(1905) Archives de neurologie [2ème série, tome 19, n° 109-114] : revue mensuelle des maladies nerveuses et mentales
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(1905) Archives de neurologie [2ème série, tome 19, n° 109-114] : revue mensuelle des maladies nerveuses et mentales

ARCHIVES

DE

NEUROLOGIE

ARCHIVES

DE

NEUROLOGIE

REVUE MENSUELLE

DES MALADIES NERVEUSES ET MENTALES

Fondée par .< M CHARCOT

PUBLIÉE SOUS LA DIREC-110-4 DE

A.JOFFROY

Professeur de clinique

des

maladies mentales

à la Faculté de médecine

de Paris.

V. MAGNAN

Membre de l'Académie

de médecine

Médecin de l'Asile clinique

(Ste-Anne).

' F. RAYMOND

Professeur de clinique

des maladies

'du système nerveux

à la Faculté de médecine

de Paris.

COLLABORATEURS PRINCIPAUX :

MM. ABADIE (J.), ALQUIER, ARNAUD, BABINSKI, BALLET,

BLANCHARD (n.), BLIN, BOISSIER (F.), BONCOUR (P.), BOYER (J.), BOURDIN,

BRIAND (M.), BRISSAUD (E.), BROUAHDEL (P.), CARRIER (G.), CAUDRON,

CESTAN, CHARDON, CHARON, CHARPENTIER, CHRISTIAN, COLOLIAN, COULONJOU,

CULLERRE,DEBOVE(M.), DENY, DEVAY, DROMARD, DUPOUY, FÉRÉ (CH.),

FENAYROU, FERRIER, FRANCOTTE, GARNIER (S.), GRASSET, HUET, KEHAVAL,

KOUINDJY, LADA4fE, L.1NDOUZY, LEGRAIN, LEROY, dIAüILI.E,

MARANDON DE MONTYEL, MARIE (A.), )¡110 REINE MAUGERET, MIERZEJEWSKI,

MIGNOT, MIRALLIÉ, MOURATOFF (w. A.),

MUSGRAVE-CLAY, PARIS (A.), DE PERRY, PICQUÉ, PIERRET, PITRES,

RAVIART, RAYNEAU, RÉGIS, REGNARD (P.),

REGNIER (P.),RICHER (P.), ROTH \Y.j, ROY, SI\ION, SÉGLAS, SÉRIEUX,

SANTENOISE, SOLLIER, SOUKHANO I ? SOUQUES,TAGUET,TCHIRIE\V, THULIÉ fil.),

URRIOLA, VALLON, VIGOUROUX, VILLARD, VOISIN (J.), WEBER, YVON (P.).

Rédacteur en chef : BOURNEVILLE

Secrétaires de la rédaction : J.-B. CHARCOT er J. NOIR

Deuxième série, tome XIX. 1905.

Avec 26 figures dans le texte

PARIS

BUREAUX DU PROGRÈS MÉDICAL

14, rue des Carmes

1905 5

Vol. XIX . Janvier 1905 N"109

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

CLINIQUE NERVEUSE

Hospice de H S.1LL1;7RI1 : RI;, Clinique des maladies

nerveuses.

Paralysie faciale périphérique due à un fibro-

sarcome englobant le nerf à sa sortie du bulbe

l'ar \I\I. I R.11'I()\j), IIUI : 'I' et .11.Ç)U11 : R.

Le cas que nous nous proposons d'étudier dans ce tra-

vail est intéressant à un double point de vue : en pre-

mier lieu il est rare de voir une tumeur,occupant la par-

tie latérale du bulbe, ne donner lieu à aucun autre symp-

tôme qu'une paralysie raciale périphérique. Mais ce qui

nous parait digne d'intérêt, c'est l'origine et la nature de

cette tumeur.

Observation clinique. La malade, hospitalisée iL la Salpe-

Il'ii'l'e élai ! Ù).(("e d, ifI all loI" du j)('el1liel' examen. '¡U;llu'il GO '

ans elle avait toujours joui d'une lmnne canl : en particulier

1a. It· .v lltilie. I ? Ilt· wait eu IS enl'uW., tlunt G emum uclta·lle-

ment vivaO·. *

Depuis l'¡\¡ : e d,' GO : ni ? bronchite» fréquentes. A l'ye de (ïfi

ans, à ia suite d'une lmoncltilu a-anl Uuru ewiron lroic moi·,

l'III' 'apl'l'<;ul d'ulll' pal'lll,il' J'llLillll' ¡ : alll'he, '-UI'\L'IIUe S11b(,1l1l'C

apparente, l'eu après, stinint une ynlUalmie le l'm·il aunln·,yni

1111 Il'ailt"e al<'\ (Jllilll.l'-\ïll ? l' pdl' la ,ulul'e des paupières.

Lmo tlu 1ru·mit·n i·wm·n, ma mn·lale mu·, lvan,tlv.ü· l'amiali·

au('llI' altl'il'lIlllll au"i bi"11 \1' lal'inl 'UIH"I'ieul' 1[111' lïllrt'ol'Ïl'ul',

pal'al,il' Il'i'<'PI'OIlOU(,(',I', fla«lul' If/g, 1 \, L'l'\('ilabililé J'al'adil[ue

dl" tll'l ? pl de t1t1l ? ll' pal'ail. abulil'. L ? \Li(llbilill' gallanique

.li;come, 2^ cri·, l. \I\. 1

2 CLINIQUE NERVEUSE.

des m use les est rurll'l1JellL dill11llu('e cL présente des modili-

ntliun" iii4li(ittaliL lit réaction de dt") : : ('I1('-

rescence. La malade dit, en outre, que ses lèvres lui semblent

connue enflées : elle éprouu- la sensation que c· lèvre>L«i « re-

montent jusque sous le nez ». Celle sensation, puremenlsubjec-

li\e, eL Ul'louL lJelLe,Je IIlltlin, au 10\eil ; l'Ill' dilllinue di.lll la

journée.

La sensibilité au tact et à la piqùic parait (;1)]\ : ,('1'\ l'o¡ dan ? la

moitié gauche de la ligure, et semble la même qu'à droite.

Deux ans i.lpl'¡ ? l,l JII,[lade e pLli¡wi.liL dl' douleul'- 110\ I,<dgi-

Fic. 1.

PARALYSIE FACIALE PEtUPHgRIQUE DUE A UN FIBRO-SARCOME. 3

qll ? all-de ? oll' (le 1"l'il ln IIi jOll(> allrhl>, 1'1 II' long de l'ar-

('a(1cahtaii'c ? uj) ? ri)'ui't ? ui ! nt' reste plus de dénis, depuis

longtemps. La parahsie est demeurée slalionnaire, tant au point

de Mie esthétique, qu'à celui des réactions électrique*.

Les sjmplomes n'ont subi aucune modification notable de-

puis l'tige de 7 ans, jusqu'à celui de 79 ans. La malade succomba

à celle époque, au cours d'une épidémie de grippe. Pendant 5

an, la pa l'al ? i(' l'aria II' 1"1 ai demeurée le seul symptôme, sans

que rien nI' \ il'lInl' allil'l'I' l'aill'illi 1111 du côté des membres, ou

des nerfs bulbaires.

J<op.M.Lan) ! 't-(.')n)dcducduc ! 'i ? )ch-p)t'(;).UT)uit ?

Sur le côté lunche du bulb entre lui et le cervelet, on ll'llllle

(Ji ! }, -2) une tumeur du \uLullw d'une petite nui" de l'orme' irré-

guLièl'emenL sphérique présentant de nombreuses illé-

gales. Sa coloration est d'un blanc rosé avec points hémorrhagi-

ques comme celle d'un sarcome, mais la consistance est plus

dure, c'est celle d'un liltrome.

Cette tumeur est située entre le cervelet, auquel elle adhère et

le bulbe qu'elle refoule vers la droite mais avec lequel elle n'a

que des rapports de contiguïté ; sa Iilllill) supérieure est un'peu

au-dessus (lu o,j llonlJll1 bU-IwU Lu hl' l'an 1 ie 1. on extrémité inférieure

ric.2.

4 CLINIQUE NERVEUSE.

légèrement effilée, affleure le bas de l'olive bulbaire. Les racines

del'hypoglosepassentaudevantdela tumeur, dont elles res-

tent indépendantes ; le nerf es ! seulement légèrement refoulé en

avant et en dedans. La pyramide gauche n'est pas en contact avec

la tumeur. En soulevant celle-ci, on ^ oit qu'elle marque son em-

preinte sous forme d'un léger sillon sur la partie postérieure de

l'olive et le bord inférieur de la protubérance : les nerfs (VU ! ,

IX et X) sont refoulés en arrière, mais nettement indépendants

du néoplasme. Au contraire, le facial traverse la tumeur, a l'u-

nion de son tiers postérieur avec les deux tiers antérieurs : l'en-

trée du nerf se fait au fond d'une petite dépression en enton-

noir ; à sa sortie, il est accompagné sur un trajet de 2 millimè-

tres par un petit prolongement de la lummtr.

En somme, tumeur d'apparence lihro-sarcomatciiso adhérente

au cervelet et comme embrochée par le facial.

Pas d'autre altération appréciable ù l'oeil nu, des centres ner-

^eux, sauf, à la partie postérieure de la moelle dorso-lombaire,

de nombreuses plaques ossiformes développées dans, l'épaisseur

des méninges molles et que l'examen microscopique montracons-

lituées, comme le lis*u osseux véritable, par des lames de subs-

tance ayant les caractères de la substance osseuse contenant des

ostéoblastes et circonscrivant des cavités renfermant une vérita-

ble moelle osseuse. Seule, l'infiltration calcaire faisait défaut, les

plaques les plus Aoluniineusesolfranl la consistance de l'os décal-

cifié et se laissant aisément débiter en coupes sans préparation

spéciale.

Tous les peauciers de la face,soigneusement disséqués, sont no-

tablement atrophiés à gauche par comparaison avec ceux du côté

droit.

Examen histologique. 1° La tumeur (tivalion par le formol <'t

lOVocdwalioiiaii picro-carminoua l'hématéine, éosine) est bien

un fibro-sarcome. Sa niasse principale est constituée par des fais-

ceaux fibreux, épais serrés les uns contre les autres avec, dans

les interstices, des cellules polymorphes. Pas de libres élastiques

nettes. Les faisceaux fibreux sont tantôt disposés pal'alli' ! plIlel1l1cs

uns aux autres, ailleurs, tourbillonnent autour de vaisseaux san-

guins dont les parois sont fibreuses, épaissies. Mais par places,

et surtout il la périphérie on voit des points constitués presque

exclusivement par des cellules analogues à celles du sarcome

vrai (rig, 3) ;. les faisceaux ont, une paroi formée d'éléments jeu-

nes, fusiformes ou même presquoarrondis. 11 s'agit donc bien d'un

fibre-sarcome, se rapprochant par son ensemble du fibrome plus

que du sarcome. Les points d'apparence héniorrhagique corres-

pondent à des vaisseaux volumineux, gorgés de sang, plutôt qu'à

des hémorrhagies véritables.

PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE DUE A UN)IBRO-SARCOME. 5

A sa périphérie, la tumeur l ? l'nI nUI ? d'une coque fibreuse

disposée en lamelles concentrique*. Celle coque adhère en beau-

coup de points avec la pil'-mèl'e dll cervelet.

La partie voisine du lobe cérébelleux gauche est comprimée

par le néoplasme, qui s'y creuse une gouttière, aux dépens de*

circonvolutions sous-jaceiiles, qui sont aplatie-, atrophiées, uu

même, complètement détruites.

2° Le facial a été étudié sur les trois points suivants de son tra-

jet. '

a) A sa sortie du bulbe, s'enfonce presque immédiatement

dans le néoplasme ; sa gaine se confond avec le tissu fibreux am-

biant et cesse d'être perceptible ; les faisceaux nerveux sont dis-

sociés par le tissu fibreux ; les fibres s'atrophient très vile et ces-

Fic.. 3. A, cervelet - Il, méninges. C : , l'01[11f' fibreuse. -

1), tumeur (point sarcomateux).

(j CLlN\Q1. : E NERVEUSE. ' '

"entd'èll'I' [l1'1'{'t'plilill ? It, gaint ? dl'm : l'lilH'Manl dt' plu t'nplu"

réduites tl'ulutiscun u mcuru yu'm alltrunlm du centre de la tu-

meur. Cependant, il ne semble pas que les y timlrcs-avcs soient

interrompu* ; on les distingue nettement, aussi loin qu'on peut

suivre les libres nerveuses.

En plein centre de la tumeur, un seul des faisceaux du nerf

-facial est encore nettement dilférencié. 11 est formelle fibres,

d'apparence presque intactes, et entouré d'une gaine lamelleuse

1res épaisse. L'aspect est celui d'un nerf atteint de neuro-iibroma-

tosc, tel qu'on le trouve ligure dans les ouvrages classiques.

h) Le tronc du facial, après sa traversée parotidienne, présente

une atrophie considérable de se* faisceaux, qui, sur une coupe

transversale, sont moitié iuoius volumineux que ceux du facial

droit. La gaine du nerf, les gaines périfnseiculaires et le tissu in-

lersliliel sont Il't\'' épaissis, sclérosés..Mais les libres nerveuses ne

sont pas détruites, leur cv lindre-axe est net; leur gaine de imé-

linn, simplcmnl atrottltifc, nu prt·nnlunl, an \lamlii, y»c Ic.

altérations, peu considérables.

c) La branche temporale du facial présente une atropine nota-

ble des faisceaux de fibres nerveuses, avec sclérose bien moins

considérable que le tronc de ce nerf.

3° Les ganglions de Gass< ! 1', des deux côtés, renferment un cer-

tain nombre de cellules, atteintes de ehromalolvse surtout péri-

phérique ; quelques-une* sont pigmentées ; parfois la clirmmtine

csta]'etat.di<n ! S.Unpentseute ! nentd ! re(p)eces lésions sont

nettement plus accuseesagauc ! )e qu'à droite.

4° Les peauciers de la face (orbiculaire des paupières, grand zy-

gomatique, orbiculaire des lèvres, muscles du menton) sont très

atrophiés à gauche, par comparaison avec ceux du côté droit : il

s'agit d'atrophie simple sans sclérose.

5° Le bulbe ne présente d'autre altération que les suivantes :

dans le noyau du facial gauche : atrophie simple de nombreuses

cellules, quelques-unes ayant conservé leur aspect normal. Dans

le noyau de la VI" paire gauche, même atrophie do nombreuses

cellules, la partie centrale et externe du noyau étant seule com-

plètement respectée. '

Nous n'avons contate aucune lésion dégénérative, ni de* fibres

motices, ni tln. liltrc. scit·ilivc·, tlan· la protubérance ou la

moelle.

Enfin, les VIII0 IX" et Xe paire* du côté gauche présentaient un

aspecl peu près normal, l"e1. peine si les tissus ambiants

étaient un peu plus denses que normalement, les fibres nerveu-

\ ! 'us ! 's selllhlaÍPl11. i 11dpIIIIJ(' d'a Il ? I'al ion" 110la hlp", apl'I's l'aI'l ion

ùu pil'l'o-I'al'llIin, 011 dp la IIll'[lintlt' dt, .\lal'clii,

PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE DUE A UN FJnRO-SAHCOME. 7

En résumé, la paralysie du facial gauche, survenue il

l'âge de 06 ans, 13 ans avant la mort, était rapidement

devenue complète. Les constatations anatomiques

permettent de rapporter cette paralysie il l'existence

d'un fibre-sarcome englobant et comprimant le nerf à sa

sortie du bulbe, refoulant simplement l'hypoglosse en

avant, les nerfs VUE, Il° et Xc en arrière, sans les com-

primer, et repoussant le bulbe vers la droite sans déter-

miner aucune lésion dégénérative des libres motrices ou

sensitives, ce qui explique l'absence de tout signe bul-

baire, et l'impossibilité, dans ce cas, de diagnostiquer

pendant la vie, la véritable nature de la paralysie.

Nous ne reviendrons pas sur le diagnostic anatomique,

qui ne nous semble pas douteux ; il s'agit évidemment

d'un fibro-sarcome conjonctif, se rapprochant dans son

ensemble, du fibrome, plus que du sarcome. Mais il im-

porte de préciser l'origine de ce néoplasme. '

En décrivant les résultats de l'autopsie, nous avons dit

que la tumeur ne présentait d'adhérences qu'en deux

points : au niveau du cervelet et du facial, qui la traver-

sait de part en part ; partout ailleurs elle était absolu-

ment libre, ne contractant, avec des tissus voisins, que

des rapports de contiguïté. Le point de départ ne saurait

se trouver par conséquent qu'au niveau des deux points

où il existait des adhérences : le cervelet et le facial.

Or, il ne s'agit certainement pas d'un fibro-sarcome né

aux dépens du cervelet : la tumeur est, non un gliome,

mais bien un fibro-sarcome conjonctif, nettement déli-

mité d'avec le tissu nerveux du cervelet qui est simple-

ment atrophié et détruit par compression ; elle ne pro-

vient pas davantage des méninges cérébelleuses qui,

comme le montre notre fig. 2, ne font qu'adhérer au ni-

veau des points les plus comprimés, à la coque entourant

la tumeur, mais ont conservé nettement, presque par-

tout, leur individualité.

Tout autres sont les connexions du néoplasme et du fa-

cial. Immédiatement après que ce dernier a pénétré dans

la tumeur, sa gaîne cesse d'être perceptible ; elle semble

se confondre avec le tissu constituant la tumeur,les fais-

ceaux nerveux sont dissociés et comme étouffés par le tis-

su fibreux ; un faisceau nerveux, demeuré visible au cen-

8 CLINIQUE NERVEUSE.

tre de la tumeur, présente l'aspect typique d'une coupe

d'un nerf atteint de neuro-fibromatose. Il semble donc

logique d'admettre que le fibro-sarcome est né aux dé-

pens de la gaine du facial à sa sortie du bulbe .

Au cours des dernières années, divers travaux notas-

ment l'important mémoire de Henneberg et Max Koch (1)

~la communication de Philippe, Cestan et Oberthür au

Congrès de Grenoble (2), ont établi l'existence, à côté de

la maladie de Recklinghausen ou neuro-fibromatose, d'une

variété nosologique spéciale, la neuro-fibro-sarcomatose,

dont Cestan (3) a précisé ainsi les caractères histologi-

ques « C'est un épaississement concentrique ou en crois-

sant de la face interne, épaississement des cloisons de

l'endonèvre, infiltration diffuse, dissociant, entourant

les fibres nerveuses sans les détruire. La différence con-

siste dans le type histologique de l'infiltration : fibroma-

teux, bénin dans la maladie de' Recklinghausen, sarco-

mateux, malin, dans la neuro-fibromatose. »

Dans le cas actuel, il s'agit d'un fibro-sarcome né aux

dépens de la gaine du facial, à sa sortie du bulbe, disso-

ciant et comprimant les fibres nerveuses,qui, après avoir

traversé la tumeur, sont frappées d'atrophie. Mais, c'est

ce qui fait l'intérêt principal de ce travail, tandis que dans

la neuro-fibro-sarcomatose, on trouve d'habitude des

tumeurs multiples dans les centres nerveux, les racines

ou les nerfs périphériques, nous n'avons pu déceler au-

cune autre localisation sarcomateuse en aucun point des

centres nerveux, ni dans les racines, bien que la paraly-

sie faciale existât depuis 13 ans. -

Voilà donc un fait de neuro-fibro-sarcome,- identique

comme structure aux tumeurs multiples de la neuro-fi-

bro-sarcomatose, mais étant demeuré pendant 13 ans lo-

calisé au facial et non à l'acoustique, la localisation pré-

férée de la neuro-fibromatose. .

(1) HEXNEDEKG el Max Koch. Arch.f. psychiatrie u. nernen Krank,

tome Tll'I, y. 250-305 (avec figures), 1902.

(2) Philippe CESTAN et OnEUTIIurt. Sarcomes et sarcomatose dit

système nerveux (Congrès des nenrolog. et aliénisles français, Gre-

noble 1902.

(3)- Cestan. - La 71eii-o-fibi-o-sai-coniatose. (Revue neurologique

1903, ]J, T.i5..)

sur l'emploi nu véronal chez quelques aliénés. 9

THERAPEUTIQUE

Notes thérapeutiques sur l'emploi du véronal

chez quelques aliénés ;

Paul SÉRIEUX el Roger MIGNOT

Depuis le mois de mars 1904, à la maison de santé de

Ville-Evrard, nous employons le véronal chez les ma-

lades atteints d'insomnie. Nous désirons faire connaître

les résultats obtenus dans une vingtaine de cas observés

avec soin, de mars en août.

"Grâce au nombre relativement élevé de nos veilleurs

et veilleuses, il nous a été possible d'obtenir chaque

jour une observation détaillée sur l'état pendant la nuit

des malades en traitement. Au moyen de ces renseigne-

ments, nous avons, pour chaque malade, tracé un double

graphique représentant, l'un la durée du sommeil ex-

primé en heures et demi-heures, l'autre la manière dont

ces heures se répartissent pendant la nuit. Il nous est

malheureusement impossible de publier ces graphiques

en raison de leur étendue ' et de leur nombre ; nous le

regrettons d'autant plus que, comparés aux graphiques

obtenus quand le médicament n'était pas administré, ils

rendent saisissante l'action de celui-ci.

Les malades dont les observations suivent n'ont pas

été choisis, nous avons pris les cas au sur et à mesure

qu'ils se présentaient. Le médicament a été donné en

cachet avec une infusion chaude ou en suspension dans

l'eau ou le lait ou même mélangé aux aliments.

Mélancolie. - Observation 1. - JI ? ? Li3 ail', est atteinte '

depuis 1808 de mélancolie ; l'intelligence est actuellement af-

faiblie mais le délire, l'anxiété et l'insomnie persistent. Sans

hvpnolique celte malade ne dol' ! pas plus de 3 heures par nuil.

('.race an véronal, à la dose de 0,30 cl'nligl'allll1ll'S, nous olJte-

nnnc un sommeil régulier et prolongé : en 4(i nuits la n1O)el1l1l'

est de 7 heures el demie. L'action du médicament se fait sentir

de une heure et demie à deux heure* la p]ise. En même

LU Tli 1 : : ¡¡ \PEUTIQI'E.

temps que le sommeil est "l'll'IIU, l'n). ! ilnlioll m('la/icoliqlll' 1"\

muim mary«nu pcml,tnl,lc.lonr.

Après 4 mois d'emploi journalier, nous n'observons pas d'ac-

coulumancu ; il plusieurs reprises nous avons essayé de cesser le

médicament, au boni de 2 ou 3 jours l'insomnie se reproduisait

et l'agitation augmentait..

UBs.Il. M"" U., ? 1 ans, est soignée à Ville-Evrard depuis

11)00 pour un délire mélancolique très intense avec impulsions

au suicide. L'insomnie est constante, on esl quotidiennement

obligé de donnPl' 1111 h p"oliqw', IHai ? l 'a('('olliIl l/ialIl'I' ? p pl'odllil

assez vile avec le chloral, le Irional, elc. Depui* le 2 avril l'JO'i,

celle malade prend tous les soirs v Imurn. Il,(1 ccnli'r. In

W runal, ellu ·'umlnrl iL g lunuw. Ij ? u« ! Iluurn,eL nn 134,jmnr.la

/lIO)eIllW dl' helll'csde foomnH'il n('I('de81u'lIl'üsd'lIn l'epos pai-

sible et continu. Après 2 mois 1/2 d'emploi, nous avons essajéde

supprimer le médicament à l'insu de la malade ; dès la seconde

nuit elle ne dormait plus et en même temps le délire prenait

une acuité nouvelle, l'anxiété était extrême, les idées de suicide

devenaient incessantes. A plusieurs reprises la suppression du

véronal s'e.L accompagnée des mêmes phénomènes et son em-

ploi a produit une sedatiot manifeste des même* symptômes.

Ilus. lll. - 1 ? P., 57 ans, présente depuis juin ! ! HI3 un dé-

lire mélancolique avec un élal d'anxiété presque continu. L'ex-

tl'aillhébnïqUl' tout en l'1l1rnanl 1'an.\it'>l(. n'améliore pas l'insom-

nie.

Le 1 ! ) mars nous donnons le véronal 1 la dose de 0,30 centi-

grammes : après une dizaine de jours d'emploi, le sommeil de-

vient régulier el prolongé ; en 51 jours la moyenne des heure*

de sommeil est de 7 heures. Le sommeil se produisait (Ir. 1 h. il

1 heure 1/2 après la prise. Quand nous avons cessé le

médicament, la malade était guérie de son état mélancolique et

l'habitude du sommeil était reprise. Après 4 mois nous avons

revu la malade qui continue il se bien porter et il bien dormir.

CIBS. IV, 11l. Q., 7G ans. Depuis 1002 celle malade esL me-

lancolique, l'anxiété est conlinuelle et arrache des plaintes et, des

gémissements bruyants ; malgré l'âge et la maladie mentale, il

n'y a ltas tl'all'ailtli,scmunL inlcllcclucl.

Depuis le début de la maladie, l'insomnie est persistante, la

malade passe ses nuits debout à frapper à sa porte en appelant ;

sous l'influence de la station debout prolongée et, des troubles

vaso-moteurs, les jambes et les mains sont très enflées. Depuis le

début de la maladie et, même avant son entrée il Vitte-Evrard, la

malade prenait l'extrait Ihébaïque à haute dose (0,25, 0,30 cen ! igl',)

sur l'emploi DU véronal chez quelques aliénés. 1-1

niais sans prolil au point de vue de l'insomnie. Contre celle-ci

non* employons successivement le* bromures, le trjonat.fe >ui-

tonal, le chloral ; les médicaments agissent 2 ou 3 jours puis la

malade ne dort plus et reste debout jour et nuit. La paraldéhyde

produit 11111lC un cll'el pal'ado ? al, l'agiLalion nocLul'lle et l'anxiété

augmentent après son emploi. Le 3 mars nous ordonnons le véro-

nal ù la tlo·e tle 0,() centiramnes ; dès les premières nuits la

malade reste au lit durant quelques heures et, dort..pendant, les

3 premières semaines, l'action du médicament est irrégulière,

des nuit* de 3 à 4 heures alternent avec des nuits de 10 il [1 l

heures. Dès le second mois l'ell'el du médicament Ilov imlL llltl·

rn·ulinc uL llu cmsLanl : cn l't'1 Ituils la Inovunnc a iln de

7 heures de sommeil. Avec le reloue du repos, l'anxiété a dimi-

nué, l'agitation mélancolique s'est beaucoup réduite, l'endure des

.I,mnIm.lll Ilc. maius a Ili·paln, la malallt· l'olanL olt'mlue la la

nuit el consentant Iv .Intm u ·'unuil. AcLttc,llemenl, almu's ImiL

moi* d'emploi, l'accoutumance, ne s'est pas produite. A plusieurs

reprises nous avons p ? a)é du supprimer le véronal ; rapidement

l'insomnie, l'anxiété, la station debout prolongée sont redevenues

telles qu'elles étaient autrefois. - '

(Ilts. V. Mm" li., 511 an" e( atteinte depuis 1903 de deprcs-

sion mélancolique avec idées obsédantes el impulsions diverses.

Depuis la même époque e ! [esouH ? e d'insomnies, ne dormant pas

plu, de 4 heures par nuit. Le véronal à la dose de 0,0 cenli,r.

augmente la durée du repos, mais d'une manière irrégulière ; il

fallut atteindre la dose de 0.80 cenligr. pouroblenir d'une façon

conslanle un sommeil prolongé : en 150 jours la moyenne a été

de plus de G heures. Le sommeil apparaissait rapidement après la

prise du médicament, de 30 minutes à 1 heure. En même temps

que les nuits devenaient meilleures, l'anxiété et l'agitation de la

malade diminuaient, une amélioration très manifeste de l'étal

mental était constatée. A plusieurs reprises, nous avons lente de

cesser le médicament, même à l'insu de la malade ; rapidement

l'insomnie se reproduisait elles (rouilles mentaux reprenaient

leur acuiLY. Actuellement, après '7 mois d'emploi, nous n'obser-

vons pas d'accoutumance.

(Itts. VI. Mmo S., 3"2 ans, présente depuis 1003 un délire mé-

lancolique avec idées obsédantes ; c'est une dégénérée avec stig-

mate* hystériques. 1 ? Ilesoulfrc d'insomnie, ne dort guère plus de

3 heure* par nuit. En 20 jours, avec une dose de 0,30 cenlig. la

moyenne des heures de sommeil a été de 7 heures. Nous devons

ajouter que celle malade a pris du véronal il un moment où les

troubles intellectuels' étaient en régression et où l'insomnie ap-

paraissait comme le dernier symptôme important.

12 THÉRAPEUTIQUE.

OSSo Vil. - .M11» T., 2G ans, c-t une dégénérée dont l'état

dépressif esl lié à de.* idée* obsédantes. L'anxiété est très mal'-

et l'insomnie habituelle. Avec des doses variant de 0, là à

0,50 cenligr., nous obtenons eu 92 jours une moyenne de si heu-

re 1/2 de sommeil. Actuellement, après 5 mois d'emploi, il n'ya a

pas d'accoutumance. Les troubles mentaux se sont améliorés,

mais on ne peut, cesser le médicament sans voir se reproduire

l'insomnie. Chez celle malade le sommeil survenait assez tard

après la prise du médicament, de 2 heures 1/2 à 3 heures.

L'action du Véronal a été tout à fait remarquable chez

nos mélancoliques. Ce médicament, aux doses moyennes

de 0,30 à 0,50 centigr., s'est montré supérieur aux autres

hypnotiques employés par nous antérieurement ; il a

produit environ une ou deux heures après l'ingestion, un

sommeil calme, continu et suffisamment long ; malgré un

usage très prolongé, nous n'avons pas observé d'accou-

tumance.

En même temps que l'action hypnotique et, vraisem-

blablement à cause de cette action, nous avons constaté

une diminution de l'anxiété et de l'agitation mélanco-

lique ; aucune influence sur le délire et sur l'état dépres-

sif n'a été observée.

DeMteKcerccot'c. Obs. \'Itl. - M"1» E., 42 ans, a présenté en

1898 les premiers symptômes d'un délire incohérent de persécu-

tion et de grandeur, accompagné d'hallucinations nombreuses

qui s'est rapidement terminé par la démence. Actuellement cette

malade offre le tableau habituel de la démence paranoïde avec

état chronique d'agilalion et d'insomnie.

La moyenne des heures de sommeil produites par le véronal

aux doses de 0,50 à 0,80 centigr. pendant 72 jours a été de 5 heu-

res. Le repos était continu. La moyenne était, en 31 nuits, de

3 heures 30 avec '2 cliloi-al el de 4 heures, en 73 nuits,

avec 1 g'I', 50 de sul tonal.

L'action du véronal était plus active après quelques jours

d'emploi. Le sommeil apparaissait de 1 heure à 1 heure 1/2

après la prise. En l'absence d'hypnotique, le repos devenait nul

ou tout fait insuffisant.

Uses. IX. lI°·8 F., 47 ans, malade depuis 1901, test actuelle-

ment démente. Elle il dans un état d'agitation incessante et ses

nuits sont sans repos. L'action du véronal a été favorable chez

celte malade qui ne dormait guère plus de 3 heures 1/2 sans

SUR L'EMPLOI du véronal chez quelques aliénés. 13

médicament. Le véronal, excepté aux moments où l'agitation

atteignait son paroxysme, procurait de longues nuits; la moyenne

générale en 143 jours a été de 7 heures. Malgré un emploi pro-

longé pendant plus de 8 mois, nous n'observons pas d'accoutu-

mance et dès que le médicament est supprimé, l'insomnie se

reproduit. L'action hypnotique se fait sentir environ 2 heures

après la prise.

Oss. X. Mlle G., 31 ans, malade depuis 1898, présente actuel-

lement les symptômes de la démence Iréhéphréniclue ; l'agitation

quoique peu intense s'accompagne d'insomnie.

Pendant les 140 jours que le véronal a été employé, nous avons

obtenu en moyenne 5 heures de sommeil par nuit ; les doses

varièrent de 0,30 a 0,GO cenligr. A la fin du traitement, le som-

meil était plus prolongé et plus régulier. L'action du véronal

était manifeste. puisque, le médicament ayant été supprimé pen-

dant 7 jours, nous n'avons obtenu pendant ce laps de temps que

15 heures de sommeil. L'effet hypnotique était produit de 1 heure

il j 1 heure 1/2 après la prise.

UBS, XI. M™0 IL, 42 ans. Après uue période de confusion

mentale (1898) avec excitation maniaque, a laquelle a fait suite

une phase de dépression et de délire, la malade est devenue

démente. Actuellement elle \ iL dans un état d'agitation automa-

tique incessant ? L'insomnie de 51,i,e Il. était caractérisée par des

nuits assez bonnes alternant avec des nuits blanches ou de 2 a

3 heures de sommeil : ainsi en 14 nuits nous comptâmes 5 h. de

sommeil en moyenne mais 3 nuits blanches. Sous l'influence du

véronal, à la dose de 0,50 centigr.. la durée du sommeil se régu-

lal'i»e et atteint la moyenne de 8 h. en 157 nuits ; pendant tout

ce temps aucune nuit blanche. L'action médicamenteuse se fait

sentir environ 2 heures après la prise. Alors que les hypnotique* :

habituels produisent rapidement l'accoutumance, le véronal, au

moment où nous écrivons, après 8 mois d'usage journalier, con-

tinue son action bienfaisante. A plusieurs reprises nous avons

tenté de le supprimer, mais l'insomnie reparaissait après 2 ou

3 nuits. Nous avons observé chez cette malade une diminution

très notable de l'agitation pendant la veille depuis l'emploi du

W runal ; lors de la suppression du médicament, l'insomnie el

l'agitation reparurent parallèlement.

Obs. Xll. M""=I.,2G ans, présente depuis avril 1904 les

symptômes de l'hébéphrénie ; il existe des signe* d'affaiblisse-

ment intellectuel mais la démence n'est pas encore très marquée.

Sans médicament, celte malade dormait environ 4 heures. Pen-

dant li3 jours de traitement, avec une do"o de 0,30 centigr. de

véronal, nous a\ons obtenu une moyenne de 7 heures.

14 THÉRAPEUTIQUE.

La durée et la régularité du sommeil devinrent plus manifes-

tes après une dizaine de jours d'emploi. Le sommeil commençait

de 30 minutes il 1 heure 1/2 après la prise. Aujourd'hui, après

5, mois l'accoutumance ne s'est pas produite.

Oas. \Ill. - lI. li., 1 all., cnlré cn 1'év ricr 19(l4 cn OaL tle

slupeur,présenle depuis juillet de l'agitation catatonique. Chez ce

malade, l'action hypnotique aux cluses clc 0,3U ut 0 ? 0 ccOir. a

été à peu près nulle : le .sommeil était avant l'usage du véronal

d'une dmée de (j 11. mais entrecoupé de fréquents réveils : depuis

nous n'avons pas obtenu un sommeil plus régulier elen 70 jours

du( ! 'ait.L'nK')U,iauw)'un('u'a( ? quud(;7 ? U)'t"-parnui(.

Excepté chez un catatonique, t1 la période initiale de la

maladie, le véronal a eu dans observations de démence

précoce une action bienfaisante sur l'insomnie coexis-

tante avec des états d'agitation. Le sommeil se produisait

en général une heure et demie après la prise du médica-

ment et devenait à la fois plus prolongé et plus régulier.

L'accoutumance n'a pas été observée après un emploi

quotidien prolongé pendant 8 mois. (ans, XI et Obs. IX.)

Paralysie générale. (lus, XIV, .M. A. 50 ans, présente l'en-

semble des symptômes classiques de la paralysie générale depuis

l'année 1902. Interné en 1903 à la suile d'un étal d'excilalpiu

maniaque, son agitation reste continuelle et s'accompagne d'in-

soumit'.

Par l'emploi du véronal à la dose 111 0,30 cenlil;r., nutm n'avons

obtenu aucune amélioration : en 30 jours d'emploi, la moyenne

des heures de sommeil n'a été que de 5 h. 30 pur nuil ; en outre

le repos n'était pas continu, le malade se réveillait à (rois ou

quatre l'('lll'il ? el re(ail h l'ill¡\ ('haql ! l' roi" pendant uue ou

plusieurs heures. Le premier sommeil ne se produisait que plu-

sieurs heures après la prise du médicament.

IIBS. \1'. - 11. tt..49a)t>, atteint de paralysie générale depui*

1902, est constamment dans un état, d'excitation très marqué

qu'entretiennent des hallucinations auditives nombreuses. Depuis

le début delà maladie, l'insomnie csL persistante.

Le véronal esl administré du 29 mars au 17 juillet, mais nous

n'observons aucune amélioration de l'insomnie, malgré le» doses

allant en augmentant de O,ï30 cen(ir. a 1 gramme. La moyenne

de 130 nuits a été de 5 heures, durée habituellement observée c

sans médicament. Cette durée du sommeil pourrait être considé-

rée comme suffisante si le repos était, continu, mais il est au con-

traire entrecoupé de longs réveils malgré le médicament.

SUR l'emploi du véronal chez quelques aliénés. 15

Uss. XV). )11110 1 ? 40 uns, est atteinte de paralysie générale

depuis 1899. Elle est actuellement tout à fait démente, mais l'a-

gitation et les hallucinations persistent el s'accompagnent d'une

insomnie tenace.

Le véronal a été employé pendant 108 jours, et la durée du

sommeil a été de G heures environ par nuit. Cette durée n'était

que de 5 heures avec 0,30 cenligr. Ilu médicament, et nous avons

dû atteindre la dose de 0,80 centigr.. Quelle que fût la dose em-

ployée, le sommeil était interrompu par des réveils fréquents et

se prolongeant de 1 il plusieurs heures. Malgré le médicament

nous comptâmes des nuits blanches. Le sommeil ne se produisait

en général que 3 heures après la prise.

UBS, XVII, M. D., 35 ans, présente depuis 1903, les symptô-

mes de la démence paralytique. Il n'a pas de délire, c'est la dé-

pression qui prédomine, elle s'accompagne de préoccupations

hypocondriaques. Le malade se plaint d'insomnie complète, en

réalité il dort 4 à 5 heures par nuit.

Du juin au 12 août 1904, nous administrons tous les soirs

0,30 centig. de véronal ; sous l'influence du médicament, le 1J11l-

mcil >0(' prolonge 7 heures, moyenne de 60 jours. Après 10 jours

d'emploi, nous supprimons le médicament sans prévenir le ma-

la(le; dès la troisième nuit, il ne dort plus que 3 heures,- et en

0 jours d'abstention la moyenne n'est que de 4 h. 30. Deux mois

environ après le début du traitement, non.- pouvons cesser l'em-

ploi du véronal sans que la durée du sommeil s'en ressente. ,

Le véronal n'a donc produit une action favorable que

chez un paralytique général déprimé et hypocondriaque.

Chez trois paralytiques en état d'excitation, l'effet du mé-

dicament a été à peu près nul, et les nuits sont restées en-

- trecoupécs de longs réveils ; le premier sommeil pouvait

se faire attendre 4 ou 5 heures et même davantage après

la prise. L'action hypnotique était certainement infé-

rieure chez ces malades à celle du bromure, du chloral et

des bains prolongés.

Folie périodique. Uss. X\'111. lllle L., ',Il ans, présente

depuis février 1904 des accès maniaques très intenses d'une durée

do 15 jours à 3 semaines suivis d'une période de dépression légère

d'égale durée. 11 existe en même temps de l'insomnie. Au mo-

ment de la phase maniaque, le véronal ne produit aucun effet

aux doses de 0,30 il 0,80 centigr, malgré l'association du bromure

et des hains prolongés : l'hypnotique produit son action habi-

Luelle au déclin des accès et -il la période mélancolique.

10 THÉRAPEUTIQUE.

Uss. XIX. 17t° IL, 31 ans, est soignée pour son troisième

accès maniaque, l'agitation est vive, et la malade ne dort pas

plus de 3 heures par nuit. Sous l'influence du médicament, non*

obtenons en 71 jours une durée moyenne de 7 heures de som-

meil. L'aclion hy pnolique se faisait sentir de 30 minutes il 1 1 heure

.après la prise. Le médicament ne produisit tout son elfe ! qu'après

"quelques jours d'emploi et la durée du sommeil alla en progres-

saut du début il la Iin du traitement malgré la persistance de

l'état maniaque. Après 71 jours d'emploi, aucun signe d'accoutu-

maure. '

De ces deux observations nous ne pouvons tirer aucune

déduction, nous les rapportons à simple titre documen-

taire.

Conclusions. Des observations précédentes nous

croyons pouvoir tirer quelques conclusions, d'autant plus

que depuis le mois d'août l'expérience a confirmé ce

que nous avions précédemment constaté et il nous se-

rait aisé de présenter de nouveaux faits.

1° Le véronal a une action hypnotique considérable

dans l'insomnie des mélancoliques et des déments agités.

Il procure il ces malades un sommeil prolongé et continu.

Le sommeil apparaît peu de temps après l'ingestion, en

moyenne de une à deux heures. Il importe de trouver la

dose nécessaire mais suffisante du médicament ; on peut

débuter par 0,30 centigr. et augmenter progressivement

sans dépasser un gramme. L'action du véronal est plus

marquée et plus régulière après quelques jours d'emploi.

On peut dire que l'accoutumance à cet hypnotique est à

peu près nulle, puisqu'il procure encore le sommeil à

certains de nos malades après huit mois d'un usage jour-

nalier et sans augmentation de la dose.

Chez les déments une diminution de l'agitation au-

tomatique, chez les mélancoliques une diminution de

l'agitation anxieuse, a pu être observée pendant le jour

après l'usage du véronal ; il s'agit là probablement non

pas d'une action directe mais d'un résultat secondaire au,

repos de la nuit.

2° L'action hypnotique du véronal chez les paralyti-

ques généraux agités et hallucinés, nous a paru très

faible ; le sommeil reste très irrégulier et sa durée ne

sur l'emploi du véronal CHEZ QUELQUES ALIÉNÉS. 17 Î

semble pas prolongée d'une manière sensible ; nous ré-

serverons notre opinion sur l'influence de ce médica-

ment dans l'insomnie des paralytiques généraux dépri-

més ou simplement déments.

3° Dans aucune de nos observations, même en em-

ployant pendant longtemps un gramme de véronal, nous

n'avons constaté les malaises, les vertiges qui ont été si-

gnalés chez certains sujets. Malgré leurs troubles men-

taux, quelques-uns de nos malades n'auraient pas man-

qué de nous signaler ces phénomènes s'ils s'étaient pro-

duits. Nous n'avons également pas constaté de modifi-

cations du pouls ni d'altérations des bruits du coeur; des

vieillards et des individus porteurs de lésions cardiaques

ont très bien toléré le médicament.

Nous n'avons pas observé d'albuminurie même après

un emploi prolongé et intensif.

4° Actuellement, nous avons administré le véronal à

une quarantaine de malades, souvent à des doses élevées

(0,80 centigr.à 1 1 gr.) et dans plusieurs cas pendant des

mois ; nous n'avons eu l'occasion de constater qu'un seul

cas d'intolérance vis-à-vis de ce médicament, en voici

l'observation :

Ops. XX. )1110 U., 33 ans, soignée une première fois en avril

] IJ04 pour un accès de stupeur hallucinatoire de courte durée,

retombe malade fin août. Des hallucinations de l'ouïe accusatrices

el menaçantes, des visions terrifiantes provoquent un état anxieux

très pénible et un délire mélancolique. En même temps, les nuits

sont sans sommeil. Le 27 août, nous ordonnons 50 centigr. de

véronal contre l'insomnie et, le lendemain,de l'extrait thébaique

aune dose de 0,02 centibar. qu'on augmente quotidiennement pour

arriver, le 6 septembre, à la dose de 0,12 centigr. Malgré cetraite-

ment médicamenteux, auquel sont ajoutés des bains, le délire,

les hallucinations, l'anxiété persistent, les tentatives de suicide

sont incessantes ; mais les nuits sont assez bonnes et, du 27 août

au G septembre, la moyenne est de 6 I). 1/2 de repos.

Le 30 août, la malade a la (ace congestionnée, elle se plaint de

la tête, la nuit elle a un vomissement. Le 1 ? septembre, on re-

marque que l'hypere : sthesie sensorielle est telle que le moindre

bruit dans le voisinage la fait tressaillir et pousser des cris. ,

Le 4 elle 5, la malade soutire de céphalée, de hoquets fré-

quents, d'une sensation d'étoufïement, elle se plaint de la gorge

qui est rouge ; pas de fièvre.

Archives, 2° série, 1905, t. XIX. - 2

18 RECUEIL DE FAITS.

Le 6 au matin, nous constatons l'existence d'une éruption loca-

lisée aux bras, aux mains, aux cuisses, à la poitrine, au dos.

Cette éruption est formée d'éléments qui rappellent ceux de la

rougeole, par agglomération, ils forment des placards assez éten-

dus, les démangeaisons sont vives, nous supprimons le véronal el

-l'extrait thébaïque, (T. li. S. 38,2).

Le 7, l'éruption s'est étendue, elle a gagné la face qui présente

tout à fait l'aspect morbilleux. Les muqueuses de la bouche sont

très rouges, la lèvre inférieure est enflée et douloureuse et demeu-

rera telle pendant plusieurs jours. (T. R. M. 38,5 ; T. R. S. 37,5).

Le 8, l'éruption est généralisée, la malade se plaint de douleurs

au niveau de la tète, des reins, des côtes, du ventre ; elle a de

fréquents vomissements alimentaires et muqueux. (T. Il. )I.

37,2 ; T. Il, S. 3 i,G).

Du 8 au 14 septembre, l'éruption subsiste, mais la rougeur s'é-

teint peu à peu et fait place à une teinte rôtissoire, les déman-

geaisons restent très vives et réveillent la malade. Les aliments

les liquides sont conservés avec peine par l'estomac. Les vomis-

sements sont douloureux ; la température est redevenue normale.

Malgré la persistance des troubles physiques,, le délire et les hal-

lucinations, tous les troubles mentaux s'amendent.

Du 15 au 18, le prurit persiste, mais très atténué, le sommeil

est redevenu normal, et le 20, on peut considérer la malade

comme complètement guérie de son affection mentale et de son

intoxication.

RECUEIL DE FAITS

Sclérose atrophique hémisphérique. Imbécillité;

hémiplégie droite ; épilepsie ; accès et verti-

ge : démence;

Par 130U1t\E1'ILLI : et Reine MAUGERET.

Le titre indique déjà l'intérêt considérable de l'ob-

servation que nous allons rapporter et dont à la fin

nous relèverons les particularités cliniques et anato-

mo-pathologiques.

SCLÉROSE ATROPHIQUE HÉMISPHÉRIQUE. 19

SOMMAIRE. - Père, fièvre typhoïde à 16 ans; rien de parti-

culier. Cousin germain, bègue. - Mère : céphalalgies.

Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de 2 ans (mère

plus âgée).

Conception, grossesse, accouchement, rien à noter. Première

dent à 6 mois, dentition complète à 15 mois. Marche à 9

mois. Propreté à 15 mois. Début de la parole à 4 ans.

Etat de mal convulsif à 6 mois. Convulsions localisées au

côté droit, hémiplégie droite consécutive. - Secondes con-

vulsions à 10 mois. Retour des convulsions tous les 6

mois jusqu'à 2 ans. - Rémission, de 2 ans à 3 ans et 2

mois. Accès mensuels, toujours localisés à droite, de 3

ans et 2 mois à 7 ans. - Athétose. - De 7 ans à l'entrée,

2 à 3 accès d'épilepsie par jour. ,

Rougeole à 5 ans. - Oreillons à 6 ans. - Conjonctivite.

Marche des accès et des vertiges : affaiblissement intel-

lectuel. -Développement rapide de la tuberculose ; mort.

AUTOPSIE. (- Tuberculose des poumons et des reins. -

A Épaississement du crâne a gauche. Méningite chroni-

que plus prononcée à gauche. Nodosités crétacées de la

pie-mère cérébrale et cérébelleuse. - Sclérose atrophique

1 de tout l'hémisphère cérébral gauche. Atrophie croisée

du cerveau et du cervelet.

Tard.. (Marie-Louise), née à Vitry-sur-Seine le 1er avril

1891, est entrée dans le service le 8 août 1899, et y est décédée

le 29 janvier 1904.

Antécédents. Père, 34 ans, cocher de maison bourgeoise.

Pas de convulsions. Fièvre typhoide à 16 ans, à la suite de

laquelle il aurait marché 2 mois avec des béquilles, mais il

ne lui serait rien resté au point de vue de la mémoire et de

l'intelligence. Pas de chorée, pas de rhumatisme, pas de dar-

tres ; rien ne permettant de soupçonner la syphilis. Ne boit

pas d'alcool, dit la mère. Fume 0 fr. 50 de tabac par semaine.

Pas de traumatismes. Caractère un peu vif. Pas de migraines.

[Sa famille. - Père, 67 ans, et Mère, 57 ans, bien portants

et sobres. Pas de renseignements sur les grand-parents

paternels. - Grand-père maternel, mort à 81 ans, ni para-

lysie, ni démence; ne voyait presque plus; sobre. Grand'

mère maternelle, morte à 64 ans, de fluxion de poitrine;

Oncles et tantes paternels : on ne sait pas. Deux oncles

maternels, mariés, ont des enfants bien portants; n'ont jamais

eu de convulsions, sont sobres. - Deux tantes maternelles,

ont l'une 6, l'autre 5 enfants qui n'ont pas eu de convulsions,

20 RECUEIL de faits.

pas de chorée; etc. - Deux frères : l'un a 21 ans, l'autre

a 20 ans, célibataires, sobres, pas de convulsions, bien por-

tants. - Pas de soeurs. Dans le reste de la famille, rien

autre à signaler qu'un'cousin germain, de 14 ans, bègue.]

Mère, 3G ans, domestique. Pas de convulsions, ni fièvre

typhoïde, ni chorée, ni rhumatisme, ni dartres. Pas d'alcoo-

lisme. Rien n'autorisant de soupçonner la syphilis. Pas de

traumatismes. Caractère un peu vif. Mariée à 26 ans. Depuis

l'à-c de 15 ans, maux de tête, survenant de préférence après

les règles, mais aussi dans leur intervalle, l'obligeant à se

coucher, s'accompagnant de vomissements qui ont cessé

depuis un an; ils apparaissaient toutes les semaines pendant

qu'elle était enceinte de la malade; puis, après l'accouche-

ment, furent à peu près 2 mois sans se montrer, après quoi ils

reparurent comme auparavant; en somme, il est difficile de

décider s'il s'agit de vraies migraines.

[Sa famille. - Père, mort à 3G ans, noyé accidentellement :

sobre. - Mère, morte usée à 63 ans, on prétendait que c'était

une gastrite ; rien de particulier. - Grand-père paternel, mort

iL sa ans, non paralysé.- Grand'mère paternelle, et Grands-

parents maternels, pas de renseignements. 7 oncles pater-

nels, tous mariés, en bonne santé ainsi que leurs enfants, qui

n'ont pas eu de convulsions. - Deux tantes paternelles, li

oncles maternels, une tante maternelle, ont des enfants bien

portants; pas de convulsions. - Trois frères, sobres, deux

soeurs, et leurs enfants sont très bien portants, n'ont jamais

eu aucun accident nerveux. Dans le reste de la famille,

rien à noter.] . '

Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 2 ans (mère

plus âgée). Un seul enfant .

Température à l'entrée. '

sclérose ATROPHIQUE hémisphérique. 21

chloroforme. Durée du travail, 12 heures. Présentation du

sommet. Beaucoup d'eaux.

A la naissance, pas d'asphyxie, pas de circulaire autour

du cou ; l'enfant a crié tout de suite, elle paraissait bien

' portante et pesait 10 livres. Nourrie au biberon' (lait de va-

' che). Sevrée à 15 mois. Première dent, à 6 mois. Dentition

complète à 15 mois. - il.. ans seulement, elle commence àt \

parler, mais mal. - Marche à 9 mois, propre à 15 mois. J

S A 6 mois, première attaque de convulsions ; l'enfant sem-

\blait normale auparavant. Ces convulsions durèrent huit

heures, et restèrent localisées au côté droit, seuls le bras et

la jambe, à droite, remuaient; ils restèrent paralysés après cet

état de mal. A 10 mois, seconde attaque de convulsions, é-

galement limitées au côté droit, et durant égalementS heures.

A la suite, l'enfant, qui avait commencé à marcher à 9 mois,

ne remarcha plus jusqu'à 14 mois, De 10 mois à2 ans, les

convulsions se répétèrent tous les 6 mois, toujours localisées

à droite. Après cet état de mal, l'intelligence était moins vive

et l'enfant restait un jour sans pouvoir se tenir ; pas de déli-

re. - De 2 ans à 3 ans et 2 mois, l'enfant n'eutpasde convul-

sions ; elle n'était pas plus intelligente pendant cette période.

A partir de 3 ans et 2 mois, tous les mois, accès convulsifs

jusqu'à l'âge de 7 ans. Ces accès, toujours localisés à droite,

duraient presque régulièrement 8 heures, et survenaient

indifféremment le jour ou la nuit. Depuis l'âge de 7 ans,^

les accès surviennent 2 ou 3 fois par jour ; le maximum en

24 heures a été 4, et la rémission la plus longue qui se soit

produite depuis le '1e" janvier a été de 8 à 10 jours. Ces accès

sont diurnes et nocturnes, en nombre à peu près égal ; on

entend les accès nocturnes, parce qu' « elle claque des dents

comme quelqu'un qui a bien froid». Lors d'un accès, l'enfant

ne se plaint d'aucune douleur particulière, parfois cependant

elle dit que ça la pique dans la main. Mais elle dit toujours :

« Je suis lasse, » puis elle tombe, fléchit la jambe droite, élève

le bras droit ; la bouche est tirée à droite, ainsi que la joue

et l'oeil, et tout le côté droit de la face saute. En somme, con-

vulsions cloniques localisées à droite ; quant à la rigidité du

côté droit, la mère ne peut préciser. L'accès dure 2 ou 3

minutes. L'enfant ouvre ensuite les yeux, qui sont égarés ;

puis elle s'endort. Si on veut l'en empêcher, elle est « comme

ivre » ; mais elle n'est pas méchante ; elle traîne davantage

la jambe, et ne se sert pas de sa main droite, qui, d'ailleurs,

en temps ordinaire, est peu employée.

22 RECUEIL de faits.

D'après la mère, la paralysie, qui a débuté après le pre-

mier état de mal, se serait aggravée après choques série con-

vulsive, jusqu'à l'âge de 4 ans. Après la première crise,

l'enfant se servait un peu de sa main ; après les autres, elle

s'en servait moins bien. La jambe a toujours été traînante.

Le pied a été renversé dès le début. L'athétose n'aurait été

remarquée qu'à 4 ans : quand on disait à l'enfant d'ouvrir la

main, elle touchait le métacarpe près la racine des doigts; de

même, quand on lui disait de la fermer ; si on lui tenait la

main gauche, elle touchait la même région avec la langue.

Pas de modification de l'intelligence, depuis l'âge de 4 ans.

Le ca1'aclè¡'e de l'enfant est très doux; elle est très gaie,

chante sans cesse, n'a pas d'accès de colère. Pas voleuse, pas

gourmande. Pas de salacité, de pyromanie, de clastomanie,

d'onanisme, de fugues, de turbulence, d'appétence pour le vin.

Elle se sert de sa main gauche. Elle ferme bien la bouche,

ne bave pas; pas de succion; déglutition normale; vomisse-

ments fréquents; selles régulières, pas de gâtisme, ni de

vers intestinaux. Pas de bronchite, pas d'hémoptysie.

Vue et ouïe bonnes. Sensibilité normale. Elle reconnaît

bien ses parents et a de l'attachement pour eux. Pas d'é-

tourdissements, pas de céphalées, pas de krouomanie, de

seoousses, de tremblements. Quand elle va avoir un accès,

elle devient toute blanche. - Sommeil normal. Mémoire assez

bonne. Elle sait un peu lire et écrire; elle n'a été mise à

l'école qu'à 6 ans et a eu beaucoup de peine à apprendre ses

lettres. Elle n'a pas d'aptitudes particulières.

Elle ressemble à son père aux points de vue physique et

moral.

Comme maladies infectieuses, elle n'a eu que la rougeole

à 5 ans et les oreillons à 6 ans. Elle a été vaccinée à 1 an

avec succès.- Pas de gourmes, conjonctivite de l'oeil droit,

étant toute jeune.

L'enfant a, depuis ses convulsions, toujours été en retard

au point de vue de l'intelligence. - Depuis 3 semaines, les

accès apparaissent la nuit ; ils ne diffèrent pas des accès

diurnes.

État actuel. - L'enfant a l'air bien portante, quoique un peu

pâle, elle a un léger embonpoint. Sa physionomie n'est pas

inintelligente, est plutôt expressive. Ses cheveux sont blonds,

normalement implantés, sans épi. La peau ne présente

ni cicatrices, ni nævi. On ne constate de ganglions en

aucune région.

Sa tête, de forme normale, est asymétrique, le côté droit,

SCLÉROSE ATROPHIQUE hémisphérique. 23

front et occiput, étant plus volumineux que le côté gauche.

Les fontanelles sont soudées. ·

La face est de forme normale, régulière, symétrique, et ne

présente pas de cicatrices. Les arcades sourcilières sont nor-

males. Les sourcils sont châtain clair, de même que les cils. Les

paupières sont régulières et saines. Le globe oculaire a une

motilité normale; il n'y a ni exophtalmie, ni strabisme, ni para-

lysie, ni nystagmus. On note seulement du clignement des

paupières qui est fréquent. L'iris est bleu. Les pupilles sont

égales, et réagissent bien iL la lumière et à l'accommodation.

L'acuité visuelle est normale, l'enfant voit bien de près et de

loin; elle distingue et reconnaît les couleurs.

Le nez est droit, symétrique, sans déviation; les narines

sont normales, égales. L'odorat est bon. - Les pommettes

sont peu saillantes, symétriques; les joues peu volumineuses.

La bouche, petite, est de forme et de direction naturelles.

Les lèvres sont peu saillantes, petites en longueur comme

en épaisseur. La langue est de forme et de motilité normales.

La voûte palatine n'est ni anormalement excavée, ni ogivale. Le

voile du palais est régnlier.- Les dents ne présentent rien à

noter. Lamastication se fait bien. Les amygdales sont grosses

et font saillie dans l'isthme du gosier. Il n'y a pas de réflexe

pharyngien.

Le menton est rond, très régulier, dans une situation nor-

male par rapport au maxillaire supérieur.- Les oreilles sont

petites, symétriques. Leur hauteur est de 5 centimètres; leur

largeur de Om 03. Il n'y a pas d'écoulement; le cérumen existe

naturellement. On ne constate pas de mobilité du pavillon (1).

Celui-ci est épais, son écartement du crâne est normal. L'hé-

lix, largement ourlé dans toute sa longueur, présente sur

son bord antérieur 3 légères saillies, faisant penser au tuber-

cule de Darwin; sa cavité est très profonde. L'anthélix est

saillant, sa fossette est large et assez profonde. La conque

est profonde et triangulaire. Le conduit auditif externe est

normal. Le tragus est saillant et légèrement renversé en

dehors, l'antitragus épais et assez saillant. Le lobule, épais,

bien arrondi, n'est pas adhérent ; il présente une cicatrice

assez étendue, indiquant le port antérieur de boucles d'oreil-

les. L'enfant perçoit normalement les bruits, les sons musi-

caux et la parole. Son attention et sa mémoire auditive sont

(1) Nous avons examiné, à ce point de vue, tous les enfants idiots

et n'avons constaté qu'un très petit nombre d'entre eux offrant une

mobilité du pavillon. A l'Inslittit médico-pédagogique nous n'avons

eu que deux cas : l' chez l'enfant émise Desch... (imbécillité) ;

2° chez l'enfant Pierre Leh... (imbécillité morale).

24 recueil de faits.

proportionnées à son état. Elle a peu d'aptitudes musicales.

Il n'existe pas d'écholalie.

Le cou est normal; le corps thyroïde perceptible à la pal-

pation.

Le thorax est de forme régulière, de volume moyen . Rien il la

percussion et à l'auscultation, tant du coeur que des poumons.

"- L'abdomen est aussi de forme régulière. Rien iL signaler en

ce qui concerne le foie et la rate. La région anale est normale.

Les membres supérieurs sont de forme régulière. Leur volu-

me est le même à droite et à gauche; mais la longueur est

un peu moindre à droite. Les jointures présentent une laxité

anormale, notamment au coude et à l'épaule ; cette laxité est

surtout accentuée à droite. L'enfant ne se sert pas de la main

droite. Le toucher est normal. (Voir p. ? 10).

Les membres inférieurs sont de forme naturelle. Leur

volume, comme leur longueur, est un peu moindre à droite.

Il est impossible de. constater l'état des réflexes, l'enfant rai-

dissant ses jambes malgré elle. L'attitude debout est légè-

rement penchée à droite, en raison de la paralysie. La marche

s'exécute bien, mais il y a une boiterie de la jambe droite, qui

traîne un peu et dont le pied est un peu tourné en dehors.

L'enfant sait monter et descendre un escalier, de même que

sauter.

La sensibilité au contact, à la douleur, il la température,

est intacte.

Le tronc et les membres sont entièrement glabres. Il en est

de même de la région génitale. Il n'y a pas de seins. Les

grandes lèvres sont peu épaisse*, les petites lèvres triangu-

laires, le clitoris petit, l'hymen est en croissant. Pas d'ona-

nisme.

Le goût est normal, l'enfant distingue bien les saveurs

acides ou sucrées. Elle mange de la main gauche, propre-

ment, en se servant de la cuiller et de la fourchette. La

mastication se fait bien. Les digestions sont bonnes, les selles

régulières, sans diarrhée ni constipation, ni gâtisme.

Le sommeil est bon, sans cris, ni cauchemars, ni hallucina-

tions. - Pas d'autre tic que le clignement très fréquent de

l'oeil gauche. - L'enfant pleure rarement. - Il est rare de

la voir changer de couleur, sauf au début des accès, où elle

devient violacée. ' Elle sait se débarbouiller et se peigner

seule, et aussi s'habiller et se déshabiller, mais elle ne peut

se coiffer. Elle est toujours très propre. Son caractère est

très affectueux, elle n'est pas méchante avec les autres enfants

et elle aime beaucoup ses parents. Elle est peu bruyante et

aime mieux rester assise que déjouer. - Elle parle bien,

mais lentement. - Elle commence à lire et à écrire ; elle écrit

SCLÉROSE ATROPHIQUE hémisphérique. 25

de la main gauche; elle est attentive en classe. Elle aime assez

la couture, et sait faire les ourlets. Elle est nulle on gymnas-

tique.

Le poids de l'enfant à l'entrée est de 27 kg. 500 ; sa taille,

de lm, 29. - Ses urines ne contiennent ni sucre, ni albumine.

Dès les premiers temps du séjour à la Fondation Vallée, on

constate qu'il ne s'agit pas chez elle de grands accès épi-

leptiques, mais bien d'accès incomplets, avec mouvement

d'élévation du bras et de flexion de la jambe. La marche d'un

vertige est la suivante : l'enfant devient violacée, mais elle ne

crie pas, et elle tombe subitement en arrière, demi-assise, en

se tournant presque toujours du côté droit; pas de bave;

ni d'évacuation involontaire; rigidité générale et immobilité

complète : les membres, très rigides, n'éprouvent aucune

secousse ; les yeux sont immobiles, les paupières sont ouvertes

et ne battent pas,-la face est d'une pâleur extrême; cet état

dure quelques secondes, une minute au plus, puis l'enfant se

relève, elle parait sortir d'un rêve et reste 2 ou 3 minutes

inconsciente. Ces petites crises sont fréquentes (25 de l'entrée

de l'enfant à la fin du mois d'août). Souvent, ces accidents ne

s'accompagneraient pas de phénomènes convulsifs (rigidité,

mouvements) ce qui les fait compter comme vertiges par le

personnel du service.

Traitement : hydrothérapie, exercices des jointures,

éli ? ir pol3,]3romuré, de 1 à 3 cuillerées, - capsules de bromure

de camphre, de 2 à 6. -

Septembre,-L'enfant n'a toujours pas eu de grands accès

depuis son entrée, mais les accès incomplets et les vertiges

sont fréquents (28).

Octobre. Petits accès plus nombreux (32). L'état de

l'enfant se maintient il peu près le môme, sans amélioration

ni tendance vers la déchéance. Elle est toujours très douce,

affectueuse, peu expansive, timide, mais pas triste cepen-

dant ; très propre et pleine de bonne volonté, mais réussissant

peu à la gymnastique. Sous le rapport de la santé physique,

elle paraît un peu plus forte. -

Novel11ù)'e, - Diminution des vertiges (22).

Décembre. Les vertiges diminuent encore de nombre (18).

- On suspend l'hydrothérapie.

1900. Janvier. Les petits accès (vertiges) diminuent de

nombre (10), mais s'y adjoint de grands accès (3). L'enfant

cependant s'améliore légèrement sous tous les rapports. Elle

est très timide et de caractère un peu sombre. Traitement :

élixir, de 1 à 3 cuillerées; capsules de bromure de camphre,

de 2 à 6; exercices des jointures. ,

26 RECUEIL de faits.

Février. Les vertiges et les accès continuent. Même

traitement.

Juin. - Le nombre des vertiges, qui avait d'abord dimi-

nué, tend à réaugmenter ; le nombre des accès a diminué.

L'état de l'enfant est à peu près stationnaire. Toujours pro-

pre, douce et tranquille, elle montre peu de facilité pour la

gymnastique, ainsi qu'el1'classe, où elle retient difficilement

- 'les leçons même les plus élémentaires; elle est très lente dans

tout ce qu'elle fait. Même traitement; en plus, douches.

1901. Janvier. - Le nombre des vertiges a été en diminuant;

le nombre des accès, au contraire, a augmenté; ils sont actuel-

lement plus nombreux que les vertiges. L'enfant a fait

quelques progrès en classe : elle lit et écrit lisiblement (de la

main gauche). Elle est toujours douce, calme, polie, aimant

la lecture. Elle a beaucoup de bonne volonté pour la gym-

nastique, mais y réussit peu, en raison de sa paralysie. - Au

point de vue de la puberté, le corps est toujours entièrement

glabre, il n'y a pas de seins ; l'hymen est circulaire, à orifice

central. - Traitement : on continue l'élixir polybromuré,

le bromure de camphre, l'hydrothérapie ; de plus, sirop d'io-

dure de fer, huile de foie de morue.

Juin. - Le nombre des accès et desvertigesestà peu près

stationnaire. -Au point de vue de la puberté, apparition sur

le pénil de quelques poils follets. Pas d'autre changement. -

Traitement : élixir, bromure de camphre, hydrothérapie ;

sirop d'iodure de fer.

Août. - Légère augmentation du nombre des vertiges. -

Blépharite : collyre au sulfate de zinc.

1902. Janvier. Le nombre des vertiges, après avoir aug-

menté jusqu'en septembre, a diminué; le nombre des accès

est toujours sensiblement le même. - L'enfant continue à

faire quelques progrès en classe. Elle est toujours tranquille,

propre et rangée. Mais elle serait sournoise et grossière avec

ses compagnes quand on ne l'entend pas. De plus, elle aurait

àdifférentes reprises volé de l'argent à ses compagnes, elle ne

l'avoue que pressée de questions. - La dose d'élixir est portée

de 1 à 4 cuillerées.

Juin. - Le nombre des vertiges et des accès est station-

naire. Les accès ne sont pas très intenses, mais ils laissent

l'enfant très abattue pour une partie de la journée, avec un

grand besoin de dormir. Ses pupilles sont dilatées, égales;

elle n'a pas de tremblement de la langue ni des mains. Elle

parle toujours très lentement et à voix basse. Au point do

vue de la clause, son état est stationnaire : elle conserve le

sclérose ATROPHIQUE hémisphérique. 27

peu qu'elle a acquis, mais n'acquiert rien de nouveau. Comme

auparavant, elle n'est ni bruyante ni turbulente, restant le

plus souvent assise aux heures de récréation. Mais elle est

devenue triste, maussade, grognon ; un rien la fâche et la

met de mauvaise humeur. Son regard est habituellement

sournois ; il devient dur et méchant dès qu'on lui fait une ob-

servation. Elle continue à être grossière avec ses compagnes,

quand elle ne se croit pas entendue. Elle a une tendance

très marquée pour voler, surtout des sous, et n'avoue que

très difficilement. Elle est toujours très ordonnée, et même

maniaque dans le soin de ce qui lui appartient. Même trai-

tement : élixir polybromuré. hydrothérapie, sirop d'ioduro

de fer.

Septembre. Le nombre des vertiges et des accès a

augmenté, jusqu'à 19 vertiges et 26 accès en août. Du 19

au 23, l'enfant voit apparaître ses règles pour la première

fois ; elle souffre de maux de tête "pendant leur durée. Pas.

de seins. Quelques poils assez longs sur le pénil et les grandes

lèvres.. Pas d'autre modification. Pas de règles en octobre

ni en décembre. Règles peu abondantes du 2 au 5 novembre.

1903. Janvier. - Le nombre des accès et des vertiges est

redevenu ce qu'il était auparavant. - Les règles, qui n'ont

apparu qu'en novembre, ont été peu abondantes ; rien ni en

octobre ni en décembre; elles apparaissent pour la 3° fois,

du 5 au 9 ; elles sont peu abondantes.

. Puberté : quelques poils sous les aisselles ; thorax, abdo-

men et membres, glabres ; pas de seins ; sur le pénil, quelques

poils assez longs ; de même sur les grandes lèvres, qui sont

peu épaisses ; les petites lèvres sont triangulaires, le clitoris

petit ; l'hymen est en croissant; le périnée et l'anus sont gla-

bres. - L'état de l'enfant est stationnaire. Même traitement.

Juillet. - Le nombre des vertiges a encore diminué,

celui des accès a un peu augmenté. - Les règles ont reparu

9 fois, tous les 2 mois seulement. Puberté : quelques poils

bruns sous les aisselles ; le thorax est glabre à sa face anté-

rieure, mais sur sa face postérieure, il présente un duvet abon-

dant ; l'abdomen et les fesses sont glabres ; les membres sont

recouverts d'un duvet, abondant sur les cuisses et les jambes;

Seins, égaux, de 8 cm. de hauteur sur 8 cm. de largeur,

présentant quelques veines sous-cutanées et des aréoles

pigmentées montrant quelques tubercules. Sur le pénil, poils

bruns, assez abondants ; sur les grandes lèvres, poils assez

abondants, longs, châtains. Nymphes petites, non pigmen-

tées ; capuchon du clitoris, pigmenté et fripé, triangulaire,

très développé, faisant une forte saillie entre les grandes -

28 recueil de faits.

lèvres ; hymen, à orifice circulaire, irrégulier, admettant

l'index ; fourchette saillante ; quelques poils à l'anus et au

. Tableau des accès el des vertiges.

SCLÉROSE ATROPHIQUE HÉMISPHÉRIQUE. 2U

périnée. Règles peu abondantes du 5 au 9 janvier, du 6 au

10 mars, du 11 au 16 mai, toujours peu abondantes; rien les

autres mois.

Au point de vue de la classe, l'état de l'enfant est toujours

30 RECUEIL DE FAITS.

stationnaire ; elle ne fait que conserver ce qu'elle a acquis.

Son caractère reste aussi le même, sournois, maussade, irri-

table ; elle frappe facilement une de ses compagnes qui la

heurte involontairement. La tendance au vol persiste, surtout

pour les sous, mais aussi pour divers objets qu'elle fait dis-

paraître en les jetant dans les cabinets. Elle parle toujours à

-voix basse, avec lenteur et hésitation. - Même traitement :

élixir polybromuré, de 1 à 4 cuillerées ; capsules de bromure

de camphre, de 2 à 8 ; hydrothérapie ; gymnastique ; école.

Novembre. - Pas de vertiges, en octobre ni en novembre;

nombre des accès, stationnaire. - Les règles n'ont reparu

qu'une fois, en octobre. - Les accès laissent l'enfant très

abattue, paraissant très fatiguée et ayant un grand besoin de

dormir. Depuis quelque temps, elle semble aller vers une

déchéance prochaine. Son état phyique laisse aussi à dési-

rer : le teint est pâle, les yeux cernés, elle mange moins, et

maigrit un peu.

13 novembre. Après deux accès qui l'ont plus abattue

encore que de coutume, et vu son état précaire, l'enfant est

mise à l'infirmerie. Sa température monte le soir à 40°, 3 ; elle

est très altérée, et tousse beaucoup. - L'examen de la poitrine

permet de constater, aux deux sommets, des signes très nets

de tuberculose au 2° degré. A l'auscultation du coeur,

frottements à la partie moyenne. Le pouls est rapide, le

visage pâle. Traitement : teinture d'iode aux sommets,

0, 50 d'antipyrime, poudre de viande. Les jours suivants,

et pendant tout le mois de novembre, l'enfant a encore de la

fièvre, mais moins élevée, dès le 18 novembre n'atteignant

plus 39°, 5 ; fièvre très irrégulière. Elle tousse moins, et n'est

pas alitée. '

Décembre. Pas de vertiges. Même nombre d'accès.

Les règles n'ont pas reparu. - La température se maintient

d'abord autour de 38° ; dans la seconde quinzaine, elle atteint

plusieurs fois 40°, avec de grandes oscillations, puis elle

redescend aux abords de 38°, mais toujours très irrégulièrc.

L'enfant tousse de temps à autre, maigrit, mais ne reste pas

alitée. Mêmes signes à l'auscultation.

1904. Janvier. L'enfant est posée le 5 ; poids 32 kg. 500.

Elle a beaucoup maigri. Jusqu'au 11 la température oscille

de 37°,5 à 39°,5, L'état ne s'est pas sensiblement aggravé.

A partir du 12 janvier, la température remonte aux environs

de 40° avec de grandes oscillations. L'enfant se cachectise ;

son facies devient terreux, ses yeux cernés et profondément

excavés, ses pupilles dilatées. Elle est très faible, refuse de

se lever, et ne veut pas prendre de nourriture. Elle tousse

maintenant beaucoup et se plaint de la tête; elle dort peu.

SCLÉROSE ATROPHIQUE HÉMISPHÉRIQUE. 31

Les signes d'auscultation augmentent beaucoup, en intensité

et en étendue.

Tableau du poids et de la taille.

32. RECUEIL DE FAITS.

22. - Fièvre un peu moins élevée; respiration plus

facile. -

23. La fièvre est remontée ; l'oppression a reparu, 52 res-

pirations à la minute. Pouls 144. Mêmes signes d'auscultation.

L'enfant commence à gâter.

- 24 et 25. - Faiblesse et oppression croissantes. Gâtisme.

26. Apparition des règles, qui sont extrêmement abon-

dantes, mais ne durent qu'un jour. La fièvre atteint h0°,3.

L'oppression et la faiblesse augmentent. -

27. L'enfant n'a pas dormi de la nuit, qui a été très mau-

vaise. L'état s'aggrave de plus en plus.

28. - La faiblesse et l'abattement sont extrêmes ; l'enfant

reste immobile, couverte de sueur, la physionomie terreuse

et violacée, 1 haleine fétide, les dents serrées, la voix si fai-

ble qu'on ne peut la comprendre ; elle souffre de la tête, et

ne peut prendre que quelques cuillerées de lait. Elle recon-

naît sa mère et lui parle.

26. -- La nuit se passe dans un état de prostration complète.

L'enfant rend le dernier soupir à i heures du matin, sans

cris ni râles, et sans secousses. La température, au moment

de la mort, était de 41°,3. - La marche de la température

après la mort a été la suivante :

. SCLÉROSE ATROPHIQUE HÉ.MISPHlÎRrQUE. 33

A13DOIEN. - Le foie est énorme et gras ; il y a de la péri-

hépatite du côté du diaphragme. La raie est très grosse et

très diffluente. Le péritoine n'est pas altéré, sauf au ni-

veau du foie. Rien de particulier au pancréas. Les reins

sont énormes et présentent à la coupe de nombreux petits

tubercules. Rien de particulier du côté des capsules surré-

nales. Rien tvlavessie. Utérus petit ; ovaires et trompes

peu développés ; en somme, développement insuffisant des

organes génitaux, bien que l'enfant ait eu 8 fois ses règles.

Les glandes mammaires ne sont pas développées.

Estomac très dilaté, ainsi que le coecum et tout le gros in-

testin. L'appendice est gros, de la dimension d'un crayon

ordinaire, et de 15 c. de longueur; il remonte dans la fosse

iliaque, maintenu contre la paroi par un repli péritonéal qui

l'immobilise ; il ne présente pas de trace d'inflammation.

TÈTE, - Cuir chevelu, pâle et maigre. Crâne : calotte

ovoïde. Le frontal droit est un peu plus saillant que le gau-

che, il en est de même de l'occipital droit. Les os sont peu

durs. Sur la coupe, le côté gauche est plus de moitié plus

épais que le droit; au palper, les os du côté gauche semblent

partout plus épais qu'à droite. Les sutures persistent. Large

plaque transparente au niveau de la fontanelle antérieure.

Peu de liquide céphalo-rachidien. Dure-mère : pas d'épais-

sissemcnt. L'apophyse C1"ista- ! Jalli est un peu déviée à

gauche. - La voûte orbitaire gauche, la fosse temporale du

même côté sont un peu plus étroites qu'à droite. Pas de diffé-

rence bien appréciable des fosses occipitales. - Les nerfs

olfactifs paraissent égaux, - Le nerf optique etla bandelette

optique gauches sont un peu plus petits qu'à droite. Il en est

de même du tu ercule mamillaire gauche. Le pédoncule

cérébral gauche est plus petit et moins bombé que le

droit. L'artère communicante postérieure gauche est plus

petite que la droite.

Glande pituitaire, plutôt petite. - La glande pinéale est un

peu volumineuse et d'aspect un peu vitreux.

Hémisphère gauche. La pie-mère est blanchâtre dans

la plus grande partie de son étendue, avec une dilatation

prononcée de tous les vaisseaux, et cela sur toute la surface

convexe et la face interne. A la face interne la vascularisation

est plus prononcée. La pie-mère est épaissie dans toute son

étendue, elle s'enlève cependant très facilement, sans aucune

adhérence. Tout l'hémisphère est le siège d'une atrophie

très notable des circonvolutions; l'atrophie prédomine au

Archives, 2, série, 1905, l. XIX. 3

34 RECUEIL DE FAITS.

niveau du lobe frontal et du lobe occipital. Toutes les

circonvolutions sont un peu indurées, - Le plexus choroïde

n'offre rien de particulier. (PL. I et II).

Hémisphère droit . - La pie-mère de la convexité de la

Dartie moyenne est un peu épaissie. Aux extrémités de la face

externe, la pie-mère est mince. Partout elle s'enlève facile-

ment. Au niveau de l'union'du tiers supérieur de la F. A.

avec son tiers moyen, la pie-mère présente une plaque de 12

millim. environ sur 10 millim. environ, offrant de la dureté et

infiltrée de petites concrétions miliaires comme crétacées.

Les circonvolutions du lobe frontal sont un peu grêles. Les

circonvolutions de la partie postérieure du lobe temporal et

du pli courbe présentent un grand nombre de petits sillons

superficiels. Le ventricule latéral, la couche optique, le

corps strié et la corne d'Ammon n'offrent rien de particulier.

D'une façon générale, les sillons sont plutôt peu profonds.

(PL. III et IV.)

Le corps strié gauche est aplati et non bombe comme il

droite, sa tête fait à peine une légère saillie sur la paroi du

ventricule. Sa queue est presque tout il fait cfjacée. La cou-

che opligue gauche est moitié moins volumineuse que la droite.

Toutes les circonvolutions gauche, comparées à celles de

droite, sont moitié plus denses. Les circonvolutions ont une

couleur blanchâtre à gauche, d'un gris rosé normal, à droite;

leur volume est d'environ un tiers moindre iL gauche qu'à

droite. Par suite do l'atrophie des circonvolutions à gauche,

de la dilation du ventricule latéral gauche (le v. I,. droit est

normal), et de ses cornes, la face interne de l'hémisphère

cérébral gauche est affaissée. (PL. II.) La moitié gauche

de la protubérance est un peu moins large. La pyramide

gauche a une coloration grise. Le quatrième ventricule ne

présente rien de particulier, sauf une petite dilatation vascu-

laire. - La pie-mère de la face convexe de l'hémisphère céré-

. belleux gauche présente, sur une étendue de 2 cent. sur 1

cent., une petite concrétion qui n'existe pas de l'autre côté.

Sclérose atrophique de l'hémisphère gauche, généralisée.

Méningite chronique du même hémisphère. Épaississement

de la pie-mère droite. Indurations crétacées d'un fragment de

la pie-mère cérébrale et cérébelleuse à droite. Épaississement 1

notable du crâne à gauche. Inégalité de poids des hémisphères

cérébraux de 200 gr.. Pas de granulations tuberculeuses.

On a prélevé à droite et à gauche des morceaux du biceps

crural et du nerf sciatique, qui n'offrent pas entre eux de

différence appréciable, bien que l'enfant soit hémiplégique.

SCLÉROSE ATROPHIQUE HÉMISPHÉRIQUE. 35

Poids des organes

36 RECUEIL DE FAITS.

qu'à l'entrée de l'enfant à la Fondation, è 'S ans et

f mois, répétition des accès deux ou trois fois par

jour. Après le premier état de mal, comme après tous les

autres jusqu'à l'âge de 4 ans, les parents avaient noté

'un obscurcissement de l'intelligence, mais celle-ci ne

se serait plus modifiée depuis l'âge de 4 ans.

III. A partir de l'entrée de l'enfant Ü la Fondation,

on constate qu'il s'agit, non d'accès mais do vertiges

sans cri, bave, ni évacuation involontaire, mais avec,

chute, le corps tourné à droite, et rigidité générale.

Sous l'influence du traitement, ces vertiges diminuent

d'abord. Mais bientôt de véritables accès s'y adjoi-

gnent, et leur nombre augmente ensuite, pour subir

dès lors des fluctuations fréquentes, aussi bien que

celui des accès. Une légère amélioration se manifeste

d'abord au point de vue de l'intelligence, mais bientôt

celle-ci reste stationnaire, et enlin diminue tandis que

d'autre part le caractère se modifie, l'enfant devenant

sournoise, maussade, voleuse. Peu à peu, les accès

laissent après eux un abattement de plus en plus

grand et prolongé, ¡ et bien que les vertiges dispa-

raissent tout à fait durant les quatre derniers mois

de la vie, l'enfant marchait de plus en plus vers la

déchéance, lorqu'elle fut emportée par la tuberculose

pulmonaire.

Le caractère, déjà peu expansif l'entrée, est devenu

de plus en plus sournois ; de douce, calme qu'elle

était, T... est devenue irritable, violente. Les facultés

morales se sont perverties, la manie du vol s'est

accusée progressivement. Le travail scolaire, qui avait t

été productif, est devenu stationnaire, puis a diminué ;

l'écriture, qui s'était améliorée (1899-1900), est deve-

nue assez rapidement défectueuse (rév.1 DO 1- od. 1903) ;

après avoir gagné lentement, en 1901-1902, des notions

de calcul z opérations), T... a offert des oscillations

s'accentuant vers la perle de ces notions. Ce cas con-

SCLÉROSE ATROPHIQUE HÉMISPHÉRIQUE. 37

firme ce que nous avons dit à savoir que les épileptiques

qui tombent en déchéance perdent plus vite le calcul et

l'écriture que la lecture (1) qui n'avait pas encore élé

sérieusement altérée. (A revoir).

IV. La puberté n'a pas eu une évolution régulière.

Les règles ont paru alors que le système pileux était

presque nul et que les seins étaient à peine naissants.

Les premières règles apparues, les seins et le système

pileux génital se sont développés. Les règles ont tou-

jours été irrégulières, ce qu'explique d'ailleurs l'évo-

lution de la tuberculose (2).

V. L'autopsie a décelé une tuberculose généralisée

des deux poumons et aussi des reins. Du côté du

crâne, on constate : une légère plagiocéphalie (la

moitié droite plus saillante en avant, et un peu, aussi,

en arrière), la persistance des sutures, et surtout une

beaucoup plus grande épaisseur des os à gauche,

L'encéphale présente une très-grande inégalité de

poids des hémisphères cérébraux, le gauche pesant

200 gr. de moins que le droit. Cette inégalité de

poids est due à une sclérose atrophique généralisée

de l'hémisphère gauche : les circonvolutions, nette-

ment dessinées, sont hlanchâtres, indurées, moitié

plus denses qu'à droite ; leur atrophie, très-notable,

prédomine sur le lohe frontal et le lobe occipital.

Il y a également, iL gauche, mais moins marquée,

diminution de volume du nerf optique, de la bande-

lette optique, du tuhercule mamillaire, du pédoncule

cérébral, du corps strié, de la couche optique et de

la moitié de la protubérance. D'autre part, l'hémis-

phère gauche présente des lésions de méningite chro-

nique. - L'hémisphère droit offre seulement à noter :

(1) Nos malades apprennent plus facilement à écrire qu'à lire.

(2) On trouvera dans les observations de nos Comptes-rendus

de nombreux détails sur l'évolution de la puberté chez les enfants

idiots de tous les degrés et chez les enfants épileptiques.

38 RECUEIL DE FAITS.

un épaississement léger de la pie-mère sur la partie

moyenne de la convexité, avec une petite plaque dure

et comme crétacée sur la F. A. et une légère gracilité

des circonvolutions frontales. - Le cervelet, comme

le cerveau, présente une inégalité des hémis- : phères, inégalité de 8 gr. en faveur de l'hémisphère

gauche, croisée, par conséquent, par rapport à l'iné-

galité cérébrale.

VI. Il s'agissait, en somme, d'une épilepsie partielle

forme hémiplégique, due à une sclérose al1'01,111-

que et il une méningite chroniq ue de l'hémisphère céré-

bral gauche. Cette épilepsie, semble en raison de la

fréquence des vertiges et de la tendance à la déché-

ance, avoir été liée aux lésions do méningite plutôt

qu'à la sclérose cérébrale. La sclérose atrophique

avait déterminé une inégalité de poids considérable

des hémisphères cérébraux. Et cette inégalité avait

entraîné à son tour, pour combler l'espace laissé libre

de ce fait, un épaississement considérable de la calotte

crânienne du côté de la lésion cérébrale, sans qu'il

y ait eu, d'ailleurs, augmentation de la quantité du li-

quide céphalo-rachidien (' ? ), bien qu'il y eût une notable

dilatation du ventricule latéral, ainsi que cela arrive

souvent dans les cas analogues etquel'on peut vérifier

en comparant la face iuterne des deux hémisphères

cérébraux. (PL. VII et IX.)

Avec l'inégalité de poids des hémisphères céré-

braux, coïncidait une inégalité de poids des

hémisphères cérébelleux ; on sait, parles statistiques

publiées à diverses reprises dans les Comptes-rendus

de la section des enfants, que dans les cas d'inégalité

cérébrale cette coïncidence est un peu plus fréquen-

te que l'égalité cérébelleuse. Enfin, l'inégalité céré-

belleuse était croisée par rapport à l'inégalité céré-

brale ; les mêmes statistiques ont montré qu'il en est

ainsi le plus souvent dans ces cas de double inéga-

lité. (Voir Compte-rendu de Bicêtre pour 1902 et 1903)'.

SCLÉROSE ATROPHIQUE HÉMISPHÉRIQUE.- 39

VII. Dans les cas, comme- celui-ci, où existe le

syndrome : Imbécillité, hémiplégie, épilepsie, succé-

dant à un état de mal convulsif de la première

enfance, moins souvent de la seconde, et dû à une

encéphalite pour résumer tout d'un mot, l'intelligénce

ainsi que nous l'avons encore fait remarquer dans

l'obs. de 1-tam.... (1), reste ce qu'elle était après la

guérison de l'état de mal convulsif ou même s'amé-

(1) Voir cette observation à la page 249 du n* de décembre 1904,

des Archives de Neurologie).

Fig. 4. - Tar... il 8 ans

(1899).

Fig. 5. - Tar... à 12 ans

(1903).

40 ' RECUEIL DE FAITS.

liorer notablement sous l'influence du traitement

médico-pédagogique.

L'épilepsie est constituée surtout par des accès se

présentant sous forme de séries, quelquefois d'état de

mal, mais si le malade ne succombe pas dans cette

complication si grave, on voit les accès s'éloigner et

enfin disparaître et si les facultés intellectuelles se

sont développées, en d'autres termes si le malade

est capable de se conduire régulièrement, il peut

passer, comme infirme (hémiplégie) dans l'une des

divisions de l'hospice.

En pareil cas, les accès ne sont pas suivis d'hébé-

tude, de sommeil prolongé, deux symptômes qui,

dans l'épilepsie ordinaire sont, en général, les avant-

coureurs de la démence épileptique. Le malade

revient vite à la connaissance. Les facultés se conser-

vent. Le caractère n'est pas irritable. Les vertiges

sont très . rares ou absents. La physionomie est

naturelle et n'offre pas l'aspect (le celle (le l'épileptique

vulgaire.

Toute autre est la destinée de l'épileptique hémiplé-

gique dont le syndrome : arrêt de développement de

l'intelligence, hémiplégie, -épilepsie, est dû a une

méningo-encéphalite limitée à l'un des hémisphères

cérébraux ou prédominant un degré prononcé sur l'un

des hémisphères ou encore,'et c'est ici le cas, quand,

il une lésion en foyer ou une sclérose al/'Ophique,

s'ajoute une méningite chronique. Alors, comme chez

Tard...., les accès s'accompagnent d'hébétude, douer-

tiges nombreux, la physionomie s'altère, l'attitude se

modifie en mal, le corps s'affaisse, s'incline du côté

paralysé ainsi que le mettent nettement en évidence

les (il). 58, 59. Le caractère devient irritable, sour-

nois, se pervertit (Tard... est devenue voleuse) ; il

survient des impulsions dangereuses, l'intelligence

diminue (1), en un mot, l'épileptique hémiplégique

par méningo-encéphalite ou par méningite chrono-

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 41

que, exemple Tard ? est en tout semblable à l'épilep-

tique ordinaire qui marche vers la démence.

Les considérations qui précèdent, les comparaisons

que nous venons de faire montrent l'intérêt pratique

des cas de ce genre au point de vue du diagnostic et

du pronostic et leur connaissance est de nature à ren-$*'

cire service, non seulement aux neurologistes, ni «

encore à tous les médecins. y^y .

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOG

PATHOLOGIQUES

1. L'origine du tractus isthmo-strié ou bulbo-strié du

pigeon ; par A. Walijenberg. (--Vel4'olog. Cel1t¡'alúl" XXII

1903.) ,

Mémoire complétant le travail publié en 1S ! )S. (Archives de

Neurologie, t. IX, 1900, p. 421). Le noyau terminal de la portion

sensible du trijumeau est, chez l'oiseau, directement uni il la

base frontale du cerveau antérieur, sans l'intermédiaire de la

couche optique (ligure^). ' > P. lvra.w.ar.

II. Contribution à l'étude de l'encéphalomyélite dissé-

minée, par E. RWCKE, (Neurolog. Centralbl., tlll, 190 i.) .

Etude clinique, anatomopathologique et histologique (figures),

P. la : rt.w·.w..

III. Des conditions dans lesquelles apparaît l'état vari-

v queux des prolongements protoplasmiques des cellules

nerveuses motrices corticales et de sa signification ;

par l\\'.\NOFF, (Xeurolog. Centralbl., XX, 1901.)

Résumé de la question des mouvements amoého'ides des pro-

longemenls protoplasmiques des cellules. Quatre-vingts expé-

riences sur chais, chiens, lapins, hérissons ; discussion de la

valeur de ces expériences.

Conclusions. 1. Les prolongements protoplasmiques des

rellules pyramidales parfaitement développées ont. dans les con-

42 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

/

dirions normales, sur des coupes traitées par la méthode rapide

de Golgi, des contours assez égaux, et sont abondamment, pour-

vus d'appendices spiriformes. 2. Ces appendices en épines doi-

vent être tenus pour parties constitutives intégrantes des pro-

longements en question, ainsi qu'il appel't de leur coloration au

bleu de méthylène d'après la méthode modifiée du professeur

- Kolosoff. 3. Quand ils disparaissent ou quand apparaissent

sur les prolongements des varicosités, c'est que ceux-ci sont,

atteints d'altérations destructives graves. 4. Ces altérations ne

doi\ent donc pas être assimilées il des manifestations fonction-

neiles des cellules nerveuses. u. Elles peuvent d'ailleurs pro-

venir de la méthode de préparation et peuvent, même chez des

individus normaux, résulter de l'action des liquides de durcisse-

ment et d'imprégnation, dans des conditions qui ne sont-pas

toujours perceptibles, telle la pénétration lente et inégale du

fixateur inégalement concentre, etc. -li. Elles apparaissent aussi

très facilement dans la décomposition u,vlaW ûtlm; : ceci a lictt

chez beaucoup d'animaux très Aile, par exemple, dans les trois

premières heures qui suivent la mort. 7. 11 est également très

probable qu'elles peuvent survenir pendant la vie sous l'influence

de processus deslruclifs aigus cl chroniques. 8. Mais leur

importance, en tant, que signes de lésions ana lonlopaLllOlogilj1H's

s'étant produites pendant la vie, est bien amoindrie, puisque, en

un cas donné, il est fort difficile d'en établir la provenance etio-

logique, de préciser s'il s'agit en l'espèce de la pénétration irré-

guliere du fixateur, d'une altération cadavérique, de fadeurs

unalol1lopul1rologiques. i.). La mélhude rapide de Golgi doil

donc être peu prisée comme moyen d'évaluer des altérations ana-

tomopalbologiques : les observations prises par celte méthode

doivent êlre soumises a une critique sljyèrc. - 10, Les travaux

des chercheurs qui attribuent, les altérations précitées h l'Ullloe-

boisme des cellules nerveuses doivent êlre considérés comme

totalement erronés. 11. IL s'ensuit que la théorie de l'amoc-

boisnte acceptée par maints savants doit être reléguée dans la

catégorie des hypothèses dépourvues de toute base expérimentale

certaine. P. Keraval.

IV. Contribution à l'histologie des altérations par com-

pression de la moelle dans les tumeurs vertébrales ; par

M. BIELSCHOWSKY, (Neurolog. Centralbl., XX, 1901.) Con-

tribution à la question de la régénération de la moelle ;

par A. Eicrler (Ibid). '

Les observations I et 111 de M. Bielschowsky, caractérisées par

l'absence de signes certains d'inflammation, témoignent des

effets mécaniques dus au refoulement du sang veineux.

L'observation 11 fournil le tableau du ramollissement jaune

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 43

du ' ? e stade de la myélite transverse. Ces altérations si pronon-

cées contrastent avec le petit volume de l'exostose génératrice,

grosse comme un haricot, et faisant peu saillie dans le canal verté-

bral. Une pression relativement faible a déterminé des lésions

histologiques graves comparables surtout aux altérations qui ont

lieu en d'autres organes au pourtour des infarctus.

On a encore constaté dans l'observation Il des trousseaux ner-

veux dans le sillon antérieur et dans l'adventice des vaisseaux

centraux à l'endroit où s'exerçait la compression, c'est-à-dire au-

dessus et au-dessous d'elle. Ils affectaient le trajet et avaient la

constitution histologique des fibres 11,;u ! 'cn'm, : es régénérées de lèjcJ¡-

ler (Deutsch. Zeitschrf. jVen'el1lteilh, 1900, t. XVII). Cet auteur

pense qu'il s'agit de ramilicalions de nouvelle formation des

fibres des cordons latéraux des pyramides séparées de la station

terminale : ces libres régénérées rétabliraient la communication

entre ces cordons et les cellules motrices au-dessous de l'endroit

comprimé. Mais, dans l'espèce, il ne s'était pas produit d'amélio-

ration, et cependant il y avait un bien plus grand nombre de ces .

(rousseau\ que dans les observations de Fichier.

D'autre pari, l'expérimentation nous apprend que la moelle

n'a pas la faculté de régénérer les éléments constitutifs de son

parenchyme. Il n'y a donc pas de motifs d'admettre que ces

trousseaux à trajet atypique soient, pour celle raison seule, des

trousseaux régénérés, bien que l'allure clinique des cas de Fick-

ler soit très favorable à cette interprétation. En tout cas il est

impossible de décider s'il s'agit d'un faisceau détaché du cordon

des pyramides ou d'un long trousseau commissural.

Ainsi s'exprime 31. Bielschowsky. 31. Fickler réplique par le

résumé de plusieurs centaines do coupes en série. « Les fibres

dit-il, qui s'élèvent le plus au-dessus de l'endroit comprimé pren-

nent naissance à la périphérie de la substance grise là où celle-ci

confine aux cordons latéraux ou à leurs vestiges : il est rai

qu'on ne peut les suivre dans les cordons, parce que dès qu'elles

s'éloignent de la paroi des capillaires, elles perdent leur gaine de

Schwann, et ne se distinguent plus des autres libres de la moelle.

D'autres fibres apparaissent contre les capillaires et les petits

vaisseaux à la base des cornes postérieures ainsi que dans la ré-

gion intermédiaire aux cornes postérieures et antérieures. 11 en

est qui sont accolées aux veines centrales ou aux gros vaisseaux

les plus voisins ; il y en a aussi dans les colonnes de Clarke con-

tre les capillaires de cette région. Toutes ces fibres en descendant

n'atteignent pas l'endroit comprimé : les unes se terminent dans

la pie-mère du sillon antérieur ; les autres accompagnent les

vaisseaux pie-mericns à la périphérie antérieure de la moelle.

d'où elles gagnent les racines antérieures quand elles ne finissent

pas librement dans la pie-mère. Au-dessous de l'endroit com-

44 REVUE n'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

primé, la plupart des libres pénètrent avec les vaisseaux dans les

curnc anlricurm ; il 1·n c·L lui traversent la base des cornes

postérieures pour s'y répandre. La majeure partie de ces libres se

perdent dans le treillis des libres de la substance grise sans qu'on

puisse les suivre davantage. Mais d'autres, satellites fidèles des

capillaires, forment des reullements constitués par l'entortille-

meut de libres nerveuses dont chacune est entourée d'une gaine

de Schwann : c'est un véritable névrome terminal ; ces névromes

n'envoient pas de libres dans la substance grise. H

Celle description est, d'après 31. Fickler, en faveur de l'idée

que la substance des cordons latéraux a projeté des libres dans

la substance grise sous-jacente il 1'I'IHll'oil comprimé alin de ré-

lablir la communication interrompue par la compression. Si,

dans l'observation l31elchowsky, il n'ya pas eu d'amélioration,

c'est que l'on ne Il'om'ai pas de fibres sur un segment de moelle

aussi long que chez le malade de 31. Fickler. Ce dernier a fait de

nouvelles expériences sur la compression de la moelle chez le

chat, et il a conslalé dans les cordons latéraux des gaines de

myéline néoformées autour de cylindraxes conservés. Strophe du

reste affirme que les libres de la moelle sont généralement capa-

bles d'émettre des rejets qui bien souvent ont la structure de

fibres nerveuses périphériques. Les libres nerveuses en question

étaient donc bien néofoL'l11l'L'S et non des libres à trajet normal

préexistantes à la compression, car dans les trois cas où on les a

constatées, (2 obs. Ficeler, 1 Dielschow"ky), le plus grand nombre

d'entre elles sont groupées au-dessus et. au-dessous de l'endroit

comprimé au niveau duquel on n'en voit pas ; leurs allures

sont celles de fibres nouvelles successivement créées el non d'un

trousseau prédestiné.

Enfin l'observation 111 de .\1, Cieischowsky éclaire la genèse de

la formation de cavités. Elles siégeaient surtout au-dessus de

l'endroit comprimé. 11 y avait, outre les altérations de la com-

pression, de l'hydromyelie en divers endroits. Le canal central,

en réalité, partout dilaté, était le siège d'une hylterplasie de la

substance gélatineuse centrale puricanaliculaire : celle-ci en im-

posait pour une glioso centrale au niveau par exemple de la plus

forte dilatation, au-dessus du point comprimé, tandis qu'elle

était moindre dans le renflement lombaire où simultanément le

canal central formait un diverticufum prononcé. A l'endroit où

la compression était la plus forte, le canal était oblitéré. L'auteur

croit qu'avant que ne s'effectuât la compression de la moelle par

la métastase carcinomatcuse, sur la vertèbre, il existait une hy-

tlromyélie congénitale avec gliose centrale modérée. L'action

compressive de la tumeur a barré le canal central au lieu com-

primé ; en rétrécissant le lit du courant, elle a refoulé le

liquide qui y coulait el ce lit "'1 ? 1 ainsi dilaté au-dessus de l'en-

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 45

droit comprimé. Là où la dilatation a été la plus forte, les cel-

lules de l'épendyme ont le plus proliféré, plus que dans les zones

sus et sous-jacentes. Les fissures de la corne antérieure droite,

au point où le canal central a atteint son maximum de dilata-

lion, se sont produites secondairement : leurs limites irrégulières,

leur trajet en rapport avec la direction des vaisseaux centraux,

l'a-pecl très transparent, raréfié, du tissu awisinanl, la dissocia-

lion de chacun des éléments du tissu, principalement des libres

de la névroglie, la tuméfaction des cellules- multipolaires des

cornes antérieures en ce point affectées de chromatolyse com-

plète, tout l'indique. Comme le dit Schlesinger, il s'effectue là

des nécroses histologiques circonscrites en rapport avec des lé-

sions vasculaires : en effet, dans les fissures et dans l'anneau

gliomateux qui entoure le canal central, la paroi des vaisseaux,

très épaissie, a, par places, subi la dégénérescence hyaline, et la

stase du liquide dans le canal central a comprimé de dedans en

dehors les petits vaisseaux à paroi mince du voisinage, nuisant

ainsi à la nutrition de ce territoire. Au même niveau altérations

identiques mais moindres de la corne antérieure gauche. Ces

lésions peuvent ne s'être produites que peu de temps avant la

mort des. deux cotés, car les altérations des cellules molrices de

cette sphère indiquaicirt-tinc affection récente et il ne s'était pas

encore manifesté de symptômes de déficit : pas d'atrophie des

muscles de la main et du bras. P. KERAVAL.

V. Contribution à l'histologie de la sclérose en

plaques (nouveaux procédés), par 31. UIELSCHOWSKY (lYeltrO-

log. Centralblatt, \11, 103). Remarques sur ce tra-

vail, par A. STttaEaLt3ea. Les fibres nerveuses amyé-

liniques dans les foyers de sclérose en plaques, par

31. litNL5CIi0\'SKY.-Contribution à la question de larégé-

nération des fibres nerveuses dans les foyers de la sclé-

rose en plaques, par M. C.tI<T : LS (Neurolog. Centralblatt,

XXIH, 1901, n"' 2 et 3).

31. BIE1.SCHOVSKY décrit les lésions qu'il a observées chez cinq

malades dont la moelle a été soumise à l'action successive du

formol, de l'ammoniaque el du nitrate d'argent (coupes antéru-

po"térieure" et horizontales).

Tous lesfo) (,1'5,(lU 'i[sfus"enL rl'lalÍ\ émeut recentsou anciens,con-

tenaient un nombre surprenant de fibres privées de leur mvéline

(figures). La déchéance des manchons de myéline contraste si

nettement avec la persistance des cylindraxes et des cellules ner-

veuses, qu'un serait tenté de considérer la sclérose en plaques

comme une lésion primitive de ces manchons, mais le processus

paJ'en¡;hYl ! 1aleu.\ ne s'y limite pas. Quoique dans les foyers an-

ciens la densité des éléments conducteurs soit tout aussi forte

46 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

que dans les endroits correspondant des organes normaux, l'aire

horizontale de ces foyers est réduite ; il est donc évident que, eu

outre des gaines de. myéline, de nombreux cylindraxes ont suc-

combé. De concert avec les altérations des fibres nerveuses,

constamment, il existe une prolifération de la névroglie, mais

cette prolifération ne porte pas uniformément sur tous les com-

posants de cette dernière. Tantôt il ne s'agit que d'une prolifé-

ration de remplacement, tantôt il y a d'emblée hypergenèse

iri'itative de la substance de soutènement.

Les relations des foyers avec le trajet des vaisseaux, et l'ex-

trême ressemblance des foyers récents de la sclérose eu plaques

avec cure de la myélite aiguë isseminee, justifient le ferme

d'inflammation. Mais c'est une inflammation qui d'emblée est il

la fois parenchymateuse, il la fois interstitielle ; dès le début né-

vrogtio et fibres nerveuses participent au processus d'origine

toxique ou post infectieuse. Seulement les libres nerveuses sont

bien plus uniformément atteintes que la névroglie.

Les fibres nerveuses dénudées, privées de leur myéline sont-

elles des fibres persistantes ou des fibres néoformées, en état de

régénération1 ! 31. DieJscho\\ : ,1, J" compare les images fournies par sa

méthode d'imprégnation du cylintlmxeweccellesqu'ont données

les colorations électives de Fajerstayn, Straehuhcr, Iiaplan.

Kaplan a montré que la coloration porte sur une partie cons-

titutive déterminée du cvlindraxe, qu'il appelle l'aoeostro¡I/(l,

substance cimenlaire très analogue, au point de vuehislogé-

nétique et clinique, au manchon de myéline qui entoure les

neuro-lihrilles. Mais l'élude des foyers révèle qu'il y a deux caté-

gories de cylindraxes dénudés : ceux dans lesquels l'a.\0htroma

est encore conservé ; ceux dont l'axostroma est altéré. De l'ana-

lyse des images, : \1. 81elsclro\\'sky conclut qu'il existe des zones

où l'on est en présence de fibres persistantes : on'peut suivre di-

rectement les fibres longitudinales depuis le tissu pourvu de sa

myéline jusque dans le tissu scléreux (figure) ; on voit même,

par places, les mêmes fibres privées de leur myéline dans le

tissu scléreux récupérer dans le tissu ll1 ? liniqul' leur manchon

blanc ; de plus, même dans les levers anciens, les relations

topographiques des fibres et des cellules (substance grise et. subs-

tance blanche) semblent être exactement les mêmes que dans

les conditions normales. On trouve, par contre, des zones dont

l'aspect permet de se demander si, à côté des libres persistantes,

qui forment l'immense majorité, il n'en est pas de néoformécs ;

ainsi l'on voit parfois des cylindraxes se bifurquer à angle aigu en

deux branches et l'une ou l'autre de ces branches se rediv iser en

deux ; rien n'indique qu'il s'agisse de collatérales. Ce sont ces

apparences qui ont donné naissance à la théorie du bourgeonne-

ment, d'autant qu'on voit de semblables états sur les libres ner-

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 47

'eusc de la substance blanche des hémisphères de l'l'I11])I') on,

On voit aussi l'éclatement en touffes de Popoff. Il est probable

termine lu. llielscho\\ sky qu'il s'agit non d'une régénération,

mais d'une dégénérescence.

Ce ne peut être, objecte 31. Straehubeu, une dégénérescence

car je n'ai pas observé cette bifurcation uniquement dans des

cavités en tuyaux où l'on pourrait penser à un simple effilochage

des fibres ; j'ai vu les deux branches de la bifurcation entourées

de toutes parts, isolées par le tissu de soutènement, en quoique

sorte emmurées dans le lissu névroglicluc. Ce il quoi répond

11. Bielschowsky, après des discussions aussi longues et aussi

minutieuses, (l¡¡'i existe des fibres régénérées dans les foyers de la

sclérose en plaques mais « je doute fort qu'elles aient au point de

« vue quantitatif, comparées au nombre des libres persistantes

« une valeur importante ».

11. Cartels se montre d'abord éclectique. Pour lui on ne sait

encore exactement ce que l'on colore. Est-ce une substance que

Kaplan nomme le myéloaxostroma, et que Straehuber appelle

l'axochroinalénine ' ? Userait tenté de croire, comme ce dernier

auteur, qu'il s'agit, non de la substance périlihrillaire des fibres

nerveuses il myéline, mais bien d'une substance spéciale, et de la

désigner sous le nom cl'avoclu·omaLénine, et peut-être de myélo-

axostromatônino pour marquer son rapport intime avec le man-

chon do myéline.

11 est, en tout cas, de plus en plus convaincu que dans la vraie

sclérose en plaques, il y a lésion de la substance blanche cL de

l'axochromatenine qui lui est liée, par suite d'un trouble de

nutrition, par défaut d'une matière nutritive particulière, ou par

action directe d'un poison infectieux. Ce n'est que bien plus

tard que les cylindraxes et les cellules périssent. Ce qui semble-

rait le prouver, c'est la conservation dans les fibrilles axiles de

l'acide fibrillaire. L'anatomie confirme en effet un fait clinique

fort ancien ; la conservation prédominante des fibres longitu-

dinales. Il est certain que le petit nombre des fibres régénérées

qui peut-être s'y trouve nu saurait entrer comparativement en

ligne de compte. La prolifération de la névroglie n'occupe géné-

ralement ici qu'une place secondaire. Sur des coupes longitu-

dinales en séries, on voit très bien que la décadence de la myé-

line ouvre la marche ; puis il peut se produire une néoformation

de cellules ; finalement les fibres néuogliqucb se multiplient.

P. KERAV1L.

VI. Le trajet central des nerfs des muscles des yeux,

par J. Piltz. (11'eurolog. Centralbl., XXI, 1902).

A l'aide de faibles courants d'induction, on lié termine les zones

de l'écorce du cerveau dont l'excitation produit des mouvements

18 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

isolés des muscles des yeux. Puis on enlève ces zones et 14 jours

après on tue l'animal : on traite le cerveau par la méthode do

Marcbi, finalement on le coupe en séries perpendiculaires et

transversales continues. L'étude des dégénérescences indique le

hajef des faisceaux qui mettent en communication le centre cor-

tical extirpé avec les noyaux des nerfs moteurs des muscles ocu-

laires ou avec le quartier où ils se trouvent. Nombreuses figures.

L'écoree du cerveau du chien contient quatre zones suscep-

tibles d'engendrer des paralysies des muscles oculaires : zone

frontale, pariétale, temporale, occipitale. Il ne s'agit ici que des

deux premières.

1. - Le centre oculo-musculaire frontal occupe la partie posté-

rieure du lobe frontal ; il est en avant du sillon crucial, immé-

diatement en arrière du sillon précrucial, à lui environ Il

de la scissure sagittale. Limité en dedans par la région de la

nuque, en dehors par la région de la tète de il il touche en

arrière u la circonvolution sigmoïde.

L'extirpation en est suivie d'une dégénérescence secondaire

des circonvolutions du voisinage, du corps calleux, de la partie

antérieure de la capsule interne, des lames médullaires internes

du globus pallidus, de la couche intermédiaire de la région de la

calotte, de la partie interne médiale du pied du pédoncule. Les

coupes qui passent par le tubercule bijumeau supérieur mon-

trenL qu'à la hauteur du novau de l'oculo moteur commun le

pied du pédoncule est l'émanation de libres dégénérées dans la

direction de ces noyaux. Après avoir franchi la substance de

Soemmering, elles affectent un trajet postéro-interne en con-

tournant le noyau rouge en dehors et en dedans. Outre ces libres

destinées aux noyaux de l'oculomoteur commun du même côté,

il en est qui gagnent le raphé, pour probablement aboutir au

noyau de ce nerf du côté opposé. Mais il a été impossible de sai-

sir le point de jonction direct des fibres dégénérées avec les

noyaux. Par contre, des deux côtés dans la partie postéro-interne

du faisceau longitudinal postérieur, il a été trouvé des mottes

noires disséminées, sans cependant qu'on ait pu en fixer la con-

nexion avec ces fibres dégénérées.

Il. - Le lobe pariétal contient un endroit, qui siégerait dans

le territoire du centre du facial, dont l'excitation provoque des

mouvements associés des yeux (Fritsch et Ilitzi). Il occupe la

moitié externe de l'extrémité antérieure de la seconde circonvo-

lution originelle, et est également enclavé dans la région ocu-

laire de Munk.

L'extirpation d'une notable partie de cette région oculaire et,

simultanément du cenlre oculo-musculaire pariétal, se traduit

par des dégénérescences secondaires dans les circonvolutions

voisines du même côté, dans la circonvolution du corps calleux,

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 49

dans la couche tangentielle de la substance grise sous-épcndy-

maire qui forme le toit du ventricule latéral, dans le corps cal-

leux, dans les circonvolutions symétriques de l'autre hémis-

phère, dans la capsule interne du même côté, dans la couche

optique, dans la lame médullaire externe de la couche optique

de Forel, dans le corps de Luys, dans la zone 11 de Forci, enfin ici

dans la partie externe du pied du pédoncule. Presque toutes les

coupes qui liassent par le tubercule hi,jumeau antérieur montrent

l'ascension des fibres dégénérées parties du pied du pédoncule

vers ce tubercule. Elles gagnent la suhslance grise superficielle

du tubercule quadrijumeau antérieur : la plupart vont jusqu'à la

substance blanche profonde de cet organe ; quelques-unes peu-

vent être suivies de l'autre côté et çà et là émettent des rameaux

latéraux qui se perdent dans la substance grise du canal encé-

ptialomédullaire. '

Il existe encore un tractus de fibres dégénérées qui va directe-

ment de la capsule interne au tubercule bi-jumeau antérieur. Les

plans qui passent par la portion la plus antérieure du ganglion

de l'habénula contiennent des libres dégénérées émanées delà

capsule interne. Ces fibres ne descendent pas dans le pied du

pédoncule : elles se dirigent en dedans, franchissent la couche

grillagée, la zone de Wcrnicke, et arrivent à la partie antérieure

de la capsule blanche du segment antérieur du corps genouillé

externe. Plus bas, là où il y a fusion des segments antérieur et

postérieur du corps genouillé externe, ce faisceau dégénéré a

quitté le corps genouillé externe et s'est rapproché delà ligne

médiane. Dans les coupes qui portent sur la portion la plus anté-

rieure de la commissure postérieure, ce tractus occupe la lisière

de la calotte : il est situé, d'une part entre la calotte et le corps

genouillé interne, d'autre part, entre les deux corps genouillés

mais plutôt sur le terriloire du corps genouillé interne. En

avant de lui se trouve le ruhan de Reil supérieur (médian).

Plus bas encore, il est en arrrière du bras postérieur des tubercu-

les quadrijumeaux, jusqu'à ce qu'enfin il ait franchi la limite ex-

terne de la calotte pour arriver au tubercule bi-jumeau anté-

rieur.

Troisième émanation dégénérative. Les coupes portant sur la

moitié postérieure du tubercule quadrijumeau antérieur décèlent,

à peu près à la hauteur des noyaux du pathétique, de longues

libres dégénérées qui, sorties du pied du pédoncule, en contour-

ncnt en dehors la partie externe, pour traverser, en se dirigeant

en arrière, la zone grise intercalée entre le ruban de Reil supé-

rieur (médian) et le bras postérieur des tubercules quadri-ju-

meaux. Elles occupent donc la frontière qui sépare la calotte du

corps genouillé interne. Ce sont : les fibres aberrantes superficiel-

les 1)osté*o-extei-ies du pied du pédoncule cérébral, ou 2)es leit-

Archives, 2- série 1905, l. XIX. 4

GO revue d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques.

nisclls profundus de Dejerine (Ites lemniscus de 31eynert, fasci-

cules aberrants superficiels externes de Long.) p, K81{A\'AL.

VII. Nouvelle contribution â l'anatomie-pathologique de

la sclérose latérale amyotrophique ; parA. -\ . S\Rt;0. (Nel/-

jj-olog. C'entIvcIGI., XXI, 1UO ! ,)

Figures montrant que l'écorce, la protubérance, le bulbe, la

moelle sont le siègl' (l'allé l'll 1 ions mal'(luées, tant sur les cellules

que sur les fibres. L'appréciation de leur degré permet de dire

qu'elles ont débuté parla moelle. Il existe une dégénérescence

des colonnes de Clarke et du faisceau latéral du cervelet ; celle-

ci tient peut-être ce que la maladie, ron[l'llil'l'ml'nLil l'Jlahitu-

de, a commencé par la région lombaire, ce qui expliquerait pour-

quoi jusqu'ici les colonnes de Clarke ont généralement élé trou-

véea saines. Elles peuvent cependant être affectées quand la ma-

ladie débule par la région cervicale : \Or. Spi lier, A case nr,elcoo.

in Conlribulion i'roni the William Pcppcriabot'atory... Philllllel-

phie 1900. l'. hE121 ? 1L.

\'111. Le faisceau antéro-latéral direct des pyramides ;

par W. G. SPILLER, (Neurolog. Centralbl" XXI, 1902.)

L'auteur rappelle qu'il a décrit un faisceau qui se détache de la

partie latérale la plus externe du faisceau ly ramiclal, un peu au-

dessous du plan d'entrée de la cinquième paire dans la protubé-

rance. 11 s'en détache d'abord graduellement. Plus bas, dans la

protubérance, il se porte brutalement en arrière et un peu en

dehors du faisceau jnramidal, pour pénétrer dans le corps Ira-

IIézoUc..1n point de jonction de la protubérance et du bulbe,

ces fibres sont en dehors de la partie supérieure de l'olive infé-

rieure. L'olive en augmentant de volume le repousse en arrière,

de sorte qu'a l'endroit où elle possède le plus fort diamètre, le

faisceau en question occupe la périphérie postérieure et externe

de cet organe. Au-dessous de l'entrecroisement des libres motri-

ces, il subsiste sans avoir changé de côté, sans s'être entrecroisé.

Dans le bulbe, il occupe une place semblable à celle du faisceau

de Govvers. Il doit naître au niveau de la capsule externe et du

noyau lenticulaire.

.1. S. Iï. Iiussel en décrit un autre qui e-4 situe vis-à-vis de

l'angle anléro-exterue de i'olive inférieure, landis que celui-ci

occupe le cotepostero-externe de celle olive. Le faisceau de Rus-

sel semble, dans la moelle cervicale, être plus en avant que lui.

Le faisceau d'Jleh\eg ou lnri-olivairu de Gechlcrovv est dans la

moelle situé un peu plus en avant que le faisceau de 5[Iiller.

SI. liâmes (Emin, XXIV, p. 4G3) aprécisé l'identité de ce dernier,

dont les fibres se dissocient dans le troisième serment cervical

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 51

et cessent de constituer un faisceau dans la région cervicale infé-

rieure : parfois, néanmoins, on les peut suivre jusque dans la

région lombaire. 11 existe donc : un faisceau pyramidal direct,

un faisceau antéro-latéral direct des pyramides, nn faiceau 1')-

ramidal entrecroisé. l'. 1lER.tV1L.

IX. -, Biologie et travail de la cellule nerveuse centrale;

par P. Kronthal. (Neurolog. Centralbl., XXII, 1903.)

Tous les processus psychiques doivent être produits par deux

facteurs agissant toujours de concert. De la périphérie constam-

ment exposée il l'action des forces partent des excitations qui

sont constamment conduites au sein des cellules centrales ; ce)-

les-ci les renvoient passivement à la périphérie parles voies qui

h'y rendent. Ces cellules naissent et meurent continuellement.

Ces deux facteurs échappent complètement à l'influence de l'in-

rliv itlu. Sans doute nous pouvons nous arranger de façon que la

périphérie ne réagisse pas, comme dans la narcose, et alors le

centre mental ne manifeste rien. Mais il n'est pas en notre pou-

voir d'agir sur la naissance et la mort des cellules nerveuses.

Tant que les leucocytes arriveront au système nerveux central,

les cellules nerveuses naîtront et mourront. Les processus ly-

chiques sont tous des propriétés de l'organisme global, mais non

celles des cellules en particulier. Dès que le système nerveux

central est lésé, l'aclil ité mentale présente des troubles parce que

les communications étant anéanties, l'influence réciproque des

organismes élémentaires qui constituent le metazoon se trouve

altérée. P. Keraval.

X. Trajet anormal du faisceau pyramidal ; pur E.

Straeussler. (Neurolog. Centralbl. XX, 1901.)

Homme de 6G ans, mort 58 jours après une attaque d'hémi-

ptegie gauche. A l'autopsie, rien d'apparent dans l'o.'ôane cen-

tral préposé aux paralysies. L'artère svivienne droite contientun

tttromhus ol'ganb¡", pol pifol'IIIl', qui obture la lumière de l'artère

moins un étroit canal. Ces pièces n'ont pas été examinées au

microscope. 31ais on a, par la méthode de llarclti, cturlic la dé-

générescence du faisceau ly ramitlal, dans le pédoncule cérébral,

la protubérance, le bulbe ; elle présente les limites des p) l'ami-

des en rapport avec le côté lésé.

Voici l'anomalie (figures.)

A parti ! 'de la portion inférieure de l'entrecroisement, en un

point où contre le bord interne de la corne antérieure du côté

opposé, se dessinent les trousseaux- du cordon entrecroisé anté-

rieur de Hoche, il existe une dégénérescence éparse qui se perd

dans le territoire du renflement cervical, au niveau du Ge seg

52 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

ment cervical : les fibres sont en dehors du champ du cordon an-

térieur des pyramides.

Après l'entrecroisement, les libres de ce cordon qui correspon-

dent au côté lésé s'éloignent de la périphérie : on en retrouve c

cependant quelques-unes vers la pie-mère dans la moelle cervi-

cale inférieure ; et, dans la moelle dorsale, elles forment un

trousseau ininterrompu qui va jusqu'à la périphérie antérieure

de la moelle où elles décrivent un crochet de côté ; ce système

est encore distinct plus bas dans la moelle lombaire supérieure

et, dans la moelle sacrée, il est aussi marqué par quelques débris

isolés.

Le cordon latéral des pyramides du même côté est atteint jus-

que dans'la moelle lombaire supérieure ; la dégénérescence est

«les plus accusées dans la moelle dorsale.

Le cordon latéral entrecroisé conserve, dans la région de l'en-

trecroisement, ses limites normalesenavant, mais, latéralement,

il envoie nombre (le faisceaux jusqu'à la périphérie, envahissant

ainsi le champ du cordon latéral du cervelet.

Dans le renflement cervical la dégénérescence de l'aire du cor-

don latéral des pyramides pousse une pointe ininterrompue en

avant et en dehors dans le territoire du faisceau de Go\Yers dont

elle occupe la plus grande partie. Les zones limites externes et la

zone mixte des cordons latéraux sont envahies par des trous-

seaux dispersés, de sorte que la corne latérale est entourée de

débris de dégénérescence ; ici le domaine du cordon latéral du

cervelet est en une zone étroite assez purement conservée.

Dans la moelle dorsale, le faisceau pyramidal se colle étroite-

ment aux cornes postérieures et dépasse en avant la corne laté-

rale, de sorte que la limiLe latérale n'en est pas du tout distincte.

La dégénérescence dans l'aire du faisceau de Gowers diminue

fortement d'étendue en descendant mais elle n'a complètement

cessé que dans la moelle lombaire. P. Keraval.

XI. -- Examen histologique du système nerveux central

d'un malade affecté d'idiotie amaurotique familiale de

Sachs; pare. FIOEY. (Neurolog. Centwclbl.,1\.19U1.)

Idiot de 18 mois, athrepsique, rachitique, à front très bas,

aveugle mais cherchant la lumière. La macula sous forme de ta-

che bleuâtre mesure un diamètre papillaire 1/2 : les limites en

sont indistinctes, le milieu en est occupé par un point rouge-ce-

rise d'un cinquième de diamètre papillaire. Les papilles d'appa-

rence normale sont cependant un peu plus brillantes que d'ha-

bitude et les vaisseaux y sont un peu étriqués.

Déglutition difficile, salivation profuse. Membres supérieurs en

flexion au niveau des mains et des coudes.- Pieds équins. Cou-

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.- 53

fracture spasmodique des extrémités. Constipation. Mort, d'é-

clampsie après 2 mois de séjour à l'hôpital.

Autopsie. Consistance cartilagineuse de l'écorce des lobes

frontaux et pariétaux, du cervelet, de la partie du centre ovale

contiguë au corps calleux. Moelle plus dure que normalement :

substance blanche des cordons postérieurs de la moelle dorsale

inférieure un peu grise et luisante. C'est tout.

Traitement des pièces par les procédés de \Iuellcr, Marchi,

et \1'olLcrs (ligures.)

On constate une dégénérescence descendante des pyramides,

surtout des cordons latéraux, moindre des faisceaux de Gowers et

des faisceaux cérébelleux. Les cordons postérieurs, notamment

les cordons de Goll, sont dégénérés dès la moelle cervicale jusque

dans la moelle dorsale inférieure : on remonte ainsi jusqu'à leurs

noyaux bulbaires. La substance grise, celle surtout des cornes

antérieures de la moelle cervicale, contient des débris de myé-

line : dans la moelle sacrée, l'altération, insuliforme, empiète sur

les groupes médians, latéraux, centraux des cellules.

Dégénérescence excessive des pyramides du bulbe, de la for-

mation réticulaire, des pyramides de la protubérance, des fibres

prolubérenlielles transverses; moindre du ruban de Reil, des pé-

doncules cérébelleux supérieurs. Intégrité des colonnes de Clarke,

des corps restifolnc·s, de l'hypoglosse, du trijumeau, de la subs-

tance de Soemmcl'ing', de l'entrecroisement des pédoncules céré-

belleux supérieurs, de l'oculomoteur commun.

Amyélinie de la partielle la'couche optique qui reçoit les fibres

centripètes de l'écorce. Intégrité des noyaux rouyes. Altération de

la portion médiane et ? latérale du pied du pédoncule, et de la

capsule externe. La'capsule interne est surtout dégénérée dans

les points où les pédoncules cérébraux commencent à se dévelop-

per (mottes de myéline et cellules granuleuses). Intégrité du

noyau lenticulaire, de la commissure antérieure, 'du corps calleux.

Magnifiques [dégénérescences corticales principalement des as-

cendantes, du lobe occipital ; amvélinie moins absolue des lobes

frontaux et temporaux : déchets de myéline plein les vaisseaux

et en dehors des vaisseaux,'1 très peu de fibres radiaires, pas de fi-

bres tangentielles. Aucun élémentdïnflammalion. Cellules pyra-

midales extrêmement dégénérées'tout à fait déformées. Aucune

anomalie de formejlcs circonvolutions, des sillons. Volume, du

cerveau normal. .

Le noyau dentelé du cervelet, la substance blanche cérébel-

leuse, contiennent énormément de gros'grumeaux'de myéline :

les altérations sont moins^prononcées dans les circonvolutions de

cet organe. Dégénérescence nette de la bandelelleoptique et du

chiasma. Nerfs optiques indemnes.

Conclusions. Ce- n'est pas un arrêt de développement conzé-

54 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

nital. C'est un processus dégénératif exclusivement extra-utérin,

qui a porté sur tout le système nerveux central, et avant tout

sur l'écorce des hémisphères cérébraux ; il s'en est suivi une de-

cneance des libres du cerveau moyen, protubérance, cervelet,

bulbe, et de la moelle. Ce processus est descendu par les cornes

antérieures, puis remonte parles cordons postérieurs (dégénéres-

cence ascendante). P. Keraval.

XII. Piqûre de la 3° paire dorsale gauche au niveau du

ganglion spinal parA. VALLI ? NBERG(\Teccrolng. CtJl1tra/ú/, XX

1901.)

Ce nerf a été piqué au point où il sort delà colonne vertébrale,

c'est-à-dire près du ganglion spinal. On constate : 1° une faible

hypo-osthesiedo la peau dans la région comprise enlre le ster-

num et le mamelon gauche, «surtout prononcée le long du 3° car-

tilage costal ; 2° une forte hypo-osthesio le long de la face interne

du bras du même côté, à partir de la cavité axillaire jusqu'à 9

cenlim. au-dessus de l'épilrochlée. 11 existe aussi de l'11) po-el'-

thesio le long de l'épine de l'omoplate : celle-ci pourrait prove-

nir des lésions accessoires. (Figures.)

Enfin, au début, le malade a éprouvé delà dyspnée et une sorte

d'angoisse précordiale. Ces phénomènes rapprochés du ralentis-

semcnl prolongé du pouls pourraient bien tenir à la section des

rameaux sympathiques de la 3° paire dorsale, qui vont au plexus

aorlique, au plexus pulmonaire, et, indirectement, au plexus car-

diaque. P. 11ERA ? 1L.

XIII. Un cas de lésion traumatique de protubérances

sans lésion du crâne, par ST-ORLOwsKt. (Neurolog. 'Cel1-

tralbl. XX. 1901.)

Un homme reçoit un coup de couteau au côté droit de la nu-

que. Il détermine : 1° adroite, une paralysie du trijumeau, de

l'ncnlomoteureaLerne,chlfacial,del'acouslir[ne; 2° à gauche, une

hémiparésie passagère et une hémiparésie persistante. C'est la

la paralysie alterne inférieure de llillarcl et Cubler.

Au moment do l'attentat, il tenait la tôle fortement fléchie en^ /

avant et vers la gauche. Le couteau long et étroit a perforé la

couche musculaire et la membrane obturatrice postérieure, tout

contre le bord externe du trou occipital, et a pénétré dans la ca-

vilé crânienne, en se dirigeant en avant. Son tranchant a dû

rester parallèle à la surface du bulbe, ce dernier étant demeuré

intact sur presque toute sa longueur.

Il faut distinguer dans le complexus symptomatique les dégâts

directs et ceux en rapport avec la compression déterminée par

l'hémorrhagie. Ainsi l'hémiparésie passagère tient à la compression

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 55

de la partie antérieure de la protubérance, mais pas l'ltémianee-

thésie. 11 y a lieu de, croire qu'il y a eu lésion du côté droit de la

protubérance, et, par suite, du ruban de Reil, des noyaux des

nerfs crâniens ; une hémorl'ilagic inlnt-Cl'rèI1l'ale peut également

avoir défruit une certaine portion de la substance du cerveau.

Le novau du facial a été le plus atteint. La parésie de l'oculo-

moteur externe, légère et transitoire, ne tenait peut-être qu'à

une compression hemorrtiagiquedu 110) au, Plus affecté, II' no) au

sensitif du trijumeau ; l'intégrité de son noyau moteur trace la

limite supérieure du foyer.

Le territoire nucléaire de l'auditif est bien trop grand pour

qu'une lésion circonscrite de J11'o[ub"I'an('e l'ull'aÎnu une sur-

dite totale : l'ouïe, ici, a été très atteinte adroite mais elle s'est

améliorée ultérieurement; le nerf cocliléairc nLaiL 1(·s(·. Au nerf

veslibulaire, ou au noyau veslibulaire, ou encore au pédoncule

cérébelleux moyen, il convient de rattacher les troubles de l'é-

quilibl'e constatés ; une lésion du tronc de l'auditif peut encore

les produire. C'est à l'irritation du nerf veslibulaire (canaux se-

mi-circulaires), que se rattache le nystagmus enregistré (Cyon,

11ecI1LI'I'c\\-). Aux canaux semi-circulaires altérés d'un côté on

pourrait imputer les troubles de coordination des membres droits,

qui disparaissent sous l'influence d'nn point d'appui.

Cet homme est menacé de perdre l'oeil droiL par ophtalmie

neuro-paralytique, en vertu du concours de la paralysie du facial

et de celle du trijumeau : il ne peut fermer l'aeil, est privé du

réflexe palpl'hra], de l'action trophique des fibres du trijumeau,

a de l'alle;,lhéie cornéenne et conjonctivale ; la kératite s'ins-

talle. P. Keraval. -

XIV. S'agit-il d'une atrophie musculaire d'origine né-

vritico-spinale ou d'origine myopathique ; par T. CORN.

(Xew'olog. Centralbl. t11, 1902.)

Une fillette de 15 ans dont l'hérédité est peut-être un peu char-

gée se plaint depuis trois ans d'un affaiblissement progressif des

membres inférieurs. On constate : paralysie de tous les muscles

innervés par le sciatique poplité externe des deux côtés accom-

pagnée de contracture des pieds (aspect varus-équin) ; faiblesse

des muscles du bassin et surtout du moyen fessier des deux côtés

également ; pseudo-hypertrophie des mollets ; diminution ou

disparition de l'excitabilité électrique de tous les muscles para-

lysés qui sont innervés par le sciatique poplité externe ; réaction

ilégénéralivc partielle des deux extenseurs propres du gros orteil.

Intégrité des réflexes tendineux et de la sensibilité, mais il y a

eu au début des douleurs lancinanles. Etat normal de la face, du

tronc, des extrémités supérieures : le visage est cependant un

peu bouffi, les mouvements do la physionomie sont faibles.

GO REVUE D'ANAI OMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

L'atrophie musculaire progressive est indubitable.

La démarche, l'examen de la motilité, le début de l'affection

par les petits muscles des pieds, 1'tt-o de la malade, la réaction

dégénérative partielle, les douleurs lancinanles du début, sont

en faveur de la névrite spinale de Charcol, 31arie, Hoffmann,

- mais c'en serait une forme atypique il cause de la paresieha-

live des muscles du bassin, et de l'hypertrophie des mollels.

Est-ce dû la dyslropbie musculaire progressive ? Ce diagnostic

aurait pour lui : l'hypertrophie des mollets, qu'on la considère

comme réelle ou pscudo-hypcrlrophique, la participation pré-

coce des muscles du bassin, la conservation de la sensibilité, l'âge

de la malade, le faciès quelque peu myopalliiduc. L'intégrité des

triceps fémoraux explique la persistance des réflexes palellairrs.

Mais ce serait aussi une forme atypique iL raison de l'existence

de la réaction dégénérative de concert avec le début de la para-

lysie par le groupe, des muscles qu'innerve le sciatique poplité

externe.

ll n'y a pas de diagnostic possible. P. hrR.tv.tt..

XV. Un cas de chorée chronique progressive avec au-

topsie ; par le Dr de 1,'uci. (Journal de Neurologie, 1904,

no 17.) .

Les conclusions dégagées par l'auteur-peuvent se résumer

ainsi : Dans la chorée chronique le trouble hyperkinélique est

fonction du faisceau extra-pyramidal et de ses centres : rien ne

s'oppose à ce que la démence y soit primaire. Les lésions hosto-

pathologiques de la chorée chronique rencontrées jusqu'ici n'of-

frent pas d'unité et sont d'ordre encéphalilique, gliolique, dege-

nératif, etc. Ces différentes lésions reconnaissent vraisemblable-

ment une étiologie variable. La chorée chronique est une affec-

lion héréditaire et familiale due vraisemblablement a une résis-

tance insuffisante des centres psycho-moteurs. Cette pathogénie

se rapproche de celle de l'épilepsie tardive, (lu tremblement sé-

nile, de la myoclonie familiale, etc. G. Deny.

XVI. - Histopathologie de la paralysie générale ; par le Dr

de Bock. (Bull. de la Soc. deméd. mentale de Belgique, 1,1()'i,

no 117.)

Se basant sur l'étude histologique, à l'aide des méthodes les

plus récentes, de dix cas de paralysie générale avérée, l'auteur

admet que cette affection est constituée par une encéphalite chro-

nique d'origine loxi-infectieuse. Il ne se prononce pas sur la na-

ture, spécifique ou non, de cette loai-infeclion, qui intéresse fous

les éléments du cortex sans qu'il soit possible de dire quel est

celui d'entre eux qui est atteint le premier. En fout cas, quand le

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 57

processus est en pleine évolution on assiste il la régression des

éléments parenchymateux qui commence par lescorps cellulaires

elles tubes de myéline pour finir par les lihrilles cy lindraviles.

La conclusion qui se dégage de l'ensemble de ces recherches

c'est qu'il n'existe pas de lésions spécifiques de la paralysie géné-

rale et que le diagnostic histopathologique de celte affection doit

être fondé non sur la considération d'un seul élément, mais sur

l'ensemble du tableau qui comprend les altérations vasculaires

avec leur manchon cellulaire péri vascu lai re composé en grande

partie de cellules ])1amatiqnes, les cellules en bâtonnet, la dis-

position irrégulière des couches cellulaires, les cellules nerveu-

ses sclérosées, la disparition des fibres tangentielles et suprara-

diaires, l'altération profonde des fibrilles intracellulaires, etc.

31. de Buck admet, en outre que les cas de paralysie générale il

forme expansi\e et délirante sont remarquables par le grand

nombre de cellules présentant le mode de régression chromolv ti-

que (chromolyse, achromalose, désagrégation moléculaire, dégé-

nérescence graisseuse, etc.), tandis que les formes démentielles

pures se manifestent surtout par la présence d'un très grand

nombre d'éléments cellulaires sclérosées. G. 1).

'111. Hypertrophie et lésions (tumeur) du ganglion sym-

pathique cervical dans un prétendu cas de paralysie gé-

nérale ;par le Dr de IkCK, (Bull, delà Soc. de 111éd. ment, de

Belgique, février 1904.)

Observation d'un homme de 4G ans qui était atteint d'un de-

lire généralisé et incohérent avec agitation et quelques signes

physiques de paral;siegenerale,al'autopsieduquel on trouva une

sclérose du foie, des reins, de la rate, etc.,et un volumineux fibro-

sarcome du ganglion supérieur du sympathique cervical gauche.

Les centres nerveux ne présentaient aucune lésion macroscopi-

que ni microscopique.

En présence de ces résultats, l'auteur estime qu'il a eu affaire

non aune paralysie générale, mais à un délire d'origine infec-

tieuse ou toxique. Quant à la lésion du sympathique cervical,

elle aurait seulement déterminé les (roubles pupillaires consta-

tés pendant la vie du malade. G. D.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE

I. De la chorée de Huntington ; par G. Renuart. (Ru/l,de

la Soc. de méd . ment, de Belgique, 1904, n° 116.)

L'auteur relate quatre cas de chorée de Huntington et l'appelle

les principaux caractères de celte alleclionqui est essentiellement

]J("rédilairc Pt.famil iall',ne si; rencontre jamais avant la trentième

année, s'accompagne toujours de troubles psychiques dénature

démentielle et se termine invariablement par la mort au bout

de 10, 20 et même 30 années. G. D.

Il. -A propos du syndrome de Raynaud ; par le 1) P. 31a-

soin. (Bull. de la Soc. de mérl. ment, de Belgique, H)Q4, n°

114.)

Adoptant l'opinion des auteurs qui font rentrer dans le syn-

drome de Raynaud la plupart des troubles angio-lrohho-neuru-

tiques (asphyxie des extrémités, acrocvanose, érv fhromélalgie,

oedèmes spéciaux de la main ou du pied, etc.), ,\1, ,\1asoin relate

l'observation d'une femme de 48 ans, idiote et épilelllirtue, dont

le membre inférieur droit est terminé en forme de massue avec

hypertrophie du (issu cellulaire sous-cutané, oedème dur, cya-

nose de la peau, etc.

Sans nier que des lésions nerveuses, incontestables dans le cas

présent (raideur des membres inférieurs, exagération des ré-

flexes tendineux), puissent provoquer à la longue de semblables

troubles angio-tropho-neurotiques, l'auteur incline à croire

qu'en réalité les altérations névritiques, sivolontiersincriminées,

sont plutôt le résultat que la cause de pareils troubles. Ceux-ci

seraient conditionnés tantôt par un spasme des vaisseaux (hys-

tériques) ou par une lésion des tuniques artérielles, tantôt par

des lésions centrales avec dégénérescences périphériques (idiots,

(hilepliclùes). G, DENY.

111.- Nystagmus associé ; par E. 5TR.1NSK5 ? ( \'eurolog.

Ct'Mft-M ? XX, 1901.)

Prenez un individu indemne de tout trouble du côté de l'appa-

reil optique, dioptrique, locomoteur des yeux, indemne égale-

ment d'affections organiques du système nerveux, de tout nys-

tagmus apparent, et ouvrez-lui avec précaution au maximum il

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 59

l'aide des doigts la fente palpébrale ; puis, priez-le de fermer

l'oeil en dépit de cette résistance, mais lentement, vous verrez en

quelques cas les contractions convulsives de l'orbiculaire palpé-

hral qui lutte contre l'obstacle s'accompagner d'une oscillation

rapide du gtohedet'oeii, horizontale ou oblique.

Quand les efforts du patient sont assez énergiques pour qu'il

surmonte partiellementou totalement la résistance, le nyslagmus

cesse généralement, notamment lorsque l'oeil est dévié en dedans

et en haut : toutefois on le voit parlois encore même quand le

globe occupe celle position. 11 n'est pas rare de l'observer rien

qu'en maintenant simplement en haut ou en levant simplement

la paupière supérieure : cela suffit pour provoquer des contrac-

tions clonicotoni(p]es dans le constricteur. 11 existe cependant

des sources d'erreur. Tels les tremblements du globe au moment,

d'une trêve : il faut s'assurer préalablement s'ils ne surviennent

pas quand les paupières jouissent de leur écorlement naturel, et

procéder aux examens en faisant fixer le, sujet en avant. 11 faut

aussi se délier du déplacement delà conjonctive hulhaire : quand,

par exemple, le globe est dans la rotation en haut, le réseau vas-

culaicc do la conjonctive se déplace si rapidement de côté et

d'aufu sur le réseau vasculaire épiscléral, qu'on peut croire à un

tremblement continu de l'oeil entier. N'attribuons donc la valeur

d'un résultat positif qu'en expérimentant sur les deux globes COI !

vC1'geal1t en avant.

Quatre observations il l'appui. Discussion.

« C'est, dit l'auteur, un phénomène sui gencris : ce n'est pas il

vrai dire du nystagmus. C'est, un mouvement associé (i-émulant

de muscles synergiques. Il émane de l'excitation du noyau du fa-

cial oculaire qui irradie par le faisceau longitudinal postérieur. »

P. Keraval.

IV. Ophthalmoplégie interne traumatique ; par E.

SCHULTZE, (Centralùl. f. Nervenhcilh, XXVI, N. F. XIV, 1903.)

Un homme de 45 ans est affecté d'une mydriase persistante

de [' ! T'il gauche ; toute réaction à la lumière, à l'accommodalion,

à la convergence y a disparu; il est incapable d'accommoder

'sans appeler il son aide des verres convexes de 2 D à 2 I) 5. En

un mot il existe une paralysie isolée du muscle ciliaire et du

sphincter irien. M, Schullze pense qu'il s'agit d'une lésion du

noyau de l'oculomoteur commun, probablement d'une hl'll1ol'-

rtiagie. P. KERAVAL,

V, Des vomissements stercoraux dans l'hystérie ;

par L. E. Cregman. (Neurolog. Centralbl., XX., 1901.)

11 s'agit d'une hystérique de 23 ans qui présenta de l'hématé-

60 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

mèse, des vomissements stercoraux, du méloena, un prolapsus

rectal, de la dysurie, de l'aménorrhée. La multiplicité des acci-

dents, leur versatilité, l'action sur eux de l'influence morale, l'a-

lnélioraliun si considérable qui a suivi l'intervention opératoire

contre le prolapsus, tout indique la nature hystérique de la ge-

nèse.

Les vomissements stercoraux s'accompagnaient de suspension

des selles et de celle des gaz. L'occlusion intestinale étaità croire,

mais l'inconstance de l'effet évacuateur des douches d'ilégar

permettait de penser il un obstacle intermittent, il la circulation

des matières ou à une obturation variable du calibre de l'intes-

tin. S'agissait-il de contractions spasmodiques passagères ou d'une

atonie quasi-paralytique des muscles du conduit ? L'abdomen

était'assez uniformément tendu, sans saillie spéciale d'anses in-

lestinales. Le vomissement se composait : tantôt d'un liquide le-

caloïde décoloré, tantôt d'un liquide contenant des crottes plus

ou moins grosses. Impossible de déterminer le siège de l'obsta-

cle qui tantôt pouvait occuper l'intestin grêle, tantôt pouvait sié-

ger dans le gros intestin. Une opération exploratrice eût.ete mal-

honnête. La facilité avec laquelle chez ces malades apparaissent

les symptômes les plus inquiétants laisse il penser que, sur ces-

lorrains de la prédisposition né, ropalhir¡ue et rIe l'h prrexcila-

hilité réflexe, des altérations insignifiantes suffisent à déchaîner,

les (roubles fonctionnels les plus graves. Peut-être avait-on

affaire à des mouvements anlipéristalliques (Kothnagel, Cruetz-

ner, Kirstein, Iühsall1, Iloor\\"eg, Briquet, 'l'l'el" es).

L'hématémèse est, à raison de l'évolution, inexplicable par un

ulcère de l'estomac. Les hémurrliagies intestinales concomilan-

tes, l'hémoptysie des commémoratifs indiqueraient l'hémophilie

que réfute l'histoire et l'examen de la malade. L'origine, buccale

ou pharyngienne du sang de l'estomac ne s'applique pas aux '(

symptômes si divers et si graves du côté de l'intestin dont la sur-

face est du reste lisse (prolapsus), intacte. Il n'y a ni ulcère gas-

trique, ni ulcère intestinal/C'est une réaction insolite des mu-

queuses. - P. KERAVAt .

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE

I. Fréquence et étiologie de la~démence précoce ;par .1.

CROCQ. (Bull. de la Soc, de médecil1e, ment. de Belgique, 1903

ne117.) 1

Les-recherches de l'auteur ont porté sur 150 hommes et 150

temmes. Sur ce total de 300 malades, il a trouvé 47 démences

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. Gl

-précoces, soit 15, 66 % (non compris les délires systématisés) dont

l'J chez des hommes et 28 chez des femmes, ce qui donne pour

les premiers la proportion de '1 ? ,66%, et' pour les secondes de

18,51 %.

Au point de vue de l'âge, le plus grand nombre des cas a élé

observé, chez les femmes, entre 30 et 35 ans et chez les hommes,

entre 20 et 30 ans : la démence précoce (précoce eu égard au dé-

but des troubles mentaux plutôt qu'au point de vue de lage)

serait donc plus tardive chez la femme que chez l'homme.

M, Crocq s'est efforcé ensuite de déterminer les facteurs étio-

logiques qui ont donné naissance il la maladie. Sur ces 47 cas, il

a noté 32 fois des antécédents névropalhiques ou psychopathi-

ques, soit une proportion de 68,08 %.

Parmi les causes occasionnelles, l'auteur croit qu'il faut placer

en première ligne les chagrins chez les femmes, le surmenage in-

tellectuel al les traumatismes crâniens chez les hommes. Pour dé-

montrer la réalité de ce dernier facteur étiologique de la démence

précoce, )1. Crocq, cite les observations de quatre malades (3

hommes et 1 femme) le développement de l'affection a été pré-

cédé plusieurs mois ou plusieurs années auparavant d'un violent

traumatisme du crâne. G. 1)nNV.

11.-De l'obsession dans ses rapports avec la psychasthé-

nie curative ; parle Dr MARANDON de IONTYEL. (73u11. de la

Soc. de méd. mentale de Belgique, 1904, n° 115.) .

L'auteur,dans ce travail,fait le procès de la théorie intellectuelle

el de la théorie aboulique des obsessions, qu'il s'efforce d'expli-

quel' par un trouble particulier de l'émolivité consistant dans

une insuffisance congénitale du capital nerveux émotif des obsé-

des. C'est celte psychasthénie émotive qui serait la cause unique

de l'état obsédant avec son aboulie si caractéristique de l'appari-

tion soudaine de l'idée tvrannique qui s'impose à la volonté de la

lutte énergique et inutile que soutient contre elle l'obsédé des

crises d'angoisse qui éclatent à l'improviste et à des intervalles

variables comme des convulsions, enfin de la rareté excessive du

passage à l'acte alors que la force impulsive qui pousse le malade

est énorme. G. D.

111. Association chez un idiot delamaladie de Raynaud

et de gangrène neurolique cutanée multiple; par le Dr de

BUCK. (Bull, de la Soc. de médecine ment, de Belgique, 1904,

114.)

S'appuyant sur les graves lésionsjjbservéesà la fois du côté du

système nerveux central, des nerfs et des vaisseaux chez un idiot

qui était atteint en outre de maladie de Raynaud et de gangrène

62 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

neurolique cutanée multiple, l'auteur estime que le siège prin-

cipal des lésions qui commandent les 1)I'IICPSlb 'aO-I1lf){l'UI'S pé-

riphériques se trouve dans la substance grise cenfrateperiepen-

dymaire qui constitue l'origine du sympathique. 11 y aurait donc

lieu de décrire en neuropathulogie médullaire le syndrome de

celte substance grise, comme on décrit le syndrome des cornes

antérieures et le syndrome de la substance grise centro-poslé-

, Heure. En un mot, c'est l'altération de la substance grise péri-

épendymaire qui donne lieu aux troubles vaso-moteurs, lrultlti-

ques, sécrétoires, et aux crises viscérales propres il certaines af-

fections de la moelle, ainsi qu'a certaines lroplfuu3v roses. Chez

l'idiot en question, on peut admettre que c'est la constitution

défecleuse ab ouo de son système sympathique, aidée de quelques

irritations périphériques anormales qui a provoqué les lésions

vasculaires ayant abouti à la sclérose et à la gangrène. G. D.

L\. Contribution à l'influence réciproque des aliénés les

uns sur les autres ; par P. Xaecke. (Neurolog. Centmlúl"

XX, 1901.) Observation {l'infection musicale.

Les délires se communiquent extrêmement rarement dans les

asiles. C'est que généralement chaque malade s'occupe de soi, ne

fait pas ou fait superficiellement attention aux autres, qu'il ne

s'établit pas de relations cordiales. C'est- l'inverse de ce qui a lieu

dans la famille, chez les gens mariés : d'où la folie il deux. Il

existe également peu de délirants systématiques qui prêchent

leurs idées délirantes il qui veut ou non' les entendre. Les mala-

des se rendent très bien compte de la bizarrerie des idées de leurs

voisins ; ils en sont peu impressionnés et ne font qu'en rire. Avec

le temps ils deviennent très égoïstes, et leur sensibilité morale

s'affaiblit trop pour qu'ils prennent part aux idées et menées

tl'autrui. JI. \acclcu a ccltcntlanLvu, cn mar 1900, un ltaraly liyuu

général présenter des idées de grandeur spéciales qu'il tenait

d'un de ses compagnons et auxquelles il crovait : la disparition

en fut tout aussi rapide que l'avait été la genèse, tant elles étaient

superficielles ; elles lurent remplacées par ses idées propres." La

crédulité des paralytiques et des débiles est notoire. Nous eu

avons touché un mot dans noire Pratique.de la médecine mentale ,

page 260. Plus fréquente est l'imitation des actes, surtout chez

les débiles et les catatoniques. Tel celui dont parle 31. Kaecke,

qui suivait continuellement un autre malade et marchait du

même pas que lui.

Voici maintenant un cas unique de contamination musicale.

Un imbécile agité, jadis atteint d'épilepsie, chante une série d'ac-

cords sans fin qui imprègnent il ce point un autre imbécile plus

obtus, dyacousique et muet, qu'il répète souvent cette mélodie,

* REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE; 63

longtemps de suite, sur un mode identique ou peu modifié. 1 ?

fredonne une sorte de danse des ours (voir le texte musical dans

le mémoire), ou la chante carrément en s'appujant au mur ou

en se balançant à l'unisson sur une jambe et sur l'autre et sou-

vent en se bouchant les oreilles ou en s'accompagnant, de la

main sur quelque objet sonore. 11 syllabe parfois cet air et y

introduit quelques variantes : de temps à autre il alterne avec

quelque chant populaire. IL agit de même ou à peu près dans

la mesure de ses moyens ; il n'y introduit pas de syllabes ni de

mots, ses gestes concomitants sont plus pauvres et plus rares, il

ne s'élève jamais il la hauteur de chants populaires. Il est évi-

dent que 1). a pris il F. celle mélodie, car F. a habité très

longtemps une chambre voisine et D. l'a souvent entendu dans

le couloir commun : c'est la même suite d'accords, le même ton,

le même rythme. 11 est probable que F. a inventé ce motif : il

est certain quel). est incapable d'en inventer autant. C'est un

cas à placer à côté de la folie imposée. P. Keraval.

y, Sur le diagnostic différentiel de la maladie de Kor-

sakoff ; par les Drs S. Soukhanoff et DONTENKO. (.JOU1'11. de

Neurologie, 1903, nos 2 et 2J.)

Les auteurs passent en revue dans ce travail les différents

complexus S) ntpLuma liclue alpartcnanL à,1'alcuolismc chronique,

il la confusion mentale, à la démence sénile, à l'artério-sclérosc

cérébrale, aux tumeurs cérébrales, la syphilis cérébrale, la pa-

ralyiu générale, à la polioencéphalite hémorrhagique supérieure

etc., qui de près ou de loin peuvent simuler le syndrome de

lvoral : utf : celui-ci est considéré par 3131. Soukhanoff et Rontenko

comme une forme morbide autonome, caractérisée il la fois par

des troubles psychiques (amnésie des faits récents et de la vie

courante, fausses réminiscences, confabulations, etc.), et des

phénomènes poljnév ri tiques, ces derniers n'étant toutefois pas

indispensables. G, )),

\'1.- Un moyen épilepto-frénateur héroïque : le décubitus

latéral gauche ; par ,1. CROCQ. (l3ull. de la Soc. de méd.mcit.

de Belgique, 1cJ04, n 117.)

Le mo\en recommandé par le D1' Crocq, d'après le 1) Iac Co-

naghen (cl'Ialintbuur),cunsiste à placer l'épileptique,au début de

son accès, sur le côté gauche : les convulsions cessent immédia-

tement. « ,JUSqU'il IH'éSl'lI(, aflit'l11e le ))1' CI'OC([, je n'ai, u aucull

accès résister à celle pratique pourvu qu'on l'applique au début

de la période tonique. Je ne doute pas que des exceptions puissent

contredire celte règle, mais je n'en suis pas moins persuadé que

nous possédons dansledécubilus latéral gauche un moyen héroïque

64 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

d'arrêter les accès d'épilepsie et peut-être aussi un procédé de na-

turoàdiminucricurfrequenccet leur intensité. » (1). G. 1).

VU, - Action toxique des troubles viscéraux dans la ge-

nèse des psychoses ; par le D1' DEROUBAIx. (Bull, de la Soc.

de xxécl, ment, de Belriqzce,190u, n° 116.)

Ce travail est destiné il montrer que les maladies du coeUl',e ! H'z

les sujets prédisposés sont susceptibles de provoquer l'apparition

de troubles mentaux par insuffisance fonctionnelle du foie. Les

troubles psychiques offerts par le malade correspondaient au ta-

bleau clinique que certains auteurs décrivent encore sous le nom

de manie chronique, que tl'aulres,hlus nombreux, tendent il ralla-

cher à la démence précoce. Sans se prononcer sur ce point de

nosologie, l'auteur estime que le mieux est encore de considérer

la psychopathie de son malade comme une psychose dégénérative

mise en activité parun l'acteur étiologique de nature toxique, que,

dans l'espèce, il convient de rattacher à un trouble grave de la

glande hépatique. noter que les lésions liistulogiqneb constatées

au niveau des lobes frontaux intéressaient à la lois les cellules,

les vaisseaux et la néloglie. G. 1).,

Zizi. Des limites de la cognition en psychiatrie : par li.

GAUpp. (Centralblatt f. Ncrvcnheitk, XXVI, 1. F. XIV, 1903.)

La psychiatrie a peu bénéficié des recherches anaLomiques, Les

élucubrations inventées par la théorie des localisations, les titeo-

ries édifiées par l'anatomie et ! la physiologie constituent a.,>(,1--

tions sans preuves, toutes arbitraires. La chimie physiologique

n'a point encore produit de travaux capables de servir de ca-

nevas aux problèmes de la psychiatrie. Rien de plus juste que

de collaborer aux recherches de psychologie expérimentale, mais

quant à voir en elle la seule voie du progrès possible, c'est une

autre affaire. Ce sont en réalité l'introspection directe, l'auto-

observation et l'observation d'autrui, dont nous nous servons et

devons continuellement nous servir dès que nous voulons com-

prendre les relations des phénomènes psychiques. Nous en

sommes encore presque absolument à collecter et il décrire de

faits. P. 11E R.\'AL.

IX. Contribution à. l'étude des obsessions syndromi-

ques de la névrose de défense ; par W. STROHMAYER. (Cen-

tralbl. f. Ncrvenlleilk, \\'1, \ F. XIV, 1003.)

Il s'agit d'un homme de 45 ans; il s'est masturbé da nt jeune jus-

qu'à la classe de philosophie ; à cette époque, un de ses camera-

(1) Dans la plupart des cas où ce procède a été appliqué dans

notre service de llicèlrc et il l'Institut médico-pédagogique, il n'y

Il l'Il aucun l'é"lIlllll. (UOUHi\r : 1 ILLE.)

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 65

des lui fait remarquer les fâcheuses conséquences de son vice.

Dès lors apparaît une période de défense. Il lâche de chasser de

son esprit toute image de blâme lui rappelant le souvenir de

ses pratiques génitales ; il est assailli de scrupules, de senti-

ments de honte, de craintes de ne pas réussir. Ses efforts sont

couronnés de succès. Puis les souvenirs s'implantent dans la

conscience avec l'idée de culpabilité qui s'y attache, cette l'ois

sous la forme obsédante. Toute action normale devient puur ce

malheureux le symbole d'une masturbation désirée ou effectuée,

le souvenir de l'action blâmable forçant, avec le sentiment cun-

nexe, la volonté contraire du sujet. A cela se substitue enfin la

tentation anxieuse de saisir les organes génitaux d'autrui et'l'i-

mage de la criminalité de l'acte. Dans sa lutte contre ses idées

obsédantes en faisant appel à ses souvenirs conscients le malade

présente les symptômes de la folie du doute, du délire du tou- ,-

cher, de la misophobie, des scrupules morbides, des obsessions

sexuelles. Quelques années plus tard une récidive a lieu plus

rapide et plus vexatoire. Tout plaisir sexuel excite l'émotion d'un

acte blâmable et par suite, les mêmes efforts de rejet que jadis.

- P. KERAVAL.

X. - Nouvelle contribution à l'étude clinique de l'idio-

tie amaurotico-paralytique familiale de Tay-Sachs, par

Il. HiGiEp. (Nenrolog. Centralùl. XX, 1901.)

Caractérisée par l'atrophie des nerfs optiques, et surtout de la

macula lutea des deux yeux, celle-ci suivant exceptionnellement L

la première, et constituant dans l'immense majorité des cas la

note dominante du tableau morbide, la maladie débute graduel-

lement, chez unenfanlqui s'est normalement développé pendant

plusieurs mois, par de l'apathie, la cessation progressive des mou-

vements spontanés, l'impossibilité de tenir le dos et la tête droits,

de l'ly peretcouaic. Elle sévil sur plusieurs enfants nés hien por-

tants sans règle, sans ordre. Finalement arrivent l'idiotie, le ma-

à la fin de la 22 ou dans le cours de la 3e année de la v ie.

Outre l'atrophie pure du nerf optique, la tache jaune est tranb-

formée en une grande tache blanche assez limitée, plus ou moins

ronde, ayant au centre un point assez rond, rouge-brun : ce point

semble être une lacune il travers laquelle on aperçoit le tissu

sain, mais l'image est celle de l'embolie de l'artère centrale de la

rétine. Il en existe 24 cas, chez des juifs, de Pologne, de Lithuanie,

de la Ilussiedu Sud. L'auteur donne l'observation de deux nou-

velles familles : 3 types.

On ne pourrait la confondre qu'avec de la diplégie cérébrale,

assez rare, affection familiale qui s'accompagne d'atrophie des

nerfs optiques. Seulement ici la période latente est de 7-12 an-,

Archives, 2- série, 190p, l. XIX. 5

66 REVUE lIE PATHOLOGIE MENTALE.

les malades atteignent l'âge de 17 et 24 ans, l'atrophie des nerfs

optiques ne s'accompagne pas de dégénérescence symétrique de la

macula.

Les S autopsies avec 4 examens oculaires que l'on possède Lé-

moignenL d'un processus dégénéra fil', non inflammatoire, du sys-

U'l1le nel'I eux ccnlmlllol'l1la[('mcnL organisé ou défectueusement

construit, survenant dans la lrc année de la vie. Déchéance pro-

gl'essill' dl' gl'andl's ('1.'[111 [es p l'aillidal( ? d(' fihl'l' langl'nlil'I[I ? .

des libres radiaires, de l'écorce. Dégénérescence descendante des

l'aicl'au.\ pl'aillidal1x dans la('apsldt, inll'I'n(', le pédoncule cere-

hml, la pl'oLnh¡"ran('I', II' hlllhl',la 11101'[ll', PIIl l'III'l'nl('nL ! t""ion de

la 1't\('inl'dl'scl'ndanLe dU ! l'ijnllll'(lII, du l'uhan dt' ! ll'i[,du Sl'gllll'nt

]l' l'hl : , ¡',IcI (\ dl ? ('I)I'(lon" de Goill'I dl' rol'IH' an lt"l'il'ul'l'S 1110LI'i('l's,

La rétine révèle : l'alrophie des libres des nerfs optiques, un lé-

ger (J'dl'IIIl' de la couche des cellules nerveuses, un épaissis-c-

11ll'111 dl' la couche moléculaire externe et des libres de Renie

dans Ja tache jaune. L'.t/'oMftcc))'t(<t6'<'unUent une substance

grenue accolée à la couche granuleuse externe; ce;'(, pour Jlnlm,

un débris de l'épithélium pigmentaire ramolli et des filets exter-

ne- des cônes et bâtonnets.

Il conviendrait de bien saisir l'ordre de succession des accidents

du nerf optique et de la macula, uliu de résoudre définitivement

la question de la dégénérescence symétrique de la lâche jaune.

S'il était établi que celle affection hércdo-lamiliale, probable-

ment endogène, enlraîue la cécité avant qu'on ait pu percevoir

aucune anomalie dans le nerf optique, on devrait considérer l'a-

nlaUI'Ol', l'[ 1)('III-t'[I'1' all ? j It dégénérescence delà macula

COlllille Il' 1'¡"Il\[al : ; du 1)('Ot't ? lh dt"g¡"llt"l'alil' dll ('l'I'Il'ali.

. l'. 1\ERA'AL..

XI. Du vomissement de matières fécales dans l'état

de mal épileptique ; par Il. Goktze. (Veurolog. l'crttwsLGl.,

XXI, 1902.)

Femme de 51 ans, épileplique depuis la puberté, internée de-

puis 19 ans. Le 2l av nil 1SJ', Ulo ,t l'alrrè-mirli plu·itur alla-

qucs (l'épilepie ,io1cn[c qui e li'alll'ol'll1cnl ulL¡"l'il'UI'l'IIII'1l1 l'II

état de mal. C'est alors qu'à 5 heures du soir elle vomit plu-

sieurs reprises des substances qui exhalent a plein nez l'odeur

fécalt., et qui ;,unt lIlélallgl\s Ill' pal'cclll' : 3 rI'l' : \(,I't"IIlCIII. A 10

heures tout cesse. Le 8 septembre 1897, de 6 à 9 heures du soir

état de mal suivi du même phénomène. Le 29 août 1899, de 4 il

8heure-du ! -(dr ? et.uu ! 'desaccidenk.LeaeUtt.sdeu)aitdecouiU'

(huée, et de faible infen-ilé, ne déterminent pas de ces voniisse-

mcnb-lit,EIl rI,llol'd( "1 ? illl'idl'nt- l'il'I) dll "t'dl' rlu [uhl' rligl',liJ'.

Jamais de copiophagie. .

REVUE DÉ PATHOLOGIE MENTALE. 01

11 est à penser que le système musculaire de l'intestin con-

t ! 'acturepa ! 'Ie5Spabn]eaconul'-it's a produit une obstruction

passagère. (Voy. les recherches rl'Ussilow. Derrtsr,Tte Zeitsohr. ?

- \'c·rt7eulteilh. XVct.0o;)'f ? t<''ps ? tt'<) 111, 1898.) P. hett.lv-1L.

XII. La théorie des psychoses d'origine toxique ; par

l'. llciBrttc. (l'e,zirvlGlat. ? Ju°rm'nlxeillr, \\1', \. I. \lll,

190 ? . )

Groupons les accidents par séries chimiques : série ¡ ! l'a'51', sé-

rie aromatique, alcaloïdes.

1. -- Ll's composés de la série grasse qui produisent le plus

SOU\ L'IÜ lies tl'Oublt's nH'nl ! ll1\ "0111 : Il' 1'11101'01'01'1111', l'iol\ofol'll1e,

]'alcool, \'('Ihl'I', la pa1'llltllo1l(Il', le C1l101'dl, Il' slIlfonlll.

Ll' l pc dl's PFhop¡¡lhiI'5 de ce gTIIIIPl', (;'l'<1. la fol iL' alcooli-

que iL laquelle ressemblent les autres. (Voy. Lewin Xeúc'1lI'irlil/n-

yetx ler -I r ? reinxittcl, 1899.)'foutcs res psv·Iton·s lounrttit·hl lrien

êll'l' fondues l'n utl gl'Oljpl Ullicltle dont lç. t pJ 111'l'il.t'I'ail. d'ètl'l'

détaillé, car elles émanent de la résorption sans modification de

composés agissant tels quels sur le système nerveux. D'ailleurs

la flill'('OSe qu'ils pl'IHluil'111 a loujoul' le lI1èll1e cal'a('[('I'l' Pl, pal'

suite, sa théorie pourrait s'appliquer à celle de la genèse (les dé-

501'l11'l's IlIL'nl¡¡u\ de semblable origine. Le nombre des groupes

t'>[h liqups (;2115) l'l'nfl'I'I111"S dans la fOl'mule de chacun d'eux

doit jouer son rôle pathogène, el les aptitudes délétères de ces

composés chimiques tiennent peut-être il la propriété, qui leur

est commune, de dissoudre les substances graisseuses. (11. 31eyer.)

11. - 5niu aromatique. Un petit nombre de ces composés pro-

,0111H'nl. des troubles psychiques. L'acide salicylique détermine

du délire avec ou sans dépression préalable. Quelques autres, à

l'occasion, engendrent des désordres mentaux, mais ils sont si

passagers qu'il est difficile d'en tracer un tableau précis, lise

peut que les allures de ces composé- à l'égard des substances

grasses jouent aussi un rôle ]) ? chopat.hogcne.

111.- AlruloldL ? Ll's pl'l'lul'hlllion IlH'ntall'5 qu'il" png'('IHll'enl

sont bien moins homogènes. Du reste ils sont chimiquement si

différents et si peu étudiés qu'itest difficile de s'orienter.

Une subdivision psychochiinique paraît admissible pour l'atro-

pine et la cocaïne ; une nuire pour la morphine et ses dérivés : il

celte dernière appartiennent : troubles psychiques aigus l'l pâs-

siou du malade pour le poison. La nicotine, la quinine, lasan-

toninc, et peut-être aussi l'a«li1 ninuun( t ? alr·mu·nL lt·un intérêt.

Sur le mode d'action des alcaloïdes on sait peu de choses.

L'étude clinique parfaite des psychoses toxiques doit servir d'in-

68 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

truductiun v Iv recherche des substances de l'économie qui don-

nent, naissance à bien des psychoses spontanées : ainsi il est des

folies llllbémles, qui, élanl donné l'aspect des malades,indiquent

l'existence d'une intoxication. P. Keraval.

REVUE DE THERAPEUTIQUE

I. De l'action de l'hédonal sur l'organisme animal ;

har 13. S. Lvmpsakovv. (.Veto.olog. Centralbl., \\in, 1903.)

Hypnotique actif et inoffensif qui, agissant 4 fois [dus que

l'urélbane, possède fous les bons effets de l'éthy lurélbane, san's

troubler notablement le coeur et la respiration. Un peut l'em-

ployer à hautes doses comme narcotique pour les vivisections, et

il peliLe : ; (luse, cOlllmc lll'éliminaire il la chiomfol'lliisaliun, CIH'7.

les personnes anémiques et. délicates, chez celles qui présentent

certains troubles cardiaques, il est moins nuisible que l'hydrate

de chloral. S'administre par l'estomac ou en lavements, non eu

injections hypodermiques. P. Keraval.

II. Essais de traitement des aliénés sans la cellule et

au moyen de l'hydrothérapie ; par.W. ALTER, (Centralblatt

' f. 1\'eroenlaeilla, XXV, X. F. XIII, 1902.) Contribution à

l'hydrothérapie dans les psychoses ; par W. At.Tmx. (ILicl..

XXVI, N. F. XIV, 1903.)

Le premier mémoire a été analysé dans le Progrès médical

(1902, 11°> ¡[u 3 niai et du 19 juillet.) Dans le second, l'auteur

attirme que les bains prolongés pendant 24 heures diminuent

progressivement l'excitabilité générale et l'hyperactivilé céré-

1 ll'ale , Peut-être, cet effet s'uhtienL-il par l'intervention du sys-

tème vasculaire et simplement par la fatigue du cerveau. En

tout cas, ce moyen aune valeur pratique et une importance cli-

nique hors de doute. l'. hF(tA1'.1L.

III. Des paralysies consécutives à l'usage du phos-

phate de créosote ; par L. LOE\\'ENFELD, (Centralblatt f. Na-

cf)t/,c'f0tu(i'<', XXVI, N. F. XIX, 1903.)

Deux observations dont voici le résumé :

Les nerls de la tèledeineurèrenlcoinplèleinentetconstaniment L

, REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. * C'9

épargnés. Les jambes furent les premières atteintes ; la forme de

la paralysie y fut infiniment plus nav e et plus durable qu'aux bras.

-Les muscles de la jambe et du pied furent infiniment plus atteints

que ceux des cuisses. Intégrité de la sensibilité cutanée. Douleurs

et paresthésies passagères n'ayant pas joué de rôlcconsidérahle.

Conservation du phénomène du genou. Disparition de la sen-

sibilité faradique dans le territoire du sciatique poplité externe ;

elle était demeurée dans les muscles du mollet. L'une des

observations (OITS.I), trahit quelque atrophie des mains notamment 1

de l'éminence thénar. Dans l'obs. 11, on relève une atrophie nette

des muscles des jambes el des cuisses rétrocédant après plusieurs

mois. Il est il craindre qu'il ne se produise pas une parfaite gué-

rison, qu'il subsiste des infirmités musculaires dans le domaine

du sciatique poplité externe.

31. Lovvenleld croit aune lésion simultanée des corncsanterieu-

res grises, des conducteurs moteurs périphériques, ainsi que dans

les paralysies infectieuses et lexiques.

Rien jusqu'ici n'a été relevé au point de vue de la toxicité de

la créosote, ou de l'acide phosphorique séparément, quant au

système nerveux. Et cependant les deux observations précéden-

tes prouvent que le phosphate de créosoteest dangereuxau moins

en injections sous-cutanées. P. Keraval.

IV. Du véronal comme hypnotique, par le pr FRANCOTTE.

(Bull, de la Soc. de mérl, ment, de Belgique,, 190-'f, no 115.)

Le véronal a été administré par l'auteur dans des cas d'insom-

nie dépendant de maladies nerveuses ou mentales très diverses :

arll'rio ? c1l'rose cérébrale, mélancolie, neurasthénie, folie obsé-

dante, hystérie, paralysie générale, etc. La dose a varié de 25 cen-

tigr. à 1 gr., 111'ie le soir en se couchant dans une infusion d'eau

chaude. D'une demi-heure a une heure après l'ingestion, il se

produit, dans le plus'' grand nombre des cas, un sommeil calme

suivi d'un réveil exempt de tout malaise. G. D.

y, Principes [fondamentaux de l'électrothérapie des

maladies nerveuses; par M, 1)oumrR. (Joul'n. de Neu1'ologie,

1904, nO 19.)

Après avoir démontré la réalité des propriétés curatives de l'é-

lectricité, l'auteur s'élève contre l'idée encore assez généralement

admise que cet agent n'est efficace que dans les affeclions ner-

veuses ou musculaires et s'attache à démontrer, d'une part que,

l'énergie électrique agit sur toutes les cellules de l'organisme en

exagérant leur \ il111lé fonclionnellp, cl d'autre part, que les ma-

ladies qui s'accompagnent de phénomènes inflammatoires gué-

rissent, ou. s'améliorent toujours plus rapidement que celles où

70 SOCIÉTÉS SAVANTES.

ces signes font défaut. En ce qui concerne les affections des cen-

tres nerveux en particulier, ce n'est donc pas comme nnl'admel

communément, il une époque plus ou moins éloignée peruiettuut

de supposer la disparition des phénomènes inflammatoires qu'il

faut avoir recours à l'électricité, maisaussil<ll que, possible après

le début des accidents. G. 1).

1'[. Un syndrome catatonique supprimé par l'inter-

vention chirurgicale ; par K. ! ! oNHOE)'pKR. (CÙJ1, t1'llib ? Xer-

rcnheilla, \\'I, \. I ? \I\', 1903.)

Un homme de 5-1 ans, porteur d'une dépression de la paroi

crânienne du cùlé gauche, présente successivement des lllplù-

mes de parésie, du côté droit, une modification de caractère, enfin

une psychose aiguë avec phénomènes nombreux dans le domaine

Ile la nwlililé. Trois ans après le début des accidents mentaux,

l('n"ol) pie, grimaces, attitudes mécaniques, pseudo-flexibililas

Cel'I'a. (ln 1"'SI'l[lIl' IInp portion du crâne, on enlève une petite

altération de la pie-mère, sans avoir trouvé de foyer au niveau

de la cicatrice crânienne. Tous les troubles disparaissent soudain.

P. Keraval.

SOCIETES SA.VANTES

SOCIÉTÉ DE \LUitOLOGII.

Séance du IedécmnLrv 1,10l.- Présidence de )1. Uéjerine.

R('(wl< : mciI t clJntinu de 1 i'lu ide c' : l,luÛo-I'{/cl¡ id1en l'III' le lie ?

31. Vigouroux montre un malade âgé de 26 ans qui depuis neuf

mois présente un écoulement de liquide céphalo-rachidien par le

nez. La quantité de liquide émise en 24 heures esl d'environ 800

r, c,

Ce liquide analysé par 31. Valeur a la composition du liquide

cnpliitltrracltirlieu. La comparaison avec ce liquide obtenu par

pond ion lombaire est démonstrative. Il contient du glucose il la

dose dk Q,'0 cPnligrammer partit) ? de l'urée à la dose de O¡2d

par litre. La substance réductrice signalée par 31. Guerbel n'a pu

être retrouvée. L'épreuve à l'induré de potasiunmct.euuath.

Torticolis mental ou torticolis spasmoilique.

)DI. 1>1 : )[\SSARY ln TESSIER pl'é,enlent ulle malade dont l't.tat

SOCIÉTÉS SAVANTES. 71

revêt la forme de torticolis .mental avec geste antagoniste..Mai*

les réflexes sont exagérés des deux côtés. La ponction lombaire

n'a montre aucune 1(,¡[(;41cylol', le diagnostic reste incertain. S'il

y a tic mental, la méthode Bi-isstt(1 le guérira ; s'il y a spasme,

une ollération ImuLlre di·culée.

Polynévrite lépreuse unilatérale gauche.

3131. Brissaud et HATHERY, - Il s'agif d'un malade qui lit de

nombreux séjours au Tonkin, ci qui présente à la main gauche la

dt ? ol'nlalion ..n gl'ilr.. L piqn.. a\PC all'41plli.. lIlu-('ulai('o nolalde;

il existe de la dissociation ? l'il1golll{'lique de la sensibilité sur

loul le bord t'uhilal de la main cl de l'avanl-lma. On noie de

plus des crises extrêmement douloureuses à type névralgique

dans tout le bras ut une nodosité du nerf cubital.

Ostéopathie trophique de la hanche gauche.

3131. Brissaud et Rathery montrent un malade all..in[ d'une

osléopalllie atrophique de la hanche d'origine labélique. Le ta-

])es est dans ce cas purement spnsilif et trophique. 11 s'est greffe

sur ces lésions de l'ostéopathie hyllerlnoltltitluc tltt grand trochan-

Lcr et de l'ischion probablement d'origine tuberculeuse. J

Poliomyélite subaiguë ci type scapulo-hurraéral.

3131. GAUCKLER et 120USSY. - Les auteurs insistent sur ce fait

qu'ici la distribution de l'atrophie affecte une topographie l'adit'II-

lail'p, co qui ('t ]a l '1" l' Il' des alll'oll'ophit's lIlyMopalhiljut's ainsi

que l'a monlré 31. le prof. Déjerine. C'est dans 10 domaine des 5"

et Ge paires cervicales que l'affection a commencé et où elle est

le plus accusée, pour envahir ensuite la 7" paire cervicale.

L'absence de douleurs, de irouhlcs delà sensibilité, l'existence

de contractions librillaires et de réaction de dégénérescence jus-

Cilieiit le diagnostic de poliomyélite à marche subaiguë.

Hémiplégie spasmodique infantile. (Paralysie post-spasmodique ,)

31. ,1. Babinsky. - La jeune fille de vingt-six ans que je pré-

sente est atteinte depuis l'âge d'un an dl' troubles 111()Iilité du

côté tlroil. Ce qui frappe surtout, c'esL, d'une pari, une atrophie

du membre inférieur avec pied en varus érittin, d'autre pari, dus

mouvements involontaires du membre supérieur, venant par

accès d'une durée de cinq à dix secondes, et caractérisés par (tus

spasmes donnant lieu tour à tour il (le la relation en dedans eton

dehors, de l'abduction et. de l'adduction du liras, tle, la flexion et

du l'extension de (111 poignet, des doigts, qui s'ecar-

tent quelquefois, prenant une attitude qui rappelle celle de l'a-

1111"[ose, Ils sont, rapides et vinlunls ; quelques-uns durent plu-

sieurs secondes ; on a du la peine il s'y opposer, Ces accès de

72 SOCIÉTÉS SAVANTES.

spasme sont rares au repos, nuls pendant le sommeil, reparais- ·

sent à tout instant lors d'un effort intellectuel ou physique. Les

muscles de la face sont aussi agités parités mouvements spasmo-

diques. Les mouvements volontaires, nuls pendant les spasmes,

sont constamment troublés par une paralysie variable, surtout

prononcée à la suite d'un accès de spasme, très légère au réveil :

il y retard ordinairement long entre l'incitation volontaire el

le début du mouvement. Les réflexes tendineux, peu exagérés au

membre inférieur, sonl normaux au membre supérieur. On note

enfin le mouvement de flexion combinée de la cuisse et du tronc

adroite, el le signe du peaucier à gauche. C'est une hémiplégie

spa : 'lIlodique infanlill', le s ? Ll'lI1e PYl'amdall'st atteint. 31ais la

paralysie a des caractères bien spéciaux intéressants, fluctua-

tions dans son intensité, prolongation du temps de réaction \0-

lontaire, état (les rulleves tendineux très peu exagérés. Comme

on l'a vu, elle semble subordonnée aux spasmes el on peut pour

ce motif lui donner la dénomination de paralysie post-spasmodi-

que.

Myopathie hypertrophique consécutive Ü la fièvre typhoïde

(Dissociation des diverses propriétés des muscles.)

JI. 13 IBl¡. : SKI. Je présente une jeune fille qui, dans le cours

d'une fièvre typhoïde, il y a cinq ans,acte atteinte d'une all'ec-

tion du membre supérieur droit, qui se serait atténuée depuis le

début, mais est encore fort gênante el se manifeste ainsi : une

hypertrophie musculaire vraie du tout le membre, sauf la main,

prédominant à la racine, et associ(·e it l'want-Ira, à une atrn-

phie de quelques muscles postérieurs ; une augmentation de la

consistance des muscles, qui son ! plus durs que du côte sain :

une déformation du membre qui panaîL liée v l'atoophie tles nnt.

cles qui étendent la main sur l'avant-bras, à la raideur pt il 1'11\'-

pertroptue des autres ; une diminution delà contractititeetectri-

que des muscles sans U. ii. une hyperexcilabililé musculaire vis-

à-vis des [incitations volontaires, d'où dérive une exagération

de la synergie physiologique : une augmentation de la puissance

des muscles hypertrophiés ; une gêne dans l'accomplissement de

la plupart des mouvements (de l'extension de la main par atro-

phie des muscles correspondants, des autres mouvements par

exagération de la synergie physiologique, d'où contracture des

muscles antagonistes).

.le ne trouve chez cette malade aucun des signes objectifs qu'on

douve dans l'hémiplégie ou dans la monoplégie brachiale par

lésion centrale, et j'estime que, l'affection doit dépendre, d'un trou-

ble périphérique. 11 s'agit d'un cas de myopathie primitive ou

consécutive à une altération musculaire typhique qu'il convient,

SOCIÉTÉS SAVANTES. 73

de, nommer hypertrophique. Un cas analogue a été publié par

11. Lesage.

Celui que je présente a ceci de remarquable, qu'il montre

qu'une myopathie eL capable de dissocier les diverses proprié-

tés des muscles, (l'al1'aiblil' les une, dl'. ;.umeliyel' quelques au-

ires, rompant ainsi l'harmonie des fonctions élémentaires, et

amenant une perturbation dans le fonctionnement général des

muscles alteinls..Ie rapnellerai v ce su·jeL un plténomi·ne para-

doxal analogue que j'ai l'ait connaître, l'exagération de l'equiti-

hl'e lali(lur pL cOlIlCHlant a' cc l'al1'aibli,spmenL de l'équi lilH'e cinl'-

tique dans certains cas de lésion do l'appareil cérébelleux.

YJvrit" ,cl1sitivo-mot,'ice des extrémités par abus de bicyclette.

3131. Léopold Lévi el Wormser présentent un jeune homme de ? 2 ans atteint de sensations pal'eslhésiqul's des extrémités, d'aho-

liliou des réflexes acbilléens,de diminution des renexesrotutiens,

d'impotence fonctionnelle avec atrophie des divers muscles de la

main et du pied et avec traces de réaction de dégénérescence, ou

(roubles objectifs de la sensibiliLé.

II s'agit d'une névrite sensiti\0]notrice dont la cause est profes-

sionnelle. Pendant les manoeuvres, le malade a fait un abus

forcé de la bicyclelle et le surmenage des muscles des extrémités

joint au surmenage général et au refroidissement, a déterminé

celte névrite. La notion étiologique çsl confirmée par l'apparition

de fourmillements sous la plante du pied dès le 3e jour de l'exer-

cice et par la prédominance des lésions au pied droit due à une

longue course sur la seule pédale droite.

Contribution à la pathologie bulbo-cèrébellcuse.

3131. Léopold Lévy, BosrrmT el 1'.\GUET présentent un ma-

lade atteint du (roubles de l'appareil cérébelleux et dont lescymp-

tômes permettent de localiser les lésions au niveau du bulbe

(foyers de ramollissement multiples).

Un autre malade, également artérioscléreux, est porteur d'une

hémiplégie organique avec troubles hystériques'surajoutes et

syndrome cérébelleux, la localisation paraît la même que pour

le premier malade. Les auteurs tirent des conclusions au point

de vue de l'importance des signes objectifs et de l'histoire gêné-,

raie de l'hystérie.

Sur le phénomène de « déjà vu » ou fausse reconnaissance.

31. D\LLEr présente une femme qui, a la suite de crises épilep-

tiformes peut-être contiliales, peut-être d'origine urémiipie, croit

reconnaître formellement des personnes, des locaux, des objets,

qu'elle n'a certainement jamais vus antérieurement. Ce, trouble

71 SOCIÉTÉS SAVANTES.

se présente chez des individus en état de fatigue, cérébrale et doit

s'expliquer par une altération de la perception.

Sclérose en plaques juvénile.

3131. Dupré et P. Garnier rapportent un cas typique du sclé-

rose en plaques, à marche sullainuo, ayant débuté il v a (i mois,

sans aucun antécédent familial ou personnel saisissable, chez lui

jeune garçon de 19 ans. Début par crampe dans l'avant-bras droit,

PI apparition successive du 1 l'I'I Il h 1 1'1111'11 intentionnel, de la pa-

l'l'sip (les membres inférieurs, des verliges, la([\-

sal'lhl'il', etc. Acluullrnnenl, acconfualion de ces troubles, avec

nyslagmus, amblyopie, asynergie cérébelleuse, dladokokinésie,

démarche l'as du troubles de l'équilibre,

,011liol1lH'1 statique, Au syndrome de la sclérose en plaques, s'a-

joutent des troubles hysléro-neuraslhéniques et phobiques qui

compliquent lu tableau morbide (exagération (1(, stit-

so-hasophobie, etc.) el rendent difficile, dans l'analyse de l'(Olal

mental, l'évaluation exaele d'un ,1,"lkil (lén1PnlÏl'l qui semble

manifeste : éLiologie muette : évolution rapide : terrain jU\l'-

nile : associations psychopathiques multiples : telles sont les par-

licularilus intéressantes de ce cas de sclérose eu plaques.

Poliomyélite curable chez un gymnasiarque consécutive ci des

excès de fatigue.

3131. Raymond el G. Guillaln présentent un malade qui tuf pris

en janvier 1904, en quelques jours et sans infection, 'd'une para-

lysie des membres supérieurs Pl surtout de la racine des membres.

Quelques semaines plus lard : paralysie absolue des muscles de

l'avanl-bras, des dettoides, (te la ceinture scapulaire, des pecio-

raux, avec atrophie rapide, amaigrissement des quadriceps et

marche difficile. Réflexes tendineux abolis, contractions lilrrillai-

res, Pas du troubles de la sensibilité, pas de signes du paralysie

bulllaire. Réactions électriques simplement rlimintlucs sansR. 1).

Amélioration puis guérison.

Voici (loue un cas où, sans doute les produits toxiques, créés

par la fatigue, ont amené une intoxication suit des cellules de la

cornu antérieure de la moelle, soif des nerfs périphériques, soit

des muscles et on[ los3'nrlromeqmnouaavous constaté chez

le malade, il y a lieu d'insister sur les formes curables des polio-

myélo-név rites chez certains malades qui présentent en apparence

une S) mplolllaLologie grave.

,S'tasobn.sopltobie chez un ps ! }ehastheniquc à l'occasion d'une ? 1t'lIl'om ! Josite,

3131. Raymond oL t : un.LAIN présentent un malade incapable de

SOCIÉTÉS SAVANTES. 75

rester' debout immobile, a\I'C 1'¡"ll'Opul ! OIl 11'IIl' qll'jllolld) ! , si on

ne le relient pas. On oelive de l'amyelrulllic de la région aille ro-

P,\ll'l'l1e (le la jamhe, de l'hypertrophie dans la région postérieure

avec contracture, douleur sciatique. Le malade ne peutcomptete-

ment fermer les paupières, ce signe remontant L'extrême jeu-

nesse.

llCtlttclia de 13«sctlovo avec paralysie M/&0 ? tt' asthâniquu.

31 31. 13RISS.-I.UO e[ IhuER présentent une femme de quarante-

six ans atteinte de ll1ala( ! iu de IJasL'rLnw 1) pique L'l a)anl eu, 1\ la

suite de vomissements incoercibles, une asthénie 1res profonde

avec amaigrissement général el atrophie musculaire diffuse.

Comme cette femme a présenté de légers troubles proprement

bulbaires et médullaires, les auteurs rapprochent ce cas des faits

de syndrome de Ilaserlnw coyoliyute Uu syndrome de El'b ou in-

versement. La malade semble donc atteinte d'un goi Ire exoph-

lal1l11f(IIP compliqué d'une haralyie hul6o-shinale allt(·nirlue en

voio de régression.

Polynévrite motrice au poliomyélite antérieure subaiguë.

3131. Brissaud et 13 WER présentent un enfant atteint de para-

lysiu des extenseurs des pieds, reliquat d'une quadriplégie consé-

cutive il une courte maladie et hésitent entre la polynévrite mo-

trice et la poliomyélite antérieure aiguë. Les auteurs admettent

dans ce cas une altération de l'ensemble des protoneurones mo-

teurs correspoudunl aux muscles paralysés.

3131. Déjlhine et Thomvs discutent sur le diagnostic de la po-

liom;2°lite anloiuure, sur la nalnm rle la naaiu sttccttleute, sur l'c-

tiolnri r4· lcc .ccléon,.· rra luques à prnho. d'un malade S) phi li-

tique atteint de troubles bulhn-eérébelleuw

lfélllOl'rlw[Jie 1/léitil1,qée.

M. Faure-Bkallieu présente les pièces d'un cas d'hemorrha-

gil' 11ll'nin ! "(\e a\l'l Îl'III, IlI\llIipll\gil' gaudle J'l'IIsll', C011la pl'ogl'es-

sifet chez lequel la ponction lombaire ne montra pas d'héma-

ties.. , l ? GOISSIR12.

SOCIÉTÉ IVIIYPN0L0G1E ET DE PSYCHOLOGIE,

Séance du mardi 29 novembre 1901. Présidence de 31. Voisin-.

Le traitement du mal de mer par la suggestion hypnotique.

ON ()sG()0))(()f l3osLon).-Ue nombreux au leurs ont pu

par des suggestions faites avant l'embarquement, immuniser cou-

tre le mal de mur. Quatre fois pendant un voyage ,rAnglclcl'l'c

76 SOCIÉTÉS SAVANTES.

en Amérique, j'ai, par suggestion, arrêté le mal de mer nettement

déclaré. Non seulement les vomissements ont élé immédiatement

supprimés, mais encore l'appétit est revenu ; et. tes pel'sonncsque

j'avais hypnotisées sonl restées indemnes de toute, nausée pen-

dant le reste du voyage.

1. 13ERILLON, C'est, évidemment pour les passagers une

bonne fortune d'avoir il bord un médecin qui sache par t'hypno-

notisme inhiber le mal de mer; cela se rencontre très rarement ;

aussi les passagers qui sont sujets au vertige naupathique dp-

, raienl-i b se faire suggestionner avant l'embarquement. Pour

ma part, je suis souvent intervenu fort efficacement, ; pendant le

sommeil hypnotique je suscite chez le dormeur la représentation

mentale de la traversée avec tous ses ennuis et je l'entraîne il

n'en point souffrir.

M. Paul Farez. J'ai décrit, sous le nom de vertige de la lo-

lomotion, l'ensemble des malaises identiques au mal de mer, il

l'intensité près, et dont souffrent certaines personnes en chemin

de fer, en omnibus, en tramway, en voiture, etc. De nombreuses

fois, par suggestion hypnotique, j'ai immunisé des personnes qui

vêtaient sujettes. Une fois en chemin de fer, j'ai pu le juguler,

séance tenante, chez un voyageur qui commençait à vomir.

M. Le MENANT des Chenais. J'avais hypnotisé une de mes

malades, afin de l'immuniser contre son vertige de la locomotion

et j'y étais parvenu. Aux vacances dernières, me trouvant avec

elle sur un petit bateau, j'ai pu, par simple affirmation, arrêter

chez elle le mal de mer dès le début des nausées.

Vomissements incoercibles de la grossesse guéris par la suggestion

ét7 ? /l ? éthliqtle.

JI. \YiAXEMSKY (de SaraLwv). Une femme de 28 ans, secon-

dipare. est enceinte de deux mois. Depuis près d'un mois, les vo-

1111spmpnl, 'e sont installés d'une manière- incoercible ; aucune

nourriture n'est gardée, les forces diminuent et l'étal devient in-

qmetant. Toutes les médications ont échoué ; pour sauver la vie

de celle malade, on propose t'a vertement. Consulté il ce sujet, je

lente la suggestion hypnotique ; celle-ci suspend les vomisse-

ments, mais pour quelques heures seulement. Grâce il la sugges-

tion ethyl-methvlique, faite pendant t'hypocarnose, les vomisse-

ments sont radicalement supprimés, les aliments sont bien 101(,-

res et la malade revient à la santé.

Action hypnogénique de la main.

1. DEMONCHY. Pour favoriser la production du sommeil

hypnotique, je présente la paume de la main légèrement fermée

devant, la n"gion oculo-f'l'on 1 rtle aus51 pl'l'S que possible, sans qu'il y

SOCIÉTÉS SAVANTES. 77

ait toutefois contact. La chaleur propre de la main, jointe à la

chaleur de la vapeur d'eau dégagée par la respiration du malade

provoque une vaso-dilatation de laquelle résultent : l'appesantis-

sement, la torpeur, puis la somnolence. J'ai recours à ce procédé

pour combattre personnellement l'insomnie.

31. Berillon. 1. Bianchi et moi avons étudié' à l'aide de la

phonendoscopie, les modifications de l'espace interbemispherique

sous l'influence du froid et du chaud. Les lobes frontaux s'éloi-

gl1t'nt sous l'influence du froid; ils se rapprochent sous l'in-

fluence du chaud. Or, précisément pendant le sommeil, le lobes

frontaux sont rapprochés au maximum, on comprend dès lors

(me la chaleur soit hypnogenique. '

31. Raffegeau. - .J'utilise, à mon établissement h)'iIl'01héI'1l pi-

que du Vésinet, un appareil spécial qui me permet d'obtenir à

volonté, immédiatement et pour une durée illimitée une chaleur

quelconque, de 0 jusqu'à 100 degrés. Les applications chaudes

m'aident puissamment à calmer nos malades et à leur procurer

un bon sommeil.

M. Paul Farez. Bien des gens se plaignent d'insomnie per-

sistante due uniquement à ce fait qu'ils ont froid aux pieds en se

couchant ; qu'on leur prescrive une boule chaude et l'insomnie

disparaît. Même les insomnies qui ne reconnaissent point pour

cause le froid sont heureusement combattues, soif par la chaleur

directe, soit par l'hydrothérapie froide qui provoque consécutive-

ment de la vaso-dilalalion peiipherique.

Inversement, on n'hypnotise pas un malade au moment où M'a

- froid aux pieds ; c'est même en hiver, une précaution élémentaire

de faire mettre une boule chaude sous les pieds du malade que

l'on veut hypnotiser et de la lui laisser pendant toute la durée de

son sommeil. (.-1 suivre).

VARIA

(Quinzième congrès des médecins aliénistes et neurologistes

de France et des PAYS de lingue française.

Le t1' Cun·ri' IlI' médecins aliénistes et neurologistes de,

FI\U1LC el ! les lmys (le lJ.ngue Íi'anl;Qise se lienlli\l celte année à

Rennes, du 1er au 7 août, sous la présidence de 31. le. Docteur A.

Giraud, directeur médecin du l'asile d'aliénés du Sailll- Yun (Seine

inférieure).

Les questions suivantes ont été choisies parle congrès de Pau

pour faire l'objet de rapports ut de discussions. 1° Psychiatrie.

7S VARIA. s

De l'hypochondrie. Rapporteur : 31. le]} Roy, de Paris. - ? o

Neurologie : Des névrites ascendantes. Rapporteur : M. le 1)' Si-

(le Paris. - : l Assistance : Dalul'aLÍon et hydrothérapie

dans le traitement des maladies mentales. Rapporteur : 31. le D-

Paillias,

Une place importante esL oénerwue aux Communications o/'Ífli-

nales sur des sujets de Psychiatrie et du Neurologie, et aux pré-

sentations de malades, de pièces et microscopiques.

L'École de médecine et la Faculté des sciences de Rennes 11ll'l-

tronlà la disposition du Congl'b 1111 ln tlél'id et des locaux neufs

et aménagés suivant les progrès les plus récents, et IL sera des

plus facile de donner des projections lumineuses. Les adhérents

qui auront des communications il faire sonl instamment priés

ilen faire parvenir les litres ut les résumés au secrétaire général

avant le 1er juillet. -

Excursions. Rennes, par sa situation à l'entrée du la Breta-

g1le, à proximité des côtes de la31anchcsi animées et si recherchées

pour les villégiatures el les séjours au bord de la ll1el',esl lin centre

d'excursions fort pittoresques. Les organisateurs du ("migres pré-

1)ai-etiL tles l'orL ls 't Les l'or-ël (1(, Ilaiiiipoil[ (I'ailli(Iti(

parent des excursions à travers La forêt de Paill1pont (l'antique

(le l'enchanteur 31erlin), il travers la forêt t

de Fougères, jusqu'au 31onl-Saint-311chel, avec la ,isite de l'asile

d'aliénés de PuuLur.un. Enfin une excursion sera dirigée sur Ui-

nan, atecla visite de l'asile tleLt'lurn. Ue les Congressistes sui-

'l'ont les rives de la Rance en bateau il vapeur et gagneront

Sain(,-llaln. 11 sera possible de visiter les environs de celte cité

(l'ararné, lïolbi'neuf, (bancale, Dinard, Saint-Lunaire, etc.) Enfin,

après le Congrès, une excursion pourra êll'c organisée pour ga-

gner en bateau à vapeur pt visiter les îles anglo-nol'man(les (,Il'l'-

sev, Gueoneset l,

Les chemins de fer des grandes compagnies ou du départe-

ment mettront, comme de coutume, probablement, des tarifs ré-

duits il la disposition des Congressistes. Des démarches seront

aussi faites auprès de 3131. les hôteliers et restaurateurs pour oh-

tenir dus réductions de tarifs. Les adhérents aux Congrès seront

avisés ultérieurement des avantages obtenus. Dans le but de fa-

cililer aux organisateurs leur lâche auprès des Compagnies de

chemins de fer, 3131. les membres adhérents seront invités à faire

t'onnailre il l'avance l'itinéraire qu'ils complcnl suivre pour se

rendre à Rennes.

Un programme défaille des travaux et des excursions sera pu-

])Ii, dès qu'il sel a possible el adressé tous les membres du Con,

grès. Le Congrès comprend : Jo des membres adhérents ; '20 des

membres associés (dames, membres de la famille ou étudiants en

médecine, présentés par un membre adhérent). Les asiles qui s'ius-

criront pour lo-Gnngrès figureront parmi les membres adhérents.

vaata. 79

Les médecins du toutes nationalités peuvent assister à ce Con-

grès, mais il y a ol)li ? a[ioii à ne luire les communications ou dis-

cussions qu'en langue française. Le prix de la cotisation est de 20

francs pour les membres adhérents, de 10 francs pour les membres

associés. Les membres adhérents recevront, avant l'ouverture du

Congrès, les trois rapports. Ils rucevronlaprès le Congrès le volume

des comptes rendus. Adresser le plus tôt possible les adhésions,

avec le montant des cotisations, à 31. le D" J. 817.tll'l'l, accru

liure général du Congrès, médecin en chef de l'asile public (le : ,

aliénés de Rennes.

LES ALIÉNÉS EN LIBERTÉ.

Drame de la folie. - 31"° Poiret, âgée du quarante-cinq lll1,

cuisinière, dans un accès d'aliénation mentale, a mia le feu dans

Sa chambre, rue l.aftytllo, tn imbibant d'alcool son mobilier.

Elle est grièvement bridée. (Journal du 3 tI{,¡;.).

La folie d'un père. Lu Progrès de Lyon raconte qu'un nom-

tiré E nanl a à à coups de rasoir sa femme et son enfant, et

"qu'après avoir essayé en vain de se couper le cou, il s'est noyé é

dans Son puits. E ! lI1(/1'(I, depuis quelque temps, donnait des signes

d'aliénation mentale,

Si, contrairement aux préjugés régnant encore, on considérai !

la folie comme une maladie arcliuaire, rltvanL être soignée (lés le

début comme les autres maladies, et l'asile comme un hôpital, ou

n'aurait pas à enregistrer des faits aussi épouvantables que celui

qui précède. '

Le 1 1 janv ici-, à Iiancourl, L. MARINIER, 39 ans, s'est suicidé ci :

se tirant un coup du revolver la tempe. La mort a été instan-

[allé(,. « Il était en 1)1-t)iu depuis quelque temps il des idées noi-

¡'CS)) n (Semeur de l'Oise, 15 janvier.)

FAITS DIVERS

Asiles lo.\f.fENES. - Mouvement de décembre. - 31. le Dr Ma-

rie, médecin en chef du Villejuif, nommé il la classe exception-

nelle du cadre ; I. le Dr Uucea, 6e du Concours du l9G4, nom-

mu médecin-adjoint à Ch;tlons-sur-·Iarnc ; Jl. le 1)"'l'tsSoT,7W I"

Concours de 1904, nommé médecin-adjoint à l'asile de 13ailleit

(Nord) ; 31. le Dr 3[A[.FIL.ITRE, directeur médecin à Saint-Lizier

1.\l'iège), promu il la classe exceptionnelle ; 31. le D'Chevalier-

L\\' vure, directeur médecin il l'asile d'Auch promu à la Ir. classe

du cadre ; 31. le 1), \tCOtlt..w, médecinen chef à t : adillac, promu

80 FAITS DIVERS.

à la classe exceptionnelle ; 11. le Dr CHAPON, directeur médecin à

Bury (Somme), promu à la 1" classe.

Distinctions honorifiques ; officiers de l'Instruction publique.

)1. le D1- BiAUTE, médecin en chef de l'asile d'aliénés de NIii-

tes ; : Il. le Dr DUPAIN, médecin en chef de l'asile d'aliénés de

Vaucluse ; M, le Dr HAMADIER, directeur médecin de l'asile d'a-

liénés de Rodez.

Officier d' : 1 eadénxie. - 3131. les Dri Boiteux et 'l'HIVET, méde-

cins en chef de l'asile d'aliénés de Clermont ; )I. le Dr SANTE-

noise, médecin-adjoint à l'asile d'aliénés de Dijon (Côte-d'Or).

MAISON nationale de Charenton. Par arrêté du Ministre

de l'Intérieur, le docteur Antheaume, ancien chef de clinique de

la Faculté, inspecteur adjoint des asiles d'aliénés, médecin sup-

pléant de la maison nationale de Charenton est nommé médecin

titulaire de cet établissement, à dater dulwjanvier 1905, enrem-

placement du docteur Christian, admis sur sa demande à faire

valoir ses droits à la retraite, et nommé médecin en chef hono-

raire. -

VACANCES MÉDICALES.- Avis. Place d'interne en médecine va-

cante à l'Asile public d'aliénés de La Charite-sltr-Loire (fièvre).

Traitement : 800 fr. par an. Avantages en nature : Nourri-

ture, logement, chauffage, éclairage et blanchissage. Salle d'au-

topsie, bibliothèque dans l'asile. Deux internes attachés au

service médical. Conditions : Etre Français el posséder au

moins 12 inscriptions de doctoral. Adresser les demandes au

médecin en chef, directeur de l'asile.

IIOSPICE de la S1LPÉTR1ERE. - \l. le I> Jules Voisin, com-

menacé ses leçons cliniques sur les maladies mentales et ner-

veuses le jeudi 12 janvier à 10 heures du matin, section Esqui-

rol, et les continuera les jeudis suivants à la même heure.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

Ciiocheaux (G.).-Rapport médical, compte rendu moral et adminis-

tratispour HI03, Slll' l'asile public d'aliénés de /a C/<t ! t-6-sur-Z.O ! 't-e.

Imprimerie Mazeron, à Ncvers.

Dupouy (Roger). -Les psychoses puerpérales et les processus d'au-

to-intoxication. 1 vol. Iii-8° de 268 pages. Librairie Jules RousseL, 1,

rue Cnsimir-Delavigiie.

Le rédacteur-gérant : l3ouui\EwLLL.

Clermont (Oise). Imprimerie D.ux frères.

Vol. XIX Février 1905 N"110

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

CUMQt'E MENTALE

De l'excitation sexuelle dans les

psychopathies anxieuses ;

Il LI; I,n 1)1.%. (.l'LLEHHE

1 )i 1.(e te IL I.- Nie (le(. i il (le l'Asile d'alioncs (le Ln 1\tJl'hl"HIl'" un.

Parmi les symptômes physiques qui font cortège à

l'attaque anxieuse, on a particulièrement signalé des

troubles du côté de la circulation, delà respiration, de

l'innervation vaso-motrice, des fonctions glandulaires (1).

A ces diverses catégories de symptômes dont le détail, -

extrêmement touffu, est bien connu, il convient d'ajou-

ter l'excitation génitale.

Divers auteurs ont récemment signalé l'existence de

ce phénomène chez les simples névropathes anxieux. 31. ,

Pierre Janet constate que, dans les agitations émotion- -

nelles diffuses des obsédés, l'angoisse amène les excita-

tions génitales. Chez les uns, ces excitations sont en

rapport avec les obsessions érotiqucs ; chez les autres

elles se produisent en premier lieu « comme une sorte

de dérivation de l'angoisse », les obsessions érotiques nc

venant qu'à la suite ();

. 31. Féru a récemment publié deux observations, l'une

d'un neurasthénique âge dont les crises d'anxiété diffuse

se terminaient par de la congestion des organes génitaux,

une érection très intense et un violent besoin sexuel ; -

l'autre d'une dame de cinquante-six ans qui, dans les

(1) . Kur.ui). Obsessions et phobies (Revue neurologique 1895).

(2) I'ierke Janet. -Les obsessions et la Psyclrastlrénic. Paris 1903.

- .i;CUmes,2^·cric, l. \1\ 0

82 CLINIQrI : Ml : 1\T,\LE

mêmes conditions était prise de désirs jusqu'à lïll1l111-

nence de l'orgasme (1).

Ce phénomène n'est pas propre a la neurasthénie pure

et simple. Il existe aussi dans un certain nombre de

troubles psyehopalhiqucs accompagnés d'anxiété ou

d'angoisse, bien qu'il paraisse n'avoir pas appelé l'atten-

tion de beaucoup d'observateurs, car il n'est pas ou est il

peine signalé dans la plupart des traités consacres aux;

maladies mentales. En ce qui me concerne, je l'ai observé

depuis de nombreuses années et c'est aux anxieux que je

faisais allusion quand, en 188ü. j'écrivais que. dans la

mélancolie « les fonctions sexuelles sont, en général,

abolies, sauf chez quelques individus qui, en proie à une

excitation génésique d'origine purement organique, se

livrent avec fureur à la masturbation (2),

Il faut toutefois l'aire observer que le terme de mélan-

colie. employé dans ce passage, ne l'est pas dans son ac-

ceptionétroite.nosologique, mais bien dans son sens sé-

méiologique. Si, en eflet. les .syndromes psychopathiques

assez variés au cours desquels j'ai observé l'excitation t

sexuelle étaient de couleur mélancolique, il esta remar-

(mer que je ne l'ai jamais rencontrée dans la mélancolie

de forme typique, ce qui arien de bien surprenant si

l'on veut bien se souvenir que les phénomènes de dé-

pression et d'arrêt sont les caractères fondamentaux de

cette aifection mentale. Les laits que j'ai recueillis et

que je vais exposer ici appartiennent aux groupes sui-

vants : 1° Psychoses dépressives, à base neurasthéni-

que ; 2° Aliénés gémisseurs ; 3° Folie polymorphe des

dégénérés.

1° Psychoses dépressives ci base neurasthénique .

(¡¡¡5. 1. Hérédité ; âge critique ; neurasthénie; intoxication al-

('o(Jli'lul' I ? i ? (' j lialincil1aLioll el délire toxique passager; crises

dl' 11ll'UlÎSll1C j cdcs l\ll.\icIISC alcc thana[op]¡ohil' ; cl'Íl' cal' :

diaques, respiratoires, boulimiques, pseudo-angineuses ; crises

d'excitation génitale. ,

Il) Ch, Fi'.ui ? L'excitation sexuelle dans l'angoisse. (Revue neu-

rologique, 15 novcmbre 1902).

(2) A. Cii.i.Kiim : . Traité pratique des maladies mentales. Pari-

1890.

EXCITATION SEXUELLE DANS LES PS1'CHOPaTHIIS ANXIEUSES 83

F ? femme L...., 00 ans," admise le 15 juillet 1882. Une soeur

aliénée, une lille hystérique. Pas de lllaiadiesgrares antérieures.

Elle a exercé jusqu'en ces derniers temps la profession de sage-

femme et était très occupée. La ménopause s'est établie il y a deux;

ans sans accidents apparents, mais des chagrins domestiques

étant survenus, elle est tombée peu ai peu dans un état de dé-

pression nerveuse qui ayant élé inteinpeslivement traité par les

ioniques et les vins généreux', s'est rapidement aggravé. Elle e-t

épuisée, abattue, sans ént·ogiu; tlucllluc< inco tlin(vicaliunal-

coolique : langue rouge, fendillée, animée de quelques tremble-

nu')Us;so ! umcitt ! 'outjtu( ! cr6cs(;dt;raucn(;n)ara(\isionsdc

serpents, de cercueils, de lombes, chutes dans des précipices') \0-

mi-semenls muqueux le malin, à jeun. Pas de sligmates d'Iiv--

1¡"l'ie, Ellc est dans un état habituel de dépression mélancolique

avec des périodes de rêverie où elle peni la notion de ce qui

l'entoure et manifeste une loquacité excessive parfois poussée

jusqu'à l'incohérence, et des crises de saisissement pl d'anxiété

panuphobique avec la peur unique de mourir. Trouble- nhropa-

ibiques protéiformes, surtout du coeur et de la respiration, (''Lnuf-

fenicnls ; crises de boulimie qu'il faut qu'elle satisfasse sur

l'heure, principalement la nuit.

Depuis six mois, elle a aussi de véritables accès d'asthme reve-

nanl tous les quinze jours, environ ; la crise la prend la nuit el

dure environ une heure ; elle est alors prise d'une dyspnée in-

tense qui la force de s'arcbouler les bras pour prendre sa respi-

ration.

De temps en temps aussi, elle a des crises de pscudo-anginedc

poitrine qu'elle décrit ainsi : son coeur devient froid comme delà

glace, elle sent que la circulation faiblit et qu'elle va perdre con-

naissance. Parfois elle peut crier, appeler, d'autres fois elle tom-

he anéantie dans un état voisin de la syncope.

Enfin, un dernier phénomène estvenu recemmenfs'ajouteraux

précédents : elle est prise, parfois plusieurs fois par jour de spas-

\lies accompagnés de gonflement du ventre avec douleur d'abord,

cot)t))text< ? Eft/ ! oi)(OEeconc/ter, puis d'une excitation génitale qui

aboutit il un orgasme voluptueux complet. Durant son séjour il

l'Asile, elle a éprouvé 1res l'I'l'lluemrnelll ce phénomène qui la

désole et qui excite ses scrupules. Toutes ces modalités paroxysti-

ques alternent, se succèdent ou se compliquent réciproquement,

l'état menlalsous-jacent étant caractérisé par un degré variable

de dépression hypocondriaque avec crainte anxieuse d'une mort

prochaine.

Elle est sortie améliorée au bout de deux mois.

Celle observation esl intéressante parla multiplicité

des phénomènes spasmodiques observés. Sur un fond de

81 cl.laleW , w.wrnl.l :

neurasthénie exaspéré par une médication intempestive,

se développe un véritable syndrome mélancolique anxieux

avec thanatophobieet périodes de mentisme ou confu-

sion mentale passagère en rapport avec les idées obsé-

dantes de mort imminente. A l'anxiété diuuseet conti-

nue se substituent ou se superposent des accès de bouli-

mie, de dyspnée paroxystique, de pseudo-angine de poi-

trine, el enfin d'excitation dans la sphère génitale de na-

ture à la fois pénible et voluptueuse. Ce dernier phéno-

mène acte assez tenace pour se reproduire jusqu'à six

fois dans la même journée, d'après une. des notes de l'ob-

servation dont nous n'avons fourni qu'un résume.

Ce qu'il importe surtout de remarquer, c'esl que cette

malade n'est pas seulement une psyehasténique, mais

une véritable vésanique avec crises délirantes et qui, non

soignée, serait vraisemblablement passée au délire systé-

matise d'hypocondrie. L'excitation sexuelle ne paraît

être, dans le cas actuel, qu'une dériva lion de la crise an-

xieuse au même titre que les autres accidents névropa-

tllicjncs multiples observés chez cette malade.

1)ss. 11. - Prédisposition neuropalbiquc ; quelques stigmates

hystériques ; à la suite d'un ébranlement émotionnel, accès de

confusion mentale passagère ; délire mélancolique avec crises an-

aieurt·a 1·L imlmlaiwa d'un caractère dangereux; crises d'excita-

tion génitale. -

I>... lenmieC... 2lian-, admi-c le 2'i niai ? 1882. Du côté de la

mère on signale plusieurs individus instables et d'humeur excen-

Il'illue ; celle-l'i, 1llOI'Ie jeune, avaitduns su jeunesse des attaque-

d'bvstérie.

IL .. est slirloul malade depuis cinq semaine-, mais les premier-

signes de trouble mental remontent àuu moins six mois. C'est une

femme qui, bien que d'aspecl normal, Bouder convulsions dans

son enfance, de la dv-ménorrhée au moment de la puberté et qui

présente actuellement une analgésie cutanée généralisée sans ! "t ig-

mates hystériques sensoriels. Depuis trois mois les règles sonl

·mllmlnes. Isllc a éprouvé quelques chagrins domestiques pila

mm prématurée d'un livre unique a aullcvc tle Jtoulcvcraer a·.

idées.

Elle présente depuis plusieurs semaines des troubles mentaux

que l'on peut ranger sous deux chefs : 10 Idées fixes d'un carac-

tère mélancolique avec crises anxieuses qui, lorsqu'elles onL al-

feintau paroxysme de l'excitation, se transforment en fureur

alel' illlp1JI,iou ail 'ilit-idl' l'i ¡\ la' ioll'Ilc(' 1 i,-il-' is dl' Lqul ,'P qlli

1 : '\ : CI r\lIO'i SEXUELLE BANS LES PSYCHOPATHIES wn : osrs 85

l'entoure; 2° Accès de délire loquace pendant lesquels elle esfiso-

lée des choses présentes et complètement anesthésique (crises de

mentisme ou confusion mentale passagère).

Nous n'avons eu il observer, pendant le séjour de deux mois

que la malade afait 11'Asile, que des crise- de la première espè-

ce. Tous les jours, plus rarement la nuit, puis tous les deux ou

trois jours seutement. elle est prise d'une anxiété, d'abord modé-

rée, avec idées tristes : « elle est perdue, il ne lui sera jamais par-

donné, elle sera damnée ; elle ut Itiun woultaltle envers son ma-

ri. » Elle des scrupules de toute nature, n'aurait pas dû dire ce

qu'elle a dit, a peur de, trop dépenser, veut se confesser, etc. Peu

à peu l'anxiété augmente, un tremblement généralisé secoue Lout

le corps, les traits expriment une angoisse extrême, puis la fureur,

et alors elle crie, blasphème, jure, casse les vitres, jusqu'à cequ'el-

le soif épuisée et baignée de sueur. ce moment la crise cerce

après avoir duré une demi-heure environ. '

Dans l'intervalle des crises elle présente un état de dépression

mélancolique avec idées de culpabilité, entrecoupé de moments

lucides pendant lesquels elle apprécie exactement son état.

Dans un de ces moments, elle nous prend il part elnous confie

qu' « elle est très amoureuse » ; que très souvent elle se sent des

transports extraordinaires dans les organes sexuels, « qu'il lui

faudrait de l'homme » suivant son expression ; et elle nous sup-

plie de lui rendre «on mari. Au bout de deux mois elle «sort ami -

1 inl'fI',

Cette malade n'est pas seulement une psychasthe-

nique, c'est aussi une vésanique. comme l'indiquent les

idées délirantes de culpabilité et de damnation consta-

tées au cours de ses crises délirantes. A noter l'extrême

intensité de ses paroxysmes anxieux qui aboutissent aux

impulsions les plus violentes et les plus incoercibles. Ici,

les phénomènes d'excitation génitale ne nous sont révé-

lés qu'avec réticence, et nous ne pouvons les caractéri-

ser nettement par rapport aux crises d'anxiété. Il sem-

ble bien, cependant, qu'ils en sont une substitution plu-

tôt qu'une conséquence.

2° Aliénés gémiseurs. - .Ic ne contribuerai a l'étude

de ce groupe que par deux observations, mais elles me

paraissent suffisamment intéressantes pour n'avoir pas

à le regretter. Cette forme d'aliénation est d'ailleurs peu

commune, plus fréquente chez les femmes que chez les

5G , CLINIQUE MENTALE

hommes, el choz les premières, le phénomène que nous

étudions peut y passer facilement inaperçu.

0 Es. III. Héréditaire dégénéré ; chagrins intimes ; aboulie ;

mélancolie avec crises de confusion mentale panophobicluu ; an-

xiete continue et gémissements ; excitation génitale intense et

prolongée. -

]L.. Ügé dl' 30 an, ( ? l admi,,]1' 10. août 1883. Son père el sa

mère sont morts de maladies inconnues. Deux frères, dont l'un,

l'aîné c^t « imbécile, un peu toque'); cousin germain paternel

aliéné ; tante paternelle aliénée.

1)...est un homme d'une (aille au-dessous de la moyenne ; il

la face osseuse et irrégulière ; strabisme convergent ; oreilles

aplaties, san- hélix : crâne tourmenté. Depuis trois mois environ,

il présente des troubles intellectuels, d'abord légers, puis' de plus

en plus intenses causés par des préoccupations matrimoniales.

Après de grandes incertitudes, il s'est ducillé u se : marier il y a

sept semaines, mais cette résolution n'a pas apporté à son e-

prit le calme désiré. Peu a peu l'excitation cérébrale a pris des

proportions de plus en plus furies, et depuis huit jours il est en

proie il un désespoir violent, il une mélancolie anxieuse des plus

intenses, avec impulsions au suicide. 11 s'est donné un coup de

couteau dans la région du coeur cl, n'ayant pas réussi à se bles-

ser sérieusement, tente de se noyer en se jetant à l'eau. Crises

llanopliohicluuwcc fureur contre tous ceux qui l'approchent ; il

s'est jeté sur sa femme pour l'étrangler. Par moments, il a des

périodes de calme avec demi-stupeur, se couche et gémit : « Je

suis perdu ! j'ai commis un crime ! ... », etc.

11 août. A son entrée, désespoir violent ; il pousse des cris

qui retentissent dans tout le service. Ce malin il est plus calme ;

il raconte que son désespoir vient de scrupules : il avait promis

le mariage à une fille qu'il a délaissée pour épouser sa femme.

Cependant il ne croit pas lui avoir fait tort. Mais il s'imagine

avoir commis de grandes fautes : s'il eût fait (elle ou telle chose,

ses péchés lui eussent été remis. Le mal qu'il a, lui a été donné

pal' des gl'ns qui ont lu dans (le mamais 1Ï\l'e 1'1 ]lIi ont l'aiL

prendre certains breuvages. Dans la journée, les accès panopho-

biques le reprennent avec une grande violence.

13 août. Hier, journée des plus agitées ; anxiété et cris de

désespoir terribles. En même temps, il s'est livcé avccfureulùla

masturbation toute la journée et toute la nuit. Ce malin, il tient

sa verge en érection dans sa main tout en gémissant.

17 aoÛt. - Il eonli\lue à se nIH,lul'liel' sans Il'hl', II' JOUI' é't la

nuit tout en poussant des cris de désespoir. Accès panophobiques

intermittents avec gémissements continus dans l'intervalle.

EXCITATION SEXUELLE DANS LES PSYCHOPATHIES ANXIEUSES 87

21 août. Même état de mélancolie anxieuse aiguë ; amai-

nrissemenL progressif; refus partiel d'aliments. Le malade conti-

nue à se masturber d'une façon effective.

6 septembre. Il cric toute la nuit : « Je suis perdu ! je suis

mort ! « Abrutissement complet ; air égaré ; obtusion inlellee-

tuelle progressive ; il marmotte constamment des paroles incom-

préhensible entrecoupées de gémissements..Masturbation.

10 septembre. 11 a crié loule la nuit : « Je suis perdu ! je suis

perdu ! »

1er décembre. Depuis le mois d'octobre, le malade est tombé

dans une sorte de stupeur avec folie d'opposition. Il a cessé de se

masturber. Débraillé, il moitié habillé, les traits tiges dans une

expression de souffrance et d'effarement. De temps en temps, il

est gâteux.

Avril 188. La stupeur a de nouveau fait place à une phase

gemisseuse. Abrutissement complet avec accès de gémissements

et cris de désespoir qu'on entend de tout rétablissement.

Décembre. Même état ; il déchire, est débraillé. Il a eu pen-

dant plusieurs semaines d'abondants vomissements liquides ou

alimentaires qui actuellement ont cessé.

Année 1885. L'année se passe dans les mêmes conditions.

Hurlements de désespoir par périodes. Débraillé, sale, dechireur,

abruti quand il n'est pas agile. On ne signale plus la masturba-

tion effrénée de l'année dernière.

188G, 18 janvier. On est tout surpris de trouver aujourd'hui

ce malade calme el l'air intelligent. Il s'approche et demande à

travailler. « Vous allez donc mieux ? « Un peu ». « Vous

n'avez donc plus peur qu'on vous fasse mourir ' ! » « Oh ! si :

encore parfois o. - « EL voire femme Y Y pensez-vous H. 11 reste

muet et comme embarrassé, puis réitère sa demande de travail-

ler. 11 ne tarde pas à retomber dans son état démentiel pour n'en

plus sortir.

En décembre 188G, nous trouvons il son sujet l'observation sui-

vante : Alternatives de calme et d'excitation maniaque avec, im-

pulsions violentes. Désordre des actes ; idées de persécution. 11 se

plaint qu'on ne lui donne pas il manger ; qu'on le maltraite, etc.

Incohérence des idées qui conservent toujours une teinte mélan-

colique malgré l'agitation maniaque et le désordre instinctif des

actes actuellement existants. '

4 novembre 1900. -,Frappé d'une attaque d apoplexie, il suc-

combe en quelques heures sans avoir repris connaissance. L'au-

topsie n'a pas été faite.

Ce malade appartient il la catégorie des mélancoliques

S8 CLINIQUE MENTALE

g'émisscurs de Morel (l). Sa crise d'excitation génitale,

purement épisodique, coïncide avec le SlIl1ll1lun de l'agi-

talion anxieuse, ("liez certains aliénés de cette catégorie,

on observe, dans les mêmes circonstances, la dyspnée. la

tachycardie, les sueurs profuscs et autres phénomènes

paroxystiques. Ce même malade a eu. pendant plusieurs

semaines, une crise de vomissements incoercibles.

11 cst ;r rcnuuyu·r t]uc clier ]cs y·misscurs, ces acci-

dents paroxystiques ont une durée inusitée, se prolon-

geant de plusieurs jours à plusieurs semaines. Le plus

tenace de ces phénomènes est assurément la dyspnée qui

peut durer des années etttclis]>araîlrc c11 cm même temps

que disparaissent les phénomènes mentaux eux-mêmes,

mm, cuulraircnumU u la rèlu. 1·s C·mi5scurs l'unrnissc·nt

un petit nombre de guérisons tardives. \lum·1 citc m cas

de guérison après dix uns de maladie. Le malade dont

nous venons de donner l'observation a eu au bout de trois

ans et demi, un intervalle lucidc Slll'ycnu il lïl11lll'oYisl(',

mais qui n'a duré que quelques jours.

Cette rencontre de phénomènes communs aux simples

névropathes obsédés et aux panophobes anxieux n'a rien

qui soit de nature surprendre. Entre la psychose an-

xiense et la névrose anxieuse, en etiet. il n y a qu'une

diil'crence de degré, non de nature. I.c Iruu>hluthe an-

xieux est un aboulique, un douleur, un scrupuleux, aussi

bien que le simple obsédé neurasthénique ; seulement il

occupe un degré inférieur dans l'échelle de la Jégénél'es-

cence. Cette remarque n'a pas échappé il l'observation

profonde de : : \[OI'l'1. « Ces sortes de panophobes cltrotti-

ques et PSclHlo-rél111ttenls, dit-il, ont quelque analogie

avec les névropathes que j'ai décrits sous le nom de déli-

ranls émotifs sans avoir néanmoins les tics ridicules de

ces derniers qui n'osent toucher des pièces de monnaie,

ouvrir une porte, traverser une rue et pour lesquels vou-

loir ct ]>ouvuir sunt clioscs impossibles ». Ici. pourtant.

Morel se trompe : il est possible que l'on n'ait pas cons-

1a1é la crainte des contacts ou l'agoraphobie chez les gé-

misseurs, soit que ces symptômes n'existent pas chez eux

en effet, soit plutôt qu'en raison de leur état mental on

(1) : \loaI : r.. - 1111 ¡\"li ? pnnophohiqllf' tll' : tli,"nl" 1 ? lIliI'III ?

(AnI ! , me ? ps."clz" 1\0\'('1111 ? 1Sit) :

1 ? (11A 110 : \ SI : "I I : LLI : lL\ : \S LLS PS1'CIIOP.111111;5 .1\\I1 : 1'S1 : S i; ! )

ne puisse aisément les constater, mais on observe chez

eux de nombreux phénomènes de même ordre, il com-

mencer par l'aboulie dont leur angoisse n'est parfois,

comme chez notre malade, que l'exagération poussée aux

dernières limites, et à continuer par les mouvements

stéréotypés de défense et. les exclamations monotones

(le l'on jurai ion l101lt ils sont ('outumirl's el que : \lorl'l lui-

même enregistre chez plusieurs de ses malades.

El, il ce propos, ce n'est pas sansétonnemcnt que nous

avons lu, dans l'intéressant rapport de M. Deny au Con-

grès de Pau sur les démences vesaniqncs.qnc Morel don-

nait de ces phénomènes une interprétation fantaisiste, el

qu'en réalité les phrases stéréotypées des gémisseurs

sont dépourvues de signification et caractérisent un état

démentiel. Une méconnaissance aussi flagrante du rôle

des idées obsédantes et des phénomènes moteurs systé-

malisés dans les syndromes vesamques ne peut provenir

que d'une sorte de monoïdéisme engendré par celle hyp-

notisante doctrine, d'après laquelle la démence est par-

tout et absorbe toutes les psychoses dont l'autonomie

disparaît dans son vaste sein (au fond duquel, aurait dit

Voltaire, il y a un allemand) ; doctrine simpliste, assu-

rément. maïs d'une psychologie un peu superficielle el

dont au surplus l'opportunisme parait singulièrement

contestable, alors qu'elle choisit pour dresser sa synthèse

confuse et laborieuse en face de la paralysie générale, le.

moment où l'édifice de cette dernière s'écroule et où elle

tend il reprendre une place modeste parmi les simples

syndromes !

lllss. 1\'. Antécédents névropalhiques ; choc mental ; mé-

lancolie, panophohie, coufllion lI1enlalt', automatisme, anxiété

continue avec excitation sexuelle. '

Jl..., l'I·mme .1..., 4l an, o·l arlmiae le 1 juin 1903. Lo eul

1 t'¡bl'igïwmplIl quc IlOUS a) OIlS SIII' sa j'alnille l'st quc SOl1 Pl'I'C

serait mort dans un accès de (¡èn'f ! chaude, E ! lc-mèmc a l'P1'OIl"<'-

à partir de 1 (j ails une dyspepsie tenace avec accidents neurasthé-

niques qui n'a cédé qu'au bout de plusieurs années. A 25 ans

elle va à Paris comme cuisinière et y resfe jusqu'à 36 ans, épo-

que de son mariage. Elle conduit à bien une grossesse et allaite

sans accidents. Habituellement bien portante et réglée régulière-

ment. Elle habile la campagne depuis son mariage.

Il y a quinze jours, elle éprouve un grand «saisissement à la

90 CLINIQUE MENTALE

suite d'une discussion avec une voisine ; ce souvenir l'obsède et

l'inquiète ; elle tombe peu à peu dans une profonde apathie, avec

tristesse, indifférence à ce qui l'entoure et refus d'aliments. Une

semaine après, elle manifeste des idées mélancoliques, des scru-

1)\\le, de l'agitation anxieuse et des impulsions au suicide : elle

initia nuit dans le but de se nover ; l'insomnie est complète, elle

a dans les membres des agitations motrices continuelles. Puis

-elle se lamente, a peur de mourir ou de voir mourir son mari.

L'agitation el l'angoisse deviennent incoercibles et nécessitent

son placement à l'Asile.

A l'enlréu, on constate une anxiété panophobique et (1111ul'

avec désorienlation complète, traitsfiges dans l'expression delà

terreur la plus profonde, gémissements, cris, mouvements auto-

matiques de défense et de fuile.

Un unis après, l'agitation a diminué, mais l'état anxieux per-

siste, la malade émet quelques idées d'humilité, d'indignité et de

craintes de la mort, la conscience continue à être profondément

troublée ; elle a contracté un tic consistant en des mouvements

de flexion et d'extension des jambes et des pieds qui frottent con-

linue ! lcl11entses dl'aps dans un mouvemenfrv thmique de pédale.

Le 20 juillet, on l't'mal'que qllc la 111 a la(lc 1 icnl consta m men t St'S

mains sur ses parties génitales el qu'elle se livre à des frictions

énergiques inlra-vulvaires. Le regard est profondément obtus, les

traits toujours anxieux, la bouche à demi-ouverte. Celte crise

d'excitation génitale avec masturbation dure plusieurs jours et

se renouvelle à plusieurs reprises dans les semaines suivantes.

En novembre, l'étal confusionnel s'est, encore accentué. Une

angoisse dilrue purement organique persiste avec paroxysmes

accompagnés de frictions énergiques et continues des parties gé-

nitafes, même à travers les vêlements. Elle succombe le 2G dé-

cembre à une gastro-entérite aiguë d'origine grippale sans modi-

ficationde l'état mental.

Si l'on néglige les phénomènes d'oblusion el de. confu-

sion mentale qui existent chez cette malade, elle se rap-

proche considérablement de la mélancolie des gétnisscurs

dont elle a l'anxiété intense et continue, l'attitude spé-

ciale elles tics spasmodiques ; elle n'en diffère que par l'

une altération plus profonde de la conscience personnelle

et par des allures moins bruyantes. C'est un de ces cas

de transition aussi communs, pourrait-on dire, que les

cas purs qui répondent de point en point aux descrip-

tions classiques. L'excitation sexuelle s'y présente d'a-

bord sous une forme épisodique et intermittente, avec ma-

noeuvres onanisliques appropriées, puis il semble que le

EXCITATION SI : \1 ELLE 11VXS LES PSl'CHOP.1'l'IIII : S ANXIEUSES 91

gesle provoqué par celte excitation particulière devienne

peu à peu automatique et ne soit plus finalement que

l'expression systématisée de l'angoisse diffuse sous l'em-

pire de laquelle vit la malade. C'est encore un point de

rapprochement de plus avec la 111l,lancolie des g'émiss('ul's

où les gestes stéréotypés sont luu des symptômes essen-

tiels el constants. -

3" Folie polymorphe des dégénérés. C'est dans cette

catégorie peut-être, qu'on trouverait le plus grand nom-

bre de faits du genre de ceux que nous étudions ; l'exci-

tation génitale y est fréquente, quoique, peut-être, plus

éphémère. J'ai vu certaines psychoses dépressives a dé-

lire religieux et anxiété débuter par de véritables accès

de satyriasis ; j'ai vu également un délire d'hypocondrie

systématisé avec anxiété formidable, avoir pour phase

prodromique une crise de nymphomanie. Mais dans la

plupart de ces faits, le rapport des phénomènes anxieux

et génitaux n'est pas toujours facile a mettre en lumière.

C'est pourquoi nous nous bornerons aux observations

suivantes, où il a pu être établi d'une façon indiscutable.

OBS, A'. Héréditaire dégénéré : psychose svsféinalisée de

forme religieuse ; agitation maniaque ; stupeur, pliénnmènescata-

loniques ; accès de rire spasmodiques ; puérilisme mental; ten-

tative de suicide ; crises anxil'lIl'S' ioll'nll' accompagnées d'exci-

tation génilale prolongée. '

IL.. 26 ans, admis le 25 juin 1899. Le père el la mère, vivants,

sont bien portants. La mère parait un peu faible d'esprit. Un

frère unique, âgé de .31 ans. l'sl devenu aliéné depuis l'admission

du malade. Garçon d'aspect normal, sans stigmates somatiqucs

bien IIl'(-; de dég¡"nél'C3(eIlCe, habituellement bien portant, non

alcoolique. Il a toujours manifesté une religiosité exagérée c ! de-

puis sept ou huit mois on s'aperçoit qu'il a l'esprit troublé. De-

puis quatre mois surfout, ces troubles n'ont fait clu'aunlo·nlur :

il s'excite, des mouvements dé-ordonnés, chimie, iiiauifesle un

délire religieux incnlnrnn(.

- 26 juin. Excitation maniaque légère; divagations religieu-

ses incohérentes : « J'ai un signe de Dieu sur la langue... Ce sont

des dorures... Je l'ai pris trop haut avec les hommes... Un homme

qui tournait autour de ma maison m'a dit que j'avais un signe de

Dieu et m'empêchait de sortir. J'ai vu saint Jean. C'est un homme

habillé en chasseur... J'avais le droit d'aller en Paradis un jour,

92 c : r.my t : >o : wr-m,r

Illlli'Jje ne l'ai plus... etc. » Alternatives de dépression mélancoli-

que avec hallucinations terrifiantes; ces crises sont de courte

durée.

20 juin. Délire religieux incohérent ; monologues ; chants ;

mouvements désordonnés comme de'faire l'exercice militaire.

Troubles vaso-moteurs, surtout du côté des membres inférieurs.

M juillet. Elal stuporeux; mutisme; il reste immobile de-

tournées entières, indil1'l'I'I'IlL tout se qui passe autour de lui.

1'l'I'i,lance de la paralysie \a.,o-ll1otl'ice, surfont aux membres

inférieurs. L'examen des urines est négatif.

h s·ptembre 180,1. - IlalriLuellcutenL ahruli,lc regard fixe, les

1 rails liges. Accès de violence subite, quand on veut l'obligera il

faire ce qui ne lui plaît pas. Parle peu et seulement pour deman-

der à s'en aller.

1900, 22 mars. Persistance de l'état stuporeux-. Le malade,

maintenu au lit y demeure inerte, les yeux fermés, ne les ou-

\1',lliI que pour manger : n'exprimant aucune idée et n'ayant,

plus de crises maniaques depuis plusieurs semaines. 1<2 ( a t géné-

ral satisfaisant.

1901, 24 décembre. Depuis la noie précédente alternatives de

stupidité et d'excitation maniaque par courtes crises, parfois quo-

tidiennes : il a des accès de rires spasmodiques et prolongés, ou

répète des heures entières les mêmes paroles, imite la voix d'un

bébé qui jase en palois ; parfois il chaule il fue-tetepnur retomber

ensuite dans son mutisme habituel. Un peu de boufli. lire des

ll'ail',a\ec ]l'gi'l'l' ilililll'ali"l1 des membres; l'examen des urines

1',1 négatif.

1902, avril. Le malade vient de faire une pleurésie double

avec epaucliements séreux abondants avant nécessité trois punc-

1 ion" uccesi \'es, L'état général est devenu mauvais (tuberculose).

Depuis, il esL tombé dans une sorte de mélancolie profonde avec

relus partiel d'aliments el idées de suicide. Il esL perdu ; il de-

demande qu'on le tue, qu'on lui arrache les veux, qu'on lui

coupe le cou. 11 essaie de s'étrangler avec une ticette et on

le transporte au quartier de surveillance continue.

lljaoï't. Pendant la distribution des aliments, l'infirmier

avant eu la sottise de déposer son couteau sur le lit du malade

pour le service, celui-ci s'en empare et soudain se tranche la

gorge au niveau de l'espace thv ro-hyoidien ; le larynx est béant

dans' la pluie, le pharynx est complètement ouvert ; les vaisseaux

et les nerfs ne sont pas inléressés. On fait la trachéotomie, on

liasse par le nez une sonde oesophagienne il demeure et en deux

mois-le malade guérit radicalementde cet effrayant traumatisme,

non sans avoir essayé à de nombreuses reprises d'arracher les

pansements et de déchirer la plaie, l'état mélancolique per-

sistant,

V

EXCll'.n 10 : 01 SEXUELLE DANS LES SL·1'CHUf'.11'HI1 : S' : 1\\Ii : l'51 : 5 93

10 déccnabr·. - l'i·Lal mental s'est modifié depuis quelque-

jours ; à la dépression succède, par crises, un état anxieux des

plus violents : « Il faut lui couper le cou ; sa mère est. morte ; il

est perdu ; il faut l'immoler, le crucifier ; il est l'auteur de tout

tentât qui se fait sur la terre. » Eu même temps se développe

une grande excitation génitale ; tout en gémissant, il demande

à grands cris qu'on lui amène des femmes et se livre à une ma--

lurbulion continue.

°;r <lécembne ? l'Lmlttnt yuinzu ·jom : · mt olutarmicw a 1·I : ·i·lu

en même temps que l'excilalion génitale ; il se liv re finit el jour

a une masturbation le plus souvent d'ailleurs non suivie d'elfel.

cn 1>ntt : ·anL Ile gl'.Irii3SCntE'rlt et cleâ wi de rl3 : u·[loin. l'ar ntn-

menls, il pratique une g Illlra"lique qui consiste à projeter en

a\ant Je ha ? in, tJ'lIlH' ftu;oll 1'lhl1lilllll', comlne 'il e li\l'uil un

cutt, .lusclu'à cc clue, v Loul tlu forccs cl ruisselant dc sm·uo, il

retombe épuisé sur son lit. D'autres fois il exerce, avec ses deux

poings réunis, des maluxalions sur le bas-ventre et les parties

génitales tout en manifestant des idées erotiques ou eu prote-

rant des paroles obscènes.

10. février 1902. L'état anxieux ne s'est pas reproduit depuis

la dernière note el en même temps la masturbai ion a cessé. Le

lalarlu esl Iwlewnu mélancolique avec obfusiou mentale : il

l'ail des extravagances, gale au lit, demande encore à ce qu'on le

lue, manifeste des idées dépressives analogues a celles d'autre-

fois mais sans élal anxieux.

Dans le courant de l'année 1\J03, il a manifesté de nouvelles

crises délirantes tantôt de l'orme maniaque avec désordre des

actes, malpropreté, gâtisme volontaire, tantôt de forme anxieuse

avec gémissements, délire de culpabilité, idées de suicide. L'ex-

ritation génitale et les manoeuvres ell'I'énées de masturbation se

sonl reproduites avec intensité a diverses reprises, notamment

dan- la période qui a précédé la mort qui est survenue le 2G oc-

tohl'e par suite d'un oedème pulmonaire d'origine urémique.

Ce cas appartient à la psychose polymorphe des (légé-

nérés. C'est un héréditaire à déséquilibration mentale

originelle, caractérisée par des tendances mystico-reli-

gieuses aboutissant finalement il la folie confirmée. ( : cl-

le-ci présente les modalités les plus disparates évoluant

sur un fonds mélancolique nettement caractérisé. En. l'es-

pace de près de cinq ans. nous observons une phase de

délire mystico-melancolique avec excitation ; une phase

de stupidité prolongée, des crises de rires spasmodiques,

de puérilisme mental, suivant l'heureuse expression ent-

94 CLINIQUE MENTALE

llluyéc lctr 11. I : . 1)uyr ; une phase de mélaucolie déli-

rante avec impulsion irrésistible au suicide, et enfin des

crises d'anxiété violente avec excitation génésiquc énor-

me, se l'épélanl il diverses reprises et auxquelles une

mort accidentelle vient seulement mettre un terme.

Ce parallélisme parlait de l'anxiété et de l'excitation

libidineuse permet d'y voir quelque chose de plus qu'une

simple coïncidence. D'autre part, les accès de rire spas-

modiques constatés chez ce malade pendant une période

assez longue me semblent appartenir au même mécanis-

me psychologique.

Uss. \'1. - Ili·rérlitairc dégénérée ; choc mental ; puberté dif-

licite ; PS) ClrlN' polymorphe de longue durée au cours de laquelle

éclate de l'anxiété avec excitation sexuelle.

( : ... 1 ! ) ans, admise le 20 juin 1901 appartient il une famille de

dégénérés. Le père parait indemne, mais son frère est mort à 45 ans

d'accidents cérébraux. La mère est névropathe. De leurs six en-

l'titi est mort iiii autre de scrofule, une lille a

eu des convulsions, la malade a eu elle-même des convulsions et

présente des stigmates de dégél'esl'encc. Aseize ans, il la, ue d'un

incendie, elle éprouve une violente émotion, d'où suppression

menstruelle l'1]Jll'nlil'l'e crise de trouble mental de peu de durée

qui disparut sans laisser de traces. Toutefois la menstruation l'l'S-

te irrégulière et l'nlmine des accidents névropalbiques avec dé-

les·ion ly luwllniaync..1 19 uns, ces troubles deviennent l'un-

tinus, l'affectivité s'altère, elle prend ses parents en aversion, de-

vient irritable, munife-le par accès de l'excitation délirante qui

finit par nécessiter son placement il

Depuis bientôt I roi- ans, cette lille présente des accidents llll'n-

lauxd'un PUI)IIlUl'phislIle 1',\ ! l'èll1C : excitation 11lnlliallUea\l'c dl'-

sordre des actes, périodes de stupeur avec phénomènes catatoni-

(jules, crises délirantes à forme l(' 1 i ? i ('Lise, crises mélancoliques

avec délire d'indignité et de clllpahililécl anxiété extrême aoeOIlL-

pagll¡"cs d'ulle 1 ¡''l'i Labie fureur de maslurhal ion.lc loul l'nll'CCOII-

pé de quelques périodes lucides muisaveeulfuiblissement 1res mi-

(leili du niveau mental. Aeluelleiiienl on conslale du délire de

(le

tien semble évoluer vers la démence.

Ici encore l'excitation sexuelle coïncide exactement

avec la crise anxieuse qui est elle-même purement épiso-

dique et peu prolongée. A aucun autre moment le phéno-

mène génital n'a été observé bien que la maladie dure

depuis plusieurs années déjà.

EXCITATION' SEXUlXI.n DANS LES PSYCH01'AlH<t;S : 1\\Il : l'SI : S 95

Les psychoses tlé5néralivcs oui ceci de particulier

ILuc. quand elles ne se terminent pas prématurément par

la démence, elles peuvent se manifester il tous les âges

de la vie sous l'orme d'accès curables, plus ou moins es-

pacés, laissant souvent de longs intervalles de santé psy-

chique. C'est sous le bénéfice de cette notion clinique

vainement niée aujourd'hui que nous donnons l'observa-

tion suivante, qui. malgré la clémence terminale, rentre

de toute évidence dans la folie polymorphe des tlé5éné-

rés.

Otis. Vil. Hérédité vésaniquo ; déséquilibralion mentale

originelle ; deu\ accès antérieurs d'aliénation mentale ; troi-

sième accès il 70 ans ; démence, exeilalalion maniaque, puis dl"-

1" L ? ion mélancolique a\ec délire de négation; crise anxieuse

avec excitation sexuelle intense.

F... ,Jean, 70 ans, culLiwteur, admis le 12 décembre 1882 ; ma-

ri, neuf curants dont deux" seulement sont \ hanLs ; trois morts

en havane, trois morls île phtisie et un mort pendant la guerre

de 1870. Père aliéné.

Les premier* signes de folie se sont manifestés il l'âge de 20

ans, au moment du tirage au sort ; l'accès a été cour ! et ne l'a

pas empêché de faire son ·crv ico militaire. H a eu un second ac-

cès il y a in ! ! L ans. D'un caractère déliant et timide, il aimait la

solitude et ne se livrait à aucun excès.

L'accès actuel s'est développé il y a quelques semaines sans

cause appréciable. 11 a commencé par manifester de l'inquiétude,

accusait ses voisins de lui dérober ses recolles, puis s'exaltant,

peu à peu tomba dans une excitation maniaque qui se traduit,

actuellement par de l'agitation, de l'insomnie, des idées incohé-

rente» de satisfaction et de persécution et des actes désordonnés.

Le calme étant, sunenu au bout de quelques jours, on constate

un notable affaiblissement intellectuel, la perle de la mémoire,

en un mot les signes de la démence sénile ; des élourdisse-

ments, une démarche titubante, conséquence de l'athérome ce-

rébral. 1.

En mars 1883, une phase mélancolique sunienl avcc délire

d'Il) pOl'1J IId J'il' il est bouché, empoisonné, ne peut aller a la

selle. Un \eut le perdre, on l'accuse pour le faire mourir. Par-

lois, il parle du paradis, gémit, voudrait être sauxé. Malgré cela

il mange -es alilllenb a\ec une extrême voracili.

En mai, le délire se complique- d'agitation anxieuse, il ne se

li'\1' plus, commence il refuser les aliments, maigrit, s'imagine

qu'on wall le tuer. qu'on l'accuse d'avoir commis des crimes,

pousse de- nerni-sement- et des cris d'angoisse. Soudain, le '2'2

OU CLINIQUE MUXIALIÎ

mai il se met à se masturber avec une (elle ragé qu'on juge né-

('eail'e de lui li\el' j¡'s IIlaill-, IIleH11'1' qui Il'elllpl'cllC Jla Il'I'L't'-

lion de persister. Au milieu de ses divagation» mélancolique.- il

appelle à grand- cris « sa petite femme » ; veut embrasser tout le

le 11101ldl', 111'¡llirl'Le .It" idt"l'- l'J'<I(iqul' dl' (OUL 1'1'111 ? Cl'lIl'

t'l'i1' dl' ...,tlI'ia ? i dUl'e dell\ joUI'S, .\l'l'i ? quoi le délire anxieux

persiste avec de.- alternatives de rémi ion et de recrudescence

1'1 ¡WU ill'l'U le IIl.dade Louille dalh l'altl'lIli-'elill'lll p( Il' ¡ ? ili-III.'

fiual. CL' l'IlL lu. ,eull' l'l'i-I' d'l'\ciLalillil t ? élliL.tll' ,iU'tll'I'. Loo 1111-

I,«Ic nc ·m;cmnlm yuu plueit·vr.aunut·· llu, (r,l, cu 1W '.I.

Il cst évitlcnL lnc cc cus ri u1l : uUicaL li,ts t la tlé;mmcc

sénile pure et simple, mais rentre légitimement dans le

cadre des vésanies; l'excitation sexuelle, constatée an

cours de l'observation, ne nous semble pas davantage se

rattacher à un processus de congestion des centres ncr-

veux d'origine vasculairc, comme dans les cas ordinaL-

res de démence athéromateuse, où l'excitation génitale

se montre si commune. 11 s'agit, en réalité, d'un pliéno-

nontènc épisodique d'une durée éphémère inlilllemen L

lié à l'explosion de la crise anxieuse, relevant d'un mé-

canisme particulier.

Tels sont les plus intéressants des laits que j'ai obser- "

vés. Bien qu'appartenant il des catégories cliniques dil'-

ierentes. ils ne sont pas sans avoir quelque chose de

commun. 11 y a d'abord l'association des deux symptô-

mes, anxiété et excitation sexuelle. Celle dernière est

un phénomène assez banal dans les maladies mentales ;

. on l'observe souvent dans la période d'invasion, non

seulement des psychoses organiques mais des simples

xésanies. Elle est fréquente dans le cours des folies sys-

tématisées où elle engendre tant et de si singulières

idées délirantes, mais elle n'y joue que le rôle d'un

symptôme accidentel et isolé tandis que dans les obser-

vations précédentes, elle l'ait partie d'un ensemble de

phénomènes systématiques formant un syndrome a indi-

vidualité propre.

Il y a encore la prédisposition. Tous ces malades sont

des héréditaires, e est-a-dire des individus dont le sys-

tème nerveux est frappé d'une déséquilibration originelle

et d'une émotivité maladive. Qu un épuisement momen-

EXCITATION SEXUELLE DANS LES PSYCHOPATHIES ANXIEUSES 97

tané se produise ou que survienne un choc mental, et

voilà les obsessions mobilisées et l'anxiété déclanchéc.

Selon que la tare du système nerveux sera légère ou

grave, l'affection pourra avoir une évolution différente ;

guérir chez les uns. passer chez les autres il l'étal chro-

nique, et chez les troisièmes évoluer plus ou moins rapi-

dement vers la démence.

Enfin il y a encore le lien pathogénique. Il est vrai-

semblable, en clfet, que cette association morbide, anxiété

et excitation génitale, relève, quels que soient les cas

cliniques où on l'observe, d'un mécanisme identique.

La théorie de Freud, qui de l'anxiété la consé-

quence d'une accumulation de la tension génésique. théo-

rie d'ailleurs généralement combattue, ne saurait être

invoquée dans l'espèce. Dans nos observations, en effet.

l'excitation sexuelle se produit, non pas comme phéno-

mène primitif susceptible de jouer le rôle d'agent causal,

mais bien comme manifestation secondaire et subordon-

née. Toujours l'anxiété a précédé l'excitation génitale.

L'expérimentation a démontré qu'il existe, dans le

manteau cérébral, des centres des besoins et des appétits

et en particulier des centres dévolus à l'activité des or-

ganes de la génération (1). Faut-il s'arrêter cette expli-

cation que l'irritation corticale qui produit l'anxiété peut

se propager il ces centres et les mettre en activité ? Mais

l'anxiété est un phénomène psychologique dont le reten-

tissement organique est l'angoisse ; l'excitation du cen-

tre cortical des fonctions sexuelles ne saurait avoir de

retentissement organique que par l'intermédiaire d'un

état psychologique, c'est il dire d'idées érotiques, ce qui

parait singulièrement paradoxal, à moins d'invoquer la

possibilité d'idées subconscientes. Nous avons bien pu

constater chez plusieurs de nos malades que l'excitation

génitale engendrait des pensées érotiques mais nous n'a-

vons à aucun moment remarqué quoi que ce soit qui per-

mette de croire à l'existence du processus inverse. La pa-

nophobie de l'anxieux ne parait d'ailleurs guère favora-

ble il l'éclosion d'idées relatives aux fonctions sexuelles.

Au dessous de l'écorce cérébrale existent une série d'or-

(1) Des centres cérébraux dirigeant l'érection du pénis

et l'activité des testicules {Revue neurologique, 29 lévrier 1904)... ,

Archives, 2' série 1905, l. XIX. 7

08 CLINIQUE MENTALE z

gancs superposés, couches optiques, bulbe, moelle, dans

lesquels existent des centres inférieurs dont l'activité

peut être réveillée d'une façon automatique. Les couches

optiques, en particulier, contiennent des noyaux qui

président à la vaso-motricité, aux mouvements du coeur

et de la respiration, aux sécrétions des glandes, à l'acti-

vité des organes génitaux (1). Nous avons vu précisément

que, dans les états anxieux, toutes ces activités pouvaient

momentanément être réveillées en dehors des stimulants

ordinaires et d'une façon en quelque sorte incoercible.

Mais cet automatisme ne peut exister que par le défaut

ou l'insuffisance des centres modérateurs du manteau

cortical. Or, nous savons que les fonctions intellectuelles

supérieures qui ont pour organe ce même manteau corti-

cal, le jugement, le raisonnement, la conscience, dimi-

nuent d'intensité au sur et il mesure que l'émotivité aug-

mente. « C'est une loi psychologique bien connue, dit M.

rebot, que le connaître et le sentir ne peuvent coexister

avec une égale intensité, que l'état affectif ne peut gran-

dir que si la représentation s'efface (2). » De même, c'est

dans les phases les plus anxieuses des états mélancoli-

ques que le contenu du délire est le plus pauvre, jusqu'à

disparaître presque entièrement, comme chez les pano-

phobes gémisseurs. M. Pierre Janct a bien montré que.

chez les psychasthéniques, les agitations mentales, les

rêveries, le délire en un mot sont non seulement indépen-

dants de l'angoisse physique, mais qu'ils se développent

en antagonisme avec elle. On peut donc en conclure qu'au

paroxysme de l'anxiété, alors que les fonctions intellec-

tuelles supérieures sont presque entièrement suspendues,

l'action inhihitoirc ou frénatrice des centres corticaux,

soit par épuisement, soit par inertie, ne se fait plus suf-

fisamment sentir sur les centres inférieurs et laisse ainsi

le champ libre à leur activité automatique.

Je n'attache d'ailleurs aucune importance à ces essais

d'explication. Ce que je tenais il montrer, c'est la coïnci-

dence de deux phénomènes qui sembleraient devoir s'ex-

clure et qui, signalés dans les états névrohathiqucs, ne

(1) .1. Soury. Le système nerveux central, Paris 1899.

(2) 'l'Il. Robot. - La psychologie des sentiments, ? .' édition, t',LUie

1897.

UN NOUVEAU CAS DE PARALYSIE GENERALE CONJUGALE 99

l'avaient pas encore été explicitement dans les étals psy-

chopalhiques.

RECUEIL DE FAITS

Réflexions sur un cas nouveau de paralysie

générale conjugale d'origine syphilitique.

Par les U" 5. (..\R\IL : It, Médecin en chef Dit'eeteur,

et A. SANTBNOISE, Médecin adjoint de l'asile d'aliénés de Dijon.

Dans les conclusions d'une première note sur la para-

lysie générale conjugale, lue. il y a 14 ans. au congrès de

médecine mentale de Rouen, notre distingué confrère, le

docteur Cullcrrc, de l'Asile de la locltc-sur-1 on, qui a

publié les premiers cas observés en France, déclarait

« qu'en fait de paralysie générale à deux, la syphilis,

tout en étant encore l'hypothèse la plus plausible, était

loin de tout expliquer d'une manière satisfaisante ».

Cette réserve se comprenait en face des trois cas rappor-

Lés pal' 1\1. Cullcrrc. Et, en effet, dans le premier, la syphi-

lis n'était pas. avec certitude, la cause déterminante de

la paralysie générale des deux conjoints ; dans le second,

on n'avait pas constaté, selon le premier médecin trai-

tant, soit chez l'homme, soit chez la femme, d'accident

antérieur de nature suspecte ; et enfin dans le troisième,

la femme, primitivement infectée de syphilis ne devint L

paralytique qu'après que son mari eut déjà manifesté

des symptômes de sclérose médullaire, mais sans trou-

bles mentaux. En commentant son quatrième cas de pa-

ralysie générale conjugale, inséré dans les Archives de

neurologie (1904, no 98), M. Gullcrre posa cette fois net-

tement la syphilis comme l'élément étiologique de la

'paralysie générale des deux conjoints de son observa-

tion, et il put dire : « Je considère ce nouvel exemple

comme militant en faveur de l'origine syphilitique de la

paralysie générale o. Un nouveau cas de paralysie gêné-

100 RECUEIL DE FAITS.

raie conjugale, que nous avons tout récemment ohscrvé.

vient fournir très nettement la démonstration de l' Ol'i-

gine syphilitique de la maladie, ainsi qu'on va le voir.

i\larie 1'..., veuw G..., née à 1...., le 4 décembre 1845, est

entrée à l'Asile d'aliénés de Dijon le Il mai 1904, atteinte de (lé-

mence parah tique à la dernière période. La mère de celle femme,

née Eliennelle IL ? a ulé traitée elle-même il rétablissement,

du 15 février 189G au 1 hseplembre 1897, et esl sortie légère-

ment améliorée d'un accès aigu de folie sénile, avec idées de

persécution eL d'empoisonnement, niais elle esl décédée peu de

lumps après. Le neveu de cette dernière, et par conséquent le

cousin germain maternel de Marie B.... avait été lui aussi traité

il l'établissement, du 4 septembre au 29 novembre ¡\J02, dalo de

son dl'ci ? par suite d'attaques épileptiformes. Il était atteint de

pal'alysie gl;nél'olle il fOl'l11e expani\l', a\ec les igncs solnaliques

l'l )l ? chiquc habituels il celle maladie. 11 avait contrarié la

syphilis au régiment, puisqu .on dire il avait eu la couronne

de Ycnus (sic), domine il était 'dans la [\\° année de son âge lors

de son entrée il l'asile, on pouvait laire remonter l'infection

sy pllililiyuu a une douzaine d'années auparavant.

Du côté (les antécédents personnels do Mario n..., antérieurs à

son mariage avec 6 .... nous tic rien, sinon qu'après avoir

mené une vie un lieu irrégulière, elle s'était mariée le 28 jan-

\il ? 1894. i l'âge de 4(J Elle avait épousé le nommé G..... ' '

Ù ? é alors de 3;j an, pUiqllï1 était né le G septembre 1859. Celui-

ci, après un ait do cohabitation, vécut avec sa femme 1'11 111au-

labe intelligence, aussi le divorce fut-il prononcé en 189li, aux

loris du mari qui, en février 1902, fut interné lui-même Ù l'Asile

d'aliénés. Ace moment, G... qui passait pour avoir habituelle-

ment fréquenté des filles du main aise lie, présentait indubila-

blement tous les signes d'une paralysie générale, acc excitation

maniaque aiuu. Lm : yail l'ul yneLiunW sur l'existence d'une

svpbilis dans ses antécédents, il déclara avoir ou la roséole (sic),

de sorte que la vérole nlail Uut à l'ail certaine. Il mourut 8 jours

après son hospilali-alion, par suile d'une congestion cérébrale,

Gel individu était lils unique d'un père qui avait également ulu

séquestré à rétablissement, à l'âge de 72 ans, du 1'2 février au 11-

mars 1897, IaLe de sa mort par ramollissement cérébral. (Jetait

a son entrée un dément sénile, avec excitation maniaque inler

cu rre u te.

A partir du mariage que l'on sait, avec un homme de 14 ans

moins âge yu'elle, Jlaric B..., qui ne paraît pas avoir été jamais

malade jusque-là (renseignements émanant d'un lroche parent

médecin), 111'l"l'nla, en août il à sou reloue d'une saison à

1 \ C4S \OT;V1;4U DE PARALYSIE GÉNÉRALE CONJUGALE 101

Luxeuit, une éruption généralisée, sauf à la face et aux mains,

ne s'accompagnant ni de démangeaisons, ni de douleurs, ce qui

fit présumer déjà au parent qui l'observait, qu'il s;agissait d'une

éruption syphilitique (roséole). L'année suivante, elle reçut les

soins do JI. le docteur P...., de Dijon, qui, en présence d'une

nouvelle poussée cutanée, porta sans hésiter le diagnostic de

svphilides papuleuses, et prescrivit aussitôt un traitement spéci-

fique que la malade refusa toutefois de suivre, disant qu'on vou-

lait l'empoisonner.

Le rapprochement de la date des premiers accidents avérés de

'.\phiiis (roséole de 1896), a\ec celle du mariage. (28 janvier 1\1'1),

semble assez démonstratif d'une syphilis récente et acquise pen-

dant le mariage. Il est, d'autre part, d'autant plus admissible que

le mari a été l'agent primitif de contamination, que lui-même,

de son propre aveu, avait élé, comme on l'a vu, préalablement

iufecte, et il ne peut pas être douteux qu'étant donné un mari de : 1; ans et une femme de 49 an, ce n'est pas la femme qui a dû

apporter la maladie dans la communauté.

A l'entrée de Marie B..., on con-tata chez elle les phénomènes

suivants : embarras l''\LI'('nu' de la parole, all'l""il' des pupilles,

tremblement de la langue, dill1cull(; de locomotion, affaiblisse-

ment considérable de la.mémoire, inconscience du temps écoulé,

tendance à se déshabiller constamment, du gâtisme, l'cu altrèc,

on fut obligé de l'alimenter il la sonde, à cause de la paralysie du

pharynx, et elle bredouillait d'une façon inintelligible. Bienlùl.

ou dut l'aliter, car elle ne pouvait se tenir assise dans un fau-

teuil, et elfe vécut de la sorte moins d'un mois, étant morte le

1 juiu, par suite de connestion cérébrale. L'autopsie ne. put ette

pratiquée, en raison de l'opposition de la famille, opposition qui,

d'ailleurs, s'était déjà produite pour les trois parents décédés an-

lérieuremeul il l'asile.

L'observation ci-dessus nous a paru d'autant plus in-

téressante qu'elle est. au point de vue étiologique.' plus

complète que la plupart des observations de paralysie

générale conjugale publiées, et permet de donner une

solution déjà meilleure aux questions que soulève le fait

de cette même maladie survenant successivement chez

deux conjoints,

Tout d'abord, il ne peut pas être discutable qu'une

double prédisposition avait, chez les époux G. B..., pré-

paré le. terrain il l'éclosion des accidents paralytiques,

attendu que, du côté du mari, on trouvait son père, dé-

ment sénile, mort il l'asile de ramollissement cérébral,

102 RECUEIL DE FAITS.

et que, du côté de la femme, non seulement Sa mère,

quoique décédée il son domicile, avait versé do son côté

dans la démence, mais encore un cousin germain mater-

nel avait succombé dans notre établissement, par suite

de paralysie générale confirmée. Ce dernier fait n'indi-

que-t-il pas d'ailleurs, d'une façon déjà claire, chez les

membres de celte famille, la tendance de leur cerveau il

faire de la paralysie générale, parce que la syphilis était

entrée enjeu ? -

La marche de l'infection syphilitique, déjà mise en

relief dans l'observation, mérite encore qu'on s'y arrête,

en raison de ce que les accidents initiaux ont certaine-

ment débuté chez le mari. Et, eu effet. G ? a été le pre-

mier infecté. puisqu après son mariage avec Marie 13 ?

celle-ci présentait des accidents secondaires dès 189û.

c'est-à-dire 2 ans environ après. La différence chronolo-

gique dans la contamination originollo s'est d'ailleurs

également retrouvée dans l'évolution morbide des acci-

dents cérébraux, puisque le mari mourut paralytique un

peu plus de deux ans avant que sa femme ne succombât t

par suite de la môme affection. Chez les deux malades,

on peut au moins approximativement, évaluer à une di-

zaine d'années l'intervalle qui a séparé l'accident syphi-

litique initial de l'apparition des symptômes mentaux.

Rappelons ici, cet égard, que chez le cousin paralytique

de Marie B..., on vit les accidents do paralysie générale

débuter une douzaine d'années après l'infection syphiliti-

que.

11 y· a en outre, dans ce fait d'une paralysie générale

évoluant successivement chez deux époux, autre chose

qu'une coïncidence fortuite, et la vulnérabilité particu-

lière de leur système nerveux nous parait d'autant plus

admissible que la prédisposition était évidente chez tous

les deux. Il semblerait même que l'aptitude de son cer-

veau il contracter la paralysie générale était, chez la

femme, presque fatale. Néanmoins, cette prédisposition

seule, toute intense quelle ait pu so révéler, n'aurait

sans doute pas suffi il faire naître, en l'absence de syphi-

lis, une paralysie, générale chez Marie 13.... car nous ob-

servons que son frère, dont nous ignorons il est vrai

l'Age exact, mais qui est certainement voisin de celui de

UN CAS NOUVEAU DE PARALYSIE GÉNÉRALE CONJUGALE 103

sa soeur, n'a jusqu'à présent offert, dans sa mentalité, lo

moindre symptôme suspect ; et cependant ce frère, père

de famille, entrepreneur ayant brassé des affaires, a dû

avoir son système nerveux bien plus surmené que sa

sieur qui a toujours eu une vie monotone, indemne de

toulo tension cérébrale.

haut-il, pour expliquer cette paralysie générale chez

nos deux époux, faire intervenir, il l'exemple do quel-

ques auteurs (Morel-Lavallee, etc.) l'influence élective

d'un virus syphilitique spécial ? Cette hypothèse, à priori

admissible, ne parait pas devoir être retenue ici, pas

plus d'ailleurs qu'une similitude d'habitudes pour les

excès vénériens (Bail), car rien ne vient confirmer ni in-

mer la première hypothèse, et la seconde est d'autant

plus il rejeter que les époux ont fort peu vécu ensem-

ble.

Sans vouloir maintenant insister sur la richesse étio-

logiquc de notro observation, il nous sera cependant

bien permis de faire observer que c'est une véritable

bonne fortune d'avoir pu recueillir ainsi, dans le môme

asile public, l'histoire pathologique de deux conjoints

. paralytiques, do leurs ascendants et collatéraux, alors

que les observations publiées jusqu'à ce jour manquent

précisément, en général, do tels détails sur l'hérédité

des sujets atteints de paralysie générale conjugale.

Ainsi que nous l'avons fait observer au début de ces

lignes, c'est le Dr cq1lleilo qui a, le premier en France,

attiré l'attention sur les faits de paralysie générale con-

jugale, au congrès aliénisle de Rouen, en 1890. Mais déjà

Ludwig Acker (AU. Zeitschrift sur Psych. 1887) et Men-

del (AU. Zeitschrift sur Ps5·c11, 1888) avaient rapporté

des observations do paralysie générale chez des conjoints

infectés de syphilis. Depuis, les faits se sont multipliés,

tant il l'étranger qu en France. Dans les, thèses d'Evrard

(Paris 1894), d'Ingelrans (Psiis, 1807) et de Creté (Paris,

1899), se trouvent rapportées les observations connues

et la bibliographie qui a trait il la question de la paraly-

sie générale conjugale, dont le total des cas était, d'après

Cullerre, (Archives de Neurologie, 1904, Il° 98) d'une

quarantaine environ. L'observation nouvelle cpie nous

venons de l'apporter ne peut qu'ajouter a cette moisson

104 - RECUEIL DE FAITS.

de faits spéciaux, un cas particulièrement documenté au

point de vue étiologique.

Epilepsie, délire alcoolique, mélancolie, tentative

de suicide. et paralysie générale chez le fils

d'une mère alcoolisée, d'un père suicidé, lui-

même étant syphilitique et alcoolique.

par lk ])' Simoun

(Asile clinique. Service de l'Admission.)

Un des faits les plus propres à montrer que les éludes

cliniques ne sont pas restées en psychiatrie plus stéri-

les que dans les autres parties de la médecine, nous pa-

rait être la possibilité de reconnaître, chez un même ma-

lade. la coexistence de plusieurs affections mentales dif-

férentes et de préciser ce qui revient it chacune d'elles

des divers symptômes morbides, tant sont en effet net-

tement déterminés les signes qui leur sont propres. Ce

n'est pas d'aujourd'hui d'ailleurs que les alienistcs ap-

pellent l'attention sur des combinaisons de ce genre et

la façon de les analyser. M. Magnan en particulier a

montré le haut intérêt de ces l'aits, et toute une leçon de

sa 2'' série des « Centres nerveux » est consacrée aux

multiples variétés que la pratique courante fait rencon-

trer. L'observation que nous rapportons ici est du même

ordre. '

Cit. 1\..., esl un homme de 4 ! ans, encore solide, assez rigou-

reusement bâti. C'est le lils d'une franchiseur, merle pa-

ralysée il fi0 ans qui aurait eu des habitudes de boisson assez

prononcées ; pl d'un père qui s'est pendu au moment de la

Commune par peur d'être fusillé. Ch. ]l...., avait 3 frères :

deux sont morts : l'un, d'une tumeur dans la gorge ? ), l'autre la-

]J('l'culeu\ : ; le troisième enfin, l'aîné de tous, est actuel-

lement âgé de 4u ans ; il a toujours été de caractère emporté,

mais il n'a jamais présenté d'accidents nerveux, ni de troubles

mentaux proprement dits.

Nous manquons de renseignements précis sur l'enfance même

de notre malade. Nous avons pu «avoir cependant qu'il n'avait

I : PILT'PSII', DÉLIRE ALCOOLIQUE, MÉLANCOLIE, ETC. 103

jamais eu beaucoup d'instruction ; il n'a jamais su très bien lire ;

il sait tout juste tracer son nom ; mais ce défaut parait en réalité

tenir moins aune incapacité dosa part qu'aux conditions mê-

mes dans lesquelles il fui élevé : n'es ! allé il l'école d'ail-

leurs que jusqu'à 9 ans. EL dans son métier au contraire il était

orfèvre il était considéré comme un des ouvriers les plus

adroits, recherché par les meilleures maisons, il était arrivé aux \

(dus hautes payes.

1J1\ l'àge de].') ans apparaissaient cependant déjà chez lui des

(roubles nerveux qui, d'après les renseignements que nous avons

pu recueillir se présentaient delà façon suivante : c'étaient des

crises qu'il sentait venir à du tremblement ; il pâlissait alors

cl lomhait ; il se Llessait parloi et o c1C·battail, grinyant clo·

dents, faisant de grands mouvements, devant être maintenu par

plusieurs personnes. Quelquefois ces crises s'accompagnaient de

morsure de la langue ; plus rarement d'incontinence d'urine. Le

malade eu aurait toujours ignoré le contenu. De 15 à 2j ans elles

étaient fréquentes au point que « tout le monde » savait qu'il

tombait ainsi. Mais par la suile (vers 30 ans) elles auraient cessé

à peu près complètement : son lils se les rappelle à peine ; et

depuis le malade n'en aurait présenté qu'une dizaine. En même

temps qu'ils devenaient plus rares, ces accidents auraient aussi

changé de caractère : dans ces dernières crises les grands mou-

vements avaient cessé, le malade avait seulement des contractu-

res des mains et ses yeux étaient convulsés.

Nous devons également relever vers celte époque -entre''0

et 21 ans, si nous en croyons le malade, qui ne nous fournit pas

de date bien précise, un chancre de nature syphilitique. Ch, .

1L. a un clfet él soi ? nù pour lui t l'ltùpilal du \Iicli har cle· fric-

tiousal'ongnenf gris ; et plus lard se sont développées des pla-

(mes muqueuses, ont éclaté des céphalées, qu'un traitement in-

duré a fait disparaître. Sauf un lils bien perlant, dedans, qui

lui reste, l;h. LL. a eu U'ailleurs d'un mariage contracté l'année

consécutive à celle infection, quatre autres enfants tous morts en

bas-âge, el sa femme a fait en outre une fausse couche ; mai,

peut-être, il est- vrai, faut-il tenir compte, pour.l'interprétalion

de ces faits qu'elle-même mourut assez jeune de tuberculose pul-

monaire.

Le malade avait d'autre part déjà à celte époque des habitudes

d'intempérance, abusait surtout du in, et les jours de fête « se

grisait » dit-il « de tout ce qui se présentait ».

C'est sous l'influence de libations de ce genre que se manifesta

pour la première fuis avec évidence chez lui, la tendance au

suicide que nous retrouverons plus lard. 11 y a 8 ans à peu près,

il se promenait avec un ménage, il avait bu, t'ami avec qui il

était parut lui reprocher de faire la cour à sa femme : c'élail à la

100 RECUEIL DE FAITS.

gare de Courccllcs ; brusquement il s'élança pour so précipitée

sous le train qui arrivait, il fut heurté par une portière et pro-

jeté : outre une plaio il. la tète, lésions internes, hématurie, trois

semaines de lit.

Il se remariait deux ans après environ ; el depuis car sa fa-

mille rattache naturellement tous ses troubles ultérieurs il ce

traumatisme crânien on lui connaît des idées de jalousie et de

persécution, accompagnées décolères \Îolenlo8, Il disait que sa

femme le trompait avec n'importe qui et il l'accablait de gros-

sièretés. Il portail constamment un revolver sur lui, ayant tou-

jours présente l'idée de la trouver avec quelqu'un et du leur faire

leur affaire tous deux. Il remarquait les alléos et venues de

personnages imaginaires qu'il épiait dans l'escalier. Il lirait des

coups do rovolver par la cheminée. 11 croyait qu'on lui riait au

nez. Il avait, disait-il, rencontré sa tcmmeavoc tel ou tel. 11 per-

dait souvent toute uno journée de travail à rester sous une fe-

nêtre il la guetter. Devant ses menaces, sa femme, qui se con-

duisait bien, a~dû plusieurs fois se\sauver chez sa mère et 11na-

lement a pris le parti dote quitter. Il y a ans qu'on ne sait l

plus où elle esl. -

Après ce départ, ses idées et ses interprétations délirantes n'ont

pas cessé. Il ne pensait d'abord qu'à se venger d'elle. Il voyait

toujours les frères do celle-ci qui le poursuivaient en bande pour

lui faire un mauvais parti. Toujours dos raisons aussi à ce sujet

dans les ateliers où il travaillait. Toujours croyait-il quelqu'un

qui lui en voulait. Et entre temps, il ne parlait que d'en finir.

Depuis dix ans, il était toujours sombre, en proie continuelle-

ment il des idéos noires. Il y a 4 ans encore on l'a retenu quand

il allait se jeter par la fenêtre.

Depuis 3 ans, la veuve d'un de ses parents a partagé son exis-

tence. C'a été avec elle de nouvelles idées de persécution, de

nouvelles scènes de jalousie et de violence. 11 prétendait qu'un

complot était dirigé contre lui, auquel celle femme était associée

pour le voler. Il croyait parfois entendre des bruits de baiser. Il

la frappait, puis implorait son pardon en pleurant. Et constam-

ment des idées de suicide revenaient dans sa conversai ion ;

« toutes les heures», dit celle-ci. 11 parlait sans cesse de hier sa

maîtresse, puis de se tuer après. Celle-ci a dû le quitter lt son

tour il y a un an.

Mais déjà commençaient à se montrer d'autres phénomènes

morbides. Il y a 8ans, il n'avait fait encore, comme orfèvre, que

trois maisons seulement; Après le départ dosa seconde femme,

il était resté assez longtemps sans travail. Puis, sous l'influence

de ses idées do persécution ses places devinront plus instables, il

changeait plus souvent. Cependant son travail lui-même n'en

souffrait pas, restait aussi bienj'ail que par le passée ! ses jour-

ÉPILEPSIE, DÉLIRE ALCOOLIQT'E, MELANCOLIE, ETC. 107

nées élaienL autant pavées. On répugnait à l'employer parce que

par intervalles ses à-coups subits de violence effrayaient. Mais

un s'y décidait cependant, parce qu'il restait malgré fout un des

meilleurs ouv riers de sa partie.

Depuis un an, un an et demi à peu près au contraire, c'est uno

baisse progressive de ses facultés. Son travail est de plus en plus

imparfait, et l'unacommela courbe de celte décadence dans ses

prix do journée qui diminuent : de (2 il tombe à 10, puis au-des-

sous encore, n'arrivant plus à gagner que trois francs par jour.

EL l'on ne lui confie plus le même ouvrage qu'autrefois, on ne

lui donne pas les oeuvres délicates, ses mains et son attention en

seraient désormais incapables, il est maladroit, il ne peut plus

faire do travail fin, ni fixer longtemps le même objet, il s'énerve

facilement, on ne lui donne plus que les besognes les plus gros-

sières, celles qui demandent le moins de soin. Depuis quelques

semaines enfin tout Lr'll\aillui élaiL de\I)l1u impossible. Peu ins-

truit déjà, il devient incapable de comprendre ce qu'il lit.Sa mé-

moire également baisse et s'égare : il oublie quelquefois jusqu'au

nom du patron qui l'emploie, et il part de chez lui pour aller tra-

vailler à 9 It. du soir. Il perd de l'argent. Dans ses périodes de

calme, où sa tristesse habituelle cède, un souriro niais apparaît

sur ses lèvres, qu'on ne lui connaissait pas. Enfin depuis un an

sa pal'ole s'l'll1ha'l l'assu eL do\ Ít'nL maintenant par instants presque

lI1a151S$Illll'.

C'est dans cet état, après cette histoire morbide déjà si longue,

qu'il arrive à l'asile. On trouve nettement chez lui à l'examen

trois groupes différents de symptômes.

11 ne témoigne plus que d'une activité Intellectuelle restreinte.

Son orientation est défectueuse. Il ignore l'époque de l'année où

nous sommes et celle-ci, répond sans hésitation à ce sujet « mars

18S3 » ou uno autre fois « 1881 » cL en élanL vlors incapable de

dil'o ll' moi, Sa 1l1¡"moil'e ne lui pCl'nH'L pas (le J'oumi ! ' un l'éeil

macL tle ca v iu anLûrieure. II n'esLtlue vaôuemenL conscient de sa

situation, se rend peu compte du changement qui s'est, opéré on

lni. ll eaiL crltmulanLtln'il ne peuL (Uus Lravailler eL accvse mOme

quelque découragement..Mais peu après son visage s'éclaire pas-

¡¡g¡'J'('ll1enL d'une satisfaction caractéristique. On est frappé d'au-

tre part d'une hésitation delà parole constante, que les mots

d'épreuve exagèrent, mais notable déjà au cours de la conversa-

lion. Les pupilles sont déformées et inégales, la pupille gauche

plus grande; les réactions lumineuses sont très faibles et très

lentes. Relevons enfin une exagération des réflexes rotuliens.

A côté de ces troubles, le malade accuse d'autre part des peurs

nocturnes, des cauchemars, de mauvaises choses ;it il croit

tomber dans des précipices ; il entend des fusillades, il se voit

blessé. Il se réveille en sursaut, couvert de sueur. Il des fram-

108 RECUEIL DE FAITS.

]les dans les membres inférieurs, des élourdissemenls fréquents.

Ses mains étendues présentent un tremblement rapide a petites

oscillations verticales.

Enlin, à côté de tout cela surnagent encore des idées délirantes,

un fond mélancolique de tristesse, de découragement, tl'irnpuis-

sance, avec surtout tendance conslante au suicide puisque Ch. IL

a encore tenté tout récemment a se brûler la cervelle. Plusieurs

fois d'ailleurs il exprime ce même désir devant nous. Les idées de

persécution persistent également, bien qu'actuellement confuses.

1lIt's onl provoqué son internement : lui-même s'est rendu au-

près d'un agenl, demandant protection contre des personnages

qui, \oLillieilL 1'uitil)oi,,oiiiiei-. Elles se manifestent encore

parties réflexions comme celles-ci : « 11 ne me manque que voire

confiance. On a l'air de dire que je suis exigeant pour la nourri-

1 t Il'1'. Ji

Comment donc comprendre cet ensemble de troubles

morbides. La manière même dont nous les axons expo-

sés, pour plus de clarté, le montre déjà. Cet affaiblisse-

ment global de toutes les facultés, qui domine actuelle-

ment la scène, qui s'est établi lentement, progressive-

ment, au point que le début en remonte il un an déjà,

sinon plus ; et les signes physiques qui l'accompagnent,

embarras de la parole et troubles pupillaires. indiquent

suffisamment que nous avons à faire à une paralysie gé-

nérale en pleine évolution. Les troubles sensoriels péni-

bles que nous observons la nuit chez notre malade, et le

tremblement des mains qu'il présente, témoignent d'au-

tre part des habitudes alcooliques que lui-même d'ailleurs

avoue. Sa dépression, ses conceptions délirantes tristes,

son penchant toujours présent au suicide ne sont qu'une

expression de la prédisposition aux troubles mentaux

que le récit de son existence nous montre qu'il a toujours

présentée, et traduisent le terrain de déséquilibration

dont il a hérité.

Nous voyons donc qu'il existe chez Ch. Il ? une co-

existence et une association de trois étals pathologiques

différents : un fond constitutionnel, que l'alcoolisme de

la mère n'est pas seul à expliquer, qui s'est manifesté

autrefois par de l'épilepsie,puis des idées de persécution,

mais qui affectaient le plus souvent la forme mélancoli-

que, avec réaction et suicide, dont le malade héritait

directement de son père ; des accidents alcooliques, éga-

ÉP1Ll : PSI1 : ¡ DÉLIRE 1LCOOLIQII ? MÉLANCOLIE, L'IC. 109

lement d'origine ancienne ; et enfin, sur celte double

base, vésaniquo et d'intoxication, s'est développée plus

récemment, il la faveur de l'infection syphilitique dont

notre malade a été victime dans sa jeunesse, une troisiè-

me affection, la paralysie générale, de date plus récente.

mais qui dès maintenant commence à prendre une im-

portance prédominante.

Et ce n'est pas la un tableau schématique. Sans doute

la subdivision des phénomènes est moins nette au pre-

mier abord que nous l'avons présenté. Mais c'est qu'il y

a naturellement, et selon la règle commune à tous les cas

de ce genre, une influence réciproque des actions morbi-

des qui s'exercent ainsi simultanément chez le même in-

dividu. Dans notre cas. en particulier, il est assez aisé de

relever des phénomènes de ce genre. Ainsi, c'est à la fa-

veur d'un appoint alcoolique que le malade a manifesté

pour la première fois nettement cette tendance au suicide

dont il apportait le germe en naissant et qui s'est repro-

duite tant de fois chez lui. Puis, de même qu'ils viennent

probablement de hâter son placement, ses excès alcooli-

ques ont certainement été aussi pour beaucoup dans les

exacerbations de ses idées délirantes do persécution et

de jalousie, et même dans la forme de celles-ci. Les ma-

nifestations vésaniques ont été modifiées par l'alcoolis-

mie, selon les règles habituelles iL l'intoxication par l'al-

cool, agent d'éclosion, d'entretien et d'aggravation.

Mais il son tour, raffaiblisscmentinlellcctucl dont s'ac-

compagne la paralysie générale, est venu les marquer de

son empreinte. Elles n'ont pas seulement perdu de leur

activité d'autrefois, mais tandis qu'elles présentaient an-

térieurement une tenue logique qui portait la conviction,

malgré leur fausseté, dans l'esprit des personnes à qui le

malade les confiait, elles ne se bornent plus depuis quel-

que temps, nous dit son frère, des répétitions et

presque à des radotages. Ce retentissement des troubles

morbides les uns sur les autres n'est cependant pas.

comme nous l'avons vu, suffisant pour en empêcher l'a-

nalyse, et il est relativement aisé d'attribuer à chaque

cause pathogène : hérédité, intoxication, syphilis, qui

ont successivement intervenu, les différents désordres

dont elles sont responsables.

110 ASILES D'ALIÉNÉS.

Au reste, l'évolution même se charge de préciser en-

core cette dissociation, cette indépendance. Si ces divers-

symptômes se présentent pèle-mêle dans l'histoire et il

l'entrée même du malade, chevauchant les uns sur les au-

tres, c'est qu'aussi bien nous le voyons à une époque où

les trois ordres de causes dont nous avons parlé sont éga-

lement agissantes. Mais le régime d'abstinence de l'asile

atténue vite les accidents alcooliques ; les nuits devien-

nent rapidement plus calmes, ne sont plus troublées par

les hallucinations pénibles habituelles. Cependant, le

fond mélancolique, le premier en date, persiste et appa-

raît par intervalles : « ne va pas... j'aime mieux en

finir avec la vie... tuez-moi donc tout de suite... Est-il be-

soin de dire que l'affaiblissement intellectuel, que les trou-

bles de la parole et pupillairos restent les mêmes que les

premiers jours ?

Ainsi, troubles délirants avec idées répétées de suicide

liés il un terrain de déséquilibration mentale d'origine

héréditaire, accidents alcooliques, paralysie générale il

laquelle la syphilis n'est sans doute pas étrangère, coe-

xistent chez notre malade, et s'y laissent assez aisément

distinguer, reconnaissant tout à la fois une pathogénie

des caractères, une évolution et par suite, un pronostic

particuliers. Des faits de ce genre sont fréquents dans la

pratique psychiatrique,mais on ne saurait trop y revenir

et insister sur leur importance, car leur connaissance

jette la lumière la plus vive sur ces tout complexes que

sont les malades et est indispensable pour les compren-

dre. \

ASILES D'ALIENES

Personnel médical des Asiles d'Aliénés.

Par le D' E. COULONJOU.

Ancien chef de Clinique à la Faculté de Médecine,

Médecin-adjoint des Asiles publics.

Les médecins d'asiles recevaient, il y a quelques jours,

une circulaire de M. llourllevillc, dans laquelle ils étaient

PERSONNEL MÉDICAL DES ASILES D'ALIÉNÉS. 111

priés de fournir certains renseignements sur la popula-

tion, les mouvements, les personnels médical et secon-

daire, la situation des enfants idiots et épileptiques. de

leur établissement. Notre éminent maître, toujours obsti-

nément soucieux de l'amélioration du sort des aliénés et

aussi de ceux qui les soignent, ajoutait que « chargé par

M. lo Ministre de l'Intérieur, pour le Conseil supérieur de

l'Assistance publique, d'un rapport surlopersonnel médi-

cal des Asiles », il désirait surtout qu'on lui fit savoir : 1°

si ce personnel est suffisant ou non ; 2° dans quelles pro-

portions il conviendrait de l'augmente]' ; 3° quelles modi-

. fications seraient il apporter dans le recrutement des in-

ternes.

J'ai d'abord cru que c'était par erreur qu'un exemplaire

de cette circulaire m'était adressé; je ne suis, en effet,

qu'adjoint, et nul n'ignore que l'usage veut, après les rè-

glements, que les médecins-adjoints des Asiles ne soient

jamais consultés sur les affaires do leur profession ; ils

sont toujours des apprentis spéciaux, sans fonctions dé-

terminées, comme sans droits ; l'adjuvat ressemble à une

sorte de stage toléré par les chefs, parfois subi ; il n'y a

jamais lieu de demander un avis il des fonctionnaires sans

rôle. Mais l'arrivée de cette circulaire n'est pas acciden-

telle ; Bourneville a voulu déroger à la règle et consulter

aussi les adjoints. Nous serons extrêmement sensibles iL

ce procède nouveau, et je crois pouvoir affirmer à l'a-

vance que le savant rapporteur trouvera dans le bloc des

réponses, des indications précieuses.

Un premier fait ne manquera pas de le frapper ; c'est

que, dans les réponses il sa première question, les avis

ne seront pas unanimes. Tl se trouvera des médecins d'a-

siles publics qui écriront : « Oui, le personnel médical est

suffisant dans les Asiles. » Et cela leur évitera la peine

de formuler d'autres réponses aux deux questions sui-

vantes.

Le Ministre qui a bien voulu s'intéresser enfin il r a-

normale organisation médicale des Asiles d'aliénés, sera

nécessairement informé que l'état actuel n'est point si

défectueux qu'on veut bien le dire, puisqu'un certain

nombre de médecins estiment que tout est pour le mieux

dans le meilleur des mondes. Alors, que voulez-vous ? IL

11 asiles d'aliénés.

adviendra, de ce nouvel essai de justes et urgentes re-

vendications, ce qu'il advient de toutes les réclamations

'de collectivités qui ne sont pas unanimes. On décrétera

l'utilité d'élaborer et d'étudier un projet... Peut-être nom-

nrcra-t-on une Commission ? Nous savons ce que cela

veut dire. -

La seconde constatation que pourra faire Hourneville.

sera que la plupart des réponses des directeurs-médecins

ne parleront en aucune façon de l'utilisation possible des

médecins-adjoints actuels. Or, si les profanes, lorsqu'ils

entendent dire que tel Asile occupe un directeur-méde-

cin et un adjoint, par exemple, croient que cela l'ait deux

médecins, nous savons bien, nous, que cela fait, pour les

malades, un seul médecin ; nous le démontrerons plus

loin une fois de plus. Eh bien ! Quoique les aliénistes les

plus autorisés persistent il réclamer depuis longtemps

un plus grand nombre de médecins, tout en attribuant

un rôle actif aux adjoints actuels, il se trouve que cer-

tains directeurs-médecins estiment qu'il y a un nombre

suffisant d'aliénistes dans les asiles, tout en persistant L il

refuser un rôle quelconque aux adjoints.

Grâce à ces dissidences graves sur le principe même de

la question, principe que tout le monde pouvait croire

depuis longtemps indiscutable, le rapporteur se trou-

vera, après l'enquête, en présence de contradictions es-

sentielles : Tel médecin en chef, non directeur, n'ayant

donc aucune besogne administrative, quoique secondé

par un adjoint et deux internes pour 600 malades, trou-

vera le personnel insuffisant ; tel directeur-médecin,

surchargé de travail de bureau, ayant à soigner avec un

adjoint sans fondions et un seul interne, 800 ou 900 ma-

lades. estimera qu'il peut suffire à tout. Je sais bien

que, dans l'espèce, l'opinion de M. llourneville est faite,

et que l'opinion d'un homme tel que lui a plus de valeur

elle seule que celles, réunies, de tous les retardataires

des Asiles ; tout de même, je crains fort que les réformes

attendues n'aient à subir de longs retards du fait de ces

divergences de vues, auxquelles nous ne nous attendions

pas. Il nous paraissait si bien démontré que les aliénés

étaient les hospitalisés les moins favorisés au point de

vue du personnel médical ! et d'autre part, nous étions si

PERSONNEL MEDICAL DES ASILES D'ALIENES. 113

convaincus quc le concours des asiles nous donnerait le

droit de faire de la clinique mentale !

Sans doute, je paraîtrai quelque peu frondeur, peut-

être même très audacieux, d'avoir écrit ceci. Il règne

encore, dans certains de nos Asiles, un esprit de,liiérar-

chie toute militaire, acquis évidemment par l'habitude

ancienne de traiter les aliénés en bloc avec la discipline,

esprit qui nous dénie, à nous les jeunes, les apprentis,

tout droit de mettre le nez dans les affaires. J'entendais

dire, tout récemment, à un frais promu directeur-méde-

cin : « Franchement, je ne sais plus dans quel siècle nous

vivons ! Les adjoints d'aujourd'hui veulent être les maî-

tres ; croyez-vous qu'ils demandent un service ! pourquoi

pas une direction tout de suite ? Est-ce que nous n'avons

pas attendu, nous autres, 8 ou 10 ans ? » On voit donc que

je ne puis trop élever la voix; supposez que je tombe un

jour sous la coupe d'un chef aussi bienveillant ! Nos aînés

sont passés par que n'y passons-nous aussi !

Mais, tout en affirmant mon respect absolu de la hié-

rarchie, mes sentiments de très haute déférence envers

mes chefs, jonc crois blesser personne en rappelant quel-

ques-unes de nos revendications ; et l'enquête que fait en

ce moment M. ]3oilpiieville, étant donné ce que je sais de-

voir contenir certaines réponses, m'incite il signaler ce

que nous pensons tous d'une organisation hospitalière

qui ne répond plus du tout aux idées, aux desiderata du

jour. '

Une question se pose avant tout : Veut-on, oui ou non,

élever résolument les aliénés a la dignité de malades ? De

la réponse dépend toute l'organisation des Asiles. Si

c'est : Non ! que l'on démolisse bien vite tous les établis-

sements actuels, qui ont trop de tendances à devenir des

hôpitaux, et que l'on revienne aux prisons de force d'a-

vant Pinel. Si c'est : Oui ! la conclusion s'impose : (les

malades il faut des médecins ; fournissez des médecins !

Or. nous nageons aujourcl'hui, et depuis 1838 tout au

moins, dans un juste et déplorable milieu. Dans l'opinion

publique, dans celle même des intellectuels les plus avisés,

mais étrangers aux asiles, depuis longtemps les aliénés

sont des malades et l'on croit qu'ils sont soignés. Combien

de gensémincnts et combien d'esprits simples mais justes

, Archives, 2' série 190 ? t. \)X. 8

114 ASILES D'ALIÉNÉS.

11'tolulcl.lit-on pas, si on disait : Ces aliénés, ces mala-

des, sont enfermés dans 54 asiles publies ; ils sont au nom-

lire dc50.00u environ ; ils ont pour leur donner des soins.

70 médecins ; cela fait que chaque médecin doit soigner,

en moyenne, lui seul : 50.000 : 70 = 715 malades ! Peut-on

espérer faire croire- quelqu'un, fut-il étranger il la mé-

decine, qu'un seul homme peut soigner tous les jours et,

2 fois par jour.715 malades ? VA quand je dis : soigner, il

ne faut pas oublier que la plupart des médecins d'Asiles

doivent non seulement traiter leurs aliénés, les formes

mentales, les maladies incidentes, les affections chirur-

gicales, les épidémies, etc., mais encore les administrer,

les faire manger, les vêtir, les chauffer, etc.,et, de ce fait,

équilibrer un budget annuel de 300 à 4U0.OJ0 francs. La

vie quotidienne, diurne et nocturne, d'un homme, peut-

elle y suffire ? ' ?

Qu'arrive-t-il alors ? Deux cas peuvent se présenter :

ou bien le médecin, amoureux de son métier, aliénisle

dans l'âme, veut malgré tout faire de la clinique et, trai-

ter ses pensionnaires ; ou bien, hélas ! incessamment L

préoccupé, depuis des années, de maintenir l'équilibre de

son budget, de faire cadrer les crédits, de réaliser des

économies sur les prix de journées, afin de mériter des

éloges du Conseil général, obligé de consacrer tous ses

loisirs à un travail de comptable, il devient administra-

leur,et, fatalement, ne voit plus dans ses fous que dcsbou-

cllcs à nourrir.

Dans le premier cas, laissant à ses bureaux les gros

soucis administratifs, il interroge ses malades, les suit,

l'ail delà thérapeutique ; mais, comme, pour s'intéresser

il 715 malades par jour, il ne pourrait, en travaillant 1 : 2

heures, leur consacrer qu'une minute à chacun, il est

obligé de faire un choix, d'en laisser beaucoup de coté ;

il suit les plus intéressants, les cas aigus en général ; si-

tôt qu'une affection mentale prend des allures de chroni-

cité, ou plus simplement sitôt que le certificat de quin-

zaine est fait, le malade est envoyé dans un quartier, où

l'on ne s'occupera guère de lui que pour écrire ses bulle-

tins de santé ; les médecins les plus actifs, en travaillant

énormément, ne peuvent traiter valablement qu'une cen-

taine d'aliénés. Que l'on songe aux interrogatoires inter-

PERSONNEL MÉDICAL DES ASILES D'ALIENES. 115

minables, qu'il faudrait le plus souvent répéter tous les

jours, aux examens physiques, aux analyses de labora-

toire, aux soins spéciaux, sans parler des autopsies et

de l'anatomie pathologique devenue indispensable ; et

que le médecin qui s'offrira à traiter plus de 100 aliénés

par jour veuille bien lever la main !

Dans le second cas, c'est plus simple ; la visite com-

mence a heures et finit à 10 h. 1/2 : les aliénés sont ran-

gés dans les cours ou les salles de réunion ; le médecin

défile sous leurs regards, demande par-ci par-la aux

plus récents si « ça va bien » examine les vêtements, les

sabots, s'assied à la petite table, contrôle les additions

des régimes et passe à un autre quartier.

L'infirmerie seule l'arrête quelques instants : là sont

en général les entrants sur lesquels il faut fournir deux

certificats en quinze jours, et les malades ; il est indispen-

sable d'interroger les uns et d'ausculter les autres ; ce

travail retient le médecin-directeur assez longtemps par-

fois pour que la besogne administrative du matin en souf-

fre et ce n'est pas sans maugréer qu'il se voit obligé de

perdre une 1/2 heure à l'infirmerie.

Il est regrettable de constater que celte dernière façon-

d'opérer soit la plus générale dans les asiles où les fonc-

tions sont réunies. Et n'est-ce pas fatal ? On sait que le

directeur-médecin, bien que nommé par le ministre, est

l'agent du conseil général, qui entretient les aliénés. Or,

les conseillers généraux sont évidemment toujours d'ex-

cellents hommes ; ils sont extrêmement compatissants et

savent bien que l'aliéné est un malade à soigner ; ils le

désirent ainsi et, sans doute, si cela ne dépendait que

d'eux, ils donneraient autant de médecins que de mala-

des ; mais, voilà ! ils sont élus, et élus par des contribua-

bles qui trouvent toujours que les impôts sont exagérés ;

les électeurs pensent déjà que les fous coûtent bien' cher.

300 ou 400.000 francs ; que feraient-ils si le conseil géné-

ral s'avisait de les imposer encore pour améliorer le sort

de ces gens-là, que beaucoup estiment trop luxueusement

traités ? Vous verriez cela aux élections prochaines !

Alors on n'est pas de bronze, on serre les cordons de la

bourse, on a toujours au contraire des tendances à bais-

ser le prix de journée ; et le directeur-médecin qui par-

110 ASILES D'ALIÉNÉS.

vient, par ses économies, à permettre cet abaissement,

est chaudement et publiquement félicité en séance, au

mois d'août. Comment voulez-vous qu'un directeur-mé-

decin tant soit peu timoré, parce que désireux de conser-

ver son poste dans l'asile de son choix, ne finisse pas par

se dire : « Soigner les aliénés, quel beau rêve ! mais il

faudrait que le conseil général m'en donnai les moyens.

Or. si jeles réclame, on mêles refusera et on me blâmera ;

si, au contraire, par une administration bien comprise, je

fais des économies, j'aurai des éloges. Et en somme, les

fous sont bien fous, n'est-ce pas ? ».

, Alors, insensiblement, il en arrive à se convaincre lui-

même qu'il n'est pas possible de guérir les aliénés, parce

qu'il n'en voit jamais guérir ; il ne se dit pas que si un

certain nombre avait reçu des soins assidus et précoces,

ils auraient pu s'améliorer. Et c'est ainsi qu'en prenant

la cause pour l'effet, il finit par affirmer de bonne foi que

les asiles sont très bien organisés et due le personnel est

suffisant ! Il ne saurait faire d'autre réponse il Bourne-

ville, puisqu'il a toujours dit, dans ses rapports dithy-

rambiques à son conseil général, due tout était parfait.-

Donc, il est avéré, pour les raisons principales et suffi-

santes rappelées plus haut, que le personnel médical des

asiles, réduit aux directeurs-médecins ou aux médecins

en chef, est soit insuffisant, soit il peu près négatif. Ne pas

convenir de cette vérité, c'est nier tout progrès, toute

science mentale. Mais, peuvent dire les profanes, que

faites-vous donc des médecins-adjoints ? C'est ici que

nous allons apprécier toutes les saveurs de l'administra-

tion que les peuples ont pu nous envier.

La loi de 1838, qui décréta la construction d'asiles dé-

partementaux, parla de tout ce qu'il iallaitcrécr pour soi-

gner les aliénés, sauf des médecins. Sans doute, il n'était

pas venu à l'esprit du législateur due l'un put organiser

des asiles de traitement sans médecins, et il n'en fixa ni

le nombre, ni le mode de recrutement. Les premiers alié-

nistcs furent improvisés; puis on s'habitua il réserver

les places de médecins d'asiles il des hommes politiques,

vaguement médecins. Survint le règlement de 1857 ; pas

plus que la loi de 1538, il ne prévoit la mode de recrute-

ment des médecins, il n'en fixe que le nombre : un méde-

PERSONNEL MÉDICAL DES ASILES n'ALIÉNÉS. 117

cin en chef, directeur ou non, et un adjoint. C'est sur ce

règlement que nous vivons toujours ; et. chose admirable,

bien que, depuis 1857, la science mentale ait fait des pas

de géants, bien que le recrutement des médecins ait été

complètement modifié, par l'institution de concours de

plus en plus difficiles, nous sommes toujours régis par un

règlement dans lequel le médecin a un rôle tout-il-fait ef-

face, le directeur administratif est tout. Je n'insiste pas

sur les bizarreries de ce monument ; on en connaît le ca-

. raetère vexatoire pour le médecin en chef non directeur,

auquel il ne laisse aucune initiative, aucune autorité ; sa

critique a fait l'objet de nombreux travaux, et Marandon

de Montycl a pu dire de lui : a ..... l'étonnant règlement

de 1857 depuis 40 ans opprime les aliénistes. entrave tout

effort scientifique, et cmnêche toute thérapeutique. C'est

il lui que nous devons la presque totalité du stock consi-

dérable de chroniques qui encombrent nos asiles ; il est

la cause unique du discrédit dans lequel est tombée chez

nous la division des services médical et administratif

Ce néfaste règlement impose au médecin en chef une si-

tuation intolérable et inacceptable... » (Revue de Psy-

clzyatrie, 1898, p. 58.)

Or, si le règlement de lys57 institue le médecin-adjoint,

il lui donne un rôle bien modeste (art. gag et 70).

L'adjoint est un aide du chef, son remplaçant en cas

d'absence ; il est chargé d'assurer l'exécution de ses

prescriptions ( ! ) et la rédaction des observations, qui, ne

l'oublions pas, sont l'a;uvrc du médecin en chef (art. Ci) ;

il fait la contre-visite ; et c'est tout.

A la rigueur, nous pouvons comprendre qu'à l'époque

où ce règlement fut élaboré, force était de considérer le

médecin-adjoint comme un apprenti, absolument igno-

rant des choses de la psychiatrie. Les postes étaient don-

nés, non seulement sans concours, niais aussi sans qu'il

fut nécessaire d'avoir jamais vu un aliéné. Il faut se rappe-

ler due la médecine mentale, encore à ses débuts, parais-

sait si ingrate, que nul ne songeait à se spécialiser; il n'y

avait même pas d'enseignement psychiatrique. Malgré les

efforts de quelques rares aliénistes. las travaux de Lasègue.

on ne croyait pas encore que l'étude de la folie put cons-

tiluer une branche différenciée de la clinique médicale.

118 asiles d'aliénés.

Les jeunes docteurs qui acceptaient un poste d'asile en-

traient dans un inonde nouveau, où rien encore à cette

époque ne rappelait, ni les méthodes d'investigation, ni

la thérapeutique qu'ils venaient d'apprendre ; d'où la né-

cessité de leur demander un stage. Pouvait-on exiger

d'un stagiaire, encore étudiant en somme, autre chose

que la surveillance des prescriptions du chef ? Ce recru-

tement des adjoints, assez semblable à celui des internes

de province actuels, resta soumis ainsi il la seule fantai-

sie des chefs ou des préfets, pendant 30 ans. On finit par

reconnaître les. abus d'un pareil système, qui devenait

incapable de fournir a une science définitivement consti-

tuée, un personnel suffisant : un arrêté du 18 juillet jass

institua un concours d'admissibilité aux emplois de mé-

decins-adjoints des asiles publics (1) ; ce concours était

régional, à raison de un par faculté, il fut dès lors néces-

saire, pour s'y présenter, d'avoir fait un stage psychia-

trique, comme interne d'asile, pendant au moins un an.

Enfin, un nouvel arrêté, le 7 mars 1900, transforma les

concours régionaux en un concours unique, à Paris.

Ainsi, tous les médecins-adjoints actuels ont été nom-

més à la suite d'un concours ; on sait,d'autrc part, que le

programme de ce concours, ne comporte guère que des

matières spéciales (neurologie et psychiatrie) ; une épreu-

ve, toute récente, consiste en une composition écrite sur

l'organisation des asiles et sur la législation des aliénés ;

il y a deux épreuves de clinique mentale, et une sur ti-

tres, où il est tenu le plus grand compte des travaux spé-

ciaux antérieurs. Grâce au choix qui résulte d'une pa-

reille sélection, n'est-il pas évident que les élus offrent L

certaines garanties de connaissances en aliénation men-

tale ? '

Eh bien ! malgré les différences profondes entre le re-

crutement du personnel adjoint d'aujourd'hui et celui de

1857, on n'a pas changé un iota au règlement de 1857 ;

nous sommes traités exactement de la môme façon. On a

accumulé les difficultés d'admission,en exigeant que nous

(1) Ce concours l'uL institué à la suite d'unevigourcuse campagne

du 1), l3otn°nevillc 3ui avait et obtenu le rétablissement du

concours pour les médecins de et pour l'internai des asiles

de la Seine.

PERSONNEL MÉDICAL DES ASILES 0' -\.LIL;Nlis. 119

fussions déjà des spécialistes, et on a continué il nous

considérer dans les asiles comme des apprentis sans au-

cun rôle. Que dis-je ? Alors qu'en 1875, en 1880,- on était

nommé médecin en chef au boutde 3 à 5 ans, aujourtl'hui

il faut rester dans le plus complet désoeuvrement pendant

9 ou 10 ans ! Que signifie donc le concours ?

Donc, il se trouve déjeunes docteurs qui, après un sta-

ge d'internat d'asiles de 3 ou 4 ans, préparent pendant 2,

3 ou 4 ans, un concours très spécial et très ardu, des-

tiné il leur donner le titre de médecins d'asiles ; ils sont L

nommés; ils débarquent, pleins d'enthousiasme et de zèle

clinique, dans un asile, persuadés qu'un vaste champ d'ex-

périences et d'activité va leur être ouvert. Le lendemain

de leur arrivée, ils demandent à leur directeur-médecin

quelles seront leurs occupations, et celui-ci leur dit :

« Monsieur, si cela peut vous intéresser, vous suivrez ma

visite, mais je n'ai rien de spécial à vous confier. » Ou

bien : « Monsieur, vous aurez : 1° à suivre ma visite et

écrire mes prescriptions ; 2° il vous promener dans le ?

quartiers le soir à telle heure, et à me rendre compte de

ce qui s'y passe ; 3° il tenir les registres de la loi. » Et si,

étonnés, les nouveaux adjoints proposent de partager la

besogne clinique. en se consacrant à certains malades :

« Quoi des malades ! Mais, monsieur, je nerveux pas vous

en donner des malades ! Ne savez-vous pas que j'ai seul

charge d'eux, que je dois les connaître, faire leurs certifi-

catis. etc. ? Vous n'avez aucune fonction. » Et cela est vrai ;

et le nouveau plein de zèle petit adjoint, qui avait cru met-

tre en pratique toutes les choses si intéressantes dont il

s'était bourré, est bien obligé de ne rien faire, de suivre

une visite à la ci colonel » et de rengainer, étouffer, oublier

les pathologies qu'il ne peut transformer en cliniques, par

suite de l'absence de malades. Cela dure 9 ans, 10 ans.

toute la belle jeunesse, tout le temps de l'ardeur et de l'il-

lusion généreuse ; et après 10 ans, lorsqu'il est nommé

1 f n'est-ce 1)is que soit tppientiss.-ige a-tirt été" fi-tic-

chef, n'est-ce pas que son apprentissage aura été fruc-

tueux ! Alors il en aura, des malades ; il en .aura 715 ! et

aussi un médecin-adjoint dont il ne pourra se servir.

Le stage du médecin-adjoint étant ainsi un longtemps

absolument perdu pour l'assistance des aliénés, on

pourrait croire que. du moins, il lui sert d'apprentissage

120 ASILES D'ALIÉNÉS.

administratif, et que l'adjoint puise dans la fréquenta-

tion- de son chef, d'utiles leçons budgétaires ? Nous con-

venons que, de ce côté, il aurait besoin d'acquérir une

expérience, puisqu'il est destiné aussi à devenir cliree-

teur. Hélas ! les secrets des bureaux lui sont plus fermés

encore que ceux des malades. Je ne connais pas encore

un directeur qui invite son -adjoint à cuisiner sescré-

dils,-à dresser son rapport (1), il faire ses adjudications.

Il y a des commissions de surveillance, aux séances (les-

quelles il sérail très fructueux d'assister pour un futur

directeur : je n'oublierai jamais l'expression de mépris

due je vis rider le visage d'un directeur-médecin auquel

je demandais si je ne pourrais, en curieux, assister aux

séances mensuelles : « Vous n'y songez pas. me dit-il,les

séances sont secrètes (2) ! « Il y a les intérims annuels

d'un mois; mais, avant de partir, le Directeur a toujours

soin de tout régler à l'avance, et, par charité, d'aplanir l'

toutes les difficultés de gestion qui se pourraient offrir. Il

semble que la divulgation de la cuisine administrative il

l'adjoint soit la trahison d'un secret d'Etal. Voilà comment t

l'adjoint apprend la seule chose qui ne lui soit point fa-

171111t'l'C, l'administration !

Il faut être juste : si les médecins-adjoints sont systé-

matiquement écartés de toutes les affaires de l'asile ; s'ils

sont obligés de perdre 10 ans il suivre des visites qui

n'ont le plus souvent de médicales que le nom, ce n'est

pas la faute de leurs directeurs-médecins. En centrali-

sant tous les services, en contraignant les chefs il faire

tous les certificats, tous les bulletins.' toutes les obser-

vations, à diriger tous les bureaux, la loi a empêché. sans

en prévoir les conséquences, toute division du service. Le

directeur-médecin étant le seul connu du Préfet, du pro-

cureur, de la commission de surveillance et des familles,

est aussi le seul responsable : d'où, la nécessité pour lui

de tout voir, l'impossibilité de céder une parcelle quel-

conque de ses attributions. Il faut qu'il puisse à tout mo-

ment faire un rapport, un bulletin de santé, une prescrip-

(1) Si, il y en a quelques-uns, entre antres \I\I. les 1>" Girnud [de

SI-l'on), .

(2) Il v aurait intérêt à modifier le Hi'g-11'IHI'I11 tilt sens favo-

l'a1>le (I3.)

PERSONNEL MI' : DICL DES ASILES D'ADHXHS. 121

lion donner il qui de droit des nouvelles de ses 715 alié-

nés. Il faut surtout que l'assiette des budgets qu'il a édi-

fiés ne puisse être il tout moment compromise par des

ordonnances exagérées, des dépenses imprévues, chose

qui se produirait fréquemment si les adjoints avaient une

partie du service.

On comprend que le juste souci de mener il bien leur

mission les rende aussi insensibles à nos doléances ; je

suis persuadé qu'aucune autre considération ne les guide,

lorsque certains d'entre eux nous refusent la moindre

initiative, et quêtons seraient enchantés d'avoir des col-

laborateurs. Aussi bien sont-ils excusables : il n'y a dans

toutes ces questions qu'un responsable, c'est notre mu-

raille de Chine, le règlement de 1857.

Eh bien ! et ceci devrait être l'unanime réponse il la

deuxième question de ]3oiiineville, le seul remède con-

siste dans la refonte complète de ce monument suranné et

irrationnel .Ce serait si simple ! Car il ne faut pas ou-

blier que le règlement de 1857 n'est pas une loi. et que

le ministre peut toujours le remplacer par un autre, en

harmonie avec les nécessités d'une science qui n'existait

pas alors.

N'cst-il pas incroyable qu'après la campagne en faveur

des aliénés si brillamment menée depuis plus de 15 ans

par tout ce que la France compte d'aliénistes de valeur,

qu'après les projets et les études des Bourneviile. des Du-

bief, des Sérieux, des Marandon de llont3'el, etc., etc....

on ne soit pas encore parvenu à démontrer au ministre

l'urgence de traiter honnêtement les aliénés ? Ah ! oui.

nous connaissons l'objection : les conseils généraux !

C'est la pierre d'achoppement, c'est l'argument vain-

queur ! Jamais, dit-on, on ne décidera les conseils géné-

raux à voter les crédits nécessaires à la solde des méde-

cins. Quel piètre argument ! Et. combien on est obligé de

douter de sa sincérité ! D'abord, en admettant que les

conseils généraux refusent des fonds pour créer des mé-

decins, cela n'empêcherait pas d'occuper les adjoints ac-

tuels ; cela ne coulerait pas un sou de plus de nous don-

ner un service ; nous ne demandons pas de. solde sup-

plémentaire, nous voudrions travailler ; avec cela, qu'on

nous appelle adjoints, chefs, internes ou directeurs. nous

122 asiles d'aliénés.

n'en avons C«t·CCt nous contentons du traitement actuel.

Cette simple modification au règlement, qui nous donne-

rait quelques malades et la signature, sans alourdir les bud-

gets d'asiles d'un centime, donnerait 45 médecin Lle plus.

Mais, il y a plus, et nous prétendons que si, par suite

d'une organisation d'assistance bien comprise, les alié-

nés pouvaient être traités sérieusement, il y aurait beau-

coup plus de guérisons ; d'où, beaucoup plus de sorties,

beaucoup moins de chroniques anourrir jusqu'à leur belle

mort, et une énorme réduction de dépenses. Cela est si

vrai, que. si l'on vent bien jeter un coup d'oeil sur les ré-

sultats obtenus en Allemague,< ! al1s les cliniques psychia-

triques, où passent la plupart des aliénés , on trouve :

il, Strasbourg, dans la clinique du Professeur Fuerts-

ner 65 % de guérisons : à Halle, chez le Prof. Hitzig. 70

% de guérisons ; à Heidelberg. chez Kroepelin. 75 % de

guérisons ; à Leipsig, chez Flechsig, jusqu'à 82 % de gué-

risons. (Bémond. Les cliniques psychiatriques en Alle-

magne et à Toulouse, 189S, édition restreinte à 25 exem-

plaires. Toulouse). Mais, on Allemagne, on soigne les

aliénés : les médecins foisonnent dans les cliniques, et

c'est avec un sourire de pitié méprisante qu'ils vous ac-

cueillent lorsqu'on leur parle de l'organisation française.

Je n'oublierai de ma vie la description enthousiaste que

me faisait mon maître Rémond (de Metz) il son retour

d'un voyage d'études clans les cliniques allemandes, en

]80S : il en revint illuminé, mais combien attristé delà

comparaison avec notre pays ! Il en rapportait des plans,

qu'il a publiés (op. cit. plus haut) et des chiffres. Tandis

que nous continuons il héberger nos fous dans des gar-

tleries,il1'aison de 715 par médecin, les Allemands n'ont

jamais plus de 80 à 100 malades chacun, et ils les soi-

gnent dans des hôpitaux, ([ni n'ont rien il envier aux plus

récents de nos hôpitaux parisiens. Résultat : de 05 il 82

% de guérisons.

Quelles que soient les objections financières que l'on

puisse faire à un projet semblable en France, il n'est pas

moins vrai que si-nous obtenions celte proportion de sor-

ties des asiles, on aurait beau quintupler le nombre des

médecins, cela sérail moins cher que de transformer en

chroniques tous les entrants.

PERSONNEL MÉDICAL DES ASILES D'ALJHNHS. 123

Alors, que vient-on nous parler d'obstruction du côté

des conseillers généraux ? A-t-on jamais dit, à ces dis-

pensateurs des deniers départementaux, que si les alié-

nés recevaient d'autres soins, ils feraient, eux, d'autres

économies ? Resteraient-ils insensibles il cet argument

scientifique ? Enfin, si, malgré tout, ils ne se laissaient

pas convaincre, ne resterai t-ils pas au gouvernement

la faculté de proposer une loi tendant à les y obliger ? ' !

On l'a fait en 1838, pour la création des asiles.

Il faudra bien qu'on arrive a démontrer ces choses en

haut lieu ; un jour viendra où, ministre, conseil supé-

rieur de l'assistance publique, députés et conseillers gé-

néraux, illuminés par l'évidence, ne voudront plus que

la France reste bien loin en arrière dans le mouvement

qui a déjà transformé tant d'autres nations. Ce jour-là.

nous finirons de nous payer de mots, et nous serons in-

dignés, en regardant en arrière, de constater que 100 ans

après Pince, notre pays ne possédait encore que des gar-

deries de fous. Alors, nous verrons que si le progrès est

lcl.t, les qualités de solidarité et de générosité de notre

race ne se sont point perdues : d'un seul élan, le jour où

ils sauront qu'avec des soins on peut guérir les fous, les

contribuables français, fussent-ils conseillers généraux,

consentiront avec joie il consacrer quelques deniers il

l'organisation de leur assistance. A la place de nos « ca-

sernes - asiles prisons » actuels, où les prix de jour-

nées dcO fr. 90 centimes défendent à la science d'entrer,

on verra se dresser des établissements de cures, dcs hô-

pitaux. dans lesquels exerceront des médecins. Ce sera

le premier pas sérieux vers l'émancipation du fou, qui

reste toujours l'être à pari, le paria, parce qu'il ne gué-

rit jamais, et qu'on le cache comme un misérable encom-

brant et onéreux. La réforme de la loi surannée de

1838 s'en suivra nécessairement ; car il ne sera plus in-

diqué de craindre des séquestrations, le jour où le fou,

guérissable, sera considéré comme un malade, et pourra,

dans certains cas, venir demander lui-même à se faire

traiter. Et nous ne verrons plus sourire les confrères

d'Outre-llillin, lorsque nous nous entretiendrions avec eux

des questions d'assistance des aliénés.

En attendant, que les pouvoirs sachent bien qu'il y a.

124 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

dans les asiles actuels, à côté de directeurs-médecins sur-

chargés de besognes extra-médicales et cependant seuls

autorisés il soigner les fous, qu'il y a, dis-je, une petite

phalange de docteurs tout à fait spécialisés, et contraints

de ne rien faire pendant 10 ans. Que le ministre entende

dire que ces 45 aliénistes-adjoints demandent en vain des

occupations que 'le règlement leur refuse, et qu'il suf-

firait d'une ordonnance de lui pour qu'il put leur être

confié un rôle auquel ils se sont longuement préparés ;

que cette innovation ne grèverait en aucune façon le bud-

get des asiles et qu'enfin elle serait le premier pas néces-

saire vers une assistance plus médicale des aliénés.

Nous comptons sur AI. Bourneviile pour le leur l'uirc

entendre. -

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE

PATHOLOGIQUES

XVIII. Des fibres d'association de la couche finement

grenue de l'écorce du cervelet ; par L. Pousskpe. (Weurol.

Ceatrolbl., ttlll, 1904.)

llamon y Cajalasignafettans la couche finement grenue en

question des libres qui, provenant de cellules de la couche sou*

jacente arrivent en se divisant a la surface de l'écorce. Les cel-

lules de la couche grenue, petites, ont un gros noyau ainsi que

trois à quatre prolongements proloplasmiques dont les extreuli-

fos e <Iiis.nL à l'instr cluhi·L lè L'oi·oau. · lJn oulre, lil Cecl-

terew, chaque cellule granuleuse envoie à la couche finement

grenue un neurile dépourvu de collatérales; j'ai pu le suivre

dans son trajet, vertical jusqu'à la région superficielle de celle

couche ».

;\1. Poussèpe, après avoir détruit le lobule du pneumogastri-

que, a constaté dans la circonvolution cérébelleuse voisine la dé-

générescence des libres d'association ; les libres dégénérées se di-

rigent d'abord dans la substance blanche ; leurs prolongements

arrivent ensuite dans la couche grenue, finalement, la dégéné-

rescence atteint les prolongements cylindrwilus des cellules de

la couche grenue. Ces prolongements c limlravilus,luni·In.nl dans

la couche finement grenue, en formant une rangée de fihl'l'" pa-

ralli·lcs (li;urcs). p, ! \1 : ¡nnL.

REVUE D'ANATOMIE Er DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 125

XIX. Les vrais centres du mouvement; parA. Adamkievvicz.

(Xeurolog. Centralblatt, XXH1, l'JU4.)

L'animal privéde son écorce cérébrale conserve le mécanisme

brut de tous <<es mouvements, mais il en perd l'initiative men-

tale. L'écorce du cerveau n'est donc pas le centre de la motitite,

elle est le centre de l'idée et de la volonté.

D'expériences commencées en 1900, et qui viennent d'être ter-

minées d'une façon satisfaisante, 1 auteur publie les principaux

résultats abrégés.

Le cervelet est 1 organe principal du mouvement, comme le

cerveau est celui des tondions mentales. De même que la des-

Il'ueLion de l'écorce fait disparaître les fonctions psvehiques »an-

altérer la mécanique du mouvement, de même l'altération du

cervelet supprime la nfulilité sans troubler le travail mental. De

même que l'écorce du cerveau se compose de territoires à fonc-

tions psychiques distinctes, de même la substance du cervelet

comprend des localités séparées affectées chacune à des mouve-

ments particuliers de l'ensemble de la fonction motrice. La sur-

face du cerveau comporte une localisation des fonctions psychi-

ques ; celle du cervelet admet une localisation des fonctions mo-

tricea.

Le cervelet contient les centres de l'ensemble des mouvements

du corps soumis a la volonté : tète, tronc, membres. Ces centres

ne sont pas seulement séparés localement ; ils ont aussi leur po-

sition iixe, nettement organisée. Ils occupent le même côté que

les groupes de muscles qu'ils animent. Les muscles des membres

ont dans le cervelet trois sortes de centres. Chaque membre anté-

rieur et chaque membre postérieur possède son centre propre;

les deux membres antérieurs et les deux membres postérieurs

possèdent chacun le sien; les quatre extrémités ensemble ont, en

outre un centre commun. Les quatre membres sont donc repré-

sentes dans le cervelet par sept centres moteurs.

Un mémoire détaillé est en préparation. P. KElU\'AL.

XX. L'état des fibres nerveuses à myéline dans l'é-

corce du cerveau des épileptiques, notamment dans la

couche d'association externe (zonale) ; par Th. liar s.(Nru-

1'ologisch. Centralblatt, XXI11, 1904.)

L'auteur vérifie d'abord leur manière d'être dans treize cer-

veaux normaux d'individus âgés de 17 à 55 ans. Un y constate le z

plus habituellement (46,4 %) L'orientation parallèle de libres gé-

néralement Unes ; souvent ('24 %), les libres sont bien plus nom-

breuses et même fort touffues ; il n'est pas rare ( ? %) qu'elles

soient longues, épaisses, pour la plupart horizontales, quelques-

unes obliques. Quelquefois, il n'existe pas du tout de libres dans

12ü REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

la portion la plus superficielle de la couche, tandis qu'elles sont

extrêmement abondantes immédiatement au-dessous., Il peut aussi

arriver qu'il n'existe que des traces de libres éparses, mais assez

fournies. ;\1. Kaes enregistre treize dispositions diverses.

Chez le paralytique général, l'absence totale de libres en des

districts entiers se voit dans la moitié des cas (49,9 %). ).

Voici maintenant une allure propre aux épilepliques. La cou-

che externe est d'abord nettement accentuée ; tout il coup, les

libres disparaissent dans la moitié de la hauteur, puis les libres

parallèles redeviennent nettes et abondantes. Cette dernière ban-

de, étroite, se compose de libres bien formées ou de libres a peine

accentuées niais visibles : on en compte de une à cinq, qui bien

souvent sonLvariclucusos(liëurus). Celte disposition, surtout mar-

quée dans la région occipitale deux desliemispheres, se retrouve e

dans la région rolandique, et, par places, dans le lobe frontal. Il

.'a;;iL, en l'espèce, .d'une jeune fille de 25 ans, morte brusquement

dans un accès. L'écorce du cerveau, au niveau de la voûte de la

circonvolution, était, considérablement plus étroite (pie chez

l'homme. L'hémisphère droit était le plus fourni de libres à myé-

line. Elles étaient puissamment développées en maintes régions

des circonvolutions pariétales. La lisière de substance blanche

présentait dans les deu\ hémisphères une largeur extrême inune-

diaLell1l'I1l en avant des fibres de projection, surtout il gauche. Le

coin zonal de la vallée de la circonvolution abondait en liltrcslrt-

1'tlll¡'les irnll1étlialenH'lllauLoul' de l'entaille formée par les circon-

\olulions.Ch ! 'z un upilcplüluo lc 4't ans, mort aussi subitement,

) les coupes sériaires frontales de l'occiput des deuv hémisphères

témoignaient de la même allure. (\'oy, L1¡;;CHTERE\V : (, Fihl'es ex-

ternes d'association ». Archives de Neurologie, 893, t. 25, p. 105.)

I'. 111'sR.\V.1L.

XXI. Critique du mémoire'de Kronthal intitulé : Cellule

nerveuse et psychose; par 1\ ISSL. (Centralúlatt (il}' Ne1'renhl ! il-

Kunde, XX\'lI, N. F. XV, mai 1904.)

1" Il n'est pas vrai que les centres nerveux normaux de l'hom-

me, du chien, du chat et du lapin contiennent des cellules ner-

\l'U('S ne pll¡"danl pas de 110) au dol(' 11'\1111' nH'lllhl'anl' nuclt;-

aire bien différenciée. Celle apparence lient à des artifices de

L·clmiyuc. -2°1L n'u>L pas vrai nnnhLus yuclu cellulos norvcu-

ses centrales soient des organismes dans le marasme ou défunts

qui ne manifestent aucune des réactions de la \ il', Par des expé-

riences bien conduites, on peut se convaincre qu'elles réagissent

aux influences extérieures, éliminent, changent de formes cl sont

susceptibles de se reconstituer. 3° Erreur encore que de pré-

tendre que les couleui-s basiques n'agissent que sur le noal1 et

non sur le protoplasina des cellules non nerveuses ou que les

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 127

parties du proloplasina colorées parles couleurs basiques doivent

cette particularité à la dissolution des noyaux, c'esL-à-<lil'e il la

cl1l'oll1hLine nUcll'ail'e, -- 4° 1)[éten4li.e(lue dans

le système nerveux central normal, les Ieucoclles quittent les

capillaires pour émigrer dans le tissu, que les cellules nerveuses

soient le produit de leucocytes en liquéfaction, qu'elles soient

continuellement détruites et se reforment perpétuellement aux

dépens des leucocytes ? ;>° Il n'est pasexael d'aflirmerque dans

le ? li'lIlc nerveux centrât le transport des granules de matières

colorantes n'ait lieu que par les leucocvtes. Il 11 est faux éga-

lement de dire qu'il n'existe pas de dil1ï'I'I'ncl' essenfielfes entre

les prolongements d'une cellule ! H'nl'UM'. En l'11'el, il e.\iLe dl's

le cvlindravile

elles prolongements proloplasmiques. l'uis les 11euI'0-fibl'illl'

quittent les neuriles sans paraître se modifier pour donner nais-

sance aux fibrilles d'un taii(lis 4lit'ort n'a jamais pu

suivre de neurnlillrille au-delà du territoire des domiciles.

P. 11EI2AVAL,

XXII. Contribution à l'anthropologie de la moelle ; par

Il. PFI$1'ER. (1\'curolog. Centralblatt, XXII, 1903.)

1" La moelle épinière des garçons est, quelque soiL leur âge, en

moyenne plus lourde el plus longue que celle des filles.

2° Comparée à l'encéphale, la moelle des garçons est il la nais-

sance plus légère que celle des lilles. Chez les enfants de même

sexe et de même âge, quelle que soif leur stature, le poids du cer-

veau semble marcher de pair avec celui de la moelle ; mais à lue-

sure qu'ilsavancenl en âge, la moelle devient comparativement

plus lourde.

3° Le poids movende la moelle, qui, à la naissance, est de 3 il 3

rn. 4, atteint 27 a 28 gl'. Cet accroissement, extrêmement actif

dans les deux premières années de N-ie, S(,- 1)1-ollollcu

ment de moins en moins. - 4° Chaque gramme de moelle COI'-

respond, chez le nouveau-né, il 14 cent, de taille. Avec 1 ;i,u la

stature diminue par rapport la même quantité de moelle. La

moelle comparé au volume du corps est chez le garçon un peu-

plus lourde que chez les IiIll ? - 50 La IOIl¡illl'UI' 111Oellne de la

moelle qui eSL chez le nouveau-né à peu près de 14 cent., atteint

43 cent, à 45 cent. ; ce développement est tout d'abord lent ; la

forte augmentation de poids des premières années delà vie lient

plutôt il un développement en grosseur de l'organe. - G" Chez le

nutw·au-nt, la lunttcut· tlc I,t ntoullc rclméenlu ` ? 9, ? lu aa

laillc ; crllc proportion fléchit, d'abord lentement puis la lin de

la première année elle n'est plus que de '211 il -25 o¡",Ce chil1'l'e cor-

rct-pund au l'appoll du la longueur de la moelle il la (aille de l'a-

dulte. l'. lvFlt.w.w.

128 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

\\11L-Contribution à la question de la papille étranglée ;

par W. UHTHOFF. (Xeurolog Centralbl. \1111. 1904).

Sur 51 veux, sur lesquels on avait de vivo constaté l'existence

d'une papille étranglée dans une alreclion cérébrale, M. Kam-

lllierstein a relevé la dilatation du canal de la gaine du nerf op-

tique en 32 cas ; la gaine présentait en outre des lésions inflam-

matoires en 23 cas ; dans 15 elle {o(ai enflammée mais non di-

laLée ; il y avait 1 n'dème de la portion orbifaireilu nerf en 30 cas,

dont 28 avec inflammation ; 19 fois le nerf optique même était

oedémalié et enflammé.

Sur 42 yeux atteints de papille étranglée, la lame criblée était

33 fois saillante en avant ; 2 lois il existait aussi des phénoillè-

ncs inflammatoires dans les papilles. '

Deux cenl-qualre cascoiislituent le matériel clinique.

Cent trente-quatre d'entre eux concernaient une tumeur céré-

brale.

Vingt-sept avaient LraiL à la syphilis du cervea i ; d'ordinaire

ici, il s'agit d'un néoplasme gommeux, mais parfois aussi d'une

méningite gommeuse qui peut offrir alors un cachet particulier

à raison de l'inflammation de la partie rétrobulbaire et basale

du nerf optique et de la l'opal'Ucipalion d'autres nerfs crâniens

de la base. Quelques très rares observations témoignent d'une

emlartérile syphilitique avec thrombose des grosses artères du cer-

veau ; en ce dernier cas, il se peut produire un fort oedème des

parties correspondantes de l'encéphale qui déplace de l'autre

côté la moitié intacte de l'organe, mais ce mécanisme est très

rare a raison du décès rapide du patient qui ne donne pas le

temps à la papille étranglée de se développer.

Dans la tuberculose inlra-cranienne ((.l observations), la pa-

pille étranglée indique la complication d'un tubercule solitaire ;

rarement la méningite tuberculeuse seule l'engendre; au lieu du

tv pe de la papille étranglée, on a l'image de légères altérations

névritiques des papilles sans que celles-ci proéminent nette-

ment.

Il n'est pas fréquent non plus que l'hyd1'océphalie interne

aboutisse à une véritable papille étranglée. Le plus souvent on

observe l'atrophie descendante simple Au nerf optique par vous-

sure du plancher du 3e ventricule. Rarement aussi lamèningilc se

traduit par la papille étranglée.

Les cyslicerquesdu cerceau peuvent il l'occasion y aboutir; c'est

quand ils produisent une réaction inflammatoire très intense ou

quand la yslil'l'rllul', siégeant dans le 4e ventricule, provoque,

par refoulement une lllrupisiu marquée de celle cavité.

La papille étranglée peut être en rapport avec une malforma-

tion du crâne, surtout avec le erdneeu forme détour; mai-, pour

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. l2'J

l'observer, il faut examiner les patients dans leur jeunesse, au

moment où les altérations papillaires se forment.

Bien peu nombreux sont les cas de diagnostic incertain relatif

à l'origine de la papille étranglée (quatre) ; les symptômes pré-

sentes par les malades trahissaient cependant des affections du

cerveau bien que la guérisuo survînt el que Je diagnosticecitonat.

Pares sont en somme les papilles étranglées bilatérales dans

les affections qui ne sont pas inlra-céroltrales ; exemple la né-

phrite. D'ailleurs, il y eut souvent erreur de diagnoslicei l'autop-

sie seule dans un de ces cas démontra une néphrite sans altérations

cérébrales. Même remarque pour l'intoxication saturnine. De

même, l'anémie et la chlorose peuvent déterminer la papille étran-

¡ ? lée bilalémle; il cmhle ! J11U l'elLe fOl'me d'admettre un pronostic

relativement meilleurquanl a la rétrocession et au trouble fonc-

tionnel. On a signalé encore la papile étranglée hilaLéraledansla

sclérose en plaques, la jxiehyiiiéningite, quelques maladies infec-

tieuses, des anomalies menstruelles, mais c'est bien rare, puisque

celte statistique de 2Ut cas est muette ace sujet. -

L'image ophlalmoscopique delà papille étranglée peut traduire

aussi une anomalie congénitale du mode de disposition du nerf

optique a son entrée dans le-globe oculaire ; l'ophtalmologiste

le plus exercé peut s'y tromper.

Enlin la papille étranglée peut émaner d'un hématome de la

gaine du nerf optique, consécutif aune fracture du crâne; la gaine

se remplissant de sang, la papille forme un renflement modéré-

ment saillanl, dès les quelques heures qui suivent l'accident.

Comme l'a dit De Gr.el'e en 1S(M, pour qu'il y ait papille Nl'Hn-

glée, il faut que la papille proemine au moins de 2/3 de mill. (2

Dioptries). Parmi les signes cliniques il ne faut pas oublier : les

obscurcissements périodiques de la vision, le rétrécissement con-

w·ntricluu du champ visuel ; on constate en revanche assez sou-

vent l'intégrité relativement longue de la vision malgré l'exis-

tence d'altérations ophl a 1111l1ro pi qU(' Il la 1''1 11l"I ?

Un ne saurait toujours expliquer la genèse de la papille élran-

glée par un processus inflammatoire préalable. Les relations mé-

caniques entre l'élévation de la 1"'L ? ion inlm-I')'¡illil'Ilne et l'hy-

dropisie venlriculaire joue un rôle 1res important. Chez quelques-

uns des malades on a, par la trépanation, l'ail disparaître l'llyper-

pression inlra-cranienne, el, coiiséculiveinenl, la papille étran-

glée : il n'en est pas resté de traces notables optlUalmoscopiques

ou fonctionnelles. Quant à établir les indications de celle inter-

vention, il faut, en chaque cas, la coopération de l'ophtalmolo-

giste, du chirurgien, du nc·nrolo[;isU. Et très rares sont les cas

où la trépanation peut entrer en ligne de compte pouriacon-

servation de l'acuité visuelle.

'r<''))'< ? \'t'))'<ttn ? « ? ftf )'€) ? r)y)< ? t ! 'o)ne par Ivam-

.\ncunr ? 2° W rin lO,i, I. \1\. 0

130 REVUE D'nNn10nI11 : ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

phersLcim dans GO o{o il peu pri's do nos observai ions, si souli-

gnce par Parinaud, Sourdillo et autres, a une grosse valeur dans

la pathogénie du gonflement des papilles. L'oblitération de la

veine centrale de la rétine dans son passage par le canal de la

gaine du nerf optique (De) 1) ou la compression des vaisseawccn-

lrau dans le tronc du nerf (U1J'iell) ne conf : .Li Luent pas une expli-

cation suffisante. -

Le fort gonflement des pupilles, relaté dans une observation de

conjonctivite diphthèrilique avec nécrose de la cornée, ressemble

bien, il première vue, tout il fait aL une papille étranglée. Mais

ce gonflement porte surtout sur les parties superficielles des pa-

j)iUcsquia\oisinen(,lccorj)s\ih'6;1aci ! 'cumvaHat.ionpùri-papi[-

laires n'est pas aussi al'ceuLnée qu'elle l'1'5L dans la papille {'Lmn-

glée cérébrale typique. Il est manifeste que le processus a élé ]11'0-

votlué d'emblée par une toxine. Les parties périphériques ¡le l'oeil

n'onL pas été all'ec.Lées ; seule la papille a dé atteinte. Donc il

est évident que, bien que la toxine aiL agi par les portions anté-

rieures de l'oeil, la papille possède une prédisposition spéciale au

gonflement oedémateux et. inflammatoire. P. Keraval.

XXIV. Lésions microscopiques du noyau du pneumogas-

trique dans un cas de carcinome de l'oesophage ; par C.

11UD0'ERNIG. (1Yeur%g, .yt'72t7'Ulbl, XXHL 1. 1904.)

Chromatolyse des cellules nerveuses occupant la partie du

noyau dorsal qui borne le bord supérieur et interne de la racine

ascendante \ ago-g 10sso-phaJ'yngil'nne, Iêmes lésions, mais d'un

nombre moins grand de cellules dans le groupe le plus inférieur

de la portion moyenne du noyau ambigu (figure). P. KERAYAL.

XXV. Des centres de divergence et de convergence du

cerveau; par \Y. 11. Bechierew. (0&o : i'<.tt't ? c/h<)') ? \'111.

]\)03.) .

Il r.\¡sLe llans l'écol'cc (les 1u;misphi'l'cs .lcu,} : /'('III,'('s de (li('I'-

gence oculaire, un centre postérieur placé dans le ¡n l'US angu-

laire (pli courbe) ; un centre frontal immédiatement en avant de

la partie moyenne du sillon tle Holando (préeenll'al),

''Ce dernier, sur la limite de la région motrice, participe aux

mouvements volontaires. Le centre postérieur, à raison de sa to-

pographie, se rattache au centre de la vue et, comme tel, accessi-

hIe il. (l'auLl'Cs associations des mouvements de l'oeil, il rentre

dans les centres des mouvements involontaires ou réflexes ceci-

tés par les représentations visuelles. Qu'on excite le centre pos-

térieur ou le centre frontal, en même temps que les axes opti-

ques se dirigent au loin, les pupilles se dilatent et les paupières

supérieures s'élèvent un peu. Toute divergence active exigeai} ! la

contraction des deux muscles abducteurs, les centres sous-cor-

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 131

ticaux de ces muscles siégeant dans les noyaux des nerfs corres-

pondants constituent, par suite, des centres de divergence. On

connaît les expériences qui prouvent l'association bilatérale des

centres frontaux des mouvements des yeux avec les noyaux des

nerfs abducteurs. En outre de ce mécanisme de la divergence il

existe un centre sous corticatproprededivergencedesyeuxjouant

le rôle de centre réflexe, en relation avec les mêmes noyaux des

nerfs abducteurs parle moyen, chez l'animal, du faisceau longitu-

dinal prédorsal, et, chez l'homme, du faisceau longitudinal pos-

Lorieur ; ce centre occupe Le tubercule quadrijumeau antérieur.

11 y a aussi des raisons de croire que noire centre de divergence

cortical postérieur est en rapport avec le tubercule quadJ'ijull1cau

antérieur et que ce contre fonctionne, de même que d'autres

contres d'association des mouvements oculaires, par l'intermé-

diaire de ce tubercule..

Les centres de convergence sont doubles. lien existe un dans la

région occipitale du singe, un peu en arrière du point de jonc-

tion de la scissure de S) 1\ ius et delà première temporale. Son exci-

tation provoque convergence oculaire et contraction des pupilles.

Un antre occupe la partie inférieure du pli courbe en avant et en

arrière du poinl de jonction de la scissure de sylvius avec la

première temporale ; il doit être réflexe, en relation avec le cen-

tre cortical de la vue. 11 y a lieu do supposer un centre de con-

vergencevoluntaire, situé dans les parties antérieures des hémis-

phères mais l'existence n'en est pas démontrée. Jusqu'à nouvel

ordre, la convergence volontaire est liée au sort des centres des

mouvements des veux des Ucusllémispltères. impossible de douter

qu'il n'y ait dans les régions sous-corticales des centres spéciaux

de convergence. Les centres de convergence qui régissent les

muscles interne des eux occupent les noyaux des oculo-mo leurs.

S'il n'y a pas un centre spécial qui préside a la convergence as-

sociative des deux yeux simultanément, il y a un centre pour

chaque (ni ! séparément. En tout cas les centres frontaux qui

président la convergence des yeux agissent par l'intermédiaire

des centres sous-corticaux qui portent les yeux en dedans ; les

impulsions parties des deux hémisphères cérébraux doivent en

même temps se porter sur l'un el l'autre noyau qui meut l'oeil

en dedans. En réalité, quand on excite le tubercule quadriju-

meau antérieur, avec quelque persistance, on produit la conver-

gence. P. 11ERAV : 1L.

XXVI. De la région visuelle de l'écorce cérébrale et de

ses rapports avec les muscles des yeux; par \Y. M. Bech-

terevv. Du centre cortical de la vue ; par K. S. AGAD-

.faNLaNT2. (Obo;réHié lJsichiatrii, IX, 1904.)

- L'examen des travaux parus depuis 1890 sur le centre de la

132 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

vue à la surface des hémisphères, de ceux notamment d'ilitzig

et Kolherlah, révèle l'imprécision de nos connaissances sur le

rôle de la partie postérieure' des hémisphères cérébraux. De la

de nouvelles recherches physiologiques sur divers animaux ; M.

flechterew en détaille les particularités et les compare avec cel-

les d'tlitzig. M. Agadjanianlz les résume en ces termes.

1. Chez la grenouille, la vue n'a pas à soull5'ir de l'extirpation

partielle, et même totale, des lumislthèros; l'animal évile sans

difficulté les obstacles; il semble que l'exercice élémentaire de la

fonction visuelle soiL pleinement conservé.' 2. Chez \ oiseau,

(pigeon), l'ablation des lobes occipitaux se réfléchit sur la vue ; lui i

bouche-L-on l'oeil du même côté que l'opération, il vole avec

moins d'assurance, et se heurte aux obstacles. L'amaurose corti-

cale complète exige de larges extirpations des deux fiers posté-

rieurs du cerveau, et même des deux lu·mi.llù·res.-3.Chez le la-

pin, la cécité corticale émane de l'extirpation de la face interne

du lobe occipital. C'est, l'oeil du côté opposé qui souffre le plus.

4. Chez le ch ien, la lésion des lobes frontaux détermine surtout

des signes de démence; ce n'est pas la vue qui est atteinte, c'est

l'attention. La vision distincte souffre d'une lésion de la portion

antérieure d'un segment interne et antérieur d'une bande d'un

demi-centimètre qui occupe la face externe du lobe occipital

el la partie la plus postérieure du lohe pariétal. La partie posté- ""

rieuredelafaceinternedulobe occipitalel la bande du segment L

externe correspondant, représentent les éléments de la rétine dé-

nués de localisations corticales el de punctum eoeeum pathologi-

que ; il se produit une hémianopsie plus ou moins intense. Lè-

se-t-on la région pariétale externe et. en partie, la région oc-

cipitale externe, depuis le lobe pariétal jusqu'au pôle postérieur

et sous la tente du cervelet, on provoque une affection plus

diffuse de la rétine du côté opposé qui se traduit par un affai-

blissement du lieu de la vision distincte et les signes de la

cécité psychique. En l'espèce, la partie postérieure est en rela-

tion avec les deux rétines. On n'observe pas de démence quand

les interventions dans cette région sont simples et bien limitées.*

Les mutilations très profondes el les inflammations étendues

se traduisent par une hémianopsie fort pronnncée (de conduc-

lihi11lé) des deux veux, ou par une hémicécité d'un a-il. La lé-

sion des circonvolutions sigmoïdes provoque une amblvopie dif-

fuse de l'oeil du côté opposé, en rapport probable avec l'altéra-

tion du sens musculaire des muscles oculaires et avec un trouble

de l'accommodation ; principalement quand les voies d'associa-

tion sont intéressées des deux côtés depuis le centre visuel jus-

qu'à l'écorce motrice. La lésion du pli courbe fournit une Rmhl 0-

pie légère, diffuse et passagère de l'oeil opposé. 5. La dissec-

tion de la pie-mère au-dessus de la région motrice engendre chez

REVUE D'ANATOMfH ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 133

le singe, une amblyopie de courte durée sur l'oeil opposé. La lé-

sion de la face interne du lobe occipital provoqueunehemianop-

sie homonvme corticale. L'endroit de la vision distincte est poslé

plus en avant. On n'obtient pas, semide-t-it de punctum coecum

pathologique ; c'est une hémianopsie plus ou moins intense, se-

lon retendue et la profondeur de l'altération. De même que chez

le chien, les extirpations répétées ressuscitent tous les phénomè-

nes obtenus et même passés de l'extirpation antérieure. La lé-

sion de la face externe du lobe occipital jusqu'au sillon pariélo-

occipilal et celle de la partie postérieure du lobe pariétal provo-

la vision distincte), dans l'oeil opposé, avec cécité j)S) chique.6.

Les lésions organiques de l'écorce engendrent l'achrnmalopsie

pour fontes les couleurs d'emblée et partout. 7. Chez l'homme,

il semble que le cenlre de la perception occupe les deux lèvres

de la tissure calcarine, le centre de la vision distincte paraissant t

être en avant. 8. \os préparations relatives aux lésions de la

face interne du lobe occipital chez le singe montrent que les voies

d'association, gagnent la face externe du lobe occipital (centre

d'élaboration mentale), les portions supérieures et externes du

lobe pariétal et de la région motrice, enlin l'écorce des lobes

frontaux. Ces voies empruntent le trajet du faisceau 10ngiLudi-

nal supérieur. Elles vont il toutes les circonvolutions du lobe

temporal en parlant de la face externe de l'écorce de la région

occipitale (faisceau longitudinal inférieur). Les voies commissu-

rates liassent par le corps calleux pour innerver les parties

symétriques de l'autre hémisphère. Les voies de projection

gagnent le corps genouillé externe, les deux pulvinars de la

couche optique, les corps quadrijumeaux antérieurs. 9. La

lésion organique de l'écorce, du moins chez le chien et le sin-

ge, chez l'homme aussi, n'entraîne pas la cécité complète de

tout l'oeil opposé (ni même de l'mil lionlon`'me)- 1(l. L'endroit

de la vision distincte, et tout le reste de la région visuelle de l'é-

corce peuvent être frappés indépendamment l'un de l'autre.

11. L'extirpation bilatérale, complète, de la région visuelle dans

l'écorce entraîne une cécité complète des deux yeux ; la cécité peut ' ·

se transformer en amhlyopie ou hémianopsie, en hémi-amhlyopic

et s'évanouir par parties, affectant ou non l'endroit de la vision

distincte. Parfois il persiste tels ou tels désordres. 12. L'anato-

mie du tractus optique explique, par le détail du chiasma, de la

répartition du faisceau maculairr, des faisceaux de Gratiolet,

ainsi que par le trajet des voies d'association, de projection, et de

commissure émanées de la région visuelle corticale, les phénomè-

nes physiologiques et pathologiques de la l'onction delà vue.

P. Keraval.

134 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

XXVII. - Appareil destiné à déterminer le volume de

l'encéphale ; cérébro-voluminimètre ; par F. 13Etctt. (Nru-

rolog. Centralblatt, XXlll, 190'i.) '

11 s'agit d'un vase de verre cylindrique en rapport avec les di-

mensions de l'encéphale. A une certaine hauteur au-dessus de la

base existe une ouverture ronde dont le bord inférieur sert de de-

versoir ;à celle ouverture est assujetti un tuyau de décharge as-

sez large, incurvé intérieurement, et muni d'un robinet. Au-des-

sus du trop-plein, la paroi du vase a été marquée d'un trait qui

indique à peu près la hauteur à laquelle s'élève le liquide au-des-

sus du niveau du trop-plein quand on y plonge 'l'encéphale. Un

second vase, de jauge, est constitué par un long cylindre gradué

d'une contenance de plus de 2.000 cent, cubes ; ce vase estlivé

sur un pied de fer de façon que son orifice supérieur atteigne

presque la hauteur de l'orifice d'écoulement du voluminimèlre.

On rempli ! , après avoir fermé le robinet, le vase de verre,jus-

qu'au Irait qui se trouve au-dessus du trop-plein, soif d'eau, soit,

si l'on projette un examen microscopique, de sérum ou de li-

queur de Muller. Des que le liquide est en équilibre, on ouvre le

robinet ; et l'on fait écouler la quantité qui a dépassé le déver-

soir. On referme alors le robinet. On plonge ensuite dans le li-

quide restant l'encéphale, la conv exilé en bas, afin d'éviter la

formation de bulles d'air. On place au-dessous du robinet d'ecou-

lelllenLle vase de jauge. Dès que le liquide s'est mis en équilibre,

on ouvre le robinet ; on obtient le volume de la quantité qui s'é-

coule par simple lecture (te l'échelle de graduation.

P. 11ERA1'A1..

XX\'III. - Contribution à la casuistique des côtes cervi-

cales ; par Il. Lévi. (\'eurolog. G'rntralGl., 1\lll, 190f.)

Il s'agit d'une ouvrière de 18 ans, atteinte de sclérose en pla-

ques qui, dans la fosse sus-claviculaire gauche, présente une tu-

meur dure comme de l'os, se dirigeant vers la colonne vertébrale

sans qu'on puisse la suivre au-delà ; elle a la forme et la largeur

d'une côte avec exostose. Cette tumeur, douloureuse à la pres-

sion, olfre, en avant, une pulsation de la sous-clavière remar-

.yuablement intense par comparaison avec le côté droit ; en cet

endroit, on perçoit, sans qu'il soit besoin d'appuyer sur le sté-

thoscope, un bourdonnement systolique. La pression sur la tu-

meur, une inspiration profonde, un changement de position de

la tôle, l'élévation du bras gauche, n'exercent sur le pouls du

bras gauche aucune influence, pas plus que sur les dimensions des

pupilles. Dans la fosse sus-claviculaire droite on ne peut affir-

mer qu'il existe quelque anomalie à côté de la première côte ;

le pouls radialtlroit, généralement plus petit que celui de gauche,

REVUE ¡J'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 135

est parfois plus fort. Si la malade élève le bras droit à la per-

pendiculaire, le pouls, d'abord irrégulier, disparaît, au bout de quel-

ques secondes. La dimension des pupilles ne varie pas.

L'examen aux rayons Roenfgen décèle l'existence des deux cû-

Lés d'une côte cervicale marquée ; l'extrémité de celle de gaucho

est pliée en exostose (ligure).

Les côtes cervicales ne déterminent de (roubles que dans 5 il 10

% des cas ; dans celle observation, elles ont etesi peu importunes

qu'elles n'ont, été diagnostiquées qu'accidentellement. Il faut leur

imputer les (roubles de lacirculalion du côté droit, la legereatro-

]11Lic des petits muscles de la main du côté gauche, la scoliose de

la colonne vertébrale. Souvent aussi, comme ici, on constate une

sensation d'engourdissement à la face interne du liras gauche.

Il se peut qu'il y ait que coïncidence entre l'anomalie osseuse

et l'affection nerveuse. Il se peut aussi que la sclérose en plaques

soit ! ! l'efl'('e sur un terrain à anomalies congénitales dont les côtes

cervicales constituent une modalité. Oppenheim a établi les mê-

mes relations entre les côtes cervicales et la syringomyélie.

El vraiment, dans les maladies organiques de la moelle, on

rencontre très llWluemmenL de ces signes de dégénérescence, ou,

comme chez noire malade, des signes d'atavisme ayant alors pour

la neuropathologie l'importance qu'ils ont. pour laltsycltopalltolo-

gie. En fout cas, ces signes n'expriment qu'une prédisposition ;

l'explosion de la maladie est le fait de la suraddition des causes

propres. Faut-il, en l'espèce, attribuer la cause àun traumatisme

subi par la malade à l'âge de 8 ans (chute d'un escalier de cave '1

La sclérose en plaques ne débute, il esl vrai, (pie cinq ans plus lard

maisc'eslune affection toujours longue, el la diplopie passagère,

qu'on se rappelle maintenant s'être montrée depuis, peut bien

avoir passé inaperçue. P. KERAYAL,

XXIX. La lecture de la pensée et les rayons N ; par X. G.

KonK.Suggestionmentleoutour de passe-passe ; par

\Y. M. RECHTEREW. (0&0 : r ! ? epC/< ! a<ru, IX, 1904.)

11 s'agit d'une jeune fille de 14 ans, qui devine les pensées de

son père et de plusieurs médecins. Nombreuses expériences ex-

trêmement intéressantes, tant en ce qui concerne ce phénomène

qu'en ce qui a trait il l'émission et à la propagation des rayons

N physiques et physiologiques dans leur rapport avec la transmis-

sion de la pensée du cerveau d'une personne à celui d'une autre.

Il s'agirait maintenant de les contrôler. Voici pour le moment

les conclusions du mémoire de l'auteur russe.

« La pensée d'une personne se peut transmettre à une autre

personne par l'intermédiaire des ravons N, qui sortent des cen-

tres du langage. lis ont la propriété d'exciter les centres du lan-

gage de la seconde personne et de provoquer dans ces derniers

136 revu : 1 : 1)'A\ : 11'Ofll : et ni : physiologie pathologiques.

des imagesauditives idenli(|ues. Celle seconde particularité ne

saurait cependant être encore considérée comme prouvée, car il

faudrait pour cela qu'il l'aide des mv·on \ lllt sirlues, c'est-à-llire

émanés d'une source physique, nous ayons réussi à éveiller dans

la Il'11' tl'un sujet quelconque quelques représentations mentales

auditives.

;Ivayoenlil·r (\u ? ) n'en a ltas moins démontré que lec layom

\ émanés de certains agents phvsiques, dirigés sur certaines ré-

¡ ? ions de la tète, déterminent l'excitation des centres correspon-

pondants du cerveau, auditifs, visuels, olfactifs.

«La lecture de de la pensée est-elle un phénomène exclusive-

menL réservé à certains individus ? N'est-elle pas plus ou moins

inhérente à tous" ? est, impossible d'en nier l'existence chez cer-

tains sujets tels que les fameux 1\1'0\\ et, Bischopp, les possédées

de Krain.l.v, la jeune fille dont s'occupe ce mémoire. Les expé-

riences rIelliclleL ((;Il.), Leutann, .loul : eLautres sur lles ltersun-

nes ordinaires, nous permellenl de conclure, que la faculté de

percevoir les pensées d'autrui existe à un degré plus ou moins Inar-

qué chez n'importe qui. Nos expériences sur la propagation des

ravons N pendant la cogitation permettent de dire que cette fa-

cutte se produit par les ravons N. Si dans la vie de chaque jour

nous ne la l'emal'quons pas en nous, c'esL que le 1'1'1'\ l'au des pel'-

sonnes orilinaiios no jouit pas d'une sensibilité particulière à re-

gard des rayons \ ; il s'eu suit que les représentations mentales

ou les images provoquées par ces rayons n'arment pas jusqu'au

seuil de la conscience. Cela ne veut pas dire que des représenta-

lions mentales qui n'arrivent pas jusqu'au seuil de la conscience

ne puissent exercer une influence quelconque sur noire organe

psychique et modifier imperceptiblement le contenu de nos idées

conscientes.

Les lecteurs de pensées se distinguent du commun des mortels

en ce (pie, possédant de l'hyperesthésie des organes des sens su-

périeurs, el, si l'on veut, de louL l'organe psychique, ils sont en

étal de sentir nettement des excitations qui restent inaperçues

pour les autres. Tous les êtres sonL, à noire avis, reliés par les

fils invisibles des ravons N qui, jouant dans la vie journalière

un rôle peu important, acquièrent probablement une impor-

lance et une influence énorme dans tous les mouvements des

masses populaires,

La psychologie de la foule, les lois de l'imitation et d'autres phé-

nomènes enigmatiques de l'état mental des masses ne peuvent

être correclementélucidés que par l'influence des rayons N. »

;\1. BECHTEREW croit également Ù la réalité de la devinalion de

la pensée chez certains êtres. 11 est impossible selon lui, de la

taxer invariablement de supercherie. 11 y aurait lieu de multi-

plier les recherches scientifiques sur ce sujet. La question de la

revue d'anatomie ET de physiologie pathologiques. 137

suggestion mentale sort graduellement du domaine de l'inconnu.

L'étal mental n'étant, en somme, qu'une manifestation de l'é-

nergie, les découvertes de fIlond lo ! et Charpentier, surtesravons

qui sortent du tissu nerveux en activité, transforment la sugges-

tion mentale eu un phénomène qui ne heurte en rien nos con-

naissances scientifique- fondamentales. P. Keraval.

t\ 1.- Sur la doctrine de Flechsig des zones perceptives

et des zones associatives ; par le prof. L. Bianchi. (.1 nl1, di

Xerrologia, anno XXII. fase. 1-11.)

Voici les conclusions de ce rapport présenté au Congrès inter-

national de médecine de Madrid (H)03.)

Les recherches de Flechsig, au moyen de sa méthode, ont donné

une impulsion notable à la connaissance anatomique du cerveau

et de son développement, puisque il semble établi ([ne certaines

zones du manteau possèdent un plus grand nombre de libres de

projection que d'autres.

S'il est vrai tlue les libres nerveuses du niant eau ne se myél ini-

sent pas dans le même temps, on doit d¡;monll'PI't'ncoJ'e i la 111Yl ?

linisalion des fibres appartenant aux zones dites intermédiaires

et terminales est soumise à une loi de développement ; sur ce

point, Flechhig s'est lui-même contredit plusieurs fois.

En admettant que le i'aitanatomique doit avoir une significa-

tion physiologique, le fondement des conclusions physiologiques

déduites par Flechsig reste toujours à démontrer. A ce point de

vue, on n'arrive pas à comprendre l'existence des zones associa-

tives, telles que Flechsig les a conçues, étant donné que toutes

les zones perceptives sont des zones associatives. La loi de pro-

gressivité qui existe dans le processus de la perception, nous la

rencontrons dans l'agrandissement successif des zones sensoriel-

les, dont le produit est progressivement de plus en plus compli-

que. Le rapport entre lofait anatomique et les phénomènes psy-

chiques n'est pas celui que Flcchsig a imaginé. Les zones inter-

médiaires et terminales sont des terres vierges, qui attendent en-

core le défrichement. L..

Les zones perceptives qui comprennent toutes les zones asso-

ciatives postérieures sont des centres de formation et de conser-

vation des images. On ne peut pas démontrer le passage des ima-

ges du centre de perception au centre postérieur d'association,

qui serait, selon ! "Ie('hig, aussi le centre de conservation et d'as-

sociation pour les il1la¡ ? t'spl'o\euanLde autres centres percepifs.

Les lésions de la zone du langage démontrent que les images ver-

hales auditives, \ iSllelies eL 1ll0li'icL's-lacLiIL's se-tbrment et se con-

servent dans des aires respectives, et que la destruction de Tune

d'elles produit la perle irréparable des images qu'elle a formées

138 revue n'AN'I'OJIII; et de physiologie pathologiques.

et conservées, et aussi la perle du langage, selon l'importance du

centre intéressé.

Il est 1res dangereux d'utiliser pour celle question les maté- ,

riaux fournis parla paralysie, générale progressive, parce que l'on

sait bien que dans celte maladie les lésions sont très diffuses,

. commencent le plus fréquemment dans les éléments cellulaires et

doivent être recherchées à l'aide de procédés très délicats. La so-

lution du problème doit être demandée aux'lésious eu foyer ; et

l'on peut, démontrer que celles qui produisent le plus de dom-

mage il l'intelligence sont les lésions des zones perceptives du

langage, et spécialement delà zone auditive, que Ftechsig- desi-

gne avec le n° 5. Les lésions de la zone visuelle donnait aussi des

résultats presqu'idonliquos, mais seulement chez les personnes

cultivées. Les lésions très Nendnesdu lohe temporal ne produisent

llas tlu grantls lroulllusintellcclucls, sauf IlnautL la 1(ion c.Lilen-

due à la zone auditive du langage. La perle de l'intelligence à la

suite de lésions de la grande xoneparielo-occipito-temporaie est

due principalement à la part qu'elle comprend, dans l'hémisphère

gauche, la zone du langage. Tout le monde saiL que l'intelligence,

chez l'homme bien développé et cultivé, est intimement liée au

langage, dont la perle amène des (roubles intellectuels profonds.

Dans tamicroceptialie on peut trouver la zone occipitd-parieto-

lemporale très développée par rapport aux autres parties du cer-

veau, chez des sujets qui pendant leur vie avaient témoigné d'une

absence complète d'association des images, avec l'idiotisme le plus

profond et le plus grave.

Il existe une seule zone, dont les lésions ne produisent jamais

de troubles sensoriels ou moteurs, et provoquent au contraire la

perte des facultés mentales supérieures ; c'est celles des lobes

frontaux. Celle zone est en rapport avec toutes les autres : elle

réunit les produits des zones sensorielles, et excite leur activité.

Elle n'a pas de fibres de projection. Les expériences, les maladies

de celte zone, et l'anatomie embryologique concourent à démon-

(rurtlue la zone frontale est le siège de la synthèse intellectuelle

et émotive de la personnalité. C'est là la seule conclusion légi-

lime..1. SCGL.15.

XXXI. Un psycho-esthésiomètre ; par Colluccé. (Ann. di

néuool. Anno XX LI, fasc. I-II.)

XXX 11. Sur quelques altérations de l'appareil neuro-

fibrillaire des cellules corticales dans la démence sénile;

par IRAGNITO. (Ami. di Nevrolog, Anno XXII, fasc. I-II.)

\\\11L-Lesrecherches sur l'agent spécifique de la rage;

par Lv PEGNA, (Ann. di nérrol. Anno \\Il, fasc. 1-11 j

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.' 139

1 \ \L\'. Sur le temps de réaction aux stimulus électri-

ques cutanés d'intensité progressivement croissante ;

par Capriati. (li iiévi-oi. Ariiio XXI, fasc. \'-\'1.)

\\\V.- Les centres optiques primaires après énucléation

ou atrophie du globe oculaire; par Guu.r.t : nrnrrz. (Policli-

nique (le 1er sept. 1903.)

Voici les conclusions de l'Auteur. Il va des 1-ela[ioll,,ti-is étroites

entre la rétine d'une pari et les centres optiques primaires. Ces

connexions sont moins importantes pour le tubercule lluadl'iju-

meau antérieur que pour le pulv inar et, surtout pour le corps ne-

nouillé externe. Ces connexions s'établissent pour les deux eûtes

au moycn de libres directes et de libres croisées. L. W.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE

ri, La paralysie enfantile ; par Glorieux. (Policlinique de

Br°temelles, l'J03, n i.)

llevue générale sur ce sujet très importantde pathologie infan-

tile : l'auteur insiste sur les phénomènes fébriles fugaces du dé-

but. Celte poliomyélite antérieure aiguë laisse l'intelligence in-

tacLe. ' L. W,

\' 1 1.- Aperçu historique sur la pathogénie du bégaiement;

par DECROLY etl2ouzrtA. (Policlinique de l3rv.rr·lle.s, 1J03, n" 9.)

Première partie très intéressante rappelant toutes les théories

émises pour expliquer cette infirmité, depuis les plus anciennes :

on peut les rapportera deux grands types : celles qui l'expliquent

par des troubles d'origine centrale, théories toujours plus ou

moins vagues ; et celles qui en cherchent l'origine dans des (rou-

bles moteurs périphériques de la pointe de la langue, des parties

latérales de cet organe, des amygdales, du voile palatin, des cordes

vocales. Remarquons avec l'auteur que jusqu'à une époque très

récente le bégaiement était confondu avec le bredouillemenl.

1. W,

Vllf. Paralysies pseudo-bulbaires chez l'enfant; par De-

croly. (Policlinique de Bruxelles, 1903, lor octobre.)

Affection rare dans l'enfance mais que Dejerino a déjà signalée

et dont il a étudié les lésions, tant au niveau du cortex de t'oper-

cule rotandique qu'a celui du genou de la capsule interne. L'au-

leur en signale un cas très intéressant chez un garçonnet de 10

140 KEvi'nnEpATHOLOGOENERvnrsr.

ans microcéphale et dont le début semble remontera la naissan-

ce ; il rappelle qu'il a observé un cas analogue en 1902. Comme

traitement ? il propose le placement dans un institut d'arriérés.

.. j -' L. W.

IX. -Contribution clinique et critique à l'étude de la ca-

tatonie ; par E. PASINI et G. Madia. (Inn. di ncvrologia. Anno

.\.\I, l'al'. \'-\'1.)

Voici les principales conclusions de cet important travail. La

catatonie tlo laallllrnlno n'est pas une entité clinique ou analmno-

palhologique. Les symptômes décrits comme cal'aell'l'Ïsli(lues (slé-

réotypiesdu langage parlé etécril, écholalie, échopraxie, négali-

,im1f', stéréolypies des actes et des altitudes, flexibilité cireuse)

n'un ! rien de palhognomonique par rapport à la maladie même ;

ils sont les indices d'étals psychiques, dans lesquels il y a un ré-

trecissementjdns ou moins grand de la conscience, une suppres-

sion plus ou moins grande des fonctions du cerveau, awc rusi-

Iln, 11· un acliv iLO.

Par calalonisine, on doit entendre un éfal psychosomatique

dans lequel le l'ail saillant est la flexibilité cireuse des muscles. Il

appal'aîl ('pbodi(llll'IIlI'1l1 dans le cours de comblions morbides

variées et il est en connexion intime avec la stupeur, à tel poinl

qu'on peut dire qu'il n'y a pas de calalonisine sans stupeur. Le <

plus ordinairement il suit des formes hallucinatoires.

Le calalonisine, au point de vue sy mplomatologique, a des

points, de contact avec la catalepsie provoquée ; au point de vue

du mécanisme palhogénique aveerautomatismcsomnamhulique.

La malléabilité musculaire est, un phénomène essentiellement

psychique, un fait de suggeslibililé partiel, et à ce point de \ uc le

calalonisine peut être considéré comme l'étal de suggeslibililé

partielle de la sphère aneslhésico-motrice.

Le négativisme catatonique, qui semble tout fait. opposé h la

malléabilité musculaire, n'est que la même tendance à conserver

les altitudes, reçues, renforcée parcelle ne pas les changer, du

moins passivement. Celle dernière est l'expression de la tendance

hostile del'esprif du sujet devenue automatique.

Le calalonisine est un indice de dégénéralion de l'organisme

psychique; pour en obtenir les manifestations, il faut une es-

pèce de diathbc organique, qu'on pourrait appeler diathèse ca-

lalnnique.

Il existe une ressemblance entre les étals ealaloniquo, cata-

leptique ou somnambulique. Dans ces I rois états on trouve : 1°

ou que quelques zones du cerveau tombent dans l'inertie, tandis

que d'autres fonctionnent régulièrement, el d'autres ont même

\1]1<' al'li\iU' l'.\a¡.r<;I'¡"l' ; 2° ou bien que l'aclivilé de cerlaines zones

se trouve supprimée, tandis que celles d'autres zones est, simple-

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 141

ment conservée ; 3° ou enfin qu'il y a une limitativn générale de

l'activité dans presque toutes les zones du cerveau ; mais non d'é-

gale degré. "-

Le phénomène général qui se noie dans ces trois états, c'est le

déséquilibre, la dissociation de l'activité cérébrale. Si bien que le

caLnLoni.mu lcuL être considéré lui aussi comme une expression

sv Diplomatique particulière de la dissociation fonctionnelle du

Cl'J'\eau..l, 8ÉGL.\S. ,.

X. Le siège des convulsions épileptiformes toniques et

cloniques ; par Nino SAMAJA. (Reçue med. de la Suisse Ro-

mande, 1905, n»<2 et .1.)

D'une série d'expériences, l'auleurtirelcsconclusions suivantes :

La zone corticale motrice est le centre exclusif des convulsions

cloniques chez le chien el chez le chat adultes. Le reste de l'axe

cérébro-spinal ne peut donner chez ces animaux que des cumul-

sions Ioniques. Chez les mammifères moins élevés dans la série

animale (lapins et cobayesi, de même que chez le chien et le

chat nouveau-né et chez la grenouille verte, l'écorce motrice

n'est pas le siège d'un cenlre convulsif.

La bulbe ou l'isthme de l'encéphale, chez le col)a)eet.te1a]th),

sont le siège de convulsions cloniques. Chez le cobaye et ladre-

nouille verte, le bulbe isolé de l'isthme de l'encéphale est encore

le siège d'un cenlre convulsif clonique.

La moelle dans toute sou étendue, chez tous les mammifères,

est le siège, d'un centre exclusivement tonique ; elle ne provoque

jamais de convulsions cloniques. Chez la grenouille verte, la

moelle provoque au contraire des convulsions cloniques.

On voit donc que le centre convulsif clonique remonte pro-

greSSi\ClIll'nl dans l'échelle animale, de la moelle jusqu'à l'écorce

cérébrale ; bulbo-médullaire chez la grenouille verte, bulbaire chez

le cobaye, basilaire chez le lapin, il de\ ienl cortical chez le chien

el le chat adulte. Chez l'homme, le siège des convulsions toniques

est exlusivement basilaire ; celui des convulsions cloniques est

cortical. (. 1)svv.

XL Contribution à l'anatomie -pathologique de l'urémie

dans un cas simulant d'abord une tumeur du cervelet,

puis une myasthénie, (Maladie de Erb-Murri) ; par De

LUZENBERGER. (Ann. de .\ëcml, 1\nno XXII, fasc. 1-11.)

XII. Etude sur la polynévrite tuberculeuse ; pal' COLELLA

(.ltu. rli névrol. \nuo t\l, 1'asc. 11.)

XIII. De l'aphasie amnésique ; par S. Poporr. (Xeurolog.

Centralblatt, XX 111, 1904.)

Observation avec autopsie d'un homme de 31 aus.

112 REVU : DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

11 s'agissait d'une aphasie motrice (ranscorficale puisque la

parole spontanée ëtaitreduite au minimum, alors que le sujet ré-

pétait parfaitement les mois entendus. Seulement le malade avait

conservé l'écriture spontanée, mais, il est vrai, avec pamg l'a phie.

r11'autopsi, il existe a gauche un foyer de ramollissement com-

prenant tout le pied de la 3° frontale, un peu de la seconde fron-

tale, fout l'insula, et la partie antérieure de la première tempo-

raie, A droite, ramollissement symétrique de la 3e frontale avec

'légère destruction des circonvolutions antérieures de l'opercule

l'l (1C l'illStlla.

L'auteur insiste sur la persistance sans amélioration du trouble

de la parole pendant l'année qui s'écoula à partir de l'ictus. Com-

ment se fait-il que néanmoins le patient demeura capable de ré-

péter, et fort nettement, les mots entendus ' ? La répétition auto-

malique du mot entendu s'explique d'ordinaire par la conserva-

tion des libres d'associalion qui unissent le centre acoustique de

la parole au centre moteur. Mais dans l'espèce, le malade était

conscient de la valeur des mots qu'il répétait, ce qui indique que

le centreiutettectuel coopérait au mécanisme. 11 faut donecroire

que le centre moteur de la parole comprend un territoire plus

gl'an(lque l'L'lui <le la cil'col1\olu(ion <le nroca. A côLé <le celte

circonvolution, il doit v avoir un second centre moteur de la pa-

role prl'l'orllll',Cl'nlrc auxiliaire qui, pour remplir sa fonction fait

appel au centre acoustique et optique de la parole.

Conclusions. 1. Le centre moteur de la parole comprend un

territoire qui dépasse un peu les limites de la circonvolution de

Uroca ; la fonction de ce cenlre auxiliaire s'effectue par l'inter-

vention tantôt du centre de la parole acoustique, tantôt ducenfre

de la parole optique. ? . L'aphasie motrice transcorticale est pro-

duite non pas par la lésion de la voie de communication B. M.

du schéma do LichLJ\t'il1l, qui va du centro intellectuel au centre

moteur de la parole, mais par celle de la circOl1\oluLion de Dl'oca

l1lèlllt', - : J, Le patient pouvant, écrire sous la dictée, le cenlre mo-

teur des mouvements de l'écriture est situé en dehors de la cir-

convolution de Broca, peut-être dans le pied de la 2° frontale,

comme le veulent beaucoup de savants. P. KERAVAL.

\11'. Contribution à la pathologie de l'aphasie amnési-

que ; par F, Ouensel. (Xeurolog. Centralblatt, XXII, 1903.)

L'aphasie amnésique, c'est l'amnésie verbale. El le pour carac-

tère l'iiithuissance du malade à émettre le mot propre, bien que

ce mot lui arrive souvent sans qu'il le cherche, bien qu'il le con-

naisse, qu'il le comprenne quand il l'entend, qu'il puisse l'arlicu-

lerlorsllu'il lui arrive.

C'est d'aillcurs une lacune intermittente qui porte surtout sur

les substantifs, ceux notamment d'objets concrets ; le patient,par

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 1,3

exemple, ne pouf trouver le terme d'un objet désigné. Il n'est

question, dans ce mémoire, que de l'amnésie verbale par lésion

en foyer du cerveau.

Est-elle le symptôme de la surdité verbale, d'une lésion du cen-

(re des images phonétiques des moLs ' ? Sans doute, il est de règle

(qu'une surdité verbale centrale entraîne l'oubli et l'inintelligence

(les mots ; mais le degré des deux phénomènes el leurs relations

do causes a etrets ne se correspondent pas invariablement dans

les deux cas. N'a-t-on pas décrit un cas de surdité verbale avec

destruction hi la 1t"l'Hle (le la moitié postérieure do la première tem-

porale, dépourvu d'amnésie verbale. Inversement, il existe de

l'amnésie verbale en des cas où, abstraction faite des phénomènes

apoplectiques, il n'y a jamais eu de surdité verbale. Analysant la

paraphasie, commune ou souvent liée il la surdité verbale connue

à l'amnésie verbale, : 11. Qucnscl pense que la paraphasie présente

une indépendance relative de la surdité verbale centrale, et sent-

ble généralement l'expression nécessaire de l'amnésie verbale.

Ainsi, il l'amnésie verbale appartiendrait la paraphasie vraie ou

confusion de mois restés dans leur structure normaux ; de la

surdité verbale relèverait la jargonaphasie. Seulement, ces deux

espèces de paraptasiessucûLuienLcl'ordinaire. Puis, la paraphasie

seule est rare ; elle ressemble il l'achoppement et est

emllneinlo ¡['ulle pl'I'llll'lmlioll nl'lll'lnrnL motrice. Mais alors, il

est difficile d'élucider les rapports de l'aphasie centrale motrice

avec l'amnésie verbale, parce que la première, supprimant toute

manifestation parlée, la réduit à des débris de mots stéréotypés,

('1 même annihile l'écriture. Quand l'écriture est conservée, l'au-

eu montrant l'origine centrale des accidents, l'abaisse la

valeur du centre moteur dans la trouvaille du mot. S'agit-il d'a-

phasie motrice partielle ou en rétrocession, l'aptitude du malade

à trouver les noms d'objets, qui contraste avec une phraséologie

des plus défectueuses, tout lait incorrecte au point de vue gram-

malical, représente l'inverse exacte de l'aphasie amnésique )ia))i-

truelle. Il est vrai qu'il y a des cas intermédiaires constitués par

un mélange de trouble moteur, de trouble sensoriel, et même de

paralysie tactile ; il n ? manque clue l'aulollsie pour préciser.

L'etudede Valérie ou cécité verbale nous est, dans l'espèce, utile,

car nous rencontrons l'amnésie verbale, dans ses formes les plus

pures sans la surdité verbale, avec, paraphasie vraie ou simple-

ment I)tl['Ltgl-,Il)llio des mots défectueux, généralement liée

il l'alexie centrale, et par suite, dans les cas de foyer localisa-

tion identique ou sCll1hlalll<', L'allpl'e des deux s)ndl'omcs oltre

une harmonie étendue. Cependant la dépendance de l'une et de

l'autre n'est ni absolue, ni univoque. La preuve en est dans l'a-

lexie centrale sans amnésie verbale, ainsi que dans l'amnésie

sans alexie (lover sous-cortical occupant la'parlie anLi'ro-infé-

144 REVUE. DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

rieuredupti courbe ; observation de Ilenaclten). Ainsi s'exprime

l'auteur, après avoir procédé à l'analyse des espèces cliniques de

l'alexie.

Il termine. Généralement, la représentation mentale d'un ob-

jet éveille, avant d'en susciter le nom, l'image du son du mol cor-

1'I'pondanL Donc, s'il y a amnésie verbale, c'est que les voies

(Fassocialion entre les deux COll1pll'.\lI onl détruites. Tant que

sont conservées les représentations phonétiques des mots, l'in-

terruptionn'esL])as totale. Ce n'est pas loutà fait ce qui se passe

dans l'alexie ordinaire ; la dénomination est tantôt possible,

lanlôt pas : cela ne prouve pas l'impossibilité d'une localisation,

mais cela indique une constellation de groupes d'endroits ayant

subi une destruction partielle. L'interruption est d'autant plus

complète qu'elle se rapproche du centre des images des sons, des

mots, et, cependant, même lorsque ce cenlre est, complètement

(détruit, l'amnésie verbale n'est pas nécessairement totale. N'ou-

b ! ious pas que les mouvements de l'écriture sont aptes à ressus-

ci ! er le soutenir du nomme l'objet (Sommer). Par contre, l'alexie

s'allie fréquemment il l'amnésie ; il y a donc identité partielle de

h'ul's u]¡sLmlullls analol111qIH'S.

En ce qui concerne le centre des représentations mentales des

mouvements des mots, il existe des syndromes de transition entre

l'aphasie motrice et l'amnésie. En revanche, il est probable que

leur simple perte Louche le moins la capacité de dénommer les

objets. Il y a lieu de croire, quanlaux images mentales des objets,

que lorsqu'il n'arrive plus à l'hémisphère gauche certaines pro-

llriétus soncoriolles de ces derniers, lorsque les libres de la cou-

ronne rayonnante et des corps calleux sont interrompues, le su-

jet est incapable d'en trouver le nom : c'est ? ft)) ! )C6'/e verbale sous-

corticale spécialisée. Mais évidemment, des conditions anatomi-

ques y sont peu favorables. Tout ce que nous savons, c'est que

)'atexie-sous-corticabj vraie procède souvent par aphasie optique :

incapable de dénommer les objets qu'il voit, le malade les re-

connaît parle lacl, l'ou'ie, etc.; au contraire, dans l'amnésie

verbale, la persistance des propriétés sensorielles ne change rien

à la dénomination. lunlmlfor rlans un cas d'amnésie verbale con-

sidérable avec cécité verbale a vu le patient désigner les objets

perçus par l'ouïe. La désignation des qualités guslatives et objec-

li\l' dl'IIII'Ul't', dalls l'alllJ\t"it', l'I'I"'l'll'rnIlH'lll aSf : .L'Z hOI1l11' , 11 y 11

dl's ca oÙ, la ]1el'cI'plion dl ? ohjt'ls ]1al' Il'ul's )II'o]11'i¡"ll"s "'l'II ? O-

rielles étant intacte, la faculté de distinction d'objets divers par

une seule de leurs qualités organolultliyles se trouve oblitérée.

S'il n'y a pas alors de trouble dans les complexus conceptuels

verbaux, il faut bien croire à un foyer occupant des postes rela-

tivement limités de connexion associative entre Ct'S cOll1plt'\IIS

verbaux et les autres complexus conceptuels des objets. Mais ce

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 145

n'est point un centre spécial, une fonction particulière ; ce serait

encore moins un centre spécial que dans l'alexie. Il s'agirait en

gros (Lu pli courbe, de la partie postérieure du lobule pariétal infé-

rieur (supramarginal), et de l'extrémité postérieure des 2° el 3e tem-

porales du côté gauche, tandis que les centres de la parole mo-

teur et acoustique ne seraient que liinilalivenient rapportablesa il

ces mêmes régions. P. Keraval. -

X\ . Observation d'agraphie isolée et d'amnésie ; par \\'.

ËRBSLOEH (Xeurolog. Centralblatt, XXII, 1103,) .

Une femme de 63 ans, mentalement normale est., sans ictus,

apparent, atteinte pendant huit jours d'agraphie. En même

temps lacune de la mémoire qui dure, elle, six semaines ; inca-

pable de fournir des renseignements sur son adresse, sa famille,

son passé, elle est incapable de se repérer, bien qu'elle se rende

compte de ce qui se passe autour d'elle. Ces troubles disparaissent

il leur tour mais après un intervalle de dépression passager.

De même, faiL remarquer M. Erbsloeh que dans l'aphasie amné-

' sique nous pouvons rencontrer un oubli des images phonétiques

des mots qui contraste avec la persistance de la compréhension de

la parole, de même, chez celle malade, il y avait amnésie à l'égard

des événements antérieurs de sa vie, tandis qu'elle conservait la

faculté de reconnaître les objets et personnes du passé à l'aide de

la vue et de l'ouïe. Au début de l'affection, elle ne pouvait retrou-

ver dans sa mémoire les images optiques de l'écriture, bien qu'elle

conservât totalement la faculté de lire, et cependant elle était

hors d'état de se représenter les événements passés bien qu'elle

eut encore l'intelligence des objets de ce passé.

'foui ceci est en laveur d'un trjuble circulatoire dont la loca-

lisation reste indécise. P. 11ERAVAL.

XVI. Observation de paralysie de l'oculomoteur ex-

terne et de parésie des membres à la suite d'une frac-

ture du crâne ; par E. BLOCH. fA'eMro/o. Ccntralbl. t1111.

190'i.)

Il s'agit d'un homme de 3 ans, qui reçoit sur le côté droit de

la tête une solive de G mètres 1 ? Il se produit une fracture de.la

base indiscutable.

C'est deux mois après l'accident que le voit M. lilocll.

Il existe une paralysie de l'oculomoteur externe du côté droit ;

les membres du même côté sont paresies. Seul les muscles de

l'oeil, l'oculomoteur externe est atteint, car la distance en bail-

leur des images doubles n'augmentent ni quand le patient re-

garde en haut, ni quand il regarde en bas, ainsi que cela eût été

le cas s'il y avait eu coparticipation de l'oblique supérieur ou de

\ncJIl\'E, 2. él'il') t005, 1. XIX. ](}

146 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

l'oblique inférieur. Par contre les images se rapprochent toujours

à un quart de pouce.

Un obtient une amélioration par des injections hypodermiques

destryclmine (dose quotidienne 0,003 mill.) combinées à la fa-

radisation transversale du crâne.

Finalement, après trois semaines de ce traitement, le malade

n'a plus de diplopie que lorsqu'il regarde à droite. 11 sort avant

guérison, quinze jours plus lard.

L'auteur pense que l'lténturrltagio résultant de la fracture du

rocher a comprimé, à la hase du crâne, l'oculomoteur externe;

elle s'est résorbée lentement. S'il y avait eu hémorrhagie dans le

noyau même du nerf, le facial eût été simultanément atteint.

La parésie des membres droits s'explique par quelques hémor-

rhagiesmiliaires de la protubérance à gauche après le départ des

libres corticales du facial. P. Keraval.

XVII. - Contribution à la valeur pronostique des phéno-

mènes catatoniques ; par R. Gaupp. (Centralblatt j'il ! ' Xer-

l'cn/¡cil1wndc, XXVI, N. F. XIV, 1903). Contribution à la ge-

nèse de quelques symptômes dans l'état catatonique ;

par \Y, : t.1'ER. (Xeurolog. CcMmI/JI" \\1LL,1904.) La catato-

nie en tant que forme indépendante de trouble mental ;

par \\'.l'. Osstpow. (0o : t) ? t6).s'tf ? )n/) ? IX, l'J04.) Contribu-

tion à l'étude de la catatonie; 1an 5..1.1ROSCHawsr.v. (OLo ?

rérripsicltiniri'i, 1\, 190 ? ) '

M. Gaupp insiste surce point. Certains malades atteints d'ex-

citation catatonique pure ou de stupeur passive (immobilité sans

tension musculaire ni négativisme) ont pu paraître et demeurer-

en apparence guéris pendant un temps assez long. Mais lot ou lard

la maladie a reparu ; celle fois elle ne s'est qu'améliorée. Plus les

attaques aiguës ont l,Il' 1'1'1"qlH'nll ? plus illl'olilplioll ? oui élé les

J'll111"ions; linalt'lI1l'nl 'I'1 élahli un déficit. '" IJ'(\duiaI11 pal' Il's

éléments évidents de la démence précoce. Nombre de ses mala-

des ayant comme dans le cas de Jleyer (.lli¡¡Ir ? II.lIIcdic,1\-uc/¡ell,o,.

chrift, 1903, n° 32), guéri d'une première stupeur sont ullérieu-

rement devenus déments calaloniqucs. '

Pou l' .\1. ALTER, il l'SL hol's dl' doul(' qlll' Il, ile ! lrrliri,\li/C peut

procéder de deux mécanismes. Il peut dépendre d'une modifica-

lion primordial de l'appareil moteur. Il peul aussi émaner de

sensations' et d'idées délirantes. Dans le premier cas, i ! e.\isteun

trouble de la balance normale entre les muscles protagonistes et

les muscles antagonistes. Dans le second, l'aperception, qui n'est

que l'introduction dans le foyer de l'énergie psychique d'un groupe

cérébral déterminé, exercera une act)0)ie.\tincH\e;e ! ! ea[ ? e te ra

le mécanisme psychomoteur au lieu de le déterminer comme elle

le l'ail normalement : il y a lieu de supposer une altération du

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 147

métabolisme, de la structure chimique ou moléculaire dos élé-

ments nerveux. Un peut concevoir les deux espèces de genèses

pour l'automatisme, les phénomènes de répétition el d'échos, les

mouvements calalcp6oules ; mais ils seraient moins la manifes-

tation d'une perturbation de la motilité que les conséquences de

troubles intra-psychiques dans une localisation qui rigoureuse-

ment appartiendra à 1 élément psychomoteur.

M. Ossjpovv admet le syndrome de Kahlbauill connu sous le

nom de.catatonie, L'évolution clinique el la symplomalologie

permettent d'en admettre une forme indépendante ; c'est surtout

l'évolution qui juge le diagnostic. Les mêmes symptômes se peu-

vent montrer en d'autres psychoses. Il n'y a pas lieu d'englober

la catatonie dans la démence précoce, car la catatonie n'est pas

seulement une alfection de la jeunesse ; on la rencontre encore

plus tard et jusqu'après la fin de la période du développement

sexuel. 11 n'est pas obligatoire que la catatonie se termine par la

démence ; elle peut guérir sans présenter de rémissions et cette

guérison peut persister des dizaines d'années, à ce point que les

anciens malades s'acquittent de besognes fort complexes et fort

délicates comme en exige la profession médicale. Le type ther-

mique inverse s'observe assez souvent dans la période de stupeur.

La genèse de la catatonie n'est pas établie ; il semble qu'au pre-

mier plan agisse l'hérédité ;les autres agents pathogènes ne sont

guère que des adjuvants, des éléments s provocateurs. Il n'y a pas de

raison de croire à une auto-intoxication par résorption des produits

des glandes sexuelles chez des continents ; que de catatoniques

se sont masturbés longtemps avant que se développe la maladie ;

combien aussi n'ont jamais présenté d'interruption dans les fonc-

lions sexuelles. Les lésions cérébrales microscopiques constatées

chez le catatonique n'ont rien de spécifique ; elles ne peuvent donc

témoigner en faveur de l'autonomie de la maladie.

M. Jaroschkwsky publie une observation qui constitue le type

lopins simple de la Clltllto/11e ; on y trouve les symptômes car-

dinaux : immobilité, négativisme, stereotvpie, catalepsie. Le ma-

lade, un deillaleur de plan ? dl' ans, n'a ni gl'andi, ni élél'duqué

dans les milieux que le professeur Tchije et quelques psychiatres

considèrent comme la condition sine qI/ii non delà maladie. Les

catatoniques de ,\1. Tchije étaient des villageois, esthoniens, chas-

tes, chez qui l'affection s'était développée a la période de la matu-

rité sexuelle.. Par conséquent conclut JI. ,laro.cltewk- la calalo-

nie, si elle possède tous les éléments propres il lui assurer l'auto- '

no mie, est encore quelque peu énigmatique. P. KERAVAL.

XVHI. - De la participation du muscle orbiculaire palpébral

aux paralysies faciales corticales et sous-cortica'3s

148 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

par \\. 13E CH TF RE ? (Ubozrèniè psichiatrii, \'111, 1903. {. : t'utl'lll-

blatt sur Xel're¡¡heïl1wnde, XXVII, N. F. XV, 1904.)

Pourquoi dans les paralysies corticales et sous-corticales du fa-

cial, la région supérieure du facial ne participe-t-ellepasà la pa-

ra sie ' !

Les auteurs on supposé que l'innervation corticale de la bran--

che supérieure du facial était bilatérale. En effet, on constate expé-

ruucntaletuent que la branche supérieure du facial possède dans

l'écorce des centres absolument individuels, disposés chez le singe

dans les segments postérieurs de la deuxième frontale ; ils sont

topographiquement distants des centres du facial inférieur, lien

est de même chez le chien. En outre l'excitation de l'écorce réa-

git des deux côtés sur toutes les parties de la face et de la tète

innervées par le facial supérieur, il suffit de l'exciter d'un côté

pour que l'animal élève les deux sourcils, ferme les deux paupiè-

res, fasse mouvoir les deux oreilles- II u'y a que quelques mus-

des du pavillon de l'oreille qui possèdent l'innervation croisée;

l'élévation et rabaissement des paupières sont toujours bilaté-

raux. Même mécanisme avec prédominance du côté opposé, pour

l'occlusion ou le clignotement palpébral. Voilà pourquoi l'abla-

tion des centres corticaux du facial supérieur ne détermine pas

des troubles moteurs notables dans la partie supérieure de la face

des deux côtés.

Néanmoins chez l'homme les paralysies corticales et sulcorli- i-

cales du facial supérieur qui tiennent à une lésion des centres du

facial supérieur s'accompagnent de (roubles de l'orbiculaire des

paupières. Le malade peut généralement encore fermer les deux

yeux en même temps, il peuL aussi leriner l'mil correspondant à

la lésion tandis qu'il maintient ouvert l'oeil opposé ; mais il est

incapable de fermer seul ce dernier en maintenant l'autre ouvert,

quand il ferme l'un il ferme involontairement l'autre. Et, par

contre, la fermeture réflexe des paupières demeure intacte. Ce

symptôme prend une signification toute particulière dans les pa-

ralysies centrales à foyer placé au-dessus du noyau du facial ; il

témoigne de t'atteinte concomitante des voies ou centres du facial

supérieur. L'auteur l'a observé dans les hémiplégies capsulaires

ou corticales, quand le foyer s'étendait aux centres ou voies de

facial supérieur qui passent par la portion antérieure de la cap-

sule interne dans le voisinage de son genou. 11 l'a noté seul dans

un cas où il y avait eu d'abord hémiplégie droite ; on ne consta-

Iaitplus (1( la face ou des extrémités. Le Illèll1esmp-

tôme peut constituer le résidu de paralysies faciales périphériques

guéries ; le malade, en ce cas, pouvait fermer les deux yeux si-

III Il 1 Lan('llIl'nL, fermer aussi l'oeil homonyme seul ; il était inca-

pable de fermer l'oeil 1)("'l"J'onJI)( ! seul, celle tentative entrai-

nant, malgré lui, t'ncctusion des deux veux.

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 149

Ce symptôme, cela va de soi, n'a de valeur que dans les cas où

les patients, avant leur affection, étaient capables d'oulTil'unoeil

en laissant l'autre fermé. Il y a en effet bien des gens qui ne le

peuvent soit pour un ce)lé, soit pour les deux. D'ordinaire les

malades si avant d'être atteints, ils étaient ou non en état

d'ouvrir à four de rôle chaque mil on maintenant l'autre fermé ;

ce qui donne de la valeur au pl[(;l1omènl'dan ll' cas morbides en

question. P. KEIU\'AL.

REVUE DE THERAPEUTIQUE

VU. Action de la pyridine sur le tissu nerveux et mé-

thode pour la coloration élective du réticulum fibrillaire

endo-cellulaire et du réticulum périphérique de la cel-

lule nerveuse des vertèbres : par Donaggio. (Ann. di ne-

1)1'01. Anno XXII, fasc. 1-11.)

VU ! . Valeur diagnostique de la ponction lombaire ; par

RADUKL. (Rit,. crit. de clinica meclica, 1904, n0' Il et 12).

L'auteur rappelle tout d'abord la technique de la ponction de

Zimicke el indique les complications assez bénignes d'ailleurs de

celle l' légi'l'(' i nlpl'\ l'n Lion il faut faire exception dans les méningites

aiguës et dans les tumeurs cérébrales où l'on a vu des accidents

mortels. Puis il indique les dilféronls caractères physico-cliniques

du liquide céphalo-rachidien normal. Il passe en revue divers états

pathologiques : 1 méningite tuberculeuse où l'on peut constater

une élévation du point de A, la présence de flocons blancs avec

augmentation de la quantité d'albumine, la forme spéciale du

coagulum librineux, la présence des leucocytes mononucléaires

et, plus rarement polynucléaires, et, dans les Lrois quarts des cas

celles des bacilles de Koch. Le liquide retiré inoculé à des ani-

maux donne un résultat positif (Widal el Lesourd) ; 2° dans le

111l'ningisme de Duhré : hyperhydrose cerebro-spinate surtout

chez l'enfant, infiltration leucocytaire le long des vaisseaux.

L'examen bactériologique et la culture donnent des résultats

négatifs. Mais toutes les transitions 1'.\isLenLenll'e le méningisme

et la méningite : on a pu chez des enfants arthritiques détermi-

ner la formation de cristaux d'acide urique dans le liquide

cephato rachidien par la méthode de Garrod ; ;)0 dans la ménin-

gite infectieuse le liquide d'abord séreux puis trouble, puis séro-

tihrineux, devient purulent, sa couleur est jaune, rose, noirâtre

et même hemorrttagique : il esl caractérisé par sa richesse en

polynucléaires : on y trouve des microbes méningocoques de

150 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

Weschsclhaum, diplocoque de Fl'oenkcl dans la forme épi ! lé-

mique, le staphylocoque, le hacLel'Íum cul le bacille d'EberLlt,

le diplocoque, le bacille de l'influenza ; 4° tumeurs et abcès

cérébraux : il faut éviter la ponction lombaire dans les cas an-

ciens : augmentation de la quantité de liquide céphalo-rachi-

dien, la pcrssion Iveal-all·inilcu 300, 4001;rammc.. Uans le cas

d'abcès le liquide retiré par la ponction indique si oui ou non

les méninges participent à la lésion et j)arconse(jnentdon)ieune

indication opératoire précise ; 5° liémorrhagics spinales, 11lt\lIin-

gécs, lésions traumaliques, thrombose des sinus. Le liquide

élj¡'t\ esL hém')I'L'Il(\gic¡ue (CIIl'UII11) diagnostic) ;Ij> lI1alalLies chro-

niques du système nerveux : paralysie générale, tabès, épilopsic,

sclérose en plaques ; le liquide paraît normal, la pression est

augmentée, 1) IIlplwcylose l) pc de polynucléaire dans le tabès et

la paralysie générale, fréquence des éosinophiles dans la sclérose

en plaques el la syphilis cérébrale ; 7° hydrocéphalie chronique,

abondance du liquide et. de la pression, pauvreté en albumine ;

80 rachitisme, augmentation du liquide par 1) mphogegèse exa-

gérée, jamais de flocons d'albumine ; \)0 dans la pellagre le pou-

v oir réducteur est assez faible ; 10° dans la forme grav e de la chlo-

rose augmentation de pression cL cLu yuautiLé tlu liquide céphalo-

rachidien ; 11° l'ictère chronique est la seule forme de la maladie

LlÙ le lir¡uidc cépha1o-l'achitLien soil eulol'é l'n jaune; Uo Lliahèll

augmentation du sucre ; 13° dans l'urémie richesse en urée ;

14" la rage humaine peut être reproduite par l'inoculation du

liquide cél>haln-racliitlicn (l'astc·ur'). l. 11'nHr..

IX. Disparition de douleurs lancinantes très violentes

chez un tabétique à la suite de 28 injections d'émulsion

de bulbe antirabique ; par L. STEMBO. (\'euoolor. C'<3) : i)Y[ ?

XXIII, 1901.)

Il s'agit d'un général de 41 ans, atteint de syphilis à 22 ans. De-

puis 1896, douleurs lancinantes extrêmes, térébrantes et gravati-

ves, surtout dans les cuisses et les fesses. En IS9 ! l, un traitement

antisyphilitique ne les modifie pas ; même insuccès de médica-

ments calmants, y compris la morphine ell'éledrieilé. Au con-

mencement de 1J0 ? ayant été mordu par un chien enragé, le

malade va à \'al'so\ie où en 14 jours on pratiquâtes injections en

question. Dès lors cessation complète des douleurs; le tabès reste

memestalionnairc. p, KERAYAL.

X. Contribution au traitement de l'épilepsie par le sé-

rum sanguin ; parll. GERHARTZ. (Xeurolog. Centralbl., XXlll,

1904.)

Deux jeunes malades sont depuis longtemps atteints (l'épilep-

sie typique sans hystérie. On pratique chez eux des injections soit

REVUE DU rru;mma; riQt t : . 151

de leur propre sérum, soit du sérum sanguin d'autres epitopti-

tiques. Dix injections ont été faites, dans les mêmes conditions

de manière de vivre et de régime. Ces injections se sont, traduites

dans le torrent circulatoire par la multiplication des leucocytes

polynucléaires el des formes intermédiaires aux dépens despetites

et grandes cellules mononucléaires 01 éosinophiles.

Deux tableaux enregistrent : l'époque de la saignée par rapport

il un accès ; l'époque du sérum recueilli par rapport à la saignée;

la date des injections ; la quantité du sérum injecté en centim.

cubes ; l'accès le plus proche à la suite des injections ; le genre

et le nombre des accès il la suite de la dernière injection.

Le sérum qui fournil chez les deux malades le résultat le plus

favorable fut celui qui fut extrait le plus tôt possible du sang

lire la suite d'un accès grave el qui provint d'un autre epilep-

li(lue (lue le l1laladL auquel fut injecté.

Mais, ni pendant le temps du traitement spécial, ni ultérieure-

ment, c'est-à-dire pendant six mois plus lard, il ne s'est mani-

feste d'influence efficace et permanente sur le nombre et la gra-

vité des accès. Il n'en faut pas moins étendre le champ des expé-

riences, car celle pratique est inolfensive ; bien qu'on eut sus-

pendu le bromure, les attaques n'augmentèrent pas de nombre.

C'est donc un succédané, du traitement bromure quand celui-ci

dégoûte le patient, ; peut-être est-ce parce que le sérum est chargé

de la substance active. Il n'a pas été constaté d'action favorable

sur l'état mental ni sur le poids du corps. Il faut aussi éliminer

l'effetsuggestif, les patients n'ayant que très peu de confiance en

ces injections. P. Keraval.

XI. L'isolement des aliénés ; par Cr. Li0tN0-IiODZE\\'ITSCH.

(0<')o;rt ? ii'f ? <tc/i<'f.t ? X,100 ? )

' L'isolement, en formelle contradiction avec le no-restrainl, in-

conciliable avec l'alitement, est plutôt nuisible il l'observation

des malades. 11 eaL directement el indirectement défavorable à

l'état mental des malades qu'il peut précipiter dans la dégéné-

rescence. On n'ajantais pu en démontrer les indications Lltéra-

peutiques ; eu revanche il est susceptible de provoquer et d'aug-

menter l'agitation. S'il met à l'abri des sources d'excitation exté-

rieures, l'action de la cellule est infidèle et inconstante ; elle est

avantageusement remplacée par l'alitement dans des dortoirs ou

dans des chambres séparées.

Mais pour remplacer l'isolement il faut employer l'alitement. 11

faut aussi se servir largement de la balneotherapie. Il faut en-

core une judicieuse organisation de l'hôpital ; si l'on n'arrive pas

à répartir convenablement les aliénés et sans gêne, on ne peut

réaliser l'alitement dans son plein. Un autre gage de succès, c'est

l'individualisation rigoureuse des malades ; ceux-ci doivent être

152 asiles d'aliénés. -

soignés pour ainsi dire un il \111 : c't'sl par une observation atten-

tive, parmi savoir-faire prudent qu'on prévient le développement

de l'agitation. Celle-ci est hlulùLun lruLuiL arliliciul lu'un5 mi-

tome naturel de l'affection mentale. Sans doute les agents lylro-

thérapiques et pharmaceutiques sont utiles. Mais l'alimentation

exerce sur les sujets une influence favorable, (die doit être ap-

propriée au but qu'on se propose tant en ce qui concerne la quan-

tiLé <Iu't'n c,l' (lui l'I'gaL'de la t1ualil ? l'. 1\ERA'At..

XII. De l'avènement du no-restraint en Russie; par

1\-A. USTANKOW. (0&0 : t'd) ! MXf'('/t;nt)'tC[, VIII, 1903.)

( : 'est Saint-Pétersbourg qui a donné l'exemple..1. M. l3uinki

a été le Pinel de la Russie. Ses élèves R. A. Schpakowski, L. F.

Ragozine, M. P. Lilvvinovv, ainsi que le professeur FL'ese, de Ka-

zan, ont appliqué les idées de Con01ly, ('touffes premiers, parlé

du no-reslrainl absolu. Enfin, a Moscnu, S. S.lioc'akow s'en est

l'ait le champion et les hôpitaux territoriaux du rayon de la

grande ville lui sonL redevables de son introduction. Le no-res-

traint absolu n'a cependant point encore triomphé, bien que l'on

s'accorde à n'appliquer la contention (pie dans des cas tout à fait

exceptionnels, dans ceux, par exemple, d'aulomufilation.

· P. Keraval.

ASILES D'ALIENES

1. Situation de l'assistance des aliénés dans le duché

de Bade ; parGAUPp. (Ce/)0-&/. ? lYel'vt ? I1}¡t'llh, XX : \', X. F.

XIII, 1902.) z

Partout les maladies mentales augmentent, partout l'encom-

hl'emenL des établissements : malgré les ;, asiles d'élal, Illenau,

En11rÍendingen, Pfurzitciin, cliniques d'iieiduthers et de Fribourg

ensemble 2395 lils, malgré trois asiles privés pour la jeunesse,

malgré les 9 hospices cantonaux qui assistent plus de 600 alié-

nés chroniques, la commission nommée pour étudier les mesu-

res à prendre montre que d'ici à 1915 il faudra 2010 lits nou-

veaux. 11 fauL créer deux nouveaux asiles et en attendant utili-

ser le plus grand nombre des lits disponibles en renvoyant le

plus grand nombre d'aliénés calmes possible dans leurs commu-

nes et leurs familles.

Cette commission propose la di\ ision des asiles en asiles d'aigus

et asiles de chroniques. Pour les premiers ce seraient : Heidelberg

région du Nord ; Illenau, région du centre ; Fribourg, ré-

asiles d'aliénés. 1M >

¡ ? ion du Sud. On supprimerait le vieil asile de 1)(oi-zlieitil (L on

le remplacerait par un nouvel établissement affecté aux chroni-

ques près d'lleiOell>eng, de 700 à 800 lits, avec exploitation agri-

cole : il desservirait la région de Ntisslocli. Le bel asile moderne

d'Emmendingen deviendrait un asile de chroniques et recevrait

ses malades d'Illenau et de-Fribourg. Au Sud-Est on construirait

un petit asile mixte qui recevrait' les aigus de sa circonscription

et garderait ses chroniques : région de Constance : 300 à 400 lits.

Quatre circonscriptions d'assistance sans privilège pour les cli-

niques. \'ives critiques de l'auteur. Tous les établissements du

duché auraient le droit d'avoir un pensionnat.

Les criminels aliénés seraient traités dans un pavillon annexe

du nouvel asile voisin (le 20 à 25 lils. On ne dit pas

si l'on y mettra à la fois les criminels aliénés el les aliénés cri-

minels. -

Tout près de l'asile d'itlenau, on érigerait un sanatorium popu-

laire pour affections nerveuses telles que névropathies et psycho-

pallies à la limite de la folie, héréditaires dégénérés, hystérie

traumatique. Un asile [tour buveurs serait aussi construit près

d'lllenau, 50 lils. Critiques de M. Gaupp.

Et malgré cela, la commission avoue qu'on manquera de pla-

ces. On devra avoir recours à d'autres institutions telles qu'hos-

pices cantonaux mais en les transformant, en niellant à leur

tôle un psychiatre résident, en leur imposant un plus grand nom-

bre d'infirmiers, en les obligeant au choix des malades en rap-

port avec leur destination. Les professeurs de clinique mentale

et les neurologistes n'ont pas fait partie de celle commission.

P. KERAYAL,

Il. -Dispositions sur les asiles et les aliénés; par DrANCHI.

(.llIn, di nécrol, Anno XXI, fasc. Y-Y ! .)

Ill. Histoire de l'assistance des aliénés en Russie, par

MALTZEW et Erkson. (Obozrénié psichiatrü, VIII, 1903, IX

1904). ).

Nous ne pouvons que signaler à la curiosité des chercheurs les

titres de ces travaux.

l° Matériaux pour servir à l'histoire de l'hospitalisation des aliè-

nés dans la Russie méridionale, par A. F. MalLzew t0&u. : n.)t<',

1903, n° l.)- 2° Développement de la folie et aperçu sur celte

affection dans la Russie ancienne (même auteur. Ibid. 1903, n-s

eL 3.)-3° Histoire des maladies mentales et nerveuses au Cau-

case, par E. W. Erikson (Ibid, 19 )3, n° J.) 40 Les hôpitaux des

cloîtres et des paroisses dans la Russie ancienne et leurs relations

avec les aliénés, par A. P. )lallzrw, (Ibid.190.i, n° 4.)- 5° Confré-

ries et hôpitaux dans le Sud-Est de la Russie et la petite Russie

154 SOCIÉTÉS SAVANTES.

(même auteur; Ibid. 1903, n" .) -6° Le ruln Iln. cnn-cnlc cl

autres établissements dans l'assistance des aliénés aux XVlle et

XV1H" siècles, avant l'ouverture des comités d'assistance publi-

que, dans la pl'lile HUf : .sie (même auteur ; Ibid. 1903, n" 6.) -70

Situation sociale des psychopathes et névropathes dans )a'h'ans-

caucasin, aujourd'hui et jadis, parE. \V. Krikson(6ojtV)t, 1904,

Il° 1 . ) P.I\E1UVAL.

1\T. La répartition de l'assistance psychiatrique des

Zemstwos au sein de la population ; par X. A. Wyrou-

B0\v.(06o;ren ! c).f;'e/t<i ? IX, 1904.)

Après avoir démontré par des tableaux statistiques que les hopi-

taux d'aliénés des provinces (gouvernemenls) russes son incapa-

bles de desservir équitablemenl les différents districts, M. Wyrou-

llow Iwohose l'inslallur un lupilal Ilu ;I) à (i0 lits pour lew nu

trois dislricls. On y adlllL'UI'ail 1<'s alr('clil1n récentes, et on ledo-

leraiL du même personnel hospitalier que celui qu'on assigne ac-

Iw'llen1l'nl, dans les hôpitaux centraux, à toute nouvelle section.

Il est fort probable que ces pet ils établissements coûteraient moins

cher que les grands asiles. C'est ce qui a lieu pour les hôpitaux

de district ordinaires ; la décentralisation ouvrirait ainsi une

voie nouvelle à l'assistance des aliénés en général. P. Keraval.

SOCIETES SAVANTES

SOCIETE aflnlc;o-PSOC;rmu.nclnt ?

Sénncc rlo 1 ton·mhre lD0'r. - PaLStnr : NCt : de l : DRUNET.

Folie à double forme arec syndrome paralytique.

MM. DOUTarBI : NT1 ? l'L Marchand communiquent l'observation

d'un malade suivi pendant 17 ans. Il s'agiL d'un syphilitique al-

tcinL de folie à double forme et présentant le syndrome paralyti-

que avec accidents épilepLifol'l1H's, à l'aulopciu duquel on trouva

(les lésions (lilfuses,une gomme du cervelet avecpachyméningile. \

M. BALLET. - Quelle était la durée des périodes délirantes ?

M.DouTREBENTE. Plusieurs années.

M. Pactet. Les lésions diffuses permettent de penser à la

paralysie générale.

M. Vallon ne croit pas que le diagnostic de folie circulatoire

soiL justifié, parce que les circulaires ne tombent jamais dans la

démence.

SOCIÉTÉS SAVANTES. ^ 155

M. Toulouse consfatequc la paralysie generatepeutdehuterpar

le syndrome intermittence.

Psychose lJolynélTitique arec insuffisance hépatique.

DI11..IAQuErN el Perpère rapportent l'observalion d'une ma-

latle du service de M. Dupain, à Vauchiso, présentant le syn-

drome de Korsakolf. Pour expliquer les lésions de polynévrite

observées à L'autopsie, les auteurs, écartant une affection urinaire

à laquelle le malade a succombé, les attribuent à l'alcoolisme

chronique el aune insuffisance hépatique manifeste.

11.1)urar; rappelle que M. Maurice Faure a publié un cas ana-

logue, avec insuffisance ]n''pa[o-renak', el ajoute que, de l'aveu

de l'iisslllli-mÎ'llll', on ne doit pas attacher une trop grande im-

portance à la chromalolyse. Ce sont là des lésions banales con·la-

tées souvent dans la tuberculose et la lièvre typhoïde.

M. Ballet reconnaît que si les lésions des cellules no sont pas

spécifiques d'une psychose polynévrifique, elles n'en constituent 1

pas moins une lésion tendant à attribuer une certaine durée à

l'injure toxique qui les provoquées.

Paralysies générales de longue durée.

M. BRUNET communique les observations de quatre malades

chez lesquels la paralysie générale adure de 10 à 30 ans.

' 1. 11.

Séance du 10 décembre 7M. Présidence de M. Brunet.

Elections. Après élections, le Bureau est ainsi constitué

pour 190;) : Président : M. Vallon ; vice-président : : )1. Mvrcei.

itRiAND; secrétaire général : M. Un'Tf, secrétaires des séances :

MM. IJUPAIN et, YIGOUROUX ; trésorier : M. Antheaume ; Cihlio-

l hécail'l-al'chh i[e : )1. BOISSlEH. ,

Le Conseil de Famille est constitué par les membres du Bureau

auxquels sont adjoints les deux derniers présidents.

Comité de publications : MM. Briand, LEGRAS, PoTTtEn.

Commission des Finances : MM. CHRISTIAN, et Semelaigne,

Les escharres de la paralysie générale.

MM. A. VIGOUROUX et Saillant rapportent les observations de

deux paralytiques généraux, v l'aululr.ie desyuels on trouva des

lésions de la moelle, caractérisées par une myélite avec périarlé-

rite, pouvant expliquer les escharres. M. Vigouroux insiste sur ce

poinl que, lors de la discussion de sa précédente communication

sur deux cas d'escharres fessières consécutives à des ictus, il

a\aitete dit que les escharres étaient toujours d'origine médul-

laire. Dans l'un des cas communiqués aujourd'hui, l'escharre sa-

cru avait été provoqué par un furoncle.

150 , SOCIÉTÉS SAVANTES.

.\1. ))UPAIN adnll'l la rn"fJul'nl'c de l'sl'hal'J'l' dan la Jlaral"sie

générale, mais, s'il croit que des mesures de prophylaxie soi-

gneusement prises peuvent souvent en retarder et même en em-

pêcher la production, il reconnaît aussi que dans certainscas rien

ne peut s'opposer à cette complication.

M.ARNAUD.La plupart des ailleurs français et étrangers

affirment que les escharres constituent une complication inevita-

ble de la paralysie générale et cependant beaucoup de puldica-

tiuns dOI1l11'nl.la IlI'eu\I', tlU'a\I'C certains soins, on peut souvent,

les éviter.

M. Toulouse croit que les escharres, étant le plus souvent la

conséquence des troubles trophiques,la malpropreté n'est qu'une

cause occasionnelle qui en détermine l'apparition.

M. Christian attache une grande importance au couchage,

dans la production de la lésion cutanée qui se transforme plus

tard en escharre ; mais il estime cependant que celle-ci étant

d'origine médullaire, on peut parfois l'empêcher de se produire.

.\1. YIGOUROUX maintient que le mode de couchage n'a qu'une

importance relative : certains paralytiques ont rapidement des

escharres alors que d'autres, couchés dans les mêmes conditions,

n'en onL jamais.

M.Arnaud. Le jour où les médecins elle personnel infirmier

seront convaincus que les escharres peuvent être évitées, on n'en

verra plus. ' .

11, l;auner.-I1 mc paraîLulil· de ralhcli·rlm· c'csl ;Archan-

bault (pie nous devons l'amélioration du couchage des gâteux.

Aliénés simulateurs.

M. 1·rcouaou communique, deux observations d'aliénés simu-

Jall'l11's. L'une est celle d'un débile de caractère instable, vaga-

bond et voleur, qui simula la folie pour se faire inlel'l1l'l' ('1. argua

ensuite de sa qualité de voleur pour obtenir sa mise en liberté.

L'autre a traita à un persécuté qui, pour se faire interner et fuir ses

persécuteurs, a simulé un délire de persécution, autre que celui

dont il était réellement atteint.

M. LEGRAIN. J'ai dans mon service un malade qui m'a été

envoyé de la prison de la Santé. 11 m'a avoué qu'il avait simulé

un délire alcoolique pour être envoyé dans un Asile, mais j'ai

constaté aussi qu'il était, en proie à des idées très actives et très

anciennes de persécution.

1.'l'HIVG1'. - Chacun sait que les simulateurs sont le plus sou-

vent des débiles.

M. Colin. Si lesdébilesne peuvent toujours être gardés dans

les asiles, il arrive aussi qu'ils soient incapables de vivre en li-

1)(,l'lé, Illeul' l'audrail un régime spécial.

M. Vigouroux. .l'ajoute qu'ils constituent une plaie pour les

SOCIÉTÉS savantes. 157

asiles. On ne peut, en elfel, les maintenir indéfiniment enfermés

dans les quartiers et dès qu'ils ont un peu de liberté, ils en profi-

tent pour s'évader.

Aphasie motrice ci répétition chez une morphinomane.

JIJI. Rov et Jaquelin donnent lecture de l'observation d'une

vieille morphinomane qui, il la suite de légers eblouissements,

était subitement prise d'aphasie motrice corticale.

Elle eut une dernière crise au cours de la donorpbrnisation.

Celle malade était hystérique. Les auteurs pensent que celte

aphasie transitoire ôtaitdue à l'intoxication morphinique. -

M. Ritti croit que le titre qui conviendrait le mieux à la com-

munication de MM. Roy et Jaquelin serait le suivant : « Aphasie

motrice chez une hystérique, sous t'influence de l'intoxication

morphinique ». : \1. il,

Séance du, 30 janvier 1 ! J03,- Présidence de M. Vallon.

M. Brunet, président sortant, s'excuse de ne pouvoir, pour

raison de santé, procédera l'installation de son successeur M.

Vallon, qui de vice-président qu'il était, passe de droit à la pré-

sidence.

M. le Secrétaire général donne lecture de l'allocution dans

laquelle .\1. Brunet, faisant la revue des travaux de la Société,

dans le cours de l'année 1 ! J0'J, souhaite la bienvenue a M. Vallon

el le félicite du rétablissement de sa santé.

M. Vallon, en prenant possession du fauteuil de la présidence,

remercie ses collègues des témoignages de sympathie qu'ils lui on !

adressés à l'occasion de son accident, dont il est d'ailleurs aujour-

d'hui complètement remis. Il fait, appel aux jeunes en les iw itant

a apporter à la Société le fruit de Leurol7servaLiuns à la condition

qu'elles soient bien prises.

M. 13Rl.\ND adresse ses remerciements à la Société pour 1 ! ion-

neurqu'elloluia fait en l'appelant au Bureau. Il se félicite de ce

que la guérison de son ami M.. Vallon fera de la vice-présidence

une véritable sinécure.

Commission des Prie.

Prix lBllro7777ae (2 mémoires]. Commission : MM. CLIV, Deny,

Cuaslin, Keraval, .). Voisin.

Prix Esquirol (5 mémoires). Commission, : MM. ÂNTHEAUME,

Arnaud. (HRISTI1N, Dupain. POTTIER.

l'l'i.7·.lln7'enu,7le Tours (8 mémoires) Commission : MM. Ballet,

Brunet, Moreau (de Tours), PACTnr. Toulouse.

158 sociétés savantes.

Les lésions des neurofibrillcs dans la paralysie générale.

"

1. G. Ballet. M. J. DagoneL, en faisant connaître le ré-

sulLaL de l'examen 111SLC101(lUl; de l'écorce cérébrale qu'il a fait,

pal' la méthode de Ilal1lnn y Cajal, exprime l'opinion que, dans

la paralysie générale, les neurofibrilles ne sont pas lésées. Je fais

passer sous vos veux quelques préparations où il est possible de

voir que, si certaines cellules el neuro-fibrilles paraissent intactes,

la plupart sont lésées. Un constate en particulier que la plupart

des neurofibrillcs onLou ondulées ou cnmpliolel1lenL brisées.

Alcoolisme et dipsomanie.

M. GI11BAL communique l'observation d'une dipsomane chez

laquelle les accès se produisaient sans être précédés de cette pé-

riode, sur laquelle M. Magnan a beaucoup insisté dans ses leçons,

el au cours de laquelle les dipsomanes essaient vainement de ré-

sister il leur penchant. Celle aliénée, d'ailleurs alcoolique chro-

nique, cuL aussi des impulsions au suicide.

M. VALLON. - Les alcooliques peuvent parfois devenir dipso-

manes, ainsi que l'a indiqué )1. Hall. -

M. GIMBAL. Un malade, qui buvait, même en dehors de ses

accès, \ ienL à l'appui de celte thèse. '

Troubles psychiques d'origine probablement sulfo-carbonée.

.\1. CHARPENTIER donne lecture en son nom personnel et au nom

de JI. llalhel'sLadL de l'observation d'une femme qui, travaillant

depuis de nombreuses années dans le caoutchouc, de vint aliénée.

Les phénomènes morbides qu'elle présente actuellement peuvent

être classés en trois groupes :

a) Quelques slygniales d'hystérie ;

b) Idées de persécution avec hallucinations de l'ouïe ;

c) Signes ressemblant il ceux de l'alcoolisme avec période som-

Incil. 1.

Ce sont précisément ces signes qui ont amené son internement ;

elle a eu à un moment donné un raptus hallucinatoire et a fait

une fugue, suivie d'amnésie.

Les auteurs attribuent il l'intoxication sull'o-cal'bonée, les lt'ou-

bles délirants présentés par leur malade.

M. Vallon pense que des intoxications diverses peuvent réveil-

ler des manifestations d'hystérie lalenle.

. MARCEL 13RIAND,

SOCIÉTÉS SAVANTES. 159

SOCIETE DE NEUROLOGIE

Séance du 12 janvier 1905.

Jtérzizgo-n7él i te.

MM. Mosny et Malloizel montrent une jeune femme chez a-

quelle ils ont hésité à diagnostiquer une polynévrite ou une me-

ningo-myélitc ; la constatation de la lymphocy tose les lit pencher

vers ce dernier diagnostic, que la marche de la maladie, frèsamé-

liorëed'aittcurs, a confirmé.

Syndrome de 13W élict. ¡'a/ltOgé'lie du tremblement .

JI\I. L. LÉvI et BONNIOT montrent un homme atteint d'hémi-

plégie droite incomplète avec paralysie partielle de la 3° paire

gauche. Le membre supérieur droit est d'autre part animé d'un

tremblement intentionnel marqué, il y a en outre asynergie cé-

rehetleube et diadococinésie. 11 s'agit d'une lésion du pédoncule

cérébelleux au-dessus de son entrecroisement inLraltrotubéran-

tiel.

Xèvrite toxique.

M. Lj.1131N5KI présente un cultivateur qui manie journellement

des superphosphates comme engrais chimiques ; les muscles pos-

térieurs de l'avant-bras sont atteints de paralysie avec réaction de

dégénérescence.

Formes frustes de lésions-du système pyramidal.

M. Babinski montre une jeune lillealteinle d'épilepsio partielle

droite avec stigmates de lésions p) ramidalesqu'on ne decùlequ'en

les recherchant.

7fe)Ktt;/tO) ?

M. n \BrI\SKL montre un cas d'hénticlturée avec existence de la

flexion combinée de la cuisse el du tronc, 1'aiL qu'il a plusieurs

fois renconlré. '

Macrodactylie congénitale.

MM. ll.wuon tL Iuo.r..ttrr présentent un malade atteint de

macrodactylie de l'index et du médius gauche et en montrent les

radiographies.

Gigantisme et goitre exophtalmique.

M. Gilbert Ballet, à propos d'une jeune lille atteinte des

deux syndromes pense que les deux systèmes de glandes à sécré-

Lion intrrnc, hitttilairc et thyroïde, sont altérés simultanément.

160 SOCIÉTÉS savantes.

Stase papillaire post-méningiliqace.

\IJL( : .m.EZOwss et COURTELLEMONT onL observé la stase papil-

laire à la suite d'une méningite, fait assez rare à leur avis.

. Myasthénie bulbo-spinale.

MM. Raymond el SICARO nwntront un liunnuequi, il v a : luatrc;

ans présenta pendant quatre mois le syndrome aslhénique d'Erb-

Guldplem ; la guérison, survenue graduellement, s'est maintenue.

Hypertrophie musculaire acquise.

M. SICARD montre un malade atteint depuis l'enfance de mou-

vements eboréiformes. Le membre supérieur droit présente en

outre une hypertrophie musculaire vraie avec exagération de la

circulation veineuse. Lesmouvemenlschoréïques dus vraisembla-

blement à une sclérose cérébrale légère ont entretenu des con-

tractions musculairesincessantes, celles-ci ontproduit une reple-

Lion sanguine qui a causé l'hypertrophie.

Paralysie agitante et troubles labio-glosso laryngés.

M. Souques ayant souvent rencontré l'association de ces deux

syndromes en conclut que la maladie de Parkinson doit bien être

due il une lésion inconnue et non au lait d'une névrose, et la

sialorrhée qui l'accompagne souvent doit être d'origine hypercri-

nique plutôt que mécanique.

Déviation de la tète et des yeux chez un aveugle de naissance.

MM. ])ÉJERINE el Rouss y ont observé é ce phénomène chez une

femme de 71 ans hémiplégique gauche et aveugle de naissance

par fonte purulente des yeux. Il ne pomaitdoncpas être question

de déviation par hémianopsie ; 2° la déviation n'était pas d'ordre

paralytique puisqu'elle tenait à la contracture droite et pouvait

être corrigée ; 3° le syndrome étant dans certains cas dissocié, le

centre cortical, s'il existe, ne pourrait pas être unique.

Lésions de la névralgie sciatique.

M. Thomas trouve dans un cas l'infiltration graisseuse el oedé-

mateuse du nerf sciatique.

La migraine commune, syndrome bulboprotubérantiel ci étiologie

variable.

M. Léopold Lnvi. L'unité de la migraine c'est la localisation

initiale : le centre de 1l1l"lIiÍ,'I'anie siège au niveau delà profu-

SOCIÉTÉS SAVANTES. ICI

herance : de ce point parlent des irradiations qui expliquent tous

les phénomènes associés elles équivalents delà migraine. Lecen-

tre peut être excité par une cause banale, ou par une intoxication

qui peut être autogène.

MM. JÆNOBLE "L AUBINEAU (de Brest) envoient la relation d'un

nawlcn ? staolwus essentiel congénital avec syndrome l1el'\'eux COI1l-

pie.\e.

F. 1101SSJlW,

S()CIIn IrIIH ? OWt;1E IT DE PSYCIiOLUt;IE

SW ace lu naodi ' ! 7 clcenabne 1901.

l'taoam : rrc ur : Jl. l'aul Jlacwn.

· Lc traitement psychologique de l' impuissance sexuelle.

M. Bérillon. L'impuissance sexuelle essentielle est caracté-

risée non par l'absence du désir, mais par l'absence du pouvoir

sexuel. Ou souvent confondu ces deux états dontl'independancc

est plus fréquente qu'on ne le croit. La puissance peut exister

sans le désir, de même que le désir ne confère pas la puissance.

L'absence de désir est, le plus souvent, due à des erreurs de l'édu-

cation, erreurs ayant provoqué, à l'égard du sexe opposé, une

aversion aboutissant à la suppression de tout désir ; ces erreurs

de l'éducation sont difficiles il réparer. Par contre, quand l'im-

puissance a pour cause une influence psychologique accidentelle,

connue c'est le cas le plus fréquent, la guérison peut en être fa-

cilement obtenue par la suggestion hypnotique. Il faut remarquer

que la sensation de l'impuissance, dans ce cas, loin d'exclure le

désir, est plutôt entretenue par une sorte d'exaltation du désir.

Dans ces quatre observations, l'étiologie présentait des différences

marquées :

Uas. 1. Littérateur, 38 ans, cause : frigidité de la femme.

(los. 2. Médecin, 35 ans, cause : longue attente et satisfaction

inopinée.

Obs. 3. Négociant, 40 ans, cause : interruption de l'acte sexuel

par une peur.

Uns. 4. Mécanicien, 39 ans, cause : jalousie conjugale.

Le traitement, dans ces quatre cas. a amené une guérison ra-

pide et complète.

M. Paul Magnin. J'ai été frappé de l'action spécifique delà

suggestion hypnotique dans des cas d'impuissance accidentelle.

Cette action constitue une des indications les plus formelles de

l'hypnotisme et c'est à tort quo l'on retarde l'application de ce

traitement toujours inotfcnsif entre les mains de médecins compé-

tents.

Archives, 2° série, 1005, t. X1X, 11

jus soc ? 11 : : 3$,\\',\ : \ Il;S.

Sourdlcs 11J11,licalio'l¡; de lu j/(11'('O"" é/hifl-mélhyliqw',

.'1. Paul ¡ : ,\IU : Z. - La 1H\I'('oe t"IIi 1-lIlt"lh liqlW ('I illdiqllt"e

l'II pchtJt111"lnl,il' CLIIiIIIII' UII pl'oct"dé opt"1'1l loi l'l' capalile dl' 1'1'0-

tluim· ttnu hypotaxie artérielle, à la faveur de laquelle la 1l¡.r ? 1 ?

lion 'illlpo1' a\l'C force aux l1-111(-Il)atix peuvent

se présenter : 1° le malade, en étal de narcose,' reçoit la uggl ?

Lion curative, comme s'il étitil en état d'hypnose : 2° pendant la

narcose, le malade reçoit la suggesl ion formelle qu'à l'avenir il

sera facilement lm pnoliahh' ; 3° au cours même de la narcose, le

soin ni cil élly 1-inélhylique est transformé en sommeil hy puoliqul'

dont la durée el l'intensité varient au gré de l'opérateur. Dans

ces cas, la narcose constitue un artifice préliminaire ; elle n'est

qu'un moyen, la suggestion étant le levier thérapeutique.

Or, la naJ'COI' Úlh 1-III¡'o(h liqul',1'1l dehors de toute suggestion,

comporte une ellicacité el des indications spéciales. Ainsi, dans

un cas de manie aiguë, nécessitant la camisole de force, elle lll'a

permis de juguler, chaque soir, l'agitation et de procurer il la ma-

la(le un sommeil calme de six il huit heures. Dans un cas de lié-

\ l'oe d'angoisse, elle a, illlanlant"IIH'nl, supprimé les accès paro-

1)( même, dans l'insomnie d'origine cérébrale, par

préoccupations mentales, celle narcose coupe court à tout ce qui

faisait obstacle au sommeil ; c'est ainsi (pie j'utilise cette narcose ·

comme traitement s)ll'l11aLiqlle de l'insomnie des neurasthéni-

si rebelle aux divers traitements. De même, chez les 1l11',lall-

coliques anxieux, aune courte narcose élhyl-mélhy lique, suc-

cède, soit pur >oit spontanément, un sommeil calme

qui amène une appréciable t"dalioll, Ail1 ? i, celle narcose esl une

amorce au sommeil t'l le sommeil et efficace par lui-même, en

dehors de Imite suggestion.

JI. Bernard (de Cannesl, Lit élh 1-111t"[h liqU('

m'a permis d'obtenir des résultats thérapeutiques très remarqua-

bles chez 5 malades qui pl'l"elllail'n[ les symptômes suivants : an-

goisse, insomnie, phobies, idées fixes, 11'L'lllhlclllenl, l11ol')lliillo-

manie, éthéromanie, coprolalie, etc. Pendant la 1HU,(,U1' élll 1-

mélhy lique, j'ai plusieurs fois suggéré avec succès l'acceptation

du sommeil hypnotique pour les séances ultérieures. Enfin, j'ai

pu, par suggestion, transformer le sommeil élhy 1-liléiliN liquo en

sommeil hypnotique, que je faisais durer autant qu'il yc Idui-

sait. l.

1ti('1111C .louaoea (de Marseille1. - .l'ai l'II il soigner, il y a

quelques mois, une hystérique anorexique l'l anoslhésique dont

se contractait et donnait lieu à des

borborygmes extrêmement bruyants. L'isolement n'amène aucune

amélioration. Le réveil de la sensibilité sans hypnose échoue

l

. SOClE , l "S , S,\\,,\ : \ Il : 5. \ ] 03

cornplèll'lIH'nl. L'II pn()tiation ne l'l'ussiL qu'à PI'O'(Jllul'I'un OI1l-

meil léger, insuffisant pour le succès des suggestions. Lasug-

¡ ? cLion l,th) l-Jl11"Lhylique combat l'ancsllu"sie et l'anorexie, en

même temps qu'elle ramène une respiration normale et qu'elle

provoque la disparition des borborygmes.

.\1, In : v.o.i..auF (cln Lynt). - Une malade du service de M. Lau-

nois présentait du mutisme depuis dix-huit mois; elle a recouvré

la parole au bout de deux jours, grâce à la suggestion éllJ\ 1-lI1é-

111 liqup à laquelle je l'avais soumise. 'L .

.,1. W¡IZE\lSKY (de Saralovv). J'ai employé avec un plein suc-

la étlin l-lI1l'lh) litluc dans 18 cas qui se décompo-

sent ainsi : vomissements incoercibles de la grossesse, 1 ; imlmia-

alH'p génitale psychique, 2 neurasthénie, '2 pycha"lhénie, i ; ;

bégaiement, 1 ; hystérie, 3; névralgie, 1 ; accouchement, 1 ; oh-

sessions, 2 ; angoisse, 1.

Xote sur un cheval doué de remarquables aptitudes intellectuelles.

.,1. SruMpt' (de Pcnlin). - Il a élé, en Allemagne, grandement

question d'un cluval savanl, nommé flans, dont les acles ont

provoqué un grand écoiiiieiiieiit. En effet, ce cheval paraît calta-

1) lo de comprendre la pensée de son maître, bien qu'elle ne soit

exprimée ni par paroles, ni par gestes appréciables. 11 parait même

capable de trouver la solution de quelques petits 1»olèntes.

Bien entendu, ce cheval exprime ses réponses par des motwe-

ments, en particulier ceux de la tète. Une commission composée

de- .\1.\1. : : )lUIllPf', professeur de Psychologie à l'Université de Ber-

lin, Scliillings el 1)1'iiig,t, ses élèves, a étudié longuement ce che-

val, en l'absence de son maître cl de son lis sont arrivés

(,elle conclusion que ce cheval ne peut ni compter, ni lire, ni

calculer : les réponses qu'il doit faire lui sont dictées par des mou-

vements à peine perceptibles. Il esl guidé uniquemenlpar la vue

nul ne répond rien quand des oeillères l'empêchent de wir les per-

sonnes qui posent les problèmes. Un fait, cependant, très intéres-

sant, est l'aptitude de ce cheval à percevoir les, moindres signes

des paupières ou les moindres mouvements résultant d'un jeu de

physionomie. Les expériences qu'il réalise pourraient être rappro-

(le" faits de CUlllhcl'landirne,

.\1. nlRILI.ON, - La sagacité des observateurs allemands a up-

primé la légende qui s'était créée au sujet de ce cheval. On con-

naissait déjà l'intensité de la mémoire chez le cheval : Halls nous

montre avec quelle habileté son dresseur a su utiliser celle ai)ti-

tule. De plus, ce. cas apporte une preuve de plus la théorie de

Stricker, d'après qui on ne saurait pensera une lettre ou à un

chiffre, sans que lïlHhiln extérieur du corps ne 1'1'I"l'll ! e line al-

litule correspondante que des esprits entraînés cette lecture,

161 PÉDAGOGIE SPÉCIALE.

parviennent a interpréter. Ce cheval est donc, doué d'une certaine

aptitude à la lecture des gestes, laquelle est une lecture, au même

titre que celle des caractères écrits.

M. Lionel Dauriac. Les expériences de M. Slumpf ont sur-

tout démontré qu'il fallait renoncer l'idée d'un cheval doué de

l'aptitude à penser librement. C'el, l'n efl'L,t, Jà qU'l'sL lc noeud

de la question. En se conformant à des signes qui lui sont faits,

ce cheval ne fait que réaliser des exercice» de haute école, un

peu plus difficiles que ceux qui nous ont. été présentés jusqu'à a.

ne juur. t)n tloiL relenir tle ce faiL tluil est nécessaire, 1>lus yut·

jamais, de se délier de ses propres perceptions. L'illusion dont

beaucoup de savants allemands ont été les victimes nous engage

à nous défier de ces prétendues lectures de pensée et autres faits

semblables qui ne résistent pas au contrôle.

)1. IiINGT-5.1NGLIL. Il ne faut pas exclure, de parti pris, e-

tude de ces phénomènes ; on peut trouver les éléments de re-

cherches psychologiques susceptibles d'augmenter la puissance

de nos perceptions. Nous n'utilisons qu'une faible partie de noire

capacité sensorielle ; les moyens qui en accroissent la subtilité

doivent être recherchés, en dehors, bien entendu, de toute croyance

au merveilleux.

77mticroiie droite, dalar.t de vingt ans. guérie en deux séances de

suggestion hypnotique.

M. Damoglou (du < : aire). Une femme de 28 ans soulfre, de-

puis Lige de 8 ans, d'une hémicranie droite, à accès périodiques

durant de deux à cinq jours et difficilement atténués par lesmé-

dications ordinaires. La douleur disparaît complètement après

deux séances d'hypnotisme. La guérison se maintient depuis six

mois.

Le signe du salut dans la sciatique.

M. Maurice 1LOCH. Dans l'acte de saluer, la flexion de la

colonne vertébrale s'accompagne du mouvement associé du re-

dressl'lJ1enL des membres inférieurs ; la contraction des muscles

de la cuisse, tiraillant le nerf sciatique, fait éclater, sur le trajet

de ce dernier, un ou plusieurs points douloureux qui facilitent

ou corroborent le diagnostic.

Drames de l'alcoolisme. Atteint de folie alcoolique, Paulin

Behalle, mécanicien, a blessé sa femme de deux coups de revol-

ver. Il a été arrêté. 11 prétend que sa femme voulait le tuer pour

livrer son cadavre aux démons. (Bo11h. norm., 2li oct.).

PEDAGOGIE SPECIALE

Conférence sur les enfants anormaux à l'Ecole normale

d'instituteurs d'Auxerre, par le ])1' \\-.tut., médecin adjoint

de l'asile d'aliénés.

M. Wahl commence par montrer l'importance que présente

en pédagogie la question des enfants anormaux-; il n'est pas d'ins-

tituteur qui ne puisse en rencontrer parmi ses élèves. Il est diffi-

cile de donner une définition scientifique de ce genre de malades.

Le conférencier les divise en deux grands groupes : 10 Les

sourds-muets et les aveugles, qui ont attiré l'attention de faillie

de l'Epee, de Yalenlin Ilai'iy, de Braille, et dont on s'occupe

au moins en partie. Y .

20 Les idiots, les imbéciles, les faibles d'esprit, les dégéné-

res supérieurs, qui, moins favorisés, n'ont pas encore bénéficié

aillant qu'ils y ont droit, des sentiments d'humanité, en honneur

il notre époque. Ce sont de ces derniers seulement que 1'01"lIl'UI'

va s'occuper.

Idiots. Le premier essai d'éducation d'un idiot date de 1 î ! ls.

Il a élé lente pal' Ilal'd, médecin des sourds-muets, sur un sujet

appelé « le Sauvage de l'1\wvrott (I). Cet être hirsute, malpro-

pre sans aucune éducation, était pourharthme créature humaine

qui, depuis sa plus tendre enfance, avait vécu abandonnée. Pinel

affirmait, au contraire, que c'était un idiot ; l'expérience prouva a

que Pinel avait vu juste. Le «Sauvage » put par la suite acquérir

une certaine éducation.

Les autres tentatives furent celles d'Esquirol qui, en 1818,

expérimenta à la Salpetriere, el tenta l'éducation des petites idio-

tes. Faire père créa une école qui existe encore ; elle est dirigée

actuellement par) ! . le Dr Jules Voisin. Après plusieurs essais sem-

hlahles tentés iL l31cèll'e par Ferrus, Séguin, poursuivis par Dela=

siawe, M. le Dr Bourneviile a établi en 1880 uneécole modèle qui

fonctionne adl111rahenll'nL; ila des instituteurs et des institurices

dressés par lui, qui continuent les traditions de Seguin, modi-

fiées, perfectionnées. Jusqu'ici il n'y a pas eu en France d'établis-

sements spéciaux pour le traitement et l'éducation des arriérés en

dehors des asiles d'aliénés, sauf quelques rares établissements pri-

lés. Les imbéciles sont fréquents dans lccécoles ; ils se caractéri-

sent, outre la faiblesse de leur intelligence, par l'absence de sens

moral, par une sorte de méchanceté innée. Ils apprennent à lire,

(1) IT.W n, Rapports et mémoires sur le sauvage de l'Aneyron, vol

II, dota Bibliothèque d'éducation spéciale de Rourncvillc.

16G rl;ttGOC;Ir SPÉCIALE.

écrire, exercer un métier ; quelques-uns ont une mémoire

extraordinaire pour certains faits, témoin Inaudi. On a quelque-

fois caractérisé ces êtres sous le nom de « génies partiels ».

Les faibles d'esprit apprennent à lire, à écrire, à orthographier,

ils arrivent à la notion du nombre et il la compréhension de pro-

lllèmes Lrèa simples et peuvent avoir leur certificat d'études. Ils

sont caractérisés par une faiblesse native de toutes les facultés.

Les d ''générés supérieurs, appelés encore prédisposés, détra-

quels, sont capables de (ou Les les opérations intellectuelles, mais

il leur manque la pondération de l'esprit, la faculté de critique

des aclionspersonnelles.

Chez eux, les passions l'emportent sur le raisonnement; sui-

vant les hasards de la vite, ils deviennent des aliénés, des crimi-

nels ou ils végètent misérablement. Ils sont souvent d ? excen-

triques, quelquefois même des artistes.

Jean-Jacques Rousseau, le Tasse, Gérard de Nerval, Gustave

Cou 1'1)(' jusqu'au dépravé et mélancolique Musse ! , peuvent être

donnés comme exemples.

Immédiatement au-desscus des- déséquilibrés viennent les vi- i-

cieux; ces malades doivent leur anomalie soil à la mauvaise edu-

cation, soit à leur tempérament.

Dès leur plus tendre enfance, une horreur instinctive de la so-

ciété, des idées d'indépendance, le dégoût du travail intellectuel

leur font fuir l'école où ils se sentent quelquefois inférieurs aux

camarades, et où ils rencontrent une discipline qu'ils ne peu-

vent supporter. Ils prennent de bonne heure des habitudes de

vagabondage qui les amènent, à voler et souvent pis encore.

L'enfant anormal présente souvent des stigmates physiques

de dégénérescence ; déformation crânienne, profil d'oiseau, bec

de lièvre, etc.; mais celui qui doit son anormalite à un accident

survenu plus ou moins longtemps après sa naissance, peut pré-

senter une physionomie normale.

L'éducation morale, telle qu'elle esl donnée généralement, ne

saurait convenir aux anormaux : elle est trop abstraite ; trop loin n

des réalités concrètes dont seulement ils peuv enl se rendre compte.

Nous ne parlerons pas de l'enseignement religieux dogmatique :

il y a vingt-cinq ans que DelasiaUl e signalé son échec complet.

Parmi les causes de dégénérescence physique et intellectuelle,

l'orateur cite :

a l'alcoolisme des ascendants ; b) la misère en général ; par-

ticulièrement, le défaut de salubrité qui règne dans les locaux

trop petits habités parties familles nombreuses; c) la mora-

lité plus que précaire qui résulte de celle promiscuité ;

d) la terrible syphilis qui se transmet aux descendants ;

e) les professions insalubres ? ) le surmenage intellectuel au

moment de la conception ; g) la disproportion d'âge, l'âge trop

\

. ri : wcocn : srt`.cmr.u. 11\7

précoce ou trop avancé des 1)(II'('n[-; -h) I ? nH11'ia ? "lInan-

guins (1). La proportion des enfants anormaux parmi les enfanl,

naturels serait plus forte que chez les enfants légitimes. Une loi

américaine défend aux dégénérés d'avoir des enfants, on leur l'ail

même subir dans ce but une opération chirurgicale ' !

Noire inonde s'accommode mal (Tune telle pratique, d'autant

plus (pie l'hél'l,tlilé Il'I'L pas l'alall', 1'1 qlll) ,lan.. hil'IL des cas le

produit se différencie 1res nettement de ses procréateurs.

Dans les tentatives de guérison des enlanls anormaux. seuls des

laïques ont apporté quelques améliorations. C'est un l'ail intéres-

sant à remarquer.

Grâce à l'instruction, les enfants anormaux pourront ne pas

être une trop lourde charge pour la 'lH'il'I('. (;1'11,' (',lllca[ion ? 1

très dillicile à faire, car il faut loul apprendre à Tidiol en particu-

11t ? )an-.))i('thcas,i ! fauLtoutapprt'nt ! ra('( ? nK)ihcut'L'u\,(h'-

puis la 1"'olH'pLé la plu" ('h'nll' Il Lail'l', dl'PlIi ? la Il ! : lITIIl' 1'[ la pa-

1'1111', ju.;qll'iLl¡\ uolion el l'idél'.l\U."j I' l'lIllll'nLe-l-on lrllp l'atill'-

IIH'III l'Il pl'l'Sl'nCe de la dil'liwllé ,lJ 1.1 I¡it-III) 1'1 au--¡ au n01l1

d'une économie mal comprise, de les hospitaliser dans les asiles

d'aliénés. -' · . ! ! (h'\rai(,yavnH'()(6ta))H ? emnLssp('iau\pm'tc-dt ? n( ?

l'l ? bUI'(ouL pOlll' Il's dt'g('nél'(', snpél'ienl ? Ll' 1 jcil'n \ son ! en

petit nombre recueillis dans l'élablissemoni de Mellray (In-

dl'r-rL-Loil'e), cru\ : qui COllll1ll'l[l'nL qnelqUl's l'odaiLs sonl 1'111"1'1'-

més dans des maisons de correction pendant un mois, six mois

l'l, nlt"lIwjnqu'iL ,'ingL ans..\lalhpllI'èUSI'Il1l'n( llalls l'es ll1ai,;oll';

de correction, on ne recherche aucunement la culture morale des

JI1alhcul'PII 'i : qui y sonL enfermés trop peu de temps le plus souvent. l.

En Angleterre, au contraire, on essaie de leur donner l'habitude

du travail ; on leur enseigne un 1l1(,[iel'; il" onl lie ]¡Olll](,

notions morales, lorsqu'il* sortent des « écoles de redresseinenl »

« et des écoles industrielles n créées spécialement pour eux.

Un effort philanthropique vient cependant d'être tenté en

France en 1898 pour les enfants moralement abandonnés.

Le pars ù'Eul'ope le micu\ : pa 1'1 ag-é sous ce rapport est la Suède.

Dans ce pays existent en plus des asitesd'alienes, des écoles pour l'

les imbéciles. En l1elgiljue existent des «classes» pour les arriérés,

classes annexées aux écoles ordinaires. Ces classes fonctionnent

également en Allemagne, à Cologne en particulier, en Angle-

terre, en Italie, en Suisse, etc.

,\1. Wahl termine sa très intéressante conférence par quelques

conseils pédagogiques. Il conseille aux maîtres de profiler de

11'111' ou lelle dispoi ! inn particulière des enfants arriérés. Il faut

(1) Quelques réserves seraient à l'aire sur l'importance relative

ile. causes relew·e lvar 1f. \\'alrl. \ou. t·1·It\'O\'olrc lllr I·clcur iv Ia

collection des Couytes-r u.ius clio Bi('j\I¡'e (lO,1903', (lî.) . ' .

1GS f;.ORRT : SPOND\NCr.

d'abord obtenir d'eux une obéissance raisonnée bien qu'absolue

L'exemple fera beaucoup dans celle éducation bien plus que les

phrases des manuels. Cette tâche demande beaucoup de patience

et de courage, car parfois, le succès-n'est pas en rapport avec les

efforts déployés. 1 1 -

M. Wahl montre, en finissant, quelques séries photographiques

- représentant des idiots depuis leur jeune âge jusqu'à vingt ans,

1 mises à sa disposition par M. Bourneviile. Les élèves sont sortis

entporlantclu conférencier un excellcnl sl1uyeni l', certains que ses

conseils pourront leur être bientôt d'une grande utilité dans leur

oeuvre d'éducation de la jeunesse. A. Romelin,

Elève de f'Heofc Normale d'Auxerrc.

Nous ne pouvons qu'adresser nos félicitations à M. le ])r Wahl

pour son heureuse initiative, car c'est la première fois, en France,

qu'un tel sujet est traité dans une École normale d'instituteurs.

Il est évident que toute personne s'occupant d'éducation devrait

être au courant de ces questions. La pédagogie normale ne peut

que tirer bénélice de la pédagogie anormale, l'instituteur qui

saura qu'il existe des enfants anormaux, sera moins (enté d'at-

tribuer toujours la mauvaise volonté l'indiscipline, la paresse,

l'inattention de certains de ses écoliers ; il verra là plutôt une

manifestation pathologique, et s'aidant des conseils d'un méde-

cin, il pourra dans bien des cas, aider à l'atténuation d'un état

morbide, qui n'est qu'à sa première manifestation.

11. Bourneville dans son service de Bicêtre,pour mettre à même

ses collaborateurs, instituteurs, institutrices, infirmiers et infir-

mières d'appliquer le traitement d'une façon plus efficace, et de

connaître toutes les méthodes spéciales d'éducation, les envoie

régulièrement tous les ans assister aux classes faites à l'Institu-

lion des sourds-muets, et à l'Institution des aveugles. Nous lui

avons souvent entendu exprimer le regret que l'Etat n'agisse de

même avec ses instituteurs ordinaires ; ne devrait-on pas, à la

faveur des vacances scolaires, les envoyer passer quelque temps à

l'Asile-l : cole<leLicêtre, pour leur faire voir des anormaux, et pour

leur montrer ce qu'une méthode raisonnée, peut faire de malheu-

reux que l'on mettait. autrefois en dehors de la Société.

CORRESPONDANCE

Les magistrats et les aliénés.

Tours, le 11 novembre 19(l ?

Cher Monsieur et très honoré Confrère, ; .

J'ai l'honneur de porter a votre connaissance un exploit de nos

BIBLIOGRAPHIL 169

représentante delà, justice et qui ne doit pas rire passé sous si-

lence.

- A la fin d'octobre dernier, un aliéné de mon asile s'wade. Ce

malade, un débile mélancolique déprimé avec altitude de flexion,

est arrêté comme vagabond sans ]apiersalartigny([m)re).

Les gendarmes lui font passer la nuit à la gendarmerie, le

malade leul' dit (¡u'il s'et évadé de l'l1Upic(' d(' TUIII' : il ('I ha-

hillé des \ èlemenls de IR mai()n ('1 ib l'I'mal'qUeUl sa L'ILt'miI'

mar : lnée à lencre graac· A II (nliénu. lmmmu··). Le lmulmnain

les gendarmes le conduisent en voilure au Blanc ; là, on écrit au

Directeur de l'Hospice de Tours qui confirme les dires du malade

au point de vue de son évasion. Le tribunal condamne cet aliéné

il huit jours de prison et l'hospice de Tours est invité il le faire

prendre il l'expiration de sa peine : en effet, aujourd'hui, deux

employés vont le chercher à la maison d'arrêt du Blanc et l'ont

ramené à l'Asile.

Tels sont les faits qui qu'ont, été rapportés par mon sous-siir-

veillant que j'avais prié de prendre des renseignemenls en allant

chercher l'aliéné. Ce dernier m'a ce matin même raconté exacte-

ment les phases de son voyage.

N'est-ce pas joli cet aliéné évadé, condamné pour vagabondage

ilS jours de- prison ? Je laisse il voire haute appréciation, le

soin de tirer de l'clle all'ait'e tout le profit que vous jugerez

utile !

Veuillez agréer, mon cher confrère, l'assurance de mes meil-

leurs compliments.

Dr .1RCH.1\1C3.1GLT.

Tout commentaire nous paraît inutile.

BIBLIOGRAPHIE

1. L'A ssistanc'c clc' ali¿n, : s en Franc", en .1 llem'l{Jilc, etl [tali" et en

Suisse, par P. Sérieux. Paris, 1903, imprimerie municipale Hôtel

de Ville.

Le volumineux rapport sur l'assistance des aliénés de M. P.

Sérieux est divisé en cinq parties : la première partie est consa-

crée à l'histoire du développement- de l'assistance des aliénés en

Allemagne ; la seconde traite des asiles d'aliénés criminels d'Eu-

rope (Allemagne, Italie) et d'Amérique. Les cliniques psychia-

triques 'universitaires d'Allemagne, de Suisseet d'Italie sontexa-

minées dans la troisième partie. Dans la quatrième partie, est

étudiée l'organisation des asiles d'alil"I1Pf'n .\llemagnp,f'11 Suisse

17 J BIBLIOGRAPHIE. -

et en Italie. Enfin, la cinquième parlie est consacrée à la descrip-

lion des asiles de la région de l'Est de la France.

. Le travail de 31. P. Sérieux comprend plus de 1000 pages. Lue

analyse quelque peu détaillée ne peut donner qu'une idée bien

vague de Ions les faits d'observation contenus dans l'ouvrage.

Aussi après avoir fait une (''numération des principaux chapitres

renfermés dans chaque partie, nous insisterons sur la partie qui

Iraile des réformes actuellement réclamées chez nous dont la réa-

lisalion s'est opérée dans divers pays étrangers ; ces réformes ne

doivent donc plus être présentées « comme des vues de l'esprit,

comme des entreprises hasardeuses. »

Ir. Partie. -Le développement de l'assistance des aliénés en '

.\II<'lI1agl1l' peul se diviser en qualre périodes. La pl'I'rni.,1'1' l'om-

]'l'l'IIIIII' mO)l'n à¡ ? L', les l'ous onl .i1llil'iahll' dl's ll'ÏhlllHlll'\, d,'

et non de la science médicale. Dans la deuxième période

les fous sont considérés comme des lIjl'lsdan¡ ? el'l'lI'\ et onlll'ai-

lés comme des criminels ; celle période s'étend de la fin de «'e·

siècle au commencement du XIX., l'ne troisième phase com-

mence au début de ce siècle pour finir vers l'ail 18G0, les aliénés

sonl enfin considérés comme des malades et traités dans des l'ta-

blissements spéciaux. La quatrième période est par

le développement de l'assistance des aliénés (nI) retmint, open

door, alitement thérapeutique, différenciation des rI i [fél'en 1 s q ua 1'-

de classement, asiles-colonies, colonies familiales, l'lahlis-

sements slociaw pour les cas aigus, les cas chroniques, IIIJ]'i-

latix de convalescence, asiles colonies pour épilepliques, buveurs.'

idiots, criminels aliénés, etc.)

Il* Partie. - Les dilférenles catégories d'aliénés criminels

comprennent : 1° les condamnés devenus) aliénés en cours de

peine ; 2° les aliénés ayant commis des crimes sous l'influence

de leur délire ; 3° les aliénés ayanL, au cours de leur interne-

ment, commis des actes dangereux; 4° les dégénérés malfaisants,

L'auteur traite d'abord de la question des aliénés criminels en

France, en insistant surtout sur le quartier d'aliénés criminels de

graillon. Tous les documents concernant celte question sont ex-

Il rés dam un chapitre que l'auteur termine en donnanL le pro-

jet de loi de Cruppi. La description de divers asiles d'aliénés cri-

nrincls lie l'Angleterre, de l'Ecosse, de l'Irlande, des Etats-Unis,

de l'Autricitc, de la Hongrie, de la Belgique, de la Norvège, etc.,

esl suivie d'indications précises sur les statistiques, le travail, le

personnel, etc., de ces établissements. Des chapitres spéciaux

sont réservés la description des asiles d'aliénés d'Allemagne et

d'Italie. Un dernier chapitre est consacré au projet d'organisation

de l'assistaace des aliénés criminels en France. L'auteur propose

1° un asile central d'Etat ou mieux qualre quarliersspéciaux an-

nexés à des établissements pénitentiaires pour les condamnés de-

13113f.lOGR.\l'llll : . 171

w·W ns alinnn t·1 cnUr. I· lmfm· ; ? trois asiles de sûreté ré-

gionaux pour les aliénés dangereux. Dans ces derniers, on trai-

terait les anormaux malfaisants (pie Ton considère insuffisam-

ment aliénés pour les asiles et insuffisamment responsables pour

l,t lfri : on. lrtcc a c·· w·· uuuw·ll·. on alamlonncra la ilrn·

trine de la responsabilité atténuée.

IIIe Partie. Le nombre des universités allemandes est de vingt.

Chaque université possède actuellement une clinique psychia-

trique ; parmi celles-ci, quelques-unes constituent de--etabti>-e-

utentsautonones, des instituts universitaires. L'auteur étudie

d'ahol'd le J'ondionlll'ml'J¡[ th l'CS (11'l'JIii'I'l ? Les uui\('I'ités 1r.\I-

11'IIlagrH', de Suisse, d'Italie, qui ne possèdent pas encore de cli-

niques psychiatriques autonomes ont utilisé pour l'enseignement

clinique des maladies mentales les asiles provinciaux, cantonaux

ou municipaux les plus proches (asiles-cliniques.) Les pages sui-

vantes sont consacrées à l'organisai ion de renseignement de la

psychiatrie en Allemaâne, Italie, Suisse, Russie, 11L'lgillue, Pays

scandinaves, Crande- ! 3l'eLagne, Irlande, Etats-Unis.

En France, nous n'avons que trop tardé à suivre l'exemple de

l'étranger et c'est le pays où l'enseignement des maladies nn'n-

tale a pris naissance qui ne possède pas une réglementation offi-

cielle de cet enseignement. Nous ne possédons quequatrechaires

de clinique des maladies mentales et dans aucune de nos univer-

sités le stage n'est obligatoire. L'auteur émet à ce propos les

voeux suivants : 1° fondation dans chaque ville universitaire

d'une clinique psychiatrique autonome ; 2° un personnel médi-

cal nombreux ; 3° réorganisation du recrutement du corps ensei-

gnant ; 4° organisation de cours cliniques payants et de cours

gratuits ; 5° organisation du stage psychiatrique ;0° création d'un

concours spécial pour les places de médecins des asiles cliniques;

io réforme de l'organisation du service médical dans les asiles

d'aliénés. '

1"" Partie. Parlant d'abord des asiles-colonies, M. Sérieux '(

donne les éléments caractéristiques de ces établissements : ab-

sence de murs, de galeries couvertes, de grilles, de barreaux el

sauts-de-loup ; grand nombre de pavillons indépendants, disper-

sés sans symétrie. Division de l'établissement en deux grandes

parties : l'asile central, la colonie ; différenciation des différents

pavillons adaptés chacun au rôle spécial qu'ils on àremplir; sur-

veillance continue il l'asile central ; vie en liberté àla colunie,nlo-

restraint partout ; traitement par le lit des psychoses aiguës ;

autonomie de chaque pavillon. Les asiles-colonies d'Alt-Scherhilz

de Golkhausen (Allemagne) et de Jlendrisis (Suisse) sont décrits

avec beaucoup de soins et leur constitution matérielle et morale

est examinée en détail. Un chapitre spécial est réservé à la des-

cription de trois asiles d'aliénés provinciaux d'Allemagne et/d'l-

172 BIBLIOGRAPHIE.

talie ? ient ensuite l'exposé des législations et règlements concer-

nanL les aliénés en Allemagne, en Italie et en Suisse. Les nou-

velles méthodes de traitement des maladies mentales en usage

dans les asiles étrangers font l'objet d'un chapitre spécial : c'est

d'abord le traitement par l'alitement ou clinotherapie, puis le

traitement des états d'agitation par le bain permanent, les enve-

- Ioppement< permanents de 33° 1'1 35°, la suppression des moyens de

contention mécanique, la suppression de l'isolement cellulaire,

etc. L'auteur étudie ensuite les hôpitaux d'aliénés urbains des-

tinés à l'hospitalisation immédiate des malades dans les grandes

villes, les sanatoria populaires pour les maladies nerveuses, les

hospices pour aliénés chroniques, les asiles-colonies pour épilep-

tiques, les établissements pour idiots, enfin les asiles de buveurs.

Le personnel médical des asiles allemands, suisses et italiens se

compose de directeurs-médecins en chef, de médecins chefs de

service, de seconds médecins, de médecins assistants et enfin de

médecins volontaires ; dans tous les asiles d'aliénés des pays de

langue allemande, les (onctions médicales etadministralives sonl

réunies entre les mains d'un directeur-médecin en chef. Un pa-

ragraphe spéciale est réservé dans celle élude du personnel des

asiles étrangers à l'organisation du personnel administratif, et

l'auteur résume les desiderata qui furent l'objet de discussions par

des auteurs compétents.

\'e Partit ! . - Elle est consacrée à la description des Asiles d'a-

liénés français de la région de l'Est (Saint-Dizier, Maréville,

faits). Tous ces asiles, en plus de leurs malades, ont à traiter

des malades transférés de la Seine. L'auteur proteste contre le

principe même des transfèrements ; ceux-ci ont quelque chose

d'inhumain en rompant pour toujours les liens de parenté et d'a-

mitié que peuvent avoir les malades dans les pays où ils ont

vécu. 11 faut égalements supprimer les asiles privés faisant fonc-

tion d'asiles publics et les remplacer par des asiles départemen-

taux ou régionaux. Dans les asiles départementaux, le person-

nel médical se compose en général d'un directeur-médecin, d'un

médecin-adjoint et d'un ou deux internes. La tâche du médecin-

directeur est beaucoup trop lourde et la fonction du médecin-

adjoint n'est autre chose qu'une sinécure, puisqu'il n'a pas de

service distinct. L'attribution aux médecins-adjoints d'un service

autonome serait un moyen de diminuer le fardeau qui pèse sur

le directeur-médecin. Ce voeu émis par l'auteur est déjà réalisé

à l'asile de Blois où nous sommes chargé d'un service autonome.

Trop nombreux sont encore, en France, les asiles qui ne ré-

pondent pas aux exigences du traitement des aliénés ; les bâti-

ments sont mal adaptés à leur destination acluelle. « Avec leurs

quartiers symétriques, leurs préaux entourés de murs, leurs

quartiers cellulaires, leur nombre insuffisant de médecins, d'in-

' bibliographie. 173

lirmicrs et de veilleurs, l'usage habituel qu'on y fait des moyens

de contention mécanique, l'installation défectueuse des bains,

des pavillons de surveillance continue, l'absence de l'opell-door

et de l'alitement thérapeutique, leur encombrement, l'insulll-

sance de leurs bibliothèques et de leurs laboratoires, leur prix

de journée très bas, leur absence de confort, la plupart ne font

guère honneur aux départements. » Toute celte situation regret-

table est due à ce que l'on considère encore les asiles comme des

renfermeries d'incurables. D'après t'auteur.tes réformes actuelle ? ;

les plus importantes consistent en : lu la création de services de

malades aigus curables ; 2° la création d'un asile-hospice ; 3" la

création d'un asile-colonie pour les épileptiqucs ; 4° l'organisa-

tion d'un sanatorium populaire dont les malades ne seraient pas

soumis aux obligations de la loi de 1838. Dans tous les asiles

français, le nombre des malades est trop considérable par rap-

port à celui des médecins, el le traitement est collectif, au lieu

d'individuel qu'il devrait être. De plus, avec l'organisation ac-

tuelle de l'adjurât, l'adjoint n'est d'aucun secours thérapeuti-

que ; il n'a qu'un rôle de « figuration». Le corps de l'internat est

¡"g : tleIl1l'nL 1111 or¡ ? ane mal adapté à ses fonctions ; les internes sont

trop peu nombreux et peu instruits en médecine mentale au dé-

but de leurs fondions.

Dans un dernier chapitre, l'auteur condense les résultais de

son enquête et formule les conclusions qui ont été exposées au

cours de cette analyse, qui ne donne qu'une idée bien imparfaite

du livre de M. Sérieux. '

Les médecins aliénistes et toutes les personnes qu'intéressent

les questions d'assistance trouveront un profit considérable à la

lecture de « l'Assistance des aliénés en France, en Allemagne,

en jtatie et en Suisse « du Dr Sérieux. » Chaque chapitre du tra-

vail de JI. Sérieux est une étude approfondie de toutes les ques-

lions de l'Assistance des aliénés, et l'auteur nous fait visiter

d'abord nombre d'asiles étrangers, pour terminer par la descrip-

tion des asiles de la région de l'Est de la France, et cette dernière

montre combien l'étranger nous a devancés dans l'assistance et le

traitement des aliénés. L. Marchand. '

ll. - Cotcrs stcpér·ieur cl'éJrrcatioz plt,ysiqxcn, llar G. 1)wtt ? : r, .1.

Philippe et G. Bacinl. 1 vol. in-8° de 336 pages avec 162 li-

gures. Paris, F. Alcan, 190p.

Nousavous eu déjà l'occasion, propos de son livre '.Mécanisme

et éducation des mouvements (1),de constater avec quelle méthode

scrupuleuse M. G. Demeny savait exposer les principes d'édu-

(1) Archives de Neurologie, janvier lcJi5. ·

174 va m va-

cation physique, el avec quelle science il groupait les altitudes

et les mouvements en en prouvant les avantages ou les dangers.

Nous retrouvons les mêmes qualités dans le nouvel ouvrage.

Celle fois il s'agit d'un Cours supérieur d'éducation physique, l'ait

sur la demande du minislru de L'Instruction publique, et en col-

- lahomlion avec le Dr ,1. et Jl. (,. Racine, prolesseur de

gymnastique de la ville de Paris.

Le. volume se divise lIalul'ellell1l'lIlen ll'uis parties. Dans la pre-

mière, JI. G. 1)evrNV expose les rapports qui e,\i[enl entre la ]1l'-

dagogie générale c·L le mécanisme des mouvements; iL analyc le"

conditions physiologiques et les conditions esthétiques de chaque

exercice ; cette première pal'lie se termine par un plan d'l'ILul'a-

tion qui décèle bien la grande expérience de l'auteur.

Dans la deuxième harlic, le Dr ,1. Philippe étudie spécialement

l'anatomie et la physiologie humaines, la croissance de l'or;anis

Illl', les effets de la fatigue musculaire, nous prévient contre les

dangers de l'inexpérience en matière d'éducation physique et

montre la nécessité, pour tout éducateur digne de ce titre, de la

connaissance exacte du corps humain.

Enfin, dans la troisième partie, M. (. li 1CIN1 : , s'lll·l'IthilIlL du

côté pratique, éIllunèl'e dan UII ol'dl'l' lIu"1 hodique les exercices

gradués qu'il décompose en leurs éléments el termine par l'¡'\-

posé d'une leçon modèle pour les Irois cours. Des illustrations et

des ligures schématiques viennent encore ajouter il l'inlérèt pra-

1 de celte partie.

Cet ouvrage, scientifiquement ordonnancé, mérite tl'i·Inu ltt lian

ceux qui s'occupent d'éducation, et aussi parles médecins, qui y

puiseront d'utiles indications pour les cas où ils auront à prescrire

un traitement gymnastique. J. Boyer.

VARIA

, Les crimes de l'alcoolisme

.1 ¡s"oi,'c. -Un mari qui tac SI' femme à coups de sabot ci de b(i-

ton ? \ le nommé Guy le, jardinier, a assassiné sa femme

à coups de bâton, dans un accès d'alcoolisme. Il s'est acharné

sur sa victime avec une hI'IILali,<" sauvage. Le corps de la mal-

heureuse été horriblement mutilé. La tète a lolé réduite en

bouillie. Le cadavre présente quatorze blessures. L'assassin a élé

arrêté. Il a fait desaveux complets. Le crime a call-l;lIlIl'éIllOlioll

profonde il Issoirc, oit la famille Gay lu est 1res connue. (Aurore,

23 janvier HJO : ¡,) , ,

FAITS DIVERS. 175

Le crime d'un alcoolique. Ln alcoolique nommé Jean Breton,

qui IIL'lIlI'Ul'e l'UI' de Ton ? 11; dans le qual'(il'L' de ]a Clwpl'ill', a

frappé, dimanche, de trois coups de couteau sa femme,

née Berlin1 Péral, âgée de quarante-cinq ans. La malheureuse

1'1'111111e l'-L LornhL'e IIIOl'Le all pouel' uu cri. (lualll aIlIlH'urll'il'I',

il est sorti en disant qu'il allait chercher un médecin. Mais, dans

la rtu·, il reuwm(ra ult ;amlien rlc la yaiv cL sc fil amt·lcr. (L'.I a-

rore, du 24 janvier.)

LES ALIÉNÉS EN LIBERTÉ.

Lesauenls de l'Asile d'aliénésde Cll'l'llIolIL 0111 pl'oC('dt' : \('11-

rlrmli, a Iultn·ur-Jlttlz, à'la calaurt· Iun ali(·nts tles 171u· tlan-

gereux nommé Coudere. Col homme qui, depuis quelque temps,

l'aisa i 1 la t 1'l'I'I'lI['(lu pu ? sc 1 i \ l'a i L il Loul e epèces d'l' \('en [l'Ïci LL",

Enfermé chez lui, il lirait des coups de leu dans sa cour, mena-

l;auL lie" dé¡ ? l'illgoleJ' » le pI'l'miL'l' qui (1'IIleJ'aiL dL' pl'néll'L'I' dall'"

sa maison. Les agents de l'Asile onl, rlti user d'un stratagème pour

alTèll'1' el' l'ol'cl'né qui ('L aclul'lIl'rnenl illLl'l'nl' il L\sile,(Sell1Cu/'

'/( ? 0f ? th)''(.'janvier 190;7.)

En allumant hierdu l'eu, une pauvre folle, la veuve Fays, âgée

de einquanlL'-llell"\ ans, hahilanL Il' harneau du Tarll'l'. COIllIl1UIH'

dl' Digny (Eu l'I'-I'l-Lo i L'} , cL Lomhée dans on l'o('1' l'l a mi ? le fl'u

à ses vêtements. La malheureuse, environné de flammes, puL

nl'¡¡nlllOins sc l'eIL'\I'J' 1'1 sol'liJ' Cil pouan( des l'I'i ? tlP(;hil'anl ;

mais quelques pas plus loin elle s'affaissa. Ses voisins accoururent

à ses appels mais lorsqu'ils arrivèrent la malheureuse rendait le

dernier soupir. Son corps était carbonisé. La pauvre folle devait

1\11'1' pJ'()clluinl'lIlPnL inlel'llL'e il l'aile ILL' UOlllleHtl. (Le l'etit l'a-

l'i81e72 Iltl : ·) ,all\ Iel' IIJ.)

1 : 'uL I;mne nowelle \ielilnellc·· lenlt·ur· arlntini·lraliw·.l : uci

IIInn[J'e LI 1\I"CL'"ilé du placl'rnPlll tl'uJ ? enl'u Ih', ,tliL'né, : a ? imi-

ler de plus en plus les malades aliénés aux malades ordinaires el

rapprocher de plus en plus l'asile de l'hôpital.

FAITS DIVINS

Asile 1)1 : l;nuamr. -- Par arrêté préfectoral en date

du I() jall\ iL'I' L'nlll'alll)I. Ville. pharmacien de 1re classe, attaché il

la pharmacie centrale des hôpitaux de Paris, esl nommé pharma-

('il'Il en chef l'asile de CII'I'IIIUIII Cil remplacement de I. Chau-

tel, décédé. (Semeur de l'Oise, 110 lIu 20 janvier 190a.)

Hôtel-Dieu {Clinique des maladies nerveuses). - Jl. Gilbert

¡; \LLET il repris ses leçons sur les maladies nerveuses le iliman-

176 bulletin bibliographique.

CI le 5 février, à 10 heures, Amphithéâtre Trousseau, et les ronli-

nuera les dimanches suivants..Consultation externe l'l polirlilli-

que pour les maladies nerveuses et mentales, le samedi it ! ) Il.

1 ? alle Sainl-,\nnl', ,

Asile daliénés de la Seine. Concours de l internai en

médecine. Ce concours vient de se terminer. Ont l'lé nommés

internes titulaires, par arrêté du 28 janvier 1 ! l0 : > : )D1. Chal1len-

tier (IL), Lemelatid, Delmas, Benon. Par arrêté du même jour

omit été nommés internes provisoires : MM. Courbon, Froissait,

Mlle ( : rünslwn, )1. lluurillml. '

Les questions qui oint fait l'objet des épreuves du concours onL

les suivantes : Question écrite : Symptômes et diagnostic de

lo cirrhose alruphiquc. Symptômes, diagnostic et traitement

de la coxalgie. - Questions orales : ]"0 séance, Plancher du 'le

ventricule : 'le séance. Région syl vienne ; 3° séance, Hari-

ne> antérieures et postérieures de la moelle. - Epreuve de garde :

l". .séance : Indications el manuel opératoire de la llmrucenti,e ;

2e séance. Diagnostic et traitement des kemorrinmies utérines.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

AuOE[ ? t .W r;ta·0. Un caso di idiuj/o1 mongoloïde, 1 n'S" de 11 pa-

y·.. lutl. s. ( : itn·l : io. It·t·rara..

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(;1\ ISSI.'l' ( ? Les centres nerveux. 1 vol. In-S* de 730 pages,

I,ilo·airit· .1.-Ii. liaillicrc, 19, rue IIaulol·cullc. l'rix : 12 l'r·.

Ml'i.li'.ii ()'jnH\ Ueber meltrdimeraionalc Railme. Iu-8° de 80 pa.

y·...I..1. IS;srlh. Lt·ipzir.

TA)IIIIIO¡¡¡ (IL) cl d'0) ! t : A (AI, Sopra un caso di microcefalia

J'c'a. In ? d., 2 : ! pages. 1111[1, S. Giorgio. Ferrara.

Revue philosophique. Sommaire du Il. de lévrier 1905 (30" an-

tn·r·) : (;tt. litt : m.r. l.a Irtix cL Ia gttcrrs·. - 1-tawOV ·.cs. l ? ai tl'c·

Iln·liyn· r·tttliriy«r· (2" r·l tlet·nir·tw;trliclc). - l;lt. I)UV.W ..lutoriln

cononiie sociale. Analyses el comptes rendus. Revue des pé-

riodiques étrangers.. Livres nouveaux. Abonnement dn 1"' jall'

vier : un an, Paris, MO l'r. ; départements et étranger, 33 l'r. La li-

vraison : 3 l'r. Félix Alenn, éditeur, 108, boulevard Sainl-Geriiiaiii,

Paris (G ?

Le rédact=ur-gerant : lioUnrrcvtLLe.

o

· C ! c)'tnont(()isc).IiDprimo'icDAixft'L't'cs.

Vol. XIX Mars 1905 No 111 i

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

ANATOMIE PATHOLOGIQUE

1 ote sur la dégénérescence secondaire consécu- "

tive à un foyer de ramollissement de la région

calcarine ;

Par le professeur \\'1;13rR (1).

Mme G. F. est morte en juillet 1902, âgée de 7G ans. Nous ne pos-

sédons sur ses antécédents aucun renseignement ; elle nous est

arrivée dans un état de démence profonde, rendant tout entre-

lien avec elle impossible. Perte de la mémoire. Gâtisme.

L'acuité isiielle paraît fortement diminuée ; le regard est va-

gue et la malade ne fixe pas les personnes qui lui adressent la

parole ; elle cligne cependant des paupières lorsqu'on approche

un objet de ses veux et exceptionnellement elle reconnaît ce

qu'on lui présente. En raison de l'état démentiel il n'a jamais

été possible de procéder à un examen quelque peu exact de ces

phénomènes.

A l'autopsie nous avons constaté l'existence d'un foyer de ra-

mollissemenL occupant la région calcarine droite sur une lon-

gueur d'environ 40 mm.

Pour la description nous nous en tenons surtout à la colora-

lion d'après Pal ; c'est en eflet à cette méthode que la prépara-

Lion, un peu diflicile à débiter en coupes bien minces, s'est le

mieux prêtée. Notre examen a été rendu en partie très difficile

par suite de ce qu'une coupe faite à l'autopsie a porté précisé-

ment sur la région des corps genouillés externes.

La lésion commence dès la pointe du lobe occipital et rend

méconnaissable en bonne partie la région calcarine. A environ

23 mm. du pôle occipital elle a une hauteur de 23 mm. (fig. 4),

plus en avant même de 30 mm. son maximum. Ensuite elle se

subdivise en deux foyers, l'un occupant la région calcarine,

l'autre une partie du lobe lingual, laissant entr'eux un pont de

(1) Clinique Psychiatrique de Genève, avril 1901.

Archives, 2° série, t. XIX 12

178 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

cortex moins lésé (fig. 7). Enfin elle est restreinte à une des-

truction linéaire sous-corticale dans la partie inférieure du lobe

lingual et la supérieure du fusiforme (fifl. 8). A la hauteur où

les scissures calcarine et parieto-occipitate se rejoignent, il n'est

plus question de foyer.

La profondeur de la lésion est variable et. atteint jusqu'à

10 mm. ; cependant ces mesures n'ont qu'une valeur très rela-

tive. 11 est en et)et, évident que ce lobe occipilal a subi des mo-

difications profondes dans sa forme. Par suite do résorption de

parties détruites et atrophie secondaire de libres, il est devenu

étroit (Gauche 32 mm. Droit 24. G. 44. D. 34. G. 15. D. 35.) En-

fin il nous paraît certain qu'il a aussi perdu en longueur, ce qui

expliquerait qu'en coupant les deux hémisphères simultanément,

nous nous trouvons dans des régions plus frontales à droite qu'à

gauche. Pour ces raisons il serait oiseux d'indiquer en millimè-

tres la situation des coupes que nous reproduisons. Ce ratatine-

ment du lobé occipital est en partie compensé par une dilata-

tion de la corne ventriculaire.

Le ramollissement ne se borne point au cortex et aux régions

directement sous-corticales ; il pénètre profondément dans la

substance blanche ((if]. 4.) portant atteinte aux faisceaux sagit-

taux (Tap. Rtli. Fli.) dès leur apparition (fig. 5.) Cela se voit

surtout nettement dans la fig. 7 qui donne du reste une bonne

idée de l'irrégularité du foyer.

M. de Monakow est d'avis que, pour des raisons d'ordre ana-

Fio, 4.

Fiv. 5.

DÉGÉNÉRESCENCE SECONDAIRE. 179

fornique, toute destruction de la partie médiane du lobe occipi-

tal doit léser en même temps les faisceaux de la vision. Cela a

pu être constaté dans les cas- serieusemens examinés d'hémia-

nopsie soi-disant corticale. Notre observation vient continuer

cette règle.

Avant de passer à l'étude des dégénérescences secondaires de

notre cas, nous l'avons revu exactement, recherchant s'il exis-

LaiL d'autres foyers, condition également stipulée par M. de Mo-

nakoav. Nous avons trouvé :

1° Quelques petites destructions dans le corps calleux.

2° Une destruction linéaire dans la circonvolution de l'hippo-

campe ; : 10 Une dans la circonvolution godronnee.

Toutes ne sont visibles qu'à la loupe et nous paraissent négli-

geables par rapport au sujet qui nous occupe spécialement.

Localisation de la dégénérescence secondaire.

Aussi longtemps que, sur les coupes, le foyer est de quelque

étendue, la dégénérescence est manifeste dans le territoire des

Fio. 6.

180 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.-

libres d'association courtes ; les fibres sagittales (Tap. Euh. Fli.)

sont directement lésées dans leur partie inférieure (fig. 4-7). Tan-

dis que le Tap. n'est pas sensiblement changé, Pull. est certaine-

ment appauvri en libres et Fli. qui du côté sain apparaît sous

forme d'un U noir, ne se distingue presque pas dans sa partie

inférieure de Rth. Dans les deux (Rth. ethli.) les fibres coupées

transversalement font défaut, on n'y voit presque plus que des

libres longues que, souvent, on peut suivre à travers Rth. jus-

qu'au Tap. Elles y disparaissent en tournant à droite et en haut.

Ces fibres, plus minces que celles de Fli. et ne prenant pas une

coloration noire intense, semblent ne pas appartenir du tout à

Fli. mais faire partie de Tap. (Fig. 7).

A mesure que le foyer diminue, la dégénérescence secondaire

se localise, tandis que la substance blanche reprend du reste

son aspect normal. 11 n'y a pas de différence appréciable entre

le Tap. des deux côtés ; Rth. du côté pathologique ne forme

qu'une étroite bandelette autour du Tap., puis vient un U qui

reste blanc sur les préparations au Pal et qui occupe la place de

Fli. pour se terminer latéralement et en haut en une pointe sise

Fig. 7. Î.

DÉGÉNÉRESCENCE SECONDAIRE. 181

entre Iith. et Fli. et à l'extrémité du 1/4 inférieur des fibres sa-

gittales (fig. 8, coupe 205). Mais déjà sur la coupe 185 le jam-

bage médian et le coude de l'U recommencent à se peupler de

fibres paraissant venir de la région comprise entre les scissures

P. o. et Cale, et du lobe lingual. Elles ont la couleur noire, le

calibre et la direction de celles de Fli. Puis la dégénérescence se

localise plutôt dans le jambage latéral de l'U dont elle occupe

maintenant non plus le 1/4 mais au moins le 1/3 inférieur. ^ En-

suite c'est dans l'angle extérieur de l'U (si l'on peut dire ainsi)

que réapparaissent des fibres, tandis que le jambage latéral mon-

tre un défect net situé, sous forme d'une bandelette, dans' la

partie interne de Fli. et la partie externe de Rth.Nons avons ce-

pendant l'impression bien certaine que Fli. est beaucoup plus

atteint que Ilth. (fig. 9.)

FIG. .

182 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

Il est nécessaire de relever que le jambage médian et le coude

de Fli. restent toujours pauvres en libres comparativement au

cûlû saiu. 1t11t. au cunlrairu a déjà repris peu ahrès ? 9. tles

dimensions normales dans sa parlie inférieure.

Dès environ 15 mm. en avant de fig. 9, nous notons une len-

dance prononcée de la dégénérescence il se subdiviser en deux-

zones. L'une, inférieure, occupe la branche horizontale interne

et le coude de Fit. Elle contient des fibres longues, claires, pa-

raissant venir de lUit, ou de Tap., et des libres courtes (coupées

plus transversalement) noires, plus épaisses, sans doute libres

propres de FIL, hien qu'en nombre beaucoup moindre que du

côté sain. Cette infériorité de FIL dans l'hémisphère droit, sere-

trouve jusqu'à la pointe du lobe temporal, (fit. 11, 13, 14.).

La zone supérieure, à peu près totalement dépourvue de libres,

s'est rapprochée de la pointe inférieure du noyau caudé (\. C.)

qu'elle touche presque. Entre les deux- zones se trouve un court

Fig. 9.

DÉGÉNÉRESCENCE SECONDAIRE. 183

espace apparemment normal, peut-être un peu appauvri en li-

v lires (fig. 10). Sm la (ig. Il, cet espace est déjà devenu sensi-

blement. plus grand. En raison de la pointe qui se dirige depuis

le champ dégénéré supérieur vers T. 1, nous entrevoyons la pos-

sibilité qu'à l'état normal il contienne aussi des libres allanL du

lobe occipital à la première circonvolution temporale. L'enche-

vêtrement de la subslance blanche empêche de s'en rendre

compte.

Sur ces coupes, il n'y a plus de différence entre les IUi. des

deux côtés.

La zone dégénérée supérieure, passant en dessus de la pointe

inférieure du noyau caudé aborde le corps genouillé externe par

sa partie supérieure ; la substance blanche latérale inférieure de

Fig. 10.

184 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

c. g. e. paraît intacte (fig. 12). Il est facile de constater l'appau-

vrissement en fibres nerveuses de la partie supérieure de c. g. c.

(fig. 12 et 13), tandis que sa partie inférieure, relevant de laban-

delette optique, prend au Weigerl une forte coloration noire.

La dégénérescence se prolonge dans le pulvinar et dans l'angle

situé entre c. g. e. et c. g. i., mais nos préparations au Pal ne

permettent pas de la suivre longtemps.

Nous avons essayé sur 1·/ï. 12 et 13 de rendre l'aspect re-

marquable du champ de Wernike. Du côté sain nous y remar-

quons un enchevêtrement de deux sortes de libres surtout. :

1° Fibres parlant en éventail du bord de c. g. e. Un faisceau

plus serré à concavité médiane se dirige vers le pulvinar.

20 Fibres à direction transverse, de l'extérieur à l'intérieur.

FIG, Il.

DÉGÉNÉRESCENCE SECONDAIRE. 15

FiG. 12.

Fin. 13.

186 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

Ces dernières font défaut du côté pathologique à un endroit

n)arqueen])lancsu ! 'nus ? i2eLI3.

Nos coupes au carmin étant peu réussies, il nous esldiflicile de

juger de l'élal des cellules nerveuses duc. n. e. Il nous paru ce-

pondanl qu'elles étaient plus denses que du côté sain et de

grandeurs 1res dilférenles, ce qui pourrait s'expliquer pill'l'aLl'o-

phie d'une partie.d'entr'elles. Les grosses cellules de la base c.

. e. sont conservées. Sur des coupes plus frontales et où la co-

loration au carmin a donné de meilleurs résultats, l'atrophie

des cellules nerveuses de c. g. e. (non comprises celles'de la

base) nous a paru bien nette.

En raison des petits foyers observés dans le corps calleux nous

renonçons à décrire la dégénérescence secondaire de celui-ci.

FIG, 14.

DÉGÉNÉRESCENCE SECONDAIRE. 187

Résumé. Après un ramollissement de la région calca-

rinc nous constatons que :

z 1. Les faisceaux sagittaux ont également été lésés di-

rectement ;

2. Que la dégénérescence secondaire se localise d'ahord

dans la partie inférieure de Hth, et de Fli;

3. Que cette dégénérescence se subdivise dans une ré-

gion plus frontale en a), une zone inférieure se rendant

au lobe temporal ; b. une zone supérieure allant il c. g.

c. et au pul vinar ;

4. Que cette dégénérescence est certainement beau-

coup plus forte dans Fli. que dans Rlh. '

Nous avons déj relevé que le point 1. confirme l'opinion

émise au sujet des lésions de cette région par M. de Mo-

nakow. Il en résulte que les dégénérescences secondai-

res que nous décrivons sont attribuables à la fois aux des-

tructions corticales et aux fasciculaires et cela dans des

proportions que nous ne saurions établir.

, Notre seconde conclusion n'est pas nouvelle non plus.

Il ressort en effet également des travaux de notre maître

que la partie dorsale des faisceaux sagittaux du lobe occi-

pital relie axant tout les parties postérieures du thala-

mus optique avec l'écorce pariétale. Kilo n'a pas de rela-

tions de quelqu'importancc avec le cunéus, le lobe lin-

gual et 02. D'après lI. de 1\Ionakow aussi, le faisceau qui

unit la sphère corticale visuelle aux centres optiques pri-

maires se divise à la hauteur de c. g. c. en 3 parties :

Une I se rendant au bras des corps quadrijumeaux

antérieurs.

Une II se rendant au pulvinar.

Une III se rendant à c. g. c.

Les deux dernières sont nettement dégénérées et dé-

montrables sur nos coupes. On y peut constater égale-

ment que la substance blanche latérale et inférieure de '

c. g. c. est intacte et n'a donc probablement pas de rela-

tions avec la sphère optique (v. 1\lonakow). Môme remar-

que pour la partie inférieure de c. g. c. qui dépend direc-

tement de l'état du nerf optique et non du lobe occipital

(v. llonal : ow)... "

Nous ne saurions terminer sans aborder la question

des fonctions de Fli.

18S ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

Pour Déjerine (Anatomic des centres nerveux I, page

780), « les dégénérescences secondaires et l'anatomie

comparée montrent donc que le faisceau longitudinal in-

férieur est avant tout un faisceau d'association qui relie

le lobe occipital et en particulier la zone visuelle au lobe

temporal » . Ceci paraît être aussil'opinion de v.1\Ionakow

(Gehirnpathologie 1 ? éd., page 33) et de Sachs.

Flechsig au contraire est d'avis que Fli. est un faisceau

de projection reliant le Thalamus opt. il la zone corticale

visuelle. Il se base sur l'examen de cerveaux de nouveau-

nés, tandis que Probst arrive au même résultat par l'étu-

de de lésions chez l'homme et d'expériences faites sur

des animaux.

Starokotlitzki (Thèse de Brcslau, 1903), après avoir

comparé entr'elles des coupes normales faites dans dillé-

rents plans, arrive à conclure :

I. Que Fli. est en partie faisceau d'association et en par-

tie de projection. Sa partie inférieure relie l'écorce occi-

pitale à la temporale, est donc associative. Sa partie su-

périeure s'en va rejoindre les centres sous-corticaux du

cerveau (Thaï. opt. pulvinar, c. g. c. et c. g. i Putamen

et globus pallidus) et se compose donc de fibres de pro-

jection. -

C'est à cette opinion que nous voudrions nous rallier

en la modifiant quelque peu.

Dans le lobe occipital, la partie inférieure de Fli. con-

tient mélangées des fibres d'association et de projection.

Plus en avant les deux systèmes se séparent : les fibres

de projection s'élèvent et occupent dorénavant l'étage

supérieur pour arriver à c. g. e., au pulvinar, etc. Les fi-

bres d'association restent à l'étage inférieur et se ren-

dent au lobe temporal.

Il est bien entendu que nous ne saurions partager l'o-

pinion de v. Niessl (Archiv. sur Psychiatrie, Vol. 37.

Vom fasciculus long. inf.). d'après laquelle Fli., faisceau

de projection, partant avant tout de c. g. e., atteindrait

presque la pointe du lobe temporal et se recourberait en-

suite pour arriver au lobe occipital.

En 1900 nous avons publié les résultats de l'examen

d'un cas de tumeur du lobe occipital avec dégénérescence

secondaire de H th. Le néoplasme avait en quelque sorte

STÉRÉOTYPIE DES DÉMENTS PRÉCOCES. 189

« mangé » le lobule fusiforme et la partie inférieure du

lingual, plus en avant il occupait uniquement le dernier. La

localisation était donc un peu différente de notre obser-

vation actuelle, pas assez cependant pour expliquer à clic

seule le siège tout autre delà dégénérescence secondaire.

Il est évident qu'une tumeur agit autrement sur les

tissus qu'une thrombose ou une embolie. D'autre part, et

cela nous semble beaucoup plus important, le ramollis-

sement a lésé directement et profondément le faisceau

sagittal Fli.

Nous émettons l'avis que la localisation des dégénéres-

cences secondaires dépend sans doute plus des lésions

directes des faisceaux que de l'étendue du foyer cortical.

Ceci s'appliquerait tout particulièrement au lobe occipi-

tal où il ne se produit jamais de ramollissements pure-

ment corticaux.

Travaux non cités dans le texte : v. Monakow. Ueber

den gcgenwaertigen Stand dcr Frage nach der Locali-

sation im Grosshirn. In : Ergebnisse dcr Physiologie.

Experimentelle et patholog. anatom. Untersucliungen-

ueber die optischen Centren et 13a1nen. - In Archiv.

sur Psychiatrie, tomes 23 et 24. M. le prof. v. Monakow

a bien voulu s'intéresser à notre petit travail; nous le

remercions vivement pour ses indications.

CLINIQUE MENTALE

Etude clinique sur la stéréotypie des déments

. précoces;

. Par le Dr DROllIArm, 1

Parmi les manifestations motrices des déments préco-

ces, les unes semblent bien relever d'une perturbation de

l'appareil moteur affecté pour son propre compte ; telles

sont les crises épileptiformes signalées à titre d'élihlic-

nomène dans un assez grand nombre d'observations ; les

190 ' CLINIQUE MENTALE

autres - et ce sont les plus intéressantes - ne doivent

pas être envisagées en tant que phénomènes musculai-

rcs ; toute leur valeur réside en ce qu'elles sonL le reflet

d'un état psychique. De celtes-la le mécanisme est plus

psychologique que physiologique, sil'0]Ypeut,dire,etcelt,o

considération, en ouvrant un horizon sur lcnr halllogénic,

nous laisse entrevoir l'intérêt diagnostique et pronosti-

que (le leur élude. Ce groupe de phénomènes moteurs à

.signification psychologique comprend, entre autres )na-

nifestations, des altitudes et des mouvements se prolon-

geant ou se répétant il satiété, toujours de la même façon

et sans aucun huez ces altitudes et ces mouvements,

les auteurs ont attribué un nom générique, qu'ils ont em-

prunté au vocabulaire d'imprimerie et qui marque avant

toute autre chose une idée de fixité ; celui de stéréotypie .

Hâtons-nous de le dire : la stéréotypie n'est nullement

l'apanage exclusif des déments précoces. La revue de Bru-

gia et Marsocchi (1), le travail plus récent de Galion (2),

nous présentent ce symptôme comme appartenant iL un

assez grand nombre de cadres nosogralhiques. Les pu-

blications italiennes de Hicei (3) et de Mondio (4) nous

l'exposent comme fréquent au cours des démences vésani-

ques secondaires. Les observations de F. Sec;las (5) et de.

A. Marie (6) nous en fournissent des exemples très nets

au cours et sur fout -il la fin des délires systématisés. Il

est vrai que les partisans de la doctrine d'Ileidelberg

tendent -il drainer au profil de la maladie de Krcepelin la

(1) 11111-il[A et, JIaiizocciii. Dei movimenti sistematiiiati in alcune

forme di indebolimento mentale (Archivio italiano per le malatic nerti

vore e ricz par colamente per le Aliénation ! mentali. Sept. 1887, Fas. ? .\1111, XXI,")

(2) Caiien. Contribution à l'étude des stéréotypies (21 i-ch. de Vell-

rologie 1901, 2° série, p. 476).

(3) Hicci. Le stéréotypie nelle démence e specialmellte nelle de-

tnenle coHCM<'e;f. sper di Fren. e nted. leg.d. alieii. ment. XXV,

1899.)

(4) MoxDio. Hérédité et dégénérescence dans le développement de

la démence consécutive et dans celui des stéréotypies que l'on y ,'en-

contre (Riv. ment, de uettr. etpsych. '4 4 et 5, 1900).

(5) Segi.as. Société médtco-psycltologique, séances du 30 janvier

cL 27 février 1888.

(6) : \1 \lUE. Etude sur quelques symptômes des délires systémati-

sés et sur leur valeur. Paris, 1892.

SUR LA ST1 : R1 : OT1'PIL; DES DÉMENTS PRÉCOCES. 191

plupart des observations de démences vésaniques dites

secondaires et de délires systématisés il base hallucina-

toire, d'où il résulte que les exemples de stéréotypie si-

gnalés en pareils cas pourraient justement figurer au con-

Lingent delà démence précoce. Mais pour ne point nous

heurter il une question de doctrine qu'il ne nous appar-

tient pas de trancher, nous nous garderons bien de nous

étendre sur ce sujet, etnous nous contenterons de recon-

naître que la stéréotypie atteint son maximum de fré-

quence dans les cadres nosographiques qu'on a groupés

sous cette vieille dénomination rajeunie.

En dépit des nombreuses productions auxquelles l'oeu-

vre de Iira;hclin a donné l'essor, la plupart des auteurs

préoccupés par la description générale de la maladie,

n'ont consacré qu'un petit nombre de lignes à l'étude par-

ticulière de tel ou tel symptôme. Une étude sur la stéréo-

typie envisagée spécialement chez le dément précoce,

nous a semblé intéressante, et pour la réaliser nous avons

eu la bonne fortune de pouvoir examiner un assez grand

nombre de malades appartenant pour la plupart au ser-

vice de M. le Dl' Sérieux. Les considérations qui vont sui-

vre découlent de l'observation de 75 cas.

1. Classification. Nous ne chercherons pas il donner des

stéréotypies une classification nouvelle, non plus qu'une

nomenclature complète. Les exemples pouvant varier à

l'infini, on conçoit ce que pareil essai doit avoir d'arbi-

traire et d'inachevé. Il est pourtant nécessaire de grou-

per suivant leurs formules les exemples que nous avons

eu sous les yeux, et à cet effet nous adopterons la division

la plus simple.

192 clinique mentale

de l'activité musculaire, aussi bien que le mouvement;

mais au lieu de se traduire par des changements deposi-

tion, les actes musculaires coopèrent ici la conservation

d'une attitude.

a) Stéréntypies totales ou générales. Parmi les atti-

tudes stéréotypées qu'il nous a été donné d'observer chez

nos malades, un certain nombre intéressent la totalité

du corps, et se ramènent à une façon d'être habituelle

dans la station debout, dans la station assise ou le décubi-

tus..C'est ainsi que pendant des journées entières, M. C...

reste debout, face au mur et dans la plus complète immobi-

lité. Les yeux baissés, la tète inclinée sur la poitrine, les

membres inférieurs à demi-ployés, il prend volontiers la

position hanchée. Chaque segment de son long corps sem-

ble être en flexion sur le suivant, si bien que sa silhouet-

te pourrait être schématisée dans un zig-zag. L'ensemble

donne une impression toute particulière de flaccidité et

de relâchement. Généralement le malade reste les mains

dans les poches, complètement figé ; parfois il roule une

cigarette et se met à fumer en souriant par intervalles,

comme s'il lui venaituncpcnsec gaie,mais sans rien chan-

ger à son altitude générale.

L'attitude stéréotypée dans la station debout n'est pas

toujours l'altitude' indifférente du repos ; elle peut être

expressive d'une idée, encore que cette idée ait complète-

ment disparu pour faire place à l'automatisme, ainsi que

nous le verrons tout à l'heure. M. M..., nous en fournit

un exemple à la visite journalière. Dès qu'arrive le mé-

decin, il prend la position du soldat sans armes, la tête

droite, les talons joints, les bras au corps, la paume delà

main en avant, le petit doigt sur la couture du pantalon.

Les stéréotypies de la station assise ne sont pas moins

fréquentes. C'est ainsi que Mme G..., et Mlle R..., se tien-

nent assises les bras croisés, le corps penché en avant,

tandis que Il.... et Mlle N..., demeurent les jambes

repliées à la façon des tailleurs.

Les stéréotypies du décubitus complètent la série. A

côté des nombreux malades qui passent une partie de la

journée, étendus, accroupis, ou en chien de fusil, nous

citerons l'exemple de Mme 13..., qui. pendant des heures,

SIÉRL ? OT1`Plli DES DÉMENTS PRÉCOCES. 193

reste sur le dos. les jambes en et les jupons relevés,

dans une posture peu décente.

b) Stéréotypies partielles ou locales. A côté des aLti-

tudes stéréotypées qui intéressent la totalité du corps, il

en est d'autres qui portent sur tel ou tel segment de mem-

bre, sur tel ou tel trait du visage. Mlle B..., tient pendant

plusieurs heures un doigt dans sa bouche, dans sonnez

ou dans son oreille. D'autres fois, elle garde les yeux fer-

més ou n'en ouvre qu'un seul.

Nous n'insisterons pas davantage sur ces stéréotypies

locales dont on pourrait multiplier les exemples, mais il

est certains phénomènes que nous croyons devoir leur

assimiler et sur lesquels nous nous arrêterons un ins-

tant ; nous voulons parler du refus d'aliments, et du mu-

tisme.

Dans une partie des cas, nous pensons que le refus d'a-

liments et le mutisme doivent être envisagés comme de

véritables attitudes fixes, comme de véritables stéréoty-

pies alcinétiqucs intéressant l'appareil fonctionnel de la

mastication ou de la phonation. Ce n'est pas là une sim-

ple vue de l'esprit et nous trouvons dans l'observation

de quelques-uns de nos malades des raisons qui militent

en faveur de cette interprétation. Le cas de M. M..., sem-

ble rentrer dans la catégorie que nous envisageons. Ce

malade fit en 1S93 un délire de persécution avec idées

d'empoisonnement. A cette époque, il refusa d'une façon

active les aliments qu'on lui présentait, et par méfiance

il résolut de ne plus répondre aux questions posées.

Puis, à la longue, les idées délirantes devinrent plus

vagues et finirent par s'éteindre, si bien qu'aujourd'hui il

ne reste plus de ce délire qu'une phrase stéréotypée :

« Je vous défends de me nourrir. » Toutefois le malade

avait pris l'habitude de ne plus manger spontanément et

de ne plus faire entendre le son de sa voix, et cette habi-

tude il la conserva. Mais en l'observant journcllemuent.

nous constatons qu'il se laisse conduire sans aucune résis-

tace dans la chambre de gavage, nous le voyons s'y asseoir

lui-même sur une chaise et consentir l'opération avec

une parfaite docilité, non sans avoir prononcé la phrase

Aucun I : c, 2" férié, 100 ? I. XIX, 13

194 CLINIQUE MENTALE. -

stéréotypée qui lui est familière et qu'il articule d'ailleurs

d'une façon aussi indifférente que monotone.

Comment interpréter le mécanisme actuel de la siLio- -

phobie et du mutisme chez ce malade ' ? Nous ne pouvons

pas en chercher l'origine dans un état stuporeux, car le

sujet ne présente aucun signe de stupeur. Il obéit parfai-

tement aux sollicitations extérieures et se détermine

même d'une façon spontanée et sans aucune hésitation,

en ce qui concerne les actes courants de la vie. Peut-on

demander au négativisme une explication plus satisfai-

sante ? Nous ne le croyons pas. Chaque fois qu'on l'ali-

mente, il est vrai, le malade paraît opposer un refus en

prononçant son inévitable phrase « : Je vous défends de

me nourrir. o

Mais ne nous y trompons pas. L'opposition n'est qu'ap-

parente, carie sujet vient se livrer pour ainsi dire de lui-

même à la sonde, ne fait aucune résistance, et accepte

l'opération avec nue'passivité vraiment remarquable.

Une troisième hypothèse se pose, et l'on peut se deman-

' der si le refus de nourriture et le mutisme nie sont pas ici

sous la dépendance d'idées. délirantes actives.

Mais si le refus de nourriture et le mutisme étaient plei-

nement conscients. voulus et adaptés il une idée direc-

trice chez notre malade, nous demandons pourquoi le su-

jet se comporterait au rebours de cette idée en se sou-

mettant avec docilité à l'opération du gavage. Au reste,

dans la phrase qui se répète, toujours identique, nous

trouvons la même contradiction : le ton qui l'accompa-

gne n'a rien d'impératif et reste en désaccord complet

avec l'idée qui semblerait y être enfermée au premier

abord.

Il nous paraît donc beaucoup plus rationnel d'admet-

tre que le refus d'aliment et le mutisme, aussi bien que la

phrase en question, furent primitivement orientés par

une idée délirante, mais se poursuivent aujourd'hui alune

" façon tout automatique et sans que cette idée délirante

préside en aucune façon il leur mécanisme actuel. Ces

phénomènes, primitivement conscients et voulus, secon-

dairement subconscients et involontaires, deviennent t

ainsi, de véritables stéréotypies portant sur un groupe de

fonctions ; et cette interprétation est la seule qui soit sus-

STlilRO'l'l'PI1; DES DEMENTS PRECOCES. 195

ceptible de nous expliquer les contradictions apparentes

que nous signalions plus haut. ,

Nous avons alimenté pendant longtemps dans 1111-SCr-

vice voisin du nôtre, un malade qui pourrait donner lieu

à des considérations analogues. Celui-là ne manifestait

aucune idée délirante ; il s'occupait activement dans le

courant de la journée, et on l'employait couramment il

divcrs travaux auxquels il vaquait avec une docilité tout

automatique. Quand arrivait l'heure de l'alimentation

et dès qu'il apercevait le médecin, il courait au plus vite

chercher sa serviette, posait son chapeau, s'étendait sur

le lit et se présentait de lui-même il la sonde. Ni le délire

actif, ni la stupeur, ni le négativisme ne peuvent justifier

un pareil ensemble, et là encore le refus d'aliment relève

d'unc attitude stéréotypée de l'esprit.

B. Stéréotypies parakinctiques ou des rOU'1 ? 1fI'sN'rS,-La

stéréotypie ne se-, révèle pas seulement dans l'activité

musculaire statique ; cllc appartient aussi à la forme

dynamique de cette activité. Ce sont llcs mots, des phra-

ses, des gestes, des expressions mimiques, des actes

plus ou moins complexes, dont quelques-uns reviennent

tous propos, à la façon d'un « leil-motiw n,

a) Stéréotypies de la parole. -La stéréotypie du langa-

ge parlé peut porter sur des phrases entières, sur des

membres de phrase ou sur des mots isolés. Mlle D... ré-

pond le plus souvent à son interlocuteur en l'appelant

« chéri » ;,Mlle R... dit plus volontiers : « mon bon mon-

sieur », et Mme G... interpella pendant longtemps toutes

les personnes qu'elle rencontrait en leur criant « bonjour,

monsieur le jockey ».

La conversation de M. \V... n'est pas moins caracté-

ristiquc :

« Comment vous appelez-vous Il ne faut jamais rien lui

dire.

« Quel tige avez-vous' ? - 11 ne faut jamais rien lui dire ; je nc

sais pas ; 22 ans.

« Quelle est volre profession ? Sans se troubler ; 22 ans ; il

ne faut jamais rien lui dire.

« Sa\ez-\ous 111OJlllom ' ? - Vous êtes docteur ; je lui donne sa

bénédiction.

196 CLINIQUE MENTALE.

« Saer-vous le nom de l'établissement ? - \ïlle-E\l'al'll;

sans céder ; je lui donne sa bénédiction.

« Pourquoi èles-wus ici - ? - Sans se troubler ; sans céder ; je

ne sais pas.

« \'oull'z-\oUS partir ? ' ? Oui ; je ne sais pas ; sans se troubler;

sans céder. -

« Vuull'z-\uu : , ivslor ? .le \eux bien ; il ne faut jamais rien

lui dire.

« Pourquoi rulpélez-ous sans cesse les mêmes mots ? - Je ne

sais pas ; il ne faut jamais rien lui dire.

On observe que l'incohérence chez ce maladc est en

grande partie sous la dépendance des expressions stéréo-

typées qui se répètent comme de véritables tics du lan-

gage : et si l'on fait abstraction d'un certain groupe de

mots qui viennent intoxiquer toutes les réponses, on s'a-

perçoit que le désarroi intellectuel est moins grand qu'on

pourrait le croire au premier abord. /

Les néolosgimes qui sont fréquemment utilisés parles

déments précoces ne peuvent être considérés que comme

des bizarreries de langage tant qu'ils sont le reflet d'une

idée ; mais au bout d'un ccrtain temps, le lien d'associa-

tion qui les reliait à l'idée première ayant disparu. le ma-

lade est incapable d'en expliquer le sens et continue il

les utiliser d'une façon tout automatique. Le néologisme

entre alors de plein pied dans la stéréotypie.

C'est ainsi que M. 1\.. qui exprimait autrefois ses idées

de grandeur il grand renfort de néologismes, a conservé

dans la suite un certain nombre d'expressions forgées

qu'il débite encore automatiquement.

Parfois le caractère stéréotypé du langage n'intéresse

pas seulement l'expression verbale ; il intéresse aussi

l'intonation, laquelle peut revêtir un aspect d'origina-

lité vraiment spécifique pour chaque malade. Mme G...

a pris l'habitude de ne parler qu voix basse et semble

avoir perdu l'usage de la parole à haute voix. Mlle IL...

en s embrassant les hras et les mains avec complaisance.

prononce dcs paroles plus ou moins inintelligibles parmi

lesquelles on distingue certains mots tels que « Dodo,

gros bébé, mon mignon ». Mais ce qu'il y a de plus re-

marquablc dans ce langage, c'est qu'il est toujours émis

il voix demi-distincte et sur un ton suraigu. Le sujet ga-

STÉRÉOTYPIE DES DÉMENTS PRECOCES. 197

zouille plutôt qu'il ne parle. Cette mélopée s'accroît en

intensité, en même temps que sa tonalité s'élève davan-

tage, si la malade est en présence d'un interlocuteur ou

d'un objet quelconque capable d'éveiller son attention.

Mlle B.... qui loge au même pavillon forme avec la pré-

cédente un contraste évident. Les mots qu'elle prononce

sont émis avec une précipitation quasi-explosive par une

voix de rogomme d'une tonalité extrêmement grave, et

d'une raucité telle que la parole perd véritablement tout

caractère humain pour se rapprocher du cri de certains

animaux. Ce langage baroque qui s'accompagne d'un tic

facial très prononcé et d'un tapottement continuel des

mains, donne à quelque distance l'impression d'éructa-

tions bruyantes et répétées. Dans tous ces cas, où le ca-

ractère d'uniformité spécifique porte sur l'intensité, la

tonalité ou le timbre de la voix. on peut dire que la sté-

réotypie n'intéresse plus le vocabulaire mais la « musi-

que du langage ». -

h) Stéréotypies de l'écriture.- A côté de la stéréotypie

du langage parlé, il faut faire une place à la stéréotypie

du langage écrit.

M. dont nous avons rapporté plus haut l'intcr-

rogatoire, sème dans tous ses écrits les expressions la-

sorites que nous connaissons. Mlle G..., remet à chaque

visite et depuis plusieurs années, une enveloppe nouvelle

portant invariablement la même adresse. Voici d'autre

part une lettre que nous empruntons au dossier de Mme

\..... -

« Mon cher mari, je t'aime et je t'embrasse de tout mon coeur

ainsi que mon frère Louis et Jean et Pierre et Paul et Jean et

Pierre et Paul et Jean et Paul et Jean et Pierre. Je t'aime de

tout mon coeur, et je suis la plus petite femme de la terre. Je suis

ici à toi, tout à toi. Je t'aime de tout mon coeur, je t'aime de tout

mon coeur, ainsi que tout le monde et tous les gens de Paris

qui me donneraient le plus beau des soies et des fois et des lai-

nages sur le plus beau soir de juin à la fin du monde. Je t'aime

de tout mon coeur, je voudrais bien te voir, je t'aime de tout mon

coeur et je t'embrasse bien. Je t'aime et' je t'embrasse de tout

mon coeur ».

Parfois, le caractère stéréotypé de l'écriture, au lieu de

198 CLINIQCY : MI·',NTL1· ?

porter sur l'expression verbale, réside dans la recherche

de certaines terminaisons, dans la forme de certaines let-

tres, dans la richesse de la ponctuation, dans la mani-

festation habituelle d'une originalité accessoire en un

mot. Voici un écrit que nous empruntons au dossier de

Mme.... -

a Di minos di bellù assii;s im venus doullerst... soungenei

Milles : dollès, h;lllos, i velues.. dinl'i - finies, h, audès biechès

- hôllen", call'edinùs - donner, dilloès. disses... d, i, chès -

calvès, sounsès... dû viens, fôii-ès ; halles... dillè, 111ùuillès ? ullès

... allichichiès etc... »

Au milieu de cette j.Trgonograpliic, la répétition conti-

nuelle des terminaisons en ès, l'abus extraordinaire de

l'accentuation et de la ponctuation se présentent comme

de véritables tendances stéréotypées.

Pour en finir avec la stéréotypie du langage écrit, di-

sons encore que les signes hiéroglyphiques qui sont à

l'écriture ce queles néologismcs sont à la parole, peuvent

être objets de stéréotypio au même titre que ces derniers.

C'est ainsi que Mlle P..., trace le plus souvent lorsqu'on

lui présente un papier, soit une suite de points, soit un

cercle, une croix, ou quelque autre expression graphique

dont le sens actuel nous échappe.

1

c) Stéréotypies de la mimique. Les troubles de la mi-

mique constituent dans leur ensemble l'un des chapitres

les plus intéressants de l'histoire clinique des déments

précoces, et la stéréotypie apporte un gros appointa leur

contingent. -

On pourrait ranger dans ce cadre des stéréotypies de

la mimique certains rires automatiques se reproduisant

il tous propos,et dont les exemples sont si fréquents chez

ces malades. D'autre part, certains d'entre eux semblent

avoir adopté des jeux de physionomie qui reviennent il

chaque instant sans raison et sans but. Mlle R.... est par-

ticulièrement intéressante à étudier sous ce rapport. La

malade contracte fréquemment son frontal ; la peau de la

région se relève avec accentuation des plis transversaux;

les sourcils suivent ce mouvement d'ascension et la phy-

sionomie prend l'expression de l' étollne111en t. Palofois celle

expression s'accuse davantage ; la malade reste bouche

STÉRÉOTYPIE DES DÉMENTS PRECOCES. 199

béante et regarde autour d'elle comme si son attention

était successivement captée par une série d'objets étran-

ges ; il lui arrive même de laisser échapper, en pareil cas,

des exclamations de surprise empreintes d'une niaiserie

affectée. D'autres fois encore, tous les petits muscles de la

face semblent entrer en jeu pour produire une grimace

d'ensemble rappelant d'assez près la grimace habituelle

que fait tout individu qu'on expose à une lumière trop

vive ou qui cherche à fixer le soleil. Cette grimace d'e-

blottissentcyt peut se réduire ; alors les orbiculaircs se

contractent seuls pour produire un clignement plus ou

moins durable, qui porte sur un seul oeil ou sur les deux.

Souvent le haut du visage reste impassible, tandis que

par un jeu des zygomatiques et des rcleveurs, le nez se

plisse, la lèvre se soulève, et dentaire supérieure

se découvre, ce qui donne à la physionomie une expres-

sion rappelant la mimique du dégoût. En dehors de ces

habitudes motrices portant sur certains traits du visage,

la malade exécute parfois un double mouvement d'incli-

nation et de rotation de la tête. Celle-ci pivote lentement

autour d'un axe vertical de droite il gauche et de gauche

à droite, en même temps qu'elle effectue de rapides oscil-

lations de haut en bas, de telle sorte qu'on ne saurait

mieux se représenter l'ensemble du mouvement qu'en

imaginant une série de menues affirmations greffées sur

une large négation.

De même que les expressions de physionomie, les ges-

tes sont fréquemment l'objet de stéréotypies variées. Cer-

tains malades se livrent à une gesticulation continue :

M. C ? semble prendre part à une discussion des plus

animées, alors qu'il nc prononce pas une parole. Chez

d'autres, c'est un mouvement favori revenant par inter-

valles : Mme G...., dès qu'on lui parle, écarte les doigts

et considère avec une attention minutieuse le bout de ses

ongles. Quelques-uns de nos pensionnaires tendent la

main d'un geste visiblement automatique au moment de

la visite : Mme G..., et Mlle B..., sont absolument typi-

ques cet égard. D'autres, comme 1\1 nie 0..., ou Mlle C...,

ébauchent un mouvement plus vague, comme pour at-

teindre et toucher ceux qui liassent il portée de leurs

mains.

200 CLINIQUE ME,{1'ALI : .

d) Stéréotypies de la marche. Le caractère stéréo-

typé de la marche est d'une extrême fréquence chez nos

malades. Mlle B..., se traînait à quatre pattes et exécu-

tait de véritables mouvements de reptation lors de son

entrée. Plus tard et pendant fort longtemps elle ne pro-

gressa qu'en sautant. Elle trottine aujourd'hui sur la

pointe des pieds. Mlle Il ... se promène les bras croisés

en se dandinant d'une façon continue. Mme G... marche

le corps penché en avant, le visage tourné vers le sol.

M. M... chemine le plus souvent dans la position accrou-

pie et en s'aidant des, mains commc le ferait un cul-Mc-

jatte. M. N.... marche décote il la façon des crabes, ou

bien il progresse par gambades. Plus souvent encore, on

le voit s'engager dans une direction, puis en un point

donné, faire volte-face brusquement et sans arrêt pour

repartir en sens inverse ou pour décrire un angle avec sa

direction première, et cela avec la régularité automati-

que d'une boule de billard qui vient de toucher la bande.

e) Stéréotypies complexes dans les actes. Nous vou-

lons en finir avec cette nomenclature déjà longue. en par-

lant des actes stéréotypés à caractère plus ou moins com-

plexe, qui, en raison de la multiplicité des mouvements

constituants ne peuvent trouver place dans les cadres

précédemment étudiés.

Le plus grand nombre de nos malades ont. dans leur

aspect ordinaire, dans leur façon d'être journalière, un

caractère uniforme d'originalité, qui reste spécifique pour

chacun d'eux. C'est une manière spéciale de manger, de

s'asseoir, de s'habiller, de se coucher ; c'est une façon

singulière de se comporter dans quelques-unes des mille

choses de la vie. Ce sont en un mot ces habitudes coutu-

mières que l'on désigne en langage profane lorsqu'on dit

d'une personne qu'elle a des « manies ». M. Il.... passe

la saison d'hiver dans le couloir sur la bouche du calori-

fère, tandis que M. C..., fait des water-closets son lieu

d'élection. Mlle M..., ne va jamais s'asseoir que sous un

même arbuste du jardin, et lorsqu'elle revient au salon

c'est pour prendre place sur un siège de paille qu'elle ne

changerait pas pour un autre.

On peut même voir l'activité stéréotypée revêtir dans

STÉRÉOTYPIE DES DÉMENTS PRÉCOCES. 201

son expression un caractère de complexité vraiment re-

marquable. Pendant plus de six mois, M. M..., quitta

chaque jour son pavillon pour se rendre au salon des ma-

lades où il passait une partie de la journée à répéter avec

une obstination désolante un air de « Martha ». Cet air

n'a jamais eu de remplaçant, et durant ses longues heu-

res d'automatisme musical, le virtuose ne s'est assuré-

ment pas plus soucié de son plaisir personnel qu'il ne

s'est occupé du dépit que pouvait causer à ses auditeurs

la monotonie de son programme.

Quelques-uns de nos malades firent des tentatives d'éva-

siun qui méritent d'être considérées comme de véritables

actes stéréotypés. Ces impulsions à répétition se repro-

duisaient chaque jour, toujours identiques à elle-mcmes,

toujours stupides et puériles dans leur exécution. C'est

sous les yeux mêmes des surveillants ou surveillantes

que M. M..., et Mlle 13..., ébauchèrent ainsi une série de

fugues, sans prendre aucune précaution pour en assurcr

le succès, sans tenir aucun compte du milieu, ni coordon-

ner la manoeuvre en vue d'une fin. , 1

Dans ces actes d'évasion, toujours exécutés de la

même façon, il ne faut pas voir autre chose que la ten-

dance de certaines représentations il vivre pour leur pro-

pre compte, sans être assimilées par une personnalité

consciente, et tel est justement le caractère fondamental

de toute stéréotypie.

La masturbation est extrêmement fréquente chez nos

maladcs des deux sexes. Bien que la plupart des auteurs

se soient accordés à signaler l'onanisme parmi les causes

' favorisantes de la démence précoce, nous sommes portés

il croire que cette habitude est moins une causc qu'un

effet, et nous ajouterons que clans bon nombre de cas

tout au moins, cet etret doit être envisagé lui-même, non

pas comme le résultat d'une excitation génitale exagérée

mais comme une véritable modalité de la stéréotypie.

Parmi nos malades, la plupart de ceux qui se livrent à

une masturbation effrénée, le font d'une façon machinale

et automatique, presque toujours .sans éjaculation et le

plus souvent même sans érection.

Il semble que, dans la majorité des cas. aucune idée ne

préside il l'acte, et nous n'avons jamais observé que la

202 CLINIQUE MENTALE.

vue de l'autre sexe filt susceptible de lui donner plus

particulièrement l'éveil. Il s'agit bien plutôt d'une 11,11)iL

tudc ancienne qui surgit à l'insu de la conscience et de la

volonté, se reproduisant avec fréquence en tant qu'acte,

tout en restant privé de contenu. D'ailleurs, la franchise

et l'impudicité qui, au'mépris de toutes les convenances,

président le plus souvent à l'accomplissement de l'acte

eu question, ne semblent pas indiquer que cet acte soit

nettement assimilé par la personnalité. Ici encore, nous

sommes, dans nombre de cas, en présence d'une véritable

manifestation de la stéréotypie.

Il. Evolution générale. - IÙ'oepelin, en définissant l'acti-

vité stéréotypée « la durée anormale des impulsions mo-

trices, qu'il s'agisse d'une contracture permanente d'un

certain groupe de muscles, ou de la répétition d'un même

mouvement p (1), parait avoir en vue les actes musculai-

res de la période active, ceux des catatoniques en parti-

culier. Le mot « contracture » dont la signification est

précise en neurologie, semble indiquer que, dans l'esprit

de l'auteur, une circonstance physiologique immédiate

préside au symptôme, une modification directe de la cel-

lule cérébrale sous l'action d'un toxique présumé, condi-

tionne le processus morbide dont témoignent les attitu-

des prolongées ou les mouvements répétés du sujet. Or.

ne semble-t-il pas d'autre part que certains auteurs, M.

Cahen en particulier, aient voulu décrire tout autre chose

quand ils ont désigné sous le même nom « Des attitudes.

des mouvements, des actes de la vie de relation ou de la

vie végétative, qui sont coordonnés, qui n'ayant rien de

convulsif ont au contraire l'apparence d'actes inlention-

tionnels ou professionnels, qui se répètent longtemps,

fréquemment, toujours de la même façon, qui au début

sont conscients, volontaires, et qui deviennent plus tard

automatiques et suhconscicnts par le fait même de leur

longue durée et de leur répétition (2) ? Ici, il ne s'agit

plus d'une manifestation active, d'un phénomène irrita-

tif appartenant au domaine de l'automatisme primitif; il

s'agit d'une manifestation résiduelle, d'une habitude de

(1) KHOEPEDN. Psychiatrie.

(2) CutEN. Loc. cit.

STÉRÉOTYPIE DES DÉMENTS PRÉCOCES. 203

l'esprit appartenant au domaine de l'automatisme secon-

daire. Nous nous trouvons donc en présence d'un pro-

blème de tous points comparable à celui que soulevait

dernièrement la distinction si longtemps méconnue des

tics et des spasmes, distinction que î\L\I. Mcigc et Flein-

del ont fixée d'une manière définitive et avec toute la

clarté désirable. Aussi nous parait-il nécessaire d'obéir

d'abord au besoin de précision qu'impose la nature d'un

sujet déjà si complexe par lui-même, et de distinguer par-

mi les phénomènes qui ont été décrits sous le nom de

« stéréotypie » chez le dément précoce, les attitudes pro-

longées et les mouvements répétés de la période active

d'une part, les attitudes prolongées et les mouvements

répétés de la période résiduelle d'autre part ; car, outre

que la genèse et le mécanisme de pareilles manifestations

sont justiciables d'explications différentes, leur évolution

ultérieure doit encore contrihuer aies séparer. Au reste,

les considérations qui vont suivre trouvent un appui fa-

yorablc dans des recherches histologiques récentes, et \I.

Klippel (1) apporte une confirmation matérielle à la dis-

tinction que nous allons établir, en décrivant, d'une part,

des 1 esioiis immédiates, marquées surtout par l' « évolu-

tion granulo-pigmenlaire r des cellules, et, d'autre part,

des lésions consécutives, que caractérise « la destruction

dcs connexions entre les différents territoires ou entre

les diverses cellules de l'écorcc par atrophie des prolon-

gemcnts qui les mettent en communication les unes avec

les autres ». '

1° Stéréotypies primitives. (Attitudes prolongées et

mouvements répétés d'origine CATATONIQUE.) - L'un des

traits les plus essentiels de la vie psychomotrice du

dément précoce et du catatonique en particulier, durant

la phase active de sa maladie, réside dans cet état de sta-

gnation et d'engourdissement, dans cette difficulté de

changement qui se manifeste par la lenteur et l'incerti-

tude des processus moteurs et que Fenzi et Vedrani ont

désignée sous le nom d' « empêchement psychique ». La

conservation des attitudes et la répétition incessante des

(\) Revue de Psychiatrie, n^ 2, lévrier 1001. 1.

204 clinique mentale.

mêmes mouvements monotones pendant la période de

début n'est qu'une manifestation exagérée, un témoigna-

ge ultime de cet état dont les modalités plus atténuées

répondent aux simples hésitations de l'activité psycho-

motrice. Sans rien préjuger d'une pathogénie dont les

éléments sont encore tout hypothétiques, il y a lieu de

croire que ces phénomènes sont sous la dépendance d'un

processus direct et probablement toxique. Quelle que

soit d'ailleurs la nature du principe sur lequel on cher-

che à fonder la pathogénie de l'affection, il semble bien

que la période active soit marquée par des modifications

dans la vie fonctionnelle de la cellule elle-même,' modi-

fications en vertu desquelles cette dernière ne réagissant

plus ou réagissant mal, présente une tendance remarqua-

ble il conserver d'une manière indéfinie les impressions

reçues. C'est, si l'on veut. une façon de dynamogénisme

ralenti, c'est un défaut de plasticité physiologique des

éléments cellulaires, dont l'activité s'effectue suivant un

mode nouveau conditionné par l'influence directe d'un

principe modificateur. Nous ne sommes donc pas ici en

présence d'une désagrégation des éléments psychiques ;

nous sommes en présence d'une activité modifiée de ces

éléments dont la vie ralentie s'extériorise avec peine et

se fige dans un état de torpeur qui pourra rétrocéder

dès que l'influence en question cessera de s'imposer.

A ce groupe d'accidents primitifs, appartiennent les

attitudes et les mouvements catatoniques proprement

dits, qui marquent si souvent le début de l'affection. Ces

poses bizarres empreintes d'une raideur perceptible au

palper, ces actes guindés et ces gestes sans rondeur qui

se répètent avec monotonie, rappelant les mouvements

anguleux et cassants de certains jouets mécaniques, sont

l'expression de ce défaut de plasticité cellulaire, et por-

tent, même au point de vue clinique, le cachet tout spé-

cial qu'ils doivent à leur origine.

Nous n'en citerons qu'un exemple emprunté à l'un

de nos malades les plus typiques. Il s'agit d'un jeune

catatonique dont la station et la marche sont absolu-

ment caractéristiques. Ce sujet, lorsqu'il se tient immo-

bile. donne, par le port de sa tête, par le maintien de son

buste et de ses membres supérieurs une impression de

S11 : R1 : 0'l'l'PIL DES DÉMENTS PRECOCES. 205

raideur et de contrainte que nous trouvons plus mani-

feste encore lorsqu'il se déplace. Nous le voyons alors

se mouvoir d'une pièce comme un automate ; ses mou-

vements sont brusques et anguleux. Il marche la tête

baissée, le cou tendu, les épaules relevées et fortement

rejetées en arrière. Les membres inférieurs progressent

par saccades, et il leur arrive d'interrompre leur jeu en

un temps quelconque de son évolution, comme cela se

produirait chez un pantin mécanique que son rouage

épuisé jusqu'au dernier cran laisse brusquement immo-

bile une jambe en l'air. Le malade fait un pas gigantes-

que dès qu'il rencontre le moindre obstacle, et il reste

souvent en suspens au cours de cette manoeuvre. Tantôt

il s'immobilise au « temps de double appui ». c'est-à-dire

que. la jambe première ayant franchi l'obstacle repose

par le talon. tandis que la jambe dernière -restée en deçà

repose sur la pointe, pendant que le corps tout entier

demeure penché en avant dans l'attitude du coureur at-

tendant le signal du départ. Tantôt, cc qui est plus sin-

boulier· l'immobilisation coïncide avec le « temps de sim-

ple appui- » c'est-à-dire que le corps reste en équilibre

sur la jambe première au-delà de l'obstacle, tandis que

la jambe dernière oscillante, après avoir franchi ce der-

nier, reste tendue en avant et dans l'extension complète,

sans prendre contact avec le sol. Pendant ce temps, et

de toutes façons, les bras se maintiennent verticalement

allongés, dans un état de raideur apparente, sans au-

cune souplesse, sans aucun balancement. Ils sont en

légère pronation, le poing fermé, le pouce en dehors et

accolé à la main. --

Ces attitudes fixes et ces mouvements monotones qui

prennent place dans la phase activc de la maladie, ten-

dent à s'atténuer après disparition de cette phase elle-,

même, aussi bien que les différentes manifestations cala-

toniques qui leur font escorte le plus souvent. C'est ainsi

qu'une de nos malades, jeune catatonique qui se traînait

quatre pattes et se tenait un bras en l'air pendant des

heures entières au début de son affection, ne présente

plus aucune de ces bizarreries depuis qu'elle est entrée

dans la période résiduelle d'affaiblissement. Il semble

donc que les attitudes et les mouvements en question.

203 CLINIQUE MEN1AL1Î.

contemporains de la période d'intoxication diffuse, si

l'on peut dire, sont, en dépit de leur fixité actuelle, sous

la dépendance d'une inhibition transitoire plutôt que

d'une déchéance véritable. Celte considération qui expli-

que à la fois leur caractère de précocité et de regrossi-

bilité nous a invité à les séparer, tant ou point (le vue

clinique qu'au point de vue psychologique, des atti-

tudes et des mouvements que nous allons désigner main-

tenant.

l'

z Stéréotypies secondaires. (Attitudes prolongées et

MOUVEMENTS RÉPÉTÉS d'oRIGINE DEMENTIELLE ) Sili-

vant la conception la plus généralement admise, le dé-

ment précoce, après avoir traversé une phase plus ou

moins longue d'activité morbide, reste porteur d'un reli-

quat, et s'immobilise progressivement dans un état de

déchéance intellectuelle plus ou moins marqué. A dater

de ce jour, les manifestations qu'il présente ne sont plus "

réalisées à la faveur d'une action directe d'un toxique

présumé sur les cellules cérébrales, action dont les effets

immédiats ont dû rétrocéder après élimination du prin-

cipe modificateur ; elles sont conditionnées par une at-

teinte profonde et irrémédiable des éléments les plus

vulnérables, à litre de reliquat. Ace moment, la cellule,

détruite en partie, mais ayant recouvré une certaine vi-

talité, agit avec le capital qui lui reste et vit avec le petit

nombre de relations que lui a laissées le processus éteint.

En d'autres termes, la période aiguë passée, la cellule

amoindrie, mais non plus gênée danss on fonctionnement,

va reconquérir un moignon d'activité. Cette activité ré-

duite va se traduire par des associations fragmentaires,

dépendant mal les unes des autres, par suite de la dispa-

rition de leurs contacts et de leurs liens normaux, et la

sté'éotypicsec(}¡¡dain : ,phéllo : 11èlle résiduel, sera le témoi-

gnage de cet état de désagrégation, ainsi que nous nous

efforçons de le montrer dans un autrc travail.

A cette catégorie appartiennent la plupart des exem-

ples que nous avons cités dans le chapitre précédent et

(misent recueillis chez des malades internés depuis plu-

sieurs mois et même plusieurs années. Ici, attitudes et

mouvements sont empreints d'une aisance et d'un un-

S IIRÉO 1 YPIE DES DEMENTS PRÉCOCES. 207

turel qui forment contraste avec la gêne et la raideur que

nous signalions plus haut.

C'est d'eux dont on peut dire qu'ils ont pour caractère

« d'être coordonnés, de n'avoir rien de convulsif, et de

présenter au contraire toutes les apparences d'une acti-

vité intentionnelle ou professionnelle », suivant la défini-

tion de M. Cahen.

En donnant à ce deuxième groupe de stéréotypies un

caractère résiduel, nous ne les dégageons nullement du do-

maine de l'automatisme. Seulement, il ne s'agit plus com-

me tout à l'heure d'automatisme primitif, mais bien d'au-

tomatisme secondaire. L'activité stéréotypée n'est plus

le résultat d'unc influence inhibitoire ou irritative subie

par les centres psycho-moteurs, elle est le résidu miséra-

ble d'une activité qui fut adaptée, consciente et volon-

taire dans le passé. Les attitudes et les mouvements qui

la représentent ont été engendrés autrefois par une idée,

mais cette idée a disparu petit à petit, tandis que l'acte

adéquat s'est continué à la façon d'une habitude acquise.

Cet acte qui traduisait jadis des états psychiques, se re-

produit aujourd'hui sans raison et sans but. Quelles que

soient les conditions de cette survivance de l'acte à son

contenu idéationnel, quel que soit le mécanisme de ce

divorce entre l'élément moteur et son élément psychique

adéquat, il est certain que par un examen rétrospectif, on

peut, dans l'immense majorité des cas. découvrir comme

point de départ d'un acte inexplicable actucllement, un

passé idéo-alfectif qui lui tient lieu d'origine.

Parmi les actes de la vie consciente et volontaire, il en

est qui sont particulièrement capables de se transformer

en stéréotypies ; ce sont ceux qui ont été fortement im-

primés dans la conscience par un état émotionnel. Cette

proposition se déduit naturellement de cette vérité gé-

nérale, à savoir que notre vie affective est la grande dis-

pensatrice de nos souvenirs, et qu'il faut chercher dans

l'intensité de ses ébranlements la cause fondamentale de

la fixation de nos images kinesthésiques comme de toutes

nos images mentales. Or la vie affective de la plupart

des déments précoces est profondément impressionnée

par des idées délirantes et des représentations hallucina-

toircs pendant la période aiguë de l'affection ; et nous ne

208 CLINIQUE mentale.

devons pas manquer d'ajouter que cette impression a

d'autant plus plus de force, qu'elle est maîtresse exclusive

des lieux ; n'est-il pas vrai, en effet, que les états réduc-

teurs qui pourraient en quelque sorte la mitiger, sont

justement en déficience dès cette époque, par suite de la

disparition progressive des sentiments altruistes d'une

part et de la faculté d'attention d'autre part ? Il nc fau-

dra donc pas s'étonner de trouver dans les idées déliran-

tes anciennes, le point de départ d'un très grand nombre

de stéréotypies qui nous apparaissent comme un témoi-

gnage posthume de cette activité émotionnelle désormais

éteinte.

L'observation de Mme N.... nous en fournit le plus bel '

exemple. Cette malade prononce constamment la même

phrase : « Est-ce bête, est-ce vilain, est-ce mal ! J'ai passé

le grand bon Dieu sous terre ! ». Cette phrase est, à n'en

pas douter. le rcliquat d'un ancien délire. Nous en trou-

vons la preuve dans un écrit datant du 20 juin 1899 et

dont voici la copie :

«J'ai commis des crimes cura;a]U.s, épol1\ an tables, La grande

« noblesse de 1 rancc est restée cachée sous terre. ;'Ilol1 Dieu, je

« vous demande pardon. C est ce qu'il y a du plus pelil sous Le]--

« l'o. J'ai.i(-Lé, tout le inonde par terre en une minute. (Test indi-

« J'ai passé sous Dieu tout le temps de ma ,il'. Le crime que

« je Mens de commettre est irréparable..1 ai descendu les cieux

« sous le suis seule sur la terre avec mes petits bras. »

Cet écrit marque déjà une certaine tendance à la sté-

réotypic ; l'idée s'y meut dans un cercle restreint et les

mêmes mots reparaissent souvent. IL s'agit néanmoins

d'un délire actif, et les réactions delà malade il cette épo-

que en témoignent largement. Deux ans après, il ne reste

plus de ce passé d'activité délirante, qu'une phrase sté-

réotypée clans laquelle le délire s'est petit à petit conden-

sé et comme cristallisé. Cette phrase que nous connais-

sons, n'est plus aujourd'hui qu'un tic du langage. Elle se

répète sans cesse d'une façon tout automatique, et quand

on demande à la malade : « Qu'est-ce qui est bête ? (ti cst-

ce qui est vilain ? Qu est-ce qui est mal ? » elle regarde

son interlocuteur avec un oeil hébété, et reste incapable

de lui fournir une réponse. C'est en vain qu'on cherche-

rait à réveiller scs souvenirs louchant un délire qui

n'existe plus.

STÉRÉOTYPIE DES DEMENTS PRECOCES. 209

Lc'cas de 1. M... n'est pas moins instructif. Au début

le malade refuse de répondre parce qu'il nourrit des idées

de persécution ; il refuse de manger par crainte d'être

empoisonné. Puis il prend par routine cette attitude ha-

bituelle du sitiohltohc, et 1>etitàhetiLsonllire, de moins

en moins actif, finit par se condenser dans une phrase

qu'il répète machinalement dès qu'on prend la sonde :

« Je vous défends de me nourrir. n

Celte proposition témoigne d'une origine intention-

nelle, consciente et volontaire dans le passé ; mais la do-

cilité tout automatique avec laquelle le malade se soumet

et qui contraste singulièrement avec le caractère impé-

rieux de la formule, prouve surabondamment que cette

intention, cette conscience, celle volonté n'existent plus

dans le présent. La phrase n'a plus de contenu ; elle n'est

que l'enveloppe survivante d'une idée disparue.

Mme ll...... et Mme IL..... sont deux démentes para-

noïqucs lléjil âgées, qui. présentèrent au début de leur

affection des idées hypocondriaques et de persécution à

base hallucinatoire. Ces deux malades conservent aujour-

d'hui, malgré l'extinction de leur délire, des habitudes

qui nous y reportent, sans équivoque. L'une a la tête

constamment bandée d'un mouchoir dont elle se proté-

geait jadis contre les tentatives malveillantes de ses

agresseurs ; l'autre porte autour de la taille une serviette

mouillée, comme au temps où elle redoutait l'influe née

néfaste des effluves électriques.

Nous ne multiplierons pas davantage les exemples ;

mais avant d'cn finir avec l'origine primitivement déli-

rante des actes stéréotypés, nous tenons il faire observer

qu'entre l'expression motrice actuelle et l'idée délirante

ancienne, le lien n'est pas toujours facile à découvrir.

Certains actes, alors qu'ils étaient adaptés à une idée,

pouvaient n'avoir cependant qu'une valeur convention-

nelle. En d'autres termes, le lien idéo-motour pouvait

être purement individuel et subjectif à celle époque. Tel

est le cas de certains gestes de défense, ayant pour le

malade la valeur d'une conjuration. Ces gestes qui sont

au point de vue mimique l'équivalent d'une écriture hiéro-

glyphique ou d'un néologisme, restaient incompréhen-

sibles pour autrui, à l'époque où ils avaient un caractère

Archives, 2° série 1905, t. XIX. 14

210 CLINIQUE MENTALE.

intentionnel : plus forte raison est-il difficile d'en res-

saisir le contenu, le jour où. ce contenu ayant disparu,

l'acte s'est transformé en stéréotypie. '

Si les actes primitivement adéquats à un délire quel-

conque sont aptes entre tous à la transformation stéréo-

typique, il en est d'autres qui jouissent du même privi-

lège pour des raisons différentes. En effet la fixation des

images kinesthésiques n'est pas seulement sous la dépen-

dance des phénomènes émotionnels quileurfont escorte.

L'intensité de cette fixation peut être duc a l'apparition

particulièrement fréquente des images en question dans

le champ de la conscience, sans rien préjuger du con-

comitant affectif. Aussi les actes professionnel ? dont le

contenu affectif est restreint, apportent pourtant un sé-

rieux appoint au contingent des stéréotypies.

L'observation de M. M.... nous en a fourni un exemple.

Ce malade qui, il chaque visite, prend automatiquement

la position réglementaire du soldat, est un ancien mili-

taire. M. 1.... qui se destinait au théâtre, passe des jour-

nées entières il répéter le même geste d'un acteur en re-

nom ou à réciter le même passage d'un auteur connu il

débite pendant des heures un même vers de Ruy-Blas.

M. 13....; dont les prétentions artistiques lurent plus mo-

destes, grimace continuellement en se dandinant avec

une sorte de niaiserie affectée, dans laquelle on devine le

rôle qu'il occupait jadis au café-concert.

A côté des cas oit la formule de l'acte stéréotypé trouve

son explication dans des circonstances parfaitement dé-

finies, telles qu'un délire ancien ou des habitudes ,rrofes-

sionnelles antérieures, il en est d'autres oit la genèse de

cette formule est tout à fait fortuite et ne prête à aucun

groupement. Ici. c'est une expression rencontrée par ha-

sard, qui se fixe et revient pendant un temps avec une

persistance désespérante ; là, c'est un mouvement banal

qui, ayant eu sa raison d'être un beau jour, se reproduit

plus ou moins longtemps sans qu'on sache bien exacte-

ment la cause de celte prédilection.

Mme G.... pose à toutes les personnes qu'elle rencctn- , ..

tre unc série de questions : « Comment vous appelez-

vous ? Quel métier faites-vous ? etc.» Mais les réponses

lui importent peu : et quand on croit lui avoir donné sa-

STÉRÉOTYPIE DES DÉMENTS PRÉCOCES. - 211

tisfaction, on ne tarde pas à s'apercevoir qu'elle n'y a

prêté aucune attention. Elle n'en continue pas moins son

interrogatoire, refaisant à nouveau les mêmes demandes

et les répétant à satiété d'une manière automatique.

Elle fait une série de remarques à son interlocuteur :

« Vous avez de beaux yeux ; vous avez une jolie mous-

tache ; vous avez un beau chapeau ; vous avez une jolie

bague, etc.' » Mais ces remarques toujours identiques sont t

absolument machinales, et n'arrêtent pas un seul instant

sa pensée. Il est particulièrementintéressant d'examiner

l'évolution de ces habitudes verbales, car on y peut sui-

vre pas à pas la genèse de cet automatisme secondaire

dont nous parlions tout a l'heure. Autrefois, Mme G...

faisait volontiers sur les traits ou le costume de son en-

tourage des observations dont quelques-unes ne man-

quaient pas d'à propos. Si l'on observait alors sa physio-

nomie. on constatait que l'expression du visage, habi-

tuellement figée, s'éveillait aussitôt comme pour repren-

dre une animation normale. De plus, il arrivait à la malade

de rappeler telle ou telle remarque faite par elle-même

plusieurs jours auparavant. Aujourd'hui, le nombre des

observations qu'elle fait, se réduit à trois ou quatre ; ces

observations ne varient plus. Pendant qu'elle parle, sa

physionomie reste absolument impassible, 'étala fixité

atone de son regard, on croirait entendre parler une som-

nambule. Aussitôt faite, la remarque est oubliée : les

yeux et la pensée vont ailleurs comme au hasard, et l'ex-

pression du visage n'attend ni approbation ni desappro-

bation delà parte ! ' autrui. Si donc nous cherchons il établir

une comparaison entre le passé et le présent, nous pou-

vons ramener à trois les modifications apportées par le

temps : réduction progressive du nombre des remar-

ques caractère de plus en plus faible de l'expression

émotionnelle ; durée de plus en plus courte de l'impres-

sion consciente. Voilà bien le témoignage d'un achemi-

nemcnt progressif vers l'automatisme.

Les stéréotypies secondaires dont nous venons de fixer

la genèse appartiennent, en vertu même de leur méca-

nisme, a une époque plus ou moins avancée de la mala-

die. Toutefois/leur caractère résiduel n'implique pas for-

cément pour elles une apparition aussi tardive qu'on n

212 CLINIQUE MENTALE.

pourrait le croire. En effet si elles sont l'expression d'un

résidu, ce résidu lui-même nous voulons dire le défi-

cit intellectuel ? est ici présent dès le début de l'affec-

tion. Nous nc saurions mieux exprimer noire idée qu'en

empruntant une comparaison il la médecine du corps.

Dans la pathologie générale des tissus. l'inflammation et

la sclérose se font normalement suite, la seconde succé-

dant à la première il la façon d'un reliquat. Or. clans l'or-

dre rationnel des choses, le processus actil'de l'inflamma-

tion constitue une première étape et le processus rési-

duel,de la sclérose en représente une autre ; mais. en

matière de chronicité tout au moins, n'est-il pas vrai que

le deuxième marche côte a côte avec le premier dès le

début de Faction ? : N'est-il pas vrai que, dans cette trans-

formation progressive, clans cet effondrement il longue

échéance du tissu normal, la sclérose vient apporter sou

cuvre de reconstitution pathologique sur un point, il me-

sure que s'est effectuée sur ce point l'action dévastatrice

de l'inflammation, si bien qu'on retrouve sur une même

coupe anatomique la double signature de l'activité mor-

bide et de son résidu ? N'est-il pas vrai, d'autre part, que

l'expression clinique de pareilles modifications morbides

sera commandée d'emblée chez les uns par la note inflam-

matoire, par le processus actif en un mot.au lieu que chez

d'autres, cette note inflammatoire restant silencieuse, ce

processus actif s'effectuant sans tapage, c'est il la sclé-

rose, c'est au résidu morbidc-quc la maladie devra ses

symptômes révélateurs et le malade ses troubles les plus

accusés. Eh bien ! le processus, dont dépendent les sté-

réotypies secondaires est au processus dont dépendent

les stéréotypies primitives ce que la sclérose est il l'in-

flammation, c'est-à-dire que ce processus est un reliquat,

lui aussi, mais un reliquat qui apparaît au furet il me-

sure que se consomment les modifications fonctionnelles

engendrées par le processus actif, si bien que lorsqu'il ne

se trouve pas éclipsé par l'expression clinique de ces der-

nières, il peut être mis en évidence dès le début. Or.

dans une grande partie des cas, le tableau de la démence

précoce se déroule réellement en deux phases dont lapre-

mière témoigne d'un processus actif ct la deuxième d'un

processus résiduel : les altitudes elles mouvements cata-

STÉRÉOTYPIE DES DÉMENTS PRÉCOCES. 213

toniques dominent la scène pendant la période de début,

et les manifestations résiduelles qui nous intéressent

n'apparaissent avec évidence qu'à partir du jour où cette

phase solennelle ayant pris fin. cesse de les obscurcir.

Mais assez souvent, l'évolution morbide n'est pas aussi

franchement scindée ; elle parait prendre une allure

chronique et relativement torpide d'emblée, et il semble

que la période active soit plus ou moins fondue avec la

période résiduelle : alors, les phénomènes à grand spec-

tacle faisant défaut, les phénomènes cataloniqucs se ma-

nifestant seulement sous la forme atténuée de l' « hésita-

tion psycho-motrice », les manifestations résiduelles que

nous envisageons deviennent perceptibles de très bonne

heure. Celte considération est surtout applicable aux hé-

béphréniques. Chez les paranoiques, au contraire, l'appa-

rition des stéréotypies secondaires est certainement plus

tardive. En elfet, ces stéréotypies ayant presque toujours

chez eux un point de départ délirant, nc peut prendre

naissance, en'tant que stéréotypie vraie, que si les facul-

tés sont suffisamment affaiblies et le délire suffisamment

éteint pour que l'acte, devenu habitude, se poursuive pri-

vé de son contenu idéo-affcctif, et sans aucune partici-

pation de la conscience et de la volonté. Or, la persis-

tance relativement plus longue de l'activité délirante et

clos facultés générales chez les paranoïques. par rapport

aux hébéphréniques, est un élément capable de reculer

chez eux l'échéance de la stéréotypie.

Les stéréotypies secondaires, quelle que soit l'époque

de leur apparition, tendent il se simplifier et à s'unifier

de plus en plus. A mesure que les représentations de-

viennent de moins en moins nombreuses, une sélection

s'effectue, et dans cette lutte pour la survivance, ce sont

généralement les formules les plus anciennes qui restent

maîtresses des lieux, justement parce qu'elles se recom-

mandent d'une plus longue habitude, et sont assises par

suite sur des bases plus solides. Mais dans cette « con-

Ilen;,a1 ion ? il nc faudrait pas voir une « régression» ;

nous y trouvons, au contraire, la marque d'une évolution

progressive 'tendant vers l'unité d'expression motrice.

L'activité stéréotypée d'origine résiduelle ou démentielle

se présente avec une pureté toujours croissante, à mesure

214 CLINIQUE MENTALE. *

\

que progresse la déchéance] de l'individu, et l'on peut

même dire qu'elle résume toute la vie motrice de nos dé-

ments retraités. '

III. Valeur clinique. A. Fréquence. S'il est vrai

qu'un signe clinique a d'autant, plus de valeur qu'il oc-

cupe une place plus prépondérante dans le tableau mor-

bide, on peut dire que parmi les symptômes de la démence

précoce, il en est peu qui puissent rivaliser d'importance

avec la stéréotypie.

La fréquence des actes stéréotypés chez les déments

précoces doit être envisagée a un triple point de vue : a)

Fréquence globale ; b) Fréquence suivant' la forme de /'t ?

fection ; c) Fréquence suivant la période de la maladie.

a) La fréquence globale nous a paru considérable ace

point que sur 75 observations, une cinquantaine environ

nous en ont fourni des exemples parfaitement nets. 11

est il peine besoin de dire que nous ne donnons pas à ce

chiffre la valeur d'une statistique rigoureuse, car entre

la simple tendance a l'activité stéréotypée, d'une pari,

etla stéréotypie définitivement établie d'autre pari, il y

a tous les intermédiaires. Quoi qu'il en soit, il nous a

été facile de reconnaître par un examen comparatif

que cette proportion ne souffrait aucune concurrence

de la part des malades appartenant il d'autres cadres

nosographiqucs.

b) La fréquence des manifestations stéréo typiques est

variable suivant les formes de l'affection, chaque forme

étant considérée en bloc.

Les catatoniques sont certainement les mieux partagés,

et cette prérogative n'a pas lieu de nous surprendre. puis-

que c'est chez eux que les troubles psycho-moteurs en

général, atteignent leur maximum d'intensité. Toutefois,

il est bon d'observer qu'il s'agit presque toujours ici de

stéréotypies primitives.

Les hébéphréniques et les p.1ranoïques présentent plu-

tôt des stéréotypies secondaires, et il cet égard, ils sont

sensiblement sur le même pied. Chez l'hébéphrénique, en

effet, l'affaiblissement intellectuel est dès le début plus

fondamental, plus flagrant que chez le paranoïque, et

STÉRÉOTYPIE DES DÉMENTS PRÉCOCES. 215

c'est là un gage de fréquence pour la [stéréotypie, mais

par contre la mobilité extrême des conceptions déli-

rantes constitue un élément défavorable à la fixation de

telle ou telle formule d'extériorisation motrice.

Le paralloïqlle, au contraire, conserve une activité re-

lativement prolongée, ce qui est un facteur défavorable

à l'éclosion de la stéréotypie. Mais il prend sa revanche

par un autre côté. En effet. si l'on considère que les sté-

réotypies ont très fréquemment leur origine dans une

idée délirante ancienne, on conçoit que la condition la

plus favorable à leur genèse eu pareil cas, doit être la

fixité de cette idée délirante elle-même ; c'esL,cn effet, de

cette fixité clans l'idéation que va dépendre l'uniformité

de la route par laquelle doit se faire l'extériorisation mo-

trice. Or, cette fixité de l'idée délirante, le paranoïquc la

réalise mieux que l'hébéphrénique. Son délire est plus

intense, plus profond, plus cohérent ; celui de l'hébé-

phrénique plus faible, plus superficiel. plus lâche, plus

décousu. 1 '

c) La différence de fréquence s'accroît si, au lieu d'en-

visager chacune des formcs cliniques en bloc, on les con-

sidère suivant la période de la maladie.

Les catatoniques. après avoir présenté de la fixité des

attitudes et des mouvements durant la période active de

l'affection, perdent le plus souvent de celle fixité lors-

qu'ils s'engagent dans la période de déchéance définitive,

sans être exempts toutefois des stéréotypies secondaires.

La prédominance de la stéréotypie clans la phase ter-

mil/ale s'accuse assez nettement chez l'/i6&sp ? e ? Me dont

l'activité stéréotypée existe d'abord à l'état de tendance

pour s'accroître d'une façon progressive dans la suite. La

différence est cncorc plus marquée chez le paranoïque

dont l'activité stéréotypée semble s'accumuler presque

exclusivement sur la période finale de la maladie.

13. Causes d'erreur. Pour conserver à la stéréotypie

toute sa valeur clinique, il importe d'en marquer les li- '

mites d'une façon précise, et pour cela il faut se garder

de grouper les phénomènes d'après leurs seules mani-

festations extérieures, sans interpréter le contenu psy-

chologique de ces manifestations.

`1G CLINIQUE MENTALE.

Pour qu'il y ait stéréotypie, il ne suffit pas quc l'atti-

tude fixe où la gesticulation répétée soit intempes-

tive à l'instant ou elle s'exécute et par rapportai ! milieu,

il faut qu'au moment même de son exécution, l'acte ne.

soit plus lié à l'idée qui dans le passé lui a donné nais-

sance. C'est là un fait sur lequel les ailleurs n'ont peut-

être pas insisté d'une façon assez rigoureuse : il est ce-

pendant de première importance, car il délient la valeur

diagnostique et pronostique du phénomène. C'est pour

n'avoir pas marque celle différenciation capitale et pour

avoir englobé sous la même rubrique des actes répétés

qui sont encore liés à une idée directrice, qu'on a sou-

vent méconnu la signification quasi-spécifique de la sté-

réotyllic. Une réaction motrice ne mérite le nom de sté-

reotypic que si elle s'effectue en dehors de tout com-

mandement volontaire et conscient : voilà ce dont il

-faut bien se pénétrer. Les mouvements qu'exécutent, cer-

tains malades sous J'influence d'une idée pathologique

obsédante peuvent se répéter avec insistance ; de plus,

ils peuvent sembler parfaitement intempestifs par rap-

port au milieu ; mais leur ténacité est en rapport avec la

fixité de l'idée directrice, leur inconbruancc par rap-

port au milieu ne fait que refléter le caractère illégitime

de cette idée. Le jour où, l'idée délirante ayant disparu.

le malade continuera sa manoeuvre d'unc façon automa-

tique, ce jour-là seulement celle manoeuvre sera bien

vraiment une stéréotypie. Sans cloute, la distinction

n'est pas toujours aisée dans la pratique, car l'idée ne

s'efface jamais d'une façon brusque et subite ; entre le

délire actif et le reliquat stéréotypé d'un délire éteint il

y a tous les intermédiaires,, et c'cst par une suite (le de-

grés insensibles que l'acte normal, extériorisation de la

pensée, se transforme en une stéréotypie vide de con-

tenu. 11 nous parait cependant essentiel de délimiter

l'activité stéréo typée ainsi que nous venons de le faire,

sous peine de voir son domaine s'étendre il tout acte

persistant ou répété chez un aliéné.

L'expression mimique de certaines obsessions pourrait

induirc en erreur. Les phénomènes pourtant sont bien

différents, car les actes dont il s'agit restent en parfaite

, concordance avec les troubles idéo-alfeetifs, et tant que

STÉRÉOTYPIE DES DÉMENTS PRÉCOCES. 217

cette concordance existe, si persistante que soit la répé-

tition des modalités expressives, on nc peut pas dirc

qu'il y a stéréotypie.

L'expression mimique de certains délires prêtent aux

mêmes considérations. Le geste du persécuté qui cent

fois par jour va regarder par le trou de la serrure, n'est

pas une stéréotypie, malgré son caractère inopportun et

sa répétition : si l'acte est absurde et abusif, c'est parce

que l'idée qui le commando est elle-même absurde et

abusive ; mais l'acte reste étroitement associé à l'idée et

c'est là le fait important.

En développant les considérations générales qui pré-

cèdent, il serait facile de montrer qu'à chaque modalité

de stéréotypie correspond unc pseudo-stéréotypie. C'est

ainsi que des pseudo stéréotypies akil1étiques sont figurées

par les altitudes volontairement conservées, en rapport

avec une hallucination actuelle ou avec une idée déli-

rante active. De même, les gestes bizarres dont certains

malades soulignent leur délire avec persistance' consti-

tuent de véritables pseudo-sléréotvpies parakinétiques,

Il ne faut pas confondre non plus la stéréotypie de l'é-

criture avec les répétitions incessantes des persécutés

graplonanes qui cherchent à attirer l'attention sur des

laits auxquels ils attachent une grande importance, en

employant à satiété les mêmes expressions, en utilisant

les pléonasmes, en accumulant les synonymes, ou en se

complaisant clans la paraphrase sans cesse renaissante

d'une même idée.

Une faudrait pas davantage confondre la stéréotypie

de la parole avec les ncologismcs qui reviennent perpé-

tuellement dans le discours de certains malades. Les

persécutés en font usage pour exprimer d'une manière

elliptique ou symbolique leurs convictions erronées, de

sorte que ces expressions verbales, loin d'être privées

de contenu, servent au contraire à fixer une pensée. Le

mot dit tout : il n'est donc pas dépourvu d'idée, tant

s'en faut. Le néologisme, quelque répété soit-il, ne de-

vient stéréotypé que lorsque le lien d'association qui le

reliait à son objet a disparu, le malade continuant à se

servir automatiquement du même langage.

Enfin le mutisme lui-même, que nous avons considéré

218 CLINIQUE MENTALE.

comme ressortissant parfois au cadre de la stéréotypie,

peut avoir un substratum idéo-all'ectif chez tel malade

qui garde le silence pour expier les fautes imaginaires

dont il se croit coupable, chez tel autre qui craint de

compromettre sa situation en parlant, chez Ici autre en-

core qui tient sa langue serrée entre ses dents parce

qu'il est en proie à des hallucinations psycho-motrices,

etc... Dans tous ces cas, l'altitude du silence a sa raison

d'être : c'est une pseudo-stereotypic qui ne deviendra

stéréotypie vraie que le jour où elle subsistera dénuée

de son ancien contenu.

Pour synthétiser les remarques précédentes, nous ne

saurions mieux fairc que de citer l'exemple d'un malade

chez lequel nous avions diagnostiqué une démence pré-

coce en nous fondant sur de prétendues stéréotypies qui'

ne se justifièrent pas clans la suite. Il s'agit d'un jeune

homme qui, après avoir été interné pour des phénomènes

passagers dcconfusion mentale avec délire hallucinatoire,

présenta ultérieurement des manifestations d'apparence

slcréot5·1>iduc. Le malade, pendant des journées entières,

tournait en huit de chiffre, les mains dans les poches ; ou

bien il répétait à liante voix le même nombre pendant de

longues heures. Le diagnostic semblait d'autant plus vrai-

semblable que le sujet traversait un peu plus tard une

période de mutisme, et opposait à la plupart des sollici-

tations une résistance voisine du négativisme. Or les faits

démontrèrent que le mutisme était volontaire et l'oppo-

sition raisonnéc. Quant aux actes prétendus stéréotypés,

ils avaient un contenu ideo-aHectif très net, une intention-

nalité parfaitement établie. Le sujet obéissait en effet à

de véritables calculs : il se persuadait à lui-même que

lorsqu'il aurait répété un certain nombre de fois le chif-

fre 13, il recevrait la visite de sa famille ; il s'imaginait

qu'après avoir fait pendant un certain nombre d'heures

le tour d'un arbre, il sortirait de l'établissement où il

était retenu, etc. Au reste, des renseignements ultérieurs

mirent en évidence des antécédents personnels extrême-

ment chargés, tant au point de vue des phobies et des

obsessions qu'au point de vue du déséquilibre moral, et

ces données jointes il l'interprétation des faits précé-

dents confirmèrent notre erreur primitive et nous firent

STÉRÉOTYPIE DES DÉMENTS PRÉCOCES. 210

rectifier le diagnostic clans le sens de la dégénérescence

mentale.

Ainsi les pseuio-stéréotypies peuvent exister dans une

foule d'affections et favoriser des erreurs. Elles existent

également au cours de la démence précoce elle-même, et

mieux encore, on peut dire que la plupart'des stéréotypies

secondaires du dément, précoce ont été précédemment

clos pscudo-stéréotypies. Cette considération nous indi-

que que, pour affirmer la stéréotypie constituée chez ces

malades, il faudra savoir interpréter « l'équivalent intel-

lectuel a de la formule motrice, si l'on peut dire, et re-

connaître sans équivoque qu'il n'existe derrière celle

formule motrice aucune idée délirante active, aucune re-

présentation hallucinatoire actuelle, aucun contenu idéo-

afl·ectif,cn un mot. C'cst d'après l'ensemble des réactions

que présente le malade, d'après sa façon générale de se

comporter, qu'on reconnaîtra si, oui ou non, il pense et

sent ce qu'il dit ou ce qu'il fait, et si la parole ou l'acte en

question mérite d'être considéré comme une véritable

expression de stéréotypie.

C. Signification diagnostique. La stéréotypie, nous

l'avons déjà dit, n'est pas l'apanage exclusif du dément

précoce, puisqu'on la rencontre dans les démences s vésani-

ques secondaires, dans les délires systématisés chroniques

et dans la paralysie générale ; mais elle prend chez lui,

au point de vue clinique, une grande importance. Sa

prédominance, surtout si elle est associée à d'autres symp-

tômes psycho-moteurs, devra toujours être prise en con-

sidération et permettre souvent au clinicien de s'orienter.

a) La stéréotypie est un des caractères fondamentaux

de l'excitation du dément précoce, tandis que ce caractère

n'appartient guère à l' excitation dit maniaque ni même à

celle du paralytique général . Et tout d'abord, l'excitation

du dément précoce, aussi bien dans les paroles que dans z

les actes, est empreinte des caractères extrinsèques de

l'activité stéréotypée. Le même acte est effectué sans

trêve, le même geste est exécuté a satiété, la même phrase

est constamment répétée. C'cst que le malade utilise un

nombre réduit de représentations, c'cst qu'il se détache

avec difficulté de chacune d'elles, c'est qu'il existe, en un

220 CLINIQUE MENTALE.

mol, derrière son agitation, un profond engourdissement

cérébral, en dépit de l'activité apparente. Cet état tran-

che singulièrement avec la richesse d'expression de l'a-

gité maniaque. Ici, les éléments de la pensée, s'ils man-

quent de coordination, restent du moins nombreux et

variés. C'est un remous perpétuel des images qui se pré-

sentent en foule et s'associent, au hasard il est vrai, mais

avec une dextérité remarquable ; c'est un flot de paro-

rolcs traducteur de l'idéorrhéc ; c'est un luxe inouï dans

les gcsLes, un inépuisable défilé de mouvements. Il ne

s'agit, plus ici d'unc excitation uniforme et pauvre dans

ses manifestations, mais d'une excitation mobile etcssen-

tiellement polymorphe.

Cc n'est pas tout. On retrouve, même dans l'agitation

du dément précoce, le caractère intrinsèque fondamental

de l'activité stéréotypée, c'est-à-dire l'absence de con-

tenu idéo-alfeclif. Chez le maniaque, l'excitation motrice

est la traduction directe d'une excitation intellectuelle ;

elle ne fait qu'extérioriser l'exaltation des facultés idéa-

tionnellcs, sensitives et volilionnelles du sujet. Chez le

dément précoce, au contraire, l'excitation motrice sc tra-

duit en dehors de l'activité psychique, ct cn quelque sorte

pour son propre compte ; elle n'est nullement le reflet de.

cette activité. Le divorce entre l'aclc et l'idée apparaît

avec évidence dans toutes ses manifestations.

En résumé, tandis que le maniaque se signale par la

variété incessante et la richesse de son activité motrice,

laquelle est l'expression parfaitement adéquate de son ac-

tivité intellectuelle, le dément précoce agité se reconnaît

à la monotonie et à la répétition des mêmes mouvements,

effectués sans aucun rapport avec un substratum d'hyper-

activité idéationnelle.

b) L'évolution vers la stéréotypie est encore un des

caractères fondamentaux du délire chez le démentprécoce,

tandis que ce caractère n'apparaît que très tardivement

dans les délires systématises chroniques et n'appartient

guère aux délires polymorphes des dégénérés.

Le délire du paranoïque est une eau stagnante ; il n'é-

volue pas ; il a plutôt tendance il se figer qu'a se systé-

matiser. L'expressiun des conceptions erronées sous une

forme de plus eh plus monotone et la persistance de la for-

STÉRÉOTYPIE DES DEMENTS PRÉCOCES. 221

mule motrice après disparition de ces conceptions mêmes

est un trait de première importance qu'il emprunte à la

stéréotypie.

, c) Si nous passons maintenant de la période initiale ou

d'activité à la période terminale ou de démence défini-

tive, nous devons reconnaître que l'état démentiel du

dément précoce, question d'évolution à pari, n'est pas un

état démentiel quelconque, et il tient justement son ca-

ractère spécifique de la stéréotypie.

L'existence d'un reliquat stéréotypé au milieu de l'af-

faiblis ! ->cl1lcnt intellectuel général, le cachet tout parti-

culier de monotonie et d'automatisme que revêt l'acti-

vité motrice, la verbigération qui est parfaitement dis-

tincte de la confabulation et du radotage, sont autant

d'éléments qui devront donner l'éveil, en contribuant à

distinguer l'affaiblissement définitif du dément précoce

de l'affaiblissement définitif du dément vésanique secon-

dairr. du dément s-énile, du paralytique général, et de 17-

diot.

D. ^Signification pronostiqua. - L'intérêt delà con-

ception inaugurée par l'école d'IIeidelbcl'g ne réside pas

tant dans le fait de réunir a posteriori des formes clini-

ques ayant même issue que dans celui de grouper des

données susceptibles de laisser prévoir qu'un état d'agi-

tation, de dépression, onde délire, évoluera vers la dé-

mence ou tout au moins vers un état définitif d'affaiblis-

sement intellectuel relatif.

Or, parmi les signes capables de faire augurer pareil

dénouement, la stéréotypie occupe une place vraiment pré-

pondérante, il condition qu'elle soit envisagée dans l'ac-

ception précise que nous avons cherché il délimiter, Un

effet, si l'on appelle « stéréotypie » toute attitude qui per-

siste ou tout mouvement qui se répète chez un aliéné,

ce mot ne représentera plus qu'un cadre extrêmement

vague et remarquablement élastique où l'on pourra voir

les réactions conscientes et volontaires d'un délirant cou-

doyer le spasme réflexe d'un malade agité de secousses

convulsivcs. Alors il ne faudra pas s'étonner si les diffé-

rents auteurs placent le plténpmène en question aux de-

grés hiérarchiques les plus opposés de notre activité mo-

222 CLINIQUE MENTALE.

trice, et n'en déduisent aucune signification pronostique.

Mais si l'on accorde au mot « stéréotypie » le sens précis

que nous avons voulu lui donner, il n'est pas possible d'y

voir autre chose qu'un phénomène automatique, témoi-

gnant d'une déchéance profonde des facultés directrices,

et il est permis d'en déduire une signification psychologi-

que fâcheuse qui.d'une façon générale.n'avait pas échappé

aux anciens psychiatres.

A un point de vue spécial, la question peut être posée

sur un autre terrain. On sait en effet,que le dément pré-

coce n'est pas voué forcément à ce degré ultime de dé-

chéance que les Allemands désignent sous le nom de

« BlÙtlsilln )) il peut s'immobiliser clans un état d'affai-

blissement relatif, et cet état équivaut même il une gué-

rison, dans les cas bénins. Or. la stéréotypie est-elle un

signe capable de faire prévoir, au cours d'une démence

précoce diagnostiquée, le degré d'affaiblissement dans le-

quel le malade devra définitivement s'immobiliser après s

la période active de la maladie ? ' ?

Avant de répondre il cette question, il est une contra-

diction apparente que nous voulons éclaircir, en manière

de préambule.

Nous avons laissé entendre que la stéréotypie, en tant t

que signe démentiel, avait une valeur pronostique de fu-

neste augure. Or, nous savons la fréquence toute parti-

culière des attitudes fixes et, clos mouvements monotones

clans la forme catatonique de l'affection, et voici juste-

ment que tous les auteurs s'accordent à considérer celle

forme comme la plus curable, à ce point que d'après

Kroepelin lui-même, les catatonique^ dans 40 % des cas

se cantonneraient dans un état d'affaiblissement appro-

chant plus ou moins (lc la guérison.N'y a-illlas launein-

compatibilité flagrante ? ` ?

C'est ici le lieu de rappeler la division que nous avons

établie plus haut et sur laquelle nous ne saurions trop

insister. Les altitudes fixes eL les mouvements répétés

ne sont pas exclusivement réalisés sous l'influence d'un

affaiblissement intellectuel effectif, ayant sa raison d'être

dans une atteinte profonde et irrémédiable des éléments

les plus vulnérables ; ils peuvent être réalisés aussi sous

l'influence d'une simule suspension des facultés, appa-

STÉRÉOTYPIE DES DEMENTS PRÉCOCES. 223

raissant de lionne heure, à la faveur d'une action directe

d'un principe modificateur sur les cellules cérébrales, ac-

tion d ailleurs susceptible de rétrocéder après disparition

de ce dernier. En un mot, il y a, d'une part,les stéréotypies

primitives, c cst-a-dire les altitudes fixes et les mouve-

ments répétés delà période active qui sont des manifes-

tations directes du processus morbide, et qui témoignent

d'un engourdissement psychique; puis il y a d autre part

les stéréotypies eco7 ? ! r.c cst-a-dire les attitudes fixes

et les mouvements répétés de la période résiduelle, qui

témoignent d'une désagrégation intégrale des éléments

de l'esprit. Or, si le second groupe est du plus funeste

présage, le premier nc préjuge de rien quant à la termi-

naison définitive do la maladie, et c'est justement à lui

qu'appartiennent la plupart des altitudes fixes et des

mouvements répétés du catatonique. Mais il faut remar-

quer qu'eu pareille circonstance, les attitudes et les

mouvements en question sont généralement escortés de

phénomènes intenses et caractéristiques, tels que rai-

deur catatonique, flexibilité cireuse ou négativisme.

Nous croyons donc pouvoir déduire de ce qui précède

cette notion générale, à savoir que : si les altitudes fixes

et les mouvements répétés s'accompagnent de phénomè-

nes catatoniques intenses et font partie d'un épisode aigu,

on ne peut conclure il aucun pronostic ([liant l'évolution

ultérieure. car il peut s'agir d'une suspension temporaire

de l'activité psychique, et ce symptôme' pourra rétrocé-

der avec ceux qui lui l'ont escorte ; si, au contraire, la fi-

xité d'altitude ou de mouvement s'installe progressive-

ment, d'une façon torpide. et persiste alors qu'il n'existe

ni agitation, ni stupeur, ni manifestations calaleploïdes,

on doit songer à une déchéance effective n'ayant aucune

chance de répression, et qui devra s'accroître de jour en

jour, pour aboutira un étal de « désorganisation organi-

sée ·, à plus ou moins brève échéance.

IV. Convalescence et stéréotypie. Il est bien C1CC1)-

lionncrflu'llll dément précoce recouvre intégralement sa

mentalité passée, et l'on peut dire que dans la grande

majorité des cas. les malades considérés' comme guéris

conservent un certain degré d'affaiblissement relatif, si

22l t CLINIQUE MENTALE.

bien qu'il serait plus juste de les considérer comme des

«convalescents il perpétuité ». Or travers cette con-

valescence de l'activité mentale, quelque chose transpa-

raît qui frappe assez rapidement l'observateur attentif et

qui distingue l'activité en question d'une activité com-

plètement normale : ce quelque chose, c'cst encore la

stéréotypie.

L'ancien malade aura les allures extérieures d'un hom-

me « comme un autre ··, il sera capable d'occupations

régulières et l'on pourra l'utiliser à de menues besognes.

Néanmoins, si on l'examine plus attentivement, on trou-

ve que son activité est plus automatique que raisonnée.

et qu'elle s'assimile difficilement à une finalité nouvelle

ou inattendue, tandis qu'elle se met avec la plus grande

aisance au service de mouvements suffisamment simples

et se répétant en séries. Il n'est même pas exception-

nel de voir un geste ou une parole stéréotypée s'interpo-

ser encore sans raison et sans but dans le cours de cette

activité d'apparence normal. Si l'affaiblissement n'est pas

trop considérable, le sujet peut retenir quelques associa-

tions d'idées très élémentaires, comme celles qu'on uti-

lise.a l'accomplissement de certains ouvrages domesti-

ques ; ces associations tendent a se fixer par la répéti-

tion. d'où il résulte que le malade, sans avoir une cons-

cience très nette du but et des rapports de sa tâche, s'y

emploie d'une façon purement machinale, et l'exécute

disons le mot d'une façon « stéréotypée ».

Chez les sujets peu atteints, on peut se demander s'il

ne serait pas possible de tenter une rééducation ayant t

pour effet de lutter contre cette tendance à la stéréotypie,

par un exercice journalier de l'activité associative et du

pouvoir inhibiteur, grâce auxquels l'acte normal reste

intimement uni il la pensée. On pourrait utiliser à cet

effet une sorte de « discipline psycho-motrice » pour em-

ployer une expression de l3rissaml. Nous doutons fort de

l'efficacité de celle méthode, le cas échéant. Toujours

est-il qucjusqu'ici, les cliniciens n'ont pas eu la patience

d'en vérifier les effets sur de semblables malades.

Il est un fait beaucoup plus positif, et qui émane d'une

orientation diamétralement opposée. Les malades guéris

avec un reliquat d'affaiblissement intellectuel conservent

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 225

une tendance à la stéréotypie, et l'on peut dire mieux

cette activité stéréotypée leur constitue comme un-

« moignon » d'activité mentale. Ce moignon, il faudra

savoir l'exploiter, et en tirer le maximum d'avantages,

de même que l'amputé s'ingénie à profiter adroitement

du reliquat que la fortune a bien voulu lui laisser. si mi-

sérable soit-il. Or, nous savons que l'activité automati-

que et à formule uniforme a justement sa raison d'être

dans une foule de travaux manuels, et d'une façon géné-

ralc dans la plupart des actes qui doivent se répéter tou-

jours identiques à eux-mêmes. On peut même dire que

ce perfectionnement de l'activité automatique avec sup-

pression progressive des interventions volontaires et

conscientes de l'écorcc représente toute l'éducation pra-

tiquc des professions inférieures.

Il y a donc là un champ d'activité restreinte qui peut

et doit être exploité dans la détermination d'un rôle so-

cial capable de s'adapter à la mentalité nouvelle de l'an-

cien malade. N

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE

PATHOLOGIQUES

XXXVI. Sur la forme du palais chez les aliénés; par Ferdi-

nando UGOLOTTI. (liev. sp. di frein. t. XXIX, fasclll.)

Sur 1000 crânes d'aliénés,la forme du palais, en ce qui regarde

la disposition de l'arcade alvéolaire, que l'on rencontre ordinai-

rompent est le type hyperbolique et parabolique ; exceptionnelle-

ment, 10 %, le type elliptique ; jamais une véritable forme en up-

silon.

Si l'on considère la l'orme du palais dans la configuration de la

voûte, comme règle c'est le type normal ; comme exception le

type plat 8 % et le type ogival 3 % .

Des recherches qui ont été faites par les observateurs sur des

crânes de normaux, d'aliénés et de criminels, l'auteur pense que

l'on doit admettre que les aliénés ne présentent pas de particula-

rités caractéristiques dans la forme du palais et qu'il est préma-

turé d'établir des rapports entre la dégénérescence et les anoma-

lies de la voûte palatine, ainsi que l'on a cherché à le faire, spé-

cialement pour la forme ogivale. J. SÉGLAS.

Archives, 2" série, 1905, l. XIX. 15

226 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

XXXVII.- Les fonctions sensitives et psychiques chez les

hémiplégiques ; par Francesco 111ARInIO. (Annal, di neurol.

anno XXII, fasc 1-11.)

Toute hémiplégie est presque constamment accompagnée de

troubles de la sensibilité proportionnels à l'intensité de la para-

lysie : l'absence est l'exception. L'hémianosthésie typique super-

posée à l'hémiplégie complète est une hémianesthésie surtout des

extrémités, caractérisée par l'affaiblissement complexe de tous

les modes variés de lasensibililé élémentaire et de l'acinesthésie.

C'est ainsi que pour la sensibilité tactile, on constate une dimi-

nution plus ou moins accentuée de l'intensité des perceptions tac-

tiles, mais surtout une modification qualitative de la sensation qui

se présente moins nette qu à l'état normal, ce qui produit un défaut de

distinction de la qualité du contact et un défaut de la localisation

de la surface cutanée. Dans la sensibilité à la douleur, outre la

diminution de l'intensité de la perception, qui est inconstante, il y

a un défaut de localisation et de la perception delà nature de la

sensation dolorifique. Assez fréquemment, il y a des phénomè-

nes de thel'modysesthésie, surtout au début de la maladie. Dans

les formes moins graves d'hémiplégie, .les troubles de sensibilité

sont moins marqués et ont la même distribution topographique

que les troubles moteurs. Le rapport de fréquence et de pa-

rallélisme existant entre l'hémiplégie et les troubles sensitifs

tendraient à confirmer ce que les dernières recherches anatomi-

quee semblent avoir établi. Les fibres sensitives passeraient

dans la capsule interne mêlées aux libres de mouvement dans

toute la branche postérieure ; et, conservant ainsi des rapports

intimes à travers le centre ovale, iraient se terminer dans la zone

pararolandique sensitivo-motrice. Le phénomène de dissocia-

tion sensitive est rarement observable dans l'hémiplégie; anal-

gésie et, thermoclysesthésic, avec un très léger affaiblissement

de la sensibilité tactile,telle eslla forme de dissociation nolée par

l'auteur au cours de ses recherches.

En ce qui concerne les fonctions psychiques, même dans les

cas où l'interrogatoire est le plus favorable, on note toujours chez

les hémiplégiques, par comparaison avec les autres chroniques,"

une spontanéité, une initiative amoindries, une condition mani-

feste d'infériorité psychique complexe dans le jugement, et le

raisonnement, par défaut de critique. Les fonctions intellec-

tuelles sont toujours plus ou moins atteintes dans quelqu'un de

leurs éléments. Ainsi de la simple difficulté de fixer l'attention on

arrive quelquefois aune distraction presqu'incorrigible ; d'un lé-

ger ralentissement do l'activité idéative dv un défaut absolu ; si le

contenu des idées est parfois restreint, souvent il y a une pué-

rilité des conceptions, avec des raisonnements Ni(l(,s de sens ou

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 227

décousus. La caractéristique la plus nette de faffaiblisement men-

ta) itemiplegiqueest la diminution de la mémoire, presque cons-

tante ; d'abord de caractère anLérograde par défaut de fixation

et portant ainsi seulement sur les faits récents, parfois elle de-

vient anlérograde progressive, selon les lois de Ribot. La dimi-

nution du champ intellectuel, en outre du facteur précédent,

tient encore à l'affaiblissement parallèle de tous les modes de

l'activité psychique, dû en grande partie à un manque d'exercice,

à une atrophie e.x non usu, si bien qu'au point de vue psychologi-

que on a pu conseiller la rééducation motrice qui dev ientpar cela

même une rééducation psychique. Les fonctions affectives ont été

rarement trouvées normales dans tous leurs éléments : l'afTecti-

v ité est presque toujours conservée, mais si l'on regarde de près,

elle est en rapport avec une exagération de l'égoïsme de l'hémi-

plégique qui ressent plus vivement de l'affection pour les person-

nes qui en le visitant lui apportent quelques douceurs, lui inspi-

rent de l'espérance, l'aident à supporter son mal. Le sentiment

de la moralité est souvent troublé, comme on le voit dans cet Lai-

nes réticences, des réponses ambiguës ; tandis que le sentiment

religieux est très développe, souvent exagéré, même chez ceux

dont lesautres modes d'activité psychique se montrent affaiblis.

Dans l'ensemble, les sentiments égoïstes, communs à tous les in-

firmes chroniques, se rencontrent chez l'hémiplégique exagérés

aux dépens des altruistes. L'émotivité de l'hémiplégique, si elle

est, à l'origine, une réaction logique et consciente -us-à-vis de

son véritable état, est toujours par la suite pathologiquement ac-

crue, se traduisant par une tendance surprenante aux larmes,qui

(le\ il'nl'à la longue automatiquement périodique, même sans

motifs extrinsèques suffisants à l'expliquer. A l'inverse des cas

plusfréquents d'affaiblissement physique et mental qui se rencon-

trent chez l'hémiplégique, qui dédaigne presque toute tentative

de réaction psycho-motrice, il en est quelques-uns qu'une irrita-

bilité persistante et l'intolérance de leur desfinecconduit àla perle

de l'instinct de -consenation, tant l'existence leur est de\enue

pénible et insupportable. La volonté est presque toujours abo-

lie comme mode d'activité dynamique, plus rarement comme

volonté d'arrêt, et seulement chez les malades toujours en état

d'excitation, alors que la plupart, déprimés en général,ne sont

qu'episodiquement excités. Même chez les hémiplégiques qui

pem ellt apparaître, à un examen superficiel, comme psychique-

ment normaux, quand il existe des stigmates permanents d'hé-

miplégie, il y a toujours des stigmates plus ou moins graves et

manifestes de défectuosités psychiques.- La constatation de ces

symptômes multiples d'involution conduit à penser que, plutôt

que les traitements internes, c'est la rééducation motrice et psy-

chique, précoce et progresse, qui est le mode de traitement

228 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

le plus rationnel, le plus capable, sinon de ramener le malade iL

sonétat antériemylu moins d'éloigner et d'atenuer les symptômes

de la démence terminales. L SLGLAS.

\l\'lll. - Les symptômes pupillaires d'après les nou-

velles recherches de physiologie pathologique ; par Si-

CILIANO. (Riv. crit. di clinica medica, n° 18, 190'L)

Après a\oir résumé les travaux de Schirmer, Benlteimer, Boclr,

Merma, Lev insulut, llil)l)el, Buiiclçe, Brameslein, l'auteur conclut

qu'il n'est pas encore possible de donner une localisation anato-

mique exacte au phénomène clinique de la pupille tabétique.

L. W.

XXXIX. Hérédité physiologique et pathologique ; n° 4.

Résumé d'un article de Bogie dans les Archives médicales belges.

L. W.

XL. Anatomie pathologique et bactériologie de la

paralysie ascendante de Landry ; par Xazari. (Rie. crit.

di clinica met" 1901, n° 38.)

b

Il existe certainement une myélite à marche suraigue qui se

rapproche plus ou moins du tableau clinique dressé par Landry

et qui est certainement de nature infectieuse et déterminée par

des microorganismes de diverses espèces et desquelles l'auteur

cite des exemples plus ou moins h piques, plus ou moins com-

plètement étudiés. L. W.

XL1. Les troubles vaso-moteurs dans les névroses ; "*

par GrtACnETTr. (Riv. crit. (li clinica Met ? 1901, n° 5.)

Ce fravail est inspiré par la thèse du regretté Apte, victime du

Métropolitain. Un premier groupe est formé par les hystériques

stigmatisées, c'est-à-dire de celte variété d'extatiques qui « comme

le dit LiLLr, après une contemplation habituelle de la Passion de

Jésus-Christ finissent par éprouver des douleurs ou des manifesta-

tions pathologiques (les stigmates) dans les parties du corps où

furent plantés les clous et portés les coups de lance ». L'auteur

rappelle l'observation de Saint-François, de la dame : mollis, de

Marseille, de Louise Lateau, de Madeleine, malade de Pierre Ja-

net. Dans le même groupe se placent l'oedème tlcnmograllliitlue

et l'oedème bleu des hystériques. Un : le groupe est celui des psy-

chasthéniques qui ont des troubles trophiques au ni\eau des ex-

trémités, des sueurs profuses, de la sécrétion d'eau par le sein et

les pemphigus d'origine purement psychique apparaissent sous

l'influence du mécanisme de l'idée fixe. Ce dernier groupe a été

étudié spécialement par les professeurs ? met et lian mond. '

.' . . - L. Wahl.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 229

XLII. -Les rayons Blondlot (rayons iV);par CiARAuri.(71'i'i-wta

critica di clinica medica, 1904, n° G.)

Historique des découvertes de Blondlot et Charpentier.

Pull. - Une preuve de l'existence des nerfs trophiques ;

par Siciliano. (Rivisla critica di clinica mediea, 1904, u 6).

Admise en clinique, l'existence de ces nerfs était niée dans les

laboratoires : Pogaro, de Païenne, a lait l'expérience suivante : Un

chien reçoit une injection endoracliidienne d'acide prussique au

centième qui supprime la sensibilité et la motilité, amène l'in-

continence des urines. Peu à peu ces phénomènes disparaissent

mais laisscnlà leur suite, ! lans la, région extel'l1e des hanches, des

phénomènes dystrophiques : taches sur la peau, alopécie, etc., qui

peuvent gagner en profondeur. Ces lésions sont d'une symétrie

parfaite sur les régions homologues des jambes et .des pieds :

cependant, il y a prédominance des lésions du côté sur lequel

l'animal se couche. L. W.

XL1V. Nouvelles études sur le cervelet ; par SICILIANO.

(/)'n). crit, di clinica medica, n° 7, 1904.)

Plusieurs opinions sont en présence. L'opinion classique en

Italie est celle de Luciani : les animaux privés de cervelet pré-

sentent do l'astasie, de l'atonie, de l'asthénie. Pour Lewaml owsky,

la destruction du cortex cérébelleux entraînerait comme l'a

démontré Lussana des phénomènes de déficience dus à des

troubles du sens musculaire. Un sait ce qu'on entend en physio-

logie par ces mots. Peu à peu ces troubles se localisent à un côté

du corps en rapport a\ec la localisation cérébelleuse. De ce trou-

ble de la sensibilité résultent l'astasie, l'atonie, l'asymétrie des

animaux en expérience : cet étal serait pour Lewandowsky oisin

du tabès. Les expériences de Pagano a ec le curare semblent indi-

quer que ces troubles relèvent de l'excitation et non de la dépres-

sion. Pour Ducceschi et Sergi, la clinique démontrerait que l'a-

taxie cérébelleuse ne serait pas de nature sensitive mais bien,

comme l'enseignait Luciani, de nature motrice. Pour Stefani, il y

a ressemblance absolue entre les troubles cérébelleux et ceux dus

à des lésions du labyrinthe : cet organe étant toujours dans un

état d'excitation Ionique sous .l'influence du cervelet « le cervelet,

dit-il, est un centre d'activité avancée du labyrinthe, activité qui

se manifeste en maintenant dans un état de tonus, coordonné

aux besoins de l'équilibre et de l'orientation ». L. W.

XLV. - Les altérations histologiques du système nerveux

dans la méningite ; par Stefanelli. (Rivista critica di cli-

nica medica, no 14.)"

L'abondance del'exsudat est loin de rendre compte de tous les

230 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

phénomènes morbides des méningites. Il y a des lésions de la

substance nerveuse elle-même déjà signalées parle Pr de Grocco

et Bozzolo ; elles ont été étudiées récemment par Ai,iiiai](1 Delille,

Piéri, L-,ti-nel-Liasliiie, Sitvestrini. II y a une diminution con-

sidérable de la substance chromatique, des lésions diverses du

noyau, de la déformation protoplasmique; les cellules neuropliages

envahissent les éléments déformés. Ces lésions peuvent exister

aussi bien dans le cortex que dans les divers noyaux gris de l'en-

céphale (lfaUl'c et Laignel-La\astine), Il y a d'ailleurs une relation

très étroite entre les symptômes et le siège des lésions. Mais l'into-

xication générale domine la scène dans un certain nombre de

cas. Le méninâisme est probablement dû il des lésions qui sont

compatibles avec une 1'estitutio ncl integrum plus ou muins com-

plète. L. W.

XLVI. Les localisations motrices spinales et la théorie de

la métamérie ; par C. PARHONoL l\I.GOLDSTEIN, (Nenroloy.

Centralbl" XX, 1901.\ ..

Après avoir désarticulé, chez des chiens, les divers segments

des extrémités antérieures et postérieures, les auteurs étudient

l'état des différents groupes de cellules de la moelle dans les seg-

ments de cet organe préalablement décrits. 11 faut suivre cette

analyse dans le mémoire au moyen des ligures.

Ils prétendent que les groupes do cellules distingués ne repré-

sentent toujours pas une seule et même chose : tantôt ils repré-

sentent le centre d'innervation d'un muscle, d'un segment de

membre; tantôt ils représentent le centre d'un nerf ou d'une de

ses branches ; fort suu uut,le centre d'un muscle isolé ou de plu-

sieurs muscles à fonction commune. Le moment n'est pas en-

core venu d'établir une loi qui présiderait aux localisations spi-

nales motrices, Aucune des théories exprimées n'est satisfaisante.

L'opinion la plus en harmonie anec les faits est celle qui ratta-

che ces localisations aux fonctions des muscles.

Quant aux localisations spinales vaso-motriceset trophiques des

extrémités, les résultats ont été jusqu'ici négatifs.

Les opinions formulées au sujet des localisations spinales sen-

sitives ne sont pas toujours concordantes. Il faut de nouvelles

expériences, et surtout, une nouvelle méthode. P. KERAVAL.

XLVI1. Contribution à la connaissance du gisement des

nerfs craniens moteurs dans le pied du pédoncule céré-

bral ; par G. 1311CELES. (Neurolog. Ceatratbl., XX. 1901.)

Pièce anatomique provenant d'un homme atteint d'endocar-

dite et ayant eu de l'aphasie motrice, de l'hémiparésie droite. Un

trouve dans l'hémisphère cérébral gauche un gros foyer de ra-

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 231

mollissementà travers toute la 3e frontale, un fojer de ramollis-

sement plus récent au tiers inférieur de la frontale ascendante,

un petit foyer dans le fobufe pariétal inférieur. Ces foyers super-

ficiels n'empiètent que de quelques millimètres sur la profon-

deur.

11 existe dans le pied du pédoncule une dégénérescence des-

cendante située en dedans du faisceau pyramidal proprement

dit, tout àfait indemne ; rien dans la moelle même. Si l'on se ré-

fère au schéma d'Ollersteiner, la dégénérescence ne porte que sur l'

les nerfs crâniens moteurs, en particulier l'hypoglosse et le fa-

, cial ; c'est donc que nous avons affaire à la dégénérescence des

nerfs crâniens moteurs, et que ceux-ci sont situés en dedans du

faisceau pyramidal proprement dit dans le pédoncule cérébral.

P. KERAVAL..

XLVM1. Contribution à la conservation de la coloration

des fibres; par M. E. STRANSKY. (0-0. Cenfralbl" Xi. 901.)

La paraffine liquide a.les avantages de la glycérine, sans en

avoir les inconvénients. Claire, transparente, inodore, elle est

bien liquide, ne sèche ni ne s'évapore à l'air, est d'une densité

plus légère que l'eau, ne confient pas de germes, imbibe complè-

tement et rapidement les préparations auxquelles elle donne

plus grande souplesse et inclusion plus parfaite que la glycérine.

La teinte de la coloration pas la moindre modification,

même après des semaines et des mois.

Seulementla paraffine liquide ne se mêle pas à l'eau. Aussi les

nerfs colorés à lasafranine (sall·aninc, ? ; eau distill. 200 ; al-

cool absolu, 20) seront préalablement déshydratés quelques

minutes dans l'alcool absolu, puiséclaircis dans le xylol pur. Les

préparations peuvent dans la paraffine liquide être dissociées im-

médiatement ou après n'importe quel temps de séjour. L'addi-

tion de 1 ou 2 gouttes de xylol est avantageuse.

La paraffine liquide n'altère pas les colorations à l'acide osmi-

que ni celles de Marchi ; elle ne change pas artificiellement la

structure. Le carmin, l'éosine, la safranine, le rouge Magenta, la

fuchsine, l'orange, le bleu d'aniline, le vert de méthyle, sont dis-

sous par la glycérine et simplement linement émulsionnés par la

paraffine liquide. P. KERAVAL.

YLl ? Un tératome de la glande pituitaire chez le lapin ;

par A. MARGULIES. (.Veu-ol. Centralbl., XX. 1901.) .)

Trouvaille accidentelle, l'animal n'ayant, pendant la vie, rien

présenté de particulier; il n'existait [point d'ailleurs de lésions

profondes du cerveau. Tous les organes du corps étaient sains et

bien développes. Figures.

232 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

La base du cerveau est occupée par une vésicule un peu plus

grosse qu'un pois, pleine d'un liquide clair, qui adhère, en bas, il

la tige du corps pituitaire et pénètre en haut la substance cé-

rébrale, f

C'est un kyste à plusieurs loges qui a d'abord adhéré, par son

extrémité inférieure, aiutuber cinereum, puis s'est logé sur le

chiasma et entre les nerfs optiques qu'il a écartés sans en altérer

la structure. Chaque logo est résolue d'un épithélium disparate

ayant une ressemblance éloignée avec celui de la trachée, de l'oe-

sophage, de la portion pylorique et de la grosse tubérosité del'es-

toma3 ; le tissu conjonctif qui sépare les loges contient des glan-

des, des fibres musculaires lisses et striées, un cartilage hyalin.

C'est un tératome dû à un trouble de construction d'un seul

embryon. L'étude du développement do la glande pituitaire d'a-

près ilIihalko\ics, Kupffer, Xubsbaum, permet de croire ce qui

suit. t.

Ou la poche de Secssel, conservant sa canalisation supérieure, a

continué de bourgeonner, ce qui a empêché le développement des

produitsectodermicluesnormaw, ou la poche de Hathke ne s'est

formée qu'incomplètement, voire pas du tout, et seul l'entocler-

me de l'organe praL-inteslinal a été employéàla construction du <

corps pituitaire ; nulle part, en effet, on ne saurait trouver le

moindre indice du tissu normal de la glande pituitaire. Ces trou-

bles se sont certainement produits à une période embryonnaire

très primitive.

La partie relativement très petite de l'entoderme qui a ser\i à il

former le tératome a suivi l'élan de l'organe prrc-intestinal ; elle

a engendré des tissus ayant la structure de l'estomac, de l'oeso-

phage, de la trachée, des glandes sali\ aires de l'animal adulte.

Dieu plus, le mésoderme, dans la glande pituitaire normale,

ne fournit que des vaisseaux avec le tissu conjonctif concomitant.

Or, ici, il a, comme le mésoderme de l'organe hrw-inteslinal,

fourni tissu conjonctif, fibres musculaires lisses et striées, carti-

lage. P. 11FRAV.1L.

L. De l'origine du nerf dépresseur du coeur; par G.

, ]ors-rcl(. jl\'eirol. Centralbl.,\\. 1901.)

Cyon et Ludwig ont trouve que leur nerf dépresseur du coeur

émanaiL,par une racine, du laryngé supérieur, par une autre ra-

cine, du pneumogastrique, qu'il descendait tout contre l'aorte,

que, dans la cavité thoracique, il s'unissait à d'autres nerfs issus

du ganglion étoile, que, finalement entre l'aorte et l'artère pul-

monaire, il se résohail en ramuscules échappant dans le tissu

connectif compact à l'oeil nu.

De nouvelles recherches expérimentales et anatomiques dé-

montrent que ce nerf sient du pôle supérieur du ganglion jugu-

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 233

laire, qui sert aussi d'origine aux portions sensitives du pneumo-

gastrique et du laryngé supérieur ; il se termine, par son bout pé-

('iphériqul',dans l'aorte.11 est donc non le nerf sensitif ou réflexe

du myocarde, mais le nerf sensitif de l'aorte.

Quand la pression augmente dans le ventricule gauche, l'onde

sanguine, violemment, projetée contre la paroi interne de l'aorte,

dilate la paroi de cette artère, et excite ainsi, par la tunique in-

terne, le nerf dépresseur. Cette excitation diminue, par action

réflexe, l'activité du centre vaso-moteur. Les vaisseaux se dilatent,

et, par suite, la pression s'abaisse dans le système vasculaire : le

travail du coeur est ainsi facilité, d'autant que Cyon et Lullwig

nous ont déjà appris que le nombre des battements du coeur est

simultanément diminué. P. 11ER.1VAL.

LI. La voie tectospinale descendante, le noyau intra-

trigéminal et les points de repère d'orientation de la

rétine ; par U. lOIINSTAl,1. (Netwol. Centmlblatt, 190'0.)

De la substance blanche profonde du tubercule quadrijumeau

antérieur partent, d'après Ill'Id, Hedlich, Prohst, les libres de l'en-

trecroisement dorsal (en fontaine) de la calotte de Meynerl ; ces

fibres tendraient ensuite par le faisceau longitudinal postérieur,

à gagner le cordon antérieur de la moelle du côté opposé. En ef-

fet, de la région du noyau du trijumeau partent des libres qui

s'appliquent à la face antérieure du faisceau longitudinal posté-

rieur et paraissent passer à l'entrecroisement dorsal de la calotte

de JlL'YJ1l'rL (coloration de Weigert). D'autre part jl existe des cel-

Iules à structure motrice qui sont en plein milieu du noyau mé-

scncéphalique du lrijumeau (territoire du tubercule quadriju-

meau antérieur) et qu'on a par suite désignées sous le nom de

noyau spinal du toit, noyau intrat¡'igc ! ¡1Ú¡wl, Ell bien ! les fibres

qui \ont au faisceau longitudinal postérieur contiennent-elles

celles qui viennent du noyau intratrigéminal quel est leur Ira-

jeu ultérieur dans la moelle ? '1

De ses recherches, l'auteur conclut :

1" Le noyau inlratrigéminal est le seul noyau qui fournisse

des fibres spinales dans le territoire du toit du tubercule quadri-

jumeau antérieur ; 5° La partie principale des fibres qui for-

ment l'entrecroisement dorsal (en fontaine) de la carotte de Mey-

nerf constitue le tractus tectohulbaire qui n'atteint pas la moelle.

;\0 Le tractus tectobulbaire est propre il assurer la communica-

tion des terminaisons Lectales des nerfs optiques et des détermi-

nantes excitomolrices des mouvements oculaires dans la sphère

du noyau sensitif du trijumeau. Ainsi peut s'orienter la rétine.-

4° La pointe ventrale du noyau (frontal) spinal du frijumeau

donne naissance à un analogue du faisceau latéro-cérébelleux.

P. KERAVAL.

234 REVUE d'.ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

LU. Observation de dégénérescence ascendante des fi-

bres du faisceau pyramidal ; contribution à l'interpré-

tation des préparations traitées par la méthode de

Marchi ; part. PETRÉN. (1\7eL(1-010g. Centralblatt, XXII, 1903.)

Un homme reçoit un coup de pied de cheval entre les épau-

les. -

11 se relève et fournit encore une marche de 10 kilomètres.

Le lendemain seulement, il présente les symptômes d'une lé-

sion transe erse cle la moelle, au niveau du premier segment dor-

sal. Il meurt 2 mois 1/2 après d'infection urinaire et de décubitus.

(1Vordishtmedic. Arkiv. 11, 1901, n° 14.)

On constate une dégénérescence descendante des faisceaux py-

ramidaux, tant dans les cordons latéraux que dans les cordons

antérieurs.

En outre, au-dessus de la lésion, tout le territoire des mêmes

faisceaux contient une quantité anormale de grosses molles noi-

res à contours irréguliers, également réparties, sauf qu'elles sont

un peu plus rares dans les fibres des cordons antérieurs que dans

celles des cordons latéraux; leur quantité demeure constante sur-

foules les coupes trans\ erses depuis l'endroit où la moelle a été

lésée jusqu'àun morcewsitué en haut dans laprotubérance(oitse

termine l'examen). Bien que le nombre de ces fibres dégénérées

soif assez faible, le faisceau pyramidal tranche du fait (le leur

présence sur les parties environnantes de la substance blanche

respectées par la dégénérescence secondaire. On ne saurait attri-

buer cet état à un vice de technique, d'abord parce que son in-

tensité est constante sur toutes les coupes, puis parce qu'il con-

traste avec le reste de la coupe transverse non dégénérée.

Il y a lieu de croire que le territoire du faisceau pyramidal con-

tient un nombre modéré de fibres très longues dont la direction est

ascendante. P. KERAVAL.

Llll.- Contribution à la connaissance des affections mus-

culaires post-typhiques ; par P. Krause. (Centralbl. ? \\'r-

venheilh, XXV, N. l. Xlll, 1902.)

Observation de parésie musculaire des deux psoas iliaques, des

fessiers, des fléchisseurs de la jambe. La répartition de la para-

lysie, l'absence de tout trouble de la sensibilité, de sensibilité à

la pression des troncs nerveux, de réaction dégénérative, l'allure

des réflexes, tout cela élimine une lésion des nerfs. Tout porte à

croire à l'existence de la dégénérescence des fibres musculaires

striées qui, d'après Zankcr, serait aussi constante, bien que plus

variable en intensité et en étendue, que les lésions de la mu-

queuse. Granuleuse, amyLoïdeou mixte, elle atteindrait, par de-

gré de fréquence descendante, le droit abdominal, le pectiné,

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 235

l'obturateur interne et l'obturateur externe, le psoas- iliaque, plus

rarement d'autres muscles, se développerait généralement à la

lin de la seconde semaine, et entraînerait ruptures, hémorrha-

gies, suppurations des muscles. Une dégénérescence légère est,

quand l'innervation et la nutrition restent normales, suscepti-

ble de guérison. Du reste, il est rare que les gros muscles soient

en leur totalité complètement dégénérés ; dans les plus grands

foyers, il reste encore des fibres musculaires suffisamment nor-

males pour parera la paralysie étendue, absolue, de certains mou-

vements. Elancements dans les membres, lassitude, douleurs,

musculaires déchirantes, sensibilité à la pression du muscle, tels

sont les symptômes. Rien du côté de la réaction électrique.

P. 11ERA\'AL.

L1V.- Communication provisoire sur l'anatomie patholo-

gique de la tétanie ; par A. PICK. (i"eUI-010g. Centralbl. ,XX1,

1902.)

11 s'agit d'une femme de 42 ans, opérée pour une cataracte en

rapport avec la tétanie, qui présentait une calcification typique

des fins vaisseaux du cerveau et du cervelet. A rapprocher de

- 1,01)sel%aLioii de tétanie du même auteur, chez un jeune epilep-

tique : on trouva les mêmes altérations à l'Institut anatomo-pa-

thologique du prof. Chiari. P. 11ERAVAL.

LV ? Des centres corticaux de la sécrétion sudorale ; par

A. S. GRIBOlEDO\\'. (Obozrcniè 1 ? sicibiati-ii. VU, 190 ? .)

Nouvelles expériences sur de jeunes chats fournissant des don-

nées en faveur de l'existence, à la partie supérieure de la circon-

volution antccruciale, d'une surface dont l'excitation exagère vi-

siblement la sudation du côté opposé ; cette sudation renlorcée

durant 9 à 10 minutes sans qu'on soit obligé de répéter l'excita-

lion de l'écorce. Malheureusement, la sécrétion de la sueur est

très inégale chez le chat; elle ne peut guère, comme chez l'homme,

abaisser la température du corps, ni éliminer les substances to-

xiques, car elle est insignifiante et cesse avec l'âge. Aussi l'auteur

a-t-il entrepris d'expérimenter le ce 1'1 eau du poulain : il fera sous

peu une communication à cet égard. P. IaERSV,tL.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE

XIX. Recherches sur la rage ; par J)ODDI. (Riv. crit. de

clinica meclicv, 1904, nos 21 et 22.)

Pour cet auteur, les corpuscules de Negri seraient véritablement

236 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

les agents pathogènes de la rage humaine et expérimentale. Dans

ce dernier cas, ils se localiseraient le long du trajet nerveux suivi i

parle virus injecté. On ne peut les considérer commodes produits

degeneratifs, mais ce sont bien réellement des protozoaires qui

ont pour localisation principale la région bulbaire, la moelle et

les ganglions spinaux. Les expériences exécutées par l'auteur ont

.porté sur 23 chats. L. W.

XX. Signe d'Argyll et méningite syphilitique ; par BER-

TOLOTTI. (t7J. crit. di clinica 712CCliCll. 1904. n° 2a, 24 et

25.)

Très long et très intéressant travail dont voici les conclusions :

1° la paralysie spinale syphilitique dans l'immense majorité com-

mence par un processus méningé (I3rissaud) ; 2° le signe d'Ar-

gyll peut se rencontrer assez fréquemment dans la méningo-myé-

lite syphililique progressive. Cettenotion vient à l'appui del'hypo-

thèse de l3abinki d'après laquelle ce signe serait un symptôme

pathognomonique de l'infection ludique acquise ou héréditaire

des centres nerveux ; 3° le signe d'Argyii est un épiphénomène

de la méningite spécifique chronique ; c'est par cet accident que

débutent les processus sy philitiques des centres nerveux ; 4° lana-

tureépiplastique de la membrane qui revêt la cavité sous-araclt-

nohlienne explique la susceptibilité des méninges cérébro-spinales

au virus syhltililiclue ; ,1° le signe d'Argot n'est donc pas un

symptôme purement tabétic[uc et peut également préluder à la

paralysie générale, à l'hémiplégie, à la paralysie pseudo-bulbaire

et il la méningo-myélite d'origine vénérienne. L. W.

XXI. Contribution à la casuistique de la myokymie ;

par PINI. (Rivista crit. di clinica medica, 1904, n° 24.)

Affection encore désignée sous le nom de myoclonus multiplex

fibrillaire (King), chorée fibrillaire de Morvan ; la maladie est ca-

ractérisée par des contractions fibrillaires des paupières,la sensa-

tion de prostration, l'insomnie, les idées sombres, des sueurs pro-

fuses, de la tachycardie, du tremblement des mains et des pieds à

ondulations très petites,de la paresthésie des membres inférieurs.

Cet état relève-t-il du paramyoclonus multiplex de Friedreich ou

de la neurasthénie (Manierfz). Le pronostic est favorable. Traite-

ment galvanique, danger des récidives. L. WAHL,

XXII. Quelques recherches sur les échanges matériels

dans un cas de tétanos subaigu ; par NESTI et Marchetti.

(Riv. crit. di clinica metlica, 1904, n° 2G.) -

Après avoir rappelé l'historique de la question, les auteurs rap-

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 237

portent : l''quel'urine a une réaction acide plusou moins intense à

la seconde période de l'observai ion ; 2° qu'elle n'a jamais eu une

composition normale ; 3° que l'absorption des substances azotées

et phosphorées fut satisfaisante ; 4° que dans l'élimination uri-

naire,l'azote,le soufre et l'acide phosphorique furent augmentés,

mais leur rapport entre eux resta normal, de même que celui de

l'azote de l'urée à l'azote total ; u l'élimination de la créatinine

fut normale ; G0 de même le rapport des différentes variétés de

soufre. Donc les toxines tétaniques agissent en produisant une

augmentation de destruction de la molécule « albumine » : c'est

un agent calabolique.

XXIII. La céphalée neurasthénique ; par IiASTOG1.1.

(Rio. crit, di clinica iie(71c(i, H)04, n° 29.)

Essai très intéressant de physiologie de la céphalée neuras-

thénique. Est-elle purement musculaire comme le veut Maurice

de Fleury ? Est-ce une lésion des branches sympathiques, aboutis-

sant aux méninges, comme l'indique Miecamp Est-ce par le mé-

canisme d'une auto-intoxication d'origine digestive; auto ou hé-

tero-toxique réagiront sur le cerveau par l'intermédiaire de la

circulation ou enfin l'action possible des vaso-moteurs accompa-

gnés ou non de modifications, de l'ouverture pupillaire ' ? Pour ré-

soudre complètement la question il faudrait connaître les modifi-

cations que le malade présenterait durant un effort cérébral et les

variétés de composition de l'urine pendant le sommeil, l'activité.

L. W.

XXIV. Maladie de Dupuytren et syringomyélie ;

par Giraldi. (hic, crit. di clinica med., 1 ! J04, nos 30 et 31.)

Testi et Bieganski ont montré que dansles cas de rétraction des

aponévroses palmaires ou plantaires l'examen de la substance

grise du renflement cervical ou lombaire parla méthode de \Iar-

chi révélait à la partie antérieure une très petite lacune qui

s'étend de part et d'autre de la ligne médiane sur une surface de

quelques millimètres et dont le voisinage est formé de substances

amorphe (dégénérescence graisseuse des cellules des cornes anté-

rieures). Le diagnostic anatol1lo-pathologi<¡ue peut être formulé

« leptoméningite clronique,gliomatose de la région du canal cen-

tral, poliomyélite antérieure ». Gualdi rapporte un cas clinique

sans autopsie où les lésions classiques de la maladie de Uupu)-

tren étaient accompagnées des troubles s)ringomYl'liques de la

sensibilité. Donc la rétraction de l'aponev rose palmaire ne serait

qu'une variété de la syringomyélie. L. W.

238 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

XX'.=Symptômes nerveux dans l'urémie; par Cappezolli.

(Riv. crit. di clinica med., 1904, n° 31 et 32.) -'

Résumé fait essentiellement au point de vue des praticiens de

toutes les variétés même les plus rares de symptômes nerveux

plus ou moins graves que l'on peut rencontrer dans l'urémie.

- ' ' L. W.

XXXI. Lamaladiede Stocke s--Adains; par CALVO. (Rie. crit.

di clioicct med., 1904, 11 31 et 33.)

Tableau d'ensemble de cette affection qui commence seulement

à être classique etqui semble duc aux intoxications, aux infections

et aux traumatismes crânien*. Elle esl caractérisée : 1° par une

bradycardie pouvant aller jusqu'à cinq battements par minute et

qui peut parfois prendre le rythme couplé de lluchard ; 2° par

des attaques cérébro-bulbaires répondant aux types syncopaux

apoplectiformes et épileptiformes ; 3° de la cyanose des e : \[l'é-

mités. Les rares autopsies pratiquées jusqu'à ce jour n'ont pas ré-

levé de lésions pathognomoniques. On a signalé quelques altéra-

tions du pneumogastrique, soit au niveau deson origine bulbaire,

soit sur son trajet. Le diagnostic est en général facile,il doit être

fait avec les'maladies qui causent secondairement du ralentisse-

ment du pouls ; les symptômes concomitants le rendent généra-

lement facile. La durée est longue, le pronostic varie avec la

cause, il est surtout sévère dans les cas où cet état morbide est

symptomatique (t'ai-tério-scléros(3, ou de myocardites, ou lorsque

les attaques se succèdent trop fréquemment. Le traitement est

celui des affections cardiaques (digitalc, trinitrine,nitl'inc d'amyle,

etc., avec diète lactée s'il y a lieu.) L. WAHL.

YY1'11. - Hémianopsie hystérique ; par VALOBRA.(Rit'.

cl'it. di clinica med., 1904, n° 39.)

Après avoirrapporté un cas de ce syndrome, l'auteur ajoute que

la réalité et la modalité du phénomène observé induisent à chercher

une explication sur la nature de l'hystéricisme. Les discussions

théoriques n'ont qu'une importance relative ; très grande, au

contraire, est l'importance des faits. Parmi ceux-ci nous devons

donc admettre qu'en dehors des accès d'hémicranie on peut ob-

sc¡'yer,assez rarement,il est vrai, une hémianopsie homonyme hys-

térique avec persistance de la vision du point central analogue à

ce qui se passse dans l'hémianopsie par lésion anatomique du

cervelet, desquelles elle se distingue par sa marche et par la pré-

sence d'autres phénomènes hystériques concomitants.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 239

XXV11L Diagnostic différentiel entrel'ataxie cérébelleuse

héréditaire et la sclérose en plaques ; par FouoLlco.(liiv.

crit. di clinica med., 1004, no 40.)

Impossible à résumer mais très important. C'est pourquoi nous

ne pouvons que renvoyer le lecteur au mémoire original.

L. W.

XXIX. Note sur les symptômes cardiaques de la maladie

de Basedow ; par le prof. de Grocco. (Ri1;ista coiticcedi cll-

nica medica, no 1, année 1904.)

L'auteur insiste sur la tachycardie, cause très fréquente de dila-

tation et même d'hypertrophie qui peuvent elles-mêmes de-

venir l'origine de troubles cardiaques organiques graves. On met

ces troubles en lumière en fatiguant le malade surtout dans les

formes frustes. Souvent il y a une hypotonie des plus marquées le

long du trajet de l'aorte descendante. On peut arriver à cons-

tater le pouls hépatique, splénique, sous-unguéal et aussi le

pouls veineux tout autant au niveau des jugulaires qu'a celui

des capillaires (type Grocco). On peut observer un bruit de galop;

d'autres fois de l'angorpëctoris. Le diagnostic différentiel avec la

tachycardie essentielle est facile,nrvlce aux aulres s uyLùnles de

la maladie de Graves, de même celui de la myocardite chronique.

11 faut donc retenir que la maladie de Dasedow prédispose aux

maladies organiques du coeur. L. WAHL.

XXX. La fièvre hystérique ; par GARGANO. (Rivista critica

di clinica medica, no 2, 1004.)

Connue depuis Borsiori, d'assez nombreux cas ont été signa-

lés depuis cette époque mais quelques-uns ne résistent pas à

un examen approfondi ; un certain nombre sont cependant

absolument inattaquables. Ils réalisent plusieurs types cli-

niques : dans certains cas il y a accélération du pouls et de

la respiration, sensation de chaleur, mais pas d'élévation de

la température ; d'autres fois, il y a élévation de la tempe-

rature jusqu'à 43° sans accompagnement de troubles quelconques.

Avant d'assurer un pareil diagnostic il faut se mettre à l'abri du

la supercherie : ce,qui n'est pas toujours facile. Souvent

(Briand) la lièvre hystérique prend le type intermittent tierce,

d'autres fois le type continu de la fièvre typhoïde. Fabre, de

Marseille, distingue cinq formes : éphémère, chronique, inter-

mittente, pseudo-typhique et fébricule hystérique. 11 existe un

type de fièvre hystérique avec pseudo-affection viscérale qui

est d'un diagnostic extrêmement difficile. L'erreur est possible

dans les deux sens : lièvre hystérique prise pour une maladie or-

ganique, maladie organique méconnue, prise pour de l'hystérie

240 REVUE DE 'PATHOLOGIE NERVEUSE.

fébrile. La dissociation des phénomènes fébriles : pouls, tempé-

rature, respiration el l'inversion de la formule des phosphates

facilitent le diagnostic. La durée de cette maladie est variable :

une seule fois elle s'est terminée par la mort. L. W.

1X1.- Etudes récentes sur l'hystérie; par S[CinANO.(7)Oi<n

crit. di clinica naeclica, n° 9, 1904). h

Résumé des articles publiés ici même par M. Albert Charpen-

tier, n" 90, 1903 et 98 de 1904. L. W.

XXX)L -Le syndrome de Bonnier; par SICILIANO. (Rivista.

crit. di clinica medica, 1UOIJ, n° 10.)

Ce syndrome est caractérisé par des vertiges avec troubles oculo-

moteurs ; insuffisance totale ou partielle de l'équilibration du

corps, des nausées, de l'angoisse, des troubles auditifs passagers,

des phénomènes douloureux dans la sphère du trijumeau ; sensa-

tion de soif intense, amnésies paroxystiques, actes impulsifs.

Bonnier localise ce syndrome au niveau du noyau de Deiters, or-

gane qui est en rapport avec les pédoncules cérébelleux inférieurs

et par les noyaux des moteurs oculaires commun et externe avec

les libres du ruban de Reil et la voie sensitive centrale. Ce

noyau est en rapport avec le ¡. ! 1oso-pharyngien, le grand hypo-

glosse, la racine descendante du trijumeau et les libres de la

racine cochléairc de l'auditif. Ce noyau Üe Darters a une grande

importance, car il représente dans le bulbe le prolongement delà

colonne de Clarke. L. W.

XXXIII. Scléroses en plaques familiales. Contribution à

la pathogénie des paraplégies spasmodiques hérédo-

familiales ; parMASSALONGO. (Riv. cnit. di clinica rnedica, n° 15,

1904).

La paraplégie hérédo-spasmodique, affection nouvellement

isolée, est encore appelée diplégic familiale ou paraplégie spas-

tique familiale ou sclérose en plaques familiale. L'auteur l'a

observée chez deux frères âgés respectivement de 5 ans et demi

et 4 ans. Consanguinité du père et de la mère, alcoolisme du père,

famille tarée des deux côtés. Début chez l'un des enfants à deux

ans et demi à la suite d'une gastro-entérite grave, chez l'autre à

22 mois à la suite d'une broncho-pneumonie. L'affection est ca-

ractérisée par une paraplégie spasmodique : tremblement inten-

tionnel, parole stridente et saccadée ; exagération des réflexes

tendineux et réflexe de Rabinski, nystagmus. L'intelligence est

normale. Deux autres enfants de la même famille paraissent nor-

maux mais ont de l'exagération de divers réflexes : ce qui indi-

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 24l

([lierait chez eux un état de l'écepth ilé lout spécial du sterne

nerveux et tout porte à croire que sous l'influence d'une cause

occasionnelle quelconque la maladie pourrait se développer chez

eux et réaliser ainsi le y lm familial ordinaire. L. W.

XXXIV. Observation de dystrophie musculaire congéni-

tale à forme hypertrophique ; par htta. (7.'tc. crit. di clinica

med., 11104). )

Garçon de 19 ans avant de l'Iiv perlrophic du slerno-eléido-

mastoïdien, du trapèze, du biceps, du long chef et du vaste

caLerne triciltitaw. l.t· IIIIIcll's h pl'l'll'ophié, 111' donnent pas la

sensation de mollesse. L'électricité donne des rendions nor

maies. L. \\"

\\\1'. - Epilepsie réflexe par rétrécissement spasmodi-

que de l'oesophage ; part. E. BREGMAN.(XCt/I'oIOfl, Cent1'albl,

XX, 1901.)

Jeune homme de 23 an·,l>résentantles signes de l'ohlul'atiun de/

l'e,\lrémité inf{>rieure Üe l'oesophage,Elleesl fonctionnelle, car, mal-

gré la longue durée de l'affection, la nutrition est relativement

satisfaisante, le rétrécissement est perméable aux sondes les plus

grosses, les commémoratifs ne révèlent aucun motif de sténose

organique.

Au-dessus du rétrécissement, existe une dilatation admettant

près de 400 cent. cubes d'eau, dont les parois sont le siège d'un

catarrhe chronique. Ce n'est pas un diverlicule, car, on réussit il

introduire la sonde dans l'estomac même quand le sac est plein

d'aliments, l'épreuve des deux sondes, l'une dans l'estomac, l'au-

tre dans le sac, montre que l'eau versée dans celui-ci passe dans

celui-là, enfin l'éclairage I\oelltgen dessine la dilatation oesopha-

gienne effilée parle bas.

Le rétrécissement est survenu dans l'enfance spontanément,

sans cause, s'est graduellement aggravé, a rendu l'alimentation

déplus en plus difficile. Ni hystérie, ni neurasthénie : une soeur

du patient l'-t arl'i('l'ée physiqueIlH'lIt et inlellecluellpl1lenl. Puis

s'est produite la dilatation et l'inflammation catarrhale chroni-

que. .

Enfin se sonl manifestés des accidents évidemment i·ltilt·ltti-

ques (perle de connaissance, etc.), qui sont réflexes, car ils ne se

montrent que pendant le repas sous l'influence des efforts pour

faire passer les alimcnls : ils se sonl ajoutés à l'affection lo-

cale. alors que celle-ci existait depuis bon nombre d'années, et le

passé, pas plus que l'existence actuelle du sujet ne Iralut de cau-

ses telles que syphilis, alcoolisme, traumatisme, infection. Trai-

tement : solidaires, I¡l\agl ? nl'I'\ il1, toniques alimentation "1'('-

tale, Kllr. " I'.Kmv.\L.

.lncnwr, 2° ·urin 190 ? I. \1\ -10

242 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

\\\\'1.-Répliqne aux critiques de M. Kienboeck sur ma

symptomatologie des troubles trophiques de la syringo-

myélie (ostéomalacie) ; par S. S. Nalbandoff Réplique

à cette réponse ; par KiENBECK. Contribution à la

pathogénie des arthropathies dans la syringomyélie ;

par Uudovernig. (Xeurolog. Cenl1'alúlatl, XX, 1901.)

Le travail de M. Kienboeck intitulé : Troubles trophiquesdans le

tabès et la s ! JI' ! JI1 ! Jom ! JJlie étudiés ci l'aide des rayons de Roent ! /en

( Neurolog. Cenlralblatt. XX. 1901) dénie il la décalcification des

os, mise en lumière par M. Xalhandoff (Deutsnlz. Zeitsclz. ? J'er-

cenheilh, 100lJ.X\Tll,el OGom'nir psicleiat·ü,\c.1900) toute impor-

tance névropalliique. (Voiries il rl'lt ires de 1\'czcrolo771r,L.11j1.j90 ?

1.6G el t. XVI. 1903 cl p. 42.').) ,

M. î\alhan(lof1' insiste.La décalcification des phalanges osseuses

est un phénomène singulier, non encore signalé; il existe un

rapport enlrela disparition de la chaux et les phlegmons chroni-

ques. « Cette décalcification passagère d'un os enflamme dans une

inflammation phlegmoneuse grave n'a rien de rare, répond

M. KienI)OEck, même chez un individu ordinaire. Le ramollisse-

ment avec transparence des os des doigts, en l'espèce, tient iL une

simple décalcification de la substance osseuse fondamentale. Ce

n'est pas de l'ostéomalacie, c'est de Vhalistérése inflammatoire ; T

cela n'a rien d'extraordinaire, de réflexe ; c'est dû il l'ostéomyé-

lite, à rh) pl'¡'élliie inflammatoire. »

M. llUllO\el'lli donne une nouvelle observation, avec radio-

grammes, caractérisée par du nystagmus et une arthropathie de

l'articulation du coude et du poignet, ayant eu pour cause occa-

sionnelle un effort musculaire exagéré. L'affection de la moelle

a préalablement, comme le dit, M. Charcol, déterminé une grave

altération déstructure sur laquelle a agi le traumatisme. L'affec-

fectiou médullaire a modifié la nutrition des articulations qui, de

ce fait, se sont trouvées prédisposées à faire, sous l'influence d'un

traumatisme léger, de l'arthrite grave ; avec celle-ci s'est déve-

loppée la déformation de chacune des parties constituantes des

articulations. Telle doit être la genèse de la plupart des arthropa-

thies syringomyeliques ; le point de départ du trouble de la nu-

trition, la cause des atrophies, doivent être centraux et non péri-

phériques.

« La décalcification de Kalbandott' tient simplement au phleg-

mon et non à la syringomyélite, car, dans notre observation,

c'est M. lIudo\el'l11g qui parle, il n'y avait pas de décalcification.

Mais il est probable que dans le cas de \albamlolt,la décalcifica-

tion consécutive au phlegmon n'eût, pas été si intense, si tephteg-

mon eût eu lieu chez un individu sain, indemne de svringomyé-

lie. Les os du malade devaient, de par l'affection de la moelle.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.' 243

être prédisposés à cela, à raison de l'altération de structure

dont parle Charcot ; le phlegmon en sévissant sur un os déjà

miné exagéré la destruction osseuse. » P. KERAVAL.

XXXVII. La genèse du tabes 5 par (;. PANDY.(Arc>«roZo<7.

Centr'alb" XX, 1901.)

M. Panel résume ses expériences et les conclusions qu'il pré-

tend en tirer.

C'est la région des bandelettes externes ou la zone intermé-

diaire qui sont les plus sensibles à l'altération des échanges nu-

trilif.( ? l1P[le qu'en soit l'origine (pellagre, ergofine, plomb, alcool,

syphilis, diabète, affection organique du coeur), une fois que l'al-

tération a commencé elle s'étend toujours plus loin aux fibres

connexes el voisines.

Les cordons postérieurs peuvent dégénérer, tandis que les raci-

nes postérieures demeurent intactes et les racines(·lant dégénérées,

les cordons postérieurs pcuvenl demeurer indemne ? La lésion

des cordons postérieurs peut doncêtre indépendante de celle des

racines postérieures. -

Or, ce n'est pas la lésion des racines postérieures qui occa-

sionne le (abcs, mais inversement, la lésion des cordons posté-

rieurs s'étend aux racines.

Le tabès est une lésion lneutlo-sysLt;ntalil«e,enclogène,clui com-

merce par la zone de Charcot ctPil'l'I'ct des cordons postérieurs de

la moelle (zone intermédiaire, bandelettes externes), et qui, selon

toute apparence, provient d'une intoxication syphilitique chroni-

que des cordons postérieurs. Cette zone est sans exception, dans

tous les (roubles des échanges nutritifs, la partie la plus sensible

des cordons postérieurs ; c'est pour cela que les dégénérescences

hydropiques, pellagreuses, et autres, s'y produisent en premier

lieu pour, delà, gagner, comme dans le tabès, les autres parties

les plus voisines du cordon postérieur et aussi les racines posté-

la lésion de la one C7;ar<'o<-P;['f)vt est la condition sine

i[ua non du tabès ; c'est ce qui explique non seulement toutes les

altérations anatomiques, maille tableau clinique.

P. Keraval.

XXXVIII. -Des symptômes cérébraux dans la carcinoma-

tose ; par A. SAENGER, (Neu1'olo[J. Central6l" XX, 1901.)

De faits extrêmement nombreux examinés par l'auteur, il

résulte que les s\ mplômes cérébraux de la 2liathèe cancéreuse

sont de deux ordres principaux : 1° d'ordre général ; 2° d'ordre

spécial.

Les symptômes cérébraux d'ordre général se manifestent par le

244 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

coma, l'apathie, la démence ; il n'existe pas de lésions anatomi-

ques ; ces troubles sont probablement de nature toxique.. , ,

Les symptômes cérébraux spéciaux, ou symptômes de lésions

en foyer se traduisent ou non par des lésions macroscopiques.

u). Ceux qui ne se traduisent par aucune lésion bihle à l'oeil nu

émanent probablement d'une métastase cancéreuse microscopi-

~que dans les méninges ou la substance du cerveau, -ou encore

d'altérations que nos méthodes de recherches actuelles ne per-

mettent pas de découvrir, ú). Ceux dans lesquels on constate une

lésion macroscopique dérivent : a) de tumeurs métaslatiqucs de

grosseurs diverses; j3)d'hemorrhagiesou de ramollissements sans

néoplasmes métastatiques.

11 peuty avoir combinaison de symptômes cérébraux de nature

générale et de symptômes cérébraux de nature spéciale...)

P. KERAVAL.

XXXIX. Mutisme hystérique, agraphie et kleptomanie ;

par N. N. TOPORKOW. (Obosrcnié ]Jsichiatrii, VU, 190' ? .)

Belle observation encadrée d'une revue bien l'aile, démontrant

l'impossibilité d'établir et de sérier les tableaux cliniques de

l'hystérie. Les symptômes sont éminemment changeants indivi-

duellement. t. l'.11ERAVaL. '

XL. De l'amaurose hystérique ; par Il. litzoN. (Veunolog.

- Centralbl., XXI. 1\102.) ..

Grouper un grand nombre de cas et en examiner les particula-

rités afin de juger de cet important phénomène si embarrassant

au point de vue médico-légal, tel est le but de l'auteur. 11 nous

donne d'abord deux observations personnelles dont la première a

Irait à la question de savoir s'il s'agit d'une hystérie traumatique

ou du foudroiement direct dusystème nerveux. Elle concerne une

téléphoniste de 24 ans, qui, pendant qu'elle opérait, fut frappée

d'une décharge atmosphérique émanée d'un orage planant sur

Magdebourg. Amaurose de l'oeil gauche ; mais il fonctionne sous

l'influence du fonctionnement simultané de l'oeil droit. C'est donc

une affection psychique (ligures).

La révision des laits collectés dans la science indique les princi-

pales particularités suivantes.

L'amaurose bilatérale n'est pas rare : ? G observations contre 23

unilatérales. Sur les 23 unilatérales, 13 concernent l'oeil droit, Il

l'oeil gauche. L'amaurose unilatérale a frappé 7 hommes et l(i

femmes ; la bilatérale, 4 h., 22 f. L'amaurose à un seul accès a

été : a. transitoire (quelques jours de durée) en 1 1 cas ; b.

de courte durée (2 il G semaines) en I cas ;- c. de longue durée

(S mois iL 10 ans) en 10 cas. L'amaurose à plusieurs accès s'est

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. s 245

monlrée : - a. intermittente régulière en 2 cas;&.inter-

milLtn(e ilehuliure un2 cas; -c. réciUivauLe en'Jcas. L'examen

de la marche des accès montre l'erreur des auteurs assignant à la

durée de l'amaurose hystérique quelques heures ou jours puisque

sur les 32 faits d'accès uniques il y en a 11 qui ont duré à se-

maines, et. 10 qui ont persisté 4 mois à 10 ans. L'âge correspond

en général aux chiffres de Uriquet et,Landouxvsur l'apparition

de l'hystérie. -

Sur les 4\1 observations, il n'y l'ut Iii fois aucune antre main-

festation de l'hystérie mentionnée ; 4 fois toute autre manifes-

tation hystérique fut. cerlainement absente ; en 2\1 cas il en exis-

lait plus ou moins. C'est dans l'amaurose bilatérale qu'existent

généralement les manifestations hystériques les plus violentes.

Bien entendu, l'amaurose peut être le symptôme unique de l'hys-

térie. Le développement graduel de l'amaurose n'a eu lieu que

2 fois ; on mentionne relativement peu qu'elle ait été précédée

d'attaques ou convulsions hystériques : peu de cas aussi où les

émotions aient été la cause immédiate de la cécité ; H fois seule-

ment le traumatisme.

Nulle pari la paralysie des muscles intrinsèques de l'oeil n'est

établie, pas plus que l'immobilité purement réflexe des pupilles

avec conservation de l'accommodation. Pas davantage d'opinion

unanime quant aux muscles extrinsèques ; ils ne sont pas para-

lysés dans le petit nombre de cas où ils présentent quelque ano-

malie, sauf pour la blépharoptose. Le fond de l'oeil, indemne par

définition (amaurose mentale), peut présenter quelque modifica-

tion à raison de la contracture spasmodique ou de la dilatation

partielle desaisseaux(('.alexo\\sky. Charcot). Unencuro-rélinite

a constitué une complication dans le cas de Schvvoiggor.

L'évolution est bénigne dans l'immense majorité des cas : la

guérison est la règle ; 38 des 4'J malades se sont rétablis. Traite-

ment surtout moral, y compris électricité, magnétisme, sugges-

tion.

La question de la simulation est difficile à résoudre. L'aveugle

psychique se meut dans l'espace autrement que l'aveugle soma-

tique.

Dans l'amaurose unilatérale, l'oeil malade peut fonctionner sous

l'influence de la vision binoculaire : quand on ferme l'oeil sain,

l'oeil malade est instable, erratique, rague, et ne reprend sa stabi-

lité, sa flritè que lorsqu'on rétablit la vision binoculaire (Kron,

KOEnigsll'in). Tous les instruments d'épreuve sont donc perni-

cieux à l'accusé. L'expérience du médecin reste en défaut en

présence d'une amaurose mOllos)"m ploll1al ic¡ue de l'hystérie, sur-

venue sans prodromes, sans cause apparente.

P. Keraval.

ASILES D'ALIENES

V. La situation des enfants anormaux en Suisse ; par

r I>rcROi.v. (l'olielitiqace cle l3nu,cellcs, 1903, n" 23.) '\

Une Slalisliyuo dressée en ! t)()Í par le Dr Gllllguillet indique

que sur 400.000 enfants en. âge scolaire il y avait 13.150 anor-

maux des diverses catégories (font 7067 faibles d'esprit, parmi les-

quels 2615 appartenaient au groupe des idiots, des imbéciles et

(les crétins. Après avoir rappelé ce que doit être l'enseignement

des anormaux et dans quels milieux ils se recrutent surtout, l'au-'

leur attire l'attention sur l'utilité de la création des cours nor-

maux pour instituteurs se destinant acet enseignement particu-

lier et aussi sur les avantages des patronages pour enfants sortant

des écoles d'anormaux, il exprime le désir que son pays s'ins-

pire de la Suisse ; faisons le même voeu pour le nôtre. L. Wahl.

\'1. L'assistance familiale Et la réforme de la loi sur le

régime des aliénés en Hollande ; par le Dr Meeus. (Bull.de :

lo ,Soc, cle mécl. yneit. Re l3elgiqate, 1,1(14, n l IG.) j

En vue de favoriser l'assistance familiale des aliénés en Rol- i

ande, il vient d'être déposé un projet apportant des modifications

à la loi du 27 avril 1884 sur le régime des aliénés et du 28 juin'

1854 sur l'assistance publique. .

L'article 11 de ce projet de loi règle la situation légale des alie ?

nés placés dans les familles : ceux-ci conlinuent d'appartenir, de

fait, à l'asile autour duquel ils sont placés. -

L'article 111 du même projet assure aux aliénés assistés dans

les familles les secours que la commune-domicile doit aux alié-

nes indigents et aussi les subsides ordinaires de la Province et de

l'Etat. C'esl à la direction de chaque asile qu'appartient le droit,

de désigner les aliénés qui peuvent bénéficier de l'assistance fa-

miliale.

A propos de ce dernier point, plusieurs médecins de la Société

psychiatrique néerlandaise ont émis le voeu que le médecin en

chef de chaque asile devait être le seul juge de l'opportunité du

placement dans les maisons de nourriciers, celles-ci, d'après l'es-

prit même du projet de loi, faisant partie intégrante de l'asile

dont elles deviennent une sorte de quartier. G. DENY.

VII. Rapport annuelde la section des aliénés de l'hôpi-

tal arménien de Saint-Sauveur à Constantinople ; par le

Dr Luigi Monter ! . (Bull. delà Soc. cle naéel. ment, rl l3elgique,

1904. no 115.)

asiles d'aliénés. 247

VIII. L'étiologie de l'Idiotie simple comparée àl'étiologie de

la paralysie infantile cérébrale ; par le D1' W. KOENIG, de

Dulldorf. (lllfena. Zcitsclt, für l'syc721atrie, 1904, p. 133.)

248 sociétés savantes.

ment atypiques ; et lorsque ce traitement n'est pas institué à,

temps, les enfants peuvent devenir de véritables anormaux : -

4° Enfants atypiques (dév iés du type moyen) : a) Enfants név·o- .

pathes et neurasthéniques : atteints d'e.\citation et de précocité,

irritabilité, tendances perverses, troubles moteurs, tics, peurs et .

obsessions. Troubles vaso-moteurs, sensoriels' et lrophiques"

etc.... ; - bi Enfants retardés dans leur développement : soit par des

des causes physiques, catarrhe chronique, troubles chroniques

de la nutrition, de la vision, etc..., soit par la lenteur de leur

développement cérébral. Ces enfants alv piques sont anormaux ;

en puissance; autrement dit, ils peuvent, s'ils sont délaissés,

présenter des troubles permanents, mentaux uu normaux :

5° Enfants pseudo-atypiqttes : a) Enfants dont les progrès à l'école

sont retardés par : ri) une maladie accidentelle ; b) les change-,

ments d'écoles : 3° un développement relativement lent : 4° des

difficultés physiques telles que difformités, végétations adénoi-

des, etc.... ; b) Enfants dont le développement est d'une rapidité

inaccoutumée, sans véritable précocité ; c) Enfants d'éducation dif-

facile : méchants, agités, voleurs. Ces enfants pseudo-atypiques

doivent être traités, sans perdre de temps, comme les atypiques

et les dégénérés. (Revue neurologique du 15 décembre 1904, lt..

1179). -

SOCIETES SAVANTES . ' ; z

1 .

SOCIÉTÉ DE NEUROLOGIE

Séance dit 2 février 110 ? Présidence de il. l1Rl,SS,H"n.

, Myasthénie bulbo-S1JÍnalc',

il il. L.\uNO;s, liocrurt. et il. Villaret présentent un malade

atteint du syndrome nivasthénique dans sa forme bulbo-spinale

(IJrh-Golflam). Mais la myasthénie peut être le résultai de di-

verses maladies du système nerveux, ou apparaître à titre d'as-»

sociation morbide. Tout récemment, Mil. Ikissaud et l3auer ont

vu la myasthénie associée il une maladie de Gaseclow, terminée

par la guérison, el Kollarils, de son côté, avait conclu que le

syndrome (l'Erb-Goldflam, de même que la réaction de fatigue,

pouvait se montrer au cours de diverses maladies. Chez notre

malade, la myasthénie est associée à une neurasthénie décelable

par les signes suivants : développement de la maladie à la suite

du chagrin et du surmenage, dépression psychique et idées

SOCIÉTÉS SAVANTES. 249

tl'ilp au début, désordres de la motricité consécutifs, maux de.

tête, parestbésies multiples, anesthésie par places, douleurs

erratiques, dyspepsie alonique, concoinilante. Ces signes sonl

au second plan par rapport à la myasthénie, mais leur existence

est importante à signaler. D'ailleurs, l'évolution de la maladie,

qui s'améliore sensiblement, peut répondre plus spécialement il

la neurasthénie ; cet argument ne sérail pas cependant décisif f

puisque Mil. Ravmond et Sicard, dans la dernière séance de

celle Société,ont présenté un malade myastliénique dont la gué-

risonaété complète et s'est maintenue, ce qui, pour ces ailleurs,

ne serait pas exceptionnel. Xotons que, chez notre malade, il

était survenu il y a quatre ans un syndrome atténué dans sa

I'a\ ité et sa durée, comparable il la myasthénie actuelle et dont

la guérison fut alors complète. Insistons, pour terminer, sur ce

fait que notre- malade présente plusieurs lares qui se lient il des

troubles de développement. t.

Sclérose en plaques elle : un enfant de f« ! x.

M. Armand-Delille présenlé une tiHettc atteinte de Irenible-

ment intentionnel avec démarche légèrement spasmodique,

exagération de tous les réflexes tendineux, clonus du pied et

nystagmus. Il s'agirait d'une sclérose en plaques à forme spinale.

Cette affection ne paraît pas relever nettement d'une maladie

infectieuse. L'enfant a eu la rougeole un an auparavant, et c'est

si mois après que les parents ont remarqué le tremblement, mais la

marche a toujours été spasmodique, aussi faut-il peut-être incri-

miner une infection de I;at t·af;mco restée inaperçue.

Mouvements associés en dehors de l'hémiplégie.

jDI. URISSAUD et SIC \RD lllOUll'l'lll ulle femme atteinte depuis

plusieurs aimées de svncinésie. Tout mouvement, acte ou geste,

conscient ou non, accompli par une main est exactement repro-

duit par l'autre. Ce symptôme lient à une disposition ou lésion

organique très ancienne. La seule présomption d'atteinte pyra-

midale consiste dans l'exagération des réflexes. La malade pré-

seule l'écriture spéculaire spontanée.

Tabès avec atrophie dans le domaine moteur clac trijuntroar.

' MM. P. Marie et LERI amènent un malade qui offre les symp-

tômes les plus divers du labes dorsal caractérisé. Il a

en plus une atrophie très marquée des masticateurs du côté

gauche ; cette atrophie frappe à première vue pour le masséter

et le temporal ; elle se dénote pour le plérygoidicn externe, par

l'impossibilité des mouvements de diduction du côté opposé. Le

myélo-byoïdien et le ventre antérieur du digastrique, innervés s

aussi parla branche mol rire du trijumeau, sont égalementatro-

250 SOCIÉTÉS SAVANTES.

pbies. Enfin la luette esl déviée vers le côté gauche et le voile

du palais abaissé de ce côté, ce qui esl tout à fait conlirmalif de

'l'opinion encore discutée qui fait innerver le porisLahhylin

externe par les libres que le ganglion otique reçoit du trijumeau.

Ces atrophies dans le domaine du trijumeau au cours du tabès

sont tout à fait rares, on n'en a encore signalé ye tlew cas

- "(Scinutxe, ( : ltvosLel : ). On constate de plus chez ce malade, dans la

zone du trijumeau, des Iroub les scnsi tifs (troubles delà sensibilité

tadilc) et des troubles frophiques (cataracte précoce, chute spon-

tanée des dénis). IL y a aussi une ophlalmoplégie totale qui s'est

laite en plusieurs temps (paralysie de la \'le paire d'abord, puis

de la Ille et de la lVr) et une cécité par atrophie papillaire. La

concomitance de lésions importantes dans le domaine des 11, III,

IV, V, Vles paires et dans celles-ci seules ne s'explique bien que

par une méningile de la base ; or c'est précisément celte lésion

que nous avonssignatee comme conslanle, ou presque constante,

au pourtour des voies optiques dans les autopsies de tahl'liqul'

aveugles. Ce malade offre une confirmation clinique du l'ail

anatomique que nous avons avancé. Il est probable que diffé-

rentsnutrestroufdcsdansletfomainedes nerfs crâniens chez

des tabéliques sont dus à celte méningite de la base.

1\Turite ascendante. '

)1M. Raymond et GUILLAIN présentent un malade qui, la suite

d'une petite plaie suppurée de la main gauche, ressentit plus

tard de violentes douleurs dans tout le membre ; le médian, puis

le plexus brachial, devinrent douloureux et il se produisit de

l'inégalité pupillaire.

Hémiplégie cérébrale infantile.

il. Faure-Beaulieu montre un malade dont la musculature

du côlé hémiplégie est 1res hypertrophiée el atteinte d'un étal

spasmodique dont l'intensité varie.

Maladie de Pal'hinson et état paréto-spasmodique.

JDI. L. Lltvy et 1'AGUET présentent un malade de 4j ans, pré-

sentant un ensemble de symptômes qui se rapportent à la ma-

ladie de Parkinson : raideur des membres, lenteur et, maladresse,

antéltulsion, rélropulsion, chaleurs paroxystiques, faciès lige,

tremblement à l'état de repos, qui apparaît quand les extrémités

ne sont pas fixées. En outre, existe un étal paretospasmodique

a\ce amyotrophie diffuse. Diminution simple de la contraclililé

faradique el galvanique. Les réflexes sont exagérés sans qu'on

constate d'ailleurs ni trépidation épileploule, ni signe de Ba-

Linski. Après discussion, les auteurs admettent que ce syndrome

SOCIÉTÉS SAVANTES. 231

l'aiL partie de la maladie de Parkinson. Est-il mvopathique,

111)('lopalhique ' ! Yil'nt-il éclairer la nature vle l'alfecliun " !

Hé¡'édo-syphilis dl/névraxe à forme tabétique très améliorée par le

. traitement mercuriel. "

Mil. GUILLAIN et THAON montrent un garçon de 14 ans, hé-

réditaire syphilitique avéré, qui, il yr a deuv ans, a commencé à

ressentir des douleurs fulgurantes dans les membres inférieurs

et à présenter de l'ataxie. Au mois de juillet 1904, les accidents

nerveux, subirent une poussée ; quand if vint au mois d'août

dernier à la Salpélrièreon constatait une grande atwie, le signe

de Rombcrg, de la dysarthrie, de la dysphagic, une certaine

oJH1uhilat ion psychique el un peu d'amnésie. Le malade fut mis

au traitement mercuriel intensif, et rapidement la plupart des

symptômes s'amendèrent. Aujourd'hui (janvier 1905), il n'a plus

ni alaxie, ni signe de Homberg, ni dysarthrie. Mais l'abolition

des réflexes achilléens eL rotuliens persiste, ainsi qu'une atrophie

papillaire bilatérale et l'immobilité des pupilles à la lumière et à

la convergence. Cette observation a paru intéressante à rappor-

ter par ce fait qu'on est en présence d'une modalité relativement

rare de la syphilis héréditaire du névraxe ; de plus, la rétroces-

sion de la plupart des symptômes de la série tabetique par le

traitement mercuriel dans un cas d'imredo-sypiulis doit être

prise en considération au point de vue de la palhogénie des af-

fections de cet ordre.

' ' Confusion mentale.

Mil. OILBEI2T-Li.WLET et F. Rose apportent les pièces d'une

malade ayant présenté pendant la vie le syndrome de la confu-

sion mentale, et a l'autopsie de laquelle on ll'oum une pachy-

niéningile du lobe frontal droit, constituée par de sa sclern-

gOUI'I1H', (Juoir¡ue la malade ft'It sUI)('cte Il'plhylisn1l', ill,t ¡WU

probable qu'il s'agissait de confusion mentale toxique, vu l inté-

grité des cellules corticales et, du foie. Et il semble permis de

rendre la pach) méningite spécifitlue frontale responsable du

syndrome de la confusion ; ce syndrome se rencontre d'ailleurs

dans d'autres lésions ol'gal1 ¡(lUeS du cer\"cau, t l'llps que les t UlTII'UI'S,

par exemple.

Sections nerveuses.

il. llt.tA (Ue Milan) a étudié par la méthode de Cajal des nerfs

sectinnnescta trouve après trois semaines des fibrilles très nom-

breuses et lines dans le hout périphérique'.

Maladie de 71'M/f/M ? p/MtfM)t. : \D1. r.HIR,\y pt CORYLLOS présentent un cas typique avec

252 CORRESPONDANCE.

11a'\ lâches pigmentaires. tuml'l11'o; Clllalll'l'S et ous-clllanlTs

(dermato et ne\1ro-lihrulJ}c) chez un hél'l'(Lo-syphiliti([Ul"

MM, GR1SSAUD, ]);JIOE[NE, Uuet cL P. Marie, à propos d'un

cas atypique de myopathie, admettent l'évolution de ce syn-

drome chez un malade alteint de paralysie infantile myélnpa-

Ihique. - ' F. Boissier.

CORRESPONDANCE

Personnel médical des asiles d'aliénés.

Mayenne, le 13 février 1903.

Monsieurettres honoré Maître, '

Je n'ai pu répondre plus loi à la circulaire que vous avez bien

voulu me faire parvenir, à cause d'un changement de poste de

l'asile de Bailleul à celui de Mayenne.

C'est donc surtout la situation de l'asile de Bailleul où je suis

resté six ans que je puis envisager. Dans un asile comme celui-

là, où existe un pensionnat très important, rapportant 250.000 fr.

par an, et où l'on compte 300 nouvelles entrées annuelles avec

une population totale de 1.40f1 malades, la proportion actuelle

d'un médecin en cliel, de deux adjoints est, à menais, tout à

fait insuffisante. '

Un professeur de la Faculté de médecine de Lille me disait, il

y a quelque temps : « .le ne vous envoie jamais de malades de

ma clientèle particulière, parce qu'à l'asile de Bailleul, les ma-

lades ne sont pas soignés, .le compte le médecin en chef pour

un, les deux adjoints qui sont annihilés par le médecin en chef,

pour 1/2. Vous êtes donc, selon moi, un médecin et demi pour

soigner l.'t00 malades ».

11 faudrait, selon ce professeur, calquer, pour les asiles, -l'or-

ganisation des services hospitaliers : plus de médecins-adjoints,

mais autant de services médicaux autonomes que de médecins,

chacun des médecins étant, bien entendu, responsable, el les

médecins-adjoints nouvellement reçus commençant par. être mis

à la fête d'un service de chroniques.

Pour trancher la question de la proportion des médecins, il

faudrait, à mon avis, commencer par créer pour les aliénés la

division logique qui a toujours existé pour tous les autres ma-

lades : services d'lnpilaux et services d'hospices ; .mettre a pari

les aliénés ayant moins de deux ans de séjour (ce laps de temps

CORRESPONDANCE. 253

indiqué déjà par Esquirol est une manière de voir sans doute

trop générale, et il y aurait à envisager des questions d'espèces) ;

puis constituer alors avec les autres malades des services d'hos-

pices formant le bloc des chroniques.

Dans ces deux classes de services, la proportion des médecins

ne devrait pas, sans doute, être la même. Pour les malades ayant

moins de deux ans de séjour, je crois qu'un médecin ne peut pas

véritablement suivre et soigner réellement plus de 100 malades.

Ce qui malheureusement empêchera longtemps encore, je le

crains, la réalisation de cette réforme, c'est la question d'argent,

les asiles de prov ince en dehors des asiles du Nord (Armentieres

et Bailleul) restés autonomes, dépendant tous des conseils géné-

raux hostiles à toutes dépenses, et refusant mème de plus en plus

généralement à accorder jusqu'à une retraite aux médecins ac-

tuels, malgré des versements réguliers faits pendant 30 ans.

Dans l'Oise, les médecins de l'asile de Clermont versent à la

Caisse nationale des retraites pour la vieillesse, comme les

gardes-champêtres !

, Dans l'Allier, la préfecture refuse de faire sui\ re les versements

des médecins quittant le département ; dans la Haute-Vienne, on

ne peut verser que sur 5.000 Il-. de traitement, alors que les

règlements ministériels prévoient des classes jusqu'à 8.000 fr.

Dans le Nord, les médecins-adjoints de Bailleul et d'Armentières

ont pu faire ramener de 20 à 10 le nombre d'années de séjour

dansledéparlemenl donnant droit à une pension de retraite. Sans

cela, il. le docteur Cortyl, âgé de 72 ans, et n'ayant encore que

15 ans de service dans le Nord, aurait dû attendre jusqu'à 77 ans

pour avoir droit à une retraite malgré 40 années de service dans

les asiles publics d'aliénés.

Le seul moyen pour aboutir à des réformes serait, à mon avis,

de rendre les asiles autonomes et sous la dépendance directe et

exclusive du ministère de l'Intérieur. Pour cela, il faudrait que

tout nouvel asile créé pût, à l'aide de ses bénéfices annuels, rem-

bourse ! ' par annuités le département des sommes avancées pour

sa construction. Les asiles déjà construits devraient également

bénéficier de cette manière de faire pour arriver à se libérer Ni ?

à-vis des conseils généraux, et obliger alors ceux-ci à donner un

prix de journée correspondant aux besoins réels des aliénés et

des services généraux.

C'est ainsi que l'asile de Bassens a pu empêcher le Conseil gé-

néral de la Savoie de descendre à un prix de journée absolument

ridicule. En attendant ne pourrait-on pas, en imitation de la lui

sur l'Assistance médicale gratuite, établir pour lous les aliénés

un prix de journée minimum.

'telles sont, Monsieur et très honoré Maître, les considé-

rations, que j'ai l'honneur de vous soumettre respectueusement

554 BIBLIOGRAPHIE.

en réponse W utre circulaire, en vous priant d'agréer l'hommage

de mon profond respect. D1' Deswarte,

Médecin adjoint de l'Asile de la Roche-Gandon (Mayenne).

La lettre très intéressante de M. le Dl' Deswarte vient

corroborer, sur bien des points, l'article si documenté de

- : : \1. le Dl' Coulonjou, paru dans notre dernier n° (p. 110).

L'en crue le est ouverte. A nos collègues des asilcs de la

continuer. -

BIBLIOGRAPHIE

111. Rapports et budgets de l'asile d'aliénés cVEvrcv.v (Eure),

par le 1> Bessière, médecin directeur.

Le 31 décembre 1903, il restait l'asile 988 malades (487 11. et

501 F.). Dans l'année, 173 enlrces. Le nombre des malades du

département augmente. « Sous le régime des congés, c0111/Jll'-

tement ÍI11'On7W il y a dix ans et pratiqué mainlenant avec libé-

ralité, rétablissement n'aurait actuellement presque plus cle

places disponibles à réserver aux aliénés des autres départe-

J1wnts ? Parmi les admissions, signalons 1'1 cas de démence pré-

coce, dont il. 13l'sière rl'latl' plusieurs observations intéressan-

Les, avec stéréotypies analogues à celle qu'à décrites plus haut il.

]e lJr I)l'0maf'{1 ; 9 de folie alcoolique, autant de cas de paralysie

générale, 10 cas d'idiotie ou ¡J'0pÍlcl'"ie,« C'est toujours la période

de la vie comprise entre 20 et, 'i0 ans qui est la plus atteinte par

l'aliénation mentale »,

Il y a eu 24 sorties par guérison et, 15 par amélioration. 87

aliénés sont décédés dans l'année dont l 1 par tuberculose pul-

monaire (1). Il n'y en a pas eu par lièvre typhoïde. « 2 femmes

onlmorll's uhi(el1lenl d'attaques eonvulsives. La plupart des

épilepliques meurent de celle façon. » A 131cêtl'e nous n'avons

qu'assez rarement des décès subits dans les accès isolés, même

par état de mal.

Les prévisions budgélaircs de l'exercice 1905 sont basées sur un

cltilfre de recettes de 483.618 fr. qui ont été balancés en Uéhen-

ses. Le prix de journée pour les malades de l'Eure est de 1 fi', 20.

11 est de 1 fr. 40 pour les malades de la Seine.

(1) « Les décès par tuberculose, plus nombreux (pie d'habitude,

sonl dus en partie à l'hiver rigoureux mie nous venons de Ira-

verser, mais ils doivent aussi être attribues à l'encombrement (dis-

paru aujourd'hui) qui a régné pendant toute l'année dans les quar-

tiers des femmes. »

VARIA

Tares dynastiques.

Un de nos confrères les plus notoirement favorables au tsaris-

- me vient de publier une dépêche inquiétante au sujet de la santé

du tsarévitch Alexéi. On nous raconte que des luttes regret-

tables ont lieu quotidiennement entre la mère et l'épouse du tsar

au sujet du traitement que doit suivre l'enfant impérial. El l'on

ajoute que, malgré le mutisme des milieux ofliciefs, la maladie

de l'héritier du trône est l'objet de discussions passionnées citez

les personnes informées.

Puisque les défenseurs les moins suspects du tsarisme se resi-

gnent à touclieràcesujef particulièrement délicat et douloureux;

je crois ne pas devoir retenir par devers moi des renseignements

que je possède depuis quinze jours, mais dont la publication me

semblait pour le moins superflue. 11 est parfaitement exact que

l'état du fils de Nicolas est loin d'être rassurant ..l'en ai la preuve

dansée passage d'une lettre qui émane de ilttclyu'un tlunl le de-

voir est d'être renseigné sur les gestes du nourrisson. -

« L'enfant est complètement malade. n'est, bien l'enfant conçu

par un père de constitution morlide. ll suulfre de fréquents ac-

cès de convulsions qui, chaque fois, déterminent un état de fai-

blesse inquiétant. Son alimentation est très irrégulière. Sa

chair n'est pas ferme comme il le faudrait. Ses joues sont pâles

et semblent boursouflées. Sa colonne vertébrale, parait-il, n'estpas

normale el l'on raconte que le professeur Ult cmint ce que l'on

appelle le mal de Polt. Ce professeur aurait déclaré, sur les de-

mandes d'explication du tsar et, de l'impératrice, que l'enfant

suttlToc d'un mal constitutionnel.

« Ce n'est pas seulement le tsarévitch qui soulllre d'un « mal

constitutionnel » ! C'est, en dehors de lui, toute la Russie. Mais

on ne comprend que trop bien que le mal de son (ils empêche

l'empereurde s'occuper de celui du peuple. Si, ces temps derniers,

l'empereur IÙI pu suivre avec l'énergie qu'il aurait montrée en

d'autres circonstances les événements politiques, comme vous le

lui reprochez à l'étranger, c'est parce (pie le souci immédiat de

son enfant l'absorbait tout entier... »

Tragique aveu ! Mais combien il confirme tout ce 'lue pouvaient

craindre ceux qui connaissent l'histoire de la dynastie Ilobtcin-

Gottorp. Le « mal de PuLL (lont on parle est, on le sait, une des

formes les plus désastreuses de la tuberculose infantile. Les deux

frères de Nicolas Il en sont atteints. Lui-même, de constitution

extrêmement faible, a hérité de ses ancêtres une tare qui, avec

celle mentionnée, constitue l'apanage tragique de la famille. Il

est epileptique. Son père, Alexandre III, est mort de tuberculose

23() faits DIVERS.

miliairc, après avoir toute sa vie été sujet à des anomalies psy-

chologiques (incohérence, amnésie, brusques alternatives d'abat-

tement mU1'a1 el de violence irraisonnée), que les cliniciens mo-

dernes mettent sur le compte de la tuberculose latente. Le frère

aine d'Alexandre 111 est mort de tuberculose. Chez Alexandre 11,

on remarqua, dès la jeunesse, les stigmates psychologiques du

même mal. -

Faut-ilremunll'l' plus loin ? Les trois frères : Alexandre 1er, Cons-

lantin (exclu de la succession pour caille de faiblesse cÍ'rÍ.hl'alL' !

et i'licolas l' r furent, le premier, un érotomane d'abord, puis un

mystique, le second un amnésique, le troisième un violent, at-

teint de phobies diverses, en proie à d'inexplicables accès de

cruauté subite envers les bêtes. Ils portèrent les lares de leur

père, Paul 1er, surnommé Paul le Fou, que samère Catherine 11,

avait exclu de la succession, et dont le règne, auquel mit lin son

assassinat, ne fut qu'un épouvantable cauchemar de cinq ans.

Plus haut, nous voyons le père de Paul, ce duc Pierre Ulric de

Holstein-Gottorp, prince allemand appelé au trône après extinc-

lion de la descendance directe de Homanoll' Pierre-le-Grand, en

1 îG ? . Ce fut un dégénéré au premier chef, alcoolique au suprême

degré, et répugnant en toutes choses, que son épouse Catherine,

d'origine allemande elle aussi, fit tuer par ses courtisans...

A se rappeler cette longue et douloureuse histoire d'une (1) nas-

Lie que l'ironie du sort appela à diriger le plus vaste empire du

monde, on s'explique trop Lien l'impuissance morale déficelas

Il et la faiblesse native de son héritier. C'est dans l'ordre, (L ? ¿¡-

J'ore, 17 fé \l'i l'l' 1905,) Alexandre Cli..aa.

FAITS DIVERS

Faculté DE médecine : Conférences de médecine légale pS ! J-

clicstrique. 11. le IT l'aul damier, médecin en chef de l'infirme-

rie spéciale, chargé du cours de médecine légale psychiatrique,

cenunencera ses conférences, le samedi 11 mars 1 H05, à 2 heu-

l'es, 3, quai de l'horloge. Des caries d'admission sonl délivrées

au secrétariat de la Faculté à les docteurs en médecine, les

internes des hôpitaux cL les étudiants ayant passé leur 4e ca-

men de doctoral. Un certificat de présence constatant l'assi-

duité à ce cours duranl tout le semestre d'hiver sera régulière-

ment délivré. '.

Errata. Dans l'article de M. le D1' Siiiioii, 1). 108 ligne 4 :

au lieu de «réaction el suicide )', lire : réaction suicide. Page

110, à la 3e ligne finale, au lieu de « ces tout complexes » lire :

ces ensembles complexes.

Le rédacteur-gérant : 130omw·n.r.t : .

Cle¡'IlIOlll ( ! li·c). - imprimerie 1),%Ix li,et,es.

Vol. XIX Avril 1905 ? 112

- Y\-f- Y

ARCHIVES DE NEURO;Irr ? t

PHYSIOLOGIE

Note sur l'influence de l'incontinence sexuelle

pendant la gestation sur la descendance ;

- ¡>,OE Ni. CI ! , r>il;L.

Laqucstion de l'hygiène sexuelle est des plus délica-

tes : les conseils mal adaptés, ou venus mal à propos,

éveillent la sensualité et peuvent provoquer des fautes

qu'il s'agissait d'éviter. Mais la vérité s'exprime néces-

sairement, et d'ailleurs on ne peut pas oublier que, dans

ce domaine en particulier, l'ignorance est le terrain le

plus favorable au développement du vice (1).

La morale est l'utilité dans le milieu, la loi qui se

fait obéir et s'impose comme une utilité et finit par s'as-

similer à la morale. En ce qui concerne le sexe, nom-

bre de gens bien pensants admettent que tout est bon

et moral, quand il est couvert par la loi : dans le ma-

riage, il n'y a pas d'excès, ni de perversions.

Les perversions cependant jouent un rôle important

dans la dissolution du mariage. Des jeunes femmes

sont stupéfaites quand on leur offre ou quand on leur de-

mande des caresses ou des complaisances qui ne leur

sont pas prévues par leur éducation insuffisante sur les

fonctions de la reproduction. Les perversions conju-

gales peuvent être nuisibles au point de vue somatique

et au point de vue moral : leur nocivité n'est pas sus-

pendue par la loi ou par un sacrement. 11 en est de mê-

(1) Ch. 1 taté. L'instinct sexuel, évolution et dissolution, 2" édit ,

1J02, p. 3J0.

.\ncIIIY¡¡', 2» série, I. XIX. 1 -1

258 physiologie

me des excès qui ont les mêmes sanctions naturelles

dans le mariage et dans l'union libre. La chasteté habi-

tuelle antérieure n'exclut pas la tendance aux excès

' conjugaux : Tout est permis dans le mariage, tout est

- légal, tout est béni. Je me contente de fixer l'attention

sur ce préjugé, mais je veux signaler un groupe de faits

spéciaux. -

J'ai entendu exprimer la conviction que les rapports

sexuels sont parfaitement légitimes pendant la grossesse

et que la liberté est d'autant plus avantageuse, qu'il n'y a

pas de risque d'augmenter la progéniture. Ils sont plus

nombreux qu'on peut croire, ceux qui admettent celle

erreur.

Les accoucheurs enseignent bien que la chasteté est

une règle dans l'hygiène de la grossesse (1) ; et, ils

signalent bien les risques des excès sexuels en dehors

des inconvénients et des dangers relatifs à la mère, le re-

tard du développement etla débilité du produit.

J'ai été amené dans plusieurs circonslances à attri-

buer à l'incontinence sexuelle pendant la grossesse un

rôle important dans l'étiologie de troubles nerveux chez

des enfants indemnes de toute hérédité morbide et de

toute infection pendant la gestation ou dans la crois-

sance. Dans un cas récent je ne puis pas rester indécis.

Ons. - Parents indemnes de tares névropathiques ; z

fils aine épileptique ; grossesses interrompues.

Un garçon de 8 ans est amené par bon père et sa mère

accompagnes parla grand'mère maternelle. C'est un en-

fant chétif : il a toujours élé dilïicile il élcvcu. 1Vé à ter-

me, nourri par sa mère, il était bien venant pendant plu-

sieurs mois, mais il prenait toutes les ull'cclions conta-

gicuscs ; il cuL des convulsions au cours de toutes les

fièvres éruptives qu'il prit elles maladies de gorge et aus-

si à propos des éruptions dentaires. Après ses dernières

dents il a cessé d'avoir des convulsions, mais il avait des

(1) II. DitENOr.De 1'¡'llj/uellce de la copulation dans la giossesse,

lli. 1903.

lNHI1¡;¡-¡CE DU L'INCONTINENCE SeX1 ELLE 259

vertiges ou des phénomènes comitiaux psychiques variés

et en particulier des hallucinations ; il avait eu des te r-

rcurs nocturnes et de l'incontinence d'urine jusqu'à 5

ans.Depuis,des cette époque, les autres accidents nerveux

ont aussi diminué de fréquence ; tellement que, près d'u-

ne année, il paraissait guéri. Son septième anniversaire

fut l'été spécialement à cause de son développement rapi-

de. Mais quelques semaines plus tard, il prit part à un

accident de voiture où il eut plus de peur que de mal ; il

ne garda aucune trace, mais il est tombé le vertex sur

la terre labourée. A partir de ce moment les anciens ac-

cidents se sont reproduits avec plus de fréquence, d'in-

tensité et de variété. Les tt'aulllaLislI1cs lcs plus légers,

les troubles somatillucs quelconques constituaient des

provocations suffisantes. Les hallucinations se manifes-

taient sur lous les sens, sur la vue, sur l'ouïe, surlegoùt,

sur l'odorat, -même sur le toucher; le père qui se pique

de psychologie, les énumère avec complaisance. L'ab-

sence de l'évacuation alvine matinale peut prévoir des

hallucinations auditives qui se répéteront dans la jour-

née, brusques et rapides, stéréotypées. Il entend son père

lui dire : « Tu tombes oilsarretotoutacoup, puis il

repart quelle que soit l'occupation pendant laquelle il est

surpris. L'hallucination disparaît avec un lavement. Une

piqûre d'aiguille à la pulpe du pouce gauche- provoque

une hallucination de l'ouïe, d'un pétillement de bois en

flamme, exclusivement dans l'oreille gauche, pendant un

hon quart d'heure. C'est le plus souvent la vision qui

est affectée ; il voit brusquement une grande flamme ; il

est terrifié. Des hallucinations de l'odorat ou du goût, il

s'en plaint surtout quand il a faim, soit quand le repas

vient en retard ou soit à la suite d'un exercice inusité : il

se plaint en général de mauvaises odeurs ou de mauvais

goûts qu'il spécifie mal ; mais quand il se plaint de mau-

vais goût il présente constamment de la salivation et il

lui esl arrivé plusieurs fois quand il se plaignait de mau-

vaises odeurs d'eternuer ou de se moucher plusieurs fois.

Il lui est arrivé plusieurs fois qu'il a cru sentir qu'une

hèle l'a mordu brusquement aux jambes d'un côté ou de

l'autre, il pleure bruyamment au moment et n'en parle

plus.

260 PHYSIOLOGIE.

Il a des vertiges avec perte de connaissance et pâleur,

quelquefois avec une chute brusque, environ une fois

chaque semaine. ,

Rarement il a des colères violentes, sans prétexte el se

roule par terre en frappant des objets aussi bien que des

'personnes qui se trouvent à sa portée sans les connaître.

Il se relève brusquement tout à fait calmé et sans souve-

nir, il semble.

Quant aux accès convulsifs, ils ne se montrent guère

que toutes les quatre, cinq ou six semaines, généralement

au lever, après les ablutions : il pâlit et perd connaissance,

se raidissant la tête en arrière, en jetant un cri. La tête

se renverse à droite, la face déviée à gauche. Les

membres se raidissent en extension ; puis se secouent

pendant quelques secondes symétriquement. On l'a vu

tomber nu, il' urinait dans la chute ; mais la miction

n'est pas constante.

Il dort ensuite environ une demi-heure sans ronfle-

ment ; il se réveille tout à fait normal. On ne trouve pas

de morsure de la langue en général ; mais le fait s'est

produit plusieurs fois. \

Son intelligence s'est assez bien développée et son in-

truction est à peu près celle des enfants de son âge. Il est

assez bien conformé mais on remarque quelques stigma-

tes tératologiqucs ; fistules borgnes symétriques à la ra-

cine de l'hélix, I)iridité delà luette, dents irrégulièrement

implantées aux deux mâchoires, inversion bilatérale

de l'épididyme, hyportrichosc lombaire.

Les parents affirmaient que dans leurs familles, il

-n'existait aucune difformité, aucun accident nerveux on

mental et qu'eux-mêmes étaient tout, à fait indemnes,

même dans leur première enfance. La grossesse avait été

normale, l'enfant était né à terme et paraissait naturel ;

il avait été élevé au sein par une nourrice saine, que l'on

voit toujours, ayant trois enfants normaux.

Le père etla mère avaient une bonne apparence et aussi

la gruml'mèrc. (Le père a 33 ans et la mère 30). A la suite

de cet enfantais ont eu chaque année, trois cnfants morts

nés, le premier à S mois, le second elle t roisième à'7 mois,

et l'année suivante il y a une fausse-couche de 2 mois.

On devait penser l-,t syphilis : cependant l'examen iso-

INFLUENCE DE L'INCONTINENCE SEXUELLE. 2G1

lé et soigneux de l'homme et de la femme est resté né-

gatif. La grand' mère ayant compris la signification de

l'enquête, déclara spontanément que son gendre et sa fille

sont tout il fait sains ; elle affirme l'absence de toute

trace d'infection et d'insobriélé, ses enfants sont des

bons catholiques, ils sont sages, et même ils craignent

de nombreux enfants, il n'y a que pendant les grossesses

qu'ils ne se gênent plus : c'est bien leur droit dans le

mariage. On a pu apprendre ensuite des conjoints, que

sitôt la grossesse était connue, il y avait des rapports

sexuels quotidiens, tandis qu'en temps de vacuité, ils

n'existaient que pendant les deux semaines intermédiai-

res, de la période menstruelle et beaucoup moins souvent.

Cet enfant présente assez de caractères cliniques

pour qu'on puisse affirmer chez lui l'épilepsie : il pré-

sente assez de signes tératologiques pour le considérer

comme un dégénéré .

Mous n'insisterons pas sur les troubles variés que

nous signalons. Les troubles psychiques (épileptiques)

peuvent se rencontrer aussi bien chez l'enfant que chez

l'adulte (1).

Relevons seulement le rôle de la constipation dans la

production des hallucinations. On a signalé chez des

enfants indemnes d'épilepsiedes hallucinations diurnes

il propos de troubles intestinaux, liés il l'appendicite

(Vergely, de Bordeaux). Berlclcy a signalé un homme

de 74 ans qui, après une constipation, souffrait d'une dou-

leur de tête intense ; bientôt suivait un sentiment d'an-

xiété, de l'obnubilation des facultés et une hallucina lion :

à côté de sa propre tête, il en avait une seconde, avec

une longue barbe grise ; la guérison en 24 heures après

un lavage (2).

L'origine des troubles nerveux de cet enfant et de

ses particularités somatiques paraît éclairée par les

(1) A.STEr.M : \ER.Co; ! tr;&. à l'étude clinique des paroxysmes psy-

chiques épileptiques chel l'enfant, lh, 1904.

(2) IL J. l3e.art.er. -...1 treatise on mental diseases, 1901, p. 370,-

Ch. FÉRÉ. Contrib. à 1 étude des accidents névropathiques de l'indi-

gestion. (Revue de médecine, 1902, p. 13.)

202 PHYSIOLOGIE.

produits des grossesses suivantes ; en l'absence de toute

infection ou de toute intoxication, on peut reconnaître

la valeur de l'incontinence pendant la grossesse ; cette

incontinence reconnue peut réaliser les conditions d'un

surmenage dont on a démontré les inconvénients sur le

- développement. L'incontinence, comme les infections

ou les intoxications, peut agir do différentes manières

suivant l'époque de l'évolution (1). Pendant les pre-

mières semaines, elle peut provoquer des malformations

variées ; plus tard elle provoque des maladies du foetus,

sa mort et l'expulsion prématurée, etc.

Ce n'est pas récemment que cette notion s'est intro-

duite dans l'obstétrique, que tout rapport sexuel doit

cesser pendant toute la durée de la grossesse (2). L'in-

continence ne provoque pas seulement l'accouchement

prématuré, qui peut être nuisible pour la mère ; mais

il peut amener la maladie et la dégénérescence du pro-

duit. A ce dernier point de vue la copulation intempes-

tive peut être plus active au début de la grossesse

qu'il est intéressant de connaître le plus tôt possible.

Des femmes manifestent immédiatement, après la

fécondation, une horreur invincible du mâle. On peut

les juger comme alteintes de phobies morbides de la

grossesse ; mais c'est une répulsion qui se montre chez

nombre de femelles animales ; on peut la considérer

comme un moyen de défense naturelle. ,

D'autres signes subjectifs précoces de la fécondation,

qui passent comme bizarreries (3), peuvent être utili-

sées comme moyen de défense, il ne faut pas négliger

les plus délicats.

(1) Ch. FÉRÉ. Essai expérimental surrlesraphorfs étiologiques de

l'infécondité, des ntonstiuosttés, de lavortement et la mortr-ttafalité

du retard de développement et de la débilité congénitale. (1 tralogia'

a quartet ly journ. of antenital patlvAogy, 1895, II p. 245.) La

famille névropathique, etc., 2" éd., 189 ? p. 239.

(2) A. Pinauu. Art. (esrartoa.(l71ct. de Physiologie, de C : It.ltmrter,

1905, T. N'il, p. 161).

(3) I·Ltti : (Ch.). L'hérédité de /'o6M)'.(/r.;<' de ntédecinc,19U2,p.

338.)

CLINIQUE NERVEUSE

Asile Clinique SamTr3 .4vNr. - Bureau d'admission.

Hystérie avec hémianesthésie sensitivo-senso-

rielle gauche. Appoint alcoolique. Hallucina-

tions multiples rapportées uniquement à ce

même côté par la malade ; .

Par le IY HaGEn ])CPOUY, illierile Ú l'Asile Clinique.

(Observation recueillie dans le service de ;\1. \Ltov.w.)

La malade, Anna F..., cuisinière, àgée de 48 ans, entre à l'ad-

mission de l'Asile clinique, le 17,juin t9O'j, pour la huitième fois.

Inculpée de vagabondage et de filouterie, elle a été l'objet d'un

non-lieu après expertise. 'Elle est entrée pour la première fois à

l'Asile clinique le 20 juillet 1889, à l'Age de 31 ans, sous le nom

de Céline C..., inculpée déjà de filouterie. On note à ce moment

chez elle de la débilité mentale, des alternatives d'excitation et de

dépression, de rhjstéro-épilepaie avec hémianesthésie gauche.

Son attitude il cette époque est triste ; la malade se plaint de

maux de tête, surtout au niveau des lempes, et de bourdonne-

ments d'oreille. « C'est comme le tambour «dit-elle. Elle accuse

des hallucinations auditives et visuelles de nature pénible. Elle

entend de ses deux oreilles la voix de son mari cl celle de ses en-

fants qui lui dirent des injures ; elle voit des poissons et des ser-

pents devant el autour d'elle. Elle avoue des habitudes alcooli-

ques ; vin aux repas et dans leur intervalle, rhum trois fois par

jour. Elle, raconte enlin qu'elles est sujette, depuis six ans, il des

attaques dont la fréquence etla durée sont allées en augmentant;

elle en aurait actuellement trois par semaine. L'attaque survien-

drait dans la journée, jamais dans la nuit : elle s'annoncerait par

de» picotements dans tous les membres, une sensation d'étouife-

ment, de gonflement épigastrique et de serrement à la gorge et

durerait toujours plusieurs heures ; elle serait .caractérisée par

des mouvements convulsil's violents, accompagnée souvent, mais

non toujours, de perte de connaissance, quelquefois, mais très ra-

rement, de morsure de la langue, jamais de miction involontaire.

Elle se terminerait le plus souvent par des crises de larmes ou

de rires, et entraînerait à sa suite une paralysie avec contracture

du côlé gauche durant quelques jours. Il- existerait enfin, dans la

journée et en dehors des crises, de courtes absences.

La malade prétend ne se rappeler nullement l'inculpation dont

2Gi clinique nerveuse.

elle a élé l'objet, ni sonpassageàlaPrefectUt''de police, ni son

transfert à Sainte-Anne dans la voiture cellulaire ; elle dit ne

garderaucun souvenir de ce qu'elle fait dans la,journée qui pré-

cl'del'attar[ue pt dans celle qui la suif. '

Dru,uiL·me entm·r; en avcil 1S ! I1. - Elle a des idées confuses de

persécution, des craintes (l'empoisonnement.

- Troisième entrée en avril-1893. Elle présente manifestement

~un délire alcoolique ; elle voit des gens qui la poursuivent et la

menacent ; elle peur et se réfugie dans les angles du bureau du

commissariat où elle a été conduite, parce qu'elle ne pouvait

paver des consommations [irises par elle dans un débit de bois-

sons.

ycatriémeesitr·· cn mai IS ! J4. -I : n plus de ses accidents d'o-

rigine alcoolique, on note à ce moment une attaque d'hémiplé-

gie gauche survenue récemment, consécutive à une crise d'exci-

lalion, cl de nature hystérique. 1

Cinquième entrée an octobre 18%. Nous lisons sur l'obser-

vation qu'elle sent assez, bien des deux côtés, pt qu'il ne reste

qu'un peu de faiblesse de la vue à gauche. Elle n'aurai ! pas eu

d'attarlues convulsives depuis quatre ans, c'est-à-dire depuis

qu'elle ne prend plus d'apéritifs, ni d'alcool en nature.

Sixième entrée en décemhre 1 ! IOI. - Elle a été arrêtée pour

filouterie d'aliments ; il y a eu expertise médico-légale et non-

lieu.

Septième entrée en juin 1903. Elle a été arrêtée sur la plainte

d'un marchand de vins à qui elle ne pouvait payer sa dépense de

hoissons. Elle a des hallucinations multiples et pénibles, accuse

des craintes, des frayeurs, et a fait une tentatl\ de suicide.

Nous l'examinons nous-même le 18 juin 1lIJ ? N'ous constatons

chez elle l'existence d'une hémianesthésie sensilivo-sensorielle

gauche : et elle nous dit avoir eu, sous l'empire de l'alcoolisme,

des hallucinations multiples el pénibles, exclusivement localisées

à ce même côté.

Voyons comment, chez elle, l'alcoolisme et l'hystérie on ! pu

retentir l'un sur l'autre, s'enchevêtrer pour ainsi dil'e pt donner

lieu à des hallucinations unilatérales. ,

Après sa sortie de l'Asile,l'andernie ? elle seraiLrecL(·e solwc,nc

buvant que du houblon, lorsqu'elle fui, il y a semaines,confiée

à une noce dans son pays d'origine. Là, malgré sa résistance, on

l'aurait obligée à commettre quelques excès de boissons (vin, ci-

dre) ; elle n'aurait plus eu la force de lutter, les jours suivants,

et elle aurait continué à boire, même rentrée chez elle à Paris.

Elle nous dit textuellement : « .le n'aime plus le vin; j'ai élé

poussée à boire, malgré moi. A mon retour chez moi, j'ai jeté

mon houblon, et j'ai acheté du vin blanc; je ne me rendais pas

compte de ce que je buvais. »

HYSTTIUR 4\'I·'.C HI;>fIW l'STH13SIG Sr.NStT ! YO-snxSOR;EL[-r. 205

Sous l'in(lHerica'rle l'alcool, un délire s'est inslallé et des hal-

lucinalions sont apparues. Elle a d'abord cru que tout le monde

la regardait de travers, et se moquait d'elle ; puis elle a entendu

à son oreille gauche el il celle-là seulement,des sottises, des insul-

tes, ou aurait dit qu'un appareil téléphonique était accroché il

son oreille gauche. C'est toujours la même voix, celle d'un an-

cien amant il lui reproche d'avoir appartenu à un autre (pie

]ui,i'iucctie,)a)raLitc de.» putain» el de « salope », lui fait des

propositions amoureuses ou la menace de la Il'oml)('I' a\f'C unit

aulrc femme, ce qui porte à son comble bicolore el l'oxaspératioft

de noire malade. \

D'autres fois, celte yui, lui ordonne de sortir et de marcher. Et

alors, dit I·'..., je marchais toujours et toujours pour rien ; quand

j'élais trop fatiguée, si je m'Asseyais, on aurai ! dit que mon siège

l'Laitélecll'isé, »1LlmllucinaLÏon tactile est, cette fois, bilatérale).

Une fois, rue Turhigo, elle entend sa vok lui ordonner de se

déshahil1l'l', pl Üe se coucher toute nucal pied de la statue de la

11('puhliqup, Elle le laitau"ilùl ; elle'l raplwlle ,[u'il a fallu la 1'1'-

couvrir pour la ramener chez elle, mais ellen'a jamais pu se rap-

peler ce tlu'r·lLea\ait Ivitrle ses vêtenu·nls ; elle les aurait distri-

hues, croit-elle, aux passants, avec ses clefs et son argent.

Les hallucinations visuelles existent surtout la nui ! ; elle a des

cauchemars affreux, elle voit des ligures grimaçantes, des ani-

maux r·(Trayanl..(;r·.IIaIIncinalion·sunL foules rapportées au, côté

gauche ; les animaux qu'elle \o\ait grimpaient toujours du côté

gauche de son lit, jamais du côté droit. Or, nous verrons plus

loin que son mil gauche est amaul'oLique, En proie à ses cauche-

mars, elle se réveille en sursaut, entend à nouveau sa voix il son

oreille gauche, se relève et part, allant à l'aventure.

L'odorat et legoûtsont égalementle siège d'hallucinations. Elle

sent une odeur désagréable, comme du phénol ; l'odeur venait

du roté gauche.

Les aliments aussi avaient mauvais goût ; la malade ne pouvait

plus manger, tellement tout ce qu'elle mangeait sentait l'eau de

.lavelle, lechlocoforme ou le phénol.

l.a sensihiliLé gauclle enliu csl IwmillemcnL atteinte. F..., res-

sent d'abord des fourmillements, dans le côté gauche toujours,

puis elle se sent élecLl'i<l'e d" ('(ité gauche uniquement et souffre, au

point décrier. La tête lui fait atrocement mal, du côté gauche ;

on eût dit qu'on la lui déchiquetai ! avec des tenailles.

D'autre part, elle a des sensations génitales voluptueuses ; elle

sent « comme si son ami était près d'elle et la touchait aux par-

lies » ; ces hallucinations de la sensibilité générale sonl généra-

lement combinées avec des hallucinations auditives du même or-

dre ; elle entend on même temps la voix de son ami lui faire des

propositions. -

266 CLINIQUE NERVEUSE.

Pendant qu'évoluaient ainsi les troubles mentaux, des accidents \

de nalUl'e lI1anil'pll'lI1l'llt Il)'stéri(IUe apparaissaient a lour Inur ;

la main gauche se paresiait; de même la jambe gauche, qui flé-

('hissait sons la malade, comme si, dit-elle, elle eût été en ouate.

Nous l'appplll'I'on, que F ? a eu une attaque d'hémiplégie gau-

che hyslérique en 1894. ? Actuellement, ces dill'éreiits troubles sont en décroissance, la

malade ne buvant plus que de l'eau, du houblon el un peu de .

café depuis trois semaines. Mais si les accidents Lwirluos ee sonl

amendés, le fond hystérique sur lequel ils on) évolué demeure .

avec ses stigmates. -

L'examen des yeux, pratiqué a notre demande parnntreami, .

. CANTONNE'l', interne des hôpitaux, fournil les renseignements

suivants.'L'oeil droit semble normal à l'oplttalntoscul>e. L'rcil

auclie présente une taie ancienne et centrale de la cornée ; les

réflexes irions sont normaux ; il existe quelques opacités en ai-

guille du cristallin ; le fond d'mil est normal ; ni glaucome ni

névrite.

La malade accuse une amaurose totale de cel oeil depuis G ans.

Cette amaul'ose a (l'ailll'ul's disparu quelque : - jours après cet exa-

menala suite d'un traitement par l'aimant.

La mensuration du champ visuel à droite donne pour le blanc :

HYSTÉRIE. AVEC HÉVI.1\ESIHliSII : St ? SI11\,0-St : XSORIELLE. 207

malade porle la main à sa bouche ef enlève le cristal déposé à sa

droite, laissant en place celui du côté gauche. Même résultat en

opérant avec un fragment de sucre.

La sensibilité à la piqûre et au pincement est abolie, la sensi-

bilité au tact très diminuée sur toute la moitié gauche du corps,

saul' aw cW6miLU ; la nlaiu el Ic pierl muL conservé entière leur

sensibilité, ce qui explique la persistance du ;,cus ,I<"I'é°6"u')--

1 ique, En l'I'I andll', I.t malade a perdu du rôle gauche la notion

de position de ses membres (elle ne peul dire, les veux fermés,

l'attitude dans laquelle nous avons^placé son bras ou sa jambe

gauches, ni la reproduire du côté droit) ; et de même la nolion

de poids. C'est ainsi que lui niellant successivement dans la main

gauche 3 objets de poids très différent, nous obtenons la réponse

suivante :

« C'est la môme chose » bien que sa 'main ait fléchi en rece-

vant le dernier.

En opérant du côfedroit, F... nous dit : « C'est léger rela pèse

`.110 nalmes - ccla 1·se 10U il 8U0 grammes ». En realite les

objets pèsent respectivement : 55, t90 et 890 grammes.

La I'n"ihililé au eltaud ..t au l'roi,1 poll\lit l'eslwcl,\e,

Les régions ovariennes et mammaires sont douloureuses au

palper, surtout du côté gauche.

Les réflexes rotuliens et triripitaux sont il peu près égaux des

deux rôles, un peu exagérés ; les conjonclivaux sont normaux il

droite, abolis Kauciie ; le rélloxo pharyngien n'existe pas.

La force musculaire est très diminuée du côté gauche : la ma-

lade si rre 1res faiblement. 11 n'y a pas de Iremblemenl manifeste

des mains.

En résumé, il s'agit, chez F..., d'une débile. comme le

prouvent la pauvreté de son intelligence, la faiblesse de

son instruction et même le caractère de certaines de ses

hallucinations. C'est en ell'et surtout cliez les dégénérés

alcoolisés que persistent parfois les hallucinations audi-

tives après la disparition des hallucinations visuelles.

D'autre part, c'est une hystérique ayant eu autrefois

des crises convulsives, une hémiplégie fugace, et présen-

tant actuellement une hémianesthésie scnsitivo-senso-

rielle. Cette hystérie intervient dans son délire alcoo-

lique, en déterminant la localisation des hallucinations

au seul côté frappé li'hémiÙl1eslhésie. c'csl-il-dil'e placé

par la névrose en état de moindre résistance par rapport

au côté sain, peut-être en provoquant des hallucinations

d'ordre génital, et en enlevant tout souvenir des actes

commis. (F... prétend ne passe rappeler dans quelles

circonstances elle a commis le délit de grivèlerie pour

26S CLINIQUE NERVEUSE.

lequel elle a été arrêtée) : enfin en créant un véritable

état second, avec changement de personnalité.

Nous avons vu. que 1 ... entrait autrefois à l'asile, sous

le nom de C.. ; c'est qu'en effet, elle se figurait qu'elle

était morte, qu'elle était devenue sa propre cousine, et

se donnait comme cette dernière.

Enfin c'est une alcoolisée ; ses hallucinations sont

sous la dépendance directe de l'alcool ; et c'est là une

donnée importante à retenir ; car l'intoxication semble

être intervenue chaque fois comme le facteur occasionnel

de ses troubles mentaux et de ses accidents hystériques.

Ce qui fait surtout l'intérêt, à notre avis, de celte ob-

servation, c'est que tous les troubles éprouvés par la

malade, à la faveur de son alcoolisme, ont été rapportés

par elle uniquement au côté de son corps atteint d'hé-

mianesthésic sensitivo-sensoriellc, donnant ainsi lieu à

des hallucinations unilatérales. L'hémisphère cérébral

droit, qui commande le côté gauche du corps, lésé fonc-

tionnellemcnt par l'hystérie et constituant de ce fait un

locus minoris resistelltioe, a seul réagi aux coups de l'in-

toxication alcoolique fait en rapport, d'ailleurs, avec

les données de la pathologie générale ; et la maladc a

déliré par son cerveau droit, tout comme elle avait souf-

fert par lui dans ses sensibilités générale et spéciale.

Cette observation était écrite et sur le point d'être

publiée quand nous revîmes une seconde fois cette femme

à l'occasion d'une nouvelle entrée au bureau d'admission

de l'Asile clinique, le 1ti janvier 1905. F... s'était remise il

travailler de son métier de cuisinière il sa sortie de

l'asile. Sous l'influence de la fatigue, dit-elle, des bour-

donnements d'oreille, puis des hallucinations réappa-

rurcnt, localisés comme auparavant il l'oreille gauche.

En réalité, elle s'était reprise il boire, et, sous l'empire

de l'alcool, les hallucinations devinrent bientôt extrême-

ment pénibles ; elle entendait, toujours à son oreille

gauche, des injures et des menaces. Elle commit des

fugues, fit de nouveaux excès impulsifs d'alcool dans les

mêmes circonstances qu'antérieurement, entrant à l'im-

protiste dans un cabaret et payant il boire il tous ceux

qui acceptaient. Elle fut ainsi arrêtée sur la plainte d'un

marchand devins chez qui elle faisait scandale et auquel

elle ne pouvait régler le prix de ses consommations. Son

état actuel est le même qu'il y a sept mois, .cette malade

présente de l'hémianesthésic sensitivo-sensoriclle gau-

che avec hallucinations unilatérales multiples et pénibles

du même côté.

ASSISTANCE ET PEDAGOGIE

. Statistique et enseignement des enfants idiots et épi-

leptiques internés dans les asiles d'aliénés;

Par 1S0UHXEV1LLE.

En de nombreuses circonstances, nous appuyant

sur les faits et sur une longue expérience, nous avons

insisté au point de vue social sur la nécessité de l'hos-

pitalisation, du traitement et de l'éducation des enfants

arriérés et épileptiques. Nous avons réclamé aussi,

pour eux, l'application de la loi scolaire du 28 mars 1882

qui impose l'obligation de l'instruction primaire aux

enfants âgé ? de 6 13 ans. Nos incessantes publications

ont fini par appeler l'attention des pouvoirs publics. M.

Chaumié, ministre cle l'instruction publique, au mois

d'octobre dernier a nommé une commission chargée

d'étudier la situationdes enfants anormaux, au point

de vue surtout de l'application en leur faveur de la

loi sur l'obligation de l'instruction primaire.

Sous le titre d'enfants anormaux, on comprend

les aveugles, les sourds et muets, les idiots à tous les

(le l'idiot complet au simple arriéré. Si l'on

est à peu près renseigné sur le nombre des sourds et

muets, et des aveugles, il n'en est pas cle même

pour les enfants idiots, les plus nombreux clos anor-

maux. Ayant ou l'occasion de faire appel à nos collè-

gues des asiles au sujet d'un rapport au Conseil supé-

rieur de l'assistance publique, nous en avons profité

pour leur demander quel était le chiffre des enfants

idiots et épileptiques présents au 31 décembre 1903

dans leurs services. Les tableaux ci-après résument

les renseignements que nous devons il leur obligeance

confraternelle.

280 " ASSISTANCE ET PÉDAGOGIE.

Asile-École de Saint-Yon.

L'école ouverte en 1891 pour les enfants placés à l'Asile,

disent MM. les D1'5 Giraud, Pochon, Brunet, continue de

fonctionner régulièrement. Deux institutrices sont atta-

chées à l'école. L'institutrice chargée de la direction de

l'école nous a remis le rapport suivant :

« Année 1903. -Pendant l'année 1903, l'école a été suivie

par 36 élèves dont : 20 en 1 ? classe, 16 en 2e. Aujour-

d'hui, 31 décembre 1903, 24 élèves seulement sont inscri-

tes : 13 en 1° classe, 11 en 2°. Cet abaissement do l'effectif

est dû à 12 élèves ayant quitté l'asile, dans le courant de

l'année, pour les causes suivantes.

STATISTIQUE ET ENSEIGNEMENT DES ENFANTS IDIOTS. 281

jours libre entrée dans les locaux scolaires. Les enfants

sont visités chaque jour comme les autres malades et sont

vus soit aux classes, soit à la gymnastique, suivant que

l'heure de la classe ou de la gymnastique coïncide avec

l'heure de la visite médicale. '

Asile-École de Clermont (Oise).

M. LESVIER, directeur de l'Asile, s'exprime ainsi :

Depuis la création du pavillon spécial jusqu'en 1903,

les enfants du quartier de Fitz-James (imbéciles, idiots

arriérés) ne recevaient d'autres soins que les soins médi-

caux. Actuellement, un véritable enseignement médico-

pédagogique leur est donné et cette innovation est

assurément une des plus heureuses que nous ayons à

enregistrer. Il faut avoir vu autrefois ce quartier où de

malheureux enfants, dépourvus de toute occupation, de

tout amusement, traînaient invariablement une existence

incolore et misérable pour apprécier maintenant le bien-

être dont ils jouissent. Ainsi que nous le faisions pressentir

dans un rapport précédent, les gardiens ont été remplacés

par des infirmières et ce changement a donné les meilleurs

résultats. La cour de récréation s'est garnie peu à peu de

pelouses verdoyantes, de massifs, de fleurs. Dans les dor-

toirs, on constate une propreté irréprochable; une salle de

bains a été aménagée et la salle d'étude, naguère si

délaissée, est aujourd'hui une véritable classe d'école

primaire où l'enseignement approprié à des intelligences

rudimentaires est attribué à chaque enfant, selon sesapti-

tudespar des infirmières-institutrices qui, elles- mêmes,

ont reçu à cet effet une éducation particulière dans le

service de M. le Dr Bourneville à Bicètre.

Notre personnel se compose d'une surveillante en chef,

d'une infirmière-institutrice et de deux infirmières ordi-

naires. Les classes ont lieu le matin et le soir à des heures

variables selon la saison. On y enseigne la lecture, l'écri-

ture, le calcul, etc., et cela avec, plus de succès qu'on ne

croirait tout d'abord ; nous pourrions citer tel de nos

élèves sachant à peine ses lettres il y a quelques mois et

lisant aujourd'hui à peu près couramment. '

282 ASSISTANCE ET PÉDAGOGIE.

Mais l'instruction de ces enfants arriérés serait de peu

d'utilité si l'on se bornait à leur enseigner la lecture et

l'écriture; il ne faut pas perdre de vue que ceux dont

l'amélioration mentale permettra un jour la sortie de l'asile

auront surtout besoin de notions pratiques lorsqu'ils

devront pourvoir à leurs besoins. Aussi les leçons de

choses sont- elles partie importante du programme ; le

jardinage, la culture, y sont fort en honneur et si l'enfant

acquiert pendant son séjour à l'asile un développement

physique et mental suffisant, rien ne s'oppose à ce qu'on

lui enseigne un métier dans les nombreux ateliers de

l'établissement.

Entre temps, nos jeunes élèves se livrent, sous la direc-

tion de l'institutrice, à des exercices de gymnastique

élémentaire ; ils apprennent le chant, voire même la danse.

A titre de récompense, on les conduit en promenade, soit

dans les dépendances de l'asile, soit au dehors, et l'on

profite do chaque sortie pour solliciter leurattention, tenir

' leur curiosité en éveil et les renseigner sur le nom, la

destination des objets qui frappent leurs regards.

En témoignant notre extrême satisfaction devant une

transformation aussi complète, nous sommes heureux de

rendre hommage au dévouement de la surveillante en chef

du quartier des enfants, et c'est pour nous un devoir de la

remercier du concours intelligent qu'elle nous a prêté.

L'organisation, dans le quartier des enfants de Fitz-

James, de la méthode médico-pédagogique, nous donne

toute satisfaction. Les leçons prises par nos infirmières et

par nos surveillantes, dans le beau service de M. le Dr

Bourneville, commencent à porter leurs fruits. L'ordre,

l'éducation et la santé de nos fillettes en profitent large-

ment. Nous espérons même prochainement présenter deux

d'entre elles à titre d'encouragement, à l'examen du

certificat d'études.

Enseignement médico-pédagogique. '

L'enseignement médico-pédagogique, selon la méthode

de M. le Dr Bourneville, organisateur de cet enseignement

dans la Seine, est donné, depuis bientôt un an, à nos

enfants filles et garçons, et les résultats en sont très satis--

STATISTIQUE ET ENSEIGNEMENT DES ENFANTS IDIOTS. 283

faisants. Il y avait relativement peu à faire chez les filles,

Madame Champy qui les dirige, les ayant toujours très

bien tenues, s'en étant toujours occupée avec beaucoup

de zèle et de dévouement.

Elle faisait l'école pour celles dont l'intelligence était

susceptible de développement, leur apprenait l'écriture, la

lecture, le calcul. Elle leur apprenait aussi la couture et

à faire de petits travaux de dames. Elles viennent à Cler-

mont prendre des leçons de repassage. Chez les garçons,

que les infirmiers se contentaient de garder, tout était à

faire.

Les résultats sont des plus encourageants. Pour les

enfants susceptibles de culture intellectuelle, l'enseigne-

ment comprend, en ce moment, lecture, écriture, calcul,

leçons de choses, petite gymnastique des membres,

danse. Chez les plus déshérités, on s'efforce d'obtenir

toute l'amélioration possible, de régulariser certaines

fonctions, de manière à faire disparaître ou au moins

diminuer le gâtisme.

Le quartier a perdu son aspect nu et peu entretenu, il y

a des gazons, corbeilles et plates-bandes plantées de fleurs,

que les enfants respectent. Ils cultivent eux-mêmes avec

beaucoup de soins un petit jardin potager.

En employant le personnel féminin pour les petits gar-

çons, on a suivi la pratique et les conseils de M. le Dr

Bourneville, les résultats en sont des plus heureux. Il est

juste, d'ailleurs, de décerner à Madame Gérard, qui est à

la tête de ce service, les plus vifs éloges. Elle s'acquitte de

sa mission avec beaucoup d'activité, de zèle et de dévoue-

ment. Depuis son stage à Bicétre, elle y est retournée

plusieurs fois, à ses frais, demander des conseils à M. le

Dr Bourneville.

Pour compléter l'oeuvre, il serait fort utile de faire certains

travaux et constructions pour lesquels M. l'Architecte

départemental a dressé des plans et devis, notamment de

construire dans les quartiers des garçons et des fillettes

des préaux couverts qui pourraient servir de 'promenoirs

et de salle de gymnase.

M. le Dr Boiteux, médecin en chef de la division

des femmes, écrit dans son Rapport ;

284 ASSISTANCE ET PÉDAGOGIE. 1

« L'organisation dans le quartier des enfants de Fitz-

James, de la méthode médico-pédagogique, nous donne

toute satisfaction. Les leçons prises par nos infirmières et

par nos surveillantes, dans le beau service de M. le Dr

Bourneville commencent à porter leurs fruits. L'ordre,

l'éducation et la santé de nos fillettes en profitent large-

ment. Nous espérons même prochainement présenter

d'eux d'entre elles, à titre d'encouragement, à l'examen

du certificat d'études. » ,

M. le Dr Thivet, médecin en chef de la division

des hommes, expose ainsi les résultats obtenus :

« Depuis la création du pavillon spécial jusqu'en 1903,

les enfants du quartier de Fitz-James (imbéciles, idiots,

arriérés) ne recevaient d'autres soins que les soins médi-

caux. Actuellement un véritable enseignement médico-

pédagogique leur est donné et cette innovation est assuré-

ment une des plus heureuses que nous ayons à enregistrer.

Il faut avoir vu autrefois ce quartier où de malheureux

enfants, dépourvus de toute occupation, de tout amuse-

ment, traînaient invariablement une existence incolore et

misérable pour apprécier maintenant le bien-être dont ils

jouissent. Ainsi que nous le faisions pressentir dans un

rapport précédent, les gardiens ont été remplacés par des

infirmières et ce changement a donné les meilleurs résul-

tats ; la cour de récréation s'estgarnie peu à peu de pelouses

verdoyantes, de massifs de fleurs ; dans les dortoirs on

constate une propreté irréprochable ; une salle de bains

a été aménagée et la salle d'étude, naguère si délaissée,

est aujourd'hui une véritable classe d'école primaire où

l'enseignement approprié à des intelligences rudimentai-

res, est distribue à chaque enfant selon ses aptitudes, par

des infirmières institutrices qui, elles-mêmes ont reçu à

cet effet une éducation particulière dans le service de M.

leur Bourneville à Bicêtre. 1

Notre personnel se compose d'une surveillante en chef,

d'une infirmière institutrice, et de deux infirmières ordi-

naires. Les classes ont lieu le matin et le soir, à des lieu-

.. l'es variables selon la saison. On y enseigne la lecture, l'é-

criture, le calcul, etc., et cela avec plus de succès qu'on ne

STATISTIQUE ET ENSEIGNEMENT DES ENFANTS IDIOTS. 285

croirait tout d'abord ; nous pourrions citer tel de nos élè-

ves sachant à peine ses lettres il y a quelque mois et lisant

aujourd'hui à peu près couramment. Mais l'instruction de

ces enfants arriérés serait de peu d'utilité si l'on se bornait

à leur enseigner la lecture et l'écriture ; il ne faut pas per-

dre de vue que ceux dont l'amélioration mentale permettra a

un jour la sortie de l'Asile, auront surtout besoin de notions

pratiques lorsqu'ils devront pourvoir à leurs besoins.

Aussi les leçons de choses sont-elles partie importante du

programme; le jardinage, la culture, y sont fort en hon-

neur et si l'enfant acquiert, pendant son séjour à l'asile

un développement physique et mental suffisant, rien ne

s'oppose à ce qu'on lui enseigne un métier dans les nom-

breux ateliers de l'établissement. Entre-temps, nos jeunes

élèves se livrent, sous la direction de l'institutrice, à des

exercices de gymnastique élémentaire; ils apprennent le

chant, voire même la danse. A titre de récompense, on les

conduit en promenade, soit dans les dépendances de l'asile,

soit au dehors et l'on profite de chaque sortie pour solli-

citer leur attention, tenir leur curiosité en éveil et les

renseigner sur le nom, la destination des objets qui frap-

pent leurs regards.

- En témoignant notre extrême satisfaction devant une

transformation aussi complète, nous sommes heureux de

rendre hommage au dévouement de la surveillante en

chef du quartier des enfants, et c'est pour nous un devoir

de la remercier du concours intelligent qu'elle nous a

prêté. »

Asile-École de Sainte-Gemmes (Maine et Loire).

Voici les renseignements que nous a envoyés M. le

Dr PETRUCCI, médecin-directeur de l'asile d'aliénés

de Sainte-Gemmes.

« Au moyen de ressources budgétaires cependant mini-

mes, nous avons pu installer, dans des conditions assez

confortables, un quartier provisoire. Le bâtiment est divisé

en deux parties égales, d'un côté sont placées les filles, de

l'autre les garçons. La surveillance a été confiée à un

286 ASSISTANCE ET PÉDAGOGIE ,

ménage d'infirmiers dont l'expérience est éprouvée et qui

comptait de nombreuses années de service à l'Asile. Leur

logement occupe le centre du bâtiment. A côté se trouve

une tisanerie et les réfectoires servant de salle d'études et

de récréations. Les enfants reçoivent des soins méthodi-

ques de gymnastique médicale pour développer leur état

physique et desleçons susceptibles de développer dans la

limite du possible leurs facultés intellectuelles. Ce soin

incombe à une surveillante laïque, laquelle, est en même

temps chargée de la surveillance des salles de lecture.et de

jeux des pensionnaires.

Les dortoirs situés de chaque côté des salles de réunion

contiennent chacun 12 lits. Ce chiffre serait, à la rigueur,

élevé à 16, ce qui porte à 32 le nombre des enfants pou-

vant être hospitalisés dans ces endroits.

La cour des récréations est divisée également en deux

parties; au centre deux murs d'un mètre de hauteur, sur

lesquels on a placé un grillage, forment couloir commu- '

niquant avec le chemin de ronde par une porte.

Le couloir, àson arrivée au bâtiment, s'élargit pour for-

mer une sorte de rond-point, dans lequel les infirmiers

peuvent exercer leur surveillance. Ces cours sont absolu-

ment indépendantes l'une de l'autre. Elles ne sont accessi-

bles que par les dortoirs pour éviter le mélange des deux

sexes.

Les cabinets sont installés au milieu de chaque cour, le

long du mur de clôture et dans un endroit où les petits

malades peuvent être constamment surveillés de n'impor-

te quel point du pavillon. La méthode médico-pédagogi-

que employée pour développer chez les enfants arriérés,

qui nous sont confiés, les germes des facultés intellectu-

elles et des sentiments, nous a donné des résultats très

satisfaisants. Chez deux enfants, en particulier, les résul-

tats acquis méritent d'être signalés.

L'un d'eux dont l'instruction, déjà commencée, avaitdû

être négligée par suite de crises épileptiques, a repris des

habitudes de travail, d'ordre et a fait des progrès rapides.

L'autre, plus jeune, arrivé à l'asile dans un état d'idiotie

complète, n'ayant jamais pu apprendre à lire, répondant

par monosyllabes aux questions qui lui étaient posées,

s'est amélioré d'une façon inespérée. Il peut lire, écrire,

Statistique ET enseignement des enfants idiots. 287

réciter quelques fables. Il travaille régulièrement, s'effor-

çant d'aider, dans la mesure de ses forces, l'infirmier

chargé de la surveillance du quartier. »

Asile-école de la Roche-sur-Yon.

Notre ami, M. le Dr CULLERRE, médecin-directeur

de l'asile d'aliénés de la Roche-sur-Yon, nous a adressé

la note suivante sur le fonctionnement de son asile-

' école.

288 ASSISTANCE ET PEDAGOGIE

gymnastique élémentaire, mouvements, ressorts, échelles,

etc.. La femme les habitue à s'habiller, les soignc, sur-

veille leurs repas, etc.. Sur ma demande le Préfet a obtenu

pour ces préposés très méritants une médaille de bronze

de l'Assistance publique.

Une classe est toujours faite par un aliéné ancien insti-

tuteur dont l'état mental est peu touché, huit enfants la

suivent et quelques-uns ont fait des progrès très remar-

quables surtout en dessin et en calcul. En 1904 un enfant

est sorti très amélioré ayant appris à l'atelier de serrurier

les éléments du métier et capable de gagner sa vie.

Hospice départemental et Dépôt de Mendicité de l'Aisne

à Montreuil-sous-Laon.

Le directeur de cet établissement, laïque jusqu'en

1870, ensuite délaïcisé, a eu l'obligeance de nous

adresser les renseignements suivants :

Les jeunes idiots et épileptiques de l'âge de 2 à 18 ans,

présents à l'hospice de \Iontreuil-sous-Laon, sont au

nombre de 25, savoir :

STATISTIQUE ET ENSEIGNEMENT DES EN1-ANTS IDIOTS. 289

Asiles-écoles de la Seine.

1

Le département de la Seine hospitalise, traite et

éduque :

200 revue d'anatomie ET DE physiologie pathologiques.

Bicêtre, ce qui est impossible, les places, insuffisantes,

étant réservées aux enfants de la Seine.

Nous en profitons pour recommander aux parents

d'intervenir auprès de leurs mandataires, députés,

sénateurs, conseillers généraux, afin d'obtenir la créa-

tion, dans leur département, d'asiles-écoles. Cette pro-

pagande contribuera peut-être un jour, à la réalisation

de cette réforme sociale dont les faits, chaque jour,

nous prouvent l'urgence. '

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE

PATHOLOGIQUES

LVI.- Un réflexe auriculaire ; par W. Alter. (Neurolog.

CantmslGL. \I(, 1,103,)

La percussion, la piqûre, le pincement, l'impression du chaud et

du froid sur la peau de la partie postérieure du tiers moyen du

massélcr provoquent chez certains paralytiques généraux l'attrac-

tion en haut en arrière du pavillon de l'oreille, par la contraction

delà portion postérieure du muscle élévateur auriculaire supérieur

et du muscle rétracteur auriculaire postérieur de ce pavillon. La

région excitée étant innervée par la branche auriculaire du troi-

sième nerf cervical, tandis que les faisceaux musculaires en ques-

tion reçoivent la branche antérieure de l'auriculaire postérieur

du facial, c'est un réflexe. 11 manque, chez les gens bien portants

et chez les autres malades, même chez ceux dontl'excilahililé ré-

flexe est exagérée. En lous les cas où il existait, c'est-il-dire chez

19,4 % des paralytiques, le facial était parétique du côte du ré-

flexe. Ne pas le confondre avec les mouvements musculaires con-

vulsifs, émanant des manoeuvres d'examen du facial ou du plexus

cervical, qui s'étendent des muscles de la face aux muscles de

l'oreille. 11 peut arri\er que la zone réflexe soit plus étendue et

que la piqûre du territoire de l'auriculo-temporal (trijumeau) le

produise : cela tient à des distributions nerveuses empiétant les

unes sur les autres. - P. KERAVAI .

Notes. N" 9. Autrefois l'asile de Sl-Ijizicr (Arriege) recevait,

en assez grand nombre, des enfants arriérés de la Seine. Il n'en

est plus ainsi depuis plusieurs années.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 291

LV1). -Du rôle du noyau caudé ; par W. E. ST;EDA.(0&o)'e)t;<;

psichiatrii, VU, 1902.) De la fonction du noyau caudé ;

par le même, (Neumlogisclt. Centralbllltt, XXII, 1903.) .

Après avoirpassé en revue les documents des auteurs,M. Stieda

constate que ses propres expériences confirment que nous ne

savons rien des fonctions du noyau caudé. Les procédés d'irri-

talion physiologique ne semblent pas convenir à cet organe dont

on ignore du reste la catégorie. On sait, en effet, que le corps

strié est déjà développé morphologiquement à une époque où

les hémisphères se composent principalement des régions vi-

suelles et olfactives, et que les conducteurs moteurs ne germent

et ne le pénètrent qu'ultérieurement en le divisant en deux por-

tions distinctes, le noyau caudé et le novau lenticulaire, pour

s'enraciner dans l'écorce des régions supérieures et externes qui

commencent à ce moment seulement à se développer avec assez

de vigueur pour prédominer dans la suite sur toutes les autres

parties du cerveau. Son développement ne dépend donc pas de

celui de l'écorce motrice et des conducteurs moteurs. Le corps

strié est l'organe de l'hémisphère qui dans la série des vertébrés

conserve par excellence son 'aspect morphologique et histolo-

gique : il est donc à penser qu'il a une fonction propre et iden-

tique chez tous les vertébrés. 11 est presque impossible de la

préciser. Seulement il y a lieu de poursuivre des recherches

dans celte direction de concert avec les autres.

P. 11ERAV.1L.

LVI11. Nouvelle méthode propre àobtenir des prépara-

tions histologiques des plus fines, en soumettant a la

force centrifuge des tissus dissociés par la secousse ou

des coupes, notamment du système nerveux central ;

par F. Reich. (1'\"e(1-010g. Centralbl. XXI, 1802.)

La dissociation comporte la succussion très forte, dans un tube

à expérience, de morceaux macérés grossièrement réduits en frag-

ments auparavant. Ils sont ainsi désagrégés. Ceux qui sont de-

meures massifs restent sur le tamis : on les secoue violemment

el l'on voit qu'ils se composent de vaisseaux et de ramifications

vasculaires presque absolument isolés. Le liquide laiteux qui a

traverse l'élamine contient des fibres nerveuses ou des fragments

de fibres, des cellules nerveuses, des cellules névrogliques. des

hématies, etc. On le soumet à l'appareil centrifugeur. Les cou-

pes très fines, émanées de tissus durcis d'une façon quelconque

sont cueillies sur le tranchant du couteau et suspendues à l'aide

d'une aiguille ou d'un instrument approprié dans un verre cen-

trifugeur plein d'eau ou de tout autre ingrédient au choix. On

procède à l'action centrifuge sur les parties suspendues ; du sé-

292 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

disent on décante le liquide pour le remplacer par tout autre

réactif ou par une matière colorante acl libitlcm, chaude ou froide.

On peut aussi traiter le dépôt dans une étuve, le soumettre à tel-

les pratiques de digestion ou autres que l'on veut. On a encore à

sa disposition la différenciation dont le degré s'observe au chan-

gement de couleur du dépôt tout aussi exactement que d'ordi-

nairesur chaque coupe. Liquides colorants et différeneialeurs sont,

afin d'éviter des souillures, préalablement centrifugés. Quand les

préparations ont été colorées et différenciées, les milieux colo-

rants ou différenciateurs sont rincés à l'eau à plusieurs reprises.

On inclut dans le baume en remplaçant l'eau, dans laquelle les

particules sont en dernier lieu suspendues, successivement par

l'alcool, le xylol, un peudebaume. 11 n'y a plus maintenant qu'il

éparpiller dans le baume en secouant ces parcelles d'une extrême

finesse et à en charger un nombre quelconque de porte-objets.

Cette action centrifuge étant très courte, en un tour de main on

a un très grand nombre de préparations. Le dépôt peut égale-

ment êlre, avant ou après coloration, tiré de l'eau, de l'alcool,du

xylol, transporté sur le porte-objet, séché, et manipulé à loisir. 11

est possible d'effectuer toute autre inclusion. Ce système fournit

des coupes de nerfs de 5 ^ non incluses, colorées comme l'on veut.

Mais il n'est pas fait pour les recherches topographiques,les ima-

ges synoptiques. P. Keraval.

Ll\. Recherches psychologiques sur le noyau lenti-

culaire ; par M. SCHAIKEWITSCH. (Oborenie psichiatrii, VU,

1902.)

Excitation directe de cet organe à l'appareil du Bois-Heymond,

avec ou sans l'intégrité du faisceau pyramidal : en ce dernier

cas, celui-ci est cureté, ou bien on résèque la plus grande partie

de la région motrice. Examens confirmatifs à la méthode de

\Iarclii-Busch. L'excitation du noyau après ablation couche par

couche de l'hémisphère cérébral du chien détermine : la tension

tonique des muscles du tronc et des extrémités, d'abord du côté

opposé à l'excitation, puis, si l'on renforce le courant, aussi du

même côté ; les convulsions débutent par les membres, le plus

souvent par les membres postérieurs. Fréquente rotation de la tête

ducutéopposé eL cri. L'excitation du segment interne et du noyau

caudé fournil les mêmes résultats. llenforcc-L-onlucouranL, les

phénomènes moteurs augmentent ; l'interrompt-on, ceux-ci s'af-

faiblissent, tout en continuant parfois quelques secondes après. La

respiration tend à se ralentir ; généralement, un soupir plus un

moins profond suit l'excitation et précède ce ralentissement.

Insignifiante élévation de pression sanguine, sans presque au-

cune modification du pouls. L'excifalionunilalérale ou bilatérale

du noyau lenticulaire par la scissure de Sylvius, après suppros-

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 293

sion de l'action du faisceau pyramidal, montre également l'élé-

vation infime de la pression dû sang, l'intégrité presque absolue

du pouls. Un courant faible ou moyen ne détermine pas d'acci-

dents moteurs ; sous l'action d'un fort courant, convulsions

toniques, plus rarement cloniques, d'ailleurs inconstantes, et,

deux fois, attaque épileptiforme avec écume abondante à la

gueule. Respiration comme supra. Chute graduelle de la tempe-

rature. Cinq expériences où, chez le lapin,le noyau lenticulaire

fut piqué à l'aide d'une aiguille, révélèrent une hyperthermie

insignifiante au calorimètre de d'Arsonval. P. Keraval.

LX. Des maladies mentales consécutives aux auto-

intoxications expérimentales ; psychoses des chiens

privés de la glande thyroïde ; P)LUM. (iTett-010fl. Cen-

tralbl. XXI, 1902.)

La glande thyroïde est un organe épurateur qui enlève à la

circulation les poisons qui se forment continuellement dans

l'économie et les rend inoffensifs. Devient-elle totalement inac-

thc, on a une intoxication suraiguë et la tétanie. N'exerce-t-elle

sur le poison qu'elle a saisi qu'une action insuffisante, il se pro-

duit une intoxication de lhyrotoaall>umine, ou matière alhu-

minoide intra-glanlulaire toxique qui contient très fréquemment

de l'iode : thyroidisme dont on doit rapprocher celui de la ma-

ladie de Basedow. Le poison que la glande th) 1'0'Ide fixe nor-

malement provient très-probablement du tube gastro-intestinal, 1,

par corruption de l'albumine.

Les chiens privés de leur corps thyronle, que l'on nourrit

surtout de viande, succombent rapidement. Ceux que l'on sou-

met au régime lacté avant el après l'opération résistent en plus

grand nombre, ou du moins survivent plus longtemps ; d'autres

restent bien portants, après avoir eu d'abord de la tétanie, jus-

qu'à ce qu'on revienne à la viande. Quelques-uns acquièrent 1

l'immunité par l'addition prudente, graduelle, de la viande au

lait, et conservent vie et santé.

Or, les animaux dont la vie se piolon-e, soit à raison du

régime lacté exclusif, soit à cause du régime mixte progressif,

dont l'intoxication est atténuée, présentent pendant un temps

plus ou moins long des accidents psychiques. M. Blum en a

observé chez 18 chiens dont 15 préalablement traités au lait. Ce

sont des hallucinations qui poussent l'animal à des actes immo-

livrés, par exemple à se tenir sur le museau, les pâlies de der-

rière en l'air, à s'égratigner et se blesser profondément des

heures entières nez, museau, yeux ; des modifications du carac-

tère surprenantes. C'est l'hébétude : le patient reste parfois plu-

sieurs minutes sans mouvement, l'oeil hagard, la tête penchée,

puis le train postérieur oscille, chancelle, et le chien tombe de

294 REVUE ])'ANATOMOE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

fout son long, ou fait quelques pas en titubant pour demeurer stu-

pide plus loin. La déchéance intellectuelle s'annonce générale-

ment par la sitiophobie. Désordres moteurs : marche en mesure,

marche à reculons, esquisse de culbute, station sur le dos, les

pattes en l'air. L'élément convulsif, relégué au dernier plan, ne

prédomine plus comme dans la tétanie, se modilie : convulsions

- clolliques intermittentes, ou spasme en extension courl. Deux

chiens qui étaient affectés de troubles psychiques périodiques de

quelques jours de durée, présentaient, à l'acmé d'une confusion

mentale, des convulsions graves et. persistantes. Parfois une con-

fusion mentale persistante suit un spasme relativement court.

Cas de mélange de psychose cl de convulsions comme dans l'epi-

lepsie.

Durée, de un jour il plusieurs semaines ; formes périodiques

à grands intervalles lucides alternant avec une psychopalhie

brusque de plusieurs jours, additionnée généralement d'accès

convulsifs. Mort dans le marasme (déchéance psychique et

physique), ou dans un spasme extensif agonique muet. Deux

périodiques succombèrent <'1 un état de mal éllileplique.

Quelle est la proportion des accidents mentaux chez les ani-

maux qui, privés de leur corps thyroïde, vivent longtemps ? Il

est impossible de l'établir à cause de l'insuflisance de la science

du diagnostic en matière de psychiatrie canine. ,

P. 11ERA\'.1L.

LXI. - Observation de tumeur de la protubérance avec

dégénérescence de quelques systèmes cérébelleux ; par

L. W. BLOUMEN10U et M. P. 1'IIiHO\fIRO\V. (OLO)'c771C psichia-

;rti, VU; 1902.)

Elude analytique très minutieuse et fort exacte des phéno-

mènes produits chez un artilleur de 2'2 ans par une tumeur,

dont la localisation et le développement sont déterminés pas à

pas. La clinique disait, et l'autopsie continua : tumeur occupant

le côté gauche, et atteignant ses plus grandes dimensions dans le

tiers supérieur du pont de Varole, s'étendant en haut en partie il

la région des tubercules quadrijumeaux (sans, d'ailleurs, envahir

les noyaux des nerfs oculaires), allant en bas presque jusqu'au

bulbe, mais, dans toute son étendue, limitée à l'étage postérieur

ou tegmeulum, et ne touchant pas à la base de la protubérance,

au pédoncule cérébral. 11 s'agissait d'un tubercule solitaire.

Ce malade, qui ne présentait pas de paralysie des extrémités,

titubait et était affecté d'autres troubles ataxiques, SUI tout à

gauche, c'est-à-dire du même côté que la tumeur. La cause doit

en être cherchée dans la lésion d'une partie des faisceaux céré-

belleux. Les dégénérescences sont nombreuses. L'auteur insiste

sur la dégénérescence descendante, à gauche, de la périphérie du

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 295

cordon antérieur et d'une partie du cordon latéral de la moelle

cervicale. Ce territoire correspondrait au faisceau marginal all-

térieur de Loewenthal, qui reçoit des libres du conclut par l'in-

termédiaire du segment interne du pédoncule cérébelleux posté-

rieur, également dégénéré ici (f3asiliewsl : y). (Figure.) De là

l'ata.xie gauche. - P. KERAVAL,

LXI 1.- Syndrome solaire par néoplasie médullaire et état

de la moelle lombo-sacrée,54 ans après l'amputation de

la jambe; par le Dr De l3ucK,(Jonrn. elel\'eawologie.19U4,n 7.)

Obsenalion d'un délirant chronique de R5 ans et ayant

subi l'amputation de la cuisse vers l'âge de 11 ans, qui fut pris

tout à coup de vomissements répétés suivis d'une diarrhée incoer-

cible et qui succomba dans le marasme quelque temps après.

A l'autopsie, tous les organes abdominaux étaient sains, mais

on trouva au niveau de la moelle dorso-lombaire un petit gliome

auquel l'auteur attribue le syndrome solaire observé pendant la

vie de son malade.

D'autre part, l'examen en coupes sériées de la moelle lombo-

sacrée démontré que 54 ans après l'amputation de la cuisse, les

cellules du noyau delà jambe et de celui du pied étaient conser-

vées, quoiqu'encore en état de réaction chromai) tique. Ces faits

paraissent à l'auteur difficilement conciliaires avec la théorie du

neurone et lui semblent plutôt militer en faveur du concept entez

naire développé par Cettie et Durante. G. D.

1,Xlll. Histologie de la paralysie générale; par le Dr De-

13RAY. (JOUI'I1, de Neurologie, 1903, no 20.)

De l'examen d'une série de travaux, dont la plupart ont été pu-

bliés à l'occasion du Congrès de Bruxelles, fauteur arrive à colle

conclusion que la lésion initiale et fondamentale delà paralysie

générale inflammatoire réside dans la cellule nerveuse. G. D,

LX1V. La dualité fonctionnelle du muscle ; par Mlle

YOTEYKO. (Jou/'l1. de Neurologie, l(JO4, no 12.)

Après un exposé historique et critique de la théorie de la « dua-

lité fonctionnelle du muscle », d'après laquelle il existe dans le

muscle deux éléments fonctionnellement différents et cloués d'une

excitabilité inégale, l'auteur résume brièvement ses importantes

recherches sur cette intéressante question, recherches'qui ont

rendu possible l'explicalion du galvanoLuome, delà réaction de

dégénérescence des muscles, des actions polaires, de la tonicité

musculaire, des contractures hystériques, etc.

11 n'y a pas cependant identité complète entre la contraction

tonique, sareoplasmatique telle que la comprend Mlle Yoteyko et

29G REVUE D'ANA70D111 : ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

la contraction idio-musculaire de Schiff.La'contraction Ionique est

la contraction sal'coplasmatique normale, se distinguant par une

grande lenteur de propagation de l'ordre musculaire. La contrac-

tion idio-musculaire est la manifestation motrice du sarcoplasme

anémié, fatigué ou mourant, et elle se distingue par l'absence

complète de propagation do l'onde musculaire ; elle esl un 1)lié-

noumène anormal. - G. D.

LXV. Altérations de la moelle en un cas d'amputation

ancienne de l'avant-bras ; par L. lioscNl3ERC. (1'eurolng.

Cel1tralbl., XXI, 1902.)

Il s'agit d'une femme de 52 ans, amputée du bras gauche à.

douze centimètres (la largeur de la main) au-dessus du coude, il

v a 30 ans. Les muscles de l'avant-bras et de la main sont sacri-

iiés, ceux du bras subsistent en grande partie. Dans une ampu-

tation de ce genre il faut, d'après les auteurs ('tableau d'Edinger),

s'attendre il rencontrer une atrophie des cellules depuis le

VIe segment cervical, jusqu'au leu dorsal. On constate, en effet,

au microscope la localisation des muscles de l'avant-bras et de

la main annoncée par Edinger et Bruns sur cette étendue, mais

la dégénérescence n'est évidente que pour le groupe de cellules

antéro-externe. Les investigateurs contemporains ne sont du

- reste point d'accord ce sujet. Barrait indique ce même groupe ;

Sano et Ubersteiner aussi, bien qu'ils pensent que ce groupe

n'est pas le seul. Gregoriew mentionne un groupe antérieur et

un groupe externe. Un groupe externe est noté par lIonakow,

Flatau et Strohmayer ; ce dernier auteur n'est pas exclusif.

Hayem-Gilbert, Dreschfeld, Krause, I ricollaender, llomen,

Campbell penchent pour le groupe posléro-laléral. Pour Déje-

rine-Mayor, c'est le groupe antero-interne. P. Keraval.

LXV1. Du faisceau X à la région cervicale la plus infé-

rieure de la moelle ; par Purves-Stewart. (\'eunolor7. Cen-

tre/. XXI. 1902.) 1

L'auteur revendique la paternité d'un petit faisceau décrit par

lui dans le Brain en D01, p. 222, qu'il a nommé faisceau X. Il

occupe les 7° et 8e segments cervicaux et ne continue pas dans la

moelle dorsale. Situé en avant et en dehors du faisceau pyramidal

croisé, il en est séparé par un certain intervalle, et se lixe à la-

pointe de la corne latérale. P. KERAVAL. '

LXVll. Du réflexe acromial ; par W. de BECHTEREW, (Ne/(-

9-olog. Centralbl. XXII. 1903.)

Hepetition en allemand de l'article russe de l'Obozi-éi21é psi-

c71ntrü, VU. 1902, déjà analysé. P. KERAVAL.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 207

LXYII1. Du réflexe lombo-fémoral ; par W. RECHTEREW.

(Neurolog. Centralbl. XXI. 1902.)

C'est la répétition de l'article russe, réflexe sacrofémoral de

/'0o : )'f ? )('/);f;<r/t VI. 19011, déjà analysé.. P. Keraval.

LXIX. Nouveaux détails sur le réflexe sus-orbitaire ;

par Me. C\RTHY. - Réplique à Hudovernig ; par le même.

(Xell1'olo[l, Ce¡¡(rlllbl, XXl. 1\J0 ? )

L'l1u[PllI' t'ail rl'ml1rquer que Il) réflexe qu'il a décrit est non

une réaction musculaire, mais une contraction Ce

sont les contractions des fibrilles musculaires de la paupière infé-

rieure, et non le mouvement des paupières, qui constituent le ré-

flexe. Les grosses convulsions palpébrales ou l'occlusion convul-

sine de l'oeil sont des mouvements volontaires ou à demi-volon-

taires déterminés par l'appréhension du patient avant le choc du

marteau ou par la douleur de ce coup. Il faut aussi tenir compte

de l'excitabilité mécanique de» libres du facial fréquente chez les

gens normaux qui explique les contractions en rapport avec la

percussion de l'os mataire. Celle réaction n'est pas, au reste, la

réaction Iibrillaire de MacCarthv·.

Le réflexe sus-orbitairc n'a pas lieu quand le sus-orbitaire est

sectionné, quand la 5e paire est lésée, dans la paralysie faciale.

11 se produit lorsqu'on pique ou soumet à la chaleur ou au froid

la région sus-orbitaire, non quand on pique la peau de l'os ma-

laire. 11 n'est donc point périostique.

S(,clioiiiie-[-oti les racines sensibles du ganglion de Casser, on

ne l'obtient plus, encore que l'excitabilité du frontal et autres

muscles innervés par le facial subsiste et soit même exagérée.

L'ablation du ganglion de Gasser produit le même effet : seule-

ment ces opéralionsdohenlèlie radicales. P. Keraval.

De la détermination du sens du tact au moyen d'un

nouvel esthésiomètre ; par ,I..1. ]. (,R.%HA ? 11 IlaowN. (Xew'oloy'-

Centralbl. XXI. 1902.)

figures et explications détaillées do l'instrument déjà décrit

dans le Journal n ? lryeiolnrly, XXVII. p. 85. L'auteur se propose

de préciser exactement le degré de la sensation tactile, rapide-

ment, en n'importe quel point de la peau, de mesurer la percep-

tion produite par les objets lisses et rugueux. Il dit son instru-

iiieiiLeoiiiiiioti(3 et portatif. F. KERAVAL.

LX\I. - Le Mécanisme des mouvements volontaires ; par

E. Storch. (Cerxtralbl..., f. \'enaerxlzeill;..., \\1', N, Il., XIII,

1902.)

Chaque mouvement volontaire a l'aspect d'une combinaison de

298 revue d'anatomie ET DE physiologie pathologiques.

mouvements élémentaires à chacun desquels correspond un méca-

nisme d'innervation spinal ; subjectivement, c'est une idée accom-

pagnée de volonté. Celte idée est l'image représentative do l'es-

pace, dont dépend la combinaison des phases élémentaires du

mécanisme moteur propre ala forme du mouvement exécuté. Elle

provient d'une modification précise de la faculté psychique de se

représenter l'espace ou slèrèo-psuké. Les 1 ib l'li 1 ions sensibles de

tout le corps, en affluant au sléréopsllkl', lui fournissent les indi-

cations nécessaires. Mais il existe un appareil coordinateur de tous

les muscles propres il un mouvement d'ensemble en une direction

déterminée : c'est le labyrinthe des canaux semi-circutaircs, dont

les trois ampoules fournissent au stereopsukë l'impression des

trois dimensions en rapport av ec les excitants sensoriels. A toute

énergie élémentaire de ce centre de direction sous-cortical corres-

pond une énergie élémentaire de l'écorce dont la vibration nous

apparaît mentalement comme une des trois directions fondamen-

tales de l'espace. Les variations d'intensité de celle vibration for-

ment le sentiment du mouvement en tel ou tel sens. Le stéréo-

psul : 3 dans la vibration duquel se trouve l'apogée de toute activité

sensible est l'organe intermédiaire de toutes nos conceptions ou

représentations de l'espace. Il est capable de toutes les combinai-

sons même les plus complexes des conceptions de direction. L'o-

rientation, c'est-à-dire la transmission aux éléments corticaux

moteurs, dépend de la continuité de la perception des excitants

sensibles les plus divers par lesquels s'eflectuo la conception pra-

tique de l'espace. P. hERAVAL.

LXXII. Esquisses d'anatomie comparée du cerveau anté-

rieur ; par E. M. Kastanaian. (Oúnrél11è psichiatrii, Vil,

1902.)

L'auteur passe en revue, en un style clair et précis, le clrrelop-

lJement dans la série des vertébrés des voies conductrices et îles

centres de l'écorce cérébrale. Il montre comment celle-ci apparaît

chez les vertébrés les plus élevés en organisation, non d'un bloc

brusquement, mais par territoires distincts a} anl chacun sa fonc-

tion et graduellement. Le perfectionnement de la construction

crée un outillage spécial. Ainsi, avant le développement des

centres corticaux de la sensibilité on ses modalités diverses, tous

les processus nerveux qui se rattachaient à telle ou telle de ces

modalités s'exécutaient dans les centres sous-corticaux. Ces cen-

tres primaires procédaient non seulement à des processus réflexes

inconscients, mais à des processus psychiques ayant pour base

la perception consciente. Les centres corticaux se sont emparés

des processus psychiques liés à tel ou tel mode de la sensibilité,

tandis que les centres sous-corticaux ont servi de préférence àl'ac-

thite réflexe inconsciente. La division du travail avec les wen,-

REVUE n'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 299

pies à l'appui sur toute la question traitée est à lire en entier ;

cela ne s'analyse pas. P. KERAVAL.

LXX111. Contribution à la question des nerfs conducteurs

delà chaleur et du froid ; par f'. K, TELIATNIK, (Obo;rel11è

ysichiatrii, VI, 1901.) .

Observation de névrite de quelques nerfc intercostaux du côté

droit.

Le malade, avec d'autres désordres de la sensibilité cutanée, ne

sentpointen une région cutanée la chaleur, tandis que dans le

memeendroit il perçoit le froid.

Les cas de ce genre sont en faveur de l'existence de fibres dif-

férentes propres à l'impression du froid et du chaud. Dans la né-

vrite, toutes les fibres nerveuses ne sont pas également atteintes.

Lorsqu'un nerf mixte est enflammé, le processus morbide, pour

des causes ignorées de nous, trappe principalement tantôt des

libres sensitives, tantôt des fibres motrices : c'est une règle. Par

suite, s'il y a des libres distinctes pour le froid et le chaud, on

peut admettre qu'en l'espèce le processus ait détruit la fonction

des libres thermiques et qu'il ait respecté celle des fibres cryes-

lltésidues. -

L'examen des faits pathologiques, en montrant le phénomène

de l'aneslhésieparlielle du froid et de l'anesthésie partielle delà

chaleur, fournil une des meilleures preuves en faveur de la dua-

lité de l'appareil des impressions thermiques. On ne peut dire

qu'il existe une sensibilité générale thermique comparable à la

sensibilité tactile, douloureuse,etc. Dans l'anesthésie à l'égard delà

chaleur, il se perd non une sensation, mais une quantité de sen-

sations, celle de 30°, celle de 50", celle de 100" de chaleur, tan-

dis que dans l'anesthésie douloureuse tactile, etc., il n'y a qu'une

sensation de perdue. à à l'égard de la chaleur se rap-

proche énormément de l'achromatopsie, de la surdité à l'égard

de certains sons. Cette analogie pfaideen faveur de l'existence de

nerfs de la chaleur et de nerfs du froid. ' P. Keraval.

LXX1\ . Revue des plus récents travaux sur le sens mus-

culaire ; pari. \\'. BOROWIKONN-. 1901).

Celle revue met à contribution le travail de Henri. (Année psy-

chologique, IS ! ) ! 1), et celui de Verger. (.1 ¡.( ? ires de Neurologie,

1S,IO1, ainsi (tue les lIléllloiresanlél'ieul ? P. IveRwAL.

LXXY. Du centre cortical de la vue ; par W. M. BECTE-

REW. (06o;;)'< ! M)'C psichiatrii. VI. 1901.)

Par ses expériences personnelles sur les chiens, l'auteur s'est

convaincu que la région supero-e.\terne de l'écorce du cerveau,

300 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES

dont la destruction provoque des troubles de la vue est extrême-

ment large : elle s'étend à toute la partie postérieure de la surface

de l'hémisphère et il la région pariétale jusqu'au sillon crucial.

La destruction de la face supéro-externe de la partie postérieure

de l'hémisphère détermine une hémianopsie homonyme des deux

'jeux, que cette destruction. soit large ou limitée : une lésion li-

^mitée provoquera une courte hémianopsie ; une lésion large et

profonde engendrera une hémianopsie prolongée qui avec temps

diminuera disparaîtra totalement. Il est à remarquer que, dans

les cas d'hémianopsie tranchée, les proportions du segment de ré-

tine aveugle et du segment de rétine indemne ne sont pas iden-

tiques dans chaque oeil. Ce résultat est constamment le même,

que l'hémianopsie soit provoquée par la section de la bandelette

optique, par une lésion du corps genouillé externe, ou par la

destruction de l'écorce du cerveau.

Une lésion limitée de la région occipitale ne donne souvent

dès le début qu'une hémiamblyopie ; d'ordinaire, en pareils cas,

les troubles visuels sont discontinus et l'hémianopsie ne tarde pas

à disparaître définitivement.

Une destruction plus accentuée de la région occipitale se tra-

duit par une hémianopsie plus marquée et plus persistante : elle

durera des mois, des semaines, voire plus d'un an,siles altérations

sont étendues, et de s'affaiblira que peu à peu en passant par le

stade de l'hémiamhlyopie.

Fréquemment, il n'y a ni simultanéité ni parallélisme entre la

disparition des troubles oculaires d'un oeil et celle des troubles

de l'aulce. Dans les lésions limitées, par exemple, parfois la perle

de la vision de l'oeil correspondant disparaît plus lût que celle de

l'oeil opposé.

Si, quand les troubles oculaires provoqués par une première

destruction de l'écorce occipitale ont disparu, on pratique une

seconde destruction en des endroits voisins dans la même région,

l'hémianopsie revient habituellement.

Toute destruction bilatérale de la face externe de la région occi-

pitale engendre une amblyopie bilatérale : celle-ci disparaît avec

le temps quand la destruction n'a pas été importante ; elle per-

siste plus ou moins quand on a notablement lésé les deux régions

sans toutefois être définitive.

Il semble qu'en certains cas de lésion étendue de l'écorce d'un

hémisphère portant sur larégion occipitale et pariétale, on ob-

tienne une hémianopsie bilatérale homonyme associée à une

amblyopie de l'oeil du côté opposé. Mais de nouvelles recherches

sont nécessaires.

La lésion de la face interne de la partie postérieure d'un hémis-

phère détermine toujours de l'hémianopsie homonyme dans les

deux veux du côté opposé et de l'amblyopie de la portion du champ

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 301

visuel conservé dans l'ceil opposé . Les proportions du segment de

rétine aveuglé et du segment de rétine qui voit encore sont exac-

tement celles que l'auteur a déterminées dans ses expériences de

section de la bandelette optique correspondante. Bien que la lésion

ait été rigoureusement superficielle, ces désordres

ont persiste môme après plusieurs mois révolus.

Conclusions. Ilya des raisons de supposer que le véritable

centre cortical delà v ision, chez le chien, occupe la partie interne

du segment postérieur de l'hémisphère. Pour s'en convaincre, il

faudrait exécuter des destructions partielles de cette région :

c'est difficile. P. KERAVAL

LXXVI. Contribution à l'étude anatomique des cordons

postérieurs ; par N.\GEOTTE.(XOliV. Iconogr, de la Salpéirière,

il- 1, 1904.)

Recherches histologiques avec colorations au carmin et à l'bé-

maloxjline selon les méthodes de \\'eigert-Pal, de \Iarchi et de

\issl, portant sur les divers étages de la moelle dans deux cas de

lésion de la queue de cheval et de tabès incipiens. Conclusions :

1. Les fibres endogènes des cordons postérieurs, à la région lom-

hu-sacrée. doivent être divisées en deux classes : les fibres endo-

gènes grossesetleslibres endogènes Iines,-I1. Les libres endogènes

grosses forment : a. un faisceau dans la zone cornu-commissu-

rale ; h. le triangle médio-sacré ou triangle de GomhaulL et Phi-

lippe. Ce dernier faisceau est l'extrémité inférieure d'un faisceau

descendant médio-périphérique dont le trajet supérieur forme à la

région dorsale le faisceau de Hoche. - Il ! . Le triangle médian

est entièrement distinct du centre ovale de Fleschsig, qui est un

faisceau radiculaires IV. Les fibres endogènes fines sont les unes

horizontales, les autres verticales, les dernières sont éparpillées

dans toute l'étendue des cordons'de 13lll'llach, Il en existe aussi

quelques-unes dans le cordon de Goll à la région cervicale. V.

Les zones de Lissauer sont constituées par des fibres endogènes

fines verticales qui sont condensées à celte région. Elles ne sont

pas de nature radiculaire, comme on l'admet actuellement. Elles

dégénèrent tardivement dans le tabès. \'l. Le réseau des fibres

fines de la corne postérieure est de nature endogène. Vil. Les

colonnes de Clarke ne paraissent pas recevoir de libres des raci-

nes postérieures situées au-dessous de la 3" lomhaire. \'lll. La

bandelette externe ne louche en aucun point la corne postérieure;

elle prend à la région dorsale inférieure une forme compliquée

qui représente un M de chaque côté. IX. Les fibres de la ban-

delette externe sont des fibres radiculaires de moyenne longueur,

qui restent dans les limites de cette formation pendant tout le

trajet intra-médullaire et celles de la région lombo-sacrée n'a-

boutissent pasau cordon de Goll. -- X.Les fibres radiculaires lon-

302 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

gues passent, non pas par la bandelette externe, mais par les

champs Postéro-eternca.- 1. La zone marginale de Weslphal,

ou zone radiculaire antérieure, ne contient, outre les libres (311cto-

gènes, que des libres radiculaires courtes. R. C.

LXXY11. Anatomie pathologique des scléroses combinées

tabétiques ; par Caouzov.(1\ouu.Iconoy. de la 'salpêtrière, n°

r 1, IDU1.)

A côté des lésions caractéristiques 'du tabès, on trouve dans cer-

tains cas des lésions porLantsur les cordons latéraux, les cordons

de Goll, les faisceaux cérébelleux directs qui constituent les sclé-

roses combinées tabéliques et qui ont été considérées comme pré-

sentant un caractère systématique. En comparant la topographie

et le degré de ces lésions avec les lésions méningitiques et lym-

phatiques qui les accompagnent, l'auteur a constaté que les sclé-

roses du cordon peuvent être le plus souvent considérées comme

pseudo-systématiquesd que leur distribution parait réglée par la

distribution des lésions méningitiques et lymphatiques. Cette

constatation serait un argument en faveur des théories qui n'ad-

mettent pas dans le tabès une systématisation constante et en

particulier de la théorie lymphatique de Marie et Guillain. 11.(.

LXXVlll. -- Etude graphique des réflexes plantaires à l'é-

tat normal et dans quelques affections spasmodiques du

systèmepyramidal ; par Verger et AB.11>IE. (Nouv. Iconogr.

de la 8(ilpèt-iè)-e, n° 1, la04.)

Le réflexe plantaire peut se décomposer, au point de vue ana-

tomirlue.en (rois mouvements distincts : )'<'/7'etM(;tH-.(yttf{X, sié-

geant dans les muscles qui agissent sur les orteils, réflexe plantai-

crural dans les muscles de la cuisse, réflexe plccnti-tibial dans

les muscles de la jambe. L'étude de ces réflexes à l'aide du m)o-

graphe et d'après une technique spéciale démontre la légitimité

de leur division au point de vue physiologique et clinique.. L'a-

nalyse graphique de ces différents mouvements réflexes montre

que l'extension du gros orteil - signe de Babinski n'est pas

uniquement un phénomène pathologique, lié à une altération de

la voie motrice puisqu'on la trouve à l'état normal. C'est son

exagération seule qui constitue le signe pathologique. Il. C.

LXXIX. Sur l'aspect extérieur des dendrites des cellules

nerveuses des tubercules quadrijumeaux antérieurs et

postérieurs chez les vertébrés supérieurs (lapins et

souris) ; par CZARNIRCKI (Nouv. Iconogr. de la SalpelrÍèl'e,n°'2,

19U4.)

Recherches microscopiques établissant les différences morpho-

logiques très marquées qui existent entre l'aspect extérieur des

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 303

dendrites des cellules nerveuses des tubercules quadrijumeaux

postérieurs et des tubercules quadrijumeaux antérieurs.

Les premiers se distinguent par l'existence d'epaississements,

de gonflements et d'appendices collatéraux en grande quantité.

Les dendrites des cellules nerveuses des tubercules quadrijumeaux

antérieurs présentent la plus grande ressemblance avec les den-

drites des cellules nerveuses de la moelle épinière. Il, C.

LXXX. Un cas de tumeur cérébrale à forme psycho-

paralytique ; par Cornu. (1\'oLCO. Iconogr. de la Saljvlriére, : \0 2, 1904.)

Affection avant évolué en la mois et ayant présenté à côté des

b) mptômes généraux des tumeurs cérébrales, les signes de la dé-

mence parais tique el un symptôme de localisation (hémispasme

facial). A l'autopsie : destruction du noyau caudé par tumeur du

volume d'une noix ; atrophies croisées du cervelet par rapport au

noyau caude, du bulbe et delà moelle par rapport au cervelet.

LXXX1. Type infantile du gigantisme ; par Brissauu el

Meige. (Nouo. Iconogr. delà Salpêtriére, n° J, 1904.)

Description clinique d'un sujet de 30 ans qui présente il la fois

les caractères du gigantisme acrctmyalülue et les S) mplômesph)-

siques el psychiques de l'infant i lisme Pt donl l'hbtoi re personnelle

el héréditaire réunit dans une famille les principales « anomalies

évolutives de l'imliv idu et de l'espèce : gigantisme, infantilisme,

obésité, técullllité excessive, longévité et léthalité anormales. M

11. CHAPON.

LXXXti. Les altérations du ganglion rachidien chez les

tabétiques ; par Thomas el Uauser. (Xouc. Iconogr. de la Sal-

pétrière, no 3, 1904.)

lleclterrite ? ltisLolu,itlue portant spécialement sur la cellule

des ganglions rachidiens chez, les tabétiques, desquelles les au-

teurs tirent les conclusions suivantes : 1° il existe fréquemment

des altérations cellulaires dans les ganglions rachidiens des lahé-

tiques. Ces lésions consistent principalement en un procesus (l'a-

trophie tente et de désagrégation qui aboutit il la disparition de

la cellnlc norveuso; '2° malgré leur importance et leur fréquence,

il est difficile d'apprécier le rôle qu'elles jouent dans la patboge-

nie de l'atrophie des racines postérieures et des dégénérescen-

ces médullaires; mais elles sont trop fréquentes et trop mar-

quées dans certains cas pour ne pas jouer leur rôle dans la pa-

tbogenie générale du tabès et ne pas faire partie du processus'

tahetiqne. Il, C.

304 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

LXXXllll. Hématomyélie traumatique ; par LAIGNEL-

LAVASTINE. (Nouv. Iconogr. de la Salpétrihe, n° 3, 1\)U4.)

Ilémorrhagie intl'amédullail'e siégeant à la région cervicale et

consécutive à une fracture de la 5e vertèbre cervicale. Mort '21-

heures après le traumatisme..La comparaison des si¡ ! 1H's cliniques

-observés relativement à la sensibilité eLilla vaso-molricilé, avec

les constatations hislologiqucs nolées aux dilférenls étages de la

moelle permet de conclure qu'une lésion médullaire localisée ne

produit la vaso-haral5-sie que dans le territoire même des vaso-

moteurs dont elle a touché les centres. « L'autonomie des vaso-

moteurs vis-à-vis des centres huitto-encephaliques est donc con-

sidérablement plus grande que celle des musculo-moteurs et des

culanéo-scnsitifs. » - IL C.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE

XIII. Sur une altération singulière de la mémoire chez

un aliéné alcoolique uxoricide ; par le Dr A, CRiSTiANi.(7 ! eu.

sp. di fren., t. XXIX, fasc. 111.)

Observation très curieuse d'un individu alieelé de délire sen-

soriel alcoolique, de persécution et de jalousie conjugale qui le

poussa à l'uxorieide, Pendanl seize jours après le crime, il en con-

scrva un souvenir total, complet. Puis, le detires'ametiorant, se

montra une amnésie rétro-anlérograde relative à l'woricirlc, et,

qui dura plus de trois mois. A ce moment, dans un retour du dé-

lire, celte amnésie retro-anterngrade disparut et le malade recou-

vra tous les souvenirs, nets, précis, relatifs à son crime. En même

temps, il y avait une mémoire exacte de la période intercalaire,

même de l'amnésie rétro-anlérograde à 1\l'opoS de laquelle il ne

pouvait cependant donner aucun éclaircissement. L

L'auteur discute el repousse l'hypothèse de la simulation, d'une

amnésie hystérique ou épileptique, d'un dédoublement de la per-

sonnalité et pense que l'altération de la mémoire est en rapport

avec le délire alcoolique. 11 rapporte un casa peu près semblable

de llonhoefl'er. ,1. SÉGLAS.

\1 ? Du torticolis mental ; par Giglioti. (Rivista critica di

clinca meclica, ne9G, î, 8, 1,)09.)

L'auteur rappelle que c'est à l'école française, a Charcol et

à ses élèves, que revient l'honneur d'avoir élucidé la question

du tic et d'avoir montré que le tic est le correspondant de l'idée

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 305

fixe dans la zone motrice. 11 faut distinguer avec le plus grand

soin le torticolis mental du torticolis spasmodique et du Iiys-

lériquc, L'auteur trace un tableau 1res complet du torticolis men-

tal, d'après les travaux de Brissaud, de Lannois, de Grasset, de

Schulze, de Murri, de Slrumpell, elc. ; il insisle avec Brissaud

sur l'importance du « geste antagoniste efficace a pour le dia-

gnostic ; sur l'augmentation du tic sous l'influence de l'excitation,

de la fatigue, el sa disparition pendant le sommeil et surtout la

présence de phénomènes d'anxiété paroxystiques. Le diagnostic est

parliculièremcnldiflicile al ec le torticolis spasmodique essentiel

dû à des lésions irrilalives accompagnées de douleur et persistant

pendant le sommeil. L'auteur passe en revue les anciens traite-

ments, mais il rappelle combien même parla mélltodede réduction

Itsvcllidue de 13L'issawI,i[nefaulpas« se hâter de chauler victoire ».

Il signale les divers traitements chirurgicaux préconises jusqu'à

ce jour. Enfin dans un dernier article, Giglioli rapporte une très

intéressante observation qu'il a recueillie à Lucques sur un

jeune chanteur de 27 ans.

XV. L'origine périphérique des psychoses ; parle Dr de

Buck. (Bcsll.de laSoc. de méd. ment, de Belgique, avril 1904.)

L'auteur relate dans ce travail un certain nombre d'observa-

tions destinées à montrer que les sensations demalaises,d'oppres-

sion, d'angoisse, etc., qui accompagnent certaines affections viscé-

rales peuvent influencer, par l'intermédiaire du pneumogastri-

que ou du sympathique, les centres corticaux de perception de la

sensibilité générale. On conçoit, que si la réceptivité de ces centres

est héréditairement accrue, les dites sensations organiques peu-

vent s'hallucineret amener des troubles gravesde la personnalité,

tant dans le domaine de l'affectivité que de l'intelligence pro-

p ! 'e ! nentdit.e.0naurado)icaunp ! 'emier degré l'iivpochondrie

simple, l'angoisse hallucinatoire ; au second, la mélancolie; au

troisième, le délire li5loclmutlrialuu Izallucinaloire, 1L vraie pa-

ranoia hallucinatoire, et enfin à un quatrième degré, la démence

secondaire. -

La conclusion qui se dégage de ces données est, que le système

nerveux périphérique joue un rôle très important dans la genèse

d'un certain nombre de psv, choses. G. D.

XVI. Sur l'âge d'apparition et sur l'influence de l'héré-

dité dans la pathogénie de la démence primitive ou pré-

coce ; par LE\' ! Bianchini. (7c..s'p. dipen. V. XXIX, l'asc. Ill.)

La démence primitive est aussi bien une maladie de la puberté

et de la jeunesse que de la virilité. En effet,,prise en elle-même

et sans tenir compte des tonnes, elle apparaît dans 53 % des cas

Archives, 2' série, 1903, l. XIX. 20

30G REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

avant 25 ans; dans 47 % après ; c'est-à-dire qu'il y a autanL de

cas qui apparaissent dans la jeunesse qu'à l'Age de virilité. Mais

dans le premier cas elle revêt la forme hébéphrénique presque

spécifique 64 % et la catatonique 79 % ; dans l'âge viril, c'est la

forme paranoide, 82,5 % .

Les formes hébéphrénique et catatonique apparaissent surtout

entre 15 et 25 ans (66 %, 6'1 %) ; la forme parano'ide de 25 à 35

ans (51 %), c'est-à-dire avec un retard de 10 ans sur les pre-

mières. - '

La démence primilive représente 28 % des malades de l'asile :

13,8 % hommes ; 14,2 % femmes..Le nombre absolu des déments

primitifs hommes est égal il peu près à celui des femmes (62, 63).

La démence primitive frappe pour ainsi dire en proportion égale

les sexes masculin et féminin 26 %-28.

Sur 100 démences primitives, 56 sont des formes hébéphréni-

ques, 8 catatoniques, 36 paranoides ; mais tandis que sur 100

hommes, il y a 48 hébéphréniques, 9 catatoniques, 43 paranoïdes;

sur 100 femmes il y a 61 hébéphréniques, 7 catatoniques, 29 para-

noides.

La forme hébéphrénique frappe surtout le sexe féminin 61 % ;

la forme paranoide le sexe masculin 43 % ; la catatonique, en

proportion presqu'égale les hommes et les femmes (9 % , 7 % ) ou

avec une légère prépondérance les hommes. ,i

La variété de démence primitive absolument prépondérante est

l'hébéphrénie (64 % , 48 %) ; puis vient la forme pal'ano'ule (13 % ,

29 %) puis, à une grande'distance, la catatonique (9 %, 7 %).

Les 59 °/o des démences primitives présentent une hérédité

ascendante, directe ou collatérale, grave ; le 52 % est constitué

par de l'hérédité complexepsychopalhique et neuropalhiquc.Dans

41 °/o il y a de l'hérédité psychopathitlue seule, dans 11 °/o héré-

dité neuropathique.

L'hérédité complexe syphilitique, tuberculeuse, apoplectique,

donne 1 i °/o.lty a encore beaucoup de cas dans lesquels on trouve e

réunies deux ou trois formes de l'hérédité morbide.

L'hérédité morbide générale et spécifique est égale pour le nom-

bre et la nature tant dans le sexe masculin que dans le féminin ;

tant dans les formes hébéphréniques que catatoniques : presqu'é-

gale par rapport aux deux sexes dans les formes paranoïdes, mais

inférieure de 15-20 ? il celle des 2 premières variétés.

La démence primitive s'établit dans la presque totalité des cas

(90,4 %) sur une intelligence normalement développée, celle pro-

portion restant égale tant dans les 2 sexes que dans ses variétés

hébéphrénique, catatonique etparanode. La variété catatonique

cependant, tout en n'échappant pas à cette règle, frappe de pré-

férence des intelligences pauv res et jamais une intelligence supé-

rieure. '

' REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 307

10 010 drs déments primitifs présentent avant la maladie une

intelligence moyenne ; 24 % une intelligence pauvre ; 6 °/o une

intelligence supérieure ; enfin ! 1,6 ? une intelligence alleinle

dont8 ? depin'énast))éuiea\érée.

La forme hébéphrénique de la démence primitive occupe dans

les deux sexes, dans toutes ces données statistiques absolues et

relatives d'apparition et de fréquence, la première place parmi

les variétés cliniques. Les variétés cliniques fondamentales de la

tlémenccltt'11711Livese réduisent peut-être il deux : l'hébéphrénique

et la paranoide..1. SÉGLAS.

X\'II. Contribution à l'étude des altérations de la voix

aux deux premières périodes de la paralysie générale;

par le Dr Marandon de Moni 1 YEL. (Jour. de Neural. l'JU3, n02J.)

Des recherches très nombreuses qu'il a faites sur 35 paralyli-

ques généraux du sexe masculin, l'auteur tire les conclusions

suivantes : ,

Dans un tiers seulement des cas, la voix a été trouvée cons-

tamment normale, aux deux premières périodes de la paralysie

'générale ; dans un autre tiers, api es une période plus ou moins

longue de normalité, elle s'est altérée et est restée anormale ; en-

fin dans le dernier tiers, elle apaisé par des alternatives plus ou

moins répétées de normalité el d'anornialité.

La tendance de la voix s'altérer n'a ni augmenté ni diminué

par les progrès du mal, mais les troubles vocaux ont eu une bien

moins grande fixité à la première période qu'à la seconde.

Chez le même parah tique, les troubles delà voix n'ont pas évo-

lué de la même manière aux deux périodes ; il y a eu au con-

traire une variété excessive d'évolution pour les deux phases. Ce

ne sont pas seulement les troubles vocaux en général qui sont

plus nxesalasecondepériode qu'à la première, mais aussi le de-

gré d'intensité de ces troubles.

Soit pour chaque période isolément, soit pour les deux prises

ensemble, l'évolution des divers degrés d'intensité des troubles

vocaux fut aussi variable el aussi capricieuse que l'évolution de

ces troubles eux-mêmes. G. Derny.

XVI II. Syndrome de Korsâkoffet paralysie générale; par

le D DlmOUB.\IX. (JOUI'IL. de Neurologie, 1903, no 22.)

On sail que quelques auteurs considèrent la paralysie générale

comme un facteur éliologique du syndrome de Korsakoff. A l'ap-

pui de cette opinion, l'auteur relate l'observation d'un homme de

35 ans, a hérédité très chargée, mais n'ayant jamais fait d'excès

alcooliques, qui fut atteint, à la suite d'unictusapoplectique, de

troubles démentiels il marche progressive. (Quelque temps après,

308 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

survint un triple ictus épileptique suivi d'impuissance, de perte

de la mémoire, de désorientation sans délire, ni compression

proprement dite. Les pupilles inégales réagissaient à la lumière;

la parole, d'abord simplement embarrassée, devint peu il peu pres-

que incompréhensible ; par contre, la motililé resta il peu près

indemne. -

Ce fait tend à démontrer : 1° l'existence du syndrome de Kor-

sakoll' en dehors de la confusion mentale de Chaslin, ce qui est

contesté par Crocq, Francotte et les auteurs français ; 2° les rap-

ports possibles (le ce s)ndl'omJ avec la démence paralytique,fait

avancé par.Loly, JIeS-er et llaecle ; 3° la nature plutôt démen-

tielle que confuse du dit syndrome. G. D.

XIX. Note sur l'aplatissement hypotonique du pied chez

les paralytiques généraux ; par FERE. (.you.o.7co ! tor. de la

Salpêtriére, n" 1, 1U04.)

La diminution de la tonicité musculaire qui accumllaânegéné-

ralement les maladies du système nerveux peut se mesurer au

moyen des empreintes plantaires, qui traduisent l'aplatissement

du pied clù principalementà l'hypolonicité du grand péronier la-

téral. Ce procédé accuse de Hypotonie musculaire chez un grand

- nombre de paralytiques généraux (31J % et 54 % dans deux séries

de malades).

XX. Un cas de démence précoce catatonique avec pseudo-

OEdème compliqué de purpura; par TLOEPSAT, (\'ot(e.7(.'ou)'.

de la Salpétriére, u°3, 1901.) /

XXI. L'anesthésie chez les aliénés ; par M. Sokolovv. (0<'oj

réoxié yxsichiatrii, VI, 1901.)

11 existe, aux termes de cette revue : l une hemianesthesie

relative, dans laquelle le malacle sent mieux d'un cûlé du corps

que de l'autre ; c'estun symptôme plus fréquent qu'on ne l'admet

généralement ; ? une aneslhésieuniversellequi, dans les états de

stupidité, est un phénomène imaginaire, en rapport a\ecl'impos-

sibilité où sont les malades de faire aucun mouvement pour expri-

mer les impressions perçues ; 3° une mobilité de l'anesthésie non

encore décrite, qui relève surtout de la mélancolie, de lastupeur

postmaniaque, de la démence. P. Keraval.

»I1. - Note sur les aliénés processifs ; parle Ut' Giraud.

(Journ. de Neurologie, 1904, n° 7.)

Celte note est consacrée il la relation de deux cas où l'auteur

est appelé comme expert à examiner des persécutés-persécuteurs

processifs dont les dénonciations avaieutallouti à l'arrestation de

plusieurs personnes.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 309

\ \ I ll. - Les névroses dans le milieu scolaire. Réactions

réciproques entre élèves et maîtres au point de vue des

influences morales; par \I. Le Gendre. (Bull, ttzéd., 1904,

nu 39.) -

L'auteur insiste sur les phénomènes nerveux qui constituent 1

un véritable danger de contagion dans le milieu scolaire ; l'hys-

Lirie la neurasthénie, les tics nerveux du maître ou des élè-

ves ; il montre les inconvénients très sérieux qui se produisent

lorsque le maître est devenu le persécuté persécuteur de ses élè-

ves. C'est un article à méditer pour ceux qui ont le choix du

personnel enseignant et la direction des établissements scolaires.

L. WAHL.

XX ! V. Epilepsie procursive à forme anormale ; par Cour-

TELLEMONT et TOUCHARD. (Bull, méd., 1004, n° 25.)

Observation d'une fillette de 10 ans du service du professeur

Raymond a antécédents héréditaires très chargés, épileptique

depuis l'âge de 4 ans, qui depuis quelque temps présente par in-

(ralles un sautillement d'un inpe spécial qui dure de trente

secondes à deux minutes puis reprend ses occupations ne se

rappelant rien de ce qui vient de se passer : l'enfant ne peut rien

apprcl1<ll e l'école. Traitement bromure et thyroïdien. L. W.

XXV. Paralysie générale et hystérie ; par M..IOFFROY.

(Bail. merl., I ! )04, ]1- 1.)

11 s'agit de deux malades qui, après avoir présenté des pheuo-

mènes très nets d'hystérie, sonLdevenues paralytiques générales.

C'est en réalité une coïncidence rare. La première de ces mala-

des esl une syphilitique. Les phénomènes hystériques ont disparu

au cours de la paralysie générale ; d'ailleurs hystérie et démence

sont des termes contradictoires. L. \\'.

XXV) Confusion mentale ; par M. llattaisoort de Montyel.

(l3rrll, méd., 1904, nos 56 et j7.)

Très intéressante étude de celle affection, qui, après avoir, été

isolée par Georgetet Ferrus a été confondue par Baillarger avec

la mélancolie stupide dont elle n'a été distinguée que de nos

jours par Bail, Chaslin, Séglas cL Anglade. Il faut tout d'abord

distinguer les cas dans lesquels la confusion estle trouble mental

primitif de ceux dans lesquels c'est un simple phénomène dans

un tableau clinique plus ou moins complexe comme chez l'al-

coolique, le paralyliquogéuéral, l'épileptique, etc.

La confusion mentale est en somme une démence curable, une

310 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

psendo-demcnre qui pourrait mettre jusqu'à 12 ans pour se dissi-

per (Marandon de Montvel). Dans la forme Iv pique, qui et

d'aiIll'l11's (l'ès l'are el qu'a ([{'('l'i[e Eloc-Demaz¡-, il n'y si ni hal-

lucinations, ni illusions, ni conceptions délirantes ; c'est une

simple désorientation dans le temps et llans l'espace. On trouve

ce lype chl'z l'homme (LkielTe de 1301smont).

Parfois c'est la stupidité primitive, que l'on n'a que trop con-

fondue avec la lvpémanic slupide de Baillarger. Sauze a montré

avec raison que lesdeux formes existent. Dans le 1) pl' Chaslin, il y

a à la seconde période des idées délirantes, des hallucinations,

des illusions, c'est un véritable automatisme cérébral, un rêve.

Marandon de : \IollL)el insiste sur la couleur triste du délire de

lousles confus ; cependant dans la lypemanie vraie, le délire est

uniforme, cyclique ; dans la confusion on observe un type plus

dégénératif, moins systématisé, qui débute parla désorienlalion

dans le temps et dans l'espace ; un seul type, celui de GeOl'gcl,

semble être constamment primitif. L. Wahl.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE

XLI. Un symptôme rarement décrit dans la paralysie

faciale périphérique ; par 1 ! . Cassirer. (Cenll'lIlbllltt f'. 1`ur-

venlieilh, XXV, X. F. XIII, 1(10 : .)

Six observations prouvant ([lie de fortes excitations mÚca-

niques successives des muscles paralysés y déterminent des

contractions toniques survivant considérablement à l'excitation.

Ce phénomène serait, il des degrés divers, propre il la paralysie

faciale périphérique accompagnée de réaction dégénéralive par-

tielle ou complète. Il manquerait dans la plupart des cas de pa-

ralysies faciales très légères dépourvues d'altérations de l'excita-

hilité électrique ou ne présentant qu'une faible diminution

quantitative de celte excitabilité, ainsi que dans les vieilles para-

lysies faciales avec contracture des muscles paralysés. Une

observation montre, qu'absent dans la paralysie faciale toute

récente, il apparaît au bout de 10-14 jours de concert avec la

lenteur de la contraction musculaire au courant galvanique.

Ainsi que le souligne Ilitzig, il semble se développer pendant le

stade d'hyperexcilabilité galvanique directe. On aurait encore

bien des raisons de croire que sa précocité et son intensité in-

diquent une tendance à la formation de la contracture.

P. Keraval.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 311

XLII. - Un cas de maladie de Friedreich ; pa1' PJC I : r lioN.v-

MOUR. (Nouv. Iconogr. de la Salpétrière, n° , 10'I).

Tableau clinique complet de la maladie de F. avec les particula-

rités suivantes : pas de caractère familial, début à la suite d'une

fièvre infectieuse, arythmie el troubles de l'audition. Particulari-

tés de l'autopsie : . ramollissement très étendu de l'hémisphère

droit (circonvolution lenlhoro-occipilale el couche optique), lé-

sions multiples du bulbe. it. CHAPON.

XLIII. Myxoedème fruste, croissance tardive, diabète ; par

Apert. (A'0 ! tt\ Iconogr. de la Snl2n·triére, no 3, 1901).

Homme de GG ans. Croissance jusqu'à l'âge de 3n ans. 1)('vcloh-

hement incomhleL des organes génitaux, obésité, gros ventre,

face lunaire, 1'émininisllle, glycosurie. Ce dernier symptôme,

qui a pu être considéré, commelié à l'hyperthF°'¡die et. impossible

dans le myxoedème, est la particularité intéressante de cette oh-

servation. L'auteur l'explique par un processus de régénération

el (l'hyperlhl'Ophie compensatrice dont il trouve la manifestation

dans l'hypertrophie des glandes mammaires et, des parotides.

11. C.

XLIV. Un cas de cyphose d'origine articulaire ou mus-

culaire ; parDpissAUD etGRENET. (1\'occv. lconogr, de laSalpê-

tricre, na ? 1904). ' ,

Sujet rhumatisant, suspect de tuberculose, douleurs rachi-

diennes pendant trois ans, cyphose consécutive. Xi hérédité, ni

traumatisme. La suspension elle repos au lit diminuent notable-

ment la cyphose. Intégrité- des articulations des membres. Pas

d'ankylose. Ce l) pede grande cyphose se rapproche du rhumatisme

vertébral il forme pseudo-névralgique el paraît dépendre autant

d'une action musculaire que de lésions articulaires. 11. C.

\L\ ? Déformations rachidiennes ; par Forestier. (Nouv.

Iconogn. de la Salpètrièl'e, no '2, 1904).

Une observation de « sciatique avec cyphose très marquée et

scoliose homologue légère». Guérison et redressement complet. Il

s'agirait d'un trouble de sensibilité de nature hystérique, ayant

produit de la contracture à l'occasion d'une lésion des origines du

sciatique (névrite apopleclil'orme, hémalomyélie). Trois cas de

spond) lose rhumatismale ankvlosanle. R. C.

XLVL Contribution à l'étude des hémioedèmes chez les

hémiplégiques ; par Loeper etCRoUZON, (Nouv. Iconogr. de la

Salt·ti°i(·rc,n 3, 1901.)

L'oedème des hémiplégiques a été attribué à une localisation

spéciale des lésions nerveuses (noyau caude. capsule interne,

312 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

noyau lenticulaire. Parhon). Les ailleurs pensent que souvent

ces héniioedèmcs sont en réalité sous la dépendance d'insuffi-

sance cardiaque ou rénale,.et appuient leur opinion sur (rois

observations dans lesquelles l'oedème se monli ail associé soit il

l'alhuminUl'ie, soit il une as)'stolie, soit à une myocal'dile : 1'111-

miplégie intervenant seulement pour régler la localisation.

- n. C.

L'11.-Contribution à l'étude du trophoedème; pal' SAI ! \TO)l

et Voisin. (Nour. Iconogr.de la ,5'rrlpotnir·rc·, no 3, 1901.)

OEdème d'un membre inférieur débutant brusquement" chez

un garçon de 15 ans, avec douleur el rougeur, pris d'abord pour

de la Ivmphangile et s'inslallant ensuite sans amélioration sous

la forme el les caractères du Iroplui'dème. Pas d'hérédité sinon

chez le père une tendance aux troubles vaso-moleurs.

IL C.

XIVI11. Nouveau cas d'achondroplasie ; par DIDE el LEROR-

GNE. (Noue. Iconogr. de 10 SrdlJét,'i,;re, n , I ! 101.)

Nanisme avec atrophie squeletlique des membres supérieurs et

inférieurs et macrocéphalie.

XLIX. Un cas deneuro-flbromatose généralisée ;par nUD-

leur, (Nouv. Iconogr. de la Salpétrière, n" 3, 1\)0<\,)

Dil1'u : "ion, sur la surface cutanée, d'une grande quantité de pe-

tites tumeurs, plus abondantes sur le tronc, dont la dimension

varie du volume d'une lentille à celui d'une noix, taches pigmrn-

taires en plaqueset en semis, tremblement des mains, émolivilé.

Hérédité alcoolique. Fi. C.

L. Observation de paralysie arsenicale ; par ,1. KRON.

(Neurolog. Ceu trrr7Gl. XXI, 1902.)

Jeune fille de 21 ans, ayant absorbé en 20 heures plus du dou-

ble de ladosemaxima d'arsenic. L'intoxication ne fut guère indi-

quée que par des douleurs dans le bas-ventre. En revanche, en

une journée, phénomènes d'excitation sensorielle et tout le cor-

lège de la polynévrite rapide ; Pnrcsthésies, suivies de douleurs

et finalement de paralysies avec atrophie. Début paralytique pres-

que apopjectiforme, douleurs terribles ininterrompues, grande

sensibilité à la pression des nerfs et muscles, atteinte quasi si-

multanée des membres supérieurs et inférieurs, guérison totale

du tronc et des memhressuperieurs, tel fut le tableau d'ensemble.

Ajoutons des battements de coeur dès le début avec accès inter-

mittents d'angoisse précordiale et de lipothymie, pouls de 95 a

RE\Tr- : nE P.\' ! HOLOGm IOER\'ITsr. 313

10, sans signes objectifs ; de l'hyperidrosc po()ali(p)e avec sensa-

tion de froid dans les jambes ; la suppression delà menstruation;

des tremblements Iibrillaires des muscles de la cuisse il la phase

de la réparation ; l'impossibilité absolue d'uriner ; la constipation.

Diagnostic : all'ection du système nerveux léripltér iyuc peut-être

- compliquée d'une légère participation du s sLt'll1e nerveux cen-

tl'a1. La paralysie arsenicale a, comme toujours, été bénigne ; elle

a, contrairement il la paralysie saturnine, porté surtout sur les

extrémités inférieures, marchant de la périphérie au centre et

s'all1éliol'3.nl du centre à la périphérie. Traitement : massage,

exercices méthodiques dans les bains d'eaux-mères, galvanisation,

injections de strychnine. P. Keraval.

LI.- Contribution à l'étiologie età la thérapeutique de la

chorée rythmique ; par S. O. 1 \ROSCHF : WSKY, (0/'n.;)'f)'e

psichiatrii. VU. 1902.)

Observation de chorée n Mimique du membre supérieur droit

survenue chez une jeune lille' de 20 ans, à la suite d'une dé-

charge électrique accidentelle. Pas d'hérédité nérolaLltiyue·,

pas d'hystérie, pas d'autres accidents pathologiques. Les nerfs de

l'extrémité droite ont dû, la suite de cette décharge, subir quel-

que modification moléculaire ou matérielle qui, à son tour, exci-

tant (périodiquement) les nerfs périphériques, a provoqué les

con\ ubions l' Ibmiqnes, JI{>canisme pUl'cmpnl. 1)(\I'iphél'iqur,Gu¡"-

rison par l'élerlrisalion méthodique. P. Keraval.

t

Goutte et névroses; par P. J. Ivow.tLrt4sHV. (C·nlwlbl,

r .Yerl"'l1hl'ilh, XXVI. \. F. XII. 1901 xxv. \. F, XIII. 1902.)

La goulte, dialhèse constitutionnelle il épisodes intermittents

et disséminés, implique : prédisposition constitutionnelle hérédi-

taire, altération pathologique des parties'constituantes du sang,

tendance des produits pathologiques à se déposer en différentes

parties du corps. Le trouble de nutrition sous-jacl' ! Ü l'sI préci-

pite par l'ingestion de certains mets et boissons : alcools, gibier-,

hoeur, viandes fortement azotées, que l'économie semble ne pou-

voir oxyder suffisamment, et, dont l'excès n'est pas éliminé

comme il le faudrait. Causes déterminantes : surmenage phy-

sique, intellectuel, sexuel, insomnie, refroidissements. Souvent

chez les tout petits enfants, on trouve du sable dans leurs lan-

ges. La goutte proprement dite s'observe de Li il GO ans.

Go : f«ct ? en ? [nr< ? Convulsions, névralgies, epistaxis,

spasme de la glotte, dyspnée, battements de coeur, troubles, de

l'appétit; gastralgie, incontinence d'urine, douleurs articulaires,

éruption* cutanées, céphalalgies périodiques, vomissements inex-

314 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

plicahles, fiè\ l'e, eczéma, impétigo, urticaire, bronchite, corysa,

migraine, Cpilepsies, astlune (Gumhy). Goutte dolapubei té et de

r{{(l()le,ceJ1('e : url'lhl'iLC, hlcnnol'hée, hel'pl's l1l'éputial, calalThe

ductdvesical.orctnte.C)iezl'c[(<t</i<',dermatites, eczéma, dys-

pepsie, d)spnee,pruritanal,astkme,lié ! norrlt01dos,tu roncutose,

migraine, angine de poitrine, asthme, gastralgie, colique hépatique

el néphrétique, paresse de la cogitation, amnésie, vertiges, synco-

pes.

La système nerveux manifeste ,a sou11'rance par l'oppression, les

douleurs précordiales, les palpitations de coeur, les vertiges, tin-

touins, désordres mentaux variés, paresthésies, congestions et,

hemorrhagies cérébrales, la perversion sexuelle alternant avec

des accès de boulle (réré). L'auteur analyse la palhogénie et les

formes de 1'(l11goisseprécol'diaie et de l'angine de poitrine dans

leurs rapports avec la goutte : le trouble de la nutrition des élé-

ments nerveux par lésion des parois artérielles y esl représenté ;

l'association du traitement anti-goutteux au traitement anli-ttcc-

veux s'impose.

La migraine goutteuse, préparée par la diminution de la quan-

tité d'urine qui, de plus en plus acide, précipite un abondant dé-

pôt d'umle et d'uxalates, peut être atténuée par l'ingestion à

relie phase d'eaux alcalines en quantité. L'excès d'acide urique

dans le sang agit de préférence sur le locus mil10ris 1'esislelltia¡J

de l'individu. Voici par exemple une personne originellement pré-

disposée à la migraine autant qu'à la goutte. Prise d'un accès de

colère, elle subit par action réflexe de la congestion cérébrale

généralisée ; mais le choc agit à l'excès sur le bulbe moins résis-

tant, centre des t uso-moleurs. Il en part une impulsion qui, par

les ganglions sympathiques, gagne le système vasculaire de la

moitié correspondante de la tête : d'où la migraine. Quatre obser-

vations à l'appui. Il faut combattre la goutte chez les migraineux

simultanément goutteux.

L'épilepsie goutteuse comporte les mêmes réflexions. Migraine

et épilepsie sont des états morbides proches parents (observation

à l'appui), car toutes deux se peuvent montrer chez les membres

d'une même famille, chez la même personne, et se remplacer

l'une l'autre. Il esl des cas où leur genèse émane d'intoxications

et d'auto-intoxications en rapport aussi avec les produits du ra-

lentissement de la nutrition goutteux (llaig, Uossi, Krainsky,

1)imilropul, Caro). La prédisposition est cependant nécessaire

pour combiner la goutte l'épilepsie ; ence cas, il convient d'as-

socier les deux traitements. L'enfance est cause occasionnelle de

l'épilepsie. 11 existe aussi une épilepsie sénile en relation avec Par

terio-sclerose, qui a elle-même pour fadeurs : la goutte, las) pli'

lis, l'alcoolisme, etc., etc. l'. I\eR.\VAL.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 315

LII1.-Névrits multiple associée à. la ma.la.die de Basedow;

pir Th. Diluer. (Neurolog. Centralbl., XXI, 1902.)

Il s'agit d'une femme de 4G ans indemne d'alcoolisme, de

syhltilis, Ue toute affection infectieuse ou toxique, qui esl malade

juste pendant trois mois et demi, et présente les symptômes

combinés en question. Elle en meurt. Autopsie impossible. L'au-

leur, en raison de la rapidité de l'évolution, croit a l'action d'une

toxine sécrétée par la glande thyroïde. Ainsi serait démontré

que la maladie de Basedow émane d'un (rouble de sécrétion de

cette glande qui en outre peut occasionner une névrite multiple.

P. KERAVAL 1.

LIV. Lésion par arme à feu des nerfs optique et ocu-

lomoteurexterne; par S. Lr.vss. (Obo ? él11é ]1sirhialrii VU.

190 ? .)

Un mélancolique de 19 ans se tire un coup de revolver dans

la tempe droite. Quelques jours plus fard, la balle apparaît sous

la peau de la tempe gauche : on l'extrait. Quelques mois après,

on constate : déviation de l'oeil droit en dedans et un peu en haut :

le malade ne peut tourner l'oeil en dehors, et. les mouvements du

globe en bas sont. limites. Rien à gauche. Les milieux des deux

yeux sont transparents. Pupilles dilatées. Réactions 31a lumière

et. l'accommodation absentes dans l'oeil droit, conservées dans

l'oeil gauche. Cécité totale à droite, même à l'impression lumi-

neuse. L'ophtalmoscope reveieà droite : atrophie blanche du nerf

optique ; grande quanti lé de pigment peripapillairc,sauf aux an-

gles supero-externe et, inféro-externe ; à gauche une petite

quantité de pigment, noir, disposé de même que de l'autre côté

en petites mottes, en dedans de la papille normale. Olfaction

moindre par la narine droite que par la narine gauche.

v P. Keraval.

LV. Priapisme et grosse rate ; 25 jours d'érection con-

tinue sans rémission n'ayant cédé qu'à un débridement

des corps caverneux ; par MM. Haillot et Viardon (Bull,

méd., 1901, n°72.)

Très intéressante observation d'un homme de 33 ans, qui con-

sullale médecin [lourdes érections durant 2 ou 3 heures tous les

huit jours. L'examen méthodique découvrit une splénomégalie

considérable avec diminution du nombre des globules rouges et

augmentation des globules blancs. Enfin se présenta le singulier

étal morbide qui nécessita le débridement des corps caverneux.

Des cas analogues ont déjà élé cités par Parmenlier. L. W.

3l0 REVUE DE PATHOLOGIE -NERVEUSE.

LV1.La, syphilis héréditaire; leçon deM. le Prof. Gaucher,

(l3ull. zuécl, 191, n^ 3 î.) ,

Très intéressant résumé des notions aujourd'hui acquises su ri es

dangers de'la syphilis héréditaire, aussi bien dans sa forme pré-

coce que dans sa forme tardive (Fournier). L'éminent. clinicien

- insiste surtout sur la longue période pendant laquelle la Il'an-

mission est possible etqui peut allerjusqu'al4 ans (l3al'lhMl'my);

mais il rappelle avec Fournier que bien traitée la. maladie est

sans danger : d'où l'utilité du traitement du« père de famille » ;

el, à propos de la transmissibitité maternelle, il insiste sur la loi

de Pl'Oreta, L. Wakl.

1.1'll.- Lipomatose symétrique douloureuse et maladie de

Dercum; leçon de M. le Prof. 130UDET (de Lvon). [Bull, méd.,

H)04, n° 74.)

Observation d'une malade de 50 ans qui, à la suite d'une chute

faite il l'tige de 33 ans, avait gardé le lit pendant trois mois puis

avait eu une lésion annexielle cinq ans plus lard. Quelque temps

après, elle ressentit des douleurs la face interne des genoux, puis

des tuméfactions symétriques apparurent en ces endroits ; d'au-

tres se montrèrent d'abord aux membres inférieul's puis aux mem-

bres supérieurs. Après la ménopause, la marche de l'affection de-

vint plus rapide. Au niveau des tuméfactions existaient des dou-

leurs, des fourmillements paroxystiques avec sensation de décol-

collemenL cle la peau irradiés le Ions du trajet des nerfs. Enfin,

des épistaxis répétées, de l'asthénie lH'UI'O-l11llbculail'e el des

troubles psychiques il forme dépressive allant jusqu'à une tenla-

tatie de suicide. Le professeur Coudet arrive par exclusion au

diagnostic de maladie de Dercum mais d'une forme exception-

nelle ; la face est atteinte (pointe du nez, région sous-maxillaire).

On en ignore l'anatomie pathologique mais il est possible qu'elle

soit due à une lésion des sécrétions internes de l'ovaire ou de la

thyroïde. L. W.

L\'lll.- Deux cas de méningite lymphocytique dans les

oreillons ; par MM. Chauffard Ct Cotctv. (l3ull, ztaétl., 190,

n" 24.) ,

La méningite ourlienne est rare (Laver-an); mais depuis qu'elle

est pratiquée, la ponction lomhairea montré qu'il existe fréquem-

ment dans cette infection une lymphocytose très abondante. Mais

ici il s'agit de phénomènes très nets observés sur deux malades

et d'ailleurs terminés par guérison.' L. W,

LI1. - Crises de convulsions après l'opération du phi-

mosis ; pal' IlEGNAULT. (Bull, 1111hl" 1901, n° 27.)

L'auteur cite des cas où dans les 24 heures qui suivent immé-

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 317

diatement l'opération du phimosis, il Y a des convulsions épilep-

tiformcsquil attribue à une irritation de certaines branches du

nerf honteux interne. Malheureusement, ses observations ne

nous renseignent nullement sur l'étal préalable du sujet au point

de vue nerveux ni sur ses antécédents héréditaires. Elles ne nous

indiquent pas non plus si ces accidents ont été le point de départ

d'une épilepsie durable, comme dans les expériences de 131'0\\ n-

Sequardsur la section du sciatique chez léchai., L. W.

LX. Arthralgie hystérique ; guérison par auto-sugges-

tion ; par C.1ZIOT. (Bull. nxécl., 1904, n° 6.)

Jeune soldat de'20 ans présentant divers stigmates hystériques

et en particulier de l'anesthésie « en molletière », douleur du

genou droit diagnostiquée rhumatisme apyrétique et traitée sans

résultat par le salicylate de soude. L'auteur constate que la loca-

lisation n'est pas exactement celle du rhumatisme ; mais que la

douleur est très superficielle et s'accompagne d'une vive appre-'

hension lorsqu'on fait mine de toucher à la région. Le malade

guérit très vite par les pointes de feu, la suggestion à l'étal de

veille : la peur d'une hoiterie définitive le pousse à se servir de

son membre. L. \V.

LX1. - Zona et affections banales de l'appareil digestif

par HOUYER. (Bull, nxécl., 1901, no 47.)

L'auteur a constaté cinq cas de zona chez des militaires de

bonne santé habituelle atteints d'angine simple, d'indigestion, de

diarrhée. Une série analogue a été publiée par Dopter en 1901. Le

zona relèverait donc d'une infection banale. ' L. W.

LX11. Récents travaux sur l'alcoolisme; par HOPPE. IC< ! ¡t-

trcelbl. r Nervenheilhunde, XXV. X, F. XIH, 190; XXVI. X. F.

XIV, 1903.) .

Longue revue à lire en entier : numéros de nw. 1\10, l'év. el

mars 1903. P. Keraval.

LXI11. Le premier symptôme et l'importance des réflexes

achilléens dans le tabès; par S. Goluflam. (Neurolog. Cen-

tralbl. XXI. 190 ? )

Ce premier symptôme, ce sunLouwenLlc(Jouleurs,clui peuvent

exister seules plus de dix ans avant que les signes objectifs lini-

mobihte réflexe des pupilles, absence du réflexe du tendon d'A-

chille d'un cote, troubles de la sensibilité cutanée) (assurent le

diagnostic : observation à l'appui. Ces douleurs sont non seule-

ment les premiers, mais aussi les plus constants symptômes du

318 REVUE LE PATHOLOGIE NERVEUSE.

tabes, Jlalltcurcu·ement,clles son Lasaez souvent défigurées : aspect

rhumatoïde, scialique, elc. Lancinantes, en éclairs, sous formes

d'accès, s'exacerbant en un point circonscrit, pour changer de

place à l'accès suivant, préférant maintes régions, elles s'accom-

pagnent parfois de fièvre. Ces douleurs-types-là indiquent la sclé-

rose des cordons postérieurs et tiennent à la dégénérescence des

racines postérieures qui, pour bien des auteurs, est le point de

départ de la maladie (Leyden) ; leur mécanisme réside, soit dans

l'hyperémie, soit dans l'épaississement pie-mérien au lieu de pé-

nétration de» racines postérieures. (Obersteiner et litalliclt). Elles

alternent avec les crises gastriques et souvent troublent la nutri-

tion du patient.

Comme le dit Habinski, le réflexe du tendon cl'.I cleille a une

plus grande importance que le réflexe patellairp, car il est plus

souvent altéré que ce dernier, et d'ordinaire avant lui. Ses trou-

Ides peuvent faire diagnostiquer le Lahesâ un stade précoce, avant

même l'apparition du signe de \1'usLphal. Le réflexe achilléen a

la même valeur physiologique que le réflexe patellaire.

P. KERAYAL.

LXI\ ? Contribution casuistique a. l'épilepsie syphilitique;

par r1. Feinberg. (lTeeerol.CelxtralLl : , XXI, 1902.)

Deux observations minutieusement analysées, dans lesquelles

l'accès ne se distingue en rien de l'épilepsie fonctionnelle, soif

tlue le aamlrmne ait lieu sans aucun trouble cérébral, soif (pic

des troubles cérébraux précèdent ou suivent l'atta(me. Deux

autres observations d'épilepsie jacksonienne syphilitique, égale-

ment discutées avec le plus grand soin. La question de l'ori-

gine traumatique de l'épilepsie chez un syphilitique ne laisse pas

d'être embarrassante au point de vue du diagnostic. Observa-

tion à l'appui avec autopsie.

La dernière observation a trait au diagnostic différentiel de l'é-

pilepsie alcoolique et de l'épilepsie syphilitique. Il s'agit d'un

homme de 45 ans affecté des deux intoxications ; l'instabilité des

symptômes, la multiplicité des foyers, le résultai du traitement

spécifique, décidèrent de la question, en lace des sligmales orga-

niques de l'alcoolisme. (fêtait une méningite gommeuse de la

hase. Quanta la pathogénie des accidents convulsifs, elle n'a pu

être tranchée, l'intoxication alcoolique ayant introduit des élé-

ments étrangers dans le tableau clinique de la syphilis cérébrale.

P. Keraval.

LXV. De l'angoisse dans l'hystérie et la neurasthénie ;

par A. 1)IEHL. (Neurolog. Centralbl, XXI. 1902.)

Dans la neurasthénie, l'angoisse seule torture le patient; chez

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 310

l'historique il s'y joint le sentiment delà crainte. Deux ohserva-

valionsavec longues considérations à l'appui. Les deux affections

sont le Hieàtre de l'angoisse qui s'installe avec une idée détermi-

née dont elle est, originaire, qu'elle a pour compagne, ou qu'elle

invente peut-être seulement pour se juslifier. Mais il n'y a que

dans l'hystérie qu'on observe une angoisse à l'état de crainte

sans objet, de pressentiment obscur, anxieux, qui ne laisse au-

cune trace de sa teneur, mais simplement le souvenir d'une ter-

reureminemment anéantissante. P. Kerwal.

LXVI. Hémorrhagie traumatique à la base du crâne ; par

S. LIASS. (OLom'éxie psicleiatoü. \'ll. 1902.)

Un paysan de 41 ans, jusquc-lit bien portant, tombe sur la glace

et demeure privé de connaissance pendant 9 jours. D'abord hé-

morrhagie par le nez, parla bouche, les oreilles. Puis diabète in-

sipide, paralysie du trijumeau, de t'oculomoteur externe, parésie

de l'oculumoteu ! 'commun, de l'auditif, du glossopharyngien,

atrophie de celles des libres du nerf optique gauche qui partent du

nerf optique droit. Il esl supposable que la lésion a eu lieu à

l'entrecroisement même, car, si tout le nerf optique droit était

altéré, nous aurions une hémianopsie unilatérale gauche des

deux yeux, ce qui n'est pas. L'auteur conclut aune hémorrhagie

de la fosse moyenne du crâne. l'. 11E12.4vAL.

LXVI1. De la différence de pronostic entre les paralysies

des plexus et celles des tronc des nerfs du membre su-

périeur ; parL. Bruns. Neurolog. CerttralLl. XXI, 1902.)

Sur 8.500 cas d'affections nerveuses, 95 présentaient de la pa-

ralysie des nerfs périphériques individuels, 38, de la paralysie par

le plexus. Pour des causes diverses, l'auteur ne relient que 47 pa-

ralysies des nerfs périphériques, et 23 paralysies par le plexus

brachial d'origine traumatique, à l'exclusion des solutions (lecon-

linuilé directes. Du premier groupe, 31 ont iruéri, 16 sont restées

incurables, soit 60 % de guérisons, 34 % d'incurabilité. Pronos-

tic extraordinairement favorable des paralysies du radial non

seulement par compression, mais aussi par fracture el cal épais.

Sur les 23 paralysies du plexus brachial, G guérisons, 17 incura-

ltilités, suit : 2(i ? tle gttirisons, Î1 V'iucural>iliLé. Ce clui faiL

que les paralysies traumatiques des troncs nerveux périphériques

ont deux fois et demie plus de chances de guérir que celles des ple-

xus nerveux. Pourquoi ' ? Après avoir examiné avec soin les di-

vers motifs plausibles, et notamment la lésion des racines ner-

veuses de la moelle plus voisines des plexus, l'auteur est obligé

de rejeter toute explication. 11 faut,conclut-il, se borner à consta-

ter que les paralysies des plexus tiennent, quant aux chances de

320 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

leur guérison, le milieu entre celles, très favorables, par lésion

des nerfs périphériques, et les paralysies d'un pronostic très de-

favorable, dues il une affection delà moelle : à l'avenir de déci-

der pourquoi. 1. 11BRA\'.1L.

LXVlll. De la méningite cérébrale ; par .\, .'1. Lievvkovvskv.

co&o ? c;)t0.s't'c/t;ct ? vi, 1901.)

Trois observations avec ligures.

Dans la première, il s'agit d'un homme .déjà avancé en âge, qui

se plaint d'abord de faiblesse générale, de dyspnée, de sueurs nnc-

turnes ; rien ne saurait faire soupçonner une méningite. Trois mois

plus lard, le malade revient en présentant le tableau complet de

celle dernière. La syphilis esl niée, il n'en existe nul signe, et

cependant.Ia.guerisonb'en'ectue complètement ou peu s'en faut,

par des injections de llg et l'iodurede potassium. L'âge avancé du

malade et son piètre état de nutrition faisaient craindre une issue

fatale.

L'observa lion Il concerne une méningite de la hase all'edanl t

exclusivement les nerfs optiques, grelfée sur la syphilis. lil et

petites doses de préparations mercurielles l'intérieur : résultats

thérapeutiques satisfaisants.

Uss. 111. Jeune femme présentant les signes prodromiques

de l'excitation des méninges par des tubercules dans la région

motrice du cerveau. L'évolution montre que c'est une hystérique

guérison complète. Méningisme.

Ces observations sont finement analysées el discuLéea d'après

les sources bibliographiques. P. Keraval.

LX1X.La. maladie de Parkinson ; parle P'' IiAY\f0\D. ( -olsc,

Icoviogr. de la Salpétrière, n" 1, 1 ! IUU

Leçon avec présentation de malades. Résumé el mise au point

du sujet.

LXX. Méningite hémorrhagique subaiguë avec hydro-

céphalie chez les nouveau-nés; par Markan, Aviragnet et

Ul : xox. (lulletin niéclical, 10'r, a .)

Celle affection, qui n'a pas encore été signalée, a élé vue deux x

fois par les auteurs. Elle débuterait dans la première enfance par

delà diarrhée (obs. I) ou de la lièvre : l'étal général s'altère très

vile et on constate de l'hyperlonie musculaire qui peu peu se

transforme en altitude tétanifol'Ille persistante. Troubles digestifs

1res accentués, alternatives de diarrhée el de constipation,

vomissements, appétit irrégulier. On constate bientôt après de

l'hydrocéphalie et des phénomènes pupillaires ; les pupilles sont

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 321

modérément dilatées et égales avec perte de la réaction à la

lumière. La ponction lombaire et mieux encore la ponction \en-

Lriculaire, toujours possible à cet tige, amènent une sédalion pas-

sagère : le liquide céphalo-rachidien, siège d'une polwucléose

intense, est plus hémorrhagique que le liquide ventriculaire : ce

qui montre qu'on est en présence d'un processus eWra-ventri-

culaire. Les deux cas se sont terminés par la mort : ils ne sem-

])lent relever ni de la syphilis ni de la tuberculose. L. WAHL.

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE

\111.- La chloruration de l'organisme et les névroses ; par

M. CLAUDE (Bull, méd., 190), na 31.)

La cure de déchloruralion a guéri une jeune femme d'une psy-

chasthénie avec aboulie, idées de doute, manie du serment,

scrupules religieux que rien n'avait pu améliorer; deux autres

malades d'asthme vrai ont bénéficié du même traitement.

L, W,

\1\ ? Sur le traitement du tétanos par les injections in-

tra-rachidiennes de sérum antitétanique ; par M. HOLLIN.

(Bull, méd., 1904, no 39.)

Le sérum anlilélaniqueinjectésous la peau eldansles veinesea

préventif, mais n'est pas curai if (Roux et Vaillard). On fut alors

amené il faire des injections inlra-cérébrales qui réussirent chez

lesallill1au,\, mais échouèrent UI' l'homll1e (Yallas) dcnlin on ex-

périmenta la méthode des injectiunsin[I'a-l'achidiennes qui sur20

cas donna 15 guérisons et 5 insuccès. Le 1er cas de guérison est

dû à v. Leyden (1901). Il faut commencer par retirer 10 à 50 cent,

cubes de liquide cephalo-racuidien, puis on injecte très lente

ment ? ) centim. cubes de sérum antitétanique, puis ensuite des du-

ses croissantes. 11 y a souvent un peu de l II1pllOCytosc au mo-

ment de la deuxième piqûre.

XV. Ergothérapie et psychothérapie ; par 131A¡';CHINl,

(Nouv. 7eo)tor. de la Sal2êtriL·re, N° 2. 1904).

Théorie psychologique sur le traitement des aliénés par les mé-

Diodes du travail, et considérai ions statistiques sur le mouve-

ment des aliénés à l'asile de Girifalco (Calahre), tendantèt démon-

trer que le travail est une méthode de traitement, la plus efficace

de toutes, puisque dans rétablissement d'ttalie où elle est plus

Archives, 2' série, 1905, I. XIX. 21

322 revue de thérapeutique.

largement appliquée (47 % de travailleurs), on noie fi6% % de sor-

ties, et seulement 23 0/0 de récidives et 3-,0 '0 de décès, lH'OPOI ?

Lions beaucoup plus favorables que celles qui sont notées dans les

autres asiles. A souligner celle appréciation aussi juste et proba-

blement aussi platonique en Italie qu'en France, que les en tasse-

ments de milliers de malades rendent tout traitement impossible ? et que la population d'un asile devrait être de 300 à 500 malades

au maximum ; que l'ergothérapie constitue la base la plus natu-

relle el la plus simple de l'application du no-restraint. et de

l'open-door. ' R. C.

XVI. Observation d'empoisonnement parle véronal ; par

P. T. IIALD. (Ctt)Y; ? &f.t-)'0<;M/K ? mt, XXV11, \1 ? XV.

1904, juin.)

Il s'agit d'une femmede 30 ans qui, pour se tuer, a absorbé neuf

grammes de véronal d'un seul coup. Plongée dans unprolondcoma

elle présente du râle laryngé ; de la flexion de la tète en arrière ;

des convulsions t,e),anoïdes générales; une éruption pemphigoide.

Celte situation dure quatre jours. Le cinquième jour, la malade est

en voie de guérison. Traitement : lavage tardif de l'estomac, ali-

mentation rectale. P. Keraval.

'(

XVII. De l'intervention chirurgicale dans l'épilepsie

choréique ; par W. M. 11ECHTERE\\'. (0{'t)j)'on'( ? psiclciatnü,

YI, 1901.)

Ils'agit d'un malade atteint dès l'enfance de convulsions exces- ? Ï\ell1ent rr¡"qUl'ntes en divers endroits du corps, qui graduelle-

ment avaient dégénéré en attaques (l'épilepsie si intenses que le

sujet ne pouvait plus se tiansporler d'un lieu à un autre : ces

attaques suspendaient les mouvements choréiques ou les affaiblis-

saient. .

On lui ouvre le cerveau il droite dans la région de Ilulando et

l'on constate, à l'appareil du Iui-·-ltcytoml, l'hylterccitabiliL de

l'écorce au niveau de la pal'lie postérieure de la deuxième fron-

tale, et du tiers inférieur de la frontale ascendante. L'excitation

de ces centres moteurs détermine les mouvements variés qui

d'ordinaire précèdent chez lepatient te développement de l'atta-

que d'épilepsie ; en cessant l'excitation, on fait cesser les mouve-

ments c)ioreit'0 ! 'mes. En conséquence, on résèque de petits mor-

ceaux de substance grise en (rois points de cette région de la fron-

tale ascendante. Les résultats sont si satisfaisants que 6 semaines

après on s'adresse à l'hémisphère gauche. L'examen au courant

faradique démontre l'obligation d'entêter a la curette, tant sur la

frontale que sur la pariétale ascendante, trois petits morceaux

prélevés sur le centre de la main, et à un centimètre au-dessus, a

un centimètre au-dessous de ce centre.

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 323

L'alfection désormais disparaît, seulement une complication

accidentelle de la plaie tue le malade.

En tout cas l'excitation de la région motrice du cerveau a cha-

que ibis exagéré les mouvements du malade, tandis que l'ablation

de petits morceaux de l'écorce a presque absolument fait disparaî-

tre les convulsions choréiques, ce qui [trouve que les mouvements

conv ulsifs permanents interparox)'stiques de l'épilepsie choréique

sont, comme les altaques mêmes, d'origine corticale. Quant àl'ef-

Jicacité (le la chirurgie sur les elioi-éiques de celle

espèce, elle est démontrée : il y aura lieu d'intervenir aussi dans

les cas de chorée chronique progressive qui constituent une infir-

mité incurable. P. KERAVAL.

XVIII. Contribution au traitement diététique de l'épilep-

sie ; par Il. SCHNITZE ? ? . (.VCLt)'01. Centralbl., XXI, 1902.)

Application à 16 épileptiques hospitalisés, pour la plupart de-

puis de longues années, du traitement de Toulouse-Richet,modi-

ne par l3alint (JJel'liner. lili1'. \1 ôcl`enscler. 28 1901.) Les attaques

disparaissent totalement chez deux d'entre eux ; le nombre en

diminue très notablement chez 10, très peu chez 2; en deux cas

seulement le traitement demeure inactif.Dans la plupart des cas,

l'intensité des attaques est ultérieurement de beaucoup affaiblie.

P. KERAVAL.

XIX. Le traitement des hystériques à l'hôpital ; par

1).rERtHr·.. (l3ull. Iuéti., 1904, il» 15.)

En réponse à un article dans lequel lI. GilI)(,I,t l3allel montre il

nouveau l'inutilité presque absolue du traitement nosucomial

des hystériques, le prof. Dl'je1'Îne rappelle sa méthode d'isole-

ment et de psychothérapie à l'étal de veille qui lui a donné

d'excellents résultats et qui est maintenant employée à l'étran-

ger. L. \V.

\. -Un cas de contracture tétanique d'origine alcoolique

suivi de guérison par la morphine : par 1)EL .HAYE. (Bull,

méd., 190, no 38.)

Cas intéressant surtout en raison de la difficulté du diagnostic

dos phénomènes tetanifurmes que présenta le malade et qui

s'accompagnèrent de délire. Après un échec complet du sérum

antitétanique, l'auteur eut recours aux injections de morphine,

aux grands bains et il l'alimentation forcée. Guérison. L. \1'.

XXI. Guérison d'une mastodynie bilatérale par la

franklinisation ; par S. M. Schatzky. (0&o'<')t ! fM ? un<rf/,

VI, 1901.)

11 s'agit d'une femme de 32 ans qui d'abord éprouve des dou-

324 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

leurs qui lui piquent le mamelon gauche, durent une demi-heure,

une heure, disparaissent et reviennent périodiquement plusieurs

fois par jour. Quelques jours plus tard, le mamelon droit est aussi

atteint. Au bout d'une semaine, les douleurs s'étendent à tout le

sein, puis, à la face antérieure de la cage thoracique, irradient t

dans les épaules et les omoplates. La malade éprouve alors conti-

nuellement une sensation'de compression qui, par moments,

"s'exaspère en picotements dans l'épaisseur du sein. Ces cruelles

exaspérations primitivement provoquées par les mouvements, se

montrent ensuite sous l'influence du contact des vêtements, et

finalement sans cause apparente.

Complexion délicate, système nerveux finement développé, pas

de tares héréditaires ou acquises. Aspect pitoyable en rapport avec

les souffrances et l'appréhension. Aucun traitement n'a réussi.

La malade est placée sur un tabouret isolant et mise en com-

munication avec le pôle négatif d'une machine de Wimshurst

dont les plateaux mesurent 1 mètre de diamètre. L'autre pôle

est en communication avec la terre. L'arbre est à 10 ou 12 centime z

du milieu de la cage thoracique nue. Chaque séance dure 20 mi-

nutes. Les 4 premières séances ont lieu successivement chaque

jour : les autres, à un jour d'intervalle.

Dès les trois à quatre premières séances l'amélioration est accu-

sée : les exaspérations ne se montrent que rarement. Le sommeil

est meilleur, les mouvements sont plus libres. La santé générale

se, rétablit progressivement. Guérison au bout de onze jours du

séances. P. KERAVAL.

XXII. Action thérapeutique du radium. (Académie de<;3-

cine, séance du 26 juillet 1904.)

)01. RAYMOND et ZuMMERN rapportent quelques faits relatifs à

l'action thérapeutique du radium. Dans les affections purement

fonctionnelles, les auteurs n'ont obtenu de bon résultats que dans un

seul cas d'hystoro traumatisme avec hémianesthésie totale : mais

le malade n'a pu être suivi ; on ignore si la guérison$'est main-

tenue. Les résultats n'ont pas été plus heureux dans un cas de pa-

ralysie faciale grave avec 1) Il, dans un cas de sclérose en plaques

avec paraplégie et dans un cas de névralgie faciale grave ; dans

le tabès les résultats ont été des plus heureux, lesaulcursont pris

les précautions nécessaires pour éviter les causes d'erreur et en

darliculier la suggestion inconsciente L. WAHL.

XXIll. A propos de l'alimentation forcée chez les aliénés

par la voie buccale. Mandrin pour faciliter l'intro-

duction de la sonde oesophagienne; par M, SERRIGNY. (Joccrn.

de Neurologie, 1904, no 8,)

Le mandrin que l'auteur conseille d'adapter aux sondes de

REVUE DE \fÉDT : CI\ LI ? G4L1 ? . 325

caoutchouc rouges employées pour l'alimentaliun forcée par la

voie huceaJe l'l un fil d'acier d'un millimètre environ enroulé

surlui-meme de façon que les tours de spire se touchent. La ri-

gidité de ce mandrin peut être augmentée à. volonté en plaçant au

centre des tours de spire une tige d'acier d'un millimètre de dia-

mètre environ. G. D.

\\1 ? - Valeur thérapeutique de la ponction lombaire ;

par B\DUEL. (Uel'isla aitica di clÏ111cn naeclica, t904, n° 16.)

C'est dans le méningisme, les méningites séreuse et épidémique,

l'hydrocéphalie secondaire, que la ponction lombaire a un effet

thérapeutique utile en amenant la résorption de l'exsudaI par un

mécanisme analogue à celui qui amène le même résultai après

la thoracentese (Mya). D'une façon générale, les succès s'obtien-

nt'nl 'mrtout cht'7- l'enfant. Dans l'hydrocéphalie chronique con-

génitale ou acquise ; l'insuccès esl la règle. Dans les tumeurs cé-

réllraleson doit procéder avec prudence, car la poneclion lombaire

peut occasionner la mort. Cependant dans bien des cas, c'est un

palliatif de quelque valeur. Dans la méningite tuberculeuse, les

résultais ne sont que transitoires, très rarement il y a guérison.

Sans effel thérapeutique sur les maladies du système nerveux à

évolution chronique (tabès, paralysie générale), la ponction lom-

baire amène quelquefois l'atténuation de certains symptômes :

crises gastriques tabétiques (Debove) céphalées de la méningite

syphilitique secondaire. Dans l'épilepsie, celle méthode ne donne

aucun résultat. Quelques résultats heureux semblent indiquer

l'emploi de celle thérapeutique dans le tétanos avec injection de

sérum spécifique. Les céphalées graves de la chlorose el de

l'urémie semblent être quelquefois justiciables de ce traitement

de même que certaines otites moyennes.

REVUE DE MEDECINE LEGALE

I. Définition médico-légale de l'aliéné ; par Dupré.

(Bull, rnéd., 1904, no 13.)

L'aliéné est un sujet qui, sous une influence morbide, commet

des actes étranges non motivés pour ceux qui les observent, dan-

gereux pour lui-même et pour les autres el, de ce fait, est justicia-

ble de mesures de protection que lui assurent les lois, soit vis-u-

32G REVUE DE MÉDECINE LÉGALE.

vis de lui-même, soit vis-à-vis de la Société. Je renvoie à l'article

de mon savant Maître pour l'exposé complet de la classification

qu'il propose des divers groupes d'aliénés : je ne fais qu'en indi-

quer ici les principes : 1 ? classe : agénésies, encephalopathies

congénitales ou précoces (idiotie, imbécillité, débilité mentale) ;

2° démences encéphaliques, acquises : a) d'origine infectieuse,

toxiques, pyrexies, alcool, oxyde de carbone, sulfure de carbone,

plomb, etc.. et- même aulo-intoxicalion; h) d'origine organique

(méningo-encéphalites diffuses ou en loyer) ; c) dues aux psycho-

névroses (épilepsie, chorée) ; d)dues aux psychoses degeneratives,

périodiques, systématisées ; 3° des déséquilibrés, délires degene-

ratirs permanents ou non ; a) accès maniaques ou mélancoliques

des prédisposés ; b) syndromes épisodiques des dégénérés, impul-

sions, phobies ; c) folies du caractère, manie raisonnante, folie

morale, misère psychologique, vicieux, buveurs, vagabonds ;

enfin 4° les délires a) aigus, syndromes maniaques et hallucina-

toires dus aux névroses, épilepsie, hystérie ou aux intoxications

(alcool, lièvre) ; b) délires subaigus, confusion, onirisme, délires

d'hôpital (infection, intoxication, affections viscérales : c) délires

chroniques, psychoses systématisées primitives ou secondaires. Il

faut distinguer, au point de vue pratique l'isolement, mesure thé-

rapeutique, de l'internement, mesure medico administrative. La

psychiatrie médico-légale éludie l'internement tant au point de

vue administratif : formalités d'entrée, de sortie, de séjour des

malades à l'asile qu'au point de vue judiciaire delà responsabilité

pénale. Elle étudie aussi les questions qui se rattachent it la

capacité civile, l'interdiction et les conseils judiciaires et celles

qui sont relatives aux donations et testaments. L. W.

Il, - La séquestration des criminels aliénés ; par G. Aschaf-

FENBURG, (Centralblatt (iir NaveJ1heilh., XXV, N. F., XIII,

190 ? .)

Cette question touche au conflit des intérêts les plus divers et

les plus opposés, ceux de la pénalité, de la sécurité publique,

des asiles d'aliénés, des malades eux-mêmes. Elle est aujour-

d'hui aussi connue qu'insoluble.

1. Dans son rapport, la commission nommée aux fins

d'examen des mesures à prendre pour assurer l'assistance des

aliénés du duché de Gade, a décidé de construire un nouvel asile

près d'Hoidelberg et un pavillon annexe pour 20 à 25 hommes de

celle catégorie. Urle voisinage d'fïeidelberg est en l'espèce tout à

fait contre-indique. Le petit nombre de malades de ce genre serait 1

au contraire favorable à leur dissémination dans les six asiles

d'aliénés ordinaires du duché. Mais les intérêts de l'enseignement

feraient désirer l'annexion d'un pavillon spécial à la prison cor-

rectionnelle de Fribourg. Puis donc qu'il existe un plan relatif à

REVUE DE MÉDECINE LÉGALE 327

la construction du nouvel asile dans la région (l'Ilei(leIlH'I1;, pré-

cisément à cause des besoins de renseignement, le plus opportun

serait, s'il doit être établi une division d'aliénés criminels, de la

construire dans le voisinage d'Ileiclelherg. Ainsi le profit qu'en

pourrait retirer l'enseignement compenserait-il l'augmentation

de la dépense et lesdiflicullés mises en relief. '

11. -- Ce qu'il y a encore de mieux pour le malade, c'est

l'assistance dans l'asile d'aliénés habituel. Mais ce n'est pas là le

mode d'internement le plus convenable pour la sécurité publi-

que. 11 est impossible dans un asile de le soumettre à un régime

spécial. Et la question des évasions est, de même que celle des

sorties, pleine d'écueils. Il est vrai que, sur 281 aliénés criminels

traités à la clinique d'Ileidelberg, dont 45 anciens détenus eL33

vagabonds ayant subi au moins 9 condamnations, au plus 108

(moyenne 3' ? ), un seul s'est montré réfractaire à la règle : tous les

autres ont été inotlensifs et, qui plus est, ont travaillé avec la

plus parfaite assiduité, sans trahir la confiance que l'on a eue en

eux.

Malgré cela, la question de la sécurité publique s'impose. La

question de la sortie n'est pas moins inquiétante, parce que, au

dehors, ce genre d'aliénés ne rencontre plus les conditions do

l'asile, tant s'en faut. De là les circulaires ministérielles à l'égard

do la procédure concernant les sorties des aliénés dangereuxdes

asiles publics d'aliénés, des 13 juin 1901, 1G décembre 1901, G

janvier 1902. Ces sorties envisagent au surplus généralement des

améliorations.

Il serait à souhaiter que l'aliénisle, dans son rapport, explique

les raisons en faveur de la sortie*, et détaille également les me-

sures qu'il propose tant dans l'intérêt du malade que des devoirs

(le la justice criminelle. Les ordonnances minislél'ielles precrivCl1t

formellement l'intervention et de l'administration et du parquet.

L'expérience montrera les résultats de ces prescriptions, et à

qui il faudra imputer la faute des difficultés, s'il en surgit. Celles-

ci pourront être évitées parle concours conciliant des représen-

tants de la justice et de la psychiatrie, s'ils s'efforcent de tenir

compte des manières do voir qu'impose à chacun d'eux sa mission

spéciale. P. Keraval.

11f. De l'examen psycho-expérimental des criminels ;

par \\'. DI. BrcttTEREw. (Oboz-réniè psichiatrii, VI, 1902.)

L'auteur préconise l'examen expérimental des réactions sen-

sibles, delà mémoire, de l'association des idées, des conceptions

morales, de la réflexion, de l'attention etc., en un moL des phé-

nomènes cle la vie moniale constitutifs de. la psychologie indi-

viduelle. On comparerait les éléments recueillis chez les criminels

avec les mêmes éléments recueillis chez les gens normaux et

328 correspondance.

honnêtes. Mais il ne faudrait pas croire que les idées morales

justes coïncident nécessairement avec une morale éprouvée, la

criminalité se pouvant grelfer sur des troubles de la sensibilité,

et de la volonté, et non sur des altérations du jugement moral

et de la sphère intellectuelle. L'examen en question devrait être ,

complété par l'examen détaillé- de l'état physique. C'est un plan

d'examen des criminels à élaborer. P. Keraval.

CORRESPONDANCE

Asile départemental du Doubs. ,

.Mon cher Collègue,

L'asile départemental du Doubs, dont je suis médecin en chef

depuis 1887, n'est pas, à proprement parler, un asile d'aliénés :

c'est surtout un asile de vieillards et d'infirmes des deux sexes,

avec infirmeries d'hommes et de femmes, et un important se ! -

vice annexe où sont reçus, il titre définitif ou plus ou moins dé-

finitif, les nerveux chroniques considérés comme incurables (épi-

lepti<lues,ltysléridues,ct hystéro-épileptiqucs, les hémiplégiques,

paraplégiques, ataxiques, etc., etc.), et, à titre temporaire, pour l'

y subir une période d'observation, les aliénés du département

du Douhs à interner d'office'à l'asile de Dole (Saint-Ylic, Jura).

Le temps de mise en observation des aliénés varie de 4 à 5 à

15, 20 et 30 jours. Au bout de ce tempsjo conclus, soit il l'envoi

de l'aliéné h l'asile de Dùle, soit, en cas d'amélioration (alcooli-

ques principalement) à sa libération et à son renvoi dans sa

famille, soit enfin, en cas de folie tranquille, ne réclamant plus

de traitement spécial (paralytiques généraux à la période démen-

tielle ou pré-démentielle, déments séniles, etc.), au maintien de

l'aliéné l'asile comme pensionnaire. Je reçois ainsi, annuelle-

ment, 115 à 130 aliénés, sur lesquels 80 % sont expédiés à Oûle,

12 à 15 % rendus à la vie commune et 5 à 8 % retenus comme

pensionnaires à l'asile.

, Le total des pensionnaires ou passagers à l'asile varie de 420 à

430 en été, à 480 à 500 en hiver. Dans ce chiffre, il faut comp-

ter les hospitalisés des services de maladies de la peau et de ma-

ladies vénériennes, dont est chargé le médecin-adjoint, et de la

Maternité (bâtiment séparé), avec son médecin et son médecin-

adjoint, ses élèves sages-femmes, olc. Je fais la chirurgie courante,

etj'envoicàl'hôpital Saint-Jacques de Besançon les cas réclamant

de grandes opérations (laparotomie, etc.).

correspondance. 329

Nous avons un interne, recruté au concours parmi les étudiants

de l'Ecole de médecine de Besançon, en même temps et au même

concours que les internes de l'hôpital Saint-Jacques. J'assiste au

concours comme médecin en chef, el les 5 internes admis se re-

layent de 3 en 3 mois a l'asile départemental et dans les diffe-

renls services de l'hôpital Saint- Jacques. ,

En somme : 1 médecin chef avec les infirmeries de vieillards, les

maladies nerveuses chroniques et les maladies mentales ; 1

médecin-adjoint avec les cutanés et vénériens des deux sexes et

une ou deux salles de ]iensionnaires,\ieiiiardsinm'mes;t 111 l'-

decin-professeur et 1 médecin-adjoint il la Maternité,assistes d'une

maîtresse sage-femme.

Le--divers services généraux (cuisine, dépense, lingerie, etc.),

ainsi que la surveillance, chellerie des salles est assurée par 17

religieuses de Sainl-VilH'(,nl-de-Paul ((1)urs grises, ordre dissi-

dent, dont la maison mère esl à l3esan(;on), Les soeurs des deux

services de maladies nerveuses et mentales (hommes et femmes)

ont passé par l'asile d'aliénés des Chartreux, de Dijon, et sont

bien stylées. Chacune d'elles a sous ses ordres 2 infirmiers ou ilt-

firmières en litre et 2 infirmiers ou infirmières adjoints pris

parmi les malades les moins malades et les plus intelligents.

Chaque soeur reçoit un traitement de 200 francs par an, et l'ha-

hiiiement est à sa charge : la nourriture, le logement, le 1>lan-

ciiissage, etc., bien entendu, au compte de l'asile. Les infirmiers

et infirmières sont défrayés, logent à l'asile, dans les salles des

malades et touchent de 20 à 25 et 30 francs par mois selon leur

ancienneté ; les infirmiers et infirmières adjointes, ont, par rap-

port aux autres malades, un supplément de nourriture et de vin,

et louchent 5 fr. par mois.

Le Directeur de l'asile (logement et 5003 IV. par an) est assisté

d'un économe (2400), d'un receveur (2000) et d'un surveillant gé-

néral (logé et nourri, .wec 0') fr. ptr mlic). Le médecin chef

touche 15U0 fr. par au (depuis 2 ans) et le médecin-adjoint, 900 fr.)

Les internes louchent 50 fr. par mois. ,

Le personnel est il peu près suffisant.

Le priv de revient moyen journalier des hospitalisés varie de

1 fr. à 1 fr. 25 et 1 fr. 50 selon les catégories. Mais 75% ne

payent que 1 fI'. pal' jOllr ( ! ). Et cependant, la nourriture est suf-

fisante, saine et assez bien préparée.

,le garde le moins longtemps possible les enfants idiots ou épi-

lppliques, l'asile étant construit en pleine ville, sans cours spa-

cieuses, ni jardins, avec grands bâtiments à 3 étages : lorsque je

[iris le service, en 1887, j'assistai à de tels désastres par tubercu-

lisation que je m'empressai d'obtenir de la Préfecture que ce

service, en tant que service fixe, permanent, fut supprimé.

330 BIBLIOGRAPHIE.

J'aurai l'honneur de vous faire adresser, d'autre pari, le rap-

port du Directeur au Conseil général P°Ul' 1903.

Dr DAUDIN.

BIBLIOGRAPHIE '

1 \-, Rapport du directeur médecin (lez' ('.ULI.ERE) de l'asile d'a-

IiW os eleLccRocltc-stm-7'na (1'mnlno) sutvt'raeociee I ! IO : i. La 110-

clte-sur ? on, Secvanl-llaliaml, 1111111'1111Cttl', I ! IOi.

Au 31 décembre 1903, la population était de 580 (270 Il, et 304

F.). Admissions en 1903, l'iti, plus élevées qu'en ]902 (138). ce

sont les malades dont la folie remonte deux ans et au-dessus

qui fournissent, comme toujours, le moins de sorties. Ce sont les

mois de printemps qui ont donné le plus d'admissions (3(i sur

1231. Comparé à la population moyenne, représentée par le

chi lire 590,09, le rapport des guérisons est de 9,34 %. La grande

majorité des guérisons est obtenue danslessixmoisdu traitement.

Les clécés onL élé le 70 111. 34, I. 311), UonL onze pactceberccilos ?

- BIBLIOGRAPHIE. 331

les progrès cliniques et anatomo-pathologiques faits dans l'étude

de la Paralysie générale, il y a encore bien des points obscurs.

Sans chercher à les élucider, il donnera une étude détaillée des

cas observés par lui pendant douze ans, afin qu'ils puissent, dans

la mesure du possible,aider à une connaissance plus complète 'de

cel le alreclion. En douze ans (1886-1897), la proportion moyenne

des paralytiques généraux entrés à l'asile a été de 9,6 % pour les

hommes et lle : ¡,) ? pOlll' [es rPU1lUeS, Viennent ensuite des

consideratinnsstatistiqueslocatessurlaregionotsurla propor-

tion de paralytiques généraux fournies par les villes voisines,

Sienne et Livournoen particulier. Le maximum de fréquence est

de 30 à 49 ans. Il ya (j) "1.. de malades mariés, 30 "A. de manoeu-

vres, et 43 ^/^ n'ayant aucune instruction.

Sans nier la grande influence de la syphilisdanslesanlécédents,

l'auteur attribue une part beaucoup plus grande, il l'alcoolisme

qui jouerai un grand rôle 'aussi bien dans la genèse des accidents

yu'uu poinL tle we tlul'lurctlif(.C'esl surtout la forme commune

que l'on observe, [mis viennent la forme démoulée ! laformeaiguo.

La morl sun ienlle plus souvent par congestion cérébrale.

- Dans un second chapitre, l'auteur rapporte 27 observations dé-

taillées minutieusement, portant sur les formes démente et com-

mune, montrant soif l'action isolée de la syphilis ou de l'alcoo-

li.me, soit, la réunion de ces deux facteurs. Il étudie également

les urines des malades, et les stigmates de dégénérescence (l'asy-

miLl'le CI·t11110-faclLll; SLI'all asscz lr,tfuente). Enfin, lI. Funaioli

termine par quelques considérations analomo-pathologiques el

thérapeutiques : il confirme les résultais antérieurs en insistant

sur la consistance des lésions d'endo et de péri-arlérile, la lésion

vasculaire étant le point de départ de la lésion du système ner-

veux. Quant au traitement, on dehors des indications palliatives,

il se résume dans une bonne hygiène, une vite tranquilteet. calme.

1. CaaBn. '

1-f.-Les psychoses puerpérales et les processus il' auto-intoxication ;

' par Roger Dupouy. (Thèse do Paris, J. Gousset, 1904.)

C'est l'interne même du service de l'admission, à Sainte-Anne,

qui maintenant ne se contente plus du dogme intangible de la

dégénérescence mentale, établi par son maître Magnan, et qui,

ayant reconnu, une fois pour fontes,et avec tous les auteurs, que,

pour faire delà folie, il faut y être prédisposé, 'cherche, par-delà

cette hérédité générale et inéluctable, les causes, plus prochai-

nes et plus efficacement combattues, des psychoses puerpérales.

Adoptant donc la thèse qu'à la base de tout psychose il existe,

en outre de la prédisposition, facteur nécessaire, une cause oc-

casionnelle non moins nécessaire, et pensant, d'autre part, que

les troubles mentaux présentés par la femme aux diverses pé-

332 BIBLIOGRAPHIE.

riodes de ^sa puerpéralilé (grossesse, accouchement, lactation)

peuvent se traduire en un tableau clinique identique, développé

sous l'influence de causes analogues, Dupouy divise les psycho-

ses puerpérales en trois grandes classes écologiques : 1° les

troubles par épuisement; -2o les troubles par infection; 3° les

(roubles par auto-intoxication .

1° Psychoses puerpérales par épuisement. - L'épuisement de

la femme peut relever de causes diverses : état anémique exis-

tant antérieurement, à la grossesse et aggravé par elle, subin-

Lrance des grossesses et des allaitements au milieu de conditions

hygiéniques défectueuses, hemorrhagies grades, lactation prolon-

gée chez une nourrice déjà allaiblic, etc. Chez certaines fem-

mes, l'épuisement n'apparaît plus seulement comme une cause

prédisposante, favorisant l'infection ou l'intoxication, mais

comme facteur unique agissant par anémie, dénutrition, as-

thénie psycho-nerveuse, etc., et déterminant des manifestations

mentales semblables à celles des autres psychoses par épuise-

ment (anémie pernicieuse, chlorose, neurasthénie, etc.) ou des

psychoses par intoxication (confusion mentale, délire hallucina-

toire, etc.) D'ailleurs, au point de vue pathogénique, les psycho-

ses par épuisement ne sont que des psychoses par auto-in(ovi-

cation. '

2° Psychoses puerpérales par infection. - Comme toute infp('-

tion aiguë ou chronique (pneumonie, fièvre typhoïde, tubercu-

lose, rhumatisme, syphilis, etc., etc.), l'infection puerpérale peut

chez un sujet prédisposé, créer du délire. Les lésions infectieu-

ses de l'appareil génital, graves ou bénignes, aiguës ou chroni-

ques, sont extrêmement fréquentes chez les puerpérales déliran-

tes (Picqul', Privai de Forlunié, elc.) ; mais l'infection localisée,

insidieuse et minime, passe facilement inaperçue de l'observa-

teur uniquement préoccupé le ta recherche des tares cérébrales

dégénérât i vos.

Comme les psychoses par épuisement, les psychoses par infec-

tion agissent le plus souvent par auto-intoxication au moyen

des toxines élaborées par les agents microbiens en cause. Les

formes aiguës revêtent habituellement l'aspect de la confusion

mentale hallucinatoire aiguë avec excitation (ancienne manie

puerpérale) ; les formes chroniques prendront plutôt le type de la

dépression mélancolique, de la confusion moniale avec stupeur.

3° Psychoses puerpérales par aulo-intoxication. - La puerpé-

rale est soumise parfois de multiples causes d'auto-intoxication,

et chacune de ces causes est susceptible, par son action propre et

sans le secours de la huet'hér'aliL3, d'occasionner des troubles

mentaux, qui sont la conséquence directe des perturbations phy-

siques de la femme enceinte, de la parturiente ou de la nour-

rice.

VARIA, 333

L'auto-intoxication intestinale ou hépatique, l'éclampsie, la

dysthyroidalion, et surtout l'insufdsmcs ovarienne sont les tac-

teurs importants tlo. pychoes tle la 1>uerpéraliLt;. L'émotion, la

douleur, la l'aligne de l'accouchement, interviennent seulement

comme causes accessoires el occasionnelles.

La pathogénie des psychoses puerpérales est, pour ainsi dire,

univoque et consiste essentiellement en une auto-intoxication ;

or, tous les délires toxiques se ressemblent, quelle que soit leur

origine exogène (alcoolisme, etc.) ou endogène (insuffisance hé-

patitlue, urémie, eLc.).Toutefois, un heut tenter tl'éLablirune clas-

sificationtlece tlélireseL tlisLinuer : 1° suivant l'intensité du

processus auto toxique, des formes graves (délire septicél1lique

avec agitation désordonnée et hallucinations ; délire éclampti-

que ; délire de collapsus par épuisement suraigu post-hémorrha-

que) et des formes légères (délire polymorphe des dégénérés, ob-

sessions, envies des femmes enceintes) ; 20 suivant l'évolution du

processus auto-to : \i(IUe, des formes aiguës (excitation maniaque

pure ou hallucinatoire) et des formes chroniques (dépression mé-

lancolique, démence) ; 3" suivant les qualités physiques et mora-

les du terrain (excitation maniaque, surtout chez les sujets jeu-

nes et tarés, etc.) ; 4" suivant l'origine du poison (la puerpéra-

lilé engage le délire dans la voie de l'obcénité et delà génitalilé,

etc.). ! .

Il résulte de tout ceci que la folie puerpérale ne nous appa-

railplus comme une entité morbide, mais doit rentrer tout en-

tière dans le cadre des psychoses loxi-infecfieuses ; sa seule par-

ticularité est d'ëtrd liée intimement aux processus de la puer-

péralité.

L'évolution des psy choses puerpérales varie beaucoup avec les

différents éléments étudiés ci-dessus. Le pronostic vital dépend

de l'intensité des troubles physiques ; le pronostic mental, sur-

tout de leur durée et de l'étal du terrain. Puisqu'il y a auto-in-

toxication dans toute l¡.;ych ISJ puerpérale, on s'efforcera d'a-

bord, par un traitement prophylactique convenable, d'écarter

toute cause de loeGmie; plus tard, outre le traitement anti-toxi-

que général (diète lactée, purgatifs, lavages d'estomac, diuréti-

ques, etc.), on appliquera le traitement convenable il chaque

variété u'inloxicalion (puerpérale, hépatique, rénale, thyroï-

dienne, ovarienne. Pierre Boy.

VARIA

LES ALIÉNÉS EN LIBERTÉ.

La folie d'une mire. Boulevard de Belleville, à quelques pas

331 FAITS DIVERS.

de la rue des Couronnes, esl situé l'hôtel des «Enfants de Paris »

où M. Nadaud, commissaire de police du quartier de la Folie-

Mericourt, est venu mettre fin il l'épouvantable martyre que su-

bissaient depuis de longs mois deux pauvres enfants, deux fillet-

tes, la petite Eugénie, âgée de trois ans, el sa soeur Adeline, un

bébé de onze mois, odieusement brutalisées par leur mère, la

femme Léontine Petit. C'est sur la dénonciation des voisins que

la justice a été mise au courant des faits qui ont motivé son in-

Lervcnlinn.L feuuaePclil, a été aussitôt arrêtée et les enfants

ont été confiés aux soins de l'Assistance publique.

M. Nadaud a envoyé cette folle dangereuse à l'infirmerie du

Dépôt d'où elle sera dirigée sur un asile d'aliénés. (L'Aurore, 26

février 1 ! )(l.l

. Le Semeur de l'Oise du 22 février raconte qu'on a trouvé en

forêt, aux environs de Brunvillers-la-Motte, un vieillard transi de

froid qui a succombé peu après. Celait un « rentier, » âge de GG

ans, disparu depuis plusieurs jours de chez lui, et qui acait l'es-

prit dérangé. Encore un fait qui montre la nécessité d'hospitali-

ser les aliénés quand des soins intelligents ne peuvent leur être

donnés a domicile. .

Folle brûlée. Eu allumant du feu, une pauvre folle, la veuve

Fays, 52 ans, habitant Digny (Eul'e-L't-Loir), est tombée dans son

foyer et a mis le feu il SJj vêtements. La malheureuse, environ-

née de flammes, put, néanmoins se relever et sortir en poussant

des cris déchirants ; mais quelques pas plus loin elle s'affaissa.

Ses voisins accoururent à ses apppels; niais lorsqu'ils arrivèrent

la malheureuse rendait le dernier soupir. Son corps était carlm-

nisé. La pauvre folle devait être prochainement internée. (Bon-

homme Normand, 8 février 1905).

D'où la nécessité, de la part des maires et des préfets de hâter

le placement des aliénés. Par malheur, trop souvent, les intérêts

financiers l'emportent sur les sentiments d'humanité.

FAITS DIVERS

Asile d'aliénés UECf-EUMONT (Uise) : Suir;iclacl'un<.ryeasion-

naire de l'asile. - Une ménagère, Mme Marie Véjus, née Voyer,

âgée de trente-cinq ans, s'est pendue dans sa chambre à coucher

il Feuchcl'o1le, 'sous les yeux de sa jeune enfant, et, malgré la

prompte intervention de son mari, n'a pu èlre rappelée a la vie.

La malheureuse femme, qui avait déjà été internée il l'Asile de

ClcrmonL, ne jouissait pas de toutes ses facultés.

FAITS DIVERS. 333

Ce fait, emprunté au .Scnxeccr rlc l'Oise, nuulre combien est dilll-

cile le rôle du médecin d'asilecl pourquoi il hésite souvent quand

il s'agit de signer la so ! 'tie des malades. 11 montre aussi l'impé-

rieux devoir qui s'impose aux familles de surveiller rigoureuse-

ment les malades qu'on leur a rendus.

Hospice de la S.wl·>·'.Taat2E, Maladies mentales et nerveuses. :

M. le D1' .1. Voisin, le jeudi à 10 heures.

Hospice de 131ClhRE : Maladies mentales ou nerveuses des enfants.

- Consultations pour les enfants indigents, le jeudi à 9 h. 1j'2.

Visite complète du service, présentation de malades et de pièces

analomiques, le samedi il 9 h. 1/2 très précises.

Médecins I,IINISTR1 : S. - Le miniaLi·rc actuel comprend trois

médecins. MM. Duhief,Caulhiel' (de-l'Aude) et Jlerluu.Un sait que

M. le D" Dubief a appartenu comme directeur aux asiles et qu'il

rst l'autl'ur de deux rapports sur le projet de loi portant rev ision

delà loi du 30 juin sur les aliénés.

UNE DOCTORESSE NOMMÉE MÉDECIN EN CHEF D'UN ASILE D'ALIÉNÉS.

La Ideuista b'reno2aticrc-L'salxola cle l'évrier dernier annonce

(pie Mme la doctoresse .fessiu Ij. IIouTEa a éL3 nommée médecin

en chef de l'asile de Bracebridge (Angleterre). Auparavant, elle

élaitchargéedu service médical dans l'asile privé de Lincoln. Elle

a eu lu préférence sur la médecins qui briguaient la place.

Distinctions honorifiques. M. le 1 ? 13ABINSKl, médecin de

la Pi lié, vient d'être nommé officier de la Légion d'honneur. Vives

l'élicilalinns â nolrc ami.

\ouvr...tu.Jool2N.ar ? \onsmvum de recevoirlen" 1 delà seconde

année d'un nouveau journal médical tchèque intitulé : Revue

de la Neurologie, de la Psychiatrie et cle La Thérapie psychique et

diététique, rédigé lrw le 1)' Lacl ll csovEC (l'rauc. l'erluwl, ut. 9.).

La revue publiera des articles originaux avec un résumé, en fran-

çais, des analyses des travaux delà Neurologie, de la psychiatrie

el do la thérapie physique et diététique, un feuilleton, littéraire,

échos et annonces divers, et un index bibliographique. Nous

sommes d'autant plus heureux de signaler l'apparition de celle

Revue que le D1' llaskovec nous l'ail la gracieuseté de publier un

résumé en français des mémoires originaux.

Nécrologie. Nous avons le profond regret d'annoncer la

mort de notre cullahoraLeur, lc 1)' l'. Carnier. Nous donnerons

dans le prochain numéro sa biographie et la relation de ses obsè-

ques.

M. le Dr Bécoulet, médecin directeur honoraire des asiles

publics d'aliénés, esl décédé le 3 juin 1904 dans sa 66u année. Il

336 BULLETIN bibliographique.

avait été successivement interne à l'asile de l3ailleul, médecin-

adjoint à l'asile d'Auxerre, médecin en chef a l'asile rleJlarùille,

enfin médecin directeur de l'asile de Dôle. Il a contribué puissam-

ment à la construction et à l'organisation de l'asile Saint-l'lic,

qui a heureusement remplacé le vieil asile. On lui doit, entre

autres, les travaux suivants : Quelques considérations sur l'emploi

~de l'opium dans la manie. (Thèse, Strasbourg, 1806) ; Emploi

du bromure de potassium dans la folie épileptique. Cas de cys-

ticerque du cerceau. Note sur la lypemanie et la stupidité ;

Du no-restraint, etc.

UN sale traitement de l'épilepsie. Le Journal de méde-

cine de Paris du 19 février consacre son feuilleton aux « ll1étli-

cnments oubliés ; l'urine et la fiente humaine. Nous'y relevons

ce passage : « D'autres auteurs prétendent aussi que le méconium,

qui est la première déjection que font les enfants après leur nais-

sance,étant desséché et pulvérisé, guérit l'épilepsie si on le prend

intérieurement quelques jours de suite. »

Hygiène de l'enfance. Cause évitable du STRABISME.- Mme

Rev.... 26 ans, présente du strabisme convergent à un degré assez

prononcé, mais moins qu'avant une opération qui lui a étéfaile

à 13 ans. Elle affirme n'avoir jamais eu de convulsions. Elle aLLri-

bue son strabisme à ce qu'elle fixait, étant fout enfant, une

poupée que sa mère avait attachée à la (lèche de son berceau afin

de l'amuser pendant qu'elle travaillait. Personne ne louche dans

sa famille. Le même accident si; produit dans d'autres circons-

tances. En tout cas, le mode d'amusement ci-dessus est à dé-

conseiller.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

IIE51511E. Rapport médical de l'asile d'aliénés de l'Eurc pour

1903. In,4' de il 11111). 13<mvarL, I : vrcux.

f ! f.\L'i'E. Rapport médical sur le quartier d'aliénés de l'hospice

général de Salltes pour 1903. In-8' de 16 pages. Imlr. Melliuet il

Nantes.

I EILI10X, - Rapport médical de l'asile d'aliénés de Quimper pour

1903. ln-8° de 30 pages. Imp. Jaouen il (Juiniper.

l'am. - Rapport médical et administratif sur l'asile de la Roche-

Galldoll pour l'année 1903. In,4' de 20 pages.

Le rédacteur-gérant : l3outtnewLt.c.

C1el'lllolll (Oise). - Imprimerie D.ilx frères.

Vol. XIX Mai 1905 N 113

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

CLINIQUE NERVEUSE

Sur l'amblyopie hystérique monoculaire et sa

disparition dans la vision binoculaire (à pro-

pos d'un nouveau cas) ;

Par le 1)' R. CHCCIIET,

Chef de Clinique* il l'Université de nmdcnux.

Depuis les travaux de Parinaud, Chariot, Pitres.

Bernheim. Pierre Janct, les particularités cliniques de

l'amblyopie hystérique, surtout monoculaire, sont bien

connues. Cependant, à étudier les faits de près, il semble

que l'on peut aller plus loin encore dans l'analyse de ces

phénomènes si curieux. En 1901 , à l'occasion d'un cas

d'amaurose hystérique chez une fillette de 12 ans (1), nous

avons essayé, par une série d'expériences et d'observa-

tions, de suivre pas à pas les transformations de cette

amaurose ; nous sommes arrivé ainsi à considérer, dans sa

marche, plusieurs étapes successives : d'abord, a) com-

plète (stade amaurose,) avec abolition de la vision bino-

culaire, elle devient b) incomplète (stade amblyopie) et

se caractérise alors : soit par une vision monoculaire al-

ternante ou simultanée, soit par une vision binoculaire

dissociée, c'est-à-dire où le fusionnement des images existe

pour certaines images et pas pour d'autres, soit par

une vision binoculaire existant réellement, mais qui, es-

sentiellemeuL temporaire, ne dépasse pas le moment de

l'expérience ; enfin c) dans une troisième étape (stade

guérison). l'amblyopie disparaît complètement il son

tour, et la vision binoculaire, d'intermittente et passa-

(1) Archives de neurologie, 1901 n° G9.

Archives, 2' série, 1905, t XIX. 22

338 CLINIQUE NERVEUSE.

gère, devient constante, correspondant ainsi à l'état nor-

mal de la vision. '

Une autre fillette, atteinte d'amblyopie hystérique, fut

mise dernièrement à notre disposition par nos amis, les

professeurs agrégés Cabannes et Abadie, que nous tenons

- remercier de leur aimable obligeance. A cette occasion,

afin de contrôler nos idées antérieures, nous avons repris

la question, et c'est le résultat de ces nouvelles recher-

ches dont nous allons nous occuper ici.

Nous les diviserons en trois chapitres. Dans le pre-

mier, nous montrerons, à l'aide des expériences classi-

ques, que la vision binoculaire existe indiscutablement,

malgré l'amblyopie intense de l'oeil malade. Dans- le

deuxième, nous indiquerons, avec expériences à l'appui,

que la vision de l'oeil amblyope existe sous certaines

conditions, pour son propre compte, et normalement, en

dehors de la vision binoculaire. Dans le troisième, enfin,

nous montrerons que la cause de l'amblyopie paraît duc

à la fermeture de la paupière de l'oeil sain, agissant comme

interceptrice des rayons lumineux. ,

Voici auparavant l'observation, résumée, pour tout ce

qui n'intéresse pas directement l'amblyopie.

Observation. Valentine M., âgée de 14 ans 1/2, entre à l'hô-

pital des enfants, service de JI. le professeur Moussous, le 14 jan-

vier 1905, pour une hémiancstltéie droite sensitivo-sensorielle

avec amblyopie du même côté. '

Antécédents héréditaires : La mère, âgée de 44 ans, est une

femme active, vive, d'intelligence moyenne, qui n'a pas eu d'au-

tre maladie grave qu'une fièvre typhoïde ( ? ) à l'âge de 3 ans. Elle

est très nerveuse, mais prétend qu'elle l'est surtout devenue à la

suite des mauvais traitements que lui a fait subir son mari pen-

dant 15 ans. -- Elle a eu cinq grossesses, dont une terminée avant

terme (avortement à 2 mois 1/2); les autres ont évolué normale-

ment, mais sur 4 enfants, deux sont morts l'un à dix ans (de

tuberculose), l'autre 20 jours après la naissance (de tétanos des

nom eau-nés) ; deux sont envie : un garçon, l'aîné, qui a 23 ans,

est marié, bien portant, mais de caractère vit et emporté : il n'au-

rait jamais eu de crises convulsives ; et une fille, qui est la

malade.

AMBLYOPIE HYSTÉRIQUE MONOCULAIRE ; SA DISPARITION 339

Le père, cordonnier, est mort en 1897, à 35 ans, dans un accès de

délirium tremens..JOIIl'l1l', buveur et débauché, il s'est montré

particulièrement agité à partir de 1888, battant continuellement

et menaçant de tuer à diverses reprises sa femme et ses enfants,

écroué plusieurs fois, interné même pendant trois ans à l'asile

de Cadillac.

Antécédents personnels. - L'enfant, venue au monde dans de

bonnes conditions, nourrie au sein jusqu'à 18 mois, a parlé et

marché en temps normal. Broncho-pneumonie grave à '.) mois;

pas de 11-astio-eiitéiiL( ? Iaiiiais de convulsions jusqu'à4ans. A par-

tir de cet âge, jusqu'à 5 ans, elle avait une telle frayeur de son

père, qui la maltraitait sans cesse, que la vue de ce dernier, sa

voix, même le mol de « papa» provoquaient chez elle une crise

de tremblement généralisé : elle devenait pâle subitement et

tombait à terre sans connaissance ; la crise durait quelques minu-

tes et n'était pas suivie de sommeil; pas d'incontinence d'urine

ou des matières. Cauchemars nocturnes. A 7 ans, après la mort

du père, les crises ont complètement cessé, mais elle a continué

à éprouver des cauchemars nocturnes. '

Rougeole à 6 ans, coqueluche à 9 ans. Enfant toujours anémi-

que et même suspecte de tuberculose à partir de 7 ans, âge qu'elle

avait quand son frère mourut de bacillose : elle a été depuis

envoyée quatre fois à Arcachon à 8, 10, 12 et 13 ans avec la colonie

scolaire de vacances.

Histoire de la maladie. Il y a un an et demi, le 16 août li)03,

étant à Arcachon depuis 12 jours, elle se promenait,vers 10 h. du

matin, par un soleil brûlant, sur le boulevard de la Plage, avec

ses petites amies de la colonie scolaire, allant vers l'aquarium,

lorsque brusquement, sans raison, sans avoir été contrariée en

aucune façon, elle ressent dans l'oeil droit une douleur vive,

comme si elle avait reçu un grain de sable ; l'oeil lui pique, se trou-

ble, pleure. Elle continue néanmoins à marcher, mais elle se

frotte l'oeil qui continue à lui piquer et à pleurer abondamment.

Ses petitesamies lui disent que son oeil est tout rouge. Elle

visite néanmoins l'aquarium ; on revient déjeuner à 11 h. 1/2 ;

l'après-midi on retourne à la plage vers 3 h. comme les autres

jours; et l'oeil qui, à l'ombre et pendant le déjeuner, ne lui fai-

sait plus mal, recommence à lui piquer avec l'air vif et le soleil

ardent; cependant, elle court, s'amuse, regarde les bateaux sur

le bassin d'Arcachon. Ce n'est qu'en rentrant, vers 5 heures, que

les maîtresses remarquent l'oeil, très rouge, de l'enfant. On le lui

fait laver avec une infusion de camomille. Elle dine à 7 heu-

res, se couche à 9 heures comme à l'habitude et s'endort parfaite-

ment. Elle n'avait pas souffert de céphalée de toute cette jour-

née. ,

Le médecin qui la voit le lendemain lui dit de ne pas se baigner

340 CLINIQUE NERVEUSE.

et ordonne des lofions de l'oeil matin et soir. Cet étal demeure à

pou près identique pendant les jours qui suivent : le soleil, le vent

Juifontmal, mais elle ne prend aucune précaution. ,

Sa mère vient à Arcachon le 20 août : elle constate que, l'mil

droit est « comme du sang » : toute la région cutanée zircon-

voisine, la joue surtout, est irritée, rouge. ,

- Etal statiunnairc jusqu'à la fin du séjour à Arcachon. L'enfant

se plaint en plus de mal de tête, surtout localisé au niveau de la

tempe el du front à droite. Elle rentre à Bordeaux le 3 ou 't sel)-

tembre. Sa mère constate alors les mêmes signes que le 20 août :

mais l'oeil gauche est-un peu rouge également, et la joue droite

estunpcu plus enflammée. L'enfant est purgée. Etat identique.

La céphalée esl cependant moins marquée.

Valentine est conduite à l'hôpital des Enfants le 1er octobre

1903. Le professeur agrégé Cabannes constate alors une kératite

phlyctenutaire pour laquelle il prescrit un traitement approprié

(en particulier, instillations d'atropine). Pendant les huit premiers

jours on ne note aucune amélioration. Puis dans les huit jours

suivants elle soutire beaucoup : céphalée intense, localisée à

droite et en avant, avec irradiations douloureuses dans l'oeil, et

aussi dans la joue (mais moins fortes). Les douleurs existent sur-

tout la nuit et sont tellement vives que l'enfant ne peut rester

étendue et pousse des cris continuels. Impossibilité de voir le

jour; photophobie extrême. On lui prescrit des lunettes à verres

fumés presque noirs. Même la nuit, la simple clarté d'une bougie

lui fatigue la vue à tel point qu'elle ne peut se guider dans la

chambre où elle couche qu'en utilisant ses lunettes. Elle ne se

trouve bien que dans l'obscurité complète. Pas de vomissements,

ni de constipation, mais nausées, et inappétence. Cependant, au

bout de 8 jours, l'oeil droit présente une légère amélioration ; il

est moins rouge. Quant à l'oeil gauche, sa rougeur a complète-

ment disparu.

Dans la semaine qui suit, les phénomènes aigus s'atténuent en-

core. On en profile pour cautériser la conjonctive droite avec un

crayon de sulfate de cuivre. Dès ce moment, la kéralile esl gué-

rie, mais les troubles fonctionnels persistent : l'enfant n'y voit

pas très bien, à cause, dit-elle, des douleurs qu'elle éprouve. Cha-

que fois qu'elle lit, l'oeil lui pique, elle ne peut fixer un objet

quelconque sans qu'il pleure. Cependant eUe .Iillrès nettement,

si elle sèche ses larmes.

Le 1 cr novembre l'oeil droit n'esl plus rouge, mais il pleure

constamment. Au début de décembre, l'oeil redevient rouge, mais

pour quelques joursseulement. ,

Fin décembre, l'enfant souffre toujours du côté droit de la tête;

de plus elle y voit double, mais de façon inlermillenle : afin de

faire cesser ce phénomène, elle ferme tantôt un oeil, tantôt l'autre;

AMBLYOPIE H1'S'l'1 : RIQl : I· : MONOCULAIRE SA DISPARITION 341

et elle constate que selon l'oeil avec lequel elle regarde, elle voit

les ohjets de grandeur di rl'érente ; pIle remanlue (lue, VilS a\ cc l'oeil

droit, les objets sont, plth petits el. plus lointains ; elle n'a pas

noté do différence pour les couleurs. Dans la marche, de jour,

elle peut se conduire aisément ; mais dès qu'arrive la nuit, ladi-

plopie augmente, la vue elle-même, surtout à droite, se trouble

et un guide devient indispensable pour conduire l'enfant.

A partir de janvier 1905, on lui donne des bains salés. Dans le

courant de février, la diplopie a presque disparu. ralentine mar-

che seule dans la rue, de jour comme de nuit, sans le secours de

personne.

En mars t ! 1(M,le docteur Cabannes conslateclue lapupille droite

est dilatée. En cherchant la cause de celte ]n\driase, M. Caban-

nes découvre de l'ambljopic droite : dans la détermination de l'a-

cuité visuelle droite, il remarque, l'oeil gauche étant fermé, que

l'enfant ne dislingue toul d'abord aucune des lettres de l'échelle de

Snellen, même les plus grandes ; ce n'est, qu'au bout de quelques

inslanls que \'alenliue finit par déchiffrer les quatre ou cinq pre-

mières lignes de l'échelle; maisces lettres sont plus petites que si

elle le 1 i les deux veux ouverts, ou au moyen del'oeil gauche seul.

Toutefois, si l'amblyopie, aussi bien que la mylriase,sonL indiscu-

tables; 11. Cabannes, malgré un examen approfondi de tout l'ap-

pareil oculaire, ne trouve aucune raison organique susceptible de

les expliquer ; et il se demande si la malade ou sa mère n'ont

pas instillé dans l'oeil quelques gouttes de la solution d'atropine

prescrite par lui quelques mois auparavant ; mais les deux fem-

mes nienlle rait avec la plus grande énergie. -

De mai il septembre, l'état reste slalionnaire. Pas de diplopie.

mais la lecture est toujours difficile de l'oeil droit. L'enfant se

plaint encore par moments de céphalée, surtout à droite. La my-

driase droite persiste ;mais essentiellement intermittente, elle se

montre brusquement, dure quelques minutes, quelques heures,

puis disparaît rapidement comme elle est venue. Quand cette di-

latation pupillaire existe, le regard à un aspect si étrange que

ses amies dispnt il Yalentine qu'elle a un « oeil de chai ».

Cette mydriase cesse complètement en septembre, après un

séjour à la campagne ; mais l'amblyopie persiste toujours. Et. la

mère ramène sa fille en octobre à JI. (alwnnes, Celui-ci, consla-

tant alors des troubles de sensibilité dans le côté droit, pense à

l'hystérie et adresse la malade au Dr Abadie, qui confirme le dia-

gnostic el institue un traitement en conséquence. Dès novembre,

l'enfant est soumise à des séances quotidiennes d'électricité par

courants continus, qui durent-dix minutes, une des électrodes

étant spécialement placée au niveau de l'oeil amblyope, On lui

fait aussi des enveloppements chaque jour avec un drap mouillé

et des frictions avec un gant de crin.

342 CLINIQUE NERVEUSE.

Au bout de 8 jours, on constate un mieux sensible ; l'enfant lit

presque bien ; mais cet état d'amélioration n'est que passager, et

la vision droite s'affaiblit à nouveau de plus en plus.

Une après-midi vers trois heures, dans les premiers jours de

décembre, l'enfant est prise brusquement, sans cause connue,

d'une sorte de hoquet caractérisé par un bruit inspiratoire, avec

soulèvement des épaules et agitation des bras. Ce hoquet, accom-

pagné d'une sensation de boule au gosier, persiste jusqu'au cou-

cher à 9 ou 10 heures du soir, pour ne plus revenir que le lende-

main dans l'après-midi, après déjeuner, avec les mêmes caractè-

res. On cesse alors les enveloppements froids et les frictions. Vers

le 7e jour après le début deces accidents, le hoquet se transforme

en une crise plus violente ; les mains sont d'abord crispées, les

bras parcourus de secousses convulsives ; puis la malade se mord

les poings, s'arrache les cheveux, chante et rit tour à tour, se jette

il terre où elle se roule, frappant le sol avec les pieds.

Au boutde 10 minutes tout est fini ; et le hoquet reprend plus

intense que jamais, recommençant plus tôt les jours suivants, à

partir de 11 h. 1/2 ou midi, pour durer jusqu'au coucher.

Fin décembre, le hoquet tend à s'atténuer, mais les secousses

musculaires des épaules continuent et gagnent le visage. Si bien

que le 14 janvier 1905, jour de l'entrée àl'hûpital, le hoqueta\ait

disparu, mais était remplacé par un tic, caractérisé par un mou-

vement brusque de rotation de la tête à droite avec clignement

des yeux, froncement du nez, et haussement des épaules surtout

à droite.

Ces divers phénomènes convulsifs n'ont eu aucun etretsur l'am-

byopie qui est toujours demeurée identique à elle-même.

La menstruation, qui a commencé en novembre 1903, ne paraît

pas davantage avoir provoqué de modifications dans les troubles

visuels. Mentionnons toutefois que les perles menstruelles, surve-

nues irrégulièrement jusqu'en octobre 1904 et régulièrement

depuis, ont été et sont toujours insignifiantes comme quantité et

réactions douloureuses.

Etat actuel. (15-20 janvier 1\J05). On se trouve en présence

d'une fillette assez grande pour son âge, au teint anémique, mais

de corpulence convenable et qui répond avec vivacité et intelli-

gence aux questions qui lui sont posées.

L'étal général est satisfaisant. Le tube digestif, les appareils

circulatoire et respiratoire ne présentent rien de particulier à

signaler. Du côté des organes génilo-urinaires, on note dans l'u-

rine des traces d'albumine qui ne disparaissent sous l'influence

d'aucun régime (même lacté); l'inversion de la formule des phos-

phates a été rencontrée une fois positive sur six recherches. C'est

surtoutle système nerveux qui offre des modifications importan-

- AMBLYOPIE HYSTÉRIQUE MONOCULAIRE ', SA DISPARITION. 343

tes. Nous ne ferons que les mentionner et insisterons ensuite sur

l'examen de l'appareil de la vision.

Valentine présente à l'examen de la sensibilité une hé»i-anes-

thésie droite qui est totale pour toutes les sensibilités superficiel-

les : contact, piqûre, douleur, température seule ; la sensibilité

électrique cutanée n'est pas complètement abolie ; en ce qui

concerne les sensibilités profondes, les sensibilités osseuse,

tendineuse, el nerveuse sont abolies ; mais le sens musculaire

et ses variétés, le sens stéréognostique sont conservés. Nous

avons même signalé chez cette malade ce fait curieux que l'en-

trée en action du sens stéréognostique réveillait la sensibilité

thermique au niveau de la main (1).

Adroite, les réflexes abdominaux du bras et du poignet, du

genou etdu pied (rotulien etachilléen) sont conservés. Les sensi-

bilités mammaire, ovarienne, plantaire, épigastrique profonde,

trachéale, ont également disparu dans la moitié droite. Il en est

de même du réflexe pharyngien.

Du côté de la motilité, on ne note d'atrophie musculaire dans

aucun des points du corps ; tous les mouvements s'exécutent

parfaitement. Ilya cependant une très légère hémiparésie droite ;

la main droite indique au dynamomètre 35/13. et la main gau-

che 40/17. Signalons plus particulièrement la persistance du tic

de la tête, des yeux et de l'épaule droite déjà mentionné. Pas de

troubles trophiques, ou vaso-moteurs, en particulier pas de der-

mographisme.

Organes des sens. - Legoût et l'odorat sont complètement per-

dus à droite. L'audition est très diminuée ; le tic tac de la mon-

tre n'est entendu qu'à 10 cm. environ du pavillon de l'oreille

droite ; l'intensité en augmente à mesure que la montre se

rapproche du conduit auditif, mais la perception est considéra-

blement plus faible qu'à gauche.

Vision. -Rien ne frappe l'attention dans la musculature ex-

terne des yeux ; les paupières se lèvent et s'abaissent parfaite-

tement : elles opposent au doigt de l'observateur une résistance

identique.

Les globes oculaires se meuvent fort bien dans tous les sens,

pas de strabisme ni de nystagmus, môme intermittents. La con-

jonctive et la cornée, aussi bien dans son segment central que

dans ses segments interne et externe, sont insensibles à droite,

mais la recherche de la sensibilité provoque la sécrétion des lar-

mes. La sensibilité conjonctivo-cornéonuo est au co ntraire nor-

(1) Réunion biologique de Bordeaux, séance du fév. 1905. in Comp-

tes-rendus hebd. des séances de la Soc. de Biol., Paris, 11 février 190.'),

p. 28d.

344 CLINIQUE NERVEUSE.

maie à gauche. La pression du globe oculaire est douloureuse,

c'est-à-dire normale à gauche ; elle est complètement indolore à

droite (signe d'Abadie-Ilocher.) Les pupilles sont égales et réagis-

sent bien à la lumière cL à l'accomn»clation. Lc5 deux yeux étant

fixés sur un objet déterminé, si l'on ferme la paupière droite,

la paupière gauche demeure immobile et on constate que la pu-

- pille gauche subit une dilatation légère, puis revient presque aus-

sitôt son diamètre primitif; si l'on ferme la paupière gauche, la

paupière droite esl prise aussitôt d'une véritable palpitation qui

persiste tant ([lie la gauche est close; on note que la pupille droi-

te se dilate plus que la gauche, présente de l'hippus et montre un

diamètre toujours un peu plus grand que celui de la pupille gau-

che, examinée dans les mêmes conditions ; mais le diamètre

redevient égal des deux côtés, dèsque les deux veux sont ouverts.

Les pupilles se dilatent également quand on pince fortement la

peau du sujet soitagaucitesoitadroite.

L'examen de la réfraction, pratiqué par 31. le professeur La-

grange, indique un -léger degré d'astigmatisme hvpermélropiquo

conforme de 2 dioptries pour l'oeil droit et de 0,75 dioptrie pour le

gauche. Le fond de l'oeil est normal, les papilles sont en parfait

étal à droite comme à gauche, avec un peu de stase veineuse,

mais égale des deux côtés. L'acuité visuelle = I gauche ; elle

est nulle à droite : la malade répond qu'elle ne voil absolu-

ment rien. Elle ne commence à distinguer les objets ({u'à une

distance très rapprochée de cet..oeil droit. Par exemple, un poinL`

noirse détachant sur un carton blanc et delà grandeur de la lig. 15

al'l'i\'e iln'èlre apel't;U ([u'à 8 ? cm. de l'n'il el sous formlJ ,l'un point

imperceptible (lig. 16) ; à mesure que le point se rapproche de

1·mil, sa grandeur augmente : à 78 cm. (lig, 17), à (j5 CIII. (lig. 18) ;

ilj8 cm. (lig. 19) ; à 40 cm. (fin. 20 : c'eat la lltts 1'orte l;ramleurlter

rue ;a partir de cette dislance de 40 cm. jusqu'à quelques cen-

timètres de l'oeil, la malade voit toujours le point de celle même

grandeur. Il s'agit donc de micropsie portant proportionnelle- ,

ment sur les trois dimensions, comme on peut s'en rendre

compte en se servant d'autres objets. Celle micropsie existe l'ga-\

ment pour les objets colorés. -

Pas de diplopie ni de polyopie monoculaire. A l'optometre de

Fie. 15.

Fin. 16.

1-']G. 17.

Fin. 18.

Fin. 19.

]-'fr ? 0.

AMBLYOPIE HYSTÉRIQUE MONOCULAIRE ; SA DISPARITION. 345

Cadal, la puissance accommodalrice est de 14 dioptries à gauche

contre 5,1-)o à droite, et encore le sujet ne peut distinguer (pie la

lettre E qui lui parait de grandeur plus petite qu'avec l'oeil gau-

che : - E au lieu de E.

' Le sens chromatique est tout à fait normal à gauche. A droite

il est perverti : Valentine perçoit certains Ions clairs jaune-serin,

verl-d'eau, bleu-ciel, gris-argent, en blanc; le jaune même clta-

mois, est vu également blanc mais « blanc-crème n ; certains tons

intermédiaires sont vus foncés ; ainsi le bleu-indigo est vu bleu de

Prusse, le v crL émeraude est il verL foncé, le rose est v rouge ;

tous les tons loncés : rouge, vert foncé, blende Prusse, violet

foncé, sont vus noir* ou presque noirs. Notons enlinque le mar-

ron est vu vert foncé.

Il existe du rétrécissement concentrique du champ visuel des

deux côtés. A gauche, ce rélrécissenientest sensiblpmentégal pour

le blanc et toutes les couleurs, bleu, jaune, vert, violet, même

rouge : il va du chiffre 30° en dedans au chiffre 55°-(i0° en dehors.

Mais c'est surtout à droite que le champ visuel est rétréci, el

d'une façon à peu près égale, ici encore pour toutes les couleurs :

il est vrai que le sujet, nous venons de le voir, étant dyschro-

matope, n'a pas une perception nette des différentes couleurs. Le

chiffre atteint 20 ? 5° en dedans et 25°-30° en dehors, ce qui est

un rétrécissement considérable. -

Enfin, trait caractéristique, la vision binoculaire existe normale.

Xous allons l'étudier complètement dans leschapilres qui suivent.

I.

Voici donc un sujet hystérique qui présente une

amblyopie droite des plus nettes, ainsi que nous venons

de l'établir. Or, cette amblyopie si marquée quand l'oeil

sain, ou gauche est fermé, disparaît complètement quand

les deux yeux sont ouverts et qu'ils entrent synergique-

ment en jeu dans la vision binoculaire.

Ce caractère, bien mis en relief par Parinaud et Pitres,

est ici indiscutable : les expériences suivantes nous le

démontrent.

Expériences 1 à 4 (épreuve du prisme, de Greere), - E,"PI ! ? 'iel1

ce 1. Si je fixe les deux yeux sur un objet déterminé : carré de

papier (Parinaud), croix rouge (Pitres), point (iig. 15), etc., et que

je place ensuite un prisme devant un de mes veux, je percevrai

deux carrés, ou deux croix, ou deux points, chaque, oeil ayant

alors son image. Mais il est évident que si je suis vraie m ont aveugle

d'un oeil, du droit par exemple, ce n'est pas un prisme qui me

'346 CLINIQUE NERVEUSE.

rendra la vue de cet oeil : et je ne percevrai jamais qu'une seule

mage.

Si donc la cécité droite de Valentine était absolue, elle ne

devrait voir qu'une image : or, elle voit deux images, dès qu'on

lui met le prisme devant l'oeil droit : il est vrai qu'elle n'est pas

complètement aveugle ; elle n'est qu'amblyope et distinguo les

^objets placés à une distance rapprochée (fig. 16 à 20); par suite, il

peut paraître assez naturel qu'elle perçoive deux images. Maison

ce cas les deux images devraient être inégales de dimension :

l'une, en rapport avec l'oeil sain, serait égale aupointdelafiâ. 15;

l'autre, en rapport avec l'oeil amblyope, serait égale, selon la

distance, à l'un des points des figures 1C à 20. Or, les deux images

sont identiques au point de la figure 15 ; de plus, ces deux images

sont perçues au-delà de la distance correspondant à la vision la

plus éloignée de l'oeil droit, c'est-à-dire au-delà de 1 mètre. Par

conséquent, la vision binoculaire existe normalement chez notre

malade ; donc son amblyopie monoculaire disparaît dans la

vision binoculaire.

Expérience 2. En plaçant le prisme devant l'oeil sain ou

gauche, les réponses sont identiques.

Expérience 3. L'épreuve du prisme montre encore que la

dyschromatopsie de la vision droite disparaît dans la vision bino-

culaire. Si je remplace le rond noir de la ligure I, par un rond

coloré, rouge, bleu, vert, de même dimension et que je place le

prisme devant l'oeil droit, deux images sont perçues immédiate-

ment comme dans l'expérience 1, et l'image de droite a une cou-

leur identique à l'image de gauche : la dyschromatopsie a donc

disparu dans la vision binoculaire.

Expérience 4. Si on répète la même expérience 3 en plaçant

le prisme devant l'oeil sain, les réponses sont identiques.

Expériences 5 à 7 (épreuve de la boite de Fiées). li,rpé-

rience 5. -Deux points de couleur différente, ici jaune et là vert-

clair, et de dimension égale au pointdela figure l9,sontsiLuésdc

telle sorte que le point jaune placé à gauche doit être vu par

l'oeil droit, et que le point vert placé à droite doit être vu par

l'oeil gaucho. Un met la boîte devant les yeux de la malade qui

répond sans hésiter qu'elle distingue deux points de dimensions

égales, de la grandeur de la fig. 19, et indique leurs couleurs et

leurs places respectives sans se tromper.

Expérience G. Si on lui lait fermer l'oeil gauche sain, elle

localise après hésitation un petit point gauche qui est blanc,

au lieu d'être jaune, et de la grandeur de la figure 17.

Expérience 7. - En intervertissant l'ordre des points, sans

AMBLYOPIE HYSTÉRIQUE MONOCULAIRE SA DISPARITION. 347

avertir la malade, elle intervertit elle-même ses réponses ; et si

l'oeil sain est fermé, le point vert est vu blanc dans les mêmes

dimensions que le point de la fig. 17. 1

Expérience 8 (épreuve delà règle de Cuignet), Si on interpose

verticalement une règle ou -un crayon entre les yeux d'un sujet

normal qui lit et le texte qu'il tient à la main, la lecture s'ef-

fectue sans difficulté : mais si l'un des yeux est fermé ou aveugle,

la règle ou le crayon se projette sur les lignes du texte et gène

la lecture de l'autre oeil dans toute la zone de projection.

Si donc Valentine était vraiment aveugle de l'oeil droit, elle

devrait être gênée dans la lecture dès qu'on place une règle de-

vant ses yeux : or, elle lit parfaitement ; donc, là aussi, son

amaurose disparaît et la vision binoculaire existe comme chez

un sujet normal.

Expérience 9 (épreuve des deux règles ou de la double image).-

Soit deux règles placées l'une devant l'autre : si des deux yeux je

fixe la plus proche, je vois double la plus éloignée ; si je fixe la

plus éloignée, c'est la plus proche que je vois double ; si main-

tenant je ferme un oeil et que de l'autre oeil je fixe une des deux

règles, l'autre règle est toujours vue simple.

Celle expérience pratiquée chez notre malade indique que, les

deux yeux ouverts, elle voit double la règle non fixée, alors

qu'elle devrait la voir simple, si elle était amaurotique de son

oeil droit ; donc elle a récupéré la vision de son oeil amblyope au

moment de la vision binoculaire. ,

Expérience lOci, 12 (épreuve de l'écrande f)'< ? 'fs) ? Et'pO't'eMCe 10.

- J'écris une phrase au tableau et fais'asseoir Valentine devant,

àcourle distance ;je place alors une lame du carton verticalement

surle milieu du visage de l'enfant et lui dis de lire en fermant l'oeil

gauche (c'est-à-dire le sain) : elle ne voit absolument rien. Si

elle ferme l'oeil droit amblyope, elle lit très bien la partie de la

phrase située à gauche du carton. Si enfin elle ouvre les deux

yeux, elle lit parfaitement la phrase en entier, par conséquent

toute la portion de celle phrase située à droite du carton ; donc,

ici encore l'amblyopie droite a disparu dans la vision binoculaire.

Expérience 11. de rapproche le tableau à 0,50 cm. du sujet

et écris une phrase à la craie rose, avec de grandes lettres ma-

juscules : je place le carton comme dans l'expérience précédente

et dis à Valentine de lire en fermant l'oeil gauche : elle distingue

après hésitation les lettres de la fin de la phrase, placées à

droite du carton, mais ces lettres sont vues rouge très foncé et de

dimension plus petite que la réalité ; si elle ferme l'oeil droit et

ouvre le gauche, elle lit la première moitié de la phrase dont les

lettres se détachent en rose et avec leur grandeur réelle ; enfin,

348 CLINIQUE NERVEUSE.

si les deux yeux sont ou verts, elle lit la phrase entière, elles lettres,

tout à l'heure rouge foncé, apparaissent maintenant toutes en

rose et de même grandeur, la grandeur normale.

Expérience 1°. En écrivant la phrase en jaune, les réponses

sont identiques, avec la différence que les lettres jaunes sont

^vues blanches et à peine distinctes par l'oeil amblyope seul ou-

vert. '

Et ainsi de suite avec les différentes couleurs.

Ces expériences -11 et 12 démontrent que la micropsie et la

dyschromatopsie disparaissent complètement dans la vision bino-

culaire.

Expériences 13 et 1l1(ltp¡'euve de l'image mobile).- Expérience 13.

Je trace une croix avec de la craie blanche au milieu d'un tableau

noir placé à30centimèlresdes yeux <le la malade. Je lui dis de fermer

l'oeil amblyope droit, le gauche fixant toujours la croix, .le fais

passer horizontalement de gaucho il droite, entre l'oeil et la croix,

un bâton de craie blanche jusqu'à ce qu'il ne soit plus perçu..Il'

lais alors ouvrir l'oeil droit amblyope, qui doit fixer la croix : et, le

bâton de craie est de nouveau perçu, dans ses proportions exac-

tes ; en faisant, fermer et ouvrir alternativement l'oeil droit, l'i-

mage disparaît et reparaît tour à tour : c'est donc bien lui qui

voit ; par conséquent l'amblyopie a complètement disparu dans

la vision binoculaire.

Expérience 14. En se servant de bâtons de craie de couleurs

différentes, on voit que la dyschomatopsie disparaît pour l'oeil

amblyope, comme nous l'avons déjà vu par les expériences, 3, 4, : >, G, î, 11, 1°.

Expérience 1 ? (Epreuve des deux images mobiles). On

peut faire les expériences 13 et 14 avec deux images et en lais-

sant les deux yeux du sujet ouverts. En rapprochant alors il l'im-

proviste, tantôt de l'oeil gauche, tantôt de l'oeil droit, tantôt une

image, tantôt l'autre image, tantôt les deux, en les faisant 1),L-

raîtrc, disparaître et reparaifre tour à tour, on constate que la

vue droiteest parfaitement conservée chez Valentine.

Expériences 16 et 17. (Epreuve des verres colorés de Snelle)2).

Expérience 16. 011 su-peiid (le%-an[ une vitreéclairée, à quelques

mètres du sujet, un tableau rectangulaire en verre noir sur le mi-

lieu duquel se détachent, en clair, des lettres alternativement

vertes et rouges. On place alors devant les yeux du malade des 's

lunettes dont un verre est rouge et l'autre vert, puis on lui fait L lire

les lettres du tableau transparent.

Si le sujetala ,ne normale,il litavecl'oeil au verrerougclcsleL-

tres rouges, et avec l'oeil au verre vert les lettres vertes : il lit ainsi

AMBLYOPIE HYSTÉRIQUE MONOCULAIRE ; SA DISPARITION. 340

toutes les lettres. S'il est au contraire amaurotiquc dut ! oeil, il ne

lira que les lettres dont la couleur correspond à celle du verre

placé devant l'oeil sain. En d'autres termes, si Valentine est vrai-

ment amaurolique de l'oeil droit, ayant un verre vert à droite et

un verre rouge à gauche, elle ne lira que les lettres rouges du ta-'

bleau : or elle lit aussi les lettres vertes. Inversement,le verre rou-

ge étant mis à droite et le vere vert àgauche, elle ne devrait voir

que les lettres vertes ; or elle lit les lettres rouges ; donc elle voit

avec l'oeil droit dans la vision binoculaire. Plusieurs variantes

concourent au même résultat. Signalons celle-ci .

Expérience li ? l1u lieu de meltre un verre de couleur sur

l'oeil droit amblyope, je mets un verre opaque et place un verre

coloré sur l'oeil gauche, par exemple un verre rouge. Valentinene

lit que les lettres rouges ; j'enlève alors le verre opaque de l'oeil

amblyope et elle lit les lettres rouges et vertes ; si je mets un verre

verL à;;auclle et replace le verre opaque à droite, elle ne lit que

les lettres vertes, mais dès que j'ôte de nouveau le verre opaque,

elle lit aussi les lettres rouges. Elle voit donc de l'oeil droit au

moment de la vision binoculaire. - '

Expériences 1 8 à 22 (Epreuve du stéréoscope). Erpéricnce 18.

On place au stéréoscope deux images qui sont semblables pour la

vision gauche et la vision droite. Elles se fusionnenten une seule

image qui donne aux eux lasensatinn de l'image réelle, telle qu'elle

serait perçue avec ses trois dimensions dans la vision binoculaire

vraie. Le fusionnement recherché dans ces conditions, chez notre

sujet, avec toute une série de tests, en particulier ceux de Java ! ,

nous montre que le fusionnement existe pour toules les images

sans exception, colorées ou non. Par conséquent, l'ambhopie

droitea totalement disparu ; mais elle reparaît, dès que l'oeilgau-

che est fermé et Valentine-ne perçoit plus rien.

Expérience 19. Si au lieu d'utiliser des images semblables on

place des imagesùitférentes au stéréoscope pourla vision droiteet

la vision gauche, ces images différentes se fusionnent encore en

une seule image ; mais cette image est en réalité une 3111c image,

combinaison des images droite et gauche, qui n'est plus perçue

avec ses trois dimensions, - au moins dans les parties des ima-

ges droite et gauche qui ne sont pas semblables et par suite su-

perposables. Nous nous bornerons à un seul exemple. Voici un

carton sléréoscopiquc où l'image de gauche est F et l'image de

droite L ; suivant qu'on regarde dans l'instrument avec l'oeil

gauche seul ou l'oeil droit seul on verra la lettre F ou la lettre

L; mais si on regarde avec les deux yeux, les lettres F et L se

fusionnent en une seule et unique lettre qui est un E. Si Va)en-

tine ferme l'oeil droit, elle ne voit que la lettre F; si elle ferme

350 CLINIQUE NERVEUSE.

l'oeil gauche, elle ne voit rien avec l'oeil droit ; elle paraît donc

amaurotique et ne devrait distinguer que la lettre F en rapport

avec l'oeil sain ; or, elle lit E sans hésiter dès que les deux yeux

sont ouverts ensemble : c'est donc que l'amblyopie droite dispa-

raît dans la vision binoculaire.

- Expérience 20. En se servant de lettres rouges, les résultats

sont identiques ; avec cette différence que, dans la vision droite

seule, l'enfant lit la lettre L, mais une lettre L réduite dans ses

dimensions et de couleur rouge foncé presque noir ; cette dyschro-

matopsie et cette micropsie disparaissent complètement dans la

vision binoculaire où la lettre E estperçue nettement. 1.

Expérience 21. Les transformations de la micropsie et de la

dyschromatopsie sont encore plus faciles à étudier avec des ronds

colorés. Voici un des nombreux tests qui nous ont servi dans nos

expériences (Fig. 21).

Ce test étant placé au stéréoscope, si Valentine ferme l'oeil

droit, elle voit les ronds vert et rose correspondant à l'image

gauche, et conformément à la figure. Si elle ferme l'oeil gauche,

l'image droite est vue comme suit : (fig. 22) ; c'est sensiblement la

même grosseur que dans la fig. 20.

Si maintenant elle ouvre les deux yeux ensemble, les deux

images se fusionnent en une seule et au lieu de deux ronds à

Fio. 21.

AMBLYOPIE HYSTÉRIQUE MONOCULAIRE SA DISPARITION. 351

droite et de deux ronds à gauche, soit en tout 4 ronds de couleur

différente, elle voit 3 ronds avec leurs deux couleurs normales,

vert et rose et dans la disposition que voici (fig. 23). En d'autres

ternies, cet oeil droit, amblyope dans la vision monoculaire, s'est

comporté comme un oeil normal dans la vision binoculaire ; 1

dyschromatopsie et la micropsie ont disparu, en même tempsdue

le fusionnement s'est effectué.

Flü. 22

ric. 23.

Expérience 22. En variant les couleurs bleu, jaune, violet,

etc., et la disposition des ronds, nous avons obtenu des réponses

analogues.

II.

Les multiples expériences qui précèdent montrent

bien, si on s'en rapporte aux données admises, que chez

notre sujet, comme dans l'immense majorité des cas ana-

logues, l'amaurose de l'oeil amblyope disparaît quand

entre en jeu la vision binoculaire. Mais toutes ces expé-

riences démontrent-elles vraiment que la vision bino-

culaire est toujours sollicitée ? Je ne le crois pas. Car la

vision binoculaire n'existe réellement, il ne peut être

question de vision binoculaire, que si les deux yeux per-

352 CLINIQUE NERVEUSE,

, çoivent ensemble un même objet ou les mêmes objets.

Dans le cas contraire, c'est-il-dit,c si certains objets sont

vus par un oeil et certains autres par l'autre oeil, il y a

double vision monoculaire, mais pas vision binoculaire

au sens physiologique du mot. C'est pourquoi, dans la

série d'expériences que nous avons mentionnées plus

haut, on doit faire deux séries :

1° Celles où vraiment la vision binoculaire entre en

jeu, c'est-à-dire où les yeux fixent ou perçoivent les

mêmes objets : ce sont les expériences 1, 2, 3, 4 avec le

prisme ; l'expérience 8 avec la règle, l'expérience 9 dite

de la double image ; les expériences l'i et 17 avec les verres

colorés ; enfin les expériences avec le stéréoscope, parmi

lesquelles il n'y a que l'expérience 18 qui doit compter

entièrement dans ce groupe, les expériences 19, 2J, 21,

22 n'impliquant qu'en partie la vision binoculaire :

2° Lcs expériences où il existe une double vision mo-

noculaire, c'est-à-dire où chaque oeil fixe une image dif-

férente. Dans ce groupe nous placerons les expériences

5, G, 'I avec la boUe de Fiées ; les expériences 10, 11, 12

avec l'écran ; les expériences la et 14, dites de l'image

mobile, l'expérience 15 dite des deux images mobiles et

les expériences 19, 20, 21 et 22 (pour une part).

Afin de montrer le bien-fondé de celte division et de

prouver que, souvent, il s'agit en réalité de la récupé-

ration de la vision monoculaire amblyope seule, sans

qu il soit besoin pour cela de solliciter la vision bino-

culaire proprement dite, nous avons institué une nou-

velle série d'expériences.

Nous avons vu c'est classique que l'amblyopie se

montre dès que le sujet ferme l'oeil sain. Mais si l'on

prend soin d'annihiler la vision de cet oeil, par d'autres

moyens que par la fermeture de la paupière, la vision de

l'oeil amblyope est entièrement normale : c'est ce que

nous allons démontrer. '

Expérience 23. Les yeux de la malade regardant au sté-

réoscope le test de la fig. `>l (exp. 21), le fusionnement a lieu

comme l'indique la figure 23. Si, les deux veux demeurant tou-

jours ouverts, je masque avec un carton les deux ronds consti-

tuant l'image gauche de la 21, 'alcuiine u1'avertiL aussitüt

qu'elle n'aperçoit plus (luie deux ronds : un en haut de couleur

A : lII3L 1'01'11 : 11)'S'IRIQUI; IO\OCLL.11R1 : SA DISPARITION. 353

rose, l'autre eu lui*, de couleur verte avec des dimensions iden-

tiques aux 3 ronds de tout à l'heure : elle voit donc parfaite-

ment l'imatie droite de la ligure 21 : par suite, l'amblyopie de

relie vision droite a disparu. Si, comme contre-expérience, je

fais fermer l'u'il gauche de la malade au lieu de le masquer,

elle ne voit plus que deux petits ronds comme dans la figure 22.

l; p·nieucv·.s - ? 1, ? i, ''(i ct ' ? Ï. - I : n reltrm tnL les expériences

18, l'.l 20, et 22 au stéréoscope, dans les mêmes conditions qui*

l'mpéricncu préctnicnte n 23, ou constate également que l'oeil

droit distingue parfaitement les images, en dehors de la vision

binoculaire proprement dite.

Expériences '28 et 29. Si, plaçant d'abord le prisme devant

1"l'il ( ! l'oit amhlyope, comme dans les expériences 1 et 3, je

place ensuite un carton quelconque, blanc de préférence, devant

l'oeil gauchi ! h 1 ou 2 cent, de distance de la paupière ouverte, de

façon 'il obturer complètement la vue de cet oei], la croix, le

carré de papier ou le rond coloré continuent à être nettement,

perçus par le sujet, c'est-à-dire que la perception a lieu pur l'oeil

;mblyolc settl. 1( suffit, que l'oeil gaucho soit fermé au lieu d'être

masqué, pour que ces images droites disparaissent ou se montrent t

déformées (ilyschromalopsie, micropsie).

Expérience 30. Si dans l'expérience 9 ou place le carton -

manque comme précédemment, une des images disparaît, c'est

l'image en rapport avec la vision gaucho : l'image en rapport

avec la vision droite continue à être perçue.

Expérience 31 '. La même démonstration avec les verres colo-

res, dans les conditions rlu l'mlOrience 1(i, r·L ttn peu délicate et

demande certaines précautions. Comme dans l'expérience 16, les

lunettes à verres colorés sont placées devant les yeux de la ma-

lade, de façon que le verre vert soit adroite (oeil amblyope) et le

verre rouge à gauche (oeil sain). Pour obturer complètement la

vue gauche, il suffit que je place un verre rouge devant le verre

vert : car rouge sur vert = noir. Dans ces conditions, au début,

l'oeil droit perd subitement la vision en même temps que l'oeil

gauche.

En mettant inversement le verre vert à gauche et le verre

rouge à droite (oeil amblyope) et en obturant la vision gauche avec

un verre rouge sur le vert, ce qui donne noir, la vision droite

peut encore distinguer les lettres rouges, mais ces lettres sont

diminuées de moitié comme grandeur et d'un rouge foncé pres-

que noir. Ce fait semblait indiquer que l'amblyopie complète

étaitsiisceplible de se récupérer en partie, grâce au rouge qui est.

comme chacun sait, la couleur de prédilection de l'hystérique.

Nous avons mentionné un exemple typique de ce genre (lac. cit.1

.lncnIVr, 2^ çric, I. I\. 23

351' CLINIQUE NERVEUSE.

Celle expérience se montrait par suite en contradic-

tion avec les précédentes. Puisque l'oeil sain est ouvert,

en c1l'c1. comment se fait-il que le droit présente de l'am-

blyopic ? C'est que le sujet avait subitement la sensation

du noir, la sensation de -l'obscurité : voilà le point im-

portant il retenir ; mais comme cette obscurité n'était

pas complète, le jour l'usant autour de l'oeil gauche, le

sujet ne tardait pas au bout de quelques instants à voir,

de son oeil amblyope, les caractères verts ou rouges,

suivant qu'il avait devant lui un verre vert ou un verre

rouge, et avec leurs dimensions et leurs couleurs nor-

males. Cette expérience, ici' encore, concordait donc

avec les précédentes. »

Expérience 32. D'ailleurs, en se servant de verre opaque au

lieu de verre noir, l'expérience est positive. Si, en effet, on met

un verre opaque devant l'oeil gauche de Valentine et un verre

rouge devant son oeil amblyope, ullclitnettement les lettres rou-

ges;sionchaugeclwerre rouge parmi vert, elle lit bien les lettres

vertes. Donc l'amblyopie a disparu.

Expérience 33. En plaçant sur les lunettes un verre neutre

à droite, au lieu d'un verre coloré et en laissant le verre opaque

à gauche, la vision monoculaire droite est parfaite. Prenons

comme exemple les deux ronds (image droite de la figure 21) ; ils

sont vus normalement. Si maintenant, en contre-expérience, la

malade ferme son oeil gauche, les deux' ronds sont vus comme

dans la figure 22.

Expérience 34. L'expérience est aussi démonstrative sans

lunettes. Il suffit, les deux yeux étant ouverts et fixant un objet

ou une image quelconques, les-ronds de la ligure 21 par exemple,

de placer un écran devant l'oeil gauche sain qui reste ouvert : Va-

lentine continue il voir les quatre ronds colorés avec le même

aspect ; mais si elle ferme t'omit gauche, les ronds se présonlonl

instantanément avec les modifications de la ligure '2.

Expérience 3.'). Les expériences précédente» démontrent que

l'oeil'gauche, ou sain, étant ouvert, mais sa vision masquée, la

vision de l'oeil droit amblyope se montre cependant avec toutes

les apparences de la vision- normale. Nous avons utilisé ce fait

pour rechercher dans ces conditions l'étendue du champ visuel

de l'oeil droit. Et nous avons pu constater que le rétrécissement

du champ visuel, si marqué quand l'oeil sain est fermé, est beau-

coup moins considérable quand cet mil ouvert est simplement

AMBLYOPIE HYSTÉRIQUE JIONOCULAIRK ; SA ])LSP.IUllüN. ;JG5

masqué par un écran. Le rétrécissement est, alors, sensiblement

¡"gai il (;elui de [',l,il gall('IIl', 11011 alllblyopl'.

Is : nlmimea·s : G ct37. - Ue mi·mc,la puinaaucc accmnmuUuLricc

de l'oeil droit, recherchée à l'oplomèlre de l3a<1al, ell IIlasqualll

l'oeil gauche, devient égale à celle de l'oeil gauche : 14 dioptrie»

au licu Ilco,ll Iluaull L'mil nauclu; 1·l l'1·rm ? Il 1·nu·a t·ncnrc Ilc

même pour l'acuité visuelle qui, l'l'chl'I'cllée aill-i, se 111[)1l[l'e

égale il coin me à gauche.

Les quinze dernières expériences (23 37), que nous

venons de relater suffisent à démontrer que l'oeil am-

blyope d'un sujet hystérique n'a pas nécessairement

besoin, pour récupérer sa vision, que soit mise en jeu la

vision binoculaire. Celle vision monoculaire de l'oeil

malade peut parfaitement exister par elle-même, indé-

pellllammcnl de la vision de l'oeil sain.

III.

Il résulte, en somme, des laits qui précèdent que l'am-

blyopie hystérique monoculaire serait l'onction de la fer-

incture delà paupière de L'teil normal.

Chez un sujet normal, que la vision soit annihilée par

un obstacle placé devant l'oeil ou par la fermeture de la

paupière, il n'y a pas de différence bien sensible en ce qui

concerne -la perle de celle vision. Cependant, il est incon-

testable que l'occlusion de la paupière, étant plus hermé-

tique, donne il l'oeil la sensation de l'obscurité, ce qui n'a

pas lieu quand l'oeil est simplement couvert. On peut, par

suite, se demander si l'amblyopie d'un oeil disparaît par

ce seul l'ait que l'oeil opposé s'ouvre, ou bien par le fait

que l'obscurité l'ail place, chez lui, a la lumière. En d'au-

tres termes, il nous faut rechercher si l'amblyopie d'un

oeil est fonction de l'occlusion de l'autre oeil,on bien si elle

est fonction de l'obscurité qu'amène cette occlusion .Nous

avons dans ce hul institué unc nouvelle série d'expérien-

ces.

Expérience ? )^. - L'<eilgall('he 011 sain l'[allt ouvert, niais masqué,

,It;llis à la malade de fixer les deux ronds de couleur rose et verte

(le la lig.1 (image Ilruilcl, placés de 40 il ' ! 5 cculim. de l'mil. Elle

l ? di ? linglll' pa l'l'ai [ellH'11 1. i.io lui dis de l'l'l'lIH'1' ¡"l'il gauche, le

: 33l. CLINIQUE NERVËUSU. .

droit devient aussitôt amblyope et voit les ronds comme dans la

ligure 22.

Jo place alors en creux la paume de ma main devant la région

orbi lairD gauche du sujet, de façon il sa i 1'(' l'obscu rilé POUI' 1'( l'il gall- i-

che, mais sans cependant l'empêcher de s'ouvrir. Puisje dis à Va-

lenlinc d'ouvrir 1'(eil gauche : il est ainsi dans l'obscurité, et ou-

vert. Si maintenant je demande il l'enfant comment elle voix les

deux ronds avec 1'(eil droit, elle me répond qu'ils sont un peu

plus gros et de couleur un peu plus claire que dans la ligure 8,le

vert étant vu vert foncé au lieu de noir (ligure ` ? '1).

Expérience 39. L'expérience 38 sem hlai t hien indiquer le rôle

primordial joué par l'obscurité ; mais afin de le rendre plus con-

cluant (car la main de l'observateur aussi bien appliquée qu'elle

soit, laisse filtrer un peu de jour) nous avons remplacé la main

par des cornets en papier fort, de couleurs différentes, s'adap-

tant étroitement il la région orbitaire gauche et l'isolant comple-

tement. En nous plaçant dans les mêmes conditions de recher-

ches que dans l'expérience 38, les ronds colorés rose cl vertélant

à 40-45 cm. de distance de l'oeil droit, les réponses du sujet ont

été les suivantes :

Avec des cornets en papier noir ou bleu très foncé, ou rouge très

foncé, placés devant l'oeil gauche ouvert et l'isolant ainsi entière-

ment du jour ambiant, l'oeil droit amblvopo voit les ronds plus

petits et plus foncés en couleur comme dans latigurc 22. Si on dit 1

il Valentine de fermer l'oeil gauche, l'un des cornets précédents

demeurant sur l'oeil, les ronds sont perçus identiques par l'oeil

droit. l. '

Avec des cornets de papier vert clair ou foncé, rouge, carmin,

bleu d'azur, violet, jaune, les ronds sont perçus un peu plus gros

que llatlsla liuru ` ? 1, comme dans la ligure 24, mais avec les mè-

mes modifications de couleur que dans la ligure 22 (ligure 25). Si

. I c. 21.

AMBLYOPIE HYSTÉRIQUE MONOCULAIRE ; SA DISPARITION. 357

011 dit il "alt'Il ti Ile de rPl'll1el'l'nil gauche, l'Il n dl' COI'Il<'ls de ll'i n le

précédente restant ;'111' "oei[, Il'Sl'OIHls ? nnl \ Il'' plll" pl'lils ('0111111('

avec les cornets de teinte très foncée.

Seul, le cornet de papier blanc, appliqué sur la région orbi-

(aire gaucho, n'empêche nullement les ronds colorés d'être tis

par l'oeil droit comme à l'état normal, c'est-à-dire comme dans

la ligure 21 (image droite). Avec tous les ail cornets de papier,

il sltl11l,pollrqlw l'mil amblyope récupère sa vision, qu'on les

écarte légèrement de la surface p{'l'iorhilail'l', afin de permettre

le passage direct des rayons lumineux.

Expérience 40. - Etant donné le fait mentionné dans l'rxp{'-

rinuce 31,ù savoir qu'un verre noir placé devant 1'(eil gauche ou-

vert peut enlminpl' pl'l1l1antquelquesinslanls l'amblyopie del'oeil

droit au même 1 i t re '1 ue l'obscl\l'ité com plèle, noua\ OIlS chl'l'ch, il,

reproduire le phénomène en plaçant un large écran de papier ou

de carton noir de\anll"l'il gauche ouvert : mais 1,(R.il droit n'a pas

accusé la moindre amblyopie ; sa vision était parfaite. En ('011-

\1ztiit 1'teil gauche avec les {'('l'an" (le papier aux couleurs les plu<

variées, l'oeil droit n'a pas manifesté davantage la plu" légi'l'e am-

1)1\ olii(.

Ces expériences paraissent démontrer que l'alu]¡lol)(e (le 1'(eil

hystérique est due il un défaut (le l'autre oeil par la

lumière blanche.

Expérience 4(. Nous avons même recherché si la lumière

blanche du jour devait être seule mise en cause. A cet effet, ayant

mis la malade dans une chambre noire, nous ayons allumé une

simple bougie et recommencé sous ce mince éclairage les eyé-

riences précédentes. (ta40). Les réponses ont été identiques.

FIG.2 ?

3J . CLI\IQUl \LI2VCl'Sli.

Donc la lumière blanche, de quelle que source qu'elle

soit. peut empêcher l'amblyopie monoculaire tant qu'elle,

est absorbée par 1'(.il sain ; dès qu'elle est interceptée,

l'amblyopie apparaît dans l'oeil droit. La paupière, en ob-

turant hermétiquement l'oeil sain, joue précisément le

rôle de voile intercepteur des rayons lumineux et em-

pêche de passer la lumière blanche ; car c'est la lumière

blanche seule, comme le prouve l'expérience avec les

cornets en papier de couleurs différentes. faisant office

de voiles intercepleu\'s, qui, (liJ\'usantit lrayers l'oeil sain.

empêche l'amblyopie de l'oeil malade.

TV.

Dans un précédent (loi. cit.) à propos d'une

amaurose hystérique n'obéissant pas d'ailleurs aux

règles classiques nous avions pensé que bien sou-

vent la récupération consciente de la vision monoculaire

amblyope n'était pas complète, en ce sens qu'elle ne dé-

passait guère le moment d'une expérience ou d'une sug-

gestion. Les faits que nous apportions à l'appui de notre

idée semblaient nous donner raison pour le cas consi-

déré. Aujourd'hui, dans cette nouvelle observation

qui, elle, correspond, aux données classiques de l'amblyo-

pie Itystél'ique - les expériences entreprises semblent

nous conduire il une opinion opposée.

11 est bien évident qu'on pourrait soutenir que chez

notre sujet, l'amblyopie droite est constante, commel'llé-

miamestllcsic du même côté ; et que si la vision droite est

récupérée, cette récupération visuelle ne dépasse pas le

moment de l'expérience. -

Ala rigueur, dans certaines expériences avec le prisme,

la règle, l'écran, les verres -colorés, la boîte de Fiées, le

stéréoscope, on peut supposer que la vision monoculaire

n'est récupérée, dans la vision binoculaire, qu'au moment

de l'expérience. Mais je ne puis comprendre pourquoi.

au même moment de l'expérience la réponse de l'oeil ma-

lade difrère absolument, suivant que l'oeil sain est fermé

ou simplement couvert. Les perceptions Jilrércn les de

l'oeil malade, suivant que l'oeil sain est masqué avec des

cornets en papier de couleur ou en papier blanc, ont éga-

lement une valeur démonstrative.

AMBLYOPIE HYSTÉRIQUE MONOCULAIRE ; SA DISPARITION. i)59

D'ailleurs, je ne m'explique pas bien pourquoi la vision

monoculaire de l'oeil malade, qui n'existerait qu'à certains

moments dans la vision binoculaire, n'entrerait pas paré. z

ciscmcnt en jeu quand elle est seule il fonctionner, c'est-

à-dire quand l'oeil sain est fermé ; c'est là vraiment le

cas d'appel idéal pour une suppléance fonctionnelle. Or,

cette suppléance visuelle est exceptionnelle d'après les

auteurs et c'est, au contraire, dans ces conditions que

l'amblyopie apparaît.

La simulation, encore acceptée par certains, doit être

cependant rcjelée pour de multiples raisons : sans par-

ler des expériences nombreuses on l'a vu-, qui per-

mettent d'éliminer cette simulation, il est de règle que

le sujet ne s'aperçoit presque jamais de son amblyopie

lui-même; elle lui est généralement révélée par l'ocu-

liste ou le médecin. Bref, il faut admettre que dans les

conditions normales delà vie courante, l'hystérique, qui

regarde de ses deux yeux les objets qui l'cntourent, n'a a

pas J'amblyopie de son oeil malade ; cet oeil distingue

parfaitement par lui-même les objets, soit seul, soit con-

jointement avec le sain.11 lui faut, pour devenir amblyope

des conditions particulières qui aboutissent à l'occlu-

sion de l'oeil sain et privent ce dernier de la lumière du

jour. Quant il savoir pourquoi la lumière blanche, en im-

pressionnant l'oeil sain, lait disparaître 1 amblyopie de

lu'il malade, c'est une question qui, pour le moment,

nous parait assez difficile a résoudre : on peut dire qu'elle

agit par suggestion, mais celte explication n'cst qu'un

mot.

Conclusions.

1° Dans lccasd'amblyopie hystérique monoculaire que

nous venons d'étudier, l'amblyopie, comme dans presque

tous les cas analogues d'amblyopic hystérique, dispa-

raît au moment de la vision binoculaire.

2" En serrant les faits de près, nous avons montré que

ce n'estlras seulement dans la vision binoculaire que dis-

parait l'amblyopie monoculaire. De multiples expérien-

ces prouvent que l'oeil sain étant masqué, et par consé-

quent la vision binoculaire n'existant pas, l'oeil malade

uerçoit aussi bien que l'oeil sain tous les objets qui l'cn-

360 CLI\IQUI : DII : \1'ALI : .

vironnent : il n est doncpas amblyope, même en dehors

de la vision binoculaire. '

3° L'élude des faits semble montrer que la disparition

de l'amblyopie monoculaire n'est pas expliqueeparl'exer-

cicc de la vision binoculaire ; elle n'est pas expliquée

non plus par l'exercice simultané de la vision 1ll01lOCU-

laine droite el de la vision monoculaire gauche, entrant

l'une ctraulreenaclion, chacune pour son propre compte;

en réalité, l'aniblyopiedisparail dès ques ouvre l'oeil sain,

elle apparaît desqu il se ferme : voila le l'ail indiscutable.

L'amblyopie K207 ! OCM/<7 ? elystei'i(pic serait donc fonction

de l'occlusion de l'oeil sain.

4° L'occlusion de l'oeil sain, ainsi que le démontrent

nos expériences axée les cornets en papiers colorés, com-

mande l'amblyopie de l'autre oeil. non par le fait de son

occlusion (action motrice), mais parce que cette occlu-

sion intercepte les rayons de la lumière blanche qui

n'arrivent plus jusqu'à lui (action physique).

CLINIQUE MENTALE

Auto-identification romanesque.

(Illusions de reconnaissance de sa propre personnalité.)

Pau leD' I'aul GARNIER

Médecin en chef du Dépôt, chargé de cours,

E·r t.c 1)° t)R()\IAIiU

Interne des asiles d'aliénés de la Seine

La suggestibilité a reçu depuis longtemps la place

qu'elle mérite parmi les nombreux allribuls de la dégé-

nérescence. En vérité, son territoire est immense ; ses

dépendances immédiates sont aussi larges que ses con-

séquences lointaines sont variées. On peul tout atten-

dre en ell'et d'une mentalité privée de sa faculté supé-

rieure d'initiative et de contrôle, de cette faculté qui esl

la plus haute expression du moi et qui traduit en toutes

AUTO-iDEXTtFICATfON RO)[ANESQ1T. 3G1

circonstances l'autonomie de ce moi, par rapport au

monde extérieur.

Quand cette faculté est peu ou point développée, la per-

sonnalité subit l'empreinte du milieu sans opposition ni

défense ; les choses du dehors s'imposent à elle d'une

manière fatale, la pénètrent sans résistance, l'imprègnent L

sans ell'uri, et s'y fixent sans une critique, sans une hési-

tation, sans un doute. <

Dans la majorité des cas, l'esprit suggestible. est pure-

ment passif : toujours prêt il agréer, il se contente d'ac-

cepter sans vérifier ce qu'il reçoit. D'autres fois, cepen-

dant, l, eel tepassi yit0, qnifaitdusujet un éternel convaincu

et un crédule dj tous les instants, n'exclut pas une

sorte d'activité en vertu de laquelle l'imagination com-

plète la réalité, la déformant à sa guise et l'accommodant

au gré de toutes ses fantaisies. ,

C'est alors surtout c'est dans cet état de suggestibi-

lité adaptatrice, - pO\llTai l-ol1 dire que la voie est ou-

verte aux erreurs- les plus grossières et aux déductions

les plus invraisemblables par conséquent.

l.cs fausses reconnaissances, qui consistent il établir en-

tre deux objets ou deux cires une identité qui n'existe

pas, trouvent une place légitime parmi les manifestations

de cette débilité spéciale de l'esprit. Le cas qui nous inlé-

resse en est une modalité, mais une modalité très par-

ticulière. Ici, en l,m,t, l'identification erronée, au lieu de

se tenir sur un lorrain purement objectif, met en cause,

la personnalité propre du sujet qui croit se reconnaître

dans une personnalité étrangère. -

Marie X...est une fille d'une trentaine d'années, bien con.li-

tuée au point de vue physique, mais dont l'état mental semble

avoir présenté de tous temps un certain nombre d'anomalies. De

maintien réservé, de manières douces et polies, elle est d'aspect

indécis et rêveur.

Elle nous dit, en parlant de ses antécédents : « Je suis née de

parents bizarres et faibles d'esprit. )Ion père était un simple. Ma

mère n'avait aucun caractère et vivait confinée dans une dévo-

tion qui frisait de près la folie ; elle possédait en outre une na-

ture impressionnable et craintive dontje suis, hélas ! la trislehéri-

Lièl'P. »

La malade se révèle dans son propre passé comme une per-

3G2 CLINIQUE MENTALE. ,

sonne peu normale. Elle a toujours eu une peur insurmontable

des morts ; la solitude et l'obscurité l'elfrayenl. « Quand mes

soeurs allaient en partie de plaisir, nous dil-elle,je me tenais tou-

jours à l'écart, convaincue de ne pas être comme tout le monde....

J'étais souvent triste et mélancolique, portée à la rêverie, mais,

sans aucune tendance à la sensualité. J'ai pourtant connu les

plaisirs de l'amour avec le seul être ([lie j'ai véritablement aimé :

'alors, la commotion olaitsi forte que, sans aucun rapprochement,

j'éprouvais les mêmes sensations que dans l'intimité. Entre les

mains de la personne aimée, j'élais d'ailleurs une pâle malléable.

J'aurais voulu que mon amant lut pour moi un père.... un père

sévère et autoritaire ; il me l'allaiL un mailre ! »

En el1d, : \J¡Il'i( : .\... s'est toujours montrée d'une extrême sug-

geslibililé. « Je suis sans volonté, nous dit-elle, et je ne puis rien

par moi-même. »

Elle nous raconte comment, en maintes circonstances, elle n'a

pa-'su dire «non » devant un homme, comment elle s'est laissée

entraîner à dérober des objets dont elle n'avait que faire sur les

conseils d'une amie, etc. Et quand nous lui demandons ce qu'elle

pense de ses actes, elle nous répond très simplement' : « Je puis

l'aire beaucoup de bien ou heaucoup de mal suivant la direction-

qu'on m'imprime » ,

Aussi l'existence de .\1"° X..., qui a l'instruction d'une em-

ployée de magasin, fut-elle pleine de péripéties. Petite fille, elle

connut la maison de correction ; puis elle vécut au hasard de

la destinée, tantôt s'allachant £ t la-jJCI'sonnc d'unc amie, tantôt

s'ahoiulonnant à l'amant de rencontre jusqu'au jour où elle ils

conduite la maison de santé par une singulière aventure.

Eu niai 11() : >, M11- X..., lisait un journal qui publia successive-

ment Claudine Ú l'école, Claudine en ménage et Claudine ci Paris.

Lc texte l'intéressa et elle crut reconnaître une analogie mar-

(IUl'l' entre ses propres tendances et celles qu'on prêtait au per-

sonnage principal du livre. Puis l'analogie devint une identité et

Mlle X..., se crut incarnée dans le personnage de Claudine. Non

pas qu'elle lut amoureuse des femmes : elle n'a jamais eu avec les

personnes de son sexe que des rapports fort honnêtes, et sur ce

point, assure-t-elle « l'auteur est mal informé ». Mais cette Clau-

di1l ? c'élaithicn .'1 lie X..., dans ses goûts, dans ses caprices, dans

ses habitudes d'esprit, dans sa façon de comprendre les choses,

« Conlmc à moi il lui fallait un maître, nous dit-elle; comme moi

elle manquait de direction ; elle recherchait la rêverie comme

moi ; et elle était comme moi dans sa manière d'aimer et ùe ju-

gel' son amant». Le physique n'est pas moins probant. « Clau-

dine n'est pas une beauté, mais elle est originale comme moi. En

elle, je reconnais mes yeux... ces yeux «, noisette » dont on [tarie

tant ;je reconnais mon nez et ma bouche, et puis mes cheveux

.oto-mcwmc.rro r,owNt;sQtL. JC3

Imull'.utLo... cL luuL le rcsLu » \Im ... c voit donc, dans Claudine

comme dans un miroir. Mais il va mieux : l'identification s'étend

au : \ pel'sonnagï's sl'conda i l'l'S l'l la ma lade l'Pl l'OU \ e d,ll1 Il' 1'0-

J11anlou[ son pl1LOlu'ag-l', Elle rpl'unuail dans R,'iUlUl SOli amant,

dans llezie son amie, dans u<U ! m.JHunufincqn'<.'ii(;afr)''fj))en-

tée, elc ? Alors elle discute l'authenl ici té des rai ls a l'CC unc COI1\ ic-

lion que rien ne saurait ébranler. « Celle Luce, nous dit-elle, ne

remonte pas au temps de mon enfance^ el l'on s'est trompé en

l'CI Ïlanl de pareilles choses. Celte Luce, je l'ai connue chez une

logeuse, rue des Pelils-Carreaux, el je jure que nos rapports ont

toujours été chastes. Je n'ai jamais eu les vices qu'on veut m'al-

trilmcr... ,jc nu c,ntnai Ir,w co v ilainc : lrtaim : . l : l-ct· rna l'auln

à moisi les apparences me ('ondamnpu[ ? \Il ! (ln "'1 ? [ hi,'n Il'omp{'.

on s'est bien trompé ! .le le jure ! »

Mais comment l'auleumvaiL-il pu cunnailre \Im ... rlans les

moindres détails de sa vie ? Comment était-il renseigné sur son

passé, sur son tempérament, sur ses ofiLs ? Jln ... ne tardera

pa il le saloir, cal' ll's Cil'('olblances lonllui fournir une expli-

cation.

La lecture des livres alail eu lieu au printemps. Or, en été,

Illc -'i : ... rel;ut uu jour, houleHll'l1 (le llaliens, les compliment"

de passage d'un monsieur « bien mis ». Il était de taille moyenne

et, entre deux âges ; il portail une barbe taillée en pointe et un

chapeau il bord, plais. Les jours suivants, la conversation s'en-

gagea de nouveau, et,Marie X... se laissa conduire de bonne

irràcepar le personnage dont elle ignorait d'ailleurs le nom et la

profession. « Je le suivais comme une macltinc, ajnulu-l rllu, car

il exerçait sur moi une attraction que je ne m'explique pas. Je ne

l'aimais pas du tout, et je me trouvais pourtant à «c- rende/-

vous. » Un jour qu'ils cheminaient, e('d.eàeùte,M ? \...h'enteudit

nunlllH'l' « Claudinelle J' pal' son partenaire. Celui-ci désignai ! en

111<',nle tl'l\lPS du hout de sa ca Il l1L' ulle aflichp illu"ll'l"e (le C/(Iudine

en vadrouille. Sur cetle affiche, une femme étail représentée, dans

layucllc llaric \... se reconnut nettement. Elle en eut une vive

émotion. Les allures de son compagnon d'ailleurs étaient «e(p)i-

voques » el il lui sembla que « cet homme était, au courant de

bien des choses ».

Ceci se passait au mois de juin. Or il arriva qu'en décembre

)Iarie \ ? aperyuL à l'étalage d'un libraire le nom de Willy. Au-

dessous de ce nom, il y avait un port rail. Ouelle ne fut pas sa

surprise en relrouvanl dans ce portrait toute la ligure du per-

sonnage innommé dont ellc avail subi les assiduités penda ! )Ltp)u-

sieurs mois de l'été ! C'était hien la même barbe en pointe, le

même chapeau abords plats ! Ce fut comme une révélation.

'Ain ? iMtteX...aait été l'objet d'un abus de confiance ! Long-

temps avant la rencontre du boulevard des Italiens, cet homme

·ul1 CLINIQUE MENTALE.

avait dû l'épier, el à ce momentnième il devait être informé déjà

de toute sa vie passée. Mais comment nlllan yni ' ? \e l'allaiL-il

pas une complicité. '

Les soupçons de Mlle .\... se dirigèrent sur une dame IL. dont

eUe avait fait sa meilleure amie. Un jour que Mlle X... parlait de

ses impressions sur Claudine, Jlme 13... lui avait dit sans rire : ? I;lamlint·' ? 'e.L Loi. » l'lüs Lar<l, comme \Ille U... lni contait

"ses relations de la rue avec un homme dont le chapeau était à

bords [liais, \fute 11... avait répliqué le plus sérieusement du mon-

de : « Par Dieu, c'est Willy ! » Et elle avait ajout) ? l'usais.ma

petite, quand 011 a la protection d'un littérateur, on a autre

' : 11),) à faire qu'a lrwaillw ·. · .le comprend- : maintenant, di ! : \11 le .\... pomquoÎ ,\lllle IL. ,"oulaillne pousser dans les bras de

.'d ho III 1111'. )) Puis d'aull'e t'ail lui ['('\ iennent il l'espl'il. ;\lml' IL..

l'avait un jour photographiée dans des poses bizarres. Ces poses

comportaient un demi-nu. une sieste sur un divan, etc. Toutes

ces images figuraient les défauts de Claudine ; elles devaient être

mises en circulation et servir aux caries-postales. Mme 13... (usait

à tout venant : « Ces clichés-là, ce sont mes Claudines ; je ne le-

donnerais pas pour quinze mille l'ranc·. u \llle\... reste convain-

cue que Mme 13... l'attirail chez elle pour la l'aire causer. Il lui

arrivait, en efl'¡'tde dire« des choses en l'air» et \\'itt\ caché der-

rière un rideau prenait des noies pour ses futurs livres.

Le délire dépassa la limite purement interprétative. Des hallu-

ciuaLion : le l'mlc a,joulèrentau lruuLlelle \larie \... Iluantl, I·n

compagnie de sonchien, elle entrait dans une salle de restaurant.

ici et lion murmurait : « Tiens voilà Claudine et son chien ! » »

.\ cclle ulupuc, \Ille \... se voyait congédiée de son apparte-

ment; les propriétaires refusaient de l'entendre et les concierges

la tenaient pour suspecte. Ruinée dans sa réputation et dans son

honneur, elledul prendre asilcrhez Mme 13... dont elle connaissait i 1

toutes les vilenies. L'entente l'utile courte Üm"'l'. }l1le X ? quitta

sa compagne pour ne ptus la revoir. N'ayant aucune intention de

vengeance, elle avait élu domicile ailleurs, quand soudainement

une idée ti.\elui\int qui précipita le dénouement. «Un soir,

nous dit-elle, je songeais à M ! ne[ ! ...et je pensais, sans plu ? III'

arrêter, que je pourrais tuer celte femme. Puis, le désir de tatue ! '

111'('n\allÎl a\ec une il'I'éi"lihililé que je ne j1ui" dl-cl'il'l'. ,le uw

couchai en y pensant toujours. Je comptais les heures pour arri-

ver plus vile au matin, car j'attendais le lendemain avec iyoa-

tience. Dès que le jour parut, et sans faire de toilette, j'allai pren-

dre position il la terrasse d'un café, dissimulant dans mon man-

chon un couteau de cuisine. J'attendis longtemps, de plus enplus

tièv reuse en disant toujours : Tue-la, tue-la ; il faut que tu la tues.

Enfin Mme 11... passa..le vis comme un éclair de haine briller

tlall e euY..\lon an¡ ! IlC iiI qu'un 10011'dnIl UII'S \l'inl ? I1' Ille

,\11 rO-lm : " IIFIC,HIO : " Rowway-r. 38.')

préciliilai, Irautli·anl mouuuuLuau cLlmuacnlanLl·n lalli··;'llic-

la, l\ ! l'-Ia; il l'au 1 qLle tu la lue" ? .\lai hruqLll'LIlelll LIIOLI 111'.1-

Inl lruraly : u ; .I· 'c'·lai aW unlic, cluuuc aun llacc ; un cri ·'(Onll'u

ilan· ma ;.m ? u I ,p· nc pus liru yuc Ies ml, inarliuulu. : « laln

J'l'liIlLll', 1'1'1111111' dl' l'il'n ! )J... ()I1111'I'II[Olll'a l'l l'on 1lI'(,I111111'na ail

poste de police. »

L'observation précédente est intéressante a divers

égards. luns y voyons d'abord un fond de suggoslibililé

manifeste, comme point de départ d'un délire : puis nous

voyous ce délire évoluant pour son propre compte il la

faveur de celle même suggestibililé qui découvre pour

lui dans le monde extérieur, autant de preuves matériel-

les qu'en réclame sa logique morbide. Sur cet échafau-

dage, nous voyons enfin se grellèr, par un enchaînement

puéril d'interprétations, des idées rétrospectives de per-

sécution dont la réaction définitive menace d'être grave.

Mais celle réaction même, de par son caractère pat'oxys-

tique et mal combiné tout il la l'ois, s'éloigne singulière-

ment de la réaction froide et préméditée des persécutés

chroniques : elleestla conclusion harmonique et légitime

de toute l'épopée, car, dans sa conception comme dans son

exécution, elle est frappée au double sceau de la débilité

et de l'impulsivité des dégénérés.

L'intérêt médico-légal vient s'adjoindre il la curieuse'

histoire de ce prétendu « modèle » qui affirme avoir posé

devant l'écrivain..., Notre étrange malade a.été homicide

d'intention sinon de fait. L'acte de meurtre a été voulu.

« C'est mon bras qui s'est paralysé », a déclaré Marie

X... A côté de l'impulsion homicide, le phénomène d'ar-

rêt. Celle inhibition n'est d'ailleurs pas pour surprendre

sur ce fond de dégénérescence mentale.

Meurtre dans un asile d'aliénés. On mande de Marseille

qu'un nommé Bazille Sabaton, âgé de quarante et un ans, étant

mort lundi à l'asile des aliénés, le médecin constata sur le corps

du malheureux des blessures assez graves pour avoir entraîné la

mort. Une enquête fut ouverte, à la suite de laquelle il a été éta-

bli que le gardien Barthélemy et trois veilleurs, pris de boisson

dans la nuit de Noël, avaient mortellement blessé Sabaton avec

un instrument contondant. Ces quatre misérables ont été arrêtés

(Le Temps). D'où la nécessité de l'exclusion des gardiens ivro-

gnes.

PSYCHOLOGIE

La psychologie des dégénérés ; Les dégénérés

mystiques ;

1',\11 1.1 : Il' CIl. BI : \ET ? \ : \GLl

Professeur a l'Ecole de psvcliologie.

(Leçon d'ollJiel tl/re.)

Mesdames. Messieurs.

La psychologie des dégénérés est une science rela-

tivement récente. Elle a élé inaugurée par Bénéclikt

Morol, dont le Traité des dégénérescences de l'espèce hu-

maine paru en 1857, et continuée par Yalentin Magnan.

Maurice Lcgrain et IL Saury, pour ne citer que les plus

connus parmi les aliénistes qui s'y consacrèrent.

Je n'ai-pas l'intention de traiter dans une Ecole qui

précisément compte parmi ses professeurs le docteur

Maurice L c5rain, des dégénérés en général. C'est seule-

ment des dégénérés mystiques que je veux parler, et déjà

le sujet est assez vaste. 11 est d'autant plus vaste que les

dégénérés mystiques ne se rencontrent pas seulement.

comme on pourrait le croire, dans les asiles d'aliénés : ils

emplissent ces asiles spéciaux qu'on appelle les monas-

tères.

Je m'engage, je le sais, sur un terrain brûlant. Sans

doute l'humanité a traversé la période éruptive. L'une

des conséquences du progrès scientifique a été 1 extinc-

lion graduelle des mauvaises [lassions. La croix de la

Saint-Harthélemy ne souillera plus nos portes, et nous

n'entendrons plus le râle des penseurs sortir des bu

chers de l'Inquisition. Le Roi-Soleil-a a emporté, dans le

pourpre de son déclin, jusqu'au souvenir de la chainil-

larde et des missions bottées de Louvois; et de ces temps

où la loi se mesurait à la haine, il ne restera bientôt plus

que les statues d'Etienne Dolet et de Michel Scrvct de-

bout sur nos places publiques comme des remords de

LA PSYCHOLOGIE DES j)GlNÉRÉS. ; ! liî'

bronze. Mais le sous-sol n'est pas refroidi encore. Au-

dessous, de l'humanité qui pense, la lave bouillonne de

l'humanité barbare. Dans les pays les plus civilisés, les

siècles disparus ont leurs représentants : ce sont ces

produits de parents intoxiqués ou malades que nous ap-

pelons les dégénérés mentaux.

Chez eux les émotions et les passions, l'enthousiasme

inconsidéré, la haine virulente et la peur morbide ren-

dent difficiles, sinon impossibles. l'observation et le rai-

bonnement ; et leurs gestes impulsifs peuvent ouvrir sous

les pas du chercheur tranquille des fumerolles et des

cratères.

Messieurs, c'est d'un pas égal que je sur

le terrain volcanique que j'ai choisi. Je n'ai pas l'orgueil

de Typhéc et l'I : ncc;lmlc, et m'efforcerai d'être plus pru-

dent qu'Empédocle et que Pline l'Ancien. Mais, ayant t

conscience de faire oeuvre utile, travaillant, dans la

mesure de mon pouvoir,' au progrès de la science et par

conséquent au bonheur des hommes, je ne rebrousserai

pas chemin.

Les religions ont fait du bien et ont l'ait du et

je crois qu'aujourd'hui, en se dressant devant la science,

et en s'elforçant d'accaparer l'instruction publique pour

en limiter les effets, elles font plus de mal que de bien. Et

cependant vous n'entendrez sortir de ma bouche aucune

parole de réprobation. C'est que les phénomènes reli-

gieux sont, comme tous les autres, parfaitement déter-

minés, et clu'cnlcs ahhrcciant dc fuçon mal-eillanle,j c res-

semblerais ces sauvages de l'Afrique centrale qui s'irri-

tent contre la pluie et le vent.

Avant de parler des dégénérés mystiques, il me faut

dire en quoi consiste la dégénérescence.

Les protoplasmas vivants ou bioprotéons sont deh édi-

fices chimiques complexes mais définis, et cristallisant

sous des formes définies qui sont celles des êtres vivants.

La forme étant, pour les végétaux et les animaux comme

pour les minéraux, fonction de la composition chimique,

il y a autant de bioprotéons différents qu'il y a de formes

différentes, c'est-à-dire qu'il y a d'êtres, car il n'est point

deux individus qui se ressemblent Irait pour trait.

Mais ces diverses substances ont des caractères com-

3GS PSYCHOLOGIE.

llluns. qui sans doute permellronl plus tard de les grou-

per en espèces chimiques, vraisemblablement corrcspo]t-

dantcs aux espèces morphologiques.

En raison de leur complexité même, les bioprotéons s

sont îles édifices extrêmement instables, extrêmement

sensibles aux influences du milieu : et par milieu j'entends,

non seulement le milieu chimique, mais les milieux 1>ly- ,

bique et mécanique, qui influent chimiquement sur le

bioproteon. Que le milieu change, et il en résultera

une modification dans la composition, ct pal' conséquCJl1.

si légère soit-elle, dans la forme générale de l'être, dans

la composition et dans la forme aussi des cellules qui le

composent, et en particulier îles cellules sexuelles, par

suite, des modifications dans la composition et la forme

du produit.

Si l'on vient a retourner un bourgeon de thuya, la

feuille qui en sort prend, à sa face inférieure, les carac-

tères histologiques que possède normalement la lace e

supérieure.

Si l'on coupe les rameaux verts de la pomme de terre,

il se l'orme sur les rhizomes des feuilles à la place de tu-

bercules. '

La baleine, en adoptant la vie aquatique, ayant cessé

de s'appuyer sur son fémur, cet os finit par s'atrophier

et par n'être plus nourri que par de petits vaisseaux san-

guins ; mais, en revanche, l'animal se servant pour sa

propulsion des muscles qui entourent cet os, ceux-ci s'ac-

crurent jusqu'à former d'énormes masses richement ir-

riguées. Cette modification se produisit certainement,

bien qu'à un très faible degré, chez le premier animal du

genre baleine qui adopta la vie aquatique, et elle en-

traîna une modification des cellules sexuelles qui déjà

esquissèrent le fémur réduit du cétacé. Mais ce ne fut

qu'au bout d'un nombre considérable de générations et

par addition que celte modification devint appréciable.

«Si l'oeuf, dit excellemment "'es Delage, contient les subs-

tances caractéristiques do certaines catégories de cellules de l'or-

ganisme, il doit donc être louché en même temps que ces cellules,

et par les mêmes agent*. Si ces agents ont une action excitante

ou déprimante et poussent l'organe il se développer davantaae ou

il s'atrophier, il se produira dans l'o'ut une action parallèle; les

LA PSYCHOLOGIE DES DÉGÉNÉRÉS. 369

substances correspondantes subiront un certain accroissement ou

une certaine déchéance, el, lorsque recul' se développera, les cel-

lules chargées de les localiser en elles, elpar suite les organes for-

més Ue ces cellules, subiront l'effet de cette déchéance ou de cet

accroissement» (1).

De l'oeuf, fragment du cristal Lioltroléiduc ainsi modi-

fié, naîtra naturellement un cristal modifié. Tout le

secret de l'hérédité est là.

t Cette conception Messieurs, nous la devons au philo-

sophe Herbert Spencer. Le premier, il comprit que le

phénomène de l'hérédité embrassait les trois règnes, que

la reproduction des végétaux et des animaux était iden-

tique à la reproduction des cristaux, et que, le plus sim-

ple étant aussi le plus général, le problème de l'hérédité

se réduisait au problème delà cristallisation.

Et vraiment l'on se demande comment les naturalis-

tes n'ont point vu qu'entre le fragment de cristal de bi-

malate de potasse, le fragment de feuille de bégonia, le

fragment d'étoile de mer et le fragment d'homme, qui, en

se développant, reproduisent le minéral, la plante, ou

l'animal entier, il n'y a aucune différence au point de vue

de révolution. On se pose la question, et l'on ne tarde pas

à y répondre. Celte idéesi simple ne pouvait venir qu'à un

philosophe habitué il embrasser du regard l'ensemble des

phénomènes, mais non, étant donné nos méthodes d'ins-

truction actuelles, il un minéralogiste, il un botaniste ou il

un zoologiste.

Car, -il faut bien le reconnaître le vingtième siècle

traîne après lui, comme un boulet, la pédagogie du moyen-

âge. Alors que, pareille au soleil levant, la science

répand il chaque minute dans le cerveau des hommes

un peu plus de lumière, un peu plus de bonheur, un peu

plus de la joie de vivre et de l'insouciance de mourir,

nous livrons encore les jeunes générations aux gram-

mairiens el aux rhéteurs. Pendant des années, les pré-

cieuses années de la jeunesse, oit l'on ne demande qu'il

apprendre la vie, nous les condamnons, sous je ne sais

quel prétexte de gymnastique cérébrale, à l'étude de la

mort.

(1) Yves Délace. L'hérédité et les grands problèmes de la bIO-

logie générale, 1903, y. 537.

Archives, 2' série, 1905, t. XIX, " 24

370 ' PSYCHOLOGIE.

Prisonniers dans ces lycées qui rappellent les masta-

bas de la nécropole menrhllite, penchés sur les grimoires

comme des archéologues sur les tombeaux, ils déroulent

les bandelettes des vocables, jusqu'à ce que, juste récom-

pense de ces héroïques logomachies, le baccalauréat, la

baie de lauriers des athlètes antiques, leur assure une

place de cocher de fiacre ou de garçon livreur. La science

emplit le champ de la vie et de la pensée, et la jeune hu-

manité, sous l'oeil des linguistes, conjugue des aoristes

périmés. ,

Ces jeunes gens qui, pour mieux comprendre le fran-

çais, parait-il, ont appris le grec et le latin tout en négli-

geant le sanscrit, source commune des langues aryennes,

qui ont traduit cent vers d'Hésiode, mais n'ont point lu

Baudelaire, flui ont traduit trois scènes de Tvrcncc, mais

n'ont point lu Beaumarchais, qui ont analysé trois pages

de Fénélon, mais n'ont point lu Voltaire, ces jeunes gens,

dis-je, au moment d'entrer dans le inonde, se hâteront de

prendre une légère teinture des sciences. S'ils y prennent

goût, ils n'auront que le temps de se spécialiser. Ils de-

viendront des minéralogistes, des botanistes, des zoolo-

gistes, des médecins, confinés dans leur sphère, incapa-

bles de s'élever aux vastes conceptions, et de deviner,

comme le fil le grand philosophe anglais, que le cristal,

le végétal et l'homme se reproduisent suivant les mêmes

lois.

Heureux encore s'ils parviennent à le comprendre.

Cette théorie si belle, si simple, et qui semble devoir

s'imposer à l'esprit, dès qu'on en prend connaissance,

n'est guère distinguée des autres par les auteurs, et il a

fallu les découvertes récentes du professeur napolitain

Hugo von Schron sur la vie des cristaux pour attirer

l'attention sur elle. Ainsi, Messieurs, le problème (le \

l'hérédité et je livre ceci aux méditations du distingué

dramaturge qu'est M. Brieux, l'auteur de l'Evasion, -le

problème de l'hérédité se réduit au problème de la repro-

duction des cristaux.

Il en est de même du problème de la dégénérescence.

La dégénérescence en effet n'est qu'une forme de l'hé-

rédité. C'est le remplacement, par suite des influences de

milieu, d'un végétal ou d'un animal, c'est-il-dire Hune

LA PSYCHOLOGIE LES DÉGÉNÉRÉS. 371

machine vivante, par une autre machine vivante moins

parfaite que la première. Le milieu, nous le savons, est

complexe. C'est l'ensemble des forces auxquelles nous

sommes soumis. Les résistances mécaniques, la chaleur,

la lumière, l'électricité, la composition de l'air respiré et

des aliments ingérés, l'action des parasites travaillent

concurremment à la transformation des êtres.

Mais de ces causes, il n'en est pas de plus active que

l'alimentation. En effet, pour que les éléments musculai-

res, élastiques, osseux, cartilagineux ou nerveux se déve-

loppent, il est nécessaire que l'animal absorbe des subs-

tances capables de donner naissance il la myosinc, à

l'clastinc, à l'osséinc, il la chondrinc, h la névrinc, Les

aliments agissent en modifiant la composition du sang,

qui réagit sur le protoplasma. Celui-ci réagit il son tour

sur le sang par les excréta qu'il y déverse.

1( L'addition de la substance nouvelle, dit Yves 1)clage, rend

possible une nouvelle différenciation histologique. Si, comme

nous le pensons, la ditferenciation repose sur la séparation, dans

des cellules déterminées, et par le moyen de la division hétéro-

gène, d'un protoplasma où une (ou quoique'') substance prédo-

mine sur les autres, il est évident que, grâce la substance nou-

velle, une nouvelle catégorie de cellules pourra se différencier en

même temps que les anciennes cellules seront pins ou moins

modifiées, et ces nouvelles cellules pourront donner naissance il

un nouvel organe et il une nouvelle fonction » (1). « Le l'ar,

arraché sans doute aux roches ferrugineuses par les végétaux qui

en ont formé un élément de leur chlorophylle, est devenu chez

les animaux un élément de l'hémoglobine, où il joue un rôle

tout autre que dans la chlorophylle des végétaux » ( : ! ),

«Les caractères de race des Islandais, des Bretons, des Arabes,

¡[l'S SllllH1)è(le ? etc., sont dus en partie à leur régime, principa-

lement il leur nourriture, qui contribue il leur donner une ph)-

sionomie commune, de même que le buveur d'absinthe, de vin,

de bière, le fumeur d'opium, le mangeur de ha"chich ont leur l'

faciès à part » (3).

Ainsi les influenccs de milieu, et surtoutl'alimentation'

sont la cause et l'unique cause des modifications chi m i

(1) Yves DEi.AC.r. Loc. cit., p. 8G3.

(2) Yves 1)r.i.we. Aoc. cit., p. 803.

( : J) l''i,I, p. 83.-).

372 ' PSYCHOLOGIE.

ques et par conséquent morphologiques des êtres, l'uni-

que cause de la dégénérescence. - '.

Si la machine humaine se transforme en une machine

moins parfaite, c'est grâce l'action des poisons alimen-

taires (alcool, tabac, opium) ou microbiens (tuberculose,

-^syphilis, cancer, lèpre) sur les éléments cellulaires et en

particulier sur les cellules sexuelles, de l'excès ou de

l'insuffisance des aliments- (polytrophie, famine, misère),

de l'excès de chaleur ou de froid, de sécheresse ou d'hu-

midité, de l'insuffisance ou de l'excès de travail causé par

les résistances mécaniques et sociales, en un mot de

toutes les défectuosités du milieu. ' .

Sous nos climats, l'alcoolisme est la principale cause

de la dégénérescence. La tuberculose elle-même, considé-

rée comme l'une d'elles, serait, pour Lancereaux, et je

partage sa manière de voir, une des formes de la dégé-

nérescence alcoolique. Le microbe crée la maladie, mais

l'alcoolisme des ascendants ou du sujet lui-même crée le

terrain favorable : . ' .

Or, de tous les tissus de l'organisme, il n'en n'est pas,

de plus sensible iL l'alcool quelle tissu nerveux. L'alcool

altère profondément les neurones et, dans le spermato-

zoïde ou dans l'ovule, la substance qui les représente.

Aussi est-ce le système nerveux qui est surtout atteint

chez les dégénérés alcooliques. J,'

Tantôt une portion de la substance pronerveuse de

l'oeuf est détruite, et un certain nombre de neurones ne

se développent pas.

Les moins altérables sont ceux dont la différenciation

est la plus ancienne, les plus altérables ceux dontla diffé-

renciation est la plus récente dans la série llhylognicjue. ;

Alors que les métamères sous-encéphaliques sont rare-

ment touchés, l'écorce cérébrale l'est presque toujours.

Ce défaut de développement peut porter sur des régions

très vastes. Il- peut intéresser le ccrvcau tout entier. Cer-

tains idiots, réduits iL la moelle et au bulbe, et par suite

aux réflexes rudimentaires, se sont. dans l'évolution

embryogéniquc,qui est, on le sait, parallèle il l'évolution

phylogénique, arrêtés au stade du vers ou de l'am-

phioxus. D'autres, réduits au cerveau postérieur, et par

suite aux sensations et instincts, incapables de réflexion,

LA PSYCHOLOGIE DES DÉGÉNÉRÉS. 373

esclaves de leurs besoins et de leurs impulsions, ont la

mentalité, le don d'imitation et parfois l'aspect extérieur

des anthropopithèques.

Que l'évolution atteigne un stade un peu plus avancé,

que l'arrêt de développement ne porte que sur les cou-

ches les plus récentes de l'écorce, et l'on a l'imbécile, le

débile, l'arriéré, d'un mot le dégénéré inférieur.

L'arrêt de développement peut n'intéresser que cer-

taines régions de l'écorce, les autres ayant achevé leur

évolution. On a alors une variété de dégénéré qu'on a

jusqu'ici complètement négligée dans les classifications,

ce que j'appellerai le dégénéré moyen. Lés déséquilibrés,

originaux, toqués et maniaques, dont l'intelligence n'est

notablement ni inférieure ni supérieure à la normale,

rentrent dans cette classe.

Enfin il peut arriver que le cerveau soit, par certains

côtés, celui d'un homme supérieur, par d'autres celui

d'un débile, d'un imbécile ou d'un idiot, et l'on a le dégé-

néré supérieur. A cette classe appartiennent un certain

nombre d'hommes de génie.

Au point de vue anatomique. ce qui caractérise les

dégénérés,et surtout les dégénérés moyens et supérieurs,

c'est l'asymétrie cérébrale. Cette asymétrie, qui a pour

conséquence la déséquilibra don mentale, est, selon moi.

la condition matérielle du trait d'esprit et du coup de

génie.

La découverte soudaine me paraît être le résultat d'une

décharge nerveuse éclatant, par suite de la difformité du

condensateur et de l'inégalité des charges, entre deux

groupes de neurones éloignés, et par suite revêtus d'em-

preintes notablement différentes. De là un rapproche-

ment imprévu, irréfléchi, involontaire, entre deux idées

disparates.

Aussi bien ne faut-il pas, de parti pris, attacher au mot

dégénéré un sens péjoratif. Le cheval pur sang anglais,

animal dégénéré, et qui supporterait difficilement la vie

sauvage, est fort apprécié des cavaliers. Le boulonnais,

autre création du génie de l'homme, et qui, en raison de

sa lourdeur, ne pourrait échapper à la dent des fauves,

est fort apprécié des camionneurs. La vache laitière, le

mérinos, le disIt ley à la laine soyeuse et fine doivent

374 PSYCHOLOGIE.

également leurs qualités spéciales à la dégénérescence.

Il en est de même dans l'espèce humaine. L. ,.

La société, Messieurs, ressemble à une machine qui,'

pour bien fonctionner, a besoin d'organes fort divers.

^- Ils n'ont pas tous le même volume, le même poids, la

même forme, la même résistance, mais, au point de vue

du bon fonctionnement de la machine, ils ont tous la

même valeur : L'excentrique vaut l'arbre de couche.

Il y aurait pour mon ami Franc-Nohain, qui prête si

plaisamment aux choses inanimées les sentiments des

hommes, une bien jolie fable à écrire, celle de la bielle et

du déclic : la bielle méprisant le déclic, et le déclic faisant

observer à la bielle qu'elle ne serait sans lui qu'une masse

inerte entre ses deux pivots.

La bielle, Messieurs, c'est l'homme normal, sain et ro-

buste, plein de bon sens et d'énergie rythmée. Le déclic,

c'est le dégénéré. Le dégénéré constitue un des éléments,

peut-être le principal élément du progrès. C'est lui qui le

plus souvent fait les découvertes, institue les réformes,

hâte les évolutions, suscite et dirige les révolutions. En

science, en art, en politique, en religion, son rôle est pri-

mordial. Ne le méprisons donc pas. Mais suivons le bon u

sens populaire, qui excuse, en faveur des services qu'ils

rendent, les incartades des hommes de génie. ,

Ainsi la dégénérescence mentale peut consister dans

le non développement d'un certain nombre de neurones.

Elle peut consister aussi dans leur arrêt de développe-

ment. Cet arrêt de développement a une conséquence qui

mérite de retenir votre attention..

J'ai cru pouvoir poser en loi que le protoplasma de

toute cellule vivante est susceptible de se contracter

sous l'influence des différents modes du mouvement.

Cette contractilité, je l'ai relevée chez 43 espèces de

cellules appartenant aux deux règnes et à divers tissus.

Elle a été observée chez la cellule nerveuse, par J. Havct,

Jean Demoor, Micheline Stcfanowska, Querton, Robert

Odier,décorée du nom d'amiboïsme des ncuromes,et niée,

presque aussitôt que découverte, par Von Lenliosscl : ,

Kôlliker et Ramon y Cajal.

Sans revenir aux arguments que j'ai cru devoir oppo-

ser, dans le Progrès médical, à ces trois célèbres histolo-

LA PSYCHOLOGIE DES DÉGÉNÉRÉS. 375

gistes car j'ai trop étudié Pascal et les Evangélistes

pour accepter comme paroles d'évangile les affirmations

des autorités, -je puis dire qu'il serait surprenant que

le neurone lut dépourvu d'une faculté qui appartient il

tant d'autres cellules, et qui paraît être la condition

même de la vit.

Assurément on est allé trop loin en prétendant que les

neurones se contractaient au point de se séparer momen-

tanément les uns des autres. ' ? Peut-être même s'est-on trompé en voyant dans l'état

perlé de leurs prolongements l'effet de la contraction,

bien que ce phénomène et cet état soient manifestement

associés chez Bacilllls anthracis, chez les plantes des gen-

res Chara, Nitella et Mesocarpus, chez Tradescantia l'ir-

ginica, Drosera rottcndifolia et chez les Rhizopodes. il

se peut, en effet, que la contraction se produise dans

l'intérieur même des prolongements ncuroniens,sans que

leur forme en soit sensiblement modifiée, et qu'elle n'in-

téresse par exemple que les fibrilles de Golgi. Quoi qu'il

en soit, il me parait certain que le bioprotéon des neurones

est susceptible de se contracter, et que cette contraction

a pour effet la formation, dans les conducteurs qu'ils cons-

tituent,cles zones mauvaises conductrices que j'ai appelées

lès neurodiélectriques. Je vous renvoie pour le détail

de cette théorie aux Archives de neurologie où je l'ai pu-

bliée. C'est la formation et la disparition des neuro-dié-

lectriques, par conséquent la contractilité des neurones,

qui, selon moi, règle tous les phénomènes delà pensée.

C'est-elle qui, enprticulicr,me parait être la condition

physiologique de la suggestibilité. Subir une suggestion,

c'est recevoir une idée et la tenir pour vraie sans la con-

trôler, sans y réfléchir, ou sans y réfléchir suffisamment.

Or la réflexion consiste essentiellement dans la compa-

raison de plusieurs images ou idées différentes, clichées

sur des neurones différents.

. Vous connaissez, Messieurs, ces petits appareils de

physique amusante qu'on appelle les tubes de Geissler.

Les tubes de Geissler, auxquels on peut donner différen-

tes formes, deviennent lumineux au moment ou le cou-

rant électrique les traverse. Or supposons des tubes de

Geissler représentant divers objets : un cristal, un bégo-

376 PSYCHOLOGIE.

nia, une étoile de mer, un homme, et reliés ensemble par

des conducteurs qu'interrompent des diélectriques peu

résistants. Faisons passer le courant. Nous verrons appa-

raître le cristal, puis, si le courant augmente d'intensité,

le bégonia, puis l'étoile de mer, puis l'homme. 4

C'est précisément ce qui se produit dans la rêverie et

- clans la réflexion, qui n'est qu'une rêverie intense et li-

mitée. Le courant nerveux fait s'illuminer, sur les neurones

qu'il traverse, les clichés qui y sont inscrits, et les rend

perceptibles à la conscience. Et c'est ainsi que,passant du

cristal au bégonia, du bégonia à l'étoile de mer, et de l'é-

toile de mer à l'homme, la réflexion d'un Herbert Spencer

aboutit il la conception de l'unité de loi dans la reproduc-

tion des minéraux, des végétaux, et des animaux.

La réflexion est d'autant plus aisée, plus étendue, et

plus profonde que les neurodiélectriques qui s'opposent

au passage du courant nerveux sont moins résistants.

Dès lors on conçoit que si les neurones sont très contrac-

tiles, si les neurodiélectriques s'y forment aisément, et

si, par suite, les courants nerveux y sont aisément inter-

rompus, la réflexion sera rendue difficile, sinon impossi-

ble. ,

Or, plus une cellule, plus un neurone est jeune, plus

il se rapproche do l'état de l'amibe dans la série phylo-

génique, de l'état du spermatozoïde et de l'ovule dans

' l'évolution individuelle, plus il est contractile. C'est chez

les Mollusques, chez les Annélides, chez les Crustacés,

chez les Batraciens, chez les Mammifères inférieurs, que

la contractilité des neurones a été particulièrement ob-

servée.

Et ainsi s'explique la mobilité de l'esprit de l'enfant, la

facilité avec laquelle il passe d'une idée à une autre,' son

extrême suggestibilité.

Dès lors, chez tout individu arrêté dans son développe-

ment, la contractilité du neurone, et par conséquent la

suggestibilité sera considérable. ,

En effet, Messieurs, le cerveau des dégénérés est une

cire molle qui reçoit toutes les empreintes. Incapables

d'observation et de réflexion soutenues, ils acceptent

comme paroles d'évangile toutes les idées qu'on leur im-

pose.

LA. PSYCHOLOGIE DES DÉGÉNÉRÉS. 377

. Ce sont eux qui constituent les sectes religieuses, les

clans littéraires et artistiques, les partis politiques que la

passion seule domine,depuis les réactionnaires farouches

jusqu'aux anarchistes exaltés, les bandes de criminels et

les prostituées. Ils passent d'un groupe l'autre avec la

plus grande facilité. Plusieurs courtisanes sont devenues

des saintes. Nombre d'assassins sont entrés au monas-

tère ! Et que d'anarchistes sont des mystiques dévoyés !

Est-ce à dire que tous les dégénérés sont mentalement

identiques ? Je ne le croispas. Sans doute ils ont un fonds

commun,mais ils diffèrent par certains côtés, et il ne faut

pas, pour devenir un voleur de grand chemin, identique-

ment les mêmes aptitudes que pour devenir un carme.

Laissant à mon distingué collègue, M. 1311ec1, le soin

d'exposer devant vous la psychologie, des dégénérés cri-

minels, je me suis restreint à l'élude des dégénérés mys-

tiques.

Lapsychologie des dégénérés mystiques se confond avec

la psychologie religieuse ou hiéropsychologie. C'est la

science des phénomènes dont le cerveau des religieux de

vocation et des dévots est le théâtre, et particulièrement

des idées, des émotions et des sentiments religieux. Cette

science, qui est une branche de l'anthropologie, fait partie

des sciences naturelles, et emprunte leur méthode. Cette

méthode comprend quatre temps : l'observation, la com-

paraison, la généralisation, l'induction.

L'observation se divise en hétéroobservation et en

autoobservation.

L'hétéroobservation comprend elle-même deux pro-

cédés, l'hétéroobservation directe et l'hétéroobserva-

tion indirecte, actuelle ou rétrospective. L'hétéroobser-

vation directe est évidemment la meilleure, mais elle est

difficilement praticable. Les religieux et les dévots se

prêtent mal aux recherches de l'hiéropsychologiste, qu'ils

présument dépourvu de foi et rebelle à toute conversion.

Toutefois l'américain Leuba, ayant adressé dés question-

naires à ces sujets, a obtenu un grand nombre de répon-

ses. Pour ma part, je n'ai employé l'hétéro-observation

directe que très rarement.

L'hétéroobservation indirecte m'a offert plus de res-

378 PSYCHOLOGIE.

sources. C'est à elle que j'ai eu le plus souvent recours.

Jusqu'ici, en effet, mon travail s'est presque réduit à dé-

pouiller des documents historiques, à établir d'après eux

des observations analogues aux observations cliniques,

et à comparer ces observations j'ai analysé de préférence

lcs documents présentant un caractère de sincérité indé-

niable ; et, à ce point de vue, les mémoires, biographies,

et confessions des religieuses de Port-Royal m'ont fourni

des faits d'une netteté et d'unc précision psychologique

qu'une hétéroohscrvation directe et provoquée ne m'eut

peut-être pas donnés.

Je ne dirai qu'un mot de l'autoobserv,ition. Sans doute

on trouvera rarement un hiéropsychologiste dont les

sentiments religieux aient été, à une certaine époque de

sa vie, assez développés pour que sa propre observation

'ait une grande valeur. Du moins, tels qu'ils furent, ils lui

permettront de se rendre compte de ce que pensent ut

éprouvent les religieux de vocation et les dévols.

Telles sont, Messieurs, les diverses manières d'obser-

ver dont dispose l'hiéropsychologistc. Quant aux autres

temps delà méthode, comparaison, généralisation, induc-

tion, ils n'offrent rien de particulier, sinon que ces opé-

rations doivent être, plus encore que dans les autres

sciences naturelles, prudentes cl réservées. Car s'il est

une science qui exige de la circonspection, c'est bien celle

qui est appelléc à heurter tant et de si puissants intérêts

que l'liiéropsychologie.

Pour moi, je n'ai guère dépassé la période d'observa-

tion. Et c'est pourquoi ce cours mérite à peine le nom de

cours. C'est plutôt une série de conférences que je vais

vous faire. Je me contenterai en effet, cette année, de vous

soumettre les plus intéressantes des observations que

j'ai prises, et, pour suivre l'ordre du temps, nous com-

mencerons par les prophètes juifs...

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE

' PATHOLOGIQUES

LXXX1Y. Contribution à la question de la sensibilité vibra-

toire (osseuse),pal' E.A.Schtschkrbak. Nouvelles recher-

ches expérimentales sur l'action physiologique des vi-

brations mécaniques, par le même. (Obo; : re'1Ïè psichiatrii,

\'111. 1901. ) De la localisation et de la valeur clinique

de la sensibilité osseuse ou vibratoire, par L..Minou.

(Neurolog. C"l1lmlhl., XXIII, 1904.)

CHTSCHERB.11C pense que le périoste, les articulai ions, peul-

etre aussi les ligaments a l't icula il'ps conlicnnenl dps appal'l'i ls 1]('1'-

veux peripheriquesdont l'excitation par les vibrations mécani-

clue, fmrnit une sensation spéciale ; cette sensation mériterait

donc le nom de sensation vibratoire. La peau ri etyu'un lun cun-

ducteur transmet tant jusqu'aux os les agitations mécaniques. Le

tissu cellulaire sous-cutané ef'les muscles constituent des absor-

bant.

("liez les sujets pathologiques, la sensibilité vibratoire peut pré-

SfiKcr des altérations tout il fait indépendantes de l'élatle la sen-

sibilité profonde et de tous les autres modes de la sensibilité cu-

tanée. D'où la nécessité de rechercher chez tout névropathe la

sensibilité vibratoire en même lempsque les autres modes de la

sensibilité. Ilexisteune hypoesthesie, une anestbésie, une hype-

resthesie vibratoires. La conductibilité s'en esl montrée ralentie

dans le labès.

Celte méthode représente un procédé expérimental facilement

applicable il l'élude de la physiologie normale et pathologique du

système nerveux et au diagnostic des affections nerveuses. Elle

permet en chargeant certains segments du cerveau d'une dose

d'énergie quelconque d'en analyser les fonctions ; l'application lo-

cale des vibrations est un moyen d'apprécier l'activité segmentai-

re. A l'appui de sa valeur thérapeutique, M. Schlseherback cite

l'exemple d'une fillette de 13 ans. On constatait dans la région

tboracique et dans les membres supérieurs les signes d'une dys-

trophie musculaire progressive. Les membres inférieurs témoi-

gnaient d'une polio-myélite antérieure progressive. Quinze séan-

ces (le vibration du diapason sous la rotule demeurant inactives,

on lit agir le vihratcurelecfrique ; les réflexes patellaires et achil-

]{'ens repal'lIl'l'nL Le \ ibmtl'Ul' à main lit perdl'e le terrain gagné.

Cinq nouvelles seanccsal'aided'unvibrateurpuissant faisaient re-

apparaître les réflexes. Agissant dès lors tantôt sur le genou droit,

380 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

tantôt sur le genou gauche, on vit se rétablir les fonctions des

muscles, du tronc, du cou, des jambes. La cuisse atrophiée aug-

menta de volume. Le système nerveux, en se rechargeant, a ré-

cupéré son influence trophique sur les tissus.

M. ;\hNOR, à la lumière de vingt-six observai ions, aboutit de son

côté aux conclusions suivantes :

1° Pour comparer exactement la sensibilité vibratoire avec les

autres qualités de la sensation, il faut se servir d'un appareil à

vibrations ininterrompues (diapason mû par l'électro-aimant).

2° L'intégrité des os n'est pas du tout indispensable àl'intégrité de

la sensibilité vibratoire ; celle-ci peut demeurer normale dans les

fractures graves avec esquilles, avec grand écartement des frag-

ments. L'oedème des parties molles qui entourent les os fracturés

semble exercer une influence bien plus grande. 3° Les frag-

ments osseux compris entre le point fracturé et une articulation

fortement altérée continuent à conduire la sensibilité vibratoire.

4" La périostite, la carie, les épaississements superficiels des

os n'exercent aucune influence sur la sensation vibratoire. ,-)0

N'exercent pas davantage d'action sur la netteté de la sensation

vibratoire les affections articulaires les plus profondes avec anky-

loses, fistules, épaississements, etc.. G° Certaines parties du

squelette (colonne vertébrale, côtes), et même des parties molles

comme les téguments cutanés, dépourvues de toute sensibilité à

raison d'une lésion transverse de la moelle, ne s'opposent souvent

pas à la perception des plus nettes de la vibration du diapason

appliqué en ces régions. 7° On perçoit aussi nettement les v i-

brations du diapason appliqué sur des os dénudés, ayant ou non

leur périoste, sur des os nécrosés, et même sur des séquestres li-

bres. 8° Tous ces faits prouvent (lue lesjointUl'es ne jouent guère

de rôle dans la transmission de la sensibilité vibratoire, et qu'il

ne saurait être question de la localisation exacte de la sensation

vibratoire au point d'application,ainsi que cela a lieu pour les au-

tres modes de la sensibilité cutanée. 9° Quand le nerf périphé-

rique est lésé en même tempsquel'os, la sensibilité vibratoire dis-

paraît généralement. 10° Elle est diminuée dans le calus os-

seux récent, mais de nouvelles recherches sont nécessaires pour

savoir s'il existe une sensibilité osseuse spéciall ? 1 1 En somme,

la nouvelle méthode de recherche ne paraît supporter la compa-

raison avec les anciens procédés d'examen de la sensibilité, ni

quanta la simplicité de l'épreuve, ni quanta la précision desdon-

nées, ni quant aux résultats cliniques jusqu'ici obtenus. ' Cela

tient principalement à ce que nous avons affaire en l'espèce non il

une seule excitation mais à une sommation d'excitations.

120 Il se peut que la sensibilité vibratoire trouve son application

en neuro-pathologie, mais il faut certainement qu'il soit procédé

à de nouvelles recherches. P. 11ERAVAt..

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 381

LXXXV. Quelques considérations relatives au mode de ré-

partition des cellules motrices de la moelle au niveau

de l'origine des nerfs des membres, par G. 131K¡';l.ES. (¡Yeu-

rolog. Cent1"alblatt, \\llI, 1904.)

Supposons une coupe transverse et h')I'ÍzJntale de la moelle

dans les régions en question. -

L'innervation postérieure se fait par groupe antéro-interne de

cellules ; il contient outre de grandes cellules commissurales, des

cellules motrices destinées aux muscles du dos (vertébraux).

L'innervation antérieure s'effectue comme suit :

Dans le plan antéro-postérieur de la coupe, ce sont toujours les

groupes cellulaires destinés aux muscles des segments du corps

les plus rapprochés qui sont en avant. Ainsi dans la région du

bras, les muscles de la ceinture de l'épaule et ceux qui attachent

le bras au tronc ont leurcentre dans le voisinage du bord anté-

rieur de la corne antérieure, tandis que des cellules chargées

d'innerver les muscles les plus éloignés occupent les environs

du bord postérieur delà même corne.

Pour le plan transversal de.la coupe, quand les cellules mo-

trices destinées aux parties antérieures et postérieures du myo-

tome sont contiguës sur une ligne transverse, ce sont celles qui

sont en dehors qui correspondent aux parties postérieures, celles

qui sont en dedans correspondent aux parties antérieures.

P. KERAVAL.

LXXXV1. Sur un cas d'hémorrhagie cérébrale avec inon-

dation ventriculaire chez un enfant de 12 ans, au cours

d'une endocardite mitrale végétante ; par MM. GALLAVAR-

DiN et Jambon. (Bull. soc. 1Hàl. des hop. de Lyon. 31 mai l'.Id4,

P. 235.) '

(-Uniquement : Cinq atteintes de chorée de Sylenham en cinq

ans, puis toux, amaigrissement. Premier ictus apoplectique avec

hémiplégie droite et aphasie ; sept jours après, second ictus apo-

plectique avec contractures généralisées. Cheynes-Stokes et mort

deux jours après dans le coma avec hyperthermie.

Autopsie : Endocardite mitrale végétante. Infarctus rénaux,

infarctus suppuré de la rate. Ramollissement cérébral à gauche

par embolie de la sylv ienne. Hémorrhagie cérébrale à droite avec

inondation ventriculaire. Il s'agit dans ce cas, d'après les auteurs,

d'une hémorrhagie cérébrale d'origine emboliqne. On sait actuel-

lement, depuis les recherches de Ponfich sur l'anévrysme emboli-

que, comment se comportent les embolies arrêtées dans les vais-

seaux lorsqu'elles son ! infectantes.

La paroi vasculaire s'inl'ecte de proche en proche, subit des al-

\

3H2 revue d'anatomie et de physiologie pathologiques.

térations profondeh et donne naissance aune dilatation anévrys-

male qui secondairement peut se rompre et donner lieu à une

hémorrhagie. Dans l'observation de M. Gallavardin, la présence

d'une cause d'embolie (endocardite mitrale végétante) ; l'existence

d'autres embolies dans la rate, les reins, la s) h ienne gauche;

.le caractère infectant de ces embolies mis en év idence par le cail-

- lot piriforme trouvé dans la s l\ ienne et l'infarctus suppuré- du

pote inférieur de la rate prouvent l'origine embolique tle l'lumor

l'hagie cérébrale.

Ce cas est intéressant moins pour sa rareté analomique. que,

parce qu'il se prête bien à la démonstration delà véritable signi-

licalion de l'bemorrhagie cérébrale. G. Carrier.

LXXXVIl. Un cas de cancer primitif de la colonne verté-

brale ; par MM. PÉHU et CosTE. (Lyon médical, 'J ocl. 1 \JU1, p.

ô61).

Il s'agit d'un Itomme de .')4 ans indemne de tout antécédent pa-

thologique, chez qui survient, après une phase de douleurs en

ceinture, une paralysie aiguë apoplectiforme, à évolution aiguë;

puisqu'elle entraîne la mort en 4 jours. *

A l'autopsie, les auteurs trouvèrent, avec l'intégrité complète

des viscères, une tumeur ajanf pris naissance sur les 8° et U" \ 01'-

tèbres dorsales, et envahi les corps vertébraux qu'elles avait de-

bagreges jusqu'à produire une subluxalion de la tige osseuse.

L'examen histologique mon Ire que la néoplasie avait pour origine

le lissii osseux. ' '

Il s'agissait donc. sans aucune réserve, d'un cancer primitif de

la colonne vertébrale. Les auteurs insistent sur l'évolution ex-

tremcment rapide et caractéristique de la paraplégie dans leur

cas, qui s'ajoute à la trentaine d'observations dejàpubliees. G. C.

LXXXVI11. Coexistence d'un rétrécissement mitral et d'une

hémorrhagie cérébrale, par MM. LECLERC et r.EUTTJ : R,(Soci ?

tif méd. des hôp. de Lyoo, 15 nov. 1904.)

La coexistence d'une hémorrhagie cérébrale et d'un rétrécisse-

ment mitral est exceptionnelle, quand il s'agit d'une endocardite

chronique. Lorsqu'on a an'aire à une poussée endocardique aiguë

ousubaigue, on peut voir une hémorrhagie cérébrale d'origine

embolique. C'est un processus spécial où Dtémorritagie est secon-

daire il l'embolie. '

Le cas de M. Leclerc est tout autre, il a trait à une hémorrha-

gie cérébrale chez un malade porteur d'un vieux rétrécissement

mitral cicatriciel, dont l'origine remontait à des atteintes de rhu-

matisme articulaire aigu, la dernière datant de vingt ans. La pré-

sence d'une néphrite inlerslilicllo explique la rOl ? \bten('edl's d('l1'\

lésions qui s'excluent généralement. G. C.

KEVLE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. à

LXXX IX. Néoplasme de l'estomac, endocardite végétante;

embolies cérébrales ; déviation conjuguée de la tête et

des yeux avec hémianopsie par ramollissement de la

sphère visuelle occipitale ; par MM..1. Nicolas et Cade.

(.S'Ot;tt''<t ! ht<M.t<M/top.( ! s7/o ! t, 15 novembre 1\)0.)

Il s'agit d'un malade de 61 ans atteint d'un néoplasme de l'esto-

mac qui présenta successivement les phénomènes suivants : une

hémianopsie droite, puis un ictusqui laissa une aphasie motrice.

Lesjourssuivanls, parésie a installation successive, dans les qua-

tre membres, enlincomaavec déviation conjuguée, delà tête et

des yeux à gauche.

Inégalité pupillaire légère, la pupille gauche étant plu» large

que la droiteel plus paresseuse aux impressions lumineuses. La

pointe du coeur battait dans le 5'espace en dehors du mamelon.

Les bruits étaient un peusourds il la pointe ; rien à l'orifice aor-

tique, les battements cardiaques étaient un peu accélérés (98 par

minute) et présentaient quelques intermittences, Ilien il l'exa-

men des organes.

L'autopsie a confirmé l'existence d'un néoplasme de l'estomac

et a permis de relier celui-ci aux manifestations nerveuses ob-

servées dans les derniersjoursde la vie. par l'intermédiaire d'un

chaînon qui manquait : une endocardite végétante. Celle-ci avait

passé inaperçue il l'auscultation, elle siégeait dans le coeur gau-

rite et ses végétations, peu adhérentes, placées au seuil même de

l'aorte, étaient prédestinées aux migrations emboliques. Il y

avait un foyer de ramollissement récent au niveau et autour de

lascissure catcarine, les auteursiuiàlenl·url'evinLence de ladé-

viation conjuguée de la tôle et des yeux il gauche, coïncidant av ec

une hémianopsie droite parlésion delà scissure gauche. Cette

association de l'hémianopsie et delà déviation conjuguée de la tête

et des yeux est bien susceptible de l'interprétation proposée par

I.l3al'(l,qui soumeLIa plupart des cas de déviation conjuguée non

spasmodique d'origine cérébrale à l'influence d'une hémianopsie.

Chez le maladu observé parles auteurs, la déviation de la tète et

des yeux revêt bien le type de celle déviation par inhibition sen-

sorielle, susceptible d'être corrigée par l'observateur et diminuant

à mesure que le coma progresse. G. C.

XC. Hémianopsie homonyme droite par abcès sous-cor-

tical du lobe occipital gauche ; par M. Braun. (Société mé-

die, des Hôpitaux de Lyoti, 25 nov. 1904.)

Cette observation présente un certain intérêt en raison de sa

localisation, qui est assez rare. Dansle lobe occipital gauche, exis-

tait une cavité du volume d'un petit oeuf de poule siégeant en ar-

rière delà corne postérieure du ventricule, séparée de celui-ci par

384 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

une paroi mince. L'abcès était sous-cortical et était séparé (le l'é-

corce par une l'l'aisseunle parenchyme cérébral de un centimètre

et demi. Il se trouvait sur le trajet du faisceau des radiations opti-

ques. Le pus de l'abcès contenait de gros cocci paraissant apparte-

nir à la variété staphylocoque. Pas de bacilles de Koch. Au point

de vue pathogénique, il semble que la porte d'entrée ait été une

ampoule abcédée de la main droite, que le malade avait présen-

tée huit jours avant l'apparition des symptômes fébriles et de la

céphalée. G. C.

XCI. - Le liquide céphalo-rachidien dans la rage clinique

et expérimentale, cytologie ; virulence ; par M. Lesieur,

(Société médic. des hôpitaux de Lyon, G déc. 1904.)

Cytologie. Examen du liquide céphalo-rachidien de quatre

hommes ou femmes rabiques, retiré par fonction lombaire, puis

centrifugé.

1 CI' cas : jeune lille atteinte de rage à forme prolongée vérifiée

histologiquement et par inoculation au lapin. Ponction lombaire

au G" jour de la maladie. Examen cytologique négatif.

2e cas : enfant* de 8 ans atteint de forme délirante et halluci-

natoire. Diagnostic confirmé par examen ltistoloeiclue et inocula-

tion du cerveau : Examen ontologique du liquide céphalo-rachi-

dien la veille de la mort. Résultat négatif. -

3e Cas : homme de 3G ans, mort en trois jours de forme hydro-

phobique.

Diagnostic confirmé histologiquement et expérimentalement.

Résultat négatif de l'examen après la mort. '

4e Cas : Forme furieuse chez un homme. Diagnostic confirmé

par inoculation et histologie; résultat négatif de l'examen du li-

quide céphalo-rachidien après la mort.

Il n'y a donc pas de leucocytose dans le liquide céphalo-rachi-

dien des rabiques au moins dans les formes stis-indiquées. Expé-

rimentalement, examen de trois chiens et trois lapins à l'autop-

sie. Les résultats ont été négatifs. En ce qui concerne la virulence,

l'auteur confirme les données classiques, elle est inconstante dans

le liquide céphalo-rachidien des rabiques. G. C.

1C11. Les troubles de la psycho-motilité; par le 1}' ! JE Bucks

(Jour, de Neurologie, 1 ! J01, no ? 1,) .

Dans ce travail, M. de Bucl : oppose l'une à l'autre les deux

théories pathogéniques au moyen desquelles lès associatiomcistes

d'une part, les volontaristes ou apperceptionnistes d'autre part,

expliquent les troubles de la psycho-motilité.

Pour les premiers, à la tête desquels se trouve Ziehen, nos actes

sont les conséquences nécessaires de l'association de nos idées.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 385

Celte association se compose d'un certain nombre de sensations

ou de souvenirs qui, par leur combinaison, engendrent des actes

sans intervention d'aucune activité psychique nouvelle. D'après

cette conception, la volonté n'existant pas en tant que faculté

spéciale, il ne saurait y avoir à proprement parler de troubles de

la volonté, mais seulement des troubles des sensations, des to-

nalités affectives, des représentations mentales et surtout de

l'association des idées ; et ce sont ces différents troubles que l'on

retrouverait à l'origine de toutes les manifestations akinesiques

hyper ou parakinésiques qu'on observe si communément chez

les aliénés.

A côté de cette théorie, se dresse celle des apperceptionnistes

ou volontaristes,à laquelle M. de Buck déclare se rallier. D'après

cette théorie il existe un organe ou centre d'apperception corres-

pondant au centre d'association antérieure de Flechsig,qui serait t

le siège de la volonté, de la personnalité libre et consciente et

de ses déterminations. Mais l'étude de l'apperception et de ses

troubles s'est enrichie dans ces dernières années de données nou-

velles d'après lesquelles les actes volontaires, intentionnels el

conscients ne sont possibles que grâce à la mise en branle de

l'organe psychique des notions d'espace, c'est-à-dire de la sléréo-

llsyeit ie (SLurcll).

L'influence de la stéréopsychie et de ses altérations sur la psy-

cho-motilité est à la fois sensorielle et motrice, comme celle des

centres du psychisme inférieur. Un comprend aisément que par

le fait d'une excitation exagérée, d'une destruction des arcs stéréo-

psychiques, l'influx nerveux trouve obstacle à son passage et soit

forcé de s'écouler par des voies d'association collatérales en-

core praticables. C'est par ce mécanisme d'irradiation ou par

des mécanismes analogues que l'auteur explique les syncinésies

psychiques et tous les troubles psychomoteurs qui constituent le

syndrome catatonique sans parler de toute une autre série de

phénomènes délirants, obsessifs, hallucinatoires, etc. On voit par

cet exposé que la théorie stereopsychique de Slorch se rappro-

che beaucoup de la théorie de la sé,junction entre l'identification

primaire et l'identification secondaire de Wernicke et qu'elle n'est

même que le complément d'interprétation physiologique de cette

dernière.. . (.1).

XCH1. Contribution à. l'étude de la microcéphalie ;par

W. M. BECHTEREW et M. N. JOUHOWSKY. OLOwTC7li psichiat1'ii,

Vil, 1902.)

A la suite de longs développements consacrés à l'historique de

la question, les auteurs publient une observation excellente rela-

live à un microcéphale de 17 ans (photographie), mort en janvier

Archives, 2' série l(JO : 5, t. XIX. 1~>

38(i REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

1902 de pneumonie. Autopsie (ligures). L'étude microscopique sera

l'objet d'un mémoire ultérieur.

Hérédité maternelle très chargée. La mère a d'ailleurs eu trois

enfants microcéphales. Le cerveau, diminué de volume dans son

ensemble, est particulièrement réduit dans la région frontale,

^tandis que d'autres régions de l'hémisphère, notamment la région

* temporale, sont suffisamment développées. Les circonvolutions

présentent une extrême simplicité dans leur disposition, qui tend

à cLrc recli ligne : il y a arrêt de développement de l'insula, de la

seconde frontale ; la troisième frontale manque presque absolu-

ment. Le corps calleux fait défaut. 11 n'existe pas de signes mani-

festes d'un processus pathologique dans le cerveau elles ménin-

ges. Il y a donc lieu de croire à un simple retard du développe-

ment cl'rl'bml, c'est-à-dire à \11H' microcéphali( ! \ l'aie. L'absence

de corps calleux, qui a probablement retenti sur le développe-

ment de l'ensemble du manteau moins les régions temporales, et

qui, par suite, est le facteur de cette morphologie simiesque, per-

met de rattacher le début de l'arrêt de développement a la pé-

riode comprise entre h; 4'' et le 5''mois intra-utérin. Cet arrêt a

élé évidemment primitif. Lecrane n'y a été pour rien, caries su-

tures, nettes d bien dentelées, ne révèlent point de cicatrices. Du

reste l'absence de corps calleux ne s'expliquerait pas par des lé-

sions crâniennes préalables avant consécutivement déterminé

l'arrêt de développement du système nerveux central.

Le développement excessivement faible des régions frontales

explique l'extrême indigence intellectuelle du jeune homme ; il

en esl de même pour la zone de 13roea et l'insula, quant il son

langage. Il est vraisemblable que l'absence de corps calleux joue

un rôle important dans son insuffisance mentale. P. KERAVAL.

BEVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE

LXXI. - Le décubitus latéral gauche comme moyen d'arrêt

de la crise épileptique; par M. Lannois. (Société médicale des

hôpitaux de Lyon, 8 nov. IJU4. )

,NI. Làniiois appliqué chez douze de ses malades, le moyen

él)ileliLo-fi,éiiateiii- héroïque, le (léctli)iltis latéral gaucho, prcco-

nisé har \I. (;roq au Congrès de Pau. Chez quatre de ses malades

seulement, la position seneslre eut une action évidente sur les

crises. Celles-ci furent plus courtes et d'intensité moindre.

L'auteur pense qu'il s'agillà d'une modification dans la circula-

tion encéphalique. 11 pense qu'au début de l'accès épileptique il y

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 387

a anémie cérébrale ; toute condition qui diminuera cette an é

mie, soit en augmentant l'afflux sanguin, soif en diminuant

le départ du sang, sera susceptible de modifier la crise et d'en

diminuer l'intensité. Dans le décubitus latéral, la circulation en

retour est très gênée, dans l'une au moins des veines jugulaires

internes, celle du côté opposé. Non seulement. le sang est obligé

de remonter dansune certaine mesure, mais les muscles du cou,

principalement le muscle mnolt-oltlien, forme une véritable san-

gle qui comprime plusou moins la jugulaire interne.

La position latérale gauche agit mieux que la droite parce que

lajugulaire interne droite ramène plus de sang cérébrale que la

gauche ; que son calibre est en général plus fort que celui de la

gauche. Les différences individuelles nombreuses que l'on ren-

contre expliquent pourquoi le décubitus gauche ne réussit pas

toujours. On peut y ajouter la brièveté du cou, l'adiposité, la fai-

blesse de la sangle omohyoitlienne.

M. Lannois a vérifié, en comprimant directement la ,jugulaire

droite, si la gène circulatoire était bien en cause dans l'arrêt de

la crise. Les résultats obtenus,' quoique moins marqués que dans

le décubitus gauche, ont été assez nets dans deux cas pour con-

firmer l'opinion de l'auteur. On ne réussit qu'à la période initiale

de la crise, celle qui correspond il la phase tic pâleur de la face (1).

G. Carrier.

L\ Xll. De l'incontinence urinaire et des phénomènes pa-

ralytiques des extrémités dans les foyers de ramollis-

sement des ganglions sous-corticaux, par A. IIOMBURGF Il.

(Neurolog. Cenlralblatt, XXII, 1903.)

L'auteur conclut : 1° les foyers de ramollissement unilatéraux

du corps strié et (le'la couche optique déterminent une inconti-

nence d'urine passagère, des épreintes vésicales incessantes, voire

de l'incontinence nocturne inconsciente. z2" Les foyers bilaté-

raux entraînent une incontinence urinaire permanente qui ne

se distingue pas essentiellement de l'incontinence spinale. 3°

L'innervation delà vessie d'origine sous-corticale est donc bilaté-

l'ale - 110 Les lésions superficielles n'entraînent pas d'incontinence.

5° Le ramollissement bilatéral des ganglions en question s'ac-

compagne de troubles caractéristiques de l'équilibre et de phéno-

mènes paralytiques bien différents de ceux qui succèdent aux lé-

sions des fibres capsulaires corticales : c'est une paraparésie

spasmodique des jambes dont la raideur spasmodique empêche

les mouvements passifs imprimés à l'articulation des genoux, les

mouvements des pieds demeurant libres. P. Keraval.

(1) Les nombreux essais tentés dans noire service a l31cêloe el à

l'Institut médico-pédagogique ne non» onl pas donné de sérieux

résultats (B.).

3KK -REVUE DU. PATHOLOGIE NERVEUSE.

Nous donnerons, il l'occasion de ce travail, le résume

d'un mémoire intitulé : Des centres corticaux de la sécré-

tion urinaire, publié par A. I. IÜRPINSKY dans 0ore ? e

psichiatrii (VI, 1901.) " ,

r- Conclusions principales de 22 expériences chez le chien :

1° Il exisle un entrecroisement (ll's fibl't's qui partent descentres

corticaux" de la sécrétion urinaire. L'excitation de l'écorce par le

courant faradique el même l'acte de. la (répanalion augmentent

celle sécrétion du côté opposé celui de l'irritation ; 2" Les seg-

ments antérieurs de l'écorce conlicnnenl des zones dont l'irrita-

tion fait fluor jusqu'à 'lU, 45, 50 gouttes d'urine en 5 minutes. C'est

la partie supérieure de la circonvolution precentrale qui agit le

plus activement à cet égard. L'action du segment inférieur de la

circonvolution sigmoïdoesl moins constante el moins forte. -3" II

existe toujours une période d irritation latente, dont la durée va-

rie suivantles individus. Celte période est moindre quand on ex-

cite la première zone, [dus grande quand on excite la seconde ?

4" Cnesuccession d'excitations diminue l'eU'elsécrétoire. 2" La re-

section de l'écorce le fait tlisparailre. -6° L'hypersécrétion ne dé-

pend pas de contractions musculaires : c'est prouvé par la curari-

sation et l'irritation d'autres segments de la région motrice du

cerveau. 7°'L'urine de l'uretère du côté opposé l'excitation a

toujours une moindre densité que celle de l'uretère du côté cor-

respondant, mais la quantité générale des matières solides de

l'urine en rapport avec le temps de l'excitation est supérieure

dans l'urine du premier uretère. -8° L'urine du côté qui corres-

pond à celui de l'irritation est toujours plus saturée, plus fon-

cée, plus trouble que l'urine de l'autre coté. 9" Les portions (l'u-

rine recueillies après l'irritation des diverses zones corticales ne

contiennent ni albumine, ni sucre. P. KERAVAL.

LXXlll. Nicotinisme chronique ; par N. Toporkovv.

{Obo;;réniJ psic7eiatrii, Y111, 1903.)

Il s'agit d'une dégénérée hystérique de 23 ans qui, pour combat-

ll'e des douleurs de dents se met du tabac à priser dans la bouche.

Malgré le dégoût que lui cause cet expédient, malgré les vomis-

scml'nls et les nausées qu'elle en éprouve, elle s'habitue tellement

cet excitant qu'elle ne peut plus s'en passer et s'intoxique. Elu-

ploi de la suggestion hypnotique. Les résultats comparativement 1

lions obtenus des deux premières séances permettent d'espérer la

réussite définitive de l'emploi méthodique de la suggestion. Si ce

moyen ne réussissait pas, l'affaiblissement de la volonté de la ma-

ladl' jusliliemil son placement dans une maison (1( galité.

P. KERAVAL.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 389

L\ \ l1'. Tétanos à. début sous forme de paraplégie spas-

modique ; par IIL.I. 1\ICOLAS t;t IOURIQU1UD.Soc..1léd, de.c llrî-

pitaux OcLon, -2-2 nov. 1904.)

Observation d'un cas de tétanos insolite dans son début et son

évolution. Au point de vue séméiologique, c'est une forme rare de

tétanos. Le malade présenta, dès le début, une paraplégie, avec

contracture absolue des membres inférieurs en extension, con-

trastant les premiers jours avecl'intégrité de lamoilié supérieure

du corps. Celte intégrité ne fut que passagére,car au bout de quel-

flues jours,le trismus léger,le rire sardonique,la raideur passagère,

de la nuque, les glandes crises tétaniques typiques, confirmèrent

le diagnostic. Le malade était entré à l'hôpital, en effet, pour myé-

lite avec paraplégie spasmodique.

La cause de l'affection provenait de plaies saignantes que le ma-

lade présentait entre les orteils et qui avaient été les portes d'en-

trée certaines. Par son métier de garçon de boucher, il pouvait

être plus que toutautre en contact avec le bacille de iSicolater. Le

début des contractures au niveau du point inoculé est chose con-

nue depuis longtemps, mais la majorité des Auteurs ne font que

le signaler en passant. Quelques auteurs ont signalé des observa-

lions de cette forme à début localisé, mais elle est en général rare.

Dans les cas publiés, aucun n'est superposable à celui des auteurs.

La médication a consisté en injections de sérum antitétanique

jointes au chloral. '

Tois injections de sérum de 20 ce. chaque furent faites dans les

veines du pli du coude. Le malade sortit guéri conservant seule-

ment un peu d'exagération des réflexes.

Au point de vue du traitement sérothérapique MM. Nicolas et

llouriquand pensent que les tétaniques avérés doivent être di-

visés en trois catégories distinctes : 1 les tétanos à forme aiguë

etsuraigué, chez lesquels le traitement estinefticace : -2" les téta-

nos à forme chronique, sans lièvre où avec peu de fièvre, sans

accidents graves, qui guérissent sans le secours d'aucune médica-

tion ; 30 les tétanos à forme subaigu : : avec crainte d'accidents

aigus ultérieurs (comme dans le cas des auteurs),chez lesquels le

sérum parait faire oeuvre très utile en diminuant le nombre et

l'intensité des crises, en neutralisant surtout les toxines qui con-

tinuent à être produites au niveau de la plaie infectée et qui pour-

raient,sans lui, déterminer plus tard des accidents aigus, graves,

mortels. ,

Les injections peuvent être alors considérées comme préventi-

ves puisque, si elles ont une action incertaine sur les accidents

en évolution, elles peuvent, en tout cas, s'opposer à l'appari-

tion d'accidents tétaniques plus graves que les premiers. Elles

peuvent prévenir ainsi l'apparition de manifestations tardives gra-

390 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

ves et mortelles, au cours d'un tétanos en apparence bénin dans

ses débuts. G. CHARRIE.

iF

LXXV. Trophoedème chronique non congénital du mem-

bre inférieur droit chez une enfant de onze ans; par MM.

- \VRlLLC't PÉHU. (Bttll. soc-. med. des leôl~ ? 31 mai 1904, p. : 2'21.)

Un cas de tl'ophoedèl11e chronique non congénital chez une en-

fant de onze ans. Cantonné à la jambe etv la cuisse droites, il est

nettement segmentaire. lien a tous les caractères de l'indolence

et de la limitation exacte. n'est ni héréditaire ni familial. De-

puis le mémoire fondamental de Il. Meige, on admet que le tro-

phoedème non congénital déhutenénéralement wers la puberté,

à l'âge de 13 ou 15 ans : cet auteur le* considère alors très juste-

ment comme une anomalie de développement.

Le cas de : \1 : \1. Weill et Péhu ,irnt s'ajouter aux quelques ob-

servations antérieures déjà publiées et montre que le trophoedi·-

me peut apparaître plus précocement. peut légitimement figu-

le cadre des affections de l'enfance. G. C..

LXXVI. - Narcolepsie (sommeil pathologique).; par M.

CHAVIGNY. (Soc. méd. des hôpitaux de Loa,13 décembre 1'.10.)

Observation d'un jeune soldat atteint de crises de sommeil. Les

crises surviennent à diverses reprises dans la journée, après 'les

repas ou après une fatigue. Le sommeil est très court, ne dépas-

sant jamais cinq à dix minutes ; il est très léger, le sujet se ré-

veille au moindre contact, mais se rendort aussitôt. La perte de

conscience n'est pas absolue ; au réveil. le sujet a conservé le sou-

venir de ce qui se passait autour de lui. L'affection a débuté vers

l'âge de 12 ans. * -

Le malade n'a pas d'antécédents héréditaires nerveux ou patho-

logiques. Il est lui-même un peu nerveux, mais n'a jamais eu ni

crises convulsives, ni rien qui rappelle l'épilepsie ou l'hystérie.

Pas de stigmates hystériques. Tous les organes sont sains.

Seul,le pouls était ralenti d'une façon très nette à 40 à 50 pul-

sations à la minute ; il ne se modifiait pas pendant les crises de

sommeil. G. C.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE

XXVII. D'une forme originale de fétichisme ; par \\-. M.

BECHTEREW. (Obominié psiclavtrü, 'Ili, 190;i.) "

Il s'agit d'un jeune homme de 29 ans, qui ne peut entrer en

érection ni coïter dans de bonnes conditions que quand il fixe les

REVUE DE PATHOLOGIE MENTAL : . 391

mouchoirs des fCl11lllPS,leul'sjupons bouf1'ant, nubien quand il en

écoule les frous-frous, qu'il les touche ou se figure qu'il va se

Cacher sous ces linges blancs. Ce fétichisme sexuel se rattache à

des souvenirs d'enfance : dans sa tendre jeunesse, sa bonne lui

couvrait le visage de son tablier en lui fermant la bouche, le cha-

touillant ou le pinçant. Ce jeu renfermait déjà en germe une va-

fruccxcitatioti sexuelle. Aucune lare héréditaire. 1'. ]rRA% ? l..

XXVIU. Mutisme datant de seize mois chez un dégénéré

migrateur ; guérison par suggestion ; par MM. L \NNOIS

et Feuillade. (Lyon médical, p. 25G, 5 février 190.').)

Une observation de mutisme survenu chez un dégénéré mi-

grateur. Le mutisme dataitde seize mois etaucun traitement n'a-

vait réussi à le faire disparaître. L'hypnose n'avait pu être pro-

voquée. '

Afin de le plonger dans un étal, de réceptivité intellectuelle

telle que la suggestion curative puisse agir, les auteurs ont em-

ployé l'anesthésie par le chlorure d'éthyle. C'est dans cet état de

sommeil anesthésique que la suggestion thérapeutique a donné

un bon résultat. La suggestion a été continuée à l'étal de veille

par la faradisation et par l'obligation dans laquelle on a mis le.

malade de faire un effort pour parler. G. CRRinR.

XXIX De l'état mental des épileptiques réveillés de force

du sommeil post-épileptique, par J ? C ur arr w. (0&o) ? x'

psic7aintrü, 7111, 1903.)

1^ Au moment où on les force à se réveiller du sommeil qui

suit immédiatement leurs attaques, tous les malades présentent

un automatisme passager qui rappelle, cliniquement, l'automa-

tisme post épilrptique naturel. 21 Les réveille-t-on du sommeil

consécutif à l'automatisme, il est rare que l'état d'inconscience

continue, et il est extrêmement passager. 3- t-oii les épi-

Il'ptiques de leur sommeil normal ou du sommeil qui suif rapide-

ment l'ictus épileptique, ils sont conscients, il n'y a pas d'ordi-

naire d'automatisme. 4o Dans l'automatisme post-paroxystique de

plus longue durée, la vie mentale normale se rétablit graduelle-

ment ; on constate d'abord une paralysie de toutes les fonctions s

mentales, les malades ne réagissant pas du tout au, excitations

extérieures. Cette période est remplacée par une phase de surdité

et de cécité psychiques. Celle-ci cède à son tour la place à une

période de cécité mentale exclusive, surtout pour les personnes.

L'automatisme se termine par de l'aphasie amnésique. 50 L'amné-

sie complète ne s'observe qu'au moment des deux premières pério-

des et d'une partie de la troisième de l'automatisme post paroxys-

tique. 6^ Tous les centres cérébraux ne souffrant pas à un égal

degré pendant l'automatisme post-paroxystique, et le rétablisse-

302 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

nient des fonctions mentales s'accomplissant non simultanément,

ni subitement, mais graduellement, lentement, il y a lieu de sup-

poser que l'automatisme post-épileptique est dû à l'action de quel-

que toxine ayant un caractère électif. 7" La provocation artifi-

cielle, parle réveil forcé du sommeil post-ipilepliyue, de l'auto-

matisme, permet de supposer que l'automatisme post-épilepli(111(,

passager est le remplaçant, l'équivalent psychique du sommeil

post-paroxystique. P. Keraval.

XXX. Stupeur mélancolique et stupeur catatonique ;

par le D1' UEaouBaca. (Journal de Neurologie, 1905, n°2.)

L'auteur relate dans ce travail les observations de deux ma-

lades, un mélancolique et un catatonique, chez lesquels la stu-

peur était le symptôme prédominant et insiste particulièrement

sur les caractères différentiels de ces deux variétés de stupeur.

L'opposition du premier malade aux mouvements était, dit-il,

une opposition particulière, anxieuse ; il semble plutôt éviter la

douleur. Le membre que l'on soulève ne reprend pas toujours,

lorsqu'on l'abandonne, la position primitive. Il faut parfois cinq

ou six excitations répétées pour obtenir un léger mouvement,

mais celui-ci finit par être exécuté. En un mot, il n'y a pas' arrêt

(sperrung), mais retard (hemmung).

Le second malade au contraire, oppose une résistance invinci-

ble à tout mouvement passif. Il arrête le mouvement, il ne veut

pas ou ne sait plus vouloir. Un barrage empêche la volonté de se

mettre en action. En résumé, chez le premier malade, y a en-

gourdissement, lenteur ou retard dans la formation des images

conscientes et du mouvement spontané, tandis que chez le se-

cond il y a un arrêt au-dessus « dans le centre ou la sphère d'a-

perception, organe de la personnalité consciente et de la volonté

libre ». G. D.

XXXI. Des tendances et aspirations nouvelles de la psy-

chiatrie contemporaine ; par W. P. OssIPow.(ObOZ¡-¿l11é psi-

c)tintrü. V11, 19G ? .1 .

, Intéressant discours sur les travaux qui ont contribué à éclai-

rer l'étiologie des affections mentales et leur pathogénie. Impor-

tance de la théorie de l'auto-intoxication. Valeur de la classification

dernière de Kraepelin. Avantages du traitement des aliénés par

l'alitement : cette question n'est pas encore résolue. L'application

à la psychiatrie des méthodes thérapeutiques qui ont donné des

résultats, si brillants dans les affections somatiques, dépend de

l'étude exacte de l'étiologie et de la pathogénie des psychoses. Il

s'y faut consacrer avec acharnement. Tel est le suc de cette revue

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 393

qu'il faudrait avoir le temps et la place de traduire intégralement

en français, parce qu'elle est oninemmentsuggestnc.

'1 ' P. KERAVAL.

REVUE DE THERAPEUTIQUE

XXV. -Note sur les bons effets de la greffe thyroïdienne

chez un enfant arriéré. Note présentée au nom de MM. les

.])rus Gauthier et nUMMER (de W 'nŸ('), par M. le prof. LANNE-

(IC(tiléi;IiC ile Métl.,21 mars.) ,

Messieurs, depuis le jour où. pour la première fois, en 1890, j'ai

greffé sous la peau d'un enfant crétin atteint de ni le

corps thyroïde d'un mouton, la question s'est considérablement

élargie et la méthode opératoire a fait de véritables progrès. grâce

surtout aux recherches du Dr Crislini.

'Comme choix de porte-greffes,' on s'est adressé à l'homme et

il convient encore de prendre un tissu thyroïdien normal.La greffe

doit être faite à chaud en ne laissant que peu d'instant entre le

détachement du fragment et son insertion sous la peau du second

opéré : on greffe plusieurs fragments à la fois. Les suites opéra-

toires sont simples et sans complications aucune. Il y n'a qu'une

critique à adresser à celte méthode, c'est la rareté du porte-

greffe. Il faut trouver un goitre à extirper, cliez un sujet femme

possédant un tissu thyroïdien normal, ce qui ne se rencontre pas

toujours chez les goitreux, ou encore profiler d'une opération

faite au voisinage du corps thyroïde qui permettrait d'en extraire

un lambeau.

Quoi qu'il en soit, le résultat immédiat a été excellent sur une

fillette de trois ans presque idiote ( I ), ne parlant pas, proférant au

contraire des cris inarticulés, ne se tenant pas sur ses jambes et

ayant des mouvements constants de rotation de la tète et des

mains. Elle n'avait pas de m)'xoedème. On avait inutilement es-

sayé l'emploi de tahlettes thyroïdiennes ; l'enfant ne les avait pas

supportées. On lui fit une greffe de quatre petits fragments thy-

roïdiens ; les effets furent très rapides, car, un mois après, l'en-

fant marchait avec assurance et donnait des marques d'intelli-

gence plus grande. Pour apprécier la valeur du résultat il est in-

dispensable d'attendre que le temps donne une sanction à des

(1) Quand il s'agit de celle catégorie d'enfants anormaux, il fan.

(trait énumérer les principaux symptômes afin que le lecteur cache

à quel groupe il a affaire (13.).

301 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. '

transformations plus complètes et définitivement acquises ; l'en-

fant été opéré en mai 1904 seulement.

Ainsi que le dit M. le prof. Lannelongue, il's'agit là d'un trai-

Il'ment qui ne pourra être qu'exceptionnellement mis en oeuvre.

(juanta la malade, Walh... (Augustine), à laquelle il a greffé

sous la peau le corps thyroïde d'un' mouton sans résultat d'ail-

'leurs elle est actuellement dans noire service à la Fondation

raUl't'. C'ef>t une idiote my.voed';¡I/((tl'us ? Elle a l,Il' considÍ>I'ahlt'-

ment améliorée par l'injection de la glande Ivphroïde du mou-

Ion. Chose rare chez lesmyxoedlnJaleu.\, elle est pubère, les sein<

se sont développés, les règles ont paru (t1J4) (1) t3. `

XXVI. Gliome du cervelet; extirpation; résultat éloigné ;

fistule artificielle et cicatrice à filtration du liquide cé-

phalo-rachidien ; par M..1 \BûUt.\.v.(6'nr. nat. de méd. de I yon,

.1 janvier 1935.) -

Présentation d'un malade auquel M. Jahoulay a extirpé en 1901

un gliome du cervelet. Homme de : \1 ans se plaignant depuis un

- an de céphalalgie très vive, de diminution de la vue, de* surdité

gauche, de parésie faciale gauche' et de parésie des membres du

. côté droit ; il avait en outre de la titubation, des vertiges et de

l'oedeme-papillaire. Le diagnostic fut celui de tumeur de l'hémis-

phère gauche du cervelet. .

Opération en deux temps. 1 cr temps : trépanation du cervelet

sur le milieu d'une ligne allant de la protubérance occipitale ex-

terne à la pointe de l'apophyse masloïde.La dure-mère fui inci-

sée et la surface cérébelleuse découverte. Suture de la peau. Amé-

lioration consécutive, surtout huit jours après, où l'on constata

un écoulement de liquide céphalo-rachidien qui persista pendant

dix jours. La source se tarit et les premiers signes réapparurent.

2c temps : Recherche de la tumeur, tumeur rose, bosselée, grosse

comme une petite noix; elleestincisée èLénucléée.C'étailùnjlinme.

Le soir de l'opération. le malade ne souffre plus et déclare n'avoir

plus de vertiges. L'amélioration persista pendant un mois, puis

récidive des symptômes.

A trois semaines de distance, troisième opération, réouverture

de la plaie, écoulement pendant deux mois du liquide céphalo-

rachidien. Pendant les années 1902-1903-1901, le malade est

perdu de vue. En décembre D34, il est examiné de nouveau.

Aveugle depuis 2 ans la céphalalgie avait réapparu, mais pas de

titubation, ni de vertiges. Crises douloureuses revenant tous les

huit jours. (Céphalalgie avec vomissements, rachialgie, douleurs

dans les membres inférieurs à droite surtout avec signe de 'Ker-

nig. ) : pendant les crises, la hernie cérébelleuse augmentait, dur-

(1) Voir : Greffe Ilyroïd. el ensemencement Ibyr. par Cl'i"tiIll11.

(Re¡',l1léd. de la Suisse romande. 1902, p. 705.) ·

socnirûs SAVANTES. 3t15

ri.raiL, était chaude, tendue, inci4luclihln. I : n..in,·, 1"r.isfaiunl

trois à quatre jours.

A l'occasion d'une de ces crises, ponction de Quincke qui amène

l'aO'aissemenl de la hernie après écoulemenl de quelques gouttes

de liquide. L'amélioration et la cessation des symptômes fut im-

médiate. 11 y eut encore récidive. M. Jaboulay fendit alors en

quatre la hernie, une portion du cervelet fut excisée et ne mon-

tra pas de récidive. Celte incision s'accompagna d'un soulage-

ment instantané. Le liquidecephalo-rachidien se mit il couler et

l'état du malade se transforma. Quatre semaines après, la cépha-

lalgie, les crises de rachialgie ou de sciatique n'avaient pas re-

paru. La vue revint, bien qu'il fut aveugle depuis deux ans. Le Ivei-

nig disparut. Il lui reste une lislulelle de la grosseur d'un cheveu

au milieu de la cicatrice, qui laisse suinter goutte à goutte le li-

qnidecepitalo-rachidien.

La cause de ces phénomènes d'hjperlension inlermiltcnle est

probablement un kyste gtiomateux se 1 idanliL la fois dans le* ca-

vilés ventriculaires et les espaces sous-aractmoïdiens.

, D'après ce cas,on peut dire que le véritable traitement des acci-

dents des néoplasmes cérébelleux, c'est l'établissement, après ou

sans leur ablation, d'une listule, d'une cicatrice a liltration. qui

permet l'écoulement du liquide céphalo-rachidien sécrété en excès,

par l'incision des méninges cérébelleuses et du cervelet. (.0 : .

SOCIETES SA.VANTES

SOCIETE DTIYPNOLOG1EET DE PSYCHOLOGIE

Séance du mardi t'7/n))r<rr 1 ! )0·1.-l'alamrrrcr Dr. I..J¡-I.ES Y 0[51 : -<

La jalousie elle; l'enfant.

M. BN : an.oorr rapporte plusieurs observations d'enfanssqui pré-

sentaient de la jalousie morbide pour des raisons à la fois héré-

ditaires et éducatives : chez tous, la volonté était diminuée ; ils

s'avouaient impuissants il corriger des actes dont ils reconnais-

saient le mal fondé. Par l'éducation du caractère et la therapeu-

tique suggestive, ils ont été considérablement améliorés. "

.\1, Jules Voisin. -.Il', reconnais l'eflicacité de la suggestion

dans le traitement des enfants jaloux, chez lesquels la volonté est

affaiblie. Toutefois la jalousie morbide, sans cause, est toujours

un signe de dégénérescence; quand ces enfants sont très dégi'nÍ'-

ils deviennent souvent persécutés, ainsi que je l'ai observé é

souvent dans mon service de la Salpêtrière.

396 ' SOCIÉTÉS SAVANTES.

Un cas de sommeil hystérique arec personnalité subconscient ? .

M. El. Jourdan (de Marseille) rapporte l'observation d'une e

jeune lille qui, à la suite d'une lièvre typhoïde grave, à manifes-

tations délirantes, a été plongée dans un sommeil permanent,

avec conservation de la personnalité, qui a duré près de trois

ans. Pendant cette période, celte jeune fille avait toutes les appa-

rences d'une personne éveillée ; en réalité, le champ de la con-

science était rétréci et limité aux seules perceptions visuelles.

Amaurose et paraplégie hystériques guéries par la Py ! / : holh¿mpie

M. 1 : HIItZ' : (de Constantinople).- ( les deux syndromes ontété

guéris, coup sur coup,en une seule séance, parla suggestion faite

non pendant le sommeil hypnotique, mais pendant l'hypnose a

l'état de veille (ou hypnose partielle de Windt), à la faveur d'exT

citations kinesthésiques auditives et -visuelles. z

m. 131NET-SU<;GU; fait un rapport sur un prétendu cas de

suggestion mentale et de transmission de pensée ; le sujet dont

il s'agit avant habilement trompé les observateurs russes qui ont

étudié ce cas.

.l. BÉRILLON présente un ventriloque, lequel fait la théorie de

son art et explique par quelle série d'exercices variés il est par-

venu à posséder son curieux (aient. z

Séance du mardi 2J fécr-ier.

M. Félix REGUAULT expose les grandes lignes de la rééducation

psychique. M. 13;RILLON rapporte plusieurs observations de

sentiments affectifs suggérés et passe en revue les diverses con-

séquences, sociales, psychologiques et médicales qui résultent de

ces cas.

M. Ltoerst. DAURIAC discute les thèses principales du livre ré-

cent de Frédéric myes et,en particulier, la théorie de la conscience

subliminale.

M. Demonchy rapporte une observation de douleurs urélhl'a-,

les chez un hyperesthésique, à lasuitedepratiques de spiritisme.

Séance du mardi 21 mars 190 ? PR)' : SIDENCE de M. Jules Voisin

Les Hayons N existent-ils } '

)1. Louis FAURE commence une étude critique des travaux pu-

])Iiésstii, les rayons X. Il montre l'importance de cette question

qui concerne l'histoire de la science et, plus particulièrement, de

la méthode expérimentale. Il fuit voir quelques unes des fautes

contre la méthode expérimentale qui ont été commises par les

meilleurs expérimentateurs. Après avoir montré l'insuffisance au

point de vue expérimental de quelques-uns, parmi les plus sa-

SOCIÉTÉS SAVANTES 397

vaut ? il montre qu'on devrait enseigner l'expérimentation à ceux

qui doivent passer leur vie à expérimenter, compléter l'ensei-

gnement purement technique du laboratoire, -qui est absolu-

ment nécessaire, par un enseignement oral qui apprendrait à

poser les faits, imaginer les hypothèses, instituer les expériences

et tirer les conclusions. ' '¡lJ; ! "

...

' La psychologie des jeux de hasard.

M. Ilermann LWRENT étudie les variations de la probabilité

suivant les différentes sortes de jeux, depuis ceux qui sont relatif

vement équitables, jusqu'à ceux qui sont franchement immoraux

tels que loteries, roulettes, courses, etc. Les jeux exercent plus

de ravages que l'alcoolisme ; hypnotisés, en quelque sorte, par

leurs pertes, les joueurs sont incapables de résister à leur pas-

sion ; ils sont souvent superstitieux et recourent aux objets les plus

étranges, qu'ils considèrent comme des porte-bonheur, afin de se

concilier la chance.

M. BÈRiLLON.Les joueurs sont, d'ordinaire, de grands enfants,

à intellectualité médiocre, des psychasthéniques, des malades,

des abouliques, des désoeuvrés. Dans la vie courante, des abouli-

ques, par peur ou incapacité de prendre une résolution, s'en re-

mettent au hasard. L'éducation devrait apprendre aux enfants à

ne jamais s'en remettre au hasard, à faire des choix réfléchis, à

agir toujours en -vertu d'une raison.

M. Dauriac. Pour moi, j'irais plus loin et j'interdirais qu'on

prononçât, devant les enfants des mots ,ides de sens, tels que le

Hasard, la Guigne, la Veine, .l'ajoute que la passion du jeu est le

dernier refuge de la superstition; certains, pour gagner, mettent

toujours tel vêtement, s'asseoient toujours sur un même siège

spécial, etc. Transformer une chaise en divinité protectrice, cela

\autla mentalité des saunages ! 11 est même très curieux d'ob-

server l'alliance de la superstition etdela dévotion ; certains cha-

pelets sont porte-bonheur et d'autres porte-guigne. '

M. 13t : cH. - Des gens, même très sérieux, mais profondément

abouliques et incapables d'initiative, avant de prendre une déci-

sion, ouvrent la Bible au hasard, posent, également au hasard,

le doigt sur un verset et, suivant que ce verset est affirmatif ou

négatif, font ou ne font pas ce qu'ils avaient projeté.

M. Bérillon. .l'ai connu des joueurs qui ont successivement

perdu au jeu plusieurs héritages de plusieurs millions. Quand ils

jouent, ils n'ont pas le moindre empire sur eux-mêmes ; ils sont

à la merci de l'ambiance en tant qu'hypersuggcstibles ; étant hy-

persuggestibles, ils sont justiciables de la psychothérapie.

M. Paul magnan. -A côté des joueurs par passion, qui sont in-

capables de se maîtriser, il faut placer qui vivent du jeu,

sans être joueurs ; ceux-ci n'aiment pas le jeu ; ils le détestent

ùU8 SOCIÉTÉS SAVANTES.

même ; mais, c'est pour eux un gagne-pain; étant profondément

maîtres d'eux-mêmes, ils vivent de l'emballement ou des fautes

des joueurs eluénés. Plus avisés, ces joueurs par profession lie

joueront jamais aux jeux de pur hasard ; ils calculent très minu-

tieusement les chances et recherchent des gains modestes, mais 5

sûrs. : ' ii'Y'-f-'

- " 1 f+/I ·

- SOCIÉTÉ \I1 : ULCn-l'Sl'( : II(I.nGIyUN; . ,

Séance du 27 février 1 ! 10â. Présidence de : \1. Vallon.

Genèse du mensonge chez- certains enfants mentalement ctamutatt.r.

U..l. Philippe communique en sou nom personnel et au nom

de M. P. Boncour une note sur la genèse du mensonge chez les en-

fants mentalement anormaux. Pour les auteurs, le mensonge des

enfants anormaux diffère du mensonge de l'adulte normal. Les

enfants sont le plus souvent menteurs, faute d'avoir acquis la fa-

culté de ne pas mentir. Les enfants, en effet, à l'encontre de ce

que pensent les mom11stes,sont nati 1 l'ment meilleurs. L't'nIant (lui

se développe normalement ne ment que lorsqu'il le veut; l'anor-

mal reste menteur. Les tout pelitsl'nfantsmentenlle plussouyent

parce qu'ils ne comprennent pas ce qu'on leur demande. Les en-

lants normaux, quand ils seront plus développés, répondront : « .le

ne sais pas », s'ilsne comprennent pas la question ; les autres per-

sisteront, dans l'infantilisme et répondront n'importe quoi aux in-

terrogations.

.M. Dupré. Le mensonge des enfants est assez important en

médecine légale, pour qu'on en fasse une étude approfondie.

Je qualifierais volontiers de mythomanie onde 11l lhopalhie le

mensonge des anormaux, pour le différencier du mensonge des

hystériques.

M. Vallon croit que le mot de ((mensonge» impliquerait l'idée de

conscience et ne s'applique pas très exactement aux faits signalés

har 11. l'Irilippe. '

1. PHILIPPE n'a utilisé le mot de mensonge que parce que ce

mot existait, mais il se rallierait volontiers à la terminologie pro-

posée par M. Dupré..\1. B.

Séance dtt 27 mars IUU5, Présidence de M. Vallon.

Le Président annonce la perle que vient de faire la Société, en

la personne d'un de ses membres les plus distingués, de son an-

cien président, le docteur Paul Garnier, médecin de l'infirmerie

cenlrale du Dépôt.

Le Secrétaire général donne lecture du discours prononcé

aux obsèques, dans lequel il retrace en termes élevés la vie d'un

de ceux qui faisaient, dit-il, le plus d'honneur à la Société médico- ¡

SOCIÉTÉS SAVANTES. 39U

psvchologique par l'étendue de ses connaissances, l'aménité de

on camctère, l'llOuorahililé de sa 1 ie.et surtout par l'idée très

tileW c tla'ils'élait faite de ses dt : voirsprofessiouneh. Toutes ces

belles (qualités,ajoute 1. Hitti, qui avaient gagné à notre collègue

noire estime et notre affection, furent anéanties en un clin d'oeil;

l'inexorable mort l'enlevait brusquement en pleine force, en pleine

activité intellectuelle, à l'âge où il lui était encore permis les

longs espaces et les vastes penser.» ! 1 .

Le Président lève la séance en signe de deuil.

Reprise de la séance.

Persistance des 11Cul'o-jiúrillesda)¡s la paralysie générale.

Le Secrétaire général donne lecture d'une note de M..). Da-

ouut indiyuanL la Ltchuique tlui lui a 1>ermia le cunstaLer la

persistance des neuro-librilles dans les trois cerveauv de paraly-

tiques généraux qu'il a observés. Pour les voir, il faut d'abord

obtenir une imprégnation suffisante des préparations histolugi-

lues par los sels 1'argenL.

· Un cas (l'il/version sexuelle.

M..\;o.¡THlè.\UIE eUlI1l11unique )'obsen alion d'un jeune homme

présentant des signes physiques très accusés de dégénérescence

mentale, chez lequel les préoccupations génitales présentaient

un caractère d'obsessions assez pénible pour qu'il ait tenté d'y

échapper par le suicide. Dès l'agode six ans, il se déguisait en

lille et jouait pluslolonliel's à Iles jeux habiturls aux fillettes. On

l'appelait alors « la lille». Plus tard, au collège, il s'est pris de

passion amoureuse pour des condisciples plus âgés que lui.Al'heu-

re actuelle, s'il recherche toujours les garçons, il préfère lesado-

1L'cenls aux adultes.

M. HrrT ? J'ai publié autrefois un travail où il était dit que les

Allemands avaient été les premiers à parler de l'inversion sexuel-

le; j'ai trouvé, depuis, deux observations antérieures dans la « I)t-

monomanie » tl'Istluirol.ll mcparait juste de lui attribuer laprio-

rilnln la découverte de ce syndrome.

M. Liatnrto a observé trois cas d'invertis sexuels ajant fait des

tentatives de suicide, pour échapper à leurs obsessions. Ce-

laient deux hommes et une femme et, parmi eux, un ménage.

Les trois ont accompli toutes leurs tentatives de suicide après

avoir satisfait leur impulsion sexuelle, ce qui semble confirmer

1(' jJJ'OH'l'be « post cuitul1l animal 1 rite. »

11. 'lcouooux a dans son service un uranisle de 58 ans, entré

à l'asile à la suite d'une tentative de suicide par submersion. Ce

malade a été invité à la masturbation par un homme dès l',1 ?

de )2 ans ; depuis il n'a pu avoir d'érection auprès d'une femme

400 BIBLIOGRAPHIE.

Il a été condamné à plusieurs reprises pour outrages publics à la

pudeur, car il éprouvait des envies génitales très impérieuses et

malgré sa position sociale,illui arrivait de se faire masturber dans

des lieux publics.

M. 130lSSIER a aussi observé deux invertis sexuels.Tous les deux

avaient lait des tentatives de sitie. L'un d'eux a fini par tom-

ber dans la mélancolie... ""

M. Christian croit que le malade de M. Antheaume est un dé-

bile intellectuellement. Parfois, l'inversion sexuelle Ya jusqu'à en

faire de véritables aliénés. On observe aussi ce syndrome chez

les circulaires.

M. Vallon pense que les deux malades décrits par Esquirol et

cités par M.Ritti sont plutôt des délirants chroniques que de vé-

ritables invertis.

M. ITTt. La seconde observation au moins ressemble absolu-

ment il celle de)1. Antheaumr. -

)1. BERNARD a connu un aliéné qui croyait avoir changé de

sexe et sentir remuer son utérus.

, C'était un délirant et non un inverti. MARCEL 131U.\NIJ.

BIBLIOGRAPHIE

VU. - Rapport sur le service médical de l'asile d'aliénés tl'.1 )--

mentiéres pour l'exercice 1903, par leDCH.1RDOV, mérlecin-tlirec-

teur et le 1)1' 11.1'LRT, médecin-adjoint.

Le nombre desaliénésau 31 décembre 1903 était de 073, nombre

supérieurde 32 unités àcelui des aliénés présents au 1er janvier de

la même année. Les malades traités pendant 11)03 ont été au nom-

1>re de 1 ? 4 : J'soit 8 de moins qu'en 1902. Ces 1245 malades repré-

sentent un ensemlrle de 350.455 journées de présence avec une

population moyenne de 9G0 malades.

Le chiffre maximum des malades existant à l'asile pendant la

même journée a été atteint au mois de novembre avec 988 malades

et le chiffre minimum a été obtenu en janvier avec 939 malades ;

chiffres supérieurs à ceux de l'an dernier. Comme on peut s'en

rendre compte, le chiffre moyen de la population de l'asile ne

cesse d'augmenter d'année en année : il était en 1899 de t4 ; nous

atteignons aujourd'hui IJ60. Le nombre des malades entrés en 1903

est de 304, soit 11 de moins que l'an dernier ; 33 sont guéris 21

améliorés, 25 ont été transférés, 17 sont sortis pour d'autres cau-

ses, 153 sont morts.

BIBLIOGRAPHIE. 401

Le mouvement spécial du quartier des enfants arriérés et épi-

leptiques est le suivant : 20 entrées dont 13 garçons et 7 tilles, soit

5 admissions en plus que l'an dernier ; une fille a été transférée,

5 garçons et une lille sont sortis pour d'aulres causes, un garçon

et 4 filles sont morts. L'encom'brunient du pavillon destiné aux

garçons persiste, le nombre des garçons entrés étant toujours su-

périeur à celui des filles. 11 y a; là, matière pour une école.

La folie alcoolique a été constatée- chez 4 ! malades au lieu de

30 en 1903. ? 9 épileptiques ont été admis en 1003, soit 13 de plus

qu'en 1902. Maximum des entrées en juillet. 111 malades sont

sortis en 1903 : guéris 3 ? améliorés 31. - 1511 décès : « Un bon

nombre de nos malades sont arrivés dans un état lamentable. 1G

d'entre eux sont, en etiet, morts moins de 8 jours après leuren-

Irée, 8 autres n'ont pas atteint la quinzaine, etc.» La tuberculose

pulmonaire a emporté 18 malades.

Si l'on veut se reporter à nos rapports médicaux des derniè-

res années, disent les auteurs du rapport,on verra combien grande

était notre préoccupation de lutter contre la tuberculose. Dès

1901, une première série démesures étaient prises, les quartiers

pourvus de crachoirs spéciaux vers lesquels l'attention des mala-

des était attirée par des tableaux indicateurs. Nous n'avons pas

cru devoir nous en tenir là el, poursuivant la série des mesures

propres à combattre le redoutable fléau, nous décidions en juin

1903 d'isoler en «pavillons spéciaux » nos malades atteints de tu-

berculose pulmonaire. Dans le travail communiqué par nous au

Congrès des médecins aliénisles et neurologistes des pays de

langue française tenu à Bruxelles au mois d'août 1903, nous

avons exposé dans quelles conditions s'effectua cet isolement.

\ou ne lowons qu'y rcwo-erici eLrappclous simplementdu'un

pavillon isolé a été exclusivement consacré aux aliénés tubercu-

leux quelleque soif la forme de leur affection mentale ; qu'un

régime alimentaire approprié leur été octroie et que les mesu-

res antiseptiques les plus éprouvées sont mises en oeuvre pour

quela désinfection des crachats et desselles mette à l'abri de tout

contage la population non atteinte (1). '

Ce que nous dirons ici, c'est que les résultats ont dépassé nos es-

pérances, et que, jusqu'à présent, seules les difficultés d'ordre bud-

gétaire nous empêchent de poussera la perfection l'rem l'e de

prophylaxie que nous avons entreprise. Nos tuberculeux surali-

mentes, surveillés d'une façon toute spéciale par des gardiens dé-

voués, mis à l'abri des moindres causes de refroidissement, placés

dans des salles où règne la propreté la plus minutieuse, se trou-

vent dans les conditions les meilleures et les plus propres à les

(1) Voir ce travail dans les Archives de Nell1'olo : .ie, ? série, 1003,

t. XVI, p. 403. -

Archives, 2' série, 1005, l. XIX. 26

402 BIBLIOGRAPHIE.

améliorer, toussent et crachent beaucoup moins et prennent de

l'embonpoint. - B.

VIII. Rapport médical, compte moral et administratif de

l'asile public d'aliénés de la Charité sur-Loire (Nièvre) pour

.l'exercice 1903, par M. le 1> Chocreaux, médecin-directeur.

cl. le Dr Chocreaux rappelle au début qu'il a cru néces-

saire de conserver, dans son rapport médical, le plan générale-

ment adopté par son prédécesseur, M. le 1)'' Faucher. Et il a eu

raison, car ce plan est bien conçu et pourrait servir de base à un

rapport modèle. '

Au 1,'r janvier 1903, il y avait 780 malades (375 II. et 405 F.),

Admis en 1903, 161 ! 92 il. et G9 I ? ? . Augmentation toujours plus

sensible d'année en année.

« Nous avons admis 5 épileptiques simples. Nous continuerons

à les classilier sous cette étiquette purement conventionnelle, car

elle n'exclut nullement l'idée d'aliénation mentale.... » - C'est

la thèse que nous avons toujours soutenue en montrant, à diver-

ses reprises, àla Commission de surveillance des asiles et aux re-

présentants de l'administration, lors de leurs visites à Dicétre,

d'une part le groupe des épileptiques dits simples, et, d'autre

part, les épileptiques (lits aliènes.

Dans les deux groupes on voyait, des malades jouissant à peu

près de l'intégralité de leurs facultés, d'autres atteints de manie

épileptique, d'autres en démence. 28 placements volontaires

contre 2 : i en 1 ! )02, et 126 d'office contre 111 en 1903. - Au des-

sous de 20 ans, il s'agit, le plus souvent d'infirmités mentales

constitutionnelles et irrémédiables (idiotie, imbécillité, etc.). Irré-

médiables, oui si on ne s'en occupe pas, améliorables et guérissa-

bles si on les soumet à un traitement médico-pédagogique, mé-

thodique et prolongé.

Parmi les causes déterminantes, l'alcoolisme figure dans 12 cas

(11 Il. et 1 F.). M. Chocl'eaux,il propos de la recherche des causes,

fait les remarques suivantes :

« Qu'il s'agisse même des antécédents personnels de l'aliéné,

on n'obtient en général que des renseignements insuffisants et le

médecin est bien obligé de se tirer d'affaire avec l'examen direct

du malade. Son embarras est hien plus grand encore quand son

observation doit s'exercer sur des vicieux délinquants et même

criminels. Et nous insisterions volontiers pour obtenir ce que plu-

sieurs d'entre nous ont justement réclamé déjà à plusieurs repri-

ses, le versement au dossier, du casier judiciaire des malades. »

Tant au Conseil général delà Seine qu'à la Commission de sur-

veillance des asiles,nous avons réclamé un grand nombre de fois

la communication du dossier des malades délinquants et dits cri-

minels sans pouvoir obtenir satisfaction pour nus collègues et

BIBLIOGRAPHIE. 403

pour nous. Nous y sommes revenu à l'occasion de l'affaire Vacher.

Nous avons dit que cette communication se faisait dans cer-

tains départements. Notre ami le 1), Villard, sénateur de la Creu-

se, maire de Guéret, nous a assuré que le dossier suivait les ma-

lades qu'il envoyait à l'asile de' \au;;caL.

Sous le rapport des entrées, les mois de décembre, février et

juin ont été les plus chargés.

« L'intérêt que peut présenter la recherche de la durée des

troubles mentaux avant l'internement consiste en ce que les chan-

ces de guérison sont d'autant moins nombreuses (lue la maladie,

dure depuis longtemps. La famille et les communes n'ont donc

aucun intérêt à tergiverser quand la nécessité d'un internement

se fait sentir. »

A cet égard, nous le répétons, et l'analyse des Rapports sur les

asiles le prouve, tous les aliénâtes sont d'accord.- En ce qui con-

cerne les aliénés transférés de la Seine à la Charité :

« Nous sommes heureux de pouvoir faire-observerque leconwi

de 1903, amenant des aliénés de la Seine à l'asile, comprenait

moins de gâteux et affaiblis que les années .précédentes. Le taux

annuel de la mortalité ne sera plus aussi élevé et ne viendra plus

fausser la moyenne des décès à l'asile de la Charité . »

08 décès, par phtisie pulmonaire, 13 (8 Il. et 5 F.) de tubercu-

lose pulmonaire, 1 de pleurésie tuberculeuse.

« Sans vouloir nier ici l'importance du traitement préventif de

la prophylaxie de la folie, dont l'action s'exerce hors de l'asile, je

me bornerai pour cette année à des considérations générales sur

le traitement curatif que j'ai institué aux malades de l'asile de la

Charité, de concert avec mon collaborateur Terra.de, médecin-ad-

joint. .

« Complètement dégagé de préjugés qui n'ont que trop long-

temps duré, bien pénétré qu'un asile est un hôpital, je me suis

efforcé de traiter les malades avec la plus grande bonté, avec la

plus grande délicatesse, pour les soutenir moralement dans les

douloureuses épreuves de leur état pathologique. Est-il besoin de

rappeler ici, en passant, que les punitions sont bannies des servi-

ces, de même que la douche et le bain, en tant que procédé d'inti-

nidation oui, peut-être, puisque dans certains milieux, il a paru

qu'on se l'imaginait encore facilement. En face de tous les ma-

lades, je me suis posé en médecin, rien qu'en médecin, évitant

minutieusement de les humilier, cherchant à les persuader qu'ils

sont des malades et que leur séjour à l'asile n'a rien d'humiliant

ni pour eux, ni pour leur famille. J'ai provoqué et recueilli leurs

confidences et travaillé à dissiper leurs préoccupations, j'ai faci-

lité leurs rapports avec leurs familles et pris part à la défense de

leurs intérêts parfois menacés, j'ai favorisé les visites de leurs pa-

rents ou de leurs amis quand elles pouvaient être efficaces. Bref,

404 BIBLIOGRAPHIE.

rien n'a été négligé pour l'aire, naître la confiance des malades

envers le médecin et pour établir entre eux et lui des liens

de sjmpalhie. J'ai profité de toutes les occasions qui s'of-

fraient de rompre l'existence monotone de ces hospitalisés. En-

lin, il a Í'lé largementl1é tl'un.'iwYt.'n de traitenwnt dont Pinl'l

affirmait déjà l'utilité et l'efficacité : le travail sous toutes ses for-

mes, selon les aptitudes des individus et dans la mesure de leurs

l'urces.

« L'hydrothérapie a été fréquemment ut il isée comme procédé de

traitement sous toutes ses formes, drap mouillé, douche mobile,

en cercle, froide et tempérée, bains tiedes dont l'action sédative

puissante est indéniable... Il a été administré à l'Asile de la Cha-

rité pendant l'année 1903 :

BIBLIOGRAPHIE 405

trop vivement l'attention du l'Administration supérieure sur la

création d'un laboratoire dans tous les établissements publics.

1 Résultat propre ci l'exercice 1903

40G , 1 BIBLIOGRAPHIE.

les agents subalternes. Nous pensons qu'il est naturel et équita-

ble d'en faire autant pour tout le personnel. C'est pour ce motif

que nous inscrivonaen dépense un crédit de7.554 francs pour faire

face à la retraite des fonctionnnaires actuellement retraités.

Et il ajoutait : « Au cas où M. le Ministre de l'Intérieur esti-

merait que l'excédent doit être employé à l'augmentation du bien-

être dos aliénés, il y aurait lieu de proposer comme régulateur

de baisser le prix de journée de 0 fr. 85 c. à 0 fr. 80 c. »

Dans la session extraordinaire du conseil général (séance du 8

septembre 1903), M. le rapporteur, reprenant le vote de 7.554 fr.

imputables sur les crédits de l'asile pour retraites des fonction-

naires, s'exprimait ainsi : '

«Pour ne laisser aucune indécision dans la perception des re-

venus de l'asile public d'aliénés, etc., la commission propose le

maintien ferme du prix de journée pour 1903 à 0 fr. 85 et le vote,

par modification à la même délibération, d'un prélèvement de

4,000 francs au lieu de 7.554 francs pour allocation à la caisse

départementale de retraites. La quotité de 4.000 francs pour 1903

pourra varier chaque année, suivant les ressources de l'asile et

les charges supportées parla caisse de retraites pour le service

des pensions d'anciens fonctionnaires de l'asile. » '

«Interpellé à la réunion de la commission desurveillance du 21

novembre UIO : 2 par M. Uuran, conseiller général et membre de

la commission, sur les conséquences du vote du conseil général,

nous avons répondu que le prélèvement annuel d'une pareille

somme est l'enrayement complet des travaux d'améliorations en

cours d'exécution et la perspective inévitable et prochaine d'une

situation financière mauvaise, ne permettant pas à l'asile de te-

nir ses engagements vis-à-vis des fournisseurs.

«Nous avons fait aussi ressortir quel'hypothèse d'un versement

fait par l'asile à la Caisse des retraites paraissait irrégulière et

qu'elle était sûrement peu généreuse, d'abord parce qu'en vertu

d'un arrêté du conseil d'Etat en date du 23 mars 1880, il était éta-

bli que les recettes provenant d'un asile départemental ne peu-

vent être,afrecLées par le conseil général des dépensesautres que

celles du service des aliénés, et ensuite parce que. depuis plus de

quarante ans, la caisse de retraites départementale bénéficie de

toutes les retenues exercées sur le personnel des fonctionnaires

et employés de l'asile. Quoi qu'il en soit, le versement de la som-

me de 4.000 francs a été effectué à la caisse de : \1. le trésorier-

payeur général. »

« A nos collègues debiense rendre compte de la situation et d'agir.

« Les passages ci-après méritent aussi d'être mis sous les yeux

de nos lecteurs.

«Dans le tableau des admissions nous voyons que, dès l'entrée,

la moitié environ des malades doit être rangée dans la catégorie

BIBLIOGRAPHIE. 407

des incurables. Nous constatons, en outre, avec regret, que la folie

alcoolique et la paralysis générale tendent à augmenter, comme

on l'observe à peu près partout dans le Nord. Le nombre des fem-

mes paralytiques a plus que doublé. Nous avons reçu, l'année der-

nière, 15 hommes et 4 femmes atteints deparalysie générale ; nous

avons reçu cette année 18 hommes et9 femmes. C'est là une pro-

portion peu rassurante pour l'avenir.

« Nous rappellerons que la séquestration tardive est dans bien

des cas une cause d'incurabilité ; les représentants de l'adminis-

tration font fausse route en se préoccupant moins de l'intérêt

des malades que du budget communal qu'ils obèrent pour l'ave-

nir, parce que la lenteur mise à provoquer l'internement aug-

mente la durée du séjour à l'asile.

« Nous continuons à avoir recours aux sorties à titre d'essai, tou-

tes les fois que, l'état des malades le permettant, nous rencon-

trons des familles qui veulentbien venir en aide à leurs parents

envoie d'amélioration. 11 est même une catégorie de malades

chez lesquels ces sorties prématurées produisent d'excellents ré-

sultats ; ce sont les mères de famille ayant laissé chez elles des

enfants en bas-âge. Un séjour prolongé à l'asile peut, dans ce cas

particulier, devenir nuisible ; aussi l'abrégeons-nous le plus que

nous pouvons.

« Nous avons eu pendant l'année plus de décès que pendant les

années précédentes : 138 au lieu do 95.02, moyenne des cinq der-

nières années, et parmi les causes du décès, nous devons surtout

signaler la tuberculose pulmonaire dont la fréquence a plus que

doublé. 27 au lieu de 10, comparativement à l'année dernière.

Nous devons encore citer le chiffre élevé des décès par suite d'en-

térite chronique, affection souvent dueà une manifestation dans

les intestins de l'infection tuberculeuse.Cesconstatations nous font

regretter de n'avoir pas pu réaliser encore les améliorations nous

permettant de pratiquer l'isolement de nos malades lorsqu'ils

présentent un danger de contagion.

« Nous devons signaler parmi les maladies incidentes le nom-

bre relativement élevé des tuberculoses pulmonaires et rappeler

qu'il nous reste beaucoup à faire pour l'hygiène générale par la

seule mesure pratique, l'isolement des tuberculeux. Malheureu-

sement,nous ne pourrons nous occuper de celte importante ques-

tion que lorsque nos ressources nous permettrontde l'entrepren-

dre, et nous devons auparavant terminer les annexes des divers

quartiers. A noter aussi le retour de la fièvre typhoïde dont nous

avons eu à supporter deux atteintes peu graves heureusement. »

ASSISTANCE ET PEDAGOGIE

L'assistance des enfants arriérés et épileptiques à Lyon

Dans le dernier n° des Archives (p. <'8), nous avons

donné des renseignements sur la situation des enfants

idiots et épileptiques dans tous les établissements pu-

blics et privés, affectés aux aliénés, à la date du 31 dée.

1903. Ils sont au nombre de 1206. Nous avons vu qu'il en

ressortait que, en dehors des soins hygiéniques, ils n'é-

taient l'objet, à part quelque rares exceptions, d'aucun

traitement médico-pédagogique. Nous aurions voulu l'aire

la même enquête sur la situation de ces enfants dans les

hôpitaux et hospices, mais c'est la une tâche bien diffi-

cile, qui ne peut être faite qne par l'Administration.Tou-

tefois, grâce à l'obligeance de M. Sabran, président du

Conseil général des hospices de Lyon, nous pouvons di-

re à nos lecteurs ce qui se fait dans cette ville. ,

Fondation GoMY. Traité avec la ville de Lyon. -- Par

son testament du 7 mai 18j(i, M. Jean GOI1lY, j1ropl'iéLaÏl'l', décédé

le 23 mars 1867, fait, un legs ainsi conçu : « donne et lègue il

la ille de Lyon la charge de ........... et à

créer un établissement de charité pour les jeunes garçons pau-

ures, incurables, organisé dans le genre de celui des jeunes tilles

incurables d'Ainay.

Article 2. Moyennant cette cession, l'Administration des

Hospices ci 1 ils s'engage à exécuter à perpétuité les clauses 'et

conditions du legs de lui. Gomy en faveur des jeunes garçons

pauvres, incurables, ainsi, et de la manière que la ville de Lyon

en élait tenue ; en conséquence et à litre d'exécution, les Ilos-

pices s'engagent à hospitaliser dans un de leurs (oLablisscmcnls

dix jeunes garçons pauvres, incurables.

Article 3. - A cet effet, un service spécial sera créé et une

salie aussi spéciale sera allectée, sous le nom de : Fondation Gc-

lieu, dans celui des établissements des hospices civils de Lyon

qui sera désigné par le Conseil d'administration de ces hospices.

Article 4. Conditions d'admission et de séjour. Les jeunes

garçons pauv res, incurables, ne pourront a(ïiiii, à la Fonda-

tion (;OIl1Y, (le cinq ans révolus. - IL seront présentés

à l'admission par l'administration municipale, suivant les inten-

lions du testateur, et devront être agréés par le Conseil d'admi-

nistration des hospices.

ASSISTANCE ET PEDAGOGIE. " 40U

Perron : Enfants INCURABLES.A l'hospice du Perron (14 lils)

outre les dix enfants incurables de la fondation Gomy, pourront

être admis quatorze enfants incurables remplissant les mêmes

conditions que les enfants de la fondation Gomy. Sur ces qua-

torze places, le Conseil en réserve six à la ville de Lyon pour

lesquelles la ville payera un prix de journée de un franc cin-

quante : les huit autres places 11'lIntalll'iblH\pS, suivant ce que le

conseil en décidera, soit a des enfants incurables gratuits, soit à

des enfants incurables payants, pour lesquels il sera payé un

franc' cinquante par jour.

A dix-huit ans révolus, les enfants incurables passent de plein

droit, aux premières places vacantes pour incurables adultes, gra-

tuites, ou payantes, ville de Lyon ou particuliers. (Délibération

du 14 juin 1899, approuvée le 24 juin 15 ! 10.1

Legs Chanbeyron (Sornrr),veuvt. Rambaud. Par testament olo-

graphe du 2 avril 1902, Jlme Clianllrev ron (Snplie), veuve Ram-

baud, décédée le 29 avril 1902, a institué pour légataires univer-

sels les hospices civils de Lyon, à la charge de

« .le désire que la partie de ma fortune qui rcv iendra aux hos-

pices après le pavement des charges et des legs soit appliqué par

le conseil d'administration aux enfants incurables et arriérés

(garçons) ; il sera créé, dans un établissement dépendant de la

dite administration, un service dont l'importance sera en rap-

port avec la somme que les hospices recueilleront dans ma suc-

cession. Ce service portera le nom de « Fondation Rambaud ».

La succession n'est pas encore liquidée. (Autorisation d'accepter,

Délibération du 19 décembre 1 ! 10 ? )

Epii eptiques. Les services d'épileptiques comprennent cent

quarante et un lits : il l'hospice de l'Antiquaille, quarante-huit

lils pour les femmes ; il l'hospice du Perron, cinquante-deux lits

pour les hommes, vingt-sept lits pour les femmes et quatorze lits

pour les enfants garçons ayant de cinq ans il seize ans.

Sept de ces lits. ont été établis par l'administration des hospices,

à ses frais. Ces sept lits gratuits de la fondation de l'administra-

tion sont réservés aux épileptiques indigents, nés il Lyon et domi-

citiesa Lyon. Dix lits ont été créés, pour l'administration des

hospices, en exécution de la fondation Courajod, et sept lils, en

exécution de la fondation manlline 1'trancL ; ces dix-sept lits sont

mis, gratuitement, a la disposition des épileptiques indigents de

toutes les communes, Lyon compris, du département du Rhône.

Trois lits ont été fondés par JIntc Gritlet, veuve Guy, pour des

épileptiques indigents de la paroisse Saint-Louis delà Guillolière.

Les autres lits sont attribués aux épileptiques payants.

Pendant une heure le matin et une heure l'après-midi, une

410 assistance et pédagogie.

sieur hospitalière est chargée d'enseigner aux enfants la lecture

et l'écriture. Le calcul est enseigné à ceux qui peuvent l'appren-

dre. L'enseignement par la méthode Braille est donné aux aveu-

gles. '

Nous accueillerons avec plaisir tous les renseignements que nos

lecteurs voudront hien nous adresser. (1,

Pour l'enfance anormale.

Création d'un institut pédagogique pour enfants nerveux, débi-

les ou maladifs. - La question de l'enfance anormale est sérieu -

sement à l'ordre du jour. Depuis quelques années, en Belgique et

dans divers pays, des Instituts spéciaux ont été fondés pour l'édu-

cation et l'instrucf ion des enfants arriérés. Nombreux sont les

enfants que leur santé physique ou intellectuelle, ou les infirmi-

tés dont ils ont été atteints, empêchent de suivre la classe com-

mune ; ils ne peuvent davantage être instruits en famille à cause

des connaissances spéciales que doivent posséder leurs éduca-

teurs, et des soins particuliers que nécessite leur état.

Un comité est constitué à Bruxelles pour mener à bien la créa-

tion d'un Institut de ce genre dans un des quartiers les plus sa-

luhres des environs immédiats de la ville, à une altitude de 100

mètres environ, et à un endroit d'accès facile et desservi par di-

vers tramways. Cet institut s'ouvrira au début d'octobre prochain,

av enue Maurice, 1 1 , au quartier si riant de la petite Suisse à Ixel-

les, à un pas du bois de la Cambre.

Les religieuses du Saint-Enfant-Jésus qui depuis un an déjà se

sont occupées de l'éducation des enfants arriérés à Bruxelles, ont

promis leur concours et leur dévouement pour entourer de soins

tout maternels les enfants qui leur seront confiés. Les succès

qu'elles ont obtenus durant l'année écoulée ont fait l'admiration

et l'étonnement des familles qui se sont adressées à elles pour l'

l'éducation de leurs chers enfants, et sont un gage assuré de

leurs succès futurs.

Le comité directeur m'a fait l'honneur de me confier la direc-

tion médicale clcl'lnslituL et m'a adjoint en qualité de médecins

consultants deux savants confrères spécialistes : le docteur Glo-

rieux pour les maladies nerveuses elle docteur Vanlangendonck

pour l'orthopédie. Seront reçus à l'Institut :

1° Les enfants simplement nerveux ; 2° les enfants atteints d'af-

fections nerveuses accompagnées de paralysies, d'agitations ou

de tremblements ; 30 les enfants indociles ou indisciplinés; 40

les enfants arriérés au point de vue intellectuel et ne pouvant de

fait suivre le niveau de la moyenne de leurs condisciples ; 5" les

enfants atteints de troubles de la parole ; 6- les enfants atteints

de maladies chroniques non contagieuses, osseuses, articulaires,

CORRESPONDANCE. 1 411

etc., nécessitant de longs traitements qui les mettent dans l'im-

possibilité de suivre la classe commune.

Les enfants atteints d'idiotie ou d'affections contagieuses ne

peuvent être admis à l'Institut. Les sexes ainsi que les différen-

tes catégories d'enfants sont séparés. [Annales de la policlinique

centrale de Bruxelles, août 1904.) Dl' MATAGNE,

CORRESPONDANCE

Personnel médical et secondaire à l'Asile Clinique.

Paris, le 21 février 1905.

' Mon cher 1\1. Bourneville,

.l'estime, pour ma part, très suffisant le personnel médical de

mon service.,l'ai une moyenne de 380 malades, ce qui est, certes,

considérable, mais si l'on songe que sur ce nombre il y a bien près

de 350 chroniques incurables, auxquelles nous n'avons guère que

des soins généraux adonner, on conviendra qu'un médecin et

deux internes peuvent parfaitement suffire à la tâche.'

Ce qui nous manque, c'est du personnel secondaire . Ici,l'insufli-

sance n'est pas seulement regrettable, elle est lamentable et scan-

daleuse, four assurer la surveillance générale et les soins de nos

380 malades, nous avons sur le papier 44 personnes, dont il faut

défalquer nécessairement les 4 baigneuses et les 9 veilleuses char-

gées de services spéciaux, ce qui réduit à 31 personnes le person-

nel de jour, y compris la surveillante en chef.

Cela donnerait à peu près une personne pour 12 malades. Mais

d'abord c'est là une moyenne, qui, comme toutes les moyennes,

ne répond pas à la réalité. Si l'on songe que certains quartiers né-

cessitent une surveillance plus grande et des soins plus minu-

tieux, il en résulte que les autres .quartiers sont d'autant moins

bien partagés, et que si, dans le quartier des grandes agitées, par

exemple, il y a quatre infirmières pour 18 malades, il n'y en a plus,

dans d'autres, que trois pour soixante et même soixante-dix. Si

nous ajoutons : l° qu'à chaque instant du jour des infirmières sont

obligées de sortir de leur quartier pour des besognes nécessaires

et urgentes; 2° que nos infirmières ont un jour de congé tous

les dix jours et prennent un congé annuel de 15 jours, lequel n'est

vraiment pas volé; - 3° que ce personnel, précisément à cause-

du surmenage auquel il est soumis, est très souvent malade, et

qu'en temps d'épidémie de grippe, par exemple, comme cela

412 CORRESPONDANCE. ·

vient d'avoir lieu c'est parfois 3, 4 et même 5 infirmières qui

font défaut du même coup ; 4° que ce personnel comprend' ac-

tuellement quatorze femmes mariées qui ont le droit de devenir

grosses et d'accoucher, et qu'on ne saurait humainement exiger

d'elles un travail normal'pendant. le dernier mois au moins de la

grossesse, non plus que les priver des trois semaines de repos dont

elles onthesoin après leurs couches : on conviendra que c'est

pure fantasmagorie et poudre aux yeux que de prétendre que

le personnel mis à notre disposition pour assurer le service est

dans la proportion do une infirmière pour dix malades. Encore

faut-il observer que le chiffre des malades, dit normal, est cons-

tamment dépassé; et qu'on l'augmente même tous les ans, je ne

sais pourquoi, sans pour cela augmenter les moyens de surveil-

lance.

Veuillez agréer, mon cher monsieur Ilourneville, l'assurance

des meilleurs sentiments de votre bien dévoué,

Paul Dubuisson, -

Chef du service des l'ouïmes de Saint-Anne.

Personnellement, nous avons souvent appelé l'atten-

tion de l'Administration et delà Commission de surveil-

lance sur l'insuffisance du personnel secondaire dans les

Asiles de la Seine. A une époque, nous en avions obtenu

l'augmentation, mais le Conseil général précédent, vou-

lant faire des économies, a fait procéder à une réduction.

Le service de veille que, avec la Commission de surveil-

lance, nous avons fait réorganiser nous pourrions di-

re organiser-- n'a pas subi de réduction, croyons-nous.

Il n'est peut-être pas encore suffisant. Dans des tableaux

joints à notre rapport sur la réorganisation des écoles

départementales d'infirmiers et infirmières, nous avons

donné l'état du personnel secondaire dans les asiles d'a-

liénés de France : il est encore plus insuffisant, en gé-

néral, que dans les Asiles de la Seine. La lettre de notre

collègue M. le D' Dubuisson, que nous sommes heureux

de publier,montre l'intensitédu mal et la nécessité d'une

réforme sérieuse. Les Archives de Neurologie accueil-

leront avec plaisir tous les renseignements que les mé-

decins des Asiles voudront bien leur adresser sur cette

importante question. B.

VARIA

Prix de l'Académie de médecine.

Parmi les nombreux prix distribués, nous relevons les suivants

décernés à des travaux de pathologie mentale et nerveuse.

Prix Bailla1'ge1' : ' ! ,000 francs. Ce prix, destiné à l'auteur du meil-

leur travail sur la thérapeutique des maladies mentales et sur

l'organisation des asiles publics et privés consacrés aux aliénés,

est décerné à I. le Dr Paul Sérieux, de Ville-Evrard pour, une

série de mémoires ayant trait à la thérapeutique des maladies

mentales et à l'organisation des asiles d'aliénés.

Prix Cil'1'Íeu,I' : 800 francs. Question : du rôle de la syphilis dans

les maladies de l'encéphale. Deux mémoires ont été présentés. Le

prix est décerné à M. le Ruz' Marchand (de mois), Une mention

très honorable est attribuée à M. le Dr Jacquemart (de Paris).

Prix Falret : î00 francs. Question : la neurasthénie ;Ixttlzogé-

nie et traitement. Quatre mémoires ont été présentés. Le prix n'est

pas décerné, mais l'Académie accorde une mention très honora-

ble il M. le Dr Maurice os 1 LLUIav, de Paris.

Prix Ernest G,irlaz'cL : 1 .000 francs au meilleur travail sur la

pathologie interne. Le prix est décerné à JI. le D" A.' I\.IHR \ de

Curepipe. ile Maurice : Les deséquilibrés du système nerveux.

Prix Theodore lfapin (de ( : ent·ve) : 3.000 francs. Douze mémoi-

res ont été envoyés. Le prix est décerné à les Dos P. E. Liu-

NOIS, professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris, et

Pierre 1toy, de Paris : Etudes biologiques sur les géants. L''\ca-

démie accorde en outre des mentions très honorables : 1° à M. le

1)' \I\UR(C7 : de Fleurs, de Paris : Manuel pour l'étude des malta-

dies du système nerveux ; les grands symptômes neurasthéniques ;

2" à M. le nI' Il. ;\I111ER, professeur à l'école du \'al-de-Grâce,

Blessures du crâne et de l'encéphale par coups de feu ; : )0 à M. le

J)"lIIUSIOENS, d'Amstertlam : Etudes sur les troubles de la sensibi-

lité ci la douleur de type radiculaire cite; les tabétiques et les épilep-

tiques et leur valeur pratique dans le traitement du nzal comitial.

J'ria- 1 ! enri Lorquet : 300 francs. Cinq mémoires ont été en-

voyés. L'Académie ne décerne pas le prix, mais elle accorde une

mention honorable avec encouragement de 300 francsà \I. le))''

Henri Carrier, de Lyon : La cellule nerveuse normale et patholofli-

que ; une mention honorable à M. le 1),- Henri à à

l'asile de Yaucluse : Essai de diagnostic entre les états de débilité

mentale. '

Prix Aldophe Jlombinne : 1.500 francs. L'Académie décerne le

prix à MM. le 1)- Colin et F. I'ACT1 : T (de Villejuif), pour accom-

414 VARIA.

plir une mission dont ils ont été chargés par le ministre de l'in-

térieur ayant pour but de rechercher dans les maisons centrales,

lesprisons et les maisons de correction les aliénés dont l'état

mental a été méconnu au moment de leur procès et qui ont été

condamnés, et ceux qui le sont devenus au cours de l'accomplis-

sement de leur peine. -

Dans la même séance, l'Académie a fait connaître les prix pro-

posés pour I ! 107 :

Prix Civrieux : 800 francs (annuel). Question : La syphilis spi-

nale.- Pri ? 1,'ttl)-et : 100 francs (biennal). Question : De l'état men-

tal des dipsomanes ; Prix 1'hèodo/'e Herpin (de Genève) : 3.000

francs (annuel), au meilleur ouvrage sur l'épilepsie et les mala-

dies nerveuses : Prix llc·n,oi Lorquet : 300 francs (annuel) au

meilleur travail sur les maladies menlales.

NOTA. - Les. concoursde l'Académie sont clos, tous les ans fin

février. Les ouvrages adressés pour ces concours devront être

écrits lisiblement,en français ou en latin, ils seront accompagnés

d'un pli cacheté avec devise, indiquant les noms et adresses des

auteurs. Les prix seuls donnent droit au titre de lauréat de l'Aca-

démie de médecine, les encouragements, récompenses et mentions

honorables n'y donnent pas droit. Le même ouvrage ne pourra

être présenté la môme année à deux concours de l'Académie de

médecine. '

LES ALIÉNÉS EN LIBERTÉ. E.

51. Cazaux, instituteur colonial, en congé à Campan (IIau-

tes-Pyrénées), atteint d'aliénation mentale, a tiré plusieurs coups

de revolver sur 51. Durand, procureur de la République, qui tra-

vaillait dans son cabinet. L'état du blessé est grave. Le meur-

trier a été arrêté. Il était divorcé et avait, malgré le jugement,

gardé son jeune fils. Le procureur de la République l'ayant for-

cé de le rendre à la mère, il avait juré de se venger du magistrat.

(Bonhomme normand, 8 mars.)

Disparition. Le nommé Louis Porcherot, de Bonnen-

contre, qui depuis quelque temps ne paraissait pas jouir pleine-

ment de ses facultés, a quitté son domicile il y a une douzaine

de jours et n'y est pas revenu. (Prorlr. de Lyon, 22 mars.)

Drames de l'alcoolisme.

Un forcené. -Dans un accès de délire alcoolique, le sieur An-

toine Gravier, 19 ans, ouvrier terrassier chez le sieur Boulicault,

entrepreneur à Saint-IartiIHles-13csaces (Calvados), a tenté de

donner des- coups de couteau à son patron et l'a frappé violem-

tuent. Il n'a pas fallu moins de neuf personnes pour maîtriser

ce forcené, qui, déposé au violon, a démoli la cloison qui sépa-

varia, 41j

rait ce local en deux. 11 a été conduit, sous honne escorte, à la

prison de Vire. (l3olahonxneaaol-nz., 8 mars.)

Suicide. Louis Barbet, 53 ans, fermier à Noce, alcoolique,

disait souvent qu'il tuerait sa femme et se suiciderait ensuite.

Mardi de la semaine dernière, vers 4 heures de l'après-midi,

Barbet s'arma d'un fusil de chasse à deux coups, puis, saisissant

sa femme à bras le corps, il chercha à l'entraîner dans le fournil

déclarant qu'il voulait la tuer. La femme Barbet se mit à crier

au secours et, ayant pu se dégager, se réfugia chez son gendre.

Celui-ci désarma son beau-père, qui lui demanda pardon de l'ac-

te insensé qu'il venait de commettre. Les gendarmes se rendi-

au domicile de l'alcoolique ; ilsle trouvèrent pendu dans son

écurie. (Ibitl.)

La princesse LOUISE DE COBOURG.

A la suite du décès du docteur Paul Garnier qui, on le sait,

avait été un des médecins désignés pour procéder à l'examen de

l'état mental delà princesse Louise de Cobourg-Gotha, le prési-

dent du tribunal avait désigné 31. le docteur Dubuisson, méde-

cin en chef de l'asile de Sainte-Anne, pour le remplacer.

M. le docteur Dubuisson a prêté serment hier dans le cabinet

de 51. Ditte. Afin d'aller plus rapidement, la cour du maréchalat

avait déclaré renoncer il. la cérémonie qui s'était produite lors du

serment des autres médecins, c'est-à-dire à la présence de tous

les intéressés. Seul, l'avocat de la princesse, M" Albert Clemen-

ceau, y assistait. '

Concert des jeunes aveugles de l'Institut de 1)1JON.

« La belle salle des Etats de Bourgogne était arclii-comllleltier,

jeudi, pour le concert que les jeunes aveugles de l'Institut de

Dijon donnaienL- ainsi que l'annonçait le programme - « à

leurs bienfaiteurs est amis'». Et il nous a paru que la pensée de

fout ce monde que, de temps à autre envahissait une certaine

émotion, pouvait se traduire en ces quelques mots : « Aux plus

déshérités, le plus d'amour. Le Pdil Bourgiagon du 24 mars

donne ensuite un compte rendu tre< intéressant de celle fête qui

a fort bien réussi. Et il conclut ainsi :

« En terminant, nous avons le devoir d'adresser encore une fois

l'expression de toutes nos sympathies au dévoué directeur de

l'Institut des sourds-muets et jeunes aveugles, 51. Boyer, qui,

avec un zèle infatigable, s'efforce de rendre la vie douce à ses

intéressants pensionnaires, à seule fin de les encourager à se la

rendre plus tard utile à eux-mêmes.»

Tout ce qui a trait aux enfants anormaux nous parait *de na-

turne à intéresser nos lecteurs, c'est pourquoi nous signalons la

fêle de Dijon. --

FAITS DIVERS

Asiles d'aliénés. - .1[0 wements de février et de mars 1 ! JO'J.

51. le 1), JIIUf'.ITIi, à à l'asile de la Charité ( : 'iiè-

v re), promu à la '2< classe du cadre. - 51. le 1)1' GAcRs, médecin

adjoint à la colonie familliale de Dun-sur-Auron, promu à la 1'e

classe du cadre. 51. le 1),lloi)iFr, médecin adjoint à 51on(de-

vergnes(Vaucluse), promu à la classe exceptionnelle du cadre.

.NI. le 1), BONNET, médecin en chef à la colonie familliale d'Ainay-

le-Cltz*tLeau-en-Ciiei- (Cher), est promu à la 1 r. classe du cadre.

Concours POUR l'emploi de médecin-adjoint des asiles pu-

BLICS D'....U8N8S,- Le président du conseil ministre de l'intérieur

et des cultes, sur la proposition du conseiller d'Etat directeur de

l'assistance et de l'hygiène publiques, arrête :

Article premier. -Les médecins-adjoints reçus au concours,

qui occuperont effectivement les postes de chef de clinique des

maladies mentales de la Faculté de médecine il Paris, seront con-

sidérés comme exerçant leurs fonctions dans un asile public d'a-

liénés. Le temps du clinicat ne pourra pas dépasser trois ans.

MONUMENT A PINEL. Par l'initiative du Père Gervais, supé-

rieur de l'asile d'aliénés de San Gaudiliu, il va être procédé dans

cet établissement, dit la Revista (reno]Jatica Espanola (mars), à la

construction d'un monument afin de perpétuer la mémoire de

l'illustre aliéniste français. Nous remercions les auteurs de ce

projet qui fait honneur à notre payc.

Hospice de BICHTRE : Maladies mentales et nerveuses des en-

fants. Consultations pour les enfants indigents, la jeudi à 'J 11.

)/ : ? .-Visite complète du service, présentation de malades et de

pièces anatomiques. le samedi, à 9 h. 1/2 très précises..

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

130wevtt.t.a. fixation du nombre des médecins dans les asiles

publics d'aliénés. Rapport fait au Conseil supérieur de l'Assistance

publique. In 41 de ;18 pages, avec de nombreux tableaux.

( : OUIrELI,EION"I' (\'Iclol'). Contribution à l'étude des accidents

nerveux, consécutifs au méllill"ites aiguës simples, 1 \'01. In-8" de

263 pages. Prix 5 fr. Librairie Jules l3uu ? ac(, 1, rue Casiniir-Delavi-

gne.

Le rédacteur-gérant : 130otttwu.t.r : .

I : ICI'111o11L (UISC), - imprimerie 11.11S Il'it'CS.

Vol. 11 ? Juin 1305 No 114

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

CLINIQUE MENTALE

Le réflexe lumineux dans la paralysie généràTÎ,

Par le \)' E. 1.\1t\. : \))(). : \ lIE I(). : \TYEL

Médecin en chef de \'iIlL'-E\'1'nrd,

]\ous avons publié eu mars 1902 dans la Galette des

hôpitaux les constatations relatives au réllcxe lumineux

que nous avions opérées sur 30 paralytiques généraux

d'après une méthode différente de celle qu'avaient uti-

lisée jusqu'alors les observateurs assez nombreux qui.en

France et à l'Etranger, s'étaient occupés de la question.

Tous, en effet, avaient suivi Musch qui le premier étudia

les réflexes dans la paralysie générale mais qui se borna

;i examiner une 'seule l'ois les sujets, à une période quel-

conque de la maladie.

Il nous a semblé qu'un tel procédé ne pouvait donner

que des résultats erronés et qu'il était indispensable d'a-

voir la patience et le soin de suivre les mêmes malades

depuis leur entrée à la première période de l'affection jus-

qu'à sa terminaison par la mort. Ainsi nous procédâmes

et sur 30 paralytiques nous avons examiné les réflexes

irions du début à la fin de la périencéphalite chronique,

réalisant 750 constatations sur lesquelles nous basâmes

notre travail.

Ces constatations indiquaient sans doute dans quelles

proportions on rencontrait le lumineux altéré, mais elles

ne fournissaient aucun renseignement sur le nombre de

paralytiques atteints et épargnés. Nous avions suivi de

si près nos malades et ces recherches nous avaient de-

mandé tant de temps que nous ne disposions que de 30 su-

Arciiives, 2' .i·ir, 100,i, I. XIX. 2 d'

41.8 CLINIQUE MENTALE

jets, nombre insuffisant pour permettre, surtout aux di-

verses périodes du mal,une statistique de quelque valeur.

Afin de combler cette lacune, nous avons continué nos

recherches en espaçant davantage nos investigations, car

il.mous a semblé qu'il était inutile de rechercher l'état du

réflexe quand aucune modification ne se reproduisait ni au

physique ni au psychique. En procédant de cette façon

nous avons réussi à suivre 140 paralytiques dont malheu-

reusement 50 ont succombé au cours de la première pé-

riode, 36 de la seconde, de telle sorte que seuls 54 ont

parcouru les trois phases, succombant au marasme pa-

ralytique. Sans doute, ce ne sont pas là les centaines que

fournit la méthode de lluscli mais nous pensons que nos

140 paralytiques suivis jusqu'à leur décès ont peut-être

plus de valeur que tous les autres.Ce qui contribue à nous

confirmer dans cette pensée, c'est que la longue et minu-

tieuse méthode que nous avons adoptée ne nous permet

pas seulement d'établir, comme l'ancienne, la proportion

des normalités, des anormalités et des diverses espèces

d'altérations, mais encore, constatation qui n'a jamais

été faite, puisque personne jusqu'ici n'a eu la constance

de suivre les malades d'un bout à l'autre de leur maladie,

mais encore d'indiquer combien parmi eux conservent le

réflexe toujours normal et combien toujours anormal. de

l'éclosion de la paralysie générale à la mort,et aussi chez

combien il y a alternative des deux états. Et quand l'al-

ternative n'atteint qu'un oeil,notre méthode nous permet

encore de savoir si le trouble unilatéral fut persistant ou

s'il n'a eu qu'une certaine durée.

De même. si nous envisageons les diverses espèces d'al-

térations. nous voyons que par notre méthode nous ap-

prenons si une seule d'entre elles s'est manifestée ou si

chez le même paralytique, plusieurs se sont succédé.

Toutes ces particularités fort intéressantes n'ont jamais

été publiées, par suite des défectuosités de la méthode de

recherches adoptée.Les tableaux de ce mémoire sont donc

les premiers qni paraissent. Les voici :

Le total de nos 140malades, par conséquent de ceux qui

ont succombé au cours de l'affection, comme de ceux qui

l'ont parcourue tout entière est quant, à la normalité et

à l'anormalité du réflexe :

le réflexe lumineux dans I.1 paralysie générale, 1L)

420 CLI ? IQl E 11 ? l.\LE

.Mais parmi les 110 paralytiques ily en a un certain nom-

lire qui n'eurent yu'unçuil anormal et quelques autres qui

fnrettt aitcints 7'unormalitcs clilt·érentes aux deux yeux.

11 convient donc d'en faire un groupe séparé :

LE 1t11LI : \1 : LUMINEUX DANS LA PARALYSIE GENERALE. 421

probants en relevant les seules données fournies par les

54 paralytiques qui ont été observés jusqu'à leur mort

dans le marasme paralytique, à la phase ultime, car ces

résultats seront complets, puisqu'ils embrasseront, pour

les mêmes malades, toute la durée compli-ll' (1(' l'affection.

Les voici :

422 crl ? 1 QI-le - l I.-N 1.

LI : RÉI'LEXl LUII ? I';UX 1H ? L\ P\lUL\'ll : GJ' : NI : ¡ULI;, 423

Comme on voit, l'écart proportionnel est insignifiant

entre l'affaiblissement et l'abolition, de 2.84 %. En sui-

vant donc de près tout le temps les paralytiques, on re-

lève, peut-on dire, en fréquence égale, les deux altéra-

tions en moins. Or nos recherches minutieuses et pro-

longées nous ont révélé deux faits qui expliquent cette

constatation,

Tout d'abord, de ce que nous avons observé, j'ai tout

lieu de ne pas croire il l'abolition d'emblée des réflexes

iriens dans la paralysie générale. J'estime qu'elle est tou-

jours précédée d'un affaiblissement dont la durée est plus

ou moins longue, mais qui ne manque jamais. De la, la

fréquence excessive constatée plus haut de la présence

des deux et de la rareté comparative, soit de l'affaiblis-

sement seul, soit de l'abolition seule. Sans doute. pour en

arriver une certitude absolue, il faudrait avoir la pa-

tience et le loisir d'examiner le réflexe tous les jours et

même plutôt deux fois qu'une par jour. Je crois qu'en

procédant ainsi on constaterait que dans tous les cas l'a-

bolition ne s'établit jamais tout d'un coup, niais qu'elle

est toujours précédée d'une période plus ou moins lon-

gue ou plus ou moins courte de parésie.Ce qui m'autorise

à écrire cela. c'est que nous avons, pour nous éclairer.

suivi journellement quelques paralytiques et nous avons

vérifié le fait.S'il en est ainsi, il est évident qu'en suivant

de très près les malades, on doit relever autant d'affai-

blissement que d'abolition.

Un second point sur lequel je serai encore plus affir-

matif est que, dans la presque totalité des cas, la durée de

cet affaiblissement précurseur de l'abolition est d'autant

plus courte que la paralysie générale est plus avancée.

Il nous est arrivé à la phase ultime de trouver affaibli le

matin le lumineux qui la veille était normal et aboli le

lendemain ; l'affaiblissement précurseur n'avait donc

même pas duré vingt-quatre heures ; tandis qu'à la

deuxième et surtout à la première, il persiste plusieurs

jours et parfois plusieurs semaines. Si par conséquent on

examine d'autant plus souvent le malade qu'il est à une

période plus avancée, ce que nous avons fait, l'affaiblis-

sement précurseur n'échappera pas ou échappera rare-

ment et on obtiendra comme nous, à peu de chose près,

i'24 i 1 CLINIQUE MENTALE.

l'égalité de fréquence des deux altérations en moins.

Cette diminution progressive de la parésie précursive est

.bien la preuve que le lumineux est d'autant plus pro-

fondément altéré et, tend d'autant plus à l'inertie totale

que la périencéphalite chronique progresse.

-Nous savons que chez 21 de nos 14') paralytiques, un

seul oeil fut altéré et chez 3 les deux yeux eurent des al-

térations différentes. Quelles furent celles-ci dans ces 24

cas ? .

LE RI : I·'f.f;C; LUMINEUX DANS L1 PARALYSIE GÉNÉRALE. 425

coude que 90, et 5t à la troisième. C'est par conséquent

d'après ces nombres que sont établies les proportions

dans les tableaux qui suivent : >

4'2<J CLl1<IQI'I'; 1l : : O; I.\U : .

mais il l'intermédiaire, l'écart n'était pas considérable,

de 3.8 % ; cela tenait à un hasard et est la preuve des

erreurs auxquelles expose toute autre méthode que celle

de ce travail, car il y a trois ans nous n'avions pas mé-

nagé nos recherches puisque le nombre de nos constata-

tions, avons-nous dit plus haut, fut de 750. Il n'est pas

douteux, en effet, d'après les recherches que nous pu-

blions aujourd'hui, que le lumineux est beaucoup plus

souvent anormal à la dernière période qu'aux deux au-

tres. En effet, à la seconde période, l'anormalité cons-

tante r emporte sur celle de la première de 9.50 % et à la

troisième elle est supérieure il celle de l'intermédiaire

dans l'énorme proportion de 50.69 % . En second lieu,

nos constatations de 1902 établissaient sans doute que

l'irien il la lumière avait été trouvé anormal dans une

forte proportion dès la première période, mais que tou-

jours. l'état normal à cette phase initiale l'emportait sur

l'état anormal en fréquence tandis qu'aux deux autres le

contraire avait été vu. Dans le présent tableau, l'anor-

malité prédomine à toutes les phases. Cette différence

tient à ce que nos constatations n'ont pas porté seule-

ment sur la normalité constante, mais aussi sur celle très

fréquente, plus fréquente que celle-ci et assez longue à

ce moment intercalée entre deux anormalités d'une durée

plus courte. En réalité, ainsi que le montre notre tableau,

tandis que la normalité constante va en diminuant d'une

période à l'autre, l'anormalité constante au contraire va

en augmentant. Quant aux 21 cas d'anormalité unilaté-

rale et aux 3 cas d'anormalité différente aux deux yeux,

ils se répartissent comme il suit aux trois périodes :

LE RÉILEXE LUMINEUX DANS LI l' : 1R1L1'S11 : GÉNÉRALE. -1 : 27

vaut les malades comme nous l'avons l'ait, nous avons

constaté que 3 des 13 constantes durant toute la première

période avaient persisté durant un certain temps après

que les paralytiques fassent passés ala seconde ; par con-

séquent 3 anormalités unilatérales figurent aux deux

phases : constantes à l'initiale et momentanées à l'inter-

médiaire. Un second fait intéressant qu'établit le tableau T

c'est que les anormalités unilatérales diminuent en nom-

bre et en persistance avec les progrès du mal. En effet,

il y en a 15 à la première période, seulement 9 la .se-

conde et pas une seule à la troisième : en outre, tandis

que 13. par conséquent la presque totalité des anormali-

lés unilatérales de la phase initiale, ont été constantes.

toutes les 9 de la phase intermédiaire n'ont été que mo-

mentanées. Enfin c'est seulement à la seconde période

que nous avons rencontré l'anormalité différente aux

deux yeux. On voit combien sont intéressants et inédits

les faits que fournit notre méthode. Quant aux diverses

espèces d'altérations aux trois périodes les voici :

4=28 CLINIQUE MENTALE.

La succession durant les périodes des deux altérations

en moins ne présente pas de différence bien marquée, on

peut dire que cette alternative aux trois phases fut la

même. Le fait se constate également pour l'affaiblisse-

ment comme seul trouble et c'est ce résultat qui diffère

de celui fourni par nos constatations de 1902 qui avaient

fourni une minorité considérable à la dernière période.

L'explication de cette différence est celle que nous avons

déjà donnée plus haut à propos de notre tableau géné-

ral, il savoir la très courte durée, il la phase ultime, de

l'affaiblissement précurseur de l'abolition, courte durée

qui ne permet pas de le constater beaucoup de l'ois.

Dans ces conditions, forcément, un tableau d'après le

nombre des constatations doit en donner d'autant moins

que la paralysie générale est plus avancée.

Enfin, ce tableau confirme l'erreur que nous avons

déjà signalée et qui a été reproduite tout dernièrement

par M. Dupré dans l'excellent chapitre très complet qu'il

a écrit pour le récent Traité de pathologie mentale de

)1. Gilbert Ballet. 11 n'est pas vrai qu'à la phase ultime

le lumineux soit toujours aboli. Sans doute, c'est danh la

grande majorité des cas qu'il l'est et cette majorité appa-

raîtra encore mieux un peu plus bas dans un autre ta-

bleau ; il en résulte que si on ne cherche le réflexe qu'une

fois, on a toutes les chances de le trouver aboli. j\lais je

puis assurer à tous ceux qui voudront bien avoir la pa-

tience d'appliquer notre méthode et de suivre les paraly-

tiques de l'éclosion à la terminaison de leur affection que.

loin de rencontrer le lumineux toujours aboli, ils le trou-

veront non seulement affaibli momentanément, mais en-

core durant toute la période, sans jamais d'abolition ;

bien plus, ils le trouveront également assez souvent nor-

mal durant un certain temps et, qui plus est, normal tou-

jours par exception chez un tout petit nombre. En réa-

lité, l'exagération seule manque a la phase ultime ; quand

le réflexe est altéré, ce qui est le cas presque constant,

comme a la phase intermédiaire d'ailleurs, il l'est tou-

jours en moins, jamais en plus.

Les rapports des diverses espèces d'altérations ressor-

tiront davantage en faisant leur somme totale il chaque

période, des constantes et des momentanées.

LI : 1(1'1,1.1- : \1 : 1.1 UIvJ L.1 l'IIULYII : 429

430 CLINIQUE MENTALE. -

lysie générale, ceux-ci n'exerceraient pas d'influence

bien notable sur le degré d'intensité de l'altération. En

effet, les écarts proportionnels que nous avons soit pour

l'affaiblissement soit pour l'abolition sont insignifiants

ci sans aucune signification. Le fait intéressant il relever

est qu'il résulte de nos tableaux qu'à la phase ultime, les

altérations sont toujours en moins et identiques aux

deux yeux.

Les résultats que nous avons obtenus en suivant de

près nos 140 paralytiques depuis 1'éclosion. de la paraly-

sie générale jusqu'à sa terminaison par la mort se résu-

sument dans les conclusions suivantes :

1. En embrassant tous les cas, ceux à évolution com-

plète et ceux il évolution incomplète, nous avons trouvé

que l'anormalité l'emporte sur la normalité dans les trois

quarts d'entre eux, mais que celle-ci constante, c'est-à-

dire persistant sans discontinuer durant toute la mala-

die, est un peu plus fréquente que celle-là; toutefois le

fait de beaucoup le plus nombreux fut l'alternative, l'al-

ternance des deux états. Puis dans l'immense majorité

des cas les deux yeux sont anormaux ; l'anormalité uni-

latérale non seulement est rare mais encore, plus de

deux l'ois, près de trois fois plus souvent momentanée

que constante. Enfin plus rarement encore, exception-

nellement, les anormalités sont différentes aux deux

yeux ; et elles ne furent toujours que momentanées,

jamais nous ne les vîmes persister.

IL En considérant les seuls paralytiques il évolution 1

complète, ceux qui sont morts il la troisième période

dans le marasme ultime, tous les résultats précédents

sont confirmés, maison plus un fait important est établi;

il n'y a pas un seul d'entre eux qui ait présenté une nor-

malité constante du début à la terminaison de l'affection;

par conséquent on est autorisé il poser en loi que l'anor-

malité existe toujours il un moment ou il un autre de l'é-

volution complète de la paralysie générale.

111. En embrassant comme dans la première conclu-

sion tous les cas. l'altération en plus, ou exagération, est

exceptionnelle, puisque les deux altérations en moins,

affaiblissement et abolition, sont 18 fois plus fréquentes.

LE R1 : 1 Lt : \f : LUMINEUX DANS L1 PARALYSIE GI ? ¡]It ILJ ? 1 : \1

lui outre, jamais l'exagération ne fut observée comme

seul trouble au cours de l'affection, sa durée a toujours

été passagère; elle fut toujours précédée ou suivie par

l'affaiblissement, et deux fois plus souvent par les deux

troubles en moins. Les deux degrés de l'altération en

moins ont été en fréquence il peu près égale. Ce qui

explique cette égalité, c'est que l'abolition, ne s'établit

jamais d'emblée, elle est toujours précédée' d'un affai-

blissement dont la durée est d'autant plus courte que la

paralysie générale est il une période plus avancée. Les

alternatives d'affaiblissement et d'abolition par la rai-

son que je viens de donner, sont d'une fréquence exces-

sive, double de la somme des deux altérations en moins

comme seuls troubles. Quant à celles unilatérales, ce

n'est jamais l'exagération, mais aussi souvent l'affaiblis-

sement que l'abolition. Ce sont ces deux que nous avon,

constatées également dans nos 3 cas à lésions différen-

tes, jamais nous n'avons rencontré l'altération en plus

à un oeil, et l'altération en moins il l'autre.

Je. L'anormalité constante augmente de la première il

la seconde période, et de celle-ci à la troisième. La nor-

malité constante diminue au contraire avec les progrès

du mal ; toutefois nous l'avons exceptionnellement cons-

tatée à la phase ultime, contrairement à l'opinion gêné-

talc. L'anormalité est très précoce, car déjà clic existe

dans plus de la moitié des cas il la phase initiale. Les

alternatives des deux états sont d'une fréquence égale

aux deux premières périodes, mais trois fois plus rares

à la dernière où l'anormalité constante est le fait domi-

nant. Les anormalités unilatérales delà phase initiale

persistent parfois il l'intermédiaire, néanmoins elles di-

minuent en fréquence et en persistance avec les progrès

de la paralysie générale pour disparaître complètement

à la troisième période. Seulement, à la seconde, nous

avons vu des anormalités différentes aux deux yeux.

V. L'exagération ne s'est produite qu'à la première pé-

riode et a été deux fois plus souvent l'unique trouble qu'as-

sociée à l'affaiblissement. Les affaiblissements elles alter-

natives des deux altérations en moins ont été de fré-

quence à peu de chose près égale aux trois phases ; l'a-

bolition constante, au contraire, a été en augmentant

432 CHIRURGIE DES ALIENES.

dans une forte proportion avec les progrès de la para-

lysie générale qui n'ont exercé aucune influence sur l'in-

tcnsitc des altérations unilatérales. Enfin un dernier l'ail

intéressant à signaler : Il n'est pas vrai que l'abolition

soit constante dans tous les cas à la phase ultime. La

vérité est que. seule, l'exagération manque et qu'on y

rencontre les deux altérations en moins, mais toujours

identiques aux deux yeux, et même la normalité, et qui

plus est. il litre exceptionnel, la normalité constante

durant toute la période. '

CHIRURGIE DES ALIENES

Des corps étrangers de l'oesophage

chez les aliénés ;

1 ? · n· m m;m.·r a· rooa·rmll ?

li·rli·uin- : nljninl à i l'iinlr de Baill"111. "

Les corps étrangers des diverses cavités dol'organisme

sont fréquents chez les aliénés. Les troubles de l'intelli-

gence s'ajoutant aux vices naturels de certains malades

concourent il rendre cetle éventualité fréquente. En

particulier, ces malades ont une grande tendance, soit

par aberration mentale, soit dans un but de suicide, 11

avaler toutes sortes d objets, et le musée du pavillon de

chirurgie contient une série intéressante de corps étran-

gers les plus divers. L'oesophage se présente comme la

première étape qu'auront il franchir ces corps étrangers ;

parfois ils vont plus loin. 111. l'icqué a publié oc volume,

p. 100) un cas de perforation de l'estomac par une aiguille.

Au musée, existe une collection de cailloux, recueillis par

MAL Yigouroux et Charpentier dans 1 intestin d'un

malade. A la vérité, ils s'arrêtent souvent dans l'oeso-

page ; c'est spécialement les corps étrangers de l'oeso-

phage que nous avons en vue dans cette courte étude. Un

fait à noter, c'est que la pénétration des corps étrangers

CORPS ÉTRANGERS DE L'OESOPHAGE CHEZ LES ALIENES. 433

dans ce conduit ne relève pas toujours directement des

troubles de l'intelligence.

On peut ce point de vue distinguer deux catégories

de malades donnant lieu chacune à des considérations

cliniques et thérapeutiques particulières : D'une part, on

peut ranger les malades qui avalent des. corps étrangers

sous l'influence directe de leur état mental (délire, hal-

lucinations, folie morale, affaiblissement intellectuel,

excitation cérébrale, etc.). D'autre part se placent les

malades qui comme les sujets normaux avalent acciden-

tellement des corps étrangers. Nous verrons tout à

l'heure quelle différence existe entre les deux groupes

au point de vue de la mentalité. -

Chcz les malades de la première catégorie, l'éventua-

lité de pénétration d'un corps étranger est difficile il

prévoir. Ne connaît-on pas, d'une façon générale, la sou-

daineté d'apparition et la longue persistance dés idées

de suicide chez certains malades ? Dans le cas particu-

lier, malgré une surveillance bien exercée, n'est-il pas

encore plus difficile d'en empêcher la réalisation ? Si on

peut supprimer dans un service tout lien, tout objet

capable de servir comme arme,il est presque impossible,

à moins de réduire le malade il une contrainte absolue,

de ne laisser il sa disposition aucun objet susceptible

d'être avalé. Aussi est-il à peine besoin de rappeler

l'extrême variété de corps étrangers introduits dans de

pareilles conditions. Leur nombre est également par-

fois très élevé. Un maniaque dont parle Hévin avalait des

clous, des morceaux de bois, des cailloux, des lames de

couteau qu'il brisait cntre les dents ; ce malade succomba

et à l'autopsie on trouva dans l'aine droite, au niveau de

l'origine du côlon, une collection de pus avec un frag-

mcnt de lame de couteau. M. Marie vient de publier à la

Société de médecine le cas curieux d un malade qui avala

des aiguilles qu'on retrouva à l'autopsie fixées dans l'ar-

ticulation coxo-fémorale. Il est à noter cependant la

bénignité relative de certains corps étrangers qui au

prcmicr abord paraissent très dangereux. Le cas de

M. Marie en est une preuve. Une malade observée à

l'asile de Vauclusc avala au cours d'une période de mé-

lancolie anxieuse et à l'insu du personnel une de ces lon-

Archives, 2° série, 1905, t. XIX 28

434 CHIRURGIE DES ALIÉNÉS.

gucs épingles -il ficliu terminée par une extrémité volu-

mineuse. Cette tige engagée au niveau de l'orifice pha- ,

ryngien pénétra d'arrière en avant dans les parties mol-

les du cou, la tête de l'épingle demeurant retenue dans la

lumière de l'oesophage. La gêne occasionnée par la pré-

sence de ce corps étranger détermina la malade a exer-

cer à travers les parties molles des manoeuvres d'arra-

chement qui amenèrent la rupture de l'épingle près de

son extrémité renflée. Celle-ci retomba dans l'cesollllage

et fut sans doute éliminée la première parmi les selles

où elle passa inaperçue. Quant -il l'extrémité effilée, elle

vint faire saillie au-dessous du cartilage thyroïde et une

petite incision pratiquée en cet endroit nous permit d'ex-

traire le fragment long de 5 centimètres ? On voit d'au-

tre part des pièces de monnaie traverser parfois tout le

tube digestif alors que dans d'autres occasions elles déter-

minent des ulcérations suivies de perforation de l'oeso-

pliage. Dernièrement, un malade de l'asile de Villejuif

avalait dans l'après-midi du dimanche une pièce de 10

centimes qu'il rendit en allant -il la selle le mardi sui-

vant sans en avoir été incommodé. Le même malade,

hanté depuis longtemps et d'une façon quasi-permanente

par des idées de suicide, raconte avoir avalé auparavant

une pièce de 1 franc et une autre pièce de 10 centimes

qui ont été vraisemblablement éliminées de la même

façon. -

Si l'on a vu se produire dans certains cas, l'expulsion

spontanée de corps étrangers arrêtés dans fa;sohhage,

il n'est pas douteux néanmoins que le séjour de ces

corps étrangers expose le malade a de graves acci-

dents. De nombreuses observations de cas mortels

s'opposent à un petit nombre de faits heureux. Cepen-

dant. depuis quelques années, grâce à la pratique de

fasopliagotomie, le danger a beaucoup diminué, l'ex-

traction étant devenue applicable à tous les cas.

D'autre part, grâce aux moyens d'exploration dont

on dispose aujourd'hui,à la radioscopie en particulier, le

diagnostic de la nature et du siège des corps étrangers

dans feesohliage est devenu très facile. Ces résultats mé-

ritent d'attirer l'attention des médecins aliénistes. Les

deux observations suivantes, empruntées à lu pratique

CORPS ÉTRANGERS DE 1/OESOPHAGE CHEZ LES ALIÉNÉS. 435

de notre maître le Dr Picqué,concernent des malades des

asiles : elles montrent il la fois l'excellent résultat obtenu

par une intervention précoce et l'utilité de recourir pour

le diagnostic il l'examen radioscopiquo, l'examen direct

par la palpation et il l'aide de sondes pouvant donner des

résultats erronés.

Observation 1. M1"" G..., âgée de quarante-deux ans,

est placée il l'asile Sainte-Anne pour dégénérescence mentale av ce

hallucinations, idées mélancoliques et de persécution, tendance

au suicide par intervalle. Cette malade raconte,un matin, qu'elle

a avalé par mégardo son dentier, mais l'entourage de la.malade

est sceptique sur la réalité de cet accident qui ne se traduit par

aucun trouble objectif. Cependant, le jour même, 31me G..., est

ewoyceau pavillon de chirurgie, dans le service de M. le D1' Pic-

que, où elle fut examinée par le Dr Toubert. Cette malade est

tout il fait calme, nullement angoissée, sans troubles respiratoi-

res ; elle déglutit facilement sa salive, accusant simplement une

douleur qu'elle localise aulomde l'os hyoïde. La palpation aLten-

tive et minutieuse du cou, ne donne ni à droite ni à gauche, la

sensation d'un corps étranger inclus dans l'msophae : il est vrai-

que le cou de la malade est assez court ; le corps thyroïde assez

volumineux et que les, veines sont turgescentes (1).

Sans s'attarder à l'exploration par les voies naturelles, M. Pic-

qué, niellant à profit, l'installation radiographique du pavillon de

chirurgie, fait procéder à l'examen extcmporanë aux rayons

Huntgcn par lI. Dagonol. La radioscopie montre avec une netteté

remarquable le dentier 'placé verticalement, sa convexité regar.

dant a droite, son bord inférieur effleurant la fourchette slernale

ll.1'rullcrL intervient immédiatement sous chloroforme, et après

avoir incisé l'oesophage sur son bord gauche, repéré par la saillie

du corps étranger, essaye de l'extraire avec une pince, mais le

dentier ne sort pas. Il est fixé dans la muqueuse par un crochet

pointu qui forme hameçon par sa concavité dirigée en haut. Un

déhridument de la muqueuse le long de ce crochet, permet la li-

héralion et l'extraction du dentier. Une sonde est introduite dans

le bout inférieur de l'oesophage aux parois duquel elle est fixée

parun crin. L'incision cutanée est réduite par un point de suture

il chaque bout. La sonde est retirée au bout de quelques heures et

l'alimentation n'a pas tardé il se faire complètement parles voies

naturelles. Les suites opératoires sont normales, sans élévation de

j température. '

(1) Celte observation a élé communiquée par M. Touberl il la

Société de ebirurgie (séance du 15 décembre 1903).

436 CHIRURGIE DES ALIENES.

Observation Il. - B..., Joséphine, placée à l'asile Ville-

Evrard, est atteinte de délire mélancolique avec haltucmations

multiples ; elle présente, en" outre, divers symptômes qui font

craindre la paralysie générale. Un jour, celte malade Lente de se

suicider en avalant un caillou assez volumineux et anguleux.

Comme le corps étranger a de la difficulté il franchir le pharynx,

elle le pousse plus avant à l'aide des doigts. Desvomissementssont

les seuls phénomènes occasionnés par sa présence et c'est seule-

ment au bout de six à sept heures que la malade songe à avertir

le personnel de la cause de ses vomissements. Des tentatives

d'extraction et de refoulement sont faites aussitôt, mais sans ame-

ner de résultat. Le lendemain, la malade est amenée au pavillon

de chirurgie où elle est examinée par M. le 1) Picqué qui a

recours au chloroforme, l'examen sur la malade éveillée étant

impossible. Néanmoins, lapalpalionUu cou est négative. La sonde

rigide s'enfonce il 21 centimètres de sorte que M. Picqué estime

que le corps étranger est éloigné de la portion Lhoracique. 3t. Pic-

qué se décide à pratiquer la gastrotomie. Au troisième jour, la

malade rend une pierre dans un effort de toux. Les suites opéra-

toires sont très simples.

La conclusion il tirer de ces faits et d'autres cas ana-

logues publiés par divers auteurs est la suivante : lors-

qu'on est mis au courant delà pénétration d'un corps

étranger dans l'oesophage, quelle que soit l'intensité des

symptômes fonctionnels, il faut s'assurer aussitôt de la

présenceet du siège du corps étranger. Pour cela, le pro-

cédé de choix est évidemment la radioscopie qui donne

tout de suite des renseignements précis sur la nature, le

volume et la position du corps étranger. La palpation

du cou ne permet d'explorer qu'une partie de l'oesophage

et même pour cette région les renseignements qu'elle '

donne sont nuls ou manquent de précision. Il en est de

même de l'exploration avec la sonde qui peut glisser soit

en avant, soit en arrière du corps étranger et faire croire,

comme nous l'avons vu dans l'une de nos observations,

que le corps étranger est descendu dans l'estomac. Quant

à l'extraction du corps étranger, elle doit être tentée

par les voies naturelles lorsque celui-ci n'a pas pénétré

profondément dans l'oesophage et qu'il est facilement

saisissable. On ne s'attardera pas cependant il ces ma-

noeuvres souvent inefficaces et parfois dangereuses à

cause des aspérités du corps étranger qui peuvent dans

une tentative d'extraction amener des déchirures de la

CORPS ÉTRANGERS DE L'OESOPHAGE CHEZ LES ALIENES. 437

muqueuse. M. Sébileau vient de rapporter il la Société de

chirurgie (séance du li septembre 1904) le récit d'une tenta-

tive malheureuse d'extraction par le panier de dcGracfe.

Si on éprouve de la difficl11é,on n'hésitera pas de recourir

id' oesophagotomic quia 11éjà donné de brillants résultats.

C'est ainsi que la pratique chirurgicale devient indispen-

sable dans les asiles d'aliénés (1).

La deuxième catégorie de malades dont nous avons

à nous occuper intéresse plus directement le méde-

cin aliéniste. Ici, l'accident survient dans des condi-

tions bien déterminées et chez, des malades spéciaux.

Quelquefois il s'agit d'un objet quelconque que le malade

maintient dans la bouche et qu'il avale par inadvertance.

L'accident peut également se produire pendant le som-

meil ; c'est une pièce de prothèse dentaire qui se détache

et glisse dans l'oesophage. Duncan rapporte une obser-

vation de ce genre : le malade, qui avait avalé pendant la

nuit des dents artificielles, mourut quelques jours après

d'une hématémèse foudroyante causée par ime perfora-

tion de l'oesophage conduisant dans l'aorte.

Mais le plus souvent c'est à l'occasion de l'alimentation

que le corps étranger s'engage dans l'oesophage. Nevot,

traitant des corps étrangers de ce conduit, sans se préoc-

cuper des aliénés, signale que l'alimentation est l'occasion

la plus fréquente de pénétration et que le plus souvent (23

fois sur 35 cas de l'auteur) il s'agit de fragments d'os ou

d'arêtes. Les soldats, ajoute l'auteur, y sont plus expo-

sés parce qu'ils prennent leur nourriture à la hâte et

mangent gloutonnement. Les mêmes constatations se

vérifient chez les aliénés. Ce sont les malades dont l'ali-

mentation est défectueuse qui sont le plus exposés à cet

accident. Parmi ces malades figurent les épileptiques,les

déments et les idiots.

L'aliéné paralytique, a-t-on dit, ne sait pas manger. 11

prend ses aliments avec voracité, les mâche incomplète-

ment et avale des bols volumineux. Aussi voit-on chez ce

dernier des croûtes de pain, des morceaux de chair, de

(1) Une discussion très intéressante vient d'avoir lieu à la So-

cièl" tic phil.t1 ! 'gie ? Iali\'rmrlll Ù l'l'xll'action d,'s pii'('L's de 111011-

naie arrêtées dnn' ! ]'oesf))))ge.

438 CHIRURGIE DES ALIÉNÉS.

fruit ou de gâteau faire l'office de véritables corps étran-

gers. Il n'est pas rare non plus de voir se produire une.

fausse route du hol alimentaire, ce qui est d'autant plus

facile à réaliser qu'il existe .chez les paralytiques généraux

une sorte d'ataxie des muscles du pharynx. A plus forte

raison, s'il se trouve mêlé aux aliments quelques frag-

ments d'os,toutes les conditions se trouvent réunies pour

déterminer l'arrêt et la fixation du corps étranger. Les

mêmes remarques s'appliquent aux idiots et aux déments

épileptiques. Les uns et les autres mastiquent mal et

avalent gloutonnement. Parmi les épileptiques non dé-

ments, ceux qui ont l'habitude de conserver des corps

étrangers dans la bouche peuvent également les ayalor

au moment d'une crise. D'ailleurs, il existe chez les épi-,

leptiques, presque à l'état permanent, un état spasmodi-

que des muscles de la bouche et du pharynx qui facilite

la pénétration des corps étrangers. ,

Comme il s'agit le plus souvent de corps étrangers ali-

mentaires, c'est-à-dire de volume en général restreint, il

ne faudrait pas croire que ces derniers offrent moins de

danger que les corps plus gros avalés par les malades de .

la première catégorie. Sans doute des corps étrangers de

petit et même de moyen volume arrivent il franchir rapi-

dement l'orifice supérieur de l'oesophage sous la poussée

des muscles pharyngiens qui se contractent au moment

de la déglutition. Ce rétrécissement dépassé, la progres-

sion devient plus lente dans l'oesohllagc et tel fragment

d'os se fixe souvent non parce qu'il se trouve à l'étroit

dans la lumière du conduit, mais parce qu'il présente des

pointes et des aspérités par lesquelles il s'accroche à la

muqueuse. Le rétrécissement oesophagien correspondant

au croisement de l'aorte et celui qui siège au niveau du

cardia deviennent de nouveaux points d'arrêt pour les

corps étrangers. Ceux-ci s'implantant dans la paroi oeso-

phagienne par leur extrémité effilée et pointue peuvent

rester fixés en cet endroit sans gêner en aucune façon

le passage du bol alimentaire. La fixation du corps étran-

ger peut avoir comme grave conséquence l'ulcération de

la paroi et la perforation des gros vaisseaux avec les-

quels l'oesophage se trouve en rapport. Sur 35 cas de

perforation rapportés par Novot, 29 fois il s'agissait de

CORPS ETRANGERS DE L'OESOPHAGE CHEZ LES ALIÉNÉS. 430

corps étrangers fixes dans la portion thoracique et 19

fois la perforation a porté sur l'aorte. L'auteur insiste

Sur ce fait que la perforation est surtout produite par

des corps petits et aigus, le danger de ces derniers con-

sistant moins, dit-il, dans leur volume que dans leur

forme effilée et tranchante. La perforation vasculaire se

produit ordinairement au bout de six à sept jours et se

traduit soit par une hématémèse foudroyante, soit par des

hématémèses intermittentes plus difficiles il expliquer.

C'est à un accident (le ce genre que succomba l'un des ma-

lades dont M. Bourncvillca rapporté l'observation dans

le Progrès médical du 29 juin 1 ',)0 1. Ce malade, atteint d'i-

diotie complète, mourut en moins de quarante-huit heu-

res après avoir présenté plusieurs hématémèses abondan-

tes. L'autopsie révéla la présence d'une esquille osseuse

qui avait déterminé trois perforations de l'oesophage : 1°

l'une siégeant à 3 centimètres 1/2 au-dessus de la bifurca-

tion des bronches ; 2° une deuxième il un centimètre au-

dessous de la précédente et plus il droite ; 3° une troisiè-

me, également au-dessous de la première, mais plus il

gauche et répondant il l'origine de labronchp gauche.

Les corps étrangers alimentaires n'ont pas toujours

un volume aussi restreint et il n'est même pas rare d'en

rencontrer de dimensions plus grandes. Ils ne peuvent

dès lors franchir l'orifice supérieur de l'oesophage et se

trouvent arrêtés par le rétrécissement pharyngien. En

cet endroit leur présence est moins à craindre au point de

vue d'une perforation vasculaire, bien qu'on ait rapporté

des cas d'ouverture des artères carotides et thyroïdien-

nes. La production de suppurations héri-msohhagiennes

constitue le principal danger en pareil cas. Cette compli-

cation ne manque pas d'être fort grave il cause des fusées

purulentes qui peuvent envahir les principaux organes

voisins. Des deux cas publiés par M. ]3ottincN-ille, le pre-

mier concerne un malade dément épilcptiquc qui mourut

dans de semblables conditions. A l'autopsie, on trouva un

os de forme prismatique et triangulaire placé en arrière du

chaton cricoïdien. son grand axe dirigé obliquement. La

présence de cot os avait déterminé la perforation de l'oe-

sophage et la formation d'un abcès intra-pharyngien.

Dans l'un et l'autre cas, chez les malades de M. Bour-

440 CHIRURGIE DES ALIENES. ,

ncvillc,le diagnostic causal des accidents ne put être fait

qu'à l'autopsie. Cette difficulté, dont il faut avoir l'esprit

prévenu, est particulière aux cas dont nous nous occu-

pons. Tout d'abord, nous avons vu que lorsque le corps

étranger est de petit volume, il peut ne' gêner en rien le

passage du bol alimentaire. En raison de son siège au-

dessous du rétrécissement supérieur de l'oesophage, les

grands symptômes dyspnéiques que l'on signale, lorsque

le corps étranger de gros volume obstrue le pharynx,

font défaut. Un autre élément qui rend compte de cette

tolérance vis-a-vis du corps étranger est la diminution de

la sensibilité réflexe du pharynx jointe à la diminution

de la sensibilité générale. Enfin, il cette absence de si-

gnes cliniques s'ajoute, pour augmenter la difficulté du

diagnostic, l'absence de renseignements. Les sujets dé-

ments ou idiots, en raison de leur affaiblissement intel-

lectuel ou de leur difficulté il s'exprimer, se trouvent. le

plus souvent dans l'impossibilité de fournir au médecin

des renseignements précis sur la cause des accidents.

Toutes ces circonstances rendent particulièrement dan-

gereuse la présence de corps étrangers chez les malades

en question et obligent le clinicien à prendre des mesu-

res prophylactiques qui, dans l'espèce, sont de la plus

grande importance. Il y a longtemps déjà que Voisin in-

sistait sur l'utilité de ne donner aux paralytiques géné-

raux que des aliments mous et très divisés.De son côté,

M. Bourneville a adressé des demandes réitérées afin

d'obtenir pour les enfants idiots les plus malades des ali-

ments choisis en raison de leur état de santé. A l'é-

gard de ces divers sujets, un examen très minutieux des

aliments donnés et une surveillance très attentive pen-

dant les repas sontnécessaires.On veillera à ccqueles ma-

lades n'avalent pas de trop grosses bouchées et à ce que

les aliments soient eux-mêmes très divisés et entièrement

débarrassés de toute partie osseuse. La même observa-

tion s'applique aux aliments apportés par les familles,

qui, malgré leur affection, ne font pas toujours preuve

d'un choix judicieux et approprié à l'état des malades.

Bien souvent, les parents ont en outre la fâcheuse habi-

tude de trop faire manger leur malade et, c'est là un des

moindres inconvénients, de leur apporter des aliments

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 441

indigestes. Il convient aussi de ne pas laisser aux sujets

eux-mêmes des pièces de prothèse dentaire, véritables

corps étrangers de la bouche susceptibles de se détacher

il un moment donné et d'être avalés. En définitive, si l'on

songe il la multiplicité d'accidents qui peuvent résulter

d'une 'alimentation défectueuse, on est presque tenté de

dire que le soin de l'alimentation chez les malades dé-

ments doit être une préoccupation de même importance

que la surveillance du gâtisme.

. . Greffe thyroïdienne.

Dans les réflexions dont nous avons fait suivre l'ana-

lyse de la note de MM. Gauthier et Ruminer, présentée

par M.Lannclongué l'Académie de médecine (n° de mai,

p.303),il s'est glissé une faute typographique qu'il impor-

te de rectifier : page 304, ligne 9,1e mot injection doit être

remplacé par le mot ingestion. Au début de nos essais

thérapeutiques, nous avons employé en injections sous-

cutanées (puis en julep)une solution que notre ami le pro-

fesseur Chantemesse avait bien voulu préparer pour

nous. Les résultats avaient été insignifiants. Depuis bien

des années.nous avons recours, dans notre service de Bi-

cètre et à l'Institut médico-pédagogique, à l'ingestion sto-

macale de la glande fraiche du mouton, avec des succès

remarquables, que nous avons consignés dans de nom-

breuses publications, concurremment, en ville, avec les

capsules, les tablettes, les sphéruloïdes, etc., (1). ,

Bourneville.

(1) La plus grande partie de ces travaux ont été reproduits dans

les Comptes-rendus de Ilicètre (lBSO-1906) et, dans la thèse du De

Boulanger, De l'action delà glande thyroïde sur la croissance, 1896.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE

PATHOLOGIQUES l ?

XCIV. Contribution à la connaissance de l'encéphale et,

en particulier, des voies corticom-otrices de la chauve-

souris ;parL. MaRZBACHER et W. SPtnt,MEYnx.Vctf)'0<y.C<';t-

tralblatt, XXII, 1903.) ,.

Le trajet ascendant du faisceau pyramidal de la vesperugo

noctula est celui qu'a décrit Droescker (dnatnm. Anzeiger, XX 111,

1903). Appliqués à la base contre le corps trapézoïde, où les fais-

ceaux se touchent jusque sur la ligne médiane, les trousseaux

montent et, se portant obliquement à travers les libres protube-

rantielles, ils commencent à diverger, de sorte que, sur le bord

antérieur de la protubérance, ils sont séparés par le ganglion

interpédonculaire, d'ailleurs très puissamment développé. Par le

pédoncule cérébral, grêle, ils arrivent dans la circonvolution sig-

]Y0'i(le de l'écorce, en traversant les ganglions de la base, prenant 1,

contact avec les libres du tractus sLrio-thalamique, et se confon-

dant, entre le psalfériumet la commissure antérieure, aveclacou-

ronne rayonnante faiblement développée de l'hémisphère cérébral.

- En ce qui concerne son trajet descendant, la décussafion a lieu

à la hauteur du genou du facial, mais les fibres semblent déjà

épuisées vers le noyau très volumineux de ce nerf, de sorte qu'au

dessous du facial on ne trouve plusrien qui puisse être tenu ppur

le faisceau pyramidal. Sans doute les coupes inférieures du bulbe,

mpnlrent des libres entrecroisées placées en avant, mais il est im-

possible de décider s'il s'agit de libres du faisceau pyramidal.

C'est un entrelacement qui se prolonge de haut en bas, auquel

participent des libres deprovenances diverses; on y trouve jusqu'à

des émanations de la racine spinale du trijumeau : il semble

qu'on ait sous les yeux une sorte de rapllé ou de commissure an-

térieure. Ou bien il n'existe qu'une voie corlico-bullaire, et, en

particulier. cortico-faciale, ou bien il y a, en sus de la voie, cor-

tico-bulbaire, caractérisée par sa position en avant du corps lra-

pexojde, un système de libres cortico-spinal dont la topographie

est peu nette, et qui est mélangé à d'autres systèmes.

P. KERAVAL.

XCV. De l'influence de l'écorce et des portions centra-

les du cerveau sur le coeur et le système vasomoteur

du chien nouveau-né ; par E. E. CrAaTIF.(Obn1"711é psichia-

trii, VIII, 1903.)

Pendant le premier mois de la vie, l'écorce n'agit pas sur le sys-

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 443

lèmecardio-vasculairo; elle n'agi (qu'au commencement du second

mois.'En revanche, l'excitation électrique de la partie externe du

segment antérieur de la circonvolution sigmo'ide et des régions

voisines augmente, chez les chiens de deux semaines, les mouve-

ments respiratoires; c'est donc un centre respiratoire qui se dé-

veloppe dans l'écorce avant les rentres vasomoteurs. A par-

tir du second mois, l'excitation de l'écorce produit sur le système

cardio-asculaire les mêmes effets que chez le chien adulte, mais

ces effets sont plus faibles, et l'excitabilité de l'écorce se limite,

avant l'âge de 3 mois, il la circonvolution sigmoïde seule. Le

pouls dit du nerf vague ne se manifeste que lorsqu'on excite 1'1;-

force des chiens de moins de trois mois; il s'agit, il est vrai, dans

l'espèce, de chiens non curarises. A partir du 3s mois, l'excitation

dp la couche optique et du noyau caudé produit des phénomènes

cardiovasculaires et respiratoires ; les dernières recherches expli-

quent les effets du noyau coudé par la fusée du courant de la cou-

che optique à ce noyau. Quand on excite les tubercules quadriju-

meaux, on obtient, chez les chiens de deux semaines, des modifi-

cations de la respiration et du système cardiovasculaires. Si les

recherches sur les chiens adultes ont prouvé l'existence dans le

tubercule quadri,jumeau postérieur d'un centre de la respiration

et de la phonation, le rôle des tubercules quadrijumeaux dans la

genèse des phénomènes vasomoteurs est assez controversé; il est

très probable que le courant diffuse dans le bulbe (.foukowski,

Invanow),rt excite le centre vasomoteur et inhibitoire du coeur.

Les préparations microscopiques par les méthodes de Nissl et

Weigert montrent chez le chien de deux semaines la pleine diffé-

renciation de couches isolées de cellules; les cellules pyramida-

les sont bien développées. Donc, à cet âge, la couche corticale

delà région sigmoide possède ses éléments, fondamentaux ; par

contre, les libres corticales à myéline y sont en très petit nom-

hrc. A la lin du premier mois, le nombre de libres mylliniques

s'est notablement accru ; dans le courant du second mois, plies

sont plus ou moins complètement développées la région si-

monde ; il en est, à cette époque, de même, des libres myéljniques

de la couche optique dont l'aspect est celui des animaux plus

âgés. Ilary a montré que chez beauconp de chiens l'excitation de

l'écorce provoque des mouvements francs nettement déterminés.

L'excitation de l'écorce se traduirait donc, avant tout, par du

mouvement, puis par des phénomènes respiratoires, enfin, à la

période de développement plus ou moins complet de la région sig-

monde, par des phénomènes cardiovasculaires. Quoique, chez le

chien de deux semaines, la construction de l'écorce de cette ré-

gion soit assez avancée,son excitabilité est encore minime ; celle-

ci augmente proportionnellement au développement des fibres

' myéliniques. Il est donc fort probable que l'excitabilité de 1'1;-

444 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES

' j.

corce dépend surtout du développement des libres correspon-

dantes. , ?

Chez l'enfant, l'écorce se développe principalement dans le

cours des 3 à 4 premiers mois ; il y a lieu de supposer que les ac-

tions psychoréflexcssur le système cardiovasculaire ne s'observent

pas chez lui avant l'àge de 3 mois. 'P. 11ERAVAL.

XCVI. Contribution à la connaissance des mouvements

de l'iris; par L1mIKE, (Centmlblatt. f. 1\Temunhnill,uzcLu,YiVl.

N. F. XIV, 1903. mMfr2à 1 IIiG et \11'll. \. F. XV, l'.104,nom9.)

L'auteur s'occupe successivement du réflexe lumineux galva-

nique, de sa méthode d'examen personnelle, de l'état des mou-

vements de l'iris en rapport avec les processus nerveux et psychi-

que des aliénés, du réflexe cortico-céréhral de la pupille, enfin

du phénomène de l'orbiculaire. t

Il existe, pour lui, une intime relation entre l'effet optique et

l'effet pupillomoteur de l'excitant galvanique, de même que, sous

l'influence de l'excitant lumineux naturel, l'effet sensoriel, la

sensation lumineuse de la clarté précède l'effet moteur. Ce mou-

vement irien est-il l'analogue du réflexe à la lumière de la pu-

pille ? Cette explication paraît la plus naturelle, car la contrac-

tion pupillaire observée est déterminée par une excitation qui

possède les mêmes qualités que celle qui a un effet optique,c'est-

à-dire par la fermeture à l'anode de courants faibles ; son entrée

en scène est provoquée et entravée par les mêmes conditions que

celles qui y président à la sensation lumineuse. Prolonge-t-on la

fermeture à l'anode, la rétine perd de sa sensibilité ; elle se fatigue

comme lorsqu'elle est soumise àun éclairage intense, et,en même

temps, sa sensibilité réflexe s'épuise ; c'est l'inverse pour la fer-

meture à la cathode qui correspond à l'effet réparateur de l'obs-

curité.

La dimension de l'orifice pupillaire obéit à l'organe psychique

et au système nerveux. Chez les gens bien portants, sauf peut-

être quand le sommeil est profond, le bord irien n'est jamais en

repos ; on y constate des oscillations permanentes extrême-

ment fines, très variables d'ailleurs suivant les individus. Dans

les psychoses fonctionnelles, cette instabilité pupillaire ne dépasse

pas chez les agités celle des malades calmes ou déprimés ; elle

n'est non plus jamais absente.

Dans la démence précoce catatonique (15 malades), la mydriase

est insignifiante ; le bord pupillaire demeure immobile sous

l'influence de la douleur, de l'activité musculaire, de l'effort

mental, mais il se contracte sous l'influence de l'agent lumi-

neux ; cette contraction paraît précipitée et fugitive. Le rétré-

cissement de la pupille sous l'influence de l'accommodation

semble évoluer sans trouble. Quant à la réaction de la pupille à

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 445

la fermeture palpébrale, elle se constate dans les conditions ha :

bituelles et n'est pas augmentée par la cocaïne : la sensibilité de

ces pupilles à l'égard de la cocaïne parait diminuée ; tandis que

l'homatropine augmente considérablement la mydriase, la pilo-

carpineproduit un fort myosis. Les mêmes constatations ont élé

relevées sur deux jeunes filles imbéciles de 19 et 24 ans.

Des recherches faites sur des malades et des personnes sai-

nes d'esprit, parmi lesquelles des médecins, M. Cumke conclut, en

ce qui concerne le réflexe pupillaire ro)'cM)'c'6;Yf ! : 1° La di-

mension des pupilles n'est pas influencée par la dérivation de

l'attention sur un objet éclairci placé à la périphérie de l'oeil,

quand l'accommodation et la clarté du milieu demeurent sans

changement ; '° Toute représentation mentale d'une certaine

intensité, quel qu'en soit le sujet, par suite aussi celle d'une

source lumineuse, produit, à l'égal de tout processus psychique

actif, une dilatation des pupilles.

Enfin )1. Gumke enregistre qu'il se produit du myosis quand

la paupière se ferme volontairement, quand le sujet veut, sans y

réussir à cause d'un obstacle mécanique, fermer la paupière et

quand la paupière se ferme par action réflexe. La pupille se di-

late quand il y a excitation quelconque du trijumeau, pourvu

qu'il ne se produise pas simultanément la réaction à la ferme-

ture palpébrale, car alors celle-ci se superpose à la mydriase,

qu'elle modifie ou interrompt. En somme, leph ? lOmeJ1c de West-

phal-Piltz serait un symptôme normal qui surviendrait à l'occa-

sion de la volonté de fermer les paupières réussie, ou infructueuse

à cause d'un obstacle mécanique, ainsi qu'à l'occasion delà ferme-

ture palpébrale réflexe émanée du nerf optique ou du trijumeau.

La contraction des pupilles qui survient en l'espèce est généra-

lement surchargée du réflexe lumineux et simultanément entra-

vée par toute dilatation pupillaire d'origine sensible. On réussit

donc à faire apparaître la réaction à la fermeture des paupières

chez n'importe qui, d'abord en fatiguant la rétine par un éclairage

intensif prolongé, puis en cocamisant légèrement la cornée et la

conjonctive. C'est un mouvement associé qui ne possède pas de

valeur diagnostique, il est important en ce sens qu'il constitue une

source d'erreurs quand on observe d'autres mouvements pupillai-

res. P. Keraval.

.\C\'n. Perte du sens musculaire aux doigts des deux

mains avec intégrité de la sensibilité de la main et de

l'avant-bras ; par GOUCHARD, (Revue de médecine, novembre

t \JOJ-1 ! Jl) i, )

Très importante étude du sens musculaire, nous ne pouvons

que renvoyer au mémoire original ce travail'surtout critique ne

se prêtant pas à l'anal) se. L. WAHL,

446 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

XGVlll. Essai sur la physiologie pathologique du mouve-

ment : disparition des mouvements dans la chorée chro-

nique ; par V ASCHIDE et VURI'AS. (Rev. de mcd., septembre 1 JO.)

,<

Ce n'est pas hier qu'a été formulé par IIippocrate.l'aiùmc :

« 1'ebria açcevlmts SjJOSJ/WS solzit ».Le cas de : 'ID1.Yaschitle et Vur-

pas en est une nouvelle confirmation. Une malade atteinte de

chorée chronique est- prise de grippe avec pleurésie séro-libri-

neuse droite et meurt après trois jours de maladie pendant les-

quels les mouvements choréiformes ont disparu. A l'autopsie, uu

constate du liquide sous dure-mérien, sous-aractmofdien et

intra-ventriculaire en excès ; la substance nerveuse est mulle, il

exisle des lésions inflammatoires à tous les niveaux de la subs-

tance blanche médullaire sans dégénérescence. Pour les auteurs,

la chorée serait une affection inflammatoire chronique qui au

premier degré détermine des mouvements désordonnés et au

second de la parésie. L. Wahl.

lC.l ? Un cas de syringomyélie et de syringobulbie. Dé-

génération du ruban de Reil ; par Kinnel' WiLssoN

(d'Edimbourg), (Rev. cdeméd., 14 mai l'J04.)

Observation d'un malade du service de Pierre Marie, très

courte au point de vue clinique mais dont l'anatomie patholo-

gique a été étudiée avec le plus grand soin aux différents étages

de l'axe cérébro-spinal. Cavité bulbaire irrégulière, sans aucun

revêtement évident, comprise entre les deux pyramides, les

olives inférieures, la couche interolivaire et la substance arti-

culée grise ; dans leur partie antérieure : les libres arcifurmes

externes et antérieures, les noyaux arciformes,le noyaux rétro-

pyramidaux et juLa-olivaires; le ruban de lleil gauche qui est

dégénéré elles nerfs hypoglosses. En même temps, on rencontre

les lésions classiques de la syringomyélie médullaire. L. WAHL.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE

LXXVll. Accidents syphilitiques pendant le tabès ; pal'

Dalous, (Rev. de mal., janvier 1904.)

L'auteur rapporte des observations personnelles d'accident

spécifiques observés sur des Labetiques ; il résume ensuite le cas

qu'il a pu rencontrer dans la littérature médicale. Il résulte de

ces faits que le tabès débute de 4 à 19 ans, après l'infection

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 417

syphilitique et que les syphilides présentent la même irrégularité

(fans leur apparition. Près de la moitié des malades observés

ignorent leur syphilis. L'auteur rappelle que le professeur Four-

nier a montré que le traitement spécifique est très actif dans les

cas de tabès récent et il conclut de là façon suivante : la

rareté des cas de coexistence des syphilides en activité pendant

le labes risqueraient fort de diminuer du jour où l'on examine-

rail de parti pris et très attentivement tous les ataxiques comme

des syphilitiques et si l'un recherchait chez tous les syphilitiques

un peu anciens les signes légers de la période pré-ataxique du

tubes. \Vl H 1,.

LXXVIII. Syndrome de Brown-Séquard et syphilis spi-

nalè ; par L'épine. (Revue de niés., décembre 1903.)

Castrés intéressant terminé par la mort d'un sujet s5lphilitique

depuis onze ans qui fut frappé subitement d'une hémiplégie

incomplète du côté droit avec quelques troubles de la sensibilité

n droite. À gauche, conservation delà sensibilité au contact et

diminution de la sensibilité à la douleur et à la chaleur jusqu'au

niveau du mamelon. Au-dessus, sur une étendue de 2-3 cen-

timètres est une zone d'hyperesthésie, L'étude histologique

révèle un l'ojer de méningo-tnyéliie légère avec des lésions vas-

culaires particulièrement accentuées du côté des veines : les

lésions congestives dominent la scène. ramollissement peu

étendu de la substance grise (zone postérieure exceptée) surtout

au niveau du deuxième segment de la moelle dorsale.

LXXIX. - Contribution à l'étude de la myélite typhique ;

par ,1. Lkpine. (Rev. cleméd., 1903.)

Les faits de celle nature sont encore peuconnus,surtout au point

de weanatomo-pathologique,carils ont été longtemps confondus

avec les accidents névritiques. La ponction lombaire juinte aune

étude clinique plus minutieuse amontré que les cas légers ne sont

pas aussi exceptionnels qu'on l'a supposé ; les cas moyens sont

susceptibles de guérison, les cas graves se terminent par la

mort ; les troubles sensitifs sont rares dans cette affection. Cli-

nilluement, on rencontre 3 types (Etienne) : 1° la parai) sie as-

cendante de Landry ; 2° une forme qui rappelle les pulyév rites

infectieuses et toxiques ; 3° une forme mixte. Rarement, on est

en présence d'une méningo-myélite. C'est probablement (Chan-

temesse et \\'itlal, Lépine et Lyonnet) aux toxines typhiques que

sont dues les lésions et on est autorisé à penser que c'est par là

voie sanguine que se produit l'intoxication et peut-être accessoi-

rement par la pie-mère et le canal épendymaire. Le cerveau

peut d'ailleurs être atteint, lui aussi, de lésions de même nature

448 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

que celles de la moelle, en particulier les voies optiques et au-

ditives périphériques. Les lésions sont d'abord vasculaires, carac-

térisées par del'hyperémie avec diapédèse et extravasations, puis

des inflammations interstitielles et secondairement des démène-

rations. L'auteur rapporte une observation avec examen histo-

logique.. L. \VAH .

LXXX. Troubles médullaires de l'artério-sclérose. La

parésie spasmodique des athéromateux ; par Pic et

BONNAMOUR. (Rev. de mèd.\ janvier 1904.)

Les lacunes de désintégration de la moelle ont été signalées

en 1883 par H. Martin, bien étudiées par Démange 1884-85, qui

les a attribuées soit à la syphilis, soit à l'artério-sclérose géné-

ralisée. De Grandmaison a étudié les réflexes de ces malades.

Peken, puis Peinard, ont décrit une astasie-abasie d'origine orga-

nique chez les vieux artério-scléreux qu'avaient déjà indiquée

Drissaud et de Massary. Signalons encore sur ce sujet la thèse de

Reverchon (Lyon, 1902-03). Symptomatologie : la parésie spas-

modique des athéromateux naît insidieusement sans ictus : c'est

une faiblesse des membres inférieurs prédisposant aux chutes

sans perte de connaissance : le malade progresse à petits pas

en traînant ses pieds sur le sol; peu à peu, il devient impotent, est

confiné au lit et meurt cachectique ; signes généraux des

contractures : exagération des réflexes rotuliens ; trépidation

épileptoïde, clonus de la rotule ; le signe de Dabinski est incons-

tant. Le psychisme est affaibli et souvent les malades présentent

de la dysarthricylu rire et du pleurer spasmodiques. On constate

les signes physiques ordinaires de l'artério-sclérose généralisée et

en particulier diminution de la perméabilité rénale (néphrite

interstitielle). L. WAHL.

LXXXL. - Essai de classification de quelques névralgies

faciales par les injections de cocaïne loco dolenti ; par

VERGER. (7'o. de méd., janvier 1904.)

' On saitqu'une injection de chlorhydrate de cocaïne à deux pour

cent supprime fonctionnellement les libres nerveuses sensitives

situées dans sa zone d'action ; et qu'une telle injection pratiquée

dans la gaine d'un tronc nerveux équivaut à une section trans-

versale temporaire des libres sensitives de ce tronc. Mettant à

profit cette particularité, M. le prof. Pitres considère dans les

névralgies en général : a) celles qui s'apaisent par injection de

cocaïne loco dolenti (névralgies terminales) ; 11) névralgies qui

s'apaisent par injections sur le trajet du nerf au-dessus du point'

altéré (névralgies de causes funiculaires) ; e) névralgies cédant il

des injections intra-arachnoïdiennes, névralgies radiculo-gan-

SOCIÉTÉS SAVANTES. 449

1

glionnaires ; d) né\ rallies dont la cause réside dans l'axe mé-

dullo-encéphalique et qui résistent à tous les modes de traite-

ment. Mais ces distinctions sont difficiles à observer lorsqu'il

s'agit des név l'algies faciales. On ne peut y considérer que deux

groupes : 1° celui dans lequel l'injection de cocaïne loco dolenti

supprime la douleur et où par conséquent la lésion causale est

au niveau des terminaisons nerveuses ; 2" celui dans lequel

l'injection n'agit pas, ce qui prouve que la cause est funiculaire

ou centrale. Lorsque la cocaïne amène non la sédation momen-

tanée des phénomènes ma;s leur guérison, on est présence de ce

que M. le prof. Pitres appelle les topoalgies d'origine corticales.

Dansles formes périphériques, il y a en général de l'endolorisse-

ment de la région avec paroxysmes dont le début est au voisinage

de l'oeil et delà tempe dans les névralgies du maxillaire inférieur

dans le voisinage de l'oreille et de la tempe et dans celles du ma-

xillaire supérieur. Les paroxysmes se produisent sous l'influence

de la mastication, de la parole, de la déglutition, des excitations

extérieures : les points de Valleix sont inconstants, il y a anes-

thésic ou hypoesthésie cutanée, hyperesthésie à la pression,

hypersécrétion. Dans les névralgies de cause centrale, on a cons-

taté quelquefois, en outre, de la lymphocytose du liquide céphalo-

rachidien. L. WAHL.

SOCIETES SAVANTES'

4b SOCIÉTÉ DE NEUROLOGIE

Séance du 2 mars 1905. Présidence de M. Brissaud.

Tabès et rééducation.

M. 1)or'-ouo montre un malade confiné au lit depuis plusieurs

mois et qui sur les simples avis de l'auteur appliqua de lui-même

les principes de Fraenkel. Actuellement cet homme se tient de-

bout, peut marcher facilement et n'a plus d'incontinence d'urine.

L'amyotrophie des membres inférieurs a disparu.

M. Brissaud objecte que sans aucune rééducation on voit de

grandes améliorations chez certains fabétiques. ? Surtout chez

des tabétiques staso-basophobes fuit remarquer .'1. 11.-\YMom.

Hémiplégie.

111. Mosny et JIALLOIZEL présentent un hémiplégique droit

artério-scléreux portant du même côté un myosis avec diminu-

Archives, 2' série 1903, t. XIX. ' 29

450 SOCIÉTÉS SAVANTES.

tion de la fente palbébrale et enfoncement de l'mil sans trouble

des réflexes lumineux, et à gauche une anesthésie totale y com-

pris le trijumeau sans troubles sensoriels, lésion probable de l'is-

thme de l'encéphale . '

Hémiplégie spinale. l'

lI. 1)H> : .RiNr : présente une jcune femme non syphilitique qui,

après une diplégie totale avec paralysie des sphincters et anesthé-

sie survenue rapidementconserva seulement une hémiplégie droi te

et sensitive gauche. 11 s'agit d'une hématomyélie spontanée. Les

troubles radiculaires de la sensibilité permettent de localiser la

lésion dans la substance grise médullaire entre G8 et DI. Le Brow n-

Séquard et la contracture limitée aux fléchisseurs indiquent un

loyer localisé à la base de la corne postérieure droite détruisant le

faisceau pyramidal au-dessous de la racine C7.

Hémiplégie.

M. hÉlu présente un ancien hémiplégique droit avec syn-

drome de Weber et hémianopsie droite par thrombose probable

de l'artère cérébrale postérieure.

Contractures familiales.

MM. GILBERT Ballet et 1)REYFUS présentent deux malades

frère et soeur hérédo-alcooliques portant une contracture du cou

et des quatre membres sans troubles des sphincters, ni nystag-

mus.

Le facies est ahuri et pleurard. Une soeur morte était atteinte

du même syndrome qui est intermédiaire à la paraplégie spasti-

que familiale pure et à la maladie familiale à forme de sclérose

en plaques, types isolés artificiellement entre lesquels on peut

trouver toutes les transitions.

Chorée familiale.

1\DI. BRISSAUD, IiAUER et Rathery présentent une famille de

choériques. Les quatre enfants ont eu la chorée vulgaire et non

celle de Hutington.

Dsostose clèido-crauienne Héréditaire.

MM. Villaret et Francoz présentent trois enfants et leur mère

atteints d'absence partielle de clavicules, retard de la soudure des

fontanelles, développement exagéré du diamètre transversal du

crâne. Le père est absolument sain de toute tare héréditaire ou

acquise.

A ntopsie d'acromégalie.

MM. GAUCKLER et Houssy ont trouvé à cette autopsie un kyste

colloïde du corps pituitaire, un goitre fibre-colloïde et une lésion

des deux surrénales, épithéliome et adénome.

SOCIÉTÉS SAVANTES. ' " 451

(1'" , Rl1do/¡'èl;oma c ? bl'((I, ,

tlL'l'. Marie a observé un homme atteint de troubles passagers

de la parole qui fut, pris dans la suite d'hémiplégie gauche puis

d'aphasie complète. A l'autopsie, on ne trouva aucun foyer, mais s

dans UeulOnuicpltèresUc LrvîuuesnriàLrea dont l'examen hys-

lologique lIIonll'a. la nature entloLhélioll1alt'ue.

, Anurie hystérique.

M. Cestan (de Toulouse) envoie l'observation d'une ly.Léritluo

prise d'anurie progressive à la suite d'une rétention traitée par le

cathélérismn. L'anurie devint absolue, aboutit, au coma, puis se

termina par une abondante décharge urinaire.

Sclérose latérale amyolrophique.

.'1.\1. Baymond et (I : ST\N, d'après 18 cas, en reconnaissent qua-

trc formes, le type Cltarcot est le plus rare. L'n 1 pe plus fré-

(débute par une lral.ie lalio ? losco-larygée. Un autre

t\po débute par l'atrophie musculaire progressive ; un quatrième

par des signes de tahes spasniodique. Il y a un certain parallé

li",ll1e entre la forme clinique elles lésion*. - t -

IIèmot'l'hayie sous-pin-nxc·rienrm. -

M. Faune LIE II : LIEU a OhI'I'1 é dell cas avec evteiision il la lace

postérieure de la moelle dans les hémorrliagies cérébrales.

Escarre sacrée..

M. Boy rapporte le cas d'une lahéliquc avec sclérose combinée,

non alitée chez qui se développa spontanément et rapidement une

vaste escarre du sacrum.

7/<'))i/p/t ? 0)0<t')'< ?

MM. Dupré et Camus l'apportent le cas d'un gaucher ancien hé-

miplégique infantile droit, alteint d'hémiplégie gauche par ra-

IlIollissclllent ell1holillue tic la parlie postÍ'ro-inL'él'Îl'ul e du lohe

frontal gauche. Oécussalion incomplète et asymétrie lIes PY1'll-

mides, la (froide étant plus petite, le cordon anterolaLeral droit

est aussi plus étroit. F. BOISSIER.

Séance du G avril 1905. Présidence de M. LtRISSAUi

M. le Président prononce l'éloge funèbre de M. Parinvud.

Sclérose en plaques,

M. Claude présente un malade de : : 8 ans qui, trois semaines

après une infection grippale, subit des troubles labio-giosso-

laryngés, puis de la céphalée, de la faiblesse, de l'insomnie.

Bientôt la démarche devint spasmodique, les réflexes s'exagé-

rèrenl, le clonus se ntuulra avec léger tremblement intention-

452 sociétés savantes.

nel, mastication et parole difficiles, faible' nystagmus, mais pas

de troubles électriques, pas d'altérations de la sensibilité, pas

d'amyotrophie. Les plaques auraient leur localisation sur les

conducteurs cortico-bulbaires.

Ophtali7zopiégie externe congénitale et familiale. ? 1\1. PAGNIEZ présente une femme de 50 ans atteinte de ptosis

avec déviation et immobilisation des globes en dehors, léger

nystagmus sans troubles des réflexes ni de l'acuité., Sur cinq

enfants vivants, trois présentent la même malformation, ainsi

qu'une petite fille, enfant d'une de ces trois dernières.

Lésion bulbo-protubérantielle unilatérale.

M. Souques présente un homme atteint depuis cinq ans de

vertiges avec hémispasme facial gauche et hémiatrophie linguale

du môme côté sans aucun autre trouble moteur de la face et des

membres, aucun trouble de la sensibilité, ni des réflexes ni des

vasomoteurs. Une lésion de l'angle bulbo-cérébelleux aurait in-

téressé la branche cochléaire de l'auditif qui n'a jamais été

atteinte, la lésion doit donc siéger dans l'intérieur du bulbe et de

la protubérance, où les deux branches du YU sont séparées et

peuvent être atteintes isolément. Un foyer même petit peut dans

ces.conditions détruire l'hypoglosse et irriter le facial et le ves-

tibulaire.

M. Babinski a soigneusement observé et analysé les

tômes de ce malade chez lequel une synergie paradoxale impos-

sible dans le tic ou dans le mouvement volontaire caractérise

bien le spasme.

M. de Massary, à propos de 2 cas de névralgie du trijumeau

expose que la névralgie périphérique aboutit à un tic et la né-

ualgie centrale à un spasme.

Cicniospasmes et f)t/0< ! M.

M. MEIGE. Les géniotics sont bilatéraux, l'attention et la

volonté peuvent les faire disparaître : ce sont des troubles fonc-

tionnels de la mimique faciale, tandis que les géniospasmes sont

unilatéraux et composés de contractions parcellaires et frémis-

santes que la volonté ne peut ni produire ni faire disparaître.

Troubles thermiques.

M. Babinski présente un homme qui il la suite de vertiges a

conservé 1'(exil gauche plus petit avec enophtalmie, diminution de

la lente palpébrale et de la pupille. A droite : le froid est moins

nettement senti et provoque une sensation très désagréable ; les

veines sont moins saillantes qu'à gauche ; il y iL vraisembicment

hypothermie à droite, le pouls capillaire est, petit de ce côté. La

lésion est bulbaire.

bibliographie. 453

Paralysie bulbo-spinale asthénique.

MM. OUf-MONT et Baudoin présentent un homme qui, après

une chute. fut atteint de parésie- des deux membres supérieurs et

du tronc avec polyurie. albuminurie, escarre, incontinence fé-

cale et troubles cardiaques. Il se guérit d'ailleurs rapidement.

MM. (i.\UCI1.ER et Itoussy montrent un foyer de myélite

y)t)'c;te/ty)7Mtnxc, ou, selon l'avis de M. Déjerine, une plaque de

sclérose unique, n'ayant provoqué aucune dégénérescence ni au-

dessus ni au-dessous.

\I. Jlaurice Benvud expose une nouvelle méthode d'examen

bistologique du système nerveux.

1(. IAf.LION présente un appareil pour enregistrer les varia-

tioncde volume des doigts. ' 1·'. BOISSIER.

BIBLIOGRAPHIE

X. Asile publia, d'aliénées de Bordeaux : Rapport médical

pour l'année 1903. Personnel médical : Médecins : )1)I. AN-

GHDE,mcdecm en chef; .I.\CQU ! N, médecin-adjoint. Internes :

MM. Robert, Djmori, D" VI·'.RDUZ.1N. In-So de Gi p. Bordeaux,

imp. Gounouilhou, 1904.

Ce titre est déjà très suggestif, car il indique l'union du service

médical dans l'action pour le bien des malades. Dans sa lettre au

Préfet de la Gironde, le D1' Anglade, précisant cette union qui

existe dans quelques asiles et que nous voudrions constater dans

tous, s'exprime ainsi : « Ce rapport est le produit et le résumé du

travail de tous mes collaborateurs, par les soins de qui les ob-

servations médicales ont été recueillies. Pour le préparer et pour

l'établir, j'ai toujours pu compter sur la collaboration avisée et

dévouée du D.lacquin, médecin-adjoint. »

454 bibliographie.

Dans ce nombre sont comprise30 idiotes perfectibles. La popu-

lation réelle du service est de 888 femmes au 1 ? janvier de cette

année. '

« Notre quartier des idiotes perfectibles s'est accru de G unités,

dont une t't'111Lt'l'le...... toutes ces malades, le traitement mcrli-

co-pédallotliqoe est appliqué. Malgré la compétence elles patients

efforts de la oeUI' institutrice, chargée de diriger celte thérapeu-

tique, les résultats sont médiocres. Cela lient surtout aux formes

pathologiques des malades admises. Sur les cinq internées pour

la première fois, quatre sont des idiotes profondes avec tares

physiques considérables. Une seule paraît susceptible de bénéfi-

cier de la médico-pédagogie.

« Tant que ces quartiers spéciaux seront annexés aux asiles d'a-

liénés, il est à craindre que, malgré le bon vouloir et les capaci-

4 tés du personnel, le recrutement ne se fasse toujours parmi les

déchéances les plus profondes les plus incurables de la cérébra-

lité.

« Ces petites idiotes ont en général un âge relativement trop

élevé quand elles nous viennent à l'Asile. C'est habituellement à

partir de douze il treize ans qu'on nous les envoie. Or, on sait, et

c'est l'opinion de spécialistes autorisés que nous invoquons, tels

que Bourneville, Thulié, etc., que les résultats de l'orlhophréno-

pédie sont d'autant plus évidents que l'application du traite-

ment est faite de bonne heure; s'il faut en croire les médico-pé-

dagogues, c'est a parlir de deux ans et demi qu'on devrait com-

mencer la thérapeutique spéciale (1).

« Il y a enfin d'autres facteurs qui compromettent le hon fonc-

tionnement de notre service d'idiotes. C'est la population crois-

sante des malades ; 30 enfants au 1 cr jaIn iel' 1903, d'où mélange

de toutes les formes de la dégénérescence, (,'est l'exiguïté du

quartier qui ne permet pas la différenciation des catégories. C'est

enfin, l'insuffisance du personnel, tous desiderata que l'adminis-

tration toujours bienveillante de l'Asile pour) satisfaire dans

l'avenir.

Parmi les paralytiques générales, on compte deux prostituées,

trois demi-mondaines appartenant à la prostitution officieuse.

Le chiffre le plus élevé des admissions en totalité, est fourni par

le mois de mai (1J) ; après lui, viennent le mois d'avril avec Il-)

malades, le mois d'août, 14 malades.

« Même après une enquête sévère, il y a parfois de grandes dif-

(1) Ou mieux dès que l'on a reconnu les premiers signes de

l'idiotie. On les admet il et il ln Salpêlrii'I'e il 2 ans, quelque-

fois au-dessous. La très grande majorité des idiots est perfectible

ü des degrés divers si l'on s'en occupe de bonne heure, avec pcrsc-

vérance, en appliquant ce que nous avons, le premier croyons-

nous, désigné sous le nom de traitement médico-pédagogique.

bibliographie. 455

licultés à établir la durée antérieure de la maladie, et le manque

de renseignements que nous avons sur le plus grand nombre de

nos malades ne nous facilite pas ces recherches. Quand il s'agit

de malades placés volontairement, la famille qui les accompagne

peut nous aider dans cette tâche. Mais il n'en est toujours pas

ainsi, les placements volontaires sont les moins nombreux. Au

contraire, les aliénées placées d'office, les plus nombreuses, nous

arrivent, après un séjour plus ou moins long dans le service d'iso-

lement de l'hôpital Saint-André, conduites par des infirmières

de ceLlapiLal, incapables de nous fournir les renseignements

ou documents que nous leur demandons ; nous ne pouvons pas

davantage les recueillir dans les pièces légales qui accompagnent

la malade. Ce n'est habituellement qu'un simple certificat médi-

cal, quelquefois deux, mais toujours trop brefs pour nous être

d'une utilité quelconque sur ce terrain de recherches. Il y a

donelà une lacune regrettable. Mous devons faire cependant une

exception pour les malades qui ont passé dans le service du Dr

Régis où elles sont bien observées et étudiées. Grâce à sa bien-

veillance, nous avons pu, chaque fois que l'occasion s'est présen-

tée, recueillir nous-mêmes dans les observations de son service,

les documents que nous désirions connaître. Malgré ces lacunes,

le tableau VU montre (IU'on attend toujours trop longtemps avant

d'interner les malades. On ne saurait trop demander que l'inter-

nement soit ordonné sitôt que le trouble psychique s'est mani-

festé. Nous ne sommes pas les seuls, parmi les aliénâtes, Il 1'1"1'1 a-

mer l'internement précoce ; c'est une mesure sage. La société, la

famille, n'ont rien à perdre, en raison des dangers que l'aliéné

peut lui faire courir. La santé du malade ne peut que tirer béné-

fice d'un traitement appliqué le plus tôt possible. Plus on tempo-

rise, plus les soins spéciaux sont éloignés, plus les chances de

guérison ou d'amélioration diminuent.

« Les sorties ci titre d'essai, grâce à la bienveillance de l'admi-

nistration préfectorale qui les autorise, sont fréquemment em-

ployées à l'Asile de Chatcau-Picon ; leur nombre, pour l'année

1903, été de 20 environ. Intermédiaires entre l'état de liberté

absolue et de séquestration, elles rendent d'incontestables serv i-

ces. Nous les prescrivons dans des conditions de prudence extrême

après nous être assurés personnellement de la parfaite honorabi-

lité de la famille, toutes les fois que nous voulons éprouver la sus-

ceptibilité des malades en voie de guérison ou d'amélioration ; ces

sorties n'excèdent pas le terme de 30 jours. Si une rechute ou

une aggravation des symptômes surviennent avant ce délai ; la

malade est ramenée à l'Asile sans aucune formalité administrati-

ve; passé ce terme, la sortie est considérée comme définitive.

«Ainsi prescrites, nous n'avons eu qu'à nous louer des résultais

obtenus sur les ? 0 sorties données : ') titre d'essai en 1903 (10 s'a-

1156 bibliographie.

dressaient à des malades en voie de guérison (tableau Xlt) ; au-

cune de celles-ci n'a été réintégrée, et elles peuvent être consi-

dérées comme guéries; six autres malades étaient des malades

non guéries, mais calmes classez tranquilles pour vivre au de-

hors ; elles sont restées dans leurs familles. Les 4 autres ont été

réintégrées soit pendant le congé, l'une deux jours après la sor-

tie, soit à l'expiration du congé ». ,

1

A propos de la tuberculose M. Anglade fait la réflexion sui-

vante :

« Dans les asiles d'aliénés, où l'entérite tuberculeuse sévit avec

intensité, où les malades qui ne savent pas cracher, mais sou-

vent gâteux, répandent partout leurs matières fécales, la propaga-

tion de la tuberculose par les selles est la plus redoutable. D'où

isoler les tuberculeux, recueillir leurs crachats et surtout leurs

matières fécales, désinfecter tout ce qui a pu être contaminé . par

les expectorations et surtout les selles, telles sont les mesures

prophylactiques capables d'atténuer les ravages de la tuberculose

dans tous les milieux, plus particulièrement dans les, asiles d'a-

liénés. » , .

En 1903, .il y a eu 95 décès. En 1(10 ? il n'y en avait eu que 77.

Parmi, les variétés mentales, c'est la démence (il), en parti-

culier la démence sénile, et la paralysie générale (25) qui on !

fourni le plus large tribut à la mortalité les folies simples v ien-

nent ensuite (2 ? ), puis les idioties (4) et les épilepsies. La cause

certaine de la mort ne peut être posée avec certitude qu'après

vérification nécropsique. C'est la mort par « cachexie paralyti-

' que » qui fournit le plus gros chiffre.

« Mais ici encore, il s'agit d'un terme mal défini, comme celui de

cachexie sénile, marasme nerveux, etc., communément employé,

terme vague, qui montre une fois de plus l'insuffisance de la cli-

nique et la nécessité dedéterminerplus scientifiquement la cause

\, de lamort par l'exploration attentive du cadavre. » On ne sau-

rait mieux dire.

M. Anglade signale deux malades séniles (72, 8 ? ans) mortes

quelques jours après leur entrée.

« N'eût-il pas été préférable, dit-il, pour ces deux dernières ma-

lades de les laisser mourir à l'hôpital plutôt que de les interner à

l'Asile d'aliénées ? Sans compter que le transfert lui-même, et

toutes les manoeuvres qu'il exige, notamment le transport en

voituren'ontpudue compromettre davantage la santé physique

déjà si ébranlée de pareilles malades ? » ))

L'envoi et le transfert, dans les asiles, d'aliénés en état de fiè-

vre, mourant quelques jours après leur arrivée se produit très

bibliographie. 457

souvent. On pourrait éviter ces accidents regrettables, en exami-

nant très sérieusement tous les malades avant leur départ et en

s'assurant, par la prise de la température, qu'ils peuvent subir le

voyage sans inconvénients : c'est ce que nous faisons régulière-

ment dans notre service.

« Nous avons remarqué que les cerveaux d'épileptiques, écrit

M. Anglade, offrent une particularité qui mérite d'être mention-

née. La fermeté de la substance blanche, l'atrésie des ventricules

latéraux, l'absence de liquide dans les ventricules et les espaces

sous-arachnoidiens. » (A vérifier).

Encore deux citations sur le traitement.

« Dans quelques cas, rares aussi, nous avons dû recourir à un

procédé mixte : l'alitement alternant avec la chambre d'isole-

ment.

« On a dit que cette méthode, l'alitement, était d'une applica-

tion difficile dans les asiles de province, qu'il fallait une installa-

tion particulière, un personnel plus nombreux. Nous répondrons

que ces raisons ne sont pas suffisantes puisque nous avons pu

d'emblée la généraliser à l'asile de'Chàteau-Picon, avec le même

personnel, sans autre changement que des modifications de dé-

tail, en tirant parti de la disposition de quartiers construits de-

puis quatorze ans ».

Ceci indiquequc l'on peut réaliser hien des pratiques sans oc-

casionner de grandes dépenses. Noire ami, le Dr Deny, a procédé

ainsi dans son service de la Salpetriere. Bourneville.

Il Rapport sur le service médical du quartier d'aliénés de

l'hospice général de Nantes pendant l'année 1903, par 1\1. le Dr

f3teuTr, médecin en chef.

« L'agrandissement de l'asile autorisé par le ministère de l'In-

térieur et dont les dépenses, évaluées à 1.344, î11 1 fr. ont été vo-

lontairement consenties pour les deux tiers par le département,

pour l'autre tiers et en partie égale par la ville de Nantes et les

hospices, est en pleine voie d'exécution.

« Dans un an, les travaux étant de beaucoup plus avancés et

les pavillons neufs nous ayant fourni de nombreuses places en

plus, il ne sera plus nécessaire d'avoir recours a des transferts

collectifs pour désencombrer la division des femmes.

« Les malades commenceront à avoir des cours plus étendues,

des salles de jour claires et aérées, des réfectoires agréables, des

dortoirs spacieux».

Au 31 décembre Ig0'. ? , la population était de 697 z93 Il. et

4011 ? ) et au 31 déc. 1903 de 729 (303 Il. et ! 12(; F.) Les entrées ont

été de 320, dont 38 cas de folies toxiques, 1 1 d'imbécillité et idiotie.

Les journées de présence de 259.839. Il y a eu 1023 malades trai-

458 bibliographie.

tés. Guérisons93 ; améliorations 31. «Nous conservons encore les

deux malades qui depuis longtemps, sont les plus anciens dans

rétablissement, un idiot entré en 1839 et une idiote entrée en

1853. » Au cours de son rapport M. le 1),- Biaute consigne de curieux

détails sur plusieurs malades, et cite sur l'une d'elles des fragments

de l'une des intéressantes leçons sur l'aliénation mentale qu'il

fait aux étudiants de l'école de : '\antes, donnant ainsi un excellent

exemple que l'Administration supérieure ne saurait trop encou-

rager. n.

XII. Rapport médical sur l'asile public d'aliénés de, S(tint-Uo{¡('rl

, pour J903, par le l> .1. Bonnet. ,

Total des malades traités en 1903 : 1213, dont 232 entrants

(121 II. et 111 F.) pour un seul médecin. Sortis : par guérison, 113

(25 II. et 18 F.), par amélioration 41 (15 et 26). Restants au 31 déc.

1903, 1010(489 Il. et 521 F.). Parmi les admissions en 1903, rele-

vons 12 cas d'idiotie et d'imbécillité «*) de chaque sexe), 20 de fo-

lie alcoolique (18 II. et 2 F.) et une crétine. Au-dessous de 15 ans,

3 cas. En avril, juin, juillet, septembre, 23 admissions, les autres

mois, au-dessous; en décembre, 14 (minimum). Il ! ] décès, dont 28

de paralysie générale et 7 de tuberculose pulmonaire. '

Sur 1213 malades traités, le Dr Bonnet signale 218 travailleurs

et 250 travailleuses, soit 468. Nous signalons ces chiffres à l'at-

lenlion de nos collègues des Asiles de la Seine et de la direction

des affaires départementales.

Le nombre des aliénés augmenté : 1.057 en 1890, au lieu de

1.233 en 1903. Terminons par quelques citations du Rapport de

,)I. le D ? 1. Bonnet, en premier lieu sur le tableau de l'âge des

admissions.

« On voit donc comment la folie devient rapidement incurable

et quelle importance il y a à la traiter le plus promptement pos-

sible. Ainsi que l'a fort justement dit M. le professeur Pierret(t) :

« L'aliénation mentale peut guérir ; elle guérit môme très sou-

vent quand on peut, quand on sait la traitera temps. » Une thé-

rapeutique intelligente doit s'inspirer de la diversité des cas ;

toute autre fait fausse route. Mais cette thérapeutique indri-

duelle, ces recherches sont-elles possibles dans un service où,

comme à Saint-Robert, plus de 1.000 malades sont confiés à un

seul médecin ? Poser la question, c'est la résoudre.

« 1243 malades y ont été traités en 1903. A qui fera-t-on croire

à la possibilité d'un traitement vraiment sérieux et rationnel,

même si le médecin ne veut s'occuper que des cas relativement

récents, remontant à 1 ou 2 ans, soit 450 malades environ . !

(1)M. Bonnet aurait pu ajouter « et. les Archives de Neurologie,

depuis plus d'un quart de siècle ».

bibliographie 4hfl

« Ou voit la nécessité qu'il y a à détruire cette vieille concep-

tion de l'asile-caserne, de l'asile-exploitation culturale, pour

transformer de plus en plus nos garderies d'aliénés en maisons de

traitement, en hôpitaux, en instruments de guérison.

« Guérir des aliénés doit être le vrai but de l'asile et le meil-

leur moyen de ne pas grever outre mesure le budget départemen-

tal. C'est la meilleure voie des économies.

« A ce point de Mie, je ne saurais trop insister sur les avantages

qu'il y aurait, pour désencombrer l'asile, d'appliquer le système

de l'assistance familiale il domicile pour nombre d'aliénés chro-

niques inoffensifs. La statistique démontre que la folie guérit en

vénérai dans la première année du traitement et plus difficile-

ment ensuite.

« De nombreux malades âgés ont été admis à l'asile depuis

quelques années et pour ces malades, il serait fort utile que leurs

dortoirs fussent chaudes au moins pendant les grands froids.

« Nos pavillons sont isolés, exposés à tous les vents, et le froid

s'y fait particulièrement sentir. Je signale spécialement celui du

pavillon à à la ferme ». Un département comme l'Isère,

qui ne manque pas de bois, pourrait chauffer ses malades. Il est z

triste de signaler de telles.... erreurs administratives.

« Une école Il infirmiers et d' infirmière; été heureusement

créée à l'hôpital de Grenoble. Les malades seront ainsi assurés de

recevoir des soins plus éclairés, plus intelligentes. ,

« En effet, avec les progrès de la médecine et surtout de la chi-

rurgie moderne, des connaissances techniques sont indispensa-

bles à ceux qui soignent les malades. La bonne volonté, le dé-

vouement ne suffisent plus. La connaissance de l'antisepsie, no-

tamment, est un dev oir. L'administration de l'hôpital a bien voulu

m'autorisera faire les cours relatifs aux soins il donner aux alié-'

nés. Ces cours ont porté sur les svmplômes généraux communs

aux maladies mentales, sur la classification, l'étude des formes

principales de la folie, sur la loi de 1838, le règlement de 1857,

sur les soins spéciaux il donner aux aliénés, sur les qualités re-

quises pour devenir un bon infirmier d'asile et cesser d'en être

un simple gardien,etc.Les cours ont été régulièrement suivis par : ,0 assistants environ, en comprenant les deux sexes. Notre per-

sonnel a obtenu six diplômes d'infirmières et deux diplômes d'in-

firmiers. Je me fais un devoir, en terminant, de rendre hommage

aux qualités de dévouement du personnel attaché au service mé-

dical. Ses fonctions ont souvent un caractère pénible. La bonne

volonté, les efforts de ceux qui ont obtenu le diplôme d'infirmiers

mériteraient d'être reconnus et encouragés. »

Ce qui a été fait à Grenoble indique la voie à suivre : la Ecole

ordinaire, enseignement général à l'hôpital ; - 2e Enseignement

spécial à l'asile, pour le personnel qui soigne les aliénés et dans

460 bibliographie.

un asile fout le personnel est soignant, c'est-a-dire infirmier :

diplôme commun, diplôme spécial. B.

XliI. Rapport médical et compte moral et administratif pour

l'exercice 1903 de l'Asile d'aliénés de Blois,\>nv le ))1' Doutre-

~- rente, directeur, médecin en chef.

Existants au 1 ? janvier 4-28 (201 II. et ? ' ? 7 1 ? ). Admis

dans l'année 117 (56 il. et Gl F.), parmi lesquels l'J malades at-

teints de folie alcoolique. Placements volontaires, ! 1} ; d'office, 44.

A la fin de 1903, il y avait 31 épileptiques dits non aliénés et 27

idiots. Sorties, G2, dont 37 par guérison et 17 par amélioration.

Il est de toute importance, en médecine mentale, rappelle

M. Doutrehente, de pouvoir traiter les malades au début de la

maladie le meilleur traitement, c'est l'isolement de la famille et

des habitudes antérieures, isolement qui doit être pratiqué aussi

rapidement que possible dans un établissement spécial. »

, 48 décès, dont un par tuberculose. Deux malades ont été isolés

pour tuberculose pulmonaire.

« En dehors des sorties d'essai, nous avons organisé, même pour

les incurables elles chroniques agités, une série de promenades

quotidiennes, isolées ou par groupes de 2 ou 3 malades, qui ont

l'avantage de faire profiter du plein air les malades et les infir-

miers qui sont chargés à tour de rôle de la surveillance de ces

promenades.

Les distractions il l'intérieur, théâtre, musique, jeux divers,

dames, cartes, billard et lectures, sont réservées pour les jours

où le mauvais temps ne permet pas le travail aux champs ou la

promenade.

Le nombre des aliénés de la Seine était de 24. Nous croyons

que l'Asile n'en reçoit plus. -Le produit des travaux de toutes

sortes exécutés dans rétablissement par les ouvriers, les ouvrir-

res etiesaliénesdes deux sexes en 1 ! IOai, été de89.00J fr. dont t

39.000 par les malades. ,

« Le chiffre des aliénés travailleurs en 1903 a été de 66 pour les

hommes et de 110 pour les femmes, non compris les malades,

dont le travailn'apu être évalué en journées ou tout au moins

en quarts de journée, comme le sont,par exemple,ceux que nous

employons irréguliôrementou d'une façon passagère, à titre d'es-

sai et comme moyen de traitement, aux travaux des champs ou

des ateliers.

Le prix de journée entière accordée aux aliénés est de 0 fr. 10 ;

il n'est accordé qu'aux meilleurs, les autres ne touchant qu'un,

deux ou trois quarts de ce prix.

Les dépenses ordinaires ont été de 437.607 fr. 49, le nombre des

journées des malades de toutes catégories (pensionnaires et in-

bibliographie. 461

digents) a été de 166.086. Le prix moyen de revient a été de 2 fr.

589.

XIV. - Rapport sur la division des femmes de l'asile d'aliénés de

Maréville (Meurthe-et-Moselle); pour l'exercice 1903, par M. le

Dr Paris, médecin en chef. '

« Le 31 décembre 1902,1e service des femmes comptait 848 ma-

lades, 829 pour le service de Maréville, 19 pour le service du pen-

sionnat Sainte-Anne ; il en comprend 845 le 31 décembre 1903,

829 pour le service de Maréville, 16 pour celui du pensionnat

Sainte-Anne.

«Les chiffres donnés pour les départements autres que Meur-

the-et-Moselle ne peuvent fournir aucune donnée sérieuse relati-

vement au progrès de l'aliénation mentale dans ces départements

puisqu'ils ne nous envoient pas toutes leurs aliénées indigentes et

qu'ils en conservent un certain nombre dans divers hospices. (Ceci

est contraire à la loi du 30 juin 1838).

« Parmi les 194 admissions en 1905 citons 13 cas de folie alcoo-

lique, 10 cas d'idiotie ou imbécillité.

« J'ai insisté beaucoup dans mes précédents rapports et dans

la presse médicale sur les inconvénients des placements tardifs,

inconvénients pour les malades, pour les familles, pour les com-

mîmes, pour les départements, puisque l'aliénation mentale gué-

rit surtout dans les deux premières années de traitement et no-

tamment dans la première ;je constate que le nombre des place-

ments tardifs tend à diminuer.

« Comme je le constatais déjà dans mes derniers rapports an-

nuels le nombre des admissions de malades âgées est en progres-

' sion constante ; il entrait en 1901,22 aliénées âgées de plus de 55

ans ; en 1902, 41 aliénés âgées de plus de 55 ans ; en 1903 44 alié-

nées âgées de plus de 55 ans.

« Ces chiffres ont évidemment une influence assez sensible sur

ceux de nos statistiques de sorties, ! )t de décès ; ils ne peuvent que

contribuera diminuer le nombre des premières et augmenter ce-

lui des seconds.)'

Guérisons 45, améliorations 28. M. le D1' Paris formule quelques

remarques intéressantes.

« Je suis persuadé que la création que j'ai demandée dans mes

précédents rapports d'un petit service d'un traitenent familial,

d'un embryon de ferme, rendrait de sérieux services à nos indi-

gents timides, nos mélancoliques en voie d'amélioration ou dont

, l'amélioration ne progresse que très lentement, malades qui

sont aussi mal que possible dans de grands quartiers.

« Tous les médecins aliénisles tendent de plus en plus à faire

donner à l'aliéné plus de liberté, plus de bien-être et un genre

462 bibliographie.

de vie plus rapproché de celui qu'il avait avant la séquestration.

« Comme toujours, ce sont des aliénés malades depuis moins

de six mois qui donnent le plus de guérisons ou d'améliorations

et c'est aussi la première année de traitement l'asile d'aliénés

qui donne le plus de résultats favorables.

« 111 1 décès a l'asile, 3 au pensionnat. Il y en a eu li par tubercu-

lose pulmonaire. C'estla première année qui donne le plus de

décès.» »

M. Paris écrit que « le personnel du service, malgré les tliflicul-

és croissantes du recrutement des infirmières s'est toujours mon-

tré digne de la confiance de l'administration et attentif aux ob-

servations ou aux conseils de son chef ou de ses collabol'all'U l'S i 11\-

mélliats. »

Nos collègues des asiles feraient Il'U\ 1'1' utile en organisant un

enseignement pour leurs infirmières et inlirmicrs. A 1(U'I'\ il II',

ces agents pourraient être astreints il suivre les cours de l'Ecole

de Nancy (enseignement commun à fous) et à suivre, à l'asile, un

cours spécial sur les soins à donner aux aliénés. En quelques an-

nées, nous verrions se relever, comme il convient, le niveau in-

tellectuel du personnel secondaire dont les salaires devraient

être relevés et qui devraient être assurés d'une retraite. B.

sr. - Rapport sur la division des hommes de l'asile publie

d'aliénés de Maréville pour 1903, par le D' VERNET, médecin en

chef.

Au 1er janvier 1'JU3, ! I16 malades ; entrés 2 ? 5. sortis lt6; dé-

ces, I l l. Effectif au ; ! 1 décembre, 924. Les admissions les plus

nombreuses ont eu lieu d'avril à septembre.

« Nous constatons, comme les années précédentes, que la folie

se montre le plus fréquemment de vingt à cinquante ans, dans

la période de la vie où les causes occasionnelles ont leur maxi-

mum d'intensité. Six vieillards, plus que septuagénaires, ont été

conduits iL l'Asile, alors qu'il eût été facile et préférable de les

soigner dans leurs familles, à défaut d'un hospice destiné spécia-

lement à ces incurables. '

« De six enfants âgés de moins de dix ans, doux'sont atteints

d'épilepsie, trois d'idiotie, un de débilité mentale ».

En ce qui concerne la profession des malades, nous vous

mentionnées dans la plupart des rapports les « professions libé-

rales » sans autre indication. Il serait intéressant de les énumé-

rer. Parmi les causes : hérédité, 92 ; alcoolisme, 82 ; syphilis, 21,

lll·l'l'llo-Sy111lilIS, ; excès vénériens, 12 ; onanisme, 5 ; mysticisme,

16, etc. '

« L'internement précoce permet seul d'escompter une guérison

probable. 11 est souhaiter, comme nous l'avons dit maintes lois,

bibliographie. 403

que les familles et les maires des communes n'hésitent point à

provoquer le placement de leurs proches et de leurs administrés

dès les premiers symptômes d'aliénation mentale. Les admissions

ne comprendraient plus autant de cas chroniques et incurables,

au grand bénéfice des malades, de leurs familles et des commu-

nes, appelées à payer les frais d'entretien.

« Les sorties par guérison seraient certainement plus nom-

breuses encore, si elles étaient facilitées : lu par l'adoption de

congés ou sorties à titre d'essai, très utiles lorsque les familles

présentent des garanties suflisantes pour les soins et la surveil-

lance que réclament les convalescents; 2° par la création d'un

pavillon ouvert de convalescents, organisme qui manque à la

plupart des asiles. Certains malades ne sortent jamais, parce

que la transition manque entre la séquestration complète et la

liberté du dehors. Tantôt c'est le médecin, tantôt c'est le malade

lui-même qui hésite devant ce saut dans l'inconnu. Au lieu de

rester indéfiniment à la charge des départements, certains mala-

des pourraient être rendus iy. la société, si on leur accordait une

liberté relative, tout en leur continuant l'assistance, dès que les

troubles mentaux tendent à disparaître.

« ... Un certain nombre de malades ont succombé dès les pre-

miers jours de leur internement. Chaque année, nous déplorons

la facilité av ec laquelle on conduit à l'Asile des malades tellement

affaiblis qu'ils sont incontestablement inoffensifs, et qu'avec un

peu de bonne volonté il eût été facile de soigner dans la famille

ou dans un hospice.

« Je citerai, comme exemple, un homme de trente-huit ans,

amené à l'asile le 27 juillet. 11 présentait à son arrivée du délire

fébrile : la température était 39°5 ; le pouls à 140.

«Le membre supérieur gauche était le siège d'un érésipèle gane;;

gréseux ; de vastes escharres envahissaient le bras et l'avant-

bras, presque entièrement dépouillés d'épidémie. Malgré les soins

qui lui furent immédiatement prodigués, l'état général de ce mal-

heureux ne lit qu'empirer : la température atteignait bientôt 40°8

et le malade succombait à8 heures du soir.» Des cas analogues se

reproduisent trop souvent dans les asiles.

L'envoi dans les asiles de malades atteints d'affections graves,

fébriles, auxquelles ils succombent quelques jours après leur en-

trée, constitue un fait bien regrettable, relevé dans plusieurs des

rapports que nous analysons. Nous en avons constaté des cas

concernant les malades envoyés des hôpitaux ou de l'Asile clini-

que dans notre service. Il est facile d'y parer. Il suffit, en effet,

pour obtenir ce résultat, de prendre la température du malade la

veille et le jour du transfert, comme nous le faisons depuis long-

temps dans notre service, et de surseoir à cette opération, s'il y a

(le la fièvre.

464 bibliographie.

«Chez un entrant, nous avons constaté la fracture des deux ra-

dius causée par les liens trop serrés qu'on avait cru devoir lui ap-

pliquer au dehors, comme cela se rencontre trop souvent, liens

qui avaient en outre déterminé de vastes excoriations.

« Le traitement hydrothérapique a été encore notoirement in-

suffisant, faute d'eau, en 190 : 1» » (voir n° de mai, p. 404).

Avec l'isolement, le travail manuel, les bains et l'hydrothérapie

sont les principaux agents du traitement des maladies mentales et

nerveuses. M. Paris aborde ensuite une autre question très im-

portante.

« Cependant, est une question sur laquelle je crois utile de re-

venir, bien qu'elle ait été traitée dans les rapports sur les années

1896 et 1 ! I()0..le veux parler du personnel de surveillance.

«.I'ai déjà signalé l'instabilité des inlirmiers; pour la plupart,

l'Asile n'est qu'un pis-aller. Ils y viennent le plus souvent afin

d'y attendre,à l'abri du besoin, un emploi pénible et mieux rému-

néré. Celte année encore, sur une moyenne de 97 gardiens pré-

sents au 31 décembre, il y a eu 70 entrées et 68 sorties, dont 55

volontaires et 13 par suite de renvoi pour divers motifs. Cela ne

surprend pas ceux qui connaissent les conditions d'existence des

gardiens dans les Asiles de province. Après une longue journée

consacrée à la surveillance d'aliénés parfois criards, tapageurs,

agressifs, le gardien va encore passer la nuit au milieu d'eux.

Il couche le plus souvent dans le même dortoir, côte à côte avec

les malades, sans être protégé contre leurs agressions par aucune

barrière, si fragile qu'elle soit. Aussi que de nuits passées sans

sommeil, à cause des cris, des divagations, des allées et venues

des malades confiés à sa garde, sans parler des appréhensions

bien légitimes qui l'empêchent parfois de trouver un sommeil ré-

parateur.»

Nous avons constamment réclamé la séparation complète du

service de jour et du service de nuit et le logement en dehors des

salles : Nous enregistrons avec plaisir l'opinion de M. le Dr Verne.

« Quand on songe à la modicité du salaire et des avantages oc-

troyés à ces hommes jeunes, robustes, que ne peut retenir l'es-

poir d'une retraite, On a le droit de se demander comment il s'en

trouve encore pour accepter cette ingrate et pénible fonction.

Or, il faut bien qu'on le sache, outre les insultes et les accu-

sations injustes auxquelles ils sont journellement exposés, ces

mêmes infirmiers si décriés sont trop souvent victimes des impul-

sions morbides des malades dont ils ont la garde. Sans parler des

infirmiers tués par des malades (et nous en avons eu récemment

deux exemples), que de fois le médecin d'Asile ne trouve-t-it pas

à la visite quotidienne des infirmiers mordus, contusionnés, le

visage lacéré, sans qu'ils aient osé riposter, la plupart du temps,

bibliographie. - 465

car ils savent qu'il leur est expressément défendu de se livrer à

des voies de fait sur les malades, sous peine de renvoi immédiat.

Il est à supposer qu'une amélioration matérielle de leur situa-

tion rendrait leur recrutement plus facile, leur stabilité plus grande

leur niveau moral plus relevé ».

Ces réflexions répondent trop à ce que nous avons dit et redit

pour que nous ne nous y associons de tout coeur. 13.

Suppression de l'absinthe.

L'absinthe en Belgique. La section centrale de la Cham-

bre helge vient d'approuver une proposition de loi qui interdit

la fabrication, le transport, la vente et le débit en Belgique de

« toute liqueur contenant de l'essence d'absinthe », à peine de

2G à 500 francs d'amende et d'un emprisonnement de huit jours

à six mois, ou d'une de ces peines seulement... Il n'y a pas de

doute, dit le Semeur de l'Oise (22 mars), que la Chambre volera

les conclusions de sa section centrale.

A propos de cette proposition de loi, M. Harduin, dans le JIa-

ion, du 10 avril, fait les remarques suivantes :

Je ris encore en pensant à la tète d'un bon mufle 'qui voulait t

m'entramer dans un café et auquel j'affirmais que je n'avais ja-

mais bu une goutte d'absinthe ou un apéritif quelconque, et que

je n'entrerais jamais dans un café.

11 me regardait comme un phénomène invraisemblable, et je

devinais la couleur de ses pensées, qui se formulaient ainsi :

« Mais alors, si on ne va pas au café et si on ne boit pas d'absin-

llie, que reste-t-il dans la v ie ,¡ ) »

Ah ! supprimer l'absinthe en France, c'est ça qui serait une af-

faire ! - On a pu supprimer les congrégations, on arrivera sans

doute à supprimer.le budget des cultes et le Concordat ; on sup-

primera bien d'autres choses... Mais loucher à l'absinthe !

\W LHEI M WUNDT ET SA .PSYCHOLOGIE.

Article en l'honneur de la vie, des travaux, de l'oeuvre de

Wundt, et de son influence sur la psychologie et la psychiatrie.

Il est temps, d'après M. Weygandt, d'appliquer à la psychiatrie

les données de la psychologie moderne. La psychologie expéri-

mentale doit avoir partout son laboratoire et son enseignement.

Un laboratoire de psychologie expérimentale doit être annexé à

toute clinique psychiatrique. Voir Progrès médical du 11 avril

1903 (die G7"Ll7tdüge der physiologischen Psychologie von M'undt

190.) P. KERAVAL.

Archives, 2' série, 1905, 1. xix. 30

NECROLOGIE

Le monde médical vient de perdre dans la personne

du D'' Garnier, un des hommes les plus connus elles

plus appréciés du public parisien.

Né le 28 avril 1848, à Chérac (Charente-Inférieure),

GARNIER avait fait toutes ses études médicales à la

Faculté de Paris. Il s'était spécialisé de très honne

heure dans la voie que les circonstances lui tracèrent,

et que ses dons naturels surent utiliser dans la suite, au

profit d'une carrière sans déboires, toute faite de glo-

rieuses étapes et de succès mérités. Tout jeune encore,

et à peine libéré des études classiques et obligatoires, il

se montra friand des choses plus originales de la psy-

LE DOCTEUR PAUL GARNIER

PAUL GARNIER. 407

chiatrie, et fut conduit par la seule curiosilé de son es-

prit vers un maître qui faisait école. En auditeur béné-

vole et en inconnu d'abord, puis en élève remarqué et

apprécié, il alla écouter Magnan, et devint un disciple

de l'Asile clinique. Ce fut là que sa vocation se décida,

et sa carrière ultérieure devait porter l'empreinte, du

berceau. Le jeune aliéniste ne tarda pas à refléter les

tendances du milieu qui l'avait vu naître, et, toute sa

vie durant, il devait conserver une admiration pro-

fonde pour les doctrines scientifiques de l'homme dont

il avait faitson modèle en s'imprégnant de sa manière

professionnelle, de son savoir et de son talent.

C'est en 1 SSG que Paul Garnier pri t la direction de l'I it-

{i1'mel'ie spéciale du dépôt près la Préfecture de police.

Il héritait delalourde succession de Lasègue et de Legrand

du Saulle, après avoir prêté au premier son concours

gratuit, et assisté le second en qualité de médecin adjoint

pendant troisannées. Son sens clinique se trouvait à

l'aise dans ce milieu si riche d'intérêt, oùmédecins et ma-

gistrats se rencontrent chaque jour sur le terrain délicat

de la responsabilité pénale. Servi par un esprit subtil

et délié, autant que par un jugement droit et robuste,

le nouveau titulaire possédait au plus haut degré ces

qualités de souplesse et de plasticité si nécessaires à son

rôle d'investigateur. Mais il y avait en lui autre chose

qu'un homme de métier : il observait en artiste et

il jugeait en penseur. Devant l'intérêt d'un problème

social, en présence d'une de ces mille situations pit-

toresques, au spectacle desquelles il était convié par

la nature même de son ministère, le fonctionnaire

s'effaçait : le médecin scrutait l'aliéné ou le simula-

teur d'un coup d'oeil sûr et rapide, mais au-delà de la

tâche officielle, l'homme s'arrètait encore pour con-

templer avec émotion les drames de la vie.

Le Dr Garnier avait été nommé médecin-inspecteur

des asiles publics d 'aliénés ,et altaché comme médecin-

légiste au parquet de la Seine. Plusieurs de ses expertises

468 . NÉCROLOGIE.

sont restées célèbres, et sa science fit autorité dans plus

d'un procès fameux. On sait qu'il avait été chargé

dernièrement, par la cour de Vienne, d'examiner l'état

mental de la princesse de Cobourg : le rapport n'était

pas encore rédigé quand la mort vint le surprendre.

Tout en s'acquittant de ses services officiels avec un

zèle qui ne se démentait jamais, Paul Garnier fut,

dans le monde de l'aliénation, l'un des producteurs les

plus féconds de notre époque. Nous lui avons entendu

formuler maintes fois son regret de ne pouvoir fixer

toujours au passage les faits si intéressants qu'ilobser-

vait journellement dans son beau service, et dont quel-

ques-uns, faute de temps, restaient perdus pour la

science. Ses travaux sur les maladies mentales sont si

nombreux qu'il serait abusif d'en dire la liste complète.

En 1877, sa carrière d'aliéniste s'annonçait. déjà pleine

de promesses dans sa thèse de doctorat sur Les idées

de grandeur dans le délire des persécutions.

Depuis cette époque il publia différents ouvrages,

dont plusieurs furent couronnés par l'Académie de

médecine et par l'Institut : Des vertiges avec délire

(1883) ; - La folie Ii Paris : étude statistique, clini-

que et médico-légale (1890) ; - Les fétichistes :

pervertis et invertis sexuels (1896) ; -internement

des aliénés : Thérapeutique et Législation (1898) ; -

Traité de thérapeutique des maladies mentales

et nerveuses (1901). Parmi ses publications dans les

périodiques rappelons encore : Hypnotisme et folie

(1886) ; - Délire chronique, psychose systématique

progressive (1886) ; - L'automatisme somnambuli-

que devant les tribunaux (1887) ; - La simulation de

la folie et la loi sur la °élégatioa((1SSS); -Aphasie

et folie (1889) ; -Le suicide à deux (1891) ; ;- La mo-

nomanie homicide (1891); - Ataxie locomotrice et

folie simulée (1896) ; - Le sad¿fétichisme (1900) ; -

L'alitement dans les maladies mentales et nerveuses

(1900) ; -- Séméiologie et traitement des idées de sui-

PAUL GARNIER. 469

cide (1900) ;- Les hystériques accusatrices (1904) ;

- Les amnésies (1905), etc. Paul Garnier prit une

part active à de nombreux congrès, soit en France,

soit à l'étranger, et il y apporta chaque fois des idées

neuves ou des faits nouveaux sur différentes questions

de médecine mentale, de médecine légale et d'anthro-

pologie criminelle : Dégénérescence mentale et simu-,

lation de la folie (1889); La progression corrélative

de la folie alcoolique, et de la paralysie générale(\889);

Le criminel instinctif et les droits de la défense

sociale (1889) ; -La contagion et l'obsession du meur-

tre j1S92) ; - La mentalité de certaines unités com-

posantes des foules criminelles (1892); - Alcoolisme

et criminalité (1900) ; La criminalité juvénile

(1900.), etc. Enfin le docteur Garnier appartenait encore,

comme membre titulaire ou correspondant, à de nom-

breuses sociétés scientifiques : membre de la Société de

médecine légale depuis 1887, il avait été président de

la Société médico-psychologique en 1897. On l'avait

promu en 1893 au grade de chevalier de la Légion

d'honneur.

Il eût été regrettable que la jeunesse médicale fût pri-

vée de l'enseignement spécial d'un tel maitre. Le doc-

teur Garnier fut chargé par la Faculté d'un cours de

médecine légale psychiatrique. Depuis plusieurs années,

ce cours réunissait chaque semaine un nombre toujours

croissant d'étudiants et de médecins, qui se pressaient

en foule et s'entassaient au petit bonheur, les unsassis,

les autres debout, quelques-uns même juchés, dans un

local toujours trop étroit pour les contenir tous. Lacréa-

tion récente de l'Institut médico-légal, en rendant obli-

gatoire l'étude de la psychiatrie pour l'obtention du ti-

tre d'expert, augmentait encore la pléthore, si bien

qu'à l'une des dernières séances, on ne put recevoir

qu'une moitié des personnes inscrites. Le succès du

conférencier n'était pas au-dessus de son mérite : Garnier

était doué de façon merveilleuse pour l'enseignement

470 NÉCROLOGIE.

libre. 11 épargnait à ses auditeurs la discussion fastidieu-

se des problèmes transcendants ou trop incertains, et il

leur épargnait aussi chose plus rare encore l'en-

nui des notions trop élémentaires. Dégagé de tout es-

prit de parti, faisant bon marché d'une nosographie

qu'il-jugeait encore dans l'enfance, il allait de Heur en

fleur, au hasard du jour, en dilettante amoureux de

son art. L'intérêt quasi-dramatique qu'il savait donner

àl'examen public des malades devait attirer les profes-

sionnels autant que les novices, et, pour assister aux le-

çons de choses qu'il présentait sous des couleurs aussi

brillantes que variées, les agrégés eux-mêmes ne crai-

gnaient point de faire galerie. El puis l'on aimait son

humeur enjouée, ses allusions pleines de finesse et ses

saillies toujours spirituelles : c'était un diseur aimable,

et l'on savait qu'en venant l'écouter, on trouverait à se

distraire autant qu'à s'inslruire.

. Peut-on le constater sans quelque surprise : cet

homme qui n'appartenait pas au monde officiel de lafa-

culténides hôpitaux, et qui ne pouvait être, ce qu'on ap-

pelle en langage de cour un « patron », cet homme

trouvait à ses côtés presque journellement quelques-uns

de ses anciens élèves. Ceux-là ne venaient point faire pa-

rade dans un hémicycle, ni se placer en montre aux pre-

miers gradins d'un amphithéâtre, par convenance ou

par intérêt : ils étaient là par curiosité sincère et aflec-

tion vraie ; ils étaient là parce que le maître était un

charmeur doublé d'un ami, et ils n'attendaient de lui

rien autre chose que la conservation de son charme et de

son amitié. - 1

C'est dans la plénitude de sa force, morale et physi-

que que Paul Garnier vient d'achever prématurément

une carrière de gloire, et l'on peut dire de' bonheur.

Ayant négligé de s'engager dans l'ingrate filière qui

conduit'par degrés jusqu'aux échelons supérieurs de

l'aristocratie médicale, il s'était haussé d'un seul coup

et par son seul mérite au hiv('au des maitresdclascien-

PAUL GARNIER. 471

ce. N'ayant jamais souffert de la lutte épuisante des

concours, il avait ignoré les attentes fiévreuses, les

déboires amers. Mais il avait dépensé sa grande énergie

pour un travail moins stérile. 11 avait connu les délices

d'un labeur sans contrainte, et, sans qu'aucune épreuve

arbitraire eut gêné la liberté. de ses efforts, il avait ga-

gné la célébrité en suivant la voie des indépendants.

La mortelle-même s'est montrée clémente, au terme

d'une vie que pas un nuage n'obscurcit, laissant à

l'écart son cortège de souffrances, elle a frappé d'em-

blée son coup décisif. Son oeuvre aussi rapide qu'inat-

tendue n'en est pas moins cruelle pour les amis de no-

tre excellent maître, et l'image du docteur Garnier de-

meure empreinte d'innombrables regrets dans le sou-

venir de ceux qui l'ont connu et apprécié dans la vie.

\ Dr DROMARD.

Mort et obsèques du DI' Paul Garnier

Lorsque, dans la journée du 18 mars dernier, fut

connue la mort inopinée du docteur Paul Garnibr, sur-

venue subitement la veille au soir, il y eut, dans le vas-

te milieu judiciaire, médical et administratif que lui

avaient ouvert sa claire intelligence et ses exceptionnel-

les qualités scientifiques, une explosion générale de sur-

prise, de douloureuse et de, sincère sympathie. Cette

mort, qui attéra les amis du maître disparu, avait un

caractère particulièrement pénible, car par une fatalité

cruelle, la compagne aimée de toute savie, que Garnier

avait quittée quelques jours auparavant en pleine santé,

se trouvait absente de Paris. Il fallut donc attendre son

retour pour prendre les dispositions qu'exigeait la si-

tuation. Mais, dans l'intervalle, amis et élèves se succé-

dèrent auprès du mort bien aimé et firent tour à tour

la veillée des adieux. Ayant su s'attirer des dévouements

réels, Garnier les a retrouvés après sa mort, et ses fu-

nérailles, dont une partie seulement se déroula à Paris, .

ont revêtu un caractère de dignité simple et de tou-

472 NÉCROLOGIE.

chante tristesse. Non seulement les Sociétés scientifi-

ques dont Garnier faisait partie étaient représentées par

des maîtres éminents, mais aussi la Préfecture de Poli-

ce avait tenu à donner un suprême témoignage d'esti-

me et de regrets à celui qu'elle avait eu, pendant tant

d'années, pour collaborateur dévoué dans la direction

si lourde de l'infirmerie spéciale, M. le Préfet a voulu

conduire le deuil. Puis, lorsque fut arrivé le moment de

la définitive séparation ; lorsque le cortège eut atteint

la gare d'Orléans, par laquelle Garnier devait être

emmené sur les bords de la Loire, au lieu de son éter-

nel repos, M. Motet, Président de la Société de Méde-

cine légale de F1"ance,- M. le Professeur Brouardel,

ancien Doyen de la Facultéde médecine, M. Ritti, secré-

taire général de la Société 3,Iédico-Psycliologique, M.

Laurent, secrétaire général de la Préfecture de Police,

au nom de M. Lépine, empêché, et M. Legras, représen-

tant du personnel de l'Infirmerie spéciale, l'ami dé-

voué de vingt années, tous vinrent successivement,

dans un langage élevé- et ému, dire un dernier adieu

à Garnier en faisant connaître son existence, composée

d'un labeur incessant, en mettant en relief son émi-

nente sagacité scientifique, en rappelant tout le dévoue-

ment qu'il apportait dans ses amitiés, et la bonté qu'il

accordait aux déshérités du sort, que ses fonctions

de médecin en chef et d'expert, faisaient quotidienne-

ment passer devant lui. Garnier n'a pas eu la douleur

d'assisteràson amoindrissement physique, à sa propre

déchéance, incident souvent ultime de la maladie. Il a

été frappé debout, comme par un coup de foudre : il a

passé de vie à trépas sans s'en apercevoir. Et si cette

constatation peut être un adoucissement à leur afflic-

tion, ses amis ont eu en même temps la satisfaction at-

tendrie de voir les plus humbles parmi ses anciens ma-

lades joindre le témoignage de leurs regrets à celui des

hautes personnalités qui ont entouré ses funérailles.

Aussi, ceux qui ont affectionné celui qui n'est plus ont

PAUL GARNIER. 413 3

estimé digne de Garnier de perpétuer son souvenir, en

recueillant les discours prononcés autour de son cer-

cueil, afin d'en faire hommage à l'épouse dont l'affection

illimitée l'avait toujours encouragé et aidé à supporter

les déconvenues de la vie.

Discours de M. Motet, président de la Société de

Médecine légale de France.

Messieurs,

Au nom delà Société de Médecine légale de France, je

saluele Collègue profondément regretté que la mort vient

de nous enlever d'une manière si brusque, si imprévue .

Garnier disparaît en pleine activité, en plein travail,

laissant inachevées des oeuvres dans lesquelles il se pro-

posait de faire connaître les résultats de sa pratique mé-

dico-légale singulièrement instructive. Hélas ! c'est le

sort de ces travaux, tous personnels, de ces documents

patiemment amassés pour être utilisés un jour par l'es-

prit qui les avait classés, de ne pouvoir plus donner tout

ce que nous étions en droit d'en attendre.

Nos regrets sont d'autant plus amers que nous savons

mieux quel fut le prodigieux effort de Garnier. Depuis

plus de 25 ans, il a été le travailleur infatigable qui s'é-

lève, échelon par échelon, à la haute situation à laquelle

il était arrivé. A l'Ecole de Lasègue, il avait pris des ha-

bitudes d'observation sévère, et il avait reçu de ce maî-

tre incomparable desleçons qui restèrent le guide le plus

sur de sa carrière de Médecin légiste. Il s'en souvenait

avec reconnaissance ; c'est à elles qu'il a dû la maturité

de son jugement et la sûreté de ses appréciations dans

les délicates et difficiles expertises qui lui furent con-

fiées. -

Mais aussi, Messieurs, combien lui furent utiles les en-

seignements de cette admirable clinique qu'est l'Infirme-

rie spéciale du dépôt de la Préfecture de Police.Voir cha-

que jour passer devant soi des aliénés atteints des for-

mes aiguës ou chroniques des maladies mentales sous

leurs aspects les plus variés, se trouver aux prises avec

les difficultés d'un diagnostic que, souvent, bien peu de

474 NÉCROLOGIE.

renseignements éclairent. C'est là une tâche d'autant

plus redoutable, d'autant -plus ardue, qu'il y a une déci-

sion à prendre,une mesure grave à indiquer et dont l'op-

portunité est parfois discutée avec plus de passion et de

parti pris qu'avec la juste appréciation des intérêts d'un

malade souvent dangereux, incapable de jouir sagement

- ilc la liberté qu'il réclame ou qu'on réclame pour lui.

Garnier, médecin en chef de cet important service depuis

1880, a rempli ses fonctions avec un tact, une prudence,

une sagacité qui justifiaient la confiance que l'adminis-

tration avait, en ses lumières et dans la sûreté de ses ju-

gements.

Il apportait le même soin dans ses expertises médico-

légales, et les magistrats accueillaient ses avis avec une

faveur méritée. Le nombre de ses rapports es considérable;

ils sont remarquables par la précision avec laquelle il étu-,

diait le malade, les faits, et par la clarté qu'il savait met-

tre dans ses conclusions. Ce furent ces qualités qui le si-

gnalèrent à votre choix, lorsqu'on 18871l posa sa candida-

ture à la Société de Médecine légale de France. Il nous

communiqua de nombreux travaux, il prit à nos discus-

sions une part des plus actives, et se distingua dans les

Commissions par son esprit très ouvert, par son juge-

ment très sûr, mûri d'ailleurs par une vaste expérience.

Il fut pour nous le collègue le plus utile, et aussi le plus

estimé. Nous pouvions attendre bcaucoup encore de lui,

dont l'oeuvre était déjà considérable. Nous nous souve-

nons de l'honneur que nous apportaient ses succès dans

les Congrès scientifiques, aussi bien chez nous qu'à l'é-

tranger. Les questions qu'il y traita eurent parfois une

haute portée sociale, qu'il s'agît de l'alcoolisme, des ler-

versions morales, de la criminalité juvénile, ou dcla légis-

lation sur les aliénés.

Aussi, Messieurs, est-ce avec un sentiment de profonde

tristesse que la Société de Médecine légale de France ap-

porte à cet homme laborieux le témoignage de l'estime

en laquelle le tenaient tous ses Collègues, l'expression

sincèrement émue de ses regrets.

Elle adresse à i\Iadamé Garnier ses plus rcspectueuses

condoléances, cl elle la priedc lui permettrc de s'associer .

à sa douleur.

PAUL GARNIER. 475

Discours de M. le professeur Brouardel.

Messieurs,

Au nom de l'Institut de médecine légale et de psychia-

trie, j'adresse au Dr Paul Garnier un dernier adieu. La

mort, en nous enlevant Garnier, n'a pas seulement ravi

au foyer conjugal et à ses amis un homme excellent, elle

a, par un coup imprévu, privé l'Institut médico-légal d'un

éminent collaborateur.

Pendant plus de vingt ans, le D'Paul Garnier a occupé,

comme médecin en chef de l'Infirmerie spéciale du

Dépôt de la Préfecture de Police, une place à laquelle le

prédestinaient les qualités de son esprit et de son carac-

tère, la finesse et la distinction de son intelligence, la

prudence et la sûreté de son jugement. Grâce à ces méri

tes si rarement réunis, grâce à sa bonté, à son aménité,

Paul Garnier a rempli pendant une vingtaine d'années la

mission la plus délicate qu'un médecin puisse assumer.

11 a réalisé ce prodige de traverser toutes les difficultés,

de résoudre quotidiennement tous les problèmes, sans

qu'on puisse relever une faute ou une erreur au cours de

sa belle carrière.

Paul Garnier, Messieurs, était vraiment l'homme de la

situation qu'il occupait, et, en lui,la fonction avait trouvé

son organe. Aussi avait-il conquis depuis longtemps, en

médecine légale psychiatrique, une autorité et une répu-

tation européennes. Sans rappeler les titres scientifiques

de Paul Garnier, je puis dire que, par l'ensemble de ses

travaux sur les folies urbaines, l'alcoolisme, la crimina-

lité, les perversions sexuelles. Garnier s'est montré le

digne successeur des maîtres qui l'avaient précédé, Lasè-

gue et Lcgrand du Saulle.

Depuis quelques années, grâce il un accord établi entre

la Faculté de médecine et la Préfecture de Police, Paul

Garnier avait ouvert à un auditoire de docteurs et d'étu-

diants les portes de son service et avait fait bénéficier

l'enseignement des richesses d'observations que renfer-

me le foyer de l'Infirmerie spéciale. Lorsque fut créé

l'Institut de médecine légale, le maître, l'organisation,

étaient prêts.

476 NÉCROLOGIE.

Ce que fut l'enseignement de Paul Garnier, je ne le rap-

pellerai pas aux élèves qui m'entourent; hier encore, vous

l'écoutiez et entendiez la parole de ce médecin, qui avait

dans son langage l'élégance d'un lettré etla précision d'un

juriste. -

La mort a fermé cette bouche d'un coup brutal, au mo-

` ment où nous comptions faire profiter les j eunes docteurs

de cette expérience si longuement acquise. La mort a été

cruelle pour nous ; elle a été clémente pour lui, elle lui a

épargné la souffrance.

Messieurs, l'Institut médico-légal conservera précieu-

sement la mémoire d'un homme qui possédait à un si haut

degré les qualités de l'aliéniste et du médecin légiste. Il

survivra dans la mémoire de ses élèves ; ainsi se conti-

nuera l'oeuvre d'éducation à laquelle il avait donné toute

son ardeur.

Madame, au nom de l'Institut médico-légal en deuil,

veuillez accepter l'hommage de notre profonde sympathie

et de notre reconnaissance pour celui que nous pleurons

avec vous. ,

Discours de M. Ant. Ritti au nom de la Société

Médiéo-psychologique.

C'est avec une véritable stupéfaction que nous avons

appris la nouvelle de la mort soudaine de notre savant et

estimé collègue, Nous ne voulions pas y croire ; cependant

il fallut bien se rendre à l'évidence : cette belle intelli-

gence,toujours en éveil, s'était éteinte subitement, comme

par un coup de foudre, alors que sa tâche était loin d'être

terminée, que l'heure du repos n'avait pas encore sonné.

La Société médico-psychologique, dont je suis ici l'in-

terprète désolé, perd en Paul Garnier un de ses membres

les plus distingués, un de ceux qui lui font le plus d'hon-

neur par l'étendue de ses connaissances, l'aménité de son

caractère, l'honorabilité de sa vie, et surtout par l'idée

très élevée qu'il s'était faite de ses devoirs profession-

nels.

Elu membre titulaire de notre compagnie en juillet

1881, sous les auspices de maîtres tels que le professeur

Lasègue, les Drs Legrand du Saulle et Magnan, il fut ap-

PAUL GARNIER. 477

pelé, quelques mois après, aux délicates fonctions de se-

crétaire chargé de la rédaction des comptes rendus des

séances. Avec quel dévouement, quelle conscience, quelle

exactitude, il remplit cette tâche difficile, on peut s'en

rendre compte en consultant les nombreux procès-ver-

baux qu'il rédigea pendant plus de dix ans, alternative-

ment avec notre excellent collègue, le D'' Charpentier.

Sous sa plume facile, nos discussions, parfois un peu con-

fuses, gagnaient en précision et en élégance, sans rien

perdre de leur vérité.

La Société médico-psychologique, reconnaissante des

services rendus par son zélé secrétaire des séances, l'ap-

pela, en 1897, à présider ses travaux. Nous n'avons pas

oublié le discours que Paul Garnier prononça en prenant

possession du fauteuil présidentiel. Nous l'y trouvons

tout entier, avec ce tact et cette mesure qui le caractéri-

saient, avec cet ardent amour du progrès, ce souci cons-

tant du mieux, dont il avait la préoccupation. Il ne crai-

gnait pas les discussions « un peu vives, ardentes même »,

il les désirait, au contraire, parce qu'elles appellent, di-

sait-il, « d'une séance à l'autre, ces répliques où les es-

prits peuvent s'échauffer parfois, se passionner quelque

peu, mais où la vérité scientifique finit, en dernière ana-

lyse, par se faire jour, pour projeter une clarté nouvelle

sur les recherches qui nous sont chères.» Noire président

avait raison : les discussions passionnées ne sont pas il

redouter, car de leur choc naît la lumière ; mais il savait

intervenir à propos lorsque, dans la chaleur du débat,on

abandonnait le terrain delà science pour s'aventurer sur

celui des personnalités : avec un tact exquis et un tour de

main d'une rare habileté, il ramenait à la question sans

qu'il y eût de part ni d'autre aucun froissement.

Les nombreuses discussions auxquelles prit part notre

regretté collègue sont encore présentes à votre esprit.

Nous ne saurions oublier qu'il provoqua, par des rapports

d'une clarté parfaite, les remarquables débats sur le dé-

lire chronique, sur la classification des maladies menta-

les, sur les signes physiques, intellectuels et moraux des

folies héréditaires; sur d'autres points encore de la mé-

decine mentale qu'il serait trop long d'énumérer. Ja-

mais il ne prenait la parole que pour faire des observa-

478 NÉCROLOGIE.

lions frappées au coin du bon sens, résultant d'une con-

naissance approfondie des malades. " ,

Paul Garnier était, en effet, un clinicien d'une rare sa-

gacité; ses qualités naturelles d'observateur, il les avait

développées au contact de maîtres éminents. Auprès de

-Lasègue, de Legrand dû Saulle et de M. Magnan,il acquit

cette sûreté et cette rapidité de coup d'oeil, si nécessaire

dans les fonctions difficiles et délicates qu'il était appelé

à occuper et qu'il remplit pendant près de vingt ans à la

satisfaction générale.

Ces fonctions de médecin en chef de l'Infirmerie spé-

ciale de Dépôt de la Préfecture de police, celles de méde-

cin expert près les tribunaux, les unes et les autres très

absorbantes, ne permettaient plus que très rarement,

dans ces derniers temps, à notre collègue d'assister à nos

séances ; nous le regrettions. Son concours nous était

précieux; on faisait volontiers appel il son savoir étendu,

à sa vaste expérience.

L'oeuvre scientifique de Paul Garnier est considéra-

ble. Depuis l'année 1877, où il soutint sa thèse si remarquée

sur les idées de grandeur dans le délire de persécution, il

n'a cessé d'apporter d'importantes contributions à la

connaissance des divcrscs formes de la folie. Est-il né-

cessaire de rappeler ici son savant mémoire sur les

vertiges avec délire, qui fut couronné par l'Académie

de médecine ; ses recherches sur la coexistence d'un

double délire chez le même sujet; son mémoire sur l'a-

phasie et la folie ? Mais c'est surtout dans le champ delà

médecine légale qu'il a abondamment moissonné. Tous.

nous lisions avec le plus vif intérêt les importants travaux

que lui inspiraient ses nombreuses expertises médico-lé-

gales, et nous en tirions de sérieux profits. Nous savions.

en effet, avec quelle intelligence clinique, avec quel souci

de la vérité, il examinait les malheureux dont le sort était

en quelque sorte remis entre ses mains. C'est qu'il avait

la conscience nette et profonde de l'immense responsabi-

lité qui incombe au médecin-expert en aliénation menta-

le ; son rôle, plein de périls et de difficultés, exige, pour

être rempli dignement, une grande expérience et beau-

coup de circonspcction,

Ces qualités, nous les constatons dans tous les travaux

PAUL GARNIER. 479

de médecine légale publiés par notre savant collègue. On

nous permettra. toutefois, de signaler d'une façon spé-

ciale son mémoire siprudcnt et si pondéré sur l'automa-

tisme somnambulique devant les tribunaux ; celui,'si ins-

tructif et qui fut très goûté, sur la simulation de la folie

et la loi sur la relégation ; son livre, si suggestif, sur les

fétichistes pervertis et invertis sexuels, qui fut couronné

par l'Académie de médecine; enfin, son remarquable rap-

port sur les perversions sexuelles obsédantes et impulsi-

ves au point de vue médico-légal. Ce rapport, dont il fut

chargé pour la section de Psychiatrie du Congrès inter-

national de médecine de 1900, obtint le plus légitime suc-

cès ; ses conclusions furent unanimement approuvées par

les nombreux médecins aliénistes français et étrangers,

venus à Paris pour assister à cette grande réunion scien-

tifique.

L'étude de la folie ne saurait se cantonner dans l'exclu-

sif examen clinique ou médico-légal de l'aliéné ; elle sou-

lève trop de problèmes sociaux et prophylactiques dont

la solution s'impose aux constantes méditations du

médecin aliénistc. Paul Garnier n'a pas hésité à abor-

der les plus importants d'entre eux : les ouvrages qu'il

leur a consacrés méritent une place d'honneur dans notre

littérature spéciale, pour la clarté et l'agrément du style

comme pour la richesse de la documentation,pour l'éléva-

tion des idées, autant que pour le grand sens pratique qui

s'y révèle.

Son livre, la Folie à Paris, restera. Il nous montre, à

l'aide de statistiques exactes et prises à bonne source, la

terrible maladie devenant, d'année en année, plus enva-

hissante, par suite. surtout, du développement de l'al-

coolisme. En atten c le jour où l'on se décidera, pour

diminuer le mal quer les moyens prophylactiques

que le médecir e connaît bien, mais qu'il n'est

pas en son p 1 .pliquer, il ne saurait mieux faire

que de reche. soin les procédés thérapeutiques

les mcillciirr orer le sort des malheureux con-

fiés à ses soi . édés, Paul Garnier les a étudiés

excellemme ouvrage sur l'internement des

aliénés, et d .té de thérapeutique des maladies

mentales et ms l'un comme dans l'autre de

4S0 " NÉCROLOGIE;

ces deux volumes, se trouve toujours la note juste, si bien

exprimée dans ces quelques lignes : « Les illusions thé-

rapeutiques sont non moins dangereuses que ce scepti.

cisme décourageant qui, en médisant trop du présent et

de ses incertitudes, tend à stériliser l'avenir. Si la part de

bien que peut réaliser le médecin est trop restreinte en-

core pour que tout enthousiasme ne lui soit pas interdit,

elle est pourtant assez importante -pour l'encourager et

lui inspirer une foi profonde en l'utilité de sa mission. »

L'idée si élevée qu'il s'était ainsi faite du rôle du méde-

cin, notre collègue s'est appliqué à la réaliser. Il appor-

tait dans l'accomplissement de ses fonctions tout son

zèle, mais aussi tout son coeur. Bon et affable à tous, il

dépensait le meilleur de lui-même pour les infortunés si

nombreux qui, tous les jours, étaient soumis à son exa-

men.

Toutes ces belles qualités qui avaient gagné à notre

collègue, notre estimé et notre affection, furent anéanties

en un clin d'a : il ; l'inexorable mort l'enlevait' brusque-

ment, en pleine force, en pleine activité intellectuelle, à

l'âge où lui étaient encore permis « les longs espoirs et

les vastes pensées ».

Au nom de la Société médico-psychologique que vous

avez honorée par vos travaux et par votre existence si

digne et si bien remplie, je vous adresse, cher collègue,

les suprêmes adieux. Puissent ces témoignages d'affec-

tueuse sympathie porter quelque adoucissement à la dou-

leur déchirante de la compagne de notre vie, à son amer

regret de n'avoir pu recevoir avec votre dernier regard

un dernier adieu.. , ,

Discours de M. Legras, premier Médecin-adjoint de

. l'Infirmerie spéciale.

' , \

Cher Maître, , ,

Au moment de votre départ poui 'il., où vous allez

dormir votre dernier sommeil, pi,è-, e ·ords de la Loire

dormir votre dernier sommeil, près <j \'01' de la Loire

dont les méandres majestueux vouj lugeaient dans

un ravissement jamais assouvi, au r¡ , , personnel de

l'Infirmerie spéciale, je vous appm'1 : ession de ses

douloureux sentiments en témoi ? ? son attache-

PAUL GARNIER. 481

ment et de sa tristesse ; et pour mapart, qu'il me soit per-

mis d'exprimer toute l'affliction que j'éprouve à la suite

du brutal évanouissement d'une collaboration qui date

de près de vingt années, et au cours de laquelle je n'ai

jamais senti la main du chef incontesté, tandis qu'au

contraire, j'ai reçu de vous dans nombre de circonstances,

quelquefois pénibles, des preuves d'une amitié cordiale

dont je garde une inaltérable reconnaissance.

Cruelle ironie du Destin ! c'est alors que Garnier com-

mençait à recueillir le fruit des luttes laborieuses et dif-

ficiles soutenues avec une inlassable persévérance et une

habile diplomatie, afin de mettre en lumière les richesses

scientifiques qui journellement passent par l'Infirmerie

spéciale ; c'est alors qu'il voyait ses leçons accompagnées

d'un légitime succès, que la maladie éclatant, comme un ,

coup de foudre, l'a terrassé pour toujours.

Garnier avait une intelligence très vive et très ouverte,

faite de clarté. Il avait rencontré au début da sa carrière

médicale, à Paris, deux maître illustres : Magnan et Las-

bègue dont il fut d'abord l'élève et dont il devint 1 ami

dévoué. C'est sous leur direction qu'il apprit à n'accep-

ter que les faits confirmés par la clinique. Comme il le

répétait sans cesse à ses auditeurs de l'Infirmerie spé-

ciale : « En médecine il faut toujours en revenir à la clini-

que qui seule juge les théories », et c'est imbu de ce prin-

cipe salutaire que Garnier, pendant les Congrès scientifi-

ques, descendait dans la lice, et sortait vainqucur des

tournois qui s'y livraient. Il était doué (L'un flair médical

qui lui permettait de surmonter les difficultés d'un dia-

gnostic en apparence irréalisable. Il fallait le voir à l'In-

firmerie spéciale pendant sa visite quotidienne, lorsqu'il

se trouvait en présence d'un de ces cas obscurs qui y

abondent. 11 fallait voir avec quelle dextérité clinique,

il savait écarter les broussailles qui encombraient le che-

min à parcourir, atteindre au but visé, et résumer alors

dans une formule concise, composée par deux mots asso-

ciés, ou bien dans un néologisme heureux toute la carac-

téristique de la maladie.

Et pourtant, malgré sa longue et profonde habitude de

la clientèle qui fréquente l'Infirmerie spéciale, Garnier

était contraint parfois de reconnaître qu'il lui était impos-

, AnCII1\'T : O, 2- série, 1. XIX. 31

482 NÉCROLOGIE. '

sible de solutionner tel problème médical que le hasard

avait fait surgir devant lui.. > '. "*« ?

C'est qu'à cette Infirmerie qui est comme le Pandcmo-

nium des misères humaines et des turpitudes sociales,

réelles ou feintes, la pratique de la médecine y revêt une

allure toute particulière qui n'existe que là, qui ne s'impro-

vise pas, et qui exige un long apprentissage. C'est ce que

n'ignorent pas ceux qui suivaient les visites de Garnier.

Le malade s'y présente sous un aspect vierge de toute in-

Quence étrangère quelle qu'elle soit : il se laisse voir dans

toute sa magnificence morbide, et observé aujourd'hui à

l'Infirmerie spéciale, il apparaîtra le lendemain sous un

aspect tout différent dans l'établissement hospitalier qui

l'aura accueilli. C'est ce qu'a exprimé, sous une forme

pittoresque, un des maîtres les plus affectionnés de Gar-

nier, en disant : « A l'Infirmerie spéciale les malades y

arrivent tout chauds. » Mais celle-ci ne reçoit pas unique-

ment des individualités déchues mentalement ; on y

amène aussi journellement des personnes qui ont subi

seulement une secousse morale à répercussion éphémère,

et pour lesquelles quelques consolations opportunément

données leur apportent du réconfort et les ragaillardis-

sent en les relevant à leurs propres yeux. C'est pourquoi

à l'Infirmerie spéciale, le médecin doit pouvoir sortir de

son rôle habituel, et se doubler à l'occasion d'un psycho-

logue et d'une indulgente compassion.

Garnier possédait à un haut degré cette précieuse fa-

culté, sachant être tour à tour fin clinicien, psychologue

perspicace, et obéir aux lois de l'humanité.

A l'Infirmerie spéciale, cher maître, vous ne dispa-

raissez pas complètement ; il y reste quelque chose de

vous et de votre esprit ; vous vous y survivez, car vos suc-

cesseurs se heurteront à des difficultés cliniques qui vous

feront apparaître à leurs yeux,qui évoqueront votre sou-

venir, et celui-ci,entouré d'une auréole bienfaisante, pla-

nera toujours dans cette Infirmerie spéciale que vous

avez tant aimée.

Au revoir, cher maître, dans ce monde inconnu où,

commel'adit le poète, pour toujours nous nous réunis-

sons.

PAUL GARNIER. 483

J ? P'... ·

Allocution de M. E. Laurent, secrétaire générai de la

,.e,t ? i Préfecture de police.

.. .i.4 . ? ,

... - . ' - . , .

...<». t - Mesdames,

>, . · -i 112essieurs, .

Après l'hommage des maîtres et des collaborateurs,

vous attendez l'acte de reconnaissance que je viens rem-

'plir aû nom de M. le Préfet de Police qui n'a pu, à son

grand regret, accompagner jusqu'à ce moment le cortège

funèbre et qui m'a délégué l'honneur d'adresser son salut

ému à la dépouille mortelle deM. le docteur Paul Garnier,

médecin en chef de l'Infirmerie spéciale du Dépôt, et de

répéter que, pendant vingt-deux années d'un labeur inin-

terrompu, son regretté collaborateur a mis toute sa cons-

cience, toute son âme et toute la bonté de son coeur, à

exercer la mission protectrice et secourable dont il avait

assumé la lourde charge.

Premier médecin adjoint de l'Infirmerie du Dépôt en

1883, après de laborieuses suppléances, médecin en chef

de ce grand service depuis le 17 juillet 1886, M. le

Docteur Paul Garnier s'est inspiré des enseignements des

anciens chefs, M. le docteur Lassègue et M. le docteur

Legrand du Saulle, dont le souvenir est resté si vivant,

pour continuer leur oeuvre et mériter d'être proclamé

véritablement leur successeur. Il s'enorgueillissait à

juste titre d'avoir été appelé à occuper une place qu'ils

avaient faite si grande : « N'est-ce pas à eux, écrivait-il,

le jour de sa nomination, que je dois attribuer la faveur

dont je suis aujourd'hui l'objet, et ne convient-il pas que

jela considère comme un hommage de plus rendu à leur

mémoire ? »

Nous aimions à le suivre dans toute l'activité de sa

tâche, l'attention toujours en éveil, la physionomie éclai-

rée le plus souvent d'un sourire, sans doute pour corri-

ger ou dissimuler plus d'une tristesse, l'oeil toujours vigi-

lant et exercé à déchiffrer les plus douloureuses énigmes.

Il possédait bien toute la science qui discerne et il sa-

vait à un haut degré, dans la précision de son diagnos-

tic, émettre avec certitude- des avis que le Préfet de

f

484 NÉCROLOGIE.

Police accueillait avec une confiance que nul incident

n'est venu ébranler pendant une aussi longue période

d'années. '

La liste est longue des pauvres malades les plus in-

téressants de tous parce qu'ils sont le plus souvent sans

défense, qu'il faut conduire il l'Infirmerie spéciale.

Ils y trouvent une protection tulélaire : placés en obser-

vation, à distance de l'Asile vers lequel ils ne seront

dirigés que si, après un examen de quelques heures ou

de quelques jours, ils sont reconnus aliénés et dangc-

reux, ils trouvent dans le médecin en chef et dans ses

adjoints, secondés par des internes et par un personnel

dévoués, l'aide et l'assistance dont ils ont besoin pour

franchir cette étape décisive. Le Préfet de Police, sur l'a-

vis de M. le docteur Paul Garnier, a rendu annuellement

vingt, sur cent, de ces malheureux à leur famille ; la

charité de l'excellent docteur savait trouver les paroles

d'espoir qu'il faut dire.pourpersuadcr à ceux qui devaient

partir vers l'Asile, que l'épreuve ne serait pas longue

et que les meilleurs soins viendraient promptement à

bout des pires souffrances. ,

Il laisse de nombreux élèves qu'il s'attachait par une

extrême bienveillance aussi bien que par la sûreté et

l'intérêt de son enseignement, et qui s'inspireront de sa

méthode d'observation.

Ainsi s'accomplissait dans la régularité d'une action

- attentive aux plus chers intérêts des familles et de la

Société, l'oeuvre d'un chef de service qui est, pour le Pré-

fet de Police, le collaborateur dont les avis ont les plus

décisives conséquences. Sa tâche était délicate entre

toutes ; il l'assumait avec l'autorité de son savoir, affir-

mant résolument et démontrant avec l'expérience de sa

pratique consciencieuse que la loi de 1838 a bien fait

de confier à l'autorité administrative, qu'il appelait l'au-

torité responsable, la mesure de l'internement, sous le

contrôle judiciaire. « Ce n'est pas une loi à détruire,

écrivait-il ; c'est une loi il compléter », et il la mon-

trait protectrice de l'intérêt public dans son applica-

tion que l'action administrative fait prompte, sou-

cieuse de l'intérêt privé dans le contrôle qu'elle

confie incessant à la Justice en l'investissant du de-

JOHN SIBBALD. 485 5

voir d'examiner d'office chaque internement et de se

prononcer sans délai sur les- recours qui émanent, à

quelque époque .que ce soit, de toute personne placée

ou retenue dans un établissement d'aliénés, ou de tout

parent' ou ami qui prend ses fait et cause. 1

La responsabilité qui résultait de la sanction donnée

àses'avis, le Chef chargé de statuer, l'acceptait délibé-

rément, dans ces heures si souvent troublantes où il' faut

mettre en balance la crainte d'un danger pour la Société

et le souci de prescrire d'office l'internement d'un ma-

lade : c'est que PI..le Docteur Garnier savait faire

la part de toutes les considérations qui font la sauve-

garde de la Société aussi bien que du malheureux dont

le sort lui était momentanément confié, et que l'on ne

pouvait mettre en doute ni la sûreté de son observation,

ni ses sentiments de compassion pour les misères dont

il avait à sonder les origines et les conséquences.

Aux souvenirs que j'invoque, vous sentez toute la vi-

vacité 1 de nos regrets et de notre peine. Je les exprime

respectueusement à celle qu'il laisse atterrée d'un mal-

heur si brusque. Ils sont la cordiale attestation de tout

le mérite d'une existence qui a été consacrée au travail

et à,l'accomplissement du devoir professionnel. Notre

hommage se confond avec notre émotion ; je la

ressens profonde en saluant une dernière fois, au nom de

M. le Préfet de Police, ce cercueil qui va si tristement

partir vers une tombe qui sera bien loin de nous.

JOHN SIBBALD.

Nous apprenons la mort de sir John SIBBALD., à l'âge de 72 ans,

inspecteur général de l'assistance en Ecosse. Mis en retraite à

cause de son âge, en 1889, après vingt et un ans de service, sir

John était resté très actif, s'adonnant aux travaux scientifiques. Il

y a quelques mois, sir John Sibbald a contracté une maladie

grave du larynx, il était un des premiers à constater qu'il n'y

avait pas d'espoir de guérison. Jusqu'aux derniers moments, il a

consené toutes ses facultés mentales, s'intéressant à tout ce à

quoi il a pieusement consacré sa vie de labeur. Il y a quelques

semaines, il pouvait encore sortir dehors, mais tout dernière-

ment il a été obligé de garder la chambre ; il est mort paisible-

ment hier malin.

48û' nécrologie.

\é il. Edimbourg en 1833, il a reçu l'instruction des plus com-

plètes à Mercheston Castle School et à. l'Université d'Edimbourg,

ayant pris son doctorat en médecine en 1854. Etant étudiant, il

a été président de la Société Royale de médecine. Il a été le pre-

mier médecin de l'hôpital de PerLh ayant fait l'expérience de la

médecine générale privée, ayant étudié dans les meilleurs hôpi-

taux, auprès de maîtres de Paris. ' ' z

Si). John Sibbald a écrit beaucoup dans le Journal TVMZ<M-

cet. 11 s'est consacré il l'étude de la médecine mentale par in-

clination naturelle, et pendant plusieurs années il a été médecin-

adjoint à Morningside. 11 a été ensuite à Berlin étudier auprès du

professeur de grande autorité, Griesinger. duquel il a reçu les

idées directrices qu'il a conservées toute sa vie : à savoir que les

maladies mentales font partie des maladies générales du système

nerveux, et, par conséquent, ne peinent pas être traitées en

dehors de celles-là. En 1862, il est nommé médecin en chef de

Argyll Asylum, et c'est là que si ! ' John a adapté ses idées avan-

cées. 1 ·

11 a été le premier il. abolir l'emploi des Airing courts, de petits

endroits étroits avec de grands murs où l'on renfermait les

malades pour la plus grande partie de la journée. Tous les asiles

d'Ecosse ont suivi cet exemple ; l'Angleterre entière a adopté en-

suite ce sage principe. Le résultat de cette suppression étaitl'amé-

lioration de la santé physique des aliénés, qui ne souffrent plus

tant de la tuberculose et sont plus faciles à garder. Sir John Sib-

bald a lutté aussi pour l'occupation des malades par le travail

dans l'asile.

En 1870, il a été nommé Deputy commissioner in Lunac y et

en 1878. En cette qualité, il avait une grande expé-

rience du traitement familial des malades tranquilles et doux,

aliénés ou imbéciles, organisé par sir Arthur Mitchell. '

Un de ses traits frappants, c'étaitles façons extraordinairement

consciencieuses et profondes avec lesquelles il s'acquittait de ses

devoirs. Ayant succédé à sir James (Vive, en qualité d'inspec-

teur général, il a usé de tout son pouvoir et do son influence en

faveur du progrès dans l'amélioration de la situation des alié-

nés. Par sa douce et persistante ténacité, il a acquis un grand as-

cendant parmi les médecins et comités des asiles d'Ecosse et des

Boyards of Lunacy.

Tout ce qu'écrivait sir John jouissait d'une grande considéra-

lion, ayant une valeur indiscutable. Son petit travail : « Insanily

in ils public aspects », était le résultat de sa grande expérience de

commissioner et de médecin d'asile. Il a été rédacteur cons-

ciencieux du Journal of' mental Science. Son travail, présenté il

la Société Royale de statistique, sur les suicides en Angleterre et

en Ecosse, a jeté une nouvelle lumière sur ce sujet et a attiré

JOHN SIBBALD. 487

depuis une grande attention. Sir .Ioltn attaquait l'opinion courante

que les suicides augmentaient. Son explication des statistiques

récentes semblait prouver que l'accroissement des.suicides était

inventé et suggéré. En 1877, il puhliait ses travaux dans les

«Morison Lectures of lnsanity au Royal collège des médecins ;

ses travaux comprenaient les instructions cliniques sur l'aliéna-

tion mentale, Ghcelat Cottages asylums, Lunacy administration

à Berlin et en Ecosse, et les Plans d'un asile moderne. .

Il meurt sans avoireu la satisfaction d'inaugurer l'asile-village

d'Aberdeen, établissement qui fut son oewre et représente le

type le plus nouveau du genre. Sir John avait participé person-

nellement au développement de l'Assistance familiale française

pour les aliénés. 11 était venu passer à Dun-sur-Auron, auprès

du DrA. Marie, plusieurs semaines pour suivre les créations nou-

velles du département de la Seine. Personnellement lié avec le

])' Doucbereau, qu'il avait reçu en Ecosse avec Foville et la Com-

mission sénatoriale, il a\ait guidé a\ec une amabilité inoubliable

les missions françaises successives qui étudièrent la colonisation

familiale écossaise.

C'est ainsi qu'il reçut le D" A. Marie, de Villejuif, en 1890 ; la

commission du Conseil général et le Dr Toulouse en 1803. Orga-

nisateur des congrès d'assistance familiale, il présida une partie

des séances de 1 ! )01, tenues au Musée social. 11 a créé, avec

MM. Clouston, Mac Pherson et Catty Tuke, le premier service

ouvert d'hôpital pour maladies moniales à l'Infirmerie Royale

d'Edimbourg. /

Le troisième Congrès d'assistance familiale d'Edimbourg, en

septembre 1 ! )0 ? réunit une dernière fois, sous sa présidence, les

adeptes de son idée venus des principaux pays d'Europe.

Sir John Sibbald était bon et courtois avec tous ceux qui l'ap-

prochaient ; il était toujours prêt à aider de ses conseils et de

son appui les jeunes camarades de sa profession. 11 était le grand

fa\ori du monde, médical d'Edimbourg et de toute l'Ecosse. Il a

supporté les épreuves de sa dernière et douloureuse maladie avec

son courage et son humeur habituels, qui ne se démentirent ja-

mais durant sa ,il'. Sa mort est une perle cruelle pour les psy-

chiatres d'Ecosse. Si)' John laisse sa femme, Lady Sibbald, deux

lils et cinq filles. Nous leurs adressons nos douloureuses condo-

léances. Dr Kreeman.

Asiles d'Aliénés. Par dércet du Président de la République

en date du 9 avril 1\)0;) : « Les M'l'rets (les 16 août 1S74,

Il août 1838 et 17 mars 1890 sont déclarés applicables au\

asiles publics d'aliénés de Maison-Blanche et de r()is('l1{' (Seine-

et-(lise). »

CORRESPONDANCE

Personnel médical des asiles : Les médecins adjoints.

- Cher Maître, ' - ' ? .

Je -sous remercie d'avoir bien voulu tenir compte de Ilion opi-

nion dans votre rapport sur les médecins dans les asiles. '

J'ai su par M. Lande que le Conseil supérieur de l'A. P. semblait

disposé à vous suivre dans la voie de l'utilisation des médecins-

adjoints. J'ignore, par contre, le résultat final des délibérations

et je vous serai reconnaissant de me le communiquer afin que

j'en puisse faire, tl'ores et déjà, mon profil. ·

Faudra-t-i), comme le souhaite la IVe Section, ne donner aux

médecins-adjoints que des services de chroniques dans lesquels

ils ne seront même pas les maîtres ? Je ne vois pas bien le profit

de cette répartition. A de jeunes médecins actifs, il faut donner,

selon moi, des malades neufs, dont l'obsenation et le traitement

les intéressera plus vivement. Voyez ce qui se passe dans les hô-

pitaux. Les ser\ices d'incurables que je connais, quand ils sont

-usités par des chefs de service consciencieux, ne le sont que

deux fois la semaine. Ne craignez- vous pas d'immobiliser les nlé-

decins-adjoints en voulant les utiliser ? ' ?

Ce n'est pas que les services de chroniques manquent d'intérêt.

Je m'y arrête pour ma part très volontiers et longuement.

Je m'instruis en examinant un chronique, je fais appela tout

ce qui lui reste d'activité mentale ou physique et j'essaie de l'ar-

rêter sur la pente qui le conduit, prématurément bien des ibis,

à l'inertie et au gâtisme. Et qu'on ne dise pas qu'il n'y a dans ce

sens rien à faire ! En deux ans, dans mon ser\ice, le nombre des

travailleuses a augmenté d'un tiers et le chiffre des gâteuses s'est

abaissé de 80 % (1). -

Mais je crains que l'observation et le traitement des chroniques

n'exercent pas sur les médecins adjoints une séduction suffisante

et je suis d'avis de, leur donnera la fois des cas aigus et des cas

chroniques. Un service d'aliénés doit, à mon sens, se composer

de quartiers-hôpitaux ou de traitement ; de quartiers-hospices ou

d'hospitalisation ; mes malades passent, à tous moments, 'des

uns aux autres. Pour donner un service aux médecins-adjoints,

il suffit de prendre une proportion convenable et assortie de

quartiers-hôpitaux et de quartiers-hospices. Le médecin-adjoint

serait, par délégation préfectorale, en attendant mieux, respon-

sable de ce service ! '

(1) C'est là une vérité sur laquelle on ne saurai trop insiste)'.

(13.)

ASSISTANCE ET PÉDAGOGIE. 480

Le service du médecin en chef pourrait être en outre une sorte

d'admission d'où les malades seraient versés dans les divers ser-

vices où ils repasseraient même avant leur sortie. Le certificat

de sortie signé parles médecins-adjoints serait contresigné par le

médecin en chef. -

Ce système sera-t-il parfait ? je ne le crois pas. 11 me paraît ce-

pendant représenter une solution moyenne et honorable entre

deux extrêmes qui sont, d'un côté, la situation actuelle, vraiment

inacceptable, des médecins-adjoints ; de l'autre, l'autonomie ab-

solue accordée immédiatement après -le concours à de jeunes

médecins dont quelques-uns s'imagineront qu'ils n'ont plus rien à

apprendre de leurs aînés.

Pardonnez-moi cette lettre bien longue et qui, d'ailleurs, vient

trop lard, et veuillez croire à mes sentiments dévoués. ,.

. NGL.1DE.

Votre lettre est trop intéressante, mon cher collègue,

pour que vous ne soyez point pardonné et je fais de nou-

veauappcl aux médecins en chef, médecins directeurs et

médecins adjoints pour nous aider à réaliser le plus de

réformes possibles dans nos asiles. B.

ASSISTANCE ET PEDAGOGIE

Institut médico-pédagogique de M. le Dr Jean Malarewski

. à Saint-Pétersbourg. - .

L'Institut médico-pc(agogique, fondé par M. le docteur Jean

Malarewski en 1882, de sa propre initiative et avec ses fonds per-

sonnels, a pour objet l'éducation et l'instruction des enfants in-

Ll'1leclueLiementet moralement dégénérés.

L'Institut se divise en deux parties : une pédagogique, l'autre

médicale. Dans toutes les deux on accepte les enfants des deux

smes. Dans la division médicale se froment les enfants épilep-

tiques, idiots et imbéciles. Cette division médicale se subdivise

encore en deux groupes : le groupe inférieur et le groupe supé-

rieur. Dans le premier on applique le système de MM. Séguin et

Dournev ille. Les élèves du 2e groupe passent leur temps à des tria-

vaux physiques, par exemple : en hiver sciage de bois ; en été,

travaux de labourage.

490 ASSISTANCE ET PÉDAGOGIE.

La division pédagogique reçoit les enfants nerveux, neurasttté-

niques, hystériques et en général les enfants arriérés. Celle di-

vision comprend trois groupes : l'inférieur, le moyen et le supé-

rieur. ' .

Le groupe inférieur correspond aux enfants dont l'état de dé-

générescence ou d'anormalité a été remarqué avant, l'âge de l'é-

cole. Le moyen comprend les enfants de 12-)j ans dont l'anor-

malité a été remarquée dans plusieurs écoles dont ils ont été suc-

cessivement renvoyés, à cause de leur incapacité ou de leur dé-

veloppement insuffisant. Le supérieur est formé par les enfants

de 15 ans et au-dessus dont l'anormalité est apparue seulement

pendant l'âge de la puberté.

Dans l'Institut il y a pour chaque groupe des dortoirs, et des

salles déclasse, les réfectoires et les ateliers sont communs..

Pour l'éducation des enfants on applique le système qui esl

établi parla longue expérience des fondateurs de l'Institut, et est

conforme sous beaucoup de rapports à ceux exposés, d'après la

pratique de Cicetrc, par M. le Dr Thulié, dans son ouvrage D¡'es-

sage des jeunes dégénérés ( 1). La vie des élèves est très variée : en

hiver ils demeurent à Pétersbourg; en été, ils jouissent de l'a-

grément d'être à la ferme du chef de l'Institut aux bords du lac

Ladoga. Les élèves y travaillent aux champs ou allmpp'ent des

poissons à l'aide d'un outil spécial à une distance de 10 à 12

verstes du bord (Méthode de M. Scharko.) .

Le traitement dans cet Institut dure habituellement de 3 à 5

ansou plus suivant le succès des élèves. Après cela, ils sont capa-

bles d'être une aide de leurs parents ou ils pouvenl continuer leurs

éludes dans un collège ou à l'Université.

Il y a dans l'Institut un. personnel médico-pédagogique de 50

personnes pour 82 élèves. Les 82 élèves comprennent 17 jeu-

nes filles et 05 garçons. - La division médicale se compose de

50 enfants qui sont les suivants : 28 épileptiques, 12 hystériques,

10 idiots.

La division pédagogique 30 : 3 épileptiques, 10 hystériques, 2

kleptomanes, 11 neurasthéniques, 4 nerveux.

Le prix est de 1.800 francs pour une année complète. Bien que

ce prix soit très élevé, de nombreuses demandes d'admission ar-

rivent de diverses provinces de la Russie; car de telles institut ions

identiques ne sont pas nombreuses (1), 11 y en a par exemple, une

(1) Vtntc la doctoresse Malarevvsky est venue visiter notre service

en 1892 ( ? ), et pendant quelque temps a suivi tous les exercices qui

s'y font, étudie avec soin tous nos procédés. La note qui précède

est duc à son fils qui, lui, à son tour, examine avec beaucoup de

soin tout ce que nous faisons à nicI1lI'e, Ü la Fondation Vallée1 et

a l'Institut l11édico.péda¡¡oique. Voir entre autres, le Compte-

rendu de 1903, lt.l\'III, LXIV et CLXIV. (R.)

= VARIA. ' 491

à Kit,n du docteur Sikoraky, à Saint-Pétcrshomg de Michel Ma-

]aj'pW ? ki,<i[s<le.fca.nMalarewskioulesulijVf : ;neienncn[.quc

pour leur éducation. Il existe encore des établissements privés

fondés par quelques personnes pieuses ; ces établissements ont

pour base l'ignorance humaine, c'est-à-dire que leur espérance

unique est dans la croyance en Dieu, en la Sainte Vierge Marie,

etc ? -"''

VARIA

Hommage au D1' W. IREL.4ND,

Le 4 mars 1905, le ])L' 1RE LANn a été l'ojet d'un hommage bien

mérité : La cérémonie a eu lieu dans la bibliothèque du Collège

royal de médecine d'Edimbourg. Le))' I)Ial'ait, présidait, de nom-

breux médecins étaient venus de toutes les parties du pays. Le DI'

('.laiton présenta le 1)'' h'eland qui remercia ses confrères. Puis,

sur la proposition du D'' Gellow lees, on vota des remerciements au

comité et au 1)- Thomson son secrétaire. Voici la copie de l'adresse :

«A l'occasion du 50° anniversaire de votre doctorat et en témoi-

gagne de l'admiration générale pour votre travail d'un demi-siècle

nous tenons à vous exprimer nos cordiales congratulations et

lions vous prions d'accepter le don qui les accompagne.

«Vous êtes entré dans notre profession au moment où la méde-

cine posait ses bases sur des éléments scientifiques. Guidé àl'Uni-

versité d'Edimbourg par des maîtres de la plus haute valeur, vous

avez travaillé vous même à l'avancement de la médecine. Et mal-

gré votre blessure, reçue dans la campagne des Indes, dont vous

souffrez encore, vous avez continué voire labeur dédaignant une

vie aisée et facile. Vous avez laissé votre empreinte dans les let-

tres, la science et l'histoire ; vous avez ouvert une nouvelle voie

en étudiant la psychologie et l'hérédité des hommes célèbres. La

meilleure preuve en est l'interdiction en Russie de votre étude

sur un des maîtres de ce pays. Vous intéressez tous les lecteurs.

La tache sur le cerveau, A travers la Porte d'Ivoire, feront vivre

votre nom dans l'avenir.

« En médecine, vous avez fait de l'étude des anormaux votre

prédilection, ainsi que le montre votre livre Des affections mentales

des enfants. Vos travaux et votre pratique médicale rendent la

science et l'homme vos débiteurs. Vos travaux personnels sur les

maladies moniales et nerveuses et (laits d'autres départements de

la médecine,vos traductions disséminées dans beaucoup de jour-

naux, sont d'un grand intérêt et de haute valeur.

«Beaucoup de sociétés scientifiques, appcécianthautement votre

oeuvre, vous ont conféré le titre de membre honoraire. Votre il' a

492 FAITS DIVERS.

été un ell'ort continu. Votre accumulation de connaissances acquises

par unelecture étendue a toujoursété mise volontiers à ladisposi-

tion de vos confrères. Peu de personnesdela profession pourraient

trouver ailleurs une aide aussi appréciable de références.

« Au-dessus de tous ces mérites, c'est votre caractère, unissant

la modestie et l'humour général avec la véracité et le sérieux, qui

a gagné notre respect et noire affection. Nous tenons à v ous expri-

mer cordialenientiios vieux pour une longue et heureuse il' d'uti-

lité constante. Nous espérons que vous jouirez toujours du huo-

heur de l'homme, qui « reste simple, bon, sincère, sérieux, sans

affectation, ami de la justice, attaché et persévérant dans le

devoir ». , larccl f>.

L'enseignement professionnel des infirmiers des asiles

d'aliénés, par le 1)' VAN 1EVENTER.

Cette question se trouve pour ainsi dire résolue' dans tous les

pays du monde. Les rapports officiels, des asiles étrangers nous

informent que les médecins des asiles étrangers se chargent de

» cet enseignement. Tous, sans aucune dislinction,recounaissentles

progrès réalisés dans leurs asiles et chez les infirmiers depuis que

l'enseignement se douve organisé, et nous ne mentionnons le

travail du savant psychiatre de Meeremberg que pour annoncer

qu'à l'heure actuelle la Hollande compte 450 infirmiers spéciaux

diplômés pourles asiles' d'aliénés (1). [Annales médico-chirurgica-

les, août 1905.)

FAITS DIVERS

Asiles d'aunes. Mouvement d'avril et de yn.ai 100. - Jl. le

Dr Rogues de Fursac, médecin-adjoint il l'asile de Clermont (Oise),

promu à la classe exceptionnelle du cadre. M. le Dr Pélissier,

médecin- adjoint à l'asile de Marseille, promu a la classe excep-

tionnelle du cadre. M. Sabal, sous-préfet de Coutances, est

nommé directeur.de l'Asile d'aliénés de 13ron (Rhône) en rem-

placement de M. Ligier, décédé. M. Cmelier, directeur de

l'asile d'aliénés de Rennes, promu à la 2° classe du cadre.

Simonet, secrétaire de la direction de l'asile d'aliénés de Chàlons-

sur-Marne, est nommé directeur de l'asile d'aliénés de Bailleul

(Xord), en remplacement de M. Dlljardin, décédé. ,

Asile départemental des aliénés de Moisselles. Une place

d'interne est vacante. Le traitement est de 800 francs, plus 400

(1) L'Angleterre compte en ce moment au-delà de .i00 gardiens

spéciaux diplômés, pour ses asiles. Le nombre exact croyons-

nous, esl supérieur il ce chiffre.

faIts divers i 499

francs d'indemnité de déplacement et logement, éclairage, chauf-

fage, nourriture. Adresser les demandes au Directeur-Médecin de .

l'Asile de Moisselles (Seine-et-Oise).Pièces à produire : 1" expé-

dition d'acte de naissance ; 2o extrait de casier judiciaire ; : \0 cer-

tificat de bonnes vie et moeurs ; 4o certificat de revacçination ;

5° certificat constatant Il) inscriptions ; (io certificat constatant

les services hospitaliers. Ces deux derniers certificats doivent in-

diquer que le candidat n'a pas subi de peines disciplinaires graves.

Maison nationale de Charenton. Le concours pourleposte

de médecin suppléant de la Maison Nationale de Charenton s'est

terminé parla nomination de notre distingué collaborateur, M. ! loger mignon, ancien chef 'de clinique de la Faculté, médecin-

adjoint des asiles publics d'aliénés.

Evasion d'un aliéné assassin. -Au mois (le janvier de l'année

dernière, un coiffeur, demeurant Grande-Rue à Sèvres, Pierre

Rollin, se croyant, bien à tort, (rompe par sa femme, la luail au

cours de son sommeil de (rois coups de revolver. Certains symp-

tômes d'aliénation mentale observés chez le coupable permirent

aux médecins de conclure à son irresponsabilité, et le juge d'ins-

truction lit, en conséquence, interner Hollin à l'asile de Cll'r-

mont, dans l'Oise. Rollin s'en évadait il y a huit jours et reve-

nait inopinément chez sa fille aînée, à Clamart, disant qu'on

l'avait remis en liberté ; celle-ci ayant refusé de recevoir le meur-

trier de sa mère, Rollin se cacha à Boulogne, puis, ne se jugeant

pas en sécurité si près de Sèvres, il partit pour Melun. Mais son

signalement avait été envoyé dans toutes les directions et le fu-

gilif a été arrêté hier à Boissy-Saint-Léger, d'où il a été recon-

duit sur Versailles, à la disposition du Parquet.

Drame de l'alcoolisme. Dans une crise de folie alcoolique,

Pierre Mounes,'20ans, demeurant à Bos-Sililelll (Hautes-Pyré-

nées), a introduit de force une bouteille vide dans la bouche et la

gorge de sa vieille tante chez qui il logeait. La malheureuse a eu

les maxillaires détachés et la langue arrachée. Elle est morte

après d'horribles souffrances. Pierre Momies a été conduit à la

prison d'Argelès. Il rit et chante; il est inconscient. (Bonhomme

normand du 10 fév.)

Hôpital de la Pitié. Maladies nerveuses : M. BABINSKI,

samedi il 10 h. 1/4.

Hospice de la 8ALPTRIÈRE.- Maladies mentales Dr D[\Y, le

jeudi il 10 heures (section Rambuleau).

,1

Clinique des maladies DU système nerveux. M. le professeur

HA YMOND. Cours complémentaire et pratique (1 rc serie) (l'anato-

mie pathologique. - )1. le 1), ALQUIER, chef des travaux anatomi-

494 FAITS DIVERS.

ques, commencera, le mardi 13 juin 1905, à 5 heures de l'après-

midi, un cours pratique d'anatomie pathologique au laboratoire

d'anatomie pathologique de la clinique des maladies nerveuses,

à la Salpétriere. Ce cours aura pour objet l'étude pratique de l'a-

natomie pathologique (fumeurs, lésions inflammatoires,, princi-

pales lésions des tissus, organes et appareils). Il comprendra l'é-

tUIle, sur des pièces anatomiques et des préparations histologi-

ques, des caractères propres à chaque lésion et des méthodes

techniques à employer dans chaque cas en particulier. Les élèves

seront exercés aux manipulations histologiques et devront faire

eux-mêmes une collection de préparations qui, le cours fini, res-

teront leur propriété. - . ,

Le cours durera un mois etaura lieu tous les jours à 5 heures

de l'après-midi. Le laboratoire sera ouvert aux élèves (juti Yotl-

dront y travailler tous les jours, de 9 heures du matin à midi

et de 1 heure 1/2 de l'après-midi à 5 heures. Les matériaux d'étu-

de, réactifs et instruments nécessaires, seront mis à leur dis-

position. Le droit à verser est fixé à 80 francs. Pour tous rensei-

gnements complémentaires, s'adresser le matin au docteur Al-

quier, à la Salpêtrière. Seront admis les docteurs et étudiants

français et étrangers, sur la présentation de la quittance de verse-

ment du droit. Les bulletins de versement relatifs à ce cours se-

ront délivrés au Secrétariat de la Faculté (guichetno 3), les mardis,

jeudis, samedis,de midi à 3 heures. ,

Hospice de BICÈTRE. M. BOURNEVILLE. Visite et présenta-

tion de malades le samedi à D heures et demie très précises.

Consultation medico. pedagogique gratuite pour les enfants lejeu-

di à 9 h. 1/2.

COURS pratique D'HYPNOLOGIE ET DE PSYCHOTHÉRAPIE, - MM.

les docteurs Bérillon et Paul Farez ont commencé, le jeudi 25

mai 1 aOj, un cours d'hypnotisme et de psychothérapie. Ce cours

est privé ; il comporte des démonstrations pratiques et sera coin-

pleten douze leçons ; il est fait à l'école de psychologie, 49, rue

Saint-André-des Arts, où les inscriptions sont reçues les mardis,

jeudis et samedis, de 10 heures à midi. On peut également s'ins-

crire par correspondance. Le droit d'inscription est fixé à GO francs.

Les leçons auront lieu aux dates suivantes : M. Bérillon, les 2.'),

27 et 30 mai, les 3, G et 8 juin, à 10 heures 1/2 du matin. M. le

Dr Paul Farez, les mêmes jours, à 5 heures de l'après-midi.

Aliéné ALCOOLIQUE. - Dans un accès de fureur alcoolique,

Vallée, 45 ans, cultivateur à (joissy-)Jaugis (Orne) a lente d'égor-

ger sa v ieille mère, âgée de 80 ans. On l'a réintégré à l'asile U'Alcn-

çon d'où il venait de sortir. [Bonhomme Normand, 20 mai).

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 495

AVIS A NOS ABONNÉS. - L'échéance du ler

JUILLET étant lune des plus importantes de l'année,

nous prions instamment nos souscripteurs, dont l'abonne-

ment cesse à cette date, de nous envoyer le plus tôt possible

le montant de leur' renouvellement. Ils pourront nous

adresser ce montant par l'intermédiaire du bureau de

poste de leur localité, qui leur remettra un reçu de la

somme versée. Nous prenons à notre charge les frais de

3 % prélevés par la poste, et nos abonnés n'ont rien à

payer en sus du prix de leur renouvellement.

Nous leur rappelons que, à moins d'avis contraire, la

quittance de réabonnement leur sera présentée, aug-

mentée des frais de recouvrement, à partir du 15

juillet. Nous les engageons donc à nous envoyer de suite

leur renouvellement par un mandat poste.

Afin d'éviter toute erreur, nous prions également nos

abonnés de joindre à leur lettre de réabonnement et à toutes

leurs réclamations la BANDE de leur journal.

- Nous rappelons à nos lecteurs que l'abonnement col-

lectif des Archives de Neurologie et du Progrès

Médical est réduit à 28 francs pour la France et 30

francs pour l'Étranger.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

BOURNEVILLE. - Fixation du nombre des médecins dans les asiles

publics d'aliénés. Rapport fait au Conseil supérieur de l'Assis-

tance publique. In-4° de 58 pages.

CHARON (R.). Rapport médical et compte rendu administratif de

l'exercice 1904 sur l'Asile de Dury-lès-Amierts. ln-8° de 92 pages.

Imp. Redonne)-, à Amiens

UEJACE. Voyage d'études médicales aux stations thermales du

Centre de la France. 1 vol. In-8° de 94 pages. Imp. Faust-Truyen à

Liège.

DEIICUM (F. X.). - Dementia pl'oecox In-8" de 8 pages. Chicago.

DONALDSON and David J. DAvis. - A description of cLarts Sho-

",ing the areas of Llie cross sections of the human spinal cord at lhe

levelof each spinal nerve. In-8° de 40 pages. (The Journal of com-

lielirology)

D01>.\LDSO : >l and ILOKE. - On the arc as of the axis eylinder and

nteduitary slmeath as seen in cross sections of the spinal nerves of

vertelxales.Iu·8° de 16 pages.(Thé Journal of comparât, neurology.)

D01>ATII (J.). Der phosphorsauregehalt der cel'ebl'Ospillalj1l1ssig

4ÙG BULLETIN BIBLIOGRAPHIQIila.

keit bei versc'iiedenen, inbrsortdere nernettkrattkheitert. In-8" de

pages. J. Truhner. SLrassburg.

Donath (.Iulius). Pupillenpriiiung und pupillenrcaklionen

In n 8° de 20 pages.

Dumas. Lettres i un jeune h mlmc qui veut étudier la médecine.

In-8° de 62 pages. Librairie Henry Paulin, 21, rue Ilaulefeuille.

Prix : 0 fr. 60. -

- - Er,¡El1. D. l\I¡';l1.R ! [,L. New or nole-wor6ly Philippine plants, II

In-8° de 48 pages. ntanila. - -

Frakkl-Hochwart. Die lhomsen'che Krankheil. 1 vol. In-8" de

1C pages. Urhan et Schwnrxeoherg. Berlin.

First animal report of')hel[en ! 'y l'hipps inslilule. 1 vol. In-8"

de 220 pages.

IIibschlaff. H\pnotis ! nus und suggesliothcrapie. I vol. In-16

de 270 pages. J. A. Barth Leipzig.

.1 \COB ! (.1.).- The Itislory of pedialrios and ils relation Lo other

sc'ienxec and arts. In-S" de 53 pages (Amel'ican Medicine.)

Jamin-I) vviau. De la dia thèse goutteuse au ..\' : \'111' sieclcct au

commencement du Xi', In-8" de 80 pages. Thèse de Paris. Librairie

Jules Roussel, 1, rue Casimir-Delavigne.

KnAEpLix (Emil). Einlïihrung in die p ? ehiall'i8ehc klinik.

1 vol. In-8° de 374 pages. Bar))), Leipzig.

. Marc Stéphane. La Cité des Fous (Souvenirs de Saiule-Aune1.

In-18 de 180 pages. Cabinet du Pamphlétaire. Paru de Xeuilly, 91,

rue Perronnet, 100 ?

Marchand (1..), - Syphilis et paralysie. In-8" de 20 pages. Extl'.

de la Presse Médicale. Librairie Masson, 120, houlev. Si-Germain.

. Mesureur. Instruction générale aux surveillantes des Hôpitaux

et Hospices. In-8" de : )2 pages. -

1()JlIUS (P. J.). I«t ;rrenzl : mlc : iuf,ülze liber saclien des glau-

lrens. 1 vol. In-S" de 228 pages. Barlh, Leipzig.

Musgrave (W. E.). Aincbas. 1'licir cultiyation and etiotogic si-

gniticance. In-8° de 118 pages. Manilla.

Parmentier (Henri). Analyse spectrale des urines normales ou

pathologiques seusito-colorintétrie. 1 vol. In-16(h; 138 pages. Lihmi,

rie Jules Roussel, 1, rue Casimir-Delavigne. Prix : 3 fr.

Pelletier (M1-11*). L'écho de la pensée eL la parole intérieure.

In-8" de 24 pages. Institut Général psychologique. '

Revue philosophique. Sommaire du n" d'avril 19)3 : : \'\ ? I.LE

(Adrien). La primauté logique, des jugements conditionnels.

1\huTIX (Jules). L'institution sociale (1" article). 1>' CHAIPEAUX.

Essai de sociologie microbienne et cellulaire. J. PÉHKS. Réa-

lisme et idéalisme dans l'art. Ilw.enUm. Les philosophies II1l"

diévales d'après M. l'ieavel. Analyses et comptes rendus. Re-

vue des périodiques étrangers. Correspondance. Livres nou-

veaux. Abonnement, du 1er janvier : un an, Paris, 33 fr. ; départe-

ments et étranger, 3 : 3 fr. La livraison : 3 tr. Librairie Félix Atcan,

éditeur, 108, boulevard Saint-fiel'main, Paris (G°).

SAUGNAT (L.). LI' massage thérapeutique de l'abdomen. 1 vol.

In-18de 278 pages. Librairie .T.-Il. Raillière, 19, rue Ilaulefeuille.

Le rédacteur-gérant : Bourneville.

TABLE DES MATIÈRES

Absinthe. Suppression de l ? 490.

ACIIO : OEROPLASIE. Nouveau cas

d ? par Dide et Leborgnp,

- 312.

AcnouÉCaLrE. Autopsie d ? par

Gauckler et Roussy, 4.ï0.

Affections musculaires. Con-

tribution à la connaissance des

- - post-typhiques, par Krau-

se, 234. -

Anr. Voir hérédité.

.\1',11 \PHlE. Voir .il 11lnésie. - Voir

}.1lltismJ. -

Alcoolisme. Drames de l ?

164, 414, 493. Les crimes de 1 ?

174. Récents travaux sur l ?

par Happe, 317.

Aliénés. Contribution à l'in-

fluence des - les uns sur les

autres, par Naecke, 62. Es-

sais de traitement des - sans

la cellule et au moyen de l'hv-

drothérapie, par Alter, 69.

Voir /MeMe')f. Situation de

l'assistance des dans le du-

ché de Bade, par Gaupp,

152 ; simulateurs,par Digon-

roux, 156. - Voir magis-

trats. Les en liberté,

175, 333,414. - Voir Palais. -

Voir Assistance familiale.

Voir Rapport.- Voir Mémoire.

Voir Anesthésie. Note sur

les processifs, par Giraud,

308. Voir Alimentation

forcée. Définition médico-

légale de l ? par Dupré,

325. Voir OE : sophage.- Voir

Evasion.

Alimentation forcée. A propos

de 1' chez les aliénés par la

voie buccale. Mandrin pour

faciliter l'introduction de la

sonde oesophagienne, par Ser-

rigny, 324.

Amaurose. De l'- hystérique,

par Kron, 244. et para-

plégie hystériques guéries par

la psychothérapie, par Emirzé,

39G.

Amulyopie. Sur 1' hystérique

monoculaire et sa disparition

dans la vision binoculaire (à

propos d'un nouveau cas), par

Cruchet, 337.

Anesthésie. L'- chez les alié-

nés, par Sokolow, 308.

Angoisse. De l'- dans l'hystérie

et la neurasthénie, par·Diehl,

318.

Anurie HYSTÉRIQUE, par Cestan,

451.

Aphasie. De l' amnésique,

par Popofl', 141. Contribu-

tion à la pathologie de l'-

amnésique, par Quensel, 143.

. Observation d'agraphie isolée

et d ? par Erbslcch, 145;

- motrice à répétition chez

une morphinomane, par Roy

et Jacquelin, 157.

Appareil destiné à déterminer

le volume de l'encéphale, par

Reiclr, 134.

AItcoLr.. Signe d'-et méningite

syphilitique, par Bertolotti,

236.

AnTÉRIO-SCLÉROSE. Voir Trou-

bles.

Art'r'IIR-1LGI hystérique ; guéri-

son par auto-suggestion, par

Caziot, 317.

Asiles d'aliénés. Mouvement de

décembre, 79. de laClw-

rité-sur-Loire. Voir Rapport

médical. Personnel médical

des , par Coulonjou, 110.

Disposition sur les -- et les

aliénés, par Bianki, 153 ; -

de Clermont, 175. de la

Seine : concours de l'internat l

en médecine, 176. - - Voir

Personnel médical. - - d'I : -

vreux, voirRapports ? voir l'

Enfants idiots. - - départl-

mental du Doubsfcorrespondan-

ce),par Baudin,330. de la

Roche-sur- Yon. Voir Rapport.

de Clermont,suicide d'une

ex-pensionnaire, 334. Meurtre

32

4U8 TABLE DES MATIERES.

dans un 3G3. (Per-

sonnel médical). Lettre de M.

Anglade,4SS ? Mouvements

de février et mars 1905, 416.

de Moisselles, 492..

Assistance. Voir Aliénés. His-

toire de 1' des aliénés en

Russie,par Maltzew et Erikson,

1.ï3. L' ; Voir.Z'emsfiPos.L'

- des aliénés en France, en Al-

lemagne, en Italie et en Suisse,

par Sérteus,1G9.L'- familiale

et la réforme de la loi sur le

régime des aliénés en Hol-

lande, par lllceus, 24,.L'- des

enfants arriérés et épileptiques

à Lyon, par Bourneville, 410.

Ataxie cérébelleuse. Diagnostic

dill'érentiel enlre 1' cérébel-

leuse heréditaire et la sclérose

en plaques, par Rodolico, 239.

ATHÉIIO)lATEUX. Voir Troubles

Atrophie. S'agit-il d'une mus-

culaire d'origine névritico-spi-

nale oud'origine myopathique,

par Cohn, 55. '

AVEUGLE. Déviation de la tête

et des veux chez un de

naissance, ' par Déjerine et

Roussy,' 160.

Aveugles. Voir Institut de Di-

].011.

Auto-identification romanes-

que, par Dromard,360. Auto-

suggestion. Voir Arthralgie.

13,%DE. Duché de -. Voir Alié-

nés.

BasEnow. Maladie de avec

paralysie bulbo-spinale asthé-

nique, par Brissaud et Bauer,

75. Note sur les symptômes

cardiaques de la maladie de

, par Grocco, 239. -. Voir

Névrite.

Bégaiement. Aperçu historique

sur la pathogénie du -, par

Decroly ct liouma, 139.

13 1 : N E 1) 1 CI'. 'Syndrome de -. Pa-

thogénie du tremblement, par

Lé\i et Bonniot, 159.'

DLQXOLOT ^Rayons N). Voir

Lecture. Les rayons -, par

Ciaraufi , p. 229.

Bonmer. Le syndrome de-,par

Siciliano, p. 240.

Brown-Séquard. Syndrome de

et syphilis spinale, par Lé-

pine, 447.

Bulbe antirabique. Voir Dou.

leurs. Voir Paralysie.

CncFn. Un cas de - primitif

de la colonne vertébrale, par

Péhuet Coste,382.

C,ncmowrose. Des symptômes

cérébraux dans la-,parSaen-

gel', 24 : : 1.

Catatonie. Contribution clini-

que et critique à l'étude de la

- , par Pasini et Madia,140. La

en tant que forme indépen-

dante de trouble mental, par

Ossipow, 146. Contribution à

l'étude de la -,parJaroschews-

ky, 146.

Gatatonique. Contribution à la

valeur pronostique des phé-

nomènes , par Gaupp, 146

Contribution à la genèse de

quelques symptômes dans l'é-

tat , par Aller, 146.

Cellules nerveuses. Des condi-

tions dans lesquelles apparait

l'état variqueux des prolonge-

ments protoplasmiques des -

motrices corticales et de sa si-

gnitlcation, par Iwanoff, 41.

Biologie et travail de la -

nerveuse centrale, par Kron-

(lIai, : il. - - Voir Kronihal.

Sur quelques allérations de

l'appareil neurofibriliaire des

- corticales dans la démence

sénile, par Fragnito, 138. De

l'aspect extérieur des dendri-

les des- nerveuses des tuber-

cules quadrijumeaux anté-

rieurs et postérieurs chez les

vertébrés supérieurs,par Czar-

niecki, 302. Quelques considé-

rations relatives au mode de

répartition des - motrices de

la moelleau niveau de l'origine

des nerfs des membres, par

Hikeles. 381.

Centres. Les vrais du mou-

vement, par Adamkiewicz,123.

Des de divergence et de

convergence du cerveau, par

liechterew, 130. Du cortical

de la vue, par Agadjaniantz,

131. Les - optiques primaires

après énucléation ou atrophie

du globe oculaire, par Guille-

maetz, 139. Des corticaux

de la sécrétion sudorale, par

Griboiedow, p. 233. Du cor

TABLE. DES MATIÈRES. 499

tical de la vue, par Bechterew, ' z

299.

CÉpn LEE.La neurasthénique,

par Bastogli,237.

CLmonI.o-nACmDtEV. Le liquide I

- dans la rage clinique et

expérimentale, cytologie ; vi- ! ,

rulence, par Lesieur, 384.

G; : ltçBliO-\OLUII\I)f1'nE. Voir ,

Appareil. : ,

Cernelet. Voir Fibres. Nouvel- I

les études sur le - par Sici-

liane, 229. Voir Gliome,

Cerveau. Voir Centres. Esquis-

ses d'anatomie comparée du-

- antérieur, par Kastanaian,

298. De l'influence de l'écorce

et des portions centrales du-

sur le coeur et le système vaso-

moteur du chien nouveau-né,

par Gartie, 442.

Chaleur. Voir Nerfs.

CtrAnEyTOi\. Maison nationale

de -, 80, 493.

Chauve-souris. Voir Encéphale.

Cheval. Note sur un doué de

remarquables aptitudes intel-

lectuelles, par Stumpf, 163.

Chien. Voir Cerveau.

CnLOfluRATION. Voir Névroses.

Chorée. Un cas de chronique

progressive avec autopsie, par

de Buck. De la-de IIunting-

ton, par Renuart,58. Contribu-

tion à l'étiologie et à la théra-

peutique de la- rythmique,

par Jaroschewsky, 313. Voir

Mouvements. - familiale, par

Brissaud, Bauer et Hathery,

450.

Coiiourg (de). La princesse

Louise -, p. 415.

Colur. Voir nerfs Voir Ce ?

veau.

Cocaïne LOCO Voir Né-

vralgies.

COGNITION. Des limites de la

en psychiatrie, par Gaupp,G4.

Colonne VERTÍ;R1l \LI;. Voir Can-

cer.

Concours pour l'emploi de mé-

decin-adjointdesasiles publics

d'aliénés, 416.

ConrLItEncE. Voir Enfants attor-

maux.

Confusion mentale, par Gilbert

Ballet et Rose, 251 - -, par

Marandon de Monlyel,309.

Congrès. XV° - des médecins

aliénistes et neurologistes de

France et des pays de langue

française, 77.

CO : >lTR'\CTURE tétanique. Un cas

de d'origine alcoolique sui-

vi deguérison par la morphine,

par Delahaye, 323. fami-

liales, par Gilbert-l3allet et

D reyfus,4.ï0.

, Convulsions. Le siège des

épileptiformes toniques et clo-

niques, par Samaja, 141.- Voir

Phimosis.

Cordons postérieurs.. Contri-

bution à l'étude anatomique

des , par Nageotte, 301.

Cotes CE1l\ IC.\LES. Contribution

à la casuistique des ? par

Lévi,131.

Couns supérieur d'éducation

physique, par Demen·, Phi-

lippe et Racine,173.

Crâne. Fracture du -.Voir Pa-

ralysie.

Crimes. Voir Alcoolisme,

Criminels aliénés. Voir Séques-

tratioa. De l'examen psycho-

expérimental des ,parBecli-

terew,327.

Cyphose. Un cas de d'origine

articulaire ou musculaire, par

- Brissaud et Grenet, 311.

Décciiitus latéral gauche. Voir

Moyen epilepto-frénateur. Le

- latéral gauche comme mo-

yen d'arrêt de la crise épilep-

tique, par Lannois, 386.

Déformations DAC 11 IDIENNES, pal'

Forestier, 311.

Dégénérés. La psychologie des

Les - mystiques, par Bi-

net-Sanglé, 366.

Dégénérescence. Note sur la

secondaire consécutive à un

foyer de ramollissement de la

région calcarine, par Weber,

p. 177. Observation de - as-

cendante des fibres du fais-

ceau pyramidal ; contribution

à l'interprétation des prépara-

tions traitées par la méthode

de Marchi,par l'étren, 23-1.

Voir Tumeurs.

DÉLIRE. Voir Epilepsie.

Démence. Voir Sclérose. Fré-

' quence et étiologie de la

précoce, par Crocq, 60. -sé-

nile. Voir Cellules corticales.

JOO TABLE DES MATIÈRES.

Voir Hérédité. Un cas de

précoce catatonique avec pseu-

. do-oedème compliqué de pur-

pura, par Trepsat, 308.

Déments précoces. Voir Stéréo-

typie.

.Dendrites. Voir Cellules ner-

veuses.

Dercum. Voir Lipomatose. - *

- DISTINCTIONS IIONOltII·1QUES, p.

80, 335.

Doctoresse. Une nommée

médecin en chef d'un asile d'a-

liénés, 335.

Douleurs lancinantes. Dispari-

tion de très violentes chez

un tabétique la suite de 28

injections d'émulsion de bulbe

antirabique, par Sternbo, 150.

DUPUYTREN. Maladie de et sy-

ringomyélie, par Giraldi,237.

DYSOSTOSE cléido-cranienne hé-

réditaire, par Villaret et Fran-

coz, 450.

DYSTROPHiE. Observation de

musculaire congénitale à for-

me hypertrophique, par Pini,

241.

Ecorce du cervelet.Voir Fibres.

du cerveau. Voir Fibres.'De

la région visuelle de l'- céré-

brale et de ses rapports avec

les muscles des yeux, par

Bechterew, 131.

Education physique. Voir Cours.

Electrothérapie. Principes fon-

damentaux de l'- des mala-

dies nerveuses, par Doumer,

G9.

Empoisonnement. Voir Véronal.

Encéphale. Voir Appareil. Con-

tribution à la connaissance de

l'- et, en particulierdes voies

corticomotrices de la chauve-

souris, par Marzbacher et

Spielmeyer, 442.

Encépiialomyélite. Contribution

à l'étude de l'- disséminée,par

Baucke, 41.

Endocardite. Voir Hémorrhagie.

végétante. Voir Néoplasme.

ENDOTHÉLIOMA cérébral, par p,

Marie, 451.

Enfance anormale. Création

d'un institut pédagogique pour

enfants nerveux, débiles ou

maladifs, par Matagne, 411.

Enfants anormaux. Conférence

sur les - - l'Ecole normale

d'instituteurs d'Auxerre, par

Wahl, 163. La situation des-

en Suisse, par Decroly,247.

Essai de classification des

- ,par Grozmann, 247. Statis-

tique et enseignement des

- idiots et épileptiques internés

dans les asiles d'aliénés, par

Bourneville, 269. -- Arriérés

et épileptiques.Voir Assistance.

Epilepsie. Délire alcoolique,

mélancolie, tentative de suicide

et paralysie générale chez le

fils d'une mère alcoolisée, d'un, ·

père suicidé, lui-même étant

syphilitique et alcoolique, par

Simon, 104. Contribution au

traitement de l ? par le sé-

rum sanguin, par Gerhartz,

150. réflexe par rétrécisse-

ment spasmodique de l'rosa,

phage,par Bregman,241. -pro-

cursive à forme anormale, par

Courtellemont et Touchard,

309. Contribution casuistique

à l'- syphilitique, par Fein-

berg, 318. De l'intervention

ci)irurgica)e dans l'- l'hol'éi-

que, par Bechlerew, 322. Con-

tribution au traitement diélé-

tique l ? par Scbnitzer. 3.'3.

- Voir Traitement .

Epileptiques. Voir Fibres. -

Voir Etat mental.

Ergothérapie et psychothérapie,

par Bianchini,321.

Esciiarres. Les de la para-

lysine générale, par Vigouroux

et Saillant, 155, - sacrée, par

Boy, 451.

Voir Tact.

HiA'i' DE MAL ÉPILEPTIQUE. Des

vomissements de matières

fécales dans 1 ? par Goelze,

66.

Etat variqueux. Voir Cellules

nerveuses. De l'- mental des

épileptiques réveillés de force

du sommeil post-épileptique,

par Guermann. 391.

Excitation sexuelle. De l'- -

dans les psychopathies anxieu-

ses, par Cullerre, 81.

Faculté de médecine. Confé-

rence de médecine légale

psychiatrique, 256.

Faisceau antéro-latéral. Le -

TABLE DES MATIÈRES. - 501

direct des pyramides, par

Spiller, 50. Trajet anormal du

pyramidal, par Straeussler,

51. -Y. Voir Moelle.

Fétichisme. D'une forme origi-

nale de , par Bechterew,390.

Fibres nerveuses. Voir Sclérose.

Des d'association de la

couche finement grenue de

l'écorce du cervelet, par Pous-

sèpe, 124. L'état des ner-

veuses à myéline dans l'écorce

du cerveau 'des épileptiques,

notamment dans la couche

d'association externe (zonale),

par Kaes, 125. Contribution a

la conservation de la colora-

lion des , par Stransky, 231.

Voir Dégénérescence.

Fièvre typhoïde. Voir Myopa-

thie hystérique, par Gar-

gano, 239. '

FLECHXtc. Sur la doctrine de

des zones perceptives et des

zones associatives, par Bian-

chi, 137.

Folie. Drame de la , 79. La

d'un père, 79. à double

forme avec syndrome paraly-

tique, parDoutrebenteet Mar-

chand, 154. La d'une mère,

. 33 : 3.

Folle brûlée, 334.

Fn.wor,msartox. Voir Masto-

dynie.

Friedreich. Un cas de maladie

de , par Pic et Bonnamour,

311.

Fnoin. Voir Nerfs.

GIXGLIOX -\ sympathique. Voir

Paralysie. Les altérations du

rachidien chez les tabéti-

ques, par Thomas et Hauser,

303. sous-corticaux. Voir

Incontinence urinaire.

G\XGIIȡOE. Voir RaYllalld.

GÉ1>IOSP.\SMES et géniotics, par

Meige, 432.

Géniotics. Voir Géniospasl1les.

Gigantisme et goitre exophtal-

mique, par Gilbert Ballet, 159.

Type infantile du -,par Bris-

saud et Meige, 303.

Gliome du cervelet, exlirpatiùn,

résultat éloigné, fistule arlifi-

cielle et cicatrice à fillralion

du liquide céplralo-racltidien,

par Jaboulay, 394.

Glande pituitaire. Un tératome

de la - chez le lapin, par Mar-

gulies, 231. - thyroïde. Voir

Maladies mentales.

Goitre exophtalmique. Voir

Gigantisme.

Goutte et névroses. par 1\ : owa-

lewsky, 313.

Greffe thyroïdienne. Note sur

les bons effets de la chez

un enfant arriéré. Note pré-

sentée au nom de MM. les 1)·

Gauthier et Hummel' (de Ge-

nève', par Lannplongue, 39.

- - par l3ournev ille, 941.

11 ,r)o ? T,. De l'action de l'- sur

l'organisme animal, par Lamp-

sakov, 68.

III ? 1 \TlnlV ¡; : LIE traumatique, par

Laignel-Lavastine, 304.

lU : utorui : ue. Contribution à

l'étude des - chez les hémiplé-

giques, par Laper et Crou-

son, 311. Voir H-stéi-ie.

1 IÉMI \XOETnÉSJE. Voir Hystérie.

IIÉMtAXOPStE hystérique, par

Valobra, 238. Voir Néo-

plasme. homonyme droite

par abcès sous-cortical du

lobe occipital gauche, par

Braun, 383.

HEMicuoREE, par Babinski, 159.

HjhncnAME droite, datant de

vingt ans, guérie en deux

séances de suggestion hypno-

tique, par Damoglou, 164.

Hémiplégie spasmodique infan-

tile, par Babinsky, 71. Mou-

vements associés en dehors

de l ? par Brissaud et Si-

card, 249. cérébrale infan-

tile, par Faure-Beaulieu, 250.

- , par Mosny et Malloizel, 449.

spinale, par Déjerine, 450.

- par Léri, 450. - homolalé-

rale, par Dupré et Camus,45 ! .

Hémiplégiques. Les fonctions

sensitives et psychiques chez

les - par Marimo, 226.

Voir Hémioedèmes.

Hémorrhagie méningée, par

Faure-Beaulieu, 75. trau-

matique à la base du crâne,

par Liass, 319. Sur un cas d'-

cérébrale avec inondation ven-

triculaire chez un enfant de

12 ans, au cours d'une endo-

cardite milrale végétante, par

Gallavardin et Jambon, 381.

502 ' TABLE DES MATIÈRES.

cérébrale. Voir Rétrécisse-

ment mit rai. - sous-pie-mé-

rienne, par Faure-Beaulieu,

451.

Hérédité physiologique et pa-

thologique, par Bogie, z28.

- Sur l'Age d'apparition et sur

l'influence de 1' dans la pa-

thogénie de la démence primi-

tive ou précoce, par Bianchi-

ni, 305.

Histologie de la paralysie gé-

nérale, par Debray, 295.

Ilr;wrrwrov. Voir Chorée.

Hydrocéphalie. Voir .IJél/Ï11-

gite.

Hydrothérapie. Voir Aliènes.

Contribution à l'- dans les

psychose», par Aller, 6S.

Hygiène. Voir Strabisme.

Hypertrophie musculaire ac-

quise, par Sicard, 163.

Hystérie. Voir Vomissements.

Etudes récentes sur l ? par

Siciliano, 240. avec hémia-

nesthésie sensitivo-sensorielle

gauche. Appoint alcoolique,

Hallucinations multiples rap-

portées uniquement à ce même

côté par la malade, par Du-

pouy, 263. Voir Paralysie

générale. -Voir Angoisse.

Hystériques. Le traitement des

. à l'hôpital, par Déjerine, 323.

1010'1'. Voir Raynaud.

Idiotie amaurotique. Voir Sys-

tème nerveux. Nouvelle con-

tribution à l'étude clinique de

l'- amaurotico - paralytique

familiale de Tay Sachs, par

Higier, 65. L'étiologie de l'-

simple comparée à l'étiologie

de la paralysie infantile céré-

brale, par Koenig, 24. i.

Impuissance sexuelle. Le trai-

tement psychologique de l'-

, par Bérillon, 161.

Incontinence urinaire. De l ?

et des phénomènes paralyti-

ques des extrémités dans les

foyers de ramollissement des

ganglions sous-corticaux, par

liomburger, 37. sexuelle.

Note sur l'influence de l'-

pendant la gestation sur la

descendance, par Ch. Féré.

257.

Infirmiers des asiles, par M.

Van Deventer. 492.

Injections. Voir Tétanos.

Institut de Dijon. Concert des

jeunes aveugles de 1 ? 415.

médico-pédagogique de M. le

1) Malarewski, à Saint-Pé-

tersbourg, 489.

Inversion sexuelle. Un cas

d ? par Antheaume, 399.

Il\ELAND. (Hommage au D' ,

par Marcel liourneville, 491.

Iris. Contribution à la connais-

sance des mouvements de 1 ?

par Bumke, 444. -

Isolement. L'- des aliénés, par

l3oinot-Rodzewitscht,151.

Jalousie. La chez l'enfant,

par Bérillon, 395.

Jeux de hasard. La psychologie

des -, par Ilermann Lau-

rent, 397.

Journal. Nouveau- : Revue de

la Neurologie, de la Psychia-

trie et de la Thérapie psychi-

que et diététique, 335.

Kleptomanie. Voir Mutisme.

KORSAKOFF. Sur le diagnostic

différentiel de la maladie de

, par Soukhanoff et Bou-

tenko, 63. Syndrome de et

paralysie générale, par De-

roubaix, 307.

Kronthal. Critique du mémoire

de intitulé : Cellule ner-

veuse et psychose, par Nissl,

126.

LANDRY. Anatomie pathologique

et bactériologie de la paralysie

ascendante de , par Nazari,

228.

Lapin. Voir Glande.

Lecture. La de la pensée et

les rayons N, par Kotik, 135.

Lésion. Un cas de traumati-

que des protubérances sans

du crâne, par SL.Orlowski, 54.

bulbo-protubérantielle uni-

latérale, par Souques, 452.

LIPOMATOSE symétrique doulou-

reuse et maladie de Dercum,

par Boudet, 316.

Liquide céphalo - 1\ \C ! ! IIHEX.

Ecoulement continu de - -

par le nez, par Vigouroux, 70.

TABLE DES MATIERES, 503

Localisations motrices. Voir

Métamérie.

blACHODACTYLIE congénitale, par

Raymond et Quillain, 159.

Magistrats. Les - et les alié-

nés, par Archambaull, 169.

Main. Action hypnogénique de

la , par Demonchv, 7b.

Maladies nerveuses. Voir Elec-

trotlrérapie. Des mentales

consécutives aux auto-intoxi-

cations expérimentales, psy-

choses des chiens privés de la

glande thyroïde, par Blum,

293.

MAL de MER. Voir Suggestion.

M.%11CIIE. Voir Dégénérescence.

UASTOUYNIE. Guérison d'une

bilatérale par la franktinisa-

tion, par Schatzky, 323.

Mécanisme. Voir Mouvements vos

lontaires.

Médecins ministres, 335. Fixa-

tion du nombre des dans les

asiles publics d'aliénés. Rap-

port fait au Conseil supérieur

de l'Assistance publique, par

' Bourneville, 416.

Mélancolie. Voir Epilepsie.

Mémoire. Sur une altération

singulière de la chez un

aliéné alcoolique uxoricide,

par Cristiani, 304.

Méningite. Voir Système ner-

veux. syphilitique. Voir

Argyll. Deux cas de lym-

phocytique dans les oreillons,

par Chauffard et Boidin, 316.

De la cérébrale, par Liew-

kowsky, 320. hémorragique

subaigue avec hydrocéphalie

chez les nouveau-nés, par

Marfan, Aviragnet et Délot,

320. Contribution à l'étude des

accidents nerveux, consécutifs

aux aiguës simples, par

Courlellemont, 416.

11 ! 1¡ : '\Il"GO-MYILI'fE, par Mosny et

Malloizel, 159.

Mensonge. Genèse du chez

certains enfants mentalement

anormaux, par J. Philippe,

398.

Métamérie. Les localisations

motrices spinales et la théorie

de la -, parParhon et Golds-

lein, 230.

Méthode. Voir Préparations his-

tologiques.

Meurtre. Voir Asiles d'aliénés.

nIICItoCÉI'IIAL1E. Contribution à

l'étude de la - par l3ecllte-

rew et Joukowsky, 385.

Migraine. La commune,'syn-

drome bulboprotubérantiel à

étiologie variable, par Lévi,

160.

Moelle. Contribution à l'histo-

logie des altérations par com-.

pression de la dans les tu-

meurs vertébrales, par Biels-

chow-sky, 42. Contribution à la

question de la régénération de

]a, par Fickler, 42. Contri-

bution à l'anthropologie de la

par Pfister, 127. - Voir

Syndrome solaire. Altérations

de la en un cas d'amputa-

tion ancienne de l'avant-bras,

par Bosenberg, 290. Du fais-

ceau X à la région cervicale

la plus inférieure de la -, par

Purves-Stewart, 296. Voir

. Cellules motrices.

Morphine. Voir Contracture.

Morphinomane. Voir Aphasie.

Mouvements associé-». Voir

Hémiplégie. Le mécanisme des

volontaires, ' par Store ! \ : ,

297. Essai sur la physiologie

pathologique du , dispari-

tion des dans la chorée

chronique, par Vaschide et

Vurpas, 446.

Moyen LI11,EP'rO-I--llNA,rEUrt. Un

héroïque : le décubitus \

latéral gauche, par Crocq, 63."

Muscles. Voir Ecorce cérébrale.

La dualité fonctionnelle du,

par Mlle Yoteyko, 295.

Mutisme hystérique, agraphie et

kleptomanie, par 'I'oporhotl',

244. datant de seize mois chez

un dégénéré migrateur, gué-

rison par suggestion, par Lan-

nois, 391,

Myasthénie IIUI,110-SPI ? ArE, par

Raymond et Sicard, 160.

bulbo-spinale, par Launois,

Klippel et Villaret, 248.

Myélite. Contribution à l'étude

de la typhique, par Lépine,

447.

MYOKYMiE. Contribution il la

casuistique de la -, par Pini,

236. - '

Myopathie HYPERTROPHIQUE con-

504 TABLE DES MATIÈRES.

sécutivè à la fièvre typhoïde,

par Babinski, 12.

Myxoedème fruste, croissance

tardive, diabète, par Apert

311. < ,

Narcolepsie. (Sommeil palho-

logique), par Chavigny, 390.

-Narcose éthyl-méthylique. Nou-

velles applications de la-,par

Farez, 162.

Nécrologie. D' P. Garnier, 335

et 466, D' Bécoulet, 335. John

Sibbald,485.

Néoplasie médullaire.Voir Syn-

drome solaire.

Néoplasme de l'estomac ; endo-

cardite végétante, embolies cé-

rébrales, déviation conjuguée

de la tête et des yeux avec hé-

mianopsie par ramollissement

de la sphère visuelle occipita-

le, par Nicolas et Cade, 383.

Nerfs. Voir Yeux. Une preuve

de l'existence des trophi-

ques, par Siciliano, 229. Con-

tribution à la connaissance du

gisement des - craniens mo-

teurs dans le pied du pédon-

cule cérébral, parBikeles, 230.

De l'origine du dépresseur

du coeur, par Koester, 232. Con-

tribution à la question des -

conducteurs de la chaleur et

du froid, par Téliatnik, 299. Lé- 1

sion par arme à feu des-op-

tique et oculomoteur externe,

. par Liass, 315. - du membre

supérieur, Voir Paralysies,-

Voir Cellules motrices.

Neurasthénie. Voir Angoisse.

NEUiIO-1-IBIIILLFS. Leslésions de

dans la paralysie générale,

par Ballet, 158. Persistance des

dans la paralysie généra-

le, par Dagonet, 399.

NEUHO'FIBHO\1.\'1'OSE. Un cas de

généralisée, par Rudler, 312.

Neuromyosite. Voir Stasobaso-

phobie. Lésions de - sciati-

Névralgie. Lésions de - scia li-

tique, par Thomas, 100. Essai

de classification de quelques

faciales par des injections de

cocaïne loco dolenti, par Ver-

ger, 448

Névraxe. Ilérédo-s%pliilis du

à forme tabétique très amélio-

rée par le traitement mercu-

riel, par Guillain at Thaon, 2;,1.

Névrite, sensitivo-motrice des

extrémités par abus de bicy-

clette, par Lévi et ? ormser

73. toxique, par Babinski,

159. ascendante, par. Ray-

mond et Guillain, ;250.-= mul-

tiple associée à la maladie de

Basedow, par Diller, 315.

Névrose. Voir Obsession. Les

troublesvaso-moteurs dans les

- , par Grachetti, 228. Les

dans le milieu scolaire. Réac-

tions réciproques entre élèves

et maîlresau point de vue des

influences morales, par Le

Gendre, 309. Voir. Goutte.

La chloruralion de l'organis-

me et les -, par Claude, 321.

NICOTL\IS)IE chronique, par To-

porkow, 388.. ,

No-ItESTnr·.mr. De l'avènement du

en Russie, par Oslanlcow,

152. .

Noyau du pneumogastrique.

Voir Carcinome. intratngé-

minal. Voir Rétine. Du rôle du

caudé, par Stieda, 291. De la

fonction tiu - caudé, par Stié-

da, 291. Recherches psycholo-

giques sur le lenticulaire,

par Schaikewitsch, 292.

Nystagmus associé, par Strans-

ky, 58. essentiel congénital,

par Lenoble et Aubineau, 161,

Obsession. De l'- dans ses rap-

ports avec la psychasthénie

curative, par Marandon de

Montyel, 61. Contribution à l'é-

tude des syndromiques de

la névrose de défense, par

Strohmayer, 64

Oculomoteur. Voir Paralysie.

OESOPH \GE, Voir Carcinome. Des

corps étrangers de l'- chez'

les aliénés, par Privat de For-

tunié, 432.

OPIr'r'H.1L110PLÉGIE, interne trau-

matique, par Schullze, 59.

externe congénitale et familia-

le, par Pagniez, 452.

Oreillons. Voir Méningite.

Ostéopathie, trophique de la

hanche gauche, par Brissaud

et Rathery, 71.

Palais. Sur la forme du -chez

les aliénés, par Ugolotti, 225.

Papille. Contribution à la ques-

TABLE DES MATIÈRES. 505

lion* de la étranglée, par

UlrtUoiF, 125.

Paralysie, faciale périphérique

due à un tibrosareome englo-

" bant le nerf à sa sortie du bul-

be, par Raymond, Huent et Al-

quier, 1. Histopathologie de la

générale, par de Buck, 56.

Hypertrophie et lésions (tu-

meur) du glanglion sympathi-

que cervical dans un prétendu

cas de -générale, par de Buck,

57. Des consécutives à l'u-

sage du phosphate de créoso-

te, par Loewenfeld, 68. Bul-

bo-spinale. Voir Basedow. Ré-

flexion sur un cas nouveau de

- générale conjugale d'origine

syphilitique, par Garnier et

Santenoise, 99. -Voir Epilep-

sie. La infantile, par Glo-

rieux, 139. pseudo-bulbai-

res chez l'enfant, par Decroly,

139. De la différence de pro-

nostic entre les des plexus

et celles des trorc< des nerfs

du membre supérieur, par

Bruns, 319. Sur la - progres-

sive. Etude statistico-clinique,

par Funaioli, 330. générale,

Voir jVeK)'o./7& ? 7/M. Géné-

rale. Voir Réflexe. Bulbo-

spinale asthénique, 455. Obser-

vation de de l'oculomoteur

externe et de parésie des mem-

bres à la suite d'une fracture

du crâne, par Bloch, 145. De

la participation du muscle or-

biculaire palpébral aux fa-

ciales corticales et sous-corti-

cales, par Bechlerew, 14S.

générales de longue durée,

par Brunet, 155. générale,

Voir Esclzan'es. générale,

Voir Fibrilles. - ascendante,

Voir Landry. générale,

Voir Histologie. -.générale,

Voir Voix. Voir Korsako.

Note sur l'aplatissement hypo-

tonique du pied dans la gé-

nérale, par Féré, 305.-géné-

rale et hystérie, par Jolfroy,

309. - faciale. Voir Symptô-

me. Observation de arséni-

cale, par Kron, 312.

Paraplégie, spasmodique. Voir

Sclérose. Voir Tétanos.

Parésie spasmodique. Voir Trou-

blés.

Parkixsox. Maladie de - et état

paréto-spasmodique, par L.

Lévy et Taquet, 250. La mala-

die des -, par Itaymond, 320.

Pathologie bulbo-cérébelleuse.

Contribution àla-;par Lé-

vy, l3onniat et Taguet, 73.

Pédoncule cérébral Voir Nerfs

crâniens.

Personnel médical. Voir Asiles

d'aliénés. des asiles d'alié-

nés par Deswarte, 254. --

et secondaire à l'Asile clinique

par Dubuisson, 411.

Phénomène de « déjà vu ». Sur

le ou fausse reconnais-

sance, par Ballet, 73.

Phimosis. Crises de convulsions

après l'opération du -, par

Hégnault. 316.

Phosphate de créosote. Voir

Paralysies.

Pied. Voir Paralysie générale.

Pigeon. Voir Tractus.

Pixel. Monument à ? 4LG.

Piqûre de la 3" paire dorsale

gauche au niveau du ganglion

spinal, par Wallenberg, 54.

Plexus. Voir Paralysies.

Poliomyélite subaiguë à type

scapulo-huméral, par Gauck-

ler et Roussy, 71 curable

chez un gymnasiarque con-

sécutive à des excès de fatigue,

par Raymond et Guillain, 74.

Polynévrite lépreuse unilaté-

rale gauche, par Brissaud et

Rathery, 71. motrice ou po-

liomyélite antérieure subai-

gui ! par Brissaud et Bauer,75.

Etude sur la tuberculeuse,

par Colella. 141.

Ponction lombaire. Valeur dia-

gnostique de la - -, par Ba-

duel, 149. Valeur thérapeu-

tique de la , par 13duel,

325.

Préparations IIISTOLOGIQUES.

Nouvelle méthode propre pour

obtenir des des plus fines,

en soumettant à la force cen-

trifuge des tissus dissociés

par la secousse ou des coupes

notamment du système ner-

veux central, par Reich, 291.

506 table DES matières.

Priapisme et grosse rate ; 25 1

jours d'érection continue sans

rémission n'ayant cédé qu'à

un débridement des corps ca-

verneux, par IIaillot et Viar-

don, 315.

Prix de l'Académie de méde-

- cine, 413.

Processus d'auto-intoxication,

Voir Psychoses.-

Protubérance, Voir Lésion.

Voir Tumeurs.

Purpura. Voir Démence -pré-

coce.

PSYCHASTHÉXIE. Voir Obsession.

PSICFI1S'l'III : \IQUE. Voir Staso-

basophobie.

Psychiatrie. Des tendances et

aspirations nouvelles de la .

contemporaine, par Ossipow,

392.

Psycho-esthésiomètre. Un ,

par Collucci, 138.

PSYCIIO ? 10'rlLl'ril. Voir Troubles.

Psychopathies. Voir Excitation.

. Psychoses. Voir troubles vis-

céraux.De la théorie des-d'o-

rigine toxique, parIIeiberg, 67.

Voir Hydrothérapie. Les

puerpérales et les processus

d'auto-intoxication ; par Du-

pouy, 80. Voir Kronthal.

polynévritique avec insuffi-

sance hépatique, par Jaquelin

et Perpère,l5. - des chiens.

Voir Maladies mentales. L'ori-

gine périphérique des-, par

de Buck, 305. Les puerpé-

rales et les processus d'auto-

' intoxication, par Dupouy, 331.

Psychothérapie. Voir Ergothé-

rapie.

Pyramides. Voir Faisceau anti-

rolatéral.

Pyridine. Action de la sur le

tissu nerveux et méthode pour i-

la coloration élective du reti-

culum fibrillaire endo-cellu-

laire et du reticulum périphé-

rique de la -.cellule nerveuse

des vertèbres, par Donaggio,

149. '

Radium. Action thérapeutique

du , par Raymond et Zum-

mern, 324.

Rage. Recherches sur la , par

I)oddi, 235. clinique. Voir

Céphalo-rachidien.

Rapport médical, pour 1903 sur

l'Asile public d'aliénés de la

Charité-sur-Loire, par Cho-

creaux, 80. annuel de la sec-

tion des aliénés de l'hôpital

arménien de Saint-Sauveur à

Constantinople, par Mongeri,

246. du directeur-mélecin

de l'asile d'aliénés de la Ruche-

sur-Yon, sur l'exercice 1903,

par Cullerre, 330. de l'asile

d'aliénés de l'Eure pour 1903,

par Bessière, ¡¡36. sur le

quartier d'aliénés de l'hospice

général de Nantes pour 1903,

par Biaute, 336,457. de l'asile

d'aliénés de Quimper pour

1903, par Meilhon, 336. sur

l'asile de la Roche-Gandon,

pour 1903, par Pain, 336.

sur l'asile d'aliénés d'Armen-

tièrespour l'exercice 1903, par

Chardon et Raviart 400.

sur l'asile public d'aliénés de

la Charité-sur-Loire (Nièvre),

pour l'exercice 1903, par Cho-

creaux 402. - sur l'asile pu-

blicd'aliénés de la Haute-Ga-

ronne, en 190 : 1, parDubuisson,

405. sur l'asile d'aliénées de

Bordeaux. Rapport médical

pour 1903, par Anglade et Jac-

quin, 453. médical sur

l'asile de Saint-Robert, pour

l'année 1903, par Bonnet, 458.

médical et compte moral et

administratif pour l'exercice

1903 de l'asile d'aliénés de

Blois, parDoutrebente, 460.

sur la division des femmes de

l'asile d'aliénés de Marévilie

(Meurlhe-et-Moselle), par Pa-

ris, ·1G1. sur la division des

hommes de l'asile public d'a-

liénés de Marévillo, par Vernet,

4(i2.

Rate. Voir Priapisme.

R.YVaun..1 propos du syndro-

me de , par Masoin, 58. As-

sociation chez un idiot de la

maladie de et de gangrène

neurolique cutanée multiple,

par de Buck. 61.

Rayons N. Les - existent-ils ? ` ?

par Faure (L.), 392.

REcKLimGU.»sr.x. Maladie de ,

par Chiray et Coryllos, 251.

Réflexe. Un auriculaire, par

Aller, 290. Du acromial,

table des matières : 50T

par l3ecltterew,29G.Du-lom-

bo-fémoral, par 13ecbterew,

297. Nouveaux détails sur le

sus-orbitaire, par Carthy,

297. Réplique à IIudove1'l11g,

par le même, 297. Etude gra-

phique des -plantaires à l'é-

tat normal et dans quelques

affections spasmodiques du

système pyramidal, par Verger

et Abadie. 302. Le premier

symptôme et l'importance des

achilléens dans le tabes, par

Goldllam, 317. Le- lumineux

dans la paralysie, générale par

Marandon de Montyel,417.

Région visuelle. Voir Ecorcc

cérébrale .

Br,ii,. Voir Syringomyélie.

La voie lectospinale des-

cendante, le noyau intratrigé-

minal et les points de repère

d'orientation de la , par

Kohnstamm, 233.

Rétrécissement mitral. Coe-

xistence d'un et d'une hé-

morrhagie cérébrale, par Le-

clerc et Beutter, 382.

SAC;is..Voir Système nerveux.

Sciatique. "Le signe du salut

dans la , par Bloc ! ), 1G4.

Sclérose atrophique hémisphé-

rique, Imbécillité, hémiplégie

droite, épilepsie, accès et ver-

tiges, démence, par Bourne-

ville et Maugeret (Reine), 18.

Contribution à l'histologie de

la en plaques (nouveaux

procédés), par Bielsehowskv,

40. Remarques sur ce travail,

par Stroehuber, 45. Les fibres

nerveuses amyéliniques dans

les foyers de en plaques,

par l31elschowslcy, 45. Contri-

bution à la question de la ré-

génération des. fibres nerveu-

ses dans les foyers de la-en

plaques, par l3artels, 45. Nou-

velle contribution àl'anatomie

pathologique de la latérale

amyotrophique, par Sarbo, 50.

en plaques juvénile, par

Dupré et Garnier, 71. - en

plaques, voir Ataxie cérébel-

leuse. en plaques famili-

ale, Contribution à la patho-

génie des paraplégies spasmo-

diques hérédo-familiales, par

Mâfisalongo, 240. en pla-

ques chez un enfant de 5 ans,

par Armand Delille, 249. Ana-'

tomie pathologique des

combinées tabétiques, par

Crouzon, 302. latérale

amyotrophique, par Raymond

et Cestan, 451. en plaques,

par Claude, 451.

Sécrétion sudorale.Voir Centres

corticaux.

SEr : '1'IOXS xr.nVEUSES-, par Mélia,

- 251.

Sens. Voir Tact. Revue des plus

récents travaux sur le mus-

culaire, par Borowikow, 299.

Perte du musculaire aux

doigts des deux mains avec

intégrité de la sensibilité de

la main de l'avant-bras ; par

Bouchard, 445.

Sensibilité vibratoire (osseuse).

Contribution à la question

de la , par Schtscherbak,

378. De la localisation et de la

valeur clinique de la os-

seuse ou vibratoire, par Minor,

379. '

SéOUES'l'n \'1'1011'. La - des crimi-

nels aliénés, par Aschafl'en-

burg, 326. .

Sérum sanguin. Voir Epilepsie.

Sommeil post-épileptique. Voir

Epileptiques. Un cas de - hys-

térique avec personnalité sub-

consciente, par Jourdan, 396.

S'1' \SOD \SOPHOBIE chez un psy-

eliasi liénique l'occasion d'une

neuromyobite, par Raymond

et Guillain, 250.

Statistique. Voir Enfants idiots.

S'1'Én(;O'1'\ l'If : . Etude clinique sur

la des déments précoces,

par Dromard, 189.

Stimulus électriques. Voir

Temps de réaction.

Stockes-Aiumo. La maladie de

- , par Calvo, 238.

Strabisme. Hygiène de l'enfan-

ce. Cause évitable du -,

33G. ,

Stupeur mélancolique, par De-

roubaix, 392.

Suggestion. hypnotique. Le trai-

tement du mal de mer par la

- -, par IL Osgood, 73.

éthyl-méthylique. Voir Vomis-

semeuts. - mentale ou tour de

508 table des matières.

passe-passe, par Bechterew,

135. Voir Hémic1'allie.

Voir 'Mutisme,

Symptômes pupillaires. Les

d'après les nouvelles recher-

ches de physiologie palholo-

- gique, par Siciliano, 228.

- - : Un - rarement décrit dans la

paralysie faciale périphérique,

par Cassirer, 310

Syndrome. Voir Raptaud. Un

catatonique supprimé par

l'intervention chirurgicaie, par

Bonhoelfer, 70. paralytique.

Voir Folie. solaire avec

néoplasie médullaire et état

de la moelle lombo-sacrée, 54

ans après l'amputation de la

jambe, par de Buck, 295.

Syphilis. La héréditaire, par

Gaucher, 316. Voir Brown-

Séquard.

SYRI,XGOBULBIE. Voir Syringo-

myélie.

SYRIXC,OMYÉLIE. Voir Dupuytren.

Réplique aux critiques de

Kienboeck sur la symptomato-

logie des troubles trophiques

de la -. par Nalbandoff, 242.

Réplique à cette réponse,

par Kienboeck, 242. Contri-

bution à la palhogénie des

arthropathies dans la -, par

IIudovernic, 242. Un cas de

et de syringobulbie. Dégé-

nération du ruban de Reil, par

Kinner et Wilson, 446.

Système nerveux. Examen his-

tologique du- - central d'un

malade affecté d'idiotie amau-

rotique familiale de Sachs,

par Frey, 52. Formes frustes

de lésions du pyramidal,

par Babinski, 159. Les alté-

rations histologiques du sys-

tème nerveux dans la ménin-

gite, par Stefanelli, 229. ,

nerveux. Voir Préparations

histologiques. -, pyramidal.

Voir Réflexes.

Tabès. La genèse du -, par

Pandy, 243. avec atrophie

dans le domaine moteur du

trijumeau, par P. Marie et

Léri, 249. Voir Réflexes.

Accidents syphilitiques Pc n-

dant le-, par Dalous, 446.

et rééducation,parDufour,449.

Tabétique. Voir Douleurs.'

Voir Ganglion rachidien.

1'vcn.·Ue la détermination du

sens du au moyen d'un nou-

vel esthésiomètre, par S.

Graham Brown, 297. '

Tmrs DYNASTIQUES. 25j.'

'l'r-S.cus. Voir Idiotie.

TEMPS de réaction. Sur le -

avec stimulus électriques

cutanés d'intensité progressi-

vement croissante, par Ca-

priali, 139.

Téiutome. Voir Glande.

Tétanie. Communication pro-

visoire sur l'anatomie paito-

logique de la , par Pick,

235.

Tétanos. Quelques recherches

sur les échanges matériels dans

un cas de subaigu, par

Marchetti, 23G. Sur le traite-

ment du par les injections

intra-rachidiennes de sérum

antitétanique, par Bollin,321.

à début sous forme de pa.

raplégie spasmodique, par

Nicolas et Mouriquaud, 389.

Torticolis Du mental, par

Giglioti, 304.

Tractus. L'origine du-isthmo-

strié ou bulho-strié° du pigeon,

par Wallenberg, 41. "

Traitement. Un sale de l'épi-

lepsie, 336.

TIIJOEnLE1E"'I', Voir Béllédict.

Trijumeau. Voir Tabes.

TJ{OP ! 101 : UFm;, Conttibution à

l'élude du , par Sainton et

Voisin, 312. chronique non

congénital du membre infé-

rieur droit chez un enfant de

onze ans, par Weill et Pehu,

390.

Troubles viscéraux. Action

toxique des - - dans la ge-

nèse des psychoses, par De-

roubaix, z4 ? psychiques

d'origine probablement sulfo-

bicarbonée, par Charpentier,

158. vasomoteurs. Voir

Névroses. - trophiques. Voir

Syringomyélie. Les de la

pYcho-motiiit6, par de Buck,

384. médullaires de l'arté-

rio-sclérose, La parésie spas-

modique des alliéromateiix,

par l'ic et Bonnamour, 448.

thermiques, 452.

table des auteurs. 509

Tumeurs vertébrales. Voir

Moelle. Observation de - de La

protubérance avec dégénéres-

cence de quelques systèmes

cérébelleux, par Bloumenaou

et 'l'ikhomirow, : Z94. Un cas de

cérébrale à forme psy-

cho-paralytique. par Cornu,

303. ' .

Type infantile. Voir Gigall-

tlS112e, . z

Urémie. Contribution à l'ana-

tomie pathologique de l' -

dans un cas simulant d'abord

une tumeur du cervelet puis

une myasthénie. (Maladie

du Erb-Murri),par deLuzem-

berger, 141. Symptômes ner-

veux dans 1 ? par Cappe-

zolli, 238.

V tcwces MÉDICALES, SO,

Véroxal. Notes thérapeutiques

sur l'emploi du - chez quel-

ques aliénés, par Mignot, 9.

Du comme hypnotique, par

Francotte, 69. Observation

d'empoisonnement par le -,

par Raid, 322.

V ! Un \'1'10 : \8 mécaniques. Nou-

velles recherches expérimen-

tales sur l'action physiolo-

gique des mécaniques, par

Schtscherbak, 379.

Vision binoculaire. Voir

' Amblyopie .

VOIE TECTOSPI1\ALE. Voir Rétine.

Voix. Contribution à l'étude des

altérations de la aux deux

premières périodes de la pa-

ralysie générale, par Maran-

don de Montyel, 307.

Vomissements. Des sterco-

raux dans l'hystérie, par Breg-

man, 59. Voir 'Etat de mal

épileptique. incoercibles de

la grossesse guéris par la sug-

gestion éthyl-méthylique, par

Wiazemsky, 76.

Vue. VoirCentres.

Wundt et sa psychologie, 465.

Yeux. 1 e trajet central des

nerfs des muscles des , par

l'iltz, 47. '

ZD ! S'l'WOS. La répartition de

l'assistance psychiatrique des

au sein de la population,

par \Vyrouhow, 154.

Zona et affections banales de

l'appareildigestif, par Rouyer,

317. '

Zones perceptives et asso-

ciatives. Voir ilechiig.

TABLE DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS -

A

Abadie, 302.

Adamkiewicz, 123.

Agadjaniantz. 131.

.\lquier, 1.

Alter, 68, 146, 2HO.

Anglade, 45 : 3, 000.

Angelo, 176.

Antheaume, 390.

Apert, 811.

Archambaull, 169.

Arm an d-1) elille, 24U.

Ascliaffenborg, 326.

Aubineau, 161.

Aviragnel,320.

B

Babinski,71, 72,159.

Baduel, 149, 325.

Ballet, 73, 158, 15t1,

251, 430.

Barrels, 43.

Bastogli, 237.

Baucke, 41.

Bauer, 75, 450.

Baudin, 3 : '0.

Bechterew, 130, 131,

135, 148, 296, 297,

299, 322, 327, 385,

390.

Bérillon, 101. 395,396

Bertolotti, 236.

Bessière, 234, 336.

Beutter, 382.

Biancki, 137,153.

Biankini, 295, 321.

l31aute, 336, 4 : ,7.

Bielschowsky, 42, 45.

Bikeles, 230, . 81.

Binet - Sanglé. 3uÕ,

396.

Bloch, 145, 161.

Bloumenaou, 294.

Blum, 293.

Bogie, 228

Boidin. 316.

13ninot-Hodzewi tsch,

151.

Donlioelrer, 70.

lonnamoui,, 311, 418.

Bonnet, 458.

Bonniat, 73, 159.

Bontenko, 63.

Borowikow.299.

Gouchard,445.

Boudet, 316. '

Bourneville, 18, 269,

408,416, 441.

Bourneville(larcel),

'410.

Braun, 383.

liregman, 59, 241.

Brissaud, il,'75, 249,

252, 303, 311, 450.

Brunet, 155.

Bruns, 31\J.

Buck (de), 56,57, 61,

2\);). 30,i, 331, 1.

Bumke, 414.

C

Cade, 383.

Calvo, 238.

Camus, 451.

Cappezoii, 238.

Capriati, 139.

Carthy, 297.

Cassirer, 310.

Caziot, 317.

Cestan,451.

Chardon 400.

Charpentier, 158.

Chauffard, 310. -

Chavigny. 390.

Chiray, 251.

Chocreaux, 80, 402.

Ciaraufi, 229.

Claude, 321,451.

Colin, 55,

Cotella, 141.

Collucci, 1 : 38.

Contet, 176. '

Cornu, 303.

Uoryllos, 251.'

Coste, 382.

Coulonjou, 110.

Courtellemont, 160,

309, 416.

Crisliani, 30-1. 1

Cracq, 60, 63.

Crouzoll, 302, 311.

Cruche t, 3 : 17.

Cullerre, SI, 3 : 30.

Czarniecki, 302.

D

Wagonnet, 399.

Dalous, 446.

Damoglou, 164.

Debray, 295.

Decroly, 139.

])emeny,lT'3. -

Dejerine, 160, 252,323

450.

Delahaye, 323.

Demonchy, 76.

Deroubaix, 64, 307,

392.

l)eswarte, 254.

Detot,320.

Dide, 312.

Diehl, 31S.

Diller, 315.

Doddi, 235.

Donaggio, 149.

Doumer, 69.

Doutrebente,159,130.

Dreyfus, 450.

Dromard, 189, 360.

Dubuisson. 405, 4H.

Dupouy, 80,263,331.

Dupré, 74, 325, 451.

E

Emirzé, 306.

Erbsloeh, 145.

Erikson, 153 :

TABLE DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS. 511

F

Farez, 162,

Faure (L), 392.

Faure-Beaulieu, 7a,

250, 451.

Feinberg, 318.

Féré, 257, 308. '

Feuillade, 391.

Fickler, 42.

Forestier, 311.

Fragnilo, 138.

Franco tte, 69.

Francoz, 50.

Fi-ey, 52.

Funaioli,330.

G

GaleLOwoki, 160.

Gallavardin, 381.

Gargano, 23).

Garnier l'.), 7-1.

Garnier (S.), 99.

Garnie, 942.

Gaucher, 316.

Gauckler, il, 4 : iO

Gaupp, 64, 1445, 152.

Gauthier, 393.

Gerharlz, 150.

Giglioti, 304.

Gimbal, 158.

Giraldi, 237.

Giraud, 308.

Glorieux, 139.

Goetze, 06.

Goldflam, 317.

Goldstein, 230.

Grachetti, 228.

Graliam Brown, 297.

Grasset, 176.

Grenet, 311.

Griboiedow, 235.

Grocco, 23\1.

Grozmann, 247.

Guermann, 391.

Guillain,74, 159, 2 : 0,

251.

Guillemaetz, 139. -

H

Ilaillot, 315.

Ilald, 322.

Ilauser, 303.

Ileiberg, 67.

Ilermann - Laurent,

397.

Higier, 65.

Ilomburger, 387. *

lloppe, 317.

Hudovernig, 130,242.

Iluet, 1, 2a1.

- - 1

Iaroschewsky, 313.

Iwanolf, 41.

J

Jaboulay, 39d.-

Jacquin, 403.

.lacquelin, 155, 157.

Jambon, 381.

Jarocliewsky, 11G.

Joffroy, 309.

.loukowsky, 385.

Jourdan, 390.

K

1\ : a('s, 12 ?

Kastanaian, 298.

Kienbaeck, 242.

- KlI1nel' Wilsson, 446.

lilippel, 248.

Koenig, 247.

Koester, 232.

Kohnstamm, 233.

Kolik, 135.

laow alews6y, 313.

Krause, 234.

Kron, 244,.312.

Iironthal, 51.

L

Laignel - Lavasline,

304. *

Lampakow, 68.

Lannelongue, 393.

Lannois, 386, 391.

Launois, 249.

La Pegna, 161.

Leborgne, 312.

Leclerc, 382.

Le Gendie, 309.

Lenoble, 161.

Lépine, 447.

I.éri, 219, 4.p0.

Lesieur,384.

Levi (Il.), 134,

l.evy (L.), 73,15J, IGO.

Liass, 315, 319.

Liewkowsky. 320.

Loeper, 311.

Loewenfeld, 58

Luzemberger (de),

141.

M

Maïa, 140.

Malloizel, 150, 449.

\taltzew, J 53,

Marandon de Mon-

tvel, 61, 307, 309

411. '

Marchand, 154.

Marfan, 320.

Margulies, 231.

Marie (P.), 249, 252

451.

Iliarimo, 226.

1\larzbacher, 442.

l\lasoin, 8.

Massalongo, 240.

Massary (de), 70. z

Matagnp, 411.

Maugeret(l\111. Reine)

18.

Meeus, 246.

Meige, 303, 452.

Meilhon, 336.

Mélia, 251.

Mosny, lf,9, 449.

\Iouriquaud, 389.

Mignon, 9.

Minor, 3/9.

nLon(eri, 24G.

Muller, 176.

' N

Naecl : e, G2.

Nageolle, 301.

Nalbandoll', 242.

Nagari, 225.

Nicolas, 383, 389.

\issl, 12t1.

O

Orlowski (SI.), 51.

Ormea (d'), 176.

Osgood, 75.

Ossipow, 146, 392.

Ostankow, 152.

512 TABLE DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS.

P.

Pagniez, 452.

Pain, 336.

Pandy, 242.

Paris, 461.

Parhon, 23 \

Pasini, un.

' P6hu, 382, 390.

Perpère, 155.

Petren, 234.

Pfister, 127

Philippe, 173, 598.

Pic,311, 4 1 S.

Pic, 235,

Piltz, 47,

Fini,236, 241.

Popoff, 141.

Poussèpe, 124.

Privât de Forlunié,

432.

Purvès Stewart, 290.

Q.

Quensel, 142.

R. *

Racine, 173.

Halhery, 71, -1 ?

Havmon,t, 1, 74, 1 : ;(1,

160, 250, 320, 329,

451.

Raviart, 400.

Fiégnaull, 316, 39ù

Reich, 134, 291.

Renuari, 58.

Rodolico, 239.

Rollin, 321.

Rose, 251.

Rosembprr, 296.

Rouma, 139.

Rou : y, il, 160, 40.

Rouyer, 317.

l3oy, 157, 451.

IW dler, 312.

Rummer, 393.

S

Saenger, 243.

Saillant, 155.

Sain Ion, : 312,

Samaja, 141.

Santenoise, 99.

Sarbo, 50.

Schaikewitsch, 92.

Sultalzky, 323.

Schnilzèr, 323.

Sclifcherhak, 379.

Schullze, 59.

Sérieux, 9, 169.

Serrignp, 329.

81sard,160,249.

Siciliano, 228, 229,

240.

Simon, 104.

Sokolo,%%-, 308.

Soukhano(f, 63.

Souque*. 1ô'" 452.

Spi Iller, 30.

SpielmAyer. 442.

Sléfanelli. 2 ? 9.

Slembo, 150.

Slieda, 191.

filraetlsler, 51.

Siranskv, 52, 231.

Stnrch, 297.

Slroehuber, 45.

StrohmayPr, Gd.

Stumpf, 163.

T

Taguet,73, 25G'

Tamboni, 176.

Teliatnik, 299. °

Tessier, 70. ? ?

Thaon, 251.

Thomas, 160, 303.

Tikfiomirow, 294.

Topotkuw, 244, 388.

Touchard. : 309.

Trepsat; 308.

U

Ugolotti, 225.

UhLhofr, 128.

Ular, 256.

V

Valobra, 238.

Van Deventer, 492.

Vashide, 446.

Verger, 302, 448.

Vernet, 462.

Viardon,315.

Vigouroux, 70, 155,

1 156.

Villaret, 248.

Vurpas, 446.

W

\VaIV, 165.

\lrallenberl;, 41, 51.

lVéber, 117.

Weill, 390.

\1'iazem : kv, 76,

\Vilson, 446.

Wormser, 73. °

\Vyroubow, 154.

Y

Yoleyko (Mlle), 295.

Z

Zummern, 324.

Clermont (Oise). Imprimerie D.ux frères.