon âgé de vingt mois. Le diagnostic était
microcéphalie et arrêt dans le développement du cerveau, amenant
des altérations rétrogrades dans la parole et dans les régions mo-
trices. Il mourut treize heures après l'opération.
Le rapporteur qui a analysé ce cas et d'autres rapportés en tire
deux conclusions : 10 qu'il y a deux formes de microcéphalie :
(a) congénitale, (b) acquise, et 2° que la crâniotomie qui semble
indiquée dans la microcéphalie acquise, serait probablement très
inutile dans la microcéphalie congénitale.
II. La CRANIECT031lE contre la microcéphalie ET l'idiotie; par
J.I\IOEcKEL. (Gaz. méd. de Strasbourg, 1893, p. 27.)
La chirurgie du crâne, dit M. J. Boeckel, m'a permis d'expérimen-
ter la méthode opératoire que M. Lannelongue a tout dernière-
ment préconisée contre la microcéphalie et l'idiotie '. J'ai eu l'oc-
casion de faire neuf fois la crarziectoznie pour des affections de cette
nature. Trois fois sur des microcéphales de onze ans et un an, une
fois sur un garçon de cinq ans, atteint d'épilepsie jacksonnienne,
une fois dans un cas de méningite chronique avec contractures
généralisées, enfin quatre fois sur des idiots. Comme je me propose
de faire sur ces différents cas un article spécial, je n'insisterai pas
ici sur la valeur de cette opération. Je me bornerai à dire qu'à
part les cas de microcéphalie, et encore elle a été loin de me satis-
faire au point de vue des résultats définitifs, elle est peu efficace.
Le silence qui semble d'ailleurs se faire autour d'elle et les attaques
dont elle a été l'objet de différents côtés, confirment d'ailleurs,
l'opinion sommaire et le jugement peut être précoce que ma
faible expérience vient de me faire porter sur elle.
' Nous rappellerons que la première craniectomie a été pratiquée en
1877, par il. le D' Fuller (de Montrée).
236 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.
III. Microcéphalie ET CRANIECTOfIE par le Dr HADDEN.
Le Dr Hadden a fait voir un cas de microcéphalie chez un enfant
atteint de rigidité des membres et de rétraction de la tête. Les
parents étaient sains, mais la mère avait eu trois frayeurs dis-
tinctes pendant les premiers mois de la gestation. Les fontanelles
étaient apparemment fermées à la naissance. Le Dr Wallace Ord
et le Dr Lees ont fait connaître des cas semblables et la question
de la crâniectomie fut soulevée. Le Dr Jones (d'Earlswood), dit que
le pronostic était nécessairement très obscur. Dans ces circons-
tances, il pensa qu'une opération était permise. Il écarte l'idée des
impressions maternelles et dit qu'un tel cas formait les z10 de ceux
de l'asile de Earlswood. La voûte du palais était absente, les enfants
avaient ordinairement une humeur revêche, et les progrès lents. Il
renvoie à un examen qu'il a fait après la mort sur un cas d'adulte,
chez lequel les lobes occipitaux étaient défectueux et où il y avait
aplatissement du gyrus angulaire. La plupart des cas deviennent
épileptiques. Une opération a été pratiquée dans quatre cas, mais
il ne sait pas encore les résultats. (Société clinique de Londres,
26 fév. 1892, d'après The Lancet, du 5 mars, p. 531.)
Ces nouveaux documents viennent à l'appui de la thèse que
nous avons soutenue, que, sauf dans les cas où la défectuosité
mentale reconnaît pour causes un traumatisme, l'intervention
chirurgicale n'est pas justifiée. Elle ne constitue même pas un
adjuvant du traitement médico-pédagogique.
IV. L'EXALGINE DANS LES MALADIES NERVEUSES ET MENTALES;
par le Dr VENTRA. (Ilmanicomio, fasc. I, 1892.)
Dans les névralgies, l'exalgine est un remède analgésique d'un
effet certain. Elle est moins active contre les céphalées diffuses
dans lesquelles on peut obtenir des résultats plus satisfaisants par
l'usage de l'antipyrine. Le processus fébrile ne constitue pas une
contre-indication à l'emploi de l'exalgine. Dans ;la folie épilep-
tique, elle est toujours restée sans effet : l'état des malades soumis
à ce traitement ou bien est resté stationnaire, ou bien s'est aggravé
soit par la fréquence et l'extensité plus grandes des accès convul-
sifs, soit par l'agitation post-épileptique et l'excitabilité du carac-
tère. Le bromure de potassium uni à l'exalgine a, dans quelques
cas, déterminé une légère amélioration qu'on eût pu obtenir avec
la même dose du seul bromure. Dans la manie, l'exalgine n'agit
ni comme calmant, ni comme hypnotique. Il en est de même dans
la mélancolie. Il résulte de ces recherches que si l'exalgine a bien
une action analgésique, elle n'a point, comme l'a dit Dujardin-
Beaumetz, d'action anticonvulsivante ni calmante. J. Séglas.
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 237
V. Sur LE traitement DE la folie par L'HYPNOTISME; par M. Percy
SUITE etA.-T. MYERS. (The Journal of mental Science, avril 1890.)
Après un court historique consacré au rôle de l'hypnotisme dans
le traitement des maladies mentales, les auteurs ont résumé sous
forme tabulaire les différents cas, suivis ou non de succès, dans
lesquels on a eu recours à l'hypnotisme; ces cas sont au nombre
de cinquante et appartiennent à Aug. Voisin, à Dufour, à Jules
Voisin, à G. Burckhardt, et à Forel.
MM. Percy Smith et Myers ont poursuivi des recherches dans le
même sens à l'hôpital Royal de Bethlem, leurs expériences ont
porté sur 21 malades, et ont presque complètement échoué tant
au point de vue purement hypnotique qu'au point de vue théra-
peutique. Dans quatre cas, les malades ont paru présenter une
légère amélioration. Sur ces quatre malades trois refusaient de
manger, et certainement il y a eu à cet égard une légère amélio-
ration après les tentatives hypnotiques, mais les auteurs estiment
eux-mêmes que le soin tout particulier qu'on a pris à ce moment
de les encourager à s'alimenter parait avoir joué un rôle plus effi-
cace que l'hypnotisme. Dans le quatrième cas, il n'y avait pas de
stupeur et si la suggestion a donné de bons résultats, il faut recon-
naître que c'était de la suggestion sans hypnotisme. Dans deux cas,
l'hynotisation des malades a été certaine, mais la suggestion n'a été
suivie d'obéissance. Enfin dans un cas qui, au début, semblait pro-
mettre de beaux résultats on a observé une marche inverse de
celle que suivent ordinairement les phénomènes, et l'obéissance
aux suggestions, au lieu de devenir de plus en plus passive, a pris
une allure rapidement décroissante. La cause d'insuccès la plus
fréquemment signalée dans les observations a été l'impossibilité de
fixer l'attention des malades. R. M.-C.
VI. Sur L'EMPLOI DE l'hypnotisme chez les aliénés; par George
M. ROBERTSON. (The Journal of Mental Science, janvier 1893.)
Après des expériences, d'ailleurs assez restreintes, sur l'emploi
de l'hynoptisme chez les aliénés, M. Robertson a été amené à
penser que les pratiques hypnotiques pouvaient être utilisées à un
double point de vue : l°le point de vue thérapeutique; 2° le point
de vue qu'on pourrait appeler disciplinaire.
Au point de vue thérapeutique l'hypnotisme est directement
utile : 1° dans l'insomnie, où il réussit parfois alors que les divers
traitements pharmaceutiques ont échoué ; le sommeil hypnotique,
d'ailleurs, doit être préféré au sommeil provoqué par les narcoti-
ques, parce qu'il se rapproche davantage du sommeil physiologique
et ne s'accompagne pas de dépression ; 2° dans les périodes d'exci-
tation, comme agent sédatif; il peut ici empêcher l'excitation pas-
238 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.
sagère de dégénérer en manie dans un cerveau en état d'instabilité
manifeste; 3° dans les états vagues de délusions et dans les psy-
choses encore peu accusées, où la suggestion verbale pendantl'état
hypnotique peut corriger un trouble mental encore léger.
Au point de vue disciplinaire l'hypnotisme peut aider à vaincre
la résistance opposée par les malades aux traitements les plus
indispensables du traitement; on peut avec ce secours décider les
malades réfractaires à prendre les médicaments utiles, ou même à
accepter des aliments dont le refus formel avait nécessité l'emploi
de la sonde. En outre, dans certains cas, malheureusement pas
dans tous, l'hypnotisme peut chez des malades agités ou violents,
remplacer la camisole, la ceinture, ou les agents pharmaceutiques,
ou du moins atténuer l'emploi de ces divers moyens de contention.
Il ne faudrait pas toutefois se faire d'illusions sur le rôle possible
de l'hypnotisme chez les aliénés ; s'il peut être utile dans les cas
qui viennent d'être indiqués, il est à peu près certain qu'il de-
meure impuissant sur les troubles mentaux, et il ne saurait, du
moins à l'heure actuelle, être considéré comme un agent curatif.
Il faut ajouter que, dans les asiles, il ne doit être employé
qu'avec certaines précautions dans un milieu où la croyance patho-
logique aux forces occultes et aux puissances mystérieuses n'est
déjà que trop commune. R. M.-C.
VII. Sulfate DE DUBOISINE CHEZ LES aliénées CHRONIQUES;
par P. NOECKE. (Allg. Zeitsch. f. Psychiat., XLVIII, 6.)
En l'administrant comme réactif chez vingt et un malades en
injections hypodermiques à la dose d'un demi-milligramme répé-
tée jusqu'à quinze fois on obtient du calme et même du sommeil.
A l'intérieur chez dix-neuf sujets, aux doses de deux tiers de mil-
ligrammes à un milligramme et demi. Ce résultat est presque tou-
jours positif; action hypnotique. Ses inconvénients sont en ce qui
concerne l'injection sous-cutanée : lassitude, vertiges, titubations,
obtusion mentale, inconscience, mydriase, sécheresse de la gorge,
inappétence, céphalalgie, crampes. L'administration gastrique
n'a guère d'inconvénients.
Conclusion. Comme agent sédatif prescrivez-le en injections
hypodermiques, d'abord d'un demi-milligramme, puis graduel-
lement jusqu'à deux milligrammes jusqu'à ce qu'il « grise».
Neuf cents injections hypodermiques et dix-huit cents ingestions
gastriques permettent d'affirmer que le médicament n'agit pas sur
lamaladie, que l'injection sous-cutanée provoque peu d'assuétude
que l'injection gastrique produit plus vite l'assuétude que l'injection
sous-cutanée. P. K.
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 239
VIII. DES INFUSIONS de chlorure de sodium CHEZ LES aliénés SITÉOPHOBES
en état DE collapsus; par G. ILBERG. (Allg. Zeitsch. f. Psychiat., ? LVIII, 6.)
Injection sous-cutanée en masse de solution de 0,,75 p. 100. Elle
dissipe le danger immédiat du collapsus et relève la nutrition, tout
en faisant disparaître la sitiophobie, probablement en excitant la
sécrétion salivaire et la sensibilité gustative. Elle met fin à l'état
mental des aliénés qui présentent du désordre dans les idées avec
inconscience. C'est le procédé Mercklin. P. K.
IX. UN cas DE démence aiguë; traitement par LES applications
CHAUDES ET FROIDES SUR LA TÈTE, L'ÉLECTRICITÉ, LE MASSAGE GÉNÉ-
RAL, ETC. Guérison; par Alex. ROBERTSON. (The Journal of Mental
Science, janvier 1891.)
Après l'essai de divers traitements, l'amélioration n'a commencé
à apparaître nettement que sous l'influence des applications locales
chaudes et froides sur.la tête. Les cheveux avaient été préalable-
ment rasés. L'auteur expérimente actuellement le même traite-
ment dans un cas de mélancolie rebelle datant de trois ans ; mais
dans le second cas la malade n'a pas été rasée ; il a constaté une
amélioration, toutefois le traitement est institué depuis trop peu
de temps pour que les résultats puissent être considérés comme
démonstratifs. R. M.-C.
XI QUELQUES cas d'épilepsie traités par l'hydrate d'amylène ;
par EDwIN L. DUNN. (The Journal of Mental Science, Octobre 1891.)
L'auteur a constaté que sous l'influence de ce médicament, on
commençait toujours par obtenir quelques résultats en apparence
favorables : peut-être ces avantages ont-ils été réels et durables
dans les cas les plus légers ; mais dans les cas graves, ils ont
promptement cessé de se manifester, et le médicament est resté
sans action sur l'excitation épileptique alors même que les doses
ont été poussées assez loin. Dans ces conditions on peut se deman-
der si l'amélioration obtenue dans les cas légers était bien réelle-
ment due à l'agent pharmaceutique. En tout cas, M. Dun estime
que les résultats qu'il a obtenus ne sont pas assez encourageants
pour qu'il y ait avantage à substituer à la médication bromurée
l'hydrate d'amylène, qui a, par surcroît, l'inconvénient d'être d'un
prix élevé. R. M. C.
SOCIETÉS SAVANTES
CONGRÈS DES MÉDECINS ALIÉNISTES
DES PAYS DE LANGUE FRANÇAISE.
IVe SESSION DE LA ROCHELLE.
Séance du 1er août 1893. Présidence DE M. CHRISTIAN.
Le mardi leur août, à neuf heures du matin, s'est réuni le cin-
quième congrès des médecins-aliénistes de langue française, au
palais de la Bourse à la Rochelle. Après l'installation du bureau et
l'élection des secrétaires, M. le Dr CHRISTIAN, médecin en chef de la
Maison Nationale de Charenton, président de la Société médico-
psychologique de Paris, a été élu président.
Ont été ensuite nommés :
Secrétaire général : M. le Dr Mabille, directeur médecin en chef
de l'asile de Lafond; - secrétaires des séances : MM. Colin, médecin
de l'asile de Lafond, et Pactet, chef de clinique des maladies men-
tales à la Faculté de Paris.
Lecture est tout d'abord donnée du rapport préparatoire Sur les
maladies mentales dans leurs rapports avec les auto-intoxications.
Cette étude est due à MM. Régis (de Bordeaux) et Chevalier-Lavaure
(d'Aix). Les auteurs rappellent tout d'abord les trois grandes causes
d'intoxication qui peuvent résulter de troubles dans la nutrition
de l'organisme : 1° production anormale de substances toxiques;
2° transformation incomplète de celles introduites .dans l'orga-
nisme ; 3° élimination insuffisante des poisons normaux et anor-
maux, d'où auto-intoxication.
Ils rappellent ensuite brièvement l'historique des recherches
sur la question depuis les anciennes théories humorales jus-
qu'aux études de Selmi et Gautier, de Bouchard et de son école
en France.
C'est chimiquement, et expérimentalement, que les principales
toxines doivent être déterminées et reconnues tant dans l'orga-
nisme normal que dans l'état de maladie : Produits de la vie cellu-
laire de nos tissus ou des cellules microbiennes parasites, ces alca-
loïdes (leucomaïnes ou ptomaïnes) s'éliminent surtout par le rein,
SOCIÉTÉS savantes. 241
aussi est-ce dans l'urine et ses produits extractifs que les expéri-
mentateurs les ont surtout étudiés.
C'est par les injections intraveineuses qu'ont été déterminées les
grandes règles de l'expérimentation, où l'on doit tenir compte et
du temps écoulé pendant l'injection, et du poids de l'animal en
expérience par rapport à la quantité injectée. Mais la toxicité des
urines est en raison inverse de celle du sérum et des autres produits
de sécrétions et excrétions physiologiques.
Les éléments de l'empoisonnement par l'organisme sont donc
multiples; outre les toxalbumines, protéines, diastases, etc., il
faut tenir compte des matières minérales : potasse, soude, acide.
Comme l'a dit Bouchard, l'homme est un réceptacle et un labo-
ratoire de poisons synthétisant les applications des données précé-
dentes à la psychiatrie et à la neuropathologie, les auteurs posent
les conclusions suivantes :
La toxicité de l'urine serait notablement diminuée dans les états
maniaques, augmentée, au contraire, dans les états mélancoliques.
De plus, l'urine des maniaques et celle des mélancoliques aurait
des effets différents sur les animaux injectés; la première produi-
rait surtout de l'excitation, de la convulsibilité; la seconde de la
tristesse, de l'inquiétude, de la stupeur : preuve péremptoire que
l'auto-intoxication serait la cause et non l'effet de l'état mental.
Comme cela a été constaté dans certaines maladies auto-toxiques,
par exemple l'éclampsie, il y aurait assez souvent dans la folie
toxicité inverse de l'urine et du sang; dans la manie, notamment,
le sang est parfois d'autant plus hypertoxique que l'urine est plus
hypotoxique.
2° Ces résultats qui, tout incomplets qu'ils soient, montrent par
leur concordance à peu près absolue que les phénomènes d'auto-
inloxication jouent un rôle important dans les maladies mentales,
sont confirmés par les récentes recherches nosologiques sur les
folies des maladies infectieuses aiguës, des maladies viscérales, des
maladies diathésiques.
En ce qui concerne les psychoses des maladies infectieuses, elles
seraient le résultat soit de l'action directe des microbes, soit de
leur action indirecte et médiate par les toxines qu'ils sécrètent; au
point de vue clinique, elles peuvent se présenter à deux moments
différents, et, par suite, sous deux aspects. Durant le stade fébrile,
elles revêtent ordinairement la forme d'un délire aigu. Durant le
stade post-fébrile ou la convalescence, on a affaire à la psychose
dite asthénique, état mental plus ou moins variable d'aspect, cons-
titué d'habitude par du désarroi intellectuel, de la stupidité, de
l'obnulation, de la pseudo-démence, dela confusion mentale; peut-
être y aurait-il lieu d'admettre une troisième forme intermédiaire
aux deux précédentes.
Les psychoses viscérales sont elles aussi, à n'en pas douter, et
Archives, t. XXVI. 1G ()
242 sociétés savantes.
dans une large mesure, la conséquence d'une auto-intoxication.
Ce sont même, à vrai dire, les véritables folies par auto-intoxication.
On peut dire que, dans les cas où l'intoxication est aiguë, la folie
se manifeste habituellement sous la forme d'un délire aigu, toxique,
semblable au délire alcoolique (c'est le cas pour la folie urémique);
lorsque l'intoxication est lente et chronique, c'est d'ordinaire d'un
état mélancolique qu'il s'agit; enfin, on peut observer parfois des
états rappelant de plus ou moins loin la démence paralytique.
Les psychoses diathésiques, bien que rentrant dans la question
des folies par auto-intoxication etpar infection, n'ont pas été l'objet
de développements étendus ; durant les épisodes aigus des diathèses
ces psychoses revêtiraient aussi le type du délire aigu toxique; ces
accès semblent correspondre aux variations de composition des
liquides organiques (décharges uriques précédant la fin de la crise,
et hypotoxicité urinaire).
Le traitement anti-infectieux, antiseptique, général ou local, et
c'est là un argument puissant en faveur de l'origine toxique des
folies étudiées, donne souvent ici d'excellents résultats. Bien qu'on
ne puisse formuler à cet ' égard une thérapeutique définitive, les
faits sont néanmoins assez nombreux pour établir que, dans les
folies infectieuses ou auto-toxiques, c'est au traitement de l'infection
oude l'auto-intoxication qu'il faut surtouts'adresser pour combattre
et guérir le trouble mental.
M. Gilbert Ballet (de Paris) en son nom et au nom de MM. Bordas
et Roubinovitch, résume les résultats des recherches qu'ils ont
faites en commun sur la toxicité et la composition chimique de
l'urine des aliénés. La question des relations des vésanies avec les
auto-intoxications est une de celles qui, depuis quelques années,
s'impose le plus vivement à l'attention des aliénistes; aussi a-t-on
été bien inspiré en la mettant à l'ordre du jour du Congrès. Toute-
fois, le titre adopté n'est-il pas trop compréhensif ? En visant
dans son ensemble le problème des auto-intoxications dans les
maladies mentales, on laisse sans doute le champ plus libre aux
diverses communications qui pourront se produire, mais on court
le risque de voir la discussion s'égarer sans que les orateurs se
rencontrent. Peut-être eût-il été préférable de préciser les points
sur lesquels le débat aurait dû s'établir.
Toute auto-intoxication a pour résultat une modification de la
composition chimique et par suite des propriétés des humeurs et
des liquides d'excrétion de l'économie. 11 était dès lors tout naturel
. de chercher dans les altérations de ces liquides la preuve des trou-
bles de nutrition dont les vésanies étaient supposées s'accompa-
gner. Parmi ces liquides, l'urine qui est la voie d'élimination la
plus importante de l'organisme, et qui se prête à l'étude mieux que
toute autre sécrétion, devait surtout fixer l'attention.
Les expériences entreprises sur la toxicité urinaire chez les aliénés
sociétés savantes. 243
ont paru donner d'intéressants résultats. Mais M. Ballet insiste sur
ce fait que ces expériences ne sont pas toujours parfaitement com-
parables entre elles : cela tient à ce que la technique employée par
les divers expérimentateurs, pour avoir été à peu près toujours la
même dans l'ensemble, n'a pas toujours été uniforme dans le dé-
tail. A ce propos M. Ballet s'attache à montrer l'importance qu'il
y aurait à tenir compte dans toutes les recherches de la vitesse
avec laquelle sont faites les injections d'urine, de la température
de l'urine injectée, de la quantité d'urine rendue en 24 heures
par le malade qui est le sujet de l'expérience, du régime auquel
est soumis ce malade, du degré de résistance difficile à apprécier
de l'animal servant à l'expérimentation.
Si l'on veut s'assurer que les phénomènes constatés sont
bien le fait' de la toxicité urinaire seule, il est nécessaire que
d'ailleurs toutes choses soient égales, condition qui n'a pas
toujours été réalisée et qui, il faut le dire, n'est pas toujours facile
à réaliser.
A ce point de vue, M. Ballet cite quelques expériences qui sont
de nature à jeter le trouble et à faire naître des doutes sur la va-
leur du procédé expérimental employé. Il a tué des lapins avec
14 ce. d'eau distillée par kilogramme, avec 10 ce. 25 d'eau ordi-
naire, avec 9 ce. d'une solution se rapprochant d'une urine artifi-
cielle. Voilà donc des liquides qu'on était en droit de supposer
peu nocifs (l'eau distillée peut être exceptée) et qui se sont mon-
trés notablement plus toxiques qu'une urine normale et même
que la plupart des urines pathologiques.
Quoi qu'il en soit, MM. Ballet et Roubinovitch ont poursuivi leurs
expériences sur le lapin avec des urines de mélancoliques, de ma-
niaques, de malades affectés de confusion mentale et de délire dé-
généra tif.
. En prenant comme chiffre de la toxicité des urines normales
ceux indiqués par M.Bouchard (45 cc. parkilogramme en moyenne),
les urines des mélancoliques se sont constamment montrées plus
toxiques que celles de l'état physiologique. Sur six expériences, six
fois le résultat a été le même au degré pris (30 ce, 30, 7, 11, 30,
18) : il semble donc significatif, d'autant plus qu'il est conforme à
ce qu'ont constaté la plupart des expérimentateurs (Chevalier-La-
vaure, Bak et Schlosse, Brugia, Mairet et Bosc). Mais on trouve là
encore certaines anomalies embarrassantes :
Chez l'une des malades les urines ont continué à se montrer
toxiques après la guérison ; elles l'étaient même à ce moment no-
tablement plus qu'au cours de la maladie, et à cette époque on
était logiquement en droit de supposer que les produits fabriqués
au cours de l'étatll1orbide étaientcoll1plètell1entéliminés.l\IlII. Ballet
etRoubinovitch relèvent d'ailleurs que l'hypertoxicité des urines a
coïncidé dans presque tous les cas avec un état saburral très accusé
'244 'SOCIÉTÉS SAVANTES.
des voies digestives et ils se demandent s'il ne faut voir dans des
fermentations intestinales et anormales la cause du phénomène.
Divers faits qu'ils citent viennent à l'appui de cette interprétation.
Chez trois maniaques, les urines ont semblé moins toxiques qu'à
l'état normal; mais, pour diverses raisons, les auteurs font des ré-
serves sur la signification de ces dernières expériences. Dans deux
cas de confusion mentale, l'une post-puerpérale, l'autre consécu-
tive à des fatigues physiques et morales, les urines ont été nette-
ment (légèrement dans un cas) plus toxiques qu'à l'état physiolo-
gique et la toxicité s'est atténuée pendant la convalescence.
Tout en donnant ces résultats extraits de l'ensemble de ces expé-
riences, les auteurs pensent qu'il ne faut pas exagérer l'importance :
l'étude de la toxicité urinaire chez les aliénés a sans doute son
utilité, mais ce serait, leur semble-t-il, s'aventurer que de fonder
sur elle seule des distinctions nosologiques, l'une des urines les
plus toxiques (9 ce. par kilog.) que l'auteur ait rencontrée était
celle d'un homme hystérique, sans manifestation délirante et
sans trouble apparent de la santé, autre que l'hystérie.
M. Ballet pense que l'analyse chimique des urines n'a pas moins
d'intérêt que l'étude de leur toxicité. Aussi s'est-il attaché, avec le
concours de 1\I : Bordas, à rechercher les produits anormaux qu'elles
peuvent renfermer. Les auteurs ont fixé particulièrement leur at-
tention sur les ptomaïnes.
Les analyses ont porté sur cinq urines d'individus bien portants
et sur dix urines d'aliénés. Chez les gens bien portants on n'a
trouvé aucune trace de ptomaïne. Les malades doivent être divisés
en deux catégories : dans la première figure un dégénéré avec
excitation maniaque, un maniaque simple, une dégénérée avec
délire mystique, une femme atteinte de confusion mentale puerpé-
rale. Les ptomaïnes faisaient défaut dans ces quatre cas.
Dans six autres, au contraire, on en a trouvé en quantité notable.
M. Ballet a montré des photographies représentant ces ptomaïnes.
Les six malades se répartissent ainsi : deux maniaques, deux mé-
lancoliques simples, une dégénérée avec délire mélancolique, une
jeune fille atteinte de confusion mentale. Chez deux seulement
(mélancolique simple et confusion mentale) les ptomaïnes étaient
toxiques, comme l'ont montré les expériences faites directement
'avec ces corps sur la grenouille et le cobaye. Il est intéressant de
relever que, dans ces deux cas, l'expérimentation faite avec l'urine
en nature avait décelé une notable hypertoxicité du liquide.
Par contre, chez l'un des malades (dégénérée avec délire mélan-
colique), dont les urines étaient également hypertoxiques, l'ana-
lyse décela la présence d'une ptomaïne non toxique : ce qui suffi-
rait à établir, s'il était besoin, que ce n'est pas seulement aux
produits alcaloïdiques qu'elle renferme accidentellement que
l'urine emprunte sa toxicité. -
SOCIÉTÉS SAVANTES. 248
M. Ballet, en citant ces faits, n'a pas la prétention d'en tirer des
conclusions : il s'agit là de recherches à peine ébauchées et qui
sont à poursuivre. Il pense que la question des relations des auto-
intoxications avec les maladies mentales est à son aurore, et qu'en
ce moment toute tentative de synthèse serait au moins prématurée. '
Séance du 1° août (soir).
Le Président donne la parole à M. A. Voisin (de Paris), qui rap-
porte quelques cas de délire qu'il a observés chez des opérées
d'ovariotomie. Ces malades mortes dans les quarante-huit heures
après l'opération n'offraient à l'autopsie aucune trace de foyer
septique permettant d'expliquer la complication cérébrale par le
mécanisme de l'auto-intoxication infectieuse; on ne pourrait qu'in-
voquer un choc moral et le traumatisme opératoire. Après quel-
ques critiques de détail concernant le rapport de MM. Régis et
Chevalier-Lavaure, M. Voisin donne lecture de quatre observa-
tions rentrant dans le cadre proposé par ces auteurs.
Les deux premières sont des manies éclamptiques liées à une
grossesse terminée par un accouchement normal. Guérison simul-
tanée de l'albuminurie et du délire par un traitement (saignée,
régime lacté, benzoate de lithine, etc.). Les deux autres sont des
observations de brightiques amnésiques à dépression mélancolique,
guéris aussi du délire en même temps que de l'albuminurie.
M. Voisin termine par l'observation d'un hépatique répondant
assez bien aux cas décrits par les auteurs du rapport sous le nom
de psychoses viscérales.
M. Jules Voisin lit une communication sur la toxicité des urines
chez les épileptiques aliénés. Dans les cas de crises en série, il y a
tout d'abord prodromiquement hypotoxicité pendant la série, la
toxicité tend à se relever vers la normale. La série terminée, dis-
parition de l'hypotoxicité et tendances à l'hypertoxicité pendant la
phase consécutive de détente. Les cas d'hypotoxicité continués
semblent correspondre aux troubles mentaux permanents. Un
trouble gastrique profond précède et accompagne toujours les ac-
cès et coïncide avec l'hypotoxicité.
Avec M. Raymond Petit, M. J. Voisin a répété ces recherches sur
les épileptiques simples, non délirants : elles ont corroboré les pré-
cédentes. Les auteurs ont construit pour ces expériences un nou-
veau dispositif assurant une pression constante pendant l'injection
expérimentale, ce qui permet de comparer entre eux les résultats z
obtenus sur des animaux différents'. Il' serait à désirer qu'un mode
opératoire commun soit adopté pour permettre les comparaisons.
Tous les auteurs devraient expérimenter sur la totalité des urines
de vingt-quatre heures, adopter une pression constante et des es-,
246 sociétés savantes.
pèces animales identiques. Les veines de l'oreille du lapin pa-
raissent le lieu d'élection pour pratiquer les injections.-
M. J. SÉGLAS. - L'influence de l'auto-intoxication dans les ma-
ladies mentales n'est encore qu'une hypothèse qui demande l'appui
d'observations et d'expériences. Aussi ne peut-il qu'être utile d'en
rassembler le plus possible. De ces faits, les uns auront trait à des
phénomènes d'auto-intoxication au cours de maladies mentales
préexistantes; les autres se rapportent à des cas où il semble y
avoir rapport direct, de cause à effet, entre l'auto-intoxication et
les troubles intellectuels : ce sont ces derniers seuls que M. Séglas
veut envisager dans sa communication. Il présente d'abord qua-
torze observations personnelles et cherche quelles sont les indica-
tions diverses qu'elles peuvent fournir sur la question.
Au point de vue étiologique, sans éliminer l'influence de la pré-
disposition héréditaire, la cause occasionnelle des troubles psy-
chiques a toujours été aussi vague et peut susciter l'idée d'une auto-
intoxcitation d'origine variable. Cette cause, en effet, a été la puer-
péralité, différentes maladies infectieuses (influenza, érysipèle,
angines, fièvre typhoïde, diarrhée cholériforme), des désordres
neurasthéniques avec troubles dyspeptiques, constipation, la mi-
sère et l'hygiène défectueuse, etc., etc.
Au point de vue clinique, on rencontre dans tous ces cas le même
ensemble de symptômes qui ne diffèrent qu'en intensité. La
maladie revêt toujours le type clinique décrit sous Je nom de con-
fusion mentale primitive, simple ou hallucinatoire et allant de la
simple torpeur intellectuelle à la stupidité complète. En même
temps on a pu noter des troubles somatiques parfois accentués
du côté des divers appareils et de l'amaigrissement, des états fé-
briles, typhoïdes, cachectiques. ,
- Ces remarques s'appliquent aux quatorze cas : mais en outre à
propos de deux d'entre eux, M. Séglas a fait des recherches expé-
rimentales et chimiques. Les recherches expérimentales ont eu
trait d'abord à la détermination de la toxicité urinaire : injection
intra-veineuse, chez le lapin, mais le mode d'expérimentation sou-
lève bien des objections. C'est d'abord la difficulté de fixer exacte-
ment le degré de toxicité de l'urine normale; la dose nécessaire
pour tuer un kilogramme d'animal et la quantité de poison rejeté
dans un nycthémère est très variable. Il faut tenir compte du vo-
lume d'urine en vingt-quatre heures et du poids du sujet. L'homme
normal mettant en général cinquante-deux heures à éliminer de
quoi tarer son propre poids. ,
'- C'est le fait le plus constant. Aussi ne faut-il pas, comme on le
fait souvent, se borner à fixer le degré de toxicité de l'urine pour
un kilo.. d'animal sous- peine d'erreur, mais calculer le coefficient
urotoxique. Cela, il est vrai, est souvent difficile chez l'aliéné, à
sociétés savantes. 247
cause du gâtisme qui empêche de fixer le volume total d'urine en
vingt-quatre heures. D'autre part, l'urine d'un même individu subit
d'un jour à l'autre des variations de toxicité dépendant du genre
de vie, de nourriture. Aussi est-il urgent de noter ces détails dans
les expériences et aussi de les poursuivre plusieurs jours à inter-
valles rapprochés et suivant les phases de la maladie, afin d'avoir,
non plus comme on le fait presque toujours, un chiffre unique pour
une maladie qui dure des mois, mais une série de moyennes. Il
est encore une cause d'erreur à laquelle on ne peut remédier, c'est
la différence de résistance individuelle des animaux en expérience,
fussent-ils de même espèce.
Il importe enfin de fixer toujours les conditions de l'expérience.
M. Séglas pense qu'il est utile d'élever la température de l'urine
au même degré que la température centrale, pourvu que l'écart
ne soit pas trop accentué, cela suffit et de l'eau injectée dans ces
conditions, en quantité plus que triple n'a pas produit un abaisse-
ment plus sensible de la température centrale. L'injection ne doit
pas être faite ni trop lentement, ni trop vite, sous peine de fournir
des résultats faussés, soit en permettant l'élimination au sur et à
mesure, soit en augmentant anormalement la toxicité, ou en mo-
difiant la pression intra-vasculaire.
Si l'on injecte dans les limites de 2 ce. 5 à 5 ce. par minute, les
résultats sont très sensiblement comparables et différents de ceux
d'une injection d'eau faite dans les mêmes conditions. Il faut tou-
jours injecter d'une façon continue jusqu'à la mort immédiate de
l'animal. Le procédé de la mort médiate ne peut°servir à une série
de recherches, car on ne peut fixer la quantité exacte à injecter :
il faudrait alors faire le même jour des injections de quantités dif-
férentes en série; encore ce moyen, sans bases fixes, ne peut-il
servir que de moyen de contrôle aux expériences de mort immé-
diate. D'autre part les symptômes de l'intoxication sont variables
et ne reproduisent pas, comme on l'a dit, ceux de la maladie.
Chez ses malades, M. Séglas a trouvé, dans un cas, le coefficient
protoxique supérieur à la normale, les Set 7 juillet (0,489-0,645),
tombant en dessous le lendemain (0,287). Ce malade avait été
purgé dans la journée du 5 et avait eu six sangsues le 6.
Dans l'autre cas, les urines examinées les 22 juin, 7, 8, 15 juillet
ont donné constamment un coefficient urotoxique inférieur à la
normale (0,432, 0,407, 0,503, 0,226) régime lacté et oeufs au moment
de la première expérience; régime commun de l'infirmerie pendant
les trois autres. La toxicité du sérum recherchée dans ce cas fut
trouvée égale à la moyenne normale.
L'analyse chimique des urines n'a donné rien de particulier pour
le premier cas : recherche des ptomaïnes infructueuse. Dans le
deuxième cas, il y avait une légère diminution de l'urée, des chlo-
rures et de l'acide phosphorique. Dans une autre série d'analyses
248 sociétés savantes.
moins démonstratives à cause du gâtisme, il y avait diminution
plus grande de l'urée avec augmentation des chlorures; quantité
assez abondante d'urobiline.
La recherche des ptomaïnes a permis d'isoler une première fois,
dans 475 ce, un produit toxique déterminant instantanément la
mort d'une grenouille; une seconde fois, dans 4,100 ce, un produit
déterminant la mort immédiate d'une grenouille et d'une souris
blanche au bout de cinq jours, le produit n'a pu être déterminé
chimiquement. 1
Il est curieux de remarquer que chez ces deux malades, atteints
d'une façon identique, l'urine est plutôt hypertoxique dans un cas
et constamment hypotoxique dans l'autre. Et tandis que dans le
premier cas l'analyse chimique reste négative, dans le second cas
l'analyse de ces urines hypotoxiques montre des variations de quan-
tité des éléments normaux, la présence de l'urobiline et d'un pro-
duit toxique déterminant la mort des animaux en expérience. La
toxicité du sérum est normale. Ces recherches devront d'ailleurs
être continuées suivant les phases de la maladie encore en
cours.
Enfin, il est à remarquer que la thérapeutique somatique qui
donne dans tous les cas de meilleurs résultats consiste à relever la
nutrition. Les émissions sanguines, purgatifs et les sudorifiques
etdiurétiques employés jadis semblent utiles, peut-être en favorisant
l'élimination des poisons. On n'a également qu'à se louer de l'anti-
sepsie gastro-intestinale. '
t
M. Séglas conclut que dans toutes ces observations, si la nature
des causes occasionnelles, la symptomatologie identique, l'action
de certains moyens thérapeutiques semblent plaider en faveur de
l'hypothèse d'une auto-intoxication, la démonstration rigoureuse
ne peut pas encore être faite à l'aide des procédés chimiques et
surtout expérimentaux, encore bien incertains et ne donnant que
des indications vagues et sans précision. D'ailleurs, les résultats,
incomplets ou contradictoires, consignés à ce sujet dans toutes les
observations publiées jusqu'ici par les auteurs, ne peuvent servir à
trancher la question. C'est une voie nouvelle aux recherches, mais
on est encore bien loin d'avoir atteint le but.
M. Charpentier (de Paris) lit un travail sur les auto-intoxica-
tions dans leurs rapports avec l'aliénation mentale. Il insiste en
finissant sur l'influence, exagérée selon lui, attribuée trop souvent
à l'hérédité, à l'exclusion des influences occasionnelles physiques et
même morales. Après avoir entendu lecture d'une série d'observa-
tions de folie brightique rentrant dans le cadre tracé par les rap-
porteurs et présentées par M. le Dr Cullerre, le Congrès étudie les
résultats de recherches faites à l'asile de Lafond par MM.Michaud,
Mabille et Collin, sur la toxicité des urines des aliénés. Chez les ar-
SOCIÉTÉS SAVANTES. 24 ? '
thritiques, ces auteurs ont presque constamment rencontré des
traces d'albumine en même temps que l'acide urique. Ces albumi-
nuries légères n'offrent pas à l'examen microscopique des traces de
cylindres. Au point de vue mental, la plupart de ces malades étaient
des mélancoliques hypochondriaques avec vertige, lassitude géné-
rale et affaissement physique. Ce sont les malades décrits par Bou-
chard sous le nom d'oxaluriques. L'indican est rencontré égale-
ment souvent chez ces malades, indice de troubles gastro-intesti-
naux profonds : ce sont donc au demeurant des ralentis de la nu-
trition. Les auteurs rappellent les propriétés toxiques de l'indican,
ils se demandent si l'albuminurie elle-même n'était pas une con-
séquence de l'indicanurie. Par un régime spécial, on peut réduire
cette indicanurie.
M. Mabille insiste sur la contre-indication de l'hydrothérapie-
froide.
En présence d'états mélancoliques par accès, on devra donc dé-
pister soigneusement l'arthritisme et l'albuminurie légère avec
indicanurie.
Toutes les fois qu'on se trouve en présence d'accès mélancoli-
ques, revenant par exemple de trois en trois jours, on devra songer
à une intoxication par élimination insuffisante et hypotoxicité uri-
naire, d'où nécessité de faire l'essai des urines et l'étude de leur-
toxicité sur les animaux.
M.DENY(de Paris) rapporte des expériences nouvelles de M.Brown-
Séquard. On enlève les reins à un animal à qui on injecte du suc
rénal. On obtient ainsi l'anurie avec survie. Ce qui tue paraîtrait,
donc n'être pas seulement la suppression du filtre rénal, mais la,
suppression d'une sécrétion particulière au parenchyme rénal. Le-
rein serait dès -lors à la fois sécrétant et excrétoire, c'est-à-dire
une glande double, interne et externe, au même titre que d'autres
glandes vasculaires (corps thyroïde, capsules surrénales, etc.).
M. Bnlssaun (de Paris) signalel'intoxication iodoformique comme-
cause possible d'accidents délirants, post-opératoires graves et
même de mort après laquelle l'autopsie ne décèle aucune trace-
d'empoisonnement septique appréciable.
M. BR1A1D (de Paris), après avoir rappelé sa thèse sur le délire
aigu d'origine microbienne, rapproche les délires toxiques par in-
fection des délires alcooliques qui supposent un terrain de pré-
disposition spécial. '
M. Séglas rappelle la diminution de l'urée post-opé¡'atoire'
signalée par M. Lucas-Championnière et la complexité possible du, 1
mécanisme dont l'étude nécessite l'examen des facteurs toxiques
extérieurs (pansements par exemple) et, dans les facteurs toxiques
internes, non "seulement les toxicités urinaire et sanguine, mais-
aussi digestive (stercorhémie). Il cite une observation à l'appui.
250 sociétés savantes.
M. Régis répond à quelques-unes des objections posées à ses con-
clusions dont il rappelle la prudence et la réserve; il reconnaît la
nécessité de reprendre et multiplier les expériences.
M. BOUBINOWITCII fait remarquer à M. Charpentier qu'il s'exagère
un peu l'importance de l'étude de la toxicité urinaire chez les alié-
nés, en fondant dès à présent sur la théorie des auto-intoxications
des distinctions nosologiques précises et en privant la dégénéres-
cence mentale de son rôle généralement reconnu comme impor-
tant. Il répond ensuite à M. Colin en lui rappelant que le plus'
grand nombre d'expériences faites par MM. Ballet, Bordas et lui
ont porté sur l'urine simple non réduite. (M. Colin objectait à
MM. Ballet et Roubinowitch l'emploi expérimental d'urines réduites
par la chaleur. Communication du matin.)
M. LEGRAIN appelle plus particulièrement l'attention sur le rôle
clinique de la question et cherche à établir d'une part qu'il existe
des connexions étroites entre les trois états morbides dénommés :
confusion mentale, délire hallucinatoire et délire aigu, et, d'autre
part, entre ces trois états et les auto-intoxications. A l'appui de ses
idées il présente deux observations minutieusement prises, dont
l'une est un cas typique d'auto-intoxication d'origine gastro-intes-
tinale qui s'est présentée cliniquement sous la triple forme simul-
tanée du délire aigu, du délire hallucinatoire et de la confusion
mentale. Le lien qui réunit ces états morbides à l'intoxication est
évident. L'auteur émet deux idées, l'une qui généralise sa première
observation, à savoir que les délires toxiques, quels qu'ils soient
affectent un type uniforme, cliniquement parlant, type caractérisé
par un mélange, par proportions inégales, des trois syndromes
déjà mentionnés. Sa seconde idée, simple hypothèse, est que son
cas d'auto-intoxication pourrait être justiciable du coli-bacille dont
le rôle pathogénique tend à s'élargir de jour en jour. Le même
bacille autochtone serait responsable en général de certaines com-
plications aiguës que l'on observe si fréquemment chez les aliénés
à complications gastro-intestinales. Laseconde observation est rela-
tive à un cas d'auto-intoxication, non plus microbienne, mais d'o-
rigine dyscrasique, dystrophique. Cliniquement, la maladie s'est
présentée, au point de vue clinique, sous la forme de la confusion
mentale avec délire hallucinatoire. Au point de vue somatique, on
a observé des spasmes par accès dans divers territoires organiques :
spasmes musculaires (aphasie motrice spasmodique et transitoire,
secousses musculaires dans les bras (spasmes respiratoires (respi-
ration de Cheyne-Stokes); spasmes circulatoires (tachycardie, sus-
pension et irrégularité des battements cardiaques); spasmes uri-
naires (alternatives d'anurie relative et de polyurie). Pendant ce
temps le malade se montre constamment hypo-azoturique. Un
tracé, représentant la courbe de l'urée pendant trois mois, montre
SOCIÉTÉS SAVANTES. 251
que le malade excrète une moyenne de 9 grammes d'urée par jour.
M. Legrain pense que le malade est intoxiqué et que la dyscrasie
excrémentitielle est la cause première de l'intoxication. Les deux
cas sont superposables au point de vue psychique, bien que les
deux intoxications soient différentes dans leur cause. Ce fait prouve
l'universalité des caractères des délires toxiques sur laquelle l'au-
teur a insisté.
. Séance du 2 août (matin).
Lecture est donnée du rapport préparatoire de M. Cullerre sur
les faux témoignages des aliénés : L'auteur du rapport cherche
tout d'abord à établir l'incertitude du témoignage des aliénés,
quelle que soit la forme de leur maladie, et pose en principe qu'ils
ne doivent pas être admis à prêter serment et à témoigner en la
forme ordinaire. Tout au plus peuvent-ils être entendus à titre de
renseignements comme les enfants et mineur ? Certaines formes
partielles de l'aliénation sont, à la vérité, compatibles avec une ob-
servation exacte du monde extérieur, mais à moins d'avoir une
connaissance approfondie des maladies mentales, nul ne peut être
sûr que dans le récit des faits qu'il demande à un aliéné atteint de
folie partielle, ce dernier ne mêle aucune illusion, aucune inter-
prétation délirante. Comme dit Georget, dans un procès criminel,
la déposition d'un aliéné ne peut avoir à peu près aucune valeur.
Les aliénés, dans certains cas, peuvent faussement témoigner
contre eux-mêmes; si l'affection mentale est caractérisée, il est
facile de rattacher ces auto-accusations à leur véritable origine,
mais elles peuvent se produire à la période d'incubation et provo-
quer une erreur judiciaire, étant méconnues pour ce qu'elles va-
lent. Le plus souvent, ces a.uto-accusateurs sont mélancoliques ou
alcooliques, voire l'un et l'autre. Les faux aveux des hystériques
puisent aussi leur source dans l'hallucination et le délire du rêve.
Cette dernière catégorie d'auto-accusation semblerait, dit le rappor-
teur, plus rare de nos jours. Ajoutons pour cause d'aveu d'une cul-
pabilité imaginaire certains paroxysmes psychiques relevant de'la
dégénérescence mentale acquise ou héréditaire. L'aveu spontané
d'un crime n'a donc rien de décisif, et quand preuve ne peut être
faite, il y a lieu de soupçonner de folie l'auteur de l'aveu et le sou-
mettre à une expertise. Enfin les psychopathes pseudo-lucides
appartenant à la folie héréditaire présentent généralement au
point de vue nosologique un caractère commun, faiblesse ou per-
version du sens moral. Ils dénoncent par haine, par vengeance,
par appétit de mal faire, cela devient chez quelques-uns une idée
fixe qui dirige toutes leurs démarches, toutes leurs actions, leur vie
entière. Il y a lieu d'appeler surtout l'attention sur les persécutés
persécuteurs dont les dénonciations mensongères, et les revendica-
tions non fondées peuvent être et sont probablement la cause de
252 SOCIÉTÉS SAVANTES.
,-
nombreuses erreurs judiciaires. L'auteur englobe les hystériques
dans le groupe des héréditaires et des dégénérés, selon les données
classiques. Tout en maintenant que nombre de ces malades appar-
tiennent bien à ce groupe, il est bon de rappeler que leurs faux
témoignages peuvent provenir, et en fait proviennent souvent,
d'une autre source que la perversion de leur sensibilité morale, et
qu'ils sont alors la conséquence d'une idée délirante tirée d'un
rêve ou d'une hallucination. Cette notion jette une vive lumière
sur un certain nombre d'accusations étranges et monstrueuses lan-
cées de bonne foi par des hystériques contre des malheureux qui,
il'ayant pu démontrer leur innocence, ont reçu une flétrissure et
un châtiment immérités. Mieux connue des médecins et mieux
appréciée des magistrats, elle pourra éviter à l'avenir les doulou-
reuses erreurs judiciaires dont on peut trouver des exemples dans
un passé encore près de nous.
M. DOUTREI3ENTE, qui prend ensuite la parole, estime que c'est un
néologisme de dire faux témoignage des aliénés, tout témoignage
de délirant étant par définition nul et partant faux. Si la question
de ces témoignages est relativement simple pour ce qui concerne
les aliénés séquestrés, la difficulté peut être inextricable pour les
aliénés libres. L'auteur signale à ce propos une série de faits per-
sonnels de ce genre.
M. Roubinowitch lit au nom de M. A. Voisin une observation
d'hystérique ayant porté une accusation de viol vis-à-vis d'un élève
du service. Cette accusation énoncée avec force détails fut con-
trouvée par le témoignage de la mère qui ne l'avait pas quittée le
jour de l'attentat prétendu. Enfin la malade était vierge et recon-
nut plus tard la fausseté de l'accusation.
M. MAILLE relate quelques faits de même ordre.
M. Charpentier rappelle les aveux d'obsessions homicides fausses
dans le but de se faire interner; c'est là un cas particulier de simu-
lation de la folie par des aliénés.
M. J. Voisin demande que l'acceptation du témoignage à titre'
de simple renseignement soit étendue pour l'épileptique : au lieu
du délai actuel de trois jours, à la suite des crises, on devrait
demander dans ces cas un examen médical préalable pour déter-
miner nettement l'état mental.
- 111. BncAlVn appelle l'attention du Congrès sur le cas possible de
faux témoignages se corroborant par suite de folie communiquée,
plusieurs malades affirmant la même accusation fausse par suite
d'un délire commun, M. Régis a d'ailleurs signalé ces cas. 1
M. DOUTREDENTE rappelle un cas de persécuté à idées d'empoi-
sonnements mort à l'asile, et dont la domestique libre et persécutée
SOCIÉTÉS SAVANTES. 253
de la même façon dénonça la mort comme causée par le poison,
d'où exhumation et expertises délicates.
M. MABILLE insiste sur la persistance possible des images hallu-
cinatoires de certains alcooliques qui persistent dans leurs témoi-
gnages erronés assez longtemps après l'accès délirant.
M. CHRISTIAN déplore en terminant la facilité avec laquelle les
autorités compétentes accueillent parfois les dénonciations des ma-
lades les plus extraordinaires, il rappelle le cas de ce malade mort
d'étranglement interne à l'Asile clinique, pour lequel une enquête
fut faite, un autre aliéné ayant dénoncé l'interne du service
comme l'ayant étranglé.
M. Briand propose au Congrès d'émettre le voeu que c les auto-
rités compétentes n'acceptent qu'avec la plus grande réserve le
témoignage des aliénés. » Cette proposition est adoptée.
Le Congrès se sépare après avoir voté la fusion des médecins
aliénistes et neurologistes des pays de langue française.
Cette proposition, déposée par M. Brissaud, appuyée par divers
membres du Congrès, entre autres M. Bourneville, Deny, etc.. avait
déjà été faite au Congrès de Rouen, en 1890, par M. Sollier.
Depuis lors, en maintes circonstances, soit dans les Archives,
soit dans le Progrès médical, quand il était question du Congrès des
aliénistes, on ajoutait souvent avant la lettre - et des neuro-
logistes. La décision du Congrès nous paraît excellente. D'ailleurs,
elle ne fait que confirmer ce qui existait dans la pratique.
Séance du 2 août (soir).
Lecture est donnée du rapport préparatoire de M. Giraud sur les
Sociétés de patronage pour les aliénés sortants.
Après avoir rappelé le remarquable rapport fait sur les Sociétés de
patronage par M. Bourneville au Conseil supérieur de l'Assistance
publique, et le rapport du même auteur à la Commission de sur-
veillance des asiles de la Seine, documents où il a largement
puisé, M. Giraud expose en détail les efforts faits jusqu'à ce jour en
France pour le patronage des aliénés (Sociétés créées par 111r11. ral-
ret, Baillarger, Alitivié, David Richard, etc.) et les résultats de la
récente intervention de pouvoirs publics dans la question (1889),
M. Giraud expose l'organisation des Sociétés de patronage étran-
gères sur lesquelles a pu porter son enquête. C'est ainsi qu'il passe
en revue les principales institutions de l'Allemagne, de la Belgique,
Italie, Autriche et Grande-Bretagne. Les Sociétés de patronage
suisses font l'objet d'une étude spéciale et particulièrement détaillée
de M. le Dr Ladame, étude annexée au'rapport. De tout l'exposé il
résulte que le principe même des Sociétés de patronage ne saurait
254 SOCIÉTÉS SAVANTES.
être discuté; ce qui a été dit il y a plus de cinquante ans reste tou-
jours vrai : La Société n'a pas rempli sa tâche jusqu'au bout lors-
que, après avoir assisté des aliénés à l'asile, elle les laisse à la
sortie sans appui. Tout asile devrait être, sinon pourvu d'une
Société de ce genre, au moins affilié à une oeuvre de patronage
pour que l'assistance, si elle est encore nécessaire, ne s'arrête pas
au seuil de l'asile. L'objection posée de la nécessité de l'interven-
tion des pouvoirs publics est controuvée par le succès si encoura-
geant de l'initiative privée de plusieurs pays (Suisse notamment).
L'indifférence du public et le nombre déjà grand des oeuvres de
bienfaisance sont des obstacles sérieux au .début; une propagande
active et un taux minime des cotisations peuvent en triompher.
Le faible mouvement de certains asiles et le milieu agricole peu-
vent restreindre les applications du patronage et en rendre le fonc-
tionnement onéreux; on y peut obvier par une sorte de fédération
de diverses Sociétés, une seule pouvant assister les sortants de plu-
sieurs établissements.
Quoi qu'il en soit, aussi bien en France qu'à l'étranger, l'organi-
sation des Sociétés de patronage paraît être toujours réalisable.
Reste à choisir entre les différents modes d'organisation. On les
peut ramener à deux types qu'on pourrait appeler type Falret ou de
Paris, et type David Richard, très développé en Allemagne et en
Suisse; le premier type est une Société indépendante, tandis que
le deuxième est une dépendance administrative de l'asile. Les
deux systèmes répondent chacun à des besoins différents et l'on,
pourrait appeler l'un système des grandes villes, l'autre système
des campagnes. La question du patronage familial, rattaché
comme en Belgique aux colonies de Ghéel et Lierneux, ou au
Boarding ont System, en Angleterre, doit être réservée, en parti-
culier pour ce qui concerne la France, la tentative de Dun-sur-
Auron étant de création trop récente et les questions multiples qui
se posent à son sujet étant encore pendantes. La grosse question
des ressources pécuniaires nécessaires à ces créations pourrait être
en partie résolue par l'attribution intégrale du produit du travail
des aliénés et des effets de succession. Quel que soit le système
adopté il parait y avoir grand intérêt à ce que la direction de la
Société soit en relation avec le personnel de l'asile. Nul ne peut
s'intéresser au malade plus que le médecin qui a donné des soins
et qi a provoqué la sortie. Il ne faut pas que le convalescent ait,
en rentrant dans la Société, à faire des démarches multiples pour
obtenir l'assistance nécessaire. Si le convalescent a besoin, pendant
un certain temps, de secours, la connaissance des antécédents
n'est pas inutile pour apprécier l'importance et la durée de ces
secours.
M. BOUIINEVILLE tient à remercier tout d'abord M. Giraud de
l'appréciation bienveillante de ses rapports antérieurs et constate
SOCIETES SAVANTES. 255
que M. Giraud a, de nouveau, mis la question au point. Les réponses
des médecins aliénistes français consultés sur l'utilité de la création
des Sociétés de patronage est d'un grand intérêt. Toutefois c'est
avec regret que nous avons vu qu'un certain nombre de nos col-
lègues avaient répondu que le besoin d'une Société de patronage ne
' se faisait pas sentir dans leur département. Que de telles réponses
soient faites par des commissions administratives, composées de
braves gens, animés de bonnes intentions, mais trop souvent
incompétents et ne cherchant pas assez, par la lecture des publi-
cations spéciales et par la visite des asiles, à se mettre au cou-
rant de l'organisation des asiles, de telles réponses, répéterons-
nous, ne nous auraient pas surpris. Pour qu'il en soit ainii, il faut
qu'ils n'aient rien lu de ce qui a été écrit sur cette question. Qu'ils
ignorent les rapports annuels de l'OEuvre de la Salpêtrière, cela
se conçoit, puisqu'ils ne sont distribués qu'aux membres de l'OEuvre.
Mais il y a eu des communications au Congrès international d'assis-
tance publique de 1889,au Congrès international de médecine men-
tale de la même année sur la création des Sociétés de patronage.
Tous les médecins des asiles auraient dû recevoir notre rapport au
conseil supérieur de l'Assistance publique. M. le rapporteur nous
apprend qu'ils ne l'ont pas reçu et que l'administration s'est bornée
à l'envoi d'une circulaire et du procès-verbal de la discussion. Si cet
oubli explique les réponses peu enthousiastes de quelques-uns de
nos collègues, il témoigne aussi de la négligence de l'administra-
tion supérieure, qui, en ce cas, semble avoir obéi à un sentiment
mesquin et agi à l'encontre de l'intérêt public.
Si nos collègues avaient lu ce document, ils auraient vu et
nous avons insisté maintes fois sur ce point, que les Sociétés de
patronage n'ont pas seulement pour but de procurer du travail aux
malades sortants, mais qu'elles poursuivent encore d'autres buts.
Ces buts sont bien mis en relief dans le rapport de M. Giraud.
Eclairer le peuple sur les causes, la nature, le traitement de l'alié-
nation mentale, rapports des familles avec les malades pendant
l'internement; faciliter l'entrée rapide des malades dans les
asiles; -secours aux malades sortants; - encourager et aider les
familles pendant le placement; - statistique plus précise des alié-
nés ; conférences populaires pour dissiper les préjugés relatifs
aux aliénés et aux asiles, etc.
N'y-a t-il pas dans cette tâche à remplir une oeuvre sérieuse, une
oeuvre humanitaire, d'une utilité incontestable aussi au point de
vue économique puisqu'elle peut donner plus de guérisons en aidant
à un prompt placement et qu'elle permet d'envoyer, avec plus de
sécurité, les malades en congé d'essai de sortie dans leur famille.
C'est précisément par des interventions et des créations de ce genre
que notre prefession s'élève au-dessus des autres est que nous ne
sommes pas de simples commerçants ou de simples industriels.
256 . SOCIÉTÉS SAVANTES.
Bientôt, après la lecture du rapport de MM. Giraud et Ladame,
ainsi que du procès-verbal de la discussion en cours, nos collègues,
mieux éclairés, entreprendront partout, nous l'espérons, l'or-
ganisation des Sociétés de patronage en appropriant les statuts
aux besoins de leur région.
Avant de terminer, qu'il nous soit permis d'insister sur les heu-
reuses conséquences des conférences populaires faites par les
membres des sociétés de patronage, surtout en Suisse, et pour
cela nous citerons le passage du rapport de M. Giraud qui a trait
à la Société du canton d'Appenzell :
« Cette Société a poursuivi son but avec persévérance et a fini
par triompher de toutes les difficultés en intéressant le peuple à
la création d'un asile cantonal et en lui démontrant la nécessité
de cette création. Le caractère essentiel de cette Société c'est
d'avoir réussi à pénétrer dans toutes les communes du canton et
dans toutes les couches de la population. La Société appenzelloise
de secours aux aliénés est vraiment populaire dans le meilleur sens
du mot. »
Ce qui a été fait dans le canton d'Appenzell nous semble favo-
rable et bon dans nos départements, même les plus agricoles. Et
c'est avec raison que M. Giraud a formulé sa seconde conclusion,
à savoir « qu'une société de patronage pour les aliénés sortants
est toujours possible ».
M. TOUTANT (de La Rochelle) rappelle la teneur des circulaires
ministérielles et donne lecture des paragraphes relatifs à ce sujet.
M. Charpentier regrette que, pour des raisons d'ordre politique,
les pouvoirs publics n'aient pas songé à développer, à Paris, l'insti-
tution déjà ancienne et assez florissante par la seule initiative
privée. La Société créée par MM. Falret et Baillarger remplit d'ex-
cellentes conditions et s'imposait à l'attention du conseil général;
pour créer côté une Société nouvelle, il faut, a-t-on dit, une pro-
pagande active; M. Charpentier redoute les conférences à un public
étranger aux questions d'aliénation mentale, auquel cette demi-
vulgarisation ne peut que donner des notions fausses préjudiciables
selon lui aux asiles, aux aliénistes comme aux aliénés.
M. BOURNEVILLE. Le Conseil général de la Seine n'a pas perdu
de vue le devoir qui s'impose à lui. Déjà les aliénés sortants dispo-
sent de l'asile de la rue de Charenton et les femmes de l'asile de
la rue Fressard ; les unes et les autres du legs d'André et d'une
subvention de 500 francs par asile. Tout fait espérer que le Conseil
général se préoccupera prochainement d'une façon sérieuse de la
création d'une Société laïque de patronage pour ses aliénés sortants.
M. Charpentier a critiqué les conférences populaires. Nous ne
partageons pas cet avis et le titre de quelques-unes de ces conféren-
ces nous fournira une réponse péremptoire. Les aliénés et les asiles
SOCIÉTÉS SAVANTES. : 2Õ7 -1
d'aliénés ; Nécessité des asiles ; Les causes des maladies
mentales; - Conduite à tenir vis-à-vis des aliénés; - La ques-
tion de l'alcool ; - De l'occupation des aliénés dans les asiles ;
Rapports des parents avec le malade pendant son internement
dans l'asile ; - Le traitement des aliénés dans les familles, etc.
Qui contestera l'utilité de conférences populaires sur de tels
sujets ? Nous les croyons utiles, pratiques et il est facile aux mem-
bres des sociétés de patronage de faire tous les ans dans chaque
chef-lieu de canton des conférences qui rendront service aux
malades, aux asiles, et même aux médecins.
M. GIRAUD fait observer que ces conférences se font sous forme
de sermons de charité dans la Société du type que défend M. Char-
pentier ; il ne voit pas pourquoi une propagande laïque parallèle et
semblable ne donnerait pas les mêmes résultats comme propaga-
tion des idées philanthropiques et recrutement d'adhérents.
M. Mabille lit une note de M. Pons (de Bordeaux) sur les incon-
vénients que peut avoir le patronage entre les mains de personnes
autres que le personnel des asiles. Il considère comme violation
périlleuse du secret professionnel le fait de signaler à un patron
tel ouvrier, par exemple, comme sortant de l'asile. M. Mabille
ajoute que les ressources qu'on propose de tirer du pécule des
aliénés morts nécessiteraient une modification aux décrets et règle-
ments qui l'attribuent à l'asile.
M. DROUINCAU, après avoir rappelé la teneur de ces règlements
qui ne peuvent être modifiés par la seule autorité préfectorale pro-
teste contre une objection de M. Pons qui, comparant incidem-
ment le patronage à l'organisation de la protection de l'enfance,
croit que celle-ci végète et aurait même échoué en plusieurs en-
droits. La République, dit M. l'Inspecteur général, a créé un réseau
complet de Sociétés et de fonctionnaires dévoués à la protection
de l'enfance; chaque jour on fait en ce sens un pas nouveau, et
tout dernièrement encore, on vient de compléter l'effort par la
protection de la femme enceinte actuellement eu voie de réalisa-
tion.
M. Charpentier appelle l'attention sur une catégorie nombreuse
de dégénérés pervers assez lucides pour être mis en liberté des
asiles, mais y revenant constamment; il estime que le patronage,
en s'égarant sur de tels malades, mène à de grosses déceptions.
Suivant lui, d'ailleurs, de tels individus ne devraient pas être admis
à l'asile, on n'aurait pas ainsi à les patronner à la sortie.
M. DOUTREBENTE rend compte des résultats négatifs de sa ten-
tative d'organisation du patronage. La responsabilité de la Com-
mission de patronage, eu cas d'accidents causés par les aliénés
sortis, a été le principal écueil.
ARLmvËS, t. XXVI. 1 ï
258 SOCIÉTÉS SAVANTES.
M. LE Président propose au Congrès de clore la discussion en
votant les conclusions du rapport de M. Giraud. Ces conclusions
sont adoptées.
La parole est alors donnée à M. Luys (de Paris) qui soumet le
résultat de ses expériences sur l'action des anneaux en couronnes
et la vision colorée des hystériques tendant à lui faire admettre
une polarisation fluide des corps vivants. Une série de dessins très
curieux dus à des malades hystériques est soumise aux congres-
sistes ; la polarisation unilatérale y est indiquée par des colora-
tions bleues ou rouges en rapport avec les pôles aimantés égale-
ment teintés de couleurs homologues ou inverses.
Entre temps le Congrès a visité l'hôpital de La Rochelle et la
station balnéaire de Chatelaillon; une réception à la mairie et un
banquet sur la plage ont terminé les journées des lor et 2 août.
Le 3, visite et réception à l'asile de Lafond.
Séance du 3 août. Présidence DE M. Christian.
Cette séance a eu lieu à l'asile de Lafond. Lecture est d'abord
donnée par M. Lagrange d'une observation de dégénéré héréditaire
accusé de faux et atteint d'hystérie et d'astasie-abasie. Une discus-
sion s'engage à la suite, entre MM. Charpentier, Lagrange, Legrain,
Régis.
Pour M. Charpentier, un tel malade, au nom de la dégénéres-
cence, serait, en cas de délit, interné comme irresponsable alors
que suivant lui il y aurait lieu d'appliquer une pénalité et la réclu-
sion pénitentiaires.
lI\l. LEGR.11N et RÉGIS font observer que dans le cas particulier,
la dégénérescence est indéniable et les tares héréditaires mani-
festes ainsi que leurs conséquences somatiques immédiates et par-
tant psychiques.
M. DOUTREBENTE pose la question de savoir quelle estla conduite à
tenir pour la médecine lorsque l'autorité judiciaire ou adminis-
trative accorde à un individu délinquant le bénéfice d'une ordon-
nance de non-lieu, comme irresponsable mentalement.
M. Mabille fait remarquer que dans la pratique la plus ordinaire
les autorités mettent purement et simplement en liberté ces indi-
vidus s'ils ne sont pas à l'asile, et il est permis de se demander si
elles n'entendent pas par cette pratique même qu'il en soit ainsi
lorsque le malade est en observation à l'asile. Il y aurait peut-être
lieu d'émettre un voeu tendant à interner au contraire en prin-
cipe les individus déclarés aliénés, et ayant ainsi bénéficié d'une
ordonnance de non-lieu, échappant à la prison ils n'en seraient pas
moins mis hors d'état de nuire àla société. Une discussion s'engage,
relativement à l'interprétation à donner au texte du Code pénal,
SOCIÉTÉS SAVANTES. 259
art. 8 : « Il n'y a ni crime, ni délit, lorsque « l'auteur était en état de
démence ou « contraint par une force à laquelle il n'a pu résister. »
M. Charpentier dit qu'il importerait d'établir jusqu'à quel point
certaines impulsions peuvent être incoercibles par la volonté de
l'impulsif.
M. CHRISTIAN fait observer que ce dosage de l'irrésistibilité est
impossible; tel malade qui résiste aujourd'hui peut avoir demain
un accès plus intense où le raptus impulsif l'emportera à quelque
acte délictueux.
M. Mabille présente ensuite plusieurs malades. L'un est un
ataxique avec état mental et somatique de paralytique général,
syphilitique ancien d'ailleurs. Le deuxième malade est un amné-
sique ressemblant aussi beaucoup à une périencéphalite diffuse.
Enfin, trois athétosiques, l'un hémilatéral, les deux autres doubles
et compliqués d'idiotie et épilepsie avec érotisme et perversions
sexuelles.
Séance du 5 août (matin). - Présidence DE M. CHRISTIAN.
MM. Bourneville et NOIR. Des différentes formes de l'hydrocé-
phalie (Idiotie laydrocéphalique. et ses variétés). M. Bourneville
place sous les yeux des membres du congrès dix-sept crânes d'en-
fants hydrocéphaliques, accompagnés de la photographie des cer-
veaux correspondants ainsi que la photographie des enfants. Il
signale les points principaux de chaque cas. Dans un premier
groupe concernant l'hydrocéphalie simple, les auteurs distinguent
l'hydrocéphalie sans malformations importantes du cerveau (cas
de Cher..., Coeu..., Ess..., Gar..., Gre..., Lob..., Revel) et l'hydro-
céphalie compliquée de malformations ou de lésions, par exemple,
l'absence de corps calleux , l'absence des hémisphères cérébel-
leux, etc. (Alix. Sor... et une petite fille de la Salpêtrière dont l'ob-
servation a paru dans le premier volume des Archives de Neuro-
logie.) Dans ce groupe les crânes ont en quelque sorte un air de
famille, l'hydrocéphalie occupe soit les ventricules latéraux seuls,
soit en même temps la cavité arachnoïdienne et est accompagnée
ou non d'hydrocéphalie enkystée.
Un autre groupe comprend les cas dans lesquels le crâne pré-
sente les caractères de la scap7tocéplaolie.
A l'appui, il présente les pièces relatives à Charmes... Cheval...
Noiret... ainsi qu'une série de photographies concernant un enfant
de son service nommé Moquer... Eu ces cas, il y a une hydro-
céphalie ventriculaire seule ou compliquée de méningo-encé-
phalite avec ou sans épilepsie. Quelquefois l'hydrocéphalie n'in-
téresse que l'un des ventricules latéraux, tel est le cas de Fau...
(hémi-hydrocéphalie).
260 SOCIÉTÉS SAVANTES.
Souvent l'hydrocéphalie est symptomatique : 1° de méningo-
encéphalite, ce qui est assez commun. Exemple : Hani...; 2° de
tumeur du cervelet. Exemple : Berli... (sarcome), Besse (tuber-
culose), etc. Il s'agit là de deux crânes qui ont figuré dans une
communication à l'Académie de médecine et sur lesquels on ob-
serve une disjonction remarquable de toutes les sutures de la voûte
du crâne. M. Bourneville rappelle que Barthez et Rillet ont si-
gnalé deux cas analogues, l'un personnel, l'autre emprunté à un
journal anglais.
L'hydrocéphalie symptomatique a nécessairement une issue
fatale, il n'en est pas de même de l'hydrocéphalie que l'on appelle
idiopathique, celle-ci peut guérir et les malades peuvent vivre
même au delà de cinquante ans.
Dans ces derniers temps on a préconisé de nouveau les ponc-
tions capillaires auxquelles avaient eu déjà recours Conquest, Bat-
tersby, West, Giraldès, etc. Elles ont été préconisées de nouveau
par Spencer, Smith, Unverricbt, tantôt seules ou précédées de la
trépanation, avec application d'un drain. (A. Broca, Quincke,Keen,
Phocas, Audry, Arthaud, etc.) Quincke a eu recours aussi à la ponc-
tion lombaire avec succès, assure-t-il, et a été imité par quelques
autres chirurgiens. Dans la plupart des cas de ponction avec tré-
panation et drains, les malades sont morts.
Comme exemple d'hydrocéphalie avec survie, M. Bourneville
montre la photographie collective de Peti..., âgé aujourd'hui de
vingt ans, et la photographie d'une de ses soeurs dont l'hydrocé-
phalie semble avoir rétrocédé.
L'auteur montre ensuite une série de photographies concernant
une petite fille, nommé Escoffi..., âgée de plus de trois ans qu'il
observe presque depuis sa naissance et sur laquelle le développe-
ment de la tête semble s'arrêter. Cet enfant a toutes ses dents, elle
marche, rit, cause, est affectueuse. Chez elle l'auteur a mis à con-
tribution un traitement classique : compression avec des bande-
lettes d'emplâtre de Vigo, calomel, bains salés, antiscrofuleux,
exercice de la marche et de la parole. Ce traitement dure depuis
près de trois ans. Pour avoir quelques chances de succès, dans ces
cas, il faut intervenir le plus tôt possible et continuer le traitement
avec persistance. On peut aussi raser la tête, appliquer des vésica-
toires, puis, quand la plaie est à peu près cicatrisée, appliquer les
bandelettes d'emplâtre de Vigo, et recommencer au bout d'un mois
ou deux. Ce traitement, s'il ne réussit pas toujours, a au moins
l'avantage de ne pas occasionner la mort à bref délai comme le
traitement chirurgical.
M. DaouH'OE,\U soumet ensuite au Congrès les résultats de re-
cherches comparatives sur le produit du travail des aliénés dans
tous les asiles publics de France, d'après les documents du Minis-
tère de l'Intérieur. D'après ces recherches, un seul asile équilibre-
SOCIÉTÉS SAVANTES. 261
rait exactement les frais causés par l'emploi des malades par les
bénéfices ainsi obtenus. Vingt et un établissements seraient en perte
à ce point de vue et vingt autres, en revanche, en bénéfice. La
perte serait en moyenne, pour les premiers, de 1,06, différence en
moins, et le gain pour les autres de 1,36, différence en plus.
Sur deux cas d'obsessions et d'impulsions à forme continue.
M. Roubinovitch rapporte deux observations qui prouvent qu'à
côté de la forme paroxystique des obsessions et impulsions qui est
la plus fréquente et qui a surtout attiré l'attention des aliénistes,
il en existe une autre dans laquelle le caractère paroxystique
manque complètement et où l'individu est obsédé à l'état pour ainsi
dire permanent.
Son premier cas est relatif à une femme âgée de vingt-cinq ans,
internée à la Salpêtrière. Elle présente le type de l'arilhmomanie
à forme continue. Dans le diagnostic de ce cas, l'auteur démontre
que cette malade n'entre pas dans la variété dite a des compteurs >
de la maladie du doute, ni dans la catégorie des obsessions à
forme paroxystique. Les caractères propres à l'affection dont est
atteinte cette femme sont les trois suivants : 1° Continuité de l'obi
session et de l'impulsion sans aucune interruption; 2° Etat de sa-
tisfaction, non seulement après l'exécution du désir, mais surtout
pendant toute la durée des obsessions ; 3° Lutte pour l'obéissance
à l'obsession en cas d'absence venant du dehors. Le second cas
concerne une femme âgée de quarante-cinq ans, ancienne institu-
trice, atteinte d'obsessions superstitieuses qui ont envahi complè-
tement sa vie psychique. Là encore on retrouve les trois carac-
tères que l'auteur a notés chez sa première malade.
M. Roubinovitch s'attache surtout à indiquer avec netteté l'ori-
gine, la marche et le caractère progressivement envahissant des
obsessions décrites par lui. On voit en effet que, dans les deux cas,
la forme d'obsession n'est pour ainsi dire qu'une habitude poussée
à l'extrême et passée à l'état de mal obsessif chez des individus à
volonté très affaiblie.
C'est cette évolution même de la maladie qui explique pourquoi
tout traitement physique ou psychique sera toujours infructueux;
il faudrait, en effet, refaire complètement l'éducation de ces deux
malades, chose que leur âge et leur état de satisfaction rendent
impossible.
En concluant, l'auteur déclare vouloir simplement signaler l'al-
lure particulière que ces deux cas d'obsession présentent, surtout
à cause de leur forme continue. Ce n'est donc pas dans un but de
classification théorique qu'il les détache des obsessions à forme
paroxystique et de la folie du doute; c'est surtout à cause de la
symptomatologie, et, partant, de leur diagnostic, qui présentent
en effet une physionomie à part.
262 SOCIÉTÉS SAVANTES.
M. RAtADIER (de Rodez), lit ensuite un travail sur le goitre et sa
fréquence sur les aliénés du département de l'Aveyron.
M. Marie lit en son nom et au nom de M. FRIÈSE (de Mayenne),
l'observation d'un persécuteur migrateur; inquiet d'abord, puis
franchement persécuté, il fuit jusqu'à Chicago ses ennemis; ruiné
par la faillite d'un notaire qui meurt, ce malade évolue en quel-
que sorte et se transforme en persécuteur chargé d'une mission
vengeresse ; il poursuit maintenant le notaire à la mort duquel il
ne peut croire et vagabonde ainsi de longues années à travers la
France, non plus fuyant et craintif, mais agressif et cherchant à
tuer, à défaut de sa victime insaisissable, les parents et surtout la
veuve. Arrêté"pour tentative d'homicide sur cette dernière, il
simule la folie d'une façon grotesque ; mais, sa simulation
déjouée, il est reconnu néanmoins pour un véritable aliéné et in-
terné.
M. Marie donne ensuite lecture, au nom de M. DESCHAMPS (de
Paris), d'une note relative à la situation de la colonie familiale de
Dun. Dans le premier semestre de l'année 1893, le nombre des
malades envoyés à Dun a atteint 82 en huit mois, le nombre des
décès a été nul ainsi que celui des évasions. Il n'y a eu que 9 réin-
tégrations. Le total des journées du semestre a été de 8,212, dont
221 à l'infirmerie. La somme payée pour ces journées a été de
9,415 fr. 40, soit, prix moyen pour l'une, 1 fr. 145.
Les prévisions pour 1894 sont de 1 fr. 20,
soit pour 100 malades 43,800 fr. »
Frais généraux à amortir ........... 15.147 fr. 50
Prix moyen.par jour, 1 fr. 615 (x 100 x 365 =) 58,947 fr. 50
Ajoutons, en dehors de ces frais annuels, 19,800 francs pour ins-
tallations et translations. A l'heure actuelle, frais généraux com-
pris, il y a eu quatre avances de régie de 5,000 francs en six mois,
soit20,000 francs, ce qui donne, en défalquant 3,000 francs d'instal-
lation première, un peu plus de 2 francs par jour. Prix total, avec
8,212 journées (17,000 : 8,212) = 1 fr. 145 comme prix de journée ».
Séance du 5 août (soir). Présidence DE M. Christian.
MM. J. Séglas et G. BROUARDEL présentent plusieurs observa-
tions de persécutés. La première est celle d'une femme dont la ma-
ladie présente les symptômes habituels et l'évolution du délire des
persécutions : le fait intéressant à relever c'est qu'en même temps
' Nous avons déjà eu l'occasion de signaler quelques-uns des artifices
employés pour atténuer le prix de journée; nous y reviendrons. Voir
aussi plus loin les articles de MM. Noecke et Bothe. (Bourneville.)
.SOCIÉTÉS SAVANTES. 263
elle est auto-accusatrice. Les persécutions s'expliquent pour elle
par des fautes antérieures : les tourments, la u condamnation »
qu'elle subit ne sont que l'expiation de ces fautes. Les hallucina-
tions se présentent sous le même aspect divergent : elle est un être
nuisible, elle peut donner le choléra aux autres. Elle a manifesté
des tendances au suicide. Ce fait est comparable à d'autres rap-
portés par M. Ballet au Congrès de Blois.
Les auteurs rapportent ensuite d'autres observations de persé-
cutés possédés : dans l'une, on assiste d'abord à l'évolution d'un
délire des persécutions n'offrant guère de phénomènes particuliers,
sauf déjà quelques troubles psycho-moteurs, impulsions et phéno-
mènes d'arrêt. Puis, dans une deuxième période, ces symptômes
se développent, il apparaît des hallucinations verbales motrices et
très accentuées et un dédoublement de la personnalité des plus
nets. Ce sont ces troubles qui maintenant dirigent la scène psy-
chique. La malade les interprète par des idées de possession et dans
l'explication qu'elle en donne on retrouve les croyances à l'envotî-
tement. Comme le disait un autre malade auquel il est fait allusion
au cours du travail, la maladie évolue comme « une obsession qui
devient une possession ». Ces symptômes peuvent toutefois appa-
raître dès le début de la maladie, ainsi que le prouve une troi-
sième observation, et parfois aboutissent à un délire des négations
systématisé comme dans un cas rapporté au Congrès de Blois par
l'un des auteurs.
Ce travail se termine par les conclusions suivantes : certains
aliénés persécutés et nullement mélancoliques peuvent cependant
être auto-accusateurs et présentent des idées de persécution ana-
logues à celles des mélancoliques, constituant un groupe mixte,
transition entre ces deux modalités délirantes. Si, d'autre part,
parmi les persécutés, il en est dont la maladie ne représente qu'un
vice de développement intellectuel, qu'une évolution anormale de
la personnalité toujours dans le même sens, il en est d'autres chez
lesquels la maladie se traduit par une dissociation assez rapide,
parfois d'emblée et toujours très accentuée de la personnalité.
Cette dissociation de la personnalité se trouve en rapport avec un
certain nombre de symptômes qui prennent alors un grand déve-
loppement et dirigent même la scène délirante. Ce sont d'une façon
générale des troubles psycho-moteurs (hallucinations motrices, im-
pulsions, aboulie, phénomènes d'arrêt). Aussi, en les envisageant à
ce point de vue, par opposition aux persécutés hallucinés sensoriels
et aux persécutés raisonnants, l'un de nous avait proposé de ranger
ces cas sous le nom de variété psycho-motrice du délire des persé-
cutions.
Les idées de persécution se modifient d'une façon connexe, et
c'est plutôt par des idées de possession que le malade interprète
alors les troubles psychopathiques qu'il accuse. On peut même ren-
264 SOCIÉTÉS SAVANTES.
contrer des cas où il en arrive à formuler un délire de négation
systématisé.
Ces malades, étudiés autrefois sous la dénomination très vague
de délirants mystiques ou dépossédés, se distinguent des mélanco-
liques possédés ou négateurs et rentrent dans le cadre des délirants
systématiques primitifs dont ils ne constituent incontestablement
qu'une variété. Néanmoins, il nous semble qu'il y aurait intérêt à
leur faire une petite place dans ce grand groupe. Car la division
la plus habituelle en France en délirants chroniques et délirants
dégénérés est vraiment bien sommaire : parmi ces derniers sur-
tout se rangent de nombreux cas très disparates, parmi lesquels
il serait certainement utile à tous les points de vue d'établir un
classement.
M. LEGRA1N (de Paris) lit, au nom de M. DEacQ, sept observations
d'auto-intoxication d'origine gastro-intestinale, dans lesquelles le
phénomène critique a été l'urticaire , syndrome éminemment in-
fectieux. Au point de vue mental il s'est agi dans ces cas d'états
mélancoliques sans fièvres. L'auteur établit un lien très net entre
ces états et l'auto-infection; généralisant son idée, il estime qu'il
en est ainsi le plus souvent dans la mélancolie.
Le Congrès se sépare après avoir nommé M. le professeur PIER-
RET (de Lyon) président du prochain Congrès dont le siège se tien-
dra à Clermont-Ferrand. Les noms proposés étaient ceux de
MM. Cullère, Joffroy, Giraud et Pierret.
Les Congressistes ont quitté La Rochelle pour visiter, à La Roche-
sur-Yon, l'asile que dirige avec tant d'habileté et de savoir M. Cul-
lerrp, et après un dernier banquet se sont dispersés aux Sables-
d'Olonne. A. Marie.
SOCIÉTÉ DE PSYCHIATRIE ET DE PSYCHOLOGIE
MÉDICO-LÉGALE DE VIENNE.
Séance du 4 novembre 1891 .
M. I'aixsce. - Mensonge et aliénation mentale. ' (
J Nous rappelons que tous les mémoires inscrits ici sont publiés in
extenso à part et analysés, par suite, à leur place, avec le JahrGücla. t.
Psychiat. ' P. K.
sociétés savantes. 263
Séance du 4 février 1892.
M. CIIOSTEK. Des paralysies ischémiqucs .
M. MAYER. Présentation de névropathes.
Séance du 31 mars 1892.
M. REDLICH. De l'immobilité des pupilles dans la paralysiegénérale.
Après quelques mots consacrés à l'étude de la fréquence et
de l'importance diagnostique de ce symptôme de la paralysie géné-
rale, l'orateur traite des caractères différentiels de la réaction pu-
pillaire directe et de la réaction pupillaire synergique (consen-
suelle), contraste qui existe toujours quand l'une des pupilles du
malade est immobile tandis que l'autre réagit encore.
En pareil cas, la pupille immobile ne réagit pas non plus sous
l'influence de l'excitation de l'autre oeil, tandis que la réaction di-
recte ou synergique de celui-ci se produit lorsqu'on incite le
premier. En d'autres termes, l'oeil immobile transmet cependant
l'excitation qu'il reçoit l'autre oeil, tandis que l'oeil dont la pu-
pille fonctionne encore n'exerce pas d'action synergique sur le
premier. M. Redlich pense qu'on ne peut expliquer ce phénomène
que par l'hypothèse de l'entre-croisement partiel des fibres qui
transmettent le réflexe pupillaire. Voici un malade atteint d'une
paralysie unilatéale de l'oculomoteur commun; on constate exac-
tement les mêmes contrastes entre la réaction pupillaire directe et
la réaction pupillaire synergique, mais le mécanisme n'est pas le
même.
Quand le nerf optique est altéré d'un seul côté, on note des phé-
nomènes différents : l'oeil malade réagit non directement mais par
transmission, l'oeil saint réagit directement et non par transmis-
sion (présentation du malade).
M. M.\YER. Observation de néoplasme dans le quatrième ventricule.
Séance du 18 mai 1892.
M. CHOOSEh. - De l'aphasie.
Séance du 14 juin 1892.
Eloge de MEYNEKT par Fn.rrscH. Sur la proposition de M. Fries
on nomme un comité composé de MM. Janchen, Fritsch et Fries,
qui prendra les dispositions nécessaires à l'érection d'une statue
du savant psychiatre dans la salle de cours de sa clinique il l'hôpi-
tal général. Ce Comité fera des propositions exécutoires dans la
prochaine séance. (Jarbüch. f. Psychiat., XI, 1, 2.)
P. IER AV AL.
ASILES D'ALIÉNÉS.
Assistance des aliénés par des familles de nourriciers . Asiles
modèles de Belgique et état actuel des colonies d'aliénés en ce pays
par P. NOECKE (Allg. Zeitsch. f. Psychiat. XLIX. 5.)
Une étude attentive des établissements et fondations pour l'assis-
tance familiale des aliénés est toujours un document instructif.
M. Noecke a visité l'asile d'Etat pour les femmes de Mons, l'asile
d'Etat pour les hommes de Tournai, l'asile privé d'Uecle près
Bruxelles; il formule ainsi son opinion :
1° La surveillance y est telle que toute séquestration arbitraire
est impossible et que le prestige des médecins en bénéficie. Le
gouverneur de la province visite chaque année l'établissement. Le
bourgmestre de la localité deux fois par an, le procureur du roi
quatre fois, l'inspecteur du service plusieurs fois. 11 existe en outre
à Mons et à Tournai une commission de surveillance de cinq mem-
bres qui se réunissent mensuellement à l'asile et y font faire une
tournée par un de leurs délégués. On a en outre en divers endroits
de l'établissement placé des boites aux lettres dans lesquelles les
malades jettent leurs réclamations; ces boites ne sont ouvertes que
par le procureur du roi. Les malades n'ont donc plus aucune ap-
préhension ; - 2° Le confortable y est pour les indigents poussé à
l'extrême. Ony constate une abondance de fleurs et de nombreuses
volières; 3° La nourriture est bonne et abondante ; elle pourrait
peut-être être un peu plus variée et l'on ferait bien de veiller un peu
plus sur les couteaux ; 4° Les asiles font eux-mêmes leur gaz à
bon compte; il sert même à Tournai à faire fonctionner la cuisine,
le four de la boulangerie, la buanderie; 5° Tournai possède
aussi sa brasserie, sa boucherie qui fonctionnent bien et à bon
marché; 6° Le système de la mise en régie donne d'excellents
résultats à Tournai, il économise à l'État beaucoup d'argent, de
peine, d'employés, et au directeur un temps précieux. Il a cepen-
dant aussi ses inconvénients qui sont ceux que l'on sait. Toutefois
cela marche très bien grâce à l'excellence du personnel (des frères),
grâce aussi à la mise en vigueur d'un bon règlement; 7° On se
sert de couchettes en fer, de bons matelas de laine et de couver-
tures ; les paillasses sont remplies de balle d'avoine bien plus moel-
leuse que la paille. Les pots de nuit et les draps ne laissent rien
à désirer; 8° Tous les dortoirs de Tournai sont pourvus de
thermomètres ; - 9° A la porte de chaque dortoir et de chaque
asiles d'aliénés. 267
cellule on affiche le cubage d'air et le nombre de lits correspon-
dants ; 10° Le système balnéaire est complet et bien disposé.
Nous recommandons surtout à Tournai la grande piscine, et les
appareils d'hydrothérapie; 11° Le meilleur système que l'on
puisse voir est celui du chauffage de l'eau chaude à basse pression
(Tournai); 12° Enfin, toujours à Tournai, il y a un riche labo-
ratoire.
Quelles sont maintenant les critiques ?
4° Le service des infirmiers est fait à Mons par des soeurs (service
complètement religieux), à Tournai par des frères (service mixte).
Tout va bien, dit-on, mais le directeur n'a pas le droit de les ren-
voyer, il faut qu'il se plaigne au supérieur ou à la supérieure. C'est
inadmissible. Il ne faudrait pas aller loin pour voir l'influence du
médecin devenir nulle en présence de celle des religieux. Or,
dans un asile le médecin doit être tout; l'administration même doit
être subordonnée à son action ; 2° Les asiles de Mons et de Tour-
nai sonttrop étendus, il est impossible d'exercer dans ces établisse-
ments une surveillance continue et complète; - 3° Il n'y a pas
assez de médecins; ils n'habitent généralement pas à l'asile et font
de la clientèle. Ainsi à Mons et à Tournai un seul médecin réside dans
l'établissement, le directeur, et encore est-il souvent absent;
4° Il n'y a pas assez de gardiens, ils ne sont pas assez stylés mais
cette critique ne s'adresse ni aux frères ni aux soeurs. Les infir-
miers sont très mal payés. Aussi le no-restraint ne peut-il y être
mis en vigueur; du moins c'est une excuse valable ; 5° La cami-
sole y règne; 6° Il n'existe pas de compteurs de ronde ; 7° Les
corridors et les escaliers sont trop étroits et trop raides ; 8° On
n'y a pas suffisamment de lits perfectionnés pour gâteux, on n'y
connaît pas les vêtements lacés des agités et des malpropres ; -
9° A Mons on ne fait pas assez travailler les malades. A Tournai le
travail est plus en honneur ; - 10° On n'écrit pas régulièrement
de rapports annuels sur le service; 11° Les autopsies devraient
être toutes pratiquées; c'est impossible à raison du petit nombre
des médecins; 12° Il y a trop à faire pour les criminels qui sont
en trop grand nombre.
L'analyse de Gheel et de la colonie de Lierneux, fondée comme
on sait de toutes pièces (1884), l'étude correspondante des travaux
allemands et anglais sur l'assistance des aliénés dans les familles
en Belgique (Koehler, Tucker, Hack Tucke) et l'appréciation per-
sonnelle de M. Noecke, aboutissent aux conclusions suivantes :
Le système de Gheel, débarrassé des défauts qui ont été signalés
partout, et les améliorations demandées sont possibles, est le sys-
tème le meilleur et le moins coûteux d'assister les malades atteints
de vésanies chroniques, plus ou moins inoffensifs, en y comprenant
même certains paralytiques généraux et certains épileptiques. Il
est même indiqué d'assister ainsi bien des aliénés à formes morbi-
268 asiles d'aliénés.
des curables. Malheureusement chez nous, il n'est pas praticable;
ce mode d'assistance ne paraît pas vouloir s'acclimater soit parce
que les conditions sociales ne s'y prêtent pas, soit parce que les ad-
ministrateurs et même beaucoup de médecins n'en saisissent pas
le mécanisme et l'adaptation. Il en résulte qu'actuellement, nos
colonies agricoles constituent encore la meilleure solution de ces
difficiles questions pour la majeure partie des malades que nous
venons de spécifier, notamment pour ceux qui sont susceptibles de
travail.
Tel est le fond du mémoire de M. Noecke, peut-être nous trom-
pons-nous, mais il nous semble lire entre les lignes, que pour
juger sainement de la valeur réelle de la trame de ces colonies et de
l'assistance familiale, il faudrait pouvoir y pénétrer en toutes saisons
et pour ainsi dire incognito. Il doit y avoir des desiderata qu'évi-
demment chacun in petto a de prime abord formulés et qui ne se
peuvent révéler que par un examen prolongé en dehors de l'éti-
quette officielle. C'est ce que nous n'avons pas craint d'imprimer
au Congrès international d'assistance publique de Paris en 1889.
Aussi recommandions-nous d'échelonner graduellement une série
d'expériences, tendant à acclimater l'assistance familiale par la
mise en pratique autour d'un asile servant de centre des systèmes
permettant de libérer au sur et a mesure les aliénés. Nous pen-
sions qu'en étendant les colonies agricoles, en procédant au trai-
tement à l'air libre, le plus large que l'on pût trouver, en installant
au besoin des ménages d'infirmiers à qui l'on confierait des grou-
pes de malades on pourrait peut-être, sans crainte d'incidents ou
d'accidents graves, s'acheminer sûrement vers la colonie familiale
des nourriciers proprement dits. Mais nous insistions en tous cas
sur la nécessité d'installer toujours une infirmerie centrale bien
pourvue prête à parer à toutes les éventualités.
Le mémoire de M. Noecke ne nous donné point tort. Voici par
exemple les reproches qu'il fait à ces colonies d'aliénés de Bel-
gique :
1° Il n'y a pas assez de médecins, pas assez de surveillants pour
suivre tous les malades ; 2° Il faut les payer suffisamment pour
qu'ils ne fassent pas autre chose; 3° Il faut bien choisir les ma-
lades à confier aux familles. Il n'y faut pas envoyer d'aliénés fai-
bles ayant besoin d'un régime spécial. Il faut aussi bien choisir les
nourriciers. Défions-nous tout particulièrement des cabaretiers;
4° Il ne faudrait pas donner à chaque nourricier plus d'un malade;
5° Il convient d'exiger une plus grande salubrité des habitations
tant au point de vue des locaux que des couchettes, de l'alimenta-
tion, du voisinage, du chauffage, de l'aération, de la disposition des
fenêtres, etc. ; - 6° Il ne serait pas mauvais d'occuper davantage
et de distraire un peu plus les aliénés. Beaucoup 'd'entre eux de-
meurent inactifs et n'ont même pas l'agrément de la lecture; -
BIBLIOGRAPHIE. 6 9
7° Enfin il faut s'efforcer de surveiller les nourriciers en ce qui con-
cerne l'application du no-restraint. (AU. Zeitsch. f. Psychiat., XLIX, 5.)
P. KÉRAVAL.
De l'assistance familiale des aliénés, d'après les observations faites
en expérimentant ce système à Dalldorf, par A. BOIRE. (Allg.
Zeitsch. f. Psychiat., XLIX, 5.)
1" L'assistance des aliénés par le système des familles de nourri-
ciers doit être considérée comme non un pis-aller, mais le com-
plément nécessaire et plein de valeur d'un asile public comme une
forme d'assistance équivalente aux autres modes d'assistance;
2° On l'installera sinon partout, du moins à côté d'un grand nombre
d'asiles publics et dans ces conditions, c'est-à-dire comme annexe
de ces asiles, on pourra l'étendre; 3° Pratiquée sur une large
échelle, elle déchargera l'établissement; - 4° Si l'on veut qu'elle
réussisse il faut que la surveillance des nourriciers et des malades
reste entre les mains du médecin; - 5° Ce n'est pas un moyen
économique sérieux car les dépenses de cette assistance ne sont pas
beaucoup inférieures à celles de l'assistance par l'asile; on a exa-
géré l'importance financière de l'assistance familiale ; 6° Quand
on l'organise avec intelligence dans des conditions satisfaisantes,
on ne saurait arguer des inconvénients qu'elle peut avoir pour
l'attaquer. P. Kéraval.
BIBLIOGRAPHIE.
V. L'hérédité normale et pathologique, par André Sanson. Paris,
Asselin et Houzeau; 1 vol. in-8°, 1893.
Ce livre est en retard de dix ans. Quoique ce soit « la lecture des
publications médicales et ses conversations avec les médecins » qui
ont poussé l'auteur à l'ecrire, il ne semble pas qu'il soit bien au
courant des sources où puiser des documents concernant l'hérédité.
Nous pourrions lui signaler entre autres 13 volumes de comptes
rendus du service de notre maître Bourneville où, depuis treize
ans, sont accumulés des matériaux de cet ordre, sans compter ceux
qui ont été utilisés par M. Déjerine dans sa thèse d'agrégation. A
propos de l'hérédité de l'alcoolisme, il parait ignorer que la ques-
tion a été mise au concours à la Société médico-psychologique
en 1886, et que deux mémoires sont publiés, un par M. Legrain, un
par nous-même. Nous pourrions citer bien d'autres oublis. Les
théories sur l'hérédité en général n'occupent qu'une place absolu-
ment insuffisante, si on songe qu'elles sont traitées eu 15 pages dans
270 varia. - faits DIVERS.
un livre de plus de 400. Nous n'insisterons pas davantage sur cet
ouvrage qui n'a même pas l'originalité d'être complet et au cou-
rant de l'état actuel de la science. P. SOLLIEn.
VARIA.
UNE JEUNE fille exorcisée
Un exorcisme selon tous les rites religieux, tel que l'Église le
pratiquait au moyen âge pour chasser le démon du corps des pos-
sédés, vient d'être fait à Gif (Seine-et-Oise).
Une jeune fille de cette commune, Mlle Blanche G..., avait depuis
quelques mois des crises très violentes d'hystérie. Deux médecins
spécialistes ayant examiné la malade voulurent l'amener à Paris
pour la soigner. Ses parents s'y opposèrent, ayant plus de con-
fiance dans l'exorcisme que M. Périer, le curé du pays, voulait
pratiquer que dans la science des docteurs.
Muni de l'autorisation de l'évêque de Versailles, l'abbé Périer,
assisté de deux prêtres venus de cette ville, se rendit chez la jeune
malade et se mit en devoir de l'exorciser, c'est-à-dire de chasser de
son corps les démons qui s'y étaient tntroduits.
Depuis, la cérémonie s'est renouvelée plusieurs fois. Aujourd'hui,
Mlle Blanche G... est, paraît-il, à peu près guérie. Les dévots de
l'endroit affirment naturellement qu'elle doit sa guérison à l'exor-
cisme. Nous nous bornons, pour ne pas les chicaner sur ce point,
à signaler cette pratique d'un autre âge qui vient de s'accomplir
aux portes de Paris. (Petit Journal, 26 juillet 1893.) Ce fait
montre une fois de plus que le clergé catholique est aujourd'hui
ce qu'il était il y a plusieurs siècles et que le progrès scientifique
qui a fait la société moderne, ne l'a même pas effleuré, et qu'il ne
veut pas le comprendre et qu'il ne cédera jamais..., même pas
devant le ridicule.
FAITS DIVERS.
Société d'Anthropologie DE Paris. Legs Fauvette. Le pré-
sident du comité central de la Société d'anthropologie de Paris,
reconnue comme établissement d'utilité publique par décret du
FAITS DIVERS. 271 1
21 juin 1864, est autorisé à accepter au nom de ladite Société, aux
clauses et conditions imposées par le testateur, le legs que lui a
fait le Dr Louis-Jules Fauvelle, d'une rente annuelle de 667 fr. en
rente 3 p. 100 sur l'Etat français, pour constituer, tous les trois
ans, un prix de 2.000 fr. à titre de récompense ou d'encourage-
ment à tout travail inédit, comme ouvrage spécial, sur la structure
du système nerveux ou l'étude des manifestations de la force
connue sous le nom d'influx nerveux. Ces travaux devront con-
courir au but que s'était proposé le Dr Fauvelle dans ses diverses
communications à ladite Société.
Un nouveau JEUNEUR. - Le 24 janvier, Alexandre-Jacques, le
jeûneur professionnel, a atteint son cinquantième jour déjeune,
qui excéda de cinq jours les plus longs jeûnes accomplis antérieu-
rement. Pendant ces cinquante jours il a perdu 32 livres 1/4. Il
pesait au début 144 livres 1/2 et à la fin 112 1/4, pendant les der-
nières vingt-quatre, il perdit 2 livres 1/4. Un fait curieux men-
tionné, c'est qu'il a grandi de 1 pouce 1/4, et que chaque fois qu'il
jeûne sa taille augmente plus ou moins ; et cet accroissement dis-
paraît aussitôt qu'il remange. Pendant ses cinquante jours de jeûne,
il a absorbé 88 kil. 749 grammes d'eau ordinaire de Craton,
11 kil. 720 grammes d'eau de Vichy, et 2 kil. 820 d'eau ferru-
gineuse faite avec des clous rouillés. 11 fumait aussi beaucoup
de cigarettes camphrées et prit 107 paquets d'une poudre secrète
qui, disait-il, remplacait la nourriture. Pendant les trois derniers
jours, il était enfiévré et agité avec insomnie, et son état général
était mauvais. (Boston med. and Surg. Journ., 1893, p. 125),
Drame DE l'hystérie. Nous lisons dans le Progrès médical : .-
Lorsqu'elle était en traitement dans une maison de santé à Ivry,
Mmo Delagrange, née Pauline Beltzens, était devenue éperdument
amoureuse de l'interne, M. Sicard de Plouzoles. Celui-ci, d'ailleurs,
n'accorda aucune attention aux manigances de l'hystérique confiée
à ses soins. Sa thèse passée, M. Sicard de Plouzoles se maria et
s'établit à Crosnes, où 1\ie Delagrange, sortie de la maison de
santé d'Ivry et installée chez un de ses oncles, à Chaville, l'accabla
de ses lettres enflammées. Il se garda d'y répondre. Vendredi soir,
une jeune femme, jolie, très élégante, entrait à Crosnes, dans un
restaurant tenu par M. Preisach; elle y dîna, puis demanda une
chambre pour y passer la nuit. Le lendemain matin elle se plai-
gnit d'être souffrante et demanda un médecin et, comme on lui
proposait d'appeler le médecin de Montgeron : Non, dit-elle,
je ne veux pas un médecin de campagne. N'avez-vous pas, ici, un
jeune docteur nouvellement installé ? M. de Plouzoles ? C'est
cela même. Ayez l'obligeance de le prier de venir me voir. Une
domestique alla quérir M. Sicard de Plouzoles. Une heure après,
272 bulletin bibliographique.
comme le docteur n'était point ressorti de la chambre de 1Zm° De-
lagrange, M. Preisach eut occasion de frapper à la porte. Comme
on ne lui répondait point, il entra et trouva étendu sur le sol, le
cadavre du Dr Sicard de Plouzoles, la tempe percée d'une balle
tandis qu'à côté gisait celui de Mme Delagrange, ayant encore un
revolver dans sa main crispée. Mm° Delagrange, en une lettre déchi-
rante, expliquait que, ne pouvant vivre sans le docteur Plouzoles et
souffrant trop de le savoir à une autre, elle se décidait à le tuer et
à se tuer elle-même. '
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
BlAKCH ! e PiCCIMKO. Sulla origine infettiva di una forma di de-
lirio acuto. Brochure in-8° de 23 pages, avec 2 planches hors texte.
Napoli, 1893. Tipografia A. Tocco.
Eloy (Ch.). La méthode de Brown-Séqua1'd, la médication orchi-
tique, thyroïdienne, pancréatique, capsulaire et cérébrale, les injections
d'extraits organiques, la transfusion nerveuse. Physiologie, indications
cliniques et thérapeutiques. Technique. Volume in-18 de 282 pages.
Prix : 3 fr. OU. Librairie J.-B. Baillière et fils.
Langlois. Contribution à l'élude de l'élal mental des hystériques !
dénonciation de crimes imaginaires, chromhydrose simulée. Brochure
in-8, de 25 pages, avec une planche hors texte. Paris, 1892.
Librairie Ollier Henry.
Pechère et Funck. - Le système nerveux dans la fièvre typhoïde.
Brochure in-8° de 76 pages. Bruxelles, 1893. Librairie II. Lamertin.
Régis (E.) et Chevalier- La vaure. Des auto-intoxicalions dans le.1
maladies mentales. (Congrès des médecins aliénistes des pays de langue
française. (Session de la Rochelle, 1893.) Volume in-8° de 95 pages.
La Rochelle, 1893. Typographie E. Martin.
Voisin (J.). L'Idiotie (Hérédité et dégénérescence mentale, psyc/w-
logie et éducation de l'idiot). Volume in-12 cartonné de 295 pages, avec
17 figures. Paris, 1893. Librairie F. Alcan.
'Le rédacteur-gérant, Bourneville.
Evreu : , Ch. tIEW sssv, m.p, 993.
Vol. XXVI. Octobre 1893. N" 80
ARCHIVES DE NEUROLOGIE
CLINIQUE NERVEUSE.
CONTRIBUTION A L'ETUDE DES TUMEURS DU CERVEAU : z
UN CAS DE GLIOME NEURO-FORMATIF
Par M. le D' F. RAYMOND
Professeur agrégé à la Faculté de Médecine, Médecin de l'hôpital Lariboisière.
11 n'existe encore que peu d'observations de cette sorte de
tumeur cérébrale où des cellules ganglionnaires entrent à titre
d'éléments constitutifs. A un point de vue général, il est cu-
rieux de voir une cellule néoplasique reproduire un élément
d'une aussi haute différenciation que la cellule nerveuse; au
point de vue plus spécial du système nerveux, ces néoplasmes
sont encore intéressants parce qu'ils permettent de se rendre
compte, sur l'adulte, de l'évolution des éléments ganglion-
naires et de leur parenté avec les éléments de soutien des cen-
tres nerveux, les cellules de la névroglie.
Je viens d'observer une de ces tumeurs, qui ont été nom-
mées très justement gliomes new'o- (ol'mati(s ou neurogliomes,
et je crois devoir en rapporter l'histoire en détail, à cause des
dispositions remarquables qu'elle affectait. De plus, il m'a été
permis de vérifier dans ce cas les idées que j'ai avancées l'an
dernier à la Société médicale des hôpitaux, au sujet de la dis-
parition des fibres à myéline tangentielles de l'écorce dans la
compression cérébrale.
Voici cette observation, qui, au point de vue clinique, a été
d'une régularité et d'une simplicité presque schématiques :
Ancull'Es, t. XXVI. 18
274 CLINIQUE NERVEUSE.
0 S ERVATION. Céphalalgie violente avec crises épileptiformes
démence rapide, sans délire, sans paralysies, ni contractures; titu-
bation rendant la marche et la station debout impossibles. Evo-
[¡Ilion de la maladie en mois. Mort dans le coma. Autopsie, gliome
neuroformatif du volume d'une orange, parti de la face interne du
lobe frontal gauche. Compression cérébrale; atrophie par com-
pression des fibres tangentielles de l'écorce du cerveau; dégéné-
nescence des fibres de la substance blanche du lobe frontal gauche
et du faisceau d'association sous-jacent à la circonvolution de
l'ourlet.
R... Adélaïde, âgée de quarante ans, cuisinière, entre à l'hôpital
Lariboisière, salle Trousseau, n° 18, le 12 septembre 1852.
C'est une femme pâle, d'aspect cachectique, qui frappe au pre-
mier abord par son air hébété et l'expression de démence profonde
qu'elle porte sur son visage. Si on la laisse tranquille, elle reste
indéfiniment assise sur son lit, inerte, le regard vague, dans une
immobilité presque absolue. De temps en temps, elle porte la main
à son front en faisant entendre, une légère plainte. Il faut la faire
manger et boire, sans quoi elle n'y penserait pas ; elle laisse aller
ses urines et ses matières sous elle. Lorsqu'on l'interroge, elle vous
regarde avec un sourire niais, mais ne répond que si on l'interpelle
vivement et si l'on répète la question plusieurs fois; sa parole est
lente, comme tous ses gestes, mais sans trouble de l'articulation ;
sa réponse est insignifiante, presque toujours affirmative, et sou-
vent elle s'arrête au milieu de sa phrase pour retomber dans sa
torpeur.
, La mémoire est complètement perdue; la malade n'a plus aucune
notion ni du temps ni du lieu où elle se trouve; elle reconnaît à
peine les personnes qui viennent la voir. Il n'y a pas trace d'hallu-
cinations, ni d'un délire quelconque.
R... marche à peine, avec l'aide d'une personne; la station
debout, sans appui, est rendue impossible par des oscillations à
droite et à gauche, en avant et en arrière, qui rappellent celles des
tabétiques quand on leur ferme les yeux; mais chez elle l'occlusion
des paupières n'a aucune action sur ce phénomène. Ses jambes
ne fléchissent d'ailleurs pas sous elle et la force musculaire est
' encore relativement bien conservée ; il n'existe aucun tremblement
de la face ni des membres, aucune trace de contracture et les
réflexes patellaires sont normaux.
Les pupilles réagissent bien. A l'ophtalmoscope on constate
-l'existence d'une stase papillaire assez marquée, égale des deux
côtés; l'état de démence de la malade ne permet pas de se rendre
compte de l'acuité visuelle, néanmoins il est évident que la vision
est conservée dans une large mesure. Le sens du poût et de l'odorat
sont conservés autant qu'on peut en juger; l'ouïe parait absolu-
UN CAS DE GLIOME NEURO-FORMATIF. 37S
ment intacte. La sensibilité générale semble normale à droite, en
tenant compte de la lenteur des réactions qui est le fait de son
état cérébral; elle est peut-être un peu diminuée à gauche; enfin
la pression de points situés au-dessus du sein et dans la région ova-
rienne, provoquent une réaction assez vive (zones hystérogènes).
Un des phénomènes les plus marqués de cet état morbide est la
présence continuelle d'une céphalalgie intense, qui est localisée à
la région frontale et au sommet de la tête; cette douleur, qui
empêche le sommeil, est sujette à des exacerbations pendant les-
quelles la malade gémit.
La langue est blanche, saburrale ; l'appétit est complètement
aboli et c'est à peine si on peut faire prendre à la malade un demi-
litre de lait dans la journée ; la constipation est opiniâtre ; parfois, mais
rarement, il survient un vomissement de lait caillé, qui se produit
sans'effort. Les urines sont peu abondantes et ne contiennent ni
albumine ni sucre. Le pouls est régulier, à 60 pulsations. L'exa-
men du coeur, des poumons, du foie ne donne que des résultats
négatifs. Il n'existe aucune trace de syphilis à la surface du corps.
Les renseignements, que cette malade était naturellement hors
d'état de donner, ont été fournis par une de ses amies, qui la
connaissait depuis vingt ans; ils sont muets sur les antécédents héré-
ditaires ; la malade avait été bien portante jusqu'à sa maladie
actuelle, sauf un « catarrhe du nez » avec larmoiement et surdité
intermittente, qui avait été soigné pendant longtemps par un spé-
cialiste et qui s'était beaucoup amélioré par le traitement; c'était
une femme d'une conduite régulière, sobre quoique cuisinière, d'un
naturel gai; elle n'avait jamais eu de crises ni d'attaques d'aucune
sorte. '
Il y a trois mois, étant aux bains de mer avec ses maîtres, elle a
été prise de douleurs violentes dans la tête ; l'invasion de ces dou-
leurs aurait été brusque, et c'est au sortir d'un bain qu'elles auraient
débuté. Bientôt elles ont acquis une intensité très grande et se sont
accompagnées de crises épileptiformes; ces crises débutaient par
quelques plaintes de la malade, qui accusait une vive douleur au
sommet' de la tête; puis la douleur augmentait au point de lui
arracher des cris perçants; au bout de quelques instants il surve-
nait une perte de connaissance qui durait plusieurs minutes et au
sortir de laquelle la malade ne se souvenait plus de rien. Pendant
la crise la face grimaçait et la bouche était tirée d'un côté (à
gauche ? ).
Ces crises survenaient plusieurs fois par jour; depuis lors, elles
ont diminué de fréquence. Au bout de deux mois ses maîtres la
renvoyèrent à Paris. A son arrivée elle marchait encore, elle mon-
tait et descendait les escaliers, mais déjà l'intelligence était éteinte.
En présence de l'état de la malade et des renseignements fournis
sur son compte, on porte le diagnostic de tumeur cérébrale. Les
76 CLINIQUE NERVEUSE.
troubles de l'équilibre et les symptômes oculaires sont loin d'être
assez intenses pour permettre de localiser le néoplasme dans le
cervelet. L'absence de symptômes paralytiques, la douleur frontale,
les troubles mentaux prédominants sont au contraire suffisamment
caractéristiques pour faire supposer qu'il s'agit d'une tumeur fron-
tale. Malgré l'absence d'antécédents syphilitiques on donne le
traitement spécifique, qui reste sans action.
L'évolution de la maladie continue ; elle est régulière et rapide.
Il survient encore quelques crises semblables à celles qu'elle a eues
autrefois ; on constate alors que pendant le paroxysme douloureux
la face grimace, les yeux sont convulsés, mais il n'y a pas de pré-
dominance d'un côté ou de l'autre ; les bras s'agitent légèrement,
mais les jambes restent immobiles. Puis la malade tombe dans un
assoupissement stertoreux qui se dissipe assez rapidement. Ces
crises deviennent de moins en moins fortes et disparaissent bientôt
complètement.
L'amaigrissement fait des progrès rapides. La stupeur devient
telle que l'on ne peut plus en tirer la malade, qui ne répond bien-
tôt plus que par des sons inarticulés. Puis il survient une escharre
fessière double, la température s'élève à 39°;5 et la malade meurt
dans le coma le si octobre 1892, à 6 heures du matin, quatre mois
à peine après le début de sa maladie.
Autopsie. L'autopsie est faite vingt-cinq heures après la mort.
Le cadavre est profondément émacié, sans oedème ; il existe deux
escharres fessières larges comme la paume de la main, encore
adhérentes, tendant à se réunir sur la ligne médiane; de plus on
aperçoit une plaque noirâtre, sèche, sur le grand trochanter droit,
répondant à une tache érythémateuse qui s'était montrée à la fin
de la vie.
Le canal rachidien ouvert montre la dure-mère distendue par le
liquide céphalo-rachidien plus abondant que de coutume. A part
cela et une certaine congestion veineuse de la pie-mère, il n'y a
rien d'anormal, ni dans la moelle, ni dans les méninges.
Après ablation de la calotte cranienne, qui est saine, les veines
de la dure-mère paraissent gorgées de sang noir; la dure-mère,
également saine, étant incisée, les lèvres de l'incision s'écartent
aussitôt et laissent apercevoir l'encéphale qui tend à proéminer.
La surface des hémisphères est complètement lisse et sèche ; il n'y
a pas une goutte de liquide céphalo-rachidien; les circonvolutions
paraissent séparées les unes des autres simplement par les veines
de la'pie-mère dilatées, mais elles ne font plus à la convexité la
saillie habituelle. En un mot, le cerveau porte les traces d'une
compression énergique.
L'encéphale étant enlevé en totalité, on n'aperçoit encore pas
la lésion, mais lorsqu'on veut écarter la scissure jnlel'-hémi'3phé-
UN CAS DE GLIOME NEURO-FORMATIF. 277 7
rique au niveau des lobes frontaux, on tombe immédiatement sur
une tumeur volumineuse située sur la ligne médiane à un centi-
mètre du bord antérieur des lobes frontaux. Cette tumeur, qui a
l'aspect d'une circonvolution, peut être décortiquée jusqu'à un cer-
tain point, tant à droite qu'à gauche; mais bientôt il devient
impossible de la séparer du reste du cerveau sans faire violence
aux tissus ; la faux du cerveau est érodée et détruite à ce niveau.
On sectionne la tumeur sur la ligne médiane et, les hémisphères
étant séparés, on complète l'examen en pratiquant la coupe de
Flechsig. On aperçoit alors une tumeur du volume d'une orange
environ dont une moitié est restée adhérente à chaque hémisphère.
A droite, ainsi qu'il a été dit, on peut décortiquer la tumeur sur
toute sa périphérie, mais elle adhère intimement à l'écorce du
lobe frontal par sa partie la plus saillante. A gauche, la tumeur
peut être décortiquée; de même en avant, en haut et en bas, mais
en arrière elle se continue directement avec la circonvolution de
l'ourlet qui se renfle beaucoup en se rapprochant d'elle (fig. 13);
de plus, la surface de cette circonvolution est toute hérissée de
très petites saillies qui lui donnent à ce niveau un aspect rugueux.
En pratiquant des sections transversales de cette circonvolution,
on aperçoit sous l'écorce, qui a gardé à peu près son aspect ordi-
naire, une tache arrondie, d'aspect translucide, qui remplace la
l, Fig. 13. La tumeur coupée sur la ligne médiane; son prolongement
en arrière dans la circonvolution crètée, sa cavité.
278 CLINIQUE NERVEUSE.
substance blanche : c'est un prolongement postérieur de la tumeur
qui s'insinue, sous la forme d'un cône effilé, dans l'épaisseur de la
circonvolution, qui lui doit son ampleur anormale et sa forme
cylindrique. Sur la. coupe de Flecbsig, la tumeur pénètre en arrière
et en dehors dans le noyau blanc du lobe frontal, sans atteindre
le corps strié (fig. 13) ; un simple changement de couleur et de
consistance indique la transition entre Ja substance saine et le néo-
plasme ; il n'y a aucune trace d'hélllorrhagie ni de ramollissement
à son pourtour.
En résumé, on voit que la tumeur est née de la circonvolution de
Fi ! }. IL - La tumeur vue sur une coupe pratiquée suivant la ligne
. aa' de la figure 13 ; compression des deux lobes frontaux.
UN CAS DE GLIOME NEURO-FORMATIF. 279
l'ourlet gauche au devant du genou du corps calleux ; elle a formé
une masse très largement pédiculée qui s'est avancée sur la ligne
médiane en refoulant à droite les circonvolutions de l'ourlet et
la frontale interne, à gauche la circonvolution frontale interne du
même côté, et en détruisant la faux du cerveau à ce niveau. Les
centres blancs des lobes frontaux sont très fortement aplatis; les
circonvolutionscorrespondantes sont couchées et amincies (fig. 15).
Cette tumeur, considérée en elle-même, présente un aspect
translucide et grisâtre; elle est molle et comme gélatineuse par
places, plus dure et plus opaque en d'autres points. Elle contient
à son centre, une cavité irrégulière grosse comme une noisette.
A part une broncho-pneumonie double, à noyaux disséminés
avec congestion étendue à la base et un léger degré d'épanche-
ment dans les plèvres, les autres organes ne présentent rien à 1
signaler. ' ' ' ·
Examen histologique. Les pièces ont été étudiées' sur des dis-
sociations à l'état frais et après l'alcool au tiers;, puis sur des
Fig, 15. La tumeur vue sur une coupe pratiquée suivant la ligne ce'
des (lgtll'es 13 et 1 L
580 - CLINIQUE NERVEUSE.
coupes après durcissement prolongé dans la liqueur de Millier. Les
coupes ont été faites après inclusion dans le collodion et la paraf-
fine et colorées par les' méthodes usuelles ; les préparations les
plus démonstratives ont été fournies par des fragments de la
Fig. 16. - Éléments de la tumeur dissociés.
1, 1" noyaux neuroblastiques; 2, 2', 2" ncuroblastes arrondis, avec un noyau excen-
trique et un protaplasma trouble; 3 neuroblaste plus développé; 4 cellule nerveuse
adulte du type multipolaire, avec vn gros noyau nucléole et des prolongements brisés
pres de leur origine; 5 cellule semblable en forme de poulpe avec un prolongement
c)lindraxile; 6, 6' cellules du type pyramidal ; 7 cellule fusiforme ; 8 cellule araignée
avec deux petits noyaux; 9 neuroblaste avec un noyau muriformc; 10 neuroblaste avec
un noyau divisé eu une multitude de petites boules arrondies; Il noyau semblable dont
les fragments moléaires s'éparpillent dans le protoplasma : 13 à 15 cellules de formes
diverses à noyaux multiples ou divisés. Picro-carmin et hématoxyline. - (obj. 7
Vérick, oc. 1.)
UN CAS DE CHOME NEURO-FORMATIF. 281
tumeur colorés en masse dans le picro-carmin et inclus dans la
paraffine. ' 1 ' ? r 1 , o z
1° La tumeur. - Sur les dissociations à l'état frais on constate
que le tissu néoplasique est formé d'éléments divers suivant les
points ; tantôt on a sous les yeux un tissu riche en cellules qui, à
part leur volume plus considérable et leur abondance extrême,
ressemblent parfaitement à des cellules névrogliques; tantôt au
contraire le tissu parait composé de cellules nerveuses, à prolonge-
ments multiples, et de filaments épais de 0,5 à 2 IL de longueur
indéfinie, d'aspect légèrement fibrillaire, qui ne sont autres que
des fibres nerveuses amyéliniques, Nous étudierons successivement
ces deux ordres de tissus, qui sont disposés au centre de la tumeur
sous forme d'îlots sans forme et sans ordre définis.
,
A. Le tissu névroglique, plus translucide, plus mou, présente à
considérer : -1° des noyaux ovoïdes ou arrondis, de 3 à 5 IL de dia-
mètre (1, 1', fig. 16), autour desquels on aperçoit à peine une très
fine couche de protoplasma ; ce sont là des formes purement
embryonnaires des neuroblastes ; 2° des cellules avec un noyau
semblable, ou quelquefois deux ou plusieurs noyaux, qui sont très
finement granuleuses, et émettent des prolongements également
grenus d'où se dégagent des fibrilles fines et réfringentes (cel-
lules névrogliques) ; 3° des cellules plus avancées encore dans
leur évolution; qui présentent un corps protoplasmique clair et qui
sont hérissées de prolongements fins, raides, réfringents, non
ramifiés : ce sont des cellules-araignées typiques (8, fig. 16).
Sur les coupes ce tissu forme un réseau dont les travées sont
constituées par un feutrage très fin de fibrilles fines, qui doivent
un aspect grenu au dépôt d'une couche de substance interstitielle
(fig. 17) ; traitées par la méthode de Malassez ces fibrilles deviennent
plus nettes et résistent parfaitement à la potasse; elles sont colo-
rées par le carmin.
En somme, «il s'agit d'un tissu néoplasique qui reproduit très
exactement le type de la névroglie, en un mot d'un gliome.
B. Le tissu nerveux proprement dit a un aspect un peu blan-
châtre et est, un peu plus ferme; il est constitué par des cellules
nerveuses à différents stades de leur évolution et des fibres amyéli-
niques. On y trouve : 1° des noyaux isolés semblables à ceux qui
ont été décrits plus haut ; - 2° des noyaux analogues, entourés
d'uue couche assez épaisse d'un prbtoplasma un peu trouble, très
avide de carmin; le tout forme des cellules arrondies, de volume
variable (2, 2', 2", fig. 16) qui représentent un stade intermédiaire
de l'évolution des éléments suivants; 3° de véritables cellules
ganglionnaires reconnaissables à leur volume énorme, à leurs pro-
282 . ,CLINIQUE NERVEUSE.
longements nombreux, à leur protoplasma trouble, à leur noyau
volumineux, finement- réticulé, munis d'un nucléole et colorés,
d'une façon peu intense par les différents colorants nucléaires; -
4° des filets nerveux amyéliniques qui forment des feutrages ou des
faisceaux serrés. - 1 - 1 , , . , ,
'Les cellules ganglionnaires adultes ont des formes très variées;
,
, , , l , . ¡ , . T j
beaucoup sont vacuolisées. Les unes, plus rares, sont faites sur le
type médullaire et atteignent les dimensions de 20-à 30 IL (4 et 5,
fia, 16). Elles ont des prolongements très nombreux qui n'ont
d'anormal que leur nombre et leur disposition quelquefois irrégu-
lière : ces prolongements sont larges, très peu ramifiés et s'éten-
dent très loin. Les uns s'amincissent bientôt pour former parleur
entre-croisement un réseau élégant; les autres au contraire ne
changent pas de dimension dans toute la partie de leur trajet que
Pig. 17. Coupe prise dans une portion glanglionnaire de la tumeur;
cellules nerveuses éparses dans un bain formé exclusivement par' des
filaments nerveux isolés ou groupés en faisceaux. Neuroblastes dessé-
minés. Inclusion à la parafine; picrocarmin et safranine. (Obj. 2,
Vériclc, oc. 1.) .
UN CAS DE GLIOME NEURO-FORMATIF. 283
l'on peut suivre et ont tous les caractères des prolongements cylin-
draxiles; à côté des prolongements qui, dès leur origine, ont l'as-
pect de cylindre d'axe- (5, fig. 16) il y en a d'autres qui semblent
prendre ces caractères à une certaine distance de la cellule, leur
calibre devenant régulier et leur aspect légèrement fibrillaire; de
telle sorte qu'il semble très probable qu'une seule cellule estcapable
de fournir plusieurs fibres au réseau des cylindres d'axe qui par-
courent la tumeur.
Ces cellules à type médullaire siègent plutôt dans le prolonge-
ment que la tumeur envoie dans la circonvolution de l'ourlet;
dans la partie centrale de la tumeur on en trouve d'autres, en très
grand nombre, qui ont la forme d'un triangle allongé et qui sont
faites sur le type cortical; ce sont à vrai dire des cellules pyrami-
dales, remarquables par la longueur et l'épaisseur du prolongement
qui forme leur pointe. Par leur base, elles émettent d'autres pro-
longements plus fins qui semblent se terminer bientôt en s'effilant;
mais, parmi ces derniers, il est possible d'en distinguer parfois un
qui garde, un calibre régulier et qui ne parait être autre chose
qu'un prolongement cylindraxile. Le protoplasma de ces cellules,
comme celui^des cellules à type médullaire, est finement, grenu et
ne diffère en rien du protoplasma des cellules nerveuses normales;
il ne contient pourtant jamais de pigment.
On rencontre encore une troisième espèce de cellules qui ont la
forme d'un fuseau très allongé (7, fig. 16) ; elles sont moins nom-
breuses que les précédentes.
Les noyaux des cellules n'ont pas tous le même aspect ; ceux des
cellules ganglionnaires à type médullaire ont pour la plupart les
caractères des noyaux normaux; ils sont volumineux, arrondis,
formés par un très fin réticule chromatique et munis d'un nucléole
volumineux; ils sont peu avides de couleur. Les cellules ganglion-
naires à type cortical au contraire ont plus volontiers des noyaux
qui se rapprochent de l'état embryonnaire; ils sont plus petits, plus
compacts, fortement colorés, assez souvent déformés ou multiples.
Une m'a pas été possible de déceler des figures de karyokinèse;
il est vrai que je ne me suis pas servi de fixateur autre que la
liqueur de Muller, mais les différents aspects des noyaux semblent
indiquer que leur- multiplication se fait suivant le mode direct;
ainsi dans les points où la prolifération est active, sur les bords de
la tumeur, beaucoup de noyaux sont allongés ou étranglés en
bissac; d'autre part on trouve de grandes cellules arrondies, à
protoplasma trouble qui contiennent jusqu'à huit ou dix noyaux
(14, fig. 16); il est probable que ces cellules-mères donnent par divi-
sion des neuroblastes tels que ceux qui sont représentés en 2, 2', 2",
figure 16 : ce serait une multiplication endogène à un stade tardif
de l'évolution. , .
A côté de ces cellules, où la division des noyaux parait s'effectuer.
' 11'1 .Il.... ,,1. 'i : o dll ,1(l Á}\ Y""
2o4 CLINIQUE NERVEUSE.
4 . 19.11 ` . ` 1/ · t > - " fi. '1 ? > r ? , HnI.t ? f}'-t'{(''1q
d'une façon régulière,, on en trouve beaucoup d'autres où le noyau
subit une ? a{¡me ! WftiRn.j ! '1'¡]gul,ièl'c qui ressemble beaucoup plus à
une dégénérescence qu'à un processus de division directe 'ou indi-
recte; on peut en voir les phases en 9, 10, il* 12, 15, Hi', 15 ? H¡ ?
figure 16. D'ailleurs les éléments qui portent de semblables noyaux
gardent presque toujours une' forme irrégulièrë ét semblent avorter,
dans leur évolution. r" , : " t ? 1 ? f., ' ?
En résumé, les éléments, que nous venons de décrire sont faits
sur des types qui reproduisent assez exactement lesncellules nerr.)
veuses normales et qui se développent comme elles. Néanmoins,, à
bien des caractères, on voit que l'on a affaire à une évolution rl1or,-{
bide et les cellules néo-formées portent.pour la plupart .le cachet
évident de leur origine cancéreuse. , , , > .j* 'II IIlq
Voyons maintenant comment ces éléments se groupent pour
former un tissu. D'une façon générale, au pourtour.de la tumeur,
les éléments embryonnaires prédominent : il y a là une zone de
Fig. 18. Coupe prise dans la même région que la précédente. Le'
tissu est constitué exclusivement par des cellules ganglionnaires du
type pyramidal, des filaments nerveux et des neuroblastes; les vais-
seaux sont rares. Inclusion à la paraffine; picrocarmin et hdma-
Goaylinc. (Obj. 7, Vérick, oc. 1.) 1 1't
UN CAS DE GLIOME NEURO-FORMATIF. 285
1- "' ". '/> s
prolifépation; puisse, mesure qu'on se rapproche du centre, on voit
les éléments évoluer vers lés types adultes, 'qui bientôt constituent
le tissu presque1 a ''eux1 seuls. Il n'existe nulle pari d'èxtravasatiôn
sàng'uineni'de'pigmentati6n;'bn n'aperçoit pas non plus de trace
der dégénérescence 'des élémeilts`ânatômiques.,L'excavationqui`
occupe'le" contre du ganglion semble formée par simple écarter
ment des" tissus; ses' parois'' contiennent des"ee)iutés parfaitement
vivantes et elles sont tapissées par un feutrage de fibres nerveuses,
ainsi qu'on le verra plus loin.
J'ai déjà décrit l'aspect des points où le type névroglique prédo-
mine ; je dois ajouter que même dans ces points on trouve encore
des cellules ganglionnaires éparses au milieu de la névroglie néo-
plasique(Tg.47). Dans les endroits où le tissu est fait sur le type
nerveux pur, on n'aperçoit que des cellules ganglionnaires qui
enlacent leurs prolongements de manière à former un feutrage
serré, sans substance interstitielle ni fibres névrogliques (rtg. 18 et 19).
Des fibres nerveuses amyéliniques plus ou moins groupées en fais-
Fig. 19. Coupe prise dans une portion névrogliques de la tumeur.
Cellules et réticulum névrogliques; une cellule araignée ; neuroblastes
plus ou moins avancés dans leur évolution sur le type ganglionnaire.
Inclusion- it la paraffine; picrocarmin et hématoxyline. (Immers.
1/10, Vérick, oc.) 1
286 " CLINIQUE NERVEUSE. ; '
ceaux parcourent le tissu dans tous les sens. Les vaisseaux sont peu
abondants; ils ont des'parois'saines et constituées normalement
le plus souvent; quelquefois pourtant leurs tuniques sont. infiltrées
de leucocytes. 1 ,r ' ,"·, , . .1. <» >' <'> : n.'1
Souvent'ils sont enveloppés d'une gaine épaisse de fibres ner-
veuses parallèles à leur direction, tassées les unes confrères autres,
qui semblent avoir trouvé là une sorte de conducteur;, on- peut
comparer à cette disposition celle que les fibres affectent lorsqu'elles
arrivent sur une surface libre, comme'par exemple la surface de la
circonvolution de l'ourlet ou bien celle de la cavité qui creuse la
tumeur; on les voit alors ramper dans tous les sens, comme les bran-
ches d'un lierre qui grimpe le long d'un mur, et former une couche
feutrée plus ou moins épaisse, plus ou moins irrégulière c'est
là ce qui donne à la circonvolution de l'ourlet son aspect rugueux.
Vers le centre de la tumeur il existe, outre la cavité principale,
une grande quantité de petites fissures microscopiques qui sont
faites sur le même type et qui sont toutes munies d'une couche,
simple ou double, formée par un pareil feutrage.
Origine des cellules néoplasiques. Sur toute la tumeur l'écorce
cérébrale envahie par le néoplasme ne se distingue plus du reste.
Sur les limites de l'écorce saine on peut se rendre compte de l'évo-
lution de la tumeur, car l'activité proliférative semble s'étendre de
proche en proche et la tumeur s'agrandit, non pas seulement par
la multiplication des éléments qui la composent, mais encore par
propagation de l'irritation néoplasique aux éléments similaires des
tissus encore sains. Il semble que, comme dans les carcinomes,
les éléments susceptibles de proliférer sont atteints par la conta-
gion au contact des éléments déjà cancéreux. Un point particu-
lièrement favorable pour cette étude est l'écorce de, la circon-
volution de l'ourlet qui est en contact avec la tumeur par sa face
inférieure... . " ..
A cet endroit, les éléments commencent à entrer en proliféra-
tion ; on voit les noyaux des cellules de la névroglie éparses dans
l'écorce augmenter de volume et présenter des signes évidents dé
multiplication directe : forme allongée, en bissac, etc ? un peu
pins bas apparaissent les formes cellulaires différenciées que nous
avons décrites plus haut et qui proviennent évidemment des cel-
lules névrogliques revenues à l'état embryonnaire et proliférées. Il
est un point qui présente un intérêt tout particulier : c'est autour
des grandes cellules pyramidales; on sait qu'il existe normalement
dans l'espace péricellulaire de ces éléments, vers leur base, un
noyau petit, arrondi, fortement coloré par les réactifs nucléaires;
ce noyau a été considéré, avec beaucoup de vraisemblance, comme
appartenant à un neuroblaste destiné à remplacer la grande cel-
lule nerveuse au cas où elle viendrait à manquer; 01 ? on trouve
UN CAS DE GLIOME NEURO-FORMATIF. 287 Î
dansée cas actuel, autour de la cellule pyramidale et dans l'espace
clair qui l'entoure, un nombre assez considérable de noyaux en'
état 'de prolifération évident (fig. : 21). Ces noyaux, dont quelques-
uns sont entourés déjà d'une couche de protoplasma visible, déri-
vent évidemment du petit noyau de remplacement de la cellule
nerveuse. En descendant vers le néoplasme, on voit cette disposi-
tion s'exagérer, les cellules pyramidales sont détruites progressi-
vement et remplacées par de petits nids de cellules embryonnaires
qui finissent par se diffuser 'dans -les tissus et se mélanger aux élé-
ments néoplasiques quittes entourent. Ces cellules sont-elles des-
tinées à produire les cellules ganglionnaires du néoplasme à l'ex-
clusion dès éléments analogues qui proviennent de la névroglie ?
C'est là une question qui serait intéressante à résoudre, mais on
ne 'peut que faire des suppositions à cet égard, car les éléments
embryonnaires de la tumeur ne se distinguent pas les uns des
autres; il est pourtant plus probable que les éléments embryon-
naires une fois formés, qu'ils proviennent d'éléments préexistants
différenciés dans un sens ou dans l'autre, mais issus de la même
origine embryogénique, se comportent comme les neuroblasles de
la période embryonnaire et donnent naissance indifféremment les
uns à des cellules de la névroglie, les autres à des cellules gan-
glionnaires.
.. ,
2° Lésions secondaires du cerveau. J'ai déjà fait remarquer
rig. 20.- Cellules pyramidales d'une portion de l'écorce prises à la limite
du néoplasme; prolifération des éléments des espaces péricellulaires.
Inclusion au collodion; hématoxyline et éosine. (Obj. 7, Vérick, oc. 3.)
'288 CLINIQUE NERVEUSE.
l'aplatissement subi par le centre blanc des deux lobes frontaux,
la destruction par le néoplasme de l'écorce de la circonvolution de
l'ourlet gauche au devant du corps calleux, la compression directe
subie par le reste de l'écorce de la face interne des lobes frontaux
droit et gauche, la compression générale des hémisphères par suite
de l'augmentation du volume de l'encéphale. Il me reste à faire
connaître les résultats plus précis fournis soit par de grandes coupes
histologiques pratiquées dans l'épaisseur des hémisphères, soit par
des coupes portant sur des circonvolutions isolées.
Le centre blanc du lobe frontal droit, quoique comprimé, ne pré-
sente aucune trace de dégénérescence et se colore par la méthode
de Pal d'une façon aussi intense que le reste du cerveau ; il en est
d'ailleurs de même pour l'hémisphère droit tout entier qui ne ren-
ferme pas de dégénérescence appréciable.
A gauche, au contraire, la substance blanche présente des marques
évidentes de dégénérescence dans toute la partie antérieure du
lobe frontal qui est respectée par la tumeur; dans ce point les coupes
colorées à l'hématoxyline de Weigert-Pal montrent une pâleur qui
tranche vivement sur la netteté de la coloration des parties envi-
ronnantes. La dégénérescence s'étend en haut et en dehors de la
tumeur vers l'écorce qu'elle atteint dans la moitié antérieure des
circonvolutions frontales; plus en arrière elle s'éloigne graduelle-
ment de la substance grise, de telle sorte que le pied des circon-
volutions frontales et la circonvolution rolandique antérieure ont
leur substance blanche intacte. En bas, dans la portion qui est com-
prise entre la tumeur et l'écorce de la face orbitaire du lobe fron-
tal, la dégénérescence est moins accentuée.
En arrière, la dégénérescence gagne la face antérieure du corps
strié, en respectant, comme je l'ai dit, les rolandiques; elle s'étend
même un peu dans la capsule externe, sous l'écorce de l'insula,
mais je n'ai pas pu suivre par en bas cette dégénérescence de la
capsule externe, et je n'ai pas pu m'assurer si elle répond au trajet
du faisceau unciforme, comme son siège pourrait le faire supposer.
Malgré toutes ces lésions la branche antérieure de la capsule
interne est remarquablement intacte.
On a vu plus haut que la tumeur envoyait en arrière un prolon-
gement dans la substance blanche de la circonvolution de l'ourlet.
Ce prolongement occupe très exactement la place du faisceau d'as-
sociation longitudinal qui est sous-jacent à cette circonvolution
(cinguluml; il s'étend jusque vers l'union du tiers antérieur avec
les deux tiers postérieurs du corps calleux, en s'amincissant gra-
duellement. Mais en arrière de ce point, quoique les éléments néo-
plasiques disparaissent complètement, il reste au même endroit
une dégénérescence qui est bien visible sur la figure 21. Ce sont les
fibres du cingulum qui ont dégénéré en conséquence de la des-
truction de leur lieu d'origine, la face interne du lobe frontal
UN CAS DE GLIOME NEURO-FORMATIF. 289
gauche. On suit cette dégénérescence tout le long du corps calleux,
mais* elle s'amincit graduellement à mesure qu'il apparaît des
- fibres'saines entre elle et l'écorce ; on en retrouve encore des traces
dans le lobe temporal où les fibres longitudinales, qui occupent la
hase de la circonvolution de l'hippocampe, sont certainement moins
nombreuses à gauche qu'à droite.
Ainsi donc, en résumé, la substance blanche du lobe frontal
gauche a subi, autour de la tumeur, une dégénérescence considé-
rable, qui ne se propage pas à la branche antérieure de la capsule
interne. Il n'y a, pas d'autre dégénérescence secondaire dans le
reste de l'hémisphère que celle du cingulum ; cette dégénéres-
cence montre que ce faisceau d'association part de la face interne
du lobe frontal, cède ses fibres tout le long de son trajet, pour en
reprendre d'autres et ne contient plus beaucoup de ses fibres fron-
tales lorsqu'il arrive dans la circonvolution de l'hippocampe.
Il nous faut maintenant étudier les dégénérescences de la subs-
tance grise, qui sont très étendues et très importantes dans l'es-,
pèce. Sur les coupes colorées par le carmin et l'hématoxyline, on
ne voit rien d'anormal sauf une congestion assez intense; les parois
vasculaires,les cellules ganglionnaires et névrogliques neprésentent
aucune lésion appréciable en aucun point de l'écorce, mais l'étude
Archives, t. XXVI. 19
Fig. 21. Coupe transversale du la moitié supérieure de l'hémisphère
gauche, pratiquée à l'union du 1/3 postérieur avec les 2/3 antérieurs
du corps calleux. Dégénérescence du cingulum. Inclusion au collodion;
coloration de Pal. (Grandeur naturelle.)
290 CLINIQUE NERVEUSE.
. de coupes colorées par la méthode élective de Pal décèle une atro-
phie considérable des fibres tangentielles de l'écorce.
On sait que ces fibres peuvent être distinguées en trois plans ;
4° un réseau superficiel très serré mais peu épais; 2° un réseau
très lâche de fibres'très fines plus ou moins horizontales, qui répond
aux petites cellules pyramidales; 3° ce réseau devient de plus
en plus puissant à mesure qu'on descend dans la zone des grandes
cellules pyramidales où ses fibres s'entre-croisent avec les fibres
irradiées de la substance blanche. Il nous faut étudier les lésions
de ces différentes couches dans les diverses régions de l'écorce céré-
brale.
Dans le lobe frontal gauche toute la région antérieure ne con-
tient plus de fibres à myéline dans la deuxième couche ; elles sont
fortement diminuées dans la troisième et la première n'en contient
plus que quelques rares, dans les points qui répondent à des
sillons. A mesure que l'on se rapproche de la région rolandique, les
fibres conservées augmentent de nombre graduellement, d'abord
au fond des sillons; au niveau du pied des frontales l'aspect de la
substance grise sur les faces latérales des circonvolutions est rede-
venu presque normal, mais à la face supérieure les fibres restent
bien moins nombreuses, surtout dans la deuxième couche. Il en
est de même au niveau du cap de Broca. ,
Le lobe frontal droit, d'une façon générale, subit une lésion
parallèle à celle du gauche, mais moius intense; les fibres de la
deuxième couche qui sont complètement détruites vers la pointe,
réapparaissent dans le fond des sillons plus en avant que du côté
opposé. La lésion est beaucoup plus marquée à la face interne de
ce lobe, au niveau des points directement comprimés et adhérents
à la tumeur. Mais là encore il reste quelques rares fibres superfi-
cielles pour témoigner de l'intégrité relative des tissus ; d'ailleurs
les cellules nerveuses ne paraissent pas avoir souffert.
Les circonvolutions rolandiques et le lobule paracentral à gauche
présentent un aspect très différent suivant qu'on les examine sur
leurs faces cachées ou sur leurs faces découvertes : au fond des
sillons elles sont absolument normales; à la périphérie la deuxième
couche est assez fortement lésée et la première n'est plus
intacte.
A droite les régions correspondantes sont complètement saines,
sauf encore une certaine diminution des fibres de la deuxième
couche dans la partie superficielle des circonvolutions; cette diminu-
tion n'est pas régulière, mais est répartie sous forme de plaques.
Dans le lobe pariétal la lésion redevient plus intense; à gauche,
dans la partie antérieure de ce lobe, on ne trouve presque plus de
fibres dans la première couche, à la face supérieure des circonvo-
lutions ; celles de la deuxième couche ont complètement disparu.
Sur les faces latérales, les première et deuxième couches sont encore
Fig. 22. Coupe de la circonvolution
frontale ascendante gauche vers son
milieu, dans la portion située au fond
d'un sillon. Coloration de Pal. (Obj. 2,
Vérick, oc. 1.)
NOTA. Sur ce dessin la couche superficielle
des libres à myéline horizontales et la couche
profonde ne tranchent pas aussi nettement sur
la couche moyenne que dans la réalité.
Fig. 23. - Même coupe que dans
la figure précédente, mais le des-
sin est pris dans la portion super-
ficielle de la circonvolution. Atro-
phie des fibres tangentielles des
couches superficielle et moyenne.
292 CLINIQUE NERVEUSE.
assez mal fournies. Dans la par-
tie postérieure du lobe pariétal la
lésion est encore plus avancée.
A droite les fibres sont mieux
conservées, d'une façon générale,
dans la région pariétale anté-
rieure, mais elles s'atrophient
presque autant qu'à gauche dans
la région pariétale postérieure.
Dans le lobe temporal la lé-
sion est à son maximum dans
la région moyenne, où les fibres
superficielles ont presque com-
plètement disparu, même dansles
sillons, à gauche. Le lobe droit
est moins altéré.
Enfin en arrivant dans le lobe
occipital, on retrouve encore une
atrophie très marquée des deux
premières couches à la face su-
périeure des circonvolutions tan-
dis que les faces latérales sont
presque normales; cette lésion,
plus faible à droite, est beau-
coup moins intense que celle du
lobe pariétal; elle est pourtant
plus forte que celle des circonvo-
lutions motrices, surtout à droite.
En somme, on voit que la dis-
parition des fibres tangentielles
de l'écorce est plus avancée dans
l'hémisphère gauche, plus direc-
tement comprimé; elle débute par
la deuxième couche, qui répond
aux petites cellules pyramidales,
et, point important, elle est tou-
jours beaucoup plus avancée à la
partie superficielle des circonvo-
lutions que dans les sillons où
l'écorce est relativement protégée
contre la compression. Dans le
Fig. 2L - Coupe de la dernière circonvolution frontale gauche dans sa
région moyenne; dessin pris dans la portion située au fond d'un sillon.
Atrophie considérable des fibres tangentielles dans toutes les couches
de l'écorce.
UN CAS DE GLIOME l'OEUH.O-FOlOIATIl'. 293
lobe frontal la lésion est à son maximum; elle diminue à mesure
que l'on se rapproche de la zone rolandique, qui semble jouir
d'une immunité particulière, pour reparaitre dans le lobe pariétal
et s'atténuer de nouveau dans le lobe occipital, le plus éloigné de
la cause de compression. Dans le lobe temporal la pointe, pro-
tégée par le rebord des ailes sphénoïdales, est beaucoup moins
lésée que la partie moyenne, qui répond au rocher; la région
postérieure, qui appuie sur la tente du cervelet, est également
mieux conservée. Je dois ajouter que les pièces ont été fort bien
fixées et que les colorations se sont faites avec la plus grande
netteté, ce qui exclut l'idée d'altérations cadavériques. D'ailleurs
le maximum des lésions siégeant toujours à la superficie, dans les
points les plus accessibles aux réactifs, tandis que dans les sillons
les fibres sont partout plus nombreuses, on ne peut pas accuser le
défaut de pénétration des liquides fixateurs, qui aurait produit un
effet exactement inverse. Enfin des préparations ont été faites à
l'état frais par la méthode d'Exner, qui ne permet aucun doute,
et ont confirmé exactement par avance les résultats trouvés plus
tard par la méthode de Pal.
En dehors du cerveau il n'y a aucune dégénérescence du reste
de l'axe nerveux. Le bulbe et la moelle sont complètement sains.
- Une femme de quarante ans est prise subitement de maux
de tête violents et d'attaques épileptiformes avec perte de con-
naissance, sans grands mouvements convulsifs, sans para-
lysies ni contractures. Bientôt il survient une démence rapi-
dement progressive, sans délire d'aucune sorte. Quelques
stigmates d'hystérie ne jouent dans le tableau clinique qu'un
rôle très effacé. La mort survient au bout de quatre mois et, à
l'autopsie, on trouve un gliome neuro-formatif, comprimant
directement la face interne des deux lobes frontaux et indirec-
tement le cerveau tout entier.
De cet ensemble je retiendrai deux points : la démence et
la nature de la tumeur.
La démence est le fait de l'altération des lobes frontaux,
que l'on regarde unanimement comme le siège de l'intelli-
gence. Mais il est nécessaire d'analyser exactement la nature
de cette altération. La portion d'écorce cérébrale détruite
complètement ne représente qu'un petit territoire de la face
interne du lobe frontal gauche, l'extrémité antérieure de
l'ourlet; par contre tout le reste de l'écorce des deux lobes
frontaux a conservé l'intégrité de ses éléments sauf la diminu-
tion des fibres à myéline tangentielle. D'autre part, la subs-
t 294 CLINIQUE NERVEUSE.
tance blanche du lobe frontal droit est 'complètement intacte,
quoique déformée, et celle du lobe frontal gauc ! le,st SJ11Q p,our
la bonne moitié de la partie convexe de l'écorce frontale enfin
la branche antérieure de la capsule interne n'est altérée ni
d'un côté ni de l'autre. De sorte qu'en réalité, si l'on fait abs-
traction de la dégénérescence des fibres à myéline tangentielles,
la lésion destructive est beaucoup moins étendue qu'elle ne le
paraît à première vue, à cause des déformations subies par la
région.
Cette dégénérence des fibres tangentielles acquiert une im-
portance d'autant plus grande que dans beaucoup de ces
lésions traumatiques, même étendues, des lobes frontaux, on
n'a pas constaté l'apparition d'une démence comparable à celle
de ma malade. Les seuls désordres intellectuels qui paraissent
être directement sous l'influence de pareilles destructions sont
un changement du caractère, qui devient violent et emporté,
ou bien, chez les prédisposés, l'apparition de psychoses
variées, ainsi Welt (Alienist and Neurologist, Saint-Louis,
avril '1890) n'a pas constaté d'autres troubles qu'un change-
ment de caractère et d'humeur dans huit cas de lésions variées
des lobes frontaux. 1
D'autre part, on sait l'importance qu'ont prise, dans l'ana-
tomie pathologique des démences, les fibres tangentielles de
l'écorce, qui ont été bien décrites pour la première fois par
Exner CI 881) : il me suffira de citer les travaux de Tuczek,
Zacher, Greppin, Friedmann, Kronthal, Chaslin, Fischl,
Cramer, Emminghaus, Targowla et Kéraval, pour justifier
cette assertion.
Il me semble donc absolument légitime de placer dans le
cas actuel la dégénérescence si étendue de ces fibres, que
j'ai décrite plus haut, au premier rang parmi les lésions qui
ont amené une démence si rapide et si profonde.
Dans le cas de tumeur avec compression du cerveau que j'ai
publié l'an dernier à la Société médicale des hôpitaux, j'ai
montré l'existence de cette lésion, j'ai cru devoir la rattacher
à la compression et j'ai insisté sur son rôle dans la production
de la démence. L'observation qui précède confirme absolument
ces vues; c'est un. second cas de dégénérescence, corticale du
cerveau sous l'influence de la compression et ici l'intensité
plus grande de la lésion à la face supérieure, des circon`y,olu-
tions, c'est-à-dire au niveau des points, où le cerveau appuie
directement contre la boite cranienne, montre bien la légiti-
UN CAS DE GLIOME NEURO-FORMATIF. 295
· 'Il/ -, 1.
mité de cette interprétation. Je crois donc pouvoir admettre
que la compression agit en premier lieu sur les fibres d'Exner, ? Pour en gêner le fonctionnement d'abord, puis pour les dé-
truire, alors que les autres éléments de l'écorce ne semblent
pas encore avoir souffert." D'ailleurs on conçoit fort bien a
priori qu'il doive en être ainsi.
' Un point remarquable est l'immunité relative dont parait
jouir la zone motrice, qui était l'endroit le moins atteint dans
les deux cas ,que j'ai observés.1 Dans ces deux cas, en effet, la
distribution de l'atrophie était exactement comparable, ainsi
qu'on pourra s'en convaincre en comparant les schémas ci-
' joints, qui appartiennent à ma première observation, avec la
description des lésions dans le deuxième cas (fig. 25 à 31). Je
Fig. 25. - Tumeur du cerveau vue sur une coupe horizontale.
(Soc. méd. des 116 ? 24 juin 1892.)
296 CLINIQUE NERVEUSE.
dois ajouter qu'à l'état, normal, ainsi que je m'en suis assure,
la région motrice ne se distingue pas des autres par sa richesse
plus grande en fibres tangentielles, elle possède seulement un
plus grand nombre de fibres épaisses.
Le gliome neuro-formatif n'est pas une tumeur commune, à
en juger par le petit nombre d'observations qui en ont été
données; et encore la plupart d'entre elles ont trait à des cas
où la tératologie joue un grand rôle.
Virchow a décrit, sous le nom de névromes centraux, de
Fi. 26. Tumeur du cerveau vue sur une coupe pratiquée suivant
'la ligne B B' de la figure 25. (Loc. cil.)
Fig. 27. Tumeur du cerveau vue sur une coupe pratiquée suivant la
ligne C CI des figures 25 et 26. (Loc. cil.)
UN CAS DE GL : OOE nl;Ulio-1GHJI1'l'11 07
petites tumeurs de substance grise, ordinairement multiples,
dont le volume varie depuis celui d'une moitié de grain de
chènevis jusqu'à celui d'une moitié de cerise, qui siègent sous
l'épendyme des ventricules chez des idiots ou des aliénés. Ces
Fig. ` ? S. Schéma de la disposition de l'atrophie des libres iL myéline
tangentielles de l'écorce dans l'hémisphère droit du cerveau représenté
fig. 2.ï, 26 et 27.
Les parties noires représentent les circomolutions envahies par le néoplasme et
complètement détruites au point de vue fonctionnel ; l'intensité de la teinte grise indique
le degré de l'altération. (Loc. cit.)
Fig. 29. Schéma, de la disposition de l'atrophie des fibres à myéline
tangentielles de l'écorce de l'hémisphère droit. (Loc. cit.)
298 1 CLINIQUE NERVEUSE.
petites tumeurs renferment quelquefois une traînée blanche
, à leur centre,- présentant ainsi. une grande analogie, avec les
circonvolutions de l'écorce; elles coïncident souvent avec des
îlots de substance grise dans l'épaisseur des lobes cérébraux,
sans connexions avec l'écorce. Tùngcl, Meschede ont décrit des
productions analogues. Ce sont des formes manifestement
congénitales, qui coïncident souvent avec d'autres anomalies;
c on génitales, qui res ail. . ".
Fig. 30. Schéma de la disposition des fibres à myéline tangentielles
de l'écorce de l'hémisphère gauche. (Loc. cit.) .
Fiy. 31. Schéma de la disposition de l'atrophie des fibres à myéline
tangentielles de l'écorce de l'hémisphère gauche. (Loc cil.) ''
if Il
UN CAS ! DE GLIOME NEURO FORMATIF ',12üD
^néanmoins il n'est- pas impossible qu'elles ne subissent. un
^moment. donné une augmentation de volume' et) qu'elles ne
soient le point de départ de véritables tumeurs.
C'est probablement là l'ôrigine des deux tumeurs que Lance-
reaux a décrites dans.le cerveau d'une femme « dont l'esprit
passait,- pour êtré singulier "et bizarre ». (Note sur deux
tumeurs formées d'éléments cellulaires ayant la plupart des
caractères de cellules'nervèuses," A1'ch. de Phys., 1869.) Sur
les derniers temps de sa vie seulement cette femme avait pré-
senté des signes de tumeur, mais la( duplicité des formations
néoplasiques et l'existence de tares mentales laissent supposer
avec beaucoup' de( vraisemblance que ces tumeurs avaient pour
/origine des névromes centraux, tels que Yirchow les a décrits.
1 Dans le cas de Hayem (Note sur un cas de névrome médul-
laire ou cérébrome développé dans l'épaisseur du cerveau, Soc.
e-Biol ? 1864); la~tumeur avait toute l'apparence d'un téra-
tome ; elle était formée de cellules à la périphérie, de fibres au
. centre,' présentait à sa surface des rudiments de circonvolu-
tions et était entourée d'une fine membrane conjonctive qui
^permettait, la, décortication; il s'agissait , évidemment d'une
, (inclusion remontant à la, période embryonnaire. ' 1
Lesage et Legrand ont décrit avec beaucoup de soin une tu-
meur qui, au point de vue histologique, ressemblait beaucoup
à la mienne (Arch. de PI/ys., 1888), mais-elle était congénitale
et s'était développée à la base du nez, aux dépens sans doute
d'un pincement de l'écorce cérébrale; elle n'avait d'ailleurs
plus aucun rapport avec l'encéphale au moment de la nais-
sance. C'est,. probablement à cette catégorie de faits que se
'rapportent certains'encéphalbcëles et certaines tumeurs coccy-
'giennes liés au spina bifida, qui contiennent des 'cellules
"ganglionnaires^.^/ ^ -" ' "nV f
`On voit .par ces quelques faits que les parcelles aberrantes
de tissu nerveux, qu'elles 'restent dans les centres ou qu'elles
s'en séparent, ont une certaine tendance à proliférer pour don-
ner naissance'à.des néoplasmes. faits, sur le type de la tumeur
qui nous occupe. Il y a là quelque chose d'analogue à ce qui se
passe dans les kystes dermoïdesqui subissent la dégénéres-
cence épitheliomateusé. Mais telle ne me parait pas être l'ori-
gine de la tumeur que je viens de décrire; ses connexions avec
, ^l'écorce cérébrale, qu'elle ''envahit de proche en proche; son
développement chez une femme 'qui n avait présenté jusqu'a-
lors aucune anomalie psychique, me portent à croire' qu'il
300 CLINIQUE NERVEUSE.
s'agit d'une tumeur primitivement développée aux dépens de
l'écorce de l'ourlet et non pas d'une tumeur secondaire à une
malformation foetale.
Dans cette catégorie de faits il n'existe, à ma connaissance,
que l'observation ancienne de Wagner (Arch. f. Ileilk., 1131),
celle plus récente de Lemecke (Langenbeck's Arch., XXVI) et
enfin celle de Rénaut (Note sur le gliome neuro-formatif et
l'équivalence nerveuse de la névroglie, Gaz. méd., 1884), qui
est la seule indiscutable.
Les tumeurs développées aux dépens des cellules formatives
des tissus nerveux peuvent donc reproduire les deux espèces
d'éléments qui caractérisent ce tissu à l'état adulte : les cellules
névrogliques, avec les fibres qui en dérivent, et les cellules
ganglionnaires, avec les cylindres d'axe qu'elles émettent.
Tantôt, et c'est le cas le plus fréquent, il se forme simplement
de la névroglie; tantôt, mais c'est l'exception, les neuroblastes
néoplasiques ont une vitalité suffisante pour acquérir la diffé-
renciation supérieure qui caractérise les cellules nerveuses.
Dans un mémoire précédent je me suis efforcé de montrer
que certaines syringomyélies sont sous la dépendance de
gliomes, qui diffèrent de ceux du cerveau par l'exubérance des
fibres névrogliques (gliomes fibrillaires), mais qui ont exacte-
ment la même origine.
On voit quelle variété d'aspects les tumeurs issues du tissu
nerveux peuvent revêtir; elles ont pourtant toutes une parenté
indéniable, car elles dérivent d'un même élément embryon-
naire, le neuroblaste qui provient lui-même de l'ectoderme.
D'ailleurs la preuve directe de cette parenté peut être trouvée
dans certaines de ces tumeurs qui contiennent, en plus ou
moins grand nombre, des éléments reproduisant plus ou moins
parfaitement les éléments caractéristiques des autres formes.
Ainsi, dans le cas actuel, le tissu est mi-partie gliomateux, mi-
partie ganglionnaire; ainsi encore la syringomyélie à laquelle
je viens de faire allusion contenait des points purement glio-
mateux et de plus, fait important, des cellules disséminées
d'une nature toute particulière; ces cellules arrondies, ou
munies d'un court prolongement, à protoplasma» trouble et
avide de carmin, à noyau volumineux, reproduisaient exacte-
ment les formes intermédiaires entre les neuroblastes et les
cellules nerveuses, formes qui sont si abondantes dans la tu-
meur qui fait l'objet du présent travail.
ASILES D'ALIÉNÉS.
Notice SUR l'asile d'aliénés DE La ROCIIE-SUR-5'oN;
' Par le Dr CULLERRE.
I. En 1841, trois ans après le vote de la loi sur les aliénés,
quelques-uns des fous de la Vendée étaient disséminés dans divers
hospices du département, mais le plus grand nombre était recueilli
par l'hospice de Fontenay-le-Comte. Voici, d'après la communica-
tion orale de Ferrus au conseil général de ce département, com-
ment ils y étaient soignés.
« Les aliénés de Fontenay subissent un traitement tout à fait
opposé à celui qu'on doit suivre; ils sont tenus avec une malpro-
preté repoussante et invétérée. On dirait qu'on les réunit là, non
pas pour essayer leur guérison et adoucir leursort, mais seulement
pour les emprisonner; cependant la condition des hommes est
moins dure sous le rapport de la liberté que celle des femmes. Les
aliénés ne sont point catégorisés, ce qui est un obstacle à l'amé-
lioration de leur situation mentale. Le service du médecin est très
mal organisé, il n'y a point de cahier de visite, point de bains,
point de surveillance, les soeurs de l'hospice règlent tout, et, quoi-
qu'elles soient des modèles de patience, de douceur, pour toutes les
autres souffrances de l'humanité elles n'ont pas la même abnéga-
tion pour ce genre d'infirmité qui ne peut respecter aucune con-
venance. Enfin, on doit dire qu'il n'y a pas de service d'aliénés à
Fontenay : cet état de choses appelle une prompte réforme. »
La seule mesure prise tout d'abord pour remédier à ce triste état
de choses fut (20 janvier 1843), la nomination dunr Dagron comme
médecin préposé responsable du quartier d'aliénés de Fontenay. Ce
praticien s'efforça d'apporter quelque adoucissement au sort de ses
malheureux malades, mais il trouva dans la commission adminis-
trative une opposition presque invincible.
Cette même année, malgré ses réclamations, il ne pouvait obte-
nir de cette administration de la literie et du linge pour les aliénés.
Le département qui pourtant payait leur pension à l'hospice de
Fontenay, fut obligé de prendre cette dépense à sa charge, et pour
obtenir l'augmentation du nombre des infirmiers, l'amélioration
de la nourriture, une vêture d'hiver et d'été convenables pour
chaque aliéné, il augmenta le prix de journée qui fut porté à 0 fr.882
par jour. Un moment il avait songé 1t évacuer une partie de ses
3021 ASILES 'D'ALIÉNÉS.' ·
malades sur l'asileSaint-Jacques 'de Nantes; bien' que leur'n'ombre T
ne dépassât pas 90 en moyenne., , - ' ' I ? r '1 Ir ? r si t o,j ? nf
Cependant,. ces améliorations étant reconnues irisuffisantesV ? il'r
fallut se résoudre à la création d'un'asile. En 1845,'lé'conseil gré-' ' 1
néral décide qu'un.établissement' d'aliénés serait fondéf dans 'Jjè ! if
département de =la Vendée, et parla loi du 3 juillet» 1846,' il'-est"'
autorisé à emprunter la somme nécessaire à cette fondation ? 1 III 1'r
a Le projet relatif à cet établissement, disait le préfet dans la
session de. la même année, a été approuvéipar M.de ministre de
l'Intérieur, le 24 août- 1846; la dépense, totale- en 'est'fixée à)1
320,000 francs, y compris les honoraires de l'architecte ? 1 ? 11(>{ 1
« Le terrain que j'ai jugéle plus convenable pour la construction' ¡
de cet important établissement, se trouve situé au lieu ditla,nallee'
de la Grimaudière; à environ deux kilomètres' de- la, ville de
bon-Vendée. Ce terrain est sec, élevé, éloigné de toutes espèce ,.
d'agglomération d'habitants, à l'abri des exhalaisons insalubres 'et' '
du bruit ; une source précieuse y existe : dans mon opinion,1 il ?
réunit toutes les conditions désirables pour.un tel établissement'. »e'
Le projet de construction d'un asile d'aliénés avâit soulevé'la
plus vive opposition de la part delà commission administrative'de ?
l'hospice de Fontenay et du conseil municipal de : da'même ville ;"
deux délibérations de ces corps constitués, en date des 17 et 24 dé-i'
cembre 1845, avaient été adressées à 1\1. 'le ministre de l'Intérieur.
Mais.il n'en fut pas tenu compte, et l'on passa' à l'exécution. La"
ferme de la Grimaudière- fut achetée- moyennant le prix* de o
50,000 fr. et l'adjudication des travaux fut faite Ie23janvierl817; '
Les travaux furent commencés, mais avec unè sage lenteur. Les
fonds ne furent mis à la disposition de l'architecte que par sommes
peu importantes. Bientôt- on s'effraie de la dépense, une reculade <
s'opère, et en 1849 le' conseil général ne veut plus de l'asile; et : '
nomme une commission pour chercher quoi on pourrait bien' Uli1l
liser les bâtiments en voie de construction.' - ' ''
«Une autre destination de l'hospice des aliénés est-elle avanta-
geuse pour le département ? vient dire le rapporteur. ' ' ?
» Votre commission, à l'unanimité moins une voix a décidé cette'
question en répondant : oui. à .4 - à ? "
« Les dépenses de ces constructions sont déjà fort élevées, et il
est impossible de prévoir à quel chiffre on devra s'arrêter. Après'
la construction achevée viendra la question d'entretien et le rapport 1
de M. le Préfet de la Loire-Inférieure vient nous apprendre que le
chiffre d'entretien à l'hospice de Saint-Jacques, pour chaque aliéné
s'élève à 5 francs par jour. Pensez-vous qu'à Napoléon la dépense
sera moindre ? Votre commission ne l'a pas pensé. Elle a vu dans
ce chiffre un avertissement dont elle veut faire profiter le départe-
ment de la Vendée. D Il ' , ; . "4
En ferait-on une ferme régionale d'agriculture, ou y transfère-
asiles d'aliénés. 3031
rait-on, l'hôpital départemental de Bourbon-Vendée, dont les cons-
tructions menaçaient ruine ? Ce dernier avis était celui de la com-
mission, et parl9voix contre 4, le conseil décida en principe que
l'hôpital de Bourbon-Vendée serait transporté dans les bâtiments de
laGrimaudière. Les aliénés resteraientà Fontenay.Ce projet bizarre z
fut enfin abandonné, et l'on en revint à celui de l'asile d'aliénés qui
fut inauguré le, le,, janvier 1853, avec 127 malades des deux sexes.
rl ç : : )1'
il. -.L'asile de la Grimaudière, construit sur un plateau formé
de schistes argileux,- et micacés, au pied duquel coule la rivière
d'Yon, est entouré d'un domaine d'environ trente hectares. Il se
compose au moment de son inauguration de deux corps de bâti-
ments principaux à rez-de-chaussée surmonté d'un étage disposés
sur une seule ligne s'étendant duN.-O. au S.-E. et séparés par une
cour au centre de laquelle, perpendiculairement aux précédents,
s'étend d'avant en arrière un troisième corps de bâtiment où sont
établis les bureaux,. les logements du directeur-médecin et des
soeurs, la cuisine, la chapelle, la lingerie et le vestiaire.
Chacun des deux grands pavillons est divisé intérieurement en
quatre sections de classement ayant chacune une salle de réunion
un dortoir et un préau séparés. Un vaste couloir dessert au rez-de-
chaussée et au premier ces divers services. 1
Deux ailes se détachent en avant de la partie centrale des deux
grands pavillons : le rez-de-chaussée y est occupé parle service des.
bains, qui comprend pour chaque sexe sept baignoires et une salle
d'hydrothérapie 2, et le premier par l'Infirmerie.
Enfin, quatre petits pavillons isolés, à simple rez-de-chaussée,
flanquent deux par deux chacune des ailes dont nous venons de
parler et sont affectés aux aliénés malpropres et aux agités de
chaque sexe..Chaque pavillon de malpropres se compose d'un dor-
toir et d'une petite salle de réunion et chaque pavillon d'agités de
six cellules seulement disposées de chaque côté d'un couloir.
Tel était l'asile en 1857, époque où fut établi le règlement offi-
ciel qui fixe ainsi le nombre des places : deux cents pour les malades
du régime commun et trente pour les pensionnaires. Reculant
toujours devant la dép.ense qu'entraînait l'achèvement de l'asile, on
avait ajourné la construction des pensionnats, et on avait aménagé
une des sections de chacun des grands pavillons poury installer les
malades payants.
En dépit du règlement, les deux cent trente places n'existaient
1 Depuis l'année 1892, le directeur-médecin habite un pavillon séparé,
situé en dehors de l'établissement.
1 Primitivement le service des bains ne comprenait que six baignoires
pour chaque sexe. Il a été augmenté récemment d'une baignoire et d'une
salle d'hydrothérapie pour chaque division (1882-85).
304 asiles d'aliénés.
pas réellement à cette époque, car le ministre de l'Intérieur, pour
pousser à la construction des pavillons de pensionnaires écrivait; -,
« Les pavillons qui seront alors créés permettront d'isoler davan-
tage les aliénés pensionnaires des indigents et les locaux que ce
déplacement laissera libres dans les bâtiments actuels pourront être
affectés à cette dernière catégorie de malades. Les infirmeries qui
faute de place, servent aujourd'hui à un double service reprendront
le caractère spécial qu'elles doivent avoir.
Les pensionnats commencés en 1860 ne furent achevés qu'en
1863. Ils formèrent deux pavillons situés à l'extrémité de chacun
des grands pavillons du régime commun, dont ils ne sont séparés
que par une galerie fermée; donnant chacun vingt places, ils por-
taient à deux cent soixante-dix le nombre de places réglementaires
que contenait l'asile..
Entre temps, diverses défectuosités apparaissaient, les lieux d'ai-
sances consistant en fosses fixes annexées aux bâtiments d'habita-
tion, faisaient pour ainsi dire partie des sections, de sorte que les
effluves qui s'en exhalaient infectaient les salles de réunion et les
dortoirs. On crut même s'apercevoir que les infiltrations mena-
çaient de corrompre l'eau des sources et des puits. Aussi en 1859,
les fosses furent-elles condamnées et remplacées par des tinettes
mobiles. En 1866, les cabinets furent reportés à l'extrémité des
préaux et reliés aux bâtiments par une galerie couverte. Le système
des tinettes mobiles avec vidange quotidienne fut conservé, et il
subsiste encore à l'heure qu'il est successivement amélioré.
L'Asile possédait, sur le liane du coteau où il est assis de fort belle
sources, mais elles n'étaient guère utilisées que par la buanderie,
faute de captage et d'une machine élévatoire. On consommait
donc surtout l'eau de puits tant pour l'alimentation que pour le
-service des bains et de la cuisine. L'été, par suite de la diminution
de rendement des puits on devait fréquemment suspendre l'admi-
nistration des bains.
- En 1870. un service d'eau complet fut commencé et terminé l'an-
née suivante. Depuis cette époque l'eau est distribuée dans toutes
les parties de l'établissement. Pour des motifs d'économie ce service
n'a pas été installé avec l'ampleur désirable.
De cent vingt-sept en 1853, la population de l'Asile avait atteint
en 1880 le chiffre de trois cent quatre-vingt deux. Les deux cent
soixante-dix places réglementaires étaient comme on le voit, con-
'sidérableinent dépassées, et malgré de déplorables expédients
comme la transformation en dortoirs des couloirs du 10r étage
l'augmentation des lits dans les dortoirs, l'envahissement du peu-
sionnat par les aliénés indigents, la place manquait de toutes parts
il fallait en créer coûte que coûte. Alors, à chacun des petits pavil-
lons cellulaires s'élevant en dehors des ailes centrales fut accolé un
pavillon avec étage donnant 20 places chacun. C'était insuffisant,
asiles d'aliénés. 305
puisque le nombre des places réglementaires n'était ainsi porté
qu'à 310, pour 382 malades. Aussi les installations défectueuses et
l'encombrement continuèrent à subsister. '
En 1885 le nombre des aliénés dépassait 400. On se trouvait de
nouveau acculé à la nécessité de reprendre les agrandissements.
Les petits pavillons consacrés aux malpropres, et où l'hygiène
était outragée au point que chaque lit n'avait que 14 mètres cubes
d'air à sa disposition, furent désaffectés, remis à neuf, et transfor-
més en dortoirs de valides après qu'on eut construit aux deux extré-
mités de l'asile deux nouveaux pavillons de malpropres contenant
chacun 20 places et installés dans des conditions absolument satis-
faisantes au point de vue de l'hygiène et du bien-être des malades*.
Depuis cette époque, les améliorations et les agrandissements
ont été poursuivis avec activité. En 1888, on a construit une ferme
en dehors et à distance de l'Asile, et les bâtiments, précédemment
occupés dans l'intérieur de l'établissement par les animaux et
l'exploitation agricole, ont été transformés en ateliers (forge, me-
nuiserie, tissage, saboterie).
En 1891 et 1892, ont été édifiés deux pavillons destinés aux en-
fants idiots et épileptiques des deux sexes. Ils sont déjà occupés
par 26 malades (13 garçons et 13 filles).
Actuellement, en 1893, bien que le nombre réglementaire des
places ne soit que de 392, l'asile de la ( : rimaudièrecontient 460 alié-
nés. Tel est le flot ascendant de la population indigente de l'Asile,
dû, non à un plus grand nombre d'admissions d'année en année,
mais à l'accumulation qui résulte du défaut d'équilibre entre les
extinctions et les admissions, qu'il faut songer à de nouveaux
agrandissements. Dans sa sesssion d'avril 1893, le conseil général
a décidé la construction de deux pavillons de tranquilles devant don-
ner 114 places. En même temps, il a voté la réfection complète de la
buanderie, le captage complet des sources et l'achat d'une machine
à vapeur capable de fournir à la fois l'eau et la lumière électrique
nécessaires à l'établissement.
La population masculine dépasse d'environ trente têtes la popu-
lation féminine, ce qui fait que c'est surtout dans la division des
hommes que le trop-plein se fait sentir.
La surveillance de la division des femmes et les services géné-
raux occupent treize religieuses et vingt filles de service. Des treize
religieuses, cinq seulement sont affectées à la surveillance des ma-
lades ; les autres sont employées à la cuisine, à la buanderie, à la
lingerie et au vestiaire.
La surveillance des hommes est confiée à un surveillant-chef et
à dix-huit infirmiers. Il y a en outre huit préposés employés aux
A A l'heure actuelle la valeur des bâtiments est de plus de 600,000 francs,
le double de la dépense des premières constructions.
"\I\CiJIYl : S. t. XXVI. 20
306 asiles d'aliénés.
ateliers et aux travaux extérieurs, qui surveillent et dirigent les
travaux des malades.
Le personnel médical se compose d'un médecin qui remplit en
même temps les fonctions de directeur et d'un interne.
TABLEAU DES VARIATIONS DU NOMBRE DES ALIÉNÉS INDIGENTS DE LA VENDÉE E
(Population du 1e' janvier de chaque année)
III. Malgré l'encombrement très réel qui existe à l'asile de la
Grimaudière, les conditions hygiéniques dans lesquelles se trou-
vent ses habitants ne sont pas aussi fâcheuses qu'on pourrait le
supposer. La mortalité y est très faible, et ne dépasse pas, comme
moyenne, six à sept pour cent du nombre des malades traités pen-
dant l'année.
En dehors de quelques cas de tuberculose, maladie commune
chez les aliénés appartenant aux diverses variétés de la dégéné-
rescence, on n'y constate aucune espèce de maladies cachectiques,
Fig. 32.
asiles d'aliénés. 307
ni scorbut, ni entérites chroniques, ni pseudo-pellagre. Chez les
paralytiques et les grabataires, les escharres sont à peu près in-
connues. Les maladies accidentelles sont très peu nombreuses, et
sont toutes de cause saisonnière.
TABLEAU DES VARIATIONS DU NOMBRE DES ALIÉNÉS INDIGENTS#DR LA VENDÉE
(Population du 1er janvier de chaque année)
Ces heureux résultats me semblent dus à plusieurs causes. La
situation de l'établissement, placé sur une hauteur, isolé en pleine
campagne, continuellement balayé par les vents, entouré d'une
végétation luxuriante, y contribue dans une certaine mesure.
Il en est de même de l'organisation du travail, qui fait qu'un
grand nombre de malades, vivent au grand air ou éloignés de
leurs sections : les hommes aux champs, dans les jardins, les
femmes à la buanderie, au lavoir, à la Jégumerie et dans les ser-
vices généraux.
Fig. 33.
308 asiles d'aliénés.
Joignons-y la propreté scrupuleuse des locaux, de la literie, du
linge et des vêtements, et la profusion avec laquelle les bains sont
administrés à tous les,malades.
Enfin, le régime alimentaire, sans être bien riche, est institué
de façon a ce que,les aliénés en tirent le meilleur parti possible.
Chaque semaine ils reçoivent :
asiles d'aliénés. 309
lugubres périodes. Jusqu'en 1865, une épidémie de dysenterie
s'abattit chaque automne sur l'Établissement, faisant de nombreuses
victimes, frappant surtout les malades affaiblis, les non acclima-
tés, mais n'épargnant ni les plus robustes parmi les aliénés, ni
le personnel administratif. Deux médecins-directeurs furent succes-
sivement atteints, ainsi que de nombreux employés ou surveillants.
En 1858, année où cent deux aliénés sur moins de deux cents furent
frappés, où vingt et un succombèrent, le médecin-directeur écrivait
dans son rapport :
« La dysenterie, qui nous avait déjà visités en 1857, a envahi de
nouveau l'établissement dans les derniers jours de septembre.
Commencée le 20 septembre elle a atteint son summum dans la
première quinzaine d'octobre et n'a cessé d'une manière défini-
tive que le 15 décembre... Le personnel des préposés n'a pas eu de
décès à déplorer quoique trois religieuses, six infirmières, le surveil-
lant et quatre infirmiers aient été malades. Les bâtiments de l'ad-
ministration, qui l'année dernière avaient été préservés, n'ont pas
joui cette année de la même immunité. Plusieurs cas graves se
sont en effet déclarés parmi les membres des familles de l'au-
mônier, du chef de culture et du concierge qui a perdu un de ses
enfants. »
On s'évertue à trouver la cause de ce fléau; on la cherche dans
un principe miasmatique, dans un contage, dans l'existence du
poison palustre. Pendant qu'on se livre à ces recherches théoriques,
le mal continue ses ravages. Ce n'est que quand on eut compris
que ce n'était pas au génie épidémique qu'il fallait s'attaquer
mais aux causes qui en favorisaient l'explosion, comme le refroi-
dissement brusque de la température, l'insuffisance du régime ali-
mentaire, des infractions trop grandes aux lois de l'hygiène, que
le mal fut conjuré.
En effet, en 1866, le médecin-directeur annonçait dans son rap-
port que le régime avait été amélioré, que la ration de viande
avait été divisée en demi-portions, de façon que les malades en ti-
rassent le meilleur parti possible, que le vin rouge était substitué
au vin blanc et la ration portée de 15 à 25 centilitres; que la
vêture avait été améliorée, les lieux d'aisances éloignés des habi-
tations et assainis, les désinfectants employés sur une large échelle.
A partir de cette époque, la dysenterie cesse de se montrer à
l'état épidémique (sauf en 1878). Comme elle existe dans la région
à l'état endémique, elle n'est pas supprimée, bien entendu, mais ne
se manifeste plus chaque automne que par quelques cas isolés;
beaucoup d'années sont même absolument indemnes. Depuis 1879,
il n'est mort que deux malades de la dysenterie à l'Asile de la
Roche-sur-S'on.
En même temps que la dysenterie, on voyait sévir l'entérite
chronique; celte maladie de misère a également disparu; et sa
310 asiles d'aliénés.
disparition date, comme l'autre, de l'époque des améliorations
hygiéniques.
Signalons, pour terminer, un point noir à notre horizon : jus-
qu'en 1870, la fièvre typhoïde était presque inconnue à l'Asile.
Depuis cette époque on en voit tous les ans quelques cas; et on
compte de ce chef deux ou trois décès par an. Pour nous, ainsi que
RAPPORT DU NOMBRE DES DÉCÈS AU NOMBRE DE LA POPULATION TRAITÉE
nous l'avons signalé dans nos rapports officiels, nul doute que
l'encombrement ne soit pour une certaine part dans la multiplica-
tion de cette maladie.
IV. Les diverses régions du département fournissent des alié-
nés à l'Asile suivant une proportion inégale. Si l'on dresse une
liste des cantons par leur rang d'importance au point de vue de la
population d'aliénés qu'ils envoient à l'Asile, on constate, sauf de
rares exceptions, que les cantons du Bocage tiennent la tête, que
Fig. 34.
PLAN D'ENSEMBLE DES BATIMENTS APRÈS SON AGRANDISSEMENT
asiles d'aliénés. 315
ceux de la plaine occupent un rang intermédiaire et que ceux du
marais, du moins en partie viennent les derniers, ce qui revient à
dire que le Bocage produit, toutes choses égales d'ailleurs, plus
d'aliénés que les autres régions. J'ai montré dans un travail précé-
dent 1 que la cause de ce phénomène devait être attribuée sur-
tout à l'infériorité du Bocage au point de vue climatologique,
ethnologique, intellectuel et hygiénique. De plus, le rôle de l'hé-
rédité morbide y est d'une importance capitale. On trouve, princi-
palement en Bocage, de véritables foyers de dégénérescences
psycho-cérébrales que l'on doit attribuer à l'hérédité, dont l'action
est aggravée par des unions trop rapprochées, trop en dedàns.
Les diverses formes de l'aliénation mentale dont sont atteints
les individus envoyés à l'Établissement se présentent dans les pro-
portions suivantes, qui sont basées sur les admissions d'un grand
nombre d'années.
316 asiles d'aliénés.
jadis les démonopathes, improvisant des prières, récitant des pas-
sages des Écritures, apostrophant les impies, et débitant des ser-
mons.incohérents sur un ton plein de force.
Une hystérique extatique qui est encore à l'Asile en ce moment,
se faisait, avant son entrée, administrer des secours, comme une
convulsionnaire de Saint-Médard; dans ses crises hystériformes,
elle éprouvait de telles souffrances dans les parties sexuelles et le
flanc gauche, qu'elle ne pouvait être soulagée que par l'application
sur la partie malade des coins de fer qui servaient à son père pour
fendre le bois.
L'observation de certaines malades a ainsi une saveur archaïque
toute spéciale, et les visions, les extases, les possessions y jouent
un rôle caractéristique. En cas de possession démoniaque, on
assiste à un véritable dédoublement de la personnalité. « Hélas,
monsieur, je ne puis plus prier le bon Dieu ! t me disait l'une sur
un ton de désespoir, et aussitôt elle s'écriait avec un accent de
fureur des plus prononcés : « Non, tu ne le prieras pas, ton vieux
maq... de bon Dieu ! » Et le dialogue entre la malade et le diable
qu'elle croyait en elle continuait ainsi des heures entières, avec les
plus étranges péripéties, les contorsions les plus bizarres.
L'érotisme lui-même revêt la forme démoniaque, et les succubes
ne sont pas rares parmi les femmes aliénées.
Les guérisons comptent en général pour un peu plus d'un quart
des admissions; et l'on peut estimer qu'en éliminant les cas de folie
simple déjà arrivés à la période de démence, on renvoie guéris la
moitié des autres.
Parmi les causes de folie, la plus puissante est l'hérédité. J'ai,
depuis douze ans, constamment trouvé la prédisposition héréditaire
dans la proportion de 60 p. 100. Puis viennent la religion mal
entendue, les chagrins domestiques, la ménopause, les divers états
puerpéraux et enfin les excès alcooliques : nous nous arrêterons
un instant sur cette dernière cau-e.
La proportion des individus admis annuellement pour cause
d'aliénation due aux excès alcooliques est en moyenne, depuis la
fondation de l'Asile, de 15 p. 100. Il résulte de mes recherches sta-
tistiques que dans le département de la Vendée, l'alcoolisme n'a
fait aucun progrès réel depuis vingt-cinq ans. Ces résultats sont
pleinement en harmonie avec l'opinion que je me suis faite per-
sonnellement à ce sujet depuis treize ans que je suis il la tête de
l'Asile de la Roche-sur-Yon. La cause en est que, jusqu'à présent,
les conditions économiques du pays, au point de vue du commerce
des boissons, n'ont subi aucune modification importante.
La boisson généralement usitée, celle qui est préférée par les
buveurs, est un vin blanc récolté dans le pays même, où jusqu'ici
le phylloxera n'a fait que peu de ravages, quoiqu'il soit signalé sur
de nombreux points.
asiles d'aliénés. 317
' Le vin blanc récolté en quantité assez considérable en Vendée
est âpre, d'une acidité extraordinaire; il faut un certain courage
pour le boire quand on n'y est pas habitué ; mais les indigènes
en font leurs délices. Son degré alcoolique est en moyenne de
6 à 7 p. 100,. 8 dans les bonnes années et pour les vins de choix. Le
prix en est peu élevé, de sorte que le commerce n'a aucun intérêt
sérieux à le frauder. Comme il ne voyage pas, il est entièrement con-
sommé dans la région, et on n'éprouve. pas la nécessité d'y ajouter
des alcools d'industrie. 11 est en définitive absorbé à l'état naturel.
J'ai cependant ouï dire que la consommation des eaux-de-vie de
commerce prenait, dans les cabarets, une extension de plus en
plus grande, depuis quelques années.
En dépit de ces conditions relativement favorables, notre statis-
tique montre que le nombre des individus que les excès de bois-
son conduisent à l'Asile d'aliénés est cependant considérable. Cela
lient au tempérament, aux habitudes et au goût de la population
vendéenne, qui est universellement portée aux excès de boisson.
Si le Vendéen est ivrogne, il devient toutefois rarement alcoo-
lique au sens étroit du mot : 1° parce qu'il consomme surtout du
vin, dont.la nocuité'est faible comparée aux boissons fabriquées
avec les alcools d'industrie; 2° parce que ses excès sont ordinaire-
ment intermittents et restreints aux dimanches, fêtes, foires et
marchés. Ces jours-là, tous boivent outre mesure; la plupart même
s'enivrent abominablement, mais ces excès n'ont pas de lendemain,
et le poison s'élimine rapidement, grâce à la sobriété des jours
ouvrables.
Les alcooliques que nous recevons appartiennent à deux catégo-
ries : 1° les alcooliques vrais, présentant les signes cliniques de l'in-
toxication aiguë ou chronique (tremblements, délire spécifique,
etc.); 1° les individus devenus aliénés par suite d'excès alcoo-
liques avant que l'intoxication ne soit devenue complète. Ces der-
niers, en général prédisposés, n'offrent la plupart du temps aucun
symptôme qui les distingue des aliénés ordinaires.
Les individus appartenant à la deuxième catégorie sont peut-
être plus nombreux que ceux de la première. La proportion des
uns et des autres est, faute de documents, impossible à établir.
Une remarque assez importante, que l'expérience m'a permis
de faire, c'est que la population rurale proprement dite, celle qui
se livre exclusivement aux travaux agricoles, fournit, bien que ses
qualités de sobriété ne soient pas plus grandes, moins d'alcooliques
que la classe des artisans. Ceux-ci, en effet, qui habitent au centre
de la commune, et par conséquent dans le voisinage immédiat du
cabaret, renouvellent leurs excès plus fréquemment et arrivent
plus sûrement à dépasser la mesure de résistance de leur système
nerveux et à s'intoxiquer d'une façon complète.
Comme exemple de ce fait je citerai le suivant. Depuis la fonda-
318 REVUE DE PATHOLOGIE mentale.
tion de l'Asile, la profession de forgeron a fourni quatorze admis-
sions. Chez dix, soit 71 p. 100, les excès alcooliques ont été signalés
comme cause déterminante de l'aliénation mentale. Ces dix cas
se décomposent ainsi au point de vue nosologique :
REVUE DE pathologie mentale. 319
sant de la plénitude de leur activité intellectuelle. Vient Griesin-
ger qui la' déclare toujours secondaire; elle serait, d'après lui,
précédée d'une maladie de l'affectivité, de la sensibilité morale, le
plus souvent d'une mélancolie; telle est sa veroiccktheil qui dérive
du développement et de la fixation des idées délirantes par l'affec-
tion préalable qui a affaibli l'intelligence, le jugement. Puis l'on
reconnaît que la verl'iicklheit n'émane pas le moins du monde d'une
mélancolie pure, et cependant beaucoup d'auteurs admettent que
le développement des idées délirantes fixes prend racine à raison
d'un affaiblissement intellectuel dans le domaine du raisonnement.
Westphal dit : a l'essence même la verrûcktheit c'est l'anomalie du
mécanisme de la conception; qu'il y ait ou non délires sensoriels
concomittants, ce mécanisme est faussé, et le nouveau système
logique porte sur des conceptions morbides qui restent toujours
les mêmes et ont le caractère général du délire des persécutions
ou des grandeurs. » Il y a lieu de distinguer à ce sujet.
Il y a des cas (rares) dans lesquels, pendant des années, la
seule manifestation morbide, c'est un délire systématisé de pe1'sécu-
tion. Le processus est d'ailleurs constitué non pas par le texte
du délire, mais bien 'par la formation, la genèse, l'évolution du
délire'; car, à côté d'idées réellement fixes, le délire, le système
se transforme ou se perfectionne, s'étend, vit; ce qui demeure
constant, c'est le même vice dans le mécanisme de la pensée. Le ma-
lade est tout, rapporte tout à lui (délire d'attention de Meynert ou
mieux de relations personnelles).
En réalité, le système du délire est un phénomène secondaire
produit par un travail psychique normal, tandis que l'exagération des
rapports du moi avec le monde extérieur est un phénomène primitif,
résultant de toutes pièces d'un trouble morbide, c'est là le symptôme
cardinal de la paranoïa, cette exagération de la personnalité entre-
tenant en certains cas seule le délire, et ne faisant défaut dans
aucune observation de délire chronique. Elle émane évidemment
de foyers circonscrits du bulbe qui provoquant des sensations hypo-
chondriaques anormales éveillent au plus haut point le souvenir
continu de la personnalité individuelle chez le patient et déter-
minent ainsi toute une série de conceptions morbides (Meynert,
Wernicke). Voici les deux types principaux de délire systématique
chronique.
A.-Cas qui comprennent aussi le délire chronique de Magnan.
D'abord le seul symptôme est celui de l'exagération des relations
du moi avec le monde extérieur. Plus tard se développe le cor-
tège des autres symptômes, d'une façon progressive. Finalement
démence.
1 Voir la tlièse de Dupain sur le délire religieux..
320 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
R. Cas à deux stades.
Un stade -de début, court, de quelques heures à quelques
semaines ou mois; délire général très variable, très mobile, com-
prenant aussi tous les symptômes du stade ultérieur mais à l'état
passager. Graduellement arrive le stade de délire organisé, chro-
nique, délire de persécutions avec exagération des fonctions cosmi-
ques du moi et l'ensemble des accidents connus, qui tous sont loca-
lisables en des zones du cerveau dont on commence à soupçonner
selon toutes probabilités les fonctions (lésions en foyers associées).
Maintenant M. Neisser insiste sur sa découverte de la paranoïa
aiguë. Trois observations à l'appui offrant : 1°, le stade initial (délire
général) ; - 2° le symptôme particulier de l'exagération des rap-
ports du moi ; 3° d'autres éléments morbides appartenant à la
paranoïa. P. KERAVAL.
XVIII. DES bases somatiques des psychoses aiguës ; par Wagner.
(Jahrbiich. f. Psychiat., X, 2,3.)
Les psychoses aiguës postfébriles proviennent, du moins la chose
est possible, d'une névrite des organes centraux. On peut égale-
ment incriminer, dans l'espèce, les altérations vasculaires, si fré-
quentes dans la polynévrite périphérique, mais il fàudrait qu'on les
constatât régulièrement. Il en est, tout comme les névrites, de
cause toxique (alcool, plomb, arsenic, toxine). Il est, en tout cas,
certain, qu'il y a une psychose spéciale rattachée à la névrite
multiloculaire, que dans les psychoses postfébriles, la névrite est
fréquente, que la pellagre et l'ergotisme provoquent des psychoses.
Peut-être y a-t-il aussi des psychoses aiguës par auto-intoxications;
nous tendrions à signaler comme tel le désordre dans les idées,
hallucinatoire, aigu. P. K.
XIX. Contribution A la. connaissance DES psychoses DU JEUNE AGE;
par SCHOENTHAL. (Archiv f. Psychiat., XXIII, 3.)
Dix observations concernant l'enfance et la puberté, qui se dé-
composent en deux cas de chorée avec aliénation mentale (onze et
treize aus; guérison chez fillette et garçon). Un cas de stu-
peur guéri chez un garçon de quatorze ans. Une fillette de
quinze ans atteinte à l'époque de la menstruation d'une folie cir-
culaire qui cède après avoir duré six mois. Un garçon de quinze
ans et demi affecté de folie morale. Une folie périodique mens-
truelle chez deux fillettes de quinze ans non réglées (guérison).
Un exemple de manie hallucinatoire chez fille et garçon de qua-
torze et qninze ans (guérison). Chez ces sujets forte tare héré-
ditaire ; fréquence des hallucinations. P. K. z
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 321
XX. D'une NOUVELLE méthode DE recherche DES réflexes tendineux
et DE LEUR modification dans LES maladies mentales ET chez LES
épileptiques; par W. DE Bechterew. (Neurolog. Centralbl., 1892.)
Nouvel appareil de précision électrique (réflexographe) qui res-
semble terriblement à celui de Brissaud.
Le temps perdu est bien plus grand chez l'individu sain que chez
Y aliéné. En outre non seulement la force des réflexes cutanés et
tendineux est modifiée chez l'aliéné, mais la durée de la période
latente (temps perdu), la durée du réflexe lui-même, et le carac-
tère de la courbe obtenue sont changés. En certains cas les ré-
flexes patellaires sont inégaux; en d'autres, ce réflexe est diminué,
parfois celui-ci disparaît temporairement (état cataleptoïde dans
la catatonie). Mais il est impossible d'établir une constante corres-
pondant à telle ou telle forme de maladie mentale. Chez l'épilep-
tique, les réflexes patellaires sont remarquablement altérés; exa-
gérés et inégaux, dans beaucoup de cas, ils disparaissent pendant
les attaques de grand mal et parfois restent longtemps sans
revenir. En d'autres cas, après l'attaque, les réflexes tendineux sont
temporairement renforcés ou le caractère de la courbe est modifié.
Le temps perdu est un peu plus long après l'attaque qu'avant;
mais, parfois aussi, il est ou trop accusé ou moindre qu'avant
l'attaque. La modification des réflexes immédiatement après l'at-
taque (exagérés ou disparus) est utile quand il s'agit de découvrir
la simulation.
Eludes expérimentales chez le chien rendu épileptique par excita-
tion électrique de l'écorce. Voici ces conclusions :
1° Pendant la période tonique de l'accès d'épilepsie, les réflexes patel-
laires peuvent ne pas être conservés car les muscles sont tendus; géné-
ralement ils apparaissent dans la période clonique. 2° A la suite d'un
fort accès d'épilepsie on observe d'ordinaire ou une totale disparition
des réflexes ou une diminution plus ou moins considérable de ceux-ci.
- 3° Cette disparition ou la diminution des réflexes a lieu d'habitude
presque aussitôt ou quelques secondes après la cessation de la période
clonique. 4° La complète disparition des réflexes patellaires à la suite
des accès d'épilepsie dure ordinairement quelques minutes, une à douze.
5o La normale des réflexes patellaires s'établit lentement et graduel-
lement après l'accès; en quelques cas de disparition persistante des
réflexes, le réflexe patellaire reprend sa force normale, seulement en une-
demi-heure, - 60 En quelques cas, le réflexe disparu, puis revenu après
l'accès, acquiert temporairement une force plus grande qu'avant l'accès;
puis, graduellement, il reprend sa force normale. P. KERAVAL.
XXI. SUR L'ISOTONIE du sang chez les aliénés; par C. AGOSTINF.
(Riv. sp. di fren., fasc. 111-1V, 1892.)
Dans la majeure partie des formes maniaques, le pouvoir isoto.
nique (résistance spécifique des globules rouges du sang) est un
Archives, t. XXVI. 21
322' REVUE/DE PATHOLOGIE MENTALE.-
peu diminué,, la proportion de l'hémoglobine est inférieure à la
normale tandis que le nombre des globules reste presque dans les
conditions physiologiques et donnant seulement 25 p'. 100 d'hypo-
globulie. Dans les formes dépressives, dans l'idiotie, dans les
démences posthémiplégiques l'isotonie est encore moins élevée, la
quantité d'hémoglobine se 'trouve diminuée d'nne façon plus fré-
quente et plus-intense, le pourcentage de l'hémoglobulie augmente
notablement. Dans les formes toxiques, il y a diminution encore
plus grande de la résistance globulaire et de la richesse en hémo-
globine et l'hypoglobulie augmente de fréquence et de gravité.
Parmi les formes toxiques, la pellagre occupe le, premier rang :
l'hyposotonie et le manque d'hémoglobine s'y trouvent dans le
nombre maximum des cas, l'hypoglobulie dans le plus grand
nombre d'entre eux; à côté de cela il est quelques cas où l'on
rencontre un pouvoir isotonique et une richesse en hémoglobine
tout à fait normale, et d'autres en petit nombre où la quantité des
globules est physiologique.-Dans les périodes d'agitation, sur-
tout si elles se prolongent, des épileptiques, des hystériques, des
paranoïaques, des déments, après les attaques épileptiformes ou
apoplectiformes, le pouvoir isotonique s'abaisse, la proportion des
corpuscules et de l'hémoglobine n'est que peu modifiée. - Dans la
folie paralytique classique, le pouvoir isotonique est de peu infé-
rieur à la normale, l'hémoglobine et le nombre des globules dans
le plus grand nombre des cas se trouvent dans des conditions phy-
siologiques ; tandis que dans les périodes d'agitation prolongée
qui parfois conduisent au marasme, l'isotonie diminue d'une
façon notable et la proportion des globules et de l'hémoglobine
s'abaisse. Chez les imbéciles, chez les épileptiques, chez les
hystériques, chez les paranoiaques, chez les déments le pouvoir
isotonique, la richesse globulaire, la quantité d'hémoglobine
oscillent dans les moyennes physiologique pour le plus grand
nombre des cas. J. SÉGLAS.
XXII. SUR l'état mental DE CHRISTINE, REINE DE Suède; par
DE SARLO. (Riv. sp. di frein., fasc. III-IV, 1892.) w
XXIII. Les NOTIONS DE quantité ET d'étendue chez les aliénés ; par
le Dr PELLEGRINI. (Il manicomio, fasc. I, 1892.)
La notion de la quantité, mesurée par la capacité à faire des
calculs, va en diminuant progressivement chez les aliénés à mesure
que l'on passe des formes aiguës de lafolie aux formes chroniques
et aux démences, pour atteindre son maximum dans la paralysie
générale. C'est également chez les déments et les paralytiques
généraux que la notion de l'étendue se trouve le plus altérée.
J. SÉGLAS. »
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 323
- 1
XXIV. Un cas(de folie associée A' LA chorée A'UN AGE avancé; par
1M. llinc, (The lot.i7,iial of Mental Science, janvier 1890.) z
' ' . , l)
Il s'agit d'une femme de soixante-quatre ans chez laquelle les
symptômes choréiques firent leur apparition deux ans après le début
destroubles de l'intelligence (idées de persécution, de suicide; halle : ,
cinations de la vue). Elle était, au moment de son admission, dans
un état de santé absolument misérable : pendant son séjour à
l'asile, elle se remonte un peu, mais succombe au bout de trois
mois et demi, à une attaque assez légère de paralysie, accompagnée
d'une congestion intense des- deux poumons. R. M.-C. - : 1
XXV. DE l'action NEURIQUE dans SES rapports avec LES fonctions
mentales du cerveau; par Francis WARNER. (Tlce.Torl1·TZat of men-
tal science, janvier 1893.) 4
.
C'est la coutume de M. F. Warner d'aborder sous une forme
très serrée et dans une langue très concise les problèmes les plus
ardus de la neuro-pathologie ou de la psychologie physiologique;
aussi les analyses de ses travaux sont-elles presque des traduc-
tions : ce sera le cas pour le présent mémoire. '
L'auteur rappelle d'abord qu'en traitant des fonctions mentales
du cerveau, il faut écarter toute considération de l' esprit consi-
déré comme entité abstraite » aussi bien que des processus de sen-
timent ou de conscience, pour ne se préoccuper que des actes
neuriques. Dans ce travail, il limitera ses observations à l'action
inlra-cérébrale chez l'homme, telle qu'on peut la déduire des faits
observés. Chez le nouveau-né sain, on observe dans les extrémités
digitales et dans d'autres petites parties du corps. des mouvements
généraux, lents et spontanés, que l'auteur a décrits sous le nom de
microkinèse. Tout d'abord ces mouvements ne sont pas réglés par
des impressions extérieure*; ils paraissent se rattacher à l'action
lente et spontanée de divers centres nerveux séparés. A l'àge de
trois mois, ces mouvements deviennent susceptibles de se, coor-
donner temporairement, par exemple de se diriger vers un objet;
mais l'effet répond immédiatement au stimulus. Vers quatre ou
cinq mois, la vue d'un objet peut suspendre pasagèrernent la mi-
crokinèse ; c'est le phénomène de l'attention; bientôt le mouve-
ment recommence, cette fois en vue de saisir l'objet. L'auteur
pense qu'il y a là la première révélation de ce qu'on peut appeler
une « action mentale », et que durant la période d'inhibition
pendant laquelle la microkinèse est suspendue, les groupements
nerveux s'organisent en vue de l'action qui va suivre : mais com-
ment s'accomplit cette organisation ? Si la microkinèse révèle une
action spontanée de plusieurs centres nerveux disticnts, sa sus-
pension révèle un arrêt temporaire de la fonction efférente de ces
324 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
centres,* et le mouvement est le résultat actif d'une iimpression
visuelle : cette période- de suspension ne saurait être négative au
point de vue de l'action puisqu'elle est immédiatement suivie d'une
action visible nettement consécutive à l'impression. L'auteur sup-
pose, donc que sous l'influence d'une impression visuelle, il s'est
produit, pendant l'arrêt du mouvement, un groupement nerveux
aboutissant à l'activité.
. En poursuivant l'hypothèse, on arrive à comprendre l'évolution
du pouvoir intellectuel : en effet, il y a une loi, généralement
admise, suivant laquelle des cellules semblables et à nutrition simi-
laire, qui exécutent leurs fonctions synchroniquement sous l'in-
fluence d'un stimulus, tendent par la suite à agir simultanément,
par groupessimilaires, et cette tendance est fortifiée par la répétition
d'actions analogues. C'est en conformité de cette loi que s'accom-
plit la coordination des centres nerveux. Chez l'adulte, les groupe-
ments nerveux qui correspondent aux idées sont déterminés par la
vue des objets : la répétition du stymulus rend l'impression plus
profonde et plus persistante, l'empreinte neurique est conservée, et
ainsi peuvent s'établir les courants d'idée qui, finalement, abou-
tissent à l'expression ou à l'action. On remarquera que, chez
l'adulte comme chez le nouveau-né, la suspension du mouvement
est favorable à la pensée : l'action motrice suspendue est remplacée
par la formation des séries de groupes iieuriques. Il faut noter en
outre que les lois de la logique sont ici en parfaite harmonie avec
la loi physiologique. Une saine action intellectuelle ne détermine
pas plus d'usure physique qu'une action intellectuelle défectueuse,
parce que la somme d'énergie nerveuse d'un groupe de cellules
n'est pas plus considérable que celle d'un autre groupe correspon-
dant : la valeur de l'acte intellectuel dépend de la façon plus ou
moii,s complète dont il est subordonné au stimulus. La fonction
intellectuelle normale est en parfaite harmonie avec les conditions
ambiantes tout simplement parce qu'elle est sous la dépendance
de ces conditions même, et qu'elle est en réalité créée par elles.
R. DE Musgrave-Clay.
XXVI. DE la folie amnésique ; par Tn. TILING. (Allg. Zeitsch.
f. Psychiat., XLVIII, 6.)
La folie amnésique est de règle dans la névrite alcoolique ; on
ne l'observe qu'exceptionnellement dans d'autres névrites.
Voici une observation de folie amnésique avec névrite, à la suite
de la fièvre typhoïde. Mais la folie amnésique n'est en rien spéci-
fique des névrites; on l'observe aussi bien dans l'alcoolisme sans
névrite, dans la sénilité, à la suite de traumatismes céphaliques.
L'entité de Korsakow (psychose polynévritique toxémique) ne
s'applique pas à tous les cas de folie amnésique. P. K.
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 32t)
. ' il "'1 fr, '1' 1'1 ,.[,
.. UN cas DE mélancolie INDUITE ; par"K.70. DEES. " .J
(Allg : Zeitsch. f. Psychiat., XLVIII, 0.) i ? "1'9;, "
Il s'agit d'une femme prédisposée aux' idées noires par une' né-
vralgie elle-même occasionnée par un bouchon'-cérumineux; son
mari est mélancolique, elle dévient mélancolique. On lui enlève
son bouchon de cérumen, on séquestre son mari, elle guérit.'P. K'.
1 - - IL'
XXVIII. UN cas d'aliénation mentale chez l'enfant; par F. Feulach,
, (Allg. Zeitsch. f. Psychiat., XLVIII, 6.) '' '
, - Il ?
Fillette de dix ans, bien développée, tare héréditaire à peine gué-
rie d'un néphrite scarlatineuse. Soudain, sans prodromes, perte de
connaissance et convulsions cloniques généralisées pendant douze
heures; sommeil de quarante-huit heures; au réveil, perte de la
parole. Deux jours après, contracture généralisée avec perte de
connaissance, grande excitabilité, impulsion à détruire, excitation
maniaque incohérente, hallucination terrifiante de l'ouïe et de la
vue. Sommeil calme. Il faut l'alimenter. Gâtisme. Pupilles très
larges réagissant bien, mais dirigées en dehors. Diminution de la
sensibilité à la plante des pieds. Pas d'albuminurie automatismes.
Puis, faiblesse généralisée avec troubles de. coordination des
muscle du tronc et du cou. Convulsions cloniques des muscles flé-
chisseurs des deux médius, contracture du genou gauche et vomis-
sements répétés pendant cinq jours. Tel est l'état qui dure cinq
mois ; puis , guérison progressive en trois mois. La malade
raconte alors ce qui se passait en elle et la teneur de ses halluci-
natsons. Il s'agit d'une auto-intoxication du cerveau par des produits
de dénutrition accumulés dans l'économie pendant l'évolution de
la néphrite antérieure (type Bouchard, Korsakow). P. K.
XXIX. Contribution A l'étude DES folies toxiques; par C. KNOERR.
(Allg. Zeitsch. f. Psychiat'"XLVIII, 6.)
Six observations.
Conclusion : 1° Chez les buveurs par .habitude, il peut, de même
que chez les morphinomanes et les cocaïnomanes, de même qu'a-
près l'influenza, se produire, à la suite des excès d'alcool et des
accidents aigus ou subaigus., une véritable psychopathie organisée;
2° C'est une folie systématique aiguë ou folie systématique
abortive de Sander, caractérisée par des hallucinations de l'ouïe
qui provoquent des idées de persécution, sans idées de grandeurs,
avec accidents anxieux consécutifs. Marche très rapide, guérison
constante; 3° Les hallucinations de l'ouïe, cause de tout le mal,
sont des hallucinations élémentaires. Ces mêmes accidents, si
graves de la folie systématique chronique non alcoolique, ont ici
32fi revue' de pathologie mentale.
un pronostic bénin, et guérissent rapidement. En même temps
que ces hallucinations élémentaires de l'ouïe, se' montrent' des
hallucinations du sens musculaire qui sont en rapport avec l'appa-
reil de la parole. ' , , ' 1 Keuaval. g
- l , {.1 : ...,
tr - -. .
XXX. Communication casuistique relative A l'étude DES illusions DE
-- la mémoire; par H. SCHELDTLER, (Allg. ZC2tSCÎ6, f. Psychicit.,
, XLVIII,, 6.) . , : '1'
'~ Type de pseudo-réminiscences de Kroepelin. -P. K.s f
()iI
- " XXXf. La folie en Norvège (1891); par William HABGOOD. '
(The Journal of Mental Science, janvier 1892.) > T
En, 1875, date du dernier recensement publié, on comptait en
Norvège 23 aliénés par 10. 000. habitants ; l'aliénation était un peu
plus commune chez les femmes que chez les hommes. En 1889, le
chiffre des malades admis dans les asiles a été de 756, soit If, 13 par
10.000 habitants. Les malades admis se répartissent par maladies
de la façon suivante : Mélancolie 32 p. 100; Manie 27 p. 100; Dé-
mence, 24 p. 100; Paralysie générale et épilepsie, respectivement
1,9 p. 100. Les asiles en Norvège sont peu nombreux (on en compte
en tout onze) et de dimensions restreintes, ce qui s'explique par le
petit nombre des aliénés et par l'habitude d'installer autant que
possible les chroniques à la campagne, chez les paysans. Ces asiles
sont régis par un médecin-directeur, sous le contrôle d'une com-
mission de surveillance de trois membres. Les formalités de l'ad-
mission et du maintien de l'aliéné à l'asile sont les mêmes qu'en
France. Les criminels chez qui l'on soupçonne un trouble mental
sont diriges sur un asile du gouvernement où ils restent en obser-
vation pendant le temps nécessaire. Un règlement gouvernemental
veille à ce que les autopsies soient pratiquées toutes les fois que le
médecin-directeur le juge à propos.
L'auteur a visité deux asiles norvégiens, l'un gouvernemental,
celui de Rotvold, l'autre municipal, celui de Bergen. (Rappelons
que tous les asiles, qu'ils soient gouvernementaux, municipaux ou
privés sont soumis au même règlement.) Nous relèverons ici les
points les plus intéressants notés par M. Habgood dans ces deux
visites.
L'asile de Rotvold contient 240 lits : les salles sont simplement
meublées. Le personnel médical se compose de trois médecins
résidents : on les choisit de préférence mariés. Le traitement ne
paraît guère différer de celui qui est usité en Angleterre : les bains
y entrent pour une large part. Le seul moyen mécanique de con-
tention auquel on ait recours est la camisole. Il y a un bon per-
sonnel d'infirmiers (un infirmier par neuf malades); ils ont un jour
de congé par semaine; en plus de la journée on accorde la nuit aux
.REVUE DE pathologie mentale. 327
1 E ..1t1. ,HVrn, , ,i · n i 1 ,
infirmiers mariés ; tout le personnel a droit à un congé annuel de
huit jours consécutifs. 'd ' - ' contient z
- L'asile'i'n ? ncip'al"4.e Bergen est un bâtiment neuf qui contient
150'lits. Les chambres sont spacieuses, bien chauffées au moyen de
l'air chaud, parfaitement éclairées et ventilées. Les cellules destinées
aux malades agités, violents ou destructeurs, ne contiennent abso-
lument qu'un tas de paille, et=le malade y est enfermé tout'nu.
M. Habgood a témoigné quelque surprise'à propos de cette manière
de procéder ; mais on lui a répondu qu'il était fort inutile dé donner
à des aliénés des vêtements pour qu'ils les déchirent, et de la literie
pour qu'ils la détruisent. Les malades malpropres couchent sur
un tas de paille recouvert d'un drap ; on a reconnu qu'on avait
moins creschares avec cette literie sans valeur et facile à renouveler
et à changer qu'avec l'emploi du tissu imperméable. Les water-
closets sont à terre sèche' Il n'y a pas de pavillon d'isolement :
les* maladies contagieuses sont simplement soignées dans une salle
spéciale dû bâtiment commun. 'f' ' r ' >
L'auteur termine par quelques considérations sur le taux des
guérisons et sur l'interprétation qu'il convient de donner "aux
chiffres comparés des guérisons et des améliorations en Norvège et
en Angleterre. R. DE MUSGRAVE-CLAY.
XXXII. SUR LES TROUBLES psychiques dans LES NÉVRITES périphériques;
' par James Ross. (The Journal of Mental Science, avril 1890.) '
On a depuis quelques années, réuni en, un seul groupe patholo-
gique, sous le nom de névrites périphériques, des affections qui
paraissaient autrefois très différentes les unes des autres. Le carac-
tère le plus remarquable de ces affections est de reconnaître pres-
que toujours une origine toxique, intra ou extra-organique. Les
névrites périphériques multiples ont quelquefois pour effet de
déterminer des troubles psychiques : lorsqu'ils se manifestent, ces
troubles psychiques présentent quatre périodes : 1° une période
prémonitoire, dans laquelle il y a exaltation des diverses sensibi-
lités particulières et des facultés imaginatives ; 2° une période de
dépression ou de mélancolie ; 3° une période de transition, caracté-
risée par de la manie ou de la mélancolie avec excitation, ou bien
par des états convulsifs; 4° une période finale de démence. '
L'auteur décrit avec soin ces quatre périodes, en s'attachant sur-
tout à la forme alcoolique qui est évidemment la plus commune
des formes de névrite multiple par intoxication. R. M.-C.
XXXIII. La bouche chez les enfants arriérés (imbéciles) DU type MON-
GOLIEN ; par ROBERT JoNES. (The Journal of Mental Science. Avril.)
Après avoir examiné un grand nombre de sujets, M. Jones a été
amené à penser que l'exagération de la voussure palatine n'est pas
328 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
aussi commune qu'on l'admet généralement, et qu'elle est surtout
spéciale à deux catégories d'individus : aux microcéphales et aux
enfants imbéciles ou idiots du type mongolien; cette dernière caté-
gorie est même;celle où, suivant lui, on rencontre de beaucoup,le
plus fréquemment cette disposition, ce qui revient à dire qu'elle est
peu commune,* puisque le type mongolien ne représente que 5 à
6 p. 100 du chiffre total des imbéciles. L'auteur étudie ensuite suc-
cessivement la situation des dents, la disposition des maxillaires,
et enfin la voûte, palatine elle-môme'. R. M.-C.
XXXIV. La pathologie DE la'mort subite dans la manie; par James
R. WHITwELL (TheJourlial of Mental Science, 1891).
Après avoir rapporté deux observations intéressantes de mort
subite dans la manie, l'auteur résume son travail dans ces conclu-
sions : 1° L'embolie pulmonaire graisseuse est assez fréquemment la
cause, chez les malades atteints de manie, d'un collapsus brusque
qui peut ou non se terminer par la mort;
- 2° On peut, pendant la vie, penser à cette forme d'embolie ou
la diagnostiquer lorsque l'on constate les signes suivants : a) col-
lapsus brusque avec refroidissement des extrémités, etc. b) pâ-
leur blafarde de la fare et quelquefois cyanose marquée; c) un
peu de dyspnée, de respiration suspirieuse ou pénible; d) pouls
de volume moyen, ordinairement irrégulier; e) à l'auscultation,
oedèmepulmonaire ou pneumonie embolique secondaire.
3° On peut la suspecter après la mort en présence des lésions
suivantes : a) oedème local intense de l'un ou des deux poumons;
b) présence d'infarctus dans le poumon ; c) pneumonie loca-
' lisée, liée ou non aux infarctus.
4° La source réelle de l'embolie graisseuse n'est pas actuellement
connue. 5° Mais il est certain qu'on peut constater cette embolie
dans les cas qui ont été indiqués sans qu'il existe de lésion appré-
ciable du système osseux ou des tissus sous-cutanés.
, 6° Il est possible qu'elle ait pour cause une modification du sang
déterminée par une excitation maniaque de longue durée. R. M.-C.
XXXV. DE la faculté arithmétique ET DES atteintes QU'ELLE SUBIT
dans l'imbécillité et la FOLIE; par William W. IIIELAND. (Tlte
Journal of Mental science. Juillet 1891.)
La faculté arithmétique est une faculté de développement qui
n'existe pas chez le nouveau-né. M. Ifreland étudie successivement
son activité plus ou moins grande chez les sauvages et les peuplades
1 Voir Bourneville. Mémoire sur la condition de la bouche chez les
idiots; Paris, 1808. Sollier (Alice). De l'état de la dentition chez les
'enfants idiots et arriérés.
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 329
qui se rapprochent le plus de l'état primitif. Il constate ensuite
que la précocité et l'intensité de son développement chez des sujets
peu ou point instruits montre que cette faculté peut être indépen-
dante des méthodes qui servent ordinairement à la cultiver. Il fait
remarquer que certains imbéciles, en petit nombre, à la vérité,
ont pour les chiffres une aptitude particulière. Il signale d'autre
part un fait assez étrange' : la facullé arithmétique étant l'une de
celles qui se développent le plus lentement et le plus tardivement
chez l'enfant, on pourrait supposer qu'elle est l'une des premières
à disparaître chez les déments et les paralytiques généraux; or, on
constate souvent qu'elle est peu atteinte, quelquefois même l'une
des moins atteintes chez ces deux ordres de malades ? R. M.-C.
XXXVI. DE l'influence du milieu SUR la PRODUCTION DE la folie; par
Geo.-H. Savage. (Tlae journal of Mental Science, octobre 1891.)
L'auteur s'est proposé dans ce travail deux objets principaux :
il veut tout d'abord protester contre l'idée très répandue que la
folie est presque toujours le résultat de l'hérédité névropathique,
il veut montrer ensuite que si la folie est souvent sous la dépen-
dance du milieu ambiant, il est plus rationnel et plus utile de la
traiter par desmodifications de milieu que par des agents médica-
menteux. La tyrannie de l'organisme est une forme de pessimisme
contre laquelle le moment est venu de réagir, sans d'ailleurs la nier
pour cela : dans l'évolution il y a autre chose que l'hérédité, il y al'a-
daptation au milieu. Les statistiques d'asile montrent que l'hérédité
collatérale ne figure que dans un nombre assez restreint des obser-
vations. Il ne s'agit pas, l'auteur le répète, de nier le rôle de l'héré-
dité, mais de le préciser; bien souvent en effet l'hérédité névro-
pathique se traduit par des résultats autres que la folie, par
exemple l'idiotie, ou encore certaines formes spéciales de troubles
musculaires ou sensoriels. Il est important de savoir et de recon-
naître que quelques formes d'aliénation mentale liées à une lésion
cérébrale sont cependant sous l'étroite dépendance du milieu am-
biant. Pourquoi n'admettrait-on pas l'influence du milieu sur l'état
mental, puisque toutes nos méthodes d'éducation ont pour but
définitif de modifier le corps et l'esprit à l'aide de certaines con-
ditions ambiantes ? Au fond la question de la folie est une ques-
tion sociale autant que médicale.
Les conditions ambiantes peuvent provoquer des hallucinations;
l'auteur cite plusieurs cas dans lesquels cette influence peut être
invoquée, il indique aussi le rôle que peuvent jouer la solitude,
l'excès de travail, le célibat ou le veuvage, les vices solitaires,
l'oisiveté. La profession elle-même n'est pas sans influence. Ainsi
' Voir Charcot.- Un calculateur proche Inaudi. (Progrès mec ? 1892.)
'330 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
donc à .côté de la tyrannie de l'organisme, il faut admettre la
tyrannie,des milieux, : la folie dépend en grande partie desf rap-
ports* des maladies mentales; mais l'altération de fonction peut
conduire à l'altération de tissu. Il est heureux d'ailleurs que l'in-
fluence du milieu soit réelle, car si les lésions organiques des
centres nerveux étaient la cause unique et primordiale de l'aliéna-
tion mentale, la médecine resterait singulièrement désarmée en
face de,la folie ' R. 11.-C
XXXVII. Manie ET mélancolie; par John MACPHEIisON. (The Journal
.. of Mental Science, avril 1891.) ' '1> .
Les conclusions de ce travail sont les suivantes : l'auteur a mon-
tré, dit-il : 1° Que les perceptions et les idées, malgré, leur variété
d'origine et de nature, ne produisent que deux catégories d'émo-
tions, des émotions de plaisir et des émotions de, souffrance;
2° que ces deux émotions déterminent, physiologiquement, deux
ordres opposés de symptômes somatiques, et particulièrement des
altérations vaso-motrices très distinctes; 3° qu'une émotion, qu'elle
soit d'origine normale ou d'origine pathologique, tend invaria-
blement il troubler le jugement; 4° que, de même que l'on peut,
au moyen des médicaments, et en modifiant le métabolisme des
substances âlbumineuses contenues dans l'organisme, produire
artificiellement l'exaltation ou la dépression des sensations, il y a
lieu de supposer que des modifications de la nutrition constituent le
point de départ des symptômes de dépression mentale ou d'exal-
tation mentales pathologiques; 5° nous savons que les poisons qui,
'dans certains états morbides prennent naissance dans l'organisme,
ont tout au moins la propriété de produire l'excitation ou la dé-
pression mentale; 6° il y a des raisons de croire que certaines pto-
maïues, nées dans l'organisme humain, ont pour effet, quand on
'les injecte aux animaux, de déterminer des convulsions ou de la
stupeur, ou de la dépression, ou de l'excitation des systèmes mus-
culaire et vasculaire; 7° de nombreuses preuves cliniques nous
montrent qu'une alimentation très fortement azotée tend invaria-
blement à l'exacerbation et au réveil des névroses mentales.
R. M.-C.
XXXVIII. Des symptômes DE la catatonie dans LE COURS DE la para-
LYSIE générale CHEZ la femme; par P. NOECKE. (Allg. ZC7LSCIL. f.
Psychiat., XLIX, 1, 2.)
Trois observations caractérisées par des accès répétés de stupeur
avec tension du système musculaire, survenant en dehors des ictus
apoplectiformes. En outre, deux des malades étaient des filles pu-
bliques (bien que ce ne fut pas absolument sûr) ; la troisième avait
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. '331
fait des excès sexuels; la première était certainement syphilitique;
la' seconde l'était probablement; il ne serait pas impossibletqup la
troisième le fût également. C'est à l'avenir qu'est réservée les solu-
tions de la question de savoir si la stupeur et la tension- muscu-
laires ont pour origine le système génital. 1 P : Ii : '
J . t' '1"- ? '
XXXIX. Contribution A l'étiologie DE la paralysie générale PRO-
GRESSIVE ; par OEEBERE. (Allg. Zeitsch. f. Psychiat., XLVIII, 6.)
Sur 100 paralytiques généraux, 47 observations de non syphili-
tirrnes l ? '1. 46 malades chez lesauels on trouve ..
332 SOCIÉTÉS SAVANTES.
,Trois d'entre eux ne présentaient, comme cause de paralysie géné-
rale que la syphilis antérieure, chez tous les autres, il y avait à
faire intervenir une ou, plusieurs 'des causes du groupe des qua-
rante-sept déjà éuuméréés. , , 1
Voici un tableau synoptique de la proportion des causes de la
paralysie générale chezjes cent paralytiques généraux en question.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 333
s'emparait progressivement quoique lentement du reste du système
locomoteur, le patient succombait à des troubles de la circulation
et de la respiration après deux ans'de maladie.' 'w nr l ?
L'nutopsie ne révèle pas de lésions, pas plus dans les nerfs périphé-
riques que dans les organes centraux.' ' 1 ? < -*' ' J1> -^ > z
Comparant cette observation aux'faits deNelle; Oppèn1Íeim('et
Eisenlohr, M : Hoppe conclut que le tableau symptomatique qui les
caractérise tous les quatre n'est ni celui de la paralysie bulbaire
chronique, atrophique, progressive, ni celui de la paralysie pseudo-
bulbaire, ni celui de la paralysie bulbaire aiguë, il n'appartient pas
davantage à l'hystérie non plus qu'à la névrite périphérique. Peut-
être s'agit-il de lésions de l'écorce cérébrale qui, dans, l'état actuel
de nos connaissances, échappent à nos moyens d'investigation.
De la discussion à laquelle prennent part 1L11. Oppenheim, Sena-
tor, Bernhardt, Remak, il résulte que la manière d'envisager les
faits de M. Hoppe est exacte. .
Discussion relative au mémoire de M. LEYDEN. -j)7 ? /g/t<e chor21-
que et lésions systématiques de la moelle. M. JOLLY. En effet,
le complexus symptomatique de la paralysie spinale spasmodique
a pour substratum des foyers de myélite chronique à localisations
variables. Voici par exemple les préparations anatomiques prove-
nant d'un malade affecté de paralysie spinale spasmodique, qui se
complique d'érysipèle. Vers la fin de la maladie disparut le réflexe
patellaire. Les trois cordons sont lésés. On y voit : foyers dissémi-
nés, lésions systématiques, lésions disséminées. Ce qui prouve que
des formes très différentes de myélite chronique peuvent se traduire
par le complexus clinique de la paralysie spinale spasmodique.
Mais cela n'empêche que la lésion de tels et tels cordons ne se tra-
duise par des symptômes déterminés et par suite, qu'il ne soit pos-
sible d'établir, des variétés cliniques. La sclérose multicolaire de la
moelle peut, durant des années, présenter le tableau de la paralysie
spinale spasmodique ; si, plus tard les réflexes patellaires disparais-
sent, on est autorisé à admettre que la lésion des cordons latéraux
s'est compliquée d'une altération des cordons postérieurs. L'évolu-
tion de la maladie permet donc de préciser et de dire que différents
faisceaux sont atteints. Ce n'est qu'à l'égard des cordons antérieurs
ou antéro-latéraux que l'on n'est pas toujours en situation de se
représenter nettement la lésion. Quant aux autres on parvient à en
dépister l'altération d'après la symptomatologie. Ce qui revient à
dire qu'il y a lésions combinées de cordons médullaires. J'insiste sur
cette expression qui vaut mieux que celle de lésions systématiques
parce qu'elle ne préjuge point de la fonction physiologique des
cordons en question. On est cependant autorisé à formuler le dia-
gnostic d'affection systématique combinée dans les cas de lésion
des cordons postérieurs et latéraux, à la condition qu'on n'attribue
pas un sens trop précis au mot système. C'est ainsi qu'on peut dis-
334 SOCIÉTÉS SAVANTES.
tinguer certaines affections'spinales des paralytiques généraux, que
Westphal a démontrées n'être point secondaires. C'est ainsi en outre
qu'il existe-'des lésions communes auxicordons latéraux et posté-
rieurs, sans paralysie générale, et que maints cas d'affection pure
des cordons latéraux sont au -point de vue anatomique dûs à des
lésions systématiques combinées. Quant au tabes il y a lieu de le
tenir-pour une,affection systématique des cordons postérieurs tant
au-point de vue de leur fonction (Leyden), qu'à celui de leur déve-
loppement (Flechsig,). Mais il ne faut point oublier que l'on n'a
point encore tout dit sur' le tabès soit cliniquement, soit anatomi-
quement. ,. 1
Charcot et Leyden n'ont-ils pas, dans cette affection, décrit des
lésions des ◀cornes▶ antérieures ? Le système nerveux périphérique
sensitif ou moteur y a été trouvé lésé; et cependant ce sont là
des systèmes distincts tant comme physiologie que comme anato-
mie.
'M. Oppenheim. Alors que dans le cours des vingt dernières
années, la science s'est efforcée de détacher du magma incohérent
des myélites certains groupes symptomatiques qui méritent, de par
leur substratum anatomo-pathoJogique, de constituer autant de
modalités morbides autonomes, M. Leyden vient nous dire que
cette analyse n'est pas justifiée et prétend en revenir aux anciens
errements. Son premier argument est d'ordre histologique. Les
processus d'atrophie, de sclérose, de dégénérescence à forme de
cellules granuleuses, etc., se confondent, dit-il. Soit. Mais il ajoute
qu'il importe peu que ce processus s'étende sous la forme de lésions
diffuses, disséminées ou systématiques, que la myélite n'en sub-
siste pas moins. En cela il détruit le groupement nosologique des
affections de la moelle et le diagnostic qui repose en réalité sur le
concert de l'analyse clinique et des altérations correspondantes
localisées en tels ou tels organes de la moelle. M. Leyden n'en pour-
rait dire autant de la terminologie des anciens âges à laquelle il
revient de sa myélite.
Quant à la théorie des affections systématiques combinées, si elle
a des lacunes et des points faibles, faut-il pour cela la rejeter ? S'i
est certain que des lésions combinées de certains cordons de la
moelle produisent un tableau clinique constant, qu'il y a par
exemple affection combinée des cordons postérieurs et latéraux,
faut-il le passer sous silence ? S'il existe un tabes avec paralysie ou
une paralysie spinale spasmodique avec ataxie, et si ces variétés
spasmodiques tiennent au mode d'expansion et à l'intensité des
lésions dans les deux territoires de la moelle, dans ! les deux cor-
dons de cet organe, faut-il en priver la nosographie ? C'est cepen-
dant la gloire du clinicien et le triomphe du micrographe d'avoir
établi ces relations. Cela n'empêche évidemment qu'il y ait des cas
de tabès avec paralysie tenant à une autre lésion, et qu'en certains
SOCIÉTÉS SAVANTES. 33d
cas une lésion combinée de plusieurs faisceaux- n'évolue en- pré-
sentant les' symptômes de la myélite diffuse.-Tout le. monde sait
qu'il y a des cas frustes atypiques qui n'infirment en rien les acqui-
sitions certaines. 1 i l ? ;,> - ..() "
'Il ne m'est pas possible non plus d'assimiler la sclérose en plaques
à une myélite. La première est une maladie bien tranchée ayant
son individualité jusque dans ses variétés les plus rares. La myélite
chronique au contraire, comme l'entend M. Leyden, est trop com-
préhensive, mal définie. C'est précisément parce que l'expérience
et la recherche, mécontentes du diagnostic de myélite chronique,
ont porté leurs investigations plus loin et abouti aux belles décou-
vertes que l'on sait; c'est parce que, dans les cas de sclérose pure-
ment spinale en apparence, nous avons trouvé des symptômes qui
nous ont conduit à la constatation de foyers scléreux dans le nerf
optique ou en d'autres parties'de l'encéphale que la forme spinale
de la sclérose en plaques est devenue de plus en plus rare et qu'a
disparu simultanément la myélite chronique. On a dû cantonner
cette dénomination aux observations rares aujourd'hui de myélite
diffuse à marche chronique et l'on a été forcé de ne formuler ce
diagnostic qu'après avoir exclu ceux de sclérose disséminée, affec-
tions combinées des faisceaux de la moelle, etc. '}
- M. Jolly vient de dire que Westphal admettait l'existence d'une
sclérose latérale purement primitive, indépendamment de la
démence paralytique. Or, à ma connaissance, Westphal l'a rejetée.
Enfin c'est aussi progresser que d'extraire de la syphilis spinale
certaines formes justifiant de leur existence de par la méthode
anatomo-clinique, et de les enlever à la myélite. Il 1
M. LEYDEN. La sclérose en plaques disséminées, avec symp-
tômes cérébraux, diffère de la sclérose en plaques purement spi- '-
nale. Celle-ci ne représente qu'un complexus clinique correspon-
dant au tableau morbide des autres cas de la myélite chronique.
Quant aux affections systématiques, il convient de ranger sous ce
nom, comme l'a fait Vulpian, les lésions des faisceaux de la moelle;
sans doute l'idée du système physiologique esl bonne, mais non
point celle qui consiste, comme le fait Flechsig, à se guider seule-
ment d'après l'anatomie et non d'après la physiologie.
Or il est impossible de juger le tabes d'après cet étalon, et quand
aux cordons latéraux dans les pyramides, que dire de leur dégéné-
rescence chezles paralytiques généraux, quand on ignore s'il s'agit-
d'une dégénérescence secondaire ou d'une lésion autonome. La
sclérose latérale amyotrophique n'est point une affection systéma-
tique, car comment englober dans le système des cellules nerveuses
atteintes. Enfin je n'ai vu qu'un tabes typique se soit associé à une
autre lésion : les affections systématiques combinées sont des formes
de la myélite chronique puisqu'on en constate toutes les modalités
intermédiaires. ` ' ,
336 SOCIÉTÉS SAVANTES.
M. MARINESCO. Sur les altérations des nerfs et de la moelle consé-
cutive aux amputations. Etude de trois malades. Le premier avait
subi l'amputation de la cuisse droite il y a vingt-trois ans. Le nerf
sciatique contenait de très nombreuses fibres fines entourées d'une
couche de myéline. mortifiée; faible prolifération du tissu intersti-
tiel. Intégrité des cellules et ganglions spinaux. Atrophie du cor-
don postérieur correspondant, sans altération. Dans les régions
sacrées et lombaires, le groupe postéro-latéral de la ◀corne▶ antérieure
droite est très atrophié. Dans la région dorsale, diminution des cel-
lules de la colonne de Clarke droite. Dans le renflement cervical il
y a atrophie de la ◀corne▶ latérale droite surtout au niveau du groupe
latéral. Atrophie des racines postérieures dans toute leur étendue
dans la moelle lombaire et dorsale inférieure.
La seconde observation concerne l'amputation du bras gauche,
Atrophie à la ◀corne▶ latérale gauche dans le renflement cervical,
elle s'étend jusqu'à la partie supérieure de la région dorsale. Dimi-
nution des cellules de la colonne de Clarke, atrophie du cordon pos-
térieur gauche, mais limitée au faisceau de Burdach; intégrité
du faisceau de Goll dans la moelle cervicale et dorsale.
L'observation III est identique à l'observation I.
M. Marinesco a fait de nombreuses expériences. Il formule le
mécanisme suivant : A l'état normal les extrémités nerveuses sen-
sitives sont le siège d'un état de tension produit par la nutrition
et l'excitation constante qui les sollicite. Elles entretiennent dans
les ganglions spinaux des modifications biologiques qui se traduisent
par une influence trophique. Cette action trophique n'est donc
point spontanée, elle dépend des excitations périphériques. Si l'on
enlève un nerf ou un membre recteur de ce nerf, on modifie la
quantité et la qualité des excitations périphériques nécessaires
pour maintenir l'équilibre de la nutrition et la fonction des nerfs.
Aussi, les fibres nerveuses du bout périphérique du nerf dégénèrent-
elles. Tel est le mécanisme des altérations des fibres sensitives
dans les cordons de la moelle.
Séance du 14 mars 1892. Présidence de M. JOLLY.
M. KOEPPEN. Des altérations des os dans la maladie de Basedoiu. -
Il s'agit d'une jeune fille de vingt-trois ans atteinte de cette ma-
ladie depuis cinq ans et présentant en outre des symptômes de la
maladie, c'est-à-dire du goitre, des palpitations de coeur, du trem-
blement, des sueurs, de la pigmentation brune de la peau, la perte
complète de son talent de chanteuse. Sa voix est devenue mono-
tone, très basse; intégrité du larynx. Il existe aussi une scoliose de
la colonne vertébrale datant de deux ans seulement. Elle meurt
et l'on constate -iL l'autopsie de l'hyperplasie du corps thyroïde,
de tous les ganglions lymphatiques, du typhus, et'1'ostéomalacie
SOCIÉTÉS SAVANTES. 337
de tout le système osseux. Il est à remarquer que la malade, qui
n'avait jamais eu d'enfant, présentait une dentition très défec-
tueuse, et de la sensibilité des os à la pression. '
Discussion. M. SPERLING rappelle des expériences de Wagner
sur le traitement des affections des os à l'aide du phosphore et des
phosphates. 11 en conclut à la nécessité d'examiner la nutrition et
l'urine des malades affectés de maladie de Basedow.
M. REMAK fait observer que l'ostéomalacie est endémique en
Allemagne. Elle est fréquente à Wurzbourg, rare à Berlin. Les
troubles de la voix sont dus aux troubles respiratoires.
M. GOLDSCHEIDER rappelle que M. Charcot a constaté en pareil
cas des anomalies dans l'excrétion des phosphates.
M. KOEPPEN. Sans doute l'ostéomalacie sévit un peu à Berlin, mais
dans les autres observations de maladie de Basedow, les os ne
présentaient rien de semblable.
M. KOENiG. De l'atteinte du facial et de l'hypoglosse dans l'hémiplégie
fonctionnelle Présentation de malades. Ce travail sera publié in
extenso dans la Neurolog. Cent2,albl. 1.
Séance du 9 mai 1892 - Présidence DE M. JOLLY.
Discussion relative à la communication de M. KcENic ? M. RE-
MAK. Peut-être en ce qui concerne la première observation s'agis-
sait-il d'une complication hystérique surajoutée à une hémiparésie
d'origine organique. Puis, en certains cas, il peut y avoir un trouble
physiologique dans l'innervation du facial. Enfin il n'est pas tou-
jours possible d'établir s'il s'agit d'une contracture hystérique
ou d'une parésie de la langue et de la face.
Les caractères spéciaux de la déviation de la langue et de la face
de nature hystérique sont établis par l'observation qui a été repro-
duite depuis 1862 par Hersel, P. Guttmann, A. Bamberger, L. Landau,
E. Remak, B. Baginsky. Il s'agit d'une malade, âgée aujourd'hui
de soixante-deux ans, présentant une hémianesthésie gauche
absolue et une hémiplégie hystérique du même côté; depuis 1859,
quand elle tire la langue, celle-ci présente une déviation extrême
à droite. Evidemment elle a une contracture des muscles de cet
organe du côté droit. Les fonctions des muscles du côté gauche de
la face sont peu actives; le pli naso-labial droit est très marqué
et par suite il semble y avoir une véritable parésie du facial gauche,
venant compliquer une hémi-aneslhésie hystérique gauche avec
hémiparésie. Pour qu'elle puisse souffler une allumette qu'on lui
présente à 3 centimètres de la bouche, il faut qu'on la lui amène
de gauche à droite en dépassant la ligne médiane, ce qui prouve
. ' Voir Archives de Neurologie. Revues analytiques.
Archives, t. XXVI. 22
S SOCIÉTÉS SAVANTES.
que la pseudo-parésië'du facial ne' permet' la réunion des lèvres
'que dans des conditions telles que le courant d'air nécessaire pour
- '1 ... - 1 1 .... ¡. - 4 z..., 1 ? 1 ,... ' (. f . , .. o.. ¿ Í.
cette opération ne,, peut s'échapper 'que par' la moitié droite de
l'orifice buccal. Or,'d'après Brissaud et Marie', cette manière d'être
est caractéristique 'de la contraction faciale du côté droit. Il' y a
J donc' avec l'hémianeslhésiè gauche hystérique, hémispasme hys-
térique labio-lingual droit. (Voyez la' Be1'lin. Kliz. Vochenschift.)" `
. 1..1 1 11 Ii .
" M. KOENtc. Ma première observation témoigne non de l'hystérie
mais'd'un' de ces. troubles fonctionnels semblables à ceux qui' se
produisent à la suite de l'artério-sclérose, et que l'on a coutume de
considérer comme engendrés par des' troubles de la circulation.
.-Elle ressemble aussi à ces hémiplégies passagères observées parfois
- la suite d'accès de migraines, avec ou sans trouble de la parole.
On connaît quelques faits dans lesquels les phénomènes paraly-
tiques, après s'être montrés passagers pendant de nombreuses an-
nées,' sont devenus permanents par suite de la complication d'une
lésion organique. Dans l'espèce, il ne serait pas impossible qu'il y
ait maintenant un tout petit, foyer responsable de cet. affaiblisse-
ment léger mais persistant du côté droit, tandis que les exacer-
hations périodiques et notamment les troubles de la parole seraient
considérés comme fonctionnels. j
Quant aux autres observations, l'alcoolique présentait un spasme
pur dépourvu de toute complication. Sur les trois autres cas, il est
douteux que les troubles de l'innervation faciale soient en rapport
avec l'épilepsie ou l'hystérie. Restent deux malades atteints de
névrose traumatique. L'un d'eux, vu par M. Oppenheim, présente
une légère parésie faciale; s'agit-il de ces troubles que l'on ren-
contre fréquemment chez les paralytiques généraux ? . S'agit-il
d'anomalies congénitales de l'innervation, comme le veut1\[ : e.
mak ? En tout cas, il est bon de rappeler que dans ces hémiplégies
organiques on considère comme parétiques les différences très
minimes que l'on constate dans l'innervation des deux facials.
M.OPPENHEIM a décrit des cas de parésie faciale faisant corps avec
une hémiplégie fonctionnelle, en 1889. Dans sa monographie sur
la névrose traumatique, il y a une observation d'épilepsie réflexe,
dans laquelle les convulsions hémilatérales furent suivies d'hémi-
parésie avec participation de la branche buccale du facial. On en
trouvera une autre dans la thèse de M. Steinthal. Dans des cas de
ce genre, la parésie n'était que faible au repos; elle était plus nette
quand les malades parlaient ou quand ils exécutaient des mouve-
ments ordinaires de la physionomie'. " , ' ., 'J
. Voici une observation frappante tirée de sa policlinique. Il s'agit t
d'un homme de cinquante-sept ans se disant paralysé du côté
gauche depuis novembre de l'année précédente. La paralysie s'est
installée brusquement sans perte de connaissance, mais plus tard
SOCIÉTÉS . SAVANTES. 339
il y a eu des troubles de la connaissance qui ont persisté plusieurs
jours..Au premier coup d'céil, personne ne doute de l'existence
d'une hémiplégie gauche véritable avec contracture. La, bouche est
fortement déviée adroite, la commissure ^gauche dès' lèvres ? est
endante,, et elle reste inactive pendant les' mouvements, même
quand le malade ouvre la bouche : cette. particularité ne saurait
être expliquée par la contraction primitive du facial du côté sain. La
main gauche n'a pas l'attitude que l'on connaît dans la contrac-
Lure -Ilemiplé-ique, mais la situation de la crampe des écrivains. Il
n'y a pas de tension musculaire, vraie. Il y a hémianesthésie gauche
totale avec atteinte des nerfs sensoriels. L'hypnotisme et' l'emploi
de l'aimant firent disparaître ces accidents paralytiques y compris
la parésie faciale (c'est tout au plus siaujourd'hui il existe encore
une légère différence entre l'innervation des deux côtés), y-compris
l'hémianesthésie et les troubles sensoriels. 1 - 1
l Passons aux observations de M. ICcenig : La parésie est une-para-
lysie périodique en rapport avec l'hémicranie. Mais il est évident,
comme l'ont démontré Charcot et Féré, que la contracture passa-
gère des vaisseaux de l'encéphale qui produit ces accidents, peut
devenir permanente et provoquer l'oblitération et la thrombose
de ces tuyaux. Toutefois nous ne possédions pas encore d'autop-
sies confirmatives. J'ai comblé cette lacune. On trouvera une obser-
vation de ce genre dans Charité Annalen, quinzième année (pronostic
de l'hémicranie). On n'est donc plus en- droit de dire que ces para-
lysies périodiques soient tout à fait exclusivement fonctionnelles,
et il est douteux que tous les symptômes cérébraux, qui ne relèvent
pas de lésions anatomiques persistantes, soient sans plus ample
informé, hystériques. -
. M. REtas : C'est jouer sur les mots que d'essayer de distinguer
l'hémianesthésie ou hémiparésie fonctionnelle de l'hémianesthésie e
ou* l'hémiparésie hystérique. Les névroses traumatiques dans les-
quelles on rencontre ce complexus symptomatique sont de l'hys-
térie traumatique. Quand, à la suite de l'hémicranie, il se produit
une affection organique, évidemment la première tenait à une
lésion de même nature. C'est pourquoi j'ai voulu démontrer le
caractère clinique des déviations, de la langue et de la face d'ori-
gine hystérique en la mettant en parallèle avec le même, phéno-
mène dans les paralysies organiques.
M. GOLDCHEIDEIt. Contribution ci l'examen objectif de la sensibilité
dans la névrose traumatique. Mémoire publié in extensol.
Discussion : 'M. JOLLY demande si l'orateur a rencontré souvent
, des anomalies du sens de la température dans l'hystérie ou la
névrose traumatique. ,
. f ? . '1
Voyez Archives de Neurologie, Revues analytiques. , , .
340 SOCIÉTÉS SAVANTES.
M. GOLDSCHEIDER répond affirmativement. Il ajoute que, naturelle-
ment, sa méthode n'est pas utilisable quand il y a anesthésie com-
plète.
M. OPPENIIEIhi. Contribution ci la pathologie dans la paralysie spi-
nale atrophique chronique.1 1
Mémoire publié in extenso dans les A1'chiv. sur Psychiatrie (Archiv.
f. Psychiat., XXV.)2 2 P. Keraval.
SOCIÉTÉ DES MÉDECINS NEUROLOGISTES ET ALIéNISTES
DE MOSCOU.
Séance du 18 décembre 1892.
Le Dr L. l\I1r\OR présente un malade affecté de doigt en forme de
baguette de tambour (Trommels chlagelfillger) bien caractérisé. Le
rapporteur partage l'opinion de Moebius suivant laquelle les doigts
en « baguette de tambour , l'ensemble des symptômes décrits par
Bamberger, l'ostéo-arthropathie pneumique (Marie) ne sont que
des formes d'une seule et même maladie, quoiqu'à divers degrés
de développement. Il se range entièrement à l'avis de Marie qui
envisage l'acromégalie comme une maladie distincte et ne voit
dansl'ostéo-arthropathie et les doigts hippocratiques que des symp-
tômes d'une maladie interne.
Parmi les causes les plus fréquentes de cette maladie, il faut pla-
cer les processus pulmonaires, purulents et chroniques ; on a éga-
lement signalé l'influence des maladies du coeur et, dans un cas
(Schmidt), celle de la syphilis. Mais, indépendamment de l'action
directe d'un virus produit par le pus, il est indispensable de ne pas
perdre de vue certaines conditions particulières, telles que : 1° une
prédisposition générale qui peut être héréditaire; 2° des causes
accidentelles, le plus souvent un traumatisme, une inflammation
locale, etc. Sous ce rapport il convient de mentionner le cas inté-
ressant cilé par Moebius : il s'agit d'un pthisique chez lequel, sous
l'influence d'un traumatisme et d'une névrite, les doigts prirent en
peu de.temps la forme de baguettes de tambour. Le rapporteur
mentionne un cas du même genre : chez un malade, probablement
un pthisique, le pouce de la main gauche ressemblait d'une ma-
nière frappante à une baguette de tambour; cette modification
Voyez Archives de Neurologie, Revues analytiques.
* Voir la séance dernière. Archives de Neurologie.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 341 1
était survenue à la suite d'une piqûre d'aiguille qui s'était enfoncée
sous l'ongle et avait déterminé la formation d'un abcès.
Le rapporteur présente en outre un malade dont le cas montre
le rôle important que joue la prédisposition héréditaire dans le
développement de cette affection. Cette importance a déjà été
signalé par Rauzier. Autant qu'il s'en souvient, ce malade qui
souffre depuis quatre ans d'accès d'asthme cardiaque (probablement
par suite d'une myocardite) affirme que les doigts de ses mains et
de ses pieds ont toujours ressemblé à des baguettes de tambour.
Sa fille présente la même difformité depuis l'âge de seize ans.
La communication de M. le Dr MINOR donne lieu à des observa-
tions de la part de M. le professeur KOJERNIKOV et de M. le Dr Ion-
NILOV.
M. le Dr ICORnILOV rend compte des observations qu'il a faites sur
une malade affectée d'acromégalie. (Cette malade a été présentée à
la Société dans la séance du moins de janvier.) Cette personne,
âgée de quarante ans, présente une augmentation considérable de
la face, surtout à la partie inférieure ; les lèvres, le nez et la langue
sont hypertrophiés; les dents du côté gauche sont tordues et un
peu écartées, le maxillaire inférieur fait saillie, les globes oculaires
sont plus espacés qu'à l'état normal. Il faut signaler encore des
maux de tête, l'abolition du réflexe de la conjonctive gauche, une
certaine difficulté de la convergence. Les pieds et surtout les mains
sont fortement augmentés en largeur. Les os et les tissus paraissent
également participer cette hypertrophie; il n'existe aucune lésion
des articulations. L'accroissement du volume de la face, des mains
et des pieds date de huit ans.
M. le Dr W.-A. Doubrovine décrit d'une manière succincte les
résultats de l'autopsie d'un malade atteint d'acromégalie, malade
qu'il n'a pas eu l'occasion d'observer pendant la vie MM. les
Drs Minot, NETCAAER et W. RoTH ne partagent pas l'avis du rappor-
teur relativement au diagnostic.
M. le Dr FOKARSKY. Sur la maladie des tics convulsifs. Le rap-
porteur présente l'observation d'un malade chez lequel on a pu
constater l'influence de l'élément psychique sur la production de
mouvements particuliers offrant le caractère de convulsions. Ces
mouvements présentent une grande variété : le malade fait claquer
ses doigts, se touche la région de l'hypochondre, fait jouer le cou-
vercle de sa montre, se tiraille le nez et présente un mouvement
latéral coordonné des yeux qu'il détourne assez souvent en fixant
les objets extérieurs. L'apparition de tous ces mouvements est liée
dans la conscience du malade à des moments psychiques (imitation
ou impulsion consciente). Au bout de quelque temps ces préten-
dues causes disparaissent : mais les mouvements persistent sous
leur forme primitive.
342- SOCIÉTÉS SAVANTES
Le malade à été- affecté en outre de contractions fibrillaires
des muscles entourant l'oeil et des muscles releveurs des ailes du
nez et de la lèvre supérieure. L'affection remonte à six ans ; certains
se répètent sans changements* depuis ? près1 ! de' seize ans. D'autres
qui avaient fait leur. apparition au cours de la maladie, ont dis-
paru entièrement ou ont diminué d'intensité. La marche de la ma-
ladie a été soumise à de grandes variations, mais jamais on n'a cons-
taté de disparition complète;des symptômes.. Les signes caractéris-
tiques de la maladie des tics convulsifs sont, d'après le rapporteur :
1°la tendance aux obsessions; 2° les mouvements de nature particu-
lière offrant un caractère psychique se répétantsous la même forme
présentant ou ayant présenté le caractère-d'actes conscients ayant
ún-' but déterminé'; mais'sè' produisant spontanément sans le con-
cours de la volonté et.par conséquent sans la sensation de,l'effort.
Ces mouvements peuvent être réprimés par un efforttde la volonté.
3° les contractions musculaires et fibrillaires principalement au
visage; au cou, et souvent' aussi au bras;- 4° la tendance àj l'imita-
tion quoique à-un degré- très faible. ? l '' ? .n",f 'f 3(''3')'1
, \, Ces deux, derniers signes permettent de relier la maladie des tics
convulsifs d'une part à la. myoclonie, d'autre part à la mériat-
chénie., Vécholalie et l'échokinésie peuvent faire défaut : La copro-
làliè aussi bien que la cronomanie n'apparaissent que d'une ma-
mière exceptionnelle. En terminant le rapporteur présente, les
conclusions suivantes : " ' r- r J'11'.
1° La maladie des tics convulsifs doit occuper en tant que forme
clinique, une place distincte.. ·
2° On ne doit pas confondre'avec elle les cas de tic simple 'isolé,
de même que le tic convulsif de la face doit être distingué della
myoclonie. ' , ' ' 01- ~
' 3° La inériatchénié, la maladie des tics convulsifs et la myoclonie
sont trois formes cliniques distinctes. '
Cette communication a été l'objet dè`débats vifs -et 'prolongés
auxquels ont pris part'MM. SER13SKY, Ionsnhov, B ? IENON, ROSSOLI110,
Koknilôv et 'KOJEVNIKOV. La discussion a porté principalement sur
la question de savoir quels sont les principes qui* permettent de
distinguer d'une part les maladies des tics convulsifs des maladies
avec idées et- mouvements obsédants,'et d'autre part desitics
simples. r- ' ' o f ri ''... ? '"
. ? ? ? - ai.- ? i ' - - - -- - - . 1 t
11 Il ' - > - i, ' ' 3hCU u(.· ? 1
q 1 ,t 4, lf,f 1 1 : I,è 1 , t - . o. , 3. , '" ? t-t to;.
.<. ', ? {-. .... ? .. -'
.... . '" "r .... , ? f";ll"SJ" ? .j ? 1 ? }
VI. -Le Juif Errant à la Salpêtrière. Etude sur certains névropathes,
'voyageurs par le docteur Henry MEIGE. L. Battaille et C ? édi-
teurs. q-` 1$93. ^ '1 ? "t'. <- *». - wt C u ,tC ? \
'=if(lf t.<J '. , o..Fe - . j 1.f ? 1 1 Ir, f - t'
Dans un travail; qui a pour titre «, le- Juif Errant ci là Salpê-'
trière - * M. le docteur'Henri. Meige étudie'certains névropathes
voyageurs sur lesquels M. le professeur Charcot a .déjà plusieurs
fois attiré l'attention dans ses cliniques et dont l'histoire, est encore
peu connue. , - .- - , 1 .f' ,<,JI l ! \' ',)-'1 1 ? 'j
Il s'agit de neurasthéniques ou d'hÿstérô-neurasthéniqués qui^
indépendamment de tous les symptômes classiques des"deux
névroses, 'paraissent. soumis, au régime d'impulsions irrésistibles
les poussant à déambuler par tous les pays à la recherche d'un
remède introuvable. " 1 - 1 .' ,
- L'instabilité psychique des neurasthéniques est chose notoire, et
chacun connaît les démarches sans cesse renouvelées qu'ils font
auprès de toutes les célébrités médicales afin de trouver un soula-
gement à leurs souffrances. Pleins de foi aujourd'hui, en la médi-
cation qu'on leur ordonne, ils la rejetteront demain comme vaine
ou même dangereuse pour en adopter-une autre dont les bienfaits
«seront également éphémères. ," ,
« C'est toujours la même histoire; c'est à très, peu près, toujours
.« la même figure. Chaque année, on voit se présenter à la clinique
« de la Salpêtrière de pauvres diables misérablement vêtus; leur
face amaigrie, aux rides profondes et tristes,, disparaît sous une
« barbe immense et jamais peignée. D'un ton lamentable, ils con-
« lent une histoire pleine de douloureuses péripéties, et, si on ne
« les interrompait, il semble que jamais on n'en saurait la fin.
a^Nés bien loin du côté de la Pologne ou dans le fond de l'AIle-
«, magne, dès leur enfance, la misère et la maladie les ont accom-
« pagnes partout. Ils ont fui le pays natal pour échapper à l'une
« et à l'autre; mais nulle part ils n'ont encore rencontré le travail
« qui leur convient ni le remède qu'ils cherchent. Et c'est après
« des lieues et des lieues parcourues à pied, sous la pluie et le
« vent, par le froid et dans le plus affreux dénuement qu'ils vien-
« nuent échouer à la Salpêtrière dont la renommée les attirait. »
Ce qu'il est intéressant de constater chez ces' voyageurs, c'est
qu'ils sont tous Israélites. C'est là une cohdition'étiologique'qui
assurément n'a rien d'absolu ; ornais la grande fréquence' des tares
344 BIBLIOGRAPHIE.
nerveuses dans la race juive, sa prédisposition remarquable à toutes
les névroses doivent toujours, d'après l'avis de M. Charcot, entrer
en ligne de compte dans le chapitre des causes prédisposantes.
Les causes occasionnelles de la déambulomanie des malades de
M. Meige paraissent' être les mêmes qui provoquent l'éclosion des
accidents hystériques'et neurasthéniques : émotions vives, trauma-
tismes, misères et privations de toutes sortes, surmenage, etc.
Peut-être y a-t-il lieu de faire intervenir ce fait que les douleurs
dont se plaignent les malades sont moindres pendant la marche
que pendant le repos. Le fait mérite d'être contrôlé et il n'est pas
sans intérêt de le comparer au phénomène analogue qui se passe
chez les malades atteints de paralysie agitante : On sait en effet
que chez ceux-ci certains (mouvements (trépidations, oscillations)
calment momentanément du moins les douleurs.
Le facies de ces israélites voyageurs est frappant.
t Leur face est amaigrie, les pommettes saillantes au-dessus des
joues creusées. Les rides du front sont remarquables. On les
retrouve chez tous les malades et sur tous les portraits. Très lon-
gues, très profondes, elles se perdent en haut dans l'attache des
cheveux, formant autour du front un triple ou un quadruple cercle.
Au-dessus du nez deux sillons obliquement ascendants sont l'in-
dice de la fréquente contraction des sourciliers, les muscles de la
douleur. L'oeil est petit, triste, enfoncé, cerclé de rides qui s'en-
chevêtrent, et le brident parfois en un clignotement furtif. Le
nez tantôt long et busqué, plus souvent large, épaté, comme il se
voit fréquemment dans la race germanique. »
La richesse de leur mimique est extrême, et de même qu'ils exa-
gèrent les récits de leurs souffrances, de même ils possèdent un
luxe de grimaces et de gestes appropriés à leurs discours.
Les symptômes morbides sont tantôt ceux de la neurasthénie,
tantôt ceux de l'hystérie, tantôt ceux des deux névroses combinées.
La céphalée suivant le type classique, en casque.
Les douleurs lombaires et sacrées.
Cette rachialgie communique à la colonne vertébrale une rai-
deur spéciale qui fait que les malades marchent à tout petits pas,
évitant de se pencher, se tournant tout d'une pièce. Ils se plai-
gnent aussi tous de douleurs errantes dans les membres; des « rhu-
matismes qui se promènent », disent-ils.
L'insomnie, les rêves pénibles, les troubles dyspeptiques, les
troubles de l'appareil génital, etc., tous ces symptômes relèvent de
la neurasthénie.
A l'hystérie se rattachent les troubles de la sensibilité : anesthé-
sies localisées, troubles oculaires, troubles sensitivo-sensoriels.
Hémiplégies ou monoplégies. Tremblements limités à un membre
ou à un seul côté du corps. ,
L'état mental des névropathes voyageurs mérite un'examen spé-
BIBLIOGRAPHIE. 345
cial.. A côté de l'asthénie psychique si fréquente chez les neuras-
théniques, et qui se traduit par l'impossibilité de suivre longtemps
une idée ou une suite d'idées, par une indécision constante de l'es-
prit qui semble vaciller dans toutes les directions, on trouve une
fâcheuse tendance aux impulsions. Celles-ci peuvent venir du
dehors, ou germer spontanément dans l'esprit du malade : c L'in-
fluence héréditaire semble en cela jouer un rôle important. Et
c'est à ces nouveaux facteurs qu'on doit attribuer les brusques dé-
parts, les lointains voyages entrepris tout à coup, sans raison plau-
sible ou sous le couvert de prétextes irraisonnés.
La mémoire est souvent atteinte, soit dans son ensemble, soit
partiellement. Témoin le cas d'un nommé S... qui avait oublié trois
langues sur quatre qu'il parlait couramment.
Le diagnostic n'est en général pas difficile à faire. D'abord, il
convient de rapprocher ces malades de ceux qui ont été décrits par
M. Tissié sous le nom de « Captivés » ou des soldats de M. Dupon-
chel atteints de « Déterminisme ambulatoire », mais on ne les con-
fondra pas avec les épileptiques voyageurs sujets aux crises d'auto-
matisme comitial ambulatoire, et qui perdent à leur réveil tout
souvenir des pérégrinations qu'ils ont faites.
Les différents somnambulismes offrent aussi des points de dis-
semblance trop nombreux pour être confondus avec le mal des
voyages : L'attitude des malades, les chemins bizarres qu'ils pren-
nent, leurs promenades sans but sont bien à part.
Les vrais hypochondriaques enfin ont dans leurs idées délirantes
un caractère de fixité et de fatalité qui diffère absolument de la
mobilité excessive des névropathes errants. Ces derniers sont
accessibles aux consolations, aux encouragements et passent avec
facilité d'une idée triste à une pensée joyeuse.
Le pronostic est grave - non pas quoad vitam - mais on sait d'a-
près M. Charcot combien tenaces et généralement incurables sont
les deux névroses qui s'associent souvent, chez les névropathes voya-
geurs.
L'hydrothérapie, et surtout l'électricitéibien appliquée, amènent
cependant des améliorations très sensibles. ,
Pour terminer, M. Meige reprend une question d'ordre médico-
légal déjà soulevée par M. Charcot : Les vagabonds [sont-ils tous
des neurasthéniques ? M. le professeur Benedickt, qui s'est atta-
ché à la résoudre, a 'conclu en disant que « le premier élément
constituant du vagabondage est la neurasthénie, physique morale
et intellectuelle ». La chose est très vraisemblable, et pour les
névropathes errants, cette conclusion semble applicable, mais il
faut se garder de l'étendre à tous les vagabonds qui parcourent le
monde. ,
A côté de cette étude neuropathologique, M. Meige a placé une
critique dé la légende du Juif Errant, et il s'est attaché à démon-
346 VARIA.
trer que celui-ci pourrait bien,n'être qu'une sorte de prototype des
Israélites névropathes pérégyinant, de par. le, monde. ? ,9or, 1si
, Les plus vieux textes concernant ce personnage légendaire connu
de tout le monde, semblent en effet prouver que Ahasvérus ou Car.-
tophilus était 1 atteint de la,, même maladie que , les , malades de
la Salpêtrière. - La,tradition populaire et l'amour du merveilleux
en ont fait un mythe dont il n'est pas difficile de reconstituer les
origines.. ? vjW -, i['" Il J r...1 rr .;... ' ,, t
., A certaines époques de sa vie, écrit Matthieu Paris en 1571,.il il
fait une maladie qu'on croirait incurable : il est comme ravi, en
extase; mais, bientôt guéri, il renaît. » , 1 l' . , -
f.Et cette,autre phrase de Collin de Plancy : « Pendant un mois,
il s'obstine à repousser tout aliment; mais chaque nuit le sommeil
^établissait ses organes. ».-7-,On,ne peut s'empêcher en lisant ces
lignes de songer aux extases et aux longs jeûnes des hystériques
du moyen âge. ".r .. , ? , .'1
Enfin, pour compléter cette étude d'exégèse et de pathologie
rétrospective, Il., Meige a recueilli tous les portraits connus du
Juif Errant..Tous présentent des caractères communs typiques;, et
il- faut -bien reconnaître que les plus anciens sont aussi les plus
frappants, aussi peut-on croire à bon droit que ce sont là, non
des compositions d'un artiste fantaisiste, mais l'exacte reproduction
des névropathes voyageurs qui couraient le monde* et que le
peuple s'imaginait être des apparitions du Juif Errant ? "
Un coup d'oeil jeté sur les dessins faits par l'auteur de deux.de
ses malades : Moser B ? dit Moïse, et Gottlieb M... et sur les repro-
ductions des plus vieilles estampes figurant le Juif Errant, fait bien
ressortir ces analogies de facies et d'habitus extérieur.
« Le Juif Errant existe donc encore aujourd'hui; il existe sous
la forme qu'il avait prise aux siècles passés. Sa figure, son costume,
ses manières conservent les mêmes caractères à travers les âges.
C'est que ce mystérieux voyageur est un malade; ce qui nous
frappe en lui, c'est précisément le cachet spécial que lui imprime
sa maladie et qu'on retrouve dans toutes ses apparitions. Car-
tophilus, Ahasvérus, Isaac Laquedem, relèvent de la pathologie
nerveuse, au même titre que les névropathes voyageurs de la Sal-
pétrière. » J.-B. CIIARCOT.
VARIA.
LA MORTE- VIVANTE ' '
Il 1 1 , l
- Un des faits les plus curieux, en, France,, de, catalepsie : est celui
de la morte-vivante d'Oriuy-aiute=Beuoite. i - ." -
VARIA : ' 347
Cette, femme; âgée d'une trentaine d'années ? fille et soeur' d'hys
tériques, a éprouvé ? dans sa jeunesse'une grande frayeur. >'-« M
Ilr Ayanl àccoùché' subitement" en 'pleine : campagne," son. 'enfant a
été tué èÍi- vè"Í1aÍ'¡t au mbndej'et ! ' à1 la 'suite : de' cet incident; les maut
vaises "IlaÍ1gues\' dû Ï5ajsf ayant prononcé, «"assez' haut pour qu'il,fût
entendu du parquet ! le mot d'infanticide; une instruction judiciaire
fut ordonnée ? "1 ott Su ,.1'1> 1 ? 9 ,1" ? . t ! 1ot ',rI"" r n>- «< ' l 10 -,
A la vue des gendarmes, la jeune fille ressentit une telle impres-
sion qu'elle 'tomba' en attaque et's'endormit. Depuis, elle- ne s'est
jamais réveillée ! '' il ? ' ! Jf ! 1 lu : "ù ? ,'0 i'1 -, 1>(1\ 3P' < *
Pendant les deux premières- années,' la- malade fut soignée par
le' médeciIÎ 'du1p'<iys, qui"appela à, là'rescouss ? -mais inutilement,
nos sommités' médicales ? M. le'D1' Charcot en tète. Les aspersions
'd'eau froide, l'éther; les antispasmodiques restèrent inutiles et sans
'effet™' z '- 1 ? 1"Hi -- ? ' - '- 0.0" î / 14-1 ..
De tous les points de la France, les docteurs arrivèrent "et l'un
'd'éL,xi médecin à Lorient; qui avait eu, paraît-il,' un-cas analogue
dans son'' service ? formula : le pronostic suivant : : le 'jour, où- la
malade' se 'réveillera, 'son réveil sera suivi aussitôt de sa mort.
' Inutile de' dire que, depuis cette époque, aussi bien le médecin
du' pays" que', ceux appelés en consultation,"ont dû renoncer à
essayer de réveiller la' cataleptique 'qui; passée à l'état de curiosité
locale, est "devenue' pour 'sa famille un -objet de rapport assez
lucratif. tr¡" 1, ? ,¡; . ? '«'" » h .JI '11""1
0 Etendue- sur une couchette en fer et ténue dans un`état d'exces-
sivê'propreté; 'l'endormie d'Origlly-Sainte-Benolte avait l'aspect
d'une'personne'en bonne santé et simplement endormie. La pau-
pière, légèrement entr'ouverte, laisse voir les deux yeux retournés
et'dont on n'aperçoit que le blanc; quant à la ! mâcllOire, elle est
contractée et tous 'les efforts qui 'ont été faits'pour desserrer'les
dents n'ont eu' d'autres résultats que d'en briser plusieurs'. il ' <
1 Dans ce corps inerte et réduit à l'état de' véritable squelette,
toutes les fonctions ordinaires de la vie s'accomplissent naturelle-
ment et, à'l'auscultation, bien que très faibles, les mouvements du
coeur sont réguliers et perceptibles. ' ' '" t. r
Depuis' dix ans,'la morte-vivante d'Origny-Sainte-Benolte n'est
nourrie qu'à la sonde ou à l'aide d'injections de peptone. Inutile
de dire que ce cas, unique en France, laisse bien loin derrière lui
tous les accidents cataleptiques qui peuvent se produire de temps
à autre. Bien que l'état cataleptique soit' généralement de courte
durée et, dans la plupart des cas, cesse de lui-même avec les
causes qui ont pu le produire : hystérie, névrose, frayeur, violent
chagrin, grande émotion, c'est toujours' un état très alarmant et
qui, même de courte durée, ne peut que produire de graves
désordres. ,. - l «,v , = r
La nutrition ne pouvant qu'être artificielle,, devient nécessaire-
348 VARIA.
ment insuffisante et le jour où la machine humaine, revenue à la
vie, veut se remettre en mouvement, les rouages intérieurs, qui se
sont rouillés, ne fonctionnent plus. S'il en est ainsi pour quelques
mois, à plus forte raison au bout de quelques années. (La Justice,
28 septembre 1893.)
Organisation D'UNE caisse DE SECOURS EN attendant la création
D'UNE SOCIÉTÉ DE patronage POUR LES aliénés NÉCESSITEUX sortant
DES asiles d'aliénés DE la SEINE-INFÉRIEURE.
Dans la séance du Conseil général du 12 avril 1893, M. Roederer,
au nom de la deuxième Commission, a donné lecture du rapport
suivant :
0 : Messieurs, sur la demande de M. le Ministre de l'intérieur, et
conformément au voeu formulé par le Conseil supérieur de l'assis-
tance publique, la Commission de surveillance des asiles d'aliénés
de la Seine-Inférieure a émis un avis favorable à la création d'une
société de patronage des aliénés sortant sans ressources des asiles
des Quatre-Mares et de Saint-Yon. En attendant la constitution de
cette société, la Commission de surveillance demande qu'il soit
organisé immédiatement une caisse de secours alimentée par le
pécule et les vêtements des aliénés décédés. Se rangeant à cet
avis, votre deuxième Commission, d'accord avec M. le Préfet, a
l'honneur de vous proposer de décider que les fonds provenant du
pécule des aliénés décédés, et leurs effets, attribués jusqu'à présent
aux asiles, seront désormais employés, par les soins de MM. les
Directeurs, sous le contrôle de la Commission de surveillance, à
secourir les aliénés nécessiteux qui sortiront des établissements de
Quatre-Mares et de Saint-Yon. Pendant les cinq dernières années,
ces fonds se sont élevés, en moyenne, à 1,682 fr. 86 par an, pour
Quatre-Mares; et 1,047 fr. 77 pour Saint-Yon. Pendant le même
laps de temps, la sortie des malades indigents a été en moyenne
de 58 par an pour Quatre-Mares et 58 pour Saint-Yon. » Le rapport
est adopté.
Lettre de M. le Préfet aux Directeurs-Médecins de Quatre-Mares
et de Saint-Yon.
Rouen, le 4 mai 1893.
« Monsieur le directeur, j'ai l'honneur de vous adresser ci-jointe
une copie de la délibération par laquelle le Conseil général de la
Seine-Inférieure a, en attendant la création d'une société de patro-
nage pour les aliénés nécessiteux sortant des asiles de ce départe-
ment, autorisé l'emploi, au profit de ces indigents, des fonds pro-
venant du pécule des aliénés décédés et de leurs effets, attribués
jusqu'à présent aux asiles. Je vous prie de vouloir bien assurer, en
ce qui vous concerne, l'exécution de ces dispositions. Agréez, Mon-
VARIA. 349
sieur le Directeur, etc.. Pour le Préfet en tournée de revision, le
secrétaire général délégué, signé : F. Cauro. »
MM. les Directeurs-Médecins, conjointement avec la Commission
de surveillance des asiles d'aliénés de la Seine-Inférieure; vu la
délibération du Conseil général en date du 12 avril 1893, statuant
que « les fonds provenant du pécule des aliénés décédés, et leurs
effets, attribués jusqu'à présent aux asiles, seront désormais
employés par les soins de MM. les Directeurs, sous le contrôle de
la Commission de surveillance, à secourir les aliénés nécessiteux
qui sortiront des établissements de Quatre-Mares et de Saint-1'on »,
Ont pris les dispositions suivantes en vue d'assurer l'exécution de
ladite délibération qui, n'ayant pas été frappée d'annulation, est
devenue exécutoire à partir du 4 mai 1893, la session du Conseil
général ayant été close le 13 avril 1893. (Article 47 de la loi du
10 août 1871.)
Règlement. Secours en argent : 1° Il est institué une caisse de
secours pour venir en aide aux aliénés nécessiteux des asiles de
Quatre-Mares et de Saint-Yon; 2° La caisse de secours est ali-
mentée par le pécule des aliénés décédés et par les subventions qui
pourront être accordées par le Conseil général. Le pécule des ma-
lades décédés depuis le 4 mai 1893 jusqu'à ce jour sera immédiate-
ment versé à cette caisse, dont le receveur des asiles est constitué
le trésorier. A l'avenir, les versements auront lieu dans les huit
premiers jours de chaque trimestre ; 3° Les secours aux aliénés
nécessiteux sont accordés, au moment de la sortie (provisoire ou
définitive), par le Directeur-Médecin de Quatre-Mares pour les
hommes, par le Directeur-médecin de Saint-Yon pour les femmes.
Le secours peut être renouvelé sur l'avis favorable d'un membre
délégué de la Commission de surveillance dans les trois mois qui
suivent la sortie du malade, sans cependant que le total des
sommes allouées au même malade puisse dépasser cinquante
francs; 4° Passé ce délai de trois mois, après la sortie, ou après
allocation d'une somme de cinquante francs, les secours en argent
ne peuvent plus être accordés que sur l'avis favorable de la Com-
mission de surveillance; 5° Le receveur ne peut conserver en
caisse pour fonds de secours une somme excédant cinq centsfrancs.
Le surplus des fonds de la caisse de secours sera placé en un livret
de caisse d'épargne de Rouen. Lorsque par les apports qui seront
faits successivement à la caisse de secours, le livret de cette caisse
paraîtra devoir dépasser deux mille francs, MM. les Directeurs des
asiles se pourvoiront aux fins d'obtenir, par application des arti-
cles 13 et 21 de la loi du 9 août 1881, que le compte courant de la
caisse de secours soit porté à huit mille francs. Le receveur aura
seul qualité pour verser les fonds 1l la Caisse d'épargne et les reti-
rer en tout ou partie sur une autorisation de l'un de MM. les Direc-
teurs ; 61 Les Directeurs-Médecins présenteront conjointement
350 : q ? 4RIA.,
chaque année au-mois^de-janvier, à la.Commission de surveillance,
un rapporteur Jes opérations jle l'année e ? sûrla .situation finan-
cière de la caisse de, secours. ? -.¡,\.) ? II> 4, '>yO\[)s\ I>\\r"\o
Secours^en acahce ? 4° II est' formé dans châqueasilé`etasôus,la
garde de' l'économe de, l'établissement5 unK vestiaire alimenté avec
Je linge et les vêtements provenant des'aliénés décédés;·-- 2° Indé-
pendammentdesa secours en;,argent, sus-éuonéés, des`secours,.en
nature, linge et vêtements, sont accordés aux aliénés nécessiteux
au moment de leur sortie, avec les objets provenant de ce vestiaire,
et sur un bon du Directeur-Médecin; 3° Les secours en nature
peuvent être renouvelés sur un bon du Directeur-Médecin dans les
six mois qui suivent liliSôrt5e'dú : malaqèY Passé ce délai, les secours
ne peuvent plus être accordés que sur l'avis favorable de la Com-
mission de surveillance; 4° Les Directeurs-Médecins présenteront
conjointement, chaque année, au mois de janvier, à la Commission
dé' surveillance ? le relevé des' secours* en'nature pendant l'année
écoulée,' et'l'état de; situation ¡ du vestiatre, dans, chaque a , sile,,Iau
31 décembre : *1' -r,c ' "3- '" - T, ? "0 '10.' IL 9- £ t-
1,.1 b -'J'rq
'4' i I t -tHI' t f ' « t 1 , r *{<aï -"1 ,f , lnt3^ Y'' 1
, ( fF ú NOU\'EL EXEMPLE D'UNE JEUNE^DORMEUSE, . , '^j, .
. ? .
1 J uf...) r11 t nt,"t ... > 1 ...' . (\ f " , . 1-~u ïrr, ..... l1ff
.t.Nous remarquons dans l'Echo du 17. courant, qu'un cas, sem-
blable à celui rapporté dans un récent numéro/de The Lcacet, s'est
produit, en Prusse. C'est celui'd'une jeune fille, de .vingt ans. Voilà
six, jours qu'elle,dort,,etil·a été,imposs3ble jusqu'ici de la réveiller
si.ce n'est que. pour quel,que. I ? ? ute et pa.r,,4 ? 9yens ? l : f}ta-
tion externes.,Le caractère. essentiel de ce, cas est' le même que
celui que nous avons rapporté, et il est de forme cataleptique ? w
La pathologie de cette condition est très mystérieuse, niais i 1 est
peu douteux que l'attention^ sympathique n'arrive à perpétuer lés
symptômes. Les. malades sont toujours très nerveux, et il, semble
qu'il existe là une idiosyncrasie nationale ou plutôt naturelle, ^car
il paraît évident que chez les Slaves et les Celtes ces cas sont beau-
coup plus, communs que chez les^ autres peuples., La Salpêtrière,
chez les Français, nos voisins, montre beaucoup de cas similaires,
et dans notre pays 01 z,).. mme a La jeûneuse du pays de .Galles «est
devenue presque proverbiale. La jeune fille dont nous parlions
récemment était Irlandaise, mais probablement de la même race.
Nous n'entendons pas souvent parler de cas semblables dans les
pays nord, du royaume et il est possible que la raison en. est dans
ce fait que le caractère apathique dès gens .s'oppose aux émotions
extérieures. (The Lancei, 29 juillet 1893, p. 267.) ` · v n '
r Q1 j
'- Nous .nous- permettrons de, rappeler à t¡c : 1te,-¡R.C,si"01f"que
nous avons l'un des premiers consacré tout un chapitre spécial
FAITS DIVERS. 351
au' sommeil des- épileptiques études, hystériques et en parti-
culier aux attaques' de' sommeils Gela remonte à 1877 (lcono-
graphie phOtOg1', de la Salpêtrière)' ! Depuis, cette question a
fait l'objet de, nombreuses publications. Quelques auteurs, par
exemple, M. Barth, dans sa thèse* d'agrégation, ont4 rappelé
nos recherches antérieures, d'autres- ont 'paru ne pas les con-
naître. C'est pour éviter pareil oubli que que nous faisons ce
rappel. 5 ' ' (1 ".1 ? ,
' ' ' r ... ,
Il : : - - j J 1 14 , r' 1 , 14 a . -
r FAITS DIVERS.. .. ? ' b ? t 1. 1 ? Ir -1..
= - Brillant acte de, courage. Dimanche, à 5.heures de l'après-
midi, M. Chevalier, médecin-adjoint à l'asile d'aliénés d'Aix, a failli
être victime de son dévouement, dans les collines du Grand-Arbois,
près d'Aix.
A la pente la plus rapide, au contour le plus raide de la route
des Martigues, et à quelques kilomètres du bassin du Réaltort, un
mulet emporté entraînait à une mort certaine un homme, une
femme et un garçon d'une quinzaine d'années, 'montés sur un
véhicule' dit « Jardinière ». ' ' ' ' ' 1
Le docteur se jeta courageusement à la tête de l'animal, et au
moment où'la jardinière allait s'effondrer en déployant une force
énorme aie maintenir et à le ramener sur la route. Malheureuse-
ment, les guides se brisèrent dans ses mains, et, bousculé par le
mulet qui tentait de reprendre sa course effrénée, M. Chevalier
tomba et le véhicule lui passa sur la cuisse gauche, après lui avoir
contusionné fortement lajambe droite. ' ·
Le conducteur avait été précipité de son siège et la femme et
le garçon étaient traînés par le mulet, emporté de nouveau, lorsque
heureusement la jardinière, aux trois quarts démantelée, buta
contre'un arbre de la route et arrêta net l'animal. La mère et
l'enfant étaient aussitôt dégagés par un des amis qui accompa-
gnaient le docteur et tous s'empressèrent autour de celui à qui cette
famille doit certainement là vie. On espère que les blessures de
M. Chevalier n'auront pas de suites fâcheuses. (Le Petit Provençal,
3 octobre'1893.) ..
Nous enregistrons avec plaisir le récit de l'acte de dévouement
de M. le Dr Chevalier, acte qui fait honneur et à lui et à notre
profession. '
Asile départemental DES aliénés- de-la CHARENTE-INFÉRIEURE.
Une place d'interne en medecine est actuellement vacante à l'asile
352 BULLETIN bibliographique.
des aliénés de.Lafond, La Rochelle (Charente-Inférieure). Outre le
logement, l'éclairage, le chauffage et la nourriture, les titulaires
nommés par le préfet reçoivent une indemnité annuelle de 800 fr.
Pièces à fournir : extrait de naissance, certificat de bonnes vie et
moeurs, certificat de scolarité. Les candidats doivent être munis de
douze inscriptions avec certificats d'examen.
Asiles d'aliénés. Nominations et mutations. Par arrêté du
24 juillet : M. le Dr l\10RDRET, médecin en chef de l'asile du Mans, à
été admis à la retraite à partir du leur août. M. le Dr FABRE, mé-
decin en chef de l'asile de Montdevergues, a été nommé médecin
en chef de l'asile du, Mans en remplacement de M. le D'' MORDRET.
Arrêté du 27 juillet : M. le Dr Ciiaussinant médecin-adjoint de
l'asile de Fains, est nommé médecin-adjoint de l'asile de Dijon en
remplacement de M. le Dr BELLAT, nommé directeur-médecin de
l'asile de Saint-Dizier. Par suite des vacances qui se sont' pro-
duites, nous espérons que M. Monod ne tardera pas, comme c'est
son devoir, à annoncer l'ouverture d'un prochain concours pour les
places de médecins-adjoints. .
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
FALCONE (C.) La Corteccia del cervelletto-sludi d'istologia a Nor-
fologia comparate. Volume in-4° de 223 pages, avec 4 planches hors
texte. Napoli, 1893. Chez l'auteur, 77, via Duomo.
MoNTGOMEnv (W.). Unilatéral lapyertrophy of the face. Brochure
in-8, de 13 pages, avec 4 figures. Philadelphia, 1893. Tlae Médical
News.
PIARACCIXI (A.). Conlributo allô studio allucinagionis verbali psico-
motrici. Brochure in-8", de 71 pages. Noura inferiore, 1893. Tipo-
rafla. del 111anicomio.
SAJORES (Ch.-E.) Atnual of the Uaiversal lfedical Sciences a ycarl,y
report of llie progress o/' the gênerai sanilary zciences t/ ! 1'ougllOut the
lvorld. Ouvrage composé de 5 volumes et illustré de nombreuses
tigures. G volumes in-8" cartonnés. Philadelphie, 1893. F.-A. Davis.
.
Le rédacteur-gérant, Bourneville.
Evreul. Gh. HEEIBBEY, Imp. 1093
Vol. XXVI. Novembre 1893. Nu 81
ARCHIVES DE NEUROLOGIE
ANATOM1E PATHOLOGIQUE
SUR UNE LÉSION SYSTÉMATISÉE DU CERVELET ET DE SES
DÉPENDANCES BULBO-PROTUBÉRANTIELLES
PAR MSI.
H. ROYET J. COLLET
Chef de clinique des maladies mentales Préparateur du cours de Pathologie
générale
A la Faculté de médecine de Lyon.
Nous avons 'eu l'occasion de pratiquer l'autopsie d'un ma-
lade, du service du Dr Garel, dont l'observation clinique a été
publiée par l'un de nous', alors son interne, dans les Annales
des maladies de l'oreille et du larynx. Ce malade avait pré-
senté la plupart des symptômes de la sclérose en plaques et, de
plus, un tremblement des cordes vocales, symptôme décrit
depuis quelques années comme à peu près spécial à cette affec-
tion. La nécropsie a montré une sclérose du cervelet avec
lésions secondaires de la protubérance. Comme les cas de ce
genre sont rares, et plus rares encore ceux accompagnés d'un
examen microscopique de la protubérance et du bulbe, nous
avons cru devoir rapporter le nôtre en détail. Il offre les plus
grandes analogies avec celui qu'a publié autrefois notre
maître, M. le professeur Pierrret; il sera intéressant de rappro-
cher chemin faisant ces deux observations. Nous utiliserons
cette occasion pour faire en quelque sorte une revue générale
' J. Collet. Le tremblement des cordes vocales et les troubles de la
phonation dans la sclérose en plaques. Février 1892.
Archives, t. XXVI. 23
3ü4 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
des symptômes cliniques de la maladie et des lésions bulbo-
protubérantielles qui l'accompagnent, d'après les documents
dont on dispose à l'heure actuelle.
Grumel (Claude), cultivateur, âgé de cinquante ans, entre à
l'hôpital de la Croix-Rousse, le 8 décembre 1886.
Son père est mort à cinquante ans, sa mère à quatre-vingts ans, de
maladies indéterminées. Un frère bien portant. Un frère mort à
vingt-deux ans d'accident; un autre frère mort pendant son ser-
vice miltaire. Ni scrofule, ni syphilis. Pas d'alcoolisme. Il y a dix
ans, auraient apparu des douleurs dans le cou; ce torticolis n'au-
rait disparu que depuis deux ans.
L'affection actuelle a débuté il y a dix-huit mois; les premiers
troubles se seraient manifestés dans le membre supérieur droit,
qui aurait été le siège de douleurs très vives. La paraplégie n'est
bien marquée que depuis quinze jours.
Actuellement le malade chancelle, quand il se tient debout, s'il
n'élargit pas considérablement sa base de sustentation. L'occlu-
sion des yeux n'augmente pas manifestement la difficulté de se
tenir debout. 11 se produit parfois, au dire du malade, des contrac-
tures dans les muscles des membres inférieurs, surtout dans les
mollets; mais à l'examen, ceux-ci, comme tous les autres muscles,
ont la flaccidité normale. Les réflexes rotuliens sont manifeste-
ment exagérés, surtout à droite. Réflexes plantaire et crémasté-
rien à peu près normaux. On ne peut produire l'épilepsie spi-
nale.
Un peu de tremblement des membres supérieurs quand le ma-
lade étend les bras en avant, les doigts écartés, et quand il porte
un objet à sa bouche. Les objets sont portés à peu près directe-
ment au but avec quelques légères oscillations.
Nystagmus ne se produisant pas quand l'oeil est au repos, mais
devenant manifeste à l'occasion des mouvements du globe oculaire.
Troubles de la parole très marqués, n'existant que depuis quinze
jours. La parole est lente et embarrassée, mais le malade prononce
bien les syllabes qu'il veut prononcer, sans en oublier et sans en
transposer. Aucun trouble de la sensibilité.
L'appétit et la digestion sont normaux ; un peu de constipation.
Pas de troubles de la miction. Rien aux poumons. Rien au coeur.
Pas de sucre ni d'albumine dans les urines.
26 février 1886. OEdème des pieds el des malléoles : Iodure de
potassium, 2 grammes, pointes de feu.
Le premier examen laryngoscopique n'a été fait qu'en 1888,
époque à laquelle M. Garel prit la direction du service.
13 juillet 1888. A l'examen laryngoscopique, pendant les phéno-
mènes respiratoires, on constate un très large écartement des cordes
vocales, qui disparaissent sous les bandes ventriculaires, sans que
SUR UNE LÉSION SYSTÉMATISÉE DU CERVELET. 355
celles-ci soient cependant hypertrophiées. Dans les tentatives de
phonation, qui n'aboutissent, d'ailleurs, qu'à un résultat presque
nul, on voit nettement se fermer la glotte interaryténoïdienne,
alors que la glotte ligamenteuse reste largement ouverte sous la
forme elliptique. Le malade ne peut articuler que des syllabes
rauques et très rarement sonores. Les cordes vocales ne sont pas
altérées dans leur coloralion.
23 octobre 1888. Depuis deux ou trois jours le malade peut
émettre des sons beaucoup plus distincts, mais on voit que l'air
passe dans le larynx à plein jet. Il y a épuisement très rapide, cou-
lage de l'air.
15 juin 1889. Le malade a de la cystite avec urines purulentes
et ammoniacales. Lavages de la vessie avec naphtol. Améloration
très rapide.
16 décembre. Le malade a eu ce matin une selle involontaire.
Janvier 1890. Influenza pendant quelques jours.
Au début de l'année 1891, M. Garel, en examinant de nouveau
le malade au laryngoscope, constate des oscillations des cordes
vocales analogues au tremblement. A plusieurs reprises, pendant
le courant de l'année, on s'assure de la persistance de ces mou-
vements.
Etat du malade en décembre 1891. Le malade reste constam-
ment assis sur une chaise roulante. L'écoulement de l'urine est
constant. Pas d'incontinence des matières fécales. Pouls à 75. Nys-
tagmus très accusé. 1
Le tremblement est beaucoup plus accentué qu'autrefois; les
mains tremblent presque constamment. Ce tremblement s'exagère
considérablement lorsqu'on dit au malade de porter la main à sa
bouche. Pas de contractures, mais les jambes se raidissent par mo-
ments. Trépidation épileptoïde très nette, surtout à droite.
Troubles de la parole toujours très accusés; le malade ne peut
dire que quelques mots à peine intelligibles. Au laryngoscope, on
constate des oscillations à peu près continues des cordes. Elles se
produisent aussi bien pendant l'ouverture que pendant la ferme-
ture de la glotte. Pendant l'inspiration, les cordes se cachent der-
rière les bandes ventriculaires; on les voit alternativement appa-
raître, puis disparaître par le fait même du tremblement.
Ordonne-t-on au malade d'émettre un son, on-voit les cordes se
rapprocher l'une de l'autre en décrivant des oscillations, au lieu
de se rapprocher franchement et d'un seul coup. Ces oscillations,
sont irrégulières, à tel point qu'on ne peut en déterminer
le rythme : elles ne paraissent pas en moyenne être plus de GO
par minute. Les oscillations des deux cordes ne se correspondent
pas; à certains moments elles sont plus nombreuses d'un côté que
de l'autre. Les cordes une fois juxtaposées pour la phonation,
laissent entre elles un espace elliptique permettant un léger degré
35G ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
de coulage; d'ailleurs, elles ne restent pas longtemps juxtaposées
et s'écartent de nouveau en décrivant leurs oscillations. Quand on
dit au malade de tenir le son un peu plus longtemps, il répond
qu'il ne peut pas.
La dilatation de la glotte pendant l'inspiration est beaucoup
plus grande qu'à l'état normal, et le regard plonge profondément
dans la trachée. La muqueuse du larynx est de coloration abso-
lument normale.
Lorsqu'on essaye de faire rire le malade, on ne peut obtenir l'ins-
piration éclatante signalée par Leube, Loeri, etc., ce qui s'explique,
d'ailleurs, par l'énorme dilatation de la glotte.
La langue présente un tremblement très évident, mais le malade
peut la tirer parfaitement au dehors.
On conviendra que tout, dans cette observation, était en
faveur de la sclérose en plaques : tremblement, trépidation
épileptoïde, troubles de la parole, etc. En janvier 1892 le ma-
lade succombe au bout de quelques jours à une petite épidé-
mie de grippe qui s'était déclarée dans la salle. Nous ne vou-
lons rapporter de son autopsie que ce qui a trait aux lésions des
centres nerveux.
Le cerveau paraît absolument indemne : on ne trouve rien à signa-
ler soit à la surface, soit sur les coupes. Mais, en examinant le cer-
velet on est frappé de la teinte 'jaune, anormale, qu'il présente ;
cet aspect se retrouve sur les coupes qu'on pratique dans son épais-
seur ; de plus sa consistance est augmentée, comme scléreuse.
La bulbe et la protubérance présentent aussi à la coupe la même
consistance scléreuse; la moelle, d'aspect normal, divisée en plu-
sieurs segments après incision des méninges, est placée avec le
le bulbe et la protubérance dans le liquide de MùIIer. On a mal-
heureusement négligé de faire l'examen microscopique du cervelet,
se contentant de noter sa sclérose et sa teinte : cette lacune est
regrettable car on aurait pu localiser dans l'écorce du cervelet les
divers aboutissants des fibres olivaires.
Les pièces ont été portées au laboratoire de M. le professeur
PIEItItÉT, et leur aspect macroscopique lui a immédiatement rappelé
le fait qu'il avait autrefois observé. Notre maître a bien voulu nous
guider dans l'examen microscopique de nos préparations, et c'est
à lui que nous devons l'interprétation exacte des lésions qu'elles
révèlent.
La protubérance est comme aplatie dans le sens antéro-posté-
rieur, et on peut constater que cette diminution d'épaisseur s'est
faite aux dépens du pont de Varole; le paquet des fibres des pédon-
cules cérébelleux moyens ne forme plus la saillie qu'on est habitué
à trouver au-dessus du bulbe, au-devant des pyramides et les recou-
SUR UNE LÉSION SYSTÉMATISÉE DU CERVELET. 357
vrant en sautoir. Sur une série de coupes transversales de la pro-
tubérance on peut se convaincre du bien fondé de cette supposition.
Les pyramides qui paraissent intactes forment de chaque côté
du raphé une forte saillie antérieure, immédiatement en dehors de
laquelle se trouve une forte dépression se prolongeant jusqu'aux
racines antérieures de l'auditif. Le diamètre antéro-postérieur de
la protubérance qui égale presque, dans les conditions normales,
son diamètre transverse, est ici diminué d'un tiers au moins,
comme on peut s'en rendre compte en jetant un coup d'oeil sur
la figure 371 (protub. normale), que nous avons placée en regard
' Cette figure a été remplacée par un simple pointillé ajouté àlafigui,e 35,
pour représenter les limites antérieures de la protubérance normale.
Fig. 35.- Coupe au niveau de la partie inférieure de la protubérance :
elle montre son aplatissement antéro-postérieur, par suite de la sclé-
rose des pédoncules cérébelleux moyens.
1, t', pyramides; 2, 2, pédoncules cérébelleux moyens atrophiés et sclérosés ; -3, fas
ciculus teres; - 4, corps restirorme; 6, noyau commun du facial et de l'oculo-
moteur externe; 7, noyau propre du fascial; 8,8', olives supérieures intactes.
V, racine de la cinquième paire; VI, VU, VIII, racines de l'abducens, du facial et de
l'acoustique. La ligne pointillée (destinée à remplacer la fig. 37) représente le contour
antérieur d'une protubérance normale.
358 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
pour bien marquer cet aspect singulier qui ne se retrouve dans
aucune autre lésion protubérantielle.
Toutes nos coupes ont été colorées au carmin acétique de façon
à bien mettre en évidence le tissu de sclérose qui se détache en
rouge, tandis que les parties restées normales prennent une colo-
ration légèrement jaune ou rosée. On voit aussi une mince bande
de tissu conjonctif dense passer au devant des pyramides; c'est
tout ce qui reste des pédoncules cérébelleux moyens. On ne retrouve
pas, disséminés entre les fibres, les riches amas cellulaires qui
existent habituellement dans les couches antérieures des protu-
bérances normales. Le tissu de sclérose s'infléchit entre les pyra-
mides et gagne le raphé où il s'atténue peu à peu. Ces détails sont
bien visibles sur la figure 35 où on aperçoit en 2-2' les pédoncules
cérébelleux moyens sclérosés, en VIL et VI l'origine apparente du
facial et de l'oculo-moteur externe, émergeant au milieu du
tissu sclérosé, mais sans présenter eux-mêmes d'altérations. On
H'ig. 3ti. Coupe du bulbe à la partie moyenne des olives.
1,2, raphé; 3, noyau de l'hypoglosse; - 4, noyau du pneumogastrique; 5, tronc
de l'hypoglosse; 6, parolive antérieure; - 7, parolive postérieure; 8, faisceau
grêle de Pierret (slender column de Clarke); 9, olive sclérosée; 10, émergence du
tronc du pneumogastrique; Il, pyramide avec ses faisceaux conjonctifs antéro-pos-
térieurs.
SUR UNE LÉSION SYSTÉMATISÉE DU CERVELET. 359
peut constater aussi l'intégrité du noyau d'origine de l'oculo-moteur
externe. En V se retrouve la racine ascendante du trijumeau,
normale d'ailleurs. On remarquera aussi l'intégrité des olives supé-
rieures en 8', du champ moteur, du corps trapézoïde.
Une autre coupe, passant par le bulbe, et intéressant la partie
moyenne des o[ives,vamettre en évidence leurs altérations (fig. 36).
On y reconnaît en 8 le faisceau solitaire de Stilling, en 9 l'olive
malade, en 6 et 7 les parolives, en 5 et 10 les nerfs hypoglosse et
pneumogastrique avec leurs noyaux en 3 et 4.
Nous avons deux particularités à signaler dans cette coupe du
bulbe : l'intégrité des noyaux du plancher du 4e ventricule et
la dégénérescence complète des olives et des parolives. Les
olives sont envahies dans la région du hile par un tissu de
sclérose dense qui se produit dans leur intérieur. A la péri-
phérie des corps olivaires, au point correspondant aux cellules
Fig. 37. L'une des olives sclérosées, vue à un plus fort grossissement.
1, l'olive; 2, parolive antérieure; - 3, parolive postérieure; - 4, tronc de l'hy-
poglosse ; 5, la p)ramidc; 6, sillon préolivaire.
360 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
qui forment la lame grise, plissée, la striation normale disparaît;
on ne retrouve plus qu'une masse homogène, vitreuse, forte-
ment teintée par le carmin, dans laquelle il est impossible de
reconnaître aucune disposition fibrillaire, ni aucun corps cel-
lulaire. Il s'agit sans doute d'une lésion relativement ancienne.
Les parolives sont représentées par deux petites masses, forte-
ment colorées, ne contenant aucune cellule dans leur intérieur
et présentant un bord irrégulier, formé par des franges du
tissu de sclérose, se dirigeant vers le raphé, à travers le champ
moteur. Cet aspect des olives et des parolives, identique des
deux côtés, nous a paru tellement typique que nous avons
représenté isolément l'olive et les parolives du côté opposé à
un plus fort grossissement (fig. 37). On peut bien y constater
les dispositions que nous venons de décrire, et voir l'hypo-
Fig. 38. Coupe au niveau de la partie supérieure
de la protubérance.
. 1 faisceaux nerveux des voies pyramidales; 2, 2', faisceaux transversaux sclérosés.
SUR UNE LÉSION SYSTÉMATISÉE DU CERVELET. 361
glosse serpentant au voisinage de l'olive dégénérée, sans pré-
senter lui-même aucune trace d'altération, La coupe 2 permet
de suivre tout le trajet intra-bulbaire de l'hypoglosse depuis
son origine apparente jusqu'à son noyau ventriculaire dont la
figure 38 montre l'intégrité absolue. Nous aurons à revenir plus
loin, quand nous tenterons l'interprétation des symptômes sur
cette intégrité absolue de la douzième paire, coexistant cepen-
dant avec le tremblement de la langue et les troubles de la
parole. Le même contraste se retrouvait dans un cas décrit par
par Meynert.
Sur une coupe au niveau de la partie moyenne de la
protubérance, on est frappé ici encore par 1 a sclérose des fibres
transversales, fortement colorées, circonscrivant des espaces
dans lesquels se trouvent les fibres normales qui sont au pied
du pédoncule.
Si nous jetons un coup d'oeil d'ensemble sur les lésions que
nous avons décrites sur nos coupes successives du bulbe et de la
protubérance, nous pouvons les résumer ainsi : sclérose des
pédoncules cérébelleux moyens et des olives inférieures.
Les dégénérescences bulbo-protubérantielles consécutives
aux lésions cérébelleuses sont depuis longtemps connues. En
1872, M. Pierret' a publié un cas type d'atrophie cérébelleuse,
accompagné d'un examen microscopique de la protubérance
et du bulbe. Ce cas et celui que nous publions ici offrent tant
au point de vue clinique qu'au point de vue anatomo-patholo-
gique de trop nombreuses analogies pour ne pas tenter de les
rapprocher. Dans les deux cas, à la lésion cérébelleuse, étaient
associées la sclérose des pédoncules cérébelleux moyens et des
olives. Une série de travaux nous a renseignés sur la destina-
tion des fibres des pédoncules cérébelleux moyens : on ne les
considère plus comme des commissures réunissant deux points
opposés de l'écorce des hémisphères; l'expérimentation (Mar-
chi 2, etc.) et l'anatomie pathologique des cas où la lésion était
localisée à une moitié du cervelet, nous les montrent franchis-
sant la ligne médiane, pour se terminer dans les cellules ner-
veuses qui remplissent les couches antérieures de la protubé-
rance. Dans son premier article sur l'atrophie cérébelleuse, et
1 Pierret. Note sur un cas d'atrophie périphérique du cervelet avec
lésion concomitante des olives bulbaires. (Arch. de Physiol., 1872.)
1 Archives italiennes de biologie, t. XVII, p. 190.
36'2 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
plus récemment dans la thèse d'un de ses élèves 1, M. Pierret a
longuement insisté, sur la disparition de ces cellules nerveuses
comprises à l'état normal entre les fibres des pédoncules céré-
belleux moyens; ces cellules disparaissent également dans les
vieilles lésions descendantes des voies pyramidales. Leur situa-
tion sur le trajet des fibres cérébelleuses et des pyramides, et
cette double trophicité empruntée à la fois au cervelet et au
cerveau, tendraient à faire admettre que leurs fonctions sont
en rapport à la fois avec ces deux organes, qu'elles leur ser-
vent probablement d'intermédiaire. Cette hypothèse de M. Pier-
ret, basée sur l'anatomie pathologique, s'accorde bien avec ce
que nous savons de la physiologie du cervelet : on tend de
plus en plus à la considérer comme un organe lié à la motricité,
et à lui refuser un rôle sensitif, contre lequel plaide l'extrême
rareté des troubles de ce genre dans les lésions cérébelleuses.
Les expériences de Flourens2 et de Lussana qui en faisaient
le centre coordinateur des mouvements ou le régulateur
de l'équilibre locomoteur, celles plus récentes de Luciani3, qui
le considèrent comme le centre du tonus musculaire, ne nous
apprennent rien de précis sur la voie par laquelle s'exerce cette
coordination ou ce tonus. L'hypothèse que la communication
entre ces deux grands systèmes se fait au niveau des cellules
grises de la partie antérieure de la protubérance est suffisante :
plus on. remonte vers ces parties supérieures, plus on voit
augmenter l'intrication des fibres verticales ou pyramidales
avec les transversales ou cérébelleuses : c'est la continuation
de processus de connexion cérébelleuse avec le système pyra-
midal, mettant en relation la masse du cervelet avec les con-
ducteurs émanés du système cérébral.
Enfin, dans notre observation, comme dans celle de M. Pier-
ret, il y avait sclérose des olives. Les relations des olives et du
cervelet sont bien connues et aujourd'hui indiscutables : leur
lésion a été décrite en détail dans l'observation de M. Pierret ;
nous ne reproduirons pas cette description analogue à la nôtre
il a seulement trouvé quelques corps cellulaires ratatinés, tan-
1 Brosset. Contribution à l'élude des connexions du cervelet. Thèse
de Lyon, 1890.
2 Recherches expérimentales sur les propriétés et les fonctions du
système nerveux. 2" édit. Paris, 1842.
' Luciani. Linee generali della fisiologia del cervelletlo. (Riv.
sperim. di med. leg. NI 1-2, 1881.)
SUR UNE LÉSION SYSTÉMATISÉE DU CERVELET. 363
dis que dans notre cas il n'en restait aucune trace. On sait que
les olives dégénèrent dans les lésions atrophiques du cervelet ;
ce rapport est encore confirmé par l'expérimentation qui a per-
mis de constater la sclérose des olives après ablation du cerve-
let. La question devient moins nette quand il s'agit de préciser
exactement la voie et la nature de ce rapport. On connaît la
théorie de Meynert' et Huguenin 2 qui fait passer par les olives
et relayer dans leur substance grise, les fibres qui se rendent
des corps restiformes, aux cordons postérieurs. Edinger n'ad-
met comme prouvées que les fibres décrites entre les olives et
les corps restiformes, restant sur la réserve pour les préten-
dues fibres allant des cordons postérieurs à l'olive : elles ne
feraient que la traverser sans entrer en connexion avec elle.
Schwalbe, Flechsig, Marchi, battent en brèche la théorie de
Meynert et Huguenin, et Bechterewa, tout en admettant que les
olives sont des organes destinés à recueillir les sensations tac-
tiles pour les transmettre au cervelet, ne s'accorde pas avec
Meynert sur le point où se fait le croisement de ces fibres; il
pense qu'il a lieu plus haut, dans le cervelet. En somme,, si un
fait reste bien établi, c'est le rapport entre une moitié du cer-
velet et l'olive du côté opposé, le trajet des fibres qui les
relient est encore discuté. Nous affirmons seulement la parfaite
intégrité de la couche interolivaire postérieure du raphé. Or,
précisément, cette intégrité, mise en opposition avec l'atrophie
des pédoncules cérébelleux moyens, la disparition des riches
amas cellulaires antérieurs de la protubérance et la présence
de tractus de sclérose cloisonnant la pyramide dans le sens
antéro-postérieur, permet de se demander si nous n'avons pas
là, tout tracé, le trajet qui relie normalement le cervelet aux
olives, trajet que la lésion aurait simplement souligné. Dans
cette hypothèse, que l'examen anatomique du cas que nous
publions parait autoriser, c'est par les pédoncules cérébelleux
moyens et non par les inférieurs que se ferait la communica-
tion entre le cervelet et les olives et les amas cellulaires dissé-
minés dans la partie antérieure de la protubérance serviraient
de relai ou d'intermédiaire entre ces deux organes.
1 Meynert. Striclcer's 7/aMHtMMcA. Bd XII, p. 768.
2 Huguenin. Anatomie des centres nerveux. Trad. Keller. 1879.
3 Bechterew. Rapports fonctionnels des olives inférieures avec le
cervelet et leur rôle dans le maintien de l'équilibre. (Arch. für die
gesammle Physiol. XXIX, 257.)
364 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
Un dernier fait que nous tenons à signaler au point de vue
anatomo-pathologique, c'est l'intégrité des olives supérieures,
à l'inverse des olives bulbaires. 11 était naturel de supposer
qu'elles forment avec le corps trapézoïde et les nombreuses cel-
lules dont nous parlerons plus haut, un système de connexion
cérébelleuse et pyramidale. Nous n'avons rien trouvé dans la
littérature au sujet des connexions des olives supérieures éclai-
rées par l'anatomie pathologique. Il semblerait d'après notre
cas qu'elles sont indépendantes du système cérébelleux, mais,
d'après ce fait unique, nous ne voulons rien conclure. Edin-
ger1 admet que les olives supérieures sont entourées par des
fibres émanées du corps restiforme du même côté, mais on ne
sait pas s'il s'agit d'une terminaison partielle ou d'une simple
contiguïté. Les rapports de l'olive supérieure avec les noyaux
d'origine de l'auditf et de l'oculo-moteur externe, nerfs qui ont
leur importance dans la' statique du corps, nous expliquent
mieux le rôle que joue ce petit centre dans le maintien de l'é-
quilibre.
De. nombreuses coupes ont été partiquées sur la moelle :
elles ne présentaient absolument rien d'anormal, aussi nous
avons jugé inutile de les reproduire ici. Ainsi donc tous les phé-
nomènes de sclérose en plaques, que nous faisions remarquer
en terminant l'exposé de l'observation clinique, ne relevaient
d'aucune lésion médullaire, et c'est à la lésion cérébelleuse
seule ou aux lésions secondaires qui en dépendent qu'il faudra
demander compte de leur production.
Les mêmes analogies que nous avons trouvées au point de
vue anatomique entre le cas publié par M. Pierret et le nôtre,
se retrouvent sur le terrain de la clinique. Dans les deux cas,
longue durée de la maladie; titubation cérébelleuse et mala-
dresse des membres supérieurs; troubles de la parole; nys-
tagmus dans un cas, dans l'autre, troubles oculaires qui pour-
raient se rapporter au fonctionnement des muscles de l'oeil;
convulsions et raideurs tétaniques persistantes se produisant
par accès ; tremblement semblant avoir lieu surtout à l'occa-
sion des mouvements volontaires; phénomènes douloureux à
la nuque dans un cas, dans l'autre céphalalgies; mais sensibi-
lité intacte et absence de troubles trophiques; symptômes
bilatéraux et sensiblement symétriques pendant toute l'évolu-
1 Edinger. Anatomie des centres nerveux. Traduction Siraud, 1889, r
p. 207.
SUR UNE LÉSION SYSTÉMATISÉE DU CERVELET. 365
tion de la maladie. Nous allons rapidement passer en revue
les principaux symptômes et tenter leur interprétation. Cette
revue sera basée sur une vingtaine d'observations de sclérose
actuellement connues.
Tout d'abord la titubation cérébelleuse et la maladresse des
membres supérieurs pouvaient être prévues a priori. Ces
symptômes d'incoordination sont communs à toutes les lésions
cérébelleuses (ramollissement, tumeur, etc.), et nous les
retrouvons dans la plupart des cas de sclérose. Dans son Traité
de diagnostic des maladies de l'encéphale, où sont colligés les
cas d'atrophie jusqu'en 1883, Nothnagel * s'attache à montrer
la fréquence de ce signe et à en relever la trace même dans les
observations qu'on cite habituellement comme des arguments
contradictoires, parce que les troubles moteurs n'y sont pas
suffisamment mis en relief. Quatre observations d'atrophie,
celles d'Otto 2, de Fischer de Verdelle '* et de Lallement font
exception à la règle, mais dans la première il y avait simple-
ment diminution de volume de l'organe, sa structure normale
étant conservée; dans la deuxième, l'absence d'examen micros-
copique pourrait légitimer une réserve analogue; dans la troi-
sième, les incurvations rachitiques des membres empêchaient
l'incoordination de se montrer; dans la quatrième, enfin, le
vermis et un hémisphère étaient sains, ils pouvaient suffire à
la coordination et Nothnagel cite précisément ce cas comme'
venant à l'appui de sa thèse sur la latence des lésions des hémis-
phères. A ces rares exceptions près et quelle que soit d'ailleurs
l'interprétation qu'on leur donne, il n'en reste pas moins
démontré que la titubation et l'incoordination figurent au rang
des symptômes les plus constants de l'atrophie cérébelleuse.
Il n'y a là rien qui ne cadre avec ce que l'expérimentation
nous a déjà appris (Flourens, Lussana, Luciani), aussi n'insis-
tons-nous pas.
Le vertige est beaucoup moins fréquent; il constitue, avec
les troubles de la vue et le vomissement, une triade sympto-
matique, fort connue dans les affections du cervelet, mais seu-
lement dans celles qui, par l'augmentation de volume qu'elles
' Traité de diagnostic des maladies de l'encéphale. Trad. Keraval,
p. 3 et suiv.
1 Otto. Arch. für Psych. und Nervezlcranklz., t. IV et VI.
' Fischer. Id., t. V.
' Verdelli. Rivista clinica, 1874. Alaggio.
366 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
entraînent, restreignent la capacité de la cavité cranienne, et
peuvent exercer une action à distance sur le centre bulbaire du
vomissement, le nerf optique ou le sinus caverneux. Pour le
vertige en particulier, sa rareté dans les lésions de déficit pures,
comme l'atrophie, où sont si marqués les troubles de la coordi-
nation, montre l'indépendance relative de ces deux^symptômes.
La même réflexion s'applique aux phénomènes doulouréux
(céphalalgie, douleur de la nuque, etc.) moins fréquents que
dans les autres affections du cervelet. La malade de M. Pierret
avait de fréquents maux de tête; ils sont notés dans le cas de
Schultze 1 ; la malade de Seppili 2 avait une douleur fixe à la
nuque, cette douleur de la nuque se retrouve dans le cas de
Menzel3 et dans le nôtre où elle aurait duré plus de huit ans.
Dans les autres observations, ces phénomènes douloureux
étaient absents ou non mentionnés.
Quant aux troubles de la sensibilité proprement dite, nous
en avons trouvé mention seulement dans l'observation de
M. Pierret : « La malade se.plaignait de ne pas bien sentir ce
qu'elle tenait. » Dans toutes les autres observations, l'état de
la sensibilité n'était pas mentionné, ou bien, et c'est le cas
pour la plupart, il est dit expressément qu'elle était normale
(cas de Combette4, Diiguet 3, Andral0, Menzel7, Brosser et
le nôtre), ou même d'une finesse extrême (Seppili). Il n'y a
rien là qui doive nous surprendre; l'anatomie pathologique
nous montre que le système sensitif, relégué qu'il est en
arrière dans le bulbe et la protubérance, n'affecte pas de rela-
tions avec le système cérébelleux.. Ses fibres sont dissociées
par de nombreuses fibres venant du cervelet et se rendant direc-
' Schultze. Ueber einen Fall von KleinhÙ'nschwund mit Degene-
rationen im verlangerten .1larke MK6< .Mc/fMM : <M ? (Virchow's Arch.
Bd CVIII, 1887.)
2 Seppili. -- Sopra caso della atrophia del cerveletlo. (Riv. suer. di
frenialria, 1879.)
3 llienzel, - Beitrag zur Kenntniss der hereditaren, ataxie und
Menzel. B<K'<rN zMr sur Psychiatrie, t. XII, 1890.)
/eMt/Kf7tob'op/tM. (rcA. /Mr Psyc/tMt'e, t. XII, d890.)
. Combette. Journal de Physiologie de Magendie, 1831.
E Duguet. - Bulletin de la Société Anatomique. Mai et janvier 1862.
8 Andral. Clinique médicale. Appendice, p. 37.
Menzel,. - Loc. cit.
8 Brosse ! . Sclérose et atrophie du cervelet. (Lyon médical,
20 avril 1890.)
SUR UNE LÉSION SYSTÉMATISÉE DU CERVELET. 367
tement à la partie antérieure de la protubérance, mais elles
n'ont probablement avec elles que des rapports de contiguïté.
Nous avons déjà dit plus haut quels adversaires avait rencon-
tré la théorie de Meynert et Huguenin : quelle que soit la solu-
tion anatomique qu'on donne à cette question, l'ancienne
théorie de Pourfour du Petit qui faisait du cervelet le siège du
sensorium commun et l'aboutissant des cordons postérieurs
n'est plus soutenable depuis longtemps. Le cervelet apparaît
de plus en plus comme lié aux fonctions motrices.
Il nous reste maintenant à étudier une série de symptômes
beaucoup moins communs dans la pathologie cérébelleuse, à
tel point que, de par leur rareté, de par leur fréquence dans
les lésions d'autres points de l'axe encéphalomédullaire, ils
sont plutôt propres, dit Nothnagel, à faire repousser le dia-
gnostic d'une lésion cérébelleuse qu'à mettre sur sa voie. Or,
nous avons rencontré quelques-uns de ces symptômes dans
plusieurs observations de sclérose cérébelleuse; ils se trouvaient
à peu près tous réunis dans l'observation que nous publions;
et, d'autre part, leur fréquence dans la sclérose en plaques,
les erreurs de diagnostic auxquelles ils peuvent donner lieu,
légitiment, croyons-nous, la place que nous leur donnons dans
cette revue. '
Le tremblement, par exemple, se trouve signalé dans l'obser-
vation de M. Pierret, où il était tel que la malade ne pouvait
pas se servir d'une canne. Le malade de Meynert offrait des
tremblements oscillatoires à l'occasion des mouvements volon-
taires. Même constatation chez celui d'Andral, chez le nôtre,
chez celui de Schultze qui en offrait des traces. Dans quelques
observations, il est dit que ce tremblement avait lieu à l'occa-
sion des mouvements volontaires; dans la nôtre il semblait
plutôt continu, mais seulement dans les derniers temps de la
maladie. Il n'y a donc pas de caractère particulier qui puisse le
faire distinguer de celui de la sclérose en plaques. Sa patho-
génie n'est peut-être pas bien différente de celle attribuée au
tremblement dans cette dernière affection; dans l'une et l'autre
il s'agit de conducteurs nerveux cheminant au milieu d'un
tissu de sclérose, que cette sclérose soit disséminée en îlots, ou
qu'elle soit tout entière condensée sur la vaste commissure qui
traverse les voies pyramidales.
Dans quatre observations, nous trouvons des altérations de
la motricité du globe oculaire; strabisme bilatéral dans le cas
368 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
d'Andral; dans le cas de Menzel les yeux, dont les mouvements
pouvaient s'effectuer dans tous les sens, se tournaient invinci-
blement à droite; enfin, dans le cas de Seppili et dans le
nôtre, nystagmus, nouvelle analogie avec la sclérose en
plaques'. -
Pour compléter cette analogie, mentionnons l'exagération
des réflexes tendineux et les raideurs tétaniques, le premier
symptôme noté dans les observations de Seppili, de Schultze,
de Menzel, et la nôtre, le deuxième dans celles de Pierret et la
nôtre, où il s'était accompagné, dans les derniers temps, d'une
trépidation épileptoïde très facile à obtenir
Nous abordons l'étude d'un signe qui est pour ainsi dire
caractéristique de la sclérose dans les lésions du cervelet : les
troubles de la parole 3. Nous avons retrouvé ces troubles, si
nets chez notre malade, dans les cas suivants :
Combette : parole difficile et bégayée;
Duguet : « les lèvres et la langue tremblent quand la malade
est pour parler, à peu près comme chez les paralytiques géné-
raux » ;
Meynert * : balbutiement extrême sans que l'intelligeuce
soit notablement troublée;
Huppert6 : parole hésitante émise par saccades successives;
Verdelli : son malade n'a commencé à parler que tardive-
ment ; il bégaie ;
Seppili : parole tremblante;
Pierret : embarras de la parole ;
Schultze : a troubles très prononcés de la parole. Les mots
étaient prononcés lentement et en hésitant, avec une articula-
tion indistincte. Ce n'était pas cependant un type net de parole
scandée; ce n'était pas non plus la parole qu'on observe dans
l'atrophie du noyau de l'hypoglosse D ;
' Parmi les affections du cervelet, l'atrophie ne paraît pas être la
seule qui ait le privilège de s'accompagner de nystagmus. M. Caussade
a présenté en 1889 à la Société analomique, une tumeur du cervelet qui
avait provoqué ce symptôme.
' V. Prince. Boston med. Journal, 26 mai 92. Tumeur du cervelet
avec exagération des réflexes.
3 V. cependant libhler (trav. analysé in R. des Sc. méd., 1891). Kyste
hydatique du cervelet avec troubles de l'articulation.
* Meynert. Wien. med. Jahrbuch., 1861.
* Huppert. Arch. f. Psych. u. Nervenkrankheilen, t. VII,
p. 98-123.
SUR UNE LÉSION SYSTÉMATISÉE DU CERVELET. 369
Menzel : parole pénible, scandée, interrompue, comparable
à celte d'un homme qui aurait de violentes douleurs abdomi-
nales ; les mots sont brusquement émis, mais chaque mot est
très nettement articulé.
Brosset : le malade ne prononce que des mots mal articulés,
des sons lentement émis et fait entendre presque continuelle-
ment une sorte de grognement. Dans ce dernier cas, évi-
demment, la parole se rapprochait davantage de celle qu'on
note dans la paralysie glossolabiée; mais on vient de voir que
dans plusieurs cas elle était scandée, émise par saccades, rappe-
lant bien plus celle de la sclérose en plaques. Ajoutons que
dans plusieurs de ces cas on a fait un examen microscopique
de la protubérance et du bulbe; les noyaux du plancher du
4e ventricule, hypoglosse compris, ont été reconnus sains dans
les cas de Pierret, de Meynert et le nôtre; on ne trouvait non
plus rien à noter dans le trajet intrabulbaire du nerf. On peut
se demander, puisque ces symptômes sont inconstants malgré
leur fréquence, s'ils n'offriraient pas une indépendance rela-
tive vis-à-vis de la lésion cérébelleuse, et s'ils ne seraient pas
dus à un facteur concomitant : les altérations des olives. En
effet, les cas où les troubles de la parole étaient les plus mar-
qués sont précisément ceux où on a noté une altération de ces
petits centres (Pierret, Schulze, Menzel, nous-mêmes); dans
les deux cas de Combette et de Verdelli, on note les troubles
de la parole coexistant avec l'atrophie du cervelet, du bulbe et
de la protubérance, et on peut présumer que les corps olivaires
étaient aussi atrophiés. De pareilles constatations, si elles ne
rencontraient pas d'arguments contradictoires, tendraient à
nous ramener, en partie au moins, à la théorie de Schroeder
van der Kolk sur les olives : se fondant surtout sur des ana-
logies de structure, il les considérait comme des cervelets
accessoires, en rapport avec l'hypoglosse, le facial et le triju-
meau, jouant pour les nerfs de l'articulation des sons un rôle
coordinateur analogue à celui que joue le cervelet pour les
autres mouvements du corps. Cette théorie ne saurait tenir
devant les progrès des localisations corticales, mais une suppo-
sition plus vraisemblable est celle qui, refusant aux olives tout
rôle dans l'exercice physiologique de l'articulation des mots,
accorderait à leur lésion, par simple action de voisinage, un
rôle perturbateur de cette fonction. Cette deuxième hypothèse
rencontre des objections sérieuses, d'abord dans l'intégrité
Archives, t. XXVI. 24
370 ANATOMIE PATHOLOGIQUE
absolue des noyaux et des racines de l'hypoglosse, ensuite
dans les cas comme celui de Lallement' où la sclérose bien
nette d'une olive ne s'accompagnait pas de troubles de la
parole, comme celui de Vulpian, cité par Laborde 2, ou une
atrophie des pyramides antérieures s'accompagnait d'une sclé-
rose manifeste des olives, et cependant la parole était restée
parfaitement nette jusqu'à la mort de la malade. A citer encore
contre cette théorie les cas où il y avait troubles de la parole
sans altération des olives, ou du moins sans que cette altéra-
tion soit mentionnée : il est vrai que ce dernier argument,
d'ordre négatif n'a pas une grande valeur : le cas de Meynert
est d'ailleurs le seul de cette catégorie qui soit suivi d'un examen
microscopique du bulbe. Il serait peut-être prématuré de con-
clure, mais il n'y a provisoirement aucun inconvénient à ratta-
cher les troubles de la parole au cervelet lui-même, organe
coordinateur, et à faire cadrer les données nouvelles avec le
rôle que lui ont prêté Luys et Jaccoud : on peut le faire avec
d'autant plus de probabilité que dans les cas connus jusqu'ici
de troubles de l'articulation avec sclérose olivaire, il y avait
toujours sclérose concomitante du cervelet. Nous tenons bien
à faire remarquer ce rapport entre la sclérose de l'organe et la
dysarthrie qui ne se rencontre qu'à titre exceptionnel dans les
autres affections du cervelet, comme s'il s'agissait d'une pro-
priété spéciale à l'écorce cérébelleuse.
Dans cette revue rapide des symptômes de la sclérose céré-
belleuse et des lésions bulbo-protubérantielles qui l'accom-
pagnent, où nous nous proposions surtout de mettre en relief
les ressemblances que présentait notre observation avec les
cas jusqu'ici connus, nous avons dû forcément passer sous
silence un dernier symptôme inconnu jusqu'ici, très nettement
mentionné dans notre observation, et sur lequel nous désire-
rions appeler l'attention : le tremblement des cordes vocales.
Dans le travail antérieurement publié par l'un de nous dans
les Annales des maladies de l'oreille et du larynx, nous ratta-
chions ce symptôme à la sclérose en plaques, et nous arri-
vions même à le considérer comme à peu près spécial à cette
maladie. Cette conclusion trop affirmative était en partie
' Lallement. Bulletin de la Société anatomique. Avril 1862.
2 Laborde. Traité élémentaire de physiologie, p. 165. Nous n'avons
pu trouver l'indication bibliographique exacte de cette observation de
Vulpian.
SUR UNE LÉSION SYSTÉMATISÉE DU CERVELET. 371 1
motivée par la grande analogie symptomatique qu'offrait notre
observation avec la sclérose en plaques, en partie par les tra- ' 1
vaux antérieurs que nous avions pu rassembler à ce sujet dans' r
la littérature. Les quelques cas aujourd'hui connus où ce symp-
tôme a été rencontré se rapportent à peu près tous à des
observations de sclérose multiple du cerveau et de la moelle,
recueillies en Allemagne par des cliniciens de valeur indis-
cutable. '
La rareté des documents et l'état encore embryonnaire de
la question ne nous encombreront pas d'un long historique.
Nous devons à Leube1 la première mention de ce symptôme.
En décrivant trois cas de sclérose en plaques accompagnés de
troubles laryngés, il en cite un où, à l'examen laryngoscopique
on constatait que les cordes pouvaient parfaitement se juxta-
poser ; mais la glotte ne restait pas longtemps fermée ; elle
présentait des alternatives de tension et de relâchement. L'au-
teur n'insiste, pas davantage sur ce phénomène, et il faut arriver
au mémoire de Loeri (deBudapesth), sur les maladies du larynx
dans leurs rapports avec les affections générales pour retrouver
une description détaillée du symptôme et un essai d'interpré-
tation de sa pathogénie. Il s'agissait de deux cas de sclérose en
plaques qui n'ont pas reçu, il est vrai, le contrôle de l'autopsie.
Lorsqu'on priait le malade d'émettre une note, on voyait se
produire, au moment de la fermeture de la glotte, de légers
mouvements oscillants des cordes vocales. Ces oscillations res-
semblaient à de très petites secousses fibrillaires. Le malade ne
pouvait pas tenir le son longtemps, et était obligé de faire une
brusque et bruyante inspiration qui montrait à son début des
mouvements oscillants des cordes. En raison de la production
de ce tremblement à l'occasion des mouvements volontaires du
larynx et de son absence pendant le repos des cordes, en rai-
son de sa coexistence avec les symptômes de la sclérose en
plaques. Lôri l'assimile volontiers au tremblement intentionel
des membres, caractéristique de cette affection. Récemment
Krzvwicki' donnait la relation d'un cas de tremblement des
cordes vocales observé chez une malade qui présentait tous les
signes rationnels de la sclérose multiple. L'observation n'était
pas accompagnée d'autopsie.
1 Leube. Deutsche Arch. f. Klinische Medicin, 1870 et 1871.
' Krzysvicki. Intentionstremor der Slimmbauder. Anal, in Cen-
tralbiait für Medicin. Il isseîzschart. 1892. -
3 : 71 ANATOMIE PATHOLOGIQUE
Mais ce tremblement des cordes vocales n'a pas été décrit
uniquement dans la sclérose en plaques. Hermann Krausel l'a
vu dans la chorée, alors que les cordes ne présentaient pas de
grands mouvements, analogues aux mouvements choréiques,
comme on aurait pu le supposer a priori. Il signale également
un-cas de paralysie saturnine avec tremblement des cordes qui
coïncidait avec une parésie des adducteurs.
Enfin Herbert R. Spencer 2 a décrit sous le nom de nystag-
mus pharyngo-laryngien, un cas singulier de tremblement des
cordes vocales, chez une jeune fille qui présentait depuis
quinze mois les signes d'une tumeur cérébelleuse (nystagmus
oculaire, vertige intense, céphalée occipitale, constipation,
vomissements, tendance à la chute en arrière ou sur le côté).
Le, constricteur supérieur du pharynx, le voile et ses piliers
étaient agités de mouvements isochrones à Ceux des yeux et
très.rapides (180 environ par minute), tellement évidents que
l'auteur a pu les enregistrer avec un appareil analogue au
sphygmographe. La malade présentait des mouvements aussi
nombreux des aryténoïdes, s'écartant et s'éloignant alternati-
vement 1.'un de l'autre. Dans l'inspiration calme, l'élargissement
était interrompu par ces contractions. Quand la glotte se fer-
mait,.les, cordes parallèles et fixées l'une contre l'autre restaient
très légèrement agitées jusqu'à ce que la patiente se remit à
respirer. Lepouls battait àlOOpar minute, coïncidence qui peut
s'expliquer, comme on l'a fait remarquer, par une lésion du
noyaurdu spinal qui contribue simultanément à l'innervation du
coeur et à celles des muscles pharyngo-laryngés. La patiente a
été suivie pendant deux mois; les mouvements ont toujours
persisté. Nous trouvons ici, comme dans notre cas, un tremble-
ment, continu; il ne semble pas d'après la description de Spen-
cer que ces. oscillations soient exagérées par les mouvements
du.larynx; dans notre cas nous n'avons pu faire aucune cons-
tatation de ce genre : bien que notre attention ait été attirée
sur ce. sujet, nous n'avons pu surprendre aucune exagération
à l'occasion des mouvements du larynx : il y a là quelque
chose de plus qu'un tremblement intentionnel. Dans ces deux
cas ils ne présentaient pas une fréquence identique ; ils étaient
au moins trois fois plus nombreux dans le cas de Spencer : de
' Krauseï Travail analysé in Journal of Laryngology, juillet 1888.
2 Herbert R. Spencer. Lancet du 9 oct. 1886 et 10 oct. 188f. Plia-
ryngeal and laryngeal nystagmus.
SUR UNE LÉSION SYSTÉMATISÉE DU CERVELET. 373
plus il y avait eu à un moment donné chez notre malade para-
lysie des thyro-aryténoïdiens; le reste de l'observation offre
dans les deux cas de grandes dissemblances; enfin, l'absence
d'autopsie, et, partant, de tout examen microscopique"au
bulbe, empêche de tirer de cette observation tout le profit
qu'elle semble permettre.
Nous n'avons pas la prétention de donner ici une interpré-
tion pathogénique de ce nouveau symptôme, d'autant plus -que
la diversité des affections dans lesquelles on l'a rencontré (cho-
rée, intoxication saturnine, tumeur cérébelleuse), interdit de
lui reconnaître dans tous les cas une cause identique. En ! ce
qui concerne la sclérose en plaques, on peut, en l'assimilant'au
tremblement intentionnel, comme l'a fait LOri, invoquer pour
éclaicir sa pathogénie l'interprétation du tremblement habituel
dans cette maladie, à savoir « la longue persistance des cylin-
dres axiles, dépouillés de leur enveloppe de myéline, au sin
des foyers sclérosés » et la transmission irrégulière et sacr I-
dée des mouvements volontaires à travers des cylindres axes
dénudés'. Dans la sclérose cérébelleuse on est autorisé à
une explication différente, légitimée par l'étude des lésions
secondaires de la protubérance. L'atrophie des pédoncules céré-
belleux moyens, la disparition des nombreuses cellules ner-
veuses qui les mettent normalement en relation avec les fais-
ceaux pyramidaux, la lésion en un mot de cette commissure
qui rattache le cervelet, organe coordinateur, aux voies de con-
duction motrice en céphalo-médullaires, peuvent parfaitement
expliquer le tremblement, plusieurs fois signalé dans la mala-
die qui nous occupe, comme elles expliquent les troubles de
l'équilibre, etc. Cette interprétation générale du tremblement
dans les affections cérébelleuses nous parait applicable à celui
des cordes vocales, bien que nous n'ayons pu saisir la voie par
laquelle s'opère à l'état normal la coordination de leurs mou-
vements, ni découvrir la trace de sa lésion. '
Si nous jetons maintenant un coup d'oeil rétrospectif sur les
faits que nous avons signalés dans cette étude, nous voyons
qu'on peut rencontrer réunis dans la sclérose cérébelleuse l'exa-
gération des réflexes, les raideurs tétaniques, les trépidations
épileptoïdes, le tremblement, le nystagmus, les troubles de la
parole, bref tous les symptômes habituels de la sclérose en
plaques : ordinairement isolés ou au nombre de deux ou trois,
1 Charcot. Leçons sur les maladies du syst. nerveux, t. I, p. 267.
374 RECUEIL DE FAITS.
comme c'est le cas dans plusieurs observations, ces symptômes
peuvent se présenter au grand complet, le fait que nous
publions en est la preuve. Il est des cas où rien dans ce trem-
blement, ce nystagmus, ces troubles de la parole, ne peut
déceler de différences avec le tremblement, le nystagmus ou les
troubles de la parole de la sclérose en plaques. Le diagnostic
ne peut se baser que sur la recherche des signes concomitants
de l'affection cérébelleuse; or les plus connus, tels que les
symptômes douloureux (céphalalgie, etc.), le vomissement,
les troubles de la vue et de l'ouïe, manquent dans l'atrophie,
qui ne s'accompagne d'aucun retentissement à distance, par
augmentation de la pression intra-cranienne : il ne reste donc
que la titubation et les troubles de la coordination qui puissent'
mettre sur la trace de cette sorte de sclérose en plaques d'ori-
gine cérébelleuse.
Nous croyons inutile de résumer sous forme de conclusions
les quelques faits mis en lumière dans ce travail; nous nous
sommes seulement proposé, après avoir apporté notre contin-
gent à l'anatomie pathologique des lésions bulbo-protubéran-
tielles qui accompagnent l'atrophie cérébelleuse, d'insister sur
les difficultés de son diagnostic, et de faire connaître le
symptôme nouveau révélé par l'examen laryngoscopique.
RECUEIL DE FAITS
PERVERSIONS SEXUELLES A FORME OBSÉDANTE;
Par MM. François BOISSIER et GEORGEs LACHAUX,
Internes à l'Asile clinique (Sainte-Anne).
I.
Souvent les tribunaux ont jugé des hommes qui avaient
publiquement ou devant des personnes déterminées exposé
leurs organes sexuels. Parmi ces accusés, les uns manifeste-
ment inconscients étaient acquittés, d'autres jouissant ou
paraissant jouir du libre exercice de leurs facultés, étaient
PERVERSIONS SEXUELLES A FORME OBSÉDANTE. 375
indistinctement condamnés. Ainsi se passaient autrefois les
choses. '
Le cas de ces délinquants n'inspira aucun écrit jusqu'à
Lasègue, qui leur donna le nom d'exhibitionnistes. Plus tard
les recherches et les travaux de M. Magnan ont complètement
élucidé et défini cette étude. Le mémoire de Lasègue fait
l'histoire de catégories très diverses de malades, groupées en
commun sous la même dénomination. De simples érotomanes
obstinément postés, mais sans aucune manifestation impudique
sur le chemin de certaines femmes, y prennent place à côté
de déments séniles, de paralytiques généraux, d'épileptiques
même, ayant, pour la plupart, très inconsciemment outragé la
pudeur.
Dans le même ouvrage, enfin, nous rencontrons, signalé
pour la première fois,' un nouveau type pathologique bien plus
intéressant et que le maître regrette d'avoir trop longtemps
méconnu, Il est frappé de la forme obsédante et impulsive; de
l'irrésisdbititè du délit commis par des individus dont l'intel-
ligence conserve son activité et dont la moralité générale est
bonne. Il y a un trop éclatant contraste entre l'aspect raison-
nable de l'inculpé et l'absurdité du fait accompli.
e L'instantanéité, le non sens reconnu par le malade de son
« acte, l'absence d'antécédents génésiques, l'indifférence aux
« conséquences qui en résultent, la limitation de l'appétit à
a une exhibition qui n'est jamais le point de départ de lubriques
« aventures; toutes ces données imposent la croyance à la ma-
« ladite. » L'histoire qui précède ces lignes dans le travail de
Lasègue, est celle d'un jeune homme intelligent, instruit, hon-
nête et d'éducation soignée, qu'un étrange désir entraîne dans
des endroits spéciaux, et une fois dans une église, ou devant
des femmes qui prient il étale silencieusement la nudité
de ses organes génitaux. L'auteur ne signalait pas tous les
caractères de l'état d'obsession, mais il admettait l'un d'eux,
l'impulsion ; il ne reconnaissait pas l'incompatibilité logique
de pareils événements avec la santé psychique et cependant ce
dernier accusé et d'autres encore furent abandonnés par lui à la
sévérité des magistrats. Il ne croyait pas à l'annulation com-
plète de la volonté en présence de l'intégrité des facultés de
l'esprit. Il y a donc une lacune dans l'exercice des fonctions
cérébrales de tels hommes. C'est M. Magnan qui en a donné
' Magnan. Recherches sur les centres nerveux. Paris, 1893.
376 RECUEIL DE FAITS.
l'explication dernière. Il a éclairci le mécanisme de cette ano-
malie ; et depuis lors, nombre de malheureux ont été sauvés
de l'emprisonnement 1.
Le processus de cette aberration est identique à celui des
actes symptomatiques de tous les dégénérés obsédés. Le malade
subit les mêmes angoisses que l'onomatomane à la poursuite du
mot, que le dipsomane, que le coupeur de nattes et que leurs
autres congénères. L'action répréhensible est précédée pareille-
ment de la pénible mais inutile lutte avec soi; elle est suivie
aussi d'un égal apaisement.
Même anxiété douloureuse, mêmes infructueux efforts, pour
repousser l'implacable envie de découvrir ses organes génitaux.
Vaincu enfin, le malade cède, rempli de honte, mais entière-
ment et profondément soulagé. Tout le combat se livre et la
défaite arrive devant le contrôle lucide, mais impuissant de la
conscience.
Le calme n'est donc reconquis qu'au prix de cet acte si simple
et si bête, mais dont l'attrait incompréhensible, irréfléchi,
prend des proportions énormes au point de faire endurer les
tortures d'un désir affreusement impérieux. Il exige la détente
sous peine de souffrances morales intolérables. « Cette perver-
sion de l'appétit sexuel, dit notre maître, est tellement obsé-
dante et pressante, qu'elle s'émancipe de l'influence modé-
ratrice des centres supérieurs pour arriver à l'acte irrésis-
ci tible'. p C'est donc bien un des «stigmates psychiques j, un
des éléments qui caractérisent le cortège symptomatique de
la dégénérescence. C'est le signe qui dénote chez le malade
une hérédité morbide certaine. L'exhibitionnisme peut être
accompagné chez le même sujet d'autres phénomènes mentaux
analogues, d'autres fois, à lui seul, il doit laisser craindre ulté-
rieurement l'éventualite d'autres désordres.
Ou bien encore comme pour les autres troubles de cet ordre,
l'accident est demeuré latent, existant en puissance, et semble
dans ce cas avoir attendu, pour éclore, l'intervention d'une
cause déterminante. Celle-ci pourra être le surmenage, les
intoxications et toute la série des provocations secondaires.
c C'est ainsi que l'acte réprimé par des efforts, devient irrésis-
tible par un appoint alcoolique 2. Ce dernier mode est assez
fréquent. Les exhibitionnistes dont nous parlons appartiennent
1 Magnan. Op. cil.
2 Magnan. Loc. cil.
PERVERSIONS SEXUELLES A FORME OBSÉDANTE. 377
donc au groupe des héréditaires syndromiques de M. Magnan.
A ce point de vue, l'observation qui suit nous a paru démonstra-
tive.
Joseph B..., âgé de trente-deux ans, est de taille moyenne, un
peu maigre, mais régulièrement constitué et assez robuste. La
figure est osseuse, les arcades zygomatiques saillantes. Les oreilles
très écartées et désourlées n'affectent pas des proportions exagérées.
Le nez est assez effilé, le regard doux, inquiet et indécis. Une barbe
et des moustaches d'un châtain clair, régulièrement distribuées et
bien fournies, encadrent des lèvres minces. Le front est bas sous une
chevelure dense. La face présente un léger degré d'asymétrie.
Les tares nerveuses abondent dans les antécédents héréditaires
de Bo... Le père, mort phtisique, était intelligent et rangé, mais
d'un caractère emporté. Un oncle paternel est mort vésanique. La
mère était un type de déséquilibration mentale. Migraineuse,
inégale, d'une émotivité anormale, elle était la victime de toutes
sortes d'obsessions et de craintes imaginaires. Une envie insatiable
de connaître par le détail les affaires d'autrui et la tendance à
s'immiscer à tout ce qui ne la concernait pas, faisaient d'elle une
voisine insupportable. Elle avait conscience de son indiscrétion,
mais elle ne pouvait s'en défendre. Exagérée dans ses sentiments
affectifs, elle était torturée par la peur qu'il n'arrivât malheur à
son fils ainé, dès que celui-ci la quittait; et les heures qu'il consa-
crait à ses travaux extérieurs étaient pour elles remplies d'angoisses.
Vers la ménopause survinrent des accès de dipsomanie dont elle
souffrit cruellement. De tout temps elle avait eu des intervalles de
découragement et de tristesse sans motifs. Plus tard, enfin, à un
âge déjà avancé, une endocardite rhumatismale favorisa l'éclosion
d'un véritable délire mélancolique, et elle mourut à Ville-Evrard.
Une tante maternelle du malade est morte à l'asile de Vaucluse
après un long internement. Un frère utérin sujet à des attaques
convulsives, s'est volontairement noyé. Un autre frère, l'aîné, est
d'une intelligence remarquablement vive et pénétrante, mais d'une
activité très méticuleuse et très scrupuleuse. Artiste distingué,
auteur d'un ouvrage technique estimé, il recherche volontiers les
débats et les polémiques en matière d'art ou de politique. Il
prend à coeur dans les réunions publiques la poursuite des revendi-
cations qu'il croit justes. Les images optiques et la mémoire visuelle
présentent chez lui une intensité d'impression et de durée très
puissante, qui ont pour une grande part, dit-il, contribué à ses-
succès professionnels.
Notre malade paraît, au contraire, avoir toujours eu une intelli-
gence beaucoup moins ouverte et moins judicieuse. C'est avec
peine qu'il a appris à lire, son écriture est restée défectueuse; une
idée abstraite demeure difficilement fixée dans sa mémoire. Il
378 RECUEIL DE FAITS.
déclare que, étant enfant, même après de sincères efforts, ses
leçons étaient toujours mal sues. Comme son frère aîné, mais à un
moindre degré, il possède une heureuse aptitude pour la percep-
tion et la fixation des couleurs, de la forme et des caractères exté-
rieurs des objets. Aussi a-t-il aisément appris le métier de dessina-
teur, qu'il exerce avec habileté.
Le caractère de Joseph B... est perplexe et instable. Il n'estjamais
bien où il se trouve. Il persévère peu dans ses entreprises, démé-
nage à tout propos. Pour remédier à son indécision habituelle, il
recherche sans cesse l'avis des autres; aussi devient-il facilement
Je jouet des inlluences bonnes ou mauvaises de son entourage. Il se
rend facilement comple de ses défauts et s'avoue heureux de trou-
ver, dans l'énergie éclairée de son frère, un appui moral dont il ne
saurait se passer. Noire homme n'est ni dipsomane, ni ivrogne,
mais il n'a jamais osé repousser les propositions des camarades
qui parfois l'ont poussé à boire avec excès, et tendent à abuser de
la facilité avec laquelle il se laisse entraîner au plaisir.
Le langage de Joseph B... est assez correct, mais il a une ten-
dance marquée à dénaturer sans raison les faits qu'il raconte. Il
s'attribue parfois des actes de son frère, qu'il admire beaucoup, et
exagère volontiers les mérites de celui-ci. Enclin à la tristesse avec
paroxysmes passagers, il a toujours été sensible et émotif; il pleure
facilement; ses yeux deviennent humides à la vue d'une personne
qui verse des larmes, et il se contraint visiblement pour ne pas en
faire autant. Malgré ces points défectueux, il vit assez largement
du produit de son travail ; ses patrons, d'ailleurs, se montrent satis-
faits de son ouvrage et ne se plaignent que de son inexactitude.
Les cinq années que le malade a passées sous les drapeaux se
sont écoulées paisiblement sans le moindre incident. D'autre part,
aucune extravagance ne lui a valu la défiance de ses proches ni de
ses amis.
Le 3 mai 1892, Joseph B... entre à Sainte-Anne dans le service
de M. Magnan. Il vient d'être arrêté pour avoir, au jardin des Tui-
leries, exhibé ses organes génitaux devant deux dames. Il parait
très inquiet et profondément attristé de cette mésaventure. Un
peu effrayé au début de notre interrogatoire, il finit par faire d'un
air très piteux le récit de son méfait. « C'est trop bête, conclue-t-
il, mais je ne puis m'en empêcher. »
Se rassurant peu à peu sur notre compte, il décrit les angoisses,
les « transes » qu'il a éprouvées au moment où, saisi par le désir
d'ouvrir son pantalon, il a fait d'inutiles efforts pour repousser
cette idée. Dans divers entretiens, nous apprenons des délails sur
l'existence antérieure du malade. « Il n'en est pas, hélas ! à son
premier exploit... Pas plus que les autres fois, il n'a eu la pensée
de pousser plus loin les choses avec ces deux femmes; aucune cir-
constance ne l'y invitait; rien chez elles ne devait le tenter. »
PERVERSIONS SEXUELLES A FORME OBSÉDANTE. 379
B... n'agit pas en effet aiguillonné par les arriérés d'une trop
longue continence. Il vit depuis longtemps maritalement et en très
bonne intelligence avec une jeune femme qui, de son propre aveu,
le satisfait pleinement. Sa vigueur génésique, très normale, ne
réclame aucun subterfuge pour se donner carrière. La tentation
est subite et semble naître de toutes pièces, comme le montre la
dernière affaire.
Le malade flânait seul aux Tuileries, deux femmes à pas lents
marchaient vers lui. Depuis un moment il les voyait et restait-
indifférent. Mais soudain il ressent un malaise, qu'il connaît déjà.
Envahi par une formidable envie de montrer sa verge à ces dames,
il hésite d'abord, il cherche à se reprendre et veut changer de
direction. Le désir à chaque instant plus puissant, paralyse ses ten-
tatives. Bien qu'il J,'éprouve in situ aucune incitation fonctionnelle,
il subit l'influence d'une attraction générale étrangement pénible.
Une angoisse croissante étreint sa poitrine. Il sait que malgré lui
il succombera. Ses tempes battent; un tremblement le secoue, la
sueur perle àson front, sa respiration devient plus courte et sacca-
dée. Cependant les femmes l'atteignent et le dépassent, sans qu'il
ait encore fait aucun geste. Mais l'obsession est à son comble et
trouble toutes les facultés du malheureux; elle absorbe toutes ses
forces. Enfin, impulsivement emporté par elle, il passe devant les
femmes, se jette sur un banc et étale au grand jour ses organes
génitaux.
Aux tortures de tout à l'heure, succède immédiatement un apai-
sement immense. Mais les deux personnes effarouchées poussent
les haut cris, les passants s'attroupent, les gardes arrivent, B... est
arrêté...
En 1891, pour un fait pareil et accompli dans des circonstances
prèsque identiques, le malade a déjà fait un long séjour à l'Admis-
sion de l'Asile clinique. Le petit drame avait eu lieu dans une rue
peu fréquentée servant de passage à quelques femmes.
Grâce àla confiance toutà fait conquise, nous pouvons apprendre
encore d'autres exhibitions de notre patient; mais celles-ci sont
demeurées inconues. Sur une grande route, un jour, il voit venir à
lui une dame et lui montre sa verge sans rien dire... Combien de
fois a-t-il commis le même méfait ? « Une quinzaine de fois à peu
près. » Voici la relation de son accident textuellement écrite par B...
lui-même (l'orthographe seule est rétablie).
« Quand ça me prend je ne peux résister, je ne sais pourquoi, je
me sens troublé et je tremble resserré dans l'estomac. Dimanche
matin je me suis trouvé dans le jardin des Tuileries. Quand ça m'a
I,ris, je voyais trouble et je n'ai pas pu résister de me mettre sur un
banc et de me débrailler. Quand le garde m'a arrêté, il m'a mis en
présence de deux dames qui ont dit me reconnaître pour leur avoir
montré mes parlies et on m'a mené chez le commissaire, et on m'a
380 RECUEIL DE FAITS.
reproché que j'avais fait voir mes parties et envoyé au Dépôt. Je ne
sais pas combien de fois ça m'est arrivé au juste. Une fois dans une
rue j'ai aperçu une dame, je ne voulais as me déboutonner, et quand
j'ai été près d'elle, je l'ai fait. »
Ces lignes ont été écrites par B... le jour même de son arrivée à
l'Asile clinique. II était encore alors dominé par la crainte d'une con-
damnation judiciaire. Une savait s'il devait voir en nous des agents
de l'instruction ou des médecins; aussi hésitait-il entre une réti-
cence prudente et le désir de paraître peu conscient et même amné-
sique, ce dont il était bon de tenir compte. Mais vite rassuré par
notre attitude et bien fixé sur la nature bénévole de notre rôle, il
n'a plus épargné les détails sur les péripéties de ses malheureuses
luttes contre l'impulsion.
Nous devons observer qu'il a pu à diverses reprises, dans des
périodes où son équilibre mental était meilleur, se soustraire, non
sans souffrir, au dénouement habituel de ses aventures. Mais cette
dernière fois, pour son malheur, « l'appoint alcoolique » ne faisait
pas défaut. B... s'était laissé entraîner, les jours précédents, à boire
des quantités d'absinthe qui, selon son expression, l'avait a énervé
davantage ».
L'attitude de B... dans le service a été assez correcte. Abattu et
découragé pendant la première semaine, il assistait cependant les
infirmiers dans leurs occupations, et a vite repris son assiette ordi-
naire. Son caractère reste perplexe, inégal. Il lit, dessine un peu,
se montre docile et doux, mais il s'inquiète toujours de la durée
de son traitement. II a peur qu'on ne le garde longtemps à l'asile,
nous accable de questions au sujet de sa sortie. Quand son frère le
visite, il le harcelle de la même manière et le supplie de demander
au médecin son certificat de départ si impatiemment attendu.
Son état est d'ailleurs satisfaisant, et les portes lui seront bientôt
ouvertes. Son sommeil est bon, son appétit régulier. Rien d'anor-
mal dans ses idées ou tendances n'imposent pour lui un plus long
séjour.
Cette histoire demande peu de commentaires. Elle montre
avec netteté l'obsession dans ses quatre phases : invasion
subite du désir ; lutte douloureuse et angoissante ; acte irrésis-
tible ; soulagement complet. Elle est suggestive aussi, au même
titre que celles des onomatomanes , au point de vue de l'oppo-
sition frappante entre l'insignifiance etl'absurdité du fait et les
proportions débordantes de l'envie de l'exécuter. Il est à
remarquer en effet que, -aucun appétit de copulation, aucune
' Charcot et Magnan. De l'Onomatomanie (Archives de Neurologie,
1892), et Magnan, Recherches sur les centres nerveux, 2e série. Paris,
1893.
PERVERSIONS SEXUELLES A FORME OBSÉDANTE. 381
excitation génésique ne se produit chez notre malade. Il ne
cherche pas comme le font d'autres exhibitionnistes, à « se
frotter n, pas plus qu'à se masturber, ni à se procurer un
spasme érotique. Il se « débraille et c'est tout.
Il n'est pas sans intérêt aussi de noter que, sauf des élé-
ments défectueux du caractère, et quelques indices physiques
il n'existe pas chez B... d'autres manifestations typiques de
dégénérescence. Il n'a pas eu d'autres formes d'obsessions; il
n'a jamais ébauché la moindre conception délirante, il n'est
sujet à aucune superstition, à aucune «phobie ». Dans la
sphère génitale même, pas d'autres tendances bizarres. Ses
rapports sexuels avec sa maîtresse ne comportent ni exigences
contre nature, ni appétits exagérés. Le cas est d'une grande
simplicité. L'exhibition existe seule et son mode d'évolution
dans l'espèce, suffit symptomatiquement pour permettre d'af-
firmer à une hérédité pathologique chargée. Elle doit de plus
laisser redouter pour le malade l'imminence possible d'autres
troubles épisodiques, s'il ne se tient en garde contre les causes
capables de leur donner carrière. Pendant son séjour dans nos
salles, l'isolement, les douches, un régime tonique, la régula-
rité constante de la vie intérieure, en un mot l'hygiène phy-
sique et le traitement moral persévérants ont ramené chezB...
un état plus égal et plus stable. Mais cette équilibration acquise
aura pour se maintenir besoin d'un certaine protection. La
durée et la solidité en sera inversement proportionnelle au
nombre et à l'intensité des chocs et des influences nocives qui
peuvent revenir à la charge, dans le tourbillon de l'existence
extérieure. Le meilleure source de sécurité pour B... serait de
demeurer sous la domination ferme et calme d'une autre intel-
ligence mieux harmonisée que la sienne.
II.
Le second malade que nous avons suivi, présente avec le
même caractère obsédant et impulsif, un autre genre de per-
version. Il s'est livré à des actes de bestialité. M. Magnan a
brièvement cité le cas de cet homme dans ses Recherches sur
les centres nerveux (p. 31). Nous avons relevé et reproduisons
in extenso son observation.
« On voit, dit M. Paul Moreau (de Tours)', traduire en justice
' Paul Moreau de Tours. Des aberrations du sens génésique.
382 RECUEIL DE FAITS.
pour outrage public à la pudeur des gens surpris à polluer
des chiens, des brebis, des vaches ! ... » Ces faits sont pourtant
moins fréquents que le précédent dans la littérature psychia-
trique ; c'est dans les ouvrages de médecine légale (Tardieu)
que l'on en rencontre le plus grand nombre. Encore sont-ils
envisagés à des points de vue très divers. Le livre que nous
venons de citer fait une étude générale mais courte de cette
déviation sexuelle. Dans un très intéressant historique, l'au-
teur rappelle les actes de bestialité consacrés aux rites anti-
ques de certains mystères païens, et fait mention des mons-
tres, tels que le minotaure, dont la mythologie attribue la
naissance à des accouplements contre nature, provoqués par
la jalouse colère de Vénus. Nous ne trouvons pourtant pas
d'allusion à l'origine des satyres, issus d'après les mêmes
légendes des amours monstrueuses des bergers avec leurs
chèvres dans les solitudes boisées d'yeuses des montagnes de
la Grèce et du Latium. Mais revenons à nos malades. Ecartons
d'abord tous les faits imputables à l'idiotie, à l'épilepsie, aux
obtusions intellectuelles en général, que l'on trouve abon-
damment dans les travaux des médecins légistes. Rappelons,
en passant, l'atroce férocité des lois du moyen âge, qui
tuaient et brûlaient les gens inculpés de bestialité ; examinons
seulement les dégénérés lucides coupables de tels actes.
Leur histoire clinique et psychologique est encore la même
que celle de autres syndromiques. La forme angoissante et
implacable de l'acte n'a pas échappé à M. Moreau, de Tours.
La perversion génilale, dit-il, poussée à son summum, en-
chaîne, annihile la liberté morale... Il y a désharmonie, anar-
chie véritable entre les diverses puissances intellectuelles, et
l'impulsion devient irrésistible. Mais l'auteur n'insiste pas
sur les tentatives de défense, les efforts de répulsion du ma-
lade contre la tentation qui le harcelle. Les phases du début,
son évolution douloureuse paraissent pourtant être des carac-
tères importants. Ils permettent de classer plus aisément les
faits, de les déterminer et de leur assigner dès l'abord le cadre
auquel ils appartiennent. 0
Jules T... a trente-cinq ans. Il est le fils d'un père ivrogne.
Le caractère de la mère était des plus bizarres. D'un aspect
anxieux et affaissé, elle traversait de longues périodes de décou-
ragement, sans qu'aucune circonstance ait pu donner raison à
ces accès de tristesse. Elle se plaignait habituellement de tout et
PERVERSIONS SEXUELLES A FORME OBSÉDANTE. 383
surtout d'elle-même. Scrupuleuse à l'excès, elle vivait avec la per-
pétuelle crainte de n'avoir pas suffisamment accompli ses devoirs
religieux; aussi par instants se livrait-elle avec un acharnement
inquiet et superstitieux à la pratique de ses dévotions. Plus désé-
quilibrée encore sur ses vieux jours, elle se montre terrorisée à
l'idée qu'après sa mort, sa fille (déjà une femme) sera seule au
monde et pourra devenir très malheureuse. Aussi se propose-t-elle
d'empoisonner celle-ci avec du phosphore pour lui éviter cet aban-
don. Ce projet n'eut heureusement, pas de suite et elle mourut peu
de temps après. ' .
J. T...n'a jamais eu ni maladie grave, ni convulsions, ni troubles
nerveux reconnus pendant sou enfance. Son développement s'est
régulièrement accompli. Dès qu'il a pu, il a déployé une activité
assidue aux travaux des champs. Son entourage n'a jamais remar-
qué en lui aucune excentricité, aucune bizarrerie capable d'éton-
ner personne. Cependant, de son propre aveu, il a été, dès son
enfance et à plusieurs reprises, tourmenté par une incompréhen-
sible envie de s'accoupler avec des animaux : à neuf ans, se trou-
vant seul à l'étable, il a eu des relations sexuelles avec une poule ; -.
à treize ans avec une génisse; à dix-sept ans enfin avec une
ânesse. Plus tard il a connu les femmes. Cet événement semble
avoir pour un temps modifié ses instincts, les obsessions font trêve,
ou plutôt, s'il en conserve encore de sensibles vestiges, il arrive
aisément à les dominer. A vingt ans, il se marie, toujours résistant
bien à toutes les tentations bestiales. Rien d'anormal ne se mani-
feste dans sa conduite, sauf quelques exigences originales dans ses
rapports conjugaux, mais dont sa femme ne paraît pas s'être
beaucoup effarouchée. Il ne montrait d'ailleurs ni animosité ni
colère quand ses demandes irrégulières étaient repoussées.
Mais à vingt-sept ans un incident survient qui fait entrer dans
une nouvelle phase l'histoire pathologique de J. T... Il commence
à boire, y prend goûl, et voit sous l'influence de cette habitude se
réveiller son ancien penchant relatif aux animaux. Il repousse
encore faiblement les premières atteintes. Mais très vite le mal
reprend toute sa violence, et le terrasse encore dans les circons-
tances dont voici les détails : Le malade devait un jour amener au
bouc, dans un village voisin, une sienne chèvre; il l'avait étendue
dans un tombereau qu'il conduisait lui-même, assis sur une planche.
La présence de cette chèvre allant au mâle lui causait un vague
malaise, augmenté par la solitude de la route longue et déserte,
et qui fait place à un furieux désir d'avoir des rapports avec la
bête. L'envie prend dès le premier instant une intensité inouïe.
Il cherche d'abord à se défendre, il essaie de penser à autre chose ; i
il a peur de lui-même, il accélère la marche du cheval. Mais la ten-
tation est si affreuse qu'il sent sa volonté s'égarer. Il lâche les
rênes et se cramponne au bord du tombereau pour résister
384 RECUEIL DE FAITS.
encore. Les violents battements de son coeur l'ébranlent tout entier,
sa poitrine « se resserre 2, douloureusement. « Il sent qu'il est tout
pâle. » A ce trouble général s'ajoute une excitation génésique.
Il est en érection. La situation devient tout à fait intolérable. A
hout d'efforts il se .couche au fond de la charrette, et, non sans
peine, arrive à ses fins.
Nous lui demandons comment il peut, étant en puissance de
femme céder à ce penchant pour les animaux. Il ne sait pourquoi.
Cette fatale envie le saisit sans qu'il puisse y réfléchir, et devient
tout de suite trop forte. » Il ajoute d'ailleurs que des sensations
plus voluptueuses que celle des rapports licites accompagnent ces
accouplements monstrueux. « Oh ! certainement, dit-il, c'était
plus fort. » Tous ces méfaits sont restés inconnus et T... n'en a
jamais parlé à personne. Sa femme et ses camauades les ignorent.
Il a eu le bonheur de n'être jamais surpris, et ce n'est pas ce qui
l'a conduit à l'Asile clinique.
Jules T... a continué à s'alcooliser, et progressivement cet abus
a donné essort à divers troubles dont l'hérédité avait préparé la
base. Les épisodes se succèdent. T... a maintenant trente-cinq ans;
après quelques périodes d'anxiété, d'insomnie, de cauchemars, il
vient d'entrer dans un état tout à fait délirant, et arrive à l'Admis-
sion le 29 décembre 1891.
Depuis quelque temps il est particulièrement dégoûté de la vie
et a fait une toute récente tentative de suicide. Il se croit coupable
de méfaits importants, mais dont il ne se rend pas bien compte.
Il se sent poursuivi par la justice. c Les gendarmes le recherchent,
la guillotine est prête... »
... « Les bonapartistes, les cléricaux, aussi bien que le parti
« ouvrier, tous le condamnent parce qu'il est indigne.. » Le sou-
venir de ses actes de bestialité demeure très net, ils sont pour une
grande part dans les turpitudes qui attirent sur lui la juste colère
de tout le monde. « On a dû apprendre qu'il les avait commis. »
11 les déplore d'autant plus qu'il ne pouvait s'en empêcher.
Les phénomènes se transforment au mois de mars et prennent
le caractère d'un délire polymorphe. Le malade entend la voix de
sa mère, morte depuis longtemps; on l'appelle, on l'injurie.
En avril, sans perdre son anxiété, il devient ambitieux, sa per-
sonnalité subit des métamorphoses, il est « le fils naturel de Dieu ».
Il est hanté par des idées de sorcellerie, parle de la « bande noire
invisible qui tourmente les hommes. » En mai, T... passe dans un
autre service et nous l'avons perdu de vue.
Cette observation nous montre encore bien clairement le
même stigmate psychique : l'obsession irrésistible, permettant
d'affirmer à première vue l'existence de l'hérédité morbide,
que vient confirmer encore l'histoire des antécédents, et lais-
PERVERSIONS SEXUELLES A FORME OBSÉDANTE. 385
sans pronostiquer l'invasion éventuelle de nouveaux troubles
épisodiques. Notre malade, comme on l'a vu, n'a pas échappé
à ceux-ci. '
L'acte est différent de celui du premier malade, mais le mé-
canisme est identique. Les malades de M. Moreau (de Tours)
ont dû semblablement exprimer leurs souffrances' : « Des faits
« ont pu être imputés, dit l'auteur, à des individus parfaite-
« ment responsables, au premier abord, et qui pour toute
« excuse alléguaient... une cause inconnue, mais impulsive,
« irrésistible instantanée, à laquelle ils succombaient malgré
« eux fatalement.
« Cherchant avec soin les antécédents de ces individus, on
« trouverait bien vite dans leur histoire, une hérédité impla-
« cable qui pesait sur eux. » Ce court passage contribue aux
mêmes conclusions, et témoigne de la réalité de ces données
que M. Magnan a définitivement mises en lumière, et dont il
a édifié la théorie.
Dans l'évolution oppressive et pénible de ce débat dont l'in-
hibition de la volonté va croissant et que termine l'inévitable
chute chez des hommes maîtres en apparence de leur intelli-
gence, n'y a-t-il pas un intérêt psychologique 2 bien plus vif,
une importance légale bien plus délicate, que dans l'acte stu-
pide du dément ou du paralytique qui attentent à la pudeur dans
le hasard d'un geste sans but ou pour montrer des « organes
qu'ils croient en ors ». N'y a-t-il pas pas plus d'intérêt aussi que
dans l'appétit lubrique, têtu et irraisonné de l'idiot, étranger
à toute morale, ignorant des conséquences de ses actes, et plus
aussi que dans l'impulsion tout aveugle et brutale de l'épilep-
tique si purement automatique et machinale, qu'elle ne laisse
même pas au malade le moindre souvenir de son passage.
La foule enfin, indulgente aux inconscients qu'elle peut par-
fois reconnaître, ne manque pas de se montrer féroce dans son
indignation et sa vindicte contre les malheureux dégénérés,
d'apparence raisonnable, qu'elle est incapable de juger. Ces
malades pourtant n'ont-ils pas, autant que les autres, plus
même, en raison de la conscience qu'ils conservent, droit non
pas au blâme et à la vengeance, mais à la compassion et aux
1 Cette phrase tirée de l'ouvrage déjà cité s'y trouve non au chapitre
Bestiatilé, mais au chapitre Profanation de cadavres.
= Ribot. Mal. de la volonté, p. 78.
2 Ritti. Dict. des sciences médicales. Article : Exhibitionnistes .
Archives, t. XXVI. 25
386 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE
soins rationnels '. On n'a pas d'exemples que des prévenus
réellement responsables aient simulé cet état qu'ils ne soup-
çonnent pas.
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE
XL. SUR LES THÉORIES PHYSIOLOGIQUES ACTUELLES DE l'ÉPILEPSIE A
PROPOS DES DOCTRINES DU Dr HUGHLINGS Jackson ; par le Dr Jules
CHRISTIAN (traduction par le Dr Me. Dowall). (The Journal of Mental
Science. Janvier 1891.)
La question de la nature de l'épilepsie attend encore sa solution
précise. Après avoir brièvement résumé les théories de Marshall
Hall et de Brown-Séquard, M. Christian rappelle que depuis les
travaux de Ferrier, il faut, sans dépouiller la moelle de la fonction
que lui attribuait Marshall Hall et Brown-Séquard, reconnaître que
celte fonction ne lui appartient pas exclusivement et qu'elle ne
possède pas seule le pouvoir de provoquer des convulsions épilep-
tiques. Et cela étant, on est immédiatement amené à se demander
s'il y a une différence entre les convulsions d'origine corticale et
les convulsions d'origine médullaire, et pourquoi on voit appa-
raître tantôt les unes, tantôt les autres.
C'est ce qu'a essayé de préciser Hughlings Jackson. Pour lui, le
système nerveux central se compose de trois plans superposés repré-
sentant chacun un degré supérieur d'évolution, et contenant cha-
cun un groupe de circonvolutions cérébrales.
Le plan inférieur est formé par la moelle, la moelle allongée et
la protubérance : il correspond aux mouvements les plus simples
du corps en général; à ce plan appartiennent aussi le cervelet et
la région postérieure du cerveau. Le plan moyen est constitué par
1 Un autre malade Pierre G..., vingt-cinq ans, vigneron, est entré à
l'Admission de Sainte-Anne en février 1893. Il avait, dans les mêmes con-
ditions que Jules T ? eu des rapports avec une ânesse et une chèvre,
trois ans avant l'éclosion du délire mélancolique anxieux qui a nécessité
son placement à l'Asile. Peu de jours avant son internement, G... avait
fait une tentative de suicide et entre autres mutilations volontaires, cher-
chait avec acharnement à s'arracher les bourses. Nous ne pouvons mal-
heureusement publier in extenso cette observation, car la mort du
malade au surlendemain de son admission ne nous a pas permis de
nous procurer des documents d'une exactitude suffisante.
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE 387
la région rolandique de l'écorce cérébrale et les ganglions du corps
strié : il est le lien d'origine des convulsions épileptiformes. Le
plan supérieur est formé par les lobes préfrontaux; il renfermeles
centres moteurs les plus élevés, et c'est lui qui préside à l'épilepsie
proprement dite.
Mais après avoir précisé le lieu d'origine des accidents convulsifs,
M. Hughlings Jackson s'efforce aussi d'en expliquer le mécanisme ;
et reprenant l'idée ancienne de Schroeder van der Kolk qui com-
parait l'attaque épileptique à la décharge d'une bouteille de Leyde,
il pose comme principe que tous les phénomènes nerveux sont dus
à une décharge nerveuse, c'est-à-dire à la mise en liberté de
l'énergie des éléments nerveux : cette décharge accompagne la
fonction nerveuse normale; c'est seulement dans les cas anormaux
que la décharge prend la forme explosive et donne lieu aux con-
vulsions. Ainsi dans l'épilepsie, la convulsion indique une certaine
instabilité pathologique de certaines cellules corticales, quelle que
soit d'ailleurs la lésion qui provoque cette instabilité. La décharge
d'une cellule se propage aux cellules voisines, à la manière d'une
trainée de poudre, qui s'enflamme, et suivant que cette propaga-
tion s'étend plus ou moins loin, les convulsions sont plus ou moins
limitées, plus ou moins généralisées. On sait que l'explication
adoptée par Gowers est très analogue à celle que propose Hugh-
lings Jackson.
Mais M. Christian fait observer que si par « décharge nerveuse »
on entend, comme Spencer, la « simple mise en liberté de l'éner-
gie des éléments nerveux, » on fournit une explication qui n'ex-
plique rien, et on se borne à indiquer, avec d'autres termes, un
mécanisme qui nous échappe. Mieux vaut donc s'attacher à d'autres
points de l'histoire de l'épilepsie : le reproche commun que fait
M. Christian à Marshal Hall, à Brown-Séquard, à Hughlings Jack-
son, à Gowers, c'est de ne voir dans l'épilepsie que la convulsion
qui n'en est pas le signe pathognomonique, puisqu'elle fait défaut
dans le vertige, dans « l'absence . Ce signe pathognomonique, il
faut le chercher dans la perte de conscience, soudaine et complète,
qui accompagne toutes les manifestations épileptiques, et sans
laquelle il n'y a pas d'épilepsie. Cela étant, ce n'est pas dans les
territoires cérébraux qui président au mouvement, mais dans ceux
qui président à la sensibilité et à l'intelligence qu'il faut chercher
le siège de l'épilepsie, et c'est ainsi qu'on est amené à la localiser
dans la partie antérieure des hémisphères cérébraux, conclusion
qui coïncide absolument avec celle de Hughlings-Jackson, mais à
laquelle, comme on le voit, M. Christian a été conduit par des
voies très différentes.
Suivant que l'ictus épileptique reste limité à ces territoires, ou
que son action se propage, on observe telle ou telle modalité de
l'épilepsie : dans 1' c absence », par exemple, la région hémisphé-
388 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE
rique est seule atteinte, et la maladie s'éteint sur place. Dans le
4 grand mal au contraire le trouble physiologique s'étend aux
organes oui président au mouvement, à la moelle, aux centres
psycho-moteurs, et l'étendue des phénomènes convulsifs et la variété
des formes et des symptômes dépendent de la diversité des centres
envahis et du degré de l'envahissement. Dans le vertige, les phé-
nomènes ressemblent à ceux du somnambulisme, de certains états
de rêve, de l'ivresse alcoolique; ce sont enfin ceux qui se mani-
festent après l'ablation des hémisphères cérébraux chez un ani-
mal : les centres locomoteurs de la moelle entrent en activité, et
exécutent, sans le contrôle du cerveau, les mouvements plus ou
moins compliqués qui leur sont habituels.
En un mot, dit M. Christian, on ne saurait trop répéter que,
dans l'épilepsie, c'est le cerveau qui est primordialement et essen-
tiellement affecté, et les troubles moteurs ne sont que consécutifs
et secondaires. Faut-il aller plus loin dans l'interprétation de ces
phénomènes obscurs ? L'auteur du moins pense que cette tentative
serait prématurée, et que, en ce qui touche la cause prochaine de
l'épilepsie, la seule réponse que nous puissions faire est un aveu
d'ignorance. R. DE iiIUSGRAVE-CL.1Y.
XL1. UN cas DE FOLIE avec STUPEUR CONSÉCUTIVE A l'hypnotisme
provoqué; par M. J. NOLAN. (The Journal of Mental Science, jan-
vier 1891.)
Ce cas est intéressant à plusieurs titres : d'abord il démontre
que les pratiques hypnotiques ne sont pas toujours aussi inof-
fensives que l'on s'est plu à le dire; il est remarquable en outre :
10 par la longueur inusitée de la période de stupeur, durant
laquelle la volition et la conscience étaient partiellement anéanties,
et le sujet absolument irresponsable de ses actions; 2° par le carac-
tère inaccoutumé des hallucinations; 3° par la tendance au sui-
cide ; 4° par le caractère rebelle de l'insomnie. R. M. C.
XLII. Un cas DE PERVERSION sexuelle ; par le Dr URIUD.1RT. (The
Journal of Mental Science, janvier 1891.)
Ce cas est assez banal au point de vue de la pathologie mentale,
car il est absolument conforme à la description donnée parKraft-
Ebbing ; mais il est intéressant au point de vue médico-légal, car
les magistrats, chaque fois qu'ils ont devant eux un malade de ce
genre, sont fort embarrassés. En effet, il est difficile, sinon impos-
sible, d'interner dans un asile des sujets de cette catégorie en les
déclarant aliénés; si on les acquitte, ils ne tarderont pas à se
mettre en état de récidive (on sait que la loi anglaise, à l'inverse
de la loi française qui ne punit que l'attentat ou l'outrage publie
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE 389
à la pudeur, est très sévère sur ce point) ; dans le cas dont il s'agit,
le magistrat a, non sans hésitation, appliqué la peine d'un an
d'emprisonnement avec travail forcé. M. Urquhart fait remarquer,
avec raison, que, prononcée contre un malade de cette sorte, une
condamnation est peut-être une solution, mais qu'elle ne constitue
pas précisément le meilleur des modes de traitement.
R. M. C.
XLIII. PSYCIIOSE ET fièvre typhoïde; par Klinke. (Cent1'albl, f. Ner
venheilk. N. F. III, 1892.)
Epidémie de seize cas. Chez les premiers malades, la èvre
typhoïde exerça une influence heureuse sur l'état mental, puis elle
aggrava l'état psychique, et la psychopathie reparut comme devant.
C'est ce qui se passa ensuite chez les autres patients. P. K.
XLIV. DE LA GENÈSE ET DU SUBSTRATUM ANATOMO-PATHOLOGIQUE DU
DÉLIRE DE GRANDEURS DANS LA PARALYSIE PROGRESSIVE ; par S. KoRN-
FELD et G. BIKELES. (Allg. Zeitsch. f. Psychiat., XLIX, 3.)
La cause du délire des grandeurs, c'est une lacune du jugement
commune à bien des hommes, mais exagéréedans la paralysie géné-
rale, en vertu de laquelle l'individu ne se rend pas bien compte de
la multiplicité des efforts qu'exige un projet déterminé et de la
série de travaux préparatoires, des plans subordonnés auxquels il
doit être astreint pour mener à bien ce qu'il veut faire. La netteté
de l'exacte corrélation des choses manque à l'intelligence. L'imagi-
nation intervient alors; elle embrouille la conception et supprime
les facultés d'analyse. Les troubles de la mémoire et de l'éducation
empêchent enfin l'utilisation efficace et légitime d'éléments
certains.
Le paralytique est, en outre, très suggestible ; aussi tient-il des
propos contradictoires; il amalgame à son délire des idées tout à
fait différentes, parce qu'il supprime l'enchaînement logique. Il
rêve tout éveillé.
L'insomnie, fréquente chez lui, entretient un état de faiblesse
irritable des facultés conceptuelles qui supprime la digestion
psychique et la portée du jugement. Puis, il n'est pas rare qu'un
accès de manie par suractivité mentale nourrisse ou provoque de
nouvelles idées de grandeurs.
Cet ensemble de symptômes est dû. à un trouble de la circulation
de la lymphe cérébrale. De là des troubles de nutrition des cellules
nerveuses, des modifications de l'innervation des fibres d'association
et des centres physiologiques.
Etude comparative du mécanisme de l'euphorie (le malade se
S90 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE
croit bien portant parce qu'il est en démence), du mécanisme du
délire de grandeurs (qui amène surtout de l'annihilation du juge-
ment), du mécanisme de la forme dépressive. Quatre observations.
P. K.
XLV. Rapport MÉDICO-LÉGAL motivé SUR l'état mental DE L'EXPÉDI-
TIONNAIRE C. Fer. A. KRUEGFR, par A. RICHTER. (Allg. Zeitsck.
f. Psychiat., XLIX, 3.)
Héréditaire dégénéré; vésanie chronique caractéristique.
P. K.
XLVI. CRIME ET FOLIE chez la FEMME; par P. NOECKE (AU. Zeitsck.
f. Psychiat., XLIX, 3.)
REVUE DE pathologie mentale 391
Les réhabilitations des criminelles qui étaient aliénées au mo-
ment de l'acte délictueux s'imposent. Ceci fait, on agira à leur
égard, même en ce qui concerne la sortie, comme à l'égard de
toute aliénée. P. KERAVAL..
XLVII. CONTRIBUTION au diagnostic anatomique DE la paralysie
GÉNÉRALE PAR L'ÉTAT ANATOMO-PATHOLOGIQUE DE LA MOELLE; par
B. SCHLESINGER, (Centralbl. f. Nervenheilk. NF. III, 1892.)
Observation de manie suraiguë ; évolution foudroyante en
quatre semaines. Autopsie. Dégénérescence marginale du faisceau
pyramidal. Après une étude critique approfondie, l'auteur tend à
croire à l'existence d'une myélo-méningite diffuse primitive, ou
plutôt il croit que l'ensemble symptomatique a été l'effet simul-
tané d'un seul et même agent nocif. La paralysie générale serait
l'effet non de la forme de lésions matérielles, mais de leur consti-
tution chimique. P. K.
XLVIII. UNE NEUROPSYCHOSE PÉRIODIQUE entée SUR UNE HYSTÉRIE
dégénérative; par W. S. GREIDENBERG. (Centralbl. f. Nervenheilk.
NF. III, 1892.)
Dégénérescence héréditaire ; long isolement; excès bachiques et
vénériens; hystérie avec accès périodiques de troubles nerveux et
psychiques complexes associés. Perversion du sens génital (obses-
sions). P. K.
XLIX. La diathèse DE la paralysie générale; par G. R.-WILSON.
(The journal of Mental science, janvier 1892.)
Le mot « diathèse » n'est peut-être pas très rigoureusement appli-
cable à la conception de M. Wilson relativement à la paralysie
générale. Son intention dans ce travail est d'insister sur l'impor-
tance, dans la genèse de cette maladie, des tendances héréditaires :
« Peut-être, dit-il, peut-on aller jusqu'à reconnaître une diathèse
« de la paralysie générale, une tendance organique vers cette ma-
ladie, la tendance héréditaire de certains types d'organisation
cérébrale. » On ne saurait d'ailleurs résumer la thèse, très discu-
table, de l'auteur, plus nettement que dans cette phrase,, où il a
condensé toute sa théorie : « On naît, on ne devient pas, paraly-
tique général. » . R. M. C.
L. La manie COMPREND-ELLE deux formes distinctes DE FOLIE, ET
DOIT-ELLE être subdivisée ? par 6oRGE-,Nl. ROBERSTON. (The journal
of Mental science. Juillet 1890.)
Après des considérations historiques et cliniques dans lesquelles,
faute de place, il nous est impossible de le suivre, l'auteur décrit
392 REVUE DE pathologie mentale.
quatre formes de manie, que l'on peut logiquement ramener à
deux variétés, ou à deux groupes : cette division est basée sur les
différences symptomatologiques, lesquelles sont elles-mêmes dictées
par la nature des tendances émotionnelles du sujet : le premier
groupe comprend lescas de manie furieuse, mania cum furore; le
second les cas de manie gaie, mania cum hilaritate. L'auteur cons-
tate lui-même que ,c'est là un retour, modifié par quelques idées
modernes, vers les classifications anciennes, et notamment vers
celle d'Esquirol. R. M. C.
LI. La propagation DE l'aliénation mentale ET DES névroses QUI LUI
sont connexes ; par S.-A.-I. Strahan. (The Journal of Mental
Science. Juillet 1890.)
M. Strahan constate d'abord que, depuis trente ans. le nombre
des aliénés dans le Royaume-Uni a augmenté dans la proportion de
1500 cas par an : il sait que la statistique s'est efforcée de montrer
que ce chiffre n'était pas réel; mais même en lui donnant raison,
et en supposant le chiffre exagéré, il croit qu'il faut néanmoins
admettre une augmentation annuelle. Il insiste surtout, pour
démontrer le fait, sur la fréquence croissante des suicides d'enfants,
et des suicides d'adultes, admettant a priori que le suicide est un
symptôme d'aliénation mentale : cela est probablement vrai,
disons-le en passant, pour les enfants, chez lesquels le suicide
parait bien en effet l'indice d'une tare mentale nécessairement
héréditaire chez eux; quand il s'agit des suicides d'adultes, la suppo-
sition est plus contestable, bien que certainement les troubles
mentaux aient une laarge part dans la genèse de la mort volontaire
Quoi qu'il en soit, M. Strehan attribue presque exclusivement à
l'hérédité l'accroissement, discutable dans ses causes, mais à peu
près incontesté en effet, du nombre des maladies mentales, et il
cherche les moyens de remédier à cet état de choses. Il en trouve
deux : le premier, qui est lent et peu efficace, est l'éducation, qui
renseignerait sur le danger d'une union avec des personnes frap-
pées d'une tare mentale quelconque, le second consiste dans l'in-
tervention de la loi, et voudrait empêcher le mariage des sujets
suspects au point de vue mental : il va plus loin, et ne conclut
à rien moins qu'à leur interdire non seulement le mariage, mais
la procréation. Son raisonnement se résume de la façon suivante :
puisqu'on prend des mesures légales pour interdire à un varioleux
de donner la variole par contact, pourquoi ne pas interdire à un
fou actuel ou virtuel de donner la folie par la procréation ? La
mesure proposée est efficace autant que radicale. Nous pensons bien
toutefois que ce n'est pas encore elle qui remédiera au mal : pour
que la solution d'un problème soit... une solution, il ne suffit pas
qu'elle soit juste, il faut aussi qu'elle soit réalisable.
R. de Musgrave CLAY.
REVUE DE pathologie mentale. 1 393
LU. Note sur LE COCAINISME ; par CONOLLY NORL1N. (The Journal of
mental Science, avril 1892.)
Les ravages de l'intoxication cocaïnique ont eu pour cause princi-
pale l'emploi de cette substance, comme agent de substitution ou
de transition, pour soustraire les morphinomanes à leur poison
habituel, et si ces ravages ne sont pas actuellement plus répandus,
c'est qu'il s'agit d'un médicament dont le prix est resté assez
élevé. Il faut bien savoir en effet que la cocaïne est encore plus
attrayante que la morphine. Elle présente trois dangers princi-
paux : 1° Son attrait insidieux; 2° la précocité de ses effets au
point de vue mental ; 3° son pouvoir toxique qui est considérable,
et qui, après un très court abus, détermine promptement des alté-
rations des tissus.
Deux points intéressants sont à remarquer dans l'intoxication
cocaïnique : 1° Une excitation génitale marquée, signalée par le
docteur Stoker ; 2° la perte du sens du temps, observée par le doc-
teur Clouston. Lorsque, à ces deux symptômes, vient se joindre
la précocité des hallucinations, on peut, presque à coup sûr, diag-
nostiquer la cocaïnomanie. R. M.-C.
LUI. LE -VÉLOCIPÈDE dans l'aliénation mentale; par C. Théodore
EWART. (The Journal of Mental Science, juillet 1890.)
Dans un mémoire de plusieurs pages, M. Ewart insiste sur les
services que pourrait rendre la vélocipédie dans les asiles. Il est
certain qu'en provoquant un exercice qui met en jeu presque tous
les muscles du corps, en permettant de parcourir de plus longs
trajets que ceux qui pourraient être accomplis à pied, et par là,
en multipliant les paysages et en offrant aux yeux et par suite à
l'imagination des distractions plus nombreuses, le bicycle et les
instruments de locomotion qui en dérivent (tricycle, tricycles omni-
bus à plusieurs places) peuvent être, chez les aliénés, d'un emploi
fort utile. Avec de bons instruments et une surveillance suffisante,
les risques d'accident sont négligeables; le seul écueil, et il est
aisé de l'éviter, c'est le surmenage. , R. M.-C.
LIV. RECHERCHES sur LE sang et l'urine DES aliénés; par W. Johnson
SMYTH. (The Journal of Mental Science, octobre 1890.)
On ne peut que résumer ici les principales conclusions de ce
mémoire qui sont les suivantes :
A. En ce qui touche le sang : Chez les aliénés on constate une
notable diminution de l'hémoglobine ; 2° cette diminution atteint
son maximum dans la démence secondaire ; 3° les variations du
394 revue DE pathologie mentale.
chiffre de l'hémoglobine sont peu marquées dans la mélancolie,
l'épilepsie et la paralysie générale ; dans cette dernière maladie
toutefois on constate une proportion d'hémoglobine très élevée
pendant les périodes d'exaltation très accusée; 4° dans ces divers
états mentaux, le nombre des globules rouges est au-dessous du
chiffre normal ; 5° le chiffre des globules rouges atteint son mini-
mum dans la démence secondaire, son maximum dans la para-
lysie générale : dans les autres maladies mentales, les variations
peuvent être considérées comme insignifiantes ; 6° Si l'on tient
compte de la densité normale du sang, du chiffre normal des glo-
bules rouges, de la quantité normale de l'hémoglobine qui en
constitue l'élément lourd, on voit clairement que, dans les mala-
dies mentales, où nous constatons que le poids spécifique du sang
est plus élevé qu'à l'état sain, et où il y a une diminution des glo-
bules rouges et de l'hémoglobine, il faut nécessairement que le
plasma sanguin ait une densité exceptionnelle ; 7° que le maximum
de cette densité se rencontre dans la démence secondaire, comme
d'ailleurs dans l'état sénile, où la mentalité va s'affaiblissant ;
8° que, dans l'épilepsie, la densité du plasma sanguin est variable,
mais qu'elle augmente au moment des crises convulsives. Enfin
l'auteur pense qu'on ne saurait, chez les aliénés, attacher d'impor-
tance aux rapports numériques des globules rouges et des leu-
cocytes, car ces rapports sont normaux le plus souvent, et quand
ils ne le sont pas, l'anomalie n'a rien de caractéristique.
B. En ce qui touche l'urine : 1° au point de vue de la quantité,
le maximum (et un maximum qui dépasse de beaucoup le chiffre
normal) a été constaté dans la paralysie générale, et le minimum
dans la démence secondaire ; il y a diminution dans la mélan-
colie ; - 2° la totalité des résidus solides atteint son maximum
dans la paralysie générale, son minimum dans la démence secon-
daire, et varie très faiblement dans les autres cas; 3° l'homme
sain n'excrète pas plus d'urée que l'aliéné ; 4° dans la paralysie
générale, l'épilepsie et la mélancolie, la quantité d'urée excrétée
est à peu près égale; elle est inférieure dans la démence; 5° la
quantité d'acide urique excrétée est augmentée chez les aliénés ;
elle atteint son maximum dans la paralysie générale, l'épilepsie
et la démence ; 6° le taux de la créatinine est plus élevé dans la
paralysie générale, et la démence qu'à l'état de santé ; 7° il
semble qu'il y ait, dans l'épilepsie, un léger excès d'acide phospho-
rique, mais cet excès est peu accusé. R. de Musgrave CLAY.
LV. SUR LE POIDS DU CERVEAU ET DE SES DIFFERENTES PARTIES CHEZ LES
aliénés; par A. Mercier. (The Journal of Mental Science, Avril
1891.) .
Mémoire très important (dans lequel pour la détermination des
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 395
parties constituantes du cerveau, on s'est conformé à la méthode
de Meynert), mais qui est exclusivement constitué par des chiffres
et des tableaux et qui demeure par là rebelle à toute analyse.
R. M. C.
LVI. Un cas DE folie avec DILUSIONS; par le Dr KEAY. (The journal
of Mental Science. Avril 1891.)
Cas dans lequel la guérison a été obtenue au bout de neuf
années. R. M. C.
LVII. Richard ET SYSfOND, LEUR INFLUENCE SUR la médecine mentale;
par D. HACr TUKE. (The journal of Mental Science, juillet 1891.)
Etude biographique sur deux médecins distingués, dont le pre-
seul s'est directement occupé de psychiatrie, mais dont le second
fut un psychologe éclairé en même temps qu'un praticien de pre-
mier ordre. R. M. C.
LVIII. SUR QUELQUES vices d'articulation CHEZ LES enfants avec OBSER-
VATIONS MONTRANT LES RESULTATS DE L ÉDUCATION PAR LE SYSTÈME ORAL;
par W B. HADDEN. (The Journal of Mental Science janvier 1891.)
Etude intéressante, mais impossible à reproduire, puisque tout
repose ici sur des défauts ou des progrès phonétiques qui ne peu-
vent passer d'une laugue dans une autre. R. M. C.
LIX. LE CANCER DANS SES RAPPORTS AVEC LA FOLIE; par HERBERT SNOW.
(The Journal of Mental Science, octobre 1891.)
Voici les conclusions de ce travail : 1° Les affections cancéreuses
sont rares chez les aliénés; elles font presque entièrement défaut
chez les sujets atteints de défectuosités mentales congénitales ;
2° Le cancer n'augmente pas de fréquence chez les aliénés; 3° Il
n'est pas rare de voir le cancer précéder et causer les troubles
mentaux, indépendamment de toute production cancéreuse siégeant
dans le cerveau : le cancer devrait être rangé parmi les causes
reconnues d'aliénation mentale. R. M. C.
LX. LA PROTECTION DES MÉDECINS PAR LA LOI ANGLAISE SUR L'ALIÉNATION
mentale; par A.-Wood RENTON. (The Journal of Mental Science,
octobre 1891 et janvier 1892.)
Nous ne pouvons que signaler ce travail dont le compte rendu,
pour être intelligible,' nécessiterait l'exposé préalable de la légis-
lation et de la jurisprudence anglaises sur l'aliénation mentale, et
des confirmations ou modifications qui y ont été apportées en 1889
et 1890. R. M. C.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE
PATHOLOGIQUES.
XXIV. Contribution A l'anatomie pathologique DU tabès dorsal;
par A. KRWSS, (Archiv. f. Psychiat., XXIII, 23.)
A. Première série de quinze cas (étude clinique et anatomo-
pathologique). Etude de la topographie des lésions dans les cor-
dons postérieurs et dans la ◀corne▶ postérieure. Puis étude histolo-
gique des parties altérées et des nerfs périphériques.
B. Quelle est la lésion anatomique primitive du tabes ? Sont-ce
les éléments nerveux, est-ce le tissu conjonctif ou conjonctivo-
vasculaire qui commencent ? Etude comparative de la dégénéres-
cence secondaire consécutive aux affections cérébrales et spinales.
Conclusion :
Nous tendrions à admettre que aussi bien dans les dégénérescences secon-
daires que dans le tabes le processus anatomique est identique. Pour des
motifs inexpliqués (peut-être la plus longue durée du tabes que des dégé-
nérescences secondaires), l'appareil connectivo-vasculaire est parfois plus
fortement affecté dans le tabes que dans les dégénérescences secondaires.
Mais, comme dans quelques cas de tabes il n'y a pas d'altération vascu-
aire, comme l'épaississement vasculaire existeà tous les degrés dans tous
les autres cas, ce n'est pas là l'essentiel. Il nous faut donc en revenir au
parenchyme et aux libres nerveuses dont la déchéance entraîne consécu-
tivement le développement du tissu interstitiel. Quant à l'allure de l'hy-
perplasie secondaire du tissu connectivo-vasculaire, elles dépendent par-
fois de causes générales (artério-sclérose antécédente bien que celle-ci
soit souvent localisée, etc., etc.).
C. Relation des altérations anatomiques de la moelle avec les
symptômes cliniques. Relation des parties des cordons postérieurs
lésés avec chacun des symptômes cliniques.
C'est à la moelle seule qu'il convient de rattacher les symptômes
du tabes. Mais on ne peut encore localiser avec certitude que la
perte des réflexes patellaires; elle tient très probablement à la
lésion de la zone d'entrée radiculaire postérieure, entrele segment
thoracique et le segment lombaire de la moelle.
D. Comparaison des résultats de ce travail avec ceux des auteurs.
P. K.
XXV. DE L'INFLUENCE VASO-MOTRICE du sympathique cervical; par le
Dr CAvAZzANI. (Riv. sp. di fren., t. XVIII, fasc. 2, 1892.)
Le système du grand sympathique dans la région cervicale con-
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 397
court à l'innervation des vaisseaux cérébraux, par des fibres vaso-
constrictives et vaso-dilatatrices, les premières excitables directe-
ment par le stimulus électrique, les secondes par ce même stimulus
conjointement avec celui de l'anémie. L'action vaso-motrice du
sympathique dans les conditions ordinaires ne s'étend pas aux vais-
seaux du cerveau, ou est très légère; tandis qu'elle est énergique,
jusqu'à atteindre presque la crampe des vaisseaux, par le fait de
stimulations mécaniques ou électriques. L'excitation des fibres
vaso-dilatatrices est due à l'anémie plutôt qu'à l'abaissement de la
pression dans les ramifications vasculaires. J. SI : GLAS.
XXVI. UNE NOUVELLE méthode POUR exécuter DES préparations
sèches du cerveau; par L. STIED : 1. (Neurolog. Centralbl., 1892.)
Placer le cerveau frais entier dans une solution aqueuse con-
centrée de chlorure de zinc; y mettre autant de cristaux de chlo-
rure qu'il en faut pour que le cerveau nage dans la solution. Le
laisser ainsi vingt-quatre heures. On détache alors aisément la
pie-mère. On place ensuite l'organe intact ou découpé dans de
l'alcool à 96° qu'on renouvelle tous les cinq à six jours. ,Le durcis-
sement est complet en deux ou trois semaines (l'alcool a alors
chassé l'eau). On le soumet alors à l'action de la térébenthine pen-
dant deux à quatre semaines. La térébenthine ramollit le cerveau,
mais le rend clair et transparent, plus ou moins selon la couleur
de la térébenthine. Finalement on le plonge deux semaines dans
le vernis gras des peintres à l'huile. On laisse alors le cerveau à
l'air pendant une ou deux semaines jusqu'à ce qu'il soit devenu
complètement sec et qu'il ne soit plus huileux. On peut le couvrir
d'un siccatif (vernis gras cuit). P. K.
XXVII. QUELQUES remarques SUR LES dégénérescences EXPÉRIMEN-
tales du corps calleux ET DE L'ÉCORCE du cerveau; par Wl. Mu-
Raton. (Neu1'olog, Centralbl., 1892.)
Extirpation de la région motrice corticale chez le chien. Au bout
de deux à trois semaines, on tue les animaux et on examine au
microscope. On avait constaté auparavant de la faiblesse des mou-
vements et de la maladresse à se mouvoir. Voici maintenant les
altérations relevées.
1° Intégrité de la commissure antérieure. 2° Dégénérescence
partielle des fibres du corps calleux. Si l'on examine les fibres de
jonction d'une région déterminée de la zone extirpée à la région
homonyme de l'autre hémisphère, on trouve qu'en avant de la
scissure sigmoïde les fibres du corps calleux sont normales, en
arrière, il y a dégénérescence de la substance blanche (blocs et
boules de myéline en dissociation) sur toute la longueur des fibres.
398 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.-
- 3° Dans l'hémisphère gauche (opéré) les fibres commissurales qui
relient certains endroits de l'hémisphére sont dégénérées. Les
fibres propres de Meynert sont atteintes. 4° A gauche, dégéné-
rescence des fibres qui forment la couronne rayonnante et se diri-
gent en bas dans la capsule interne et les faisceaux pédonculaires.
5° Sous le corps calleux, on peut distinguer un trousseau, coupé
transversalement qui ne contient que des mottes de myéline. Ce
trousseau est limité en haut par le corps calleux, en bas par le
noyau caudé, en dehors par la couronne rayonnante (dégénéres-
cence partielle systématique). 6° A droite, mottes de myéline
disséminées dans le corps calleux et dans les fibres qui probable-
ment traversent le corps calleux pour aller à l'écorce. Intégrité
des fibres propres sous-corticales et des fibres de la couronne
rayonnante. Remarquables différences dans le nombre des mottes
myéliniques des fibres sous-corticales entre les deux hémis-
phères.
P. KERAVAL..
XXVIII. La coloration 051(10-CUPRO-H)JiATOxYLIQUE. Méthode DE
WEIGERT accélérée, par H.-J. BERKLEY. (Neurol. Centralbl., 1892.)
Méthode recommandée pour lespiècestout àfaitfraiches. La colo-
ration persisterait deux ans quoique diminuant un peu d'inten-
sité.
On prendra des coupes de 2 mill. 5, pas plus, mais aussi larges
que l'on voudra. Durcir vingt-quatre à trente heures à 25° dans la
solution de Flemming, puis, sans les laver, les plonger directement
dans l'alcool absolu renouvelé deux fois dans les vingt-quatre heures
suivantes. On les porte ensuite dans la celloïdine pendant douze
à vingt-quatre heures. On pratique alors à l'aide du microtome
Schanze des coupes très minces d'une demi-division de l'échelle.
On lave à l'eau, on porte dans la solution cupro-acétique filtrée,
on couvre, on laisse passer la nuit. On chauffe à un bain-marie de
35 à 40° pendant vingt-cinq à trente minutes ; on laisse refroidir.
On lave à l'eau très vite, finalement on plonge dans la solution
d'hématoxyline ainsi préparée. (A 50 centimètres cubes d'eau dis-
tillée bouillie, on ajoute 2 centimètres cubes de solution de carbo-
nate de lithine filtrée; on fait bouillir une minute et l'on ajoute
1 cent. 5 à 2 centimètres cubes d'une solution d'hématoxyline à
10 p. 100. Conserver bouché, utiliser froid.) Dans cette solution,
les coupes restent quinze à vingt-cinq minutes au bain-marie à 40°.
Après refroidissement, on lave à l'eau et l'on fait agir le liquide
décolorant (borax et ferrocyanure de K.) pendant une à trois
minutes.
Les fibres myéliniques sont noir bleues, la névroglie jaune, les
cellules incolores ou noir brun avec leurs prolongements. P. K.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 399
XXIX. CONTRIBUTION A la question DES STRIES médullaires (ou acous-
tiques, barbes du calamus) du bulbe; par W. DE BECHTEREW. (vVeu- £ -
rol. Centralbl., 1892.)
Chez l'homme, elles n'ont rien à voir avec les fibres de l'acous-
tique. Il y a une différence entre leur volume et celui de ces der-
nières. Et du reste on voit très bien que les stries médullaires ne
peuvent être le prolongement du rameau postérieur de l'auditif.
Latéralement, le long de la face externe et supérieure du corps
restiforme, elles passent par-dessus ce rameau postérieur, pour
pénétrer, en dehors du tubercule acoustique, dans la substance
blanche du cervelet dans le voisinage du lobule du pneumogas-
trique. En arrière d'elles, apparaissent les fibres de rameaux pos-
térieurs de l'acoustique, non couvertes par ces barbes, sous la forme
de trousseaux extrêmement délicats, grisâtres, qui tournent autour
du corps restiforme, de dehors en dedans et de haut en bas, pour
cesser à la limite interne de celui-ci dans le bulbe. Par contre, les
stries médullaires sont des trousseaux myéliniques épais qui, géné-
ralement, vont de la limite externe du corps restiforme, jusque
contre le raphé et tranchent d'ordinaire par leur couleur blanche.
Il n'esl pas rare de voir ces trousseaux abandonner résolument les
fibres du rameau postérieur de l'auditif, déviant un peu avant et
gagnant directement la région la plus proche de la substance
blanche du cervelet. Les stries médullaires prennent naissance dans
le voisinage du lobule. du pneumogastrique et s'écartent de lui
comme du tubercule acoustique, en dehors desquels elles vont.
Dans le raphé du quatrième ventricule, elles s'entre-croisent et
pénètrent la face antérieure du bulbe, en contournant de dedans
en dehors et d'arrière en avant, la pyramide du côté opposé, pour
gagner les fibres antérieures du côté opposé du bulbe. On ne peut
pas bien saisir leurs rapports avec le raphé, avec la substance grise
du raphé en relation avec la substance grise de la protubérance.
Mais on sait, à n'en pas douter, qu'elles n'ontaucune attache avec le
pneumogastrique, le glosso-pharyngien, le trijumeau. Il y a lieu
de douter qu'elles se rattachent au tubercule quadrijumeau pos-
térieur. Il est probable qu'elles servent à unir les segments de la
base du cervelet. Si elles prennent leur origine dansle voisinage du
lobule du pneumogastrique, elles ne sauraient être confondues
avec le pédoncule de ce lobule qui, lui, est un trousseau totalement
autonome ; trousseau doté de ses manchons de myéline, bien avant
les fibres des parties avoisinantes des hémisphères cérébelleux, et
bien avant aussi celles des fibres des stries médullaires qui se dé-
veloppent les premières après la naissance.
Le pédoncule du lobule du pneumogastrique se compose de fibres
qui prennent naissance dans l'écorce de la surface postérieure et
400 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
basale du lobule en question, se dirigent en dedans pour gagner
le bord de l'hémisphère cérébelleux qui entoure le corps restiforme
à son entrée dans le cervelet, atteignent le bord du plancher du
quatrième ventricule, se relèvent la long du toit du même ventri-
cule et vont à l'olive cérébelleuse. P. KERAVAL.
XXX. DE certains phénomènes DE contraction DES muscles quand ON
LES excite au courant faradique ; par W. BROCIi. (Neurolog.
Centralbl., 1892.)
Excitation des muscles à l'aide d'interruptions lentes. Peut-elle,
dans le muscle humain, produire des conlractions toniques ? 2
Des anomalies dans la conductibilité des nerfs peuvent-elles déter-
miner cette anomalie dans la forme de la contraction ? Y a-t-il s'il
n'en est pas ainsi un rapport entre ce phénomène et l'intensité de
l'excitant ? Dans certains états pathologiques, des interruptions
lentes peuvent provoquer des contractions toniques; celles-ci peu-
vent aussi être produites dans le muscle sain, quand on modifie
comme il est dit l'excitation. Mais il est impossible de rattacher
ce phénomène à des altérations dans la conductibilité du nerf.
En revanche, l'intensité de l'excitant joue un rôle. Sur un muscle
sain, si l'on affaiblit graduellement la force d'un courant faradique,
on arrive à une limite où le muscle est animé de contractions
toniques sans secousses isolées. Mais l'intensité de l'excitant varie
avec le muscle. Il en est de même pour les muscles atrophiés (para-
lysie faciale rhumatismale, paralysie traumatique du péronier,
névrite du nerf péronier, myélite chronique, syringomyélie). Dans
la paralysie faciale rhumatismale, le courant faradique produit les
contractions rythmiques (isolées ou tétanos abrégé) de Richet,
Rosenthal, Bernhardt. P. K.
XXXI. DU développement ET DE l'expansion DES FIBRES tangentielles
du l'écorce du cerveau humain aux divers âges DE la VIE; par
0. VULPIUS. (Archiv f. Psychiat., XXIII, 3.)
Examen strictement comparatif, places par places, de la pre-
mière frontale gauche, de la circonvolution de Broca, du lobe fron-
tal, de la frontale ascendante droite, de la pointe du lobe occipi
tal droit, de la première temporale gauche. Méthode de Weigert.
Numération des fibres à l'oculaire quadrillé. Etude de vingt-deux
cerveaux.
1° Le nouveau-né n'a pas de fibres myéliniques dans les couches
spéciales de son écorce ni dans la substance blanche. On n'en
trouve que dans la substance blanche de la frontale ascendante.
2° Il existe réellement trois couches (interne, externe, moyenne),
de fibres tangentielles. 3° Les premières fibres tangentielles se
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 401
montrent dans les couches externe et interne à l'àge de quatre
mois, dans la couche moyenne à t'âge de huit mois. 4° Le déve-
loppement en est très différent suivant les diverses régions du cer-
veau et les couches envisagées. 5° Les troubles de la nutrition
générale paraissent arrêter le développement des fibres tangen-
tielles. 6° Le développement n'en est pas terminé dans tous les
segments du cerveau à l'âge de dix-sept ans. 7° L'âge paraît
amener une faible diminution des fibres en question. 8° Les
fibres tangentielles proviennent souvent de fibres radiaires péné-
trant isolément ou en touffes. Ce dernier mode de pénétration est
propre à la profondeur des sillons dans lesquels s'épandent les
trousseaux radiaires à la couche externe. 9° Le nombre des
fibres tangentielles n'est pas le même dans les diverses régions
du cerveau. Le plus grand nombre occupe la frontale ascendante
droite. - 10° La frontale ascendante droite possède le plus grand
nombre de fibres tangentielles épaisses. La première frontale
gauche et le lobe occipital droit possèdent une abondance considé-
rable de fibres fines. 11° Les raies de Baillarger et de Vicq
d'Azyr sont formées par l'accumulation des fibres tangentielles.
12° La raie de Vicq d'Azyr est bien plus constante que celle de
Baillarger qui bien souvent apparaît double dans le lobe frontal.
P. KERavAL.
XXXII. LES expériences faites par la nature SUR LE cerveau ;
par MEYNERT. (Jahrbuech. f. Psychiat., X, 2-3.)
Eloge de la méthode anatomo-clinique en termes originaux,
mais un peu à bâtons rompus. P. K.
XXXIII. Contribution A l'emploi DE la méthode DE coloration DE MAR-
CHI DANS LES PRÉPARATIONS ANATOMO-PATHOLOGIQUES DU SYSTÈME NER-
VEUX ; par E. REDLICII. (Ceatrnlbl. f. Nervenkeilk, N F. III, 1892.)
Excellente pour déceler de très bonne heure la dégénérescence
des fibres nerveuses et, par suite, pour l'élude expérimentale des
faisceaux conducteurs et systèmes, voici en quoi il consiste :
Pendant huit jours, on soumet de petits cubes de 3 à 4 milli-
mètres à l'action d'une solution de chromate de potasse à 2 p. 100
ou du liquide de àluiler; puis on les met dans un mélange de
deux parties de chromate de potasse (à 3 p. 100) et d'une partie
d'acide osmique (à 1 p. 100) jusqu'à ce qu'ils soient devenus noirs
ou presque noirs; cela, pendant cinq à huit jours. On les soumet
enfin au durcissement à l'alcool et ou les inclut dans la celloïdine
ou la photoxyline. A la coupe, on constate un ton uniformément
brunâtre, dans lequel on distingue parfaitement fibres et cellules
nerveuses. P. K.
Archives, t. XXVI. 26
402 revue d'anatomie ET DE physiologie pathologiques.
'. LÉSIONS ANATOMIQUES DANS UN CS DE BLÉPHAROPTOSE C0,NGNl-
T,\Ll-, UNILATËRALE;parE. Siemerling. (Arc)eiv f. Pscleicat., XXIII, 3.)
Blépharoptose à gauche ; dégénérescence centrale du noyau de
l'oculo-moteur commun correspondant. P. K.
XXXV. Recherches expérimentales ET ANAT01110-PATHOLO-
GIQUES SUR LES CENTRES OPTIQUES ET LES TROUSSEAUX DE
FIBRES AUXQUELS ILS COMMANDENT, AVEC CONTRIBUTIONS CLI-
NIQUES A l'hémianopsie corticale ET A l'alexie (nouvelle
série); par G. DE MoNAnow. (Arclaiv f. Psychiat., XXIII, 1.)
Trois nouvelles observations avec autopsies montrent encore
que chez l'homme, les centres optiques primitifs (infra-corti-
caux), dépendent du lobe occipital correspondant, puisque les
lésions encéphalomalaciques, hydrocéphaliques, traumatiques
ou autres du lobe occipital, entraînant des dégénérescences
secondaires de ces organes. La dégénérescence secondaire part
du point lésé du lobe occipital et se propage par la substance
blanche antéro-postérieure aux segments correspondants des
centres optiques sous-corticaux. La différence des localisations
dans ces derniers dépend de la différence de localisations des
lésions dans le lobe occipital. La dégénérescence secondaire
est en tout semblable à celle qui se voit dans les faisceaux
pyramidaux; en outre de celle-ci, il y a des lésions de cellules.
Mais ce que nous ignorons, c'est lé rôle des distributions des
vaisseaux qui ne sont pas, d'ailleurs, encore précisées.
Le pourtour de la fissure calcarine (coin lobule lingual pre-
mière et deuxième occipitale) commande au corps genouillé
externe, au pulvinar, aux couches superficielles des tubercules
quadrijumeaux antérieurs. Les fibres blanches de jonction occu-
pent surtout le segment inférieur des lractus antéro-postérieurs de
la couronne rayonnante, limités en dedans par le sapetum. Ces
irradiations optiques arrivent dans la substance blanche latérale
du pulvinar et du corps genouillé externe. Au-dessous de ce trous-
seau, un peu plus en avant, on constate trois faisceaux qui se
dirigent en dedans. L'un va dans le bras du tubercule quadriju-
meau antérieur où il se réunit aux fibres de la bandelette optique.
confinant, par en haut, au corps genouillé interne. Le second s'é-
pand dans le pulvinar. Le troisième va d'arrière en avant, en
décrivant un cercle, irradier dans la substance grise du corps
genouillé externe, prenant part à la formation de ses lames
blanches et s'épuisant complètement dans son noyau même.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 403
Le; segments antérieurs du lobe pariéto-orcipital, c'est-à-dire
du lobule pariétal supérieur et du pli courbe, se groupent, avec
quelques fibres des première et deuxième occipitales, en un trous-
seau de fibres blanches qui constitue un trousseau d'irradiations
optiques sus-jacent à celui du coin et du lobule lingual.
Entre ces deux faisceaux blancs il existe une zone de transition
qui constitue le bouquet des fibres émanées du tiers médio-antéro-
postérieur du corps genouillé externe, avec la branche médiane
duquel elles se confondent.
Donc, chez l'homme comme chez les animaux, les cellules
nerveuses qui occupent l'extrémité caudale de la couche opti-
que sont en relation avec les parties corticales de la pointe du
lobe occipital ; celles qui sont plus antérieures, sont surtout en
rapport avec les régions antérieures de la sphère visuelle de
l'écorce, de sorte qu'à chaque poste de cellules correspond un
territoire cortical, assez circonscrit, dont la destruction cause
la destruction du groupe cellulaire correspondant. Dans la
couronne rayonnante, on retrouve les faisceaux de fibres qui
vont des centres corticaux aux groupes cellulaires et vice
versa. La plupart des cellules périphériques du corps genouillé
externe, et, à leur tète, la couronne inférieure des gros élé-
ments, ainsi que presque toutes celles du pulvinar, projettent
leurs cylindraxes vers l'écorce. Les segments rétiniens, eux
aussi, envoient leurs éléments vers l'écorce, mais en passant
par les groupes de cellules des centres primaires qui sont en
rapport avec les fibres que nous venons de décrire.
P. KERAVAL.
XXXVI. Des altérations dans les noyaux des nerfs crâniens chez
LES DÉMENTS PARALYTIQUES; par r\'TOIiR.ITOW. (Nrl9'Oi. Centralbl.,
1892.)
Quatre observations. Dans tous ces cas excepté un (mort précoce)
les noyaux en question étaient altérés. L'altération était la moins
avancée dans les noyaux principaux de l'auditif et du trijumeau.
Ces observations rapprochées de celles de la bibliographie montrent
qu'il s'agit dans l'espèce des mêmes lésions que celles qui frappent
les cellules nerveuses en d'autres parties du cerveau et que leur der-
nier terme est la destruction de la cellule. Il semble aussi que tous les
noyaux ne soient pas simultanément affectés, que ceux par exemple
du facial et de l'hypoglosse subissent des altérations avant le noyau
de l'auditif, plus résistant. Plus la maladie dure longtemps, plus
sont nettes les altérations dégénératives des noyaux des nerfs
404 revue d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques.
crâniens. L'altération des cellules est ausssi en rapport avec l'alté-
ration dans la région des parois des vaisseaux. P. K.
XXXVII. CONTRIBUTION A l'anatomie pathologique DE la chorée;
par KROEMER.*(A ! 'e/t. f. Psychiat., XXIII, 2.)
Femme de trente-cinq ans choréique depuis l'âge de onze ans.
Gloutonnerie. Conservation de la sensibilité. Onanisme quotidien,
durant des heures. Démence. Le 8 octobre, chute sur le temporal
droit avec plaie; coma consécutif, pouls = 60,. t = 37,2, dispari-
tion des mouvements choréiques, mais raideur des extrémités,
fréquentes convulsions fibrillaires dans le pectoral droit. La malade
est transformée en un bâton rigide ; pouls très petit = 50 ; t=37,8.
Le 41, t = 38 ? le 1, t = 39; pouls =120. Rigidité disparue;
pupilles étroites, yeux fermés, grincements de dents; pas de
chorée; accidents gangreneux du décubitus; mort le 18 ; t =35,4.
Autopsie : hématome considérable de l'hémisphère gauche creusant
l'écorce en une coupe concave (membranes épaisses d'une couenne
gris noir). A droite, petit hématome de 5 centimètres de diamètre.
Au microscope : nombreux foyers dans le corps strié, la capsule
interne, la couche optique, de diamètres variés, surtout à gauche.
Atrophie des pyramides correspondant aux gros ganglions du côté
gauche et se propageant surtout dans la moitié droite de la moelle.
L'auteur conclut que la chorée tient toujours à la lésion des pyra-
mides. Quand cette lésion passe inaperçue c'est qu'il y a dans l'or-
gane en question des modifications moléculaires. P. K.
XXXVIII. Attributs fonctionnels DE l'écorce cérébrale ;
par Aug. Raller. (Braiii, Parts LIX et XL, p. 329.)
Dans la première partie, l'auteur discute la valeur des descrip-
tions données des centres « moteurs et sensitifs * du cerveau.
Il reproche aux termes c moteurs et sensitifs » d'être trop souvent
employés d'une façon très vague, souvent même trompeuse, d'au-
tant plus trompeuse qu'ils paraissent plus précis en eux-mêmes.
Ils semblent, en effet, désigner des qualités bien connues et bien
définies de certains centres, alors qu'il ne paraît pas encore pos-
sible de déterminer en propres termes, et en limites exactes des
fonctions purement motrices et purement sensitives dans l'écorce.
Vient ensuite la discussion des théories de Hitzig qui fait de la
zone motrice l'aire du sens musculaire, et de celles de Munk qui
en fait le siège de la sensibilité générale. L'espace est bien restreint
où l'on peut distinguer la fonction motrice de la fonction sensitive
et l'impulsion motrice comme la sensation découlent pour l'auteur
d'un seul et même processus. Ce n'est pas un centre qui sent,
mais un centre est le siège du processus qui cause la sensation.
L'antithèse entre les termes «moteur » et « sensitif est trop nette
REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques. 405
et tombe dans le cas du langage populaire. C'est voir trop complè-
tement l'existence d'espèces différentes dans les fonctions. C'est la
théorie c carotte et la théorie « navet » appliquées à l'étude des
centres nerveux. Il faut forcément une fusion et dire que le
processus nerveux fonctionnel de l'écorce est sensitivo-moteur.
En somme Hitzig, Munk et Bastion ont exprimé des idées sem-
blables en termes différents. Bastion et H. Ferrier ont exploré les
deux faces de la question, mais Bastion refuse la question motrice
à la zone rolandique et admet que le faisceau pyramidal n'est pas
efférant, mais bien indifférent. Pour James, l'aire rolandique n'est
que la bouche d'un entonnoir où se recueillent, pour s'écouler, les
fonctions créées ailleurs. L'auteur discute et approuve les expé-
riences de Bubnoff et Heidenhain.
Dans la seconde partie, l'auteur cherche à schématiser et syn-
thétiser par un système de « niveau» la fonction corticale. Il ap-
prouve et modifie le schéma de Jackson.
Pour lui, la sensation la plus élémentaire est un rapport entre
deux facteurs. Il assimile complètement et fond en une seule
quatre diverses théories : celle du centre d'aperception de
Wundt, celle du centre de niveau supérieur de Jackson, celle de
l'écorce préfontale de Ferrier; et enfin celle de la zone psy-
chique de Munk. Tendance à l'unité de conscience.
Le sens de l'effort résulte d'une association de sensations avec
un travail molléculaire siégeant dans les centres sensitivo-moteurs,
et l'attention est l'exagération du processus sensitivo-moteur.
D'ailleurs des matériaux dynamogènes sont consommés pour
l'énergie initiale d'une action dans les centres supérieurs et d'un
autre côté, les sensations d'effort et de fatigue dépendentd'échanges
matériels ayant leur origine aussi bien à la périphérie que dans
les centres. Il y a toujours liaison intime entre le mouvement et la
sensation. P. SOLLIER.
XXXIX. Description DE la couche motrice DE l'écorce cérébrale
d'un enfant; par le Dr Edwin GOODÀLL.
L'auteur a eu l'occasion d'examiner le cerveau d'un enfant viable,
né à terme, mort d'accident après dix-huit heures d'existence.
Cet examen a eu lieu sur le cerveau à l'état frais par la méthode
de la congélation; les coupes de l'écorce ont été pratiquées à
l'union du tiers supérieur et du tiers moyen de la circonvolution
frontale ascendante.
La couche la plus externe de l'écorce est bien délimitée. A un
léger grossissement, il est évident qu'elle contient des éléments
plus nombreux que chez l'adulte. A un fort grossissement, on voit
que ces éléments sont des noyaux du tissu conjonctif, soit libres,
soit entourés d'une enveloppe incomplète de protoplasma; les
406 revue d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques.
cellules araignées qu'on rencontre chez l'adulte sont absentes; les
capillaires sanguins sont en plus grand nombre que chez l'adulte;
les noyaux de tissu conjonctif ronds ou ovales ont de 4 à 10 la de
diamètre. Au-dessous de cette couche externe est une bande de
tissu nerveux de 150 d'épaisseur, bien délimitée vers la périphé-
rie, mais se confondant peu à peu avec la couche sous-jacente :
elle se compose tout d'abord de noyaux de coloration foncée, pour
la plupart dépourvus d'enveloppe, de 6 a 9 de diamètre. Quel- ,
ques-uns sont cependant entourés en partie de protoplasma légè-
rement coloré : ce sont des cellules rudimentaires, dont certaines
affectent mieux une forme pyramidale; les noyaux de ces cellules
rudimentaires sont comparativement plus larges que ceux des
cellules de la seconde couche chez l'adulte; comme la première,
cette seconde couche est très riche en capillaires sanguins.
Entre celte seconde couche etla substance blanche, en existe une
troisième aux dépens de laquelle se développeront chez l'adulte
les troisième, quatrième et cinquième couche, mais ici il n'existe
pas encore de différenciation suffisante pour y déterminer plusieurs
couches. On y distingue 1° des noyaux du tissu conjonctif; 2° des
cellules nerveuses à forme pyramidale constituées par un noyau
entouré d'une couche de protoplasma légèrement coloré. Aucun
prolongement n'est encore visible; à peine distingue-t-on de ci et
de là une ébauche de prolongement du sommet; ces cellules, dont
les dimensions maxima sont de 18 p., représentent le premierstade
du développement des cellules géantes ; 3° quelques larges noyaux
irrégulièrement ovales, formés probablement de tissu nerveux
propre. A la partie la plus profonde de l'écorce, existent quelques
rares cellules fusiformes.
Les capillaires sanguins, ici comme dans les couches superficielles,
sont très développés; les sacs lymphatiques péricellulaires n'ont
pu être aperçus; peut-être les espaces péricellulaires que l'ont voit
sur les préparations faites après durcissement du cerveau sont-ils
une conséquence de la rétraction du tissu. Toutefois, si l'auteur
n'a pu, par les méthodes de préparation du cefveau à l'état frais,
en déceler la présence chez l'enfant, il les a constatés dans l'écorce
cérébrale du chat.
En résumé, trois couches de l'écorce ont pu seulement être dif-
férenciées, et la caractéristique da la structure de celle écorce con-
siste dans la prédominance des noyaux, soit des cellules nerveuses,
soit des cellules du tissu conjonctif et dans la richesse des réseaux
vasculaires. En comparaison avec cette écorce cérébrale d'enfant de
dix-huit heures, l'auteur a examiné l'écorce cérébrale motrice d'un
enfant de deux ans.
La différenciation des cinq couches de l'écorce était complète et
l'aspect des couches élait à peu de chose près celui de l'écorce
cérébrale chez l'adulte. (Ime·ic«n jo2z·nul of ins«zit, 1892.) E. B.
revue D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques. 407
XL. Résumé DE 1,565 autopsies DU cerveau faites A l'asile DE
V.1AEFIELD pendant une période DE onze années; par F. ST. JOHN
BULLEN. (The Journal or Mental Science, janvier 1870.)
Ce n'est pas chose commune de pouvoir compulser la relation de
1,565 examens de crâne, du cerveau et de la moelle, pratiqués par
des neuro-pathotogistes tels que sir J. Crichton-Browne et
MM. Herbert Major et Bevan Lewis; aussi pensons-nous qu'on ne
nous reprochera pas de donner quelque étendue à l'analyse de ce
mémoire, et de suivre presque pas à pas l'auteur dans le dépouil-
lement de ce volumineux dossier anatomo-pathologique. Sans
doute il faut regretter, avec M. Ballen qu'une méthode uniforme
n'ait pas été suivie dans ces 1565 cas, car alors, pour chacun des
points à étudier et pour chaque cas, on eût trouvé une constatation
affirmative ou négative; mais, tout imparfait qu'il puisse être à ce
point de vue, le dossier n'en contient pas moins des renseigne-
ments d'un réel intérêt. Nous les résumons ici, d'après les
conclusions même de l'auteur.
Chez les malades ayant succombé à la période aiguë de la manie
et de la mélancolie, il est assez commun de ne rencontrer aucune
grosse lésion appréciable; et lors même que des lésions apprécia-
bles existent, elles ne sont nullement spéciales à l'une ou à l'autre
de ces deux formes d'aliénation, car elles se rencontrent indistinc-
tement chez ces deux ordres de maladies :
C'est dans les états aigus accompagnés de dépression mentale
que l'on rencontre le maximum de minceur et de densité de la
voûte crânienne; dans la manie, on rencontre la même augmen-
tation de densité, mais l'épaisseur de la table osseuse est normale.
Les altérations méningées sont assez fréquentes dans la mélan-
colie comme dans la manie; mais, soit sur l'arachnoïde, soit sur
la pie-mère, elles sont généralement peu accusées.
Les adhérences méningo-corticales sont rares ; quand elles exis-
tent, c'est surtout dans la manie qu'on les rencontre, ainsi que les
états hypérémiques.
Etant donnée la marche de ces formes aiguës de folie, on ne
s'attendrait guère à y observer l'atrophie ou l'infiltration séreuse :
la première pourtant a été observée. dans près de la moitié des
cas de manie, et au moins dans les deux tiers des cas de dépression
mentale.
On rencontre assez souvent dans la mélancolie la diminution de
consistance et l'oedème du cerveau : le ramollissement n'a été
constaté qu'une seule fois; l'athérome des vaisseaux de la base, la
dilatation des ventricules sont rares ; toutefois la première de ces
lésions serait plus fréquente dans la mélancolie, et la seconde dans
la manie.
408 REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques.
La disposition des circonvolutions n'a malheureusement été
notée que pour un petit nombre de cas, mais il est assez remar-
quable que, dans 80 p. 100 des cas de mélancolie aiguë, cette dis-
position était très simple, tandis que la proportion est renversée
pour les cas de manie.
Dans les formes chroniques de la manie et de la mélancolie :
on voit le plus souvent s'accentuer, sous l'influence de leur durée,
les altérations déjà rencontrées dans les formes aiguës; mais quel-
quefois aussi on constate des phénomènes absolument contraires à
ceux des formes aiguës.
Les altérations de texture de la dure-mère sont rares, et quand
elles existent, c'est surtout (en laissant de côté la paralysie géné-
rale) dans la manie et la mélancolie chonique qu'on les observe.
Les opacités de la dure-mère et de l'arachnoïde sont d'ordinaire
peu marquées; les adhérences méningo-encéphaliques sont peu
communes.
Les kystes de l'arachnoïde et les hémorrhagies siégeant sous la
dure-mère, en dehors des cas de démence consécutive bien accusée,
appartiennent nettement aux états d'exaltation mentale, et ne se
rencontrent que rarement dans les états de dépression. L'état
d'hypérémie n'est pas souvent constaté; il en est tout autrement
de l'anémie qui paraît s'accentuer parallèlement à la chronicité.
L'atrophie du tissu cérébral existe dans les deux tiers des cas,
et si l'on considère les cas où elle atteint un degré assez accusé,
elle est également fréquente dans la mélancolie et dans la manie.
Dans la mélancolie la substance corticale est souvent pâle, et,
dans la manie, c'est la minceur qui s'observe au lieu de la pâleur.
La diminution de consistance du tissu cérébral, les granulations
épendymaires appartiendraient surtout à la mélancolie ; la dila-
tation ventriculaire serait au contraire deux fois plus fréquente
dans la manie.
L'hémorrhagie, le ramollissement ne sont pas communs dans
ces deux formes d'aliénation ; elles ne figurent que pour 16 p. 100
dans le total des cas d'hémorrhagie et de ramollissement, et sont
entre elles sur un pied d'égalité ; cette égalité se maintient en ce
qui touche le siège de ces lésions (ganglions delà base ou couches
superficielles) : on peut noter seulement que dans la mélancolie,
les trois quarts des foyers siègent dans les couches optiques, les-
quelles sont demeurées absolument indemnes dans la manie.
L'athérome des vaisseaux est de même très également réparti
entre ces deux formes de folie chronique. L'auteur remarque en
terminant que l'on rencontre dans la mélancolie chronique une
plus forte proportion decerveaux à circonvolutions régulières que
dans n'importe quelle autre forme de folie.
On ne peut guère déduire des faits dont il s'agit qu'il y ait
des altérations anatomiques appréciables qui soient nettement ca-
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 409
ractéristiques de la paralysie générale : il y a cependant quelques
remarques intéressantes à déduire des documents compulsés.
Du côté du crâne, la condensation du tissu osseux a été observée
dans la moitié des cas, et l'épaississement de la voûte crânienne
dans moins d'un tiers. C'est la dure-mère qui est le siège des mo-
difications les plus importantes : ce périoste interne, qui ne s'é-
paissit et ne s'injecte que si rarement, présente, en effet cette
double altération dans la paralysie générale, et ne la présente
guère que là ; mais les altérations méningées ont été rencontrées
surtout dans la pie-mère et dans l'arachnoïde : l'opacité de cette
dernière membrane surtout a été rencontrée avec une fréquence
(un peu plus des trois quarts des cas) et à un degré tout à fait
inusités dans les autres formes, même les plus chroniques, d'alié-
nation mentale. L'adhérence des membranes à la substance
corticale a été constatée avec sa fréquence ordinaire dans cette
maladie ; mais il est à remarquer que très souvent (dansplus d'un
septième des cas) elle était accompagnée d'hémorrhagie dans la
cavité arachnoïdienne : c'est à peu près la même proportion que
dans la démence, bien que, dans celle-ci, les lésions athéromateuses
des artères soient environ cinq fois plus communes que dans la
paralysie générale. On a également noté ici, beaucoup plus sou-
vent que dans les diverses autres catégories, l'amincissement des
couches corticales. Enfin il y a deux autres altérations qui, elles
aussi, sont plus fréquentes dans la paralysie générale que partout
ailleurs, ce sont : la dilatation des ventricules, et l'état granuleux
de la membrane qui les tapisse. En revanche, l'athérome des
vaisseaux de la base est ici peu commun. La proportion des
cerveaux à configuration simple est plus élevée dans la paralysie
générale que dans la plupart des autres maladies mentales.
A l'inverse de l'affection dont il vient d'être parlé, l'épilepsie
présente surtout'des altérations qu'on pourrait appeler négatives,
tant elles paraissent insignifiantes à côté de celles qui appartien-
nent aux autres formes morbides. Il en est quelques-unes pourtant
qui sont positives. C'est ainsi que l'épilepsie fournit la plus forte
proportion d'hypertrophies de la voûte crânienne. Mais les al-
térations de la pie-mère, les opacités de l'arachnoïde sont rares
dans l'épilepsie ; les adhérences ménin-o-corticales y sont excep-
tionnelles, et de toutes les affections mentales étudiées dans ce
travail, c'est elle qui a donné le moins d'hémorrhagies méningées.
L'atrophie, la diminution de consistance du tissu cérébral manquent
presque toujours. Les signes de congestion ne se montrent guère
que dans le quart des cas. Les altérations de la substance médullaire
ne dépassent pas la proportion de 25 p. 100. Les altérations
artérielles, les granulations épendymaires, le ramollissement, l'hé-
morrhagie, la dilatation des ventricules, et d'une façon générale, les
autres lésions ne s'observent, dans l'épilepsie, que de loin en loin.
410 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
L'induration de l'un ou des deux hippocampes n'a malheureuse-
ment été recherchée que dans un nombre assez restreint de cas :
sur trente-quatre cas où elle fait l'objet d'une mention, elle a été
rencontrée dix-sept fois, soit exactement dans la moitié des cas.
Les scléroses superficielles, dans la maladie qui nous occupe,
ont été constatées seulement dans 6 p. 100 des cas. Les adhé-
rences méningo-corticales n'ont été trouvées que deux fois. Au
point de vue de la complication des circonvolutious, les cerveaux
d'épileptiques sont restés au-dessous de la normale.
R. DE Musgrave-Clay.
XLI. Histologie pathologique d'un cas d'idiotie épileptique d'origine
syphilitique; par F. St-John Bullen. (The Journal of Mental
Science, avril 1890.)
Observation intéressante, très détaillée et recueillie avec beau-
coup de soin, destinée à confirmer les idées émises par M. Bevan
Lewis au sujet des altérations des cellules nerveuses et de leurs
noyaux dans l'épilepsie. R. M.-C.
XLII. Tumeur cérébrale intéressant les lobes frontaux; par A. HILL
Griffitu et T. STEELE Sheldon. (Tite Journal of mental Science,
avril 1890.) z
Il s'agit d'une jeune fille de vingt-trois ans employée comme in-
firmière à l'asile de Parkside, et sans antécédents névropathiques :
les principaux symptômes ont été les suivants : névralgie inlen-eà à
gauche et céphalalgie occipitale, paroxystiques pendant plusieurs
mois, et accompagnée de nausées et de vomissements; par mo-
ments, délire nocturne et obscurcissement de la vue, avec affai-
blissement de l'ouïe; ces deux derniers symptômes étaient passa-
gers et se montraient surtout le matin, la mémoire était légère-
ment atteinte, il y avait un peu d'amaigrissement. On pensa
d'abord à l'hystérie, jusqu'à ce que l'apparition d'un léger stra-
bisme gauche vint indiquer l'existence d'une lésion plus grave.
L'examen ophlhalmoscopique révéla l'existence d'une névrite
optique double, avec vascularisation, oedème et saillie de la papille,
sans hémorrhagie..Il y avait de l'anosmie gauche. Rien de parti-
culier dans la démarche. Réflexes tendineux normaux. Quelques
jours plus tard, hémiplégie gauche, suivie d'une amélioration
prompte et assez complète pour permettre à la malade de reprendre
son service. Six mois plus tard, même état, sauf pourtant un re-
lèvement assez accusé de la santé générale. Trois mois plus
tard, la santé générale parait encore améliorée, mais les lésions du
nerf optique sont aggravées, adroite la pupille est obscure à sa
circonférence, et grisâtre, à gauche elle est d'une couleur gris
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 4 H
pâle. Réapparition des vomissements la nuit. Titubation légère.
Huit mois plus tard, l'mil gauche n'a conservé que la perception de
la lumière. L'audition est intacte. Le goût et l'odorat sont abolis.
Douleurs fulgurantes dans les genoux, la cheville gauche et les
épaules. Six semaines plus tard, i'oeil droit perçoit encore la
lumière, mais l'oeil gauche ne perçoit plus rien. Surdité à droite.
Abolition du réflexe du genou et anesthésie droite. La malade
rentre chez elle où elle meurt au bout de trois mois. Après une
période d'excitation maniaque d'environ huit jours, elle s'était cal-
mée, mais son état vertigineux était tellement accusé qu'elle était
obligée de garder le lit : la vue, l'ouïe, l'odorat et le goût étaient
à peu près complètement abolis. L'appétit persistait néanmoins, et
la nutrition générale était satisfaisante. Dans la dernière semaine,
elle tomba graduellement dans le coma, avec convulsions cloni-
ques d'un côté et flaccidité de l'autre; l'articulation des mots
était devenue de moins en moins nette.
L'autopsie a pu être faite, voici les principaux points qu'elle a
révélés : crâne aminci, à surface intérieure irrégulière et bosauée,
dure-mère saine mais un peu adhérente à la voûte. Les circonvo-
lutions de la convexité sont aplaties. En soulevant les lobes fron-
taux, on aperçoit le bord antérieur d'une tumeur volumineuse,
occupant les deux fosses antérieures, et adhérant au cerveau. En
soulevant la tumeur pour atteindre les nerfs optiques, on rompt
une courte et fragile adhérence avec la dure-mère, siégeant à peu
près à un quart de pouce en avant et à droite du point de péné-
tration du nerf optique dans l'orbite. Vue par en dessous, la tumeur
ressemblait grosso nzodo, tant comme forme que comme volume, à
un cervelet, insinué entre les lobes frontaux; elle était en effet
divisée par un sillon longitudinal en deux hémisphères, dont cha-
cun avait largement creusé sa place dans la substance blanche du
lobe frontal correspondant. On put assez facilement énucléer la
tumeur et l'on constata alors que sa moitié gauche, de beaucoup
la plus volumineuse, atteignait, sans toutefois l'envahir, le bord
antérieur du corps strié. Autour de la tumeur ni ramollissement
inflammatoire, ni oedème. Les nerfs optiques et olfactifs avaient
évidemment subi une compression considérable.
La tumeur était enveloppée d'une capsule fibreuse lisse; à la
coupe, elle était d'un gris rose, et sa consistance était à peu près
celle du rein. L'examen histologique montra qu'elle était de nature
sarcomateuse. R. DE IUSGR.1VE-CL.1Y.
XLIII. UN cas DE développement anormal du cuir chevelu; par
'f.-\V. Mac Dowall. (The Journal of mental science, janvier 1893.)
L'état du cuir chevelu chez ce malade est très exactement figuré
sur une planche que nous ne pouvons malheureusement pas repro-
duire ici; il a été constaté par hasard au moment d'une coupe de
412 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
cheveux. De chaque côté de la ligne médiane, on remarque cinq
sillons profonds allant d'arrière en avant; les plus rapprochés de
la ligne médiane sont rectilignes, les autres sont légèrement
incurvés, et ils sont d'autant plus incurvés et d'autant plus courts
qu'ils s'éloignent davantage de cette ligne; ils ne sont d'ailleurs
visibles que lorsque les cheveux sont coupés courts. Les sillons du
front n'ont rien d'anormal, mais deviennent très apparents lorsque
le sujet a quelque cause de contrariété.
Le malade est un idiot épileptique, âgé de vingt-deux ans et
habitant l'asile depuis neuf ans. Sa santé est bonne, son niveau
intellectuel très bas. 11 présente à droite de l'atrophie générale et
de la contracture musculaire des membres : d'après les renseigne-
ments, il est épileptique depuis l'âge d'un an. Il est microcéphale,
mais la microcéphalie n'est pas très accentuée. L'examen des
autres malades a abouti à la découverte d'un cas analogue, mais
bien moins accusé, chez un autre idiot microcéphale.
L'auteur a recherché si des faits analogues avaient été constatés
par d'autres observateurs : seul, le D'' Carlyle Johnstone lui a fait
' connaître qu'il avait rencontré deux faits semblables. Le profes-
seur Unna, à qui Mac Dowall a communiqué cette observation, a
conseillé de rechercher quels résultats donnerait l'excitation élec-
trique du cuir chevelu dans le sens des sillons, afin de déterminer
si l'hypercontractililé des muscles peauciers n'avait pas pu les
produire. Son conseil a été suivi, mais les résultats de l'expérience
ont été absolument négatifs.
Le professeur Kaposi, d'accord avec le professeur Kundrat,
pense qu'il s'agit d'une lésion hypertrophique de la peau ; le cer-
veau n'ayant pas atteint progressivement son développement nor-
mal, la peau se serait développée néanmoins conformément au rôle
qu'elle aurait dû avoir, mais qu'elle n'avait pas, à remplir; il
a constaté d'ailleurs la fréquence des hypertrophies partielles chez
les microcéphales.
L'auteur fait observer avec raison que si l'explication du profes-
seur Kaposi était correcte, cet état du cuir chevelu, étant donné la
fréquence delamicrocéphalie, seraitbeaucoup plus communément
observé : il incline à penser qu'il s'agit plutôt d'une anomalie
régressive; les sillons de la peau du crâne sont, en effet, très fré-
quents chez certains animaux. R. M.-C.
XLIV. La CELLULE NERVEUSE CONSIDÉRÉE COMME BASE DE LA £
neurologie; par SCILEFER. (Brain, 1-11, 1893, p. 134.)
À ticle critique intéressant dannant l'exposé des plus récentes
recherches sur la constitution de la cellule nerveuse, et en particu-
lier des importants travaux de Retzius et de R. y Cajal. P. S.
SOCIÉTÉS SAVANTES
SOCIÉTÉ il-ÉDICO-PSYCIIOLOGI()UE.
Séance du 26 juin 1893. Présidence DE M. CHRISTIAN.
A propos du procès-verbal, M. Moreau (de Tours) rapporte l'ob-
servation d'une malade devenue mélancolique par suite de sa stéri-
lité liée à l'impuissance du mari et dont la première grossesse
améliora considérablement l'état mental. Malheureusement, sur
les quatre enfants, que cette femme eut par la suite, deux se signa-
lèrent par des tares héréditaires les plus fâcheuses.
Affaire Valrof, de Nice. M. A. Voisin demande à s'expliquer
devant la Société sur le rôle que la presse lui a prêté dans l'affaire
Valrof. Il n'a jamais eu dans la pensée de soutenir, comme un
principe, qu'on fût autorisé dans aucun cas à délivrer un certificat
d'aliénation mentale, sans avoir directement observé l'individu
supposé aliéné. J'ai dit, il est vrai, expose-t-il, à l'audience de la
Cour d'assises qu'après l'étude des rapports des médecins experts
commis pour examiner Valrof et sur le vu de leurs constatations,
je signerai son internement; mais j'ai été amené à faire cette
déclaration par une question insidieuse que m'a posée le procureur
de la République et par cette circonstance que, venant d'affirmer
que je considérais l'accusé comme un irresponsable, je ne pouvais
pas faire une autre réponse sans lui nuire en laissant s'affaiblir
dans l'esprit des jurés, la conviction que je m'étais efforcé de leur
communiquer.
LE Président annonce à la Société la perte qu'elle vient d'éprou-
ver en la personne de M. DELASIAUVE, son ancien président et
membre fondateur qui vient de succomber. Il donne lecture du
discours qu'il a prononcé sur la tombe de ce maître regretté. (Voir
le n° 77 des Archives de Neurologie, p. 65.)
M. Falret lit le discours dont il a été chargé par les médecins
des asiles et hospices de la Seine. (Voir le même n° des Archives.)
La séance est ensuite levée en signe de deuil.
Séance du 24 juillet 1893. -PRÉSIDENCE de M. CHRISTIAN.
Traitement de la céphalie nerveuse par la douche statique avec les
disques ci pointes. M. A. Voisin, à l'imitation de M. Imbert de la
414 SOCIÉTÉS SAVANTES.
Touche, a eu l'occasion de traiter par les douches d'électricité sta-
tique une fillette de dix ans atteinte de céplialie. Le résultat a été
des plus satisfaisants. MARCEL 13RIA ? D.
Société DES MÉDECINS NEUROLOGISTES ET ALIÉNISTES
DE MOSCOU.
Séance du 22 janvier 1893.
M. 110RNILOP. Sur la question de l'aphasie.-Le rapporteur, réfu-
tant la théorie de Grashey-Wernicke, suivant laquelle la lecture
s'effectue une lettre après l'autre, a présenté les résultats de ses
propres expériences qui peuvent se diviser en deux groupes. Voici
en quoi consistent les expériences du premier groupe : I*expéri-
meutateur fixe sur un cylindre tournant une feuille de papier sur
laquelle sont inscrits des mots; devant la feuille de papier, il place
un écran percé d'une étroite fente ne permettant de voir qu'une
seule lettre à la fois. Le cylindre étant en mouvement, le rappor-
teur n'est parvenu à déchiffrer les mots inscrits que lorsque les
lettres passaient devant ses yeux avec une vitesse de 0,12", mais
pas plus vite, tandis que Grashey suppose que nous percevons la fi-
gure d'une lettre avec une vitesse de 0,03". En ce qui concerne la
deuxième catégorie d'expériences, le Dr Kornilov a essayé de lire
des mots à la lueur de l'étincelle produite par une machine statique,
lueur dont la durée ne dépasse pas des centièmes et même des
millièmes de seconde; il a réussi de la sorte à lire des mots for-
més de quatorze lettres et appartenant à une langue connue. Le
rapporteur en conclut que nous apprenons à lire au moyen de
deux processus différents : un processus conscient, chaque lettre
étant perçue séparément, et un processus inconscient, le mot
entier étant perçu comme une seule image visuelle; la lecture
d'une langue connue se fait au moyen du second processus, c'esl-à-
dire chaque mot est perçu comme une image visuelle d'objets
connus et non par chaque lettre séparément. Il considère de
ses expériences réfutent complètement la théorie de Grashey-
Wernicke.
Suivant M. Serbsky, l'opinion du rapporteur est confirmée uar
le fait de l'omission de fautes d'impression lors de la correction
des épreuves.
M. Rossolimo rappelle que les personnes douées au point de vue
musical, lorsqu'elles déchiffrent un morceau, saisissent facilement
SOCIÉTÉS SAVANTES. 41J 0
les notes qui suivent celles qu'elles viennent de jouer, tandis que
les personnes peu douées sous ce rapport sont obligées de dé-
chiffrer chaque note l'une après l'autre.
M. Tokarsky attire l'attention sur le fait que, non seulement
dans la lecture, mais encore lors de la perception des autres
images visuelles, nous procédons soit en décomposant l'impression
générale en ses parties intégrantes, soit en composant un tout au
moyen de perceptions séparées.
Indépendamment des personnes mentionnées ci-dessus, MM. les
Drs Repmaun et Korsakov ont également pris part au débat.
2. M. Tokarski. De la suggestion forcée. -C'était M. Voisin qui a
employé le premier la force pour hypnotiser une malade atteinte
d'aliénation mentale et peu de temps après M. Herrero a voulu
faire de l'hypnotisation forcée une méthode à part applicable sur-
tout aux aliénés, aux enfants et aux inculpés afin de tirer de ces
derniers des renseignements précis. Puis M. Delboeuf en croyant
que l'effet de l'hypnotisation dépendait exclusivement de la sug-
gestion a procédé avec violence en faisant à un vieillard une
suggestion à l'état de veille, et M. Caryophilis cherchait à établir
une méthode de la suggestion forcée dans le cas où les malades
sont réfractaires à l'hypnotisation.
En étudiant ces cas M. Tokarsky n'y voit pas de raisons suffi-
santes pour employer la violence et, vu qu'il est impossible de sa-
voir d'avance : 1°) si le sujet est suggestible en général ; 2°) si, en
particulier, la suggestion peut agir sur la maladie donnée,-croit
que l'emploi de violence, comme méthode à suivre dans certains
cas, doit être complètement rejeté. Il rappelle ensuite, que la force
ne peut être employée par le médecin que dans les cas où un dan-
ger immédiat pour les malades ou pour ceux qui l'entourent doit
être éloigné et que dans les autres cas tous les autres moyens
devraient être appliqués préalablement, surtout quand il s'agit
des aliénés et des enfants, où la violence pourrait être même ;nui-
sible. Quant aux inculpés, M. Tokarski affirme que M. Herrero se
trompe en supposant que le mensonge soit impossible dans l'état
de sommeil et rappelle que la violence chez les criminels est aussi
peu permise que chez les autres personnes.
Cette question a soulevé des débats auxquels ont pris part
MM. Serbski, Bajenov, Chatalov, Rossolimo, Luntz et Eojevnikov.
3. M. SER13SKI - Sur le délire des négations . -Pour pronver l'exis-
tence de la forme décrite par Cotard dans ses articles consacrés
« au délire des négations b, articles que le D'' Serbsky résume en
quelques mots au début de sa communication, le rapporteur décrit
un cas de cette maladie, observé chez une institutrice, âgée de
cinquante-quatre ans, soignée pendant plus d'un an à la Clinique
psychiatrique de Moscou. L'anamnèse dénote l'influence d'une héré-
416 SOCIÉTÉS SAVANTES.
dite bien prononcée; le caractère de la malade a toujours été
doux, craintif et irrésolu. Après s'être occupée, pendant 37 ans,
de l'éducation des enfants, elle a été renvoyée en dernier lieu
d'une maison où elle servait et, peu de jours après, elle est tombée
dans un état de mélancolie avec tendance à s'accuser de fautes
imaginaires, tristesse, insomnie et crainte d'être privée de tous
moyens d'existence. Plus tard apparaissent des idées délirantes :
la malade s'imagine qu'elle est damnée, qu'elle est abandonnée
de Dieu, qu'elle s'est métamorphosée en diable (◀cornes▶ sur le
front), que ses organes internes sont détruits. Elle nie sa propre
existence et celle de ses parents, elle se croit immortelle; finale-
ment elle s'imagine être une masse informe et monstrueuse (tête
énorme). Etat mélancolique très prononcé, refus de prendre de la
nourriture. Le cours de la maladie, qui a duré quatre ans et demi,
a présenté, principalement au début, de grandes oscillations.
Mort par suite d'épuisement.
Après avoir remarqué qu'ici, de même que dans la plupart des
cas décrits, le délire des négations s'est développé chez une femme
prédisposée par l'hérédité et ayant dépassé l'âge de quarante-
cinq ans, le rapporteur pense que dans les cas typiques de ce
genre chez les mélancoliques le pronostic doit être absolument
défavorable.
M. Tokarski pense que le principal intérêt de la forme décrite
consiste moins dans le caractère du délire qui, en tant que symp-
tôme, peut être observé dans les autres psychoses, que dans sa
systématisation et surtout dans son évolution progressive.
M. Korsakov est d'avis que la description des cas de délire des
négations a une grande importance pour l'éclaircissement de la
question d'évolution du délire en général. L'explication d'évolution
du délire mélancolique, que beaucoup d'auteurs admettent, à
l'aide de l'interprétation (Mrkiaerungsversuch de W. Griesinger),
semble peu suffisante. On observe beaucoup de cas où le délire
mélancolique évolue par l'association des idées dans la sphère
inconsciente et parvient, une fois développé (formé), à la cons-
cience, comme une découverte, comme une vérité réelle. Il est
possible que le délire des négations ne présente qu'un stade de
l'évolution du délire mélancolique sous l'influence de condi-
tions favorables telles que : l'âge sénile des malades et quelques
complications physiques, par exemple : l'anesthésie et la pares-
thésie qui donnent lieu à la formation des idées de négation à
l'aide des associations dans la sphère inconsciente de la vie
psychique.
M. Serbsky pense néanmoins que dans les cas de ce genre le
raisonnement doit certainement jouer un rôle considérable dans
le développement du délire.
M. Butzke trouve que le cas cité par W. P. Serbsky n'est pas
SOCIÉTÉS SAVANTES. 417 7
tout à fait typique, étant données l'absence de systématisation du
délire, sa marche progressive et son intermittence.
M. Serbsky insiste néanmoins sur le caractère typique de ce cas
et pense que si le délire semble ici moins systématisé que dans la
paranoïa, cela provient uniquement de la différence qui existe dans
la manière dont il se manifeste.
Séance du 19 février 1893.
1. M. le professeur Filatov : Sur la chorée paralytique. Après
avoir passé en revue toutes les données relatives à cette forme, le
rapporteur présente une malade de sa clinique, âgée de quatre ans
et demi, sans tare héréditaire et n'ayant pas souffert antérieure-
ment de maladies graves. La maladie actuelle débuta à la fin du
mois de décembre 1892 par une nervosité générale et par de
légères grimaces du visage. Le 9 janvier 1893, la malade fut punie,
et trois jours après des mouvements choréiques apparurent à toutes
les extrémités; ces mouvements cessaient pendant le sommeil.
Pendant quelques jours on administra à la malade du sulfate d'ésé-
rine à la dose de 2 milligrammes et demi deux fois par jour.
Le 19 janvier, la malade entra à la clinique des enfants. Sous l'ac-
tion du bromure de sodium 0 gr. 8 par jour les mouvements cho-
réiques commencèrent à s'amender et cessèrent complètement au
bout de dix jours, mais, pendant ce temps, il se développa un affai-
blissement général des mouvements volontaires qui aboutit à une
paralysie complète avec incontinence urinaire et fécale, abolition
des réflexes plantaires, exagération des réflexes rotuliens et ab-
sence du clonus du pied. La sensibilité était intacte. Le sommeil
et l'appétit restaient bons, l'intelligence paraissait normale. Pen-
dant plusieurs jours la malade ne parlait pas. Au bout de deux à
trois semaines (usage interne de la teinture de noix vomique) les
mouvements spontanés firent de nouveau leur apparition : d'abord
aux extrémités supérieures, ensuite aux extrémités inférieures; les
fonctions des organes pelviens se rétablirent, la malade commença
à exprimer par des pleurs ses besoins, d'où le rapporteur conclut
que les troubles des organes pelviens ont dû provenir ici d'un
trouble du langage ou de la sphère psychique. Les mouvements
choréiques ne se renouvelèrent plus. Ce cas peut être rangé dans
la catégorie de la chorée dite molle (limp chorea West).
Le professeur Kojevnikov ne pense pas que, dans les cas du genre
qui vient d'être décrit, on puisse attribuer le développement des
phénomènes choréiques et paralytiques à l'influence d'un seul pro-
cessus ; en effet, cette hypothèse est démentie par les troubles des
organes pelviens et par le fait que, en dépit d'une paralysie qui
semblait complète, la malade était en état de mouvoir les jambes
Archives, t. XXVI. 27
418 SOCIÉTÉS SAVANTES.
lorsqu'on provoquait ses pleurs. La chorée peut être combinée
avec de la paralysie hystérique.
M. Minor croit avec Gowers qu'il est plus pratique, de considérer
la combinaison de phénomènes présentés par la petite malade
comme une forme distincte, la chorée paralytique.
2. M. le Dr Sémidalov : Deux cas de lathyrisme. Après avoir
fait un historique très détaillé de cette question, le rapporteur
passe à ses recherches sur l'endémie de lathyrisme observée pour
la première fois en Russie en 1893 dans une métairie du gouver-
nement de Saratov où, après avoir employé pendant deux mois la
gesse (Jathyrus sativus) en guise de nourriture, 34 ouvriers sur
130 ont été atteints de lathyrisme différents degrés; 27 de ces
malades ont été observés par le rapporteur. Chez la plupart les
premiers symptômes de l'affection ont été des crampes aux mol-
lets et aux adducteurs de la cuisse principalement pendant la nuit.
Dans tous ces cas il y a eu prédominance des phénomènes parético-
spastique aux extrémités inférieures; dans la moitié des cas on a
observé des troubles passagers et peu importants des organes pel-
viens, dans cinq cas un tremblement passager des mains. Les ré-
flexes cutanés sont restés normaux, les réflexes tendineux ont été
exagérés. Un tiers des malades a présenté quelques troubles vaso-
moteurs des extrémités inférieures (oedème, abaissement de la tem-
pérature ; les troubles trophiques ont fait défaut. La sensibilité cu-
tanée est restée normale. Une certaine amélioration est survenue
dans l'état de cinq malades.
Le rapporteur présente à la Société deux malades qui se trouvent
actuellement à la clinique psychiatrique de Moscou ; ces malades
offrent des phénomènes bien prononcés. Le rapporteur présente
leur observation détaillée.
Le D'' Tchirwinsky fait remarquer que quelques-uns des phéno-
mènes décrits par le rapporteur, notamment les désordres gastriques
qui sont'accompagnés parfois de vomissements sanguins, rappellent
les symptômes de l'empoisonnement par le phosphore et pourraient
faire supposer que c'est à la présence du phosphore dans le lathyrus
sativa, que ce dernier est redevable de son action toxique; cette
hypothèse est d'autant plus vraisemblable que l'on a observé des
cas de myélite dans l'empoisonnement par le phosphore.
Le D1' Sémidalov combat cette hypothèse et fait observer que ses
malades ne présentent pas le tableau ordinaire de l'empoisonnement
par le phosphore.
Le professeur Korsakov se range à l'avis du D'' Sémidalov et insiste
tout particulièrement sur le fait que, les signes d'une lésion de la
moelle épinière que l'on n'observe qu'à titre d'exception daua l'em-
poisonnement par le phosphore, figurent au contraire au premier
rang dans le lathyrisme.
SOCIÉTÉS SAVANTES. 419 J
Le professeur Kojevnikov. Les recherches faites sur le lathyrisme
présentent une grande importance, étant donné la consommation
toujours croissante de la gesse comme substance alimentaire au
sud de la Russie ?
3. Dr DOURDORPI : L'infection blennorrhagique envisagée comme mo-
ment étiologiqzie dans les affections du système nerveux. Se basant sur
les données que nous fournit la littérature médicale, le rapporteur
est arrivé à la conclusion que l'infection générale de l'organisme
par le virus blennorrhanique peut présenter divers symptômes cli-
niques dont les uns se manifestent par le rhumatisme dit blen-
norrhagique, les autres offrent les syndromes des névrites et des
myélites (principalement de la méninge-myélite). Le rapporteur
propose de donner à tous ces cas la dénomination générale de
biennorrhagimus ou de morbus bieunorrhagicus.
Le D''Mouratov pense qu'on peut expliquer tous les cas de lésion
biennorrhagique du système nerveux soit par la myopathie arthro-
pathique, soit par la névrite et que, dans le cas de Leyden, la lésion
peu prononcée de la moelle épinière ne suffit pas pour expliquer
tous les phénomènes cliniques.
Le D''Minor fait remarquer que, faute de données statistiques ou
bactériologiques suffisantes, il est prématuré d'expliquer ces ailec-
tions du système nerveux par l'urëthrite blennorrhagique antérieure
et que le cas de Leyden ne prouve pas l'existence des myélites blen-
nhorragiques, parce que le -otiococcus ne fut pas trouvé dans la
moelle épinière quoiqu'on l'ait cherché.
SOCIÉTÉ DE PSYCHIATRIE et MALADIES NERVEUSES
DE BERLIN
Séance du 13 juin 1892. Présidence de M. JOLLY.
Le président consacre quelques paroles émues à la mémoire de
MM. lllüazau, Citron, nLE7NEAT et SNELL.
M. OTTO. Des altérations du nerf optique, notamment dans l'a ? ,té-
rio-scté7·ose, avec présentation de préparations. Sur vingt malades
examinés par lui à la section d'infirmes de Dulldorf, il en a trouvé
dix-sept atteints d'artério-sclérose (artère carotide, artère ophthal-
mique). Sur ces dix-sept malades, six ne présentaient aucune mo
420 0 SOCIÉTÉS SAVANTES.
difcation morphologique de nerfs optiques, onze présentaient des
anomalies de cette nature. Chez les six premiers malades, il y avait
simplement un léger aplatissement, ou une légère excavation du
nerf optique produite par la carotide dilatée; mais il n'y avait pas
de lésions microscopiques de par l'artério-sclérose. Les onze autres
présentaient de forts aplatissements, des excavations prononcés,
de profondes entailles du nerf optique; l'aplatissement était dû à
la compression des trousseaux nerveux qui finissaient par s'atro-
phier ; ces altérations étaient, quant à leur genre, leur orienta-
tion, leur étendue et leur volume, exactement en rapport avec la
manière d'être des vaisseaux altérés.
Ces modifications dans la forme du nerf optique se distinguent
nettement des anomalies congénitales de cet organe. Elles accom-
pagnent toujours l'artério-sclérose et tiennent à une altération mé-
canique des trousseaux nerveux; car ce sont les trousseaux ner-
veux centraux qui subissent les premiers ces transformations. En
second lieu, les caractères anatomiques en sont comparables à
ceux qui se rencontrent dans la compression de la moelle. Il con-
vient de ranger dans la même catégorie d'altérations l'atrophie du
nerf optique, à évolution lente, des gens âgés.
Discussion. M. Jolly présente, au nom de M. SIEMERLING, une
préparation qui concerne un étranglement congénital du nerf
optique.
M. Oppenheim. Quand le nerf optique n'a pas subi d'aplatisse-
ment y a-t-il au microscope des altérations ? En 1887, j'ai présenté
des préparations relatives à la dégénérescence des olives dans
l'athéromasie des artères de la base (Berlin. Klin Wochennschtif,
n° 34). Dans l'espèce, il y avait artério-sclérose de la vertébrale,
sans cependant qu'on pût prononcer le nom d'anévrysme. Il n'y
avait pas eu compression du bulbe, ni dépression de cet orgaue, et
cependant l'olive correspondante était atrophiée; atrophiées en
étaient, les fibres.
M. Bernhardt. Qu'esl-ce que l'atrophie du nerf optique de
Fuchs ? `t
M. OTTO. Je n'ai pas trouvé d'atrophie du nerf optique dans
le voisinage des vaisseaux malades, quand il n'y avait pas les mo-
difications morphologiques susmentionnées du nerf et de ses
vaisseaux.
M. BAYER présente un malade atteint d'iaémihyperhydrose croi-
sée. C'est un homme de trente-six ans, sans hérédité, qui n'a pas
eu d'autre maladie qu'une fièvre typhoïde, il y a dix-huit ans. Il
est atteint d'une hypersécrétion sudorale sur la moitié droite du
corps jusqu'au nombril, et sur le côté gauche le long de la jambe
SOCIÉTÉS SAVANTES. 431
depuis l'arcade crurale. La tête, les deux bras et la jambe droite
ne présentent aucune anomalie semblable. La pilocarpine ne dé
termine qu'une faible sudation même dans les régions qui ne suent
d'ordinaire point. On trouve défaut complet de poils autour du
mamelon gauche, tandis que le mamelon droit est normal à
cet égard ; dimensions variables des pupilles; hippus intermittent;
aucun trouble de la sensibilité ni de la motilité. Intégrité des ré-
ilexes, Légère lassitude; céphalalgies fréquentes; la main gauche
se gèle facilement. Evidemment c'est un cas d'anomalie, probable-
ment congénitale, restée stationnaire, dont le patient ne s'est
aperçu qu'à l'âge de quatorze ans.
Discussion. M. JOLLY. Dans des cas d'hémihyperhydrose la
pilocarpine produit généralement une active et égale sudation des
deux côtés ; la sécrétion est simplement plus tardive du côté qui
sue le moins.
M. Remak rappelle un malade atteint de tabes qu'il a présenté à
la Société en 1880 ; il y avait, outre un trouble notable de la sen*
sibilité avec ataxie du membre supérieur droit, une très vive
sécrétion sudorale exclusivement limitée à la moitié droite du
corps avec rougeur légère du visage. Quand le malade s'était fati-
gué ou qu'il avait ingéré des aliments acides, ce phénomène appa-
raissait dans son plein.
M. KfENiG. De la fatigue du champ visuel et de ses rapports avec
le rétrécissement concentrique, des affections du système nerveux ceza-
li-al. Qu'est-ce que la fatigue du champ visuel ? Qu'il y ait ou non
au préalable rétrécissement concentrique, on voit suivant le méri-
dien le plus ample se produire un rétrécissement fonctionnel
plus ou moins irrégulier. Cette fatigue caractérise l'anesthésie
rétinienne de de Groefe (1865), désignée depuis sous les noms
d'amblyopie du champ visuel (Schwiegger) ; 'anesthésie optique
(Pflüger); hyperesthésie rétinienne (St'ffan); asthénopie neurasthé-
nique (Beard-Wilbrand) ; asthénopie nerveuse (Wilbrand). L'asthé-
nopie nerveuse en question est l'expression locale d'un état géné-
ral"du système nerveux; elle va de pair avec une exagération de la
sensibilité et une légère excitabilité de l'appareil de la vision, et
se traduit non seulement par la constatation périmétrique sus-
mentionnée, mais aussi par une diminution de l'acuité centrale,
des troubles de l'accommodation, de la paresse des muscles de
l'oeil, des fantasmes entoptiques, des hallucinations de la vue, de
blépharospasme. C'est Foerster qui, en 1877. remarqua que, dans
ces conditions, l'individu atteint présentait des troubles de percep-
tion variables suivant les méridiens de l'oeil, quand on distançait
les séances, pourvu qu'on sût varier le mode d'introduction de
l'objet dans le champ périmétrique (déplacement des champs
422 SOCIÉTÉS SAVANTES.
visuels de Foerster). Aujourd'hui Wilbrand a simplifié la méthode.
On s'occupe simplement du méridien horizontal. L'objet soumis à
l'oeil examiné est introduit lentement et suivant un mouvement
uniforme par le plan temporal, il chemine en passant par le point
de fixation vers le plan nasal. On note avec soin le moment précis
où il est perçu par le patient et celui où il disparait du champ
visuel et l'on revient au point de départ en faisant la constatation
inverse. Il est évident que si le champ visuel n'est pas fatigable,
l'objet ressortira du champ visuel juste au point où il y était entré
tout à l'heure et vice versa. On recommence pour se rendre compte
du nombre de voyages nécessaires pour fatiguer le champ visuel,
des variétés de la perception à chaque tour, et aussi de la facilité
avec laquelle le champ visuel récupère par l'exercice son activité
et son amplitude. On a ainsi le champ visuel minimum elle champ
visuel maximum. On apprécie le fonctionnement du champ visuel
à ce pont de vue spécial et par des objets et par des cordes. On
note si le champ visuel est au début concentrique ou non, s'il se
produit des phénomènes de lassitude, de quel côté ces phénomènes
sont le plus accentués, la quotité du champ visuel minimum. On
apprécie également le degré d'attention des malades, en compa-
rant, par la multiplication des tours du curseur et l'interception
des séances propres à calmer la fatigue, les indications du sujet.
C'est ainsi que Wilbrand a trouvé que la quotité de fatigue est la
plus accentuée quand on commence; que le plan temporal se
fatigue plus vivement que le plan nasal; qu'il y a même des cas
dans lesquels la fatigue se limite au plan temporal; enfin qu'il
existe un champ visuel oscillant. En pareille circonstance, l'objet à
examiner disparait sur une certaine étendue du chemin qu'il par-
court pour reparaître plus loin et ainsi de suite ; en d'autres temps
il y a série de scotomes inégaux et irréguliers. Leur nombre est
inversement proportionnel à ia rapidité de l'excursion du cavalier.
Or le champ visuel oscillant peut affecter la forme chronique. Il en
existe aussi une forme très rare, le scotome central ou paracentral,
déjà observé par Wilbrand et Soeuger.
Quoi qu'il en soit, M. Koenig a examiné quatre-vingt-dix-neuf
hommes et cent seize femmes : deux cent quinze individus. Il a
trouvé des modifications du champ visuel chez vingt-deux hommes
et cinquante-neuf femmes : en tout quatre-vingt-un. 11 en a suivi
quarante-un pendant trois mois. Chez quelques-uns, il a tenté de
modifier le champ visuel, soit en pratiquant la galvanisation
céphalique, soit en faisant inhaler du nitrate d'amyle. Sous l'in-
fluence de ce dernier, le champ visuel augmente, la fatigue dispa-
raît ou tout au moins diminue d'intensité. L'hypnotisme a déter-
miné chez un sujet constamment le type de lassitude de Foerster
et Wilbrand, avec un rétrécissement concentrique du champ
visuel.
SOCIÉTÉS SAVANTES. -M3
Voici d'ailleurs de quels malades il s'agissait en l'espèce :
424 SOCIÉTÉS SAVANTES.
l'on ne serait pas en droit en l'espèce de faire intervenir d'autres
facteurs.
Les modifications du champ visuel doivent être tenues pour
des symptômes objectifs mais d'une objectivité relative, car pour
en déceler l'existence, il faut s'en raporter aux indications don-
nées par les-sujets examinés (Wilbrand-Senger) . Toutefois la
fatigue et le rétrécissement concentrique du champ visuel ont
même dans leurs faibles degrés, une très grande valeur symptoma-
tique. Et c'est la vérité.
En ce qui concerne la simulation, M. Koenig n'a jamais constaté
la simulation d'un rétrécissement concentrique de faible intensité
ou d'un degré modéré. On peut simuler un rétrécissement prononcé
avec ou sans fatigue du champ visuel, mais pour cela il faut que le
malade ait préalablement étudié le périmètre et connaisse les lois
de ces phénomènes. En ce cas, l'intervention de l'appareil à fils de
Wilbrand le réduira. Et par conséquent une pareille simulation de-
vient plus théorique que pratique.
Séance du 11 juillet 1892. Présidence de M. JOLLY.
Discussion sur la communication de M. Koenig.
M. PLACZFK. J'ai fait de longues études sur ce sujet, et j'ai trouvé
que tous les malades atteints de névrose traumatique, qui présen-
taient un rétrécissement concentrique du champ visuel, décelaient
le type des champs visuels déplacés de Foerster. Mais il y a des ma-
lades qui souffrant de la même affection, ne présentent m le
rétrécissement concentrique, ni le phénomène de Foerster. Pour-
quoi ? Je l'ignore.
M. 11NIG. Depuis ma dernière communication j'ai trouvé que la
fatigue systématique du champ visuel agrandit le punutum COECMrn.
En pareil cas la tache aveugle augmente exclusivement vers la pé-
riphérie et non vers le point de fixation, le maximum de fatigue se
montre au début de l'expérience, la fatigue disparaît quand on a
multiplié les voyages du curseur et à ce moment la tache aveugle
ne s'étend plus vers la périphérie, l'expansion du punctum coecum
par les tentatives de fatigue est plus grande du côté où existe le
rétrécissement concentrique considérable, du côté ou existe le
trouble de la sensibilité rétinienne que de l'autre côté. Il est à
remarquer également que la fatigue ne va pas (usqu'à la périphé-
rie du champ visuel.
M. Placzek montre un homme de quarante ans et sa fille âgée
de neuf ans présentant tous deux une hémianesthésie hystérique
comprenant aussi les fonctions sensorielles. Le père est ensuite
atteint de tremblements et de faiblesse des membres inférieurs,
SOCIÉTÉS SAVANTES. 425
l'épaule gauche est secouée de mouvement irréguliers ; il est anxieux
terrifié, excitable, il ne dort pas. S'il essaie de passer de la situa-
tion assise à la position horizontale, il hésite ; sa face se conges-
tionne, les pupilles se dilatent pour revenir promptement sur elles-
mêmes, les muscles des jambes se tendent et restent immobiles ; le
pouls monte de 80 à 140. On l'hypnotise alors, et sous J'influence
de la suggestion, on résout cette contraction. La jeune fille est en
proie à des accès de catalepsie ; elle est des plus suggestibles.
L'hérédité dans la genèse de cette hystérie est notoire L'impor-
tance médicologue à cette observation est des plus nettes. Ajou-
tons que certains médecins y ont vu la simulation.
M. MOELI. Des lésions de la calotte dans le pont de Vauole avec
démonstrations Publié in extenso dans les Archiv. f. Psychiat. 1.
Discussion. M. REM.\K. La clinique a fourni à M. Moeli une para-
lysie unilatérale des masticateurs, alors que l'anatomie patholo-
gique lui montraitune lésion unilatérale du noyau moteur du triju-
meau. On a toujours vu dans les cas de foyers unilatéraux une para-
lysie bilatérale des muscles en question. M. Remak a lui-même
constaté une paralysie unilatérale de ce genre avec luxation para-
lytique du maxillaire inférieur et ouverture de la bouche dans un
cas de paralysie bulbaire apoplectique, dans son travail intitulé
Contribution à la pathologie de la paralysie bulbaire.
Quant à Y hémihypéresthésie croisée observée, il est intéressant de
relever l'existence de douleur dans la moitié du corps hypéresthé-
siée. Tout récemment Edinger appelait l'attention sur les douleurs
d'origine centrale à propos d'un cas dans lequel on trouva une
lésion au foyer de la partie la plus externe de la couche optique
et du segment le plus postérieur de la capsule la plus interne.
Maun chez un malade atteint d'hypéresthésie croisée du trijumeau
d'un côté et du côté opposé du corps, qui, lui aussi, accusait des dou-
leurs, a rencontré un foyer de ramollissement dans le bulbe (Ber-
lin, Klii2. Wochenschrift, 1892, n° 11). Il a montré que les douleurs
avaient une origine centrale, quel que fût le point lésé dans le trajet
des voies sensitives centrales. Remak lui-même a présenté à la
Société en 1888 (Archiv. f. Psychiat., XII), un malade affecté d'hé-
mianesthésie croisée du trijumeau et accompagnée de paralysie des
cordesvocales chez lequel il existait des sensations douloureuses dans
les extrémités insensibles.
M. Oppenheim. Je traite en ce moment un tabétique affecté de
paralysie delà sensibilité et de la motilité dans le domaine du tri-
jumeau d'un côté. Le ptérygoidien externe est seul atteint; il y a
suppression du mouvement du maxillaire inférieur du côté sain,
quand il ouvre la bouche, le maxillaire inférieur dévie du côté para-
' Voy. Archives de Neurologie, n° 73, p. t.
426 6 BIBLIOGRAPHIE.
lysé, il n'y a pas de troubles du mouvement du côté du temporal T,
ces muscles sont simplement un peu moins sensibles au courant
électrique.
M. Senator fait remarquer, à propos du fait de M. Moeli, que
parmi les masticateurs innervés par le trijumeau, sont seuls paré-
siés ceux qui sont soumis à l'action individuelle de la volonté de
chaque côté, savoir : les muscles ptérygoïdes qui produisent des
mouvements latéraux du maxillaire inférieur. Les masticateurs
proprement dits, qui ne sont pas susceptibles de mouvements indé-
pendants unilatéraux, sont demeurés intacts. Or les muscles qui
normalement agissent toujours de concert ne sont paralysés, dans
les cas de foyers unilatéraux que lorsque les noyaux ou les fibres
radiculaires sont lésés, mais non point quand il y a lésion des trac-
tus centraux que régit immédiatement l'écorce, car alors chaque
hémisphère cérébral innerve suffisamment les muscles chargés de
mouvements associés, combinés, coordonnés, connus.
M. 11PPEN. De la formation de cavités de la moelle à l'état aigu
avec démonstrations. Sera publiée ailleurs.
BIBLIOGRAPHIE-
VII. Traité élémentaire des maladies mentales; par le professeur
S. S. Korsakov. Moscou, 1893, 604 p. (en russe).
Après une série de travaux remarquables touchant aussi bien à
la pathologie mentale pure qu'aux questions pratiques relatives à
l'assistance des aliénés', l'éminent professeur de l'Université de
Moscou publie aujourd'hui un cours complet' des maladies men-
tales.
Dans la première partie de ce cours, l'auteur consacre une
soixantaine de pages à des notions élémentaires de psychologie ; il
ne s'arrête sur ce sujet que juste assez pour permettre à ceux qui
1 Citons quelques-uns des travaux de M. Korsakov : « Sur une forme
de maladie mentale combinée avec la neurile muliple dégénérative » ;
« Sur un cas de psychose polyncurilique avec autopsie ,; ; CozzLribze-
lion à la symptomatologie de la forme polyncurilique des psychoses
postlyphoïdiques » ; ; Sur les formes aiguës de la folie » ; « Sur l'assis-
tance familiale des aliénés » ; « Sur la pathogénie de la paralysie sue-
ciale atroplaique et de la neurile multiple »; « De la paralysie acQQ-
lique, etc. »
BIBLIOGRAPHIE. 427 -1
désirent se consacrer d'une façon spéciale à l'étude des maladies
mentales, de consulter avec fruitles ouvrages de Wundt, de Taine,
de Spencer. Il se montre réservé sur les résultats des recherches
pyschométriques faites dans ces derniers temps principalement au
laboratoire de Wundt. Cependant, il constate que l'introduction
d'une nouvelle méthode scientifique dans l'étude des phénomènes
psychiques a contribué à mieux établir la théorie de la perception
et de l'aperception.
Après le résumé des notions psychologiques, le professeur traite
d'une façon très vaste la psychopathologie générale. Dans lasymp-
tomatologie générale il donne une description détaillée de tous les
états psychopatbiques typiques : l'état mélancolique qui peut être
passif ou actif; l'état maniaque avec ses deux variétés : état d'ex-
citation maniaque et état de fureur; l'état de confusion mentale
avec ses différentes formes : état de rêve, état de délire général et
état de stupeur; Y étal paranoïaque; l'état de démence; et, enfin, l'état
de déséquilibration psychique.
Il étudie ensuite les troubles élémentaires, de l'activité psychique
dont les différentes' combinaisons contribuent à former les états
psychopathiques que nous venons d'indiquer. Ce sont : les troubles
intellectuels, avec toutes les modifications qui peuvent survenir :
1° dans le nombre des conceptions; 2° dans leur qualité, depuis
les illusions et les hallucinations qui ne sont que «des idées revêtues
d'une brillante enveloppe sensitive », jusqu'aux idées délirantes
proprement dites et aux idées fixes; 3° dans l'intensité des concep-
tions ; 4° dans la rapidité avec laquelle elles se succèdent; o° dans
leur association; 6° dans leur stabilité; 7° dans la mémoire : hy-
permnésie, amnésie, paramnésie.
Ce sont encore les troubles de la conscience de soi-même, tels
que l'inconscience de l'état morbide, la somnolence, le coma; les
troubles de la sensibilité psychique; la faiblesse irritable; l'hyperes-
thésie psychique avec sa variété de moral insanity, l'hyperalgésie
psychique, les différentes formes pathologiques de l'état anesthé-
sique, les émotions. L'auteur parle ensuite des troubles élémen-
taires de la volonté avec les modifications pathologiques qui se
produisent dans le choix des motifs, les penchants, les désirs irré-
sistibles, les impulsions, le dédoublement de la personnalité, les
phobies, les déviations de l'instinct génital; les troubles de l'atten-
tioiz; les troubles moteurs avec leurs diverses manifestations :
extrême mobilité, immobilité, tics, catalepsie, tétanie, mimique
bizarre; les troubles du langage tels que la logorrhée, le mutisme,
les néologismes; les troubles de l'écriture.
Un grand chapitre est consacré aux troubles somatiques des alié-
nés et en tête est placée la question du sommeil dont les modifi-
cations forment une transition naturelle entre les symptômes psy-
chiques et les manifestations physiques.
428 BIBLIOGRAPHIE.
L'auteur passe ensuite aux troubles très nombreux qui s'observent
du côté des fonctions physiques du système nerveux central ou péri-
phérique et qui consistent en des modifications plus ou moins
graves d'ordre moteur, sensitif, sécrétoire et vaso-moteur. C'est
dans l'étude de tous ces troubles qu'on voit combien la pathologie
mentale est étroitement liée à la neurologie. Du côté des systèmes
autres que le systèmo nerveux, on observe souvent des troubles chez
les aliénés, mais leur importance n'est pas toujours également
crande. Dans tous les cas, l'auteur est convaincu que le rapport
entre les affections psychiques et les troubles physiques peut être
très considérable, d'où résulte la nécessité absolue d'examiner chez
les aliénés l'état de tous les organes. La psychopathologie générale
traite encore des anomalies du développement physique, de l'évo-
lution des maladies mentales, de leur classification, de l'anatomie
pathologique, de l'étiologie, du diagnostic, de la thérapeutique
générale, de la législation, de l'expertise médico-légale. Ce qui
nous a frappé dans l'exposé de toutes ces questions c'est l'abon-
dance d'idées nouvelles, de conseils pratiques précieux, de vues
originales, personnelles. Ainsi, on ne peut qu'applaudir à l'insis-
tance avec laquelle M. Korsakov recommande l'emploi de la mé-
thode graphique dans l'étude de l'évolution des maladies mentales.
L'application de cette méthode a, en effet, des avantages énormes ; si
imparfaite qu'elle soit encore, elle permet de remarquer du premier
coup non seulement les oscillations survenues dans l'état psychique,
mais encore les rapports qui existent entre ces oscillations et les
autres courbes, la courbe du poids, la courbe du nombre d'heures
de sommeil, de l'apparition des règles chez la femme, etc.
Les idées de l'auteur sur la valeur des anomalies du développe-
ment physique méritent également d'être mentionnées. 11 faut
bien se rappeler, dit-il, qu'il n'existe pas un seul individu chez
lequel à un examen bien détaillé, on ne trouverait pas un stigmate
physique quelconque. Il est certain qu'il devient utile de mettre
une bride à cette passion de la recherche des stigmates de dégéné-
rescence ; on en voit partout : chez les criminels de tout nom et de
toute espèce, chez les prostituées, etc. On oublie évidemment que
le terme juridique de « crime » est loin de présenter, en tant que
manifestation d'une mauvaise volonté, des limites très précises. Il
en de même pour le terme de « prostitution » et pour d'autres
qui ont servi de prétexte à la recherche des stigmates dégénératifs.
Il est curieux aussi dénoter la classification adoptée par M. Kor-
sakov. Celle de Krafft-Ebing lui déplaît à cause de sa complexité,
du manque de netteté de ses divisions, de l'impossibilité dans
laquelle on se trouve souvent, dans la pratique, de rattacher tel ou
tel cas observé en clinique à l'une des formes de Krafft-Ebing.
Quant à la classification de la Société des aliénistes de Saint-
Pétersbourg et à celle adoptée à Paris par le Congrès international
BIBLIOGRAPHIE. 429
de 1889, M. Korsakov ne fait que les citer. La sienne, adoptée en
1892 par la Société des aliénistes et des neuropathologistes de
Moscou doit être rappelée. L'auteur divise toutes les psychoses en
trois grandes classes. La première comprend tous les troubles psy-
chiques symptomatiques et transitoires tels que : 1° les manifes-
tations psychiques au cours de différentes affections somaliques;
2° les états psychopathiques très fugaces en rapport avec une
action toxique immédiate; 3° les états psychopathiques indépen-
dants qui se montrent sous l'influence des causes occasionnelles
chez des individus atteints d'une prédisposition névropathique.
Aussi voit-on figurer dans cette première classe : le délire fébrile,
l'état psychopathique des maladies générales sans fièvre, le délire
du collapsus, la confusion mentale asthénique, le délire trauma-
tique, l'état comateux, l'intoxication par les boissons alcooliques,
les autres intoxications, la fureur transitoire, le somnambulisme,
l'émotion pathologique, les états impulsif et hypnotique. On pour-
rait évidemment critiquer cette première division, car il parait
aujourd'hui prouvé que le délire de la fièvre typhoïde, du col-
lapsus, de la confusion mentale asthénique, tiennent également à
une intoxication du sang par des ptomaïnes analogues à l'intoxi-
cation par l'alcool, le haschisch, etc.; dès lors, les deux premières
subdivisions se confondent au point de vue étiologique.
La deuxième classe comprend les psychoses et les constitutions
psychopathiques. Elle se divise en trois groupes : '10 formes fon-
damentales des psychoses; 2° constitutions psychopathiques, et
3° maladies mentales à base organique. Au premier groupe se
rattachent : a) la mélancolie avec ses subdivisions : disthymie,
mélancolie typique, melancolia attonita; 6) manie (excitation ma-
niaque, manie aiguë et manie suraiguë); c) confusion mentale ou
amentia de Meynert ou dysnoïa de Korsakov; d) paranoïa aiguë,
subaiguë et chronique avec les subdivisions de cette dernière en
délire de persécution, type Lasègue, la folie processive, folie reli-
gieuse, érotique ; e) formes mixtes : vésanie mélancolique, cata-
tonique, etc.; f) formes terminales : paranoïa secondaire et
démence secondaire.
Dans le deuxième groupe on trouve : a) les psychoses pério-
diques simples et circulaires; 6) les constitutions psychopathiques
originelles : instabilité générale, paranoïa originaire, folie à deux,
délires des dégénérés, manie raisonnante, folie morale, inversions
du sens génital, folie impulsive, autres syndromes non encore
suffisamment décrits; c) la neurasthénie et les psychoses neuras-
théniques ; d) les psychoses dégénérativo-neurasthéniques, les
obsessions, psychoses hypochondriaques; e) les psychoses épilep-
tiques : dégénérescence psychique des épileptiques, psychoses
épileptiques transitoires ou durables; f) les psychoses hystériques;
g) les psychoses choréiques ; i) les psychoses de la maladie de
430 BIBLIOGRAPHIE.
Basedow, de la paralysie agitante, etc; 1,;) les psychoses et psycho-
névroses traumatiques; 1) les maladies psychiques constitution-
nelles consécutives aux affections cérébrales; m) les maladies
mentales constitutionnelles consécutives aux intoxications chro-
niques : alcoolisme chronique avec la dégénérescence psychique
des ivrognes, delirium tremens, délire alcoolique durable, etc. ;
morphinisme, cocaïnisme et autres intoxications ou auto-intoxi-
cations chroniques. Le troisième, groupe contient : le délire aigu,
la paralysie générale, la démence sénile, les affections organiques
diffuses mal limitées, la psychose polynévritique, la syphilis céré-
brale et l'affaiblissement intellectuel par lésion cérébrale circons-
crite. Enfin la troisième classe comprend les états liés à un arrêt
de développement : idiotisme, imbécillité et crétinisme.
Les chapitres suivants sont consacrés à l'anatomie et à l'étiologie
des maladies mentales. Le chapitre qui traite du diagnostic con-
tient beaucoup de conseils précieux. Nous y trouvons un plan
systématique très complet et très bien compris qui peut être un
guide excellent pour l'examen détaillé d'un aliéné.
La deuxième partie du Traité donne une description des diffé-
rentes formes de maladies mentales d'après l'ordre indiqué par la
classification de l'auteur. Ici encore, tout est clair, substantiel,
sans redites stériles et fatigantes. Ce qui a été décrit surtout avec
un soin particulier, c'est la confusion mentale, l'amentia de
Meynert, dans laquelle l'auteur distingue quatre variétés : 1° con-
fusion mentale primaire à forme stupide, curable (dysnoïa stupo-
rosa de Korsakov) ; 2° confusion mentale aiguë hallucinatoire à
forme délirante avec ses subdivisions : confusion mentale à forme
maniaque, confusion mentale à forme mélancolique, confusion
mentale à forme récurrente et alternante de Greidenberg; 3° con-
fusion mentale à forme démentielle; et 4° confusion mentale à
forme abortive. Dans l'exposé des psychoses des dégénérés, on trouve
une description très concise du fond mental des malades de cette
catégorie.
La place nous manque pour rapporter ici toutes les idées de
l'auteur sur la paranoïa, les folies intermittentes, les psychoses
liées à la maladie de Basedow, etc., etc. On peut sur un certain
nombre de questions ne pas être complètement d'accord avec
M. Korsakov, mais tout dans son livre est à étudier et à con-
sulter. En terminant cette analyse trop courte pour un travail
aussi documenté qu'il nous soit permis de dire que ce Traité
mérite une place parmi les manuels les plus renommés de notre
temps. Aussi, son succès nous parait-il tout à fait assuré.
J. RoU)31NOVITCII.
FAITS DIVERS. 43)
FAITS DIVERS
Asiles PUBLICS d'aliénés du département DE la SEINE. Concours
pour la nomination aux places d'interne titulaire en pharmacie
vacantes au {"janvier 1894. -Le lundi 27 novembre 1893, à une
heure précise, il sera ouvert à l'Asile Clinique, rue Cabanis, n° i,
à Paris, un concours pour la nomination aux places d'interne titu-
laire en pharmacie vacanter au le' juillet 1894 à l'Asile Clinique,
aux Asiles de Vaucluse, Ville-Evrard, et Villejuif. Les candidats qui
désirent prendre part à ce concours devront se faire inscrire à la
Préfecture de la Seine, service des aliénés, annexe de l'Hôtel de
Ville, 2, rue Lobau, tous les jours, dimanches et fêtes exceptés,
de onze heures à quatre heures. Le registre d'inscription sera
ouvert du lundi 23,octobre au samedi 11 novembre 1893, inclusi-
vement.
Asiles d'Aliénés. Asile de l'Hérault. Le Conseil général qui,
depuis six ans, s'occupe de la construction d'un asile départe-
mental des aliénés devant coûter quatre millions, a encore cette
année décidé de retarder la solution jusqu'en janvier 1894.
École LIBRE DE magnétisme. L'ouverture de l'Ecole libre de
magnétisme, fondée par la Société magnétique de France, a eu
lieu cette semaine, rue Saint-Merri, 28. M. de Cliampville a ouvert
la séance par une allocution dans laquelle il a exposé le but de
cette nouvelle institution qui se propose de mettre la thérapeu-
tique magnétique à la portée des amateurs ! ! M. Durville a exposé
ensuite le programme des cours. Puis M. le docteur Encausse
(Papus) a fait sa première leçon de physiologie ( ? ). -Grâce à cette
école, tout porte à croire que les médecins neurologiques verront
d'ici peu augmenter leur clientèle.
Les fous. Hier, l'après-midi, un insensé, Cross, dont la femme
a été récemment internée, se promenait rue Saint-Georges, à
Saint-Ouen, dans un costume plus que sommaire. Le malheureux
allait de porte en porte offrant de vendre son pantalon et sa che-
mise, qu'il venait de retirer dans le milieu de la rue. On l'a pres-
tement envoyé à l'infirmerie spéciale.
Avant-hier, une dame se présentait au commissariat du quai
de Gesvres, disant : c Veuillez avoir l'obligeance d'avertir mon fils
qu'il n'est plus mon fils et que je ne suis plus sa mère. Elle se retira,
suivie par un agent qui l'arrêta au moment où elle allait enjamber
432 Z BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE .
le parapet du Pont-au-Change. La pauvre folle s'appelle Louise
Steiner, elle est âgée de quarante ans et demeure 57, rue de Ram-
buteau.
- Une heure après, au même commissariat, un mendiant entrait
et disait d'une voixjdolente : «Je suis fou, je me suis évadé il y
a deux jours de Ville-Evrard en mettant les vêtements d'un gar-
dien ; j'ai rôdé dans Paris depuis ce temps-là, mais j'en ai assez de
la liberté. Comme je suis fou, renvoyez-moi à Ville-Evrard. »
- Rue Barye, Victor Berset, âgé de trente-trois ans, a été arrêté
commettant toutes sortes d'excentricités sur la voie publique.
- M. Gavrelle a fait arrêter encore un cocher, âgé de vingt-neuf
ans, François Vitocar, qui se sauvait à toutes jambes sur le boule-
vard Malesherbes, épouvanté, criant aux passants que trente indi-
vidus voulaient l'assassiner et avaient lancé des rats à sa poursuite.
Et enfin, pour clore cette série lugubre, un Dijonnais, Henri
Gautier, a été également envoyé à l'infirmerie du Dépôt, parce
que l'amour de la Russie avait troublé son jeune cerveau. Il
prétendait qu'il était messager de Dieu, chargé de cimenter
l'alliance franco-russe, il ajoutait qu'il était venu exprès de Dijon
pour s'entendre avec le président de la République, au sujet de la
réception des marins russes à Paris. (Le Petit Troyen, 22 sept.)
Si nous reproduisons aussi souvent des faits de ce genre, ce n'est
pas pour convaincre nos lecteurs de la nécessité de l'internement
rapide des aliénés dans les asiles, leur opinion à cet égard est faite
depuis longtemps, mais, c'est pour qu'ils aient sous la main des
documents leur permettant d'intervenir utilement dans les séances
des commissions de surveillance et des commissions spéciales des
Conseils généraux.
J.-13. CIIARCOT et Groucrs l;ur : vov.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Dacionet (J.). Les nouvelles recherches sur les éléments nerveux
Brochure m-8°de 47 pages. Prix, 1 11·, 25. Paris, J893. Librairie 0. Doin.
Kraepelin (E.). Psychiatrie. Fin liurzes Lehbuch sur Sludi-
rende und aerzle. Volume in-8° de 702 pages. Leipzig, 1893. Verlag
A. Meiner.
Le rédacteur-gérant, Iîoubneville.
Evreux, C6. IIÉRISSEY, imp, t1 ! ri.
Vol. XXVI. Décembre 1893. N- 82
ARCHIVES DE NEUROLOGIE
CLINIQUE MENTALE
PERSÉCUTÉS AUTO -ACCUSATEURS ET PERSÉCUTÉS
POSSÉDÉS1
Par MM. J. SÉGLAS, médecin de la Salpêtrière et G. BROUARDEL,
interne des hôpitaux.
MESSIEURS,
Nous n'avons pas la prétention, dans cette brève communi-
cation, de vous présenter un mémoire détaillé sur les variétés
cliniques du délire des persécutions. Notre but est plus mo-
deste ; nous nous contenterons de vous apporter quelques
observations recueillies à la Salpêtrière, dans le service de
M. J. Falret, et qui nous ont semblé offrir quelques particu-
larités dignes d'intérêt.
I
C'est un fait clinique aujourd'hui bien connu que le délire
des persécutions typique repose toujours sur un fonds d'or-
gueil. Le persécuté vrai, même lorsqu'il ne formule pas nette-
ment d'idées orgueilleuses, est toujours disposé avoir dans les
misères qu'on lui fait une preuve de la jalousie, de l'envie que
lui portent ses ennemis. Aussi se pose-t-il toujours en victime
injustement attaquée, et pouvant de ce fait se révolter contre
l'injustice des persécutions qu'il endure et devenir agressif.
A ce persécuté classique on peut opposer le mélancolique à
1 Communication faite au Congrès des médecins aliénistes. (Session de
la Roclielle, août 1893.)
Aitcilivus, t. XXVI. 28
434 clinique mentale.
idées de persécution. Les idées de persécution participent alors
des caractères généraux du délire mélancolique dont le fonds
est l'humilité. L'auto-accusation habituelle au mélancolique
se retrouve chez lui, même lorsqu'il émet ses idées de persécu-
tion, et pour lui, les poursuites dont il se croit l'objet trouvent
leur raison d'être dans son indignité ; il les regarde en quelque
sorte comme méritées. C'est toujours une victime, non plus
innocente comme le persécuté vrai, mais coupable et le plus
souvent résignée.- Dans de précédents travaux l'un de nous,
à différentes reprises, a insisté sur ces caractères des idées de
persécution du mélancolique, opposées à celles des persécutés
vrais '.
Entre ces deux types de délirants se place un groupe de ma-
lades, constituant en quelque sorte comme une transition
entre les deux extrêmes. Par l'ensemble symptomatique, par
l'évolution de leur affection, ces malades sont bien nettement
atteints de délire des persécutions;- mais leurs idées de persé-
cution présentent ce fait particulier de ressembler à celles du
mélancolique. Ils rapportent les persécutions qu'ils subissent
à leur propre indignité, sont victimes aussi, mais coupables
en même temps. Tout en accusant les autres, ils s'accusent
eux-mêmes. Au dernier congrès de Blois, puis dans un article
postérieur, M. Ballet a rapporté plusieurs faits de ce genre=; en
voici un nouveau que nous avons pu observer.
M-e veuve L..., âgée de quarante-trois ans, entrée le 8 juin 1893
à la Salpêtrière. D'après les renseignements qu'elle seule peut nous
fournir, car elle n'est pas visitée, son père avait des tendances à
boire; sa mère, marchande aux halles, buvait un peu également.
Pour elle, elle dit n'avoir jamais été malade et semble n'avoir pré-
senté jamais aucun désordre psychique.
Au dire de la malade, l'état dans lequel elle se trouve aurait
commencé il y a vingt et un mois. A ce moment elle avait perdu
depuis quelque temps un mari qui buvait et la rendait malheu-
reuse ; elle prit un amant qu'elle ne vit que deux fois. Pour elle
c'est là le point de départ des maux dont elle souffre. C'est cet
amant qui, aidé de sa soeur, l'a fait tomber dans un guet-apens
pour pouvoir l'en punir ensuite. Après la première entrevue avec
1 J. Séglas. Diag. des délires de persécution systématisés. (Seni. méd.,
15 nov. 1890.)-Les idées de persécution. (Journ. des Conn. méd., 11, et
8 oct. 1891.) Voir encore Sem. méd., n° 50, 1892.
2 G. Ballet. Compte rendu du Congrès de Blois, 1892, et Semaine
médicale, n° 33, 1893.
persécutés auto-accusateurs ET POSSÉDÉS. 435
son amant, elle eut un gros chagrin de ce qu'elle venait de faire ;
elle eut des crises de larmes et de désespoir, mais au bout de quel-
ques jours elle retournait auprès de cet amant. - « Je vois bien
maintenant, dit-elle, que c'était lui au fond qui m'obligeait à
retourner avec lui, sans que je m'en doute. »
Mais à partir de cette seconde entrevue qui lui cause encore un
grand désespoir, elle est prise de ce qu'elle appelle aujourd'hui
« les stérilisations dans la tête ». Ces stérilisations sont le résultat
des « bêtises qu'elle a faites » et d'où dérivent toutes les douleurs
qu'elle ressent.
Aussi, la première fois que la malade entre à la consultation,
elle se plaint vivement de ces douleurs résultant des persécutions
que lui infligent les habitants de son quartier qui la croient de la
police. Interrogée sur l'origine de ces persécutions, elle répond
sans hésitation ; « C'est pour expier mes fautes. Elle prie instam-
ment qu'on la reçoive à l'hôpital et déclare que si les douleurs
qu'elle ressent ne cessent pas elle est décidée à se tuer.
Examinée quelques jours après son entrée, ce qui frappe le plus
d'abord en la malade, ce sont les hallucinations qu'elle présente.
Les hallucinations auditives sont les plus accusées. La malade
dit avoir entendu nettement, lorsqu'elle se promenait, les per-
sonnes qui passaient à côté d'elle dans la rue, dire : c Si nous
savions comment tout cela a commencé, nous vous ferions votre
affaire. Elleestde la police; elle est dangereuse, elle peut donner le
choléra ; elle est suppliciée etpeutdonner des supplices aux autres. »
Toutes ces paroles ne lui étaient pas adressées directement. Les
personnes passaient à côté d'elle et disaient tout cela sans avoir
l'air de s'adresser à elle, mais elle comprenait bien néanmoins.
Elle entendait aussi des voix nuit et jour n'importe où elle se
trouvait. Ces voix semblaient provenir de loin, quelquefois de près,
mais rarement.
De temps en temps la malade se met à rire d'une façon en
quelque sorte impulsive. Elle prétend à ce propos que si elle rit,
c'est qu'on lui dit des bêtises telles que : «Vieille salope; vieille
cochonne. » Ce qui n'est plus une injure à cause du ton sur lequel
cela est dit.
En outre, elle présente aussi des impulsions et des hallucina-
tions verbales motrices. Elle raconte qu'on lui parlait souvent en
elle-même : < On me faisait chanter dans les commencements et
je ne m'en apercevais même pas ; c'est une ouvrière qui me l'a
dit. » A ce moment la malade rit de nouveau et dit : c Oh ! je vois
bien que vous êtes électrisé aussi. Vous entrez en communication
avec moi ; vous venez de me dire un gros mot. Un peu plus tard
elle reprend : Pourquoi voulez-vous m'arracher l'oeil 2
- Mais, je n'ai rien dit de semblable.
Si, si ! j'ai bien entendu.
436 CLINIQUE mentale. 1
Ces phrases que vous m'attribuez, les avez-vous entendues par
l'oreille ?
Non ! vous êtes en communication avec moi ; je les ai enten-
dues en moi-même. »
La malade éprouve encore d'autres troubles inverses, sorte de
phénomènes d'arrêt. « On la courbature ; on l'empêche de marcher.
Une fois, devant la mairie du Xle arrondissement, dit-elle, j'ai
éprouvé dans le pied une vive douleur; je ne pouvais plus lever la
jambe. On m'empêche parfois de- manger; je ressens une vive
douleur dans la mâchoire et suis forcée de m'arrêter. On me donne
quelquefois des battements de coeur. » Elle regarde cela comme
le fait de l'électricité. Elle accuse aussi des hallucinations géni-
tales, nocturnes ou diurnes qu'elle attribue encore à ses persécu-
teurs ou plutôt à ses justiciers, comme nous le verrons tout à
l'heure : « On me fait subir ces viols de force, nous dit-elle. Cela
fait donc aussi partie de la torture ? C'est probable. » ,
La malade a eu aussi des hallucinations visuelles, mais elle s'en
rend compte et les explique. Elle voit les personnes qui la pour-
suivent et sont en communication avec elle, mais seulement quand
ces personnes le veulent. Elle les voit très nettement, mais sait
qu'elles ne sont pas là. Elle ajoute en souriant : « Elles sont géné-
ralement dans une tenue très inconvenante. »
Si l'on vient à lui demander quelle est la raison de cette stérili-
sation dans la tête, qui, d'après elle, est l'origine de tous ses maux,
elle fait d'abord les réponses des persécutés ordinaires : c Vous le
savez bien. Pourquoi mêle demandez-vous ? Tout le monde lésait :
on sait tout ce que je fais. » Mais bientôt, après des interrogatoires
réitérés, elle nous dit : « Tout ça, c'est à cause des bêtises que j'ai
faites, à cause de mon amant. »
Elle n'emploie pas dans la conversation les mots de persécution,
de misères, etc. : elle n'en veut pas à ceux qui lui font du mal, qui
ont inventé la machine à stériliser sa tête. Ces personnes sont son
amant et sa soeur, mais ils ne font cela que pour la punir. Elle
emploie toujours pour désigner ses souffrances les mots torture,
pénitence. c Ce sont des choses de pénitence ; c'est une torture,
dit-elle. »
D'ailleurs, elle croit ne pas être la seule à souffrir.- Celles qui ont
fait comme elle seront punies aussi. « Tantpis, dit-elle, pour celles
qui s'y laissent prendre, » et elle ajoute : c Je les plains. » Elle ne
croit pas que ses souffrances soient une punition pour elle seule :
« On m'a prise comme échantillon pour montrer aux autres per-
sonnes coupables quelle était la pénitence à leur infliger. Je res-
sens la troisième condamnation, celle qui est destinée à savoir si les
gens sont coupables ou non. »
Alors tout ce que vous ressentez n'est pas injuste ? lui deman-
dons-nous.
PERSÉCUTÉS auto-accusateurs ET possédés. 437
Non, répond-elle ce n'est pas injuste pour les coupables.
Telles sont les idées qui dominent la scène psychique et qui res-
sortent surtout de l'interrogatoire. Elle souffre beaucoup, mais
c'est une punition et elle l'a méritée; bien plus, elle doit servir
d'exemple à toutes celles qui commettront des fautes comme elle.
Elle est persécutée, mais elle n'a pas grande animosité contre ceux
qui la fuient ou cherchent à lui nuire. On la fuit parce qu'elle subit
la troisième condamnation que tout le monde doit craindre, con-
damnation que lui ont value ses fautes et qui doit servir d'exemple
à tous.
La malade ne présente pas de vices de conformation physique à
part une légère asymétrie faciale. Les diverses mensurations crâ-
niennes que nous avons pratiquées sur elle nous ont donné les
résultats suivants :
438 CLINIQUE MENTALE.
Ces caractères sont reliés à une origine génitale comme point
de départ du délire ; c'est en effet la faute qu'elle a commise en
prenant un amant qui est le point de départ de tous ses maux.
C'est là un fait qui mérite d'être relevé, car M. G. Ballet l'a
signalé dans toutes ses observations.
Cette observation comparée à celles de M. Ballet nous montre
donc que chez certains malades vraiment atteints du délire des per-
sécutions, les idées peuvent revêtir l'aspect qu'elles ont chez les
mélancoliques. Il semble que ces malades constituent en quelque
sorte un groupe mixte, tenant du délire des persécutions par le
fond, de la mélancolie par les idées délirantes, et servant de tran-
sition à ces deux modalités entre lesquelles ils sont comme un trait
d'union.
II
Mais, Messieurs, s'il est des persécutés qui se font remar-
quer par la nature spéciale de leurs idées de persécution faisant
d'eux en même temps des auto-accusateurs, il en est d'autres
qui diffèrent aussi par plusieurs points des persécutés ordi-
naires, ce sont les persécutés possédés.
« Les symptômes les plus saillants de la maladie, disait l'un
de nous à la Société médico-psychologique, sont alors les hallu-
cinations verbales motrices qui dirigent absolument la scène
pathologique. Il peut y avoir aussi des hallucinations verbales
auditives, mais plus effacées, parfois même elles manquent
complètement. On peut rencontrer aussi des hallucinations
visuelles, simples et même verbales. En revanche, à côté des
hallucinations verbales motrices prédominantes, se mani-
festent des hallucinations motrices communes, également très
accentuées, telles que sensations de déplacement d'une partie
du corps ou du corps tout entier, de mouvements imaginaires
dans certaines parties du corps, et même des impulsions
diverses, verbales ou portant seulement sur des mouvements
que le malade accomplit malgré lui. On peut noter aussi des
phénomènes inverses d'inhibition (obstacles à l'accomplisse-
ment de certains actes volontaires), des troubles de la sensibi-
lité profonde (sensations de pesanteur, de légèreté, de vide, de
rapetissement), des troubles de la sensibilité viscérale, des
hallucinations génitales. Ce sont souvent ces différents symp-
' J. Séglas.- Variété psycho-motrice des délires de pcrsgcK</oH.(4KK.
médic. psych., n° janvier 1893, p. 110.)
PERSÉCUTÉS AUTO-ACCUSATEURS ET POSSÉDÉS. 439
tomes qui marquent le début de la maladie, les hallucinations
verbales ne se montrant qu'un peu plus tard. »
Le fait capital est alors la prédominance excessive des
troubles psycho-moteurs avec les altérations de la person-
nalité qui en résultent et que le malade traduit au dehors par
des idées de possession.
Tels sont, dans le fait suivant, les symptômes que nous
voyons se placer au premier plan à une certaine époque de la
maladie, qui, au début, se présentait sous l'aspect le plus ordi-
naire du délire des persécutions.
M-0 P.... née L..., âgée de trente-six ans, entrée le 10 juillet 1593
à la Salpêtrière, ne présente rien de particulier, au moins d'après
ce qu'elle raconte, dans ses antécédents héréditaires ou person-
nels.
' Le début des accidents actuels remonte à sept ans environ. La
malade qui travaillait à la manufacture des tabacs, va, un dimanche
au matin, chercher du café chez un épicier qui auparavant faisait
déjà, dit-elle, le geste de l'appeler. Il l'aurait alors tirée par une
porte ; elle lui aurait répondu par un coup de coude et serait par-
tie, l'entendant dire : « Tu te rappelleras avoir refusé, tu mourras
à petit feu. » Elle rentre ensuite chez elle très impressionnée, porte
la main à sa tête pour se peigner et se sent alors comme élec-
trisée. Elle fait son café qui lui laisse dans la bouche un goût de
soufre, comme s'il était empoisonné ; elle ressent une soif inextin-
guible.
En même temps, elle a commencé à entendre parler de loin,
sous le lit, dans la cheminée. Elle distinguait deux voix, une
d'homme, une de femme. Ces voix parlaient haut et cela « lui pas-
sait à l'oreille ». Elles lui disaient des gros mots, des injures, des
méchancetés pour la faire rougir devant le monde.
Elle a eu aussi des hallucinations de la vue : elle voyait des
flammes de feu et mettait le pied dessus pour voir si c'était vrai.
Ils lui ont fait voir un homme nu avec une chandelle à la main,
qui lui disait : c Tu as vu le devin, tu n'as pas fini. » Elle s'enfuit,
revient et le voit de nouveau. En se peignant, elle se voyait à
elle-même des yeux gros comme le poing et rouges comme du
sang. Elle voyait souvent aussi plusieurs personnes au lieu d'une;
elle voyait des bêtes dans son assiette, et tout en se rendant
compte que cela n'était pas vrai, « qu'ils lui faisaient voir dans les
yeux », elle ne pouvait arriver à manger.
D'autre part, lorsqu'elle mangeait, elle ressentait de mauvais
goûts dans la bouche et on lui disait : « mange du caca, cha-
rogne ! »
Au début, elle ne comprenait rien à tout cela ; ce sont les voix
440 CLINIQUE MENTALE. -
qui lui ont donné la raison de ces misères, en lui disant : « Tu as
refusé, tu t'en repentiras. »
' Dès ce moment, elle a présenté quelques-uns des symptômes
qui se sont développés plus tard : on l'anéantissait ; on lui arrê-
tait ses pensées et on lui coupait ses phrases. On l'empêchait de
faire certains actes, mais elle s'entêtait et arrivait encore à se
dominer.
Elle regardait les hommes sans pouvoir s'en empêcher, et une
voix les lui proposait, lui fixant même un lieu de rendez-vous.
Mais elle se serait tuée plutôt que d'y aller, craignant d'être anéan-
tie et de ne pouvoir en sortir. Elle avait aussi des hallucinations
génitales et ressentait fréquemment des secousses électriques.
La nuit, elle ne dormait pas, son lit la brûlait, tournait, dansait;
elle entendait toute sorte de bruits ; elle ressentait des tremble-
ments, ses mains se contractaient ; on lui ouvrait la gorge, on lui
tirait la langue.
Cela a duré ainsi environ cinq ans. Jusque-là, elle a pu com-
battre ; malgré tout ce que faisaient ses ennemis qui allaient
jusqu'à lui contracter bras et jambes pour l'immobiliser, elle pou-
vait encore prendre le dessus : elle répondait à ses ennemis et les
faisait taire. Maintenant, elle ne peut plus rien faire, n'ayant plus
de volonté.
C'est que depuis deux ans sont apparus de nouveaux symptômes
qui se sont accentués surtout depuis six mois et qui lui ôtent toute
énergie personnelle, tout pouvoir de réaction.
Les voix qu'elle perçoit ont changé de nature. Elle ne les entend
plus du tout par l'oreille, sauf un léger bourdonnement plus fort
quand c'est l'homme qui parle, mais ce n'est pas une voix formulée.
Elle perçoit la voix parla bouche et il y a des moments où cela lui
fait marcher la langue. « C'est comme cela, dit-elle, qu'ils commu-
niquent avec elle», car elle ne prononce rien, n'entend pas de
parole en même temps. Elle a essayé d'arrêter sa langue avec ses
dents, mais- quelque chose la lui tire et cela recommence. De
même elle serre son corset pour arrêter la voix venant de l'esto-
mac, qui alors lui dit : c Oli tu me serres, suis-je assez lasse ! b
D'autres fois elle se pend par les bras et cela fait cesser la voix
pendant quelques minutes. Tout le temps qu'elle parle elle-même,
la voix la laisse tranquille ; après, elle recommence de suite. Cette
voix s'accompagne souvent de sensations de piqûres, d'engourdis-
sement dans une partie quelconque du corps.
En plus de ces hallucinations, verbales motrices, la malade a
également des impulsions nombreuses. Parfois, elle parle tout
haut malgré elle : une volonté plus forte que la sienne la pousse à
faire des choses qu'elle ne veut pas faire, à sortir, à courir, à
marcher sans cesse, à boire et à manger sans raison. Il lui vient
de mauvaises pensées ; on lui retire sa volonté de faire le bien et
PERSÉCUTÉS AUTO-ACCUSATEURS ET POSSÉDÉS. 441
on la pousse à faire le mal. « Va là, fais cela, » lui dit la voix, et
alors elle se sent poussée à obéir, comme si elle était électrisée.
Elle a beau lutter, cela ne sert qu'à la faire souffrir ; elle se sent
attirée comme si- elle' se sauvait de dessus sa chaise, et elle irait
alors n'importe où. Elle est trop faible pour lutter; elle est do-
minée et n'a plus ses facultés. t
A côté de ces impulsions se trouvent inversement des phéno-
mènes d'arrêt. Quand cette électricité cesse, elle a comme un poids
qui l'anéantit.'On l'empêche de faire ce qu'elle veut, on lui retient
la main dans son travail ; ou lui retire sa pensée; si elle a une
idée, cette idée s'en va et elle reste comme abrutie. Elle craint de
parler parce qu'elle ne sait plus'ce qu'elle dit. Elle se sent des
poids dans le dos, des tiraillements dans les pieds. La femme lui
dit qu'elle est magnétisée, qu'elle a sa pensée et qu'elle lui fera
faire tout ce qu'elle voudra, même tuer quelqu'un. a Malheur ! ré-
pond-elle, je préférerais me faire enfermer. » Et c'est en effet ce
qu'elle a fait, car elle est venue elle-même demander son interne-
ment. Pour une persécutée ce fait vaut, il nous semble, la peine
d'être signalé. ' * ' .
Notons encore des hallucinations génitales et des impulsions à
regarder les hommes.
Toutes ces souffrances sont le résultat du magnétisme par l'élec-
tricité qui fait de la malade « une possédée du mauvais esprit ».
L'explication qu'elle en donne ne laisse pas d'être assez particu-
lière. Elle pense, d'après les dires de ses hallucinations, que l'épi-
cier qu'elle accuse de lui avoir fait des propositions, a soudoyé,
moyennant une somme de 800 francs, un homme et une femme
pour la punir de sa résistance. Elle n'a jamais vu ces personnes,
mais elles sont entrées en communication avec elle par le moyen
suivant. Le jour où, au début de toute l'affaire, elle était allée
acheter son café chez l'épicier, elle lui avait donné une pièce d'un
franc. Elle se rappelle qu'il est sorti à ce moment et. que ce n'est
qu'un instant après qu'il lui a rendu sa monnaie. c Sans doute,
dit-elle, il avait emporté ma pièce'd'un franc pour la donner à
ses agents, afin que, possesseurs d'un objet qui m'avait appartenu,
ils pussent agir sur moi. > La monnaie que l'épicier lui a rendue
était évidemment électrisée. En effet, en rentrant chez elle, elle la
dépose sur sa commode et veut se peigner, mais en portant à sa
tête la main' qui' avait tenu la monnaie, elle ressent comme une
grande secousse ; la communication était établie. ' ,
Pour lui faire ressentir tout ce qu'elle éprouve, l'homme se sert
de la femme comme d'un sujet qu'il fait souffrir pour que la ma-
lade ressente par contre-coup les mêmes souffrances. « Car, dit-
elle, nous sommes deux en une. » Cette femme le lui a expliqué
d'ailleurs : c Quand tu es inerte, je suis inerte comme toi ; quand
tu vois des flammes de feu, c'est qu'on allume des allumettes
442 CLINIQUE MENTALE.
devant mes yeux; si l'on me tue, tu mourras. Moi et toi, cela ne
fait qu'une; quand on me touche, cela te touche. » Parfois la
femme dit : « Je suis lasse », et alors la malade est toute fatiguée.
« Cela lui fait pareil, » et ajoute-t-elle : « C'est absolument comme
si c'était moi qui -l'avais dit. » Pour ses hallucinations génitales,
c'est également par l'intermédiaire de cette femme qu'elle les
ressent; elle se touche et en même temps la malade éprouve des
sensations voluptueuses.
Bien que cette femme soit une misérable de consentir ainsi à
souffrir pour lui faire éprouver les mêmes souffrances, notre ma-
lade ne lui en veut pas trop. Elle ne la connaît pas ; il lui serait
d'ailleurs impossible de la connaître, car elle lui a dit n'avoir
jamais vu le jour. En revanche elle manifeste des idées de ven-
geance contre l'épicier qu'elle rend responsable de tous ses maux.
Elle le prendra par où il l'a prise et lui montrera c ce que l'on
gagne à faire souffrir une femme ».
Au point de vue somatique, la malade se plaint de quelques
symptômes neurasthéniques : fatigue générale, courbature, essou-
flement, faiblesse de jambes, pesanteur de la tête, gonflement de
l'estomac. Les règles sont régulières.
Conformation physique normale. Très légère asymétrie faciale;
lobule de l'oreille adhérent.
PERSÉCUTÉS AUTO-ACCUSATEURS ET POSSÉDÉS. 443
troubles psycho-moteurs : hallucinations motrices, impulsions,
aboulie, phénomènes d'arrêt, accompagnement obligé et sym-
bole d'un dédoublement de la personnalité, tellement évident
chez notre malade qu'il nous semble inutile d'y revenir.
Sans aucun doute de pareils symptômes ne sont pas rares
au cours des délires habituels de persécutions. Toutefois,
nous ferons remarquer qu'ils n'atteignent pas d'ordinaire un
tel développement, et qu'ils ne s'installent pas pour ainsi dire
en maîtres au premier plan pour modifier à un tel point l'aspect
de la maladie '.Lorsqu'on peut faire une pareille constatation,
c'est qu'il s'agit de cas particuliers, semblables à celui que
nous signalons ici.
La nature même des idées délirantes à l'aide desquelles la
malade interprète ces symptômes psychopathiques, ne laisse
pas d'avoir une teinte assez spéciale.
' r Au premier abord 2 on peut croire que l'on a affaire à de
simples idées de persécution, en général assez systématisées,
mais il est à remarquer que ces idées de persécution ont une
teinte spéciale mystique, comme la phraséologie qu'affec-
tionnent ces malades, et traduisent en quelque sorte la con-
trainte qu'ils éprouvent, les troubles de leur personnalité. Ils
attribuent leurs tourments aux sorciers, aux prêtres, à la
théologie sacrée ou démoniaque, s'en prennent aux esprits, au
spiritisme, à la suggestion, se disent ensabbatés », si bien
que par leur teneur et leur fondement psychologique cons-
titué par les différents troubles psychomoteurs énumérés tout
à l'heure, ces idées s'éloignent des idées de persécution habi-
tuelles, et, en tenant compte de la différence due à l'éduca-
tion, au milieu social, se rapprochent au contraire beaucoup
des idées de possession, d'observation fréquente autrefois. »
Cette remarque peut trouver, croyons-nous, un appui dans
le fait que nous venons de rapporter. La malade se dit bien
nettement possédée du mauvais esprit, et, lorsqu'elle explique
les moyens auxquels on recourt pour la faire souffrir, on
retrouve des croyances analogues à celle de l'envoûtement.
C'est en agissant directement sur un être qui ne fait qu'un
' J. Séglas et P. Bezançon. De l'antagonisme des idées délirantes
chez les aliénés : l'attaque et la défense, le bien et le mal; le dédouble-
ment de la personnalité. (Aitit. médic. psch., janv. 1889, p. 22 et suiv.)
(A2 J. Séglas. Variété' psycho-motrice des délires de persécution.
C4 ! Mt. médic. psch. janv. 1893, p. 111.)
444 CLINIQUE MENTALE.
avec elle qu'on arrive à lui faire ressentir par contre-coup des
souffrances absolument identiques. ' '
Ce n'est pas seulement pour le mode d'expression de leurs
idées que ces persécutés méritent à notre avis d'être distin-
gués à titre de variété. Mais ces idées même de possession ne
sont que l'étiquette de troubles psychologiques plus profonds,
en particulier les troubles psycho-moteurs se résumant en' un
dédoublement de la personnalité que l'on ne rencontre le plus
souvent qu'à l'état rudimentaire chez le persécuté ordinaire.
L'évolution même de la maladie peut être assez' différente
de ce que l'on observe habituellement chez le' persécuté. Le
dédoublement delà personnalité aboutissant aux idées' de pos-
session peut ne survenir qu'après une certaine période de
maladie n'offrant guère de symptômes différents de ceux des
délires de persécution habituels.
C'est le cas de notre malade, c'était aussi celui d'un autre
aliéné dont l'observation a été déjà communiquée par l'un de
nous au congrès de Paris et qui résumait fort bien l'évolution
de sa maladie en disant que » ce fut d'abord une. obsession qui
est devenue une possession de l'individu hanté par les
esprits ' D . ' ' z
D'autres fois, les troubles phycho-moteurs, les'altérations
de la personnalité et les idées de possession apparaissent très
vite, presque dès le début de la maladie. Dans la communi-
cation à laquelle nous faisions allusion plus haut, l'un de
nous2 avait signalé ce fait, corroboré par une observation pos-
térieure de M. J. Voisin 3. En voici un nouvel exemple :
La nommée V... se présente à la consultation externe de la Sal-
pêtrière, et nous raconte qu'elle a connu auparavant un amant qui
en la quittant lui aurait dit que, malgré son absence elle serait
toujours en son pouvoir. Cela l'a beaucoup frappée et aujourd'hui
elle en est convaincue. Sa conviction repose sur une série de
troubles intellectuels dont les plus saillants sont des troubles psycho-
moteurs, hallucinations et impulsions. C'est ainsi qu'elle a des hallu-
cinations verbales motrices très accentuées : elle sent parler en elle-
même et sa langue remue malgré elle. Elle a aussi des impulsions
1 J. Séglas. Le dédoublement de la personnalité et les hallucina-
tions verbales psycizo-motrices. (Congrès de médecine mentale de Paris,
1889.)
2 J. Séglas. (4MH. médic. psch., janvier 1893, p. 110.)
1 J. Voisin. (Ann. médic. pysch., mai, juin 1893, p. 440.)
PERSÉCUTÉS AUTO-ACCUSATEURS ET POSSÉDÉS. 445
verbales très nettes; elle se sent forcée de parler malgré sa volonté,
de dire sa pensée avant qu'elle ne. veuille le faire. Elle présente
aussi d'autres impulsions qu'elle exprime en disant qu'on la force
de se lever/de changer de place, d'acheter un revolver, de voyager.
Un jour, elle est 'allée dans une ville de province pour retrouver
son amant,' forcée par lui à distance d'accomplir ce voyage. Lors-
qu'elle est arrivée, elle ne l'a pas reconnu, parce qu'il s'était trans-
formé en une autre personne. De même qu'elle se sent obligée à
accomplir certains actes qui lui sont imposés, de même on l'em-
pêche d'un autre côté de dire ou de faire ce qu'elle veut. C'est ainsi
que, lorsqu'elle parle, elle arrive à dire le contraire de ce qu'elle
pense, de même elle fait le contraire de ce qu'elle avait décidé de
faire.
Ce sont ces phénomènes spéciaux, impulsifs ou d'arrêt, qui ont
marqué le début de la maladie et qui prédominent encore aujour-
d'hui. Elle a de plus des hallucinations auditives : elle entend par
les oreilles des injures prononcées par des voix d'hommes et de
femmes. Elle a aussi des hallucinations génitales.
Tout cela est le résultat de la magie et de la physique que son
amant pratique à distance sur elle à l'aide d'objets lui ayant appar-
tenu et sur lesquels il fait des signes. S'il communique ces objets
à d'autres personnes, elle ressent alors leur influence.
Elle veut se soustraire à cette possession et opposer à ce pouvoir
qui la domine, un pouvoir supérieur qui l'anéantisse. Si nous ne
pouvons pas être de taille à cela, elle ira trouver M. Charcot. Cette
malade est manifestement une débile; elle n'offre 'pas de signes
constatables d'hystérie.
Enfin l'évolution de la maladie- peut ne pas en rester là et
alors elle ne laisse pas non plus d'être parfois assez singulière.
Ces malades peuvent, en effet, suivre deux voies différentes.
« Les uns regardent comme une faveur les symptômes de
possession qu'ils accusaient précédemment. Ils formulent des
idées de grandeur : Dieu, les Esprits parlent par leur bouche;
ils sont inspirés, ils 'prophétisent. Les autres, au contraire,
accusent de plus en plus les atteintes portées à leur personna-
lité individuelle, en arrivent à un véritable délitée de négation
systématisé, différant d'ailleurs comme symptômes et comme
évolution des cas envisagés par Cotard. Ils n'ont plus rien,
plus de sentiments, plus de pensées, plus même d'organes', x
Un fait rapporté par M. Roubinowitch pourrait être regardé
comme un 'exemple du premier genre 2. D'autre part, l'un de
1 J. Séglas. (4 ? Ht. 72 ? ddie.-psycl&., janv. t893, p. 112.)
R Houbinowitch. ( Ibid., p. 98.)
446 CLINIQUE MENTALE.
nous a pu observer deux cas semblables dans lesquels on
pouvait noter un délire de négation et sur lesquels nous ne
reviendrons pas, car ils ont déjà-été présentés aux Congrès de
Paris et de Blois '.
ni
Des observations et des brèves considérations que nous
venons d'exposer, il nous semble résulter que :
Certains aliénés persécutés et nullement mélancoliques
peuvent cependant être auto-accusateurs et présentent des
idées de persécution analogues à celles des mélancoliques,
constituant un groupe mixte, de transition entre ces deux
modalités délirantes.
D'autre part, si, parmi les persécutés, il en est dont la ma-
ladie ne représente qu'un vice de développement intellec-
tuel, qu'une évolution anormale de la personnalité toujours
dans le même sens, il en est d'autres chez lesquelles la maladie
se traduit par une dissociation assez rapide, parfois d'emblée
et toujours très accentuée delà personnalité.
Cette dissociation de la personnalité se trouve en rapport
avec un certain nombre de symptômes qui prennent alors un
grand développement et dirigent même la scène délirante. Ce
sont d'une façon générale les troubles psycho-moteurs (hallu-
cinations motrices, impulsions, aboulie, phénomène d'arrêt).
Aussi en les envisageant à ce point de vue, par opposition
aux persécutés hallucinés sensoriels et aux persécutés raison-
nants, l'un de nous avait-il proposé de ranger ces cas sous le
nom de variété psycho-motrice du délire de persécutions.
Les idées de persécution se modifient d'une façon connexe
et c'est plutôt par des idées de possession que le malade inter-
prète alors les troubles psychopathiques qu'il accuse.
On peut même rencontrer des cas où il en arrive à formuler
un délire de négation systématisé. '
Ces malades, étudiés autrefois sous la dénomination très
vague de délirants mystiques ou de possédés, se distinguent des
mélancoliques possédés ou négateurs, et rentrent dans le
cadre des délirants systématisés primitifs dont'ils ne cons-
tituent incontestablement qu'une variété. Néanmoins, il nous
semble qu'il y aurait intérêt à leur faire une petite place dans
' J. Séglas. (Congrès de Paris, 1889 et congrès de Blois, p. 92. et suiv.)
DE L'HYSTÉRIR EN VENDÉE. 447
ce grand groupe. Car la division la plus habituelle en France
en délirants chroniques et en délirants dégénérés est vraiment
bien sommaire; parmi ces derniers surtout se rangent de nom-
breux cas très disparates entre lesquels il serait certainement
utile à tous les points de vue d'établir un classement.
DE L'HYSTÉRIE EN VENDÉE;
Par le DITERRIE.N.
Si la Vendée a fourni aux historiens tant de pages intéres-
santes, elle offre aux neurologistes un champ d'études abso-
lument remarquable. Sous des dehors rustiques, le paysan
vendéen cache une âme profondément émotive impression-
nable, facile aux suggestions. C'est un névropathe. Les hysté-
riques hommes et femmes se rencontrent à chaque instant,
les neurasthésiques sont légion. Je puis certifier, sans avoir
fait de statistique exacte, que les trois quarts des malades
venant me consulter viennent, pour des troubles nerveux. Si
cette fréquence des névroses chez le Vendéen m'a frappé, un
autre point attirait bientôt mon attention, c'est la facilité avec
laquelle il obéit à la suggestion. Aussi l'hypnotisme, fut-il pour
moi une ressource précieuse dans le traitement de la névrose
hystérique.
Il y a six mois j'avais appelé M. Babinski en Vendée pour un
cas de névrite du plexus cardiaque à forme anormale. Je lui
faisais part incidemment de divers faits relatifs à l'hystérie que
j'avais observés. Ces exemples lui ont paru assez intéressants
pour qu'il me donnât le conseil de rassembler en un fascicule
les nombreux cas de névropathie qui s'étaient présentés et
devaient se présenter à mon observation.
Mon but dans ce travail sera donc d'exposer le résultat de
mes expériences sur le rôle que peut jouer l'hypnotisme dans
les maladies nerveuses, en particulier dans l'hystérie. J'es-
saierai de démontrer : 1° que l'hypnotisme est une excellente
méthode de traitement des accidents hystériques : paralysies,
contractures, spasmes, etc., chez les sujets hypnotisables;
2° Que chez les sujets non hypnotisables on doit avoir
recours à la suggestion à l'état de veille, qui fournit d'excel-
448 ' CLINIQUE MENTALE.
lents résutats, en donnant aux divers traitements employés
une vertu, une efficacité qu'ils n'ont pas sans elle;
3° Que si l'efficacité de l'hypnotisme est telle dans l'hystérie,
en revanche elle n'est d'aucun secours 'dans le traitement des
autres névroses, a fortiori des affections organiques, que, si
un résultat est obtenu, il n'est qu'absolument transitoire, mo-
mentané ; que, si parfois on constate une amélioration persis-
tante, c'est que ces névroses ou affections organiques ne sont
pas seules, que l'hystérie s'y trouve associée et que c'est l'effa-
cement de ces troubles hystériques qui, en améliorant le sujet,
a fait croire à l'action bienfaisante de l'hypnotisme sur diverses
maladies.
Comme on le voit, contrairement à ce que soutient l'Ecole
de Nancy, et conformément aux doctrines de la Salpêtrière,
je suis d'avis qu'il existe d'étroites relations entre l'hystérie et
l'hypnotisme.
En ce qui concerné le rôle de l'hypnotisme en thérapeutique
je partage la manière de voir de M. Babinski, qui, dans plu-
sieurs mémoires' a démontré que l'hypnotisme ne peut avoir
d'action thérapeutique que sur les manifestations de l'hystérie;
4° J'essaierai en dernier lieu d'expliquer la fréquence des
affections névropathiques en Vendée. Est-elle due à l'alcoo-
lisme ? Aux mariages consanguins si nombreux ? Faudra-t-il
penser également que l'hystérie se développe plus facilement
dans un pays neuf, primitif, superstitieux à l'excès ? Sont-ce
ces trois causes réunies ? -
CHAPITRE PREMIER
HYSTÉRIE CHEZ LES ENFANTS HYPNOTISABLES. GUÉRISON DES-
ACCIDENTS HYSTÉRIQUES PAR L'HYPNOTISME
Observation I. Aphonie. Astasie et abasie. Anorexie, spasme
hystérique. Durée quatre mois. Guérison. (Une séance.)
B..., dix-neuf ans, mère et tante nerveuses, plusieurs soeurs hys-
tériques. Dès son bas âge, cette jeune fille fut sujette à des actes
1 Voir : Hypnotisme et Hystérie. Du rôle de l'hypnotisme en thérapeu-
tique. Leçon faite à la Salpêtrière, par J. Babinski. (Gazette hebdoma-
ctaire de médecine et de chirurgie, juillet 1891.)
Voir aussi : Association de l'hystérie avec les maladies organiques du
DE L'HYSTÉRIE EN VENDÉE. 449
de somnambulisme, se levant la nuit et vaquant à toutes sortes
d'occupations dont le matin à son réveil elle n'avait aucun sou-
venir. A plusieurs reprises elle eut des attaques de sommeil
variables, comme'durée, de quelques heures à plusieurs jours. Il y
a deux ans environ, à la suite d'une vive émotion, elle tombe à
terre. On la, relève.. Elle ne peut plus se tenir debout et elle est
sans voix. Elle se fait comprendre seulement par signes et par
le mouvement des lèvres. Il lui est impossible également de dé-
glutir. Le liquide semble trouver dans l'arrière-cavilé buccale une
barrière, un spasme qui l'arrête, lui ferme la routé. Inutile d'ajou-
ter que ne pouvant se tenir' debout, quoique non paralysée, elle
ne pouvait marcher. Elle était donc aslasique et abasique. Et ici,
comme oh peut en juger; l'astasie et l'abasie n'existaient pas,
comme c'est la règle, à l'état de monosyndrome. On voit l'aphonie
et l'anorexie coexister. On verra plus loin que d'autres stigmates hys-
tériques les accompagnent. Malgré les traitements multiples em-
ployés, l'état était toujours resté le même depuis quatre mois, la
malade s'affaiblissant de plus en plus par le défaut d'alimentation.
C'est alors que, mon confrère qui depuis le début donnait ses soins
à cette malade me fit appeler. Je trouvai une jeune fille pâle, amai-
grie, je trouvai une famille en pleurs; c'était en effet pour elle
une consultation in ea;h'e<7 ! M,leur enfant leur semblant vouée aune
mort certaine, et presque imminente. Avec les renseignements
donnés par le confrère et que j'ai signalés plus haut, après un
examen rapide du sujet, le diagnostic fut vite établi. Les troubles
de la sensibilité, hémianesthésip sensitivo-sensorielle droite, cette
aphasie absolue (aphonie) sans agraphie, sans surdité verbale, ni
cécité verbale, l'anorexie, le spasme, tout cela rentrait bien dans
le cadre de l'hystérie. Les troubles moteurs eux-mêmes, astasie et
abasie, la malade pouvant dans son lit mouvoir ses jambes en tous
sens et déployer une force presque normale, quand, la jambe étant
en flexion, on essaie .d'empêcher, son extension et, malgré cela,
s'affaissant aussitôt quand on veut la maintenir debout, ces troubles
moteurs, dis-je, se rattachaient bien à l'hystérie, l'astasie et l'abasie
étant des phénomènes purement hystériques ainsi que l'a proclamé
Charcot et son interne Blocq dans son travail sur cette affection.
La disparition subite du mal par l'hypnotisme nous démontrera
bien du reste qu'on a raison d'en faire un syndrome hystérique.
Je consolai alors malade et parents en leur faisant entendre que
la guérison était certaine, peut-être immédiate. J'endors notre
jeune hystérique. Je lui recommande de manger, de parler, de se
lever et de marcher. A son réveil, elle demande à haute voix et
système nerveux, les névroses et diverses autres affections, par J. Ba-
bilisizi. (Bulletins et Mémoires de la Société médicale des hôpitaux de
Paris, 11 nov. 1892.) ,
Archives, t. XXVI. 29
450 CLINIQUE MENTALE.
sans bégaiement qu'on lui donne à boire. Elle boit, s'échappe brus-
quement de son lit, marche, se met à table, criant la- faim. Au
bout de quelques instants tous les phénomènes hystériques avaient
disparu, sauf peut-être les troubles de la sensibilité que je n'ai
pas songé à étudier. Et la jeune fille put recevoir à la porte son
curé mandé en même temps que moi etvenu pour lui donner sa der-
nière bénédiction. La surprise fut grande; dirai-je qu'on me remer-
cia ? Non. On crut à une intervention diabolique, sans doute, car on
m'a fort mal accueilli le lendemain, et je sais, qu'on ne m'a pas
encore pardonné d'avoir guéri la jeune fille, dont la santé pourtant
s'est maintenue excellente depuis deux ans.
Observation II. Hystérie mâle chez un jeune garçon de treize ans .'
10 Hyperesthésie, parésie, contracture datant de cinq mois. Gué-
rison (une séance) ; 2° Chez le même enfant : Paralysie hystéro-
traumatique datant de un mois. Guérison (une séance).
G..., treize ans, père hystérique, mère nerveuse, présentant de-
puis cinq mois de vives douleurs dans les deux jambes. Il avait la
sensation d'épingles s'enfonçant dans les chairs. Le moindre con-
tact, le moindre frôlement était douloureux, la marche était dès
lors impossible. Car, outre cette hyperesthésie, on constatait un
certain degré de parésie et les membres inférieurs restaient tou-
jours en demi-flexion. Appelé dès le début des accidents, je cons-
tatai, en outre des phénomènes décrits plus haut, de l'anesthésie du
pharynx et un rétrécissement concentrique assez notable du champ
visuel. C'était donc bien de l'hystérie.
Craignant que les parents ne veuillent accepter l'emploi du
traitement par l'hypnotisme et me rappelant les bruits fâcheux,
les déboires que ma première cure avaient fait naître, j'usai de
l'hydrothérapie, du valérianate d'ammoniaque, etc.
Aucune amélioration ne se produisant après cinq mois d'un
traitement suivi, je résolus, quand même, d'en venir à l'hypno-
tisme. Bien en prit au malade et aux parents du malade d'avoir
accepté cette médication, car l'enfant amené dans mon cabinet,
soutenu par des béquilles ou plutôt par ses parents, sortait après
une séance de quelques minutes, en courant de toutes ses forces,
sans douleurs aucunes. La parésie, l'hyperesthésie, la contracture
tout avait disparu. Il avait suffi d'une simple suggestion pendant
un sommeil qui n'a pas duré plus de cinq minutes. Cinq ou six
mois après, ce même enfant, travaillant près de la ferme qu'il
habitait, se heurte dans une pierre et tombe. Il se relève, mais il
est paralysé de la main droite. Croyant à une fracture, vite on le
conduit chez le rebouteur ou médecin du village, comme on l'ap-
pelle dans le pays. Le médecin improvisé fait quelques manoeuvres,
déclare qu'il y a fracture, et malgré ses soins les doigts restent
DE L'HYSTÉRIE EN VENDÉE. 451
toujours immobiles. Au bout de un mois, on songe à venir me
consulter. Il n'y avait jamais eu de fractures, mais en revanche il
existait une paralysie hystéro-traumatique avec anesthésie du
membre jusqu'au coude. J'endors en quelques secondes le malade,
je lui ordonne de me serrer la main, qu'il le peut, qu'il n'est plus
paralysé, qu'il est guéri, qn'il va pouvoir écrire. De mon cabinet
il court à l'école qu'il venait de quitter le bras en écharpe, et
au grand étonnement de son professeur, il écrit avec la même
aisance, la même facilité qu'autrefois. Depuis cette époque, il n'a
présenté aucun accident nerveux. -
A propos de ce dernier cas, il me semble utile de faire remar-
quer, comme l'a fait tant de fois mon maître M. le professeur
Charcot, le rôle que joue la suggestion dans l'éclosion des acci-
dents hystériques : paralysie, contracture, etc. C'est une loi chez
le paysan vendéen que la fracture entraîne l'impuissance, la para-
lysie du membre. Vous êtes fracturé d'un bras, vous ne pouvez
plus remuer les doigts. Or voici comment les parents du malade
m'ont raconté la scène. Je cite à peu près textuellement. Voyant
l'enfant tomber lourdement à terre, sa mère lui crie : « Malheu-
reux, tu t'es cassé le bras. Tiens, tu ne dois pas pouvoir remuer les
doigts. » L'enfant essaye, en effet, et ne peut imprimer aucun mou-
vement à la main. N'est-ce pas du reste à peu près le langage que
l'on tient à une hystérique chez qui on essaie de provoquer une para-
lysie hystéro-traumatique.
J'ai une malade, une hystérique ; sans la mettre en état de som-
nambulisme, sans préparation aucune, je lui frappe sur l'épaule et
lui dis qu'elle ne peut plus faire mouvoir son bras; aussitôt il lui est
impossible d'imprimer le plus léger mouvement. Dans le cas qui
nous occupe, l'enfant persuadé qu'il s'est fait une fracture, puisque
sa mère le lui dit, se persuade aussitôt qu'il est paralysé des doigts
et de la main; l'idée de fracture, entraînant l'idée d'impuissance
fonctionnelle, et la paralysie psychique est produite. Seulement
dans ce cas la paralysie s'est produite plus rapidement que M. le
professeur Charcot ne l'indique. Elle fut immédiate. Il est vrai que
là la suggestion directe est venue aider l'autosuggestion. Le malade
n'a rien présenté d'anormal depuis cet accident, c'est-à-dire depuis
six mois.
Observation III. Hyperesthésie plantaire. Douleurs téi,ébi,ai2tes
dans les membres inférieurs. - Faiblesse musculaire. Guérison
par hypnotisme (une séance).
C'est le père de l'enfant cité plus haut. Aux deux genoux, à la
jambe droite tout entière, il éprouvait de vives douleurs lui rendant
le sommeil difficile. La marche, à cause d'une hyperesthésie plan-
taire, ne se faisait qu'avec peine, d'autant qu'il existait une faiblesse
432 CLINIQUE MENTALE.
musculaire très marquée dans les deux membres inférieurs. Quant
aux douleurs, ce sont, disait-il, des aiguilles qui s'enfoncent dans
mes chairs et me forcent à crier. J'examine le malade. Rien qui
m'indique les troubles ataxiques, sauf les douleurs; tout, au con-
traire, révélait l'hystérie, rétrécissement du champ visuel, quoique
peu notable, anesthésie pharyngienne et enfin l'histoire du fils
venant encore éclairer le diagnostic. C'était un hystérique. Je l'en-
dors très facilement. Je lui déclare qu'il ne souffrira plus, qu'il
marchera sans douleurs, qu'il est guéri. En effet il s'écria à son
réveil qu'il ne souffrait plus. Mais, ajouta-t-il, je n'ai pas de forces
dans les jambes. J'avais en effet oublié dans la suggestion ce
détail, tout avait bien disparu, sauf l'asthénie motrice. Il fallut
l'endormir à nouveau. Et tout revint dans l'ordre. Voilà six mois
que la guérison a eu lieu, et j'ai appris qu'il éprouvait seulement
de temps en temps et à de rares intervalles, quelques douleurs
fugitives dans les membres.
Observation IV. Vomissements hystériques datant de six mois.
Guérison (deux séances.)
Eugénie J... treize ans. Mère neurasthénique, père légèrement
alcoolique. A depuis six mois des vomissements presque continuels.
A peine l'aliment est-il ingéré qu'il est aussitôt rejeté. Plusieurs
confrères lui avaient donné leurs soins, et cela sans résultat. La
malade vomissait toujours autant. C'est alors qu'on vint me con-
sulter. Je vis une jeune fille bien constituée, ne présentant, malgré
ses troubles dyspeptiques, qu'un léger degré d'amaigrissement peu
en rapport avec un défaut d'alimentation aussi prolongé. Je cons-
talai un peu de chlorose; de douleurs, nulle part, pas même à la
région épigastrique. Insomnie fréquente, sommeil troublé par des
rêves terrifiants, caractère irritable.
Rétrécissement concentrique du champ visuel. Pas de troubles de
la sensibilité générale. Ces vomissements continuels sans douleurs
et sans amaigrissement de la malade, le rétrécissement du champ
visuel, en l'absence d'autres stigmates, m'ont suffi pour que je
porte le diagnostic : hystérie.
C'était bien en effet de vomissements hystériques dont il s'agis-
sait, car j'endors l'enfant en deux ou trois minutes, et je lui com-
mande de ne plus vomir. Quinze jours après la mère, sur mon ordre,
la ramena. L'enfant allait mieux. Deux ou trois vomissements seu-
lement avaient eu lieu. Nouvelle séance, même suggestion. Et notre
malade n'a jamais rien éprouvé depuis. Toutefois il y a un mots,
c'est-à-dire un an après la guérison que je viens d'indiquer, la
jeune fille eut un vomissement. On me la ramena aussitôt, craignant
le retour de la maladie. Nouvelle séance d'hypnotisme. Ce vomis-
sement ne s'est pas reproduit.
DE L'HYSTÉRIE EN VENDÉE. 4S3
Observation V. Grande hystérie avec crises convulsives. Con-
tractures, surdité, cécité. Douleurs ovariennes. Guérison.
Demoiselle Br..., vingt-deux ans. Mère très nerveuse, père très
vif, frère hystérique avec crises convulsives. Jusqu'à l'âge de seize
ans, n'avait présenté aucun trouble nerveux, quand, à la suite d'une
vive contrariété au sujet d'un mariage, elle fut prise d'accès con-
vulsifs avec hallucinations, etc.. Après un séjour d'un an dans une
maison de santé, elle redevint calme. D'après les renseignements
que la malade, très intelligente, a pu me donner, ou eut souvent
recours à l'hypnotisme pour faire cesser certains troubles qu'elle
présentait : anorexie, contractures, surdité, etc.
Il y a trois mois environ elle fut prise de douleurs atroces dans
la région ovarienne gauche. Douleurs à la tête, insomnie, vomis-
sements, anorexie. Appelé près de cette malade que je voyais
pour la première fois, je constatai tous les stigmates de l'hystérie :
hémianesthésie sensitivo-sensorielle droite, rétrécissement concen-
trique énorme du champ visuel, amaurose à gauche. J'endors la
malade par un simple commandement. Dans une seule séance je
puis faire disparaître la douleur ovarienne, la céphalée, l'anorexie.
Elle n'attendit même pas son réveil, pour prendre de la nourriture.
C'est les yeux absolument clos qu'elle va elle-même chercher le pain,
le vin, un verre, etc.. et tous ces mouvements sont exécutés avec
une sûreté, une précision admirable.
Cette jeune demoiselle, le plus beau sujet hystérique hypnoti-
sable 'que j'aie jamais rencontré malgré un séjour de six années
dans des hôpitaux spécialement affectés aux maladies nerveuses,
posséderait à un suprême degré ce que l'on appelle la vision à dis-
tance. Un jour qu'elle était couchée, malade dans son lit, elleaurait
raconté dans tous ses détails à sa soeur, le voyage que faisait en ce
moment sa mère, lui disant l'argent qu'elle avait emporté, les per-
' sonnes qu'elle avait rencontrées dans le cours de ce voyage, les
cadeaux qui lui étaient faits (deux rosiers ayant chacun une rose
épanouie). Quand la mère rentra, la soeur ne put s'empêcher de
rire en voyant à la gare d'arrivée sa mère portant les deux rosiers.
à la main, et en lui entendant raconter toutes les péripéties d'un
voyage qu'elle connaissait déjà.
Il m'est, il est vrai, impossible de garantir l'exactitude de ce fait,
que je mentionne sous toutes réserves.
Cette jeune fille obéit d'une façon remarquable à la suggestion.
Une contracture se produit-elle ? et cela a eu lieu il y a quelques
jours, la malade cherchant à railler un pauvre homme difforme
qui avait la tête penchée sur l'épaule, elle est prise immédiatement
à son tour de la même difformité. Une courte séance d'hypnotisme
redresse le cou de notre jeune hystérique, qui en raillant notre
homme avait fini par copier sa difformité, son sterno-mastoïdien
4S4 CLINIQUE MENTALE.
s'étant subitement contracture. Un autre jour devient-elle sourde ?
On l'endort, on lui fait lire un papier où l'on a écrit * qu'elle
entend » et la surdité s'efface aussitôt. L'amaurose à gauche est plus
tenace. On la fait disparaître, mais elle se reproduit quelques jours
après. J'en aurais long à dire sur cette hystérique; mais je suis
obligé de me borner pour ne pas donner trop d'étendue à ce travail.
Observation VI. Gastralgie. Vomissements.
Asthénie motrice. Guérison (deux séances).
Femme N..., quarante-cinq ans, a une longue histoire patholo-
gique. Paraplégique à trente ans, fut traitée pour une affection
médullaire. La paraplégie dura deux ans. Quelques années plus
tard, c'était une rétention d'urine, avec douleurs vésicales, troubles
qui persistèrent pendant près d'un an. 11 y a quatre mois d'autres
phénomènes apparurent. Ce fut une douleur vive, persistante
dans la région épigastrique et la région dorsale, avec anorexie,
vomissements.
Son médecin crut probablement à une affection organique grave
de l'estomac, car la malade fut mise au régime exclusivement
lacté, et le pronostic d'incurabilité probable avait été porté.
Le lait n'étant pas plus supporté que toute autre nourriture, on
me fit appeler. Les antécédents de la malade, l'histoire de cette
paraplégie, de ces troubles de la vessie me firent penser aussitôt à
l'hystérie. L'examen direct me confirma dans mon diagnostic.
Anesthésie pharyngienne, diminution de la sensibilité à gauche,
rétrécissement concentrique notable du champ visuel, sensation de
boule lui montant à la gorge.
J'en avais assez pour voir que c'était bien a des troubles hysté-
riques que j'avais affaire. J'endors la malade. Je lui enlève aussitôt
par la suggestion l'anorexie, le vomissement, la douleur épigas-
trique. L'asthénie motrice, que j'avais un peu laissée de côté,
existait encore, mais plus faiblement, de même la douleur à la
région dorsale et lombaire. Le surlendemain, je lui fais une nou-
velle suggestion. Et la malade reprenait son travail dans les
champs, mangeait les aliments les plus indigestes, et cela sans
éprouver les moindres troubles dyspeptiques.
L'histoire pathologique de cette malade montre une fois de plus
quelles grosses erreurs les hystériques peuvent faire commettre
aux médecins peu versés en neuropathologie : voilà une malade
condamnée pour myélite, jugée sérieusement compromise pour
une cystite chronique, vouée à une mort certaine pour une affec-
tion cancéreuse de l'estomac et qui n'a jamais rien eu autre chose
que de l'hystérie, affection gênante, qui persiste, mais qui ne tue
jamais, et dont il est facile par l'hypnotisme d'enlever les accidents
qu'elle peut produire.
DE L'HYSTÉRIE EN VENDÉE. ,455
On ne devrait jamais oublier que l'hystérie peut simuler toutes
les maladies, les copier, si je puis parler ainsi, points par points,
et si l'on n'a pas soin de rechercher quelques-uns des stigmates de
l'hystérie (car il en existe presque toujours), on est exposé à com-
mettre de grosses erreurs, très préjudiciables au malade qu'on a
alarmé inutilement.
Observation VII.
Demoiselle Maq..., vingt-cinq ans. Mère alcoolique, soeurs
très nerveuses, vint un jour à mon cabinet; elle était aphone et
avait une paralysie du bras droit. Après la constatation des prin-
cipaux stigmates de l'hystérie j'endors la jeune fille et lui enlève
instantanément sa paralysie du membre. La voix revient aussitôt;
elle parle avec la même netteté qu'auparavant. Les accidents
remontaient à huit jours. Ces accidents se reproduisirent plusieurs
fois, je les fis disparaître à chaque fois avec la même facilité'.
Observation VIII. Aphonie survenue à la suite d'une chute
sur le genou chez un garçon de onze ans. Guérison.
X..., onze ans. Mère très nerveuse, père congestif, n'avait
jamais rien présenté d'anormal ; son caractère était doux, patient.
La santé physique était excellente. Son père meurt subitement en
descendant du train, frappé d'apoplexie. Le caractère de l'enfant
change aussitôt. Il est devenu triste, pleure à chaque instant et
sans motif. Quelques jours plus tard il fait une chute sur le genou.
La chute n'était pas grave, une simple ecchymose, c'était tout. Ce
fut pourtant suffisant pour amener les premières manifestations
d'un mal qui aurait pu éclater bien plus tard et peut-être jamais.
Les émotions causées par la mort de son père avaient préparé
l'hystérie, la chute la fit apparaître.
Le soir de la chute il perdit la voix complètement, sans perdre
connaissance, sans éprouver rien d'anormal en dehors de cette
aphonie ; on remarqua toutefois un certain degré d'amnésie. Quand
on le conduisit dans mon cabinet, l'aphonie avait disparu, il ne
restait plus qu'unesorte de bégaiement, ce bégaiement qui termine
souvent ce phénomène nerveux. Outre ce bégaiement, je constatai
que la mémoire était encorebien diminuée et une sorte d'hébétude
se peignait sur son visage.
Cette simple chute sur le genou avait donc eu de très singulières
conséquences, puisqu'elle rend d'un seul coup l'enfant amnésique.
Il perd la mémoire des mouvements coordonnés des lèvres et de la
' Elle fut atteinte il y a quelques jours de cécité, que fit disparaître, dans
une courte séance d'hypnotisme, mon excellent ami le D' Guibert médecin
oculiste, qu'elle était allée consulter dans cette circonstance.
li56 CLINIQUE MENTALE.
langue, nécessaires pour l'articulation des mots (il est aphone) et
cette amnésie s'étend également sur presque toutes ses connais-
sances acquises. Il a perdu le souvenir. Sa mère n'a pas su me dire
s'il aurait pu écrire, calculer; elle ne le croit pas, car son intelli-
gence s'était subitement obscurcie. Quel traitement a-t-on fait
suivre à ce malade. On lui avait appliqué, nous dit la mère, quel-
ques sangsues. Pourquoi ? On avait sans doute cru à une lésion
organique. Et pourtant c'était bien l'hystérie qui était en jeu, car
outre cette aphonie qui n'existe ainsi marquée que dans l'hystérie,
aphonie survenant sans perte de connaissance, après un choc léger,
je constatai un rétrécissement concentrique notable du champ
visuel, une diminution de la sensibilité du côté gauche, et un peu
d'anesthésie pharyngienne. Quelle conduite devais-je tenirdans
la circonstance ? Il était probable que tout allait bientôt rentrer
dans l'ordre. Pourtant je voulais voir si l'hypnotisme pouvait faire
cesser immédiatement ces bégaiements, et ce qu'il pouvait faire
sur l'amnésie. Le résultat fut très heureux, car quelques jours
après on m'apprenait que l'enfant était complètement guéri de
son bégaiement, et que la mémoire lui était revenue.
Cette observation offre un certain intérêt, car ces cas d'amnésie
hystéro-lraumalique doivent être rares !
Observation IX. Agoraphobie chez une hystérique durant
depuis cinq ans. Guérison (deux séances).
Ch. ? quarante ans, hérédité chargée. Père, mère très ner-
veux, tantes et oncle également nerveux. Tous les enfants de cette
femme présentent des signes manifestes de la névrose hystérique.
Depuis cinq ans la femme Ch. ne pouvait plus quitter la chambre.
A peine essayait-elle de franchir le seuil de sa maison, qu'elle était
prise de suffocation, surtout quand elle rencontrait quelqu'un. Les
jambes fléchissaient, se dérobaient sous elle, il lui était impossible
d'aller plus loin. Aussi restait-elle toujours renfermée dans sa
chambre. Mais là elle ne pouvait rester seule, il lui fallait près
d'elle un membre de sa famille, son mari ou un de ses enfants,
sans cela les mêmes étouffements, les mêmes suffocations se pro-
duisaient. Elle avait donc peur de la foule, et peur de l'isolement,
agoraphobie et claustrophobie. A quoi rattacher ces phénomènes
que je viens de décrire ? Existait-il chez cette femme de la dégéné-
rescence mentale ? Etait-ce une hystérique, que j'avais devant moi ?
C'était bien certainement une hystérique car elle présentait des
troubles de la sensibilité générale et sensorielle : perte du goût,
rétrécissement du champ visuel, plaque hystérogène sous le sein
gauche. D'un autre côté, pas de signes physiques de dégénérescence,
tête à conformation normale, quoique front un peu fuyant. J'en-
dors la malade et, par la suggestion pratiquée deux jours consé-
DE L'HYSTÉRIE EN VENDÉE. 457
cutifs, j'arrive à lui faire quitter sa maison, à se rendre à l'église
où elle n'était pas allée depuis cinq ans et cela sans éprouver le
plus léger malaise.
Dans une troisième séance j'ai essayé de lui enlever les suffoca-
tions qu'elle éprouvait quand elle était seule dans sa maison. Cette
séance, n'a pas suffi; malheureusement je n'ai pas été appelé de
nouveau et les choses en sont restées là. La malade peut vaquer à
ses occupations au dehors, mais chez elle il lui faut un de ses en-
fants ou son mari. Si j'avais continué il est probable que la claus-
trophobie, comme l'agoraphobie, aurait cessé. Cette agoraphobie
n'a pas reparu depuis. Maintenant à quoi rattacher ces différents
phénomènes, cette agoraphobie guérie si facilement par l'hypno-
tisme ? M. Babinski dans une relation analogue se demande si l'ago-
raphobie ne peut pas être un syndrome de l'hystérie. J'accepterais
volontiers pour ma part cette opinion. Pour cela je m'appuie sur
la facilité avec laquelle j'ai pu effacer par l'hypnotisme un phéno-
mène aussi tenace, puisqu'il durait depuis cinq ans. On trouve bien
chez les dégénérés des craintes de peurs à peu- près analogues.
Mais chez les dégénérés ces peurs résistent à l'hypnotisme. J'ai eu
l'occasion de donner mes soins à un dégénéré non hystérique qui
ne pouvait entendre le tambour sans être pris d'un accès violent
de suffocations, sans pousser des cris affreux, sans se trouver mal.
Je l'ai endormi plusieurs fois (il ne présentait aucun stigmate de
l'hystérie) je n'ai jamais pu atténuer ces peurs, même faiblement.
L'agoraphobie, selon moi, peut être un signe de dégénérescence
mentale, mais là l'hypnotisme n'y fait rien, elle peut être un signe
de l'hystérie, et là l'hypnotisme au contraire produit d'excellents
résultats puisqu'elle peut amener la cessation du phénomène.
Ainsi les troubles psychiques dus à l'hystérie sont presque toujours
améliorés par la suggestion. L'aliéné, au contraire, ne verra jamais
son délire tomber sous l'influence de l'hypnotisme.
Observation X. Perversion du goût et de l'odorat chez une hys-
térique. Guérison par l'hypnotisme.
Je dirai deux mots de cette malade qui me fut présentée un jour
par sa maîtresse. Elle n'était pas souffrante, mais on craignait de
la voir s'empoisonner. Elle ne pouvait verser du pétrole dans la
lampe sans être portée à en boire. C'était une obsession qui la
poursuivait sans cesse et qui la fatiguait. Elle sentait elle-même
qu'elle finirait par succomber. Cirait-elle le parquet ? quelque
chose la poussait à manger cette cire. C'était donc pour lui enlever
ces idées qui pouvaient un jour lui être si funestes qu'on me
l'amena. L'examen direct de la maladie me fit porter le diagnostic :
hystérie avec perversion du goût, idées impulsives. J'endors la
malade et dans une séance de cinq minutes je fais disparaitre
458 CLINIQUE MENTALE.
immédiatement les troubles psychiques. Je lui enlève trop bien
même, puisqu'au lieu d'aimer l'odeur de pétrole et la saveur de
la cire, elle ne pouvait supporter ni l'une ni l'autre. C'était main-
tenant du dégoût, de la répulsion; c'était tombé dans l'excès con-
traire. Il a fallu l'endormir nouveau pour substituer l'indifférence
à l'aversion et lui permettre de manier ces deux substances sans
se trouver indisposée ainsi que cela s'était produit après la pre-
mière séance. J'ai dit plus haut que c'était une hystérique, elle
avait un rétrécissement du champ visuel considérable, la boule
nerveuse lui montant à la gorge et l'étouffant, une diminution de la
sensibilité à droite, etc. Pas de signe de dégénérescence ni de dé-
bilité mentale. Ces troubles psychiques je les rapporte à l'hystérie.
Or, on a pu voir combien la suggestion est efficace, quand elle
attaque l'élément hystérique.
Je pourrais citer bien d'autres exemples. Ceux-ci suffiront, je
crois, pour montrer l'action puissante de la suggestion pendant le
sommeil hypnotique sur les accidents dus à l'hystérie. Chez un
sujet hypnotisable, et ils le sont presque tous en Vendée, les résul-
tals ont toujours été complets, immédiats et durables.
CHAPITRE II
hystérie CHEZ DES SUJETS NON HYPNOTISABLES OU QUI refusent
d'être hypnotisés. guérison DES accidents hystériques
par la suggestion A l'état DE veille.
Tous les hystériques ne sont pas, on le sait, hypnotisables.
D'autres le seraient peut-être, mais refusent de se laisser en-
dormir. Chez ces malades quel traitement employer ? Encore
la suggestion ; suggestion à l'état de veille. Je montrerai par
quelques exemples qu'il vaut parfois mieux donner un verre
d'eau colorée à une hystérique pour faire disparaître des acci-
dents tels que l'anorexie, les vomissements, les contractures,
les paralysies, en lui disant que ce liquide la guérira, que
d'employer l'électricité, l'hydrothérapie, etc., etc.. sans dire
qu'à ce mode de traitement est attachée une guérison certaine.
Observation I. Vomissements hystériques. Guérison par eau
colorée avec suggestion à l'état de veille.
Demoiselle G..., vingt-deux ans, domestique, était prise de vo-
missements depuis trois semaines. Elle ne pouvait même pas
DE L'HYSTÉRIE EN VENDÉE. 459
garder quelques cuillerées d'eau ou de lait. L'estomac rejetait tout.
Je recherche et trouve quelques stigmates qui me fixent aussitôt
sur la nature de ces vomissements. Rétrécissement léger du champ
visuel. Plaques hystérogènes sous le sein droit. -Anesthésie
pharyngienne. Hystérie. Je veux endormir la malade qui s'y
refuse. Je vais alors préparer une potion avec de l'eau dans laquelle
j'ajoute un peu de carmin pour la colorer. Je déclare à la malade
que, dès la première cuillerée qu'elle supportera fort bien, du reste,
elle n'aura plus aucun vomissement, qu'avec cette potion elle ne
peut plus vomir. Quelques jours après je revoyais sa maîtresse qui
me remerciait du soulagement apporté à sa bonne. Après la pre-
mière cuillerée de la potion elle avait été radicalement guérie,
mangeant d'un bon appétit et n'avait pas eu un seul vomisse-
ment. ,
Observation II.
G..., trente ans, mère très nerveuse, soeur nerveuse, père con-
gestif, souffrant depuis trois mois d'une gastralgie intense empê-
chant toute alimentation; elle vomissait tout, les médicaments
devaient être administrés en lavements. La malade s'affaiblissant
tous les jours, ne pouvant plus se tenir debout, obligée de garder
le lit à cause de son extrême faiblesse, on me fit appeler. Je trouvai
une femme émaciée, à la physionomie triste, indiquant la souf-
france, dépression mélancolique. Je crus d'abord à la neurasthénie,
en raison de cet amaigrissement considérable, si peu commun
chez l'hystérique même soumis à un jeûne prolongé. Mais les stig-
mates hystériques existaient : anesthésie du pharynx, sensibilité
diminuée à droite, ovarie à gauche et à droite, plus marquée à
gauche. J'en avais assez. C'était de l'hystérie. C'était de l'anorexie
hystérique, des vomissements hystériques. Je ne crus pas devoir
demander à la malade la permission de l'endormir, sachant
d'avance qu'elle s'y refuserait. Ce procédé « diabolique » devait
répugner à une jeune fille que je savais très dévote. Je me con-
tentai alors de la suggestion à l'état de veille. Parmi les médi-
caments donnés par mon confrère j'en choisis un « Elixir Grez »
resté presque intact, la malade ne pouvant le supporter. Je lui
fis remarquer que, pris de la façon que je lui indiquais, elle le
supporterait à merveille, qu'elle ne le vomirait pas, qu'elle ne
pouvait pas le vomir et qu'il devait l'empêcher de vomir.
Trois jours après, je revins voir la malade dont la physionomie
avait déjà changé. Elle n'était plus aussi triste, elle espérait guérir
maintenant, car elle n'avait pas eu un seul vomissement et com-
mençait à prendre un peu de bouillon et de vin. L'amélioration
continuait quand son père tombait frappé d'apoplexie, et mourait.
Les douleurs, les vomissements reparurent. Je lui prescrivis un mé-
dicament quelconque très anodin, de l'eau avec un peu de sirop
460 CLINIQUE MENTALE.
'd'écorces, mais en ayant soin de renouveler la suggestion. Le ré-
sultat fut parfait, car la malade se porte assez bien aujourd'hui,
mange d'un bon appétit, vaque aux occupations du ménage et a
repris de l'embonpoint.
Observation III. Hystérie. Parésie des jambes. Toux.
Hémoptysie. Anorexie. Enrouement allant presque jusqu,à
l'aphonie. Guérison par autosuggestion. (Lourdes.)
Si je rapporte cette observation, ce n'est pas parce que je compte
à mon actif cette guérison : non, puisque c'est Lourdes qui l'a pro-
duite. Je la cite pour montrer que l'autosuggestion qui n'est autre
chose que la suggestion faite par la personne sur elle-même, sug-
gestion qui produit si bien les paralysies, contractures, peut égale-
ment les faire disparaître. Je veux aussi me servir de cet exemple,
pour bien faire voir les erreurs que l'hystérie fait souvent com-
mettre même aux médecins qui se prétendent versés dans les
études de la neuropathologie.
Voilà une jeune fiiIeP...,vingtetun ans, que j'ai soi"néeil y a trois
ans d'une pleurésie à gauche avec épanchement; guérie de sa pleu-
résie, elle conserve une toux opiniâtre, crache le sang fréquemment,
n'a pas d'appétit, dépérit à vue d'oeil. Bientôt elle ne peut plus se
tenir sur les jambes et il lui faut marcher à l'aide d'un bâton; de
plus enrouement très prononcé allant jusqu'à l'aphonie. Les anté-
cédents de la malade (pleurésie avec épanchement) et enfin tous
ces caractères que je viens de tracer me font porter un pronostic
très grave, puisque, malgré l'absence de signes stéthoscopiques, je
crois à la phtisie, le diagnostic ne semblait-il pas, du reste, jus-
ticié ? N'ayant plus rien à espérer de son docteur qui, je l'ai dit,
l'avait condamnée, elle demanda à la Vierge une guérison que la
médecine lui refusait. C'était une grande dévote, très confiante
dans les pouvoirs de la Vierge de Lourdes. Elle trouve des âmes
charitables qui lui paient son voyage. Elle part. A plusieurs re-
prises on croit qu'elle va s'éteindre avant d'être arrivée. On la
porte dans la piscine. Elle en sort, la voix redevient nette, les
jambes retrouvent leur vigueur, l'anorexie s'efface, elle court dé-
jeuner à l'hôtel d'un bon appétit.
On crie au miracle. Le retour à Sainte-Cécile, son pays, fut
triomphal. On amène la malade dans mon cabinet afin que je
puisse constater la guérison, et que je donne un certificat l'attestant.
Je fus obligé de constater chez ma malade une amélioration très
sensible, je dirai mieux, une guérison complète au moins en appa-
rence. Très sceptique de nature, je cherchai vite l'hystérie; ne
reconnaissant à la Vierge de Lourdes que le droit de guérir les hys-
tériques. Eh bien ! je vis avec stupéfaction que j'avais fait une
grosse erreur de diagnostic, ma phtisique n'était qu'une hysté-
DE L'HYSTÉRIE EN VENDÉE. 461
rique; elle en portait les stigmates. Elle gardait le rétrécissement
concentrique notable du champ visuel. Elle avait eu souvent la
sensation de boule hystérique partant du creux épigastrique, remon-
tant jusqu'à la gorge et la serrant jusqu'à l'étouffer. Elle gardait
une sensibilité très prononcée dans les deux régions ovariennes.
Inutile d'ajouter que j'ai refusé tout certificat, le seul que j'aurais
pu donner eût été le brevet d'hystérie et j'avais un exemple déplus
de la difficulté qu'offre souvent l'hystérie et des erreurs qu'elle fait
commettre. J'avais ensuite un exemple frappant du pouvoir de
l'hypnotisme, et de l'efficacité de la suggestion. Voilà un an et demi
que ce fait s'est produit, la malade se porte à merveille, a pris de
l'embonpoint ne tousse plus et se livre aux travaux des champs.
Cette relation nous montre qu'on doit avoir recours à tous les
moyens pour guérir les hystériques et pour mon compte je ne
me ferais pas de scrupule d'envoyer à Lourdes une hystérique que
je sais très dévote, très confiante dans la puissance de la Vierge,
si cette malade je ne puis la guérir'.
Observation IV. Contracture spasmodique permanente des md-
choires de nature hystérique chez une malade de soixante-quatorze uns
survenue à la suite d'un traumatisme chirurgical (ablation d'un
cancer de l'oeil). Durée un mois. Guérison (une séance).
S..., soixante-seize ans. Je n'ai pu avoir de renseignements
bien précis au sujet de l'hérédité nerveuse de cette malade. La
femme S... n'a que des souvenirs très vagues de son père et de sa
mère. Une soeur et ses frères auraient été nerveux. Comme elle, ses
enfants sont tous très nerveux. Jusqu'à l'âge de soixante-quatorze
ans, notre malade, abstraction faite de sa tumeur développée dans
l'oeil, n'avait jamais beaucoup souffert. Caractère irritable, impres-
sionnable à l'excès, quelques maux de tête, des étouffements, une
sensation de constriction à la gorge. Ce fut tout. Une tumeur déve-
loppée dans l'oeil droit, rendit l'ablation de l'eeil nécessaire. L'opé-
ration fut faite il y a deux ans par le D1' Guibert, médecin oculiste
à la Roche-sur-Yon. L'opération réussit parfaitement, mais deux
mois après environ, une complication singulière survint. La malade
subitement se vit dans l'impossibilité d'ouvrir la bouche, d'articu-
ler les mots, de parler. Elle faisait entendre des sons, mais des sons
non articulés. Au bout de deux ou trois mois ces phénomènes avaient
disparu. Il y a un an environ ces accidents reparurent; c'est alors
qu'on me fit appeler.
Examen direct. Je trouvai la malade au lit, pas trop affaiblie
1 Voir à ce sujet le remarquable article du professeur Charcot : « La foi
qui guérit » dans le n° du loir décembre 1892, de la New Review, de
Londres. Traduction dans le n° de janvier 1893 des Archives de Neu-
rologie.
462 CLINIQUE MENTALE.
par son grand âge, les membres inférieurs et supérieurs avaient
conservé leur vigueur. Pas de paralysie, ni parésie. Le masque de
la face n'est pas altéré, les deux côtés sont tout à fait symétriques.
Je n'ai pas examiné les réflexes. Pas de troubles marqués de la sen-
sibilité sauf une plaque très sensible, très douloureuse à la pression
à la pommette droite. Je prie la malade de tirer la langue, elle ne
le peut. Je la prie d'ouvrir la bouche. Impossible. Les deux mâ-
choires restent serrées. Elle ne peut causer. Un son clair mais non
articulé s'échappe quand elle veut essayer de répondre aux ques-
tions. Et il est à peu près impossible de la comprendre. Elle parle
comme on parlerait en fermant la bouche et en tenant la langue
immobile dans la cavité buccale. En présence des antécédents de
cette malade, des quelques troubles nerveux présentés jadis (cons-
triction à la gorge, étouffements), et des constatations directes que
je venais de faire, le diagnostic hystérie traumatique s'imposait, du
reste la suggestion hypnotique vint éclairer le diagnostic, le con-
firmer par les résultats qu'elle obtint. Je n'endors pas la malade
(la suggestion à l'état de veille ayant presque autant d'effets sur le
paysan vendéen que la suggestion pendant le sommeil), j'introduis
avec les plus grandes difficultés l'extrémité de la pulpe du petit
doigt entre les mâchoires, je commande à la malade d'ouvrir la
bouche, qu'elle le peut maintenant. Aussitôt les mâchoires s'en-
tr'ouvrent avec douleurs d'abord, puis bientôt peuvent jouer sans
douleurs, mais la langue restait encore appliquée inertesur le plan-
cher de la bouche. Je l'attire au dehors avec une pince et je dis à
notre vieille femme qu'elle peut désormais la faire mouvoir dans
tous les sens. C'est ce qu'elle fit. Qu'elle peut parler, articuler les
mots. Et elle parle aussitôt d'une voix nette sans bégaiement, sans
mâchonnement. Elle était guérie, la santé s'est maintenue depuis.
Cette observation est intéressante à plusieurs points de vue :
1° L'apparition tardive des accidents hystériques, soixanle-qua-
torze ans; 2° Apparition de ces accidents sous l'influence d'un
traumatisme chirurgical ; 3° La forme de ces manifestations hysté-
riques ; 4° La facilité vraiment surprenante avec laquelle, sans
l'aide du sommeil, on arrive par la suggestion à les supprimer.
Comme on peut en juger par ces observations auxquelles je pour-
rais en ajouter bien d'autres, si je ne devais me limiter, la sug-
gestion si efficace chez les hystériques hypnotisables et qu'on a
endormis peut être utilisée et avec succès chez des sujets non hyp-
notisables ou que l'on ne peut endormir pour des raisons spéciales,
préjugés, etc., etc.
Observation V. Douleurs particulières de nature hystérique ren-
dant la marche impossible. Guérison par suggestion sans sommeil.
G..., quinze ans, mère hystérique, tantes nerveuses, vint me
DE L'HYSTÉRIE EN VENDEE. 463
consulter pour des douleurs vives qu'elle éprouvait dans lesjambes
surtout la jambe gauche. Ces douleurs n'étaient pas permanentes.
Elles survenaient subitement, durant huit jours, quinze jours et
plus, puis cessaient. Quand la crise douloureuse éclatait, il lui était
difficile de se tenir debout. Et si elle essayait de marcher, c'était
des cris tant elle souffrait. L'examen de cette malade m'indique
l'hystérie, rétrécissement concentrique très marqué du champ
visuel sensation de boule nerveuse lui serrant la gorge et la suf-
foquant. Le genou droit est très douloureux à la pression. Pas de
gonflement, pas de craquements. Les mouvements de flexion
et d'extension arrachent des cris à la malade. Je voulus endormir
la jeune fille, elle s'y refusa. Devant ce refus absolu, je n'insistai
pas et me contentai de lui ordonner des bains, puis à l'intérieur
quelques calmants. Le résultat fut assez satisfaisant d'abord. Les
douleurs allèrent en s'effaçant. Mais bientôt elles reparurent avec
une nouvelle intensité. On ramena la malade dans mon cabi-
net ou plutôt on la porta dans mon cabinet. Ses parents cette fois
l'avaient décidée. On me pria de l'endormir. Malheureusement je
n'ai pu réussir malgré une tentative prolongée. Pensant que l'élec-
trisation aidée par la suggestion réussirait, je veux électriser la
malade. Je jouais de malheur. Ma pile ne fonctionnait pas, impos-
sible d'avoir le plus faible courant.
Je ne me décourageai pas pour cela, sachant que ma jeune
cliente ignorait absolument ce qu'était un courant électrique et
que je pouvais par conséquent lui faire croire que tout allait bien;
j'appliquai quand même les deux électrodes sur la face interne et
externe du genou et je déclarai à la malade que sous l'action
de l'électricité les douleurs iraient s'atténuant et que dans un
quart d'heure elles auraient totalement disparu et qu'elle pourrait
marcher. Je tenais les deux électrodes avec le plus grand sérieux.
« La douleur doit diminuer, lui disais-je.- Oui, répondait-elle,
je sens qu'elle est moins forte. Puis bientôt : c Elle ne doit
plus exister, Non, m'était-il répondu. Maintenant vous
pouvez marcher. » Je retirai l'appareil, qui n'avait jamais fonc-
tionné (je l'ai dit plus haut) et qui pourtant a eu la propriété de
supprimer la douleur et de permettre la marche. La malade est
partie guérie.
CHAPITRE III
HYSTÉRIE ASSOCIÉE. GUÉRISON DE TROUBLES HYSTÉRIQUES PAR
HYPNOTISME. PERSISTANCE DES TROUBLES DUS AUX MALADIES
CONCOMITANTES.
J'ai dit dans l'exposé de ce travail que l'hypnotisme n'était
efficace que dans l'hystérie, que partout ailleurs ses résultats
464 CLINIQUE MENTALE.
étaient nuls ou à peu près nuls, que si le malade semblait
soulagé par ce mode de traitement c'est que l'élément hysté-
rique était surajouté et que c'est l'effacement de ces troubles
hystériques qui faisait croire à l'action bienfaisante de
l'hypnotisme. -
L'école de Nancy prétend bien que l'hypnotisme a guéri
d'autres névroses, et même certaines affections organiques.
Tout dernièrement on relatait dans les journaux un cas de
guérison de la chorée par l'hypnotisme.
Je ne voudrais pas contester ces résultats magnifiques dus à
l'hypnotisme, pourtant toutes mes expériences faites à ce
sujet me forcent à soutenir une opinion absolument contraire.
Jamais dans aucune autre affection que dans l'hystérie, la sug-
gestion pendant le sommeil hypnotique ne m'a donné de ré-
sultats sérieux. Tout au plus un soulagement très passager, ne
durant que les quelques minutés qui suivaient la suggestion.
J'ai parlé tout à l'heure de chorée de Sydenham prétendue
guérie par l'hypnotisme; mais j'ai sous les yeux)^ l'observation
et j'y vois qu'il a fallu continuer les séances pendant bien
longtemps. Or on sait que les crises choréiques ne se pro-
longent pas ordinairement au delà de deux ou trois mois,
quatre mois au maximum dans cette chorée de Sydenham.
Si la chorée, pendant le traitement par l'hypnotisme, allait
toujours en s'amendant, ne peut-on pas soutenir que c'est le
temps, plus que le traitement, qui entraînait ainsi le malade
vers la guérison. J'ai eu à donner, il y a trois mois, mes soins
à une choréique, j'ai fait sur elle de l'hypnotisme; ne consta-
tant pas de diminution dans l'intensité de ses mouvements
choréiformes, j'ai abandonné ce traitement et me suis con-
tenté de lui donner du fer et de l'arsenic. Deux mois après
environ, la guérison avait lieu. Aurais-je donc été en droit si
j'avais continué les séances d'hypnotisme de mettre sur le
compte de la suggestion le résultat obtenu. Evidemment, non.
Et c'est, je crois, ce qu'on se presse trop de faire dans des cir-
constances analogues. Quant aux prétendues guérisons par
l'hypnotisme signalées par le représentant autorisé de l'école
de Nancy, par Bernheim, si on les étudie sérieusement, si on
les dissèque avec soin, on est surpris de constater que la plu-
part de ces malades étaient des hystériques, que des troubles
rapportés à certaines lésions organiques pouvaient bien n'être
que des manifestations hystériques. Je ne voudrais pas pro-
DE L'HYSTÉRIE EN VENDÉE 4G5
longer cette discussion, d'autres, M. Babinski en particulier,
ayant traité la question avec plus d'autorité et plus d'éclat. Je
relaterai seulement quelques exemples où l'hystérie était asso-
ciée à d'autres affections organiques et où il y a eu améliora-
tion par l'hypnotisme, par la disparition de phénomènes
hystériques.
Observation I. Hët't'e. Neurasthénie. Guérison par hyp-
notisme des accidents hystériques. Contractures. Persistance
des troubles neurasthéniques.
G..., trente-huit ans. Les antécédents héréditaires ne révèlent
rien. Un père qui boit peut-être plus que déraison et c'est tout.
Depuis plus de dix ans, cette femme souffre de douleurs vives à
l'estomac; ses digestions sont très pénibles. Il y a du météorisme
abdominal. Je lui avais donné à plusieurs reprises mes soins. Il
y avait eu soulagement, mais pas guérison. Ce n'était du reste pas
à ce sujet qu'elle venait en dernier lieu me consulter. Depuis trois
semaines elle était prise d'une contracture du sterno-mastoïdien.
C'était là une manifestation évidemment hystérique. Du reste
les stigmates de l'hystérie, zone hystéropène au-dessous du sein
droit et au sommet delà tête, rétrécissement concentrique doublé
du champ visuel, anesthésie pharyngienne, existaient. C'était donc
une hystérique que j'avais toujours auparavant considérée comme
une pure neurasthénique, car la céphalée, l'insomnie, la dépression
cérébrale, l'asthénie motrice, l'atonie gastro-intestinale, tous les
symptômes cardinaux de la neurasthénie, elle les présentait. L'hys-
térie s'était jusque-là dissimulée; il a fallu l'apparition de cette
contracture pour me mettre sur la voie. J'avais ainsi devant moi
une hystérique et une neurasthénique tout à la fois.
Pour lui enlever cette contracture, la suggestion était tout indi-
quée. Je l'endors et fais disparaître aussitôt sa contracture. J'essaie
de lutter par le même moyen contre les troubles neurasthéniques,
céphalée, gastralgie, atonie gastro-intestinale. A son réveil, elle est
tout étonnée d'avoir le cou droit, et très mobile, la douleur épigas-
trique, elle aussi, avait disparu. Je lui dis de revenir le soir dans
mon cabinet. << Je suis guérie, me dit-elle alors, de mon cou, mais
je souffre toujours dans le ventre. Le mieux n'a duré qu'un quart
d'heure environ. » Je n'en fus pas surpris, car j'avais fait maintes
fois l'expérience chez des neurasthéniques, et je n'ai jamais pu
obtenir qu'un soulagement absolument passager, variable de
cinq minutes à une heure au maximum.
Voilà donc une malade chez qui sont associées deux névroses,
hystérie et neurasthénie. Elle est très sensible à la suggestion; les
troubles hystériques s'effacent instantanément et le résultat est
Archives, t. XXVI. 30
466 CLINIQUE MENTALE.
durable, la neurasthénie, elle, n'est touchée que pendant les quel-
ques minutes qui suivent la suggestion. En répétant l'expérience,
dira-t-on peut-être, ce soulagement de quelques minutes deviendra-
t-il permanent. J'ai fait l'essai, à la dixième séance je n'étais pas
plus heureux qu'à la première. Essayez d'enlever la céphalée à
une hystérique, vous y arriverez par l'hypnotisme; à la céphalée
de la neurasthénique, l'hypnotisme n'y touchera pas, ou y tou-
chera peu. Toutefois j'estime que chez les neuiasthéniques, il est
bon d'utiliser le traitement moral, de l'associer aux médicaments
donnés.
Observation II. Hystérie Chorée.
Au début de ce chapitre j'ai dit un mot de cette enfant qui fait
l'objet de cette observation. J'ai dit que j'avais essayé de la guérir
de sa chorée et que j'avais dû cesser les séances, en raison de
l'inefficacité du traitement. La suggestion, chez elle, lui avait pour-
tant apporté quelques soulagements ; mais c'était une petite hysté-
rique : ovarienne double, hyperesthésique à gauche, hémianes-
thésique à droite. Je fis cesser les douleurs des membres gauches
et les douleurs gastro-abdominales; mais la chorée, je n'avais pu
la toucher. Elle a guéri, comme je l'ai dit plus haut, au bout de
deux mois environ. Mais je ne suis nullement en droit de mettre
sur le compte de l'hypnotisme une guérison qui, sans traitement,
a l'habitude de se produire dans un délai variable de un mois à
quatre mois.
Observation III. Myopathie primitive (Type Erb). Hystérie.
Je ne devrais pas parler ici de cette malade puisque sur elle je
n'ai pas fait d'hypnotisme. Toutefois les cas de ce genre sont encore
assez rares pour que l'on doive les signaler quand on les rencontre,
dût-on s'écarter un peu du cadre tracé et puis cette myopathique
est une hystérique. A un moment donné elle peut à ce titre être
frappée de certains accidents dont l'hypnotisme aura raison. Et si
l'on n'y prend garde, on sera tenté dans cette circonstance de
tirer cette déduction que la suggestion hypnotique a prise même
sur la myopathie, puisqu'elle a amélioré un sujet atteint de cette
affection, déduction fausse évidemment, mais déduction fatale si
l'on n'a pas eu soin de fouiller ce malade et d'y voir tout ce qu'il
renferme.
Je voudrais donner de cette malade une observation plus com-
plète, mais je ne l'ai vue qu'une fois, certains détails m'échappe-
ront donc dans cette relation.
G..., vingt-cinq ans, mère nerveuse, père alcoolique, n'a rien
présenté d'anormal jusqu'à l'âge de quinze ans. A cette époque elle
éprouve une faiblesse dans le bras droit puis bientôt dans le bras
DE L'HYSTÉRIE EN VENDÉE. 467
gauche. Bientôt on peut constater un amaigrissement déjà consi-
dérable des deux épaules. Les jambes se prennent à leur tour. Fai-
blesse et amaigrissement de la hanche. La malade est devenue
impotente. Elle ne peut plus se vêtir seule. La marche est très
difficile, presque impossible.
- Examen direct. C'était une jeune fille très intelligente que
j'avais devant moi : figure expressive, tête bien conformée, fraîcheur
du teint que la maladie n'avait pas altérée. Pas d'atrophie des
muscles de la face. L'orbiculaire des paupières et des lèvres
intact. La malade s'était trainée dans mon cabinet avec une
démarche bizarre. Les pieds ne quittaient pas le sol. Elle s'avan-
çait toutd'une pièce. - Le ventre très proéminent en avant comme
si elle était porteur d'un volumineux kyste. Les épaules forte-
ment projetées en arrière, ensellure considérable à larégion dorso-
lombaire, les bras sont tombants le long du tronc. Elle imitait
assez bien les clowns que l'on voit dans les cirques et qui s'avan-
cent en se traînant avec une énorme bosse abdominale, les fesses
et la partie supérieure du dos faisant une immense saillie en
arrière.
Si l'on fait asseoir la. malade, elle ne peut se relever seule, il faut
qu'on la soulève. Une fois debout elle peut se maintenir dans
la position droite, mais si on lui imprime le plus léger choc, ou si
la pauvre infirme imprime à son corps la moindre oscillation,
aussitôt l'équilibre est rompu, la rectitude s'efface ; si le choc se
fait d'un côté, les membres inférieurs feront aussitôt avec le reste
du tronc un angle rentrant, la tête fémorale du côté opposé sortant
en partie de sa cavité, attitude que la malade ne pourra conserver
longtemps. Elle ne peut se redresser elle-même, il faut qu'on la
redresse.
Si elle veut s'asseoir, elle se laissera choir tout d'une pièce. Elle
tombe comme une masse, lourdement. Une fois le mouvement
commencé pour s'asseoir, elle ne peut se retenir. Il faut désormais
qu'elle s'abatte sur son siège.
Si on l'étudié de plus près, après l'avoir dépouillée de ses vête-
ments, que remarque-t-on ? Une atrophie complète des muscles de
l'épaule et de la hanche, atrophie telle que les têtes humérales
et fémorales peuvent jouer dans leurs cavités respectives, en sortir
et y rentrer avec une étonnante facilité comme s'il n'existait pour
empêcher une disjonction complète que la peau et une capsule très
relâchée. Les deux articulations sont aussi mobiles que celles que
l'on vient de préparer dans une salle de dissection après avoir
enlevé tous les muscles qui les recouvrent. Chez cette malade la
peau recouvrait de véritables pièces anatomiques.
Faisant contraste, les muscles de l'avant-bras et des mains, les
muscles des jambes ont conservé leur volume normal. Pas d'hyper-
trophie mais pas d'atrophie, les éminences thénar et hypothénar
468 CLINIQUE MENTALE.
ont conservé leur relief. Pas d'amaigrissement de la face comme
je l'ai dit plus haut, l'orbiculaire des paupières et des lèvres n'est
pas touché. Les réflexes sont diminués. Pas de secousses fibriliaires.
Quelques douleurs fugitives et légères dans les membres. Les fonc-
tions digestives ne sont pas troublées, le cerveau reste intact.
J'avoue sans fausse honte, que ce cas tout d'abord me troubla.
C'était de l'atrophie musculaire mais quel genre d'atrophie ?
Ce n'était pas l'atrophie musculaire progressive de Duchonne.
L'intégrité des muscles des mains, l'absence des tremblements
fibrillaires écartaient ce diagnostic. Ce n'était pas l'atrophie mus-
culaire héréditaire de Duchenne, l'orbiculaire des lèvres et des
paupières étant parfaitement conservé. Ce ne pouvait donc être
que l'atrophie juvénile décrite par Erb où la ceinture scapulaire
est surtout prise et où les muscles affectés ne présentent pas d'ap-
parence hypertrophique. Cet embarras dans lequel m'avait jeté
cette malade ne fut pas sans profit. En m'égarant dans des re-
cherches absolument inutiles dans ce genre d'affection, je fus con-
duit à trouver autre chose que la myopathie. La myopathie n'exis-
tait pas seule, la névrose hystérique y était associée ainsi que l'at-
testaient un rétrécissement notable et double du champ visuel,
l'anesthésie du pharnyx et certaines sensations de suffocation,
d'étranglement à la gorge. Elle aurait eu en bas âge quelques
pertes de connaissance, attaques de sommeil. "
Nous trouvons donc encore là deux maladies associées. Comme
c'est la myopathie qui domine la scène, supposons une paralysie,
une contracture survenant subitement et disparaissant par la sug-
gestion, on sera tenté de croire à l'efficacité de l'hypnotisme dans
une maladie où jusque-là tout traitement a échoué. C'est là du
reste ce que, dans certaines écoles, on s'est trop pressé de conclure
dans des cas à peu près analogues. Il importe donc de se mettre
en garde contre de tels résultats et de ne pas en tirer d'aussi
fausses déductions.
Observation IV. Mal de Poil. Hystérie. Guérison par hypno-
tisane d'un hoquet hystérique permaneii' et de douleurs vives à la
région interne et externe de la cuisse à la région dorso- lombaire
rendant la marche très difficile, douleurs qui m'avaient fait croire
longtemps à une altération de la moelle par la carie vertébrale.
Ch...; trente-huit ans, appartient à une famille de névropathes,
père, mère, tantes, oncles, tous nerveux.
Pas de tuberculeux dans les ascendants et les collatéraux. Depuis
son bas âge, cette malade présente une déformation très marquée
de la colonne vertébrale qui est déviée fortement à droite. Les
apophyses épineuses font une saillie énorme à la région dorsale.
L'ensellure lombaire est très prononcée. Ch... a toujours traîné
DE L'HYSTÉRIE EN VENDÉE. 469
une existence très misérable, souffrant tantôt dans un point, tantôt
dans un autre. Aux dernières vertèbres lombaires surtout et à la
hanche gauche, les douleurs sont parfois si intenses que la marche
est excessivement pénible. Peu ou pas de sommeil à cause de la
douleur. Tous mes confrères de la région ont eu à donner leurs
soins à cette malade qui cherchait partout un soulagement et qui
n'en trouvait jamais. Teinture d'iode, vésicatoires, pointes de feu,
tout fut employé et cela sans résultat. Quant elle vint me trouver
il y a trois mois, ce n'était plus dans le but d'obtenir une guérison.
Ayant tout tenté sans succès, elle n'y croyait plus. Mais elle crai-
gnait que le mal n'augmentât et qu'elle ne restât clouée sur le lit
pour le reste de ses jours. Après examen de ma malade, la consta-
tation de son mal de Pott, je crus comme mes confrères que les
douleurs, qu'elle indiquait, résultaient de la déformation verté-
brale. La moelle serait intéressée.
Je fis de la révulsion le long de la colonne vertébrale et pres-
crivis l'iodure et l'arsenic à l'intérieur. Pendant trois mois, tous les
huitjours, j'appliquais des pointes de feu et l'amélioration ne se
faisait pas sentir. J'allais abandonner le traitement, la malade, du
reste, en était fatiguée, quand elle se présenta à moi avec un hoquet
permanent qui ne lui laissait pas de trêves. Un hoquet qui durait
déjà depuis huit jours sans interruption ne pouvait être qu'un
hoquet hystérique. J'avais bien toujours jusque-là considéré ma
malade comme nerveuse. Mais je n'y avais attaché aucune impor-
tance, persuadé que le nervosisme n'était pour rien dans les dou-
leurs qu'elle avait toujours indiquées. Ce hoquet éveilla mon atten-
tion. Si tous les phénomènes que madame C... présentait allaient
être des phénomènes hystériques ! Je recherchai les principaux
stigmates de cette névrose. J'en trouvai peu : un peu de rétré-
cissement du champ visuel cependant, mais j'étais fixé par le
trouble particulier qu'elle venait de manifester. J'ai eu peur d'un
refus en lui proposant de l'endormir et me contentai de la sug-
gestion à l'état de veille en lui posant la main sur le ventre et en
lui disant que maintenant je lui défendais d'avoir le hoquet devant
moi pendant toute la durée de la consultation. Le hoquet s'arrêta
à son grand étonnement. J'étendis alors la suggestion et lui dé-
clarai qu'elle ne l'aura jamais plus. Je ne m'occupai pas cette fois
de ses douleurs peu confiant dans la puissance de la suggestion
pour les faire disparaître, d'autant que je n'étais pas fixé sur leur
nature et craignant que l'insuccès de cette dernière suggestion ne
détruisît le bon effet de la première.
Huit jours après la malade me revint, le hoquet avait reparu.
Une nouvelle suggestion pratiquée à l'état de veille ne donna pas
de résultats. C'est alors que, sans la prévenir, je la plongeai dans
le sommeil hypnotique. Le hoquet s'arrêta aussitôt. Cette fois
j'étendis ma suggestion aux douleurs et à la marche et le résultat
470 0 CLINIQUE MENTALE.
fut complet. Les douleurs que les pointes de feu n'avaient jamais
calmées s'évanouirent, comme par enchantement, dans une courte
séance d'hypnotisme. La marche n'est plus pénible, la malade, en
un mot, est guérie et la guérison se maintient depuis plusieurs
mois.
Voilà encore un bel exemple de la difficulté de diagnostic de
l'hystérie, quand elle est associée aux affections organiques. Il est
souvent difficile de savoir la part qui revient à ces diverses mala-
dies'. L'hypnotisme peut servir d'élément au diagnostic et je con-
fesse que c'est surtout dans le but de m'éclairer que j'avais fait ici
usage de la suggestion. J'ignorais auquel, du mal de Pott ou de la
névrose, je devais rattacher les phénomènes douloureux que la ma-
lade présentait depuis si longtemps et qui rendaient la marche si
difficile et si pénible. Après l'expérience j'étais fixé. Il devenait
incontestable que tout cela se rapportait à l'hystérie. J'avais bien
fait souffrir cette pauvre infirme, et d'autres, avant moi, l'avaient
bien fait souffrir aussi sans résultat; il a suffi d'une séance d'un
quart d'heure pour rétablir une santé jugée très compromise et
que des soins continus pendant de longues années n'avaient pu
améliorer.
Avant de clore la série de mes observations, je voudrais pourtant
dire un mot de certains accidents hystériques que j'ai eu à consta-
ter depuis quelques jours, et qui tout d'abord m'avaient un peu
égaré. Je veux parler de la coxalgie hystérique. Voilà plusieurs coxal-
gies hystériques que je rencontre depuis un mois; à la première je fis
erreur. Je crus, malgré l'apparence d'une santé robuste et malgré
l'absence d'hérédité, que ma malade portait une arthrite tubercu-
leuse. Je la fis mettre dans un appareil. Ce cas se produisit dans ce
pays de Saint-Fulgent dont je parlerai plus loin, pays qui m'a fourni
presque toutes les observations que j'ai relatées. Cette jeune fille
était très aimée de ses compagnes et on allait en foule lui rendre
visite. Dix jours après environ, une autre jeune fille se présente,
elle souffrait de la hanche, avait de la claudication, et craignait
d'avoir la maladie de sa camarade ! Je l'examine et je constate'une
légère déformation de la hanche, le pli fessier du côté malade était
abaissé. Là encore je crus à une arthrite tuberculeuse. Trois jours
après c'élail le tour d'une autre jeune fille. Elle souffrait, elle aussi,
de sa jambe et présentait également un peu de claudication. Elle
aussi, craignait de devenir comme sa camarade et d'être mise dans
un appareil. Enfin une quatrième arrive, mêmes douleurs, mêmes
déformations et mêmes craintes. Cette fois, cette épidémie de
coxalgies fut pour moi une révélation. Tant de coxalgies dans
i
1 Voir à ce sujet le mémoire de M. Babinski intitulé : « De la migraine
ophlhalmique hystérique » (arcs. de Neurol., n° 60) dans lequel cet
auteur fait connaître les règles du diagnostic de l'hystérie.
DE L'HYSTÉRIE EN VENDÉE. 471 1
une même localité et survenant 'en si peu de temps ! La peur
n'aurait-elle pas créé le mal ? Et ce mal créé par la peur ne
pouvait être qu'un accident hystérique. J'ai examiné à nouveau
ces malades, y compris celle que j'avais placée dans l'appareil :
et bien j'avais quatre hystériques. Et je m'incline à croire que
la tuberculose n'est pour rien dans ces manifestations et que
ce sont des manifestations purement hystériques. Je n'ai pas encore
essayé ce que peut faire l'hypnotisme, mais il est probable que ce
traitement réussira. J'arrête ici mes observations personnelles. Elles
suffiront pour montrer toute la puissance de la suggestion dans le
traitement des accidents hystériques. Mais là se borne son action.
L'hystérie voilà son domaine. L'hypnotisme n'en a pas d'autres. On
prétend bien que le neurasthénique est amélioré, guéri même de
ses accidents par l'hypnotisme. Mais le neurasthénique est souvent
hystérique, n'est-ce pas alors l'hystérique qui a été touché. J'ai dit
ce que je pensais de la chorée guérie par la suggestion Je n'y crois
pas. Quant aux affections organiques, je m'étonne même que cer-
tains esprits, pourtant fort appréciés, aient pu croire un instant à
la possibilité de l'amélioration même légère de ces affections par
cette médication psychique. Je dirai également qu'en clinique men-
tale l'hypnotisme n'est d'aucun secours. Toutes les prétendues
guérisons que l'on signale sont très discutables, on cite des mania-
ques guéris par la suggestion, des dégénérés qui ont vu par ce
traitement leurs obsessions disparaitre.
Mais l'aliéniste n'est pas toujours un neuropathologiste. Il peut
oublier que l'hystérie est susceptible de coexister avec toutes ! es
formes d'aliénation mentale.On trouve des dypsomanes hysté-
riques, des dégénérés hystériques, des hystériquespersécutés, quoi-
qu'ils soient rares, des mélancoliques, des vicieux hystériques. Et
certes, dans ces différents cas, l'hypnotisme peut et doit agir. Mes
expériences faites sur ce sujet me confirment du moins dans cette
opinion. Mais elles m'ont prouvé également que jamais l'hypno-
tisme n'a pu supprimer le délire a un délirant non hvstérique. Et
je suis heureux de me trouver ici, d'accord avec mon ancien maître
M. le Dr Briand. L'aliéné est d'abord difficilement hypnotisable, et,
le serait-il, qu'on n'arrivera jamais par la suggestion à lui supprimer
les hallucinations qui alimentent son délire. Je suis partisan
autant que personne de l'hypnotisme. Mais mon enthousiasme
n'ira pas jusqu'à lui conférer des pouvoirs qu'il n'a pas. Ne le
sortons pas du domaine de l'hystérie. Et certes, vu la fréquence
de cette névrose, le- champ est vaste déjà; et il suffit pour qu'on
apprécie hautement les bienfaits de cette médication.
Comme on a pu le constater, en parcourant quelques-unes de
mes observations, la suggestion pendant le sommeil n'est pas
nécessaire. A l'état de veille une suggestion bien faite donne par-
fois de bons résultats. Depuis quelque temps j'en arrive même à ne
472 CLINIQUE MENTALE.
plus prendre la peine d'endormir mes sujets. Il est vrai que je me
-trouve ici dans un terrain spécial que l'un ne rencontre pas sou-
vent, les malades obéissant avec une facilité étonnante à la sug-
gestion. On a pu voir que par un simple commandement, un
hoquet hystérique était arrêté, une contracture spasmodique ces-
sait, un vomissement hystérique était supprimé, etc., et cela chez
des malades qui n'avaient jamais été soumis aux pratiques de l'hyp-
notisme. Toutefois j'ai reconnu que, si les troubles effacés par la
suggestion faite à l'état de veille reparaissaient, il était inutile d'es-
sayer à nouveau ce mode de suggestion, les résultats demeuraient
cette fois absolument nuls. Ces malades ayant toujours présent à
l'esprit l'échec de ce procédé et faisant cette réponse : « Vous
m'avez déjà commandé de ne plus souffrir et vous savez que le
mal est revenu quand même. Il faut alors en venir au sommeil.
Chez nos hystériques vendéens il est essentiel aussi, pour mettre
le plus de chances de son côté, de parler avec assurance, de pro-
mettre formellement la guérison; si l'on se bornait simplement à
leur faire entrevoir la possibilité d'une amélioration, comme la pru-
dence semblerait le commander, on n'aurait avec eux aucun suc-
cès, car ils ont plus que qui que ce soit besoin d'une foi complète
dans la guérison. On voit quel rôle important est appelé à jouer
l'hypnotisme dans le traitement delà névrose hystérique et je m'é-
tonne que certains médecins se font encore un scrupule d'em-
ployer cette médication. Ils craignent que l'on voie le charlatan
dans l'hypnotiseur et que, de ce fait, leur dignité se trouve compro-
mise. Qu'importe ce que l'on peut dire si l'on guérit ? N'est-ce pas
le devoir du médecin de travailler de toutes ses forces, par tous les
moyens que la science lui fournit, au soulagement de ses sembla-
bles ? Que n'at--on pas dit de moi tout d'abord dans ce pays si fana-
tique de Vendée ! Que j'usais de procédés diaboliques. Pour un peu on
.aurait songé à m'exorciser. Devant certains succès on s'est tu et bien -
tôt on ne vit plus que les résultats obtenus et on aima à en profiter .
Je dirais même que les choses allaient trop loin. Que de vieil-
lards paralytiques, que d'enfants atteints de paralysie infantile ne
m'a-t-on pas conduits à ma consultation, pour que je rende la vie
à des membres qui refusaient tout service. Pour peu mon cabinet
serait devenu une succursale de Lourdes.
CHAPITRE IV
DES CAUSES DE LA FRÉQUENCE DE L'HYSTÉRIE EN VENDÉE.
Il me reste une dernière question à traiter. Pourquoi les
névroses, surtout les névroses hystériques et neurasthéniques
DE L'HYSTÉILIE EN VENDÉE. 473-
sont-elles si fréquentes en Vendée, ou du moins dans cette
partie de la Vendée que j'habite, car, comme je l'ai dit au
début de mon travail, il ne se passe pas de jours que je ne
trouve à ma consultation trois ou quatre hystériques nou-
veaux. Et si depuis trois ans que j'exerce dans ce pays j'avais
voulu noter tous les sujets hystériques que j'ai eu à traiter,
j'en aurais un volume, car je n'ai relaté ici que ceux qui
offraient les particularités les plus intéressantes ou dont j'avais-
recueilli les observations.
Un canton limitrophe de celui que j'habite, le canton de
Saint-Fulgent, est vraiment remarquable à ce point de vue.
Je pourrais citer certains villages composés de plusieurs fa-
milles où tous presque sans exception, hommes, femmes,
enfants, sont des hystériques ou des neurasthéniques. Pour
donner un léger aperçu de la fréquence des névroses dans ce
canton, je suis appelé un jour dans un de ces villages pour
une malade affaiblie par une métrorrhagie abondante. Profitant
de mon passage, on me fait rentrer dans cinq maisons de ce
village. Qu'est-ce que j'y trouve ? Certes, mon diagnostic fut
peu varié, nervosisme partout. Dans une maison le père et
les deux filles, tous trois hystériques avec boule nerveuse,
rétrécissement du champ visuel, plaques hystériques; dans.
une autre, père asthmatique, un garçon de quatorze ans
hystérique avec hyperesthésie douloureuse aux deux membres
supérieurs, un autre enfant hystérique avec tous les stigmates
de l'hystérie : étouffement , bourdonnement d'oreilles, in-
somnie, rétrécissement du champ visuel; dans une troisième
maison, une femme de soixante-seize ans , contracture spas-
modique des muscles de la mâchoire, hystérie (observation
relatée plus haut), la fille de la malade également hystérique.
Dans une quatrième maison, la malade pour qui j'avais été
appelé et qui avait des hémorrhagies abondantes. C'était
encore une hystérique, elle en avait les principaux stigmates.
Dans une cinquième maison, je retrouvai une neurasthénique
avec les principaux syndromes : asthénie motrice, sensations
de casque lui serrant le crâne, douleurs à la nuque, dyspepsie,
insomnie, etc... et les deux enfants de cette femme, l'un neu-
rasthénique comme sa mère, l'autre hystérique. J'ai pris ce
village au hasard parmi une foule d'autres, où, appelé pour une
malade, je voyais courir à moi un tas d'hystériques ou neuras-
théniques toujours en quête, comme nous le savons, de trouver
474' CLINIQUE MENTALE.
un remède aux souffrances qu'ils endurent. Je crois pouvoir
assurer que sur cent habitants pris au hasard dans le canton
de Saint-Fulgent, je trouverai 90 nerveux, hystériques ou
neurasthéniques. Saint-Fulgent est une véritable colonie de
névropathes. A quoi attribuer cette fréquence de névroses ?
L'hystérie'et la neurasthénie semblent de prime abord vou-
loir habiter de préférence les grands centres. Là, les bals, les
spectacles, les plaisirs de tous genres, le surmenage intellec-
tuel, les fatigues morales sont autant d'éléments propres à
favoriser le développement de ces névroses. Le paysan ven-
déen, lui, est pourtant soustrait à toutes ces causes. Il ne
connaît que son champ, sa charrue et ses boeufs. Il ignore
toutes les grandes émotions. Il n'a pas le souci de la lutte pour
l'existence. Il vit sans ambition, et, par conséquent, sans
grandes déceptions. Il vit de peu, et son travail lui assure
toujours un bien-être suffisant. Pourquoi dans un pays ou la
vie est si calme, les habitudes si austères, trouve-t-on tant de
nerveux ? Est-ce l'alcoolisme des parents ? On boit en effet
beaucoup en Vendée, le Vendéen a cette réputation et elle est
méritée. Toutefois on trouve très peu d'alcooliques, surtout
d'alcooliques avec manifestations cérébrales. On constatera
bien quelques scléroses hépatiques, rénales et cardiaques,
encore sont-elles rares. Mais le cerveau reste intact. Cela
tient sans doute à cette raison que le Vendéen ne boit guère
que du vin, le vin qu'il récolte lui-même, car chacun a son
coin de vignes, et, si parfois il boit des alcools, c'est de l'eau-de-
vie qu'il fait retirer lui-même de la distillation de son vin.
Ce n'est donc pas l'alcoolisme des parents, la vraie cause, car
à Paris où l'alcoolisme fait tant de ravages, puisque les alcoo-
liques peuplent plus de la moitié des asiles de la Seine, l'hys-
térie, sans être,rare, n'est pas aussi fréquente 'que' dans le
pays qui nous occupe en ce moment. Il faut donc chercher
autre chose. Le Vendéen n'émigre pas, il ne quitte pas
facilement le lopin de terre qui l'a vu naître. Il se mariera
avec un voisin, et ce voisin sera le plus souvent son parent, à
un degré plus ou moins éloigné. Et on est étonné de voir
qu'une agglomération de plusieurs milliers d'hommes n'est
représentée que par quelques familles. Ces mariages consan-
guins qui favorisent la dégénérescence mentale peuvent éga-
lement produire l'hystérie. ZD
C'est là certainement la raison principale de cette véritable
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 475
épidémie de névropathie constatée dans les deux cantons où je
suis appelé à donner mes soins. J'ai dit que quelques familles
composaient toute l'agglomération et que presque tous les
habitants étaient parents à un degré plus ou moins rapproché.
Supposons à l'origine deux ou trois troncs nerveux à côté de
deux ou trois troncs non nerveux. Le mariage des branches
de ces différents troncs entre elles entraînait fatalement cette
conséquence pour l'avenir, que tous les rameaux sans excep-
tion issus de ces branches devaient porter avec eux la tare
nerveuse.
Il y a enfin cette autre considération qu'un pays neuf,-pri-
mitif, où les idées superstitieuses dirigent tant de cerveaux, où
règne le fanatisme religieux, où la croyance à tout ce qui est
surnaturel est si profondément enracinée qu'un tel pays peut
voir se développer plus aisément les névropathies. L'enfant
au coin du feu, dans ces longues veillées d'hiver, entend ra-
conter les histoires les plus fantasques de revenants, de sor-
ciers. Sa jeune imagination est frappée par ces récits gro-
tesques. Son cerveau travaille sur ces idées bizarres que l'on y
sème. Le jour il y pense, la nuit il y rêve. Toutes ces images,
toutes ces représentations terrifiantes ne sont-elles pas propres
à ébranler le système nerveux, à le surexciter, au point de
produire bientôt un état pathologique qui sera l'hystérie ou
la neurasthénie ? L'alcoolisme des parents, le mariage con-
sanguin surtout', le fanatisme et les superstitions, voilà les
seules causes que je trouve pour expliquer le développement
anormal du nervosisme dans cette partie de la Vendée.
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.
XII. Fâcheuses conséquences delà, contrainte; par le DCIL`V. Page.
Une jeune fille d'excellente famille bien élevée, pieuse, tenue
à l'abri des mauvaises fréquentations, devient tout à coup folle
' Nous croyons devoir faire des réserves au sujet du rôle de la consan
guinité. C'est à l'hérédité névropathique surtout que sont dus ces nom-
breux cas de maladies nerveuses, hérédité, il est vrai, qui se trouve
doublée par le mariage consanguin. (B.)
476 6 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.
furieuse, par suite d'un surmenage intellectuel trop grand pour sa
santé délicate. Dans ses accès, ses parents l'entendaient, à leur
grande douleur, proférer les mots les plus grossiers, les expressions
les plus impures.
Pourtant la" conduite de leur fille ne pouvait être soupçonnée.
L'auteur explique ce fait étrange de la manière suivante :
La jeune fille avait entendu peut-être une seule fois ces mots
qui avaient fait une forte impression sur elle, parce qu'elle les
abhorrait. Elle se les était souvent répétés, à elle-même, pour
accroître son horreur du vice. Tant qu'elle avait joui d'un esprit
sain, sa volonté avait eu assez d'empire pour l'empêcher de les pro-
noncer. Maintenant que la raison n'avait plus aucune action sur
les émotions, ces mots qui l'avaient vivement frappée, lui venaient
aux lèvres, de là la forme bizarre de sa folie. La contratnte même
qu'elle s'était imposée avait, sinon causé sa maladie, du moins
déterminé le sens dans lequel elle se manifestait.
Les mêmes faits peuvent se présenter, non plus dans la folie
furieuse, mais dans la mélancolie. Les fous qui se croient des cri-
' minels, qui sont assaillis de remords, sont les gens qui, avant leur
maladie, furent les plus honnêtes. C'est la pensée conrte laquelle
ils luttaient qui fait sur leur esprit l'impression la plus profonde et
qui dominera lorsqu'ils ne sont plus maîtres de la direction de
leurs facultés. Dans ces conditions, toute émotion, tout sentiment
toute pensée réprimée s'imposent à l'esprit avec plus dé force. Un
désir non satisfait produit les mêmes conséquences.
La conclusion de l'auteur est la suivante :
c Si vous voulez ne pas vous exposer aux fâcheuses conséquences
de la contrainte de la pensée, n'ayez jamaisdevaut les yeux que ce
quiest juste, bon et honnête.» (American journal ofinsanity, 1893.)
E.B.
XIII. Parallèle du traitement chirurgical ET DE l'éducation pour
l'amélioration des conditions mentales des arriérés; par le
Dr P. NORBURY.
L'idiotie, la microcéphalie, dues à des troubles survenus dans le
cerveau aux cinquième et sixième mois de la gestation, ne peuvent
pas être guéris par une opération chirurgicale. Les opérations n'ont
apporté que des résultats contestables et incomplets. Le véritable
remède de l'idiotie est une éducation patiente, bien comprise et bien
graduée. (Amencan journal ofinsanity, 1893.) C'est la thèse qui a
été souvent soutenue dans ce Recueil, par M. Bourneville.- E. B.
XIV. Du trional comme narcotique; par BRiE. (ueunolog. Cettral.,189,-3.)
. C'est le premier des narcotiqnes. Il doit remplacer le sulfona
quand on n'a pas besoin d'une action prolongée, et mérite la pré-
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 477
férence sur ce dernier parce qu'il est presque insipide, facile à
prendre, parce qu'il agit vite, n'a que rarement d'effets accessoires
et encore très peu. Indiqué dans l'insomnie des aliénés agités.
Doses : 2 à 3 grammes dans l'eau chaude refroidie ensuite. Sommeil
de 6 heures au moins. P. K.
XV. L'OVARIOTOMIE DANS LE TRAITEMENT DE LA FOLIE J
par le Dr Thomas G. MORTO-I.
L'ovariotomie pratiquée sur les aliénées pour rétablir l'équilibre
mental n'a pas généralement réussi. Quelquefois même la folie est
résultée de cette opération chez des femmes saines d'esprit. C'est
dans les centres nerveux qu'est le siège du mal et non dans des
organes distincts n'exerçant qu'une action secondaire. Il faut mettre
iL part, cela s'entend, les cas où des affections visibles des ovaires
rendent leur ablation nécessaire.
A un autre point de vue, le médecin n'a pas le droit de pratiquer
ni les parents d'une aliénée le droit de permettre la castration
d'une femme qui ne peut donner son consentement et qui, revenue
à la raison, peut ressentir douloureusement la perte de ses organes
sexuels : supposez, dit l'auteur, que vous fassiez la même opéra-
tion à un homme pour le guérir de quelque manie'érotique ? et
voyez, par comparaison, les conséquences morales et légales d'une
telle opération. (American journal ofinsanity, 1893.) E. B.
XVI. L'HYDRASTINIE dans L'ÉPILEPSIE.
V. G. Kiseleff, faisant des expériences sur des chiens et des
cochons d'Inde, a trouvé que des injections intra-veineuses d'hy-
drastine (voir Epitome, 23 avril, 1892, p. 66, et 28 mai, p. 87) même
à petite- dose (0 gr. 04 p. 1,000 chez le chien) abaissait visible-
ment l'excitabilité de la substance corticale du cerveau et adou-
cissait ou arrêtait les accès d'épilepsie causés par l'absinthe.
Les observations qu'il fit l'amenèrent à essayer l'hydrastine
dans 6 cas d'épilepsie. Donné à l'intérieur en solution d'un 1/5 à
1 /L) grain jusqu'à un ou 2 grains par jour. Chez quatre' malades dans
l'espace de deux ou trois semaines, les accès diminuèrent à la fois de
fréquence et d'intensité alors que chez les deux autres le traitement
fut moins efficace. On ne constata aucun effet désagréable par la
suite.F. Kh. Gadziacki employa également l'hydrastine dans un
cas d'épilepsie, mais n'obtint aucun résultat. Le traitement de l'épi-
lepsie par l'hydrastine, aussi bien que de la rage et de l'empoison-
nement par la strychnine, fut d'abord suggéré par P. I. Arkhan-
gelski dont les expériences sur des animaux démontrèrent que
l'alcaloïde^11 H13 NO') possédait des propriétés antispasmodiques
puissantes. (3led. and Surg. Journ., 1892, p. 169).
478 REVUE DE THERAPEUTIQUE.
XVII. Contribution A l'histoire DU traitement sans contrainte ET
DU séjour au LIT d'aliénés; par 0. KUNEE. (Allg. ZeiLSCk. f. Psychiat.,
XLIX, 5.)
Revue historique et critique. Le traitement des aliénés par l'alite-
ment est un moyen souverain qui n'est pas encore suffisamment
apprécié comme il conviendrait. C'est un puissant calmant. S'il est
difficile d'arriver à maintenir au lit les mélancoliques agités, les
catatoniques à impulsions d'origine passive et à délire des néga-
tions, ceux surtout qui ont déjà eu des accès de folie pendant les-
quels on n'a pas exigé leur maintien au lit, on alite facilement
les maniaques, les fous systématiques agités, les épileptiques et les
idiots en état d'agitation, et l'on obtient des résultats surprenants
du séjour au lit chez les aliénés malpropres et destructeurs. Par ce
traitement, on supprime l'isolement ou on le réduit au minimum ;
on diminue l'élément émotif, et l'on donne aux salles l'aspect
réconfortant d'une salle de malades ordinaires. Enfin, c'est un trai-
tement à bon marché. P. K.
XVIH. D'une nouvelle méthode DE traitement DE L'ÉPILEPSIE ; par
P. Flechsig. (Neurolog. Centi-albl., 1893.)
D'abord 0,05 centigr. d'extrait d'opium deux à trois fois par jour,
à dose progressive jusqu'à 1 gramme (dose de 0,25 à 0,35). Au bout
de six semaines on cesse l'opium, qu'on remplace par 7 gr. 50 de
bromure pendant deux mois. On diminue alors graduellement en
revenant à 2 grammes et l'on reste à ce taux. P. K.
XIX. DE la DUBOISINE; par E. MENDEL. (Neurolog. Centralbl., 1893.)
Elle convient chez les malades agités dont l'agitation ne s'expli-
que pas seulement par les conceptions délirantes et les hallucina-
tions. C'est un calmant; l'effet narcotique n'est que secondaire.
En injections sous-cutanées de 0,0005 à 0,0008 sans dépasser
1 milligramme. Elle est déjà toxique à 0,0002 de milligramme
(dilatation pupillaire sécheresse de la gorge accélération du
pouls). Action sédative dans la paralysie agitante grave à la dosé de
0,0002 à 0,0003, deux à trois fois par jour. C'est un médicament
qui agit rapidement et ne cause pas de dommages ; il n'entraîne
pas l'assuétude. P. K. z
XX. MAGNÉTOTHÉRAPIE ET suggestion; par M. BENEDIET.
- ' (Neurolog. Centralbl., 1893.)
D'après Paterson et Kennelly (New-York Medic. Journal, 1892) les
aimants d'une extrême puissance n'agissent ni sur la sensibilité, ni
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 479
sur la circulation, ni sur les fonctions organiques de l'homme nor-
mal. Mais, de même qu'il y a des variétés dans la sensibilité indi-
viduelle, de même les individus pathologiques ont une réceptivité
et une excitabilité variables, spécifiques. Chez beaucoup'd'entre eux
l'aimant agit alors que les moyens pharmacodynamique ont échoué.
Quant à l'action des pôles de l'aimant, c'est avec un aimant en fer
à cheval que les expériences ont été faites en France et à Vienne,
par suite il ne saurait être question de l'action distincte des pôles.
P. K.
XXI. DE L'INFLUENCE DE la SUSPENSION SUR LES TROUBLES DE la vue
dans les affections DE la moelle; par DE BECHTEREW. (Neurolog.
Ccntralbl., 1893.)
D'après les recherches de B. Worotynski, le suspension, en cer-
tains cas, agit favorablement sur les troubles de la vue, même
quand ils sont produits par des lésions'organiques de l'ceil. Trois
observations. P- K.
XXII. DES INFUSIONS de' chlorure DE sodium chez LES aliénés SITJO-
pHOBES;par Lehmann. (Centralbl. f. ueruenheilk.,N. F. 1893).
Ces grandes injections sous-cutanées pratiquées d'abord par
Ilberg et Kroepelin, relèvent toujours l'action du coeur et les forces
(en modifiant la constitution du sang) sollicitent presque tou-
jours le besoin de boire et souvent le besoin de manger (action
sur les glandes salivaires) parfois modifient l'état mental,
notamment la stupeur (en relevant la pression du sang, dont ils
améliorent la composition, et, par suite, en modifiant l'irrigation
et la nutrition du cerveau. P. KERAVAL.
Avis A Nos abonnés. L'échéance du 1" janvier étant l'une des plus
imposantes de l'année, nous prions instamment nos souscripteurs, dont
l'abonnement expire à cette date, de nous envoyer le plus tôt possible le
montant de leur renouvellement. Ils pourront nous adresser le montant
par l'intermédiaire du bureau de poste de leur localité, qui leur remettra
un reçu de la somme versée. Nous prenons à notre charge les frais de
3 p. 100 prélevés par la poste, et nos abonnés n'ont rien à payer en sus
du prix de l'abonnement. Nous leur rappelons que, à moins d'avis con-
traire, la quittance de réabonnement leur sera présentée le 25 janvier,
augmentée de 1 franc pour frais de recouvrement. Nous les engageons
donc à nous envoyer de suite le renouvellement par un mandat-posle.
REVUE' D'ANAT01111E · ET' DE PHYSIOLOGIE
"... i '.PATHOLOGIQUES... ' " ? ?
1 't p il v 1-; 1, "'<)"' mi- i<| ') . ttt t't'r.')Ljt.j<
)'. t (f Ir - i <-)i. "...-M u ,. Il' r t'il 1 t ' ' . zon
, - ' "* " 1, , "I JllP> , , ' > < 1 i (C
XLV. DE l'altération DES NERFS ET'DE LA'MOELLE consécutive aux
amputations ? contribution ArL'I;TUDE'DELA"FO : VCTI01 trophique
' des NEftFS;,pat : G. IARINÇSÇO..(NeurOl.Çentyalbl ? l892.),t' "7"' ' '
'Trois observations 'caractérisées par l'atrophie' des racines posté-
rieures, des ◀cornes▶ postérieures et des cordons postérieurs. Atrophié
modérée des colonnes'de Cfarke.. Les deux premiers faits permet
modérée des colonnes de Clarke., Les deux premiers faits permet-,
tent aussi de constater une atrophie des ◀cornes▶ antérieures portant
principalement sur let groupe de cellules postéro-latérales ? mais
lés'deux autres groupes de celluleslduncôté amputéine sonti pas
eo41)pletementintacts. Mentionnonsf aussi l'atrophie des 'racines
antérieures dans' leur trajet intra-médullaire. Dans la seconde
observation où un bras avait été amputé, les racines antérieures
étaient aussi atrophiées ; en dehors de la moelle, intégrité de la
commissure1 antérieure'; 'légère' atrophie de la commissure1 postés
r 16 à r 'è /s «'.ji.ii-n .il .lu "'t<,.j ? ? -'il ? *u5''ja
rieure. , , . ,.
Conclusions. 1° L'amputation ou la section d'un nerf est suivie d'al-
térations'pathologiques'qui atteignent aussi le bout central. Leur inten-
sité dépend de l'espècelietjsurtout )do l'âge de l'animal. eni expérience,'
ainsi, que, du | temps pendant lequel l'animal a survécu à, là lésion; 2° le
processus anatomique ressemble en soi à la dégénérescence Wallérienne -
ceci est très remarquable, car le bout nerveux tient encore à son centre
trophique. Cependant les bouts périphériques' des' nerfs dégénèrent- bien
avant les bouts centraux ;t 3" l'origine de cette dégénérescence tient ma-
nifestement à l'interruption entre la1 périphérie et' le centre.' Il y a'lieu
de croire'que l'extrémité des nerfs'sensitif; provoque dans les ganglions
spinaux des modifications biologiques,' probablement ! de nature clinique,
qui exercent une influence trophique sur les fibres qui'partent des cellules
nerveuses; 4°'quand on'coupe untmembrH'ou un nerf,nles excitations
normales' qui 'partent des extrémités nerveuses sont remplacées par. des
excitations différentes en quantité et en qualité qui ne sont plus capables
de déterminer dans les cellules ganglionnaires l'activité trophique 'suffi-
sante/Ainsi se produit'la' dégénérescence lente'et continuellement pro-
gressive des fibres . nerveuses qui', en' partent : ' 5° les extrémités ner-
veuses sensibles, -notamment -les,, corpuscules du' tact de 111eissner,° ne
représentent'pasdes'centrestrophiquesipour les nerfs, en- rapport avec
eux.- Ils dégénèrent{après la section des nerfs, quoiqu'ils présentent une
plus longue résistance que les' plaques terminales motrices; 6° il"est
impossible de' décrire avec précision la succession des phénomènes qui
traduisent la dégénérescence des diverses espèces de fibres sensitives et
tt IV/Y 1
REVUE D'ANATOMTE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 481
motrices. Mais cette succession dépend de la force de résistance indivi-
duelle des fibres atteintes, force de résistance elle-même en rapport avec
l'énergie de leur nutrition (échanges nutritifs); 7° les mêmes causes qui
président a la dégénérescence des bouts nerveux centraux président aussi
à l'altération des fibres que les cellules nerveuses des ganglions spinaux
envoient à la moelle. Ainsi s'explique l'atrophie dans les régions qui
président à la sensibilité. Elle diffère des altérations pathologiques du
bout central du nerf périphérique, parce qu'il y a des différences dans
le mode de nutrition des parties atteintes, peut-être aussi parce que le
ganglion exerce sur elles une influence distincte ; 8° les cellules des
ganglions spinaux restent en apparence indemnes (Criedlender et Krause,
Homén, Van Lair et moi-même). Ceci prouve que les centres trophiques
(ganglions spinaux) peuvent conserver leur constitution anatomique, bien
que les fibres qui en partent soient départ en part altérées; 9° les alté-
rations pathologiques de la moelle atteignent également les régions mo-
trices, car je crois avoir montré que les cellules du groupe postéro-
latéral des ◀cornes▶ antérieures sont de nature motrice. L'atrophie de ces
cellules doit démontrer qu'elles possèdent une force de résistance spé-
cifique moindre que les cellules des ganglions spinaux; 10" dans le
cordon postérieur, il y a atrophie de groupes de fibres différents au point
de vue anatomique et physiologique; on en peut conclure que dans le
bout central des nerfs dégénèrent non les fibres qui sont en rapport
avec les corpuscules de Meissner, mais d'autres fibres sensitives.
' P. KERAVAL.
XL VI. Des modifications dans la rapidité des processus psychiques A
divers moments DE la journée; par W. DE Beciiterew (Neurolog.
CelzGrul6l., 1893.)
Etude du temps de réaction simple ; du temps de différencia-
tion ; du temps d'élection (son plus fort ou plus faible); du calcul
avec des nombres simples (addition, soustraction, multiplication) ;
du temps d'association, chez divers individus.
Conclusions. 1° La rapidité dans l'exécution -des opérations psy-
chiques n'est pas une grandeur constante. Il y a à tenir compte des
individus, de l'âge, d'autres conditions, et aussi du moment de la journée;
2° mais, en ce qui concerne les opérations les plus simples, il y a des
différences constantes selon le moment de la journée, chez le même
individu, c'est-à-dire que les valeurs moyennes d'une série d'examens
,sont plus ou moins constantes ; 3° le matin, ces opérations sont plus
lentes, le soir elles sont accélérées, c'est dans l'après-midi qu'elles sont
le moins rapides; 4° plus l'opération psychique est complexe, plus il lui
faut de temps pour s'effectuer, plus les différences suivant les moments
de la journée sont accusées. Aussi est-ce lé temps de réaction simple
qui présente le moins d'oscillations et même, en quelques cas, peu
d'oscillations; 5° l'opération psychique des associations n'est pas seule-
ment accélérée, le soir, comme les autres; les associations d'idées elles-
mêmes gagnent en qualité, par suite du travail intime de la pensée inté-
rieure et de ses coordinations ; 6° l'ingestion et l'absorption alimentaires
ralentissent toujours les opérations de l'esprit ; 7° quand on détourne
l'attention du sujet, on ralentit le cours de toutes les opérations de
Archives, t. XXVI. 31
z2 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
i, 1 . , , il,yn l , 11,Y · W 1 1 ' t te @)MIre , , 1
l'esprit proportionnellement à leur complexité, excepté lorsqu'il s'agit
des associations d'idées' qui1 sont"' alors' accélérées. C'est'pourquoi'chez le
paralytique général, de' même que'les gens en état de sommeil hypno-
tique, les opérations de l'esprit sont accélérées (de Tschisch, Walitzlcaïa,
, Henika, Worotynsky); 8o mais la dérivation de l'attention ne change pas
le rapport des chiffres exprimant..la.. rapidité des opérations, psychiques
le matin 1 ceux qui expriment le cours, du soir; elle semble en revanche
augmenter l'accélération vespérale 'des opérations de l'entendement; -,
9° la vieillesse,' de'même que le défaut 'de culture, intellectuelle, ralentit
le temps des réactions psychiques (V tindt,'Ignatov, Rairriôndo); 10"l'a'd-
dition et la soustraction des nombres pairs demandent moins de temps
que celles' des nombres impairs. La multiplication des nombres simples
est plus rapide que l'addition et la soustraction de ceux-ci. I
......HM ? 1 f .nP. KLRAVAL.
...Il film «1 (t . ,rt c ,<f j . , t
XLVII. Contribution A la QUESTION DES ALTËHATioNS'ANATOMO-PATHO - ·
1 11, 1 A , fil 1 il. ,nI m . 1 ,
LOGIQUES dans la paralysie faciale périphérique NON spécifique ;
par L. D.1R6SCHENITSCH et S. TICIIONOw.. (Neurolog . Centralbl.,
1893.) un, Il ' ' r.-iitri , .' t
' ;il f) t f , ; .n. Tj ;
Etude microscopique dans un cas de(paralysie faciale consécutive
à une otite. Celte étude montre qu'une carie, avec nécrose du tem-
poral a provoqué une névrite infectieuse parenchymateuse de l'ex-
trémité du facial qui occupe le canal de Fallope, sans qu'il y ait de
compression mécanique dans le canal; puis, secondement, sous
cette influence, s'est produite une atrophie simple, non'inflamma-
toire du noyau qui a alors déterminé la dégénérescence descen-
date,du' bout central, entre le ganglion géniculé et le noyau du
7t ' I . I ? t ·1· ... I ' ? -.f I ', , t i / . , i.`)fW
XLVIII. Remarque SUR la localisation DU CENTRE DU GOUT .chez LE
1 ? 4)LAPIN;, par A.-T. SCHTSCHERBAK. (Neurolog. Ce)2lrn,lbl., 1893.) ?
. En détruisant l'écorce grise de la région qui correspond- au,lobe
temporal, on supprime le goût du côté opposé. En lésant les,fibres
les plus postérieures delà couronne rayonnante en, ce point,' on
obtient le même résultat.. lit, 4 m ;, > - r P. K. "'
' \ ' ' t . ,i i ' >* 1 »
XLIX. Examens du sens olfactif au point DE vue clinique; par
il " r N. SAVELIEw. (11'eterolog. Centralbl., 4893.; · "3
" ! ')')) ' n , ' tii, n n n a·
.Critique des méthodes, et des appareils olfactométriques, d'Or ?
bantscliisch, Aronsohn, Froehlich ? Zwoerdemaker. Avantages.de
l'appareil de Saveliew. Il se compose : ,, , ,1, ? .,t,
D'un récipient, qui est un ilacon de Woolf; le liquide odorant
envoie ses émanations dans un second flacon à .deux tubulures.
L'une de ces tubulures est munie d'un tuyau de verre qui porte à
son extrémité supérieure deux olives que l'on introduit dans les
, l'I n ##lit il 1 1 1 .. Il, f-191 Il ., 'Ul<™ ' -,il 1
"TtT( ifin^lTT/O 1T)i.' Tnfovtj T T^ TI'T-T»^/ f' -1 . ' T '< ,' ' y
,,ytt4 Il 'l 1 Ir-7 e Il t 1,1
REVUE DANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 483
ti-;r «..h up ? i'<"> » ,*i il.id" ne- ni'irti <n mu' ' '"< 11' . ' 1.
9narinej. Avant.djj se servir de l'appareil, on l'assèche en inlerpo-
(Sant entre les deux (flacons un tubc^ciinU, contenant chlorure . de
,)caicium;g']ycérine, pierre ponce ? '* 10 <.it. i'i( < *' ' i> z
8-cli Peur doser la faculteotfactometrique ;du 'nez ou de chacune' des
deux ? narineson atïaib]it'graduei)e[nont"'dans z
te'')iquide6doraht,parl'additi6n'd'ùn'e nuantitu d'eau déterminée,
....< ? T< ? ...' r. f.'V'l.'ll" f). 'IR'll.-ri 1 ? , ? .... ' "I ' ? ),'
.jusqu a ce que- le.sujet,a examiner ne, sente plus rien. -(Voici les
..limites de perceptibilité chez des personnes saines, dont 1 auteur r ? Mm On ne perçoit plus : , Quand on l'a affaibli a
'.9tqm) ? Z9)).)inon 11 nuit., iijfuu .J < ? uti ? tu ? ). ? )tJ !
484 REVUE D'ANATOMIE ET, DE- PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
épaules par un bandage.de corps, soutient une bande de cuir, qui
va rejoindre le pied. Celui-ci entre dans un,étrier ? Entre cette
bande et l'étrier, est intercalé un dynanomètre.,Le pied, en tirant
sur.l'étrier; actionne le dynaiiiornètre. 1 , . 1 . b Ui P.,I ? T,
,,il fil 4)lel '' il( t ? vr,< n,> S if> >- ! -1 .l ·W i Tn<.;11·2 111
ZLII. Colorationi OSlfIO-FCfiRO-H)sI : ITOSYLTQUG , par,. Kaiser., ?
(Neurolog. Centralbl., 1893.)
r) n ? , ' w , r · ? 1 TT f -7 tfI r / v.r- (1 V ]
On place les morceaux d'organes dans.le liquide de Mutier pen-
dant deux à trois jours; on les coupe en segments de l' à 2 milli-
mètres et on les traite encore par le liquide 'de' Millier durant cinq
à six jours. Alors on les fait séjourner huit jours dans la liqueur 'de
larchi ' : - Il' , '14 't' " ,n " uil ' «"< ! "< * n 1 ,3
REVUE D'ÀNATOMIE ET DE 'PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES ? 485
riences,' le centre delà contraction du sphincter anal est situé un
peu en'arrière'du sillon crucial,'dans le segment postérieur de la
circonvolution sigmoïde, plus près de son bord externe que de son
bord' interne. Celui du sphincter vésicat occupe la partie externe
du segment postérieur de la circonvolution sigmoïde, immédiate-
ment en arrière de' l'extrémité externe'du sillon crucial.' P. K.
t Cr f , t j", ? ) -) " 31 ,. ?
LV. De. l'abondance DES fibres INTRA-CORTICALES D.1NS LES couches II
ET de Meynert ;^ études 'de'1 proportion DE'L'ENSEMBLE" DE
- il, , . U., ,,« f. z P '' fl an.1 'i`1 -1 r ..
L'ÉCORCE,ET DE chacune DE ses couches';1 pâr'TH.' Kaes'. (Neurolog.
Pl Cén ti-tilbl., 1893.) Il 4 (Jfl" 41 'T'cri 9"( u..i 3,f.^J " '" i ? J'
1)13 W'IIJI il cb' 'f''f't ) `.Ii,t· ,,O,t9Jl0·rjl- a.ri fl- a'lt, x1 ri) < ' ''
Ce sont les deuxième et troisième couches de Meynert qui; sont
le plus faciles à analyser à cause de la disposition claire et métho-
dique de leurs éléments et de leur, faible teneur en fibres. C'est
là qu'à l'avenir on devra étudier l'atrophie des fibres intra-corticales.
La'largeur'de l'écorce à la' convexité,' 'sur le sommet de la circon-
'v`ôl'ûtion,l esfde'4.' millimètres 2; sur'le flanc de ce monticule elle est
de 3 millimètres 01., à la base du cône de cet organe (Vallée) elle
est de 3 millimètres 14. L'analyse du marne ! onde là circonvolution
montre que les deuxième et troisième couches de'Meynert mesu-
rent ensemble 1 millimètre 58 ; les fibres d'asàciation etia lisière de
Baillarger sous-jacente's représeutent2 millimètres 25; la substance
blanche marginale sous-jacente est.de 3 millimètres 3 ? , P. K ? i 1
Bl iiiiii.->i- ,jq -j. ' < . ) 1 n,l.,itiv. , , l.jjijiv- ff 'mrT-
LVI. Uni CA$;DE,LESION-DLAfILATÉR.1LE, DE la moelle avec atteinte du
trijumeau du côté delà lésion; par L. STIEGLITZ. (Neui'olog. Cen-
rrt'al6l.; 1893.) , ttrt/ D 1. 1,1 , 9 ? .t"J. , r ? ·,uf h j it.
"Hémiplégie'droite' consécutive à 'un'< ictus ;'anesthésie< de ! 'la
moitié gauche'du corps et de la'moitié droite de la face ; hyperes-
thésie du côté paralysé.'Te" t ? '>r ? * 'fC "ICI ? ) . ->1( t . 1
Quatorze jours après l'ictus, réflexes itendineuxi égaux des deux
côtés et un peu diminués ; puis, la motililé tend à revenir, et alors les
réllexes' tendiueux s'exagèrent' considérablement du côté paralysé,
mais'alors, ataxie progressive des'membres supérieurs et inférieurs.
Evidemment il y a une lésion au-dessous de l'entrecroisement
des pyramides àj droite, au niveau de la partie supérieure delà
moelleJéérvicàlé entre les mièré.e ? de xièrûe."ra'ciiiés spinâles
moelle, cervicale entre les .première, et deuxième racines spinales
.(observations de Ludwi- llann, in l3er·lin glit ? Vôcheüschri/'t, 1893).
Thrombose du raineâu descendnnt de la'spinale'postérieure', celui
qui^anime.la partie. supérieure de la moelle;' syphilis probable Z1 'q
A q , ni .1 ').tl(ht ? t't,< ? ()t. £ , ? ), ufi
LVII. CONTRIBUTION au développement pathologique DU système NER-
VEUS 'central ! ' Observation D 1NENCÉPH.1LIE, .1VEC ? 1M1'l.LIE totale ;
par 0. Di : LE6NO\VA;'(JY'e'u)'oo'. Cëiatrill6l : ; 1893) "M " ' ? Etude complète avec planches.' On' sait'que' l'encéphale' etl la
486. revue D'ANATOMIE.ET.DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
.. 1 .n.. i<...).i ? t u 1.. I I.n .ya aa 4' ·1V ·1
moelle sont un produit de l'ictodemmet que la lame médullaire
primitive se ferme en formant un tuyau inédrillâii'ë. 0r, ici,, (i`ti bien ,
la fermeture du 'tuyau médullaire été, arrêtée par'des 'accidents z
pathologiques dont la discussion n'appartient pas à ce mémoire, ou,
ce qui est' plus probabfe.le tuyau ' médullaire j était, déjà ferm6 avec r
la. vésicule encéphalique a.Iaqueiip il avaitjdb'nnehaissance'quan'd' ie', L
./ ,, . ? ->.i iii^i ? ,.« ...f «j-l'.l.'M i; u.l. ? ,l( ut
développement ultérieur en a été trouble, de sorte qu v â,"eû i·ei,es 1
sion des, parties déjà développes, d ou lanencephaito et lamyche.
Aussi le système .nerveux est-il réduit aux organes indépendants ? t ? ''t' Jf ? nt ? ? tit ? it"jQ)'ti'U) ? )<t.i)2
des elemenU,en question riU ,, ,9, ,nv.JlT J1 ? ft M0
deselements.enqstion ? v1'Tptm^·t7 ! ! il ? ....i ? \. ? 00
11 se compose dos ganglions sympathiques, des ganglions spinaux
et des racines postérieures,' normaux, ce. qui prouve leur indépen- *
danco embryogenique du système nerveux, central.du. tuyau me- "
dullail'e.,w.,m.,nrn Mifin ? rrl, "(>. ? ii ? ii'.i'rid i" Hi'-^i'i ? i(q ?
Quant au nerf optique, il est réduit aune gaine dans laquelle on
trouve un lacis vasculaire, des, éléments, de, soutènement. Ni fibres,,
myeliniques,, ni fibres amyéliniques., Cela prouve, une'fois'do plus, L
que le nerf opliquc,et la rétineémanent du, systôme nerveux contrai, t
L'on sait en effet que ]a vésicule oculaire, résulte de l'invagination ., ? < , . ",.... ' ! (U...JP- ' UU 111' 0lh/>.U .of
du cerveau antérieur, .primaire, elle suppose^donc.la fermeture ?
du tuyau médullaire. D autre part 1 existence des rudimentS|dunerfv
optique prouve que le tuyau médullaire s était forme et qu il y.. a
eu déchéance régressive de ses éléments a la suite de la formation ,
j ? r ,.li r .1 i ? 1111*1 ? n Il'" 111," ·· ? l,In nlm.n4n S
de la vésicule oculaire, exactement comme lorsqu on détruit chez
1 animal nouveau-ne la bandelette et le nerf optique, 1 appareil ? -/ , ', " -, .- il» i ne ? mini «"t n> fiiui'i'ip 'j i ? i an jinajni
oculaire s atropine.. , .
ocuia)resatropitic. rt r,F i .; , ,y, - ,. .) .r nf ? y, r., ,rtlo3
Enfin, malgré, l'absence tptaie des cellules des ◀cornes▶ antérieures,,
et des raciries'aritérieures de la moelle, on trouvait 'dans les'extré- , Z
mites des muscles stries intacts. Ce qui prouve que 1 influence des
nerfs' moteurs" sur 'la nutrition des 'musoles,îqu'ils''irinè'rvent'W
débute' qu'après' la vie'emb'ryb'nnaire/ '' ? "P^Keraval ? 1 ! suL'hd
nf. 7 ., , , m y. m y ml nru G U, txm,Ttt· tc .,JUUa ILn 91T17Qi
LVIII.^'Le pédoncule DU LOBULE'DU'PNEUMOGASTRIQUE' ET le^segment'00
interne du tcorps IIESTIF0AIiEj pai'J'SciiTScaERBAK1. (Nea(iol0 ? Cen'u''
tralbl : ; 1893 : )`'1 trt ? : ·'t'I l"'1''1 <i»'. xi)M'lpjd*nio .ilu.'inoh'iq a)
r11, f9 I ",rt ? , i iI'm "il I n" yt7 HI'·'·,t,y(t ub ? It`a 'tr, r.97v'rWBÎ
Coupetobliquetlransverse et,perpeudiéulaire3passant trayersja ?
base du ,c'ei'veau,et-du,cerveletrsuivant une ligne dirigée, de haut ?
en bas, et d ayant, en arrière; chez le, nouveau-né. Le,pedoncule du
lobule du.pneumogastrique est la, condensation de la masse entière ?
des fibres des circonvolutions de ce lobule et forme, un fort trouez
seau, qui se dirige, en haut et en avant,vers le vermis cérébelleux.,™
Dans ce trajet, il est d'abord en^debors^de^la partie^exlcrne^u,^,
corps restiforme,puisit il passe en yièr4 ,dë celle;ci ? yé,lë,segmesntY
interne du, corps reslitorme et l'olive cérébelleuse; plus haut, il, est ,
en dedans de, .cette, olive, finalement, il se perd entre les, libres du, , (
pédoncule cerubeileux supérieur au milieu dc lcur sënutënL'yllcrô-1
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE' PATHOLOGIQUES." 487
inférieur. Ce pédoncule émet''aussi un pédicelle qui se dirige en"
arrière de la partie externe du corps' restiforme pour gagner la j 1
profondeur interne de's'céutt'es où'on le perd de vue. ' z / ' s
Les ^fibres dû lobule du pneumogastrique qui se dirigent en '
dedans, que' deviennent-elles ? Unecoupe perpendiculaire au niveau '
du pédoncule cérébelleux supéro-antérieur montre qu'en ce point'
le" pédoncule en question se compose de fibres obliques qui, d'abord
en'(dehbrs du corps restiforme, se placent en arrière de lui pour'"
gagner' la partie externe de l'olive cérébelleuse'. Plus haut, entre A
ces fibres se.placent les premières fibres inféro-antérieurësdu' ''
pédoncule cérébelleux supérieur'. Plus haut encore, ces fibres mas'-
sées 'en trousseaux épais, croisent soifs un angle aigu le pédoncule
cérébelleux supérieur, pour se diriger en haut et en dedans au noyau
sphérique, au bouchon, à l'écorce du vermis; autrement dit', lé
pédoncule du lobule du pneumogastrique, participé' à là* forma-
lion de la commissure au-dessus du noyau du toit et' passé' ainsi"
du'côté "oppose où ses ""fibres" gagnent le lobule du pneumogas ?
trique. n'existe aussi des fibres obliques qui vont en dedans dans ' ' !
les'noy'aux' du nerf vestibulaire,lç'est-a-'dire que' les' fibres dû neéf
vestibulaire vont'non pascaux noyaux centraux du cervelet,' mais'
infra au' lobule dii' pneumogastrique. ' T1 'h ' ' ?
L'étudedu développement des fibres du' pédoncule 'du lobule
du pneumogastrique permet de distinguer les fibres de' cepédon-^' '
culetde celles du pédoncule cérébelleux supérieur et du segment ,
interne du corps restiforme. Or, les fibres internes du corps resti-
forme sont celles de la racine ascendante du nerf vestibulaire, qui
s'accolent'^ au niveau'de l'olive, cérébelleuse, à celles du'pédoncule
du lobule du pneumogastrique. , . ,
-u . "i ? if m °y .1'^ i.. < ? ? t ? ".f -1...' iil
Il existe une autre partie du segment interne du corps restiforme,
située plus en( dehors, acpolee a la masse principale du côrps,resti-
forme, qui contient surtout des fibres issues'du noyau de Deiters du jt
côté homonyme et du côté : opposé. Elles s'en vont, comme lepédon-f 1
cule,du lobule du pneumogastrique, à des trousseaux qui croisent
le pédoncule cérébelleux supérieur. Ces fibres sont plus antéro-in-
férieures que celles du pédoncule en question ; elles croisent presque
transversalement le°pédoncule "cérébelleux' supérieur,1' tandis"'que
celles du pédoncule prennent une direction'obliqùe supérb-interne^' i
La partie externe du segment interne d'ii'cbrps restiforme réunie, '™
pour'unè'pàrt,' au pédoncule 'du lobule 'dti 'pneumogastrique ? va'1 '
avecMûi aux noyaux accessoires de'l'olive cérébelleuse, mais 'sa "
massé principale passe dans le 'noyau'du toit et participe à là'for ? 1'
mation dé' là commissure postérieure ! v ' ' ' ' '' ?
Mais'Me pédoncule' cérébelleux supérieur n'a qu'un rapport topo-1 ' ·'
graphique avec'le pédoncule'du lobule du' pneumogastrique, car ?
à une époque embryounaire (embryon de 37 cent.) où ce pédon- f
cule dû'lobble'n'existè pas, la' partie a'nléfb-inférieure'dupédonc'ule '
88 REVUE d'anatomiè ET' DÉ PHYSIOLOGIE' P.11'HOLOGIQUES :
cérébelleux supérieur est déjà développée', et a exactement la forme'
qu'elle aura plus tard /'après l'apparition du pédoncule du'lobe du
imcumo'sùlrique ? ? ? ? ' '' ? q'1' ' ' " , '1'. li : y m
.... ,. *.»., Mi.'yul Il rtri, , , , ,H)M,j 1 r,l ?
LIX." Contribution A' l'étude DES troubles, DE la', pondération DE
'4 l'activité musculaire chez LES i SOULIDS-MUETS; parl : 1110SIsND.IGII.
(qch lî-(t lb l.e f. Nei,'ven iN. F ? 1 1 V, 1893.)" ' .A rt,,(1 3 ? b
JJ 1 ) 1 t tt) '1 · ffj 11' i ' 4 1 1, t 1 ') F t- , ' ..
. Une partie .des, fibres de l'acoustique servent à régler la tension
des muscles du corps, et leur terminaison dans le labyrinthe exerce
unejnfluence sur latontéitc.des muscles,(Wvâld);'la séctionxdé
l'acoustique chez le chien, modifie le genre' et' ta forme de' l'activité
musculaire chez le chien (Schifi7; la surdi-mutilé dontla cause tient t
à des altérations des fibres tonorégutatrices de l'appareil acoustique
s'accompagne d'une, e,spècéd'ataxi ? des actions musculaires com-
Piexe % (Jariies - 't .4 Iirëidl). Or,111 : Rôsenbach â.`coristaté que les sourds-
muets exagèrent 1 intensité de la force musculaire des muscles
employés, à Ja marche; l'impulsion est trop forte. L'oreille ne fonc-
tionnant plus, ils ne peuvent régler cette intensité d'après'le bruit;
c'est,pâr 'un , méciiiisme' àllàl'g'Ué qie'les 'd3,*saéoàsiques'arlent
trop haut où trop bas.' ' ' ' ` ,< . . u ' '" ' PLK, ' ifî
L ? LE noyau dorsal et LE noyau sensoriel du' nerf GLOSSO'-PLIA-
· ItYNGIPN; par N. MACHIN. (Centralbl. ? JfC) ? CH/(etM ? N. F. IV,
, /i893.) / " ? ' 1 ' " » ? '- ' .. 1 ' . , ! fxj
,\' Sur une,, coupe , transverse du bulbe, à peu près au niveau de
l'extrémité inférieure du tiers supérieur du noyau de l'hypoglosse,
existe un groupe de cellules nerveuses situé en dehors etf uiîc peu u
au-dessus du noyau ide, 1'liypo -1 ose,, 11, est., dirigé, obliquement de
'dedans en dehors; d'arrière, ert,avaut..il est limité. en arrière par
la partiel externe'' du faisceau longitudino-dorsal de Schutz ? -jen
dehors, par le'noyau du nerf vague ? en avant, .par lesfibres arci-
,fdrmési lesiplus postérieures,, de- la 'formation reticutaireJjen
- dedans, : pur,le'noyau de4l'liypo,-Iosse, dont.il^est séparé pari deux
trousseaux'dé fibres. Un, de ces trousseaux vient du faisceau longi-
ludino-dorsal(fibresradiaires-,de; Seliutz) ;, 1 ? Lre,vient duliiiC[Iic
groupe, s'inilécidt autour du noyau de l'hypoglosse, de dehors en
dedans, et d'avant en arrière, pour, aller au raphé-.A ce,uiveaule
groupe en question donne ? ,1 ff, ? iwu ? «l >< !
10 Des fibres au ra lip (trousseau arciforme de Gerlach);
.2° des fibres (lui, ti-avet-saiit 1 - eiio3 rà'du iiét-f'vagtielvoiit*au noyau
^interne de l'acoustique; = 3° üës'fib`resuadiaires qui- vont à la for-
mation réticulaire et qu'on'"peut suivre 'presque 'jusqu'au* niveau
de l'olive'accessoire "externe.* ? l 4 ' . loin
'' Tel, est'le' noyau' dorsal qui,'en réalité forme une' petite colonne
de' cellules siluées'priricipaleménl au-dessous des fibres du'faisceau
lohgit'u'dino-dorsal ? '>- ™l« il., mnuj-i iudlb4lt) rit.jj,, eLl ? b
REVUE D'ANATOMIE, ET, DE. PHYSIOLOGIE, PATHOLOGIQUES. 489
* ? , Lm, r. u ? U . u - » .
i Au' niveau du tiers inférieur,du noyau de l'hypoglosse, le noyau
dorsal est situé), en .arrière de celui-ci. Au .niveau de la partie
moyenne du noyau de l'hypoglosse, le noyau dorsal est situé entre
le noyau de l'hypoglosse et le faisceau longitudino-dorsal. Son
volume augmente en montant et il occupe, alors le côté externe;du
noyau'de 'l'hypoglosse,1 par exemple à, la base du tiers supérieur
de ce noyau. Au-dessus; le noyau de l'hypoglosse diminue et le
noyau dorsal s'accroît, prenant la place du premier au niveau de
la, partie, médiane de la substance grisë`centoale : 4'Au niveaulde
l'extrémité supérieure' du noyau'de" l'h 1pd ? ioie;' le noyau dorsal
touche au noyau -interne de l'acoustique alors," il diminue à son-
tour et prend. la formé d'un ova)e'dont']e'grand'axe est'médio-
latéral ;, c'est ce qui(se voit dans les plans inférieurs 'de la protubé-
rance; jusqu'au nôyaü,dé l'ôculo-moteür externe. A'cet'endroit' il
est situé entre ce nôÿali'et',1'épéndylriè'du' quatrième'ventriculé ;
,mais il ne se. confond pas 'avec ce' noyau.' Dans la protubérance et
au-dessus, nous savons rien w de lui. '" " ' , ? 5 "' "
i. En réalité, ce n'est pas un noyau d'origine des nerfs crâniens.' Il
se rattache au noyau interne de L'acoustique dont 'on ! ignore )à
physiologie. Forel, Onufrowicz, Baginsky et Bochterew en rejettent
le rôle auditif. Noyau sensoriel du glosso-phâéyigién.'Idées à'peu
de chose, près celles de Roller. . jf.H , , P. K. ,
.V1 vl .Ï ? s'"c at m l(l,^ r.. 1 / rji1 ? r ·
LXI. La circulation du sang ET DE la lymphe dans le CRANE
,1, PENDANT LE SOMMEIL, ET L'INSOMNIE, AVEC QUELQUES OBSERVATIONS SUR
.LES médicaments IIYPnOTIQUES,;·par`Johiï CUÜMING'INACHENZIE : (The
,, JoMt'o ? M ? 8'*ct-e'ncé, janvier 189).) ? ? Jm,r : ma"9' t
""Tôûy'iial of, lll71lülScéncéi jan yiér 1s'J1.) j, ^1, IV ,Ay , f
1li 'P,'Fait'difficilô de rendre' comptemtilement d'un, travail détaillé
'qui'ne'comporte pas moins de quarante-trois pages,'et qui est très
rempli de faits^et d'observations : disons qu'aprèslavoir. recherché
quelles sont les conditions physiologiques qui président au sommeil,
'à'la veille et' à'T'iiisomnie,' l'auteur -publie'1 le «.compte rendu. des
'résultats que lui 'ont 'donné un ertairinombrend'agents hypno-
tiques' : les médicaments sur lesquels porte'cette étude. sont l'hyos-
clll6," 1,'di-éLhatie;'I'opiuiii'et'i- stilfonal.11 - R.'DE 111USGnAVECL.'<x : z
rI s,r.f101, nt ? ' 7G rft. l : i n, ub m, U> irr) ,.1 r r 1 , ..
91LIL'SUlt''LES'CDANULATI0N5'DEL'ÉPENDYME VÉNTIIICUL.IIR r par
D'' Pellizzi. (Riv. sh. di frett ? fas.lI, 1893.) ^» ? j
f Il'Wl7m I n 9ut v,l r,m- m 9p,· t i, ? f tj,7 ,m 1'l qf)
lie Les granulations de d'épendyme qui.se rencontrent souvent dans
les ,formes . chroniquesjjde .démence, primitiyqi et, secondaire sont
)ConstituéeS) exclusivement, par des^cellules de, la, névroglie. Elles
ont leur origine dans les cellules de,.Ia,nevrogt[e placées entre
;les,, couches ^ les., plus, profondes ,,du tissu, conjonctif de , lopeti-
d}me.et la paroi ,des( vaisseaux sous-épendymaires ;, probablement
dans celles éparses ou réuiiies en plus ou moins grand nombre,
490 i SOCIÉTÉS'SAVANTES ?
qui se trouvent en contact avec la paroi de ces vaisseaux. Les accu-
mulations des cellules delà névroglie'qui sé rencoitréiit'dâüsFcet
endroit et dans lesquelles on trouve, des figures karyokinésiques,
doivent étrèéonsidééescôriünë`lé stâde initial, des, granulations, 1,
Celles-ci,' dans leur développement, , prennent , en . général .une h
forme plus ou moins ovoïde, les cellules de nevroghe qui les.cons ?
tituent § éloignent plus ou moins 1 une. de l'autre et envoient leurs £
nombreux prolongements surtout suivant le plan lirizantal. Quand
il existe» de' répendymité'gra'nùleusé1 il 'y a'a'ussi 'dès altérations
plus ou moins graves des parois des vaisseaux. 11, J. SEGLAS' ,"
1.11, - ï'l Il , )7 fil i-i- if fli Fi III, '1V h ,la · ' ! m ? .nt K
LXIlIi' Influence1 de la'paralysie V.ISO-11OTItICE'ET DE l'a section des'1
NERFS SENSITIFS SUR LE DÉVELOPPEMENT DE L'INFAMMATIONET DE L'ABCÈS , ',
produits par'le-streptocoque'de' L'OTHMÉATOMÉ d^s' 'aliénés par
le D PELLIZI ? (Riv : 'sp, di f·én ? fasc. I;' 1893 : )'i"" ttil '"V"4-1""11
,ib iil J,I·.u`J l y. -but l7tli· I 1/.1· .' 't-nr ? t 't91JpiU>;
La section du sympathique au cou rend moins graves* et' pour' !
ainsi dire nuls les effets de^ l'inoculation ( dans l'oreille du lapin, du
streptocoque que l'auteur a réussi à. isoler dans plusieurs cas d'olhé ?
matome des aliénés. ^Au contraire par la section des nerfs sonsitissll,
les mêmes eu'ets'sè'trouvent aggravés, cependant les résultats de
ces dernières expériences ne sont pas aussi évidents et démonstra-
tifs que ceux consécutifs à la section du sympathique. Ces résul-
tats sont semblables à ceux obtenus par, d'autres auteurs (Roger),
en opérant dans les mêmes conditions sur le streptocoque de l'éry-
sipèle.'ad : .lfl1 <11(JAJM J" ;lIft'l'A.111Jf 1 Jl. J : ·'galJOC
vs ui-in ni
.yju'4 Il au 1-inqi,ipq - v<««^ «m a't ? sw*
n ? n .r, ? m ? 1 r.,vir : m· -il anfib ! 7V ">'3 ! <"\ ""W<
no'l ir* .1 ? a" 6 .aj ,b Jr-, ri;Ln1 t.' Inimoismiinir 1111 - ? »... ? .. -; - -/ (< f t-.m ? n., , 1 i >.(, m( ifiv. 17fllr,f.
'" 1' ' SOCII : ,T-L` : 11ÉDIC0 PSYCIIOLOGIQ UÇ ? If ? r'J n0-|
ff ., V·1 w t-1 i;i n ·f 1 . 41r, 1l'lr ) 'J ? 1.;14 inl. 1 ? tllf(
Séance dit 30 octobre 1893. ? Présidence. de M.|Cubistiaki.j.j,,0o» e
1·J.lill JIÙti11R1 'tl 1411 nJ.111·UI IlJ .II . m ! u. 11J J IJf.. ,.
, -oif"iPii',f -,1'ir^;»- .v ? )') , il ">". il ? 1'.1 ".^ l.uij
Le Président annonce,' à la' Société, la perte quelle vient
d'éprouver' en la 'personne de 11 ? BlaucIJe ? décédé 'pendant1 lés
vacances et donné ensuite ! leclure'dil'discours'qu'il'1a'prononcé(sur 'il
la tombé.1 M;' Blanche 'ayant "été' président' de la Société1, 'la séance1 ?
est levée en signe de Jdeuil' : 11 1-uiv'tu ! l JuibiMn un- JImltyilrB1 juc'
SOCIET&SFSAVANTES. 491'
UT.i. po,| -trfau< ? 3h ? (q'H ? v("r)nt''r<'ti''v ? ' i|
. Id il 3.120vemb ? c,j PRÉSIDENCE DE M. CIIRISTI-N t : t,lltl
, t ? t ? '<f) ? nn ? t)'9 ? f J lio-i-xi'j
1 : 01pit-SIDÉN-T--C"X'PO'S"é'àla Société. qu'un vote dùrdernier,Congrès f
do'Mëdécitle'mentale semble vouloir'deponiOër la Société du droit t
delpiésidét-"iL'-Ia'Idièeti611 du'pi-ochain oti ? res. lie discussion ?
' f 1 ,- -,t, 1 ? ).t ? f 7.nli' e GWue ru0 .a ...,
générale's engage sur la question, de savoir si oui ou non. la Société, j
aLin'doiL'd'or-a-iii*àtiàii du .
a'uldroid'organisat.ioti du C6ngrcs"do'nt"eHe'est'râme ' ?
' B"') iflr; m '^'1 "Kl'i 'il Jirj'/li si ' 1 t à G .. ' «' "lliiiui
'lf : , IaLnçT nslste pour qûelâ ? Soiété maintienne son droit d'or- it
g-11 ani'salion si et r, de d)rectin : 3 gPY ? ? < ? , ? M\U
'i ? , mi; ? aIn 21fY),f',(( 991a 20l ? nit.lW sur ? 111fez
M. Jorrnox est d'avis que le meilleur moyen de conserver une
chose^est de ne n'en pas discuter, la,possession et l'on, tombe1 d'ac-J J
côivd ûi`l ? césôlûtiôn.sûivar)te quest ? adopteo. : )La Société donne
le soin d'organiser le, prochain, Congrès de médecine mentale et de
neurologie une commission composée des, membres. du. Bureau
auxquels s'adjoindront MM. Fairet, Joffroy et Pierret, président du
proçlJain,CourAS.rrIUrt1 bim iioi u· ',n,t " '.q ? V[ tlt nn'J'' e1
. ? \ ? ? ', .h ,t''ii-, /... a S ! '·111z Wi1t !
Commission de classement des candidats aux places de membres , ·
titùtâlrés.`Elle)esl'cômposéé`dè'11111 : B)ii : lô, CIIADPENTIELi,,l.ILDET, , ,,
MAItANDON DE MONTYEL'et VALLON. ? ? '' ? MKC'EL BmAND.. 1
Mahandon de 111ONTTEL etTVALLO'. ,t91 , Marcel Briand. ,,
9b 2.lBJt1)aHn r,91 Jf.lf s ! 4"' , f J ? ivwo7) ·. ,·.i."·;a ? mi. "
.6'IJi'notl) ? Î1 ift aJ[. ,114' · ' m : hr· 1171 ! im r, 'tnf'i'j ;y7.i 29' m» «al1 ? j
llJ ? 91 3 SH]nr ! )J.'7fi <,' 'b t)^L1^S7 i, ù ;il.1u : »«»fH'" vi1`3J snp ait'
,|r,u0jn nit.'Wt r >71 ? L ? y )ruuJdr, xrJn ? .okij,ldimf- jm.ip* ? 1lI
- ? 1 ,t> )tjT.o'f7 ? ).t ? .,fjIJ)Iltto : l G ? )iF)Il : JI 2flJift JI)&7Jyts It°
SOCIETÉ, 1 DE PSYCHIATRIE et MALADIES NGRVEUSGSI;i 1)·
DE BERLIN
Séance du 14 novembre 1892. Présidence de M. JOLLY.
M. Hitzig. De lt sit2tatiôt`eh,; lanyié `diyns `lh'pârnlsie périplvé-
rique du facial. On observe dans les paralysies faciales périphé-
riques graves une déviation considérable de la langue du côté
sain. Simultanément, la bouche est déviée de ce côté. Si l'on
assure avec le doigt la.rectitude de la position de, la bouche et que
,, .. '1 ,1 l ? y .11» 11)11 » » p'J-jnilllj.lK ? I I 'I l.lpr, . ., ,
Ion fasse tirer lavlangue au malade, celle-ci sort toute droite de
la cavité buccale. Par conséquent, la-déviation de la langue précé-
demment constatée, ne provient pas de la paralysie de quelque
muscle lingual que ce soit, elle est due. à un état, d'innervation
1 il 10 p-, Il 1 p ? -% it, , .
spontané inconscient qui a pour'but de maintenir le rapport habi-
tuel de la langue avec les commissures huccales. c ,, i
1'jv ·W &. Jynev bi , JJ 'it'r 4, p .. m ? IIB Pl7rtl8A 1 '11
\I,.l Hitzig. Des,, accidents consécutifs au sevrage^de la morphine et' L t,
de llqtoi7za(,. , i ' 1, C'rLailis de .5 accideilts,qtii,ipendaiiL l'oult,aliiemetit .v
propre au sevrage de la morphine, suivent,la privation ,de' cet exci; 1
tant ressemblent aux accidents nerveux qui accompagnent la bas-3
' p...T;- >;r ? ..(T ? Tr.'
492 SOCIETES SAVANTES. ? .">« ti Cf l'1· fllT 'lil rl° 1 ' si .IJI' i 'tltt. '.r ? ^ \''4h< i
tritercatarrhale chronique. C est ce qui a conduit M. Hitzigà sup-
poser que l'excrétion constatée par l'estomac delà'morphine intro-
duite dans l'économie par la voie sous-eutanée'entraîne une'acidité
ou une ? sûb-âciditéartifiielle"ét'qüé, d'autre' part,' la' tënêur ètï
acide 'chlorhydrique'du suc, gastrique croit'dans des proportions
ales pendant le sevi-a-e des morphinomane-, au point de
permettre e com[ Iës"accidents*en question à ceux que'l'on
permettre de comparer les accidents en question 1 ceux que 1 on
observe dans, la gastrite catarrhale par excès d acidité. On a en
™', ''^ . ..4 ? w ? t ' -, '«CI ? l'ijl k
effet constate chez un morphinomane en traitement que 1 il]-es-
tion de hautes doses de morphine va, de pair avec la disparition
J 1 ! " 'J ->"l I '"V' J ' ? i 1 1 - - 14 l"1 ! 1' " "" ? W i<\ ? A'' ? '
de'l'acide''cht6rhydrique stomacal et que celui-ci reparaît et atteint ? l-.i'.l'J, ''V' <«"' I ? 1 "J-V, '<-. ^If/A'nnH ? fj'nm ? 1' 1 ? ' ? lVJ '
bientôt des proportions élevées (0,205 p. 100) a mesure que Ion
diminue la dose du poison, mais;i) ne survient pas réellement
e ,ruz. yll,vpl....,i t al,'Ir : ·' i,i· t pas rée me ·vit, r
d hyperacidile absolue. toutefois, ce malade qui, pendant les pre-
cédents sevrages qu'il aviiL ? 1)i's; avait extrêmement souffert, subit
cette 1 fois . -il sans 1 C ... iiialaisi' ia désaccoutumance parce qu'on lui pres-
crivit le traitement a Pl 1 4j- 1 - . - tarrhale' par 'excès
d'aciditéf'It'est aisé'de^compreîidrë1 là susceptibilité des nerfs"de
l'estomac privés'dë')eTir narcotique 6rdinairé ? et l'action' irritante
que peut alors produire sur eux le contenu de 1 estomac àcldifié :
Aussi les lavages avec les alcalins sont-ils indiqués; il est prudent
également de recommander aux-morphinomanes l'usage'de l'acide
chlorhydrique', de même qu'aux malheureux atteints d'ulcère rondj
on'conseillera4lanmor;phinet comme'propre à^ entretenir^ l'état
neutre'des liquides de'J'estomac.y ' 1 n Irant.'i '«tf il,' f.h)j ? fjM
nii'h .m «((» -)' Ji""o "in iliddr tsv p( h Inn·7.t 3tmt " anntvfnf
Discussion. M. EN TOIT. Depuis longtemps on donne, aux
malades atteints d'ulcère rond, du nitrate d'argent qui forme' une
combinaison 'avec'' l'àideiélilôrliÿdriqûëL'belladonëa·ést''éâle
ment précieuse dans l'espèce.9jjP ? v. nu y'a" "on,lu ' 111 *
21'i 0 i, - . 1 () 1 , tyl 0 , " 1 ef, ri T 1 , 1 , 1 , 1 , , ' Q , -q Î
MfOpENiiEiM ? DJs ? o ? M atypiques de 'la gtOS6°pMKe' Il
importe d apprendre a connaître- les variétés frustes' de la synn- 1,
'g'omyelië ? L'oPateur én décrlt qûèlques cas auxquels il 'manque
encore'' là 'sanction' J anatomique.' ''Puis, il 'en'rapporte'une'forme
associée au tabès; étude clinique et`taâatomo-paiholoa;qe; prépa-
râtions ët déssirîs : Mémbire'publié'n ? so. ll", ^UH l ,,fffj £ !
yt'ry ? lf..B') 9tr nnt· y F · itR9lwbnf ..If .tn ? y,
11, DtscusstoY.ï h M. Remak. La sensibilité à l'égard de la chaleur
n est altérée, dans le tabès, que tout a fait à la fin; par conséquent
un trouble^ accentué è, cette nature sur les téuménts`dû trôné
indique la syrinomyélie; en revanche, l'atrophie précocerdu nerf f
optique et l'immobilité réflexe des pupilles relèvent du tabès : Hôff
mann,a"separé de la gliose'(s3,i-in ? omyélie),Ia gliomatbsë earaeté-
risêe''par' la 'forma ion d un néoplasme comprimant les'tractus
'voisi'n's."QuÏnt'à lui, RémakJ'il est'arrivé"a diagnostiquer )à''syrinL
gomyétie en sept cas, à l'aide de cet oedème spécial des extrémités
supérieures qu'il 'à" dépislé" (Berlin"^ K lin ! Wôchcnchrift ? 1889),
SOCIÉTÉS SAVANTES. 493 ? 1 r - ,1'i'M. - · .t.-t
oedème qui .dépend d'une lésion de la ◀corne▶ postérieure^du même '
c6té,(voir Rôssôr.inô, Coztribictiôri ci''la physiologiedû â`icbcin'dè Re);
mais la' constatation d'une^ paralysie^ partielle 'de la sensibilité à
l'égard'dë'Ia'chaleur, du froid' et de la dbùleur"è'ntra eh ligne de
compté ! La'chéiromêgaiie fut notée une fois ! Dans'iës'observaUons
typiques il'ÿ avaitavec' de l'atrophie musculaire ? un troublé très
élendu''dé'la'r' sensibilité.' Dans"trois 'observations fruste's,' il' fallut
cliércliër`éédèrniëisÿinpt6më; c'est l'atrophie" musculaire spinale e,,
qui prédominait. L'une d'elles offre'cette particularité qu'elle' pré-
seûtaitrplutôt lé masqued'une dÿ;stëôpbie musculaire ? l'existence
e eonvuls 0 i' e - l"iéaction"'dé ? é èii iinpo-
sait pour une atrophie musculaire spinale progressive;, enfin on
s explique, dans 1 espèce, les remissions constatées, par ce fait
'i ,.^.. ,' (i'i ? r ? '.i u-^v-nx ...-...( ? 1 -1 , 1 11 1 q à 1 . 1 , t
que le néoplasme générateur de la syringomyehe et du symptôme
^ ...-,< .(.fi'ii-m . ? , .r ? .» v, >n *, ;i°i Ano-Uf. 'UllJlJr i %l il h
spécial en ieu avait luirmeme rétrocède... ,
speciaLen jeu avait lui-même rétrocède. up ='^rzv,· s`·,h`la
lr"" I bJU°, (il 'Hl'Ui a 3 Vf. Il nus 'U5YB 1 IIP - "H"lVj"* ri'llt"i3
.e M.( BERNIIARDT rapporte, t.rG S, 0'ser.vations ? de, syringomyélie ? La
première a pour, caractères l'atteinte, des nerfs bulbaires et. la surj
venance d'hémoglobinurie périodique ; la seconde est remarquable
parles accidents rappelan , . tle ebnleus'syn-ipràtiq- ne de ' 13S own-,
Séquard. , );lles ? ont, été publiées, dans les,, A'chiv" f. Psychiat., t,
RX1V1.1 Je" ! i ,,lui' Loi 3S' h ! '[-ii;'tft'. 89 avj; 'tgfvjnt pîh( ici'i/
of3'I : ,HiTZic-communique.une observation dur même tordre. Avec
l'oedème; il y avait une infiltration dure,- ligneuse,' des^muscles.du
braslgauclieuetsde l'épaule,,de,ce, c8té. ! rLemêmecsymptcîme,se
représenta chez une femme du type delmorvaii-et chez un, homme
indemne de tout trouble de la sensibilité qui avait le masque d'un
r. nnnn t1(t at1 fY9r'I'. r °Itr l9LI Q'l'ri,r r tl1 f<'t' ' v°ll
tétanique. , ? '... i , ., r r
1(in ., Viol u n j» » -is L «fo -u] t.b bao" iVjli, h -'nifl'li. f>;>iiisl'ii.i
Ai. Mendel/ J'ai constaté^cette dureté ligneuse^des muscles avec
M.' Pbllnbw, chez un syring'o'myéliq'ue ? 1 aub ,clnj"9.r.1 irtcir
11 M. Bern,hardt.i , Ces ^infiltrations inflammatoire^ des ( parties
molles .'commencent,, dans la s3>rugôn·ÿélie,, par, des. crevasses et
des fissures indolentes.de'la peau' oedematiée..Demême que chez
lés.tâbéliques,il,péut,,chez7es,sÿringômyéliquës, sejproduire des
affections osseuses et, articulaires,, et, ! de même que. dans, une poser-
vation d'Hitzi-, elles peuvent donneranaissance à ces perturbations
également indolentes à raison de l'analgésie.
11>. -' dem.' 1 e si inriltratioii' "ligneuse des muscles peut
être cônsidéréeeorrime -ysue;de prolfératfonsintèrstitielleset si
eile n'est pas 'semblable aux trophonévroses'ou'aux troubles angio-
. ,d, .. 1.1fi i , , (1 7 ? l il, ` '
paralytiques d origine spinale. , .; , .. ^ . , £ ,n
Ltr.y . v ? t ar tt` .I.r Icyl ü 1 ? 11v r,lfi(ltn Intl ,l'' · r.y.v"
.jM^Oppenheim ? , c Le,,mode,de,répar,titio, et^ le^caractère^ de de
];anesthésie permettent' 'de supposer'' Inexistence Ilécla syringoni3,e-
lié. Puis, la paralysie partielle. de, la sensibilité et, en particulier la
, ''li"Vyi.lïi - ? ' ' '<iip- 'ni '. o ' "' "' <i> t ' ; ! " Jq < ' ? ? l'wn<>"
Voyez,Aiciiives .1, de Neurologie., Revues analytiques. , 4112 ? ,n,,=
494 SOCIÉTÉS ' SAVANTES.
' thermo-aneslhésie; est rare dans' le tabès. Toutefois, les anomalies
de là sensibilité dans le. tabes ! (Bollco`;iStern) prouvent.'qu'il'peut'y
avoir .confusion entre les deux maladies. M. Hoffmann, , dans1 son
travail, repousse les formes^ frustes dont'il importe "cependant clé
s'inquiétertpour arriver au- diagnostic;" à' plus forte'raison"n'ectait'-
cil-il passes procédés de différenciation de'ta'giiose'(syringomyé ! ie)
.et de,la, liomatose (uéoplasie'de Ia moelle) : 'J'ât soüvént'`c'ônstâlL
l'existence.) d'une atrophie'du nerf'1 optique et" d'un, a 'pâ,rài ? si'éld'e s
pupilles dans'la syringomyélie; mais il 'convient 'de faire a'cG'suje't
de nouvelles rechercbes : EnGnl : \\Ticlimann'a'môntrév'qu'il'ÿ a'des
rémissions'dans la syringomyélie'. i;1 r'dJn'oftsa nU - .3tsj»wa'4ns«
- 9t) it0"ql 3tI,·rllflmrt 21f Lil 1`J 9LIrI911rti r`Tft 'itd5l1;1g : f f.l .fi 3f19fi;1J)J
,LSéInce,du : 4 décembre A8Q2'. tPRsiDENCE'DE M. JOLL-Y ? IDOd
' qh fTtnf) 8' ? ? lfr9Wn'·sl' aanîî J9 enr.rt
(lit 111 ? Bruns.' Présentation d'un cas
' cénicalê inférieure. ,fl l;tüdé ? du`'i·éflésé, tendineux patellaire.. en
areil`câ's. Pùblié in extenso dans les Archiv t`. Ps2 clciat. tu
e. î, , ,e,. , feig Je-i i t .'IL. -- J ? ruz trauzzfcv
- l Bâus ! 'Cortt.i6ution la symptoinatologie (le, la paralysie. isolée
''du grand dentelé ? 'Publié ïin, extenso dans 1g Ncacolocg : ce 22 ti,â 1 b 1.
]' onn9&ttil 'jiftn t' J ? t. 1
- rl·o irrT rtt'1"n'fil5 Jrf,Vt v ' .< : 1 ,CitU `9r1 9t1 ! 1rQ IplBB 91Y'jf.41bt( ah 2D.'1
..Discussion ? A, ce. propos,, M.- Jolly fait circuler dans'l'assom-
bléedes photographies-^ ! malade* présenté'il'and dernier^par
`11L°SèstiLINC étiexâminé pardui. lli.tRunh; n'a reuconfréjque trois
çâs'dëpâ.râlysieisoléeJdu'rand dentelé sur douze . mille cinq'cents
admissions, parmi. lesquelles. vingt- trois. cas 1 de paralysies' périphé-
riques 'a'v"è'è c1olicracture des ,mùgeles'de, la ceintureodoll·épaule'
l. 4 , ITZIG croit quctdansilejcasjde l.,BIIUNS lot malade pouvait
élever le bras verticalement parla conservation d'un, reste' du'grand
déntelé,F(dréhiyf.;Psyçleint.; XXV : )nvJf19L.1nrsJiJ J P.IKERAVAÈ ! 1-1 ? MbatdE-Mt... .ridQU'1jS I nv toI '3321 ljfln"l 2l.IStI zsb is
TW.Yoa qbiinbllodb tqi) ow$ailqJ(rrr7n 4va giifqo-ilb
.0 nt-toi s ! hu-VB Bqtljl"e- asflvl51rri JJ zfn7o31zflî
. . ? ? < ? ... ? nt r ? xorf.1 Iznr,rfanr 11 cJsfIsF;a zsfr,ntl
l XVIÎ,cJÇONGRESc9DS1 NEUROLOGISTES^.ET ALIhNISTESsh
qqJtgYtt<J'U ? ` 1ü DÜ LTL., SLID - OÛEST, DE L'ALLE111AGNE 3.trtn nu
« ! ,; qao .eb D t li blinda : « - : "" **™ 3·IS) 2trlq tiuid Jcs
tsioq frl9'rr110' ï an dIID .89T$1tt(Tj9'r71 23t1'JnÎ >ob lflf.tfi ? 2yb ,zsndit
ul9bfv5l SION 1 PLU BADE-LES-BAINS f> lrJ9beT 01 Mi
wooeiira «wii r,l "<.">h ? ? -supnEdqmYl «w>ii '»' « I '' '1turn ? Séance clu 3 juin 4893.,PRÉSfDENCE·nE MI.-FUEIISTNrRICI911 IIIP
rJli^IIoçus ! uDe' rophUialiktylé51eh,,§ ? ffîy8vcïa2t Fille11 vierge rde'
quarante-neuf all'S ? iild'èiriiie clë"s3', plillis et d' 13 rslét,ie; 1 saill cause
)) mlii.nji..om>iilq'>tluX,mii «.L^jlj Odo'i» ? *»« ? T ? ? r, ? 1 . ? ) ? i ? )')Mf ? t'0 ? t)Hd
n Voyez- Archives de -Neurologie. Revues, analytiques. it g j t, ,v2rt2, »
2 Ibicl. Ibid. v" * "" ' ' ' . Ail, le
>> ? Voirie XV11° Congrès 1892, In Archives de'Neurologie )'e<;'0 ! 'SMM.
.SOCIÉTÉS SAVANTES. 4495
connue, elle est, dans le cours-de plusieurs mois, atteinte de para-
l,s,i'to,1,etle de tous.les,muscles)extrinsèques de l'oeil; seul l'éléva-
teur de^la paupière'n'est.pas tout à fait paralysé, les pupilles réa-
gissent encore à lajumière et à l'accommodation; pas de diplopies;
de,temps à, autre,) céphalée et .vertiges- sans/ vomissements.'1 Cette
|dplithalmpp.légieJ1, externe, (bilatérale,, chronique, 5 progressive
(nucléaire) /guérit çornplètetrccnt. en,·sixFlmois sous'i l'influence 'de
1,'iodure de potassium et du ,courant galvanique, alors qu'elle exis-
tâit dëpüissix mois(voir, ]a)B6 ? 'HK rHm.Woc/tcnsc/t ? <) ? M ; ''ih'j"')
89(jM. - spéciale à'diverses formes'de'dégénérescence
musculaire. On rencontre la lésion quetLanghans'et'Kopp rat-
tachent à la cachexie thyroïdienne et qu'ils nomment lésion des
bourgeons musculaires,.Ierfd'autr6 ? affections" On- sait"1 que' Lang-
hans et Kopp décrivent sous le nom de bourgeonnmusculaire un
e'semble' anaeo-miq"u"è'«' 'c'o'ii"sLitué"'pà'r' 1 un'è" ? ai'n.e ? de %"p,rimysiuin
englobant*'un'cértam ioinb·i·e' dé fibi·ill,és,intürièment uaia,s"jun
vaisseau et souvent un nerf. C'est un''système\hist6)ogique. Eh bien !
ce Système*présente les' altérations décrites par Langhâns et Kopp
toutes- les fois'qu'il-y a'dégénérescence'du' muscle. Ainsi, dans un
cas de paralysie saturnine des péroniers, il y avait atrophie muscu-
Igire, excessive, etq l'on ' constatait' une lénorme'multiplication· des
noyaux; . le. bourgeon cmusculkirei n'avait' plus rsa'lgâlrie 'normale,
celle-ci. était remplacée par quatre à ! cinq~gro'upes 'de'1 noyaux 'fusi-
formes Il entourant ri le tfaisceaut6utentier;"entre "eux erraient
q,,el q uqsfil)res;ile ! paquet-da' fibrilles du' bourgeon était devenu
très, petit, ilsouventi aussi petitrquei te'diamètre' dû"noyau et,"par
places, on. voyait entrel ellési quelquès i no'yau- -x" n4"-eti ' lüs' olu-
minouk.)Les mêmes altérations se retrouvent; ! àpén'de'hosé près',
chez un malade atteint de névrite alcoolique; l'intégrité de la moelle
et des nerfs contraste ici avec l'atrophie considérable des muscles,
atrophie avec multiplication- de3 noyaux; abondance de noyaux
fusiformes et quelques cellules vésiculeuses, ayant la forme de
bagues à cachets (Langhans). Chez un troisième malade présentant
de isTdystrophie musculaire ' associée à 1&""p"sendo-hypettrophie, le
bourgeon musculairelparait d'enveloppe
est bien plus large; entre les groupes.de fibrilles il y a des espaces
libres, dessinant des formes irrégulières, qui ne se colorent point
par les réactifs; çàiettia quelques cëllûlës="vésiculeuses. Evidem-
ment il ya a là stase lymphatique. De plus, dans le tissu graisseux
qui tient' la placel de larsubstance`inusuleuse,'oü'vôitûn corpus-
cule dont la structure correspond celte, du corpusçule,de,Pacini
et'dë'StadeImann7 Une' 'quatrième et dernière ? observation \ est
empruntée à une sclérose lâtëralë arpÿotropliique; atrophie des
bourgeons musculaires, intégrité, de la gaine ? llfémoire,publié in
extenso dans les â're'hi f ! 'Ps'ychidt. · z j,f] ^ ? v
M. Manz. Du scotome scintillant. ? L'action;, objective.)de la
496 SOCIÉTÉS SAVANTES.
lumière peut provoquer la migraine oculaire dans' certaines con-
ditions temporaires mal définies, mais qui certainement résident
dans l'encéphale. Il est à penser que dans ces conditions la lumière,
en excitant la rétine, transmet aux centres optiques une irritation
spéciale qui se propage d'une certaine manière. Le symptôme
migraine, si fréquent en pareil cas, vient à l'appui de l'irradia-
tion centrale. Toutefois, la localisation du scotome à l'oeil à la
périphérie a pour elle l'observation de M. Manz sur lui-mûme; que
de fois n'est-il pas arrivé à faire disparaître promptement des
phosphènes qui semblaient indiquer l'imminence d'un accès, en
fermant les yeux et en appuyant fortement sur les paupières. La
céphalalgie était supprimée également avec les scotomes qu'elle
devait sans cela suivre fatalement. Mémoire publié in extenso.
M. KLI';MPEREIt. Contribution ci la séméiologie de l'herpès labial
dans la méningite cérébi,o-spiiiale. Trois observations dont une,
avec autopsie, témoignent en faveur d'une méningite épidémique,
alors que certains symptômes, non sans importance, permettaient
de croire à une méningite tuberculeuse. Or, l'herpès labial qui se
montra dans ces trois cas, eût-il pu suffire à établir ce diagnostic ?
La cause de l'herpès labial réside dans les cocci inflammatoires
ordinaires non spécifiques. Cet herpès indique donc que dans la
maladie pendant laquelle il apparaît entre en jeu, soit comme
générateurs, soit comme éléments de complication, des germes
inflammatoires communs non spécifiques. Par conséquent, quand
l'herpès labial apparaltdans la méningite, ilest le signe certain d'un
processus inflammatoire aigu. Mais l'apparition de l'herpès labial en
pareil cas, ne permet pas d'affirmer qu'on ait affaire à une ménin-
gite épidémique pure, ou à une méningite suppurée aiguë survenue
chez un tuberculeux qui, d'ailleurs, peut recéler en même temps
un tubercule méningé. Quoi qu'il en soit, il est certain que l'herpès
labial ne se montre jamais dans la méningite tuberculeuse pure.
M. DiNKLER. Contribution à l'élude des affections postsyphilitiques
du système nerveux central et périphérique. Le malade en ques-
tion présente successivement les accidents suivants : en 1870, chancre
douteux; en janvier 1879, traumatisme crânien avec perte de
connaissance ; - neuf mois après deux ictus apoplectiformes avec
aphasie à trois jours d'intervalle; le 13 septembre, hémiparésie
faciale à gauche; le 16 décembre, paralysie du pathétique droit,
parésie des branches palatines du facial droit; amélioration
graduelle; - le 2 mars 1880, troisième ictus apoplectique avec
aphasie; le 29 juillet, paralysie complète de l'oculomoteur com-
mun gauche, avec paralysie de la pupille absolument immobile et
mydriase; - amélioration spontanée; - le 15 mars 1881, intégrité
cérébrale, mais parésie du bras droit, hypoesthésie du cubital
droit, faiblesse du bras gauche ? le 14 janvier 1890, mort de
pleuropneumonie. On a donc pu observer le malade neuf années
SOCIÉTÉS'SAVANTES. 497
,consécutives.- Autopsie : Tissus cicatriciel' dans la'voûte palatine et
le voile du palais et dans la paroi du pharynx; -`endartérite'de
l'aorte et des vaisseaux de l'encéphale; nodosité de la tunique alhu-
.ginée du testicule; méninges opalescentes et épaissies; kystes
hémorrhagiques anciens dans. les .deux noyaux lenticulaires; -
sclérose des cordons postérieurs dans la moelle cervicale; dégé-
nérescence radiculaire disséminée de lai moelle dorsale, cervicale'et
lombaire; dégénérescence des ◀cornes▶) antérieures dans la moelle
cervicale; atrophie dégénérative de la plupart des fibres du cubital,
.d'un certain nombre i de fibres. du médian, .du radial, du musculo-
cutané; atrophie dégénérative des «muscles de l'éminence hypothé-
nar;t endartérite syphililique'diffuse de' la cérébrale.moyenne,
de la cérébrale antérieure,, de laibasilaire et de leurs 'branches
.(voyez la Deutsche Zeilschrift f. Neraenheilfiutde). T ? r
111.' EDINGfiIt.IDe l'origine phylogénétique des centres corticaux et de
l'appareil', olfactif. L'écorce cérébrale la plus ancienne, celle des
reptiles; «se -confond avec l'appareil olfattif (encéphale'du, elieloile
midas). C'est chez cet animal la première manifestation de l'écorce
dans le règne animal; or t'écorce' est'tout entière.consacrée à la
fonction.olfactive. Chez les mammifères osmatiques. le lobe olfactif
et l'espace quadrilatère de Broca, se rattachent au cerveau antérieur
au, cerveau intermédiaire et au cerveau, moyen.1 Le renflement
olfactif est relié à l'écorce du lobe olfactif et de la ◀corne▶ d'Ammon
parles bandelettes olfactives [latérales (trousseaux- tangentiels) et
par un..tractus blanc spécial,qui,s'enfonçantidansla substance
blanche du lobe olfactif et delà1 région- olfactive, .gagne, l'écorce de
la ◀corne▶ en question.- Les deux lobes : olfactifs sont'reliés entre eux
par.lesifibres,de la commissure antérieure; d'autres \ tractus'» de la
même commissure réunissent, entre. eux les territoires latéraux du
lobe temporal ;.les lobes limhiquessont également unis' par des
trousseaux spéciaux de ladite commissure. Chaque partie des centres
olfactifs possède ainsi des fibres, commissurales. La lyre n'est qu'une
commissure de l'écorce de la ◀corne▶ d'Ammon. ? , v ' *
,. La. substance blanche de la région (Olfactive, celle notamment
du champ latéral de,cette région, -est* rattachée au cerveau inter-
médiaire par le pédoncule antérieur.de la, glande pinéale..Le gan-
glion de l'habénule et les faisceaux de Meynert qui se, confondent
avec lui, sont, de même que le ganglion, interpédonculaire où se
terminent ces derniers, i partie constituante de- l'appareil olfactif.
C'est ce que montre, la vivisection, c'est ce,que montre t,dévelo-
pement très vigoureux de tousses organes chez .les-animaux dont
l'olfaction\est puissante (eliiei.is1pai ? exemple), c'est ce. que montre
l'atrophie, des mêmes orâanésl,chezl'homme.`sUne portion, de la
substance, blanche olfaeth e se poursuit en arrière et peut être sui-
vie jusque dans la région des tubercules, mamillaires. C'est là que
se terminent les,troùsseâuxdeJfilires.dülriâôneqm viéniientde la
Archives, t. XXVI. 32
498 SOCIÉTÉS SAVANTES.
◀corne d'Ammon. Or, celle-ci appartient à coup sûr à l'appareil
olfactif (Broca, Zuckerhandlj.
Séance du 4 juin 1893. -PRÉSIDENCE DE M. BOEUMLER.
M. FItIED31A\N. Contribution à l'ah-7-oparesthésie. Le bout des
doigts et des orteils est le siège de sensations insupportables, de
fourmillements, et cependant il n'existe aucun signe de névrite,
névralgie, ni aucune altération matérielle. C'est donc un complexus
autonome indépendant de toute autre maladie nerveuse organique
ou fonctionnelle qui appartient réellement à MM. Schultze et
Laquer. M. Friedmann en a vu plusieurs douzaines de faits; les
uns ayant une évolution chronique, les autres, en plus grand
nombre, ne durant que quelques jours ou quelques semaines. Sou-
vent ces paresthésies se limitent à une partie du doigt ou de l'orteil,
le plus volontiers aux quatrième et cinquième doigts; elles résident
donc volontiers dans le cubital. Il en existe une forme bénigne très
supportable. La maladie a pour facteurs : l'anémie, surtout quand
il existe des arrêts de la circulation; une prédisposition aux rhu-
matismes ; les sévices du froid. Elle occupe les dernières ramifica-
tions des nerfs sensitifs, mais porte sur tout le traclus sensitif depuis
les filets du nerf jusqu'au cerveau. C'est l'électricité qui réussit le
mieux.
M. Stroebe. De la dégénérescence et de la régénération des nerfs
périphériques à la suite de blessures. L'auteur a d'abord cherché
une méthode fidèle de coloration des cylindres-axes ; il l'a trouvée
au moyen du bleu d'aniline : l'élection se fait au moyen de l'alcool
alcalin ; la double élection suit par la safranine. Il a alors sectionné
chez le lapin le grand nerf auriculaire, ou le sciatique (cinquante-
deux expériences) et les a observés de un à cent dix-sept jours à
la suite de la lésion. Au nombre des processus observés dans le
bout périphérique qui dégénère toujours en présentant les phéno-
mènes de la destruction de la myéline et du cylindre-axe, il faut
noter la prolifération, par karyokinèse, des cellules de la gaine de
Schwann. On les constate dès le second jour, sur le tronçon péri-
phérique du nerf séparé. Ces cellules pénètrent dans la lumière du
tube nerveux ; leur protoplasma boit les gouttes de myéline du
manchon qui se décompose, s'effrite, et elles forment alors des
éléments ronds ou ovoïdes, gorgés de ces débris ; elles ressemblent
alors tout à fait aux cellules granuleuses des dégénérescences du
système nerveux cenlral. On les rencontre d'ailleurs dès la qua-
trième et cinquième semaine qui suivent la lésion des nerfs dans
les gaines lymphatiques adventices des vaisseaux sanguins des nerfs.
Ce sont donc elles qui ramènent dans le courant lymphatique de
l'économie les produits de dégénérescence des nerfs.
La proliféiatipn des cellules de la gaine de Schwann n'a cepen-
SOCIÉTÉS SAVANTES. 499
dant rien à faire avec la régénération du bout nerveux. Pour former
déjeunes fibres nerveuses, il faut du tissu conjonctif. La régénéra-
tion se produit au moyen delà germination, pour ainsi parler, des
anciennes extrémités des fibres du bout central, à l'endroit lésé.
Ou bien la jeune fibre provient du prolongement de l'ancienne, ou
bien un cylindre-axe ancien en produit plusieurs par dichotomie.
Le sixième ou septième jour, commence cette néoplasie de fibres
nerveuses jeunes extrêmement minces; à peine nées, celles-ci sont
revêtues d'une gaine myélinique excessivement délicate, elles sor-
tent du manchon coupé de l'ancienne gaine de Schwann et s'en-
gagent entre les cellules du tissu conjonctif intermédiaire, à l'en-
droit lésé, poussant leurs prolongements vers le bout périphérique.
Dès qu'elles ontatteintce dernier, elles y pénètrent, s'introduisent
à plein canal dans la gaine de Schwann ancienne ou dans l'épais-
seur de celle-ci. Le bout périphérique dégénéré ne joue dans toute.
cette affaire qu'un rôle passif. Mais il se peut fort bien que les
anciennes cellules de la gaine de Schwann qui ont proliféré
viennent former la gaine nouvelle des jeunes fibres. En tout cas,
il n'y a ni hyperplasie nerveuse discontinue par cellules isolées ou
systèmes de cellules indépendantes, ni réunion par première inten-
tion des fibres nerveuses sans dégénérescence du bout périphé-
rique. (Voyez Ziegler's s l3eilrxye sur patholog. Anatomie. t. XIII,
cah. 2.)
M. Laquer. Des effets de la cocaïne sur 1'oeil et de ses rapports
avec le grand sympathique. La cocaïne anesthésie l'oeil, par son
contact direct sur les extrémités des nerfs sensitifs ; en outre elle
dilate la pupille. Cette mydriase, qui commence cinq à dix minutes
après l'instillation, dure pendant vingt-quatre à trente-six heures,
si l'on maintient sur l'oeil un bandeau compressif. Evidemment,
alors, ce bandeau ralentit l'excrétion du médicament. Il en est du
reste de même à l'égard de l'action de l'atropine et de la physo-
sti-mine.
L'avantage de la cocaïne comme mydriatique, c'est que, si elle
est moins intense que l'atropine, elle ne gêne pas les mouvements
pupillaires, la réaction à la lumière et à la convergence. De plus,
les oscillations diamétrales des pupilles, physiologiques comme l'on
sait, indépendantes de l'éclairage et de l'accommodation, subsistent
après l'action de la cocaïne, et sont souvent renforcées. La cocaïne
ne paralyse donc pas les terminaisons de l'oculo-moteur com-
mun, elle excite les fibres pupillo-dilatatrice du grand sympa-
thique.
La cocaïne augmente l'ouverture de la fente palpébrale, non point
en projetant en avant le globe de l'oeil, mais en élevant la paupière
supérieure. Cette action ne peut s'expliquer que par une excitation
des branches terminales du grand sympathique, qui commandent
au muscle palpébral de Muller (élévateur accessoire lisse de la pau-
500 SOCIÉTÉS SAVANTES.
pière supérieure). Et, en effet, dans la blépharoptose congénitale
ou autre, quand l'élévation de la paupière supérieure est paralysée,
la cocaïne agrandit encore la fente palpébrale, ouvre l'oeil dans
une certaine mesure (fait de Reichenheim, 1884; faits de La-
queur.)
La pâleur de la conjonctive, l'abaissement local de la tempéra-
ture, la diminution de tension du globe de l'oeit par diminution
de la filtration vasculaire, viennent, encore, de concert avec l'anes-
thésie locale produite par l'action de la cocaïne, indiquer l'excita-
tion par elle des fibres sympathiques.
Toutefois, quoi qu'en dise E. Pflüger, la cocaïne agit encore, dans
les cas où il y a paralysie du sympathique (complexus symptoma-
tique de Horner). Ceci n'infirme point la théorie. On peut admettre
qu'en pareil cas, ou bien le sympathique n'était pas complètement
,paralysé, ou, ce qui est plus probable, le tronc du nerf étant com-
primé, les extrémités en étaient encore excitables. Cela ne se voit-il
pas dans beaucoup d'autres paralysies motrices, quand la dégéné-
rescence n'est pas trop avancée.
M. BEYER. Du trional. Ce médicament n'a pas forcément une
action sédative ; c'est un narcotique à recommander : à petites
doses, dans l'insomnie simple et neurasthénique ; associé à la mor-
phine contre la douleur; associé à l'opium dans la mélancolie; à
doses moyennes dans les modalités psychopathiques hallucinatoires;
à hautes doses dans la manie. Il n'exerce pas d'influence spécifique
sur la psychose. La dose active varie suivant les individus et les
symptômes; elle oscille entre 0,50 et 4 grammes. Il exerce déjà une
action toxique à la dose de 1 gramme, de sorte que dès qu'on a
atteint le maximum d'effet utile, il ne faut point persister. -Il ne faut
l'administrer qu'une fois par jour, le soir. Il n'est pas difficile d'é-
viter l'intoxication puisqu'on est déjà averti par des prodromes
désagréables ; ceux-ci du reste disparaissent tout à fait et vite dès
qu'on suspend le médicament.
M. 11RPELIN. La disposition d'esprit. La bonne disposition se
traduit par une augmentation de l'activité et de la capacité de tra-
vail dans l'unité de temps ; l'inverse indique la fatigue mentale. Si
l'on exécute une somme importante de travail efficace dès les
premiers efforts, il y a lieu de croire que la fatigue viendra vite,
tandis que si, dès le début, l'activité est médiocre, on peut penser
que l'on en accomplira progressivement davantage ou bien qu'on
est fatigué ; en ce dernier cas, la capacité au travail diminue gra-
duellement. Tout repos améliore les dispositions. Mais, si l'on a
poussé trop loin la fatigue, l'interruption du travail ne suffit plus
pour rendre dispos; il faut cesser totalement toute activité psy-
chique et dormir. Après le sommeil, nous nous réveillons moins
apte à agir, mais doué d'une activité ascendante. La mensuration
'l<3 la profondeur du sommeil nous montre que cette régénération
SOCIÉTÉS SAVANTES. 501 l
est obtenue par les divers individus avec une rapidité très variable.
Chez beaucoup de personnes, qui paraissent constituer le type sain,
il y a réfection complète après un sommeil de quelques heures;
chez d'autres, notamment chez les nerveux, la réparation est si lente
que les signes de la fatigue subsistent encore assez longtemps après
le réveil. Les premiers sont disposés dès le matin; les seconds dans
la matinée seulement. L'alimentation change la disposition d'es-
prit. Quand le travail a été prolongé, l'efficacité de l'effort s'accroît
jusqu'au déjeuner de midi ; puis elle baisse soudain très notable-
ment, on constate alors une abondance d'association d'idées d'ori-
gine extérieure tandis que la trame des conceptions personnelles
est peu solide. Toutefois ce ne sont pas là les signes de la fatigue
car ils disparaissent, si l'on continue à travailler, au bout de deux
à trois heures. Il est très probable qu'ils tiennent à de l'anémie,
cérébrale par suite d'un afflux exagéré du sang aux viscères abdo-
minaux. Au sur et à mesure que s'effectue la digestion, les phéno-
mènes de la fatigue reprennent le dessus.
La disposition individuelle subit des variations pendant la journée ;
plus actif le matin et graduellement plus dispos au travail jusqu'à
midi, l'aptitude au travail baisse brusquement après le repas ; puis
l'activité remonte ; finalement, le soir, survient la fatigue. La répa-
ration s'effectue d'abord par l'alimentation, puis par le sommeil.
Cette courbe naturellement peut être modifiée par la division du
travail, la répartition des reprises, la multiplication des repos,
l'ingestion de nervins tels que le café, le thé, l'alcool, les émo-
tions, etc.
Il faut aussi tenir compte de l'individu. Tel est plus facile à fati-
guer, celui-ci n'a pas la même courbe hypnique que celui-là; tel
autre ne subit pas de la même manière les causes déjà mentionnées
et ne réagit pas semblablement. La fatigue due au travail phy-
sique est différente de la fatigue psychique : les modifications pro-
duites par les nervins et les émotions présentent des caractères
spéciaux. Ainsi s'explique, qu'en dehors des états morbides parti-
culiers, les variations et aspects de chaque disposition d'esprit
soient autant de caméléons. Mais le travail, l'ingestion alimentaire,
et le sommeil y marquent leur empreinte.
M. ASCH.1FPENHUItG. Des phénomènes psychiques de l'épuisement. -
La fatigue et l'épuisement physique ralentissent la réceptivité des
excitations externes, diminuent la résistance au travail et son effi-
cacité ; l'association des idées devient alors monotone et dépourvue
de sens, comme stéréotypée ; en même temps le mécanisme de
l'activité mentale prend les allures de l'excitabilité réflexe ; elle est
comparable à l'hyperexcitabilité motrice qui succède à la fatigue
physique.
Dans les psychoses qui procèdent de l'épuisement et, qui se rat-
tachent à des troubles graves dans les fonctions organiques,
g02 £ 1 BIBLIOGRAPHIE. ·
notamment dans la démence aiguë et le délire du collapsus, on
constate de l'hyperexcitabilité motrice; la réceptivité des impres-
sions extérieures est plus ou moins suspendue; il y a du désordre
dans les idées par automatisme cérébral, par profusion dans les
excitations personnelles d'origine interne, des obsessions par asso-
nances et résonances incohérentes.
En un mot, les troubles dus à l'épuisement physiologique sont
tout à fait comparables aux troubles dus à l'épuisement psychique
d'ordre pathologique. (Archiv f. Psychiat., XXV. 2.)
P. KÉRAVAL.
BIBLIOGRAPHIE
VIII. Un cas de pseudo-tabes post-iizfectieux; par le professeur Gras-
SET. Ch. Boelm, édit. Montpellier, 1892.
Il s'agit d'un jeune homme de vingt ans qui, à la suite d'un éry-
sipèle de la face, présenta .de la paraplégie, avec perte du sens
musculaire et diminution de la sensibilité tactile. Un an après il
s'améliore sous l'influence de l'électricité et des grandes marches.
Ayant cessé, les accidents paraplégiques reparaissent.il ade l'aboli-
tion des réflexes rotuliens; la démarche est celle du steppeur; il a
un faux signe de Romberg, présentant ce que M. Grasset a désigné
d'un mot qui fait image, l'équilibre du vélocipède. Il y a en réa-
lité paralysie des extrémités des membres inférieurs par névrite
symétrique post-érysipélateuse du tibial antérieur et un peu d'une
branche du crural, produisant ce qu'on appelait autrefois un pseudo-
tabes. A l'occasion de ce cas M. Grasset refait l'histoire des pseudo-
tabes qui constituent aujourd'hui un groupe à supprimer, et dont
il ne reste que des tabes vrais et fugaces d'un côté, des névroses
simulatrices et des névrites de l'autre. SOLLIER.
IX. Système nerveux dans la fièvre typhoïde; par V. Pechère
et M. 1 UNCE. Bruxelles, H. Lamertin, 1893.
, Cette courte brochure de soixante-cinq pages se divise en quatre
parties. La première a trait aux symptômes méningo-encépha-
liques : céphalalgie, phénomènes mentaux, méningites, localisations
bulbaires et névroses forment autant de têtes de chapitres, et tout
ceci est traité en une brève compilation de trente-trois pages.
L'étude des troubles mentaux et des névroses y est particulière-
ment écourtée. Aucune idée originale ne s'y trouve exposée.
La deuxième partie, encore plus brève, donne en cinq pages les
bibliographie. 503
hypothèses faites jusqu'ici sur les symptômes médullaires (paraly-
sies et actes réflexes). La troisième partie traite de la même façon
les névrites typhoïdiques.
Quant àlaquatrième, intitulée « fièvre typhoïde expérimentale »,
elle est un vague exposé de pathologie générale, très incomplet,
où l'infection diphtérique tient la plus grande place. En un mot,
ce travail sans conclusion est une simple compilation, les auteurs
prenant à coeur leur épigraphe, ont voulu démontrer que : c la
médecine, au moment où ils en commençaient l'étude, subissait
dans sa doctrine un amendement considérable ». J. Noir.
X. Un cas de sclérose en plaques et hystérie associés, avec autopsie ;
par le professeur Grasset. Montpellier, 1892.
C'est un bel exemple d'association hystéro-organique. Il s'agit
d'une femme de vingt-trois ans présentant du nystagmus, de la
scansion de la parole, du tremblement dans les mouvements volon-
taires, rendant la marche presque impossible, de la trépidation
épileptoïde des pieds, et des vertiges. A côté de cela des crises
d'hystérie apparurent avec diminution de la sensibilité du membre
inférieur droit, existence de zones hystérogènes et hystéro-fréna-
trices, points ovariens, abolition du réflexe pharyngien, rétrécis-
sement concentrique du champ visuel. La mort, étant survenue
d'une façon inattendue, vint confirmer par l'autopsie l'opinion de
M. Grasset qu'il s'agissait bien réellement de sclérose en plaques et
que l'hystérie lui était combinée et ne s'était pas borné à la
simuler. P. SOLLlER.
XI. Les diplégies cérébrales de l'enfance; par E. ROSENTIIAL.
Paris, J.-B. Baillère et fils, 1893.
Ce travail, basé sur cinquante-trois observations, est une thèse
de Lyon, bien qu'inspirée par M. le Dr Freud, de Vienne (Autriche).
Par diplégies cérébrales, l'auteur désigne quatre types patholo-
giques parmi lesquels est la maladie de Litlle; ces types sont :
lu la rigidité généralisée (maladie de Little) ; 2° la rigidité para-
plégique; 3° l'hémiplégie spasmodique, et 4° la chorée bilatérale
congénitale. L'auteur fait une grande place aux accidents obstétri-
caux (traumatisme pendant la naissance, asphyxie, présentation
anormale, etc.) dans l'étiologie de ces diplégiesl. Il avoue qu'elles
ne forment qu' une unité clinique provisoire et ne présentent pas
une unité anatomique ». Et nous sommes heureux de constater
' Ce sont des causes dont nous avons souvent signalé l'importance
dans les observations qui composent les treize volumes de nos Comptes
rendus de Bicêtre. (B.)
504 bibliographie.
que M. Rosenthal arrive à conclure que ces accidents ont pour
cause « différents processus morbides du cerveau qui ont pour con-
séquence commune un affaiblissement de l'influence du cerveau
sur la moelle ». Dans un travail intitulé : Etude sur les tics chez les
dégénérés, les imbéciles et les idiots, fait sous l'inspiration de notre
maître M. Bourneville, où plusieurs de nos observations, prises
dans son service, ont trait à des diplégies cérébrales, nous avons
nous-même soutenu la même hypothèse. Dans ce travail, du reste,
nombre de tics coordonnés et de phénomènes désignés par nous
sous les noms de pseudo-chorées, de pseudo-athétoses, etc., pour-
raient recevoir celui de diplégies cérébrales. Les critiques que
nous ferons à M. Rosenthal seront toujours adressées à ses obser-
vations écourtées pour la plupart et manquant d'antécédents héré-
ditaires suffisants qui lui auraient permis de tirer peut-être
d'autres conclusions intéressantes, et puisque ce travail a un cha-
pitre d'anatomie pathologique, nous regrettons que M. Rosenthal
ait adopté les conclusions de Freud à l'égard des diplégies céré-
brales sans les étayer d'autopsies qui font défaut à ses cinquante-
trois observations. J. Nom.
XII. Un cas de maladie de Morvan; par le professeur Grasset. Mont-
pellier, 1892.
Il s'agit d'un cas très net de maladie de Morvan, avec panaris
analgésique, thermo-anesthésie, parésie des extrémités, rétrécisse-
ment notable du champ visuel à droite. C'est de ce côté du reste
que les phénomènes sont de beaucoup plus marqués. Des figures
illustrent cette intéressante leçon. P. S.
XIII. A propos d'un cas de maladie des tics convulsifs avec mouve-
ments par obsession; par ROCB1NOWITCli. Paris, Maretheux, édit.
1893.
L'auteur, à propos d'une intéressante observation prise à la
Salpêtrière dans le service de M. le Dr A. Voisin, passe en revue
les diverses opinions émises sur la maladie des tics convulsifs et le
myriachit. Ce court exposé est en quelque sorte la réédition d'une
communication faite par le même auteur le 25 juillet 1892 à la
Société médico-psychologique, devant laquelle M. Roubinowitch a
résumé un travail du Russe Tokarsky sur le même sujet. J. Noir.
XIV. L'hydrothérapie dans les maladies chroniques et les maladies
nerveuses; parlesDSBENI-BARDE etMATERNE. 1 vol. in-8°. Masson,
édit., Paris, 1893.
Ce volumineux ouvrage de 500 pages pourrait facilement être
réduit de trois quarts. Après avoir démontré que l'hydrothérapie,
en variant ses applications, est nécessaire ou tout au moins utile
bibliographie. 505
dans toutes les maladies, les auteurs entreprennent de passer en
revue toutes les affections chroniques et du système nerveux. Ils
ne se sont pas contentés d'indiquer la méthode qui a leur préfé-
rence dans chacune d'elles, ils ont encore entrepris d'en donner
un résumé. Leur ouvrage a ainsi l'air d'un manuel de médecine
dont le chapitre du traitement ne comporterait que l'hydrothé-
rapie. Nous y apprenons du reste des choses fort intéressantes, par
exemple que l'hystérie possède quelques signes qui lui sont
propres (p. 236), que l'isolement peut dans certains cas rendre
des services pour le traitement de l'hystérie, dont l'hydrothérapie
est le seul traitement général et rationnel. Ils reconnaissent cepen-
dant que souvent la suspension de ce traitement si rationnel
amène une grande amélioration (p. 249). Du reste, l'idée qu'ils se
font de l'hystérie est bien surprenante quand on lit (p.56)à la fin
de l'article Épilepsie 1 : « On pourra employer aussi avec avantage
l'hydrothérapie contre l'hystéro-épilepsie, cet état complexe et
mal défini où l'on observe un mélange de symptômes qui tiennent
à la fois de l'hystérie et de l'épilepsie » ( ! ) Plus loin, nous lisons :
« Pour nous, l'hypoéhondrie est une névrose cérébrale dépendant
d'une altération de nutrition du cerveau amenant une surexcita-
bilité excessive de certains éléments nerveux. Tous les chapitres
consacrés aux affections mentales, mélancolie, psychopathies, etc.,
présentent des aperçus aussi ingénieux. La conception des pseudo-
tabes est à citer presque entièrement. a Le pseudo-tabes est pro-
duit par une simple neurasthénie de la moelle. On le rencontre
dans l'hystérie et dans les principales intoxications. Mais, dans
tous les cas, à moins de névrite périphérique, le mode de produc-
tion est le même et consiste dans un trouble nutritif de l'axe
médullaire. Le pseudo-tabes n'est qu'un syndrome de diverses
maladies amenant une neurasthénie de la moelle. » Ainsi, le
pseudo-tabes est à la fois le résultat et la cause d'une neurasthénie'
de la moelle ! Qu'est-ce que tout cela veut dire ?
Ces conceptions n'auraient d'ailleurs aucune importance, si
MM. Beni-Barbe et Materne se contentaient de les émettre sans en
tirer des conséquences thérapeutiques. Là est le danger, mais il
n'est pas que là. De semblables livres par la façon dont sont pré-
sentées les choses peuvent induire en erreur et empêcher d'appli-
1 Les auteurs, s'occupant dans leur livre d'une façon spéciale du trai-
tement des maladies nerveuses par l'hydrothérapie, auraient dû rappeler
les travaux faits sur le même mode de traitement. Depuis bien des
années, et surtout depuis 1879, nous avons soumis un nombre considé-
rable d'épileptiques au traitement hydrothérapique. Tous les ans nous
le rappelons. Nous avons publié en 1882, un travail spécial avec P. Brieon,
un de nos élèves, qui déjà avait consacré à ce sujet un chapitre spécial
de sa thèse. Nous devons à l'hydrothérapie, seule ou combinée avec les
bromures, un nombre respectable de succès. (B.)
506 BIBLIOGRAPHIE.
quer un traitement plus rationnel et plus efficace. Je n'en veux
pour exemple que la paralysie infantile et la paralysie spinale
antérieure chronique. Conseiller l'hydrothérapie comme le seul
traitement, en omettant de prononcer le mot d'électrothérapie
dont elle n'est qu'un adjuvant, pas même indispensable, c'est con-
damner les malades pour lesquels on suivrait ces conseils à l'incu-
rabilité. De tels livres ne sont guère utiles qu'à leurs auteurs et
échappent à la critique scientifique. P. S.
XV. Un cas de méningite tuberculeuse ; par E. RIBEROLLES. (Extrait
de la Revue générale de clinique et de thérapeutique, 3 mai 1893.)
Cette courte observation aurait trait à une méningite tuberculeuse
en plaques à foyers disséminés, guérie. L'auteur se base pour affir-
mer la nature tuberculeuse de la méningite sur la coexistence de
la tuberculose pulmonaire. L'amélioration des symptômes ménin-
gitiques à la suite d'une intoxication iodurée accidentelle et la
perte après la guérison de la notion du patois que l'enfant parlait
habituellement avant sa maladie, sont les points les plus intéres-
sants de l'histoire de ce malade. J. Noir.
XVI. Neurasthénie et arthritisme ; par R. VIGOUROUX. 1 vol. Paris.
laloine, édit., 1893.
En examinant par le procédé de Gautrelet l'urine des neurasthé-
niques, l'auteur a constaté qu'elle présente toujours un excès d'aci-
dité qui en est la caractéristique, avec diminution des produits
excrémentitiels normaux et augmentation ou présence anormale
des produits d'oxydation incomplète. Cette urine présentant les
mêmes caractères que dans l'arthritisme, l'auteur en conclut que
tous les neurasthéniques sont des arthritiques. De là découlent le
régime et le traitement qui sont, on va le voir, d'une simplicité
étonnante. M. Vigouroux a en effet découvert qu'il ne suffisait pas
de suralimenter les gens débilités pour leur rendre leur vitalité et
les faire augmenter de poids, mais qu'il faut avant tout qu'ils assi-
milent ce qu'ils absorbent. D'où il conclut que le régime alimen-
taire ne doit pas excéder la normale. Quant à savoir sur quoi se
baser pour établir cette normale pour chaque malade, il ne le dit
pas précisément. On réglera le régime sur l'augmentation ou la
diminution du poids du sujet. Ajoutez à cela l'emploi des alcalins
pour combattre l'acidité de l'urine et vous aurez la moitié du trai-
tement. La seconde moitié c'est l'électricité statique, la frankli-
nisation. Avec trente séances, d'après M. R. Vigouroux, vous êtes
sûr de guérir tous les neurasthéniques. Peut-être serait-il prudent
de faire quelques réserves. P. SOLLIeR.
VARIA.
HOMMAGE A 111. J.-M. CHARCOT
Nous extrayons d'une lettre de Santiago le passage suivant :
« La presse de Santiago a consacré de nombreux articles à l'exposé
des importants services rendus à la science et à l'humanité par
notre compatriote. D'autre part, le jour où les télégrammes d'Eu-
rope annonçant la mort du savant défunt sont parvenus, le drapeau
de l'Ecole de médecine a été mis en berne, et, pendant la journée
du lendemain, le cours du professeur des maladies nerveuses a été
exclusivement consacré à un exposé des travaux et de la vie du
docteur Jean CHARCOT.
« Une délégation des élèves de dernière année est venue à la Léga-
tion de France, témoigner à notre représentant les condoléances
des élèves et des membres de l'Ecole pour la grande perte faite
par la France. »
Nous avons reçu de notre savant collaborateur, M. le profes-
seur Kojevnikoff, la lettre suivante :
· Moscou, le 28 septembre, 10 octobre 1893.
Monsieur ET TRÈS honoré confrère,
J'ai l'honneur de vous informer que tous les Médecins Neurolo-
gistes et Aliénistes de Moscou, réunis en séance d'ouverture le
24 septembre (6 octobre), après avoir entendu l'éloge du regretté
professeur CHARCOT, prononcé par le président, a décidé à l'una-
nimité :
1° D'exprimer à la veuve et à la famille de l'illustre Maître le sen-
timent de profond regret que la perte douloureuse qui les a
frappées fait éprouver à la Société ;
2° De charger un des membres de la Société de prononcer, en
séance publique, un discours retraçant les grands traits de la vie et
de l'oeuvre du défunt;
3° De placer le portrait de l'éminent Maître dans la salle de
l'Université où la Société a ses séances, et, à cet effet, d'en deman-
der l'autorisation à M. le Ministre de l'Instruction publique ;
4° De participer à la souscription pour l'érection du monument
qui doit être élevé à Paris, à la mémoire de l'illustre savant ;
5° Enfin, de vous prier de transmettre à nos confrères français
et, en particulier, aux disciples et amis de M. CHARCOT, les senti-
508 VARIA.
ments de sincère douleur que nous cause le décès du Maître, qui a
tant fait pour la science et pour la gloire de sa patrie.
Veuillez agréer, Monsieur et honoré confrère, l'assurance de ma
considération la plus distinguée.
- AL. KOJEVNIKOFF,
Professeur de l'Université; Président de la Société des
Médecins Neurologistes et aliénistes de Moscou.
CONCOURS POUR LES PLACES
DE MÉDECINS-ADJOINTS DES ASILES D'ALIÉNÉS
Nous avons reçu la lettre suivante au sujet de cette question
si intéressante :
Paris, le 5 novembre 1883.
A M. le Dr BOURNEVILLE, rédacteur en chef du Progrès Médical.
Monsieur,
Depuis quinze mois j'attends l'annonce de l'ouverture du con-
cours annuel d'admissibilité aux emplois de médecin-adjoint des
asiles. L'an dernier, me dit-on, le concours n'a pu avoir lieu faute
d'argent pour acquitter les frais d'un jury d'examen ; cette année,
les fonds sont votés, mais le concours se fait attendre. Que me
conseillez-vous ? Dois-je me lancer dans une autre voie ? Et, en
effet, si le concours est supprimé, c'est le retour à la faveur et je
n'ai, hélas ! pas de titres politiques. D'un autre côté, si'.le concours
maintenu me permet d'être classé et nommé adjoint, suis-je bien
sûr que mon avancement ne sera pas entravé par des nominations
d'emblée à des postes de chef de service, comme on l'a vu récem-
ment, au mépris de tous les droits. Mes préoccupations à cet égard
sont bien légitimes et ne sont pas isolées, puisqu'au Congrès
récent des médecins aliénistes, on avait demandé qu'aucune nomi-
nation de médecin en chef ou de directeur ne pût se faire à l'avenir
en dehors du cadre des adjoints titulaires, ce que l'Empire n'avait
jamais osé faire.
J'aimerais à vous voir exprimer votre sentiment sur ces reven-
dications au triomphe desquelles vous vous êtes toujours dévoué.
Veuillez agréer, Monsieur le rédacteur, l'assurance de mes senti-
ments très distingués.
Dr X..., ancien interne des Asiles.
M. Monod, à qui nous avons demandé les renseignements
sur les motifs qui s'opposaient à l'annonce d'un concours pour
les places de médecins-adjoints des Asiles publics d'aliénés,
nous a répondu que la Commission du budget avait supprimé
VARIA. 509
le crédit demandé dans ce but pour 1893; que sur son initia-
tive le crédit figurait sur le projet de budget de 1894, mais
qu'il avait été rayé comme l'année précédente et, que, par
conséquent il était dans l'impossibiliié actuellement de
faire procéder à un concours, mais qu'il se proposait d'inter-
venir auprès de M. le Ministre de l'Intérieur afin d'avoir les
fonds indispensables. Il s'agit là d'une dépense peu élevée ;
on pourrait la prélever facilement sur les fonds du pari mutuel.
Le concours est destiné, en effet, à assurer le bon recrutement
du personnel médical des établissements d'aliénés, établisse-
ments de bienfaisance.
Il est indispensable que l'on sache à quoi s'en tenir exacte-
ment sur le mode de nomination des médecins des asiles.
Est-ce la nomination directe, c'est-à-dire la faveur ? Est-ce le
concours ? Le concours a été établi. Les différentes commis-
sions parlementaires qui ont été chargées d'examiner les pro-
jets de loi portant revision de la loi du 30 juin 1838, ont toutes
demandé le concours. On est donc étonné de voir le ministère
de l'intérieur se laisser supprimer un crédit, d'ailleurs très
modique, destiné à l'application d'une mesure juste et libérale.
Peut-être se trouvera-t-il un député qui consentira à poser
une question sur ce sujet au nouveau ministre de l'intérieur.
ASSISTANCE DES IDIOTS
Souvent, avons-nous dit, les idiots, enfants ou adultes,' servent
d'instrument aux malfaiteurs pour commettre des crimes ou des
délits. D'autres fois, ils servent de jouets à des malheureux chez
lesquels font défaut les sentiments d'humanité. D'où la nécessité
de les hospitaliser. Le fait suivant, emprunté au Républicain Orléa-
nais du 18 novembre, vient à l'appui de notre thèse.
t Nous avons annoncé, dit ce journal, que les jeunes Renard,
Merlin et Yssert, de Châteauneuf-sur-Loire, avaient été condamnés
par défaut à 16 et 25 francs d'amende, pour avoir frappé un' pauvre
d'esprit nommé Baranger. Les trois jeunes gens se représentent
aujourd'hui devant le tribunal qui, après plaidoirie de M0 Jourdan,
les condamne chacun d'eux à 16 francs d'amende avec application
de la loi Bérenger. »
OCCUPATION DES ÉPILEPTIQUES
Dansun article éditorial,TheLancetfait des remarques surl'établis-
sementen Angleterre d'une maison pour les malades atteints d'épi-
lepsieet de désordres similaires. On a ouvert tout récemment à Gadal-
510 VARIA.
ming une institution appelée Lady Meath's Home of Comfortpour
épileptiques, et une organisation bienfaisante connue sous le nom
de « Société nationale pour l'emploi des Epileptiques » s'est formée
dans le but de venir en aide aux épileptiques nécessiteux et qui dési-
rent travailler, une partie du temps au moins, mais qui ne peuvent,
à cause de leurs infirmités, se procurer une situation quelconque.
Une série de cottages, on l'espère, sera occupée, et chacun d'eux
sera aménagé pour dix ou vingt épileptiques. Les sexes seront
séparés, et les enfants et les adultes également. Le système de
direction sera le même que celui qui a si bien réussi et a été mis en
usage à la colonie d'épileptiques de Bielefield, et quelques malades
mâles y seront bientôt placés. Les travaux de jardinage, bêchage,
y seront faits, mais à mesure que la colonie prendra de l'exten-
sion, on y développera aussi quelques arts mécaniques et autres
industries. Il est à espérer que de cette manière l'asile arrivera à
se suffire à lui-même, en partie d'abord et augmentant au sur et
à mesure du développement de l'établissement.
La colonie ou maison sera dès le début dirigée par un docteur
sans distinction de service ou sections. Bien que dans le principe
cet établissement soit créé pour les pauvres, par la suite, on pourra
y admettre des malades payants, qui seront reçus comme pen-
sionnaires. (Tlae New-York bled. Joum" 14 janvier, p. 45.)
BOURSE DE VOYAGE DES INTERNES DES ASILES
d'aliénés DE LA SEINE
Dans notre rapport à la Commission de surveillance des asiles de
la Seine, sur le budget de l'asile de Villejuif, nous avons signalé le
passage suivant du rapport médical de notre ami le Dr Briand :
« On ne peut que regretter, écrit M. BRIAND, la mesure prise par
le conseil général de la Seine qui n'a pas continué la subvention
accordée tous les deux ans, pour permettre à l'interne jugé le plus
digne par le concours, de faire à l'étranger un voyage extrême-
ment profitable à nos malades, à lui-même et aussi à la bonne
renommée des asiles de la Seine. Ce concours de la bourse de
voyage équivalait pour les internes des asiles à la médaille d'or
des internes des hôpitaux. Il constituait une tradition tout en
encourageant l'émulation.
« Les internes dont je me fais ici l'interprète formulent des
voeux pour que vous vouliez bien intervenir auprès du conseil géné-
ral en faveur de la bourse de voyage. »
Peu après l'institution du concours pour le recrutement des
internes des asiles d'aliénés de la Seine, alors que nous étions
conseiller général, nous avons réclamé et obtenu, par analogie avec
ce qui existe dans les hôpilaux, la création d'une bourse de voyage
(au lieu d'une médaille d'or) pour les internes des asiles et des
VARIA. , ' su11
quartiers d'hospice. Le premier concours a eu lieu en 1882, la
bourse a été accordée à M. le Dr Briand, qui a déposé un rapport
entre les mains de l'administration. Le second concours a eu lieu
en 1884, la bourse a été obtenue à M. le Dr VÉTAULT. Le troisième
concours a eu lieu en 1886 et la bourse a été obtenue par M. le
Dr Pichon. Le quatrième concours a eu lieu en 1890 et la bourse a
été obtenue par M. le Dr Marie, médecin de la colonie de Dun-sur-
Auron.
M. le Roux a eu l'excellente idée de faire imprimer le rapport de
M. Marie et tous ceux qui l'ont lu en ont retiré des bénéfices, car ce
rapport renferme des renseignements très intéressants sur les asiles
d'Ecosse. C'est donc avec une véritable surprise que nous avons
appris la décision du conseil général. Nous associant à la réclama-
tion de M. le Dr Briand, nous demandons à la Commission d'émettre
un voeu pour le rétablissement de la bourse de voyage.
M. LE Président. J'appuie la proposition de M. le Dr Briand
qui nous est présentée par M. le Dr Bourneville, mais sous réserve
toutefois que le rapport demandé au lauréat sera écrit et imprimé
dans les délais prescrits par le règlement. Sous le bénéfice de celle,
réserve, la commission émet un voeu favorable au rétablissement
de la bourse de voyage.
LES MIRACLES DE LOURDES
Nous avons, d'après la Croix de Paris, dit le Bonhomme Normand
(8-14 sept.), signalé plusieurs miracles qui se seraient produits
à Lourdes lors du pèlerinage du diocèse de Bayeux. La Croix de
Caen, avec une sage réserve, s'est contentée de dire qu'une dame
de Caen et deux demoiselles de Deauville et de Vire avaient été
guéries miraculeusement. Or, comme nous l'avons annoncé, la
demoiselle de Vire est décédée, en chemin de fer, non loin du
Mans. C'est assurément une guérison radicale, mais pas du tout
miraculeuse. C'était la troisième fois que la pauvre malade, une
demoiselle Guesdon, allait à Lourdes demander la guérison du
mal dont elle était atteinte depuis longtemps.
Quant à la demoiselle Hélène Blanchet, c'est une jeune personne
en service chez une dame Sénécal, demeurant à Deauville, atteinte
d'un mal qui parait tenir de l'asthme. Si elle a éprouvé du mieux
à Lourdes, il n'y paraît plus aujourd'hui, car elle est obligée de s'y
reprendre en deux fois pour dire qu'elle va mieux. Cela n'empêche
que le bienheureux président du syndicat des miracles de Deauville
veut organiser une procession à saint Hélèn', patron des déraillés,
en souvenir de cette soi-disant guérison miraculeuse.
La Croix de Paris avait aussi annoncé qu'une dame Augustine,
trente-six ans, [habitant Lugnolles (Orne), atteinte d'hémiplégie
depuis neuf mois, avait, au passage du Saint Sacrement, jeté son
SI 1 ? 4jII AITSV DIVEItS yIT'f,TTt zut
bâton 'et était rentrée seule à l'hôpital. Il n'y'a qu'un malheur à cela1 ? ?
c'est qu'il'n'existe ni dans 'l'Orne/' ni même en France, aucune ]OC¡¡ ! lvf
lité du'nom'de' Lug¡{Ólles ! ? t'\1 Jll ? "O i ' ? l'JLl't .'19 ? f,'l 1
spi Il , sur n"I1 ? >9'J'1 'le 9r)n,t)t ! i 1 : , -;)«,'IL éll.hIIÜ¿ 'lU h 8"j'l
m '1 i · F 19 t : (Tf ? 'riZ ? II P'J'tllf'1JIIII>;> ".1 Il'1 ? si ? ? ;\¡1'
M" 1'/lUl¡ 'jJ" j F A'Í l'S' b Í \' É',R'S ? I )f'IO 'J)Ijq ')[111 '(Ir ! ,
rJ. c;i'L1.711f.fl;'1 'P'i. ! J"'... ? ? 1.u lu) ? Id J ? .fia 'YL'j"} zni jp, Jj 1d
ttt'7. 1.1", <.Il.J.'J.J.IU..1 -, >J ? JI (U'Ji "p-' 'J : .J'I ? )lU UJ JlIJ ? 1.q,1 . Jr'JJ1 ? I t=1 'J11
, ! ..... , .. 'J "... f J 1 ? - r' ? f.- ro" -' l, {l'' , r t .
ASILES' D'ALIÉNÉS,1 1\0111 : VATIONSrET IUTaTIONB. - 11. le D Quillèmin/111
médecinadjoint'de l'asile'de Dôl"è;1 ése' nommé" mé decin' en 'chèf 'à J)
Montdevergues en remplacement de M. F'\BRE\' nomÍnéfilU Niatis en ,1
remplacement de M. le Dr VfORDRET, retraité (9 sept ! le')[
Dr CII : 1USSIuI.INTJ médecin-adjoint à l'asile de Dijon, est nommé
médecin-directeur à l'asile de Dote en remplacement'de 'M. BECOU : '
LET'/admis à'1 faire valoir ses droits'à 'la retraité' (3 novembre 1893); ''
M. le' Dr BROQ(nlll.E; illédecin-a,djoint'de31'asile''de BI;aqueviUe;lest 1"
noÍnmé'directeur-médecin) la Roche-Gahdon.en'-rémplacement t t>
de M. Frière, décédé '(3 novembre' 4893) : 1j,> .,1 Id . ? 1 .1, 1/' 1 l/,fI
J '1.. 1'1" JI ino t 4 lyv YIJ a`J ! i ,du fil i f ) ? thlfl J'r Jml1 '11ft' vu- e
LE crime DE Locunolé. On télégraphie de Brest : ' Une 'affaire ?
émouvante vient de se dérouler à la cour d'assises du Finistère, de-
vant iaqueliecomparaissaitlenommé'Le'Dain," cultivateur à Locul
nolé,' qui, le' juillet dernier/dans un accès d'aliénation, men ta]e il
et après avoir absorbé le contenu.d'un litre d'eau-de-vie, coupa^lalrs
gorge' à l'un J de ses enfants; âgé' de trois ans, qui '¡mourut¡ sur-le ? i
champ..Le'second,' âgé de cinq ans; fut blessé grièvement au cou et h
à l'abdomen.' Les enfants dormaient paisiblement dans leur lit.' Le,» P
19 mars, il'avait' déjà assommé un de ses voisins et fut, de ce chef,) ?
condamné à cinqlmois dé prison.' J ? ab = 1 << .ulïa i ? 9 Jun 'J¡fl,) Il ?
Malgré son état'de démence,. Le Dain `ne peut retenir ses san-r.°
glots à'l'audience,'quand on introduit-son fils, à peine remis desesir
blessures;¡,Reconnu i ! '['esponsable ? iL été'acquitté,'mais .iltiseran
interné dans un' asile i ce que l'on, aurait dû faire^i
plus Lût et'Ce qui; serait -si. les préfets et,les;maires set rendaient
mieux compte que la loi du 30 juin 1838 est non seulement une
loi de sécurité publique, mais surtout une loi d'assistance.
Les drames DE la folie. La rue du Marché, à Lille, a été
mise en émoi aujourd'hui par les cris : Au secours ! A l'assassin ! 1
Presque aussitôt une femme, la poitrine sanglante, sortait de chez
elle, poursuivie par un homme brandissant un couteau et poussant
des cris affreux. ·
Depuis dimanche, le malheureux Arthur Desmarets était en
i J l'\Tf,I'ln¡
BULLETIN bibliographique. 513
proie à des accès de folie. Par prudence sa femme avait enfermé
tous les couteaux, ayant un pressentiment de ce qui allait se
passer. Aujourd'hui, la femme Desmarets épluchait de la salade.
Pris d'un soudain accès de folie, Desmarets se précipita sur elle, lui
arracha le couteau qu'elle avait entre les mains et le lui plongea
dans le sein gauche en poussant des hurlements effroyables.
Malgré ses horribles souffrances, lllmo Desmarets s'est rendue
dans une pharmacie où les premiers soins lui ont été donnés. Son
état est très grave. Elle porte une blessure de cinq centimètres au
sein gauche; le poumon a été atteint. On l'a transportée à l'hôpital
de la Charité. Quant au malheureux fou, il a été conduit au com-
missariat de police d'où il sera dirigé sur l'hôpital Saint-Sauveur.
(L'Eclair.) Ce fait s'ajoute à ceux que publient quotidiennement
les journaux pour démontrer la nécessité du placement immédiat
des aliénés dans les asiles.
Suicide D'UN enfant. Le sieur Rohr, 20, rue d'Aubervilliers,
rentrait à son domicile, sa journée terminée, lorsqu'il aperçut,
étendu à terre, le corps de son fils âgé de 14 ans. Une odeur d'oxyde
de charbon se dégageait dans l'appartement; le père affolé ouvrit
immédiatement la fenêtre, mais il était trop lard. On ignore les
causes qui ont pu pousser le malheureux enfant à commettre cet
acte de désespoir.
Les aliénés EN LIBERTÉ. Sous ce titre : Une femme qui se pend,
le Bonhomme Normand (8-14 sept.) raconte le fait suivant : « Di-
manche, la dame Caval, née Justine Legras, 60 ans, ménagère à
Clinchamps-sur-Orne, se leva en disant à son mari qu'elle allait
chez un voisin. Le sieur Caval s'étant levé environ une heure après,
s'étonna beaucoup de ne pas voir sa femme dans la maison, alors
qu'elle aurait dû être rentrée depuis longtemps. Etant allé dans
sa cave, qui est située près de sa maison d'habitation, il y trouva
sa femme, pendue à une corde, attachée à une traverse. Il appela
aussitôt à l'aide. La femme Caval fut dépendue, mais, malgré les
soins, il a été impossible de la rappeler à la vie. Cette malheu-
reuse était atteinte d'une maladic mentale déclarée incurable;
elle manifestait souvent l'intention d'en finir avec la vie. »
ARCUIVES, t. XXVI. 33
BULLETIN, BIBLIOGRAPHIQUE.
1 1 '1. 1 1 1"" 9
Association générale DES étudiants DE paris, fondée en 1884. Reconnue
d'utilité publique en 1891. Annuaire 1893-189'r. - Volume ,in-8° de
220 pages. Prix : 0 fr. 40. Paris, 1893. Au Siège social.
Charcot. - : Clinique-des maladies du système nerveux (leçons du
professeur, mémoires, notes et observations). Parus pendant les années
1889-90 et 1890-91 et publiés sous la direction de Georges GuiNON).
Tome Il. Volume in-8° de 482 pages, avec 20 figures. Prix : 12,fr. -
r Pour nos abonnés, 8 fr. · " 1
CiIIPAULT (A.). Etudes de chirurgie médullaire. (Historique, Chi-
rurgie opératoire, Traitements Un volume m-8" de 403 pages, avec
66 figures et 2 planches hors texte. Prix : 15 fr. Paris,- 1893.
Librairie F. Alcan.
IIincL (M.). Suggestion und Hypnose, Ein Kttizes Lehrbuch far
Aozte. Volume in-18 cartonné de vi-209 pages. Leipzig, 1893. .Veriaz
von A. Abel. ,
OCBEKE. Ueber die Pupille nreaclion und einige andere Ersçhei-
nungen bei der allgemeinen fortschreitendon Pal'laysie mit Beriicksich-
tigurzg der Syphilis /rage. Brochure in-81 de 28 pages. Bonn, 1893.
Chez l'auteur. ' ' ', , j
Pecharman (A.). Essai sur les psychoses de la , vieillesse. Volume
in-8° de 119 pages. Paris, 1893/ Imprimerie II. Jouve.' ' " "'
Pick (A.). Ueber Asymétrie der Riic/cenmw'kshæl(ten als> Folge
ciGrnornzen Baues der Medulla oblozgata. - Brochure in-8° de 9 pages,
avec une planche hors texte. Prague, 1893. Chez l'auteur. e
, Pick (A.). Ueber allgemeine Gedoeclitnisschwseche als Folge cere-
bralar Herderkrankung, mit einem Beilrage zur Lehre von der topis-
chen Diagnostic der Sclthügel-Loesio7ze2z. Brochure in-8° de 10 pages.
- pagne, 1893. Chez l'auteur. 1 r. " ' J'
VIALET. Les centres cérébraux de la vision et l'appareil nerveux
visuel intra-céréúml, avec une préface du D' Dejérine. Volume in-8°
, de 355 pages, avec 90 figures. Paris, 1893. Librairie F. Alcan. "
.
Le rédacteur-gérant, BOURNEVILLE.
1 J ÍI J Il 'JI, ,T. -III' un ff 1 Il' , 1. 1 J i
J ' TABLE DES MATIÈRES
,1) ACOUSTIQUE, contI ibulion fi, l'étude
des noyaux d'origine et du trajet
contrai du nerf-, par KiriltzefT,
G2 ! . ' " v ."
'ACRoIÉGÁLm, par 1ojernilow, 61;
par Kornilow, 341
Action de 1 neurique daiis,ses
" ' rapports avec les fonctioris mén-
tales du cerveau, par F. Warner,
- t`323; étude des lois qui
nent les humaines, par A. Ty-
'1 1er, 51. ,, ., ? Il
tt eIÇIIV11'L .musculaire, troubles de la
1 pondération de Il ' chez 'les
sourds-muets, par Rosenbach,
,v 485. , c ,c ,
AGHA(;HtE,des diverses formes d ?
et en particulier de , l'agraphie
' d'origine sensorielle, par P. Sé-
rieux, 1 45.
AFFAIRE ,Vait'of, par A. Voisin, 413.
AW\SIA. Contribution si l'étude de
1' algera, par W. Rcenij, 1+7.
\ AKROPARES1'llÉSIE, contributionàl ?
., par Friedmann, 498.1 1 Il
Alexie, cas d' sous-corticale, par
0. Berkhem, 131.
Aliénation mentale syphilitique,
. par' lairet, 61; De l'utilité 'qu'il
, y aurait pour l'étude de 1' = à
ouvrir les asiles, etc., par Walms-
ley, 82; Un cas d' - mentale
i chez' l'enfant, par Ferlach, 325;
J 1 Propagation de 1 ? mentale, par
Strahan, 392; Le vélocipède dans
1' mentale, par TU. Ewart,
393; la protection des médecins
par, la loi , anglaise sur Il mer-
tale,' par Rentôtn, 395" ' '
Aliénés, hôpitaux proposés pour le
traitement des -, par E. Clifford
Albutt, 81; la colonie d' - de
Ghcel, par M. Cleaves, 83; des
soins à continuer à donner aux-
il leur sortie de l'asile, par Ray-
lier, 84; faux témoignages des -,
par, Cullerre, 251 ; société de pa-
, trônais pour les sortants,
par, Giraud, 253; de l'assislance
familiale des -, par A. Bothe,
'269; recherche sur le sang et
l'urine des =, par Smyth; 393;
sur. le poids du cerveau.et de
ses différentes parties chez les-,
par A. Mercier, 3 ! J; contribu-
tion' à l'histoire "du traitement
sans contrainte et 'du 'séjour au
lit des -, par Klinke, 478, en
liberté, 513. 1
Aliénistes, les toutes récentes at-
taques contre les et les asiles
, asiles d'aliénés, par l'elman, 165 ;
influence de la politique- dans
,. la nomination des, médecins
aux Etats-Unis,' 174.
Amnésique, de la folie -, par Cri.
1'iUn, 324.. 1 q t
AIYLÙ';E, quelques, cas d'épilepsie
traités par l'hydrate ti ? par E.
'Dtum, 329. 1 ' '
Anatomiques, remarques sommaires
sur quelques pièces -,par Percy
Smith, 59. , 1
Anencéphalie, observation d'1 , par
,téonowa, 4s.ï. Il' -
Anurie,- un cas d' hystérique; par
llolst, 1 ia. i 1 1
Aphasie, dans la syphilis cérébrale,
par Heilbronner, 132; de l' -
dans la paralysie générale, par
Ascher, "142 ; l'attaque hysté-
rique d' - et la simulation, par
Ladame, 1f7;-parChoosel ? 65;
sur la question de l' -, par Kor-
nilow, -'r14.
Arriérés, les classes des enfants
en Suisse, 173; la bouche chez
les enfants du type mongolien,
par R. Jones, 327; parallèle du
traitement chirurgical et de l'édu-
cation pour l'amélioration des
- , par 1\orbnry, ! E7G.
SI 6 TABLE DES, MATIÈRES.
1 ..1 ., 1 . a I,t ,
Articulation, SLII .quelques vices
d' - chez les enfants, etc ? par
W.-B. IIaddel1, 395. '1 ? n
Arithmétique, de la faculté ? et des
atteintes qu'elle subit dans'l'im-
hécillité et la folie, pal ? \r.1 Ire-
land, 328. iieul,asllicilie ?
AnTrnrrlsME, neurasthénie et =, Par
,Vigoureux,506. -, ? 1 J J.lu,
Asiles, visites il quelques étran-
gers, par, F. Necddam, 83; l' -
'de la ltoche-sur-Yon, , 300 ?
d'aliénés, 431., ' 0 ?
Assistance des aliénés, par 'les fa-
\ milles, par, Nmcl : e ? 260;' de l'-
"familiale des aliénés, par A.
Ilotlie, 269. ''
Association' médico-lisychologique,
" discours présidentiel prononcé à
(la séance annuelle de 1 ? à
l'asile royal de Gartnavel, par
Yellowlees, 83. '
Ataxie, un cas d' - locomotrice
avec maladie des jointures dp
Charcot" par lleilhronner, 132.'
Atrophie musculaire idiopathique
compliquée de névrite multiple,
par Eskridge, 58.' " " .,
AU'L0-ACCUSnTItICE, par Séglas lI'et
Brouardel, 262. ' " "' ,
AUTO-11TO11CA'l'IO : IS,sur les maladies
mentales`dans leurs rapports avec
les -, ` par ' Régis et Chevallier-
, Lavaure, 240; -, par Legrain,
264. "" ", 1 1'1 . 'Ij
) f 'Idl zip
BASED0w(Maladie de),du symptôme
de Groefe'dans la ? par Bruns,
,144; contribution iL la ? par
Homen,' 147; des' altérations des
os dans la -, par Koeppen, 336;
BLE\\OIIHH1G1QUE, l'infection --envi-
' sagée comme moment étiologique
dans les affections du système
nerveux, par Dourdorfi; 419. ,
Blépharoptose, lésions anatomiques
dans un cas de - congénitale,
par siemerling; 402.' ' ' '
Bouche, la chez ! les' enfants ar-
riérés du type mongolien, par R.
Jones, 327. ' , ' 0
Bourse DE voyage des internes des
asiles ? 510. J : ' ' .
'' Bulbe, contribution, il la question
des stries médullaires du ? par
. J Betcherew' "1' 399; tll ' "' 01
Caisses de secours pour les aliénés
nécessiteux, 348. , '
Calorimétrie chez les oiseaux, par
, rsaac Ott, 57. '. ""11. ' "" -
Calotte, des lésions de la ? dans
le 'pont de Varole, par lliceli ? 425.
Cancer, le' ''dans' ses' rapports
' avec' la' folie,' par'H.' Snow; 395.
Catalepsie, 93. 1 ? - r.I '1' 1 1,
Catatonie,1 des symptômes 'de'
' dans le cours;> de ' la -paralysie
1 générale chez la femme ? par
' Naecl : e, 330." si ? ' =r" ¡ud
Causes, des 'et'de l'hérédité dans
les 1 affections 1 nerveuses etf men-
, 0, taies, par Rieger,' 1G ? .1" 11/9 Il')
Cécité, sur un cas"d'hémianopsie
bilatérale' avec psychique, 'par
Vorster, 1fI5 ? - I P'1'JIII.)
Cellule nerveuse, la considérée
"comme base''de' la neurologie,
'par Schoefer, 412. ? 11'11'"
Centres corticaux, de' l'origine
1 phylogénétique des'- et de l'ap-
pareil olfactif ? par Edinger; 497.
Céphalée, traitement delà ^ner-
veuse par la douche statique. par
' A. Voisin,413. 1 1 i ;, - , ' .1,
Cérébrale,' attributs fonctionnels de
l'écorce , par A'. Waller; 40'r;
description de la couche' motrice
4 de l'écorce ') par, Goodall,'40û.
Cerveau, méthode d'examen dû -
" à l'état frais; par ICindred; 52 -
quelques remarqués, sur la' dégé-
nérescence expérimentale du' corps
calleux et de l'écorce du' J' par
Muratow, 397; du' développement t
et'de l'expansion' des'fibres tan-
gentielles de l'écorce du'-humain
aux divers âges de la vie; par Vul-
' pius,40û; les' expériences' faites
'' par la nature sur le -, par'Dley-
nert ? 401 ; résumé 'de' 1,565 au
'' toPsies 'du , etc., par 1 J;D Bul-
len, 407. , it : ;
Cervelet ? sur une lésion'systémn-
tysée"du/ et' de' ses dépeu-
' ' dances 'bûlbo-protubérantielles,
par Rojet et Collet, zip
CHAHCOT, par Bourtievillel 177 ;
' travaux' de ? 203 ; ;' obsèques de
, 208 ; hommage u' '='; 507.'
Chirurgie, intervention de t lat -
,J dans les'maladies' cérébrales 'de
l'enfance, par Parsons' Norbury,
tr 1b8 : "r ,· , 1 ! JI) t J l 'il e
Crorée, sur un cas de ? do 1,lIu-
tington, par Greppin, 138;'rye-
'' marques 'sur les formes de la
.. - chronique,' par W. Osier, 142;
- ar¡r ,. r"T 11' 'J ? ..... ? f.
TABLE DES MATIÈRES. 517
liiq .zuroorr ;il ^fi iitt ? r ,. .
congénitale, etc., ,par Wy- Y ?
gmann,14.4;un,casdefoUe,'as-
sociée, la il un âge avancé,
·,par, 1\Iac Parlane; 3 ? 3; èorïtri-
(butionà. Fanatomte pathologique
de la -, par Kroemer, 40} j sur
la-paralytique, par Fitatov,417.
Climquks, '.trois, cas , par Clarke,
" \ ^i H ? ? J " ~
10,101. tr,, ¡'t | y r| q|, ,^,,
Cocaïne, des effets de la sur l'oeil ? j;jet det ses rappoyts aV,e.ÿ lç' ¡ : (rlyI
n. sympathique,, par Laquer,' 499.
Coc.ïwsntE,.note sur le ^7 par'Co- ? nolly, Norman, 393 : ? , 1
, Colonie,, familiale de Dun,,parDes-
champs, 262. "^('v^ ?
.Coloration , , OSn710; Cül)10-hélna-
tdxyiique, par Berkley, 39S ? con-
trihutions à remploi dea'm6-
,"7thode de - déMarclii, étc ? par
'1 Redlich, 401 ; osmio-ferro-lé-
;Ematoayliqne,jparIiaiser; 484., t
CoGnÈs, `de, médecine , mentale,
u;, 171 ? 1 ? r des, m6decinsalienis-
tes des pays de langue française.
,h 240 et, lrmtibme,, ;"des neurolo-
. gistes et aliénistes du sud-ouest
a·"1e l'Allemane, F9` ? ? t,. ' ,,
.Contraction ? de certains, phénomè-
nes de-;des muscles quand on
les, excite au cgurant faradique,
; par, lirOClC, 40U. ? ., ,, ?
,.\1q : lTn.\I : lTr., fâcheuses conséquences
rr,,dela, ; , par Pae, r75. , ?
,CORPS" calleux, contribution, il la
(^casuistique, des tumeurs du -,
Ii-;Pal'(, Gièse, 132; ; Iitres Cas d'a-
.11.11esthésie duc à' une. lésion de
it., laj circonvolution ,du ? par Th.
'(. Gal1l11, 139; ., quelques,, rèmar-
m ques sur, la dégénérescence. expé-
lt,rimpntale du , par 111ut,atow;
397 : ? -m ' ,
397, 1'11.1' "" \
CnANIEcTOIIE,,1 chorée, cgngépita)e,
lI' incapacité" de, coordonner, etc.;
.«">. ;ii linéaire, "par,II'Vymann, '1 Í4;
linéaire ? par, Çiyton .Par-
lcyll, 1 f9 ? -, contre la mlcro-
,1, céplialie et l'idiotie, par J, Boeckel,1
23a ; microcëphatiej et ? , par,
- lIadden, 36.. J ? .. 1
Ca> : Tmouo ? un cas d'idiotie ? pari
,v l''rancotte, 153. ,ry ,n n ,
Crime, et folie chez la' femme, par
IIINcrcl : e,.390; le ? de Locunolé,
. 512 ? p uuln ,a ? 1 o i
Cuir chevelu, un cas de;développe-
ment , anormal, du' , , par Mac
Uwval, ill. "
Dégénérés, héréditaires, par La-
" grange, 258 ? .Vv' r r .
Dégénérescence, lésions spéciales à
"diverses formes de musculaire,
par Fuerstner, 495.
Delasiauve, mort de z, 163.
Délirantes, , de la variabilité des
conceptions et des hallucina-
I tions sensorielles,' par' Tli. Koelle,
1 151. - ? J ? l,; 't j" . ? 1 j
Délire, dans l'influenza, par
Hanter, ' 153 ; z des négations
- y,à apparition précoce chez une
mélancolique, par Toulouse,' 156;
' de' jalousie ? chez l'homme,
' par Kraft Ebing; 156 ;. sur le
des négations,, par Serbski, 415.
Démence, un" cas de = aigue, par
A. Robertson; 239. (
Déments, des ' altérations dans, les
noyaux des nerfs crâniens chez
les . paralytiques, par Autbkra-
, tow, 403. ' " ' ' ' '
Dérivatifs,, de l'emploi des mél31ca-
ments - externes dans les mala-
'dies cérébrales et nerveuses, par
Erlenmeyer, 165. ; ,
Diplégies, - cérébrales de l'enfance.
par Rosenthal, 503 ' ,, 1
Doigt, en,forme" de bauette de ? tambour, par L.' ]1111101', 310. "
Drame,] de famille^ 93 ; le - de
, la rue Truffant, 94. '" ' , T
Dl'BOIÍ : iE, .de l'action sédative de la
à doses continues chez les
,,¡aliénés, par Marandon de Mon-
ntyél, 211 ;"sulfate'de - chez les
aliénés chroniques, par P. Noecke,
, ;23 ; F dé,1 =,, par, Mendel ? 478.
Et.Érmwu.tsîs,, manière d'être de. la
résistance du corps à l'électricité
'galvanique dans I ? par Pasche-
lès; 1 ! rt., ? ? 1 . 1 ut
Empoisonnements, les' - dans l'Inde, ? 90. . ? ... ...., .. .J
'f . q"l'('I) ) '1 '¡ ?
Epilepsie, quelques cas,,d ? traités
., par, l'livdratéd'amylène, par E.-L.
yl Dunn; ` ? `39;r sur, les, théories phy-
siologiques actuelles, de l'- à
;9,propos, des doctrines de 11,' Jack-
son, par 'J." Christian, 386 ? d'une
yo nouvelle, méthode de traitement
- 'de 1 ? par,rléclsi" 478. ' "
Ependyme', sur'ies'.granniations de
1 ? ventriculaire, par Pellizzi,"i89.
Epileptiques,, les colonies d ? par
Th. Ewart," 80 ; ' aliénés ;' toxi-
cité des urines ' chez les , par
518 r TABLE DES 'MATIÈRES.
J. Vuisin, 21b; occupation des
- , a00. Il '
Epuisement, des phénomènes psy-
chiques de l ? par Aschatlen-
bur, 501. -' '1 '
Esprit, la disposition de ·l ? par
Kroepeiin,500. ' ' '
Etat mental, sur l'- de Christine,
reine de Suède, par Sarbo, .32;
rapport médico-légal motivé sur
l'- de l'expéditionnaire Krueger,
par Hichter, 390. il , 1
Etendue, les notions de quantité et
ci'- chez les aliénés, par Pelle-
blini, 322.
Ea.a.umr, - dans les maladies
nerveuses et mentales, par Ven-
tura, 236. ' ' 1
Exercice illégal de la médecine, 89.
Exophtalmie, cas d'- compliquant
une néphrite, par Harold, 58.
Exorcisée, jeune fille -, 270.
1
Facial; des troubles fonctionnels
dans le domaine du et de
l'typogtosse, etc., par Koenig, 1 Í5;
de l'atteinte du - et de l'hy-
pog10sse dans l'hémiplégie fonc-
tionnelle, par Koenig, 337.
Faux témoignage des aliénés, par
Cullere, 2J1.
Fenêtres, nouvelles pour cel-
lules, par Poetz, 87.
Fièvre hvstériqup, par A. Sarbo,
88. 1
Folie, les drames de la 91, 512;
de quelques cas de consécutive
au traumatisme, par Liebmann,
155; aperçu sur la systéma-
tique au point de vue clinique,
par Neisser, 318; un cas de
associée à la chorée à un 1 âg-e
avancé, par ' Mac-Farlane, 323;
de la - amnésique, par Th, Ti-
linon, 321; contribution à l'é-
tude des toxiques, par Knoerr,
325; la en Korwege, par
Ilabgood, 326; de l'influence du
milieu sur la production de la
har Savage, 329; un cas de
avec stupeur consécutive à
l'hypnotisme provoqué, par No-
lan, 388; criuu· et chez la
femme, par Xoecke, 300;'un
cas de - avec dilusion,parlieay,
395. 1 Il il ''
Folle. Une -4 'Ji; tentative de
meurtre d'une -, sa; meurtre
commis par titiu 95. "
Fou : Le - et les gendarmes, 92;
officier - à la frontière, tu'2; un
' à la recherche de sa femme, 93 ;
suicide d'un , 94; les , 13l.
Force, un appareil pour mesurer
'^ la des jambes, par Krauss;'
h83. '
FIIIEDIIEICII (Maladie de). Un cas de ! 1
, par huntz, 62; deux cas sin-
guliers de -, par Ilossi, 137.
"
GnosE, des formes atypiques de
l' la spinale, par Ôppenheim,
492. ' l
GLOSSO-PIIARY\GICV, noyam dorsal et
' noyau sensoriel du nerf -, par
lllucliin, 488. 4
Goût, localisation du centre du '
' chez le lapin, par Schtsbherbak,
482. -
Graves (Maladie DE) -, par Dour-
'f dorfi, 62. ' ¡
, i *
Hallucinations, de la variabilité des
'conceptions délirantes et des - 1
sensorielles, par T. Koelb, 154;
contribution à' la théolie des ?
par Pick, 163. 1 z -
Hémianopsie, sur un cas ci'- bilaté-
rale avec cécité psychique, par
Vorster, 155. , , '
Hémiplégie cérébrale spasmodique 1
.avec imbécilité, par Limoncelli et
Ventura, 145; de l'atteinte du
facial et de l'hypoglosse dans ' f
l'- fonctionnelle, par Koeni",
372. ,
Hérédité, des causes* et de 1' i. '
dans les affections nerveuses et
' mentales, par Rieer, 162;
normale etlrathologtque, parSan-
son, 269, 1
II¡ : TtlloPIE, un cas d'- de la moelle
' chez un paralytique général, par
Feist, 146. 1
Hôpital, - royal de Montrose, par
J. Hoween, 87. ,
Hydrasiine, de l'- dans l'épilepsie,
477. 1 .
Hydrocéphalie, des différentes fuir- 1
mes de l ? par Bourneville et
Noir, 259.
dans les maladies
' chroniques, par René Barde et
Materne, 501.
Ilr reuesrntam, hémi-- croisée, par
llemak, 425. l' '
H1PEHHYVIIOE, llémi-- croisée, par
Bauer, 120. '
TABLE DES MATIÈRES. 519
Hypnotisme, l'escroquerie à 1 ? 89;
recherches sur 1 ? par 0. Ile-
hohl, 133 ; sur le traitement
de la folie par l ? par Percy
Smith et A.-E. Myers, 237; sur
l'emploi do l'- chez les aliénés,
par Hobertson, 237.
HI'IOGLOSSL des troubles fonction-
nels dans le domaine du facial
, et de l'- par Koenig, 145; de
l'atteinte du facial et de 1' -,
dans l'hémiplégie fonctionnelle,
par Koenig, 337.
Hystérie, quelques définitions de
l' par P. Janet, 1 ; drames de
l ? 271; de 1' en Vendée, par
Terrien, 447.
Hystériques, une accusée en crise
- 95 ; de la fièvre -, par
Sarbo, 138; un cas d'anurie-
par Halot, 145; contribution à
l'état mental des -, par Long-
bois, 168. -
Idiotie, un cas ci'- crétinoide, par
Fraticotte 153; la craniectomie
contre la microcéphalie et 1' ,
par J. l3eechel. 235; histologie
pathologique d'un cas d'-épilep-
tique d'origine syphilitique, par
Bullen, 410.
Idiots, (asiles d'-) nécessité de les
rendre plus grands et de les mul-
tiplier, 87 ; assistance des , 509.
Illusions, communication casuis-
tique relative à l'étude des de
la mémoire, par Scheldtler, 326.
Impulsions, sur deux cas d'obses-
sions et d'- à forme continue,
par Roubinovitch, 261.
Influenza, délire dans l ? par Gan-
ger, 153.
Iwr.cTiovs, des - de chlorure de
sodium chez les aliénés siliopho-
bes en état de collapsus, par
llberg, 239 : - par Lelimaiiii, 479.
Irlandaise, la jeunesse -, 173.
Jeûneur, un nouveau 271.
Juif errant, Le il la Salpêtrière,
par H. Meige, 343.
Lathyrisme, deux cas de -, par
Semidalov, 418.
Lésions, microscopiques par Ed.
Goodall, 59.. f
LÉTII IHGIE, attaques de et sug-
gestion hypnotique, par Ilitzig,
148..
111 \GXÉTIr.t : H, création d'un syndi-
cat de -, 88.
Magnétisme, école libre de -, 131.
Magnètothéiîahie, et suggestion,
par Benedikt, 478.
Manie, la comprend-elle deux
formes distinctes de folie, etc. ?
par G.-111. Robertson, 391; - pé-
riodique, par Dagonet, 156 ; la
pathologie de la mort subite, dans
la , par Yitmell, 328; et mé-
lancolie, par J. Macpherson, 330.
Médecins-adjoints, concours pour
les places de des asiles d'alié-
nés, 508.
Mélancolie, un cas de induite
par R.-O. Dees, 325; manie et,
par J. Macpherson, 330.
Méningée, des sillons de l'artère
moyenne dans l'endocrâne,
par G. Peli, M. v
Méningite, cas de chronique, par
J.-W. Plaxton, 133; contribution
à l'étude de la séméiologie de
l'herpès labial dans la cérébro-
spinale, par Klamperer, 496; un
cas de tuberculeuse, par Ri-
berolles, 506.
Mémoire, communication casuisti-
tique relative à l'étude de la
par Scheldtler, 326.
Mensonge, et aliénation men-
tale, par Fritsch, 264
Mentale, Richard et Simon et leur
influence sur la médecme -, par
H. Tuke, 395; traité élémen-
taire des -, parKorsakov, 426.
Meurtre, tentative de -d'une folle,
95; commis par une folle, 95.
ME\1\ERT, Eloge de par Fritsch,
265 ; de l'abondance des fibres
mtra-corticates dans les couches
Il et III de, par Kaes, 485.
MICROCÉPHALIE, rapport sur un cas
de -, opération, mort, etc., par
Binuies, 235, 179; Crâniecto-
mie contre la - et l'idiotie, par
J. Boekel, 235; - et craniectomie
par Iladden, 236.
Milieu, de l'influence du sur la
production de la folie, par Sa-
vage, 329.
Miracles, les de Lourdes, 511.
Moelle, contribution à l'étude des
altérations de la et des nei fs
périphériques, par Fuerstner, 19;
Structure histologique de la
épiuière chez l'homme, par Min-
gazzini, 53; des altérations des
520" 111 ' -1 1-1 il, "Ti TABLE^DES, MATIERES. 'fflO1r,nr {(()¡jr ? 111
l ,- l' t . ,| r Il,¡ 1 fjl'
nerfs et de la consécutives aux
amputations, par Marinesco, 480;
par, Hedlich, 4.84;/ un cas de,lé-
sion hémilatérale .de ,1a ? par
Stieolitz, 485. ù- ?
Morphine, des acci(lelits,, consécü tifs
au sevrage (le,la .- et,, de, l'esto-
,mac"par Hitzi, 91. ,,7 '1 u" IjS,
Morte, la - vivante, 346" ,r Ir : .
Morvan (maladie de), un cas de ?
par Grasset, 504. '
Motrice, prétendue aire jdel'é-;
, corce cérébrale, par, L'âne, 57. 1
MvËnTE ? chronique/, et, lésions
systématiques de la -moelle, par
- Leyden, 333. "· ? ". ,/x ? ,/j
AIYxOf.U1'ltE, pay,Rotlt,·G1. ? ,
i 'pj
Nécrologie,. Delasiauve, par Bour-;
. neville; , discours de Fahet; de
Christian;, de Semelaigne; de La-
borde : d'lsambard 1G3; Charcot,
t par Boui'Î1eville, 177. '.1 j, ';1
Néoplasme, observation de dans
le 4"t ventricule ? par, Mayer, 265.
Nerfs, contribution/à à l'étude;,des
altérations de la moelle et,des ?
, périphériques, par Fuerstneu,49;
de l'altération des ,= etlfde.l,r
moelle, consécutive aux'amputa-
tions, par de la
, dégénérescence et de lanrégéné-
ration de = l7ériphériyues,,à; la
,. suite de blessure, par Stroebe, 498.
Neurasthénie, 'par Mathieu, 168;'et
, arthritisme, par Vigouroux, 506.
Neuropsychose, une' périodique
entée sur une hystérie dégénéra-
tive, par, Griedenbel'g,¡3Dl.¡, ,. , ,p,
ÉVIiITE, atrophie musculaire, idio-
,, pathique compliquée de multiple,
,. par Eskridge, 58 ? un cas' de ?
périphérique 'd'origine alcoolique,
par J. Clarke Fenwick, 134;. sur
( lqs troubles, psychiques `dans les
- , périphériques, par'J. Ross,327.
Névroses, consécutives aux acci-
dents, par loi-iiilow,'Bajeno%% ? et
minot, 60; contribution, à l'exa-
men objectif des troubles de,, la
,, .sensibilité dans la^-, traumatique
,4 I)LIV"1GolclsÙliei(ler' 136,et J 339 ;
/leçons sur le, traitement ] des z
'.par C.-E. Séuid;nlli9., ,. ,,
N ivL. E la folie en par 111Lb ? Ood,
NoKvn.E,la folie en,-pcr llabgood, i
32(i- "h 1'S mIw ·11 1 'l Vu 1
0usi : yuESde M. ,1 le D' Chariot, par ¡
J. Dauriac, 208. '
',... . ,. m. 1"{ "'UI lt 1] ? 1'1
Obsessions, sur, deux., cas d,· ? et
" d'impulsions,, forme/continue,
par, ltoelilïovltch; 201 ? r o, nv
OLFACTn ? ' Examens..dusehs) ? au
point de vue clinique llar5aveliér,
. 482.q '1- . '¡ : : : ) r t ? b ',¡i' 'Ha,;
Optique, 1 q,es",a1t,ratlOnsd,u t,npuf
1 ? notamment dans t'arterio-sclé-
rose,'par Otto, 4J 9;. recherches
., expérimentales sur les centres'=;
par.C. de Monkaow, 402. ,. (f(1 ?
OpHTALMOPLËGiE.De progressive ? ar;Ho;he,49f.ty ? i,' '1" nn
Osides altérations,,des,= dans, la
, maladie de Baseddw, pal' Koeppell
336." ., Hj. ? 0) ? ? t .. .IJ l, .
0,VARioTOMiE,.de 1; dans le, traite-
(lP1el,t ,de la, folie, par Morton, 177 :
t .t 011 '' ` r ·1W tm · n.· <)') ? }
Palatine. Ronllement de la, voûte; ? nouveau signe., de .degene-
, iescence, par Ncecl : e" 183 ? rII
PÂnALYsiEs motrices organiques^et
hystériques, par. Freud, 29;,ma-
ladite toute spéciale affectant deux
i 'soeurs sous la forme de ? pro-
agressive, par Homen,' 49 ; de.s,
du plexus brachial, et du trouble
de ;la sensibilité) dans la ,'axil;
^ laire,' par'Pagenstedier, ,136; de
, " l'aphasie dans Ia ? générale, par
Ascher.142; un cas de raciale
''congénitale, par Se))ultze,14G;
,·spinale syplilitique, par, llfucUiu
et 1 Konalewsky H7;, nouvelles
' observations de générale, pro-
gressive à marche circulaire, par
", (3uddeberg, 1(ir; des symptôme^
de la cacatçnie'dans la"'1/ géné-
rale chez, la femme pal' N'oecl.et
.,330 ^'contribution' à l'étiologie'de de
la : ...." générale, par OEberke,,3,31;
, (l' contribution à la connaissance de
rlla 缭-( ? ulbaire",par Iloppe", 332;
, contribûti61ï ! à la pathologie, dé' la ? spinale' atroplnque chronique,
,'par Oppenheim 3t0; des ischô-
Imquey, par',Chostelc ? 36; immo-
,f,bilité. des pupilles dansla' 'gèné-
' 'raie, par Hediich, 265;'de la genèse
'et du substratum anatomo-patho-
"logique du 'délire' des grandeurs ? dans, la ? g.énérale; Ij¡I' K' : H'nf : el,1
et Blkeles, 389; contribution/au
, diaguostic, anatotnicjue, de/là'
.1 g,\né¡ : ale ? par.,¡'ét1 ! t ¡m¡¡to111l{ : pa-
tliologique de la Ilielv, , 1ar
Schlesinger, 391 ; diathesede
la générale, par Wilson, 301.
TABLE DES MATIÈRES. 521
Altérations anatomo-pàthologi-
ques dans la faciale périphé-
''phérique' p : u ? 1 D : Írskewitsch, 'et
«' Tichonow,1 482. Influence/de la-
vaso motrice ''sur' le ' développe-
'^ ment'de l'inflammation produite
''par' le' streptocoque de 'l'othe-
matome des aliénés par Pellizzi, ? 490.' De la.'situation de la langue
. dans .'la' périphériquefldu 1 facial
"'par Hitig ? 91. '" ? f' ;.C"U ?
Paralytiques,' des fibres ^d'associa-
tion dans l'écorce cérébrale'des'-
'néïiéraûï,"par `Lioubinrow,' 53; ;'
,un cas d'hétérotopie';¡'dâns 'lIa
si moelle, chez^un ? général;'4+6.'
PARAMYOCLONUS inult'iplex ? liérédi-
taire, par Gucci, 140. ? ^ "
PABAMYOTONIE 1 ataxiqup.' et 1 maladie
1 de,'Tliomseril 'par' Gowers,' 140.
Parole, contribution à l'étude des
.troubles de la''='par Picl ? 135; : des 'troubles'- de" les
aliénés, par'0."Klinke, 153; des
3'troÙbles de. laJ1 '' dus' 1'lis-'
' pocliondrie, par 111 '457. fi,
Pellagre, |cas de' -^ avec syringo-
,0'ihyélie,' par Pellizzi, 131. ' ? ,
Peptonurie, de la chez les para-
3'lyti(liies', par Fronda,' 143.l J"
Persécuté Pal : ' les"jésuites,"92 ?
..1 auto : accusateurs 'et possédés, par
lis églas et,Brouardel, 133.r" 1- ' ,'
Persécuteur migrateur, par Frièse,
n 2 ? aJW wr ..hl ! 'i ? 1111 -51»<>-«
Perversions SE\UGLLES'r7L' formes
obsédantes ? par'Boissier et La-
1 chaux,' 37'F; un'cas'de par
'1 Urquh ? t; 388.' ? ? ? ? -
PITUITAIRE; de la destruction' ! de la
"glande, par' Vassal,' 54 t'
PNEMiOGASTHiQUEP : Le pédoncule ? dû' lobule, dû ' "par Schts'cher-
bach; 48GJ' ",11 ,1' - /,
Po4to-nvarc;'de la réparation' de
- certains'muscles 'paralysés à'la
suite de , par Craème M. Ham-
q'Ínond 56 cas'' de ? antérieure
avec altérations) nerveuses péri-
phériques, par J., Bullen; 58. ';
Politique; influence; de la dans
la nomination des médecins alié-
Pnistes aux.États-Unis,. 174 : ' "
Pru1 ! ;ARATIO : 'iS; une nouvelleinéthode
01 de"'... ? sèches' du' T cerveau,"par
"stiéda; 397 : ' ' ? ? 1 ? 1" ,
PsEUDo-somnosE eh ' plaqués d'ori-
nixe palustre ! ' par Triantaphyl-
Midès, 232 : ,, '" ,
,,luUs, 232 : . 10. 1 1 11 "d .
r4 ! t 11111 W f lu' , 1 '
Psychique,' arrêt de développement
par lésions de la tête de l'en-
*'fani avant, , pendant l'accouche-
' ment'et''aussitôt après lai nais-
- 1 sance,' par \Vulf; 50. Des modifi- ? cations dans la rapidité' des pro-
cessus par.de Bechterew, 481.
Psychose; des'hases somatiqnes'des ? aiguës, par Wagner, z
du jeune,vge,'par Sehoenthai;320;
et fièvre typhoïde; pas Klinke,
- 389 : -¡¡fi HP "'J'J 3ttO,m nrr .A( niiii
'0 A1 " ? s.11rt 'V" {
Quantité;. lesr notions' 'de., -' et' d'é-
tendue "cliéz' les - aliénés, par Pel-
']egrit]i322 ? < ? - ? $' 'tt
il 1 ' 11 I ,f 11J ' ! Yhfft u .
Bncumtennr, les sinus et lés' veines
des parois de la cavité -par Tro-
lard, 43. 1,
RÉFLEXES ? d'une' nOIIVellc'-méthodr
"de recherche des ? tendineux'et
- ` de leur modificatioii`dans les ma-
ladies mentales 'et' chez les' épi-
leptiques, par dc'Betcherew,'321.
nf ! ' t . 1/ f < C ;l(hH -.4 ,
Sang ? sur'l'isotonie 'du ? chez les
'"aUénés,'par-Ago=tini; 32f. ." Il
SATUnNISF..lr'èc¡;ehhê expérim'en-
' tales' sur l'intoxication,' etc ? par
l,iSieglitz, 4.S ? " 1-1 1 , ,
Sclérodermie, 'manière 'd'être de la ? résistance'du,corps à l'électricité
1 gaivalllqne dans la'=; par Eulen-
a.lbnl'âs 1F3"m,m 1. {I .
Sclérose,1 1 ENI¡'PLAQUES ? pscndo ? d'origine ''palustre, par Trianta-
( phillydès, 232. Un cas de et
61 hystérie' associées avec autopsie,
par Grasset; 503 ' il t" ` "
Scotome] - Du ="'scintillant' par
- ' Manz,'495 ? m 9' J "1 ut '
Sensibilité,' contribution a. l'examen
, objectif delà ' dans' la névrose
'traumatique, 'par Goldscheider,
"'136, 339.' , 1 Il 1 4d ? t r, '
SITIOPIIOBES,'de'S injections de chlo-
' rure de sodium chez les aliénés
' =en état de collapsus, par libero,
239 ? ? 1 '...j ?
Société dés médecins neurologistes
"'et'aliénistes de Moscou, 60, 340,
'"414;-médico=psychologique; 59,
1 163, 413,490 ; psvehiatrique de la
province'du'llhin; 164; psy-
chiatrjque"de'Berlin, '166, '191; ? de psychiatrie et maladies ner-
veuses de Berlin, 232, 419; de
patronage pour les aliénés sor-
U.I '' ' -iL' U il u " < <<
"tu) Il n ' 1
522 table DES matières.
tants, par Giraud, 253; - de psy-
chiatrie et psycho-médicale de
Vienne, 261; d'anthropologie
de Paris, legs Fauvelle, 270.
Sommeil. Circulation du sang et de
¡ fia lymphe dans ,1e crâne pendant
le -=, pal' l\lackenzlC; 489. "
Somnambulisme, un cas de spon-
tané, par Hoefelt, 155. - -«
Sphincter. Des centres corticaux du
anal et du vesical par de
Bechterew, 484.
Suicide d'un fou, d'un enfant, 513.
Suggestion, attaque de léthargie et
hypnotiqtie,l'1)ar Hitzig, 148;
de la forcée, par Tokarski,
415; magnéto-thérapie et , par
Benedlht, 478. l' li,
Surdité verbale, contribution'à. la
question de, la ? par Scarano,
145. >;O, ,h·W nt ' È n
Suspension," de l'influence de la
sur les troubles de la vue dans
les affections de' la moelle, par
Betchrew,'479.v ?
Sympathique, de' l'influence vaso-
motrice du -cervical, par Cavaz-
zani, 396 ? , ' l 1 i " ;. .
Synostose^ crânienne congénitale,'
par Calvert, 318.' .
Syphilitique, aliénation mentale ? ,'
par l\Iairet,' 64. Il I : '1'
Syphilis, contribution statistique' à à
I ! f la question' de 'la ' et du tabès,'
par L. Minora 132; aphasie dans
la cérébrale,1 par Heilbronner;
132. te t tin z a il ,
Î SS'I21\GOM1'I;LIE, cas de pellagre avec
- , par l'ellizzi; 131. ?
Système ^nerveux. «Contribution au
développement' pathologique du
central, parLeonowa, 485.
Coiitiibntion à l'étude des'affec-
tions port' syphilitique du ? cen-
tral et périphérique par Dinkler,
49G." 1 t' ,"IrJI1' il 1 Uuu ,iUl , ?
4 t(l( ,thq ? jA
Tabès, contribution 1 statistique ? à
la question» de' la' syphilis et du
1 . .1 1 1,
- , par L. l\11nor, 132; contribu-
tion à la symptomntologie du -,
par 0. Rosenbach, 135; contri-
bution à l'anatomie patholo-
gique du - dorsal, par Krauss,
396.;Un;cas,drpseudo - post-
infectieux par Grasset, 502.
Temporaux, contribution à l'étude
des lobes -, par Seppili, 55.
Tiiomsen (maladie DE), paramyoto-
nie et -, par Gowers, 140 ; con-
tribution à la connaissance de la
, par Frûs, 143.
Tics, sur la maladie, des con- ? vulsifs, par Tokarsky,'341 ! 'Alpl'0-
' pas'd'un cas de maladie des
par Roubihowitch, 504 ! 1 ! \/I'MI
Toxicité des urines chez les'épilcp-
IIl'tiqu,es aliénés, par J."joisin; 245.
TR IO ! I'AL , du - par Brie, 16'r, 476;
Id par Beyel, 500. ,(lU, " 10*^*1
Tumeur, corticale occasionl1 ant June
hémiplégie, etc ? par,' Hàdden,
'50; névrogl iques, (113' la moelle
épinière, par F : ' Raymond ,t 97;
"casuistique des 1-L du'11 corps
' calleux ? par Giése,; ')32 ? du
''centre ovale ayant causé'une pa-
I " ralysie des mouvement's'Yetl du
t'sens1 musculaire, etc ? par Lan-
or, don'(Carter Gray; ! 39;' Contri-
bution à l'étude- des' ''du'cer-
''veau; par Raymond, 273;cere-
. C braie intéressant les lobes frontaux,
4t par Griffitli et Steele Sheldon, 410.
'Typhoïde, psychose et , fièvre ?
Par Klinke, 389. Système nerveux
dans la fièvre , par' Pechère et
,·runcl : , 502.'d : : , , · r r w,m·,r
' I ! . I I . si t ? lIfJ'lfJ
Variations , transÍhission' des 11,
'acquises par Richardson ? 56."
Vélocipède, le dans l'aliénation
' mentale, par Th. Ewart, 393.' J
Villa-Hôpital, description sommaire
'-de' là nouvelle 缭· tle' New-York,
1 par R Baker, 8F. : m ..
Visuel',1 de la fatigue du champ ?
''etc ? par Koe'nig; ! ,21 ? Ic ? 1
1 l' Il.... 0..1 ,r... y,ïI ? r 1
lM,'l'ABLE"DES' AUTEURS ET DES' COLLABORATEURS.
...H' 1 ? .. il l'Il uJ' . 1-1 1
«or i h ,r ' ' ·
O" 'Agostini, 321. 1 1'1 ,
Albutt, 81." ? ,1
Aschaffenbourg, ,501., , ? Ascher, 12..., " . l, ? Autolcratov, 403. , ?
1)- , : 1 ! -' 'jjti '
Bajanow, 60. , nr' t/ 1 ? Bauer, ? 0. , `I ,,
,o. Baker, 8'r. , ? ,i
,011 Benedikt, j78" J . ,
; rpBeni-Barde, 50L"J,t¡ -,
f" Berkley, 398. > , .'
, , Betchrew, 321, 399. f 78,
JlU ? 81, '81. ," , .j
, t, Beyel, 500 ? " , ?
t,fllilceles, 389. , l ? , (
,n Binnies, 235 ? ? Bcecl : el (J. ), 2,15. , , , . ? Boissier, 37'E. ,
71,BoHl'neville,G1G3, 177, : i9. ? , 1 r ",
.Bothe, 269.
'<11,Brie, 16L, . > 1 Il
Brock,4000. ,
3rouard l (G.), 2G2·;r,
Bruns, 144.
Buddeber, 16É. ,. ?
' Bullen, 58, 407, .410.
HUI ,. \ . ! ,1
Cal vert, 318, ,
"Cavazzani, 396. , ,
AI Chevallier-Lavaure,2f0.
Choosek, 265" ';1 : 1 i\
Chostek, 205. , , .
Christian, 1G3, 386 ? "
Clarke, 13F, 137.
Cleaves, 83.
Collât, 253.
ClIllel'l'e, 251.
Dagonet, 15G.
Darskewitsch, 482.
Dauriac, 208.
Dees, 325.
Deschamps, 2G2.
Dinkler, 49G.
.T ... t. 1
Dourdoilfi, 62, 419..r , 1
Dunn,3M.; . i . .1
.(I il 'T ? -j ,1(,
Edinger, 497.
Erlenmeyer, 165.|j ? li
Eskeride",58. & x-i{
Eulenburô, 143.
Ewart, 85, 393 ? ....
Ifn Id 1 # i , 1
Falret, 163.,
Feist, 146.
Ferlach, 325. , .;
Filatow, 417 ? .
Flechsig, 478.
Fi-ancotte,,153.
Freud, 29.
Friedmann ? 98.r, " ,
Frièse, 262.
Fritsch, 264,, 265. t..o '
Fronda, 143 ? m i
Frûs, 143. n i - Il l, ,,
Fuerstner,. 49, 495.3ti -
Funcl;, 502.
i.i ' '<
Ganger, 153. '
Gamll, 139. ~
Giese, 132., ? ,l(
Giraud, 253. ,r- <-.<,
Goldscheider, 136.
Goodall, 59, 405. HI' ,,
Gowers,,140 ? · .
Grasset, -503, 501, 502.
Gray, 139.
Greppin, 138. , ,
Gril'fith, 410. ? dll'hl)
Gucci, 140.
Habgood, 326.
Hadden, 150, 236, 395.
Hammond, 56.
Harold, 58.
Hebold, 133.
Heilbronner, 132.
Hitzig, aS,4 ! J1.
Hoche, 494.
lIoefült, 155.
Iif 1'; '"
Holst, 145 ,·'i
f10lnCn, 49, 14î ,
lippe, 332. Ii
lIollden, 81 ,1 ' ? i
hl ' : 1; : 1 rr
Ilberg, 1239 ?
Ireland, 328, , '
Isambard, 163. r
. - ,; .j- ,'1 !
Jackson, 386.
Janet, 1 ? ,,·
Jones, 327. ur ....
j . 1 HI
Kaes, 48G. ,. -
Kaiser. 484. <.-i> 1
Keay, 395. 1 ? M
Kindred, 52. Mi .s
Kil'iltzefT,.62, ... .
Klall1percl', 496, , s,
Kliiile,l 153 ? 157, 389,
;. 478.. t W x,
Kiioerr, 325.
Koelle, 154. 1
Koenig, 145, 147, 337,
I 421.; t
Koeppen, 336.
Konalewsky, 147.
Korufelcl, 389.
Kornilow, 60, 341; 414.
Korsakow, 420. t
Kraft-Ebing, 156.'
Krauss, 396, 483.
Kl'oepelli, 500.
,·"i "iI01l'.4 a ft'1
Laborde" '163, ¡ <
Lachaux, 374.
Ladame, 147.
Lagrange, 258.
Lane, 57.
Laquer, 499.
Leârain, 2G+.
Lehmann, 479.
Leonowa, 485.
Leyden, 333.
Liebll1anll, 165.
Limoncelli, li5.
824 table DES auteurs ET DES collaborateurs.
Lioubinrow, 53.
Long-bois, 168.
Luntz, 62.
Mac Donal, 411.
Mackensie, 489.
Mac Farlane, 323.
Macpherson, 330.
Alairet, 61.
Manz, 495.
Marandon de Montyel,
211. 1.
Marinesco, 480.
Materne, 50F. Í.
Mathieu, 168.
Mayen, 265.
Neige, 343.
Mendel, 478.
Mercier, 394.
Meyuert, 401.
llfinaazzini. 53.
Iinor(L.), 6U, 132, 310.
Moeli, 425.
Monakow, 402.
Alorton, 477.
111uchin, 147, 488.
Muratow, 397.
Myers, 237.
Necdam, 83.
Neisser, 318, 310.
Noec]¡e, 330, 338, 390,
483.
Noir, 259.
Notai, 388.
Norbury, 158, 410.
Norman, 393.
OEberke, 331.
Oppenheim, 340, 492.
Osier, 142.
Ott, 57.
Otto, 19,
Page, 475..
Pang'stcher, 136,
Parkyll, 149.
Péchêre, 502.
Pascheles, 143.
Peli, 5-1.
Pellenrini, 322.
Pellizzi, 131, 1189, 4 (JO,
Pick, 135, 163.
Plaxlon, 133.
l'cetz, 87.
Raymond,97, 273.
Rayner, 84.
Redlich, 265, 401, 584.
Ilegis, 240.
Remah, 425.
ltiberolles, 506.
Uenton, 395.
Richardson, 5G.
Iticliter, 390.
lIiegel', 162,
Robertson, 237, 239,391.
Rojet, 233.
Hosenbach, 135, 488,
Hosenthal, 50J,
Ross, 327.
Hossi, 137.
Hoth, 61.
Roubinowitch, 291, 10>.
Sanson, 209.
Sarbo, 138, 322.
Savetieu, 482.
Savage, 329.
Scarano, 145.
Scheldtler, 326,
Schlesinger, 391.
Schci'fer, 41°.
Schoenthal, 320.
Schtscherbach, 482, 486.
Schultze, 146.
Semclaig'ne 163.
Séglas, 262.
Séruin, IG9.
Semidilow, 418.
Seppili, 55.
Serbslcy, 415.
Sérieux, 145.
Sheldon, 410.
Sieglitz, 48.
Siemerling, 402.
Smith, 59, 237, ;i93.
Siiow, 395.
Stiécla, 397.
Stieolitz, 485.
Strallan, 392.
Stroebe, 498.
Terrien, 447.
Ticllonow, 482.
Tilin 31)1.
Tokarsky, 341, 415.
Toulouse, 15G.
Triantaphyllidcs, 232
'l'rolard, 43.
TrutTant, 91.
Tune, 395.
Tyler, 51.
Urquhart, 388.
Vassale, 54.
Ventllra, 1'r.), 23G.
Vig-ourom, 50G.
Voisin (A.), 413.
Voisin (J.), 2î5.
Vorster, 155.
Vulpius, 400.
Wagner, 320.
Waller, 404.
Walmsby, 82.
Warner, 323.
Wi'soii, 391.
Withwell, 328.
Wult, 50. ·
Wymann, 1'rt.
Yelowlees, 83.
Evrcux.Ch. 11ÉRISSEY, imp. - 1203