ARCHIVES
DE
NEUROLOGIE
ARCHIVES
DE
NEUROLOGIE
REVUE MENSUELLE
DES MALADIES NERVEUSES ET MENTALES
Fondée par .< M CHARCOT
PUBLIÉE SOUS LA DIREC-110-4 DE
A.JOFFROY
Professeur de clinique
des
maladies mentales
à la Faculté de médecine
de Paris.
V. MAGNAN
Membre de l'Académie
de médecine
Médecin de l'Asile clinique
(Ste-Anne).
' F. RAYMOND
Professeur de clinique
des maladies
'du système nerveux
à la Faculté de médecine
de Paris.
COLLABORATEURS PRINCIPAUX :
MM. ABADIE (J.), ALQUIER, ARNAUD, BABINSKI, BALLET,
BLANCHARD (n.), BLIN, BOISSIER (F.), BONCOUR (P.), BOYER (J.), BOURDIN,
BRIAND (M.), BRISSAUD (E.), BROUAHDEL (P.), CARRIER (G.), CAUDRON,
CESTAN, CHARDON, CHARON, CHARPENTIER, CHRISTIAN, COLOLIAN, COULONJOU,
CULLERRE,DEBOVE(M.), DENY, DEVAY, DROMARD, DUPOUY, FÉRÉ (CH.),
FENAYROU, FERRIER, FRANCOTTE, GARNIER (S.), GRASSET, HUET, KEHAVAL,
KOUINDJY, LADA4fE, L.1NDOUZY, LEGRAIN, LEROY, dIAüILI.E,
MARANDON DE MONTYEL, MARIE (A.), )¡110 REINE MAUGERET, MIERZEJEWSKI,
MIGNOT, MIRALLIÉ, MOURATOFF (w. A.),
MUSGRAVE-CLAY, PARIS (A.), DE PERRY, PICQUÉ, PIERRET, PITRES,
RAVIART, RAYNEAU, RÉGIS, REGNARD (P.),
REGNIER (P.),RICHER (P.), ROTH \Y.j, ROY, SI\ION, SÉGLAS, SÉRIEUX,
SANTENOISE, SOLLIER, SOUKHANO I ? SOUQUES,TAGUET,TCHIRIE\V, THULIÉ fil.),
URRIOLA, VALLON, VIGOUROUX, VILLARD, VOISIN (J.), WEBER, YVON (P.).
Rédacteur en chef : BOURNEVILLE
Secrétaires de la rédaction : J.-B. CHARCOT er J. NOIR
Deuxième série, tome XIX. 1905.
Avec 26 figures dans le texte
PARIS
BUREAUX DU PROGRÈS MÉDICAL
14, rue des Carmes
1905 5
Vol. XIX . Janvier 1905 N"109
ARCHIVES DE NEUROLOGIE
CLINIQUE NERVEUSE
Hospice de H S.1LL1;7RI1 : RI;, Clinique des maladies
nerveuses.
Paralysie faciale périphérique due à un fibro-
sarcome englobant le nerf à sa sortie du bulbe
l'ar \I\I. I R.11'I()\j), IIUI : 'I' et .11.Ç)U11 : R.
Le cas que nous nous proposons d'étudier dans ce tra-
vail est intéressant à un double point de vue : en pre-
mier lieu il est rare de voir une tumeur,occupant la par-
tie latérale du bulbe, ne donner lieu à aucun autre symp-
tôme qu'une paralysie raciale périphérique. Mais ce qui
nous parait digne d'intérêt, c'est l'origine et la nature de
cette tumeur.
Observation clinique. La malade, hospitalisée iL la Salpe-
Il'ii'l'e élai ! Ù).(("e d, ifI all loI" du j)('el1liel' examen. '¡U;llu'il GO '
ans elle avait toujours joui d'une lmnne canl : en particulier
1a. It· .v lltilie. I ? Ilt· wait eu IS enl'uW., tlunt G emum uclta·lle-
ment vivaO·. *
Depuis l'¡\¡ : e d,' GO : ni ? bronchite» fréquentes. A l'ye de (ïfi
ans, à ia suite d'une lmoncltilu a-anl Uuru ewiron lroic moi·,
l'III' 'apl'l'<;ul d'ulll' pal'lll,il' J'llLillll' ¡ : alll'he, '-UI'\L'IIUe S11b(,1l1l'C
apparente, l'eu après, stinint une ynlUalmie le l'm·il aunln·,yni
1111 Il'ailt"e al<'\ (Jllilll.l'-\ïll ? l' pdl' la ,ulul'e des paupières.
Lmo tlu 1ru·mit·n i·wm·n, ma mn·lale mu·, lvan,tlv.ü· l'amiali·
au('llI' altl'il'lIlllll au"i bi"11 \1' lal'inl 'UIH"I'ieul' 1[111' lïllrt'ol'Ïl'ul',
pal'al,il' Il'i'<'PI'OIlOU(,(',I', fla«lul' If/g, 1 \, L'l'\('ilabililé J'al'adil[ue
dl" tll'l ? pl de t1t1l ? ll' pal'ail. abulil'. L ? \Li(llbilill' gallanique
.li;come, 2^ cri·, l. \I\. 1
2 CLINIQUE NERVEUSE.
des m use les est rurll'l1JellL dill11llu('e cL présente des modili-
ntliun" iii4li(ittaliL lit réaction de dt") : : ('I1('-
rescence. La malade dit, en outre, que ses lèvres lui semblent
connue enflées : elle éprouu- la sensation que c· lèvre>L«i « re-
montent jusque sous le nez ». Celle sensation, puremenlsubjec-
li\e, eL Ul'louL lJelLe,Je IIlltlin, au 10\eil ; l'Ill' dilllinue di.lll la
journée.
La sensibilité au tact et à la piqùic parait (;1)]\ : ,('1'\ l'o¡ dan ? la
moitié gauche de la ligure, et semble la même qu'à droite.
Deux ans i.lpl'¡ ? l,l JII,[lade e pLli¡wi.liL dl' douleul'- 110\ I,<dgi-
Fic. 1.
PARALYSIE FACIALE PEtUPHgRIQUE DUE A UN FIBRO-SARCOME. 3
qll ? all-de ? oll' (le 1"l'il ln IIi jOll(> allrhl>, 1'1 II' long de l'ar-
('a(1cahtaii'c ? uj) ? ri)'ui't ? ui ! nt' reste plus de dénis, depuis
longtemps. La parahsie est demeurée slalionnaire, tant au point
de Mie esthétique, qu'à celui des réactions électrique*.
Les sjmplomes n'ont subi aucune modification notable de-
puis l'tige de 7 ans, jusqu'à celui de 79 ans. La malade succomba
à celle époque, au cours d'une épidémie de grippe. Pendant 5
an, la pa l'al ? i(' l'aria II' 1"1 ai demeurée le seul symptôme, sans
que rien nI' \ il'lInl' allil'l'I' l'aill'illi 1111 du côté des membres, ou
des nerfs bulbaires.
J<op.M.Lan) ! 't-(.')n)dcducduc ! 'i ? )ch-p)t'(;).UT)uit ?
Sur le côté lunche du bulb entre lui et le cervelet, on ll'llllle
(Ji ! }, -2) une tumeur du \uLullw d'une petite nui" de l'orme' irré-
guLièl'emenL sphérique présentant de nombreuses illé-
gales. Sa coloration est d'un blanc rosé avec points hémorrhagi-
ques comme celle d'un sarcome, mais la consistance est plus
dure, c'est celle d'un liltrome.
Cette tumeur est située entre le cervelet, auquel elle adhère et
le bulbe qu'elle refoule vers la droite mais avec lequel elle n'a
que des rapports de contiguïté ; sa Iilllill) supérieure est un'peu
au-dessus (lu o,j llonlJll1 bU-IwU Lu hl' l'an 1 ie 1. on extrémité inférieure
ric.2.
4 CLINIQUE NERVEUSE.
légèrement effilée, affleure le bas de l'olive bulbaire. Les racines
del'hypoglosepassentaudevantdela tumeur, dont elles res-
tent indépendantes ; le nerf es ! seulement légèrement refoulé en
avant et en dedans. La pyramide gauche n'est pas en contact avec
la tumeur. En soulevant celle-ci, on ^ oit qu'elle marque son em-
preinte sous forme d'un léger sillon sur la partie postérieure de
l'olive et le bord inférieur de la protubérance : les nerfs (VU ! ,
IX et X) sont refoulés en arrière, mais nettement indépendants
du néoplasme. Au contraire, le facial traverse la tumeur, a l'u-
nion de son tiers postérieur avec les deux tiers antérieurs : l'en-
trée du nerf se fait au fond d'une petite dépression en enton-
noir ; à sa sortie, il est accompagné sur un trajet de 2 millimè-
tres par un petit prolongement de la lummtr.
En somme, tumeur d'apparence lihro-sarcomatciiso adhérente
au cervelet et comme embrochée par le facial.
Pas d'autre altération appréciable ù l'oeil nu, des centres ner-
^eux, sauf, à la partie postérieure de la moelle dorso-lombaire,
de nombreuses plaques ossiformes développées dans, l'épaisseur
des méninges molles et que l'examen microscopique montracons-
lituées, comme le lis*u osseux véritable, par des lames de subs-
tance ayant les caractères de la substance osseuse contenant des
ostéoblastes et circonscrivant des cavités renfermant une vérita-
ble moelle osseuse. Seule, l'infiltration calcaire faisait défaut, les
plaques les plus Aoluniineusesolfranl la consistance de l'os décal-
cifié et se laissant aisément débiter en coupes sans préparation
spéciale.
Tous les peauciers de la face,soigneusement disséqués, sont no-
tablement atrophiés à gauche par comparaison avec ceux du côté
droit.
Examen histologique. 1° La tumeur (tivalion par le formol <'t
lOVocdwalioiiaii picro-carminoua l'hématéine, éosine) est bien
un fibro-sarcome. Sa niasse principale est constituée par des fais-
ceaux fibreux, épais serrés les uns contre les autres avec, dans
les interstices, des cellules polymorphes. Pas de libres élastiques
nettes. Les faisceaux fibreux sont tantôt▶ disposés pal'alli' ! plIlel1l1cs
uns aux autres, ailleurs, tourbillonnent autour de vaisseaux san-
guins dont les parois sont fibreuses, épaissies. Mais par places,
et surtout il la périphérie on voit des points constitués presque
exclusivement par des cellules analogues à celles du sarcome
vrai (rig, 3) ;. les faisceaux ont, une paroi formée d'éléments jeu-
nes, fusiformes ou même presquoarrondis. 11 s'agit donc bien d'un
fibre-sarcome, se rapprochant par son ensemble du fibrome plus
que du sarcome. Les points d'apparence héniorrhagique corres-
pondent à des vaisseaux volumineux, gorgés de sang, plutôt qu'à
des hémorrhagies véritables.
PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE DUE A UN)IBRO-SARCOME. 5
A sa périphérie, la tumeur l ? l'nI nUI ? d'une coque fibreuse
disposée en lamelles concentrique*. Celle coque adhère en beau-
coup de points avec la pil'-mèl'e dll cervelet.
La partie voisine du lobe cérébelleux gauche est comprimée
par le néoplasme, qui s'y creuse une gouttière, aux dépens de*
circonvolutions sous-jaceiiles, qui sont aplatie-, atrophiées, uu
même, complètement détruites.
2° Le facial a été étudié sur les trois points suivants de son tra-
jet. '
a) A sa sortie du bulbe, s'enfonce presque immédiatement
dans le néoplasme ; sa gaine se confond avec le tissu fibreux am-
biant et cesse d'être perceptible ; les faisceaux nerveux sont dis-
sociés par le tissu fibreux ; les fibres s'atrophient très vile et ces-
Fic.. 3. A, cervelet - Il, méninges. C : , l'01[11f' fibreuse. -
1), tumeur (point sarcomateux).
(j CLlN\Q1. : E NERVEUSE. ' '
"entd'èll'I' [l1'1'{'t'plilill ? It, gaint ? dl'm : l'lilH'Manl dt' plu t'nplu"
réduites tl'ulutiscun u mcuru yu'm alltrunlm du centre de la tu-
meur. Cependant, il ne semble pas que les y timlrcs-avcs soient
interrompu* ; on les distingue nettement, aussi loin qu'on peut
suivre les libres nerveuses.
En plein centre de la tumeur, un seul des faisceaux du nerf
-facial est encore nettement dilférencié. 11 est formelle fibres,
d'apparence presque intactes, et entouré d'une gaine lamelleuse
1res épaisse. L'aspect est celui d'un nerf atteint de neuro-iibroma-
tosc, tel qu'on le trouve ligure dans les ouvrages classiques.
h) Le tronc du facial, après sa traversée parotidienne, présente
une atrophie considérable de se* faisceaux, qui, sur une coupe
transversale, sont moitié iuoius volumineux que ceux du facial
droit. La gaine du nerf, les gaines périfnseiculaires et le tissu in-
lersliliel sont Il't\'' épaissis, sclérosés..Mais les libres nerveuses ne
sont pas détruites, leur cv lindre-axe est net; leur gaine de imé-
linn, simplcmnl atrottltifc, nu prt·nnlunl, an \lamlii, y»c Ic.
altérations, peu considérables.
c) La branche temporale du facial présente une atropine nota-
ble des faisceaux de fibres nerveuses, avec sclérose bien moins
considérable que le tronc de ce nerf.
3° Les ganglions de Gass< ! 1', des deux côtés, renferment un cer-
tain nombre de cellules, atteintes de ehromalolvse surtout péri-
phérique ; quelques-une* sont pigmentées ; parfois la clirmmtine
csta]'etat.di<n ! S.Unpentseute ! nentd ! re(p)eces lésions sont
nettement plus accuseesagauc ! )e qu'à droite.
4° Les peauciers de la face (orbiculaire des paupières, grand zy-
gomatique, orbiculaire des lèvres, muscles du menton) sont très
atrophiés à gauche, par comparaison avec ceux du côté droit : il
s'agit d'atrophie simple sans sclérose.
5° Le bulbe ne présente d'autre altération que les suivantes :
dans le noyau du facial gauche : atrophie simple de nombreuses
cellules, quelques-unes ayant conservé leur aspect normal. Dans
le noyau de la VI" paire gauche, même atrophie do nombreuses
cellules, la partie centrale et externe du noyau étant seule com-
plètement respectée. '
Nous n'avons contate aucune lésion dégénérative, ni de* fibres
motices, ni tln. liltrc. scit·ilivc·, tlan· la protubérance ou la
moelle.
Enfin, les VIII0 IX" et Xe paire* du côté gauche présentaient un
aspecl peu près normal, l"e1. peine si les tissus ambiants
étaient un peu plus denses que normalement, les fibres nerveu-
\ ! 'us ! 's selllhlaÍPl11. i 11dpIIIIJ(' d'a Il ? I'al ion" 110la hlp", apl'I's l'aI'l ion
ùu pil'l'o-I'al'llIin, 011 dp la IIll'[lintlt' dt, .\lal'clii,
PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE DUE A UN FJnRO-SAHCOME. 7
En résumé, la paralysie du facial gauche, survenue il
l'âge de 06 ans, 13 ans avant la mort, était rapidement
devenue complète. Les constatations anatomiques
permettent de rapporter cette paralysie il l'existence
d'un fibre-sarcome englobant et comprimant le nerf à sa
sortie du bulbe, refoulant simplement l'hypoglosse en
avant, les nerfs VUE, Il° et Xc en arrière, sans les com-
primer, et repoussant le bulbe vers la droite sans déter-
miner aucune lésion dégénérative des libres motrices ou
sensitives, ce qui explique l'absence de tout signe bul-
baire, et l'impossibilité, dans ce cas, de diagnostiquer
pendant la vie, la véritable nature de la paralysie.
Nous ne reviendrons pas sur le diagnostic anatomique,
qui ne nous semble pas douteux ; il s'agit évidemment
d'un fibro-sarcome conjonctif, se rapprochant dans son
ensemble, du fibrome, plus que du sarcome. Mais il im-
porte de préciser l'origine de ce néoplasme. '
En décrivant les résultats de l'autopsie, nous avons dit
que la tumeur ne présentait d'adhérences qu'en deux
points : au niveau du cervelet et du facial, qui la traver-
sait de part en part ; partout ailleurs elle était absolu-
ment libre, ne contractant, avec des tissus voisins, que
des rapports de contiguïté. Le point de départ ne saurait
se trouver par conséquent qu'au niveau des deux points
où il existait des adhérences : le cervelet et le facial.
Or, il ne s'agit certainement pas d'un fibro-sarcome né
aux dépens du cervelet : la tumeur est, non un gliome,
mais bien un fibro-sarcome conjonctif, nettement déli-
mité d'avec le tissu nerveux du cervelet qui est simple-
ment atrophié et détruit par compression ; elle ne pro-
vient pas davantage des méninges cérébelleuses qui,
comme le montre notre fig. 2, ne font qu'adhérer au ni-
veau des points les plus comprimés, à la coque entourant
la tumeur, mais ont conservé nettement, presque par-
tout, leur individualité.
Tout autres sont les connexions du néoplasme et du fa-
cial. Immédiatement après que ce dernier a pénétré dans
la tumeur, sa gaîne cesse d'être perceptible ; elle semble
se confondre avec le tissu constituant la tumeur,les fais-
ceaux nerveux sont dissociés et comme étouffés par le tis-
su fibreux ; un faisceau nerveux, demeuré visible au cen-
8 CLINIQUE NERVEUSE.
tre de la tumeur, présente l'aspect typique d'une coupe
d'un nerf atteint de neuro-fibromatose. Il semble donc
logique d'admettre que le fibro-sarcome est né aux dé-
pens de la gaine du facial à sa sortie du bulbe .
Au cours des dernières années, divers travaux notas-
ment l'important mémoire de Henneberg et Max Koch (1)
~la communication de Philippe, Cestan et Oberthür au
Congrès de Grenoble (2), ont établi l'existence, à côté de
la maladie de Recklinghausen ou neuro-fibromatose, d'une
variété nosologique spéciale, la neuro-fibro-sarcomatose,
dont Cestan (3) a précisé ainsi les caractères histologi-
ques « C'est un épaississement concentrique ou en crois-
sant de la face interne, épaississement des cloisons de
l'endonèvre, infiltration diffuse, dissociant, entourant
les fibres nerveuses sans les détruire. La différence con-
siste dans le type histologique de l'infiltration : fibroma-
teux, bénin dans la maladie de' Recklinghausen, sarco-
mateux, malin, dans la neuro-fibromatose. »
Dans le cas actuel, il s'agit d'un fibro-sarcome né aux
dépens de la gaine du facial, à sa sortie du bulbe, disso-
ciant et comprimant les fibres nerveuses,qui, après avoir
traversé la tumeur, sont frappées d'atrophie. Mais, c'est
ce qui fait l'intérêt principal de ce travail, tandis que dans
la neuro-fibro-sarcomatose, on trouve d'habitude des
tumeurs multiples dans les centres nerveux, les racines
ou les nerfs périphériques, nous n'avons pu déceler au-
cune autre localisation sarcomateuse en aucun point des
centres nerveux, ni dans les racines, bien que la paraly-
sie faciale existât depuis 13 ans. -
Voilà donc un fait de neuro-fibro-sarcome,- identique
comme structure aux tumeurs multiples de la neuro-fi-
bro-sarcomatose, mais étant demeuré pendant 13 ans lo-
calisé au facial et non à l'acoustique, la localisation pré-
férée de la neuro-fibromatose. .
(1) HEXNEDEKG el Max Koch. Arch.f. psychiatrie u. nernen Krank,
tome Tll'I, y. 250-305 (avec figures), 1902.
(2) Philippe CESTAN et OnEUTIIurt. Sarcomes et sarcomatose dit
système nerveux (Congrès des nenrolog. et aliénisles français, Gre-
noble 1902.
(3)- Cestan. - La 71eii-o-fibi-o-sai-coniatose. (Revue neurologique
1903, ]J, T.i5..)
sur l'emploi nu véronal chez quelques aliénés. 9
THERAPEUTIQUE
Notes thérapeutiques sur l'emploi du véronal
chez quelques aliénés ;
Paul SÉRIEUX el Roger MIGNOT
Depuis le mois de mars 1904, à la maison de santé de
Ville-Evrard, nous employons le véronal chez les ma-
lades atteints d'insomnie. Nous désirons faire connaître
les résultats obtenus dans une vingtaine de cas observés
avec soin, de mars en août.
"Grâce au nombre relativement élevé de nos veilleurs
et veilleuses, il nous a été possible d'obtenir chaque
jour une observation détaillée sur l'état pendant la nuit
des malades en traitement. Au moyen de ces renseigne-
ments, nous avons, pour chaque malade, tracé un double
graphique représentant, l'un la durée du sommeil ex-
primé en heures et demi-heures, l'autre la manière dont
ces heures se répartissent pendant la nuit. Il nous est
malheureusement impossible de publier ces graphiques
en raison de leur étendue ' et de leur nombre ; nous le
regrettons d'autant plus que, comparés aux graphiques
obtenus quand le médicament n'était pas administré, ils
rendent saisissante l'action de celui-ci.
Les malades dont les observations suivent n'ont pas
été choisis, nous avons pris les cas au sur et à mesure
qu'ils se présentaient. Le médicament a été donné en
cachet avec une infusion chaude ou en suspension dans
l'eau ou le lait ou même mélangé aux aliments.
Mélancolie. - Observation 1. - JI ? ? Li3 ail', est atteinte '
depuis 1808 de mélancolie ; l'intelligence est actuellement af-
faiblie mais le délire, l'anxiété et l'insomnie persistent. Sans
hvpnolique celte malade ne dol' ! pas plus de 3 heures par nuil.
('.race an véronal, à la dose de 0,30 cl'nligl'allll1ll'S, nous olJte-
nnnc un sommeil régulier et prolongé : en 4(i nuits la n1O)el1l1l'
est de 7 heures el demie. L'action du médicament se fait sentir
de une heure et demie à deux heure* la p]ise. En même
LU Tli 1 : : ¡¡ \PEUTIQI'E.
temps que le sommeil est "l'll'IIU, l'n). ! ilnlioll m('la/icoliqlll' 1"\
muim mary«nu pcml,tnl,lc.lonr.
Après 4 mois d'emploi journalier, nous n'observons pas d'ac-
coulumancu ; il plusieurs reprises nous avons essayé de cesser le
médicament, au boni de 2 ou 3 jours l'insomnie se reproduisait
et l'agitation augmentait..
UBs.Il. M"" U., ? 1 ans, est soignée à Ville-Evrard depuis
11)00 pour un délire mélancolique très intense avec impulsions
au suicide. L'insomnie est constante, on esl quotidiennement
obligé de donnPl' 1111 h p"oliqw', IHai ? l 'a('('olliIl l/ialIl'I' ? p pl'odllil
assez vile avec le chloral, le Irional, elc. Depui* le 2 avril l'JO'i,
celle malade prend tous les soirs v Imurn. Il,(1 ccnli'r. In
W runal, ellu ·'umlnrl iL g lunuw. Ij ? u« ! Iluurn,eL nn 134,jmnr.la
/lIO)eIllW dl' helll'csde foomnH'il n('I('de81u'lIl'üsd'lIn l'epos pai-
sible et continu. Après 2 mois 1/2 d'emploi, nous avons essajéde
supprimer le médicament à l'insu de la malade ; dès la seconde
nuit elle ne dormait plus et en même temps le délire prenait
une acuité nouvelle, l'anxiété était extrême, les idées de suicide
devenaient incessantes. A plusieurs reprises la suppression du
véronal s'e.L accompagnée des mêmes phénomènes et son em-
ploi a produit une sedatiot manifeste des même* symptômes.
Ilus. lll. - 1 ? P., 57 ans, présente depuis juin ! ! HI3 un dé-
lire mélancolique avec un élal d'anxiété presque continu. L'ex-
tl'aillhébnïqUl' tout en l'1l1rnanl 1'an.\it'>l(. n'améliore pas l'insom-
nie.
Le 1 ! ) mars nous donnons le véronal 1 la dose de 0,30 centi-
grammes : après une dizaine de jours d'emploi, le sommeil de-
vient régulier el prolongé ; en 51 jours la moyenne des heure*
de sommeil est de 7 heures. Le sommeil se produisait (Ir. 1 h. il
1 heure 1/2 après la prise. Quand nous avons cessé le
médicament, la malade était guérie de son état mélancolique et
l'habitude du sommeil était reprise. Après 4 mois nous avons
revu la malade qui continue il se bien porter et il bien dormir.
CIBS. IV, 11l. Q., 7G ans. Depuis 1002 celle malade esL me-
lancolique, l'anxiété est conlinuelle et arrache des plaintes et, des
gémissements bruyants ; malgré l'âge et la maladie mentale, il
n'y a ltas tl'all'ailtli,scmunL inlcllcclucl.
Depuis le début de la maladie, l'insomnie est persistante, la
malade passe ses nuits debout à frapper à sa porte en appelant ;
sous l'influence de la station debout prolongée et, des troubles
vaso-moteurs, les jambes et les mains sont très enflées. Depuis le
début de la maladie et, même avant son entrée il Vitte-Evrard, la
malade prenait l'extrait Ihébaïque à haute dose (0,25, 0,30 cen ! igl',)
sur l'emploi DU véronal chez quelques aliénés. 1-1
niais sans prolil au point de vue de l'insomnie. Contre celle-ci
non* employons successivement le* bromures, le trjonat.fe >ui-
tonal, le chloral ; les médicaments agissent 2 ou 3 jours puis la
malade ne dort plus et reste debout jour et nuit. La paraldéhyde
produit 11111lC un cll'el pal'ado ? al, l'agiLalion nocLul'lle et l'anxiété
augmentent après son emploi. Le 3 mars nous ordonnons le véro-
nal ù la tlo·e tle 0,() centiramnes ; dès les premières nuits la
malade reste au lit durant quelques heures et, dort..pendant, les
3 premières semaines, l'action du médicament est irrégulière,
des nuit* de 3 à 4 heures alternent avec des nuits de 10 il [1 l
heures. Dès le second mois l'ell'el du médicament Ilov imlL llltl·
rn·ulinc uL llu cmsLanl : cn l't'1 Ituils la Inovunnc a iln de
7 heures de sommeil. Avec le reloue du repos, l'anxiété a dimi-
nué, l'agitation mélancolique s'est beaucoup réduite, l'endure des
.I,mnIm.lll Ilc. maius a Ili·paln, la malallt· l'olanL olt'mlue la la
nuit el consentant Iv .Intm u ·'unuil. AcLttc,llemenl, almu's ImiL
moi* d'emploi, l'accoutumance, ne s'est pas produite. A plusieurs
reprises nous avons p ? a)é du supprimer le véronal ; rapidement
l'insomnie, l'anxiété, la station debout prolongée sont redevenues
telles qu'elles étaient autrefois. - '
(Ilts. V. Mm" li., 511 an" e( atteinte depuis 1903 de deprcs-
sion mélancolique avec idées obsédantes el impulsions diverses.
Depuis la même époque e ! [esouH ? e d'insomnies, ne dormant pas
plu, de 4 heures par nuit. Le véronal à la dose de 0,0 cenli,r.
augmente la durée du repos, mais d'une manière irrégulière ; il
fallut atteindre la dose de 0.80 cenligr. pouroblenir d'une façon
conslanle un sommeil prolongé : en 150 jours la moyenne a été
de plus de G heures. Le sommeil apparaissait rapidement après la
prise du médicament, de 30 minutes à 1 heure. En même temps
que les nuits devenaient meilleures, l'anxiété et l'agitation de la
malade diminuaient, une amélioration très manifeste de l'étal
mental était constatée. A plusieurs reprises, nous avons lente de
cesser le médicament, même à l'insu de la malade ; rapidement
l'insomnie se reproduisait elles (rouilles mentaux reprenaient
leur acuiLY. Actuellement, après '7 mois d'emploi, nous n'obser-
vons pas d'accoutumance.
(Itts. VI. Mmo S., 3"2 ans, présente depuis 1003 un délire mé-
lancolique avec idées obsédantes ; c'est une dégénérée avec stig-
mate* hystériques. 1 ? Ilesoulfrc d'insomnie, ne dort guère plus de
3 heure* par nuit. En 20 jours, avec une dose de 0,30 cenlig. la
moyenne des heures de sommeil a été de 7 heures. Nous devons
ajouter que celle malade a pris du véronal il un moment où les
troubles intellectuels' étaient en régression et où l'insomnie ap-
paraissait comme le dernier symptôme important.
12 THÉRAPEUTIQUE.
OSSo Vil. - .M11» T., 2G ans, c-t une dégénérée dont l'état
dépressif esl lié à de.* idée* obsédantes. L'anxiété est très mal'-
et l'insomnie habituelle. Avec des doses variant de 0, là à
0,50 cenligr., nous obtenons eu 92 jours une moyenne de si heu-
re 1/2 de sommeil. Actuellement, après 5 mois d'emploi, il n'ya a
pas d'accoutumance. Les troubles mentaux se sont améliorés,
mais on ne peut, cesser le médicament sans voir se reproduire
l'insomnie. Chez celle malade le sommeil survenait assez tard
après la prise du médicament, de 2 heures 1/2 à 3 heures.
L'action du Véronal a été tout à fait remarquable chez
nos mélancoliques. Ce médicament, aux doses moyennes
de 0,30 à 0,50 centigr., s'est montré supérieur aux autres
hypnotiques employés par nous antérieurement ; il a
produit environ une ou deux heures après l'ingestion, un
sommeil calme, continu et suffisamment long ; malgré un
usage très prolongé, nous n'avons pas observé d'accou-
tumance.
En même temps que l'action hypnotique et, vraisem-
blablement à cause de cette action, nous avons constaté
une diminution de l'anxiété et de l'agitation mélanco-
lique ; aucune influence sur le délire et sur l'état dépres-
sif n'a été observée.
DeMteKcerccot'c. Obs. \'Itl. - M"1» E., 42 ans, a présenté en
1898 les premiers symptômes d'un délire incohérent de persécu-
tion et de grandeur, accompagné d'hallucinations nombreuses
qui s'est rapidement terminé par la démence. Actuellement cette
malade offre le tableau habituel de la démence paranoïde avec
état chronique d'agilalion et d'insomnie.
La moyenne des heures de sommeil produites par le véronal
aux doses de 0,50 à 0,80 centigr. pendant 72 jours a été de 5 heu-
res. Le repos était continu. La moyenne était, en 31 nuits, de
3 heures 30 avec '2 cliloi-al el de 4 heures, en 73 nuits,
avec 1 g'I', 50 de sul tonal.
L'action du véronal était plus active après quelques jours
d'emploi. Le sommeil apparaissait de 1 heure à 1 heure 1/2
après la prise. En l'absence d'hypnotique, le repos devenait nul
ou tout fait insuffisant.
Uses. IX. lI°·8 F., 47 ans, malade depuis 1901, test actuelle-
ment démente. Elle il dans un état d'agitation incessante et ses
nuits sont sans repos. L'action du véronal a été favorable chez
celte malade qui ne dormait guère plus de 3 heures 1/2 sans
SUR L'EMPLOI du véronal chez quelques aliénés. 13
médicament. Le véronal, excepté aux moments où l'agitation
atteignait son paroxysme, procurait de longues nuits; la moyenne
générale en 143 jours a été de 7 heures. Malgré un emploi pro-
longé pendant plus de 8 mois, nous n'observons pas d'accoutu-
mance et dès que le médicament est supprimé, l'insomnie se
reproduit. L'action hypnotique se fait sentir environ 2 heures
après la prise.
Oss. X. Mlle G., 31 ans, malade depuis 1898, présente actuel-
lement les symptômes de la démence Iréhéphréniclue ; l'agitation
quoique peu intense s'accompagne d'insomnie.
Pendant les 140 jours que le véronal a été employé, nous avons
obtenu en moyenne 5 heures de sommeil par nuit ; les doses
varièrent de 0,30 a 0,GO cenligr. A la fin du traitement, le som-
meil était plus prolongé et plus régulier. L'action du véronal
était manifeste. puisque, le médicament ayant été supprimé pen-
dant 7 jours, nous n'avons obtenu pendant ce laps de temps que
15 heures de sommeil. L'effet hypnotique était produit de 1 heure
il j 1 heure 1/2 après la prise.
UBS, XI. M™0 IL, 42 ans. Après uue période de confusion
mentale (1898) avec excitation maniaque, a laquelle a fait suite
une phase de dépression et de délire, la malade est devenue
démente. Actuellement elle \ iL dans un état d'agitation automa-
tique incessant ? L'insomnie de 51,i,e Il. était caractérisée par des
nuits assez bonnes alternant avec des nuits blanches ou de 2 a
3 heures de sommeil : ainsi en 14 nuits nous comptâmes 5 h. de
sommeil en moyenne mais 3 nuits blanches. Sous l'influence du
véronal, à la dose de 0,50 centigr.. la durée du sommeil se régu-
lal'i»e et atteint la moyenne de 8 h. en 157 nuits ; pendant tout
ce temps aucune nuit blanche. L'action médicamenteuse se fait
sentir environ 2 heures après la prise. Alors que les hypnotique* :
habituels produisent rapidement l'accoutumance, le véronal, au
moment où nous écrivons, après 8 mois d'usage journalier, con-
tinue son action bienfaisante. A plusieurs reprises nous avons
tenté de le supprimer, mais l'insomnie reparaissait après 2 ou
3 nuits. Nous avons observé chez cette malade une diminution
très notable de l'agitation pendant la veille depuis l'emploi du
W runal ; lors de la suppression du médicament, l'insomnie el
l'agitation reparurent parallèlement.
Obs. Xll. M""=I.,2G ans, présente depuis avril 1904 les
symptômes de l'hébéphrénie ; il existe des signe* d'affaiblisse-
ment intellectuel mais la démence n'est pas encore très marquée.
Sans médicament, celte malade dormait environ 4 heures. Pen-
dant li3 jours de traitement, avec une do"o de 0,30 centigr. de
véronal, nous a\ons obtenu une moyenne de 7 heures.
14 THÉRAPEUTIQUE.
La durée et la régularité du sommeil devinrent plus manifes-
tes après une dizaine de jours d'emploi. Le sommeil commençait
de 30 minutes il 1 heure 1/2 après la prise. Aujourd'hui, après
5, mois l'accoutumance ne s'est pas produite.
Oas. \Ill. - lI. li., 1 all., cnlré cn 1'év ricr 19(l4 cn OaL tle
slupeur,présenle depuis juillet de l'agitation catatonique. Chez ce
malade, l'action hypnotique aux cluses clc 0,3U ut 0 ? 0 ccOir. a
été à peu près nulle : le .sommeil était avant l'usage du véronal
d'une dmée de (j 11. mais entrecoupé de fréquents réveils : depuis
nous n'avons pas obtenu un sommeil plus régulier elen 70 jours
du( ! 'ait.L'nK')U,iauw)'un('u'a( ? quud(;7 ? U)'t"-parnui(.
Excepté chez un catatonique, t1 la période initiale de la
maladie, le véronal a eu dans observations de démence
précoce une action bienfaisante sur l'insomnie coexis-
tante avec des états d'agitation. Le sommeil se produisait
en général une heure et demie après la prise du médica-
ment et devenait à la fois plus prolongé et plus régulier.
L'accoutumance n'a pas été observée après un emploi
quotidien prolongé pendant 8 mois. (ans, XI et Obs. IX.)
Paralysie générale. (lus, XIV, .M. A. 50 ans, présente l'en-
semble des symptômes classiques de la paralysie générale depuis
l'année 1902. Interné en 1903 à la suile d'un étal d'excilalpiu
maniaque, son agitation reste continuelle et s'accompagne d'in-
soumit'.
Par l'emploi du véronal à la dose 111 0,30 cenlil;r., nutm n'avons
obtenu aucune amélioration : en 30 jours d'emploi, la moyenne
des heures de sommeil n'a été que de 5 h. 30 pur nuil ; en outre
le repos n'était pas continu, le malade se réveillait à (rois ou
quatre l'('lll'il ? el re(ail h l'ill¡\ ('haql ! l' roi" pendant uue ou
plusieurs heures. Le premier sommeil ne se produisait que plu-
sieurs heures après la prise du médicament.
IIBS. \1'. - 11. tt..49a)t>, atteint de paralysie générale depui*
1902, est constamment dans un état, d'excitation très marqué
qu'entretiennent des hallucinations auditives nombreuses. Depuis
le début delà maladie, l'insomnie csL persistante.
Le véronal esl administré du 29 mars au 17 juillet, mais nous
n'observons aucune amélioration de l'insomnie, malgré le» doses
allant en augmentant de O,ï30 cen(ir. a 1 gramme. La moyenne
de 130 nuits a été de 5 heures, durée habituellement observée c
sans médicament. Cette durée du sommeil pourrait être considé-
rée comme suffisante si le repos était, continu, mais il est au con-
traire entrecoupé de longs réveils malgré le médicament.
SUR l'emploi du véronal chez quelques aliénés. 15
Uss. XV). )11110 1 ? 40 uns, est atteinte de paralysie générale
depuis 1899. Elle est actuellement tout à fait démente, mais l'a-
gitation et les hallucinations persistent el s'accompagnent d'une
insomnie tenace.
Le véronal a été employé pendant 108 jours, et la durée du
sommeil a été de G heures environ par nuit. Cette durée n'était
que de 5 heures avec 0,30 cenligr. Ilu médicament, et nous avons
dû atteindre la dose de 0,80 centigr.. Quelle que fût la dose em-
ployée, le sommeil était interrompu par des réveils fréquents et
se prolongeant de 1 il plusieurs heures. Malgré le médicament
nous comptâmes des nuits blanches. Le sommeil ne se produisait
en général que 3 heures après la prise.
UBS, XVII, M. D., 35 ans, présente depuis 1903, les symptô-
mes de la démence paralytique. Il n'a pas de délire, c'est la dé-
pression qui prédomine, elle s'accompagne de préoccupations
hypocondriaques. Le malade se plaint d'insomnie complète, en
réalité il dort 4 à 5 heures par nuit.
Du juin au 12 août 1904, nous administrons tous les soirs
0,30 centig. de véronal ; sous l'influence du médicament, le 1J11l-
mcil >0(' prolonge 7 heures, moyenne de 60 jours. Après 10 jours
d'emploi, nous supprimons le médicament sans prévenir le ma-
la(le; dès la troisième nuit, il ne dort plus que 3 heures,- et en
0 jours d'abstention la moyenne n'est que de 4 h. 30. Deux mois
environ après le début du traitement, non.- pouvons cesser l'em-
ploi du véronal sans que la durée du sommeil s'en ressente. ,
Le véronal n'a donc produit une action favorable que
chez un paralytique général déprimé et hypocondriaque.
Chez trois paralytiques en état d'excitation, l'effet du mé-
dicament a été à peu près nul, et les nuits sont restées en-
- trecoupécs de longs réveils ; le premier sommeil pouvait
se faire attendre 4 ou 5 heures et même davantage après
la prise. L'action hypnotique était certainement infé-
rieure chez ces malades à celle du bromure, du chloral et
des bains prolongés.
Folie périodique. Uss. X\'111. lllle L., ',Il ans, présente
depuis février 1904 des accès maniaques très intenses d'une durée
do 15 jours à 3 semaines suivis d'une période de dépression légère
d'égale durée. 11 existe en même temps de l'insomnie. Au mo-
ment de la phase maniaque, le véronal ne produit aucun effet
aux doses de 0,30 il 0,80 centigr, malgré l'association du bromure
et des hains prolongés : l'hypnotique produit son action habi-
Luelle au déclin des accès et -il la période mélancolique.
10 THÉRAPEUTIQUE.
Uss. XIX. 17t° IL, 31 ans, est soignée pour son troisième
accès maniaque, l'agitation est vive, et la malade ne dort pas
plus de 3 heures par nuit. Sous l'influence du médicament, non*
obtenons en 71 jours une durée moyenne de 7 heures de som-
meil. L'aclion hy pnolique se faisait sentir de 30 minutes il 1 1 heure
.après la prise. Le médicament ne produisit tout son elfe ! qu'après
"quelques jours d'emploi et la durée du sommeil alla en progres-
saut du début il la Iin du traitement malgré la persistance de
l'état maniaque. Après 71 jours d'emploi, aucun signe d'accoutu-
maure. '
De ces deux observations nous ne pouvons tirer aucune
déduction, nous les rapportons à simple titre documen-
taire.
Conclusions. Des observations précédentes nous
croyons pouvoir tirer quelques conclusions, d'autant plus
que depuis le mois d'août l'expérience a confirmé ce
que nous avions précédemment constaté et il nous se-
rait aisé de présenter de nouveaux faits.
1° Le véronal a une action hypnotique considérable
dans l'insomnie des mélancoliques et des déments agités.
Il procure il ces malades un sommeil prolongé et continu.
Le sommeil apparaît peu de temps après l'ingestion, en
moyenne de une à deux heures. Il importe de trouver la
dose nécessaire mais suffisante du médicament ; on peut
débuter par 0,30 centigr. et augmenter progressivement
sans dépasser un gramme. L'action du véronal est plus
marquée et plus régulière après quelques jours d'emploi.
On peut dire que l'accoutumance à cet hypnotique est à
peu près nulle, puisqu'il procure encore le sommeil à
certains de nos malades après huit mois d'un usage jour-
nalier et sans augmentation de la dose.
Chez les déments une diminution de l'agitation au-
tomatique, chez les mélancoliques une diminution de
l'agitation anxieuse, a pu être observée pendant le jour
après l'usage du véronal ; il s'agit là probablement non
pas d'une action directe mais d'un résultat secondaire au,
repos de la nuit.
2° L'action hypnotique du véronal chez les paralyti-
ques généraux agités et hallucinés, nous a paru très
faible ; le sommeil reste très irrégulier et sa durée ne
sur l'emploi du véronal CHEZ QUELQUES ALIÉNÉS. 17 Î
semble pas prolongée d'une manière sensible ; nous ré-
serverons notre opinion sur l'influence de ce médica-
ment dans l'insomnie des paralytiques généraux dépri-
més ou simplement déments.
3° Dans aucune de nos observations, même en em-
ployant pendant longtemps un gramme de véronal, nous
n'avons constaté les malaises, les vertiges qui ont été si-
gnalés chez certains sujets. Malgré leurs troubles men-
taux, quelques-uns de nos malades n'auraient pas man-
qué de nous signaler ces phénomènes s'ils s'étaient pro-
duits. Nous n'avons également pas constaté de modifi-
cations du pouls ni d'altérations des bruits du coeur; des
vieillards et des individus porteurs de lésions cardiaques
ont très bien toléré le médicament.
Nous n'avons pas observé d'albuminurie même après
un emploi prolongé et intensif.
4° Actuellement, nous avons administré le véronal à
une quarantaine de malades, souvent à des doses élevées
(0,80 centigr.à 1 1 gr.) et dans plusieurs cas pendant des
mois ; nous n'avons eu l'occasion de constater qu'un seul
cas d'intolérance vis-à-vis de ce médicament, en voici
l'observation :
Ops. XX. )1110 U., 33 ans, soignée une première fois en avril
] IJ04 pour un accès de stupeur hallucinatoire de courte durée,
retombe malade fin août. Des hallucinations de l'ouïe accusatrices
el menaçantes, des visions terrifiantes provoquent un état anxieux
très pénible et un délire mélancolique. En même temps, les nuits
sont sans sommeil. Le 27 août, nous ordonnons 50 centigr. de
véronal contre l'insomnie et, le lendemain,de l'extrait thébaique
aune dose de 0,02 centibar. qu'on augmente quotidiennement pour
arriver, le 6 septembre, à la dose de 0,12 centigr. Malgré cetraite-
ment médicamenteux, auquel sont ajoutés des bains, le délire,
les hallucinations, l'anxiété persistent, les tentatives de suicide
sont incessantes ; mais les nuits sont assez bonnes et, du 27 août
au G septembre, la moyenne est de 6 I). 1/2 de repos.
Le 30 août, la malade a la (ace congestionnée, elle se plaint de
la tête, la nuit elle a un vomissement. Le 1 ? septembre, on re-
marque que l'hypere : sthesie sensorielle est telle que le moindre
bruit dans le voisinage la fait tressaillir et pousser des cris. ,
Le 4 elle 5, la malade soutire de céphalée, de hoquets fré-
quents, d'une sensation d'étoufïement, elle se plaint de la gorge
qui est rouge ; pas de fièvre.
Archives, 2° série, 1905, t. XIX. - 2
18 RECUEIL DE FAITS.
Le 6 au matin, nous constatons l'existence d'une éruption loca-
lisée aux bras, aux mains, aux cuisses, à la poitrine, au dos.
Cette éruption est formée d'éléments qui rappellent ceux de la
rougeole, par agglomération, ils forment des placards assez éten-
dus, les démangeaisons sont vives, nous supprimons le véronal el
-l'extrait thébaïque, (T. li. S. 38,2).
Le 7, l'éruption s'est étendue, elle a gagné la face qui présente
tout à fait l'aspect morbilleux. Les muqueuses de la bouche sont
très rouges, la lèvre inférieure est enflée et douloureuse et demeu-
rera telle pendant plusieurs jours. (T. R. M. 38,5 ; T. R. S. 37,5).
Le 8, l'éruption est généralisée, la malade se plaint de douleurs
au niveau de la tète, des reins, des côtes, du ventre ; elle a de
fréquents vomissements alimentaires et muqueux. (T. Il. )I.
37,2 ; T. Il, S. 3 i,G).
Du 8 au 14 septembre, l'éruption subsiste, mais la rougeur s'é-
teint peu à peu et fait place à une teinte rôtissoire, les déman-
geaisons restent très vives et réveillent la malade. Les aliments
les liquides sont conservés avec peine par l'estomac. Les vomis-
sements sont douloureux ; la température est redevenue normale.
Malgré la persistance des troubles physiques,, le délire et les hal-
lucinations, tous les troubles mentaux s'amendent.
Du 15 au 18, le prurit persiste, mais très atténué, le sommeil
est redevenu normal, et le 20, on peut considérer la malade
comme complètement guérie de son affection mentale et de son
intoxication.
RECUEIL DE FAITS
Sclérose atrophique hémisphérique. Imbécillité;
hémiplégie droite ; épilepsie ; accès et verti-
ge : démence;
Par 130U1t\E1'ILLI : et Reine MAUGERET.
Le titre indique déjà l'intérêt considérable de l'ob-
servation que nous allons rapporter et dont à la fin
nous relèverons les particularités cliniques et anato-
mo-pathologiques.
SCLÉROSE ATROPHIQUE HÉMISPHÉRIQUE. 19
SOMMAIRE. - Père, fièvre typhoïde à 16 ans; rien de parti-
culier. Cousin germain, bègue. - Mère : céphalalgies.
Pas de consanguinité. Inégalité d'âge de 2 ans (mère
plus âgée).
Conception, grossesse, accouchement, rien à noter. Première
dent à 6 mois, dentition complète à 15 mois. Marche à 9
mois. Propreté à 15 mois. Début de la parole à 4 ans.
Etat de mal convulsif à 6 mois. Convulsions localisées au
côté droit, hémiplégie droite consécutive. - Secondes con-
vulsions à 10 mois. Retour des convulsions tous les 6
mois jusqu'à 2 ans. - Rémission, de 2 ans à 3 ans et 2
mois. Accès mensuels, toujours localisés à droite, de 3
ans et 2 mois à 7 ans. - Athétose. - De 7 ans à l'entrée,
2 à 3 accès d'épilepsie par jour. ,
Rougeole à 5 ans. - Oreillons à 6 ans. - Conjonctivite.
Marche des accès et des vertiges : affaiblissement intel-
lectuel. -Développement rapide de la tuberculose ; mort.
AUTOPSIE. (- Tuberculose des poumons et des reins. -
A Épaississement du crâne a gauche. Méningite chroni-
que plus prononcée à gauche. Nodosités crétacées de la
pie-mère cérébrale et cérébelleuse. - Sclérose atrophique
1 de tout l'hémisphère cérébral gauche. Atrophie croisée
du cerveau et du cervelet.
Tard.. (Marie-Louise), née à Vitry-sur-Seine le 1er avril
1891, est entrée dans le service le 8 août 1899, et y est décédée
le 29 janvier 1904.
Antécédents. Père, 34 ans, cocher de maison bourgeoise.
Pas de convulsions. Fièvre typhoide à 16 ans, à la suite de
laquelle il aurait marché 2 mois avec des béquilles, mais il
ne lui serait rien resté au point de vue de la mémoire et de
l'intelligence. Pas de chorée, pas de rhumatisme, pas de dar-
tres ; rien ne permettant de soupçonner la syphilis. Ne boit
pas d'alcool, dit la mère. Fume 0 fr. 50 de tabac par semaine.
Pas de traumatismes. Caractère un peu vif. Pas de migraines.
[Sa famille. - Père, 67 ans, et Mère, 57 ans, bien portants
et sobres. Pas de renseignements sur les grand-parents
paternels. - Grand-père maternel, mort à 81 ans, ni para-
lysie, ni démence; ne voyait presque plus; sobre. Grand'
mère maternelle, morte à 64 ans, de fluxion de poitrine;
Oncles et tantes paternels : on ne sait pas. Deux oncles
maternels, mariés, ont des enfants bien portants; n'ont jamais
eu de convulsions, sont sobres. - Deux tantes maternelles,
ont l'une 6, l'autre 5 enfants qui n'ont pas eu de convulsions,
20 RECUEIL de faits.
pas de chorée; etc. - Deux frères : l'un a 21 ans, l'autre
a 20 ans, célibataires, sobres, pas de convulsions, bien por-
tants. - Pas de soeurs. Dans le reste de la famille, rien
autre à signaler qu'un'cousin germain, de 14 ans, bègue.]
Mère, 3G ans, domestique. Pas de convulsions, ni fièvre
typhoïde, ni chorée, ni rhumatisme, ni dartres. Pas d'alcoo-
lisme. Rien n'autorisant de soupçonner la syphilis. Pas de
traumatismes. Caractère un peu vif. Mariée à 26 ans. Depuis
l'à-c de 15 ans, maux de tête, survenant de préférence après
les règles, mais aussi dans leur intervalle, l'obligeant à se
coucher, s'accompagnant de vomissements qui ont cessé
depuis un an; ils apparaissaient toutes les semaines pendant
qu'elle était enceinte de la malade; puis, après l'accouche-
ment, furent à peu près 2 mois sans se montrer, après quoi ils
reparurent comme auparavant; en somme, il est difficile de
décider s'il s'agit de vraies migraines.
[Sa famille. - Père, mort à 3G ans, noyé accidentellement :
sobre. - Mère, morte usée à 63 ans, on prétendait que c'était
une gastrite ; rien de particulier. - Grand-père paternel, mort
iL sa ans, non paralysé.- Grand'mère paternelle, et Grands-
parents maternels, pas de renseignements. 7 oncles pater-
nels, tous mariés, en bonne santé ainsi que leurs enfants, qui
n'ont pas eu de convulsions. - Deux tantes paternelles, li
oncles maternels, une tante maternelle, ont des enfants bien
portants; pas de convulsions. - Trois frères, sobres, deux
soeurs, et leurs enfants sont très bien portants, n'ont jamais
eu aucun accident nerveux. Dans le reste de la famille,
rien à noter.] . '
Pas de consanguinité. - Inégalité d'âge de 2 ans (mère
plus âgée). Un seul enfant .
Température à l'entrée. '
sclérose ATROPHIQUE hémisphérique. 21
chloroforme. Durée du travail, 12 heures. Présentation du
sommet. Beaucoup d'eaux.
A la naissance, pas d'asphyxie, pas de circulaire autour
du cou ; l'enfant a crié tout de suite, elle paraissait bien
' portante et pesait 10 livres. Nourrie au biberon' (lait de va-
' che). Sevrée à 15 mois. Première dent, à 6 mois. Dentition
complète à 15 mois. - il.. ans seulement, elle commence àt \
parler, mais mal. - Marche à 9 mois, propre à 15 mois. J
S A 6 mois, première attaque de convulsions ; l'enfant sem-
\blait normale auparavant. Ces convulsions durèrent huit
heures, et restèrent localisées au côté droit, seuls le bras et
la jambe, à droite, remuaient; ils restèrent paralysés après cet
état de mal. A 10 mois, seconde attaque de convulsions, é-
galement limitées au côté droit, et durant égalementS heures.
A la suite, l'enfant, qui avait commencé à marcher à 9 mois,
ne remarcha plus jusqu'à 14 mois, De 10 mois à2 ans, les
convulsions se répétèrent tous les 6 mois, toujours localisées
à droite. Après cet état de mal, l'intelligence était moins vive
et l'enfant restait un jour sans pouvoir se tenir ; pas de déli-
re. - De 2 ans à 3 ans et 2 mois, l'enfant n'eutpasde convul-
sions ; elle n'était pas plus intelligente pendant cette période.
A partir de 3 ans et 2 mois, tous les mois, accès convulsifs
jusqu'à l'âge de 7 ans. Ces accès, toujours localisés à droite,
duraient presque régulièrement 8 heures, et survenaient
indifféremment le jour ou la nuit. Depuis l'âge de 7 ans,^
les accès surviennent 2 ou 3 fois par jour ; le maximum en
24 heures a été 4, et la rémission la plus longue qui se soit
produite depuis le '1e" janvier a été de 8 à 10 jours. Ces accès
sont diurnes et nocturnes, en nombre à peu près égal ; on
entend les accès nocturnes, parce qu' « elle claque des dents
comme quelqu'un qui a bien froid». Lors d'un accès, l'enfant
ne se plaint d'aucune douleur particulière, parfois cependant
elle dit que ça la pique dans la main. Mais elle dit toujours :
« Je suis lasse, » puis elle tombe, fléchit la jambe droite, élève
le bras droit ; la bouche est tirée à droite, ainsi que la joue
et l'oeil, et tout le côté droit de la face saute. En somme, con-
vulsions cloniques localisées à droite ; quant à la rigidité du
côté droit, la mère ne peut préciser. L'accès dure 2 ou 3
minutes. L'enfant ouvre ensuite les yeux, qui sont égarés ;
puis elle s'endort. Si on veut l'en empêcher, elle est « comme
ivre » ; mais elle n'est pas méchante ; elle traîne davantage
la jambe, et ne se sert pas de sa main droite, qui, d'ailleurs,
en temps ordinaire, est peu employée.
22 RECUEIL de faits.
D'après la mère, la paralysie, qui a débuté après le pre-
mier état de mal, se serait aggravée après choques série con-
vulsive, jusqu'à l'âge de 4 ans. Après la première crise,
l'enfant se servait un peu de sa main ; après les autres, elle
s'en servait moins bien. La jambe a toujours été traînante.
Le pied a été renversé dès le début. L'athétose n'aurait été
remarquée qu'à 4 ans : quand on disait à l'enfant d'ouvrir la
main, elle touchait le métacarpe près la racine des doigts; de
même, quand on lui disait de la fermer ; si on lui tenait la
main gauche, elle touchait la même région avec la langue.
Pas de modification de l'intelligence, depuis l'âge de 4 ans.
Le ca1'aclè¡'e de l'enfant est très doux; elle est très gaie,
chante sans cesse, n'a pas d'accès de colère. Pas voleuse, pas
gourmande. Pas de salacité, de pyromanie, de clastomanie,
d'onanisme, de fugues, de turbulence, d'appétence pour le vin.
Elle se sert de sa main gauche. Elle ferme bien la bouche,
ne bave pas; pas de succion; déglutition normale; vomisse-
ments fréquents; selles régulières, pas de gâtisme, ni de
vers intestinaux. Pas de bronchite, pas d'hémoptysie.
Vue et ouïe bonnes. Sensibilité normale. Elle reconnaît
bien ses parents et a de l'attachement pour eux. Pas d'é-
tourdissements, pas de céphalées, pas de krouomanie, de
seoousses, de tremblements. Quand elle va avoir un accès,
elle devient toute blanche. - Sommeil normal. Mémoire assez
bonne. Elle sait un peu lire et écrire; elle n'a été mise à
l'école qu'à 6 ans et a eu beaucoup de peine à apprendre ses
lettres. Elle n'a pas d'aptitudes particulières.
Elle ressemble à son père aux points de vue physique et
moral.
Comme maladies infectieuses, elle n'a eu que la rougeole
à 5 ans et les oreillons à 6 ans. Elle a été vaccinée à 1 an
avec succès.- Pas de gourmes, conjonctivite de l'oeil droit,
étant toute jeune.
L'enfant a, depuis ses convulsions, toujours été en retard
au point de vue de l'intelligence. - Depuis 3 semaines, les
accès apparaissent la nuit ; ils ne diffèrent pas des accès
diurnes.
État actuel. - L'enfant a l'air bien portante, quoique un peu
pâle, elle a un léger embonpoint. Sa physionomie n'est pas
inintelligente, est plutôt expressive. Ses cheveux sont blonds,
normalement implantés, sans épi. La peau ne présente
ni cicatrices, ni nævi. On ne constate de ganglions en
aucune région.
Sa tête, de forme normale, est asymétrique, le côté droit,
SCLÉROSE ATROPHIQUE hémisphérique. 23
front et occiput, étant plus volumineux que le côté gauche.
Les fontanelles sont soudées. ·
La face est de forme normale, régulière, symétrique, et ne
présente pas de cicatrices. Les arcades sourcilières sont nor-
males. Les sourcils sont châtain clair, de même que les cils. Les
paupières sont régulières et saines. Le globe oculaire a une
motilité normale; il n'y a ni exophtalmie, ni strabisme, ni para-
lysie, ni nystagmus. On note seulement du clignement des
paupières qui est fréquent. L'iris est bleu. Les pupilles sont
égales, et réagissent bien iL la lumière et à l'accommodation.
L'acuité visuelle est normale, l'enfant voit bien de près et de
loin; elle distingue et reconnaît les couleurs.
Le nez est droit, symétrique, sans déviation; les narines
sont normales, égales. L'odorat est bon. - Les pommettes
sont peu saillantes, symétriques; les joues peu volumineuses.
La bouche, petite, est de forme et de direction naturelles.
Les lèvres sont peu saillantes, petites en longueur comme
en épaisseur. La langue est de forme et de motilité normales.
La voûte palatine n'est ni anormalement excavée, ni ogivale. Le
voile du palais est régnlier.- Les dents ne présentent rien à
noter. Lamastication se fait bien. Les amygdales sont grosses
et font saillie dans l'isthme du gosier. Il n'y a pas de réflexe
pharyngien.
Le menton est rond, très régulier, dans une situation nor-
male par rapport au maxillaire supérieur.- Les oreilles sont
petites, symétriques. Leur hauteur est de 5 centimètres; leur
largeur de Om 03. Il n'y a pas d'écoulement; le cérumen existe
naturellement. On ne constate pas de mobilité du pavillon (1).
Celui-ci est épais, son écartement du crâne est normal. L'hé-
lix, largement ourlé dans toute sa longueur, présente sur
son bord antérieur 3 légères saillies, faisant penser au tuber-
cule de Darwin; sa cavité est très profonde. L'anthélix est
saillant, sa fossette est large et assez profonde. La conque
est profonde et triangulaire. Le conduit auditif externe est
normal. Le tragus est saillant et légèrement renversé en
dehors, l'antitragus épais et assez saillant. Le lobule, épais,
bien arrondi, n'est pas adhérent ; il présente une cicatrice
assez étendue, indiquant le port antérieur de boucles d'oreil-
les. L'enfant perçoit normalement les bruits, les sons musi-
caux et la parole. Son attention et sa mémoire auditive sont
(1) Nous avons examiné, à ce point de vue, tous les enfants idiots
et n'avons constaté qu'un très petit nombre d'entre eux offrant une
mobilité du pavillon. A l'Inslittit médico-pédagogique nous n'avons
eu que deux cas : l' chez l'enfant émise Desch... (imbécillité) ;
2° chez l'enfant Pierre Leh... (imbécillité morale).
24 recueil de faits.
proportionnées à son état. Elle a peu d'aptitudes musicales.
Il n'existe pas d'écholalie.
Le cou est normal; le corps thyroïde perceptible à la pal-
pation.
Le thorax est de forme régulière, de volume moyen . Rien il la
percussion et à l'auscultation, tant du coeur que des poumons.
"- L'abdomen est aussi de forme régulière. Rien iL signaler en
ce qui concerne le foie et la rate. La région anale est normale.
Les membres supérieurs sont de forme régulière. Leur volu-
me est le même à droite et à gauche; mais la longueur est
un peu moindre à droite. Les jointures présentent une laxité
anormale, notamment au coude et à l'épaule ; cette laxité est
surtout accentuée à droite. L'enfant ne se sert pas de la main
droite. Le toucher est normal. (Voir p. ? 10).
Les membres inférieurs sont de forme naturelle. Leur
volume, comme leur longueur, est un peu moindre à droite.
Il est impossible de. constater l'état des réflexes, l'enfant rai-
dissant ses jambes malgré elle. L'attitude debout est légè-
rement penchée à droite, en raison de la paralysie. La marche
s'exécute bien, mais il y a une boiterie de la jambe droite, qui
traîne un peu et dont le pied est un peu tourné en dehors.
L'enfant sait monter et descendre un escalier, de même que
sauter.
La sensibilité au contact, à la douleur, il la température,
est intacte.
Le tronc et les membres sont entièrement glabres. Il en est
de même de la région génitale. Il n'y a pas de seins. Les
grandes lèvres sont peu épaisse*, les petites lèvres triangu-
laires, le clitoris petit, l'hymen est en croissant. Pas d'ona-
nisme.
Le goût est normal, l'enfant distingue bien les saveurs
acides ou sucrées. Elle mange de la main gauche, propre-
ment, en se servant de la cuiller et de la fourchette. La
mastication se fait bien. Les digestions sont bonnes, les selles
régulières, sans diarrhée ni constipation, ni gâtisme.
Le sommeil est bon, sans cris, ni cauchemars, ni hallucina-
tions. - Pas d'autre tic que le clignement très fréquent de
l'oeil gauche. - L'enfant pleure rarement. - Il est rare de
la voir changer de couleur, sauf au début des accès, où elle
devient violacée. ' Elle sait se débarbouiller et se peigner
seule, et aussi s'habiller et se déshabiller, mais elle ne peut
se coiffer. Elle est toujours très propre. Son caractère est
très affectueux, elle n'est pas méchante avec les autres enfants
et elle aime beaucoup ses parents. Elle est peu bruyante et
aime mieux rester assise que déjouer. - Elle parle bien,
mais lentement. - Elle commence à lire et à écrire ; elle écrit
SCLÉROSE ATROPHIQUE hémisphérique. 25
de la main gauche; elle est attentive en classe. Elle aime assez
la couture, et sait faire les ourlets. Elle est nulle on gymnas-
tique.
Le poids de l'enfant à l'entrée est de 27 kg. 500 ; sa taille,
de lm, 29. - Ses urines ne contiennent ni sucre, ni albumine.
Dès les premiers temps du séjour à la Fondation Vallée, on
constate qu'il ne s'agit pas chez elle de grands accès épi-
leptiques, mais bien d'accès incomplets, avec mouvement
d'élévation du bras et de flexion de la jambe. La marche d'un
vertige est la suivante : l'enfant devient violacée, mais elle ne
crie pas, et elle tombe subitement en arrière, demi-assise, en
se tournant presque toujours du côté droit; pas de bave;
ni d'évacuation involontaire; rigidité générale et immobilité
complète : les membres, très rigides, n'éprouvent aucune
secousse ; les yeux sont immobiles, les paupières sont ouvertes
et ne battent pas,-la face est d'une pâleur extrême; cet état
dure quelques secondes, une minute au plus, puis l'enfant se
relève, elle parait sortir d'un rêve et reste 2 ou 3 minutes
inconsciente. Ces petites crises sont fréquentes (25 de l'entrée
de l'enfant à la fin du mois d'août). Souvent, ces accidents ne
s'accompagneraient pas de phénomènes convulsifs (rigidité,
mouvements) ce qui les fait compter comme vertiges par le
personnel du service.
Traitement : hydrothérapie, exercices des jointures,
éli ? ir pol3,]3romuré, de 1 à 3 cuillerées, - capsules de bromure
de camphre, de 2 à 6. -
Septembre,-L'enfant n'a toujours pas eu de grands accès
depuis son entrée, mais les accès incomplets et les vertiges
sont fréquents (28).
Octobre. Petits accès plus nombreux (32). L'état de
l'enfant se maintient il peu près le môme, sans amélioration
ni tendance vers la déchéance. Elle est toujours très douce,
affectueuse, peu expansive, timide, mais pas triste cepen-
dant ; très propre et pleine de bonne volonté, mais réussissant
peu à la gymnastique. Sous le rapport de la santé physique,
elle paraît un peu plus forte. -
Novel11ù)'e, - Diminution des vertiges (22).
Décembre. Les vertiges diminuent encore de nombre (18).
- On suspend l'hydrothérapie.
1900. Janvier. Les petits accès (vertiges) diminuent de
nombre (10), mais s'y adjoint de grands accès (3). L'enfant
cependant s'améliore légèrement sous tous les rapports. Elle
est très timide et de caractère un peu sombre. Traitement :
élixir, de 1 à 3 cuillerées; capsules de bromure de camphre,
de 2 à 6; exercices des jointures. ,
26 RECUEIL de faits.
Février. Les vertiges et les accès continuent. Même
traitement.
Juin. - Le nombre des vertiges, qui avait d'abord dimi-
nué, tend à réaugmenter ; le nombre des accès a diminué.
L'état de l'enfant est à peu près stationnaire. Toujours pro-
pre, douce et tranquille, elle montre peu de facilité pour la
gymnastique, ainsi qu'el1'classe, où elle retient difficilement
- 'les leçons même les plus élémentaires; elle est très lente dans
tout ce qu'elle fait. Même traitement; en plus, douches.
1901. Janvier. - Le nombre des vertiges a été en diminuant;
le nombre des accès, au contraire, a augmenté; ils sont actuel-
lement plus nombreux que les vertiges. L'enfant a fait
quelques progrès en classe : elle lit et écrit lisiblement (de la
main gauche). Elle est toujours douce, calme, polie, aimant
la lecture. Elle a beaucoup de bonne volonté pour la gym-
nastique, mais y réussit peu, en raison de sa paralysie. - Au
point de vue de la puberté, le corps est toujours entièrement
glabre, il n'y a pas de seins ; l'hymen est circulaire, à orifice
central. - Traitement : on continue l'élixir polybromuré,
le bromure de camphre, l'hydrothérapie ; de plus, sirop d'io-
dure de fer, huile de foie de morue.
Juin. - Le nombre des accès et desvertigesestà peu près
stationnaire. -Au point de vue de la puberté, apparition sur
le pénil de quelques poils follets. Pas d'autre changement. -
Traitement : élixir, bromure de camphre, hydrothérapie ;
sirop d'iodure de fer.
Août. - Légère augmentation du nombre des vertiges. -
Blépharite : collyre au sulfate de zinc.
1902. Janvier. Le nombre des vertiges, après avoir aug-
menté jusqu'en septembre, a diminué; le nombre des accès
est toujours sensiblement le même. - L'enfant continue à
faire quelques progrès en classe. Elle est toujours tranquille,
propre et rangée. Mais elle serait sournoise et grossière avec
ses compagnes quand on ne l'entend pas. De plus, elle aurait
àdifférentes reprises volé de l'argent à ses compagnes, elle ne
l'avoue que pressée de questions. - La dose d'élixir est portée
de 1 à 4 cuillerées.
Juin. - Le nombre des vertiges et des accès est station-
naire. Les accès ne sont pas très intenses, mais ils laissent
l'enfant très abattue pour une partie de la journée, avec un
grand besoin de dormir. Ses pupilles sont dilatées, égales;
elle n'a pas de tremblement de la langue ni des mains. Elle
parle toujours très lentement et à voix basse. Au point do
vue de la clause, son état est stationnaire : elle conserve le
sclérose ATROPHIQUE hémisphérique. 27
peu qu'elle a acquis, mais n'acquiert rien de nouveau. Comme
auparavant, elle n'est ni bruyante ni turbulente, restant le
plus souvent assise aux heures de récréation. Mais elle est
devenue triste, maussade, grognon ; un rien la fâche et la
met de mauvaise humeur. Son regard est habituellement
sournois ; il devient dur et méchant dès qu'on lui fait une ob-
servation. Elle continue à être grossière avec ses compagnes,
quand elle ne se croit pas entendue. Elle a une tendance
très marquée pour voler, surtout des sous, et n'avoue que
très difficilement. Elle est toujours très ordonnée, et même
maniaque dans le soin de ce qui lui appartient. Même trai-
tement : élixir polybromuré. hydrothérapie, sirop d'ioduro
de fer.
Septembre. Le nombre des vertiges et des accès a
augmenté, jusqu'à 19 vertiges et 26 accès en août. Du 19
au 23, l'enfant voit apparaître ses règles pour la première
fois ; elle souffre de maux de tête "pendant leur durée. Pas.
de seins. Quelques poils assez longs sur le pénil et les grandes
lèvres.. Pas d'autre modification. Pas de règles en octobre
ni en décembre. Règles peu abondantes du 2 au 5 novembre.
1903. Janvier. - Le nombre des accès et des vertiges est
redevenu ce qu'il était auparavant. - Les règles, qui n'ont
apparu qu'en novembre, ont été peu abondantes ; rien ni en
octobre ni en décembre; elles apparaissent pour la 3° fois,
du 5 au 9 ; elles sont peu abondantes.
. Puberté : quelques poils sous les aisselles ; thorax, abdo-
men et membres, glabres ; pas de seins ; sur le pénil, quelques
poils assez longs ; de même sur les grandes lèvres, qui sont
peu épaisses ; les petites lèvres sont triangulaires, le clitoris
petit ; l'hymen est en croissant; le périnée et l'anus sont gla-
bres. - L'état de l'enfant est stationnaire. Même traitement.
Juillet. - Le nombre des vertiges a encore diminué,
celui des accès a un peu augmenté. - Les règles ont reparu
9 fois, tous les 2 mois seulement. Puberté : quelques poils
bruns sous les aisselles ; le thorax est glabre à sa face anté-
rieure, mais sur sa face postérieure, il présente un duvet abon-
dant ; l'abdomen et les fesses sont glabres ; les membres sont
recouverts d'un duvet, abondant sur les cuisses et les jambes;
Seins, égaux, de 8 cm. de hauteur sur 8 cm. de largeur,
présentant quelques veines sous-cutanées et des aréoles
pigmentées montrant quelques tubercules. Sur le pénil, poils
bruns, assez abondants ; sur les grandes lèvres, poils assez
abondants, longs, châtains. Nymphes petites, non pigmen-
tées ; capuchon du clitoris, pigmenté et fripé, triangulaire,
très développé, faisant une forte saillie entre les grandes -
28 recueil de faits.
lèvres ; hymen, à orifice circulaire, irrégulier, admettant
l'index ; fourchette saillante ; quelques poils à l'anus et au
. Tableau des accès el des vertiges.
SCLÉROSE ATROPHIQUE HÉMISPHÉRIQUE. 2U
périnée. Règles peu abondantes du 5 au 9 janvier, du 6 au
10 mars, du 11 au 16 mai, toujours peu abondantes; rien les
autres mois.
Au point de vue de la classe, l'état de l'enfant est toujours
30 RECUEIL DE FAITS.
stationnaire ; elle ne fait que conserver ce qu'elle a acquis.
Son caractère reste aussi le même, sournois, maussade, irri-
table ; elle frappe facilement une de ses compagnes qui la
heurte involontairement. La tendance au vol persiste, surtout
pour les sous, mais aussi pour divers objets qu'elle fait dis-
paraître en les jetant dans les cabinets. Elle parle toujours à
-voix basse, avec lenteur et hésitation. - Même traitement :
élixir polybromuré, de 1 à 4 cuillerées ; capsules de bromure
de camphre, de 2 à 8 ; hydrothérapie ; gymnastique ; école.
Novembre. - Pas de vertiges, en octobre ni en novembre;
nombre des accès, stationnaire. - Les règles n'ont reparu
qu'une fois, en octobre. - Les accès laissent l'enfant très
abattue, paraissant très fatiguée et ayant un grand besoin de
dormir. Depuis quelque temps, elle semble aller vers une
déchéance prochaine. Son état phyique laisse aussi à dési-
rer : le teint est pâle, les yeux cernés, elle mange moins, et
maigrit un peu.
13 novembre. Après deux accès qui l'ont plus abattue
encore que de coutume, et vu son état précaire, l'enfant est
mise à l'infirmerie. Sa température monte le soir à 40°, 3 ; elle
est très altérée, et tousse beaucoup. - L'examen de la poitrine
permet de constater, aux deux sommets, des signes très nets
de tuberculose au 2° degré. A l'auscultation du coeur,
frottements à la partie moyenne. Le pouls est rapide, le
visage pâle. Traitement : teinture d'iode aux sommets,
0, 50 d'antipyrime, poudre de viande. Les jours suivants,
et pendant tout le mois de novembre, l'enfant a encore de la
fièvre, mais moins élevée, dès le 18 novembre n'atteignant
plus 39°, 5 ; fièvre très irrégulière. Elle tousse moins, et n'est
pas alitée. '
Décembre. Pas de vertiges. Même nombre d'accès.
Les règles n'ont pas reparu. - La température se maintient
d'abord autour de 38° ; dans la seconde quinzaine, elle atteint
plusieurs fois 40°, avec de grandes oscillations, puis elle
redescend aux abords de 38°, mais toujours très irrégulièrc.
L'enfant tousse de temps à autre, maigrit, mais ne reste pas
alitée. Mêmes signes à l'auscultation.
1904. Janvier. L'enfant est posée le 5 ; poids 32 kg. 500.
Elle a beaucoup maigri. Jusqu'au 11 la température oscille
de 37°,5 à 39°,5, L'état ne s'est pas sensiblement aggravé.
A partir du 12 janvier, la température remonte aux environs
de 40° avec de grandes oscillations. L'enfant se cachectise ;
son facies devient terreux, ses yeux cernés et profondément
excavés, ses pupilles dilatées. Elle est très faible, refuse de
se lever, et ne veut pas prendre de nourriture. Elle tousse
maintenant beaucoup et se plaint de la tête; elle dort peu.
SCLÉROSE ATROPHIQUE HÉMISPHÉRIQUE. 31
Les signes d'auscultation augmentent beaucoup, en intensité
et en étendue.
Tableau du poids et de la taille.
32. RECUEIL DE FAITS.
22. - Fièvre un peu moins élevée; respiration plus
facile. -
23. La fièvre est remontée ; l'oppression a reparu, 52 res-
pirations à la minute. Pouls 144. Mêmes signes d'auscultation.
L'enfant commence à gâter.
- 24 et 25. - Faiblesse et oppression croissantes. Gâtisme.
26. Apparition des règles, qui sont extrêmement abon-
dantes, mais ne durent qu'un jour. La fièvre atteint h0°,3.
L'oppression et la faiblesse augmentent. -
27. L'enfant n'a pas dormi de la nuit, qui a été très mau-
vaise. L'état s'aggrave de plus en plus.
28. - La faiblesse et l'abattement sont extrêmes ; l'enfant
reste immobile, couverte de sueur, la physionomie terreuse
et violacée, 1 haleine fétide, les dents serrées, la voix si fai-
ble qu'on ne peut la comprendre ; elle souffre de la tête, et
ne peut prendre que quelques cuillerées de lait. Elle recon-
naît sa mère et lui parle.
26. -- La nuit se passe dans un état de prostration complète.
L'enfant rend le dernier soupir à i heures du matin, sans
cris ni râles, et sans secousses. La température, au moment
de la mort, était de 41°,3. - La marche de la température
après la mort a été la suivante :
. SCLÉROSE ATROPHIQUE HÉ.MISPHlÎRrQUE. 33
A13DOIEN. - Le foie est énorme et gras ; il y a de la péri-
hépatite du côté du diaphragme. La raie est très grosse et
très diffluente. Le péritoine n'est pas altéré, sauf au ni-
veau du foie. Rien de particulier au pancréas. Les reins
sont énormes et présentent à la coupe de nombreux petits
tubercules. Rien de particulier du côté des capsules surré-
nales. Rien tvlavessie. Utérus petit ; ovaires et trompes
peu développés ; en somme, développement insuffisant des
organes génitaux, bien que l'enfant ait eu 8 fois ses règles.
Les glandes mammaires ne sont pas développées.
Estomac très dilaté, ainsi que le coecum et tout le gros in-
testin. L'appendice est gros, de la dimension d'un crayon
ordinaire, et de 15 c. de longueur; il remonte dans la fosse
iliaque, maintenu contre la paroi par un repli péritonéal qui
l'immobilise ; il ne présente pas de trace d'inflammation.
TÈTE, - Cuir chevelu, pâle et maigre. Crâne : calotte
ovoïde. Le frontal droit est un peu plus saillant que le gau-
che, il en est de même de l'occipital droit. Les os sont peu
durs. Sur la coupe, le côté gauche est plus de moitié plus
épais que le droit; au palper, les os du côté gauche semblent
partout plus épais qu'à droite. Les sutures persistent. Large
plaque transparente au niveau de la fontanelle antérieure.
Peu de liquide céphalo-rachidien. Dure-mère : pas d'épais-
sissemcnt. L'apophyse C1"ista- ! Jalli est un peu déviée à
gauche. - La voûte orbitaire gauche, la fosse temporale du
même côté sont un peu plus étroites qu'à droite. Pas de diffé-
rence bien appréciable des fosses occipitales. - Les nerfs
olfactifs paraissent égaux, - Le nerf optique etla bandelette
optique gauches sont un peu plus petits qu'à droite. Il en est
de même du tu ercule mamillaire gauche. Le pédoncule
cérébral gauche est plus petit et moins bombé que le
droit. L'artère communicante postérieure gauche est plus
petite que la droite.
Glande pituitaire, plutôt petite. - La glande pinéale est un
peu volumineuse et d'aspect un peu vitreux.
Hémisphère gauche. La pie-mère est blanchâtre dans
la plus grande partie de son étendue, avec une dilatation
prononcée de tous les vaisseaux, et cela sur toute la surface
convexe et la face interne. A la face interne la vascularisation
est plus prononcée. La pie-mère est épaissie dans toute son
étendue, elle s'enlève cependant très facilement, sans aucune
adhérence. Tout l'hémisphère est le siège d'une atrophie
très notable des circonvolutions; l'atrophie prédomine au
Archives, 2, série, 1905, l. XIX. 3
34 RECUEIL DE FAITS.
niveau du lobe frontal et du lobe occipital. Toutes les
circonvolutions sont un peu indurées, - Le plexus choroïde
n'offre rien de particulier. (PL. I et II).
Hémisphère droit . - La pie-mère de la convexité de la
Dartie moyenne est un peu épaissie. Aux extrémités de la face
externe, la pie-mère est mince. Partout elle s'enlève facile-
ment. Au niveau de l'union'du tiers supérieur de la F. A.
avec son tiers moyen, la pie-mère présente une plaque de 12
millim. environ sur 10 millim. environ, offrant de la dureté et
infiltrée de petites concrétions miliaires comme crétacées.
Les circonvolutions du lobe frontal sont un peu grêles. Les
circonvolutions de la partie postérieure du lobe temporal et
du pli courbe présentent un grand nombre de petits sillons
superficiels. Le ventricule latéral, la couche optique, le
corps strié et la corne d'Ammon n'offrent rien de particulier.
D'une façon générale, les sillons sont plutôt peu profonds.
(PL. III et IV.)
Le corps strié gauche est aplati et non bombe comme il
droite, sa tête fait à peine une légère saillie sur la paroi du
ventricule. Sa queue est presque tout il fait cfjacée. La cou-
che opligue gauche est moitié moins volumineuse que la droite.
Toutes les circonvolutions gauche, comparées à celles de
droite, sont moitié plus denses. Les circonvolutions ont une
couleur blanchâtre à gauche, d'un gris rosé normal, à droite;
leur volume est d'environ un tiers moindre iL gauche qu'à
droite. Par suite do l'atrophie des circonvolutions à gauche,
de la dilation du ventricule latéral gauche (le v. I,. droit est
normal), et de ses cornes, la face interne de l'hémisphère
cérébral gauche est affaissée. (PL. II.) La moitié gauche
de la protubérance est un peu moins large. La pyramide
gauche a une coloration grise. Le quatrième ventricule ne
présente rien de particulier, sauf une petite dilatation vascu-
laire. - La pie-mère de la face convexe de l'hémisphère céré-
. belleux gauche présente, sur une étendue de 2 cent. sur 1
cent., une petite concrétion qui n'existe pas de l'autre côté.
Sclérose atrophique de l'hémisphère gauche, généralisée.
Méningite chronique du même hémisphère. Épaississement
de la pie-mère droite. Indurations crétacées d'un fragment de
la pie-mère cérébrale et cérébelleuse à droite. Épaississement 1
notable du crâne à gauche. Inégalité de poids des hémisphères
cérébraux de 200 gr.. Pas de granulations tuberculeuses.
On a prélevé à droite et à gauche des morceaux du biceps
crural et du nerf sciatique, qui n'offrent pas entre eux de
différence appréciable, bien que l'enfant soit hémiplégique.
SCLÉROSE ATROPHIQUE HÉMISPHÉRIQUE. 35
Poids des organes
36 RECUEIL DE FAITS.
qu'à l'entrée de l'enfant à la Fondation, è 'S ans et
f mois, répétition des accès deux ou trois fois par
jour. Après le premier état de mal, comme après tous les
autres jusqu'à l'âge de 4 ans, les parents avaient noté
'un obscurcissement de l'intelligence, mais celle-ci ne
se serait plus modifiée depuis l'âge de 4 ans.
III. A partir de l'entrée de l'enfant Ü la Fondation,
on constate qu'il s'agit, non d'accès mais do vertiges
sans cri, bave, ni évacuation involontaire, mais avec,
chute, le corps tourné à droite, et rigidité générale.
Sous l'influence du traitement, ces vertiges diminuent
d'abord. Mais bientôt de véritables accès s'y adjoi-
gnent, et leur nombre augmente ensuite, pour subir
dès lors des fluctuations fréquentes, aussi bien que
celui des accès. Une légère amélioration se manifeste
d'abord au point de vue de l'intelligence, mais bientôt
celle-ci reste stationnaire, et enlin diminue tandis que
d'autre part le caractère se modifie, l'enfant devenant
sournoise, maussade, voleuse. Peu à peu, les accès
laissent après eux un abattement de plus en plus
grand et prolongé, ¡ et bien que les vertiges dispa-
raissent tout à fait durant les quatre derniers mois
de la vie, l'enfant marchait de plus en plus vers la
déchéance, lorqu'elle fut emportée par la tuberculose
pulmonaire.
Le caractère, déjà peu expansif l'entrée, est devenu
de plus en plus sournois ; de douce, calme qu'elle
était, T... est devenue irritable, violente. Les facultés
morales se sont perverties, la manie du vol s'est
accusée progressivement. Le travail scolaire, qui avait t
été productif, est devenu stationnaire, puis a diminué ;
l'écriture, qui s'était améliorée (1899-1900), est deve-
nue assez rapidement défectueuse (rév.1 DO 1- od. 1903) ;
après avoir gagné lentement, en 1901-1902, des notions
de calcul z opérations), T... a offert des oscillations
s'accentuant vers la perle de ces notions. Ce cas con-
SCLÉROSE ATROPHIQUE HÉMISPHÉRIQUE. 37
firme ce que nous avons dit à savoir que les épileptiques
qui tombent en déchéance perdent plus vite le calcul et
l'écriture que la lecture (1) qui n'avait pas encore élé
sérieusement altérée. (A revoir).
IV. La puberté n'a pas eu une évolution régulière.
Les règles ont paru alors que le système pileux était
presque nul et que les seins étaient à peine naissants.
Les premières règles apparues, les seins et le système
pileux génital se sont développés. Les règles ont tou-
jours été irrégulières, ce qu'explique d'ailleurs l'évo-
lution de la tuberculose (2).
V. L'autopsie a décelé une tuberculose généralisée
des deux poumons et aussi des reins. Du côté du
crâne, on constate : une légère plagiocéphalie (la
moitié droite plus saillante en avant, et un peu, aussi,
en arrière), la persistance des sutures, et surtout une
beaucoup plus grande épaisseur des os à gauche,
L'encéphale présente une très-grande inégalité de
poids des hémisphères cérébraux, le gauche pesant
200 gr. de moins que le droit. Cette inégalité de
poids est due à une sclérose atrophique généralisée
de l'hémisphère gauche : les circonvolutions, nette-
ment dessinées, sont hlanchâtres, indurées, moitié
plus denses qu'à droite ; leur atrophie, très-notable,
prédomine sur le lohe frontal et le lobe occipital.
Il y a également, iL gauche, mais moins marquée,
diminution de volume du nerf optique, de la bande-
lette optique, du tuhercule mamillaire, du pédoncule
cérébral, du corps strié, de la couche optique et de
la moitié de la protubérance. D'autre part, l'hémis-
phère gauche présente des lésions de méningite chro-
nique. - L'hémisphère droit offre seulement à noter :
(1) Nos malades apprennent plus facilement à écrire qu'à lire.
(2) On trouvera dans les observations de nos Comptes-rendus
de nombreux détails sur l'évolution de la puberté chez les enfants
idiots de tous les degrés et chez les enfants épileptiques.
38 RECUEIL DE FAITS.
un épaississement léger de la pie-mère sur la partie
moyenne de la convexité, avec une petite plaque dure
et comme crétacée sur la F. A. et une légère gracilité
des circonvolutions frontales. - Le cervelet, comme
le cerveau, présente une inégalité des hémis- : phères, inégalité de 8 gr. en faveur de l'hémisphère
gauche, croisée, par conséquent, par rapport à l'iné-
galité cérébrale.
VI. Il s'agissait, en somme, d'une épilepsie partielle
forme hémiplégique, due à une sclérose al1'01,111-
que et il une méningite chroniq ue de l'hémisphère céré-
bral gauche. Cette épilepsie, semble en raison de la
fréquence des vertiges et de la tendance à la déché-
ance, avoir été liée aux lésions do méningite plutôt
qu'à la sclérose cérébrale. La sclérose atrophique
avait déterminé une inégalité de poids considérable
des hémisphères cérébraux. Et cette inégalité avait
entraîné à son tour, pour combler l'espace laissé libre
de ce fait, un épaississement considérable de la calotte
crânienne du côté de la lésion cérébrale, sans qu'il
y ait eu, d'ailleurs, augmentation de la quantité du li-
quide céphalo-rachidien (' ? ), bien qu'il y eût une notable
dilatation du ventricule latéral, ainsi que cela arrive
souvent dans les cas analogues etquel'on peut vérifier
en comparant la face iuterne des deux hémisphères
cérébraux. (PL. VII et IX.)
Avec l'inégalité de poids des hémisphères céré-
braux, coïncidait une inégalité de poids des
hémisphères cérébelleux ; on sait, parles statistiques
publiées à diverses reprises dans les Comptes-rendus
de la section des enfants, que dans les cas d'inégalité
cérébrale cette coïncidence est un peu plus fréquen-
te que l'égalité cérébelleuse. Enfin, l'inégalité céré-
belleuse était croisée par rapport à l'inégalité céré-
brale ; les mêmes statistiques ont montré qu'il en est
ainsi le plus souvent dans ces cas de double inéga-
lité. (Voir Compte-rendu de Bicêtre pour 1902 et 1903)'.
SCLÉROSE ATROPHIQUE HÉMISPHÉRIQUE.- 39
VII. Dans les cas, comme- celui-ci, où existe le
syndrome : Imbécillité, hémiplégie, épilepsie, succé-
dant à un état de mal convulsif de la première
enfance, moins souvent de la seconde, et dû à une
encéphalite pour résumer tout d'un mot, l'intelligénce
ainsi que nous l'avons encore fait remarquer dans
l'obs. de 1-tam.... (1), reste ce qu'elle était après la
guérison de l'état de mal convulsif ou même s'amé-
(1) Voir cette observation à la page 249 du n* de décembre 1904,
des Archives de Neurologie).
Fig. 4. - Tar... il 8 ans
(1899).
Fig. 5. - Tar... à 12 ans
(1903).
40 ' RECUEIL DE FAITS.
liorer notablement sous l'influence du traitement
médico-pédagogique.
L'épilepsie est constituée surtout par des accès se
présentant sous forme de séries, quelquefois d'état de
mal, mais si le malade ne succombe pas dans cette
complication si grave, on voit les accès s'éloigner et
enfin disparaître et si les facultés intellectuelles se
sont développées, en d'autres termes si le malade
est capable de se conduire régulièrement, il peut
passer, comme infirme (hémiplégie) dans l'une des
divisions de l'hospice.
En pareil cas, les accès ne sont pas suivis d'hébé-
tude, de sommeil prolongé, deux symptômes qui,
dans l'épilepsie ordinaire sont, en général, les avant-
coureurs de la démence épileptique. Le malade
revient vite à la connaissance. Les facultés se conser-
vent. Le caractère n'est pas irritable. Les vertiges
sont très . rares ou absents. La physionomie est
naturelle et n'offre pas l'aspect (le celle (le l'épileptique
vulgaire.
Toute autre est la destinée de l'épileptique hémiplé-
gique dont le syndrome : arrêt de développement de
l'intelligence, hémiplégie, -épilepsie, est dû a une
méningo-encéphalite limitée à l'un des hémisphères
cérébraux ou prédominant un degré prononcé sur l'un
des hémisphères ou encore,'et c'est ici le cas, quand,
il une lésion en foyer ou une sclérose al/'Ophique,
s'ajoute une méningite chronique. Alors, comme chez
Tard...., les accès s'accompagnent d'hébétude, douer-
tiges nombreux, la physionomie s'altère, l'attitude se
modifie en mal, le corps s'affaisse, s'incline du côté
paralysé ainsi que le mettent nettement en évidence
les (il). 58, 59. Le caractère devient irritable, sour-
nois, se pervertit (Tard... est devenue voleuse) ; il
survient des impulsions dangereuses, l'intelligence
diminue (1), en un mot, l'épileptique hémiplégique
par méningo-encéphalite ou par méningite chrono-
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 41
que, exemple Tard ? est en tout semblable à l'épilep-
tique ordinaire qui marche vers la démence.
Les considérations qui précèdent, les comparaisons
que nous venons de faire montrent l'intérêt pratique
des cas de ce genre au point de vue du diagnostic et
du pronostic et leur connaissance est de nature à ren-$*'
cire service, non seulement aux neurologistes, ni «
encore à tous les médecins. y^y .
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOG
PATHOLOGIQUES
1. L'origine du tractus isthmo-strié ou bulbo-strié du
pigeon ; par A. Walijenberg. (--Vel4'olog. Cel1t¡'alúl" XXII
1903.) ,
Mémoire complétant le travail publié en 1S ! )S. (Archives de
Neurologie, t. IX, 1900, p. 421). Le noyau terminal de la portion
sensible du trijumeau est, chez l'oiseau, directement uni il la
base frontale du cerveau antérieur, sans l'intermédiaire de la
couche optique (ligure^). ' > P. lvra.w.ar.
II. Contribution à l'étude de l'encéphalomyélite dissé-
minée, par E. RWCKE, (Neurolog. Centralbl., tlll, 190 i.) .
Etude clinique, anatomopathologique et histologique (figures),
P. la : rt.w·.w..
III. Des conditions dans lesquelles apparaît l'état vari-
v queux des prolongements protoplasmiques des cellules
nerveuses motrices corticales et de sa signification ;
par l\\'.\NOFF, (Xeurolog. Centralbl., XX, 1901.)
Résumé de la question des mouvements amoého'ides des pro-
longemenls protoplasmiques des cellules. Quatre-vingts expé-
riences sur chais, chiens, lapins, hérissons ; discussion de la
valeur de ces expériences.
Conclusions. 1. Les prolongements protoplasmiques des
rellules pyramidales parfaitement développées ont. dans les con-
42 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
/
dirions normales, sur des coupes traitées par la méthode rapide
de Golgi, des contours assez égaux, et sont abondamment, pour-
vus d'appendices spiriformes. 2. Ces appendices en épines doi-
vent être tenus pour parties constitutives intégrantes des pro-
longements en question, ainsi qu'il appel't de leur coloration au
bleu de méthylène d'après la méthode modifiée du professeur
- Kolosoff. 3. Quand ils disparaissent ou quand apparaissent
sur les prolongements des varicosités, c'est que ceux-ci sont,
atteints d'altérations destructives graves. 4. Ces altérations ne
doi\ent donc pas être assimilées il des manifestations fonction-
neiles des cellules nerveuses. u. Elles peuvent d'ailleurs pro-
venir de la méthode de préparation et peuvent, même chez des
individus normaux, résulter de l'action des liquides de durcisse-
ment et d'imprégnation, dans des conditions qui ne sont-pas
toujours perceptibles, telle la pénétration lente et inégale du
fixateur inégalement concentre, etc. -li. Elles apparaissent aussi
très facilement dans la décomposition u,vlaW ûtlm; : ceci a lictt
chez beaucoup d'animaux très Aile, par exemple, dans les trois
premières heures qui suivent la mort. 7. 11 est également très
probable qu'elles peuvent survenir pendant la vie sous l'influence
de processus deslruclifs aigus cl chroniques. 8. Mais leur
importance, en tant, que signes de lésions ana lonlopaLllOlogilj1H's
s'étant produites pendant la vie, est bien amoindrie, puisque, en
un cas donné, il est fort difficile d'en établir la provenance etio-
logique, de préciser s'il s'agit en l'espèce de la pénétration irré-
guliere du fixateur, d'une altération cadavérique, de fadeurs
unalol1lopul1rologiques. i.). La mélhude rapide de Golgi doil
donc être peu prisée comme moyen d'évaluer des altérations ana-
tomopalbologiques : les observations prises par celte méthode
doivent êlre soumises a une critique sljyèrc. - 10, Les travaux
des chercheurs qui attribuent, les altérations précitées h l'Ullloe-
boisme des cellules nerveuses doivent êlre considérés comme
totalement erronés. 11. IL s'ensuit que la théorie de l'amoc-
boisnte acceptée par maints savants doit être reléguée dans la
catégorie des hypothèses dépourvues de toute base expérimentale
certaine. P. Keraval.
IV. Contribution à l'histologie des altérations par com-
pression de la moelle dans les tumeurs vertébrales ; par
M. BIELSCHOWSKY, (Neurolog. Centralbl., XX, 1901.) Con-
tribution à la question de la régénération de la moelle ;
par A. Eicrler (Ibid). '
Les observations I et 111 de M. Bielschowsky, caractérisées par
l'absence de signes certains d'inflammation, témoignent des
effets mécaniques dus au refoulement du sang veineux.
L'observation 11 fournil le tableau du ramollissement jaune
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 43
du ' ? e stade de la myélite transverse. Ces altérations si pronon-
cées contrastent avec le petit volume de l'exostose génératrice,
grosse comme un haricot, et faisant peu saillie dans le canal verté-
bral. Une pression relativement faible a déterminé des lésions
histologiques graves comparables surtout aux altérations qui ont
lieu en d'autres organes au pourtour des infarctus.
On a encore constaté dans l'observation Il des trousseaux ner-
veux dans le sillon antérieur et dans l'adventice des vaisseaux
centraux à l'endroit où s'exerçait la compression, c'est-à-dire au-
dessus et au-dessous d'elle. Ils affectaient le trajet et avaient la
constitution histologique des fibres 11,;u ! 'cn'm, : es régénérées de lèjcJ¡-
ler (Deutsch. Zeitschrf. jVen'el1lteilh, 1900, t. XVII). Cet auteur
pense qu'il s'agit de ramilicalions de nouvelle formation des
fibres des cordons latéraux des pyramides séparées de la station
terminale : ces libres régénérées rétabliraient la communication
entre ces cordons et les cellules motrices au-dessous de l'endroit
comprimé. Mais, dans l'espèce, il ne s'était pas produit d'amélio-
ration, et cependant il y avait un bien plus grand nombre de ces .
(rousseau\ que dans les observations de Fichier.
D'autre pari, l'expérimentation nous apprend que la moelle
n'a pas la faculté de régénérer les éléments constitutifs de son
parenchyme. Il n'y a donc pas de motifs d'admettre que ces
trousseaux à trajet atypique soient, pour celle raison seule, des
trousseaux régénérés, bien que l'allure clinique des cas de Fick-
ler soit très favorable à cette interprétation. En tout cas il est
impossible de décider s'il s'agit d'un faisceau détaché du cordon
des pyramides ou d'un long trousseau commissural.
Ainsi s'exprime 31. Bielschowsky. 31. Fickler réplique par le
résumé de plusieurs centaines do coupes en série. « Les fibres
dit-il, qui s'élèvent le plus au-dessus de l'endroit comprimé pren-
nent naissance à la périphérie de la substance grise là où celle-ci
confine aux cordons latéraux ou à leurs vestiges : il est rai
qu'on ne peut les suivre dans les cordons, parce que dès qu'elles
s'éloignent de la paroi des capillaires, elles perdent leur gaine de
Schwann, et ne se distinguent plus des autres libres de la moelle.
D'autres fibres apparaissent contre les capillaires et les petits
vaisseaux à la base des cornes postérieures ainsi que dans la ré-
gion intermédiaire aux cornes postérieures et antérieures. 11 en
est qui sont accolées aux veines centrales ou aux gros vaisseaux
les plus voisins ; il y en a aussi dans les colonnes de Clarke con-
tre les capillaires de cette région. Toutes ces fibres en descendant
n'atteignent pas l'endroit comprimé : les unes se terminent dans
la pie-mère du sillon antérieur ; les autres accompagnent les
vaisseaux pie-mericns à la périphérie antérieure de la moelle.
d'où elles gagnent les racines antérieures quand elles ne finissent
pas librement dans la pie-mère. Au-dessous de l'endroit com-
44 REVUE n'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
primé, la plupart des libres pénètrent avec les vaisseaux dans les
curnc anlricurm ; il 1·n c·L lui traversent la base des cornes
postérieures pour s'y répandre. La majeure partie de ces libres se
perdent dans le treillis des libres de la substance grise sans qu'on
puisse les suivre davantage. Mais d'autres, satellites fidèles des
capillaires, forment des reullements constitués par l'entortille-
meut de libres nerveuses dont chacune est entourée d'une gaine
de Schwann : c'est un véritable névrome terminal ; ces névromes
n'envoient pas de libres dans la substance grise. H
Celle description est, d'après 31. Fickler, en faveur de l'idée
que la substance des cordons latéraux a projeté des libres dans
la substance grise sous-jacente il 1'I'IHll'oil comprimé alin de ré-
lablir la communication interrompue par la compression. Si,
dans l'observation l31elchowsky, il n'ya pas eu d'amélioration,
c'est que l'on ne Il'om'ai pas de fibres sur un segment de moelle
aussi long que chez le malade de 31. Fickler. Ce dernier a fait de
nouvelles expériences sur la compression de la moelle chez le
chat, et il a conslalé dans les cordons latéraux des gaines de
myéline néoformées autour de cylindraxes conservés. Strophe du
reste affirme que les libres de la moelle sont généralement capa-
bles d'émettre des rejets qui bien souvent ont la structure de
fibres nerveuses périphériques. Les libres nerveuses en question
étaient donc bien néofoL'l11l'L'S et non des libres à trajet normal
préexistantes à la compression, car dans les trois cas où on les a
constatées, (2 obs. Ficeler, 1 Dielschow"ky), le plus grand nombre
d'entre elles sont groupées au-dessus et. au-dessous de l'endroit
comprimé au niveau duquel on n'en voit pas ; leurs allures
sont celles de fibres nouvelles successivement créées el non d'un
trousseau prédestiné.
Enfin l'observation 111 de .\1, Cieischowsky éclaire la genèse de
la formation de cavités. Elles siégeaient surtout au-dessus de
l'endroit comprimé. 11 y avait, outre les altérations de la com-
pression, de l'hydromyelie en divers endroits. Le canal central,
en réalité, partout dilaté, était le siège d'une hylterplasie de la
substance gélatineuse centrale puricanaliculaire : celle-ci en im-
posait pour une glioso centrale au niveau par exemple de la plus
forte dilatation, au-dessus du point comprimé, tandis qu'elle
était moindre dans le renflement lombaire où simultanément le
canal central formait un diverticufum prononcé. A l'endroit où
la compression était la plus forte, le canal était oblitéré. L'auteur
croit qu'avant que ne s'effectuât la compression de la moelle par
la métastase carcinomatcuse, sur la vertèbre, il existait une hy-
tlromyélie congénitale avec gliose centrale modérée. L'action
compressive de la tumeur a barré le canal central au lieu com-
primé ; en rétrécissant le lit du courant, elle a refoulé le
liquide qui y coulait el ce lit "'1 ? 1 ainsi dilaté au-dessus de l'en-
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 45
droit comprimé. Là où la dilatation a été la plus forte, les cel-
lules de l'épendyme ont le plus proliféré, plus que dans les zones
sus et sous-jacentes. Les fissures de la corne antérieure droite,
au point où le canal central a atteint son maximum de dilata-
lion, se sont produites secondairement : leurs limites irrégulières,
leur trajet en rapport avec la direction des vaisseaux centraux,
l'a-pecl très transparent, raréfié, du tissu awisinanl, la dissocia-
lion de chacun des éléments du tissu, principalement des libres
de la névroglie, la tuméfaction des cellules- multipolaires des
cornes antérieures en ce point affectées de chromatolyse com-
plète, tout l'indique. Comme le dit Schlesinger, il s'effectue là
des nécroses histologiques circonscrites en rapport avec des lé-
sions vasculaires : en effet, dans les fissures et dans l'anneau
gliomateux qui entoure le canal central, la paroi des vaisseaux,
très épaissie, a, par places, subi la dégénérescence hyaline, et la
stase du liquide dans le canal central a comprimé de dedans en
dehors les petits vaisseaux à paroi mince du voisinage, nuisant
ainsi à la nutrition de ce territoire. Au même niveau altérations
identiques mais moindres de la corne antérieure gauche. Ces
lésions peuvent ne s'être produites que peu de temps avant la
mort des. deux cotés, car les altérations des cellules molrices de
cette sphère indiquaicirt-tinc affection récente et il ne s'était pas
encore manifesté de symptômes de déficit : pas d'atrophie des
muscles de la main et du bras. P. KERAVAL.
V. Contribution à l'histologie de la sclérose en
plaques (nouveaux procédés), par 31. UIELSCHOWSKY (lYeltrO-
log. Centralblatt, \11, 103). Remarques sur ce tra-
vail, par A. STttaEaLt3ea. Les fibres nerveuses amyé-
liniques dans les foyers de sclérose en plaques, par
31. litNL5CIi0\'SKY.-Contribution à la question de larégé-
nération des fibres nerveuses dans les foyers de la sclé-
rose en plaques, par M. C.tI<T : LS (Neurolog. Centralblatt,
XXIH, 1901, n"' 2 et 3).
31. BIE1.SCHOVSKY décrit les lésions qu'il a observées chez cinq
malades dont la moelle a été soumise à l'action successive du
formol, de l'ammoniaque el du nitrate d'argent (coupes antéru-
po"térieure" et horizontales).
Tous lesfo) (,1'5,(lU 'i[sfus"enL rl'lalÍ\ émeut recentsou anciens,con-
tenaient un nombre surprenant de fibres privées de leur mvéline
(figures). La déchéance des manchons de myéline contraste si
nettement avec la persistance des cylindraxes et des cellules ner-
veuses, qu'un serait tenté de considérer la sclérose en plaques
comme une lésion primitive de ces manchons, mais le processus
paJ'en¡;hYl ! 1aleu.\ ne s'y limite pas. Quoique dans les foyers an-
ciens la densité des éléments conducteurs soit tout aussi forte
46 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
que dans les endroits correspondant des organes normaux, l'aire
horizontale de ces foyers est réduite ; il est donc évident que, eu
outre des gaines de. myéline, de nombreux cylindraxes ont suc-
combé. De concert avec les altérations des fibres nerveuses,
constamment, il existe une prolifération de la névroglie, mais
cette prolifération ne porte pas uniformément sur tous les com-
posants de cette dernière. ◀Tantôt▶ il ne s'agit que d'une prolifé-
ration de remplacement, ◀tantôt▶ il y a d'emblée hypergenèse
iri'itative de la substance de soutènement.
Les relations des foyers avec le trajet des vaisseaux, et l'ex-
trême ressemblance des foyers récents de la sclérose eu plaques
avec cure de la myélite aiguë isseminee, justifient le ferme
d'inflammation. Mais c'est une inflammation qui d'emblée est il
la fois parenchymateuse, il la fois interstitielle ; dès le début né-
vrogtio et fibres nerveuses participent au processus d'origine
toxique ou post infectieuse. Seulement les libres nerveuses sont
bien plus uniformément atteintes que la névroglie.
Les fibres nerveuses dénudées, privées de leur myéline sont-
elles des fibres persistantes ou des fibres néoformées, en état de
régénération1 ! 31. DieJscho\\ : ,1, J" compare les images fournies par sa
méthode d'imprégnation du cylintlmxeweccellesqu'ont données
les colorations électives de Fajerstayn, Straehuhcr, Iiaplan.
Kaplan a montré que la coloration porte sur une partie cons-
titutive déterminée du cvlindraxe, qu'il appelle l'aoeostro¡I/(l,
substance cimenlaire très analogue, au point de vuehislogé-
nétique et clinique, au manchon de myéline qui entoure les
neuro-lihrilles. Mais l'élude des foyers révèle qu'il y a deux caté-
gories de cylindraxes dénudés : ceux dans lesquels l'a.\0htroma
est encore conservé ; ceux dont l'axostroma est altéré. De l'ana-
lyse des images, : \1. 81elsclro\\'sky conclut qu'il existe des zones
où l'on est en présence de fibres persistantes : on'peut suivre di-
rectement les fibres longitudinales depuis le tissu pourvu de sa
myéline jusque dans le tissu scléreux (figure) ; on voit même,
par places, les mêmes fibres privées de leur myéline dans le
tissu scléreux récupérer dans le tissu ll1 ? liniqul' leur manchon
blanc ; de plus, même dans les levers anciens, les relations
topographiques des fibres et des cellules (substance grise et. subs-
tance blanche) semblent être exactement les mêmes que dans
les conditions normales. On trouve, par contre, des zones dont
l'aspect permet de se demander si, à côté des libres persistantes,
qui forment l'immense majorité, il n'en est pas de néoformécs ;
ainsi l'on voit parfois des cylindraxes se bifurquer à angle aigu en
deux branches et l'une ou l'autre de ces branches se rediv iser en
deux ; rien n'indique qu'il s'agisse de collatérales. Ce sont ces
apparences qui ont donné naissance à la théorie du bourgeonne-
ment, d'autant qu'on voit de semblables états sur les libres ner-
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 47
'eusc de la substance blanche des hémisphères de l'l'I11])I') on,
On voit aussi l'éclatement en touffes de Popoff. Il est probable
termine lu. llielscho\\ sky qu'il s'agit non d'une régénération,
mais d'une dégénérescence.
Ce ne peut être, objecte 31. Straehubeu, une dégénérescence
car je n'ai pas observé cette bifurcation uniquement dans des
cavités en tuyaux où l'on pourrait penser à un simple effilochage
des fibres ; j'ai vu les deux branches de la bifurcation entourées
de toutes parts, isolées par le tissu de soutènement, en quoique
sorte emmurées dans le lissu névroglicluc. Ce il quoi répond
11. Bielschowsky, après des discussions aussi longues et aussi
minutieuses, (l¡¡'i existe des fibres régénérées dans les foyers de la
sclérose en plaques mais « je doute fort qu'elles aient au point de
« vue quantitatif, comparées au nombre des libres persistantes
« une valeur importante ».
11. Cartels se montre d'abord éclectique. Pour lui on ne sait
encore exactement ce que l'on colore. Est-ce une substance que
Kaplan nomme le myéloaxostroma, et que Straehuber appelle
l'axochroinalénine ' ? Userait tenté de croire, comme ce dernier
auteur, qu'il s'agit, non de la substance périlihrillaire des fibres
nerveuses il myéline, mais bien d'une substance spéciale, et de la
désigner sous le nom cl'avoclu·omaLénine, et peut-être de myélo-
axostromatônino pour marquer son rapport intime avec le man-
chon do myéline.
11 est, en tout cas, de plus en plus convaincu que dans la vraie
sclérose en plaques, il y a lésion de la substance blanche cL de
l'axochromatenine qui lui est liée, par suite d'un trouble de
nutrition, par défaut d'une matière nutritive particulière, ou par
action directe d'un poison infectieux. Ce n'est que bien plus
tard que les cylindraxes et les cellules périssent. Ce qui semble-
rait le prouver, c'est la conservation dans les fibrilles axiles de
l'acide fibrillaire. L'anatomie confirme en effet un fait clinique
fort ancien ; la conservation prédominante des fibres longitu-
dinales. Il est certain que le petit nombre des fibres régénérées
qui peut-être s'y trouve nu saurait entrer comparativement en
ligne de compte. La prolifération de la névroglie n'occupe géné-
ralement ici qu'une place secondaire. Sur des coupes longitu-
dinales en séries, on voit très bien que la décadence de la myé-
line ouvre la marche ; puis il peut se produire une néoformation
de cellules ; finalement les fibres néuogliqucb se multiplient.
P. KERAV1L.
VI. Le trajet central des nerfs des muscles des yeux,
par J. Piltz. (11'eurolog. Centralbl., XXI, 1902).
A l'aide de faibles courants d'induction, on lié termine les zones
de l'écorce du cerveau dont l'excitation produit des mouvements
18 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
isolés des muscles des yeux. Puis on enlève ces zones et 14 jours
après on tue l'animal : on traite le cerveau par la méthode do
Marcbi, finalement on le coupe en séries perpendiculaires et
transversales continues. L'étude des dégénérescences indique le
hajef des faisceaux qui mettent en communication le centre cor-
tical extirpé avec les noyaux des nerfs moteurs des muscles ocu-
laires ou avec le quartier où ils se trouvent. Nombreuses figures.
L'écoree du cerveau du chien contient quatre zones suscep-
tibles d'engendrer des paralysies des muscles oculaires : zone
frontale, pariétale, temporale, occipitale. Il ne s'agit ici que des
deux premières.
1. - Le centre oculo-musculaire frontal occupe la partie posté-
rieure du lobe frontal ; il est en avant du sillon crucial, immé-
diatement en arrière du sillon précrucial, à lui environ Il
de la scissure sagittale. Limité en dedans par la région de la
nuque, en dehors par la région de la tète de il il touche en
arrière u la circonvolution sigmoïde.
L'extirpation en est suivie d'une dégénérescence secondaire
des circonvolutions du voisinage, du corps calleux, de la partie
antérieure de la capsule interne, des lames médullaires internes
du globus pallidus, de la couche intermédiaire de la région de la
calotte, de la partie interne médiale du pied du pédoncule. Les
coupes qui passent par le tubercule bijumeau supérieur mon-
trenL qu'à la hauteur du novau de l'oculo moteur commun le
pied du pédoncule est l'émanation de libres dégénérées dans la
direction de ces noyaux. Après avoir franchi la substance de
Soemmering, elles affectent un trajet postéro-interne en con-
tournant le noyau rouge en dehors et en dedans. Outre ces libres
destinées aux noyaux de l'oculomoteur commun du même côté,
il en est qui gagnent le raphé, pour probablement aboutir au
noyau de ce nerf du côté opposé. Mais il a été impossible de sai-
sir le point de jonction direct des fibres dégénérées avec les
noyaux. Par contre, des deux côtés dans la partie postéro-interne
du faisceau longitudinal postérieur, il a été trouvé des mottes
noires disséminées, sans cependant qu'on ait pu en fixer la con-
nexion avec ces fibres dégénérées.
Il. - Le lobe pariétal contient un endroit, qui siégerait dans
le territoire du centre du facial, dont l'excitation provoque des
mouvements associés des yeux (Fritsch et Ilitzi). Il occupe la
moitié externe de l'extrémité antérieure de la seconde circonvo-
lution originelle, et est également enclavé dans la région ocu-
laire de Munk.
L'extirpation d'une notable partie de cette région oculaire et,
simultanément du cenlre oculo-musculaire pariétal, se traduit
par des dégénérescences secondaires dans les circonvolutions
voisines du même côté, dans la circonvolution du corps calleux,
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 49
dans la couche tangentielle de la substance grise sous-épcndy-
maire qui forme le toit du ventricule latéral, dans le corps cal-
leux, dans les circonvolutions symétriques de l'autre hémis-
phère, dans la capsule interne du même côté, dans la couche
optique, dans la lame médullaire externe de la couche optique
de Forel, dans le corps de Luys, dans la zone 11 de Forci, enfin ici
dans la partie externe du pied du pédoncule. Presque toutes les
coupes qui liassent par le tubercule hi,jumeau antérieur montrent
l'ascension des fibres dégénérées parties du pied du pédoncule
vers ce tubercule. Elles gagnent la suhslance grise superficielle
du tubercule quadrijumeau antérieur : la plupart vont jusqu'à la
substance blanche profonde de cet organe ; quelques-unes peu-
vent être suivies de l'autre côté et çà et là émettent des rameaux
latéraux qui se perdent dans la substance grise du canal encé-
ptialomédullaire. '
Il existe encore un tractus de fibres dégénérées qui va directe-
ment de la capsule interne au tubercule bi-jumeau antérieur. Les
plans qui passent par la portion la plus antérieure du ganglion
de l'habénula contiennent des libres dégénérées émanées delà
capsule interne. Ces fibres ne descendent pas dans le pied du
pédoncule : elles se dirigent en dedans, franchissent la couche
grillagée, la zone de Wcrnicke, et arrivent à la partie antérieure
de la capsule blanche du segment antérieur du corps genouillé
externe. Plus bas, là où il y a fusion des segments antérieur et
postérieur du corps genouillé externe, ce faisceau dégénéré a
quitté le corps genouillé externe et s'est rapproché delà ligne
médiane. Dans les coupes qui portent sur la portion la plus anté-
rieure de la commissure postérieure, ce tractus occupe la lisière
de la calotte : il est situé, d'une part entre la calotte et le corps
genouillé interne, d'autre part, entre les deux corps genouillés
mais plutôt sur le terriloire du corps genouillé interne. En
avant de lui se trouve le ruhan de Reil supérieur (médian).
Plus bas encore, il est en arrrière du bras postérieur des tubercu-
les quadrijumeaux, jusqu'à ce qu'enfin il ait franchi la limite ex-
terne de la calotte pour arriver au tubercule bi-jumeau anté-
rieur.
Troisième émanation dégénérative. Les coupes portant sur la
moitié postérieure du tubercule quadrijumeau antérieur décèlent,
à peu près à la hauteur des noyaux du pathétique, de longues
libres dégénérées qui, sorties du pied du pédoncule, en contour-
ncnt en dehors la partie externe, pour traverser, en se dirigeant
en arrière, la zone grise intercalée entre le ruban de Reil supé-
rieur (médian) et le bras postérieur des tubercules quadri-ju-
meaux. Elles occupent donc la frontière qui sépare la calotte du
corps genouillé interne. Ce sont : les fibres aberrantes superficiel-
les 1)osté*o-extei-ies du pied du pédoncule cérébral, ou 2)es leit-
Archives, 2- série 1905, l. XIX. 4
GO revue d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologiques.
nisclls profundus de Dejerine (Ites lemniscus de 31eynert, fasci-
cules aberrants superficiels externes de Long.) p, K81{A\'AL.
VII. Nouvelle contribution â l'anatomie-pathologique de
la sclérose latérale amyotrophique ; parA. -\ . S\Rt;0. (Nel/-
jj-olog. C'entIvcIGI., XXI, 1UO ! ,)
Figures montrant que l'écorce, la protubérance, le bulbe, la
moelle sont le siègl' (l'allé l'll 1 ions mal'(luées, tant sur les cellules
que sur les fibres. L'appréciation de leur degré permet de dire
qu'elles ont débuté parla moelle. Il existe une dégénérescence
des colonnes de Clarke et du faisceau latéral du cervelet ; celle-
ci tient peut-être ce que la maladie, ron[l'llil'l'ml'nLil l'Jlahitu-
de, a commencé par la région lombaire, ce qui expliquerait pour-
quoi jusqu'ici les colonnes de Clarke ont généralement élé trou-
véea saines. Elles peuvent cependant être affectées quand la ma-
ladie débule par la région cervicale : \Or. Spi lier, A case nr,elcoo.
in Conlribulion i'roni the William Pcppcriabot'atory... Philllllel-
phie 1900. l'. hE121 ? 1L.
\'111. Le faisceau antéro-latéral direct des pyramides ;
par W. G. SPILLER, (Neurolog. Centralbl" XXI, 1902.)
L'auteur rappelle qu'il a décrit un faisceau qui se détache de la
partie latérale la plus externe du faisceau ly ramiclal, un peu au-
dessous du plan d'entrée de la cinquième paire dans la protubé-
rance. 11 s'en détache d'abord graduellement. Plus bas, dans la
protubérance, il se porte brutalement en arrière et un peu en
dehors du faisceau jnramidal, pour pénétrer dans le corps Ira-
IIézoUc..1n point de jonction de la protubérance et du bulbe,
ces fibres sont en dehors de la partie supérieure de l'olive infé-
rieure. L'olive en augmentant de volume le repousse en arrière,
de sorte qu'a l'endroit où elle possède le plus fort diamètre, le
faisceau en question occupe la périphérie postérieure et externe
de cet organe. Au-dessous de l'entrecroisement des libres motri-
ces, il subsiste sans avoir changé de côté, sans s'être entrecroisé.
Dans le bulbe, il occupe une place semblable à celle du faisceau
de Govvers. Il doit naître au niveau de la capsule externe et du
noyau lenticulaire.
.1. S. Iï. Iiussel en décrit un autre qui e-4 situe vis-à-vis de
l'angle anléro-exterue de i'olive inférieure, landis que celui-ci
occupe le cotepostero-externe de celle olive. Le faisceau de Rus-
sel semble, dans la moelle cervicale, être plus en avant que lui.
Le faisceau d'Jleh\eg ou lnri-olivairu de Gechlcrovv est dans la
moelle situé un peu plus en avant que le faisceau de 5[Iiller.
SI. liâmes (Emin, XXIV, p. 4G3) aprécisé l'identité de ce dernier,
dont les fibres se dissocient dans le troisième serment cervical
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 51
et cessent de constituer un faisceau dans la région cervicale infé-
rieure : parfois, néanmoins, on les peut suivre jusque dans la
région lombaire. 11 existe donc : un faisceau pyramidal direct,
un faisceau antéro-latéral direct des pyramides, nn faiceau 1')-
ramidal entrecroisé. l'. 1lER.tV1L.
IX. -, Biologie et travail de la cellule nerveuse centrale;
par P. Kronthal. (Neurolog. Centralbl., XXII, 1903.)
Tous les processus psychiques doivent être produits par deux
facteurs agissant toujours de concert. De la périphérie constam-
ment exposée il l'action des forces partent des excitations qui
sont constamment conduites au sein des cellules centrales ; ce)-
les-ci les renvoient passivement à la périphérie parles voies qui
h'y rendent. Ces cellules naissent et meurent continuellement.
Ces deux facteurs échappent complètement à l'influence de l'in-
rliv itlu. Sans doute nous pouvons nous arranger de façon que la
périphérie ne réagisse pas, comme dans la narcose, et alors le
centre mental ne manifeste rien. Mais il n'est pas en notre pou-
voir d'agir sur la naissance et la mort des cellules nerveuses.
Tant que les leucocytes arriveront au système nerveux central,
les cellules nerveuses naîtront et mourront. Les processus ly-
chiques sont tous des propriétés de l'organisme global, mais non
celles des cellules en particulier. Dès que le système nerveux
central est lésé, l'aclil ité mentale présente des troubles parce que
les communications étant anéanties, l'influence réciproque des
organismes élémentaires qui constituent le metazoon se trouve
altérée. P. Keraval.
X. Trajet anormal du faisceau pyramidal ; pur E.
Straeussler. (Neurolog. Centralbl. XX, 1901.)
Homme de 6G ans, mort 58 jours après une attaque d'hémi-
ptegie gauche. A l'autopsie, rien d'apparent dans l'o.'ôane cen-
tral préposé aux paralysies. L'artère svivienne droite contientun
tttromhus ol'ganb¡", pol pifol'IIIl', qui obture la lumière de l'artère
moins un étroit canal. Ces pièces n'ont pas été examinées au
microscope. 31ais on a, par la méthode de llarclti, cturlic la dé-
générescence du faisceau ly ramitlal, dans le pédoncule cérébral,
la protubérance, le bulbe ; elle présente les limites des p) l'ami-
des en rapport avec le côté lésé.
Voici l'anomalie (figures.)
A parti ! 'de la portion inférieure de l'entrecroisement, en un
point où contre le bord interne de la corne antérieure du côté
opposé, se dessinent les trousseaux- du cordon entrecroisé anté-
rieur de Hoche, il existe une dégénérescence éparse qui se perd
dans le territoire du renflement cervical, au niveau du Ge seg
52 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
ment cervical : les fibres sont en dehors du champ du cordon an-
térieur des pyramides.
Après l'entrecroisement, les libres de ce cordon qui correspon-
dent au côté lésé s'éloignent de la périphérie : on en retrouve c
cependant quelques-unes vers la pie-mère dans la moelle cervi-
cale inférieure ; et, dans la moelle dorsale, elles forment un
trousseau ininterrompu qui va jusqu'à la périphérie antérieure
de la moelle où elles décrivent un crochet de côté ; ce système
est encore distinct plus bas dans la moelle lombaire supérieure
et, dans la moelle sacrée, il est aussi marqué par quelques débris
isolés.
Le cordon latéral des pyramides du même côté est atteint jus-
que dans'la moelle lombaire supérieure ; la dégénérescence est
«les plus accusées dans la moelle dorsale.
Le cordon latéral entrecroisé conserve, dans la région de l'en-
trecroisement, ses limites normalesenavant, mais, latéralement,
il envoie nombre (le faisceaux jusqu'à la périphérie, envahissant
ainsi le champ du cordon latéral du cervelet.
Dans le renflement cervical la dégénérescence de l'aire du cor-
don latéral des pyramides pousse une pointe ininterrompue en
avant et en dehors dans le territoire du faisceau de Go\Yers dont
elle occupe la plus grande partie. Les zones limites externes et la
zone mixte des cordons latéraux sont envahies par des trous-
seaux dispersés, de sorte que la corne latérale est entourée de
débris de dégénérescence ; ici le domaine du cordon latéral du
cervelet est en une zone étroite assez purement conservée.
Dans la moelle dorsale, le faisceau pyramidal se colle étroite-
ment aux cornes postérieures et dépasse en avant la corne laté-
rale, de sorte que la limiLe latérale n'en est pas du tout distincte.
La dégénérescence dans l'aire du faisceau de Gowers diminue
fortement d'étendue en descendant mais elle n'a complètement
cessé que dans la moelle lombaire. P. Keraval.
XI. -- Examen histologique du système nerveux central
d'un malade affecté d'idiotie amaurotique familiale de
Sachs; pare. FIOEY. (Neurolog. Centwclbl.,1\.19U1.)
Idiot de 18 mois, athrepsique, rachitique, à front très bas,
aveugle mais cherchant la lumière. La macula sous forme de ta-
che bleuâtre mesure un diamètre papillaire 1/2 : les limites en
sont indistinctes, le milieu en est occupé par un point rouge-ce-
rise d'un cinquième de diamètre papillaire. Les papilles d'appa-
rence normale sont cependant un peu plus brillantes que d'ha-
bitude et les vaisseaux y sont un peu étriqués.
Déglutition difficile, salivation profuse. Membres supérieurs en
flexion au niveau des mains et des coudes.- Pieds équins. Cou-
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.- 53
fracture spasmodique des extrémités. Constipation. Mort, d'é-
clampsie après 2 mois de séjour à l'hôpital.
Autopsie. Consistance cartilagineuse de l'écorce des lobes
frontaux et pariétaux, du cervelet, de la partie du centre ovale
contiguë au corps calleux. Moelle plus dure que normalement :
substance blanche des cordons postérieurs de la moelle dorsale
inférieure un peu grise et luisante. C'est tout.
Traitement des pièces par les procédés de \Iuellcr, Marchi,
et \1'olLcrs (ligures.)
On constate une dégénérescence descendante des pyramides,
surtout des cordons latéraux, moindre des faisceaux de Gowers et
des faisceaux cérébelleux. Les cordons postérieurs, notamment
les cordons de Goll, sont dégénérés dès la moelle cervicale jusque
dans la moelle dorsale inférieure : on remonte ainsi jusqu'à leurs
noyaux bulbaires. La substance grise, celle surtout des cornes
antérieures de la moelle cervicale, contient des débris de myé-
line : dans la moelle sacrée, l'altération, insuliforme, empiète sur
les groupes médians, latéraux, centraux des cellules.
Dégénérescence excessive des pyramides du bulbe, de la for-
mation réticulaire, des pyramides de la protubérance, des fibres
prolubérenlielles transverses; moindre du ruban de Reil, des pé-
doncules cérébelleux supérieurs. Intégrité des colonnes de Clarke,
des corps restifolnc·s, de l'hypoglosse, du trijumeau, de la subs-
tance de Soemmcl'ing', de l'entrecroisement des pédoncules céré-
belleux supérieurs, de l'oculomoteur commun.
Amyélinie de la partielle la'couche optique qui reçoit les fibres
centripètes de l'écorce. Intégrité des noyaux rouyes. Altération de
la portion médiane et ? latérale du pied du pédoncule, et de la
capsule externe. La'capsule interne est surtout dégénérée dans
les points où les pédoncules cérébraux commencent à se dévelop-
per (mottes de myéline et cellules granuleuses). Intégrité du
noyau lenticulaire, de la commissure antérieure, 'du corps calleux.
Magnifiques [dégénérescences corticales principalement des as-
cendantes, du lobe occipital ; amvélinie moins absolue des lobes
frontaux et temporaux : déchets de myéline plein les vaisseaux
et en dehors des vaisseaux,'1 très peu de fibres radiaires, pas de fi-
bres tangentielles. Aucun élémentdïnflammalion. Cellules pyra-
midales extrêmement dégénérées'tout à fait déformées. Aucune
anomalie de formejlcs circonvolutions, des sillons. Volume, du
cerveau normal. .
Le noyau dentelé du cervelet, la substance blanche cérébel-
leuse, contiennent énormément de gros'grumeaux'de myéline :
les altérations sont moins^prononcées dans les circonvolutions de
cet organe. Dégénérescence nette de la bandelelleoptique et du
chiasma. Nerfs optiques indemnes.
Conclusions. Ce- n'est pas un arrêt de développement conzé-
54 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
nital. C'est un processus dégénératif exclusivement extra-utérin,
qui a porté sur tout le système nerveux central, et avant tout
sur l'écorce des hémisphères cérébraux ; il s'en est suivi une de-
cneance des libres du cerveau moyen, protubérance, cervelet,
bulbe, et de la moelle. Ce processus est descendu par les cornes
antérieures, puis remonte parles cordons postérieurs (dégénéres-
cence ascendante). P. Keraval.
XII. Piqûre de la 3° paire dorsale gauche au niveau du
ganglion spinal parA. VALLI ? NBERG(\Teccrolng. CtJl1tra/ú/, XX
1901.)
Ce nerf a été piqué au point où il sort delà colonne vertébrale,
c'est-à-dire près du ganglion spinal. On constate : 1° une faible
hypo-osthesiedo la peau dans la région comprise enlre le ster-
num et le mamelon gauche, «surtout prononcée le long du 3° car-
tilage costal ; 2° une forte hypo-osthesio le long de la face interne
du bras du même côté, à partir de la cavité axillaire jusqu'à 9
cenlim. au-dessus de l'épilrochlée. 11 existe aussi de l'11) po-el'-
thesio le long de l'épine de l'omoplate : celle-ci pourrait prove-
nir des lésions accessoires. (Figures.)
Enfin, au début, le malade a éprouvé delà dyspnée et une sorte
d'angoisse précordiale. Ces phénomènes rapprochés du ralentis-
semcnl prolongé du pouls pourraient bien tenir à la section des
rameaux sympathiques de la 3° paire dorsale, qui vont au plexus
aorlique, au plexus pulmonaire, et, indirectement, au plexus car-
diaque. P. 11ERA ? 1L.
XIII. Un cas de lésion traumatique de protubérances
sans lésion du crâne, par ST-ORLOwsKt. (Neurolog. 'Cel1-
tralbl. XX. 1901.)
Un homme reçoit un coup de couteau au côté droit de la nu-
que. Il détermine : 1° adroite, une paralysie du trijumeau, de
l'ncnlomoteureaLerne,chlfacial,del'acouslir[ne; 2° à gauche, une
hémiparésie passagère et une hémiparésie persistante. C'est la
la paralysie alterne inférieure de llillarcl et Cubler.
Au moment do l'attentat, il tenait la tôle fortement fléchie en^ /
avant et vers la gauche. Le couteau long et étroit a perforé la
couche musculaire et la membrane obturatrice postérieure, tout
contre le bord externe du trou occipital, et a pénétré dans la ca-
vilé crânienne, en se dirigeant en avant. Son tranchant a dû
rester parallèle à la surface du bulbe, ce dernier étant demeuré
intact sur presque toute sa longueur.
Il faut distinguer dans le complexus symptomatique les dégâts
directs et ceux en rapport avec la compression déterminée par
l'hémorrhagie. Ainsi l'hémiparésie passagère tient à la compression
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 55
de la partie antérieure de la protubérance, mais pas l'ltémianee-
thésie. 11 y a lieu de, croire qu'il y a eu lésion du côté droit de la
protubérance, et, par suite, du ruban de Reil, des noyaux des
nerfs crâniens ; une hémorl'ilagic inlnt-Cl'rèI1l'ale peut également
avoir défruit une certaine portion de la substance du cerveau.
Le novau du facial a été le plus atteint. La parésie de l'oculo-
moteur externe, légère et transitoire, ne tenait peut-être qu'à
une compression hemorrtiagiquedu 110) au, Plus affecté, II' no) au
sensitif du trijumeau ; l'intégrité de son noyau moteur trace la
limite supérieure du foyer.
Le territoire nucléaire de l'auditif est bien trop grand pour
qu'une lésion circonscrite de J11'o[ub"I'an('e l'ull'aÎnu une sur-
dite totale : l'ouïe, ici, a été très atteinte adroite mais elle s'est
améliorée ultérieurement; le nerf cocliléairc nLaiL 1(·s(·. Au nerf
veslibulaire, ou au noyau veslibulaire, ou encore au pédoncule
cérébelleux moyen, il convient de rattacher les troubles de l'é-
quilibl'e constatés ; une lésion du tronc de l'auditif peut encore
les produire. C'est à l'irritation du nerf veslibulaire (canaux se-
mi-circulaires), que se rattache le nystagmus enregistré (Cyon,
11ecI1LI'I'c\\-). Aux canaux semi-circulaires altérés d'un côté on
pourrait imputer les troubles de coordination des membres droits,
qui disparaissent sous l'influence d'nn point d'appui.
Cet homme est menacé de perdre l'oeil droiL par ophtalmie
neuro-paralytique, en vertu du concours de la paralysie du facial
et de celle du trijumeau : il ne peut fermer l'aeil, est privé du
réflexe palpl'hra], de l'action trophique des fibres du trijumeau,
a de l'alle;,lhéie cornéenne et conjonctivale ; la kératite s'ins-
talle. P. Keraval. -
XIV. S'agit-il d'une atrophie musculaire d'origine né-
vritico-spinale ou d'origine myopathique ; par T. CORN.
(Xew'olog. Centralbl. t11, 1902.)
Une fillette de 15 ans dont l'hérédité est peut-être un peu char-
gée se plaint depuis trois ans d'un affaiblissement progressif des
membres inférieurs. On constate : paralysie de tous les muscles
innervés par le sciatique poplité externe des deux côtés accom-
pagnée de contracture des pieds (aspect varus-équin) ; faiblesse
des muscles du bassin et surtout du moyen fessier des deux côtés
également ; pseudo-hypertrophie des mollets ; diminution ou
disparition de l'excitabilité électrique de tous les muscles para-
lysés qui sont innervés par le sciatique poplité externe ; réaction
ilégénéralivc partielle des deux extenseurs propres du gros orteil.
Intégrité des réflexes tendineux et de la sensibilité, mais il y a
eu au début des douleurs lancinanles. Etat normal de la face, du
tronc, des extrémités supérieures : le visage est cependant un
peu bouffi, les mouvements do la physionomie sont faibles.
GO REVUE D'ANAI OMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
L'atrophie musculaire progressive est indubitable.
La démarche, l'examen de la motilité, le début de l'affection
par les petits muscles des pieds, 1'tt-o de la malade, la réaction
dégénérative partielle, les douleurs lancinanles du début, sont
en faveur de la névrite spinale de Charcol, 31arie, Hoffmann,
- mais c'en serait une forme atypique il cause de la paresieha-
live des muscles du bassin, et de l'hypertrophie des mollels.
Est-ce dû la dyslropbie musculaire progressive ? Ce diagnostic
aurait pour lui : l'hypertrophie des mollets, qu'on la considère
comme réelle ou pscudo-hypcrlrophique, la participation pré-
coce des muscles du bassin, la conservation de la sensibilité, l'âge
de la malade, le faciès quelque peu myopalliiduc. L'intégrité des
triceps fémoraux explique la persistance des réflexes palellairrs.
Mais ce serait aussi une forme atypique iL raison de l'existence
de la réaction dégénérative de concert avec le début de la para-
lysie par le groupe, des muscles qu'innerve le sciatique poplité
externe.
ll n'y a pas de diagnostic possible. P. hrR.tv.tt..
XV. Un cas de chorée chronique progressive avec au-
topsie ; par le Dr de 1,'uci. (Journal de Neurologie, 1904,
no 17.) .
Les conclusions dégagées par l'auteur-peuvent se résumer
ainsi : Dans la chorée chronique le trouble hyperkinélique est
fonction du faisceau extra-pyramidal et de ses centres : rien ne
s'oppose à ce que la démence y soit primaire. Les lésions hosto-
pathologiques de la chorée chronique rencontrées jusqu'ici n'of-
frent pas d'unité et sont d'ordre encéphalilique, gliolique, dege-
nératif, etc. Ces différentes lésions reconnaissent vraisemblable-
ment une étiologie variable. La chorée chronique est une affec-
lion héréditaire et familiale due vraisemblablement a une résis-
tance insuffisante des centres psycho-moteurs. Cette pathogénie
se rapproche de celle de l'épilepsie tardive, (lu tremblement sé-
nile, de la myoclonie familiale, etc. G. Deny.
XVI. - Histopathologie de la paralysie générale ; par le Dr
de Bock. (Bull. de la Soc. deméd. mentale de Belgique, 1,1()'i,
no 117.)
Se basant sur l'étude histologique, à l'aide des méthodes les
plus récentes, de dix cas de paralysie générale avérée, l'auteur
admet que cette affection est constituée par une encéphalite chro-
nique d'origine loxi-infectieuse. Il ne se prononce pas sur la na-
ture, spécifique ou non, de cette loai-infeclion, qui intéresse fous
les éléments du cortex sans qu'il soit possible de dire quel est
celui d'entre eux qui est atteint le premier. En fout cas, quand le
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 57
processus est en pleine évolution on assiste il la régression des
éléments parenchymateux qui commence par lescorps cellulaires
elles tubes de myéline pour finir par les lihrilles cy lindraviles.
La conclusion qui se dégage de l'ensemble de ces recherches
c'est qu'il n'existe pas de lésions spécifiques de la paralysie géné-
rale et que le diagnostic histopathologique de celte affection doit
être fondé non sur la considération d'un seul élément, mais sur
l'ensemble du tableau qui comprend les altérations vasculaires
avec leur manchon cellulaire péri vascu lai re composé en grande
partie de cellules ])1amatiqnes, les cellules en bâtonnet, la dis-
position irrégulière des couches cellulaires, les cellules nerveu-
ses sclérosées, la disparition des fibres tangentielles et suprara-
diaires, l'altération profonde des fibrilles intracellulaires, etc.
31. de Buck admet, en outre que les cas de paralysie générale il
forme expansi\e et délirante sont remarquables par le grand
nombre de cellules présentant le mode de régression chromolv ti-
que (chromolyse, achromalose, désagrégation moléculaire, dégé-
nérescence graisseuse, etc.), tandis que les formes démentielles
pures se manifestent surtout par la présence d'un très grand
nombre d'éléments cellulaires sclérosées. G. 1).
'111. Hypertrophie et lésions (tumeur) du ganglion sym-
pathique cervical dans un prétendu cas de paralysie gé-
nérale ;par le Dr de IkCK, (Bull, delà Soc. de 111éd. ment, de
Belgique, février 1904.)
Observation d'un homme de 4G ans qui était atteint d'un de-
lire généralisé et incohérent avec agitation et quelques signes
physiques de paral;siegenerale,al'autopsieduquel on trouva une
sclérose du foie, des reins, de la rate, etc.,et un volumineux fibro-
sarcome du ganglion supérieur du sympathique cervical gauche.
Les centres nerveux ne présentaient aucune lésion macroscopi-
que ni microscopique.
En présence de ces résultats, l'auteur estime qu'il a eu affaire
non aune paralysie générale, mais à un délire d'origine infec-
tieuse ou toxique. Quant à la lésion du sympathique cervical,
elle aurait seulement déterminé les (roubles pupillaires consta-
tés pendant la vie du malade. G. D.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE
I. De la chorée de Huntington ; par G. Renuart. (Ru/l,de
la Soc. de méd . ment, de Belgique, 1904, n° 116.)
L'auteur relate quatre cas de chorée de Huntington et l'appelle
les principaux caractères de celte alleclionqui est essentiellement
]J("rédilairc Pt.famil iall',ne si; rencontre jamais avant la trentième
année, s'accompagne toujours de troubles psychiques dénature
démentielle et se termine invariablement par la mort au bout
de 10, 20 et même 30 années. G. D.
Il. -A propos du syndrome de Raynaud ; par le 1) P. 31a-
soin. (Bull. de la Soc. de mérl. ment, de Belgique, H)Q4, n°
114.)
Adoptant l'opinion des auteurs qui font rentrer dans le syn-
drome de Raynaud la plupart des troubles angio-lrohho-neuru-
tiques (asphyxie des extrémités, acrocvanose, érv fhromélalgie,
oedèmes spéciaux de la main ou du pied, etc.), ,\1, ,\1asoin relate
l'observation d'une femme de 48 ans, idiote et épilelllirtue, dont
le membre inférieur droit est terminé en forme de massue avec
hypertrophie du (issu cellulaire sous-cutané, oedème dur, cya-
nose de la peau, etc.
Sans nier que des lésions nerveuses, incontestables dans le cas
présent (raideur des membres inférieurs, exagération des ré-
flexes tendineux), puissent provoquer à la longue de semblables
troubles angio-tropho-neurotiques, l'auteur incline à croire
qu'en réalité les altérations névritiques, sivolontiersincriminées,
sont plutôt le résultat que la cause de pareils troubles. Ceux-ci
seraient conditionnés ◀tantôt▶ par un spasme des vaisseaux (hys-
tériques) ou par une lésion des tuniques artérielles, ◀tantôt▶ par
des lésions centrales avec dégénérescences périphériques (idiots,
(hilepliclùes). G, DENY.
111.- Nystagmus associé ; par E. 5TR.1NSK5 ? ( \'eurolog.
Ct'Mft-M ? XX, 1901.)
Prenez un individu indemne de tout trouble du côté de l'appa-
reil optique, dioptrique, locomoteur des yeux, indemne égale-
ment d'affections organiques du système nerveux, de tout nys-
tagmus apparent, et ouvrez-lui avec précaution au maximum il
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 59
l'aide des doigts la fente palpébrale ; puis, priez-le de fermer
l'oeil en dépit de cette résistance, mais lentement, vous verrez en
quelques cas les contractions convulsives de l'orbiculaire palpé-
hral qui lutte contre l'obstacle s'accompagner d'une oscillation
rapide du gtohedet'oeii, horizontale ou oblique.
Quand les efforts du patient sont assez énergiques pour qu'il
surmonte partiellementou totalement la résistance, le nyslagmus
cesse généralement, notamment lorsque l'oeil est dévié en dedans
et en haut : toutefois on le voit parlois encore même quand le
globe occupe celle position. 11 n'est pas rare de l'observer rien
qu'en maintenant simplement en haut ou en levant simplement
la paupière supérieure : cela suffit pour provoquer des contrac-
tions clonicotoni(p]es dans le constricteur. 11 existe cependant
des sources d'erreur. Tels les tremblements du globe au moment,
d'une trêve : il faut s'assurer préalablement s'ils ne surviennent
pas quand les paupières jouissent de leur écorlement naturel, et
procéder aux examens en faisant fixer le, sujet en avant. 11 faut
aussi se délier du déplacement delà conjonctive hulhaire : quand,
par exemple, le globe est dans la rotation en haut, le réseau vas-
culaicc do la conjonctive se déplace si rapidement de côté et
d'aufu sur le réseau vasculaire épiscléral, qu'on peut croire à un
tremblement continu de l'oeil entier. N'attribuons donc la valeur
d'un résultat positif qu'en expérimentant sur les deux globes COI !
vC1'geal1t en avant.
Quatre observations il l'appui. Discussion.
« C'est, dit l'auteur, un phénomène sui gencris : ce n'est pas il
vrai dire du nystagmus. C'est, un mouvement associé (i-émulant
de muscles synergiques. Il émane de l'excitation du noyau du fa-
cial oculaire qui irradie par le faisceau longitudinal postérieur. »
P. Keraval.
IV. Ophthalmoplégie interne traumatique ; par E.
SCHULTZE, (Centralùl. f. Nervenhcilh, XXVI, N. F. XIV, 1903.)
Un homme de 45 ans est affecté d'une mydriase persistante
de [' ! T'il gauche ; toute réaction à la lumière, à l'accommodalion,
à la convergence y a disparu; il est incapable d'accommoder
'sans appeler il son aide des verres convexes de 2 D à 2 I) 5. En
un mot il existe une paralysie isolée du muscle ciliaire et du
sphincter irien. M, Schullze pense qu'il s'agit d'une lésion du
noyau de l'oculomoteur commun, probablement d'une hl'll1ol'-
rtiagie. P. KERAVAL,
V, Des vomissements stercoraux dans l'hystérie ;
par L. E. Cregman. (Neurolog. Centralbl., XX., 1901.)
11 s'agit d'une hystérique de 23 ans qui présenta de l'hématé-
60 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
mèse, des vomissements stercoraux, du méloena, un prolapsus
rectal, de la dysurie, de l'aménorrhée. La multiplicité des acci-
dents, leur versatilité, l'action sur eux de l'influence morale, l'a-
lnélioraliun si considérable qui a suivi l'intervention opératoire
contre le prolapsus, tout indique la nature hystérique de la ge-
nèse.
Les vomissements stercoraux s'accompagnaient de suspension
des selles et de celle des gaz. L'occlusion intestinale étaità croire,
mais l'inconstance de l'effet évacuateur des douches d'ilégar
permettait de penser il un obstacle intermittent, il la circulation
des matières ou à une obturation variable du calibre de l'intes-
tin. S'agissait-il de contractions spasmodiques passagères ou d'une
atonie quasi-paralytique des muscles du conduit ? L'abdomen
était'assez uniformément tendu, sans saillie spéciale d'anses in-
lestinales. Le vomissement se composait : ◀tantôt▶ d'un liquide le-
caloïde décoloré, ◀tantôt▶ d'un liquide contenant des crottes plus
ou moins grosses. Impossible de déterminer le siège de l'obsta-
cle qui ◀tantôt▶ pouvait occuper l'intestin grêle, ◀tantôt▶ pouvait sié-
ger dans le gros intestin. Une opération exploratrice eût.ete mal-
honnête. La facilité avec laquelle chez ces malades apparaissent
les symptômes les plus inquiétants laisse il penser que, sur ces-
lorrains de la prédisposition né, ropalhir¡ue et rIe l'h prrexcila-
hilité réflexe, des altérations insignifiantes suffisent à déchaîner,
les (roubles fonctionnels les plus graves. Peut-être avait-on
affaire à des mouvements anlipéristalliques (Kothnagel, Cruetz-
ner, Kirstein, Iühsall1, Iloor\\"eg, Briquet, 'l'l'el" es).
L'hématémèse est, à raison de l'évolution, inexplicable par un
ulcère de l'estomac. Les hémurrliagies intestinales concomilan-
tes, l'hémoptysie des commémoratifs indiqueraient l'hémophilie
que réfute l'histoire et l'examen de la malade. L'origine, buccale
ou pharyngienne du sang de l'estomac ne s'applique pas aux '(
symptômes si divers et si graves du côté de l'intestin dont la sur-
face est du reste lisse (prolapsus), intacte. Il n'y a ni ulcère gas-
trique, ni ulcère intestinal/C'est une réaction insolite des mu-
queuses. - P. KERAVAt .
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE
I. Fréquence et étiologie de la~démence précoce ;par .1.
CROCQ. (Bull. de la Soc, de médecil1e, ment. de Belgique, 1903
ne117.) 1
Les-recherches de l'auteur ont porté sur 150 hommes et 150
temmes. Sur ce total de 300 malades, il a trouvé 47 démences
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. Gl
-précoces, soit 15, 66 % (non compris les délires systématisés) dont
l'J chez des hommes et 28 chez des femmes, ce qui donne pour
les premiers la proportion de '1 ? ,66%, et' pour les secondes de
18,51 %.
Au point de vue de l'âge, le plus grand nombre des cas a élé
observé, chez les femmes, entre 30 et 35 ans et chez les hommes,
entre 20 et 30 ans : la démence précoce (précoce eu égard au dé-
but des troubles mentaux plutôt qu'au point de vue de lage)
serait donc plus tardive chez la femme que chez l'homme.
M, Crocq s'est efforcé ensuite de déterminer les facteurs étio-
logiques qui ont donné naissance il la maladie. Sur ces 47 cas, il
a noté 32 fois des antécédents névropalhiques ou psychopathi-
ques, soit une proportion de 68,08 %.
Parmi les causes occasionnelles, l'auteur croit qu'il faut placer
en première ligne les chagrins chez les femmes, le surmenage in-
tellectuel al les traumatismes crâniens chez les hommes. Pour dé-
montrer la réalité de ce dernier facteur étiologique de la démence
précoce, )1. Crocq, cite les observations de quatre malades (3
hommes et 1 femme) le développement de l'affection a été pré-
cédé plusieurs mois ou plusieurs années auparavant d'un violent
traumatisme du crâne. G. 1)nNV.
11.-De l'obsession dans ses rapports avec la psychasthé-
nie curative ; parle Dr MARANDON de IONTYEL. (73u11. de la
Soc. de méd. mentale de Belgique, 1904, n° 115.) .
L'auteur,dans ce travail,fait le procès de la théorie intellectuelle
el de la théorie aboulique des obsessions, qu'il s'efforce d'expli-
quel' par un trouble particulier de l'émolivité consistant dans
une insuffisance congénitale du capital nerveux émotif des obsé-
des. C'est celte psychasthénie émotive qui serait la cause unique
de l'état obsédant avec son aboulie si caractéristique de l'appari-
tion soudaine de l'idée tvrannique qui s'impose à la volonté de la
lutte énergique et inutile que soutient contre elle l'obsédé des
crises d'angoisse qui éclatent à l'improviste et à des intervalles
variables comme des convulsions, enfin de la rareté excessive du
passage à l'acte alors que la force impulsive qui pousse le malade
est énorme. G. D.
111. Association chez un idiot delamaladie de Raynaud
et de gangrène neurolique cutanée multiple; par le Dr de
BUCK. (Bull, de la Soc. de médecine ment, de Belgique, 1904,
114.)
S'appuyant sur les graves lésionsjjbservéesà la fois du côté du
système nerveux central, des nerfs et des vaisseaux chez un idiot
qui était atteint en outre de maladie de Raynaud et de gangrène
62 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
neurolique cutanée multiple, l'auteur estime que le siège prin-
cipal des lésions qui commandent les 1)I'IICPSlb 'aO-I1lf){l'UI'S pé-
riphériques se trouve dans la substance grise cenfrateperiepen-
dymaire qui constitue l'origine du sympathique. 11 y aurait donc
lieu de décrire en neuropathulogie médullaire le syndrome de
celte substance grise, comme on décrit le syndrome des cornes
antérieures et le syndrome de la substance grise centro-poslé-
, Heure. En un mot, c'est l'altération de la substance grise péri-
épendymaire qui donne lieu aux troubles vaso-moteurs, lrultlti-
ques, sécrétoires, et aux crises viscérales propres il certaines af-
fections de la moelle, ainsi qu'a certaines lroplfuu3v roses. Chez
l'idiot en question, on peut admettre que c'est la constitution
défecleuse ab ouo de son système sympathique, aidée de quelques
irritations périphériques anormales qui a provoqué les lésions
vasculaires ayant abouti à la sclérose et à la gangrène. G. D.
L\. Contribution à l'influence réciproque des aliénés les
uns sur les autres ; par P. Xaecke. (Neurolog. Centmlúl"
XX, 1901.) Observation {l'infection musicale.
Les délires se communiquent extrêmement rarement dans les
asiles. C'est que généralement chaque malade s'occupe de soi, ne
fait pas ou fait superficiellement attention aux autres, qu'il ne
s'établit pas de relations cordiales. C'est- l'inverse de ce qui a lieu
dans la famille, chez les gens mariés : d'où la folie il deux. Il
existe également peu de délirants systématiques qui prêchent
leurs idées délirantes il qui veut ou non' les entendre. Les mala-
des se rendent très bien compte de la bizarrerie des idées de leurs
voisins ; ils en sont peu impressionnés et ne font qu'en rire. Avec
le temps ils deviennent très égoïstes, et leur sensibilité morale
s'affaiblit trop pour qu'ils prennent part aux idées et menées
tl'autrui. JI. \acclcu a ccltcntlanLvu, cn mar 1900, un ltaraly liyuu
général présenter des idées de grandeur spéciales qu'il tenait
d'un de ses compagnons et auxquelles il crovait : la disparition
en fut tout aussi rapide que l'avait été la genèse, tant elles étaient
superficielles ; elles lurent remplacées par ses idées propres." La
crédulité des paralytiques et des débiles est notoire. Nous eu
avons touché un mot dans noire Pratique.de la médecine mentale ,
page 260. Plus fréquente est l'imitation des actes, surtout chez
les débiles et les catatoniques. Tel celui dont parle 31. Kaecke,
qui suivait continuellement un autre malade et marchait du
même pas que lui.
Voici maintenant un cas unique de contamination musicale.
Un imbécile agité, jadis atteint d'épilepsie, chante une série d'ac-
cords sans fin qui imprègnent il ce point un autre imbécile plus
obtus, dyacousique et muet, qu'il répète souvent cette mélodie,
* REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE; 63
longtemps de suite, sur un mode identique ou peu modifié. 1 ?
fredonne une sorte de danse des ours (voir le texte musical dans
le mémoire), ou la chante carrément en s'appujant au mur ou
en se balançant à l'unisson sur une jambe et sur l'autre et sou-
vent en se bouchant les oreilles ou en s'accompagnant, de la
main sur quelque objet sonore. 11 syllabe parfois cet air et y
introduit quelques variantes : de temps à autre il alterne avec
quelque chant populaire. IL agit de même ou à peu près dans
la mesure de ses moyens ; il n'y introduit pas de syllabes ni de
mots, ses gestes concomitants sont plus pauvres et plus rares, il
ne s'élève jamais il la hauteur de chants populaires. Il est évi-
dent que 1). a pris il F. celle mélodie, car F. a habité très
longtemps une chambre voisine et D. l'a souvent entendu dans
le couloir commun : c'est la même suite d'accords, le même ton,
le même rythme. 11 est probable que F. a inventé ce motif : il
est certain quel). est incapable d'en inventer autant. C'est un
cas à placer à côté de la folie imposée. P. Keraval.
y, Sur le diagnostic différentiel de la maladie de Kor-
sakoff ; par les Drs S. Soukhanoff et DONTENKO. (.JOU1'11. de
Neurologie, 1903, nos 2 et 2J.)
Les auteurs passent en revue dans ce travail les différents
complexus S) ntpLuma liclue alpartcnanL à,1'alcuolismc chronique,
il la confusion mentale, à la démence sénile, à l'artério-sclérosc
cérébrale, aux tumeurs cérébrales, la syphilis cérébrale, la pa-
ralyiu générale, à la polioencéphalite hémorrhagique supérieure
etc., qui de près ou de loin peuvent simuler le syndrome de
lvoral : utf : celui-ci est considéré par 3131. Soukhanoff et Rontenko
comme une forme morbide autonome, caractérisée il la fois par
des troubles psychiques (amnésie des faits récents et de la vie
courante, fausses réminiscences, confabulations, etc.), et des
phénomènes poljnév ri tiques, ces derniers n'étant toutefois pas
indispensables. G, )),
\'1.- Un moyen épilepto-frénateur héroïque : le décubitus
latéral gauche ; par ,1. CROCQ. (l3ull. de la Soc. de méd.mcit.
de Belgique, 1cJ04, n 117.)
Le mo\en recommandé par le D1' Crocq, d'après le 1) Iac Co-
naghen (cl'Ialintbuur),cunsiste à placer l'épileptique,au début de
son accès, sur le côté gauche : les convulsions cessent immédia-
tement. « ,JUSqU'il IH'éSl'lI(, aflit'l11e le ))1' CI'OC([, je n'ai, u aucull
accès résister à celle pratique pourvu qu'on l'applique au début
de la période tonique. Je ne doute pas que des exceptions puissent
contredire celte règle, mais je n'en suis pas moins persuadé que
nous possédons dansledécubilus latéral gauche un moyen héroïque
64 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
d'arrêter les accès d'épilepsie et peut-être aussi un procédé de na-
turoàdiminucricurfrequenccet leur intensité. » (1). G. 1).
VU, - Action toxique des troubles viscéraux dans la ge-
nèse des psychoses ; par le D1' DEROUBAIx. (Bull, de la Soc.
de xxécl, ment, de Belriqzce,190u, n° 116.)
Ce travail est destiné il montrer que les maladies du coeUl',e ! H'z
les sujets prédisposés sont susceptibles de provoquer l'apparition
de troubles mentaux par insuffisance fonctionnelle du foie. Les
troubles psychiques offerts par le malade correspondaient au ta-
bleau clinique que certains auteurs décrivent encore sous le nom
de manie chronique, que tl'aulres,hlus nombreux, tendent il ralla-
cher à la démence précoce. Sans se prononcer sur ce point de
nosologie, l'auteur estime que le mieux est encore de considérer
la psychopathie de son malade comme une psychose dégénérative
mise en activité parun l'acteur étiologique de nature toxique, que,
dans l'espèce, il convient de rattacher à un trouble grave de la
glande hépatique. noter que les lésions liistulogiqneb constatées
au niveau des lobes frontaux intéressaient à la lois les cellules,
les vaisseaux et la néloglie. G. 1).,
Zizi. Des limites de la cognition en psychiatrie : par li.
GAUpp. (Centralblatt f. Ncrvcnheitk, XXVI, 1. F. XIV, 1903.)
La psychiatrie a peu bénéficié des recherches anaLomiques, Les
élucubrations inventées par la théorie des localisations, les titeo-
ries édifiées par l'anatomie et ! la physiologie constituent a.,>(,1--
tions sans preuves, toutes arbitraires. La chimie physiologique
n'a point encore produit de travaux capables de servir de ca-
nevas aux problèmes de la psychiatrie. Rien de plus juste que
de collaborer aux recherches de psychologie expérimentale, mais
quant à voir en elle la seule voie du progrès possible, c'est une
autre affaire. Ce sont en réalité l'introspection directe, l'auto-
observation et l'observation d'autrui, dont nous nous servons et
devons continuellement nous servir dès que nous voulons com-
prendre les relations des phénomènes psychiques. Nous en
sommes encore presque absolument à collecter et il décrire de
faits. P. 11E R.\'AL.
IX. Contribution à. l'étude des obsessions syndromi-
ques de la névrose de défense ; par W. STROHMAYER. (Cen-
tralbl. f. Ncrvenlleilk, \\'1, \ F. XIV, 1003.)
Il s'agit d'un homme de 45 ans; il s'est masturbé da nt jeune jus-
qu'à la classe de philosophie ; à cette époque, un de ses camera-
(1) Dans la plupart des cas où ce procède a été appliqué dans
notre service de llicèlrc et il l'Institut médico-pédagogique, il n'y
Il l'Il aucun l'é"lIlllll. (UOUHi\r : 1 ILLE.)
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 65
des lui fait remarquer les fâcheuses conséquences de son vice.
Dès lors apparaît une période de défense. Il lâche de chasser de
son esprit toute image de blâme lui rappelant le souvenir de
ses pratiques génitales ; il est assailli de scrupules, de senti-
ments de honte, de craintes de ne pas réussir. Ses efforts sont
couronnés de succès. Puis les souvenirs s'implantent dans la
conscience avec l'idée de culpabilité qui s'y attache, cette l'ois
sous la forme obsédante. Toute action normale devient puur ce
malheureux le symbole d'une masturbation désirée ou effectuée,
le souvenir de l'action blâmable forçant, avec le sentiment cun-
nexe, la volonté contraire du sujet. A cela se substitue enfin la
tentation anxieuse de saisir les organes génitaux d'autrui et'l'i-
mage de la criminalité de l'acte. Dans sa lutte contre ses idées
obsédantes en faisant appel à ses souvenirs conscients le malade
présente les symptômes de la folie du doute, du délire du tou- ,-
cher, de la misophobie, des scrupules morbides, des obsessions
sexuelles. Quelques années plus tard une récidive a lieu plus
rapide et plus vexatoire. Tout plaisir sexuel excite l'émotion d'un
acte blâmable et par suite, les mêmes efforts de rejet que jadis.
- P. KERAVAL.
X. - Nouvelle contribution à l'étude clinique de l'idio-
tie amaurotico-paralytique familiale de Tay-Sachs, par
Il. HiGiEp. (Nenrolog. Centralùl. XX, 1901.)
Caractérisée par l'atrophie des nerfs optiques, et surtout de la
macula lutea des deux yeux, celle-ci suivant exceptionnellement L
la première, et constituant dans l'immense majorité des cas la
note dominante du tableau morbide, la maladie débute graduel-
lement, chez unenfanlqui s'est normalement développé pendant
plusieurs mois, par de l'apathie, la cessation progressive des mou-
vements spontanés, l'impossibilité de tenir le dos et la tête droits,
de l'ly peretcouaic. Elle sévil sur plusieurs enfants nés hien por-
tants sans règle, sans ordre. Finalement arrivent l'idiotie, le ma-
à la fin de la 22 ou dans le cours de la 3e année de la v ie.
Outre l'atrophie pure du nerf optique, la tache jaune est tranb-
formée en une grande tache blanche assez limitée, plus ou moins
ronde, ayant au centre un point assez rond, rouge-brun : ce point
semble être une lacune il travers laquelle on aperçoit le tissu
sain, mais l'image est celle de l'embolie de l'artère centrale de la
rétine. Il en existe 24 cas, chez des juifs, de Pologne, de Lithuanie,
de la Ilussiedu Sud. L'auteur donne l'observation de deux nou-
velles familles : 3 types.
On ne pourrait la confondre qu'avec de la diplégie cérébrale,
assez rare, affection familiale qui s'accompagne d'atrophie des
nerfs optiques. Seulement ici la période latente est de 7-12 an-,
Archives, 2- série, 190p, l. XIX. 5
66 REVUE lIE PATHOLOGIE MENTALE.
les malades atteignent l'âge de 17 et 24 ans, l'atrophie des nerfs
optiques ne s'accompagne pas de dégénérescence symétrique de la
macula.
Les S autopsies avec 4 examens oculaires que l'on possède Lé-
moignenL d'un processus dégénéra fil', non inflammatoire, du sys-
U'l1le nel'I eux ccnlmlllol'l1la[('mcnL organisé ou défectueusement
construit, survenant dans la lrc année de la vie. Déchéance pro-
gl'essill' dl' gl'andl's ('1.'[111 [es p l'aillidal( ? d(' fihl'l' langl'nlil'I[I ? .
des libres radiaires, de l'écorce. Dégénérescence descendante des
l'aicl'au.\ pl'aillidal1x dans la('apsldt, inll'I'n(', le pédoncule cere-
hml, la pl'oLnh¡"ran('I', II' hlllhl',la 11101'[ll', PIIl l'III'l'nl('nL ! t""ion de
la 1't\('inl'dl'scl'ndanLe dU ! l'ijnllll'(lII, du l'uhan dt' ! ll'i[,du Sl'gllll'nt
]l' l'hl : , ¡',IcI (\ dl ? ('I)I'(lon" de Goill'I dl' rol'IH' an lt"l'il'ul'l'S 1110LI'i('l's,
La rétine révèle : l'alrophie des libres des nerfs optiques, un lé-
ger (J'dl'IIIl' de la couche des cellules nerveuses, un épaissis-c-
11ll'111 dl' la couche moléculaire externe et des libres de Renie
dans Ja tache jaune. L'.t/'oMftcc))'t(<t6'<'unUent une substance
grenue accolée à la couche granuleuse externe; ce;'(, pour Jlnlm,
un débris de l'épithélium pigmentaire ramolli et des filets exter-
ne- des cônes et bâtonnets.
Il conviendrait de bien saisir l'ordre de succession des accidents
du nerf optique et de la macula, uliu de résoudre définitivement
la question de la dégénérescence symétrique de la lâche jaune.
S'il était établi que celle affection hércdo-lamiliale, probable-
ment endogène, enlraîue la cécité avant qu'on ait pu percevoir
aucune anomalie dans le nerf optique, on devrait considérer l'a-
nlaUI'Ol', l'[ 1)('III-t'[I'1' all ? j It dégénérescence delà macula
COlllille Il' 1'¡"Il\[al : ; du 1)('Ot't ? lh dt"g¡"llt"l'alil' dll ('l'I'Il'ali.
. l'. 1\ERA'AL..
XI. Du vomissement de matières fécales dans l'état
de mal épileptique ; par Il. Goktze. (Veurolog. l'crttwsLGl.,
XXI, 1902.)
Femme de 51 ans, épileplique depuis la puberté, internée de-
puis 19 ans. Le 2l av nil 1SJ', Ulo ,t l'alrrè-mirli plu·itur alla-
qucs (l'épilepie ,io1cn[c qui e li'alll'ol'll1cnl ulL¡"l'il'UI'l'IIII'1l1 l'II
état de mal. C'est alors qu'à 5 heures du soir elle vomit plu-
sieurs reprises des substances qui exhalent a plein nez l'odeur
fécalt., et qui ;,unt lIlélallgl\s Ill' pal'cclll' : 3 rI'l' : \(,I't"IIlCIII. A 10
heures tout cesse. Le 8 septembre 1897, de 6 à 9 heures du soir
état de mal suivi du même phénomène. Le 29 août 1899, de 4 il
8heure-du ! -(dr ? et.uu ! 'desaccidenk.LeaeUtt.sdeu)aitdecouiU'
(huée, et de faible infen-ilé, ne déterminent pas de ces voniisse-
mcnb-lit,EIl rI,llol'd( "1 ? illl'idl'nt- l'il'I) dll "t'dl' rlu [uhl' rligl',liJ'.
Jamais de copiophagie. .
REVUE DÉ PATHOLOGIE MENTALE. 01
11 est à penser que le système musculaire de l'intestin con-
t ! 'acturepa ! 'Ie5Spabn]eaconul'-it's a produit une obstruction
passagère. (Voy. les recherches rl'Ussilow. Derrtsr,Tte Zeitsohr. ?
- \'c·rt7eulteilh. XVct.0o;)'f ? t<''ps ? tt'<) 111, 1898.) P. hett.lv-1L.
XII. La théorie des psychoses d'origine toxique ; par
l'. llciBrttc. (l'e,zirvlGlat. ? Ju°rm'nlxeillr, \\1', \. I. \lll,
190 ? . )
Groupons les accidents par séries chimiques : série ¡ ! l'a'51', sé-
rie aromatique, alcaloïdes.
1. -- Ll's composés de la série grasse qui produisent le plus
SOU\ L'IÜ lies tl'Oublt's nH'nl ! ll1\ "0111 : Il' 1'11101'01'01'1111', l'iol\ofol'll1e,
]'alcool, \'('Ihl'I', la pa1'llltllo1l(Il', le C1l101'dl, Il' slIlfonlll.
Ll' l pc dl's PFhop¡¡lhiI'5 de ce gTIIIIPl', (;'l'<1. la fol iL' alcooli-
que iL laquelle ressemblent les autres. (Voy. Lewin Xeúc'1lI'irlil/n-
yetx ler -I r ? reinxittcl, 1899.)'foutcs res psv·Iton·s lounrttit·hl lrien
êll'l' fondues l'n utl gl'Oljpl Ullicltle dont lç. t pJ 111'l'il.t'I'ail. d'ètl'l'
détaillé, car elles émanent de la résorption sans modification de
composés agissant tels quels sur le système nerveux. D'ailleurs
la flill'('OSe qu'ils pl'IHluil'111 a loujoul' le lI1èll1e cal'a('[('I'l' Pl, pal'
suite, sa théorie pourrait s'appliquer à celle de la genèse (les dé-
501'l11'l's IlIL'nl¡¡u\ de semblable origine. Le nombre des groupes
t'>[h liqups (;2115) l'l'nfl'I'I111"S dans la fOl'mule de chacun d'eux
doit jouer son rôle pathogène, el les aptitudes délétères de ces
composés chimiques tiennent peut-être il la propriété, qui leur
est commune, de dissoudre les substances graisseuses. (11. 31eyer.)
11. - 5niu aromatique. Un petit nombre de ces composés pro-
,0111H'nl. des troubles psychiques. L'acide salicylique détermine
du délire avec ou sans dépression préalable. Quelques autres, à
l'occasion, engendrent des désordres mentaux, mais ils sont si
passagers qu'il est difficile d'en tracer un tableau précis, lise
peut que les allures de ces composé- à l'égard des substances
grasses jouent aussi un rôle ]) ? chopat.hogcne.
111.- AlruloldL ? Ll's pl'l'lul'hlllion IlH'ntall'5 qu'il" png'('IHll'enl
sont bien moins homogènes. Du reste ils sont chimiquement si
différents et si peu étudiés qu'itest difficile de s'orienter.
Une subdivision psychochiinique paraît admissible pour l'atro-
pine et la cocaïne ; une nuire pour la morphine et ses dérivés : il
celte dernière appartiennent : troubles psychiques aigus l'l pâs-
siou du malade pour le poison. La nicotine, la quinine, lasan-
toninc, et peut-être aussi l'a«li1 ninuun( t ? alr·mu·nL lt·un intérêt.
Sur le mode d'action des alcaloïdes on sait peu de choses.
L'étude clinique parfaite des psychoses toxiques doit servir d'in-
68 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.
truductiun v Iv recherche des substances de l'économie qui don-
nent, naissance à bien des psychoses spontanées : ainsi il est des
folies llllbémles, qui, élanl donné l'aspect des malades,indiquent
l'existence d'une intoxication. P. Keraval.
REVUE DE THERAPEUTIQUE
I. De l'action de l'hédonal sur l'organisme animal ;
har 13. S. Lvmpsakovv. (.Veto.olog. Centralbl., \\in, 1903.)
Hypnotique actif et inoffensif qui, agissant 4 fois [dus que
l'urélbane, possède fous les bons effets de l'éthy lurélbane, san's
troubler notablement le coeur et la respiration. Un peut l'em-
ployer à hautes doses comme narcotique pour les vivisections, et
il peliLe : ; (luse, cOlllmc lll'éliminaire il la chiomfol'lliisaliun, CIH'7.
les personnes anémiques et. délicates, chez celles qui présentent
certains troubles cardiaques, il est moins nuisible que l'hydrate
de chloral. S'administre par l'estomac ou en lavements, non eu
injections hypodermiques. P. Keraval.
II. Essais de traitement des aliénés sans la cellule et
au moyen de l'hydrothérapie ; par.W. ALTER, (Centralblatt
' f. 1\'eroenlaeilla, XXV, X. F. XIII, 1902.) Contribution à
l'hydrothérapie dans les psychoses ; par W. At.Tmx. (ILicl..
XXVI, N. F. XIV, 1903.)
Le premier mémoire a été analysé dans le Progrès médical
(1902, 11°> ¡[u 3 niai et du 19 juillet.) Dans le second, l'auteur
attirme que les bains prolongés pendant 24 heures diminuent
progressivement l'excitabilité générale et l'hyperactivilé céré-
1 ll'ale , Peut-être, cet effet s'uhtienL-il par l'intervention du sys-
tème vasculaire et simplement par la fatigue du cerveau. En
tout cas, ce moyen aune valeur pratique et une importance cli-
nique hors de doute. l'. hF(tA1'.1L.
III. Des paralysies consécutives à l'usage du phos-
phate de créosote ; par L. LOE\\'ENFELD, (Centralblatt f. Na-
cf)t/,c'f0tu(i'<', XXVI, N. F. XIX, 1903.)
Deux observations dont voici le résumé :
Les nerls de la tèledeineurèrenlcoinplèleinentetconstaniment L
, REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. * C'9
épargnés. Les jambes furent les premières atteintes ; la forme de
la paralysie y fut infiniment plus nav e et plus durable qu'aux bras.
-Les muscles de la jambe et du pied furent infiniment plus atteints
que ceux des cuisses. Intégrité de la sensibilité cutanée. Douleurs
et paresthésies passagères n'ayant pas joué de rôlcconsidérahle.
Conservation du phénomène du genou. Disparition de la sen-
sibilité faradique dans le territoire du sciatique poplité externe ;
elle était demeurée dans les muscles du mollet. L'une des
observations (OITS.I), trahit quelque atrophie des mains notamment 1
de l'éminence thénar. Dans l'obs. 11, on relève une atrophie nette
des muscles des jambes el des cuisses rétrocédant après plusieurs
mois. Il est il craindre qu'il ne se produise pas une parfaite gué-
rison, qu'il subsiste des infirmités musculaires dans le domaine
du sciatique poplité externe.
31. Lovvenleld croit aune lésion simultanée des corncsanterieu-
res grises, des conducteurs moteurs périphériques, ainsi que dans
les paralysies infectieuses et lexiques.
Rien jusqu'ici n'a été relevé au point de vue de la toxicité de
la créosote, ou de l'acide phosphorique séparément, quant au
système nerveux. Et cependant les deux observations précéden-
tes prouvent que le phosphate de créosoteest dangereuxau moins
en injections sous-cutanées. P. Keraval.
IV. Du véronal comme hypnotique, par le pr FRANCOTTE.
(Bull, de la Soc. de mérl, ment, de Belgique,, 190-'f, no 115.)
Le véronal a été administré par l'auteur dans des cas d'insom-
nie dépendant de maladies nerveuses ou mentales très diverses :
arll'rio ? c1l'rose cérébrale, mélancolie, neurasthénie, folie obsé-
dante, hystérie, paralysie générale, etc. La dose a varié de 25 cen-
tigr. à 1 gr., 111'ie le soir en se couchant dans une infusion d'eau
chaude. D'une demi-heure a une heure après l'ingestion, il se
produit, dans le plus'' grand nombre des cas, un sommeil calme
suivi d'un réveil exempt de tout malaise. G. D.
y, Principes [fondamentaux de l'électrothérapie des
maladies nerveuses; par M, 1)oumrR. (Joul'n. de Neu1'ologie,
1904, nO 19.)
Après avoir démontré la réalité des propriétés curatives de l'é-
lectricité, l'auteur s'élève contre l'idée encore assez généralement
admise que cet agent n'est efficace que dans les affeclions ner-
veuses ou musculaires et s'attache à démontrer, d'une part que,
l'énergie électrique agit sur toutes les cellules de l'organisme en
exagérant leur \ il111lé fonclionnellp, cl d'autre part, que les ma-
ladies qui s'accompagnent de phénomènes inflammatoires gué-
rissent, ou. s'améliorent toujours plus rapidement que celles où
70 SOCIÉTÉS SAVANTES.
ces signes font défaut. En ce qui concerne les affections des cen-
tres nerveux en particulier, ce n'est donc pas comme nnl'admel
communément, il une époque plus ou moins éloignée peruiettuut
de supposer la disparition des phénomènes inflammatoires qu'il
faut avoir recours à l'électricité, maisaussil<ll que, possible après
le début des accidents. G. 1).
1'[. Un syndrome catatonique supprimé par l'inter-
vention chirurgicale ; par K. ! ! oNHOE)'pKR. (CÙJ1, t1'llib ? Xer-
rcnheilla, \\'I, \. I ? \I\', 1903.)
Un homme de 5-1 ans, porteur d'une dépression de la paroi
crânienne du cùlé gauche, présente successivement des lllplù-
mes de parésie, du côté droit, une modification de caractère, enfin
une psychose aiguë avec phénomènes nombreux dans le domaine
Ile la nwlililé. Trois ans après le début des accidents mentaux,
l('n"ol) pie, grimaces, attitudes mécaniques, pseudo-flexibililas
Cel'I'a. (ln 1"'SI'l[lIl' IInp portion du crâne, on enlève une petite
altération de la pie-mère, sans avoir trouvé de foyer au niveau
de la cicatrice crânienne. Tous les troubles disparaissent soudain.
P. Keraval.
SOCIETES SA.VANTES
SOCIÉTÉ DE \LUitOLOGII.
Séance du IedécmnLrv 1,10l.- Présidence de )1. Uéjerine.
R('(wl< : mciI t clJntinu de 1 i'lu ide c' : l,luÛo-I'{/cl¡ id1en l'III' le lie ?
31. Vigouroux montre un malade âgé de 26 ans qui depuis neuf
mois présente un écoulement de liquide céphalo-rachidien par le
nez. La quantité de liquide émise en 24 heures esl d'environ 800
r, c,
Ce liquide analysé par 31. Valeur a la composition du liquide
cnpliitltrracltirlieu. La comparaison avec ce liquide obtenu par
pond ion lombaire est démonstrative. Il contient du glucose il la
dose dk Q,'0 cPnligrammer partit) ? de l'urée à la dose de O¡2d
par litre. La substance réductrice signalée par 31. Guerbel n'a pu
être retrouvée. L'épreuve à l'induré de potasiunmct.euuath.
Torticolis mental ou torticolis spasmoilique.
)DI. 1>1 : )[\SSARY ln TESSIER pl'é,enlent ulle malade dont l't.tat
SOCIÉTÉS SAVANTES. 71
revêt la forme de torticolis .mental avec geste antagoniste..Mai*
les réflexes sont exagérés des deux côtés. La ponction lombaire
n'a montre aucune 1(,¡[(;41cylol', le diagnostic reste incertain. S'il
y a tic mental, la méthode Bi-isstt(1 le guérira ; s'il y a spasme,
une ollération ImuLlre di·culée.
Polynévrite lépreuse unilatérale gauche.
3131. Brissaud et HATHERY, - Il s'agif d'un malade qui lit de
nombreux séjours au Tonkin, ci qui présente à la main gauche la
dt ? ol'nlalion ..n gl'ilr.. L piqn.. a\PC all'41plli.. lIlu-('ulai('o nolalde;
il existe de la dissociation ? l'il1golll{'lique de la sensibilité sur
loul le bord t'uhilal de la main cl de l'avanl-lma. On noie de
plus des crises extrêmement douloureuses à type névralgique
dans tout le bras ut une nodosité du nerf cubital.
Ostéopathie trophique de la hanche gauche.
3131. Brissaud et Rathery montrent un malade all..in[ d'une
osléopalllie atrophique de la hanche d'origine labélique. Le ta-
])es est dans ce cas purement spnsilif et trophique. 11 s'est greffe
sur ces lésions de l'ostéopathie hyllerlnoltltitluc tltt grand trochan-
Lcr et de l'ischion probablement d'origine tuberculeuse. J
Poliomyélite subaiguë ci type scapulo-hurraéral.
3131. GAUCKLER et 120USSY. - Les auteurs insistent sur ce fait
qu'ici la distribution de l'atrophie affecte une topographie l'adit'II-
lail'p, co qui ('t ]a l '1" l' Il' des alll'oll'ophit's lIlyMopalhiljut's ainsi
que l'a monlré 31. le prof. Déjerine. C'est dans 10 domaine des 5"
et Ge paires cervicales que l'affection a commencé et où elle est
le plus accusée, pour envahir ensuite la 7" paire cervicale.
L'absence de douleurs, de irouhlcs delà sensibilité, l'existence
de contractions librillaires et de réaction de dégénérescence jus-
Cilieiit le diagnostic de poliomyélite à marche subaiguë.
Hémiplégie spasmodique infantile. (Paralysie post-spasmodique ,)
31. ,1. Babinsky. - La jeune fille de vingt-six ans que je pré-
sente est atteinte depuis l'âge d'un an dl' troubles 111()Iilité du
côté tlroil. Ce qui frappe surtout, c'esL, d'une pari, une atrophie
du membre inférieur avec pied en varus érittin, d'autre pari, dus
mouvements involontaires du membre supérieur, venant par
accès d'une durée de cinq à dix secondes, et caractérisés par (tus
spasmes donnant lieu tour à tour il (le la relation en dedans eton
dehors, de l'abduction et. de l'adduction du liras, tle, la flexion et
du l'extension de (111 poignet, des doigts, qui s'ecar-
tent quelquefois, prenant une attitude qui rappelle celle de l'a-
1111"[ose, Ils sont, rapides et vinlunls ; quelques-uns durent plu-
sieurs secondes ; on a du la peine il s'y opposer, Ces accès de
72 SOCIÉTÉS SAVANTES.
spasme sont rares au repos, nuls pendant le sommeil, reparais- ·
sent à tout instant lors d'un effort intellectuel ou physique. Les
muscles de la face sont aussi agités parités mouvements spasmo-
diques. Les mouvements volontaires, nuls pendant les spasmes,
sont constamment troublés par une paralysie variable, surtout
prononcée à la suite d'un accès de spasme, très légère au réveil :
il y retard ordinairement long entre l'incitation volontaire el
le début du mouvement. Les réflexes tendineux, peu exagérés au
membre inférieur, sonl normaux au membre supérieur. On note
enfin le mouvement de flexion combinée de la cuisse et du tronc
adroite, el le signe du peaucier à gauche. C'est une hémiplégie
spa : 'lIlodique infanlill', le s ? Ll'lI1e PYl'amdall'st atteint. 31ais la
paralysie a des caractères bien spéciaux intéressants, fluctua-
tions dans son intensité, prolongation du temps de réaction \0-
lontaire, état (les rulleves tendineux très peu exagérés. Comme
on l'a vu, elle semble subordonnée aux spasmes el on peut pour
ce motif lui donner la dénomination de paralysie post-spasmodi-
que.
Myopathie hypertrophique consécutive Ü la fièvre typhoïde
(Dissociation des diverses propriétés des muscles.)
JI. 13 IBl¡. : SKI. Je présente une jeune fille qui, dans le cours
d'une fièvre typhoïde, il y a cinq ans,acte atteinte d'une all'ec-
tion du membre supérieur droit, qui se serait atténuée depuis le
début, mais est encore fort gênante el se manifeste ainsi : une
hypertrophie musculaire vraie du tout le membre, sauf la main,
prédominant à la racine, et associ(·e it l'want-Ira, à une atrn-
phie de quelques muscles postérieurs ; une augmentation de la
consistance des muscles, qui son ! plus durs que du côte sain :
une déformation du membre qui panaîL liée v l'atoophie tles nnt.
cles qui étendent la main sur l'avant-bras, à la raideur pt il 1'11\'-
pertroptue des autres ; une diminution delà contractititeetectri-
que des muscles sans U. ii. une hyperexcilabililé musculaire vis-
à-vis des [incitations volontaires, d'où dérive une exagération
de la synergie physiologique : une augmentation de la puissance
des muscles hypertrophiés ; une gêne dans l'accomplissement de
la plupart des mouvements (de l'extension de la main par atro-
phie des muscles correspondants, des autres mouvements par
exagération de la synergie physiologique, d'où contracture des
muscles antagonistes).
.le ne trouve chez cette malade aucun des signes objectifs qu'on
douve dans l'hémiplégie ou dans la monoplégie brachiale par
lésion centrale, et j'estime que, l'affection doit dépendre, d'un trou-
ble périphérique. 11 s'agit d'un cas de myopathie primitive ou
consécutive à une altération musculaire typhique qu'il convient,
SOCIÉTÉS SAVANTES. 73
de, nommer hypertrophique. Un cas analogue a été publié par
11. Lesage.
Celui que je présente a ceci de remarquable, qu'il montre
qu'une myopathie eL capable de dissocier les diverses proprié-
tés des muscles, (l'al1'aiblil' les une, dl'. ;.umeliyel' quelques au-
ires, rompant ainsi l'harmonie des fonctions élémentaires, et
amenant une perturbation dans le fonctionnement général des
muscles alteinls..Ie rapnellerai v ce su·jeL un plténomi·ne para-
doxal analogue que j'ai l'ait connaître, l'exagération de l'equiti-
hl'e lali(lur pL cOlIlCHlant a' cc l'al1'aibli,spmenL de l'équi lilH'e cinl'-
tique dans certains cas de lésion do l'appareil cérébelleux.
YJvrit" ,cl1sitivo-mot,'ice des extrémités par abus de bicyclette.
3131. Léopold Lévi el Wormser présentent un jeune homme de ? 2 ans atteint de sensations pal'eslhésiqul's des extrémités, d'aho-
liliou des réflexes acbilléens,de diminution des renexesrotutiens,
d'impotence fonctionnelle avec atrophie des divers muscles de la
main et du pied et avec traces de réaction de dégénérescence, ou
(roubles objectifs de la sensibiliLé.
II s'agit d'une névrite sensiti\0]notrice dont la cause est profes-
sionnelle. Pendant les manoeuvres, le malade a fait un abus
forcé de la bicyclelle et le surmenage des muscles des extrémités
joint au surmenage général et au refroidissement, a déterminé
celte névrite. La notion étiologique çsl confirmée par l'apparition
de fourmillements sous la plante du pied dès le 3e jour de l'exer-
cice et par la prédominance des lésions au pied droit due à une
longue course sur la seule pédale droite.
Contribution à la pathologie bulbo-cèrébellcuse.
3131. Léopold Lévy, BosrrmT el 1'.\GUET présentent un ma-
lade atteint du (roubles de l'appareil cérébelleux et dont lescymp-
tômes permettent de localiser les lésions au niveau du bulbe
(foyers de ramollissement multiples).
Un autre malade, également artérioscléreux, est porteur d'une
hémiplégie organique avec troubles hystériques'surajoutes et
syndrome cérébelleux, la localisation paraît la même que pour
le premier malade. Les auteurs tirent des conclusions au point
de vue de l'importance des signes objectifs et de l'histoire gêné-,
raie de l'hystérie.
Sur le phénomène de « déjà vu » ou fausse reconnaissance.
31. D\LLEr présente une femme qui, a la suite de crises épilep-
tiformes peut-être contiliales, peut-être d'origine urémiipie, croit
reconnaître formellement des personnes, des locaux, des objets,
qu'elle n'a certainement jamais vus antérieurement. Ce, trouble
71 SOCIÉTÉS SAVANTES.
se présente chez des individus en état de fatigue, cérébrale et doit
s'expliquer par une altération de la perception.
Sclérose en plaques juvénile.
3131. Dupré et P. Garnier rapportent un cas typique du sclé-
rose en plaques, à marche sullainuo, ayant débuté il v a (i mois,
sans aucun antécédent familial ou personnel saisissable, chez lui
jeune garçon de 19 ans. Début par crampe dans l'avant-bras droit,
PI apparition successive du 1 l'I'I Il h 1 1'1111'11 intentionnel, de la pa-
l'l'sip (les membres inférieurs, des verliges, la([\-
sal'lhl'il', etc. Acluullrnnenl, acconfualion de ces troubles, avec
nyslagmus, amblyopie, asynergie cérébelleuse, dladokokinésie,
démarche l'as du troubles de l'équilibre,
,011liol1lH'1 statique, Au syndrome de la sclérose en plaques, s'a-
joutent des troubles hysléro-neuraslhéniques et phobiques qui
compliquent lu tableau morbide (exagération (1(, stit-
so-hasophobie, etc.) el rendent difficile, dans l'analyse de l'(Olal
mental, l'évaluation exaele d'un ,1,"lkil (lén1PnlÏl'l qui semble
manifeste : éLiologie muette : évolution rapide : terrain jU\l'-
nile : associations psychopathiques multiples : telles sont les par-
licularilus intéressantes de ce cas de sclérose eu plaques.
Poliomyélite curable chez un gymnasiarque consécutive ci des
excès de fatigue.
3131. Raymond el G. Guillaln présentent un malade qui tuf pris
en janvier 1904, en quelques jours et sans infection, 'd'une para-
lysie des membres supérieurs Pl surtout de la racine des membres.
Quelques semaines plus lard : paralysie absolue des muscles de
l'avanl-bras, des dettoides, (te la ceinture scapulaire, des pecio-
raux, avec atrophie rapide, amaigrissement des quadriceps et
marche difficile. Réflexes tendineux abolis, contractions lilrrillai-
res, Pas du troubles de la sensibilité, pas de signes du paralysie
bulllaire. Réactions électriques simplement rlimintlucs sansR. 1).
Amélioration puis guérison.
Voici (loue un cas où, sans doute les produits toxiques, créés
par la fatigue, ont amené une intoxication suit des cellules de la
cornu antérieure de la moelle, soif des nerfs périphériques, soit
des muscles et on[ los3'nrlromeqmnouaavous constaté chez
le malade, il y a lieu d'insister sur les formes curables des polio-
myélo-név rites chez certains malades qui présentent en apparence
une S) mplolllaLologie grave.
,S'tasobn.sopltobie chez un ps ! }ehastheniquc à l'occasion d'une ? 1t'lIl'om ! Josite,
3131. Raymond oL t : un.LAIN présentent un malade incapable de
SOCIÉTÉS SAVANTES. 75
rester' debout immobile, a\I'C 1'¡"ll'Opul ! OIl 11'IIl' qll'jllolld) ! , si on
ne le relient pas. On oelive de l'amyelrulllic de la région aille ro-
P,\ll'l'l1e (le la jamhe, de l'hypertrophie dans la région postérieure
avec contracture, douleur sciatique. Le malade ne peutcomptete-
ment fermer les paupières, ce signe remontant L'extrême jeu-
nesse.
llCtlttclia de 13«sctlovo avec paralysie M/&0 ? tt' asthâniquu.
31 31. 13RISS.-I.UO e[ IhuER présentent une femme de quarante-
six ans atteinte de ll1ala( ! iu de IJasL'rLnw 1) pique L'l a)anl eu, 1\ la
suite de vomissements incoercibles, une asthénie 1res profonde
avec amaigrissement général el atrophie musculaire diffuse.
Comme cette femme a présenté de légers troubles proprement
bulbaires et médullaires, les auteurs rapprochent ce cas des faits
de syndrome de Ilaserlnw coyoliyute Uu syndrome de El'b ou in-
versement. La malade semble donc atteinte d'un goi Ire exoph-
lal1l11f(IIP compliqué d'une haralyie hul6o-shinale allt(·nirlue en
voio de régression.
Polynévrite motrice au poliomyélite antérieure subaiguë.
3131. Brissaud et 13 WER présentent un enfant atteint de para-
lysiu des extenseurs des pieds, reliquat d'une quadriplégie consé-
cutive il une courte maladie et hésitent entre la polynévrite mo-
trice et la poliomyélite antérieure aiguë. Les auteurs admettent
dans ce cas une altération de l'ensemble des protoneurones mo-
teurs correspoudunl aux muscles paralysés.
3131. Déjlhine et Thomvs discutent sur le diagnostic de la po-
liom;2°lite anloiuure, sur la nalnm rle la naaiu sttccttleute, sur l'c-
tiolnri r4· lcc .ccléon,.· rra luques à prnho. d'un malade S) phi li-
tique atteint de troubles bulhn-eérébelleuw
lfélllOl'rlw[Jie 1/léitil1,qée.
M. Faure-Bkallieu présente les pièces d'un cas d'hemorrha-
gil' 11ll'nin ! "(\e a\l'l Îl'III, IlI\llIipll\gil' gaudle J'l'IIsll', C011la pl'ogl'es-
sifet chez lequel la ponction lombaire ne montra pas d'héma-
ties.. , l ? GOISSIR12.
SOCIÉTÉ IVIIYPN0L0G1E ET DE PSYCHOLOGIE,
Séance du mardi 29 novembre 1901. Présidence de 31. Voisin-.
Le traitement du mal de mer par la suggestion hypnotique.
ON ()sG()0))(()f l3osLon).-Ue nombreux au leurs ont pu
par des suggestions faites avant l'embarquement, immuniser cou-
tre le mal de mur. Quatre fois pendant un voyage ,rAnglclcl'l'c
76 SOCIÉTÉS SAVANTES.
en Amérique, j'ai, par suggestion, arrêté le mal de mer nettement
déclaré. Non seulement les vomissements ont élé immédiatement
supprimés, mais encore l'appétit est revenu ; et. tes pel'sonncsque
j'avais hypnotisées sonl restées indemnes de toute, nausée pen-
dant le reste du voyage.
1. 13ERILLON, C'est, évidemment pour les passagers une
bonne fortune d'avoir il bord un médecin qui sache par t'hypno-
notisme inhiber le mal de mer; cela se rencontre très rarement ;
aussi les passagers qui sont sujets au vertige naupathique dp-
, raienl-i b se faire suggestionner avant l'embarquement. Pour
ma part, je suis souvent intervenu fort efficacement, ; pendant le
sommeil hypnotique je suscite chez le dormeur la représentation
mentale de la traversée avec tous ses ennuis et je l'entraîne il
n'en point souffrir.
M. Paul Farez. J'ai décrit, sous le nom de vertige de la lo-
lomotion, l'ensemble des malaises identiques au mal de mer, il
l'intensité près, et dont souffrent certaines personnes en chemin
de fer, en omnibus, en tramway, en voiture, etc. De nombreuses
fois, par suggestion hypnotique, j'ai immunisé des personnes qui
vêtaient sujettes. Une fois en chemin de fer, j'ai pu le juguler,
séance tenante, chez un voyageur qui commençait à vomir.
M. Le MENANT des Chenais. J'avais hypnotisé une de mes
malades, afin de l'immuniser contre son vertige de la locomotion
et j'y étais parvenu. Aux vacances dernières, me trouvant avec
elle sur un petit bateau, j'ai pu, par simple affirmation, arrêter
chez elle le mal de mer dès le début des nausées.
Vomissements incoercibles de la grossesse guéris par la suggestion
ét7 ? /l ? éthliqtle.
JI. \YiAXEMSKY (de SaraLwv). Une femme de 28 ans, secon-
dipare. est enceinte de deux mois. Depuis près d'un mois, les vo-
1111spmpnl, 'e sont installés d'une manière- incoercible ; aucune
nourriture n'est gardée, les forces diminuent et l'étal devient in-
qmetant. Toutes les médications ont échoué ; pour sauver la vie
de celle malade, on propose t'a vertement. Consulté il ce sujet, je
lente la suggestion hypnotique ; celle-ci suspend les vomisse-
ments, mais pour quelques heures seulement. Grâce il la sugges-
tion ethyl-methvlique, faite pendant t'hypocarnose, les vomisse-
ments sont radicalement supprimés, les aliments sont bien 101(,-
res et la malade revient à la santé.
Action hypnogénique de la main.
1. DEMONCHY. Pour favoriser la production du sommeil
hypnotique, je présente la paume de la main légèrement fermée
devant, la n"gion oculo-f'l'on 1 rtle aus51 pl'l'S que possible, sans qu'il y
SOCIÉTÉS SAVANTES. 77
ait toutefois contact. La chaleur propre de la main, jointe à la
chaleur de la vapeur d'eau dégagée par la respiration du malade
provoque une vaso-dilatation de laquelle résultent : l'appesantis-
sement, la torpeur, puis la somnolence. J'ai recours à ce procédé
pour combattre personnellement l'insomnie.
31. Berillon. 1. Bianchi et moi avons étudié' à l'aide de la
phonendoscopie, les modifications de l'espace interbemispherique
sous l'influence du froid et du chaud. Les lobes frontaux s'éloi-
gl1t'nt sous l'influence du froid; ils se rapprochent sous l'in-
fluence du chaud. Or, précisément pendant le sommeil, le lobes
frontaux sont rapprochés au maximum, on comprend dès lors
(me la chaleur soit hypnogenique. '
31. Raffegeau. - .J'utilise, à mon établissement h)'iIl'01héI'1l pi-
que du Vésinet, un appareil spécial qui me permet d'obtenir à
volonté, immédiatement et pour une durée illimitée une chaleur
quelconque, de 0 jusqu'à 100 degrés. Les applications chaudes
m'aident puissamment à calmer nos malades et à leur procurer
un bon sommeil.
M. Paul Farez. Bien des gens se plaignent d'insomnie per-
sistante due uniquement à ce fait qu'ils ont froid aux pieds en se
couchant ; qu'on leur prescrive une boule chaude et l'insomnie
disparaît. Même les insomnies qui ne reconnaissent point pour
cause le froid sont heureusement combattues, soif par la chaleur
directe, soit par l'hydrothérapie froide qui provoque consécutive-
ment de la vaso-dilalalion peiipherique.
Inversement, on n'hypnotise pas un malade au moment où M'a
- froid aux pieds ; c'est même en hiver, une précaution élémentaire
de faire mettre une boule chaude sous les pieds du malade que
l'on veut hypnotiser et de la lui laisser pendant toute la durée de
son sommeil. (.-1 suivre).
VARIA
(Quinzième congrès des médecins aliénistes et neurologistes
de France et des PAYS de lingue française.
Le t1' Cun·ri' IlI' médecins aliénistes et neurologistes de,
FI\U1LC el ! les lmys (le lJ.ngue Íi'anl;Qise se lienlli\l celte année à
Rennes, du 1er au 7 août, sous la présidence de 31. le. Docteur A.
Giraud, directeur médecin du l'asile d'aliénés du Sailll- Yun (Seine
inférieure).
Les questions suivantes ont été choisies parle congrès de Pau
pour faire l'objet de rapports ut de discussions. 1° Psychiatrie.
7S VARIA. s
De l'hypochondrie. Rapporteur : 31. le]} Roy, de Paris. - ? o
Neurologie : Des névrites ascendantes. Rapporteur : M. le 1)' Si-
(le Paris. - : l Assistance : Dalul'aLÍon et hydrothérapie
dans le traitement des maladies mentales. Rapporteur : 31. le D-
Paillias,
Une place importante esL oénerwue aux Communications o/'Ífli-
nales sur des sujets de Psychiatrie et du Neurologie, et aux pré-
sentations de malades, de pièces et microscopiques.
L'École de médecine et la Faculté des sciences de Rennes 11ll'l-
tronlà la disposition du Congl'b 1111 ln tlél'id et des locaux neufs
et aménagés suivant les progrès les plus récents, et IL sera des
plus facile de donner des projections lumineuses. Les adhérents
qui auront des communications il faire sonl instamment priés
ilen faire parvenir les litres ut les résumés au secrétaire général
avant le 1er juillet. -
Excursions. Rennes, par sa situation à l'entrée du la Breta-
g1le, à proximité des côtes de la31anchcsi animées et si recherchées
pour les villégiatures el les séjours au bord de la ll1el',esl lin centre
d'excursions fort pittoresques. Les organisateurs du ("migres pré-
1)ai-etiL tles l'orL ls 't Les l'or-ël (1(, Ilaiiiipoil[ (I'ailli(Iti(
parent des excursions à travers La forêt de Paill1pont (l'antique
(le l'enchanteur 31erlin), il travers la forêt t
de Fougères, jusqu'au 31onl-Saint-311chel, avec la ,isite de l'asile
d'aliénés de PuuLur.un. Enfin une excursion sera dirigée sur Ui-
nan, atecla visite de l'asile tleLt'lurn. Ue les Congressistes sui-
'l'ont les rives de la Rance en bateau il vapeur et gagneront
Sain(,-llaln. 11 sera possible de visiter les environs de celte cité
(l'ararné, lïolbi'neuf, (bancale, Dinard, Saint-Lunaire, etc.) Enfin,
après le Congrès, une excursion pourra êll'c organisée pour ga-
gner en bateau à vapeur pt visiter les îles anglo-nol'man(les (,Il'l'-
sev, Gueoneset l,
Les chemins de fer des grandes compagnies ou du départe-
ment mettront, comme de coutume, probablement, des tarifs ré-
duits il la disposition des Congressistes. Des démarches seront
aussi faites auprès de 3131. les hôteliers et restaurateurs pour oh-
tenir dus réductions de tarifs. Les adhérents aux Congrès seront
avisés ultérieurement des avantages obtenus. Dans le but de fa-
cililer aux organisateurs leur lâche auprès des Compagnies de
chemins de fer, 3131. les membres adhérents seront invités à faire
t'onnailre il l'avance l'itinéraire qu'ils complcnl suivre pour se
rendre à Rennes.
Un programme défaille des travaux et des excursions sera pu-
])Ii, dès qu'il sel a possible el adressé tous les membres du Con,
grès. Le Congrès comprend : Jo des membres adhérents ; '20 des
membres associés (dames, membres de la famille ou étudiants en
médecine, présentés par un membre adhérent). Les asiles qui s'ius-
criront pour lo-Gnngrès figureront parmi les membres adhérents.
vaata. 79
Les médecins du toutes nationalités peuvent assister à ce Con-
grès, mais il y a ol)li ? a[ioii à ne luire les communications ou dis-
cussions qu'en langue française. Le prix de la cotisation est de 20
francs pour les membres adhérents, de 10 francs pour les membres
associés. Les membres adhérents recevront, avant l'ouverture du
Congrès, les trois rapports. Ils rucevronlaprès le Congrès le volume
des comptes rendus. Adresser le plus tôt possible les adhésions,
avec le montant des cotisations, à 31. le D" J. 817.tll'l'l, accru
liure général du Congrès, médecin en chef de l'asile public (le : ,
aliénés de Rennes.
LES ALIÉNÉS EN LIBERTÉ.
Drame de la folie. - 31"° Poiret, âgée du quarante-cinq lll1,
cuisinière, dans un accès d'aliénation mentale, a mia le feu dans
Sa chambre, rue l.aftytllo, tn imbibant d'alcool son mobilier.
Elle est grièvement bridée. (Journal du 3 tI{,¡;.).
La folie d'un père. Lu Progrès de Lyon raconte qu'un nom-
tiré E nanl a à à coups de rasoir sa femme et son enfant, et
"qu'après avoir essayé en vain de se couper le cou, il s'est noyé é
dans Son puits. E ! lI1(/1'(I, depuis quelque temps, donnait des signes
d'aliénation mentale,
Si, contrairement aux préjugés régnant encore, on considérai !
la folie comme une maladie arcliuaire, rltvanL être soignée (lés le
début comme les autres maladies, et l'asile comme un hôpital, ou
n'aurait pas à enregistrer des faits aussi épouvantables que celui
qui précède. '
Le 1 1 janv ici-, à Iiancourl, L. MARINIER, 39 ans, s'est suicidé ci :
se tirant un coup du revolver la tempe. La mort a été instan-
[allé(,. « Il était en 1)1-t)iu depuis quelque temps il des idées noi-
¡'CS)) n (Semeur de l'Oise, 15 janvier.)
FAITS DIVERS
Asiles lo.\f.fENES. - Mouvement de décembre. - 31. le Dr Ma-
rie, médecin en chef du Villejuif, nommé il la classe exception-
nelle du cadre ; I. le Dr Uucea, 6e du Concours du l9G4, nom-
mu médecin-adjoint à Ch;tlons-sur-·Iarnc ; Jl. le 1)"'l'tsSoT,7W I"
Concours de 1904, nommé médecin-adjoint à l'asile de 13ailleit
(Nord) ; 31. le Dr 3[A[.FIL.ITRE, directeur médecin à Saint-Lizier
1.\l'iège), promu il la classe exceptionnelle ; 31. le D'Chevalier-
L\\' vure, directeur médecin il l'asile d'Auch promu à la Ir. classe
du cadre ; 31. le 1), \tCOtlt..w, médecinen chef à t : adillac, promu
80 FAITS DIVERS.
à la classe exceptionnelle ; 11. le Dr CHAPON, directeur médecin à
Bury (Somme), promu à la 1" classe.
Distinctions honorifiques ; officiers de l'Instruction publique.
)1. le D1- BiAUTE, médecin en chef de l'asile d'aliénés de NIii-
tes ; : Il. le Dr DUPAIN, médecin en chef de l'asile d'aliénés de
Vaucluse ; M, le Dr HAMADIER, directeur médecin de l'asile d'a-
liénés de Rodez.
Officier d' : 1 eadénxie. - 3131. les Dri Boiteux et 'l'HIVET, méde-
cins en chef de l'asile d'aliénés de Clermont ; )I. le Dr SANTE-
noise, médecin-adjoint à l'asile d'aliénés de Dijon (Côte-d'Or).
MAISON nationale de Charenton. Par arrêté du Ministre
de l'Intérieur, le docteur Antheaume, ancien chef de clinique de
la Faculté, inspecteur adjoint des asiles d'aliénés, médecin sup-
pléant de la maison nationale de Charenton est nommé médecin
titulaire de cet établissement, à dater dulwjanvier 1905, enrem-
placement du docteur Christian, admis sur sa demande à faire
valoir ses droits à la retraite, et nommé médecin en chef hono-
raire. -
VACANCES MÉDICALES.- Avis. Place d'interne en médecine va-
cante à l'Asile public d'aliénés de La Charite-sltr-Loire (fièvre).
Traitement : 800 fr. par an. Avantages en nature : Nourri-
ture, logement, chauffage, éclairage et blanchissage. Salle d'au-
topsie, bibliothèque dans l'asile. Deux internes attachés au
service médical. Conditions : Etre Français el posséder au
moins 12 inscriptions de doctoral. Adresser les demandes au
médecin en chef, directeur de l'asile.
IIOSPICE de la S1LPÉTR1ERE. - \l. le I> Jules Voisin, com-
menacé ses leçons cliniques sur les maladies mentales et ner-
veuses le jeudi 12 janvier à 10 heures du matin, section Esqui-
rol, et les continuera les jeudis suivants à la même heure.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
Ciiocheaux (G.).-Rapport médical, compte rendu moral et adminis-
tratispour HI03, Slll' l'asile public d'aliénés de /a C/<t ! t-6-sur-Z.O ! 't-e.
Imprimerie Mazeron, à Ncvers.
Dupouy (Roger). -Les psychoses puerpérales et les processus d'au-
to-intoxication. 1 vol. Iii-8° de 268 pages. Librairie Jules RousseL, 1,
rue Cnsimir-Delavigiie.
Le rédacteur-gérant : l3ouui\EwLLL.
Clermont (Oise). Imprimerie D.ux frères.
Vol. XIX Février 1905 N"110
ARCHIVES DE NEUROLOGIE
CUMQt'E MENTALE
De l'excitation sexuelle dans les
psychopathies anxieuses ;
Il LI; I,n 1)1.%. (.l'LLEHHE
1 )i 1.(e te IL I.- Nie (le(. i il (le l'Asile d'alioncs (le Ln 1\tJl'hl"HIl'" un.
Parmi les symptômes physiques qui font cortège à
l'attaque anxieuse, on a particulièrement signalé des
troubles du côté de la circulation, delà respiration, de
l'innervation vaso-motrice, des fonctions glandulaires (1).
A ces diverses catégories de symptômes dont le détail, -
extrêmement touffu, est bien connu, il convient d'ajou-
ter l'excitation génitale.
Divers auteurs ont récemment signalé l'existence de
ce phénomène chez les simples névropathes anxieux. 31. ,
Pierre Janet constate que, dans les agitations émotion- -
nelles diffuses des obsédés, l'angoisse amène les excita-
tions génitales. Chez les uns, ces excitations sont en
rapport avec les obsessions érotiqucs ; chez les autres
elles se produisent en premier lieu « comme une sorte
de dérivation de l'angoisse », les obsessions érotiques nc
venant qu'à la suite ();
. 31. Féru a récemment publié deux observations, l'une
d'un neurasthénique âge dont les crises d'anxiété diffuse
se terminaient par de la congestion des organes génitaux,
une érection très intense et un violent besoin sexuel ; -
l'autre d'une dame de cinquante-six ans qui, dans les
(1) . Kur.ui). Obsessions et phobies (Revue neurologique 1895).
(2) I'ierke Janet. -Les obsessions et la Psyclrastlrénic. Paris 1903.
- .i;CUmes,2^·cric, l. \1\ 0
82 CLINIQrI : Ml : 1\T,\LE
mêmes conditions était prise de désirs jusqu'à lïll1l111-
nence de l'orgasme (1).
Ce phénomène n'est pas propre a la neurasthénie pure
et simple. Il existe aussi dans un certain nombre de
troubles psyehopalhiqucs accompagnés d'anxiété ou
d'angoisse, bien qu'il paraisse n'avoir pas appelé l'atten-
tion de beaucoup d'observateurs, car il n'est pas ou est il
peine signalé dans la plupart des traités consacres aux;
maladies mentales. En ce qui me concerne, je l'ai observé
depuis de nombreuses années et c'est aux anxieux que je
faisais allusion quand, en 188ü. j'écrivais que. dans la
mélancolie « les fonctions sexuelles sont, en général,
abolies, sauf chez quelques individus qui, en proie à une
excitation génésique d'origine purement organique, se
livrent avec fureur à la masturbation (2),
Il faut toutefois l'aire observer que le terme de mélan-
colie. employé dans ce passage, ne l'est pas dans son ac-
ceptionétroite.nosologique, mais bien dans son sens sé-
méiologique. Si, en eflet. les .syndromes psychopathiques
assez variés au cours desquels j'ai observé l'excitation t
sexuelle étaient de couleur mélancolique, il esta remar-
(mer que je ne l'ai jamais rencontrée dans la mélancolie
de forme typique, ce qui arien de bien surprenant si
l'on veut bien se souvenir que les phénomènes de dé-
pression et d'arrêt sont les caractères fondamentaux de
cette aifection mentale. Les laits que j'ai recueillis et
que je vais exposer ici appartiennent aux groupes sui-
vants : 1° Psychoses dépressives, à base neurasthéni-
que ; 2° Aliénés gémisseurs ; 3° Folie polymorphe des
dégénérés.
1° Psychoses dépressives ci base neurasthénique .
(¡¡¡5. 1. Hérédité ; âge critique ; neurasthénie; intoxication al-
('o(Jli'lul' I ? i ? (' j lialincil1aLioll el délire toxique passager; crises
dl' 11ll'UlÎSll1C j cdcs l\ll.\icIISC alcc thana[op]¡ohil' ; cl'Íl' cal' :
diaques, respiratoires, boulimiques, pseudo-angineuses ; crises
d'excitation génitale. ,
Il) Ch, Fi'.ui ? L'excitation sexuelle dans l'angoisse. (Revue neu-
rologique, 15 novcmbre 1902).
(2) A. Cii.i.Kiim : . Traité pratique des maladies mentales. Pari-
1890.
EXCITATION SEXUELLE DANS LES PS1'CHOPaTHIIS ANXIEUSES 83
F ? femme L...., 00 ans," admise le 15 juillet 1882. Une soeur
aliénée, une lille hystérique. Pas de lllaiadiesgrares antérieures.
Elle a exercé jusqu'en ces derniers temps la profession de sage-
femme et était très occupée. La ménopause s'est établie il y a deux;
ans sans accidents apparents, mais des chagrins domestiques
étant survenus, elle est tombée peu ai peu dans un état de dé-
pression nerveuse qui ayant élé inteinpeslivement traité par les
ioniques et les vins généreux', s'est rapidement aggravé. Elle e-t
épuisée, abattue, sans ént·ogiu; tlucllluc< inco tlin(vicaliunal-
coolique : langue rouge, fendillée, animée de quelques tremble-
nu')Us;so ! umcitt ! 'outjtu( ! cr6cs(;dt;raucn(;n)ara(\isionsdc
serpents, de cercueils, de lombes, chutes dans des précipices') \0-
mi-semenls muqueux le malin, à jeun. Pas de sligmates d'Iiv--
1¡"l'ie, Ellc est dans un état habituel de dépression mélancolique
avec des périodes de rêverie où elle peni la notion de ce qui
l'entoure et manifeste une loquacité excessive parfois poussée
jusqu'à l'incohérence, et des crises de saisissement pl d'anxiété
panuphobique avec la peur unique de mourir. Trouble- nhropa-
ibiques protéiformes, surtout du coeur et de la respiration, (''Lnuf-
fenicnls ; crises de boulimie qu'il faut qu'elle satisfasse sur
l'heure, principalement la nuit.
Depuis six mois, elle a aussi de véritables accès d'asthme reve-
nanl tous les quinze jours, environ ; la crise la prend la nuit el
dure environ une heure ; elle est alors prise d'une dyspnée in-
tense qui la force de s'arcbouler les bras pour prendre sa respi-
ration.
De temps en temps aussi, elle a des crises de pscudo-anginedc
poitrine qu'elle décrit ainsi : son coeur devient froid comme delà
glace, elle sent que la circulation faiblit et qu'elle va perdre con-
naissance. Parfois elle peut crier, appeler, d'autres fois elle tom-
he anéantie dans un état voisin de la syncope.
Enfin, un dernier phénomène estvenu recemmenfs'ajouteraux
précédents : elle est prise, parfois plusieurs fois par jour de spas-
\lies accompagnés de gonflement du ventre avec douleur d'abord,
cot)t))text< ? Eft/ ! oi)(OEeconc/ter, puis d'une excitation génitale qui
aboutit il un orgasme voluptueux complet. Durant son séjour il
l'Asile, elle a éprouvé 1res l'I'l'lluemrnelll ce phénomène qui la
désole et qui excite ses scrupules. Toutes ces modalités paroxysti-
ques alternent, se succèdent ou se compliquent réciproquement,
l'état menlalsous-jacent étant caractérisé par un degré variable
de dépression hypocondriaque avec crainte anxieuse d'une mort
prochaine.
Elle est sortie améliorée au bout de deux mois.
Celle observation esl intéressante parla multiplicité
des phénomènes spasmodiques observés. Sur un fond de
81 cl.laleW , w.wrnl.l :
neurasthénie exaspéré par une médication intempestive,
se développe un véritable syndrome mélancolique anxieux
avec thanatophobieet périodes de mentisme ou confu-
sion mentale passagère en rapport avec les idées obsé-
dantes de mort imminente. A l'anxiété diuuseet conti-
nue se substituent ou se superposent des accès de bouli-
mie, de dyspnée paroxystique, de pseudo-angine de poi-
trine, el enfin d'excitation dans la sphère génitale de na-
ture à la fois pénible et voluptueuse. Ce dernier phéno-
mène acte assez tenace pour se reproduire jusqu'à six
fois dans la même journée, d'après une. des notes de l'ob-
servation dont nous n'avons fourni qu'un résume.
Ce qu'il importe surtout de remarquer, c'esl que cette
malade n'est pas seulement une psyehasténique, mais
une véritable vésanique avec crises délirantes et qui, non
soignée, serait vraisemblablement passée au délire systé-
matise d'hypocondrie. L'excitation sexuelle ne paraît
être, dans le cas actuel, qu'une dériva lion de la crise an-
xieuse au même titre que les autres accidents névropa-
tllicjncs multiples observés chez cette malade.
1)ss. 11. - Prédisposition neuropalbiquc ; quelques stigmates
hystériques ; à la suite d'un ébranlement émotionnel, accès de
confusion mentale passagère ; délire mélancolique avec crises an-
aieurt·a 1·L imlmlaiwa d'un caractère dangereux; crises d'excita-
tion génitale. -
I>... lenmieC... 2lian-, admi-c le 2'i niai ? 1882. Du côté de la
mère on signale plusieurs individus instables et d'humeur excen-
Il'illue ; celle-l'i, 1llOI'Ie jeune, avaitduns su jeunesse des attaque-
d'bvstérie.
IL .. est slirloul malade depuis cinq semaine-, mais les premier-
signes de trouble mental remontent àuu moins six mois. C'est une
femme qui, bien que d'aspecl normal, Bouder convulsions dans
son enfance, de la dv-ménorrhée au moment de la puberté et qui
présente actuellement une analgésie cutanée généralisée sans ! "t ig-
mates hystériques sensoriels. Depuis trois mois les règles sonl
·mllmlnes. Isllc a éprouvé quelques chagrins domestiques pila
mm prématurée d'un livre unique a aullcvc tle Jtoulcvcraer a·.
idées.
Elle présente depuis plusieurs semaines des troubles mentaux
que l'on peut ranger sous deux chefs : 10 Idées fixes d'un carac-
tère mélancolique avec crises anxieuses qui, lorsqu'elles onL al-
feintau paroxysme de l'excitation, se transforment en fureur
alel' illlp1JI,iou ail 'ilit-idl' l'i ¡\ la' ioll'Ilc(' 1 i,-il-' is dl' Lqul ,'P qlli
1 : '\ : CI r\lIO'i SEXUELLE BANS LES PSYCHOPATHIES wn : osrs 85
l'entoure; 2° Accès de délire loquace pendant lesquels elle esfiso-
lée des choses présentes et complètement anesthésique (crises de
mentisme ou confusion mentale passagère).
Nous n'avons eu il observer, pendant le séjour de deux mois
que la malade afait 11'Asile, que des crise- de la première espè-
ce. Tous les jours, plus rarement la nuit, puis tous les deux ou
trois jours seutement. elle est prise d'une anxiété, d'abord modé-
rée, avec idées tristes : « elle est perdue, il ne lui sera jamais par-
donné, elle sera damnée ; elle ut Itiun woultaltle envers son ma-
ri. » Elle des scrupules de toute nature, n'aurait pas dû dire ce
qu'elle a dit, a peur de, trop dépenser, veut se confesser, etc. Peu
à peu l'anxiété augmente, un tremblement généralisé secoue Lout
le corps, les traits expriment une angoisse extrême, puis la fureur,
et alors elle crie, blasphème, jure, casse les vitres, jusqu'à cequ'el-
le soif épuisée et baignée de sueur. ce moment la crise cerce
après avoir duré une demi-heure environ. '
Dans l'intervalle des crises elle présente un état de dépression
mélancolique avec idées de culpabilité, entrecoupé de moments
lucides pendant lesquels elle apprécie exactement son état.
Dans un de ces moments, elle nous prend il part elnous confie
qu' « elle est très amoureuse » ; que très souvent elle se sent des
transports extraordinaires dans les organes sexuels, « qu'il lui
faudrait de l'homme » suivant son expression ; et elle nous sup-
plie de lui rendre «on mari. Au bout de deux mois elle «sort ami -
1 inl'fI',
Cette malade n'est pas seulement une psychasthe-
nique, c'est aussi une vésanique. comme l'indiquent les
idées délirantes de culpabilité et de damnation consta-
tées au cours de ses crises délirantes. A noter l'extrême
intensité de ses paroxysmes anxieux qui aboutissent aux
impulsions les plus violentes et les plus incoercibles. Ici,
les phénomènes d'excitation génitale ne nous sont révé-
lés qu'avec réticence, et nous ne pouvons les caractéri-
ser nettement par rapport aux crises d'anxiété. Il sem-
ble bien, cependant, qu'ils en sont une substitution plu-
tôt qu'une conséquence.
2° Aliénés gémiseurs. - .Ic ne contribuerai a l'étude
de ce groupe que par deux observations, mais elles me
paraissent suffisamment intéressantes pour n'avoir pas
à le regretter. Cette forme d'aliénation est d'ailleurs peu
commune, plus fréquente chez les femmes que chez les
5G , CLINIQUE MENTALE
hommes, el choz les premières, le phénomène que nous
étudions peut y passer facilement inaperçu.
0 Es. III. Héréditaire dégénéré ; chagrins intimes ; aboulie ;
mélancolie avec crises de confusion mentale panophobicluu ; an-
xiete continue et gémissements ; excitation génitale intense et
prolongée. -
]L.. Ügé dl' 30 an, ( ? l admi,,]1' 10. août 1883. Son père el sa
mère sont morts de maladies inconnues. Deux frères, dont l'un,
l'aîné c^t « imbécile, un peu toque'); cousin germain paternel
aliéné ; tante paternelle aliénée.
1)...est un homme d'une (aille au-dessous de la moyenne ; il
la face osseuse et irrégulière ; strabisme convergent ; oreilles
aplaties, san- hélix : crâne tourmenté. Depuis trois mois environ,
il présente des troubles intellectuels, d'abord légers, puis' de plus
en plus intenses causés par des préoccupations matrimoniales.
Après de grandes incertitudes, il s'est ducillé u se : marier il y a
sept semaines, mais cette résolution n'a pas apporté à son e-
prit le calme désiré. Peu a peu l'excitation cérébrale a pris des
proportions de plus en plus furies, et depuis huit jours il est en
proie il un désespoir violent, il une mélancolie anxieuse des plus
intenses, avec impulsions au suicide. 11 s'est donné un coup de
couteau dans la région du coeur cl, n'ayant pas réussi à se bles-
ser sérieusement, tente de se noyer en se jetant à l'eau. Crises
llanopliohicluuwcc fureur contre tous ceux qui l'approchent ; il
s'est jeté sur sa femme pour l'étrangler. Par moments, il a des
périodes de calme avec demi-stupeur, se couche et gémit : « Je
suis perdu ! j'ai commis un crime ! ... », etc.
11 août. A son entrée, désespoir violent ; il pousse des cris
qui retentissent dans tout le service. Ce malin il est plus calme ;
il raconte que son désespoir vient de scrupules : il avait promis
le mariage à une fille qu'il a délaissée pour épouser sa femme.
Cependant il ne croit pas lui avoir fait tort. Mais il s'imagine
avoir commis de grandes fautes : s'il eût fait (elle ou telle chose,
ses péchés lui eussent été remis. Le mal qu'il a, lui a été donné
pal' des gl'ns qui ont lu dans (le mamais 1Ï\l'e 1'1 ]lIi ont l'aiL
prendre certains breuvages. Dans la journée, les accès panopho-
biques le reprennent avec une grande violence.
13 août. Hier, journée des plus agitées ; anxiété et cris de
désespoir terribles. En même temps, il s'est livcé avccfureulùla
masturbation toute la journée et toute la nuit. Ce malin, il tient
sa verge en érection dans sa main tout en gémissant.
17 aoÛt. - Il eonli\lue à se nIH,lul'liel' sans Il'hl', II' JOUI' é't la
nuit tout en poussant des cris de désespoir. Accès panophobiques
intermittents avec gémissements continus dans l'intervalle.
EXCITATION SEXUELLE DANS LES PSYCHOPATHIES ANXIEUSES 87
21 août. Même état de mélancolie anxieuse aiguë ; amai-
nrissemenL progressif; refus partiel d'aliments. Le malade conti-
nue à se masturber d'une façon effective.
6 septembre. Il cric toute la nuit : « Je suis perdu ! je suis
mort ! « Abrutissement complet ; air égaré ; obtusion inlellee-
tuelle progressive ; il marmotte constamment des paroles incom-
préhensible entrecoupées de gémissements..Masturbation.
10 septembre. 11 a crié loule la nuit : « Je suis perdu ! je suis
perdu ! »
1er décembre. Depuis le mois d'octobre, le malade est tombé
dans une sorte de stupeur avec folie d'opposition. Il a cessé de se
masturber. Débraillé, il moitié habillé, les traits tiges dans une
expression de souffrance et d'effarement. De temps en temps, il
est gâteux.
Avril 188. La stupeur a de nouveau fait place à une phase
gemisseuse. Abrutissement complet avec accès de gémissements
et cris de désespoir qu'on entend de tout rétablissement.
Décembre. Même état ; il déchire, est débraillé. Il a eu pen-
dant plusieurs semaines d'abondants vomissements liquides ou
alimentaires qui actuellement ont cessé.
Année 1885. L'année se passe dans les mêmes conditions.
Hurlements de désespoir par périodes. Débraillé, sale, dechireur,
abruti quand il n'est pas agile. On ne signale plus la masturba-
tion effrénée de l'année dernière.
188G, 18 janvier. On est tout surpris de trouver aujourd'hui
ce malade calme el l'air intelligent. Il s'approche et demande à
travailler. « Vous allez donc mieux ? « Un peu ». « Vous
n'avez donc plus peur qu'on vous fasse mourir ' ! » « Oh ! si :
encore parfois o. - « EL voire femme Y Y pensez-vous H. 11 reste
muet et comme embarrassé, puis réitère sa demande de travail-
ler. 11 ne tarde pas à retomber dans son état démentiel pour n'en
plus sortir.
En décembre 188G, nous trouvons il son sujet l'observation sui-
vante : Alternatives de calme et d'excitation maniaque avec, im-
pulsions violentes. Désordre des actes ; idées de persécution. 11 se
plaint qu'on ne lui donne pas il manger ; qu'on le maltraite, etc.
Incohérence des idées qui conservent toujours une teinte mélan-
colique malgré l'agitation maniaque et le désordre instinctif des
actes actuellement existants. '
4 novembre 1900. -,Frappé d'une attaque d apoplexie, il suc-
combe en quelques heures sans avoir repris connaissance. L'au-
topsie n'a pas été faite.
Ce malade appartient il la catégorie des mélancoliques
S8 CLINIQUE MENTALE
g'émisscurs de Morel (l). Sa crise d'excitation génitale,
purement épisodique, coïncide avec le SlIl1ll1lun de l'agi-
talion anxieuse, ("liez certains aliénés de cette catégorie,
on observe, dans les mêmes circonstances, la dyspnée. la
tachycardie, les sueurs profuscs et autres phénomènes
paroxystiques. Ce même malade a eu. pendant plusieurs
semaines, une crise de vomissements incoercibles.
11 cst ;r rcnuuyu·r t]uc clier ]cs y·misscurs, ces acci-
dents paroxystiques ont une durée inusitée, se prolon-
geant de plusieurs jours à plusieurs semaines. Le plus
tenace de ces phénomènes est assurément la dyspnée qui
peut durer des années etttclis]>araîlrc c11 cm même temps
que disparaissent les phénomènes mentaux eux-mêmes,
mm, cuulraircnumU u la rèlu. 1·s C·mi5scurs l'unrnissc·nt
un petit nombre de guérisons tardives. \lum·1 citc m cas
de guérison après dix uns de maladie. Le malade dont
nous venons de donner l'observation a eu au bout de trois
ans et demi, un intervalle lucidc Slll'ycnu il lïl11lll'oYisl(',
mais qui n'a duré que quelques jours.
Cette rencontre de phénomènes communs aux simples
névropathes obsédés et aux panophobes anxieux n'a rien
qui soit de nature surprendre. Entre la psychose an-
xiense et la névrose anxieuse, en etiet. il n y a qu'une
diil'crence de degré, non de nature. I.c Iruu>hluthe an-
xieux est un aboulique, un douleur, un scrupuleux, aussi
bien que le simple obsédé neurasthénique ; seulement il
occupe un degré inférieur dans l'échelle de la Jégénél'es-
cence. Cette remarque n'a pas échappé il l'observation
profonde de : : \[OI'l'1. « Ces sortes de panophobes cltrotti-
ques et PSclHlo-rél111ttenls, dit-il, ont quelque analogie
avec les névropathes que j'ai décrits sous le nom de déli-
ranls émotifs sans avoir néanmoins les tics ridicules de
ces derniers qui n'osent toucher des pièces de monnaie,
ouvrir une porte, traverser une rue et pour lesquels vou-
loir ct ]>ouvuir sunt clioscs impossibles ». Ici. pourtant.
Morel se trompe : il est possible que l'on n'ait pas cons-
1a1é la crainte des contacts ou l'agoraphobie chez les gé-
misseurs, soit que ces symptômes n'existent pas chez eux
en effet, soit plutôt qu'en raison de leur état mental on
(1) : \loaI : r.. - 1111 ¡\"li ? pnnophohiqllf' tll' : tli,"nl" 1 ? lIliI'III ?
(AnI ! , me ? ps."clz" 1\0\'('1111 ? 1Sit) :
1 ? (11A 110 : \ SI : "I I : LLI : lL\ : \S LLS PS1'CIIOP.111111;5 .1\\I1 : 1'S1 : S i; ! )
ne puisse aisément les constater, mais on observe chez
eux de nombreux phénomènes de même ordre, il com-
mencer par l'aboulie dont leur angoisse n'est parfois,
comme chez notre malade, que l'exagération poussée aux
dernières limites, et à continuer par les mouvements
stéréotypés de défense et. les exclamations monotones
(le l'on jurai ion l101lt ils sont ('outumirl's el que : \lorl'l lui-
même enregistre chez plusieurs de ses malades.
El, il ce propos, ce n'est pas sansétonnemcnt que nous
avons lu, dans l'intéressant rapport de M. Deny au Con-
grès de Pau sur les démences vesaniqncs.qnc Morel don-
nait de ces phénomènes une interprétation fantaisiste, el
qu'en réalité les phrases stéréotypées des gémisseurs
sont dépourvues de signification et caractérisent un état
démentiel. Une méconnaissance aussi flagrante du rôle
des idées obsédantes et des phénomènes moteurs systé-
malisés dans les syndromes vesamques ne peut provenir
que d'une sorte de monoïdéisme engendré par celle hyp-
notisante doctrine, d'après laquelle la démence est par-
tout et absorbe toutes les psychoses dont l'autonomie
disparaît dans son vaste sein (au fond duquel, aurait dit
Voltaire, il y a un allemand) ; doctrine simpliste, assu-
rément. maïs d'une psychologie un peu superficielle el
dont au surplus l'opportunisme parait singulièrement
contestable, alors qu'elle choisit pour dresser sa synthèse
confuse et laborieuse en face de la paralysie générale, le.
moment où l'édifice de cette dernière s'écroule et où elle
tend il reprendre une place modeste parmi les simples
syndromes !
lllss. 1\'. Antécédents névropalhiques ; choc mental ; mé-
lancolie, panophohie, coufllion lI1enlalt', automatisme, anxiété
continue avec excitation sexuelle. '
Jl..., l'I·mme .1..., 4l an, o·l arlmiae le 1 juin 1903. Lo eul
1 t'¡bl'igïwmplIl quc IlOUS a) OIlS SIII' sa j'alnille l'st quc SOl1 Pl'I'C
serait mort dans un accès de (¡èn'f ! chaude, E ! lc-mèmc a l'P1'OIl"<'-
à partir de 1 (j ails une dyspepsie tenace avec accidents neurasthé-
niques qui n'a cédé qu'au bout de plusieurs années. A 25 ans
elle va à Paris comme cuisinière et y resfe jusqu'à 36 ans, épo-
que de son mariage. Elle conduit à bien une grossesse et allaite
sans accidents. Habituellement bien portante et réglée régulière-
ment. Elle habile la campagne depuis son mariage.
Il y a quinze jours, elle éprouve un grand «saisissement à la
90 CLINIQUE MENTALE
suite d'une discussion avec une voisine ; ce souvenir l'obsède et
l'inquiète ; elle tombe peu à peu dans une profonde apathie, avec
tristesse, indifférence à ce qui l'entoure et refus d'aliments. Une
semaine après, elle manifeste des idées mélancoliques, des scru-
1)\\le, de l'agitation anxieuse et des impulsions au suicide : elle
initia nuit dans le but de se nover ; l'insomnie est complète, elle
a dans les membres des agitations motrices continuelles. Puis
-elle se lamente, a peur de mourir ou de voir mourir son mari.
L'agitation el l'angoisse deviennent incoercibles et nécessitent
son placement à l'Asile.
A l'enlréu, on constate une anxiété panophobique et (1111ul'
avec désorienlation complète, traitsfiges dans l'expression delà
terreur la plus profonde, gémissements, cris, mouvements auto-
matiques de défense et de fuile.
Un unis après, l'agitation a diminué, mais l'état anxieux per-
siste, la malade émet quelques idées d'humilité, d'indignité et de
craintes de la mort, la conscience continue à être profondément
troublée ; elle a contracté un tic consistant en des mouvements
de flexion et d'extension des jambes et des pieds qui frottent con-
linue ! lcl11entses dl'aps dans un mouvemenfrv thmique de pédale.
Le 20 juillet, on l't'mal'que qllc la 111 a la(lc 1 icnl consta m men t St'S
mains sur ses parties génitales el qu'elle se livre à des frictions
énergiques inlra-vulvaires. Le regard est profondément obtus, les
traits toujours anxieux, la bouche à demi-ouverte. Celte crise
d'excitation génitale avec masturbation dure plusieurs jours et
se renouvelle à plusieurs reprises dans les semaines suivantes.
En novembre, l'étal confusionnel s'est, encore accentué. Une
angoisse dilrue purement organique persiste avec paroxysmes
accompagnés de frictions énergiques et continues des parties gé-
nitafes, même à travers les vêlements. Elle succombe le 2G dé-
cembre à une gastro-entérite aiguë d'origine grippale sans modi-
ficationde l'état mental.
Si l'on néglige les phénomènes d'oblusion el de. confu-
sion mentale qui existent chez cette malade, elle se rap-
proche considérablement de la mélancolie des gétnisscurs
dont elle a l'anxiété intense et continue, l'attitude spé-
ciale elles tics spasmodiques ; elle n'en diffère que par l'
une altération plus profonde de la conscience personnelle
et par des allures moins bruyantes. C'est un de ces cas
de transition aussi communs, pourrait-on dire, que les
cas purs qui répondent de point en point aux descrip-
tions classiques. L'excitation sexuelle s'y présente d'a-
bord sous une forme épisodique et intermittente, avec ma-
noeuvres onanisliques appropriées, puis il semble que le
EXCITATION SI : \1 ELLE 11VXS LES PSl'CHOP.1'l'IIII : S ANXIEUSES 91
gesle provoqué par celte excitation particulière devienne
peu à peu automatique et ne soit plus finalement que
l'expression systématisée de l'angoisse diffuse sous l'em-
pire de laquelle vit la malade. C'est encore un point de
rapprochement de plus avec la 111l,lancolie des g'émiss('ul's
où les gestes stéréotypés sont luu des symptômes essen-
tiels el constants. -
3" Folie polymorphe des dégénérés. C'est dans cette
catégorie peut-être, qu'on trouverait le plus grand nom-
bre de faits du genre de ceux que nous étudions ; l'exci-
tation génitale y est fréquente, quoique, peut-être, plus
éphémère. J'ai vu certaines psychoses dépressives a dé-
lire religieux et anxiété débuter par de véritables accès
de satyriasis ; j'ai vu également un délire d'hypocondrie
systématisé avec anxiété formidable, avoir pour phase
prodromique une crise de nymphomanie. Mais dans la
plupart de ces faits, le rapport des phénomènes anxieux
et génitaux n'est pas toujours facile a mettre en lumière.
C'est pourquoi nous nous bornerons aux observations
suivantes, où il a pu être établi d'une façon indiscutable.
OBS, A'. Héréditaire dégénéré : psychose svsféinalisée de
forme religieuse ; agitation maniaque ; stupeur, pliénnmènescata-
loniques ; accès de rire spasmodiques ; puérilisme mental; ten-
tative de suicide ; crises anxil'lIl'S' ioll'nll' accompagnées d'exci-
tation génilale prolongée. '
IL.. 26 ans, admis le 25 juin 1899. Le père el la mère, vivants,
sont bien portants. La mère parait un peu faible d'esprit. Un
frère unique, âgé de .31 ans. l'sl devenu aliéné depuis l'admission
du malade. Garçon d'aspect normal, sans stigmates somatiqucs
bien IIl'(-; de dég¡"nél'C3(eIlCe, habituellement bien portant, non
alcoolique. Il a toujours manifesté une religiosité exagérée c ! de-
puis sept ou huit mois on s'aperçoit qu'il a l'esprit troublé. De-
puis quatre mois surfout, ces troubles n'ont fait clu'aunlo·nlur :
il s'excite, des mouvements dé-ordonnés, chimie, iiiauifesle un
délire religieux incnlnrnn(.
- 26 juin. Excitation maniaque légère; divagations religieu-
ses incohérentes : « J'ai un signe de Dieu sur la langue... Ce sont
des dorures... Je l'ai pris trop haut avec les hommes... Un homme
qui tournait autour de ma maison m'a dit que j'avais un signe de
Dieu et m'empêchait de sortir. J'ai vu saint Jean. C'est un homme
habillé en chasseur... J'avais le droit d'aller en Paradis un jour,
92 c : r.my t : >o : wr-m,r
Illlli'Jje ne l'ai plus... etc. » Alternatives de dépression mélancoli-
que avec hallucinations terrifiantes; ces crises sont de courte
durée.
20 juin. Délire religieux incohérent ; monologues ; chants ;
mouvements désordonnés comme de'faire l'exercice militaire.
Troubles vaso-moteurs, surtout du côté des membres inférieurs.
M juillet. Elal stuporeux; mutisme; il reste immobile de-
tournées entières, indil1'l'I'I'IlL tout se qui passe autour de lui.
1'l'I'i,lance de la paralysie \a.,o-ll1otl'ice, surfont aux membres
inférieurs. L'examen des urines est négatif.
h s·ptembre 180,1. - IlalriLuellcutenL ahruli,lc regard fixe, les
1 rails liges. Accès de violence subite, quand on veut l'obligera il
faire ce qui ne lui plaît pas. Parle peu et seulement pour deman-
der à s'en aller.
1900, 22 mars. Persistance de l'état stuporeux-. Le malade,
maintenu au lit y demeure inerte, les yeux fermés, ne les ou-
\1',lliI que pour manger : n'exprimant aucune idée et n'ayant,
plus de crises maniaques depuis plusieurs semaines. 1<2 ( a t géné-
ral satisfaisant.
1901, 24 décembre. Depuis la noie précédente alternatives de
stupidité et d'excitation maniaque par courtes crises, parfois quo-
tidiennes : il a des accès de rires spasmodiques et prolongés, ou
répète des heures entières les mêmes paroles, imite la voix d'un
bébé qui jase en palois ; parfois il chaule il fue-tetepnur retomber
ensuite dans son mutisme habituel. Un peu de boufli. lire des
ll'ail',a\ec ]l'gi'l'l' ilililll'ali"l1 des membres; l'examen des urines
1',1 négatif.
1902, avril. Le malade vient de faire une pleurésie double
avec epaucliements séreux abondants avant nécessité trois punc-
1 ion" uccesi \'es, L'état général est devenu mauvais (tuberculose).
Depuis, il esL tombé dans une sorte de mélancolie profonde avec
relus partiel d'aliments el idées de suicide. Il esL perdu ; il de-
demande qu'on le tue, qu'on lui arrache les veux, qu'on lui
coupe le cou. 11 essaie de s'étrangler avec une ticette et on
le transporte au quartier de surveillance continue.
lljaoï't. Pendant la distribution des aliments, l'infirmier
avant eu la sottise de déposer son couteau sur le lit du malade
pour le service, celui-ci s'en empare et soudain se tranche la
gorge au niveau de l'espace thv ro-hyoidien ; le larynx est béant
dans' la pluie, le pharynx est complètement ouvert ; les vaisseaux
et les nerfs ne sont pas inléressés. On fait la trachéotomie, on
liasse par le nez une sonde oesophagienne il demeure et en deux
mois-le malade guérit radicalementde cet effrayant traumatisme,
non sans avoir essayé à de nombreuses reprises d'arracher les
pansements et de déchirer la plaie, l'état mélancolique per-
sistant,
V
EXCll'.n 10 : 01 SEXUELLE DANS LES SL·1'CHUf'.11'HI1 : S' : 1\\Ii : l'51 : 5 93
10 déccnabr·. - l'i·Lal mental s'est modifié depuis quelque-
jours ; à la dépression succède, par crises, un état anxieux des
plus violents : « Il faut lui couper le cou ; sa mère est. morte ; il
est perdu ; il faut l'immoler, le crucifier ; il est l'auteur de tout
tentât qui se fait sur la terre. » Eu même temps se développe
une grande excitation génitale ; tout en gémissant, il demande
à grands cris qu'on lui amène des femmes et se livre à une ma--
lurbulion continue.
°;r <lécembne ? l'Lmlttnt yuinzu ·jom : · mt olutarmicw a 1·I : ·i·lu
en même temps que l'excilalion génitale ; il se liv re finit el jour
a une masturbation le plus souvent d'ailleurs non suivie d'elfel.
cn 1>ntt : ·anL Ile gl'.Irii3SCntE'rlt et cleâ wi de rl3 : u·[loin. l'ar ntn-
menls, il pratique une g Illlra"lique qui consiste à projeter en
a\ant Je ha ? in, tJ'lIlH' ftu;oll 1'lhl1lilllll', comlne 'il e li\l'uil un
cutt, .lusclu'à cc clue, v Loul tlu forccs cl ruisselant dc sm·uo, il
retombe épuisé sur son lit. D'autres fois il exerce, avec ses deux
poings réunis, des maluxalions sur le bas-ventre et les parties
génitales tout en manifestant des idées erotiques ou eu prote-
rant des paroles obscènes.
10. février 1902. L'état anxieux ne s'est pas reproduit depuis
la dernière note el en même temps la masturbai ion a cessé. Le
lalarlu esl Iwlewnu mélancolique avec obfusiou mentale : il
l'ail des extravagances, gale au lit, demande encore à ce qu'on le
lue, manifeste des idées dépressives analogues a celles d'autre-
fois mais sans élal anxieux.
Dans le courant de l'année 1\J03, il a manifesté de nouvelles
crises délirantes ◀tantôt▶ de l'orme maniaque avec désordre des
actes, malpropreté, gâtisme volontaire, ◀tantôt▶ de forme anxieuse
avec gémissements, délire de culpabilité, idées de suicide. L'ex-
ritation génitale et les manoeuvres ell'I'énées de masturbation se
sonl reproduites avec intensité a diverses reprises, notamment
dan- la période qui a précédé la mort qui est survenue le 2G oc-
tohl'e par suite d'un oedème pulmonaire d'origine urémique.
Ce cas appartient à la psychose polymorphe des (légé-
nérés. C'est un héréditaire à déséquilibration mentale
originelle, caractérisée par des tendances mystico-reli-
gieuses aboutissant finalement il la folie confirmée. ( : cl-
le-ci présente les modalités les plus disparates évoluant
sur un fonds mélancolique nettement caractérisé. En. l'es-
pace de près de cinq ans. nous observons une phase de
délire mystico-melancolique avec excitation ; une phase
de stupidité prolongée, des crises de rires spasmodiques,
de puérilisme mental, suivant l'heureuse expression ent-
94 CLINIQUE MENTALE
llluyéc lctr 11. I : . 1)uyr ; une phase de mélaucolie déli-
rante avec impulsion irrésistible au suicide, et enfin des
crises d'anxiété violente avec excitation génésiquc énor-
me, se l'épélanl il diverses reprises et auxquelles une
mort accidentelle vient seulement mettre un terme.
Ce parallélisme parlait de l'anxiété et de l'excitation
libidineuse permet d'y voir quelque chose de plus qu'une
simple coïncidence. D'autre part, les accès de rire spas-
modiques constatés chez ce malade pendant une période
assez longue me semblent appartenir au même mécanis-
me psychologique.
Uss. \'1. - Ili·rérlitairc dégénérée ; choc mental ; puberté dif-
licite ; PS) ClrlN' polymorphe de longue durée au cours de laquelle
éclate de l'anxiété avec excitation sexuelle.
( : ... 1 ! ) ans, admise le 20 juin 1901 appartient il une famille de
dégénérés. Le père parait indemne, mais son frère est mort à 45 ans
d'accidents cérébraux. La mère est névropathe. De leurs six en-
l'titi est mort iiii autre de scrofule, une lille a
eu des convulsions, la malade a eu elle-même des convulsions et
présente des stigmates de dégél'esl'encc. Aseize ans, il la, ue d'un
incendie, elle éprouve une violente émotion, d'où suppression
menstruelle l'1]Jll'nlil'l'e crise de trouble mental de peu de durée
qui disparut sans laisser de traces. Toutefois la menstruation l'l'S-
te irrégulière et l'nlmine des accidents névropalbiques avec dé-
les·ion ly luwllniaync..1 19 uns, ces troubles deviennent l'un-
tinus, l'affectivité s'altère, elle prend ses parents en aversion, de-
vient irritable, munife-le par accès de l'excitation délirante qui
finit par nécessiter son placement il
Depuis bientôt I roi- ans, cette lille présente des accidents llll'n-
lauxd'un PUI)IIlUl'phislIle 1',\ ! l'èll1C : excitation 11lnlliallUea\l'c dl'-
sordre des actes, périodes de stupeur avec phénomènes catatoni-
(jules, crises délirantes à forme l(' 1 i ? i ('Lise, crises mélancoliques
avec délire d'indignité et de clllpahililécl anxiété extrême aoeOIlL-
pagll¡"cs d'ulle 1 ¡''l'i Labie fureur de maslurhal ion.lc loul l'nll'CCOII-
pé de quelques périodes lucides muisaveeulfuiblissement 1res mi-
(leili du niveau mental. Aeluelleiiienl on conslale du délire de
(le
tien semble évoluer vers la démence.
Ici encore l'excitation sexuelle coïncide exactement
avec la crise anxieuse qui est elle-même purement épiso-
dique et peu prolongée. A aucun autre moment le phéno-
mène génital n'a été observé bien que la maladie dure
depuis plusieurs années déjà.
EXCITATION' SEXUlXI.n DANS LES PSYCH01'AlH<t;S : 1\\Il : l'SI : S 95
Les psychoses tlé5néralivcs oui ceci de particulier
ILuc. quand elles ne se terminent pas prématurément par
la démence, elles peuvent se manifester il tous les âges
de la vie sous l'orme d'accès curables, plus ou moins es-
pacés, laissant souvent de longs intervalles de santé psy-
chique. C'est sous le bénéfice de cette notion clinique
vainement niée aujourd'hui que nous donnons l'observa-
tion suivante, qui. malgré la clémence terminale, rentre
de toute évidence dans la folie polymorphe des tlé5éné-
rés.
Otis. Vil. Hérédité vésaniquo ; déséquilibralion mentale
originelle ; deu\ accès antérieurs d'aliénation mentale ; troi-
sième accès il 70 ans ; démence, exeilalalion maniaque, puis dl"-
1" L ? ion mélancolique a\ec délire de négation; crise anxieuse
avec excitation sexuelle intense.
F... ,Jean, 70 ans, culLiwteur, admis le 12 décembre 1882 ; ma-
ri, neuf curants dont deux" seulement sont \ hanLs ; trois morts
en havane, trois morls île phtisie et un mort pendant la guerre
de 1870. Père aliéné.
Les premier* signes de folie se sont manifestés il l'âge de 20
ans, au moment du tirage au sort ; l'accès a été cour ! et ne l'a
pas empêché de faire son ·crv ico militaire. H a eu un second ac-
cès il y a in ! ! L ans. D'un caractère déliant et timide, il aimait la
solitude et ne se livrait à aucun excès.
L'accès actuel s'est développé il y a quelques semaines sans
cause appréciable. 11 a commencé par manifester de l'inquiétude,
accusait ses voisins de lui dérober ses recolles, puis s'exaltant,
peu à peu tomba dans une excitation maniaque qui se traduit,
actuellement par de l'agitation, de l'insomnie, des idées incohé-
rente» de satisfaction et de persécution et des actes désordonnés.
Le calme étant, sunenu au bout de quelques jours, on constate
un notable affaiblissement intellectuel, la perle de la mémoire,
en un mot les signes de la démence sénile ; des élourdisse-
ments, une démarche titubante, conséquence de l'athérome ce-
rébral. 1.
En mars 1883, une phase mélancolique sunienl avcc délire
d'Il) pOl'1J IId J'il' il est bouché, empoisonné, ne peut aller a la
selle. Un \eut le perdre, on l'accuse pour le faire mourir. Par-
lois, il parle du paradis, gémit, voudrait être sauxé. Malgré cela
il mange -es alilllenb a\ec une extrême voracili.
En mai, le délire se complique- d'agitation anxieuse, il ne se
li'\1' plus, commence il refuser les aliments, maigrit, s'imagine
qu'on wall le tuer. qu'on l'accuse d'avoir commis des crimes,
pousse de- nerni-sement- et des cris d'angoisse. Soudain, le '2'2
OU CLINIQUE MUXIALIÎ
mai il se met à se masturber avec une (elle ragé qu'on juge né-
('eail'e de lui li\el' j¡'s IIlaill-, IIleH11'1' qui Il'elllpl'cllC Jla Il'I'L't'-
lion de persister. Au milieu de ses divagation» mélancolique.- il
appelle à grand- cris « sa petite femme » ; veut embrasser tout le
le 11101ldl', 111'¡llirl'Le .It" idt"l'- l'J'<I(iqul' dl' (OUL 1'1'111 ? Cl'lIl'
t'l'i1' dl' ...,tlI'ia ? i dUl'e dell\ joUI'S, .\l'l'i ? quoi le délire anxieux
persiste avec de.- alternatives de rémi ion et de recrudescence
1'1 ¡WU ill'l'U le IIl.dade Louille dalh l'altl'lIli-'elill'lll p( Il' ¡ ? ili-III.'
fiual. CL' l'IlL lu. ,eull' l'l'i-I' d'l'\ciLalillil t ? élliL.tll' ,iU'tll'I'. Loo 1111-
I,«Ic nc ·m;cmnlm yuu plueit·vr.aunut·· llu, (r,l, cu 1W '.I.
Il cst évitlcnL lnc cc cus ri u1l : uUicaL li,ts t la tlé;mmcc
sénile pure et simple, mais rentre légitimement dans le
cadre des vésanies; l'excitation sexuelle, constatée an
cours de l'observation, ne nous semble pas davantage se
rattacher à un processus de congestion des centres ncr-
veux d'origine vasculairc, comme dans les cas ordinaL-
res de démence athéromateuse, où l'excitation génitale
se montre si commune. 11 s'agit, en réalité, d'un pliéno-
nontènc épisodique d'une durée éphémère inlilllemen L
lié à l'explosion de la crise anxieuse, relevant d'un mé-
canisme particulier.
Tels sont les plus intéressants des laits que j'ai obser- "
vés. Bien qu'appartenant il des catégories cliniques dil'-
ierentes. ils ne sont pas sans avoir quelque chose de
commun. 11 y a d'abord l'association des deux symptô-
mes, anxiété et excitation sexuelle. Celle dernière est
un phénomène assez banal dans les maladies mentales ;
. on l'observe souvent dans la période d'invasion, non
seulement des psychoses organiques mais des simples
xésanies. Elle est fréquente dans le cours des folies sys-
tématisées où elle engendre tant et de si singulières
idées délirantes, mais elle n'y joue que le rôle d'un
symptôme accidentel et isolé tandis que dans les obser-
vations précédentes, elle l'ait partie d'un ensemble de
phénomènes systématiques formant un syndrome a indi-
vidualité propre.
Il y a encore la prédisposition. Tous ces malades sont
des héréditaires, e est-a-dire des individus dont le sys-
tème nerveux est frappé d'une déséquilibration originelle
et d'une émotivité maladive. Qu un épuisement momen-
EXCITATION SEXUELLE DANS LES PSYCHOPATHIES ANXIEUSES 97
tané se produise ou que survienne un choc mental, et
voilà les obsessions mobilisées et l'anxiété déclanchéc.
Selon que la tare du système nerveux sera légère ou
grave, l'affection pourra avoir une évolution différente ;
guérir chez les uns. passer chez les autres il l'étal chro-
nique, et chez les troisièmes évoluer plus ou moins rapi-
dement vers la démence.
Enfin il y a encore le lien pathogénique. Il est vrai-
semblable, en clfet, que cette association morbide, anxiété
et excitation génitale, relève, quels que soient les cas
cliniques où on l'observe, d'un mécanisme identique.
La théorie de Freud, qui de l'anxiété la consé-
quence d'une accumulation de la tension génésique. théo-
rie d'ailleurs généralement combattue, ne saurait être
invoquée dans l'espèce. Dans nos observations, en effet.
l'excitation sexuelle se produit, non pas comme phéno-
mène primitif susceptible de jouer le rôle d'agent causal,
mais bien comme manifestation secondaire et subordon-
née. Toujours l'anxiété a précédé l'excitation génitale.
L'expérimentation a démontré qu'il existe, dans le
manteau cérébral, des centres des besoins et des appétits
et en particulier des centres dévolus à l'activité des or-
ganes de la génération (1). Faut-il s'arrêter cette expli-
cation que l'irritation corticale qui produit l'anxiété peut
se propager il ces centres et les mettre en activité ? Mais
l'anxiété est un phénomène psychologique dont le reten-
tissement organique est l'angoisse ; l'excitation du cen-
tre cortical des fonctions sexuelles ne saurait avoir de
retentissement organique que par l'intermédiaire d'un
état psychologique, c'est il dire d'idées érotiques, ce qui
parait singulièrement paradoxal, à moins d'invoquer la
possibilité d'idées subconscientes. Nous avons bien pu
constater chez plusieurs de nos malades que l'excitation
génitale engendrait des pensées érotiques mais nous n'a-
vons à aucun moment remarqué quoi que ce soit qui per-
mette de croire à l'existence du processus inverse. La pa-
nophobie de l'anxieux ne parait d'ailleurs guère favora-
ble il l'éclosion d'idées relatives aux fonctions sexuelles.
Au dessous de l'écorce cérébrale existent une série d'or-
(1) Des centres cérébraux dirigeant l'érection du pénis
et l'activité des testicules {Revue neurologique, 29 lévrier 1904)... ,
Archives, 2' série 1905, l. XIX. 7
08 CLINIQUE MENTALE z
gancs superposés, couches optiques, bulbe, moelle, dans
lesquels existent des centres inférieurs dont l'activité
peut être réveillée d'une façon automatique. Les couches
optiques, en particulier, contiennent des noyaux qui
président à la vaso-motricité, aux mouvements du coeur
et de la respiration, aux sécrétions des glandes, à l'acti-
vité des organes génitaux (1). Nous avons vu précisément
que, dans les états anxieux, toutes ces activités pouvaient
momentanément être réveillées en dehors des stimulants
ordinaires et d'une façon en quelque sorte incoercible.
Mais cet automatisme ne peut exister que par le défaut
ou l'insuffisance des centres modérateurs du manteau
cortical. Or, nous savons que les fonctions intellectuelles
supérieures qui ont pour organe ce même manteau corti-
cal, le jugement, le raisonnement, la conscience, dimi-
nuent d'intensité au sur et il mesure que l'émotivité aug-
mente. « C'est une loi psychologique bien connue, dit M.
rebot, que le connaître et le sentir ne peuvent coexister
avec une égale intensité, que l'état affectif ne peut gran-
dir que si la représentation s'efface (2). » De même, c'est
dans les phases les plus anxieuses des états mélancoli-
ques que le contenu du délire est le plus pauvre, jusqu'à
disparaître presque entièrement, comme chez les pano-
phobes gémisseurs. M. Pierre Janct a bien montré que.
chez les psychasthéniques, les agitations mentales, les
rêveries, le délire en un mot sont non seulement indépen-
dants de l'angoisse physique, mais qu'ils se développent
en antagonisme avec elle. On peut donc en conclure qu'au
paroxysme de l'anxiété, alors que les fonctions intellec-
tuelles supérieures sont presque entièrement suspendues,
l'action inhihitoirc ou frénatrice des centres corticaux,
soit par épuisement, soit par inertie, ne se fait plus suf-
fisamment sentir sur les centres inférieurs et laisse ainsi
le champ libre à leur activité automatique.
Je n'attache d'ailleurs aucune importance à ces essais
d'explication. Ce que je tenais il montrer, c'est la coïnci-
dence de deux phénomènes qui sembleraient devoir s'ex-
clure et qui, signalés dans les états névrohathiqucs, ne
(1) .1. Soury. Le système nerveux central, Paris 1899.
(2) 'l'Il. Robot. - La psychologie des sentiments, ? .' édition, t',LUie
1897.
UN NOUVEAU CAS DE PARALYSIE GENERALE CONJUGALE 99
l'avaient pas encore été explicitement dans les étals psy-
chopalhiques.
RECUEIL DE FAITS
Réflexions sur un cas nouveau de paralysie
générale conjugale d'origine syphilitique.
Par les U" 5. (..\R\IL : It, Médecin en chef Dit'eeteur,
et A. SANTBNOISE, Médecin adjoint de l'asile d'aliénés de Dijon.
Dans les conclusions d'une première note sur la para-
lysie générale conjugale, lue. il y a 14 ans. au congrès de
médecine mentale de Rouen, notre distingué confrère, le
docteur Cullcrrc, de l'Asile de la locltc-sur-1 on, qui a
publié les premiers cas observés en France, déclarait
« qu'en fait de paralysie générale à deux, la syphilis,
tout en étant encore l'hypothèse la plus plausible, était
loin de tout expliquer d'une manière satisfaisante ».
Cette réserve se comprenait en face des trois cas rappor-
Lés pal' 1\1. Cullcrrc. Et, en effet, dans le premier, la syphi-
lis n'était pas. avec certitude, la cause déterminante de
la paralysie générale des deux conjoints ; dans le second,
on n'avait pas constaté, selon le premier médecin trai-
tant, soit chez l'homme, soit chez la femme, d'accident
antérieur de nature suspecte ; et enfin dans le troisième,
la femme, primitivement infectée de syphilis ne devint L
paralytique qu'après que son mari eut déjà manifesté
des symptômes de sclérose médullaire, mais sans trou-
bles mentaux. En commentant son quatrième cas de pa-
ralysie générale conjugale, inséré dans les Archives de
neurologie (1904, no 98), M. Gullcrre posa cette fois net-
tement la syphilis comme l'élément étiologique de la
'paralysie générale des deux conjoints de son observa-
tion, et il put dire : « Je considère ce nouvel exemple
comme militant en faveur de l'origine syphilitique de la
paralysie générale o. Un nouveau cas de paralysie gêné-
100 RECUEIL DE FAITS.
raie conjugale, que nous avons tout récemment ohscrvé.
vient fournir très nettement la démonstration de l' Ol'i-
gine syphilitique de la maladie, ainsi qu'on va le voir.
i\larie 1'..., veuw G..., née à 1...., le 4 décembre 1845, est
entrée à l'Asile d'aliénés de Dijon le Il mai 1904, atteinte de (lé-
mence parah tique à la dernière période. La mère de celle femme,
née Eliennelle IL ? a ulé traitée elle-même il rétablissement,
du 15 février 189G au 1 hseplembre 1897, et esl sortie légère-
ment améliorée d'un accès aigu de folie sénile, avec idées de
persécution eL d'empoisonnement, niais elle esl décédée peu de
lumps après. Le neveu de cette dernière, et par conséquent le
cousin germain maternel de Marie B.... avait été lui aussi traité
il l'établissement, du 4 septembre au 29 novembre ¡\J02, dalo de
son dl'ci ? par suite d'attaques épileptiformes. Il était atteint de
pal'alysie gl;nél'olle il fOl'l11e expani\l', a\ec les igncs solnaliques
l'l )l ? chiquc habituels il celle maladie. 11 avait contrarié la
syphilis au régiment, puisqu .on dire il avait eu la couronne
de Ycnus (sic), domine il était 'dans la [\\° année de son âge lors
de son entrée il l'asile, on pouvait laire remonter l'infection
sy pllililiyuu a une douzaine d'années auparavant.
Du côté (les antécédents personnels do Mario n..., antérieurs à
son mariage avec 6 .... nous tic rien, sinon qu'après avoir
mené une vie un lieu irrégulière, elle s'était mariée le 28 jan-
\il ? 1894. i l'âge de 4(J Elle avait épousé le nommé G..... ' '
Ù ? é alors de 3;j an, pUiqllï1 était né le G septembre 1859. Celui-
ci, après un ait do cohabitation, vécut avec sa femme 1'11 111au-
labe intelligence, aussi le divorce fut-il prononcé en 189li, aux
loris du mari qui, en février 1902, fut interné lui-même Ù l'Asile
d'aliénés. Ace moment, G... qui passait pour avoir habituelle-
ment fréquenté des filles du main aise lie, présentait indubila-
blement tous les signes d'une paralysie générale, acc excitation
maniaque aiuu. Lm : yail l'ul yneLiunW sur l'existence d'une
svpbilis dans ses antécédents, il déclara avoir ou la roséole (sic),
de sorte que la vérole nlail Uut à l'ail certaine. Il mourut 8 jours
après son hospilali-alion, par suile d'une congestion cérébrale,
Gel individu était lils unique d'un père qui avait également ulu
séquestré à rétablissement, à l'âge de 72 ans, du 1'2 février au 11-
mars 1897, IaLe de sa mort par ramollissement cérébral. (Jetait
a son entrée un dément sénile, avec excitation maniaque inler
cu rre u te.
A partir du mariage que l'on sait, avec un homme de 14 ans
moins âge yu'elle, Jlaric B..., qui ne paraît pas avoir été jamais
malade jusque-là (renseignements émanant d'un lroche parent
médecin), 111'l"l'nla, en août il à sou reloue d'une saison à
1 \ C4S \OT;V1;4U DE PARALYSIE GÉNÉRALE CONJUGALE 101
Luxeuit, une éruption généralisée, sauf à la face et aux mains,
ne s'accompagnant ni de démangeaisons, ni de douleurs, ce qui
fit présumer déjà au parent qui l'observait, qu'il s;agissait d'une
éruption syphilitique (roséole). L'année suivante, elle reçut les
soins do JI. le docteur P...., de Dijon, qui, en présence d'une
nouvelle poussée cutanée, porta sans hésiter le diagnostic de
svphilides papuleuses, et prescrivit aussitôt un traitement spéci-
fique que la malade refusa toutefois de suivre, disant qu'on vou-
lait l'empoisonner.
Le rapprochement de la date des premiers accidents avérés de
'.\phiiis (roséole de 1896), a\ec celle du mariage. (28 janvier 1\1'1),
semble assez démonstratif d'une syphilis récente et acquise pen-
dant le mariage. Il est, d'autre part, d'autant plus admissible que
le mari a été l'agent primitif de contamination, que lui-même,
de son propre aveu, avait élé, comme on l'a vu, préalablement
iufecte, et il ne peut pas être douteux qu'étant donné un mari de : 1; ans et une femme de 49 an, ce n'est pas la femme qui a dû
apporter la maladie dans la communauté.
A l'entrée de Marie B..., on con-tata chez elle les phénomènes
suivants : embarras l''\LI'('nu' de la parole, all'l""il' des pupilles,
tremblement de la langue, dill1cull(; de locomotion, affaiblisse-
ment considérable de la.mémoire, inconscience du temps écoulé,
tendance à se déshabiller constamment, du gâtisme, l'cu altrèc,
on fut obligé de l'alimenter il la sonde, à cause de la paralysie du
pharynx, et elle bredouillait d'une façon inintelligible. Bienlùl.
ou dut l'aliter, car elle ne pouvait se tenir assise dans un fau-
teuil, et elfe vécut de la sorte moins d'un mois, étant morte le
1 juiu, par suite de connestion cérébrale. L'autopsie ne. put ette
pratiquée, en raison de l'opposition de la famille, opposition qui,
d'ailleurs, s'était déjà produite pour les trois parents décédés an-
lérieuremeul il l'asile.
L'observation ci-dessus nous a paru d'autant plus in-
téressante qu'elle est. au point de vue étiologique.' plus
complète que la plupart des observations de paralysie
générale conjugale publiées, et permet de donner une
solution déjà meilleure aux questions que soulève le fait
de cette même maladie survenant successivement chez
deux conjoints,
Tout d'abord, il ne peut pas être discutable qu'une
double prédisposition avait, chez les époux G. B..., pré-
paré le. terrain il l'éclosion des accidents paralytiques,
attendu que, du côté du mari, on trouvait son père, dé-
ment sénile, mort il l'asile de ramollissement cérébral,
102 RECUEIL DE FAITS.
et que, du côté de la femme, non seulement Sa mère,
quoique décédée il son domicile, avait versé do son côté
dans la démence, mais encore un cousin germain mater-
nel avait succombé dans notre établissement, par suite
de paralysie générale confirmée. Ce dernier fait n'indi-
que-t-il pas d'ailleurs, d'une façon déjà claire, chez les
membres de celte famille, la tendance de leur cerveau il
faire de la paralysie générale, parce que la syphilis était
entrée enjeu ? -
La marche de l'infection syphilitique, déjà mise en
relief dans l'observation, mérite encore qu'on s'y arrête,
en raison de ce que les accidents initiaux ont certaine-
ment débuté chez le mari. Et, eu effet. G ? a été le pre-
mier infecté. puisqu après son mariage avec Marie 13 ?
celle-ci présentait des accidents secondaires dès 189û.
c'est-à-dire 2 ans environ après. La différence chronolo-
gique dans la contamination originollo s'est d'ailleurs
également retrouvée dans l'évolution morbide des acci-
dents cérébraux, puisque le mari mourut paralytique un
peu plus de deux ans avant que sa femme ne succombât t
par suite de la môme affection. Chez les deux malades,
on peut au moins approximativement, évaluer à une di-
zaine d'années l'intervalle qui a séparé l'accident syphi-
litique initial de l'apparition des symptômes mentaux.
Rappelons ici, cet égard, que chez le cousin paralytique
de Marie B..., on vit les accidents do paralysie générale
débuter une douzaine d'années après l'infection syphiliti-
que.
11 y· a en outre, dans ce fait d'une paralysie générale
évoluant successivement chez deux époux, autre chose
qu'une coïncidence fortuite, et la vulnérabilité particu-
lière de leur système nerveux nous parait d'autant plus
admissible que la prédisposition était évidente chez tous
les deux. Il semblerait même que l'aptitude de son cer-
veau il contracter la paralysie générale était, chez la
femme, presque fatale. Néanmoins, cette prédisposition
seule, toute intense quelle ait pu so révéler, n'aurait
sans doute pas suffi il faire naître, en l'absence de syphi-
lis, une paralysie, générale chez Marie 13.... car nous ob-
servons que son frère, dont nous ignorons il est vrai
l'Age exact, mais qui est certainement voisin de celui de
UN CAS NOUVEAU DE PARALYSIE GÉNÉRALE CONJUGALE 103
sa soeur, n'a jusqu'à présent offert, dans sa mentalité, lo
moindre symptôme suspect ; et cependant ce frère, père
de famille, entrepreneur ayant brassé des affaires, a dû
avoir son système nerveux bien plus surmené que sa
sieur qui a toujours eu une vie monotone, indemne de
toulo tension cérébrale.
haut-il, pour expliquer cette paralysie générale chez
nos deux époux, faire intervenir, il l'exemple do quel-
ques auteurs (Morel-Lavallee, etc.) l'influence élective
d'un virus syphilitique spécial ? Cette hypothèse, à priori
admissible, ne parait pas devoir être retenue ici, pas
plus d'ailleurs qu'une similitude d'habitudes pour les
excès vénériens (Bail), car rien ne vient confirmer ni in-
mer la première hypothèse, et la seconde est d'autant
plus il rejeter que les époux ont fort peu vécu ensem-
ble.
Sans vouloir maintenant insister sur la richesse étio-
logiquc de notro observation, il nous sera cependant
bien permis de faire observer que c'est une véritable
bonne fortune d'avoir pu recueillir ainsi, dans le môme
asile public, l'histoire pathologique de deux conjoints
. paralytiques, do leurs ascendants et collatéraux, alors
que les observations publiées jusqu'à ce jour manquent
précisément, en général, do tels détails sur l'hérédité
des sujets atteints de paralysie générale conjugale.
Ainsi que nous l'avons fait observer au début de ces
lignes, c'est le Dr cq1lleilo qui a, le premier en France,
attiré l'attention sur les faits de paralysie générale con-
jugale, au congrès aliénisle de Rouen, en 1890. Mais déjà
Ludwig Acker (AU. Zeitschrift sur Psych. 1887) et Men-
del (AU. Zeitschrift sur Ps5·c11, 1888) avaient rapporté
des observations do paralysie générale chez des conjoints
infectés de syphilis. Depuis, les faits se sont multipliés,
tant il l'étranger qu en France. Dans les, thèses d'Evrard
(Paris 1894), d'Ingelrans (Psiis, 1807) et de Creté (Paris,
1899), se trouvent rapportées les observations connues
et la bibliographie qui a trait il la question de la paraly-
sie générale conjugale, dont le total des cas était, d'après
Cullerre, (Archives de Neurologie, 1904, Il° 98) d'une
quarantaine environ. L'observation nouvelle cpie nous
venons de l'apporter ne peut qu'ajouter a cette moisson
104 - RECUEIL DE FAITS.
de faits spéciaux, un cas particulièrement documenté au
point de vue étiologique.
Epilepsie, délire alcoolique, mélancolie, tentative
de suicide. et paralysie générale chez le fils
d'une mère alcoolisée, d'un père suicidé, lui-
même étant syphilitique et alcoolique.
par lk ])' Simoun
(Asile clinique. Service de l'Admission.)
Un des faits les plus propres à montrer que les éludes
cliniques ne sont pas restées en psychiatrie plus stéri-
les que dans les autres parties de la médecine, nous pa-
rait être la possibilité de reconnaître, chez un même ma-
lade. la coexistence de plusieurs affections mentales dif-
férentes et de préciser ce qui revient it chacune d'elles
des divers symptômes morbides, tant sont en effet net-
tement déterminés les signes qui leur sont propres. Ce
n'est pas d'aujourd'hui d'ailleurs que les alienistcs ap-
pellent l'attention sur des combinaisons de ce genre et
la façon de les analyser. M. Magnan en particulier a
montré le haut intérêt de ces l'aits, et toute une leçon de
sa 2'' série des « Centres nerveux » est consacrée aux
multiples variétés que la pratique courante fait rencon-
trer. L'observation que nous rapportons ici est du même
ordre. '
Cit. 1\..., esl un homme de 4 ! ans, encore solide, assez rigou-
reusement bâti. C'est le lils d'une franchiseur, merle pa-
ralysée il fi0 ans qui aurait eu des habitudes de boisson assez
prononcées ; pl d'un père qui s'est pendu au moment de la
Commune par peur d'être fusillé. Ch. ]l...., avait 3 frères :
deux sont morts : l'un, d'une tumeur dans la gorge ? ), l'autre la-
]J('l'culeu\ : ; le troisième enfin, l'aîné de tous, est actuel-
lement âgé de 4u ans ; il a toujours été de caractère emporté,
mais il n'a jamais présenté d'accidents nerveux, ni de troubles
mentaux proprement dits.
Nous manquons de renseignements précis sur l'enfance même
de notre malade. Nous avons pu «avoir cependant qu'il n'avait
I : PILT'PSII', DÉLIRE ALCOOLIQUE, MÉLANCOLIE, ETC. 103
jamais eu beaucoup d'instruction ; il n'a jamais su très bien lire ;
il sait tout juste tracer son nom ; mais ce défaut parait en réalité
tenir moins aune incapacité dosa part qu'aux conditions mê-
mes dans lesquelles il fui élevé : n'es ! allé il l'école d'ail-
leurs que jusqu'à 9 ans. EL dans son métier au contraire il était
orfèvre il était considéré comme un des ouvriers les plus
adroits, recherché par les meilleures maisons, il était arrivé aux \
(dus hautes payes.
1J1\ l'àge de].') ans apparaissaient cependant déjà chez lui des
(roubles nerveux qui, d'après les renseignements que nous avons
pu recueillir se présentaient delà façon suivante : c'étaient des
crises qu'il sentait venir à du tremblement ; il pâlissait alors
cl lomhait ; il se Llessait parloi et o c1C·battail, grinyant clo·
dents, faisant de grands mouvements, devant être maintenu par
plusieurs personnes. Quelquefois ces crises s'accompagnaient de
morsure de la langue ; plus rarement d'incontinence d'urine. Le
malade eu aurait toujours ignoré le contenu. De 15 à 2j ans elles
étaient fréquentes au point que « tout le monde » savait qu'il
tombait ainsi. Mais par la suile (vers 30 ans) elles auraient cessé
à peu près complètement : son lils se les rappelle à peine ; et
depuis le malade n'en aurait présenté qu'une dizaine. En même
temps qu'ils devenaient plus rares, ces accidents auraient aussi
changé de caractère : dans ces dernières crises les grands mou-
vements avaient cessé, le malade avait seulement des contractu-
res des mains et ses yeux étaient convulsés.
Nous devons également relever vers celte époque -entre''0
et 21 ans, si nous en croyons le malade, qui ne nous fournit pas
de date bien précise, un chancre de nature syphilitique. Ch, .
1L. a un clfet él soi ? nù pour lui t l'ltùpilal du \Iicli har cle· fric-
tiousal'ongnenf gris ; et plus lard se sont développées des pla-
(mes muqueuses, ont éclaté des céphalées, qu'un traitement in-
duré a fait disparaître. Sauf un lils bien perlant, dedans, qui
lui reste, l;h. LL. a eu U'ailleurs d'un mariage contracté l'année
consécutive à celle infection, quatre autres enfants tous morts en
bas-âge, el sa femme a fait en outre une fausse couche ; mai,
peut-être, il est- vrai, faut-il tenir compte, pour.l'interprétalion
de ces faits qu'elle-même mourut assez jeune de tuberculose pul-
monaire.
Le malade avait d'autre part déjà à celte époque des habitudes
d'intempérance, abusait surtout du in, et les jours de fête « se
grisait » dit-il « de tout ce qui se présentait ».
C'est sous l'influence de libations de ce genre que se manifesta
pour la première fuis avec évidence chez lui, la tendance au
suicide que nous retrouverons plus lard. 11 y a 8 ans à peu près,
il se promenait avec un ménage, il avait bu, t'ami avec qui il
était parut lui reprocher de faire la cour à sa femme : c'élail à la
100 RECUEIL DE FAITS.
gare de Courccllcs ; brusquement il s'élança pour so précipitée
sous le train qui arrivait, il fut heurté par une portière et pro-
jeté : outre une plaio il. la tète, lésions internes, hématurie, trois
semaines de lit.
Il se remariait deux ans après environ ; el depuis car sa fa-
mille rattache naturellement tous ses troubles ultérieurs il ce
traumatisme crânien on lui connaît des idées de jalousie et de
persécution, accompagnées décolères \Îolenlo8, Il disait que sa
femme le trompait avec n'importe qui et il l'accablait de gros-
sièretés. Il portail constamment un revolver sur lui, ayant tou-
jours présente l'idée de la trouver avec quelqu'un et du leur faire
leur affaire tous deux. Il remarquait les alléos et venues de
personnages imaginaires qu'il épiait dans l'escalier. Il lirait des
coups do rovolver par la cheminée. 11 croyait qu'on lui riait au
nez. Il avait, disait-il, rencontré sa tcmmeavoc tel ou tel. 11 per-
dait souvent toute uno journée de travail à rester sous une fe-
nêtre il la guetter. Devant ses menaces, sa femme, qui se con-
duisait bien, a~dû plusieurs fois se\sauver chez sa mère et 11na-
lement a pris le parti dote quitter. Il y a ans qu'on ne sait l
plus où elle esl. -
Après ce départ, ses idées et ses interprétations délirantes n'ont
pas cessé. Il ne pensait d'abord qu'à se venger d'elle. Il voyait
toujours les frères do celle-ci qui le poursuivaient en bande pour
lui faire un mauvais parti. Toujours dos raisons aussi à ce sujet
dans les ateliers où il travaillait. Toujours croyait-il quelqu'un
qui lui en voulait. Et entre temps, il ne parlait que d'en finir.
Depuis dix ans, il était toujours sombre, en proie continuelle-
ment il des idéos noires. Il y a 4 ans encore on l'a retenu quand
il allait se jeter par la fenêtre.
Depuis 3 ans, la veuve d'un de ses parents a partagé son exis-
tence. C'a été avec elle de nouvelles idées de persécution, de
nouvelles scènes de jalousie et de violence. 11 prétendait qu'un
complot était dirigé contre lui, auquel celle femme était associée
pour le voler. Il croyait parfois entendre des bruits de baiser. Il
la frappait, puis implorait son pardon en pleurant. Et constam-
ment des idées de suicide revenaient dans sa conversai ion ;
« toutes les heures», dit celle-ci. 11 parlait sans cesse de hier sa
maîtresse, puis de se tuer après. Celle-ci a dû le quitter lt son
tour il y a un an.
Mais déjà commençaient à se montrer d'autres phénomènes
morbides. Il y a 8ans, il n'avait fait encore, comme orfèvre, que
trois maisons seulement; Après le départ dosa seconde femme,
il était resté assez longtemps sans travail. Puis, sous l'influence
de ses idées do persécution ses places devinront plus instables, il
changeait plus souvent. Cependant son travail lui-même n'en
souffrait pas, restait aussi bienj'ail que par le passée ! ses jour-
ÉPILEPSIE, DÉLIRE ALCOOLIQT'E, MELANCOLIE, ETC. 107
nées élaienL autant pavées. On répugnait à l'employer parce que
par intervalles ses à-coups subits de violence effrayaient. Mais
un s'y décidait cependant, parce qu'il restait malgré fout un des
meilleurs ouv riers de sa partie.
Depuis un an, un an et demi à peu près au contraire, c'est uno
baisse progressive de ses facultés. Son travail est de plus en plus
imparfait, et l'unacommela courbe de celte décadence dans ses
prix do journée qui diminuent : de (2 il tombe à 10, puis au-des-
sous encore, n'arrivant plus à gagner que trois francs par jour.
EL l'on ne lui confie plus le même ouvrage qu'autrefois, on ne
lui donne pas les oeuvres délicates, ses mains et son attention en
seraient désormais incapables, il est maladroit, il ne peut plus
faire do travail fin, ni fixer longtemps le même objet, il s'énerve
facilement, on ne lui donne plus que les besognes les plus gros-
sières, celles qui demandent le moins de soin. Depuis quelques
semaines enfin tout Lr'll\aillui élaiL de\I)l1u impossible. Peu ins-
truit déjà, il devient incapable de comprendre ce qu'il lit.Sa mé-
moire également baisse et s'égare : il oublie quelquefois jusqu'au
nom du patron qui l'emploie, et il part de chez lui pour aller tra-
vailler à 9 It. du soir. Il perd de l'argent. Dans ses périodes de
calme, où sa tristesse habituelle cède, un souriro niais apparaît
sur ses lèvres, qu'on ne lui connaissait pas. Enfin depuis un an
sa pal'ole s'l'll1ha'l l'assu eL do\ Ít'nL maintenant par instants presque
lI1a151S$Illll'.
C'est dans cet état, après cette histoire morbide déjà si longue,
qu'il arrive à l'asile. On trouve nettement chez lui à l'examen
trois groupes différents de symptômes.
11 ne témoigne plus que d'une activité Intellectuelle restreinte.
Son orientation est défectueuse. Il ignore l'époque de l'année où
nous sommes et celle-ci, répond sans hésitation à ce sujet « mars
18S3 » ou uno autre fois « 1881 » cL en élanL vlors incapable de
dil'o ll' moi, Sa 1l1¡"moil'e ne lui pCl'nH'L pas (le J'oumi ! ' un l'éeil
macL tle ca v iu anLûrieure. II n'esLtlue vaôuemenL conscient de sa
situation, se rend peu compte du changement qui s'est, opéré on
lni. ll eaiL crltmulanLtln'il ne peuL (Uus Lravailler eL accvse mOme
quelque découragement..Mais peu après son visage s'éclaire pas-
¡¡g¡'J'('ll1enL d'une satisfaction caractéristique. On est frappé d'au-
tre part d'une hésitation delà parole constante, que les mots
d'épreuve exagèrent, mais notable déjà au cours de la conversa-
lion. Les pupilles sont déformées et inégales, la pupille gauche
plus grande; les réactions lumineuses sont très faibles et très
lentes. Relevons enfin une exagération des réflexes rotuliens.
A côté de ces troubles, le malade accuse d'autre part des peurs
nocturnes, des cauchemars, de mauvaises choses ;it il croit
tomber dans des précipices ; il entend des fusillades, il se voit
blessé. Il se réveille en sursaut, couvert de sueur. Il des fram-
108 RECUEIL DE FAITS.
]les dans les membres inférieurs, des élourdissemenls fréquents.
Ses mains étendues présentent un tremblement rapide a petites
oscillations verticales.
Enlin, à côté de tout cela surnagent encore des idées délirantes,
un fond mélancolique de tristesse, de découragement, tl'irnpuis-
sance, avec surtout tendance conslante au suicide puisque Ch. IL
a encore tenté tout récemment a se brûler la cervelle. Plusieurs
fois d'ailleurs il exprime ce même désir devant nous. Les idées de
persécution persistent également, bien qu'actuellement confuses.
1lIt's onl provoqué son internement : lui-même s'est rendu au-
près d'un agenl, demandant protection contre des personnages
qui, \oLillieilL 1'uitil)oi,,oiiiiei-. Elles se manifestent encore
parties réflexions comme celles-ci : « 11 ne me manque que voire
confiance. On a l'air de dire que je suis exigeant pour la nourri-
1 t Il'1'. Ji
Comment donc comprendre cet ensemble de troubles
morbides. La manière même dont nous les axons expo-
sés, pour plus de clarté, le montre déjà. Cet affaiblisse-
ment global de toutes les facultés, qui domine actuelle-
ment la scène, qui s'est établi lentement, progressive-
ment, au point que le début en remonte il un an déjà,
sinon plus ; et les signes physiques qui l'accompagnent,
embarras de la parole et troubles pupillaires. indiquent
suffisamment que nous avons à faire à une paralysie gé-
nérale en pleine évolution. Les troubles sensoriels péni-
bles que nous observons la nuit chez notre malade, et le
tremblement des mains qu'il présente, témoignent d'au-
tre part des habitudes alcooliques que lui-même d'ailleurs
avoue. Sa dépression, ses conceptions délirantes tristes,
son penchant toujours présent au suicide ne sont qu'une
expression de la prédisposition aux troubles mentaux
que le récit de son existence nous montre qu'il a toujours
présentée, et traduisent le terrain de déséquilibration
dont il a hérité.
Nous voyons donc qu'il existe chez Ch. Il ? une co-
existence et une association de trois étals pathologiques
différents : un fond constitutionnel, que l'alcoolisme de
la mère n'est pas seul à expliquer, qui s'est manifesté
autrefois par de l'épilepsie,puis des idées de persécution,
mais qui affectaient le plus souvent la forme mélancoli-
que, avec réaction et suicide, dont le malade héritait
directement de son père ; des accidents alcooliques, éga-
ÉP1Ll : PSI1 : ¡ DÉLIRE 1LCOOLIQII ? MÉLANCOLIE, L'IC. 109
lement d'origine ancienne ; et enfin, sur celte double
base, vésaniquo et d'intoxication, s'est développée plus
récemment, il la faveur de l'infection syphilitique dont
notre malade a été victime dans sa jeunesse, une troisiè-
me affection, la paralysie générale, de date plus récente.
mais qui dès maintenant commence à prendre une im-
portance prédominante.
Et ce n'est pas la un tableau schématique. Sans doute
la subdivision des phénomènes est moins nette au pre-
mier abord que nous l'avons présenté. Mais c'est qu'il y
a naturellement, et selon la règle commune à tous les cas
de ce genre, une influence réciproque des actions morbi-
des qui s'exercent ainsi simultanément chez le même in-
dividu. Dans notre cas. en particulier, il est assez aisé de
relever des phénomènes de ce genre. Ainsi, c'est à la fa-
veur d'un appoint alcoolique que le malade a manifesté
pour la première fois nettement cette tendance au suicide
dont il apportait le germe en naissant et qui s'est repro-
duite tant de fois chez lui. Puis, de même qu'ils viennent
probablement de hâter son placement, ses excès alcooli-
ques ont certainement été aussi pour beaucoup dans les
exacerbations de ses idées délirantes do persécution et
de jalousie, et même dans la forme de celles-ci. Les ma-
nifestations vésaniques ont été modifiées par l'alcoolis-
mie, selon les règles habituelles iL l'intoxication par l'al-
cool, agent d'éclosion, d'entretien et d'aggravation.
Mais il son tour, raffaiblisscmentinlellcctucl dont s'ac-
compagne la paralysie générale, est venu les marquer de
son empreinte. Elles n'ont pas seulement perdu de leur
activité d'autrefois, mais tandis qu'elles présentaient an-
térieurement une tenue logique qui portait la conviction,
malgré leur fausseté, dans l'esprit des personnes à qui le
malade les confiait, elles ne se bornent plus depuis quel-
que temps, nous dit son frère, des répétitions et
presque à des radotages. Ce retentissement des troubles
morbides les uns sur les autres n'est cependant pas.
comme nous l'avons vu, suffisant pour en empêcher l'a-
nalyse, et il est relativement aisé d'attribuer à chaque
cause pathogène : hérédité, intoxication, syphilis, qui
ont successivement intervenu, les différents désordres
dont elles sont responsables.
110 ASILES D'ALIÉNÉS.
Au reste, l'évolution même se charge de préciser en-
core cette dissociation, cette indépendance. Si ces divers-
symptômes se présentent pèle-mêle dans l'histoire et il
l'entrée même du malade, chevauchant les uns sur les au-
tres, c'est qu'aussi bien nous le voyons à une époque où
les trois ordres de causes dont nous avons parlé sont éga-
lement agissantes. Mais le régime d'abstinence de l'asile
atténue vite les accidents alcooliques ; les nuits devien-
nent rapidement plus calmes, ne sont plus troublées par
les hallucinations pénibles habituelles. Cependant, le
fond mélancolique, le premier en date, persiste et appa-
raît par intervalles : « ne va pas... j'aime mieux en
finir avec la vie... tuez-moi donc tout de suite... Est-il be-
soin de dire que l'affaiblissement intellectuel, que les trou-
bles de la parole et pupillairos restent les mêmes que les
premiers jours ?
Ainsi, troubles délirants avec idées répétées de suicide
liés il un terrain de déséquilibration mentale d'origine
héréditaire, accidents alcooliques, paralysie générale il
laquelle la syphilis n'est sans doute pas étrangère, coe-
xistent chez notre malade, et s'y laissent assez aisément
distinguer, reconnaissant tout à la fois une pathogénie
des caractères, une évolution et par suite, un pronostic
particuliers. Des faits de ce genre sont fréquents dans la
pratique psychiatrique,mais on ne saurait trop y revenir
et insister sur leur importance, car leur connaissance
jette la lumière la plus vive sur ces tout complexes que
sont les malades et est indispensable pour les compren-
dre. \
ASILES D'ALIENES
Personnel médical des Asiles d'Aliénés.
Par le D' E. COULONJOU.
Ancien chef de Clinique à la Faculté de Médecine,
Médecin-adjoint des Asiles publics.
Les médecins d'asiles recevaient, il y a quelques jours,
une circulaire de M. llourllevillc, dans laquelle ils étaient
PERSONNEL MÉDICAL DES ASILES D'ALIÉNÉS. 111
priés de fournir certains renseignements sur la popula-
tion, les mouvements, les personnels médical et secon-
daire, la situation des enfants idiots et épileptiques. de
leur établissement. Notre éminent maître, toujours obsti-
nément soucieux de l'amélioration du sort des aliénés et
aussi de ceux qui les soignent, ajoutait que « chargé par
M. lo Ministre de l'Intérieur, pour le Conseil supérieur de
l'Assistance publique, d'un rapport surlopersonnel médi-
cal des Asiles », il désirait surtout qu'on lui fit savoir : 1°
si ce personnel est suffisant ou non ; 2° dans quelles pro-
portions il conviendrait de l'augmente]' ; 3° quelles modi-
. fications seraient il apporter dans le recrutement des in-
ternes.
J'ai d'abord cru que c'était par erreur qu'un exemplaire
de cette circulaire m'était adressé; je ne suis, en effet,
qu'adjoint, et nul n'ignore que l'usage veut, après les rè-
glements, que les médecins-adjoints des Asiles ne soient
jamais consultés sur les affaires do leur profession ; ils
sont toujours des apprentis spéciaux, sans fonctions dé-
terminées, comme sans droits ; l'adjuvat ressemble à une
sorte de stage toléré par les chefs, parfois subi ; il n'y a
jamais lieu de demander un avis il des fonctionnaires sans
rôle. Mais l'arrivée de cette circulaire n'est pas acciden-
telle ; Bourneville a voulu déroger à la règle et consulter
aussi les adjoints. Nous serons extrêmement sensibles iL
ce procède nouveau, et je crois pouvoir affirmer à l'a-
vance que le savant rapporteur trouvera dans le bloc des
réponses, des indications précieuses.
Un premier fait ne manquera pas de le frapper ; c'est
que, dans les réponses il sa première question, les avis
ne seront pas unanimes. Tl se trouvera des médecins d'a-
siles publics qui écriront : « Oui, le personnel médical est
suffisant dans les Asiles. » Et cela leur évitera la peine
de formuler d'autres réponses aux deux questions sui-
vantes.
Le Ministre qui a bien voulu s'intéresser enfin il r a-
normale organisation médicale des Asiles d'aliénés, sera
nécessairement informé que l'état actuel n'est point si
défectueux qu'on veut bien le dire, puisqu'un certain
nombre de médecins estiment que tout est pour le mieux
dans le meilleur des mondes. Alors, que voulez-vous ? IL
11 asiles d'aliénés.
adviendra, de ce nouvel essai de justes et urgentes re-
vendications, ce qu'il advient de toutes les réclamations
'de collectivités qui ne sont pas unanimes. On décrétera
l'utilité d'élaborer et d'étudier un projet... Peut-être nom-
nrcra-t-on une Commission ? Nous savons ce que cela
veut dire. -
La seconde constatation que pourra faire Hourneville.
sera que la plupart des réponses des directeurs-médecins
ne parleront en aucune façon de l'utilisation possible des
médecins-adjoints actuels. Or, si les profanes, lorsqu'ils
entendent dire que tel Asile occupe un directeur-méde-
cin et un adjoint, par exemple, croient que cela l'ait deux
médecins, nous savons bien, nous, que cela fait, pour les
malades, un seul médecin ; nous le démontrerons plus
loin une fois de plus. Eh bien ! Quoique les aliénistes les
plus autorisés persistent il réclamer depuis longtemps
un plus grand nombre de médecins, tout en attribuant
un rôle actif aux adjoints actuels, il se trouve que cer-
tains directeurs-médecins estiment qu'il y a un nombre
suffisant d'aliénistes dans les asiles, tout en persistant L il
refuser un rôle quelconque aux adjoints.
Grâce à ces dissidences graves sur le principe même de
la question, principe que tout le monde pouvait croire
depuis longtemps indiscutable, le rapporteur se trou-
vera, après l'enquête, en présence de contradictions es-
sentielles : Tel médecin en chef, non directeur, n'ayant
donc aucune besogne administrative, quoique secondé
par un adjoint et deux internes pour 600 malades, trou-
vera le personnel insuffisant ; tel directeur-médecin,
surchargé de travail de bureau, ayant à soigner avec un
adjoint sans fondions et un seul interne, 800 ou 900 ma-
lades. estimera qu'il peut suffire à tout. Je sais bien
que, dans l'espèce, l'opinion de M. llourneville est faite,
et que l'opinion d'un homme tel que lui a plus de valeur
elle seule que celles, réunies, de tous les retardataires
des Asiles ; tout de même, je crains fort que les réformes
attendues n'aient à subir de longs retards du fait de ces
divergences de vues, auxquelles nous ne nous attendions
pas. Il nous paraissait si bien démontré que les aliénés
étaient les hospitalisés les moins favorisés au point de
vue du personnel médical ! et d'autre part, nous étions si
PERSONNEL MEDICAL DES ASILES D'ALIENES. 113
convaincus quc le concours des asiles nous donnerait le
droit de faire de la clinique mentale !
Sans doute, je paraîtrai quelque peu frondeur, peut-
être même très audacieux, d'avoir écrit ceci. Il règne
encore, dans certains de nos Asiles, un esprit de,liiérar-
chie toute militaire, acquis évidemment par l'habitude
ancienne de traiter les aliénés en bloc avec la discipline,
esprit qui nous dénie, à nous les jeunes, les apprentis,
tout droit de mettre le nez dans les affaires. J'entendais
dire, tout récemment, à un frais promu directeur-méde-
cin : « Franchement, je ne sais plus dans quel siècle nous
vivons ! Les adjoints d'aujourd'hui veulent être les maî-
tres ; croyez-vous qu'ils demandent un service ! pourquoi
pas une direction tout de suite ? Est-ce que nous n'avons
pas attendu, nous autres, 8 ou 10 ans ? » On voit donc que
je ne puis trop élever la voix; supposez que je tombe un
jour sous la coupe d'un chef aussi bienveillant ! Nos aînés
sont passés par que n'y passons-nous aussi !
Mais, tout en affirmant mon respect absolu de la hié-
rarchie, mes sentiments de très haute déférence envers
mes chefs, jonc crois blesser personne en rappelant quel-
ques-unes de nos revendications ; et l'enquête que fait en
ce moment M. ]3oilpiieville, étant donné ce que je sais de-
voir contenir certaines réponses, m'incite il signaler ce
que nous pensons tous d'une organisation hospitalière
qui ne répond plus du tout aux idées, aux desiderata du
jour. '
Une question se pose avant tout : Veut-on, oui ou non,
élever résolument les aliénés a la dignité de malades ? De
la réponse dépend toute l'organisation des Asiles. Si
c'est : Non ! que l'on démolisse bien vite tous les établis-
sements actuels, qui ont trop de tendances à devenir des
hôpitaux, et que l'on revienne aux prisons de force d'a-
vant Pinel. Si c'est : Oui ! la conclusion s'impose : (les
malades il faut des médecins ; fournissez des médecins !
Or. nous nageons aujourcl'hui, et depuis 1838 tout au
moins, dans un juste et déplorable milieu. Dans l'opinion
publique, dans celle même des intellectuels les plus avisés,
mais étrangers aux asiles, depuis longtemps les aliénés
sont des malades et l'on croit qu'ils sont soignés. Combien
de gensémincnts et combien d'esprits simples mais justes
, Archives, 2' série 190 ? t. \)X. 8
114 ASILES D'ALIÉNÉS.
11'tolulcl.lit-on pas, si on disait : Ces aliénés, ces mala-
des, sont enfermés dans 54 asiles publies ; ils sont au nom-
lire dc50.00u environ ; ils ont pour leur donner des soins.
70 médecins ; cela fait que chaque médecin doit soigner,
en moyenne, lui seul : 50.000 : 70 = 715 malades ! Peut-on
espérer faire croire- quelqu'un, fut-il étranger il la mé-
decine, qu'un seul homme peut soigner tous les jours et,
2 fois par jour.715 malades ? VA quand je dis : soigner, il
ne faut pas oublier que la plupart des médecins d'Asiles
doivent non seulement traiter leurs aliénés, les formes
mentales, les maladies incidentes, les affections chirur-
gicales, les épidémies, etc., mais encore les administrer,
les faire manger, les vêtir, les chauffer, etc.,et, de ce fait,
équilibrer un budget annuel de 300 à 4U0.OJ0 francs. La
vie quotidienne, diurne et nocturne, d'un homme, peut-
elle y suffire ? ' ?
Qu'arrive-t-il alors ? Deux cas peuvent se présenter :
ou bien le médecin, amoureux de son métier, aliénisle
dans l'âme, veut malgré tout faire de la clinique et, trai-
ter ses pensionnaires ; ou bien, hélas ! incessamment L
préoccupé, depuis des années, de maintenir l'équilibre de
son budget, de faire cadrer les crédits, de réaliser des
économies sur les prix de journées, afin de mériter des
éloges du Conseil général, obligé de consacrer tous ses
loisirs à un travail de comptable, il devient administra-
leur,et, fatalement, ne voit plus dans ses fous que dcsbou-
cllcs à nourrir.
Dans le premier cas, laissant à ses bureaux les gros
soucis administratifs, il interroge ses malades, les suit,
l'ail delà thérapeutique ; mais, comme, pour s'intéresser
il 715 malades par jour, il ne pourrait, en travaillant 1 : 2
heures, leur consacrer qu'une minute à chacun, il est
obligé de faire un choix, d'en laisser beaucoup de coté ;
il suit les plus intéressants, les cas aigus en général ; si-
tôt qu'une affection mentale prend des allures de chroni-
cité, ou plus simplement sitôt que le certificat de quin-
zaine est fait, le malade est envoyé dans un quartier, où
l'on ne s'occupera guère de lui que pour écrire ses bulle-
tins de santé ; les médecins les plus actifs, en travaillant
énormément, ne peuvent traiter valablement qu'une cen-
taine d'aliénés. Que l'on songe aux interrogatoires inter-
PERSONNEL MÉDICAL DES ASILES D'ALIENES. 115
minables, qu'il faudrait le plus souvent répéter tous les
jours, aux examens physiques, aux analyses de labora-
toire, aux soins spéciaux, sans parler des autopsies et
de l'anatomie pathologique devenue indispensable ; et
que le médecin qui s'offrira à traiter plus de 100 aliénés
par jour veuille bien lever la main !
Dans le second cas, c'est plus simple ; la visite com-
mence a heures et finit à 10 h. 1/2 : les aliénés sont ran-
gés dans les cours ou les salles de réunion ; le médecin
défile sous leurs regards, demande par-ci par-la aux
plus récents si « ça va bien » examine les vêtements, les
sabots, s'assied à la petite table, contrôle les additions
des régimes et passe à un autre quartier.
L'infirmerie seule l'arrête quelques instants : là sont
en général les entrants sur lesquels il faut fournir deux
certificats en quinze jours, et les malades ; il est indispen-
sable d'interroger les uns et d'ausculter les autres ; ce
travail retient le médecin-directeur assez longtemps par-
fois pour que la besogne administrative du matin en souf-
fre et ce n'est pas sans maugréer qu'il se voit obligé de
perdre une 1/2 heure à l'infirmerie.
Il est regrettable de constater que celte dernière façon-
d'opérer soit la plus générale dans les asiles où les fonc-
tions sont réunies. Et n'est-ce pas fatal ? On sait que le
directeur-médecin, bien que nommé par le ministre, est
l'agent du conseil général, qui entretient les aliénés. Or,
les conseillers généraux sont évidemment toujours d'ex-
cellents hommes ; ils sont extrêmement compatissants et
savent bien que l'aliéné est un malade à soigner ; ils le
désirent ainsi et, sans doute, si cela ne dépendait que
d'eux, ils donneraient autant de médecins que de mala-
des ; mais, voilà ! ils sont élus, et élus par des contribua-
bles qui trouvent toujours que les impôts sont exagérés ;
les électeurs pensent déjà que les fous coûtent bien' cher.
300 ou 400.000 francs ; que feraient-ils si le conseil géné-
ral s'avisait de les imposer encore pour améliorer le sort
de ces gens-là, que beaucoup estiment trop luxueusement
traités ? Vous verriez cela aux élections prochaines !
Alors on n'est pas de bronze, on serre les cordons de la
bourse, on a toujours au contraire des tendances à bais-
ser le prix de journée ; et le directeur-médecin qui par-
110 ASILES D'ALIÉNÉS.
vient, par ses économies, à permettre cet abaissement,
est chaudement et publiquement félicité en séance, au
mois d'août. Comment voulez-vous qu'un directeur-mé-
decin tant soit peu timoré, parce que désireux de conser-
ver son poste dans l'asile de son choix, ne finisse pas par
se dire : « Soigner les aliénés, quel beau rêve ! mais il
faudrait que le conseil général m'en donnai les moyens.
Or. si jeles réclame, on mêles refusera et on me blâmera ;
si, au contraire, par une administration bien comprise, je
fais des économies, j'aurai des éloges. Et en somme, les
fous sont bien fous, n'est-ce pas ? ».
, Alors, insensiblement, il en arrive à se convaincre lui-
même qu'il n'est pas possible de guérir les aliénés, parce
qu'il n'en voit jamais guérir ; il ne se dit pas que si un
certain nombre avait reçu des soins assidus et précoces,
ils auraient pu s'améliorer. Et c'est ainsi qu'en prenant
la cause pour l'effet, il finit par affirmer de bonne foi que
les asiles sont très bien organisés et due le personnel est
suffisant ! Il ne saurait faire d'autre réponse il Bourne-
ville, puisqu'il a toujours dit, dans ses rapports dithy-
rambiques à son conseil général, due tout était parfait.-
Donc, il est avéré, pour les raisons principales et suffi-
santes rappelées plus haut, que le personnel médical des
asiles, réduit aux directeurs-médecins ou aux médecins
en chef, est soit insuffisant, soit il peu près négatif. Ne pas
convenir de cette vérité, c'est nier tout progrès, toute
science mentale. Mais, peuvent dire les profanes, que
faites-vous donc des médecins-adjoints ? C'est ici que
nous allons apprécier toutes les saveurs de l'administra-
tion que les peuples ont pu nous envier.
La loi de 1838, qui décréta la construction d'asiles dé-
partementaux, parla de tout ce qu'il iallaitcrécr pour soi-
gner les aliénés, sauf des médecins. Sans doute, il n'était
pas venu à l'esprit du législateur due l'un put organiser
des asiles de traitement sans médecins, et il n'en fixa ni
le nombre, ni le mode de recrutement. Les premiers alié-
nistcs furent improvisés; puis on s'habitua il réserver
les places de médecins d'asiles il des hommes politiques,
vaguement médecins. Survint le règlement de 1857 ; pas
plus que la loi de 1538, il ne prévoit la mode de recrute-
ment des médecins, il n'en fixe que le nombre : un méde-
PERSONNEL MÉDICAL DES ASILES n'ALIÉNÉS. 117
cin en chef, directeur ou non, et un adjoint. C'est sur ce
règlement que nous vivons toujours ; et. chose admirable,
bien que, depuis 1857, la science mentale ait fait des pas
de géants, bien que le recrutement des médecins ait été
complètement modifié, par l'institution de concours de
plus en plus difficiles, nous sommes toujours régis par un
règlement dans lequel le médecin a un rôle tout-il-fait ef-
face, le directeur administratif est tout. Je n'insiste pas
sur les bizarreries de ce monument ; on en connaît le ca-
. raetère vexatoire pour le médecin en chef non directeur,
auquel il ne laisse aucune initiative, aucune autorité ; sa
critique a fait l'objet de nombreux travaux, et Marandon
de Montycl a pu dire de lui : a ..... l'étonnant règlement
de 1857 depuis 40 ans opprime les aliénistes. entrave tout
effort scientifique, et cmnêche toute thérapeutique. C'est
il lui que nous devons la presque totalité du stock consi-
dérable de chroniques qui encombrent nos asiles ; il est
la cause unique du discrédit dans lequel est tombée chez
nous la division des services médical et administratif
Ce néfaste règlement impose au médecin en chef une si-
tuation intolérable et inacceptable... » (Revue de Psy-
clzyatrie, 1898, p. 58.)
Or, si le règlement de lys57 institue le médecin-adjoint,
il lui donne un rôle bien modeste (art. gag et 70).
L'adjoint est un aide du chef, son remplaçant en cas
d'absence ; il est chargé d'assurer l'exécution de ses
prescriptions ( ! ) et la rédaction des observations, qui, ne
l'oublions pas, sont l'a;uvrc du médecin en chef (art. Ci) ;
il fait la contre-visite ; et c'est tout.
A la rigueur, nous pouvons comprendre qu'à l'époque
où ce règlement fut élaboré, force était de considérer le
médecin-adjoint comme un apprenti, absolument igno-
rant des choses de la psychiatrie. Les postes étaient don-
nés, non seulement sans concours, niais aussi sans qu'il
fut nécessaire d'avoir jamais vu un aliéné. Il faut se rappe-
ler due la médecine mentale, encore à ses débuts, parais-
sait si ingrate, que nul ne songeait à se spécialiser; il n'y
avait même pas d'enseignement psychiatrique. Malgré les
efforts de quelques rares aliénistes. las travaux de Lasègue.
on ne croyait pas encore que l'étude de la folie put cons-
tiluer une branche différenciée de la clinique médicale.
118 asiles d'aliénés.
Les jeunes docteurs qui acceptaient un poste d'asile en-
traient dans un inonde nouveau, où rien encore à cette
époque ne rappelait, ni les méthodes d'investigation, ni
la thérapeutique qu'ils venaient d'apprendre ; d'où la né-
cessité de leur demander un stage. Pouvait-on exiger
d'un stagiaire, encore étudiant en somme, autre chose
que la surveillance des prescriptions du chef ? Ce recru-
tement des adjoints, assez semblable à celui des internes
de province actuels, resta soumis ainsi il la seule fantai-
sie des chefs ou des préfets, pendant 30 ans. On finit par
reconnaître les. abus d'un pareil système, qui devenait
incapable de fournir a une science définitivement consti-
tuée, un personnel suffisant : un arrêté du 18 juillet jass
institua un concours d'admissibilité aux emplois de mé-
decins-adjoints des asiles publics (1) ; ce concours était
régional, à raison de un par faculté, il fut dès lors néces-
saire, pour s'y présenter, d'avoir fait un stage psychia-
trique, comme interne d'asile, pendant au moins un an.
Enfin, un nouvel arrêté, le 7 mars 1900, transforma les
concours régionaux en un concours unique, à Paris.
Ainsi, tous les médecins-adjoints actuels ont été nom-
més à la suite d'un concours ; on sait,d'autrc part, que le
programme de ce concours, ne comporte guère que des
matières spéciales (neurologie et psychiatrie) ; une épreu-
ve, toute récente, consiste en une composition écrite sur
l'organisation des asiles et sur la législation des aliénés ;
il y a deux épreuves de clinique mentale, et une sur ti-
tres, où il est tenu le plus grand compte des travaux spé-
ciaux antérieurs. Grâce au choix qui résulte d'une pa-
reille sélection, n'est-il pas évident que les élus offrent L
certaines garanties de connaissances en aliénation men-
tale ? '
Eh bien ! malgré les différences profondes entre le re-
crutement du personnel adjoint d'aujourd'hui et celui de
1857, on n'a pas changé un iota au règlement de 1857 ;
nous sommes traités exactement de la môme façon. On a
accumulé les difficultés d'admission,en exigeant que nous
(1) Ce concours l'uL institué à la suite d'unevigourcuse campagne
du 1), l3otn°nevillc 3ui avait et obtenu le rétablissement du
concours pour les médecins de et pour l'internai des asiles
de la Seine.
PERSONNEL MÉDICAL DES ASILES 0' -\.LIL;Nlis. 119
fussions déjà des spécialistes, et on a continué il nous
considérer dans les asiles comme des apprentis sans au-
cun rôle. Que dis-je ? Alors qu'en 1875, en 1880,- on était
nommé médecin en chef au boutde 3 à 5 ans, aujourtl'hui
il faut rester dans le plus complet désoeuvrement pendant
9 ou 10 ans ! Que signifie donc le concours ?
Donc, il se trouve déjeunes docteurs qui, après un sta-
ge d'internat d'asiles de 3 ou 4 ans, préparent pendant 2,
3 ou 4 ans, un concours très spécial et très ardu, des-
tiné il leur donner le titre de médecins d'asiles ; ils sont L
nommés; ils débarquent, pleins d'enthousiasme et de zèle
clinique, dans un asile, persuadés qu'un vaste champ d'ex-
périences et d'activité va leur être ouvert. Le lendemain
de leur arrivée, ils demandent à leur directeur-médecin
quelles seront leurs occupations, et celui-ci leur dit :
« Monsieur, si cela peut vous intéresser, vous suivrez ma
visite, mais je n'ai rien de spécial à vous confier. » Ou
bien : « Monsieur, vous aurez : 1° à suivre ma visite et
écrire mes prescriptions ; 2° il vous promener dans le ?
quartiers le soir à telle heure, et à me rendre compte de
ce qui s'y passe ; 3° il tenir les registres de la loi. » Et si,
étonnés, les nouveaux adjoints proposent de partager la
besogne clinique. en se consacrant à certains malades :
« Quoi des malades ! Mais, monsieur, je nerveux pas vous
en donner des malades ! Ne savez-vous pas que j'ai seul
charge d'eux, que je dois les connaître, faire leurs certifi-
catis. etc. ? Vous n'avez aucune fonction. » Et cela est vrai ;
et le nouveau plein de zèle petit adjoint, qui avait cru met-
tre en pratique toutes les choses si intéressantes dont il
s'était bourré, est bien obligé de ne rien faire, de suivre
une visite à la ci colonel » et de rengainer, étouffer, oublier
les pathologies qu'il ne peut transformer en cliniques, par
suite de l'absence de malades. Cela dure 9 ans, 10 ans.
toute la belle jeunesse, tout le temps de l'ardeur et de l'il-
lusion généreuse ; et après 10 ans, lorsqu'il est nommé
1 f n'est-ce 1)is que soit tppientiss.-ige a-tirt été" fi-tic-
chef, n'est-ce pas que son apprentissage aura été fruc-
tueux ! Alors il en aura, des malades ; il en .aura 715 ! et
aussi un médecin-adjoint dont il ne pourra se servir.
Le stage du médecin-adjoint étant ainsi un longtemps
absolument perdu pour l'assistance des aliénés, on
pourrait croire que. du moins, il lui sert d'apprentissage
120 ASILES D'ALIÉNÉS.
administratif, et que l'adjoint puise dans la fréquenta-
tion- de son chef, d'utiles leçons budgétaires ? Nous con-
venons que, de ce côté, il aurait besoin d'acquérir une
expérience, puisqu'il est destiné aussi à devenir cliree-
teur. Hélas ! les secrets des bureaux lui sont plus fermés
encore que ceux des malades. Je ne connais pas encore
un directeur qui invite son -adjoint à cuisiner sescré-
dils,-à dresser son rapport (1), il faire ses adjudications.
Il y a des commissions de surveillance, aux séances (les-
quelles il sérail très fructueux d'assister pour un futur
directeur : je n'oublierai jamais l'expression de mépris
due je vis rider le visage d'un directeur-médecin auquel
je demandais si je ne pourrais, en curieux, assister aux
séances mensuelles : « Vous n'y songez pas. me dit-il,les
séances sont secrètes (2) ! « Il y a les intérims annuels
d'un mois; mais, avant de partir, le Directeur a toujours
soin de tout régler à l'avance, et, par charité, d'aplanir l'
toutes les difficultés de gestion qui se pourraient offrir. Il
semble que la divulgation de la cuisine administrative il
l'adjoint soit la trahison d'un secret d'Etal. Voilà comment t
l'adjoint apprend la seule chose qui ne lui soit point fa-
171111t'l'C, l'administration !
Il faut être juste : si les médecins-adjoints sont systé-
matiquement écartés de toutes les affaires de l'asile ; s'ils
sont obligés de perdre 10 ans il suivre des visites qui
n'ont le plus souvent de médicales que le nom, ce n'est
pas la faute de leurs directeurs-médecins. En centrali-
sant tous les services, en contraignant les chefs il faire
tous les certificats, tous les bulletins.' toutes les obser-
vations, à diriger tous les bureaux, la loi a empêché. sans
en prévoir les conséquences, toute division du service. Le
directeur-médecin étant le seul connu du Préfet, du pro-
cureur, de la commission de surveillance et des familles,
est aussi le seul responsable : d'où, la nécessité pour lui
de tout voir, l'impossibilité de céder une parcelle quel-
conque de ses attributions. Il faut qu'il puisse à tout mo-
ment faire un rapport, un bulletin de santé, une prescrip-
(1) Si, il y en a quelques-uns, entre antres \I\I. les 1>" Girnud [de
SI-l'on), .
(2) Il v aurait intérêt à modifier le Hi'g-11'IHI'I11 tilt sens favo-
l'a1>le (I3.)
PERSONNEL MI' : DICL DES ASILES D'ADHXHS. 121
lion donner il qui de droit des nouvelles de ses 715 alié-
nés. Il faut surtout que l'assiette des budgets qu'il a édi-
fiés ne puisse être il tout moment compromise par des
ordonnances exagérées, des dépenses imprévues, chose
qui se produirait fréquemment si les adjoints avaient une
partie du service.
On comprend que le juste souci de mener il bien leur
mission les rende aussi insensibles à nos doléances ; je
suis persuadé qu'aucune autre considération ne les guide,
lorsque certains d'entre eux nous refusent la moindre
initiative, et quêtons seraient enchantés d'avoir des col-
laborateurs. Aussi bien sont-ils excusables : il n'y a dans
toutes ces questions qu'un responsable, c'est notre mu-
raille de Chine, le règlement de 1857.
Eh bien ! et ceci devrait être l'unanime réponse il la
deuxième question de ]3oiiineville, le seul remède con-
siste dans la refonte complète de ce monument suranné et
irrationnel .Ce serait si simple ! Car il ne faut pas ou-
blier que le règlement de 1857 n'est pas une loi. et que
le ministre peut toujours le remplacer par un autre, en
harmonie avec les nécessités d'une science qui n'existait
pas alors.
N'cst-il pas incroyable qu'après la campagne en faveur
des aliénés si brillamment menée depuis plus de 15 ans
par tout ce que la France compte d'aliénistes de valeur,
qu'après les projets et les études des Bourneviile. des Du-
bief, des Sérieux, des Marandon de llont3'el, etc., etc....
on ne soit pas encore parvenu à démontrer au ministre
l'urgence de traiter honnêtement les aliénés ? Ah ! oui.
nous connaissons l'objection : les conseils généraux !
C'est la pierre d'achoppement, c'est l'argument vain-
queur ! Jamais, dit-on, on ne décidera les conseils géné-
raux à voter les crédits nécessaires à la solde des méde-
cins. Quel piètre argument ! Et. combien on est obligé de
douter de sa sincérité ! D'abord, en admettant que les
conseils généraux refusent des fonds pour créer des mé-
decins, cela n'empêcherait pas d'occuper les adjoints ac-
tuels ; cela ne coulerait pas un sou de plus de nous don-
ner un service ; nous ne demandons pas de. solde sup-
plémentaire, nous voudrions travailler ; avec cela, qu'on
nous appelle adjoints, chefs, internes ou directeurs. nous
122 asiles d'aliénés.
n'en avons C«t·CCt nous contentons du traitement actuel.
Cette simple modification au règlement, qui nous donne-
rait quelques malades et la signature, sans alourdir les bud-
gets d'asiles d'un centime, donnerait 45 médecin Lle plus.
Mais, il y a plus, et nous prétendons que si, par suite
d'une organisation d'assistance bien comprise, les alié-
nés pouvaient être traités sérieusement, il y aurait beau-
coup plus de guérisons ; d'où, beaucoup plus de sorties,
beaucoup moins de chroniques anourrir jusqu'à leur belle
mort, et une énorme réduction de dépenses. Cela est si
vrai, que. si l'on vent bien jeter un coup d'oeil sur les ré-
sultats obtenus en Allemague,< ! al1s les cliniques psychia-
triques, où passent la plupart des aliénés , on trouve :
il, Strasbourg, dans la clinique du Professeur Fuerts-
ner 65 % de guérisons : à Halle, chez le Prof. Hitzig. 70
% de guérisons ; à Heidelberg. chez Kroepelin. 75 % de
guérisons ; à Leipsig, chez Flechsig, jusqu'à 82 % de gué-
risons. (Bémond. Les cliniques psychiatriques en Alle-
magne et à Toulouse, 189S, édition restreinte à 25 exem-
plaires. Toulouse). Mais, on Allemagne, on soigne les
aliénés : les médecins foisonnent dans les cliniques, et
c'est avec un sourire de pitié méprisante qu'ils vous ac-
cueillent lorsqu'on leur parle de l'organisation française.
Je n'oublierai de ma vie la description enthousiaste que
me faisait mon maître Rémond (de Metz) il son retour
d'un voyage d'études clans les cliniques allemandes, en
]80S : il en revint illuminé, mais combien attristé delà
comparaison avec notre pays ! Il en rapportait des plans,
qu'il a publiés (op. cit. plus haut) et des chiffres. Tandis
que nous continuons il héberger nos fous dans des gar-
tleries,il1'aison de 715 par médecin, les Allemands n'ont
jamais plus de 80 à 100 malades chacun, et ils les soi-
gnent dans des hôpitaux, ([ni n'ont rien il envier aux plus
récents de nos hôpitaux parisiens. Résultat : de 05 il 82
% de guérisons.
Quelles que soient les objections financières que l'on
puisse faire à un projet semblable en France, il n'est pas
moins vrai que si-nous obtenions celte proportion de sor-
ties des asiles, on aurait beau quintupler le nombre des
médecins, cela sérail moins cher que de transformer en
chroniques tous les entrants.
PERSONNEL MÉDICAL DES ASILES D'ALJHNHS. 123
Alors, que vient-on nous parler d'obstruction du côté
des conseillers généraux ? A-t-on jamais dit, à ces dis-
pensateurs des deniers départementaux, que si les alié-
nés recevaient d'autres soins, ils feraient, eux, d'autres
économies ? Resteraient-ils insensibles il cet argument
scientifique ? Enfin, si, malgré tout, ils ne se laissaient
pas convaincre, ne resterai t-ils pas au gouvernement
la faculté de proposer une loi tendant à les y obliger ? ' !
On l'a fait en 1838, pour la création des asiles.
Il faudra bien qu'on arrive a démontrer ces choses en
haut lieu ; un jour viendra où, ministre, conseil supé-
rieur de l'assistance publique, députés et conseillers gé-
néraux, illuminés par l'évidence, ne voudront plus que
la France reste bien loin en arrière dans le mouvement
qui a déjà transformé tant d'autres nations. Ce jour-là.
nous finirons de nous payer de mots, et nous serons in-
dignés, en regardant en arrière, de constater que 100 ans
après Pince, notre pays ne possédait encore que des gar-
deries de fous. Alors, nous verrons que si le progrès est
lcl.t, les qualités de solidarité et de générosité de notre
race ne se sont point perdues : d'un seul élan, le jour où
ils sauront qu'avec des soins on peut guérir les fous, les
contribuables français, fussent-ils conseillers généraux,
consentiront avec joie il consacrer quelques deniers il
l'organisation de leur assistance. A la place de nos « ca-
sernes - asiles prisons » actuels, où les prix de jour-
nées dcO fr. 90 centimes défendent à la science d'entrer,
on verra se dresser des établissements de cures, dcs hô-
pitaux. dans lesquels exerceront des médecins. Ce sera
le premier pas sérieux vers l'émancipation du fou, qui
reste toujours l'être à pari, le paria, parce qu'il ne gué-
rit jamais, et qu'on le cache comme un misérable encom-
brant et onéreux. La réforme de la loi surannée de
1838 s'en suivra nécessairement ; car il ne sera plus in-
diqué de craindre des séquestrations, le jour où le fou,
guérissable, sera considéré comme un malade, et pourra,
dans certains cas, venir demander lui-même à se faire
traiter. Et nous ne verrons plus sourire les confrères
d'Outre-llillin, lorsque nous nous entretiendrions avec eux
des questions d'assistance des aliénés.
En attendant, que les pouvoirs sachent bien qu'il y a.
124 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
dans les asiles actuels, à côté de directeurs-médecins sur-
chargés de besognes extra-médicales et cependant seuls
autorisés il soigner les fous, qu'il y a, dis-je, une petite
phalange de docteurs tout à fait spécialisés, et contraints
de ne rien faire pendant 10 ans. Que le ministre entende
dire que ces 45 aliénistes-adjoints demandent en vain des
occupations que 'le règlement leur refuse, et qu'il suf-
firait d'une ordonnance de lui pour qu'il put leur être
confié un rôle auquel ils se sont longuement préparés ;
que cette innovation ne grèverait en aucune façon le bud-
get des asiles et qu'enfin elle serait le premier pas néces-
saire vers une assistance plus médicale des aliénés.
Nous comptons sur AI. Bourneviile pour le leur l'uirc
entendre. -
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE
PATHOLOGIQUES
XVIII. Des fibres d'association de la couche finement
grenue de l'écorce du cervelet ; par L. Pousskpe. (Weurol.
Ceatrolbl., ttlll, 1904.)
llamon y Cajalasignafettans la couche finement grenue en
question des libres qui, provenant de cellules de la couche sou*
jacente arrivent en se divisant a la surface de l'écorce. Les cel-
lules de la couche grenue, petites, ont un gros noyau ainsi que
trois à quatre prolongements proloplasmiques dont les extreuli-
fos e <Iiis.nL à l'instr cluhi·L lè L'oi·oau. · lJn oulre, lil Cecl-
terew, chaque cellule granuleuse envoie à la couche finement
grenue un neurile dépourvu de collatérales; j'ai pu le suivre
dans son trajet, vertical jusqu'à la région superficielle de celle
couche ».
;\1. Poussèpe, après avoir détruit le lobule du pneumogastri-
que, a constaté dans la circonvolution cérébelleuse voisine la dé-
générescence des libres d'association ; les libres dégénérées se di-
rigent d'abord dans la substance blanche ; leurs prolongements
arrivent ensuite dans la couche grenue, finalement, la dégéné-
rescence atteint les prolongements cylindrwilus des cellules de
la couche grenue. Ces prolongements c limlravilus,luni·In.nl dans
la couche finement grenue, en formant une rangée de fihl'l'" pa-
ralli·lcs (li;urcs). p, ! \1 : ¡nnL.
REVUE D'ANATOMIE Er DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 125
XIX. Les vrais centres du mouvement; parA. Adamkievvicz.
(Xeurolog. Centralblatt, XXH1, l'JU4.)
L'animal privéde son écorce cérébrale conserve le mécanisme
brut de tous <<es mouvements, mais il en perd l'initiative men-
tale. L'écorce du cerveau n'est donc pas le centre de la motitite,
elle est le centre de l'idée et de la volonté.
D'expériences commencées en 1900, et qui viennent d'être ter-
minées d'une façon satisfaisante, 1 auteur publie les principaux
résultats abrégés.
Le cervelet est 1 organe principal du mouvement, comme le
cerveau est celui des tondions mentales. De même que la des-
Il'ueLion de l'écorce fait disparaître les fonctions psvehiques »an-
altérer la mécanique du mouvement, de même l'altération du
cervelet supprime la nfulilité sans troubler le travail mental. De
même que l'écorce du cerveau se compose de territoires à fonc-
tions psychiques distinctes, de même la substance du cervelet
comprend des localités séparées affectées chacune à des mouve-
ments particuliers de l'ensemble de la fonction motrice. La sur-
face du cerveau comporte une localisation des fonctions psychi-
ques ; celle du cervelet admet une localisation des fonctions mo-
tricea.
Le cervelet contient les centres de l'ensemble des mouvements
du corps soumis a la volonté : tète, tronc, membres. Ces centres
ne sont pas seulement séparés localement ; ils ont aussi leur po-
sition iixe, nettement organisée. Ils occupent le même côté que
les groupes de muscles qu'ils animent. Les muscles des membres
ont dans le cervelet trois sortes de centres. Chaque membre anté-
rieur et chaque membre postérieur possède son centre propre;
les deux membres antérieurs et les deux membres postérieurs
possèdent chacun le sien; les quatre extrémités ensemble ont, en
outre un centre commun. Les quatre membres sont donc repré-
sentes dans le cervelet par sept centres moteurs.
Un mémoire détaillé est en préparation. P. KElU\'AL.
XX. L'état des fibres nerveuses à myéline dans l'é-
corce du cerveau des épileptiques, notamment dans la
couche d'association externe (zonale) ; par Th. liar s.(Nru-
1'ologisch. Centralblatt, XXI11, 1904.)
L'auteur vérifie d'abord leur manière d'être dans treize cer-
veaux normaux d'individus âgés de 17 à 55 ans. Un y constate le z
plus habituellement (46,4 %) L'orientation parallèle de libres gé-
néralement Unes ; souvent ('24 %), les libres sont bien plus nom-
breuses et même fort touffues ; il n'est pas rare ( ? %) qu'elles
soient longues, épaisses, pour la plupart horizontales, quelques-
unes obliques. Quelquefois, il n'existe pas du tout de libres dans
12ü REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
la portion la plus superficielle de la couche, tandis qu'elles sont
extrêmement abondantes immédiatement au-dessous., Il peut aussi
arriver qu'il n'existe que des traces de libres éparses, mais assez
fournies. ;\1. Kaes enregistre treize dispositions diverses.
Chez le paralytique général, l'absence totale de libres en des
districts entiers se voit dans la moitié des cas (49,9 %). ).
Voici maintenant une allure propre aux épilepliques. La cou-
che externe est d'abord nettement accentuée ; tout il coup, les
libres disparaissent dans la moitié de la hauteur, puis les libres
parallèles redeviennent nettes et abondantes. Cette dernière ban-
de, étroite, se compose de libres bien formées ou de libres a peine
accentuées niais visibles : on en compte de une à cinq, qui bien
souvent sonLvariclucusos(liëurus). Celte disposition, surtout mar-
quée dans la région occipitale deux desliemispheres, se retrouve e
dans la région rolandique, et, par places, dans le lobe frontal. Il
.'a;;iL, en l'espèce, .d'une jeune fille de 25 ans, morte brusquement
dans un accès. L'écorce du cerveau, au niveau de la voûte de la
circonvolution, était, considérablement plus étroite (pie chez
l'homme. L'hémisphère droit était le plus fourni de libres à myé-
line. Elles étaient puissamment développées en maintes régions
des circonvolutions pariétales. La lisière de substance blanche
présentait dans les deu\ hémisphères une largeur extrême inune-
diaLell1l'I1l en avant des fibres de projection, surtout il gauche. Le
coin zonal de la vallée de la circonvolution abondait en liltrcslrt-
1'tlll¡'les irnll1étlialenH'lllauLoul' de l'entaille formée par les circon-
\olulions.Ch ! 'z un upilcplüluo lc 4't ans, mort aussi subitement,
) les coupes sériaires frontales de l'occiput des deuv hémisphères
témoignaient de la même allure. (\'oy, L1¡;;CHTERE\V : (, Fihl'es ex-
ternes d'association ». Archives de Neurologie, 893, t. 25, p. 105.)
I'. 111'sR.\V.1L.
XXI. Critique du mémoire'de Kronthal intitulé : Cellule
nerveuse et psychose; par 1\ ISSL. (Centralúlatt (il}' Ne1'renhl ! il-
Kunde, XX\'lI, N. F. XV, mai 1904.)
1" Il n'est pas vrai que les centres nerveux normaux de l'hom-
me, du chien, du chat et du lapin contiennent des cellules ner-
\l'U('S ne pll¡"danl pas de 110) au dol(' 11'\1111' nH'lllhl'anl' nuclt;-
aire bien différenciée. Celle apparence lient à des artifices de
L·clmiyuc. -2°1L n'u>L pas vrai nnnhLus yuclu cellulos norvcu-
ses centrales soient des organismes dans le marasme ou défunts
qui ne manifestent aucune des réactions de la \ il', Par des expé-
riences bien conduites, on peut se convaincre qu'elles réagissent
aux influences extérieures, éliminent, changent de formes cl sont
susceptibles de se reconstituer. 3° Erreur encore que de pré-
tendre que les couleui-s basiques n'agissent que sur le noal1 et
non sur le protoplasina des cellules non nerveuses ou que les
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 127
parties du proloplasina colorées parles couleurs basiques doivent
cette particularité à la dissolution des noyaux, c'esL-à-<lil'e il la
cl1l'oll1hLine nUcll'ail'e, -- 4° 1)[éten4li.e(lue dans
le système nerveux central normal, les Ieucoclles quittent les
capillaires pour émigrer dans le tissu, que les cellules nerveuses
soient le produit de leucocytes en liquéfaction, qu'elles soient
continuellement détruites et se reforment perpétuellement aux
dépens des leucocytes ? ;>° Il n'est pasexael d'aflirmerque dans
le ? li'lIlc nerveux centrât le transport des granules de matières
colorantes n'ait lieu que par les leucocvtes. Il 11 est faux éga-
lement de dire qu'il n'existe pas de dil1ï'I'I'ncl' essenfielfes entre
les prolongements d'une cellule ! H'nl'UM'. En l'11'el, il e.\iLe dl's
le cvlindravile
elles prolongements proloplasmiques. l'uis les 11euI'0-fibl'illl'
quittent les neuriles sans paraître se modifier pour donner nais-
sance aux fibrilles d'un taii(lis 4lit'ort n'a jamais pu
suivre de neurnlillrille au-delà du territoire des domiciles.
P. 11EI2AVAL,
XXII. Contribution à l'anthropologie de la moelle ; par
Il. PFI$1'ER. (1\'curolog. Centralblatt, XXII, 1903.)
1" La moelle épinière des garçons est, quelque soiL leur âge, en
moyenne plus lourde el plus longue que celle des filles.
2° Comparée à l'encéphale, la moelle des garçons est il la nais-
sance plus légère que celle des lilles. Chez les enfants de même
sexe et de même âge, quelle que soif leur stature, le poids du cer-
veau semble marcher de pair avec celui de la moelle ; mais à lue-
sure qu'ilsavancenl en âge, la moelle devient comparativement
plus lourde.
3° Le poids movende la moelle, qui, à la naissance, est de 3 il 3
rn. 4, atteint 27 a 28 gl'. Cet accroissement, extrêmement actif
dans les deux premières années de N-ie, S(,- 1)1-ollollcu
ment de moins en moins. - 4° Chaque gramme de moelle COI'-
respond, chez le nouveau-né, il 14 cent, de taille. Avec 1 ;i,u la
stature diminue par rapport la même quantité de moelle. La
moelle comparé au volume du corps est chez le garçon un peu-
plus lourde que chez les IiIll ? - 50 La IOIl¡illl'UI' 111Oellne de la
moelle qui eSL chez le nouveau-né à peu près de 14 cent., atteint
43 cent, à 45 cent. ; ce développement est tout d'abord lent ; la
forte augmentation de poids des premières années delà vie lient
plutôt il un développement en grosseur de l'organe. - G" Chez le
nutw·au-nt, la lunttcut· tlc I,t ntoullc rclméenlu ` ? 9, ? lu aa
laillc ; crllc proportion fléchit, d'abord lentement puis la lin de
la première année elle n'est plus que de '211 il -25 o¡",Ce chil1'l'e cor-
rct-pund au l'appoll du la longueur de la moelle il la (aille de l'a-
dulte. l'. lvFlt.w.w.
128 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
\\11L-Contribution à la question de la papille étranglée ;
par W. UHTHOFF. (Xeurolog Centralbl. \1111. 1904).
Sur 51 veux, sur lesquels on avait de vivo constaté l'existence
d'une papille étranglée dans une alreclion cérébrale, M. Kam-
lllierstein a relevé la dilatation du canal de la gaine du nerf op-
tique en 32 cas ; la gaine présentait en outre des lésions inflam-
matoires en 23 cas ; dans 15 elle {o(ai enflammée mais non di-
laLée ; il y avait 1 n'dème de la portion orbifaireilu nerf en 30 cas,
dont 28 avec inflammation ; 19 fois le nerf optique même était
oedémalié et enflammé.
Sur 42 yeux atteints de papille étranglée, la lame criblée était
33 fois saillante en avant ; 2 lois il existait aussi des phénoillè-
ncs inflammatoires dans les papilles. '
Deux cenl-qualre cascoiislituent le matériel clinique.
Cent trente-quatre d'entre eux concernaient une tumeur céré-
brale.
Vingt-sept avaient LraiL à la syphilis du cervea i ; d'ordinaire
ici, il s'agit d'un néoplasme gommeux, mais parfois aussi d'une
méningite gommeuse qui peut offrir alors un cachet particulier
à raison de l'inflammation de la partie rétrobulbaire et basale
du nerf optique et de la l'opal'Ucipalion d'autres nerfs crâniens
de la base. Quelques très rares observations témoignent d'une
emlartérile syphilitique avec thrombose des grosses artères du cer-
veau ; en ce dernier cas, il se peut produire un fort oedème des
parties correspondantes de l'encéphale qui déplace de l'autre
côté la moitié intacte de l'organe, mais ce mécanisme est très
rare a raison du décès rapide du patient qui ne donne pas le
temps à la papille étranglée de se développer.
Dans la tuberculose inlra-cranienne ((.l observations), la pa-
pille étranglée indique la complication d'un tubercule solitaire ;
rarement la méningite tuberculeuse seule l'engendre; au lieu du
tv pe de la papille étranglée, on a l'image de légères altérations
névritiques des papilles sans que celles-ci proéminent nette-
ment.
Il n'est pas fréquent non plus que l'hyd1'océphalie interne
aboutisse à une véritable papille étranglée. Le plus souvent on
observe l'atrophie descendante simple Au nerf optique par vous-
sure du plancher du 3e ventricule. Rarement aussi lamèningilc se
traduit par la papille étranglée.
Les cyslicerquesdu cerceau peuvent il l'occasion y aboutir; c'est
quand ils produisent une réaction inflammatoire très intense ou
quand la yslil'l'rllul', siégeant dans le 4e ventricule, provoque,
par refoulement une lllrupisiu marquée de celle cavité.
La papille étranglée peut être en rapport avec une malforma-
tion du crâne, surtout avec le erdneeu forme détour; mai-, pour
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. l2'J
l'observer, il faut examiner les patients dans leur jeunesse, au
moment où les altérations papillaires se forment.
Bien peu nombreux sont les cas de diagnostic incertain relatif
à l'origine de la papille étranglée (quatre) ; les symptômes pré-
sentes par les malades trahissaient cependant des affections du
cerveau bien que la guérisuo survînt el que Je diagnosticecitonat.
Pares sont en somme les papilles étranglées bilatérales dans
les affections qui ne sont pas inlra-céroltrales ; exemple la né-
phrite. D'ailleurs, il y eut souvent erreur de diagnoslicei l'autop-
sie seule dans un de ces cas démontra une néphrite sans altérations
cérébrales. Même remarque pour l'intoxication saturnine. De
même, l'anémie et la chlorose peuvent déterminer la papille étran-
¡ ? lée bilalémle; il cmhle ! J11U l'elLe fOl'me d'admettre un pronostic
relativement meilleurquanl a la rétrocession et au trouble fonc-
tionnel. On a signalé encore la papile étranglée hilaLéraledansla
sclérose en plaques, la jxiehyiiiéningite, quelques maladies infec-
tieuses, des anomalies menstruelles, mais c'est bien rare, puisque
celte statistique de 2Ut cas est muette ace sujet. -
L'image ophlalmoscopique delà papille étranglée peut traduire
aussi une anomalie congénitale du mode de disposition du nerf
optique a son entrée dans le-globe oculaire ; l'ophtalmologiste
le plus exercé peut s'y tromper.
Enlin la papille étranglée peut émaner d'un hématome de la
gaine du nerf optique, consécutif aune fracture du crâne; la gaine
se remplissant de sang, la papille forme un renflement modéré-
ment saillanl, dès les quelques heures qui suivent l'accident.
Comme l'a dit De Gr.el'e en 1S(M, pour qu'il y ait papille Nl'Hn-
glée, il faut que la papille proemine au moins de 2/3 de mill. (2
Dioptries). Parmi les signes cliniques il ne faut pas oublier : les
obscurcissements périodiques de la vision, le rétrécissement con-
w·ntricluu du champ visuel ; on constate en revanche assez sou-
vent l'intégrité relativement longue de la vision malgré l'exis-
tence d'altérations ophl a 1111l1ro pi qU(' Il la 1''1 11l"I ?
Un ne saurait toujours expliquer la genèse de la papille élran-
glée par un processus inflammatoire préalable. Les relations mé-
caniques entre l'élévation de la 1"'L ? ion inlm-I')'¡illil'Ilne et l'hy-
dropisie venlriculaire joue un rôle 1res important. Chez quelques-
uns des malades on a, par la trépanation, l'ail disparaître l'llyper-
pression inlra-cranienne, el, coiiséculiveinenl, la papille étran-
glée : il n'en est pas resté de traces notables optlUalmoscopiques
ou fonctionnelles. Quant à établir les indications de celle inter-
vention, il faut, en chaque cas, la coopération de l'ophtalmolo-
giste, du chirurgien, du nc·nrolo[;isU. Et très rares sont les cas
où la trépanation peut entrer en ligne de compte pouriacon-
servation de l'acuité visuelle.
'r<''))'< ? \'t'))'<ttn ? « ? ftf )'€) ? r)y)< ? t ! 'o)ne par Ivam-
.\ncunr ? 2° W rin lO,i, I. \1\. 0
130 REVUE D'nNn10nI11 : ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
phersLcim dans GO o{o il peu pri's do nos observai ions, si souli-
gnce par Parinaud, Sourdillo et autres, a une grosse valeur dans
la pathogénie du gonflement des papilles. L'oblitération de la
veine centrale de la rétine dans son passage par le canal de la
gaine du nerf optique (De) 1) ou la compression des vaisseawccn-
lrau dans le tronc du nerf (U1J'iell) ne conf : .Li Luent pas une expli-
cation suffisante. -
Le fort gonflement des pupilles, relaté dans une observation de
conjonctivite diphthèrilique avec nécrose de la cornée, ressemble
bien, il première vue, tout il fait aL une papille étranglée. Mais
ce gonflement porte surtout sur les parties superficielles des pa-
j)iUcsquia\oisinen(,lccorj)s\ih'6;1aci ! 'cumvaHat.ionpùri-papi[-
laires n'est pas aussi al'ceuLnée qu'elle l'1'5L dans la papille {'Lmn-
glée cérébrale typique. Il est manifeste que le processus a élé ]11'0-
votlué d'emblée par une toxine. Les parties périphériques ¡le l'oeil
n'onL pas été all'ec.Lées ; seule la papille a dé atteinte. Donc il
est évident que, bien que la toxine aiL agi par les portions anté-
rieures de l'oeil, la papille possède une prédisposition spéciale au
gonflement oedémateux et. inflammatoire. P. Keraval.
XXIV. Lésions microscopiques du noyau du pneumogas-
trique dans un cas de carcinome de l'oesophage ; par C.
11UD0'ERNIG. (1Yeur%g, .yt'72t7'Ulbl, XXHL 1. 1904.)
Chromatolyse des cellules nerveuses occupant la partie du
noyau dorsal qui borne le bord supérieur et interne de la racine
ascendante \ ago-g 10sso-phaJ'yngil'nne, Iêmes lésions, mais d'un
nombre moins grand de cellules dans le groupe le plus inférieur
de la portion moyenne du noyau ambigu (figure). P. KERAYAL.
XXV. Des centres de divergence et de convergence du
cerveau; par \Y. 11. Bechierew. (0&o : i'<.tt't ? c/h<)') ? \'111.
]\)03.) .
Il r.\¡sLe llans l'écol'cc (les 1u;misphi'l'cs .lcu,} : /'('III,'('s de (li('I'-
gence oculaire, un centre postérieur placé dans le ¡n l'US angu-
laire (pli courbe) ; un centre frontal immédiatement en avant de
la partie moyenne du sillon tle Holando (préeenll'al),
''Ce dernier, sur la limite de la région motrice, participe aux
mouvements volontaires. Le centre postérieur, à raison de sa to-
pographie, se rattache au centre de la vue et, comme tel, accessi-
hIe il. (l'auLl'Cs associations des mouvements de l'oeil, il rentre
dans les centres des mouvements involontaires ou réflexes ceci-
tés par les représentations visuelles. Qu'on excite le centre pos-
térieur ou le centre frontal, en même temps que les axes opti-
ques se dirigent au loin, les pupilles se dilatent et les paupières
supérieures s'élèvent un peu. Toute divergence active exigeai} ! la
contraction des deux muscles abducteurs, les centres sous-cor-
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 131
ticaux de ces muscles siégeant dans les noyaux des nerfs corres-
pondants constituent, par suite, des centres de divergence. On
connaît les expériences qui prouvent l'association bilatérale des
centres frontaux des mouvements des yeux avec les noyaux des
nerfs abducteurs. En outre de ce mécanisme de la divergence il
existe un centre sous corticatproprededivergencedesyeuxjouant
le rôle de centre réflexe, en relation avec les mêmes noyaux des
nerfs abducteurs parle moyen, chez l'animal, du faisceau longitu-
dinal prédorsal, et, chez l'homme, du faisceau longitudinal pos-
Lorieur ; ce centre occupe Le tubercule quadrijumeau antérieur.
11 y a aussi des raisons de croire que noire centre de divergence
cortical postérieur est en rapport avec le tubercule quadJ'ijull1cau
antérieur et que ce contre fonctionne, de même que d'autres
contres d'association des mouvements oculaires, par l'intermé-
diaire de ce tubercule..
Les centres de convergence sont doubles. lien existe un dans la
région occipitale du singe, un peu en arrière du point de jonc-
tion de la scissure de S) 1\ ius et delà première temporale. Son exci-
tation provoque convergence oculaire et contraction des pupilles.
Un antre occupe la partie inférieure du pli courbe en avant et en
arrière du poinl de jonction de la scissure de sylvius avec la
première temporale ; il doit être réflexe, en relation avec le cen-
tre cortical de la vue. 11 y a lieu do supposer un centre de con-
vergencevoluntaire, situé dans les parties antérieures des hémis-
phères mais l'existence n'en est pas démontrée. Jusqu'à nouvel
ordre, la convergence volontaire est liée au sort des centres des
mouvements des veux des Ucusllémispltères. impossible de douter
qu'il n'y ait dans les régions sous-corticales des centres spéciaux
de convergence. Les centres de convergence qui régissent les
muscles interne des eux occupent les noyaux des oculo-mo leurs.
S'il n'y a pas un centre spécial qui préside a la convergence as-
sociative des deux yeux simultanément, il y a un centre pour
chaque (ni ! séparément. En tout cas les centres frontaux qui
président la convergence des yeux agissent par l'intermédiaire
des centres sous-corticaux qui portent les yeux en dedans ; les
impulsions parties des deux hémisphères cérébraux doivent en
même temps se porter sur l'un el l'autre noyau qui meut l'oeil
en dedans. En réalité, quand on excite le tubercule quadriju-
meau antérieur, avec quelque persistance, on produit la conver-
gence. P. 11ERAV : 1L.
XXVI. De la région visuelle de l'écorce cérébrale et de
ses rapports avec les muscles des yeux; par \Y. M. Bech-
terevv. Du centre cortical de la vue ; par K. S. AGAD-
.faNLaNT2. (Obo;réHié lJsichiatrii, IX, 1904.)
- L'examen des travaux parus depuis 1890 sur le centre de la
132 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
vue à la surface des hémisphères, de ceux notamment d'ilitzig
et Kolherlah, révèle l'imprécision de nos connaissances sur le
rôle de la partie postérieure' des hémisphères cérébraux. De la
de nouvelles recherches physiologiques sur divers animaux ; M.
flechterew en détaille les particularités et les compare avec cel-
les d'tlitzig. M. Agadjanianlz les résume en ces termes.
1. Chez la grenouille, la vue n'a pas à soull5'ir de l'extirpation
partielle, et même totale, des lumislthèros; l'animal évile sans
difficulté les obstacles; il semble que l'exercice élémentaire de la
fonction visuelle soiL pleinement conservé.' 2. Chez \ oiseau,
(pigeon), l'ablation des lobes occipitaux se réfléchit sur la vue ; lui i
bouche-L-on l'oeil du même côté que l'opération, il vole avec
moins d'assurance, et se heurte aux obstacles. L'amaurose corti-
cale complète exige de larges extirpations des deux fiers posté-
rieurs du cerveau, et même des deux lu·mi.llù·res.-3.Chez le la-
pin, la cécité corticale émane de l'extirpation de la face interne
du lobe occipital. C'est, l'oeil du côté opposé qui souffre le plus.
4. Chez le ch ien, la lésion des lobes frontaux détermine surtout
des signes de démence; ce n'est pas la vue qui est atteinte, c'est
l'attention. La vision distincte souffre d'une lésion de la portion
antérieure d'un segment interne et antérieur d'une bande d'un
demi-centimètre qui occupe la face externe du lobe occipital
el la partie la plus postérieure du lohe pariétal. La partie posté- ""
rieuredelafaceinternedulobe occipitalel la bande du segment L
externe correspondant, représentent les éléments de la rétine dé-
nués de localisations corticales el de punctum eoeeum pathologi-
que ; il se produit une hémianopsie plus ou moins intense. Lè-
se-t-on la région pariétale externe et. en partie, la région oc-
cipitale externe, depuis le lobe pariétal jusqu'au pôle postérieur
et sous la tente du cervelet, on provoque une affection plus
diffuse de la rétine du côté opposé qui se traduit par un affai-
blissement du lieu de la vision distincte et les signes de la
cécité psychique. En l'espèce, la partie postérieure est en rela-
tion avec les deux rétines. On n'observe pas de démence quand
les interventions dans cette région sont simples et bien limitées.*
Les mutilations très profondes el les inflammations étendues
se traduisent par une hémianopsie fort pronnncée (de conduc-
lihi11lé) des deux veux, ou par une hémicécité d'un a-il. La lé-
sion des circonvolutions sigmoïdes provoque une amblvopie dif-
fuse de l'oeil du côté opposé, en rapport probable avec l'altéra-
tion du sens musculaire des muscles oculaires et avec un trouble
de l'accommodation ; principalement quand les voies d'associa-
tion sont intéressées des deux côtés depuis le centre visuel jus-
qu'à l'écorce motrice. La lésion du pli courbe fournit une Rmhl 0-
pie légère, diffuse et passagère de l'oeil opposé. 5. La dissec-
tion de la pie-mère au-dessus de la région motrice engendre chez
REVUE D'ANATOMfH ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 133
le singe, une amblyopie de courte durée sur l'oeil opposé. La lé-
sion de la face interne du lobe occipital provoqueunehemianop-
sie homonvme corticale. L'endroit de la vision distincte est poslé
plus en avant. On n'obtient pas, semide-t-it de punctum coecum
pathologique ; c'est une hémianopsie plus ou moins intense, se-
lon retendue et la profondeur de l'altération. De même que chez
le chien, les extirpations répétées ressuscitent tous les phénomè-
nes obtenus et même passés de l'extirpation antérieure. La lé-
sion de la face externe du lobe occipital jusqu'au sillon pariélo-
occipilal et celle de la partie postérieure du lobe pariétal provo-
la vision distincte), dans l'oeil opposé, avec cécité j)S) chique.6.
Les lésions organiques de l'écorce engendrent l'achrnmalopsie
pour fontes les couleurs d'emblée et partout. 7. Chez l'homme,
il semble que le cenlre de la perception occupe les deux lèvres
de la tissure calcarine, le centre de la vision distincte paraissant t
être en avant. 8. \os préparations relatives aux lésions de la
face interne du lobe occipital chez le singe montrent que les voies
d'association, gagnent la face externe du lobe occipital (centre
d'élaboration mentale), les portions supérieures et externes du
lobe pariétal et de la région motrice, enlin l'écorce des lobes
frontaux. Ces voies empruntent le trajet du faisceau 10ngiLudi-
nal supérieur. Elles vont il toutes les circonvolutions du lobe
temporal en parlant de la face externe de l'écorce de la région
occipitale (faisceau longitudinal inférieur). Les voies commissu-
rates liassent par le corps calleux pour innerver les parties
symétriques de l'autre hémisphère. Les voies de projection
gagnent le corps genouillé externe, les deux pulvinars de la
couche optique, les corps quadrijumeaux antérieurs. 9. La
lésion organique de l'écorce, du moins chez le chien et le sin-
ge, chez l'homme aussi, n'entraîne pas la cécité complète de
tout l'oeil opposé (ni même de l'mil lionlon`'me)- 1(l. L'endroit
de la vision distincte, et tout le reste de la région visuelle de l'é-
corce peuvent être frappés indépendamment l'un de l'autre.
11. L'extirpation bilatérale, complète, de la région visuelle dans
l'écorce entraîne une cécité complète des deux yeux ; la cécité peut ' ·
se transformer en amhlyopie ou hémianopsie, en hémi-amhlyopic
et s'évanouir par parties, affectant ou non l'endroit de la vision
distincte. Parfois il persiste tels ou tels désordres. 12. L'anato-
mie du tractus optique explique, par le détail du chiasma, de la
répartition du faisceau maculairr, des faisceaux de Gratiolet,
ainsi que par le trajet des voies d'association, de projection, et de
commissure émanées de la région visuelle corticale, les phénomè-
nes physiologiques et pathologiques de la l'onction delà vue.
P. Keraval.
134 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
XXVII. - Appareil destiné à déterminer le volume de
l'encéphale ; cérébro-voluminimètre ; par F. 13Etctt. (Nru-
rolog. Centralblatt, XXlll, 190'i.) '
11 s'agit d'un vase de verre cylindrique en rapport avec les di-
mensions de l'encéphale. A une certaine hauteur au-dessus de la
base existe une ouverture ronde dont le bord inférieur sert de de-
versoir ;à celle ouverture est assujetti un tuyau de décharge as-
sez large, incurvé intérieurement, et muni d'un robinet. Au-des-
sus du trop-plein, la paroi du vase a été marquée d'un trait qui
indique à peu près la hauteur à laquelle s'élève le liquide au-des-
sus du niveau du trop-plein quand on y plonge 'l'encéphale. Un
second vase, de jauge, est constitué par un long cylindre gradué
d'une contenance de plus de 2.000 cent, cubes ; ce vase estlivé
sur un pied de fer de façon que son orifice supérieur atteigne
presque la hauteur de l'orifice d'écoulement du voluminimèlre.
On rempli ! , après avoir fermé le robinet, le vase de verre,jus-
qu'au Irait qui se trouve au-dessus du trop-plein, soif d'eau, soit,
si l'on projette un examen microscopique, de sérum ou de li-
queur de Muller. Des que le liquide est en équilibre, on ouvre le
robinet ; et l'on fait écouler la quantité qui a dépassé le déver-
soir. On referme alors le robinet. On plonge ensuite dans le li-
quide restant l'encéphale, la conv exilé en bas, afin d'éviter la
formation de bulles d'air. On place au-dessous du robinet d'ecou-
lelllenLle vase de jauge. Dès que le liquide s'est mis en équilibre,
on ouvre le robinet ; on obtient le volume de la quantité qui s'é-
coule par simple lecture (te l'échelle de graduation.
P. 11ERA1'A1..
XX\'III. - Contribution à la casuistique des côtes cervi-
cales ; par Il. Lévi. (\'eurolog. G'rntralGl., 1\lll, 190f.)
Il s'agit d'une ouvrière de 18 ans, atteinte de sclérose en pla-
ques qui, dans la fosse sus-claviculaire gauche, présente une tu-
meur dure comme de l'os, se dirigeant vers la colonne vertébrale
sans qu'on puisse la suivre au-delà ; elle a la forme et la largeur
d'une côte avec exostose. Cette tumeur, douloureuse à la pres-
sion, olfre, en avant, une pulsation de la sous-clavière remar-
.yuablement intense par comparaison avec le côté droit ; en cet
endroit, on perçoit, sans qu'il soit besoin d'appuyer sur le sté-
thoscope, un bourdonnement systolique. La pression sur la tu-
meur, une inspiration profonde, un changement de position de
la tôle, l'élévation du bras gauche, n'exercent sur le pouls du
bras gauche aucune influence, pas plus que sur les dimensions des
pupilles. Dans la fosse sus-claviculaire droite on ne peut affir-
mer qu'il existe quelque anomalie à côté de la première côte ;
le pouls radialtlroit, généralement plus petit que celui de gauche,
REVUE ¡J'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 135
est parfois plus fort. Si la malade élève le bras droit à la per-
pendiculaire, le pouls, d'abord irrégulier, disparaît, au bout de quel-
ques secondes. La dimension des pupilles ne varie pas.
L'examen aux rayons Roenfgen décèle l'existence des deux cû-
Lés d'une côte cervicale marquée ; l'extrémité de celle de gaucho
est pliée en exostose (ligure).
Les côtes cervicales ne déterminent de (roubles que dans 5 il 10
% des cas ; dans celle observation, elles ont etesi peu importunes
qu'elles n'ont, été diagnostiquées qu'accidentellement. Il faut leur
imputer les (roubles de lacirculalion du côté droit, la legereatro-
]11Lic des petits muscles de la main du côté gauche, la scoliose de
la colonne vertébrale. Souvent aussi, comme ici, on constate une
sensation d'engourdissement à la face interne du liras gauche.
Il se peut qu'il y ait que coïncidence entre l'anomalie osseuse
et l'affection nerveuse. Il se peut aussi que la sclérose en plaques
soit ! ! l'efl'('e sur un terrain à anomalies congénitales dont les côtes
cervicales constituent une modalité. Oppenheim a établi les mê-
mes relations entre les côtes cervicales et la syringomyélie.
El vraiment, dans les maladies organiques de la moelle, on
rencontre très llWluemmenL de ces signes de dégénérescence, ou,
comme chez noire malade, des signes d'atavisme ayant alors pour
la neuropathologie l'importance qu'ils ont. pour laltsycltopalltolo-
gie. En fout cas, ces signes n'expriment qu'une prédisposition ;
l'explosion de la maladie est le fait de la suraddition des causes
propres. Faut-il, en l'espèce, attribuer la cause àun traumatisme
subi par la malade à l'âge de 8 ans (chute d'un escalier de cave '1
La sclérose en plaques ne débute, il esl vrai, (pie cinq ans plus lard
maisc'eslune affection toujours longue, el la diplopie passagère,
qu'on se rappelle maintenant s'être montrée depuis, peut bien
avoir passé inaperçue. P. KERAYAL,
XXIX. La lecture de la pensée et les rayons N ; par X. G.
KonK.Suggestionmentleoutour de passe-passe ; par
\Y. M. RECHTEREW. (0&0 : r ! ? epC/< ! a<ru, IX, 1904.)
11 s'agit d'une jeune fille de 14 ans, qui devine les pensées de
son père et de plusieurs médecins. Nombreuses expériences ex-
trêmement intéressantes, tant en ce qui concerne ce phénomène
qu'en ce qui a trait il l'émission et à la propagation des rayons
N physiques et physiologiques dans leur rapport avec la transmis-
sion de la pensée du cerveau d'une personne à celui d'une autre.
Il s'agirait maintenant de les contrôler. Voici pour le moment
les conclusions du mémoire de l'auteur russe.
« La pensée d'une personne se peut transmettre à une autre
personne par l'intermédiaire des ravons N, qui sortent des cen-
tres du langage. lis ont la propriété d'exciter les centres du lan-
gage de la seconde personne et de provoquer dans ces derniers
136 revu : 1 : 1)'A\ : 11'Ofll : et ni : physiologie pathologiques.
des imagesauditives idenli(|ues. Celle seconde particularité ne
saurait cependant être encore considérée comme prouvée, car il
faudrait pour cela qu'il l'aide des mv·on \ lllt sirlues, c'est-à-llire
émanés d'une source physique, nous ayons réussi à éveiller dans
la Il'11' tl'un sujet quelconque quelques représentations mentales
auditives.
;Ivayoenlil·r (\u ? ) n'en a ltas moins démontré que lec layom
\ émanés de certains agents phvsiques, dirigés sur certaines ré-
¡ ? ions de la tète, déterminent l'excitation des centres correspon-
pondants du cerveau, auditifs, visuels, olfactifs.
«La lecture de de la pensée est-elle un phénomène exclusive-
menL réservé à certains individus ? N'est-elle pas plus ou moins
inhérente à tous" ? est, impossible d'en nier l'existence chez cer-
tains sujets tels que les fameux 1\1'0\\ et, Bischopp, les possédées
de Krain.l.v, la jeune fille dont s'occupe ce mémoire. Les expé-
riences rIelliclleL ((;Il.), Leutann, .loul : eLautres sur lles ltersun-
nes ordinaires, nous permellenl de conclure, que la faculté de
percevoir les pensées d'autrui existe à un degré plus ou moins Inar-
qué chez n'importe qui. Nos expériences sur la propagation des
ravons N pendant la cogitation permettent de dire que cette fa-
cutte se produit par les ravons N. Si dans la vie de chaque jour
nous ne la l'emal'quons pas en nous, c'esL que le 1'1'1'\ l'au des pel'-
sonnes orilinaiios no jouit pas d'une sensibilité particulière à re-
gard des rayons \ ; il s'eu suit que les représentations mentales
ou les images provoquées par ces rayons n'arment pas jusqu'au
seuil de la conscience. Cela ne veut pas dire que des représenta-
lions mentales qui n'arrivent pas jusqu'au seuil de la conscience
ne puissent exercer une influence quelconque sur noire organe
psychique et modifier imperceptiblement le contenu de nos idées
conscientes.
Les lecteurs de pensées se distinguent du commun des mortels
en ce (pie, possédant de l'hyperesthésie des organes des sens su-
périeurs, el, si l'on veut, de louL l'organe psychique, ils sont en
étal de sentir nettement des excitations qui restent inaperçues
pour les autres. Tous les êtres sonL, à noire avis, reliés par les
fils invisibles des ravons N qui, jouant dans la vie journalière
un rôle peu important, acquièrent probablement une impor-
lance et une influence énorme dans tous les mouvements des
masses populaires,
La psychologie de la foule, les lois de l'imitation et d'autres phé-
nomènes enigmatiques de l'état mental des masses ne peuvent
être correclementélucidés que par l'influence des rayons N. »
;\1. BECHTEREW croit également Ù la réalité de la devinalion de
la pensée chez certains êtres. 11 est impossible selon lui, de la
taxer invariablement de supercherie. 11 y aurait lieu de multi-
plier les recherches scientifiques sur ce sujet. La question de la
revue d'anatomie ET de physiologie pathologiques. 137
suggestion mentale sort graduellement du domaine de l'inconnu.
L'étal mental n'étant, en somme, qu'une manifestation de l'é-
nergie, les découvertes de fIlond lo ! et Charpentier, surtesravons
qui sortent du tissu nerveux en activité, transforment la sugges-
tion mentale eu un phénomène qui ne heurte en rien nos con-
naissances scientifique- fondamentales. P. Keraval.
t\ 1.- Sur la doctrine de Flechsig des zones perceptives
et des zones associatives ; par le prof. L. Bianchi. (.1 nl1, di
Xerrologia, anno XXII. fase. 1-11.)
Voici les conclusions de ce rapport présenté au Congrès inter-
national de médecine de Madrid (H)03.)
Les recherches de Flechsig, au moyen de sa méthode, ont donné
une impulsion notable à la connaissance anatomique du cerveau
et de son développement, puisque il semble établi ([ne certaines
zones du manteau possèdent un plus grand nombre de libres de
projection que d'autres.
S'il est vrai tlue les libres nerveuses du niant eau ne se myél ini-
sent pas dans le même temps, on doit d¡;monll'PI't'ncoJ'e i la 111Yl ?
linisalion des fibres appartenant aux zones dites intermédiaires
et terminales est soumise à une loi de développement ; sur ce
point, Flechhig s'est lui-même contredit plusieurs fois.
En admettant que le i'aitanatomique doit avoir une significa-
tion physiologique, le fondement des conclusions physiologiques
déduites par Flechsig reste toujours à démontrer. A ce point de
vue, on n'arrive pas à comprendre l'existence des zones associa-
tives, telles que Flechsig les a conçues, étant donné que toutes
les zones perceptives sont des zones associatives. La loi de pro-
gressivité qui existe dans le processus de la perception, nous la
rencontrons dans l'agrandissement successif des zones sensoriel-
les, dont le produit est progressivement de plus en plus compli-
que. Le rapport entre lofait anatomique et les phénomènes psy-
chiques n'est pas celui que Flcchsig a imaginé. Les zones inter-
médiaires et terminales sont des terres vierges, qui attendent en-
core le défrichement. L..
Les zones perceptives qui comprennent toutes les zones asso-
ciatives postérieures sont des centres de formation et de conser-
vation des images. On ne peut pas démontrer le passage des ima-
ges du centre de perception au centre postérieur d'association,
qui serait, selon ! "Ie('hig, aussi le centre de conservation et d'as-
sociation pour les il1la¡ ? t'spl'o\euanLde autres centres percepifs.
Les lésions de la zone du langage démontrent que les images ver-
hales auditives, \ iSllelies eL 1ll0li'icL's-lacLiIL's se-tbrment et se con-
servent dans des aires respectives, et que la destruction de Tune
d'elles produit la perle irréparable des images qu'elle a formées
138 revue n'AN'I'OJIII; et de physiologie pathologiques.
et conservées, et aussi la perle du langage, selon l'importance du
centre intéressé.
Il est 1res dangereux d'utiliser pour celle question les maté- ,
riaux fournis parla paralysie, générale progressive, parce que l'on
sait bien que dans celte maladie les lésions sont très diffuses,
. commencent le plus fréquemment dans les éléments cellulaires et
doivent être recherchées à l'aide de procédés très délicats. La so-
lution du problème doit être demandée aux'lésious eu foyer ; et
l'on peut, démontrer que celles qui produisent le plus de dom-
mage il l'intelligence sont les lésions des zones perceptives du
langage, et spécialement delà zone auditive, que Ftechsig- desi-
gne avec le n° 5. Les lésions de la zone visuelle donnait aussi des
résultats presqu'idonliquos, mais seulement chez les personnes
cultivées. Les lésions très Nendnesdu lohe temporal ne produisent
llas tlu grantls lroulllusintellcclucls, sauf IlnautL la 1(ion c.Lilen-
due à la zone auditive du langage. La perle de l'intelligence à la
suite de lésions de la grande xoneparielo-occipito-temporaie est
due principalement à la part qu'elle comprend, dans l'hémisphère
gauche, la zone du langage. Tout le monde saiL que l'intelligence,
chez l'homme bien développé et cultivé, est intimement liée au
langage, dont la perle amène des (roubles intellectuels profonds.
Dans tamicroceptialie on peut trouver la zone occipitd-parieto-
lemporale très développée par rapport aux autres parties du cer-
veau, chez des sujets qui pendant leur vie avaient témoigné d'une
absence complète d'association des images, avec l'idiotisme le plus
profond et le plus grave.
Il existe une seule zone, dont les lésions ne produisent jamais
de troubles sensoriels ou moteurs, et provoquent au contraire la
perte des facultés mentales supérieures ; c'est celles des lobes
frontaux. Celle zone est en rapport avec toutes les autres : elle
réunit les produits des zones sensorielles, et excite leur activité.
Elle n'a pas de fibres de projection. Les expériences, les maladies
de celte zone, et l'anatomie embryologique concourent à démon-
(rurtlue la zone frontale est le siège de la synthèse intellectuelle
et émotive de la personnalité. C'est là la seule conclusion légi-
lime..1. SCGL.15.
XXXI. Un psycho-esthésiomètre ; par Colluccé. (Ann. di
néuool. Anno XX LI, fasc. I-II.)
XXX 11. Sur quelques altérations de l'appareil neuro-
fibrillaire des cellules corticales dans la démence sénile;
par IRAGNITO. (Ami. di Nevrolog, Anno XXII, fasc. I-II.)
\\\11L-Lesrecherches sur l'agent spécifique de la rage;
par Lv PEGNA, (Ann. di nérrol. Anno \\Il, fasc. 1-11 j
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.' 139
1 \ \L\'. Sur le temps de réaction aux stimulus électri-
ques cutanés d'intensité progressivement croissante ;
par Capriati. (li iiévi-oi. Ariiio XXI, fasc. \'-\'1.)
\\\V.- Les centres optiques primaires après énucléation
ou atrophie du globe oculaire; par Guu.r.t : nrnrrz. (Policli-
nique (le 1er sept. 1903.)
Voici les conclusions de l'Auteur. Il va des 1-ela[ioll,,ti-is étroites
entre la rétine d'une pari et les centres optiques primaires. Ces
connexions sont moins importantes pour le tubercule lluadl'iju-
meau antérieur que pour le pulv inar et, surtout pour le corps ne-
nouillé externe. Ces connexions s'établissent pour les deux eûtes
au moycn de libres directes et de libres croisées. L. W.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE
ri, La paralysie enfantile ; par Glorieux. (Policlinique de
Br°temelles, l'J03, n i.)
llevue générale sur ce sujet très importantde pathologie infan-
tile : l'auteur insiste sur les phénomènes fébriles fugaces du dé-
but. Celte poliomyélite antérieure aiguë laisse l'intelligence in-
tacLe. ' L. W,
\' 1 1.- Aperçu historique sur la pathogénie du bégaiement;
par DECROLY etl2ouzrtA. (Policlinique de l3rv.rr·lle.s, 1J03, n" 9.)
Première partie très intéressante rappelant toutes les théories
émises pour expliquer cette infirmité, depuis les plus anciennes :
on peut les rapportera deux grands types : celles qui l'expliquent
par des troubles d'origine centrale, théories toujours plus ou
moins vagues ; et celles qui en cherchent l'origine dans des (rou-
bles moteurs périphériques de la pointe de la langue, des parties
latérales de cet organe, des amygdales, du voile palatin, des cordes
vocales. Remarquons avec l'auteur que jusqu'à une époque très
récente le bégaiement était confondu avec le bredouillemenl.
1. W,
Vllf. Paralysies pseudo-bulbaires chez l'enfant; par De-
croly. (Policlinique de Bruxelles, 1903, lor octobre.)
Affection rare dans l'enfance mais que Dejerino a déjà signalée
et dont il a étudié les lésions, tant au niveau du cortex de t'oper-
cule rotandique qu'a celui du genou de la capsule interne. L'au-
leur en signale un cas très intéressant chez un garçonnet de 10
140 KEvi'nnEpATHOLOGOENERvnrsr.
ans microcéphale et dont le début semble remontera la naissan-
ce ; il rappelle qu'il a observé un cas analogue en 1902. Comme
traitement ? il propose le placement dans un institut d'arriérés.
.. j -' L. W.
IX. -Contribution clinique et critique à l'étude de la ca-
tatonie ; par E. PASINI et G. Madia. (Inn. di ncvrologia. Anno
.\.\I, l'al'. \'-\'1.)
Voici les principales conclusions de cet important travail. La
catatonie tlo laallllrnlno n'est pas une entité clinique ou analmno-
palhologique. Les symptômes décrits comme cal'aell'l'Ïsli(lues (slé-
réotypiesdu langage parlé etécril, écholalie, échopraxie, négali-
,im1f', stéréolypies des actes et des altitudes, flexibilité cireuse)
n'un ! rien de palhognomonique par rapport à la maladie même ;
ils sont les indices d'étals psychiques, dans lesquels il y a un ré-
trecissementjdns ou moins grand de la conscience, une suppres-
sion plus ou moins grande des fonctions du cerveau, awc rusi-
Iln, 11· un acliv iLO.
Par calalonisine, on doit entendre un éfal psychosomatique
dans lequel le l'ail saillant est la flexibilité cireuse des muscles. Il
appal'aîl ('pbodi(llll'IIlI'1l1 dans le cours de comblions morbides
variées et il est en connexion intime avec la stupeur, à tel poinl
qu'on peut dire qu'il n'y a pas de calalonisine sans stupeur. Le <
plus ordinairement il suit des formes hallucinatoires.
Le calalonisine, au point de vue sy mplomatologique, a des
points, de contact avec la catalepsie provoquée ; au point de vue
du mécanisme palhogénique aveerautomatismcsomnamhulique.
La malléabilité musculaire est, un phénomène essentiellement
psychique, un fait de suggeslibililé partiel, et à ce point de \ uc le
calalonisine peut être considéré comme l'étal de suggeslibililé
partielle de la sphère aneslhésico-motrice.
Le négativisme catatonique, qui semble tout fait. opposé h la
malléabilité musculaire, n'est que la même tendance à conserver
les altitudes, reçues, renforcée parcelle ne pas les changer, du
moins passivement. Celle dernière est l'expression de la tendance
hostile del'esprif du sujet devenue automatique.
Le calalonisine est un indice de dégénéralion de l'organisme
psychique; pour en obtenir les manifestations, il faut une es-
pèce de diathbc organique, qu'on pourrait appeler diathèse ca-
lalnnique.
Il existe une ressemblance entre les étals ealaloniquo, cata-
leptique ou somnambulique. Dans ces I rois états on trouve : 1°
ou que quelques zones du cerveau tombent dans l'inertie, tandis
que d'autres fonctionnent régulièrement, el d'autres ont même
\1]1<' al'li\iU' l'.\a¡.r<;I'¡"l' ; 2° ou bien que l'aclivilé de cerlaines zones
se trouve supprimée, tandis que celles d'autres zones est, simple-
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 141
ment conservée ; 3° ou enfin qu'il y a une limitativn générale de
l'activité dans presque toutes les zones du cerveau ; mais non d'é-
gale degré. "-
Le phénomène général qui se noie dans ces trois états, c'est le
déséquilibre, la dissociation de l'activité cérébrale. Si bien que le
caLnLoni.mu lcuL être considéré lui aussi comme une expression
sv Diplomatique particulière de la dissociation fonctionnelle du
Cl'J'\eau..l, 8ÉGL.\S. ,.
X. Le siège des convulsions épileptiformes toniques et
cloniques ; par Nino SAMAJA. (Reçue med. de la Suisse Ro-
mande, 1905, n»<2 et .1.)
D'une série d'expériences, l'auleurtirelcsconclusions suivantes :
La zone corticale motrice est le centre exclusif des convulsions
cloniques chez le chien el chez le chat adultes. Le reste de l'axe
cérébro-spinal ne peut donner chez ces animaux que des cumul-
sions Ioniques. Chez les mammifères moins élevés dans la série
animale (lapins et cobayesi, de même que chez le chien et le
chat nouveau-né et chez la grenouille verte, l'écorce motrice
n'est pas le siège d'un cenlre convulsif.
La bulbe ou l'isthme de l'encéphale, chez le col)a)eet.te1a]th),
sont le siège de convulsions cloniques. Chez le cobaye et ladre-
nouille verte, le bulbe isolé de l'isthme de l'encéphale est encore
le siège d'un cenlre convulsif clonique.
La moelle dans toute sou étendue, chez tous les mammifères,
est le siège, d'un centre exclusivement tonique ; elle ne provoque
jamais de convulsions cloniques. Chez la grenouille verte, la
moelle provoque au contraire des convulsions cloniques.
On voit donc que le centre convulsif clonique remonte pro-
greSSi\ClIll'nl dans l'échelle animale, de la moelle jusqu'à l'écorce
cérébrale ; bulbo-médullaire chez la grenouille verte, bulbaire chez
le cobaye, basilaire chez le lapin, il de\ ienl cortical chez le chien
el le chat adulte. Chez l'homme, le siège des convulsions toniques
est exlusivement basilaire ; celui des convulsions cloniques est
cortical. (. 1)svv.
XL Contribution à l'anatomie -pathologique de l'urémie
dans un cas simulant d'abord une tumeur du cervelet,
puis une myasthénie, (Maladie de Erb-Murri) ; par De
LUZENBERGER. (Ann. de .\ëcml, 1\nno XXII, fasc. 1-11.)
XII. Etude sur la polynévrite tuberculeuse ; pal' COLELLA
(.ltu. rli névrol. \nuo t\l, 1'asc. 11.)
XIII. De l'aphasie amnésique ; par S. Poporr. (Xeurolog.
Centralblatt, XX 111, 1904.)
Observation avec autopsie d'un homme de 31 aus.
112 REVU : DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
11 s'agissait d'une aphasie motrice (ranscorficale puisque la
parole spontanée ëtaitreduite au minimum, alors que le sujet ré-
pétait parfaitement les mois entendus. Seulement le malade avait
conservé l'écriture spontanée, mais, il est vrai, avec pamg l'a phie.
r11'autopsi, il existe a gauche un foyer de ramollissement com-
prenant tout le pied de la 3° frontale, un peu de la seconde fron-
tale, fout l'insula, et la partie antérieure de la première tempo-
raie, A droite, ramollissement symétrique de la 3e frontale avec
'légère destruction des circonvolutions antérieures de l'opercule
l'l (1C l'illStlla.
L'auteur insiste sur la persistance sans amélioration du trouble
de la parole pendant l'année qui s'écoula à partir de l'ictus. Com-
ment se fait-il que néanmoins le patient demeura capable de ré-
péter, et fort nettement, les mots entendus ' ? La répétition auto-
malique du mot entendu s'explique d'ordinaire par la conserva-
tion des libres d'associalion qui unissent le centre acoustique de
la parole au centre moteur. Mais dans l'espèce, le malade était
conscient de la valeur des mots qu'il répétait, ce qui indique que
le centreiutettectuel coopérait au mécanisme. 11 faut donecroire
que le centre moteur de la parole comprend un territoire plus
gl'an(lque l'L'lui <le la cil'col1\olu(ion <le nroca. A côLé <le celte
circonvolution, il doit v avoir un second centre moteur de la pa-
role prl'l'orllll',Cl'nlrc auxiliaire qui, pour remplir sa fonction fait
appel au centre acoustique et optique de la parole.
Conclusions. 1. Le centre moteur de la parole comprend un
territoire qui dépasse un peu les limites de la circonvolution de
Uroca ; la fonction de ce cenlre auxiliaire s'effectue par l'inter-
vention ◀tantôt▶ du centre de la parole acoustique, ◀tantôt▶ ducenfre
de la parole optique. ? . L'aphasie motrice transcorticale est pro-
duite non pas par la lésion de la voie de communication B. M.
du schéma do LichLJ\t'il1l, qui va du centro intellectuel au centre
moteur de la parole, mais par celle de la circOl1\oluLion de Dl'oca
l1lèlllt', - : J, Le patient pouvant, écrire sous la dictée, le cenlre mo-
teur des mouvements de l'écriture est situé en dehors de la cir-
convolution de Broca, peut-être dans le pied de la 2° frontale,
comme le veulent beaucoup de savants. P. KERAVAL.
\11'. Contribution à la pathologie de l'aphasie amnési-
que ; par F, Ouensel. (Xeurolog. Centralblatt, XXII, 1903.)
L'aphasie amnésique, c'est l'amnésie verbale. El le pour carac-
tère l'iiithuissance du malade à émettre le mot propre, bien que
ce mot lui arrive souvent sans qu'il le cherche, bien qu'il le con-
naisse, qu'il le comprenne quand il l'entend, qu'il puisse l'arlicu-
lerlorsllu'il lui arrive.
C'est d'aillcurs une lacune intermittente qui porte surtout sur
les substantifs, ceux notamment d'objets concrets ; le patient,par
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 1,3
exemple, ne pouf trouver le terme d'un objet désigné. Il n'est
question, dans ce mémoire, que de l'amnésie verbale par lésion
en foyer du cerveau.
Est-elle le symptôme de la surdité verbale, d'une lésion du cen-
(re des images phonétiques des moLs ' ? Sans doute, il est de règle
(qu'une surdité verbale centrale entraîne l'oubli et l'inintelligence
(les mots ; mais le degré des deux phénomènes el leurs relations
do causes a etrets ne se correspondent pas invariablement dans
les deux cas. N'a-t-on pas décrit un cas de surdité verbale avec
destruction hi la 1t"l'Hle (le la moitié postérieure do la première tem-
porale, dépourvu d'amnésie verbale. Inversement, il existe de
l'amnésie verbale en des cas où, abstraction faite des phénomènes
apoplectiques, il n'y a jamais eu de surdité verbale. Analysant la
paraphasie, commune ou souvent liée il la surdité verbale connue
à l'amnésie verbale, : 11. Qucnscl pense que la paraphasie présente
une indépendance relative de la surdité verbale centrale, et sent-
ble généralement l'expression nécessaire de l'amnésie verbale.
Ainsi, il l'amnésie verbale appartiendrait la paraphasie vraie ou
confusion de mois restés dans leur structure normaux ; de la
surdité verbale relèverait la jargonaphasie. Seulement, ces deux
espèces de paraptasiessucûLuienLcl'ordinaire. Puis, la paraphasie
seule est rare ; elle ressemble il l'achoppement et est
emllneinlo ¡['ulle pl'I'llll'lmlioll nl'lll'lnrnL motrice. Mais alors, il
est difficile d'élucider les rapports de l'aphasie centrale motrice
avec l'amnésie verbale, parce que la première, supprimant toute
manifestation parlée, la réduit à des débris de mots stéréotypés,
('1 même annihile l'écriture. Quand l'écriture est conservée, l'au-
eu montrant l'origine centrale des accidents, l'abaisse la
valeur du centre moteur dans la trouvaille du mot. S'agit-il d'a-
phasie motrice partielle ou en rétrocession, l'aptitude du malade
à trouver les noms d'objets, qui contraste avec une phraséologie
des plus défectueuses, tout lait incorrecte au point de vue gram-
malical, représente l'inverse exacte de l'aphasie amnésique )ia))i-
truelle. Il est vrai qu'il y a des cas intermédiaires constitués par
un mélange de trouble moteur, de trouble sensoriel, et même de
paralysie tactile ; il n ? manque clue l'aulollsie pour préciser.
L'etudede Valérie ou cécité verbale nous est, dans l'espèce, utile,
car nous rencontrons l'amnésie verbale, dans ses formes les plus
pures sans la surdité verbale, avec, paraphasie vraie ou simple-
ment I)tl['Ltgl-,Il)llio des mots défectueux, généralement liée
il l'alexie centrale, et par suite, dans les cas de foyer localisa-
tion identique ou sCll1hlalll<', L'allpl'e des deux s)ndl'omcs oltre
une harmonie étendue. Cependant la dépendance de l'une et de
l'autre n'est ni absolue, ni univoque. La preuve en est dans l'a-
lexie centrale sans amnésie verbale, ainsi que dans l'amnésie
sans alexie (lover sous-cortical occupant la'parlie anLi'ro-infé-
144 REVUE. DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
rieuredupti courbe ; observation de Ilenaclten). Ainsi s'exprime
l'auteur, après avoir procédé à l'analyse des espèces cliniques de
l'alexie.
Il termine. Généralement, la représentation mentale d'un ob-
jet éveille, avant d'en susciter le nom, l'image du son du mol cor-
1'I'pondanL Donc, s'il y a amnésie verbale, c'est que les voies
(Fassocialion entre les deux COll1pll'.\lI onl détruites. Tant que
sont conservées les représentations phonétiques des mots, l'in-
terruptionn'esL])as totale. Ce n'est pas loutà fait ce qui se passe
dans l'alexie ordinaire ; la dénomination est ◀tantôt▶ possible,
lanlôt pas : cela ne prouve pas l'impossibilité d'une localisation,
mais cela indique une constellation de groupes d'endroits ayant
subi une destruction partielle. L'interruption est d'autant plus
complète qu'elle se rapproche du centre des images des sons, des
mots, et, cependant, même lorsque ce cenlre est, complètement
(détruit, l'amnésie verbale n'est pas nécessairement totale. N'ou-
b ! ious pas que les mouvements de l'écriture sont aptes à ressus-
ci ! er le soutenir du nomme l'objet (Sommer). Par contre, l'alexie
s'allie fréquemment il l'amnésie ; il y a donc identité partielle de
h'ul's u]¡sLmlullls analol111qIH'S.
En ce qui concerne le centre des représentations mentales des
mouvements des mots, il existe des syndromes de transition entre
l'aphasie motrice et l'amnésie. En revanche, il est probable que
leur simple perte Louche le moins la capacité de dénommer les
objets. Il y a lieu de croire, quanlaux images mentales des objets,
que lorsqu'il n'arrive plus à l'hémisphère gauche certaines pro-
llriétus soncoriolles de ces derniers, lorsque les libres de la cou-
ronne rayonnante et des corps calleux sont interrompues, le su-
jet est incapable d'en trouver le nom : c'est ? ft)) ! )C6'/e verbale sous-
corticale spécialisée. Mais évidemment, des conditions anatomi-
ques y sont peu favorables. Tout ce que nous savons, c'est que
)'atexie-sous-corticabj vraie procède souvent par aphasie optique :
incapable de dénommer les objets qu'il voit, le malade les re-
connaît parle lacl, l'ou'ie, etc.; au contraire, dans l'amnésie
verbale, la persistance des propriétés sensorielles ne change rien
à la dénomination. lunlmlfor rlans un cas d'amnésie verbale con-
sidérable avec cécité verbale a vu le patient désigner les objets
perçus par l'ouïe. La désignation des qualités guslatives et objec-
li\l' dl'IIII'Ul't', dalls l'alllJ\t"it', l'I'I"'l'll'rnIlH'lll aSf : .L'Z hOI1l11' , 11 y 11
dl's ca oÙ, la ]1el'cI'plion dl ? ohjt'ls ]1al' Il'ul's )II'o]11'i¡"ll"s "'l'II ? O-
rielles étant intacte, la faculté de distinction d'objets divers par
une seule de leurs qualités organolultliyles se trouve oblitérée.
S'il n'y a pas alors de trouble dans les complexus conceptuels
verbaux, il faut bien croire à un foyer occupant des postes rela-
tivement limités de connexion associative entre Ct'S cOll1plt'\IIS
verbaux et les autres complexus conceptuels des objets. Mais ce
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 145
n'est point un centre spécial, une fonction particulière ; ce serait
encore moins un centre spécial que dans l'alexie. Il s'agirait en
gros (Lu pli courbe, de la partie postérieure du lobule pariétal infé-
rieur (supramarginal), et de l'extrémité postérieure des 2° el 3e tem-
porales du côté gauche, tandis que les centres de la parole mo-
teur et acoustique ne seraient que liinilalivenient rapportablesa il
ces mêmes régions. P. Keraval. -
X\ . Observation d'agraphie isolée et d'amnésie ; par \\'.
ËRBSLOEH (Xeurolog. Centralblatt, XXII, 1103,) .
Une femme de 63 ans, mentalement normale est., sans ictus,
apparent, atteinte pendant huit jours d'agraphie. En même
temps lacune de la mémoire qui dure, elle, six semaines ; inca-
pable de fournir des renseignements sur son adresse, sa famille,
son passé, elle est incapable de se repérer, bien qu'elle se rende
compte de ce qui se passe autour d'elle. Ces troubles disparaissent
il leur tour mais après un intervalle de dépression passager.
De même, faiL remarquer M. Erbsloeh que dans l'aphasie amné-
' sique nous pouvons rencontrer un oubli des images phonétiques
des mots qui contraste avec la persistance de la compréhension de
la parole, de même, chez celle malade, il y avait amnésie à l'égard
des événements antérieurs de sa vie, tandis qu'elle conservait la
faculté de reconnaître les objets et personnes du passé à l'aide de
la vue et de l'ouïe. Au début de l'affection, elle ne pouvait retrou-
ver dans sa mémoire les images optiques de l'écriture, bien qu'elle
conservât totalement la faculté de lire, et cependant elle était
hors d'état de se représenter les événements passés bien qu'elle
eut encore l'intelligence des objets de ce passé.
'foui ceci est en laveur d'un trjuble circulatoire dont la loca-
lisation reste indécise. P. 11ERAVAL.
XVI. Observation de paralysie de l'oculomoteur ex-
terne et de parésie des membres à la suite d'une frac-
ture du crâne ; par E. BLOCH. fA'eMro/o. Ccntralbl. t1111.
190'i.)
Il s'agit d'un homme de 3 ans, qui reçoit sur le côté droit de
la tête une solive de G mètres 1 ? Il se produit une fracture de.la
base indiscutable.
C'est deux mois après l'accident que le voit M. lilocll.
Il existe une paralysie de l'oculomoteur externe du côté droit ;
les membres du même côté sont paresies. Seul les muscles de
l'oeil, l'oculomoteur externe est atteint, car la distance en bail-
leur des images doubles n'augmentent ni quand le patient re-
garde en haut, ni quand il regarde en bas, ainsi que cela eût été
le cas s'il y avait eu coparticipation de l'oblique supérieur ou de
\ncJIl\'E, 2. él'il') t005, 1. XIX. ](}
146 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
l'oblique inférieur. Par contre les images se rapprochent toujours
à un quart de pouce.
Un obtient une amélioration par des injections hypodermiques
destryclmine (dose quotidienne 0,003 mill.) combinées à la fa-
radisation transversale du crâne.
Finalement, après trois semaines de ce traitement, le malade
n'a plus de diplopie que lorsqu'il regarde à droite. 11 sort avant
guérison, quinze jours plus lard.
L'auteur pense que l'lténturrltagio résultant de la fracture du
rocher a comprimé, à la hase du crâne, l'oculomoteur externe;
elle s'est résorbée lentement. S'il y avait eu hémorrhagie dans le
noyau même du nerf, le facial eût été simultanément atteint.
La parésie des membres droits s'explique par quelques hémor-
rhagiesmiliaires de la protubérance à gauche après le départ des
libres corticales du facial. P. Keraval.
XVII. - Contribution à la valeur pronostique des phéno-
mènes catatoniques ; par R. Gaupp. (Centralblatt j'il ! ' Xer-
l'cn/¡cil1wndc, XXVI, N. F. XIV, 1903). Contribution à la ge-
nèse de quelques symptômes dans l'état catatonique ;
par \Y, : t.1'ER. (Xeurolog. CcMmI/JI" \\1LL,1904.) La catato-
nie en tant que forme indépendante de trouble mental ;
par \\'.l'. Osstpow. (0o : t) ? t6).s'tf ? )n/) ? IX, l'J04.) Contribu-
tion à l'étude de la catatonie; 1an 5..1.1ROSCHawsr.v. (OLo ?
rérripsicltiniri'i, 1\, 190 ? ) '
M. Gaupp insiste surce point. Certains malades atteints d'ex-
citation catatonique pure ou de stupeur passive (immobilité sans
tension musculaire ni négativisme) ont pu paraître et demeurer-
en apparence guéris pendant un temps assez long. Mais lot ou lard
la maladie a reparu ; celle fois elle ne s'est qu'améliorée. Plus les
attaques aiguës ont l,Il' 1'1'1"qlH'nll ? plus illl'olilplioll ? oui élé les
J'll111"ions; linalt'lI1l'nl 'I'1 élahli un déficit. '" IJ'(\duiaI11 pal' Il's
éléments évidents de la démence précoce. Nombre de ses mala-
des ayant comme dans le cas de Jleyer (.lli¡¡Ir ? II.lIIcdic,1\-uc/¡ell,o,.
chrift, 1903, n° 32), guéri d'une première stupeur sont ullérieu-
rement devenus déments calaloniqucs. '
Pou l' .\1. ALTER, il l'SL hol's dl' doul(' qlll' Il, ile ! lrrliri,\li/C peut
procéder de deux mécanismes. Il peut dépendre d'une modifica-
lion primordial de l'appareil moteur. Il peul aussi émaner de
sensations' et d'idées délirantes. Dans le premier cas, i ! e.\isteun
trouble de la balance normale entre les muscles protagonistes et
les muscles antagonistes. Dans le second, l'aperception, qui n'est
que l'introduction dans le foyer de l'énergie psychique d'un groupe
cérébral déterminé, exercera une act)0)ie.\tincH\e;e ! ! ea[ ? e te ra
le mécanisme psychomoteur au lieu de le déterminer comme elle
le l'ail normalement : il y a lieu de supposer une altération du
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 147
métabolisme, de la structure chimique ou moléculaire dos élé-
ments nerveux. Un peut concevoir les deux espèces de genèses
pour l'automatisme, les phénomènes de répétition el d'échos, les
mouvements calalcp6oules ; mais ils seraient moins la manifes-
tation d'une perturbation de la motilité que les conséquences de
troubles intra-psychiques dans une localisation qui rigoureuse-
ment appartiendra à 1 élément psychomoteur.
M. Ossjpovv admet le syndrome de Kahlbauill connu sous le
nom de.catatonie, L'évolution clinique el la symplomalologie
permettent d'en admettre une forme indépendante ; c'est surtout
l'évolution qui juge le diagnostic. Les mêmes symptômes se peu-
vent montrer en d'autres psychoses. Il n'y a pas lieu d'englober
la catatonie dans la démence précoce, car la catatonie n'est pas
seulement une alfection de la jeunesse ; on la rencontre encore
plus tard et jusqu'après la fin de la période du développement
sexuel. 11 n'est pas obligatoire que la catatonie se termine par la
démence ; elle peut guérir sans présenter de rémissions et cette
guérison peut persister des dizaines d'années, à ce point que les
anciens malades s'acquittent de besognes fort complexes et fort
délicates comme en exige la profession médicale. Le type ther-
mique inverse s'observe assez souvent dans la période de stupeur.
La genèse de la catatonie n'est pas établie ; il semble qu'au pre-
mier plan agisse l'hérédité ;les autres agents pathogènes ne sont
guère que des adjuvants, des éléments s provocateurs. Il n'y a pas de
raison de croire à une auto-intoxication par résorption des produits
des glandes sexuelles chez des continents ; que de catatoniques
se sont masturbés longtemps avant que se développe la maladie ;
combien aussi n'ont jamais présenté d'interruption dans les fonc-
lions sexuelles. Les lésions cérébrales microscopiques constatées
chez le catatonique n'ont rien de spécifique ; elles ne peuvent donc
témoigner en faveur de l'autonomie de la maladie.
M. Jaroschkwsky publie une observation qui constitue le type
lopins simple de la Clltllto/11e ; on y trouve les symptômes car-
dinaux : immobilité, négativisme, stereotvpie, catalepsie. Le ma-
lade, un deillaleur de plan ? dl' ans, n'a ni gl'andi, ni élél'duqué
dans les milieux que le professeur Tchije et quelques psychiatres
considèrent comme la condition sine qI/ii non delà maladie. Les
catatoniques de ,\1. Tchije étaient des villageois, esthoniens, chas-
tes, chez qui l'affection s'était développée a la période de la matu-
rité sexuelle.. Par conséquent conclut JI. ,laro.cltewk- la calalo-
nie, si elle possède tous les éléments propres il lui assurer l'auto- '
no mie, est encore quelque peu énigmatique. P. KERAVAL.
XVHI. - De la participation du muscle orbiculaire palpébral
aux paralysies faciales corticales et sous-cortica'3s
148 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
par \\. 13E CH TF RE ? (Ubozrèniè psichiatrii, \'111, 1903. {. : t'utl'lll-
blatt sur Xel're¡¡heïl1wnde, XXVII, N. F. XV, 1904.)
Pourquoi dans les paralysies corticales et sous-corticales du fa-
cial, la région supérieure du facial ne participe-t-ellepasà la pa-
ra sie ' !
Les auteurs on supposé que l'innervation corticale de la bran--
che supérieure du facial était bilatérale. En effet, on constate expé-
ruucntaletuent que la branche supérieure du facial possède dans
l'écorce des centres absolument individuels, disposés chez le singe
dans les segments postérieurs de la deuxième frontale ; ils sont
topographiquement distants des centres du facial inférieur, lien
est de même chez le chien. En outre l'excitation de l'écorce réa-
git des deux côtés sur toutes les parties de la face et de la tète
innervées par le facial supérieur, il suffit de l'exciter d'un côté
pour que l'animal élève les deux sourcils, ferme les deux paupiè-
res, fasse mouvoir les deux oreilles- II u'y a que quelques mus-
des du pavillon de l'oreille qui possèdent l'innervation croisée;
l'élévation et rabaissement des paupières sont toujours bilaté-
raux. Même mécanisme avec prédominance du côté opposé, pour
l'occlusion ou le clignotement palpébral. Voilà pourquoi l'abla-
tion des centres corticaux du facial supérieur ne détermine pas
des troubles moteurs notables dans la partie supérieure de la face
des deux côtés.
Néanmoins chez l'homme les paralysies corticales et sulcorli- i-
cales du facial supérieur qui tiennent à une lésion des centres du
facial supérieur s'accompagnent de (roubles de l'orbiculaire des
paupières. Le malade peut généralement encore fermer les deux
yeux en même temps, il peuL aussi leriner l'mil correspondant à
la lésion tandis qu'il maintient ouvert l'oeil opposé ; mais il est
incapable de fermer seul ce dernier en maintenant l'autre ouvert,
quand il ferme l'un il ferme involontairement l'autre. Et, par
contre, la fermeture réflexe des paupières demeure intacte. Ce
symptôme prend une signification toute particulière dans les pa-
ralysies centrales à foyer placé au-dessus du noyau du facial ; il
témoigne de t'atteinte concomitante des voies ou centres du facial
supérieur. L'auteur l'a observé dans les hémiplégies capsulaires
ou corticales, quand le foyer s'étendait aux centres ou voies de
facial supérieur qui passent par la portion antérieure de la cap-
sule interne dans le voisinage de son genou. 11 l'a noté seul dans
un cas où il y avait eu d'abord hémiplégie droite ; on ne consta-
Iaitplus (1( la face ou des extrémités. Le Illèll1esmp-
tôme peut constituer le résidu de paralysies faciales périphériques
guéries ; le malade, en ce cas, pouvait fermer les deux yeux si-
III Il 1 Lan('llIl'nL, fermer aussi l'oeil homonyme seul ; il était inca-
pable de fermer l'oeil 1)("'l"J'onJI)( ! seul, celle tentative entrai-
nant, malgré lui, t'ncctusion des deux veux.
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 149
Ce symptôme, cela va de soi, n'a de valeur que dans les cas où
les patients, avant leur affection, étaient capables d'oulTil'unoeil
en laissant l'autre fermé. Il y a en effet bien des gens qui ne le
peuvent soit pour un ce)lé, soit pour les deux. D'ordinaire les
malades si avant d'être atteints, ils étaient ou non en état
d'ouvrir à four de rôle chaque mil on maintenant l'autre fermé ;
ce qui donne de la valeur au pl[(;l1omènl'dan ll' cas morbides en
question. P. KEIU\'AL.
REVUE DE THERAPEUTIQUE
VU. Action de la pyridine sur le tissu nerveux et mé-
thode pour la coloration élective du réticulum fibrillaire
endo-cellulaire et du réticulum périphérique de la cel-
lule nerveuse des vertèbres : par Donaggio. (Ann. di ne-
1)1'01. Anno XXII, fasc. 1-11.)
VU ! . Valeur diagnostique de la ponction lombaire ; par
RADUKL. (Rit,. crit. de clinica meclica, 1904, n0' Il et 12).
L'auteur rappelle tout d'abord la technique de la ponction de
Zimicke el indique les complications assez bénignes d'ailleurs de
celle l' légi'l'(' i nlpl'\ l'n Lion il faut faire exception dans les méningites
aiguës et dans les tumeurs cérébrales où l'on a vu des accidents
mortels. Puis il indique les dilféronls caractères physico-cliniques
du liquide céphalo-rachidien normal. Il passe en revue divers états
pathologiques : 1 méningite tuberculeuse où l'on peut constater
une élévation du point de A, la présence de flocons blancs avec
augmentation de la quantité d'albumine, la forme spéciale du
coagulum librineux, la présence des leucocytes mononucléaires
et, plus rarement polynucléaires, et, dans les Lrois quarts des cas
celles des bacilles de Koch. Le liquide retiré inoculé à des ani-
maux donne un résultat positif (Widal el Lesourd) ; 2° dans le
111l'ningisme de Duhré : hyperhydrose cerebro-spinate surtout
chez l'enfant, infiltration leucocytaire le long des vaisseaux.
L'examen bactériologique et la culture donnent des résultats
négatifs. Mais toutes les transitions 1'.\isLenLenll'e le méningisme
et la méningite : on a pu chez des enfants arthritiques détermi-
ner la formation de cristaux d'acide urique dans le liquide
cephato rachidien par la méthode de Garrod ; ;)0 dans la ménin-
gite infectieuse le liquide d'abord séreux puis trouble, puis séro-
tihrineux, devient purulent, sa couleur est jaune, rose, noirâtre
et même hemorrttagique : il esl caractérisé par sa richesse en
polynucléaires : on y trouve des microbes méningocoques de
150 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.
Weschsclhaum, diplocoque de Fl'oenkcl dans la forme épi ! lé-
mique, le staphylocoque, le hacLel'Íum cul le bacille d'EberLlt,
le diplocoque, le bacille de l'influenza ; 4° tumeurs et abcès
cérébraux : il faut éviter la ponction lombaire dans les cas an-
ciens : augmentation de la quantité de liquide céphalo-rachi-
dien, la pcrssion Iveal-all·inilcu 300, 4001;rammc.. Uans le cas
d'abcès le liquide retiré par la ponction indique si oui ou non
les méninges participent à la lésion et j)arconse(jnentdon)ieune
indication opératoire précise ; 5° liémorrhagics spinales, 11lt\lIin-
gécs, lésions traumaliques, thrombose des sinus. Le liquide
élj¡'t\ esL hém')I'L'Il(\gic¡ue (CIIl'UII11) diagnostic) ;Ij> lI1alalLies chro-
niques du système nerveux : paralysie générale, tabès, épilopsic,
sclérose en plaques ; le liquide paraît normal, la pression est
augmentée, 1) IIlplwcylose l) pc de polynucléaire dans le tabès et
la paralysie générale, fréquence des éosinophiles dans la sclérose
en plaques el la syphilis cérébrale ; 7° hydrocéphalie chronique,
abondance du liquide et. de la pression, pauvreté en albumine ;
80 rachitisme, augmentation du liquide par 1) mphogegèse exa-
gérée, jamais de flocons d'albumine ; \)0 dans la pellagre le pou-
v oir réducteur est assez faible ; 10° dans la forme grav e de la chlo-
rose augmentation de pression cL cLu yuautiLé tlu liquide céphalo-
rachidien ; 11° l'ictère chronique est la seule forme de la maladie
LlÙ le lir¡uidc cépha1o-l'achitLien soil eulol'é l'n jaune; Uo Lliahèll
augmentation du sucre ; 13° dans l'urémie richesse en urée ;
14" la rage humaine peut être reproduite par l'inoculation du
liquide cél>haln-racliitlicn (l'astc·ur'). l. 11'nHr..
IX. Disparition de douleurs lancinantes très violentes
chez un tabétique à la suite de 28 injections d'émulsion
de bulbe antirabique ; par L. STEMBO. (\'euoolor. C'<3) : i)Y[ ?
XXIII, 1901.)
Il s'agit d'un général de 41 ans, atteint de syphilis à 22 ans. De-
puis 1896, douleurs lancinantes extrêmes, térébrantes et gravati-
ves, surtout dans les cuisses et les fesses. En IS9 ! l, un traitement
antisyphilitique ne les modifie pas ; même insuccès de médica-
ments calmants, y compris la morphine ell'éledrieilé. Au con-
mencement de 1J0 ? ayant été mordu par un chien enragé, le
malade va à \'al'so\ie où en 14 jours on pratiquâtes injections en
question. Dès lors cessation complète des douleurs; le tabès reste
memestalionnairc. p, KERAYAL.
X. Contribution au traitement de l'épilepsie par le sé-
rum sanguin ; parll. GERHARTZ. (Xeurolog. Centralbl., XXlll,
1904.)
Deux jeunes malades sont depuis longtemps atteints (l'épilep-
sie typique sans hystérie. On pratique chez eux des injections soit
REVUE DU rru;mma; riQt t : . 151
de leur propre sérum, soit du sérum sanguin d'autres epitopti-
tiques. Dix injections ont été faites, dans les mêmes conditions
de manière de vivre et de régime. Ces injections se sont, traduites
dans le torrent circulatoire par la multiplication des leucocytes
polynucléaires el des formes intermédiaires aux dépens despetites
et grandes cellules mononucléaires 01 éosinophiles.
Deux tableaux enregistrent : l'époque de la saignée par rapport
il un accès ; l'époque du sérum recueilli par rapport à la saignée;
la date des injections ; la quantité du sérum injecté en centim.
cubes ; l'accès le plus proche à la suite des injections ; le genre
et le nombre des accès il la suite de la dernière injection.
Le sérum qui fournil chez les deux malades le résultat le plus
favorable fut celui qui fut extrait le plus tôt possible du sang
lire la suite d'un accès grave el qui provint d'un autre epilep-
li(lue (lue le l1laladL auquel fut injecté.
Mais, ni pendant le temps du traitement spécial, ni ultérieure-
ment, c'est-à-dire pendant six mois plus lard, il ne s'est mani-
feste d'influence efficace et permanente sur le nombre et la gra-
vité des accès. Il n'en faut pas moins étendre le champ des expé-
riences, car celle pratique est inolfensive ; bien qu'on eut sus-
pendu le bromure, les attaques n'augmentèrent pas de nombre.
C'est donc un succédané, du traitement bromure quand celui-ci
dégoûte le patient, ; peut-être est-ce parce que le sérum est chargé
de la substance active. Il n'a pas été constaté d'action favorable
sur l'état mental ni sur le poids du corps. Il faut aussi éliminer
l'effetsuggestif, les patients n'ayant que très peu de confiance en
ces injections. P. Keraval.
XI. L'isolement des aliénés ; par Cr. Li0tN0-IiODZE\\'ITSCH.
(0<')o;rt ? ii'f ? <tc/i<'f.t ? X,100 ? )
' L'isolement, en formelle contradiction avec le no-restrainl, in-
conciliable avec l'alitement, est plutôt nuisible il l'observation
des malades. 11 eaL directement el indirectement défavorable à
l'état mental des malades qu'il peut précipiter dans la dégéné-
rescence. On n'ajantais pu en démontrer les indications Lltéra-
peutiques ; eu revanche il est susceptible de provoquer et d'aug-
menter l'agitation. S'il met à l'abri des sources d'excitation exté-
rieures, l'action de la cellule est infidèle et inconstante ; elle est
avantageusement remplacée par l'alitement dans des dortoirs ou
dans des chambres séparées.
Mais pour remplacer l'isolement il faut employer l'alitement. 11
faut aussi se servir largement de la balneotherapie. Il faut en-
core une judicieuse organisation de l'hôpital ; si l'on n'arrive pas
à répartir convenablement les aliénés et sans gêne, on ne peut
réaliser l'alitement dans son plein. Un autre gage de succès, c'est
l'individualisation rigoureuse des malades ; ceux-ci doivent être
152 asiles d'aliénés. -
soignés pour ainsi dire un il \111 : c't'sl par une observation atten-
tive, parmi savoir-faire prudent qu'on prévient le développement
de l'agitation. Celle-ci est hlulùLun lruLuiL arliliciul lu'un5 mi-
tome naturel de l'affection mentale. Sans doute les agents lylro-
thérapiques et pharmaceutiques sont utiles. Mais l'alimentation
exerce sur les sujets une influence favorable, (die doit être ap-
propriée au but qu'on se propose tant en ce qui concerne la quan-
tiLé <Iu't'n c,l' (lui l'I'gaL'de la t1ualil ? l'. 1\ERA'At..
XII. De l'avènement du no-restraint en Russie; par
1\-A. USTANKOW. (0&0 : t'd) ! MXf'('/t;nt)'tC[, VIII, 1903.)
( : 'est Saint-Pétersbourg qui a donné l'exemple..1. M. l3uinki
a été le Pinel de la Russie. Ses élèves R. A. Schpakowski, L. F.
Ragozine, M. P. Lilvvinovv, ainsi que le professeur FL'ese, de Ka-
zan, ont appliqué les idées de Con01ly, ('touffes premiers, parlé
du no-reslrainl absolu. Enfin, a Moscnu, S. S.lioc'akow s'en est
l'ait le champion et les hôpitaux territoriaux du rayon de la
grande ville lui sonL redevables de son introduction. Le no-res-
traint absolu n'a cependant point encore triomphé, bien que l'on
s'accorde à n'appliquer la contention (pie dans des cas tout à fait
exceptionnels, dans ceux, par exemple, d'aulomufilation.
· P. Keraval.
ASILES D'ALIENES
1. Situation de l'assistance des aliénés dans le duché
de Bade ; parGAUPp. (Ce/)0-&/. ? lYel'vt ? I1}¡t'llh, XX : \', X. F.
XIII, 1902.) z
Partout les maladies mentales augmentent, partout l'encom-
hl'emenL des établissements : malgré les ;, asiles d'élal, Illenau,
En11rÍendingen, Pfurzitciin, cliniques d'iieiduthers et de Fribourg
ensemble 2395 lils, malgré trois asiles privés pour la jeunesse,
malgré les 9 hospices cantonaux qui assistent plus de 600 alié-
nés chroniques, la commission nommée pour étudier les mesu-
res à prendre montre que d'ici à 1915 il faudra 2010 lits nou-
veaux. 11 fauL créer deux nouveaux asiles et en attendant utili-
ser le plus grand nombre des lits disponibles en renvoyant le
plus grand nombre d'aliénés calmes possible dans leurs commu-
nes et leurs familles.
Cette commission propose la di\ ision des asiles en asiles d'aigus
et asiles de chroniques. Pour les premiers ce seraient : Heidelberg
région du Nord ; Illenau, région du centre ; Fribourg, ré-
asiles d'aliénés. 1M >
¡ ? ion du Sud. On supprimerait le vieil asile de 1)(oi-zlieitil (L on
le remplacerait par un nouvel établissement affecté aux chroni-
ques près d'lleiOell>eng, de 700 à 800 lits, avec exploitation agri-
cole : il desservirait la région de Ntisslocli. Le bel asile moderne
d'Emmendingen deviendrait un asile de chroniques et recevrait
ses malades d'Illenau et de-Fribourg. Au Sud-Est on construirait
un petit asile mixte qui recevrait' les aigus de sa circonscription
et garderait ses chroniques : région de Constance : 300 à 400 lits.
Quatre circonscriptions d'assistance sans privilège pour les cli-
niques. \'ives critiques de l'auteur. Tous les établissements du
duché auraient le droit d'avoir un pensionnat.
Les criminels aliénés seraient traités dans un pavillon annexe
du nouvel asile voisin (le 20 à 25 lils. On ne dit pas
si l'on y mettra à la fois les criminels aliénés el les aliénés cri-
minels. -
Tout près de l'asile d'itlenau, on érigerait un sanatorium popu-
laire pour affections nerveuses telles que névropathies et psycho-
pallies à la limite de la folie, héréditaires dégénérés, hystérie
traumatique. Un asile [tour buveurs serait aussi construit près
d'lllenau, 50 lils. Critiques de M. Gaupp.
Et malgré cela, la commission avoue qu'on manquera de pla-
ces. On devra avoir recours à d'autres institutions telles qu'hos-
pices cantonaux mais en les transformant, en niellant à leur
tôle un psychiatre résident, en leur imposant un plus grand nom-
bre d'infirmiers, en les obligeant au choix des malades en rap-
port avec leur destination. Les professeurs de clinique mentale
et les neurologistes n'ont pas fait partie de celle commission.
P. KERAYAL,
Il. -Dispositions sur les asiles et les aliénés; par DrANCHI.
(.llIn, di nécrol, Anno XXI, fasc. Y-Y ! .)
Ill. Histoire de l'assistance des aliénés en Russie, par
MALTZEW et Erkson. (Obozrénié psichiatrü, VIII, 1903, IX
1904). ).
Nous ne pouvons que signaler à la curiosité des chercheurs les
titres de ces travaux.
l° Matériaux pour servir à l'histoire de l'hospitalisation des aliè-
nés dans la Russie méridionale, par A. F. MalLzew t0&u. : n.)t<',
1903, n° l.)- 2° Développement de la folie et aperçu sur celte
affection dans la Russie ancienne (même auteur. Ibid. 1903, n-s
eL 3.)-3° Histoire des maladies mentales et nerveuses au Cau-
case, par E. W. Erikson (Ibid, 19 )3, n° J.) 40 Les hôpitaux des
cloîtres et des paroisses dans la Russie ancienne et leurs relations
avec les aliénés, par A. P. )lallzrw, (Ibid.190.i, n° 4.)- 5° Confré-
ries et hôpitaux dans le Sud-Est de la Russie et la petite Russie
154 SOCIÉTÉS SAVANTES.
(même auteur; Ibid. 1903, n" .) -6° Le ruln Iln. cnn-cnlc cl
autres établissements dans l'assistance des aliénés aux XVlle et
XV1H" siècles, avant l'ouverture des comités d'assistance publi-
que, dans la pl'lile HUf : .sie (même auteur ; Ibid. 1903, n" 6.) -70
Situation sociale des psychopathes et névropathes dans )a'h'ans-
caucasin, aujourd'hui et jadis, parE. \V. Krikson(6ojtV)t, 1904,
Il° 1 . ) P.I\E1UVAL.
1\T. La répartition de l'assistance psychiatrique des
Zemstwos au sein de la population ; par X. A. Wyrou-
B0\v.(06o;ren ! c).f;'e/t<i ? IX, 1904.)
Après avoir démontré par des tableaux statistiques que les hopi-
taux d'aliénés des provinces (gouvernemenls) russes son incapa-
bles de desservir équitablemenl les différents districts, M. Wyrou-
llow Iwohose l'inslallur un lupilal Ilu ;I) à (i0 lits pour lew nu
trois dislricls. On y adlllL'UI'ail 1<'s alr('clil1n récentes, et on ledo-
leraiL du même personnel hospitalier que celui qu'on assigne ac-
Iw'llen1l'nl, dans les hôpitaux centraux, à toute nouvelle section.
Il est fort probable que ces pet ils établissements coûteraient moins
cher que les grands asiles. C'est ce qui a lieu pour les hôpitaux
de district ordinaires ; la décentralisation ouvrirait ainsi une
voie nouvelle à l'assistance des aliénés en général. P. Keraval.
SOCIETES SAVANTES
SOCIETE aflnlc;o-PSOC;rmu.nclnt ?
Sénncc rlo 1 ton·mhre lD0'r. - PaLStnr : NCt : de l : DRUNET.
Folie à double forme arec syndrome paralytique.
MM. DOUTarBI : NT1 ? l'L Marchand communiquent l'observation
d'un malade suivi pendant 17 ans. Il s'agiL d'un syphilitique al-
tcinL de folie à double forme et présentant le syndrome paralyti-
que avec accidents épilepLifol'l1H's, à l'aulopciu duquel on trouva
(les lésions (lilfuses,une gomme du cervelet avecpachyméningile. \
M. BALLET. - Quelle était la durée des périodes délirantes ?
M.DouTREBENTE. Plusieurs années.
M. Pactet. Les lésions diffuses permettent de penser à la
paralysie générale.
M. Vallon ne croit pas que le diagnostic de folie circulatoire
soiL justifié, parce que les circulaires ne tombent jamais dans la
démence.
SOCIÉTÉS SAVANTES. ^ 155
M. Toulouse consfatequc la paralysie generatepeutdehuterpar
le syndrome intermittence.
Psychose lJolynélTitique arec insuffisance hépatique.
DI11..IAQuErN el Perpère rapportent l'observalion d'une ma-
latle du service de M. Dupain, à Vauchiso, présentant le syn-
drome de Korsakolf. Pour expliquer les lésions de polynévrite
observées à L'autopsie, les auteurs, écartant une affection urinaire
à laquelle le malade a succombé, les attribuent à l'alcoolisme
chronique el aune insuffisance hépatique manifeste.
11.1)urar; rappelle que M. Maurice Faure a publié un cas ana-
logue, avec insuffisance ]n''pa[o-renak', el ajoute que, de l'aveu
de l'iisslllli-mÎ'llll', on ne doit pas attacher une trop grande im-
portance à la chromalolyse. Ce sont là des lésions banales con·la-
tées souvent dans la tuberculose et la lièvre typhoïde.
M. Ballet reconnaît que si les lésions des cellules no sont pas
spécifiques d'une psychose polynévrifique, elles n'en constituent 1
pas moins une lésion tendant à attribuer une certaine durée à
l'injure toxique qui les provoquées.
Paralysies générales de longue durée.
M. BRUNET communique les observations de quatre malades
chez lesquels la paralysie générale adure de 10 à 30 ans.
' 1. 11.
Séance du 10 décembre 7M. Présidence de M. Brunet.
Elections. Après élections, le Bureau est ainsi constitué
pour 190;) : Président : M. Vallon ; vice-président : : )1. Mvrcei.
itRiAND; secrétaire général : M. Un'Tf, secrétaires des séances :
MM. IJUPAIN et, YIGOUROUX ; trésorier : M. Antheaume ; Cihlio-
l hécail'l-al'chh i[e : )1. BOISSlEH. ,
Le Conseil de Famille est constitué par les membres du Bureau
auxquels sont adjoints les deux derniers présidents.
Comité de publications : MM. Briand, LEGRAS, PoTTtEn.
Commission des Finances : MM. CHRISTIAN, et Semelaigne,
Les escharres de la paralysie générale.
MM. A. VIGOUROUX et Saillant rapportent les observations de
deux paralytiques généraux, v l'aululr.ie desyuels on trouva des
lésions de la moelle, caractérisées par une myélite avec périarlé-
rite, pouvant expliquer les escharres. M. Vigouroux insiste sur ce
poinl que, lors de la discussion de sa précédente communication
sur deux cas d'escharres fessières consécutives à des ictus, il
a\aitete dit que les escharres étaient toujours d'origine médul-
laire. Dans l'un des cas communiqués aujourd'hui, l'escharre sa-
cru avait été provoqué par un furoncle.
150 , SOCIÉTÉS SAVANTES.
.\1. ))UPAIN adnll'l la rn"fJul'nl'c de l'sl'hal'J'l' dan la Jlaral"sie
générale, mais, s'il croit que des mesures de prophylaxie soi-
gneusement prises peuvent souvent en retarder et même en em-
pêcher la production, il reconnaît aussi que dans certainscas rien
ne peut s'opposer à cette complication.
M.ARNAUD.La plupart des ailleurs français et étrangers
affirment que les escharres constituent une complication inevita-
ble de la paralysie générale et cependant beaucoup de puldica-
tiuns dOI1l11'nl.la IlI'eu\I', tlU'a\I'C certains soins, on peut souvent,
les éviter.
M. Toulouse croit que les escharres, étant le plus souvent la
conséquence des troubles trophiques,la malpropreté n'est qu'une
cause occasionnelle qui en détermine l'apparition.
M. Christian attache une grande importance au couchage,
dans la production de la lésion cutanée qui se transforme plus
tard en escharre ; mais il estime cependant que celle-ci étant
d'origine médullaire, on peut parfois l'empêcher de se produire.
.\1. YIGOUROUX maintient que le mode de couchage n'a qu'une
importance relative : certains paralytiques ont rapidement des
escharres alors que d'autres, couchés dans les mêmes conditions,
n'en onL jamais.
M.Arnaud. Le jour où les médecins elle personnel infirmier
seront convaincus que les escharres peuvent être évitées, on n'en
verra plus. ' .
11, l;auner.-I1 mc paraîLulil· de ralhcli·rlm· c'csl ;Archan-
bault (pie nous devons l'amélioration du couchage des gâteux.
Aliénés simulateurs.
M. 1·rcouaou communique, deux observations d'aliénés simu-
Jall'l11's. L'une est celle d'un débile de caractère instable, vaga-
bond et voleur, qui simula la folie pour se faire inlel'l1l'l' ('1. argua
ensuite de sa qualité de voleur pour obtenir sa mise en liberté.
L'autre a traita à un persécuté qui, pour se faire interner et fuir ses
persécuteurs, a simulé un délire de persécution, autre que celui
dont il était réellement atteint.
M. LEGRAIN. J'ai dans mon service un malade qui m'a été
envoyé de la prison de la Santé. 11 m'a avoué qu'il avait simulé
un délire alcoolique pour être envoyé dans un Asile, mais j'ai
constaté aussi qu'il était, en proie à des idées très actives et très
anciennes de persécution.
1.'l'HIVG1'. - Chacun sait que les simulateurs sont le plus sou-
vent des débiles.
M. Colin. Si lesdébilesne peuvent toujours être gardés dans
les asiles, il arrive aussi qu'ils soient incapables de vivre en li-
1)(,l'lé, Illeul' l'audrail un régime spécial.
M. Vigouroux. .l'ajoute qu'ils constituent une plaie pour les
SOCIÉTÉS savantes. 157
asiles. On ne peut, en elfel, les maintenir indéfiniment enfermés
dans les quartiers et dès qu'ils ont un peu de liberté, ils en profi-
tent pour s'évader.
Aphasie motrice ci répétition chez une morphinomane.
JIJI. Rov et Jaquelin donnent lecture de l'observation d'une
vieille morphinomane qui, il la suite de légers eblouissements,
était subitement prise d'aphasie motrice corticale.
Elle eut une dernière crise au cours de la donorpbrnisation.
Celle malade était hystérique. Les auteurs pensent que celte
aphasie transitoire ôtaitdue à l'intoxication morphinique. -
M. Ritti croit que le titre qui conviendrait le mieux à la com-
munication de MM. Roy et Jaquelin serait le suivant : « Aphasie
motrice chez une hystérique, sous t'influence de l'intoxication
morphinique ». : \1. il,
Séance du, 30 janvier 1 ! J03,- Présidence de M. Vallon.
M. Brunet, président sortant, s'excuse de ne pouvoir, pour
raison de santé, procédera l'installation de son successeur M.
Vallon, qui de vice-président qu'il était, passe de droit à la pré-
sidence.
M. le Secrétaire général donne lecture de l'allocution dans
laquelle .\1. Brunet, faisant la revue des travaux de la Société,
dans le cours de l'année 1 ! J0'J, souhaite la bienvenue a M. Vallon
el le félicite du rétablissement de sa santé.
M. Vallon, en prenant possession du fauteuil de la présidence,
remercie ses collègues des témoignages de sympathie qu'ils lui on !
adressés à l'occasion de son accident, dont il est d'ailleurs aujour-
d'hui complètement remis. Il fait, appel aux jeunes en les iw itant
a apporter à la Société le fruit de Leurol7servaLiuns à la condition
qu'elles soient bien prises.
M. 13Rl.\ND adresse ses remerciements à la Société pour 1 ! ion-
neurqu'elloluia fait en l'appelant au Bureau. Il se félicite de ce
que la guérison de son ami M.. Vallon fera de la vice-présidence
une véritable sinécure.
Commission des Prie.
Prix lBllro7777ae (2 mémoires]. Commission : MM. CLIV, Deny,
Cuaslin, Keraval, .). Voisin.
Prix Esquirol (5 mémoires). Commission, : MM. ÂNTHEAUME,
Arnaud. (HRISTI1N, Dupain. POTTIER.
l'l'i.7·.lln7'enu,7le Tours (8 mémoires) Commission : MM. Ballet,
Brunet, Moreau (de Tours), PACTnr. Toulouse.
158 sociétés savantes.
Les lésions des neurofibrillcs dans la paralysie générale.
"
1. G. Ballet. M. J. DagoneL, en faisant connaître le ré-
sulLaL de l'examen 111SLC101(lUl; de l'écorce cérébrale qu'il a fait,
pal' la méthode de Ilal1lnn y Cajal, exprime l'opinion que, dans
la paralysie générale, les neurofibrilles ne sont pas lésées. Je fais
passer sous vos veux quelques préparations où il est possible de
voir que, si certaines cellules el neuro-fibrilles paraissent intactes,
la plupart sont lésées. Un constate en particulier que la plupart
des neurofibrillcs onLou ondulées ou cnmpliolel1lenL brisées.
Alcoolisme et dipsomanie.
M. GI11BAL communique l'observation d'une dipsomane chez
laquelle les accès se produisaient sans être précédés de cette pé-
riode, sur laquelle M. Magnan a beaucoup insisté dans ses leçons,
el au cours de laquelle les dipsomanes essaient vainement de ré-
sister il leur penchant. Celle aliénée, d'ailleurs alcoolique chro-
nique, cuL aussi des impulsions au suicide.
M. VALLON. - Les alcooliques peuvent parfois devenir dipso-
manes, ainsi que l'a indiqué )1. Hall. -
M. GIMBAL. Un malade, qui buvait, même en dehors de ses
accès, \ ienL à l'appui de celte thèse. '
Troubles psychiques d'origine probablement sulfo-carbonée.
.\1. CHARPENTIER donne lecture en son nom personnel et au nom
de JI. llalhel'sLadL de l'observation d'une femme qui, travaillant
depuis de nombreuses années dans le caoutchouc, de vint aliénée.
Les phénomènes morbides qu'elle présente actuellement peuvent
être classés en trois groupes :
a) Quelques slygniales d'hystérie ;
b) Idées de persécution avec hallucinations de l'ouïe ;
c) Signes ressemblant il ceux de l'alcoolisme avec période som-
Incil. 1.
Ce sont précisément ces signes qui ont amené son internement ;
elle a eu à un moment donné un raptus hallucinatoire et a fait
une fugue, suivie d'amnésie.
Les auteurs attribuent il l'intoxication sull'o-cal'bonée, les lt'ou-
bles délirants présentés par leur malade.
M. Vallon pense que des intoxications diverses peuvent réveil-
ler des manifestations d'hystérie lalenle.
. MARCEL 13RIAND,
SOCIÉTÉS SAVANTES. 159
SOCIETE DE NEUROLOGIE
Séance du 12 janvier 1905.
Jtérzizgo-n7él i te.
MM. Mosny et Malloizel montrent une jeune femme chez a-
quelle ils ont hésité à diagnostiquer une polynévrite ou une me-
ningo-myélitc ; la constatation de la lymphocy tose les lit pencher
vers ce dernier diagnostic, que la marche de la maladie, frèsamé-
liorëed'aittcurs, a confirmé.
Syndrome de 13W élict. ¡'a/ltOgé'lie du tremblement .
JI\I. L. LÉvI et BONNIOT montrent un homme atteint d'hémi-
plégie droite incomplète avec paralysie partielle de la 3° paire
gauche. Le membre supérieur droit est d'autre part animé d'un
tremblement intentionnel marqué, il y a en outre asynergie cé-
rehetleube et diadococinésie. 11 s'agit d'une lésion du pédoncule
cérébelleux au-dessus de son entrecroisement inLraltrotubéran-
tiel.
Xèvrite toxique.
M. Lj.1131N5KI présente un cultivateur qui manie journellement
des superphosphates comme engrais chimiques ; les muscles pos-
térieurs de l'avant-bras sont atteints de paralysie avec réaction de
dégénérescence.
Formes frustes de lésions-du système pyramidal.
M. Babinski montre une jeune lillealteinle d'épilepsio partielle
droite avec stigmates de lésions p) ramidalesqu'on ne decùlequ'en
les recherchant.
7fe)Ktt;/tO) ?
M. n \BrI\SKL montre un cas d'hénticlturée avec existence de la
flexion combinée de la cuisse el du tronc, 1'aiL qu'il a plusieurs
fois renconlré. '
Macrodactylie congénitale.
MM. ll.wuon tL Iuo.r..ttrr présentent un malade atteint de
macrodactylie de l'index et du médius gauche et en montrent les
radiographies.
Gigantisme et goitre exophtalmique.
M. Gilbert Ballet, à propos d'une jeune lille atteinte des
deux syndromes pense que les deux systèmes de glandes à sécré-
Lion intrrnc, hitttilairc et thyroïde, sont altérés simultanément.
160 SOCIÉTÉS savantes.
Stase papillaire post-méningiliqace.
\IJL( : .m.EZOwss et COURTELLEMONT onL observé la stase papil-
laire à la suite d'une méningite, fait assez rare à leur avis.
. Myasthénie bulbo-spinale.
MM. Raymond el SICARO nwntront un liunnuequi, il v a : luatrc;
ans présenta pendant quatre mois le syndrome aslhénique d'Erb-
Guldplem ; la guérison, survenue graduellement, s'est maintenue.
Hypertrophie musculaire acquise.
M. SICARD montre un malade atteint depuis l'enfance de mou-
vements eboréiformes. Le membre supérieur droit présente en
outre une hypertrophie musculaire vraie avec exagération de la
circulation veineuse. Lesmouvemenlschoréïques dus vraisembla-
blement à une sclérose cérébrale légère ont entretenu des con-
tractions musculairesincessantes, celles-ci ontproduit une reple-
Lion sanguine qui a causé l'hypertrophie.
Paralysie agitante et troubles labio-glosso laryngés.
M. Souques ayant souvent rencontré l'association de ces deux
syndromes en conclut que la maladie de Parkinson doit bien être
due il une lésion inconnue et non au lait d'une névrose, et la
sialorrhée qui l'accompagne souvent doit être d'origine hypercri-
nique plutôt que mécanique.
Déviation de la tète et des yeux chez un aveugle de naissance.
MM. ])ÉJERINE el Rouss y ont observé é ce phénomène chez une
femme de 71 ans hémiplégique gauche et aveugle de naissance
par fonte purulente des yeux. Il ne pomaitdoncpas être question
de déviation par hémianopsie ; 2° la déviation n'était pas d'ordre
paralytique puisqu'elle tenait à la contracture droite et pouvait
être corrigée ; 3° le syndrome étant dans certains cas dissocié, le
centre cortical, s'il existe, ne pourrait pas être unique.
Lésions de la névralgie sciatique.
M. Thomas trouve dans un cas l'infiltration graisseuse el oedé-
mateuse du nerf sciatique.
La migraine commune, syndrome bulboprotubérantiel ci étiologie
variable.
M. Léopold Lnvi. L'unité de la migraine c'est la localisation
initiale : le centre de 1l1l"lIiÍ,'I'anie siège au niveau delà profu-
SOCIÉTÉS SAVANTES. ICI
herance : de ce point parlent des irradiations qui expliquent tous
les phénomènes associés elles équivalents delà migraine. Lecen-
tre peut être excité par une cause banale, ou par une intoxication
qui peut être autogène.
MM. JÆNOBLE "L AUBINEAU (de Brest) envoient la relation d'un
nawlcn ? staolwus essentiel congénital avec syndrome l1el'\'eux COI1l-
pie.\e.
F. 1101SSJlW,
S()CIIn IrIIH ? OWt;1E IT DE PSYCIiOLUt;IE
SW ace lu naodi ' ! 7 clcenabne 1901.
l'taoam : rrc ur : Jl. l'aul Jlacwn.
· Lc traitement psychologique de l' impuissance sexuelle.
M. Bérillon. L'impuissance sexuelle essentielle est caracté-
risée non par l'absence du désir, mais par l'absence du pouvoir
sexuel. Ou souvent confondu ces deux états dontl'independancc
est plus fréquente qu'on ne le croit. La puissance peut exister
sans le désir, de même que le désir ne confère pas la puissance.
L'absence de désir est, le plus souvent, due à des erreurs de l'édu-
cation, erreurs ayant provoqué, à l'égard du sexe opposé, une
aversion aboutissant à la suppression de tout désir ; ces erreurs
de l'éducation sont difficiles il réparer. Par contre, quand l'im-
puissance a pour cause une influence psychologique accidentelle,
connue c'est le cas le plus fréquent, la guérison peut en être fa-
cilement obtenue par la suggestion hypnotique. Il faut remarquer
que la sensation de l'impuissance, dans ce cas, loin d'exclure le
désir, est plutôt entretenue par une sorte d'exaltation du désir.
Dans ces quatre observations, l'étiologie présentait des différences
marquées :
Uas. 1. Littérateur, 38 ans, cause : frigidité de la femme.
(los. 2. Médecin, 35 ans, cause : longue attente et satisfaction
inopinée.
Obs. 3. Négociant, 40 ans, cause : interruption de l'acte sexuel
par une peur.
Uns. 4. Mécanicien, 39 ans, cause : jalousie conjugale.
Le traitement, dans ces quatre cas. a amené une guérison ra-
pide et complète.
M. Paul Magnin. J'ai été frappé de l'action spécifique delà
suggestion hypnotique dans des cas d'impuissance accidentelle.
Cette action constitue une des indications les plus formelles de
l'hypnotisme et c'est à tort quo l'on retarde l'application de ce
traitement toujours inotfcnsif entre les mains de médecins compé-
tents.
Archives, 2° série, 1005, t. X1X, 11
jus soc ? 11 : : 3$,\\',\ : \ Il;S.
Sourdlcs 11J11,licalio'l¡; de lu j/(11'('O"" é/hifl-mélhyliqw',
.'1. Paul ¡ : ,\IU : Z. - La 1H\I'('oe t"IIi 1-lIlt"lh liqlW ('I illdiqllt"e
l'II pchtJt111"lnl,il' CLIIiIIIII' UII pl'oct"dé opt"1'1l loi l'l' capalile dl' 1'1'0-
tluim· ttnu hypotaxie artérielle, à la faveur de laquelle la 1l¡.r ? 1 ?
lion 'illlpo1' a\l'C force aux l1-111(-Il)atix peuvent
se présenter : 1° le malade, en étal de narcose,' reçoit la uggl ?
Lion curative, comme s'il étitil en état d'hypnose : 2° pendant la
narcose, le malade reçoit la suggesl ion formelle qu'à l'avenir il
sera facilement lm pnoliahh' ; 3° au cours même de la narcose, le
soin ni cil élly 1-inélhylique est transformé en sommeil hy puoliqul'
dont la durée el l'intensité varient au gré de l'opérateur. Dans
ces cas, la narcose constitue un artifice préliminaire ; elle n'est
qu'un moyen, la suggestion étant le levier thérapeutique.
Or, la naJ'COI' Úlh 1-III¡'o(h liqul',1'1l dehors de toute suggestion,
comporte une ellicacité el des indications spéciales. Ainsi, dans
un cas de manie aiguë, nécessitant la camisole de force, elle lll'a
permis de juguler, chaque soir, l'agitation et de procurer il la ma-
la(le un sommeil calme de six il huit heures. Dans un cas de lié-
\ l'oe d'angoisse, elle a, illlanlant"IIH'nl, supprimé les accès paro-
1)( même, dans l'insomnie d'origine cérébrale, par
préoccupations mentales, celle narcose coupe court à tout ce qui
faisait obstacle au sommeil ; c'est ainsi (pie j'utilise cette narcose ·
comme traitement s)ll'l11aLiqlle de l'insomnie des neurasthéni-
si rebelle aux divers traitements. De même, chez les 1l11',lall-
coliques anxieux, aune courte narcose élhyl-mélhy lique, suc-
cède, soit pur >oit spontanément, un sommeil calme
qui amène une appréciable t"dalioll, Ail1 ? i, celle narcose esl une
amorce au sommeil t'l le sommeil et efficace par lui-même, en
dehors de Imite suggestion.
JI. Bernard (de Cannesl, Lit élh 1-111t"[h liqU('
m'a permis d'obtenir des résultats thérapeutiques très remarqua-
bles chez 5 malades qui pl'l"elllail'n[ les symptômes suivants : an-
goisse, insomnie, phobies, idées fixes, 11'L'lllhlclllenl, l11ol')lliillo-
manie, éthéromanie, coprolalie, etc. Pendant la 1HU,(,U1' élll 1-
mélhy lique, j'ai plusieurs fois suggéré avec succès l'acceptation
du sommeil hypnotique pour les séances ultérieures. Enfin, j'ai
pu, par suggestion, transformer le sommeil élhy 1-liléiliN liquo en
sommeil hypnotique, que je faisais durer autant qu'il yc Idui-
sait. l.
1ti('1111C .louaoea (de Marseille1. - .l'ai l'II il soigner, il y a
quelques mois, une hystérique anorexique l'l anoslhésique dont
se contractait et donnait lieu à des
borborygmes extrêmement bruyants. L'isolement n'amène aucune
amélioration. Le réveil de la sensibilité sans hypnose échoue
l
. SOClE , l "S , S,\\,,\ : \ Il : 5. \ ] 03
cornplèll'lIH'nl. L'II pn()tiation ne l'l'ussiL qu'à PI'O'(Jllul'I'un OI1l-
meil léger, insuffisant pour le succès des suggestions. Lasug-
¡ ? cLion l,th) l-Jl11"Lhylique combat l'ancsllu"sie et l'anorexie, en
même temps qu'elle ramène une respiration normale et qu'elle
provoque la disparition des borborygmes.
.\1, In : v.o.i..auF (cln Lynt). - Une malade du service de M. Lau-
nois présentait du mutisme depuis dix-huit mois; elle a recouvré
la parole au bout de deux jours, grâce à la suggestion éllJ\ 1-lI1é-
111 liqup à laquelle je l'avais soumise. 'L .
.,1. W¡IZE\lSKY (de Saralovv). J'ai employé avec un plein suc-
la étlin l-lI1l'lh) litluc dans 18 cas qui se décompo-
sent ainsi : vomissements incoercibles de la grossesse, 1 ; imlmia-
alH'p génitale psychique, 2 neurasthénie, '2 pycha"lhénie, i ; ;
bégaiement, 1 ; hystérie, 3; névralgie, 1 ; accouchement, 1 ; oh-
sessions, 2 ; angoisse, 1.
Xote sur un cheval doué de remarquables aptitudes intellectuelles.
.,1. SruMpt' (de Pcnlin). - Il a élé, en Allemagne, grandement
question d'un cluval savanl, nommé flans, dont les acles ont
provoqué un grand écoiiiieiiieiit. En effet, ce cheval paraît calta-
1) lo de comprendre la pensée de son maître, bien qu'elle ne soit
exprimée ni par paroles, ni par gestes appréciables. 11 parait même
capable de trouver la solution de quelques petits 1»olèntes.
Bien entendu, ce cheval exprime ses réponses par des motwe-
ments, en particulier ceux de la tète. Une commission composée
de- .\1.\1. : : )lUIllPf', professeur de Psychologie à l'Université de Ber-
lin, Scliillings el 1)1'iiig,t, ses élèves, a étudié longuement ce che-
val, en l'absence de son maître cl de son lis sont arrivés
(,elle conclusion que ce cheval ne peut ni compter, ni lire, ni
calculer : les réponses qu'il doit faire lui sont dictées par des mou-
vements à peine perceptibles. Il esl guidé uniquemenlpar la vue
nul ne répond rien quand des oeillères l'empêchent de wir les per-
sonnes qui posent les problèmes. Un fait, cependant, très intéres-
sant, est l'aptitude de ce cheval à percevoir les, moindres signes
des paupières ou les moindres mouvements résultant d'un jeu de
physionomie. Les expériences qu'il réalise pourraient être rappro-
(le" faits de CUlllhcl'landirne,
.\1. nlRILI.ON, - La sagacité des observateurs allemands a up-
primé la légende qui s'était créée au sujet de ce cheval. On con-
naissait déjà l'intensité de la mémoire chez le cheval : Halls nous
montre avec quelle habileté son dresseur a su utiliser celle ai)ti-
tule. De plus, ce. cas apporte une preuve de plus la théorie de
Stricker, d'après qui on ne saurait pensera une lettre ou à un
chiffre, sans que lïlHhiln extérieur du corps ne 1'1'I"l'll ! e line al-
litule correspondante que des esprits entraînés cette lecture,
161 PÉDAGOGIE SPÉCIALE.
parviennent a interpréter. Ce cheval est donc, doué d'une certaine
aptitude à la lecture des gestes, laquelle est une lecture, au même
titre que celle des caractères écrits.
M. Lionel Dauriac. Les expériences de M. Slumpf ont sur-
tout démontré qu'il fallait renoncer l'idée d'un cheval doué de
l'aptitude à penser librement. C'el, l'n efl'L,t, Jà qU'l'sL lc noeud
de la question. En se conformant à des signes qui lui sont faits,
ce cheval ne fait que réaliser des exercice» de haute école, un
peu plus difficiles que ceux qui nous ont. été présentés jusqu'à a.
ne juur. t)n tloiL relenir tle ce faiL tluil est nécessaire, 1>lus yut·
jamais, de se délier de ses propres perceptions. L'illusion dont
beaucoup de savants allemands ont été les victimes nous engage
à nous défier de ces prétendues lectures de pensée et autres faits
semblables qui ne résistent pas au contrôle.
)1. IiINGT-5.1NGLIL. Il ne faut pas exclure, de parti pris, e-
tude de ces phénomènes ; on peut trouver les éléments de re-
cherches psychologiques susceptibles d'augmenter la puissance
de nos perceptions. Nous n'utilisons qu'une faible partie de noire
capacité sensorielle ; les moyens qui en accroissent la subtilité
doivent être recherchés, en dehors, bien entendu, de toute croyance
au merveilleux.
77mticroiie droite, dalar.t de vingt ans. guérie en deux séances de
suggestion hypnotique.
M. Damoglou (du < : aire). Une femme de 28 ans soulfre, de-
puis Lige de 8 ans, d'une hémicranie droite, à accès périodiques
durant de deux à cinq jours et difficilement atténués par lesmé-
dications ordinaires. La douleur disparaît complètement après
deux séances d'hypnotisme. La guérison se maintient depuis six
mois.
Le signe du salut dans la sciatique.
M. Maurice 1LOCH. Dans l'acte de saluer, la flexion de la
colonne vertébrale s'accompagne du mouvement associé du re-
dressl'lJ1enL des membres inférieurs ; la contraction des muscles
de la cuisse, tiraillant le nerf sciatique, fait éclater, sur le trajet
de ce dernier, un ou plusieurs points douloureux qui facilitent
ou corroborent le diagnostic.
Drames de l'alcoolisme. Atteint de folie alcoolique, Paulin
Behalle, mécanicien, a blessé sa femme de deux coups de revol-
ver. Il a été arrêté. 11 prétend que sa femme voulait le tuer pour
livrer son cadavre aux démons. (Bo11h. norm., 2li oct.).
PEDAGOGIE SPECIALE
Conférence sur les enfants anormaux à l'Ecole normale
d'instituteurs d'Auxerre, par le ])1' \\-.tut., médecin adjoint
de l'asile d'aliénés.
M. Wahl commence par montrer l'importance que présente
en pédagogie la question des enfants anormaux-; il n'est pas d'ins-
tituteur qui ne puisse en rencontrer parmi ses élèves. Il est diffi-
cile de donner une définition scientifique de ce genre de malades.
Le conférencier les divise en deux grands groupes : 10 Les
sourds-muets et les aveugles, qui ont attiré l'attention de faillie
de l'Epee, de Yalenlin Ilai'iy, de Braille, et dont on s'occupe
au moins en partie. Y .
20 Les idiots, les imbéciles, les faibles d'esprit, les dégéné-
res supérieurs, qui, moins favorisés, n'ont pas encore bénéficié
aillant qu'ils y ont droit, des sentiments d'humanité, en honneur
il notre époque. Ce sont de ces derniers seulement que 1'01"lIl'UI'
va s'occuper.
Idiots. Le premier essai d'éducation d'un idiot date de 1 î ! ls.
Il a élé lente pal' Ilal'd, médecin des sourds-muets, sur un sujet
appelé « le Sauvage de l'1\wvrott (I). Cet être hirsute, malpro-
pre sans aucune éducation, était pourharthme créature humaine
qui, depuis sa plus tendre enfance, avait vécu abandonnée. Pinel
affirmait, au contraire, que c'était un idiot ; l'expérience prouva a
que Pinel avait vu juste. Le «Sauvage » put par la suite acquérir
une certaine éducation.
Les autres tentatives furent celles d'Esquirol qui, en 1818,
expérimenta à la Salpetriere, el tenta l'éducation des petites idio-
tes. Faire père créa une école qui existe encore ; elle est dirigée
actuellement par) ! . le Dr Jules Voisin. Après plusieurs essais sem-
hlahles tentés iL l31cèll'e par Ferrus, Séguin, poursuivis par Dela=
siawe, M. le Dr Bourneviile a établi en 1880 uneécole modèle qui
fonctionne adl111rahenll'nL; ila des instituteurs et des institurices
dressés par lui, qui continuent les traditions de Seguin, modi-
fiées, perfectionnées. Jusqu'ici il n'y a pas eu en France d'établis-
sements spéciaux pour le traitement et l'éducation des arriérés en
dehors des asiles d'aliénés, sauf quelques rares établissements pri-
lés. Les imbéciles sont fréquents dans lccécoles ; ils se caractéri-
sent, outre la faiblesse de leur intelligence, par l'absence de sens
moral, par une sorte de méchanceté innée. Ils apprennent à lire,
(1) IT.W n, Rapports et mémoires sur le sauvage de l'Aneyron, vol
II, dota Bibliothèque d'éducation spéciale de Rourncvillc.
16G rl;ttGOC;Ir SPÉCIALE.
écrire, exercer un métier ; quelques-uns ont une mémoire
extraordinaire pour certains faits, témoin Inaudi. On a quelque-
fois caractérisé ces êtres sous le nom de « génies partiels ».
Les faibles d'esprit apprennent à lire, à écrire, à orthographier,
ils arrivent à la notion du nombre et il la compréhension de pro-
lllèmes Lrèa simples et peuvent avoir leur certificat d'études. Ils
sont caractérisés par une faiblesse native de toutes les facultés.
Les d ''générés supérieurs, appelés encore prédisposés, détra-
quels, sont capables de (ou Les les opérations intellectuelles, mais
il leur manque la pondération de l'esprit, la faculté de critique
des aclionspersonnelles.
Chez eux, les passions l'emportent sur le raisonnement; sui-
vant les hasards de la vite, ils deviennent des aliénés, des crimi-
nels ou ils végètent misérablement. Ils sont souvent d ? excen-
triques, quelquefois même des artistes.
Jean-Jacques Rousseau, le Tasse, Gérard de Nerval, Gustave
Cou 1'1)(' jusqu'au dépravé et mélancolique Musse ! , peuvent être
donnés comme exemples.
Immédiatement au-desscus des- déséquilibrés viennent les vi- i-
cieux; ces malades doivent leur anomalie soil à la mauvaise edu-
cation, soit à leur tempérament.
Dès leur plus tendre enfance, une horreur instinctive de la so-
ciété, des idées d'indépendance, le dégoût du travail intellectuel
leur font fuir l'école où ils se sentent quelquefois inférieurs aux
camarades, et où ils rencontrent une discipline qu'ils ne peu-
vent supporter. Ils prennent de bonne heure des habitudes de
vagabondage qui les amènent, à voler et souvent pis encore.
L'enfant anormal présente souvent des stigmates physiques
de dégénérescence ; déformation crânienne, profil d'oiseau, bec
de lièvre, etc.; mais celui qui doit son anormalite à un accident
survenu plus ou moins longtemps après sa naissance, peut pré-
senter une physionomie normale.
L'éducation morale, telle qu'elle esl donnée généralement, ne
saurait convenir aux anormaux : elle est trop abstraite ; trop loin n
des réalités concrètes dont seulement ils peuv enl se rendre compte.
Nous ne parlerons pas de l'enseignement religieux dogmatique :
il y a vingt-cinq ans que DelasiaUl e signalé son échec complet.
Parmi les causes de dégénérescence physique et intellectuelle,
l'orateur cite :
a l'alcoolisme des ascendants ; b) la misère en général ; par-
ticulièrement, le défaut de salubrité qui règne dans les locaux
trop petits habités parties familles nombreuses; c) la mora-
lité plus que précaire qui résulte de celle promiscuité ;
d) la terrible syphilis qui se transmet aux descendants ;
e) les professions insalubres ? ) le surmenage intellectuel au
moment de la conception ; g) la disproportion d'âge, l'âge trop
\
. ri : wcocn : srt`.cmr.u. 11\7
précoce ou trop avancé des 1)(II'('n[-; -h) I ? nH11'ia ? "lInan-
guins (1). La proportion des enfants anormaux parmi les enfanl,
naturels serait plus forte que chez les enfants légitimes. Une loi
américaine défend aux dégénérés d'avoir des enfants, on leur l'ail
même subir dans ce but une opération chirurgicale ' !
Noire inonde s'accommode mal (Tune telle pratique, d'autant
plus (pie l'hél'l,tlilé Il'I'L pas l'alall', 1'1 qlll) ,lan.. hil'IL des cas le
produit se différencie 1res nettement de ses procréateurs.
Dans les tentatives de guérison des enlanls anormaux. seuls des
laïques ont apporté quelques améliorations. C'est un l'ail intéres-
sant à remarquer.
Grâce à l'instruction, les enfants anormaux pourront ne pas
être une trop lourde charge pour la 'lH'il'I('. (;1'11,' (',lllca[ion ? 1
très dillicile à faire, car il faut loul apprendre à Tidiol en particu-
11t ? )an-.))i('thcas,i ! fauLtoutapprt'nt ! ra('( ? nK)ihcut'L'u\,(h'-
puis la 1"'olH'pLé la plu" ('h'nll' Il Lail'l', dl'PlIi ? la Il ! : lITIIl' 1'[ la pa-
1'1111', ju.;qll'iLl¡\ uolion el l'idél'.l\U."j I' l'lIllll'nLe-l-on lrllp l'atill'-
IIH'III l'Il pl'l'Sl'nCe de la dil'liwllé ,lJ 1.1 I¡it-III) 1'1 au--¡ au n01l1
d'une économie mal comprise, de les hospitaliser dans les asiles
d'aliénés. -' · . ! ! (h'\rai(,yavnH'()(6ta))H ? emnLssp('iau\pm'tc-dt ? n( ?
l'l ? bUI'(ouL pOlll' Il's dt'g('nél'(', snpél'ienl ? Ll' 1 jcil'n \ son ! en
petit nombre recueillis dans l'élablissemoni de Mellray (In-
dl'r-rL-Loil'e), cru\ : qui COllll1ll'l[l'nL qnelqUl's l'odaiLs sonl 1'111"1'1'-
més dans des maisons de correction pendant un mois, six mois
l'l, nlt"lIwjnqu'iL ,'ingL ans..\lalhpllI'èUSI'Il1l'n( llalls l'es ll1ai,;oll';
de correction, on ne recherche aucunement la culture morale des
JI1alhcul'PII 'i : qui y sonL enfermés trop peu de temps le plus souvent. l.
En Angleterre, au contraire, on essaie de leur donner l'habitude
du travail ; on leur enseigne un 1l1(,[iel'; il" onl lie ]¡Olll](,
notions morales, lorsqu'il* sortent des « écoles de redresseinenl »
« et des écoles industrielles n créées spécialement pour eux.
Un effort philanthropique vient cependant d'être tenté en
France en 1898 pour les enfants moralement abandonnés.
Le pars ù'Eul'ope le micu\ : pa 1'1 ag-é sous ce rapport est la Suède.
Dans ce pays existent en plus des asitesd'alienes, des écoles pour l'
les imbéciles. En l1elgiljue existent des «classes» pour les arriérés,
classes annexées aux écoles ordinaires. Ces classes fonctionnent
également en Allemagne, à Cologne en particulier, en Angle-
terre, en Italie, en Suisse, etc.
,\1. Wahl termine sa très intéressante conférence par quelques
conseils pédagogiques. Il conseille aux maîtres de profiler de
11'111' ou lelle dispoi ! inn particulière des enfants arriérés. Il faut
(1) Quelques réserves seraient à l'aire sur l'importance relative
ile. causes relew·e lvar 1f. \\'alrl. \ou. t·1·It\'O\'olrc lllr I·clcur iv Ia
collection des Couytes-r u.ius clio Bi('j\I¡'e (lO,1903', (lî.) . ' .
1GS f;.ORRT : SPOND\NCr.
d'abord obtenir d'eux une obéissance raisonnée bien qu'absolue
L'exemple fera beaucoup dans celle éducation bien plus que les
phrases des manuels. Cette tâche demande beaucoup de patience
et de courage, car parfois, le succès-n'est pas en rapport avec les
efforts déployés. 1 1 -
M. Wahl montre, en finissant, quelques séries photographiques
- représentant des idiots depuis leur jeune âge jusqu'à vingt ans,
1 mises à sa disposition par M. Bourneviile. Les élèves sont sortis
entporlantclu conférencier un excellcnl sl1uyeni l', certains que ses
conseils pourront leur être bientôt d'une grande utilité dans leur
oeuvre d'éducation de la jeunesse. A. Romelin,
Elève de f'Heofc Normale d'Auxerrc.
Nous ne pouvons qu'adresser nos félicitations à M. le ])r Wahl
pour son heureuse initiative, car c'est la première fois, en France,
qu'un tel sujet est traité dans une École normale d'instituteurs.
Il est évident que toute personne s'occupant d'éducation devrait
être au courant de ces questions. La pédagogie normale ne peut
que tirer bénélice de la pédagogie anormale, l'instituteur qui
saura qu'il existe des enfants anormaux, sera moins (enté d'at-
tribuer toujours la mauvaise volonté l'indiscipline, la paresse,
l'inattention de certains de ses écoliers ; il verra là plutôt une
manifestation pathologique, et s'aidant des conseils d'un méde-
cin, il pourra dans bien des cas, aider à l'atténuation d'un état
morbide, qui n'est qu'à sa première manifestation.
11. Bourneville dans son service de Bicêtre,pour mettre à même
ses collaborateurs, instituteurs, institutrices, infirmiers et infir-
mières d'appliquer le traitement d'une façon plus efficace, et de
connaître toutes les méthodes spéciales d'éducation, les envoie
régulièrement tous les ans assister aux classes faites à l'Institu-
lion des sourds-muets, et à l'Institution des aveugles. Nous lui
avons souvent entendu exprimer le regret que l'Etat n'agisse de
même avec ses instituteurs ordinaires ; ne devrait-on pas, à la
faveur des vacances scolaires, les envoyer passer quelque temps à
l'Asile-l : cole<leLicêtre, pour leur faire voir des anormaux, et pour
leur montrer ce qu'une méthode raisonnée, peut faire de malheu-
reux que l'on mettait. autrefois en dehors de la Société.
CORRESPONDANCE
Les magistrats et les aliénés.
Tours, le 11 novembre 19(l ?
Cher Monsieur et très honoré Confrère, ; .
J'ai l'honneur de porter a votre connaissance un exploit de nos
BIBLIOGRAPHIL 169
représentante delà, justice et qui ne doit pas rire passé sous si-
lence.
- A la fin d'octobre dernier, un aliéné de mon asile s'wade. Ce
malade, un débile mélancolique déprimé avec altitude de flexion,
est arrêté comme vagabond sans ]apiersalartigny([m)re).
Les gendarmes lui font passer la nuit à la gendarmerie, le
malade leul' dit (¡u'il s'et évadé de l'l1Upic(' d(' TUIII' : il ('I ha-
hillé des \ èlemenls de IR mai()n ('1 ib l'I'mal'qUeUl sa L'ILt'miI'
mar : lnée à lencre graac· A II (nliénu. lmmmu··). Le lmulmnain
les gendarmes le conduisent en voilure au Blanc ; là, on écrit au
Directeur de l'Hospice de Tours qui confirme les dires du malade
au point de vue de son évasion. Le tribunal condamne cet aliéné
il huit jours de prison et l'hospice de Tours est invité il le faire
prendre il l'expiration de sa peine : en effet, aujourd'hui, deux
employés vont le chercher à la maison d'arrêt du Blanc et l'ont
ramené à l'Asile.
Tels sont les faits qui qu'ont, été rapportés par mon sous-siir-
veillant que j'avais prié de prendre des renseignemenls en allant
chercher l'aliéné. Ce dernier m'a ce matin même raconté exacte-
ment les phases de son voyage.
N'est-ce pas joli cet aliéné évadé, condamné pour vagabondage
ilS jours de- prison ? Je laisse il voire haute appréciation, le
soin de tirer de l'clle all'ait'e tout le profit que vous jugerez
utile !
Veuillez agréer, mon cher confrère, l'assurance de mes meil-
leurs compliments.
Dr .1RCH.1\1C3.1GLT.
Tout commentaire nous paraît inutile.
BIBLIOGRAPHIE
1. L'A ssistanc'c clc' ali¿n, : s en Franc", en .1 llem'l{Jilc, etl [tali" et en
Suisse, par P. Sérieux. Paris, 1903, imprimerie municipale Hôtel
de Ville.
Le volumineux rapport sur l'assistance des aliénés de M. P.
Sérieux est divisé en cinq parties : la première partie est consa-
crée à l'histoire du développement- de l'assistance des aliénés en
Allemagne ; la seconde traite des asiles d'aliénés criminels d'Eu-
rope (Allemagne, Italie) et d'Amérique. Les cliniques psychia-
triques 'universitaires d'Allemagne, de Suisseet d'Italie sontexa-
minées dans la troisième partie. Dans la quatrième partie, est
étudiée l'organisation des asiles d'alil"I1Pf'n .\llemagnp,f'11 Suisse
17 J BIBLIOGRAPHIE. -
et en Italie. Enfin, la cinquième parlie est consacrée à la descrip-
lion des asiles de la région de l'Est de la France.
. Le travail de 31. P. Sérieux comprend plus de 1000 pages. Lue
analyse quelque peu détaillée ne peut donner qu'une idée bien
vague de Ions les faits d'observation contenus dans l'ouvrage.
Aussi après avoir fait une (''numération des principaux chapitres
renfermés dans chaque partie, nous insisterons sur la partie qui
Iraile des réformes actuellement réclamées chez nous dont la réa-
lisalion s'est opérée dans divers pays étrangers ; ces réformes ne
doivent donc plus être présentées « comme des vues de l'esprit,
comme des entreprises hasardeuses. »
Ir. Partie. -Le développement de l'assistance des aliénés en '
.\II<'lI1agl1l' peul se diviser en qualre périodes. La pl'I'rni.,1'1' l'om-
]'l'l'IIIIII' mO)l'n à¡ ? L', les l'ous onl .i1llil'iahll' dl's ll'ÏhlllHlll'\, d,'
et non de la science médicale. Dans la deuxième période
les fous sont considérés comme des lIjl'lsdan¡ ? el'l'lI'\ et onlll'ai-
lés comme des criminels ; celle période s'étend de la fin de «'e·
siècle au commencement du XIX., l'ne troisième phase com-
mence au début de ce siècle pour finir vers l'ail 18G0, les aliénés
sonl enfin considérés comme des malades et traités dans des l'ta-
blissements spéciaux. La quatrième période est par
le développement de l'assistance des aliénés (nI) retmint, open
door, alitement thérapeutique, différenciation des rI i [fél'en 1 s q ua 1'-
de classement, asiles-colonies, colonies familiales, l'lahlis-
sements slociaw pour les cas aigus, les cas chroniques, IIIJ]'i-
latix de convalescence, asiles colonies pour épilepliques, buveurs.'
idiots, criminels aliénés, etc.)
Il* Partie. - Les dilférenles catégories d'aliénés criminels
comprennent : 1° les condamnés devenus) aliénés en cours de
peine ; 2° les aliénés ayant commis des crimes sous l'influence
de leur délire ; 3° les aliénés ayanL, au cours de leur interne-
ment, commis des actes dangereux; 4° les dégénérés malfaisants,
L'auteur traite d'abord de la question des aliénés criminels en
France, en insistant surtout sur le quartier d'aliénés criminels de
graillon. Tous les documents concernant celte question sont ex-
Il rés dam un chapitre que l'auteur termine en donnanL le pro-
jet de loi de Cruppi. La description de divers asiles d'aliénés cri-
nrincls lie l'Angleterre, de l'Ecosse, de l'Irlande, des Etats-Unis,
de l'Autricitc, de la Hongrie, de la Belgique, de la Norvège, etc.,
esl suivie d'indications précises sur les statistiques, le travail, le
personnel, etc., de ces établissements. Des chapitres spéciaux
sont réservés la description des asiles d'aliénés d'Allemagne et
d'Italie. Un dernier chapitre est consacré au projet d'organisation
de l'assistaace des aliénés criminels en France. L'auteur propose
1° un asile central d'Etat ou mieux qualre quarliersspéciaux an-
nexés à des établissements pénitentiaires pour les condamnés de-
13113f.lOGR.\l'llll : . 171
w·W ns alinnn t·1 cnUr. I· lmfm· ; ? trois asiles de sûreté ré-
gionaux pour les aliénés dangereux. Dans ces derniers, on trai-
terait les anormaux malfaisants (pie Ton considère insuffisam-
ment aliénés pour les asiles et insuffisamment responsables pour
l,t lfri : on. lrtcc a c·· w·· uuuw·ll·. on alamlonncra la ilrn·
trine de la responsabilité atténuée.
IIIe Partie. Le nombre des universités allemandes est de vingt.
Chaque université possède actuellement une clinique psychia-
trique ; parmi celles-ci, quelques-unes constituent de--etabti>-e-
utentsautonones, des instituts universitaires. L'auteur étudie
d'ahol'd le J'ondionlll'ml'J¡[ th l'CS (11'l'JIii'I'l ? Les uui\('I'ités 1r.\I-
11'IIlagrH', de Suisse, d'Italie, qui ne possèdent pas encore de cli-
niques psychiatriques autonomes ont utilisé pour l'enseignement
clinique des maladies mentales les asiles provinciaux, cantonaux
ou municipaux les plus proches (asiles-cliniques.) Les pages sui-
vantes sont consacrées à l'organisai ion de renseignement de la
psychiatrie en Allemaâne, Italie, Suisse, Russie, 11L'lgillue, Pays
scandinaves, Crande- ! 3l'eLagne, Irlande, Etats-Unis.
En France, nous n'avons que trop tardé à suivre l'exemple de
l'étranger et c'est le pays où l'enseignement des maladies nn'n-
tale a pris naissance qui ne possède pas une réglementation offi-
cielle de cet enseignement. Nous ne possédons quequatrechaires
de clinique des maladies mentales et dans aucune de nos univer-
sités le stage n'est obligatoire. L'auteur émet à ce propos les
voeux suivants : 1° fondation dans chaque ville universitaire
d'une clinique psychiatrique autonome ; 2° un personnel médi-
cal nombreux ; 3° réorganisation du recrutement du corps ensei-
gnant ; 4° organisation de cours cliniques payants et de cours
gratuits ; 5° organisation du stage psychiatrique ;0° création d'un
concours spécial pour les places de médecins des asiles cliniques;
io réforme de l'organisation du service médical dans les asiles
d'aliénés. '
1"" Partie. Parlant d'abord des asiles-colonies, M. Sérieux '(
donne les éléments caractéristiques de ces établissements : ab-
sence de murs, de galeries couvertes, de grilles, de barreaux el
sauts-de-loup ; grand nombre de pavillons indépendants, disper-
sés sans symétrie. Division de l'établissement en deux grandes
parties : l'asile central, la colonie ; différenciation des différents
pavillons adaptés chacun au rôle spécial qu'ils on àremplir; sur-
veillance continue il l'asile central ; vie en liberté àla colunie,nlo-
restraint partout ; traitement par le lit des psychoses aiguës ;
autonomie de chaque pavillon. Les asiles-colonies d'Alt-Scherhilz
de Golkhausen (Allemagne) et de Jlendrisis (Suisse) sont décrits
avec beaucoup de soins et leur constitution matérielle et morale
est examinée en détail. Un chapitre spécial est réservé à la des-
cription de trois asiles d'aliénés provinciaux d'Allemagne et/d'l-
172 BIBLIOGRAPHIE.
talie ? ient ensuite l'exposé des législations et règlements concer-
nanL les aliénés en Allemagne, en Italie et en Suisse. Les nou-
velles méthodes de traitement des maladies mentales en usage
dans les asiles étrangers font l'objet d'un chapitre spécial : c'est
d'abord le traitement par l'alitement ou clinotherapie, puis le
traitement des états d'agitation par le bain permanent, les enve-
- Ioppement< permanents de 33° 1'1 35°, la suppression des moyens de
contention mécanique, la suppression de l'isolement cellulaire,
etc. L'auteur étudie ensuite les hôpitaux d'aliénés urbains des-
tinés à l'hospitalisation immédiate des malades dans les grandes
villes, les sanatoria populaires pour les maladies nerveuses, les
hospices pour aliénés chroniques, les asiles-colonies pour épilep-
tiques, les établissements pour idiots, enfin les asiles de buveurs.
Le personnel médical des asiles allemands, suisses et italiens se
compose de directeurs-médecins en chef, de médecins chefs de
service, de seconds médecins, de médecins assistants et enfin de
médecins volontaires ; dans tous les asiles d'aliénés des pays de
langue allemande, les (onctions médicales etadministralives sonl
réunies entre les mains d'un directeur-médecin en chef. Un pa-
ragraphe spéciale est réservé dans celle élude du personnel des
asiles étrangers à l'organisation du personnel administratif, et
l'auteur résume les desiderata qui furent l'objet de discussions par
des auteurs compétents.
\'e Partit ! . - Elle est consacrée à la description des Asiles d'a-
liénés français de la région de l'Est (Saint-Dizier, Maréville,
faits). Tous ces asiles, en plus de leurs malades, ont à traiter
des malades transférés de la Seine. L'auteur proteste contre le
principe même des transfèrements ; ceux-ci ont quelque chose
d'inhumain en rompant pour toujours les liens de parenté et d'a-
mitié que peuvent avoir les malades dans les pays où ils ont
vécu. 11 faut égalements supprimer les asiles privés faisant fonc-
tion d'asiles publics et les remplacer par des asiles départemen-
taux ou régionaux. Dans les asiles départementaux, le person-
nel médical se compose en général d'un directeur-médecin, d'un
médecin-adjoint et d'un ou deux internes. La tâche du médecin-
directeur est beaucoup trop lourde et la fonction du médecin-
adjoint n'est autre chose qu'une sinécure, puisqu'il n'a pas de
service distinct. L'attribution aux médecins-adjoints d'un service
autonome serait un moyen de diminuer le fardeau qui pèse sur
le directeur-médecin. Ce voeu émis par l'auteur est déjà réalisé
à l'asile de Blois où nous sommes chargé d'un service autonome.
Trop nombreux sont encore, en France, les asiles qui ne ré-
pondent pas aux exigences du traitement des aliénés ; les bâti-
ments sont mal adaptés à leur destination acluelle. « Avec leurs
quartiers symétriques, leurs préaux entourés de murs, leurs
quartiers cellulaires, leur nombre insuffisant de médecins, d'in-
' bibliographie. 173
lirmicrs et de veilleurs, l'usage habituel qu'on y fait des moyens
de contention mécanique, l'installation défectueuse des bains,
des pavillons de surveillance continue, l'absence de l'opell-door
et de l'alitement thérapeutique, leur encombrement, l'insulll-
sance de leurs bibliothèques et de leurs laboratoires, leur prix
de journée très bas, leur absence de confort, la plupart ne font
guère honneur aux départements. » Toute celte situation regret-
table est due à ce que l'on considère encore les asiles comme des
renfermeries d'incurables. D'après t'auteur.tes réformes actuelle ? ;
les plus importantes consistent en : lu la création de services de
malades aigus curables ; 2° la création d'un asile-hospice ; 3" la
création d'un asile-colonie pour les épileptiqucs ; 4° l'organisa-
tion d'un sanatorium populaire dont les malades ne seraient pas
soumis aux obligations de la loi de 1838. Dans tous les asiles
français, le nombre des malades est trop considérable par rap-
port à celui des médecins, el le traitement est collectif, au lieu
d'individuel qu'il devrait être. De plus, avec l'organisation ac-
tuelle de l'adjurât, l'adjoint n'est d'aucun secours thérapeuti-
que ; il n'a qu'un rôle de « figuration». Le corps de l'internat est
¡"g : tleIl1l'nL 1111 or¡ ? ane mal adapté à ses fonctions ; les internes sont
trop peu nombreux et peu instruits en médecine mentale au dé-
but de leurs fondions.
Dans un dernier chapitre, l'auteur condense les résultais de
son enquête et formule les conclusions qui ont été exposées au
cours de cette analyse, qui ne donne qu'une idée bien imparfaite
du livre de M. Sérieux. '
Les médecins aliénistes et toutes les personnes qu'intéressent
les questions d'assistance trouveront un profit considérable à la
lecture de « l'Assistance des aliénés en France, en Allemagne,
en jtatie et en Suisse « du Dr Sérieux. » Chaque chapitre du tra-
vail de JI. Sérieux est une étude approfondie de toutes les ques-
lions de l'Assistance des aliénés, et l'auteur nous fait visiter
d'abord nombre d'asiles étrangers, pour terminer par la descrip-
tion des asiles de la région de l'Est de la France, et cette dernière
montre combien l'étranger nous a devancés dans l'assistance et le
traitement des aliénés. L. Marchand. '
ll. - Cotcrs stcpér·ieur cl'éJrrcatioz plt,ysiqxcn, llar G. 1)wtt ? : r, .1.
Philippe et G. Bacinl. 1 vol. in-8° de 336 pages avec 162 li-
gures. Paris, F. Alcan, 190p.
Nousavous eu déjà l'occasion, propos de son livre '.Mécanisme
et éducation des mouvements (1),de constater avec quelle méthode
scrupuleuse M. G. Demeny savait exposer les principes d'édu-
(1) Archives de Neurologie, janvier lcJi5. ·
174 va m va-
cation physique, el avec quelle science il groupait les altitudes
et les mouvements en en prouvant les avantages ou les dangers.
Nous retrouvons les mêmes qualités dans le nouvel ouvrage.
Celle fois il s'agit d'un Cours supérieur d'éducation physique, l'ait
sur la demande du minislru de L'Instruction publique, et en col-
- lahomlion avec le Dr ,1. et Jl. (,. Racine, prolesseur de
gymnastique de la ville de Paris.
Le. volume se divise lIalul'ellell1l'lIlen ll'uis parties. Dans la pre-
mière, JI. G. 1)evrNV expose les rapports qui e,\i[enl entre la ]1l'-
dagogie générale c·L le mécanisme des mouvements; iL analyc le"
conditions physiologiques et les conditions esthétiques de chaque
exercice ; cette première pal'lie se termine par un plan d'l'ILul'a-
tion qui décèle bien la grande expérience de l'auteur.
Dans la deuxième harlic, le Dr ,1. Philippe étudie spécialement
l'anatomie et la physiologie humaines, la croissance de l'or;anis
Illl', les effets de la fatigue musculaire, nous prévient contre les
dangers de l'inexpérience en matière d'éducation physique et
montre la nécessité, pour tout éducateur digne de ce titre, de la
connaissance exacte du corps humain.
Enfin, dans la troisième partie, M. (. li 1CIN1 : , s'lll·l'IthilIlL du
côté pratique, éIllunèl'e dan UII ol'dl'l' lIu"1 hodique les exercices
gradués qu'il décompose en leurs éléments el termine par l'¡'\-
posé d'une leçon modèle pour les Irois cours. Des illustrations et
des ligures schématiques viennent encore ajouter il l'inlérèt pra-
1 de celte partie.
Cet ouvrage, scientifiquement ordonnancé, mérite tl'i·Inu ltt lian
ceux qui s'occupent d'éducation, et aussi parles médecins, qui y
puiseront d'utiles indications pour les cas où ils auront à prescrire
un traitement gymnastique. J. Boyer.
VARIA
, Les crimes de l'alcoolisme
.1 ¡s"oi,'c. -Un mari qui tac SI' femme à coups de sabot ci de b(i-
ton ? \ le nommé Guy le, jardinier, a assassiné sa femme
à coups de bâton, dans un accès d'alcoolisme. Il s'est acharné
sur sa victime avec une hI'IILali,<" sauvage. Le corps de la mal-
heureuse été horriblement mutilé. La tète a lolé réduite en
bouillie. Le cadavre présente quatorze blessures. L'assassin a élé
arrêté. Il a fait desaveux complets. Le crime a call-l;lIlIl'éIllOlioll
profonde il Issoirc, oit la famille Gay lu est 1res connue. (Aurore,
23 janvier HJO : ¡,) , ,
FAITS DIVERS. 175
Le crime d'un alcoolique. Ln alcoolique nommé Jean Breton,
qui IIL'lIlI'Ul'e l'UI' de Ton ? 11; dans le qual'(il'L' de ]a Clwpl'ill', a
frappé, dimanche, de trois coups de couteau sa femme,
née Berlin1 Péral, âgée de quarante-cinq ans. La malheureuse
1'1'111111e l'-L LornhL'e IIIOl'Le all pouel' uu cri. (lualll aIlIlH'urll'il'I',
il est sorti en disant qu'il allait chercher un médecin. Mais, dans
la rtu·, il reuwm(ra ult ;amlien rlc la yaiv cL sc fil amt·lcr. (L'.I a-
rore, du 24 janvier.)
LES ALIÉNÉS EN LIBERTÉ.
Lesauenls de l'Asile d'aliénésde Cll'l'llIolIL 0111 pl'oC('dt' : \('11-
rlrmli, a Iultn·ur-Jlttlz, à'la calaurt· Iun ali(·nts tles 171u· tlan-
gereux nommé Coudere. Col homme qui, depuis quelque temps,
l'aisa i 1 la t 1'l'I'I'lI['(lu pu ? sc 1 i \ l'a i L il Loul e epèces d'l' \('en [l'Ïci LL",
Enfermé chez lui, il lirait des coups de leu dans sa cour, mena-
l;auL lie" dé¡ ? l'illgoleJ' » le pI'l'miL'l' qui (1'IIleJ'aiL dL' pl'néll'L'I' dall'"
sa maison. Les agents de l'Asile onl, rlti user d'un stratagème pour
alTèll'1' el' l'ol'cl'né qui ('L aclul'lIl'rnenl illLl'l'nl' il L\sile,(Sell1Cu/'
'/( ? 0f ? th)''(.'janvier 190;7.)
En allumant hierdu l'eu, une pauvre folle, la veuve Fays, âgée
de einquanlL'-llell"\ ans, hahilanL Il' harneau du Tarll'l'. COIllIl1UIH'
dl' Digny (Eu l'I'-I'l-Lo i L'} , cL Lomhée dans on l'o('1' l'l a mi ? le fl'u
à ses vêtements. La malheureuse, environné de flammes, puL
nl'¡¡nlllOins sc l'eIL'\I'J' 1'1 sol'liJ' Cil pouan( des l'I'i ? tlP(;hil'anl ;
mais quelques pas plus loin elle s'affaissa. Ses voisins accoururent
à ses appels mais lorsqu'ils arrivèrent la malheureuse rendait le
dernier soupir. Son corps était carbonisé. La pauvre folle devait
1\11'1' pJ'()clluinl'lIlPnL inlel'llL'e il l'aile ILL' UOlllleHtl. (Le l'etit l'a-
l'i81e72 Iltl : ·) ,all\ Iel' IIJ.)
1 : 'uL I;mne nowelle \ielilnellc·· lenlt·ur· arlntini·lraliw·.l : uci
IIInn[J'e LI 1\I"CL'"ilé du placl'rnPlll tl'uJ ? enl'u Ih', ,tliL'né, : a ? imi-
ler de plus en plus les malades aliénés aux malades ordinaires el
rapprocher de plus en plus l'asile de l'hôpital.
FAITS DIVINS
Asile 1)1 : l;nuamr. -- Par arrêté préfectoral en date
du I() jall\ iL'I' L'nlll'alll)I. Ville. pharmacien de 1re classe, attaché il
la pharmacie centrale des hôpitaux de Paris, esl nommé pharma-
('il'Il en chef l'asile de CII'I'IIIUIII Cil remplacement de I. Chau-
tel, décédé. (Semeur de l'Oise, 110 lIu 20 janvier 190a.)
Hôtel-Dieu {Clinique des maladies nerveuses). - Jl. Gilbert
¡; \LLET il repris ses leçons sur les maladies nerveuses le iliman-
176 bulletin bibliographique.
CI le 5 février, à 10 heures, Amphithéâtre Trousseau, et les ronli-
nuera les dimanches suivants..Consultation externe l'l polirlilli-
que pour les maladies nerveuses et mentales, le samedi it ! ) Il.
1 ? alle Sainl-,\nnl', ,
Asile daliénés de la Seine. Concours de l internai en
médecine. Ce concours vient de se terminer. Ont l'lé nommés
internes titulaires, par arrêté du 28 janvier 1 ! l0 : > : )D1. Chal1len-
tier (IL), Lemelatid, Delmas, Benon. Par arrêté du même jour
omit été nommés internes provisoires : MM. Courbon, Froissait,
Mlle ( : rünslwn, )1. lluurillml. '
Les questions qui oint fait l'objet des épreuves du concours onL
les suivantes : Question écrite : Symptômes et diagnostic de
lo cirrhose alruphiquc. Symptômes, diagnostic et traitement
de la coxalgie. - Questions orales : ]"0 séance, Plancher du 'le
ventricule : 'le séance. Région syl vienne ; 3° séance, Hari-
ne> antérieures et postérieures de la moelle. - Epreuve de garde :
l". .séance : Indications el manuel opératoire de la llmrucenti,e ;
2e séance. Diagnostic et traitement des kemorrinmies utérines.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
AuOE[ ? t .W r;ta·0. Un caso di idiuj/o1 mongoloïde, 1 n'S" de 11 pa-
y·.. lutl. s. ( : itn·l : io. It·t·rara..
( : Owt.r. Les méthodes de rééducation en thérapeutique. 1 '°1.
In-18 tlr· 2 ? G Intc : . Lilrrairie 1'igol, 15·i·rc, 23, lrl : «·t· rle l'I.colc-tlc- : 'Iédl'l'inl'. 1'I'ix : 3 fi', 50,
(;1\ ISSI.'l' ( ? Les centres nerveux. 1 vol. In-S* de 730 pages,
I,ilo·airit· .1.-Ii. liaillicrc, 19, rue IIaulol·cullc. l'rix : 12 l'r·.
Ml'i.li'.ii ()'jnH\ Ueber meltrdimeraionalc Railme. Iu-8° de 80 pa.
y·...I..1. IS;srlh. Lt·ipzir.
TA)IIIIIO¡¡¡ (IL) cl d'0) ! t : A (AI, Sopra un caso di microcefalia
J'c'a. In ? d., 2 : ! pages. 1111[1, S. Giorgio. Ferrara.
Revue philosophique. Sommaire du Il. de lévrier 1905 (30" an-
tn·r·) : (;tt. litt : m.r. l.a Irtix cL Ia gttcrrs·. - 1-tawOV ·.cs. l ? ai tl'c·
Iln·liyn· r·tttliriy«r· (2" r·l tlet·nir·tw;trliclc). - l;lt. I)UV.W ..lutoriln
cononiie sociale. Analyses el comptes rendus. Revue des pé-
riodiques étrangers.. Livres nouveaux. Abonnement dn 1"' jall'
vier : un an, Paris, MO l'r. ; départements et étranger, 33 l'r. La li-
vraison : 3 l'r. Félix Alenn, éditeur, 108, boulevard Sainl-Geriiiaiii,
Paris (G ?
Le rédact=ur-gerant : lioUnrrcvtLLe.
o
· C ! c)'tnont(()isc).IiDprimo'icDAixft'L't'cs.
Vol. XIX Mars 1905 No 111 i
ARCHIVES DE NEUROLOGIE
ANATOMIE PATHOLOGIQUE
1 ote sur la dégénérescence secondaire consécu- "
tive à un foyer de ramollissement de la région
calcarine ;
Par le professeur \\'1;13rR (1).
Mme G. F. est morte en juillet 1902, âgée de 7G ans. Nous ne pos-
sédons sur ses antécédents aucun renseignement ; elle nous est
arrivée dans un état de démence profonde, rendant tout entre-
lien avec elle impossible. Perte de la mémoire. Gâtisme.
L'acuité isiielle paraît fortement diminuée ; le regard est va-
gue et la malade ne fixe pas les personnes qui lui adressent la
parole ; elle cligne cependant des paupières lorsqu'on approche
un objet de ses veux et exceptionnellement elle reconnaît ce
qu'on lui présente. En raison de l'état démentiel il n'a jamais
été possible de procéder à un examen quelque peu exact de ces
phénomènes.
A l'autopsie nous avons constaté l'existence d'un foyer de ra-
mollissemenL occupant la région calcarine droite sur une lon-
gueur d'environ 40 mm.
Pour la description nous nous en tenons surtout à la colora-
lion d'après Pal ; c'est en eflet à cette méthode que la prépara-
Lion, un peu diflicile à débiter en coupes bien minces, s'est le
mieux prêtée. Notre examen a été rendu en partie très difficile
par suite de ce qu'une coupe faite à l'autopsie a porté précisé-
ment sur la région des corps genouillés externes.
La lésion commence dès la pointe du lobe occipital et rend
méconnaissable en bonne partie la région calcarine. A environ
23 mm. du pôle occipital elle a une hauteur de 23 mm. (fig. 4),
plus en avant même de 30 mm. son maximum. Ensuite elle se
subdivise en deux foyers, l'un occupant la région calcarine,
l'autre une partie du lobe lingual, laissant entr'eux un pont de
(1) Clinique Psychiatrique de Genève, avril 1901.
Archives, 2° série, t. XIX 12
178 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
cortex moins lésé (fig. 7). Enfin elle est restreinte à une des-
truction linéaire sous-corticale dans la partie inférieure du lobe
lingual et la supérieure du fusiforme (fifl. 8). A la hauteur où
les scissures calcarine et parieto-occipitate se rejoignent, il n'est
plus question de foyer.
La profondeur de la lésion est variable et. atteint jusqu'à
10 mm. ; cependant ces mesures n'ont qu'une valeur très rela-
tive. 11 est en et)et, évident que ce lobe occipilal a subi des mo-
difications profondes dans sa forme. Par suite do résorption de
parties détruites et atrophie secondaire de libres, il est devenu
étroit (Gauche 32 mm. Droit 24. G. 44. D. 34. G. 15. D. 35.) En-
fin il nous paraît certain qu'il a aussi perdu en longueur, ce qui
expliquerait qu'en coupant les deux hémisphères simultanément,
nous nous trouvons dans des régions plus frontales à droite qu'à
gauche. Pour ces raisons il serait oiseux d'indiquer en millimè-
tres la situation des coupes que nous reproduisons. Ce ratatine-
ment du lobé occipital est en partie compensé par une dilata-
tion de la corne ventriculaire.
Le ramollissement ne se borne point au cortex et aux régions
directement sous-corticales ; il pénètre profondément dans la
substance blanche ((if]. 4.) portant atteinte aux faisceaux sagit-
taux (Tap. Rtli. Fli.) dès leur apparition (fig. 5.) Cela se voit
surtout nettement dans la fig. 7 qui donne du reste une bonne
idée de l'irrégularité du foyer.
M. de Monakow est d'avis que, pour des raisons d'ordre ana-
Fio, 4.
Fiv. 5.
DÉGÉNÉRESCENCE SECONDAIRE. 179
fornique, toute destruction de la partie médiane du lobe occipi-
tal doit léser en même temps les faisceaux de la vision. Cela a
pu être constaté dans les cas- serieusemens examinés d'hémia-
nopsie soi-disant corticale. Notre observation vient continuer
cette règle.
Avant de passer à l'étude des dégénérescences secondaires de
notre cas, nous l'avons revu exactement, recherchant s'il exis-
LaiL d'autres foyers, condition également stipulée par M. de Mo-
nakoav. Nous avons trouvé :
1° Quelques petites destructions dans le corps calleux.
2° Une destruction linéaire dans la circonvolution de l'hippo-
campe ; : 10 Une dans la circonvolution godronnee.
Toutes ne sont visibles qu'à la loupe et nous paraissent négli-
geables par rapport au sujet qui nous occupe spécialement.
Localisation de la dégénérescence secondaire.
Aussi longtemps que, sur les coupes, le foyer est de quelque
étendue, la dégénérescence est manifeste dans le territoire des
Fio. 6.
180 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.-
libres d'association courtes ; les fibres sagittales (Tap. Euh. Fli.)
sont directement lésées dans leur partie inférieure (fig. 4-7). Tan-
dis que le Tap. n'est pas sensiblement changé, Pull. est certaine-
ment appauvri en libres et Fli. qui du côté sain apparaît sous
forme d'un U noir, ne se distingue presque pas dans sa partie
inférieure de Rth. Dans les deux (Rth. ethli.) les fibres coupées
transversalement font défaut, on n'y voit presque plus que des
libres longues que, souvent, on peut suivre à travers Rth. jus-
qu'au Tap. Elles y disparaissent en tournant à droite et en haut.
Ces fibres, plus minces que celles de Fli. et ne prenant pas une
coloration noire intense, semblent ne pas appartenir du tout à
Fli. mais faire partie de Tap. (Fig. 7).
A mesure que le foyer diminue, la dégénérescence secondaire
se localise, tandis que la substance blanche reprend du reste
son aspect normal. 11 n'y a pas de différence appréciable entre
le Tap. des deux côtés ; Rth. du côté pathologique ne forme
qu'une étroite bandelette autour du Tap., puis vient un U qui
reste blanc sur les préparations au Pal et qui occupe la place de
Fli. pour se terminer latéralement et en haut en une pointe sise
Fig. 7. Î.
DÉGÉNÉRESCENCE SECONDAIRE. 181
entre Iith. et Fli. et à l'extrémité du 1/4 inférieur des fibres sa-
gittales (fig. 8, coupe 205). Mais déjà sur la coupe 185 le jam-
bage médian et le coude de l'U recommencent à se peupler de
fibres paraissant venir de la région comprise entre les scissures
P. o. et Cale, et du lobe lingual. Elles ont la couleur noire, le
calibre et la direction de celles de Fli. Puis la dégénérescence se
localise plutôt dans le jambage latéral de l'U dont elle occupe
maintenant non plus le 1/4 mais au moins le 1/3 inférieur. ^ En-
suite c'est dans l'angle extérieur de l'U (si l'on peut dire ainsi)
que réapparaissent des fibres, tandis que le jambage latéral mon-
tre un défect net situé, sous forme d'une bandelette, dans' la
partie interne de Fli. et la partie externe de Rth.Nons avons ce-
pendant l'impression bien certaine que Fli. est beaucoup plus
atteint que Ilth. (fig. 9.)
FIG. .
182 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
Il est nécessaire de relever que le jambage médian et le coude
de Fli. restent toujours pauvres en libres comparativement au
cûlû saiu. 1t11t. au cunlrairu a déjà repris peu ahrès ? 9. tles
dimensions normales dans sa parlie inférieure.
Dès environ 15 mm. en avant de fig. 9, nous notons une len-
dance prononcée de la dégénérescence il se subdiviser en deux-
zones. L'une, inférieure, occupe la branche horizontale interne
et le coude de Fit. Elle contient des fibres longues, claires, pa-
raissant venir de lUit, ou de Tap., et des libres courtes (coupées
plus transversalement) noires, plus épaisses, sans doute libres
propres de FIL, hien qu'en nombre beaucoup moindre que du
côté sain. Cette infériorité de FIL dans l'hémisphère droit, sere-
trouve jusqu'à la pointe du lobe temporal, (fit. 11, 13, 14.).
La zone supérieure, à peu près totalement dépourvue de libres,
s'est rapprochée de la pointe inférieure du noyau caudé (\. C.)
qu'elle touche presque. Entre les deux- zones se trouve un court
Fig. 9.
DÉGÉNÉRESCENCE SECONDAIRE. 183
espace apparemment normal, peut-être un peu appauvri en li-
v lires (fig. 10). Sm la (ig. Il, cet espace est déjà devenu sensi-
blement. plus grand. En raison de la pointe qui se dirige depuis
le champ dégénéré supérieur vers T. 1, nous entrevoyons la pos-
sibilité qu'à l'état normal il contienne aussi des libres allanL du
lobe occipital à la première circonvolution temporale. L'enche-
vêtrement de la subslance blanche empêche de s'en rendre
compte.
Sur ces coupes, il n'y a plus de différence entre les IUi. des
deux côtés.
La zone dégénérée supérieure, passant en dessus de la pointe
inférieure du noyau caudé aborde le corps genouillé externe par
sa partie supérieure ; la substance blanche latérale inférieure de
Fig. 10.
184 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
c. g. e. paraît intacte (fig. 12). Il est facile de constater l'appau-
vrissement en fibres nerveuses de la partie supérieure de c. g. c.
(fig. 12 et 13), tandis que sa partie inférieure, relevant de laban-
delette optique, prend au Weigerl une forte coloration noire.
La dégénérescence se prolonge dans le pulvinar et dans l'angle
situé entre c. g. e. et c. g. i., mais nos préparations au Pal ne
permettent pas de la suivre longtemps.
Nous avons essayé sur 1·/ï. 12 et 13 de rendre l'aspect re-
marquable du champ de Wernike. Du côté sain nous y remar-
quons un enchevêtrement de deux sortes de libres surtout. :
1° Fibres parlant en éventail du bord de c. g. e. Un faisceau
plus serré à concavité médiane se dirige vers le pulvinar.
20 Fibres à direction transverse, de l'extérieur à l'intérieur.
FIG, Il.
DÉGÉNÉRESCENCE SECONDAIRE. 15
FiG. 12.
Fin. 13.
186 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
Ces dernières font défaut du côté pathologique à un endroit
n)arqueen])lancsu ! 'nus ? i2eLI3.
Nos coupes au carmin étant peu réussies, il nous esldiflicile de
juger de l'élal des cellules nerveuses duc. n. e. Il nous paru ce-
pondanl qu'elles étaient plus denses que du côté sain et de
grandeurs 1res dilférenles, ce qui pourrait s'expliquer pill'l'aLl'o-
phie d'une partie.d'entr'elles. Les grosses cellules de la base c.
. e. sont conservées. Sur des coupes plus frontales et où la co-
loration au carmin a donné de meilleurs résultats, l'atrophie
des cellules nerveuses de c. g. e. (non comprises celles'de la
base) nous a paru bien nette.
En raison des petits foyers observés dans le corps calleux nous
renonçons à décrire la dégénérescence secondaire de celui-ci.
FIG, 14.
DÉGÉNÉRESCENCE SECONDAIRE. 187
Résumé. Après un ramollissement de la région calca-
rinc nous constatons que :
z 1. Les faisceaux sagittaux ont également été lésés di-
rectement ;
2. Que la dégénérescence secondaire se localise d'ahord
dans la partie inférieure de Hth, et de Fli;
3. Que cette dégénérescence se subdivise dans une ré-
gion plus frontale en a), une zone inférieure se rendant
au lobe temporal ; b. une zone supérieure allant il c. g.
c. et au pul vinar ;
4. Que cette dégénérescence est certainement beau-
coup plus forte dans Fli. que dans Rlh. '
Nous avons déj relevé que le point 1. confirme l'opinion
émise au sujet des lésions de cette région par M. de Mo-
nakow. Il en résulte que les dégénérescences secondai-
res que nous décrivons sont attribuables à la fois aux des-
tructions corticales et aux fasciculaires et cela dans des
proportions que nous ne saurions établir.
, Notre seconde conclusion n'est pas nouvelle non plus.
Il ressort en effet également des travaux de notre maître
que la partie dorsale des faisceaux sagittaux du lobe occi-
pital relie axant tout les parties postérieures du thala-
mus optique avec l'écorce pariétale. Kilo n'a pas de rela-
tions de quelqu'importancc avec le cunéus, le lobe lin-
gual et 02. D'après lI. de 1\Ionakow aussi, le faisceau qui
unit la sphère corticale visuelle aux centres optiques pri-
maires se divise à la hauteur de c. g. c. en 3 parties :
Une I se rendant au bras des corps quadrijumeaux
antérieurs.
Une II se rendant au pulvinar.
Une III se rendant à c. g. c.
Les deux dernières sont nettement dégénérées et dé-
montrables sur nos coupes. On y peut constater égale-
ment que la substance blanche latérale et inférieure de '
c. g. c. est intacte et n'a donc probablement pas de rela-
tions avec la sphère optique (v. 1\lonakow). Môme remar-
que pour la partie inférieure de c. g. c. qui dépend direc-
tement de l'état du nerf optique et non du lobe occipital
(v. llonal : ow)... "
Nous ne saurions terminer sans aborder la question
des fonctions de Fli.
18S ANATOMIE PATHOLOGIQUE.
Pour Déjerine (Anatomic des centres nerveux I, page
780), « les dégénérescences secondaires et l'anatomie
comparée montrent donc que le faisceau longitudinal in-
férieur est avant tout un faisceau d'association qui relie
le lobe occipital et en particulier la zone visuelle au lobe
temporal » . Ceci paraît être aussil'opinion de v.1\Ionakow
(Gehirnpathologie 1 ? éd., page 33) et de Sachs.
Flechsig au contraire est d'avis que Fli. est un faisceau
de projection reliant le Thalamus opt. il la zone corticale
visuelle. Il se base sur l'examen de cerveaux de nouveau-
nés, tandis que Probst arrive au même résultat par l'étu-
de de lésions chez l'homme et d'expériences faites sur
des animaux.
Starokotlitzki (Thèse de Brcslau, 1903), après avoir
comparé entr'elles des coupes normales faites dans dillé-
rents plans, arrive à conclure :
I. Que Fli. est en partie faisceau d'association et en par-
tie de projection. Sa partie inférieure relie l'écorce occi-
pitale à la temporale, est donc associative. Sa partie su-
périeure s'en va rejoindre les centres sous-corticaux du
cerveau (Thaï. opt. pulvinar, c. g. c. et c. g. i Putamen
et globus pallidus) et se compose donc de fibres de pro-
jection. -
C'est à cette opinion que nous voudrions nous rallier
en la modifiant quelque peu.
Dans le lobe occipital, la partie inférieure de Fli. con-
tient mélangées des fibres d'association et de projection.
Plus en avant les deux systèmes se séparent : les fibres
de projection s'élèvent et occupent dorénavant l'étage
supérieur pour arriver à c. g. e., au pulvinar, etc. Les fi-
bres d'association restent à l'étage inférieur et se ren-
dent au lobe temporal.
Il est bien entendu que nous ne saurions partager l'o-
pinion de v. Niessl (Archiv. sur Psychiatrie, Vol. 37.
Vom fasciculus long. inf.). d'après laquelle Fli., faisceau
de projection, partant avant tout de c. g. e., atteindrait
presque la pointe du lobe temporal et se recourberait en-
suite pour arriver au lobe occipital.
En 1900 nous avons publié les résultats de l'examen
d'un cas de tumeur du lobe occipital avec dégénérescence
secondaire de H th. Le néoplasme avait en quelque sorte
STÉRÉOTYPIE DES DÉMENTS PRÉCOCES. 189
« mangé » le lobule fusiforme et la partie inférieure du
lingual, plus en avant il occupait uniquement le dernier. La
localisation était donc un peu différente de notre obser-
vation actuelle, pas assez cependant pour expliquer à clic
seule le siège tout autre delà dégénérescence secondaire.
Il est évident qu'une tumeur agit autrement sur les
tissus qu'une thrombose ou une embolie. D'autre part, et
cela nous semble beaucoup plus important, le ramollis-
sement a lésé directement et profondément le faisceau
sagittal Fli.
Nous émettons l'avis que la localisation des dégénéres-
cences secondaires dépend sans doute plus des lésions
directes des faisceaux que de l'étendue du foyer cortical.
Ceci s'appliquerait tout particulièrement au lobe occipi-
tal où il ne se produit jamais de ramollissements pure-
ment corticaux.
Travaux non cités dans le texte : v. Monakow. Ueber
den gcgenwaertigen Stand dcr Frage nach der Locali-
sation im Grosshirn. In : Ergebnisse dcr Physiologie.
Experimentelle et patholog. anatom. Untersucliungen-
ueber die optischen Centren et 13a1nen. - In Archiv.
sur Psychiatrie, tomes 23 et 24. M. le prof. v. Monakow
a bien voulu s'intéresser à notre petit travail; nous le
remercions vivement pour ses indications.
CLINIQUE MENTALE
Etude clinique sur la stéréotypie des déments
. précoces;
. Par le Dr DROllIArm, 1
Parmi les manifestations motrices des déments préco-
ces, les unes semblent bien relever d'une perturbation de
l'appareil moteur affecté pour son propre compte ; telles
sont les crises épileptiformes signalées à titre d'élihlic-
nomène dans un assez grand nombre d'observations ; les
190 ' CLINIQUE MENTALE
autres - et ce sont les plus intéressantes - ne doivent
pas être envisagées en tant que phénomènes musculai-
rcs ; toute leur valeur réside en ce qu'elles sonL le reflet
d'un état psychique. De celtes-la le mécanisme est plus
psychologique que physiologique, sil'0]Ypeut,dire,etcelt,o
considération, en ouvrant un horizon sur lcnr halllogénic,
nous laisse entrevoir l'intérêt diagnostique et pronosti-
que (le leur élude. Ce groupe de phénomènes moteurs à
.signification psychologique comprend, entre autres )na-
nifestations, des altitudes et des mouvements se prolon-
geant ou se répétant il satiété, toujours de la même façon
et sans aucun huez ces altitudes et ces mouvements,
les auteurs ont attribué un nom générique, qu'ils ont em-
prunté au vocabulaire d'imprimerie et qui marque avant
toute autre chose une idée de fixité ; celui de stéréotypie .
Hâtons-nous de le dire : la stéréotypie n'est nullement
l'apanage exclusif des déments précoces. La revue de Bru-
gia et Marsocchi (1), le travail plus récent de Galion (2),
nous présentent ce symptôme comme appartenant iL un
assez grand nombre de cadres nosogralhiques. Les pu-
blications italiennes de Hicei (3) et de Mondio (4) nous
l'exposent comme fréquent au cours des démences vésani-
ques secondaires. Les observations de F. Sec;las (5) et de.
A. Marie (6) nous en fournissent des exemples très nets
au cours et sur fout -il la fin des délires systématisés. Il
est vrai que les partisans de la doctrine d'Ileidelberg
tendent -il drainer au profil de la maladie de Krcepelin la
(1) 11111-il[A et, JIaiizocciii. Dei movimenti sistematiiiati in alcune
forme di indebolimento mentale (Archivio italiano per le malatic nerti
vore e ricz par colamente per le Aliénation ! mentali. Sept. 1887, Fas. ? .\1111, XXI,")
(2) Caiien. Contribution à l'étude des stéréotypies (21 i-ch. de Vell-
rologie 1901, 2° série, p. 476).
(3) Hicci. Le stéréotypie nelle démence e specialmellte nelle de-
tnenle coHCM<'e;f. sper di Fren. e nted. leg.d. alieii. ment. XXV,
1899.)
(4) MoxDio. Hérédité et dégénérescence dans le développement de
la démence consécutive et dans celui des stéréotypies que l'on y ,'en-
contre (Riv. ment, de uettr. etpsych. '4 4 et 5, 1900).
(5) Segi.as. Société médtco-psycltologique, séances du 30 janvier
cL 27 février 1888.
(6) : \1 \lUE. Etude sur quelques symptômes des délires systémati-
sés et sur leur valeur. Paris, 1892.
SUR LA ST1 : R1 : OT1'PIL; DES DÉMENTS PRÉCOCES. 191
plupart des observations de démences vésaniques dites
secondaires et de délires systématisés il base hallucina-
toire, d'où il résulte que les exemples de stéréotypie si-
gnalés en pareils cas pourraient justement figurer au con-
Lingent delà démence précoce. Mais pour ne point nous
heurter il une question de doctrine qu'il ne nous appar-
tient pas de trancher, nous nous garderons bien de nous
étendre sur ce sujet, etnous nous contenterons de recon-
naître que la stéréotypie atteint son maximum de fré-
quence dans les cadres nosographiques qu'on a groupés
sous cette vieille dénomination rajeunie.
En dépit des nombreuses productions auxquelles l'oeu-
vre de Iira;hclin a donné l'essor, la plupart des auteurs
préoccupés par la description générale de la maladie,
n'ont consacré qu'un petit nombre de lignes à l'étude par-
ticulière de tel ou tel symptôme. Une étude sur la stéréo-
typie envisagée spécialement chez le dément précoce,
nous a semblé intéressante, et pour la réaliser nous avons
eu la bonne fortune de pouvoir examiner un assez grand
nombre de malades appartenant pour la plupart au ser-
vice de M. le Dl' Sérieux. Les considérations qui vont sui-
vre découlent de l'observation de 75 cas.
1. Classification. Nous ne chercherons pas il donner des
stéréotypies une classification nouvelle, non plus qu'une
nomenclature complète. Les exemples pouvant varier à
l'infini, on conçoit ce que pareil essai doit avoir d'arbi-
traire et d'inachevé. Il est pourtant nécessaire de grou-
per suivant leurs formules les exemples que nous avons
eu sous les yeux, et à cet effet nous adopterons la division
la plus simple.
192 clinique mentale
de l'activité musculaire, aussi bien que le mouvement;
mais au lieu de se traduire par des changements deposi-
tion, les actes musculaires coopèrent ici la conservation
d'une attitude.
a) Stéréntypies totales ou générales. Parmi les atti-
tudes stéréotypées qu'il nous a été donné d'observer chez
nos malades, un certain nombre intéressent la totalité
du corps, et se ramènent à une façon d'être habituelle
dans la station debout, dans la station assise ou le décubi-
tus..C'est ainsi que pendant des journées entières, M. C...
reste debout, face au mur et dans la plus complète immobi-
lité. Les yeux baissés, la tète inclinée sur la poitrine, les
membres inférieurs à demi-ployés, il prend volontiers la
position hanchée. Chaque segment de son long corps sem-
ble être en flexion sur le suivant, si bien que sa silhouet-
te pourrait être schématisée dans un zig-zag. L'ensemble
donne une impression toute particulière de flaccidité et
de relâchement. Généralement le malade reste les mains
dans les poches, complètement figé ; parfois il roule une
cigarette et se met à fumer en souriant par intervalles,
comme s'il lui venaituncpcnsec gaie,mais sans rien chan-
ger à son altitude générale.
L'attitude stéréotypée dans la station debout n'est pas
toujours l'altitude' indifférente du repos ; elle peut être
expressive d'une idée, encore que cette idée ait complète-
ment disparu pour faire place à l'automatisme, ainsi que
nous le verrons tout à l'heure. M. M..., nous en fournit
un exemple à la visite journalière. Dès qu'arrive le mé-
decin, il prend la position du soldat sans armes, la tête
droite, les talons joints, les bras au corps, la paume delà
main en avant, le petit doigt sur la couture du pantalon.
Les stéréotypies de la station assise ne sont pas moins
fréquentes. C'est ainsi que Mme G..., et Mlle R..., se tien-
nent assises les bras croisés, le corps penché en avant,
tandis que Il.... et Mlle N..., demeurent les jambes
repliées à la façon des tailleurs.
Les stéréotypies du décubitus complètent la série. A
côté des nombreux malades qui passent une partie de la
journée, étendus, accroupis, ou en chien de fusil, nous
citerons l'exemple de Mme 13..., qui. pendant des heures,
SIÉRL ? OT1`Plli DES DÉMENTS PRÉCOCES. 193
reste sur le dos. les jambes en et les jupons relevés,
dans une posture peu décente.
b) Stéréotypies partielles ou locales. A côté des aLti-
tudes stéréotypées qui intéressent la totalité du corps, il
en est d'autres qui portent sur tel ou tel segment de mem-
bre, sur tel ou tel trait du visage. Mlle B..., tient pendant
plusieurs heures un doigt dans sa bouche, dans sonnez
ou dans son oreille. D'autres fois, elle garde les yeux fer-
més ou n'en ouvre qu'un seul.
Nous n'insisterons pas davantage sur ces stéréotypies
locales dont on pourrait multiplier les exemples, mais il
est certains phénomènes que nous croyons devoir leur
assimiler et sur lesquels nous nous arrêterons un ins-
tant ; nous voulons parler du refus d'aliments, et du mu-
tisme.
Dans une partie des cas, nous pensons que le refus d'a-
liments et le mutisme doivent être envisagés comme de
véritables attitudes fixes, comme de véritables stéréoty-
pies alcinétiqucs intéressant l'appareil fonctionnel de la
mastication ou de la phonation. Ce n'est pas là une sim-
ple vue de l'esprit et nous trouvons dans l'observation
de quelques-uns de nos malades des raisons qui militent
en faveur de cette interprétation. Le cas de M. M..., sem-
ble rentrer dans la catégorie que nous envisageons. Ce
malade fit en 1S93 un délire de persécution avec idées
d'empoisonnement. A cette époque, il refusa d'une façon
active les aliments qu'on lui présentait, et par méfiance
il résolut de ne plus répondre aux questions posées.
Puis, à la longue, les idées délirantes devinrent plus
vagues et finirent par s'éteindre, si bien qu'aujourd'hui il
ne reste plus de ce délire qu'une phrase stéréotypée :
« Je vous défends de me nourrir. » Toutefois le malade
avait pris l'habitude de ne plus manger spontanément et
de ne plus faire entendre le son de sa voix, et cette habi-
tude il la conserva. Mais en l'observant journcllemuent.
nous constatons qu'il se laisse conduire sans aucune résis-
tace dans la chambre de gavage, nous le voyons s'y asseoir
lui-même sur une chaise et consentir l'opération avec
une parfaite docilité, non sans avoir prononcé la phrase
Aucun I : c, 2" férié, 100 ? I. XIX, 13
194 CLINIQUE MENTALE. -
stéréotypée qui lui est familière et qu'il articule d'ailleurs
d'une façon aussi indifférente que monotone.
Comment interpréter le mécanisme actuel de la siLio- -
phobie et du mutisme chez ce malade ' ? Nous ne pouvons
pas en chercher l'origine dans un état stuporeux, car le
sujet ne présente aucun signe de stupeur. Il obéit parfai-
tement aux sollicitations extérieures et se détermine
même d'une façon spontanée et sans aucune hésitation,
en ce qui concerne les actes courants de la vie. Peut-on
demander au négativisme une explication plus satisfai-
sante ? Nous ne le croyons pas. Chaque fois qu'on l'ali-
mente, il est vrai, le malade paraît opposer un refus en
prononçant son inévitable phrase « : Je vous défends de
me nourrir. o
Mais ne nous y trompons pas. L'opposition n'est qu'ap-
parente, carie sujet vient se livrer pour ainsi dire de lui-
même à la sonde, ne fait aucune résistance, et accepte
l'opération avec nue'passivité vraiment remarquable.
Une troisième hypothèse se pose, et l'on peut se deman-
' der si le refus de nourriture et le mutisme nie sont pas ici
sous la dépendance d'idées. délirantes actives.
Mais si le refus de nourriture et le mutisme étaient plei-
nement conscients. voulus et adaptés il une idée direc-
trice chez notre malade, nous demandons pourquoi le su-
jet se comporterait au rebours de cette idée en se sou-
mettant avec docilité à l'opération du gavage. Au reste,
dans la phrase qui se répète, toujours identique, nous
trouvons la même contradiction : le ton qui l'accompa-
gne n'a rien d'impératif et reste en désaccord complet
avec l'idée qui semblerait y être enfermée au premier
abord.
Il nous paraît donc beaucoup plus rationnel d'admet-
tre que le refus d'aliment et le mutisme, aussi bien que la
phrase en question, furent primitivement orientés par
une idée délirante, mais se poursuivent aujourd'hui alune
" façon tout automatique et sans que cette idée délirante
préside en aucune façon il leur mécanisme actuel. Ces
phénomènes, primitivement conscients et voulus, secon-
dairement subconscients et involontaires, deviennent t
ainsi, de véritables stéréotypies portant sur un groupe de
fonctions ; et cette interprétation est la seule qui soit sus-
STlilRO'l'l'PI1; DES DEMENTS PRECOCES. 195
ceptible de nous expliquer les contradictions apparentes
que nous signalions plus haut. ,
Nous avons alimenté pendant longtemps dans 1111-SCr-
vice voisin du nôtre, un malade qui pourrait donner lieu
à des considérations analogues. Celui-là ne manifestait
aucune idée délirante ; il s'occupait activement dans le
courant de la journée, et on l'employait couramment il
divcrs travaux auxquels il vaquait avec une docilité tout
automatique. Quand arrivait l'heure de l'alimentation
et dès qu'il apercevait le médecin, il courait au plus vite
chercher sa serviette, posait son chapeau, s'étendait sur
le lit et se présentait de lui-même il la sonde. Ni le délire
actif, ni la stupeur, ni le négativisme ne peuvent justifier
un pareil ensemble, et là encore le refus d'aliment relève
d'unc attitude stéréotypée de l'esprit.
B. Stéréotypies parakinctiques ou des rOU'1 ? 1fI'sN'rS,-La
stéréotypie ne se-, révèle pas seulement dans l'activité
musculaire statique ; cllc appartient aussi à la forme
dynamique de cette activité. Ce sont llcs mots, des phra-
ses, des gestes, des expressions mimiques, des actes
plus ou moins complexes, dont quelques-uns reviennent
tous propos, à la façon d'un « leil-motiw n,
a) Stéréotypies de la parole. -La stéréotypie du langa-
ge parlé peut porter sur des phrases entières, sur des
membres de phrase ou sur des mots isolés. Mlle D... ré-
pond le plus souvent à son interlocuteur en l'appelant
« chéri » ;,Mlle R... dit plus volontiers : « mon bon mon-
sieur », et Mme G... interpella pendant longtemps toutes
les personnes qu'elle rencontrait en leur criant « bonjour,
monsieur le jockey ».
La conversation de M. \V... n'est pas moins caracté-
ristiquc :
« Comment vous appelez-vous Il ne faut jamais rien lui
dire.
« Quel tige avez-vous' ? - 11 ne faut jamais rien lui dire ; je nc
sais pas ; 22 ans.
« Quelle est volre profession ? Sans se troubler ; 22 ans ; il
ne faut jamais rien lui dire.
« Sa\ez-\ous 111OJlllom ' ? - Vous êtes docteur ; je lui donne sa
bénédiction.
196 CLINIQUE MENTALE.
« Saer-vous le nom de l'établissement ? - \ïlle-E\l'al'll;
sans céder ; je lui donne sa bénédiction.
« Pourquoi èles-wus ici - ? - Sans se troubler ; sans céder ; je
ne sais pas.
« \'oull'z-\oUS partir ? ' ? Oui ; je ne sais pas ; sans se troubler;
sans céder. -
« Vuull'z-\uu : , ivslor ? .le \eux bien ; il ne faut jamais rien
lui dire.
« Pourquoi rulpélez-ous sans cesse les mêmes mots ? - Je ne
sais pas ; il ne faut jamais rien lui dire.
On observe que l'incohérence chez ce maladc est en
grande partie sous la dépendance des expressions stéréo-
typées qui se répètent comme de véritables tics du lan-
gage : et si l'on fait abstraction d'un certain groupe de
mots qui viennent intoxiquer toutes les réponses, on s'a-
perçoit que le désarroi intellectuel est moins grand qu'on
pourrait le croire au premier abord. /
Les néolosgimes qui sont fréquemment utilisés parles
déments précoces ne peuvent être considérés que comme
des bizarreries de langage tant qu'ils sont le reflet d'une
idée ; mais au bout d'un ccrtain temps, le lien d'associa-
tion qui les reliait à l'idée première ayant disparu. le ma-
lade est incapable d'en expliquer le sens et continue il
les utiliser d'une façon tout automatique. Le néologisme
entre alors de plein pied dans la stéréotypie.
C'est ainsi que M. 1\.. qui exprimait autrefois ses idées
de grandeur il grand renfort de néologismes, a conservé
dans la suite un certain nombre d'expressions forgées
qu'il débite encore automatiquement.
Parfois le caractère stéréotypé du langage n'intéresse
pas seulement l'expression verbale ; il intéresse aussi
l'intonation, laquelle peut revêtir un aspect d'origina-
lité vraiment spécifique pour chaque malade. Mme G...
a pris l'habitude de ne parler qu voix basse et semble
avoir perdu l'usage de la parole à haute voix. Mlle IL...
en s embrassant les hras et les mains avec complaisance.
prononce dcs paroles plus ou moins inintelligibles parmi
lesquelles on distingue certains mots tels que « Dodo,
gros bébé, mon mignon ». Mais ce qu'il y a de plus re-
marquablc dans ce langage, c'est qu'il est toujours émis
il voix demi-distincte et sur un ton suraigu. Le sujet ga-
STÉRÉOTYPIE DES DÉMENTS PRECOCES. 197
zouille plutôt qu'il ne parle. Cette mélopée s'accroît en
intensité, en même temps que sa tonalité s'élève davan-
tage, si la malade est en présence d'un interlocuteur ou
d'un objet quelconque capable d'éveiller son attention.
Mlle B.... qui loge au même pavillon forme avec la pré-
cédente un contraste évident. Les mots qu'elle prononce
sont émis avec une précipitation quasi-explosive par une
voix de rogomme d'une tonalité extrêmement grave, et
d'une raucité telle que la parole perd véritablement tout
caractère humain pour se rapprocher du cri de certains
animaux. Ce langage baroque qui s'accompagne d'un tic
facial très prononcé et d'un tapottement continuel des
mains, donne à quelque distance l'impression d'éructa-
tions bruyantes et répétées. Dans tous ces cas, où le ca-
ractère d'uniformité spécifique porte sur l'intensité, la
tonalité ou le timbre de la voix. on peut dire que la sté-
réotypie n'intéresse plus le vocabulaire mais la « musi-
que du langage ». -
h) Stéréotypies de l'écriture.- A côté de la stéréotypie
du langage parlé, il faut faire une place à la stéréotypie
du langage écrit.
M. dont nous avons rapporté plus haut l'intcr-
rogatoire, sème dans tous ses écrits les expressions la-
sorites que nous connaissons. Mlle G..., remet à chaque
visite et depuis plusieurs années, une enveloppe nouvelle
portant invariablement la même adresse. Voici d'autre
part une lettre que nous empruntons au dossier de Mme
\..... -
« Mon cher mari, je t'aime et je t'embrasse de tout mon coeur
ainsi que mon frère Louis et Jean et Pierre et Paul et Jean et
Pierre et Paul et Jean et Paul et Jean et Pierre. Je t'aime de
tout mon coeur, et je suis la plus petite femme de la terre. Je suis
ici à toi, tout à toi. Je t'aime de tout mon coeur, je t'aime de tout
mon coeur, ainsi que tout le monde et tous les gens de Paris
qui me donneraient le plus beau des soies et des fois et des lai-
nages sur le plus beau soir de juin à la fin du monde. Je t'aime
de tout mon coeur, je voudrais bien te voir, je t'aime de tout mon
coeur et je t'embrasse bien. Je t'aime et' je t'embrasse de tout
mon coeur ».
Parfois, le caractère stéréotypé de l'écriture, au lieu de
198 CLINIQCY : MI·',NTL1· ?
porter sur l'expression verbale, réside dans la recherche
de certaines terminaisons, dans la forme de certaines let-
tres, dans la richesse de la ponctuation, dans la mani-
festation habituelle d'une originalité accessoire en un
mot. Voici un écrit que nous empruntons au dossier de
Mme.... -
a Di minos di bellù assii;s im venus doullerst... soungenei
Milles : dollès, h;lllos, i velues.. dinl'i - finies, h, audès biechès
- hôllen", call'edinùs - donner, dilloès. disses... d, i, chès -
calvès, sounsès... dû viens, fôii-ès ; halles... dillè, 111ùuillès ? ullès
... allichichiès etc... »
Au milieu de cette j.Trgonograpliic, la répétition conti-
nuelle des terminaisons en ès, l'abus extraordinaire de
l'accentuation et de la ponctuation se présentent comme
de véritables tendances stéréotypées.
Pour en finir avec la stéréotypie du langage écrit, di-
sons encore que les signes hiéroglyphiques qui sont à
l'écriture ce queles néologismcs sont à la parole, peuvent
être objets de stéréotypio au même titre que ces derniers.
C'est ainsi que Mlle P..., trace le plus souvent lorsqu'on
lui présente un papier, soit une suite de points, soit un
cercle, une croix, ou quelque autre expression graphique
dont le sens actuel nous échappe.
1
c) Stéréotypies de la mimique. Les troubles de la mi-
mique constituent dans leur ensemble l'un des chapitres
les plus intéressants de l'histoire clinique des déments
précoces, et la stéréotypie apporte un gros appointa leur
contingent. -
On pourrait ranger dans ce cadre des stéréotypies de
la mimique certains rires automatiques se reproduisant
il tous propos,et dont les exemples sont si fréquents chez
ces malades. D'autre part, certains d'entre eux semblent
avoir adopté des jeux de physionomie qui reviennent il
chaque instant sans raison et sans but. Mlle R.... est par-
ticulièrement intéressante à étudier sous ce rapport. La
malade contracte fréquemment son frontal ; la peau de la
région se relève avec accentuation des plis transversaux;
les sourcils suivent ce mouvement d'ascension et la phy-
sionomie prend l'expression de l' étollne111en t. Palofois celle
expression s'accuse davantage ; la malade reste bouche
STÉRÉOTYPIE DES DÉMENTS PRECOCES. 199
béante et regarde autour d'elle comme si son attention
était successivement captée par une série d'objets étran-
ges ; il lui arrive même de laisser échapper, en pareil cas,
des exclamations de surprise empreintes d'une niaiserie
affectée. D'autres fois encore, tous les petits muscles de la
face semblent entrer en jeu pour produire une grimace
d'ensemble rappelant d'assez près la grimace habituelle
que fait tout individu qu'on expose à une lumière trop
vive ou qui cherche à fixer le soleil. Cette grimace d'e-
blottissentcyt peut se réduire ; alors les orbiculaircs se
contractent seuls pour produire un clignement plus ou
moins durable, qui porte sur un seul oeil ou sur les deux.
Souvent le haut du visage reste impassible, tandis que
par un jeu des zygomatiques et des rcleveurs, le nez se
plisse, la lèvre se soulève, et dentaire supérieure
se découvre, ce qui donne à la physionomie une expres-
sion rappelant la mimique du dégoût. En dehors de ces
habitudes motrices portant sur certains traits du visage,
la malade exécute parfois un double mouvement d'incli-
nation et de rotation de la tête. Celle-ci pivote lentement
autour d'un axe vertical de droite il gauche et de gauche
à droite, en même temps qu'elle effectue de rapides oscil-
lations de haut en bas, de telle sorte qu'on ne saurait
mieux se représenter l'ensemble du mouvement qu'en
imaginant une série de menues affirmations greffées sur
une large négation.
De même que les expressions de physionomie, les ges-
tes sont fréquemment l'objet de stéréotypies variées. Cer-
tains malades se livrent à une gesticulation continue :
M. C ? semble prendre part à une discussion des plus
animées, alors qu'il nc prononce pas une parole. Chez
d'autres, c'est un mouvement favori revenant par inter-
valles : Mme G...., dès qu'on lui parle, écarte les doigts
et considère avec une attention minutieuse le bout de ses
ongles. Quelques-uns de nos pensionnaires tendent la
main d'un geste visiblement automatique au moment de
la visite : Mme G..., et Mlle B..., sont absolument typi-
ques cet égard. D'autres, comme 1\1 nie 0..., ou Mlle C...,
ébauchent un mouvement plus vague, comme pour at-
teindre et toucher ceux qui liassent il portée de leurs
mains.
200 CLINIQUE ME,{1'ALI : .
d) Stéréotypies de la marche. Le caractère stéréo-
typé de la marche est d'une extrême fréquence chez nos
malades. Mlle B..., se traînait à quatre pattes et exécu-
tait de véritables mouvements de reptation lors de son
entrée. Plus tard et pendant fort longtemps elle ne pro-
gressa qu'en sautant. Elle trottine aujourd'hui sur la
pointe des pieds. Mlle Il ... se promène les bras croisés
en se dandinant d'une façon continue. Mme G... marche
le corps penché en avant, le visage tourné vers le sol.
M. M... chemine le plus souvent dans la position accrou-
pie et en s'aidant des, mains commc le ferait un cul-Mc-
jatte. M. N.... marche décote il la façon des crabes, ou
bien il progresse par gambades. Plus souvent encore, on
le voit s'engager dans une direction, puis en un point
donné, faire volte-face brusquement et sans arrêt pour
repartir en sens inverse ou pour décrire un angle avec sa
direction première, et cela avec la régularité automati-
que d'une boule de billard qui vient de toucher la bande.
e) Stéréotypies complexes dans les actes. Nous vou-
lons en finir avec cette nomenclature déjà longue. en par-
lant des actes stéréotypés à caractère plus ou moins com-
plexe, qui, en raison de la multiplicité des mouvements
constituants ne peuvent trouver place dans les cadres
précédemment étudiés.
Le plus grand nombre de nos malades ont. dans leur
aspect ordinaire, dans leur façon d'être journalière, un
caractère uniforme d'originalité, qui reste spécifique pour
chacun d'eux. C'est une manière spéciale de manger, de
s'asseoir, de s'habiller, de se coucher ; c'est une façon
singulière de se comporter dans quelques-unes des mille
choses de la vie. Ce sont en un mot ces habitudes coutu-
mières que l'on désigne en langage profane lorsqu'on dit
d'une personne qu'elle a des « manies ». M. Il.... passe
la saison d'hiver dans le couloir sur la bouche du calori-
fère, tandis que M. C..., fait des water-closets son lieu
d'élection. Mlle M..., ne va jamais s'asseoir que sous un
même arbuste du jardin, et lorsqu'elle revient au salon
c'est pour prendre place sur un siège de paille qu'elle ne
changerait pas pour un autre.
On peut même voir l'activité stéréotypée revêtir dans
STÉRÉOTYPIE DES DÉMENTS PRÉCOCES. 201
son expression un caractère de complexité vraiment re-
marquable. Pendant plus de six mois, M. M..., quitta
chaque jour son pavillon pour se rendre au salon des ma-
lades où il passait une partie de la journée à répéter avec
une obstination désolante un air de « Martha ». Cet air
n'a jamais eu de remplaçant, et durant ses longues heu-
res d'automatisme musical, le virtuose ne s'est assuré-
ment pas plus soucié de son plaisir personnel qu'il ne
s'est occupé du dépit que pouvait causer à ses auditeurs
la monotonie de son programme.
Quelques-uns de nos malades firent des tentatives d'éva-
siun qui méritent d'être considérées comme de véritables
actes stéréotypés. Ces impulsions à répétition se repro-
duisaient chaque jour, toujours identiques à elle-mcmes,
toujours stupides et puériles dans leur exécution. C'est
sous les yeux mêmes des surveillants ou surveillantes
que M. M..., et Mlle 13..., ébauchèrent ainsi une série de
fugues, sans prendre aucune précaution pour en assurcr
le succès, sans tenir aucun compte du milieu, ni coordon-
ner la manoeuvre en vue d'une fin. , 1
Dans ces actes d'évasion, toujours exécutés de la
même façon, il ne faut pas voir autre chose que la ten-
dance de certaines représentations il vivre pour leur pro-
pre compte, sans être assimilées par une personnalité
consciente, et tel est justement le caractère fondamental
de toute stéréotypie.
La masturbation est extrêmement fréquente chez nos
maladcs des deux sexes. Bien que la plupart des auteurs
se soient accordés à signaler l'onanisme parmi les causes
' favorisantes de la démence précoce, nous sommes portés
il croire que cette habitude est moins une causc qu'un
effet, et nous ajouterons que clans bon nombre de cas
tout au moins, cet etret doit être envisagé lui-même, non
pas comme le résultat d'une excitation génitale exagérée
mais comme une véritable modalité de la stéréotypie.
Parmi nos malades, la plupart de ceux qui se livrent à
une masturbation effrénée, le font d'une façon machinale
et automatique, presque toujours .sans éjaculation et le
plus souvent même sans érection.
Il semble que, dans la majorité des cas. aucune idée ne
préside il l'acte, et nous n'avons jamais observé que la
202 CLINIQUE MENTALE.
vue de l'autre sexe filt susceptible de lui donner plus
particulièrement l'éveil. Il s'agit bien plutôt d'une 11,11)iL
tudc ancienne qui surgit à l'insu de la conscience et de la
volonté, se reproduisant avec fréquence en tant qu'acte,
tout en restant privé de contenu. D'ailleurs, la franchise
et l'impudicité qui, au'mépris de toutes les convenances,
président le plus souvent à l'accomplissement de l'acte
eu question, ne semblent pas indiquer que cet acte soit
nettement assimilé par la personnalité. Ici encore, nous
sommes, dans nombre de cas, en présence d'une véritable
manifestation de la stéréotypie.
Il. Evolution générale. - IÙ'oepelin, en définissant l'acti-
vité stéréotypée « la durée anormale des impulsions mo-
trices, qu'il s'agisse d'une contracture permanente d'un
certain groupe de muscles, ou de la répétition d'un même
mouvement p (1), parait avoir en vue les actes musculai-
res de la période active, ceux des catatoniques en parti-
culier. Le mot « contracture » dont la signification est
précise en neurologie, semble indiquer que, dans l'esprit
de l'auteur, une circonstance physiologique immédiate
préside au symptôme, une modification directe de la cel-
lule cérébrale sous l'action d'un toxique présumé, condi-
tionne le processus morbide dont témoignent les attitu-
des prolongées ou les mouvements répétés du sujet. Or.
ne semble-t-il pas d'autre part que certains auteurs, M.
Cahen en particulier, aient voulu décrire tout autre chose
quand ils ont désigné sous le même nom « Des attitudes.
des mouvements, des actes de la vie de relation ou de la
vie végétative, qui sont coordonnés, qui n'ayant rien de
convulsif ont au contraire l'apparence d'actes inlention-
tionnels ou professionnels, qui se répètent longtemps,
fréquemment, toujours de la même façon, qui au début
sont conscients, volontaires, et qui deviennent plus tard
automatiques et suhconscicnts par le fait même de leur
longue durée et de leur répétition (2) ? Ici, il ne s'agit
plus d'une manifestation active, d'un phénomène irrita-
tif appartenant au domaine de l'automatisme primitif; il
s'agit d'une manifestation résiduelle, d'une habitude de
(1) KHOEPEDN. Psychiatrie.
(2) CutEN. Loc. cit.
STÉRÉOTYPIE DES DÉMENTS PRÉCOCES. 203
l'esprit appartenant au domaine de l'automatisme secon-
daire. Nous nous trouvons donc en présence d'un pro-
blème de tous points comparable à celui que soulevait
dernièrement la distinction si longtemps méconnue des
tics et des spasmes, distinction que î\L\I. Mcigc et Flein-
del ont fixée d'une manière définitive et avec toute la
clarté désirable. Aussi nous parait-il nécessaire d'obéir
d'abord au besoin de précision qu'impose la nature d'un
sujet déjà si complexe par lui-même, et de distinguer par-
mi les phénomènes qui ont été décrits sous le nom de
« stéréotypie » chez le dément précoce, les attitudes pro-
longées et les mouvements répétés de la période active
d'une part, les attitudes prolongées et les mouvements
répétés de la période résiduelle d'autre part ; car, outre
que la genèse et le mécanisme de pareilles manifestations
sont justiciables d'explications différentes, leur évolution
ultérieure doit encore contrihuer aies séparer. Au reste,
les considérations qui vont suivre trouvent un appui fa-
yorablc dans des recherches histologiques récentes, et \I.
Klippel (1) apporte une confirmation matérielle à la dis-
tinction que nous allons établir, en décrivant, d'une part,
des 1 esioiis immédiates, marquées surtout par l' « évolu-
tion granulo-pigmenlaire r des cellules, et, d'autre part,
des lésions consécutives, que caractérise « la destruction
dcs connexions entre les différents territoires ou entre
les diverses cellules de l'écorcc par atrophie des prolon-
gemcnts qui les mettent en communication les unes avec
les autres ». '
1° Stéréotypies primitives. (Attitudes prolongées et
mouvements répétés d'origine CATATONIQUE.) - L'un des
traits les plus essentiels de la vie psychomotrice du
dément précoce et du catatonique en particulier, durant
la phase active de sa maladie, réside dans cet état de sta-
gnation et d'engourdissement, dans cette difficulté de
changement qui se manifeste par la lenteur et l'incerti-
tude des processus moteurs et que Fenzi et Vedrani ont
désignée sous le nom d' « empêchement psychique ». La
conservation des attitudes et la répétition incessante des
(\) Revue de Psychiatrie, n^ 2, lévrier 1001. 1.
204 clinique mentale.
mêmes mouvements monotones pendant la période de
début n'est qu'une manifestation exagérée, un témoigna-
ge ultime de cet état dont les modalités plus atténuées
répondent aux simples hésitations de l'activité psycho-
motrice. Sans rien préjuger d'une pathogénie dont les
éléments sont encore tout hypothétiques, il y a lieu de
croire que ces phénomènes sont sous la dépendance d'un
processus direct et probablement toxique. Quelle que
soit d'ailleurs la nature du principe sur lequel on cher-
che à fonder la pathogénie de l'affection, il semble bien
que la période active soit marquée par des modifications
dans la vie fonctionnelle de la cellule elle-même,' modi-
fications en vertu desquelles cette dernière ne réagissant
plus ou réagissant mal, présente une tendance remarqua-
ble il conserver d'une manière indéfinie les impressions
reçues. C'est, si l'on veut. une façon de dynamogénisme
ralenti, c'est un défaut de plasticité physiologique des
éléments cellulaires, dont l'activité s'effectue suivant un
mode nouveau conditionné par l'influence directe d'un
principe modificateur. Nous ne sommes donc pas ici en
présence d'une désagrégation des éléments psychiques ;
nous sommes en présence d'une activité modifiée de ces
éléments dont la vie ralentie s'extériorise avec peine et
se fige dans un état de torpeur qui pourra rétrocéder
dès que l'influence en question cessera de s'imposer.
A ce groupe d'accidents primitifs, appartiennent les
attitudes et les mouvements catatoniques proprement
dits, qui marquent si souvent le début de l'affection. Ces
poses bizarres empreintes d'une raideur perceptible au
palper, ces actes guindés et ces gestes sans rondeur qui
se répètent avec monotonie, rappelant les mouvements
anguleux et cassants de certains jouets mécaniques, sont
l'expression de ce défaut de plasticité cellulaire, et por-
tent, même au point de vue clinique, le cachet tout spé-
cial qu'ils doivent à leur origine.
Nous n'en citerons qu'un exemple emprunté à l'un
de nos malades les plus typiques. Il s'agit d'un jeune
catatonique dont la station et la marche sont absolu-
ment caractéristiques. Ce sujet, lorsqu'il se tient immo-
bile. donne, par le port de sa tête, par le maintien de son
buste et de ses membres supérieurs une impression de
S11 : R1 : 0'l'l'PIL DES DÉMENTS PRECOCES. 205
raideur et de contrainte que nous trouvons plus mani-
feste encore lorsqu'il se déplace. Nous le voyons alors
se mouvoir d'une pièce comme un automate ; ses mou-
vements sont brusques et anguleux. Il marche la tête
baissée, le cou tendu, les épaules relevées et fortement
rejetées en arrière. Les membres inférieurs progressent
par saccades, et il leur arrive d'interrompre leur jeu en
un temps quelconque de son évolution, comme cela se
produirait chez un pantin mécanique que son rouage
épuisé jusqu'au dernier cran laisse brusquement immo-
bile une jambe en l'air. Le malade fait un pas gigantes-
que dès qu'il rencontre le moindre obstacle, et il reste
souvent en suspens au cours de cette manoeuvre. ◀Tantôt▶
il s'immobilise au « temps de double appui ». c'est-à-dire
que. la jambe première ayant franchi l'obstacle repose
par le talon. tandis que la jambe dernière -restée en deçà
repose sur la pointe, pendant que le corps tout entier
demeure penché en avant dans l'attitude du coureur at-
tendant le signal du départ. ◀Tantôt▶, cc qui est plus sin-
boulier· l'immobilisation coïncide avec le « temps de sim-
ple appui- » c'est-à-dire que le corps reste en équilibre
sur la jambe première au-delà de l'obstacle, tandis que
la jambe dernière oscillante, après avoir franchi ce der-
nier, reste tendue en avant et dans l'extension complète,
sans prendre contact avec le sol. Pendant ce temps, et
de toutes façons, les bras se maintiennent verticalement
allongés, dans un état de raideur apparente, sans au-
cune souplesse, sans aucun balancement. Ils sont en
légère pronation, le poing fermé, le pouce en dehors et
accolé à la main. --
Ces attitudes fixes et ces mouvements monotones qui
prennent place dans la phase activc de la maladie, ten-
dent à s'atténuer après disparition de cette phase elle-,
même, aussi bien que les différentes manifestations cala-
toniques qui leur font escorte le plus souvent. C'est ainsi
qu'une de nos malades, jeune catatonique qui se traînait
quatre pattes et se tenait un bras en l'air pendant des
heures entières au début de son affection, ne présente
plus aucune de ces bizarreries depuis qu'elle est entrée
dans la période résiduelle d'affaiblissement. Il semble
donc que les attitudes et les mouvements en question.
203 CLINIQUE MEN1AL1Î.
contemporains de la période d'intoxication diffuse, si
l'on peut dire, sont, en dépit de leur fixité actuelle, sous
la dépendance d'une inhibition transitoire plutôt que
d'une déchéance véritable. Celte considération qui expli-
que à la fois leur caractère de précocité et de regrossi-
bilité nous a invité à les séparer, tant ou point (le vue
clinique qu'au point de vue psychologique, des atti-
tudes et des mouvements que nous allons désigner main-
tenant.
l'
z Stéréotypies secondaires. (Attitudes prolongées et
MOUVEMENTS RÉPÉTÉS d'oRIGINE DEMENTIELLE ) Sili-
vant la conception la plus généralement admise, le dé-
ment précoce, après avoir traversé une phase plus ou
moins longue d'activité morbide, reste porteur d'un reli-
quat, et s'immobilise progressivement dans un état de
déchéance intellectuelle plus ou moins marqué. A dater
de ce jour, les manifestations qu'il présente ne sont plus "
réalisées à la faveur d'une action directe d'un toxique
présumé sur les cellules cérébrales, action dont les effets
immédiats ont dû rétrocéder après élimination du prin-
cipe modificateur ; elles sont conditionnées par une at-
teinte profonde et irrémédiable des éléments les plus
vulnérables, à litre de reliquat. Ace moment, la cellule,
détruite en partie, mais ayant recouvré une certaine vi-
talité, agit avec le capital qui lui reste et vit avec le petit
nombre de relations que lui a laissées le processus éteint.
En d'autres termes, la période aiguë passée, la cellule
amoindrie, mais non plus gênée danss on fonctionnement,
va reconquérir un moignon d'activité. Cette activité ré-
duite va se traduire par des associations fragmentaires,
dépendant mal les unes des autres, par suite de la dispa-
rition de leurs contacts et de leurs liens normaux, et la
sté'éotypicsec(}¡¡dain : ,phéllo : 11èlle résiduel, sera le témoi-
gnage de cet état de désagrégation, ainsi que nous nous
efforçons de le montrer dans un autrc travail.
A cette catégorie appartiennent la plupart des exem-
ples que nous avons cités dans le chapitre précédent et
(misent recueillis chez des malades internés depuis plu-
sieurs mois et même plusieurs années. Ici, attitudes et
mouvements sont empreints d'une aisance et d'un un-
S IIRÉO 1 YPIE DES DEMENTS PRÉCOCES. 207
turel qui forment contraste avec la gêne et la raideur que
nous signalions plus haut.
C'est d'eux dont on peut dire qu'ils ont pour caractère
« d'être coordonnés, de n'avoir rien de convulsif, et de
présenter au contraire toutes les apparences d'une acti-
vité intentionnelle ou professionnelle », suivant la défini-
tion de M. Cahen.
En donnant à ce deuxième groupe de stéréotypies un
caractère résiduel, nous ne les dégageons nullement du do-
maine de l'automatisme. Seulement, il ne s'agit plus com-
me tout à l'heure d'automatisme primitif, mais bien d'au-
tomatisme secondaire. L'activité stéréotypée n'est plus
le résultat d'unc influence inhibitoire ou irritative subie
par les centres psycho-moteurs, elle est le résidu miséra-
ble d'une activité qui fut adaptée, consciente et volon-
taire dans le passé. Les attitudes et les mouvements qui
la représentent ont été engendrés autrefois par une idée,
mais cette idée a disparu petit à petit, tandis que l'acte
adéquat s'est continué à la façon d'une habitude acquise.
Cet acte qui traduisait jadis des états psychiques, se re-
produit aujourd'hui sans raison et sans but. Quelles que
soient les conditions de cette survivance de l'acte à son
contenu idéationnel, quel que soit le mécanisme de ce
divorce entre l'élément moteur et son élément psychique
adéquat, il est certain que par un examen rétrospectif, on
peut, dans l'immense majorité des cas. découvrir comme
point de départ d'un acte inexplicable actucllement, un
passé idéo-alfectif qui lui tient lieu d'origine.
Parmi les actes de la vie consciente et volontaire, il en
est qui sont particulièrement capables de se transformer
en stéréotypies ; ce sont ceux qui ont été fortement im-
primés dans la conscience par un état émotionnel. Cette
proposition se déduit naturellement de cette vérité gé-
nérale, à savoir que notre vie affective est la grande dis-
pensatrice de nos souvenirs, et qu'il faut chercher dans
l'intensité de ses ébranlements la cause fondamentale de
la fixation de nos images kinesthésiques comme de toutes
nos images mentales. Or la vie affective de la plupart
des déments précoces est profondément impressionnée
par des idées délirantes et des représentations hallucina-
toircs pendant la période aiguë de l'affection ; et nous ne
208 CLINIQUE mentale.
devons pas manquer d'ajouter que cette impression a
d'autant plus plus de force, qu'elle est maîtresse exclusive
des lieux ; n'est-il pas vrai, en effet, que les états réduc-
teurs qui pourraient en quelque sorte la mitiger, sont
justement en déficience dès cette époque, par suite de la
disparition progressive des sentiments altruistes d'une
part et de la faculté d'attention d'autre part ? Il nc fau-
dra donc pas s'étonner de trouver dans les idées déliran-
tes anciennes, le point de départ d'un très grand nombre
de stéréotypies qui nous apparaissent comme un témoi-
gnage posthume de cette activité émotionnelle désormais
éteinte.
L'observation de Mme N.... nous en fournit le plus bel '
exemple. Cette malade prononce constamment la même
phrase : « Est-ce bête, est-ce vilain, est-ce mal ! J'ai passé
le grand bon Dieu sous terre ! ». Cette phrase est, à n'en
pas douter. le rcliquat d'un ancien délire. Nous en trou-
vons la preuve dans un écrit datant du 20 juin 1899 et
dont voici la copie :
«J'ai commis des crimes cura;a]U.s, épol1\ an tables, La grande
« noblesse de 1 rancc est restée cachée sous terre. ;'Ilol1 Dieu, je
« vous demande pardon. C est ce qu'il y a du plus pelil sous Le]--
« l'o. J'ai.i(-Lé, tout le inonde par terre en une minute. (Test indi-
« J'ai passé sous Dieu tout le temps de ma ,il'. Le crime que
« je Mens de commettre est irréparable..1 ai descendu les cieux
« sous le suis seule sur la terre avec mes petits bras. »
Cet écrit marque déjà une certaine tendance à la sté-
réotypic ; l'idée s'y meut dans un cercle restreint et les
mêmes mots reparaissent souvent. IL s'agit néanmoins
d'un délire actif, et les réactions delà malade il cette épo-
que en témoignent largement. Deux ans après, il ne reste
plus de ce passé d'activité délirante, qu'une phrase sté-
réotypée clans laquelle le délire s'est petit à petit conden-
sé et comme cristallisé. Cette phrase que nous connais-
sons, n'est plus aujourd'hui qu'un tic du langage. Elle se
répète sans cesse d'une façon tout automatique, et quand
on demande à la malade : « Qu'est-ce qui est bête ? (ti cst-
ce qui est vilain ? Qu est-ce qui est mal ? » elle regarde
son interlocuteur avec un oeil hébété, et reste incapable
de lui fournir une réponse. C'est en vain qu'on cherche-
rait à réveiller scs souvenirs louchant un délire qui
n'existe plus.
STÉRÉOTYPIE DES DEMENTS PRECOCES. 209
Lc'cas de 1. M... n'est pas moins instructif. Au début
le malade refuse de répondre parce qu'il nourrit des idées
de persécution ; il refuse de manger par crainte d'être
empoisonné. Puis il prend par routine cette attitude ha-
bituelle du sitiohltohc, et 1>etitàhetiLsonllire, de moins
en moins actif, finit par se condenser dans une phrase
qu'il répète machinalement dès qu'on prend la sonde :
« Je vous défends de me nourrir. n
Celte proposition témoigne d'une origine intention-
nelle, consciente et volontaire dans le passé ; mais la do-
cilité tout automatique avec laquelle le malade se soumet
et qui contraste singulièrement avec le caractère impé-
rieux de la formule, prouve surabondamment que cette
intention, cette conscience, celle volonté n'existent plus
dans le présent. La phrase n'a plus de contenu ; elle n'est
que l'enveloppe survivante d'une idée disparue.
Mme ll...... et Mme IL..... sont deux démentes para-
noïqucs lléjil âgées, qui. présentèrent au début de leur
affection des idées hypocondriaques et de persécution à
base hallucinatoire. Ces deux malades conservent aujour-
d'hui, malgré l'extinction de leur délire, des habitudes
qui nous y reportent, sans équivoque. L'une a la tête
constamment bandée d'un mouchoir dont elle se proté-
geait jadis contre les tentatives malveillantes de ses
agresseurs ; l'autre porte autour de la taille une serviette
mouillée, comme au temps où elle redoutait l'influe née
néfaste des effluves électriques.
Nous ne multiplierons pas davantage les exemples ;
mais avant d'cn finir avec l'origine primitivement déli-
rante des actes stéréotypés, nous tenons il faire observer
qu'entre l'expression motrice actuelle et l'idée délirante
ancienne, le lien n'est pas toujours facile à découvrir.
Certains actes, alors qu'ils étaient adaptés à une idée,
pouvaient n'avoir cependant qu'une valeur convention-
nelle. En d'autres termes, le lien idéo-motour pouvait
être purement individuel et subjectif à celle époque. Tel
est le cas de certains gestes de défense, ayant pour le
malade la valeur d'une conjuration. Ces gestes qui sont
au point de vue mimique l'équivalent d'une écriture hiéro-
glyphique ou d'un néologisme, restaient incompréhen-
sibles pour autrui, à l'époque où ils avaient un caractère
Archives, 2° série 1905, t. XIX. 14
210 CLINIQUE MENTALE.
intentionnel : plus forte raison est-il difficile d'en res-
saisir le contenu, le jour où. ce contenu ayant disparu,
l'acte s'est transformé en stéréotypie. '
Si les actes primitivement adéquats à un délire quel-
conque sont aptes entre tous à la transformation stéréo-
typique, il en est d'autres qui jouissent du même privi-
lège pour des raisons différentes. En effet la fixation des
images kinesthésiques n'est pas seulement sous la dépen-
dance des phénomènes émotionnels quileurfont escorte.
L'intensité de cette fixation peut être duc a l'apparition
particulièrement fréquente des images en question dans
le champ de la conscience, sans rien préjuger du con-
comitant affectif. Aussi les actes professionnel ? dont le
contenu affectif est restreint, apportent pourtant un sé-
rieux appoint au contingent des stéréotypies.
L'observation de M. M.... nous en a fourni un exemple.
Ce malade qui, il chaque visite, prend automatiquement
la position réglementaire du soldat, est un ancien mili-
taire. M. 1.... qui se destinait au théâtre, passe des jour-
nées entières il répéter le même geste d'un acteur en re-
nom ou à réciter le même passage d'un auteur connu il
débite pendant des heures un même vers de Ruy-Blas.
M. 13....; dont les prétentions artistiques lurent plus mo-
destes, grimace continuellement en se dandinant avec
une sorte de niaiserie affectée, dans laquelle on devine le
rôle qu'il occupait jadis au café-concert.
A côté des cas oit la formule de l'acte stéréotypé trouve
son explication dans des circonstances parfaitement dé-
finies, telles qu'un délire ancien ou des habitudes ,rrofes-
sionnelles antérieures, il en est d'autres oit la genèse de
cette formule est tout à fait fortuite et ne prête à aucun
groupement. Ici. c'est une expression rencontrée par ha-
sard, qui se fixe et revient pendant un temps avec une
persistance désespérante ; là, c'est un mouvement banal
qui, ayant eu sa raison d'être un beau jour, se reproduit
plus ou moins longtemps sans qu'on sache bien exacte-
ment la cause de celte prédilection.
Mme G.... pose à toutes les personnes qu'elle rencctn- , ..
tre unc série de questions : « Comment vous appelez-
vous ? Quel métier faites-vous ? etc.» Mais les réponses
lui importent peu : et quand on croit lui avoir donné sa-
STÉRÉOTYPIE DES DÉMENTS PRÉCOCES. - 211
tisfaction, on ne tarde pas à s'apercevoir qu'elle n'y a
prêté aucune attention. Elle n'en continue pas moins son
interrogatoire, refaisant à nouveau les mêmes demandes
et les répétant à satiété d'une manière automatique.
Elle fait une série de remarques à son interlocuteur :
« Vous avez de beaux yeux ; vous avez une jolie mous-
tache ; vous avez un beau chapeau ; vous avez une jolie
bague, etc.' » Mais ces remarques toujours identiques sont t
absolument machinales, et n'arrêtent pas un seul instant
sa pensée. Il est particulièrementintéressant d'examiner
l'évolution de ces habitudes verbales, car on y peut sui-
vre pas à pas la genèse de cet automatisme secondaire
dont nous parlions tout a l'heure. Autrefois, Mme G...
faisait volontiers sur les traits ou le costume de son en-
tourage des observations dont quelques-unes ne man-
quaient pas d'à propos. Si l'on observait alors sa physio-
nomie. on constatait que l'expression du visage, habi-
tuellement figée, s'éveillait aussitôt comme pour repren-
dre une animation normale. De plus, il arrivait à la malade
de rappeler telle ou telle remarque faite par elle-même
plusieurs jours auparavant. Aujourd'hui, le nombre des
observations qu'elle fait, se réduit à trois ou quatre ; ces
observations ne varient plus. Pendant qu'elle parle, sa
physionomie reste absolument impassible, 'étala fixité
atone de son regard, on croirait entendre parler une som-
nambule. Aussitôt faite, la remarque est oubliée : les
yeux et la pensée vont ailleurs comme au hasard, et l'ex-
pression du visage n'attend ni approbation ni desappro-
bation delà parte ! ' autrui. Si donc nous cherchons il établir
une comparaison entre le passé et le présent, nous pou-
vons ramener à trois les modifications apportées par le
temps : réduction progressive du nombre des remar-
ques caractère de plus en plus faible de l'expression
émotionnelle ; durée de plus en plus courte de l'impres-
sion consciente. Voilà bien le témoignage d'un achemi-
nemcnt progressif vers l'automatisme.
Les stéréotypies secondaires dont nous venons de fixer
la genèse appartiennent, en vertu même de leur méca-
nisme, a une époque plus ou moins avancée de la mala-
die. Toutefois/leur caractère résiduel n'implique pas for-
cément pour elles une apparition aussi tardive qu'on n
212 CLINIQUE MENTALE.
pourrait le croire. En effet si elles sont l'expression d'un
résidu, ce résidu lui-même nous voulons dire le défi-
cit intellectuel ? est ici présent dès le début de l'affec-
tion. Nous nc saurions mieux exprimer noire idée qu'en
empruntant une comparaison il la médecine du corps.
Dans la pathologie générale des tissus. l'inflammation et
la sclérose se font normalement suite, la seconde succé-
dant à la première il la façon d'un reliquat. Or. clans l'or-
dre rationnel des choses, le processus actil'de l'inflamma-
tion constitue une première étape et le processus rési-
duel,de la sclérose en représente une autre ; mais. en
matière de chronicité tout au moins, n'est-il pas vrai que
le deuxième marche côte a côte avec le premier dès le
début de Faction ? : N'est-il pas vrai que, dans cette trans-
formation progressive, clans cet effondrement il longue
échéance du tissu normal, la sclérose vient apporter sou
cuvre de reconstitution pathologique sur un point, il me-
sure que s'est effectuée sur ce point l'action dévastatrice
de l'inflammation, si bien qu'on retrouve sur une même
coupe anatomique la double signature de l'activité mor-
bide et de son résidu ? N'est-il pas vrai, d'autre part, que
l'expression clinique de pareilles modifications morbides
sera commandée d'emblée chez les uns par la note inflam-
matoire, par le processus actif en un mot.au lieu que chez
d'autres, cette note inflammatoire restant silencieuse, ce
processus actif s'effectuant sans tapage, c'est il la sclé-
rose, c'est au résidu morbidc-quc la maladie devra ses
symptômes révélateurs et le malade ses troubles les plus
accusés. Eh bien ! le processus, dont dépendent les sté-
réotypies secondaires est au processus dont dépendent
les stéréotypies primitives ce que la sclérose est il l'in-
flammation, c'est-à-dire que ce processus est un reliquat,
lui aussi, mais un reliquat qui apparaît au furet il me-
sure que se consomment les modifications fonctionnelles
engendrées par le processus actif, si bien que lorsqu'il ne
se trouve pas éclipsé par l'expression clinique de ces der-
nières, il peut être mis en évidence dès le début. Or.
dans une grande partie des cas, le tableau de la démence
précoce se déroule réellement en deux phases dont lapre-
mière témoigne d'un processus actif ct la deuxième d'un
processus résiduel : les altitudes elles mouvements cata-
STÉRÉOTYPIE DES DÉMENTS PRÉCOCES. 213
toniques dominent la scène pendant la période de début,
et les manifestations résiduelles qui nous intéressent
n'apparaissent avec évidence qu'à partir du jour où cette
phase solennelle ayant pris fin. cesse de les obscurcir.
Mais assez souvent, l'évolution morbide n'est pas aussi
franchement scindée ; elle parait prendre une allure
chronique et relativement torpide d'emblée, et il semble
que la période active soit plus ou moins fondue avec la
période résiduelle : alors, les phénomènes à grand spec-
tacle faisant défaut, les phénomènes cataloniqucs se ma-
nifestant seulement sous la forme atténuée de l' « hésita-
tion psycho-motrice », les manifestations résiduelles que
nous envisageons deviennent perceptibles de très bonne
heure. Celte considération est surtout applicable aux hé-
béphréniques. Chez les paranoiques, au contraire, l'appa-
rition des stéréotypies secondaires est certainement plus
tardive. En elfet, ces stéréotypies ayant presque toujours
chez eux un point de départ délirant, nc peut prendre
naissance, en'tant que stéréotypie vraie, que si les facul-
tés sont suffisamment affaiblies et le délire suffisamment
éteint pour que l'acte, devenu habitude, se poursuive pri-
vé de son contenu idéo-affcctif, et sans aucune partici-
pation de la conscience et de la volonté. Or, la persis-
tance relativement plus longue de l'activité délirante et
clos facultés générales chez les paranoïques. par rapport
aux hébéphréniques, est un élément capable de reculer
chez eux l'échéance de la stéréotypie.
Les stéréotypies secondaires, quelle que soit l'époque
de leur apparition, tendent il se simplifier et à s'unifier
de plus en plus. A mesure que les représentations de-
viennent de moins en moins nombreuses, une sélection
s'effectue, et dans cette lutte pour la survivance, ce sont
généralement les formules les plus anciennes qui restent
maîtresses des lieux, justement parce qu'elles se recom-
mandent d'une plus longue habitude, et sont assises par
suite sur des bases plus solides. Mais dans cette « con-
Ilen;,a1 ion ? il nc faudrait pas voir une « régression» ;
nous y trouvons, au contraire, la marque d'une évolution
progressive 'tendant vers l'unité d'expression motrice.
L'activité stéréotypée d'origine résiduelle ou démentielle
se présente avec une pureté toujours croissante, à mesure
214 CLINIQUE MENTALE. *
\
que progresse la déchéance] de l'individu, et l'on peut
même dire qu'elle résume toute la vie motrice de nos dé-
ments retraités. '
III. Valeur clinique. A. Fréquence. S'il est vrai
qu'un signe clinique a d'autant, plus de valeur qu'il oc-
cupe une place plus prépondérante dans le tableau mor-
bide, on peut dire que parmi les symptômes de la démence
précoce, il en est peu qui puissent rivaliser d'importance
avec la stéréotypie.
La fréquence des actes stéréotypés chez les déments
précoces doit être envisagée a un triple point de vue : a)
Fréquence globale ; b) Fréquence suivant' la forme de /'t ?
fection ; c) Fréquence suivant la période de la maladie.
a) La fréquence globale nous a paru considérable ace
point que sur 75 observations, une cinquantaine environ
nous en ont fourni des exemples parfaitement nets. 11
est il peine besoin de dire que nous ne donnons pas à ce
chiffre la valeur d'une statistique rigoureuse, car entre
la simple tendance a l'activité stéréotypée, d'une pari,
etla stéréotypie définitivement établie d'autre pari, il y
a tous les intermédiaires. Quoi qu'il en soit, il nous a
été facile de reconnaître par un examen comparatif
que cette proportion ne souffrait aucune concurrence
de la part des malades appartenant il d'autres cadres
nosographiqucs.
b) La fréquence des manifestations stéréo typiques est
variable suivant les formes de l'affection, chaque forme
étant considérée en bloc.
Les catatoniques sont certainement les mieux partagés,
et cette prérogative n'a pas lieu de nous surprendre. puis-
que c'est chez eux que les troubles psycho-moteurs en
général, atteignent leur maximum d'intensité. Toutefois,
il est bon d'observer qu'il s'agit presque toujours ici de
stéréotypies primitives.
Les hébéphréniques et les p.1ranoïques présentent plu-
tôt des stéréotypies secondaires, et il cet égard, ils sont
sensiblement sur le même pied. Chez l'hébéphrénique, en
effet, l'affaiblissement intellectuel est dès le début plus
fondamental, plus flagrant que chez le paranoïque, et
STÉRÉOTYPIE DES DÉMENTS PRÉCOCES. 215
c'est là un gage de fréquence pour la [stéréotypie, mais
par contre la mobilité extrême des conceptions déli-
rantes constitue un élément défavorable à la fixation de
telle ou telle formule d'extériorisation motrice.
Le paralloïqlle, au contraire, conserve une activité re-
lativement prolongée, ce qui est un facteur défavorable
à l'éclosion de la stéréotypie. Mais il prend sa revanche
par un autre côté. En effet. si l'on considère que les sté-
réotypies ont très fréquemment leur origine dans une
idée délirante ancienne, on conçoit que la condition la
plus favorable à leur genèse eu pareil cas, doit être la
fixité de cette idée délirante elle-même ; c'esL,cn effet, de
cette fixité clans l'idéation que va dépendre l'uniformité
de la route par laquelle doit se faire l'extériorisation mo-
trice. Or, cette fixité de l'idée délirante, le paranoïquc la
réalise mieux que l'hébéphrénique. Son délire est plus
intense, plus profond, plus cohérent ; celui de l'hébé-
phrénique plus faible, plus superficiel. plus lâche, plus
décousu. 1 '
c) La différence de fréquence s'accroît si, au lieu d'en-
visager chacune des formcs cliniques en bloc, on les con-
sidère suivant la période de la maladie.
Les catatoniques. après avoir présenté de la fixité des
attitudes et des mouvements durant la période active de
l'affection, perdent le plus souvent de celle fixité lors-
qu'ils s'engagent dans la période de déchéance définitive,
sans être exempts toutefois des stéréotypies secondaires.
La prédominance de la stéréotypie clans la phase ter-
mil/ale s'accuse assez nettement chez l'/i6&sp ? e ? Me dont
l'activité stéréotypée existe d'abord à l'état de tendance
pour s'accroître d'une façon progressive dans la suite. La
différence est cncorc plus marquée chez le paranoïque
dont l'activité stéréotypée semble s'accumuler presque
exclusivement sur la période finale de la maladie.
13. Causes d'erreur. Pour conserver à la stéréotypie
toute sa valeur clinique, il importe d'en marquer les li- '
mites d'une façon précise, et pour cela il faut se garder
de grouper les phénomènes d'après leurs seules mani-
festations extérieures, sans interpréter le contenu psy-
chologique de ces manifestations.
`1G CLINIQUE MENTALE.
Pour qu'il y ait stéréotypie, il ne suffit pas quc l'atti-
tude fixe où la gesticulation répétée soit intempes-
tive à l'instant ou elle s'exécute et par rapportai ! milieu,
il faut qu'au moment même de son exécution, l'acte ne.
soit plus lié à l'idée qui dans le passé lui a donné nais-
sance. C'est là un fait sur lequel les ailleurs n'ont peut-
être pas insisté d'une façon assez rigoureuse : il est ce-
pendant de première importance, car il délient la valeur
diagnostique et pronostique du phénomène. C'est pour
n'avoir pas marque celle différenciation capitale et pour
avoir englobé sous la même rubrique des actes répétés
qui sont encore liés à une idée directrice, qu'on a sou-
vent méconnu la signification quasi-spécifique de la sté-
réotyllic. Une réaction motrice ne mérite le nom de sté-
reotypic que si elle s'effectue en dehors de tout com-
mandement volontaire et conscient : voilà ce dont il
-faut bien se pénétrer. Les mouvements qu'exécutent, cer-
tains malades sous J'influence d'une idée pathologique
obsédante peuvent se répéter avec insistance ; de plus,
ils peuvent sembler parfaitement intempestifs par rap-
port au milieu ; mais leur ténacité est en rapport avec la
fixité de l'idée directrice, leur inconbruancc par rap-
port au milieu ne fait que refléter le caractère illégitime
de cette idée. Le jour où, l'idée délirante ayant disparu.
le malade continuera sa manoeuvre d'unc façon automa-
tique, ce jour-là seulement celle manoeuvre sera bien
vraiment une stéréotypie. Sans cloute, la distinction
n'est pas toujours aisée dans la pratique, car l'idée ne
s'efface jamais d'une façon brusque et subite ; entre le
délire actif et le reliquat stéréotypé d'un délire éteint il
y a tous les intermédiaires,, et c'cst par une suite (le de-
grés insensibles que l'acte normal, extériorisation de la
pensée, se transforme en une stéréotypie vide de con-
tenu. 11 nous parait cependant essentiel de délimiter
l'activité stéréo typée ainsi que nous venons de le faire,
sous peine de voir son domaine s'étendre il tout acte
persistant ou répété chez un aliéné.
L'expression mimique de certaines obsessions pourrait
induirc en erreur. Les phénomènes pourtant sont bien
différents, car les actes dont il s'agit restent en parfaite
, concordance avec les troubles idéo-alfeetifs, et tant que
STÉRÉOTYPIE DES DÉMENTS PRÉCOCES. 217
cette concordance existe, si persistante que soit la répé-
tition des modalités expressives, on nc peut pas dirc
qu'il y a stéréotypie.
L'expression mimique de certains délires prêtent aux
mêmes considérations. Le geste du persécuté qui cent
fois par jour va regarder par le trou de la serrure, n'est
pas une stéréotypie, malgré son caractère inopportun et
sa répétition : si l'acte est absurde et abusif, c'est parce
que l'idée qui le commando est elle-même absurde et
abusive ; mais l'acte reste étroitement associé à l'idée et
c'est là le fait important.
En développant les considérations générales qui pré-
cèdent, il serait facile de montrer qu'à chaque modalité
de stéréotypie correspond unc pseudo-stéréotypie. C'est
ainsi que des pseudo stéréotypies akil1étiques sont figurées
par les altitudes volontairement conservées, en rapport
avec une hallucination actuelle ou avec une idée déli-
rante active. De même, les gestes bizarres dont certains
malades soulignent leur délire avec persistance' consti-
tuent de véritables pseudo-sléréotvpies parakinétiques,
Il ne faut pas confondre non plus la stéréotypie de l'é-
criture avec les répétitions incessantes des persécutés
graplonanes qui cherchent à attirer l'attention sur des
laits auxquels ils attachent une grande importance, en
employant à satiété les mêmes expressions, en utilisant
les pléonasmes, en accumulant les synonymes, ou en se
complaisant clans la paraphrase sans cesse renaissante
d'une même idée.
Une faudrait pas davantage confondre la stéréotypie
de la parole avec les ncologismcs qui reviennent perpé-
tuellement dans le discours de certains malades. Les
persécutés en font usage pour exprimer d'une manière
elliptique ou symbolique leurs convictions erronées, de
sorte que ces expressions verbales, loin d'être privées
de contenu, servent au contraire à fixer une pensée. Le
mot dit tout : il n'est donc pas dépourvu d'idée, tant
s'en faut. Le néologisme, quelque répété soit-il, ne de-
vient stéréotypé que lorsque le lien d'association qui le
reliait à son objet a disparu, le malade continuant à se
servir automatiquement du même langage.
Enfin le mutisme lui-même, que nous avons considéré
218 CLINIQUE MENTALE.
comme ressortissant parfois au cadre de la stéréotypie,
peut avoir un substratum idéo-all'ectif chez tel malade
qui garde le silence pour expier les fautes imaginaires
dont il se croit coupable, chez tel autre qui craint de
compromettre sa situation en parlant, chez Ici autre en-
core qui tient sa langue serrée entre ses dents parce
qu'il est en proie à des hallucinations psycho-motrices,
etc... Dans tous ces cas, l'altitude du silence a sa raison
d'être : c'est une pseudo-stereotypic qui ne deviendra
stéréotypie vraie que le jour où elle subsistera dénuée
de son ancien contenu.
Pour synthétiser les remarques précédentes, nous ne
saurions mieux fairc que de citer l'exemple d'un malade
chez lequel nous avions diagnostiqué une démence pré-
coce en nous fondant sur de prétendues stéréotypies qui'
ne se justifièrent pas clans la suite. Il s'agit d'un jeune
homme qui, après avoir été interné pour des phénomènes
passagers dcconfusion mentale avec délire hallucinatoire,
présenta ultérieurement des manifestations d'apparence
slcréot5·1>iduc. Le malade, pendant des journées entières,
tournait en huit de chiffre, les mains dans les poches ; ou
bien il répétait à liante voix le même nombre pendant de
longues heures. Le diagnostic semblait d'autant plus vrai-
semblable que le sujet traversait un peu plus tard une
période de mutisme, et opposait à la plupart des sollici-
tations une résistance voisine du négativisme. Or les faits
démontrèrent que le mutisme était volontaire et l'oppo-
sition raisonnéc. Quant aux actes prétendus stéréotypés,
ils avaient un contenu ideo-aHectif très net, une intention-
nalité parfaitement établie. Le sujet obéissait en effet à
de véritables calculs : il se persuadait à lui-même que
lorsqu'il aurait répété un certain nombre de fois le chif-
fre 13, il recevrait la visite de sa famille ; il s'imaginait
qu'après avoir fait pendant un certain nombre d'heures
le tour d'un arbre, il sortirait de l'établissement où il
était retenu, etc. Au reste, des renseignements ultérieurs
mirent en évidence des antécédents personnels extrême-
ment chargés, tant au point de vue des phobies et des
obsessions qu'au point de vue du déséquilibre moral, et
ces données jointes il l'interprétation des faits précé-
dents confirmèrent notre erreur primitive et nous firent
STÉRÉOTYPIE DES DÉMENTS PRÉCOCES. 210
rectifier le diagnostic clans le sens de la dégénérescence
mentale.
Ainsi les pseuio-stéréotypies peuvent exister dans une
foule d'affections et favoriser des erreurs. Elles existent
également au cours de la démence précoce elle-même, et
mieux encore, on peut dire que la plupart'des stéréotypies
secondaires du dément, précoce ont été précédemment
clos pscudo-stéréotypies. Cette considération nous indi-
que que, pour affirmer la stéréotypie constituée chez ces
malades, il faudra savoir interpréter « l'équivalent intel-
lectuel a de la formule motrice, si l'on peut dire, et re-
connaître sans équivoque qu'il n'existe derrière celle
formule motrice aucune idée délirante active, aucune re-
présentation hallucinatoire actuelle, aucun contenu idéo-
afl·ectif,cn un mot. C'cst d'après l'ensemble des réactions
que présente le malade, d'après sa façon générale de se
comporter, qu'on reconnaîtra si, oui ou non, il pense et
sent ce qu'il dit ou ce qu'il fait, et si la parole ou l'acte en
question mérite d'être considéré comme une véritable
expression de stéréotypie.
C. Signification diagnostique. La stéréotypie, nous
l'avons déjà dit, n'est pas l'apanage exclusif du dément
précoce, puisqu'on la rencontre dans les démences s vésani-
ques secondaires, dans les délires systématisés chroniques
et dans la paralysie générale ; mais elle prend chez lui,
au point de vue clinique, une grande importance. Sa
prédominance, surtout si elle est associée à d'autres symp-
tômes psycho-moteurs, devra toujours être prise en con-
sidération et permettre souvent au clinicien de s'orienter.
a) La stéréotypie est un des caractères fondamentaux
de l'excitation du dément précoce, tandis que ce caractère
n'appartient guère à l' excitation dit maniaque ni même à
celle du paralytique général . Et tout d'abord, l'excitation
du dément précoce, aussi bien dans les paroles que dans z
les actes, est empreinte des caractères extrinsèques de
l'activité stéréotypée. Le même acte est effectué sans
trêve, le même geste est exécuté a satiété, la même phrase
est constamment répétée. C'cst que le malade utilise un
nombre réduit de représentations, c'cst qu'il se détache
avec difficulté de chacune d'elles, c'est qu'il existe, en un
220 CLINIQUE MENTALE.
mol, derrière son agitation, un profond engourdissement
cérébral, en dépit de l'activité apparente. Cet état tran-
che singulièrement avec la richesse d'expression de l'a-
gité maniaque. Ici, les éléments de la pensée, s'ils man-
quent de coordination, restent du moins nombreux et
variés. C'est un remous perpétuel des images qui se pré-
sentent en foule et s'associent, au hasard il est vrai, mais
avec une dextérité remarquable ; c'est un flot de paro-
rolcs traducteur de l'idéorrhéc ; c'est un luxe inouï dans
les gcsLes, un inépuisable défilé de mouvements. Il ne
s'agit, plus ici d'unc excitation uniforme et pauvre dans
ses manifestations, mais d'une excitation mobile etcssen-
tiellement polymorphe.
Cc n'est pas tout. On retrouve, même dans l'agitation
du dément précoce, le caractère intrinsèque fondamental
de l'activité stéréotypée, c'est-à-dire l'absence de con-
tenu idéo-alfeclif. Chez le maniaque, l'excitation motrice
est la traduction directe d'une excitation intellectuelle ;
elle ne fait qu'extérioriser l'exaltation des facultés idéa-
tionnellcs, sensitives et volilionnelles du sujet. Chez le
dément précoce, au contraire, l'excitation motrice sc tra-
duit en dehors de l'activité psychique, ct cn quelque sorte
pour son propre compte ; elle n'est nullement le reflet de.
cette activité. Le divorce entre l'aclc et l'idée apparaît
avec évidence dans toutes ses manifestations.
En résumé, tandis que le maniaque se signale par la
variété incessante et la richesse de son activité motrice,
laquelle est l'expression parfaitement adéquate de son ac-
tivité intellectuelle, le dément précoce agité se reconnaît
à la monotonie et à la répétition des mêmes mouvements,
effectués sans aucun rapport avec un substratum d'hyper-
activité idéationnelle.
b) L'évolution vers la stéréotypie est encore un des
caractères fondamentaux du délire chez le démentprécoce,
tandis que ce caractère n'apparaît que très tardivement
dans les délires systématises chroniques et n'appartient
guère aux délires polymorphes des dégénérés.
Le délire du paranoïque est une eau stagnante ; il n'é-
volue pas ; il a plutôt tendance il se figer qu'a se systé-
matiser. L'expressiun des conceptions erronées sous une
forme de plus eh plus monotone et la persistance de la for-
STÉRÉOTYPIE DES DEMENTS PRÉCOCES. 221
mule motrice après disparition de ces conceptions mêmes
est un trait de première importance qu'il emprunte à la
stéréotypie.
, c) Si nous passons maintenant de la période initiale ou
d'activité à la période terminale ou de démence défini-
tive, nous devons reconnaître que l'état démentiel du
dément précoce, question d'évolution à pari, n'est pas un
état démentiel quelconque, et il tient justement son ca-
ractère spécifique de la stéréotypie.
L'existence d'un reliquat stéréotypé au milieu de l'af-
faiblis ! ->cl1lcnt intellectuel général, le cachet tout parti-
culier de monotonie et d'automatisme que revêt l'acti-
vité motrice, la verbigération qui est parfaitement dis-
tincte de la confabulation et du radotage, sont autant
d'éléments qui devront donner l'éveil, en contribuant à
distinguer l'affaiblissement définitif du dément précoce
de l'affaiblissement définitif du dément vésanique secon-
dairr. du dément s-énile, du paralytique général, et de 17-
diot.
D. ^Signification pronostiqua. - L'intérêt delà con-
ception inaugurée par l'école d'IIeidelbcl'g ne réside pas
tant dans le fait de réunir a posteriori des formes clini-
ques ayant même issue que dans celui de grouper des
données susceptibles de laisser prévoir qu'un état d'agi-
tation, de dépression, onde délire, évoluera vers la dé-
mence ou tout au moins vers un état définitif d'affaiblis-
sement intellectuel relatif.
Or, parmi les signes capables de faire augurer pareil
dénouement, la stéréotypie occupe une place vraiment pré-
pondérante, il condition qu'elle soit envisagée dans l'ac-
ception précise que nous avons cherché il délimiter, Un
effet, si l'on appelle « stéréotypie » toute attitude qui per-
siste ou tout mouvement qui se répète chez un aliéné,
ce mot ne représentera plus qu'un cadre extrêmement
vague et remarquablement élastique où l'on pourra voir
les réactions conscientes et volontaires d'un délirant cou-
doyer le spasme réflexe d'un malade agité de secousses
convulsivcs. Alors il ne faudra pas s'étonner si les diffé-
rents auteurs placent le plténpmène en question aux de-
grés hiérarchiques les plus opposés de notre activité mo-
222 CLINIQUE MENTALE.
trice, et n'en déduisent aucune signification pronostique.
Mais si l'on accorde au mot « stéréotypie » le sens précis
que nous avons voulu lui donner, il n'est pas possible d'y
voir autre chose qu'un phénomène automatique, témoi-
gnant d'une déchéance profonde des facultés directrices,
et il est permis d'en déduire une signification psychologi-
que fâcheuse qui.d'une façon générale.n'avait pas échappé
aux anciens psychiatres.
A un point de vue spécial, la question peut être posée
sur un autre terrain. On sait en effet,que le dément pré-
coce n'est pas voué forcément à ce degré ultime de dé-
chéance que les Allemands désignent sous le nom de
« BlÙtlsilln )) il peut s'immobiliser clans un état d'affai-
blissement relatif, et cet état équivaut même il une gué-
rison, dans les cas bénins. Or. la stéréotypie est-elle un
signe capable de faire prévoir, au cours d'une démence
précoce diagnostiquée, le degré d'affaiblissement dans le-
quel le malade devra définitivement s'immobiliser après s
la période active de la maladie ? ' ?
Avant de répondre il cette question, il est une contra-
diction apparente que nous voulons éclaircir, en manière
de préambule.
Nous avons laissé entendre que la stéréotypie, en tant t
que signe démentiel, avait une valeur pronostique de fu-
neste augure. Or, nous savons la fréquence toute parti-
culière des attitudes fixes et, clos mouvements monotones
clans la forme catatonique de l'affection, et voici juste-
ment que tous les auteurs s'accordent à considérer celle
forme comme la plus curable, à ce point que d'après
Kroepelin lui-même, les catatonique^ dans 40 % des cas
se cantonneraient dans un état d'affaiblissement appro-
chant plus ou moins (lc la guérison.N'y a-illlas launein-
compatibilité flagrante ? ` ?
C'est ici le lieu de rappeler la division que nous avons
établie plus haut et sur laquelle nous ne saurions trop
insister. Les altitudes fixes eL les mouvements répétés
ne sont pas exclusivement réalisés sous l'influence d'un
affaiblissement intellectuel effectif, ayant sa raison d'être
dans une atteinte profonde et irrémédiable des éléments
les plus vulnérables ; ils peuvent être réalisés aussi sous
l'influence d'une simule suspension des facultés, appa-
STÉRÉOTYPIE DES DEMENTS PRÉCOCES. 223
raissant de lionne heure, à la faveur d'une action directe
d'un principe modificateur sur les cellules cérébrales, ac-
tion d ailleurs susceptible de rétrocéder après disparition
de ce dernier. En un mot, il y a, d'une part,les stéréotypies
primitives, c cst-a-dire les altitudes fixes et les mouve-
ments répétés delà période active qui sont des manifes-
tations directes du processus morbide, et qui témoignent
d'un engourdissement psychique; puis il y a d autre part
les stéréotypies eco7 ? ! r.c cst-a-dire les attitudes fixes
et les mouvements répétés de la période résiduelle, qui
témoignent d'une désagrégation intégrale des éléments
de l'esprit. Or, si le second groupe est du plus funeste
présage, le premier nc préjuge de rien quant à la termi-
naison définitive do la maladie, et c'est justement à lui
qu'appartiennent la plupart des altitudes fixes et des
mouvements répétés du catatonique. Mais il faut remar-
quer qu'eu pareille circonstance, les attitudes et les
mouvements en question sont généralement escortés de
phénomènes intenses et caractéristiques, tels que rai-
deur catatonique, flexibilité cireuse ou négativisme.
Nous croyons donc pouvoir déduire de ce qui précède
cette notion générale, à savoir que : si les altitudes fixes
et les mouvements répétés s'accompagnent de phénomè-
nes catatoniques intenses et font partie d'un épisode aigu,
on ne peut conclure il aucun pronostic ([liant l'évolution
ultérieure. car il peut s'agir d'une suspension temporaire
de l'activité psychique, et ce symptôme' pourra rétrocé-
der avec ceux qui lui l'ont escorte ; si, au contraire, la fi-
xité d'altitude ou de mouvement s'installe progressive-
ment, d'une façon torpide. et persiste alors qu'il n'existe
ni agitation, ni stupeur, ni manifestations calaleploïdes,
on doit songer à une déchéance effective n'ayant aucune
chance de répression, et qui devra s'accroître de jour en
jour, pour aboutira un étal de « désorganisation organi-
sée ·, à plus ou moins brève échéance.
IV. Convalescence et stéréotypie. Il est bien C1CC1)-
lionncrflu'llll dément précoce recouvre intégralement sa
mentalité passée, et l'on peut dire que dans la grande
majorité des cas. les malades considérés' comme guéris
conservent un certain degré d'affaiblissement relatif, si
22l t CLINIQUE MENTALE.
bien qu'il serait plus juste de les considérer comme des
«convalescents il perpétuité ». Or travers cette con-
valescence de l'activité mentale, quelque chose transpa-
raît qui frappe assez rapidement l'observateur attentif et
qui distingue l'activité en question d'une activité com-
plètement normale : ce quelque chose, c'cst encore la
stéréotypie.
L'ancien malade aura les allures extérieures d'un hom-
me « comme un autre ··, il sera capable d'occupations
régulières et l'on pourra l'utiliser à de menues besognes.
Néanmoins, si on l'examine plus attentivement, on trou-
ve que son activité est plus automatique que raisonnée.
et qu'elle s'assimile difficilement à une finalité nouvelle
ou inattendue, tandis qu'elle se met avec la plus grande
aisance au service de mouvements suffisamment simples
et se répétant en séries. Il n'est même pas exception-
nel de voir un geste ou une parole stéréotypée s'interpo-
ser encore sans raison et sans but dans le cours de cette
activité d'apparence normal. Si l'affaiblissement n'est pas
trop considérable, le sujet peut retenir quelques associa-
tions d'idées très élémentaires, comme celles qu'on uti-
lise.a l'accomplissement de certains ouvrages domesti-
ques ; ces associations tendent a se fixer par la répéti-
tion. d'où il résulte que le malade, sans avoir une cons-
cience très nette du but et des rapports de sa tâche, s'y
emploie d'une façon purement machinale, et l'exécute
disons le mot d'une façon « stéréotypée ».
Chez les sujets peu atteints, on peut se demander s'il
ne serait pas possible de tenter une rééducation ayant t
pour effet de lutter contre cette tendance à la stéréotypie,
par un exercice journalier de l'activité associative et du
pouvoir inhibiteur, grâce auxquels l'acte normal reste
intimement uni il la pensée. On pourrait utiliser à cet
effet une sorte de « discipline psycho-motrice » pour em-
ployer une expression de l3rissaml. Nous doutons fort de
l'efficacité de celle méthode, le cas échéant. Toujours
est-il qucjusqu'ici, les cliniciens n'ont pas eu la patience
d'en vérifier les effets sur de semblables malades.
Il est un fait beaucoup plus positif, et qui émane d'une
orientation diamétralement opposée. Les malades guéris
avec un reliquat d'affaiblissement intellectuel conservent
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 225
une tendance à la stéréotypie, et l'on peut dire mieux
cette activité stéréotypée leur constitue comme un-
« moignon » d'activité mentale. Ce moignon, il faudra
savoir l'exploiter, et en tirer le maximum d'avantages,
de même que l'amputé s'ingénie à profiter adroitement
du reliquat que la fortune a bien voulu lui laisser. si mi-
sérable soit-il. Or, nous savons que l'activité automati-
que et à formule uniforme a justement sa raison d'être
dans une foule de travaux manuels, et d'une façon géné-
ralc dans la plupart des actes qui doivent se répéter tou-
jours identiques à eux-mêmes. On peut même dire que
ce perfectionnement de l'activité automatique avec sup-
pression progressive des interventions volontaires et
conscientes de l'écorcc représente toute l'éducation pra-
tiquc des professions inférieures.
Il y a donc là un champ d'activité restreinte qui peut
et doit être exploité dans la détermination d'un rôle so-
cial capable de s'adapter à la mentalité nouvelle de l'an-
cien malade. N
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE
PATHOLOGIQUES
XXXVI. Sur la forme du palais chez les aliénés; par Ferdi-
nando UGOLOTTI. (liev. sp. di frein. t. XXIX, fasclll.)
Sur 1000 crânes d'aliénés,la forme du palais, en ce qui regarde
la disposition de l'arcade alvéolaire, que l'on rencontre ordinai-
rompent est le type hyperbolique et parabolique ; exceptionnelle-
ment, 10 %, le type elliptique ; jamais une véritable forme en up-
silon.
Si l'on considère la l'orme du palais dans la configuration de la
voûte, comme règle c'est le type normal ; comme exception le
type plat 8 % et le type ogival 3 % .
Des recherches qui ont été faites par les observateurs sur des
crânes de normaux, d'aliénés et de criminels, l'auteur pense que
l'on doit admettre que les aliénés ne présentent pas de particula-
rités caractéristiques dans la forme du palais et qu'il est préma-
turé d'établir des rapports entre la dégénérescence et les anoma-
lies de la voûte palatine, ainsi que l'on a cherché à le faire, spé-
cialement pour la forme ogivale. J. SÉGLAS.
Archives, 2" série, 1905, l. XIX. 15
226 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
XXXVII.- Les fonctions sensitives et psychiques chez les
hémiplégiques ; par Francesco 111ARInIO. (Annal, di neurol.
anno XXII, fasc 1-11.)
Toute hémiplégie est presque constamment accompagnée de
troubles de la sensibilité proportionnels à l'intensité de la para-
lysie : l'absence est l'exception. L'hémianosthésie typique super-
posée à l'hémiplégie complète est une hémianesthésie surtout des
extrémités, caractérisée par l'affaiblissement complexe de tous
les modes variés de lasensibililé élémentaire et de l'acinesthésie.
C'est ainsi que pour la sensibilité tactile, on constate une dimi-
nution plus ou moins accentuée de l'intensité des perceptions tac-
tiles, mais surtout une modification qualitative de la sensation qui
se présente moins nette qu à l'état normal, ce qui produit un défaut de
distinction de la qualité du contact et un défaut de la localisation
de la surface cutanée. Dans la sensibilité à la douleur, outre la
diminution de l'intensité de la perception, qui est inconstante, il y
a un défaut de localisation et de la perception delà nature de la
sensation dolorifique. Assez fréquemment, il y a des phénomè-
nes de thel'modysesthésie, surtout au début de la maladie. Dans
les formes moins graves d'hémiplégie, .les troubles de sensibilité
sont moins marqués et ont la même distribution topographique
que les troubles moteurs. Le rapport de fréquence et de pa-
rallélisme existant entre l'hémiplégie et les troubles sensitifs
tendraient à confirmer ce que les dernières recherches anatomi-
quee semblent avoir établi. Les fibres sensitives passeraient
dans la capsule interne mêlées aux libres de mouvement dans
toute la branche postérieure ; et, conservant ainsi des rapports
intimes à travers le centre ovale, iraient se terminer dans la zone
pararolandique sensitivo-motrice. Le phénomène de dissocia-
tion sensitive est rarement observable dans l'hémiplégie; anal-
gésie et, thermoclysesthésic, avec un très léger affaiblissement
de la sensibilité tactile,telle eslla forme de dissociation nolée par
l'auteur au cours de ses recherches.
En ce qui concerne les fonctions psychiques, même dans les
cas où l'interrogatoire est le plus favorable, on note toujours chez
les hémiplégiques, par comparaison avec les autres chroniques,"
une spontanéité, une initiative amoindries, une condition mani-
feste d'infériorité psychique complexe dans le jugement, et le
raisonnement, par défaut de critique. Les fonctions intellec-
tuelles sont toujours plus ou moins atteintes dans quelqu'un de
leurs éléments. Ainsi de la simple difficulté de fixer l'attention on
arrive quelquefois aune distraction presqu'incorrigible ; d'un lé-
ger ralentissement do l'activité idéative dv un défaut absolu ; si le
contenu des idées est parfois restreint, souvent il y a une pué-
rilité des conceptions, avec des raisonnements Ni(l(,s de sens ou
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 227
décousus. La caractéristique la plus nette de faffaiblisement men-
ta) itemiplegiqueest la diminution de la mémoire, presque cons-
tante ; d'abord de caractère anLérograde par défaut de fixation
et portant ainsi seulement sur les faits récents, parfois elle de-
vient anlérograde progressive, selon les lois de Ribot. La dimi-
nution du champ intellectuel, en outre du facteur précédent,
tient encore à l'affaiblissement parallèle de tous les modes de
l'activité psychique, dû en grande partie à un manque d'exercice,
à une atrophie e.x non usu, si bien qu'au point de vue psychologi-
que on a pu conseiller la rééducation motrice qui dev ientpar cela
même une rééducation psychique. Les fonctions affectives ont été
rarement trouvées normales dans tous leurs éléments : l'afTecti-
v ité est presque toujours conservée, mais si l'on regarde de près,
elle est en rapport avec une exagération de l'égoïsme de l'hémi-
plégique qui ressent plus vivement de l'affection pour les person-
nes qui en le visitant lui apportent quelques douceurs, lui inspi-
rent de l'espérance, l'aident à supporter son mal. Le sentiment
de la moralité est souvent troublé, comme on le voit dans cet Lai-
nes réticences, des réponses ambiguës ; tandis que le sentiment
religieux est très développe, souvent exagéré, même chez ceux
dont lesautres modes d'activité psychique se montrent affaiblis.
Dans l'ensemble, les sentiments égoïstes, communs à tous les in-
firmes chroniques, se rencontrent chez l'hémiplégique exagérés
aux dépens des altruistes. L'émotivité de l'hémiplégique, si elle
est, à l'origine, une réaction logique et consciente -us-à-vis de
son véritable état, est toujours par la suite pathologiquement ac-
crue, se traduisant par une tendance surprenante aux larmes,qui
(le\ il'nl'à la longue automatiquement périodique, même sans
motifs extrinsèques suffisants à l'expliquer. A l'inverse des cas
plusfréquents d'affaiblissement physique et mental qui se rencon-
trent chez l'hémiplégique, qui dédaigne presque toute tentative
de réaction psycho-motrice, il en est quelques-uns qu'une irrita-
bilité persistante et l'intolérance de leur desfinecconduit àla perle
de l'instinct de -consenation, tant l'existence leur est de\enue
pénible et insupportable. La volonté est presque toujours abo-
lie comme mode d'activité dynamique, plus rarement comme
volonté d'arrêt, et seulement chez les malades toujours en état
d'excitation, alors que la plupart, déprimés en général,ne sont
qu'episodiquement excités. Même chez les hémiplégiques qui
pem ellt apparaître, à un examen superficiel, comme psychique-
ment normaux, quand il existe des stigmates permanents d'hé-
miplégie, il y a toujours des stigmates plus ou moins graves et
manifestes de défectuosités psychiques.- La constatation de ces
symptômes multiples d'involution conduit à penser que, plutôt
que les traitements internes, c'est la rééducation motrice et psy-
chique, précoce et progresse, qui est le mode de traitement
228 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
le plus rationnel, le plus capable, sinon de ramener le malade iL
sonétat antériemylu moins d'éloigner et d'atenuer les symptômes
de la démence terminales. L SLGLAS.
\l\'lll. - Les symptômes pupillaires d'après les nou-
velles recherches de physiologie pathologique ; par Si-
CILIANO. (Riv. crit. di clinica medica, n° 18, 190'L)
Après a\oir résumé les travaux de Schirmer, Benlteimer, Boclr,
Merma, Lev insulut, llil)l)el, Buiiclçe, Brameslein, l'auteur conclut
qu'il n'est pas encore possible de donner une localisation anato-
mique exacte au phénomène clinique de la pupille tabétique.
L. W.
XXXIX. Hérédité physiologique et pathologique ; n° 4.
Résumé d'un article de Bogie dans les Archives médicales belges.
L. W.
XL. Anatomie pathologique et bactériologie de la
paralysie ascendante de Landry ; par Xazari. (Rie. crit.
di clinica met" 1901, n° 38.)
b
Il existe certainement une myélite à marche suraigue qui se
rapproche plus ou moins du tableau clinique dressé par Landry
et qui est certainement de nature infectieuse et déterminée par
des microorganismes de diverses espèces et desquelles l'auteur
cite des exemples plus ou moins h piques, plus ou moins com-
plètement étudiés. L. W.
XL1. Les troubles vaso-moteurs dans les névroses ; "*
par GrtACnETTr. (Riv. crit. (li clinica Met ? 1901, n° 5.)
Ce fravail est inspiré par la thèse du regretté Apte, victime du
Métropolitain. Un premier groupe est formé par les hystériques
stigmatisées, c'est-à-dire de celte variété d'extatiques qui « comme
le dit LiLLr, après une contemplation habituelle de la Passion de
Jésus-Christ finissent par éprouver des douleurs ou des manifesta-
tions pathologiques (les stigmates) dans les parties du corps où
furent plantés les clous et portés les coups de lance ». L'auteur
rappelle l'observation de Saint-François, de la dame : mollis, de
Marseille, de Louise Lateau, de Madeleine, malade de Pierre Ja-
net. Dans le même groupe se placent l'oedème tlcnmograllliitlue
et l'oedème bleu des hystériques. Un : le groupe est celui des psy-
chasthéniques qui ont des troubles trophiques au ni\eau des ex-
trémités, des sueurs profuses, de la sécrétion d'eau par le sein et
les pemphigus d'origine purement psychique apparaissent sous
l'influence du mécanisme de l'idée fixe. Ce dernier groupe a été
étudié spécialement par les professeurs ? met et lian mond. '
.' . . - L. Wahl.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 229
XLII. -Les rayons Blondlot (rayons iV);par CiARAuri.(71'i'i-wta
critica di clinica medica, 1904, n° G.)
Historique des découvertes de Blondlot et Charpentier.
Pull. - Une preuve de l'existence des nerfs trophiques ;
par Siciliano. (Rivisla critica di clinica mediea, 1904, u 6).
Admise en clinique, l'existence de ces nerfs était niée dans les
laboratoires : Pogaro, de Païenne, a lait l'expérience suivante : Un
chien reçoit une injection endoracliidienne d'acide prussique au
centième qui supprime la sensibilité et la motilité, amène l'in-
continence des urines. Peu à peu ces phénomènes disparaissent
mais laisscnlà leur suite, ! lans la, région extel'l1e des hanches, des
phénomènes dystrophiques : taches sur la peau, alopécie, etc., qui
peuvent gagner en profondeur. Ces lésions sont d'une symétrie
parfaite sur les régions homologues des jambes et .des pieds :
cependant, il y a prédominance des lésions du côté sur lequel
l'animal se couche. L. W.
XL1V. Nouvelles études sur le cervelet ; par SICILIANO.
(/)'n). crit, di clinica medica, n° 7, 1904.)
Plusieurs opinions sont en présence. L'opinion classique en
Italie est celle de Luciani : les animaux privés de cervelet pré-
sentent do l'astasie, de l'atonie, de l'asthénie. Pour Lewaml owsky,
la destruction du cortex cérébelleux entraînerait comme l'a
démontré Lussana des phénomènes de déficience dus à des
troubles du sens musculaire. Un sait ce qu'on entend en physio-
logie par ces mots. Peu à peu ces troubles se localisent à un côté
du corps en rapport a\ec la localisation cérébelleuse. De ce trou-
ble de la sensibilité résultent l'astasie, l'atonie, l'asymétrie des
animaux en expérience : cet étal serait pour Lewandowsky oisin
du tabès. Les expériences de Pagano a ec le curare semblent indi-
quer que ces troubles relèvent de l'excitation et non de la dépres-
sion. Pour Ducceschi et Sergi, la clinique démontrerait que l'a-
taxie cérébelleuse ne serait pas de nature sensitive mais bien,
comme l'enseignait Luciani, de nature motrice. Pour Stefani, il y
a ressemblance absolue entre les troubles cérébelleux et ceux dus
à des lésions du labyrinthe : cet organe étant toujours dans un
état d'excitation Ionique sous .l'influence du cervelet « le cervelet,
dit-il, est un centre d'activité avancée du labyrinthe, activité qui
se manifeste en maintenant dans un état de tonus, coordonné
aux besoins de l'équilibre et de l'orientation ». L. W.
XLV. - Les altérations histologiques du système nerveux
dans la méningite ; par Stefanelli. (Rivista critica di cli-
nica medica, no 14.)"
L'abondance del'exsudat est loin de rendre compte de tous les
230 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
phénomènes morbides des méningites. Il y a des lésions de la
substance nerveuse elle-même déjà signalées parle Pr de Grocco
et Bozzolo ; elles ont été étudiées récemment par Ai,iiiai](1 Delille,
Piéri, L-,ti-nel-Liasliiie, Sitvestrini. II y a une diminution con-
sidérable de la substance chromatique, des lésions diverses du
noyau, de la déformation protoplasmique; les cellules neuropliages
envahissent les éléments déformés. Ces lésions peuvent exister
aussi bien dans le cortex que dans les divers noyaux gris de l'en-
céphale (lfaUl'c et Laignel-La\astine), Il y a d'ailleurs une relation
très étroite entre les symptômes et le siège des lésions. Mais l'into-
xication générale domine la scène dans un certain nombre de
cas. Le méninâisme est probablement dû il des lésions qui sont
compatibles avec une 1'estitutio ncl integrum plus ou muins com-
plète. L. W.
XLVI. Les localisations motrices spinales et la théorie de
la métamérie ; par C. PARHONoL l\I.GOLDSTEIN, (Nenroloy.
Centralbl" XX, 1901.\ ..
Après avoir désarticulé, chez des chiens, les divers segments
des extrémités antérieures et postérieures, les auteurs étudient
l'état des différents groupes de cellules de la moelle dans les seg-
ments de cet organe préalablement décrits. 11 faut suivre cette
analyse dans le mémoire au moyen des ligures.
Ils prétendent que les groupes do cellules distingués ne repré-
sentent toujours pas une seule et même chose : ◀tantôt▶ ils repré-
sentent le centre d'innervation d'un muscle, d'un segment de
membre; ◀tantôt▶ ils représentent le centre d'un nerf ou d'une de
ses branches ; fort suu uut,le centre d'un muscle isolé ou de plu-
sieurs muscles à fonction commune. Le moment n'est pas en-
core venu d'établir une loi qui présiderait aux localisations spi-
nales motrices, Aucune des théories exprimées n'est satisfaisante.
L'opinion la plus en harmonie anec les faits est celle qui ratta-
che ces localisations aux fonctions des muscles.
Quant aux localisations spinales vaso-motriceset trophiques des
extrémités, les résultats ont été jusqu'ici négatifs.
Les opinions formulées au sujet des localisations spinales sen-
sitives ne sont pas toujours concordantes. Il faut de nouvelles
expériences, et surtout, une nouvelle méthode. P. KERAVAL.
XLVI1. Contribution à la connaissance du gisement des
nerfs craniens moteurs dans le pied du pédoncule céré-
bral ; par G. 1311CELES. (Neurolog. Ceatratbl., XX. 1901.)
Pièce anatomique provenant d'un homme atteint d'endocar-
dite et ayant eu de l'aphasie motrice, de l'hémiparésie droite. Un
trouve dans l'hémisphère cérébral gauche un gros foyer de ra-
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 231
mollissementà travers toute la 3e frontale, un fojer de ramollis-
sement plus récent au tiers inférieur de la frontale ascendante,
un petit foyer dans le fobufe pariétal inférieur. Ces foyers super-
ficiels n'empiètent que de quelques millimètres sur la profon-
deur.
11 existe dans le pied du pédoncule une dégénérescence des-
cendante située en dedans du faisceau pyramidal proprement
dit, tout àfait indemne ; rien dans la moelle même. Si l'on se ré-
fère au schéma d'Ollersteiner, la dégénérescence ne porte que sur l'
les nerfs crâniens moteurs, en particulier l'hypoglosse et le fa-
, cial ; c'est donc que nous avons affaire à la dégénérescence des
nerfs crâniens moteurs, et que ceux-ci sont situés en dedans du
faisceau pyramidal proprement dit dans le pédoncule cérébral.
P. KERAVAL..
XLVM1. Contribution à la conservation de la coloration
des fibres; par M. E. STRANSKY. (0-0. Cenfralbl" Xi. 901.)
La paraffine liquide a.les avantages de la glycérine, sans en
avoir les inconvénients. Claire, transparente, inodore, elle est
bien liquide, ne sèche ni ne s'évapore à l'air, est d'une densité
plus légère que l'eau, ne confient pas de germes, imbibe complè-
tement et rapidement les préparations auxquelles elle donne
plus grande souplesse et inclusion plus parfaite que la glycérine.
La teinte de la coloration pas la moindre modification,
même après des semaines et des mois.
Seulementla paraffine liquide ne se mêle pas à l'eau. Aussi les
nerfs colorés à lasafranine (sall·aninc, ? ; eau distill. 200 ; al-
cool absolu, 20) seront préalablement déshydratés quelques
minutes dans l'alcool absolu, puiséclaircis dans le xylol pur. Les
préparations peuvent dans la paraffine liquide être dissociées im-
médiatement ou après n'importe quel temps de séjour. L'addi-
tion de 1 ou 2 gouttes de xylol est avantageuse.
La paraffine liquide n'altère pas les colorations à l'acide osmi-
que ni celles de Marchi ; elle ne change pas artificiellement la
structure. Le carmin, l'éosine, la safranine, le rouge Magenta, la
fuchsine, l'orange, le bleu d'aniline, le vert de méthyle, sont dis-
sous par la glycérine et simplement linement émulsionnés par la
paraffine liquide. P. KERAVAL.
YLl ? Un tératome de la glande pituitaire chez le lapin ;
par A. MARGULIES. (.Veu-ol. Centralbl., XX. 1901.) .)
Trouvaille accidentelle, l'animal n'ayant, pendant la vie, rien
présenté de particulier; il n'existait [point d'ailleurs de lésions
profondes du cerveau. Tous les organes du corps étaient sains et
bien développes. Figures.
232 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
La base du cerveau est occupée par une vésicule un peu plus
grosse qu'un pois, pleine d'un liquide clair, qui adhère, en bas, il
la tige du corps pituitaire et pénètre en haut la substance cé-
rébrale, f
C'est un kyste à plusieurs loges qui a d'abord adhéré, par son
extrémité inférieure, aiutuber cinereum, puis s'est logé sur le
chiasma et entre les nerfs optiques qu'il a écartés sans en altérer
la structure. Chaque logo est résolue d'un épithélium disparate
ayant une ressemblance éloignée avec celui de la trachée, de l'oe-
sophage, de la portion pylorique et de la grosse tubérosité del'es-
toma3 ; le tissu conjonctif qui sépare les loges contient des glan-
des, des fibres musculaires lisses et striées, un cartilage hyalin.
C'est un tératome dû à un trouble de construction d'un seul
embryon. L'étude du développement do la glande pituitaire d'a-
près ilIihalko\ics, Kupffer, Xubsbaum, permet de croire ce qui
suit. t.
Ou la poche de Secssel, conservant sa canalisation supérieure, a
continué de bourgeonner, ce qui a empêché le développement des
produitsectodermicluesnormaw, ou la poche de Hathke ne s'est
formée qu'incomplètement, voire pas du tout, et seul l'entocler-
me de l'organe praL-inteslinal a été employéàla construction du <
corps pituitaire ; nulle part, en effet, on ne saurait trouver le
moindre indice du tissu normal de la glande pituitaire. Ces trou-
bles se sont certainement produits à une période embryonnaire
très primitive.
La partie relativement très petite de l'entoderme qui a ser\i à il
former le tératome a suivi l'élan de l'organe prrc-intestinal ; elle
a engendré des tissus ayant la structure de l'estomac, de l'oeso-
phage, de la trachée, des glandes sali\ aires de l'animal adulte.
Dieu plus, le mésoderme, dans la glande pituitaire normale,
ne fournit que des vaisseaux avec le tissu conjonctif concomitant.
Or, ici, il a, comme le mésoderme de l'organe hrw-inteslinal,
fourni tissu conjonctif, fibres musculaires lisses et striées, carti-
lage. P. 11FRAV.1L.
L. De l'origine du nerf dépresseur du coeur; par G.
, ]ors-rcl(. jl\'eirol. Centralbl.,\\. 1901.)
Cyon et Ludwig ont trouve que leur nerf dépresseur du coeur
émanaiL,par une racine, du laryngé supérieur, par une autre ra-
cine, du pneumogastrique, qu'il descendait tout contre l'aorte,
que, dans la cavité thoracique, il s'unissait à d'autres nerfs issus
du ganglion étoile, que, finalement entre l'aorte et l'artère pul-
monaire, il se résohail en ramuscules échappant dans le tissu
connectif compact à l'oeil nu.
De nouvelles recherches expérimentales et anatomiques dé-
montrent que ce nerf sient du pôle supérieur du ganglion jugu-
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 233
laire, qui sert aussi d'origine aux portions sensitives du pneumo-
gastrique et du laryngé supérieur ; il se termine, par son bout pé-
('iphériqul',dans l'aorte.11 est donc non le nerf sensitif ou réflexe
du myocarde, mais le nerf sensitif de l'aorte.
Quand la pression augmente dans le ventricule gauche, l'onde
sanguine, violemment, projetée contre la paroi interne de l'aorte,
dilate la paroi de cette artère, et excite ainsi, par la tunique in-
terne, le nerf dépresseur. Cette excitation diminue, par action
réflexe, l'activité du centre vaso-moteur. Les vaisseaux se dilatent,
et, par suite, la pression s'abaisse dans le système vasculaire : le
travail du coeur est ainsi facilité, d'autant que Cyon et Lullwig
nous ont déjà appris que le nombre des battements du coeur est
simultanément diminué. P. 11ER.1VAL.
LI. La voie tectospinale descendante, le noyau intra-
trigéminal et les points de repère d'orientation de la
rétine ; par U. lOIINSTAl,1. (Netwol. Centmlblatt, 190'0.)
De la substance blanche profonde du tubercule quadrijumeau
antérieur partent, d'après Ill'Id, Hedlich, Prohst, les libres de l'en-
trecroisement dorsal (en fontaine) de la calotte de Meynerl ; ces
fibres tendraient ensuite par le faisceau longitudinal postérieur,
à gagner le cordon antérieur de la moelle du côté opposé. En ef-
fet, de la région du noyau du trijumeau partent des libres qui
s'appliquent à la face antérieure du faisceau longitudinal posté-
rieur et paraissent passer à l'entrecroisement dorsal de la calotte
de JlL'YJ1l'rL (coloration de Weigert). D'autre part jl existe des cel-
Iules à structure motrice qui sont en plein milieu du noyau mé-
scncéphalique du lrijumeau (territoire du tubercule quadriju-
meau antérieur) et qu'on a par suite désignées sous le nom de
noyau spinal du toit, noyau intrat¡'igc ! ¡1Ú¡wl, Ell bien ! les fibres
qui \ont au faisceau longitudinal postérieur contiennent-elles
celles qui viennent du noyau intratrigéminal quel est leur Ira-
jeu ultérieur dans la moelle ? '1
De ses recherches, l'auteur conclut :
1" Le noyau inlratrigéminal est le seul noyau qui fournisse
des fibres spinales dans le territoire du toit du tubercule quadri-
jumeau antérieur ; 5° La partie principale des fibres qui for-
ment l'entrecroisement dorsal (en fontaine) de la carotte de Mey-
nerf constitue le tractus tectohulbaire qui n'atteint pas la moelle.
;\0 Le tractus tectobulbaire est propre il assurer la communica-
tion des terminaisons Lectales des nerfs optiques et des détermi-
nantes excitomolrices des mouvements oculaires dans la sphère
du noyau sensitif du trijumeau. Ainsi peut s'orienter la rétine.-
4° La pointe ventrale du noyau (frontal) spinal du frijumeau
donne naissance à un analogue du faisceau latéro-cérébelleux.
P. KERAVAL.
234 REVUE d'.ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
LU. Observation de dégénérescence ascendante des fi-
bres du faisceau pyramidal ; contribution à l'interpré-
tation des préparations traitées par la méthode de
Marchi ; part. PETRÉN. (1\7eL(1-010g. Centralblatt, XXII, 1903.)
Un homme reçoit un coup de pied de cheval entre les épau-
les. -
11 se relève et fournit encore une marche de 10 kilomètres.
Le lendemain seulement, il présente les symptômes d'une lé-
sion transe erse cle la moelle, au niveau du premier segment dor-
sal. Il meurt 2 mois 1/2 après d'infection urinaire et de décubitus.
(1Vordishtmedic. Arkiv. 11, 1901, n° 14.)
On constate une dégénérescence descendante des faisceaux py-
ramidaux, tant dans les cordons latéraux que dans les cordons
antérieurs.
En outre, au-dessus de la lésion, tout le territoire des mêmes
faisceaux contient une quantité anormale de grosses molles noi-
res à contours irréguliers, également réparties, sauf qu'elles sont
un peu plus rares dans les fibres des cordons antérieurs que dans
celles des cordons latéraux; leur quantité demeure constante sur-
foules les coupes trans\ erses depuis l'endroit où la moelle a été
lésée jusqu'àun morcewsitué en haut dans laprotubérance(oitse
termine l'examen). Bien que le nombre de ces fibres dégénérées
soif assez faible, le faisceau pyramidal tranche du fait (le leur
présence sur les parties environnantes de la substance blanche
respectées par la dégénérescence secondaire. On ne saurait attri-
buer cet état à un vice de technique, d'abord parce que son in-
tensité est constante sur toutes les coupes, puis parce qu'il con-
traste avec le reste de la coupe transverse non dégénérée.
Il y a lieu de croire que le territoire du faisceau pyramidal con-
tient un nombre modéré de fibres très longues dont la direction est
ascendante. P. KERAVAL.
Llll.- Contribution à la connaissance des affections mus-
culaires post-typhiques ; par P. Krause. (Centralbl. ? \\'r-
venheilh, XXV, N. l. Xlll, 1902.)
Observation de parésie musculaire des deux psoas iliaques, des
fessiers, des fléchisseurs de la jambe. La répartition de la para-
lysie, l'absence de tout trouble de la sensibilité, de sensibilité à
la pression des troncs nerveux, de réaction dégénérative, l'allure
des réflexes, tout cela élimine une lésion des nerfs. Tout porte à
croire à l'existence de la dégénérescence des fibres musculaires
striées qui, d'après Zankcr, serait aussi constante, bien que plus
variable en intensité et en étendue, que les lésions de la mu-
queuse. Granuleuse, amyLoïdeou mixte, elle atteindrait, par de-
gré de fréquence descendante, le droit abdominal, le pectiné,
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 235
l'obturateur interne et l'obturateur externe, le psoas- iliaque, plus
rarement d'autres muscles, se développerait généralement à la
lin de la seconde semaine, et entraînerait ruptures, hémorrha-
gies, suppurations des muscles. Une dégénérescence légère est,
quand l'innervation et la nutrition restent normales, suscepti-
ble de guérison. Du reste, il est rare que les gros muscles soient
en leur totalité complètement dégénérés ; dans les plus grands
foyers, il reste encore des fibres musculaires suffisamment nor-
males pour parera la paralysie étendue, absolue, de certains mou-
vements. Elancements dans les membres, lassitude, douleurs,
musculaires déchirantes, sensibilité à la pression du muscle, tels
sont les symptômes. Rien du côté de la réaction électrique.
P. 11ERA\'AL.
L1V.- Communication provisoire sur l'anatomie patholo-
gique de la tétanie ; par A. PICK. (i"eUI-010g. Centralbl. ,XX1,
1902.)
11 s'agit d'une femme de 42 ans, opérée pour une cataracte en
rapport avec la tétanie, qui présentait une calcification typique
des fins vaisseaux du cerveau et du cervelet. A rapprocher de
- 1,01)sel%aLioii de tétanie du même auteur, chez un jeune epilep-
tique : on trouva les mêmes altérations à l'Institut anatomo-pa-
thologique du prof. Chiari. P. 11ERAVAL.
LV ? Des centres corticaux de la sécrétion sudorale ; par
A. S. GRIBOlEDO\\'. (Obozrcniè 1 ? sicibiati-ii. VU, 190 ? .)
Nouvelles expériences sur de jeunes chats fournissant des don-
nées en faveur de l'existence, à la partie supérieure de la circon-
volution antccruciale, d'une surface dont l'excitation exagère vi-
siblement la sudation du côté opposé ; cette sudation renlorcée
durant 9 à 10 minutes sans qu'on soit obligé de répéter l'excita-
lion de l'écorce. Malheureusement, la sécrétion de la sueur est
très inégale chez le chat; elle ne peut guère, comme chez l'homme,
abaisser la température du corps, ni éliminer les substances to-
xiques, car elle est insignifiante et cesse avec l'âge. Aussi l'auteur
a-t-il entrepris d'expérimenter le ce 1'1 eau du poulain : il fera sous
peu une communication à cet égard. P. IaERSV,tL.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE
XIX. Recherches sur la rage ; par J)ODDI. (Riv. crit. de
clinica meclicv, 1904, nos 21 et 22.)
Pour cet auteur, les corpuscules de Negri seraient véritablement
236 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
les agents pathogènes de la rage humaine et expérimentale. Dans
ce dernier cas, ils se localiseraient le long du trajet nerveux suivi i
parle virus injecté. On ne peut les considérer commodes produits
degeneratifs, mais ce sont bien réellement des protozoaires qui
ont pour localisation principale la région bulbaire, la moelle et
les ganglions spinaux. Les expériences exécutées par l'auteur ont
.porté sur 23 chats. L. W.
XX. Signe d'Argyll et méningite syphilitique ; par BER-
TOLOTTI. (t7J. crit. di clinica 712CCliCll. 1904. n° 2a, 24 et
25.)
Très long et très intéressant travail dont voici les conclusions :
1° la paralysie spinale syphilitique dans l'immense majorité com-
mence par un processus méningé (I3rissaud) ; 2° le signe d'Ar-
gyll peut se rencontrer assez fréquemment dans la méningo-myé-
lite syphililique progressive. Cettenotion vient à l'appui del'hypo-
thèse de l3abinki d'après laquelle ce signe serait un symptôme
pathognomonique de l'infection ludique acquise ou héréditaire
des centres nerveux ; 3° le signe d'Argyii est un épiphénomène
de la méningite spécifique chronique ; c'est par cet accident que
débutent les processus sy philitiques des centres nerveux ; 4° lana-
tureépiplastique de la membrane qui revêt la cavité sous-araclt-
nohlienne explique la susceptibilité des méninges cérébro-spinales
au virus syhltililiclue ; ,1° le signe d'Argot n'est donc pas un
symptôme purement tabétic[uc et peut également préluder à la
paralysie générale, à l'hémiplégie, à la paralysie pseudo-bulbaire
et il la méningo-myélite d'origine vénérienne. L. W.
XXI. Contribution à la casuistique de la myokymie ;
par PINI. (Rivista crit. di clinica medica, 1904, n° 24.)
Affection encore désignée sous le nom de myoclonus multiplex
fibrillaire (King), chorée fibrillaire de Morvan ; la maladie est ca-
ractérisée par des contractions fibrillaires des paupières,la sensa-
tion de prostration, l'insomnie, les idées sombres, des sueurs pro-
fuses, de la tachycardie, du tremblement des mains et des pieds à
ondulations très petites,de la paresthésie des membres inférieurs.
Cet état relève-t-il du paramyoclonus multiplex de Friedreich ou
de la neurasthénie (Manierfz). Le pronostic est favorable. Traite-
ment galvanique, danger des récidives. L. WAHL,
XXII. Quelques recherches sur les échanges matériels
dans un cas de tétanos subaigu ; par NESTI et Marchetti.
(Riv. crit. di clinica metlica, 1904, n° 2G.) -
Après avoir rappelé l'historique de la question, les auteurs rap-
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 237
portent : l''quel'urine a une réaction acide plusou moins intense à
la seconde période de l'observai ion ; 2° qu'elle n'a jamais eu une
composition normale ; 3° que l'absorption des substances azotées
et phosphorées fut satisfaisante ; 4° que dans l'élimination uri-
naire,l'azote,le soufre et l'acide phosphorique furent augmentés,
mais leur rapport entre eux resta normal, de même que celui de
l'azote de l'urée à l'azote total ; u l'élimination de la créatinine
fut normale ; G0 de même le rapport des différentes variétés de
soufre. Donc les toxines tétaniques agissent en produisant une
augmentation de destruction de la molécule « albumine » : c'est
un agent calabolique.
XXIII. La céphalée neurasthénique ; par IiASTOG1.1.
(Rio. crit, di clinica iie(71c(i, H)04, n° 29.)
Essai très intéressant de physiologie de la céphalée neuras-
thénique. Est-elle purement musculaire comme le veut Maurice
de Fleury ? Est-ce une lésion des branches sympathiques, aboutis-
sant aux méninges, comme l'indique Miecamp Est-ce par le mé-
canisme d'une auto-intoxication d'origine digestive; auto ou hé-
tero-toxique réagiront sur le cerveau par l'intermédiaire de la
circulation ou enfin l'action possible des vaso-moteurs accompa-
gnés ou non de modifications, de l'ouverture pupillaire ' ? Pour ré-
soudre complètement la question il faudrait connaître les modifi-
cations que le malade présenterait durant un effort cérébral et les
variétés de composition de l'urine pendant le sommeil, l'activité.
L. W.
XXIV. Maladie de Dupuytren et syringomyélie ;
par Giraldi. (hic, crit. di clinica med., 1 ! J04, nos 30 et 31.)
Testi et Bieganski ont montré que dansles cas de rétraction des
aponévroses palmaires ou plantaires l'examen de la substance
grise du renflement cervical ou lombaire parla méthode de \Iar-
chi révélait à la partie antérieure une très petite lacune qui
s'étend de part et d'autre de la ligne médiane sur une surface de
quelques millimètres et dont le voisinage est formé de substances
amorphe (dégénérescence graisseuse des cellules des cornes anté-
rieures). Le diagnostic anatol1lo-pathologi<¡ue peut être formulé
« leptoméningite clronique,gliomatose de la région du canal cen-
tral, poliomyélite antérieure ». Gualdi rapporte un cas clinique
sans autopsie où les lésions classiques de la maladie de Uupu)-
tren étaient accompagnées des troubles s)ringomYl'liques de la
sensibilité. Donc la rétraction de l'aponev rose palmaire ne serait
qu'une variété de la syringomyélie. L. W.
238 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
XX'.=Symptômes nerveux dans l'urémie; par Cappezolli.
(Riv. crit. di clinica med., 1904, n° 31 et 32.) -'
Résumé fait essentiellement au point de vue des praticiens de
toutes les variétés même les plus rares de symptômes nerveux
plus ou moins graves que l'on peut rencontrer dans l'urémie.
- ' ' L. W.
XXXI. Lamaladiede Stocke s--Adains; par CALVO. (Rie. crit.
di clioicct med., 1904, 11 31 et 33.)
Tableau d'ensemble de cette affection qui commence seulement
à être classique etqui semble duc aux intoxications, aux infections
et aux traumatismes crânien*. Elle esl caractérisée : 1° par une
bradycardie pouvant aller jusqu'à cinq battements par minute et
qui peut parfois prendre le rythme couplé de lluchard ; 2° par
des attaques cérébro-bulbaires répondant aux types syncopaux
apoplectiformes et épileptiformes ; 3° de la cyanose des e : \[l'é-
mités. Les rares autopsies pratiquées jusqu'à ce jour n'ont pas ré-
levé de lésions pathognomoniques. On a signalé quelques altéra-
tions du pneumogastrique, soit au niveau deson origine bulbaire,
soit sur son trajet. Le diagnostic est en général facile,il doit être
fait avec les'maladies qui causent secondairement du ralentisse-
ment du pouls ; les symptômes concomitants le rendent généra-
lement facile. La durée est longue, le pronostic varie avec la
cause, il est surtout sévère dans les cas où cet état morbide est
symptomatique (t'ai-tério-scléros(3, ou de myocardites, ou lorsque
les attaques se succèdent trop fréquemment. Le traitement est
celui des affections cardiaques (digitalc, trinitrine,nitl'inc d'amyle,
etc., avec diète lactée s'il y a lieu.) L. WAHL.
YY1'11. - Hémianopsie hystérique ; par VALOBRA.(Rit'.
cl'it. di clinica med., 1904, n° 39.)
Après avoirrapporté un cas de ce syndrome, l'auteur ajoute que
la réalité et la modalité du phénomène observé induisent à chercher
une explication sur la nature de l'hystéricisme. Les discussions
théoriques n'ont qu'une importance relative ; très grande, au
contraire, est l'importance des faits. Parmi ceux-ci nous devons
donc admettre qu'en dehors des accès d'hémicranie on peut ob-
sc¡'yer,assez rarement,il est vrai, une hémianopsie homonyme hys-
térique avec persistance de la vision du point central analogue à
ce qui se passse dans l'hémianopsie par lésion anatomique du
cervelet, desquelles elle se distingue par sa marche et par la pré-
sence d'autres phénomènes hystériques concomitants.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 239
XXV11L Diagnostic différentiel entrel'ataxie cérébelleuse
héréditaire et la sclérose en plaques ; par FouoLlco.(liiv.
crit. di clinica med., 1004, no 40.)
Impossible à résumer mais très important. C'est pourquoi nous
ne pouvons que renvoyer le lecteur au mémoire original.
L. W.
XXIX. Note sur les symptômes cardiaques de la maladie
de Basedow ; par le prof. de Grocco. (Ri1;ista coiticcedi cll-
nica medica, no 1, année 1904.)
L'auteur insiste sur la tachycardie, cause très fréquente de dila-
tation et même d'hypertrophie qui peuvent elles-mêmes de-
venir l'origine de troubles cardiaques organiques graves. On met
ces troubles en lumière en fatiguant le malade surtout dans les
formes frustes. Souvent il y a une hypotonie des plus marquées le
long du trajet de l'aorte descendante. On peut arriver à cons-
tater le pouls hépatique, splénique, sous-unguéal et aussi le
pouls veineux tout autant au niveau des jugulaires qu'a celui
des capillaires (type Grocco). On peut observer un bruit de galop;
d'autres fois de l'angorpëctoris. Le diagnostic différentiel avec la
tachycardie essentielle est facile,nrvlce aux aulres s uyLùnles de
la maladie de Graves, de même celui de la myocardite chronique.
11 faut donc retenir que la maladie de Dasedow prédispose aux
maladies organiques du coeur. L. WAHL.
XXX. La fièvre hystérique ; par GARGANO. (Rivista critica
di clinica medica, no 2, 1004.)
Connue depuis Borsiori, d'assez nombreux cas ont été signa-
lés depuis cette époque mais quelques-uns ne résistent pas à
un examen approfondi ; un certain nombre sont cependant
absolument inattaquables. Ils réalisent plusieurs types cli-
niques : dans certains cas il y a accélération du pouls et de
la respiration, sensation de chaleur, mais pas d'élévation de
la température ; d'autres fois, il y a élévation de la tempe-
rature jusqu'à 43° sans accompagnement de troubles quelconques.
Avant d'assurer un pareil diagnostic il faut se mettre à l'abri du
la supercherie : ce,qui n'est pas toujours facile. Souvent
(Briand) la lièvre hystérique prend le type intermittent tierce,
d'autres fois le type continu de la fièvre typhoïde. Fabre, de
Marseille, distingue cinq formes : éphémère, chronique, inter-
mittente, pseudo-typhique et fébricule hystérique. 11 existe un
type de fièvre hystérique avec pseudo-affection viscérale qui
est d'un diagnostic extrêmement difficile. L'erreur est possible
dans les deux sens : lièvre hystérique prise pour une maladie or-
ganique, maladie organique méconnue, prise pour de l'hystérie
240 REVUE DE 'PATHOLOGIE NERVEUSE.
fébrile. La dissociation des phénomènes fébriles : pouls, tempé-
rature, respiration el l'inversion de la formule des phosphates
facilitent le diagnostic. La durée de cette maladie est variable :
une seule fois elle s'est terminée par la mort. L. W.
1X1.- Etudes récentes sur l'hystérie; par S[CinANO.(7)Oi<n
crit. di clinica naeclica, n° 9, 1904). h
Résumé des articles publiés ici même par M. Albert Charpen-
tier, n" 90, 1903 et 98 de 1904. L. W.
XXX)L -Le syndrome de Bonnier; par SICILIANO. (Rivista.
crit. di clinica medica, 1UOIJ, n° 10.)
Ce syndrome est caractérisé par des vertiges avec troubles oculo-
moteurs ; insuffisance totale ou partielle de l'équilibration du
corps, des nausées, de l'angoisse, des troubles auditifs passagers,
des phénomènes douloureux dans la sphère du trijumeau ; sensa-
tion de soif intense, amnésies paroxystiques, actes impulsifs.
Bonnier localise ce syndrome au niveau du noyau de Deiters, or-
gane qui est en rapport avec les pédoncules cérébelleux inférieurs
et par les noyaux des moteurs oculaires commun et externe avec
les libres du ruban de Reil et la voie sensitive centrale. Ce
noyau est en rapport avec le ¡. ! 1oso-pharyngien, le grand hypo-
glosse, la racine descendante du trijumeau et les libres de la
racine cochléairc de l'auditif. Ce noyau Üe Darters a une grande
importance, car il représente dans le bulbe le prolongement delà
colonne de Clarke. L. W.
XXXIII. Scléroses en plaques familiales. Contribution à
la pathogénie des paraplégies spasmodiques hérédo-
familiales ; parMASSALONGO. (Riv. cnit. di clinica rnedica, n° 15,
1904).
La paraplégie hérédo-spasmodique, affection nouvellement
isolée, est encore appelée diplégic familiale ou paraplégie spas-
tique familiale ou sclérose en plaques familiale. L'auteur l'a
observée chez deux frères âgés respectivement de 5 ans et demi
et 4 ans. Consanguinité du père et de la mère, alcoolisme du père,
famille tarée des deux côtés. Début chez l'un des enfants à deux
ans et demi à la suite d'une gastro-entérite grave, chez l'autre à
22 mois à la suite d'une broncho-pneumonie. L'affection est ca-
ractérisée par une paraplégie spasmodique : tremblement inten-
tionnel, parole stridente et saccadée ; exagération des réflexes
tendineux et réflexe de Rabinski, nystagmus. L'intelligence est
normale. Deux autres enfants de la même famille paraissent nor-
maux mais ont de l'exagération de divers réflexes : ce qui indi-
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 24l
([lierait chez eux un état de l'écepth ilé lout spécial du sterne
nerveux et tout porte à croire que sous l'influence d'une cause
occasionnelle quelconque la maladie pourrait se développer chez
eux et réaliser ainsi le y lm familial ordinaire. L. W.
XXXIV. Observation de dystrophie musculaire congéni-
tale à forme hypertrophique ; par htta. (7.'tc. crit. di clinica
med., 11104). )
Garçon de 19 ans avant de l'Iiv perlrophic du slerno-eléido-
mastoïdien, du trapèze, du biceps, du long chef et du vaste
caLerne triciltitaw. l.t· IIIIIcll's h pl'l'll'ophié, 111' donnent pas la
sensation de mollesse. L'électricité donne des rendions nor
maies. L. \\"
\\\1'. - Epilepsie réflexe par rétrécissement spasmodi-
que de l'oesophage ; part. E. BREGMAN.(XCt/I'oIOfl, Cent1'albl,
XX, 1901.)
Jeune homme de 23 an·,l>résentantles signes de l'ohlul'atiun de/
l'e,\lrémité inf{>rieure Üe l'oesophage,Elleesl fonctionnelle, car, mal-
gré la longue durée de l'affection, la nutrition est relativement
satisfaisante, le rétrécissement est perméable aux sondes les plus
grosses, les commémoratifs ne révèlent aucun motif de sténose
organique.
Au-dessus du rétrécissement, existe une dilatation admettant
près de 400 cent. cubes d'eau, dont les parois sont le siège d'un
catarrhe chronique. Ce n'est pas un diverlicule, car, on réussit il
introduire la sonde dans l'estomac même quand le sac est plein
d'aliments, l'épreuve des deux sondes, l'une dans l'estomac, l'au-
tre dans le sac, montre que l'eau versée dans celui-ci passe dans
celui-là, enfin l'éclairage I\oelltgen dessine la dilatation oesopha-
gienne effilée parle bas.
Le rétrécissement est survenu dans l'enfance spontanément,
sans cause, s'est graduellement aggravé, a rendu l'alimentation
déplus en plus difficile. Ni hystérie, ni neurasthénie : une soeur
du patient l'-t arl'i('l'ée physiqueIlH'lIt et inlellecluellpl1lenl. Puis
s'est produite la dilatation et l'inflammation catarrhale chroni-
que. .
Enfin se sonl manifestés des accidents évidemment i·ltilt·ltti-
ques (perle de connaissance, etc.), qui sont réflexes, car ils ne se
montrent que pendant le repas sous l'influence des efforts pour
faire passer les alimcnls : ils se sonl ajoutés à l'affection lo-
cale. alors que celle-ci existait depuis bon nombre d'années, et le
passé, pas plus que l'existence actuelle du sujet ne Iralut de cau-
ses telles que syphilis, alcoolisme, traumatisme, infection. Trai-
tement : solidaires, I¡l\agl ? nl'I'\ il1, toniques alimentation "1'('-
tale, Kllr. " I'.Kmv.\L.
.lncnwr, 2° ·urin 190 ? I. \1\ -10
242 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
\\\\'1.-Répliqne aux critiques de M. Kienboeck sur ma
symptomatologie des troubles trophiques de la syringo-
myélie (ostéomalacie) ; par S. S. Nalbandoff Réplique
à cette réponse ; par KiENBECK. Contribution à la
pathogénie des arthropathies dans la syringomyélie ;
par Uudovernig. (Xeurolog. Cenl1'alúlatl, XX, 1901.)
Le travail de M. Kienboeck intitulé : Troubles trophiquesdans le
tabès et la s ! JI' ! JI1 ! Jom ! JJlie étudiés ci l'aide des rayons de Roent ! /en
( Neurolog. Cenlralblatt. XX. 1901) dénie il la décalcification des
os, mise en lumière par M. Xalhandoff (Deutsnlz. Zeitsclz. ? J'er-
cenheilh, 100lJ.X\Tll,el OGom'nir psicleiat·ü,\c.1900) toute impor-
tance névropalliique. (Voiries il rl'lt ires de 1\'czcrolo771r,L.11j1.j90 ?
1.6G el t. XVI. 1903 cl p. 42.').) ,
M. î\alhan(lof1' insiste.La décalcification des phalanges osseuses
est un phénomène singulier, non encore signalé; il existe un
rapport enlrela disparition de la chaux et les phlegmons chroni-
ques. « Cette décalcification passagère d'un os enflamme dans une
inflammation phlegmoneuse grave n'a rien de rare, répond
M. KienI)OEck, même chez un individu ordinaire. Le ramollisse-
ment avec transparence des os des doigts, en l'espèce, tient iL une
simple décalcification de la substance osseuse fondamentale. Ce
n'est pas de l'ostéomalacie, c'est de Vhalistérése inflammatoire ; T
cela n'a rien d'extraordinaire, de réflexe ; c'est dû il l'ostéomyé-
lite, à rh) pl'¡'élliie inflammatoire. »
M. llUllO\el'lli donne une nouvelle observation, avec radio-
grammes, caractérisée par du nystagmus et une arthropathie de
l'articulation du coude et du poignet, ayant eu pour cause occa-
sionnelle un effort musculaire exagéré. L'affection de la moelle
a préalablement, comme le dit, M. Charcol, déterminé une grave
altération déstructure sur laquelle a agi le traumatisme. L'affec-
fectiou médullaire a modifié la nutrition des articulations qui, de
ce fait, se sont trouvées prédisposées à faire, sous l'influence d'un
traumatisme léger, de l'arthrite grave ; avec celle-ci s'est déve-
loppée la déformation de chacune des parties constituantes des
articulations. Telle doit être la genèse de la plupart des arthropa-
thies syringomyeliques ; le point de départ du trouble de la nu-
trition, la cause des atrophies, doivent être centraux et non péri-
phériques.
« La décalcification de Kalbandott' tient simplement au phleg-
mon et non à la syringomyélite, car, dans notre observation,
c'est M. lIudo\el'l11g qui parle, il n'y avait pas de décalcification.
Mais il est probable que dans le cas de \albamlolt,la décalcifica-
tion consécutive au phlegmon n'eût, pas été si intense, si tephteg-
mon eût eu lieu chez un individu sain, indemne de svringomyé-
lie. Les os du malade devaient, de par l'affection de la moelle.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.' 243
être prédisposés à cela, à raison de l'altération de structure
dont parle Charcot ; le phlegmon en sévissant sur un os déjà
miné exagéré la destruction osseuse. » P. KERAVAL.
XXXVII. La genèse du tabes 5 par (;. PANDY.(Arc>«roZo<7.
Centr'alb" XX, 1901.)
M. Panel résume ses expériences et les conclusions qu'il pré-
tend en tirer.
C'est la région des bandelettes externes ou la zone intermé-
diaire qui sont les plus sensibles à l'altération des échanges nu-
trilif.( ? l1P[le qu'en soit l'origine (pellagre, ergofine, plomb, alcool,
syphilis, diabète, affection organique du coeur), une fois que l'al-
tération a commencé elle s'étend toujours plus loin aux fibres
connexes el voisines.
Les cordons postérieurs peuvent dégénérer, tandis que les raci-
nes postérieures demeurent intactes et les racines(·lant dégénérées,
les cordons postérieurs pcuvenl demeurer indemne ? La lésion
des cordons postérieurs peut doncêtre indépendante de celle des
racines postérieures. -
Or, ce n'est pas la lésion des racines postérieures qui occa-
sionne le (abcs, mais inversement, la lésion des cordons posté-
rieurs s'étend aux racines.
Le tabès est une lésion lneutlo-sysLt;ntalil«e,enclogène,clui com-
merce par la zone de Charcot ctPil'l'I'ct des cordons postérieurs de
la moelle (zone intermédiaire, bandelettes externes), et qui, selon
toute apparence, provient d'une intoxication syphilitique chroni-
que des cordons postérieurs. Cette zone est sans exception, dans
tous les (roubles des échanges nutritifs, la partie la plus sensible
des cordons postérieurs ; c'est pour cela que les dégénérescences
hydropiques, pellagreuses, et autres, s'y produisent en premier
lieu pour, delà, gagner, comme dans le tabès, les autres parties
les plus voisines du cordon postérieur et aussi les racines posté-
la lésion de la one C7;ar<'o<-P;['f)vt est la condition sine
i[ua non du tabès ; c'est ce qui explique non seulement toutes les
altérations anatomiques, maille tableau clinique.
P. Keraval.
XXXVIII. -Des symptômes cérébraux dans la carcinoma-
tose ; par A. SAENGER, (Neu1'olo[J. Central6l" XX, 1901.)
De faits extrêmement nombreux examinés par l'auteur, il
résulte que les s\ mplômes cérébraux de la 2liathèe cancéreuse
sont de deux ordres principaux : 1° d'ordre général ; 2° d'ordre
spécial.
Les symptômes cérébraux d'ordre général se manifestent par le
244 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
coma, l'apathie, la démence ; il n'existe pas de lésions anatomi-
ques ; ces troubles sont probablement de nature toxique.. , ,
Les symptômes cérébraux spéciaux, ou symptômes de lésions
en foyer se traduisent ou non par des lésions macroscopiques.
u). Ceux qui ne se traduisent par aucune lésion bihle à l'oeil nu
émanent probablement d'une métastase cancéreuse microscopi-
~que dans les méninges ou la substance du cerveau, -ou encore
d'altérations que nos méthodes de recherches actuelles ne per-
mettent pas de découvrir, ú). Ceux dans lesquels on constate une
lésion macroscopique dérivent : a) de tumeurs métaslatiqucs de
grosseurs diverses; j3)d'hemorrhagiesou de ramollissements sans
néoplasmes métastatiques.
11 peuty avoir combinaison de symptômes cérébraux de nature
générale et de symptômes cérébraux de nature spéciale...)
P. KERAVAL.
XXXIX. Mutisme hystérique, agraphie et kleptomanie ;
par N. N. TOPORKOW. (Obosrcnié ]Jsichiatrii, VU, 190' ? .)
Belle observation encadrée d'une revue bien l'aile, démontrant
l'impossibilité d'établir et de sérier les tableaux cliniques de
l'hystérie. Les symptômes sont éminemment changeants indivi-
duellement. t. l'.11ERAVaL. '
XL. De l'amaurose hystérique ; par Il. litzoN. (Veunolog.
- Centralbl., XXI. 1\102.) ..
Grouper un grand nombre de cas et en examiner les particula-
rités afin de juger de cet important phénomène si embarrassant
au point de vue médico-légal, tel est le but de l'auteur. 11 nous
donne d'abord deux observations personnelles dont la première a
Irait à la question de savoir s'il s'agit d'une hystérie traumatique
ou du foudroiement direct dusystème nerveux. Elle concerne une
téléphoniste de 24 ans, qui, pendant qu'elle opérait, fut frappée
d'une décharge atmosphérique émanée d'un orage planant sur
Magdebourg. Amaurose de l'oeil gauche ; mais il fonctionne sous
l'influence du fonctionnement simultané de l'oeil droit. C'est donc
une affection psychique (ligures).
La révision des laits collectés dans la science indique les princi-
pales particularités suivantes.
L'amaurose bilatérale n'est pas rare : ? G observations contre 23
unilatérales. Sur les 23 unilatérales, 13 concernent l'oeil droit, Il
l'oeil gauche. L'amaurose unilatérale a frappé 7 hommes et l(i
femmes ; la bilatérale, 4 h., 22 f. L'amaurose à un seul accès a
été : a. transitoire (quelques jours de durée) en 1 1 cas ; b.
de courte durée (2 il G semaines) en I cas ;- c. de longue durée
(S mois iL 10 ans) en 10 cas. L'amaurose à plusieurs accès s'est
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. s 245
monlrée : - a. intermittente régulière en 2 cas;&.inter-
milLtn(e ilehuliure un2 cas; -c. réciUivauLe en'Jcas. L'examen
de la marche des accès montre l'erreur des auteurs assignant à la
durée de l'amaurose hystérique quelques heures ou jours puisque
sur les 32 faits d'accès uniques il y en a 11 qui ont duré à se-
maines, et. 10 qui ont persisté 4 mois à 10 ans. L'âge correspond
en général aux chiffres de Uriquet et,Landouxvsur l'apparition
de l'hystérie. -
Sur les 4\1 observations, il n'y l'ut Iii fois aucune antre main-
festation de l'hystérie mentionnée ; 4 fois toute autre manifes-
tation hystérique fut. cerlainement absente ; en 2\1 cas il en exis-
lait plus ou moins. C'est dans l'amaurose bilatérale qu'existent
généralement les manifestations hystériques les plus violentes.
Bien entendu, l'amaurose peut être le symptôme unique de l'hys-
térie. Le développement graduel de l'amaurose n'a eu lieu que
2 fois ; on mentionne relativement peu qu'elle ait été précédée
d'attaques ou convulsions hystériques : peu de cas aussi où les
émotions aient été la cause immédiate de la cécité ; H fois seule-
ment le traumatisme.
Nulle pari la paralysie des muscles intrinsèques de l'oeil n'est
établie, pas plus que l'immobilité purement réflexe des pupilles
avec conservation de l'accommodation. Pas davantage d'opinion
unanime quant aux muscles extrinsèques ; ils ne sont pas para-
lysés dans le petit nombre de cas où ils présentent quelque ano-
malie, sauf pour la blépharoptose. Le fond de l'oeil, indemne par
définition (amaurose mentale), peut présenter quelque modifica-
tion à raison de la contracture spasmodique ou de la dilatation
partielle desaisseaux(('.alexo\\sky. Charcot). Unencuro-rélinite
a constitué une complication dans le cas de Schvvoiggor.
L'évolution est bénigne dans l'immense majorité des cas : la
guérison est la règle ; 38 des 4'J malades se sont rétablis. Traite-
ment surtout moral, y compris électricité, magnétisme, sugges-
tion.
La question de la simulation est difficile à résoudre. L'aveugle
psychique se meut dans l'espace autrement que l'aveugle soma-
tique.
Dans l'amaurose unilatérale, l'oeil malade peut fonctionner sous
l'influence de la vision binoculaire : quand on ferme l'oeil sain,
l'oeil malade est instable, erratique, rague, et ne reprend sa stabi-
lité, sa flritè que lorsqu'on rétablit la vision binoculaire (Kron,
KOEnigsll'in). Tous les instruments d'épreuve sont donc perni-
cieux à l'accusé. L'expérience du médecin reste en défaut en
présence d'une amaurose mOllos)"m ploll1al ic¡ue de l'hystérie, sur-
venue sans prodromes, sans cause apparente.
P. Keraval.
ASILES D'ALIENES
V. La situation des enfants anormaux en Suisse ; par
r I>rcROi.v. (l'olielitiqace cle l3nu,cellcs, 1903, n" 23.) '\
Une Slalisliyuo dressée en ! t)()Í par le Dr Gllllguillet indique
que sur 400.000 enfants en. âge scolaire il y avait 13.150 anor-
maux des diverses catégories (font 7067 faibles d'esprit, parmi les-
quels 2615 appartenaient au groupe des idiots, des imbéciles et
(les crétins. Après avoir rappelé ce que doit être l'enseignement
des anormaux et dans quels milieux ils se recrutent surtout, l'au-'
leur attire l'attention sur l'utilité de la création des cours nor-
maux pour instituteurs se destinant acet enseignement particu-
lier et aussi sur les avantages des patronages pour enfants sortant
des écoles d'anormaux, il exprime le désir que son pays s'ins-
pire de la Suisse ; faisons le même voeu pour le nôtre. L. Wahl.
\'1. L'assistance familiale Et la réforme de la loi sur le
régime des aliénés en Hollande ; par le Dr Meeus. (Bull.de :
lo ,Soc, cle mécl. yneit. Re l3elgiqate, 1,1(14, n l IG.) j
En vue de favoriser l'assistance familiale des aliénés en Rol- i
ande, il vient d'être déposé un projet apportant des modifications
à la loi du 27 avril 1884 sur le régime des aliénés et du 28 juin'
1854 sur l'assistance publique. .
L'article 11 de ce projet de loi règle la situation légale des alie ?
nés placés dans les familles : ceux-ci conlinuent d'appartenir, de
fait, à l'asile autour duquel ils sont placés. -
L'article 111 du même projet assure aux aliénés assistés dans
les familles les secours que la commune-domicile doit aux alié-
nes indigents et aussi les subsides ordinaires de la Province et de
l'Etat. C'esl à la direction de chaque asile qu'appartient le droit,
de désigner les aliénés qui peuvent bénéficier de l'assistance fa-
miliale.
A propos de ce dernier point, plusieurs médecins de la Société
psychiatrique néerlandaise ont émis le voeu que le médecin en
chef de chaque asile devait être le seul juge de l'opportunité du
placement dans les maisons de nourriciers, celles-ci, d'après l'es-
prit même du projet de loi, faisant partie intégrante de l'asile
dont elles deviennent une sorte de quartier. G. DENY.
VII. Rapport annuelde la section des aliénés de l'hôpi-
tal arménien de Saint-Sauveur à Constantinople ; par le
Dr Luigi Monter ! . (Bull. delà Soc. cle naéel. ment, rl l3elgique,
1904. no 115.)
asiles d'aliénés. 247
VIII. L'étiologie de l'Idiotie simple comparée àl'étiologie de
la paralysie infantile cérébrale ; par le D1' W. KOENIG, de
Dulldorf. (lllfena. Zcitsclt, für l'syc721atrie, 1904, p. 133.)
248 sociétés savantes.
ment atypiques ; et lorsque ce traitement n'est pas institué à,
temps, les enfants peuvent devenir de véritables anormaux : -
4° Enfants atypiques (dév iés du type moyen) : a) Enfants név·o- .
pathes et neurasthéniques : atteints d'e.\citation et de précocité,
irritabilité, tendances perverses, troubles moteurs, tics, peurs et .
obsessions. Troubles vaso-moteurs, sensoriels' et lrophiques"
etc.... ; - bi Enfants retardés dans leur développement : soit par des
des causes physiques, catarrhe chronique, troubles chroniques
de la nutrition, de la vision, etc..., soit par la lenteur de leur
développement cérébral. Ces enfants alv piques sont anormaux ;
en puissance; autrement dit, ils peuvent, s'ils sont délaissés,
présenter des troubles permanents, mentaux uu normaux :
5° Enfants pseudo-atypiqttes : a) Enfants dont les progrès à l'école
sont retardés par : ri) une maladie accidentelle ; b) les change-,
ments d'écoles : 3° un développement relativement lent : 4° des
difficultés physiques telles que difformités, végétations adénoi-
des, etc.... ; b) Enfants dont le développement est d'une rapidité
inaccoutumée, sans véritable précocité ; c) Enfants d'éducation dif-
facile : méchants, agités, voleurs. Ces enfants pseudo-atypiques
doivent être traités, sans perdre de temps, comme les atypiques
et les dégénérés. (Revue neurologique du 15 décembre 1904, lt..
1179). -
SOCIETES SAVANTES . ' ; z
1 .
SOCIÉTÉ DE NEUROLOGIE
Séance dit 2 février 110 ? Présidence de il. l1Rl,SS,H"n.
, Myasthénie bulbo-S1JÍnalc',
il il. L.\uNO;s, liocrurt. et il. Villaret présentent un malade
atteint du syndrome nivasthénique dans sa forme bulbo-spinale
(IJrh-Golflam). Mais la myasthénie peut être le résultai de di-
verses maladies du système nerveux, ou apparaître à titre d'as-»
sociation morbide. Tout récemment, Mil. Ikissaud et l3auer ont
vu la myasthénie associée il une maladie de Gaseclow, terminée
par la guérison, el Kollarils, de son côté, avait conclu que le
syndrome (l'Erb-Goldflam, de même que la réaction de fatigue,
pouvait se montrer au cours de diverses maladies. Chez notre
malade, la myasthénie est associée à une neurasthénie décelable
par les signes suivants : développement de la maladie à la suite
du chagrin et du surmenage, dépression psychique et idées
SOCIÉTÉS SAVANTES. 249
tl'ilp au début, désordres de la motricité consécutifs, maux de.
tête, parestbésies multiples, anesthésie par places, douleurs
erratiques, dyspepsie alonique, concoinilante. Ces signes sonl
au second plan par rapport à la myasthénie, mais leur existence
est importante à signaler. D'ailleurs, l'évolution de la maladie,
qui s'améliore sensiblement, peut répondre plus spécialement il
la neurasthénie ; cet argument ne sérail pas cependant décisif f
puisque Mil. Ravmond et Sicard, dans la dernière séance de
celle Société,ont présenté un malade myastliénique dont la gué-
risonaété complète et s'est maintenue, ce qui, pour ces ailleurs,
ne serait pas exceptionnel. Xotons que, chez notre malade, il
était survenu il y a quatre ans un syndrome atténué dans sa
I'a\ ité et sa durée, comparable il la myasthénie actuelle et dont
la guérison fut alors complète. Insistons, pour terminer, sur ce
fait que notre- malade présente plusieurs lares qui se lient il des
troubles de développement. t.
Sclérose en plaques elle : un enfant de f« ! x.
M. Armand-Delille présenlé une tiHettc atteinte de Irenible-
ment intentionnel avec démarche légèrement spasmodique,
exagération de tous les réflexes tendineux, clonus du pied et
nystagmus. Il s'agirait d'une sclérose en plaques à forme spinale.
Cette affection ne paraît pas relever nettement d'une maladie
infectieuse. L'enfant a eu la rougeole un an auparavant, et c'est
si mois après que les parents ont remarqué le tremblement, mais la
marche a toujours été spasmodique, aussi faut-il peut-être incri-
miner une infection de I;at t·af;mco restée inaperçue.
Mouvements associés en dehors de l'hémiplégie.
jDI. URISSAUD et SIC \RD lllOUll'l'lll ulle femme atteinte depuis
plusieurs aimées de svncinésie. Tout mouvement, acte ou geste,
conscient ou non, accompli par une main est exactement repro-
duit par l'autre. Ce symptôme lient à une disposition ou lésion
organique très ancienne. La seule présomption d'atteinte pyra-
midale consiste dans l'exagération des réflexes. La malade pré-
seule l'écriture spéculaire spontanée.
Tabès avec atrophie dans le domaine moteur clac trijuntroar.
' MM. P. Marie et LERI amènent un malade qui offre les symp-
tômes les plus divers du labes dorsal caractérisé. Il a
en plus une atrophie très marquée des masticateurs du côté
gauche ; cette atrophie frappe à première vue pour le masséter
et le temporal ; elle se dénote pour le plérygoidicn externe, par
l'impossibilité des mouvements de diduction du côté opposé. Le
myélo-byoïdien et le ventre antérieur du digastrique, innervés s
aussi parla branche mol rire du trijumeau, sont égalementatro-
250 SOCIÉTÉS SAVANTES.
pbies. Enfin la luette esl déviée vers le côté gauche et le voile
du palais abaissé de ce côté, ce qui esl tout à fait conlirmalif de
'l'opinion encore discutée qui fait innerver le porisLahhylin
externe par les libres que le ganglion otique reçoit du trijumeau.
Ces atrophies dans le domaine du trijumeau au cours du tabès
sont tout à fait rares, on n'en a encore signalé ye tlew cas
- "(Scinutxe, ( : ltvosLel : ). On constate de plus chez ce malade, dans la
zone du trijumeau, des Iroub les scnsi tifs (troubles delà sensibilité
tadilc) et des troubles frophiques (cataracte précoce, chute spon-
tanée des dénis). IL y a aussi une ophlalmoplégie totale qui s'est
laite en plusieurs temps (paralysie de la \'le paire d'abord, puis
de la Ille et de la lVr) et une cécité par atrophie papillaire. La
concomitance de lésions importantes dans le domaine des 11, III,
IV, V, Vles paires et dans celles-ci seules ne s'explique bien que
par une méningile de la base ; or c'est précisément celte lésion
que nous avonssignatee comme conslanle, ou presque constante,
au pourtour des voies optiques dans les autopsies de tahl'liqul'
aveugles. Ce malade offre une confirmation clinique du l'ail
anatomique que nous avons avancé. Il est probable que diffé-
rentsnutrestroufdcsdansletfomainedes nerfs crâniens chez
des tabéliques sont dus à celte méningite de la base.
1\Turite ascendante. '
)1M. Raymond et GUILLAIN présentent un malade qui, la suite
d'une petite plaie suppurée de la main gauche, ressentit plus
tard de violentes douleurs dans tout le membre ; le médian, puis
le plexus brachial, devinrent douloureux et il se produisit de
l'inégalité pupillaire.
Hémiplégie cérébrale infantile.
il. Faure-Beaulieu montre un malade dont la musculature
du côlé hémiplégie est 1res hypertrophiée el atteinte d'un étal
spasmodique dont l'intensité varie.
Maladie de Pal'hinson et état paréto-spasmodique.
JDI. L. Lltvy et 1'AGUET présentent un malade de 4j ans, pré-
sentant un ensemble de symptômes qui se rapportent à la ma-
ladie de Parkinson : raideur des membres, lenteur et, maladresse,
antéltulsion, rélropulsion, chaleurs paroxystiques, faciès lige,
tremblement à l'état de repos, qui apparaît quand les extrémités
ne sont pas fixées. En outre, existe un étal paretospasmodique
a\ce amyotrophie diffuse. Diminution simple de la contraclililé
faradique el galvanique. Les réflexes sont exagérés sans qu'on
constate d'ailleurs ni trépidation épileploule, ni signe de Ba-
Linski. Après discussion, les auteurs admettent que ce syndrome
SOCIÉTÉS SAVANTES. 231
l'aiL partie de la maladie de Parkinson. Est-il mvopathique,
111)('lopalhique ' ! Yil'nt-il éclairer la nature vle l'alfecliun " !
Hé¡'édo-syphilis dl/névraxe à forme tabétique très améliorée par le
. traitement mercuriel. "
Mil. GUILLAIN et THAON montrent un garçon de 14 ans, hé-
réditaire syphilitique avéré, qui, il yr a deuv ans, a commencé à
ressentir des douleurs fulgurantes dans les membres inférieurs
et à présenter de l'ataxie. Au mois de juillet 1904, les accidents
nerveux, subirent une poussée ; quand if vint au mois d'août
dernier à la Salpélrièreon constatait une grande atwie, le signe
de Rombcrg, de la dysarthrie, de la dysphagic, une certaine
oJH1uhilat ion psychique el un peu d'amnésie. Le malade fut mis
au traitement mercuriel intensif, et rapidement la plupart des
symptômes s'amendèrent. Aujourd'hui (janvier 1905), il n'a plus
ni alaxie, ni signe de Homberg, ni dysarthrie. Mais l'abolition
des réflexes achilléens eL rotuliens persiste, ainsi qu'une atrophie
papillaire bilatérale et l'immobilité des pupilles à la lumière et à
la convergence. Cette observation a paru intéressante à rappor-
ter par ce fait qu'on est en présence d'une modalité relativement
rare de la syphilis héréditaire du névraxe ; de plus, la rétroces-
sion de la plupart des symptômes de la série tabetique par le
traitement mercuriel dans un cas d'imredo-sypiulis doit être
prise en considération au point de vue de la palhogénie des af-
fections de cet ordre.
' ' Confusion mentale.
Mil. OILBEI2T-Li.WLET et F. Rose apportent les pièces d'une
malade ayant présenté pendant la vie le syndrome de la confu-
sion mentale, et a l'autopsie de laquelle on ll'oum une pachy-
niéningile du lobe frontal droit, constituée par de sa sclern-
gOUI'I1H', (Juoir¡ue la malade ft'It sUI)('cte Il'plhylisn1l', ill,t ¡WU
probable qu'il s'agissait de confusion mentale toxique, vu l inté-
grité des cellules corticales et, du foie. Et il semble permis de
rendre la pach) méningite spécifitlue frontale responsable du
syndrome de la confusion ; ce syndrome se rencontre d'ailleurs
dans d'autres lésions ol'gal1 ¡(lUeS du cer\"cau, t l'llps que les t UlTII'UI'S,
par exemple.
Sections nerveuses.
il. llt.tA (Ue Milan) a étudié par la méthode de Cajal des nerfs
sectinnnescta trouve après trois semaines des fibrilles très nom-
breuses et lines dans le hout périphérique'.
Maladie de 71'M/f/M ? p/MtfM)t. : \D1. r.HIR,\y pt CORYLLOS présentent un cas typique avec
252 CORRESPONDANCE.
11a'\ lâches pigmentaires. tuml'l11'o; Clllalll'l'S et ous-clllanlTs
(dermato et ne\1ro-lihrulJ}c) chez un hél'l'(Lo-syphiliti([Ul"
MM, GR1SSAUD, ]);JIOE[NE, Uuet cL P. Marie, à propos d'un
cas atypique de myopathie, admettent l'évolution de ce syn-
drome chez un malade alteint de paralysie infantile myélnpa-
Ihique. - ' F. Boissier.
CORRESPONDANCE
Personnel médical des asiles d'aliénés.
Mayenne, le 13 février 1903.
Monsieurettres honoré Maître, '
Je n'ai pu répondre plus loi à la circulaire que vous avez bien
voulu me faire parvenir, à cause d'un changement de poste de
l'asile de Bailleul à celui de Mayenne.
C'est donc surtout la situation de l'asile de Bailleul où je suis
resté six ans que je puis envisager. Dans un asile comme celui-
là, où existe un pensionnat très important, rapportant 250.000 fr.
par an, et où l'on compte 300 nouvelles entrées annuelles avec
une population totale de 1.40f1 malades, la proportion actuelle
d'un médecin en cliel, de deux adjoints est, à menais, tout à
fait insuffisante. '
Un professeur de la Faculté de médecine de Lille me disait, il
y a quelque temps : « .le ne vous envoie jamais de malades de
ma clientèle particulière, parce qu'à l'asile de Bailleul, les ma-
lades ne sont pas soignés, .le compte le médecin en chef pour
un, les deux adjoints qui sont annihilés par le médecin en chef,
pour 1/2. Vous êtes donc, selon moi, un médecin et demi pour
soigner l.'t00 malades ».
11 faudrait, selon ce professeur, calquer, pour les asiles, -l'or-
ganisation des services hospitaliers : plus de médecins-adjoints,
mais autant de services médicaux autonomes que de médecins,
chacun des médecins étant, bien entendu, responsable, el les
médecins-adjoints nouvellement reçus commençant par. être mis
à la fête d'un service de chroniques.
Pour trancher la question de la proportion des médecins, il
faudrait, à mon avis, commencer par créer pour les aliénés la
division logique qui a toujours existé pour tous les autres ma-
lades : services d'lnpilaux et services d'hospices ; .mettre a pari
les aliénés ayant moins de deux ans de séjour (ce laps de temps
CORRESPONDANCE. 253
indiqué déjà par Esquirol est une manière de voir sans doute
trop générale, et il y aurait à envisager des questions d'espèces) ;
puis constituer alors avec les autres malades des services d'hos-
pices formant le bloc des chroniques.
Dans ces deux classes de services, la proportion des médecins
ne devrait pas, sans doute, être la même. Pour les malades ayant
moins de deux ans de séjour, je crois qu'un médecin ne peut pas
véritablement suivre et soigner réellement plus de 100 malades.
Ce qui malheureusement empêchera longtemps encore, je le
crains, la réalisation de cette réforme, c'est la question d'argent,
les asiles de prov ince en dehors des asiles du Nord (Armentieres
et Bailleul) restés autonomes, dépendant tous des conseils géné-
raux hostiles à toutes dépenses, et refusant mème de plus en plus
généralement à accorder jusqu'à une retraite aux médecins ac-
tuels, malgré des versements réguliers faits pendant 30 ans.
Dans l'Oise, les médecins de l'asile de Clermont versent à la
Caisse nationale des retraites pour la vieillesse, comme les
gardes-champêtres !
, Dans l'Allier, la préfecture refuse de faire sui\ re les versements
des médecins quittant le département ; dans la Haute-Vienne, on
ne peut verser que sur 5.000 Il-. de traitement, alors que les
règlements ministériels prévoient des classes jusqu'à 8.000 fr.
Dans le Nord, les médecins-adjoints de Bailleul et d'Armentières
ont pu faire ramener de 20 à 10 le nombre d'années de séjour
dansledéparlemenl donnant droit à une pension de retraite. Sans
cela, il. le docteur Cortyl, âgé de 72 ans, et n'ayant encore que
15 ans de service dans le Nord, aurait dû attendre jusqu'à 77 ans
pour avoir droit à une retraite malgré 40 années de service dans
les asiles publics d'aliénés.
Le seul moyen pour aboutir à des réformes serait, à mon avis,
de rendre les asiles autonomes et sous la dépendance directe et
exclusive du ministère de l'Intérieur. Pour cela, il faudrait que
tout nouvel asile créé pût, à l'aide de ses bénéfices annuels, rem-
bourse ! ' par annuités le département des sommes avancées pour
sa construction. Les asiles déjà construits devraient également
bénéficier de cette manière de faire pour arriver à se libérer Ni ?
à-vis des conseils généraux, et obliger alors ceux-ci à donner un
prix de journée correspondant aux besoins réels des aliénés et
des services généraux.
C'est ainsi que l'asile de Bassens a pu empêcher le Conseil gé-
néral de la Savoie de descendre à un prix de journée absolument
ridicule. En attendant ne pourrait-on pas, en imitation de la lui
sur l'Assistance médicale gratuite, établir pour lous les aliénés
un prix de journée minimum.
'telles sont, Monsieur et très honoré Maître, les considé-
rations, que j'ai l'honneur de vous soumettre respectueusement
554 BIBLIOGRAPHIE.
en réponse W utre circulaire, en vous priant d'agréer l'hommage
de mon profond respect. D1' Deswarte,
Médecin adjoint de l'Asile de la Roche-Gandon (Mayenne).
La lettre très intéressante de M. le Dl' Deswarte vient
corroborer, sur bien des points, l'article si documenté de
- : : \1. le Dl' Coulonjou, paru dans notre dernier n° (p. 110).
L'en crue le est ouverte. A nos collègues des asilcs de la
continuer. -
BIBLIOGRAPHIE
111. Rapports et budgets de l'asile d'aliénés cVEvrcv.v (Eure),
par le 1> Bessière, médecin directeur.
Le 31 décembre 1903, il restait l'asile 988 malades (487 11. et
501 F.). Dans l'année, 173 enlrces. Le nombre des malades du
département augmente. « Sous le régime des congés, c0111/Jll'-
tement ÍI11'On7W il y a dix ans et pratiqué mainlenant avec libé-
ralité, rétablissement n'aurait actuellement presque plus cle
places disponibles à réserver aux aliénés des autres départe-
J1wnts ? Parmi les admissions, signalons 1'1 cas de démence pré-
coce, dont il. 13l'sière rl'latl' plusieurs observations intéressan-
Les, avec stéréotypies analogues à celle qu'à décrites plus haut il.
]e lJr I)l'0maf'{1 ; 9 de folie alcoolique, autant de cas de paralysie
générale, 10 cas d'idiotie ou ¡J'0pÍlcl'"ie,« C'est toujours la période
de la vie comprise entre 20 et, 'i0 ans qui est la plus atteinte par
l'aliénation mentale »,
Il y a eu 24 sorties par guérison et, 15 par amélioration. 87
aliénés sont décédés dans l'année dont l 1 par tuberculose pul-
monaire (1). Il n'y en a pas eu par lièvre typhoïde. « 2 femmes
onlmorll's uhi(el1lenl d'attaques eonvulsives. La plupart des
épilepliques meurent de celle façon. » A 131cêtl'e nous n'avons
qu'assez rarement des décès subits dans les accès isolés, même
par état de mal.
Les prévisions budgélaircs de l'exercice 1905 sont basées sur un
cltilfre de recettes de 483.618 fr. qui ont été balancés en Uéhen-
ses. Le prix de journée pour les malades de l'Eure est de 1 fi', 20.
11 est de 1 fr. 40 pour les malades de la Seine.
(1) « Les décès par tuberculose, plus nombreux (pie d'habitude,
sonl dus en partie à l'hiver rigoureux mie nous venons de Ira-
verser, mais ils doivent aussi être attribues à l'encombrement (dis-
paru aujourd'hui) qui a régné pendant toute l'année dans les quar-
tiers des femmes. »
VARIA
Tares dynastiques.
Un de nos confrères les plus notoirement favorables au tsaris-
- me vient de publier une dépêche inquiétante au sujet de la santé
du tsarévitch Alexéi. On nous raconte que des luttes regret-
tables ont lieu quotidiennement entre la mère et l'épouse du tsar
au sujet du traitement que doit suivre l'enfant impérial. El l'on
ajoute que, malgré le mutisme des milieux ofliciefs, la maladie
de l'héritier du trône est l'objet de discussions passionnées citez
les personnes informées.
Puisque les défenseurs les moins suspects du tsarisme se resi-
gnent à touclieràcesujef particulièrement délicat et douloureux;
je crois ne pas devoir retenir par devers moi des renseignements
que je possède depuis quinze jours, mais dont la publication me
semblait pour le moins superflue. 11 est parfaitement exact que
l'état du fils de Nicolas est loin d'être rassurant ..l'en ai la preuve
dansée passage d'une lettre qui émane de ilttclyu'un tlunl le de-
voir est d'être renseigné sur les gestes du nourrisson. -
« L'enfant est complètement malade. n'est, bien l'enfant conçu
par un père de constitution morlide. ll suulfre de fréquents ac-
cès de convulsions qui, chaque fois, déterminent un état de fai-
blesse inquiétant. Son alimentation est très irrégulière. Sa
chair n'est pas ferme comme il le faudrait. Ses joues sont pâles
et semblent boursouflées. Sa colonne vertébrale, parait-il, n'estpas
normale el l'on raconte que le professeur Ult cmint ce que l'on
appelle le mal de Polt. Ce professeur aurait déclaré, sur les de-
mandes d'explication du tsar et, de l'impératrice, que l'enfant
suttlToc d'un mal constitutionnel.
« Ce n'est pas seulement le tsarévitch qui soulllre d'un « mal
constitutionnel » ! C'est, en dehors de lui, toute la Russie. Mais
on ne comprend que trop bien que le mal de son (ils empêche
l'empereurde s'occuper de celui du peuple. Si, ces temps derniers,
l'empereur IÙI pu suivre avec l'énergie qu'il aurait montrée en
d'autres circonstances les événements politiques, comme vous le
lui reprochez à l'étranger, c'est parce (pie le souci immédiat de
son enfant l'absorbait tout entier... »
Tragique aveu ! Mais combien il confirme tout ce 'lue pouvaient
craindre ceux qui connaissent l'histoire de la dynastie Ilobtcin-
Gottorp. Le « mal de PuLL (lont on parle est, on le sait, une des
formes les plus désastreuses de la tuberculose infantile. Les deux
frères de Nicolas Il en sont atteints. Lui-même, de constitution
extrêmement faible, a hérité de ses ancêtres une tare qui, avec
celle mentionnée, constitue l'apanage tragique de la famille. Il
est epileptique. Son père, Alexandre III, est mort de tuberculose
23() faits DIVERS.
miliairc, après avoir toute sa vie été sujet à des anomalies psy-
chologiques (incohérence, amnésie, brusques alternatives d'abat-
tement mU1'a1 el de violence irraisonnée), que les cliniciens mo-
dernes mettent sur le compte de la tuberculose latente. Le frère
aine d'Alexandre 111 est mort de tuberculose. Chez Alexandre 11,
on remarqua, dès la jeunesse, les stigmates psychologiques du
même mal. -
Faut-ilremunll'l' plus loin ? Les trois frères : Alexandre 1er, Cons-
lantin (exclu de la succession pour caille de faiblesse cÍ'rÍ.hl'alL' !
et i'licolas l' r furent, le premier, un érotomane d'abord, puis un
mystique, le second un amnésique, le troisième un violent, at-
teint de phobies diverses, en proie à d'inexplicables accès de
cruauté subite envers les bêtes. Ils portèrent les lares de leur
père, Paul 1er, surnommé Paul le Fou, que samère Catherine 11,
avait exclu de la succession, et dont le règne, auquel mit lin son
assassinat, ne fut qu'un épouvantable cauchemar de cinq ans.
Plus haut, nous voyons le père de Paul, ce duc Pierre Ulric de
Holstein-Gottorp, prince allemand appelé au trône après extinc-
lion de la descendance directe de Homanoll' Pierre-le-Grand, en
1 îG ? . Ce fut un dégénéré au premier chef, alcoolique au suprême
degré, et répugnant en toutes choses, que son épouse Catherine,
d'origine allemande elle aussi, fit tuer par ses courtisans...
A se rappeler cette longue et douloureuse histoire d'une (1) nas-
Lie que l'ironie du sort appela à diriger le plus vaste empire du
monde, on s'explique trop Lien l'impuissance morale déficelas
Il et la faiblesse native de son héritier. C'est dans l'ordre, (L ? ¿¡-
J'ore, 17 fé \l'i l'l' 1905,) Alexandre Cli..aa.
FAITS DIVERS
Faculté DE médecine : Conférences de médecine légale pS ! J-
clicstrique. 11. le IT l'aul damier, médecin en chef de l'infirme-
rie spéciale, chargé du cours de médecine légale psychiatrique,
cenunencera ses conférences, le samedi 11 mars 1 H05, à 2 heu-
l'es, 3, quai de l'horloge. Des caries d'admission sonl délivrées
au secrétariat de la Faculté à les docteurs en médecine, les
internes des hôpitaux cL les étudiants ayant passé leur 4e ca-
men de doctoral. Un certificat de présence constatant l'assi-
duité à ce cours duranl tout le semestre d'hiver sera régulière-
ment délivré. '.
Errata. Dans l'article de M. le D1' Siiiioii, 1). 108 ligne 4 :
au lieu de «réaction el suicide )', lire : réaction suicide. Page
110, à la 3e ligne finale, au lieu de « ces tout complexes » lire :
ces ensembles complexes.
Le rédacteur-gérant : 130omw·n.r.t : .
Cle¡'IlIOlll ( ! li·c). - imprimerie 1),%Ix li,et,es.
Vol. XIX Avril 1905 ? 112
- Y\-f- Y
ARCHIVES DE NEURO;Irr ? t
PHYSIOLOGIE
Note sur l'influence de l'incontinence sexuelle
pendant la gestation sur la descendance ;
- ¡>,OE Ni. CI ! , r>il;L.
Laqucstion de l'hygiène sexuelle est des plus délica-
tes : les conseils mal adaptés, ou venus mal à propos,
éveillent la sensualité et peuvent provoquer des fautes
qu'il s'agissait d'éviter. Mais la vérité s'exprime néces-
sairement, et d'ailleurs on ne peut pas oublier que, dans
ce domaine en particulier, l'ignorance est le terrain le
plus favorable au développement du vice (1).
La morale est l'utilité dans le milieu, la loi qui se
fait obéir et s'impose comme une utilité et finit par s'as-
similer à la morale. En ce qui concerne le sexe, nom-
bre de gens bien pensants admettent que tout est bon
et moral, quand il est couvert par la loi : dans le ma-
riage, il n'y a pas d'excès, ni de perversions.
Les perversions cependant jouent un rôle important
dans la dissolution du mariage. Des jeunes femmes
sont stupéfaites quand on leur offre ou quand on leur de-
mande des caresses ou des complaisances qui ne leur
sont pas prévues par leur éducation insuffisante sur les
fonctions de la reproduction. Les perversions conju-
gales peuvent être nuisibles au point de vue somatique
et au point de vue moral : leur nocivité n'est pas sus-
pendue par la loi ou par un sacrement. 11 en est de mê-
(1) Ch. 1 taté. L'instinct sexuel, évolution et dissolution, 2" édit ,
1J02, p. 3J0.
.\ncIIIY¡¡', 2» série, I. XIX. 1 -1
258 physiologie
me des excès qui ont les mêmes sanctions naturelles
dans le mariage et dans l'union libre. La chasteté habi-
tuelle antérieure n'exclut pas la tendance aux excès
' conjugaux : Tout est permis dans le mariage, tout est
- légal, tout est béni. Je me contente de fixer l'attention
sur ce préjugé, mais je veux signaler un groupe de faits
spéciaux. -
J'ai entendu exprimer la conviction que les rapports
sexuels sont parfaitement légitimes pendant la grossesse
et que la liberté est d'autant plus avantageuse, qu'il n'y a
pas de risque d'augmenter la progéniture. Ils sont plus
nombreux qu'on peut croire, ceux qui admettent celle
erreur.
Les accoucheurs enseignent bien que la chasteté est
une règle dans l'hygiène de la grossesse (1) ; et, ils
signalent bien les risques des excès sexuels en dehors
des inconvénients et des dangers relatifs à la mère, le re-
tard du développement etla débilité du produit.
J'ai été amené dans plusieurs circonslances à attri-
buer à l'incontinence sexuelle pendant la grossesse un
rôle important dans l'étiologie de troubles nerveux chez
des enfants indemnes de toute hérédité morbide et de
toute infection pendant la gestation ou dans la crois-
sance. Dans un cas récent je ne puis pas rester indécis.
Ons. - Parents indemnes de tares névropathiques ; z
fils aine épileptique ; grossesses interrompues.
Un garçon de 8 ans est amené par bon père et sa mère
accompagnes parla grand'mère maternelle. C'est un en-
fant chétif : il a toujours élé dilïicile il élcvcu. 1Vé à ter-
me, nourri par sa mère, il était bien venant pendant plu-
sieurs mois, mais il prenait toutes les ull'cclions conta-
gicuscs ; il cuL des convulsions au cours de toutes les
fièvres éruptives qu'il prit elles maladies de gorge et aus-
si à propos des éruptions dentaires. Après ses dernières
dents il a cessé d'avoir des convulsions, mais il avait des
(1) II. DitENOr.De 1'¡'llj/uellce de la copulation dans la giossesse,
lli. 1903.
lNHI1¡;¡-¡CE DU L'INCONTINENCE SeX1 ELLE 259
vertiges ou des phénomènes comitiaux psychiques variés
et en particulier des hallucinations ; il avait eu des te r-
rcurs nocturnes et de l'incontinence d'urine jusqu'à 5
ans.Depuis,des cette époque, les autres accidents nerveux
ont aussi diminué de fréquence ; tellement que, près d'u-
ne année, il paraissait guéri. Son septième anniversaire
fut l'été spécialement à cause de son développement rapi-
de. Mais quelques semaines plus tard, il prit part à un
accident de voiture où il eut plus de peur que de mal ; il
ne garda aucune trace, mais il est tombé le vertex sur
la terre labourée. A partir de ce moment les anciens ac-
cidents se sont reproduits avec plus de fréquence, d'in-
tensité et de variété. Les tt'aulllaLislI1cs lcs plus légers,
les troubles somatillucs quelconques constituaient des
provocations suffisantes. Les hallucinations se manifes-
taient sur lous les sens, sur la vue, sur l'ouïe, surlegoùt,
sur l'odorat, -même sur le toucher; le père qui se pique
de psychologie, les énumère avec complaisance. L'ab-
sence de l'évacuation alvine matinale peut prévoir des
hallucinations auditives qui se répéteront dans la jour-
née, brusques et rapides, stéréotypées. Il entend son père
lui dire : « Tu tombes oilsarretotoutacoup, puis il
repart quelle que soit l'occupation pendant laquelle il est
surpris. L'hallucination disparaît avec un lavement. Une
piqûre d'aiguille à la pulpe du pouce gauche- provoque
une hallucination de l'ouïe, d'un pétillement de bois en
flamme, exclusivement dans l'oreille gauche, pendant un
hon quart d'heure. C'est le plus souvent la vision qui
est affectée ; il voit brusquement une grande flamme ; il
est terrifié. Des hallucinations de l'odorat ou du goût, il
s'en plaint surtout quand il a faim, soit quand le repas
vient en retard ou soit à la suite d'un exercice inusité : il
se plaint en général de mauvaises odeurs ou de mauvais
goûts qu'il spécifie mal ; mais quand il se plaint de mau-
vais goût il présente constamment de la salivation et il
lui esl arrivé plusieurs fois quand il se plaignait de mau-
vaises odeurs d'eternuer ou de se moucher plusieurs fois.
Il lui est arrivé plusieurs fois qu'il a cru sentir qu'une
hèle l'a mordu brusquement aux jambes d'un côté ou de
l'autre, il pleure bruyamment au moment et n'en parle
plus.
260 PHYSIOLOGIE.
Il a des vertiges avec perte de connaissance et pâleur,
quelquefois avec une chute brusque, environ une fois
chaque semaine. ,
Rarement il a des colères violentes, sans prétexte el se
roule par terre en frappant des objets aussi bien que des
'personnes qui se trouvent à sa portée sans les connaître.
Il se relève brusquement tout à fait calmé et sans souve-
nir, il semble.
Quant aux accès convulsifs, ils ne se montrent guère
que toutes les quatre, cinq ou six semaines, généralement
au lever, après les ablutions : il pâlit et perd connaissance,
se raidissant la tête en arrière, en jetant un cri. La tête
se renverse à droite, la face déviée à gauche. Les
membres se raidissent en extension ; puis se secouent
pendant quelques secondes symétriquement. On l'a vu
tomber nu, il' urinait dans la chute ; mais la miction
n'est pas constante.
Il dort ensuite environ une demi-heure sans ronfle-
ment ; il se réveille tout à fait normal. On ne trouve pas
de morsure de la langue en général ; mais le fait s'est
produit plusieurs fois. \
Son intelligence s'est assez bien développée et son in-
truction est à peu près celle des enfants de son âge. Il est
assez bien conformé mais on remarque quelques stigma-
tes tératologiqucs ; fistules borgnes symétriques à la ra-
cine de l'hélix, I)iridité delà luette, dents irrégulièrement
implantées aux deux mâchoires, inversion bilatérale
de l'épididyme, hyportrichosc lombaire.
Les parents affirmaient que dans leurs familles, il
-n'existait aucune difformité, aucun accident nerveux on
mental et qu'eux-mêmes étaient tout, à fait indemnes,
même dans leur première enfance. La grossesse avait été
normale, l'enfant était né à terme et paraissait naturel ;
il avait été élevé au sein par une nourrice saine, que l'on
voit toujours, ayant trois enfants normaux.
Le père etla mère avaient une bonne apparence et aussi
la gruml'mèrc. (Le père a 33 ans et la mère 30). A la suite
de cet enfantais ont eu chaque année, trois cnfants morts
nés, le premier à S mois, le second elle t roisième à'7 mois,
et l'année suivante il y a une fausse-couche de 2 mois.
On devait penser l-,t syphilis : cependant l'examen iso-
INFLUENCE DE L'INCONTINENCE SEXUELLE. 2G1
lé et soigneux de l'homme et de la femme est resté né-
gatif. La grand' mère ayant compris la signification de
l'enquête, déclara spontanément que son gendre et sa fille
sont tout il fait sains ; elle affirme l'absence de toute
trace d'infection et d'insobriélé, ses enfants sont des
bons catholiques, ils sont sages, et même ils craignent
de nombreux enfants, il n'y a que pendant les grossesses
qu'ils ne se gênent plus : c'est bien leur droit dans le
mariage. On a pu apprendre ensuite des conjoints, que
sitôt la grossesse était connue, il y avait des rapports
sexuels quotidiens, tandis qu'en temps de vacuité, ils
n'existaient que pendant les deux semaines intermédiai-
res, de la période menstruelle et beaucoup moins souvent.
Cet enfant présente assez de caractères cliniques
pour qu'on puisse affirmer chez lui l'épilepsie : il pré-
sente assez de signes tératologiques pour le considérer
comme un dégénéré .
Mous n'insisterons pas sur les troubles variés que
nous signalons. Les troubles psychiques (épileptiques)
peuvent se rencontrer aussi bien chez l'enfant que chez
l'adulte (1).
Relevons seulement le rôle de la constipation dans la
production des hallucinations. On a signalé chez des
enfants indemnes d'épilepsiedes hallucinations diurnes
il propos de troubles intestinaux, liés il l'appendicite
(Vergely, de Bordeaux). Berlclcy a signalé un homme
de 74 ans qui, après une constipation, souffrait d'une dou-
leur de tête intense ; bientôt suivait un sentiment d'an-
xiété, de l'obnubilation des facultés et une hallucina lion :
à côté de sa propre tête, il en avait une seconde, avec
une longue barbe grise ; la guérison en 24 heures après
un lavage (2).
L'origine des troubles nerveux de cet enfant et de
ses particularités somatiques paraît éclairée par les
(1) A.STEr.M : \ER.Co; ! tr;&. à l'étude clinique des paroxysmes psy-
chiques épileptiques chel l'enfant, lh, 1904.
(2) IL J. l3e.art.er. -...1 treatise on mental diseases, 1901, p. 370,-
Ch. FÉRÉ. Contrib. à 1 étude des accidents névropathiques de l'indi-
gestion. (Revue de médecine, 1902, p. 13.)
202 PHYSIOLOGIE.
produits des grossesses suivantes ; en l'absence de toute
infection ou de toute intoxication, on peut reconnaître
la valeur de l'incontinence pendant la grossesse ; cette
incontinence reconnue peut réaliser les conditions d'un
surmenage dont on a démontré les inconvénients sur le
- développement. L'incontinence, comme les infections
ou les intoxications, peut agir do différentes manières
suivant l'époque de l'évolution (1). Pendant les pre-
mières semaines, elle peut provoquer des malformations
variées ; plus tard elle provoque des maladies du foetus,
sa mort et l'expulsion prématurée, etc.
Ce n'est pas récemment que cette notion s'est intro-
duite dans l'obstétrique, que tout rapport sexuel doit
cesser pendant toute la durée de la grossesse (2). L'in-
continence ne provoque pas seulement l'accouchement
prématuré, qui peut être nuisible pour la mère ; mais
il peut amener la maladie et la dégénérescence du pro-
duit. A ce dernier point de vue la copulation intempes-
tive peut être plus active au début de la grossesse
qu'il est intéressant de connaître le plus tôt possible.
Des femmes manifestent immédiatement, après la
fécondation, une horreur invincible du mâle. On peut
les juger comme alteintes de phobies morbides de la
grossesse ; mais c'est une répulsion qui se montre chez
nombre de femelles animales ; on peut la considérer
comme un moyen de défense naturelle. ,
D'autres signes subjectifs précoces de la fécondation,
qui passent comme bizarreries (3), peuvent être utili-
sées comme moyen de défense, il ne faut pas négliger
les plus délicats.
(1) Ch. FÉRÉ. Essai expérimental surrlesraphorfs étiologiques de
l'infécondité, des ntonstiuosttés, de lavortement et la mortr-ttafalité
du retard de développement et de la débilité congénitale. (1 tralogia'
a quartet ly journ. of antenital patlvAogy, 1895, II p. 245.) La
famille névropathique, etc., 2" éd., 189 ? p. 239.
(2) A. Pinauu. Art. (esrartoa.(l71ct. de Physiologie, de C : It.ltmrter,
1905, T. N'il, p. 161).
(3) I·Ltti : (Ch.). L'hérédité de /'o6M)'.(/r.;<' de ntédecinc,19U2,p.
338.)
CLINIQUE NERVEUSE
Asile Clinique SamTr3 .4vNr. - Bureau d'admission.
Hystérie avec hémianesthésie sensitivo-senso-
rielle gauche. Appoint alcoolique. Hallucina-
tions multiples rapportées uniquement à ce
même côté par la malade ; .
Par le IY HaGEn ])CPOUY, illierile Ú l'Asile Clinique.
(Observation recueillie dans le service de ;\1. \Ltov.w.)
La malade, Anna F..., cuisinière, àgée de 48 ans, entre à l'ad-
mission de l'Asile clinique, le 17,juin t9O'j, pour la huitième fois.
Inculpée de vagabondage et de filouterie, elle a été l'objet d'un
non-lieu après expertise. 'Elle est entrée pour la première fois à
l'Asile clinique le 20 juillet 1889, à l'Age de 31 ans, sous le nom
de Céline C..., inculpée déjà de filouterie. On note à ce moment
chez elle de la débilité mentale, des alternatives d'excitation et de
dépression, de rhjstéro-épilepaie avec hémianesthésie gauche.
Son attitude il cette époque est triste ; la malade se plaint de
maux de tête, surtout au niveau des lempes, et de bourdonne-
ments d'oreille. « C'est comme le tambour «dit-elle. Elle accuse
des hallucinations auditives et visuelles de nature pénible. Elle
entend de ses deux oreilles la voix de son mari cl celle de ses en-
fants qui lui dirent des injures ; elle voit des poissons et des ser-
pents devant el autour d'elle. Elle avoue des habitudes alcooli-
ques ; vin aux repas et dans leur intervalle, rhum trois fois par
jour. Elle, raconte enlin qu'elles est sujette, depuis six ans, il des
attaques dont la fréquence etla durée sont allées en augmentant;
elle en aurait actuellement trois par semaine. L'attaque survien-
drait dans la journée, jamais dans la nuit : elle s'annoncerait par
de» picotements dans tous les membres, une sensation d'étouife-
ment, de gonflement épigastrique et de serrement à la gorge et
durerait toujours plusieurs heures ; elle serait .caractérisée par
des mouvements convulsil's violents, accompagnée souvent, mais
non toujours, de perte de connaissance, quelquefois, mais très ra-
rement, de morsure de la langue, jamais de miction involontaire.
Elle se terminerait le plus souvent par des crises de larmes ou
de rires, et entraînerait à sa suite une paralysie avec contracture
du côlé gauche durant quelques jours. Il- existerait enfin, dans la
journée et en dehors des crises, de courtes absences.
La malade prétend ne se rappeler nullement l'inculpation dont
2Gi clinique nerveuse.
elle a élé l'objet, ni sonpassageàlaPrefectUt''de police, ni son
transfert à Sainte-Anne dans la voiture cellulaire ; elle dit ne
garderaucun souvenir de ce qu'elle fait dans la,journée qui pré-
cl'del'attar[ue pt dans celle qui la suif. '
Dru,uiL·me entm·r; en avcil 1S ! I1. - Elle a des idées confuses de
persécution, des craintes (l'empoisonnement.
- Troisième entrée en avril-1893. Elle présente manifestement
~un délire alcoolique ; elle voit des gens qui la poursuivent et la
menacent ; elle peur et se réfugie dans les angles du bureau du
commissariat où elle a été conduite, parce qu'elle ne pouvait
paver des consommations [irises par elle dans un débit de bois-
sons.
ycatriémeesitr·· cn mai IS ! J4. -I : n plus de ses accidents d'o-
rigine alcoolique, on note à ce moment une attaque d'hémiplé-
gie gauche survenue récemment, consécutive à une crise d'exci-
lalion, cl de nature hystérique. 1
Cinquième entrée an octobre 18%. Nous lisons sur l'obser-
vation qu'elle sent assez, bien des deux côtés, pt qu'il ne reste
qu'un peu de faiblesse de la vue à gauche. Elle n'aurai ! pas eu
d'attarlues convulsives depuis quatre ans, c'est-à-dire depuis
qu'elle ne prend plus d'apéritifs, ni d'alcool en nature.
Sixième entrée en décemhre 1 ! IOI. - Elle a été arrêtée pour
filouterie d'aliments ; il y a eu expertise médico-légale et non-
lieu.
Septième entrée en juin 1903. Elle a été arrêtée sur la plainte
d'un marchand de vins à qui elle ne pouvait payer sa dépense de
hoissons. Elle a des hallucinations multiples et pénibles, accuse
des craintes, des frayeurs, et a fait une tentatl\ de suicide.
Nous l'examinons nous-même le 18 juin 1lIJ ? N'ous constatons
chez elle l'existence d'une hémianesthésie sensilivo-sensorielle
gauche : et elle nous dit avoir eu, sous l'empire de l'alcoolisme,
des hallucinations multiples el pénibles, exclusivement localisées
à ce même côté.
Voyons comment, chez elle, l'alcoolisme et l'hystérie on ! pu
retentir l'un sur l'autre, s'enchevêtrer pour ainsi dil'e pt donner
lieu à des hallucinations unilatérales. ,
Après sa sortie de l'Asile,l'andernie ? elle seraiLrecL(·e solwc,nc
buvant que du houblon, lorsqu'elle fui, il y a semaines,confiée
à une noce dans son pays d'origine. Là, malgré sa résistance, on
l'aurait obligée à commettre quelques excès de boissons (vin, ci-
dre) ; elle n'aurait plus eu la force de lutter, les jours suivants,
et elle aurait continué à boire, même rentrée chez elle à Paris.
Elle nous dit textuellement : « .le n'aime plus le vin; j'ai élé
poussée à boire, malgré moi. A mon retour chez moi, j'ai jeté
mon houblon, et j'ai acheté du vin blanc; je ne me rendais pas
compte de ce que je buvais. »
HYSTTIUR 4\'I·'.C HI;>fIW l'STH13SIG Sr.NStT ! YO-snxSOR;EL[-r. 205
Sous l'in(lHerica'rle l'alcool, un délire s'est inslallé et des hal-
lucinalions sont apparues. Elle a d'abord cru que tout le monde
la regardait de travers, et se moquait d'elle ; puis elle a entendu
à son oreille gauche el il celle-là seulement,des sottises, des insul-
tes, ou aurait dit qu'un appareil téléphonique était accroché il
son oreille gauche. C'est toujours la même voix, celle d'un an-
cien amant il lui reproche d'avoir appartenu à un autre (pie
]ui,i'iucctie,)a)raLitc de.» putain» el de « salope », lui fait des
propositions amoureuses ou la menace de la Il'oml)('I' a\f'C unit
aulrc femme, ce qui porte à son comble bicolore el l'oxaspératioft
de noire malade. \
D'autres fois, celte yui, lui ordonne de sortir et de marcher. Et
alors, dit I·'..., je marchais toujours et toujours pour rien ; quand
j'élais trop fatiguée, si je m'Asseyais, on aurai ! dit que mon siège
l'Laitélecll'isé, »1LlmllucinaLÏon tactile est, cette fois, bilatérale).
Une fois, rue Turhigo, elle entend sa vok lui ordonner de se
déshahil1l'l', pl Üe se coucher toute nucal pied de la statue de la
11('puhliqup, Elle le laitau"ilùl ; elle'l raplwlle ,[u'il a fallu la 1'1'-
couvrir pour la ramener chez elle, mais ellen'a jamais pu se rap-
peler ce tlu'r·lLea\ait Ivitrle ses vêtenu·nls ; elle les aurait distri-
hues, croit-elle, aux passants, avec ses clefs et son argent.
Les hallucinations visuelles existent surtout la nui ! ; elle a des
cauchemars affreux, elle voit des ligures grimaçantes, des ani-
maux r·(Trayanl..(;r·.IIaIIncinalion·sunL foules rapportées au, côté
gauche ; les animaux qu'elle \o\ait grimpaient toujours du côté
gauche de son lit, jamais du côté droit. Or, nous verrons plus
loin que son mil gauche est amaul'oLique, En proie à ses cauche-
mars, elle se réveille en sursaut, entend à nouveau sa voix il son
oreille gauche, se relève et part, allant à l'aventure.
L'odorat et legoûtsont égalementle siège d'hallucinations. Elle
sent une odeur désagréable, comme du phénol ; l'odeur venait
du roté gauche.
Les aliments aussi avaient mauvais goût ; la malade ne pouvait
plus manger, tellement tout ce qu'elle mangeait sentait l'eau de
.lavelle, lechlocoforme ou le phénol.
l.a sensihiliLé gauclle enliu csl IwmillemcnL atteinte. F..., res-
sent d'abord des fourmillements, dans le côté gauche toujours,
puis elle se sent élecLl'i<l'e d" ('(ité gauche uniquement et souffre, au
point décrier. La tête lui fait atrocement mal, du côté gauche ;
on eût dit qu'on la lui déchiquetai ! avec des tenailles.
D'autre part, elle a des sensations génitales voluptueuses ; elle
sent « comme si son ami était près d'elle et la touchait aux par-
lies » ; ces hallucinations de la sensibilité générale sonl généra-
lement combinées avec des hallucinations auditives du même or-
dre ; elle entend on même temps la voix de son ami lui faire des
propositions. -
266 CLINIQUE NERVEUSE.
Pendant qu'évoluaient ainsi les troubles mentaux, des accidents \
de nalUl'e lI1anil'pll'lI1l'llt Il)'stéri(IUe apparaissaient a lour Inur ;
la main gauche se paresiait; de même la jambe gauche, qui flé-
('hissait sons la malade, comme si, dit-elle, elle eût été en ouate.
Nous l'appplll'I'on, que F ? a eu une attaque d'hémiplégie gau-
che hyslérique en 1894. ? Actuellement, ces dill'éreiits troubles sont en décroissance, la
malade ne buvant plus que de l'eau, du houblon el un peu de .
café depuis trois semaines. Mais si les accidents Lwirluos ee sonl
amendés, le fond hystérique sur lequel ils on) évolué demeure .
avec ses stigmates. -
L'examen des yeux, pratiqué a notre demande parnntreami, .
. CANTONNE'l', interne des hôpitaux, fournil les renseignements
suivants.'L'oeil droit semble normal à l'oplttalntoscul>e. L'rcil
auclie présente une taie ancienne et centrale de la cornée ; les
réflexes irions sont normaux ; il existe quelques opacités en ai-
guille du cristallin ; le fond d'mil est normal ; ni glaucome ni
névrite.
La malade accuse une amaurose totale de cel oeil depuis G ans.
Cette amaul'ose a (l'ailll'ul's disparu quelque : - jours après cet exa-
menala suite d'un traitement par l'aimant.
La mensuration du champ visuel à droite donne pour le blanc :
HYSTÉRIE. AVEC HÉVI.1\ESIHliSII : St ? SI11\,0-St : XSORIELLE. 207
malade porle la main à sa bouche ef enlève le cristal déposé à sa
droite, laissant en place celui du côté gauche. Même résultat en
opérant avec un fragment de sucre.
La sensibilité à la piqûre et au pincement est abolie, la sensi-
bilité au tact très diminuée sur toute la moitié gauche du corps,
saul' aw cW6miLU ; la nlaiu el Ic pierl muL conservé entière leur
sensibilité, ce qui explique la persistance du ;,cus ,I<"I'é°6"u')--
1 ique, En l'I'I andll', I.t malade a perdu du rôle gauche la notion
de position de ses membres (elle ne peul dire, les veux fermés,
l'attitude dans laquelle nous avons^placé son bras ou sa jambe
gauches, ni la reproduire du côté droit) ; et de même la nolion
de poids. C'est ainsi que lui niellant successivement dans la main
gauche 3 objets de poids très différent, nous obtenons la réponse
suivante :
« C'est la môme chose » bien que sa 'main ait fléchi en rece-
vant le dernier.
En opérant du côfedroit, F... nous dit : « C'est léger rela pèse
`.110 nalmes - ccla 1·se 10U il 8U0 grammes ». En realite les
objets pèsent respectivement : 55, t90 et 890 grammes.
La I'n"ihililé au eltaud ..t au l'roi,1 poll\lit l'eslwcl,\e,
Les régions ovariennes et mammaires sont douloureuses au
palper, surtout du côté gauche.
Les réflexes rotuliens et triripitaux sont il peu près égaux des
deux rôles, un peu exagérés ; les conjonclivaux sont normaux il
droite, abolis Kauciie ; le rélloxo pharyngien n'existe pas.
La force musculaire est très diminuée du côté gauche : la ma-
lade si rre 1res faiblement. 11 n'y a pas de Iremblemenl manifeste
des mains.
En résumé, il s'agit, chez F..., d'une débile. comme le
prouvent la pauvreté de son intelligence, la faiblesse de
son instruction et même le caractère de certaines de ses
hallucinations. C'est en ell'et surtout cliez les dégénérés
alcoolisés que persistent parfois les hallucinations audi-
tives après la disparition des hallucinations visuelles.
D'autre part, c'est une hystérique ayant eu autrefois
des crises convulsives, une hémiplégie fugace, et présen-
tant actuellement une hémianesthésie scnsitivo-senso-
rielle. Cette hystérie intervient dans son délire alcoo-
lique, en déterminant la localisation des hallucinations
au seul côté frappé li'hémiÙl1eslhésie. c'csl-il-dil'e placé
par la névrose en état de moindre résistance par rapport
au côté sain, peut-être en provoquant des hallucinations
d'ordre génital, et en enlevant tout souvenir des actes
commis. (F... prétend ne passe rappeler dans quelles
circonstances elle a commis le délit de grivèlerie pour
26S CLINIQUE NERVEUSE.
lequel elle a été arrêtée) : enfin en créant un véritable
état second, avec changement de personnalité.
Nous avons vu. que 1 ... entrait autrefois à l'asile, sous
le nom de C.. ; c'est qu'en effet, elle se figurait qu'elle
était morte, qu'elle était devenue sa propre cousine, et
se donnait comme cette dernière.
Enfin c'est une alcoolisée ; ses hallucinations sont
sous la dépendance directe de l'alcool ; et c'est là une
donnée importante à retenir ; car l'intoxication semble
être intervenue chaque fois comme le facteur occasionnel
de ses troubles mentaux et de ses accidents hystériques.
Ce qui fait surtout l'intérêt, à notre avis, de celte ob-
servation, c'est que tous les troubles éprouvés par la
malade, à la faveur de son alcoolisme, ont été rapportés
par elle uniquement au côté de son corps atteint d'hé-
mianesthésic sensitivo-sensoriellc, donnant ainsi lieu à
des hallucinations unilatérales. L'hémisphère cérébral
droit, qui commande le côté gauche du corps, lésé fonc-
tionnellemcnt par l'hystérie et constituant de ce fait un
locus minoris resistelltioe, a seul réagi aux coups de l'in-
toxication alcoolique fait en rapport, d'ailleurs, avec
les données de la pathologie générale ; et la maladc a
déliré par son cerveau droit, tout comme elle avait souf-
fert par lui dans ses sensibilités générale et spéciale.
Cette observation était écrite et sur le point d'être
publiée quand nous revîmes une seconde fois cette femme
à l'occasion d'une nouvelle entrée au bureau d'admission
de l'Asile clinique, le 1ti janvier 1905. F... s'était remise il
travailler de son métier de cuisinière il sa sortie de
l'asile. Sous l'influence de la fatigue, dit-elle, des bour-
donnements d'oreille, puis des hallucinations réappa-
rurcnt, localisés comme auparavant il l'oreille gauche.
En réalité, elle s'était reprise il boire, et, sous l'empire
de l'alcool, les hallucinations devinrent bientôt extrême-
ment pénibles ; elle entendait, toujours à son oreille
gauche, des injures et des menaces. Elle commit des
fugues, fit de nouveaux excès impulsifs d'alcool dans les
mêmes circonstances qu'antérieurement, entrant à l'im-
protiste dans un cabaret et payant il boire il tous ceux
qui acceptaient. Elle fut ainsi arrêtée sur la plainte d'un
marchand devins chez qui elle faisait scandale et auquel
elle ne pouvait régler le prix de ses consommations. Son
état actuel est le même qu'il y a sept mois, .cette malade
présente de l'hémianesthésic sensitivo-sensoriclle gau-
che avec hallucinations unilatérales multiples et pénibles
du même côté.
ASSISTANCE ET PEDAGOGIE
. Statistique et enseignement des enfants idiots et épi-
leptiques internés dans les asiles d'aliénés;
Par 1S0UHXEV1LLE.
En de nombreuses circonstances, nous appuyant
sur les faits et sur une longue expérience, nous avons
insisté au point de vue social sur la nécessité de l'hos-
pitalisation, du traitement et de l'éducation des enfants
arriérés et épileptiques. Nous avons réclamé aussi,
pour eux, l'application de la loi scolaire du 28 mars 1882
qui impose l'obligation de l'instruction primaire aux
enfants âgé ? de 6 13 ans. Nos incessantes publications
ont fini par appeler l'attention des pouvoirs publics. M.
Chaumié, ministre cle l'instruction publique, au mois
d'octobre dernier a nommé une commission chargée
d'étudier la situationdes enfants anormaux, au point
de vue surtout de l'application en leur faveur de la
loi sur l'obligation de l'instruction primaire.
Sous le titre d'enfants anormaux, on comprend
les aveugles, les sourds et muets, les idiots à tous les
(le l'idiot complet au simple arriéré. Si l'on
est à peu près renseigné sur le nombre des sourds et
muets, et des aveugles, il n'en est pas cle même
pour les enfants idiots, les plus nombreux clos anor-
maux. Ayant ou l'occasion de faire appel à nos collè-
gues des asiles au sujet d'un rapport au Conseil supé-
rieur de l'assistance publique, nous en avons profité
pour leur demander quel était le chiffre des enfants
idiots et épileptiques présents au 31 décembre 1903
dans leurs services. Les tableaux ci-après résument
les renseignements que nous devons il leur obligeance
confraternelle.
280 " ASSISTANCE ET PÉDAGOGIE.
Asile-École de Saint-Yon.
L'école ouverte en 1891 pour les enfants placés à l'Asile,
disent MM. les D1'5 Giraud, Pochon, Brunet, continue de
fonctionner régulièrement. Deux institutrices sont atta-
chées à l'école. L'institutrice chargée de la direction de
l'école nous a remis le rapport suivant :
« Année 1903. -Pendant l'année 1903, l'école a été suivie
par 36 élèves dont : 20 en 1 ? classe, 16 en 2e. Aujour-
d'hui, 31 décembre 1903, 24 élèves seulement sont inscri-
tes : 13 en 1° classe, 11 en 2°. Cet abaissement do l'effectif
est dû à 12 élèves ayant quitté l'asile, dans le courant de
l'année, pour les causes suivantes.
STATISTIQUE ET ENSEIGNEMENT DES ENFANTS IDIOTS. 281
jours libre entrée dans les locaux scolaires. Les enfants
sont visités chaque jour comme les autres malades et sont
vus soit aux classes, soit à la gymnastique, suivant que
l'heure de la classe ou de la gymnastique coïncide avec
l'heure de la visite médicale. '
Asile-École de Clermont (Oise).
M. LESVIER, directeur de l'Asile, s'exprime ainsi :
Depuis la création du pavillon spécial jusqu'en 1903,
les enfants du quartier de Fitz-James (imbéciles, idiots
arriérés) ne recevaient d'autres soins que les soins médi-
caux. Actuellement, un véritable enseignement médico-
pédagogique leur est donné et cette innovation est
assurément une des plus heureuses que nous ayons à
enregistrer. Il faut avoir vu autrefois ce quartier où de
malheureux enfants, dépourvus de toute occupation, de
tout amusement, traînaient invariablement une existence
incolore et misérable pour apprécier maintenant le bien-
être dont ils jouissent. Ainsi que nous le faisions pressentir
dans un rapport précédent, les gardiens ont été remplacés
par des infirmières et ce changement a donné les meilleurs
résultats. La cour de récréation s'est garnie peu à peu de
pelouses verdoyantes, de massifs, de fleurs. Dans les dor-
toirs, on constate une propreté irréprochable; une salle de
bains a été aménagée et la salle d'étude, naguère si
délaissée, est aujourd'hui une véritable classe d'école
primaire où l'enseignement approprié à des intelligences
rudimentaires est attribué à chaque enfant, selon sesapti-
tudespar des infirmières-institutrices qui, elles- mêmes,
ont reçu à cet effet une éducation particulière dans le
service de M. le Dr Bourneville à Bicètre.
Notre personnel se compose d'une surveillante en chef,
d'une infirmière-institutrice et de deux infirmières ordi-
naires. Les classes ont lieu le matin et le soir à des heures
variables selon la saison. On y enseigne la lecture, l'écri-
ture, le calcul, etc., et cela avec, plus de succès qu'on ne
croirait tout d'abord ; nous pourrions citer tel de nos
élèves sachant à peine ses lettres il y a quelques mois et
lisant aujourd'hui à peu près couramment. '
282 ASSISTANCE ET PÉDAGOGIE.
Mais l'instruction de ces enfants arriérés serait de peu
d'utilité si l'on se bornait à leur enseigner la lecture et
l'écriture; il ne faut pas perdre de vue que ceux dont
l'amélioration mentale permettra un jour la sortie de l'asile
auront surtout besoin de notions pratiques lorsqu'ils
devront pourvoir à leurs besoins. Aussi les leçons de
choses sont- elles partie importante du programme ; le
jardinage, la culture, y sont fort en honneur et si l'enfant
acquiert pendant son séjour à l'asile un développement
physique et mental suffisant, rien ne s'oppose à ce qu'on
lui enseigne un métier dans les nombreux ateliers de
l'établissement.
Entre temps, nos jeunes élèves se livrent, sous la direc-
tion de l'institutrice, à des exercices de gymnastique
élémentaire ; ils apprennent le chant, voire même la danse.
A titre de récompense, on les conduit en promenade, soit
dans les dépendances de l'asile, soit au dehors, et l'on
profite do chaque sortie pour solliciter leurattention, tenir
' leur curiosité en éveil et les renseigner sur le nom, la
destination des objets qui frappent leurs regards.
En témoignant notre extrême satisfaction devant une
transformation aussi complète, nous sommes heureux de
rendre hommage au dévouement de la surveillante en chef
du quartier des enfants, et c'est pour nous un devoir de la
remercier du concours intelligent qu'elle nous a prêté.
L'organisation, dans le quartier des enfants de Fitz-
James, de la méthode médico-pédagogique, nous donne
toute satisfaction. Les leçons prises par nos infirmières et
par nos surveillantes, dans le beau service de M. le Dr
Bourneville, commencent à porter leurs fruits. L'ordre,
l'éducation et la santé de nos fillettes en profitent large-
ment. Nous espérons même prochainement présenter deux
d'entre elles à titre d'encouragement, à l'examen du
certificat d'études.
Enseignement médico-pédagogique. '
L'enseignement médico-pédagogique, selon la méthode
de M. le Dr Bourneville, organisateur de cet enseignement
dans la Seine, est donné, depuis bientôt un an, à nos
enfants filles et garçons, et les résultats en sont très satis--
STATISTIQUE ET ENSEIGNEMENT DES ENFANTS IDIOTS. 283
faisants. Il y avait relativement peu à faire chez les filles,
Madame Champy qui les dirige, les ayant toujours très
bien tenues, s'en étant toujours occupée avec beaucoup
de zèle et de dévouement.
Elle faisait l'école pour celles dont l'intelligence était
susceptible de développement, leur apprenait l'écriture, la
lecture, le calcul. Elle leur apprenait aussi la couture et
à faire de petits travaux de dames. Elles viennent à Cler-
mont prendre des leçons de repassage. Chez les garçons,
que les infirmiers se contentaient de garder, tout était à
faire.
Les résultats sont des plus encourageants. Pour les
enfants susceptibles de culture intellectuelle, l'enseigne-
ment comprend, en ce moment, lecture, écriture, calcul,
leçons de choses, petite gymnastique des membres,
danse. Chez les plus déshérités, on s'efforce d'obtenir
toute l'amélioration possible, de régulariser certaines
fonctions, de manière à faire disparaître ou au moins
diminuer le gâtisme.
Le quartier a perdu son aspect nu et peu entretenu, il y
a des gazons, corbeilles et plates-bandes plantées de fleurs,
que les enfants respectent. Ils cultivent eux-mêmes avec
beaucoup de soins un petit jardin potager.
En employant le personnel féminin pour les petits gar-
çons, on a suivi la pratique et les conseils de M. le Dr
Bourneville, les résultats en sont des plus heureux. Il est
juste, d'ailleurs, de décerner à Madame Gérard, qui est à
la tête de ce service, les plus vifs éloges. Elle s'acquitte de
sa mission avec beaucoup d'activité, de zèle et de dévoue-
ment. Depuis son stage à Bicétre, elle y est retournée
plusieurs fois, à ses frais, demander des conseils à M. le
Dr Bourneville.
Pour compléter l'oeuvre, il serait fort utile de faire certains
travaux et constructions pour lesquels M. l'Architecte
départemental a dressé des plans et devis, notamment de
construire dans les quartiers des garçons et des fillettes
des préaux couverts qui pourraient servir de 'promenoirs
et de salle de gymnase.
M. le Dr Boiteux, médecin en chef de la division
des femmes, écrit dans son Rapport ;
284 ASSISTANCE ET PÉDAGOGIE. 1
« L'organisation dans le quartier des enfants de Fitz-
James, de la méthode médico-pédagogique, nous donne
toute satisfaction. Les leçons prises par nos infirmières et
par nos surveillantes, dans le beau service de M. le Dr
Bourneville commencent à porter leurs fruits. L'ordre,
l'éducation et la santé de nos fillettes en profitent large-
ment. Nous espérons même prochainement présenter
d'eux d'entre elles, à titre d'encouragement, à l'examen
du certificat d'études. » ,
M. le Dr Thivet, médecin en chef de la division
des hommes, expose ainsi les résultats obtenus :
« Depuis la création du pavillon spécial jusqu'en 1903,
les enfants du quartier de Fitz-James (imbéciles, idiots,
arriérés) ne recevaient d'autres soins que les soins médi-
caux. Actuellement un véritable enseignement médico-
pédagogique leur est donné et cette innovation est assuré-
ment une des plus heureuses que nous ayons à enregistrer.
Il faut avoir vu autrefois ce quartier où de malheureux
enfants, dépourvus de toute occupation, de tout amuse-
ment, traînaient invariablement une existence incolore et
misérable pour apprécier maintenant le bien-être dont ils
jouissent. Ainsi que nous le faisions pressentir dans un
rapport précédent, les gardiens ont été remplacés par des
infirmières et ce changement a donné les meilleurs résul-
tats ; la cour de récréation s'estgarnie peu à peu de pelouses
verdoyantes, de massifs de fleurs ; dans les dortoirs on
constate une propreté irréprochable ; une salle de bains
a été aménagée et la salle d'étude, naguère si délaissée,
est aujourd'hui une véritable classe d'école primaire où
l'enseignement approprié à des intelligences rudimentai-
res, est distribue à chaque enfant selon ses aptitudes, par
des infirmières institutrices qui, elles-mêmes ont reçu à
cet effet une éducation particulière dans le service de M.
leur Bourneville à Bicêtre. 1
Notre personnel se compose d'une surveillante en chef,
d'une infirmière institutrice, et de deux infirmières ordi-
naires. Les classes ont lieu le matin et le soir, à des lieu-
.. l'es variables selon la saison. On y enseigne la lecture, l'é-
criture, le calcul, etc., et cela avec plus de succès qu'on ne
STATISTIQUE ET ENSEIGNEMENT DES ENFANTS IDIOTS. 285
croirait tout d'abord ; nous pourrions citer tel de nos élè-
ves sachant à peine ses lettres il y a quelque mois et lisant
aujourd'hui à peu près couramment. Mais l'instruction de
ces enfants arriérés serait de peu d'utilité si l'on se bornait
à leur enseigner la lecture et l'écriture ; il ne faut pas per-
dre de vue que ceux dont l'amélioration mentale permettra a
un jour la sortie de l'Asile, auront surtout besoin de notions
pratiques lorsqu'ils devront pourvoir à leurs besoins.
Aussi les leçons de choses sont-elles partie importante du
programme; le jardinage, la culture, y sont fort en hon-
neur et si l'enfant acquiert, pendant son séjour à l'asile
un développement physique et mental suffisant, rien ne
s'oppose à ce qu'on lui enseigne un métier dans les nom-
breux ateliers de l'établissement. Entre-temps, nos jeunes
élèves se livrent, sous la direction de l'institutrice, à des
exercices de gymnastique élémentaire; ils apprennent le
chant, voire même la danse. A titre de récompense, on les
conduit en promenade, soit dans les dépendances de l'asile,
soit au dehors et l'on profite de chaque sortie pour solli-
citer leur attention, tenir leur curiosité en éveil et les
renseigner sur le nom, la destination des objets qui frap-
pent leurs regards.
- En témoignant notre extrême satisfaction devant une
transformation aussi complète, nous sommes heureux de
rendre hommage au dévouement de la surveillante en
chef du quartier des enfants, et c'est pour nous un devoir
de la remercier du concours intelligent qu'elle nous a
prêté. »
Asile-École de Sainte-Gemmes (Maine et Loire).
Voici les renseignements que nous a envoyés M. le
Dr PETRUCCI, médecin-directeur de l'asile d'aliénés
de Sainte-Gemmes.
« Au moyen de ressources budgétaires cependant mini-
mes, nous avons pu installer, dans des conditions assez
confortables, un quartier provisoire. Le bâtiment est divisé
en deux parties égales, d'un côté sont placées les filles, de
l'autre les garçons. La surveillance a été confiée à un
286 ASSISTANCE ET PÉDAGOGIE ,
ménage d'infirmiers dont l'expérience est éprouvée et qui
comptait de nombreuses années de service à l'Asile. Leur
logement occupe le centre du bâtiment. A côté se trouve
une tisanerie et les réfectoires servant de salle d'études et
de récréations. Les enfants reçoivent des soins méthodi-
ques de gymnastique médicale pour développer leur état
physique et desleçons susceptibles de développer dans la
limite du possible leurs facultés intellectuelles. Ce soin
incombe à une surveillante laïque, laquelle, est en même
temps chargée de la surveillance des salles de lecture.et de
jeux des pensionnaires.
Les dortoirs situés de chaque côté des salles de réunion
contiennent chacun 12 lits. Ce chiffre serait, à la rigueur,
élevé à 16, ce qui porte à 32 le nombre des enfants pou-
vant être hospitalisés dans ces endroits.
La cour des récréations est divisée également en deux
parties; au centre deux murs d'un mètre de hauteur, sur
lesquels on a placé un grillage, forment couloir commu- '
niquant avec le chemin de ronde par une porte.
Le couloir, àson arrivée au bâtiment, s'élargit pour for-
mer une sorte de rond-point, dans lequel les infirmiers
peuvent exercer leur surveillance. Ces cours sont absolu-
ment indépendantes l'une de l'autre. Elles ne sont accessi-
bles que par les dortoirs pour éviter le mélange des deux
sexes.
Les cabinets sont installés au milieu de chaque cour, le
long du mur de clôture et dans un endroit où les petits
malades peuvent être constamment surveillés de n'impor-
te quel point du pavillon. La méthode médico-pédagogi-
que employée pour développer chez les enfants arriérés,
qui nous sont confiés, les germes des facultés intellectu-
elles et des sentiments, nous a donné des résultats très
satisfaisants. Chez deux enfants, en particulier, les résul-
tats acquis méritent d'être signalés.
L'un d'eux dont l'instruction, déjà commencée, avaitdû
être négligée par suite de crises épileptiques, a repris des
habitudes de travail, d'ordre et a fait des progrès rapides.
L'autre, plus jeune, arrivé à l'asile dans un état d'idiotie
complète, n'ayant jamais pu apprendre à lire, répondant
par monosyllabes aux questions qui lui étaient posées,
s'est amélioré d'une façon inespérée. Il peut lire, écrire,
Statistique ET enseignement des enfants idiots. 287
réciter quelques fables. Il travaille régulièrement, s'effor-
çant d'aider, dans la mesure de ses forces, l'infirmier
chargé de la surveillance du quartier. »
Asile-école de la Roche-sur-Yon.
Notre ami, M. le Dr CULLERRE, médecin-directeur
de l'asile d'aliénés de la Roche-sur-Yon, nous a adressé
la note suivante sur le fonctionnement de son asile-
' école.
288 ASSISTANCE ET PEDAGOGIE
gymnastique élémentaire, mouvements, ressorts, échelles,
etc.. La femme les habitue à s'habiller, les soignc, sur-
veille leurs repas, etc.. Sur ma demande le Préfet a obtenu
pour ces préposés très méritants une médaille de bronze
de l'Assistance publique.
Une classe est toujours faite par un aliéné ancien insti-
tuteur dont l'état mental est peu touché, huit enfants la
suivent et quelques-uns ont fait des progrès très remar-
quables surtout en dessin et en calcul. En 1904 un enfant
est sorti très amélioré ayant appris à l'atelier de serrurier
les éléments du métier et capable de gagner sa vie.
Hospice départemental et Dépôt de Mendicité de l'Aisne
à Montreuil-sous-Laon.
Le directeur de cet établissement, laïque jusqu'en
1870, ensuite délaïcisé, a eu l'obligeance de nous
adresser les renseignements suivants :
Les jeunes idiots et épileptiques de l'âge de 2 à 18 ans,
présents à l'hospice de \Iontreuil-sous-Laon, sont au
nombre de 25, savoir :
STATISTIQUE ET ENSEIGNEMENT DES EN1-ANTS IDIOTS. 289
Asiles-écoles de la Seine.
1
Le département de la Seine hospitalise, traite et
éduque :
200 revue d'anatomie ET DE physiologie pathologiques.
Bicêtre, ce qui est impossible, les places, insuffisantes,
étant réservées aux enfants de la Seine.
Nous en profitons pour recommander aux parents
d'intervenir auprès de leurs mandataires, députés,
sénateurs, conseillers généraux, afin d'obtenir la créa-
tion, dans leur département, d'asiles-écoles. Cette pro-
pagande contribuera peut-être un jour, à la réalisation
de cette réforme sociale dont les faits, chaque jour,
nous prouvent l'urgence. '
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE
PATHOLOGIQUES
LVI.- Un réflexe auriculaire ; par W. Alter. (Neurolog.
CantmslGL. \I(, 1,103,)
La percussion, la piqûre, le pincement, l'impression du chaud et
du froid sur la peau de la partie postérieure du tiers moyen du
massélcr provoquent chez certains paralytiques généraux l'attrac-
tion en haut en arrière du pavillon de l'oreille, par la contraction
delà portion postérieure du muscle élévateur auriculaire supérieur
et du muscle rétracteur auriculaire postérieur de ce pavillon. La
région excitée étant innervée par la branche auriculaire du troi-
sième nerf cervical, tandis que les faisceaux musculaires en ques-
tion reçoivent la branche antérieure de l'auriculaire postérieur
du facial, c'est un réflexe. 11 manque, chez les gens bien portants
et chez les autres malades, même chez ceux dontl'excilahililé ré-
flexe est exagérée. En lous les cas où il existait, c'est-il-dire chez
19,4 % des paralytiques, le facial était parétique du côte du ré-
flexe. Ne pas le confondre avec les mouvements musculaires con-
vulsifs, émanant des manoeuvres d'examen du facial ou du plexus
cervical, qui s'étendent des muscles de la face aux muscles de
l'oreille. 11 peut arri\er que la zone réflexe soit plus étendue et
que la piqûre du territoire de l'auriculo-temporal (trijumeau) le
produise : cela tient à des distributions nerveuses empiétant les
unes sur les autres. - P. KERAVAI .
Notes. N" 9. Autrefois l'asile de Sl-Ijizicr (Arriege) recevait,
en assez grand nombre, des enfants arriérés de la Seine. Il n'en
est plus ainsi depuis plusieurs années.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 291
LV1). -Du rôle du noyau caudé ; par W. E. ST;EDA.(0&o)'e)t;<;
psichiatrii, VU, 1902.) De la fonction du noyau caudé ;
par le même, (Neumlogisclt. Centralbllltt, XXII, 1903.) .
Après avoirpassé en revue les documents des auteurs,M. Stieda
constate que ses propres expériences confirment que nous ne
savons rien des fonctions du noyau caudé. Les procédés d'irri-
talion physiologique ne semblent pas convenir à cet organe dont
on ignore du reste la catégorie. On sait, en effet, que le corps
strié est déjà développé morphologiquement à une époque où
les hémisphères se composent principalement des régions vi-
suelles et olfactives, et que les conducteurs moteurs ne germent
et ne le pénètrent qu'ultérieurement en le divisant en deux por-
tions distinctes, le noyau caudé et le novau lenticulaire, pour
s'enraciner dans l'écorce des régions supérieures et externes qui
commencent à ce moment seulement à se développer avec assez
de vigueur pour prédominer dans la suite sur toutes les autres
parties du cerveau. Son développement ne dépend donc pas de
celui de l'écorce motrice et des conducteurs moteurs. Le corps
strié est l'organe de l'hémisphère qui dans la série des vertébrés
conserve par excellence son 'aspect morphologique et histolo-
gique : il est donc à penser qu'il a une fonction propre et iden-
tique chez tous les vertébrés. 11 est presque impossible de la
préciser. Seulement il y a lieu de poursuivre des recherches
dans celte direction de concert avec les autres.
P. 11ERAV.1L.
LVI11. Nouvelle méthode propre àobtenir des prépara-
tions histologiques des plus fines, en soumettant a la
force centrifuge des tissus dissociés par la secousse ou
des coupes, notamment du système nerveux central ;
par F. Reich. (1'\"e(1-010g. Centralbl. XXI, 1802.)
La dissociation comporte la succussion très forte, dans un tube
à expérience, de morceaux macérés grossièrement réduits en frag-
ments auparavant. Ils sont ainsi désagrégés. Ceux qui sont de-
meures massifs restent sur le tamis : on les secoue violemment
el l'on voit qu'ils se composent de vaisseaux et de ramifications
vasculaires presque absolument isolés. Le liquide laiteux qui a
traverse l'élamine contient des fibres nerveuses ou des fragments
de fibres, des cellules nerveuses, des cellules névrogliques. des
hématies, etc. On le soumet à l'appareil centrifugeur. Les cou-
pes très fines, émanées de tissus durcis d'une façon quelconque
sont cueillies sur le tranchant du couteau et suspendues à l'aide
d'une aiguille ou d'un instrument approprié dans un verre cen-
trifugeur plein d'eau ou de tout autre ingrédient au choix. On
procède à l'action centrifuge sur les parties suspendues ; du sé-
292 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
disent on décante le liquide pour le remplacer par tout autre
réactif ou par une matière colorante acl libitlcm, chaude ou froide.
On peut aussi traiter le dépôt dans une étuve, le soumettre à tel-
les pratiques de digestion ou autres que l'on veut. On a encore à
sa disposition la différenciation dont le degré s'observe au chan-
gement de couleur du dépôt tout aussi exactement que d'ordi-
nairesur chaque coupe. Liquides colorants et différeneialeurs sont,
afin d'éviter des souillures, préalablement centrifugés. Quand les
préparations ont été colorées et différenciées, les milieux colo-
rants ou différenciateurs sont rincés à l'eau à plusieurs reprises.
On inclut dans le baume en remplaçant l'eau, dans laquelle les
particules sont en dernier lieu suspendues, successivement par
l'alcool, le xylol, un peudebaume. 11 n'y a plus maintenant qu'il
éparpiller dans le baume en secouant ces parcelles d'une extrême
finesse et à en charger un nombre quelconque de porte-objets.
Cette action centrifuge étant très courte, en un tour de main on
a un très grand nombre de préparations. Le dépôt peut égale-
ment êlre, avant ou après coloration, tiré de l'eau, de l'alcool,du
xylol, transporté sur le porte-objet, séché, et manipulé à loisir. 11
est possible d'effectuer toute autre inclusion. Ce système fournit
des coupes de nerfs de 5 ^ non incluses, colorées comme l'on veut.
Mais il n'est pas fait pour les recherches topographiques,les ima-
ges synoptiques. P. Keraval.
Ll\. Recherches psychologiques sur le noyau lenti-
culaire ; par M. SCHAIKEWITSCH. (Oborenie psichiatrii, VU,
1902.)
Excitation directe de cet organe à l'appareil du Bois-Heymond,
avec ou sans l'intégrité du faisceau pyramidal : en ce dernier
cas, celui-ci est cureté, ou bien on résèque la plus grande partie
de la région motrice. Examens confirmatifs à la méthode de
\Iarclii-Busch. L'excitation du noyau après ablation couche par
couche de l'hémisphère cérébral du chien détermine : la tension
tonique des muscles du tronc et des extrémités, d'abord du côté
opposé à l'excitation, puis, si l'on renforce le courant, aussi du
même côté ; les convulsions débutent par les membres, le plus
souvent par les membres postérieurs. Fréquente rotation de la tête
ducutéopposé eL cri. L'excitation du segment interne et du noyau
caudé fournil les mêmes résultats. llenforcc-L-onlucouranL, les
phénomènes moteurs augmentent ; l'interrompt-on, ceux-ci s'af-
faiblissent, tout en continuant parfois quelques secondes après. La
respiration tend à se ralentir ; généralement, un soupir plus un
moins profond suit l'excitation et précède ce ralentissement.
Insignifiante élévation de pression sanguine, sans presque au-
cune modification du pouls. L'excifalionunilalérale ou bilatérale
du noyau lenticulaire par la scissure de Sylvius, après suppros-
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 293
sion de l'action du faisceau pyramidal, montre également l'élé-
vation infime de la pression dû sang, l'intégrité presque absolue
du pouls. Un courant faible ou moyen ne détermine pas d'acci-
dents moteurs ; sous l'action d'un fort courant, convulsions
toniques, plus rarement cloniques, d'ailleurs inconstantes, et,
deux fois, attaque épileptiforme avec écume abondante à la
gueule. Respiration comme supra. Chute graduelle de la tempe-
rature. Cinq expériences où, chez le lapin,le noyau lenticulaire
fut piqué à l'aide d'une aiguille, révélèrent une hyperthermie
insignifiante au calorimètre de d'Arsonval. P. Keraval.
LX. Des maladies mentales consécutives aux auto-
intoxications expérimentales ; psychoses des chiens
privés de la glande thyroïde ; P)LUM. (iTett-010fl. Cen-
tralbl. XXI, 1902.)
La glande thyroïde est un organe épurateur qui enlève à la
circulation les poisons qui se forment continuellement dans
l'économie et les rend inoffensifs. Devient-elle totalement inac-
thc, on a une intoxication suraiguë et la tétanie. N'exerce-t-elle
sur le poison qu'elle a saisi qu'une action insuffisante, il se pro-
duit une intoxication de lhyrotoaall>umine, ou matière alhu-
minoide intra-glanlulaire toxique qui contient très fréquemment
de l'iode : thyroidisme dont on doit rapprocher celui de la ma-
ladie de Basedow. Le poison que la glande th) 1'0'Ide fixe nor-
malement provient très-probablement du tube gastro-intestinal, 1,
par corruption de l'albumine.
Les chiens privés de leur corps thyronle, que l'on nourrit
surtout de viande, succombent rapidement. Ceux que l'on sou-
met au régime lacté avant el après l'opération résistent en plus
grand nombre, ou du moins survivent plus longtemps ; d'autres
restent bien portants, après avoir eu d'abord de la tétanie, jus-
qu'à ce qu'on revienne à la viande. Quelques-uns acquièrent 1
l'immunité par l'addition prudente, graduelle, de la viande au
lait, et conservent vie et santé.
Or, les animaux dont la vie se piolon-e, soit à raison du
régime lacté exclusif, soit à cause du régime mixte progressif,
dont l'intoxication est atténuée, présentent pendant un temps
plus ou moins long des accidents psychiques. M. Blum en a
observé chez 18 chiens dont 15 préalablement traités au lait. Ce
sont des hallucinations qui poussent l'animal à des actes immo-
livrés, par exemple à se tenir sur le museau, les pâlies de der-
rière en l'air, à s'égratigner et se blesser profondément des
heures entières nez, museau, yeux ; des modifications du carac-
tère surprenantes. C'est l'hébétude : le patient reste parfois plu-
sieurs minutes sans mouvement, l'oeil hagard, la tête penchée,
puis le train postérieur oscille, chancelle, et le chien tombe de
294 REVUE ])'ANATOMOE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
fout son long, ou fait quelques pas en titubant pour demeurer stu-
pide plus loin. La déchéance intellectuelle s'annonce générale-
ment par la sitiophobie. Désordres moteurs : marche en mesure,
marche à reculons, esquisse de culbute, station sur le dos, les
pattes en l'air. L'élément convulsif, relégué au dernier plan, ne
prédomine plus comme dans la tétanie, se modilie : convulsions
- clolliques intermittentes, ou spasme en extension courl. Deux
chiens qui étaient affectés de troubles psychiques périodiques de
quelques jours de durée, présentaient, à l'acmé d'une confusion
mentale, des convulsions graves et. persistantes. Parfois une con-
fusion mentale persistante suit un spasme relativement court.
Cas de mélange de psychose cl de convulsions comme dans l'epi-
lepsie.
Durée, de un jour il plusieurs semaines ; formes périodiques
à grands intervalles lucides alternant avec une psychopalhie
brusque de plusieurs jours, additionnée généralement d'accès
convulsifs. Mort dans le marasme (déchéance psychique et
physique), ou dans un spasme extensif agonique muet. Deux
périodiques succombèrent <'1 un état de mal éllileplique.
Quelle est la proportion des accidents mentaux chez les ani-
maux qui, privés de leur corps thyroïde, vivent longtemps ? Il
est impossible de l'établir à cause de l'insuflisance de la science
du diagnostic en matière de psychiatrie canine. ,
P. 11ERA\'.1L.
LXI. - Observation de tumeur de la protubérance avec
dégénérescence de quelques systèmes cérébelleux ; par
L. W. BLOUMEN10U et M. P. 1'IIiHO\fIRO\V. (OLO)'c771C psichia-
;rti, VU; 1902.)
Elude analytique très minutieuse et fort exacte des phéno-
mènes produits chez un artilleur de 2'2 ans par une tumeur,
dont la localisation et le développement sont déterminés pas à
pas. La clinique disait, et l'autopsie continua : tumeur occupant
le côté gauche, et atteignant ses plus grandes dimensions dans le
tiers supérieur du pont de Varole, s'étendant en haut en partie il
la région des tubercules quadrijumeaux (sans, d'ailleurs, envahir
les noyaux des nerfs oculaires), allant en bas presque jusqu'au
bulbe, mais, dans toute son étendue, limitée à l'étage postérieur
ou tegmeulum, et ne touchant pas à la base de la protubérance,
au pédoncule cérébral. 11 s'agissait d'un tubercule solitaire.
Ce malade, qui ne présentait pas de paralysie des extrémités,
titubait et était affecté d'autres troubles ataxiques, SUI tout à
gauche, c'est-à-dire du même côté que la tumeur. La cause doit
en être cherchée dans la lésion d'une partie des faisceaux céré-
belleux. Les dégénérescences sont nombreuses. L'auteur insiste
sur la dégénérescence descendante, à gauche, de la périphérie du
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 295
cordon antérieur et d'une partie du cordon latéral de la moelle
cervicale. Ce territoire correspondrait au faisceau marginal all-
térieur de Loewenthal, qui reçoit des libres du conclut par l'in-
termédiaire du segment interne du pédoncule cérébelleux posté-
rieur, également dégénéré ici (f3asiliewsl : y). (Figure.) De là
l'ata.xie gauche. - P. KERAVAL,
LXI 1.- Syndrome solaire par néoplasie médullaire et état
de la moelle lombo-sacrée,54 ans après l'amputation de
la jambe; par le Dr De l3ucK,(Jonrn. elel\'eawologie.19U4,n 7.)
Obsenalion d'un délirant chronique de R5 ans et ayant
subi l'amputation de la cuisse vers l'âge de 11 ans, qui fut pris
tout à coup de vomissements répétés suivis d'une diarrhée incoer-
cible et qui succomba dans le marasme quelque temps après.
A l'autopsie, tous les organes abdominaux étaient sains, mais
on trouva au niveau de la moelle dorso-lombaire un petit gliome
auquel l'auteur attribue le syndrome solaire observé pendant la
vie de son malade.
D'autre part, l'examen en coupes sériées de la moelle lombo-
sacrée démontré que 54 ans après l'amputation de la cuisse, les
cellules du noyau delà jambe et de celui du pied étaient conser-
vées, quoiqu'encore en état de réaction chromai) tique. Ces faits
paraissent à l'auteur difficilement conciliaires avec la théorie du
neurone et lui semblent plutôt militer en faveur du concept entez
naire développé par Cettie et Durante. G. D.
1,Xlll. Histologie de la paralysie générale; par le Dr De-
13RAY. (JOUI'I1, de Neurologie, 1903, no 20.)
De l'examen d'une série de travaux, dont la plupart ont été pu-
bliés à l'occasion du Congrès de Bruxelles, fauteur arrive à colle
conclusion que la lésion initiale et fondamentale delà paralysie
générale inflammatoire réside dans la cellule nerveuse. G. D,
LX1V. La dualité fonctionnelle du muscle ; par Mlle
YOTEYKO. (Jou/'l1. de Neurologie, l(JO4, no 12.)
Après un exposé historique et critique de la théorie de la « dua-
lité fonctionnelle du muscle », d'après laquelle il existe dans le
muscle deux éléments fonctionnellement différents et cloués d'une
excitabilité inégale, l'auteur résume brièvement ses importantes
recherches sur cette intéressante question, recherches'qui ont
rendu possible l'explicalion du galvanoLuome, delà réaction de
dégénérescence des muscles, des actions polaires, de la tonicité
musculaire, des contractures hystériques, etc.
11 n'y a pas cependant identité complète entre la contraction
tonique, sareoplasmatique telle que la comprend Mlle Yoteyko et
29G REVUE D'ANA70D111 : ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
la contraction idio-musculaire de Schiff.La'contraction Ionique est
la contraction sal'coplasmatique normale, se distinguant par une
grande lenteur de propagation de l'ordre musculaire. La contrac-
tion idio-musculaire est la manifestation motrice du sarcoplasme
anémié, fatigué ou mourant, et elle se distingue par l'absence
complète de propagation do l'onde musculaire ; elle esl un 1)lié-
noumène anormal. - G. D.
LXV. Altérations de la moelle en un cas d'amputation
ancienne de l'avant-bras ; par L. lioscNl3ERC. (1'eurolng.
Cel1tralbl., XXI, 1902.)
Il s'agit d'une femme de 52 ans, amputée du bras gauche à.
douze centimètres (la largeur de la main) au-dessus du coude, il
v a 30 ans. Les muscles de l'avant-bras et de la main sont sacri-
iiés, ceux du bras subsistent en grande partie. Dans une ampu-
tation de ce genre il faut, d'après les auteurs ('tableau d'Edinger),
s'attendre il rencontrer une atrophie des cellules depuis le
VIe segment cervical, jusqu'au leu dorsal. On constate, en effet,
au microscope la localisation des muscles de l'avant-bras et de
la main annoncée par Edinger et Bruns sur cette étendue, mais
la dégénérescence n'est évidente que pour le groupe de cellules
antéro-externe. Les investigateurs contemporains ne sont du
- reste point d'accord ce sujet. Barrait indique ce même groupe ;
Sano et Ubersteiner aussi, bien qu'ils pensent que ce groupe
n'est pas le seul. Gregoriew mentionne un groupe antérieur et
un groupe externe. Un groupe externe est noté par lIonakow,
Flatau et Strohmayer ; ce dernier auteur n'est pas exclusif.
Hayem-Gilbert, Dreschfeld, Krause, I ricollaender, llomen,
Campbell penchent pour le groupe posléro-laléral. Pour Déje-
rine-Mayor, c'est le groupe antero-interne. P. Keraval.
LXV1. Du faisceau X à la région cervicale la plus infé-
rieure de la moelle ; par Purves-Stewart. (\'eunolor7. Cen-
tre/. XXI. 1902.) 1
L'auteur revendique la paternité d'un petit faisceau décrit par
lui dans le Brain en D01, p. 222, qu'il a nommé faisceau X. Il
occupe les 7° et 8e segments cervicaux et ne continue pas dans la
moelle dorsale. Situé en avant et en dehors du faisceau pyramidal
croisé, il en est séparé par un certain intervalle, et se lixe à la-
pointe de la corne latérale. P. KERAVAL. '
LXVll. Du réflexe acromial ; par W. de BECHTEREW, (Ne/(-
9-olog. Centralbl. XXII. 1903.)
Hepetition en allemand de l'article russe de l'Obozi-éi21é psi-
c71ntrü, VU. 1902, déjà analysé. P. KERAVAL.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 207
LXYII1. Du réflexe lombo-fémoral ; par W. RECHTEREW.
(Neurolog. Centralbl. XXI. 1902.)
C'est la répétition de l'article russe, réflexe sacrofémoral de
/'0o : )'f ? )('/);f;<r/t VI. 19011, déjà analysé.. P. Keraval.
LXIX. Nouveaux détails sur le réflexe sus-orbitaire ;
par Me. C\RTHY. - Réplique à Hudovernig ; par le même.
(Xell1'olo[l, Ce¡¡(rlllbl, XXl. 1\J0 ? )
L'l1u[PllI' t'ail rl'ml1rquer que Il) réflexe qu'il a décrit est non
une réaction musculaire, mais une contraction Ce
sont les contractions des fibrilles musculaires de la paupière infé-
rieure, et non le mouvement des paupières, qui constituent le ré-
flexe. Les grosses convulsions palpébrales ou l'occlusion convul-
sine de l'oeil sont des mouvements volontaires ou à demi-volon-
taires déterminés par l'appréhension du patient avant le choc du
marteau ou par la douleur de ce coup. Il faut aussi tenir compte
de l'excitabilité mécanique de» libres du facial fréquente chez les
gens normaux qui explique les contractions en rapport avec la
percussion de l'os mataire. Celle réaction n'est pas, au reste, la
réaction Iibrillaire de MacCarthv·.
Le réflexe sus-orbitairc n'a pas lieu quand le sus-orbitaire est
sectionné, quand la 5e paire est lésée, dans la paralysie faciale.
11 se produit lorsqu'on pique ou soumet à la chaleur ou au froid
la région sus-orbitaire, non quand on pique la peau de l'os ma-
laire. 11 n'est donc point périostique.
S(,clioiiiie-[-oti les racines sensibles du ganglion de Casser, on
ne l'obtient plus, encore que l'excitabilité du frontal et autres
muscles innervés par le facial subsiste et soit même exagérée.
L'ablation du ganglion de Gasser produit le même effet : seule-
ment ces opéralionsdohenlèlie radicales. P. Keraval.
De la détermination du sens du tact au moyen d'un
nouvel esthésiomètre ; par ,I..1. ]. (,R.%HA ? 11 IlaowN. (Xew'oloy'-
Centralbl. XXI. 1902.)
figures et explications détaillées do l'instrument déjà décrit
dans le Journal n ? lryeiolnrly, XXVII. p. 85. L'auteur se propose
de préciser exactement le degré de la sensation tactile, rapide-
ment, en n'importe quel point de la peau, de mesurer la percep-
tion produite par les objets lisses et rugueux. Il dit son instru-
iiieiiLeoiiiiiioti(3 et portatif. F. KERAVAL.
LX\I. - Le Mécanisme des mouvements volontaires ; par
E. Storch. (Cerxtralbl..., f. \'enaerxlzeill;..., \\1', N, Il., XIII,
1902.)
Chaque mouvement volontaire a l'aspect d'une combinaison de
298 revue d'anatomie ET DE physiologie pathologiques.
mouvements élémentaires à chacun desquels correspond un méca-
nisme d'innervation spinal ; subjectivement, c'est une idée accom-
pagnée de volonté. Celte idée est l'image représentative do l'es-
pace, dont dépend la combinaison des phases élémentaires du
mécanisme moteur propre ala forme du mouvement exécuté. Elle
provient d'une modification précise de la faculté psychique de se
représenter l'espace ou slèrèo-psuké. Les 1 ib l'li 1 ions sensibles de
tout le corps, en affluant au sléréopsllkl', lui fournissent les indi-
cations nécessaires. Mais il existe un appareil coordinateur de tous
les muscles propres il un mouvement d'ensemble en une direction
déterminée : c'est le labyrinthe des canaux semi-circutaircs, dont
les trois ampoules fournissent au stereopsukë l'impression des
trois dimensions en rapport av ec les excitants sensoriels. A toute
énergie élémentaire de ce centre de direction sous-cortical corres-
pond une énergie élémentaire de l'écorce dont la vibration nous
apparaît mentalement comme une des trois directions fondamen-
tales de l'espace. Les variations d'intensité de celle vibration for-
ment le sentiment du mouvement en tel ou tel sens. Le stéréo-
psul : 3 dans la vibration duquel se trouve l'apogée de toute activité
sensible est l'organe intermédiaire de toutes nos conceptions ou
représentations de l'espace. Il est capable de toutes les combinai-
sons même les plus complexes des conceptions de direction. L'o-
rientation, c'est-à-dire la transmission aux éléments corticaux
moteurs, dépend de la continuité de la perception des excitants
sensibles les plus divers par lesquels s'eflectuo la conception pra-
tique de l'espace. P. hERAVAL.
LXXII. Esquisses d'anatomie comparée du cerveau anté-
rieur ; par E. M. Kastanaian. (Oúnrél11è psichiatrii, Vil,
1902.)
L'auteur passe en revue, en un style clair et précis, le clrrelop-
lJement dans la série des vertébrés des voies conductrices et îles
centres de l'écorce cérébrale. Il montre comment celle-ci apparaît
chez les vertébrés les plus élevés en organisation, non d'un bloc
brusquement, mais par territoires distincts a} anl chacun sa fonc-
tion et graduellement. Le perfectionnement de la construction
crée un outillage spécial. Ainsi, avant le développement des
centres corticaux de la sensibilité on ses modalités diverses, tous
les processus nerveux qui se rattachaient à telle ou telle de ces
modalités s'exécutaient dans les centres sous-corticaux. Ces cen-
tres primaires procédaient non seulement à des processus réflexes
inconscients, mais à des processus psychiques ayant pour base
la perception consciente. Les centres corticaux se sont emparés
des processus psychiques liés à tel ou tel mode de la sensibilité,
tandis que les centres sous-corticaux ont servi de préférence àl'ac-
thite réflexe inconsciente. La division du travail avec les wen,-
REVUE n'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 299
pies à l'appui sur toute la question traitée est à lire en entier ;
cela ne s'analyse pas. P. KERAVAL.
LXX111. Contribution à la question des nerfs conducteurs
delà chaleur et du froid ; par f'. K, TELIATNIK, (Obo;rel11è
ysichiatrii, VI, 1901.) .
Observation de névrite de quelques nerfc intercostaux du côté
droit.
Le malade, avec d'autres désordres de la sensibilité cutanée, ne
sentpointen une région cutanée la chaleur, tandis que dans le
memeendroit il perçoit le froid.
Les cas de ce genre sont en faveur de l'existence de fibres dif-
férentes propres à l'impression du froid et du chaud. Dans la né-
vrite, toutes les fibres nerveuses ne sont pas également atteintes.
Lorsqu'un nerf mixte est enflammé, le processus morbide, pour
des causes ignorées de nous, trappe principalement ◀tantôt▶ des
libres sensitives, ◀tantôt▶ des fibres motrices : c'est une règle. Par
suite, s'il y a des libres distinctes pour le froid et le chaud, on
peut admettre qu'en l'espèce le processus ait détruit la fonction
des libres thermiques et qu'il ait respecté celle des fibres cryes-
lltésidues. -
L'examen des faits pathologiques, en montrant le phénomène
de l'aneslhésieparlielle du froid et de l'anesthésie partielle delà
chaleur, fournil une des meilleures preuves en faveur de la dua-
lité de l'appareil des impressions thermiques. On ne peut dire
qu'il existe une sensibilité générale thermique comparable à la
sensibilité tactile, douloureuse,etc. Dans l'anesthésie à l'égard delà
chaleur, il se perd non une sensation, mais une quantité de sen-
sations, celle de 30°, celle de 50", celle de 100" de chaleur, tan-
dis que dans l'anesthésie douloureuse tactile, etc., il n'y a qu'une
sensation de perdue. à à l'égard de la chaleur se rap-
proche énormément de l'achromatopsie, de la surdité à l'égard
de certains sons. Cette analogie pfaideen faveur de l'existence de
nerfs de la chaleur et de nerfs du froid. ' P. Keraval.
LXX1\ . Revue des plus récents travaux sur le sens mus-
culaire ; pari. \\'. BOROWIKONN-. 1901).
Celle revue met à contribution le travail de Henri. (Année psy-
chologique, IS ! ) ! 1), et celui de Verger. (.1 ¡.( ? ires de Neurologie,
1S,IO1, ainsi (tue les lIléllloiresanlél'ieul ? P. IveRwAL.
LXXY. Du centre cortical de la vue ; par W. M. BECTE-
REW. (06o;;)'< ! M)'C psichiatrii. VI. 1901.)
Par ses expériences personnelles sur les chiens, l'auteur s'est
convaincu que la région supero-e.\terne de l'écorce du cerveau,
300 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES
dont la destruction provoque des troubles de la vue est extrême-
ment large : elle s'étend à toute la partie postérieure de la surface
de l'hémisphère et il la région pariétale jusqu'au sillon crucial.
La destruction de la face supéro-externe de la partie postérieure
de l'hémisphère détermine une hémianopsie homonyme des deux
'jeux, que cette destruction. soit large ou limitée : une lésion li-
^mitée provoquera une courte hémianopsie ; une lésion large et
profonde engendrera une hémianopsie prolongée qui avec temps
diminuera disparaîtra totalement. Il est à remarquer que, dans
les cas d'hémianopsie tranchée, les proportions du segment de ré-
tine aveugle et du segment de rétine indemne ne sont pas iden-
tiques dans chaque oeil. Ce résultat est constamment le même,
que l'hémianopsie soit provoquée par la section de la bandelette
optique, par une lésion du corps genouillé externe, ou par la
destruction de l'écorce du cerveau.
Une lésion limitée de la région occipitale ne donne souvent
dès le début qu'une hémiamblyopie ; d'ordinaire, en pareils cas,
les troubles visuels sont discontinus et l'hémianopsie ne tarde pas
à disparaître définitivement.
Une destruction plus accentuée de la région occipitale se tra-
duit par une hémianopsie plus marquée et plus persistante : elle
durera des mois, des semaines, voire plus d'un an,siles altérations
sont étendues, et de s'affaiblira que peu à peu en passant par le
stade de l'hémiamhlyopie.
Fréquemment, il n'y a ni simultanéité ni parallélisme entre la
disparition des troubles oculaires d'un oeil et celle des troubles
de l'aulce. Dans les lésions limitées, par exemple, parfois la perle
de la vision de l'oeil correspondant disparaît plus lût que celle de
l'oeil opposé.
Si, quand les troubles oculaires provoqués par une première
destruction de l'écorce occipitale ont disparu, on pratique une
seconde destruction en des endroits voisins dans la même région,
l'hémianopsie revient habituellement.
Toute destruction bilatérale de la face externe de la région occi-
pitale engendre une amblyopie bilatérale : celle-ci disparaît avec
le temps quand la destruction n'a pas été importante ; elle per-
siste plus ou moins quand on a notablement lésé les deux régions
sans toutefois être définitive.
Il semble qu'en certains cas de lésion étendue de l'écorce d'un
hémisphère portant sur larégion occipitale et pariétale, on ob-
tienne une hémianopsie bilatérale homonyme associée à une
amblyopie de l'oeil du côté opposé. Mais de nouvelles recherches
sont nécessaires.
La lésion de la face interne de la partie postérieure d'un hémis-
phère détermine toujours de l'hémianopsie homonyme dans les
deux veux du côté opposé et de l'amblyopie de la portion du champ
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 301
visuel conservé dans l'ceil opposé . Les proportions du segment de
rétine aveuglé et du segment de rétine qui voit encore sont exac-
tement celles que l'auteur a déterminées dans ses expériences de
section de la bandelette optique correspondante. Bien que la lésion
ait été rigoureusement superficielle, ces désordres
ont persiste môme après plusieurs mois révolus.
Conclusions. Ilya des raisons de supposer que le véritable
centre cortical delà v ision, chez le chien, occupe la partie interne
du segment postérieur de l'hémisphère. Pour s'en convaincre, il
faudrait exécuter des destructions partielles de cette région :
c'est difficile. P. KERAVAL
LXXVI. Contribution à l'étude anatomique des cordons
postérieurs ; par N.\GEOTTE.(XOliV. Iconogr, de la Salpéirière,
il- 1, 1904.)
Recherches histologiques avec colorations au carmin et à l'bé-
maloxjline selon les méthodes de \\'eigert-Pal, de \Iarchi et de
\issl, portant sur les divers étages de la moelle dans deux cas de
lésion de la queue de cheval et de tabès incipiens. Conclusions :
1. Les fibres endogènes des cordons postérieurs, à la région lom-
hu-sacrée. doivent être divisées en deux classes : les fibres endo-
gènes grossesetleslibres endogènes Iines,-I1. Les libres endogènes
grosses forment : a. un faisceau dans la zone cornu-commissu-
rale ; h. le triangle médio-sacré ou triangle de GomhaulL et Phi-
lippe. Ce dernier faisceau est l'extrémité inférieure d'un faisceau
descendant médio-périphérique dont le trajet supérieur forme à la
région dorsale le faisceau de Hoche. - Il ! . Le triangle médian
est entièrement distinct du centre ovale de Fleschsig, qui est un
faisceau radiculaires IV. Les fibres endogènes fines sont les unes
horizontales, les autres verticales, les dernières sont éparpillées
dans toute l'étendue des cordons'de 13lll'llach, Il en existe aussi
quelques-unes dans le cordon de Goll à la région cervicale. V.
Les zones de Lissauer sont constituées par des fibres endogènes
fines verticales qui sont condensées à celte région. Elles ne sont
pas de nature radiculaire, comme on l'admet actuellement. Elles
dégénèrent tardivement dans le tabès. \'l. Le réseau des fibres
fines de la corne postérieure est de nature endogène. Vil. Les
colonnes de Clarke ne paraissent pas recevoir de libres des raci-
nes postérieures situées au-dessous de la 3" lomhaire. \'lll. La
bandelette externe ne louche en aucun point la corne postérieure;
elle prend à la région dorsale inférieure une forme compliquée
qui représente un M de chaque côté. IX. Les fibres de la ban-
delette externe sont des fibres radiculaires de moyenne longueur,
qui restent dans les limites de cette formation pendant tout le
trajet intra-médullaire et celles de la région lombo-sacrée n'a-
boutissent pasau cordon de Goll. -- X.Les fibres radiculaires lon-
302 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
gues passent, non pas par la bandelette externe, mais par les
champs Postéro-eternca.- 1. La zone marginale de Weslphal,
ou zone radiculaire antérieure, ne contient, outre les libres (311cto-
gènes, que des libres radiculaires courtes. R. C.
LXXY11. Anatomie pathologique des scléroses combinées
tabétiques ; par Caouzov.(1\ouu.Iconoy. de la 'salpêtrière, n°
r 1, IDU1.)
A côté des lésions caractéristiques 'du tabès, on trouve dans cer-
tains cas des lésions porLantsur les cordons latéraux, les cordons
de Goll, les faisceaux cérébelleux directs qui constituent les sclé-
roses combinées tabéliques et qui ont été considérées comme pré-
sentant un caractère systématique. En comparant la topographie
et le degré de ces lésions avec les lésions méningitiques et lym-
phatiques qui les accompagnent, l'auteur a constaté que les sclé-
roses du cordon peuvent être le plus souvent considérées comme
pseudo-systématiquesd que leur distribution parait réglée par la
distribution des lésions méningitiques et lymphatiques. Cette
constatation serait un argument en faveur des théories qui n'ad-
mettent pas dans le tabès une systématisation constante et en
particulier de la théorie lymphatique de Marie et Guillain. 11.(.
LXXVlll. -- Etude graphique des réflexes plantaires à l'é-
tat normal et dans quelques affections spasmodiques du
systèmepyramidal ; par Verger et AB.11>IE. (Nouv. Iconogr.
de la 8(ilpèt-iè)-e, n° 1, la04.)
Le réflexe plantaire peut se décomposer, au point de vue ana-
tomirlue.en (rois mouvements distincts : )'<'/7'etM(;tH-.(yttf{X, sié-
geant dans les muscles qui agissent sur les orteils, réflexe plantai-
crural dans les muscles de la cuisse, réflexe plccnti-tibial dans
les muscles de la jambe. L'étude de ces réflexes à l'aide du m)o-
graphe et d'après une technique spéciale démontre la légitimité
de leur division au point de vue physiologique et clinique.. L'a-
nalyse graphique de ces différents mouvements réflexes montre
que l'extension du gros orteil - signe de Babinski n'est pas
uniquement un phénomène pathologique, lié à une altération de
la voie motrice puisqu'on la trouve à l'état normal. C'est son
exagération seule qui constitue le signe pathologique. Il. C.
LXXIX. Sur l'aspect extérieur des dendrites des cellules
nerveuses des tubercules quadrijumeaux antérieurs et
postérieurs chez les vertébrés supérieurs (lapins et
souris) ; par CZARNIRCKI (Nouv. Iconogr. de la SalpelrÍèl'e,n°'2,
19U4.)
Recherches microscopiques établissant les différences morpho-
logiques très marquées qui existent entre l'aspect extérieur des
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 303
dendrites des cellules nerveuses des tubercules quadrijumeaux
postérieurs et des tubercules quadrijumeaux antérieurs.
Les premiers se distinguent par l'existence d'epaississements,
de gonflements et d'appendices collatéraux en grande quantité.
Les dendrites des cellules nerveuses des tubercules quadrijumeaux
antérieurs présentent la plus grande ressemblance avec les den-
drites des cellules nerveuses de la moelle épinière. Il, C.
LXXX. Un cas de tumeur cérébrale à forme psycho-
paralytique ; par Cornu. (1\'oLCO. Iconogr. de la Saljvlriére, : \0 2, 1904.)
Affection avant évolué en la mois et ayant présenté à côté des
b) mptômes généraux des tumeurs cérébrales, les signes de la dé-
mence parais tique el un symptôme de localisation (hémispasme
facial). A l'autopsie : destruction du noyau caudé par tumeur du
volume d'une noix ; atrophies croisées du cervelet par rapport au
noyau caude, du bulbe et delà moelle par rapport au cervelet.
LXXX1. Type infantile du gigantisme ; par Brissauu el
Meige. (Nouo. Iconogr. delà Salpêtriére, n° J, 1904.)
Description clinique d'un sujet de 30 ans qui présente il la fois
les caractères du gigantisme acrctmyalülue et les S) mplômesph)-
siques el psychiques de l'infant i lisme Pt donl l'hbtoi re personnelle
el héréditaire réunit dans une famille les principales « anomalies
évolutives de l'imliv idu et de l'espèce : gigantisme, infantilisme,
obésité, técullllité excessive, longévité et léthalité anormales. M
11. CHAPON.
LXXXti. Les altérations du ganglion rachidien chez les
tabétiques ; par Thomas el Uauser. (Xouc. Iconogr. de la Sal-
pétrière, no 3, 1904.)
lleclterrite ? ltisLolu,itlue portant spécialement sur la cellule
des ganglions rachidiens chez, les tabétiques, desquelles les au-
teurs tirent les conclusions suivantes : 1° il existe fréquemment
des altérations cellulaires dans les ganglions rachidiens des lahé-
tiques. Ces lésions consistent principalement en un procesus (l'a-
trophie tente et de désagrégation qui aboutit il la disparition de
la cellnlc norveuso; '2° malgré leur importance et leur fréquence,
il est difficile d'apprécier le rôle qu'elles jouent dans la patboge-
nie de l'atrophie des racines postérieures et des dégénérescen-
ces médullaires; mais elles sont trop fréquentes et trop mar-
quées dans certains cas pour ne pas jouer leur rôle dans la pa-
tbogenie générale du tabès et ne pas faire partie du processus'
tahetiqne. Il, C.
304 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
LXXXllll. Hématomyélie traumatique ; par LAIGNEL-
LAVASTINE. (Nouv. Iconogr. de la Salpétrihe, n° 3, 1\)U4.)
Ilémorrhagie intl'amédullail'e siégeant à la région cervicale et
consécutive à une fracture de la 5e vertèbre cervicale. Mort '21-
heures après le traumatisme..La comparaison des si¡ ! 1H's cliniques
-observés relativement à la sensibilité eLilla vaso-molricilé, avec
les constatations hislologiqucs nolées aux dilférenls étages de la
moelle permet de conclure qu'une lésion médullaire localisée ne
produit la vaso-haral5-sie que dans le territoire même des vaso-
moteurs dont elle a touché les centres. « L'autonomie des vaso-
moteurs vis-à-vis des centres huitto-encephaliques est donc con-
sidérablement plus grande que celle des musculo-moteurs et des
culanéo-scnsitifs. » - IL C.
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE
XIII. Sur une altération singulière de la mémoire chez
un aliéné alcoolique uxoricide ; par le Dr A, CRiSTiANi.(7 ! eu.
sp. di fren., t. XXIX, fasc. 111.)
Observation très curieuse d'un individu alieelé de délire sen-
soriel alcoolique, de persécution et de jalousie conjugale qui le
poussa à l'uxorieide, Pendanl seize jours après le crime, il en con-
scrva un souvenir total, complet. Puis, le detires'ametiorant, se
montra une amnésie rétro-anlérograde relative à l'woricirlc, et,
qui dura plus de trois mois. A ce moment, dans un retour du dé-
lire, celte amnésie retro-anterngrade disparut et le malade recou-
vra tous les souvenirs, nets, précis, relatifs à son crime. En même
temps, il y avait une mémoire exacte de la période intercalaire,
même de l'amnésie rétro-anlérograde à 1\l'opoS de laquelle il ne
pouvait cependant donner aucun éclaircissement. L
L'auteur discute el repousse l'hypothèse de la simulation, d'une
amnésie hystérique ou épileptique, d'un dédoublement de la per-
sonnalité et pense que l'altération de la mémoire est en rapport
avec le délire alcoolique. 11 rapporte un casa peu près semblable
de llonhoefl'er. ,1. SÉGLAS.
\1 ? Du torticolis mental ; par Giglioti. (Rivista critica di
clinca meclica, ne9G, î, 8, 1,)09.)
L'auteur rappelle que c'est à l'école française, a Charcol et
à ses élèves, que revient l'honneur d'avoir élucidé la question
du tic et d'avoir montré que le tic est le correspondant de l'idée
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 305
fixe dans la zone motrice. 11 faut distinguer avec le plus grand
soin le torticolis mental du torticolis spasmodique et du Iiys-
lériquc, L'auteur trace un tableau 1res complet du torticolis men-
tal, d'après les travaux de Brissaud, de Lannois, de Grasset, de
Schulze, de Murri, de Slrumpell, elc. ; il insisle avec Brissaud
sur l'importance du « geste antagoniste efficace a pour le dia-
gnostic ; sur l'augmentation du tic sous l'influence de l'excitation,
de la fatigue, el sa disparition pendant le sommeil et surtout la
présence de phénomènes d'anxiété paroxystiques. Le diagnostic est
parliculièremcnldiflicile al ec le torticolis spasmodique essentiel
dû à des lésions irrilalives accompagnées de douleur et persistant
pendant le sommeil. L'auteur passe en revue les anciens traite-
ments, mais il rappelle combien même parla mélltodede réduction
Itsvcllidue de 13L'issawI,i[nefaulpas« se hâter de chauler victoire ».
Il signale les divers traitements chirurgicaux préconises jusqu'à
ce jour. Enfin dans un dernier article, Giglioli rapporte une très
intéressante observation qu'il a recueillie à Lucques sur un
jeune chanteur de 27 ans.
XV. L'origine périphérique des psychoses ; parle Dr de
Buck. (Bcsll.de laSoc. de méd. ment, de Belgique, avril 1904.)
L'auteur relate dans ce travail un certain nombre d'observa-
tions destinées à montrer que les sensations demalaises,d'oppres-
sion, d'angoisse, etc., qui accompagnent certaines affections viscé-
rales peuvent influencer, par l'intermédiaire du pneumogastri-
que ou du sympathique, les centres corticaux de perception de la
sensibilité générale. On conçoit, que si la réceptivité de ces centres
est héréditairement accrue, les dites sensations organiques peu-
vent s'hallucineret amener des troubles gravesde la personnalité,
tant dans le domaine de l'affectivité que de l'intelligence pro-
p ! 'e ! nentdit.e.0naurado)icaunp ! 'emier degré l'iivpochondrie
simple, l'angoisse hallucinatoire ; au second, la mélancolie; au
troisième, le délire li5loclmutlrialuu Izallucinaloire, 1L vraie pa-
ranoia hallucinatoire, et enfin à un quatrième degré, la démence
secondaire. -
La conclusion qui se dégage de ces données est, que le système
nerveux périphérique joue un rôle très important dans la genèse
d'un certain nombre de psv, choses. G. D.
XVI. Sur l'âge d'apparition et sur l'influence de l'héré-
dité dans la pathogénie de la démence primitive ou pré-
coce ; par LE\' ! Bianchini. (7c..s'p. dipen. V. XXIX, l'asc. Ill.)
La démence primitive est aussi bien une maladie de la puberté
et de la jeunesse que de la virilité. En effet,,prise en elle-même
et sans tenir compte des tonnes, elle apparaît dans 53 % des cas
Archives, 2' série, 1903, l. XIX. 20
30G REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
avant 25 ans; dans 47 % après ; c'est-à-dire qu'il y a autanL de
cas qui apparaissent dans la jeunesse qu'à l'Age de virilité. Mais
dans le premier cas elle revêt la forme hébéphrénique presque
spécifique 64 % et la catatonique 79 % ; dans l'âge viril, c'est la
forme paranoide, 82,5 % .
Les formes hébéphrénique et catatonique apparaissent surtout
entre 15 et 25 ans (66 %, 6'1 %) ; la forme parano'ide de 25 à 35
ans (51 %), c'est-à-dire avec un retard de 10 ans sur les pre-
mières. - '
La démence primilive représente 28 % des malades de l'asile :
13,8 % hommes ; 14,2 % femmes..Le nombre absolu des déments
primitifs hommes est égal il peu près à celui des femmes (62, 63).
La démence primitive frappe pour ainsi dire en proportion égale
les sexes masculin et féminin 26 %-28.
Sur 100 démences primitives, 56 sont des formes hébéphréni-
ques, 8 catatoniques, 36 paranoides ; mais tandis que sur 100
hommes, il y a 48 hébéphréniques, 9 catatoniques, 43 paranoïdes;
sur 100 femmes il y a 61 hébéphréniques, 7 catatoniques, 29 para-
noides.
La forme hébéphrénique frappe surtout le sexe féminin 61 % ;
la forme paranoide le sexe masculin 43 % ; la catatonique, en
proportion presqu'égale les hommes et les femmes (9 % , 7 % ) ou
avec une légère prépondérance les hommes. ,i
La variété de démence primitive absolument prépondérante est
l'hébéphrénie (64 % , 48 %) ; puis vient la forme pal'ano'ule (13 % ,
29 %) puis, à une grande'distance, la catatonique (9 %, 7 %).
Les 59 °/o des démences primitives présentent une hérédité
ascendante, directe ou collatérale, grave ; le 52 % est constitué
par de l'hérédité complexepsychopalhique et neuropalhiquc.Dans
41 °/o il y a de l'hérédité psychopathitlue seule, dans 11 °/o héré-
dité neuropathique.
L'hérédité complexe syphilitique, tuberculeuse, apoplectique,
donne 1 i °/o.lty a encore beaucoup de cas dans lesquels on trouve e
réunies deux ou trois formes de l'hérédité morbide.
L'hérédité morbide générale et spécifique est égale pour le nom-
bre et la nature tant dans le sexe masculin que dans le féminin ;
tant dans les formes hébéphréniques que catatoniques : presqu'é-
gale par rapport aux deux sexes dans les formes paranoïdes, mais
inférieure de 15-20 ? il celle des 2 premières variétés.
La démence primitive s'établit dans la presque totalité des cas
(90,4 %) sur une intelligence normalement développée, celle pro-
portion restant égale tant dans les 2 sexes que dans ses variétés
hébéphrénique, catatonique etparanode. La variété catatonique
cependant, tout en n'échappant pas à cette règle, frappe de pré-
férence des intelligences pauv res et jamais une intelligence supé-
rieure. '
' REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 307
10 010 drs déments primitifs présentent avant la maladie une
intelligence moyenne ; 24 % une intelligence pauvre ; 6 °/o une
intelligence supérieure ; enfin ! 1,6 ? une intelligence alleinle
dont8 ? depin'énast))éuiea\érée.
La forme hébéphrénique de la démence primitive occupe dans
les deux sexes, dans toutes ces données statistiques absolues et
relatives d'apparition et de fréquence, la première place parmi
les variétés cliniques. Les variétés cliniques fondamentales de la
tlémenccltt'11711Livese réduisent peut-être il deux : l'hébéphrénique
et la paranoide..1. SÉGLAS.
X\'II. Contribution à l'étude des altérations de la voix
aux deux premières périodes de la paralysie générale;
par le Dr Marandon de Moni 1 YEL. (Jour. de Neural. l'JU3, n02J.)
Des recherches très nombreuses qu'il a faites sur 35 paralyli-
ques généraux du sexe masculin, l'auteur tire les conclusions
suivantes : ,
Dans un tiers seulement des cas, la voix a été trouvée cons-
tamment normale, aux deux premières périodes de la paralysie
'générale ; dans un autre tiers, api es une période plus ou moins
longue de normalité, elle s'est altérée et est restée anormale ; en-
fin dans le dernier tiers, elle apaisé par des alternatives plus ou
moins répétées de normalité el d'anornialité.
La tendance de la voix s'altérer n'a ni augmenté ni diminué
par les progrès du mal, mais les troubles vocaux ont eu une bien
moins grande fixité à la première période qu'à la seconde.
Chez le même parah tique, les troubles delà voix n'ont pas évo-
lué de la même manière aux deux périodes ; il y a eu au con-
traire une variété excessive d'évolution pour les deux phases. Ce
ne sont pas seulement les troubles vocaux en général qui sont
plus nxesalasecondepériode qu'à la première, mais aussi le de-
gré d'intensité de ces troubles.
Soit pour chaque période isolément, soit pour les deux prises
ensemble, l'évolution des divers degrés d'intensité des troubles
vocaux fut aussi variable el aussi capricieuse que l'évolution de
ces troubles eux-mêmes. G. Derny.
XVI II. Syndrome de Korsâkoffet paralysie générale; par
le D DlmOUB.\IX. (JOUI'IL. de Neurologie, 1903, no 22.)
On sail que quelques auteurs considèrent la paralysie générale
comme un facteur éliologique du syndrome de Korsakoff. A l'ap-
pui de cette opinion, l'auteur relate l'observation d'un homme de
35 ans, a hérédité très chargée, mais n'ayant jamais fait d'excès
alcooliques, qui fut atteint, à la suite d'unictusapoplectique, de
troubles démentiels il marche progressive. (Quelque temps après,
308 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
survint un triple ictus épileptique suivi d'impuissance, de perte
de la mémoire, de désorientation sans délire, ni compression
proprement dite. Les pupilles inégales réagissaient à la lumière;
la parole, d'abord simplement embarrassée, devint peu il peu pres-
que incompréhensible ; par contre, la motililé resta il peu près
indemne. -
Ce fait tend à démontrer : 1° l'existence du syndrome de Kor-
sakoll' en dehors de la confusion mentale de Chaslin, ce qui est
contesté par Crocq, Francotte et les auteurs français ; 2° les rap-
ports possibles (le ce s)ndl'omJ avec la démence paralytique,fait
avancé par.Loly, JIeS-er et llaecle ; 3° la nature plutôt démen-
tielle que confuse du dit syndrome. G. D.
XIX. Note sur l'aplatissement hypotonique du pied chez
les paralytiques généraux ; par FERE. (.you.o.7co ! tor. de la
Salpêtriére, n" 1, 1U04.)
La diminution de la tonicité musculaire qui accumllaânegéné-
ralement les maladies du système nerveux peut se mesurer au
moyen des empreintes plantaires, qui traduisent l'aplatissement
du pied clù principalementà l'hypolonicité du grand péronier la-
téral. Ce procédé accuse de Hypotonie musculaire chez un grand
- nombre de paralytiques généraux (31J % et 54 % dans deux séries
de malades).
XX. Un cas de démence précoce catatonique avec pseudo-
OEdème compliqué de purpura; par TLOEPSAT, (\'ot(e.7(.'ou)'.
de la Salpétriére, u°3, 1901.) /
XXI. L'anesthésie chez les aliénés ; par M. Sokolovv. (0<'oj
réoxié yxsichiatrii, VI, 1901.)
11 existe, aux termes de cette revue : l une hemianesthesie
relative, dans laquelle le malacle sent mieux d'un cûlé du corps
que de l'autre ; c'estun symptôme plus fréquent qu'on ne l'admet
généralement ; ? une aneslhésieuniversellequi, dans les états de
stupidité, est un phénomène imaginaire, en rapport a\ecl'impos-
sibilité où sont les malades de faire aucun mouvement pour expri-
mer les impressions perçues ; 3° une mobilité de l'anesthésie non
encore décrite, qui relève surtout de la mélancolie, de lastupeur
postmaniaque, de la démence. P. Keraval.
»I1. - Note sur les aliénés processifs ; parle Ut' Giraud.
(Journ. de Neurologie, 1904, n° 7.)
Celte note est consacrée il la relation de deux cas où l'auteur
est appelé comme expert à examiner des persécutés-persécuteurs
processifs dont les dénonciations avaieutallouti à l'arrestation de
plusieurs personnes.
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 309
\ \ I ll. - Les névroses dans le milieu scolaire. Réactions
réciproques entre élèves et maîtres au point de vue des
influences morales; par \I. Le Gendre. (Bull, ttzéd., 1904,
nu 39.) -
L'auteur insiste sur les phénomènes nerveux qui constituent 1
un véritable danger de contagion dans le milieu scolaire ; l'hys-
Lirie la neurasthénie, les tics nerveux du maître ou des élè-
ves ; il montre les inconvénients très sérieux qui se produisent
lorsque le maître est devenu le persécuté persécuteur de ses élè-
ves. C'est un article à méditer pour ceux qui ont le choix du
personnel enseignant et la direction des établissements scolaires.
L. WAHL.
XX ! V. Epilepsie procursive à forme anormale ; par Cour-
TELLEMONT et TOUCHARD. (Bull, méd., 1004, n° 25.)
Observation d'une fillette de 10 ans du service du professeur
Raymond a antécédents héréditaires très chargés, épileptique
depuis l'âge de 4 ans, qui depuis quelque temps présente par in-
(ralles un sautillement d'un inpe spécial qui dure de trente
secondes à deux minutes puis reprend ses occupations ne se
rappelant rien de ce qui vient de se passer : l'enfant ne peut rien
apprcl1<ll e l'école. Traitement bromure et thyroïdien. L. W.
XXV. Paralysie générale et hystérie ; par M..IOFFROY.
(Bail. merl., I ! )04, ]1- 1.)
11 s'agit de deux malades qui, après avoir présenté des pheuo-
mènes très nets d'hystérie, sonLdevenues paralytiques générales.
C'est en réalité une coïncidence rare. La première de ces mala-
des esl une syphilitique. Les phénomènes hystériques ont disparu
au cours de la paralysie générale ; d'ailleurs hystérie et démence
sont des termes contradictoires. L. \\'.
XXV) Confusion mentale ; par M. llattaisoort de Montyel.
(l3rrll, méd., 1904, nos 56 et j7.)
Très intéressante étude de celle affection, qui, après avoir, été
isolée par Georgetet Ferrus a été confondue par Baillarger avec
la mélancolie stupide dont elle n'a été distinguée que de nos
jours par Bail, Chaslin, Séglas cL Anglade. Il faut tout d'abord
distinguer les cas dans lesquels la confusion estle trouble mental
primitif de ceux dans lesquels c'est un simple phénomène dans
un tableau clinique plus ou moins complexe comme chez l'al-
coolique, le paralyliquogéuéral, l'épileptique, etc.
La confusion mentale est en somme une démence curable, une
310 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
psendo-demcnre qui pourrait mettre jusqu'à 12 ans pour se dissi-
per (Marandon de Montvel). Dans la forme Iv pique, qui et
d'aiIll'l11's (l'ès l'are el qu'a ([{'('l'i[e Eloc-Demaz¡-, il n'y si ni hal-
lucinations, ni illusions, ni conceptions délirantes ; c'est une
simple désorientation dans le temps et llans l'espace. On trouve
ce lype chl'z l'homme (LkielTe de 1301smont).
Parfois c'est la stupidité primitive, que l'on n'a que trop con-
fondue avec la lvpémanic slupide de Baillarger. Sauze a montré
avec raison que lesdeux formes existent. Dans le 1) pl' Chaslin, il y
a à la seconde période des idées délirantes, des hallucinations,
des illusions, c'est un véritable automatisme cérébral, un rêve.
Marandon de : \IollL)el insiste sur la couleur triste du délire de
lousles confus ; cependant dans la lypemanie vraie, le délire est
uniforme, cyclique ; dans la confusion on observe un type plus
dégénératif, moins systématisé, qui débute parla désorienlalion
dans le temps et dans l'espace ; un seul type, celui de GeOl'gcl,
semble être constamment primitif. L. Wahl.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE
XLI. Un symptôme rarement décrit dans la paralysie
faciale périphérique ; par 1 ! . Cassirer. (Cenll'lIlbllltt f'. 1`ur-
venlieilh, XXV, X. F. XIII, 1(10 : .)
Six observations prouvant ([lie de fortes excitations mÚca-
niques successives des muscles paralysés y déterminent des
contractions toniques survivant considérablement à l'excitation.
Ce phénomène serait, il des degrés divers, propre il la paralysie
faciale périphérique accompagnée de réaction dégénéralive par-
tielle ou complète. Il manquerait dans la plupart des cas de pa-
ralysies faciales très légères dépourvues d'altérations de l'excita-
hilité électrique ou ne présentant qu'une faible diminution
quantitative de celte excitabilité, ainsi que dans les vieilles para-
lysies faciales avec contracture des muscles paralysés. Une
observation montre, qu'absent dans la paralysie faciale toute
récente, il apparaît au bout de 10-14 jours de concert avec la
lenteur de la contraction musculaire au courant galvanique.
Ainsi que le souligne Ilitzig, il semble se développer pendant le
stade d'hyperexcilabilité galvanique directe. On aurait encore
bien des raisons de croire que sa précocité et son intensité in-
diquent une tendance à la formation de la contracture.
P. Keraval.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 311
XLII. - Un cas de maladie de Friedreich ; pa1' PJC I : r lioN.v-
MOUR. (Nouv. Iconogr. de la Salpétrière, n° , 10'I).
Tableau clinique complet de la maladie de F. avec les particula-
rités suivantes : pas de caractère familial, début à la suite d'une
fièvre infectieuse, arythmie el troubles de l'audition. Particulari-
tés de l'autopsie : . ramollissement très étendu de l'hémisphère
droit (circonvolution lenlhoro-occipilale el couche optique), lé-
sions multiples du bulbe. it. CHAPON.
XLIII. Myxoedème fruste, croissance tardive, diabète ; par
Apert. (A'0 ! tt\ Iconogr. de la Snl2n·triére, no 3, 1901).
Homme de GG ans. Croissance jusqu'à l'âge de 3n ans. 1)('vcloh-
hement incomhleL des organes génitaux, obésité, gros ventre,
face lunaire, 1'émininisllle, glycosurie. Ce dernier symptôme,
qui a pu être considéré, commelié à l'hyperthF°'¡die et. impossible
dans le myxoedème, est la particularité intéressante de cette oh-
servation. L'auteur l'explique par un processus de régénération
el (l'hyperlhl'Ophie compensatrice dont il trouve la manifestation
dans l'hypertrophie des glandes mammaires et, des parotides.
11. C.
XLIV. Un cas de cyphose d'origine articulaire ou mus-
culaire ; parDpissAUD etGRENET. (1\'occv. lconogr, de laSalpê-
tricre, na ? 1904). ' ,
Sujet rhumatisant, suspect de tuberculose, douleurs rachi-
diennes pendant trois ans, cyphose consécutive. Xi hérédité, ni
traumatisme. La suspension elle repos au lit diminuent notable-
ment la cyphose. Intégrité- des articulations des membres. Pas
d'ankylose. Ce l) pede grande cyphose se rapproche du rhumatisme
vertébral il forme pseudo-névralgique el paraît dépendre autant
d'une action musculaire que de lésions articulaires. 11. C.
\L\ ? Déformations rachidiennes ; par Forestier. (Nouv.
Iconogn. de la Salpètrièl'e, no '2, 1904).
Une observation de « sciatique avec cyphose très marquée et
scoliose homologue légère». Guérison et redressement complet. Il
s'agirait d'un trouble de sensibilité de nature hystérique, ayant
produit de la contracture à l'occasion d'une lésion des origines du
sciatique (névrite apopleclil'orme, hémalomyélie). Trois cas de
spond) lose rhumatismale ankvlosanle. R. C.
XLVL Contribution à l'étude des hémioedèmes chez les
hémiplégiques ; par Loeper etCRoUZON, (Nouv. Iconogr. de la
Salt·ti°i(·rc,n 3, 1901.)
L'oedème des hémiplégiques a été attribué à une localisation
spéciale des lésions nerveuses (noyau caude. capsule interne,
312 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
noyau lenticulaire. Parhon). Les ailleurs pensent que souvent
ces héniioedèmcs sont en réalité sous la dépendance d'insuffi-
sance cardiaque ou rénale,.et appuient leur opinion sur (rois
observations dans lesquelles l'oedème se monli ail associé soit il
l'alhuminUl'ie, soit il une as)'stolie, soit à une myocal'dile : 1'111-
miplégie intervenant seulement pour régler la localisation.
- n. C.
L'11.-Contribution à l'étude du trophoedème; pal' SAI ! \TO)l
et Voisin. (Nour. Iconogr.de la ,5'rrlpotnir·rc·, no 3, 1901.)
OEdème d'un membre inférieur débutant brusquement" chez
un garçon de 15 ans, avec douleur el rougeur, pris d'abord pour
de la Ivmphangile et s'inslallant ensuite sans amélioration sous
la forme el les caractères du Iroplui'dème. Pas d'hérédité sinon
chez le père une tendance aux troubles vaso-moleurs.
IL C.
XIVI11. Nouveau cas d'achondroplasie ; par DIDE el LEROR-
GNE. (Noue. Iconogr. de 10 SrdlJét,'i,;re, n , I ! 101.)
Nanisme avec atrophie squeletlique des membres supérieurs et
inférieurs et macrocéphalie.
XLIX. Un cas deneuro-flbromatose généralisée ;par nUD-
leur, (Nouv. Iconogr. de la Salpétrière, n" 3, 1\)0<\,)
Dil1'u : "ion, sur la surface cutanée, d'une grande quantité de pe-
tites tumeurs, plus abondantes sur le tronc, dont la dimension
varie du volume d'une lentille à celui d'une noix, taches pigmrn-
taires en plaqueset en semis, tremblement des mains, émolivilé.
Hérédité alcoolique. Fi. C.
L. Observation de paralysie arsenicale ; par ,1. KRON.
(Neurolog. Ceu trrr7Gl. XXI, 1902.)
Jeune fille de 21 ans, ayant absorbé en 20 heures plus du dou-
ble de ladosemaxima d'arsenic. L'intoxication ne fut guère indi-
quée que par des douleurs dans le bas-ventre. En revanche, en
une journée, phénomènes d'excitation sensorielle et tout le cor-
lège de la polynévrite rapide ; Pnrcsthésies, suivies de douleurs
et finalement de paralysies avec atrophie. Début paralytique pres-
que apopjectiforme, douleurs terribles ininterrompues, grande
sensibilité à la pression des nerfs et muscles, atteinte quasi si-
multanée des membres supérieurs et inférieurs, guérison totale
du tronc et des memhressuperieurs, tel fut le tableau d'ensemble.
Ajoutons des battements de coeur dès le début avec accès inter-
mittents d'angoisse précordiale et de lipothymie, pouls de 95 a
RE\Tr- : nE P.\' ! HOLOGm IOER\'ITsr. 313
10, sans signes objectifs ; de l'hyperidrosc po()ali(p)e avec sensa-
tion de froid dans les jambes ; la suppression delà menstruation;
des tremblements Iibrillaires des muscles de la cuisse il la phase
de la réparation ; l'impossibilité absolue d'uriner ; la constipation.
Diagnostic : all'ection du système nerveux léripltér iyuc peut-être
- compliquée d'une légère participation du s sLt'll1e nerveux cen-
tl'a1. La paralysie arsenicale a, comme toujours, été bénigne ; elle
a, contrairement il la paralysie saturnine, porté surtout sur les
extrémités inférieures, marchant de la périphérie au centre et
s'all1éliol'3.nl du centre à la périphérie. Traitement : massage,
exercices méthodiques dans les bains d'eaux-mères, galvanisation,
injections de strychnine. P. Keraval.
LI.- Contribution à l'étiologie età la thérapeutique de la
chorée rythmique ; par S. O. 1 \ROSCHF : WSKY, (0/'n.;)'f)'e
psichiatrii. VU. 1902.)
Observation de chorée n Mimique du membre supérieur droit
survenue chez une jeune lille' de 20 ans, à la suite d'une dé-
charge électrique accidentelle. Pas d'hérédité nérolaLltiyue·,
pas d'hystérie, pas d'autres accidents pathologiques. Les nerfs de
l'extrémité droite ont dû, la suite de cette décharge, subir quel-
que modification moléculaire ou matérielle qui, à son tour, exci-
tant (périodiquement) les nerfs périphériques, a provoqué les
con\ ubions l' Ibmiqnes, JI{>canisme pUl'cmpnl. 1)(\I'iphél'iqur,Gu¡"-
rison par l'élerlrisalion méthodique. P. Keraval.
t
Goutte et névroses; par P. J. Ivow.tLrt4sHV. (C·nlwlbl,
r .Yerl"'l1hl'ilh, XXVI. \. F. XII. 1901 xxv. \. F, XIII. 1902.)
La goulte, dialhèse constitutionnelle il épisodes intermittents
et disséminés, implique : prédisposition constitutionnelle hérédi-
taire, altération pathologique des parties'constituantes du sang,
tendance des produits pathologiques à se déposer en différentes
parties du corps. Le trouble de nutrition sous-jacl' ! Ü l'sI préci-
pite par l'ingestion de certains mets et boissons : alcools, gibier-,
hoeur, viandes fortement azotées, que l'économie semble ne pou-
voir oxyder suffisamment, et, dont l'excès n'est pas éliminé
comme il le faudrait. Causes déterminantes : surmenage phy-
sique, intellectuel, sexuel, insomnie, refroidissements. Souvent
chez les tout petits enfants, on trouve du sable dans leurs lan-
ges. La goutte proprement dite s'observe de Li il GO ans.
Go : f«ct ? en ? [nr< ? Convulsions, névralgies, epistaxis,
spasme de la glotte, dyspnée, battements de coeur, troubles, de
l'appétit; gastralgie, incontinence d'urine, douleurs articulaires,
éruption* cutanées, céphalalgies périodiques, vomissements inex-
314 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
plicahles, fiè\ l'e, eczéma, impétigo, urticaire, bronchite, corysa,
migraine, Cpilepsies, astlune (Gumhy). Goutte dolapubei té et de
r{{(l()le,ceJ1('e : url'lhl'iLC, hlcnnol'hée, hel'pl's l1l'éputial, calalThe
ductdvesical.orctnte.C)iezl'c[(<t</i<',dermatites, eczéma, dys-
pepsie, d)spnee,pruritanal,astkme,lié ! norrlt01dos,tu roncutose,
migraine, angine de poitrine, asthme, gastralgie, colique hépatique
el néphrétique, paresse de la cogitation, amnésie, vertiges, synco-
pes.
La système nerveux manifeste ,a sou11'rance par l'oppression, les
douleurs précordiales, les palpitations de coeur, les vertiges, tin-
touins, désordres mentaux variés, paresthésies, congestions et,
hemorrhagies cérébrales, la perversion sexuelle alternant avec
des accès de boulle (réré). L'auteur analyse la palhogénie et les
formes de 1'(l11goisseprécol'diaie et de l'angine de poitrine dans
leurs rapports avec la goutte : le trouble de la nutrition des élé-
ments nerveux par lésion des parois artérielles y esl représenté ;
l'association du traitement anti-goutteux au traitement anli-ttcc-
veux s'impose.
La migraine goutteuse, préparée par la diminution de la quan-
tité d'urine qui, de plus en plus acide, précipite un abondant dé-
pôt d'umle et d'uxalates, peut être atténuée par l'ingestion à
relie phase d'eaux alcalines en quantité. L'excès d'acide urique
dans le sang agit de préférence sur le locus mil10ris 1'esislelltia¡J
de l'individu. Voici par exemple une personne originellement pré-
disposée à la migraine autant qu'à la goutte. Prise d'un accès de
colère, elle subit par action réflexe de la congestion cérébrale
généralisée ; mais le choc agit à l'excès sur le bulbe moins résis-
tant, centre des t uso-moleurs. Il en part une impulsion qui, par
les ganglions sympathiques, gagne le système vasculaire de la
moitié correspondante de la tête : d'où la migraine. Quatre obser-
vations à l'appui. Il faut combattre la goutte chez les migraineux
simultanément goutteux.
L'épilepsie goutteuse comporte les mêmes réflexions. Migraine
et épilepsie sont des états morbides proches parents (observation
à l'appui), car toutes deux se peuvent montrer chez les membres
d'une même famille, chez la même personne, et se remplacer
l'une l'autre. Il esl des cas où leur genèse émane d'intoxications
et d'auto-intoxications en rapport aussi avec les produits du ra-
lentissement de la nutrition goutteux (llaig, Uossi, Krainsky,
1)imilropul, Caro). La prédisposition est cependant nécessaire
pour combiner la goutte l'épilepsie ; ence cas, il convient d'as-
socier les deux traitements. L'enfance est cause occasionnelle de
l'épilepsie. 11 existe aussi une épilepsie sénile en relation avec Par
terio-sclerose, qui a elle-même pour fadeurs : la goutte, las) pli'
lis, l'alcoolisme, etc., etc. l'. I\eR.\VAL.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 315
LII1.-Névrits multiple associée à. la ma.la.die de Basedow;
pir Th. Diluer. (Neurolog. Centralbl., XXI, 1902.)
Il s'agit d'une femme de 4G ans indemne d'alcoolisme, de
syhltilis, Ue toute affection infectieuse ou toxique, qui esl malade
juste pendant trois mois et demi, et présente les symptômes
combinés en question. Elle en meurt. Autopsie impossible. L'au-
leur, en raison de la rapidité de l'évolution, croit a l'action d'une
toxine sécrétée par la glande thyroïde. Ainsi serait démontré
que la maladie de Basedow émane d'un (rouble de sécrétion de
cette glande qui en outre peut occasionner une névrite multiple.
P. KERAVAL 1.
LIV. Lésion par arme à feu des nerfs optique et ocu-
lomoteurexterne; par S. Lr.vss. (Obo ? él11é ]1sirhialrii VU.
190 ? .)
Un mélancolique de 19 ans se tire un coup de revolver dans
la tempe droite. Quelques jours plus fard, la balle apparaît sous
la peau de la tempe gauche : on l'extrait. Quelques mois après,
on constate : déviation de l'oeil droit en dedans et un peu en haut :
le malade ne peut tourner l'oeil en dehors, et. les mouvements du
globe en bas sont. limites. Rien à gauche. Les milieux des deux
yeux sont transparents. Pupilles dilatées. Réactions 31a lumière
et. l'accommodation absentes dans l'oeil droit, conservées dans
l'oeil gauche. Cécité totale à droite, même à l'impression lumi-
neuse. L'ophtalmoscope reveieà droite : atrophie blanche du nerf
optique ; grande quanti lé de pigment peripapillairc,sauf aux an-
gles supero-externe et, inféro-externe ; à gauche une petite
quantité de pigment, noir, disposé de même que de l'autre côté
en petites mottes, en dedans de la papille normale. Olfaction
moindre par la narine droite que par la narine gauche.
v P. Keraval.
LV. Priapisme et grosse rate ; 25 jours d'érection con-
tinue sans rémission n'ayant cédé qu'à un débridement
des corps caverneux ; par MM. Haillot et Viardon (Bull,
méd., 1901, n°72.)
Très intéressante observation d'un homme de 33 ans, qui con-
sullale médecin [lourdes érections durant 2 ou 3 heures tous les
huit jours. L'examen méthodique découvrit une splénomégalie
considérable avec diminution du nombre des globules rouges et
augmentation des globules blancs. Enfin se présenta le singulier
étal morbide qui nécessita le débridement des corps caverneux.
Des cas analogues ont déjà élé cités par Parmenlier. L. W.
3l0 REVUE DE PATHOLOGIE -NERVEUSE.
LV1.La, syphilis héréditaire; leçon deM. le Prof. Gaucher,
(l3ull. zuécl, 191, n^ 3 î.) ,
Très intéressant résumé des notions aujourd'hui acquises su ri es
dangers de'la syphilis héréditaire, aussi bien dans sa forme pré-
coce que dans sa forme tardive (Fournier). L'éminent. clinicien
- insiste surtout sur la longue période pendant laquelle la Il'an-
mission est possible etqui peut allerjusqu'al4 ans (l3al'lhMl'my);
mais il rappelle avec Fournier que bien traitée la. maladie est
sans danger : d'où l'utilité du traitement du« père de famille » ;
el, à propos de la transmissibitité maternelle, il insiste sur la loi
de Pl'Oreta, L. Wakl.
1.1'll.- Lipomatose symétrique douloureuse et maladie de
Dercum; leçon de M. le Prof. 130UDET (de Lvon). [Bull, méd.,
H)04, n° 74.)
Observation d'une malade de 50 ans qui, à la suite d'une chute
faite il l'tige de 33 ans, avait gardé le lit pendant trois mois puis
avait eu une lésion annexielle cinq ans plus lard. Quelque temps
après, elle ressentit des douleurs la face interne des genoux, puis
des tuméfactions symétriques apparurent en ces endroits ; d'au-
tres se montrèrent d'abord aux membres inférieul's puis aux mem-
bres supérieurs. Après la ménopause, la marche de l'affection de-
vint plus rapide. Au niveau des tuméfactions existaient des dou-
leurs, des fourmillements paroxystiques avec sensation de décol-
collemenL cle la peau irradiés le Ions du trajet des nerfs. Enfin,
des épistaxis répétées, de l'asthénie lH'UI'O-l11llbculail'e el des
troubles psychiques il forme dépressive allant jusqu'à une tenla-
tatie de suicide. Le professeur Coudet arrive par exclusion au
diagnostic de maladie de Dercum mais d'une forme exception-
nelle ; la face est atteinte (pointe du nez, région sous-maxillaire).
On en ignore l'anatomie pathologique mais il est possible qu'elle
soit due à une lésion des sécrétions internes de l'ovaire ou de la
thyroïde. L. W.
L\'lll.- Deux cas de méningite lymphocytique dans les
oreillons ; par MM. Chauffard Ct Cotctv. (l3ull, ztaétl., 190,
n" 24.) ,
La méningite ourlienne est rare (Laver-an); mais depuis qu'elle
est pratiquée, la ponction lomhairea montré qu'il existe fréquem-
ment dans cette infection une lymphocytose très abondante. Mais
ici il s'agit de phénomènes très nets observés sur deux malades
et d'ailleurs terminés par guérison.' L. W,
LI1. - Crises de convulsions après l'opération du phi-
mosis ; pal' IlEGNAULT. (Bull, 1111hl" 1901, n° 27.)
L'auteur cite des cas où dans les 24 heures qui suivent immé-
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 317
diatement l'opération du phimosis, il Y a des convulsions épilep-
tiformcsquil attribue à une irritation de certaines branches du
nerf honteux interne. Malheureusement, ses observations ne
nous renseignent nullement sur l'étal préalable du sujet au point
de vue nerveux ni sur ses antécédents héréditaires. Elles ne nous
indiquent pas non plus si ces accidents ont été le point de départ
d'une épilepsie durable, comme dans les expériences de 131'0\\ n-
Sequardsur la section du sciatique chez léchai., L. W.
LX. Arthralgie hystérique ; guérison par auto-sugges-
tion ; par C.1ZIOT. (Bull. nxécl., 1904, n° 6.)
Jeune soldat de'20 ans présentant divers stigmates hystériques
et en particulier de l'anesthésie « en molletière », douleur du
genou droit diagnostiquée rhumatisme apyrétique et traitée sans
résultat par le salicylate de soude. L'auteur constate que la loca-
lisation n'est pas exactement celle du rhumatisme ; mais que la
douleur est très superficielle et s'accompagne d'une vive appre-'
hension lorsqu'on fait mine de toucher à la région. Le malade
guérit très vite par les pointes de feu, la suggestion à l'étal de
veille : la peur d'une hoiterie définitive le pousse à se servir de
son membre. L. \V.
LX1. - Zona et affections banales de l'appareil digestif
par HOUYER. (Bull, nxécl., 1901, no 47.)
L'auteur a constaté cinq cas de zona chez des militaires de
bonne santé habituelle atteints d'angine simple, d'indigestion, de
diarrhée. Une série analogue a été publiée par Dopter en 1901. Le
zona relèverait donc d'une infection banale. ' L. W.
LX11. Récents travaux sur l'alcoolisme; par HOPPE. IC< ! ¡t-
trcelbl. r Nervenheilhunde, XXV. X, F. XIH, 190; XXVI. X. F.
XIV, 1903.) .
Longue revue à lire en entier : numéros de nw. 1\10, l'év. el
mars 1903. P. Keraval.
LXI11. Le premier symptôme et l'importance des réflexes
achilléens dans le tabès; par S. Goluflam. (Neurolog. Cen-
tralbl. XXI. 190 ? )
Ce premier symptôme, ce sunLouwenLlc(Jouleurs,clui peuvent
exister seules plus de dix ans avant que les signes objectifs lini-
mobihte réflexe des pupilles, absence du réflexe du tendon d'A-
chille d'un cote, troubles de la sensibilité cutanée) (assurent le
diagnostic : observation à l'appui. Ces douleurs sont non seule-
ment les premiers, mais aussi les plus constants symptômes du
318 REVUE LE PATHOLOGIE NERVEUSE.
tabes, Jlalltcurcu·ement,clles son Lasaez souvent défigurées : aspect
rhumatoïde, scialique, elc. Lancinantes, en éclairs, sous formes
d'accès, s'exacerbant en un point circonscrit, pour changer de
place à l'accès suivant, préférant maintes régions, elles s'accom-
pagnent parfois de fièvre. Ces douleurs-types-là indiquent la sclé-
rose des cordons postérieurs et tiennent à la dégénérescence des
racines postérieures qui, pour bien des auteurs, est le point de
départ de la maladie (Leyden) ; leur mécanisme réside, soit dans
l'hyperémie, soit dans l'épaississement pie-mérien au lieu de pé-
nétration de» racines postérieures. (Obersteiner et litalliclt). Elles
alternent avec les crises gastriques et souvent troublent la nutri-
tion du patient.
Comme le dit Habinski, le réflexe du tendon cl'.I cleille a une
plus grande importance que le réflexe patellairp, car il est plus
souvent altéré que ce dernier, et d'ordinaire avant lui. Ses trou-
Ides peuvent faire diagnostiquer le Lahesâ un stade précoce, avant
même l'apparition du signe de \1'usLphal. Le réflexe achilléen a
la même valeur physiologique que le réflexe patellaire.
P. KERAYAL.
LXI\ ? Contribution casuistique a. l'épilepsie syphilitique;
par r1. Feinberg. (lTeeerol.CelxtralLl : , XXI, 1902.)
Deux observations minutieusement analysées, dans lesquelles
l'accès ne se distingue en rien de l'épilepsie fonctionnelle, soif
tlue le aamlrmne ait lieu sans aucun trouble cérébral, soif (pic
des troubles cérébraux précèdent ou suivent l'atta(me. Deux
autres observations d'épilepsie jacksonienne syphilitique, égale-
ment discutées avec le plus grand soin. La question de l'ori-
gine traumatique de l'épilepsie chez un syphilitique ne laisse pas
d'être embarrassante au point de vue du diagnostic. Observa-
tion à l'appui avec autopsie.
La dernière observation a trait au diagnostic différentiel de l'é-
pilepsie alcoolique et de l'épilepsie syphilitique. Il s'agit d'un
homme de 45 ans affecté des deux intoxications ; l'instabilité des
symptômes, la multiplicité des foyers, le résultai du traitement
spécifique, décidèrent de la question, en lace des sligmales orga-
niques de l'alcoolisme. (fêtait une méningite gommeuse de la
hase. Quanta la pathogénie des accidents convulsifs, elle n'a pu
être tranchée, l'intoxication alcoolique ayant introduit des élé-
ments étrangers dans le tableau clinique de la syphilis cérébrale.
P. Keraval.
LXV. De l'angoisse dans l'hystérie et la neurasthénie ;
par A. 1)IEHL. (Neurolog. Centralbl, XXI. 1902.)
Dans la neurasthénie, l'angoisse seule torture le patient; chez
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 310
l'historique il s'y joint le sentiment delà crainte. Deux ohserva-
valionsavec longues considérations à l'appui. Les deux affections
sont le Hieàtre de l'angoisse qui s'installe avec une idée détermi-
née dont elle est, originaire, qu'elle a pour compagne, ou qu'elle
invente peut-être seulement pour se juslifier. Mais il n'y a que
dans l'hystérie qu'on observe une angoisse à l'état de crainte
sans objet, de pressentiment obscur, anxieux, qui ne laisse au-
cune trace de sa teneur, mais simplement le souvenir d'une ter-
reureminemment anéantissante. P. Kerwal.
LXVI. Hémorrhagie traumatique à la base du crâne ; par
S. LIASS. (OLom'éxie psicleiatoü. \'ll. 1902.)
Un paysan de 41 ans, jusquc-lit bien portant, tombe sur la glace
et demeure privé de connaissance pendant 9 jours. D'abord hé-
morrhagie par le nez, parla bouche, les oreilles. Puis diabète in-
sipide, paralysie du trijumeau, de t'oculomoteur externe, parésie
de l'oculumoteu ! 'commun, de l'auditif, du glossopharyngien,
atrophie de celles des libres du nerf optique gauche qui partent du
nerf optique droit. Il esl supposable que la lésion a eu lieu à
l'entrecroisement même, car, si tout le nerf optique droit était
altéré, nous aurions une hémianopsie unilatérale gauche des
deux yeux, ce qui n'est pas. L'auteur conclut aune hémorrhagie
de la fosse moyenne du crâne. l'. 11E12.4vAL.
LXVI1. De la différence de pronostic entre les paralysies
des plexus et celles des tronc des nerfs du membre su-
périeur ; parL. Bruns. Neurolog. CerttralLl. XXI, 1902.)
Sur 8.500 cas d'affections nerveuses, 95 présentaient de la pa-
ralysie des nerfs périphériques individuels, 38, de la paralysie par
le plexus. Pour des causes diverses, l'auteur ne relient que 47 pa-
ralysies des nerfs périphériques, et 23 paralysies par le plexus
brachial d'origine traumatique, à l'exclusion des solutions (lecon-
linuilé directes. Du premier groupe, 31 ont iruéri, 16 sont restées
incurables, soit 60 % de guérisons, 34 % d'incurabilité. Pronos-
tic extraordinairement favorable des paralysies du radial non
seulement par compression, mais aussi par fracture el cal épais.
Sur les 23 paralysies du plexus brachial, G guérisons, 17 incura-
ltilités, suit : 2(i ? tle gttirisons, Î1 V'iucural>iliLé. Ce clui faiL
que les paralysies traumatiques des troncs nerveux périphériques
ont deux fois et demie plus de chances de guérir que celles des ple-
xus nerveux. Pourquoi ' ? Après avoir examiné avec soin les di-
vers motifs plausibles, et notamment la lésion des racines ner-
veuses de la moelle plus voisines des plexus, l'auteur est obligé
de rejeter toute explication. 11 faut,conclut-il, se borner à consta-
ter que les paralysies des plexus tiennent, quant aux chances de
320 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
leur guérison, le milieu entre celles, très favorables, par lésion
des nerfs périphériques, et les paralysies d'un pronostic très de-
favorable, dues il une affection delà moelle : à l'avenir de déci-
der pourquoi. 1. 11BRA\'.1L.
LXVlll. De la méningite cérébrale ; par .\, .'1. Lievvkovvskv.
co&o ? c;)t0.s't'c/t;ct ? vi, 1901.)
Trois observations avec ligures.
Dans la première, il s'agit d'un homme .déjà avancé en âge, qui
se plaint d'abord de faiblesse générale, de dyspnée, de sueurs nnc-
turnes ; rien ne saurait faire soupçonner une méningite. Trois mois
plus lard, le malade revient en présentant le tableau complet de
celle dernière. La syphilis esl niée, il n'en existe nul signe, et
cependant.Ia.guerisonb'en'ectue complètement ou peu s'en faut,
par des injections de llg et l'iodurede potassium. L'âge avancé du
malade et son piètre état de nutrition faisaient craindre une issue
fatale.
L'observa lion Il concerne une méningite de la hase all'edanl t
exclusivement les nerfs optiques, grelfée sur la syphilis. lil et
petites doses de préparations mercurielles l'intérieur : résultats
thérapeutiques satisfaisants.
Uss. 111. Jeune femme présentant les signes prodromiques
de l'excitation des méninges par des tubercules dans la région
motrice du cerveau. L'évolution montre que c'est une hystérique
guérison complète. Méningisme.
Ces observations sont finement analysées el discuLéea d'après
les sources bibliographiques. P. Keraval.
LX1X.La. maladie de Parkinson ; parle P'' IiAY\f0\D. ( -olsc,
Icoviogr. de la Salpétrière, n" 1, 1 ! IUU
Leçon avec présentation de malades. Résumé el mise au point
du sujet.
LXX. Méningite hémorrhagique subaiguë avec hydro-
céphalie chez les nouveau-nés; par Markan, Aviragnet et
Ul : xox. (lulletin niéclical, 10'r, a .)
Celle affection, qui n'a pas encore été signalée, a élé vue deux x
fois par les auteurs. Elle débuterait dans la première enfance par
delà diarrhée (obs. I) ou de la lièvre : l'étal général s'altère très
vile et on constate de l'hyperlonie musculaire qui peu peu se
transforme en altitude tétanifol'Ille persistante. Troubles digestifs
1res accentués, alternatives de diarrhée el de constipation,
vomissements, appétit irrégulier. On constate bientôt après de
l'hydrocéphalie et des phénomènes pupillaires ; les pupilles sont
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 321
modérément dilatées et égales avec perte de la réaction à la
lumière. La ponction lombaire et mieux encore la ponction \en-
Lriculaire, toujours possible à cet tige, amènent une sédalion pas-
sagère : le liquide céphalo-rachidien, siège d'une polwucléose
intense, est plus hémorrhagique que le liquide ventriculaire : ce
qui montre qu'on est en présence d'un processus eWra-ventri-
culaire. Les deux cas se sont terminés par la mort : ils ne sem-
])lent relever ni de la syphilis ni de la tuberculose. L. WAHL.
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE
\111.- La chloruration de l'organisme et les névroses ; par
M. CLAUDE (Bull, méd., 190), na 31.)
La cure de déchloruralion a guéri une jeune femme d'une psy-
chasthénie avec aboulie, idées de doute, manie du serment,
scrupules religieux que rien n'avait pu améliorer; deux autres
malades d'asthme vrai ont bénéficié du même traitement.
L, W,
\1\ ? Sur le traitement du tétanos par les injections in-
tra-rachidiennes de sérum antitétanique ; par M. HOLLIN.
(Bull, méd., 1904, no 39.)
Le sérum anlilélaniqueinjectésous la peau eldansles veinesea
préventif, mais n'est pas curai if (Roux et Vaillard). On fut alors
amené il faire des injections inlra-cérébrales qui réussirent chez
lesallill1au,\, mais échouèrent UI' l'homll1e (Yallas) dcnlin on ex-
périmenta la méthode des injectiunsin[I'a-l'achidiennes qui sur20
cas donna 15 guérisons et 5 insuccès. Le 1er cas de guérison est
dû à v. Leyden (1901). Il faut commencer par retirer 10 à 50 cent,
cubes de liquide cephalo-racuidien, puis on injecte très lente
ment ? ) centim. cubes de sérum antitétanique, puis ensuite des du-
ses croissantes. 11 y a souvent un peu de l II1pllOCytosc au mo-
ment de la deuxième piqûre.
XV. Ergothérapie et psychothérapie ; par 131A¡';CHINl,
(Nouv. 7eo)tor. de la Sal2êtriL·re, N° 2. 1904).
Théorie psychologique sur le traitement des aliénés par les mé-
Diodes du travail, et considérai ions statistiques sur le mouve-
ment des aliénés à l'asile de Girifalco (Calahre), tendantèt démon-
trer que le travail est une méthode de traitement, la plus efficace
de toutes, puisque dans rétablissement d'ttalie où elle est plus
Archives, 2' série, 1905, I. XIX. 21
322 revue de thérapeutique.
largement appliquée (47 % de travailleurs), on noie fi6% % de sor-
ties, et seulement 23 0/0 de récidives et 3-,0 '0 de décès, lH'OPOI ?
Lions beaucoup plus favorables que celles qui sont notées dans les
autres asiles. A souligner celle appréciation aussi juste et proba-
blement aussi platonique en Italie qu'en France, que les en tasse-
ments de milliers de malades rendent tout traitement impossible ? et que la population d'un asile devrait être de 300 à 500 malades
au maximum ; que l'ergothérapie constitue la base la plus natu-
relle el la plus simple de l'application du no-restraint. et de
l'open-door. ' R. C.
XVI. Observation d'empoisonnement parle véronal ; par
P. T. IIALD. (Ctt)Y; ? &f.t-)'0<;M/K ? mt, XXV11, \1 ? XV.
1904, juin.)
Il s'agit d'une femmede 30 ans qui, pour se tuer, a absorbé neuf
grammes de véronal d'un seul coup. Plongée dans unprolondcoma
elle présente du râle laryngé ; de la flexion de la tète en arrière ;
des convulsions t,e),anoïdes générales; une éruption pemphigoide.
Celte situation dure quatre jours. Le cinquième jour, la malade est
en voie de guérison. Traitement : lavage tardif de l'estomac, ali-
mentation rectale. P. Keraval.
'(
XVII. De l'intervention chirurgicale dans l'épilepsie
choréique ; par W. M. 11ECHTERE\\'. (0{'t)j)'on'( ? psiclciatnü,
YI, 1901.)
Ils'agit d'un malade atteint dès l'enfance de convulsions exces- ? Ï\ell1ent rr¡"qUl'ntes en divers endroits du corps, qui graduelle-
ment avaient dégénéré en attaques (l'épilepsie si intenses que le
sujet ne pouvait plus se tiansporler d'un lieu à un autre : ces
attaques suspendaient les mouvements choréiques ou les affaiblis-
saient. .
On lui ouvre le cerveau il droite dans la région de Ilulando et
l'on constate, à l'appareil du Iui-·-ltcytoml, l'hylterccitabiliL de
l'écorce au niveau de la pal'lie postérieure de la deuxième fron-
tale, et du tiers inférieur de la frontale ascendante. L'excitation
de ces centres moteurs détermine les mouvements variés qui
d'ordinaire précèdent chez lepatient te développement de l'atta-
que d'épilepsie ; en cessant l'excitation, on fait cesser les mouve-
ments c)ioreit'0 ! 'mes. En conséquence, on résèque de petits mor-
ceaux de substance grise en (rois points de cette région de la fron-
tale ascendante. Les résultats sont si satisfaisants que 6 semaines
après on s'adresse à l'hémisphère gauche. L'examen au courant
faradique démontre l'obligation d'entêter a la curette, tant sur la
frontale que sur la pariétale ascendante, trois petits morceaux
prélevés sur le centre de la main, et à un centimètre au-dessus, a
un centimètre au-dessous de ce centre.
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 323
L'alfection désormais disparaît, seulement une complication
accidentelle de la plaie tue le malade.
En tout cas l'excitation de la région motrice du cerveau a cha-
que ibis exagéré les mouvements du malade, tandis que l'ablation
de petits morceaux de l'écorce a presque absolument fait disparaî-
tre les convulsions choréiques, ce qui [trouve que les mouvements
conv ulsifs permanents interparox)'stiques de l'épilepsie choréique
sont, comme les altaques mêmes, d'origine corticale. Quant àl'ef-
Jicacité (le la chirurgie sur les elioi-éiques de celle
espèce, elle est démontrée : il y aura lieu d'intervenir aussi dans
les cas de chorée chronique progressive qui constituent une infir-
mité incurable. P. KERAVAL.
XVIII. Contribution au traitement diététique de l'épilep-
sie ; par Il. SCHNITZE ? ? . (.VCLt)'01. Centralbl., XXI, 1902.)
Application à 16 épileptiques hospitalisés, pour la plupart de-
puis de longues années, du traitement de Toulouse-Richet,modi-
ne par l3alint (JJel'liner. lili1'. \1 ôcl`enscler. 28 1901.) Les attaques
disparaissent totalement chez deux d'entre eux ; le nombre en
diminue très notablement chez 10, très peu chez 2; en deux cas
seulement le traitement demeure inactif.Dans la plupart des cas,
l'intensité des attaques est ultérieurement de beaucoup affaiblie.
P. KERAVAL.
XIX. Le traitement des hystériques à l'hôpital ; par
1).rERtHr·.. (l3ull. Iuéti., 1904, il» 15.)
En réponse à un article dans lequel lI. GilI)(,I,t l3allel montre il
nouveau l'inutilité presque absolue du traitement nosucomial
des hystériques, le prof. Dl'je1'Îne rappelle sa méthode d'isole-
ment et de psychothérapie à l'étal de veille qui lui a donné
d'excellents résultats et qui est maintenant employée à l'étran-
ger. L. \V.
\. -Un cas de contracture tétanique d'origine alcoolique
suivi de guérison par la morphine : par 1)EL .HAYE. (Bull,
méd., 190, no 38.)
Cas intéressant surtout en raison de la difficulté du diagnostic
dos phénomènes tetanifurmes que présenta le malade et qui
s'accompagnèrent de délire. Après un échec complet du sérum
antitétanique, l'auteur eut recours aux injections de morphine,
aux grands bains et il l'alimentation forcée. Guérison. L. \1'.
XXI. Guérison d'une mastodynie bilatérale par la
franklinisation ; par S. M. Schatzky. (0&o'<')t ! fM ? un<rf/,
VI, 1901.)
11 s'agit d'une femme de 32 ans qui d'abord éprouve des dou-
324 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.
leurs qui lui piquent le mamelon gauche, durent une demi-heure,
une heure, disparaissent et reviennent périodiquement plusieurs
fois par jour. Quelques jours plus tard, le mamelon droit est aussi
atteint. Au bout d'une semaine, les douleurs s'étendent à tout le
sein, puis, à la face antérieure de la cage thoracique, irradient t
dans les épaules et les omoplates. La malade éprouve alors conti-
nuellement une sensation'de compression qui, par moments,
"s'exaspère en picotements dans l'épaisseur du sein. Ces cruelles
exaspérations primitivement provoquées par les mouvements, se
montrent ensuite sous l'influence du contact des vêtements, et
finalement sans cause apparente.
Complexion délicate, système nerveux finement développé, pas
de tares héréditaires ou acquises. Aspect pitoyable en rapport avec
les souffrances et l'appréhension. Aucun traitement n'a réussi.
La malade est placée sur un tabouret isolant et mise en com-
munication avec le pôle négatif d'une machine de Wimshurst
dont les plateaux mesurent 1 mètre de diamètre. L'autre pôle
est en communication avec la terre. L'arbre est à 10 ou 12 centime z
du milieu de la cage thoracique nue. Chaque séance dure 20 mi-
nutes. Les 4 premières séances ont lieu successivement chaque
jour : les autres, à un jour d'intervalle.
Dès les trois à quatre premières séances l'amélioration est accu-
sée : les exaspérations ne se montrent que rarement. Le sommeil
est meilleur, les mouvements sont plus libres. La santé générale
se, rétablit progressivement. Guérison au bout de onze jours du
séances. P. KERAVAL.
XXII. Action thérapeutique du radium. (Académie de<;3-
cine, séance du 26 juillet 1904.)
)01. RAYMOND et ZuMMERN rapportent quelques faits relatifs à
l'action thérapeutique du radium. Dans les affections purement
fonctionnelles, les auteurs n'ont obtenu de bon résultats que dans un
seul cas d'hystoro traumatisme avec hémianesthésie totale : mais
le malade n'a pu être suivi ; on ignore si la guérison$'est main-
tenue. Les résultats n'ont pas été plus heureux dans un cas de pa-
ralysie faciale grave avec 1) Il, dans un cas de sclérose en plaques
avec paraplégie et dans un cas de névralgie faciale grave ; dans
le tabès les résultats ont été des plus heureux, lesaulcursont pris
les précautions nécessaires pour éviter les causes d'erreur et en
darliculier la suggestion inconsciente L. WAHL.
XXIll. A propos de l'alimentation forcée chez les aliénés
par la voie buccale. Mandrin pour faciliter l'intro-
duction de la sonde oesophagienne; par M, SERRIGNY. (Joccrn.
de Neurologie, 1904, no 8,)
Le mandrin que l'auteur conseille d'adapter aux sondes de
REVUE DE \fÉDT : CI\ LI ? G4L1 ? . 325
caoutchouc rouges employées pour l'alimentaliun forcée par la
voie huceaJe l'l un fil d'acier d'un millimètre environ enroulé
surlui-meme de façon que les tours de spire se touchent. La ri-
gidité de ce mandrin peut être augmentée à. volonté en plaçant au
centre des tours de spire une tige d'acier d'un millimètre de dia-
mètre environ. G. D.
\\1 ? - Valeur thérapeutique de la ponction lombaire ;
par B\DUEL. (Uel'isla aitica di clÏ111cn naeclica, t904, n° 16.)
C'est dans le méningisme, les méningites séreuse et épidémique,
l'hydrocéphalie secondaire, que la ponction lombaire a un effet
thérapeutique utile en amenant la résorption de l'exsudaI par un
mécanisme analogue à celui qui amène le même résultai après
la thoracentese (Mya). D'une façon générale, les succès s'obtien-
nt'nl 'mrtout cht'7- l'enfant. Dans l'hydrocéphalie chronique con-
génitale ou acquise ; l'insuccès esl la règle. Dans les tumeurs cé-
réllraleson doit procéder avec prudence, car la poneclion lombaire
peut occasionner la mort. Cependant dans bien des cas, c'est un
palliatif de quelque valeur. Dans la méningite tuberculeuse, les
résultais ne sont que transitoires, très rarement il y a guérison.
Sans effel thérapeutique sur les maladies du système nerveux à
évolution chronique (tabès, paralysie générale), la ponction lom-
baire amène quelquefois l'atténuation de certains symptômes :
crises gastriques tabétiques (Debove) céphalées de la méningite
syphilitique secondaire. Dans l'épilepsie, celle méthode ne donne
aucun résultat. Quelques résultats heureux semblent indiquer
l'emploi de celle thérapeutique dans le tétanos avec injection de
sérum spécifique. Les céphalées graves de la chlorose el de
l'urémie semblent être quelquefois justiciables de ce traitement
de même que certaines otites moyennes.
REVUE DE MEDECINE LEGALE
I. Définition médico-légale de l'aliéné ; par Dupré.
(Bull, rnéd., 1904, no 13.)
L'aliéné est un sujet qui, sous une influence morbide, commet
des actes étranges non motivés pour ceux qui les observent, dan-
gereux pour lui-même et pour les autres el, de ce fait, est justicia-
ble de mesures de protection que lui assurent les lois, soit vis-u-
32G REVUE DE MÉDECINE LÉGALE.
vis de lui-même, soit vis-à-vis de la Société. Je renvoie à l'article
de mon savant Maître pour l'exposé complet de la classification
qu'il propose des divers groupes d'aliénés : je ne fais qu'en indi-
quer ici les principes : 1 ? classe : agénésies, encephalopathies
congénitales ou précoces (idiotie, imbécillité, débilité mentale) ;
2° démences encéphaliques, acquises : a) d'origine infectieuse,
toxiques, pyrexies, alcool, oxyde de carbone, sulfure de carbone,
plomb, etc.. et- même aulo-intoxicalion; h) d'origine organique
(méningo-encéphalites diffuses ou en loyer) ; c) dues aux psycho-
névroses (épilepsie, chorée) ; d)dues aux psychoses degeneratives,
périodiques, systématisées ; 3° des déséquilibrés, délires degene-
ratirs permanents ou non ; a) accès maniaques ou mélancoliques
des prédisposés ; b) syndromes épisodiques des dégénérés, impul-
sions, phobies ; c) folies du caractère, manie raisonnante, folie
morale, misère psychologique, vicieux, buveurs, vagabonds ;
enfin 4° les délires a) aigus, syndromes maniaques et hallucina-
toires dus aux névroses, épilepsie, hystérie ou aux intoxications
(alcool, lièvre) ; b) délires subaigus, confusion, onirisme, délires
d'hôpital (infection, intoxication, affections viscérales : c) délires
chroniques, psychoses systématisées primitives ou secondaires. Il
faut distinguer, au point de vue pratique l'isolement, mesure thé-
rapeutique, de l'internement, mesure medico administrative. La
psychiatrie médico-légale éludie l'internement tant au point de
vue administratif : formalités d'entrée, de sortie, de séjour des
malades à l'asile qu'au point de vue judiciaire delà responsabilité
pénale. Elle étudie aussi les questions qui se rattachent it la
capacité civile, l'interdiction et les conseils judiciaires et celles
qui sont relatives aux donations et testaments. L. W.
Il, - La séquestration des criminels aliénés ; par G. Aschaf-
FENBURG, (Centralblatt (iir NaveJ1heilh., XXV, N. F., XIII,
190 ? .)
Cette question touche au conflit des intérêts les plus divers et
les plus opposés, ceux de la pénalité, de la sécurité publique,
des asiles d'aliénés, des malades eux-mêmes. Elle est aujour-
d'hui aussi connue qu'insoluble.
1. Dans son rapport, la commission nommée aux fins
d'examen des mesures à prendre pour assurer l'assistance des
aliénés du duché de Gade, a décidé de construire un nouvel asile
près d'Hoidelberg et un pavillon annexe pour 20 à 25 hommes de
celle catégorie. Urle voisinage d'fïeidelberg est en l'espèce tout à
fait contre-indique. Le petit nombre de malades de ce genre serait 1
au contraire favorable à leur dissémination dans les six asiles
d'aliénés ordinaires du duché. Mais les intérêts de l'enseignement
feraient désirer l'annexion d'un pavillon spécial à la prison cor-
rectionnelle de Fribourg. Puis donc qu'il existe un plan relatif à
REVUE DE MÉDECINE LÉGALE 327
la construction du nouvel asile dans la région (l'Ilei(leIlH'I1;, pré-
cisément à cause des besoins de renseignement, le plus opportun
serait, s'il doit être établi une division d'aliénés criminels, de la
construire dans le voisinage d'Ileiclelherg. Ainsi le profit qu'en
pourrait retirer l'enseignement compenserait-il l'augmentation
de la dépense et lesdiflicullés mises en relief. '
11. -- Ce qu'il y a encore de mieux pour le malade, c'est
l'assistance dans l'asile d'aliénés habituel. Mais ce n'est pas là le
mode d'internement le plus convenable pour la sécurité publi-
que. 11 est impossible dans un asile de le soumettre à un régime
spécial. Et la question des évasions est, de même que celle des
sorties, pleine d'écueils. Il est vrai que, sur 281 aliénés criminels
traités à la clinique d'Ileidelberg, dont 45 anciens détenus eL33
vagabonds ayant subi au moins 9 condamnations, au plus 108
(moyenne 3' ? ), un seul s'est montré réfractaire à la règle : tous les
autres ont été inotlensifs et, qui plus est, ont travaillé avec la
plus parfaite assiduité, sans trahir la confiance que l'on a eue en
eux.
Malgré cela, la question de la sécurité publique s'impose. La
question de la sortie n'est pas moins inquiétante, parce que, au
dehors, ce genre d'aliénés ne rencontre plus les conditions do
l'asile, tant s'en faut. De là les circulaires ministérielles à l'égard
do la procédure concernant les sorties des aliénés dangereuxdes
asiles publics d'aliénés, des 13 juin 1901, 1G décembre 1901, G
janvier 1902. Ces sorties envisagent au surplus généralement des
améliorations.
Il serait à souhaiter que l'aliénisle, dans son rapport, explique
les raisons en faveur de la sortie*, et détaille également les me-
sures qu'il propose tant dans l'intérêt du malade que des devoirs
(le la justice criminelle. Les ordonnances minislél'ielles precrivCl1t
formellement l'intervention et de l'administration et du parquet.
L'expérience montrera les résultats de ces prescriptions, et à
qui il faudra imputer la faute des difficultés, s'il en surgit. Celles-
ci pourront être évitées parle concours conciliant des représen-
tants de la justice et de la psychiatrie, s'ils s'efforcent de tenir
compte des manières do voir qu'impose à chacun d'eux sa mission
spéciale. P. Keraval.
11f. De l'examen psycho-expérimental des criminels ;
par \\'. DI. BrcttTEREw. (Oboz-réniè psichiatrii, VI, 1902.)
L'auteur préconise l'examen expérimental des réactions sen-
sibles, delà mémoire, de l'association des idées, des conceptions
morales, de la réflexion, de l'attention etc., en un moL des phé-
nomènes cle la vie moniale constitutifs de. la psychologie indi-
viduelle. On comparerait les éléments recueillis chez les criminels
avec les mêmes éléments recueillis chez les gens normaux et
328 correspondance.
honnêtes. Mais il ne faudrait pas croire que les idées morales
justes coïncident nécessairement avec une morale éprouvée, la
criminalité se pouvant grelfer sur des troubles de la sensibilité,
et de la volonté, et non sur des altérations du jugement moral
et de la sphère intellectuelle. L'examen en question devrait être ,
complété par l'examen détaillé- de l'état physique. C'est un plan
d'examen des criminels à élaborer. P. Keraval.
CORRESPONDANCE
Asile départemental du Doubs. ,
.Mon cher Collègue,
L'asile départemental du Doubs, dont je suis médecin en chef
depuis 1887, n'est pas, à proprement parler, un asile d'aliénés :
c'est surtout un asile de vieillards et d'infirmes des deux sexes,
avec infirmeries d'hommes et de femmes, et un important se ! -
vice annexe où sont reçus, il titre définitif ou plus ou moins dé-
finitif, les nerveux chroniques considérés comme incurables (épi-
lepti<lues,ltysléridues,ct hystéro-épileptiqucs, les hémiplégiques,
paraplégiques, ataxiques, etc., etc.), et, à titre temporaire, pour l'
y subir une période d'observation, les aliénés du département
du Douhs à interner d'office'à l'asile de Dole (Saint-Ylic, Jura).
Le temps de mise en observation des aliénés varie de 4 à 5 à
15, 20 et 30 jours. Au bout de ce tempsjo conclus, soit il l'envoi
de l'aliéné h l'asile de Dùle, soit, en cas d'amélioration (alcooli-
ques principalement) à sa libération et à son renvoi dans sa
famille, soit enfin, en cas de folie tranquille, ne réclamant plus
de traitement spécial (paralytiques généraux à la période démen-
tielle ou pré-démentielle, déments séniles, etc.), au maintien de
l'aliéné l'asile comme pensionnaire. Je reçois ainsi, annuelle-
ment, 115 à 130 aliénés, sur lesquels 80 % sont expédiés à Oûle,
12 à 15 % rendus à la vie commune et 5 à 8 % retenus comme
pensionnaires à l'asile.
, Le total des pensionnaires ou passagers à l'asile varie de 420 à
430 en été, à 480 à 500 en hiver. Dans ce chiffre, il faut comp-
ter les hospitalisés des services de maladies de la peau et de ma-
ladies vénériennes, dont est chargé le médecin-adjoint, et de la
Maternité (bâtiment séparé), avec son médecin et son médecin-
adjoint, ses élèves sages-femmes, olc. Je fais la chirurgie courante,
etj'envoicàl'hôpital Saint-Jacques de Besançon les cas réclamant
de grandes opérations (laparotomie, etc.).
correspondance. 329
Nous avons un interne, recruté au concours parmi les étudiants
de l'Ecole de médecine de Besançon, en même temps et au même
concours que les internes de l'hôpital Saint-Jacques. J'assiste au
concours comme médecin en chef, el les 5 internes admis se re-
layent de 3 en 3 mois a l'asile départemental et dans les diffe-
renls services de l'hôpital Saint- Jacques. ,
En somme : 1 médecin chef avec les infirmeries de vieillards, les
maladies nerveuses chroniques et les maladies mentales ; 1
médecin-adjoint avec les cutanés et vénériens des deux sexes et
une ou deux salles de ]iensionnaires,\ieiiiardsinm'mes;t 111 l'-
decin-professeur et 1 médecin-adjoint il la Maternité,assistes d'une
maîtresse sage-femme.
Le--divers services généraux (cuisine, dépense, lingerie, etc.),
ainsi que la surveillance, chellerie des salles est assurée par 17
religieuses de Sainl-VilH'(,nl-de-Paul ((1)urs grises, ordre dissi-
dent, dont la maison mère esl à l3esan(;on), Les soeurs des deux
services de maladies nerveuses et mentales (hommes et femmes)
ont passé par l'asile d'aliénés des Chartreux, de Dijon, et sont
bien stylées. Chacune d'elles a sous ses ordres 2 infirmiers ou ilt-
firmières en litre et 2 infirmiers ou infirmières adjoints pris
parmi les malades les moins malades et les plus intelligents.
Chaque soeur reçoit un traitement de 200 francs par an, et l'ha-
hiiiement est à sa charge : la nourriture, le logement, le 1>lan-
ciiissage, etc., bien entendu, au compte de l'asile. Les infirmiers
et infirmières sont défrayés, logent à l'asile, dans les salles des
malades et touchent de 20 à 25 et 30 francs par mois selon leur
ancienneté ; les infirmiers et infirmières adjointes, ont, par rap-
port aux autres malades, un supplément de nourriture et de vin,
et louchent 5 fr. par mois.
Le Directeur de l'asile (logement et 5003 IV. par an) est assisté
d'un économe (2400), d'un receveur (2000) et d'un surveillant gé-
néral (logé et nourri, .wec 0') fr. ptr mlic). Le médecin chef
touche 15U0 fr. par au (depuis 2 ans) et le médecin-adjoint, 900 fr.)
Les internes louchent 50 fr. par mois. ,
Le personnel est il peu près suffisant.
Le priv de revient moyen journalier des hospitalisés varie de
1 fr. à 1 fr. 25 et 1 fr. 50 selon les catégories. Mais 75% ne
payent que 1 fI'. pal' jOllr ( ! ). Et cependant, la nourriture est suf-
fisante, saine et assez bien préparée.
,le garde le moins longtemps possible les enfants idiots ou épi-
lppliques, l'asile étant construit en pleine ville, sans cours spa-
cieuses, ni jardins, avec grands bâtiments à 3 étages : lorsque je
[iris le service, en 1887, j'assistai à de tels désastres par tubercu-
lisation que je m'empressai d'obtenir de la Préfecture que ce
service, en tant que service fixe, permanent, fut supprimé.
330 BIBLIOGRAPHIE.
J'aurai l'honneur de vous faire adresser, d'autre pari, le rap-
port du Directeur au Conseil général P°Ul' 1903.
Dr DAUDIN.
BIBLIOGRAPHIE '
1 \-, Rapport du directeur médecin (lez' ('.ULI.ERE) de l'asile d'a-
IiW os eleLccRocltc-stm-7'na (1'mnlno) sutvt'raeociee I ! IO : i. La 110-
clte-sur ? on, Secvanl-llaliaml, 1111111'1111Cttl', I ! IOi.
Au 31 décembre 1903, la population était de 580 (270 Il, et 304
F.). Admissions en 1903, l'iti, plus élevées qu'en ]902 (138). ce
sont les malades dont la folie remonte deux ans et au-dessus
qui fournissent, comme toujours, le moins de sorties. Ce sont les
mois de printemps qui ont donné le plus d'admissions (3(i sur
1231. Comparé à la population moyenne, représentée par le
chi lire 590,09, le rapport des guérisons est de 9,34 %. La grande
majorité des guérisons est obtenue danslessixmoisdu traitement.
Les clécés onL élé le 70 111. 34, I. 311), UonL onze pactceberccilos ?
- BIBLIOGRAPHIE. 331
les progrès cliniques et anatomo-pathologiques faits dans l'étude
de la Paralysie générale, il y a encore bien des points obscurs.
Sans chercher à les élucider, il donnera une étude détaillée des
cas observés par lui pendant douze ans, afin qu'ils puissent, dans
la mesure du possible,aider à une connaissance plus complète 'de
cel le alreclion. En douze ans (1886-1897), la proportion moyenne
des paralytiques généraux entrés à l'asile a été de 9,6 % pour les
hommes et lle : ¡,) ? pOlll' [es rPU1lUeS, Viennent ensuite des
consideratinnsstatistiqueslocatessurlaregionotsurla propor-
tion de paralytiques généraux fournies par les villes voisines,
Sienne et Livournoen particulier. Le maximum de fréquence est
de 30 à 49 ans. Il ya (j) "1.. de malades mariés, 30 "A. de manoeu-
vres, et 43 ^/^ n'ayant aucune instruction.
Sans nier la grande influence de la syphilisdanslesanlécédents,
l'auteur attribue une part beaucoup plus grande, il l'alcoolisme
qui jouerai un grand rôle 'aussi bien dans la genèse des accidents
yu'uu poinL tle we tlul'lurctlif(.C'esl surtout la forme commune
que l'on observe, [mis viennent la forme démoulée ! laformeaiguo.
La morl sun ienlle plus souvent par congestion cérébrale.
- Dans un second chapitre, l'auteur rapporte 27 observations dé-
taillées minutieusement, portant sur les formes démente et com-
mune, montrant soif l'action isolée de la syphilis ou de l'alcoo-
li.me, soit, la réunion de ces deux facteurs. Il étudie également
les urines des malades, et les stigmates de dégénérescence (l'asy-
miLl'le CI·t11110-faclLll; SLI'all asscz lr,tfuente). Enfin, lI. Funaioli
termine par quelques considérations analomo-pathologiques el
thérapeutiques : il confirme les résultais antérieurs en insistant
sur la consistance des lésions d'endo et de péri-arlérile, la lésion
vasculaire étant le point de départ de la lésion du système ner-
veux. Quant au traitement, on dehors des indications palliatives,
il se résume dans une bonne hygiène, une vite tranquilteet. calme.
1. CaaBn. '
1-f.-Les psychoses puerpérales et les processus il' auto-intoxication ;
' par Roger Dupouy. (Thèse do Paris, J. Gousset, 1904.)
C'est l'interne même du service de l'admission, à Sainte-Anne,
qui maintenant ne se contente plus du dogme intangible de la
dégénérescence mentale, établi par son maître Magnan, et qui,
ayant reconnu, une fois pour fontes,et avec tous les auteurs, que,
pour faire delà folie, il faut y être prédisposé, 'cherche, par-delà
cette hérédité générale et inéluctable, les causes, plus prochai-
nes et plus efficacement combattues, des psychoses puerpérales.
Adoptant donc la thèse qu'à la base de tout psychose il existe,
en outre de la prédisposition, facteur nécessaire, une cause oc-
casionnelle non moins nécessaire, et pensant, d'autre part, que
les troubles mentaux présentés par la femme aux diverses pé-
332 BIBLIOGRAPHIE.
riodes de ^sa puerpéralilé (grossesse, accouchement, lactation)
peuvent se traduire en un tableau clinique identique, développé
sous l'influence de causes analogues, Dupouy divise les psycho-
ses puerpérales en trois grandes classes écologiques : 1° les
troubles par épuisement; -2o les troubles par infection; 3° les
(roubles par auto-intoxication .
1° Psychoses puerpérales par épuisement. - L'épuisement de
la femme peut relever de causes diverses : état anémique exis-
tant antérieurement, à la grossesse et aggravé par elle, subin-
Lrance des grossesses et des allaitements au milieu de conditions
hygiéniques défectueuses, hemorrhagies grades, lactation prolon-
gée chez une nourrice déjà allaiblic, etc. Chez certaines fem-
mes, l'épuisement n'apparaît plus seulement comme une cause
prédisposante, favorisant l'infection ou l'intoxication, mais
comme facteur unique agissant par anémie, dénutrition, as-
thénie psycho-nerveuse, etc., et déterminant des manifestations
mentales semblables à celles des autres psychoses par épuise-
ment (anémie pernicieuse, chlorose, neurasthénie, etc.) ou des
psychoses par intoxication (confusion mentale, délire hallucina-
toire, etc.) D'ailleurs, au point de vue pathogénique, les psycho-
ses par épuisement ne sont que des psychoses par auto-in(ovi-
cation. '
2° Psychoses puerpérales par infection. - Comme toute infp('-
tion aiguë ou chronique (pneumonie, fièvre typhoïde, tubercu-
lose, rhumatisme, syphilis, etc., etc.), l'infection puerpérale peut
chez un sujet prédisposé, créer du délire. Les lésions infectieu-
ses de l'appareil génital, graves ou bénignes, aiguës ou chroni-
ques, sont extrêmement fréquentes chez les puerpérales déliran-
tes (Picqul', Privai de Forlunié, elc.) ; mais l'infection localisée,
insidieuse et minime, passe facilement inaperçue de l'observa-
teur uniquement préoccupé le ta recherche des tares cérébrales
dégénérât i vos.
Comme les psychoses par épuisement, les psychoses par infec-
tion agissent le plus souvent par auto-intoxication au moyen
des toxines élaborées par les agents microbiens en cause. Les
formes aiguës revêtent habituellement l'aspect de la confusion
mentale hallucinatoire aiguë avec excitation (ancienne manie
puerpérale) ; les formes chroniques prendront plutôt le type de la
dépression mélancolique, de la confusion moniale avec stupeur.
3° Psychoses puerpérales par aulo-intoxication. - La puerpé-
rale est soumise parfois de multiples causes d'auto-intoxication,
et chacune de ces causes est susceptible, par son action propre et
sans le secours de la huet'hér'aliL3, d'occasionner des troubles
mentaux, qui sont la conséquence directe des perturbations phy-
siques de la femme enceinte, de la parturiente ou de la nour-
rice.
VARIA, 333
L'auto-intoxication intestinale ou hépatique, l'éclampsie, la
dysthyroidalion, et surtout l'insufdsmcs ovarienne sont les tac-
teurs importants tlo. pychoes tle la 1>uerpéraliLt;. L'émotion, la
douleur, la l'aligne de l'accouchement, interviennent seulement
comme causes accessoires el occasionnelles.
La pathogénie des psychoses puerpérales est, pour ainsi dire,
univoque et consiste essentiellement en une auto-intoxication ;
or, tous les délires toxiques se ressemblent, quelle que soit leur
origine exogène (alcoolisme, etc.) ou endogène (insuffisance hé-
patitlue, urémie, eLc.).Toutefois, un heut tenter tl'éLablirune clas-
sificationtlece tlélireseL tlisLinuer : 1° suivant l'intensité du
processus auto toxique, des formes graves (délire septicél1lique
avec agitation désordonnée et hallucinations ; délire éclampti-
que ; délire de collapsus par épuisement suraigu post-hémorrha-
que) et des formes légères (délire polymorphe des dégénérés, ob-
sessions, envies des femmes enceintes) ; 20 suivant l'évolution du
processus auto-to : \i(IUe, des formes aiguës (excitation maniaque
pure ou hallucinatoire) et des formes chroniques (dépression mé-
lancolique, démence) ; 3" suivant les qualités physiques et mora-
les du terrain (excitation maniaque, surtout chez les sujets jeu-
nes et tarés, etc.) ; 4" suivant l'origine du poison (la puerpéra-
lilé engage le délire dans la voie de l'obcénité et delà génitalilé,
etc.). ! .
Il résulte de tout ceci que la folie puerpérale ne nous appa-
railplus comme une entité morbide, mais doit rentrer tout en-
tière dans le cadre des psychoses loxi-infecfieuses ; sa seule par-
ticularité est d'ëtrd liée intimement aux processus de la puer-
péralité.
L'évolution des psy choses puerpérales varie beaucoup avec les
différents éléments étudiés ci-dessus. Le pronostic vital dépend
de l'intensité des troubles physiques ; le pronostic mental, sur-
tout de leur durée et de l'étal du terrain. Puisqu'il y a auto-in-
toxication dans toute l¡.;ych ISJ puerpérale, on s'efforcera d'a-
bord, par un traitement prophylactique convenable, d'écarter
toute cause de loeGmie; plus tard, outre le traitement anti-toxi-
que général (diète lactée, purgatifs, lavages d'estomac, diuréti-
ques, etc.), on appliquera le traitement convenable il chaque
variété u'inloxicalion (puerpérale, hépatique, rénale, thyroï-
dienne, ovarienne. Pierre Boy.
VARIA
LES ALIÉNÉS EN LIBERTÉ.
La folie d'une mire. Boulevard de Belleville, à quelques pas
331 FAITS DIVERS.
de la rue des Couronnes, esl situé l'hôtel des «Enfants de Paris »
où M. Nadaud, commissaire de police du quartier de la Folie-
Mericourt, est venu mettre fin il l'épouvantable martyre que su-
bissaient depuis de longs mois deux pauvres enfants, deux fillet-
tes, la petite Eugénie, âgée de trois ans, el sa soeur Adeline, un
bébé de onze mois, odieusement brutalisées par leur mère, la
femme Léontine Petit. C'est sur la dénonciation des voisins que
la justice a été mise au courant des faits qui ont motivé son in-
Lervcnlinn.L feuuaePclil, a été aussitôt arrêtée et les enfants
ont été confiés aux soins de l'Assistance publique.
M. Nadaud a envoyé cette folle dangereuse à l'infirmerie du
Dépôt d'où elle sera dirigée sur un asile d'aliénés. (L'Aurore, 26
février 1 ! )(l.l
. Le Semeur de l'Oise du 22 février raconte qu'on a trouvé en
forêt, aux environs de Brunvillers-la-Motte, un vieillard transi de
froid qui a succombé peu après. Celait un « rentier, » âge de GG
ans, disparu depuis plusieurs jours de chez lui, et qui acait l'es-
prit dérangé. Encore un fait qui montre la nécessité d'hospitali-
ser les aliénés quand des soins intelligents ne peuvent leur être
donnés a domicile. .
Folle brûlée. Eu allumant du feu, une pauvre folle, la veuve
Fays, 52 ans, habitant Digny (Eul'e-L't-Loir), est tombée dans son
foyer et a mis le feu il SJj vêtements. La malheureuse, environ-
née de flammes, put, néanmoins se relever et sortir en poussant
des cris déchirants ; mais quelques pas plus loin elle s'affaissa.
Ses voisins accoururent à ses apppels; niais lorsqu'ils arrivèrent
la malheureuse rendait le dernier soupir. Son corps était carlm-
nisé. La pauvre folle devait être prochainement internée. (Bon-
homme Normand, 8 février 1905).
D'où la nécessité, de la part des maires et des préfets de hâter
le placement des aliénés. Par malheur, trop souvent, les intérêts
financiers l'emportent sur les sentiments d'humanité.
FAITS DIVERS
Asile d'aliénés UECf-EUMONT (Uise) : Suir;iclacl'un<.ryeasion-
naire de l'asile. - Une ménagère, Mme Marie Véjus, née Voyer,
âgée de trente-cinq ans, s'est pendue dans sa chambre à coucher
il Feuchcl'o1le, 'sous les yeux de sa jeune enfant, et, malgré la
prompte intervention de son mari, n'a pu èlre rappelée a la vie.
La malheureuse femme, qui avait déjà été internée il l'Asile de
ClcrmonL, ne jouissait pas de toutes ses facultés.
FAITS DIVERS. 333
Ce fait, emprunté au .Scnxeccr rlc l'Oise, nuulre combien est dilll-
cile le rôle du médecin d'asilecl pourquoi il hésite souvent quand
il s'agit de signer la so ! 'tie des malades. 11 montre aussi l'impé-
rieux devoir qui s'impose aux familles de surveiller rigoureuse-
ment les malades qu'on leur a rendus.
Hospice de la S.wl·>·'.Taat2E, Maladies mentales et nerveuses. :
M. le D1' .1. Voisin, le jeudi à 10 heures.
Hospice de 131ClhRE : Maladies mentales ou nerveuses des enfants.
- Consultations pour les enfants indigents, le jeudi à 9 h. 1j'2.
Visite complète du service, présentation de malades et de pièces
analomiques, le samedi il 9 h. 1/2 très précises.
Médecins I,IINISTR1 : S. - Le miniaLi·rc actuel comprend trois
médecins. MM. Duhief,Caulhiel' (de-l'Aude) et Jlerluu.Un sait que
M. le D" Dubief a appartenu comme directeur aux asiles et qu'il
rst l'autl'ur de deux rapports sur le projet de loi portant rev ision
delà loi du 30 juin sur les aliénés.
UNE DOCTORESSE NOMMÉE MÉDECIN EN CHEF D'UN ASILE D'ALIÉNÉS.
La Ideuista b'reno2aticrc-L'salxola cle l'évrier dernier annonce
(pie Mme la doctoresse .fessiu Ij. IIouTEa a éL3 nommée médecin
en chef de l'asile de Bracebridge (Angleterre). Auparavant, elle
élaitchargéedu service médical dans l'asile privé de Lincoln. Elle
a eu lu préférence sur la médecins qui briguaient la place.
Distinctions honorifiques. M. le 1 ? 13ABINSKl, médecin de
la Pi lié, vient d'être nommé officier de la Légion d'honneur. Vives
l'élicilalinns â nolrc ami.
\ouvr...tu.Jool2N.ar ? \onsmvum de recevoirlen" 1 delà seconde
année d'un nouveau journal médical tchèque intitulé : Revue
de la Neurologie, de la Psychiatrie et cle La Thérapie psychique et
diététique, rédigé lrw le 1)' Lacl ll csovEC (l'rauc. l'erluwl, ut. 9.).
La revue publiera des articles originaux avec un résumé, en fran-
çais, des analyses des travaux delà Neurologie, de la psychiatrie
el do la thérapie physique et diététique, un feuilleton, littéraire,
échos et annonces divers, et un index bibliographique. Nous
sommes d'autant plus heureux de signaler l'apparition de celle
Revue que le D1' llaskovec nous l'ail la gracieuseté de publier un
résumé en français des mémoires originaux.
Nécrologie. Nous avons le profond regret d'annoncer la
mort de notre cullahoraLeur, lc 1)' l'. Carnier. Nous donnerons
dans le prochain numéro sa biographie et la relation de ses obsè-
ques.
M. le Dr Bécoulet, médecin directeur honoraire des asiles
publics d'aliénés, esl décédé le 3 juin 1904 dans sa 66u année. Il
336 BULLETIN bibliographique.
avait été successivement interne à l'asile de l3ailleul, médecin-
adjoint à l'asile d'Auxerre, médecin en chef a l'asile rleJlarùille,
enfin médecin directeur de l'asile de Dôle. Il a contribué puissam-
ment à la construction et à l'organisation de l'asile Saint-l'lic,
qui a heureusement remplacé le vieil asile. On lui doit, entre
autres, les travaux suivants : Quelques considérations sur l'emploi
~de l'opium dans la manie. (Thèse, Strasbourg, 1806) ; Emploi
du bromure de potassium dans la folie épileptique. Cas de cys-
ticerque du cerceau. Note sur la lypemanie et la stupidité ;
Du no-restraint, etc.
UN sale traitement de l'épilepsie. Le Journal de méde-
cine de Paris du 19 février consacre son feuilleton aux « ll1étli-
cnments oubliés ; l'urine et la fiente humaine. Nous'y relevons
ce passage : « D'autres auteurs prétendent aussi que le méconium,
qui est la première déjection que font les enfants après leur nais-
sance,étant desséché et pulvérisé, guérit l'épilepsie si on le prend
intérieurement quelques jours de suite. »
Hygiène de l'enfance. Cause évitable du STRABISME.- Mme
Rev.... 26 ans, présente du strabisme convergent à un degré assez
prononcé, mais moins qu'avant une opération qui lui a étéfaile
à 13 ans. Elle affirme n'avoir jamais eu de convulsions. Elle aLLri-
bue son strabisme à ce qu'elle fixait, étant fout enfant, une
poupée que sa mère avait attachée à la (lèche de son berceau afin
de l'amuser pendant qu'elle travaillait. Personne ne louche dans
sa famille. Le même accident si; produit dans d'autres circons-
tances. En tout cas, le mode d'amusement ci-dessus est à dé-
conseiller.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
IIE51511E. Rapport médical de l'asile d'aliénés de l'Eurc pour
1903. In,4' de il 11111). 13<mvarL, I : vrcux.
f ! f.\L'i'E. Rapport médical sur le quartier d'aliénés de l'hospice
général de Salltes pour 1903. In-8' de 16 pages. Imlr. Melliuet il
Nantes.
I EILI10X, - Rapport médical de l'asile d'aliénés de Quimper pour
1903. ln-8° de 30 pages. Imp. Jaouen il (Juiniper.
l'am. - Rapport médical et administratif sur l'asile de la Roche-
Galldoll pour l'année 1903. In,4' de 20 pages.
Le rédacteur-gérant : l3outtnewLt.c.
C1el'lllolll (Oise). - Imprimerie D.ilx frères.
Vol. XIX Mai 1905 N 113
ARCHIVES DE NEUROLOGIE
CLINIQUE NERVEUSE
Sur l'amblyopie hystérique monoculaire et sa
disparition dans la vision binoculaire (à pro-
pos d'un nouveau cas) ;
Par le 1)' R. CHCCIIET,
Chef de Clinique* il l'Université de nmdcnux.
Depuis les travaux de Parinaud, Chariot, Pitres.
Bernheim. Pierre Janct, les particularités cliniques de
l'amblyopie hystérique, surtout monoculaire, sont bien
connues. Cependant, à étudier les faits de près, il semble
que l'on peut aller plus loin encore dans l'analyse de ces
phénomènes si curieux. En 1901 , à l'occasion d'un cas
d'amaurose hystérique chez une fillette de 12 ans (1), nous
avons essayé, par une série d'expériences et d'observa-
tions, de suivre pas à pas les transformations de cette
amaurose ; nous sommes arrivé ainsi à considérer, dans sa
marche, plusieurs étapes successives : d'abord, a) com-
plète (stade amaurose,) avec abolition de la vision bino-
culaire, elle devient b) incomplète (stade amblyopie) et
se caractérise alors : soit par une vision monoculaire al-
ternante ou simultanée, soit par une vision binoculaire
dissociée, c'est-à-dire où le fusionnement des images existe
pour certaines images et pas pour d'autres, soit par
une vision binoculaire existant réellement, mais qui, es-
sentiellemeuL temporaire, ne dépasse pas le moment de
l'expérience ; enfin c) dans une troisième étape (stade
guérison). l'amblyopie disparaît complètement il son
tour, et la vision binoculaire, d'intermittente et passa-
(1) Archives de neurologie, 1901 n° G9.
Archives, 2' série, 1905, t XIX. 22
338 CLINIQUE NERVEUSE.
gère, devient constante, correspondant ainsi à l'état nor-
mal de la vision. '
Une autre fillette, atteinte d'amblyopie hystérique, fut
mise dernièrement à notre disposition par nos amis, les
professeurs agrégés Cabannes et Abadie, que nous tenons
- remercier de leur aimable obligeance. A cette occasion,
afin de contrôler nos idées antérieures, nous avons repris
la question, et c'est le résultat de ces nouvelles recher-
ches dont nous allons nous occuper ici.
Nous les diviserons en trois chapitres. Dans le pre-
mier, nous montrerons, à l'aide des expériences classi-
ques, que la vision binoculaire existe indiscutablement,
malgré l'amblyopie intense de l'oeil malade. Dans- le
deuxième, nous indiquerons, avec expériences à l'appui,
que la vision de l'oeil amblyope existe sous certaines
conditions, pour son propre compte, et normalement, en
dehors de la vision binoculaire. Dans le troisième, enfin,
nous montrerons que la cause de l'amblyopie paraît duc
à la fermeture de la paupière de l'oeil sain, agissant comme
interceptrice des rayons lumineux. ,
Voici auparavant l'observation, résumée, pour tout ce
qui n'intéresse pas directement l'amblyopie.
Observation. Valentine M., âgée de 14 ans 1/2, entre à l'hô-
pital des enfants, service de JI. le professeur Moussous, le 14 jan-
vier 1905, pour une hémiancstltéie droite sensitivo-sensorielle
avec amblyopie du même côté. '
Antécédents héréditaires : La mère, âgée de 44 ans, est une
femme active, vive, d'intelligence moyenne, qui n'a pas eu d'au-
tre maladie grave qu'une fièvre typhoïde ( ? ) à l'âge de 3 ans. Elle
est très nerveuse, mais prétend qu'elle l'est surtout devenue à la
suite des mauvais traitements que lui a fait subir son mari pen-
dant 15 ans. -- Elle a eu cinq grossesses, dont une terminée avant
terme (avortement à 2 mois 1/2); les autres ont évolué normale-
ment, mais sur 4 enfants, deux sont morts l'un à dix ans (de
tuberculose), l'autre 20 jours après la naissance (de tétanos des
nom eau-nés) ; deux sont envie : un garçon, l'aîné, qui a 23 ans,
est marié, bien portant, mais de caractère vit et emporté : il n'au-
rait jamais eu de crises convulsives ; et une fille, qui est la
malade.
AMBLYOPIE HYSTÉRIQUE MONOCULAIRE ; SA DISPARITION 339
Le père, cordonnier, est mort en 1897, à 35 ans, dans un accès de
délirium tremens..JOIIl'l1l', buveur et débauché, il s'est montré
particulièrement agité à partir de 1888, battant continuellement
et menaçant de tuer à diverses reprises sa femme et ses enfants,
écroué plusieurs fois, interné même pendant trois ans à l'asile
de Cadillac.
Antécédents personnels. - L'enfant, venue au monde dans de
bonnes conditions, nourrie au sein jusqu'à 18 mois, a parlé et
marché en temps normal. Broncho-pneumonie grave à '.) mois;
pas de 11-astio-eiitéiiL( ? Iaiiiais de convulsions jusqu'à4ans. A par-
tir de cet âge, jusqu'à 5 ans, elle avait une telle frayeur de son
père, qui la maltraitait sans cesse, que la vue de ce dernier, sa
voix, même le mol de « papa» provoquaient chez elle une crise
de tremblement généralisé : elle devenait pâle subitement et
tombait à terre sans connaissance ; la crise durait quelques minu-
tes et n'était pas suivie de sommeil; pas d'incontinence d'urine
ou des matières. Cauchemars nocturnes. A 7 ans, après la mort
du père, les crises ont complètement cessé, mais elle a continué
à éprouver des cauchemars nocturnes. '
Rougeole à 6 ans, coqueluche à 9 ans. Enfant toujours anémi-
que et même suspecte de tuberculose à partir de 7 ans, âge qu'elle
avait quand son frère mourut de bacillose : elle a été depuis
envoyée quatre fois à Arcachon à 8, 10, 12 et 13 ans avec la colonie
scolaire de vacances.
Histoire de la maladie. Il y a un an et demi, le 16 août li)03,
étant à Arcachon depuis 12 jours, elle se promenait,vers 10 h. du
matin, par un soleil brûlant, sur le boulevard de la Plage, avec
ses petites amies de la colonie scolaire, allant vers l'aquarium,
lorsque brusquement, sans raison, sans avoir été contrariée en
aucune façon, elle ressent dans l'oeil droit une douleur vive,
comme si elle avait reçu un grain de sable ; l'oeil lui pique, se trou-
ble, pleure. Elle continue néanmoins à marcher, mais elle se
frotte l'oeil qui continue à lui piquer et à pleurer abondamment.
Ses petitesamies lui disent que son oeil est tout rouge. Elle
visite néanmoins l'aquarium ; on revient déjeuner à 11 h. 1/2 ;
l'après-midi on retourne à la plage vers 3 h. comme les autres
jours; et l'oeil qui, à l'ombre et pendant le déjeuner, ne lui fai-
sait plus mal, recommence à lui piquer avec l'air vif et le soleil
ardent; cependant, elle court, s'amuse, regarde les bateaux sur
le bassin d'Arcachon. Ce n'est qu'en rentrant, vers 5 heures, que
les maîtresses remarquent l'oeil, très rouge, de l'enfant. On le lui
fait laver avec une infusion de camomille. Elle dine à 7 heu-
res, se couche à 9 heures comme à l'habitude et s'endort parfaite-
ment. Elle n'avait pas souffert de céphalée de toute cette jour-
née. ,
Le médecin qui la voit le lendemain lui dit de ne pas se baigner
340 CLINIQUE NERVEUSE.
et ordonne des lofions de l'oeil matin et soir. Cet étal demeure à
pou près identique pendant les jours qui suivent : le soleil, le vent
Juifontmal, mais elle ne prend aucune précaution. ,
Sa mère vient à Arcachon le 20 août : elle constate que, l'mil
droit est « comme du sang » : toute la région cutanée zircon-
voisine, la joue surtout, est irritée, rouge. ,
- Etal statiunnairc jusqu'à la fin du séjour à Arcachon. L'enfant
se plaint en plus de mal de tête, surtout localisé au niveau de la
tempe el du front à droite. Elle rentre à Bordeaux le 3 ou 't sel)-
tembre. Sa mère constate alors les mêmes signes que le 20 août :
mais l'oeil gauche est-un peu rouge également, et la joue droite
estunpcu plus enflammée. L'enfant est purgée. Etat identique.
La céphalée esl cependant moins marquée.
Valentine est conduite à l'hôpital des Enfants le 1er octobre
1903. Le professeur agrégé Cabannes constate alors une kératite
phlyctenutaire pour laquelle il prescrit un traitement approprié
(en particulier, instillations d'atropine). Pendant les huit premiers
jours on ne note aucune amélioration. Puis dans les huit jours
suivants elle soutire beaucoup : céphalée intense, localisée à
droite et en avant, avec irradiations douloureuses dans l'oeil, et
aussi dans la joue (mais moins fortes). Les douleurs existent sur-
tout la nuit et sont tellement vives que l'enfant ne peut rester
étendue et pousse des cris continuels. Impossibilité de voir le
jour; photophobie extrême. On lui prescrit des lunettes à verres
fumés presque noirs. Même la nuit, la simple clarté d'une bougie
lui fatigue la vue à tel point qu'elle ne peut se guider dans la
chambre où elle couche qu'en utilisant ses lunettes. Elle ne se
trouve bien que dans l'obscurité complète. Pas de vomissements,
ni de constipation, mais nausées, et inappétence. Cependant, au
bout de 8 jours, l'oeil droit présente une légère amélioration ; il
est moins rouge. Quant à l'oeil gauche, sa rougeur a complète-
ment disparu.
Dans la semaine qui suit, les phénomènes aigus s'atténuent en-
core. On en profile pour cautériser la conjonctive droite avec un
crayon de sulfate de cuivre. Dès ce moment, la kéralile esl gué-
rie, mais les troubles fonctionnels persistent : l'enfant n'y voit
pas très bien, à cause, dit-elle, des douleurs qu'elle éprouve. Cha-
que fois qu'elle lit, l'oeil lui pique, elle ne peut fixer un objet
quelconque sans qu'il pleure. Cependant eUe .Iillrès nettement,
si elle sèche ses larmes.
Le 1 cr novembre l'oeil droit n'esl plus rouge, mais il pleure
constamment. Au début de décembre, l'oeil redevient rouge, mais
pour quelques joursseulement. ,
Fin décembre, l'enfant souffre toujours du côté droit de la tête;
de plus elle y voit double, mais de façon inlermillenle : afin de
faire cesser ce phénomène, elle ferme ◀tantôt▶ un oeil, ◀tantôt▶ l'autre;
AMBLYOPIE H1'S'l'1 : RIQl : I· : MONOCULAIRE SA DISPARITION 341
et elle constate que selon l'oeil avec lequel elle regarde, elle voit
les ohjets de grandeur di rl'érente ; pIle remanlue (lue, VilS a\ cc l'oeil
droit, les objets sont, plth petits el. plus lointains ; elle n'a pas
noté do différence pour les couleurs. Dans la marche, de jour,
elle peut se conduire aisément ; mais dès qu'arrive la nuit, ladi-
plopie augmente, la vue elle-même, surtout à droite, se trouble
et un guide devient indispensable pour conduire l'enfant.
A partir de janvier 1905, on lui donne des bains salés. Dans le
courant de février, la diplopie a presque disparu. ralentine mar-
che seule dans la rue, de jour comme de nuit, sans le secours de
personne.
En mars t ! 1(M,le docteur Cabannes conslateclue lapupille droite
est dilatée. En cherchant la cause de celte ]n\driase, M. Caban-
nes découvre de l'ambljopic droite : dans la détermination de l'a-
cuité visuelle droite, il remarque, l'oeil gauche étant fermé, que
l'enfant ne dislingue toul d'abord aucune des lettres de l'échelle de
Snellen, même les plus grandes ; ce n'est, qu'au bout de quelques
inslanls que \'alenliue finit par déchiffrer les quatre ou cinq pre-
mières lignes de l'échelle; maisces lettres sont plus petites que si
elle le 1 i les deux veux ouverts, ou au moyen del'oeil gauche seul.
Toutefois, si l'amblyopie, aussi bien que la mylriase,sonL indiscu-
tables; 11. Cabannes, malgré un examen approfondi de tout l'ap-
pareil oculaire, ne trouve aucune raison organique susceptible de
les expliquer ; et il se demande si la malade ou sa mère n'ont
pas instillé dans l'oeil quelques gouttes de la solution d'atropine
prescrite par lui quelques mois auparavant ; mais les deux fem-
mes nienlle rait avec la plus grande énergie. -
De mai il septembre, l'état reste slalionnaire. Pas de diplopie.
mais la lecture est toujours difficile de l'oeil droit. L'enfant se
plaint encore par moments de céphalée, surtout à droite. La my-
driase droite persiste ;mais essentiellement intermittente, elle se
montre brusquement, dure quelques minutes, quelques heures,
puis disparaît rapidement comme elle est venue. Quand cette di-
latation pupillaire existe, le regard à un aspect si étrange que
ses amies dispnt il Yalentine qu'elle a un « oeil de chai ».
Cette mydriase cesse complètement en septembre, après un
séjour à la campagne ; mais l'amblyopie persiste toujours. Et. la
mère ramène sa fille en octobre à JI. (alwnnes, Celui-ci, consla-
tant alors des troubles de sensibilité dans le côté droit, pense à
l'hystérie et adresse la malade au Dr Abadie, qui confirme le dia-
gnostic el institue un traitement en conséquence. Dès novembre,
l'enfant est soumise à des séances quotidiennes d'électricité par
courants continus, qui durent-dix minutes, une des électrodes
étant spécialement placée au niveau de l'oeil amblyope, On lui
fait aussi des enveloppements chaque jour avec un drap mouillé
et des frictions avec un gant de crin.
342 CLINIQUE NERVEUSE.
Au bout de 8 jours, on constate un mieux sensible ; l'enfant lit
presque bien ; mais cet état d'amélioration n'est que passager, et
la vision droite s'affaiblit à nouveau de plus en plus.
Une après-midi vers trois heures, dans les premiers jours de
décembre, l'enfant est prise brusquement, sans cause connue,
d'une sorte de hoquet caractérisé par un bruit inspiratoire, avec
soulèvement des épaules et agitation des bras. Ce hoquet, accom-
pagné d'une sensation de boule au gosier, persiste jusqu'au cou-
cher à 9 ou 10 heures du soir, pour ne plus revenir que le lende-
main dans l'après-midi, après déjeuner, avec les mêmes caractè-
res. On cesse alors les enveloppements froids et les frictions. Vers
le 7e jour après le début deces accidents, le hoquet se transforme
en une crise plus violente ; les mains sont d'abord crispées, les
bras parcourus de secousses convulsives ; puis la malade se mord
les poings, s'arrache les cheveux, chante et rit tour à tour, se jette
il terre où elle se roule, frappant le sol avec les pieds.
Au boutde 10 minutes tout est fini ; et le hoquet reprend plus
intense que jamais, recommençant plus tôt les jours suivants, à
partir de 11 h. 1/2 ou midi, pour durer jusqu'au coucher.
Fin décembre, le hoquet tend à s'atténuer, mais les secousses
musculaires des épaules continuent et gagnent le visage. Si bien
que le 14 janvier 1905, jour de l'entrée àl'hûpital, le hoqueta\ait
disparu, mais était remplacé par un tic, caractérisé par un mou-
vement brusque de rotation de la tête à droite avec clignement
des yeux, froncement du nez, et haussement des épaules surtout
à droite.
Ces divers phénomènes convulsifs n'ont eu aucun etretsur l'am-
byopie qui est toujours demeurée identique à elle-même.
La menstruation, qui a commencé en novembre 1903, ne paraît
pas davantage avoir provoqué de modifications dans les troubles
visuels. Mentionnons toutefois que les perles menstruelles, surve-
nues irrégulièrement jusqu'en octobre 1904 et régulièrement
depuis, ont été et sont toujours insignifiantes comme quantité et
réactions douloureuses.
Etat actuel. (15-20 janvier 1\J05). On se trouve en présence
d'une fillette assez grande pour son âge, au teint anémique, mais
de corpulence convenable et qui répond avec vivacité et intelli-
gence aux questions qui lui sont posées.
L'étal général est satisfaisant. Le tube digestif, les appareils
circulatoire et respiratoire ne présentent rien de particulier à
signaler. Du côté des organes génilo-urinaires, on note dans l'u-
rine des traces d'albumine qui ne disparaissent sous l'influence
d'aucun régime (même lacté); l'inversion de la formule des phos-
phates a été rencontrée une fois positive sur six recherches. C'est
surtoutle système nerveux qui offre des modifications importan-
- AMBLYOPIE HYSTÉRIQUE MONOCULAIRE ', SA DISPARITION. 343
tes. Nous ne ferons que les mentionner et insisterons ensuite sur
l'examen de l'appareil de la vision.
Valentine présente à l'examen de la sensibilité une hé»i-anes-
thésie droite qui est totale pour toutes les sensibilités superficiel-
les : contact, piqûre, douleur, température seule ; la sensibilité
électrique cutanée n'est pas complètement abolie ; en ce qui
concerne les sensibilités profondes, les sensibilités osseuse,
tendineuse, el nerveuse sont abolies ; mais le sens musculaire
et ses variétés, le sens stéréognostique sont conservés. Nous
avons même signalé chez cette malade ce fait curieux que l'en-
trée en action du sens stéréognostique réveillait la sensibilité
thermique au niveau de la main (1).
Adroite, les réflexes abdominaux du bras et du poignet, du
genou etdu pied (rotulien etachilléen) sont conservés. Les sensi-
bilités mammaire, ovarienne, plantaire, épigastrique profonde,
trachéale, ont également disparu dans la moitié droite. Il en est
de même du réflexe pharyngien.
Du côté de la motilité, on ne note d'atrophie musculaire dans
aucun des points du corps ; tous les mouvements s'exécutent
parfaitement. Ilya cependant une très légère hémiparésie droite ;
la main droite indique au dynamomètre 35/13. et la main gau-
che 40/17. Signalons plus particulièrement la persistance du tic
de la tête, des yeux et de l'épaule droite déjà mentionné. Pas de
troubles trophiques, ou vaso-moteurs, en particulier pas de der-
mographisme.
Organes des sens. - Legoût et l'odorat sont complètement per-
dus à droite. L'audition est très diminuée ; le tic tac de la mon-
tre n'est entendu qu'à 10 cm. environ du pavillon de l'oreille
droite ; l'intensité en augmente à mesure que la montre se
rapproche du conduit auditif, mais la perception est considéra-
blement plus faible qu'à gauche.
Vision. -Rien ne frappe l'attention dans la musculature ex-
terne des yeux ; les paupières se lèvent et s'abaissent parfaite-
tement : elles opposent au doigt de l'observateur une résistance
identique.
Les globes oculaires se meuvent fort bien dans tous les sens,
pas de strabisme ni de nystagmus, môme intermittents. La con-
jonctive et la cornée, aussi bien dans son segment central que
dans ses segments interne et externe, sont insensibles à droite,
mais la recherche de la sensibilité provoque la sécrétion des lar-
mes. La sensibilité conjonctivo-cornéonuo est au co ntraire nor-
(1) Réunion biologique de Bordeaux, séance du fév. 1905. in Comp-
tes-rendus hebd. des séances de la Soc. de Biol., Paris, 11 février 190.'),
p. 28d.
344 CLINIQUE NERVEUSE.
maie à gauche. La pression du globe oculaire est douloureuse,
c'est-à-dire normale à gauche ; elle est complètement indolore à
droite (signe d'Abadie-Ilocher.) Les pupilles sont égales et réagis-
sent bien à la lumière cL à l'accomn»clation. Lc5 deux yeux étant
fixés sur un objet déterminé, si l'on ferme la paupière droite,
la paupière gauche demeure immobile et on constate que la pu-
- pille gauche subit une dilatation légère, puis revient presque aus-
sitôt son diamètre primitif; si l'on ferme la paupière gauche, la
paupière droite esl prise aussitôt d'une véritable palpitation qui
persiste tant ([lie la gauche est close; on note que la pupille droi-
te se dilate plus que la gauche, présente de l'hippus et montre un
diamètre toujours un peu plus grand que celui de la pupille gau-
che, examinée dans les mêmes conditions ; mais le diamètre
redevient égal des deux côtés, dèsque les deux veux sont ouverts.
Les pupilles se dilatent également quand on pince fortement la
peau du sujet soitagaucitesoitadroite.
L'examen de la réfraction, pratiqué par 31. le professeur La-
grange, indique un -léger degré d'astigmatisme hvpermélropiquo
conforme de 2 dioptries pour l'oeil droit et de 0,75 dioptrie pour le
gauche. Le fond de l'oeil est normal, les papilles sont en parfait
étal à droite comme à gauche, avec un peu de stase veineuse,
mais égale des deux côtés. L'acuité visuelle = I gauche ; elle
est nulle à droite : la malade répond qu'elle ne voil absolu-
ment rien. Elle ne commence à distinguer les objets ({u'à une
distance très rapprochée de cet..oeil droit. Par exemple, un poinL`
noirse détachant sur un carton blanc et delà grandeur de la lig. 15
al'l'i\'e iln'èlre apel't;U ([u'à 8 ? cm. de l'n'il el sous formlJ ,l'un point
imperceptible (lig. 16) ; à mesure que le point se rapproche de
1·mil, sa grandeur augmente : à 78 cm. (lig, 17), à (j5 CIII. (lig. 18) ;
ilj8 cm. (lig. 19) ; à 40 cm. (fin. 20 : c'eat la lltts 1'orte l;ramleurlter
rue ;a partir de cette dislance de 40 cm. jusqu'à quelques cen-
timètres de l'oeil, la malade voit toujours le point de celle même
grandeur. Il s'agit donc de micropsie portant proportionnelle- ,
ment sur les trois dimensions, comme on peut s'en rendre
compte en se servant d'autres objets. Celle micropsie existe l'ga-\
ment pour les objets colorés. -
Pas de diplopie ni de polyopie monoculaire. A l'optometre de
Fie. 15.
Fin. 16.
1-']G. 17.
Fin. 18.
Fin. 19.
]-'fr ? 0.
AMBLYOPIE HYSTÉRIQUE MONOCULAIRE ; SA DISPARITION. 345
Cadal, la puissance accommodalrice est de 14 dioptries à gauche
contre 5,1-)o à droite, et encore le sujet ne peut distinguer (pie la
lettre E qui lui parait de grandeur plus petite qu'avec l'oeil gau-
che : - E au lieu de E.
' Le sens chromatique est tout à fait normal à gauche. A droite
il est perverti : Valentine perçoit certains Ions clairs jaune-serin,
verl-d'eau, bleu-ciel, gris-argent, en blanc; le jaune même clta-
mois, est vu également blanc mais « blanc-crème n ; certains tons
intermédiaires sont vus foncés ; ainsi le bleu-indigo est vu bleu de
Prusse, le v crL émeraude est il verL foncé, le rose est v rouge ;
tous les tons loncés : rouge, vert foncé, blende Prusse, violet
foncé, sont vus noir* ou presque noirs. Notons enlinque le mar-
ron est vu vert foncé.
Il existe du rétrécissement concentrique du champ visuel des
deux côtés. A gauche, ce rélrécissenientest sensiblpmentégal pour
le blanc et toutes les couleurs, bleu, jaune, vert, violet, même
rouge : il va du chiffre 30° en dedans au chiffre 55°-(i0° en dehors.
Mais c'est surtout à droite que le champ visuel est rétréci, el
d'une façon à peu près égale, ici encore pour toutes les couleurs :
il est vrai que le sujet, nous venons de le voir, étant dyschro-
matope, n'a pas une perception nette des différentes couleurs. Le
chiffre atteint 20 ? 5° en dedans et 25°-30° en dehors, ce qui est
un rétrécissement considérable. -
Enfin, trait caractéristique, la vision binoculaire existe normale.
Xous allons l'étudier complètement dans leschapilres qui suivent.
I.
Voici donc un sujet hystérique qui présente une
amblyopie droite des plus nettes, ainsi que nous venons
de l'établir. Or, cette amblyopie si marquée quand l'oeil
sain, ou gauche est fermé, disparaît complètement quand
les deux yeux sont ouverts et qu'ils entrent synergique-
ment en jeu dans la vision binoculaire.
Ce caractère, bien mis en relief par Parinaud et Pitres,
est ici indiscutable : les expériences suivantes nous le
démontrent.
Expériences 1 à 4 (épreuve du prisme, de Greere), - E,"PI ! ? 'iel1
ce 1. Si je fixe les deux yeux sur un objet déterminé : carré de
papier (Parinaud), croix rouge (Pitres), point (iig. 15), etc., et que
je place ensuite un prisme devant un de mes veux, je percevrai
deux carrés, ou deux croix, ou deux points, chaque, oeil ayant
alors son image. Mais il est évident que si je suis vraie m ont aveugle
d'un oeil, du droit par exemple, ce n'est pas un prisme qui me
'346 CLINIQUE NERVEUSE.
rendra la vue de cet oeil : et je ne percevrai jamais qu'une seule
mage.
Si donc la cécité droite de Valentine était absolue, elle ne
devrait voir qu'une image : or, elle voit deux images, dès qu'on
lui met le prisme devant l'oeil droit : il est vrai qu'elle n'est pas
complètement aveugle ; elle n'est qu'amblyope et distinguo les
^objets placés à une distance rapprochée (fig. 16 à 20); par suite, il
peut paraître assez naturel qu'elle perçoive deux images. Maison
ce cas les deux images devraient être inégales de dimension :
l'une, en rapport avec l'oeil sain, serait égale aupointdelafiâ. 15;
l'autre, en rapport avec l'oeil amblyope, serait égale, selon la
distance, à l'un des points des figures 1C à 20. Or, les deux images
sont identiques au point de la figure 15 ; de plus, ces deux images
sont perçues au-delà de la distance correspondant à la vision la
plus éloignée de l'oeil droit, c'est-à-dire au-delà de 1 mètre. Par
conséquent, la vision binoculaire existe normalement chez notre
malade ; donc son amblyopie monoculaire disparaît dans la
vision binoculaire.
Expérience 2. En plaçant le prisme devant l'oeil sain ou
gauche, les réponses sont identiques.
Expérience 3. L'épreuve du prisme montre encore que la
dyschromatopsie de la vision droite disparaît dans la vision bino-
culaire. Si je remplace le rond noir de la ligure I, par un rond
coloré, rouge, bleu, vert, de même dimension et que je place le
prisme devant l'oeil droit, deux images sont perçues immédiate-
ment comme dans l'expérience 1, et l'image de droite a une cou-
leur identique à l'image de gauche : la dyschromatopsie a donc
disparu dans la vision binoculaire.
Expérience 4. Si on répète la même expérience 3 en plaçant
le prisme devant l'oeil sain, les réponses sont identiques.
Expériences 5 à 7 (épreuve de la boite de Fiées). li,rpé-
rience 5. -Deux points de couleur différente, ici jaune et là vert-
clair, et de dimension égale au pointdela figure l9,sontsiLuésdc
telle sorte que le point jaune placé à gauche doit être vu par
l'oeil droit, et que le point vert placé à droite doit être vu par
l'oeil gaucho. Un met la boîte devant les yeux de la malade qui
répond sans hésiter qu'elle distingue deux points de dimensions
égales, de la grandeur de la fig. 19, et indique leurs couleurs et
leurs places respectives sans se tromper.
Expérience G. Si on lui lait fermer l'oeil gauche sain, elle
localise après hésitation un petit point gauche qui est blanc,
au lieu d'être jaune, et de la grandeur de la figure 17.
Expérience 7. - En intervertissant l'ordre des points, sans
AMBLYOPIE HYSTÉRIQUE MONOCULAIRE SA DISPARITION. 347
avertir la malade, elle intervertit elle-même ses réponses ; et si
l'oeil sain est fermé, le point vert est vu blanc dans les mêmes
dimensions que le point de la fig. 17. 1
Expérience 8 (épreuve delà règle de Cuignet), Si on interpose
verticalement une règle ou -un crayon entre les yeux d'un sujet
normal qui lit et le texte qu'il tient à la main, la lecture s'ef-
fectue sans difficulté : mais si l'un des yeux est fermé ou aveugle,
la règle ou le crayon se projette sur les lignes du texte et gène
la lecture de l'autre oeil dans toute la zone de projection.
Si donc Valentine était vraiment aveugle de l'oeil droit, elle
devrait être gênée dans la lecture dès qu'on place une règle de-
vant ses yeux : or, elle lit parfaitement ; donc, là aussi, son
amaurose disparaît et la vision binoculaire existe comme chez
un sujet normal.
Expérience 9 (épreuve des deux règles ou de la double image).-
Soit deux règles placées l'une devant l'autre : si des deux yeux je
fixe la plus proche, je vois double la plus éloignée ; si je fixe la
plus éloignée, c'est la plus proche que je vois double ; si main-
tenant je ferme un oeil et que de l'autre oeil je fixe une des deux
règles, l'autre règle est toujours vue simple.
Celle expérience pratiquée chez notre malade indique que, les
deux yeux ouverts, elle voit double la règle non fixée, alors
qu'elle devrait la voir simple, si elle était amaurotique de son
oeil droit ; donc elle a récupéré la vision de son oeil amblyope au
moment de la vision binoculaire. ,
Expérience lOci, 12 (épreuve de l'écrande f)'< ? 'fs) ? Et'pO't'eMCe 10.
- J'écris une phrase au tableau et fais'asseoir Valentine devant,
àcourle distance ;je place alors une lame du carton verticalement
surle milieu du visage de l'enfant et lui dis de lire en fermant l'oeil
gauche (c'est-à-dire le sain) : elle ne voit absolument rien. Si
elle ferme l'oeil droit amblyope, elle lit très bien la partie de la
phrase située à gauche du carton. Si enfin elle ouvre les deux
yeux, elle lit parfaitement la phrase en entier, par conséquent
toute la portion de celle phrase située à droite du carton ; donc,
ici encore l'amblyopie droite a disparu dans la vision binoculaire.
Expérience 11. de rapproche le tableau à 0,50 cm. du sujet
et écris une phrase à la craie rose, avec de grandes lettres ma-
juscules : je place le carton comme dans l'expérience précédente
et dis à Valentine de lire en fermant l'oeil gauche : elle distingue
après hésitation les lettres de la fin de la phrase, placées à
droite du carton, mais ces lettres sont vues rouge très foncé et de
dimension plus petite que la réalité ; si elle ferme l'oeil droit et
ouvre le gauche, elle lit la première moitié de la phrase dont les
lettres se détachent en rose et avec leur grandeur réelle ; enfin,
348 CLINIQUE NERVEUSE.
si les deux yeux sont ou verts, elle lit la phrase entière, elles lettres,
tout à l'heure rouge foncé, apparaissent maintenant toutes en
rose et de même grandeur, la grandeur normale.
Expérience 1°. En écrivant la phrase en jaune, les réponses
sont identiques, avec la différence que les lettres jaunes sont
^vues blanches et à peine distinctes par l'oeil amblyope seul ou-
vert. '
Et ainsi de suite avec les différentes couleurs.
Ces expériences -11 et 12 démontrent que la micropsie et la
dyschromatopsie disparaissent complètement dans la vision bino-
culaire.
Expériences 13 et 1l1(ltp¡'euve de l'image mobile).- Expérience 13.
Je trace une croix avec de la craie blanche au milieu d'un tableau
noir placé à30centimèlresdes yeux <le la malade. Je lui dis de fermer
l'oeil amblyope droit, le gauche fixant toujours la croix, .le fais
passer horizontalement de gaucho il droite, entre l'oeil et la croix,
un bâton de craie blanche jusqu'à ce qu'il ne soit plus perçu..Il'
lais alors ouvrir l'oeil droit amblyope, qui doit fixer la croix : et, le
bâton de craie est de nouveau perçu, dans ses proportions exac-
tes ; en faisant, fermer et ouvrir alternativement l'oeil droit, l'i-
mage disparaît et reparaît tour à tour : c'est donc bien lui qui
voit ; par conséquent l'amblyopie a complètement disparu dans
la vision binoculaire.
Expérience 14. En se servant de bâtons de craie de couleurs
différentes, on voit que la dyschomatopsie disparaît pour l'oeil
amblyope, comme nous l'avons déjà vu par les expériences, 3, 4, : >, G, î, 11, 1°.
Expérience 1 ? (Epreuve des deux images mobiles). On
peut faire les expériences 13 et 14 avec deux images et en lais-
sant les deux yeux du sujet ouverts. En rapprochant alors il l'im-
proviste, ◀tantôt▶ de l'oeil gauche, ◀tantôt▶ de l'oeil droit, ◀tantôt▶ une
image, ◀tantôt▶ l'autre image, ◀tantôt▶ les deux, en les faisant 1),L-
raîtrc, disparaître et reparaifre tour à tour, on constate que la
vue droiteest parfaitement conservée chez Valentine.
Expériences 16 et 17. (Epreuve des verres colorés de Snelle)2).
Expérience 16. 011 su-peiid (le%-an[ une vitreéclairée, à quelques
mètres du sujet, un tableau rectangulaire en verre noir sur le mi-
lieu duquel se détachent, en clair, des lettres alternativement
vertes et rouges. On place alors devant les yeux du malade des 's
lunettes dont un verre est rouge et l'autre vert, puis on lui fait L lire
les lettres du tableau transparent.
Si le sujetala ,ne normale,il litavecl'oeil au verrerougclcsleL-
tres rouges, et avec l'oeil au verre vert les lettres vertes : il lit ainsi
AMBLYOPIE HYSTÉRIQUE MONOCULAIRE ; SA DISPARITION. 340
toutes les lettres. S'il est au contraire amaurotiquc dut ! oeil, il ne
lira que les lettres dont la couleur correspond à celle du verre
placé devant l'oeil sain. En d'autres termes, si Valentine est vrai-
ment amaurolique de l'oeil droit, ayant un verre vert à droite et
un verre rouge à gauche, elle ne lira que les lettres rouges du ta-'
bleau : or elle lit aussi les lettres vertes. Inversement,le verre rou-
ge étant mis à droite et le vere vert àgauche, elle ne devrait voir
que les lettres vertes ; or elle lit les lettres rouges ; donc elle voit
avec l'oeil droit dans la vision binoculaire. Plusieurs variantes
concourent au même résultat. Signalons celle-ci .
Expérience li ? l1u lieu de meltre un verre de couleur sur
l'oeil droit amblyope, je mets un verre opaque et place un verre
coloré sur l'oeil gauche, par exemple un verre rouge. Valentinene
lit que les lettres rouges ; j'enlève alors le verre opaque de l'oeil
amblyope et elle lit les lettres rouges et vertes ; si je mets un verre
verL à;;auclle et replace le verre opaque à droite, elle ne lit que
les lettres vertes, mais dès que j'ôte de nouveau le verre opaque,
elle lit aussi les lettres rouges. Elle voit donc de l'oeil droit au
moment de la vision binoculaire. - '
Expériences 1 8 à 22 (Epreuve du stéréoscope). Erpéricnce 18.
On place au stéréoscope deux images qui sont semblables pour la
vision gauche et la vision droite. Elles se fusionnenten une seule
image qui donne aux eux lasensatinn de l'image réelle, telle qu'elle
serait perçue avec ses trois dimensions dans la vision binoculaire
vraie. Le fusionnement recherché dans ces conditions, chez notre
sujet, avec toute une série de tests, en particulier ceux de Java ! ,
nous montre que le fusionnement existe pour toules les images
sans exception, colorées ou non. Par conséquent, l'ambhopie
droitea totalement disparu ; mais elle reparaît, dès que l'oeilgau-
che est fermé et Valentine-ne perçoit plus rien.
Expérience 19. Si au lieu d'utiliser des images semblables on
place des imagesùitférentes au stéréoscope pourla vision droiteet
la vision gauche, ces images différentes se fusionnent encore en
une seule image ; mais cette image est en réalité une 3111c image,
combinaison des images droite et gauche, qui n'est plus perçue
avec ses trois dimensions, - au moins dans les parties des ima-
ges droite et gauche qui ne sont pas semblables et par suite su-
perposables. Nous nous bornerons à un seul exemple. Voici un
carton sléréoscopiquc où l'image de gauche est F et l'image de
droite L ; suivant qu'on regarde dans l'instrument avec l'oeil
gauche seul ou l'oeil droit seul on verra la lettre F ou la lettre
L; mais si on regarde avec les deux yeux, les lettres F et L se
fusionnent en une seule et unique lettre qui est un E. Si Va)en-
tine ferme l'oeil droit, elle ne voit que la lettre F; si elle ferme
350 CLINIQUE NERVEUSE.
l'oeil gauche, elle ne voit rien avec l'oeil droit ; elle paraît donc
amaurotique et ne devrait distinguer que la lettre F en rapport
avec l'oeil sain ; or, elle lit E sans hésiter dès que les deux yeux
sont ouverts ensemble : c'est donc que l'amblyopie droite dispa-
raît dans la vision binoculaire.
- Expérience 20. En se servant de lettres rouges, les résultats
sont identiques ; avec cette différence que, dans la vision droite
seule, l'enfant lit la lettre L, mais une lettre L réduite dans ses
dimensions et de couleur rouge foncé presque noir ; cette dyschro-
matopsie et cette micropsie disparaissent complètement dans la
vision binoculaire où la lettre E estperçue nettement. 1.
Expérience 21. Les transformations de la micropsie et de la
dyschromatopsie sont encore plus faciles à étudier avec des ronds
colorés. Voici un des nombreux tests qui nous ont servi dans nos
expériences (Fig. 21).
Ce test étant placé au stéréoscope, si Valentine ferme l'oeil
droit, elle voit les ronds vert et rose correspondant à l'image
gauche, et conformément à la figure. Si elle ferme l'oeil gauche,
l'image droite est vue comme suit : (fig. 22) ; c'est sensiblement la
même grosseur que dans la fig. 20.
Si maintenant elle ouvre les deux yeux ensemble, les deux
images se fusionnent en une seule et au lieu de deux ronds à
Fio. 21.
AMBLYOPIE HYSTÉRIQUE MONOCULAIRE SA DISPARITION. 351
droite et de deux ronds à gauche, soit en tout 4 ronds de couleur
différente, elle voit 3 ronds avec leurs deux couleurs normales,
vert et rose et dans la disposition que voici (fig. 23). En d'autres
ternies, cet oeil droit, amblyope dans la vision monoculaire, s'est
comporté comme un oeil normal dans la vision binoculaire ; 1
dyschromatopsie et la micropsie ont disparu, en même tempsdue
le fusionnement s'est effectué.
Flü. 22
ric. 23.
Expérience 22. En variant les couleurs bleu, jaune, violet,
etc., et la disposition des ronds, nous avons obtenu des réponses
analogues.
II.
Les multiples expériences qui précèdent montrent
bien, si on s'en rapporte aux données admises, que chez
notre sujet, comme dans l'immense majorité des cas ana-
logues, l'amaurose de l'oeil amblyope disparaît quand
entre en jeu la vision binoculaire. Mais toutes ces expé-
riences démontrent-elles vraiment que la vision bino-
culaire est toujours sollicitée ? Je ne le crois pas. Car la
vision binoculaire n'existe réellement, il ne peut être
question de vision binoculaire, que si les deux yeux per-
352 CLINIQUE NERVEUSE,
, çoivent ensemble un même objet ou les mêmes objets.
Dans le cas contraire, c'est-il-dit,c si certains objets sont
vus par un oeil et certains autres par l'autre oeil, il y a
double vision monoculaire, mais pas vision binoculaire
au sens physiologique du mot. C'est pourquoi, dans la
série d'expériences que nous avons mentionnées plus
haut, on doit faire deux séries :
1° Celles où vraiment la vision binoculaire entre en
jeu, c'est-à-dire où les yeux fixent ou perçoivent les
mêmes objets : ce sont les expériences 1, 2, 3, 4 avec le
prisme ; l'expérience 8 avec la règle, l'expérience 9 dite
de la double image ; les expériences l'i et 17 avec les verres
colorés ; enfin les expériences avec le stéréoscope, parmi
lesquelles il n'y a que l'expérience 18 qui doit compter
entièrement dans ce groupe, les expériences 19, 2J, 21,
22 n'impliquant qu'en partie la vision binoculaire :
2° Lcs expériences où il existe une double vision mo-
noculaire, c'est-à-dire où chaque oeil fixe une image dif-
férente. Dans ce groupe nous placerons les expériences
5, G, 'I avec la boUe de Fiées ; les expériences 10, 11, 12
avec l'écran ; les expériences la et 14, dites de l'image
mobile, l'expérience 15 dite des deux images mobiles et
les expériences 19, 20, 21 et 22 (pour une part).
Afin de montrer le bien-fondé de celte division et de
prouver que, souvent, il s'agit en réalité de la récupé-
ration de la vision monoculaire amblyope seule, sans
qu il soit besoin pour cela de solliciter la vision bino-
culaire proprement dite, nous avons institué une nou-
velle série d'expériences.
Nous avons vu c'est classique que l'amblyopie se
montre dès que le sujet ferme l'oeil sain. Mais si l'on
prend soin d'annihiler la vision de cet oeil, par d'autres
moyens que par la fermeture de la paupière, la vision de
l'oeil amblyope est entièrement normale : c'est ce que
nous allons démontrer. '
Expérience 23. Les yeux de la malade regardant au sté-
réoscope le test de la fig. `>l (exp. 21), le fusionnement a lieu
comme l'indique la figure 23. Si, les deux veux demeurant tou-
jours ouverts, je masque avec un carton les deux ronds consti-
tuant l'image gauche de la 21, 'alcuiine u1'avertiL aussitüt
qu'elle n'aperçoit plus (luie deux ronds : un en haut de couleur
A : lII3L 1'01'11 : 11)'S'IRIQUI; IO\OCLL.11R1 : SA DISPARITION. 353
rose, l'autre eu lui*, de couleur verte avec des dimensions iden-
tiques aux 3 ronds de tout à l'heure : elle voit donc parfaite-
ment l'imatie droite de la ligure 21 : par suite, l'amblyopie de
relie vision droite a disparu. Si, comme contre-expérience, je
fais fermer l'u'il gauche de la malade au lieu de le masquer,
elle ne voit plus que deux petits ronds comme dans la figure 22.
l; p·nieucv·.s - ? 1, ? i, ''(i ct ' ? Ï. - I : n reltrm tnL les expériences
18, l'.l 20, et 22 au stéréoscope, dans les mêmes conditions qui*
l'mpéricncu préctnicnte n 23, ou constate également que l'oeil
droit distingue parfaitement les images, en dehors de la vision
binoculaire proprement dite.
Expériences '28 et 29. Si, plaçant d'abord le prisme devant
1"l'il ( ! l'oit amhlyope, comme dans les expériences 1 et 3, je
place ensuite un carton quelconque, blanc de préférence, devant
l'oeil gauchi ! h 1 ou 2 cent, de distance de la paupière ouverte, de
façon 'il obturer complètement la vue de cet oei], la croix, le
carré de papier ou le rond coloré continuent à être nettement,
perçus par le sujet, c'est-à-dire que la perception a lieu pur l'oeil
;mblyolc settl. 1( suffit, que l'oeil gaucho soit fermé au lieu d'être
masqué, pour que ces images droites disparaissent ou se montrent t
déformées (ilyschromalopsie, micropsie).
Expérience 30. Si dans l'expérience 9 ou place le carton -
manque comme précédemment, une des images disparaît, c'est
l'image en rapport avec la vision gaucho : l'image en rapport
avec la vision droite continue à être perçue.
Expérience 31 '. La même démonstration avec les verres colo-
res, dans les conditions rlu l'mlOrience 1(i, r·L ttn peu délicate et
demande certaines précautions. Comme dans l'expérience 16, les
lunettes à verres colorés sont placées devant les yeux de la ma-
lade, de façon que le verre vert soit adroite (oeil amblyope) et le
verre rouge à gauche (oeil sain). Pour obturer complètement la
vue gauche, il suffit que je place un verre rouge devant le verre
vert : car rouge sur vert = noir. Dans ces conditions, au début,
l'oeil droit perd subitement la vision en même temps que l'oeil
gauche.
En mettant inversement le verre vert à gauche et le verre
rouge à droite (oeil amblyope) et en obturant la vision gauche avec
un verre rouge sur le vert, ce qui donne noir, la vision droite
peut encore distinguer les lettres rouges, mais ces lettres sont
diminuées de moitié comme grandeur et d'un rouge foncé pres-
que noir. Ce fait semblait indiquer que l'amblyopie complète
étaitsiisceplible de se récupérer en partie, grâce au rouge qui est.
comme chacun sait, la couleur de prédilection de l'hystérique.
Nous avons mentionné un exemple typique de ce genre (lac. cit.1
.lncnIVr, 2^ çric, I. I\. 23
351' CLINIQUE NERVEUSE.
Celle expérience se montrait par suite en contradic-
tion avec les précédentes. Puisque l'oeil sain est ouvert,
en c1l'c1. comment se fait-il que le droit présente de l'am-
blyopic ? C'est que le sujet avait subitement la sensation
du noir, la sensation de -l'obscurité : voilà le point im-
portant il retenir ; mais comme cette obscurité n'était
pas complète, le jour l'usant autour de l'oeil gauche, le
sujet ne tardait pas au bout de quelques instants à voir,
de son oeil amblyope, les caractères verts ou rouges,
suivant qu'il avait devant lui un verre vert ou un verre
rouge, et avec leurs dimensions et leurs couleurs nor-
males. Cette expérience, ici' encore, concordait donc
avec les précédentes. »
Expérience 32. D'ailleurs, en se servant de verre opaque au
lieu de verre noir, l'expérience est positive. Si, en effet, on met
un verre opaque devant l'oeil gauche de Valentine et un verre
rouge devant son oeil amblyope, ullclitnettement les lettres rou-
ges;sionchaugeclwerre rouge parmi vert, elle lit bien les lettres
vertes. Donc l'amblyopie a disparu.
Expérience 33. En plaçant sur les lunettes un verre neutre
à droite, au lieu d'un verre coloré et en laissant le verre opaque
à gauche, la vision monoculaire droite est parfaite. Prenons
comme exemple les deux ronds (image droite de la figure 21) ; ils
sont vus normalement. Si maintenant, en contre-expérience, la
malade ferme son oeil gauche, les deux' ronds sont vus comme
dans la figure 22.
Expérience 34. L'expérience est aussi démonstrative sans
lunettes. Il suffit, les deux yeux étant ouverts et fixant un objet
ou une image quelconques, les-ronds de la ligure 21 par exemple,
de placer un écran devant l'oeil gauche sain qui reste ouvert : Va-
lentine continue il voir les quatre ronds colorés avec le même
aspect ; mais si elle ferme t'omit gauche, les ronds se présonlonl
instantanément avec les modifications de la ligure '2.
Expérience 3.'). Les expériences précédente» démontrent que
l'oeil'gauche, ou sain, étant ouvert, mais sa vision masquée, la
vision de l'oeil droit amblyope se montre cependant avec toutes
les apparences de la vision- normale. Nous avons utilisé ce fait
pour rechercher dans ces conditions l'étendue du champ visuel
de l'oeil droit. Et nous avons pu constater que le rétrécissement
du champ visuel, si marqué quand l'oeil sain est fermé, est beau-
coup moins considérable quand cet mil ouvert est simplement
AMBLYOPIE HYSTÉRIQUE JIONOCULAIRK ; SA ])LSP.IUllüN. ;JG5
masqué par un écran. Le rétrécissement est, alors, sensiblement
¡"gai il (;elui de [',l,il gall('IIl', 11011 alllblyopl'.
Is : nlmimea·s : G ct37. - Ue mi·mc,la puinaaucc accmnmuUuLricc
de l'oeil droit, recherchée à l'oplomèlre de l3a<1al, ell IIlasqualll
l'oeil gauche, devient égale à celle de l'oeil gauche : 14 dioptrie»
au licu Ilco,ll Iluaull L'mil nauclu; 1·l l'1·rm ? Il 1·nu·a t·ncnrc Ilc
même pour l'acuité visuelle qui, l'l'chl'I'cllée aill-i, se 111[)1l[l'e
égale il coin me à gauche.
Les quinze dernières expériences (23 37), que nous
venons de relater suffisent à démontrer que l'oeil am-
blyope d'un sujet hystérique n'a pas nécessairement
besoin, pour récupérer sa vision, que soit mise en jeu la
vision binoculaire. Celle vision monoculaire de l'oeil
malade peut parfaitement exister par elle-même, indé-
pellllammcnl de la vision de l'oeil sain.
III.
Il résulte, en somme, des laits qui précèdent que l'am-
blyopie hystérique monoculaire serait l'onction de la fer-
incture delà paupière de L'teil normal.
Chez un sujet normal, que la vision soit annihilée par
un obstacle placé devant l'oeil ou par la fermeture de la
paupière, il n'y a pas de différence bien sensible en ce qui
concerne -la perle de celle vision. Cependant, il est incon-
testable que l'occlusion de la paupière, étant plus hermé-
tique, donne il l'oeil la sensation de l'obscurité, ce qui n'a
pas lieu quand l'oeil est simplement couvert. On peut, par
suite, se demander si l'amblyopie d'un oeil disparaît par
ce seul l'ait que l'oeil opposé s'ouvre, ou bien par le fait
que l'obscurité l'ail place, chez lui, a la lumière. En d'au-
tres termes, il nous faut rechercher si l'amblyopie d'un
oeil est fonction de l'occlusion de l'autre oeil,on bien si elle
est fonction de l'obscurité qu'amène cette occlusion .Nous
avons dans ce hul institué unc nouvelle série d'expérien-
ces.
Expérience ? )^. - L'<eilgall('he 011 sain l'[allt ouvert, niais masqué,
,It;llis à la malade de fixer les deux ronds de couleur rose et verte
(le la lig.1 (image Ilruilcl, placés de 40 il ' ! 5 cculim. de l'mil. Elle
l ? di ? linglll' pa l'l'ai [ellH'11 1. i.io lui dis de l'l'l'lIH'1' ¡"l'il gauche, le
: 33l. CLINIQUE NERVËUSU. .
droit devient aussitôt amblyope et voit les ronds comme dans la
ligure 22.
Jo place alors en creux la paume de ma main devant la région
orbi lairD gauche du sujet, de façon il sa i 1'(' l'obscu rilé POUI' 1'( l'il gall- i-
che, mais sans cependant l'empêcher de s'ouvrir. Puisje dis à Va-
lenlinc d'ouvrir 1'(eil gauche : il est ainsi dans l'obscurité, et ou-
vert. Si maintenant je demande il l'enfant comment elle voix les
deux ronds avec 1'(eil droit, elle me répond qu'ils sont un peu
plus gros et de couleur un peu plus claire que dans la ligure 8,le
vert étant vu vert foncé au lieu de noir (ligure ` ? '1).
Expérience 39. L'expérience 38 sem hlai t hien indiquer le rôle
primordial joué par l'obscurité ; mais afin de le rendre plus con-
cluant (car la main de l'observateur aussi bien appliquée qu'elle
soit, laisse filtrer un peu de jour) nous avons remplacé la main
par des cornets en papier fort, de couleurs différentes, s'adap-
tant étroitement il la région orbitaire gauche et l'isolant comple-
tement. En nous plaçant dans les mêmes conditions de recher-
ches que dans l'expérience 38, les ronds colorés rose cl vertélant
à 40-45 cm. de distance de l'oeil droit, les réponses du sujet ont
été les suivantes :
Avec des cornets en papier noir ou bleu très foncé, ou rouge très
foncé, placés devant l'oeil gauche ouvert et l'isolant ainsi entière-
ment du jour ambiant, l'oeil droit amblvopo voit les ronds plus
petits et plus foncés en couleur comme dans latigurc 22. Si on dit 1
il Valentine de fermer l'oeil gauche, l'un des cornets précédents
demeurant sur l'oeil, les ronds sont perçus identiques par l'oeil
droit. l. '
Avec des cornets de papier vert clair ou foncé, rouge, carmin,
bleu d'azur, violet, jaune, les ronds sont perçus un peu plus gros
que llatlsla liuru ` ? 1, comme dans la ligure 24, mais avec les mè-
mes modifications de couleur que dans la ligure 22 (ligure 25). Si
. I c. 21.
AMBLYOPIE HYSTÉRIQUE MONOCULAIRE ; SA DISPARITION. 357
011 dit il "alt'Il ti Ile de rPl'll1el'l'nil gauche, l'Il n dl' COI'Il<'ls de ll'i n le
précédente restant ;'111' "oei[, Il'Sl'OIHls ? nnl \ Il'' plll" pl'lils ('0111111('
avec les cornets de teinte très foncée.
Seul, le cornet de papier blanc, appliqué sur la région orbi-
(aire gaucho, n'empêche nullement les ronds colorés d'être tis
par l'oeil droit comme à l'état normal, c'est-à-dire comme dans
la ligure 21 (image droite). Avec tous les ail cornets de papier,
il sltl11l,pollrqlw l'mil amblyope récupère sa vision, qu'on les
écarte légèrement de la surface p{'l'iorhilail'l', afin de permettre
le passage direct des rayons lumineux.
Expérience 40. - Etant donné le fait mentionné dans l'rxp{'-
rinuce 31,ù savoir qu'un verre noir placé devant 1'(eil gauche ou-
vert peut enlminpl' pl'l1l1antquelquesinslanls l'amblyopie del'oeil
droit au même 1 i t re '1 ue l'obscl\l'ité com plèle, noua\ OIlS chl'l'ch, il,
reproduire le phénomène en plaçant un large écran de papier ou
de carton noir de\anll"l'il gauche ouvert : mais 1,(R.il droit n'a pas
accusé la moindre amblyopie ; sa vision était parfaite. En ('011-
\1ztiit 1'teil gauche avec les {'('l'an" (le papier aux couleurs les plu<
variées, l'oeil droit n'a pas manifesté davantage la plu" légi'l'e am-
1)1\ olii(.
Ces expériences paraissent démontrer que l'alu]¡lol)(e (le 1'(eil
hystérique est due il un défaut (le l'autre oeil par la
lumière blanche.
Expérience 4(. Nous avons même recherché si la lumière
blanche du jour devait être seule mise en cause. A cet effet, ayant
mis la malade dans une chambre noire, nous ayons allumé une
simple bougie et recommencé sous ce mince éclairage les eyé-
riences précédentes. (ta40). Les réponses ont été identiques.
FIG.2 ?
3J . CLI\IQUl \LI2VCl'Sli.
Donc la lumière blanche, de quelle que source qu'elle
soit. peut empêcher l'amblyopie monoculaire tant qu'elle,
est absorbée par 1'(.il sain ; dès qu'elle est interceptée,
l'amblyopie apparaît dans l'oeil droit. La paupière, en ob-
turant hermétiquement l'oeil sain, joue précisément le
rôle de voile intercepteur des rayons lumineux et em-
pêche de passer la lumière blanche ; car c'est la lumière
blanche seule, comme le prouve l'expérience avec les
cornets en papier de couleurs différentes. faisant office
de voiles intercepleu\'s, qui, (liJ\'usantit lrayers l'oeil sain.
empêche l'amblyopie de l'oeil malade.
TV.
Dans un précédent (loi. cit.) à propos d'une
amaurose hystérique n'obéissant pas d'ailleurs aux
règles classiques nous avions pensé que bien sou-
vent la récupération consciente de la vision monoculaire
amblyope n'était pas complète, en ce sens qu'elle ne dé-
passait guère le moment d'une expérience ou d'une sug-
gestion. Les faits que nous apportions à l'appui de notre
idée semblaient nous donner raison pour le cas consi-
déré. Aujourd'hui, dans cette nouvelle observation
qui, elle, correspond, aux données classiques de l'amblyo-
pie Itystél'ique - les expériences entreprises semblent
nous conduire il une opinion opposée.
11 est bien évident qu'on pourrait soutenir que chez
notre sujet, l'amblyopie droite est constante, commel'llé-
miamestllcsic du même côté ; et que si la vision droite est
récupérée, cette récupération visuelle ne dépasse pas le
moment de l'expérience. -
Ala rigueur, dans certaines expériences avec le prisme,
la règle, l'écran, les verres -colorés, la boîte de Fiées, le
stéréoscope, on peut supposer que la vision monoculaire
n'est récupérée, dans la vision binoculaire, qu'au moment
de l'expérience. Mais je ne puis comprendre pourquoi.
au même moment de l'expérience la réponse de l'oeil ma-
lade difrère absolument, suivant que l'oeil sain est fermé
ou simplement couvert. Les perceptions Jilrércn les de
l'oeil malade, suivant que l'oeil sain est masqué avec des
cornets en papier de couleur ou en papier blanc, ont éga-
lement une valeur démonstrative.
AMBLYOPIE HYSTÉRIQUE MONOCULAIRE ; SA DISPARITION. i)59
D'ailleurs, je ne m'explique pas bien pourquoi la vision
monoculaire de l'oeil malade, qui n'existerait qu'à certains
moments dans la vision binoculaire, n'entrerait pas paré. z
ciscmcnt en jeu quand elle est seule il fonctionner, c'est-
à-dire quand l'oeil sain est fermé ; c'est là vraiment le
cas d'appel idéal pour une suppléance fonctionnelle. Or,
cette suppléance visuelle est exceptionnelle d'après les
auteurs et c'est, au contraire, dans ces conditions que
l'amblyopie apparaît.
La simulation, encore acceptée par certains, doit être
cependant rcjelée pour de multiples raisons : sans par-
ler des expériences nombreuses on l'a vu-, qui per-
mettent d'éliminer cette simulation, il est de règle que
le sujet ne s'aperçoit presque jamais de son amblyopie
lui-même; elle lui est généralement révélée par l'ocu-
liste ou le médecin. Bref, il faut admettre que dans les
conditions normales delà vie courante, l'hystérique, qui
regarde de ses deux yeux les objets qui l'cntourent, n'a a
pas J'amblyopie de son oeil malade ; cet oeil distingue
parfaitement par lui-même les objets, soit seul, soit con-
jointement avec le sain.11 lui faut, pour devenir amblyope
des conditions particulières qui aboutissent à l'occlu-
sion de l'oeil sain et privent ce dernier de la lumière du
jour. Quant il savoir pourquoi la lumière blanche, en im-
pressionnant l'oeil sain, lait disparaître 1 amblyopie de
lu'il malade, c'est une question qui, pour le moment,
nous parait assez difficile a résoudre : on peut dire qu'elle
agit par suggestion, mais celte explication n'cst qu'un
mot.
Conclusions.
1° Dans lccasd'amblyopie hystérique monoculaire que
nous venons d'étudier, l'amblyopie, comme dans presque
tous les cas analogues d'amblyopic hystérique, dispa-
raît au moment de la vision binoculaire.
2" En serrant les faits de près, nous avons montré que
ce n'estlras seulement dans la vision binoculaire que dis-
parait l'amblyopie monoculaire. De multiples expérien-
ces prouvent que l'oeil sain étant masqué, et par consé-
quent la vision binoculaire n'existant pas, l'oeil malade
uerçoit aussi bien que l'oeil sain tous les objets qui l'cn-
360 CLI\IQUI : DII : \1'ALI : .
vironnent : il n est doncpas amblyope, même en dehors
de la vision binoculaire. '
3° L'élude des faits semble montrer que la disparition
de l'amblyopie monoculaire n'est pas expliqueeparl'exer-
cicc de la vision binoculaire ; elle n'est pas expliquée
non plus par l'exercice simultané de la vision 1ll01lOCU-
laine droite el de la vision monoculaire gauche, entrant
l'une ctraulreenaclion, chacune pour son propre compte;
en réalité, l'aniblyopiedisparail dès ques ouvre l'oeil sain,
elle apparaît desqu il se ferme : voila le l'ail indiscutable.
L'amblyopie K207 ! OCM/<7 ? elystei'i(pic serait donc fonction
de l'occlusion de l'oeil sain.
4° L'occlusion de l'oeil sain, ainsi que le démontrent
nos expériences axée les cornets en papiers colorés, com-
mande l'amblyopie de l'autre oeil. non par le fait de son
occlusion (action motrice), mais parce que cette occlu-
sion intercepte les rayons de la lumière blanche qui
n'arrivent plus jusqu'à lui (action physique).
CLINIQUE MENTALE
Auto-identification romanesque.
(Illusions de reconnaissance de sa propre personnalité.)
Pau leD' I'aul GARNIER
Médecin en chef du Dépôt, chargé de cours,
E·r t.c 1)° t)R()\IAIiU
Interne des asiles d'aliénés de la Seine
La suggestibilité a reçu depuis longtemps la place
qu'elle mérite parmi les nombreux allribuls de la dégé-
nérescence. En vérité, son territoire est immense ; ses
dépendances immédiates sont aussi larges que ses con-
séquences lointaines sont variées. On peul tout atten-
dre en ell'et d'une mentalité privée de sa faculté supé-
rieure d'initiative et de contrôle, de cette faculté qui esl
la plus haute expression du moi et qui traduit en toutes
AUTO-iDEXTtFICATfON RO)[ANESQ1T. 3G1
circonstances l'autonomie de ce moi, par rapport au
monde extérieur.
Quand cette faculté est peu ou point développée, la per-
sonnalité subit l'empreinte du milieu sans opposition ni
défense ; les choses du dehors s'imposent à elle d'une
manière fatale, la pénètrent sans résistance, l'imprègnent L
sans ell'uri, et s'y fixent sans une critique, sans une hési-
tation, sans un doute. <
Dans la majorité des cas, l'esprit suggestible. est pure-
ment passif : toujours prêt il agréer, il se contente d'ac-
cepter sans vérifier ce qu'il reçoit. D'autres fois, cepen-
dant, l, eel tepassi yit0, qnifaitdusujet un éternel convaincu
et un crédule dj tous les instants, n'exclut pas une
sorte d'activité en vertu de laquelle l'imagination com-
plète la réalité, la déformant à sa guise et l'accommodant
au gré de toutes ses fantaisies. ,
C'est alors surtout c'est dans cet état de suggestibi-
lité adaptatrice, - pO\llTai l-ol1 dire que la voie est ou-
verte aux erreurs- les plus grossières et aux déductions
les plus invraisemblables par conséquent.
l.cs fausses reconnaissances, qui consistent il établir en-
tre deux objets ou deux cires une identité qui n'existe
pas, trouvent une place légitime parmi les manifestations
de cette débilité spéciale de l'esprit. Le cas qui nous inlé-
resse en est une modalité, mais une modalité très par-
ticulière. Ici, en l,m,t, l'identification erronée, au lieu de
se tenir sur un lorrain purement objectif, met en cause,
la personnalité propre du sujet qui croit se reconnaître
dans une personnalité étrangère. -
Marie X...est une fille d'une trentaine d'années, bien con.li-
tuée au point de vue physique, mais dont l'état mental semble
avoir présenté de tous temps un certain nombre d'anomalies. De
maintien réservé, de manières douces et polies, elle est d'aspect
indécis et rêveur.
Elle nous dit, en parlant de ses antécédents : « Je suis née de
parents bizarres et faibles d'esprit. )Ion père était un simple. Ma
mère n'avait aucun caractère et vivait confinée dans une dévo-
tion qui frisait de près la folie ; elle possédait en outre une na-
ture impressionnable et craintive dontje suis, hélas ! la trislehéri-
Lièl'P. »
La malade se révèle dans son propre passé comme une per-
3G2 CLINIQUE MENTALE. ,
sonne peu normale. Elle a toujours eu une peur insurmontable
des morts ; la solitude et l'obscurité l'elfrayenl. « Quand mes
soeurs allaient en partie de plaisir, nous dil-elle,je me tenais tou-
jours à l'écart, convaincue de ne pas être comme tout le monde....
J'étais souvent triste et mélancolique, portée à la rêverie, mais,
sans aucune tendance à la sensualité. J'ai pourtant connu les
plaisirs de l'amour avec le seul être ([lie j'ai véritablement aimé :
'alors, la commotion olaitsi forte que, sans aucun rapprochement,
j'éprouvais les mêmes sensations que dans l'intimité. Entre les
mains de la personne aimée, j'élais d'ailleurs une pâle malléable.
J'aurais voulu que mon amant lut pour moi un père.... un père
sévère et autoritaire ; il me l'allaiL un mailre ! »
En el1d, : \J¡Il'i( : .\... s'est toujours montrée d'une extrême sug-
geslibililé. « Je suis sans volonté, nous dit-elle, et je ne puis rien
par moi-même. »
Elle nous raconte comment, en maintes circonstances, elle n'a
pa-'su dire «non » devant un homme, comment elle s'est laissée
entraîner à dérober des objets dont elle n'avait que faire sur les
conseils d'une amie, etc. Et quand nous lui demandons ce qu'elle
pense de ses actes, elle nous répond très simplement' : « Je puis
l'aire beaucoup de bien ou heaucoup de mal suivant la direction-
qu'on m'imprime » ,
Aussi l'existence de .\1"° X..., qui a l'instruction d'une em-
ployée de magasin, fut-elle pleine de péripéties. Petite fille, elle
connut la maison de correction ; puis elle vécut au hasard de
la destinée, ◀tantôt▶ s'allachant £ t la-jJCI'sonnc d'unc amie, ◀tantôt▶
s'ahoiulonnant à l'amant de rencontre jusqu'au jour où elle ils
conduite la maison de santé par une singulière aventure.
Eu niai 11() : >, M11- X..., lisait un journal qui publia successive-
ment Claudine Ú l'école, Claudine en ménage et Claudine ci Paris.
Lc texte l'intéressa et elle crut reconnaître une analogie mar-
(IUl'l' entre ses propres tendances et celles qu'on prêtait au per-
sonnage principal du livre. Puis l'analogie devint une identité et
Mlle X..., se crut incarnée dans le personnage de Claudine. Non
pas qu'elle lut amoureuse des femmes : elle n'a jamais eu avec les
personnes de son sexe que des rapports fort honnêtes, et sur ce
point, assure-t-elle « l'auteur est mal informé ». Mais cette Clau-
di1l ? c'élaithicn .'1 lie X..., dans ses goûts, dans ses caprices, dans
ses habitudes d'esprit, dans sa façon de comprendre les choses,
« Conlmc à moi il lui fallait un maître, nous dit-elle; comme moi
elle manquait de direction ; elle recherchait la rêverie comme
moi ; et elle était comme moi dans sa manière d'aimer et ùe ju-
gel' son amant». Le physique n'est pas moins probant. « Clau-
dine n'est pas une beauté, mais elle est originale comme moi. En
elle, je reconnais mes yeux... ces yeux «, noisette » dont on [tarie
tant ;je reconnais mon nez et ma bouche, et puis mes cheveux
.oto-mcwmc.rro r,owNt;sQtL. JC3
Imull'.utLo... cL luuL le rcsLu » \Im ... c voit donc, dans Claudine
comme dans un miroir. Mais il va mieux : l'identification s'étend
au : \ pel'sonnagï's sl'conda i l'l'S l'l la ma lade l'Pl l'OU \ e d,ll1 Il' 1'0-
J11anlou[ son pl1LOlu'ag-l', Elle rpl'unuail dans R,'iUlUl SOli amant,
dans llezie son amie, dans u<U ! m.JHunufincqn'<.'ii(;afr)''fj))en-
tée, elc ? Alors elle discute l'authenl ici té des rai ls a l'CC unc COI1\ ic-
lion que rien ne saurait ébranler. « Celle Luce, nous dit-elle, ne
remonte pas au temps de mon enfance^ el l'on s'est trompé en
l'CI Ïlanl de pareilles choses. Celte Luce, je l'ai connue chez une
logeuse, rue des Pelils-Carreaux, el je jure que nos rapports ont
toujours été chastes. Je n'ai jamais eu les vices qu'on veut m'al-
trilmcr... ,jc nu c,ntnai Ir,w co v ilainc : lrtaim : . l : l-ct· rna l'auln
à moisi les apparences me ('ondamnpu[ ? \Il ! (ln "'1 ? [ hi,'n Il'omp{'.
on s'est bien trompé ! .le le jure ! »
Mais comment l'auleumvaiL-il pu cunnailre \Im ... rlans les
moindres détails de sa vie ? Comment était-il renseigné sur son
passé, sur son tempérament, sur ses ofiLs ? Jln ... ne tardera
pa il le saloir, cal' ll's Cil'('olblances lonllui fournir une expli-
cation.
La lecture des livres alail eu lieu au printemps. Or, en été,
Illc -'i : ... rel;ut uu jour, houleHll'l1 (le llaliens, les compliment"
de passage d'un monsieur « bien mis ». Il était de taille moyenne
et, entre deux âges ; il portail une barbe taillée en pointe et un
chapeau il bord, plais. Les jours suivants, la conversation s'en-
gagea de nouveau, et,Marie X... se laissa conduire de bonne
irràcepar le personnage dont elle ignorait d'ailleurs le nom et la
profession. « Je le suivais comme une macltinc, ajnulu-l rllu, car
il exerçait sur moi une attraction que je ne m'explique pas. Je ne
l'aimais pas du tout, et je me trouvais pourtant à «c- rende/-
vous. » Un jour qu'ils cheminaient, e('d.eàeùte,M ? \...h'enteudit
nunlllH'l' « Claudinelle J' pal' son partenaire. Celui-ci désignai ! en
111<',nle tl'l\lPS du hout de sa ca Il l1L' ulle aflichp illu"ll'l"e (le C/(Iudine
en vadrouille. Sur cetle affiche, une femme étail représentée, dans
layucllc llaric \... se reconnut nettement. Elle en eut une vive
émotion. Les allures de son compagnon d'ailleurs étaient «e(p)i-
voques » el il lui sembla que « cet homme était, au courant de
bien des choses ».
Ceci se passait au mois de juin. Or il arriva qu'en décembre
)Iarie \ ? aperyuL à l'étalage d'un libraire le nom de Willy. Au-
dessous de ce nom, il y avait un port rail. Ouelle ne fut pas sa
surprise en relrouvanl dans ce portrait toute la ligure du per-
sonnage innommé dont ellc avail subi les assiduités penda ! )Ltp)u-
sieurs mois de l'été ! C'était hien la même barbe en pointe, le
même chapeau abords plats ! Ce fut comme une révélation.
'Ain ? iMtteX...aait été l'objet d'un abus de confiance ! Long-
temps avant la rencontre du boulevard des Italiens, cet homme
·ul1 CLINIQUE MENTALE.
avait dû l'épier, el à ce momentnième il devait être informé déjà
de toute sa vie passée. Mais comment nlllan yni ' ? \e l'allaiL-il
pas une complicité. '
Les soupçons de Mlle .\... se dirigèrent sur une dame IL. dont
eUe avait fait sa meilleure amie. Un jour que Mlle X... parlait de
ses impressions sur Claudine, Jlme 13... lui avait dit sans rire : ? I;lamlint·' ? 'e.L Loi. » l'lüs Lar<l, comme \Ille U... lni contait
"ses relations de la rue avec un homme dont le chapeau était à
bords [liais, \fute 11... avait répliqué le plus sérieusement du mon-
de : « Par Dieu, c'est Willy ! » Et elle avait ajout) ? l'usais.ma
petite, quand 011 a la protection d'un littérateur, on a autre
' : 11),) à faire qu'a lrwaillw ·. · .le comprend- : maintenant, di ! : \11 le .\... pomquoÎ ,\lllle IL. ,"oulaillne pousser dans les bras de
.'d ho III 1111'. )) Puis d'aull'e t'ail lui ['('\ iennent il l'espl'il. ;\lml' IL..
l'avait un jour photographiée dans des poses bizarres. Ces poses
comportaient un demi-nu. une sieste sur un divan, etc. Toutes
ces images figuraient les défauts de Claudine ; elles devaient être
mises en circulation et servir aux caries-postales. Mme 13... (usait
à tout venant : « Ces clichés-là, ce sont mes Claudines ; je ne le-
donnerais pas pour quinze mille l'ranc·. u \llle\... reste convain-
cue que Mme 13... l'attirail chez elle pour la l'aire causer. Il lui
arrivait, en efl'¡'tde dire« des choses en l'air» et \\'itt\ caché der-
rière un rideau prenait des noies pour ses futurs livres.
Le délire dépassa la limite purement interprétative. Des hallu-
ciuaLion : le l'mlc a,joulèrentau lruuLlelle \larie \... Iluantl, I·n
compagnie de sonchien, elle entrait dans une salle de restaurant.
ici et lion murmurait : « Tiens voilà Claudine et son chien ! » »
.\ cclle ulupuc, \Ille \... se voyait congédiée de son apparte-
ment; les propriétaires refusaient de l'entendre et les concierges
la tenaient pour suspecte. Ruinée dans sa réputation et dans son
honneur, elledul prendre asilcrhez Mme 13... dont elle connaissait i 1
toutes les vilenies. L'entente l'utile courte Üm"'l'. }l1le X ? quitta
sa compagne pour ne ptus la revoir. N'ayant aucune intention de
vengeance, elle avait élu domicile ailleurs, quand soudainement
une idée ti.\elui\int qui précipita le dénouement. «Un soir,
nous dit-elle, je songeais à M ! ne[ ! ...et je pensais, sans plu ? III'
arrêter, que je pourrais tuer celte femme. Puis, le désir de tatue ! '
111'('n\allÎl a\ec une il'I'éi"lihililé que je ne j1ui" dl-cl'il'l'. ,le uw
couchai en y pensant toujours. Je comptais les heures pour arri-
ver plus vile au matin, car j'attendais le lendemain avec iyoa-
tience. Dès que le jour parut, et sans faire de toilette, j'allai pren-
dre position il la terrasse d'un café, dissimulant dans mon man-
chon un couteau de cuisine. J'attendis longtemps, de plus enplus
tièv reuse en disant toujours : Tue-la, tue-la ; il faut que tu la tues.
Enfin Mme 11... passa..le vis comme un éclair de haine briller
tlall e euY..\lon an¡ ! IlC iiI qu'un 10011'dnIl UII'S \l'inl ? I1' Ille
,\11 rO-lm : " IIFIC,HIO : " Rowway-r. 38.')
préciliilai, Irautli·anl mouuuuLuau cLlmuacnlanLl·n lalli··;'llic-
la, l\ ! l'-Ia; il l'au 1 qLle tu la lue" ? .\lai hruqLll'LIlelll LIIOLI 111'.1-
Inl lruraly : u ; .I· 'c'·lai aW unlic, cluuuc aun llacc ; un cri ·'(Onll'u
ilan· ma ;.m ? u I ,p· nc pus liru yuc Ies ml, inarliuulu. : « laln
J'l'liIlLll', 1'1'1111111' dl' l'il'n ! )J... ()I1111'I'II[Olll'a l'l l'on 1lI'(,I111111'na ail
poste de police. »
L'observation précédente est intéressante a divers
égards. luns y voyons d'abord un fond de suggoslibililé
manifeste, comme point de départ d'un délire : puis nous
voyous ce délire évoluant pour son propre compte il la
faveur de celle même suggestibililé qui découvre pour
lui dans le monde extérieur, autant de preuves matériel-
les qu'en réclame sa logique morbide. Sur cet échafau-
dage, nous voyons enfin se grellèr, par un enchaînement
puéril d'interprétations, des idées rétrospectives de per-
sécution dont la réaction définitive menace d'être grave.
Mais celle réaction même, de par son caractère pat'oxys-
tique et mal combiné tout il la l'ois, s'éloigne singulière-
ment de la réaction froide et préméditée des persécutés
chroniques : elleestla conclusion harmonique et légitime
de toute l'épopée, car, dans sa conception comme dans son
exécution, elle est frappée au double sceau de la débilité
et de l'impulsivité des dégénérés.
L'intérêt médico-légal vient s'adjoindre il la curieuse'
histoire de ce prétendu « modèle » qui affirme avoir posé
devant l'écrivain..., Notre étrange malade a.été homicide
d'intention sinon de fait. L'acte de meurtre a été voulu.
« C'est mon bras qui s'est paralysé », a déclaré Marie
X... A côté de l'impulsion homicide, le phénomène d'ar-
rêt. Celle inhibition n'est d'ailleurs pas pour surprendre
sur ce fond de dégénérescence mentale.
Meurtre dans un asile d'aliénés. On mande de Marseille
qu'un nommé Bazille Sabaton, âgé de quarante et un ans, étant
mort lundi à l'asile des aliénés, le médecin constata sur le corps
du malheureux des blessures assez graves pour avoir entraîné la
mort. Une enquête fut ouverte, à la suite de laquelle il a été éta-
bli que le gardien Barthélemy et trois veilleurs, pris de boisson
dans la nuit de Noël, avaient mortellement blessé Sabaton avec
un instrument contondant. Ces quatre misérables ont été arrêtés
(Le Temps). D'où la nécessité de l'exclusion des gardiens ivro-
gnes.
PSYCHOLOGIE
La psychologie des dégénérés ; Les dégénérés
mystiques ;
1',\11 1.1 : Il' CIl. BI : \ET ? \ : \GLl
Professeur a l'Ecole de psvcliologie.
(Leçon d'ollJiel tl/re.)
Mesdames. Messieurs.
La psychologie des dégénérés est une science rela-
tivement récente. Elle a élé inaugurée par Bénéclikt
Morol, dont le Traité des dégénérescences de l'espèce hu-
maine paru en 1857, et continuée par Yalentin Magnan.
Maurice Lcgrain et IL Saury, pour ne citer que les plus
connus parmi les aliénistes qui s'y consacrèrent.
Je n'ai-pas l'intention de traiter dans une Ecole qui
précisément compte parmi ses professeurs le docteur
Maurice L c5rain, des dégénérés en général. C'est seule-
ment des dégénérés mystiques que je veux parler, et déjà
le sujet est assez vaste. 11 est d'autant plus vaste que les
dégénérés mystiques ne se rencontrent pas seulement.
comme on pourrait le croire, dans les asiles d'aliénés : ils
emplissent ces asiles spéciaux qu'on appelle les monas-
tères.
Je m'engage, je le sais, sur un terrain brûlant. Sans
doute l'humanité a traversé la période éruptive. L'une
des conséquences du progrès scientifique a été 1 extinc-
lion graduelle des mauvaises [lassions. La croix de la
Saint-Harthélemy ne souillera plus nos portes, et nous
n'entendrons plus le râle des penseurs sortir des bu
chers de l'Inquisition. Le Roi-Soleil-a a emporté, dans le
pourpre de son déclin, jusqu'au souvenir de la chainil-
larde et des missions bottées de Louvois; et de ces temps
où la loi se mesurait à la haine, il ne restera bientôt plus
que les statues d'Etienne Dolet et de Michel Scrvct de-
bout sur nos places publiques comme des remords de
LA PSYCHOLOGIE DES j)GlNÉRÉS. ; ! liî'
bronze. Mais le sous-sol n'est pas refroidi encore. Au-
dessous, de l'humanité qui pense, la lave bouillonne de
l'humanité barbare. Dans les pays les plus civilisés, les
siècles disparus ont leurs représentants : ce sont ces
produits de parents intoxiqués ou malades que nous ap-
pelons les dégénérés mentaux.
Chez eux les émotions et les passions, l'enthousiasme
inconsidéré, la haine virulente et la peur morbide ren-
dent difficiles, sinon impossibles. l'observation et le rai-
bonnement ; et leurs gestes impulsifs peuvent ouvrir sous
les pas du chercheur tranquille des fumerolles et des
cratères.
Messieurs, c'est d'un pas égal que je sur
le terrain volcanique que j'ai choisi. Je n'ai pas l'orgueil
de Typhéc et l'I : ncc;lmlc, et m'efforcerai d'être plus pru-
dent qu'Empédocle et que Pline l'Ancien. Mais, ayant t
conscience de faire oeuvre utile, travaillant, dans la
mesure de mon pouvoir,' au progrès de la science et par
conséquent au bonheur des hommes, je ne rebrousserai
pas chemin.
Les religions ont fait du bien et ont l'ait du et
je crois qu'aujourd'hui, en se dressant devant la science,
et en s'elforçant d'accaparer l'instruction publique pour
en limiter les effets, elles font plus de mal que de bien. Et
cependant vous n'entendrez sortir de ma bouche aucune
parole de réprobation. C'est que les phénomènes reli-
gieux sont, comme tous les autres, parfaitement déter-
minés, et clu'cnlcs ahhrcciant dc fuçon mal-eillanle,j c res-
semblerais ces sauvages de l'Afrique centrale qui s'irri-
tent contre la pluie et le vent.
Avant de parler des dégénérés mystiques, il me faut
dire en quoi consiste la dégénérescence.
Les protoplasmas vivants ou bioprotéons sont deh édi-
fices chimiques complexes mais définis, et cristallisant
sous des formes définies qui sont celles des êtres vivants.
La forme étant, pour les végétaux et les animaux comme
pour les minéraux, fonction de la composition chimique,
il y a autant de bioprotéons différents qu'il y a de formes
différentes, c'est-à-dire qu'il y a d'êtres, car il n'est point
deux individus qui se ressemblent Irait pour trait.
Mais ces diverses substances ont des caractères com-
3GS PSYCHOLOGIE.
llluns. qui sans doute permellronl plus tard de les grou-
per en espèces chimiques, vraisemblablement corrcspo]t-
dantcs aux espèces morphologiques.
En raison de leur complexité même, les bioprotéons s
sont îles édifices extrêmement instables, extrêmement
sensibles aux influences du milieu : et par milieu j'entends,
non seulement le milieu chimique, mais les milieux 1>ly- ,
bique et mécanique, qui influent chimiquement sur le
bioproteon. Que le milieu change, et il en résultera
une modification dans la composition, ct pal' conséquCJl1.
si légère soit-elle, dans la forme générale de l'être, dans
la composition et dans la forme aussi des cellules qui le
composent, et en particulier îles cellules sexuelles, par
suite, des modifications dans la composition et la forme
du produit.
Si l'on vient a retourner un bourgeon de thuya, la
feuille qui en sort prend, à sa face inférieure, les carac-
tères histologiques que possède normalement la lace e
supérieure.
Si l'on coupe les rameaux verts de la pomme de terre,
il se l'orme sur les rhizomes des feuilles à la place de tu-
bercules. '
La baleine, en adoptant la vie aquatique, ayant cessé
de s'appuyer sur son fémur, cet os finit par s'atrophier
et par n'être plus nourri que par de petits vaisseaux san-
guins ; mais, en revanche, l'animal se servant pour sa
propulsion des muscles qui entourent cet os, ceux-ci s'ac-
crurent jusqu'à former d'énormes masses richement ir-
riguées. Cette modification se produisit certainement,
bien qu'à un très faible degré, chez le premier animal du
genre baleine qui adopta la vie aquatique, et elle en-
traîna une modification des cellules sexuelles qui déjà
esquissèrent le fémur réduit du cétacé. Mais ce ne fut
qu'au bout d'un nombre considérable de générations et
par addition que celte modification devint appréciable.
«Si l'oeuf, dit excellemment "'es Delage, contient les subs-
tances caractéristiques do certaines catégories de cellules de l'or-
ganisme, il doit donc être louché en même temps que ces cellules,
et par les mêmes agent*. Si ces agents ont une action excitante
ou déprimante et poussent l'organe il se développer davantaae ou
il s'atrophier, il se produira dans l'o'ut une action parallèle; les
LA PSYCHOLOGIE DES DÉGÉNÉRÉS. 369
substances correspondantes subiront un certain accroissement ou
une certaine déchéance, el, lorsque recul' se développera, les cel-
lules chargées de les localiser en elles, elpar suite les organes for-
més Ue ces cellules, subiront l'effet de cette déchéance ou de cet
accroissement» (1).
De l'oeuf, fragment du cristal Lioltroléiduc ainsi modi-
fié, naîtra naturellement un cristal modifié. Tout le
secret de l'hérédité est là.
t Cette conception Messieurs, nous la devons au philo-
sophe Herbert Spencer. Le premier, il comprit que le
phénomène de l'hérédité embrassait les trois règnes, que
la reproduction des végétaux et des animaux était iden-
tique à la reproduction des cristaux, et que, le plus sim-
ple étant aussi le plus général, le problème de l'hérédité
se réduisait au problème delà cristallisation.
Et vraiment l'on se demande comment les naturalis-
tes n'ont point vu qu'entre le fragment de cristal de bi-
malate de potasse, le fragment de feuille de bégonia, le
fragment d'étoile de mer et le fragment d'homme, qui, en
se développant, reproduisent le minéral, la plante, ou
l'animal entier, il n'y a aucune différence au point de vue
de révolution. On se pose la question, et l'on ne tarde pas
à y répondre. Celte idéesi simple ne pouvait venir qu'à un
philosophe habitué il embrasser du regard l'ensemble des
phénomènes, mais non, étant donné nos méthodes d'ins-
truction actuelles, il un minéralogiste, il un botaniste ou il
un zoologiste.
Car, -il faut bien le reconnaître le vingtième siècle
traîne après lui, comme un boulet, la pédagogie du moyen-
âge. Alors que, pareille au soleil levant, la science
répand il chaque minute dans le cerveau des hommes
un peu plus de lumière, un peu plus de bonheur, un peu
plus de la joie de vivre et de l'insouciance de mourir,
nous livrons encore les jeunes générations aux gram-
mairiens el aux rhéteurs. Pendant des années, les pré-
cieuses années de la jeunesse, oit l'on ne demande qu'il
apprendre la vie, nous les condamnons, sous je ne sais
quel prétexte de gymnastique cérébrale, à l'étude de la
mort.
(1) Yves Délace. L'hérédité et les grands problèmes de la bIO-
logie générale, 1903, y. 537.
Archives, 2' série, 1905, t. XIX, " 24
370 ' PSYCHOLOGIE.
Prisonniers dans ces lycées qui rappellent les masta-
bas de la nécropole menrhllite, penchés sur les grimoires
comme des archéologues sur les tombeaux, ils déroulent
les bandelettes des vocables, jusqu'à ce que, juste récom-
pense de ces héroïques logomachies, le baccalauréat, la
baie de lauriers des athlètes antiques, leur assure une
place de cocher de fiacre ou de garçon livreur. La science
emplit le champ de la vie et de la pensée, et la jeune hu-
manité, sous l'oeil des linguistes, conjugue des aoristes
périmés. ,
Ces jeunes gens qui, pour mieux comprendre le fran-
çais, parait-il, ont appris le grec et le latin tout en négli-
geant le sanscrit, source commune des langues aryennes,
qui ont traduit cent vers d'Hésiode, mais n'ont point lu
Baudelaire, flui ont traduit trois scènes de Tvrcncc, mais
n'ont point lu Beaumarchais, qui ont analysé trois pages
de Fénélon, mais n'ont point lu Voltaire, ces jeunes gens,
dis-je, au moment d'entrer dans le inonde, se hâteront de
prendre une légère teinture des sciences. S'ils y prennent
goût, ils n'auront que le temps de se spécialiser. Ils de-
viendront des minéralogistes, des botanistes, des zoolo-
gistes, des médecins, confinés dans leur sphère, incapa-
bles de s'élever aux vastes conceptions, et de deviner,
comme le fil le grand philosophe anglais, que le cristal,
le végétal et l'homme se reproduisent suivant les mêmes
lois.
Heureux encore s'ils parviennent à le comprendre.
Cette théorie si belle, si simple, et qui semble devoir
s'imposer à l'esprit, dès qu'on en prend connaissance,
n'est guère distinguée des autres par les auteurs, et il a
fallu les découvertes récentes du professeur napolitain
Hugo von Schron sur la vie des cristaux pour attirer
l'attention sur elle. Ainsi, Messieurs, le problème (le \
l'hérédité et je livre ceci aux méditations du distingué
dramaturge qu'est M. Brieux, l'auteur de l'Evasion, -le
problème de l'hérédité se réduit au problème de la repro-
duction des cristaux.
Il en est de même du problème de la dégénérescence.
La dégénérescence en effet n'est qu'une forme de l'hé-
rédité. C'est le remplacement, par suite des influences de
milieu, d'un végétal ou d'un animal, c'est-il-dire Hune
LA PSYCHOLOGIE LES DÉGÉNÉRÉS. 371
machine vivante, par une autre machine vivante moins
parfaite que la première. Le milieu, nous le savons, est
complexe. C'est l'ensemble des forces auxquelles nous
sommes soumis. Les résistances mécaniques, la chaleur,
la lumière, l'électricité, la composition de l'air respiré et
des aliments ingérés, l'action des parasites travaillent
concurremment à la transformation des êtres.
Mais de ces causes, il n'en est pas de plus active que
l'alimentation. En effet, pour que les éléments musculai-
res, élastiques, osseux, cartilagineux ou nerveux se déve-
loppent, il est nécessaire que l'animal absorbe des subs-
tances capables de donner naissance il la myosinc, à
l'clastinc, à l'osséinc, il la chondrinc, h la névrinc, Les
aliments agissent en modifiant la composition du sang,
qui réagit sur le protoplasma. Celui-ci réagit il son tour
sur le sang par les excréta qu'il y déverse.
1( L'addition de la substance nouvelle, dit Yves 1)clage, rend
possible une nouvelle différenciation histologique. Si, comme
nous le pensons, la ditferenciation repose sur la séparation, dans
des cellules déterminées, et par le moyen de la division hétéro-
gène, d'un protoplasma où une (ou quoique'') substance prédo-
mine sur les autres, il est évident que, grâce la substance nou-
velle, une nouvelle catégorie de cellules pourra se différencier en
même temps que les anciennes cellules seront pins ou moins
modifiées, et ces nouvelles cellules pourront donner naissance il
un nouvel organe et il une nouvelle fonction » (1). « Le l'ar,
arraché sans doute aux roches ferrugineuses par les végétaux qui
en ont formé un élément de leur chlorophylle, est devenu chez
les animaux un élément de l'hémoglobine, où il joue un rôle
tout autre que dans la chlorophylle des végétaux » ( : ! ),
«Les caractères de race des Islandais, des Bretons, des Arabes,
¡[l'S SllllH1)è(le ? etc., sont dus en partie à leur régime, principa-
lement il leur nourriture, qui contribue il leur donner une ph)-
sionomie commune, de même que le buveur d'absinthe, de vin,
de bière, le fumeur d'opium, le mangeur de ha"chich ont leur l'
faciès à part » (3).
Ainsi les influenccs de milieu, et surtoutl'alimentation'
sont la cause et l'unique cause des modifications chi m i
(1) Yves DEi.AC.r. Loc. cit., p. 8G3.
(2) Yves 1)r.i.we. Aoc. cit., p. 803.
( : J) l''i,I, p. 83.-).
372 ' PSYCHOLOGIE.
ques et par conséquent morphologiques des êtres, l'uni-
que cause de la dégénérescence. - '.
Si la machine humaine se transforme en une machine
moins parfaite, c'est grâce l'action des poisons alimen-
taires (alcool, tabac, opium) ou microbiens (tuberculose,
-^syphilis, cancer, lèpre) sur les éléments cellulaires et en
particulier sur les cellules sexuelles, de l'excès ou de
l'insuffisance des aliments- (polytrophie, famine, misère),
de l'excès de chaleur ou de froid, de sécheresse ou d'hu-
midité, de l'insuffisance ou de l'excès de travail causé par
les résistances mécaniques et sociales, en un mot de
toutes les défectuosités du milieu. ' .
Sous nos climats, l'alcoolisme est la principale cause
de la dégénérescence. La tuberculose elle-même, considé-
rée comme l'une d'elles, serait, pour Lancereaux, et je
partage sa manière de voir, une des formes de la dégé-
nérescence alcoolique. Le microbe crée la maladie, mais
l'alcoolisme des ascendants ou du sujet lui-même crée le
terrain favorable : . ' .
Or, de tous les tissus de l'organisme, il n'en n'est pas,
de plus sensible iL l'alcool quelle tissu nerveux. L'alcool
altère profondément les neurones et, dans le spermato-
zoïde ou dans l'ovule, la substance qui les représente.
Aussi est-ce le système nerveux qui est surtout atteint
chez les dégénérés alcooliques. J,'
◀Tantôt▶ une portion de la substance pronerveuse de
l'oeuf est détruite, et un certain nombre de neurones ne
se développent pas.
Les moins altérables sont ceux dont la différenciation
est la plus ancienne, les plus altérables ceux dontla diffé-
renciation est la plus récente dans la série llhylognicjue. ;
Alors que les métamères sous-encéphaliques sont rare-
ment touchés, l'écorce cérébrale l'est presque toujours.
Ce défaut de développement peut porter sur des régions
très vastes. Il- peut intéresser le ccrvcau tout entier. Cer-
tains idiots, réduits iL la moelle et au bulbe, et par suite
aux réflexes rudimentaires, se sont. dans l'évolution
embryogéniquc,qui est, on le sait, parallèle il l'évolution
phylogénique, arrêtés au stade du vers ou de l'am-
phioxus. D'autres, réduits au cerveau postérieur, et par
suite aux sensations et instincts, incapables de réflexion,
LA PSYCHOLOGIE DES DÉGÉNÉRÉS. 373
esclaves de leurs besoins et de leurs impulsions, ont la
mentalité, le don d'imitation et parfois l'aspect extérieur
des anthropopithèques.
Que l'évolution atteigne un stade un peu plus avancé,
que l'arrêt de développement ne porte que sur les cou-
ches les plus récentes de l'écorce, et l'on a l'imbécile, le
débile, l'arriéré, d'un mot le dégénéré inférieur.
L'arrêt de développement peut n'intéresser que cer-
taines régions de l'écorce, les autres ayant achevé leur
évolution. On a alors une variété de dégénéré qu'on a
jusqu'ici complètement négligée dans les classifications,
ce que j'appellerai le dégénéré moyen. Lés déséquilibrés,
originaux, toqués et maniaques, dont l'intelligence n'est
notablement ni inférieure ni supérieure à la normale,
rentrent dans cette classe.
Enfin il peut arriver que le cerveau soit, par certains
côtés, celui d'un homme supérieur, par d'autres celui
d'un débile, d'un imbécile ou d'un idiot, et l'on a le dégé-
néré supérieur. A cette classe appartiennent un certain
nombre d'hommes de génie.
Au point de vue anatomique. ce qui caractérise les
dégénérés,et surtout les dégénérés moyens et supérieurs,
c'est l'asymétrie cérébrale. Cette asymétrie, qui a pour
conséquence la déséquilibra don mentale, est, selon moi.
la condition matérielle du trait d'esprit et du coup de
génie.
La découverte soudaine me paraît être le résultat d'une
décharge nerveuse éclatant, par suite de la difformité du
condensateur et de l'inégalité des charges, entre deux
groupes de neurones éloignés, et par suite revêtus d'em-
preintes notablement différentes. De là un rapproche-
ment imprévu, irréfléchi, involontaire, entre deux idées
disparates.
Aussi bien ne faut-il pas, de parti pris, attacher au mot
dégénéré un sens péjoratif. Le cheval pur sang anglais,
animal dégénéré, et qui supporterait difficilement la vie
sauvage, est fort apprécié des cavaliers. Le boulonnais,
autre création du génie de l'homme, et qui, en raison de
sa lourdeur, ne pourrait échapper à la dent des fauves,
est fort apprécié des camionneurs. La vache laitière, le
mérinos, le disIt ley à la laine soyeuse et fine doivent
374 PSYCHOLOGIE.
également leurs qualités spéciales à la dégénérescence.
Il en est de même dans l'espèce humaine. L. ,.
La société, Messieurs, ressemble à une machine qui,'
pour bien fonctionner, a besoin d'organes fort divers.
^- Ils n'ont pas tous le même volume, le même poids, la
même forme, la même résistance, mais, au point de vue
du bon fonctionnement de la machine, ils ont tous la
même valeur : L'excentrique vaut l'arbre de couche.
Il y aurait pour mon ami Franc-Nohain, qui prête si
plaisamment aux choses inanimées les sentiments des
hommes, une bien jolie fable à écrire, celle de la bielle et
du déclic : la bielle méprisant le déclic, et le déclic faisant
observer à la bielle qu'elle ne serait sans lui qu'une masse
inerte entre ses deux pivots.
La bielle, Messieurs, c'est l'homme normal, sain et ro-
buste, plein de bon sens et d'énergie rythmée. Le déclic,
c'est le dégénéré. Le dégénéré constitue un des éléments,
peut-être le principal élément du progrès. C'est lui qui le
plus souvent fait les découvertes, institue les réformes,
hâte les évolutions, suscite et dirige les révolutions. En
science, en art, en politique, en religion, son rôle est pri-
mordial. Ne le méprisons donc pas. Mais suivons le bon u
sens populaire, qui excuse, en faveur des services qu'ils
rendent, les incartades des hommes de génie. ,
Ainsi la dégénérescence mentale peut consister dans
le non développement d'un certain nombre de neurones.
Elle peut consister aussi dans leur arrêt de développe-
ment. Cet arrêt de développement a une conséquence qui
mérite de retenir votre attention..
J'ai cru pouvoir poser en loi que le protoplasma de
toute cellule vivante est susceptible de se contracter
sous l'influence des différents modes du mouvement.
Cette contractilité, je l'ai relevée chez 43 espèces de
cellules appartenant aux deux règnes et à divers tissus.
Elle a été observée chez la cellule nerveuse, par J. Havct,
Jean Demoor, Micheline Stcfanowska, Querton, Robert
Odier,décorée du nom d'amiboïsme des ncuromes,et niée,
presque aussitôt que découverte, par Von Lenliosscl : ,
Kôlliker et Ramon y Cajal.
Sans revenir aux arguments que j'ai cru devoir oppo-
ser, dans le Progrès médical, à ces trois célèbres histolo-
LA PSYCHOLOGIE DES DÉGÉNÉRÉS. 375
gistes car j'ai trop étudié Pascal et les Evangélistes
pour accepter comme paroles d'évangile les affirmations
des autorités, -je puis dire qu'il serait surprenant que
le neurone lut dépourvu d'une faculté qui appartient il
tant d'autres cellules, et qui paraît être la condition
même de la vit.
Assurément on est allé trop loin en prétendant que les
neurones se contractaient au point de se séparer momen-
tanément les uns des autres. ' ? Peut-être même s'est-on trompé en voyant dans l'état
perlé de leurs prolongements l'effet de la contraction,
bien que ce phénomène et cet état soient manifestement
associés chez Bacilllls anthracis, chez les plantes des gen-
res Chara, Nitella et Mesocarpus, chez Tradescantia l'ir-
ginica, Drosera rottcndifolia et chez les Rhizopodes. il
se peut, en effet, que la contraction se produise dans
l'intérieur même des prolongements ncuroniens,sans que
leur forme en soit sensiblement modifiée, et qu'elle n'in-
téresse par exemple que les fibrilles de Golgi. Quoi qu'il
en soit, il me parait certain que le bioprotéon des neurones
est susceptible de se contracter, et que cette contraction
a pour effet la formation, dans les conducteurs qu'ils cons-
tituent,cles zones mauvaises conductrices que j'ai appelées
lès neurodiélectriques. Je vous renvoie pour le détail
de cette théorie aux Archives de neurologie où je l'ai pu-
bliée. C'est la formation et la disparition des neuro-dié-
lectriques, par conséquent la contractilité des neurones,
qui, selon moi, règle tous les phénomènes delà pensée.
C'est-elle qui, enprticulicr,me parait être la condition
physiologique de la suggestibilité. Subir une suggestion,
c'est recevoir une idée et la tenir pour vraie sans la con-
trôler, sans y réfléchir, ou sans y réfléchir suffisamment.
Or la réflexion consiste essentiellement dans la compa-
raison de plusieurs images ou idées différentes, clichées
sur des neurones différents.
. Vous connaissez, Messieurs, ces petits appareils de
physique amusante qu'on appelle les tubes de Geissler.
Les tubes de Geissler, auxquels on peut donner différen-
tes formes, deviennent lumineux au moment ou le cou-
rant électrique les traverse. Or supposons des tubes de
Geissler représentant divers objets : un cristal, un bégo-
376 PSYCHOLOGIE.
nia, une étoile de mer, un homme, et reliés ensemble par
des conducteurs qu'interrompent des diélectriques peu
résistants. Faisons passer le courant. Nous verrons appa-
raître le cristal, puis, si le courant augmente d'intensité,
le bégonia, puis l'étoile de mer, puis l'homme. 4
C'est précisément ce qui se produit dans la rêverie et
- clans la réflexion, qui n'est qu'une rêverie intense et li-
mitée. Le courant nerveux fait s'illuminer, sur les neurones
qu'il traverse, les clichés qui y sont inscrits, et les rend
perceptibles à la conscience. Et c'est ainsi que,passant du
cristal au bégonia, du bégonia à l'étoile de mer, et de l'é-
toile de mer à l'homme, la réflexion d'un Herbert Spencer
aboutit il la conception de l'unité de loi dans la reproduc-
tion des minéraux, des végétaux, et des animaux.
La réflexion est d'autant plus aisée, plus étendue, et
plus profonde que les neurodiélectriques qui s'opposent
au passage du courant nerveux sont moins résistants.
Dès lors on conçoit que si les neurones sont très contrac-
tiles, si les neurodiélectriques s'y forment aisément, et
si, par suite, les courants nerveux y sont aisément inter-
rompus, la réflexion sera rendue difficile, sinon impossi-
ble. ,
Or, plus une cellule, plus un neurone est jeune, plus
il se rapproche do l'état de l'amibe dans la série phylo-
génique, de l'état du spermatozoïde et de l'ovule dans
' l'évolution individuelle, plus il est contractile. C'est chez
les Mollusques, chez les Annélides, chez les Crustacés,
chez les Batraciens, chez les Mammifères inférieurs, que
la contractilité des neurones a été particulièrement ob-
servée.
Et ainsi s'explique la mobilité de l'esprit de l'enfant, la
facilité avec laquelle il passe d'une idée à une autre,' son
extrême suggestibilité.
Dès lors, chez tout individu arrêté dans son développe-
ment, la contractilité du neurone, et par conséquent la
suggestibilité sera considérable. ,
En effet, Messieurs, le cerveau des dégénérés est une
cire molle qui reçoit toutes les empreintes. Incapables
d'observation et de réflexion soutenues, ils acceptent
comme paroles d'évangile toutes les idées qu'on leur im-
pose.
LA. PSYCHOLOGIE DES DÉGÉNÉRÉS. 377
. Ce sont eux qui constituent les sectes religieuses, les
clans littéraires et artistiques, les partis politiques que la
passion seule domine,depuis les réactionnaires farouches
jusqu'aux anarchistes exaltés, les bandes de criminels et
les prostituées. Ils passent d'un groupe l'autre avec la
plus grande facilité. Plusieurs courtisanes sont devenues
des saintes. Nombre d'assassins sont entrés au monas-
tère ! Et que d'anarchistes sont des mystiques dévoyés !
Est-ce à dire que tous les dégénérés sont mentalement
identiques ? Je ne le croispas. Sans doute ils ont un fonds
commun,mais ils diffèrent par certains côtés, et il ne faut
pas, pour devenir un voleur de grand chemin, identique-
ment les mêmes aptitudes que pour devenir un carme.
Laissant à mon distingué collègue, M. 1311ec1, le soin
d'exposer devant vous la psychologie, des dégénérés cri-
minels, je me suis restreint à l'élude des dégénérés mys-
tiques.
Lapsychologie des dégénérés mystiques se confond avec
la psychologie religieuse ou hiéropsychologie. C'est la
science des phénomènes dont le cerveau des religieux de
vocation et des dévots est le théâtre, et particulièrement
des idées, des émotions et des sentiments religieux. Cette
science, qui est une branche de l'anthropologie, fait partie
des sciences naturelles, et emprunte leur méthode. Cette
méthode comprend quatre temps : l'observation, la com-
paraison, la généralisation, l'induction.
L'observation se divise en hétéroobservation et en
autoobservation.
L'hétéroobservation comprend elle-même deux pro-
cédés, l'hétéroobservation directe et l'hétéroobserva-
tion indirecte, actuelle ou rétrospective. L'hétéroobser-
vation directe est évidemment la meilleure, mais elle est
difficilement praticable. Les religieux et les dévots se
prêtent mal aux recherches de l'hiéropsychologiste, qu'ils
présument dépourvu de foi et rebelle à toute conversion.
Toutefois l'américain Leuba, ayant adressé dés question-
naires à ces sujets, a obtenu un grand nombre de répon-
ses. Pour ma part, je n'ai employé l'hétéro-observation
directe que très rarement.
L'hétéroobservation indirecte m'a offert plus de res-
378 PSYCHOLOGIE.
sources. C'est à elle que j'ai eu le plus souvent recours.
Jusqu'ici, en effet, mon travail s'est presque réduit à dé-
pouiller des documents historiques, à établir d'après eux
des observations analogues aux observations cliniques,
et à comparer ces observations j'ai analysé de préférence
lcs documents présentant un caractère de sincérité indé-
niable ; et, à ce point de vue, les mémoires, biographies,
et confessions des religieuses de Port-Royal m'ont fourni
des faits d'une netteté et d'unc précision psychologique
qu'une hétéroohscrvation directe et provoquée ne m'eut
peut-être pas donnés.
Je ne dirai qu'un mot de l'autoobserv,ition. Sans doute
on trouvera rarement un hiéropsychologiste dont les
sentiments religieux aient été, à une certaine époque de
sa vie, assez développés pour que sa propre observation
'ait une grande valeur. Du moins, tels qu'ils furent, ils lui
permettront de se rendre compte de ce que pensent ut
éprouvent les religieux de vocation et les dévols.
Telles sont, Messieurs, les diverses manières d'obser-
ver dont dispose l'hiéropsychologistc. Quant aux autres
temps delà méthode, comparaison, généralisation, induc-
tion, ils n'offrent rien de particulier, sinon que ces opé-
rations doivent être, plus encore que dans les autres
sciences naturelles, prudentes cl réservées. Car s'il est
une science qui exige de la circonspection, c'est bien celle
qui est appelléc à heurter tant et de si puissants intérêts
que l'liiéropsychologie.
Pour moi, je n'ai guère dépassé la période d'observa-
tion. Et c'est pourquoi ce cours mérite à peine le nom de
cours. C'est plutôt une série de conférences que je vais
vous faire. Je me contenterai en effet, cette année, de vous
soumettre les plus intéressantes des observations que
j'ai prises, et, pour suivre l'ordre du temps, nous com-
mencerons par les prophètes juifs...
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE
' PATHOLOGIQUES
LXXX1Y. Contribution à la question de la sensibilité vibra-
toire (osseuse),pal' E.A.Schtschkrbak. Nouvelles recher-
ches expérimentales sur l'action physiologique des vi-
brations mécaniques, par le même. (Obo; : re'1Ïè psichiatrii,
\'111. 1901. ) De la localisation et de la valeur clinique
de la sensibilité osseuse ou vibratoire, par L..Minou.
(Neurolog. C"l1lmlhl., XXIII, 1904.)
CHTSCHERB.11C pense que le périoste, les articulai ions, peul-
etre aussi les ligaments a l't icula il'ps conlicnnenl dps appal'l'i ls 1]('1'-
veux peripheriquesdont l'excitation par les vibrations mécani-
clue, fmrnit une sensation spéciale ; cette sensation mériterait
donc le nom de sensation vibratoire. La peau ri etyu'un lun cun-
ducteur transmet tant jusqu'aux os les agitations mécaniques. Le
tissu cellulaire sous-cutané ef'les muscles constituent des absor-
bant.
("liez les sujets pathologiques, la sensibilité vibratoire peut pré-
SfiKcr des altérations tout il fait indépendantes de l'élatle la sen-
sibilité profonde et de tous les autres modes de la sensibilité cu-
tanée. D'où la nécessité de rechercher chez tout névropathe la
sensibilité vibratoire en même lempsque les autres modes de la
sensibilité. Ilexisteune hypoesthesie, une anestbésie, une hype-
resthesie vibratoires. La conductibilité s'en esl montrée ralentie
dans le labès.
Celte méthode représente un procédé expérimental facilement
applicable il l'élude de la physiologie normale et pathologique du
système nerveux et au diagnostic des affections nerveuses. Elle
permet en chargeant certains segments du cerveau d'une dose
d'énergie quelconque d'en analyser les fonctions ; l'application lo-
cale des vibrations est un moyen d'apprécier l'activité segmentai-
re. A l'appui de sa valeur thérapeutique, M. Schlseherback cite
l'exemple d'une fillette de 13 ans. On constatait dans la région
tboracique et dans les membres supérieurs les signes d'une dys-
trophie musculaire progressive. Les membres inférieurs témoi-
gnaient d'une polio-myélite antérieure progressive. Quinze séan-
ces (le vibration du diapason sous la rotule demeurant inactives,
on lit agir le vihratcurelecfrique ; les réflexes patellaires et achil-
]{'ens repal'lIl'l'nL Le \ ibmtl'Ul' à main lit perdl'e le terrain gagné.
Cinq nouvelles seanccsal'aided'unvibrateurpuissant faisaient re-
apparaître les réflexes. Agissant dès lors ◀tantôt▶ sur le genou droit,
380 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
◀tantôt▶ sur le genou gauche, on vit se rétablir les fonctions des
muscles, du tronc, du cou, des jambes. La cuisse atrophiée aug-
menta de volume. Le système nerveux, en se rechargeant, a ré-
cupéré son influence trophique sur les tissus.
M. ;\hNOR, à la lumière de vingt-six observai ions, aboutit de son
côté aux conclusions suivantes :
1° Pour comparer exactement la sensibilité vibratoire avec les
autres qualités de la sensation, il faut se servir d'un appareil à
vibrations ininterrompues (diapason mû par l'électro-aimant).
2° L'intégrité des os n'est pas du tout indispensable àl'intégrité de
la sensibilité vibratoire ; celle-ci peut demeurer normale dans les
fractures graves avec esquilles, avec grand écartement des frag-
ments. L'oedème des parties molles qui entourent les os fracturés
semble exercer une influence bien plus grande. 3° Les frag-
ments osseux compris entre le point fracturé et une articulation
fortement altérée continuent à conduire la sensibilité vibratoire.
4" La périostite, la carie, les épaississements superficiels des
os n'exercent aucune influence sur la sensation vibratoire. ,-)0
N'exercent pas davantage d'action sur la netteté de la sensation
vibratoire les affections articulaires les plus profondes avec anky-
loses, fistules, épaississements, etc.. G° Certaines parties du
squelette (colonne vertébrale, côtes), et même des parties molles
comme les téguments cutanés, dépourvues de toute sensibilité à
raison d'une lésion transverse de la moelle, ne s'opposent souvent
pas à la perception des plus nettes de la vibration du diapason
appliqué en ces régions. 7° On perçoit aussi nettement les v i-
brations du diapason appliqué sur des os dénudés, ayant ou non
leur périoste, sur des os nécrosés, et même sur des séquestres li-
bres. 8° Tous ces faits prouvent (lue lesjointUl'es ne jouent guère
de rôle dans la transmission de la sensibilité vibratoire, et qu'il
ne saurait être question de la localisation exacte de la sensation
vibratoire au point d'application,ainsi que cela a lieu pour les au-
tres modes de la sensibilité cutanée. 9° Quand le nerf périphé-
rique est lésé en même tempsquel'os, la sensibilité vibratoire dis-
paraît généralement. 10° Elle est diminuée dans le calus os-
seux récent, mais de nouvelles recherches sont nécessaires pour
savoir s'il existe une sensibilité osseuse spéciall ? 1 1 En somme,
la nouvelle méthode de recherche ne paraît supporter la compa-
raison avec les anciens procédés d'examen de la sensibilité, ni
quanta la simplicité de l'épreuve, ni quanta la précision desdon-
nées, ni quant aux résultats cliniques jusqu'ici obtenus. ' Cela
tient principalement à ce que nous avons affaire en l'espèce non il
une seule excitation mais à une sommation d'excitations.
120 Il se peut que la sensibilité vibratoire trouve son application
en neuro-pathologie, mais il faut certainement qu'il soit procédé
à de nouvelles recherches. P. 11ERAVAt..
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 381
LXXXV. Quelques considérations relatives au mode de ré-
partition des cellules motrices de la moelle au niveau
de l'origine des nerfs des membres, par G. 131K¡';l.ES. (¡Yeu-
rolog. Cent1"alblatt, \\llI, 1904.)
Supposons une coupe transverse et h')I'ÍzJntale de la moelle
dans les régions en question. -
L'innervation postérieure se fait par groupe antéro-interne de
cellules ; il contient outre de grandes cellules commissurales, des
cellules motrices destinées aux muscles du dos (vertébraux).
L'innervation antérieure s'effectue comme suit :
Dans le plan antéro-postérieur de la coupe, ce sont toujours les
groupes cellulaires destinés aux muscles des segments du corps
les plus rapprochés qui sont en avant. Ainsi dans la région du
bras, les muscles de la ceinture de l'épaule et ceux qui attachent
le bras au tronc ont leurcentre dans le voisinage du bord anté-
rieur de la corne antérieure, tandis que des cellules chargées
d'innerver les muscles les plus éloignés occupent les environs
du bord postérieur delà même corne.
Pour le plan transversal de.la coupe, quand les cellules mo-
trices destinées aux parties antérieures et postérieures du myo-
tome sont contiguës sur une ligne transverse, ce sont celles qui
sont en dehors qui correspondent aux parties postérieures, celles
qui sont en dedans correspondent aux parties antérieures.
P. KERAVAL.
LXXXV1. Sur un cas d'hémorrhagie cérébrale avec inon-
dation ventriculaire chez un enfant de 12 ans, au cours
d'une endocardite mitrale végétante ; par MM. GALLAVAR-
DiN et Jambon. (Bull. soc. 1Hàl. des hop. de Lyon. 31 mai l'.Id4,
P. 235.) '
(-Uniquement : Cinq atteintes de chorée de Sylenham en cinq
ans, puis toux, amaigrissement. Premier ictus apoplectique avec
hémiplégie droite et aphasie ; sept jours après, second ictus apo-
plectique avec contractures généralisées. Cheynes-Stokes et mort
deux jours après dans le coma avec hyperthermie.
Autopsie : Endocardite mitrale végétante. Infarctus rénaux,
infarctus suppuré de la rate. Ramollissement cérébral à gauche
par embolie de la sylv ienne. Hémorrhagie cérébrale à droite avec
inondation ventriculaire. Il s'agit dans ce cas, d'après les auteurs,
d'une hémorrhagie cérébrale d'origine emboliqne. On sait actuel-
lement, depuis les recherches de Ponfich sur l'anévrysme emboli-
que, comment se comportent les embolies arrêtées dans les vais-
seaux lorsqu'elles son ! infectantes.
La paroi vasculaire s'inl'ecte de proche en proche, subit des al-
\
3H2 revue d'anatomie et de physiologie pathologiques.
térations profondeh et donne naissance aune dilatation anévrys-
male qui secondairement peut se rompre et donner lieu à une
hémorrhagie. Dans l'observation de M. Gallavardin, la présence
d'une cause d'embolie (endocardite mitrale végétante) ; l'existence
d'autres embolies dans la rate, les reins, la s) h ienne gauche;
.le caractère infectant de ces embolies mis en év idence par le cail-
- lot piriforme trouvé dans la s l\ ienne et l'infarctus suppuré- du
pote inférieur de la rate prouvent l'origine embolique tle l'lumor
l'hagie cérébrale.
Ce cas est intéressant moins pour sa rareté analomique. que,
parce qu'il se prête bien à la démonstration delà véritable signi-
licalion de l'bemorrhagie cérébrale. G. Carrier.
LXXXVIl. Un cas de cancer primitif de la colonne verté-
brale ; par MM. PÉHU et CosTE. (Lyon médical, 'J ocl. 1 \JU1, p.
ô61).
Il s'agit d'un Itomme de .')4 ans indemne de tout antécédent pa-
thologique, chez qui survient, après une phase de douleurs en
ceinture, une paralysie aiguë apoplectiforme, à évolution aiguë;
puisqu'elle entraîne la mort en 4 jours. *
A l'autopsie, les auteurs trouvèrent, avec l'intégrité complète
des viscères, une tumeur ajanf pris naissance sur les 8° et U" \ 01'-
tèbres dorsales, et envahi les corps vertébraux qu'elles avait de-
bagreges jusqu'à produire une subluxalion de la tige osseuse.
L'examen histologique mon Ire que la néoplasie avait pour origine
le lissii osseux. ' '
Il s'agissait donc. sans aucune réserve, d'un cancer primitif de
la colonne vertébrale. Les auteurs insistent sur l'évolution ex-
tremcment rapide et caractéristique de la paraplégie dans leur
cas, qui s'ajoute à la trentaine d'observations dejàpubliees. G. C.
LXXXVI11. Coexistence d'un rétrécissement mitral et d'une
hémorrhagie cérébrale, par MM. LECLERC et r.EUTTJ : R,(Soci ?
tif méd. des hôp. de Lyoo, 15 nov. 1904.)
La coexistence d'une hémorrhagie cérébrale et d'un rétrécisse-
ment mitral est exceptionnelle, quand il s'agit d'une endocardite
chronique. Lorsqu'on a an'aire à une poussée endocardique aiguë
ousubaigue, on peut voir une hémorrhagie cérébrale d'origine
embolique. C'est un processus spécial où Dtémorritagie est secon-
daire il l'embolie. '
Le cas de M. Leclerc est tout autre, il a trait à une hémorrha-
gie cérébrale chez un malade porteur d'un vieux rétrécissement
mitral cicatriciel, dont l'origine remontait à des atteintes de rhu-
matisme articulaire aigu, la dernière datant de vingt ans. La pré-
sence d'une néphrite inlerslilicllo explique la rOl ? \bten('edl's d('l1'\
lésions qui s'excluent généralement. G. C.
KEVLE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. à
LXXX IX. Néoplasme de l'estomac, endocardite végétante;
embolies cérébrales ; déviation conjuguée de la tête et
des yeux avec hémianopsie par ramollissement de la
sphère visuelle occipitale ; par MM..1. Nicolas et Cade.
(.S'Ot;tt''<t ! ht<M.t<M/top.( ! s7/o ! t, 15 novembre 1\)0.)
Il s'agit d'un malade de 61 ans atteint d'un néoplasme de l'esto-
mac qui présenta successivement les phénomènes suivants : une
hémianopsie droite, puis un ictusqui laissa une aphasie motrice.
Lesjourssuivanls, parésie a installation successive, dans les qua-
tre membres, enlincomaavec déviation conjuguée, delà tête et
des yeux à gauche.
Inégalité pupillaire légère, la pupille gauche étant plu» large
que la droiteel plus paresseuse aux impressions lumineuses. La
pointe du coeur battait dans le 5'espace en dehors du mamelon.
Les bruits étaient un peusourds il la pointe ; rien à l'orifice aor-
tique, les battements cardiaques étaient un peu accélérés (98 par
minute) et présentaient quelques intermittences, Ilien il l'exa-
men des organes.
L'autopsie a confirmé l'existence d'un néoplasme de l'estomac
et a permis de relier celui-ci aux manifestations nerveuses ob-
servées dans les derniersjoursde la vie. par l'intermédiaire d'un
chaînon qui manquait : une endocardite végétante. Celle-ci avait
passé inaperçue il l'auscultation, elle siégeait dans le coeur gau-
rite et ses végétations, peu adhérentes, placées au seuil même de
l'aorte, étaient prédestinées aux migrations emboliques. Il y
avait un foyer de ramollissement récent au niveau et autour de
lascissure catcarine, les auteursiuiàlenl·url'evinLence de ladé-
viation conjuguée de la tôle et des yeux il gauche, coïncidant av ec
une hémianopsie droite parlésion delà scissure gauche. Cette
association de l'hémianopsie et delà déviation conjuguée de la tête
et des yeux est bien susceptible de l'interprétation proposée par
I.l3al'(l,qui soumeLIa plupart des cas de déviation conjuguée non
spasmodique d'origine cérébrale à l'influence d'une hémianopsie.
Chez le maladu observé parles auteurs, la déviation de la tète et
des yeux revêt bien le type de celle déviation par inhibition sen-
sorielle, susceptible d'être corrigée par l'observateur et diminuant
à mesure que le coma progresse. G. C.
XC. Hémianopsie homonyme droite par abcès sous-cor-
tical du lobe occipital gauche ; par M. Braun. (Société mé-
die, des Hôpitaux de Lyoti, 25 nov. 1904.)
Cette observation présente un certain intérêt en raison de sa
localisation, qui est assez rare. Dansle lobe occipital gauche, exis-
tait une cavité du volume d'un petit oeuf de poule siégeant en ar-
rière delà corne postérieure du ventricule, séparée de celui-ci par
384 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.
une paroi mince. L'abcès était sous-cortical et était séparé (le l'é-
corce par une l'l'aisseunle parenchyme cérébral de un centimètre
et demi. Il se trouvait sur le trajet du faisceau des radiations opti-
ques. Le pus de l'abcès contenait de gros cocci paraissant apparte-
nir à la variété staphylocoque. Pas de bacilles de Koch. Au point
de vue pathogénique, il semble que la porte d'entrée ait été une
ampoule abcédée de la main droite, que le malade avait présen-
tée huit jours avant l'apparition des symptômes fébriles et de la
céphalée. G. C.
XCI. - Le liquide céphalo-rachidien dans la rage clinique
et expérimentale, cytologie ; virulence ; par M. Lesieur,
(Société médic. des hôpitaux de Lyon, G déc. 1904.)
Cytologie. Examen du liquide céphalo-rachidien de quatre
hommes ou femmes rabiques, retiré par fonction lombaire, puis
centrifugé.
1 CI' cas : jeune lille atteinte de rage à forme prolongée vérifiée
histologiquement et par inoculation au lapin. Ponction lombaire
au G" jour de la maladie. Examen cytologique négatif.
2e cas : enfant* de 8 ans atteint de forme délirante et halluci-
natoire. Diagnostic confirmé par examen ltistoloeiclue et inocula-
tion du cerveau : Examen ontologique du liquide céphalo-rachi-
dien la veille de la mort. Résultat négatif. -
3e Cas : homme de 3G ans, mort en trois jours de forme hydro-
phobique.
Diagnostic confirmé histologiquement et expérimentalement.
Résultat négatif de l'examen après la mort. '
4e Cas : Forme furieuse chez un homme. Diagnostic confirmé
par inoculation et histologie; résultat négatif de l'examen du li-
quide céphalo-rachidien après la mort.
Il n'y a donc pas de leucocytose dans le liquide céphalo-rachi-
dien des rabiques au moins dans les formes stis-indiquées. Expé-
rimentalement, examen de trois chiens et trois lapins à l'autop-
sie. Les résultats ont été négatifs. En ce qui concerne la virulence,
l'auteur confirme les données classiques, elle est inconstante dans
le liquide céphalo-rachidien des rabiques. G. C.
1C11. Les troubles de la psycho-motilité; par le 1}' ! JE Bucks
(Jour, de Neurologie, 1 ! J01, no ? 1,) .
Dans ce travail, M. de Bucl : oppose l'une à l'autre les deux
théories pathogéniques au moyen desquelles lès associatiomcistes
d'une part, les volontaristes ou apperceptionnistes d'autre part,
expliquent les troubles de la psycho-motilité.
Pour les premiers, à la tête desquels se trouve Ziehen, nos actes
sont les conséquences nécessaires de l'association de nos idées.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 385
Celte association se compose d'un certain nombre de sensations
ou de souvenirs qui, par leur combinaison, engendrent des actes
sans intervention d'aucune activité psychique nouvelle. D'après
cette conception, la volonté n'existant pas en tant que faculté
spéciale, il ne saurait y avoir à proprement parler de troubles de
la volonté, mais seulement des troubles des sensations, des to-
nalités affectives, des représentations mentales et surtout de
l'association des idées ; et ce sont ces différents troubles que l'on
retrouverait à l'origine de toutes les manifestations akinesiques
hyper ou parakinésiques qu'on observe si communément chez
les aliénés.
A côté de cette théorie, se dresse celle des apperceptionnistes
ou volontaristes,à laquelle M. de Buck déclare se rallier. D'après
cette théorie il existe un organe ou centre d'apperception corres-
pondant au centre d'association antérieure de Flechsig,qui serait t
le siège de la volonté, de la personnalité libre et consciente et
de ses déterminations. Mais l'étude de l'apperception et de ses
troubles s'est enrichie dans ces dernières années de données nou-
velles d'après lesquelles les actes volontaires, intentionnels el
conscients ne sont possibles que grâce à la mise en branle de
l'organe psychique des notions d'espace, c'est-à-dire de la sléréo-
llsyeit ie (SLurcll).
L'influence de la stéréopsychie et de ses altérations sur la psy-
cho-motilité est à la fois sensorielle et motrice, comme celle des
centres du psychisme inférieur. Un comprend aisément que par
le fait d'une excitation exagérée, d'une destruction des arcs stéréo-
psychiques, l'influx nerveux trouve obstacle à son passage et soit
forcé de s'écouler par des voies d'association collatérales en-
core praticables. C'est par ce mécanisme d'irradiation ou par
des mécanismes analogues que l'auteur explique les syncinésies
psychiques et tous les troubles psychomoteurs qui constituent le
syndrome catatonique sans parler de toute une autre série de
phénomènes délirants, obsessifs, hallucinatoires, etc. On voit par
cet exposé que la théorie stereopsychique de Slorch se rappro-
che beaucoup de la théorie de la sé,junction entre l'identification
primaire et l'identification secondaire de Wernicke et qu'elle n'est
même que le complément d'interprétation physiologique de cette
dernière.. . (.1).
XCH1. Contribution à. l'étude de la microcéphalie ;par
W. M. BECHTEREW et M. N. JOUHOWSKY. OLOwTC7li psichiat1'ii,
Vil, 1902.)
A la suite de longs développements consacrés à l'historique de
la question, les auteurs publient une observation excellente rela-
live à un microcéphale de 17 ans (photographie), mort en janvier
Archives, 2' série l(JO : 5, t. XIX. 1~>
38(i REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
1902 de pneumonie. Autopsie (ligures). L'étude microscopique sera
l'objet d'un mémoire ultérieur.
Hérédité maternelle très chargée. La mère a d'ailleurs eu trois
enfants microcéphales. Le cerveau, diminué de volume dans son
ensemble, est particulièrement réduit dans la région frontale,
^tandis que d'autres régions de l'hémisphère, notamment la région
* temporale, sont suffisamment développées. Les circonvolutions
présentent une extrême simplicité dans leur disposition, qui tend
à cLrc recli ligne : il y a arrêt de développement de l'insula, de la
seconde frontale ; la troisième frontale manque presque absolu-
ment. Le corps calleux fait défaut. 11 n'existe pas de signes mani-
festes d'un processus pathologique dans le cerveau elles ménin-
ges. Il y a donc lieu de croire à un simple retard du développe-
ment cl'rl'bml, c'est-à-dire à \11H' microcéphali( ! \ l'aie. L'absence
de corps calleux, qui a probablement retenti sur le développe-
ment de l'ensemble du manteau moins les régions temporales, et
qui, par suite, est le facteur de cette morphologie simiesque, per-
met de rattacher le début de l'arrêt de développement a la pé-
riode comprise entre h; 4'' et le 5''mois intra-utérin. Cet arrêt a
élé évidemment primitif. Lecrane n'y a été pour rien, caries su-
tures, nettes d bien dentelées, ne révèlent point de cicatrices. Du
reste l'absence de corps calleux ne s'expliquerait pas par des lé-
sions crâniennes préalables avant consécutivement déterminé
l'arrêt de développement du système nerveux central.
Le développement excessivement faible des régions frontales
explique l'extrême indigence intellectuelle du jeune homme ; il
en esl de même pour la zone de 13roea et l'insula, quant il son
langage. Il est vraisemblable que l'absence de corps calleux joue
un rôle important dans son insuffisance mentale. P. KERAVAL.
BEVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE
LXXI. - Le décubitus latéral gauche comme moyen d'arrêt
de la crise épileptique; par M. Lannois. (Société médicale des
hôpitaux de Lyon, 8 nov. IJU4. )
,NI. Làniiois appliqué chez douze de ses malades, le moyen
él)ileliLo-fi,éiiateiii- héroïque, le (léctli)iltis latéral gaucho, prcco-
nisé har \I. (;roq au Congrès de Pau. Chez quatre de ses malades
seulement, la position seneslre eut une action évidente sur les
crises. Celles-ci furent plus courtes et d'intensité moindre.
L'auteur pense qu'il s'agillà d'une modification dans la circula-
tion encéphalique. 11 pense qu'au début de l'accès épileptique il y
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 387
a anémie cérébrale ; toute condition qui diminuera cette an é
mie, soit en augmentant l'afflux sanguin, soif en diminuant
le départ du sang, sera susceptible de modifier la crise et d'en
diminuer l'intensité. Dans le décubitus latéral, la circulation en
retour est très gênée, dans l'une au moins des veines jugulaires
internes, celle du côté opposé. Non seulement. le sang est obligé
de remonter dansune certaine mesure, mais les muscles du cou,
principalement le muscle mnolt-oltlien, forme une véritable san-
gle qui comprime plusou moins la jugulaire interne.
La position latérale gauche agit mieux que la droite parce que
lajugulaire interne droite ramène plus de sang cérébrale que la
gauche ; que son calibre est en général plus fort que celui de la
gauche. Les différences individuelles nombreuses que l'on ren-
contre expliquent pourquoi le décubitus gauche ne réussit pas
toujours. On peut y ajouter la brièveté du cou, l'adiposité, la fai-
blesse de la sangle omohyoitlienne.
M. Lannois a vérifié, en comprimant directement la ,jugulaire
droite, si la gène circulatoire était bien en cause dans l'arrêt de
la crise. Les résultats obtenus,' quoique moins marqués que dans
le décubitus gauche, ont été assez nets dans deux cas pour con-
firmer l'opinion de l'auteur. On ne réussit qu'à la période initiale
de la crise, celle qui correspond il la phase tic pâleur de la face (1).
G. Carrier.
L\ Xll. De l'incontinence urinaire et des phénomènes pa-
ralytiques des extrémités dans les foyers de ramollis-
sement des ganglions sous-corticaux, par A. IIOMBURGF Il.
(Neurolog. Cenlralblatt, XXII, 1903.)
L'auteur conclut : 1° les foyers de ramollissement unilatéraux
du corps strié et (le'la couche optique déterminent une inconti-
nence d'urine passagère, des épreintes vésicales incessantes, voire
de l'incontinence nocturne inconsciente. z2" Les foyers bilaté-
raux entraînent une incontinence urinaire permanente qui ne
se distingue pas essentiellement de l'incontinence spinale. 3°
L'innervation delà vessie d'origine sous-corticale est donc bilaté-
l'ale - 110 Les lésions superficielles n'entraînent pas d'incontinence.
5° Le ramollissement bilatéral des ganglions en question s'ac-
compagne de troubles caractéristiques de l'équilibre et de phéno-
mènes paralytiques bien différents de ceux qui succèdent aux lé-
sions des fibres capsulaires corticales : c'est une paraparésie
spasmodique des jambes dont la raideur spasmodique empêche
les mouvements passifs imprimés à l'articulation des genoux, les
mouvements des pieds demeurant libres. P. Keraval.
(1) Les nombreux essais tentés dans noire service a l31cêloe el à
l'Institut médico-pédagogique ne non» onl pas donné de sérieux
résultats (B.).
3KK -REVUE DU. PATHOLOGIE NERVEUSE.
Nous donnerons, il l'occasion de ce travail, le résume
d'un mémoire intitulé : Des centres corticaux de la sécré-
tion urinaire, publié par A. I. IÜRPINSKY dans 0ore ? e
psichiatrii (VI, 1901.) " ,
r- Conclusions principales de 22 expériences chez le chien :
1° Il exisle un entrecroisement (ll's fibl't's qui partent descentres
corticaux" de la sécrétion urinaire. L'excitation de l'écorce par le
courant faradique el même l'acte de. la (répanalion augmentent
celle sécrétion du côté opposé celui de l'irritation ; 2" Les seg-
ments antérieurs de l'écorce conlicnnenl des zones dont l'irrita-
tion fait fluor jusqu'à 'lU, 45, 50 gouttes d'urine en 5 minutes. C'est
la partie supérieure de la circonvolution precentrale qui agit le
plus activement à cet égard. L'action du segment inférieur de la
circonvolution sigmoïdoesl moins constante el moins forte. -3" II
existe toujours une période d irritation latente, dont la durée va-
rie suivantles individus. Celte période est moindre quand on ex-
cite la première zone, [dus grande quand on excite la seconde ?
4" Cnesuccession d'excitations diminue l'eU'elsécrétoire. 2" La re-
section de l'écorce le fait tlisparailre. -6° L'hypersécrétion ne dé-
pend pas de contractions musculaires : c'est prouvé par la curari-
sation et l'irritation d'autres segments de la région motrice du
cerveau. 7°'L'urine de l'uretère du côté opposé l'excitation a
toujours une moindre densité que celle de l'uretère du côté cor-
respondant, mais la quantité générale des matières solides de
l'urine en rapport avec le temps de l'excitation est supérieure
dans l'urine du premier uretère. -8° L'urine du côté qui corres-
pond à celui de l'irritation est toujours plus saturée, plus fon-
cée, plus trouble que l'urine de l'autre coté. 9" Les portions (l'u-
rine recueillies après l'irritation des diverses zones corticales ne
contiennent ni albumine, ni sucre. P. KERAVAL.
LXXlll. Nicotinisme chronique ; par N. Toporkovv.
{Obo;;réniJ psic7eiatrii, Y111, 1903.)
Il s'agit d'une dégénérée hystérique de 23 ans qui, pour combat-
ll'e des douleurs de dents se met du tabac à priser dans la bouche.
Malgré le dégoût que lui cause cet expédient, malgré les vomis-
scml'nls et les nausées qu'elle en éprouve, elle s'habitue tellement
cet excitant qu'elle ne peut plus s'en passer et s'intoxique. Elu-
ploi de la suggestion hypnotique. Les résultats comparativement 1
lions obtenus des deux premières séances permettent d'espérer la
réussite définitive de l'emploi méthodique de la suggestion. Si ce
moyen ne réussissait pas, l'affaiblissement de la volonté de la ma-
ladl' jusliliemil son placement dans une maison (1( galité.
P. KERAVAL.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 389
L\ \ l1'. Tétanos à. début sous forme de paraplégie spas-
modique ; par IIL.I. 1\ICOLAS t;t IOURIQU1UD.Soc..1léd, de.c llrî-
pitaux OcLon, -2-2 nov. 1904.)
Observation d'un cas de tétanos insolite dans son début et son
évolution. Au point de vue séméiologique, c'est une forme rare de
tétanos. Le malade présenta, dès le début, une paraplégie, avec
contracture absolue des membres inférieurs en extension, con-
trastant les premiers jours avecl'intégrité de lamoilié supérieure
du corps. Celte intégrité ne fut que passagére,car au bout de quel-
flues jours,le trismus léger,le rire sardonique,la raideur passagère,
de la nuque, les glandes crises tétaniques typiques, confirmèrent
le diagnostic. Le malade était entré à l'hôpital, en effet, pour myé-
lite avec paraplégie spasmodique.
La cause de l'affection provenait de plaies saignantes que le ma-
lade présentait entre les orteils et qui avaient été les portes d'en-
trée certaines. Par son métier de garçon de boucher, il pouvait
être plus que toutautre en contact avec le bacille de iSicolater. Le
début des contractures au niveau du point inoculé est chose con-
nue depuis longtemps, mais la majorité des Auteurs ne font que
le signaler en passant. Quelques auteurs ont signalé des observa-
lions de cette forme à début localisé, mais elle est en général rare.
Dans les cas publiés, aucun n'est superposable à celui des auteurs.
La médication a consisté en injections de sérum antitétanique
jointes au chloral. '
Tois injections de sérum de 20 ce. chaque furent faites dans les
veines du pli du coude. Le malade sortit guéri conservant seule-
ment un peu d'exagération des réflexes.
Au point de vue du traitement sérothérapique MM. Nicolas et
llouriquand pensent que les tétaniques avérés doivent être di-
visés en trois catégories distinctes : 1 les tétanos à forme aiguë
etsuraigué, chez lesquels le traitement estinefticace : -2" les téta-
nos à forme chronique, sans lièvre où avec peu de fièvre, sans
accidents graves, qui guérissent sans le secours d'aucune médica-
tion ; 30 les tétanos à forme subaigu : : avec crainte d'accidents
aigus ultérieurs (comme dans le cas des auteurs),chez lesquels le
sérum parait faire oeuvre très utile en diminuant le nombre et
l'intensité des crises, en neutralisant surtout les toxines qui con-
tinuent à être produites au niveau de la plaie infectée et qui pour-
raient,sans lui, déterminer plus tard des accidents aigus, graves,
mortels. ,
Les injections peuvent être alors considérées comme préventi-
ves puisque, si elles ont une action incertaine sur les accidents
en évolution, elles peuvent, en tout cas, s'opposer à l'appari-
tion d'accidents tétaniques plus graves que les premiers. Elles
peuvent prévenir ainsi l'apparition de manifestations tardives gra-
390 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
ves et mortelles, au cours d'un tétanos en apparence bénin dans
ses débuts. G. CHARRIE.
iF
LXXV. Trophoedème chronique non congénital du mem-
bre inférieur droit chez une enfant de onze ans; par MM.
- \VRlLLC't PÉHU. (Bttll. soc-. med. des leôl~ ? 31 mai 1904, p. : 2'21.)
Un cas de tl'ophoedèl11e chronique non congénital chez une en-
fant de onze ans. Cantonné à la jambe etv la cuisse droites, il est
nettement segmentaire. lien a tous les caractères de l'indolence
et de la limitation exacte. n'est ni héréditaire ni familial. De-
puis le mémoire fondamental de Il. Meige, on admet que le tro-
phoedème non congénital déhutenénéralement wers la puberté,
à l'âge de 13 ou 15 ans : cet auteur le* considère alors très juste-
ment comme une anomalie de développement.
Le cas de : \1 : \1. Weill et Péhu ,irnt s'ajouter aux quelques ob-
servations antérieures déjà publiées et montre que le trophoedi·-
me peut apparaître plus précocement. peut légitimement figu-
le cadre des affections de l'enfance. G. C..
LXXVI. - Narcolepsie (sommeil pathologique).; par M.
CHAVIGNY. (Soc. méd. des hôpitaux de Loa,13 décembre 1'.10.)
Observation d'un jeune soldat atteint de crises de sommeil. Les
crises surviennent à diverses reprises dans la journée, après 'les
repas ou après une fatigue. Le sommeil est très court, ne dépas-
sant jamais cinq à dix minutes ; il est très léger, le sujet se ré-
veille au moindre contact, mais se rendort aussitôt. La perte de
conscience n'est pas absolue ; au réveil. le sujet a conservé le sou-
venir de ce qui se passait autour de lui. L'affection a débuté vers
l'âge de 12 ans. * -
Le malade n'a pas d'antécédents héréditaires nerveux ou patho-
logiques. Il est lui-même un peu nerveux, mais n'a jamais eu ni
crises convulsives, ni rien qui rappelle l'épilepsie ou l'hystérie.
Pas de stigmates hystériques. Tous les organes sont sains.
Seul,le pouls était ralenti d'une façon très nette à 40 à 50 pul-
sations à la minute ; il ne se modifiait pas pendant les crises de
sommeil. G. C.
REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE
XXVII. D'une forme originale de fétichisme ; par \\-. M.
BECHTEREW. (Obominié psiclavtrü, 'Ili, 190;i.) "
Il s'agit d'un jeune homme de 29 ans, qui ne peut entrer en
érection ni coïter dans de bonnes conditions que quand il fixe les
REVUE DE PATHOLOGIE MENTAL : . 391
mouchoirs des fCl11lllPS,leul'sjupons bouf1'ant, nubien quand il en
écoule les frous-frous, qu'il les touche ou se figure qu'il va se
Cacher sous ces linges blancs. Ce fétichisme sexuel se rattache à
des souvenirs d'enfance : dans sa tendre jeunesse, sa bonne lui
couvrait le visage de son tablier en lui fermant la bouche, le cha-
touillant ou le pinçant. Ce jeu renfermait déjà en germe une va-
fruccxcitatioti sexuelle. Aucune lare héréditaire. 1'. ]rRA% ? l..
XXVIU. Mutisme datant de seize mois chez un dégénéré
migrateur ; guérison par suggestion ; par MM. L \NNOIS
et Feuillade. (Lyon médical, p. 25G, 5 février 190.').)
Une observation de mutisme survenu chez un dégénéré mi-
grateur. Le mutisme dataitde seize mois etaucun traitement n'a-
vait réussi à le faire disparaître. L'hypnose n'avait pu être pro-
voquée. '
Afin de le plonger dans un étal, de réceptivité intellectuelle
telle que la suggestion curative puisse agir, les auteurs ont em-
ployé l'anesthésie par le chlorure d'éthyle. C'est dans cet état de
sommeil anesthésique que la suggestion thérapeutique a donné
un bon résultat. La suggestion a été continuée à l'étal de veille
par la faradisation et par l'obligation dans laquelle on a mis le.
malade de faire un effort pour parler. G. CRRinR.
XXIX De l'état mental des épileptiques réveillés de force
du sommeil post-épileptique, par J ? C ur arr w. (0&o) ? x'
psic7aintrü, 7111, 1903.)
1^ Au moment où on les force à se réveiller du sommeil qui
suit immédiatement leurs attaques, tous les malades présentent
un automatisme passager qui rappelle, cliniquement, l'automa-
tisme post épilrptique naturel. 21 Les réveille-t-on du sommeil
consécutif à l'automatisme, il est rare que l'état d'inconscience
continue, et il est extrêmement passager. 3- t-oii les épi-
Il'ptiques de leur sommeil normal ou du sommeil qui suif rapide-
ment l'ictus épileptique, ils sont conscients, il n'y a pas d'ordi-
naire d'automatisme. 4o Dans l'automatisme post-paroxystique de
plus longue durée, la vie mentale normale se rétablit graduelle-
ment ; on constate d'abord une paralysie de toutes les fonctions s
mentales, les malades ne réagissant pas du tout au, excitations
extérieures. Cette période est remplacée par une phase de surdité
et de cécité psychiques. Celle-ci cède à son tour la place à une
période de cécité mentale exclusive, surtout pour les personnes.
L'automatisme se termine par de l'aphasie amnésique. 50 L'amné-
sie complète ne s'observe qu'au moment des deux premières pério-
des et d'une partie de la troisième de l'automatisme post paroxys-
tique. 6^ Tous les centres cérébraux ne souffrant pas à un égal
degré pendant l'automatisme post-paroxystique, et le rétablisse-
302 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.
nient des fonctions mentales s'accomplissant non simultanément,
ni subitement, mais graduellement, lentement, il y a lieu de sup-
poser que l'automatisme post-épileptique est dû à l'action de quel-
que toxine ayant un caractère électif. 7" La provocation artifi-
cielle, parle réveil forcé du sommeil post-ipilepliyue, de l'auto-
matisme, permet de supposer que l'automatisme post-épilepli(111(,
passager est le remplaçant, l'équivalent psychique du sommeil
post-paroxystique. P. Keraval.
XXX. Stupeur mélancolique et stupeur catatonique ;
par le D1' UEaouBaca. (Journal de Neurologie, 1905, n°2.)
L'auteur relate dans ce travail les observations de deux ma-
lades, un mélancolique et un catatonique, chez lesquels la stu-
peur était le symptôme prédominant et insiste particulièrement
sur les caractères différentiels de ces deux variétés de stupeur.
L'opposition du premier malade aux mouvements était, dit-il,
une opposition particulière, anxieuse ; il semble plutôt éviter la
douleur. Le membre que l'on soulève ne reprend pas toujours,
lorsqu'on l'abandonne, la position primitive. Il faut parfois cinq
ou six excitations répétées pour obtenir un léger mouvement,
mais celui-ci finit par être exécuté. En un mot, il n'y a pas' arrêt
(sperrung), mais retard (hemmung).
Le second malade au contraire, oppose une résistance invinci-
ble à tout mouvement passif. Il arrête le mouvement, il ne veut
pas ou ne sait plus vouloir. Un barrage empêche la volonté de se
mettre en action. En résumé, chez le premier malade, y a en-
gourdissement, lenteur ou retard dans la formation des images
conscientes et du mouvement spontané, tandis que chez le se-
cond il y a un arrêt au-dessus « dans le centre ou la sphère d'a-
perception, organe de la personnalité consciente et de la volonté
libre ». G. D.
XXXI. Des tendances et aspirations nouvelles de la psy-
chiatrie contemporaine ; par W. P. OssIPow.(ObOZ¡-¿l11é psi-
c)tintrü. V11, 19G ? .1 .
, Intéressant discours sur les travaux qui ont contribué à éclai-
rer l'étiologie des affections mentales et leur pathogénie. Impor-
tance de la théorie de l'auto-intoxication. Valeur de la classification
dernière de Kraepelin. Avantages du traitement des aliénés par
l'alitement : cette question n'est pas encore résolue. L'application
à la psychiatrie des méthodes thérapeutiques qui ont donné des
résultats, si brillants dans les affections somatiques, dépend de
l'étude exacte de l'étiologie et de la pathogénie des psychoses. Il
s'y faut consacrer avec acharnement. Tel est le suc de cette revue
REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. 393
qu'il faudrait avoir le temps et la place de traduire intégralement
en français, parce qu'elle est oninemmentsuggestnc.
'1 ' P. KERAVAL.
REVUE DE THERAPEUTIQUE
XXV. -Note sur les bons effets de la greffe thyroïdienne
chez un enfant arriéré. Note présentée au nom de MM. les
.])rus Gauthier et nUMMER (de W 'nŸ('), par M. le prof. LANNE-
(IC(tiléi;IiC ile Métl.,21 mars.) ,
Messieurs, depuis le jour où. pour la première fois, en 1890, j'ai
greffé sous la peau d'un enfant crétin atteint de ni le
corps thyroïde d'un mouton, la question s'est considérablement
élargie et la méthode opératoire a fait de véritables progrès. grâce
surtout aux recherches du Dr Crislini.
'Comme choix de porte-greffes,' on s'est adressé à l'homme et
il convient encore de prendre un tissu thyroïdien normal.La greffe
doit être faite à chaud en ne laissant que peu d'instant entre le
détachement du fragment et son insertion sous la peau du second
opéré : on greffe plusieurs fragments à la fois. Les suites opéra-
toires sont simples et sans complications aucune. Il y n'a qu'une
critique à adresser à celte méthode, c'est la rareté du porte-
greffe. Il faut trouver un goitre à extirper, cliez un sujet femme
possédant un tissu thyroïdien normal, ce qui ne se rencontre pas
toujours chez les goitreux, ou encore profiler d'une opération
faite au voisinage du corps thyroïde qui permettrait d'en extraire
un lambeau.
Quoi qu'il en soit, le résultat immédiat a été excellent sur une
fillette de trois ans presque idiote ( I ), ne parlant pas, proférant au
contraire des cris inarticulés, ne se tenant pas sur ses jambes et
ayant des mouvements constants de rotation de la tète et des
mains. Elle n'avait pas de m)'xoedème. On avait inutilement es-
sayé l'emploi de tahlettes thyroïdiennes ; l'enfant ne les avait pas
supportées. On lui fit une greffe de quatre petits fragments thy-
roïdiens ; les effets furent très rapides, car, un mois après, l'en-
fant marchait avec assurance et donnait des marques d'intelli-
gence plus grande. Pour apprécier la valeur du résultat il est in-
dispensable d'attendre que le temps donne une sanction à des
(1) Quand il s'agit de celle catégorie d'enfants anormaux, il fan.
(trait énumérer les principaux symptômes afin que le lecteur cache
à quel groupe il a affaire (13.).
301 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE. '
transformations plus complètes et définitivement acquises ; l'en-
fant été opéré en mai 1904 seulement.
Ainsi que le dit M. le prof. Lannelongue, il's'agit là d'un trai-
Il'ment qui ne pourra être qu'exceptionnellement mis en oeuvre.
(juanta la malade, Walh... (Augustine), à laquelle il a greffé
sous la peau le corps thyroïde d'un' mouton sans résultat d'ail-
'leurs elle est actuellement dans noire service à la Fondation
raUl't'. C'ef>t une idiote my.voed';¡I/((tl'us ? Elle a l,Il' considÍ>I'ahlt'-
ment améliorée par l'injection de la glande Ivphroïde du mou-
Ion. Chose rare chez lesmyxoedlnJaleu.\, elle est pubère, les sein<
se sont développés, les règles ont paru (t1J4) (1) t3. `
XXVI. Gliome du cervelet; extirpation; résultat éloigné ;
fistule artificielle et cicatrice à filtration du liquide cé-
phalo-rachidien ; par M..1 \BûUt.\.v.(6'nr. nat. de méd. de I yon,
.1 janvier 1935.) -
Présentation d'un malade auquel M. Jahoulay a extirpé en 1901
un gliome du cervelet. Homme de : \1 ans se plaignant depuis un
- an de céphalalgie très vive, de diminution de la vue, de* surdité
gauche, de parésie faciale gauche' et de parésie des membres du
. côté droit ; il avait en outre de la titubation, des vertiges et de
l'oedeme-papillaire. Le diagnostic fut celui de tumeur de l'hémis-
phère gauche du cervelet. .
Opération en deux temps. 1 cr temps : trépanation du cervelet
sur le milieu d'une ligne allant de la protubérance occipitale ex-
terne à la pointe de l'apophyse masloïde.La dure-mère fui inci-
sée et la surface cérébelleuse découverte. Suture de la peau. Amé-
lioration consécutive, surtout huit jours après, où l'on constata
un écoulement de liquide céphalo-rachidien qui persista pendant
dix jours. La source se tarit et les premiers signes réapparurent.
2c temps : Recherche de la tumeur, tumeur rose, bosselée, grosse
comme une petite noix; elleestincisée èLénucléée.C'étailùnjlinme.
Le soir de l'opération. le malade ne souffre plus et déclare n'avoir
plus de vertiges. L'amélioration persista pendant un mois, puis
récidive des symptômes.
A trois semaines de distance, troisième opération, réouverture
de la plaie, écoulement pendant deux mois du liquide céphalo-
rachidien. Pendant les années 1902-1903-1901, le malade est
perdu de vue. En décembre D34, il est examiné de nouveau.
Aveugle depuis 2 ans la céphalalgie avait réapparu, mais pas de
titubation, ni de vertiges. Crises douloureuses revenant tous les
huit jours. (Céphalalgie avec vomissements, rachialgie, douleurs
dans les membres inférieurs à droite surtout avec signe de 'Ker-
nig. ) : pendant les crises, la hernie cérébelleuse augmentait, dur-
(1) Voir : Greffe Ilyroïd. el ensemencement Ibyr. par Cl'i"tiIll11.
(Re¡',l1léd. de la Suisse romande. 1902, p. 705.) ·
socnirûs SAVANTES. 3t15
ri.raiL, était chaude, tendue, inci4luclihln. I : n..in,·, 1"r.isfaiunl
trois à quatre jours.
A l'occasion d'une de ces crises, ponction de Quincke qui amène
l'aO'aissemenl de la hernie après écoulemenl de quelques gouttes
de liquide. L'amélioration et la cessation des symptômes fut im-
médiate. 11 y eut encore récidive. M. Jaboulay fendit alors en
quatre la hernie, une portion du cervelet fut excisée et ne mon-
tra pas de récidive. Celte incision s'accompagna d'un soulage-
ment instantané. Le liquidecephalo-rachidien se mit il couler et
l'état du malade se transforma. Quatre semaines après, la cépha-
lalgie, les crises de rachialgie ou de sciatique n'avaient pas re-
paru. La vue revint, bien qu'il fut aveugle depuis deux ans. Le Ivei-
nig disparut. Il lui reste une lislulelle de la grosseur d'un cheveu
au milieu de la cicatrice, qui laisse suinter goutte à goutte le li-
qnidecepitalo-rachidien.
La cause de ces phénomènes d'hjperlension inlermiltcnle est
probablement un kyste gtiomateux se 1 idanliL la fois dans le* ca-
vilés ventriculaires et les espaces sous-aractmoïdiens.
, D'après ce cas,on peut dire que le véritable traitement des acci-
dents des néoplasmes cérébelleux, c'est l'établissement, après ou
sans leur ablation, d'une listule, d'une cicatrice a liltration. qui
permet l'écoulement du liquide céphalo-rachidien sécrété en excès,
par l'incision des méninges cérébelleuses et du cervelet. (.0 : .
SOCIETES SA.VANTES
SOCIETE DTIYPNOLOG1EET DE PSYCHOLOGIE
Séance du mardi t'7/n))r<rr 1 ! )0·1.-l'alamrrrcr Dr. I..J¡-I.ES Y 0[51 : -<
La jalousie elle; l'enfant.
M. BN : an.oorr rapporte plusieurs observations d'enfanssqui pré-
sentaient de la jalousie morbide pour des raisons à la fois héré-
ditaires et éducatives : chez tous, la volonté était diminuée ; ils
s'avouaient impuissants il corriger des actes dont ils reconnais-
saient le mal fondé. Par l'éducation du caractère et la therapeu-
tique suggestive, ils ont été considérablement améliorés. "
.\1, Jules Voisin. -.Il', reconnais l'eflicacité de la suggestion
dans le traitement des enfants jaloux, chez lesquels la volonté est
affaiblie. Toutefois la jalousie morbide, sans cause, est toujours
un signe de dégénérescence; quand ces enfants sont très dégi'nÍ'-
ils deviennent souvent persécutés, ainsi que je l'ai observé é
souvent dans mon service de la Salpêtrière.
396 ' SOCIÉTÉS SAVANTES.
Un cas de sommeil hystérique arec personnalité subconscient ? .
M. El. Jourdan (de Marseille) rapporte l'observation d'une e
jeune lille qui, à la suite d'une lièvre typhoïde grave, à manifes-
tations délirantes, a été plongée dans un sommeil permanent,
avec conservation de la personnalité, qui a duré près de trois
ans. Pendant cette période, celte jeune fille avait toutes les appa-
rences d'une personne éveillée ; en réalité, le champ de la con-
science était rétréci et limité aux seules perceptions visuelles.
Amaurose et paraplégie hystériques guéries par la Py ! / : holh¿mpie
M. 1 : HIItZ' : (de Constantinople).- ( les deux syndromes ontété
guéris, coup sur coup,en une seule séance, parla suggestion faite
non pendant le sommeil hypnotique, mais pendant l'hypnose a
l'état de veille (ou hypnose partielle de Windt), à la faveur d'exT
citations kinesthésiques auditives et -visuelles. z
m. 131NET-SU<;GU; fait un rapport sur un prétendu cas de
suggestion mentale et de transmission de pensée ; le sujet dont
il s'agit avant habilement trompé les observateurs russes qui ont
étudié ce cas.
.l. BÉRILLON présente un ventriloque, lequel fait la théorie de
son art et explique par quelle série d'exercices variés il est par-
venu à posséder son curieux (aient. z
Séance du mardi 2J fécr-ier.
M. Félix REGUAULT expose les grandes lignes de la rééducation
psychique. M. 13;RILLON rapporte plusieurs observations de
sentiments affectifs suggérés et passe en revue les diverses con-
séquences, sociales, psychologiques et médicales qui résultent de
ces cas.
M. Ltoerst. DAURIAC discute les thèses principales du livre ré-
cent de Frédéric myes et,en particulier, la théorie de la conscience
subliminale.
M. Demonchy rapporte une observation de douleurs urélhl'a-,
les chez un hyperesthésique, à lasuitedepratiques de spiritisme.
Séance du mardi 21 mars 190 ? PR)' : SIDENCE de M. Jules Voisin
Les Hayons N existent-ils } '
)1. Louis FAURE commence une étude critique des travaux pu-
])Iiésstii, les rayons X. Il montre l'importance de cette question
qui concerne l'histoire de la science et, plus particulièrement, de
la méthode expérimentale. Il fuit voir quelques unes des fautes
contre la méthode expérimentale qui ont été commises par les
meilleurs expérimentateurs. Après avoir montré l'insuffisance au
point de vue expérimental de quelques-uns, parmi les plus sa-
SOCIÉTÉS SAVANTES 397
vaut ? il montre qu'on devrait enseigner l'expérimentation à ceux
qui doivent passer leur vie à expérimenter, compléter l'ensei-
gnement purement technique du laboratoire, -qui est absolu-
ment nécessaire, par un enseignement oral qui apprendrait à
poser les faits, imaginer les hypothèses, instituer les expériences
et tirer les conclusions. ' '¡lJ; ! "
...
' La psychologie des jeux de hasard.
M. Ilermann LWRENT étudie les variations de la probabilité
suivant les différentes sortes de jeux, depuis ceux qui sont relatif
vement équitables, jusqu'à ceux qui sont franchement immoraux
tels que loteries, roulettes, courses, etc. Les jeux exercent plus
de ravages que l'alcoolisme ; hypnotisés, en quelque sorte, par
leurs pertes, les joueurs sont incapables de résister à leur pas-
sion ; ils sont souvent superstitieux et recourent aux objets les plus
étranges, qu'ils considèrent comme des porte-bonheur, afin de se
concilier la chance.
M. BÈRiLLON.Les joueurs sont, d'ordinaire, de grands enfants,
à intellectualité médiocre, des psychasthéniques, des malades,
des abouliques, des désoeuvrés. Dans la vie courante, des abouli-
ques, par peur ou incapacité de prendre une résolution, s'en re-
mettent au hasard. L'éducation devrait apprendre aux enfants à
ne jamais s'en remettre au hasard, à faire des choix réfléchis, à
agir toujours en -vertu d'une raison.
M. Dauriac. Pour moi, j'irais plus loin et j'interdirais qu'on
prononçât, devant les enfants des mots ,ides de sens, tels que le
Hasard, la Guigne, la Veine, .l'ajoute que la passion du jeu est le
dernier refuge de la superstition; certains, pour gagner, mettent
toujours tel vêtement, s'asseoient toujours sur un même siège
spécial, etc. Transformer une chaise en divinité protectrice, cela
\autla mentalité des saunages ! 11 est même très curieux d'ob-
server l'alliance de la superstition etdela dévotion ; certains cha-
pelets sont porte-bonheur et d'autres porte-guigne. '
M. 13t : cH. - Des gens, même très sérieux, mais profondément
abouliques et incapables d'initiative, avant de prendre une déci-
sion, ouvrent la Bible au hasard, posent, également au hasard,
le doigt sur un verset et, suivant que ce verset est affirmatif ou
négatif, font ou ne font pas ce qu'ils avaient projeté.
M. Bérillon. .l'ai connu des joueurs qui ont successivement
perdu au jeu plusieurs héritages de plusieurs millions. Quand ils
jouent, ils n'ont pas le moindre empire sur eux-mêmes ; ils sont
à la merci de l'ambiance en tant qu'hypersuggcstibles ; étant hy-
persuggestibles, ils sont justiciables de la psychothérapie.
M. Paul magnan. -A côté des joueurs par passion, qui sont in-
capables de se maîtriser, il faut placer qui vivent du jeu,
sans être joueurs ; ceux-ci n'aiment pas le jeu ; ils le détestent
ùU8 SOCIÉTÉS SAVANTES.
même ; mais, c'est pour eux un gagne-pain; étant profondément
maîtres d'eux-mêmes, ils vivent de l'emballement ou des fautes
des joueurs eluénés. Plus avisés, ces joueurs par profession lie
joueront jamais aux jeux de pur hasard ; ils calculent très minu-
tieusement les chances et recherchent des gains modestes, mais 5
sûrs. : ' ii'Y'-f-'
- " 1 f+/I ·
- SOCIÉTÉ \I1 : ULCn-l'Sl'( : II(I.nGIyUN; . ,
Séance du 27 février 1 ! 10â. Présidence de : \1. Vallon.
Genèse du mensonge chez- certains enfants mentalement ctamutatt.r.
U..l. Philippe communique en sou nom personnel et au nom
de M. P. Boncour une note sur la genèse du mensonge chez les en-
fants mentalement anormaux. Pour les auteurs, le mensonge des
enfants anormaux diffère du mensonge de l'adulte normal. Les
enfants sont le plus souvent menteurs, faute d'avoir acquis la fa-
culté de ne pas mentir. Les enfants, en effet, à l'encontre de ce
que pensent les mom11stes,sont nati 1 l'ment meilleurs. L't'nIant (lui
se développe normalement ne ment que lorsqu'il le veut; l'anor-
mal reste menteur. Les tout pelitsl'nfantsmentenlle plussouyent
parce qu'ils ne comprennent pas ce qu'on leur demande. Les en-
lants normaux, quand ils seront plus développés, répondront : « .le
ne sais pas », s'ilsne comprennent pas la question ; les autres per-
sisteront, dans l'infantilisme et répondront n'importe quoi aux in-
terrogations.
.M. Dupré. Le mensonge des enfants est assez important en
médecine légale, pour qu'on en fasse une étude approfondie.
Je qualifierais volontiers de mythomanie onde 11l lhopalhie le
mensonge des anormaux, pour le différencier du mensonge des
hystériques.
M. Vallon croit que le mot de ((mensonge» impliquerait l'idée de
conscience et ne s'applique pas très exactement aux faits signalés
har 11. l'Irilippe. '
1. PHILIPPE n'a utilisé le mot de mensonge que parce que ce
mot existait, mais il se rallierait volontiers à la terminologie pro-
posée par M. Dupré..\1. B.
Séance dtt 27 mars IUU5, Présidence de M. Vallon.
Le Président annonce la perle que vient de faire la Société, en
la personne d'un de ses membres les plus distingués, de son an-
cien président, le docteur Paul Garnier, médecin de l'infirmerie
cenlrale du Dépôt.
Le Secrétaire général donne lecture du discours prononcé
aux obsèques, dans lequel il retrace en termes élevés la vie d'un
de ceux qui faisaient, dit-il, le plus d'honneur à la Société médico- ¡
SOCIÉTÉS SAVANTES. 39U
psvchologique par l'étendue de ses connaissances, l'aménité de
on camctère, l'llOuorahililé de sa 1 ie.et surtout par l'idée très
tileW c tla'ils'élait faite de ses dt : voirsprofessiouneh. Toutes ces
belles (qualités,ajoute 1. Hitti, qui avaient gagné à notre collègue
noire estime et notre affection, furent anéanties en un clin d'oeil;
l'inexorable mort l'enlevait brusquement en pleine force, en pleine
activité intellectuelle, à l'âge où il lui était encore permis les
longs espaces et les vastes penser.» ! 1 .
Le Président lève la séance en signe de deuil.
Reprise de la séance.
Persistance des 11Cul'o-jiúrillesda)¡s la paralysie générale.
Le Secrétaire général donne lecture d'une note de M..). Da-
ouut indiyuanL la Ltchuique tlui lui a 1>ermia le cunstaLer la
persistance des neuro-librilles dans les trois cerveauv de paraly-
tiques généraux qu'il a observés. Pour les voir, il faut d'abord
obtenir une imprégnation suffisante des préparations histolugi-
lues par los sels 1'argenL.
· Un cas (l'il/version sexuelle.
M..\;o.¡THlè.\UIE eUlI1l11unique )'obsen alion d'un jeune homme
présentant des signes physiques très accusés de dégénérescence
mentale, chez lequel les préoccupations génitales présentaient
un caractère d'obsessions assez pénible pour qu'il ait tenté d'y
échapper par le suicide. Dès l'agode six ans, il se déguisait en
lille et jouait pluslolonliel's à Iles jeux habiturls aux fillettes. On
l'appelait alors « la lille». Plus tard, au collège, il s'est pris de
passion amoureuse pour des condisciples plus âgés que lui.Al'heu-
re actuelle, s'il recherche toujours les garçons, il préfère lesado-
1L'cenls aux adultes.
M. HrrT ? J'ai publié autrefois un travail où il était dit que les
Allemands avaient été les premiers à parler de l'inversion sexuel-
le; j'ai trouvé, depuis, deux observations antérieures dans la « I)t-
monomanie » tl'Istluirol.ll mcparait juste de lui attribuer laprio-
rilnln la découverte de ce syndrome.
M. Liatnrto a observé trois cas d'invertis sexuels ajant fait des
tentatives de suicide, pour échapper à leurs obsessions. Ce-
laient deux hommes et une femme et, parmi eux, un ménage.
Les trois ont accompli toutes leurs tentatives de suicide après
avoir satisfait leur impulsion sexuelle, ce qui semble confirmer
1(' jJJ'OH'l'be « post cuitul1l animal 1 rite. »
11. 'lcouooux a dans son service un uranisle de 58 ans, entré
à l'asile à la suite d'une tentative de suicide par submersion. Ce
malade a été invité à la masturbation par un homme dès l',1 ?
de )2 ans ; depuis il n'a pu avoir d'érection auprès d'une femme
400 BIBLIOGRAPHIE.
Il a été condamné à plusieurs reprises pour outrages publics à la
pudeur, car il éprouvait des envies génitales très impérieuses et
malgré sa position sociale,illui arrivait de se faire masturber dans
des lieux publics.
M. 130lSSIER a aussi observé deux invertis sexuels.Tous les deux
avaient lait des tentatives de sitie. L'un d'eux a fini par tom-
ber dans la mélancolie... ""
M. Christian croit que le malade de M. Antheaume est un dé-
bile intellectuellement. Parfois, l'inversion sexuelle Ya jusqu'à en
faire de véritables aliénés. On observe aussi ce syndrome chez
les circulaires.
M. Vallon pense que les deux malades décrits par Esquirol et
cités par M.Ritti sont plutôt des délirants chroniques que de vé-
ritables invertis.
M. ITTt. La seconde observation au moins ressemble absolu-
ment il celle de)1. Antheaumr. -
)1. BERNARD a connu un aliéné qui croyait avoir changé de
sexe et sentir remuer son utérus.
, C'était un délirant et non un inverti. MARCEL 131U.\NIJ.
BIBLIOGRAPHIE
VU. - Rapport sur le service médical de l'asile d'aliénés tl'.1 )--
mentiéres pour l'exercice 1903, par leDCH.1RDOV, mérlecin-tlirec-
teur et le 1)1' 11.1'LRT, médecin-adjoint.
Le nombre desaliénésau 31 décembre 1903 était de 073, nombre
supérieurde 32 unités àcelui des aliénés présents au 1er janvier de
la même année. Les malades traités pendant 11)03 ont été au nom-
1>re de 1 ? 4 : J'soit 8 de moins qu'en 1902. Ces 1245 malades repré-
sentent un ensemlrle de 350.455 journées de présence avec une
population moyenne de 9G0 malades.
Le chiffre maximum des malades existant à l'asile pendant la
même journée a été atteint au mois de novembre avec 988 malades
et le chiffre minimum a été obtenu en janvier avec 939 malades ;
chiffres supérieurs à ceux de l'an dernier. Comme on peut s'en
rendre compte, le chiffre moyen de la population de l'asile ne
cesse d'augmenter d'année en année : il était en 1899 de t4 ; nous
atteignons aujourd'hui IJ60. Le nombre des malades entrés en 1903
est de 304, soit 11 de moins que l'an dernier ; 33 sont guéris 21
améliorés, 25 ont été transférés, 17 sont sortis pour d'autres cau-
ses, 153 sont morts.
BIBLIOGRAPHIE. 401
Le mouvement spécial du quartier des enfants arriérés et épi-
leptiques est le suivant : 20 entrées dont 13 garçons et 7 tilles, soit
5 admissions en plus que l'an dernier ; une fille a été transférée,
5 garçons et une lille sont sortis pour d'aulres causes, un garçon
et 4 filles sont morts. L'encom'brunient du pavillon destiné aux
garçons persiste, le nombre des garçons entrés étant toujours su-
périeur à celui des filles. 11 y a; là, matière pour une école.
La folie alcoolique a été constatée- chez 4 ! malades au lieu de
30 en 1903. ? 9 épileptiques ont été admis en 1003, soit 13 de plus
qu'en 1902. Maximum des entrées en juillet. 111 malades sont
sortis en 1903 : guéris 3 ? améliorés 31. - 1511 décès : « Un bon
nombre de nos malades sont arrivés dans un état lamentable. 1G
d'entre eux sont, en etiet, morts moins de 8 jours après leuren-
Irée, 8 autres n'ont pas atteint la quinzaine, etc.» La tuberculose
pulmonaire a emporté 18 malades.
Si l'on veut se reporter à nos rapports médicaux des derniè-
res années, disent les auteurs du rapport,on verra combien grande
était notre préoccupation de lutter contre la tuberculose. Dès
1901, une première série démesures étaient prises, les quartiers
pourvus de crachoirs spéciaux vers lesquels l'attention des mala-
des était attirée par des tableaux indicateurs. Nous n'avons pas
cru devoir nous en tenir là el, poursuivant la série des mesures
propres à combattre le redoutable fléau, nous décidions en juin
1903 d'isoler en «pavillons spéciaux » nos malades atteints de tu-
berculose pulmonaire. Dans le travail communiqué par nous au
Congrès des médecins aliénisles et neurologistes des pays de
langue française tenu à Bruxelles au mois d'août 1903, nous
avons exposé dans quelles conditions s'effectua cet isolement.
\ou ne lowons qu'y rcwo-erici eLrappclous simplementdu'un
pavillon isolé a été exclusivement consacré aux aliénés tubercu-
leux quelleque soif la forme de leur affection mentale ; qu'un
régime alimentaire approprié leur été octroie et que les mesu-
res antiseptiques les plus éprouvées sont mises en oeuvre pour
quela désinfection des crachats et desselles mette à l'abri de tout
contage la population non atteinte (1). '
Ce que nous dirons ici, c'est que les résultats ont dépassé nos es-
pérances, et que, jusqu'à présent, seules les difficultés d'ordre bud-
gétaire nous empêchent de poussera la perfection l'rem l'e de
prophylaxie que nous avons entreprise. Nos tuberculeux surali-
mentes, surveillés d'une façon toute spéciale par des gardiens dé-
voués, mis à l'abri des moindres causes de refroidissement, placés
dans des salles où règne la propreté la plus minutieuse, se trou-
vent dans les conditions les meilleures et les plus propres à les
(1) Voir ce travail dans les Archives de Nell1'olo : .ie, ? série, 1003,
t. XVI, p. 403. -
Archives, 2' série, 1005, l. XIX. 26
402 BIBLIOGRAPHIE.
améliorer, toussent et crachent beaucoup moins et prennent de
l'embonpoint. - B.
VIII. Rapport médical, compte moral et administratif de
l'asile public d'aliénés de la Charité sur-Loire (Nièvre) pour
.l'exercice 1903, par M. le 1> Chocreaux, médecin-directeur.
cl. le Dr Chocreaux rappelle au début qu'il a cru néces-
saire de conserver, dans son rapport médical, le plan générale-
ment adopté par son prédécesseur, M. le 1)'' Faucher. Et il a eu
raison, car ce plan est bien conçu et pourrait servir de base à un
rapport modèle. '
Au 1,'r janvier 1903, il y avait 780 malades (375 II. et 405 F.),
Admis en 1903, 161 ! 92 il. et G9 I ? ? . Augmentation toujours plus
sensible d'année en année.
« Nous avons admis 5 épileptiques simples. Nous continuerons
à les classilier sous cette étiquette purement conventionnelle, car
elle n'exclut nullement l'idée d'aliénation mentale.... » - C'est
la thèse que nous avons toujours soutenue en montrant, à diver-
ses reprises, àla Commission de surveillance des asiles et aux re-
présentants de l'administration, lors de leurs visites à Dicétre,
d'une part le groupe des épileptiques dits simples, et, d'autre
part, les épileptiques (lits aliènes.
Dans les deux groupes on voyait, des malades jouissant à peu
près de l'intégralité de leurs facultés, d'autres atteints de manie
épileptique, d'autres en démence. 28 placements volontaires
contre 2 : i en 1 ! )02, et 126 d'office contre 111 en 1903. - Au des-
sous de 20 ans, il s'agit, le plus souvent d'infirmités mentales
constitutionnelles et irrémédiables (idiotie, imbécillité, etc.). Irré-
médiables, oui si on ne s'en occupe pas, améliorables et guérissa-
bles si on les soumet à un traitement médico-pédagogique, mé-
thodique et prolongé.
Parmi les causes déterminantes, l'alcoolisme figure dans 12 cas
(11 Il. et 1 F.). M. Chocl'eaux,il propos de la recherche des causes,
fait les remarques suivantes :
« Qu'il s'agisse même des antécédents personnels de l'aliéné,
on n'obtient en général que des renseignements insuffisants et le
médecin est bien obligé de se tirer d'affaire avec l'examen direct
du malade. Son embarras est hien plus grand encore quand son
observation doit s'exercer sur des vicieux délinquants et même
criminels. Et nous insisterions volontiers pour obtenir ce que plu-
sieurs d'entre nous ont justement réclamé déjà à plusieurs repri-
ses, le versement au dossier, du casier judiciaire des malades. »
Tant au Conseil général delà Seine qu'à la Commission de sur-
veillance des asiles,nous avons réclamé un grand nombre de fois
la communication du dossier des malades délinquants et dits cri-
minels sans pouvoir obtenir satisfaction pour nus collègues et
BIBLIOGRAPHIE. 403
pour nous. Nous y sommes revenu à l'occasion de l'affaire Vacher.
Nous avons dit que cette communication se faisait dans cer-
tains départements. Notre ami le 1), Villard, sénateur de la Creu-
se, maire de Guéret, nous a assuré que le dossier suivait les ma-
lades qu'il envoyait à l'asile de' \au;;caL.
Sous le rapport des entrées, les mois de décembre, février et
juin ont été les plus chargés.
« L'intérêt que peut présenter la recherche de la durée des
troubles mentaux avant l'internement consiste en ce que les chan-
ces de guérison sont d'autant moins nombreuses (lue la maladie,
dure depuis longtemps. La famille et les communes n'ont donc
aucun intérêt à tergiverser quand la nécessité d'un internement
se fait sentir. »
A cet égard, nous le répétons, et l'analyse des Rapports sur les
asiles le prouve, tous les aliénâtes sont d'accord.- En ce qui con-
cerne les aliénés transférés de la Seine à la Charité :
« Nous sommes heureux de pouvoir faire-observerque leconwi
de 1903, amenant des aliénés de la Seine à l'asile, comprenait
moins de gâteux et affaiblis que les années .précédentes. Le taux
annuel de la mortalité ne sera plus aussi élevé et ne viendra plus
fausser la moyenne des décès à l'asile de la Charité . »
08 décès, par phtisie pulmonaire, 13 (8 Il. et 5 F.) de tubercu-
lose pulmonaire, 1 de pleurésie tuberculeuse.
« Sans vouloir nier ici l'importance du traitement préventif de
la prophylaxie de la folie, dont l'action s'exerce hors de l'asile, je
me bornerai pour cette année à des considérations générales sur
le traitement curatif que j'ai institué aux malades de l'asile de la
Charité, de concert avec mon collaborateur Terra.de, médecin-ad-
joint. .
« Complètement dégagé de préjugés qui n'ont que trop long-
temps duré, bien pénétré qu'un asile est un hôpital, je me suis
efforcé de traiter les malades avec la plus grande bonté, avec la
plus grande délicatesse, pour les soutenir moralement dans les
douloureuses épreuves de leur état pathologique. Est-il besoin de
rappeler ici, en passant, que les punitions sont bannies des servi-
ces, de même que la douche et le bain, en tant que procédé d'inti-
nidation oui, peut-être, puisque dans certains milieux, il a paru
qu'on se l'imaginait encore facilement. En face de tous les ma-
lades, je me suis posé en médecin, rien qu'en médecin, évitant
minutieusement de les humilier, cherchant à les persuader qu'ils
sont des malades et que leur séjour à l'asile n'a rien d'humiliant
ni pour eux, ni pour leur famille. J'ai provoqué et recueilli leurs
confidences et travaillé à dissiper leurs préoccupations, j'ai faci-
lité leurs rapports avec leurs familles et pris part à la défense de
leurs intérêts parfois menacés, j'ai favorisé les visites de leurs pa-
rents ou de leurs amis quand elles pouvaient être efficaces. Bref,
404 BIBLIOGRAPHIE.
rien n'a été négligé pour l'aire, naître la confiance des malades
envers le médecin et pour établir entre eux et lui des liens
de sjmpalhie. J'ai profité de toutes les occasions qui s'of-
fraient de rompre l'existence monotone de ces hospitalisés. En-
lin, il a Í'lé largementl1é tl'un.'iwYt.'n de traitenwnt dont Pinl'l
affirmait déjà l'utilité et l'efficacité : le travail sous toutes ses for-
mes, selon les aptitudes des individus et dans la mesure de leurs
l'urces.
« L'hydrothérapie a été fréquemment ut il isée comme procédé de
traitement sous toutes ses formes, drap mouillé, douche mobile,
en cercle, froide et tempérée, bains tiedes dont l'action sédative
puissante est indéniable... Il a été administré à l'Asile de la Cha-
rité pendant l'année 1903 :
BIBLIOGRAPHIE 405
trop vivement l'attention du l'Administration supérieure sur la
création d'un laboratoire dans tous les établissements publics.
1 Résultat propre ci l'exercice 1903
40G , 1 BIBLIOGRAPHIE.
les agents subalternes. Nous pensons qu'il est naturel et équita-
ble d'en faire autant pour tout le personnel. C'est pour ce motif
que nous inscrivonaen dépense un crédit de7.554 francs pour faire
face à la retraite des fonctionnnaires actuellement retraités.
Et il ajoutait : « Au cas où M. le Ministre de l'Intérieur esti-
merait que l'excédent doit être employé à l'augmentation du bien-
être dos aliénés, il y aurait lieu de proposer comme régulateur
de baisser le prix de journée de 0 fr. 85 c. à 0 fr. 80 c. »
Dans la session extraordinaire du conseil général (séance du 8
septembre 1903), M. le rapporteur, reprenant le vote de 7.554 fr.
imputables sur les crédits de l'asile pour retraites des fonction-
naires, s'exprimait ainsi : '
«Pour ne laisser aucune indécision dans la perception des re-
venus de l'asile public d'aliénés, etc., la commission propose le
maintien ferme du prix de journée pour 1903 à 0 fr. 85 et le vote,
par modification à la même délibération, d'un prélèvement de
4,000 francs au lieu de 7.554 francs pour allocation à la caisse
départementale de retraites. La quotité de 4.000 francs pour 1903
pourra varier chaque année, suivant les ressources de l'asile et
les charges supportées parla caisse de retraites pour le service
des pensions d'anciens fonctionnaires de l'asile. » '
«Interpellé à la réunion de la commission desurveillance du 21
novembre UIO : 2 par M. Uuran, conseiller général et membre de
la commission, sur les conséquences du vote du conseil général,
nous avons répondu que le prélèvement annuel d'une pareille
somme est l'enrayement complet des travaux d'améliorations en
cours d'exécution et la perspective inévitable et prochaine d'une
situation financière mauvaise, ne permettant pas à l'asile de te-
nir ses engagements vis-à-vis des fournisseurs.
«Nous avons fait aussi ressortir quel'hypothèse d'un versement
fait par l'asile à la Caisse des retraites paraissait irrégulière et
qu'elle était sûrement peu généreuse, d'abord parce qu'en vertu
d'un arrêté du conseil d'Etat en date du 23 mars 1880, il était éta-
bli que les recettes provenant d'un asile départemental ne peu-
vent être,afrecLées par le conseil général des dépensesautres que
celles du service des aliénés, et ensuite parce que. depuis plus de
quarante ans, la caisse de retraites départementale bénéficie de
toutes les retenues exercées sur le personnel des fonctionnaires
et employés de l'asile. Quoi qu'il en soit, le versement de la som-
me de 4.000 francs a été effectué à la caisse de : \1. le trésorier-
payeur général. »
« A nos collègues debiense rendre compte de la situation et d'agir.
« Les passages ci-après méritent aussi d'être mis sous les yeux
de nos lecteurs.
«Dans le tableau des admissions nous voyons que, dès l'entrée,
la moitié environ des malades doit être rangée dans la catégorie
BIBLIOGRAPHIE. 407
des incurables. Nous constatons, en outre, avec regret, que la folie
alcoolique et la paralysis générale tendent à augmenter, comme
on l'observe à peu près partout dans le Nord. Le nombre des fem-
mes paralytiques a plus que doublé. Nous avons reçu, l'année der-
nière, 15 hommes et 4 femmes atteints deparalysie générale ; nous
avons reçu cette année 18 hommes et9 femmes. C'est là une pro-
portion peu rassurante pour l'avenir.
« Nous rappellerons que la séquestration tardive est dans bien
des cas une cause d'incurabilité ; les représentants de l'adminis-
tration font fausse route en se préoccupant moins de l'intérêt
des malades que du budget communal qu'ils obèrent pour l'ave-
nir, parce que la lenteur mise à provoquer l'internement aug-
mente la durée du séjour à l'asile.
« Nous continuons à avoir recours aux sorties à titre d'essai, tou-
tes les fois que, l'état des malades le permettant, nous rencon-
trons des familles qui veulentbien venir en aide à leurs parents
envoie d'amélioration. 11 est même une catégorie de malades
chez lesquels ces sorties prématurées produisent d'excellents ré-
sultats ; ce sont les mères de famille ayant laissé chez elles des
enfants en bas-âge. Un séjour prolongé à l'asile peut, dans ce cas
particulier, devenir nuisible ; aussi l'abrégeons-nous le plus que
nous pouvons.
« Nous avons eu pendant l'année plus de décès que pendant les
années précédentes : 138 au lieu do 95.02, moyenne des cinq der-
nières années, et parmi les causes du décès, nous devons surtout
signaler la tuberculose pulmonaire dont la fréquence a plus que
doublé. 27 au lieu de 10, comparativement à l'année dernière.
Nous devons encore citer le chiffre élevé des décès par suite d'en-
térite chronique, affection souvent dueà une manifestation dans
les intestins de l'infection tuberculeuse.Cesconstatations nous font
regretter de n'avoir pas pu réaliser encore les améliorations nous
permettant de pratiquer l'isolement de nos malades lorsqu'ils
présentent un danger de contagion.
« Nous devons signaler parmi les maladies incidentes le nom-
bre relativement élevé des tuberculoses pulmonaires et rappeler
qu'il nous reste beaucoup à faire pour l'hygiène générale par la
seule mesure pratique, l'isolement des tuberculeux. Malheureu-
sement,nous ne pourrons nous occuper de celte importante ques-
tion que lorsque nos ressources nous permettrontde l'entrepren-
dre, et nous devons auparavant terminer les annexes des divers
quartiers. A noter aussi le retour de la fièvre typhoïde dont nous
avons eu à supporter deux atteintes peu graves heureusement. »
ASSISTANCE ET PEDAGOGIE
L'assistance des enfants arriérés et épileptiques à Lyon
Dans le dernier n° des Archives (p. <'8), nous avons
donné des renseignements sur la situation des enfants
idiots et épileptiques dans tous les établissements pu-
blics et privés, affectés aux aliénés, à la date du 31 dée.
1903. Ils sont au nombre de 1206. Nous avons vu qu'il en
ressortait que, en dehors des soins hygiéniques, ils n'é-
taient l'objet, à part quelque rares exceptions, d'aucun
traitement médico-pédagogique. Nous aurions voulu l'aire
la même enquête sur la situation de ces enfants dans les
hôpitaux et hospices, mais c'est la une tâche bien diffi-
cile, qui ne peut être faite qne par l'Administration.Tou-
tefois, grâce à l'obligeance de M. Sabran, président du
Conseil général des hospices de Lyon, nous pouvons di-
re à nos lecteurs ce qui se fait dans cette ville. ,
Fondation GoMY. Traité avec la ville de Lyon. -- Par
son testament du 7 mai 18j(i, M. Jean GOI1lY, j1ropl'iéLaÏl'l', décédé
le 23 mars 1867, fait, un legs ainsi conçu : « donne et lègue il
la ille de Lyon la charge de ........... et à
créer un établissement de charité pour les jeunes garçons pau-
ures, incurables, organisé dans le genre de celui des jeunes tilles
incurables d'Ainay.
Article 2. Moyennant cette cession, l'Administration des
Hospices ci 1 ils s'engage à exécuter à perpétuité les clauses 'et
conditions du legs de lui. Gomy en faveur des jeunes garçons
pauvres, incurables, ainsi, et de la manière que la ville de Lyon
en élait tenue ; en conséquence et à litre d'exécution, les Ilos-
pices s'engagent à hospitaliser dans un de leurs (oLablisscmcnls
dix jeunes garçons pauvres, incurables.
Article 3. - A cet effet, un service spécial sera créé et une
salie aussi spéciale sera allectée, sous le nom de : Fondation Gc-
lieu, dans celui des établissements des hospices civils de Lyon
qui sera désigné par le Conseil d'administration de ces hospices.
Article 4. Conditions d'admission et de séjour. Les jeunes
garçons pauv res, incurables, ne pourront a(ïiiii, à la Fonda-
tion (;OIl1Y, (le cinq ans révolus. - IL seront présentés
à l'admission par l'administration municipale, suivant les inten-
lions du testateur, et devront être agréés par le Conseil d'admi-
nistration des hospices.
ASSISTANCE ET PEDAGOGIE. " 40U
Perron : Enfants INCURABLES.A l'hospice du Perron (14 lils)
outre les dix enfants incurables de la fondation Gomy, pourront
être admis quatorze enfants incurables remplissant les mêmes
conditions que les enfants de la fondation Gomy. Sur ces qua-
torze places, le Conseil en réserve six à la ville de Lyon pour
lesquelles la ville payera un prix de journée de un franc cin-
quante : les huit autres places 11'lIntalll'iblH\pS, suivant ce que le
conseil en décidera, soit a des enfants incurables gratuits, soit à
des enfants incurables payants, pour lesquels il sera payé un
franc' cinquante par jour.
A dix-huit ans révolus, les enfants incurables passent de plein
droit, aux premières places vacantes pour incurables adultes, gra-
tuites, ou payantes, ville de Lyon ou particuliers. (Délibération
du 14 juin 1899, approuvée le 24 juin 15 ! 10.1
Legs Chanbeyron (Sornrr),veuvt. Rambaud. Par testament olo-
graphe du 2 avril 1902, Jlme Clianllrev ron (Snplie), veuve Ram-
baud, décédée le 29 avril 1902, a institué pour légataires univer-
sels les hospices civils de Lyon, à la charge de
« .le désire que la partie de ma fortune qui rcv iendra aux hos-
pices après le pavement des charges et des legs soit appliqué par
le conseil d'administration aux enfants incurables et arriérés
(garçons) ; il sera créé, dans un établissement dépendant de la
dite administration, un service dont l'importance sera en rap-
port avec la somme que les hospices recueilleront dans ma suc-
cession. Ce service portera le nom de « Fondation Rambaud ».
La succession n'est pas encore liquidée. (Autorisation d'accepter,
Délibération du 19 décembre 1 ! 10 ? )
Epii eptiques. Les services d'épileptiques comprennent cent
quarante et un lits : il l'hospice de l'Antiquaille, quarante-huit
lils pour les femmes ; il l'hospice du Perron, cinquante-deux lits
pour les hommes, vingt-sept lits pour les femmes et quatorze lits
pour les enfants garçons ayant de cinq ans il seize ans.
Sept de ces lits. ont été établis par l'administration des hospices,
à ses frais. Ces sept lits gratuits de la fondation de l'administra-
tion sont réservés aux épileptiques indigents, nés il Lyon et domi-
citiesa Lyon. Dix lits ont été créés, pour l'administration des
hospices, en exécution de la fondation Courajod, et sept lils, en
exécution de la fondation manlline 1'trancL ; ces dix-sept lits sont
mis, gratuitement, a la disposition des épileptiques indigents de
toutes les communes, Lyon compris, du département du Rhône.
Trois lits ont été fondés par JIntc Gritlet, veuve Guy, pour des
épileptiques indigents de la paroisse Saint-Louis delà Guillolière.
Les autres lits sont attribués aux épileptiques payants.
Pendant une heure le matin et une heure l'après-midi, une
410 assistance et pédagogie.
sieur hospitalière est chargée d'enseigner aux enfants la lecture
et l'écriture. Le calcul est enseigné à ceux qui peuvent l'appren-
dre. L'enseignement par la méthode Braille est donné aux aveu-
gles. '
Nous accueillerons avec plaisir tous les renseignements que nos
lecteurs voudront hien nous adresser. (1,
Pour l'enfance anormale.
Création d'un institut pédagogique pour enfants nerveux, débi-
les ou maladifs. - La question de l'enfance anormale est sérieu -
sement à l'ordre du jour. Depuis quelques années, en Belgique et
dans divers pays, des Instituts spéciaux ont été fondés pour l'édu-
cation et l'instrucf ion des enfants arriérés. Nombreux sont les
enfants que leur santé physique ou intellectuelle, ou les infirmi-
tés dont ils ont été atteints, empêchent de suivre la classe com-
mune ; ils ne peuvent davantage être instruits en famille à cause
des connaissances spéciales que doivent posséder leurs éduca-
teurs, et des soins particuliers que nécessite leur état.
Un comité est constitué à Bruxelles pour mener à bien la créa-
tion d'un Institut de ce genre dans un des quartiers les plus sa-
luhres des environs immédiats de la ville, à une altitude de 100
mètres environ, et à un endroit d'accès facile et desservi par di-
vers tramways. Cet institut s'ouvrira au début d'octobre prochain,
av enue Maurice, 1 1 , au quartier si riant de la petite Suisse à Ixel-
les, à un pas du bois de la Cambre.
Les religieuses du Saint-Enfant-Jésus qui depuis un an déjà se
sont occupées de l'éducation des enfants arriérés à Bruxelles, ont
promis leur concours et leur dévouement pour entourer de soins
tout maternels les enfants qui leur seront confiés. Les succès
qu'elles ont obtenus durant l'année écoulée ont fait l'admiration
et l'étonnement des familles qui se sont adressées à elles pour l'
l'éducation de leurs chers enfants, et sont un gage assuré de
leurs succès futurs.
Le comité directeur m'a fait l'honneur de me confier la direc-
tion médicale clcl'lnslituL et m'a adjoint en qualité de médecins
consultants deux savants confrères spécialistes : le docteur Glo-
rieux pour les maladies nerveuses elle docteur Vanlangendonck
pour l'orthopédie. Seront reçus à l'Institut :
1° Les enfants simplement nerveux ; 2° les enfants atteints d'af-
fections nerveuses accompagnées de paralysies, d'agitations ou
de tremblements ; 30 les enfants indociles ou indisciplinés; 40
les enfants arriérés au point de vue intellectuel et ne pouvant de
fait suivre le niveau de la moyenne de leurs condisciples ; 5" les
enfants atteints de troubles de la parole ; 6- les enfants atteints
de maladies chroniques non contagieuses, osseuses, articulaires,
CORRESPONDANCE. 1 411
etc., nécessitant de longs traitements qui les mettent dans l'im-
possibilité de suivre la classe commune.
Les enfants atteints d'idiotie ou d'affections contagieuses ne
peuvent être admis à l'Institut. Les sexes ainsi que les différen-
tes catégories d'enfants sont séparés. [Annales de la policlinique
centrale de Bruxelles, août 1904.) Dl' MATAGNE,
CORRESPONDANCE
Personnel médical et secondaire à l'Asile Clinique.
Paris, le 21 février 1905.
' Mon cher 1\1. Bourneville,
.l'estime, pour ma part, très suffisant le personnel médical de
mon service.,l'ai une moyenne de 380 malades, ce qui est, certes,
considérable, mais si l'on songe que sur ce nombre il y a bien près
de 350 chroniques incurables, auxquelles nous n'avons guère que
des soins généraux adonner, on conviendra qu'un médecin et
deux internes peuvent parfaitement suffire à la tâche.'
Ce qui nous manque, c'est du personnel secondaire . Ici,l'insufli-
sance n'est pas seulement regrettable, elle est lamentable et scan-
daleuse, four assurer la surveillance générale et les soins de nos
380 malades, nous avons sur le papier 44 personnes, dont il faut
défalquer nécessairement les 4 baigneuses et les 9 veilleuses char-
gées de services spéciaux, ce qui réduit à 31 personnes le person-
nel de jour, y compris la surveillante en chef.
Cela donnerait à peu près une personne pour 12 malades. Mais
d'abord c'est là une moyenne, qui, comme toutes les moyennes,
ne répond pas à la réalité. Si l'on songe que certains quartiers né-
cessitent une surveillance plus grande et des soins plus minu-
tieux, il en résulte que les autres .quartiers sont d'autant moins
bien partagés, et que si, dans le quartier des grandes agitées, par
exemple, il y a quatre infirmières pour 18 malades, il n'y en a plus,
dans d'autres, que trois pour soixante et même soixante-dix. Si
nous ajoutons : l° qu'à chaque instant du jour des infirmières sont
obligées de sortir de leur quartier pour des besognes nécessaires
et urgentes; 2° que nos infirmières ont un jour de congé tous
les dix jours et prennent un congé annuel de 15 jours, lequel n'est
vraiment pas volé; - 3° que ce personnel, précisément à cause-
du surmenage auquel il est soumis, est très souvent malade, et
qu'en temps d'épidémie de grippe, par exemple, comme cela
412 CORRESPONDANCE. ·
vient d'avoir lieu c'est parfois 3, 4 et même 5 infirmières qui
font défaut du même coup ; 4° que ce personnel comprend' ac-
tuellement quatorze femmes mariées qui ont le droit de devenir
grosses et d'accoucher, et qu'on ne saurait humainement exiger
d'elles un travail normal'pendant. le dernier mois au moins de la
grossesse, non plus que les priver des trois semaines de repos dont
elles onthesoin après leurs couches : on conviendra que c'est
pure fantasmagorie et poudre aux yeux que de prétendre que
le personnel mis à notre disposition pour assurer le service est
dans la proportion do une infirmière pour dix malades. Encore
faut-il observer que le chiffre des malades, dit normal, est cons-
tamment dépassé; et qu'on l'augmente même tous les ans, je ne
sais pourquoi, sans pour cela augmenter les moyens de surveil-
lance.
Veuillez agréer, mon cher monsieur Ilourneville, l'assurance
des meilleurs sentiments de votre bien dévoué,
Paul Dubuisson, -
Chef du service des l'ouïmes de Saint-Anne.
Personnellement, nous avons souvent appelé l'atten-
tion de l'Administration et delà Commission de surveil-
lance sur l'insuffisance du personnel secondaire dans les
Asiles de la Seine. A une époque, nous en avions obtenu
l'augmentation, mais le Conseil général précédent, vou-
lant faire des économies, a fait procéder à une réduction.
Le service de veille que, avec la Commission de surveil-
lance, nous avons fait réorganiser nous pourrions di-
re organiser-- n'a pas subi de réduction, croyons-nous.
Il n'est peut-être pas encore suffisant. Dans des tableaux
joints à notre rapport sur la réorganisation des écoles
départementales d'infirmiers et infirmières, nous avons
donné l'état du personnel secondaire dans les asiles d'a-
liénés de France : il est encore plus insuffisant, en gé-
néral, que dans les Asiles de la Seine. La lettre de notre
collègue M. le D' Dubuisson, que nous sommes heureux
de publier,montre l'intensitédu mal et la nécessité d'une
réforme sérieuse. Les Archives de Neurologie accueil-
leront avec plaisir tous les renseignements que les mé-
decins des Asiles voudront bien leur adresser sur cette
importante question. B.
VARIA
Prix de l'Académie de médecine.
Parmi les nombreux prix distribués, nous relevons les suivants
décernés à des travaux de pathologie mentale et nerveuse.
Prix Bailla1'ge1' : ' ! ,000 francs. Ce prix, destiné à l'auteur du meil-
leur travail sur la thérapeutique des maladies mentales et sur
l'organisation des asiles publics et privés consacrés aux aliénés,
est décerné à I. le Dr Paul Sérieux, de Ville-Evrard pour, une
série de mémoires ayant trait à la thérapeutique des maladies
mentales et à l'organisation des asiles d'aliénés.
Prix Cil'1'Íeu,I' : 800 francs. Question : du rôle de la syphilis dans
les maladies de l'encéphale. Deux mémoires ont été présentés. Le
prix est décerné à M. le Ruz' Marchand (de mois), Une mention
très honorable est attribuée à M. le Dr Jacquemart (de Paris).
Prix Falret : î00 francs. Question : la neurasthénie ;Ixttlzogé-
nie et traitement. Quatre mémoires ont été présentés. Le prix n'est
pas décerné, mais l'Académie accorde une mention très honora-
ble il M. le Dr Maurice os 1 LLUIav, de Paris.
Prix Ernest G,irlaz'cL : 1 .000 francs au meilleur travail sur la
pathologie interne. Le prix est décerné à JI. le D" A.' I\.IHR \ de
Curepipe. ile Maurice : Les deséquilibrés du système nerveux.
Prix Theodore lfapin (de ( : ent·ve) : 3.000 francs. Douze mémoi-
res ont été envoyés. Le prix est décerné à les Dos P. E. Liu-
NOIS, professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris, et
Pierre 1toy, de Paris : Etudes biologiques sur les géants. L''\ca-
démie accorde en outre des mentions très honorables : 1° à M. le
1)' \I\UR(C7 : de Fleurs, de Paris : Manuel pour l'étude des malta-
dies du système nerveux ; les grands symptômes neurasthéniques ;
2" à M. le nI' Il. ;\I111ER, professeur à l'école du \'al-de-Grâce,
Blessures du crâne et de l'encéphale par coups de feu ; : )0 à M. le
J)"lIIUSIOENS, d'Amstertlam : Etudes sur les troubles de la sensibi-
lité ci la douleur de type radiculaire cite; les tabétiques et les épilep-
tiques et leur valeur pratique dans le traitement du nzal comitial.
J'ria- 1 ! enri Lorquet : 300 francs. Cinq mémoires ont été en-
voyés. L'Académie ne décerne pas le prix, mais elle accorde une
mention honorable avec encouragement de 300 francsà \I. le))''
Henri Carrier, de Lyon : La cellule nerveuse normale et patholofli-
que ; une mention honorable à M. le 1),- Henri à à
l'asile de Yaucluse : Essai de diagnostic entre les états de débilité
mentale. '
Prix Aldophe Jlombinne : 1.500 francs. L'Académie décerne le
prix à MM. le 1)- Colin et F. I'ACT1 : T (de Villejuif), pour accom-
414 VARIA.
plir une mission dont ils ont été chargés par le ministre de l'in-
térieur ayant pour but de rechercher dans les maisons centrales,
lesprisons et les maisons de correction les aliénés dont l'état
mental a été méconnu au moment de leur procès et qui ont été
condamnés, et ceux qui le sont devenus au cours de l'accomplis-
sement de leur peine. -
Dans la même séance, l'Académie a fait connaître les prix pro-
posés pour I ! 107 :
Prix Civrieux : 800 francs (annuel). Question : La syphilis spi-
nale.- Pri ? 1,'ttl)-et : 100 francs (biennal). Question : De l'état men-
tal des dipsomanes ; Prix 1'hèodo/'e Herpin (de Genève) : 3.000
francs (annuel), au meilleur ouvrage sur l'épilepsie et les mala-
dies nerveuses : Prix llc·n,oi Lorquet : 300 francs (annuel) au
meilleur travail sur les maladies menlales.
NOTA. - Les. concoursde l'Académie sont clos, tous les ans fin
février. Les ouvrages adressés pour ces concours devront être
écrits lisiblement,en français ou en latin, ils seront accompagnés
d'un pli cacheté avec devise, indiquant les noms et adresses des
auteurs. Les prix seuls donnent droit au titre de lauréat de l'Aca-
démie de médecine, les encouragements, récompenses et mentions
honorables n'y donnent pas droit. Le même ouvrage ne pourra
être présenté la môme année à deux concours de l'Académie de
médecine. '
LES ALIÉNÉS EN LIBERTÉ. E.
51. Cazaux, instituteur colonial, en congé à Campan (IIau-
tes-Pyrénées), atteint d'aliénation mentale, a tiré plusieurs coups
de revolver sur 51. Durand, procureur de la République, qui tra-
vaillait dans son cabinet. L'état du blessé est grave. Le meur-
trier a été arrêté. Il était divorcé et avait, malgré le jugement,
gardé son jeune fils. Le procureur de la République l'ayant for-
cé de le rendre à la mère, il avait juré de se venger du magistrat.
(Bonhomme normand, 8 mars.)
Disparition. Le nommé Louis Porcherot, de Bonnen-
contre, qui depuis quelque temps ne paraissait pas jouir pleine-
ment de ses facultés, a quitté son domicile il y a une douzaine
de jours et n'y est pas revenu. (Prorlr. de Lyon, 22 mars.)
Drames de l'alcoolisme.
Un forcené. -Dans un accès de délire alcoolique, le sieur An-
toine Gravier, 19 ans, ouvrier terrassier chez le sieur Boulicault,
entrepreneur à Saint-IartiIHles-13csaces (Calvados), a tenté de
donner des- coups de couteau à son patron et l'a frappé violem-
tuent. Il n'a pas fallu moins de neuf personnes pour maîtriser
ce forcené, qui, déposé au violon, a démoli la cloison qui sépa-
varia, 41j
rait ce local en deux. 11 a été conduit, sous honne escorte, à la
prison de Vire. (l3olahonxneaaol-nz., 8 mars.)
Suicide. Louis Barbet, 53 ans, fermier à Noce, alcoolique,
disait souvent qu'il tuerait sa femme et se suiciderait ensuite.
Mardi de la semaine dernière, vers 4 heures de l'après-midi,
Barbet s'arma d'un fusil de chasse à deux coups, puis, saisissant
sa femme à bras le corps, il chercha à l'entraîner dans le fournil
déclarant qu'il voulait la tuer. La femme Barbet se mit à crier
au secours et, ayant pu se dégager, se réfugia chez son gendre.
Celui-ci désarma son beau-père, qui lui demanda pardon de l'ac-
te insensé qu'il venait de commettre. Les gendarmes se rendi-
au domicile de l'alcoolique ; ilsle trouvèrent pendu dans son
écurie. (Ibitl.)
La princesse LOUISE DE COBOURG.
A la suite du décès du docteur Paul Garnier qui, on le sait,
avait été un des médecins désignés pour procéder à l'examen de
l'état mental delà princesse Louise de Cobourg-Gotha, le prési-
dent du tribunal avait désigné 31. le docteur Dubuisson, méde-
cin en chef de l'asile de Sainte-Anne, pour le remplacer.
M. le docteur Dubuisson a prêté serment hier dans le cabinet
de 51. Ditte. Afin d'aller plus rapidement, la cour du maréchalat
avait déclaré renoncer il. la cérémonie qui s'était produite lors du
serment des autres médecins, c'est-à-dire à la présence de tous
les intéressés. Seul, l'avocat de la princesse, M" Albert Clemen-
ceau, y assistait. '
Concert des jeunes aveugles de l'Institut de 1)1JON.
« La belle salle des Etats de Bourgogne était arclii-comllleltier,
jeudi, pour le concert que les jeunes aveugles de l'Institut de
Dijon donnaienL- ainsi que l'annonçait le programme - « à
leurs bienfaiteurs est amis'». Et il nous a paru que la pensée de
fout ce monde que, de temps à autre envahissait une certaine
émotion, pouvait se traduire en ces quelques mots : « Aux plus
déshérités, le plus d'amour. Le Pdil Bourgiagon du 24 mars
donne ensuite un compte rendu tre< intéressant de celle fête qui
a fort bien réussi. Et il conclut ainsi :
« En terminant, nous avons le devoir d'adresser encore une fois
l'expression de toutes nos sympathies au dévoué directeur de
l'Institut des sourds-muets et jeunes aveugles, 51. Boyer, qui,
avec un zèle infatigable, s'efforce de rendre la vie douce à ses
intéressants pensionnaires, à seule fin de les encourager à se la
rendre plus tard utile à eux-mêmes.»
Tout ce qui a trait aux enfants anormaux nous parait *de na-
turne à intéresser nos lecteurs, c'est pourquoi nous signalons la
fêle de Dijon. --
FAITS DIVERS
Asiles d'aliénés. - .1[0 wements de février et de mars 1 ! JO'J.
51. le 1), JIIUf'.ITIi, à à l'asile de la Charité ( : 'iiè-
v re), promu à la '2< classe du cadre. - 51. le 1)1' GAcRs, médecin
adjoint à la colonie familliale de Dun-sur-Auron, promu à la 1'e
classe du cadre. 51. le 1),lloi)iFr, médecin adjoint à 51on(de-
vergnes(Vaucluse), promu à la classe exceptionnelle du cadre.
.NI. le 1), BONNET, médecin en chef à la colonie familliale d'Ainay-
le-Cltz*tLeau-en-Ciiei- (Cher), est promu à la 1 r. classe du cadre.
Concours POUR l'emploi de médecin-adjoint des asiles pu-
BLICS D'....U8N8S,- Le président du conseil ministre de l'intérieur
et des cultes, sur la proposition du conseiller d'Etat directeur de
l'assistance et de l'hygiène publiques, arrête :
Article premier. -Les médecins-adjoints reçus au concours,
qui occuperont effectivement les postes de chef de clinique des
maladies mentales de la Faculté de médecine il Paris, seront con-
sidérés comme exerçant leurs fonctions dans un asile public d'a-
liénés. Le temps du clinicat ne pourra pas dépasser trois ans.
MONUMENT A PINEL. Par l'initiative du Père Gervais, supé-
rieur de l'asile d'aliénés de San Gaudiliu, il va être procédé dans
cet établissement, dit la Revista (reno]Jatica Espanola (mars), à la
construction d'un monument afin de perpétuer la mémoire de
l'illustre aliéniste français. Nous remercions les auteurs de ce
projet qui fait honneur à notre payc.
Hospice de BICHTRE : Maladies mentales et nerveuses des en-
fants. Consultations pour les enfants indigents, la jeudi à 'J 11.
)/ : ? .-Visite complète du service, présentation de malades et de
pièces anatomiques. le samedi, à 9 h. 1/2 très précises..
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
130wevtt.t.a. fixation du nombre des médecins dans les asiles
publics d'aliénés. Rapport fait au Conseil supérieur de l'Assistance
publique. In 41 de ;18 pages, avec de nombreux tableaux.
( : OUIrELI,EION"I' (\'Iclol'). Contribution à l'étude des accidents
nerveux, consécutifs au méllill"ites aiguës simples, 1 \'01. In-8" de
263 pages. Prix 5 fr. Librairie Jules l3uu ? ac(, 1, rue Casiniir-Delavi-
gne.
Le rédacteur-gérant : 130otttwu.t.r : .
I : ICI'111o11L (UISC), - imprimerie 11.11S Il'it'CS.
Vol. 11 ? Juin 1305 No 114
ARCHIVES DE NEUROLOGIE
CLINIQUE MENTALE
Le réflexe lumineux dans la paralysie généràTÎ,
Par le \)' E. 1.\1t\. : \))(). : \ lIE I(). : \TYEL
Médecin en chef de \'iIlL'-E\'1'nrd,
]\ous avons publié eu mars 1902 dans la Galette des
hôpitaux les constatations relatives au réllcxe lumineux
que nous avions opérées sur 30 paralytiques généraux
d'après une méthode différente de celle qu'avaient uti-
lisée jusqu'alors les observateurs assez nombreux qui.en
France et à l'Etranger, s'étaient occupés de la question.
Tous, en effet, avaient suivi Musch qui le premier étudia
les réflexes dans la paralysie générale mais qui se borna
;i examiner une 'seule l'ois les sujets, à une période quel-
conque de la maladie.
Il nous a semblé qu'un tel procédé ne pouvait donner
que des résultats erronés et qu'il était indispensable d'a-
voir la patience et le soin de suivre les mêmes malades
depuis leur entrée à la première période de l'affection jus-
qu'à sa terminaison par la mort. Ainsi nous procédâmes
et sur 30 paralytiques nous avons examiné les réflexes
irions du début à la fin de la périencéphalite chronique,
réalisant 750 constatations sur lesquelles nous basâmes
notre travail.
Ces constatations indiquaient sans doute dans quelles
proportions on rencontrait le lumineux altéré, mais elles
ne fournissaient aucun renseignement sur le nombre de
paralytiques atteints et épargnés. Nous avions suivi de
si près nos malades et ces recherches nous avaient de-
mandé tant de temps que nous ne disposions que de 30 su-
Arciiives, 2' .i·ir, 100,i, I. XIX. 2 d'
41.8 CLINIQUE MENTALE
jets, nombre insuffisant pour permettre, surtout aux di-
verses périodes du mal,une statistique de quelque valeur.
Afin de combler cette lacune, nous avons continué nos
recherches en espaçant davantage nos investigations, car
il.mous a semblé qu'il était inutile de rechercher l'état du
réflexe quand aucune modification ne se reproduisait ni au
physique ni au psychique. En procédant de cette façon
nous avons réussi à suivre 140 paralytiques dont malheu-
reusement 50 ont succombé au cours de la première pé-
riode, 36 de la seconde, de telle sorte que seuls 54 ont
parcouru les trois phases, succombant au marasme pa-
ralytique. Sans doute, ce ne sont pas là les centaines que
fournit la méthode de lluscli mais nous pensons que nos
140 paralytiques suivis jusqu'à leur décès ont peut-être
plus de valeur que tous les autres.Ce qui contribue à nous
confirmer dans cette pensée, c'est que la longue et minu-
tieuse méthode que nous avons adoptée ne nous permet
pas seulement d'établir, comme l'ancienne, la proportion
des normalités, des anormalités et des diverses espèces
d'altérations, mais encore, constatation qui n'a jamais
été faite, puisque personne jusqu'ici n'a eu la constance
de suivre les malades d'un bout à l'autre de leur maladie,
mais encore d'indiquer combien parmi eux conservent le
réflexe toujours normal et combien toujours anormal. de
l'éclosion de la paralysie générale à la mort,et aussi chez
combien il y a alternative des deux états. Et quand l'al-
ternative n'atteint qu'un oeil,notre méthode nous permet
encore de savoir si le trouble unilatéral fut persistant ou
s'il n'a eu qu'une certaine durée.
De même. si nous envisageons les diverses espèces d'al-
térations. nous voyons que par notre méthode nous ap-
prenons si une seule d'entre elles s'est manifestée ou si
chez le même paralytique, plusieurs se sont succédé.
Toutes ces particularités fort intéressantes n'ont jamais
été publiées, par suite des défectuosités de la méthode de
recherches adoptée.Les tableaux de ce mémoire sont donc
les premiers qni paraissent. Les voici :
Le total de nos 140malades, par conséquent de ceux qui
ont succombé au cours de l'affection, comme de ceux qui
l'ont parcourue tout entière est quant, à la normalité et
à l'anormalité du réflexe :
le réflexe lumineux dans I.1 paralysie générale, 1L)
420 CLI ? IQl E 11 ? l.\LE
.Mais parmi les 110 paralytiques ily en a un certain nom-
lire qui n'eurent yu'unçuil anormal et quelques autres qui
fnrettt aitcints 7'unormalitcs clilt·érentes aux deux yeux.
11 convient donc d'en faire un groupe séparé :
LE 1t11LI : \1 : LUMINEUX DANS LA PARALYSIE GENERALE. 421
probants en relevant les seules données fournies par les
54 paralytiques qui ont été observés jusqu'à leur mort
dans le marasme paralytique, à la phase ultime, car ces
résultats seront complets, puisqu'ils embrasseront, pour
les mêmes malades, toute la durée compli-ll' (1(' l'affection.
Les voici :
422 crl ? 1 QI-le - l I.-N 1.
LI : RÉI'LEXl LUII ? I';UX 1H ? L\ P\lUL\'ll : GJ' : NI : ¡ULI;, 423
Comme on voit, l'écart proportionnel est insignifiant
entre l'affaiblissement et l'abolition, de 2.84 %. En sui-
vant donc de près tout le temps les paralytiques, on re-
lève, peut-on dire, en fréquence égale, les deux altéra-
tions en moins. Or nos recherches minutieuses et pro-
longées nous ont révélé deux faits qui expliquent cette
constatation,
Tout d'abord, de ce que nous avons observé, j'ai tout
lieu de ne pas croire il l'abolition d'emblée des réflexes
iriens dans la paralysie générale. J'estime qu'elle est tou-
jours précédée d'un affaiblissement dont la durée est plus
ou moins longue, mais qui ne manque jamais. De la, la
fréquence excessive constatée plus haut de la présence
des deux et de la rareté comparative, soit de l'affaiblis-
sement seul, soit de l'abolition seule. Sans doute. pour en
arriver une certitude absolue, il faudrait avoir la pa-
tience et le loisir d'examiner le réflexe tous les jours et
même plutôt deux fois qu'une par jour. Je crois qu'en
procédant ainsi on constaterait que dans tous les cas l'a-
bolition ne s'établit jamais tout d'un coup, niais qu'elle
est toujours précédée d'une période plus ou moins lon-
gue ou plus ou moins courte de parésie.Ce qui m'autorise
à écrire cela. c'est que nous avons, pour nous éclairer.
suivi journellement quelques paralytiques et nous avons
vérifié le fait.S'il en est ainsi, il est évident qu'en suivant
de très près les malades, on doit relever autant d'affai-
blissement que d'abolition.
Un second point sur lequel je serai encore plus affir-
matif est que, dans la presque totalité des cas, la durée de
cet affaiblissement précurseur de l'abolition est d'autant
plus courte que la paralysie générale est plus avancée.
Il nous est arrivé à la phase ultime de trouver affaibli le
matin le lumineux qui la veille était normal et aboli le
lendemain ; l'affaiblissement précurseur n'avait donc
même pas duré vingt-quatre heures ; tandis qu'à la
deuxième et surtout à la première, il persiste plusieurs
jours et parfois plusieurs semaines. Si par conséquent on
examine d'autant plus souvent le malade qu'il est à une
période plus avancée, ce que nous avons fait, l'affaiblis-
sement précurseur n'échappera pas ou échappera rare-
ment et on obtiendra comme nous, à peu de chose près,
i'24 i 1 CLINIQUE MENTALE.
l'égalité de fréquence des deux altérations en moins.
Cette diminution progressive de la parésie précursive est
.bien la preuve que le lumineux est d'autant plus pro-
fondément altéré et, tend d'autant plus à l'inertie totale
que la périencéphalite chronique progresse.
-Nous savons que chez 21 de nos 14') paralytiques, un
seul oeil fut altéré et chez 3 les deux yeux eurent des al-
térations différentes. Quelles furent celles-ci dans ces 24
cas ? .
LE RI : I·'f.f;C; LUMINEUX DANS L1 PARALYSIE GÉNÉRALE. 425
coude que 90, et 5t à la troisième. C'est par conséquent
d'après ces nombres que sont établies les proportions
dans les tableaux qui suivent : >
4'2<J CLl1<IQI'I'; 1l : : O; I.\U : .
mais il l'intermédiaire, l'écart n'était pas considérable,
de 3.8 % ; cela tenait à un hasard et est la preuve des
erreurs auxquelles expose toute autre méthode que celle
de ce travail, car il y a trois ans nous n'avions pas mé-
nagé nos recherches puisque le nombre de nos constata-
tions, avons-nous dit plus haut, fut de 750. Il n'est pas
douteux, en effet, d'après les recherches que nous pu-
blions aujourd'hui, que le lumineux est beaucoup plus
souvent anormal à la dernière période qu'aux deux au-
tres. En effet, à la seconde période, l'anormalité cons-
tante r emporte sur celle de la première de 9.50 % et à la
troisième elle est supérieure il celle de l'intermédiaire
dans l'énorme proportion de 50.69 % . En second lieu,
nos constatations de 1902 établissaient sans doute que
l'irien il la lumière avait été trouvé anormal dans une
forte proportion dès la première période, mais que tou-
jours. l'état normal à cette phase initiale l'emportait sur
l'état anormal en fréquence tandis qu'aux deux autres le
contraire avait été vu. Dans le présent tableau, l'anor-
malité prédomine à toutes les phases. Cette différence
tient à ce que nos constatations n'ont pas porté seule-
ment sur la normalité constante, mais aussi sur celle très
fréquente, plus fréquente que celle-ci et assez longue à
ce moment intercalée entre deux anormalités d'une durée
plus courte. En réalité, ainsi que le montre notre tableau,
tandis que la normalité constante va en diminuant d'une
période à l'autre, l'anormalité constante au contraire va
en augmentant. Quant aux 21 cas d'anormalité unilaté-
rale et aux 3 cas d'anormalité différente aux deux yeux,
ils se répartissent comme il suit aux trois périodes :
LE RÉILEXE LUMINEUX DANS LI l' : 1R1L1'S11 : GÉNÉRALE. -1 : 27
vaut les malades comme nous l'avons l'ait, nous avons
constaté que 3 des 13 constantes durant toute la première
période avaient persisté durant un certain temps après
que les paralytiques fassent passés ala seconde ; par con-
séquent 3 anormalités unilatérales figurent aux deux
phases : constantes à l'initiale et momentanées à l'inter-
médiaire. Un second fait intéressant qu'établit le tableau T
c'est que les anormalités unilatérales diminuent en nom-
bre et en persistance avec les progrès du mal. En effet,
il y en a 15 à la première période, seulement 9 la .se-
conde et pas une seule à la troisième : en outre, tandis
que 13. par conséquent la presque totalité des anormali-
lés unilatérales de la phase initiale, ont été constantes.
toutes les 9 de la phase intermédiaire n'ont été que mo-
mentanées. Enfin c'est seulement à la seconde période
que nous avons rencontré l'anormalité différente aux
deux yeux. On voit combien sont intéressants et inédits
les faits que fournit notre méthode. Quant aux diverses
espèces d'altérations aux trois périodes les voici :
4=28 CLINIQUE MENTALE.
La succession durant les périodes des deux altérations
en moins ne présente pas de différence bien marquée, on
peut dire que cette alternative aux trois phases fut la
même. Le fait se constate également pour l'affaiblisse-
ment comme seul trouble et c'est ce résultat qui diffère
de celui fourni par nos constatations de 1902 qui avaient
fourni une minorité considérable à la dernière période.
L'explication de cette différence est celle que nous avons
déjà donnée plus haut à propos de notre tableau géné-
ral, il savoir la très courte durée, il la phase ultime, de
l'affaiblissement précurseur de l'abolition, courte durée
qui ne permet pas de le constater beaucoup de l'ois.
Dans ces conditions, forcément, un tableau d'après le
nombre des constatations doit en donner d'autant moins
que la paralysie générale est plus avancée.
Enfin, ce tableau confirme l'erreur que nous avons
déjà signalée et qui a été reproduite tout dernièrement
par M. Dupré dans l'excellent chapitre très complet qu'il
a écrit pour le récent Traité de pathologie mentale de
)1. Gilbert Ballet. 11 n'est pas vrai qu'à la phase ultime
le lumineux soit toujours aboli. Sans doute, c'est danh la
grande majorité des cas qu'il l'est et cette majorité appa-
raîtra encore mieux un peu plus bas dans un autre ta-
bleau ; il en résulte que si on ne cherche le réflexe qu'une
fois, on a toutes les chances de le trouver aboli. j\lais je
puis assurer à tous ceux qui voudront bien avoir la pa-
tience d'appliquer notre méthode et de suivre les paraly-
tiques de l'éclosion à la terminaison de leur affection que.
loin de rencontrer le lumineux toujours aboli, ils le trou-
veront non seulement affaibli momentanément, mais en-
core durant toute la période, sans jamais d'abolition ;
bien plus, ils le trouveront également assez souvent nor-
mal durant un certain temps et, qui plus est, normal tou-
jours par exception chez un tout petit nombre. En réa-
lité, l'exagération seule manque a la phase ultime ; quand
le réflexe est altéré, ce qui est le cas presque constant,
comme a la phase intermédiaire d'ailleurs, il l'est tou-
jours en moins, jamais en plus.
Les rapports des diverses espèces d'altérations ressor-
tiront davantage en faisant leur somme totale il chaque
période, des constantes et des momentanées.
LI : 1(1'1,1.1- : \1 : 1.1 UIvJ L.1 l'IIULYII : 429
430 CLINIQUE MENTALE. -
lysie générale, ceux-ci n'exerceraient pas d'influence
bien notable sur le degré d'intensité de l'altération. En
effet, les écarts proportionnels que nous avons soit pour
l'affaiblissement soit pour l'abolition sont insignifiants
ci sans aucune signification. Le fait intéressant il relever
est qu'il résulte de nos tableaux qu'à la phase ultime, les
altérations sont toujours en moins et identiques aux
deux yeux.
Les résultats que nous avons obtenus en suivant de
près nos 140 paralytiques depuis 1'éclosion. de la paraly-
sie générale jusqu'à sa terminaison par la mort se résu-
sument dans les conclusions suivantes :
1. En embrassant tous les cas, ceux à évolution com-
plète et ceux il évolution incomplète, nous avons trouvé
que l'anormalité l'emporte sur la normalité dans les trois
quarts d'entre eux, mais que celle-ci constante, c'est-à-
dire persistant sans discontinuer durant toute la mala-
die, est un peu plus fréquente que celle-là; toutefois le
fait de beaucoup le plus nombreux fut l'alternative, l'al-
ternance des deux états. Puis dans l'immense majorité
des cas les deux yeux sont anormaux ; l'anormalité uni-
latérale non seulement est rare mais encore, plus de
deux l'ois, près de trois fois plus souvent momentanée
que constante. Enfin plus rarement encore, exception-
nellement, les anormalités sont différentes aux deux
yeux ; et elles ne furent toujours que momentanées,
jamais nous ne les vîmes persister.
IL En considérant les seuls paralytiques il évolution 1
complète, ceux qui sont morts il la troisième période
dans le marasme ultime, tous les résultats précédents
sont confirmés, maison plus un fait important est établi;
il n'y a pas un seul d'entre eux qui ait présenté une nor-
malité constante du début à la terminaison de l'affection;
par conséquent on est autorisé il poser en loi que l'anor-
malité existe toujours il un moment ou il un autre de l'é-
volution complète de la paralysie générale.
111. En embrassant comme dans la première conclu-
sion tous les cas. l'altération en plus, ou exagération, est
exceptionnelle, puisque les deux altérations en moins,
affaiblissement et abolition, sont 18 fois plus fréquentes.
LE R1 : 1 Lt : \f : LUMINEUX DANS L1 PARALYSIE GI ? ¡]It ILJ ? 1 : \1
lui outre, jamais l'exagération ne fut observée comme
seul trouble au cours de l'affection, sa durée a toujours
été passagère; elle fut toujours précédée ou suivie par
l'affaiblissement, et deux fois plus souvent par les deux
troubles en moins. Les deux degrés de l'altération en
moins ont été en fréquence il peu près égale. Ce qui
explique cette égalité, c'est que l'abolition, ne s'établit
jamais d'emblée, elle est toujours précédée' d'un affai-
blissement dont la durée est d'autant plus courte que la
paralysie générale est il une période plus avancée. Les
alternatives d'affaiblissement et d'abolition par la rai-
son que je viens de donner, sont d'une fréquence exces-
sive, double de la somme des deux altérations en moins
comme seuls troubles. Quant à celles unilatérales, ce
n'est jamais l'exagération, mais aussi souvent l'affaiblis-
sement que l'abolition. Ce sont ces deux que nous avon,
constatées également dans nos 3 cas à lésions différen-
tes, jamais nous n'avons rencontré l'altération en plus
à un oeil, et l'altération en moins il l'autre.
Je. L'anormalité constante augmente de la première il
la seconde période, et de celle-ci à la troisième. La nor-
malité constante diminue au contraire avec les progrès
du mal ; toutefois nous l'avons exceptionnellement cons-
tatée à la phase ultime, contrairement à l'opinion gêné-
talc. L'anormalité est très précoce, car déjà clic existe
dans plus de la moitié des cas il la phase initiale. Les
alternatives des deux états sont d'une fréquence égale
aux deux premières périodes, mais trois fois plus rares
à la dernière où l'anormalité constante est le fait domi-
nant. Les anormalités unilatérales delà phase initiale
persistent parfois il l'intermédiaire, néanmoins elles di-
minuent en fréquence et en persistance avec les progrès
de la paralysie générale pour disparaître complètement
à la troisième période. Seulement, à la seconde, nous
avons vu des anormalités différentes aux deux yeux.
V. L'exagération ne s'est produite qu'à la première pé-
riode et a été deux fois plus souvent l'unique trouble qu'as-
sociée à l'affaiblissement. Les affaiblissements elles alter-
natives des deux altérations en moins ont été de fré-
quence à peu de chose près égale aux trois phases ; l'a-
bolition constante, au contraire, a été en augmentant
432 CHIRURGIE DES ALIENES.
dans une forte proportion avec les progrès de la para-
lysie générale qui n'ont exercé aucune influence sur l'in-
tcnsitc des altérations unilatérales. Enfin un dernier l'ail
intéressant à signaler : Il n'est pas vrai que l'abolition
soit constante dans tous les cas à la phase ultime. La
vérité est que. seule, l'exagération manque et qu'on y
rencontre les deux altérations en moins, mais toujours
identiques aux deux yeux, et même la normalité, et qui
plus est. il litre exceptionnel, la normalité constante
durant toute la période. '
CHIRURGIE DES ALIENES
Des corps étrangers de l'oesophage
chez les aliénés ;
1 ? · n· m m;m.·r a· rooa·rmll ?
li·rli·uin- : nljninl à i l'iinlr de Baill"111. "
Les corps étrangers des diverses cavités dol'organisme
sont fréquents chez les aliénés. Les troubles de l'intelli-
gence s'ajoutant aux vices naturels de certains malades
concourent il rendre cetle éventualité fréquente. En
particulier, ces malades ont une grande tendance, soit
par aberration mentale, soit dans un but de suicide, 11
avaler toutes sortes d objets, et le musée du pavillon de
chirurgie contient une série intéressante de corps étran-
gers les plus divers. L'oesophage se présente comme la
première étape qu'auront il franchir ces corps étrangers ;
parfois ils vont plus loin. 111. l'icqué a publié oc volume,
p. 100) un cas de perforation de l'estomac par une aiguille.
Au musée, existe une collection de cailloux, recueillis par
MAL Yigouroux et Charpentier dans 1 intestin d'un
malade. A la vérité, ils s'arrêtent souvent dans l'oeso-
page ; c'est spécialement les corps étrangers de l'oeso-
phage que nous avons en vue dans cette courte étude. Un
fait à noter, c'est que la pénétration des corps étrangers
CORPS ÉTRANGERS DE L'OESOPHAGE CHEZ LES ALIENES. 433
dans ce conduit ne relève pas toujours directement des
troubles de l'intelligence.
On peut ce point de vue distinguer deux catégories
de malades donnant lieu chacune à des considérations
cliniques et thérapeutiques particulières : D'une part, on
peut ranger les malades qui avalent des. corps étrangers
sous l'influence directe de leur état mental (délire, hal-
lucinations, folie morale, affaiblissement intellectuel,
excitation cérébrale, etc.). D'autre part se placent les
malades qui comme les sujets normaux avalent acciden-
tellement des corps étrangers. Nous verrons tout à
l'heure quelle différence existe entre les deux groupes
au point de vue de la mentalité. -
Chcz les malades de la première catégorie, l'éventua-
lité de pénétration d'un corps étranger est difficile il
prévoir. Ne connaît-on pas, d'une façon générale, la sou-
daineté d'apparition et la longue persistance dés idées
de suicide chez certains malades ? Dans le cas particu-
lier, malgré une surveillance bien exercée, n'est-il pas
encore plus difficile d'en empêcher la réalisation ? Si on
peut supprimer dans un service tout lien, tout objet
capable de servir comme arme,il est presque impossible,
à moins de réduire le malade il une contrainte absolue,
de ne laisser il sa disposition aucun objet susceptible
d'être avalé. Aussi est-il à peine besoin de rappeler
l'extrême variété de corps étrangers introduits dans de
pareilles conditions. Leur nombre est également par-
fois très élevé. Un maniaque dont parle Hévin avalait des
clous, des morceaux de bois, des cailloux, des lames de
couteau qu'il brisait cntre les dents ; ce malade succomba
et à l'autopsie on trouva dans l'aine droite, au niveau de
l'origine du côlon, une collection de pus avec un frag-
mcnt de lame de couteau. M. Marie vient de publier à la
Société de médecine le cas curieux d un malade qui avala
des aiguilles qu'on retrouva à l'autopsie fixées dans l'ar-
ticulation coxo-fémorale. Il est à noter cependant la
bénignité relative de certains corps étrangers qui au
prcmicr abord paraissent très dangereux. Le cas de
M. Marie en est une preuve. Une malade observée à
l'asile de Vauclusc avala au cours d'une période de mé-
lancolie anxieuse et à l'insu du personnel une de ces lon-
Archives, 2° série, 1905, t. XIX 28
434 CHIRURGIE DES ALIÉNÉS.
gucs épingles -il ficliu terminée par une extrémité volu-
mineuse. Cette tige engagée au niveau de l'orifice pha- ,
ryngien pénétra d'arrière en avant dans les parties mol-
les du cou, la tête de l'épingle demeurant retenue dans la
lumière de l'oesophage. La gêne occasionnée par la pré-
sence de ce corps étranger détermina la malade a exer-
cer à travers les parties molles des manoeuvres d'arra-
chement qui amenèrent la rupture de l'épingle près de
son extrémité renflée. Celle-ci retomba dans l'cesollllage
et fut sans doute éliminée la première parmi les selles
où elle passa inaperçue. Quant -il l'extrémité effilée, elle
vint faire saillie au-dessous du cartilage thyroïde et une
petite incision pratiquée en cet endroit nous permit d'ex-
traire le fragment long de 5 centimètres ? On voit d'au-
tre part des pièces de monnaie traverser parfois tout le
tube digestif alors que dans d'autres occasions elles déter-
minent des ulcérations suivies de perforation de l'oeso-
pliage. Dernièrement, un malade de l'asile de Villejuif
avalait dans l'après-midi du dimanche une pièce de 10
centimes qu'il rendit en allant -il la selle le mardi sui-
vant sans en avoir été incommodé. Le même malade,
hanté depuis longtemps et d'une façon quasi-permanente
par des idées de suicide, raconte avoir avalé auparavant
une pièce de 1 franc et une autre pièce de 10 centimes
qui ont été vraisemblablement éliminées de la même
façon. -
Si l'on a vu se produire dans certains cas, l'expulsion
spontanée de corps étrangers arrêtés dans fa;sohhage,
il n'est pas douteux néanmoins que le séjour de ces
corps étrangers expose le malade a de graves acci-
dents. De nombreuses observations de cas mortels
s'opposent à un petit nombre de faits heureux. Cepen-
dant. depuis quelques années, grâce à la pratique de
fasopliagotomie, le danger a beaucoup diminué, l'ex-
traction étant devenue applicable à tous les cas.
D'autre part, grâce aux moyens d'exploration dont
on dispose aujourd'hui,à la radioscopie en particulier, le
diagnostic de la nature et du siège des corps étrangers
dans feesohliage est devenu très facile. Ces résultats mé-
ritent d'attirer l'attention des médecins aliénistes. Les
deux observations suivantes, empruntées à lu pratique
CORPS ÉTRANGERS DE 1/OESOPHAGE CHEZ LES ALIÉNÉS. 435
de notre maître le Dr Picqué,concernent des malades des
asiles : elles montrent il la fois l'excellent résultat obtenu
par une intervention précoce et l'utilité de recourir pour
le diagnostic il l'examen radioscopiquo, l'examen direct
par la palpation et il l'aide de sondes pouvant donner des
résultats erronés.
Observation 1. M1"" G..., âgée de quarante-deux ans,
est placée il l'asile Sainte-Anne pour dégénérescence mentale av ce
hallucinations, idées mélancoliques et de persécution, tendance
au suicide par intervalle. Cette malade raconte,un matin, qu'elle
a avalé par mégardo son dentier, mais l'entourage de la.malade
est sceptique sur la réalité de cet accident qui ne se traduit par
aucun trouble objectif. Cependant, le jour même, 31me G..., est
ewoyceau pavillon de chirurgie, dans le service de M. le D1' Pic-
que, où elle fut examinée par le Dr Toubert. Cette malade est
tout il fait calme, nullement angoissée, sans troubles respiratoi-
res ; elle déglutit facilement sa salive, accusant simplement une
douleur qu'elle localise aulomde l'os hyoïde. La palpation aLten-
tive et minutieuse du cou, ne donne ni à droite ni à gauche, la
sensation d'un corps étranger inclus dans l'msophae : il est vrai-
que le cou de la malade est assez court ; le corps thyroïde assez
volumineux et que les, veines sont turgescentes (1).
Sans s'attarder à l'exploration par les voies naturelles, M. Pic-
qué, niellant à profit, l'installation radiographique du pavillon de
chirurgie, fait procéder à l'examen extcmporanë aux rayons
Huntgcn par lI. Dagonol. La radioscopie montre avec une netteté
remarquable le dentier 'placé verticalement, sa convexité regar.
dant a droite, son bord inférieur effleurant la fourchette slernale
ll.1'rullcrL intervient immédiatement sous chloroforme, et après
avoir incisé l'oesophage sur son bord gauche, repéré par la saillie
du corps étranger, essaye de l'extraire avec une pince, mais le
dentier ne sort pas. Il est fixé dans la muqueuse par un crochet
pointu qui forme hameçon par sa concavité dirigée en haut. Un
déhridument de la muqueuse le long de ce crochet, permet la li-
héralion et l'extraction du dentier. Une sonde est introduite dans
le bout inférieur de l'oesophage aux parois duquel elle est fixée
parun crin. L'incision cutanée est réduite par un point de suture
il chaque bout. La sonde est retirée au bout de quelques heures et
l'alimentation n'a pas tardé il se faire complètement parles voies
naturelles. Les suites opératoires sont normales, sans élévation de
j température. '
(1) Celte observation a élé communiquée par M. Touberl il la
Société de ebirurgie (séance du 15 décembre 1903).
436 CHIRURGIE DES ALIENES.
Observation Il. - B..., Joséphine, placée à l'asile Ville-
Evrard, est atteinte de délire mélancolique avec haltucmations
multiples ; elle présente, en" outre, divers symptômes qui font
craindre la paralysie générale. Un jour, celte malade Lente de se
suicider en avalant un caillou assez volumineux et anguleux.
Comme le corps étranger a de la difficulté il franchir le pharynx,
elle le pousse plus avant à l'aide des doigts. Desvomissementssont
les seuls phénomènes occasionnés par sa présence et c'est seule-
ment au bout de six à sept heures que la malade songe à avertir
le personnel de la cause de ses vomissements. Des tentatives
d'extraction et de refoulement sont faites aussitôt, mais sans ame-
ner de résultat. Le lendemain, la malade est amenée au pavillon
de chirurgie où elle est examinée par M. le 1) Picqué qui a
recours au chloroforme, l'examen sur la malade éveillée étant
impossible. Néanmoins, lapalpalionUu cou est négative. La sonde
rigide s'enfonce il 21 centimètres de sorte que M. Picqué estime
que le corps étranger est éloigné de la portion Lhoracique. 3t. Pic-
qué se décide à pratiquer la gastrotomie. Au troisième jour, la
malade rend une pierre dans un effort de toux. Les suites opéra-
toires sont très simples.
La conclusion il tirer de ces faits et d'autres cas ana-
logues publiés par divers auteurs est la suivante : lors-
qu'on est mis au courant delà pénétration d'un corps
étranger dans l'oesophage, quelle que soit l'intensité des
symptômes fonctionnels, il faut s'assurer aussitôt de la
présenceet du siège du corps étranger. Pour cela, le pro-
cédé de choix est évidemment la radioscopie qui donne
tout de suite des renseignements précis sur la nature, le
volume et la position du corps étranger. La palpation
du cou ne permet d'explorer qu'une partie de l'oesophage
et même pour cette région les renseignements qu'elle '
donne sont nuls ou manquent de précision. Il en est de
même de l'exploration avec la sonde qui peut glisser soit
en avant, soit en arrière du corps étranger et faire croire,
comme nous l'avons vu dans l'une de nos observations,
que le corps étranger est descendu dans l'estomac. Quant
à l'extraction du corps étranger, elle doit être tentée
par les voies naturelles lorsque celui-ci n'a pas pénétré
profondément dans l'oesophage et qu'il est facilement
saisissable. On ne s'attardera pas cependant il ces ma-
noeuvres souvent inefficaces et parfois dangereuses à
cause des aspérités du corps étranger qui peuvent dans
une tentative d'extraction amener des déchirures de la
CORPS ÉTRANGERS DE L'OESOPHAGE CHEZ LES ALIENES. 437
muqueuse. M. Sébileau vient de rapporter il la Société de
chirurgie (séance du li septembre 1904) le récit d'une tenta-
tive malheureuse d'extraction par le panier de dcGracfe.
Si on éprouve de la difficl11é,on n'hésitera pas de recourir
id' oesophagotomic quia 11éjà donné de brillants résultats.
C'est ainsi que la pratique chirurgicale devient indispen-
sable dans les asiles d'aliénés (1).
La deuxième catégorie de malades dont nous avons
à nous occuper intéresse plus directement le méde-
cin aliéniste. Ici, l'accident survient dans des condi-
tions bien déterminées et chez, des malades spéciaux.
Quelquefois il s'agit d'un objet quelconque que le malade
maintient dans la bouche et qu'il avale par inadvertance.
L'accident peut également se produire pendant le som-
meil ; c'est une pièce de prothèse dentaire qui se détache
et glisse dans l'oesophage. Duncan rapporte une obser-
vation de ce genre : le malade, qui avait avalé pendant la
nuit des dents artificielles, mourut quelques jours après
d'une hématémèse foudroyante causée par ime perfora-
tion de l'oesophage conduisant dans l'aorte.
Mais le plus souvent c'est à l'occasion de l'alimentation
que le corps étranger s'engage dans l'oesophage. Nevot,
traitant des corps étrangers de ce conduit, sans se préoc-
cuper des aliénés, signale que l'alimentation est l'occasion
la plus fréquente de pénétration et que le plus souvent (23
fois sur 35 cas de l'auteur) il s'agit de fragments d'os ou
d'arêtes. Les soldats, ajoute l'auteur, y sont plus expo-
sés parce qu'ils prennent leur nourriture à la hâte et
mangent gloutonnement. Les mêmes constatations se
vérifient chez les aliénés. Ce sont les malades dont l'ali-
mentation est défectueuse qui sont le plus exposés à cet
accident. Parmi ces malades figurent les épileptiques,les
déments et les idiots.
L'aliéné paralytique, a-t-on dit, ne sait pas manger. 11
prend ses aliments avec voracité, les mâche incomplète-
ment et avale des bols volumineux. Aussi voit-on chez ce
dernier des croûtes de pain, des morceaux de chair, de
(1) Une discussion très intéressante vient d'avoir lieu à la So-
cièl" tic phil.t1 ! 'gie ? Iali\'rmrlll Ù l'l'xll'action d,'s pii'('L's de 111011-
naie arrêtées dnn' ! ]'oesf))))ge.
438 CHIRURGIE DES ALIÉNÉS.
fruit ou de gâteau faire l'office de véritables corps étran-
gers. Il n'est pas rare non plus de voir se produire une.
fausse route du hol alimentaire, ce qui est d'autant plus
facile à réaliser qu'il existe .chez les paralytiques généraux
une sorte d'ataxie des muscles du pharynx. A plus forte
raison, s'il se trouve mêlé aux aliments quelques frag-
ments d'os,toutes les conditions se trouvent réunies pour
déterminer l'arrêt et la fixation du corps étranger. Les
mêmes remarques s'appliquent aux idiots et aux déments
épileptiques. Les uns et les autres mastiquent mal et
avalent gloutonnement. Parmi les épileptiques non dé-
ments, ceux qui ont l'habitude de conserver des corps
étrangers dans la bouche peuvent également les ayalor
au moment d'une crise. D'ailleurs, il existe chez les épi-,
leptiques, presque à l'état permanent, un état spasmodi-
que des muscles de la bouche et du pharynx qui facilite
la pénétration des corps étrangers. ,
Comme il s'agit le plus souvent de corps étrangers ali-
mentaires, c'est-à-dire de volume en général restreint, il
ne faudrait pas croire que ces derniers offrent moins de
danger que les corps plus gros avalés par les malades de .
la première catégorie. Sans doute des corps étrangers de
petit et même de moyen volume arrivent il franchir rapi-
dement l'orifice supérieur de l'oesophage sous la poussée
des muscles pharyngiens qui se contractent au moment
de la déglutition. Ce rétrécissement dépassé, la progres-
sion devient plus lente dans l'oesohllagc et tel fragment
d'os se fixe souvent non parce qu'il se trouve à l'étroit
dans la lumière du conduit, mais parce qu'il présente des
pointes et des aspérités par lesquelles il s'accroche à la
muqueuse. Le rétrécissement oesophagien correspondant
au croisement de l'aorte et celui qui siège au niveau du
cardia deviennent de nouveaux points d'arrêt pour les
corps étrangers. Ceux-ci s'implantant dans la paroi oeso-
phagienne par leur extrémité effilée et pointue peuvent
rester fixés en cet endroit sans gêner en aucune façon
le passage du bol alimentaire. La fixation du corps étran-
ger peut avoir comme grave conséquence l'ulcération de
la paroi et la perforation des gros vaisseaux avec les-
quels l'oesophage se trouve en rapport. Sur 35 cas de
perforation rapportés par Novot, 29 fois il s'agissait de
CORPS ETRANGERS DE L'OESOPHAGE CHEZ LES ALIÉNÉS. 430
corps étrangers fixes dans la portion thoracique et 19
fois la perforation a porté sur l'aorte. L'auteur insiste
Sur ce fait que la perforation est surtout produite par
des corps petits et aigus, le danger de ces derniers con-
sistant moins, dit-il, dans leur volume que dans leur
forme effilée et tranchante. La perforation vasculaire se
produit ordinairement au bout de six à sept jours et se
traduit soit par une hématémèse foudroyante, soit par des
hématémèses intermittentes plus difficiles il expliquer.
C'est à un accident (le ce genre que succomba l'un des ma-
lades dont M. Bourncvillca rapporté l'observation dans
le Progrès médical du 29 juin 1 ',)0 1. Ce malade, atteint d'i-
diotie complète, mourut en moins de quarante-huit heu-
res après avoir présenté plusieurs hématémèses abondan-
tes. L'autopsie révéla la présence d'une esquille osseuse
qui avait déterminé trois perforations de l'oesophage : 1°
l'une siégeant à 3 centimètres 1/2 au-dessus de la bifurca-
tion des bronches ; 2° une deuxième il un centimètre au-
dessous de la précédente et plus il droite ; 3° une troisiè-
me, également au-dessous de la première, mais plus il
gauche et répondant il l'origine de labronchp gauche.
Les corps étrangers alimentaires n'ont pas toujours
un volume aussi restreint et il n'est même pas rare d'en
rencontrer de dimensions plus grandes. Ils ne peuvent
dès lors franchir l'orifice supérieur de l'oesophage et se
trouvent arrêtés par le rétrécissement pharyngien. En
cet endroit leur présence est moins à craindre au point de
vue d'une perforation vasculaire, bien qu'on ait rapporté
des cas d'ouverture des artères carotides et thyroïdien-
nes. La production de suppurations héri-msohhagiennes
constitue le principal danger en pareil cas. Cette compli-
cation ne manque pas d'être fort grave il cause des fusées
purulentes qui peuvent envahir les principaux organes
voisins. Des deux cas publiés par M. ]3ottincN-ille, le pre-
mier concerne un malade dément épilcptiquc qui mourut
dans de semblables conditions. A l'autopsie, on trouva un
os de forme prismatique et triangulaire placé en arrière du
chaton cricoïdien. son grand axe dirigé obliquement. La
présence de cot os avait déterminé la perforation de l'oe-
sophage et la formation d'un abcès intra-pharyngien.
Dans l'un et l'autre cas, chez les malades de M. Bour-
440 CHIRURGIE DES ALIENES. ,
ncvillc,le diagnostic causal des accidents ne put être fait
qu'à l'autopsie. Cette difficulté, dont il faut avoir l'esprit
prévenu, est particulière aux cas dont nous nous occu-
pons. Tout d'abord, nous avons vu que lorsque le corps
étranger est de petit volume, il peut ne' gêner en rien le
passage du bol alimentaire. En raison de son siège au-
dessous du rétrécissement supérieur de l'oesophage, les
grands symptômes dyspnéiques que l'on signale, lorsque
le corps étranger de gros volume obstrue le pharynx,
font défaut. Un autre élément qui rend compte de cette
tolérance vis-a-vis du corps étranger est la diminution de
la sensibilité réflexe du pharynx jointe à la diminution
de la sensibilité générale. Enfin, il cette absence de si-
gnes cliniques s'ajoute, pour augmenter la difficulté du
diagnostic, l'absence de renseignements. Les sujets dé-
ments ou idiots, en raison de leur affaiblissement intel-
lectuel ou de leur difficulté il s'exprimer, se trouvent. le
plus souvent dans l'impossibilité de fournir au médecin
des renseignements précis sur la cause des accidents.
Toutes ces circonstances rendent particulièrement dan-
gereuse la présence de corps étrangers chez les malades
en question et obligent le clinicien à prendre des mesu-
res prophylactiques qui, dans l'espèce, sont de la plus
grande importance. Il y a longtemps déjà que Voisin in-
sistait sur l'utilité de ne donner aux paralytiques géné-
raux que des aliments mous et très divisés.De son côté,
M. Bourneville a adressé des demandes réitérées afin
d'obtenir pour les enfants idiots les plus malades des ali-
ments choisis en raison de leur état de santé. A l'é-
gard de ces divers sujets, un examen très minutieux des
aliments donnés et une surveillance très attentive pen-
dant les repas sontnécessaires.On veillera à ccqueles ma-
lades n'avalent pas de trop grosses bouchées et à ce que
les aliments soient eux-mêmes très divisés et entièrement
débarrassés de toute partie osseuse. La même observa-
tion s'applique aux aliments apportés par les familles,
qui, malgré leur affection, ne font pas toujours preuve
d'un choix judicieux et approprié à l'état des malades.
Bien souvent, les parents ont en outre la fâcheuse habi-
tude de trop faire manger leur malade et, c'est là un des
moindres inconvénients, de leur apporter des aliments
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 441
indigestes. Il convient aussi de ne pas laisser aux sujets
eux-mêmes des pièces de prothèse dentaire, véritables
corps étrangers de la bouche susceptibles de se détacher
il un moment donné et d'être avalés. En définitive, si l'on
songe il la multiplicité d'accidents qui peuvent résulter
d'une 'alimentation défectueuse, on est presque tenté de
dire que le soin de l'alimentation chez les malades dé-
ments doit être une préoccupation de même importance
que la surveillance du gâtisme.
. . Greffe thyroïdienne.
Dans les réflexions dont nous avons fait suivre l'ana-
lyse de la note de MM. Gauthier et Ruminer, présentée
par M.Lannclongué l'Académie de médecine (n° de mai,
p.303),il s'est glissé une faute typographique qu'il impor-
te de rectifier : page 304, ligne 9,1e mot injection doit être
remplacé par le mot ingestion. Au début de nos essais
thérapeutiques, nous avons employé en injections sous-
cutanées (puis en julep)une solution que notre ami le pro-
fesseur Chantemesse avait bien voulu préparer pour
nous. Les résultats avaient été insignifiants. Depuis bien
des années.nous avons recours, dans notre service de Bi-
cètre et à l'Institut médico-pédagogique, à l'ingestion sto-
macale de la glande fraiche du mouton, avec des succès
remarquables, que nous avons consignés dans de nom-
breuses publications, concurremment, en ville, avec les
capsules, les tablettes, les sphéruloïdes, etc., (1). ,
Bourneville.
(1) La plus grande partie de ces travaux ont été reproduits dans
les Comptes-rendus de Ilicètre (lBSO-1906) et, dans la thèse du De
Boulanger, De l'action delà glande thyroïde sur la croissance, 1896.
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE
PATHOLOGIQUES l ?
XCIV. Contribution à la connaissance de l'encéphale et,
en particulier, des voies corticom-otrices de la chauve-
souris ;parL. MaRZBACHER et W. SPtnt,MEYnx.Vctf)'0<y.C<';t-
tralblatt, XXII, 1903.) ,.
Le trajet ascendant du faisceau pyramidal de la vesperugo
noctula est celui qu'a décrit Droescker (dnatnm. Anzeiger, XX 111,
1903). Appliqués à la base contre le corps trapézoïde, où les fais-
ceaux se touchent jusque sur la ligne médiane, les trousseaux
montent et, se portant obliquement à travers les libres protube-
rantielles, ils commencent à diverger, de sorte que, sur le bord
antérieur de la protubérance, ils sont séparés par le ganglion
interpédonculaire, d'ailleurs très puissamment développé. Par le
pédoncule cérébral, grêle, ils arrivent dans la circonvolution sig-
]Y0'i(le de l'écorce, en traversant les ganglions de la base, prenant 1,
contact avec les libres du tractus sLrio-thalamique, et se confon-
dant, entre le psalfériumet la commissure antérieure, aveclacou-
ronne rayonnante faiblement développée de l'hémisphère cérébral.
- En ce qui concerne son trajet descendant, la décussafion a lieu
à la hauteur du genou du facial, mais les fibres semblent déjà
épuisées vers le noyau très volumineux de ce nerf, de sorte qu'au
dessous du facial on ne trouve plusrien qui puisse être tenu ppur
le faisceau pyramidal. Sans doute les coupes inférieures du bulbe,
mpnlrent des libres entrecroisées placées en avant, mais il est im-
possible de décider s'il s'agit de libres du faisceau pyramidal.
C'est un entrelacement qui se prolonge de haut en bas, auquel
participent des libres deprovenances diverses; on y trouve jusqu'à
des émanations de la racine spinale du trijumeau : il semble
qu'on ait sous les yeux une sorte de rapllé ou de commissure an-
térieure. Ou bien il n'existe qu'une voie corlico-bullaire, et, en
particulier. cortico-faciale, ou bien il y a, en sus de la voie, cor-
tico-bulbaire, caractérisée par sa position en avant du corps lra-
pexojde, un système de libres cortico-spinal dont la topographie
est peu nette, et qui est mélangé à d'autres systèmes.
P. KERAVAL.
XCV. De l'influence de l'écorce et des portions centra-
les du cerveau sur le coeur et le système vasomoteur
du chien nouveau-né ; par E. E. CrAaTIF.(Obn1"711é psichia-
trii, VIII, 1903.)
Pendant le premier mois de la vie, l'écorce n'agit pas sur le sys-
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 443
lèmecardio-vasculairo; elle n'agi (qu'au commencement du second
mois.'En revanche, l'excitation électrique de la partie externe du
segment antérieur de la circonvolution sigmo'ide et des régions
voisines augmente, chez les chiens de deux semaines, les mouve-
ments respiratoires; c'est donc un centre respiratoire qui se dé-
veloppe dans l'écorce avant les rentres vasomoteurs. A par-
tir du second mois, l'excitation de l'écorce produit sur le système
cardio-asculaire les mêmes effets que chez le chien adulte, mais
ces effets sont plus faibles, et l'excitabilité de l'écorce se limite,
avant l'âge de 3 mois, il la circonvolution sigmoïde seule. Le
pouls dit du nerf vague ne se manifeste que lorsqu'on excite 1'1;-
force des chiens de moins de trois mois; il s'agit, il est vrai, dans
l'espèce, de chiens non curarises. A partir du 3s mois, l'excitation
dp la couche optique et du noyau caudé produit des phénomènes
cardiovasculaires et respiratoires ; les dernières recherches expli-
quent les effets du noyau coudé par la fusée du courant de la cou-
che optique à ce noyau. Quand on excite les tubercules quadriju-
meaux, on obtient, chez les chiens de deux semaines, des modifi-
cations de la respiration et du système cardiovasculaires. Si les
recherches sur les chiens adultes ont prouvé l'existence dans le
tubercule quadri,jumeau postérieur d'un centre de la respiration
et de la phonation, le rôle des tubercules quadrijumeaux dans la
genèse des phénomènes vasomoteurs est assez controversé; il est
très probable que le courant diffuse dans le bulbe (.foukowski,
Invanow),rt excite le centre vasomoteur et inhibitoire du coeur.
Les préparations microscopiques par les méthodes de Nissl et
Weigert montrent chez le chien de deux semaines la pleine diffé-
renciation de couches isolées de cellules; les cellules pyramida-
les sont bien développées. Donc, à cet âge, la couche corticale
delà région sigmoide possède ses éléments, fondamentaux ; par
contre, les libres corticales à myéline y sont en très petit nom-
hrc. A la lin du premier mois, le nombre de libres mylliniques
s'est notablement accru ; dans le courant du second mois, plies
sont plus ou moins complètement développées la région si-
monde ; il en est, à cette époque, de même, des libres myéljniques
de la couche optique dont l'aspect est celui des animaux plus
âgés. Ilary a montré que chez beauconp de chiens l'excitation de
l'écorce provoque des mouvements francs nettement déterminés.
L'excitation de l'écorce se traduirait donc, avant tout, par du
mouvement, puis par des phénomènes respiratoires, enfin, à la
période de développement plus ou moins complet de la région sig-
monde, par des phénomènes cardiovasculaires. Quoique, chez le
chien de deux semaines, la construction de l'écorce de cette ré-
gion soit assez avancée,son excitabilité est encore minime ; celle-
ci augmente proportionnellement au développement des fibres
' myéliniques. Il est donc fort probable que l'excitabilité de 1'1;-
444 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES
' j.
corce dépend surtout du développement des libres correspon-
dantes. , ?
Chez l'enfant, l'écorce se développe principalement dans le
cours des 3 à 4 premiers mois ; il y a lieu de supposer que les ac-
tions psychoréflexcssur le système cardiovasculaire ne s'observent
pas chez lui avant l'àge de 3 mois. 'P. 11ERAVAL.
XCVI. Contribution à la connaissance des mouvements
de l'iris; par L1mIKE, (Centmlblatt. f. 1\Temunhnill,uzcLu,YiVl.
N. F. XIV, 1903. mMfr2à 1 IIiG et \11'll. \. F. XV, l'.104,nom9.)
L'auteur s'occupe successivement du réflexe lumineux galva-
nique, de sa méthode d'examen personnelle, de l'état des mou-
vements de l'iris en rapport avec les processus nerveux et psychi-
que des aliénés, du réflexe cortico-céréhral de la pupille, enfin
du phénomène de l'orbiculaire. t
Il existe, pour lui, une intime relation entre l'effet optique et
l'effet pupillomoteur de l'excitant galvanique, de même que, sous
l'influence de l'excitant lumineux naturel, l'effet sensoriel, la
sensation lumineuse de la clarté précède l'effet moteur. Ce mou-
vement irien est-il l'analogue du réflexe à la lumière de la pu-
pille ? Cette explication paraît la plus naturelle, car la contrac-
tion pupillaire observée est déterminée par une excitation qui
possède les mêmes qualités que celle qui a un effet optique,c'est-
à-dire par la fermeture à l'anode de courants faibles ; son entrée
en scène est provoquée et entravée par les mêmes conditions que
celles qui y président à la sensation lumineuse. Prolonge-t-on la
fermeture à l'anode, la rétine perd de sa sensibilité ; elle se fatigue
comme lorsqu'elle est soumise àun éclairage intense, et,en même
temps, sa sensibilité réflexe s'épuise ; c'est l'inverse pour la fer-
meture à la cathode qui correspond à l'effet réparateur de l'obs-
curité.
La dimension de l'orifice pupillaire obéit à l'organe psychique
et au système nerveux. Chez les gens bien portants, sauf peut-
être quand le sommeil est profond, le bord irien n'est jamais en
repos ; on y constate des oscillations permanentes extrême-
ment fines, très variables d'ailleurs suivant les individus. Dans
les psychoses fonctionnelles, cette instabilité pupillaire ne dépasse
pas chez les agités celle des malades calmes ou déprimés ; elle
n'est non plus jamais absente.
Dans la démence précoce catatonique (15 malades), la mydriase
est insignifiante ; le bord pupillaire demeure immobile sous
l'influence de la douleur, de l'activité musculaire, de l'effort
mental, mais il se contracte sous l'influence de l'agent lumi-
neux ; cette contraction paraît précipitée et fugitive. Le rétré-
cissement de la pupille sous l'influence de l'accommodation
semble évoluer sans trouble. Quant à la réaction de la pupille à
REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 445
la fermeture palpébrale, elle se constate dans les conditions ha :
bituelles et n'est pas augmentée par la cocaïne : la sensibilité de
ces pupilles à l'égard de la cocaïne parait diminuée ; tandis que
l'homatropine augmente considérablement la mydriase, la pilo-
carpineproduit un fort myosis. Les mêmes constatations ont élé
relevées sur deux jeunes filles imbéciles de 19 et 24 ans.
Des recherches faites sur des malades et des personnes sai-
nes d'esprit, parmi lesquelles des médecins, M. Cumke conclut, en
ce qui concerne le réflexe pupillaire ro)'cM)'c'6;Yf ! : 1° La di-
mension des pupilles n'est pas influencée par la dérivation de
l'attention sur un objet éclairci placé à la périphérie de l'oeil,
quand l'accommodation et la clarté du milieu demeurent sans
changement ; '° Toute représentation mentale d'une certaine
intensité, quel qu'en soit le sujet, par suite aussi celle d'une
source lumineuse, produit, à l'égal de tout processus psychique
actif, une dilatation des pupilles.
Enfin )1. Gumke enregistre qu'il se produit du myosis quand
la paupière se ferme volontairement, quand le sujet veut, sans y
réussir à cause d'un obstacle mécanique, fermer la paupière et
quand la paupière se ferme par action réflexe. La pupille se di-
late quand il y a excitation quelconque du trijumeau, pourvu
qu'il ne se produise pas simultanément la réaction à la ferme-
ture palpébrale, car alors celle-ci se superpose à la mydriase,
qu'elle modifie ou interrompt. En somme, leph ? lOmeJ1c de West-
phal-Piltz serait un symptôme normal qui surviendrait à l'occa-
sion de la volonté de fermer les paupières réussie, ou infructueuse
à cause d'un obstacle mécanique, ainsi qu'à l'occasion delà ferme-
ture palpébrale réflexe émanée du nerf optique ou du trijumeau.
La contraction des pupilles qui survient en l'espèce est généra-
lement surchargée du réflexe lumineux et simultanément entra-
vée par toute dilatation pupillaire d'origine sensible. On réussit
donc à faire apparaître la réaction à la fermeture des paupières
chez n'importe qui, d'abord en fatiguant la rétine par un éclairage
intensif prolongé, puis en cocamisant légèrement la cornée et la
conjonctive. C'est un mouvement associé qui ne possède pas de
valeur diagnostique, il est important en ce sens qu'il constitue une
source d'erreurs quand on observe d'autres mouvements pupillai-
res. P. Keraval.
.\C\'n. Perte du sens musculaire aux doigts des deux
mains avec intégrité de la sensibilité de la main et de
l'avant-bras ; par GOUCHARD, (Revue de médecine, novembre
t \JOJ-1 ! Jl) i, )
Très importante étude du sens musculaire, nous ne pouvons
que renvoyer au mémoire original ce travail'surtout critique ne
se prêtant pas à l'anal) se. L. WAHL,
446 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
XGVlll. Essai sur la physiologie pathologique du mouve-
ment : disparition des mouvements dans la chorée chro-
nique ; par V ASCHIDE et VURI'AS. (Rev. de mcd., septembre 1 JO.)
,<
Ce n'est pas hier qu'a été formulé par IIippocrate.l'aiùmc :
« 1'ebria açcevlmts SjJOSJ/WS solzit ».Le cas de : 'ID1.Yaschitle et Vur-
pas en est une nouvelle confirmation. Une malade atteinte de
chorée chronique est- prise de grippe avec pleurésie séro-libri-
neuse droite et meurt après trois jours de maladie pendant les-
quels les mouvements choréiformes ont disparu. A l'autopsie, uu
constate du liquide sous dure-mérien, sous-aractmofdien et
intra-ventriculaire en excès ; la substance nerveuse est mulle, il
exisle des lésions inflammatoires à tous les niveaux de la subs-
tance blanche médullaire sans dégénérescence. Pour les auteurs,
la chorée serait une affection inflammatoire chronique qui au
premier degré détermine des mouvements désordonnés et au
second de la parésie. L. Wahl.
lC.l ? Un cas de syringomyélie et de syringobulbie. Dé-
génération du ruban de Reil ; par Kinnel' WiLssoN
(d'Edimbourg), (Rev. cdeméd., 14 mai l'J04.)
Observation d'un malade du service de Pierre Marie, très
courte au point de vue clinique mais dont l'anatomie patholo-
gique a été étudiée avec le plus grand soin aux différents étages
de l'axe cérébro-spinal. Cavité bulbaire irrégulière, sans aucun
revêtement évident, comprise entre les deux pyramides, les
olives inférieures, la couche interolivaire et la substance arti-
culée grise ; dans leur partie antérieure : les libres arcifurmes
externes et antérieures, les noyaux arciformes,le noyaux rétro-
pyramidaux et juLa-olivaires; le ruban de lleil gauche qui est
dégénéré elles nerfs hypoglosses. En même temps, on rencontre
les lésions classiques de la syringomyélie médullaire. L. WAHL.
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE
LXXVll. Accidents syphilitiques pendant le tabès ; pal'
Dalous, (Rev. de mal., janvier 1904.)
L'auteur rapporte des observations personnelles d'accident
spécifiques observés sur des Labetiques ; il résume ensuite le cas
qu'il a pu rencontrer dans la littérature médicale. Il résulte de
ces faits que le tabès débute de 4 à 19 ans, après l'infection
REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 417
syphilitique et que les syphilides présentent la même irrégularité
(fans leur apparition. Près de la moitié des malades observés
ignorent leur syphilis. L'auteur rappelle que le professeur Four-
nier a montré que le traitement spécifique est très actif dans les
cas de tabès récent et il conclut de là façon suivante : la
rareté des cas de coexistence des syphilides en activité pendant
le labes risqueraient fort de diminuer du jour où l'on examine-
rail de parti pris et très attentivement tous les ataxiques comme
des syphilitiques et si l'un recherchait chez tous les syphilitiques
un peu anciens les signes légers de la période pré-ataxique du
tubes. \Vl H 1,.
LXXVIII. Syndrome de Brown-Séquard et syphilis spi-
nalè ; par L'épine. (Revue de niés., décembre 1903.)
Castrés intéressant terminé par la mort d'un sujet s5lphilitique
depuis onze ans qui fut frappé subitement d'une hémiplégie
incomplète du côté droit avec quelques troubles de la sensibilité
n droite. À gauche, conservation delà sensibilité au contact et
diminution de la sensibilité à la douleur et à la chaleur jusqu'au
niveau du mamelon. Au-dessus, sur une étendue de 2-3 cen-
timètres est une zone d'hyperesthésie, L'étude histologique
révèle un l'ojer de méningo-tnyéliie légère avec des lésions vas-
culaires particulièrement accentuées du côté des veines : les
lésions congestives dominent la scène. ramollissement peu
étendu de la substance grise (zone postérieure exceptée) surtout
au niveau du deuxième segment de la moelle dorsale.
LXXIX. - Contribution à l'étude de la myélite typhique ;
par ,1. Lkpine. (Rev. cleméd., 1903.)
Les faits de celle nature sont encore peuconnus,surtout au point
de weanatomo-pathologique,carils ont été longtemps confondus
avec les accidents névritiques. La ponction lombaire juinte aune
étude clinique plus minutieuse amontré que les cas légers ne sont
pas aussi exceptionnels qu'on l'a supposé ; les cas moyens sont
susceptibles de guérison, les cas graves se terminent par la
mort ; les troubles sensitifs sont rares dans cette affection. Cli-
nilluement, on rencontre 3 types (Etienne) : 1° la parai) sie as-
cendante de Landry ; 2° une forme qui rappelle les pulyév rites
infectieuses et toxiques ; 3° une forme mixte. Rarement, on est
en présence d'une méningo-myélite. C'est probablement (Chan-
temesse et \\'itlal, Lépine et Lyonnet) aux toxines typhiques que
sont dues les lésions et on est autorisé à penser que c'est par là
voie sanguine que se produit l'intoxication et peut-être accessoi-
rement par la pie-mère et le canal épendymaire. Le cerveau
peut d'ailleurs être atteint, lui aussi, de lésions de même nature
448 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.
que celles de la moelle, en particulier les voies optiques et au-
ditives périphériques. Les lésions sont d'abord vasculaires, carac-
térisées par del'hyperémie avec diapédèse et extravasations, puis
des inflammations interstitielles et secondairement des démène-
rations. L'auteur rapporte une observation avec examen histo-
logique.. L. \VAH .
LXXX. Troubles médullaires de l'artério-sclérose. La
parésie spasmodique des athéromateux ; par Pic et
BONNAMOUR. (Rev. de mèd.\ janvier 1904.)
Les lacunes de désintégration de la moelle ont été signalées
en 1883 par H. Martin, bien étudiées par Démange 1884-85, qui
les a attribuées soit à la syphilis, soit à l'artério-sclérose géné-
ralisée. De Grandmaison a étudié les réflexes de ces malades.
Peken, puis Peinard, ont décrit une astasie-abasie d'origine orga-
nique chez les vieux artério-scléreux qu'avaient déjà indiquée
Drissaud et de Massary. Signalons encore sur ce sujet la thèse de
Reverchon (Lyon, 1902-03). Symptomatologie : la parésie spas-
modique des athéromateux naît insidieusement sans ictus : c'est
une faiblesse des membres inférieurs prédisposant aux chutes
sans perte de connaissance : le malade progresse à petits pas
en traînant ses pieds sur le sol; peu à peu, il devient impotent, est
confiné au lit et meurt cachectique ; signes généraux des
contractures : exagération des réflexes rotuliens ; trépidation
épileptoïde, clonus de la rotule ; le signe de Dabinski est incons-
tant. Le psychisme est affaibli et souvent les malades présentent
de la dysarthricylu rire et du pleurer spasmodiques. On constate
les signes physiques ordinaires de l'artério-sclérose généralisée et
en particulier diminution de la perméabilité rénale (néphrite
interstitielle). L. WAHL.
LXXXL. - Essai de classification de quelques névralgies
faciales par les injections de cocaïne loco dolenti ; par
VERGER. (7'o. de méd., janvier 1904.)
' On saitqu'une injection de chlorhydrate de cocaïne à deux pour
cent supprime fonctionnellement les libres nerveuses sensitives
situées dans sa zone d'action ; et qu'une telle injection pratiquée
dans la gaine d'un tronc nerveux équivaut à une section trans-
versale temporaire des libres sensitives de ce tronc. Mettant à
profit cette particularité, M. le prof. Pitres considère dans les
névralgies en général : a) celles qui s'apaisent par injection de
cocaïne loco dolenti (névralgies terminales) ; 11) névralgies qui
s'apaisent par injections sur le trajet du nerf au-dessus du point'
altéré (névralgies de causes funiculaires) ; e) névralgies cédant il
des injections intra-arachnoïdiennes, névralgies radiculo-gan-
SOCIÉTÉS SAVANTES. 449
1
glionnaires ; d) né\ rallies dont la cause réside dans l'axe mé-
dullo-encéphalique et qui résistent à tous les modes de traite-
ment. Mais ces distinctions sont difficiles à observer lorsqu'il
s'agit des név l'algies faciales. On ne peut y considérer que deux
groupes : 1° celui dans lequel l'injection de cocaïne loco dolenti
supprime la douleur et où par conséquent la lésion causale est
au niveau des terminaisons nerveuses ; 2" celui dans lequel
l'injection n'agit pas, ce qui prouve que la cause est funiculaire
ou centrale. Lorsque la cocaïne amène non la sédation momen-
tanée des phénomènes ma;s leur guérison, on est présence de ce
que M. le prof. Pitres appelle les topoalgies d'origine corticales.
Dansles formes périphériques, il y a en général de l'endolorisse-
ment de la région avec paroxysmes dont le début est au voisinage
de l'oeil et delà tempe dans les névralgies du maxillaire inférieur
dans le voisinage de l'oreille et de la tempe et dans celles du ma-
xillaire supérieur. Les paroxysmes se produisent sous l'influence
de la mastication, de la parole, de la déglutition, des excitations
extérieures : les points de Valleix sont inconstants, il y a anes-
thésic ou hypoesthésie cutanée, hyperesthésie à la pression,
hypersécrétion. Dans les névralgies de cause centrale, on a cons-
taté quelquefois, en outre, de la lymphocytose du liquide céphalo-
rachidien. L. WAHL.
SOCIETES SAVANTES'
4b SOCIÉTÉ DE NEUROLOGIE
Séance du 2 mars 1905. Présidence de M. Brissaud.
Tabès et rééducation.
M. 1)or'-ouo montre un malade confiné au lit depuis plusieurs
mois et qui sur les simples avis de l'auteur appliqua de lui-même
les principes de Fraenkel. Actuellement cet homme se tient de-
bout, peut marcher facilement et n'a plus d'incontinence d'urine.
L'amyotrophie des membres inférieurs a disparu.
M. Brissaud objecte que sans aucune rééducation on voit de
grandes améliorations chez certains fabétiques. ? Surtout chez
des tabétiques staso-basophobes fuit remarquer .'1. 11.-\YMom.
Hémiplégie.
111. Mosny et JIALLOIZEL présentent un hémiplégique droit
artério-scléreux portant du même côté un myosis avec diminu-
Archives, 2' série 1903, t. XIX. ' 29
450 SOCIÉTÉS SAVANTES.
tion de la fente palbébrale et enfoncement de l'mil sans trouble
des réflexes lumineux, et à gauche une anesthésie totale y com-
pris le trijumeau sans troubles sensoriels, lésion probable de l'is-
thme de l'encéphale . '
Hémiplégie spinale. l'
lI. 1)H> : .RiNr : présente une jcune femme non syphilitique qui,
après une diplégie totale avec paralysie des sphincters et anesthé-
sie survenue rapidementconserva seulement une hémiplégie droi te
et sensitive gauche. 11 s'agit d'une hématomyélie spontanée. Les
troubles radiculaires de la sensibilité permettent de localiser la
lésion dans la substance grise médullaire entre G8 et DI. Le Brow n-
Séquard et la contracture limitée aux fléchisseurs indiquent un
loyer localisé à la base de la corne postérieure droite détruisant le
faisceau pyramidal au-dessous de la racine C7.
Hémiplégie.
M. hÉlu présente un ancien hémiplégique droit avec syn-
drome de Weber et hémianopsie droite par thrombose probable
de l'artère cérébrale postérieure.
Contractures familiales.
MM. GILBERT Ballet et 1)REYFUS présentent deux malades
frère et soeur hérédo-alcooliques portant une contracture du cou
et des quatre membres sans troubles des sphincters, ni nystag-
mus.
Le facies est ahuri et pleurard. Une soeur morte était atteinte
du même syndrome qui est intermédiaire à la paraplégie spasti-
que familiale pure et à la maladie familiale à forme de sclérose
en plaques, types isolés artificiellement entre lesquels on peut
trouver toutes les transitions.
Chorée familiale.
1\DI. BRISSAUD, IiAUER et Rathery présentent une famille de
choériques. Les quatre enfants ont eu la chorée vulgaire et non
celle de Hutington.
Dsostose clèido-crauienne Héréditaire.
MM. Villaret et Francoz présentent trois enfants et leur mère
atteints d'absence partielle de clavicules, retard de la soudure des
fontanelles, développement exagéré du diamètre transversal du
crâne. Le père est absolument sain de toute tare héréditaire ou
acquise.
A ntopsie d'acromégalie.
MM. GAUCKLER et Houssy ont trouvé à cette autopsie un kyste
colloïde du corps pituitaire, un goitre fibre-colloïde et une lésion
des deux surrénales, épithéliome et adénome.
SOCIÉTÉS SAVANTES. ' " 451
(1'" , Rl1do/¡'èl;oma c ? bl'((I, ,
tlL'l'. Marie a observé un homme atteint de troubles passagers
de la parole qui fut, pris dans la suite d'hémiplégie gauche puis
d'aphasie complète. A l'autopsie, on ne trouva aucun foyer, mais s
dans UeulOnuicpltèresUc LrvîuuesnriàLrea dont l'examen hys-
lologique lIIonll'a. la nature entloLhélioll1alt'ue.
, Anurie hystérique.
M. Cestan (de Toulouse) envoie l'observation d'une ly.Léritluo
prise d'anurie progressive à la suite d'une rétention traitée par le
cathélérismn. L'anurie devint absolue, aboutit, au coma, puis se
termina par une abondante décharge urinaire.
Sclérose latérale amyolrophique.
.'1.\1. Baymond et (I : ST\N, d'après 18 cas, en reconnaissent qua-
trc formes, le type Cltarcot est le plus rare. L'n 1 pe plus fré-
(débute par une lral.ie lalio ? losco-larygée. Un autre
t\po débute par l'atrophie musculaire progressive ; un quatrième
par des signes de tahes spasniodique. Il y a un certain parallé
li",ll1e entre la forme clinique elles lésion*. - t -
IIèmot'l'hayie sous-pin-nxc·rienrm. -
M. Faune LIE II : LIEU a OhI'I'1 é dell cas avec evteiision il la lace
postérieure de la moelle dans les hémorrliagies cérébrales.
Escarre sacrée..
M. Boy rapporte le cas d'une lahéliquc avec sclérose combinée,
non alitée chez qui se développa spontanément et rapidement une
vaste escarre du sacrum.
7/<'))i/p/t ? 0)0<t')'< ?
MM. Dupré et Camus l'apportent le cas d'un gaucher ancien hé-
miplégique infantile droit, alteint d'hémiplégie gauche par ra-
IlIollissclllent ell1holillue tic la parlie postÍ'ro-inL'él'Îl'ul e du lohe
frontal gauche. Oécussalion incomplète et asymétrie lIes PY1'll-
mides, la (froide étant plus petite, le cordon anterolaLeral droit
est aussi plus étroit. F. BOISSIER.
Séance du G avril 1905. Présidence de M. LtRISSAUi
M. le Président prononce l'éloge funèbre de M. Parinvud.
Sclérose en plaques,
M. Claude présente un malade de : : 8 ans qui, trois semaines
après une infection grippale, subit des troubles labio-giosso-
laryngés, puis de la céphalée, de la faiblesse, de l'insomnie.
Bientôt la démarche devint spasmodique, les réflexes s'exagé-
rèrenl, le clonus se ntuulra avec léger tremblement intention-
452 sociétés savantes.
nel, mastication et parole difficiles, faible' nystagmus, mais pas
de troubles électriques, pas d'altérations de la sensibilité, pas
d'amyotrophie. Les plaques auraient leur localisation sur les
conducteurs cortico-bulbaires.
Ophtali7zopiégie externe congénitale et familiale. ? 1\1. PAGNIEZ présente une femme de 50 ans atteinte de ptosis
avec déviation et immobilisation des globes en dehors, léger
nystagmus sans troubles des réflexes ni de l'acuité., Sur cinq
enfants vivants, trois présentent la même malformation, ainsi
qu'une petite fille, enfant d'une de ces trois dernières.
Lésion bulbo-protubérantielle unilatérale.
M. Souques présente un homme atteint depuis cinq ans de
vertiges avec hémispasme facial gauche et hémiatrophie linguale
du môme côté sans aucun autre trouble moteur de la face et des
membres, aucun trouble de la sensibilité, ni des réflexes ni des
vasomoteurs. Une lésion de l'angle bulbo-cérébelleux aurait in-
téressé la branche cochléaire de l'auditif qui n'a jamais été
atteinte, la lésion doit donc siéger dans l'intérieur du bulbe et de
la protubérance, où les deux branches du YU sont séparées et
peuvent être atteintes isolément. Un foyer même petit peut dans
ces.conditions détruire l'hypoglosse et irriter le facial et le ves-
tibulaire.
M. Babinski a soigneusement observé et analysé les
tômes de ce malade chez lequel une synergie paradoxale impos-
sible dans le tic ou dans le mouvement volontaire caractérise
bien le spasme.
M. de Massary, à propos de 2 cas de névralgie du trijumeau
expose que la névralgie périphérique aboutit à un tic et la né-
ualgie centrale à un spasme.
Cicniospasmes et f)t/0< ! M.
M. MEIGE. Les géniotics sont bilatéraux, l'attention et la
volonté peuvent les faire disparaître : ce sont des troubles fonc-
tionnels de la mimique faciale, tandis que les géniospasmes sont
unilatéraux et composés de contractions parcellaires et frémis-
santes que la volonté ne peut ni produire ni faire disparaître.
Troubles thermiques.
M. Babinski présente un homme qui il la suite de vertiges a
conservé 1'(exil gauche plus petit avec enophtalmie, diminution de
la lente palpébrale et de la pupille. A droite : le froid est moins
nettement senti et provoque une sensation très désagréable ; les
veines sont moins saillantes qu'à gauche ; il y iL vraisembicment
hypothermie à droite, le pouls capillaire est, petit de ce côté. La
lésion est bulbaire.
bibliographie. 453
Paralysie bulbo-spinale asthénique.
MM. OUf-MONT et Baudoin présentent un homme qui, après
une chute. fut atteint de parésie- des deux membres supérieurs et
du tronc avec polyurie. albuminurie, escarre, incontinence fé-
cale et troubles cardiaques. Il se guérit d'ailleurs rapidement.
MM. (i.\UCI1.ER et Itoussy montrent un foyer de myélite
y)t)'c;te/ty)7Mtnxc, ou, selon l'avis de M. Déjerine, une plaque de
sclérose unique, n'ayant provoqué aucune dégénérescence ni au-
dessus ni au-dessous.
\I. Jlaurice Benvud expose une nouvelle méthode d'examen
bistologique du système nerveux.
1(. IAf.LION présente un appareil pour enregistrer les varia-
tioncde volume des doigts. ' 1·'. BOISSIER.
BIBLIOGRAPHIE
X. Asile publia, d'aliénées de Bordeaux : Rapport médical
pour l'année 1903. Personnel médical : Médecins : )1)I. AN-
GHDE,mcdecm en chef; .I.\CQU ! N, médecin-adjoint. Internes :
MM. Robert, Djmori, D" VI·'.RDUZ.1N. In-So de Gi p. Bordeaux,
imp. Gounouilhou, 1904.
Ce titre est déjà très suggestif, car il indique l'union du service
médical dans l'action pour le bien des malades. Dans sa lettre au
Préfet de la Gironde, le D1' Anglade, précisant cette union qui
existe dans quelques asiles et que nous voudrions constater dans
tous, s'exprime ainsi : « Ce rapport est le produit et le résumé du
travail de tous mes collaborateurs, par les soins de qui les ob-
servations médicales ont été recueillies. Pour le préparer et pour
l'établir, j'ai toujours pu compter sur la collaboration avisée et
dévouée du D.lacquin, médecin-adjoint. »
454 bibliographie.
Dans ce nombre sont comprise30 idiotes perfectibles. La popu-
lation réelle du service est de 888 femmes au 1 ? janvier de cette
année. '
« Notre quartier des idiotes perfectibles s'est accru de G unités,
dont une t't'111Lt'l'le...... toutes ces malades, le traitement mcrli-
co-pédallotliqoe est appliqué. Malgré la compétence elles patients
efforts de la oeUI' institutrice, chargée de diriger celte thérapeu-
tique, les résultats sont médiocres. Cela lient surtout aux formes
pathologiques des malades admises. Sur les cinq internées pour
la première fois, quatre sont des idiotes profondes avec tares
physiques considérables. Une seule paraît susceptible de bénéfi-
cier de la médico-pédagogie.
« Tant que ces quartiers spéciaux seront annexés aux asiles d'a-
liénés, il est à craindre que, malgré le bon vouloir et les capaci-
4 tés du personnel, le recrutement ne se fasse toujours parmi les
déchéances les plus profondes les plus incurables de la cérébra-
lité.
« Ces petites idiotes ont en général un âge relativement trop
élevé quand elles nous viennent à l'Asile. C'est habituellement à
partir de douze il treize ans qu'on nous les envoie. Or, on sait, et
c'est l'opinion de spécialistes autorisés que nous invoquons, tels
que Bourneville, Thulié, etc., que les résultats de l'orlhophréno-
pédie sont d'autant plus évidents que l'application du traite-
ment est faite de bonne heure; s'il faut en croire les médico-pé-
dagogues, c'est a parlir de deux ans et demi qu'on devrait com-
mencer la thérapeutique spéciale (1).
« Il y a enfin d'autres facteurs qui compromettent le hon fonc-
tionnement de notre service d'idiotes. C'est la population crois-
sante des malades ; 30 enfants au 1 cr jaIn iel' 1903, d'où mélange
de toutes les formes de la dégénérescence, (,'est l'exiguïté du
quartier qui ne permet pas la différenciation des catégories. C'est
enfin, l'insuffisance du personnel, tous desiderata que l'adminis-
tration toujours bienveillante de l'Asile pour) satisfaire dans
l'avenir.
Parmi les paralytiques générales, on compte deux prostituées,
trois demi-mondaines appartenant à la prostitution officieuse.
Le chiffre le plus élevé des admissions en totalité, est fourni par
le mois de mai (1J) ; après lui, viennent le mois d'avril avec Il-)
malades, le mois d'août, 14 malades.
« Même après une enquête sévère, il y a parfois de grandes dif-
(1) Ou mieux dès que l'on a reconnu les premiers signes de
l'idiotie. On les admet il et il ln Salpêlrii'I'e il 2 ans, quelque-
fois au-dessous. La très grande majorité des idiots est perfectible
ü des degrés divers si l'on s'en occupe de bonne heure, avec pcrsc-
vérance, en appliquant ce que nous avons, le premier croyons-
nous, désigné sous le nom de traitement médico-pédagogique.
bibliographie. 455
licultés à établir la durée antérieure de la maladie, et le manque
de renseignements que nous avons sur le plus grand nombre de
nos malades ne nous facilite pas ces recherches. Quand il s'agit
de malades placés volontairement, la famille qui les accompagne
peut nous aider dans cette tâche. Mais il n'en est toujours pas
ainsi, les placements volontaires sont les moins nombreux. Au
contraire, les aliénées placées d'office, les plus nombreuses, nous
arrivent, après un séjour plus ou moins long dans le service d'iso-
lement de l'hôpital Saint-André, conduites par des infirmières
de ceLlapiLal, incapables de nous fournir les renseignements
ou documents que nous leur demandons ; nous ne pouvons pas
davantage les recueillir dans les pièces légales qui accompagnent
la malade. Ce n'est habituellement qu'un simple certificat médi-
cal, quelquefois deux, mais toujours trop brefs pour nous être
d'une utilité quelconque sur ce terrain de recherches. Il y a
donelà une lacune regrettable. Mous devons faire cependant une
exception pour les malades qui ont passé dans le service du Dr
Régis où elles sont bien observées et étudiées. Grâce à sa bien-
veillance, nous avons pu, chaque fois que l'occasion s'est présen-
tée, recueillir nous-mêmes dans les observations de son service,
les documents que nous désirions connaître. Malgré ces lacunes,
le tableau VU montre (IU'on attend toujours trop longtemps avant
d'interner les malades. On ne saurait trop demander que l'inter-
nement soit ordonné sitôt que le trouble psychique s'est mani-
festé. Nous ne sommes pas les seuls, parmi les aliénâtes, Il 1'1"1'1 a-
mer l'internement précoce ; c'est une mesure sage. La société, la
famille, n'ont rien à perdre, en raison des dangers que l'aliéné
peut lui faire courir. La santé du malade ne peut que tirer béné-
fice d'un traitement appliqué le plus tôt possible. Plus on tempo-
rise, plus les soins spéciaux sont éloignés, plus les chances de
guérison ou d'amélioration diminuent.
« Les sorties ci titre d'essai, grâce à la bienveillance de l'admi-
nistration préfectorale qui les autorise, sont fréquemment em-
ployées à l'Asile de Chatcau-Picon ; leur nombre, pour l'année
1903, été de 20 environ. Intermédiaires entre l'état de liberté
absolue et de séquestration, elles rendent d'incontestables serv i-
ces. Nous les prescrivons dans des conditions de prudence extrême
après nous être assurés personnellement de la parfaite honorabi-
lité de la famille, toutes les fois que nous voulons éprouver la sus-
ceptibilité des malades en voie de guérison ou d'amélioration ; ces
sorties n'excèdent pas le terme de 30 jours. Si une rechute ou
une aggravation des symptômes surviennent avant ce délai ; la
malade est ramenée à l'Asile sans aucune formalité administrati-
ve; passé ce terme, la sortie est considérée comme définitive.
«Ainsi prescrites, nous n'avons eu qu'à nous louer des résultais
obtenus sur les ? 0 sorties données : ') titre d'essai en 1903 (10 s'a-
1156 bibliographie.
dressaient à des malades en voie de guérison (tableau Xlt) ; au-
cune de celles-ci n'a été réintégrée, et elles peuvent être consi-
dérées comme guéries; six autres malades étaient des malades
non guéries, mais calmes classez tranquilles pour vivre au de-
hors ; elles sont restées dans leurs familles. Les 4 autres ont été
réintégrées soit pendant le congé, l'une deux jours après la sor-
tie, soit à l'expiration du congé ». ,
1
A propos de la tuberculose M. Anglade fait la réflexion sui-
vante :
« Dans les asiles d'aliénés, où l'entérite tuberculeuse sévit avec
intensité, où les malades qui ne savent pas cracher, mais sou-
vent gâteux, répandent partout leurs matières fécales, la propaga-
tion de la tuberculose par les selles est la plus redoutable. D'où
isoler les tuberculeux, recueillir leurs crachats et surtout leurs
matières fécales, désinfecter tout ce qui a pu être contaminé . par
les expectorations et surtout les selles, telles sont les mesures
prophylactiques capables d'atténuer les ravages de la tuberculose
dans tous les milieux, plus particulièrement dans les, asiles d'a-
liénés. » , .
En 1903, .il y a eu 95 décès. En 1(10 ? il n'y en avait eu que 77.
Parmi, les variétés mentales, c'est la démence (il), en parti-
culier la démence sénile, et la paralysie générale (25) qui on !
fourni le plus large tribut à la mortalité les folies simples v ien-
nent ensuite (2 ? ), puis les idioties (4) et les épilepsies. La cause
certaine de la mort ne peut être posée avec certitude qu'après
vérification nécropsique. C'est la mort par « cachexie paralyti-
' que » qui fournit le plus gros chiffre.
« Mais ici encore, il s'agit d'un terme mal défini, comme celui de
cachexie sénile, marasme nerveux, etc., communément employé,
terme vague, qui montre une fois de plus l'insuffisance de la cli-
nique et la nécessité dedéterminerplus scientifiquement la cause
\, de lamort par l'exploration attentive du cadavre. » On ne sau-
rait mieux dire.
M. Anglade signale deux malades séniles (72, 8 ? ans) mortes
quelques jours après leur entrée.
« N'eût-il pas été préférable, dit-il, pour ces deux dernières ma-
lades de les laisser mourir à l'hôpital plutôt que de les interner à
l'Asile d'aliénées ? Sans compter que le transfert lui-même, et
toutes les manoeuvres qu'il exige, notamment le transport en
voituren'ontpudue compromettre davantage la santé physique
déjà si ébranlée de pareilles malades ? » ))
L'envoi et le transfert, dans les asiles, d'aliénés en état de fiè-
vre, mourant quelques jours après leur arrivée se produit très
bibliographie. 457
souvent. On pourrait éviter ces accidents regrettables, en exami-
nant très sérieusement tous les malades avant leur départ et en
s'assurant, par la prise de la température, qu'ils peuvent subir le
voyage sans inconvénients : c'est ce que nous faisons régulière-
ment dans notre service.
« Nous avons remarqué que les cerveaux d'épileptiques, écrit
M. Anglade, offrent une particularité qui mérite d'être mention-
née. La fermeté de la substance blanche, l'atrésie des ventricules
latéraux, l'absence de liquide dans les ventricules et les espaces
sous-arachnoidiens. » (A vérifier).
Encore deux citations sur le traitement.
« Dans quelques cas, rares aussi, nous avons dû recourir à un
procédé mixte : l'alitement alternant avec la chambre d'isole-
ment.
« On a dit que cette méthode, l'alitement, était d'une applica-
tion difficile dans les asiles de province, qu'il fallait une installa-
tion particulière, un personnel plus nombreux. Nous répondrons
que ces raisons ne sont pas suffisantes puisque nous avons pu
d'emblée la généraliser à l'asile de'Chàteau-Picon, avec le même
personnel, sans autre changement que des modifications de dé-
tail, en tirant parti de la disposition de quartiers construits de-
puis quatorze ans ».
Ceci indiquequc l'on peut réaliser hien des pratiques sans oc-
casionner de grandes dépenses. Noire ami, le Dr Deny, a procédé
ainsi dans son service de la Salpetriere. Bourneville.
Il Rapport sur le service médical du quartier d'aliénés de
l'hospice général de Nantes pendant l'année 1903, par 1\1. le Dr
f3teuTr, médecin en chef.
« L'agrandissement de l'asile autorisé par le ministère de l'In-
térieur et dont les dépenses, évaluées à 1.344, î11 1 fr. ont été vo-
lontairement consenties pour les deux tiers par le département,
pour l'autre tiers et en partie égale par la ville de Nantes et les
hospices, est en pleine voie d'exécution.
« Dans un an, les travaux étant de beaucoup plus avancés et
les pavillons neufs nous ayant fourni de nombreuses places en
plus, il ne sera plus nécessaire d'avoir recours a des transferts
collectifs pour désencombrer la division des femmes.
« Les malades commenceront à avoir des cours plus étendues,
des salles de jour claires et aérées, des réfectoires agréables, des
dortoirs spacieux».
Au 31 décembre Ig0'. ? , la population était de 697 z93 Il. et
4011 ? ) et au 31 déc. 1903 de 729 (303 Il. et ! 12(; F.) Les entrées ont
été de 320, dont 38 cas de folies toxiques, 1 1 d'imbécillité et idiotie.
Les journées de présence de 259.839. Il y a eu 1023 malades trai-
458 bibliographie.
tés. Guérisons93 ; améliorations 31. «Nous conservons encore les
deux malades qui depuis longtemps, sont les plus anciens dans
rétablissement, un idiot entré en 1839 et une idiote entrée en
1853. » Au cours de son rapport M. le 1),- Biaute consigne de curieux
détails sur plusieurs malades, et cite sur l'une d'elles des fragments
de l'une des intéressantes leçons sur l'aliénation mentale qu'il
fait aux étudiants de l'école de : '\antes, donnant ainsi un excellent
exemple que l'Administration supérieure ne saurait trop encou-
rager. n.
XII. Rapport médical sur l'asile public d'aliénés de, S(tint-Uo{¡('rl
, pour J903, par le l> .1. Bonnet. ,
Total des malades traités en 1903 : 1213, dont 232 entrants
(121 II. et 111 F.) pour un seul médecin. Sortis : par guérison, 113
(25 II. et 18 F.), par amélioration 41 (15 et 26). Restants au 31 déc.
1903, 1010(489 Il. et 521 F.). Parmi les admissions en 1903, rele-
vons 12 cas d'idiotie et d'imbécillité «*) de chaque sexe), 20 de fo-
lie alcoolique (18 II. et 2 F.) et une crétine. Au-dessous de 15 ans,
3 cas. En avril, juin, juillet, septembre, 23 admissions, les autres
mois, au-dessous; en décembre, 14 (minimum). Il ! ] décès, dont 28
de paralysie générale et 7 de tuberculose pulmonaire. '
Sur 1213 malades traités, le Dr Bonnet signale 218 travailleurs
et 250 travailleuses, soit 468. Nous signalons ces chiffres à l'at-
lenlion de nos collègues des Asiles de la Seine et de la direction
des affaires départementales.
Le nombre des aliénés augmenté : 1.057 en 1890, au lieu de
1.233 en 1903. Terminons par quelques citations du Rapport de
,)I. le D ? 1. Bonnet, en premier lieu sur le tableau de l'âge des
admissions.
« On voit donc comment la folie devient rapidement incurable
et quelle importance il y a à la traiter le plus promptement pos-
sible. Ainsi que l'a fort justement dit M. le professeur Pierret(t) :
« L'aliénation mentale peut guérir ; elle guérit môme très sou-
vent quand on peut, quand on sait la traitera temps. » Une thé-
rapeutique intelligente doit s'inspirer de la diversité des cas ;
toute autre fait fausse route. Mais cette thérapeutique indri-
duelle, ces recherches sont-elles possibles dans un service où,
comme à Saint-Robert, plus de 1.000 malades sont confiés à un
seul médecin ? Poser la question, c'est la résoudre.
« 1243 malades y ont été traités en 1903. A qui fera-t-on croire
à la possibilité d'un traitement vraiment sérieux et rationnel,
même si le médecin ne veut s'occuper que des cas relativement
récents, remontant à 1 ou 2 ans, soit 450 malades environ . !
(1)M. Bonnet aurait pu ajouter « et. les Archives de Neurologie,
depuis plus d'un quart de siècle ».
bibliographie 4hfl
« Ou voit la nécessité qu'il y a à détruire cette vieille concep-
tion de l'asile-caserne, de l'asile-exploitation culturale, pour
transformer de plus en plus nos garderies d'aliénés en maisons de
traitement, en hôpitaux, en instruments de guérison.
« Guérir des aliénés doit être le vrai but de l'asile et le meil-
leur moyen de ne pas grever outre mesure le budget départemen-
tal. C'est la meilleure voie des économies.
« A ce point de Mie, je ne saurais trop insister sur les avantages
qu'il y aurait, pour désencombrer l'asile, d'appliquer le système
de l'assistance familiale il domicile pour nombre d'aliénés chro-
niques inoffensifs. La statistique démontre que la folie guérit en
vénérai dans la première année du traitement et plus difficile-
ment ensuite.
« De nombreux malades âgés ont été admis à l'asile depuis
quelques années et pour ces malades, il serait fort utile que leurs
dortoirs fussent chaudes au moins pendant les grands froids.
« Nos pavillons sont isolés, exposés à tous les vents, et le froid
s'y fait particulièrement sentir. Je signale spécialement celui du
pavillon à à la ferme ». Un département comme l'Isère,
qui ne manque pas de bois, pourrait chauffer ses malades. Il est z
triste de signaler de telles.... erreurs administratives.
« Une école Il infirmiers et d' infirmière; été heureusement
créée à l'hôpital de Grenoble. Les malades seront ainsi assurés de
recevoir des soins plus éclairés, plus intelligentes. ,
« En effet, avec les progrès de la médecine et surtout de la chi-
rurgie moderne, des connaissances techniques sont indispensa-
bles à ceux qui soignent les malades. La bonne volonté, le dé-
vouement ne suffisent plus. La connaissance de l'antisepsie, no-
tamment, est un dev oir. L'administration de l'hôpital a bien voulu
m'autorisera faire les cours relatifs aux soins il donner aux alié-'
nés. Ces cours ont porté sur les svmplômes généraux communs
aux maladies mentales, sur la classification, l'étude des formes
principales de la folie, sur la loi de 1838, le règlement de 1857,
sur les soins spéciaux il donner aux aliénés, sur les qualités re-
quises pour devenir un bon infirmier d'asile et cesser d'en être
un simple gardien,etc.Les cours ont été régulièrement suivis par : ,0 assistants environ, en comprenant les deux sexes. Notre per-
sonnel a obtenu six diplômes d'infirmières et deux diplômes d'in-
firmiers. Je me fais un devoir, en terminant, de rendre hommage
aux qualités de dévouement du personnel attaché au service mé-
dical. Ses fonctions ont souvent un caractère pénible. La bonne
volonté, les efforts de ceux qui ont obtenu le diplôme d'infirmiers
mériteraient d'être reconnus et encouragés. »
Ce qui a été fait à Grenoble indique la voie à suivre : la Ecole
ordinaire, enseignement général à l'hôpital ; - 2e Enseignement
spécial à l'asile, pour le personnel qui soigne les aliénés et dans
460 bibliographie.
un asile fout le personnel est soignant, c'est-a-dire infirmier :
diplôme commun, diplôme spécial. B.
XliI. Rapport médical et compte moral et administratif pour
l'exercice 1903 de l'Asile d'aliénés de Blois,\>nv le ))1' Doutre-
~- rente, directeur, médecin en chef.
Existants au 1 ? janvier 4-28 (201 II. et ? ' ? 7 1 ? ). Admis
dans l'année 117 (56 il. et Gl F.), parmi lesquels l'J malades at-
teints de folie alcoolique. Placements volontaires, ! 1} ; d'office, 44.
A la fin de 1903, il y avait 31 épileptiques dits non aliénés et 27
idiots. Sorties, G2, dont 37 par guérison et 17 par amélioration.
Il est de toute importance, en médecine mentale, rappelle
M. Doutrehente, de pouvoir traiter les malades au début de la
maladie le meilleur traitement, c'est l'isolement de la famille et
des habitudes antérieures, isolement qui doit être pratiqué aussi
rapidement que possible dans un établissement spécial. »
, 48 décès, dont un par tuberculose. Deux malades ont été isolés
pour tuberculose pulmonaire.
« En dehors des sorties d'essai, nous avons organisé, même pour
les incurables elles chroniques agités, une série de promenades
quotidiennes, isolées ou par groupes de 2 ou 3 malades, qui ont
l'avantage de faire profiter du plein air les malades et les infir-
miers qui sont chargés à tour de rôle de la surveillance de ces
promenades.
Les distractions il l'intérieur, théâtre, musique, jeux divers,
dames, cartes, billard et lectures, sont réservées pour les jours
où le mauvais temps ne permet pas le travail aux champs ou la
promenade.
Le nombre des aliénés de la Seine était de 24. Nous croyons
que l'Asile n'en reçoit plus. -Le produit des travaux de toutes
sortes exécutés dans rétablissement par les ouvriers, les ouvrir-
res etiesaliénesdes deux sexes en 1 ! IOai, été de89.00J fr. dont t
39.000 par les malades. ,
« Le chiffre des aliénés travailleurs en 1903 a été de 66 pour les
hommes et de 110 pour les femmes, non compris les malades,
dont le travailn'apu être évalué en journées ou tout au moins
en quarts de journée, comme le sont,par exemple,ceux que nous
employons irréguliôrementou d'une façon passagère, à titre d'es-
sai et comme moyen de traitement, aux travaux des champs ou
des ateliers.
Le prix de journée entière accordée aux aliénés est de 0 fr. 10 ;
il n'est accordé qu'aux meilleurs, les autres ne touchant qu'un,
deux ou trois quarts de ce prix.
Les dépenses ordinaires ont été de 437.607 fr. 49, le nombre des
journées des malades de toutes catégories (pensionnaires et in-
bibliographie. 461
digents) a été de 166.086. Le prix moyen de revient a été de 2 fr.
589.
XIV. - Rapport sur la division des femmes de l'asile d'aliénés de
Maréville (Meurthe-et-Moselle); pour l'exercice 1903, par M. le
Dr Paris, médecin en chef. '
« Le 31 décembre 1902,1e service des femmes comptait 848 ma-
lades, 829 pour le service de Maréville, 19 pour le service du pen-
sionnat Sainte-Anne ; il en comprend 845 le 31 décembre 1903,
829 pour le service de Maréville, 16 pour celui du pensionnat
Sainte-Anne.
«Les chiffres donnés pour les départements autres que Meur-
the-et-Moselle ne peuvent fournir aucune donnée sérieuse relati-
vement au progrès de l'aliénation mentale dans ces départements
puisqu'ils ne nous envoient pas toutes leurs aliénées indigentes et
qu'ils en conservent un certain nombre dans divers hospices. (Ceci
est contraire à la loi du 30 juin 1838).
« Parmi les 194 admissions en 1905 citons 13 cas de folie alcoo-
lique, 10 cas d'idiotie ou imbécillité.
« J'ai insisté beaucoup dans mes précédents rapports et dans
la presse médicale sur les inconvénients des placements tardifs,
inconvénients pour les malades, pour les familles, pour les com-
mîmes, pour les départements, puisque l'aliénation mentale gué-
rit surtout dans les deux premières années de traitement et no-
tamment dans la première ;je constate que le nombre des place-
ments tardifs tend à diminuer.
« Comme je le constatais déjà dans mes derniers rapports an-
nuels le nombre des admissions de malades âgées est en progres-
' sion constante ; il entrait en 1901,22 aliénées âgées de plus de 55
ans ; en 1902, 41 aliénés âgées de plus de 55 ans ; en 1903 44 alié-
nées âgées de plus de 55 ans.
« Ces chiffres ont évidemment une influence assez sensible sur
ceux de nos statistiques de sorties, ! )t de décès ; ils ne peuvent que
contribuera diminuer le nombre des premières et augmenter ce-
lui des seconds.)'
Guérisons 45, améliorations 28. M. le D1' Paris formule quelques
remarques intéressantes.
« Je suis persuadé que la création que j'ai demandée dans mes
précédents rapports d'un petit service d'un traitenent familial,
d'un embryon de ferme, rendrait de sérieux services à nos indi-
gents timides, nos mélancoliques en voie d'amélioration ou dont
, l'amélioration ne progresse que très lentement, malades qui
sont aussi mal que possible dans de grands quartiers.
« Tous les médecins aliénisles tendent de plus en plus à faire
donner à l'aliéné plus de liberté, plus de bien-être et un genre
462 bibliographie.
de vie plus rapproché de celui qu'il avait avant la séquestration.
« Comme toujours, ce sont des aliénés malades depuis moins
de six mois qui donnent le plus de guérisons ou d'améliorations
et c'est aussi la première année de traitement l'asile d'aliénés
qui donne le plus de résultats favorables.
« 111 1 décès a l'asile, 3 au pensionnat. Il y en a eu li par tubercu-
lose pulmonaire. C'estla première année qui donne le plus de
décès.» »
M. Paris écrit que « le personnel du service, malgré les tliflicul-
és croissantes du recrutement des infirmières s'est toujours mon-
tré digne de la confiance de l'administration et attentif aux ob-
servations ou aux conseils de son chef ou de ses collabol'all'U l'S i 11\-
mélliats. »
Nos collègues des asiles feraient Il'U\ 1'1' utile en organisant un
enseignement pour leurs infirmières et inlirmicrs. A 1(U'I'\ il II',
ces agents pourraient être astreints il suivre les cours de l'Ecole
de Nancy (enseignement commun à fous) et à suivre, à l'asile, un
cours spécial sur les soins à donner aux aliénés. En quelques an-
nées, nous verrions se relever, comme il convient, le niveau in-
tellectuel du personnel secondaire dont les salaires devraient
être relevés et qui devraient être assurés d'une retraite. B.
sr. - Rapport sur la division des hommes de l'asile publie
d'aliénés de Maréville pour 1903, par le D' VERNET, médecin en
chef.
Au 1er janvier 1'JU3, ! I16 malades ; entrés 2 ? 5. sortis lt6; dé-
ces, I l l. Effectif au ; ! 1 décembre, 924. Les admissions les plus
nombreuses ont eu lieu d'avril à septembre.
« Nous constatons, comme les années précédentes, que la folie
se montre le plus fréquemment de vingt à cinquante ans, dans
la période de la vie où les causes occasionnelles ont leur maxi-
mum d'intensité. Six vieillards, plus que septuagénaires, ont été
conduits iL l'Asile, alors qu'il eût été facile et préférable de les
soigner dans leurs familles, à défaut d'un hospice destiné spécia-
lement à ces incurables. '
« De six enfants âgés de moins de dix ans, doux'sont atteints
d'épilepsie, trois d'idiotie, un de débilité mentale ».
En ce qui concerne la profession des malades, nous vous
mentionnées dans la plupart des rapports les « professions libé-
rales » sans autre indication. Il serait intéressant de les énumé-
rer. Parmi les causes : hérédité, 92 ; alcoolisme, 82 ; syphilis, 21,
lll·l'l'llo-Sy111lilIS, ; excès vénériens, 12 ; onanisme, 5 ; mysticisme,
16, etc. '
« L'internement précoce permet seul d'escompter une guérison
probable. 11 est souhaiter, comme nous l'avons dit maintes lois,
bibliographie. 403
que les familles et les maires des communes n'hésitent point à
provoquer le placement de leurs proches et de leurs administrés
dès les premiers symptômes d'aliénation mentale. Les admissions
ne comprendraient plus autant de cas chroniques et incurables,
au grand bénéfice des malades, de leurs familles et des commu-
nes, appelées à payer les frais d'entretien.
« Les sorties par guérison seraient certainement plus nom-
breuses encore, si elles étaient facilitées : lu par l'adoption de
congés ou sorties à titre d'essai, très utiles lorsque les familles
présentent des garanties suflisantes pour les soins et la surveil-
lance que réclament les convalescents; 2° par la création d'un
pavillon ouvert de convalescents, organisme qui manque à la
plupart des asiles. Certains malades ne sortent jamais, parce
que la transition manque entre la séquestration complète et la
liberté du dehors. ◀Tantôt▶ c'est le médecin, ◀tantôt c'est le malade
lui-même qui hésite devant ce saut dans l'inconnu. Au lieu de
rester indéfiniment à la charge des départements, certains mala-
des pourraient être rendus iy. la société, si on leur accordait une
liberté relative, tout en leur continuant l'assistance, dès que les
troubles mentaux tendent à disparaître.
« ... Un certain nombre de malades ont succombé dès les pre-
miers jours de leur internement. Chaque année, nous déplorons
la facilité av ec laquelle on conduit à l'Asile des malades tellement
affaiblis qu'ils sont incontestablement inoffensifs, et qu'avec un
peu de bonne volonté il eût été facile de soigner dans la famille
ou dans un hospice.
« Je citerai, comme exemple, un homme de trente-huit ans,
amené à l'asile le 27 juillet. 11 présentait à son arrivée du délire
fébrile : la température était 39°5 ; le pouls à 140.
«Le membre supérieur gauche était le siège d'un érésipèle gane;;
gréseux ; de vastes escharres envahissaient le bras et l'avant-
bras, presque entièrement dépouillés d'épidémie. Malgré les soins
qui lui furent immédiatement prodigués, l'état général de ce mal-
heureux ne lit qu'empirer : la température atteignait bientôt 40°8
et le malade succombait à8 heures du soir.» Des cas analogues se
reproduisent trop souvent dans les asiles.
L'envoi dans les asiles de malades atteints d'affections graves,
fébriles, auxquelles ils succombent quelques jours après leur en-
trée, constitue un fait bien regrettable, relevé dans plusieurs des
rapports que nous analysons. Nous en avons constaté des cas
concernant les malades envoyés des hôpitaux ou de l'Asile clini-
que dans notre service. Il est facile d'y parer. Il suffit, en effet,
pour obtenir ce résultat, de prendre la température du malade la
veille et le jour du transfert, comme nous le faisons depuis long-
temps dans notre service, et de surseoir à cette opération, s'il y a
(le la fièvre.
464 bibliographie.
«Chez un entrant, nous avons constaté la fracture des deux ra-
dius causée par les liens trop serrés qu'on avait cru devoir lui ap-
pliquer au dehors, comme cela se rencontre trop souvent, liens
qui avaient en outre déterminé de vastes excoriations.
« Le traitement hydrothérapique a été encore notoirement in-
suffisant, faute d'eau, en 190 : 1» » (voir n° de mai, p. 404).
Avec l'isolement, le travail manuel, les bains et l'hydrothérapie
sont les principaux agents du traitement des maladies mentales et
nerveuses. M. Paris aborde ensuite une autre question très im-
portante.
« Cependant, est une question sur laquelle je crois utile de re-
venir, bien qu'elle ait été traitée dans les rapports sur les années
1896 et 1 ! I()0..le veux parler du personnel de surveillance.
«.I'ai déjà signalé l'instabilité des inlirmiers; pour la plupart,
l'Asile n'est qu'un pis-aller. Ils y viennent le plus souvent afin
d'y attendre,à l'abri du besoin, un emploi pénible et mieux rému-
néré. Celte année encore, sur une moyenne de 97 gardiens pré-
sents au 31 décembre, il y a eu 70 entrées et 68 sorties, dont 55
volontaires et 13 par suite de renvoi pour divers motifs. Cela ne
surprend pas ceux qui connaissent les conditions d'existence des
gardiens dans les Asiles de province. Après une longue journée
consacrée à la surveillance d'aliénés parfois criards, tapageurs,
agressifs, le gardien va encore passer la nuit au milieu d'eux.
Il couche le plus souvent dans le même dortoir, côte à côte avec
les malades, sans être protégé contre leurs agressions par aucune
barrière, si fragile qu'elle soit. Aussi que de nuits passées sans
sommeil, à cause des cris, des divagations, des allées et venues
des malades confiés à sa garde, sans parler des appréhensions
bien légitimes qui l'empêchent parfois de trouver un sommeil ré-
parateur.»
Nous avons constamment réclamé la séparation complète du
service de jour et du service de nuit et le logement en dehors des
salles : Nous enregistrons avec plaisir l'opinion de M. le Dr Verne.
« Quand on songe à la modicité du salaire et des avantages oc-
troyés à ces hommes jeunes, robustes, que ne peut retenir l'es-
poir d'une retraite, On a le droit de se demander comment il s'en
trouve encore pour accepter cette ingrate et pénible fonction.
Or, il faut bien qu'on le sache, outre les insultes et les accu-
sations injustes auxquelles ils sont journellement exposés, ces
mêmes infirmiers si décriés sont trop souvent victimes des impul-
sions morbides des malades dont ils ont la garde. Sans parler des
infirmiers tués par des malades (et nous en avons eu récemment
deux exemples), que de fois le médecin d'Asile ne trouve-t-it pas
à la visite quotidienne des infirmiers mordus, contusionnés, le
visage lacéré, sans qu'ils aient osé riposter, la plupart du temps,
bibliographie. - 465
car ils savent qu'il leur est expressément défendu de se livrer à
des voies de fait sur les malades, sous peine de renvoi immédiat.
Il est à supposer qu'une amélioration matérielle de leur situa-
tion rendrait leur recrutement plus facile, leur stabilité plus grande
leur niveau moral plus relevé ».
Ces réflexions répondent trop à ce que nous avons dit et redit
pour que nous ne nous y associons de tout coeur. 13.
Suppression de l'absinthe.
L'absinthe en Belgique. La section centrale de la Cham-
bre helge vient d'approuver une proposition de loi qui interdit
la fabrication, le transport, la vente et le débit en Belgique de
« toute liqueur contenant de l'essence d'absinthe », à peine de
2G à 500 francs d'amende et d'un emprisonnement de huit jours
à six mois, ou d'une de ces peines seulement... Il n'y a pas de
doute, dit le Semeur de l'Oise (22 mars), que la Chambre volera
les conclusions de sa section centrale.
A propos de cette proposition de loi, M. Harduin, dans le JIa-
ion, du 10 avril, fait les remarques suivantes :
Je ris encore en pensant à la tète d'un bon mufle 'qui voulait t
m'entramer dans un café et auquel j'affirmais que je n'avais ja-
mais bu une goutte d'absinthe ou un apéritif quelconque, et que
je n'entrerais jamais dans un café.
11 me regardait comme un phénomène invraisemblable, et je
devinais la couleur de ses pensées, qui se formulaient ainsi :
« Mais alors, si on ne va pas au café et si on ne boit pas d'absin-
llie, que reste-t-il dans la v ie ,¡ ) »
Ah ! supprimer l'absinthe en France, c'est ça qui serait une af-
faire ! - On a pu supprimer les congrégations, on arrivera sans
doute à supprimer.le budget des cultes et le Concordat ; on sup-
primera bien d'autres choses... Mais loucher à l'absinthe !
\W LHEI M WUNDT ET SA .PSYCHOLOGIE.
Article en l'honneur de la vie, des travaux, de l'oeuvre de
Wundt, et de son influence sur la psychologie et la psychiatrie.
Il est temps, d'après M. Weygandt, d'appliquer à la psychiatrie
les données de la psychologie moderne. La psychologie expéri-
mentale doit avoir partout son laboratoire et son enseignement.
Un laboratoire de psychologie expérimentale doit être annexé à
toute clinique psychiatrique. Voir Progrès médical du 11 avril
1903 (die G7"Ll7tdüge der physiologischen Psychologie von M'undt
190.) P. KERAVAL.
Archives, 2' série, 1905, 1. xix. 30
NECROLOGIE
Le monde médical vient de perdre dans la personne
du D'' Garnier, un des hommes les plus connus elles
plus appréciés du public parisien.
Né le 28 avril 1848, à Chérac (Charente-Inférieure),
GARNIER avait fait toutes ses études médicales à la
Faculté de Paris. Il s'était spécialisé de très honne
heure dans la voie que les circonstances lui tracèrent,
et que ses dons naturels surent utiliser dans la suite, au
profit d'une carrière sans déboires, toute faite de glo-
rieuses étapes et de succès mérités. Tout jeune encore,
et à peine libéré des études classiques et obligatoires, il
se montra friand des choses plus originales de la psy-
LE DOCTEUR PAUL GARNIER
PAUL GARNIER. 407
chiatrie, et fut conduit par la seule curiosilé de son es-
prit vers un maître qui faisait école. En auditeur béné-
vole et en inconnu d'abord, puis en élève remarqué et
apprécié, il alla écouter Magnan, et devint un disciple
de l'Asile clinique. Ce fut là que sa vocation se décida,
et sa carrière ultérieure devait porter l'empreinte, du
berceau. Le jeune aliéniste ne tarda pas à refléter les
tendances du milieu qui l'avait vu naître, et, toute sa
vie durant, il devait conserver une admiration pro-
fonde pour les doctrines scientifiques de l'homme dont
il avait faitson modèle en s'imprégnant de sa manière
professionnelle, de son savoir et de son talent.
C'est en 1 SSG que Paul Garnier pri t la direction de l'I it-
{i1'mel'ie spéciale du dépôt près la Préfecture de police.
Il héritait delalourde succession de Lasègue et de Legrand
du Saulle, après avoir prêté au premier son concours
gratuit, et assisté le second en qualité de médecin adjoint
pendant troisannées. Son sens clinique se trouvait à
l'aise dans ce milieu si riche d'intérêt, oùmédecins et ma-
gistrats se rencontrent chaque jour sur le terrain délicat
de la responsabilité pénale. Servi par un esprit subtil
et délié, autant que par un jugement droit et robuste,
le nouveau titulaire possédait au plus haut degré ces
qualités de souplesse et de plasticité si nécessaires à son
rôle d'investigateur. Mais il y avait en lui autre chose
qu'un homme de métier : il observait en artiste et
il jugeait en penseur. Devant l'intérêt d'un problème
social, en présence d'une de ces mille situations pit-
toresques, au spectacle desquelles il était convié par
la nature même de son ministère, le fonctionnaire
s'effaçait : le médecin scrutait l'aliéné ou le simula-
teur d'un coup d'oeil sûr et rapide, mais au-delà de la
tâche officielle, l'homme s'arrètait encore pour con-
templer avec émotion les drames de la vie.
Le Dr Garnier avait été nommé médecin-inspecteur
des asiles publics d 'aliénés ,et altaché comme médecin-
légiste au parquet de la Seine. Plusieurs de ses expertises
468 . NÉCROLOGIE.
sont restées célèbres, et sa science fit autorité dans plus
d'un procès fameux. On sait qu'il avait été chargé
dernièrement, par la cour de Vienne, d'examiner l'état
mental de la princesse de Cobourg : le rapport n'était
pas encore rédigé quand la mort vint le surprendre.
Tout en s'acquittant de ses services officiels avec un
zèle qui ne se démentait jamais, Paul Garnier fut,
dans le monde de l'aliénation, l'un des producteurs les
plus féconds de notre époque. Nous lui avons entendu
formuler maintes fois son regret de ne pouvoir fixer
toujours au passage les faits si intéressants qu'ilobser-
vait journellement dans son beau service, et dont quel-
ques-uns, faute de temps, restaient perdus pour la
science. Ses travaux sur les maladies mentales sont si
nombreux qu'il serait abusif d'en dire la liste complète.
En 1877, sa carrière d'aliéniste s'annonçait. déjà pleine
de promesses dans sa thèse de doctorat sur Les idées
de grandeur dans le délire des persécutions.
Depuis cette époque il publia différents ouvrages,
dont plusieurs furent couronnés par l'Académie de
médecine et par l'Institut : Des vertiges avec délire
(1883) ; - La folie Ii Paris : étude statistique, clini-
que et médico-légale (1890) ; - Les fétichistes :
pervertis et invertis sexuels (1896) ; -internement
des aliénés : Thérapeutique et Législation (1898) ; -
Traité de thérapeutique des maladies mentales
et nerveuses (1901). Parmi ses publications dans les
périodiques rappelons encore : Hypnotisme et folie
(1886) ; - Délire chronique, psychose systématique
progressive (1886) ; - L'automatisme somnambuli-
que devant les tribunaux (1887) ; - La simulation de
la folie et la loi sur la °élégatioa((1SSS); -Aphasie
et folie (1889) ; -Le suicide à deux (1891) ; ;- La mo-
nomanie homicide (1891); - Ataxie locomotrice et
folie simulée (1896) ; - Le sad¿fétichisme (1900) ; -
L'alitement dans les maladies mentales et nerveuses
(1900) ; -- Séméiologie et traitement des idées de sui-
PAUL GARNIER. 469
cide (1900) ;- Les hystériques accusatrices (1904) ;
- Les amnésies (1905), etc. Paul Garnier prit une
part active à de nombreux congrès, soit en France,
soit à l'étranger, et il y apporta chaque fois des idées
neuves ou des faits nouveaux sur différentes questions
de médecine mentale, de médecine légale et d'anthro-
pologie criminelle : Dégénérescence mentale et simu-,
lation de la folie (1889); La progression corrélative
de la folie alcoolique, et de la paralysie générale(\889);
Le criminel instinctif et les droits de la défense
sociale (1889) ; -La contagion et l'obsession du meur-
tre j1S92) ; - La mentalité de certaines unités com-
posantes des foules criminelles (1892); - Alcoolisme
et criminalité (1900) ; La criminalité juvénile
(1900.), etc. Enfin le docteur Garnier appartenait encore,
comme membre titulaire ou correspondant, à de nom-
breuses sociétés scientifiques : membre de la Société de
médecine légale depuis 1887, il avait été président de
la Société médico-psychologique en 1897. On l'avait
promu en 1893 au grade de chevalier de la Légion
d'honneur.
Il eût été regrettable que la jeunesse médicale fût pri-
vée de l'enseignement spécial d'un tel maitre. Le doc-
teur Garnier fut chargé par la Faculté d'un cours de
médecine légale psychiatrique. Depuis plusieurs années,
ce cours réunissait chaque semaine un nombre toujours
croissant d'étudiants et de médecins, qui se pressaient
en foule et s'entassaient au petit bonheur, les unsassis,
les autres debout, quelques-uns même juchés, dans un
local toujours trop étroit pour les contenir tous. Lacréa-
tion récente de l'Institut médico-légal, en rendant obli-
gatoire l'étude de la psychiatrie pour l'obtention du ti-
tre d'expert, augmentait encore la pléthore, si bien
qu'à l'une des dernières séances, on ne put recevoir
qu'une moitié des personnes inscrites. Le succès du
conférencier n'était pas au-dessus de son mérite : Garnier
était doué de façon merveilleuse pour l'enseignement
470 NÉCROLOGIE.
libre. 11 épargnait à ses auditeurs la discussion fastidieu-
se des problèmes transcendants ou trop incertains, et il
leur épargnait aussi chose plus rare encore l'en-
nui des notions trop élémentaires. Dégagé de tout es-
prit de parti, faisant bon marché d'une nosographie
qu'il-jugeait encore dans l'enfance, il allait de Heur en
fleur, au hasard du jour, en dilettante amoureux de
son art. L'intérêt quasi-dramatique qu'il savait donner
àl'examen public des malades devait attirer les profes-
sionnels autant que les novices, et, pour assister aux le-
çons de choses qu'il présentait sous des couleurs aussi
brillantes que variées, les agrégés eux-mêmes ne crai-
gnaient point de faire galerie. El puis l'on aimait son
humeur enjouée, ses allusions pleines de finesse et ses
saillies toujours spirituelles : c'était un diseur aimable,
et l'on savait qu'en venant l'écouter, on trouverait à se
distraire autant qu'à s'inslruire.
. Peut-on le constater sans quelque surprise : cet
homme qui n'appartenait pas au monde officiel de lafa-
culténides hôpitaux, et qui ne pouvait être, ce qu'on ap-
pelle en langage de cour un « patron », cet homme
trouvait à ses côtés presque journellement quelques-uns
de ses anciens élèves. Ceux-là ne venaient point faire pa-
rade dans un hémicycle, ni se placer en montre aux pre-
miers gradins d'un amphithéâtre, par convenance ou
par intérêt : ils étaient là par curiosité sincère et aflec-
tion vraie ; ils étaient là parce que le maître était un
charmeur doublé d'un ami, et ils n'attendaient de lui
rien autre chose que la conservation de son charme et de
son amitié. - 1
C'est dans la plénitude de sa force, morale et physi-
que que Paul Garnier vient d'achever prématurément
une carrière de gloire, et l'on peut dire de' bonheur.
Ayant négligé de s'engager dans l'ingrate filière qui
conduit'par degrés jusqu'aux échelons supérieurs de
l'aristocratie médicale, il s'était haussé d'un seul coup
et par son seul mérite au hiv('au des maitresdclascien-
PAUL GARNIER. 471
ce. N'ayant jamais souffert de la lutte épuisante des
concours, il avait ignoré les attentes fiévreuses, les
déboires amers. Mais il avait dépensé sa grande énergie
pour un travail moins stérile. 11 avait connu les délices
d'un labeur sans contrainte, et, sans qu'aucune épreuve
arbitraire eut gêné la liberté. de ses efforts, il avait ga-
gné la célébrité en suivant la voie des indépendants.
La mortelle-même s'est montrée clémente, au terme
d'une vie que pas un nuage n'obscurcit, laissant à
l'écart son cortège de souffrances, elle a frappé d'em-
blée son coup décisif. Son oeuvre aussi rapide qu'inat-
tendue n'en est pas moins cruelle pour les amis de no-
tre excellent maître, et l'image du docteur Garnier de-
meure empreinte d'innombrables regrets dans le sou-
venir de ceux qui l'ont connu et apprécié dans la vie.
\ Dr DROMARD.
Mort et obsèques du DI' Paul Garnier
Lorsque, dans la journée du 18 mars dernier, fut
connue la mort inopinée du docteur Paul Garnibr, sur-
venue subitement la veille au soir, il y eut, dans le vas-
te milieu judiciaire, médical et administratif que lui
avaient ouvert sa claire intelligence et ses exceptionnel-
les qualités scientifiques, une explosion générale de sur-
prise, de douloureuse et de, sincère sympathie. Cette
mort, qui attéra les amis du maître disparu, avait un
caractère particulièrement pénible, car par une fatalité
cruelle, la compagne aimée de toute savie, que Garnier
avait quittée quelques jours auparavant en pleine santé,
se trouvait absente de Paris. Il fallut donc attendre son
retour pour prendre les dispositions qu'exigeait la si-
tuation. Mais, dans l'intervalle, amis et élèves se succé-
dèrent auprès du mort bien aimé et firent tour à tour
la veillée des adieux. Ayant su s'attirer des dévouements
réels, Garnier les a retrouvés après sa mort, et ses fu-
nérailles, dont une partie seulement se déroula à Paris, .
ont revêtu un caractère de dignité simple et de tou-
472 NÉCROLOGIE.
chante tristesse. Non seulement les Sociétés scientifi-
ques dont Garnier faisait partie étaient représentées par
des maîtres éminents, mais aussi la Préfecture de Poli-
ce avait tenu à donner un suprême témoignage d'esti-
me et de regrets à celui qu'elle avait eu, pendant tant
d'années, pour collaborateur dévoué dans la direction
si lourde de l'infirmerie spéciale, M. le Préfet a voulu
conduire le deuil. Puis, lorsque fut arrivé le moment de
la définitive séparation ; lorsque le cortège eut atteint
la gare d'Orléans, par laquelle Garnier devait être
emmené sur les bords de la Loire, au lieu de son éter-
nel repos, M. Motet, Président de la Société de Méde-
cine légale de F1"ance,- M. le Professeur Brouardel,
ancien Doyen de la Facultéde médecine, M. Ritti, secré-
taire général de la Société 3,Iédico-Psycliologique, M.
Laurent, secrétaire général de la Préfecture de Police,
au nom de M. Lépine, empêché, et M. Legras, représen-
tant du personnel de l'Infirmerie spéciale, l'ami dé-
voué de vingt années, tous vinrent successivement,
dans un langage élevé- et ému, dire un dernier adieu
à Garnier en faisant connaître son existence, composée
d'un labeur incessant, en mettant en relief son émi-
nente sagacité scientifique, en rappelant tout le dévoue-
ment qu'il apportait dans ses amitiés, et la bonté qu'il
accordait aux déshérités du sort, que ses fonctions
de médecin en chef et d'expert, faisaient quotidienne-
ment passer devant lui. Garnier n'a pas eu la douleur
d'assisteràson amoindrissement physique, à sa propre
déchéance, incident souvent ultime de la maladie. Il a
été frappé debout, comme par un coup de foudre : il a
passé de vie à trépas sans s'en apercevoir. Et si cette
constatation peut être un adoucissement à leur afflic-
tion, ses amis ont eu en même temps la satisfaction at-
tendrie de voir les plus humbles parmi ses anciens ma-
lades joindre le témoignage de leurs regrets à celui des
hautes personnalités qui ont entouré ses funérailles.
Aussi, ceux qui ont affectionné celui qui n'est plus ont
PAUL GARNIER. 413 3
estimé digne de Garnier de perpétuer son souvenir, en
recueillant les discours prononcés autour de son cer-
cueil, afin d'en faire hommage à l'épouse dont l'affection
illimitée l'avait toujours encouragé et aidé à supporter
les déconvenues de la vie.
Discours de M. Motet, président de la Société de
Médecine légale de France.
Messieurs,
Au nom delà Société de Médecine légale de France, je
saluele Collègue profondément regretté que la mort vient
de nous enlever d'une manière si brusque, si imprévue .
Garnier disparaît en pleine activité, en plein travail,
laissant inachevées des oeuvres dans lesquelles il se pro-
posait de faire connaître les résultats de sa pratique mé-
dico-légale singulièrement instructive. Hélas ! c'est le
sort de ces travaux, tous personnels, de ces documents
patiemment amassés pour être utilisés un jour par l'es-
prit qui les avait classés, de ne pouvoir plus donner tout
ce que nous étions en droit d'en attendre.
Nos regrets sont d'autant plus amers que nous savons
mieux quel fut le prodigieux effort de Garnier. Depuis
plus de 25 ans, il a été le travailleur infatigable qui s'é-
lève, échelon par échelon, à la haute situation à laquelle
il était arrivé. A l'Ecole de Lasègue, il avait pris des ha-
bitudes d'observation sévère, et il avait reçu de ce maî-
tre incomparable desleçons qui restèrent le guide le plus
sur de sa carrière de Médecin légiste. Il s'en souvenait
avec reconnaissance ; c'est à elles qu'il a dû la maturité
de son jugement et la sûreté de ses appréciations dans
les délicates et difficiles expertises qui lui furent con-
fiées. -
Mais aussi, Messieurs, combien lui furent utiles les en-
seignements de cette admirable clinique qu'est l'Infirme-
rie spéciale du dépôt de la Préfecture de Police.Voir cha-
que jour passer devant soi des aliénés atteints des for-
mes aiguës ou chroniques des maladies mentales sous
leurs aspects les plus variés, se trouver aux prises avec
les difficultés d'un diagnostic que, souvent, bien peu de
474 NÉCROLOGIE.
renseignements éclairent. C'est là une tâche d'autant
plus redoutable, d'autant -plus ardue, qu'il y a une déci-
sion à prendre,une mesure grave à indiquer et dont l'op-
portunité est parfois discutée avec plus de passion et de
parti pris qu'avec la juste appréciation des intérêts d'un
malade souvent dangereux, incapable de jouir sagement
- ilc la liberté qu'il réclame ou qu'on réclame pour lui.
Garnier, médecin en chef de cet important service depuis
1880, a rempli ses fonctions avec un tact, une prudence,
une sagacité qui justifiaient la confiance que l'adminis-
tration avait, en ses lumières et dans la sûreté de ses ju-
gements.
Il apportait le même soin dans ses expertises médico-
légales, et les magistrats accueillaient ses avis avec une
faveur méritée. Le nombre de ses rapports es considérable;
ils sont remarquables par la précision avec laquelle il étu-,
diait le malade, les faits, et par la clarté qu'il savait met-
tre dans ses conclusions. Ce furent ces qualités qui le si-
gnalèrent à votre choix, lorsqu'on 18871l posa sa candida-
ture à la Société de Médecine légale de France. Il nous
communiqua de nombreux travaux, il prit à nos discus-
sions une part des plus actives, et se distingua dans les
Commissions par son esprit très ouvert, par son juge-
ment très sûr, mûri d'ailleurs par une vaste expérience.
Il fut pour nous le collègue le plus utile, et aussi le plus
estimé. Nous pouvions attendre bcaucoup encore de lui,
dont l'oeuvre était déjà considérable. Nous nous souve-
nons de l'honneur que nous apportaient ses succès dans
les Congrès scientifiques, aussi bien chez nous qu'à l'é-
tranger. Les questions qu'il y traita eurent parfois une
haute portée sociale, qu'il s'agît de l'alcoolisme, des ler-
versions morales, de la criminalité juvénile, ou dcla légis-
lation sur les aliénés.
Aussi, Messieurs, est-ce avec un sentiment de profonde
tristesse que la Société de Médecine légale de France ap-
porte à cet homme laborieux le témoignage de l'estime
en laquelle le tenaient tous ses Collègues, l'expression
sincèrement émue de ses regrets.
Elle adresse à i\Iadamé Garnier ses plus rcspectueuses
condoléances, cl elle la priedc lui permettrc de s'associer .
à sa douleur.
PAUL GARNIER. 475
Discours de M. le professeur Brouardel.
Messieurs,
Au nom de l'Institut de médecine légale et de psychia-
trie, j'adresse au Dr Paul Garnier un dernier adieu. La
mort, en nous enlevant Garnier, n'a pas seulement ravi
au foyer conjugal et à ses amis un homme excellent, elle
a, par un coup imprévu, privé l'Institut médico-légal d'un
éminent collaborateur.
Pendant plus de vingt ans, le D'Paul Garnier a occupé,
comme médecin en chef de l'Infirmerie spéciale du
Dépôt de la Préfecture de Police, une place à laquelle le
prédestinaient les qualités de son esprit et de son carac-
tère, la finesse et la distinction de son intelligence, la
prudence et la sûreté de son jugement. Grâce à ces méri
tes si rarement réunis, grâce à sa bonté, à son aménité,
Paul Garnier a rempli pendant une vingtaine d'années la
mission la plus délicate qu'un médecin puisse assumer.
11 a réalisé ce prodige de traverser toutes les difficultés,
de résoudre quotidiennement tous les problèmes, sans
qu'on puisse relever une faute ou une erreur au cours de
sa belle carrière.
Paul Garnier, Messieurs, était vraiment l'homme de la
situation qu'il occupait, et, en lui,la fonction avait trouvé
son organe. Aussi avait-il conquis depuis longtemps, en
médecine légale psychiatrique, une autorité et une répu-
tation européennes. Sans rappeler les titres scientifiques
de Paul Garnier, je puis dire que, par l'ensemble de ses
travaux sur les folies urbaines, l'alcoolisme, la crimina-
lité, les perversions sexuelles. Garnier s'est montré le
digne successeur des maîtres qui l'avaient précédé, Lasè-
gue et Lcgrand du Saulle.
Depuis quelques années, grâce il un accord établi entre
la Faculté de médecine et la Préfecture de Police, Paul
Garnier avait ouvert à un auditoire de docteurs et d'étu-
diants les portes de son service et avait fait bénéficier
l'enseignement des richesses d'observations que renfer-
me le foyer de l'Infirmerie spéciale. Lorsque fut créé
l'Institut de médecine légale, le maître, l'organisation,
étaient prêts.
476 NÉCROLOGIE.
Ce que fut l'enseignement de Paul Garnier, je ne le rap-
pellerai pas aux élèves qui m'entourent; hier encore, vous
l'écoutiez et entendiez la parole de ce médecin, qui avait
dans son langage l'élégance d'un lettré etla précision d'un
juriste. -
La mort a fermé cette bouche d'un coup brutal, au mo-
` ment où nous comptions faire profiter les j eunes docteurs
de cette expérience si longuement acquise. La mort a été
cruelle pour nous ; elle a été clémente pour lui, elle lui a
épargné la souffrance.
Messieurs, l'Institut médico-légal conservera précieu-
sement la mémoire d'un homme qui possédait à un si haut
degré les qualités de l'aliéniste et du médecin légiste. Il
survivra dans la mémoire de ses élèves ; ainsi se conti-
nuera l'oeuvre d'éducation à laquelle il avait donné toute
son ardeur.
Madame, au nom de l'Institut médico-légal en deuil,
veuillez accepter l'hommage de notre profonde sympathie
et de notre reconnaissance pour celui que nous pleurons
avec vous. ,
Discours de M. Ant. Ritti au nom de la Société
Médiéo-psychologique.
C'est avec une véritable stupéfaction que nous avons
appris la nouvelle de la mort soudaine de notre savant et
estimé collègue, Nous ne voulions pas y croire ; cependant
il fallut bien se rendre à l'évidence : cette belle intelli-
gence,toujours en éveil, s'était éteinte subitement, comme
par un coup de foudre, alors que sa tâche était loin d'être
terminée, que l'heure du repos n'avait pas encore sonné.
La Société médico-psychologique, dont je suis ici l'in-
terprète désolé, perd en Paul Garnier un de ses membres
les plus distingués, un de ceux qui lui font le plus d'hon-
neur par l'étendue de ses connaissances, l'aménité de son
caractère, l'honorabilité de sa vie, et surtout par l'idée
très élevée qu'il s'était faite de ses devoirs profession-
nels.
Elu membre titulaire de notre compagnie en juillet
1881, sous les auspices de maîtres tels que le professeur
Lasègue, les Drs Legrand du Saulle et Magnan, il fut ap-
PAUL GARNIER. 477
pelé, quelques mois après, aux délicates fonctions de se-
crétaire chargé de la rédaction des comptes rendus des
séances. Avec quel dévouement, quelle conscience, quelle
exactitude, il remplit cette tâche difficile, on peut s'en
rendre compte en consultant les nombreux procès-ver-
baux qu'il rédigea pendant plus de dix ans, alternative-
ment avec notre excellent collègue, le D'' Charpentier.
Sous sa plume facile, nos discussions, parfois un peu con-
fuses, gagnaient en précision et en élégance, sans rien
perdre de leur vérité.
La Société médico-psychologique, reconnaissante des
services rendus par son zélé secrétaire des séances, l'ap-
pela, en 1897, à présider ses travaux. Nous n'avons pas
oublié le discours que Paul Garnier prononça en prenant
possession du fauteuil présidentiel. Nous l'y trouvons
tout entier, avec ce tact et cette mesure qui le caractéri-
saient, avec cet ardent amour du progrès, ce souci cons-
tant du mieux, dont il avait la préoccupation. Il ne crai-
gnait pas les discussions « un peu vives, ardentes même »,
il les désirait, au contraire, parce qu'elles appellent, di-
sait-il, « d'une séance à l'autre, ces répliques où les es-
prits peuvent s'échauffer parfois, se passionner quelque
peu, mais où la vérité scientifique finit, en dernière ana-
lyse, par se faire jour, pour projeter une clarté nouvelle
sur les recherches qui nous sont chères.» Noire président
avait raison : les discussions passionnées ne sont pas il
redouter, car de leur choc naît la lumière ; mais il savait
intervenir à propos lorsque, dans la chaleur du débat,on
abandonnait le terrain delà science pour s'aventurer sur
celui des personnalités : avec un tact exquis et un tour de
main d'une rare habileté, il ramenait à la question sans
qu'il y eût de part ni d'autre aucun froissement.
Les nombreuses discussions auxquelles prit part notre
regretté collègue sont encore présentes à votre esprit.
Nous ne saurions oublier qu'il provoqua, par des rapports
d'une clarté parfaite, les remarquables débats sur le dé-
lire chronique, sur la classification des maladies menta-
les, sur les signes physiques, intellectuels et moraux des
folies héréditaires; sur d'autres points encore de la mé-
decine mentale qu'il serait trop long d'énumérer. Ja-
mais il ne prenait la parole que pour faire des observa-
478 NÉCROLOGIE.
lions frappées au coin du bon sens, résultant d'une con-
naissance approfondie des malades. " ,
Paul Garnier était, en effet, un clinicien d'une rare sa-
gacité; ses qualités naturelles d'observateur, il les avait
développées au contact de maîtres éminents. Auprès de
-Lasègue, de Legrand dû Saulle et de M. Magnan,il acquit
cette sûreté et cette rapidité de coup d'oeil, si nécessaire
dans les fonctions difficiles et délicates qu'il était appelé
à occuper et qu'il remplit pendant près de vingt ans à la
satisfaction générale.
Ces fonctions de médecin en chef de l'Infirmerie spé-
ciale de Dépôt de la Préfecture de police, celles de méde-
cin expert près les tribunaux, les unes et les autres très
absorbantes, ne permettaient plus que très rarement,
dans ces derniers temps, à notre collègue d'assister à nos
séances ; nous le regrettions. Son concours nous était
précieux; on faisait volontiers appel il son savoir étendu,
à sa vaste expérience.
L'oeuvre scientifique de Paul Garnier est considéra-
ble. Depuis l'année 1877, où il soutint sa thèse si remarquée
sur les idées de grandeur dans le délire de persécution, il
n'a cessé d'apporter d'importantes contributions à la
connaissance des divcrscs formes de la folie. Est-il né-
cessaire de rappeler ici son savant mémoire sur les
vertiges avec délire, qui fut couronné par l'Académie
de médecine ; ses recherches sur la coexistence d'un
double délire chez le même sujet; son mémoire sur l'a-
phasie et la folie ? Mais c'est surtout dans le champ delà
médecine légale qu'il a abondamment moissonné. Tous.
nous lisions avec le plus vif intérêt les importants travaux
que lui inspiraient ses nombreuses expertises médico-lé-
gales, et nous en tirions de sérieux profits. Nous savions.
en effet, avec quelle intelligence clinique, avec quel souci
de la vérité, il examinait les malheureux dont le sort était
en quelque sorte remis entre ses mains. C'est qu'il avait
la conscience nette et profonde de l'immense responsabi-
lité qui incombe au médecin-expert en aliénation menta-
le ; son rôle, plein de périls et de difficultés, exige, pour
être rempli dignement, une grande expérience et beau-
coup de circonspcction,
Ces qualités, nous les constatons dans tous les travaux
PAUL GARNIER. 479
de médecine légale publiés par notre savant collègue. On
nous permettra. toutefois, de signaler d'une façon spé-
ciale son mémoire siprudcnt et si pondéré sur l'automa-
tisme somnambulique devant les tribunaux ; celui,'si ins-
tructif et qui fut très goûté, sur la simulation de la folie
et la loi sur la relégation ; son livre, si suggestif, sur les
fétichistes pervertis et invertis sexuels, qui fut couronné
par l'Académie de médecine; enfin, son remarquable rap-
port sur les perversions sexuelles obsédantes et impulsi-
ves au point de vue médico-légal. Ce rapport, dont il fut
chargé pour la section de Psychiatrie du Congrès inter-
national de médecine de 1900, obtint le plus légitime suc-
cès ; ses conclusions furent unanimement approuvées par
les nombreux médecins aliénistes français et étrangers,
venus à Paris pour assister à cette grande réunion scien-
tifique.
L'étude de la folie ne saurait se cantonner dans l'exclu-
sif examen clinique ou médico-légal de l'aliéné ; elle sou-
lève trop de problèmes sociaux et prophylactiques dont
la solution s'impose aux constantes méditations du
médecin aliénistc. Paul Garnier n'a pas hésité à abor-
der les plus importants d'entre eux : les ouvrages qu'il
leur a consacrés méritent une place d'honneur dans notre
littérature spéciale, pour la clarté et l'agrément du style
comme pour la richesse de la documentation,pour l'éléva-
tion des idées, autant que pour le grand sens pratique qui
s'y révèle.
Son livre, la Folie à Paris, restera. Il nous montre, à
l'aide de statistiques exactes et prises à bonne source, la
terrible maladie devenant, d'année en année, plus enva-
hissante, par suite. surtout, du développement de l'al-
coolisme. En atten c le jour où l'on se décidera, pour
diminuer le mal quer les moyens prophylactiques
que le médecir e connaît bien, mais qu'il n'est
pas en son p 1 .pliquer, il ne saurait mieux faire
que de reche. soin les procédés thérapeutiques
les mcillciirr orer le sort des malheureux con-
fiés à ses soi . édés, Paul Garnier les a étudiés
excellemme ouvrage sur l'internement des
aliénés, et d .té de thérapeutique des maladies
mentales et ms l'un comme dans l'autre de
4S0 " NÉCROLOGIE;
ces deux volumes, se trouve toujours la note juste, si bien
exprimée dans ces quelques lignes : « Les illusions thé-
rapeutiques sont non moins dangereuses que ce scepti.
cisme décourageant qui, en médisant trop du présent et
de ses incertitudes, tend à stériliser l'avenir. Si la part de
bien que peut réaliser le médecin est trop restreinte en-
core pour que tout enthousiasme ne lui soit pas interdit,
elle est pourtant assez importante -pour l'encourager et
lui inspirer une foi profonde en l'utilité de sa mission. »
L'idée si élevée qu'il s'était ainsi faite du rôle du méde-
cin, notre collègue s'est appliqué à la réaliser. Il appor-
tait dans l'accomplissement de ses fonctions tout son
zèle, mais aussi tout son coeur. Bon et affable à tous, il
dépensait le meilleur de lui-même pour les infortunés si
nombreux qui, tous les jours, étaient soumis à son exa-
men.
Toutes ces belles qualités qui avaient gagné à notre
collègue, notre estimé et notre affection, furent anéanties
en un clin d'a : il ; l'inexorable mort l'enlevait' brusque-
ment, en pleine force, en pleine activité intellectuelle, à
l'âge où lui étaient encore permis « les longs espoirs et
les vastes pensées ».
Au nom de la Société médico-psychologique que vous
avez honorée par vos travaux et par votre existence si
digne et si bien remplie, je vous adresse, cher collègue,
les suprêmes adieux. Puissent ces témoignages d'affec-
tueuse sympathie porter quelque adoucissement à la dou-
leur déchirante de la compagne de notre vie, à son amer
regret de n'avoir pu recevoir avec votre dernier regard
un dernier adieu.. , ,
Discours de M. Legras, premier Médecin-adjoint de
. l'Infirmerie spéciale.
' , \
Cher Maître, , ,
Au moment de votre départ poui 'il., où vous allez
dormir votre dernier sommeil, pi,è-, e ·ords de la Loire
dormir votre dernier sommeil, près <j \'01' de la Loire
dont les méandres majestueux vouj lugeaient dans
un ravissement jamais assouvi, au r¡ , , personnel de
l'Infirmerie spéciale, je vous appm'1 : ession de ses
douloureux sentiments en témoi ? ? son attache-
PAUL GARNIER. 481
ment et de sa tristesse ; et pour mapart, qu'il me soit per-
mis d'exprimer toute l'affliction que j'éprouve à la suite
du brutal évanouissement d'une collaboration qui date
de près de vingt années, et au cours de laquelle je n'ai
jamais senti la main du chef incontesté, tandis qu'au
contraire, j'ai reçu de vous dans nombre de circonstances,
quelquefois pénibles, des preuves d'une amitié cordiale
dont je garde une inaltérable reconnaissance.
Cruelle ironie du Destin ! c'est alors que Garnier com-
mençait à recueillir le fruit des luttes laborieuses et dif-
ficiles soutenues avec une inlassable persévérance et une
habile diplomatie, afin de mettre en lumière les richesses
scientifiques qui journellement passent par l'Infirmerie
spéciale ; c'est alors qu'il voyait ses leçons accompagnées
d'un légitime succès, que la maladie éclatant, comme un ,
coup de foudre, l'a terrassé pour toujours.
Garnier avait une intelligence très vive et très ouverte,
faite de clarté. Il avait rencontré au début da sa carrière
médicale, à Paris, deux maître illustres : Magnan et Las-
bègue dont il fut d'abord l'élève et dont il devint 1 ami
dévoué. C'est sous leur direction qu'il apprit à n'accep-
ter que les faits confirmés par la clinique. Comme il le
répétait sans cesse à ses auditeurs de l'Infirmerie spé-
ciale : « En médecine il faut toujours en revenir à la clini-
que qui seule juge les théories », et c'est imbu de ce prin-
cipe salutaire que Garnier, pendant les Congrès scientifi-
ques, descendait dans la lice, et sortait vainqucur des
tournois qui s'y livraient. Il était doué (L'un flair médical
qui lui permettait de surmonter les difficultés d'un dia-
gnostic en apparence irréalisable. Il fallait le voir à l'In-
firmerie spéciale pendant sa visite quotidienne, lorsqu'il
se trouvait en présence d'un de ces cas obscurs qui y
abondent. 11 fallait voir avec quelle dextérité clinique,
il savait écarter les broussailles qui encombraient le che-
min à parcourir, atteindre au but visé, et résumer alors
dans une formule concise, composée par deux mots asso-
ciés, ou bien dans un néologisme heureux toute la carac-
téristique de la maladie.
Et pourtant, malgré sa longue et profonde habitude de
la clientèle qui fréquente l'Infirmerie spéciale, Garnier
était contraint parfois de reconnaître qu'il lui était impos-
, AnCII1\'T : O, 2- série, 1. XIX. 31
482 NÉCROLOGIE. '
sible de solutionner tel problème médical que le hasard
avait fait surgir devant lui.. > '. "*« ?
C'est qu'à cette Infirmerie qui est comme le Pandcmo-
nium des misères humaines et des turpitudes sociales,
réelles ou feintes, la pratique de la médecine y revêt une
allure toute particulière qui n'existe que là, qui ne s'impro-
vise pas, et qui exige un long apprentissage. C'est ce que
n'ignorent pas ceux qui suivaient les visites de Garnier.
Le malade s'y présente sous un aspect vierge de toute in-
Quence étrangère quelle qu'elle soit : il se laisse voir dans
toute sa magnificence morbide, et observé aujourd'hui à
l'Infirmerie spéciale, il apparaîtra le lendemain sous un
aspect tout différent dans l'établissement hospitalier qui
l'aura accueilli. C'est ce qu'a exprimé, sous une forme
pittoresque, un des maîtres les plus affectionnés de Gar-
nier, en disant : « A l'Infirmerie spéciale les malades y
arrivent tout chauds. » Mais celle-ci ne reçoit pas unique-
ment des individualités déchues mentalement ; on y
amène aussi journellement des personnes qui ont subi
seulement une secousse morale à répercussion éphémère,
et pour lesquelles quelques consolations opportunément
données leur apportent du réconfort et les ragaillardis-
sent en les relevant à leurs propres yeux. C'est pourquoi
à l'Infirmerie spéciale, le médecin doit pouvoir sortir de
son rôle habituel, et se doubler à l'occasion d'un psycho-
logue et d'une indulgente compassion.
Garnier possédait à un haut degré cette précieuse fa-
culté, sachant être tour à tour fin clinicien, psychologue
perspicace, et obéir aux lois de l'humanité.
A l'Infirmerie spéciale, cher maître, vous ne dispa-
raissez pas complètement ; il y reste quelque chose de
vous et de votre esprit ; vous vous y survivez, car vos suc-
cesseurs se heurteront à des difficultés cliniques qui vous
feront apparaître à leurs yeux,qui évoqueront votre sou-
venir, et celui-ci,entouré d'une auréole bienfaisante, pla-
nera toujours dans cette Infirmerie spéciale que vous
avez tant aimée.
Au revoir, cher maître, dans ce monde inconnu où,
commel'adit le poète, pour toujours nous nous réunis-
sons.
PAUL GARNIER. 483
J ? P'... ·
Allocution de M. E. Laurent, secrétaire générai de la
,.e,t ? i Préfecture de police.
.. .i.4 . ? ,
... - . ' - . , .
...<». t - Mesdames,
>, . · -i 112essieurs, .
Après l'hommage des maîtres et des collaborateurs,
vous attendez l'acte de reconnaissance que je viens rem-
'plir aû nom de M. le Préfet de Police qui n'a pu, à son
grand regret, accompagner jusqu'à ce moment le cortège
funèbre et qui m'a délégué l'honneur d'adresser son salut
ému à la dépouille mortelle deM. le docteur Paul Garnier,
médecin en chef de l'Infirmerie spéciale du Dépôt, et de
répéter que, pendant vingt-deux années d'un labeur inin-
terrompu, son regretté collaborateur a mis toute sa cons-
cience, toute son âme et toute la bonté de son coeur, à
exercer la mission protectrice et secourable dont il avait
assumé la lourde charge.
Premier médecin adjoint de l'Infirmerie du Dépôt en
1883, après de laborieuses suppléances, médecin en chef
de ce grand service depuis le 17 juillet 1886, M. le
Docteur Paul Garnier s'est inspiré des enseignements des
anciens chefs, M. le docteur Lassègue et M. le docteur
Legrand du Saulle, dont le souvenir est resté si vivant,
pour continuer leur oeuvre et mériter d'être proclamé
véritablement leur successeur. Il s'enorgueillissait à
juste titre d'avoir été appelé à occuper une place qu'ils
avaient faite si grande : « N'est-ce pas à eux, écrivait-il,
le jour de sa nomination, que je dois attribuer la faveur
dont je suis aujourd'hui l'objet, et ne convient-il pas que
jela considère comme un hommage de plus rendu à leur
mémoire ? »
Nous aimions à le suivre dans toute l'activité de sa
tâche, l'attention toujours en éveil, la physionomie éclai-
rée le plus souvent d'un sourire, sans doute pour corri-
ger ou dissimuler plus d'une tristesse, l'oeil toujours vigi-
lant et exercé à déchiffrer les plus douloureuses énigmes.
Il possédait bien toute la science qui discerne et il sa-
vait à un haut degré, dans la précision de son diagnos-
tic, émettre avec certitude- des avis que le Préfet de
f
484 NÉCROLOGIE.
Police accueillait avec une confiance que nul incident
n'est venu ébranler pendant une aussi longue période
d'années. '
La liste est longue des pauvres malades les plus in-
téressants de tous parce qu'ils sont le plus souvent sans
défense, qu'il faut conduire il l'Infirmerie spéciale.
Ils y trouvent une protection tulélaire : placés en obser-
vation, à distance de l'Asile vers lequel ils ne seront
dirigés que si, après un examen de quelques heures ou
de quelques jours, ils sont reconnus aliénés et dangc-
reux, ils trouvent dans le médecin en chef et dans ses
adjoints, secondés par des internes et par un personnel
dévoués, l'aide et l'assistance dont ils ont besoin pour
franchir cette étape décisive. Le Préfet de Police, sur l'a-
vis de M. le docteur Paul Garnier, a rendu annuellement
vingt, sur cent, de ces malheureux à leur famille ; la
charité de l'excellent docteur savait trouver les paroles
d'espoir qu'il faut dire.pourpersuadcr à ceux qui devaient
partir vers l'Asile, que l'épreuve ne serait pas longue
et que les meilleurs soins viendraient promptement à
bout des pires souffrances. ,
Il laisse de nombreux élèves qu'il s'attachait par une
extrême bienveillance aussi bien que par la sûreté et
l'intérêt de son enseignement, et qui s'inspireront de sa
méthode d'observation.
Ainsi s'accomplissait dans la régularité d'une action
- attentive aux plus chers intérêts des familles et de la
Société, l'oeuvre d'un chef de service qui est, pour le Pré-
fet de Police, le collaborateur dont les avis ont les plus
décisives conséquences. Sa tâche était délicate entre
toutes ; il l'assumait avec l'autorité de son savoir, affir-
mant résolument et démontrant avec l'expérience de sa
pratique consciencieuse que la loi de 1838 a bien fait
de confier à l'autorité administrative, qu'il appelait l'au-
torité responsable, la mesure de l'internement, sous le
contrôle judiciaire. « Ce n'est pas une loi à détruire,
écrivait-il ; c'est une loi il compléter », et il la mon-
trait protectrice de l'intérêt public dans son applica-
tion que l'action administrative fait prompte, sou-
cieuse de l'intérêt privé dans le contrôle qu'elle
confie incessant à la Justice en l'investissant du de-
JOHN SIBBALD. 485 5
voir d'examiner d'office chaque internement et de se
prononcer sans délai sur les- recours qui émanent, à
quelque époque .que ce soit, de toute personne placée
ou retenue dans un établissement d'aliénés, ou de tout
parent' ou ami qui prend ses fait et cause. 1
La responsabilité qui résultait de la sanction donnée
àses'avis, le Chef chargé de statuer, l'acceptait délibé-
rément, dans ces heures si souvent troublantes où il' faut
mettre en balance la crainte d'un danger pour la Société
et le souci de prescrire d'office l'internement d'un ma-
lade : c'est que PI..le Docteur Garnier savait faire
la part de toutes les considérations qui font la sauve-
garde de la Société aussi bien que du malheureux dont
le sort lui était momentanément confié, et que l'on ne
pouvait mettre en doute ni la sûreté de son observation,
ni ses sentiments de compassion pour les misères dont
il avait à sonder les origines et les conséquences.
Aux souvenirs que j'invoque, vous sentez toute la vi-
vacité 1 de nos regrets et de notre peine. Je les exprime
respectueusement à celle qu'il laisse atterrée d'un mal-
heur si brusque. Ils sont la cordiale attestation de tout
le mérite d'une existence qui a été consacrée au travail
et à,l'accomplissement du devoir professionnel. Notre
hommage se confond avec notre émotion ; je la
ressens profonde en saluant une dernière fois, au nom de
M. le Préfet de Police, ce cercueil qui va si tristement
partir vers une tombe qui sera bien loin de nous.
JOHN SIBBALD.
Nous apprenons la mort de sir John SIBBALD., à l'âge de 72 ans,
inspecteur général de l'assistance en Ecosse. Mis en retraite à
cause de son âge, en 1889, après vingt et un ans de service, sir
John était resté très actif, s'adonnant aux travaux scientifiques. Il
y a quelques mois, sir John Sibbald a contracté une maladie
grave du larynx, il était un des premiers à constater qu'il n'y
avait pas d'espoir de guérison. Jusqu'aux derniers moments, il a
consené toutes ses facultés mentales, s'intéressant à tout ce à
quoi il a pieusement consacré sa vie de labeur. Il y a quelques
semaines, il pouvait encore sortir dehors, mais tout dernière-
ment il a été obligé de garder la chambre ; il est mort paisible-
ment hier malin.
48û' nécrologie.
\é il. Edimbourg en 1833, il a reçu l'instruction des plus com-
plètes à Mercheston Castle School et à. l'Université d'Edimbourg,
ayant pris son doctorat en médecine en 1854. Etant étudiant, il
a été président de la Société Royale de médecine. Il a été le pre-
mier médecin de l'hôpital de PerLh ayant fait l'expérience de la
médecine générale privée, ayant étudié dans les meilleurs hôpi-
taux, auprès de maîtres de Paris. ' ' z
Si). John Sibbald a écrit beaucoup dans le Journal TVMZ<M-
cet. 11 s'est consacré il l'étude de la médecine mentale par in-
clination naturelle, et pendant plusieurs années il a été médecin-
adjoint à Morningside. 11 a été ensuite à Berlin étudier auprès du
professeur de grande autorité, Griesinger. duquel il a reçu les
idées directrices qu'il a conservées toute sa vie : à savoir que les
maladies mentales font partie des maladies générales du système
nerveux, et, par conséquent, ne peinent pas être traitées en
dehors de celles-là. En 1862, il est nommé médecin en chef de
Argyll Asylum, et c'est là que si ! ' John a adapté ses idées avan-
cées. 1 ·
11 a été le premier il. abolir l'emploi des Airing courts, de petits
endroits étroits avec de grands murs où l'on renfermait les
malades pour la plus grande partie de la journée. Tous les asiles
d'Ecosse ont suivi cet exemple ; l'Angleterre entière a adopté en-
suite ce sage principe. Le résultat de cette suppression étaitl'amé-
lioration de la santé physique des aliénés, qui ne souffrent plus
tant de la tuberculose et sont plus faciles à garder. Sir John Sib-
bald a lutté aussi pour l'occupation des malades par le travail
dans l'asile.
En 1870, il a été nommé Deputy commissioner in Lunac y et
en 1878. En cette qualité, il avait une grande expé-
rience du traitement familial des malades tranquilles et doux,
aliénés ou imbéciles, organisé par sir Arthur Mitchell. '
Un de ses traits frappants, c'étaitles façons extraordinairement
consciencieuses et profondes avec lesquelles il s'acquittait de ses
devoirs. Ayant succédé à sir James (Vive, en qualité d'inspec-
teur général, il a usé de tout son pouvoir et do son influence en
faveur du progrès dans l'amélioration de la situation des alié-
nés. Par sa douce et persistante ténacité, il a acquis un grand as-
cendant parmi les médecins et comités des asiles d'Ecosse et des
Boyards of Lunacy.
Tout ce qu'écrivait sir John jouissait d'une grande considéra-
lion, ayant une valeur indiscutable. Son petit travail : « Insanily
in ils public aspects », était le résultat de sa grande expérience de
commissioner et de médecin d'asile. Il a été rédacteur cons-
ciencieux du Journal of' mental Science. Son travail, présenté il
la Société Royale de statistique, sur les suicides en Angleterre et
en Ecosse, a jeté une nouvelle lumière sur ce sujet et a attiré
JOHN SIBBALD. 487
depuis une grande attention. Sir .Ioltn attaquait l'opinion courante
que les suicides augmentaient. Son explication des statistiques
récentes semblait prouver que l'accroissement des.suicides était
inventé et suggéré. En 1877, il puhliait ses travaux dans les
«Morison Lectures of lnsanity au Royal collège des médecins ;
ses travaux comprenaient les instructions cliniques sur l'aliéna-
tion mentale, Ghcelat Cottages asylums, Lunacy administration
à Berlin et en Ecosse, et les Plans d'un asile moderne. .
Il meurt sans avoireu la satisfaction d'inaugurer l'asile-village
d'Aberdeen, établissement qui fut son oewre et représente le
type le plus nouveau du genre. Sir John avait participé person-
nellement au développement de l'Assistance familiale française
pour les aliénés. 11 était venu passer à Dun-sur-Auron, auprès
du DrA. Marie, plusieurs semaines pour suivre les créations nou-
velles du département de la Seine. Personnellement lié avec le
])' Doucbereau, qu'il avait reçu en Ecosse avec Foville et la Com-
mission sénatoriale, il a\ait guidé a\ec une amabilité inoubliable
les missions françaises successives qui étudièrent la colonisation
familiale écossaise.
C'est ainsi qu'il reçut le D" A. Marie, de Villejuif, en 1890 ; la
commission du Conseil général et le Dr Toulouse en 1803. Orga-
nisateur des congrès d'assistance familiale, il présida une partie
des séances de 1 ! )01, tenues au Musée social. 11 a créé, avec
MM. Clouston, Mac Pherson et Catty Tuke, le premier service
ouvert d'hôpital pour maladies moniales à l'Infirmerie Royale
d'Edimbourg. /
Le troisième Congrès d'assistance familiale d'Edimbourg, en
septembre 1 ! )0 ? réunit une dernière fois, sous sa présidence, les
adeptes de son idée venus des principaux pays d'Europe.
Sir John Sibbald était bon et courtois avec tous ceux qui l'ap-
prochaient ; il était toujours prêt à aider de ses conseils et de
son appui les jeunes camarades de sa profession. 11 était le grand
fa\ori du monde, médical d'Edimbourg et de toute l'Ecosse. Il a
supporté les épreuves de sa dernière et douloureuse maladie avec
son courage et son humeur habituels, qui ne se démentirent ja-
mais durant sa ,il'. Sa mort est une perle cruelle pour les psy-
chiatres d'Ecosse. Si)' John laisse sa femme, Lady Sibbald, deux
lils et cinq filles. Nous leurs adressons nos douloureuses condo-
léances. Dr Kreeman.
Asiles d'Aliénés. Par dércet du Président de la République
en date du 9 avril 1\)0;) : « Les M'l'rets (les 16 août 1S74,
Il août 1838 et 17 mars 1890 sont déclarés applicables au\
asiles publics d'aliénés de Maison-Blanche et de r()is('l1{' (Seine-
et-(lise). »
CORRESPONDANCE
Personnel médical des asiles : Les médecins adjoints.
- Cher Maître, ' - ' ? .
Je -sous remercie d'avoir bien voulu tenir compte de Ilion opi-
nion dans votre rapport sur les médecins dans les asiles. '
J'ai su par M. Lande que le Conseil supérieur de l'A. P. semblait
disposé à vous suivre dans la voie de l'utilisation des médecins-
adjoints. J'ignore, par contre, le résultat final des délibérations
et je vous serai reconnaissant de me le communiquer afin que
j'en puisse faire, tl'ores et déjà, mon profil. ·
Faudra-t-i), comme le souhaite la IVe Section, ne donner aux
médecins-adjoints que des services de chroniques dans lesquels
ils ne seront même pas les maîtres ? Je ne vois pas bien le profit
de cette répartition. A de jeunes médecins actifs, il faut donner,
selon moi, des malades neufs, dont l'obsenation et le traitement
les intéressera plus vivement. Voyez ce qui se passe dans les hô-
pitaux. Les ser\ices d'incurables que je connais, quand ils sont
-usités par des chefs de service consciencieux, ne le sont que
deux fois la semaine. Ne craignez- vous pas d'immobiliser les nlé-
decins-adjoints en voulant les utiliser ? ' ?
Ce n'est pas que les services de chroniques manquent d'intérêt.
Je m'y arrête pour ma part très volontiers et longuement.
Je m'instruis en examinant un chronique, je fais appela tout
ce qui lui reste d'activité mentale ou physique et j'essaie de l'ar-
rêter sur la pente qui le conduit, prématurément bien des ibis,
à l'inertie et au gâtisme. Et qu'on ne dise pas qu'il n'y a dans ce
sens rien à faire ! En deux ans, dans mon ser\ice, le nombre des
travailleuses a augmenté d'un tiers et le chiffre des gâteuses s'est
abaissé de 80 % (1). -
Mais je crains que l'observation et le traitement des chroniques
n'exercent pas sur les médecins adjoints une séduction suffisante
et je suis d'avis de, leur donnera la fois des cas aigus et des cas
chroniques. Un service d'aliénés doit, à mon sens, se composer
de quartiers-hôpitaux ou de traitement ; de quartiers-hospices ou
d'hospitalisation ; mes malades passent, à tous moments, 'des
uns aux autres. Pour donner un service aux médecins-adjoints,
il suffit de prendre une proportion convenable et assortie de
quartiers-hôpitaux et de quartiers-hospices. Le médecin-adjoint
serait, par délégation préfectorale, en attendant mieux, respon-
sable de ce service ! '
(1) C'est là une vérité sur laquelle on ne saurai trop insiste)'.
(13.)
ASSISTANCE ET PÉDAGOGIE. 480
Le service du médecin en chef pourrait être en outre une sorte
d'admission d'où les malades seraient versés dans les divers ser-
vices où ils repasseraient même avant leur sortie. Le certificat
de sortie signé parles médecins-adjoints serait contresigné par le
médecin en chef. -
Ce système sera-t-il parfait ? je ne le crois pas. 11 me paraît ce-
pendant représenter une solution moyenne et honorable entre
deux extrêmes qui sont, d'un côté, la situation actuelle, vraiment
inacceptable, des médecins-adjoints ; de l'autre, l'autonomie ab-
solue accordée immédiatement après -le concours à de jeunes
médecins dont quelques-uns s'imagineront qu'ils n'ont plus rien à
apprendre de leurs aînés.
Pardonnez-moi cette lettre bien longue et qui, d'ailleurs, vient
trop lard, et veuillez croire à mes sentiments dévoués. ,.
. NGL.1DE.
Votre lettre est trop intéressante, mon cher collègue,
pour que vous ne soyez point pardonné et je fais de nou-
veauappcl aux médecins en chef, médecins directeurs et
médecins adjoints pour nous aider à réaliser le plus de
réformes possibles dans nos asiles. B.
ASSISTANCE ET PEDAGOGIE
Institut médico-pédagogique de M. le Dr Jean Malarewski
. à Saint-Pétersbourg. - .
L'Institut médico-pc(agogique, fondé par M. le docteur Jean
Malarewski en 1882, de sa propre initiative et avec ses fonds per-
sonnels, a pour objet l'éducation et l'instruction des enfants in-
Ll'1leclueLiementet moralement dégénérés.
L'Institut se divise en deux parties : une pédagogique, l'autre
médicale. Dans toutes les deux on accepte les enfants des deux
smes. Dans la division médicale se froment les enfants épilep-
tiques, idiots et imbéciles. Cette division médicale se subdivise
encore en deux groupes : le groupe inférieur et le groupe supé-
rieur. Dans le premier on applique le système de MM. Séguin et
Dournev ille. Les élèves du 2e groupe passent leur temps à des tria-
vaux physiques, par exemple : en hiver sciage de bois ; en été,
travaux de labourage.
490 ASSISTANCE ET PÉDAGOGIE.
La division pédagogique reçoit les enfants nerveux, neurasttté-
niques, hystériques et en général les enfants arriérés. Celle di-
vision comprend trois groupes : l'inférieur, le moyen et le supé-
rieur. ' .
Le groupe inférieur correspond aux enfants dont l'état de dé-
générescence ou d'anormalité a été remarqué avant, l'âge de l'é-
cole. Le moyen comprend les enfants de 12-)j ans dont l'anor-
malité a été remarquée dans plusieurs écoles dont ils ont été suc-
cessivement renvoyés, à cause de leur incapacité ou de leur dé-
veloppement insuffisant. Le supérieur est formé par les enfants
de 15 ans et au-dessus dont l'anormalité est apparue seulement
pendant l'âge de la puberté.
Dans l'Institut il y a pour chaque groupe des dortoirs, et des
salles déclasse, les réfectoires et les ateliers sont communs..
Pour l'éducation des enfants on applique le système qui esl
établi parla longue expérience des fondateurs de l'Institut, et est
conforme sous beaucoup de rapports à ceux exposés, d'après la
pratique de Cicetrc, par M. le Dr Thulié, dans son ouvrage D¡'es-
sage des jeunes dégénérés ( 1). La vie des élèves est très variée : en
hiver ils demeurent à Pétersbourg; en été, ils jouissent de l'a-
grément d'être à la ferme du chef de l'Institut aux bords du lac
Ladoga. Les élèves y travaillent aux champs ou allmpp'ent des
poissons à l'aide d'un outil spécial à une distance de 10 à 12
verstes du bord (Méthode de M. Scharko.) .
Le traitement dans cet Institut dure habituellement de 3 à 5
ansou plus suivant le succès des élèves. Après cela, ils sont capa-
bles d'être une aide de leurs parents ou ils pouvenl continuer leurs
éludes dans un collège ou à l'Université.
Il y a dans l'Institut un. personnel médico-pédagogique de 50
personnes pour 82 élèves. Les 82 élèves comprennent 17 jeu-
nes filles et 05 garçons. - La division médicale se compose de
50 enfants qui sont les suivants : 28 épileptiques, 12 hystériques,
10 idiots.
La division pédagogique 30 : 3 épileptiques, 10 hystériques, 2
kleptomanes, 11 neurasthéniques, 4 nerveux.
Le prix est de 1.800 francs pour une année complète. Bien que
ce prix soit très élevé, de nombreuses demandes d'admission ar-
rivent de diverses provinces de la Russie; car de telles institut ions
identiques ne sont pas nombreuses (1), 11 y en a par exemple, une
(1) Vtntc la doctoresse Malarevvsky est venue visiter notre service
en 1892 ( ? ), et pendant quelque temps a suivi tous les exercices qui
s'y font, étudie avec soin tous nos procédés. La note qui précède
est duc à son fils qui, lui, à son tour, examine avec beaucoup de
soin tout ce que nous faisons à nicI1lI'e, Ü la Fondation Vallée1 et
a l'Institut l11édico.péda¡¡oique. Voir entre autres, le Compte-
rendu de 1903, lt.l\'III, LXIV et CLXIV. (R.)
= VARIA. ' 491
à Kit,n du docteur Sikoraky, à Saint-Pétcrshomg de Michel Ma-
]aj'pW ? ki,<i[s<le.fca.nMalarewskioulesulijVf : ;neienncn[.quc
pour leur éducation. Il existe encore des établissements privés
fondés par quelques personnes pieuses ; ces établissements ont
pour base l'ignorance humaine, c'est-à-dire que leur espérance
unique est dans la croyance en Dieu, en la Sainte Vierge Marie,
etc ? -"''
VARIA
Hommage au D1' W. IREL.4ND,
Le 4 mars 1905, le ])L' 1RE LANn a été l'ojet d'un hommage bien
mérité : La cérémonie a eu lieu dans la bibliothèque du Collège
royal de médecine d'Edimbourg. Le))' I)Ial'ait, présidait, de nom-
breux médecins étaient venus de toutes les parties du pays. Le DI'
('.laiton présenta le 1)'' h'eland qui remercia ses confrères. Puis,
sur la proposition du D'' Gellow lees, on vota des remerciements au
comité et au 1)- Thomson son secrétaire. Voici la copie de l'adresse :
«A l'occasion du 50° anniversaire de votre doctorat et en témoi-
gagne de l'admiration générale pour votre travail d'un demi-siècle
nous tenons à vous exprimer nos cordiales congratulations et
lions vous prions d'accepter le don qui les accompagne.
«Vous êtes entré dans notre profession au moment où la méde-
cine posait ses bases sur des éléments scientifiques. Guidé àl'Uni-
versité d'Edimbourg par des maîtres de la plus haute valeur, vous
avez travaillé vous même à l'avancement de la médecine. Et mal-
gré votre blessure, reçue dans la campagne des Indes, dont vous
souffrez encore, vous avez continué voire labeur dédaignant une
vie aisée et facile. Vous avez laissé votre empreinte dans les let-
tres, la science et l'histoire ; vous avez ouvert une nouvelle voie
en étudiant la psychologie et l'hérédité des hommes célèbres. La
meilleure preuve en est l'interdiction en Russie de votre étude
sur un des maîtres de ce pays. Vous intéressez tous les lecteurs.
La tache sur le cerveau, A travers la Porte d'Ivoire, feront vivre
votre nom dans l'avenir.
« En médecine, vous avez fait de l'étude des anormaux votre
prédilection, ainsi que le montre votre livre Des affections mentales
des enfants. Vos travaux et votre pratique médicale rendent la
science et l'homme vos débiteurs. Vos travaux personnels sur les
maladies moniales et nerveuses et (laits d'autres départements de
la médecine,vos traductions disséminées dans beaucoup de jour-
naux, sont d'un grand intérêt et de haute valeur.
«Beaucoup de sociétés scientifiques, appcécianthautement votre
oeuvre, vous ont conféré le titre de membre honoraire. Votre il' a
492 FAITS DIVERS.
été un ell'ort continu. Votre accumulation de connaissances acquises
par unelecture étendue a toujoursété mise volontiers à ladisposi-
tion de vos confrères. Peu de personnesdela profession pourraient
trouver ailleurs une aide aussi appréciable de références.
« Au-dessus de tous ces mérites, c'est votre caractère, unissant
la modestie et l'humour général avec la véracité et le sérieux, qui
a gagné notre respect et noire affection. Nous tenons à v ous expri-
mer cordialenientiios vieux pour une longue et heureuse il' d'uti-
lité constante. Nous espérons que vous jouirez toujours du huo-
heur de l'homme, qui « reste simple, bon, sincère, sérieux, sans
affectation, ami de la justice, attaché et persévérant dans le
devoir ». , larccl f>.
L'enseignement professionnel des infirmiers des asiles
d'aliénés, par le 1)' VAN 1EVENTER.
Cette question se trouve pour ainsi dire résolue' dans tous les
pays du monde. Les rapports officiels, des asiles étrangers nous
informent que les médecins des asiles étrangers se chargent de
» cet enseignement. Tous, sans aucune dislinction,recounaissentles
progrès réalisés dans leurs asiles et chez les infirmiers depuis que
l'enseignement se douve organisé, et nous ne mentionnons le
travail du savant psychiatre de Meeremberg que pour annoncer
qu'à l'heure actuelle la Hollande compte 450 infirmiers spéciaux
diplômés pourles asiles' d'aliénés (1). [Annales médico-chirurgica-
les, août 1905.)
FAITS DIVERS
Asiles d'aunes. Mouvement d'avril et de yn.ai 100. - Jl. le
Dr Rogues de Fursac, médecin-adjoint il l'asile de Clermont (Oise),
promu à la classe exceptionnelle du cadre. M. le Dr Pélissier,
médecin- adjoint à l'asile de Marseille, promu a la classe excep-
tionnelle du cadre. M. Sabal, sous-préfet de Coutances, est
nommé directeur.de l'Asile d'aliénés de 13ron (Rhône) en rem-
placement de M. Ligier, décédé. M. Cmelier, directeur de
l'asile d'aliénés de Rennes, promu à la 2° classe du cadre.
Simonet, secrétaire de la direction de l'asile d'aliénés de Chàlons-
sur-Marne, est nommé directeur de l'asile d'aliénés de Bailleul
(Xord), en remplacement de M. Dlljardin, décédé. ,
Asile départemental des aliénés de Moisselles. Une place
d'interne est vacante. Le traitement est de 800 francs, plus 400
(1) L'Angleterre compte en ce moment au-delà de .i00 gardiens
spéciaux diplômés, pour ses asiles. Le nombre exact croyons-
nous, esl supérieur il ce chiffre.
faIts divers i 499
francs d'indemnité de déplacement et logement, éclairage, chauf-
fage, nourriture. Adresser les demandes au Directeur-Médecin de .
l'Asile de Moisselles (Seine-et-Oise).Pièces à produire : 1" expé-
dition d'acte de naissance ; 2o extrait de casier judiciaire ; : \0 cer-
tificat de bonnes vie et moeurs ; 4o certificat de revacçination ;
5° certificat constatant Il) inscriptions ; (io certificat constatant
les services hospitaliers. Ces deux derniers certificats doivent in-
diquer que le candidat n'a pas subi de peines disciplinaires graves.
Maison nationale de Charenton. Le concours pourleposte
de médecin suppléant de la Maison Nationale de Charenton s'est
terminé parla nomination de notre distingué collaborateur, M. ! loger mignon, ancien chef 'de clinique de la Faculté, médecin-
adjoint des asiles publics d'aliénés.
Evasion d'un aliéné assassin. -Au mois (le janvier de l'année
dernière, un coiffeur, demeurant Grande-Rue à Sèvres, Pierre
Rollin, se croyant, bien à tort, (rompe par sa femme, la luail au
cours de son sommeil de (rois coups de revolver. Certains symp-
tômes d'aliénation mentale observés chez le coupable permirent
aux médecins de conclure à son irresponsabilité, et le juge d'ins-
truction lit, en conséquence, interner Hollin à l'asile de Cll'r-
mont, dans l'Oise. Rollin s'en évadait il y a huit jours et reve-
nait inopinément chez sa fille aînée, à Clamart, disant qu'on
l'avait remis en liberté ; celle-ci ayant refusé de recevoir le meur-
trier de sa mère, Rollin se cacha à Boulogne, puis, ne se jugeant
pas en sécurité si près de Sèvres, il partit pour Melun. Mais son
signalement avait été envoyé dans toutes les directions et le fu-
gilif a été arrêté hier à Boissy-Saint-Léger, d'où il a été recon-
duit sur Versailles, à la disposition du Parquet.
Drame de l'alcoolisme. Dans une crise de folie alcoolique,
Pierre Mounes,'20ans, demeurant à Bos-Sililelll (Hautes-Pyré-
nées), a introduit de force une bouteille vide dans la bouche et la
gorge de sa vieille tante chez qui il logeait. La malheureuse a eu
les maxillaires détachés et la langue arrachée. Elle est morte
après d'horribles souffrances. Pierre Momies a été conduit à la
prison d'Argelès. Il rit et chante; il est inconscient. (Bonhomme
normand du 10 fév.)
Hôpital de la Pitié. Maladies nerveuses : M. BABINSKI,
samedi il 10 h. 1/4.
Hospice de la 8ALPTRIÈRE.- Maladies mentales Dr D[\Y, le
jeudi il 10 heures (section Rambuleau).
,1
Clinique des maladies DU système nerveux. M. le professeur
HA YMOND. Cours complémentaire et pratique (1 rc serie) (l'anato-
mie pathologique. - )1. le 1), ALQUIER, chef des travaux anatomi-
494 FAITS DIVERS.
ques, commencera, le mardi 13 juin 1905, à 5 heures de l'après-
midi, un cours pratique d'anatomie pathologique au laboratoire
d'anatomie pathologique de la clinique des maladies nerveuses,
à la Salpétriere. Ce cours aura pour objet l'étude pratique de l'a-
natomie pathologique (fumeurs, lésions inflammatoires,, princi-
pales lésions des tissus, organes et appareils). Il comprendra l'é-
tUIle, sur des pièces anatomiques et des préparations histologi-
ques, des caractères propres à chaque lésion et des méthodes
techniques à employer dans chaque cas en particulier. Les élèves
seront exercés aux manipulations histologiques et devront faire
eux-mêmes une collection de préparations qui, le cours fini, res-
teront leur propriété. - . ,
Le cours durera un mois etaura lieu tous les jours à 5 heures
de l'après-midi. Le laboratoire sera ouvert aux élèves (juti Yotl-
dront y travailler tous les jours, de 9 heures du matin à midi
et de 1 heure 1/2 de l'après-midi à 5 heures. Les matériaux d'étu-
de, réactifs et instruments nécessaires, seront mis à leur dis-
position. Le droit à verser est fixé à 80 francs. Pour tous rensei-
gnements complémentaires, s'adresser le matin au docteur Al-
quier, à la Salpêtrière. Seront admis les docteurs et étudiants
français et étrangers, sur la présentation de la quittance de verse-
ment du droit. Les bulletins de versement relatifs à ce cours se-
ront délivrés au Secrétariat de la Faculté (guichetno 3), les mardis,
jeudis, samedis,de midi à 3 heures. ,
Hospice de BICÈTRE. M. BOURNEVILLE. Visite et présenta-
tion de malades le samedi à D heures et demie très précises.
Consultation medico. pedagogique gratuite pour les enfants lejeu-
di à 9 h. 1/2.
COURS pratique D'HYPNOLOGIE ET DE PSYCHOTHÉRAPIE, - MM.
les docteurs Bérillon et Paul Farez ont commencé, le jeudi 25
mai 1 aOj, un cours d'hypnotisme et de psychothérapie. Ce cours
est privé ; il comporte des démonstrations pratiques et sera coin-
pleten douze leçons ; il est fait à l'école de psychologie, 49, rue
Saint-André-des Arts, où les inscriptions sont reçues les mardis,
jeudis et samedis, de 10 heures à midi. On peut également s'ins-
crire par correspondance. Le droit d'inscription est fixé à GO francs.
Les leçons auront lieu aux dates suivantes : M. Bérillon, les 2.'),
27 et 30 mai, les 3, G et 8 juin, à 10 heures 1/2 du matin. M. le
Dr Paul Farez, les mêmes jours, à 5 heures de l'après-midi.
Aliéné ALCOOLIQUE. - Dans un accès de fureur alcoolique,
Vallée, 45 ans, cultivateur à (joissy-)Jaugis (Orne) a lente d'égor-
ger sa v ieille mère, âgée de 80 ans. On l'a réintégré à l'asile U'Alcn-
çon d'où il venait de sortir. [Bonhomme Normand, 20 mai).
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 495
AVIS A NOS ABONNÉS. - L'échéance du ler
JUILLET étant lune des plus importantes de l'année,
nous prions instamment nos souscripteurs, dont l'abonne-
ment cesse à cette date, de nous envoyer le plus tôt possible
le montant de leur' renouvellement. Ils pourront nous
adresser ce montant par l'intermédiaire du bureau de
poste de leur localité, qui leur remettra un reçu de la
somme versée. Nous prenons à notre charge les frais de
3 % prélevés par la poste, et nos abonnés n'ont rien à
payer en sus du prix de leur renouvellement.
Nous leur rappelons que, à moins d'avis contraire, la
quittance de réabonnement leur sera présentée, aug-
mentée des frais de recouvrement, à partir du 15
juillet. Nous les engageons donc à nous envoyer de suite
leur renouvellement par un mandat poste.
Afin d'éviter toute erreur, nous prions également nos
abonnés de joindre à leur lettre de réabonnement et à toutes
leurs réclamations la BANDE de leur journal.
- Nous rappelons à nos lecteurs que l'abonnement col-
lectif des Archives de Neurologie et du Progrès
Médical est réduit à 28 francs pour la France et 30
francs pour l'Étranger.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
BOURNEVILLE. - Fixation du nombre des médecins dans les asiles
publics d'aliénés. Rapport fait au Conseil supérieur de l'Assis-
tance publique. In-4° de 58 pages.
CHARON (R.). Rapport médical et compte rendu administratif de
l'exercice 1904 sur l'Asile de Dury-lès-Amierts. ln-8° de 92 pages.
Imp. Redonne)-, à Amiens
UEJACE. Voyage d'études médicales aux stations thermales du
Centre de la France. 1 vol. In-8° de 94 pages. Imp. Faust-Truyen à
Liège.
DEIICUM (F. X.). - Dementia pl'oecox In-8" de 8 pages. Chicago.
DONALDSON and David J. DAvis. - A description of cLarts Sho-
",ing the areas of Llie cross sections of the human spinal cord at lhe
levelof each spinal nerve. In-8° de 40 pages. (The Journal of com-
lielirology)
D01>.\LDSO : >l and ILOKE. - On the arc as of the axis eylinder and
nteduitary slmeath as seen in cross sections of the spinal nerves of
vertelxales.Iu·8° de 16 pages.(Thé Journal of comparât, neurology.)
D01>ATII (J.). Der phosphorsauregehalt der cel'ebl'Ospillalj1l1ssig
4ÙG BULLETIN BIBLIOGRAPHIQIila.
keit bei versc'iiedenen, inbrsortdere nernettkrattkheitert. In-8" de
pages. J. Truhner. SLrassburg.
Donath (.Iulius). Pupillenpriiiung und pupillenrcaklionen
In n 8° de 20 pages.
Dumas. Lettres i un jeune h mlmc qui veut étudier la médecine.
In-8° de 62 pages. Librairie Henry Paulin, 21, rue Ilaulefeuille.
Prix : 0 fr. 60. -
- - Er,¡El1. D. l\I¡';l1.R ! [,L. New or nole-wor6ly Philippine plants, II
In-8° de 48 pages. ntanila. - -
Frakkl-Hochwart. Die lhomsen'che Krankheil. 1 vol. In-8" de
1C pages. Urhan et Schwnrxeoherg. Berlin.
First animal report of')hel[en ! 'y l'hipps inslilule. 1 vol. In-8"
de 220 pages.
IIibschlaff. H\pnotis ! nus und suggesliothcrapie. I vol. In-16
de 270 pages. J. A. Barth Leipzig.
.1 \COB ! (.1.).- The Itislory of pedialrios and ils relation Lo other
sc'ienxec and arts. In-S" de 53 pages (Amel'ican Medicine.)
Jamin-I) vviau. De la dia thèse goutteuse au ..\' : \'111' sieclcct au
commencement du Xi', In-8" de 80 pages. Thèse de Paris. Librairie
Jules Roussel, 1, rue Casimir-Delavigne.
KnAEpLix (Emil). Einlïihrung in die p ? ehiall'i8ehc klinik.
1 vol. In-8° de 374 pages. Bar))), Leipzig.
. Marc Stéphane. La Cité des Fous (Souvenirs de Saiule-Aune1.
In-18 de 180 pages. Cabinet du Pamphlétaire. Paru de Xeuilly, 91,
rue Perronnet, 100 ?
Marchand (1..), - Syphilis et paralysie. In-8" de 20 pages. Extl'.
de la Presse Médicale. Librairie Masson, 120, houlev. Si-Germain.
. Mesureur. Instruction générale aux surveillantes des Hôpitaux
et Hospices. In-8" de : )2 pages. -
1()JlIUS (P. J.). I«t ;rrenzl : mlc : iuf,ülze liber saclien des glau-
lrens. 1 vol. In-S" de 228 pages. Barlh, Leipzig.
Musgrave (W. E.). Aincbas. 1'licir cultiyation and etiotogic si-
gniticance. In-8° de 118 pages. Manilla.
Parmentier (Henri). Analyse spectrale des urines normales ou
pathologiques seusito-colorintétrie. 1 vol. In-16(h; 138 pages. Lihmi,
rie Jules Roussel, 1, rue Casimir-Delavigne. Prix : 3 fr.
Pelletier (M1-11*). L'écho de la pensée eL la parole intérieure.
In-8" de 24 pages. Institut Général psychologique. '
Revue philosophique. Sommaire du n" d'avril 19)3 : : \'\ ? I.LE
(Adrien). La primauté logique, des jugements conditionnels.
1\huTIX (Jules). L'institution sociale (1" article). 1>' CHAIPEAUX.
Essai de sociologie microbienne et cellulaire. J. PÉHKS. Réa-
lisme et idéalisme dans l'art. Ilw.enUm. Les philosophies II1l"
diévales d'après M. l'ieavel. Analyses et comptes rendus. Re-
vue des périodiques étrangers. Correspondance. Livres nou-
veaux. Abonnement, du 1er janvier : un an, Paris, 33 fr. ; départe-
ments et étranger, 3 : 3 fr. La livraison : 3 tr. Librairie Félix Atcan,
éditeur, 108, boulevard Saint-fiel'main, Paris (G°).
SAUGNAT (L.). LI' massage thérapeutique de l'abdomen. 1 vol.
In-18de 278 pages. Librairie .T.-Il. Raillière, 19, rue Ilaulefeuille.
Le rédacteur-gérant : Bourneville.
TABLE DES MATIÈRES
Absinthe. Suppression de l ? 490.
ACIIO : OEROPLASIE. Nouveau cas
d ? par Dide et Leborgnp,
- 312.
AcnouÉCaLrE. Autopsie d ? par
Gauckler et Roussy, 4.ï0.
Affections musculaires. Con-
tribution à la connaissance des
- - post-typhiques, par Krau-
se, 234. -
Anr. Voir hérédité.
.\1',11 \PHlE. Voir .il 11lnésie. - Voir
}.1lltismJ. -
Alcoolisme. Drames de l ?
164, 414, 493. Les crimes de 1 ?
174. Récents travaux sur l ?
par Happe, 317.
Aliénés. Contribution à l'in-
fluence des - les uns sur les
autres, par Naecke, 62. Es-
sais de traitement des - sans
la cellule et au moyen de l'hv-
drothérapie, par Alter, 69.
Voir /MeMe')f. Situation de
l'assistance des dans le du-
ché de Bade, par Gaupp,
152 ; simulateurs,par Digon-
roux, 156. - Voir magis-
trats. Les en liberté,
175, 333,414. - Voir Palais. -
Voir Assistance familiale.
Voir Rapport.- Voir Mémoire.
Voir Anesthésie. Note sur
les processifs, par Giraud,
308. Voir Alimentation
forcée. Définition médico-
légale de l ? par Dupré,
325. Voir OE : sophage.- Voir
Evasion.
Alimentation forcée. A propos
de 1' chez les aliénés par la
voie buccale. Mandrin pour
faciliter l'introduction de la
sonde oesophagienne, par Ser-
rigny, 324.
Amaurose. De l'- hystérique,
par Kron, 244. et para-
plégie hystériques guéries par
la psychothérapie, par Emirzé,
39G.
Amulyopie. Sur 1' hystérique
monoculaire et sa disparition
dans la vision binoculaire (à
propos d'un nouveau cas), par
Cruchet, 337.
Anesthésie. L'- chez les alié-
nés, par Sokolow, 308.
Angoisse. De l'- dans l'hystérie
et la neurasthénie, par·Diehl,
318.
Anurie HYSTÉRIQUE, par Cestan,
451.
Aphasie. De l' amnésique,
par Popofl', 141. Contribu-
tion à la pathologie de l'-
amnésique, par Quensel, 143.
. Observation d'agraphie isolée
et d ? par Erbslcch, 145;
- motrice à répétition chez
une morphinomane, par Roy
et Jacquelin, 157.
Appareil destiné à déterminer
le volume de l'encéphale, par
Reiclr, 134.
AItcoLr.. Signe d'-et méningite
syphilitique, par Bertolotti,
236.
AnTÉRIO-SCLÉROSE. Voir Trou-
bles.
Art'r'IIR-1LGI hystérique ; guéri-
son par auto-suggestion, par
Caziot, 317.
Asiles d'aliénés. Mouvement de
décembre, 79. de laClw-
rité-sur-Loire. Voir Rapport
médical. Personnel médical
des , par Coulonjou, 110.
Disposition sur les -- et les
aliénés, par Bianki, 153 ; -
de Clermont, 175. de la
Seine : concours de l'internat l
en médecine, 176. - - Voir
Personnel médical. - - d'I : -
vreux, voirRapports ? voir l'
Enfants idiots. - - départl-
mental du Doubsfcorrespondan-
ce),par Baudin,330. de la
Roche-sur- Yon. Voir Rapport.
de Clermont,suicide d'une
ex-pensionnaire, 334. Meurtre
32
4U8 TABLE DES MATIERES.
dans un 3G3. (Per-
sonnel médical). Lettre de M.
Anglade,4SS ? Mouvements
de février et mars 1905, 416.
de Moisselles, 492..
Assistance. Voir Aliénés. His-
toire de 1' des aliénés en
Russie,par Maltzew et Erikson,
1.ï3. L' ; Voir.Z'emsfiPos.L'
- des aliénés en France, en Al-
lemagne, en Italie et en Suisse,
par Sérteus,1G9.L'- familiale
et la réforme de la loi sur le
régime des aliénés en Hol-
lande, par lllceus, 24,.L'- des
enfants arriérés et épileptiques
à Lyon, par Bourneville, 410.
Ataxie cérébelleuse. Diagnostic
dill'érentiel enlre 1' cérébel-
leuse heréditaire et la sclérose
en plaques, par Rodolico, 239.
ATHÉIIO)lATEUX. Voir Troubles
Atrophie. S'agit-il d'une mus-
culaire d'origine névritico-spi-
nale oud'origine myopathique,
par Cohn, 55. '
AVEUGLE. Déviation de la tête
et des veux chez un de
naissance, ' par Déjerine et
Roussy,' 160.
Aveugles. Voir Institut de Di-
].011.
Auto-identification romanes-
que, par Dromard,360. Auto-
suggestion. Voir Arthralgie.
13,%DE. Duché de -. Voir Alié-
nés.
BasEnow. Maladie de avec
paralysie bulbo-spinale asthé-
nique, par Brissaud et Bauer,
75. Note sur les symptômes
cardiaques de la maladie de
, par Grocco, 239. -. Voir
Névrite.
Bégaiement. Aperçu historique
sur la pathogénie du -, par
Decroly ct liouma, 139.
13 1 : N E 1) 1 CI'. 'Syndrome de -. Pa-
thogénie du tremblement, par
Lé\i et Bonniot, 159.'
DLQXOLOT ^Rayons N). Voir
Lecture. Les rayons -, par
Ciaraufi , p. 229.
Bonmer. Le syndrome de-,par
Siciliano, p. 240.
Brown-Séquard. Syndrome de
et syphilis spinale, par Lé-
pine, 447.
Bulbe antirabique. Voir Dou.
leurs. Voir Paralysie.
CncFn. Un cas de - primitif
de la colonne vertébrale, par
Péhuet Coste,382.
C,ncmowrose. Des symptômes
cérébraux dans la-,parSaen-
gel', 24 : : 1.
Catatonie. Contribution clini-
que et critique à l'étude de la
- , par Pasini et Madia,140. La
en tant que forme indépen-
dante de trouble mental, par
Ossipow, 146. Contribution à
l'étude de la -,parJaroschews-
ky, 146.
Gatatonique. Contribution à la
valeur pronostique des phé-
nomènes , par Gaupp, 146
Contribution à la genèse de
quelques symptômes dans l'é-
tat , par Aller, 146.
Cellules nerveuses. Des condi-
tions dans lesquelles apparait
l'état variqueux des prolonge-
ments protoplasmiques des -
motrices corticales et de sa si-
gnitlcation, par Iwanoff, 41.
Biologie et travail de la -
nerveuse centrale, par Kron-
(lIai, : il. - - Voir Kronihal.
Sur quelques allérations de
l'appareil neurofibriliaire des
- corticales dans la démence
sénile, par Fragnito, 138. De
l'aspect extérieur des dendri-
les des- nerveuses des tuber-
cules quadrijumeaux anté-
rieurs et postérieurs chez les
vertébrés supérieurs,par Czar-
niecki, 302. Quelques considé-
rations relatives au mode de
répartition des - motrices de
la moelleau niveau de l'origine
des nerfs des membres, par
Hikeles. 381.
Centres. Les vrais du mou-
vement, par Adamkiewicz,123.
Des de divergence et de
convergence du cerveau, par
liechterew, 130. Du cortical
de la vue, par Agadjaniantz,
131. Les - optiques primaires
après énucléation ou atrophie
du globe oculaire, par Guille-
maetz, 139. Des corticaux
de la sécrétion sudorale, par
Griboiedow, p. 233. Du cor
TABLE. DES MATIÈRES. 499
tical de la vue, par Bechterew, ' z
299.
CÉpn LEE.La neurasthénique,
par Bastogli,237.
CLmonI.o-nACmDtEV. Le liquide I
- dans la rage clinique et
expérimentale, cytologie ; vi- ! ,
rulence, par Lesieur, 384.
G; : ltçBliO-\OLUII\I)f1'nE. Voir ,
Appareil. : ,
Cernelet. Voir Fibres. Nouvel- I
les études sur le - par Sici-
liane, 229. Voir Gliome,
Cerveau. Voir Centres. Esquis-
ses d'anatomie comparée du-
- antérieur, par Kastanaian,
298. De l'influence de l'écorce
et des portions centrales du-
sur le coeur et le système vaso-
moteur du chien nouveau-né,
par Gartie, 442.
Chaleur. Voir Nerfs.
CtrAnEyTOi\. Maison nationale
de -, 80, 493.
Chauve-souris. Voir Encéphale.
Cheval. Note sur un doué de
remarquables aptitudes intel-
lectuelles, par Stumpf, 163.
Chien. Voir Cerveau.
CnLOfluRATION. Voir Névroses.
Chorée. Un cas de chronique
progressive avec autopsie, par
de Buck. De la-de IIunting-
ton, par Renuart,58. Contribu-
tion à l'étiologie et à la théra-
peutique de la- rythmique,
par Jaroschewsky, 313. Voir
Mouvements. - familiale, par
Brissaud, Bauer et Hathery,
450.
Coiiourg (de). La princesse
Louise -, p. 415.
Colur. Voir nerfs Voir Ce ?
veau.
Cocaïne LOCO Voir Né-
vralgies.
COGNITION. Des limites de la
en psychiatrie, par Gaupp,G4.
Colonne VERTÍ;R1l \LI;. Voir Can-
cer.
Concours pour l'emploi de mé-
decin-adjointdesasiles publics
d'aliénés, 416.
ConrLItEncE. Voir Enfants attor-
maux.
Confusion mentale, par Gilbert
Ballet et Rose, 251 - -, par
Marandon de Monlyel,309.
Congrès. XV° - des médecins
aliénistes et neurologistes de
France et des pays de langue
française, 77.
CO : >lTR'\CTURE tétanique. Un cas
de d'origine alcoolique sui-
vi deguérison par la morphine,
par Delahaye, 323. fami-
liales, par Gilbert-l3allet et
D reyfus,4.ï0.
, Convulsions. Le siège des
épileptiformes toniques et clo-
niques, par Samaja, 141.- Voir
Phimosis.
Cordons postérieurs.. Contri-
bution à l'étude anatomique
des , par Nageotte, 301.
Cotes CE1l\ IC.\LES. Contribution
à la casuistique des ? par
Lévi,131.
Couns supérieur d'éducation
physique, par Demen·, Phi-
lippe et Racine,173.
Crâne. Fracture du -.Voir Pa-
ralysie.
Crimes. Voir Alcoolisme,
Criminels aliénés. Voir Séques-
tratioa. De l'examen psycho-
expérimental des ,parBecli-
terew,327.
Cyphose. Un cas de d'origine
articulaire ou musculaire, par
- Brissaud et Grenet, 311.
Décciiitus latéral gauche. Voir
Moyen epilepto-frénateur. Le
- latéral gauche comme mo-
yen d'arrêt de la crise épilep-
tique, par Lannois, 386.
Déformations DAC 11 IDIENNES, pal'
Forestier, 311.
Dégénérés. La psychologie des
Les - mystiques, par Bi-
net-Sanglé, 366.
Dégénérescence. Note sur la
secondaire consécutive à un
foyer de ramollissement de la
région calcarine, par Weber,
p. 177. Observation de - as-
cendante des fibres du fais-
ceau pyramidal ; contribution
à l'interprétation des prépara-
tions traitées par la méthode
de Marchi,par l'étren, 23-1.
Voir Tumeurs.
DÉLIRE. Voir Epilepsie.
Démence. Voir Sclérose. Fré-
' quence et étiologie de la
précoce, par Crocq, 60. -sé-
nile. Voir Cellules corticales.
JOO TABLE DES MATIÈRES.
Voir Hérédité. Un cas de
précoce catatonique avec pseu-
. do-oedème compliqué de pur-
pura, par Trepsat, 308.
Déments précoces. Voir Stéréo-
typie.
.Dendrites. Voir Cellules ner-
veuses.
Dercum. Voir Lipomatose. - *
- DISTINCTIONS IIONOltII·1QUES, p.
80, 335.
Doctoresse. Une nommée
médecin en chef d'un asile d'a-
liénés, 335.
Douleurs lancinantes. Dispari-
tion de très violentes chez
un tabétique la suite de 28
injections d'émulsion de bulbe
antirabique, par Sternbo, 150.
DUPUYTREN. Maladie de et sy-
ringomyélie, par Giraldi,237.
DYSOSTOSE cléido-cranienne hé-
réditaire, par Villaret et Fran-
coz, 450.
DYSTROPHiE. Observation de
musculaire congénitale à for-
me hypertrophique, par Pini,
241.
Ecorce du cervelet.Voir Fibres.
du cerveau. Voir Fibres.'De
la région visuelle de l'- céré-
brale et de ses rapports avec
les muscles des yeux, par
Bechterew, 131.
Education physique. Voir Cours.
Electrothérapie. Principes fon-
damentaux de l'- des mala-
dies nerveuses, par Doumer,
G9.
Empoisonnement. Voir Véronal.
Encéphale. Voir Appareil. Con-
tribution à la connaissance de
l'- et, en particulierdes voies
corticomotrices de la chauve-
souris, par Marzbacher et
Spielmeyer, 442.
Encépiialomyélite. Contribution
à l'étude de l'- disséminée,par
Baucke, 41.
Endocardite. Voir Hémorrhagie.
végétante. Voir Néoplasme.
ENDOTHÉLIOMA cérébral, par p,
Marie, 451.
Enfance anormale. Création
d'un institut pédagogique pour
enfants nerveux, débiles ou
maladifs, par Matagne, 411.
Enfants anormaux. Conférence
sur les - - l'Ecole normale
d'instituteurs d'Auxerre, par
Wahl, 163. La situation des-
en Suisse, par Decroly,247.
Essai de classification des
- ,par Grozmann, 247. Statis-
tique et enseignement des
- idiots et épileptiques internés
dans les asiles d'aliénés, par
Bourneville, 269. -- Arriérés
et épileptiques.Voir Assistance.
Epilepsie. Délire alcoolique,
mélancolie, tentative de suicide
et paralysie générale chez le
fils d'une mère alcoolisée, d'un, ·
père suicidé, lui-même étant
syphilitique et alcoolique, par
Simon, 104. Contribution au
traitement de l ? par le sé-
rum sanguin, par Gerhartz,
150. réflexe par rétrécisse-
ment spasmodique de l'rosa,
phage,par Bregman,241. -pro-
cursive à forme anormale, par
Courtellemont et Touchard,
309. Contribution casuistique
à l'- syphilitique, par Fein-
berg, 318. De l'intervention
ci)irurgica)e dans l'- l'hol'éi-
que, par Bechlerew, 322. Con-
tribution au traitement diélé-
tique l ? par Scbnitzer. 3.'3.
- Voir Traitement .
Epileptiques. Voir Fibres. -
Voir Etat mental.
Ergothérapie et psychothérapie,
par Bianchini,321.
Esciiarres. Les de la para-
lysine générale, par Vigouroux
et Saillant, 155, - sacrée, par
Boy, 451.
Voir Tact.
HiA'i' DE MAL ÉPILEPTIQUE. Des
vomissements de matières
fécales dans 1 ? par Goelze,
66.
Etat variqueux. Voir Cellules
nerveuses. De l'- mental des
épileptiques réveillés de force
du sommeil post-épileptique,
par Guermann. 391.
Excitation sexuelle. De l'- -
dans les psychopathies anxieu-
ses, par Cullerre, 81.
Faculté de médecine. Confé-
rence de médecine légale
psychiatrique, 256.
Faisceau antéro-latéral. Le -
TABLE DES MATIÈRES. - 501
direct des pyramides, par
Spiller, 50. Trajet anormal du
pyramidal, par Straeussler,
51. -Y. Voir Moelle.
Fétichisme. D'une forme origi-
nale de , par Bechterew,390.
Fibres nerveuses. Voir Sclérose.
Des d'association de la
couche finement grenue de
l'écorce du cervelet, par Pous-
sèpe, 124. L'état des ner-
veuses à myéline dans l'écorce
du cerveau 'des épileptiques,
notamment dans la couche
d'association externe (zonale),
par Kaes, 125. Contribution a
la conservation de la colora-
lion des , par Stransky, 231.
Voir Dégénérescence.
Fièvre typhoïde. Voir Myopa-
thie hystérique, par Gar-
gano, 239. '
FLECHXtc. Sur la doctrine de
des zones perceptives et des
zones associatives, par Bian-
chi, 137.
Folie. Drame de la , 79. La
d'un père, 79. à double
forme avec syndrome paraly-
tique, parDoutrebenteet Mar-
chand, 154. La d'une mère,
. 33 : 3.
Folle brûlée, 334.
Fn.wor,msartox. Voir Masto-
dynie.
Friedreich. Un cas de maladie
de , par Pic et Bonnamour,
311.
Fnoin. Voir Nerfs.
GIXGLIOX -\ sympathique. Voir
Paralysie. Les altérations du
rachidien chez les tabéti-
ques, par Thomas et Hauser,
303. sous-corticaux. Voir
Incontinence urinaire.
G\XGIIȡOE. Voir RaYllalld.
GÉ1>IOSP.\SMES et géniotics, par
Meige, 432.
Géniotics. Voir Géniospasl1les.
Gigantisme et goitre exophtal-
mique, par Gilbert Ballet, 159.
Type infantile du -,par Bris-
saud et Meige, 303.
Gliome du cervelet, exlirpatiùn,
résultat éloigné, fistule arlifi-
cielle et cicatrice à fillralion
du liquide céplralo-racltidien,
par Jaboulay, 394.
Glande pituitaire. Un tératome
de la - chez le lapin, par Mar-
gulies, 231. - thyroïde. Voir
Maladies mentales.
Goitre exophtalmique. Voir
Gigantisme.
Goutte et névroses. par 1\ : owa-
lewsky, 313.
Greffe thyroïdienne. Note sur
les bons effets de la chez
un enfant arriéré. Note pré-
sentée au nom de MM. les 1)·
Gauthier et Hummel' (de Ge-
nève', par Lannplongue, 39.
- - par l3ournev ille, 941.
11 ,r)o ? T,. De l'action de l'- sur
l'organisme animal, par Lamp-
sakov, 68.
III ? 1 \TlnlV ¡; : LIE traumatique, par
Laignel-Lavastine, 304.
lU : utorui : ue. Contribution à
l'étude des - chez les hémiplé-
giques, par Laper et Crou-
son, 311. Voir H-stéi-ie.
1 IÉMI \XOETnÉSJE. Voir Hystérie.
IIÉMtAXOPStE hystérique, par
Valobra, 238. Voir Néo-
plasme. homonyme droite
par abcès sous-cortical du
lobe occipital gauche, par
Braun, 383.
HEMicuoREE, par Babinski, 159.
HjhncnAME droite, datant de
vingt ans, guérie en deux
séances de suggestion hypno-
tique, par Damoglou, 164.
Hémiplégie spasmodique infan-
tile, par Babinsky, 71. Mou-
vements associés en dehors
de l ? par Brissaud et Si-
card, 249. cérébrale infan-
tile, par Faure-Beaulieu, 250.
- , par Mosny et Malloizel, 449.
spinale, par Déjerine, 450.
- par Léri, 450. - homolalé-
rale, par Dupré et Camus,45 ! .
Hémiplégiques. Les fonctions
sensitives et psychiques chez
les - par Marimo, 226.
Voir Hémioedèmes.
Hémorrhagie méningée, par
Faure-Beaulieu, 75. trau-
matique à la base du crâne,
par Liass, 319. Sur un cas d'-
cérébrale avec inondation ven-
triculaire chez un enfant de
12 ans, au cours d'une endo-
cardite milrale végétante, par
Gallavardin et Jambon, 381.
502 ' TABLE DES MATIÈRES.
cérébrale. Voir Rétrécisse-
ment mit rai. - sous-pie-mé-
rienne, par Faure-Beaulieu,
451.
Hérédité physiologique et pa-
thologique, par Bogie, z28.
- Sur l'Age d'apparition et sur
l'influence de 1' dans la pa-
thogénie de la démence primi-
tive ou précoce, par Bianchi-
ni, 305.
Histologie de la paralysie gé-
nérale, par Debray, 295.
Ilr;wrrwrov. Voir Chorée.
Hydrocéphalie. Voir .IJél/Ï11-
gite.
Hydrothérapie. Voir Aliènes.
Contribution à l'- dans les
psychose», par Aller, 6S.
Hygiène. Voir Strabisme.
Hypertrophie musculaire ac-
quise, par Sicard, 163.
Hystérie. Voir Vomissements.
Etudes récentes sur l ? par
Siciliano, 240. avec hémia-
nesthésie sensitivo-sensorielle
gauche. Appoint alcoolique,
Hallucinations multiples rap-
portées uniquement à ce même
côté par la malade, par Du-
pouy, 263. Voir Paralysie
générale. -Voir Angoisse.
Hystériques. Le traitement des
. à l'hôpital, par Déjerine, 323.
1010'1'. Voir Raynaud.
Idiotie amaurotique. Voir Sys-
tème nerveux. Nouvelle con-
tribution à l'étude clinique de
l'- amaurotico - paralytique
familiale de Tay Sachs, par
Higier, 65. L'étiologie de l'-
simple comparée à l'étiologie
de la paralysie infantile céré-
brale, par Koenig, 24. i.
Impuissance sexuelle. Le trai-
tement psychologique de l'-
, par Bérillon, 161.
Incontinence urinaire. De l ?
et des phénomènes paralyti-
ques des extrémités dans les
foyers de ramollissement des
ganglions sous-corticaux, par
liomburger, 37. sexuelle.
Note sur l'influence de l'-
pendant la gestation sur la
descendance, par Ch. Féré.
257.
Infirmiers des asiles, par M.
Van Deventer. 492.
Injections. Voir Tétanos.
Institut de Dijon. Concert des
jeunes aveugles de 1 ? 415.
médico-pédagogique de M. le
1) Malarewski, à Saint-Pé-
tersbourg, 489.
Inversion sexuelle. Un cas
d ? par Antheaume, 399.
Il\ELAND. (Hommage au D' ,
par Marcel liourneville, 491.
Iris. Contribution à la connais-
sance des mouvements de 1 ?
par Bumke, 444. -
Isolement. L'- des aliénés, par
l3oinot-Rodzewitscht,151.
Jalousie. La chez l'enfant,
par Bérillon, 395.
Jeux de hasard. La psychologie
des -, par Ilermann Lau-
rent, 397.
Journal. Nouveau- : Revue de
la Neurologie, de la Psychia-
trie et de la Thérapie psychi-
que et diététique, 335.
Kleptomanie. Voir Mutisme.
KORSAKOFF. Sur le diagnostic
différentiel de la maladie de
, par Soukhanoff et Bou-
tenko, 63. Syndrome de et
paralysie générale, par De-
roubaix, 307.
Kronthal. Critique du mémoire
de intitulé : Cellule ner-
veuse et psychose, par Nissl,
126.
LANDRY. Anatomie pathologique
et bactériologie de la paralysie
ascendante de , par Nazari,
228.
Lapin. Voir Glande.
Lecture. La de la pensée et
les rayons N, par Kotik, 135.
Lésion. Un cas de traumati-
que des protubérances sans
du crâne, par SL.Orlowski, 54.
bulbo-protubérantielle uni-
latérale, par Souques, 452.
LIPOMATOSE symétrique doulou-
reuse et maladie de Dercum,
par Boudet, 316.
Liquide céphalo - 1\ \C ! ! IIHEX.
Ecoulement continu de - -
par le nez, par Vigouroux, 70.
TABLE DES MATIERES, 503
Localisations motrices. Voir
Métamérie.
blACHODACTYLIE congénitale, par
Raymond et Quillain, 159.
Magistrats. Les - et les alié-
nés, par Archambaull, 169.
Main. Action hypnogénique de
la , par Demonchv, 7b.
Maladies nerveuses. Voir Elec-
trotlrérapie. Des mentales
consécutives aux auto-intoxi-
cations expérimentales, psy-
choses des chiens privés de la
glande thyroïde, par Blum,
293.
MAL de MER. Voir Suggestion.
M.%11CIIE. Voir Dégénérescence.
UASTOUYNIE. Guérison d'une
bilatérale par la franktinisa-
tion, par Schatzky, 323.
Mécanisme. Voir Mouvements vos
lontaires.
Médecins ministres, 335. Fixa-
tion du nombre des dans les
asiles publics d'aliénés. Rap-
port fait au Conseil supérieur
de l'Assistance publique, par
' Bourneville, 416.
Mélancolie. Voir Epilepsie.
Mémoire. Sur une altération
singulière de la chez un
aliéné alcoolique uxoricide,
par Cristiani, 304.
Méningite. Voir Système ner-
veux. syphilitique. Voir
Argyll. Deux cas de lym-
phocytique dans les oreillons,
par Chauffard et Boidin, 316.
De la cérébrale, par Liew-
kowsky, 320. hémorragique
subaigue avec hydrocéphalie
chez les nouveau-nés, par
Marfan, Aviragnet et Délot,
320. Contribution à l'étude des
accidents nerveux, consécutifs
aux aiguës simples, par
Courlellemont, 416.
11 ! 1¡ : '\Il"GO-MYILI'fE, par Mosny et
Malloizel, 159.
Mensonge. Genèse du chez
certains enfants mentalement
anormaux, par J. Philippe,
398.
Métamérie. Les localisations
motrices spinales et la théorie
de la -, parParhon et Golds-
lein, 230.
Méthode. Voir Préparations his-
tologiques.
Meurtre. Voir Asiles d'aliénés.
nIICItoCÉI'IIAL1E. Contribution à
l'étude de la - par l3ecllte-
rew et Joukowsky, 385.
Migraine. La commune,'syn-
drome bulboprotubérantiel à
étiologie variable, par Lévi,
160.
Moelle. Contribution à l'histo-
logie des altérations par com-.
pression de la dans les tu-
meurs vertébrales, par Biels-
chow-sky, 42. Contribution à la
question de la régénération de
]a, par Fickler, 42. Contri-
bution à l'anthropologie de la
par Pfister, 127. - Voir
Syndrome solaire. Altérations
de la en un cas d'amputa-
tion ancienne de l'avant-bras,
par Bosenberg, 290. Du fais-
ceau X à la région cervicale
la plus inférieure de la -, par
Purves-Stewart, 296. Voir
. Cellules motrices.
Morphine. Voir Contracture.
Morphinomane. Voir Aphasie.
Mouvements associé-». Voir
Hémiplégie. Le mécanisme des
volontaires, ' par Store ! \ : ,
297. Essai sur la physiologie
pathologique du , dispari-
tion des dans la chorée
chronique, par Vaschide et
Vurpas, 446.
Moyen LI11,EP'rO-I--llNA,rEUrt. Un
héroïque : le décubitus \
latéral gauche, par Crocq, 63."
Muscles. Voir Ecorce cérébrale.
La dualité fonctionnelle du,
par Mlle Yoteyko, 295.
Mutisme hystérique, agraphie et
kleptomanie, par 'I'oporhotl',
244. datant de seize mois chez
un dégénéré migrateur, gué-
rison par suggestion, par Lan-
nois, 391,
Myasthénie IIUI,110-SPI ? ArE, par
Raymond et Sicard, 160.
bulbo-spinale, par Launois,
Klippel et Villaret, 248.
Myélite. Contribution à l'étude
de la typhique, par Lépine,
447.
MYOKYMiE. Contribution il la
casuistique de la -, par Pini,
236. - '
Myopathie HYPERTROPHIQUE con-
504 TABLE DES MATIÈRES.
sécutivè à la fièvre typhoïde,
par Babinski, 12.
Myxoedème fruste, croissance
tardive, diabète, par Apert
311. < ,
Narcolepsie. (Sommeil palho-
logique), par Chavigny, 390.
-Narcose éthyl-méthylique. Nou-
velles applications de la-,par
Farez, 162.
Nécrologie. D' P. Garnier, 335
et 466, D' Bécoulet, 335. John
Sibbald,485.
Néoplasie médullaire.Voir Syn-
drome solaire.
Néoplasme de l'estomac ; endo-
cardite végétante, embolies cé-
rébrales, déviation conjuguée
de la tête et des yeux avec hé-
mianopsie par ramollissement
de la sphère visuelle occipita-
le, par Nicolas et Cade, 383.
Nerfs. Voir Yeux. Une preuve
de l'existence des trophi-
ques, par Siciliano, 229. Con-
tribution à la connaissance du
gisement des - craniens mo-
teurs dans le pied du pédon-
cule cérébral, parBikeles, 230.
De l'origine du dépresseur
du coeur, par Koester, 232. Con-
tribution à la question des -
conducteurs de la chaleur et
du froid, par Téliatnik, 299. Lé- 1
sion par arme à feu des-op-
tique et oculomoteur externe,
. par Liass, 315. - du membre
supérieur, Voir Paralysies,-
Voir Cellules motrices.
Neurasthénie. Voir Angoisse.
NEUiIO-1-IBIIILLFS. Leslésions de
dans la paralysie générale,
par Ballet, 158. Persistance des
dans la paralysie généra-
le, par Dagonet, 399.
NEUHO'FIBHO\1.\'1'OSE. Un cas de
généralisée, par Rudler, 312.
Neuromyosite. Voir Stasobaso-
phobie. Lésions de - sciati-
Névralgie. Lésions de - scia li-
tique, par Thomas, 100. Essai
de classification de quelques
faciales par des injections de
cocaïne loco dolenti, par Ver-
ger, 448
Névraxe. Ilérédo-s%pliilis du
à forme tabétique très amélio-
rée par le traitement mercu-
riel, par Guillain at Thaon, 2;,1.
Névrite, sensitivo-motrice des
extrémités par abus de bicy-
clette, par Lévi et ? ormser
73. toxique, par Babinski,
159. ascendante, par. Ray-
mond et Guillain, ;250.-= mul-
tiple associée à la maladie de
Basedow, par Diller, 315.
Névrose. Voir Obsession. Les
troublesvaso-moteurs dans les
- , par Grachetti, 228. Les
dans le milieu scolaire. Réac-
tions réciproques entre élèves
et maîlresau point de vue des
influences morales, par Le
Gendre, 309. Voir. Goutte.
La chloruralion de l'organis-
me et les -, par Claude, 321.
NICOTL\IS)IE chronique, par To-
porkow, 388.. ,
No-ItESTnr·.mr. De l'avènement du
en Russie, par Oslanlcow,
152. .
Noyau du pneumogastrique.
Voir Carcinome. intratngé-
minal. Voir Rétine. Du rôle du
caudé, par Stieda, 291. De la
fonction tiu - caudé, par Stié-
da, 291. Recherches psycholo-
giques sur le lenticulaire,
par Schaikewitsch, 292.
Nystagmus associé, par Strans-
ky, 58. essentiel congénital,
par Lenoble et Aubineau, 161,
Obsession. De l'- dans ses rap-
ports avec la psychasthénie
curative, par Marandon de
Montyel, 61. Contribution à l'é-
tude des syndromiques de
la névrose de défense, par
Strohmayer, 64
Oculomoteur. Voir Paralysie.
OESOPH \GE, Voir Carcinome. Des
corps étrangers de l'- chez'
les aliénés, par Privat de For-
tunié, 432.
OPIr'r'H.1L110PLÉGIE, interne trau-
matique, par Schullze, 59.
externe congénitale et familia-
le, par Pagniez, 452.
Oreillons. Voir Méningite.
Ostéopathie, trophique de la
hanche gauche, par Brissaud
et Rathery, 71.
Palais. Sur la forme du -chez
les aliénés, par Ugolotti, 225.
Papille. Contribution à la ques-
TABLE DES MATIÈRES. 505
lion* de la étranglée, par
UlrtUoiF, 125.
Paralysie, faciale périphérique
due à un tibrosareome englo-
" bant le nerf à sa sortie du bul-
be, par Raymond, Huent et Al-
quier, 1. Histopathologie de la
générale, par de Buck, 56.
Hypertrophie et lésions (tu-
meur) du glanglion sympathi-
que cervical dans un prétendu
cas de -générale, par de Buck,
57. Des consécutives à l'u-
sage du phosphate de créoso-
te, par Loewenfeld, 68. Bul-
bo-spinale. Voir Basedow. Ré-
flexion sur un cas nouveau de
- générale conjugale d'origine
syphilitique, par Garnier et
Santenoise, 99. -Voir Epilep-
sie. La infantile, par Glo-
rieux, 139. pseudo-bulbai-
res chez l'enfant, par Decroly,
139. De la différence de pro-
nostic entre les des plexus
et celles des trorc< des nerfs
du membre supérieur, par
Bruns, 319. Sur la - progres-
sive. Etude statistico-clinique,
par Funaioli, 330. générale,
Voir jVeK)'o./7& ? 7/M. Géné-
rale. Voir Réflexe. Bulbo-
spinale asthénique, 455. Obser-
vation de de l'oculomoteur
externe et de parésie des mem-
bres à la suite d'une fracture
du crâne, par Bloch, 145. De
la participation du muscle or-
biculaire palpébral aux fa-
ciales corticales et sous-corti-
cales, par Bechlerew, 14S.
générales de longue durée,
par Brunet, 155. générale,
Voir Esclzan'es. générale,
Voir Fibrilles. - ascendante,
Voir Landry. générale,
Voir Histologie. -.générale,
Voir Voix. Voir Korsako.
Note sur l'aplatissement hypo-
tonique du pied dans la gé-
nérale, par Féré, 305.-géné-
rale et hystérie, par Jolfroy,
309. - faciale. Voir Symptô-
me. Observation de arséni-
cale, par Kron, 312.
Paraplégie, spasmodique. Voir
Sclérose. Voir Tétanos.
Parésie spasmodique. Voir Trou-
blés.
Parkixsox. Maladie de - et état
paréto-spasmodique, par L.
Lévy et Taquet, 250. La mala-
die des -, par Itaymond, 320.
Pathologie bulbo-cérébelleuse.
Contribution àla-;par Lé-
vy, l3onniat et Taguet, 73.
Pédoncule cérébral Voir Nerfs
crâniens.
Personnel médical. Voir Asiles
d'aliénés. des asiles d'alié-
nés par Deswarte, 254. --
et secondaire à l'Asile clinique
par Dubuisson, 411.
Phénomène de « déjà vu ». Sur
le ou fausse reconnais-
sance, par Ballet, 73.
Phimosis. Crises de convulsions
après l'opération du -, par
Hégnault. 316.
Phosphate de créosote. Voir
Paralysies.
Pied. Voir Paralysie générale.
Pigeon. Voir Tractus.
Pixel. Monument à ? 4LG.
Piqûre de la 3" paire dorsale
gauche au niveau du ganglion
spinal, par Wallenberg, 54.
Plexus. Voir Paralysies.
Poliomyélite subaiguë à type
scapulo-huméral, par Gauck-
ler et Roussy, 71 curable
chez un gymnasiarque con-
sécutive à des excès de fatigue,
par Raymond et Guillain, 74.
Polynévrite lépreuse unilaté-
rale gauche, par Brissaud et
Rathery, 71. motrice ou po-
liomyélite antérieure subai-
gui ! par Brissaud et Bauer,75.
Etude sur la tuberculeuse,
par Colella. 141.
Ponction lombaire. Valeur dia-
gnostique de la - -, par Ba-
duel, 149. Valeur thérapeu-
tique de la , par 13duel,
325.
Préparations IIISTOLOGIQUES.
Nouvelle méthode propre pour
obtenir des des plus fines,
en soumettant à la force cen-
trifuge des tissus dissociés
par la secousse ou des coupes
notamment du système ner-
veux central, par Reich, 291.
506 table DES matières.
Priapisme et grosse rate ; 25 1
jours d'érection continue sans
rémission n'ayant cédé qu'à
un débridement des corps ca-
verneux, par IIaillot et Viar-
don, 315.
Prix de l'Académie de méde-
- cine, 413.
Processus d'auto-intoxication,
Voir Psychoses.-
Protubérance, Voir Lésion.
Voir Tumeurs.
Purpura. Voir Démence -pré-
coce.
PSYCHASTHÉXIE. Voir Obsession.
PSICFI1S'l'III : \IQUE. Voir Staso-
basophobie.
Psychiatrie. Des tendances et
aspirations nouvelles de la .
contemporaine, par Ossipow,
392.
Psycho-esthésiomètre. Un ,
par Collucci, 138.
PSYCIIO ? 10'rlLl'ril. Voir Troubles.
Psychopathies. Voir Excitation.
. Psychoses. Voir troubles vis-
céraux.De la théorie des-d'o-
rigine toxique, parIIeiberg, 67.
Voir Hydrothérapie. Les
puerpérales et les processus
d'auto-intoxication ; par Du-
pouy, 80. Voir Kronthal.
polynévritique avec insuffi-
sance hépatique, par Jaquelin
et Perpère,l5. - des chiens.
Voir Maladies mentales. L'ori-
gine périphérique des-, par
de Buck, 305. Les puerpé-
rales et les processus d'auto-
' intoxication, par Dupouy, 331.
Psychothérapie. Voir Ergothé-
rapie.
Pyramides. Voir Faisceau anti-
rolatéral.
Pyridine. Action de la sur le
tissu nerveux et méthode pour i-
la coloration élective du reti-
culum fibrillaire endo-cellu-
laire et du reticulum périphé-
rique de la -.cellule nerveuse
des vertèbres, par Donaggio,
149. '
Radium. Action thérapeutique
du , par Raymond et Zum-
mern, 324.
Rage. Recherches sur la , par
I)oddi, 235. clinique. Voir
Céphalo-rachidien.
Rapport médical, pour 1903 sur
l'Asile public d'aliénés de la
Charité-sur-Loire, par Cho-
creaux, 80. annuel de la sec-
tion des aliénés de l'hôpital
arménien de Saint-Sauveur à
Constantinople, par Mongeri,
246. du directeur-mélecin
de l'asile d'aliénés de la Ruche-
sur-Yon, sur l'exercice 1903,
par Cullerre, 330. de l'asile
d'aliénés de l'Eure pour 1903,
par Bessière, ¡¡36. sur le
quartier d'aliénés de l'hospice
général de Nantes pour 1903,
par Biaute, 336,457. de l'asile
d'aliénés de Quimper pour
1903, par Meilhon, 336. sur
l'asile de la Roche-Gandon,
pour 1903, par Pain, 336.
sur l'asile d'aliénés d'Armen-
tièrespour l'exercice 1903, par
Chardon et Raviart 400.
sur l'asile public d'aliénés de
la Charité-sur-Loire (Nièvre),
pour l'exercice 1903, par Cho-
creaux 402. - sur l'asile pu-
blicd'aliénés de la Haute-Ga-
ronne, en 190 : 1, parDubuisson,
405. sur l'asile d'aliénées de
Bordeaux. Rapport médical
pour 1903, par Anglade et Jac-
quin, 453. médical sur
l'asile de Saint-Robert, pour
l'année 1903, par Bonnet, 458.
médical et compte moral et
administratif pour l'exercice
1903 de l'asile d'aliénés de
Blois, parDoutrebente, 460.
sur la division des femmes de
l'asile d'aliénés de Marévilie
(Meurlhe-et-Moselle), par Pa-
ris, ·1G1. sur la division des
hommes de l'asile public d'a-
liénés de Marévillo, par Vernet,
4(i2.
Rate. Voir Priapisme.
R.YVaun..1 propos du syndro-
me de , par Masoin, 58. As-
sociation chez un idiot de la
maladie de et de gangrène
neurolique cutanée multiple,
par de Buck. 61.
Rayons N. Les - existent-ils ? ` ?
par Faure (L.), 392.
REcKLimGU.»sr.x. Maladie de ,
par Chiray et Coryllos, 251.
Réflexe. Un auriculaire, par
Aller, 290. Du acromial,
table des matières : 50T
par l3ecltterew,29G.Du-lom-
bo-fémoral, par 13ecbterew,
297. Nouveaux détails sur le
sus-orbitaire, par Carthy,
297. Réplique à IIudove1'l11g,
par le même, 297. Etude gra-
phique des -plantaires à l'é-
tat normal et dans quelques
affections spasmodiques du
système pyramidal, par Verger
et Abadie. 302. Le premier
symptôme et l'importance des
achilléens dans le tabes, par
Goldllam, 317. Le- lumineux
dans la paralysie, générale par
Marandon de Montyel,417.
Région visuelle. Voir Ecorcc
cérébrale .
Br,ii,. Voir Syringomyélie.
La voie lectospinale des-
cendante, le noyau intratrigé-
minal et les points de repère
d'orientation de la , par
Kohnstamm, 233.
Rétrécissement mitral. Coe-
xistence d'un et d'une hé-
morrhagie cérébrale, par Le-
clerc et Beutter, 382.
SAC;is..Voir Système nerveux.
Sciatique. "Le signe du salut
dans la , par Bloc ! ), 1G4.
Sclérose atrophique hémisphé-
rique, Imbécillité, hémiplégie
droite, épilepsie, accès et ver-
tiges, démence, par Bourne-
ville et Maugeret (Reine), 18.
Contribution à l'histologie de
la en plaques (nouveaux
procédés), par Bielsehowskv,
40. Remarques sur ce travail,
par Stroehuber, 45. Les fibres
nerveuses amyéliniques dans
les foyers de en plaques,
par l31elschowslcy, 45. Contri-
bution à la question de la ré-
génération des. fibres nerveu-
ses dans les foyers de la-en
plaques, par l3artels, 45. Nou-
velle contribution àl'anatomie
pathologique de la latérale
amyotrophique, par Sarbo, 50.
en plaques juvénile, par
Dupré et Garnier, 71. - en
plaques, voir Ataxie cérébel-
leuse. en plaques famili-
ale, Contribution à la patho-
génie des paraplégies spasmo-
diques hérédo-familiales, par
Mâfisalongo, 240. en pla-
ques chez un enfant de 5 ans,
par Armand Delille, 249. Ana-'
tomie pathologique des
combinées tabétiques, par
Crouzon, 302. latérale
amyotrophique, par Raymond
et Cestan, 451. en plaques,
par Claude, 451.
Sécrétion sudorale.Voir Centres
corticaux.
SEr : '1'IOXS xr.nVEUSES-, par Mélia,
- 251.
Sens. Voir Tact. Revue des plus
récents travaux sur le mus-
culaire, par Borowikow, 299.
Perte du musculaire aux
doigts des deux mains avec
intégrité de la sensibilité de
la main de l'avant-bras ; par
Bouchard, 445.
Sensibilité vibratoire (osseuse).
Contribution à la question
de la , par Schtscherbak,
378. De la localisation et de la
valeur clinique de la os-
seuse ou vibratoire, par Minor,
379. '
SéOUES'l'n \'1'1011'. La - des crimi-
nels aliénés, par Aschafl'en-
burg, 326. .
Sérum sanguin. Voir Epilepsie.
Sommeil post-épileptique. Voir
Epileptiques. Un cas de - hys-
térique avec personnalité sub-
consciente, par Jourdan, 396.
S'1' \SOD \SOPHOBIE chez un psy-
eliasi liénique l'occasion d'une
neuromyobite, par Raymond
et Guillain, 250.
Statistique. Voir Enfants idiots.
S'1'Én(;O'1'\ l'If : . Etude clinique sur
la des déments précoces,
par Dromard, 189.
Stimulus électriques. Voir
Temps de réaction.
Stockes-Aiumo. La maladie de
- , par Calvo, 238.
Strabisme. Hygiène de l'enfan-
ce. Cause évitable du -,
33G. ,
Stupeur mélancolique, par De-
roubaix, 392.
Suggestion. hypnotique. Le trai-
tement du mal de mer par la
- -, par IL Osgood, 73.
éthyl-méthylique. Voir Vomis-
semeuts. - mentale ou tour de
508 table des matières.
passe-passe, par Bechterew,
135. Voir Hémic1'allie.
Voir 'Mutisme,
Symptômes pupillaires. Les
d'après les nouvelles recher-
ches de physiologie palholo-
- gique, par Siciliano, 228.
- - : Un - rarement décrit dans la
paralysie faciale périphérique,
par Cassirer, 310
Syndrome. Voir Raptaud. Un
catatonique supprimé par
l'intervention chirurgicaie, par
Bonhoelfer, 70. paralytique.
Voir Folie. solaire avec
néoplasie médullaire et état
de la moelle lombo-sacrée, 54
ans après l'amputation de la
jambe, par de Buck, 295.
Syphilis. La héréditaire, par
Gaucher, 316. Voir Brown-
Séquard.
SYRI,XGOBULBIE. Voir Syringo-
myélie.
SYRIXC,OMYÉLIE. Voir Dupuytren.
Réplique aux critiques de
Kienboeck sur la symptomato-
logie des troubles trophiques
de la -. par Nalbandoff, 242.
Réplique à cette réponse,
par Kienboeck, 242. Contri-
bution à la palhogénie des
arthropathies dans la -, par
IIudovernic, 242. Un cas de
et de syringobulbie. Dégé-
nération du ruban de Reil, par
Kinner et Wilson, 446.
Système nerveux. Examen his-
tologique du- - central d'un
malade affecté d'idiotie amau-
rotique familiale de Sachs,
par Frey, 52. Formes frustes
de lésions du pyramidal,
par Babinski, 159. Les alté-
rations histologiques du sys-
tème nerveux dans la ménin-
gite, par Stefanelli, 229. ,
nerveux. Voir Préparations
histologiques. -, pyramidal.
Voir Réflexes.
Tabès. La genèse du -, par
Pandy, 243. avec atrophie
dans le domaine moteur du
trijumeau, par P. Marie et
Léri, 249. Voir Réflexes.
Accidents syphilitiques Pc n-
dant le-, par Dalous, 446.
et rééducation,parDufour,449.
Tabétique. Voir Douleurs.'
Voir Ganglion rachidien.
1'vcn.·Ue la détermination du
sens du au moyen d'un nou-
vel esthésiomètre, par S.
Graham Brown, 297. '
Tmrs DYNASTIQUES. 25j.'
'l'r-S.cus. Voir Idiotie.
TEMPS de réaction. Sur le -
avec stimulus électriques
cutanés d'intensité progressi-
vement croissante, par Ca-
priali, 139.
Téiutome. Voir Glande.
Tétanie. Communication pro-
visoire sur l'anatomie paito-
logique de la , par Pick,
235.
Tétanos. Quelques recherches
sur les échanges matériels dans
un cas de subaigu, par
Marchetti, 23G. Sur le traite-
ment du par les injections
intra-rachidiennes de sérum
antitétanique, par Bollin,321.
à début sous forme de pa.
raplégie spasmodique, par
Nicolas et Mouriquaud, 389.
Torticolis Du mental, par
Giglioti, 304.
Tractus. L'origine du-isthmo-
strié ou bulho-strié° du pigeon,
par Wallenberg, 41. "
Traitement. Un sale de l'épi-
lepsie, 336.
TIIJOEnLE1E"'I', Voir Béllédict.
Trijumeau. Voir Tabes.
TJ{OP ! 101 : UFm;, Conttibution à
l'élude du , par Sainton et
Voisin, 312. chronique non
congénital du membre infé-
rieur droit chez un enfant de
onze ans, par Weill et Pehu,
390.
Troubles viscéraux. Action
toxique des - - dans la ge-
nèse des psychoses, par De-
roubaix, z4 ? psychiques
d'origine probablement sulfo-
bicarbonée, par Charpentier,
158. vasomoteurs. Voir
Névroses. - trophiques. Voir
Syringomyélie. Les de la
pYcho-motiiit6, par de Buck,
384. médullaires de l'arté-
rio-sclérose, La parésie spas-
modique des alliéromateiix,
par l'ic et Bonnamour, 448.
thermiques, 452.
table des auteurs. 509
Tumeurs vertébrales. Voir
Moelle. Observation de - de La
protubérance avec dégénéres-
cence de quelques systèmes
cérébelleux, par Bloumenaou
et 'l'ikhomirow, : Z94. Un cas de
cérébrale à forme psy-
cho-paralytique. par Cornu,
303. ' .
Type infantile. Voir Gigall-
tlS112e, . z
Urémie. Contribution à l'ana-
tomie pathologique de l' -
dans un cas simulant d'abord
une tumeur du cervelet puis
une myasthénie. (Maladie
du Erb-Murri),par deLuzem-
berger, 141. Symptômes ner-
veux dans 1 ? par Cappe-
zolli, 238.
V tcwces MÉDICALES, SO,
Véroxal. Notes thérapeutiques
sur l'emploi du - chez quel-
ques aliénés, par Mignot, 9.
Du comme hypnotique, par
Francotte, 69. Observation
d'empoisonnement par le -,
par Raid, 322.
V ! Un \'1'10 : \8 mécaniques. Nou-
velles recherches expérimen-
tales sur l'action physiolo-
gique des mécaniques, par
Schtscherbak, 379.
Vision binoculaire. Voir
' Amblyopie .
VOIE TECTOSPI1\ALE. Voir Rétine.
Voix. Contribution à l'étude des
altérations de la aux deux
premières périodes de la pa-
ralysie générale, par Maran-
don de Montyel, 307.
Vomissements. Des sterco-
raux dans l'hystérie, par Breg-
man, 59. Voir 'Etat de mal
épileptique. incoercibles de
la grossesse guéris par la sug-
gestion éthyl-méthylique, par
Wiazemsky, 76.
Vue. VoirCentres.
Wundt et sa psychologie, 465.
Yeux. 1 e trajet central des
nerfs des muscles des , par
l'iltz, 47. '
ZD ! S'l'WOS. La répartition de
l'assistance psychiatrique des
au sein de la population,
par \Vyrouhow, 154.
Zona et affections banales de
l'appareildigestif, par Rouyer,
317. '
Zones perceptives et asso-
ciatives. Voir ilechiig.
TABLE DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS -
A
Abadie, 302.
Adamkiewicz, 123.
Agadjaniantz. 131.
.\lquier, 1.
Alter, 68, 146, 2HO.
Anglade, 45 : 3, 000.
Angelo, 176.
Antheaume, 390.
Apert, 811.
Archambaull, 169.
Arm an d-1) elille, 24U.
Ascliaffenborg, 326.
Aubineau, 161.
Aviragnel,320.
B
Babinski,71, 72,159.
Baduel, 149, 325.
Ballet, 73, 158, 15t1,
251, 430.
Barrels, 43.
Bastogli, 237.
Baucke, 41.
Bauer, 75, 450.
Baudin, 3 : '0.
Bechterew, 130, 131,
135, 148, 296, 297,
299, 322, 327, 385,
390.
Bérillon, 101. 395,396
Bertolotti, 236.
Bessière, 234, 336.
Beutter, 382.
Biancki, 137,153.
Biankini, 295, 321.
l31aute, 336, 4 : ,7.
Bielschowsky, 42, 45.
Bikeles, 230, . 81.
Binet - Sanglé. 3uÕ,
396.
Bloch, 145, 161.
Bloumenaou, 294.
Blum, 293.
Bogie, 228
Boidin. 316.
13ninot-Hodzewi tsch,
151.
Donlioelrer, 70.
lonnamoui,, 311, 418.
Bonnet, 458.
Bonniat, 73, 159.
Bontenko, 63.
Borowikow.299.
Gouchard,445.
Boudet, 316. '
Bourneville, 18, 269,
408,416, 441.
Bourneville(larcel),
'410.
Braun, 383.
liregman, 59, 241.
Brissaud, il,'75, 249,
252, 303, 311, 450.
Brunet, 155.
Bruns, 31\J.
Buck (de), 56,57, 61,
2\);). 30,i, 331, 1.
Bumke, 414.
C
Cade, 383.
Calvo, 238.
Camus, 451.
Cappezoii, 238.
Capriati, 139.
Carthy, 297.
Cassirer, 310.
Caziot, 317.
Cestan,451.
Chardon 400.
Charpentier, 158.
Chauffard, 310. -
Chavigny. 390.
Chiray, 251.
Chocreaux, 80, 402.
Ciaraufi, 229.
Claude, 321,451.
Colin, 55,
Cotella, 141.
Collucci, 1 : 38.
Contet, 176. '
Cornu, 303.
Uoryllos, 251.'
Coste, 382.
Coulonjou, 110.
Courtellemont, 160,
309, 416.
Crisliani, 30-1. 1
Cracq, 60, 63.
Crouzoll, 302, 311.
Cruche t, 3 : 17.
Cullerre, SI, 3 : 30.
Czarniecki, 302.
D
Wagonnet, 399.
Dalous, 446.
Damoglou, 164.
Debray, 295.
Decroly, 139.
])emeny,lT'3. -
Dejerine, 160, 252,323
450.
Delahaye, 323.
Demonchy, 76.
Deroubaix, 64, 307,
392.
l)eswarte, 254.
Detot,320.
Dide, 312.
Diehl, 31S.
Diller, 315.
Doddi, 235.
Donaggio, 149.
Doumer, 69.
Doutrebente,159,130.
Dreyfus, 450.
Dromard, 189, 360.
Dubuisson. 405, 4H.
Dupouy, 80,263,331.
Dupré, 74, 325, 451.
E
Emirzé, 306.
Erbsloeh, 145.
Erikson, 153 :
TABLE DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS. 511
F
Farez, 162,
Faure (L), 392.
Faure-Beaulieu, 7a,
250, 451.
Feinberg, 318.
Féré, 257, 308. '
Feuillade, 391.
Fickler, 42.
Forestier, 311.
Fragnilo, 138.
Franco tte, 69.
Francoz, 50.
Fi-ey, 52.
Funaioli,330.
G
GaleLOwoki, 160.
Gallavardin, 381.
Gargano, 23).
Garnier l'.), 7-1.
Garnier (S.), 99.
Garnie, 942.
Gaucher, 316.
Gauckler, il, 4 : iO
Gaupp, 64, 1445, 152.
Gauthier, 393.
Gerharlz, 150.
Giglioti, 304.
Gimbal, 158.
Giraldi, 237.
Giraud, 308.
Glorieux, 139.
Goetze, 06.
Goldflam, 317.
Goldstein, 230.
Grachetti, 228.
Graliam Brown, 297.
Grasset, 176.
Grenet, 311.
Griboiedow, 235.
Grocco, 23\1.
Grozmann, 247.
Guermann, 391.
Guillain,74, 159, 2 : 0,
251.
Guillemaetz, 139. -
H
Ilaillot, 315.
Ilald, 322.
Ilauser, 303.
Ileiberg, 67.
Ilermann - Laurent,
397.
Higier, 65.
Ilomburger, 387. *
lloppe, 317.
Hudovernig, 130,242.
Iluet, 1, 2a1.
- - 1
Iaroschewsky, 313.
Iwanolf, 41.
J
Jaboulay, 39d.-
Jacquin, 403.
.lacquelin, 155, 157.
Jambon, 381.
Jarocliewsky, 11G.
Joffroy, 309.
.loukowsky, 385.
Jourdan, 390.
K
1\ : a('s, 12 ?
Kastanaian, 298.
Kienbaeck, 242.
- KlI1nel' Wilsson, 446.
lilippel, 248.
Koenig, 247.
Koester, 232.
Kohnstamm, 233.
Kolik, 135.
laow alews6y, 313.
Krause, 234.
Kron, 244,.312.
Iironthal, 51.
L
Laignel - Lavasline,
304. *
Lampakow, 68.
Lannelongue, 393.
Lannois, 386, 391.
Launois, 249.
La Pegna, 161.
Leborgne, 312.
Leclerc, 382.
Le Gendie, 309.
Lenoble, 161.
Lépine, 447.
I.éri, 219, 4.p0.
Lesieur,384.
Levi (Il.), 134,
l.evy (L.), 73,15J, IGO.
Liass, 315, 319.
Liewkowsky. 320.
Loeper, 311.
Loewenfeld, 58
Luzemberger (de),
141.
M
Maïa, 140.
Malloizel, 150, 449.
\taltzew, J 53,
Marandon de Mon-
tvel, 61, 307, 309
411. '
Marchand, 154.
Marfan, 320.
Margulies, 231.
Marie (P.), 249, 252
451.
Iliarimo, 226.
1\larzbacher, 442.
l\lasoin, 8.
Massalongo, 240.
Massary (de), 70. z
Matagnp, 411.
Maugeret(l\111. Reine)
18.
Meeus, 246.
Meige, 303, 452.
Meilhon, 336.
Mélia, 251.
Mosny, lf,9, 449.
\Iouriquaud, 389.
Mignon, 9.
Minor, 3/9.
nLon(eri, 24G.
Muller, 176.
' N
Naecl : e, G2.
Nageolle, 301.
Nalbandoll', 242.
Nagari, 225.
Nicolas, 383, 389.
\issl, 12t1.
O
Orlowski (SI.), 51.
Ormea (d'), 176.
Osgood, 75.
Ossipow, 146, 392.
Ostankow, 152.
512 TABLE DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS.
P.
Pagniez, 452.
Pain, 336.
Pandy, 242.
Paris, 461.
Parhon, 23 \
Pasini, un.
' P6hu, 382, 390.
Perpère, 155.
Petren, 234.
Pfister, 127
Philippe, 173, 598.
Pic,311, 4 1 S.
Pic, 235,
Piltz, 47,
Fini,236, 241.
Popoff, 141.
Poussèpe, 124.
Privât de Forlunié,
432.
Purvès Stewart, 290.
Q.
Quensel, 142.
R. *
Racine, 173.
Halhery, 71, -1 ?
Havmon,t, 1, 74, 1 : ;(1,
160, 250, 320, 329,
451.
Raviart, 400.
Fiégnaull, 316, 39ù
Reich, 134, 291.
Renuari, 58.
Rodolico, 239.
Rollin, 321.
Rose, 251.
Rosembprr, 296.
Rouma, 139.
Rou : y, il, 160, 40.
Rouyer, 317.
l3oy, 157, 451.
IW dler, 312.
Rummer, 393.
S
Saenger, 243.
Saillant, 155.
Sain Ion, : 312,
Samaja, 141.
Santenoise, 99.
Sarbo, 50.
Schaikewitsch, 92.
Sultalzky, 323.
Schnilzèr, 323.
Sclifcherhak, 379.
Schullze, 59.
Sérieux, 9, 169.
Serrignp, 329.
81sard,160,249.
Siciliano, 228, 229,
240.
Simon, 104.
Sokolo,%%-, 308.
Soukhano(f, 63.
Souque*. 1ô'" 452.
Spi Iller, 30.
SpielmAyer. 442.
Sléfanelli. 2 ? 9.
Slembo, 150.
Slieda, 191.
filraetlsler, 51.
Siranskv, 52, 231.
Stnrch, 297.
Slroehuber, 45.
StrohmayPr, Gd.
Stumpf, 163.
T
Taguet,73, 25G'
Tamboni, 176.
Teliatnik, 299. °
Tessier, 70. ? ?
Thaon, 251.
Thomas, 160, 303.
Tikfiomirow, 294.
Topotkuw, 244, 388.
Touchard. : 309.
Trepsat; 308.
U
Ugolotti, 225.
UhLhofr, 128.
Ular, 256.
V
Valobra, 238.
Van Deventer, 492.
Vashide, 446.
Verger, 302, 448.
Vernet, 462.
Viardon,315.
Vigouroux, 70, 155,
1 156.
Villaret, 248.
Vurpas, 446.
W
\VaIV, 165.
\lrallenberl;, 41, 51.
lVéber, 117.
Weill, 390.
\1'iazem : kv, 76,
\Vilson, 446.
Wormser, 73. °
\Vyroubow, 154.
Y
Yoleyko (Mlle), 295.
Z
Zummern, 324.
Clermont (Oise). Imprimerie D.ux frères.