(1890) Archives de neurologie [Tome 20, n° 58-60] : revue mensuelle des maladies nerveuses et mentales
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(1890) Archives de neurologie [Tome 20, n° 58-60] : revue mensuelle des maladies nerveuses et mentales

ARCHIVES

DE

NEUROLOGIE

ÉVREUX IMPRIMERIE DE CHARLES HEUISSEY

ARCHIVES

DE 1r

NEUROLOGIE

REVUE

DES MALADIES NERVEUSES ET MENTALES

PUBLIEE SOUS LA DIRECTION DE

J.-111. CHAKCOT

ÀIPC LA co.t.Anonrott DR

MM. BABINSKI, BALLET, BAUDOUIN (31ÀItCELI, BITOT (P.-A.),

BLANCHARD, Bl.OCQ, BONI\Alltl ? (E.), HOUCIIERKAU.

DB1ANU (hl.), «HISSAI ! ) (I : .), BIl0lA1tUl : L (P.), CAMLSET, CATSARAS.

CHARPENTIER, CHASLIN, CBHlSTIAN, UEBOVE (M.),

DE1.ASIAII\1 : , DI : N1', 1)[IVAI, (MATUIAS), FEI1111,11, FRANCOTTE,

GILLES DE LA TOURETTE, GOMBAULT, GIIASSET, JOIFItOY (A.),

KERAVAL (P.), LANDOZ)', MAGNAN, MARIE, MIEIIZEJEWSKY,

MUSGHAYE-C.LAY, ONANOFF, pAHlNAUD, P1LI.IET, PIEIIRET, PITRES,

POPOFl', MAOULT, IlA1'AIONU IF.), ]OEGNA)U) (A.),

REGNAI1D (P.), NOCHER (P.), ROUBINOV1TCH, W. ROTH, A. ROUSSELET,

SECLAS, SIIGIIIN » SÉRIEUX (P.), SOLL11m, SOUIiY(J.), TEINTURIER (1 : .)

THI1L1É (IL), rllOISlE11 (t ? -), TfïOL\ITD, l'IGOUIIOUX (Il ),

VOISIN (J.), P. YVON.

Rédacteur en chef : BOUItNRV11.1.1.

Secrétaires de la rédaction : J.-B. C11ABCOT FILS et G. GUINON

Dessinateur : LEUBA

Tome XX. 1890.

Avec une planche et 36 figures dans le texte

PARIS

BUREAUX DU PIi0GItÈS MÉDICAL

lli, rue des Cannes.

1890

Vol. XX. Juillet 1890. N" 58

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

PATHOLOGIE NERVEUSE

DU BÉGAIEMENT HYSTÉRIQUE :

GILBERT BALLET,

Professeur agrégé à la Faculté, médecin

des hôpitaux.

et t

PAUL TISSIER,

Ancien Interne des hôpitaux.

Nous nous proposons d'appeler l'attention sur un

trouble de la parole que l'un de nous a eu l'occasion

d'observer plusieurs fois chez des malades hystériques.

Il s'agit d'une variété de bégaiement qui,, par sa

physionomie, son évolution, ses coïncidences symp-

tomatiques, peut être très légitimement, suivant nous,

rattaché à l'hystérie. L'un des malades dont l'observa-

tion figure dans ce mémoire, a déjà fait l'objet d'une

communication à la Société médicale des hôpitaux 1.

Nous allons nous attacher à développer les considéra-

tions qui n'ont été que très brièvement présentées,

lors de la communication en question.

Jusqu'à une époque toute récente, les troubles du

langage et de la parole chez les hystériques avaient

' G. Ballet. Du bégaiement hystérique, in Bulletins et mémoires de

la Société médicale des hôpitaux, séance du 11 octobre 1889.

Archives, t. XX. 1

2 PATHOLOGIE NERVEUSE.

peu fixé l'attention. Briquet, dans son traité, indi-

quait bien l'aphonie comme une manifestation possible

de la névrose. Bateman et quelques autres parlaient

aussi d'aphasie, mais nulle part on ne trouvait une

' analyse symptomatique attentive de tous ces désordres

du langage chez les hystériques, qu'on qualifiait tour

à tour, d'aphasie, d'aphonie, de mutisme. M. Charcot,

sur ce point comme sur tant d'autres, a rendu à la

science un très grand service le jour où il a soumis à

une étude clinique rigoureuse l'aphasie des hystériques.

Les caractères très spéciaux de cette aphasie sont

aujourd'hui bien connus; ils ont été fixés d'une façon,

on peut dire définitive, au moins quant à leurs traits

généraux, dans les leçons de notre maître et les publi-

cations de ses élèves 1.

Mais l'aphasie, c'est-à-dire dans l'espèce, l'impossi-

bilité absolue d'articuler le moindre mot ou même d'é-

mettre le moindre son, n'est pas l'unique trouble qui se

puisse observer. Celui sur lequel nous désirons nous

arrêter n'est ni moins remarquable, ni moins typique.

A la vérité, le bégaiement dont nous voulons chercher

à mettre en relief et l'individualité et l'importance

cliniques, n'est parfois qu'un dérivé, un aboutissant

de l'aphasie. Mais il s'isole souvent d'une façon si nette,

il acquiert dans le tableau morbide une prépondérance

si caractérisée, qu'il mérite, on va le voir, une étude

attentive et une description à part. Les faits doivent

comme toujours être notre principal objectif. Nous les

livrons tout d'abord au lecteur.

1 Voir notamment : Cartaz. - Du mutisme hystérique d'après les

leçons de M. Charcot, in Prog. médical, 1886.

DU BÉGAIEMENT HYSTÉRIQUE. 3

Observation 1 - Intoxication saturnine. Hystérie. Bégaye-

ment transitoire et récidivant. (Observation recueillie avec le

concours de M. Marquez, interne des hôpitaux.)

Cab... (Edmond), âgé de quarante-trois ans, peintre eu bâti-

ments. entré le 29 novembre 1887 il l'hôpital Broussais, salle

Delpech.

Antécédents IIÉnF : Dl'fAIlOES.- Père mort d'accident, mère d'hydro-

pisie. Un frère mort pendant la Commune. Aucun autre renseigne-

ment précis sur les ascendants ou collatéraux.

Antécédents personnels et histoire de l'affection. - Cab...

exerce depuis longtemps la profession de peintre. Il avait joui

d'une bonne santé jusqu'au jour où il ressentit les premières mani-

festations de l'intoxication saturnine. C'était en 1862; à celte

époque, il paraît avoir éprouvé une première attaque de coliques.

Vers le même temps, il fut pris de paralysie qui semble avoir été

une paralysie atrophique généralisée, et pour laquelle il a été

soigné et guéri par Duclleuue (de Boulogne). Depuis 186; Cab...

a été souvent repris de ses coliques de plomb, il a eu une dizaine

de crises au moins. Pas d'alcoolismu. Pas de syphilis.

An mois de janvier 1886, par suite des circonstances que nous

allons indiquer, survint un accident nouveau. Voici du reste la

relation écrite de cet accident telle que l'a rédigée le malade : a Je

demeurais, écrit-il, dans la rue de la Parcheminerie et comme je

travaillais dans ma maison, j'avais mes enfants Jules et Edmond

auprès de moi. Je dis le matin à 9 heures et demie à Edmond : « Va,

« avec ton frère, chercher votre lait et fais attention aux voilures. »

Au bout de quelque temps ne voyant pas mes enfants revenir, je

cherche partout. Ne les trouvant pas, je vais faire ma déclaration

au commissaire de police qui me reçoit fort mal. A force de me ren-

seigner, j'apprends enfin qu'une femme est partie dans une voiture

enmenant mes deux fils. Au signalement qu'on me donne de cette

femme je reconnais la mère de mes enfants, une ancienne maîtresse

avec laquelle je ne vis plus depuis longtemps. Je cours chez elle, mais

en arrivant il m'n été impossible de dire une parole, je suis resté la

bouche ouverte, la salive s'écoulant au dehors et j'ai dû être trans-

porté à l'hôpital, dans le service de M. Damasehino. «Le malade

est resté deux mois à l'hôpital Laënnec. Dès les premiers jours, sa

parole était revenue, mais elle était défectueuse, il y avait du bé-

gayement. « Je faisais rire en parlant les gens du service, nous dit

Cab... » Suus l'influence d'un traitement hydrothérapique éner-

gique, les symptômes s'amendèrent progressivement.

Au mois d'avril 1886, Cab... tomba d'une échelle haute de

35 pieds. Il se fit de fortes contusions, se brisa le péroné. Mais il ne

semble pas que la chute ait ramené les troubles de la parole.

4 PATHOLOGIE NERVEUSE."

En juillet 1887, le malade, qui depuis quelques semaines avait

repris de l'ouvrage dans une fabrique de céruse, éprouva de nou-

veau de la difficulté à parler. En quinze jours, les mouvements de

la langue devinrent si difficiles, queC... se décida à entrer a l'hô-

pital Beaujon, service de M. Gombault. Il y resta jusqu'en no-

vembre, époque à laquelle il gujérit tout d'un coup, au sortir d'un

'bain. La guérison ne se maintint pas longtemps, puisque peu de

jours après, C... était obligé de se faire admettre à l'hôpital Brous-

sais où nous l'avons observé.

A l'arrivée du malade, nous constatons chez lui trois ordres de

symptômes, les uns témoignant de l'intoxication saturnine, les

autres démontrant l'existence de l'hystérie, enfin une gêne par-

ticulière de la parole qu'on peut appeler bégayemeut.

1° Symptômes d'intoxication saturnine. - Actuellement, l'inloxi-

cation saturnine ne se révèle plus chez Cab... que par l'existence

d'un liséré gingival léger. Il n'existe ni paralysie, ni atrophie mus-

culaire qu'on soit en droit de rapporter à l'empoisonnement par le

plomb.

po Symptômes nYSréayuc,s. Ils consistent en troubles de la

sensibilité générale et spéciale.

a. Sensibilité générale. Il existe une anesthésie dilfuse, presque

complète au tact et à la chaleur, absolue à la douleur. Cette anes-

thésie s'observe à la face, aux membres, au tronc et à l'abdomen.

Toutefois, comme on peut le voir sur les figures 1 et 2, elle n'est

pas générale; les plaques sensibles, nombreuses, d'étendue fort

variable, correspondant aux parties blanches du schéma, existent

aux membres et au tronc. Au niveau de plusieurs de ces plaques,

notamment de celle de la partie latérale gauche de l'abdomen et

du dos, la peau est non seulement sensible, mais nettement hypé-

reslhésique. Sur ce point, la peau est plus rosée et plus vasculaire

qu'ailleurs; si l'on frictionne un peu énergiquement les parties in-

sensibles, la peau rougit d'abord, puis bientôt, sa sensibilité repa-

rait au niveau des parties frictionnées.

'b. Sens musculaire. 11 semble conservé, en ce sens que le ma-

lade reproduit exactement avec le membre supérieur gauche les

mouvements passifs communiqués au membre droit et réciproque-

ment. Mais si l'on ordonne à C... de porter, après avoir fermé les

yeux, l'index de chaque main à l'extrémité du nez, il exécute cor-

rectement le mouvement avec la main droite; au contraire, il est

obligé avec la main gauche de recourir à de nombreux tâtonne-

ments. Ce qui indique qu'à gauche, le sens musculaire est au moins

alfaibli.

c. Se)M<6t/e.)Mtft ? Il n'y a pas de rétrécissement appréciable

du champ visuel. L'ouie par contre est très diminuée à gauche : la

montre pour être entendue doit être placée à 2 centimètres seu-

, DU BÉGAIEMENT HYSTÉRIQUE. 5

lement, tandis qu'à droite, elle est entendue à 15 et 20 centimètres.

L'odorat et le goût [sont très [amoindris. Quand le malade

mange, il lui semble qu'il mâche du coton.

3° Troubles DE la parole, BÉGAYKMENT. Le symptôme qui attire

tout d'abord l'attention, celui pour lequel le malade vient à l'hô-

pital, c'est une difficulté très grande de la parole. Cab... est, en

effet, atl'ecté d'un bégayement très accusé.

Il n'est nullement aphasique. Il a à sa disposition tous les mots.

Mais il n'arrive qu'avec peine à les articuler, par suite d'un trouble

Fig. 1.

Fig. 2.

6 PATHOLOGIE NERVEUSE.

mécanique dans les organes d'émission. Comme chez les bègues,

la prononciation est d'autant plus difficile que le malade est plus

préoccupé et plus ému. C'est surtout lorsqu on lui pose une ques-

tion à l'improviste en sollicitant vivement une reponse, que le

trouble s'accuse. Si on lui demande brusquement le nom d'un

objet, on le voit tout d'abord faire un effort sans résultat; il peut

à peine sortir un son de la poitrine, puis il esquisse avec difficulté

- et incorrection la première syllabe du mot, enfin, il projette d'un

trait ce mot au dehors, en mangeant quelques-unes des syllabes et

allongeant, au contraire, outre mesure certaines autres. Lorsqu'on

cherche a analyser les défectuosités de la prononciation chez

Cab..., on constate qu'elles se ramènent à trois : 1° impossibilité

absolue de prononcer certaines syllabes ou certaines lettres de

l'alphabet. C'est ce qui a lieu par exemple pour la lettre x. Si l'on

invite le malade à dénommer cette lettre, il articule gi, ! il, fait des

efforts incroyables, essaye en articulant doucement, puis plus fort;

il a chaud, le front se couvre de sueur et finalement, Cab... se

déclare impuissant; 2° impossibilité d'articuler correctement

certains mots ou certaines syllabes, que le malade prononce, mais

en les altérant. Lorsqu'on le fait compter par exemple, il prononce

les mot< de la façon suivante : Un Queun, Deux- Gueen, J'J'vi,

Quoi; 3° enfin certaines lettres ou certains mots peuvent être

prononcés d'une façon à peu près correcte. mais après maints

tâtonnements et maints efforts' et lorsque le mot se compose de

plusieurs syllabes, quelques-unes d'entre elles sont articulées très

brièvement tandis que les autres sont démesurément allongées.

Voici quelques exemples :

b : Le malade dit en hésitant bè bè bye, puis il projette un fort

bê ou bébé.

c : cè cè cè ce.

S'agit-il de prononcer Nabuchodonosor. voici les résultats

obtenus : Ire fois : Kâ à nâ bû co d ô ô 6r; Le fois : Nâ à à bû

co o ô do no sor.

On voit qu'à la première tentative, Cab... n'a pu prononcer le

mot dans son entier et a escamoté une syllabe. A la seconde ten-

tative, il est arrivé à aiticuler tout le mot, mais en répétant plu-

sieurs fois la même syllabe.

4° Troubles DE motilité. La difficulté de l'articulation coïn-

cide avec un trouble manifeste de la motilité de la langue. En

etl'et, lorsque le malade cherche à tirer cet organe hors de la

bouche, il conduit la pointe jusqu'au niveau des lèvres sans pou-

voir en dépasser le bord libre (fil ! , : 3). -Au reste, la difficulté que

Cab... éprouve à mouvoir la langue se manifeste non seulement à

l'occasion de la parole, mais aussi pendant la mastication et le

premier temps de la déglutition qui est devenue difficile.

DU BEGAIEMENT HYSTERIQUE. 1

Elle contribue certainement pour une très large part au bégaye-

ment. Mais d'autres troubles de la motilité concourent aussi à le

produire : en 'effet, si l'on examine attentivement Cab..., au mo-

ment où il fait ellort pour prononcer une syllabe ou un mot diffi-

cile, on constate d'une part, que la respiration cesse d'être régu-

lière. Cah... fait une inspiration quasi convulsive. D'autre part, les

muscles de la langue, du pharynx et probablement du larynx sont

affectés de mouvements spasmodiques évidents et animés de con-

tractions irrégulières, d'où dérive le bégayement. A plusieurs

reprises pendant la déglutition, les liquides seraient revenus par le

nez, ce qui indique que les muscles du voile du palais à ce mo-

ment ne se contractaient pas plus que les autres avec leur régu-

larité habituelle.

ülmclae de l'affection. - Le malade est resté dans le service du

29 novembre 1887 au 31 décembre, c'est-à-dire pendant un mois.

Le trouble du langage est allé pendant ce temps en s'améliorant l

Fig. 3.

8 PATHOLOGIE NERVEUSE.

d'une façon progressive, mais non pas régulièrement continue.

D'un jour à l'autre, nous avuns pu constater dans la façon de parler

de Cah... des modifications très accusées avec retours offensifs.

Cab... dès le début nous avait raconté que sa difficulté à parler, si

accusée lorsque nous le voyions au lit ou dans la salle, s'atténuait

d'abord puis disparaissait complètement lorsqu'il prenait un bain

,et pendant la durée du bain. Le fait nous ayant ci priori semblé

singulier, nous avons tenu à nous assurer par nous-même de son

exactitude. Nous avons fait mettre Cab... au bain devant nous, à

plusieurs reprises, en choisissant de préférence le moment où

l'élocution était le plus difficile et nous avons constaté avec sur-

prise, qu'en effet, peu de temps après s'être plongé dans l'eau,

Cab... parlait plus correctement. Au bout d'une demi-heure

einiron, la parole devenait tout à fait facile. Cette amélioration

artificiellement provoquée par le bain se maintenait d'ailleurs peu

de temps après la sortie, au moins au début.

La prononciation vers la fin de décembre, étant devenue cor-

recte, le malade s'est fait admettre comme infirmier à l'hôpital.

Le premier janvier, au moment où nous arrivions dans le service,

il nous présentait ses souhaits, dans un petit discour- fort bien

tourné et débité sans difficulté appréciable de prononciation.

Observation II. Hystérie. Monoplégie double à droite. Déviation

de la langue à gauche. - Béguycment. (Hecueillie parM. : \hltQUEZY,

interne des hôpitaux.)

Dr... (Louis), âgé de 46 ans, forgeron, entre le 3 décembre 1887,

salle Delpech, lit n° 20 bis, à l'hôpital Broussais.

Antécédents héréditaires. -- Père, âgé de 74 ans, bien portant.

- Mère morte aphasique et hémiplégique droite à l'âge de 64 ans.

- A un frère bien portant ; deux enfants en bonne santé. Aucun

autre renseignement précis.

Antécédents personnels et histoire DE l'affection actuelle. -

A l'âge de H ans aurait eu une fièvre cérébrale ( ? ). Depuis 11 ans

jusqu'à 17 ans, on l'a toujours, par prudence, fait coucher avec son

père, car, souvent, il était pris la nuit, pendant son sommeil, d'une

sensation d'étoutfernents suivie de perte de connaissance. A son

réveil, il ne se rappelait pas ce qui s'était passé. A trois reprises

^différentes, vers l'âge de 16 ans, il a eu des pertes de connaissance

diurnes qui sont toujours survenues à la suite d'un tremblement

du bras droit accompagné d'un peu de parésie de ce membre.

A l'âge de 23 ans, deux ou trois nouvelles crises nocturnes d'étouf-

fement avec perte de connaissance. Depuis cette époque jusqu'au

mois de mars 188, la santé durait été à peu près bonne.

En mars, à la suite de chagrins, D... commença à ressentir des

maux de tête particulièrement d la nuque et accessoirement au

DU BÉGAIEMENT HYSTÉRIQUE. 9

'front. Il devint moins apte au travail. Un jour, étant en train de

forger, il se sentit indisposé et tomba à terre. Il ne parait pas avoir

complètement "perdu connaissance. Il ne voyait pas, mais il en-

tendait ce qui se passait autour de lui. Il resta dans cet état de

demi-somnolence environ une heure. Lorsqu'il revint lui, il cons-

tata qu'il ne pouvait remuer ni le bras, ni la jambe du côté droit.

La face était déviée vers la gauche et la parole presque impossible.

Le malade ne trouvait pas les mots et de plus, ne pouvait pas pro-

noncer.

La parole revint petit à petit au bout de six semaines à deux

mois. C'est vers ce temps que D... entra à l'Hôtel-Dieu dans le ser-

vice de M. G. Sée. 11 résulte d'une note qu'a bien voulu nous adres-

ser M. Capitan, ancien chef de clinique de M. Sée, que le malade

fut d'abord considéré comme atteint d'une tumeur cérébrale, pro-

bablement de nature syphilitique. Il présentait à cette époque de

la parésie du côté droit, des vertiges, de la céphalée, des pertes de

connaissance. C'est seulement après avoir suivi le malade pendant

quelque temps qu'on fut conduit à reviser le diagnostic primitif et.

à admettre l'hystérie. On releva en effet une anesthésie du côté

parésie, un rétrécissement du champ visuel, des points hysléro-

gènes aux régions dorsale et précordiale. D... fut soumis à l'hydro-

thérapie ; il quitta l'Ilûtel-Dicu amélioré, peu après se lit admettre

à la Salpêtrière, et de nouveau rentra à l'Hôtel-Dieu.

Le 1er décembre 1887, le malade qui était relativement bien et

avait repris ses occupations, fut pris de malaise dans la rue et per-

dit connaissance, Il tomba sans se débattre. Lorsqu'il revint à lui,

au bout de cinq minutes environ, la jambe et le bras droit étaient

parésiés à un haut degré etla parole très difficile. Deux jours après

le 3 décembre, le malade entrait à 1 hôpital Broussais.

Etat actuel au moment DE l'entrée. 1° On constate une

faiblesse très accusée des deux membres droits, particulièrement

' de l'inférieur. La parcsie de ce dernier entraîne une gêne réelle

de la marche et de la station.

Lorsque le malade se tient debout, il écarte notablement les

jambes l'une de l'autre. Le membre inférieur droit est animé d'un

tremblement rhylmique, qui s'accuse de plus en plus, à tel point

que l'équilibre serait perdu si D... ne faisait un pas en avant ou en

arrière. La station debout devient impossible lorsque les yeux

sont clos, ce qui dénote une altération du sens musculaire. Pen-

dant la marche, le malade traîne la jambe droite directement d'ar-

rière en avant, sans faucher ;

2° La sensibilité est abolie dans tous ses modes au niveau des

membres parésiés. On peut loucher, piquer, brûler la peau sans.

que D... accuse la moindre sensation. Au membre inférieur, il

exisLe trois petites zones sensibles, situées l'une à la partie anté-

rieure, l'autre à la partie postérieure de la cuisse, la troisième au

10 PATHOLOGIE NERVEUSE.

niveau du creux poplité. La zone anesthésique se termine brus-

quement à la racine du membre (fir. 4).

3° La sensibilité spéciale à peu près intacte à gauche est très

altérée à droite. De ce côté, la conjonctive est anesthésique, la vue

est trouble, le malade ne voit qu'un brouillard ; pour qu'il entende

la montre il faut que celle-ci soit appliquée directement contre le

pavillon de l'oreille ;

4° Zones hypéresthésiques. Il en existe trois : au niveau de chacune

des fusses iliaques et de la région épigastrique.

5° Motilité de la face. A la face, on constate plusieurs parlicula-

Fit. 4.

DU BÉGAIEMENT HYSTÉRIQUE. 11

rités intéressantes. Les paupières sont animées d'un clignotement

beaucoup plus fréquent qu'à l'état normal. En outre, le malade

contracte légèrement le frontal et les orbiculaires des paupières :

l'ouverture palpébrale est de ce chef rétrécie.

La langue est nettement et assez fortement déviée vers la

gauche lorsque le malade la tire hors de la bouche. Cette dévia-

tion ne s'accompagne pas, comme cela est habituel en pareil cas

de contracture des muscles de la face du côté correspondant.

Cependant le sillon naso-laléral gauche sans être plus relevé est

peut-être un peu plus accentué quele droit. Mais si l'on fait faire

des giimaces au malade, on ne constate pas de différence entre la

contractilité des deux côtés (fig. 5).

Les troubles de la parole qui s'étaient déjà montrés lors de la

première attaque soin actuellement beaucoup plus accusés.

La parole est très lente. Cette lenteur ne résulte pas d'une diffi-

ulté à trouver les mots, qui viennent au contraire très bien. Mais

Fig.5.

12 PATHOLOGIE NERVEUSE. ·

la prononciation est très altérée. Le malade allonge outre mesure

certaines syllabes, tandis qu'il en précipite certaines autres. Voici

quelques spécimens de sa parole : Jeee vous l'ai dili - Où j'éêtais

rêçû Pas un mouvement.

11 n'y a pas de nasonnement, le malade prononce les voyelles

a, e, i, o, u, de la façon suivante, ma, me, mi, mo, mu. Il ajoute

ainsi la consonne m aux voyelles et n'arrive que très difficilement

à les prononcer sans l'addition de cette consonne et seulement

après les en avoir fait précéder plusieurs fois.

On le fait compter, il dit : mun - deux trois quate, etc.,

Il prononce ainsi les lettres de i'aiphabet a = ma ; b=bé; c = ce ;

d = dé ; e=mé; f = mef ? g ; h=meache; i = mi ; j =ji;

k = gaka : 1 = nielle : n = nenue : o = mo ; p = pe ; q = gu ;

r = meerr ; s = mess ; t = té ; u = mu ; v = ve ; x = mix ;

y = mygrecque ; z = zed.

Comme il est facile de s'en convaincre, l'addition du son m

devant les voyelles constitue donc chez D... le vice principal de la

prononciation.

12 décembre. - Le malade présente toujours les mêmes troubles

de la prononciation. Lorsqu'on insiste, il arrive cependant à pro-

noncer les voyelles en les aspirant : u = mu =hu ; a = ma = ah.

Il appuie davantage sur certaines lettres, exemple : bas = baas. La

langue est toujours fortement déviée vers la gauche et animée de

tremblements fibrillaires très marqués.

13. L'examen de la sensibilité montre une anesthésie complète

du membre supérieur droit. La zone insensible s'étend jusqu'à la

moitié de la clavicule. Elle entoure l'épaule et forme un véritable

gigot. A la face, anesthésie du côté droit. Aux membres inférieurs,

même état qu'à l'entrée.

A la face, on note : 1° un clignotement continu et très accentué

des paupières; 2° une légère accentuation du sillon naso-labial

gauche, sans déviation de la face, sans pli des lèvres indiquant

une contracture ; 3° pas de différence dans la mobilité des deux

côtés de la face; 4° lorsqu'on fait ouvrir la bouche, on ne constate

pas d'asymétrie. Lorsque le malade tire la langue hors de la bouche,

elle est fortement déviée à gauche et animée. de tremblements

fibrillaires.

Les troubles de la parole persistent, mais notablement modifiés.

Voici un exemple de la parole du malade : Je vais mieux dêpûis

trois jours. Les phrases et les mots, lorsqu'ils ont une certaine

longueur commencent par les longues et se terminent en général

parles brèves. la lecture, les mêmes troubles persistent. Du

reste, ceux-ci sont plus marqués à certains moments.

28. Le malade sort sur sa demande.

Nous l'avons retrouvé à l'hôpital Necker en septembre et octobre

DU BÉGAIEMENT HYSTÉRIQUE. 13

1888. La langue élait toujours fortement déviée et le bégayement

persistait.

Les mains et les pieds étaient animés d'un tremblement géné-

ral ; ce tremblement joint aux troubles de la parole, avait fait,

songer à la sclérose en plaques.

Observation III. - Intoxication saturnine. Hystérie.

Bégaiement hystérique.

lion ? (Paul), âgé de trente-trois ans, entre le 21 septembre

1889 à l'Hôtel-Dieu, salle Saint-Thomas, service de'\1. le profes-

seur PROUST, suppléé par M. Ballet.

Antécédents héréditaires. Père mort en 1870, fusillé par les

Prussiens ; mère vivante, très nerveuse, mais n'ayantjamais en de

crises convulsives, ayant souffert de névralgie sciatique et de

névralgies faciales très rebelles au traitement, et sujette depuis la

mort de son mari à des troubles intellectuels passagers.

Oncle paternel présentant des attaques convulsives fréquentes

avec perte de connaissance, paraissant être des attaques épilep-

tiques. Pas d'autres antécédents.

- Antécédents personnels et histoire DE l'affection. Fièvre

jaune en Cocbinchine en 1873, et scorbut en Laponie; apprêteur

et broyeur de couleurs, en contact permanent avec le plomb;

notre malade a eu trois fois des coliques saturnines. La dernière

fois en septembre 1887. Il présente un liséré plombique très net.

Il n'ajamais eu de paralysies, et n'a pas remarqué chez lui, jus-

qu'à ces derniers temps de troubles de la sensibilité.

Il a un caractère très vif, et se met facilement en colère. 11 frappe

alors son adversaire, et s'attaque à tous les objets à sa portée. Il

n'ajamais eu antérieurement d'attaques convulsives.

Il y a huit jours, se trouvant à l'exposition, il se prend de que-

relle avec un camarade d'atelier, et en vient aux coups. Vivement

contrarié par la menace d'un renvoi, il reprend néanmoins son

travail, mais au bout de quelque temps, il s'aperçoit que tout

tourne autour de lui. Les objets environnants lui paraissent rouges

verts, et il voit passer devant ses yeux des points brillants.

En même temps il pâlitet éprouve une sensation de constriction

à la gorge qui lui semble prise dans un carcan. Il interrompt son

travail et il rentre chez lui, où il reste jusqu'au surlendemain. Il se

lève ce jour-là et sort : à peine dans la rue, il est pris d'éblouis-

semenls, la tête lui tourne et il chancelé. On le conduit dans une

pharmacie, où on l'interrroge. Il lui est impossible d'articuler une

parole, il ne peut qu'émettre quelques sons inarticulés, « ah ! oli ! . »

On le prend, dit-il pour un Allemand et on le conduit au poste,

où il ne peut arriver à faire comprendre au commissaire qu'il est

14 -PATHOLOGIE NERVEUSE.

Français et demeure rue Sainte-Marguerite, qu'en écrivant tous ces

renseignements.

Relâché, sur la recommandation de son hôtelier et du contre-

maître de son atelier, il rentre chez lui et ressent alors des dou-

leurs et des fourmillements dans son avant-bras gauche. Le bras,

puis le membre inférieur gauche sont pris successivement.

Le malade inquiet, essaie de s'expliquer ce qui se passe etcons-

tate une légère impotence de tout son côté gauche et une insen-

sibilité absolue du même côté. Ces troubles persistent le lende-

main. Néanmoins, la parole est revenue, mais profondément

altérée. 11 entre alors à l'Hôtel-Dieu.

État actuel. 1° Troubles de la parole. - L'orsqu'on interroge

le malade, on est frappé immédiatement de la façon dont il parle.

Il ne scande pas les mots comme dans la sclérose en plaques, il

ne mange pas les syllabes comme le paralytique général, mais il

hésite sur certaines syllabes, et eu redouble ou en allonge quel-

ques autres, présentant un espèce de bégaiement intermittent assez

particulier. Voici un spécimen de sa prononciation : Voi-elà lé

siutèmo jour quë-èje suis tombé ma-malade et que-ej'ai été-éforcé

de ve-enir à-l'hôpital.

Les lettres sur lesquelles il hésite sont presque toujours les mêmes :

J, m, n, r, pu'il prononce èel, èem, etc.

En outre la mémoire des mots semble un peu diminuée et le ma

lade ne trouve pas toujours le mot qu'il veut dire, mais il le ré-

pète immédiatement lorsqu'on le prononce devant lui.

2° Troubles de la sensibilité.-Anesthésie complète du côté gauche,

sensitivo-sensorielle. - Le goût et l'odorat sont à peu près tota-

lement abolis à gauche. L'acuité visuelle et le champ visuel sont

très diminués au côté droit. 3° Troubles de la motilité. Le

membre inférieur gauche, est plus faible que le membre droit et le

malade ne peut se tenir debuut sur sa jambe gauche. Diminution

de la force musculaire au membre supérieur gauche qui serre

moins fort, et qui donne au malade une sensation de pesanteur

insolite lorsqu'il le soulève.

Pas de déviation de la face, ni de la langue. Lorsque le malade

tire sa langue qui est très grosse hors de la bouche, on y constate

des tremblements très accusés, rappelant ceux qu'on observe dans

les muscles chez les sujets atteints de sclérose en plaques. Tous les

mouvements de la langue sont [normaux, abolition des réflexes

plantaires et patellaires du côté gauche.

30 septembre. - La jambe est plus forte, et l'anesthésie y est

moins complète, le bégaiement persiste.

2 octobre. - Le malade prononce mieux certains mots. La

langue présente toujours des mouvements spasmodiques rapides,

plus étendus que les mouvements fibrillaires. Pas de troubles de la

DU BÉGAIEMENT HYSTÉRIQUE. 15

motilité du voile du palais, pas de nasonnement. Anesthésie pha-

ryngée et laryngée; cordes vocales normales. Le malade ne peut

fixer un objet sans s'endormir, mais il n'est pas suâgestionnable.

3 - Le bégaiement est surtout marqué lorsque le malade est

ému. 11 ne se modifie pas dans le bain.

15 - La parésie des membres supérieur et inférieur gauches

a à peu près complètement disparu; le malade bégaie moins en

chantant. - 48 novembre. Le bégaiement persiste, mais bien moins

marqué.

Voici l'état de sensibilité le 15 novembre. Anesthésie complète

Fig. 6.

16 PATHOLOGIE NERVEUSE.

du membre supérieur se terminant en arrière à l'omoplate. Anes-

thésie de la cuisse, de la partie postérieure de la jambe. Anesthé-

sie du côté gauche delà face. Zones hypéresthésiques au niveau

de la fosse iliaque gauche, de l'épigastre et au dessous du mame-

]on gauche; au niveau de la partie antérieure du genou gauche la

sensiblililé est normale (v. fig. 6).

La lecture des trois observations qui précédent, et

particulièrement des passages de ces observations rela-

tifs aux troubles de la parole, donnera mieux que toute

description didactique une idée exacte des troubles en

question. Nous avons cru devoir nous servir du terme

bégaiement pour désigner ces troubles.

Quelque reproche qu'on puisse - adresser à cette

expression, nous pensons qu'elle désigne mieux que

toute autre le désordre de l'articulation dont nous

visons à mettre les caractères en relief. On en jugera

d'ailleurs dans un instant.

De nos trois malades, deux sont saturnins et le

plomb a été la cause qui a éveillé l'hystérie, chez ces

individus à hérédité, d'ailleurs, défectueuse. -

Chez Cab..., nous trouvons : 1° des troubles de la

sensibilité générale : une anesthésie diffuse presque

complète au tact et à la chaleur et absolue à la dou-

leur, avec zones hypéresthésiques (voir fig. 1 et 2) ;

2° des troubles de la sensibilité spéciale : une diminu-

tion considérable de l'ouïe, à gauche; des troubles de

l'odorat et du goût (il lui semble, dit-il, manger du

coton); 3° une diminution du sens musculaire du

côté gauche).

Dr..., en 1865, à la suite d'une période de tristesse,

causée par des chagrins particuliers eut une attaque,

sans mouvements convulsifs et sans perte de connais-

DU BEGAIEMENT HYSTERIQUE.. · 17

sance. Consécutivement à cette attaque, apparaît une

hémiplégie droite avec déviation de la face à gauche,

qui fut rapportée à l'hystérie, dans le service de

M. le professeur G. Sée, où il fut soigné (hémianes-

thésie droite, points hystérogènes, aux régions dorsale

et précordiale, rétrécissement du champ visuel). En

1887, hémiparésie droite survenue à la suite d'une

attaque, avec perte de connaissance; on note alors :

1° de la parésie des membres supérieur et inférieur

droits; des troubles de la motilité de la face (clignote-

ment, rétrécissement de la fente palpébrale, accentua-

tion du sillon naso-labial gaucho, déviation de la

pointe de la langue, vers la gauche; 2° de l'anes-

thésie absolue au niveau des membres parésiés, se

terminant brusquement à la racine des membres; tics

zones d'hypéresthésie au niveau des fosses iliaque

droite et gauche et de la région épigastrique; 3° de

ü In ü ,

la diminution de l'acuité visuelle et auditive du côté

droit.

L'histoire de Bon... est aussi typique; sans parler

de ses antécédents, à la suite d'une vive discussion

et de la menace d'un renvoi de son atelier, se

montre de l'hémiparésie du côté gauche, avec hémianes-

thésie sensitivo-sensorielle complète. En outre, ce

malade est facilement hypnotisable et il lui suffit de

fixer un objet pour s'endormir.*

Ainsi, l'hystérie est manifeste chez nos trois malades

et s'affirme par ses stigmates les plus caractéristiques.

Ce premier point établi, il reste à démontrer que chez

nos malades hystériques, le bégaiement est survenu

sous l'influence de l'hystérie, qu'il est une manifesta-

tion hystérique.

Archives, L. XX. ' . 2

18 PATHOLOGIE NERVEUSE.

Cela ressort nettement de la lecture des observa-

tions. Il ne s'agit pas d'anciens bègues, les affirma-

tions de nos malades sont formelles sur ce point. A

ce sujet, il est intéressant de rappeler que Cab... avait

été acteur en province. Ce détail nous semble bien

établir que sa prononciation avait été correcte, jus-

qu'à l'apparition des troubles de la parole dont nous

nous occupons. Ceux-ci sont survenus brusquement,

à la suite d'une émotion violente, lors d'une première

atteinte; dans une seconde, Cab... guérit subitement,

au sortir d'un bain. Enfin, pendant son séjour à l'hôpi-

tal, nous avons constaté une amélioration remarquable,

se produisant régulièrement, dès que le malade était

dans un bain.

Chez Dr... les troubles de la parole sont survenus

brusquement à la suite d'attaques en 1885 et en 1887,

en môme temps que d'autres accidents hystériques

caractéristiques. Il en fut de même chez Bon... Dans

ce dernier cas, il y eut une première phase d'aphasie

hystérique.

Ainsi, nos malades sont des hystériques et c'est bien

de l'hystérie que relève chez eux le bégaiement.

Le bégaiement hystérique ne se montre pas toujours

dans les mêmes conditions. Dans un certain nombre

de cas, il précède ou il suit le mutisme. La période

d'aphasie peut être relativement très courte, ainsi que

nous le voyons chez Bon... A la suite d'une querelle,

dans laquelle il est allé jusqu'à frapper un camarade,

on le menace d'un renvoi, 11 est pris bientôt d'éblouisse-

ments, d'une sensation de constriction à la gorge et

rentre chez lui. Le surlendemain, en sortant, il éprouve

DU BÉGAIEMENT HYSTÉRIQUE. 19 J

des éblouissements, des vertiges, il chancelle et il

constate bientôt qu'il ne peut articuler une parole,

mais seulement quelques sons, « oh, ah »; on le prend

pour un Allemand et, mené chez le commissaire, il

ne peut s'expliquer qu'en écrivant, ce qui est bien un

caractère de l'aphasie hystérique. Dès le lendemain,

à l'aphasie a fait place le bégaiement.

Dans divers cas rapportés par MM. Charcot et Cartaz,

le bégaiement s'est montré beaucoup plus tard, comme

une étape de transition entre l'état de mutisme et

la guérison.

Chez Cab..., dans une première atteinte, le bégaie-

ment a succédé, au bout de quelques jours, à l'a-

phasie qui s'était produite à la suite d'une émotion

violente : enlèvement de ses enfants par son ancienne

maîtresse. Le malade en arrivant chez lui,. ? '6\ ? /« la

bouche ouverte, la salive s'écoulant au dehors) dans

l'impossibilité de dire un mort, Mais, une seconde fois,

le bégaiement évolua seul, pour son propre compte

et ne s'accompagna à aucun moment d'aphasie. La

cause provocatrice fut le contact de la céruse, à la

fabrication de laquelle il/travaillait. Après une brus-

que guérison momentanée, le bégaiement récidiva.

Le début fut progressif (le malade remarqua que peu

à peu sa langue s'embarrassait) et ne succéda cette

fois ni à une attaque convulsive, ni à une émotion

vive.

Chez Dr..., qui avait déjà eu antérieurement du

bégaiement, celui-ci s'installa à la suite d'une perte

de connaissance dans la rue, sans qu'il y ait eu mou-

vements convulsifs. Revenu à lui, au bout de cinq mi-

nutes environ le malade constata une parésie très

' : 20 PATHOLOGIE NERVEUSE.

marquée de son bras et de sa jambe du côté droit et

de la difficulté de la parole.

Nous voyons donc que le bégaiement peut évoluer

indépendamment du mutisme, et qu'alors il peut dé-

buter soitjnsidieusement, sans cause apparente, ou

bien survenir à la suite d'une perte de connaissance

et vraisemblablement, quoique nous ne l'ayons pas

observé, d'une attaque convulsive. Peut-être existe-

t-il dans ces cas, une période aphasique assez courte,

pour échapper au malade. Enfin, le bégaiement peut

servir de prodrome au mutisme, ainsi que l'indique

M. le professeur Charcot^

Les troubles de la prononciation qui constituent le

bégaiement hystérique sont plus ou moins prononcés;

pris en détail, ils n'ont rien d'absolument fixe et c'est

surtout le caractère général de la parole, le rythme

de la prononciation qui donne à cette variété de

bégaiement son aspect particulier, sa physionomie

propre. -

Aussi, autant il est simple de reconnaître le bégaie-

ment hystérique, lorsqu'on l'a entendu une fois,

autant il est difficile de le décrire exactement et d'en

bien faire ressortir les nuances.

Les troubles de la prononciation portent à la fois sur

les lettres prises individuellement, sur les différentes

syllabes des mots un peu longs et sur les mots qui

composent la phrase.

Les malades ne peuvent émettre les sons simples,

qu'en les faisant précéder d'une consonne, habituel-

lement la même pour toutes les voyelles (Dr... OBS. Il),

ou en les aspirant (même observation), ou bien encore

en les répétant plusieurs fois.

DU BÉGAIEMENT HYSTÉRIQUE. 21 l

Ces répétitions se produisent dans le corps des mots,

surtout devant certaines consonnes déterminées (/, n,

r, v, x,j, f, t); les consonnes sont mieux prononcées

que les voyelles, mais il est souvent impossible d'ob-

tenir des malades la prononciation correcte de cer-

taines d'entre elles ( ? , x), cette impossibilité peut

être absolue. C'était le cas chez Cab ? lorsqu'on insistait,

il faisait des efforts incroyables, essayant doucement,

puis plus fort; alors, après de vains efforts, le front

couvert de sueur, il se déclarait finalement impuissant.

Analysons maintenant les défectuosités de la parole,

qui sont identiques, que le malade parle ou qu'il lise.

Le premier caractère important, qui se retrouve

chez tous nos sujets, c'est la lenteur de la parole. Ils

traînent, ils s'arrêtent, ils hésitent et répètent cer-

taines syllabes. Ils allongent outre mesure certaines

autres et l'obstacle franchi, ils partent et prononcent

correctement les syllabes suivantes, jusqu'à ce qu'une

nouvelle difficulté se présente. C'est là un point qui

rapproche le bégaiement hystérique du bégaiement

vulgaire. ,

Les troubles de la prononciation portent surtout

sur les mots d'une certaine longueur. Les malades

commencent alors ( Ons. Il ) par des longues et

finissent par des brèves, et lorsqu'il s'agit de mot

assez complexes (Obs. I) ce n'est qu'à la suite

d'efforts et de tâtonnements, qu'ils arrivent à les pro-

noncer d'une façon à peu près compréhensible. Ex. :

Nàânàbûcodoosor, puis NâààbCicooôodôiiôsôr. - *

Enfin, il y a impossibilité d'articuler correctement .

certains mots et certaines syllabes : un : queun ; deux :

gueeu (OBs. 1).

22 pathologie nerveuse.

Le rythme de la parole chez nos malades est donc

tout à fait spécial. Ils ne rappellent pas les paralyti-

ques généraux qui mangent les syllabes et parlent

d'une façon plus' uniformément traînante, ni les indi-

vidus atteints de sclérose en plaques, qui scandent

beaucoup plus régulièrement les mots.

On sait que chez les bègues vulgaires, le vice de la

prononciation peut disparaître complètement lorsqu'ils

chantent. Nous avons fait chanter un de nos malades

(OBs. III) et constaté que les troubles de la parole,

sans disparaître, étaient beaucoup moins sensibles que

dans la conversation ou la lecture.

Le bégaiement varie d'intensité sous des influences

diverses. Chez un de nos malades, il disparaissait

lorsque celui-ci était dans un bain sulfureux; nous

avons constaté nous-mème ce phénomène au moins

singulier. Il n'en fut pas de même chez Bon...

(Ons. III).

La fatigue et surtout l'émotion accentuent beau-

coup le vice de la parole. Celui-ci atteint son maxi-

mum, lorsqu'on interroge brusquement le patient.

Nous citerons à ce propos l'observation de Cab... « Si

« on lui demande brusquement le nom d'un objet,

« on le voit tout d'abord faire un effort sans résultat ;

« il peut à peine faire sortir un son de sa poitrine,

« puis il esquisse avec difficulté et incorrection la

« première syllabe du mot et enfin projette ce mot

« d'un- trait en mangeant quelques-unes des syllabes,

« tandis qu'il en allonge au contraire, outre mesure,

' certaines autres. »

Nous' ne reviendrons pas ici sur les manifestations

hystériques diverses, que nous avons- indiquées plus

DU bégaiement hystérique. 23

haut, et n'insisterons pas sur les troubles de sensibi-

lité que nous avons notés au niveau de la langue et

du pharynx.

A l'examen laryngoscopique nous avons constaté

chez Bon... une anesthésie de toute la partie supé-

rieure du larynx et une intégrité absolue des mouve-

ments des cordes vocales. Ce n'est donc pas de ce côté

qu'il faut chercher la clef des troubles de la parole

qu'il a présentés.

Nous n'avons trouvé de lésions de la motilité du

côté du voile du palais que chez Cab... chez qui à

plusieurs reprises les liquides pendant la déglutition

étaient revenus par le nez. Aucun de nos malades ne

nasounait.

Les modifications observées du côté de la langue

sont autrement importantes. Chez Cab..., nous trou-

vons notés des troubles manifestes de la motilité de

cet organe. La pointe ne peut en effet dépasser le bord

libre des lèvres. La difficulté à mouvoir la langue se

manifeste non seulement à l'occasion de la parole,

mais aussi pendant la mastication et le premier temps

de la déglutition, qui est très difficile à exécuter.

Chez Dr... la langue était nettement et assez fortement

déviée vers la gauche lorsque le malade la tirait hors

de la bouche; en outre, elle était animée de tremble-

ments fibrillaires très marquées.

Chez Bon, elle est très volumineuse; lorsque le

malade la tire hors de sa bouche, on ne constate pas

de déviation, tous les mouvements sont possibles,

niais elle est animée d'un léger tremblement. Disons

en passant que ce tremblement est bien certainement

involontaire. Nous avons cherché à le faire imiter

24 pathologie nerveuse.

par différents élèves du service, aucun n'a pu y arriver.

Les contractions volontaires des muscles de la langue

ne ressemblaient que de fort loin aux petites oscilla-

tions constatées chez le malade.

A côté des troubles de motilité de la langue, il est

intéressant de signaler ce qui se passait. Chez Cab...,

lorsqu'il faisait un effort pour prononcer une syllabe

ou un mot difficiles. La respiration cessait d'être régu-

lière. Il y avait au début, une inspiration presque cor-

vulsive ; d'autre part, les muscles de la langue, du

pharynx et probablement du larynx étaient affectés

de mouvements spasmodiques évidents et animés de

contractions irrégulières. Il est clair que ces troubles

doivent entrer pour beaucoup en ligne de compte pour

expliquer le bégaiement. Dans une observation rap-

portée dans le mémoire de M. Cartraz, le malade

déclarait que l'air lui manquait.

Quelle est la pathogénie du bégaiement chez nos

malades ? Comme il précède et suit assez fréquemment

l'aphasie hystérique, on pourrait songer à lui attribuer

comme à cette dernière, une origine corticale, et à y

voir un trouble dans les représentations motrices néces-

saires à l'articulation des mots.

Les troubles que nous avons notés du côté de la

langue, du pharynx et des muscles de la respiration,

semblent au contraire devoir faire rapporter le bé-

gaiement à des causes périphériques. La lésion pri-

mitive consisterait ainsi, non pas dans une déviation

du fonctionnement de l'appareil cortical, mais bien

dans l'incoordination des mouvements des organes

d'émission de la voix.

Nous ne reviendrons pas sur le diagnostic du bé-

DU BÉGAIEMENT HYSTÉRIQUE. 23

gaiement hystérique avec les troubles de la parole,

qu'on observe dans la paralysie générale et dans la

sclérose en plaques. Nous y avons déjà fait allusion

brièvement. Rappelons seulement que les troubles de

la parole joints à un tremblement marqué des pieds

et des mains ont pu faire songer chez Dr... (OBs. II) à

la sclérose en plaques 1. Les commémoratifs, le mode

de début, l'époque d'apparition, les caractères parti-

culiers dubégaiement hystérique la présence des stig-

mates hystériques suffiront à différencier ce trouble des

diverses variétés du bégaiement vulgaire, sur la

nature et les caractères desquelles la lumière n'est

pas du reste encore complètement faite.

La durée du bégaiement hystérique est, comme

celle de tous les syndromes hystériques, éminemment

variable et ne saurait être fixée même approximative-

ment. Elle peut être assez longue.

Les récidives ne sont pas rares. Cab... en était à sa

troisième atteinte et Dr... à sa seconde.

D'après les faits qui précédent, nous nous croyons

autorisés à affirmer l'existence d'un bégaiement hysté-

rique. Si ce trouble n'a pas été jusqu'à ce jour, décrit

par le détail, au moins à notre connaissance, nous

devons rappeler toutefois qu'il a élé sommairement in-

diqué. M. Charcot l'a positivement constaté dans

quelques cas. Voici notamment ce qu'en dit M. Cartaz

dans l'article sur l'aphasie hystérique, qu'il a publié à

l'instigation de notre maître : « Le retour de la parole

(à la suite de l'aphasie) est subit dans la plupart des cas,

1 Ce diagnostic était d'autant plus rationnel qu'a cette époque on

, ne cunnaissait pas encore les tremblements hystériques. (Voir sur ce

dernier point les articles et les leçons de : \1.\1. l'îtres, ltemlu, Clutrcot.

z6 pathologie nerveuse. - DU bégaiement hystérique.

mais il ne se fait pas habituellement ad integrum, dès

le premier moment; il y a pendant un certain temps,

qui peut varier de quelques jours à quelques semaines,

du bégaiement, une certaine hésitation de la parole'. »

Dans les faits que M. Charcot a eu en vue, c'est l'a-

phasie qui a constitué le phénomène dominant en im-

portance et d'ordinaire le plus prolongé en durée; le

bégaiement n'y était qu'un incident accessoire. Dans

les nôtres au contraire, la période d'aphasie a été

tellement courte que ce symptôme aurait passé, pour

ainsi dire inaperçu pour l'observateur, si on ne s'était

attaché à le reconstituer rétrospectivement. Le bégaie-

ment en revanche tient par son importance et sa durée

la place dominante et pour ainsi dire exclusive dans

le tableau clinique.

Nosoloiquemeut la distinction n'a peut-être qu'un

intérêt secondaire; au point de vue clinique et dia-

gnostique, elle nous semble en avoir un très grand.

De même qu'il y a des aphasiques hystériques, qui

sont bien connus depuis les leçons de M. Charcot, de

même il y a des bègues hystériques. On doit être pré- v

venu du fait, si l'on ne veut s'exposer à confondre les

troubles de la parole dus à la névrose, soit avec ceux

que produisent diverses autres affections du système

nerveux, soit avec le bégaiement vulgaire.

RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS

1. Chez les indiyidus atteints d'hystérie on peut

observer un trouble transitoire de la parole, qui

1 Cartaz. - Du mutisme hystérique d'après les leçons de M. Charcot.

Loc. cit.

maladie DES TICS ET tremblement. ' 27 -j

rappelle par ses caractères ceux qu'on désigne géné-

ralement du nom de bégaiement.

IL - Jusqu'à ce jour nous n'avons observé le

bégaiement hystérique que chez des hommes.

Il[. - Ce trouble est d'ordinaire consécutif à une

attaque d'aphasie de durée très courte.

IV. - Il persiste pendant plusieurs semaines ou

plusieurs mois avec des alternatives d'amélioration et

d'aggravation.

V. - Nous l'avons toujours vu s'accompagner de

troubles de la motilité de la langue (parésie, déviation

spasmodique, tremblement). '

CLINIQUE NERVEUSE

LEÇONS SUR UN CAS DE MALADIE DES TICS ET UN CAS DE

TREMBLEMENT SINGULIER DE LA TÈTE ET DES MEMBRES

GAUCHES;

Par le professeur J. GRASSET (de Montpellier) '.

Recueillies et publiées par le Dr G. RAUZIEH,

Chef du clinique médicale '.

Il est entré tout récemment dans le service une jeune fille

qui présente, dans la tèle et le cou, des mouvements curieux

et presque incessants ; le diagnostic en est difficile et mérite

de nous arrêter. Quoiqu'il s'agisse d'un type bien différent, je

vous demanderai la permission de rapprocher de cette femme

une autre malade qui se trouvait, il y a peu de temps, dans

nos salles, et qui offrait également, du côté de la tête et de

l'épaule, des troubles cloniques constitués par des mouve-

ments bizarres de salutation.

Je commencerai par celle-ci, parce qu'elle a été la première

1 Leçons faites du 3 au lt mars 1890.

28 CLINIQUE nerveuse.

en date dans le service, et, en outre, parce que son diagnostic,

plus facile que celui de l'autre, nous permettra de procéder,

suivant notre habitude, du simple au composé.

Cette malade reproduit le type, aujourd'hui bien connu,

d'une affection curieuse, récemment étudiée, assez fréquente,

et pouvant. prêter à des considérations pratiques au double

point de vue du diagnostic et du pronostic.

I. - IL s'agit d'une jeune fille de dix-neuf ans, grande et

forte, de solide complexion bien qu'un peu lymphatique, cou-

turière à Perpignan. Elle nous est adressée par notre excellent

confrère, le docteur de Lamer, et entre dans le service le

23 octobre 1889. Aussitôt qu'on la voit, les pliénomènes pour

lesquels elle vient consulter attirent d'eux-mêmes Je regard.

Ce sont des mouvements brusques, à grand déplacement,

localisés dans certains muscles cervicaux, antérieurs ou posté-

rieurs, et les muscles élévateurs de l'épaule droite. Ces con-

tractions musculaires ne sont pas constantes ; elles reviennent

souvent, mais avec une fréquence variable et peuvent être

ramenées à trois types ou variétés, que la malade présente sans

alternance régulière et qui sont, par rang d'importance : '10 des

mouvements de salutation ; 2° des mouvements de projection

de la tête en arrière ; 3° des mouvements d'élévation de

l'épaule droite.

Les mouvements de salutation sont à la fois les plus fré-

quents et les plus étendus. Brusquement et comme mue par un

ressort, la tête se fléchit sur la poitrine, sans déviation laté-

rale, arrive au voisinage du sternum et se redresse non moins

brusquement pour reprendre la position normale. La projec-

tion de la tète en arrière est également brusque et médiane, la

tète revenant aussitôt à son point de départ.

Le mouvement d'élévation de l'épaule droite a une étendue

modérée ; l'épaule s'élève verticalement, la position du bras

par rapport à l'axe du corps n'étant nullement modifiée.

Ces divers mouvements se succèdent sans régularité et à

intervalles inégaux. Le mouvement d'élévation de l'épaule ne

se combine jamais avec l'un des deux premiers; ils se produi-

sent toujours isolément.

Leur fréquence s'exagère aux époques menstruelles ou

lorsque la malade est préoccupée, émotionnée, pendant les

examens ou interrogatoires au cours de la visite. Ils cessent

pendant le sommeil.

maladie DES tics et tremblement. 29

Durant les périodes troublées, on peut évaluer en moyenne

aux chiffres suivants le nombre des mouvements exécutés par

la malade. En une minute, elle exécute trois salutations, deux

projections de la tète en arrière et une élévation de l'épaule

(chiffres approximatifs). En temps ordinaire, la fréquence des

mouvements anormaux s'abaisse environ des deux tiers. Voilà

le symptôme. Qu'est-il et comment le classer ?

D'abord, et dans une première analyse très superficielle, ce

trouble étant caractérisé par des contractions anormales et

involontaires se produisant au repos peut être classé parmi les

encrées mais à la condition expresse de ne donner à ce mot

(au pluriel) qu'un sens purement symptomatique.

Je ramène, en effet, les symptômes constitués par des dépla-

cements anormaux et involontaires à quatre types.

Je les divise d'abord en deux classes : 1° les déplacements

oscillatoires, se faisant symétriquement de part et d'autre de

la position d'équilibre (tremblements) ; 2° les déplacements non

oscillatoires ni symétriques. Dans chacune de ces classesj'éta-

blis deux divisions suivant que le symptôme apparait exclusi-

vement à l'occasion des mouvements volontaires ou au repos.

On subdivise ainsi les mouvements anormaux en quatre

catégories : z11, tremblement au repos (type paralysie agi-

tante); - 2° tremblement dans les mouvements volontaires

(type sclérose en plaques) ; ;- 3° contractions anormales dans

les mouvements (type ataxie locomotrice) ; - 4° contractions

anormales au repos (type chorées).

Si on adopte un pareil classement, bien commode pour l'en-

seignement de ce chapitre de neuropathologie et que j'ai déjà

appliqué bien des fois, notamment dans l'étude des phéno-

mènes postparalytiques', on voit facilement que le symptôme

de notre malade rentre dans le quatrième type : c'est une

chorée.

Il ne s'agit pas, en effet, d'un mouvement oscillatoire régu-

lier de part et d'autre d'une position donnée ; ce n'est donc pas

un tremblement. Le déplacement, de plus, ne nécessite en

rien, pour se produire, une contraction volontaire des muscles

de la partie mobilisée ; il se produit au repos ou pendant des

contractions volontaires de muscles tout différents, durant la

1 Voir Progrès Médical, 19 novembre 1SS0, et article Parali/sie du

Dictionnaire encyclopédique, p. 560. '

30 clinique NERVEUSE.

marche par exemple ; par conséquent il n'appartient pas au

type ataxie. C'est donc un symptôme du type chorée. Sur ce

point, pas d'hésitation.

Mais, pris dans ce sens purement séméiologique, le mot

chorée est peu précis et il s'applique à des états très diffé-

rents. Il y a d'abord la chorée-névrose, chorée vraie, chorée

de Sydenham.

Notre malade n'appartient évidemment pas à ce type. Il

suffit pour s'en convaincre de rappeler cette phrase de Ziemssen

qui caractérise bien la danse de Saint-Guy, et que cite Ray-

mond dans son article du Dictionnaire Encyclopédique : « La

spontanéité du passage des contractions d'un groupe muscu-

laire à un autre, l'inépuisable activité des muscles, la rapidité

avec laquelle certaines convulsions apparaissent .et dispa-

raissent, la lenteur et la gaucherie des mouvements volon-

taires, les contrastes que présente le facies, grimaçant par

instants, inerte et comme hébété dans l'intervalle des spasmes,

tout, en un mot, forme un tableau caractéristique qu'il n'est

guère possible de méconnaître. »

Notre jeune fille ne présente aucun des traits de ce tableau

caractéristique : la contraction musculaire anormale qui cons-

titue le symptôme est absolument brusque, subite et unique.

11 y a bien trois types différents de mouvements, mais chacun

d'eux est nettement limité, toujours identique à lui-même ; il

n'y a nul passage des contractions d'un groupe musculaire à

un autre. Au lieu de voir une activité constante et inépuisable

des muscles, on constate un repos absolu pendant les inter-

valles, quelquefois assez longs, qui séparent deux contractions

successives.

Nous trouverons bien dans l'histoire antérieure de notre ma-

lade d'autres formes de ses convulsions cloniques ; mais jamais

l'apparition et la disparition de ces formes diverses ne se sont

faites rapidement. Chaque type a duré longtemps, restant

fidèle à lui-même pendant une longue période. Aucune lenteur

et aucune gauoherie dans les mouvements volontaires qui sont

absolument normaux. C'est là un caractère essentiel : tout est

normal dans l'intervalle des brusques et courtes contractions

pathologiques. - Aucun contraste non plus dans les aspects

successifs de la face. En un mot, notre malade n'est pas atteinte

de chorée de Sydenham.

MALADIE DES TICS ET TREMBLEMENT. 31 L

Nous trouvons ensuite la chorée rythmée, que M. Charcot a

très bien étudiée et qu'il a rattachée à l'hystérie. Dans la chorée

rythmée, comme chez notre malade, il n'y a pas ces gesticula-

tions illogiques, contradictoires et bizarres, qui appartiennent

à la chorée de Sydenham. Les mouvements involontaires im-

pulsifs, qui constituent le symptôme, sont complexes, cadencés

et se reproduisent suivant un rythme régulier. Ils sont systé-

matiques, semblent coordonnés suivant un certain plan, imi-

tant par exemple ceux de la danse, des rameurs ou des forge-

rons, reproduisant ainsi plus ou moins fidèlement des actes

voulus, logiques, intentionnels.

Les mouvements anormaux de notre malade rentrent bien

dans ce type : ils représentent parfaitement des actes coordon-

nés et intentionnels : la salutation, le redressement de la tête

ou le haussement d'épaule. Mais, si l'on peut dire que c'est

une chorée systématisée, ce n'est pas une chorée rythmée, en

ce sens que chaque contraction reste isolée, n'est pas suivie

d'une série d'autres.

Chez le choréique rythmé, qui salue une série de fois, sans

interruption, pendant un temps plus ou moins long, les mou-

vements se suivent, toujours les mêmes et très rapprochés.

Ici, rien de cela. Il y a un mouvement isolé de salutation, un

seul; puis un repos complet, pendant lequel le silence nerveux

est absolu. Et c'est seulement après ce repos, quelquefois assez

long, que survient une nouvelle contraction pathologique, tou-

jours brusque et isolée. M. Charcot a du reste montré que la cho-

rée rythmée est une manifestation de l'hystérie, et nous ver-

rons plus loin que notre malade n'est pas une hystérique.

Donc nous n'avons pas affaire à une chorée rythmée.

Est-ce un paramyoclonus multiple ? Je ne crois pas non plus,

bien que les analyses et les difficultés de distinction sur-

viennent toujours plus grandes au sur et à mesure que nous

avançons dans cette étude d'analyse diagnostique.

Je vous ai déjà parlé ailleurs', à propos de l'astasie-abasie,

de ce syndrome bizarre récemment décrit, et vous l'ai carac-

térisé par ce passage de Homen qui montre bien en même

temps lès analogies et les différences avec notre cas : « Se-

cousses singulières, souvent symétriques, ordinairement non

' Leçons sur un cas d'hyslerie mâle avec astasie-abasie, in Montpellier

médical, mars 1889.

32 CLINIQUE NERVEUSE. -

- rythmiques, dans des muscles déterminés symétriques des deux

côtés, souvent très distants les uns des autres et qui ne sont

pas toujours innervés par le même nerf, par conséquent tout

à fait indépendants par la situation et l'innervation. Ces se-

cousses, qui s'étendent sur toute la masse du muscle, sont

quelquefois isolées, quelquefois agglomérées, avec des inter-

valles irréguliers; elles se produisent, tantôt dans un seul

muscle, tantôt dans plusieurs à la fois ou alternativement ;

elles sont quelquefois accompagnées d'un mouvement corres-

pondant du membre, d'autres fois pas ; nous voyons encore

ces secousses se produire en apparence tout à fait spontané-

ment ; mais pouvoir être provoquées artificiellement... » Notre

malade présente certainement quelques traits de ce tableau;

mais il existe aussi des différences notables.

Dans le paramyoclonus multiple, il y a d'abord une dis-

persion de phénomènes que nous n'observons pas dans notre

cas. La malade présente, au contraire, une fixité de manifesta-

tions tout à fait remarquable. Chez elle, en outre, les mouve-

ments sont coordonnés, systématiques et fournissent la repré-

sentation pathologique d'un acte physiologique, voulu et

régulier : la salutation. Son salut est un peu court, un peu

brusque si vous voulez, mais c'est un salut. - Le paramyoc-

lonus ne présente, à l'inverse, ni régularité ni systématisation ;

jamais on ne peut comparer les déplacements qu'il provoqne

à des mouvements intentionnels.

Les travaux sur le paramyoclonus se sont multipliés depuis

nos leçons sur l'astasie-abasie, mais les grands caractères de

l'affection n'ont point été modifiés. Il suffit pour s'en rendre

compte de parcourir un article récent de Manguat et Edmond

Grasset, dans le Bulletin médical de 1888. ,

Dans un récent et très intéressant mémoire, paru dans la

Revue de médecine (1889-1890), Lemoine et Lemaire donnent

comme signe caractéristique du paramyoclonus : 1' l'instan-

tanéité des spasmes; z" leur incoordination absolue et leur

ressemblance avec des secousses électriques; 3° l'influence

exercée sur eux par la position du malade.

Le premier caractère ne distingue en aucune façon notre

cas du paramyoclonus; il l'en rapproche au contraire. Le

deuxième symptôme, par contre, révèle une opposition ab-

solue :

« Dans le paramyoclonus (p. 136) le spasme est rapide, ins-

MALADIE DES TICS ET TREMBLEMENT. 33

tantané; il ne se développe, dans la majorité des cas, aucun

mouvement ayant l'apparence d'un mouvement voulu ; à peine

est-il commencé qu'il est fini ; rien ne fait prévoir son étendue

ou sa direction; tantôt c'est un muscle, tantôt un autre qui en

est le siège, sans la moindre régularité et toujours avec la

même instantanéité. Les spasmes du paramyoclonus n'affectent,

par conséquent, aucune apparence de coordination ; ils sont

quelconques et ne constituent pas des gestes ni des mouve-

ments rappelant en quoi que ce soit des mouvements volon-

taires. Ce signe encore est constant; il se retrouve dans toutes

les observations. ])

Donc, notre malade n'est point atteinte de paramyoclonus,

puisqu'elle réalise des gestes logiques et comparables aux

mouvements volontaires.

S'il fallait un complément d'information pour établir la dis-

tinction des deux ordres de faits, il nous serait fourni par le

troisième caractère du paramyoclonus : « Couché, le malade

présente des spasmes beaucoup plus fréquents que dans les

autres positions; ils sont alors à peu près généralisés à tout le

corps, aussi bien au tronc qu'aux membres. Assis, il remue

moins, le tronc est presque immobile, sauf quelques oscilla-

tions antére-postérieures, et ce sont surtout les extrémités qui

sont le siège de secousses. Debout, les membres inférieurs sont

à peu près indemnes, à part toutefois des mouvements d'élé-

vation et d'abaissement de la rotule; le tronc, au contraire,

offre des mouvements de torsion et des oscillations diverses,

en même temps que les membres supérieurs sont constamment

agités. »

Les mouvements du paramyoclonus atteignent donc leur

plus haut degré de généralisation quand le malade est couché,

ils se localisent dans les parties supérieures du corps, lorsque le

sujet est debout. Or, chez notre malade, nous n'avons jamais

constaté de modification de cet ordre. Bien que j'attache à ce

troisième caractère une moindre importance qu'au précédent,

je vous le signale volontiers, puisqu'il vient corroborer une

opinion déjà formée grâce à celui-ci. La distinction étant net-

tement établie, il est juste d'ajouter que le paramyoclonus est

la maladie dont se rapproche le plus l'état de notre jeune

fille.

Je n'insisterai pas, au contraire, sur la chorée électrique qui

se rapproche beaucoup du paramyoclonus, au point que cer-

Archives, t. XX. 3

34 CLINIQUE NERVEUSE.

;ains auteurs ont voulu l'identifier à ce dernier. La chorée

électrique doit être, en tout cas, éliminée, du diagnostic, dans

le fait que je vous rapporte, pour les mêmes motifs que le

paramyoclonus.

Voilà, semble-t-il, assez d'éliminations. Il est temps de

faire un diagnostic positif. Qu'a donc notre malade ? Je vous

dirai tout de suite qu'elle présente un tic ou -plutôt qu'elle

offre un cas bien caractérisé de ce que l'on appelle la maladie

des tics ou névrose tiqueuse.

C'est là une maladie de description récente, dont il me paraît

intéressant de relever et d'analyser un,nouvel exemple.

Les tics ont été connus de tout temps. Vous pouvez prendre

une idée d'ensemble de leur histoire, en lisant les articles de

Letulle et de Guinon, parus en 1885 et 1887 dans les deux

Dictionnaires. Mais, dans ces dernières années seulement, on

a donné la description d'une maladie spéciale, d'une névrose

à part, dont la caractéristique se tire justement de l'existence

de ces tics.

C'est Gilles de la Tourette qui, en 1885, en a donné, dans les

Archives de Neurologie (u°5 25 et 26), la première description

sous la rubrique « Affection nerveuse caractérisée par de l'in-

coordination motrice, accompagnée d'écholalie et de copro-

lalie. Guinon a repris la question dans la Revue de médecine

de 1886 et a intitulé son mémoire : « Sur la maladie des tics

convulsifs. p

M. Charcot enfin, pour donner plus d'autorité encore à ces

travaux issus de la Salpêtrière, a consacré au diagnostic des tics

avec l'hystérie, une leçon clinique dans la Semaine médicale

de 1886 (n° 37) et plusieurs leçons du mardi 1.

Guinon définit le tic (p. 555) : * Un mouvement convulsif,

habituel et conscient, résultat de la contraction involontaire

d'un ou de plusieurs muscles du corps, et reproduisant le plus

souvent, mais d'une façon intempestive, quelque geste réflexe

ou automatique de la vie ordinaire. » Vous voyez que cette

définition répond parfaitement au cas dont nous nous occu-

pons : la salutation de notre malade est bien un mouvement

convulsif habituel, il reproduit aussi un acte de la vie ordinaire.

1 Voir plus récemment encore la thèse de Catron, soutenue à Paris

le 6 mars 1890, c'est-à-dire après que ces Leçons ont été faites, et qui

contient le résumé de 45 observations, recueillies à la Salpêtrière.

MALADIE DES TICS ET TREMBLEMENT. 33

Mais il ne suffit pas de constater que nous avons affaire à

un tic, il faut encore prouver que nous ne sommes pas en

présence d'un tic simple, au sens vulgaire du mot, mais qu'il

s'agit bien de la névrose tiqueuse, la maladie des tics convul-

sifs. Pour cela, il faut reprendre, dans l'observation, l'évolu-

tion et la succession des phénomènes, scruter enfin les anté-

cédents de la malade. Voici cette histoire, résumée d'après les

notes qui m'ont été fournies par mon chef de clinique, M. Rau-

zier : .

Le père de la malade est rhumatisant, ou du moins éprouve

depuis deux ou trois ans des douleurs dans les articulations. Sa

mère, exubérante méridionale, jouit d'une parfaite santé et n'est

pas nerveuse. Uans le reste de la famille, chez les ascendants et

chez les collaléraux, nulle trace de nervosisme ou d'éréthisme

Elle-même a présenté à toute époque une robuste santé ; elle joui

d'une excellente constitution.

Avant l'âge de quinze ans, elle a été atteinte de fréquentes mi-

graines et de tics bien caractérisés (le mot étant pris dans

son acception populaire), portant sur la bouche et les yeux. Elle

allait néanmoius à l'école, qu'elle a suivie jusqu'à treize aps,

apprenait facilement et ne commettait pas de maladresses.

A quinze ans est survenue la iiiensti ziÉttioi2, qui a toujours été ré-

gulière et peu abondante. A la même époque, et en l'absence de

toute cause déterminante telle que frayeur ou émotion quelconque,

les tics légers du jeune âge ont disparu et ont été remplacés par

des manifestations plus intenses.

Pendant sept ou huit mois, on note, durant la marche et par

intervalles, une projection en avant, violente et spasmodique de la

jambe droite. 11 résulte très nettement de l'interrogatoire que

chacun de ces mouvements est séparé des mouvements convulsifs

analogues par un certain intervalle, et n'est pas immédiatement'

suivi par une série de contractions du même ordre. En un mot,

il s'agit de mouvements isolés.

Ultérieurement, la malade a traîné pendant quelques mois la

jambe droite, ne s'appuyant sur ce membre pendant la marche

qu'avec la plus grande difficulté.

Durant les sept ou huit mois qui ont suivi, les troubles locomo-

teurs ont été remplacés par des sifflements présentant le même

caractère d'intermittence. Pendant un an encore, la malade a

proféré par intervalles et avec violence le cri « ah ! ». Toutes ces

manifestations se trouvent exagérées, dans leurs fréquences et

dans leur intensité, aux époques menstruelles.

Enfin, comme terme ultime et actuel à cette symptomatologie'

36 CLINIQUE NERVEUSE.

variée, sont survenus les mouvements de salutation et d'élévation

de l'épaule qui vous sont déjà connus.

Voilà une histoire complète et très curieuse. Nous sommes en

présence, non point d'un tic isolé et passager, mais d'une série

ininterrompue de formes symptomatiques variées, et dont l'en-

semble constitue évidemment la névrose des tics.

- Certains traits de cette observation méritent d'être soulignés

et rapprochés de ce qu'on a écrit ces derniers temps sur la

maladie tiqueuse.

Au début de sa maladie, étant encore enfant, la malade a

présenté des tics légers se traduisant par des contractions

brusques et répétées se produisant au niveau de la bouche et "

des yeux. Ces tics, fréquents chez les enfants, sont, le plus

souvent considérés simplement comme une mauvaise habitude,

et on n'y attache, bien à tort, aucune importance.

Les auteurs séparent ordinairement ces tics de la névrose

tiqueuse vraie : ils en font une manifestation distincte, de

pronostic bien différent. Guinon, au début de son article du

Dictionnaire proclame cette distinction :

« La seconde catégorie de mouvements involontaires, que

nous considérons comme n'entrant pas dans le cadre des tics

convulsifs, comprend ces mouvements, devenus inconscients

à force d'être répétés, et qui ne constituent en somme qu'une

mauvaise habitude enracinée et non un fait pathologique. Ils

sont très divers, varient avec chaque individu : l'un se mord

les lèvres en écrivant; l'autre, en causant avec quelqu'un, tire

continuellement sur les boutons des vêtements de son inter-

locuteur. Ce sont ces mouvements, devenus involontaires, puis

réellement inconscients à force d'habitude, que Letulle appelle

tics coordonnés et auquel il consacre une longue description.

Nous les étudierons plus tard de plus près, pour bien les diffé-

1'encieJ' des tics convulsifs tels que nous les entendons; mais il

est déjà facile de voir, dès maintenant, qu'ils ne répondent

nullement, sous certains rapports, à la définition que nous

' avons donnée des tics dès les premières lignes de cet article. »

Et, en effet, ces phénomènes peuvent être, dans beaucoup

de circonstances, séparés des véritables tics convulsifs; mais

dans d'autres cas, dont notre observation est un type, ces tics

légers peuvent être sous la dépendance et constituer la pre-

mière manifestation d'une maladie des plus rebelles, la né-

vrose tiqueuse.

- MALADIE DES TICS ET TREMBLEMENT. 37

Voilà donc un premier enseignement à tirer de notre cas :

il ne faut pas négliger, chez l'enfant, ces tics atténués qui

peuvent être le point de départ, le prodrome, d'une névrose,

sérieuse et tenace.

Les tics de l'enfance sont remplacés chez la jeune fille en

question, par la projection de la jambe droite, phénomène tout

à fait analogue à la projection de sa tète en avant et en arrière,-

pour effectuer le mouvement de salutation. Dès ce moment,

la névrose est constituée. Mais si l'on envisage la localisation

du phénomène en la comparant aux formes classiques, on

constate que la localisation sur le membre inférieur est loin

d'être la plus fréquente.

Les tics convulsifs ont pour sièges de prédilection la tète, la

face, le cou, l'extrémité céphalique en un mot. Les mouve-

ments analogues dans les membres sont beaucoup moins

fréquents; rarement, affirme Guinon, on les trouve à l'état

d'isolement complet, sans quelque grimace de la face ou

quelque mouvement involontaire du cou.

Déjà les mouvements du membre supérieur sont peu fré-

quents : bien plus exceptionnels sont ceux du membre infé-

rieur. 11 semble, en quelque sorte que la fréquence des tics

aille en diminuant de haut en bas du corps. D'après Guinon,

« les mouvements involontaires qui animent les membres

inférieurs sont les plus rares de tous. Nous ne les avons jamais

rencontrés seuls, mais toujours associés, dans des cas assez

graves, avec des tics des autres parties du corps. Nous n'en

avons pas, pour cette raison, observé une grande variété ".

Dans notre cas, l'unique manifestation a été, pendant toute

une période, cette rare localisation.

L'histoire de la malade présente déjà un certain intérêt,

puisqu'elle nous révèle un tic isolé du membre inférieur.

Un fait plus rare encore, et qui n'est même pas classique-

ment signalé, c'est la paralysie consécutive du membre. Ce

fait appelle immédiatement un rapprochement entre notre cas

et les paralysies choréiques qui, elles, sont communes et

classiques.

Ceux d'entre vous qui suivent la consultation externe ont

pu voir, ces derniers temps, un enfant qui nous a été conduit

à plusieurs reprises et présentait un exemple typique de

paralysie choréique. L'enfant est arrivé avec une hémiparésie

38 CLINIQUE NERVEUSE.

très accentuée dont la nature ne pouvait faire l'objet d'aucun

doute. Il a été rapidement guéri par l'antipyrine, tout comme,

s'il s'était agi d'une chorée convulsive. Au bout d'une semaine,

sa soeur nous'le ramenait amélioré; huit jours après, tout

symptôme parétique avait disparu. Dans la même maladie des

tics, un événement de cet ordre constitue un fait nouveau et

intéressant.

- Les manifestations qui se sont succédé dans la suite et

qui ont précédé la localisation actuelle, ne présentent pas

moins d'intérêt. La malade a sifflé pendant sept ou huit mois :

puis durant un an, elle s'est bornée à pousser fréquemment le

cri c ah ! ».

Ceci nous fait entrevoir, chez notre malade, un côté fort

curieux de la symptomatologic de la névrose tiqueuse. Il s'agit

de l'exclamation involontaire. Ce symptôme, fort réduit dans

l'espèce, est une des traductions les plus caractéristiques de

la névrose. Guinon signale avec raison le « ail 1 » comme un

degré inférieur, la manifestation la plus atténuée, du phéno-

mène.

Dans d'autres cas, le a ah » est remplacé par le « hem »,

que l'on doit se garder de confondre avec le raclement pharyn-

gien des granuleux. D'autres fois, c'est un « ouah », qui, par

son intensité, peut simuler une sorte d'aboiement.

Peu à peu, le phénomène se complique, sans toutefois

perdre son caractère de cri laryngien, de bruit respiratoire. A

un degré plus élevé, l'exclamation involontaire aboutit à des

mots, que le malade répète sans raison, à des mots toujours

les mêmes qui ne riment nullement avec le sujet de conver-

sation. Ces mots dont le malade est en quelque sorte intoxiqué,

sont de deux espèces :

Tantôt ce sont des mots quelconques, des assemblages de

syllabes dépourvues de sens. J'ai connu, et certains d'entre

vous ont pu connaître, un de nos distingués confrères, exer-

çant dans une ville importante de ce département, qui, à tout

instant, au cours de ses phrases, répétait le mot a cousisi ».

Tantôt (et le cas est beaucoup plus fréquent), les mots in-

volontaires que prononcent les tiqueux présentent cette parti-

cularité bizarre qu'ils appartiennent au vocabulaire le plus

grossier : souvent même ils rentrent dons la phraséologie'

ordurière. Cette tendance a recu de Gilles de la Tourette le

nom de coprolalie (de ZÓ7tp ? sale ?

MALADIE DES TICS ET TREMBLEMENT. 39

Vous m'excuserez si je vous rapporte une série d'expressions

« fin de siècle » qui ne rentrent pas encore dans la termino-

logie usuelle de l'enseignement clinique et qui résument le

langage habituel, heureusement inconscient, des tiqueux. -

« Nom de Dieu ! merde ! foutre ! couillon ! cochon ! » Voilà

leurs expressions de choix, les termes peu variés de leur voca-

bulaire de prédilection. Et cela, notez-le, sans qu'une pareille

phraséologie cadre le moins du monde avec leur éducation et

leurs habitudes.

Guinon rappelle, à ce sujet, l'histoire bien- typique et clas-

sique, d'une grande dame, la marquise de Dampierre, qui,

« depuis sa jeunesse jusqu'à l'âge de quatre-vingt-dix ans,

prononçait involontairement, même dans les circonstances

les plus solennelles, les mots : « merde » et « foutu cochon ! 1 1,

Voilà un symptôme bien curieux, dont notre malade n'a.

pas encore offert la manifestation complète (elle la réalisera

peut-être dans l'avenir), mais dont elle a présenté le degré le

plus atténué, l'exclamation involontaire, le symptôme, qui, à

l'état d'entière réalisation, explique et justifie l'un des termes

du titre que Gilles de la Tourette a donné à son mémoire.

Quant à l'autre terme, écholalie, qui signifie la répétition

par le sujet des mots prononcés en sa présence, je n'en appro-

fondirai pas le sens devant vous, parce que notre malade n'a

jamais présenté ce symptôme.

Je n'insisterai pas non plus sur cet autre élément sympto-

matique, auquel Charcot a donné le nom d'échokillésie et qui

consiste dans l'imitation des actes exécutés devant le sujet. Il

a fait également défaut chez notre jeune fille. - de vous le

signale cependant, parce que ce phénomène commence à

rentrer dans un nouveau groupe de symptômes, dont nous

allons maintenant parler, les stigmates psychiques de la ma-

ladie des tics. -

Voici eh effet, un nouveau trait à souligner dans l'histoire

de notre malade, un trait important quoiqu'il s'agisse d'un

signe négatif : c'est l'absence complète, malgré les recherches

les plus minutieuses, de tout stigmate psychique. La règle

est, au contraire, de trouver habituellement ces stigmates

dans les cas analogues.

Comment faut-il comprendre et rechercher les stigmates

psychiques ? ,

40 CLli\IQUE NERVEUSE.

On entend pàr ce mot un ensemble de signes, très variables

d'aspect, qui semblent prouver que l'état mental du sujet

n'est pas absolument normal.

- Les troubles psychiques en question peuvent être fort atté-

nués, et il ne faudrait pas croire en forçant les analogies, que

tous ceux qui présentent quelques-uns de ces stigmates sont

des fous à enfermer; à ce compte, il se pourrait qu'une infime

minorité de la population restât seule en liberté.

C'est ainsi que l'on note, parmi ces stigmates, tout ce que

le vulgaire app'elle des manies, ce que je vous proposerai de

désigner plus scientifiquement sous le nom de tics psychiques.

11 s'agit là, en réalité, d'un diminutif de l'idée'fixe ou obsé-

dante.

Beaucoup d'entre vous connaissent, pour les avoir observés

chez eux-mêmes ou dans leur voisinage immédiat, les degrés

inférieurs de l'obsession; ils ont pu se rendre compte qu'elle

est compatible avec un état mental encore sain ou réputé tel.

Bien qu'on n'aime pas à se mettre personnellement en cause,

je puis, à titre d'exemple, vous citer un genre d'obsession

auquel j'ai longtemps été assujetti : Je ne pouvais entrer

dans un wagon sans me sentir irrésistiblement poussé à diviser

le chiffre représentant le numéro du wagon par celui du com-

partiment. Que de gens se croient obligés de compter, lorsqu'ils

passent devant telle ou telle maison, le nombre des fenêtres

'ou les barreaux de la grille, et ne sont tranquilles qu'une fois

leur numération accomplie !

Je connais une personne, parfaitement raisonnable d'ail-

leurs, qui, lorsqu'elle a mis un pied sur une pierre un peu

saillante, se sent forcée de rechercher pour l'autre pied une

sensation analogue; de même, lorsqu'elle a placé une main

sur du marbre ou tout autre objet froid, elle est contrainte de

faire subir à l'organe symétrique une impression de même

nature. D'autres personnes ont la manie, partout où elles se

trouvent, de rechercher la symétrie; elles ne peuvent s'em-

pêcher de mettre en ordre, au gré de leur manie, les objets

mal placés ou asymétriquement disposés.

Tel lecteur assidu ne se sentira tranquille que lorsqu'il aura,

sans égard pour la continuité de sa lecture, fait soigneusement

disparaître le point noir qu'un correcteur inattentif aura laissé

graver sur la page de son livre.

L'obsession est un phénomène aujourd'hui décrit et analysé;

MALADIE DES TICS ET TREMBLEMENT. 41

ses rapports dans certains cas, avec l'aliénation mentale, sont

connus, et les romanciers eux-mêmes, peintres fidèles de

toutes les réalités, n'ont pas craint, sous le contrôle de l'obser-

vation scientifique, d'introduire dans leurs oeuvres sa des-

cription. Le dernier roman d'Hector Malot, Mère, traduit en

une scène piquante, que je vous demande la permission de

vous lire, les nécessités impérieuses de l'obsession. Le héros

du roman, Victorien, attend son tour dans l'antichambre d'un

médecin aliéniste renommé, le docteur Soubyranne.

«, A midi et demi, Victorien, le bras en écharpe, entrait dans le

salon de Soubyranne. Il s'y trouvait, arrivés avant lui, deux pin-

goins, comme disent les médecins en parlant des clients, qui dans

des poses ennuyées, attendaient le moment d'être reçus, et il pre-

nait place à côté d'eux, n'ayant pour foule distraction que de les

examiner, comme eux-mêmes de leur côté l'examinaient, discrète-

ment des yeux, mais avec toutes sortes de curiosités et d'interro-

gations muettes. Est-il fou, celui-là, ou raisonnable ? Qu'a-t-il

de détraqué ? 'Au moins était-ce ainsi que Victorien traduisait

leurs regards.

« Au bout d'un certain temps, celui qui l'examinait avec l'atten-

tion la plus manifeste, personnage grave correctement habillé,

de tournure distinguée, l'air d'un diplomate ou d'un magistrat,

quitta son fauteuil et vint à lui avec toutes les marques d'une

extrême politesse, à laquelle se mêlait un certain embarras.

« Pardonnez-moi, monsieur, de vous adresser une question, sans

avoir l'honneur d'être connu de vous.

» Victorien le regarda interloqué.

- Combien avez-vous au juste de boutons à votre gilet ? Y

« Ma foi, monsieur, je n'en sais rien du tout.

« Permettez-moi de les compter, je vous prie.

« - Volontiers.

a - Un, deux, trois huit, vous en avez huit. -

« Je vous remercie.

« C'est moi, monsieur, qui vous adresse tous mes remerci-

meuls; je ne pouvais arrivera faire mon compte, votre écharpe

me gênait; c'était cruellement douloureux ; quand le besoin de

compter nie prend, il faut que je compte. Je vous suis fort obligé.

« - C'est moi, monsieur qui suis heureux d'avoir pu vous être

agréable. » '

Voilà une scène de pure fantaisie, mais de profonde obser-

vation, représentant, il est vrai, un degré plus élevé que les

précédents dans l'échelle des stigmates psychiques.

On prétend qu'il existe des transitions insensibles entre ces

42 CLINIQUE NERVEUSE.

stigmates atténués et les véritables idées fixes, ce qui revien-

drait à dire qu'il n'y a que des nuances, et non une ligne de

démarcation nette, entre la raison et la folie.

Quoi qu'il en soit, il est bon de connaitre les principales

formes de ces stigmates psychiques pour pouvoir mieux les

dépister chez les tiqueux. Vous trouverez un bon résumé de la

question dans l'article de Guinon. 1

Il y a d'abord l'obsession par une idée plus ou moins futile.

Certaines personnes passent, par exemple, une journée entière

à chercher un air de musique qui les a frappées. .

, Un type très fréquent d'obsession pénible consiste dans un

sentiment d'indescriptible frayeur à l'occasion de n'importe

quoi.

« Ils (les malades) ont continuellement, dit Guinon (p. î 1),

peur de tout et de rien en même temps, peur de mourir, de

devenir fous, de perdre connaissance. En réalité, cette frayeur

est absolument sans motif, c'est une sorte d'angoisse qui

étreint les malades et qu'ils cherchent à expliquer ainsi.

'D'autres fois, ce sentiment continuel de terreur prend un

corps, et les malheureux ont peur de se tuer quand ils tien-

nent un couteau, par exemple, de se noyer quand ils côtoient

une rivière. Dans le même ordre d'idées, nous trouvons l'ago-

raphobie, la lohophol.ie, la claustrophobie. » On voit même des

gens qui ont peur d'avoir peur.

Dans ce 'même ordre d'idées, mais sous une autre forme,

on note la folie du pourquoi, non pas du pourquoi utile, rai-

sonnable, mais du pourquoi insignifiant : « Les malades

« (p. 871) sont irrésistiblement poussés à se demander la raison

« de choses tout à fait vulgaires : pourquoi tel individu qu'ils

« rencontrent est porteur d'une canne, pourquoi une fenêtre

« a six carreaux, par exemple. »

On trouve aussi la folie du doute, avec délire du toucher.

« Les malades (p. 571) évitent de toucher tel ou tel objet, ou,

quand ils y sont obligés, ils éprouvent un sentiment d'an-

goisse. Tantôt il n'existe pas de raison à cette répugnance,

tantôt c'est parce que l'objet en question a appartenu à une

personne qui leur est antipathique, ou bien à un mort; ou,

encore qu'ils craignent qu'il ait été souillé par le contact d'un

individu sale ou atteint de maladies contagieuses. »

J'ai donné mes soins autrefois à une jeune fille qui pré-

sentait cette manie bizarre de ne jamais s'adosser à un siège

MALADIE DES TICS ET TREMBLEMENT. 43

quelconque, chaise, fauteuil ou banquette de chemin de fer.

Elle se tenait habituellement debout ou assise sur le bord du

siège afin de ne point venir au contact du dossier. Le père de

cette jeune fille, qui, toute sa vie, avait passé pour un homme

normal et sain d'esprit, ayant mené la vie apparente de tout

le monde, ne touchait jamais le bouton d'une porte sans inter-

poser un pan de son habit, et aller se laver ensuite. -

La manie de l'ordre est tout aussi obsédante. « Beaucoup de

ces malheureux, raconte Guinon (p. 572), éprouvent un besoin

irrésistible de déranger les objets qui se trouvent à leur portée

pour les ranger ensuite suivant un ordre établi à l'avance.

Ainsi un malade rangeait de cette façon tout ce qu'il voyait,

de façon à placer une moitié des objets à droite, l'autre à-

gauche. » Celte forme est l'analogue, avec un degré de plus,

du besoin de symétrie que l'on observe chez certains et dont

je vous parlais tout à l'heure.

Hector Malot, dans le roman auquel j'ai fait allusion et au

cours du chapitre dont vous avez entendu un fragment, exploite

finement les données connues sur cette variété de manies,

pour faire inventer et décrire par le médecin aliéniste Souby-

ranne le délire de l'ordre. « L'ordre poussé à l'extrême est

pour nous un symptôme de déséquilibration mentale, une

forme de neurasthénie psychique que j'ai eu le bonheur d'é-

tudier le premier, et qui même me doit son nom, la bownét1'ie :

de pou, particule augmentée et 1J.2 : tPO'¡, mesure. J'aurais pu

aussi la baptiser mélrophilie, mais je préfère bountétrie. JI

Suit une série d'autres formes dont j'emprunte la des-

cription sommaire à Guinon :

« Toutes les variétés de Vonomatomanie peuvent s'observer,

depuis la recherche angoissante du nom et l'obsession du mot qui

s'impose, jusqu'à la crainte du mot compromettant que l'on est

forcé d'omettre ou de remplacer dans une phrase, sous peine d'une

angoisse terrible. »

« Signalons enfin 1'(t ? -i'thinoiitiiiie. Celle-ci se manifeste chez les

uns par un besoin invincible de faire sans raison des opérations

d'arithmétique ;, chez d'autres, c'est la crainte d'un chiffre dont t

on évite de prononcer le nom. Enfin, chez un certain malade, c'est

le besoin de compter jusqu'à un certain nombre avant d'accomplir

un acle. Tel, par exemple, avant de se 1(vei, de son siège, compte

1, 2, 3, 4, ;i, 7, en passant le nombre 6 qui lui est particulièrement

désagréable. Tel autre est obligé de répéter 2,3, 10 fois le même

14 CLINIQUE NERVEUSE.

mouvement, de tourner dix fois le bo Uou d'une porte avant de

l'ouvrir, de faire cinq pas en cercle avant de se mettre en marche. »

J'ai vu, il y a un an, une dame qui, à certains moments,

était prise d'un besoin invincible de compter, et ne parvenait

qu'au prix d'un effort énergique à interrompre cette numé-

ration imposée-

- Je pourrais encore vous citer d'autres variétés; mais les

exemples et les citations ont été suffisamment multipliés. Je

terminerai par cette dernière observation de Guinon qui ré-

sume fort bien l'idée que l'on doit se faire de l'obsession :

« Dans la recherche de ces bizarres manifestations, il ne faut

jamais se borner au cadre des idées fixes déjà décrites, car on

est tous les jours exposé à en rencontrer de nouvelles. L'ob-

session est la caractéristique de ce symptôme et elle peut

s'exercer de bien des façons. Un malade est obligé de monter

à tel endroit par tel escalier et non par tel autre, au point

d'être forcé de revenir sur ses pas quand un jour, par inadver-

tance, il a pris le chemin que lui interdit sa singulière dispo-

sition d'esprit. Voilà une idée fixe bien particulière. Mais nous

avons dit qu'en somme le nombre en était illimité et que

vaste était le champ ouvert sous ce rapport à l'ingéniosité et à

la bizarrerie des malades. »

Eh bien ! avec un cadre aussi vaste de stigmates psychiques,

dont nous avons parcouru de notre mieux les recoins pour

déceler chez notre malade quelque anomalie mentale, nos

recherches ont été vaines. Notre jeune fille ne présente pas la

moindre aberration de cet ordre.

Et pourtant les auteurs classiques signalent l'existence de

ces aberrations comme habituelle chez les tiqueux !

On peut en conclure que ces soi-disant stigmates de la ma-

ladie des tics, ces phénomènes anormaux qui, au dire des

auteurs, caractérisent et affirment la maladie comme les stig-

mates de l'hystérie affirment la névrose ou les phénomènes

somatiques fixes accompagnent l'hypnotisme, ces stigmates,

dis-je, ne sont eux-mêmes autre chose que des tics psychiques,

c'est-à-dire des formes symptomatiques, des manifestations

spéciales de la névrose tiqueuse. A ce titre, leur constatation

est fréquente, habituelle, mais ils peuvent manquer et leur

absence n'infirme point l'idée de la névrose. Ce sont, en un

mot, au même titre que la coprolalie ou les salutations, des

symptômes souvent notés mais contingents.

MALADIE DES TICS ET TREMBLEMENT. 4S

D'autres stigmates que nous avons également recherchés

avec soin et qui font aussi totalement défaut, sont les stigmates

hystériques. Nous n'avons constaté ni rétrécissement du champ

visuel, ni anesthésie pharyngée, ni troubles sensitifs quel-

conques. Cette constatation est la règle chez les tiqueux. Autant

les stigmates psychiques s'observent fréquemment chez eux,

autant il est rare de trouver les stigmates de l'hystérie.

On doit en tirer, comme Charcot, cette conclusion impor-

tante que la maladie des tics est nosologiquement distincte de

l'hystérie, qu'elle constitue une individualité morbide, une

névrose à part. C'est ce qui légitime l'importance accordée à

son étude.

Si la névrose tiqueuse diffère de l'hystérie par sa nature,

elle s'en distingue aussi par son pronostic ; les deux maladies

sont foncièrement différentes au point de vue de leur gravité

respective. Tandis que l'hystérie est susceptible de guérison ou

tout au moins d'amélioration réelle, tandis que le traitement

a sur elle une prise incontestable, la maladie des tics est abso-

lument tenace, à peu près immuable, et rebelle à toute théra-

peutique. -

Pareille différence donne une importance capitale, au point t

de vue pratique, à la connaissance et au diagnostic de la

maladie, et enlève, par contre, presque tout intérêt au chapitre

du traitement. On doit cependant en tenter la cure en se

basant sur les indications rationnelles et appliquer à la névrose

tiqueuse le traitement général des grandes névroses.

L'hydrothérapie, l'isolement, l'électricité, l'emploi des to-

niques feront la base de la médication. Nous avons essayé de

traiter ainsi notre jeune fille, mais n'avons pu contrôler les

effets des moyens mis en usage, car un beau matin, brutale-

ment et sans cause, sans chercher à justifier ou à expliquer sa

demande, elle a exigé sa sortie. Le seul intérêt de ce cas se

tire des particularités symptomatiques qu'il a présentées.

(A suivre.)

ANATOMIE PATHOLOGIQUE

ÉTUDES SUR L'ANATOMIE PATHOLOGIQUE

DE LA MOELLE ÉPIN1ÈRE 1

SI'1t1\GOIYI : LIE. SCLÉROSE COMBINÉE. MYÉLITE AIGUË)

Par le Dr Xavten FRANCOTTE,

Professeur à l'Université d(; Liège.

III. - Deux cas de myélite aiguë. - L'intérêt prin-

cipal des deux cas de myélite dont il s'agit me semble

résider dans la comparaison des lésions observées.

L'évolution symptomatique a été la même dans les

deux cas et néanmoins, on relève entre les lésions de

l'un et de l'autre de notables différences ; en outre,

certaines altérations constatées dans le premier cas,

présentent des caractères peu ordinaires qui méritent

d'être consignées.

Observation I. - Elle concerne une femme, Thérèse R..., âgée

de vingt et un ans, du service de M. le professeur Masius.

Cette personne tombe malade le 19 février 1885, et au bout de

cinq jours, elle présente une paralysie presque complète des

membres inférieurs, de l'incontinence des urines et des matières

fécales. Bientôt, se manifestent des troubles de la nutrition ; il

survient un décubitus cous idérable aux deux fesses ; de petites

plaques de gangrène apparaissent en divers points des membres

inférieurs. L'état général décline rapidement et la mort arrive le

13 du mois de mars, soit vingt-trois jours après le début de la

maladie.

La moelle épinière est enlevée avec ses membranes. On cons-

Voir Archives de Neurologie, t. XIX, p. 181 et 378.

ÉTUDES SUR LA MOELLE ÉPINIÈRE. 47

tate sur la face postérieure de l'organe, une hypérémie méningée

plus considérable que celle qui existe normalement. Dans sa moi-

tié inférieure, la moelle présente absolument sa consistance nor-

male. Dans la partie supérieure, elle est sensiblement plus molle,

sans que nulle part cette mollesse devienne extrême.

L'examen à l'oeil nu des surface de section n'indique pas d'al-

tération.

La moelle est plongée dans le liquide de .Millier; quand elle a

acquis une consistance suffisante, on la place dans l'alcool où elle

reste plus de deux ans. En effet, ce n'est qu'au commencement de

1888, qu'on en pratique l'examen microscopique.

Le processus morbide atteint son maximum d'intensité à l'ex-

trémité supérieure de la moelle dorsale au niveau des deuxième

et troisième paires dorsales.

A l'oeil nu, sur des coupes colorées par le picro-carmin, on dis-

tingue dans la substance blanche, un certain nombre d'ilots irré-

guliers qui tranchent sur le tissu voisin, par une vive coloration

rouge. Sur des coupes traitées d'après la méthode de Weigert, les ! lots sont absolument décolorés (voir fig. 7).

Ils siègent dans les cordons antérieurs, dans les cordons latéraux

au niveau de l'extrémité antérieure des cornes antérieures, dans

les cordons postérieurs, sur les deux bords du sillon médian pos-

térieur. Il y a, en outre, de petits foyers disséminés dans les diffé-

rentes parties de la moelle.

A l'examen microscopique, l'attention'est d'abord attirée parles

altérations des vaisseaux situés au milieu des îlots. Ils sont entou-

Fit, 7. Coupe à la partie supérieure de la moelle dorsale. Distribution

des foyers de sclérose qui sont indiqués par le pointillé. -

48 - ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

rés d'une gaine épaisse, d'une sorte de manchon que le carmin

n'a pas coloré, présentant une certaine réfringence (voir fig. 8).

On y distingue des contours peu nets qui limitent des espaces de

forme irrégulièrement arrondie ou polygonale et l'on y constate,

surtout dans les préparations traitées par l'tiématoxyhne alunée

et par Li, vésuvine, un grand nombre de noyaux et un aspect très

légèrement granuleux.

La paroi des vaisseaux elle-même n'est pas modifiée : nulle part,

leur lumière ne semble rétrécie et elle ne parait pas non plus nota-

blement distendue par le sang.

Substance blanche. - Autour de ces vaisseaux, dont un ou plu-

sieurs, de dimension plus considérable, occupent le centre du foyer

scléreux, on trouve un tissu vivement coloré en rouge par le car-

min, constituant un réseau à travées épaisses. Dans ce tissu, on

observe de nombreuses cellules de Deiters qui sont tuméfiées et

qui ont un aspect plus ou moins vitreux.

Les mailles du réticulum sont vides, ou bien occupées par des

cellules arrondies ou polygonales, légèrement granuleuses, possé-

dant un ou plusieurs noyaux. Elles apparaissent particulièrement

nettes dans les préparations colorées par la vésuvine. Elles sont

absolument analogues à celles qui remplissent les espaces péri-

vasculaires.

Fig. 8. - Coupe de vaisseaux situés dans les foyers de sclérose. A, colo-

ration par le picro-carmin; B, coloration par l'hématoxyline alunée.

, ÉTUDES SUR LA MOELLE ÉPINIÈRE. 49

Dans d'autres mailles, on trouve des cylindres-axes fortement

tuméfiés, d'autres renferment des cylindres-axes qui semblent plon-

gés dans une substance homogène, d'apparence vitreuse; d'autres

enfin, en très petit nombre, contiennent des fibres nerveuses nor-

males entourées d'une couche de myéline.

Au voisinage des deux foyers des cordons latéraux, vers la

périphérie et en arrière au niveau du bord externe des cornes pos-

térieures, on trouve des zones dont le tissu est aminci, raréfié, mais

dontla coloration par le carmin ou par 1'11¿matoxyJine selon Wei-

gert ne diffère en rien de la coloration de la substance blanche

normale. Elle présente de vastes mailles qui contiennent un grand

nombre de cellules analogues à celles que nous avons décrites tout

à l'heure : il y a en certains points des accumulations compactes

de ces cellules.

Les fibres nerveuses qui s'y rencontrent sont presque toutes alté-

rées : elles présentent une grande variété de forme, de dimension

et d'aspect : toutes dépassent notablement le volume normal. Les

unes sont brillantes, homogènes, les autres d'apparence plus ou

moins granuleuses ; celles-ci ont pris une coloration rouge intense,

tandis que d'autres n'ont qu'une légère teinte jaunâtre.

En somme, au niveau de la moelle que nous examinons, la subs-

tance blanche est atteinte à peu près dans toute son étendue ; les

parties demeurées saines sont extrêmement limitées.

Des coupes longitudinales de la moelle faites au même niveau,

montrent particulièrement les altérations des cylindres-axes : un

certain nombre sont atteints d'une tuméfaction irré-Lilière, -vari-

queuse.

Substance grise. - Dans son ensemble, l'aspect de la substance

grise est tout différent de l'état normal. Les vaisseaux y présentent

les mêmes modifications que dans la substance blanche : ils sont

modérément remplis de sang. Il existe une prolifération nucléaire

abondante, et des cellules analogues à celles décrites dans la subs-

tance blanche.

On y trouve un certain nombre^de masses à contours irréguliers,

légèrement colorées en rose ou en jaune, d'aspect vitreux et dépour-

vues la plupart de noyaux (voir fig. 9).

Archives t. XX. 4

Fig. 9. - Masses vitreuses delà substance grise.

50 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

Un certain nombre de ces masses, les plus volumineuses, sont des

cellules ganglionnaires ayant subit la dégénérescence vitreuse.

On ne trouve dans les cornes antérieures aucune cellule nerveuse

ayant conservé ses caractères normaux.

Les cellules de la colonne de Clarke sont également modifiées :

dans les préparations au picro-carmin, elles ont une teinte jaunâtre

--un éclat vitreux ; dans un certain nombre, le noyau n'est plus ap-

parent. La plupart ont gardé pourtant leur forme normale. Quant

aux méninges et aux racines nerveuses, elles n'offrent pas d'altéra-

tion évidente.

En examinant la série des coupes au-dessus du foyir principal,

vers le cerveau, on constate que les lésions persistent, même jus-

qu'au niveau de la troisième paire cervicale, partie la plus élevée

de la moelle qui ait été à notre disposition.

Mais les lésions diminuent d'intensité et d'étendue; à l'oeil nu, on

voit que les différents foyers situés dans la substance blanche,

persistent encore en des points correspondant assez bien à ceux de

la région dorsale supérieure ; mais ils sont beaucoup moins consi-

dérables. Au niveau de ces foyers, on observe les mêmes lésions

que plus bas : altération spéciale des vaisseaux, épaississement

de la névroglie, tuméfaction des cylindres-axes, infiltration cellu-

laire.

La plupart des cellules des cornes antérieures conservent leur

configuration normale ; il en est cependant dont les prolongements

sont raréfiés, dont le protoplasme est granuleux et le noyau indis-

tinct.

En dessous du foyer principal, les lésions vont également en dimi-

nuant, mais on en trouve encore des signes même dans les parties

les plus inférieures de la moelle. Ainsi, à l'extrémité inférieure du

renflement lombaire, on constate encore, surtout dans les cordons

latéraux, quelques cylindres-axes luméfiés :

Certains espaces sont vides de fibres nerveuses et la névroglie

semble présenter un certain degré d'épaississement. Cependant, on

ne rencontre plus l'altération des vaisseaux, ni l'infiltration cellu-

laire et les cellules des cornes aiitérieuresparaisseiitlout àfait nor-

males.

Réflexions. Des lésions qui viennent d'être

décrites, la plus frappante est celle qui affecte les

vaisseaux.

En réalité, la paroi même des vaisseaux est de-

meurée. intacte, mais, il s'est produit dans l'espace

périvasculaire, une accumulation abondante d'éléments

ÉTUDES SUR LA MOELLE ÉPINIÈRE. 51

qui se retrouvent aussi dans les autres parties de la

moelle. Quelle est la nature de ces éléments ? ?

Achard et Guinon ont observé autour des vaisseaux

des accumulations d'éléments parfaitement semblables

et formant, comme dans notre cas, des couches assez

régulièrement stratifiées. D'après eux, il s'agit de

corps granuleux qui, sous l'action prolongée de

l'alcool, ont subi des modifications considérables.

Küssner et l3rosiu' ont également observé une modifi-

cation semblable des vaisseaux : le centre des foyers

de sclérose était occupé par un vaisseau assez considé-

rable et celui-ci était entouré par des cellules, les unes

petites, arrondies, n'ayant pour ainsi dire pas de pro-

toplasme ; les autres, plus grandes avec un corps proto-

plasmique.

D'après ces auteurs, ces dernières seraient des

corps granuleux privés de graisse, à la suite d'un long

séjour dans l'alcool. Ils invoquent le témoignage de

Ribbert qui, par l'action de l'alcool, a vu des corps

granuleux se transformer en cellules parfaitement t

semblables à celles qu'ils ont constatées dans les

espaces périvasculaires et qui sont aussi tout à fait

identiques à celles que nous avons rencontrées

autour des vaisseaux et dans les autres parties de la

moelle.

La présence de corps granuleux dans la myélite

aiguë n'a rien d'anormal ; mais ce qui donne à notre

cas, comme il ceux de Küssuer et Brosin, d'Achard et

' Sur un cas de myélile aiguë diffuse... (Archives de médecine eayéri-

mentale. Septembre 1889, p. 696.) ! Myehlis acula disseminata. (Archiv sur Psychiatrie. XVII, p. 293.)

'' Archives de Virchow. - T. 90, pl. IV, fig, 86 et 10.

52 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

Guinon ', un caractère spécial, c'est l'abondance de

ces éléments et leur disposition régulière, stratifiée,

autour des vaisseaux.

Observation II. Il s'agit d'un homme de soixante-deux ans,

admis dans le service de M. le professeur Masius, qui en quarante-

huit heures est pris de paralysie des membres inférieurs et d'in-

continence des sphincters. Bientôt, surviennent des troubles tro-

phiques : décubitus fessier, oedème des pieds, ulcérations en

différents points des membres inférieurs. Il se produit, en outre,

de la cystite. Le malade dépérit rapidement et succombe le

7 mars 1888, vingt-cinq jours après le début de la myélite.

L'examen de la moelle au moment de l'autopsie ne renseigne

en fait d'altérations qu'un certain degré de ramollissement de la

partie supérieure de la région dorsale.

Le foyer originaire de la myélite est situé entre la deuxième et

la cinquième paire dorsale, du moins c'est à ce niveau que les

lésions atteignent leur plus haut degré d'intensité.

A l'oeil nu, on remarque que la substance blanche, surtout celle

des cordons latéraux et plus d'un côté que de l'autre, est pour

ainsi dire corrodée : au lieu de se présenter comme un tissu cohé-

renl, elle forme une trame dont les mailles irrégulières apparais-

sent même à l'oeil nu.

L'examen microscopique fait constater une hypérémie intense

dans la substance grise comme dans la substance blanche; les

parois vasculaires sont épaissies et en différents points, il s'est

produit des extravasations sanguines.

On reconnaît dans la substance blanche, l'existence de foyers

morbides, offrant une distribution asymétrique, siégeant dans les

cordons postérieurs, dans les cordons antérieurs, dans les cordons

latéraux, affectant, par conséquent, à peu près toute la substance

blanche. Au niveau de ces foyers, il existe un réseau présentant de

larges mailles et même de véritables lacunes.

La névroglie est épaissie de même que les travées conjonc-

tives. Les espaces du réseau sont tout à fait vides, ou bien ils

renferment des cellules arrondies ou polygonales qui se ren-

contrent également sur les tiavées. D'autres mailles renferment

des cylindres-axes follement tuméfiés dont quelques-uns ont un

aspect granuleux.

Dans la substance blanche aussi bien que dans la substance

grise, il existe des corps amyloïdes assez abondants.

1 On peut également rapprocher de ces cas, une observation de myélite

aigué publiée par Gowers, A Manual oj' the diseases of nervous

system., t. I, p. 220, il-. 20. Les figures jointes à cette observation repro-

duisent très fidèlement ce que nous avons constaté nous-même.

ÉTUDES SUR LA MOELLE ÉPINIÈRE. 53

La substance grise est également altérée : les cellules gan-

glionnaires sont transformées en blocs vitreux, ou bien, elles ont

subi la dégénérescence pigmentaire, ou bien encore, elles sont

simplement atrophiées; la plupart sont dépourvues de noyau.

Sauf quelques extravasations sanguines, les méninges n'offrent

pas d'altérations.

Si l'on examine la série des coupes pratiquées en se dirigeant vers

l'extrémité supérieure de la moelle, on voit que les lésions persistent

mais diminuent d'étendue et d'intensité. En différents points, on

constate des infiltrations de globules rouges : à la hauteur de la

septième paire cervicale, on trouve dans les cornes antérieures

des cavités de forme irrégulière, contenant un vaisseau, tapissées

et à moitié remplies par des globules sanguins. Au niveau de la

quatrième paire cervicale, partie la plus élevée de la moelle qui

ait été à notre disposition, on ne constate plus à l'oeil nu aucune

altération.

Au microscope, on voit que les vaisseaux sont épaissis, gorgés

de sang : des corps amyloïdes se rencontrent dans les deux subs-

tances. Les lésions de la substance blanche sont peu prononcées : -.

en certains points apparaissent des cellules de Deiters qui sont

tuméfiées et les travées conjonctives sont épaissies.

Les cellules des cornes antérieures présentent toutes une dégé-

Fig. 10. à, 0, c, cellules des cornes antérieures, au niveau de la qua-

trième paire cervicale; dégénérescence pigmentaire; les parties laissées

en blanc correspondent au protoplasme normal. - d, amas de granu-

lations.

54 ANATOMIE PATHOLOGIQUE.

nérescence pigmentaire ; elles montrent une portion plus ou

moins étendue de protoplasma normal (coloré en rouge par le

carmin, en bleu par l'hématoxyline) et une partie formée de gra-

nulations pigmentaires (jaune dans les préparations traitées par le

carmin, jaune grisâtre dans les préparations traitées par l'héma-

toxyline alunée); quelques-unes sont dépourvues de noyau; la

plupart ont conservé leur'forme générale (voir fig. 4, a, b, c) ; il

en est, mais très rares, qui sont réduites en un amas de granula-

tions (voir fig. 10, d).

Vers la partie inférieure, les lésions vont en diminuant, mais on

en trouve encore des traces jusqu'à l'extrémité inférieure de la

moelle lombaire. Les vaisseaux sont assez distendus, leurs parois

sont sclérosées. La névroglie, de même que le tissu conjonclif,

paraissent épaissis.

Les cellules des cornes antérieures présentent la plupart une

dégénére-cence pigmentaire plus ou moins avancée.

Réflexions. - En comparant les lésions qui vien-

nent d'être exposées avec celles que nous avons

décrites dans le premier cas, on constate de notables

différences. A la vérité, le siège du mal est' le même

chez les deux sujets : l'inflammation semble avoir

eu son point de départ à la partie supérieure de la

région dorsale; du moins, c'est à ce niveau que le

processus a atteint sa plus grande intensité et que la

moelle a été envahie dans l'étendue la plus considé-

rable, selon le sens transversal.

Du foyer originaire, la lésion s'est propagée dans

les deux directions, sur toute la longueur de l'organe,

en diminuant graduellement d'intensité.

Dans les deux cas, le processus a entraîné la des-

truction des fibres nerveuses et l'altération des cellules

ganglionnaires ; aussi, comprend-on sans peine qu'il 1

ait donné lieu à des manifestations symptomatiques

semblables. Mais, à côté des analogies que nous

venons d'indiquer, il existe de multiples dissem-

blances, du moins dans les détails.

ETUDES SUR LA MOELLE ÉP1NI1 : RE. 55

Le premier cas nous présente une infiltration cellu-

laire abondante de toutes les parties de la moelle et

en particulier, de l'espace périvasculaire : la paroi

des vaisseaux est intacte; nulle part, on ne trouve

d'hémorrhagie.

La névroglie est sclérosée : dans les foyers morbides,

les travées du tissu interstitiel ont acquis une épaisseur

considérable. Les cellules des cornes antérieures ont

subi la dégénérescence vitreuse.

Dans le second cas, au contraire, les espaces péri-

vasculaires sont libres : les parois des vaisseaux sont

sclérosées ; on trouve en différents points des extrava-

sations sanguines et même de véritables apoplexies.

La névroglie est plutôt raréfiée. Il existe de nom-

breux corps amyloïdes qui font complètement défaut

dans le premier cas.

Du côté des cellules des cornes antérieures, on

constate également de la dégénérescence vitreuse :

seulement, elle n'atteint qu'un petit nombre d'élé-

ments : la plupart sont pris de dégénérescence pig-

mentaire.

Ces dissemblances tiennent peut-être à la nature

des causes qui ont déterminé l'un et l'autre processus.

On conçoit, en effet, que des causes différentes puis-

sent engendrer des processus se ressemblant par leur

évolution rapide, par leur siège, par leurs caractères

généraux, mais qu'en même temps, ces causes n'affec-

tent pas de la même façon tous les éléments de la

moelle et que de la sorte, il se produise certaines diffé-

rences dans le tableau anatomo-pathologique. #

Ceci est une simple conjecture : car, d'une part, il

n'a point été possible de fixer avec certitude l'étiologie

56 ANATOMIE PATHOLOGIQUE. DE LA MOELLE ÉPINIÈRE.

de l'affection dans les deux cas et d'autre part, il n'est

point du tout établi que les diverses formes étiolo-

giques de myélite aiguë possèdent des caractères

anatomo-pathologiques spéciaux. Le sujet de la pre-

mière observation est'tombé malade à la suite de

fatigues excessives et de veilles prolongées aux bals

du carnaval. L'autre malade dit avoir eu, il y a une

dizaine d'années, un chancre induré sur la verge; il

ne présentait aucun signe de syphilis et l'autopsie n'a

constaté sur aucun organe de lésions spécifiques. Au

surplus, l'existence d'une myélite aiguë de nature

syphilitique est très contestable. « La myélite diffuse

ou myélite syphilitique secondaire, dit Lancereaux ',

ne repose que sur un petit nombre de faits et si on

examine attentivement ces faits, il est facile de recon-

naître qu'ils ne peuvent servir à en établir sûrement

l'existence. »

Gowers et Byrom-Bramwell3 enseignent que la

myélite syphilitique est ordinairement sub aiguë ou

chronique. En admettant que notre malade fût syphi-

litique, il ne s'ensuit donc pas nécessairement que sa

myélite ait été sous la dépendance de l'état dys-

crasique.

Du reste, les différences anatomo-pathologiques

observées peuvent s'expliquer sans qu'il faille supposer

que les processus relèvent de facteurs étiologiques

distincts : une même cause agissant sur deux organis-

mès produira des effets différents si ces organismes

ne se trouvent pas dans des conditions identiques. Or,

. Traité d'analomie pathologique, t. III, 18SU, p. Í68.

01). cilato, t. I, p. 219.

2 Die Bnan7 : lacilec des RÜckenmUl'kes. Traduction allemande, 1883. p. 235.

CAS DE TÉTANOS CHEZ UN ÉPILEPTIQUE. 57 Î

d'une part, nous avons une personne de vingt et un ans,

jouissant d'une bonne santé et d'autre part, un homme

de soixante-deux ans déjà usé et décrépit : évidemment,

les tissus et en particulier la moelle, ne possédaient pas

chez ces deux sujets les mêmes qualités. 11 n'est pas éton-

nant qu'ils aient répondu différemment à une même in-

fluence morbide et qu'ils n'aient pas subi des altéra-

tions identiques.

Nous ne devons pas oublier de mentionner que

l'examen microscopique ne s'est pas fait de la même

façon dans les deux cas : la moelle de la malade R...

a séjourné dans l'alcool plus de deux ans, tandis que

celle du malade P... y est restée à peine deux mois.

De cette circonstance, il a pu résulter certaines diffé-

rences dans l'aspect des lésions.

RECUEIL DE FAITS

SUR UN CAS DE TETANOS CHEZ UN ÉPILEPTIQUE

Par CAl\1 USET,

Médecin, directeur de l'asile d'aliénés de Boiiiie%al.

Il est certain que bien des épileptiques ont été, à la suite

d'une plaie, d'une blessure quelconque, atteints de tétanos.

L'épilepsie et le tétanos ont dû souvent se trouver réunis chez

le même individu. Cependant, je ne sais si l'on a, dans ces

derniers temps au moins, publié avec quelques détails aucune

observation de tétanos survenu chez un épileptique.

Quand il s'agit de la coexistence de l'épilepsieet de certaines

maladies intercurrentes, on se borne à rappeler cette donnée

aussi vraie qu'elle est vulgaire, à savoir que les attaques épi-

58 RECUEIL DE FAITS.

leptiques disparaissent ordinairement plus ou moins pendant

la période aiguë et fébrile de la maladie intercurrente. Mais,

quand au lieu que ce soit une fièvre typhoïde ou éruptive, une

pneumonie..., c'est une maladie nerveuse à forme convulsive

qui se déclare chez un épileptique, il y a quelqueintérêtàindi-

quer le tableau clinique présenté par le sujet atteint simulta-

- nément de deux névropathies convulsives, et à indiquer aussi

les considérations qui peuvent découler des particularités

observées. Voici un cas de ce genre observé dans mon service

et que, pour les raisons susmentionnées, il est peut-être utile

de relater.

Observation. L... (Jean), quarante-huit ans, domestique de

ferme, entra à l'asile d'aliénés de Bonneval en janvier 1888,

atteint d'épilepsie avec accès de folie fréquents à la suite des

attaques.

On n'a que très peu de renseignements sur ses antécédents

héréditaires. - Il a eu plusieurs fières et moeurs, aucun d'eux

n'était épileptique ou aliéné. Son père est mort à cinquante ans

d'un cancer de l'estomac, sa mère s'est éteinte à quatre-vingts

ans. Ils n'étaient ni l'un ni l'autre atteints de maladie nerveuse.

- Il a eu sept enfants dont deux sont morts en bas àge, les cinq

autres bien portants ne sont ni aliénés ni épilepfiques.

Le malade n'est ni syphilitique ni alcoolique. L'épilepsie ne

peut, chez lui, être rattachée à aucune affection cérébrale, elle est

bien idiopathique.

11 a eu des convulsions jusqu'à l'âge de quatre ans, elles ont

cessé à partir de cet âge.

A vingt-huit ans, on a constaté une première grande attaque

convulsive survenue pendant la nuit. Depuis, les attaques se sont

reproduites assez fréquemment, tantôt le jour et tantôt la nuit.

Ce sont des attaques typiques. A la fin, elles se sont compliquées

d'accès délirants dangereux, et c'est ce qui a nécessité le place- -

ment du malade dans un asile d'aliénés.

L'épilepsie pure, non symptumatiqué, débute rarement à un

âge aussi avancé, vingt-huit ans. Il est à croire qu'entre quatre

ans et vingt-huit ans, le malade a présenté des manifestations

épileptiques qui ont passé iuaperçues. Actuellement, outre ses

grandes attaques convulsives, il a des absences et des vertiges;

ces absences et ces vertiges ont sans doute existé seuls pendant

l'enfance et la jeunesse.

Voici l'état de L... à son arrivée dans le service : homme

robuste. Tous les organes sont sains, - grandes attaques épilep-

tiques apparaissant à des intervalles irréguliers, huit ou dix fois

par mois. Absences fréquentes. - Tous les mois à peu près, à la

CAS DE TETANOS CHEZ UN EPILEPTIQUE. 5U

suite d'une attaque, accès de folie avec hallucinations et violence.

On doit isoler le malade en cellule pendant quelques heures.

Dans les intervalles des attaques, L... est assez tranquille, mais

il conserve toujours un délire dans le sens des persécutions : on

lui vole son bien, on le trompe, etc. Ainsi, sa femme étant morte

depuis qu'il est à l'asile, il n'a pas voulu le croire, malgré les

lettres annonçant la perte qu'il venait de faire. C'est pour lu

prendre ce qu'il a qu'on fait courir ce bruit. Ce délire n'est pas

très absorbant, mais avant les attaques il devient plus intense, le

malade récrimine, se plaint fort, menace même.

On s'aperçoit facilement que les facultés sont affaiblies, il y a

de la démence. L... a, du reste, l'état mental classique des épilep-

tiques : irritabilité, versatilité, égoïsme, préoccupations hypocon-

driaques, etc., tout cela en dehors du déli : e avec idées de persé-

cution déjà noté. On constate même chez lui la manie de calculer,

de compter, principalement la nuit quand il ne dort pas.

Enfin, il a à la main une brûlure assez profonde intéressant

l'index, le médius et une bonne partie du dos de la main. Cette

brûlure est en voie de cicatrisation et date de plusieurs semaines;

elle est la conséquence d'une chute dans le foyer de sa chambre

pendant une attaque. '

2 février. Huit jours après son arrivée, le malade se plaint de

douleur et de raideur au niveau des masséters. 11 y a du trismus.

En peu de jours le tétanos se généralise, il affecte particulièrement

les muscles extenseurs, forme opisthotonos.

L'affection se montre avec une grande intensité, le pronostic cst

très mauvais. Pendant plusieurs jours, la température axillaire

oscille dans les environs de 39°,5 et arrive même à 40°. La rigidité

musculaire est extrême, la douleur violente, les paroxysmes fré-

quents. La dysphagie est considérable. Il y a aussi rétention

d'urine nécessitant trois fois le cathétérisme.

Le malade est placé dans une cellule éloignée des autres alié-

nés et peu éclairée. On panse la plaie de la main à l'iodoforme et

on la lave deux fois par jour avec une solution de bichlorure de

mercure. On administre le chloral à hautes doses : 8, 10 et

jusqu'à 12 grammes par vingt-quatre heures. Lavements purga-

tifs. Quelques injections sous-cutanées de morphine auxquelles

on renonce de suite. On alimente avec de l'eau vineuse et avec

de la viande crue hachée dans du bouillon, mais c'est avec

, grand'peine qu'on parvient à faire avaler aliments et médicaments,

à cause de la dysphagie. Pas d'attaques d'épilepsie.

12. - Amélioration. La raideur des muscles est moins forte,

la douleur moins violente, les paroxysmes plus espaeés, la déglu-

tion plus facile. C'est à ce moment, douze jours après le début du

tétanos, qu'apparaît la première crise d'épilepsie, elle est observée

seulement par les infirmiers.

60 RECUEIL DE FAITS.

14. - Nouvelle crise d'épilepsie que je peux observer moi-même.

A ce moment, les quatre membres sont encore tétanisés, raides,

le malade ne peut les mouvoir. L'opislhotonos n'existe plus, le dos

repose sur le lit. La température est à 38°, â.

L'attaque ne diffère en rien des attaques habituelles du malade :

cri initial, pâleur de la face, convulsion de ses muscles. Raideur de

tout le système musculaire avec secousses rythmées. Puis teinte

cyanosée de la face et convulsions cloniques violentes des membres,

du bassin et du cou. Le tout dure trois minutes environ. Ensuite

coma, slertor, résolution des muscles. Après quelques minutes de

coma, le malade revient à lui et les muscles rentrent en la rigi-

dite tétanique en laquelle ils étaient avant l'attaque.

Donc, sous l'influence de l'ictus épileptique, une convulsion

épileptique, c'est-à-dire une convulsion tonique et après clonique,

et ensuite une résolution musculaire complète, se manifeste sur

des muscles qui se trouvaient, avant l'ictus, en tétanos, c'est-à-

dire en contracture permanente. Et quand l'épilepsie a, pour

ainsi dire, épuisé son action, les muscles redeviennent tétanisés,

durs, contractures, immobiles. Le syndrome épileptique remplace,

pour un instant, le syndrome tétanique. C'est là une particularité

curieuse. Le reste de l'observation n'offre rien de remarquable'.

La guérison survint graduellement; au bout d'un mois, cinq

semaines elle était complète; mais, comme il est dit plus haut,

dès le dixième jour après le début, l'amélioration avait commencé

à se manifester.

Le malade eut encore d'autres attaques épileptiques alors que

le tétanos n'avait pas complètement disparu, mais elles ne pré-

sentèrent rien de notable, elles furent la répétition de celle qui a

été décrite. L..., qui est toujours à l'asile, n'a conservé aucune

trace de son tétanos. C'est un épileptique en voie de démence

avec troubles mentaux.

Il y a, outre la coexistence des deux névroses, plusieurs

réflexions à faire à propos de ce malade. D'abord, au point de

vue psychopathique, L... a tout fait l'état mental des épilep-

tiques, état mental bien étudié de nos jours. Il présente aussi

cette manie de compter, signalée pour la première fois et

récemment, par un observateur sagace et érudit, M. Cullerre.

(Voir sur ce sujet un travail de cet auteur dans les Annales

médico -psychologiques , « les épileptiques arythmomanes »,

numéro de janvier 1890.)

Cette particularité présentée par beaucoup d'épileptiques

est encore peu connue. Après avoir lu le mémoire de M. Cul-

lerre, j'ai cherché si elle existait chez les épileptiques de mon

service et je l'ai constatée relativement très souvent. - Ce

CAS DE TÉTANOS CHEZ UN ÉPILEPTIQUE. 61

n'est pas une obsession véritable avec angoisse comme l'arith-

momanie des dégénérés héréditaires; c'est seulement une

satisfaction que l'épileptique se procure en calculant, soit le

nombre des carreaux de vitre de son dortoir, soit le nombre

de jours ou d'heures qu'il a passés à l'asile, etc... 11 se livre à

cette opération principalemet la nuit, quand il ne dort pas. Un

semi idiot épileptique compte tout haut et ne peut évidemment

faire qu'une numération des plus simples, incapable qu'il est

de calculer réellement, mais enfin il se complaît à compter.

En outre de sa folie postépileptique caractérisée par des

hallucinations et de la fureur, notre malade a un délire per-

sistant, à racines peu profondes, délire mélancolique avec

idées de méfiance, de persécution. On le tient enfermé pour

lui prendre son bien. 11 ne veut pas croire que sa femme soit

morte, parce qu'on n'aurait pas pu faire les affaires sans lui,

et qu'il n'a jamais rien signé. Il entend les affaires de la suc-

cession. Pourquoi le tient-on enfermé ? Il n'a jamais fait de

mal à personne. Ne gardant aucun souvenir de ses accès de

fureur, il ne croit pas à leur existence et ne se sait pas dange-

reux. Il a des attaques, mais il en a eu pendant de longues

années chez lui, pourquoi le garder dans un asile ? Et puis

il finit par se rendre compte qu'il a des ennemis. Qui ? Vous

le savez aussi bien que moi. et il ne s'explique pas davantage.

Ou bien il accuse absolument tantôt l'un, tantôt l'autre. C'est

le préfet, le maire de son pays, le médecin de l'asile, etc., tout

personnage enfin qu'il suppose avoir coopéré à son placement

à l'asile.

On admet généralement, et M. Magnan et ses élèves l'ont

démontré d'une façon évidente, que le même sujet peut pré-

senter plusieurs sortes de délire en même temps. Exemple

fréquent, le délire chronique (délire à évolution progressive

régulière ; délire de persécution type Lasègue-Foville) et le

délire alcoolique. Exemple encore, le délire épileptique avec

un autre délire vésanique ayant son origine réelle dans l'hé-

rédité. Est-ce le cas de notre malade ? - Son délire extra-

épileptique est-il la conséquence d'une hérédité similaire ou

dissemblable ?

Je ne le crois pas. Les renseignements sur les antécédents,

de famille du malade sont presque nuls et ce n'est pas sur

l'absence de tare névropathique héréditaire qu'on peut baser

une opinion. - Il me semble plus exact d'admettre que chez

62 Ruz) ' RECUEIL DE FAITS.

L... l'épilepsie a amené progressivement de la démence par

suite sans doute des modifications matérielles produites à la

longue dans le cerveau par la répétition des attaques, et'que

son délire est un délire greffé sur la démence, un délire

démentiel. J

En somme, ce malade raisonne faux, mais les bases de son

raisonnement seules sont fausses, parce que son intelligence

n'est plus capable de les contrôler, de bien les établir - et

non parce qu'il est halluciné ou parce qu'il a de prime abord

une idée délirante primitive, ses déductions sont logiques. Il

est dans le cas de ces déments apoplectiques qui arrivent au

délire par l'exagération seule d'une disposition mentale parti-

culière. Une méfiance physiologique, pourrait-on dire, est

transformée, par le cerveau en démence, en méfiance patho-

logique, c'est-à-dire en une sorte de délire mélancolique avec

idées de persécution et sans hallucinations. - Je trouve que,

chez beaucoup d'anciens épileptiques, le délire extra-épilep-

tique peut s'expliquer de cette manière.

Nous arrivons maintenant à la coexistence de deux névroses

convulsives. 11 s'est d'abord passé dans ce cas ce qui se passe

le plus souvent dans l'épilepsie compliquée d'une affection

aiguë intercurrente, pendant les périodes les plus aiguës de

celle-ci, l'épilepsie ne se manifeste pas. Mais aussitôt que le

tétanos a eu commencé à décroitre d'intensité, les convulsions

épileptiques ont réapparu. Comment expliquer la suppléance

momentanée d'un état convulsif par un autre état convulsif

tout différent ? : '

Les théories de physiologie pathologique du tétanos ont été

nombreuses autrefois, elles le sont certainement moins aujour-

d'hui, que l'on sait d'une façon certaine que le tétanos est une

maladie inoculable. - Les adversaires les plus convaincus de

l'origine équi-tellurique du tétanos ont, en effet, tous convenu 11

cependant, sans une exception, dans la grande discussion sur

le tétanos qui eut lieu à l'Académie de médecine en 1889, qu'il

était possible d'inoculer le tétanos en injectant des parcelles

prises sur la plaie d'origine chez un animal tétanique. - Le

tétanos est donc produit par un agent septique, microbe ou

ptomaïne. Cet agent porte son action nocive sur la moelle

épinière et particulièrement sur la partie supérieure, bulbaire.

Les lésions trouvées aux autopsies dans la moelle sont sans

CAS DE TÉTANOS CHEZ UN ÉPILEPTIQUE. 63

importance puisqu'elles sont variables et surtout puisqu'elles

sont inconstantes; elles sont des conséquences et non des

causes.

On peut donc, sans rechercher si l'agent toxique prolifère,

se multiplie au lieu d'inoculation et est ensuite porté vers la

moelle par une voie ou par une autre, ou s'il envahit de suite

l'organisation, choses qu'on ignore encore, on peut donc,

dis-je, affirmer que l'agent nocif produit, en fin de compte,

sur la moelle, une modification profonde, élémentaire, dont

le résultat est l'exagération du pouvoir excito-moteur de ce

centre nerveux. -

Là, s'arrête tout ce qu'on sait de positif; à partir de ce point

on entre dans le domaine des hypothèses. Il est bien probable

que c'est le pouvoir excito-moteur même des cellules des

cornes antérieures qui est exagéré, mais certains pensent que

ce pouvoir reste normal et qu'il y a au contraire diminution

d'action des centres modérateurs des mouvements réflexes,

centres admis par Ferrier et aussi par d'autres. Et, du reste, le

tétanos, comme l'a dit M. Laborde dans la discussion à l'Aca-

démie de médecine à laquelle j'ai fait allusion, est un syn-

drome indépendant des causes qui le produisent et qui sont

multiples, il peut être provoqué par un agent microbien ou

d'origine microbienue comme dans le tétanos traumatique

vulgaire, ou par un agent toxique comme dans le tétanos dû à

la strychnine, ou enfin par un excitant périphérique mécanique

ou physique comme le tétanos électrique obtenu au moyen

d'un courant électrique appliqué à la périphérie.

Quoi qu'il en soit, dans le tétanos, les cellules des cornes

antérieures de la moelle envoient aux muscles une excitation

violente et permanente qui les maintient en un état de con-

tracture spécial qu'on qualifie de l'appellation tétanique.

Dans l'épilepsie, ces mêmes cellules envoient aux mêmes

muscles une excitation différente, quant au rythme et à l'in-

tensité au moins, puisqu'au lieu de les tétaniser elle pro-

voque chez eux des convulsions cloniques qu'on caractérise

de l'appellation épileptique; et qu'en plus, à un moment donné,

elles ne leur envoient, pendant un certain laps de temps,

aucune excitation puisqu'ils restent dans la résolution com-

plète.

Or, dans notre observation, les conditions physiologiques

du syndrome tétanique persistent quand même, quoique

64 RECUEIL DE FAITS.

latentes, pendant la manifestation épileptique puisque le tétanos

reparaît aussitôt que l'épilepsie disparait. 11 faut absolument

qu'à un moment donné les conditions du syndrome épilep-

tique l'emportent sur celles du syndrome tétanique. - Com-

ment la choe peut-elle se faire ? 1

On ne connaît pas les conditions anatomiques de l'épilepsie.

~Elles existent, mais elles sont sans doute profondes et élémen-

taires, et les moyens d'investigation manquent pour les dé-

couvrir. Les lésions macroscopiques et microscopiques qu'on

trouve aux autopsies sont multiples, variables et surtout

inconstantes; elles ne constituent que les conditions médiates

de l'épilepsie. Elles peuvent manquer et, quand elles existent,

elles provoquent seulement, par leur présence, la lésion intime

et élémentaire qui nous échappe. Au point de vue ana-

tomo-pathologique, il en est de l'épilepsie comme du délire, le

substratum anatomique de la perversion morbide nous est

inconnu.

Quant au mécanisme des attaques épileptiques, en s'en

tenant seulement à ce qui semble être scientifiquement établi,

nos connaissances sur ce point sont loin d'être étendues. -

Ce n'est pas le lieu de faire une revue critique des différentes

théories qui ont successivement prédominé. Disons seulement

qu'après avoir cru que le point de départ du processus épilep-

tique était au bulbe, l'on s'accorde généralement maintenant

à le placer dans le cerveau, depuis la découverte des centres

corticaux psycho-moteurs. L'existence des attaques avec con-

vulsion, absences, vertiges, somnambulisme comitial, prouve

que la convulsion n'est pas tout dans l'épilepsie et que le bulbe

peut ne pas être atteint.

Gowers a, parmi d'autres, fort bien défendu la théorie de

l'origine cérébrale dé l'épilepsie. Il compare, après Schroeder

van der Kolk, la cellule nerveuse à une bouteille de Leyde.

Dans l'épilepsie la décharge est brusque, elle n'est plus réglée

selon le mode physiologique par les centres à fonctions inhibi-

trices. L'excitation, le courant conséquence de la décharge,

transmet aux cellules du bulbe et de la moelle l'incitation à

leur fonctionnement : d'où la convulsion.

Chez notre malade, quand la décharge épileptique a lieu,

les cellules de la moelle obéissent à ce qu'on peut appeler

l'ordre du cerveau malgré qu'elles soient dans des conditions

pathologiques spéciales (tétaniques), conditions dans lesquelles

DU PHOSPHORE ET DE SES PRÉPARATIONS. 65

elles reviennent aussitôt que la décharge cérébrale est apaisée.

- Elles obéissent aux cellules cérébrales à cause de la subor-

dination de la moelle par rapport au cerveau.

Ce n'est pas là, je le sais, une explication bien satisfaisante,

c'est seulement l'indication plus détaillée du phénomène

observé et c'est aussi un aveu d'ignorance. Mais les con-

naissances en physiologie élémentaire du système nerveux

sont encore bien bornées et il faut surtout éviter les hypo-

thèses hasardées et je crois, qu'avec les acquisitions actuelles

véritablement scientifiques, on ne peut aller plus loin dans la

solution du problème-

REVUE DE THÉRAPEUTIQUE

DU PHOSPHORE ET DE SES PRÉPARATIONS;

Par M. YVON.

Le phosphore, corps simple métalloïdique, a été isolé en : 1669

par Brandt, qui ne voulut pas faire connaître le procédé de

préparation. Peu de temps après, Kunckel le retira de l'urine, ',

mais il ne put être extrait en grande quantité et ses propriétés

ne furent réellement connues qu'après les travaux de Gahn et

de Scheele qui, en 1769, le retirèrent des os, dans lesquels il se

trouve à l'état de phosphate de chaux. Pour extraire le phos-

phore, on mélange le phosphate acide de chaux, résultant de

l'action de l'acide sulfurique sur la poudre d'os calcinés, avec

de la poudre de charbon de bois et, après dessiccation, on

distille dans des cornues en terre munies d'allonges en cuivre

dont l'extrémité plonge dans l'eau ; on évite ainsi le contact

de l'air et le phosphore peut distiller sans s'enflammer. On le

purifie en le maintenant en fusion, et en l'exprimant, sous

l'eau, à travers une peau de chamois ; puis on le moule en

bàtons ou en baguettes cylindriques en l'aspirant, avec pré-

caution, dans des tubes de verre.

D'après le Codex, il présente les caractères suivants : les

bâtons de phosphore sont de couleur légèrement ambrée,

Archives, t. XX. 5

66 REVUE DE THÉRAPEUTIQUE.

d'aspect corné, mous et flexibles à la température ordinaire ;

leur densité est égale à z3 ; ils présentent une odeur alliacée

et sont lumineux dans l'obscurité. Le phosphore entre faci-

lement en fusion et devient liquide à la température de 44°,2 ;

il bout à 290° et distille sans résidu lorsqu'il est pur. Il

est insoluble dans l'eau à laquelle il communique cependant

son odeur caractéristique et la propriété d'être lumineuse

lorsqu'on l'agite dans l'obscurité. Il est très peu soluble dans

l'alcool, soluble dans les corps gras et les huiles, assez soluble

dans l'éther sulfurique (1 gr, par 142) ; mais son véritable

dissolvant est le sulfure de carbone (17 à 18 p. 100).

Le phosphore est lumineux dans l'obscurité (phosphorescent).

Ce phénomène est empêché par les vapeurs d'étber ou d'essence

de térébenthine. A la température ordinaire le phosphore

s'oxyde lentement et vers 60° il s'enflamme et brûle avec une

flamme brillante, en produisant d'abondantes fumées blanches

d'acide phosphorique anhydre. Cette température d'inflam-

mation du phosphore est facilement atteinte par le frottement.

Sous l'influence de la lumière solaire directe ou diffuse le

phosphore s'altère, perd sa transparence et devient rouge :

sous cette modification allotropique le phosphore présente des

propriétés physiques et physiologiques bien différentes du

phosphore blanc. Dans l'industrie, on transforme facilement et

en totalité le phosphore blanc en phosphore rouge en l'expo-

sant pendant huit jours à une température de 250 degrés. Le

phosphore rouge se présente en fragments rougeâtres, durs et

cassants, et que l'on peut facilement pulvériser. La poudre

présente une couleur rouge violacée ; elle est inodore et ne

luit pas dans l'obscurité. Le phosphore rouge n'est pas vénéneux

et il est insoluble dans les dissolvants neutres, même le

sulfure de carbone. Il ne s'enflamme pas au-dessous de 260° : -.

il fond et distille à cette température en repassant à l'état de

phosphore blanc.

Le phosphore est un poison violent ; son maniement réclame

certaines précautions et un choix judicieux des formes phar-

maceutiques. Il a été préconisé contre les fièvres adynamiques

et ataxiques, la leucorrhée, la goutte, le rhumatisme, l'épi-

lepsie, la paralysie et l'ataxie. Le plus souvent, il exerce une

action aphrodisiaque assez marquée.

Lorsque le phosphore est administré en nature et en gros

fragments ainsi qu'on peut l'observer dans les cas d'empoi-

DU PHOSPHORE ET DE SES PRÉPARATIONS. « 67

sonnements criminels ou volontaires, on observeles symptômes

d'une violente gastro-entérite et à l'autopsie on observe du

gonflement des muqueuses qui sont colorées en gris ardoisé,

des ecchymoses, des excoriations, ulcérations et parfois même

des perforations. Si l'on a pu assister au début de l'empoi-

sonnement on remarque que les matières vomies et les déjec-

tions présentent l'odeur caractéristique du phosphore et

répandent des lueurs dans l'obscurité. Lorsque le phosphore

est administré très finement divisé ou en solution, et par doses

telles que son action soit moins rapide, on observe de l'ictère,

des hémorrhagies et la dégénérescence graisseuse des organes,

coeur et surtout foie. ,

Lorsque le phosphore est administré à dose thérapeutique

(2 à 10 milligrammes), ses effets sont les suivants : il produit

une sensation de chaleur à l'estomac, la circulation s'accélère,

et il survient une légère excitation cérébrale et musculaire

avec sueur et diurèse.On observe de l'hyperesthésie,de l'ardeur

et une fréquence plus grande de la miction, et le plus souvent

des érections plus fréquentes. Lorsqu'on administre le phos-

phore comme médicament, on observe parfois des phénomènes

d'intolérance et des vomissements qui forcent à suspendre le

traitement. Delpech, qui s'est particulièrement occupé du

phosphore et des accidents qu'il cause dans l'industrie, a vu

des purgations abondantes se produire à la suite de l'ingestion

de 2 milligrammes seulement. Il résulte de tout ceci que le

phosphore est un médicament dangereux dont il faut surveiller

l'action et qu'on doit administrer avec prudence ; il ne faut

pas dépasser ia dose de 10 milligrammes par jour, tout en

suspendant l'administration de temps à autre. Le phosphore

est aujourd'hui peu employé en nature, on donne la préfé-

rence au phosphure de zinc cristallisé dont l'action est la

même et qui est beaucoup plus maniable.

PREPARATIONS PHARMACEUTIQUES DU PHOSPHORE*

Le Codex de 1884 n'a conservé que l'huile phosphorée à

1 p. 100 lorsqu'elle est destinée à l'usage externe et à '1 p.'lOOO

pour usage interne. On administre cette huile soit en capsules

gélatineuses renfermant '1 milligramme de phosphore, soit en

68 REVUE DE THÉRAPEUTIQRE. DU PHOSPHORE.

émulsion. On peut encore prescrire le phosphore en nature ;

mais les préparations pharmaceutiques sont plus délicates à

éxécuter.

Capsules d'huile phosphorée .

Chaque capsule renferme en-

viron 1 millig. de phosphore.

Dose de 1 à 5 par jour.

Huile de foie de morue phosphorée

Huile phosphorée à 1/1000.100 gr.

Huile de foie de morue. 900

Cpntient 2 millig. de phosphore

par cuillerée à bouche.

Liniment phosphore (Tavignot).

Huile d'amandes douces 100 gr.

de naphte. 25

Phosphore 0, 20

En frictions.

Pilules de phosphore (Dannecy).

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 69

ment solubles dans l'acide chlorhydrique, avec dégagement

d'hydrogène phosphoré pur. On l'administre sous forme de

granules.

70 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

mouvements de manège, tendance au recul, chutes dans un sens

déterminé, etc., mais on ne saurait voir entre ces troubles d'é-

quilibration et la lésion dû lobule pariétal qu'une simple coïn-

cidence car on a observé cette même lésion chez des sujets

qui n'ont présenté aucun de ces 'phénomènes. Pour qu'une

relation directe entre le siège d'une lésion et le trouble fonc-

tionnel correspondant soit établie il faut que ce trouble se

produise chaque fois que le même territoire est affecté. G. D.

II. ATROPHIE MUSCULAIRE PROGRESSIVE A TYPE ARAN-DuCHENNE ;

par M. le Dr AUDRT. (Lyon méd., 1887, t. LVI.)

Les particularités qui rendent cette observation intéressante

sont : 1° la marche rapide de l'affection (moins de deux ans); 2° la

paralysie des muscles respirateurs et notamment du diaphragme,

paralysie qui a été la cause efficiente de la mort; 3" ['existence

d'un oedème sous-cutané qui a persisté plusieurs mois non seulement

aux mains, mais encore aux membres inférieurs; 4° une albumi-

nu'rie transitoire et revenant par intervalles bien que les reins et

le coeur fussent normaux. G. D.

III. Du PSEUDO-MAL DE POTT HYSTÉRIQUE; par M. CH. AUDRY.

(Lyon méd., 1887, t. LVI.)

Il résulte des deux observations relatées dans ce travail que le

diagnostic du mal de Polt d'avec la rachialgie hystérique peut

offrir une extrême difficulté; il peut même être impossible dans

certains cas. La douleur vertébrale n'est pas caractéristique, pas

plus que les troubles nerveux; la gibbosité et la constatation d'un

abcès par congestion sont les seuls signes pathognomoniques. Dans

les cas où l'anesthésie, les examens prolongés, les antécédents, etc.

n'auront été d'aucun secours, si le chirurgien reste dans le doute,

il vaut mieux en matière de traitement faire plus que moins et

opter pour un mal de Pott. G. D.

IV. Contribution A l'étude CLINIQUE DES TUMEURS DU cervelet;

par les Drs BERNHEm et SmoN. (Rev. méd. de l'Est, 1887 )

De l'examen comparatif des quatre observations contenues dans

ce travail, les auteurs croient pouvoir conclure que les signes les

plus fréquents et les plus importants.des tumeurs cérébelleuses se

résument dans les suivants : Céphalalgie tenace, siégeant souvent

mais non toujours à la région occipitale, vomissements, vertiges

persistants accompagnés de troubles de l'équilibre tilubation céré-

belleuse, chutes parfois dans un sens déterminé), tendances aux

attitudes spéciales du corps ou de la tête {l'étroJlexiol1 de la tôle,

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 71

opisthotonos, pleurosthotonos), convulsions épilepliformes ou trem-

hlement choréiforme, troubles oculaires (strabisme, amaurose pré-

,coce), enfin contrastant avpc les symptômes précédents, intégrité

remarquable de la sensibilité générale et des facultés intellec-

tuelles, rareté des paralysies. Ces divers phénomènes, associés en

plus ou moins grand nombre permettront dans beaucoup de cas

d'établir le diagnostic de tumeur cérébelleuse. G. D.

V. UN cas d'absence bilatérale PRESQUE complète DU MUSCLE

trapèze; par W. ERB. (Neurol. Centralbl., 1889.)

Cas unique (observation très complète) avec examen microsco-

pique de vivo. Il semble qu'il s'agisse d'une dystrophie musculaire

progressive ayant atteint les trapèzes successivement, puis, étant

devenue stationnaire. La précocité de l'affection (le sujet a actuel-

lement vingt ans) permet de penser à ce diagnostic sans qu'on ait

de certitudes cliniques, ni d'éléments microscopiques concluants.

P. KERAVAL.

VI. CHORÉE ET psychose; par SCHUCHARDT. (Allg. Zeitsch. f. Psych.,

XHH, 4, 5.)

Pour étudier le rapport qui existe entre la chorée et la folie,

l'auteur analyse trois observation personnelles. Dans l'une (Obs. 1),

la chorée et les troubles psychiques émanaient du saturnisme.

Dans la seconde jObs. Il), il s'agit d'une chorée idiopathique suite

de surmenage. Le troisième fait (Obs. III) concerne un cas de

chlorée consécutif à la terreur. 11 en rapproche une chorée rhu-

matismale (Ohs. IV), une paralysie générale avec mouvements

choréiques (Obs. V), - une chorée avec angoisse et hallucinations

chez une imbécile maltraitée (Obs. VI). L'examen de l'état cérébral

chez les choréiques, comparé avec les accidents psychiques qu'on

peut rencontrer chez ces malades, l'amène à conclure que chorée

et psychose sont constamment l'expression d'un même processus

cérébral ; l'allure générale du tableau morbide résulte du déve-

loppement par tel ou tel syndrome à tel ou tel moment de l'évo-

lution,sous des influences éLiologiques souvent toutes individuelles.

P. K.

VII. SUR UN CS D'OPHTHALMOPLÉGIE PROGRESSIVE; par Struempell.

(Neurol. Central6., 1886.)

Observation de dégénérescence primitive de certaines zones du

système de conductibilité motrice ou cas pur d'ophtalmoplégi

progressive bilatérale : paralysie de tous les muscles animant le

globe oculaire et du muscleaccommodateur, mais conservation de

72 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

la réaction pupillaire réflexe. Cette atteinte des muscles soumis à

la volonté indique, d'après l'auteur, une atrophie dégénéralive des

fibres et cellules nerveuses, des noyaux, des oculomoteurs com-

muns, des oculomoteurs externes, des pathétiques, et les dégéné-

rescences secondaires correspondantes. Cette explication cadre

avec la symétrie constante et- l'association-continue des phéno-

mènes ; jamais il n'y eut diplopie. Pas d'autopsie. P. K.

VIII. Remarques SUR LE phénomène DU maxillaire inférieur ou

réaction DU TENDON DU masséter, en CE QUI CONCERNE UN CAS DE

SCLÉROSE latérale amyotrophique avec CLONUS DU maxillaire

INFÉRIEUR DE E. BEEVOOR; par A. DE V : 1TTEV1LLE. (Neurol. Centralb.

1886.)

Chez un individu sain, appuyez sur le maxillaire inférieur à

l'aide d'un couteau à papier placé sur les dents, frappez sur ce

couteau l'aide d'un petit marteau, aussi près que possible des dents,

vous provoquez l'extension brusque du masticateur, et générale-

ment un claquement de dents convulsif s'ensuit. Cette réaction

existerait dans la sclérose latérale amyotrophique (Beevoor),

dans le spasme hystérique, et dans un cas de lésion organique du

cerveau probablement bulbo-protubérantielle (de Watteville).

P. K.

IX. UN cas DE paralysie isolée DU regard EN haut, avec AUTOPSIE,

par R. TiioMsEN. (Arch. f. Psych., XVIII, 2.)

L'observation était cliniquement intéressante par les particula-

rités que voici. Nystagmus, paralysie des deux yeux en haut, mais

intégrité de tous les autres mouvements des yeux ; nul trouble de

la vision. Impossible de savoir s'il y avait eu syphilis. L'auteur

diagnostiqua : lésion centrale du centre commun des oculomoteurs

communs, dans la région des tubercules quadrijumeaux, sans pou-

voir préciser davantage. Hésitation entre la démence simple, com-

pliquée decettelésion centrale, la paralysie, générale, et la sclérose

en plaques. Or. l'autopsie révéla une gomme occupant le petit es-

pace limité par les tubercules mamillaires, le bord antérieur de la

protubérance et les pédoncules cérébraux, gomme englobant les

deux oculo-moteurs communs, surtout celui de droite. Cette lésion

périphérique et irrégulièrement disséminée des deux troncs ner-

veux, avait produit un syndrome unique (paralysie des branches

innervant le droit supérieur et l'oblique inférieur, rien que cela)

et symétrique. P. K.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 73

X. NÉVRITE MULT1LOCULAIRE AVEC PARALYSIE FACIALE BILATÉRALE ET

ataxie DES extrémités INFÉRIEURES; par A. -STRUEMPFLR, (Neurol.

Cenlralbl.. 1889) ; - Névrite multiloculaire ET ataxie ; par

E. Jendrassik(I6ï(Z).; UN trouble PSYCHIQUE combiné A la NÉVRITE

multiloculaire (psychose polynévritique ou cérébropathie toxhé-

mique); par KORSAKOW. (Allg.Zeitsch. f.Psych., XLVI, et Au'chie

f. Psych., XXI, 3.)

Nous n'avons rien àajouterau titre de l'observation de M. Struem-

pell. L'atteinte du facial des deux côtés constitue un symptôme

rare. L'ataxie des extrémités inférieures que M. Struempell rat-

tache à une altération des fibres centripètes est pour 111. Jen-

drassik d'ordre central. Ces deux savants croient à l'origine infec-

tieuse d'une semblable affection ; cette origine expliquerait la

dissémination et la guérison des accidents morbides. M. Korsakow

a vu la névrite multiloculaire des alcooliques se compliquer^ d'un

délire général aigu qui, le plus souvent, guérit ou aboutit à la

démence; il en fait une entité morbide. P. IÉRAV.1L.

XI. Contribution A la SYMPTOMATOLOFIE DU tabès dorsal : étude SPÉ-

CULE DES OREILLES, DU LARYNX, DU PHARYNX; parA. ! \L1RINA. (Archiv.

f. Psych. XXI 1.)

M. Morpurgo a examiné les oreilles de quarante tabétiques au

point de vue de l'acuité auditive (épreuves de Rinne, Gellé,

Weber). Il en a trouvé vingt-neuf (72,5 p. 100) dont l'oreille interne

était anormale, les troubles de l'ouïe pouvant se produire à n'im-

porte quelle période du tahes. - M. Fano a soumis trente-six

d'entre eux à l'examen pharyngo-iaryngé. Il a noté des anomalies

diverses en rapport avec les modifications sensitives et motrices

qui sont bien connues. - Dans un appendice, M. Marina indique

que la suspension améliore l'ataxie dans la moitié des cas, mais

n'exerce aucune intluence heureuse sur la virilité : elle aggravé

les douleurs dans la moitié des cas. P. K.

XII. Contribution A la théorie DE la nature infectieuse DES

névroses; par B. Herzog. (Arch. f. Psych. XXI, 1.)

Il s'agit de deux observations dans lesquelles les symptômes

psychiques de l'hystérie furent transmis de la femme au mari et

du mari à la femme par contiguïté, sans que les symptômes

moteurs de la maladie se développassent. La première observation

pourrait être intitulée, dysménorrhée mâle par infection; elle

revêtit chez le mari la forme de névralgies lombo-sacrées avec

diarrhée sanglante. Le second exemple a trait à des crises paroxys-

tiques d'hémicpphalée fronto-occipitalc et oculaire. P. K. ' '

74 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

XIII. CONTRIBUTION A l'étude ET au mécanisme DES paralysies DES

MUSCLES DE L'OEIL CHRONIQUES, PROGRESSIVES, ET A LA FINE ANATOMIE

DE L'ENCÉPHALE; par A. 13OETTIG8R. (Arch. PS1jch. XXI, 2.)

Mémoire intéressant par l'étude clinique, anatomo-pathologique,

et critique d'une observation. Il s'agit d'une ophtalmopiégie

nucléaire par lésion des noyaux nerveux du tronc ducerveau et en

particulier de ceux qui commandent aux muscles des yeux.

P. K.

XIV. Contribution A la pathologie DES TUMEURS cérébrales ;

par H. OPPENHEIM. (Arch. f. Psych., XXI, 2-3.)

Ce mémoire en cours de publication contient actuellement vingt-

trois observations bien prises et des plus intéressantes de gliomes,

gliosarcomes, myxomes chondromateux et ossifiants, carcinomes,

sarcomes, angiomes complexes, gommes et tubercules. L'auteur se

propose de procéder à une localisation rétrospective qui permette

de dégager des indications opératoires. P. K.

XV. Contribution A la QUESTION DE l'action DU SEIGLE ERGOTÉ ET

DE SES PRINCIPES constitutifs SUR la MOELLE DES animaux ; par

A. GRUENDFELD. (Arch. f. Psych., XXI, 2.)

Neuf coqs et quatre porcelets ont été empoisonnés par la poudre

de seigle ergoté - l'extrait cornuticosphacelinicum (de Kohert)

l'extrait alcoolique de Kobert-l'acide sphacélinique de ICohert-

Une espèce de chaque animal fut soumise à une alimentation nor-

male afin de servir de témoins. Quels qu'aient été les accidents

gangreneux provoqués et la gravité des phénomènes généraux,

quelque intenses que fussent les lésions pathogénétiques des syn-

dromes toxiques, la moelle épinière fut trouvée aussi normale

chez les sujets empoisonnés que chez les individus conservés comme

témoins. ' P. K.

XVI. Contribution A la théorie DE l'hypnotisme et DE L'HYbTÉROE; par

H. KUItELLA (Centralbl. f. Nervenheilk. 1889) - Thérapeutique DE

L'llYTÉHIE ET DE la neurasthénie ; par K. LAUPENAU6 : R. (i6LCd). --

De la tuberculose DU larynx comme SUB3TRTUM DE la boule HYS-

TÉRIQUE; par LANGREUTEII. (ibid.).- Des EFFETS delà SUGGESTION

EN électrothérapie ; par R. FRIEDL1DER. (Neurol. Centralbl.,

1889.)

La pathogénie de l'hystérie, dit M. Kurella, a pour origine la surac-

tivité de l'idéation qui sollicite anormalement les centres sous-

corticaux qui commandent au système musculaire des vaisseaux de

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 1S

l'intestin, de la vessie, du coeur, de la physionomie. Normalement

l'idéalion peut se faire sans que ces appareils entrent enjeu ; chez

l'hystérique, l'irradiation corlicale est à la fois trop intense et

trop disséminée. Ainsi s'expliquent tous les accidents de la vie de

relation et de la vie végétative de ces malades et les expériences

de suggestion hypnotique. M. Laufenauer attribue l'hystérie et la

neurasthénie qui n'en est qu'un premier degré à la diminution

plus ou moins accusée des fonctions psychomotrices et neuromo-

trices du système nerveux ; suivant l'intensité de l'agent pathogène,

il existe ou non des signes physiques. Selon que les réflexes psy-

chiques sont accentués ou non, on emploiera, en tant qu'agents

de traitement, l'influence psychique (suggestion inconsciente ou

consciente, suggestion hypnotlq le). les agents pharmacodyna-

miques, les modificateurs diététiques (le mémoire en contient une

complète description). A propos de ces derniers, M. Eriedloender

exalte les mérites de l'électrothérapie de concert ou non avec les

réconfortants moraux ; c'est une question d'indication. Enfin

l'ob.-ervation de M. Langreuter concerne une erreur de diag-

nostic ; on avait toute raison de croire à une hystérie chez une

imbécile, il n'existait aucune-lésion intestinale ni pulmonaire

et cependant l'orifice du larynx était occupé par une ulcération

tuberculeuse. P. Keraval.

XVII. MAL vertébral, nouvelle forme de gastralgie; parM. 13oce.

(Centrcalb. f. Nerwenlceillc, 1889.)

Sous ce Litre qui, en allnand, ne prête pas à la confusion

comme en français (\Vi1'ùelweh) l'auteur décrit ce qu'il appelle

encore une névralgie des plexus vertébraux du grand sympathique

abdominal. il existe une cardialgie nerveuse avec hyperalgésie de

la face antérieure de la colonne vertébrale comprimée à travers

les téguments abdominaux, tandis que la pression en arrière ne

détermine pas de douleur. Ce signe physique a pour cortège les

troubles fonctionnels de la dyspepsie gastru-intestinale, des névral-

gies intercostales, les accidents de la neurasthénie, de la chlorose,

des métrites. On a recours à un traitement symptomatique et à

l'injection hypodermique d'une seringue de solution d'antipy-

rine à 50 p. 100; cette injection est pratiquée au niveau de l'abdo-

men, tous les deux, trois ou quatre jours; deux injections au moins

et dix au plus déterminent la guérison, ou peu s'en faut. P. K.

XVIII. Contribution A l'étude de l'hémiplégie alterne;

par Tu. Proskauer (Centralbl. f. Ne1'venheilk. 1889.)

Une tumeur cérébrale peut, sans intéresser la protubérance,

provoquer une hémiplégie alterne, lorsqu'elle se rapproche de la

16 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

base et englobe les troncs nerveux périphériques. Observation

avec autopsie, de tumeur d'un hémisphère cérébral, réalisant ces

conditions-là. P. K.

XIX. Diagnostic ET interprétation DES SYMPTOMES pupillaires ; par

E. HEDDOEUS, (Centralbl. f. Nervenheilk. 1889.)

L'auteur pose les règles de l'examen du malade. On regarde

comment ses pupilles réagissent à la lumière, pendant la conver-

gence, ou par voie réflexe, on en note la mobilité ou l'immobilité

absolue ou relative dans ces diverses conditions, pour chaque côté,

individuellement et pour chaque organe l'un par rapport àl'autre.

M. Heddoeus conclut que :

Les troubles de la motilité des pupilles dépendent toujours de l'at-

teinte des fibres pupillaires centrifuges (oculomoteur commun et grand

sympathique) ; ceux de la sensibilité réflexe E. R. proviennent de l'at-

teinte des fibres centripètes. Quant à l'immobilité fixe et réflexe, adhuc

sub judice lis est ! P. K.

XX. La DURÉE DE la VIE DES ÉPILEPTIQUES ; par C. A. KOEHLER,

(Allg. Zeitsch. f. Psych., XLIII, 4,5.)

Statistique. Tableaux. Listes.

Conclusions. - 1° L'épilepsie abrège la vie ; 2° le sexe féminin

est plus exposé à cette abréviation de la vie à un âge mûr que le

sexe masculin; inversement, ce dernier est plus exposé à cette

abréviation dans les jeunes années jusqu'à l'âge de vingt-cinq ans;

3° chez les idiots ce danger par rapport aux âges et aux sexes se

compense davantage ; 4° le séjour dans les établissements spé-

ciaux préserve les malades des dangers auxquels les exposent le

monde extérieur et la famille; 5° il est d'une urgence absolue de

séquestrer les épileptiques d'aussi bonne heure que possible dans

des établissements appropriés, soit afin de les guérir, soit pour

réduire le nombre des attaques à un minimum inférieur, soit

pour les préserver de la déchéance psychique et morale, soit pour

leur conserver leur aptitude au travail; 6° les dangers auxquels

les épileptiques sont exposés de par leur maladie sont assez sen-

siblement les mêmes dans un asile qu'au dehors, mais la société

considérablement multiplie les complications elles agents nocifs

dans une proportion incalculable : ce sont l'ingestion de boissons

alcooliques, les excès sexuels, les accidents pendant les attaques,

les plaisirs fougueux, les excitations de toutes sortes. P. K.

XXI. Contribution A la métiiodf. de recherche DU phénomène DU

genou; par FR, PELIZOEUS, Sur LE phénomène du GENOU; par P.

Zenner. (Neurol. Centralbl., 1886.)

Sur 2,403 faits, pas un enfant sain ne présenta d'absence com-

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 77

plète et persistante du phénomène du genou; à côté de cela, dans

quelques cas, il est extrêmement difficile de provoquer le réflexe

tendineux patellaire; dans un cas même on ne l'obtint qu'en em-

ployant la méthode de Jendrassik '. Cette méthode ne serait d'ail-

leurs pas infaillible, d'après Zenner qui a examiné 2,174 individus

se décomposant en 1,174 aliénés et 1,000 sujets sains d'esprit. Les

aliénés comprenaient 267 femmes; ils étaient tous adultes; chPz

23 seulement, absence de phénomène du genou; parmi eux,

10 paralytiques généraux. Le phénomène du genou ne fit défaut

que chez 5 individus sains d'esprit; il s'agissait de 2 tabétiques,

d'un vieillard de quatre-vingt-quatorze ans, et de deux sujets

absolument bien portants. P. K.

XXII. UN cas DE maladie DE 'I·H031SEN ; par G. Fischer

(Neurol. Centralbl., 1886.)

Confirmation de la communication de Erb (Neurol. Centralbl.,

18852) relative aux réactions électriques et aux altérations anato-

miques décrites. Une observation. Fibres musculaires épaissies,

très faciles à dissocier; faisceaux primitifs durs, raides, très résis-

tants à la pression et à l'écrasement; peu de tissu conjonctif inters-

titiel. Les fibres atteignent souvent 120 à 130 . Disparition de

la striation; contours irrégulièrement boursouflés, incisés, sil-

lonnés, fissures sur les bords et les faces des faisceaux, corpuscules

cellulaires rappelant les noyaux du sarcolemme. P. K.

XXIII. UN cas DE thrombose autochtone DE la carotide gauche ;

par TH. PROSKAUER. (Centralbl. f. Nervenheilk. 1889.)

Il s'agit d'une femme de soixante-quatorze ans,qu'on a un beau

matin trouvée chez elle impotente, titubant, et ne prononçant

plus que 1'lt1'llnt, Trois jours après, la respiration est accélérée,

profonde et gémissante. Athérome radial : irrégularité du pouls, à

65; - T. 3600. Intégrité du sensorium, mais elle ne comprend pas

ce qu'on lui dit, est incohérente, et ne peut répéter les mots qu'on

lui propose. Hémiplégie droite du facial inférieur. Inégalité pupil-

laire (mydiase gauche) ; réaction à la lumière conservée. Contrac-

ture de l'avant-bras et de la jambe droits. Un peu d'arhythmie

cardiaque; bruits purs; renforcement du choc précordial. A droite,

sous la clavicule, matité du volume d'un oeuf de poule, qui s'étend

jusqu'au-dessous de la poignée sternale. Pas de râles; pas d'albu-

mine. Mortdeux jours plus tard. Autopsie. Lésions caractéristiques

et généralisées du système aortique depuis les valvules aortiques

jusqu'à l'aorte abdominale; calcification des coronaires ; myocar-

1 Voir Archives de Neurologie, t. XII, p. 228.

Archives de Neurologie, t. XII, p., 407 et 221.

78 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

dite avec hypertrophie cardiaque. La carotide primitive droite pré-

sente les mêmes altérations au niveau de sa bifurcation ; la carotide

primitive gauche est tout à fait obstruée par un thrombus rouge,

résistant, adhérent au vaisseau ; on trouve un caillot lâche dans

la carotide interne de ce côté, qui se continue jusqu'à la première

division de la sylvienne ; le lobe cérébral gauche est par suite plus

anémié que le lobe droit.. CI P. K.

XXIV. NOUVELLE observation d'aphasie sensorielle avec surdité

verbale; par A. Rosentiul. (Centralbl. f. Nervenheilk. 1889.)

01

Homme de trente neuf ans bien portant. Ictus apoplectique suivi

d'hémiplégie droite avec aphasie. Rétrocession rapide des accidents

paralytiques; diminution de l'aphasie. Trois mois plus tard, on

constate de l'hémiparésie droite, de l'aphasie sensorielle (amnésie

des mots et surdité verbale); tel estl'état du malade jusqu'à sa mort

produite par une attaque épileptifurllle. L'autopsie révèle : une

encéphalite des première et deuxième temporales gauches, avec

ramollissement rouge du segment postérieur de la deuxième

lemporale gauche. P. K.

XXV. Un cas DE paralysie par COMPRESSION (pendant LE sommeil) :

l. paralysie GRAVEET complexe du bras gauche; par S.-H. SCHEIBIOE.

(Neural. Centralbl., 1886.)

Due à une compression exercée sur les troncs nerveux du bras

pendant un profond sommeil de deux heures, cette paralysie

porta, ce qui en fait un cas unique, sur tous les nerfs moteurs et

sensitifs. qui innervent l'avant-bras et la main. En second heu,

l'excitabilité électrique des nerfs étant demeurée normale, la con-

tractilité électrique des muscles innervés par le radial se montra

considérablement diminuée quantitativement à l'égard des deux

espèces de courants; heureusement qu'on ne constata pas de

réaction dégénérative. Mentionnons enfin un réveil tardif de la

motilité volontaire (au bout de huit semaines) et une certaine

atrophie des extenseurs de l'avant-bras. P. K.

XXVI. SUR LE PARAMYOCLONUS multiple (de Friedreich) ; par SCHULTZE

(Neurol. Centralbl., 1886.)

Ce type a été décrit par Seeligmuller dans la Deutsche meuic.

Wochenschr., 1886. M. Sclmllze se propose de décrire ici l'évo-

lution ultérieure qu'a revêtue la maladie dans le cas de Friedreich,

et l'autopsie qu'il a pratiquée il y a trois ans. L'électrisation pra-

tiquée non seulement dans un but d'étude, mais comme moyen

de traitement galvauique méthodique (forts courants sur la

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 79

moelle, courants assez forts sur les muscles des bras convulsés)

détermina en quelques secondes une amélioration telle qu'un ins-

tant l'auteur crut à une simulation, mais la marche de la maladie,

et de nouvelles séances démontrèrent qu'il y avait réellement

amélioration. En effet, il fut repris plus tard et amélioré de la

même façon. 11 vint à mourir de la phtisie pulmonaire dont il

était atteint. Intégrité des muscles, même au microscope, intégrité

des éléments nerveux. Suit une discussion 110'io ! 0p-ique et patho-

logique et une étude critique intéressante rapprochée qu'elle est

de celle de Marie. (Progrès médical, 1886.) P. K.

XXVII. D'une I'.\It : IMYOTOVIE congénitale familiale que L'ON suit A

travers six générations, par A. Eulenburg. (Neurol. Cen-

tralbl. 1886.)

Forme toute spéciale congénitale héréditaire d'idiosyncrasie

musculaire parente de la maladie de Thomsen. La famille l'ap-

pelle elle-même sa raideur, son engourdissement, et dénomme les

individus atteints d'engourdis. Hérédité sans saut, directe, soit du

côté paternel, soit du côté maternel, sur fils ou filles. Actuellement,

l'anomalie décroit. Elle ne se manifeste pas sur tous les membres

de la famille, mais simplement sur une petite partie d'entre eux.

Elle apparaît chez le nouveau-né j à ses mouvements, à la façon

dont il ferme les yeux quand on le lave à l'eau froide, on voit

qu'il sera un engourdi. L'anomalie porte sur tous les muscles

volontaires, mais pas d'une manière identique en toutes les

régions.

Dans certaines régions, prédomine la crampe, la rigidité; en

d'autres, après un court accès de crampe, prédomine une para ! y-

sie, un arrêt des mouvements. Dans les muscles du cou et de la

face, c'est presque exclusivement une convulsion tonique ; dans

les sphincters oculaires et buccaux, c'est une contraction très

énergique; après le rire, la bouche reste légèrement immobile;

les muscles de la déglutition sont atteints de convulsions toniques

douloureuses mais rapidement passagères; aux extrémités supé-

rieures, spasmes passagers suivis d'une paralysie qui dure des

heures et même des demi-journées. Tel est le désordre que par

instants, il y a impossibilité d'exécuter l'acte le plus simple. Mais

jamais la paralysie n'est véritable et persistante. Idem pour les ex-

trémités inférieures; l'affaiblissement musculaire qui y prédomine,

est précédé soit par une sensation incommode de raideur, soit par

des oscillations rythmiques perceptibles surtout dans la cuisse;

le trouble de la locomotion peut entraîner la chute avec impossi-

bilité de se relever sans aide. C'est l'engourdissement des musclés

de la face qui passe le plus vite; celui des doigts dure le plus long-

temps. Le froid humide, lefouettement de la pluie et du veut pro-

80 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

voquent des accès; non pas du reste le grand froid, mais simple-

ment la sensation d'un morceau de bois à une température de

10 à il° R.; la chaleur les dissipe sous toutes formes ainsi qu'un

bon repas. Les mains peuvent cependant conserver leur chaleur

et être engourdies. L'électricité n'exerce aucune intluence même

palliative. P. K.

~~ XVIII. UN cas de 1UBLRCULK DE la protubérance; par L. BRUNS.

t11- : urol. Centralbl. 1886.)

Observation. Paralysie de l'ocutomoteur externe gauche et paré-

sie du droit interne de l'oeil droit; anesthésie cornéenne et conjonc-

tivale, surtout à gauche, avec conservation de la sensibilité dou-

loureuse dans le reste du domaine des trijumeaux; affaiblissement t

des muscles masticateurs et cervicaux, et de ceux de la nuque ;

parésie avec contracture et exagération des réflexes tendineux

des extrémités droites, sans trouble de la sensibilité. Céphalalgie,

sopor, affaiblissement général. Papille étranglée. Des deux côtés, otite

moyenne tuberculeuse ancienne. Ultérieurement, à ces symptômes

s'ajoutèrent, parésie avec contracture des extrémités gauches sans

aucun trouble de la sensibilité. Intégrité du facial jusqu'à la mort.

Kératite neuroparalylique au début. Infiltration du sommet gauche;

hyperthermie. Diagnostic confirmé. Tumeur tuberculeuse de la

protubérance occupant la partie moyenne de l'organe, ayant siégé

d'abord à gauche et s'étant plus tard étendue à droite.

P. K.

XXIX. Communications casuistiques DE L'IIOPITAL DU Grand-Duché DE

BnoNSwlcl;; par R. Schulz. (Neurol. Centralbl., 1886.)

I. Furoncle de la nuque. Méningite cérébrale. Furoncle de la

peau ayant versé des amas de streptococcus pyogènes dans les

veinules sous-cutanées, la veine jugulaire, le coeur droit, les pou-

mons (infarctus), les veines pulmonaires, le coeur gauche, la

grande circulation, et finalement infection de la pie-mère.

II. Tumeur de la glande pinéale. En l'absence de tout signe

objectif local précis, on diagnostique : tumeur cérébrale avec com-

pression et excitation des faisceaux pyramidaux. On trouve un

gliome de la glande pinéale. Comme dans toutes les observations

de ce genre, ni paralysie, ni troubles de la sensibilité. Etude cri-

tique comparative d'autres cas. - P. K.

XX. Hystérie CHEZ l'homme; par FRANCIS-W. CLARK.

(The journal of Mental Science, janvier 1888.

L'auteur rappelle d'abord que les aspects très divers sous

REVUE DE pathologie NERVEUSE. 81

lesquels peut se présenter l'hystérie conduisent naturellement t

à lui attribuer une origine centrale, plutôt que périphérique,

et que les deux théories actuellement les plus en faveur sont

la théorie vasculaire et la'théorie moléculaire. Suivant la pre-

mière, les manifestations hystériques ont pour cause principale

une modification de l'afflux sanguin qui alimente les centres

ganglionnaires de l'écorce cérébrale. Les cas, assez communs,

dans lesquels le jeûne, l'anémie et généralement tous les

modes d'épuisement physique ou mental déterminent l'appa-

rition de l'hystérie et principalement de sa forme convulsive,

militent fortement en faveur de cette opinion. La seconde

théorie, que l'auteur nomme théorie moléculaire, et qui est

peut-être plus généralement adoptée que la première, invoque

des changements moléculaires dans l'écorce cérébrale; c'est

celle que Russell Reynolds a ingénieusement résumée en

comparant le cerveau sain à un morceau de fer aimanté, et le

cerveau des hystériques à un morceau de fer désaimanté.

L'auteur rapporte ensuite trois cas bien nets d'hystérie chez

l'homme; nous les résumons ici sommairement.

Observation I. -J. C..., vingt-sept an., facteur de la poste; mordu

autrefois par un chien, sans que cette morsure ait eu de suites ;

depuis un an avant son entrée, accès épileptiformes fréquents,

avec écume à la bouche, aboiements, incontinence d'urine : les

accès durent d'un quart d'heure à une heure et s'accompagnent

d'opisthotouos; le malade ne se mord pas la langue, et, l'accès

fini, le malade se rappelle ce que l'on a dit à ses côtés; la mention

d'une douche froide le fait même revenir à lui beaucoup plus

promptement : les accès surviennent habituellement à l'occasion

d'une contrariété. Dans l'intervalle des accès, le malade se plaint

d'une impuissance absolue des quatre membres : anesthésie

légère et passagère ; pas d'atrophie musculaire ; réflexes normaux;

les sphincters gardent leur tonicité : cette paraplégie apparente

dure plusieurs mois. - L'intelligence est nette. - Sous la simple

influence d'un régime tonique, cet état s'améliore, et le malade

marche d'abord avec des béquilles : actuellement il gagne sa vie.

Un incident caractéristique de la période d'impuissance apparente

des quatre membres : un jour, il se met en colère contre son gar-

dien qui refuse de lui tourner la page du journal qu'il lit : il injurie

le gardien, s'emporte au delà de toute mesure et finalement

tourne sa page lui-même ; ce fut le commencement du retour des

mouvements. Ajoutons que le malade, après sa morsure, avait été

terrifié par la crainte de l'hydrophobie ; et comme d'autre part il

était persuadé que les accès et la paralysie étaient des symptômes

Archives, t. XX. 6

82 revue d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologique.

de la rage, il s'est laissé aller à ses accès et s'est fermement cru

paralysé.

Observation II. - G. M..., trente-huit ans, sujet depuis neuf

ans à des attaques périodiques de paralysie dont la durée varie

de quelques jours à deux ou trois semaines. Pendant ces attaques

il est sombre, morose, ne parle pas et refuse de manger, et a un

tympanisme abdominal énorme. A d'autres moments, la gaieté

et la loquacité sont excessives. Il y a une courbure latérale du

rachis, avec convexité à gauche, sans aucun point douloureux ;

pas d'atrophie des membres inférieurs; réflexes normaux. Ici

encore, sous l'influence du traitement tonique, amélioration mar-

quée.

Observation III. - J. W..., soixante-trois ans, maigre, aspect

de névrophate, souffre depuis quatre ans d'une paralysie des

membres inférieurs, accompagnée de sensations particulières,

toujours d'ordre subjectif. Réflexes normaux ; - pas d'anesthésie :

- pas d'atrophie musculaire ; tonicité des sphincters conservée ;

- pas de tendance aux eschares malgré le séjour prolongé au lit.

- Légère courbure rachidienne. Habitudes invétérées de mastur-

bation. Pendant plusieurs mois, tous les symptômes subjectifs sont

avantageusement combattus par de faibles doses d'eau de roses

fortement diluée; le malade se plaint seulement à diverses reprises

que le médicament est trop fort et lui monte à la tête. L'améliora-

tion est assez marquée, le malade peut se lever ; mais la paralysie

n'a pas disparu : tout en reconnaissant chez lui l'existence de

l'hystérie, l'auteur incline à le considérer comme un simulateur,

qui n'a pas le moindre désir, tant qu'on lui viendra en aide, de

recouvrer l'usage de ses jambes. R. M. C.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE

PATHOLOGIQUE

1. LES DÉGÉNÉKESCKNCES DESCENDANTES EXPÉRIMENTALES DU CERVEAU

ET DE LA MOELLE, COMME CONTRIBUTION A LA TUÉOIUE DES LOCALISA-

DOKS CÉRÉBRALES; par L. f3lANCe1 et G. d'ABUNDO. (Neul'ol. Cen-

17-ulbl., 1886.)

Etude critique et expérimentale abrégée et condensée dont il

REVUE d'anatomie ET DE physiologie pathologique. 83

résulte ce qui suit. En ayant soin de ne léser que la substance

grise du gyrus sigmoïde du chien , dont on a préalablement

essayé l'action fonctionnelle (électrisation), on détermine une

hémiplégie croisée persistante se terminant par de la contrac-

ture ; malgré la superficie de la lésion centrale, il existe une bande

dégénérative parlant du centre de cette lésion, traversant la zone

correspondante du centre ovale, irradiant dans le corps calleux

des deux côtés, louchant le corps strié et le noyau lenticulaire. la

couche optique du même côté, gagnant la capsule interne, le pied

du pédoncule, la pyramide du côté lésé, pour passer dans le pied

du pédoncule et la pyramide du côté opposé d'où elle descend

dans le faisceau pyramidal du cordon latéral de la moelle : cet

entre-croisement est caractéristique, il-contraste nettement avec

l'intégrité du faisceau sain. Par conséquent, en respectant les fibres

sous-corticales, on détermine, par l'atteinle exclusive de la couche

corticale motrice, une dégénérescence d'un système de fibres sous

la dépendance de cette couche ; le corps strié est au moyen de la

couronne rayonnante intimement uni à la même région par un

système spécial ; le centre cortical et sou faisceau pyramidal ont

bien réellement une fonction motrice, et simplement motrice

(conservation des autres fonctions et des facultés chez les animaux

mutilés). P. Keraval.

II. Contribution .1 LA question du trajet profond DES fibres RADI-

CULAIIiES POSTÉRIEURES DE LA MOELLE; par G. ROSOLY110. (Neurol.

Centralbl., 1886.)

Expériences de vivisection chez des cochons d'Inde. Conclusions :

10 Les fibres des racines postérieures de la moelle cessent, chez le

cochon d'Inde, après leur entrée dans la corne postérieure, en se

terminant probablement dans les cellules nerveuses situées en cet

endroit. - 2° Il n'y a donc pas, dans les racines postérieures de

la moelle du cochon d'Inde, de fibres qui se prolongent sans inter-

ruplion avec celles du cordon de Goll du même côté ou du côté

opposé. - 3° Les fibres des cordons de Goll ont leur centre tro-

phique non dans le ganglion spinal mais quelque part ailleurs.

- - 4° Impossible d'expliquer encore la valeur physiologique des

cordons de Goll. P. K.

III. Contribution A la QUESTION DU territoire QUI DONNE naissance

aux fibres DE la commissure antérieure dans l'écorce DU cerveau

DE l'homme; par N. POPOFF. (Neurol. Centralbl., 1886.) Appendice

A la communication précédente; par F. Flechsig. (Ibid.)

D'après une observation concernant une lésion (ramollissement)

limitée aux lobules linguaux des lobes occipitaux, la partie posté-

84 REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologique.

rieure (ou fondamentale) de' la commissure antérieure serait en

connexion surtout avec ces deux organes ; il n'existerait pas de

fibres qui, prenant naissance dans les lobules linguaux, se dirigent

dans le bulbe. Un autre fait analogue décèle encore une dégéné-

rescence secondaire de la commissure antérieure. P. K.

IV. D'une allure ANATOMIQUE, légitime DES racines aux diverses

'hauteurs DE la MOELLE; par SII : AfEItLING. (Neurol. Centralbl.,

1886.)

Recherches systématiques dont voici les résultats à l'exclusion

des racines sacrées. 10 Les racines antérieures de la moelle cervi-

cale et lombaire ont pour caractère l'existence de grosses et larges

fibres fort abondantes. 2° Dans les racines postérieures de la

moelle cervicale et lombaire, il existe un assez grand nombre de

fins tubes nerveux épars ou en petits groupes. 3° Dans les

racines de la moelle dorsale il existe un très grand nombre de

petites fibres réunies en assez gros trousseaux qui apparaissent

entre les fibres larges. P. K.

V. Contribution A l'étude DU trajet central DES NERFS sensoriels ;

par P. FLECHSIG. (Neurol. Centralbl., 1886.)

L'auteur revendique la priorité de l'observation suivante : Le

corps trapézoïde émane essentiellement du noyau antérieur de

l'acoustique et représente la voie centrale de l'acoustique. » 11 aurait,

de concert avec Bechterew, décelé le rapport qui existe eulre le

limaçon de l'oreille interne et le ganglion postérieur des tuber-

cules quadrijumeaux; il s'exprimait en effet ainsi à la séance du

4 mai 1885 de la Société des sciences de Saxe : « L'examen de

cerveaux de foetus de 28 à 30 centimètres de long, démontre que

le ganglion inférieur des tubercules quadrijumeaux est, par l'inter-

médiaire du ruban de Reil latéral, en rapport avec les olives supé-

rieures et le corpe trapézoïde, et, par ces organes, avec la huitième

paire. » Il persiste dans cette opinion qu'il développe. P. K.

VI. DE la faiblesse PSYCHIQUE; par L. WITKOWSKI.

(Neurol. Centralbl., 1886.)

Etude du rapport de quelques-unes des modalités fondamentales

de la folie les unes avec les autres.

I. Mélancolie et folie systématique. A côté des cas types, il

existe une folie systématique mélancolique qui se distingue très

nettement de la mélancolie pure, même de la mélancolie avec

idées délirantes, en ce qu'elle contient simultanément des élé-

ments fondamentaux des deux formes morbides : dépression per-

sistante avec production organisée d'un délire systématisé.

REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE pathologique. 85

II. Rapports de la faiblesse psychique avec les divers tableaux

psychopathiques et en particulier avec la folie systématique. - A

côté des formes stationnaires de la folie systématique, il en existe

des formes progressives qui tôt ou tard permettent de reconnaître

une faiblesse psychique ou même une patente imbécillité. Clini-

quement il n'est pas toujours facile de déceler l'élément morbide

prédominant et de saisir la genèse des syndromes. La faiblesse

psychique souvent dénommée comme secondaire (démence con-

sécutive), est au contraire primitive; l'individu était un taré qui

n'a déliré que parce qu'il était un dégénéré mentalement faible.

Il importe donc de rechercher dans les commémoratifs, l'existence

de la prédisposition originelle, d'établir la notion de terrain qu'il ne

faut pas absolument confondre avec l'hérédité. On le reconnaît aux

quatre mentions que voici : enfants à affaiblissement intellectuel

simple - enfants calmes nerveux - méchants ou vicieux

dont l'étude confirme pleinement l'opinion que dans toute pré-

disposition anormale, la faiblesse psychique occupe le premier,

sinon le seul rang (60 p. 100). Les tarés calmes, y compris ceux

qui manifestent un excès de sentiments religieux, n'ont pas de

tendance à la folie systématique originelle. Il n'en est pas de

même des trois autres groupes de malades, tous affaiblis psychi-

que ment de la dernière catégorie notamment celle qui fournit une

ample moisson. A ce propos, l'auteur n'attribuerait à l'expression

folie morale que la valeur terminologique de mots propres à

caractériser une période, un épisode, de processus morbides com-

plexes tels que paralysie générale, hystérie, folie circulaire, quelques

manies, quelques folies systématiques (perversité symptomatique

d'un certain degré d'affaiblissement intellectuel chez ces malades) :

ce n'est pas une entité morbide. En résumé, l'affaiblissement

psychique est le plus souvent originel, primitif; il apparaît dans

les psychoses après une courte période de délire, et se manifeste

souvent sous forme d'une lacune intellectuelle persistante, irrépa-

rable, qui en impose pour une démence secondaire précoce. C'est

le pivot qui peut servir de base à une division clinique distinguant,

suivant l'évolution, des formes de faiblesse psychique : .mélanco-

lique - stupide - paranoïque - post-délirante - maniaque,

etc.. P. Keraval.

VII. SÉCRÉTION SALIVAIRE SOUS L'INFLUENCE DE L'EXCITATION DE l'ÉCORCE

du cerveau ; par C. Eckiiard. (Neurol. Centralbl., z CONTRI-

bution A LA QUESTION DES CASES DE l'ÉCORCE QUI EXCITENT LA SÉCRÉ-

TION salivaire ; par W. 13ECUTEREW et N. IISSL.\\Va6Y. (/&itl.) -

Excitabilité DE divers districts, du cerveau chez LES animaux

NOUVEAU-NÉS ; par W. 13ECnTEREw. (Ibid.)

La partie de la ? circonvolution originelle qui surplombe la scissure

'86 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

de Svlvius et est située en avant d'elle provoque une pluie de salive sous

maxillaire et fait entrer en fonction la parotide. Elle n'a rien à voir

avec la zone motrice.

La région de l'écorce plus en dedans de celle-là exerce aussi une faible

influence sur la sécrétion salivaire; elle ne se confond pas non plus avec

lazone motrice, puisqu'elle occupela partie antérieure du gyrus sigmoïde,

s'étend à la paroi externe de cotte circonvolution, et, de là, à la partie

antérieure des 2" et 3e circonvolutions originelles, pour gagner ensuite la

région sous-sylvienne de la i" originelle. (Klle ne se confond pas davantage

avec la zone du facial (Ilitzig - Ktilz - Ecl : larcl); clu'il s'agisse d'ani-

maux curarrsés ou non, l'excitation du centre d'Hitzig ne les fait pas sa-

liver (L3ecbterew. lLssawsky).

Tel est le bilan des assertions et des discussions relatives à la

physiologie corticale de la salivation.

Quant à l'excitabilité électrique des diverses zones du cerveau

selon les espèces animales, M. Bechterew divise les mammifères

supérieurs en deux glands groupes.

1. Chez les uns, dès la naissance, on constate l'excitabilité de presqne

toutes les mêmes parties que chez l'animal adulte. Ces animaux sont nés

avec des organes des sens et du mouvement complètement développés.

Dans chacune des zones correspondantes on voit des cellules nerveuses

assez bien marquées, et des fibres blanches pourvues de myéline. Tels

sont : le veau, le cheval, le cobaye

2. Chez les autres, telles parties du cerveau qui sont excitables chez

les adultes sont à la naissance et quelque temps après la naissance inex-

citables. Leurs organes sensoriels et leurs appareils de la motilité sont

nuls ou incomplets; ils sont pendant leur première enfance sourds,

aveugles, impotents. Le microscope révèle que les districts cérébraux

correspondants sont embryonnaires et que, dans certaines parties de la

substance blanche, la myéline manque. Citons : le chien, le lapin, le

chat, la souris blanche.

D'où la LOI :

L 'excitabilité électrique de chacun des districts du cerveau ne se

montre qu'après que les fibres nerveuses de ces zones se sont revêtues

de substance, de manchons de myéline. P. KÉRAVAL.

VIII. DE l'existence ET DE l'importance DES CELLULES granuleuses

dans LE système nerveux DE l'homme ; par Tir. 11OSbNIIEIM. (Arch. ? Psycle. XVII, 3.)

Les cellules granuleuses ou granulées d'Ehrlich, cellules irrégu-

lières à gros noyaux, dont le protoplasma est formé de grosses

granulations, et qui se rencontreraient là où la nutrition subit une

suractivité, Rosenheim les a retrouvées sur des sections transverses

de nerfs enflammés ; en les traitant par le carmin ammoniacal

et le violet de gentiane aniliné, on fait paraître ces éléments à

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. 87 Î

l'intérieur des gaines de Schwann, autour du manchon de myé-

line. Elles semblent (il faut employer un très fort grossissement à

immersion dans l'huile), sortir des corpuscules de Ranvier. Les

unes ont la forme de demi-lunes ; les autres, *de polygones. M. Ro-

senheim croit, comme Ehrlich et Westphal, qu'elles émanent des

corpuscules du tissu conjonctif, même dans le système nerveux ;

leur multiplication indique un trouble de la nutrition par pro-

cessus inflammatoire. A l'état physiologique, elles appartiennent à

la période de développement du jeune acte, mais font absolument

défaut dans la toute première enfance et l'âge de l'adolescence

et de parfait développement, pour devenir extrêmement nom-

breuses pendant la vieillesse ; par suite, leur présence chez un en-

fant de moins de cinq ans, chez un homme fait indique une alté-

ration de la nutrition, P. K.

IX. DE la dégénérescence secondaire CONSÉCUTIVE A l'extirpa-

TION DES RÉGIONS MOTRICES DE L'ÉCORCE PAR Th. ZIEHEN. (Arch. r

Psych., XVIII, 1.)

On extirpe chez deux chiens la zone qui commande au mem-

bre antérieur gauche, chez un autre celle qui anime la partie la-

térale gauche de la nuque ; on les tue deux mois et demi et trois

mois après l'opération. Dans ces trois cas, on ne trouve que la dé-

générescence du faisceau pyramidal qui, après s'être entre-croisé,

gague le cordon latéral ; le faisceau pyramidal non entre-croisé est

demeuré intact, de même que le cordon antérieur. - Conclusions :

1° Il n'existe pas de connexion, du moins de connexion directe,

entre la zone corticale motrice, au moins des deux régions sus-

énoncées, et le cordon latéral homonyme. Il est probable qu'il

n'en existe pas davantage pour la région qui commande au mem-

bre postérieur gauche ; - 2° après les extirpations en question,

l'examen du pédoncule cérébral révèle qu'il n'y a que le tiers la-

téral de son pied qui soit tout à fait exempt de dégénérescence.

P. K.

X. De l'allure DES fibres NERVEUSES A myéline DE L'ÉCORjCE DU

CERVEAU, DANS LA PARALYSIE GÉNÉRALE ET D'AUTRES MALADIES MEN-

TALES ; par ZACHER. (Arch. f. Psych. XVIII, 1-2.)

Mémoire donnant la relation clinique, atiatomopatliologique et

histologique de treize : faits de paralysies générales à formes

diverses ; six cas de démences séniles et secondaires ; cinq obser-

vations d'épilepsie et d'idiotie ; sept de psychopathies fonction-

nelles.

Conclusions. - Oui, la paralysie générale s'accompagne toujours

d'atrophie plus ou moins accusée des fibres intracorlicales en des

88 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

segments déterminés de l'écorce. Mais il ne faut pas s'illusion-

ner. Cette atrophie n'est pas caractéristique de la paralysie gé-

nérale ou de lésions parentes, puisqu'on la rencontre dans une

catégorie d'autres maladies n'ayant rien de commun avec la

paralysie générale, notamment dans les affections cérébrales dues à

la sénilité; dans ces cas, -l'atrophie des fibres intracorticales

marche de pair avec les lésions athéromateuses. Nous avons

aussi rencontré une atrophie très nette de ces fibres dans trois cas

de psychose épileptique ; on constatait alors, en même temps, soit

des athéromes, soit de'l'alcoolisme. Sur quatre individus atteints

de folie systématique chronique, deux présentaient l'atrophie en

question, mais ils étaient alcooliques ; les deux autres ne présen-

taient ni alcooli-me, ni lésion des vaisseaux, ni atrophie des fibres

intracorticales. D'ailleurs, l'aliénation mentale pure (psychose

fonctionnelle vraie), se traduit par l'intégrité des fibres intracor-

ticales. Ce sont, en effet, les régions antérieures du cerveau où

l'on rencontre l'atrophie des fibres intracorticales, mais non sur-

tout le gyrus reclus ; il n'y a pas davantage de règle à établir au

sujet des diverses couches de l'écorce atteintes par l'atrophie des

fibres intracorticales, au sujet de l'ordre dans lequel elles sont

atteintes, ni de la progression de l'atrophie du lobe frontal au

lobe pariétal, ni de l'intégrité du lobe occipital ; le processus mar-

cherait du reste surtout par plaques. Au point de vue histologique,

c'est une atrophie simple; les fibres se rétrécissent graduellement,

deviennent variqueuses. et subissent une modification chimique ;

myéline et cylindre-axe se gonflent irrégulièrement, la substance

blanche change de couleur, s'émiette, les contours paraissent cre-

vassés. rongés, infiltrés de boulettes ou de mottes de myéline, et

finalement de granulations brillantes libres ou contenues dans des

cellules. Cette dernière forme de l'altération se rattacherait aux

cas d'athéromes accompagnés de dégénérescence graisseuse des

cellules nerveuses et des vaisseaux, d'oedème cérébral ou de folie

systématique avec lésion cardiaque; on pourrait l'appeler nutri-

tive, le premier degré méritant le nom d'atrophie simple ou paren-

chymateuse. On est loin, du reste, de toujours constater un paral-

lèle entre l'atrophie des fibres intra-corlicales et les altérations

interstitielles de la paralysie générale ; la paralysie générale est

par conséquent loin d'être toujours une encéphalite interstitielle;

en revanche, en aucun cas de paralysie générale avancée, ou ne

notera l'absence de lésions des cellules nerveuses, seulement, beau-

coup de ces cellules sont demeurées intactes. P. K.

Xi. DE L'ORIGINE ET DU trajet central DU nerf accessoire DE

Willis; par 0. DEES. (Allg. ï.eitsch. f. Psych., XLIII, 4 5.)

Recherche dans le laboratoire de feu le professeur de GUDDEN.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. 89

Série de coupes méthodiques sur le segment de moelle humaine

compris entre la première paire dorsale et la protubérance annu-

laire, dans lequel l'accessoire prend son origine. L'auteur fait

remarquer que l'intrication est telle qu'on n'arrive à s'y recon-

naître que lorsqu'on est parvenu à la région qui siège un peu au-

dessous de la première paire cervicale.

Conclusions. Le nerf accessoire prend son origine dans le noyau

dit de l'accessoire. Ce noyau se compose d'un groupe de grandes

cellules multipolaires, disposées en chapelet. Ce groupe est situé

au-dessus de la première paire cervicale, c'est-à-dire dans

le bulbe au milieu de la corne antérieure (territoire d'origine

supérieur) ; il se déjette de côté et occupe, à partir de la seconde

jusqu'à la quatrième paire cervicale, le bord latéral de la corne

antérieure (territoire d'origine moyen). Au moment où se forme la

corne latérale, c'est-à-dire un peu au-dessus de la quatrième paire

cervicale, il occupe la base de cet organe ; il conserve ce rapport

jusqu'à la sixième paire cervicale au-dessous de laquelle il se

termine (territoire d'origine inférieur). Le trajet des fibres

de l'accessoire n'est pas partout le même. Une partie d'entre

elles, après avoir quitté la corne antérieure, se rendent, en

décrivant une inflexion presque anguleuse, à travers le cordon

latéral (ou à travers la substance de la corne postérieure), en de-

hors (région de la première paire cervicale et territoire inférieur).

D'autres s'infléchissent après être sorties de la corne antérieure,

dont elles traversent la tête, et gagnent, en affectant une direc-

tion verticale, l'angle situé entre la corne antérieure et la corne

postérieure, pour pénétrer, après s'être encore une fois infléchies à.

angle droit, à travers la substance blanche de la moelle, et arriver

à la périphérie. Ces trousseaux de fibres possèdent donc : 1° un

segment antéro-postérieur horizontal; 2° un segment vertical;

3° un segment transversal et horizontal. Les trousseaux de libres

de l'accessoire dans le bulbe se comportent de même que ces

derniers, mais le troisième segment forme ici plutôt un arc ver-

tical. P. KERAVAL.

XII. Remarques sur la DÉGÉNÉRESCENCE ascendante ANTÉRO-LATÉRALE

ET LE cordon aNl'GItO-L.1TI : ftaL ascendant de la MOELLE; par W.-R.

GowERS. (Neurol. Centralbl., 1886.)

Dégénérescence secondaire ascendante dans les cordons laté-

raux en avant du faisceau pyramidal. Il s'agit d'un cas de frac-

ture avec déplacement. Au niveau de la partie supérieure du

renflement lombaire, la dégénérescence est des plus nettes, le

cordon lésé est des plus épais en avant du point de contiguïté du

faisceau latéro-pyramidal et du faisceau latéro-cérébelleux. Voici

90 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

comment Gowers décrit le trajet de son faisceau cantéro-latéral

ascendant :

1° A la partie supérieure de la région cervicale, à la hauteur de

Ja troisième paire, là où le faisceau cérébelleux est fort en avant,

où aussi le faisceau pyramidal gagne, derrière lui Ja superficie, le

faisceau autéro-ldteral ascendant occupe la même situation que

beaucoup plus bas, mais il s'étend encore entre le faisceau céré-

belleux et le faisceau pyramidal, comme un ruban très mince,

presque jusqu'à la surface de la moelle ;

2° A la région lombaire, le faisceau antéru-latéral ascendant est

en entier contenu dans le cordon latéral en avant du faisceau

pyramidal. Il forme un long ruban à la hauteur de la commissure

postérieure. Les fibres émanent probablement, par la commissure

postérieure, des racines sensitives de la moitié de la moelle du

côté opposé. Mais il est aussi probable que des cellules nerveuses

interrompent les fibres radiculaires sensitives dont il est le pro-

longement, car, dans un cas de dégénérescence des cordons de

Goll par lésion de la queue de cheval, l'auteur ne put trouver la

dégénérescence du faisceau antéro-latéral ascendant. P. KERAVAL..

XIII. Examen graphique DE la contraction musculaire CONVULSIVE

dans la réaction dégénérative; par P. Rosenbach et A. SCHTS-

CHERBAE. (Neurol. Centralbl., 1886.) ,

Le titre indique qu'on ne peut remplacer la vue par une analyse

dans ce cas spécial. P. K.

XIV. Quelques remarques SUR LE trajet DES fibres DE la commissure

postérieure du cerveau; par L. UAI\KSCIU;WITSCH. (Neural. Cent1'albl,

1886.)

Elle comprend deux systèmes de fibres tout à fait différents qui

n'ont rien à voir l'un avec l'autre. Un système ventral (inférieur) ;

un système dorsal (supérieur). Le système ventral renferme les

fibres qui vont de la glande pinéale au noyau supérieur de l'ocu-

lomoteur commun et au faisceau longitudinal supérieur Le sys-

tème dorsal représente les libres de la substance blanche profonde

du tubercule quadrijumeau supérieur qui, après entre-croisement

en arrière du canal central, se rendent à l'écorce cérébrale. P. K.

XV. SUR LES rapports DU CORPS HESTIFORME avec LE CORDON POSTÉRIEUR

ET SUR LE NOYAU DU CORDON POSTÉRIEUR ; EN OUTRE, REMARQUES SUR

deux ZONES du BULBE; par L. DARH5CIIER'ITSCII et L. ),'liEUD.

(Neurol. Centralbl. 1886.) -

A l'aide de recherches instituées, indépendamment les unes des

REVUE d'aNATOMIE ET DE THYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. 91

autres, et par l'étude, sur des embryons, du développement des

fibres à myéline, les auteurs sont parvenus à constater le sys-

tème de libres imaginé par et à reproduire les connexions

que Meynert prélendait très fournies entre le cordon postérieur et

le cervelet. Il s'agit particulièrement ici de deux séries de coupes

transverses émanant : l'une, d'un foetus, de six mois, dans la moelle

allongée duquel le système des fibres des olives était absolument

privé de myéline, en même temps que la substance blanche de la

couche intermédiaire des olives cessait à la hauteur du corps tra-

pézoïde l'autre, d'un foetus d'âe inconnu chez qui le système

des fibres des olives et les pyramides molliraient un fonds de myé-

line très délicat. D'après ces pièces, le corps l'eslifo1'Tlie au niveau du

noyau inférieur de l'acoustique se composerait d'une masse cen-

trule obscure, à peine visible chez les foetus jeunes, et d'une couche

limitante plus claire qui seule appartient aux foetus plus mûrs. La

masse centrale peut s'appeler corps restiforme primitif (virgule à

tête épaisse se terminant par une queue) : la couche limitante,

pauvre en myéline, est le corps restiforme secondaire. Le mémoire

décrit avec de menus détails l'évolution générale des divers

organes en question les uns par rapport aux autres en suivant pas

à pas l'Ilistoréniede la myéline. Enfin il insiste sur le schéma géné-

ral du noyau du cordon postérieur avec les systèmes de fibres qui en

partent. Le noyau du cordon postérieur d'un côté est en rapport

avec les longues fibres des cordons postérieurs, avec la tête du

corps restiforme de l'autre côté, avec trois systèmes de fibres

arquées qui courent dans le segment interne du bulbe du côté

opposé; il est possible que les cordons postérieurs soient en con-

nexion avec les fibres cérébelleuses (surtout du même côté) par la

tête du corps restiforme primitif ;au système des fibres arquées, qui

apparaissent aux stades plus tardifs du développement myélinique,

se rattache la connexion de ces organes avec les fibres cérébrales

du côté opposé. Nous avons, disent les auteurs, surtout eu en vue

le gros noyau deBurdach dont le développement précède celui du

noyau de Goll, nous croyons que les fibres du noyau de Goll qui

se développent plus tard se comportent d'une façon analogue à

celles du noyau de Burdach : car on doit considérer ces deux

noyaux comme des formations analogues, le noyau de Rurdach

étant réservé à l'extrémité supérieure, celui de Goll à l'extrémité

inférieure.

En ce qui concerne le Bulbe, sa zone ou champ externe contient,

à part le reste du corps restiforme primitif et secondaire, quatre

substances grises avec leurs fibres correspondantes. Une subs-

tance grise plus externe (noyau du cordon postérieur) est indubi-

tablement un noyau senoilif destiné aux nerfs des extrémités; les

trois autres sont des noyaux qui donnent naissance à des portions

homologues des nerfs crâniens sensitifs - de la substance -élali-

92 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

neuse part la racine ascendante du trijumeau - d'une substance

grise particulière part la racine ascendante commune du système

vague du noyau de Deiters part la racine ascendante de l'acous-

tique. La zone ou champ interne du bulbe, limitée par le raphé et

l'hypoglosse, contient aux diverses phases du développement, avec

le faisceau longitudinal postérieur, des fibres longitudinales qui, par

les fibres arciformes, viennent des noyaux de la zone ou champ

externe du côté opposé; dans l'espèce se distingue, comme couche

intermédiaire des olives proprement dites, le systèmearcué inférieur l'

du noyau du cordon postérieur, à la partie la plus inférieure du

champ interne ; le syslème arcué moyen et supérieur du même

noyau occupe la partie moyenne de ce champ ; les fibres émanées

de l'acoustique et le noyau du nerf vague dans le champ externe

du bulbe forment les fibres les plus supérieures du faisceau lon-

gitudinal supérieur à peine plus de l'imitables. P. K.

XIV. CONTRIBUTION A l'anatomie DE l'encéphale DU socrd-muet,

par J. WALDSCIDIIDT. (Alla. Zeitsch. f. Psych" LIII, 4, 5.)

Examen macroscopique provisoire de deux encéphales de sourds-

muets ; un homme de 46 ans et'une fillette de 19 ans. Arrêt de

développement de l'insula gauche dont la forme et le volume

comparés à ceux du même organe de droite sont rudimentaires.

Ainsi l'opercule est étroit, étroite aussi est la languette de substance

grise qui des deux ascendantes se dirige vers la'scissure de Sytvius ;

étroitesse de la troisième frontale ; enfin l'insula proémine peu et

parait d'une structure rudimentaire, simple, ses gyribreves fron-

tales semblent faiblement dessinés. P. K.

XVII. LÉSION ANATOMIQUE CHEZ UN INDIVIDU N'AYANT PRÉSENTÉ DE PHÉ-

NOMÈNE du GENOU QUE d'un côté, par C. WESTPHAL. (Arch. f.

Psych., XVIII, 2.) - Contribution A la localisation du réflexe

TENDINEUX PATELLAIRE, AVEC REMARQUES RELATIVES A LA DÉGÉNÉ-

RESCENCE DE LA CORNE POSTÉRIEURE DANS LE TABES DORSAL, par ED.

Krauss. (Neurol Centralbl., 1886.)

L'individu dont parle M. Westphal ne présentait de phénomène

du genou qu'à droite ; à gauche pas de réflexe tendineux patel-

laire. Or, l'autopsie révèle que le point du segment externe des

cornes postérieures où les fibres radiculaires viennent pénétrer

dans corne postérieure (zone d'entrée mdiculllÍ1'e de Westphal) a

été respecté exclusivement du côté droit. Donc c'est à l'altération

de cette zone qu'est due la disparition du phénomène du genou ;

pourvu naturellement qu'il s'agisse de la région de la moelle épi-

nière qui va de la portion dorsale au renflement lombaire. M. Krauss

, fournit une nouvelle observation à l'appui de cette localisation,

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. 93

tout en faisant remarquer qu'à côté de l'importance de l'atrophie

des fibres radiculaires postérieures, le maître lui-même fait des

réserves sur la pathogénie du réflexe patellaire et la physiologie

de la moelle à son sujpt. En ce qui concerne la dégénérescence des

cornes postérieures dans le labes, M. Krauss signale l'atrophie de la

base de la corne postérieure cervicale (faisceaux d'irradiation et fin

reliculum), ainsi que la dégénérescence des trousseaux longitudinaux

de grosses fibres myélirziques du renflement cervical à la base de la

corne postérieure (probablement ce sont des fibres radiculaires

postérieures). P. ËERAVAL.

XVII. Encéphale DU microcéphale HOFAfANN dépourvu DE CORPS CAL-

LEUX ; par Onufrowicz. (Arch. f. Psych., XVIII, 2.)

Observation relative à un idiot complet de trente-sept ans.

L'absence de corps calleux s'était accompagnée, dans l'espèce,

d'absence du système commissural du trigone et de la lyre, d'ar-

rêt de développement de la circonvolution du corps calleux (gyrus

fornicatus) et du sillon callosomarginal, de non réunion du sillon

pariétooccipital avec la scissure calcarine. Les deux moitiés du

trigone et de la cloison transparente sont complètement séparées,

éloignées l'une de l'autre : le système des fibres longitudinales

de ces organes s'est partiellement rétracté en une gouttière fai-

sant saillie entre l'extrémité de l'écorce cérébrale (gjrus forni-

catus) et le ventricule latéral. A côté de cela, le tapetum du corps

calleux et le prolongement latéral de son forceps ont subsisté, ce

qui prouve qu'ils n'ont rien à voir avec le corps calleux. D'ailleurs,

les irradiations de cet organe à travers la couronne rayonnante

n'existant plus, on voit très nettement, presque isolé, bien dissé-

qué, un puissant système d'association fronto-occipital, qui est

justement représenté en arrière par le tapetum et le prolongement

latéral du forceps du corps calleux ; tel est, à nu, le fasciculus ar-

cuatus ou longitudinal supérieur de Burdach et 111eynert qui mé-

rite le nom de trousseau des fibres d'association fronto-occipitalea.

Voilà les conséquences anatomiques d'un arrêt de développement

pur, primitif, dès l'origine, du corps calleux.

P. KERAVAL.

XIX. Contribution A l'anatomie DE la glande pinéale;

par L. DARKSCHEWITSCH. (Neurol. Cent7,iilb., 1886.)

La glande pinéale contient (méthode de Weigert à l'lémaloxy-

line) de nombreuses fibres nerveuses émanées : 1° de la capsule in-

terne ; 2° des strioe medullares; 3° du faisceau de Meynert; 4° de la

bandelette optique; 5° de la commissure postérieure du cerveau.

P. K.

94 REVUE d'anatomie et DE physiologie pathologique.

XX. LE langage réflexe ; par George M. ROf3EnTSON. (The Journal

of Mental Science, avril 1888.)

L'auteur conclut : 1° que des actions qui paraissent être le résultat

d'une grande intelligence peuvent en réalité être presque entiè-

rement automatiques et réflexes ; 2° que nous trouvons en acti-

vité, dans le langage, toutes les causes qui tendent à développer

les réflexes ; 3° que dans l'état de santé, il y a communément inhi-

bition du langage réflexe, lequel peut toutefois, dans des con-

ditions exceptionnelles, reparaître manifestement ; 4° que dans

certaines affections mentales, le langage réflexe s'observe sous un

forme exagérée ; 5° que la voie du langage réflexe est une voie

bien organisée, qui résiste énergiquement à la destruction.

Nous avons dû nous borner à reproduire ces conclusions; mais

il n'est que juste de faire remarquer que ce court mémoire est fort

intéressant, très suggestif, rempli de faits bien observés et qu'il

mérite une lecture attentive. R. M. C.

XXI. UN cas DE dégénérescence totale DU pied D'UN pédoncule ;

cérébral par G. RossoLYnco. (Neurol. Centralbl., 1886.) .

Diagnostic. Embolie de Tarière sylvienue gauche; affection car-

diaque ; syphilis. Autopsie, pleurésie sérofibrineuse, pneumonie

caséeuse, ulcéreuse, de tout le poumon droit. Endocardite mitrale ;

infarctus plénique et rénal. Ramollissement étendu, par embolie,

du lobe frontal gauche, de la plusgrande moitié de la portion pa-

riétale du lobe temporal et d'un petit segment du lobe occipital,

ayant entraîné une dégénérescence secondaire de la base du

pédoncule cérébral dans ses trois segments; plus bas, la dégéné-

rescence était confinée dans les tractus classiques à travers la pro-

tubérance et le long des fibres pyramidales, gagnant le faisceau de

Turck gauche et le cordon latéral droit. L'intérêt principal de

l'observation consiste en. ce que la dégénérescence descendante

comprenait toute la base du pédoncule cérébral. L'auteur annonce

la publication d'une observation dans laquelle, à la suite d'une

lésion des lobes pariétal et temporal d'un hémisphère, il y eut

dégénérescence secondaire du tiers moyen et externe du pied du

pédoncule cérébral. P. K.

XXII. ETAT ANATO) ! JQUE DES MUSCLES DANS LA POR11E JUVÉNILE DE LA

DYSTRO PHI MuscuLA)RE PROGRESSIVE, par W. Eau. (Neurol. Cen-

tralbl., 4886.)

Voir Congrès des ueurologues et aliénistes de l'Allemagne du

Sud-Ouest. Bade, 1886. (Archives de Neurologie.) P. K.

REVUE d'anatomie ET DE physiologie pathologique. 95

XXIII. UNE méthode simple d'électro- diagnostic POUR déterminer

l'irritabilité galvanique quantitative; par E. Remak. (Neurol.

Centralbl., 1886.)

Se propose de n'opérer pour cette recherche qu'avec des cou-

rants dont la force sera rigoureusement mesurée. On prend pour

débuter un courant de 0.50 milliampère, en ayant soin d'utiliser

l'électrode normale de l'auteur ; on l'introduit dans le circuit et

l'on interrompt sur-le-champ le courant, on ferme de nouveau et

l'on voit s'il survient une contraction. Si, contre toute attente,

une contraction se produit, on recherche si, en diminuant encore

la force du courant, on obtiendra encore une contraction. Si, au

contraire, il ne s'en produit pas, on augmente de 0,25, 0,50 ;

1 milliampère, et l'on recherche ainsi crescendo la contraction obte-

nue avec la moindre force électromotrice. C'est la méthode bien

plus sûre des minima. P. K.

XXIV. CONTRIBUTION A la théorie DE l'étiologie DU TIC CONVULSIF;

par 0. Buss. (Neurol. Centralbl., 1886.)

Nouvelle observation de tic convulsif de la face du côté gauche

chez un athéromateux atteint d'hypertrophie cardiaque avec

emphysème et bronchite : convulsions cloniques surtout pronon-

cées dans les paupières, la joue, la commissure buccale, sans dou-

leur. Les accidents thoraciques qui l'avaient seuls amené à l'hôpi-

tal s'améliorant, il sort. Un mois plus tard, le voilà revenu pour

vertiges, avec ictus et vomissement; impossible à lui de se tenir

debout et de marcher; douleurs lancinantes dans tout le facial

droit, un peu d'affaiblissement des extrémités droites; parésie

faciale gauche interrompue par des convulsions cloniques fugi-

tives mais peu prononcées ; intégrité apparente du facial droit.

Dans là nuit, perte de connaissance, flaccidité des quatre extré-

mités. T. 41. Mort pendant la nuit; pendant les dernières heures,

phénomènes convulsifs sur le facial gauche. Autopsie. Hémor-

rhagie de la grosseur d'un oeuf de pigeon ayant détruit, surtout

à gauche, la protubérance sans atteindre le bulbe. L'artère

cérébelleuse postérieure gauche présente une dilatation athéro-

mateuse qui touche par un point du facial et a l'acoustique

gauches; ces deux nerfs sont cependant absolument indemnes,

même microscopiquement, de même que la région du facial dans

la protubérance. Conclusion. Excitation simple du facial gauche

par compression. P. 11ERAVAL.

XXV. L'irritabilité ÉLECTRIQUE des NERFS ET DES muscles

DES NOUVEAU-NÉS ; par C. WESTPHAL. (Neurol.' Centralbl., 1886.)

L'électricité appliquée sur l'encéphale d'un nouveau-né dépourvu

96 revue d'anatomie ES DE physiologie pathologique.

de calotte crânienne (la pie-mère seule recouvrait le cerveau) ne

produisit aucun effet. Et pour exciter par cet agent les gros troncs

nerveux périphériques, ainsi que les muscles, il fallut de bien

plus forts courants induits que chez l'adulte, qu'il s'agisse du reste

du facial, et des muscles de la face, ou des nerfs spinaux et des

muscles des extrémités. Des courants qui, chez l'adulte, aux

endroits correspondants, produisent d'assez fortes contractions,

sont sans action chez cet enfant; de très forts courants ne pro-

voquent que des contractions relativement faibles. Il en est de

même chez les nouveau-nés normaux. Ces observations sont appli-

cables aux courants continus. L'électricité, galvanique ou fara-

dique, détermine des contractions fort lentes à se produire et à

disparaître et, somme toute, relativement faibles. A rapprocher

de ce fait que les faisceaux latéro-pyramidaux ne se développent

que très tardivement et ne sont pas encore terminés au moment

de l'accouchement. ' P. K.

XXVI. Contribution A la perception unilatérale d'excitations DOU-

BLES dans LES cas DE FOYERS occupant un hémisphère cérébral,*

par L. Bruns. (Neurol. Centralbl., 1886.) zut,

Observation conforme à l'indication d'Oppenheim. Quand sur

un malade de ce genre on applique simultanément et systémati-

quement des deux côtés des excitants sensoriels et sensitifs, il ne

perçoit que ceux qui occupent la moitié du corps qui n'est pas

soumise à l'influence du foyer cérébral. Si au contraire on exa-

mine chez lui la sensibilité du seul côté affecté on n'y remarque

pas de troubles ou simplement des troubles légers. P. K.

XXVII. Le CONTENU E1TOPTIQUE DE L'OE)L ET LE champ VISUEL ENTOPTIQUE

dans la vision hallucinatoire, par J. HOPPE. (Allg. Zeitsch. f.

Psych., XLI11, 4, 5.)

Bien que les hallucinations ne se produisent pas par l'excitation

extérieure des sens, il faut cependant, pour qu'elles se produisent,

un facteur matériel primigène. Les conditions de leur genèse

sont : l'irritation interne, dite spontanée, de la substance nerveuse,

aux points terminaux des nerfs sensoriels, par des agents psy-

chiques, chimiques, mécaniques, des excitants vaso-moteurs et

trophiques, des contractions musculaires, le mouvement du pouls,

l'entrée en jeu- des centres sous-corticaux - des impressions de

conceptions anciennement emmagasinées dans la substance corti-

cale l'activité percevante de la connaissance qui fonctionne

aussi. Les éléments matériels qui les provoquent dérivent de

l'irritation même de la terminaison périphérique du nerf sensoriel.

Ainsi, en ce qui concerne la vue, un simple effort de voir, une

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. 97

exagération de tension de la' fonction dans les ténèbres, un agent

psychique, mécanique, chimique, la contemplation d'une fenêtre

éclairée, d'une lampe qu'on vient d'éteindre, des efforts de pen-

sées, de tension rétinienne, une congestion intraoculaire normale

ou émanée de l'influence de boissons excitantes; le rappel, les

yeux fermés, de souvenirs visuels : fout cela produit un disque

lumineux ou noir, ou un fantasme coloré, qui se dégage en saillie

de la macula, à l'aide dnquel on construit, par la pensée, une

figure, une forme, devenant bien vite hallucination, de même

qu'on transforme la surface de la lune, les nuanes, en personnages

fantastiques. L'auteur se place dans une chambre obscure, et, les

yeux fermés, couché sur le côté droit, comme pour dormir, il

provoque une série de tableaux par le mécanisme en question,

qui consiste, en dernière analyse, en des phénomènes d'excita-

tion de la rétine (action vasculaire, processus nutritifs au sein de

la substance nerveuse du nerf optique), modelés, perçus, construits

par la substance corticale et la connaissance. P. KERAVAL.

XXVIII. Surleshémorriiagies et les fausses membranes siégeant dans

L'LSPACE situé au-dessous DE la DUIOE-MÈllI'; du cerveau (y compris

LES LÉSIONS DÉCRITES SOUS LE NOM DE 1',\CdnnNINGITE) chez les

aliénés; par Joseph \\' IGLESWOItTiI. (Tite Juu1'nul ut ¡JI cntat Science,

janvier 1888.) ·

Ce mémoire se résume dans les conclusions suivantes :

1° Les étals morbides décrits sous le nom de pachyméningite

interne hémorrhagique ne sont pas du tout le résultai de l'inflam-

mation; ils sont dus uniquement à un épanchement de sang au-

dessous de la dure-mète, les hématomes ainsi formés s'organisant

et pouvant éventuellement se convertir en membranes fibrineuses;

2° Ces épanchements sanguins se produisent de préférence chez

les aliénés, parce que chez eux, l'atrophie des circonvolutions qui

accompagne si fréquemment l'aliénation mentale s'oppose à ce

que les vaisseaux méningés soient soutenus comme ils le sont nor-

malement ; cette situation, déjà défavorable, est encore aggravée

par la présence de phénomènes congeslifs plus ou inoins per-

sistants ;

3° Si les hématomes en question se rencontrent plus fréquem-

ment dans la paralysie générale que dans toute autre forme de

folie, c'est que c'est surtout dans la paralysie générale que se

réalisent les conditions les plus favorables il leur développement;

4° Si les hémorrhagies dont le siège est situé sous la dure-mère

sont de beaucoup plus fréquentes dans les cas de folie chronique,

on peut néanmoins les rencontrer dans un nombre relativement

faible de cas de folie ~aiguë, et cela surtout, sinon uniquement,

Archives, t. XX. 7

98 REVUE d'anatomie et DE PHYSIOLOGIE pathologique.

lorsque les symptômes se rapportent à la mélancolie. Dans les cas

de ce genre, l'hémorrhagie peut constituer une complication

capable d'entraîner la mort du malade;

5° Si, dans la grande majorité des cas, on peut en toute certi-

tude exclure l'origine Lraumatique de la lésion, il y a cependant

des raisons suffisantes d'admettre que, dans certaines conditions

favorables de prédisposition, une violence légère peut donner lieu

si une hémorrhagie capable de provoquer la mort du malade.

R. M. C.

XXIX. Lésion d'un hémisphère du cervelet avec dégénérescence du

corps OLIVAIRE du coté opposé ; par Wlllla111 DUDLEY. (TIL Journal

of Mental Science, juillet 1886.)

Ce cas est intéressant, parce qu'il démontre la relation croisée

qui existe entre les hémisphères du cervelet et les corps olivaires

Les exemples que l'on a rapportés jusqu'ici de cet entre-croise-

ment physiologique sont loin d'être nombreux. Mevnert a bien

décrit les fibres qui président à cet entre-croisement et il a signalé

la constante coïncidence de l'atrophie d'une moitié du cervelet

avec l'atrophie du corps olivaire du côté opposé; mais il n'a pas

rapporté de cas démonstratifs.

11 convient de remarquer que chez le malade dont il s'agit, l'ar-

ticulation du langage était très difficile ; mais il n'y avait pas

d'aphasie et Je malade était demeuré cumpiëtement/maitre des

mouvements de sa langue, du moins des mouvements les moins

compliqués. Le rôle des corps olivaies dans la direction des mou-

vement qui servent au langage articulé est depuis longtemps

connu. 11 avait déjà été indiqué par \Vjllis ; mais le fait n'attira

guère l'attention qu'en 1836, époque où Hetziusie remit en lumière.

H. M. C.

XXX. Amputation ancienne A la partie supérieure du bras gauche ;

ATROPHIE DE L\ CIRCONVOLUTION PARIETALE ASCENDANTE DROITE ; par

Joseph WIGLKSWORTH. (The Journal of Mental Science, avril 1886.)

Nous traduisons presque entièrement cette intéressante

observation, qui est accompagnée d'une planche :

Le sujet dont il s'agitest une femme âgée de cinquante-six ans,

épileptique, morte le 18 septembre 1884 à l'asile de Rainhill d'une

ulcération catarrhale du gros intestin.

A l'âge de quatre ans, la malade avait été victime d'ul, accidentqui i

avait nécessité l'amputation du bras, pratiquée au niveau du tiers

moyen de l'humérus, en sorte qu'elle n'avait conservé qu'un moi-

gnon court, partiellementmobile. Ainsi, pendant une période de cin-

REVUE d'anatomie ET DE physiologie pathologique. 99

quante-deux ans, les ill1pre<sionsetlesmouvementsqui relèvent du

bras gauche avaient fait défaut chez cette femme, et il était logique

de supposer que le centre cérébral qui correspond à cette région

présenterait les signes d'un développement dél'ecteux.

Les circonvolutions de J'aire motrice du cerveau furent en con-

séquence examinées avec le plus grand soin, et voici ce qu'on

observa : les circonvolutions frontales ascendantes du côté druit et

du côté gauche étaient également développées; mais en compa-

rant la circonvolution pariétale ascendante druite avec la circon-

volution analogue dn côté gauche, on constatait que la première

présentait un volume notablement inférieur : sur une étendue de

trois quarts de pouce (en mesurant à partir de la scissure médiane

du cerveau) les deux circonvolutions avaient un volume à peu près

égal, la droite était même a vrai dire un peu plus large, mais

sur l'étendue des deux pouces suivants, la circonvolution droite

ne présentait qu'environ la moitié de la largeur de la gauche, et

cette disproportion persistait jusqu'au point précis où ces circon-

volutions vont se terminer, point où leur largeur redevenait pres-

que égale.

On peut donc dire grosso modo que la circonvolution pariétale

ascendante droite avait, dans ses trois quarts inférieurs,* environ

la moitié du volume de la circonvolution correspondante du côté

opposé. Toutes les circonvolutions étaient normales.

Il convient d'observer que la malade n'était pas démente, et

qu'entre ses attaques, qui n'étaient pas très fréquentes, elle était

parfaitement raisonnable.

Le cerveau pris dans son ensemble pesait 1,240 grammes et les

circonvolutions étaient bien conformées.

Après avoir rappelé que des cas également démonstratifs

(et absolument cuufirmatif's de la théorie de Ferrier) ont déjà

été publiés, l'auteur se demande en terminant si des mensura-

tions rigoureuses, pratiquées chez des sujets sains, ne

montreraient pas une légère prépondérance de volume de la

circonvolution pariétale ascendante gauche, prépondérance

qui serait corrélative à la complexité plus grande des

mouvements de la main droite chez la majorité des individus.

R. M. C.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE

I. Observations faites avec le 8PIt1'GU0GR.1P111. SURQU>;LQUES aliénés;

par T. DwcAIV Greenless. (The Journal of Mental Science, jan-

vier 1887.)

L'auteur tire de ces recherches les conclusions suivantes :

1° Dans les différentes formes de folie, l'influence du système

nerveux sur le coeur et la circulation est telle que, dans presque

tous les cas, le caractère spleyynogrupphique du pouls s'écarte d'une

manière ou d'une autre du caractère normal.

2° Dans la manie aiguë et dans les autres formes de folie qui

s'accompagnent d'excilation mentale, les centres nerveux sont con-

gestionnés, mais comme les parois artérielles sont en état de relâ-

chement, la tension artérielle est abaissée et le tracé est celui du

pouls dicrote. A mesure que le cas devient chronique, le pouls re-

ptend plus ou moins ses caractères ordinaires.

3° La dépression mentale, si elle est récente et aiguë donne une

systole cardiaque faible avec artères incomplètement remplies ; si

cependant la dépression mentale persiste longtemps, ou si elle est

accompagnée d'hébétude ou de stupeur, la systole devient plus

énergique et le tracé indique une léère tension artérielle.

4° Les artères des épileptiques sont relâchées et la faiblesse de

la tension artérielle est la règle chez eux. Dans l'état de mal et

dans la période d'inconscience de l'attaque d'épilepsie, le tracé du

pouls perd ses caractères ordinaires et devient monocrote ou di-

crole ; le pouls devient mou, fréquent. petit et filant, comme dans

le coma ou le collapsus des maladies aiguës.

5° Dans la paralysie générale, le pouls varie suivant les phases

de la maladie : a) dans la première période, la systole est éner-

gique, niais brusque, la tension artérielle est faible, et la ligne de

descente présente des ondulations nombreuses (de 4 à 8) qui sont

probablement la conséquence des tremblements musculaires ;

b) dans la seconde période, l'impulsion du choc est modérément

torte et la pointe supérieure du tracé peut, ou bien être arrondie,

ou bien se prolonger, ce qui annonce une tension aftériette assez

élevée; c) dans la dernière période, la systole ventriculaire est

faible, et le tracé est assez semblable à celui que l'on observe

dans la première période.

(il, Le tracé du pouls dans la démence indique une activité car-

diaque faib.'e, et une circulation paresseuse, par suite delà distension

REVUE DE pathologie mentale. 101

incomplète des vaisseaux, laquelle est probablement due à la lenteur r

d'évolution des impulsions nerveuses dans lesystème vaso-moteur.

7° Dans les cas d'imperfection mentale congénitale attribuables

à un arrêt de développement de l'encéphale, dans ceux où il existe

manifestement un certain degré d'amaigrissement ou d'atrophie

du tissu cérébral, la tension artérielle estélevée, et, règle générale,

la systole cardiaque est énergique : en sorte que l'on so trouve en

présence d'un état semblable, à bien des égards, à celui qu'on oh-

serve dans la dégénérescence fibroïde des reins et dans les altec-

tions qui s'accompagnent d'obstruction aortique, lorsque ces af-

fections ont atteint une période avancée.

R. M. C.

Il. Tabès \TAXO-SPA.5M')DfUUE (Paraplégie ataxique) survenu dans

un cas DE démence primitive ; par J. STEWART. (The Journal of

Mental Science, avril 1887.)

L'observation du malade peut se résumer ainsi : Père alcoo-

]ique j âge du malade, vingt-quatre ans ; début par embarras de

la parole et alfalblissement des facultés mentales; démarche

alaxique; absence du réflexe du genou ; conservation des réflexes

superficiels; anesthésie partielle; absence de douleurs fulgurantes

marche graduellement progressive de la faiblesse motrice ; rigi-

dité des membres ; tremblements fihrillaires ; émaciation ; atro-

pille musculaire; escliare au sacrum; diarrhée ; aggravation des

phénomènes d'inconscience; amélioration temporaire; altération

du goût et de l'odorat ; hallucinations de l'ouïe; réapparition des

phénomènes d'inconscience; coma; mort seize mois après le début

de la maladie.

A l'autopsie : dégénérescence et atrophie des cellules nerveuses

de l'ecorce cérébrale et de la moelle. Sclérose médullaire primitive

latérale et postérieure.

L'auteur l'ait remarquer que par quelques-uns de ses principaux

traits, ce cas ressemble à un cas de paralysie générale; mais ni

durant le séjour à l'asile, ni avant l'entrée, autant du moins qu'on

a pu s'en assurer, il n'y a eu aucun de ces Yll1plûmesd'exatlation

et d'expansion qui caractérisent si communément la période de

début de la paralysie générale vraie. D'autre part, le caractère

prédominant de la maladie, au point de vue mental, était un af-

faiblissement progressif des facultés, qui devait surtout faire penser

à la démence primitive.

Les signes physiques indiquaient une affection généralisée ou

au moins très étendue des centres nerveux ; mais en ce qui touche

l'atfection médullaire, les symptômes observés étaient surtout

ceux de la paraplégie ataxique. L'affaiblissement graduel des

102 revue DE patiiologie mentale.

fonctions motrices, la rigidité des membres et leur résistance aux

mouvements' passifs annonçait une affection des cordons latéraux,

landis que d'autre part, l'abolition du réflexe du genou, l'ataxie,

la diminution de la sensibilité et la perle de l'équilibre lorsque les

yeux élaient termes constituaient des symptômes de sclérose pos-

térieure. 11 faut remarquer toutefois que l'observation du malade

entraînait au delà du diagnostic de sclérose des cordons posté-

rieurs et latéraux; les symptômes ne manquaient pas pour révéler

la propagation de la lésion à la substance grise : l'atrophie mus-

culaire progressive et les tremblements fibrillaires indiquaient

une affection tropho-irritative des cellules nerveuses des cornes

antérieures, et les nécroses cutanées indiquaient une affection ir-

ritative dea parties postérieures de la substance grise centrale.

H. M. C.

III. Folie du doute; par P. J. KoWALEWaKY. (The Journal

of Mental Science, octobre 1887 et janvier 1888.)

Des faits qu'il a observés, l'auteur conclut :

10 Que la neurasthénie engendre des névroses de différentes

formes et des psychoses de dégénérescence. -

2° Que dans un grand nombre de cas la maladie se limite à la

neurasthénie; mais que, chez quelques sujets, la neurasthénie

entre dans une seconde période qui est celle des troubles mentaux

élémentaires.

3° Que ces troubles élémentaires peuvent, soit avoir une termi-

naison favorable, soit aboutir à une troisième période, celle de la

névrose et de la psychose organisées.

4° Que, dans des cas exceptionnels, la neurasthénie peut engen-

drer la pathophobie, laquelle, associée à des obsessions soustraites

au contrôle de la volonté, peut dégénérer en « folie du doute ».

5° Que la folie du doute peut se manifester à l'état pur, ou être

associée à d'autres formes de psychose de dégénérescence, à des

délusions hypocondriaques, etc. R. M. C.

IV. Quelques cas de fièvre typhoïde chez des aliénés par n.

PERCY SMITH (The Journal uf Mental Science, avril 1S87.)

L'auteur relate sommairement six cas de fièvre typhoïde surve-

nus chez des aliénés; nous ne rapporterons pas ces cas, et nous

nous bornerons à résumer les réflexions que l'observation de ces

six malades a suggérés à M. Percy Smith.

Il fait remarquer d'abord qu'il est quelquefois fort difficile de

diagnostiqueur la maladie chez les aliénés, qui le plus souvent ne

se plaignent de rien.

La modification de l'état mental sous l'influence de la fièvre

REVUE DE pathologie mentale. 103

typhoïde a déjà été signalée : dans deux des cas de l'auteur les

symptômes de manie se sont nettement et soudainement calmés

dès le début de la fièvre, et la manie n'a pas reparu.

Dans un cas, la fin de la maladie a été marquée par de la dé-

pression momentanée, due probablement à l'état d'instabilité du

système nerveux du malade, et ne présentant pas d'ailleurs les

caractères ordinaires des modificatious mentales qui succèdent

parfois à la fièvre typhoïde chez les sujets sains d'esprits.

Dans l'un des cas, il est à noter que le malade avait eu un dé-

lire presque maniaque au cours d'une scarlatine.

Dans un cas, le malade était en convalescence mentale, avant

que la fièvre ne fut diagnostiquée; l'amélioration mentale con-

tinua de progresser pendant la fièvre, et sans être aucunement re-

tardée par elle. Dans trois autres cas, aucune amélioration durable

ne fut obtenue.

Dans un cas toutefois, l'excitation maniaque qui aurait constitué

pour le malade un danger réel, tomba heureusement pendant la

fièvre; ce qui facilita notablement le traitement; il est intéressant

de remarquer que, dans ce cas, l'excitation intense fut remplacée

par le délire beaucoup plus calme de la fièvre typhoïde. Dans un

autre cas, la dépression mentale que présentait le malade ne subit

qu'une rémission passagère, et la fièvre ne fut pas accompagnée de

délire.

L'un des malades causa de fiés vives inquiétudes, en raison de

son extrême agitation et de a résistance obstinée à tout traite-

ment pendant toute la durée de la maladie : il n'y eut d'ailleurs

chez lui aucune amélioration de l'état mental.

Dans aucun de ces cas, le fait de l'aliénation mentale n'a intro-

duit d'éléments capables de modifier le pronostic de tel ou tel cas

donné. La fièvre' typhoïde, dit l'auteur en terminant, est actuelle-

ment une maladie trop dangereuse pour qu'on puisse la provo-

quer volontairement dans un but thérapeutique; peut-être, plus

tard, quand les lièvres spécifiques seront devenues plus diri-

geables, pourra-t-on guérircertains accès de folie par l'inoculation

de ces fièvres. Tout ce que l'on peut dire actuellement, c'est que

dans certains cas de folie, une fièvre typhoïde intermittente peut

couper court à la maladie mentale. H..\1. C.

V. Quelques cas DE tendance au suicide chez DES sujets atteints

d'imbécillité congénitale; par C.-S, - W. COBUÓLD. (The Jo1t1'nalof

Mental Science, octobre 1886.)

Dans le premier cas, il s'agit d'un homme de 40 ans que la perte

d'un chat décide à se débarrasser de l'existence ; il s'échappe de

l'asile avec la ferme intention de se noyer ; mais le courage lui

manque au bord de l'eau. Le second cas concerne un homme

104 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

de 29 ans qui, sous prétexte qu'il est taquiné et injurié par ses

voisins, prend la résolutiou de se suicider; il entre dans l'eau,

mais avant de perdre pied il se ravise et renonce au suicide.

Dans le troisième cas, le malade approche un couteau de sa

gorge pour se tuer; il parait avoir agi sous l'empire d'une impul-

sion momentanée, survenue sans motif apparent. - Le quatrième

malade, âgé de 19 ans, essaye de s'ouvrir une veine puis de se

couper la ! ! orge : la tendance au suicide chez lui est toujours im-

pulsive ; elle n'est jamais le résultat de la réflexion. Le sujet de

la cinquième observation a 20 ans; ses tentatives de suicide, anté-

rieures à son entrée à l'asile, seraient au nombre de cinq ou six ;

elles n'ont jamais eu de motif sérieux, et la fermeté nécessaire à

l'exécution du projet a toujours fait défaut. - Le dernier malade,

âgé de 25 ans, était un mélancolique.

Tous ces malades étaient congénItalement imbéciles : tous étaient

des hommes ; mais l'auteur se l'appelle nettement deux cas qui

étaient relatifs à des femmes.

Les faits qui viennent d'être rapportés montrent que latendance

au suicide dans l'imbécillité congénitale peut se présenter sous trois

aspects : elle peut être le résultat d'une impulsion passagère, dé-

pourvue de toute cause extérieure ou bien consécutive à la plus fu-

tile contrariété. Les deux premiers cas peuvent se i encontrer dans

d'autres formes de folie; le troisième parait être spécial aux im-

Léciles. Celle tendance passagereausuicideehex les imbéciles se pré-

sente avec des allures qui paraissent caractéristiques, et à ce point

de vue, l'auteur indique trois particularités dignes de remarque :

1° l'absence ou l'insignifiance de la cause déterminante ; 9u l'ab-

sence du courage ou de la fermeté nécessaires pour accomplir le

suicide ; 3° la rapidité avec laquelle l'idée du suicide s'efface et est

oubliée R. 11. C.

VI. UN cas d'intoxication saturnine chronique avec épilepsie et

aliénation mentale ; par William L. Ruxton. (The Journal of

Mental Science, octobre lôi3li.)

Il s'agit d'un homme de 4U ans, sobre, dont un oncle est mort

de paralysie générale, cl que son métier force à vivre depuis 22 ans

au milieu de la poussière de plomb. Il a présenté il y a dix ans et

à plusieurs reprises depuis cette époque, les accidents caractéris-

tiques de l'intoxication saturnine, et il y quatre ans, au cours

d'une colique de plomb, il a été pris d'une attaque d'épilepsie,

suivie bientôt de plusieurs autres : dès les premiers accès, tuu-

'Nous avons publié un cas de ce genre dans le t. IV, p. 52, des Archives

de 1882 (B.)

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 105

jours suivis de stupeur, on vit apparaître des symptômes d'aliéna-

tion mentale qui, depuis, n'ont fait que s'aggraver. Le malade

est actuellement en état de démence.

L'auteur pense que la folie de l'oncle du malade a bien pu agir

comme cause prédisposante, mais qu'il faut chercher la cause effec-

tive de la folie dans l'action prolongée du plomb, qui, circulant

dans l'organisme à l'état d'albuminate de plomb, a directement

provoqué la production d'une épilepsie corticale, devenue actuelle-

ment chronique. La folie chez ce malade a d'ailleurs invariable-

ment revêtu le caractère des phénomènes post-épileptiques. Les

signes physiques de l'intoxication saturnine, se sont amendés

lorsque le malade a été soustrait à l'action des poussières de

plomb, mais les phénomènes épileptiques se sont graduellement

aggravés. R. M. C.

VII. Sur UNE nouvelle forme de trouble ment\l présentant DES

CARACTÈRES BIEN DEFINIS TANT AU POINT DE VUE CLINIQUE QU'AU POINT

DE vue P.1THOGEN1 : 1'IQI ? E : par le Dr .\I¡;SCIl8DE, de Koenigsberg. (The

Journal of Mental Science, avril \8$7.)

L'auteur s'attache à démontrer que parmi les psychoses curables

à début récent, on rencontre des cas dans lesquels, - contraire-

rement à ce qui se passe dans la majorité des psychoses curables,

dans lesquelles l'existence d'un trouble émotionnel est le trait do-

minant, c'est le trouble primitif des facultés intellectuelles qui

joue le rôle prépondérant; il est convaincu que certains de ces cas

peuvent légitimement former uu groupe, tant en raison de leur

palhogénie commune (frayeur) qu'à cause des caractères particu-

liers de la psychose (disparition en bloc des processus mentaux les

plus familiers, cécité psychique, etc.); il estime qu'il e-t plus lo-

gique d'admettre l'existence d'un nouveau groupe que de rattacher,

comme on l'a fait jusqu'à présent, les faits de ce genre à la dé-

mence ou à la mélancolie. H. M. C.

VIII. UN cas de folie DE l'adolescence ; par John KEA Y. (The

Journal of Mental Science, avril 1888.)

L'auteur a considéré ce cas comme un cas de folie de l'adoles-

cence, bien qu'il diffère par plusieurs points essentiel- de cette

forme de folie. Les troubles mentaux qui précèdent ou accom-

pagnent un rapide développement du cOI'J'Ù'evêtent généralement

les allures de la manie; on note de l'exaltation, avec beaucoup de

vanité; les idées ou les hallucinations sont ou sexuelles ou reli-

gueuzes : en somme, l'état mental pathologique n'est en ce cas que

l'état mental ordinaire de la plupart des sujets de cet âge

considérablement exagéré et déformé. Les malades de ce genre

106 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

sont souvent insupportables à l'asile : ils sont sujets à des re-

chutes, quelquefois multiples, mais finissent généralement par

guérir. - Dans le cas observé par l'auteur, la dépression a été

constante, sans la moindre alternative d'exaltation : or, les cas de

mélancolie chez les adolescents s'a CI ompagnent généralement

d'idées de suicide, et le pronostic est défavorable. Le nidiade

dont il s'agit ne parait pas avoir eu ni hallucinations ni préoccu-

pations sexuelles ; mais l'élément religieux ne faisait pas défaut :

le malade croyait avoir commis un péché impardonnable et se

considérait comme destiné à l'enfer. - Le cas était en somme dé-

favorable : les hallucinations de l'ouïe avaient débuté même avant

l'entrée à l'asile ; après quelque temps de séjour, le malade se fit

avec les ongles, au rectum et peut-être à la prostate, des lésions

assez graves, qui donnèrent lieu à des accidents pyohémiques

bientôt suivis de mort. R. M. C.

IX. DEUX cas DE FOLIE SYPHILITIQUE après alcoolisme avec

SYMPTOMES DE PARALYSIE GÉNÉRALE; par A.-R. URGURART.

(Thejou1'11al of lenlal5'cience, janvier 1887.) .)

Ces deux observations peuvent se résumer de la façon sui-

vante au point de vue de la symptomatologie :

1° X..., -quarante-six ans, pas d'antécédents nerveux, vie dissipée,

infection syphilitique il y a huit ans, fausse couche de sa

femme accès récent de delirium tremens. céphalalgie intense

à récidives fréquentes, - pouls lent- hémiplégIe gauche transi-

toire idéation lente, mémoire bonne ; manie aiguë succédant à

d'autres symptômes nerveux ; embarras de ]a parole, - dys-

phagie, parésie des extrémités inférieures, - pupilles irrégu-

lières ; urates amorphes dans les urines. Guérison rapide

des symptômes mentaux ; guérison graduelle de la paralysie.

2° Z..., trente-quatre an-, pas d'antécédents nerveux, vie dis-

sipée. infection syphilitique il y a dix-huit mois. fausses-

couches multiples de sa femme ; tremblement des mains ; cépha-

lalgie intense et persistante ; sensibilité douloureuse de la tête à

la percussion; pouls rapide : attaques épileptiformes ; idéation

lente ; mémoire mauvaise ; manie aiguë succédant à d'autres

symptômes nerveux ; embarras de la parole, aphasie ; parésie des

membres; exagéiafion du réflexe du genou; pupilles régulières,

congestion de la pupille; pol3urie ; incontinence d'urine; albu-

mine et sang dans l'urine ; oif intense. - Guérison rapide des

symptômes mentaux ; guérison graduelle de la paralysie.

Ces deux malades, lors de leur entrée à l'asile, avaient été

considérés sans hésitation comme des paralytiques généraux;

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 1O1

et, en effet, malgré l'absence des allures d'expansion et de

satisfaction que l'on observe communément, leur affection

simulait à s'y méprendre la paralysie générale.

Ces faits montrent une fois de plus avec quel soin on doit,

dans les affections cérébrales et mentales, étudier l'enchaîne-

ment des symptômes et rechercher la syphilis dans les anté-

cédents du malade. L'histoire pathologique des deux malades,

dont nous venons derapporter sommairement l'observation, ne

se présentait pas en effet à l'observateur, il s'en faut de beau-

coup, avec ce caractère de clarté, et ce n'est qu'à force de

patientes recherches que ces malades furent reconnus syphili-

tiques en dépit de leurs dénégations et de celles de leurs

proches. - 11 ne auts jamai oublier, - l'auteur a raison de

le rappeler que la syphilis est un facteur troublant dans

l'étiologie des maladies du cerveau et de l'entendement; il

faut toujours penser à elle, la suspecter surtout lorsqu'on est

dérouté par l'incohérence des symptômes, et ne pas craindre

enfin dans le doute, d'instituer un traitement anti-syphilitique

qui sera du moins une pierre de touche s'il ne devientpas une

médication spécifique. lt. M. C.

X. Deux cas du guérison de folie chronique : par Lloyd FRANCHIS.

(The Journal of Mental Science, janvier 13S .)

Dans ces deux cas, la maladie mentale avait duré au moins

cinq, ans, à dater de la première apparition des symptômes ; dans

les deux cas aussi, le retour à la santé mentale a été complet,

l'amélioration, une fois établie, ayant été régulière, rapide et

nette. Ces deux malades venaient d'autres asiles où ils avaient été

considérés comme incurables. Dans un cas comme dans l'autre, il

s'était agi primitivement de mélancolie avec tendance très accen-

tuée au suicide : à cette mélancolie avait succédé, chez les denx

malades, après un intervalle considérable, une phare maniaque

bien définie et prolongée. Dans l'un de ces cas, la reprise des

occupations habituelles, dont la privation avait probablement

déterminé l'accès, parait avoir joué le rôle principal dans le

rétablissement de l'équilibre mental. Dans l'autre cas, le choc

déterminé par une lésion physique parait avoir été le point de

départ de la convalescence. R. M, C.

XI. Un cas DE folie morale Colin ; par M. CA112PELL. (The

Journal of Mental Science, avril 'l881.)

L'auteur résume dans les termes suivants les points les plus

108 ' REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

saillants de cette observation qu'il a relatée dans tous ses

détails :

1. Excentricité du père ; la mère meurt avec abaissement pro-

gressif physique et mental ; les soeurs sont excentriques.

2. Le malade est gâté à titre de dernier enfant et de fils unique :

son enfance est réservée et timide. Il entre prématurément dans

- les affaires. Habitudes alcooliques. Masturbation ( ? ). Désertion de

la maison paternelle avec une troupe de comédiens de passage.

Vie errante, solitaire, pendant laquelle il est en partie réduit à

avoir recours à l'assistance de ses parents. Vif désappointement à

l'ouverture du testament de son père; c'est à ce moment que

débute probablement la plhisie. Vie paresseuse, avec ses soeurs qui

sont elles-mêmes excentriques. Tabagisme, paresse, nouveaux

excès de boisson. Exacerbalion des symptômes, le malade dérai-

sonne comme un aliéné; il est égoïste et hypocondriaque. Lutte

pour l'existence à Edimbourg. Renouvellement des excès de

boisson, et privations consécutives. Menaces d'homicide et de

suicide. Violences de langage et de conduite ; intervention judi-

claire; internement à l'asile.

3. Au moment de l'entrée à l'asile, caractère morose, égoïsme.

hypochondrie, violences de langage à l'adresse de ses soeurs, agi-

tation, perte de tout empire sur soi-même; tout cela est aggravé

par une singulière perversion du raisonnement, et une sorte

d'auto-déception spéciale, demi consciente, allant presque jusqu'à

l'idée de persécution, comme le démontrent son attitude et son

langage à. l'égard du testament de son père. Absence de toute

décision précise. Santé générale délicate.

4° Légère amélioration physique et mentale au bout d'un

temps considérable; cette amélioration parait due à la discipline,

au grand air, a l'exercice, aux toniques, à la diminution de con-

sommation du tabac, à l'abstinence imposée en ce qui touche les

boissons alcooliques. Ëtl'els inattendus et favorables pendant

quelque temps du traitement par le raisonnement. Evasion et

tentatives de poursuites judiciaires contre ses soeurs. Effet moral

produit par l'insuccès de l'évasion et de ses projets de poursuites.

- Le malade recouvre progressivement son empire sur lui-

même ; la violence de sa haine contre ses soeurs s'atténue, eu

même temps que la perversion de ses facultés raisonnantes ; sa

santé générale et son caractère s'améliorent. Apres une entrevue

avec sa soeur, qui sert de critérium, il est mis en liberté, et sa

conduite ultérieure démontre que son état continue à s'amé-

liorer.

L'auteur a rangé ce cas, à l'exemple des classiques, dans la

« folie morale », mais il n'y avait chez ce malade aucune im-

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 109

perfection du « sens moral » et il serait peut-être plus exact

dit-il, de désigner son état mental sous le nom de « folie

affective. » R. M. C.

XII. ACTION des affections fébriles sur des psychoses; par

.1. WAGNOE. (J,¡h1'büch. ? Pychiut., VII, 1-2.)

La clinique enseigne qu'il arrive souvent qu'une maladie men-

tale soit guérie à l'occasion d'une maladie fébrile intercurrente.

Mais quelles sont les conditions exactes dans lesquelles se produit

cette guérison ? Si ou les connaissait bien on serait autorisé à pro-

voquer un des cas nettement déterminés, des maladies fébriles

artificielles. Après avoir fait l'histoire au point de vue qui nous

occupe de la fièvre typhoïde, du choléra, de la fièvre intermittente,

de la variole, de l'érysipèle, en y mettant sa note personnelle,

l'auteur établit que la guérison en question a toute chance de

réussir lorsque la maladie mentale ne date pas de plus de six mois ;

que les cas psychopathiques aigus quelle qu'en soit la modalité,

excepté l'épilepsie, sont le plus heureusement influencés dans l'es-

pèce, que l'affection fébrile passagère doit se tenir en des limites

raisonnables principalement torsqu'onaatfaireàla fièvre typhoïde,

que, lorsqu'il s'agit de paralysie générale, les maladies suppura-

tives sont celles qui exercent l'action la plus curative, qu'enfin il

y aurait peut-être lieu, dans les conditions énumérées, d'injecter

aux aliénés le microbe de la malaria, de laquelle on est toujours

maître, ou mieux, celui de l'érysipèle, maladie plus bénigne, plus

facile à cultiver sans danger, ni inconvénient. (Procédé de

Fchteisen. Voir p. 102.) P. Keraval.

XIII. De la perversion DE l'instinct SEXUEL chez LES épileptiques;

" par Li. KOW.\LI< : WSKY. (Jalt1'ú. ? Psychiat., VU, 3.)

Le stade terminal du coït a chez certains individus une ressem-

';lance marquée avec une attaque d'épilepsie. Les excès sexuels

déterminent assez souvent une épilepsie opiniâtre très difficile à

guérir. L'auteur signale deux observations relatives à ce dernier

fait; il connait huit exemples d'épilepsie consécutive au premier

coït. 11 n'est donc pas étonnant que la perversion sexuelle se com-

bine souvent à l'épilepsie, d'autant que les deux espèces d'ano-

malies émanent de la même cause fondamentale (dégénérescence).

Elles se montreront isolées ou associées. P.-S. Kowalewsky

esquisse un exemple de bestialité chez un héréditaire, épileptique;

cette passion qui seule le satisfait, date, comme l'épilepsie, de la

première enfance. Concomitance de délire religieux (extatique).

P. K.

110 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

XIV. La QUESTION DE LA LOI SUR LES ALIENES EN AUTRICHE;

par 11f. ( ? \ IISTP,11. (Jnh2'Ir. f. l'sydLiat" VII, 3.)

Une nouvelle loi est en préparation. Le devoir des spécialistes

est de prendre position dans la question, en indiquant au légis-

lateur les desiderata, puisqu'il est évident,'comme l'ont compris

Lous les Etats civilisés, que l'aliéné a besoin d'une assistance publique

toute spéciale. Puis M. Gauster adopte a peu de chose près, en les

discutant, nos décisions françaises. Intervention de l'autorité judi-

ciaire et administrative et dans les asiles publics et dans les asiles

privés, certificat préalable d'un médecin traitant. Quartier d'hos-

pice annexé aux établissements pénitentiaires pour les criminels

aliénés. Préservation légale de tout aliéné au point de vue de ses

biens par la nomination d'un curateur spécial, etc., etc. P. K.

XV. DU POIDS DU CERVEAU CHEZ LES ALIÉNÉS; par BARTELS.

(Allu. Zeil.sch f. Psychiat., XL1V, 2-3.)

Pesées. Tableaux. Analyse. Le poids du cerveau diminue dans

toutes les formes de 1'31léuation mentale, surtout chez les hommes

à partir de soixante-dix ans ou chez les femmes à partir de

soixante au., surtout quand la psychopathie dure longtemps, et

quand l'intelligence est fortement atteinte dans sa vitalité. Toutes

choses égales d'ailleurs, la diminution du poids du cerveau est de

1,0 plus forte chez la femme que chez l'homme. P. IL

XVI. De la folie gémellaire; par IL EUPHHAT. (AU. Zeitschl'.

f. jJ¡,ychiat" XLIV, 2-3.)

En même temps qu'il procède à une revue des théories et des

observations publiées, M. Euphrat décrit un exemple de deux

jumelles ayant toujours vécu côte à côte, atteintes l'une à trente-

huit ans, l'autre a quarante, de folie systématique hallucinatoire

avec idées délirantes érotiques. Identité absolue à deux ans de

distance des phénomènes psychopalhiques. Ici, dit l'auteur, on n'a

à invoquer que la similitude de construction et de développement

des deux cervaux; toutes deux nerveuses à la suite de tourments,

elles se sont infectées paychiquement le mieux du monde, à raison

de l'étroitesse de leur vie commune; iinpressionnabililé anormale

d'un organe central sollicité par une excitation périphérique anor-

male. P. il

XVII. Contribution A la question DES rapports QUI existent

ENTRE la syphilis et la démence paralytique ; par P. Siemens.

(Neuroloy. Centl'ulIJ ? 1887.)

Observation. Un jeune homme de trente-trois ans, sans tare

SOCIÉTÉS SAVANTES. '1 H

sans antécédents héréditaires, n'ayant pas ab'isé de l'alcool, n'ayant l

fait aucun excès, n'ayant subi aucun accident propre à déterminer

la paralysie générale, prend accidentellementlasyphilis, est atteint

d'abord d'une sorte de lésion en foyer du cerveau qui plus tard

dégénère eu encéphalite et myélite diffuse, revêtant la forme

symptomatique de paralysie générale. Inactivité du traitement

spécifique. P. K.

XVIII. UN cas DE FOLIE circulaire avec lésions anatomiques,

par A.-l3. WOLLIlU'OER. (Neurohg. C ? t''a/6 ? 1887.)

Femme de cinquante-huit ans. Tare héréditaire. Mariée à vin;t

et un ans. A vingt-quatre ans, alternatives d'exaltation (délire des

grandeurs) et de dépression (idées de persécution) chaque cycle

durant six mois; pas de période de lucidité intermédiaire. Pen-

dant la phase dépressive, sitiophobie, insomnie, déchéance soma-

tique; cette période se montre de préférence l'eté, l'état maniaque

se montrant surtout à l'arriere-saison. Elle demeure ainsi à l'asile

pendant seize ans. Pendant les dernières années, affaiblissement

intellectuel très prononcé. Jamais de paralysie ni d'autres

accidents physiques. Meurt à soixante-quatorze ans, en juin 1886,

de marasme sénile. On trouve à ['autopsie de l'asymétrie des

deux moitiés de l'encéphale entier, le côté gauche étant notable-

ment plus développé que le droit. Il existe de J'hypoplasie de la

névroglie sur toute l'écorce des frontales supérieurs, toutes parié-

taux supérieurs, premières temporales des deux cota, delà parié-

tale ascendante et de l'avant-coin du côté droit, de la frontale,

ascendante, de la troisième froulale, du coin, de la temporale

moyenne de la couche optique du côté gauche. P. K.

SOCIÉTÉS SAVANTES

SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE

Séance du lundi 28 avril 1890.

Présidence de M. HALL.

Prix l3elhomne. - M. Vallon, rapporteur d'une commission

composé ? de M1. Chaslin, Legrain, Marandon de Monthyel et

Il,-) SOCIÉTÉS SAVANTES.

J. Voisin, propose aux candidats pour le prix Belhomme le sujet

' suivant : De la vision chez les idiots et les imbéciles.

PriAu6anel. -rI. Christian, au nom d'une commission formée

de illll. Dabouet, Garnier, Scmelaigne et Vallon, conclut à l'adop-

tion, comme sujet de concours pour le prix Aubanel, de la ques-

tion suivante : De la folie chez les vieillards.

.Des rapports de l'alcoolisme avec l hystérie. M. Colin donne

lecture d'une communication sur les rapports réciproques de

l'hystérie et de l'alcoolisme. M. B.

XXIll" CONGRÈS DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ

DES ALIÉNISTES DE LA BASSE-SAXE ET DE WESTPlIALOE 1.

SESSION DE HANOVRE.

(Séance du ter mai 1889. - Présidence DE M. SNELL.)

M. Bruns (de Hanovre), présente un malade atteint de névrose

traumatique 2. Le diagnostic ne peut hésiter qu'entre l'espèce mor-

bide considérée et une paralysie du plexus brachial. Mais la topo-

graphie de l'anesthésie et l'atteinte des organes des sens imposent

la première idée, d'autant plus qu'aujourd'hui, voilà de cela quatre

semaines, les paralysies de la sensibilité et de la motilité ont con-

servé la même gravité sans qu'il se soit produit de modification de

l'excitabilité électrique; la réaction dégénérative n'est pas sur-

venue.

M. Bruns montre des préparations de moelle empruntées à un

sujet présenté par M. NrcoL a la session de 1887 3. L'observation a

élé publiée sous le titre de Sclérose en plaques (Berlin. Juin, Wo-

chenschrcf't 1888, n° 5). Voici la confirmation du diagnostic. Les

cordons de Goll et les faisceaux pyramidaux témoignent d'une

sorte d'arrêt de développement systématique; on constate dans la

substance grise une myélite diffuse disséminée, ainsi qu'au niveau

des racines antérieures, des racines postérieures, des colonnes de

Clarke.

Discussion. - M. l3EnRItAN propose d'hypnotiser les malades

atteints d hystérie traumatique. - M. Bruns. Commençons par

l'électricité et le massage; l'hypnotisme sera pratiqué s'il y a lieu.

· 1 Voir Archives de Neurologie. XXII" Congrès, t. XVIII, p. 454.

- Id. Revues analytiques.

3 Id. XXI" Contes, t. XVI, p. 455, des Archives de Neurologie.

SOCIÉTÉS SAVANTES. -t 13

M. A. 111YEa (d'Osnabrrick). De l'atrophie des fibres dans le cerve-

let. Il s'agit de l'atrophie des fibres à myéline dans l'écorce du

cervelet chez les paralytiques généraux et d'autres aliénés, tels

que déments séniles, délirants chroniques systématiques, idiots;

le caractère commun de ces malades est la démence. Après avoir

coloré les parties latérales des hémisphères cérébelleux par la

méthode de Weigert (hémat0xyline), l'auteur acon5taté que, dans

tous les cas, il existe une diminution plus ou moins prononcée des

libres nerveuses fines qui, parties de la lisière de la substance

blanche, vont en se ramifiant à travers la couche des granulations

et des cellules jusque dans le substratum de névroglie en un

plexus élégant. L'atrophie est particulièrement accusée dans les

préparations qui rappellent les organes du nouveau-né, tant les

gaines de myéline ont diminué de volume; on croirait assister aux

premières périodes de développement des fibres cérébelleuses.

Parallèlement, la substance grise du cerveau antérieur a subi la

même déchéance (Tùczek et Zacher). Il semble y avoir une rela-

lion à cet égard entre le cervelet, le lobe frontal, le lobe occipital.

Intégrité des autres éléments cérébelleux, notamment de l'appareil

vasculaire; nous avons probablement affaire à une atrophie pri-

mitive des éléments rnyéliniques 1.

M. SNELL (d'Hildesheim). Des idées présomptueuses de la folie sys-

témtttiqlle chronique (Paranoïa) 2.

M. Bartels (d'Hildesheim). La colonie agricole d'Ehzum près Hil-

desheim pendant ses vingt-cinq années d' xislerzce. Après avoir rendu

justice à l'initiative française en pareille matière 3, l'orateur fait

l'histoire de la colonie. C'est M. Snell qui l'a fait fonder à une

heure de l'asile; la colonie fut ouverte en 1864 ; elle consistait en

deux maisons d'habitation, 1G hectares de terrain pour 40 aliénés

judicieusement choisis. On y avait placé un médecin, un économe,

une ménagère, cinq gardiens, un serviteur et deux servantes.

Deux chevaux, neuf vaches, quelques cochons et de la volaille,

composaient les bestiaux. On s'occupait surtout de culture maraî-

chère et horticole. En z, cette installation coûta 53,000 thalers,

mais les aliénés y prirent goût. Sa situation financière n'était

point encore satisfaisante en h6G8. On simplifia peu à peu le per-

sonnel et l'on se borna à y envoyer résider les aliénés les plus

chroniques. La culture se développa si bien qu'en 1879 la colonie

' Voir Archives de Neurologie. Hevups Analytiques.

2 Voir Discussion sur la nomenclature in Congrès des aliénistes alle-

mands, léna, 1889. Archives de Neurologie, t. XIX, p. 418; t. XVII,

p. 312 ; XVIII, p. 159 ; t. XIII, p. 314, 65,' z1, 393 ; t. VIII, p. 393.

3 Voyez notre mémoire. Colonies d'aliénés in Congrès International,

d'Assistance publique. Paris, 1889. Procès-verbaux, p. 64. Comptes rendus

t. II, p. 305.

Archives, t. XX. 8

114 sociétés savantes.

remporta diplômes et médailles d'argent. En 1886, malgré les

souffrances de l'agriculture, la fondation put, après avoir prélevé

20,000 marks représentant les loyers, les intérêts de l'argent et le

fonds d'amortissement, présenter un bénéfice de 10,688 marks

(13,360 francs). Au 1er octobre 1887 la situation est la suivante :

Cent quarante-deux hectares sont cultivés, dont 92 représentent

la propriété de l'asile ; le reste est affermé. Quatre-vingts malades

y travaillent, soit 19 p. 100 du service des hommes. Le personnel

comporte : 1 gardien en chef, 7 gardiens, 1 économe dont la

femme est ménagère, 4 serviteurs, 4 servantes. On possède :

7 chevaux, 8 boeufs de traits, 1 taureau. 49 vaches, 8 boeufs,

4 veaux, un verrat. 15 truies, 68 cochons. 14 dindons, 14 oies,

180 poules. Fondez donc des colonies agricoles :

M. WULFF (de Langenhagen). Du poids du cerveau chez les dé-

ments. Ce travail, qui se résume en de nombreuses courbes et de

nombreux tableaux, porte sur 205 cerveaux d'individus dont l'in-

telligence a prématurément subi des atteinte ? , individus qui n'ont

pas plus de vingt ans. L'auteur insiste surtout sur la richesse des

hémisphères ou leur pauvreté en écorce grise et les conséquences

de cette constatation. Il note les principales mesures anthropomé-

triques et craniométriques, et pèse comparativement l'encéphale et

ses diverses parties constituantes chez diverses espèces normales et

pathologiques. Il arrive à ce premier résultat que l'encéphale des

aliénés pèse moins que celui des individus sains d'esprit. En

second lieu, chez nos déments précoces, le poids total reste au-

dessous de la normale, mais le cerveau atteint son maximum de

bonne heure; de bonne heure aussi l'organe diminue de poids.

Quant à la spécificité de la démence, il est impossible de consta-

ter, au point de vue qui nous occupe, de différence entre le dément

épileptique et le dément non épileptique.

La prochaine séance aura lieu le 1er mai 1890 au Kasten's Hôtel

à Hanovre. (Allg. Z6t<sc/M'. f. Psychiat., XLVl, 5.)

P. II : RAV.1L.

SOCIÉTÉ PSYCHIATRIQUE DE BERLIN

Séance du 14 décembre 18591. Présidence de M. LOEHlI aine.

M. le Président communique les regrets de MM. Ideler, ScbraeLer,

JSchuchardt. Kahlbaum, Knecht et Alüller, empêchés de se rendre

' Voyez Archives de Neurologie, .séance du 15 mars 1889.

sociétés savantes. 118

à la séance. M. LOEltll propose que la société se réunisse à la

Société de psychiatrie et neurologie de L3er.'iu, en vue d'organiser

la section correspondante du prochain congrès international de

médecine de 1890. Adopté.

M. ZFntsn.(de Bergqnell). Castration pour cause d'aliénation men-

tale. - Il s'agit d'un cas de lypémanie hallucinaloire. Le texte du

délire elles hallucinations étant de nature érotique ou ayant trait

à des idées sexuelles, on enlève à la malade ses deux ovaires,

d'ailleurs normaux, on constate aussi que l'utérus, le vagin et les

parties génitales externes ne présentent aucune anomalie. Les

suites da l'opération sont favorables. Il semble alors dans les pre-

mières semaines qui suivent l'intervention chirurgicale que le

délire a disparu. Mais, à peine le choc traumatique. l'ilémorrhagie

chirurgicale et l'abattement phvsique inséparables d'une semblable

thérapeutique ont-ils terminé leur action, que les mêmes halluci-

nations et les mêmes idées délirantes reviennent et persistent.

Notons que la dame en question n'était pas hystérique et qu'au-

cune indication n'autorisait à une résection de cette nature.

Discussion. - M. Richter rappelle le mémoire de M. Flechsig 0

(1384) peu favorable à ces hardiesses. M. 13EVrto cite un cas de

guérison par castration. Il s'agissait d'une hystérie grave avec

intervalles d'excitation maniaque et propension au suicide.

M. NEUENDOIIFF. - Une vieille fille, atteinte d'hystérie grave

depuis dix-sept ans, éprouvait au moment de chaque menstruation

des sensations anormales du côté des organes sexuels, de l'hypé-

resthésie vaginale, elle s'agitait au plus haut point. C'est en vain

qu'on la castra. A la suite de l'opération, s'inquiétant sans cesse

de sa mutilation, elle se dit bonne à rien, fut hantée par des

idées de suicide; l'ensemble de ces nouvelles idées délirantes prit

la forme d'obsessions.

i\1. WKNDT. M. Krcemer, dans son dernier compte rendu an-

nuel, mentionne trois cas de laparotomie pratiquée pour hystéro-

épilepsie et épilepsie. Il obtint une amélioration certaine; il en

espère deux autres. - M. RICtiTER. Remarquez que l'hystérie,

même quand elle persiste grave depuis des années, peut guérir

sous d'autres influences.

i\1. Loehr aîné. Les progrès de la chirurgie doivent être mis,

quand il y a lieu, au service de la psycho-pathologie, mais il faut

tracer les indications. La castration a an moins l'avantage de

s'opposer à la transmission héréditaire, ce qui ne veut pas dire

qu'il faille castrer tous les aliénés.

M. Cramer (d'Eberswalde). De l'atrophie des fibres du cerveau à la

suite d'insolation. - Une journalière de cinquante-dew an=, in-

demne d'hérédité psychoneuropathique, indemne aussi de syphilis,

11 sociétés savantes.

jusque-là bien portante, travailla aux champs la tête découverte

peu après la Pentecôte. Le soir, ses articulations lui parurent si

raides qu'il lui fut difficile de retourner chez elle. Le lendemain,

on constatait un érythème solaire avec dépression psychique et

oppression des forces; quatorze jours plus lard elle était en proie

a un délire avec agitation qui persista si bien qu'on dut ramener

à-l'asile. Les pupilles étaient inégales, les réflexes tendineux

pal.ellaires exagérés, le tact et la sensibilité à la douleur

diminués. La mort eut lieu trois mois après l'insolation. L'au-

topsie révéla de l'hypérémie encéphalo-spinale (le cerveau ne

pesait que 1,273 grammes), une pleurésie sèche bilatérale, de

l'oedème pulmonaire, une atrophie brune du coeur. Les fibres

itî les ont disparu irrégulièrement en n'importe quelle

couche; aucune cireoiivol u Lion, n'est épargnée à des degrés divers.

Ce sont surtout les deux couches externes qui ont souffert; les

circonvolutions occipitales gauches et la circonvolution du corps

calleux ont en outre perdu une grande partie des fibres inte1'mé-

lliui1'es. Les ascendantes et les lobes occipitaux sont le moins endom-

magés. Telles sont les altérations décelées par l'acide osmique et

la méthode de Pal. L'élection au carminate d'ammoniaque

témoigne de l'intégrité des cellules nerveuses. Les vaisseaux sont

intacts, à l'exception d'un anévrisme capillaire dans la première

temporale droite. En quelques points on constate des cellules

araignées isolées, mais sans qu'on soit en droit de croire à une

hyperplasie du tissu conjonctif et encore moins à la pathogénie

interstitielle de l'atrophie des fibres cérébrales. Le cervelet est

atteint de la même façon que le cerveau, c'est la couche granu-

leuse de l'écorce qui en témoigne; le corps rhomboïdal est sain.

Les ganglions delà base, le bulbe et la protubérance ne présen-

tent pas de lésions. Tuméfaction de la névroglie et déchéance de

quelques manchons de myéline et de quelques cylindraxes dans la

moelle, notamment le long des cordons postérieurs.

AI. OTTO (de Dalldorf). De la paralysie pseurlo-IJ1lLbail'e. Ayant

eu dans ces dernières années l'occasion d'observer chez les aliénés

quatre cas de paralysie la bio ? 1 osso -pliat-y iizée, et d'en autopsier

trois, il nous a paru utile d'en faire une communication. Ils appar-

tiennent à la forme mixte cérébro-hulbaire et montrent une fois

de plus la rareté de la paralysie cérébrale pure. L'artério-sclerose

syphilitique y joue le principal rôle. Il existait aussi de graves

lésions cardiaques, rénales et pulmonaires (hypertrophie du coeur

- altération des artères coronaires altérations valvulaires -

néphrite chronique - emphysème). Nos sujets étaient des déments,

et un hypochondriaque avec hallucinations sensorielles et idées de

suicide. Les symptômes bulbaires furent constitués par cette mo-

bilité de l'humeur si spéciale, les troubles de la parole et notam-

ment les troubles de l'articulation des lèvres, de la langue, du

sociétés savantes. z117 7

voile du palais, la dysphagie. On ne constata qu'en un cas des acci-

dents du côte de la respiration, de la circulation, du larynx ; on ne

constata pas non plus de lésions marquées à l'ophllialmoscope; ni

atrophies, ni modifications de l'excitabilité électrique. Les mêmes

malades présentaient les mêmes destructions comme origines des

mêmes phénomènes nerveux et mentaux ; c'étaient des foyers de

ramollissement dans le cerveau, les ganglions de la base, la pro-

tubérance.

M. BOLLER (de Brake). De la folie héréditaire. A l'asile de

Brake près Lemgo, sur 277 malades on compte 58 cas d'hérédité

directe, 51 cas d'hérédité indirecte, 17 d'éléments d'hérédité

éloignée, soit 126 aliénés entachés d'hérédité quelconque, du

4,50 p. 100. L'infection psycho-pathologique masque cette grave

question de l'hérédité ; l'atavisme est patent. Les folies hérédi-

taires sont cependant plus ou moins graves sans qu'on sache

pourquoi. Les formes varient également ; la folie induite témoigne

néanmoins de la transmission du texte du délire, en particulier

chez les jumeaux persécutés. S'il est évident que la plupart des

aliénés sont des héréditaires, il va de soi qu'il n'y a plus de symp-

tômes de la folie héréditaire. Il en est pourtant encore pour

l'hérédité accumulée; citons les prédispositions et les talents mer-

veilleux, les bizarreries de caractère, les hallucinations réflexes,

les sensations spinales irradiées (télégraphiques), l'évolution

brutale de psychoses aboutissant à une démence précoce.

La plupart des aliénés sont des héréditaires.

Il en est cependant qui doivent leur maladie à une modification

de leur économie par des excès ou des influences pathogénétiques

d'ordre matériel. Cette déchéance préalable est même indispen-

sable pour que la folie alcoolique se manifeste. Les causes morales

n'ont en tout cas qu'une valeur occasionnelle.

Discussion. 11. Bicirrcn. 1"IfOI'ÇOIIS-IIOLIS plutôt de chercher les

causes et les agents mécaniques de la folie. Meynert a fait faire à-

la question de l'hérédité un pas de géant quand il a examiné le

bassin de la mère. Il en a été de même de la manipulation hygié-

nique des populations de crétins. Que ri a-t-on pas écrit sur la

théorie de la phthisie pulmonaire ? Que deviennent ces disserta-

tions en présence du bacille ? (Allg. Zeilsch., f. Psych., XLVI, 5.)

P. KERAVAL.

118 ' SOCIÉTÉS SAVANTES.

CONGRÈS DE LA SOCIÉTÉ PSYCHIATRIQUE DE LA PROVINCE

DU RHIN.

- Quarante troisième session a Bonn '.

r- (Séance du 22 juin 1889. Présidence de M. Hertz.)

M. Hertz annonce la mort de NI. Nasse, dont il retrace la vie et

les oeuvres. L'assistance se lève en l'honneur de sa mémoire.

111. 13UDDEBERG. De la forme dépressive à évolution aiguë de la

démence paralytique. - L'auteur relate l'histoire de cinq malades.

Entrés à l'asile pour une mélancolie agitée, ils présentaient les

éléments d'un délire général avec gémissements, inquiétudes dans

les membres, turbulence, idées de suicide, siliophobie, concep-

tions hypochondriaques. Peu de temps après, on constata de l'iné-

galité et de l'immobilité des pupilles, de la constipation , une

rapide déchéance des facultés intellectuelles, de l'émaciation ; à

ces symptômes se joignirent des accès de lièvre, si bien qu'en onze

mois au plus, les patients moururent. On put pratiquer quatre

autopsies; on trouva les signes d'une encéphalite franchement

aiguë avec atrophie partielle de la substance corticale. L'étiologie

révèle : tares héréditaires, traumatisme céphalique, surmenage

intellectuel, travail au feu. Il ne s'agd ici que du sexe masculin.

AI. Buddeberg s'élève contre l'alimentation artificielle en pareil

cas, parce que la siliophobie est due moins a la dépression qu'à

des altérations du tube digestif telles que des inflexions du colon ;

il vaut mieux laver l'intestin.

Discussion. -M11. Pelman et Tiiomsen ont observé des faits du

même genre.

Quarante-quatrième session a Bonn.

(Séance du 9 novembre 1889. - Présidence de Ai. PEr.uns.)

L'assemblée envoie une adresse de félicitations à AIM. Snell

(d'Hildesheim) et HASSE (de Koenigslulter), à l'occasion de leur

jubilé de cinquantième et de vingt-cinquième année de doctorat.

M. ScnuLTZR présente un garçon de douze ans atteint de para-

lysie et d'atrophie des muscles des mains innervés par les nerfs cuúi-

tal et médian. Cette atfection a débuté il y a deux années, a

depuis constamment progressé, et s'est plus accentuée à gauche

1 Voyez Archives de Neurologie, t. XIX, p. 275, séance de novembre 1888.

sociétés savantes. 119

qu'it droite. Il existe aussi une atrophie des muscles des avant-

bras ; le reste du corps ne présente rien de particulier. Intégrité

de la sensibilité; intégrité des réflexes tendineux. Réaction dégé-

nérative des muscles atrophiés. L'hérédité est ici le seul élément

étiologique. Il est possible que les cornes antérieures soient

atteintes; mais il existe aussi une atrophie juvénile myopathique

qui, rien ne s'y oppose, peut occuper les mains.

111. de EHRENW ALL. Peut-on enlever un aliéné d'un asile ? Rien ne

s'y oppose, même quand il est interdit. La loi ne prévoit que le

ravissement des mineurs. Il y aurait lieu de charger le bureau

d'un projet de loi à cet égard.

Discussion. MM. OEBEKE, Elspërger et iEL1(AN. On est même

désarmé contre les délits de ce genre que peuvent commettre les

infirmiers. Le bureau est invité à étudier la question et à pré-

senter un rapport dans la prochaine séance.

11. Brie montre le cerveau d'une femme morte de paralysie géné-

rale syphilitique ( ? ) Le segment antérieur de l'hémisphère droit

présente cette particularité que, lorsqu'on tire légèrement sur la

pie -mère, l'écorce tout entière se détache de la substance

blanche. L'écorce est extrêmement ramollie; elle est restée rebelle

à l'action de l'acide chromique. Atteinte de la plus grande partie

des circonvolutions frontales à la convexité et à la base, du seg-

ment le plus inférieur des ascendantes, de la première temporale

et de l'insula. Celle pièce rappelle la décortication de Baillarger et

Rey, ainsi que les altérations de la lisière de substance blanche

décrites par Tuczek.

Discussion. - M. SCHULTZE. N'y aurait-il pas lésion de tout le

système artériel de l'écorce ? M. Brie. Le système vasculaire est

particulièrement développé ; il existe autour des vaisseaux-de la

prolifération nucléaire, mais il n'y a pas d'oblitération.

M. THOMSEN. De {'importance pratique de la question de la para-

lysie générale et de la syphilis. Ce mémoire sera publié in ea;tenso r :

Discussion. - M. Schultze. Chez les anémiques et chez les indi-

vidus en état de misère physiologique, les cordons postérieurs de

la moelle sont dégénérés. C'est par un mécanisme analogue que

se pourrait expliquer cette lésion chez les paralytiques généraux.

Ne conviendrait-il pas de désigner sous le nom de paralysie géné-

rale tabétique, la paralysie générale avec lésion des cordons posté-

rieurs de Thomsen. 111. OLnH.RL. Chez vingt-quatre paralytiques

généraux appartenant à une classe sociale relevée, 62 p. 100 avaient

eu antérieurement la syphilis. Les onctions mercurielles ne pro-

duisirent pas de bons effets, l'iodure de potassium à hautes doses

1 Nous l'analyserons alors aux Reviies analytiques.

120 bibliographie.

détermina plusieurs fois de l'agitation. Sans doute il n'est pas

rare de voir des tabétiques bénéficier du traitement antisyphili-

tique ; la raison, c'est' que ces malades sont traités plus tôt que

les paralytiques.

M. TIGGES. Dans les hôpitaux de Berlin, les hommes sains d'es-

prit sont syphilitiques dans la proportion de 13 à 14 p. 100, ce qui

explique que les syphilitiques sont cinq fois pius en butte à l'at-

teinte de la paralysie générale.

M. Thomsen. La thérapeutique du tabes n'a rien à gagner des

progrès de la thérapeutique de la paralysie générale et vice versa.

Quel est celui d'entre nous qui a guéri la paralysie générale par

un traitement antisyphilitique ? Les accidents tabétiques du para-

lytique sont dus à un trouble de nutrition, ainsi que le montre

l'épuisement précoce du réflexe tendineux patellaire.

nI. PELMAN. lI. Riege a, dans le Schmidt 's Jah1'iJüche1', montré

par des formules mathématiques qu'un syphilitique a dix-sept fois

plus de chances de devenir paralytique général qu'un sujet non

syphilitique. Donc, la certitude du terrain syphilitique n'autorise

pas le traitement mercuriel chez un paralytique général ; bien

plus, ce traitement n'a que des inconvénients. (aux. Zeitsch. f. Psy-

chiatrie, XLVI, 5.) P. IiGnAV.aL.

BIBLIOGRAPHIE

1. Leçons sur le syndrome 6zal6n-nzéclzcllaire constitué par lit thcr-

manesthésie, l'analgésie et les troubles sudoraux ou vaso moteurs .

(Substance grise latérale postérieure) ; par le professeur .1. Cras-

set, recueillies par le W G. Jtanxier. Pans, Alasson, édit., 1890.)

Il s'agit dans cet intéressant mémoire de l'étude détaillée d'un

malade atteint, très vraisemb)a))tement ? comme le faildu reste

présumer l'auteur - de syringomyélie, et qui offre à AI. Grasset

l'occasion de savantes dissertations sur les localisations médul-

iairea. Le professeur pense qu'il n'est pas exact d'inféoder le syn-

drome en question à la syringomyélie, car les symptômes bulbo-

spinaux en général, et ces troubles en particulier, sont en rapport

non pas avec la nature anatomique et nosologique de la maladie

qui les provoque, mais avec lesiège des alléialions. Toutefois, nous

rappellerons, en ce qui concerne la syringomyélie, que le diagnos-

tic n'a été fait pendant la vie qu'en les seuls cas où il s'agissait de

cette affection.

BIBLIOGRAPHIE. 121

L'historique de la syringomyélie est expose avec des critiques

qu'on lira avec profit, bien que l'auteur ail une certaine tendance

à faire rentrer dans-le même cadre la maladie de Morvan. L'ana-

lyse des symptômes est complétée des données expérimentales

empruntées aux physiologistes et sur lesquelles est basée une

pathogénie parfaitement originale sur certains points. P. B.

II. Amyotrophie primitive progressive (forme juvénile de Erb); par

L. BOURGUET. Montpeilier, Boehm, édit., 1889.

Observation complète, avec planches, d'un malade du service

du Dr Grasset, atteint d'amyotrophie de la forme juvénile, il

caractère familial ; sans antécédents héréditaires. Le diagnostic de

l'aflection est discuté avec soin et bien établi. P. B.

III. Paralysies de la chorée (chorée paralysante), par E. HONDOT.

Bordeaux, imprimerie du Midi. 1889.

Ce travail est le résumé de quelques leçons cliniques faites par'

l'auteur sur la chorée molle. Il y montre que les symptômes paré-

tiques s'associent assez souvent à la chorée, et fait un exposé suc-

cinct de l'état de cette question encore peu vulgarisée, en y jo : -

gluant plusieurs observations personnelles. P. B.

1V. De l'anesthésie sous ses divers modes dans la ptréso-analgésie.

Cas frustes de 1)a ? ,éso-ttnalgésie; par le Ur MonvAN (de l.annelis).

(Extrait de la Gazette hebdomadaire de médecine et de chirurgie.)

A l'occasion des études cliniques récentes consacrées à la syrin-

gomyélie, et dont quelques-unes tendent à rattacher la paréso-

analgésie. à cette affection, NI. llorvan a revu avec soin ses

malades an point de vue de l'étude de la sensibilité. Il conclut de

ce travail : I, que la paréso-analgésie séparée anatomiquement de

la syringomyélie peut l'être aussi cliuiquemenl, grâce it l'impor-

tance des désordres trophiques dans la première de ces maladies,

et surtout grâce à l'état de la sensibilité au tact qui est lésée dans

la paréso-analgésie et respectée dans la sy rinomyelie; Il, réduite e

il sa plus simple expression, la pareso-anatgésie n'est plus que la

lésion de la irophicité médullaire. En s'étendant du centre de la

moelle aux cordons antérieurs, elle détermine la parésie et l'alro-

phie musculaire, et en s'étendant aux cordons postérieurs, l'anal-

gésie et les autres espèces d'anesthésies. P. B.

1

V. L'automatisme psychologique; essai de psychologie expérimen-

tale sur les formes inférieures de l'activité humaine; par Pierre

JANET. F. Alcan, éditeur. Paris, 1889.

Ce travail réalise une heureuse tentative de psychologie cxpri-

'1 ? 112 bibliographie.

mentale. Il semble indiquer il s'agit d'une thèse soutenue en

Sorbonne que le règne de la psychologie métaphysique touche

à sa fin; il importe de le noter.

111. Pierre Janet s'est en effet proposé de mettre à profit la

méthode des sciences expérimentales pour étudier les formes élé-

mentaires de l'activité humaine; en d'autres termes, il a cherché à

élucider le problème des phénomènes d'automatisme psycholo-

gique, en s'éclairant pour cela des données fournies par des

observations et des expériences d'hypnotisme. Le livre est divisé

en deux parties : la première consacrée à l'automatisme total, la

seconde à l'automatisme partiel.

L'idée générale de l'ouvrage est que les phénomènes de ce genre

ressort issent à la psychologie, et qu'en conséquence, une théorie

essentiellement psychologique sera seule capable de les interpré-

ter. Celle théorie serait la suivante : à l'état normal d'harmonie

psychique, l'esprit humain est doué de deux activités, l'une con-

servatrice, l'autre novatrice qui se font équilibre. Que la seconde

de ces forces, l'activité créatrice vienne à faiblir, il y a déséquili-

bration - désagrégation; - la seule force conservatrice, l'auto-

matisme, prédomine alors sans contrepoids.

Nous ne pouvons ici suivre l'auteur dans ses développements,

longs parfois, mais toujours intéressants, bien fournis qu'ils sont

de faits d'observation très souvent personnels; toutefois, nous

signalerons, en particulier, les chapitres, à notre avis, les plus

originaux, consacrés aux actes d'automatisme partiel : les actes

subconscients, et les suggestions post-hypnotiques.

M. Janet ne s'est pas borné à ces seuls points de vue : il tente

une véritable annexion psychologique, en n'hésitant pas à nous

offrir sa théorie de la désagrégation, pour nous rendre compte de

la nature des paralysies, des contractures hystériques, voire môme

des idées fixes et de la folie impulsive. Sur ce terrain, l'auteur est

évidemment moins solide, et, à ces considérations - auxquelles

nous ne reprocherons pas quelques erreurs de détail, permises à

un philosophe - nous préférons de beaucoup le dernier chapitre

du livre. Celui-ci traite du spiritisme avec une clarté réellement

scientifique, et n'en est pas moins imprégné d'une ironie fine-

ment spirituelle.

Somme toute, ouvrage remarquable à bien des égards, et dont

un style aisé et élégant rend de plus la leclure agréable.

Paul Blocq.

VI. L'évolution politique dans les diverses races humaines; par

Ch. LETOURNEAU. Lecrosnier et Babé, éditeurs, Paris, 1890.

L'auteur a précédemment entrepris une série d'études d'anthro-

pologie sociologique dans lesquelles, à la lumière des doctrines

bibliographie. 1 : 211

évolutionnistes il exposait l'histoire passée et déduisait l'avenir de

la famille considérée comme élément social. De même a-t-il fait

pour la morale, le mariage, la propriété. Encouragé par le succès

avec lequel il avait mené à bien celte tâche ardue, il soumet cette

fois les phénomènes politiques à une investigation du même

genre. Il étudie méthodiquement, à l'aide d'une sélection de faits

et des interprétations qu'ils suggèrent les étapes successives par

lesquelles ont passé les sociétés humaines : l'anarchie, le clan

communiste, la tribu républicaine d abord, aristocratique ensuite,

puis la monarchie qui commence par être élective pour devenir

héréditaire. Les faits d'observation forment la majeure partie de

ce livre, et ils sont groupés avec assez d'art, pour que les déduc-

tions de fauteur y apparaissent d'une logique presque indiscu-

table. Ce sont d'abord les sociétés animales, dans lesquelles on

trouve des habitudes sociales, quelquefois supérieures a celles de

bien des peuplades humaines, qui montrent une sorte de plan

simplifié de la sociologie humaine. Les diverses formes de gou-

vernement sont ensuite reconnues et étudiées dans leurs variétés

parmi les peuples. L'évolution de l'impôt, la guerre chez les

divers peuples figurent des chapitres extrêmement intéressants.

L'ouvrage se termine par une vue d'ensemble suggestive et origi-

nale sur les phases de l'évolution politique, et l'auteur nous y

condense les conclusions que ses observations autorisent non seu-

lement sur le passé, mais encore sur l'avenir politique des socié-

tés. Paul BLOCS.

VU. Annales de médecine et de chirurgie (publiées par le cercle

d'études médicales de Bruxelles. Année 1889, 1.).

En dehors de plusieurs mémoires sur la pathologie en général

et la chirurgie, nous trouvons dans ce recueil deux travaux qui

nous intéressent particulièrement : 1° un travail du D'' 1'eber-

ghien sur le traitement des maladies de la moelle épinière par la

suspension ; 2° un mémoire du Dr de Beck sur les névroses trauma-

tiques.

Le Dr T ! : ibel1;hien cite six observations de malades suspendus :

4° mal dePott, avec faiblesse dans les reins et les jambes empê-

chant de marcher; amélioration au bout de trois séances, marche

seul après six séances; 2° tabes, depuis dix mois, amélioration au

bout de cinq séances, guérison de l'incontinence d'urine après

vingt-deux séances. Amélioration très marquée à la suite de vingt-

cinq séances, quoique le malade ait eu une rechute; 3° tabes

depuis trois mois : amélioration notable dans la marche, apaise-

ment des douleurs ; 4° tabes depuis quinze ans et demi, amélio-

ration considérable de la marche, des douleurs, de la sensibilité;

5° tabès depuis vingt-trois ans, amélioration; G° sclérose en

,[ -)in bibliographie.

plaques, diminution du tremblement après quatre séances. L'au-

teur a traité encore vingt-deux autres cas de tabe, dont treize

ont été sensiblement amélioré». Il signale enfin une modification

de l'appareil de Sayre due au Dl' Barlet. Cet appareil modifié se

compose, d'un double arc de cercle dont les branches se croisent

à angle droit; l'une sert pour la suspension sous les aisselles, la

deuxième pour la tête : comme celle-ci est dirigée d'avant en

arrière, et que les pièces destinées à soutenir le menton et la

nuque s'entre-croisent, il s'ensuit que la tête est mieux soutenue,

qu'il ne peut y avoir de compression des jugulaires et que l'exten-

sion de la colonne vertébrale se fait mieux suivant son axe.

Le Dr de Beck signale un cas de névrose traumatique survenu

chez un machiniste de chemin de fer à la suite d'un accident. Le

malade est resté inquiet, nerveux, agité, éprouvant des vertiges

fréquents. Les stigmates de l'hystérie e\itent (diminution du

champ visuel, plaques d'hypéresthésie) ; les membres supérieurs

sont moins solides qu'auparavant, et agités par un tremblement

ainsi que les membres supérieurs. L'auteur à propos de cette

observation fait l'historique de la question, au point de vue symp-

tomatique et pathogénique. A. R.

VIII. Les Epilepsies et les Epileptiques, par le D1' Cil. Féré,

médecin de Bicêtre, 1 vol., Alcan, 1890.

S'il est bien difficile de donner une analyse complète et détaillée

du nouvel et important ouvrage de M. Féré, il est possible du

moins d'en indiquer les points nouveaux et d'attirer l'attention

sur la manière originale, bien que sujette peut-être à discussiun,

dont l'auteur envisage l'épilepsie, ou pour mieux dire les épi-

lepsies.

four M. Féré, l'épilepsie, en tant qu'entité morbide, n'existe

pas. C'est un simple syndrome ; il y a des épilepsies qui toutes

sont symptomatiques de lésions et d'altérations fonctionnelles très

diverses. 11 identifie toutes ces épilepsies, qu'elles surviennent dans

l'enfance, pendant la grossesse, sous l'influence des fièvres érup-

tives ou des maladies toxiques, en se basant sur ce que, malgré les

différences qu'elles peuvent présenter au point de vue clinique,

elles ont une pathogénie commune. Qu'on ail affaire à l'épilepsie

vulgaire, qui est la forme chronique, ou aux diverses éclampsies,

qui constituent la forme aiguë, les causes invoquées, émotions

morales, intoxications. grossesse, dentition n'en sont que des

agents provocateurs. La seule véritable cause, c'est la prédispo-

sition névropathique, héréditaire ou acquise, et à ce propos, il

rejette complètement la théorie infectieuse de l'épilepsie proposée

par 1V1\I. Marie et Lemuine. Les agents infectieux ne font, eux

bibliographie. 1125

aussi, que développer, exciler la prédisposition, qui à besoin d'un

excitant d'autant plus faible qu'elle-même est plus forte.

Une des parties les plus intéressantes de l'ouvrage est l'étude des

troubles somatiques permanents des épileptiques et des phéno-

mènes qui précèdent, accompagnent et suivent les paroxysmes

épileptiques. Il faut insister particulièrement sur les phénomènes

d'épuisements consécutifs aux paroxysmes épileptiques et qui ont

été l'objet de nombreuses communications de sa part à la Société

de Biologie. Aussi nous contenterons-nous de les rappeler. Connus

superficiellement jusqu'ici au point de vue clinique, M. Féré a eu

le°nrérite de les démontrer avec précision par l'emploi des mé-

thodes de la physiologie expérimentale, et cette partie de son

oeuvre en est peut-être la plus solide.

Il était intéressant aussi de rechercher si les épileptiques ne

présentaient pas des caractères somatiques caractéristiques, dont

l'importance eût été grande par conséquent et pour le diagnostic

et pour le pronostic, si on avait pu les découvrir de bonne heure.

11. Féré a poursuivi cette recherche avec le plus grand soin. Mal-

heureusement, les signes de dégénérescence qu'on rencontre n'ont

rien de spécial aux épileptiques et se retrouvent chez les autres

dégénérés. Toutefois, il a constaté certains points intéressants tels

que les asymétries chromatiques de l'iris, l'astigmatisme, la dévia-

tion de la pupille, les déplacements du tourbillon des cheveux, la

diminution de la capacité vitale du poumon, les anomalies des

extrémités, etc., etc. Mais ces particularités elles-mêmes peuvent

faire absolument défaut chez des épileptiques et se rencontrer

chez d'autres individus qui ne le sont pas.

Le traitement est longuement traité et envisagé au point de vue

médical, chirurgical et hygiénique. Le côté médico-légal et d'as-

'distance est peut-être un peu écourté, mais il faut dire que,

d'après les conceptions mêmes de l'ouvrage, il est forcément

relégué au second plan. Disons seulement que le souhait de

M. Féré est que le grand nombre d'épileptiques chroniques capables

de travailler puissent trouverun milieu prévenu de leur infirmitéet

intéressé à les tolérer, où ils puissent exercer leur industrie pour

se suffire, au lieu d'être obligés à s'hospitaliser, ce qui est beau-

coup plus coûteux : pour la société et beaucoup moins agréable

pour eux. « Un certain nombre d'autres pourraient vivre sous la

surveillance médicale des asiles dans des colonies établies à leur

voisinage, et plus ou moins analogues à celle qui a été établie à

Bielefeld en Westphalie. » C'est un voeu auquel nous ne pouvons

que nous associer énergiquement. P. S.

IX. Manuel technique et pratique d'anthropométrie cretrnio-céplau-

tique, par le D1' .\Lonnr Benedikt. Traduit et remanié avec le

'1 6 6 bibliographie.

concours de l'auteur parle Dr Keraval. Préface de 11. le pro-

fesseur Charcot. 1 vol. Lecrosnier et n,tué, 1889.

Cet ouvrage est le plus complPt qui ait été fait sur ce sujet. Il

expose toutes les méthodes et tous les instruments employés dans

la craniométrie et s'adresse non seulement à ceux qui s'occupent

d'anthropologie générale, mais aussi d'anthropologie criminelle,

et même dans un grand nombre de cas. aux médecins ayant des

services d'aliénés, d'épilepliqurs, d'idiots, qui, au point de vue de

la dégénérescence, sont à rapprocher des criminels comme on tend

à le faire de plus en plus aujourd'hui. On ne peut que lui faire le

reproche d'être parfois un peu trop transcendant dans l'exposé

des principes mathématiques sur lesquels sont basées les mé-

thodes et les instruments. Mais cette critique fait encore mieux

ressortir les difficultés qu'a eues à vaincre le traducteur, 11. Ke-

raval, et dont on doit d'autant plus le féliciter qu'il ne s'est pas

contenté de traduire purement et simplement, mais qu'il a été un

véritable collaborateur de M. Benedikt dans le remaniement de

son ouvrage. Il est pre-que impossible de faire une analyse d'un

tel livre, qu'il faut lire pour en tirer profit. Dans la première

partie sont exposées la craniométrie et la céplialoiiiétrie à l'aide

d'une instrumentation simple communément usitée. Dans la

seconde, que l'auteur désigne sous le litre» a Crauiométrie et céphalo-

métrie nouvelles », il met surtout en relief les desiderata de l'an-

thropométrie future, et décrit les appareils les plus compliqués et

les plus précis pour arriver à remplir ces desiderata. Ce livre n'a

donc pas seulement le mérite de montrer ce qui est fait, mais

encore ce qu'il y a à faire.

- P. S.

X. Etudes cliniques sur les maladies nerveuses et mentales; par le

Dr Jules Falret, médecin de la Salpêtrière, 1 vol. in-8°.

XI. Les aliénés et les asiles d'aliénés, par le même, 1 vol. in-8°.

, J.-B. Baillière, 1890.

111. Falret a eu l'heureuse idée de rassembler dans ces deux

volumes toute son oeuvre éparse jusqu'ici, et dont il était quelque-

fois difficile de se procurer toutes les parties. Il nous est impos-

sible d'analyser en détail les nombreux mémoires qu'on y ren-

contre et dont plusieurs sont d'ailleurs bien connus du public

médical et sont pour ainsi dire classiques. Citons tout particulière-

ment ses recherches sur la folie paralytique et les diverses formes

de la parulysie générale, dans lesquelles il établit les quatre varié-

tés congestive, paralytique, mélancolique et expansive, sur les

diverses paralysies générales, sur leur diagnostic différentiel, sur

les variétés cliniques de la paralysie générale; puis son étude de

bibliographie. 127 Î

l'état mental des épileptiques depuis laquelle il u'a rien été fait

de mieux sur cette question et qui a servi de base aux travaux

ultérieurs.

Citons encore dans le premier volume ses études si remarquables

sur la folie raisonnante, la folie circulaire, et enfin la folie ci deux

en collaboration avec Lasègue.

Dans le second volume, nous trouvons à côté de ses mémoires

sur les colonies d'aliénés de S/tee< et de Leyme, sur les asiles hollcan-

dais, les divers modes d'rvssistwzce des aliénés, et une importante

élude sur la responsabilité légale des aliénés dans laquelle il rejette

la théorie de la responsabilité partielle; une autre sur les aliénés

dangereux. Enfin citons ses études sur l'amnésie, l'aphasie, la fonc-

tion du langage articulé, dans lesquelles on trouve des observa-

lion, d'aphasie très intéressantes, avec l'examen de l'écriture et

de l'intelligence chez les aphasiques. L'ouvrage se termine par un

mémone sur l'emploi du bromure de potassium à haute dose chez les

épileptiques, où sont données des règles que bien des médecins

feraient bien de consulter. On voit par là l'intérêt que présentent

ces deux volumes, qui seront certainement accueillis avec une

grande satisfaction par tous les aliénistes. P. S.

\Il. Le surmenage mental dans la civilisation moderne; par \Im° i\la-

rie I'\N.\CÉI'\OE, avec une préface par Ch. Rictel, 1 vol. tn-12.

\Iasson, 1890. '

M ? Manacéine effrayée comme bien d'autres du surmenage

mental de notre époque, en a recherché les effets, les causes et les

remèdes et les a exposés avec une richesse de documents remar-

quable qui fait de ce livre un des meilleurs ouvrages sur cette

question. On doit d'ailleurs adresser des éloges à 111. Jaubert, dont

la traduction est écrite dans un style très clair et très attrayant.

Etant donnée la loi d'hérédité fatale qui fait que nous transmet-

tons à nos descendants les tares même acquises que nous présen-

tons, il faut veiller, si nous ne voulons pas encourir une terrible

responsabilité, à conserver intactes les forces de l'âme et du

corps. Examinant alors à fond les causes du surmenage mental,

elle constate que ce qu'il faut surtout maintenir, c'est l'équilibre

entre le corps et l'âme, et ne pas sacrifier le premier à la seconde;

que ce qui est est surtout funeste ce n'est pas tant le travail intel-

lectuel même considérable, que le travail irrégulier, que l'excès. Le

remède, c'est la réforme de l'éducation des enfants et des jeunes

gens, dont il faut développer le corps parallèlement à l'esprit. EL

comme aujourd'hui une. seule intelligence est incapable d'assimi-

ler la somme effrayante des connaissances humaines, il faut renon-

cer à être des encyclopédistes pour se borner au rôle plus modeste

de spécialistes. Puissent les sages préceptes de modération que

128 BIBL10GR\PHtE.

nous donne 111 ? Manaeéine porter leurs fruits. Le moment est

bien choisi pour les formuler et nous ne pouvons que souhaiter

leur application. Son livre est en tous cas bien fait pour con-

vaincre les hésitants, et émouvoir les indifférents. P. S.

XIII. Histoire de Bicètrc (Hospice. Prison, Asile), d'après les docu-

ments historiques, dessins, fac-similé, plans dans le texte, nièces

justificatives, par Paul BRU, préface du Dr Bouhneville

(Bibliothèque d'Assistance publique). Paris, bureaux du Progrès

médical, 14, rue des Carmes. 1 vol. in-4° de : a00 pages.

Nous sommes heureux de voir la Bibliothèque d'Assistance pu-

blique s'enrichir d'un nouveau et excellent volume, l'Histoire de

lJicetrc par M. Paul BRU qui, par un travail assidu et conscien-

cieux, a su nous faire revivre depuis les temps les plus reculés

jusqu'à nos jours, les diverses physionomies de Bicêtre, jadis châ-

teau royal et féodal, devenu tour à tour repaire de brigands,

prison, maison de force et transformé aujourd'hui en un asile pai-

sible pour les vieillards et les déshérités de la vie. Nous tenons il

signaler aux lecteurs des Archives la façon méthodique avec

laquelle ce livre a été composé, et en cela, nous dirons qu'il pour-

rait servir de modèle aux thèses futures sur les établissements

hospitaliers qui, jusqu'ici, ont été faites, pour la plupart, d'une

manière insuffisante.

AI. Paul Unu a divisé l'Histoire de Bil'êlre en deux parties. La pre-

mière est exclusivement consacrée à l'ancien Bicêtre, et à la partie

historique proprement dite de l'établissement où nous voyons

passer il chaque instant des tableaux saisissants de la vie de cette

maison où ont défilé tant de prisonniers célèbres et où tant de

malheureux aliénés ont souffert des traitements barbares que

l'ignorance des temps leur infligeait. Dans la seconde partie, nous

assistons aux transformations et améliorations successives réalisées,

à Bicêtre.

Des renseignements très précis nous sont donnés sur l'adminis-

tration de ce vaste établissement, son budget, ses règlement*, le

régime des administrés, les ateliers, l'école municipale d'infirmiers

et d'infirmières, les divisions d'aliénés, la sûreté; la section des

enfants idiots et épileptiques y est également l'objet d'un excellent

chapitre. Puis, pour terminer, 111. Paul Bru nous explique avec

beaucoup de clarté le fonctionnement des services généraux (cave,

magasins aux vivres, lingerie, buanderie, le curieux service des eaux,

l'amphithéâtre, etc., etc.). Toutes ces descriptions sont suivies de

critiques judicieuses et d'aperçus relatifs aux améliorations encore

nombreuses qui restent a faire à Bicêtre. L'histoire de Bicêtre est

suivie d'une collection importante de pièces justificatives qui feront

la joie des chercheurs et des érudits.

bibliographie. 129

N'oublions pas de signaler les nombreuses illustrations de ce

beau livre dont un grand nombre sont dues au talent de Mm. Paul

BRU auquel nous sommes heureux de rendre hommage.

Quant à la préface de notre maître, M. BOURNEVILLE qui contient

tant de renseignements minutieux et surtout, tant de conseils

utiles pour les réformes à venir dans la façon de traiter l'Histoire

de l'Assistance publique, nous nous contenterons seulement de la

mentionner, en invitant les lecteurs des Archives de Neurologie à

en prendre connaissance dans l'Histoire de Bicêtre qui, nous n'en

doutons pas, sera chaleureusement accueillie, non seulement par

tous les médecins désireux de bien connaître les curiosités de l'his-

toire ancienne et moderne de nos maisons et de nos administra-

tions hospitalières, mais encore par les savants et les gens du

monde que ces questions, ainsi que M. Paul BRU -les a traitées

dans l'Histoire de Bicêtre, intéressent sûrement.

A. Rousselet.

IX. - Contribution à l'étude de la Syringomyélie ; par M. BRUHL.

Thèse de Doctorat, Paris 1890; aux bureaux du Progrès

médical.

Cette affection reconnait comme lésion anatomique des cavités

creusées dans le tissu de la moelle, consécutive à des gliomes dé-

veloppés dans le voisinage du canal de l'épendyme de préférence

dans l'épaisseur de la commissure postérieure. Pour l'auteur la

glioillatose est une affection spéciale à la névroglie ; c'est une

hypertrophie et une hyperplasie delanévroglie. Elle est caractérisée

par la dissociation syringomyélilique de M. Charcot, c'est-à-dire

l'abolition de la sensibilité à la douleur et à la température et la

conservation de la sensibilité au contact et du sens musculaire.

Ses symptômes se divisent en intrinsèques et extrinsèques. Les

symptômes intrinsèques sont divisés en symptômes polymyé-

litiques antérieurs, postérieurs et médians; les extrinsèques en

leucomyélitiques latéraux et postérieurs.

Les symptômes polymyélitiques antérieurs sont : 1° la thermo

anesthésie généralisée, hémiplégique, partielle (en bas, en

gants, en veste); les malades cependant se rendent compte de

l'état de l'atmosphère, si elle est chaude ou froide ; - 2° l'anes-

thésie, avec les mêmes dispositions, rappelant celle de l'hystérie;

ces deux symptômes sont au début méconnus par les malades ;

3° la conservation de la sensibilité au contact et celle du sens

musculaire ce sont deux symptômes négatifs importants pour le

diagnostic d'avec l'ataxie locomotrice.

Les symptômes polymyélitiques antérieurs sont : 1° l'affaiblisse-

ment musculaire et l'atrophie musculaire suivant la disposition et

la marche des anesthésies, et débutant de préférence par les

membres supérieurs où l'on observe l'une des trois formes de

Archives, t. XX 9

130 varia.

griffe, la griffe Aran-Duchenne, la griffe cubito-spasmodique, et

la griffe radio-tabétique, parfois le tremblement.

Les troubles polyomyélitiques médians sont : 1° des troubles

trophiques cutanés (variétés d'eczéma, d'urticaire, d'herpès, bulles

ou phlyctène, épaississement ou amincissement du derme, cre-

vasses, hyperliératinisalion ou cannelures des ongles ; des troubles

trophiques sous-cutannés, panaris analgésiques ou douloureux que

l'interne distingue de la maladie de Morvan, des phlegmons,

des abcès de la paume de la main ; des troubles trophiques arti-

culaires et osseux (fragilité des os qui se fracturent) ; 2° des dé-

viations de la colonne vertébrale, de préférence la scoliose et la

cyphose; - 3° des troubles vaso-externes, cyanose des doigts,

oedème de la face dorsale de la main, éphidroses ; 4° des trou-

bles sphinctériens, vessie, anus, très importants s'ils existent au

début de la maladie; - 5° des troubles oculo-pupillaires : rétrac-

tion de l'ouverture palpébrale, irrégularité pupillaire, rétraction

du globe oculaire.

Les symptômes leucomyélitiques latéraux se traduisent par la

paralysie du genre spasmodique les leucomyélitiques postérieurs,

par des signes tabétiques.

Le début est juvénile, la durée très longue. A propos du dia-

gnostic, l'auteur insiste sur l'hystérie, la maladie de Morvan, la

lèpre systématisée de Leloir et l'atrophie musculaire d'Aran-

Duchenne. Le travail de L. Bruhl nous parait constituer une ex-

cellente monographie de la syringomyélie.

Charpentier.

VARIA

CONCOURS d'admissibilité aux emplois DE médecins-adjoints des asiles

publics d'aliénés, INSTITUÉ par l'arrêté ministériel DU 18 JUILLET

1888.

Par application de la disposition de l'article 4, § 2, de l'arrêté mi-

nistériel du 18 juillet 1888, un concours pour l'admissibilité aux

emplois de médecins-adjoints des asiles publics d'aliénés aura

lieu à Paris, à Lille, à Nancy, à Bordeaux et à Montpellier, dans

les derniers jours du mois d'octobre ou dans le courant du mois

de novembre prochain

VARIA. 13 1

Un concours sera organisé également à Lyon si, avant cette

époque, il s'est produit dans un des asiles publics d'aliénés de la

région une vacance qui permette de pourvoir un des deux candi-

dats déclarés admissible à la suite du concours du mois de décembre

1888.

Un avis ultérieur, publié au Journal officiel et dans le Recueil

des Actes administratifs de la préfecture du chef-lieu de chaque

région, fera connaitre la date exacte d'ouverture de chacun des

concours ainsi que celle à laquelle devront être parvenues au mi-

nistère de l'Intérieur les demandes des candidats qui solliciteront

l'autorisation de concourir.

Conditions du concours. Le concours est régional ; il y a autant

de régions que de facultés de médecine de l'Etat. La circonscrip-

tion de chaque région est composée comme il est indiqué dans le

tableau ci-dessus. Les candidats doivent être Français et docteurs

d'une des facultés de médecine de l'Etat. Leur demande devra

être adressée au ministre de l'Intérieur, qui leur fera connaître si

elle est agréée et s'ils sont admis à prendre part au concours.

Ils ne devront pas être âgés de plus de trente-deux ans au jour

de l'ouverture du concours. Ils auront à justifier de l'accomplisse-

ment d'un stage d'une année, au moins, comme internes soit

dans un asile public ou privé consacré au traitement de l'aliéna-

tion mentale, soit dans un hôpital où ils auraient été appelés à ces

fonctions par la voie du concours. A l'égard des anciens internes

des hôpitaux, la limite d'âge maxima peut-être, sur demandes et

par décisions individuelles, reculée jusqu'à trente-cinq ans en

faveur de ceux qui auraient plus de trente-deux ans à la date du

concours.

Toute demande sera en conséquence accompagnée des pièces

faisant la preuve de ce stage, de l'acte de naissance du postulant,

ainsi que de ses diplômes et états de services quelconques. Les can-

didats sont libres de concourir, à leur choix, dans l'une ou l'autre

des régions. Au sur et à mesure des vacances d'emplois qui se pro-

duiront dans les asiles publics de la région où ils auront passé le

concours, les candidats déclarés admissibles seront désignés au

choix des préfets suivant l'ordre de classement établi par le jury,

d'après le mérite des examens. A titre exceptionnel et s'il y avait

urgence à-nommer le médecin adjoint d'un asile dans une région

où la liste des admissibles se trouverait épuisée, l'administration a

supérieure se réserve la faculté d'appeler à cet emploi un candidat

d'une autre région, à la condition que celui-ci déclarera expressé-

ment renoncer au droit qui lui appartient d'obtenir son poste de

début dans la région où il a subi le concours.

A titre exceptionnel également, et lorsqu'une nécessité d'ordre

132 VARIA.

supérieur le commanderait, ou encore par mesure disciplinaire,

tout médecin adjoint nommé pour son début dans la région où il

aura concouru pourra être ensuite envoyé avec ses même fonctions

dans un asile situé hors de cette région. Les médecins adjoints

peuvent être nommés médecins en chef ou directeurs médecins

dans toute la France. - .

* Le jury chargé de juger les résultats du concours sera composé

dans chaque région : 1° de trois directeurs médecins ou médecins

en chef de la région ; 2° d'un inspecteur général des établissements

de bienfaisance, docteur en médecine ; 3° d'un professeur désigné

par la faculté de médecine de la région. Les directeurs médecins

en chef appelés à faire partie du jury seront désignés par voie de

tirage au sort parmi les docteurs qui remplissent l'une ou l'autre

de ces fonctions dans un des asiles publics de la région.

Les médecins de la Maison nationale de Charenton, les médecins

en chef des quartiers d'aliénés des hospices de Bicêtre et de la

Salpêtrière peuvent, pour la région de Paris, être également appelés

par la voie du sort à faire partie du jury, concurremment avec les

directeurs-médecins et les médecins en chef des asiles publics de

cette région. Il sera procédé, en outre, au tirage au sort d'un juré

suppléant pris également parmi les directeurs médecins et méde-

cins en chef ci-dessus désignés.'

Les épreuves sont au nombre de quatre : 1° Une question écrite

portant sur l'anatomie et la physiologie du système nerveux, pour

laquelle il sera accordé trois heures aux candidats. Le maximum

des points sera de 30; - 2° Une question orale portant sur la

médecine et la chirurgie ordinaires, pour laquelle il sera accordé

20 minutes de réflexion et 15 minutes pour la dissertation. Le

maximum des points sera de 20; 3° Une épreuve clinique sur

deux malades aliénés. Il sera accordé 30 minutes pour l'examen

des deux malades, 15 minutes de réflexion et 30 minutes d'exposi-

tion. L'un des deux malades devra être examiné et discuté plus

spécialement au point de vue médico-légal. Le maximum des points

sera de 30 ; - 4° Une épreuve sur titres. Les travaux scientifiques

antérieurs des candidats seront examinés par le jury et feront

l'objet d'un rapport qui pourra être communiqué aux candidats

sur leur demande. Le maximum des points sera de 10. Les points

pour cette épreuve devront être donnés au début de la première

séance de lecture des compositions écrites.

VARIA. 133

TABLEAU DÉTERMINANT LA CIRCONSCRIPTION DE CHACUNE DES SIX RÉGIONS'.

134 VARIA.

VARIA. 135

CONTBIBUTION A LA QUESTION DES ASILES POUR BUVEURS ;

par M. G : 1USTER. (Jahrbùch. f. Psych., VIII, 3.)

La commission de permanence de la diète de Moravie a adressé

aux directeurs des asiles de Vienne, Kleesternenburg et Moravie,

un questionnaire auquel M. Gauster a répondu ce qui suit :

Il n'y a pas d'autre moyen d'améliorer avec quelques succès l'alcoo-

lisme chronique et l'ivrognerie que de sevrer de l'alcool par le travail,

travail à l'air libre dans des conditions hygiéniques convenables. Il faut

faire une loi qui permette d'enfermer les ivrognes invétérés et dange-

reux. Il faut surveiller les débits et la pureté de l'eau-de-vie vendue,

donner à bon marché bière et café, dispenser l'instruction, punir les

excès de boisson, veiller à la bonne alimentation des pauvres. Il faut

installer des asiles provinciaux pour buveurs en les annexant à des asiles

d'aliénés, et les faire conduire par des médecins. P. K.

Relation DE la démonologie ET DE la sorcellerie avec l'assis-

tance DES ALIÉNÉS EN ALLEMAGNE; par KIRCHOFF. (AU. Zeitsch. f.

Psych. XLIV., 4 et 5.) -

M. Kirchhoff ne peut poursuivre l'histoire de l'assistance des

aliénés en Allemagne qu'il a laissée à l'époque de la Réforme ',

sans ouvrir une parenthèse sans laquelle la psychiatrie ne serait

plus compréhensible. La superstition ayant après la Réforme pris

un développement considérable, l'obscurantisme envahit plus que

jamais la psychopathologie. Il convient donc de montrer com-

ment la démonologie avec laquelle se confond l'aliénation men-

tale (sans jeux de mots) a évolué. M. Kirchhoff la décrit non seule-

ment en Allemagne, mais en France, en Angleterre, en Italie. Il

s'attache à la critique des personnes et des idées et fait toucher du

doigt des oeuvres de médecins éclairés '. P. KERAVAL.

LES troubles PSYCHIQUES dans l'armée EN TEMPS DE paix et EN TEMPS

DE guerre; par C. DIETZ. (Allg. Zeitsch. f. Psych., XLIY, 2, 3.)

Etude plus judicieuse de la statistique qui jusqu'alors critique

des méthodes de comparaison employées avant lui :

Ainsi prenons le suicide dans ses rapports avec l'aliénation men-

tale, en Allemagne et dans l'armée allemande. La population

civile fournit 25 suicides sur -100,000 individus, la population

militaire 66. Dans les populations civiles pour 100 suicides il y

' Voyez Archives de Neurologie.

' C'est le cas de lire la Bibliothèque diabolique, au Dr Bourneville. (P. K.)

136 VARIA.

a 22,5 aliénés; dans les populations militaires, 8,5 ; si l'on rapporte

ces chiffres aux motifs de suicides, on n'a pas à incriminer le ser-

vice militaire ; cependant, étant donné que l'année représente

l'élite valide du peuple, le service prédispose aux psychoses. Tous

les individus frappés sont rapidement éliminés dès les quatre pre-

mières années du service, puis les exigences du service augmentant

avec le grade à un moment où l'on est moins jeune, les psychoses

se montrent à nouveau plus fortes. C'est alors que prédomine la

paralysie générale. En temps de guerre, 28 p. 100 des individus

devenus aliénés doivent la folie aux fatigues excessives; du reste,

tous les agents psychopathogéllétiques agissent alors de concert,

d'où la démence précoce en pareils cas souvent accompagnée de

troubles moteurs. Il serait à désirer que l'Allemagne eût ses asiles

d'aliénés pour militaires, comme en a l'Angleterre, la Russie, l'Au-

triche. P. K.

DE l'installation DES quartiers DE surveillance CONTINUE ;

par POETZ, (Allg. Zeitsch. f. Psych., XLIV, 4-5.)

Tout en réclamant la priorité de l'agencement d'Alt-

Scherbitz effectuée pendant l'été de 1883. M. Poetz prétend

aussi avoir été le premier à poser les indications de ce genre

de questions. Elles se résument en ces trois mots : alitement,

soins particuliers, surveillance minutieuse et permanente,

quel que soient les motifs physiques ou psychiques, adminis-

tratifs ou médicaux de ces exigences. Il en aurait en même

temps tracé le programme que voici :

1° Deux dortoirs contigus communiquant par une porte qui au besoin,

en assure le panorama; 2° plusieurs salles de jour faciles à surveil-

ler d'ensemble et simultanément, accessibles à la vue des dortoirs, et

inversement; 3° quelques chambres d'isolement bien séparées des

dortoirs, et cependant commodes à surveiller; - 4° une chambre de

bain accessible directement de l'un des deux ou des deux dortoirs aussi

bien que du vestibule sans passer par les dortoirs; - 5° cabinets d'ai-

sances ; laveries; gaudroles; offices; - 6" présence constante d'un méde-

cin ou d'un employé supérieur du personnel organisé; il y aura son habi-

tation.

Après avoir décrit ce qui a été fait à Alt-Scherbitz 1, M. Poetz

insiste sur la nécessité d'avoir^trois gardiens pour une ving-

taine de malades; ils se partagent les salles de jour, les

alités, les travaux domestiques. La garde de nuit est en outre

* Voyez Archives de Neurologie.

varia. 137 Î

répartie entre deux gardiens du service commun de l'asile.

Par des congés fréquents, la haute paye et des missions de

confiance on a formé un personnel éprouvé et stylé. Depuis

lo : s plus d'accidents ni de suicides. P. KEI,AVAL.

UUNE RÉVOLTE A la Sûreté DE Bicêtre.

Le dimanche 24 mai a eu lieu à Bicêtre dans le quartier dit

de la Sûreté des scènes graves de désordre.

En voici exactement la cause : Un infirmier sortant le matin

avait promis à un aliéné du nom de Jol... sa portion de viande au

dîner. Le soir, à table, Jol...réclama violemment cette portion, et

comme elle ne venait pas assez vite, il se mit à briser la vaisselle.

Jol... avait dans la journée reçu au parloir la visite d'une de ses

parentes ( ? ) qui, malgré la surveillance, était parvenue à lui glisser

quelque apéritif dangereux. Ce dernier surexcité par la boisson et

aussi par l'état atmosphérique de la journée devint en quelques

minutes furieux, indomptable. Le début de la scène commença il

quatre heures et demie. Deux de ses compagnons de préau, égale-

ment dangereux, suivirent son exemple. Le personnel ayant voulu

intervenir, la fureur de ces hommes se tourna contre les infirmiers

qui, impuissants à soutenir la lutte, fireut prévenir le directeur,

M. Pinon. Ce dernier accourut aussitôt et trouva le matériel du

préau absolument saccagé; deux infirmiers blessés par les éclats

d'assiette avaient la figure en sang et Jol... proférait des menaces

de mort contre tout le monde, en lançant au travers des barreaux

des projectiles contre quiconque approchait. Dès que cet aliéné

aperçut le directeur, il le prit pour cible et, malgré les observations

de ce dernier, tentant à l'amener au calme.il continua de plus

belle en s'écriant : « Je tue, moi ! ... Je suis un fou ! ... On n'a pas

le droit de me toucher ! ... >

Voyant qu'il n'y avait rien à gagner avec ce forcené, M. Pinon

allait sortir pour chercher du renfort, quand au même moment,

Jol... s'élançant sur ses traces, après avoir brisé deux barreaux de

la grille du préau et l'avoir escaladée, cassa d'un coup de pied de

table le poignet du surveillant Petit et lança dans les reins de

l'infirmier Fournier un pot de fleur destiné au directeur. M. Pinon,

voyant la vie de ses hommes en danger et s'apercevant que les

autres aliénés avaient suivi le chemin frayé par Jol... les fit sortir.

Toute résistance était impossible ; les aliénés étaient martres de

leur quartier où une fois seuls ils brisèrent tout, rompant jusqu'aux

conduiles de gaz et menaçant de faire sauter la Sûreté.

Le commissaire de police réquisitionné ne put apaiser la révolte.

Il fallut par son entremise requérir une escouade de soldats du

fort de Bicêtre. En attendant, M. Pinon avait fait amener la pompe

de l'hospice et combattait la révolte en douchant de l'extérieur les

438 varia. -

aliénés, mais sans résultat. A sept heures, les soldats arrivèrent.

La porte principale de la Sûreté fut ouverte et devant la force

armée, tous les malades se laissèrent prendre sans grande résis-

tance. Six des meneurs, camisoles sur-le-champ, furent transportés

dans le quartier des colonnes '.

.Cette révolte a, de nouveau; appelé l'attention sur cette abomi-

nable prison qu'on appelle la Sûreté. Malgré ses apparences, elle

n'offre pas de garanties de sécurité : il y a eu de fréquentes éva-

sions ; et elle est détestable au point de vue du traitement : l'iso-

lement n'y est pas du tout réalisé. Nous allons expliquer pourquoi.

La Sûreté a une forme circulaire. Au centre s'élève une sorte de

tour ayant autant d'ouvertures qu'il y a de préaux : c'est là que

se tiennent les agents de surveillance. Puis, il y a une galerie cir-

culaire sur laquelle donnent les préaux fermés de ce côté par ne

gros barreaux. Au fond de ces préaux, à l'opposé des barreaux, se

trouvent les cellules, dont la cloison, correspondant aux barreaux,

est formée également de barreaux. En dehors, préaux découverts

où l'on met les malades durant quelques heures, lorsque le temps

le permet. Tous les malades des quatre ou cinq cellules de chaque

préau sont ensemble dans ce préau pendant le jour. Rien ne les

empêche non plus, la nuit, de causer ensemble. La porte de la

cellule est fermée, il est vrai, mais comme elle est composée de

barreaux, la voix s'entend sans peine d'une cellule à l'autre. Ajou-

tons que, dans le jour, les barreaux à claire-voie permettent éga-

lement aux malades d'un préau de causer ou de se disputer avec

ceux des préaux voisins 2.

Cette promiscuité d'aliénés dangereux, de malheureux ayant

commis des actes de violence, d'une irascibilité excessive, rend

possible une entente, est souvent l'occasion de scènes déplorables

à tous les points de vue et ne réalise en aucune façon un véritable

isolement. Nous avons demandé souvent la démolition de la Sûreté.

La révolte qui vient d'avoir lieu servira, espérons-le, à la réalisation

de ce voeu. Et la Sûreté sera avantageusement remplacée par un bon

1 A deux reprises, un des aliénés, Calme ? hercule de foire, demeuré

calme, parce qu'il compte sur la liberté que Il. le D' Deny lui avait pro-

mise récemment, à bref délai, vint demander au directeur, de la part de

Jol..., après l'arrivée des agentsde police d'abord, et après celle des sol-

dats ensuite, un mot d'écrit par lequel M. Pinon s'engageait à laisser

les révoltés tranquilles, sans camisole de force, avec toute faculté d'al-

ler et de venir dans leur préau, comme auparavant, moyennant quoi ils

réintégreraient leurs cellules. Comme on le pense bien, M. le directeur

qui en cette occasion a montré une véritable énergie et un vrai courage,

a laissé de côté les propositions de ces aliénés.

1 Bourneville. - Rapport au conseil municipal sur la Sûreté, à l'hos-

pice de Bicêtre, 1878, n° 25. 1

faits DIVERS. 139

quartier de cellules réalisant un isolement complet et toutes les

conditions exigées par l'hygiène. B.

FAITS DIVERS

Asiles d'aliénés. - Nominations et promotions. -Par arrêté, en

date du 20 avril 1890, sont promus à partir du 1er mai : llli. le

Dr GARNIER, directeur-médecin de l'asile public de Dijon. à la

2e classe ; le Dr Dubuisson (Maxime), médecin-adjoint à l'asile public

de Quatre-Mares (Seine-Inférieure), à la classe exceptionnelle ;

le Dr NicouLAu, médecin-adjoint à Saint-Yon (Seine-Inférieure), à

la loclasse; le Dr IALFILATR, médecin-adjoint à l'asile public de

Bailleul (Nord), à la pa classe. Par arrêté du 3 mai, le Dr Keraval,

médecin-adjoint à l'asile public de Ville-Evrard, est nommé au

3e poste de médecin en chef créé dans l'établissement et compris

dans la 3e classe. Par arrêté du 31 mai, le Dr BELLE, directeur-

médecin de l'asile public de Sainte-Catherine (Allier), est promu à

la 2" classe, à partir du 1er janvier 1890.

Asile d'aliénés de VILLE-EVRARD. - Un arrêté du ministre de

l'intérieur décide que le personnel médical de l'asile public des

aliénés de Ville-Evrard, qui se composait de deux médecins en

chef et de deux médecins adjoints, comprendra dorénavant trois

médecins en chef et un médecin adjoint.

Notre collaborateur et ami, le Dr KERAVAL, médecin adjoint,

est nommé à l'emploi de troisième médecin en chef créé dans cet

établissement.

Maison nationale DE CHARENTON. - Le concours pour l'internat

de Charenton s'est ouvert le mardi 22 avril, sous la présidence de

M. le Dr Napias, inspecteur général, assisté de MM. Drouineau,

in-pecteur général : Christian, Ritli et Damalix. médecins et chi-

rurgien de la maison nationale. Cinq candidats s'étaient fait ins-

crire et ont pris part à toutes les épreuves. La question, écrite au

sort, a été : « Nerf cubital. » Les autres question* restées dans

l'urne étaient : « Dure-mère crânienne et nerf pneumogastrique.

Pour la question orale elle a été : « Symptômes et diagnostic de

la rougeole; » < Calhéiirisme de l'oesophage. Etaient restées

dans l'urne les deux suivantes : « Eliologie de la fièvre typhoïde

et rétention d'urine; » « Diagnostic de la pneumonie franche

et luxation de la mâchoire inférieure. » Trois candidats seulement

140 faits DIVERS.

ont été déclarés admissibles; deux sont entrés en fonctions immé-

diatement.

Concours du bureau central DE médecine. Nous enregistrons

avec le plus grand plaisir la nomination de notre collaborateur le

Dr Babinski, nommé médecin des hôpitaux au dernier concours

du Bureau central. -

KING'S Collège DE Londres. - M. le Dr E.-E. White est nommé

professeur de psychologie.

Un Conseil supérieur DE Médecine légale. Au ministère de la

Justice, on se propose, parait-il, d'instiluer sous ce nom une com-

mission de médecins et de magistrats chargés de donner leur avis

au sujet de la responsabilité des criminels, de la suggestion, de

l'hérédité ; bref, une sorte de commission de psychologie et d'an-

thropologie criminelle à l'usage de la justice. 11 existe déjà une

Société de médecine légale qui rend des services ; une Société

médico-psycbologique qui a fait ses preuves; des experts dont l'o-

pinion aune valeur.-Il paraîtrait que cela ne suffit pas et que le

besoin d'une nouvelle institution se faisait sentir. Ce sera une

commission de plus : il n'y en a donc jamais assez. (Rev. gén. de

Clin, et de Thérap.) ,

Délire ÉLECTRIQUE.- On signale aux Etats-Unis une singulière in

fluence de la généralisation de l'emploi industriel de l'électricité :

« Il n'entre presque plus dans nos asiles, dit un des praticiens les

plus distingués, de persécutés attribuant leur malheur au diable ou

aux esprits ; presque tous actuellement se déclarent poursuivis par

quelque nouvelle invention électrique , par quelque machine à

éclairs, etc., etc. » Il est encore une autre classe de persécutés

électriques qui méritent d'être signalés, ce sont ceux qui croient

avoir subi un choc électrique et qui simulent dehors les symp-

tômes les plus variés, convulsions tremblement, etc. Leur nombre

est grand en Amérique.

Médecins marchands de whisky en AMÉRIQUE.Dans l'Etat d'Iowa,

une loi qui vient d'être votée a eu de singulières conséquences.

Tandis que en effet, tous les commerçants, et même les pharmaciens

sont soumis à un règlement sévère en ce qui concerne la vente du

whisky, les médecins peuvent prescrire et vendre ce liquide sans

aucune restriction. Aussitôt après le vote de cette disposition légale,

le nombre des médecins a rapidement augmenté; les demandes

des diplômes les plus excentriques se sont multipliées et nombre

de cabinets de consultation sont devenus de véritables tavernes.

Aux Etat-Unis, les réclamations de toutes parts s'élèvent pour qu'on

porte remède à une situation qui pourrait avoir des conséquences

fâcheuses pour la dignité des médecins sérieux.

faits DIVERS. , 141

La consommation de l'alcool en ANGLETERRE. L'année der-

nière, à pareille époque, nous constations une diminution de plus

d'un million et demi dans le produit de l'impôt sur les boissons

alcooliques comparativement à l'année précédente : mais cette di-

minution a fait place, en 1889, à une augmentation d'environ

50 millions de francs. Le chancelier de l'Echiquier, en présentant

le budget à la Chambre des communes, a dit que les chiffres ci-

dessus, extraits du compte rendu financier de l'exercice écoulé,

montrent une tendance générale vers la consommation des bois-

-sons alcooliques. Pour mettre les conseils de comté en mesure

d'arriver à la solution de la question de la vente publique des bois-

sons alcooliques, le gouvernement se propose d'introduire un bill

portant que, jusqu'à la solution définitive de la question, aucune

nouvelle patente pour cabarets ne sera accordée, sauf dans des cir-

constances exceptionnelles.

Société française de tempérance. Elle a tenu sa séance solen-

nelle le 27 avril 1890, sous la présidence de M. Charles Muteau.

Après avoir entendu l'allocution de M. Charles Muteau, le rapport

sur la situation morale et financière de l'OEuvre par M. le Dr A.

Motet, le rapport de M. Guignard sur les récompenses, la Société a

décerné : une médaille de vermeil à MM. Henri Monod, directeur

de l'Assistance et de l'Hygiène publiques au ministère de l'intérieur

comme témoignage de la reconnaissance du Conseil d'administra-

tion de la Société pour le concours que M. Henri Monod veut bien

lui prêter, et à Nicolas Harmant, chez de service à Choisy-le-Roi.

137 diplômes de membre associé honoraire; 13 médailles d'argent

445 médailles de bronze; 181 diplômes de témoignage de satisfac-

tion ; 10 livrets de caisse d'épargne postale d'une importance to-

tale de 120 francs, avec diverses publications de la Société et

1,320 exemplaires de l'avis de l'Académie de médecine. Elle a

décerné, en outre, un prix de 100 francs à M. Bauvoisin, institu-

teur à Villy-Boccage (Calvados), au nom de l'ancienne Société

contre l'abus du tabac et des boissons alcooliques et offert au mi-

nistre de l'instruction publique, pour les lecteurs de la Bibliothèque

de la salle Colbert à la Bibliothèque nationale, la collection com-

plète des Bulletins de la Société.

Interdiction DES séances PUBLIQUES D'HYPNOTISME EN 13ELGIQUE. -

Après une longue discussion sur le danger des séances publiques

d'hypnotisme, l'Académie de médecine de Belgique avait, en 1888,

déclaré qu'il y avait lieu, pour le gouvernement, d'interdire les

séances publiques d'hypnotisme et de prendre des mesures pour

mettre un terme aux abus qui pourraient résulter de la pratique

de l'hypnotisme. Le ministre de la justice a accueilli favorablement

la demande de l'Académie et a déposé dernièrement, sur le bureau

142 faits divers. z

de la Chambre des représentants, un projet de loi sur la matière,

dont voici les principales dispositions :

Aux termes de l'article premier, quiconque aura donné en spec-

tacle au public une personne hypnotisée par lui-même ou par

autrui, sera puni d'un emprisonnement de quinze jours à six mois

et d'une amende de 26 à 1,000 francs. La prohibition ne s'étend

pas aux démonstrations qui se font dans les cliniques, sans autres

spectateurs que les médecins et étudiants en médecine; mais l'en-

trée des cliniques est interdite à tout individu n'appartenant pas à

la profession médicale.

L'article 2 punit celui qui, en dehors de l'exercice de l'art de

guérir, hypnotise, même sans qu'il y ait publicité, une personne

âgée de moins de dix-huit ans ou une personne en démence.

Enfin, d'après l'article 3, la réclusion sera appliquée à celui qui

aura, dans une intention frauduleuse ou à dessein de nuire, fait

écrire ou signer par une personne hypnotisée, tout acte ou pièce

comporlant des conséquences juridiques. Celui qui aura fait usage

de l'acte ou de la pièce tombera sous l'application de la même

peine.

L'hypnotisme dans les hôpitaux de Paris. - M. Després, dans

une des dernières séances du Conseil municipal de Paris, a posé

une question à l'administration relativement à des expériences

d'hypnotisme faites sur les malades d'un service de médecine de

l'Hôtel-Dieu, devant un public non médical (service de M. le

Dr Dumontpallier : leçon de M. le Pr Bernheim (de Nancy), devant t

A. Dumas, etc.). Il a demandé quelles mesures l'administration il

prendra pour empêcher les journaux d'entretenir le public d'expé-

riences médicales faites sur des malades. Il estime qu'il est sans

exemple de voir, dans les hôpitaux, faire des expériences de som-

nambulisme auxquelles on convie des hommes politiques, des jour-

nalistes et des comédiens. M. le directeur de l'Assistance publique

a répondu qu'il laisse de côté la question concernant la presse,

laquelle échappe complètement à son action. Quant à restreindre

au seul personnel médical certains enseignements professés dans

les hôpitaux en vue du développement de la science et du soula-

gement des malades, telle n'est pas la doctrine de l'administration.

Du reste en ce qui touche le bon ordre et la discipline des établis-

sements placés sous sa direction, l'administration ne laissera pé-

nétrer dans ces établissements que des notabilités scientifiques.

NÉCROLOGIE.- M. le Dr Maia BETTENCOURT, professeur de clinique

psychiatrique à la faculté de médecine de Bhid; M. le Dr Via-

GNUS Huss, ancien professeur de clinique interne à la faculté de

médecine de Stockholm, bien connu par ses recherches sur l'alcoo-

lisme ; M. le Dr VAN CAPpELLE, ex-inspecteur général des aliénés

faits DIVERS. ' 143

pour les Pays-Bas ; M. le D TARTIVEL, médecin de l'établissement

hydrothérapique de Bellevue; M. le Dr CLARET, médecin assistant

à l'asile d'aliénés de Cléry.

Assistance des épileptiques. - Les journaux politiques de la fin

de juin publiaient le fait suivant : « On nous télégraphie de Rou-

baix : Ce matin, rue d'Alsace, un ouvrier nommé V..., renvoyé la

semaine dernière, de l'usine Vanoutryve, parce qu'il élait sujet à

des attaques d'épilepsie, a tiré deux coups de revolver sur le direc-

teur de l'usine nommé Déplace, purs s'est tiré un troisième coup

dans la bouche. Victime et meurtrier sont dans un état désespéré.»

Le triste sort qui est fait au dehors aux épileptiques montre la

nécessité de les hospitaliser toutes les fois que leurs accès sont

fréquents en les mettant comme dans le cas précédent dans l'im-

possibilité d'avoir un travail régulier.

Suicide d'un enfant DE douze ANS. Sous ce titre : La mort pour

un gâteau, le Paris rapporte le fait suivant : « Une lamentable his-

toire de juges nous vient à l'instant de Bourges. Un gamin de

douze ans parcourantles rues avec une bande de petits camarades,

avait mis la main sur quelques gâteaux à l'étalage d'un pâtissier.

Celui-ci porta plainle; l'enfant parut au tribunal correctionnel

accompagné de son père désolé et tout en larmes. Le père réclama

son fils, promettant de le mieux surveiller à l'avenir. Sans s'émou-

voir des supplications touchantes de ce père, sans s'arrêter une

minute au spectacle de l'exaltation où l'appareil et le cérémonial

de la justice avaient mis ce jeune garçon que tout le monde plai-

gnait, les juges ont prononcé pour un gâteau l'envoi du petit

délinquant dans une maison de correction, soit neuf ans de déten-

tion. L'enfant fut ramené dans sa cellule. Une heure après on le

trouva mort; il s'était étranglé avec sa ceinture. S'il eût volé des

millions, il n'aurait eu que quelques mois ! » » .

Les faits de ce genre méritent d'être notés au passage pour

l'histoire du suicide chez les enfants. Nous n'avons pas à faire de

commentaires. Beaucoup de malheureux subissent aujourd'hui

encore des châtiments immérités de la part des juges comme

autrefois les sorcières et les possédées. C'est au médecin à en mon-

trer l'iniquité.

Drames de la FOLIE. - Epinal, 10 juin. -Hier, dans la nuit, un

habitant de Housseras, le nommé Joseph Thomas, pris de folie,

pénétrait dans une maison de la Passée-du-Renard, près de la Bour-

gonce, en brisant les vitres d'une fenêtre. Les sieurs Malé et son

fils, ainsi que le sieur Joseph Barbe, qui occupent cette maison,

ayant été réveillés par le bruit, se levèrent et se mirent à en re-

chercher l'auteur. Ayant découvert Thomas, ils voulurent l'appré-

hender au corps, mais celui-ci s'élança sur Malé père qu'il terrassa

144 BULLETIN bibliographique.

et chercha ensuite à étrangler. Le sieur Barbe prit alors une hache,

dont il asséna un coup formidable sur la nuque de Thomas, qui

tomba sur les genoux. Le fou allait se relever, quand le fils Malé,

qui s'était armé également d'une hache, en frappa à son tour le

malheureux de plusieurs coups. Ce dernier a succombé une demi-

heure plus tard. Le parquet de Saint-Dié a ouvert une enquête sur

ce tragique événement. (Radical, 12 juin.) - Si les familles et

les médecins provoquaient l'internement le plus vite possible, ce

qui rendrait plus facile la guérison, nul doute que les faits de ce

genre ne deviennent plus rares.

Biiuhl (J.). Contribution à l'étude de la syringomyélie. Volume in-8°

raisin de 220 pages, avec 12 ligures et une planche hors texte.

Prix : 5 fr. Pour nos abonnés, 4 fr.

Bruns (L.). Ueber neuritische Loehmungen beiser Diabeter mollitus.

Brochure in-8" de 20 pages. Berlin 1890. Berliner Ktinische Wo-

chenschrift.

FEIBLE-MI'OEED youth. Barre, Massachusetts (Private institution for

the éducation) Nincetenth and Twentieth Biennal Report. Brochures in-8°

de 17 et 10 pages. Barre, 1890. H. B. Cook.

LvnsTON (F.). A Lecture on.... sexual perversion, satyriatis and

nymphomania. Brochure in-8° de 22 pages. Chicago, 1890, Mac Cluer.

LYDSTON (F.). Apparent cancerous transformation of syphiloma of

de 10 pages. New-York, 1889. Médical Record.

MoHBtus. Ueber Astasie-Abasie. Brochure in-8° de 6 pages.

RÉGNIER (L.-R ). L'intoxication chronique par la morphine. -

Volume in-8" de 171 pages. Prix : 3 fr. 50. Pour nos abonnés,

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Avis A NOS abonnés. - L'échéance du 1" Juillet étant l'une des plus

importantes de l'année, nous prions instamment nos souscripteurs, dont

l'abonnement expire à cette date, de nous envoyer le plus tôt possible

le montant de leur renouvellement. Ils pourront nous adresser ce mon-

tant par l'intermédiaire du bureau de poste de leur localité, qui leur

remettra un reçu de la somme versée. Nous prenons à notre charge

les frais de 3 p. 100 prélevés par la poste et nos abonnés n'ont rien à

payer en sus du prix de leur renouvellement.

Nous leur rappelons que, à moins d'avis contraire, la quittance de

réabonnement leur sera présentée le 25 Juillet, augmentée de un franc

pour frais de recouvrement. Nous les engageons donc à nous envoyer de

suite leur renouvellement par un mandat-poste.

Le rédacteur-gérant, BOURNEVILLE.

Evreux, Ch. iiiitisagy, imp. 790.

Vol. XX. Septembre 1890. N- 59

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

PATHOLOGIE NERVEUSE

SUR UNE COMPLICATION PEU CONNUE DE LA SCIATIQUE

(PARALYSIE .1ll1'OTLtOPIILQUE DANS LE DOMAINE DU POPLITÉE)

Par Ceorges GUINON, chef de clinique à la Salpètrière,

etls'nLL. PARMENTIKR, interne médaille d'or des hôpitaux.

Il semble que l'histoire de la sciatique est faite

aujourd'hui et qu'après tout ce qui a été écrit sur cette

maladie si simple, il ne reste plus grand'chose à en

dire. Par Cotugno,. qui sut ia distinguer de toutes les

autres affections douloureuses ou névralgiques du

membre inférieur, puis beaucoup plus tard par Valleix

qui en décrivit les points douloureux, nous avons

apprisà connaître sa symptomatologie habituelle. Enfin

dans la suitesont arrivées desnotions plusdélicates. On

s'est aperçu qu'il y avait des sciatiques légères, guéris-

sant facilement, de durée courte et exemptes de com-

plications, tandis qu'au contraire certaines autres

étaient longues, rebelles et s'accompagnaient de toutes

sortes de complications de plus ou moins mauvaise

nature (Lasègue). '

Ces complications ont elles-mêmes été éludiées à

leur tour. Nous connaissons les divers troubles tro-

.\ncmvHa, t. 1\. ' 10 ,

146 PATHOLOGIE NERVEUSE.

phiques consécutifs à la sciatique, la rougeur des

téguments, les sueurs profuses, l'accroissement exa-

géré des poils, l'herpès. Nous savons que des troubles

sensitifs peuvent s'y rencontrer, tels que l'hypéresthésie

et l'anesthésie et enfin que l'atrophie des muscles du

membre inférieur pouvant survenir dans certains cas de

sciatique rebelle est due vraisemblablement à une altéra-

tion organique, à une véritable névrite du nerf sciatique.

C'est à notre maître, M. Landouzy, que revient

l'honneur d'avoir le premier étudié avec détails l'amyo-

trophie que l'on observe quelquefois dans ces sciati-

ques graves, et d'avoir nettement défini ce qu'il faut

entendre par sciatique-névralgie et sciatique-névrite 1.

Cette distinction, qu'il appuyait sur l'absence de l'atro-

phie musculaire dans le premier cas, et sur sa présence

et son apparition rapide dans l'autre, est reconnue au-

jourd'hui comme parfaitement légitime. L'amyotrophie

due seulement à l'inactivité du membre malade peut

se rencontrer dans la sciatique-névralgie, mais elle est

loin d'y être en général aussi accentuée et, en tous

cas, elle n'y estjamais aussi précoce.

Mais si nous jetons les yeux sur les nombreuses-

observations qui forment la base de son remarquable

travail, il nous est facile de noter que l'atrophie dont

il parle est toujours une atrophie en masse, soit de la

totalité du membre, soit d'un segment de ce membre,

jambe ou cuisse, dans son entier. Elle ne prédomine

point, ou du moins le fait n'a pas été noté, dans tel

ou tel groupe musculaire sous la dépendance d'une

même branche nerveuse.

1 Landouzy. De la sciatique et de l'atrophie musculaire qui peut la

compliquer. (Arc%. yén, deméd., 1815.)

SUR UNE COMPLICATION nE LA SCIATIQUE. llF1

Des faits de ce genre existent cependant. Plusieurs

années avant le travail de M. Landouzy, M. Bianchi ' 1

avait rapporté des cas de compression du nerf scia-

tique dans le bassin à la suite d'accouchements labo-

rieux, dans lesquels s'était produite une' paralysie-

avec amyotrophie localisée dans le domaine du nerf

sciatique poplité externe. La névralgie sciatique pro-

voquée par la compression des branches d'origine du

plexus sacré par la tête foetale était déjà bien connue.

Mais il était étrange de voir les lésions se localiser dans

des cas semblables au domaine du sciatique poplité-

externe exclusivement.

Plus tard ces faits furent repris par d'autres auteurs

qui les étudièrent plus complètement et avec plus de

détails. Dans les travaux de Lefebvre2, de Brivois 3-

(187G) et, à une époque plus rapprochée, dans la thèse

de Dorion (1884), nous retrouvons cette singulière

localisation de l'amyotrophia dans le domaine du nerf-

sciatique poplité externe.

Mais ce n'est pas seulement dans cette branche-

du sciatique que les lésions de la névrite, car c'est

d'elle évidemment qu'il s'agit ici, peuvent se loca-

liser. SeeligmuHer a observé un cas dans lequel, après

un accouchement à l'aide du forceps, il a vu survenir

une sciatique accompagnée d'une paralysie incurable^

avec amyotrophie dégénérative, des muscles du mollet.

' Bianchi. De* paralysies traumatiques des membres inférieurs

chez les nouvelles accouchées. Th. Paris, 1867.

- Lefebvre. Des paralysies traumatiques des membres inférieurs..

Th. Paris, 1876

3 Brivois. - Paralysies traumatiques du membre inférieur consécutives

il l'accouchement laborieux. Th. Paris, 1876.

4 Dorion. - Paralysies du nerf sciatique poplité externe a'origine pel-

vienne. Th. Paris, 1884.

1118 PATHOLOGIE NERVEUSE.

Un autre auteur, M. Noune', a publié un cas de

sciatique simple, non traumatique, dans lequel il a ren-

contré la réaction de dégénérescence limitée exclusive-

ment aux muscles du mollet, sans qu'il y eût pour cela

d'atrophie musculaire bien manifeste. Il s'agissait

d'un homme de vingt-six ans, atteint d'une scia-

tique gauche datant de deux mois. La jambe de ce

côté était un peu plus maigre in loto que celle du

côté opposé. Il n'existait pas de troubles trophiques

ni vaso-moteurs. On constatait seulement une légère

diminution de la sensibilité aux contacts délicats

et aux piqûres légères. Les points douloureux .classi-

ques étaient présents. Il existait une réaction de

dégénérescence dans les gastrocnémiens, c'est-à-dire

dans le domaine du nerf tibial, et rien de semblable ne

se remarquait pour les autres muscles.

Ainsi que le fait remarquer M. Nonne, il y avait là

bien évidemment une névrite localisée à une branche

seulement du sciatique. Mais cette localisation au nerf

tibial postérieur nous paraît, si nous en jugeons par le

nombre des cas publiés et par les nôtres, moins fré-

quentes que la localisation déjà depuis longtemps décrite

dans les sciatiques traumatiques. C'est de la névrite

limitée au sciatique poplité externe et survenant

comme complication de la névralgie sciatique, que

nous nous occuperons exclusivement ici, en nous fon-

dant principalement sur des observations que M. le

professeur Charcot a présentées et analysées dans son

enseignement clinique.

Nous ne nous attarderons pas à décrire la distribu-

1 Nonne. 7 ? n/)'M ? ! )'MC/ ! OK bei primoerer Ischias. (lierl. Klin.

11'och., 1886, p. 8a.)

SUR UNE COMPLICATION DE LA SCIATIQUE. 149 *

tion normale des branches motrices du sciatique à la

jambe. Rappelons seulement en deux mots que le scia-

tique poplité externe, après avoir fourni deux premiers

rameaux, la branche cutanée péronière et l'accessoire

du saphène externe, et contourné la tête du péroné,

se divise en deux branches, le nerf musculo-cutané et

le tibial antérieur. Le premier fournit aux muscles,

péroniers; le second anime le muscle tibial antérieur,

l'extenseur commun des orteils et l'extenseur propre

du gros orteil. Cette disposition peut se résumer ainsi :

'150 PATHOLOGIE NERVEUSE.

sent plus ses jambes qui sont comme engourdies et deviennent

('douloureuses.

Au bout de huit jours, la jambe droite étant redevenue nurmale,

-la gauche reste complètement paralysée ; les mouvements de la

cuisse se faisaient normalement. Fistule vésico-vaginale.

Etat actuel (5 novembre 1866). Atrophie notable de la jambe

gauche (3 centimètres de différence sur la circonférence du mol-

let). Le pied est inerte et complètement tombant. Il paraît y avoir

un certain degré de rétraction des muscles fléchisseurs.

Sensibilité moins nette qu'à la jambe droite. Perte des ré-

flexes. - Point douloureux péronier et fourmillements dans la

plante du pied. Refroidissement de la jambe malade.

L'électrisation des muscles de la région antéro-externe de la

Jambe ne produit aucune contraction. Les muscles du mollet réa-

gissent encore, quoique faiblement. Le courant, même très fort,

.n'est perçu que sous forme de léger picotement.

La marche et la succession des accidents sont bien

- nettes chez cette femme. Pendant l'accouchement il y

a eu compression des branches d'origine du sciatique

par la tête foetale. Cette compression s'est manifestée

-ultérieurement par des douleurs et de l'engourdisse-

ment dans les deux membres inférieurs. Puis les trou-

,hies se sont localisés au membre du côté gauche,

pour se limiter en définitive au seul nerf sciatique

.poplité externe. Les muscles qui sont sous sa dépen-

dance ont perdu leur excitabilité électrique. Le pied est

tombant; il y a paralysie avec atrophie des extenseurs.

La localisation n'est pas moins nette dans le cas

-suivant, que nous empruntons à la thèse de Lefebvre.

- OBSERVATION II (résumée). Paralysie partielle de la jambe gauche

consécutive à l'accouchement. - (LEFFBVRE. Des paralysies t1'aU-

matiques des membres inférieurs. Th. Paris, 1867.)

Femme de trente-quatre ans. Trois grossesses antérieures sans

.accident. Quatiième accouchement pénible; plusieurs applica-

tions de forceps. Après l'accouchement, douleurs continues avec

exacerbations très vives dans le membre inférieur gauche,surtout

,dans la fesse.

Les douleurs se localisent rapidement au pied gauche, aux or-

SUR UNE COMPLICATION DE LA SCIATIQUE. 151

teils et surtout au gros orteil. Le pied est inerte dans la flexion et

ne peut être relevé spontanément. La cuisse, qui avait été doulou-

reuse au début, revient bientôt à l'état normal.

( Sensibilité obtuse à la partie antérieure de la jambe, en dehors du

'( tibia, à la face dorsale du pied. Trouble de la sensibilité également

à la face plantaire du pied, mais bien moins accentué.

Au bout de six semaines, la malade essaie de se lever, mais ne

peut marcher qu'avec des béquilles. La paralysie reste limitée aux

muscles qui relèvent le pied, lequel est tombant et traine sur le sol.

Ici nous voyons nettement que les troubles ont

porté tout d'abord sur le tronc tout entier du scia-

tique. La névralgie totale de ce nerf n'a duré que peu

de temps, il est vrai, et bientôt la douleur a occupé

seulement le domaine du nerf sciatique poplité ex-

' terne. Puis une paralysie survient portant exclusive-

ment sur les extenseurs, c'est-à-dire sur les muscles

innervés par cette même branche nerveuse. Tout cela,

est bien caractéristique et se passe de commentaires.

L'observation qui suit est encore plus nette peut-

être, en ce que l'état de chacun des muscles de la ré-

gion antéro-externe de la jambe est indiqué par l'ex-

ploration électrique.

Observât/on III (résumée). Paoalysie partielle de la jambe gauche

consécutive à l'accouchement. (LEFEBVRE. Thèse citée.)

Femme de trente-quatre ans. Cinq grossesses antérieures suivies

d'accouchements faciles.

Au sixième accouchement, présentation du vertex avec un enfant

hydrocéphale. On fut obligé de faire la version et d'exercer sur le

foetus des tractions telles qu'on lui rompit la colonne vertébrale.

Ces tractions ainsi que les contractions utérines s'accompagnaient

de vives douleurs dans la fesse et le membre inférieur du côté

gauche. Aptes une tentative d'application de forceps, on fut obligé

d'extraire la tête à l'aide d'un crochet après avoir perforé la base

du crâne.

Pendant plusieurs jours la malade, dans un assez mauvais état,

reste inerte dans son lit, se plaignant de vives douleurs dans le

membre inférieur gauche et la fesse. Ces douleurs se localisèrent

bientôt dans le pied gauche et le gros orteil. Enfin, au bout de

quinze jours, elle quitta l'hôpital. ,

- 183 PATHOLOGIE NERVEUSE.

Rentrée chez elle, elle reste encore au lit pendant deux mois,

souffrant moins, mais ayant la jambe gauche impotente. Enfin,

six mois après son accouchement, elle se trouvait dans l'état suivant :

Pied gauche tombant ; la malade est obligée de relever la hanche

pour que la pointe des orteils ne frotte pas par terre. Le pied se

pose sur le sol.en deux temps.

Amaigrissement notable de la jambe. Sensibilité très obtuse à

la partie anléro-exteme de la jambe, à la face dorsale du pied et

surtout au gros orleil. Affaiblissement de la sensibilité à la face

plantaire du pied.

Pas de douleur à la pression. Douleur spontanée, continue, pro-

fonde, entrecoupée d'élancements très pénibles et très fréquents.

Le pied est toujours froid, comme engourdi.

L'exploration électrique des muscles de la région antéro-externe

(jambier antérieur, extenseurs^ commun et propre, péroniers)

montre qu'ils se contractent à peine.

L'exploration de la sensibilité, à l'aide du pinceau électrique,

dénote une anesthésie presque complète, surtout au niveau du

gros orteil.

Légère amélioration sous l'influence du traitement électrique

mais non persistante, car trois ans plus tard la malade avait encore

son anesthésie et une atrophie des muscles de la région antéro-

externe telle qu'il y avait une différence de trois centimètres entre

la circonférence de la jambe droite et celle de la jambe gauche.

Remarquons que cette paralysie et cette atrophie,

dues sans aucun doute à la névrite du sciatique poplité

externe, ne sont point facilement curables. La malade

en était encore affectée trois aus après le début des

', accidents et l'atrophie surtout, à ce moment, était

considérable. Cette gravité des accidents est-elle due

à l'intensité du traumatisme, qui a été très grand

chez cette malade ? Cette idée pourrait venir à

l'esprit tout d'abord; mais nous verrons, à mesure que

nous examinerons de nouveaux cas, que cette consi-

dération est peut-être d'une importance médiocre. En

tous cas, ce qu'il fautretenir de cet exemple, c'est que

ces paralysies sont fort tenaces et d'une guérison diffi-

cile, sinon impossible.

SUR UNE COMPLICATION DE LA SCIATIQUE. 133-

Le cas suivant est encore emprunté à Lefebvre.

Observation IV (résumée). - Paralysie partielle du membre infé-

rieur droit consécutive àun accouchement par le forceps. (Lefebvre.

Th. citée.) -

Accouchement le 4 juin 1874. Presque tout de suite après, para-

lysie du membre inférieur droit, dont elle s'aperçoit huit jours

plus tard en reprenant sa connaissance, qu'elle avait perdue depuis

la délivrance. La jambe et la cuisse pouvaient remuer, mais non

le pied ni les orteils. Douleurs spontanées le long de la jambe,

jusqu'à l'extrémité des orteils. La sensibilité devait être également

tout au moins obnubilée a cette époque, car l'électrisation ne

provoquait pas de douleurs.

Dix mois plus tard (avril z75), elle peut marcher, mais traîne

le pied droit. Elle ne peut ni l'étendre ni le porter dans l'abduc-

tion. A la vue on remarque une dépression notable de la ré-

gion correspondante aux muscles jambier antérieur et exlen-

l seur commun, indiquant une atrophie non douteuse de ces muscles.

Il en est de même à la palpation.

, La piqûre n'est pas sentie sur le dos du pied droit et à la partie

antérieure de la jambe droite.

L'électrisation ne provoque aucune contraction des muscles jam-

bier antérieur, extenseurs commun et propre. Les péroniers au

contraire ont conservé leur excitabilité.

Ici la localisation des lésions a encore été plus

étroite que dans les cas précédemment relatés.

Nous voyons en effet que ce n'est pas la totalité du

nerf sciatique poplité externe qui a été envahie par la

lésion, mais seulement le nerf tibial antérieur. L'inté-

\ . '

grité du nerf musculo-cutané, qui fournit aux péro-

niers est constatée par ce fait que ces muscles n'ont

pas perdu leur excitabilité électrique, tandis que le

jambier antérieur et les extenseurs étaient devenus

absolument inexcitables. '

. Dans l'observation suivante, empruntée au même

auteur, nous assistons à la localisation graduelle des

troubles morbides au nerf sciatique poplité externe. A

ce point de vue ce n'est pas une des moins importantes.

'154 PATHOLOGIE NERVEUSE.

Observation V (résumée). - Accouchement laborieux suivi d'une

fistule 1t1'éthl'o-vllginale et d'une paralysie partielle du membre in-

férieur droit. (LErrnvnu. Thèse citée.)

Femme de vingt et un ans. Premier accouchement ayant duré

deux jours et deux nuits; pendant vingt-quatre heures, l'enfant se-

rait- resté au détroit supérieur. Quatre applications de forceps avec

chloroforme. La malade dit que pendant le travail elle ressentait

de vives douleurs.dans les deux membres inférieurs, mais qu'après

l'accouchement celles-ci se sont localisées dans le membre droit

qui était complètement paralysé et insensible.

Au bout de quinze jours, l'électrisation ramène les mouvements

dans la cuisse droite, la jambe restant paralysée et insensible (elle

ne sentait pas l'électricité). Au bout de deux mois la sensibilité re-

vient un peu à la jambe ; enfin, après neuf mois, la malade peut

remuer un peu ses orteils, mais non étendre le pied sur la jambe.

En marchant, le pied tombe et traîne.

On constate alors une paralysie complète, avec inexcitabilité

électrique, des muscles jambier antérieur et péronier, et incom-

plète de l'extenseur propre du gros orteil. Atrophie musculaire

manifeste à la région antéro-externe de la jambe et anesthésie

dans la même région. Egalement anesthésie sur le dos du pied,

moins une bande étroite longeant le bord externe et comprenant

les deux derniers orteils. A la plante du pied, légère altération de

la sensibilité dans la région des orteils ; le reste de la voûte plan-

taire est un peu moins sensible au chatouillement.

Douleurs dans le pied depuis le début de la maladie, continues,

sourdes, entrecoupées par des élancements violents. Point doulou-

reux péronier, au cou de pied, aux premier et deuxième orteils.

Refroidissement notable du pied droit.

Chute du pied très manifeste pendant la marche. Le pied se

pose eu deux temps sur le sol. La malade est obligée de le main-

tenir par des bottines montantes et serrées, sans quoi il tombe

complètement en se renversant en dehors.

En résumé, pendant quinze jours, les signes sont

ceux d'une lésion non seulement du sciatique, mais

encore de tous les nerfs du membre inférieur. Puis le

tronc et les premières branches fémorales se dégagent

en partie grâce au traitement électrique employé,

mais la jambe tout entière reste prise, c'est-à-dire que

les deux branches terminales du sciatique sont en

cause. Enfin, au bout de deux mois, le sciatique poplité

SUR UNE COMPLICATION DE LA SCIATIQUE. 155

interne revient peu à peu à l'état normal et ce n'est

en définitive qu'après neuf mois que la lésion se li-

mite nettement au domaine du sciatique poplité ex-

terne qui est pris dans son ensemble (extenseurs et

péroniers).

Chez la malade qui fait le sujet de l'observation sui-

vante, les conditions de production des lésions ner-

veuses, ne sont plus tout à fait les mêmes que dans

les cas qui précèdent. En effet, comme on le verra ici,

la sciatique est due, si l'on veut bien admettre les

conclusions de l'auteur, qui paraissent parfaitement

conformes à la vérité, non plus à l'accouchement,

/mais à une affection du petit bassin, consécutive à un

( phlegmon du ligament large. Cette origine est très

possible et l'on peut fort bien admettre que le plexus

ait été englobé dans la lésion du petit bassin. Nous

possédons l'observation fort intéressante d'un homme

qui eut, à la suite d'un abcès de la fosse iliaque, une

névralgie du crural avec troubles de la sensibilité bien

nettement localisés au domaine cutané de ce nerf.

Elle ne peut trouver place ici et si nous y faisons allu-

sion, c'est uniquement pour appuyer les conclusions

de M. Dorion au sujet de l'observation ci-dessous.

Observation VI (résumée). Troisième grossesse; accouchement

naturel et facile; phlegmon du ligament large; paralysie du nerf

sciatique poplité externe (DORION. Des paralysies du nerf sciatique

poplité externe d'origine pelvienne. Th. Paris 188 L)

Ménagère de vingt-neuf ans, entrée à la Charité dans le service

de M. Féréol, le 20 août 1883.

Deux accouchements antérieurs normaux et sans accidents con-

sécutifs. Pas de maladies antérieures, sauf une variole grave.

Dernier accouchement en mars 1883, facile, effectué sans le

secours de la sage-femme en quelques heures. Au bout de neuf jours

la malade se lève et passe la journée aux Halles à travailler debout.

Le soir même, douleurs abdominales et frisson.

1 NJG PATHOLOGIE NERVEUSE.

Les jours suviânts : fièvre, vomissements; application de vési-

catoires sur le côté gauche de l'abdomen. Puis douleurs dans la

jambe et le pied gauches qui « étaient comme engourdis et par-

courus par des fourmillements insupportables >. Ces engourdisse-

ments font bientôt place à une véritable paralysie de la jambe et

du pied. La cuisse se fléchit sur le bassin; la pointe du pied se

dévie en dehors; apparition d'une tuméfaction volumineuse dans

le côté gauche de l'abdomen. On redresse le membre pendant le

sommeil chloroformique et on le met dans un appareil plâtré.

Etat actuel (20 août 1883). Etat général mauvais; frissons,

fièvre, amaigrissement prononcé. Douleurs vives dans l'abdomen

avec irradiations dans le membre inférieur gauche.

Mouvements possibles dans la hanche et la cuisse. Redressement

du pied impossible; il tombe, semblant prolonger l'axe de la jambe.

Flexion possible et même énergique. Mouvements de latéralité nuls.

Sensibilité au froid, à la chaleur et à la douleur abolie « dans

toute l'étendue de la face antéro-externe de la jambe et sur le

dos du pied ainsi qu'au talon. Sur les quatre doigts externes elle

est seulement très obtuse, presque nulle au niveau du gros orteil.

La sensibilité est intacte à la plante du pied et dans toute l'étendue

de la jambe, sauf la région que nous avons indiquée ».

Point douloureux péronier; point malléolairè externe.

r c L'électrisation des muscles antéro-externes de la jambe les

trouve absolument insensibles; au contraire sous la même influence

\ les muscles de la région postérieure et de la cuisse réagissent éner-

giquement. »

On constate tous les signes d'un phlegmon du ligament large

(toucher vaginal, palper abdominal, tuméfaction rouge au-dessus

de l'arcade crurale etc.. )'lncision. -Le lendemain de l'opération

les douleurs ont diminué.

Quinze jours après, les muscles extenseurs et péroniers ne réa-

gissent toujours pas à l'électrisation. Deux mois et demi après

l'entrée (novembre 1883), on remarque que la jambe à notablement

diminué de volume.

Ainsi dans un premier groupe de faits nous voyons

la névralgie sciatique consécutive à un traumatisme

quelconque subi par les branches d'origine du nerf

dans le petit bassin, se compliquer d'accidents graves,

paralys : e, atrophie musculaire, localisés exclusivement

dans le domaine du nerf sciatique poplité externe.

Quelle inlel prétationles auteurs ont-ils tenté de donner

de ce fait en apparence si bizarre ? Deux opinions ori-

SUR UNE COMPLICATION DE LA SCIATIQUE. 157

ginalcs ont été soutenues, toutes deux basées sur l'a-

natomie du sciatique, mais l'une ne parait pas beau-

coup plus satisfaisante que l'autre. M. Lefebvre 1, qui

cherche à établir dans son travail que toutes les para-

lysies traumatiques consécutives à l'accouchement « sont

localisées dans la sphère de distribution du nerf scia-

tique poplité externe, » admet que cette branche ner-

'veuse est formée uniquement par le tronc lombo-

' sacré. I ! a constaté en séparant par la dissection le

nerf sciatique en deux parties que les fibres du nerf

sciatique poplité externe se continuent directement avec

celles du tronc lombo-sacré. Or ce nerf est situé dans

le bassin le long de la crête sacrée, à la partie la plus

proéminente du détroit supérieur, de telle sorte qu'il 1

n'est nullement protégé contre la pression de la tête

foetale. Il en résulte que c'est toujours lui qui est

comprimé et par conséquent le iierf sciatique poplité

externe qui est le siège de la paralysie.

Cette opinion s'appuie sur un fait anatomique qui

n'est rien moins que démontré. De plus elle est en dé-

saccord formel avec le fait rapporté par M. Dorion,

dans lequel la névrite du sciatique poplité externe

était consécutive à une suppuration du ligament large.

De plus, ainsi qu'on le verra plus loin, elle ne peut

s'appliquer aux faits que nous avons observés et où il

n'est nullement question de compression survenue

dans le bassin, bien que les symptômes cliniques

soient absolument les mêmes. Enfin elle est en con-

tradiction avec d'autres faits, celui de Seligmüller,

par exemple, dans lequel une sciatique consécutive à

' Lefebvre. - Thèse citée.

158 PATHOLOGIE NERVEUSE.

un accouchement pratiqué à l'aide du forceps, s'était

compliquée d'une paralysie incurable avec atrophie

dégénérative des muscles du mollet. Elle ne saurait

donc être admise, d'autant plus que l'auteur veut

l'appliquer à tous les cas, et ainsi que nous le disions

plus haut, affirme la localisation étroite au domaine

du sciatique poplité externe de toute paralysie des

membres inférieurs consécutive à l'accouchement.

La théorie de M. Dorion' est -peut-être plus ingé-

nieuse et plus séduisante au premier abord. Mais elle

demanderait à être vérifiée par l'anatomie patholo-

gique, car elle repose sur une simple hypothèse.

M. Dorion s'appuie sur ce fait que l'on constate quel-

quefois sur le cadavre une anomalie du sciatique con-

sistant en sa division prématurée en ses deux branches

terminales, division qui peut se faire -plus ou moins

haut, quelquefois même dans le petit bassin. Selon

lui dans les cas où l'on constate à la suite de l'accou-

chement une paralysie limitée à la zone de distribution

du sciatique poplité externe, on se trouverait en pré-

sence d'individus présentant cette anomalie de division

prématurée dusciafique dans le petit bassin. La branche

qui fournit le sciatique poplité externe serait seule

comprimée et de là naîtraient ces paralysies localisées.

Il est loin d'admettre d'ailleurs que les paralysies

par compression du sciatique consécutives à l'accou-

chement soient toutes localisées au domaine du po-

plité externe. Il cherche au contraire à réfuter là-dessus

l'opinion de M. Lefebvre et montre que dans bien des

cas les paralysies occupaient également à un plus ou

' Dorion. -'l'Uèse cité4.

SUR UNE COMPLICATION DE LA SCIATIQUE. 159

moins haut degré la sphère de distribution du poplité

interne. De ! a rareté relative de l'anomalie anato-

mique dont il parle, découle la rareté relative des pa-

ralysies absolument pures du sciatique poplité ex-

terne. C'est évidemment là une idée ingénieuse, mais

qui ne saurait être admise, nous le répétons, sans la

vérification anatomo-pathologique, sans compter qu'il

est bien difficile de comprendre que la tête foetale aille

ainsi comprimer, parmi toutes les branches d'un plexus,

seulement tel ou tel rameau.

Reste une autre façon de comprendre les choses,

mais qui n'explique rien malheureusement et ne fait

que reculer la difficulté. C'est celle qui vient tout

d'abord à l'esprit, surtout si l'on veut considérer les

paralysies comme 'ce qu'elles sont en réalité, c'est-à-

dire comme des complications de sciatiques. On sait

quelle singulière prédominance se manifeste dans les

névrites pour les extenseurs des membres. Il n'y aurait

rien de plus ici. De même que dans le saturnisme,

l'alcoolisme, les lésions nerveuses se localisent de pré-

férence aux troncs nerveux animant les muscles exten-

seurs, de même chez les malades porteurs de nerfs

sciatiques déjà en souffrance, la névrite atteint plus

fréquemment, mais non toujours, la branche poplitée

externe. Cette manière de voir est soutenue par

M. Envois'. Elle n'a rien de bien nouveau ni de bien

transcendant et n'explique pas grand'chose, mais en

l'absence de notions anatomiques précises, il est peut-

être plus rationnel de s'en tenir là.

Arrivons maintenant à la seconde catégorie de faits

1 fil'il"ois, Thèse citée.

'1(7O ' PATHOLOGIE NERVEUSE.

que nous nous sommes proposé d'étudier et dans les-

quels en ne peut plus invoquer comme cause de la

sciatique, ni traumatisme obstétrical, ni lésions du

bassin. Il s'agit ici d'une complication de la scia-

tique simple, envisagée dans sa variété grave, il est

vrai, mais ne présentant dans son étiologie nul carac-

tère particulier. Dans aucun des traités de pathologie,

soit généraux, soit spéciaux, dans aucun des travaux

ou mémoires traitant spécialement de ce sujet, qui sont

parvenus à notre connaissance, nous n'avons trouvé

mentionnée comme accident de la névralgie sciatique

cette névrite localisée au domaine du sciatique poplité

externe. Deux des malades dont nous rapportons plus

loin l'histoire ont fait le sujet d'une leçon clinique de

M. le professeur Charcot'. A la suite de cette leçon, où

il était question pour la première fois de cette com-

plication de la sciatique, notre attention a été attirée

sur les faits du même ordre. Nous avons réussi à en

découvrir trois autres, ce qui montre que ce n'est pas

à leur rareté qu'est dû sans doute le silence où ils

ont été laissés jusqu'aujourd'hui, mais bien plutôt à

l'absence de recherches systématiques dans ce sens.

Nous ne prétendons pas évidemment qu'il s'agisse là

d'un phénomène d'une grande fréquence. Mais enfin il

est certain qu'il ne doit pas être non plus d'une rareté

extrême, puisque dans l'espace de moins de quatre mois

il s'est présenté cinq fois à notre observation. Ces cinq

malades font tous partie soit du service, de la clinique,

soit de la policlinique de M. le professeur Charcot.

' Nous remercions ici bien sincèrement notre éminent maître, M. le

professeur Charcot, des conseils qu'il a bien voulu nous donner pour la

rédaction de ce travail.

SUR UNE COMPLICATION DE LA SCIATIQUE. '161

Observation VII (personnelle).Sc : a(Mgsepa ! 'as : e et atrophie

dégénérative des muscles extenseurs de la jambe, et anesthésie

dans le domaine du nerf sciatique poplité externe.

Le nommé Cham...,âgé de quarante ans, autrefois tailleur d'ha-

bifs,aujourd'liui employé d'octroi.

Ses antécédents héréditaires ne décèlent rien de bien particulier.

Son père est bien portant. Dans la ligne paternelle : son grand-

père est mort d'une attaque d'apoplexie, sa grand'mère est morte

, très vieille avec une paraplégie de nature inconnue, de durée

courte. Une tante est morte poitrinaire. - Dans la ligne mater-

nelle : le grand-père est mort emphysémateux, la grand'mère est

inconnue. Le malade a plusieurs frères et soeurs qui sont tous bien

portants. Il est marié et a un fils de quinze ans, bien portant.

Ses antécédents personnels sont également à peu près négatifs en

ce qui concerne la maladie actuelle. Rougeole dans l'enfance ; pas

de convulsions; pas de coqueluche. Il a fait son service mili-

taire en 1870-71 pendant la guerre franco-allemande et bien

qu'exposé pendant cette période à des fatigues et des privations

de toute espèce, il est rentré dansses foyers sans avoir été malade

un seul jour. Il n'a jamais eu de rhumatisme aigu ni chronique,

ni douleurs d'aucune sorte en dehors de celles dont nous allons

parler plus loin. '

Il était autrefois tailleur d'Ilibits; aujourd'hui il est employé

d'octroi. Celte profession est plus lucrative que l'ancienne, mais

beaucoup plus dure, le malade étant continuellement exposé à

toutes les intempéries, froid, humidité, etc.

Il y a quatre ans il fut atteint d'une sciatique du côté gauche.

Le début eut lieu l'été et le malade ne se rappelle pas avoir été

exposé avant cette première atteinte à aucune fatigue, ni au froid,

ni à l'humidité. La maladie dura un mois environ. La douleur

était localisée aux reins et à la partie supérieure de la fesse gauche.

Il n'y eut point alors de douleurs dans la cuisse ni la jambe. Le

traitement consista uniquement en frictions à l'aide de l'alcool

camphré.

Dans les années qui suivirent les douleurs sciatiques revinrent

en tout trois fois, à peu près une fois par an en moyenne. Jamais

le malade n'a constaté avant l'apparition de l'attaque aucune

cause qui ait pu lui donner naissance. Il est absolument formel

sur ce point. Les douleurs revenaient tantôt l'été, tantôt l'hiver;

la dernière fois elles commencèrent en novembre 1888.

A la deuxième attaque, les douleurs, qui étaient restées la pre-

mière fois limitées à la fesse, descendirent jusqu'au genou et le

malade indique de lui-même le point péronier. La troisième

atteinte fut une des plus violentes, la jambe entière fut prise. A la

quatrième attaque elles furent moins vives; bien qu'empêchant

AI1.CIII\ l ? t. XX. il

462 PATHOLOGIE NERVEUSE.

encore le malade de dormir, mais elles siégeaient sur tout le

trajet du nerf que le malade dessine presque exactement sur

son membre inférieur, indiquant bien que les points lombaire,

fessier, péronier, malléolaire étaient douloureux constamment;

et les douleurs réunissaient ces points dans les paroxysmes.

C'étaient des douleurs continues, sourdes, sans élancements, du

moins dans les trois premières alleintes, exaspérées par la pres-

sion au niveau des points d'élection, nettement exagérées par la

position assise dans laquelle le sciatique se trouve facilement

comprimé entre la cuisse et la chaise. Le malade n'était à peu

près à son aise qu'étendu horizontalement dans un lit.

Le dernière attaque disparut le 25 décembre 1888. Aussitôt les

douleurs cessées, le malade s'aperçut qu'il existait une faiblesse con-

sidérable du pied gauche. Ce pied laissait traîner sa pointe à terre

dans la marche. Le malade affirme formellement qu'auparavant il ne

s'était aperçu d'aucune faiblesse du membre inférieur. 11 faisait

souvent de longues courses et jamais il n'était fatigué.

Il ne présente aucun signe d'intoxication alcoolique. Il boit or-

dinairement un litre devin par jour, un petit verre d'eau-de-vie à

chaque déjeuner et de temps en temps un peu d'absinthe. Mais

jamais il n'a fait d'excès véritables de boisson.

Il n'a jamais été, dans aucun des métiers qu'il a exercé, exposé

à l'intoxication plombique ou à quelque autre que ce soit. Il ne

présente aucun signe de diabète. Il n'a jamais eu de symptômes

d'une affection cardiaque, jamais d'oedème des jambes. Il n'a

jamais subi d'opérations chirurgicales en aucune région du corps.

Son état actuel est le suivant : Il présente au plus haut degré,

pour la jambe gauche seulement, tous les caractères de la démarche

de stepper. La pointe du pied est tombante et il relève le genou

.d'une façon exagérée pour empêcher les orleils de trainer à terre,

lorsque dans la marche il porte le membre inférieur gauche en

avant. En le regardant de dos, on voit la plante du pied tout en-

tière, grâce à la chute du pied, qui devient presque vertical dans ce

mouvement. En l'écoutant marcher, on n'entend pas le pied poser

.à terre en deux temps, comme cela se produit souvent chez les

sleppers. Il marche assez lentement, posant le pied gauche sur le

sol avec précaution, la pointe la première, généralement. Mais

cette précaution qu'il emploie empêche précisément le double bruit

.habituel de se produire.

L'examen des mouvements du pied démontre qu'il existe une

,paralysie très accentuée des extenseurs du pied et des orteils. Le

mouvement d'extension est absolument impossible. Les péroniers

latéraux, au contraire, conservent, sinon la totalité, du moins une

partie de leur force. Leurs mouvements, s'ils ne sont pas très éner-

giques et sont facilement vaincus, sont néanmoins possibles et

s'exécutent très nettement.

SUR UNE COMPLICATION DE LA SCIATIQUE. 163

L'examen électrique des muscles de la jambe vient d'ailleurs

confirmer complètement les résultais de l'investigation clinique.

Les muscles tibial antérieur et extenseur commun des orteils sont

le siège d'une réaction de dégénérescence complète. Les péroniers

latéraux au contraire réagissent normalement aux deux courants,

par excitation soit directe, soit indirecte.

Il existe un léger degré de diminution de volume de la cuisse et

de la jambe du côté gauche, à peine appréciable en réalité et qui

prouve en tous cas que l'atrophie ne porte que sur les extenseurs

dont la diminution, grâce à leur situation profonde, n'influe pas

d'une manière sensible sur le volume total de la jambe. La ditfé-

resce est à peine d'un demi-centimètre en ce qui concerne la cir-

conférence de la cuisse et de la jambe gauches comparativement

avec le côté sain.

, Les phénomènes douloureux n'existent plus aujourd'hui. La dou-

leur spontanée, sur le trajet du sciatique a complètement disparu. A

la pression, dans les mêmes régions, la douleur est à peu près

nulle, sauf peut-être un peu au niveau du point péronier. Il n'existe

pas non plus de douleur à la pression des masses musculaires du

mollet. Une pression profonde assez énergique sur la région des

muscles extenseurs n'éveille non plus aucune sensation douloureuse.

La sensibilité est normale sur tout le corps. sauf au niveau de

la jambe gauche où il existe une anesthésie sur laquelle nous re-

viendrons plus loin. - Pas de troubles sensoriels : la vue, l'ouïe,

l'odorat, le goût sont parfaitement conservés.

Les réflexes rotuliens sont extrêmement faibles des deux côtés et

s'épuisent facilement. Ce signe est encore plus prononcé à gauche

qu'à droite.

Il n'existe aucune déviation du rachis. La malade affirme d'ail-

leurs que même pendant les poussées douloureuses les plus aiguës,

jamais il ne s'est tenu de travers.

Les troubles de la sensibilité qui occupent la jambe gauche sont

distribués de la façon suivante :

10 Sensibilité ci la douleur. Il existe une zone d'analgésie com-

mençant au-dessous de la tête du péroné, et limitée ainsi : a) sur

la face antérieure de la jambe : ligne oblique en bas et en dedans

jusqu'au tiers inférieur de la jambe ; puis descendant verticale-

ment en bas en laissant indemne le quart interne environ de la

peau de cette face antérieure; suivant enfin la face interne du

pied, un peu au-dessus du bord plantaire jusqu'à l'extrémité du

gros orteil, dont une mince bande, à la partie la plus interne, est

laissée intacte; - b) à la face postérieure, la ligne limitante com-

mençant au-dessous de la tête du péroné, descend obliquement en

dedans jusqu'au tiers moyen de la jambe, puis verticalement en

laissant indemne la moitié interne du talon, enfin suit la face ex-

terne du pied le long du bord plantaire externe et aboutit à l'ex-

164 . PATHOLOGIE NERVEUSE.

trémité du petit orteil. Cette plaque d'analgésie'comprend donc :

toute la surface dorsale du pied, moins une petite bande interne,

la face externe, plus de la moitié de la face antérieure elles deux

tiers de la face postérieure de la jambe. (V. la fig. 11.)

2 Sensibilité à la température. - Le trouble est distribué de

même façon pour le chaud et le froid. Les limites de la thermo-

anesthésie sont à peu près les mêmes que celles de l'analgésie. La

seule différence est que la bande interne sensible du dos du pied

est un peu plus étendue, que la face externe du pied est presque

indemne et que la face postérieure de la jambe est prise dans une

étendue beaucoup moindre. (V. la fig. 12.)

3° Sensibilité au tact. Elle est conservée dans une étendue-

].'Ig. Il. - Zone d'analgésie chez le malade de l'Observation VII.

Fi. 12. Anesthésie il la chaleur et au froid chez le malade de

l'observation VII.

SUR UNE COMPLICATION DE LA SCIATIQUE. 165

beaucoup plus considérable. L'anesthésie ne commence que vers le

.milieu de la jambe. Elle comprend la face externe, une petite

bande verticale de la face postérieure, les deux tiers de la face an-

térieure au-dessous du point où elle commence. Les faces interne

et externe du pied sont respectées, la face dorsale proprement dite

seule est insensible ainsi que le dos des orteils. (V. la fig. 13.)

Nous sommes là en présence d'une sciatique vul-

gaire, de la variété grave, il est vrai et à répétition.

Pendant deux ans et neuf mois le malade souffre des

retours de sa maladie et pendant tout ce temps il en

présente les symptômes absolument classiques. Puis

un beau jour les souffrances cessent et aux phéno-

mènes douloureux, généralisés sur tout le trajet du

nerf, font place des troubles paralytiques localisés au

domaine du nerf tibial antérieur seul en ce qui con-

cerne la paralysie, à tout ce domaine du sciatique

poplité externe en ce qui touche l'anesthésie. Quant à'

l'étiologie de la maladie, elle nous échappe, mais du

moins on ne peut incriminer aucune lésion des bran-

ches d'origine du nerf dans le bassin. C'est un point

important à connaître ici. L'observation qui suit est

presque calquée sur la précédente quant aux troubles

Fiy. 13. - Anesthésie au contact chez le malade de l'Observation VII.

166 . PATHOLOGIE NERVEUSE.

moteurs, elle en diffère en ce que l'anesthésie, au lieu

de porter sur tout le domaine du sciafique poplité

externe et d'y être limitée d'une façon étroite et carac-

téristique, est beaucoup moins accentuée. Le domaine

du musculo-cutané est resté intact.

Observation VIII (personnelle). Sciatique avec troubles de la1noti-

lité et de la sensibilité dans le domaine du nerf sciatique poplité

externe.

La nommée Françoise T...; couturière, est âgée de quarante

ans.

Antécédents héréditaires. -- Mère morte à soixante-trois ans

d'une tumeur fibreuse. Grand'mère morte hydropique. Une tante

est morte à soixante-quinze ans. Elle avait été atteinte pendant

longtemps de douleurs, dont la malade ne sait pas définir la na-

ture. Le père est inconnu.

La malade ne connaît pas non plus la famille de son père.

Antécédents personnels. La malade a toujours été bien por-

tante. Pas de coqueluche, pas de chorée, pas de convulsions. Pas

de maladies infectieuses, sauf la rougeole. Elle est réglée depuis

onze ans et demi assez régulièrement.

Mariée à l'âge de dix-sept ans et demi, elle n'a eu qu'un seul

enfant, une fille, actuellement âgée de vingt-deux aus, qui est

sourde-muette. Pendant la grossesse, la malade dit avoir eu beau-

coup 'd'ennuis. Elle était maltraitée et battue par son mari. Le

mari est mort il y a trois ans à l'Hôtel-Dieu. Il était diabétique et

syphilitique. Six mois à peu près après son accouchement (elle

avait alors dix-neuf ans). elle eut une forte métrite avec une vagi-

nite intense. ·

A la même époque elle fut prise, sans cause occasionnelle,

de douleurs dans le genou gauche, douleurs absolument limitées

à cette région. Ces douleurs ont duré six mois environ, sans qu'elle

fût obligée de rester couchée.

L'hiver suivant les douleurs du genou ont reparu et se sont pro-

pagées à la cheville. Cette région était enflée et violacée. A ce

moment, pas de douleurs à la cuisse ni à la fesse.

Depuis l'âge de vingt ans jusqu'à trente, elle était presque con-

tinuellement en proie à des névralgies excessivement douloureuses.

Cela commença dans -le côté droit, puis se reporta vers l'omo-

plate ; et enfin les douleurs se fixèrent a la tête, toujours à droite.

Jamais de chute de la paupière, ni de paralysie des muscles de

l'oeil. Cet état, avec des rémissions plus ou moins longues, dura

près de dix ans.

SUR UNE COMPLICATION DE LA SCIATIQUE.] 167

Vers l'âge de trente ans (il y a donc dix ans de cela), les fortes

céphalalgies ont subitement cessé. Mais par contre, immédiate-

ment après, le jour même, elle ressentit une douleur très aiguë

dans tout le membre inférieur gauche, le long du sciatique. Tout

le membre a été pris d'emblée. A la douleur s'ajouta une faiblesse

du membre, telle que la malade ne pouvait se tenir debout, la

jambe ployant sous elle. Ces fortes douleurs ont duré environ trois

mois, puis elles se sont calmées, sans cependant cesser complète-

ment.

Trois ans plus lard (à trente-trois ans) survint un second accès

de sciatique aussi intense que le premier, qui dura trois à quatre

mois. Il y a cinq ans eut lieu le troisième accès, qui dura quatre

mois, et enfin, il y a quinze mois, le dernier.

Pendant six mois, les douleurs ont été intolérables. Puis inter-

vint un mois de relâche pendant lequel les douleurs étaient bien

moins vives. Elles reprirent ensuite de nouveau aussi fortes qu'an-

térieurement. t.

Ces accès arrivaient quelquefois à la suite d'un refroidissement,

d'autres fois spontanément (le premier accès) ou encore après une

fatigue (le dernier). Pendant les intervalles, elle n'est jamais com-

plètement sans douleurs; le moindre froid, un faux pas suffisent

pour les exaspérer.

Pendant les accès elle se tient inclinée vers la droite, elle est

est tout à fait penchée, et c'est seulement plusieurs mois après la

crise qu'elle se redresse.

Etal actuel (31 mai 1890). - La malade parait assez forte, sans

obésité ni maigreur exagérées. Le visage porte l'empreinte de la z

douleur. Elle se plaint de souffrir dans tout le membre inférieur

gauche, sur le trajet du sciatique.

Ces douleurs changent continuellemant de place, par moments

elles sont plus fortes à la fesse ou au mollet, ou enfin au pied. Ac-

tuellement, elle se plaint surtout de douleurs vives au mollet.

Les régions douloureuses à la pression sont les points fessier,

poplité, malléolaire, dorsal du pied, plantaire.

Il existe des fourmillements dans le membre déjà depuis long-

temps (la malade ne peut pas préciser l'époque de leur début).

Elle se plaint également d'engourdissements de toute la région

antéro-externe de la jambe gauche.

A première vue, il semble qu'il existe un certain degré d'atro-

phie des muscles de celte région. Mais les dimensions de la jambe

n'ont pas beaucoup diminué. Varices considérables. OEdème de

la partie inférieure de la jambe.

Démarche. Le pied est complètement tombant. La malade

marche difficilement. Elle craint de tomber en accrochant la

pointe de son pied contre le sol. Elle steppe manifestement du.

côté gauche.

168 PATHOLOGIE NERVEUSE.

Les essais de résistance aux mouvements passifs montrent qu'à

gauche l'extension est nulle, la flexion est affaiblie à cause de la

douleur, l'adduction et l'abduction presque nulles ; à la cuisse, la

résistance est conservée. Il n'y a pas d'atrophie des muscles de la

cuisse ni de la fesse. - Pas de troubles hophiques. - Aucun symp-

tômes de syringomyélie. '.

Sensibilité au tact conservée. Sensibilité ci la douleur conservée

à la cuisse, atténuée à la face externe de la jambe, exagérée sur

le dos du pied.

Sensibilité à la chaleur. - Hypoeslhésie à la face externe de la

jambe. Sensibilité au froid diminuée dans la même région.

Examen électrique pratiqué par M. Vigouroux : Pas d'anomalie de

réaction dans les muscles de la région antéro-externe de lajambe.

La malade ayant parlé de troubles utérins, d'une métrite avec

déplacement de cet organe, fut envoyée dans le service de chirurgie

pour se faire examiner.

M. le Dr Tcrrillon voulut bien pratiquer l'examen, et il déclara

n'avoir rien trouvé de spécial qui ait pu être considéré comme

cause de cette sciatique.

La malade présente une légère déformation de la colonne verté-

brale avec inclinaison du tronc à droite.

Nous avons été fort étonnés en constatant le

. résultat de l'examen électrique de SI. le D' Vigouroux

chez cette malade. Nous nous attendions à trouver là

la réaction de dégénérescence comme dans le cas pré-

cédent. Bien qu'elle n'existe pas, on ne peut nier

Fig. 1>. - Zone d'analgésie et d'hypoesthésie thermique chez la

malade de l'Observation VIII.

SUR UNE COMPLICATION DE LA SCIATIQUE. 169

cependant avoir eu affaire à une véritable paralysie

des extenseurs de la jambe. Le pied tombant, la dé-

marche de steppe ? \ l'absence de résistance aux mouve-

ments passifs de flexion sont des signes d'une valeur

absolue à ce sujet. L'absence de réaction de dégéné-

ration permet peut-être de porter un pronostic un peu

plus favorable. Mais c'est, croyons-nous, la seule

valeur réelle qu'on puisse lui attribuer dans ce cas.

Un autre point aurait pu prêter à discussion chez

cette malade. Les premiers accidents douloureux

avaient débuté chez elle quelques mois après un

accouchement et de plus elle disait souffrir de troubles

utérins avec déplacement de cet organe. On aurait

donc pu penser- qu'il s'agissait là d'un cas à ranger

parmi ceux du premier groupe. Mais nous avons pu

nous convaincre qu'il n'en était pas ainsi. Tout d'abord

les accidents douloureux qui se sont produits après

l'accouchement ne doivent pas, à un examen appro-

fondi, être rapportés à la sciatique. Celle-ci n'a débuté

un réalité que bien longtemps plus tard. De plus l'o-

pinion de notre maître, M. le D1' Terril Ion, fort compé-

tent en ces matières de chirurgie abdominale, a pu nous

confirmer dans l'idée que la sciatique ne pouvait être

due aux accidents pelviens. Il s'agit donc bien d'une

sciatique simple non traumatique.

On a vu que chez cette malade les troubles de la

sensibilité étaient moins accentués et moins étendus

que dans le cas précédent. Dans l'observation qui suit,

ils sont à peu près nuls. Seuls les troubles de la mcti-

lité dominent toute la scène. Il s'agit cette fois d'une

paralysie avec réaction de dégénération typique.

Observation IX (personnelle). Sciatique droite. - Paralysie avec

170 PATHOLOGIE NERVEUSE.

réaction de dégénérescence des muscles de la région antéro-externe

de la jambe.

Mart..., cinquante ans, artiste peintre. Les antécédents héréditaires

n'offrent rien d'intéressant à noter.

Mart..., qui de quinze à dix-huit ans a eu des épistaxis fréquents

et a été atteint d'eczéma en 1870, souffre depuis environ quinze ans

de douleurs vagues dans les membres inférieurs, et particulière-

ment dans la cuisse droite. La sciatique actuelle a débuté il y a

dix-huit mois par des douleurs suivant le trajet du nerf, accompa-

gnées de sensation d'engourdissement et de froid. La marche était

encore facile, lorsqu'il y a quatre mois l'intensité des douleurs la

rendit presque complètement impossible. Le traitement consista

en pulvérisations de chlorure de mélhyle, qui amenèrent un certain

soulagement.

Actuellement, le malade souffre dans la partie postérieure de la

cuisse et dans le mollet droit.Il existe un certain nombre de points

douloureux que la pression réveille, points sacro-lombaire, fessier,

trochantérien, poplité, péronier supérieur, malléolaire, plantaire

(milieu de la plante du pied). Dans l'intervalle de ces points la

douleur est plus vague, quoique non complètement absente.

Pas d'atrophie de la cuisse ni de la jambe. L'épaisseur de la

couche adipeuse sous-cutanée est égale des deux côtés. Pas de

varices. La sensibilité au contact et à la piqûre est intacte; la sensi-

bilité au froid et au chaud est diminuée depuis la partie moyenne

du dos du pied jusqu'à l'extrémité des orteils. - Le pied est tom-

bant et ne peut être redressé; il ne peut être porté en adduction

ni en abduction; placé dans ces positions il ne peut les garder.

Les fléchisseurs des orteils sont parfaitement conservés.

La face plantaire présente un méplat au lieu de la saillie méta-

tarsienne, et quelques sillons cutanés transversaux qui font dé-

faut du côté opposé, dus probablement à la chute du pied.

Le malade en marchant relève le genou droit plus que le genou

gauche, steppe du côté droit; quand il marche un peu vite, il traîne

la pointe du pied sur le sol. L'affaiblissement des muscles jambier

antérieur, extenseurs des orteils, a apparu il y a trois mois. '

Il existe une réaction type de dégénérescence avec diminution

de l'excitabilité galvanique, dans les muscles tibial antérieur, ex-

tenseur commun des orteils et extenseur du gros orteil. Péroniers

latéraux normaux avec légère diminution de l'excitabilité.

L'étiologie de cette sciatique reste obscure; nous n'avons il noter

ni refroidissement, ni traumatisme, ni compression apparente du

tronc nerveux ou du plexus sacré. Mais la sciatique s'est développée

sur un terrain manifestement arthritique comme l'attestent les

douleurs vagues musculaires et l'eczéma dont le malade a été

atteint pendant de longues années.

SUR UNE COMPLICATION DE LA SCIATIQUE. 1 -Il

Dans ['Observation VII, nous avons vu l'anesthésie

et la paralysie musculaire prendre à peu de chose près

le même développement. Dans ['Observation VIII, les

troubles- de la sensibilité sont notablement moindres

et les lésions musculaires pré-

dominent, bien qu'on n'ait pas

constaté dans les muscles at-

teints la réaction de dégéné-

rescence. Enfin dans l'OBSER-

VATION IX', les troubles de la

sensibilité sont à peine appré-

ciables, les troubles moteurs

dominent toute la scène. Arri-

vons maintenant- à la descrip-

tion de deux cas dans lesquels

l'anesthésie, qui existe à un

haut degré, n'est plus exacte-

ment connexe aux lésions des

muscles.

Mais auparavant, rappelons

en quelques mots la distribu-

tion des nerfs cutanés de la

jambe, qui est loind'êtresimple.

Un coup d'ceil jeté sur les

chémas ci-joints en dira tout

de suite davantage que les plus

longues descriptions. On voit

qu'à la face antérieure, le scia-

tique poplité externe fournit

des nerfs cutanés à la plus grande partie de la jambe et

du pied. Les deux tiers externes de la jambe, la pres-

que totalité du dos du pied, moins une bande étroite au

Fig. 15. - Distribution des

nerfs cutanés de la face an-

térieure de la jambe (d'après

Fower).

a. - Nerf crural (nerf saphène

interne). - b branches du sciatique

poplite externe; - c. Nerf musculo-

cutané (branche du sciatique po-

plité externe). - d. Merf saphène

externe et son accessoire ((branches

des deux sciatique poplilés) - e.

Nerf tibial antérieur (branche du

poplité externe).

'll'2 ) PATHOLOGIE NERVEUSE.

côté interne, reçoivent leurs filets cutanés soit du nerf

poplité externe lui-même, soit de ses branches, nerf

musculo-cutané, accessoire du saphène externe, tibial

antérieur. Ce qui reste de cette face antérieure est in-

nervé par des branches du nerf

saphène interne, venu du nerf

crural.

A la face postérieure un grand

nombre de nerfs se distribuent

à la peau. Parmi eux le sciatique

poplité externe fournit, par l'in-

termédiaire de la branche cu-

tanée péronière et de l'acces-

soire du saphène externe, à la

pau de la région externe de la

jambe, suivant une bande beau-

coup plus large en bas qu'en

haut, et au bord externe du

pied. Le reste est innervé par

des branches du nerf crural,

par le petit sciatique et par le

tibial postérieur.

Si l'on veut se reporter aux

schémas joints à l'OBSERVA-

TION VU, on verra que la zone

d'anesthésie correspond exac-

tement à la zone de distribution

du sciatique poplité externe et

de ses branches, au moins en

ce qui concerne l'analgésie.

Dans l'OBSERVATION VIII, l'anesthésie est moins ré-

gulière et d'une localisation moins étroite. Il semble

Fig. 6. - Distribution des

nerfs cutanés de la face pos-

térieure de la jambe (d'après

Fower).

a. Nerf petit sciatique. - b.

Branche cutanée péromère (branche

du prophté externe). - c. Nerf

musculo-cutané interne (branche du

crural). - d. Nerf saphène interne

(branche du crural). - e. Nerf sa-

phène externe et son accessoire

(branche des deux sciatiques popli-

tés). - f. Nerf tibial postérieur

(branche du poplité interne).

SUR UNE COMPLICATION DE LA SCIATIQUE. 173

cependant que la zone cutanée du musculo-cutané est

restée indemne. On ne saurait d'ailleurs, pour localiser

la lésion au domaine de telle ou telle branche ner-

veuse, exiger que l'anesthésie soit exactement super-

posable à la zone de distribution que l'on voit sur les

schémas représentant l'étal normal. On sait combien

les suppléances sont faciles en fait d'innervation cu-

tanée et des localisations approximatives, se rappro-

chant beaucoup des territoires normaux, telles que

celles que nous -avons données, nous paraissent par-

faitement suffisantes pour conclure à la lésion des di-

verses branches nerveuses.

Observation X (personnelle). -Sciatique ancienne avec atrophie

musculaire et troubles de la sensibilité.

Marie B..., âgée de 57 ans, couturière.

Antécédents héréditaires. - Mère morte à cinquante-huit ans

d'une hernie étranglée opérée. - Père mort à cinquante-neuf ans,

courtier en vins; aurait eu à quarante ans, quelques attaques d'é-

pilepsie (mouvements convulsifs, écume à la bouche, morsures de

la langue). Pas de renseignements sur les grands-parents. Elle a

deux frères, dont l'un, tonnelier, est mort tuberculeux et l'autre,

employé de chemin de fer, est mort d'un accident, et deux soeurs

dont l'une est morte à trente-sept ans, d'une affection du rectum ( ? )

et l'autre âgée de cinquante-huit ans, encore vivante, est soignée

pour une hronchite chronique.

Antécédents personnels. - Pas d'enfants, ménopause à cinquante-

quatre ans. Variole à quatre ans. A vingt-deux ans, douleurs rhu-

maloïdesdans l'épaule et le coude, du côté droit; ces douleurs ont

persisté pendant quatre ans. En 1855, au mois de janvier, appa-

rition de douleurs daus la jambe droite, très vives au niveau du

mollet. Le pied est douloureux, la malade ne peut le poser à terre,

elle est obligée de garder le lit. Ces douleurs ont duré pendant une

année; après quoi, elles ont diminué, mais sans'disparaître.

Trois ans après, les douleurs s'étendent à la cuisse. Il parait donc

établi que la douleur a été en remontant. Les points douloureux

sont plus spécialement : le point péronier, divers points sur le

trajet du sciatique; à la cuisse, le point fessier, le point trochan-

térien ; un point au niveau de la région sacrée. Ces douleurs ont

persisté, avec exacerbations une ou deux fois par an ; chaque fois

elle passait un ou deux mois au lit ou à la chambre.

174 PATHOLOGIE NERVEUSE.

Il y a quatre ans, au mois de mai, nouvelle récidive ; la malade

est obligée de garder le lit pendant quatre mois. Ace moment,

elle éprouve des fourmillements sous le pied droit; elle s'aperçoit

que le pied devient lourd; elle butte en macchant; en montant les

escaliers elle est obligée de lever la jambe d'une façon exagérée,

car la pointe du pied, qui tombe, accroche contre les marches. Il

..en résulte une légère claudication. Elle remarque en même temps

l'amaigrissement de la jambe.

Le seul traitement employé consiste en : frictions, un vésica-

toire, une application de pointes de feu à la fesse. Elle a fait un

long séjour à l'hôpital au début de la maladie et depuis se soignait

seule chez elle.

Etat actuel (3 mail890). - La malade est entrée à la Salpêtrière,

salle Duchenne (de Boulogne), le 22 avril 1890, pourlaifficulté de

la marche, et les douleurs qu'elle ressent dans le membre inférieur

droit.

Elle indique comme points douloureux, les points fessier, tro-

chantérien, poplité, péronier, malléolaire, plantaire, quelques

irradiations douloureuses au mollet, et une douleur au niveau de

la région sacrée.

Elle se plaint de fourmillements, d'élancements dans le pied,

la jambe et surtout la région postérieure de la cuisse. On constate

un amaigrissement général du membre inférieur droit.A la cuisse

la circonférence mesure 1 centimètre et demi de moins à droite

qu'à gauche. A la jambe la région antéro-externe surtout, mais

aussi les muscles du mollet, paraissent amaigris notablement.

Le pied est tombant; et l'on remarque qu'il existe un peu

de rétraction du tendon d'Achille. Varicosilés au niveau du cou-

de-pied ; cicatrice d'ulcère variqueux à la face interne de la

jambe. Un peu d'oedème des malléoles. Le membre inférieur droit

est notablement plus froid que le gauche. Il existe en effet une

différence de plus de 2° C. entre la jambe droite et la gauche en

faveur de cette dernière. Réflexe rotulien normal, un peu fort,

des deux côtés.

Sensibilité. Il existe une anesthésie incomplète au tact avec

analgésie, au niveau du bord externe du pied droit et de la demi-

circonférence externe de la jambe droite (zone sensitive du scia-

tique poplilé externe) et une hypoesthésie au tact, à la douleur et

à la température, dans toute l'étendue du membre inférieur

droit. 1

Motilité. Impossibilité absolue de relever la pointe du pied.

Tous les extenseurs et péroniers sont pris. Le jambier antérieur

est atteint aussi..La résistance opposée par les muscles du mollet

est assez grande bien qu'inférieure à celle que présentent les

muscles du côté opposé. Le mouvement et la résistance sont bien

conservés dans les muscles de la cuisse, bien qu'il y ait un certain

SUR UNE COMPLICATION DE LA SCIATIQUE. 175

degré d'amaigrissement, surtout des muscles de la partie poslé-

rieure.

La démarche est assez particulière. La malade steppe évidem-

ment de son pied droit dont la pointe tombe et frotterait sur le sol

sans le steppage. Mais à cause de la douleur que provoque la pres-

sion du pied sur le sol, elle ne marche pas franchement par pas

égaux. Le membre inférieur doit rester toujours devant le

gauche; elle le porte en avant, moitié en steppant, moitié en fau-

Fig. 17 et 18. Anesthésie au tact et 3 la douleur chez la malade de

l'Observation X.

(Les stries simples indiquent 1'liypoe-lhésie ; les stries croisées indiquent l'anesthésie

et l'analgésie absolues dans le domaine du sciatique poplité externe).

176 PATHOLOGIE NERVEUSE.

chant, s'appuie à peine dessus, le talon ne portant pas sur le sol,

et lance bien site son pied gauche en avant pour rester le moins

longtemps possible, à cause de la douleur, appuyée sur le pied

droit. Dans la procession de la jambe droite on voit bien le mou-

vement de steppage.

L'examen électrique a été pratiqué à deux reprises par M. le Dr Vi-

gouroux. En voici les résultats :

in 24 avril 1890. Nerf sciatique poplité externe inexcitable; -

muscle tibial antérieur, néant; - extenseur commun des orteils

Fig. 19 et 20. - Anesthésie pour le chaud et le froid chez la malade

de l'observation X.

SUR UNE COMPLICATION DE LA SCIATIQUE. Il -1-1 Î

excitable seulement avec l'anode faradique au maximum (pros

fil) et galvaniquement avec un courant très intense, environ

200 dix-millièmes, avec l'anode seulement.

Péroniers, anode faradique seulement; galvaniquement, l'a-

node seulement au maximum du courant. Pédieux à peu

près normal. Jumeaux inexcitables faradiquement '; galvani-

quement répondent à un courant fort pour la cathode seule-

ment.

z 6 mai 1890. Inexcitabilité absolue directe et indirecte des

muscles jambier antérieur, extenseur commun des orteils (sauf

le faisceau du deuxième) extenseur propre du gros orteil, court

péronier latéral, pédieux. Le long péronier latéral répond au

maximum des deux courants, avec prédominance de l'a-

node.

En résumé que trouvons-nous chez cette femme ? 2

D'une part des troubles de la motilité et d'autre part

des altérations de la sensibilité. En ce qui concerne la

motilité, nous voyons qu'il existe des troubles de

deux ordres : tout d'abord une véritable paralysie

des extenseurs et de tous les muscles de la région

antéro-externe de la jambe, avec atrophie et réaction

de dégénérescence. Puis d'autres désordres beaucoup

moins accentués, consistant en un certain degré de

faiblesse des fléchisseurs de la jambe et de quelques

muscles de la cuisse, avec un amaigrissement en masse

assez marqué des deux segments du membre inférieur.

Ces derniers troubles sont ceux que l'on connaît depuis

longtemps dans la sciatique, ceux que M. Landouzy

a décrits en 1875 dans le mémoire que nous avons

déjà cité. A côté de ceux-ci prennent place ceux que

nous avons rencontrés à l'état d'isolement chez les

malades qui font le sujet des observations précé-

dentes.

Examinons d'autre part les troubles de la sensi-

.lacmvES, t. XX. 12

- 118 PATHOLOGIE NERVEUSE. '

bilité. Ils se présentent exactement sous le même

aspect que ceux de la motilité. D'un côté , des alté-

rations graves, accentuées, intenses de tous les modes

de la sensibilité, localisées à peu près exactement au

territoire sensitif du nerf sciatique poplité externe.

D'un autre côté, une simple diminution de la sensi-

bilité dans toute l'étendue du membre inférieur. Nous

pouvons répéter pour la sensibilité, ce que nous di-

sions quelques lignes plus haut pour la motilité. Cette

légère hypoesthésie du membre entier fait partie des

accidents déjà connus de la sciatique et est parfaitement

connexe avec l'amaigrissement général du membre,

tandis que les troubles sensitifs profonds localisés dans

le domaine du sciatique poplité externe marchent pa-

rallèlement avec l'atrophie dégénérative constatée

dans les muscles animés par ce même ^tronc ner-

veux.

Les troubles moteurs et sensitifs sont donc faci-

lement explicables chez cette malade. Dans le cas

suivant, au contraire, nous serons obligés, pour inter-

préter ceux qui y sont mentionnés de recourir à une

explication différente, en raison de la distribution

différente des phénomènes morbides..

Observation XL (Personnelle.) Sciatique avec troubles moteurs et

sensitifs dans le domaine du sciatique poplité externe. Hystérie

avec stigmates permanents.

Pascal M..., trente-sept ans, facteur, entré le 22 avril 1890, salle

Prus, n° 16, service de M. le professeur Charcot.

Antécédents héréditaires. - Mère violente, colère, nerveuse, n'a

jamais eu d'attaques de nerfs. Le frère de son grand-père (côté

paternel) a des accès dans lesquels il perd complètement la mé-

moire de ses actes ou des faits passés et prononce des paroles

incohérentes. Une cousine de son grand-père est folle. Son père est

sain, ni alcoolique, ni nerveux; un de ses frères est athsmatique.

SUR UNE COMPLICATION DE LA SCIATIQUE. 179

Les deux frères du malade et sa soeur jouissent d'une bonne

santé et n'ont jamais présenté d'accident nerveux.

180 PATHOLOGIE NERVEUSE.

Il passe la meilleure partie de l'année 1888 à l'hôpital, dans les

services de 1\1l\ ! . Hutinel et Damaschino. C'est au début de cette

année que ]emptK6 ! '6 inférieur droit devient raide. On s'aperçut à

cette époque que le malade élait /tm ! 'tH : e6</ttue; lui-même re-

marqua qu'il ne pouvait plus lire avec t'oeil gauche.

- Pendant l'Exposition il se fait vendeur de tickets, bien que sa

situation ne se soit guère améliorée. L'exposition terminée, il va

à la Charité dans le service de M. Féréol et se présente enfin en

avril 1890 à la consultation de la Salpêtrière.

Etat ACTUEL. Le malade se 'plaint de douleurs qui suivent le

trajet du sciatique, douleurs « en coup de canif » plus fortes au

début et à latin de la marche. C'est au niveau de la partie externe

de la jambe et du pied qu'il souffre le plus. Une dizaine de fois par

jour et la nuit quand il se réveille couché sur le côté droit, il res-

sent des douleurs « en trait, en éclair » qui partent en même

temps des deux extrémités de la jambe et se rejoignent vers la

partie médiane.

Par la pression on produit des élancements douloureux aux lieux

d'élection : point lombaire, sacro-iliaque, iliaque, fessier, points

fémoraux, point poplité, trajet péronier, point dorsal du pied et

point plantaire. La pression en masse des muscles de la cuisse et

de la jambe est sensible.

La recherche des points douloureux, la pression des muscles,

' l'exécution des mouvements du pied et de la jambe font apparaître

des crampes douloureuses. Ces crampes surviennent encore au repos

quand le membre inférieur est en extension.

Attitude. Le malade présente une légère déviution du tronc

vers la gauche.

Il marche en traînant la face plantaire du pied droit sur le sol,

sans jamais l'en détacher.

Au repos, le membre inférieur doit être étendu, raide, le pied

dans l'axe de la jambe, la pointe du pied tombante et portée en

dedans, la face plantaire plus creusée que normalement.

Les doigts du pied se relèvent et s'abaissent avec difficulté. Les

autres mouvements ne sont pas plus faciles; ils exigent de la part

du malade un véritable effort, que vient contrecarrer un spasme

plus ou moins généralisé à tout le membre.

La jambe se fléchit sur la cuisse jusqu'à l'angle droit et la cuisse

se relève incomplètement vers l'abdomen. L'abduction de la

cuisse s'exécute mieux que l'adduction; le malade croise difficile-

ment la cuisse droite sur celle du côté opposé. 1

Les mouvements de chaque segment du membre inférieur droit

sont faibles, limités et sont aisément vaincus lorsqu'on s'y oppose.

L'extension du pied et des orteils est particulièrement" faible. S'il

y a un certain degré de parésie, il existe aussi de la contracture;

la jambe, la cuisse, le pied ne présentent aucune flaccidité; par-

SUR UNE COMPLICATION DE LA SCIATIQUE. 181 ,

tout il existe un peu de raideur qui n'empêche pas néanmoins

complètement l'exécution des mouvements.

Le membre inférieur droit tout entier est atteint d'un tremble-

ment léger, dont l'intensité augmente par instants.- Secousses

fibrillaires fréquentes et contraction isolée de quelques faisceaux

musculaires. - Sens musculaire affaibli des deux côtés. Les

Fig. 21 et 22. - Etat de la sensibilité chez le malade de l'observation XI

(sciatique et hystérie).

Les stries simples indiquent les points où le frôlement n'est pis perçu, la douleur, le

chtud et le frmd perçus comme simples contacts. Les stries croisées indiquent l'anes-

thé,ic absolue dans le domaine du sciatique poplité externe.

182 PATHOLOGIE NERVEUSE.

réflexes patellaires sont égaux des deux côtés. - Les réactions

électriques des muscles sont normales. -

Dans toute la moitié gauche du corps, le frôlement du pinceau

n'est pas perçu; la piqûre, le froid et le chaud sont sentis comme

contact. Dans toute la moitié droite du corps, sauf le membre in-

férieur, le passage du pinceau n'est pas perçu; mais la piqûre, la

chaleur et le froid sont parfaitement sentis.

Au niveau du membre inférieur droit, sauf dans la région que

nous allons indiquer, le malade ne sent pas le pinceau, ne per-

SUR UNE COMPLICATION DE LA SCIATIQUE. 183

çoit que le contact des corps chauds ou froids et de la piqûre, si on

le pique légèrement.

Enfin dans toute la région externe de la jambe, dans un terri-

toire limité en avant par la crête tibiale, en arrière par la ligne

médiane et la face postérieure de la jambe il y a anesthésie com-

plète ; - et au pied, dans un espace limité en arrière par les arti-

culations tarso-métatarsiennes, en dedans par une ligne se diri-

geant vers le deuxième orteil, et s'étendant jusqu'au bord externe

du pied, - le malade est complètement anesthésique, aussi bien

sur la face dorsale que sur la face plantaire.

Il est à remarquer que le cou de pied présente les mêmes

troubles de la sensibilité que le reste du membre, c'est-à-dire que

la cuisse et la partie postéro-interne de la jambe, troubles eux-

mêmes identiques à ceux de la moitié gauche du corps.

Ni troubles trophiques, ni troubles vaso-moteurs. Pas d'amai-

grissement notable du membre. Insensibilité pharyngienne. A

gauche : goût aboli, ouie très faible, odorat nul. Du côté gauche,

rétrécissement du champ visuel à 30°. Pas d'achromatopsie, de di-

plopie monoculaire, ni de micromégalopsie. Points hystérogènes :

iliaque, testicule gauche.

Depuis le début de sa maladie. M... est d'un caractère triste. Il a

mangé toutes ses économies, ce qui n'a pas peu contribué à accen-

tuer son état de dépression mentale. Il est très maigre : l'état t

général est néanmoins assez bon.

Nous nous trouvons ici en présence de troubles-

sensitifs et moteurs qui méritent d'autant plus que

nous nous y arrêtions qu'ils peuvent prêter à erreur.

Une rapide analyse permet néanmoins de reconnaître

leur véritable nature,

Au point de vue de la sensibilité, le membre inférieur

droit doit être partagé en deux zones d'étendue iné-

gale : la première, qui comprend toute la cuisse, la

face interne et postéro-interne de la jambe, la partie

la plus interne du dos et de la plante du pied, a

entièrement conservé la sensibilité tactile, mais a

perdu la sensibilité à la douleur, à la chaleur et au

froid; la seconde, limitée à la partie externe de la

jambe et à la plus grande partie du pied, est atteinte-

184 PATHOLOGIE NERVEUSE.

d'anesthésie complète et absolue. Cette dernière nous

est déjà connue. Comme dans les précédentes obser-

vations, l'anesthésie totale est causée par une névrite

des filets cutanés du sciatique poplité externe.

Quant à la plus grande partie du membre inférieur,

elle présente identiquement les mêmes troubles sensi-

tifs que la moitié gauche du corps : thermoanesthésie,

analgésie, diminution légère de la sensibilité tactile.

A gauche, les sens spéciaux sont atteints (anosmie,

agustie, surdité presque complète, retrécissement du

champ visuel) et deux points hystérogènes existent

(testiculaire, iliaque). C'est assez dire qu'il s'agit de

phénomènes hystériques. Ce ne sont pas les seuls.

La démarche du malade, qui traîne sa jambe mi-

paralysée, mi-contracturée, est typique et porte au su-

prême degré le cachet de l'hystérie.

La sciatique a donc servi d'appel aux manifesta-

tions hystériques. Nous y insistons d'autant plus vo-

lontiers que nous ne connaissons pas d'exemple ana-

logue. La sciatique a joué le rôle d'agent provocateur

et la névrite, que rendent incontestable les caractères

de la douleur, la longue durée de l'affection, l'anes-

thésie du territoire sciatique poplité externe, a revêtu

le manteau hystérique.

La diathèse hystérique, à laquelle le malade était

singulièrement prédisposé de par l'hérédité, s'est-elle

affirmée avant ou après le début de la lésion du nerf ?

C'est ce que nous ne pouvons affirmer. Il est possible

que son développement ait eu pour cause occasion-

nelle les douleurs, la misère, les souffrances de tout

genre endurées par le malade depuis l'apparition de

la sciatique. ,

SUR UNE COMPLICATION DE LA SCIATIQUE. 185

On pourrait se demander pourquoi nous concluons

chez cet homme à la nature hystérique de l'anesthésie

qui occupe comme une jambe de pantalon tout le

membre inférieur du côté droit, lorsque, en présence

d'une anesthésie presque identique chez la femme de

l'OBSERVATION X nous avons conclu à un trouble dépen-

dant de la sciatique, analogue à ceux qui ont déjà été

décrits dans cette maladie. La raison est bien simple.

On pourrait penser évidemment chez cette femme à

l'hystérie en voyant les limites de son anesthésie qui

ne répondent à aucune distribution nerveuse. Mais

il faut admettre d'abord qu'elles ne sont pas en réalité

aussi nettes, que nous avons été obligés de les figurer

sur un schéma de petites dimensions. La transition

entre les parties anesthésiées et les parties sensibles

est graduelle et non pas brusque comme dans l'hys-

térie. De plus il ne s'agit pas d'une anesthésie, mais

d'une simple diminution, fort légère, à vrai dire, de

la sensibilité. Enfin, et c'est là, ce nous semble, le

meilleur argument, cette malade ne présentait aucun

autre phénomène hystérique. Pourquoi donc alors vou-

loir rattacher à cette névrose un phénomène qui au-

rait été sa seule manifestation, tandis qu'il était bien

plus rationnel de l'interpréter en l'attribuant à la

sciatique dans laquelle nous connaissons déjà des

troubles semblables ?

Il en était tout autrement chez M... et considé-

rant les caractères de l'anesthésie en jambe de pan-

talon du membre inférieur droit, anethésie abso-

lument identique à l'hémianesthésie du côté opposé,

nous ne pouvons faire autrement que de l'attribuer à

l'hystérie et non à la sciatique. Tel était du reste

186 PATHOLOGIE NERVEUSE. COMPLICATION DE LA SCIATIQUE.

l'avis de M. le professeur Charcot lorsqu'il présenta

ce malade dans une de ses leçons cliniques. '

Du groupement de tous ces faits que nous venons

d'examiner, nous croyons que l'on peut tirer quelques

conclusions qu'ils nous paraissent légitimer de tous

points :

1° Il existe une complication peu connue de la

sciatique, consistant en une névrite localisée à une

seule branche de division de ce' nerf, le sciatique po-

plité externe, et caractérisée par des troubles moteurs

et sensitifs portant sur le territoire de distribution

musculaire et cutanée de ce tronc nerveux ;

2° Cette complication se présente aussi bien dans

la sciatique simple, dans laquelle on ne l'avait, il est

vrai, jamais décrite jusqu'aujourd'hui, que dans la

sciatique par lésion traumatique des branches d'ori-

gine du nerf dans le bassin, où on la connaissait

déjà;

3° L'étiologie et la pathogénie ne semblent rien pré-

senter de particulier. Les théories mises en avant pour

interpréter les cas traumatiques déjà observés, tom-

bent devant les observations de sciatique simple. Il

semble pour le moment qu'on doive se contenter de

l'ancienne interprétation : prédominance des névrites

sur les extenseurs ;

4° Quoi qu'il en soit, il s'agit le plus souvent d'une

complication sérieuse, d'un pronostic assez sévère, com-

mandé par la présence d'une névrite avec atrophie dé-

générative des muscles..

CLINIQUE NERVEUSE

LEÇONS SUR UN CAS DE MALADIE DES TICS ET UN CAS DE

TREMBLEMENT SINGULIER DE LA TÈTE ET DES MEMBRES

GAUCHES ' ;

Par le professeur J. GRASSET ( de lltontpellier ) .

Recueillies et publiées par le Dr G. Rnuzien,

Chef de clinique médicale .

II.

Nous arrivons maintenant à la deuxième malade, celle que

vous observez actuellement dans la salle Sainte-Marie et qui

présente, principalement dans la tête et les membres, des

mouvements très bizarres et difficiles à analyser. Je dois d'a-

bord vous rapporter l'observation même de la malade, prise

avec beaucoup de soin par M. Revel, externe du service. Il s'a-

git d'une jeune fille de trente et un ans, sans profession, qui a

laissé sa famille habitant Lunel, pour entrer à l'hôpital, le

18 février 1890.

Son père était vif, emporté, facilement irritable. Il est mort,

il y a environ seize ans, d'une maladie survenue à la suite

d'un violent accès de colère et qui dura un an. La malade ne

peut fournir sur cette affection aucun détail précis. Elle affirme

seulement que son père avait joui, durant toute sa vie, d'une

excellente santé; c'était un homme fort et robuste; il n'avait

jamais eu de rhumatismes. La mère qui vit encore, n'a jamais

été malade; elle est nerveuse, mais, sur ce sujet encore, sa fille

ne fournit que des renseignements incomplets. Une soeur, la

seule d'ailleurs, est morte d'une affection chronique ( ? ) qui a

duré un an et s'est développée à la suite d'un bain au cours

duquel elle s'était refroidie.

Durant sa jeunesse, la malade était vive et alerte, mais elle

' Voy. Arch. de Neuool., t. XX, p. 27.

188 CLINIQUE NERVEUSE.

n'accuse aucun phénomène nerveux bien précis. Elevée dans

un pensionnat, elle a reçu une certaine instruction; elle a

même été, pendant un temps, maîtresse adjointe dans une

maison d'éducation à Lunel.

. J'attire votre attention -sur cette dernière circonstance qui

est loin d'être indifférente. Vous avez remarqué le contraste

qui existe entre l'éducation de notre malade et sa position

sociale actuelle; elle a toutes les allures d'une déclassée et je

ne serais pas étonné qu'elle se considérât comme une incom-

prise.

Les règles, apparues vers l'âge de quinze ans et demi, ont

toujours été irrégulières. D'abord bi-mensuelles, elles faisaient

complètement défaut d'autres mois. Ces irrégularités se pré-

sentent encore de temps en temps.

Voici maintenant l'histoire de sa maladie actuelle qui semble

avoir coïncidé avec la mort de son père et une certaine histoire

de mariage manqué sur laquelle les renseignements fournis ne

me permettent pas de m'étendre.

Il y a seize ans que Marie R... est malade. La maladie a débuté

en même temps que l'instauration menstruelle et peu de temps

après la mort de son père. La jeune fille était alors au pensionnat.

Rappelée dans sa famille, elle se trouve fort impressionnée et,

six mois après, apparaissent, avec la menstruation, les premiers

accidents. La jcune fille éprouve une lourdeur de tête constante

et, par intervalles, une céphalalgie véritable en forme de casque.

- Puis survient une hemiparésie gauche avec paralysie faciale.

Malheureusement la malade, tout en affirmant la réalité de la

paralysie de la face, ne peut préciser suffisamment le sens de cette

déviation.

Elle en guérit bientôt, mais conserve un affaiblissement marqué

du même côté. Avec cela les maux de tête persistent, la mens-

truation est irrégulière.

Dès ce moment, l'appétit devient capricieux, la digestion se fait

mal. La moindre émotion, une contrariété quelconque, provoquent

- un tremblement passager. A part ces phénomènes tout à fait tran-

sitoires, la motilité est régulière, la marche en particulier s'ac-

complit normalement.

C'est seulement y a trois ans que la malade a constaté pour la

première fois les mouvements qui motivent son entrée. Ces mou-

vements ont, dès le début, dominé dans l'extrémité céphalique et

ne se sont manifestés qu'à un moindre degré dans les membres,

avec une prédominance marquée pour le côté gauche. Du même

.côté, la vue s'est progressivement affaiblie, en sorte que la jeune

MALADIE DES TICS ET' TREMBLEMENT. '189

fille n'a pu bientôt lire et coudre qu'avec peine. Les mouvements,

légers à l'origine, ont augmenté peu à peu d'intensité, tout en

conservant une continuité réelle, et ont acquis progressivement les

caractères que nous constatons aujourd'hui.

Lors du premier examen (et l'aspect n'a malheureusement pas

changé depuis), nous nous sommes trouvés en présence d'une

jeune fille robuste, présentant toutes les apparences d'une santé

générale excellente. Les fonctions végétatives n'ont subi aucune

altération. Le moral de la malade n'est nullement atteint : riant

toujours, et souvent sans aucun motif, elle répond aux questions

avec un plaisir évident ; elle met même dans ses réponses une

certaine recherche et tâche de nous faire remarquer son beau lan-

gage. Elle tient aussi à nous montrer son écriture et son style; j'ai

déjà reçu d'elle deux ou trois lettres, bien tournées mais un peu

longues, dont je vous ai communiqué certains passages.

Quant aux mouvements anormaux, qui constituent le symptôme

prédominant, ils ont une prédilection particulière pour la tête et

la face ; l'extrémité céphahque oscille d'une façon continuelle,

aussi bien au repos que pendant les mouvements. Les bras et les

jambes, surtout à gauche, sont également animés de mouvements

anormaux, mais ceux-ci ne se produisent guère que pendant les

mouvements volontaires ou bien lorsque le membre n'est pas

soutenu ; les mouvements du bras sont beaucoup plus marqués

que ceux du membre inférieur.

Tous ces mouvements ont le caractère rythmique; ce sont tou-

jours des oscillations d'égale amplitude de part et d'autre d'une

position d'équilibre. La tête est animée d'un mouvement d'oscil-

lation verticale qui, chez une personne âgée, permettrait d'affirmer

que la malade « branle du chef ». Mais, en même temps que cette

trépidation d'ensemble de la tête, il existe des mouvements partiels

provoqués par la contraction de certains muscles, en particulier

un mouvement oscillatoire, indépendant, du cuir chevelu et des

sourcils, dû à la contraction régulièrement intermittente des

muscles frontaux et sourciliers.

Les mouvements des membres ont également un caractère

rythmé. Plus marqués, ai-je dit, dans les membres supérieurs, ils

ont une amplitude différente, suivant que l'on considère l'un ou

l'autre côté, présentent toujours une égale étendue et ne s'exa-

gèrent jamais, même après la répétition fréquente d'un même

mouvement voulu, au point de rendre l'acte impossible. Ce der-

nier caractère vise surtout le membre supérieur droit, auquel

l'amplitude moindre des oscillations permet l'exécution d'actes

divers, au lieu que le degré habituel des mouvements oscilla-

toires dans le bras gauche rend, de ce côté, tout acte volontaire

impossible, pour peu qu'il soit complexe. La malade porte, en une

minute, 48 fois la main droite et 36 fois la main gauche à sa

190 CLINIQUE NERVEUSE.

bouche, sans que le tremblement constaté à la fin de l'expérience

diffère en rien de la trépidation initiale. -

Si on complique l'acte en lui ordonnant de porter un grand

nombre de fois un verre à sa bouche, on verra le bras droit arriver

au but désigné au prix des mêmes oscillations cadencées, cons-

tamment tandis que, dès la première tentative, la main gauche

^n'arrivera pas, en raison de satrémulation intense, à préciser l'acte

voulu. ·

La trépidation des membres ne se produit pas au repos propre-

ment dit, c'est-à-dire quand le bras est appuyé le long du tronc,

la main sur les genoux et le pied reposant à terre ; mais il se

manifeste aussitôt que l'on dit à la malade d'élever sa main ou de

soulever son membre inférieur.

C'est dire que la marche est impossible, même avec l'aide d'une

canne ; lorsqu'on fait marcher la jeune fille en la soutenant, on

constate que la démarche est incertaine et trépidante. Les pieds

se déjettent quelque peu en dehors, le talon frappe le sol, tout le

corps est animé d'un violent tremblement, mais c'est encore au

niveau de la tête que les mouvements prédominent.

La malade sent le sol en marchant, elle déclare, en outre,

n'éprouver aucun effet fâcheux de l'occlusion des paupières et

prétend même marcher plus facilement les yeux fermés. Par

exemple elle, a plus de difficulté encore à tourner qu'à marcher en

avant. Dans la station debout, la malade se penche bientôt à

gauche et tomberait de ce côté si on ne la retenait. Le réflexe

rotulieu est également exagéré des deux côtés.

La sensibilité, sous toutes ses formes, est parfaitement conservée;

elle est égale des deux côtés. On note seulement un degré notable

d'anesthésie pharyngée, alors que la malade a abandonné depuis

plusieurs mois l'usage du bromure. La vue est mauvaise. La ma-

lade ne peut regarder fixement un objet pendant un certain temps;

la clarté la fatigue et elle cache habituellement ses yeux avec ses

mains; l'oeil gauche surtout parait atteint fonctionnellement, et la

jeune fille prétend mieux y voir avec l'oeil droit qu'en faisant usage

des deux yeux. Cependant le champ visuel n'est pas diminué;

l'acuité visuelle est moins grande à gauche qu'à droite. L'examen

du fond de l'oeil pratiquée par mon interne, M. Castagne, ne révèle

pas de graves lésions : les deux papilles sont légèrement décolo-

rées, les veines des deux côtés sont volumineuses et témoignent

d'une gêne de la circulation en retour.

Je passe maintenant sur le détail de quelques symptômes, tels

qu'un certain degré de parésie des lèvres, de la langue, une sali-

vation habituelle, et le retour fréquent, au moment de la déglu-

tition, d'une partie des liquides ingérés, par les fosses nasales.

Nous reviendrons sur ces phénomènes, d'une valeur séméiologique

importante, au cours de la discussion qui va suivre.

MALADIE DES TICS ET TREMBLEMENT. 191

Telle est l'histoire de la malade. Passons au diagnostic. Ce

qui domine chez notre malade, ce sont donc des mouvements

anormaux prédominant au niveau de l'extrémité céphalique et

se produisant également, bien qu'à un moindre degré, dans les

membres supérieurs et inférieurs.

La première maladie à laquelle on songe, en présence de

cette instabilité constante de la tête, persistant depuis des an-

nées, est la chorée chronique de l'adulte. Cette maladie, inté-

ressante et curieuse, a été bien étudiée au cours des dernières

années sous le nom de chorée de Huntington. Elle a bénéficié,

par une tendance habituelle aujourd'hui et fort exagérée à

mon avis, du nom de celui qui en a donné le premier une

description complète. Huntington est en effet, vous le savez,

un médecin américain qui, en 1872, s'est attaché à décrire et

à différencier des autres genres la chorée de l'adulte ou chorée

chronique, ou chorée héréditaire. Vous trouverez une étude

complète de cette affection dans la récente thèse de Huet, un

interne distingué de M. Charcot. Voici, d'après Huntington

lui-même, la caractéristique de la chorée chronique :

il. - Cette forme de chorée est héréditaire. Il y a des familles

entières de choréiques. Celles-ci, d'après les observations del'auteur

et celles de son père et de son grand-père, également médecins,

présentent cette particularité qu'à toute affection qui survient

chez un de leurs membres, s'ajoute un élément nerveux. - Si,

dans une pareille famille, une génération est épargnée, la ten-

dance choréique cesse d'exister ; l'affection ne se reproduit pas,

comme pour d'autres maladies héréditaires chez la troisième géné-

ration.

« 2. - La chorée débute de la manière ordinaire, elle atteint

le degré le plus élevé s'accompagne le plus souvent de troubles

psychiques et fréquemment de tendances au suicide, et aboutit

graduellement à la mort. On n'a pas observé de guérison.

« 3. - La maladie ne débute jamais dans la jeunesse, mais ha-

bituellement entre trente et quarante ans, rarement après ; elle

atteint également les deux sexes. »

On peut avec Huet, résumer les caractères de la chorée chro-

nique de la façon suivante : hérédité, souvent extrêmement ac-

cusée, sous la forme similaire; développement tardif;

marche chronique et progressive, aboutissant le plus souvent

à l'affaiblissement des facultés intellectuelles et parfois à la

démence complète.

192 CLINIQUE NERVEUSE.

On a beaucoup discuté sur la nature de cette maladie, et en

particulier sur ses rapports avec la chorée de Sydenham. Huet,

après discussion approfondie, identifie complètement les deux

affections et conclut :

« Il existe principalement chez l'adulte et le vieillard une forme

chronique de la chorée. On la rencontre aussi, mais exceptionnel-

lement, chez les adolescents. Elle suit une marche lente et pro-

gressive et s'accompagne presque toujours, tôt ou tard, d'un affai-

blissement de l'intelligence ou de la mémoire, pouvant aller

jusqu'à la démence, et la déchéance intellectuelle la plus com-

plète.

a Le fait étiologique qui joue un rôle prépondérant dans sa pro-

duction est l'hérédité nerveuse, soit l'hérédité de transformation

soit surtout l'hérédité similaire. Dans ce cas, la chorée chronique

revêt à un haut degré l'aspect d'une maladie héréditaire et fami-

liale. Mais elle peut exisler indépendamment de cette hérédité,

sans présenter aucun caractère qui la distingue de la variété héré-

ditaire. La chorée, que l'on a appelé la chorée héréditaire ou cho-

rée de Huntington, etc., n'est pas une maladie à part, autonome,

mais une variété de la chorée chronique.

« La chorée chronique présente des troubles moteurs de même

ordre que la chorée de Sydenham, commune, le plus souvent

cependant les mouvements sont plus lents et dans la plupart des

cas aussi moins étendus. L'influence de la volonté y est aussi beau-

coup plus grande et produit l'arrêt ou la diminution momentanée

des mouvements intentionnels. Cette influence de la volonté

n'est pas un caractère appartenant exclusivement^ la chorée chro-

nique héréditaire, elle se montre aussi prononcée dans la chorée

chronique sans hérédité; elle se retrouve également, dans une

certaine mesure, dans la chorée de Sydenham commune.

«..... Quoiqu'elle ne menace pas directement l'existence et pro-

mette une longue survie, son pronostic est grave, non seulement

en raison de sa marche graduelle et progressive (on ne connaît

pas jusqu'à présent d'exemples de guérison d'une chorée devenue

chronique) de l'incapacité du travail, qu'elle entraine tôt ou lard,

de l'affaiblissement intellectuel et de l'état de démence auxquels

elle aboutit, mais aussi en raison de sa tendance à se transmettre

par hérédité; elle apparaît en général tardivement dans ses mani-

t'estationshéréditaires, le plus souvententre vingt-cinq et cinquante

ans. ·

« La nature anatomique de la chorée chronique, comme celle

de la chorée de Sydenham aiguë, est encore inconnue.

« Selon toute vraisemblance, c'est une affection cérébrale ou céré-

1ro-splIJale; nous sommes portés à penser que le siège des lésions

MALADIE DES TICS ET TREMBLEMENT. 193

anatomiques doit être cherché du côté de la couche corticale des

circonvolutions. »

Huet assimile donc la chorée de Sydenham et la chorée

héréditaire. Celle-ci aurait seulement un développement plus

tardif, présenterait plus de chronicité et offrirait quelques

caractères spéciaux. Mais, au fond, les deux maladies seraient

identiques et l'on pourrait définir la maladie de Huntington :

une forme chronique, développée chez l'adulte, de la chorée de

Sydenham.

On peut, chez notre sujet, éliminer assez vite la chorée

chronique. Certainement divers caractères l'en rapprochent :

le développement tardif des mouvements anormaux, à. l'âge

de vingt-huit ans; la chronicité de l'affection, dès à présent

constituée, puisqu'elle date déjà de trois ans; - l'existence,

enfin, d'un état évidemment anormal de l'intelligence, pour-

raient être rapportés à la chorée chronique. Mais à côté de ces

points d'analogie, que de différences ? D'abord l'hérédité fait,

dans notre cas, entièrement défaut. De plus et surtout, les

mouvements de la malade ne présentent en aucune façon les

caractères des mouvements choréiques. La caractéristique des

chorées, quelle que soit la variété nosologique à laquelle on

ait affaire (et Dieu sait s'il en existe ! ), c'est l'irrégularité,

l'arythmie, le désordre des mouvements. Or, les mouvements .

de notre malade sont rythmiques et réguliers. Donc, par seule

définition, elle n'est point-atteinte de chorée.

S'agit-il, plutôt, d'une chorée rythmique ? De fait, le dia-

gnostic avec cette forme morbide sera difficile à établir, d'au-

tant que notre malade, pour forcer les analogies, présente

quelques stigmates hystériques. Mais la chorée rythmique est

habituellement caractérisée par de grands mouvements oscilla-

toires. Or, les oscillations qui traduisent l'état d'instabilité

de notre sujet présentent une amplitude très réduite. Les

grandes salutations comme celles de notre première malade,

les mouvements de pédale et de saut, classiques en pareil cas,

font totalement défaut.

Si nous nous rapportons à la classification que je vous

donnais en commençant, nous avons affaire à un tremblement.

Nous sommes en présence d'un tremblement ayant pour siège

principal la tête, également localisé dans le bras gauche et, à

un moindre degré, dans la jambe gauche. Qu'est ce tremble-

ment ? Comment le classer, et quelle est sa signification ?

Archives, t. XX. 13 3

194 - CLINIQUE NERVEUSE.

Je n'ai nullement l'intention de vous présenter une étude

générale du tremblement; vous trouverez cette intéressante

question très approfondie dans un remarquable article du

Dictionnaire Encyclopédique, dû à Démange, qui a traité ce

sujet difficile avec un talent incontesté. Mais il faut,, dans le.

cas actuel, prendre ce tremblement, symptôme primordial ?

comme point de départ de la discussion diagnostique.

J'éliminerai dès l'abord et sans m'y arrêter, tout ce qui est

tremblement provoqué, comme la trépidation épileptoïde que

l'on produit, vous le savez, en étendant fortement le pied sur

la jambe; - les tremblements passagers, ceux par exemple

que provoque la fièvre ou une émotion; - le tremblement

post-hémiplégique, malgré la mention un peu vague du reste,

d'accidents paralytiques signalés par la jeune fille au début de

sa maladie; .- enfin, les tremblements toxiques, dont les tré-.

pidations alcoolique et hydrargyrique constituent les prince

paux types, etc. -,

La première maladie dont il faille discuter un peu sérieu-

sement le rapport avec la symptomatologie présentée par notre

malade, est la paralysie agitante. La caractéristique classique-

de la paralysie agitante est l'existence d'un tremblement se

produisant au repos. Or, à première vue, le tremblement de

la malade semble bien se manifester en dehors des mouvements.

Une analyse plus complète des phénomènes'permet d'écarter

ce diagnostic. '

Le tremblement de la maladie de Parkinson porte ordinai- 1

rement, au début, sur les extrémités; les doigts sont atteints

en premier lieu, les, pieds peuvent' l'être aussi. De plus les

mouvements anormaux qui, je viens de vous le dire, se pro-

duisent quand l'individu est au repos, sont incessants, ryth-

més, cadencés, comparés aux actes professionnels de certains z

métiers : les malades ont l'air de faire des pilules, d'émietter

du pain, de rouler une cigarette, ils exécutent des mouvements

de pédale, etc. - :

Ici, rien de pareil : la trépidation de la main ne prête à

aucune comparaison de ce genre;' c'est un mouvement d'os-

cillation verticale, et pas plus. En outre, le tremblement de la

paralysie agitante cesse aussitôt que le sujet veut accomplir

un acte volontaire; celui-ci s'accomplit normalement, au

moins dans les premiers temps de la maladie. Charcot insiste

avec raison sur ce caractère, qui fait complètement défaut dans

MALADIE DES TICS ET TREMBLEMENT. 195

notre cas. Bien au contraire, la trépidation paraît dans

l'espèce, s'exagérer quelque peu sous l'influence de l'acte-

voulu ; en tout cas, le tremblement persiste, s'il ne s'augmente,

lorsqu'on dit à la malade de porter un verre à sa bouche.

Les autres signes de la maladie de Parkinson, la sensation

de chaleur, l'attitude spéciale, font ici défaut. La malade, en

marche, n'est point animée de ce mouvement de propulsion

qui lance les Parkinsonniens la tête en avant, le corps plié

en deux, à la poursuite constante de leur centre de gravité, et

dont cette vieille femme de mon voisinage, que vous rencontrez,

chaque jour courant dans les principales rues de la ville,

offre un si remarquable échantillon.

Enfin dans la paralysie agitante, la tête est le plus souvent

respectée. Gliarcot a même donné l'absence de tremblement

céphalique, opposé à la trépidation des membres, comme un

signe caractéristique et d'une valeur absolue; avec cette res-

triction que dans certains cas, on peut constater un trem-

blement apparent de la tête, celle-ci participant alors à un

ébranlement d'ensemble provoqué par l'intensité des secousses

ayant leur origine dans les membres. - Ce caractère n'est pas

aussi constant qu'on l'a prétendu. Villemin, Westphal,

Démange ont signalé des faits contradictoires, exceptionnels

du reste. Mais la remarque est vraie en thèse générale.

Chez notre malade, au contraire, c'est l'inverse que l'on

observe : la tête est surtout et presque exclusivement animée-

de mouvements anormaux. Cet ensemble de preuves suffit, je

le crois, à écarter la paralysie agitante.

Puisque le tremblement des membres peu marqué au repos,

apparaît nettement à l'occasion des mouvements, il est naturel

de songer à la sclérose en plaques, dont la trépidation pré-

sente les mêmes caractères. Il nous sera facile de l'éliminer.

M. Charcot, qui a tracé du tremblement de la sclérose en

plaques une description magistrale, parvient à le dépister de-

la manière suivante : il engage le malade à porter à plusieurs

reprises et vivement un verre à sa bouche. La première fois,

le mouvement s'exécute assez bien; mais, à la quatrième ou

cinquième reprise, le tremblement est tel que l'acte devient

impossible. Il en est de même pour le pied; si l'on demande

au malade étendu dans son lit, de diriger de la même manière

que précédemment, la pointe du pied vers un but déterminé,

on voit bientôt l'organe se dévier involontairement de la

196 CLINIQUE NERVEUSE.

direction indiquée. Cette manoeuvre est aussi simple dans sa

technique que précise et pathognomonique dans ses résultats;

son application nous a permis de conclure que notre malade

n'est point atteinte de sclérose en plaques. Le tremblement en

effet, s'il se produit au moment et à l'occasion des actes,

n'augmente pas-au sur et à mesure que ceux-ci se répètent.

Quand la malade exécute une série de fois un mouvement

volontaire, la trépidation se manifeste dès le début de la série,

mais ne s'exagère pas dans la suite. C'est là un argument

décisif.

Nous venons de comparer le tremblement de notre malade

aux deux types de tremblement dans le cadre desquels rentrent

habituellement toutes les formes de ce symptôme. On arrive

à peu près toujours, en effet, à rapporter un tremblement au

type de la paralysie agitante ou à celui de la sclérose en

plaques. Ici, les deux maladies doivent être mises hors de

question.

A quel type exceptionnel avons-nous affaire ? Analysons un

peu plus en détail les phénomènes :

Le tremblement de la malade présente la particularité sui-

vante : il est nul, ou à peu près, au repos complet. Quand le

bras ou la jambe est solidement appuyée, il ne tremble pas du

tout.- Le fait est plus difficile à constater pour la tète, la ma-

lade étant généralement observée debout ou assise, et la tête se

trouvant à ce moment non pas au repos vrai, mais dans un

état de tonus provoqué par la contraction égale et simultanée

des muscles antagonistes. Voilà pourquoi, dans l'une des

deux positions précédentes, nous notons habituellement la per-

sistance des mouvements de la tête. Au lieu que si l'extrémité

céphalique est mise véritablement au repos et prend dans le

décubitus dorsal, un point d'appui sur un oreiller, la trépi-

dation s'atténue dans de notables proportions. Il ne reste plus

alors que la contraction rythmique du frontal avec mouvement

oscillatoire des sourcils; ce tremblement localisé cessant lui-

même si l'on détruit par une légère pression le tonus du

muscle correspondant.

Le tremblement qui, au repos vrai, fait donc défaut,

apparaît au contraire dès qu'il se produit une contraction

musculaire, et cela, que la contraction musculaire soit accom-

pagnée de déplacement comme dans la marche ou un mou-

vement quelconque, ou bien qu'elle se produise indépen-

MALADIE DES TICS ET TREMBLEMENT. 197

damment de tout déplacement et dans le but unique de

maintenir une position fixe. Le maintien de la tête en situation

d'équilibre, la malade étant assise ou debout, suffit à le déter-

miner, alors que le décubitus le fait disparaître. Il faudrait

donc, entre les deux types de tremblement auxquels je faisais

allusion tout à l'heure, en décrire une troisième espèce

répondant à la variété précédente.

On devra désormais distinguer les tremblements suivant

qu'ils se produisent dans l'une ou l'autre des trois circonstances

suivantes : ·

1° Dans le repos musculaire complet, la partie qui est le

siège du tremblement se trouvant en résolution parfaite;

2" Au cours de la contraction musculaire avec déplacements;

3° Dans l'état de contraction musculaire sans déplacement,

autrement dit durant le tonus destiné à maintenir une position

d'équilibre.

Le tremblement au repos, et seulement au repos, cessant

par la contraction musculaire, caractérise la paralysie agitante.

Le tremblement qui se manifeste pendant la contraction

musculaire avec déplacement, qui ne se produit qu'alors et

s'exagère proportionnellement à l'intensité de la contraction,

imprime à la sclérose en plaques son cachet spécial. - Enfin,

le tremblement provoqué par toute contraction musculaire

accompagnée ou non de déplacement naissant du même fait de

la contraction musculaire et ne s'exagérant en aucune façon

par les mouvements constitue un troisième type dont notre

cas démontre la réalité clinique.

Cette variété séméiologique pourrait être appelée type du

tremblement sénile ; elle rentre, en effet, d'une façon complète,

dans cette modalité symptromatique. Voici, en effet, les carac-

tères cliniques du tremblement sénile , d'après Démange, qui

l'a fort bien étudié :

« il commence le plus souvent'par les muscles de la nuque et

du cou ; la tête branle plus rarement, le début a lieu par les

membres supérieurs, le tremblement peut rester longtemps, tou-

jours même, localisé à la tête, mais habituellement il occupe la

tête et les membres supérieurs ; très rarement, il envahit progres-

sivement les membres inférieurs et tend à se généraliser.

« Le tremblement sénile est nul au repos, c'est-à-dire quand

l'individu est dans la résolution musculaire, complètement étendu

sur un lit la tête reposant sur l'oreiller. 11 est nul également pen-

dant le sommeil.

198 CLINIQUE NERVEUSE.

Mais, si l'on fait asseoir le malade sur son séant, les bras levés

si surtout on le place dans l'attitude debout sur les pieds, J'enga-

geant à rester immobile ; onpeutalorsconstaterletremblements'il

existe. Celui-ci,- en effet, apparaît dès que la conlractilité musculaire

est en jeu, soit pour maintenir une. attitude fixe, soit surtout pour

exécuter,. un mouvement voulu ; le tremblement augmente d'inten-

sité si le mouvement exécuté est délicat, si un effort est nécessaire

comme pour soutenir un poids, il cesse dès que l'effort ou le mou-

vement voulu est terminé, dès que la tête, le bras ou la jambe ont

trouvé un point d'appui qui leur permet de cesser toute contraction.

Une émotion, une attention soutenue, augmententle tremblement;

,il est plus marqué il jeun et pendant les pressions atmosphé-

riques basses des temps orageux, et quand l'air est chargé d'élec-

- trioté. - i - -

, » Le tremblement de la tête est surtout caractéristique; les se-

,-couses des muscles de la. nuque et du cou irupriment à celle-ci.

- quand elle ne repose pas sur un point d'appui étranger au corps,

,-des oscillations rythmiques uniformes propres à la tète et bien

différentes des secousses, qu'un tremblement quelconque des mem-

bres ou du tronc peut lui transmettre. Le braillement de la tête a

lieu tantôt dans le sens horizontal (tremblement négatif), tantôt

'-dans le' 'sens vertical, tremblement affirmatif (B. Saunders) ; par-

fois la combinaison de ces deux mouvements imprime à la tête

'des oscillations obliques. '

...... Le tremblement des membres supérieurs est moins cons-

, tant que celui de la tête ; nous l'avons observé cinq fois sur six

malades. Les avant-bras et les mains, reposant sur un plan hori-

zonal sur une table ou sur un lit, ne tremblent pas; mais dès que

le vieillard les soulève, on voit les avant-bras, les mains, les doigts

agités par de petites oscillations régulières, uniformes, isochrones,

- imprimant aux mains et aux doigts des déplacements dans un sens

- et dans l'autre, jamais assez intenses pour'simuler comme dans la

.paralysie agitante , des mouvements de métier. Si, pendant que le

' bras est étendu et agité de tremblement, on ordonne au malade

de saisir un objet quelconque, d'exécuter un mouvement déter-

.miné, on n'observe pas le temps d'arrêt momentané au début du

mouvement intentionnel, si caractéristique de la.maladie de Par-

>kinson ; on n'observe pas non plus pendant le mouvement inten-

.tionnel une augmentation graduelle et progressive du tremble-

i ment mesure que le doigt approche du but déterminé comme il

arrive dans la sclérose 'en plaques. Ici- le mouvement augmente

- bien d'amplitude'pendantque lamain etles brasexécutentle mou-

vement voulu, mais-ces oscillations augmentent brusquement d'in-

'.tensité au début de l'exécution du mouvement voulu et restent uui-

.furmément;également, augmentés pendant tout le temps que le

.malade cherche à faire un effort. Plus l'effort est considérable, plus

MALADIE DES TICS ET TREMBLEMENT. '199

les oscillations augmententd'amplitude, toujours en restant égales

entre elles,pour un effort déterminé. C'est là, la caractéristique du

tremblement sénile. Nous avons pu mettre le fait en évidence par

des tracés graphiques rapportés dans notre travail (Démange,

Revue de' Médecine, 1884). Nous avons constaté en outre que dans

le tremblement sénile, la durée d'une oscillation était de 0,26 de

secondes, soit 3,8 oscillations par seconde.

,L'écriture, quandlamain est atteinte, est tremblée, les lettres sont

bien formées ou. à peu près qnand le tremblement n'est pas trop

fort, mais, les traits sont ondulés et comme dentelés régulièrement,

ce qui rappelle tout à fait les tracés graphiques du tremblement

sénile.» t ?

Nous avions constaté combien, symptomatiquement, le

tremblement de notre malade diffère des deux variétés de

tremblement appartenant à la paralysie agitante et à la sclé-

rose en plaques : . - ,- -

Vous'venez de voir, par la précédente description, que tous

'ses'caractères le rapprochent, au contraire; du tremblement

-;sénile. · 1 , ' ' ' j

" Est-ce là un diagnostic complet, un diagnostic nosologique ?

Qu'est-ce; en effet, que- le-tremblement sénile ? Jusqu'à ces

" derniers temps,- déclare Démange,' le tremblement sénile était

'considéré comme' extrêmement fréquent : on en faisait en

quelque sorte une caractéristique' de la sénilité. « Le tremble-

ment des vieillards, disait Axenfeld, faisait presque partie de

l'état physiologique. » ' . -

' ' Aujourd'hui, on est complètement revenu- de cette idée.

Déjà, Trousseau démontre ,que le tremblement est loin d'être

'l'apanage constant et exclusif de la vieillesse : « On a coutume

de dire, cite Demange, que cette espèce de tremblement est

un. effet de la faiblesse que l'âge avancé entraine avec lui ;

- mais, si Le fait est vrai en quelques cas, il -ne l'est plus d'une

manière générale; d'une part en i effet, ce.;tremblement ne

s'observe pas nécessairement chez tous les vieillards, même

très avancés en âge; d'autre part, il se rencontre assez fré-

quemment chez des sujets dans l'âge mûr, et même chez les

adolescents. » -Charcot établit la rareté relative du tremble-

ment chez les, .vieillards ; dans les immenses dortoirs de la

Salpêtrière, il n'est arrivé, dans des recherches pratiquées en

1876, à en relever que cinq cas. ' Il , , 1.

. Enfin, Démange étudie avec soin la- question en z, dans

.la. Revue de Médecine.}], conclut que le tremblement dit sénile

200 CLINIQUE NERVEUSE.

n'est point lié à la sénilité. S'il est plus fréquent de le rencon-

trer chez le vieillard, on peut aussi l'observer chez l'adulte et

dans la jeunesse. Dans un cas, il a vu la trépidation apparaître

à vingt ans ; sur 300 vieillards, il l'a constatée six fois seule-

ment. - -

Les lésions anatomiques qui sont le point de départ du trem-

blement sénile sont encore inconnues. Dans deux autopsies,

Démange affirme n'avoir trouvé que les altérations banales de

là moelle sénile ; une atrophie générale de la moelle, une pig-

mentation anormale des cellules nerveuses, un dépôt abon-

dant de corps amyloïdes, l'endartérite et la périartérite des

petits vaisseaux médullaires et' des petits îlots disséminés, plus

ou moins étendus, de sclérose périvasculaire.

Ces lésions ne me paraissent pas aussi banales qu'à De-

mange. Je verrais volontiers dans cette sclérose médullaire

d'origine artérielle, lorsqu'elle se localise sur certaines régions

de la moelle, une cause fréquente du tremblement sénile.

Démange objecte, il est vrai, que beaucoup de vieillards pré-

sentent de pareilles lésions sans avoir jamais tremblé et que

ces altérations auraient plutôt tendance à produire de l'affai-

blissement que du tremblement sénile. Il termine en faisant

de cette variété de tremblement une névrose à part, ayant sa

place distincte à côté de la paralysie agitante.

S'il en était ainsi, notre tâche serait à peu près terminée;

nous aurions fait du même coup, chez notre malade, le double

diagnostic symptomatique et nosologique. Je crois cependant

qu'il nous reste encore, pour conclure, des arguments à pro-

duire. Certains recoins de l'observation n'ont pas encore été

explorés. - Nous allons nous rendre compte, par leur étude,

que la famille nosologique à laquelle appartiennent les trou-

bles présentés par la jeune fille n'est pas la maladie de Par-

kinson, mais bien l'hystérie; qu'il s'agit en un mot, dans

notre cas, d'un tremblement hystérique à forme de tremble-

ment sénile.

Nous pouvons affirmer, je le crois, que notre malade est une

hystérique ! Non pas qu'elle ait jamais eu de grandes crises et

présenté la forme convulsive de la névrose; ces manifestations

bruyantes ont fait, chez elle, entièrement défaut. - Les stig-

mates qu'elle présente sont également peu nombreux, mais

ils existent. Nous n'avons pu trouver ni rétrécissement con-

centrique du champ visuel ni anesthésie cutanée. - L'anes..

MALADIE DES TICS ET TREMBLEMENT. 201

thésie pharyngée, au contraire, est complète. Au premier

abord, je n'ai pas attaché à ce signe une grande importance,

en raison de la médication bromurée à laquelle la malade a été

soumise; mais une revue plus approfondie du traitement anté-

rieur a démontré que le bromure de potassium est supprimé

depuis plusieurs mois déjà. En cet état de cause, l'anesthésie

pharyngée acquiert une certaine valeur. De plus, il existe chez

notre malade un état mental particulier qui constitue un véri-

table stigmate de la névrose. Elle manifeste un désir constant

et immodéré d'attirer l'attention sur sa personne et sur son

état : sa loquacité n'a pas de bornes ; à peine approchons-nous

de son lit, elle débite, avec une volubilité excessive, une série

de phrases préparées à l'avance et ne manquant pas d'une

certaine recherche. Les lettres dont elle nous accable sont

écrites dans un style emphatique et prétentieux. Elle est

presque heureuse d'être malade et de présenter une affection

curieuse. Elle ne perd aucune occasion d'accuser les personnes

qui ne lui témoignent pas, à l'endroit de sa maladie, des in-

quiétudes vives et l'expression d'une constante sympathie. La

conduite de sa mère à son égard est le sujet de fréquentes

récriminations.

Je vous rappellerai, enfin le début, brusque et émotionnel,

de l'affection à la suite de la mort de son père, cette histoire

d'amour contrarié dont le détail nous échappe, enfin le chan-

gement complet d'existence qui a précédé les premiers acci-

dents. Pour toutes ces raisons, on peut affirmer la réalité de

l'hystérie chez notre malade. '

Pouvons-nous en conclure que le tremblement qu'elle pré-

sente est un tremblement hystérique ? Et d'abord existe-t-il

un tremblement hystérique ? Je n'hésite pas à répondre affir-

mativement. Cette manifestation de la névrose, peu étudiée

jusqu'à ces derniers temps, a été mise hors de doute l'année

dernière, par Pitres (de Bordeaux), qui lui a consacré d'impor-

tantes leçons, en même temps que Rendu faisait sur 'le même

sujet une intéressante communication à la Société médicale

des hôpitaux ('1 avril 1889).

Pitres distingue trois formes de tremblements hystériques :

la variété trépidatoire, la variété vibratoire et le tremblement

intentionnel.

1° La forme {¡'épidatoi1'e est ainsi caractérisée par l'auteur :

Les tremblements trépidatoires sont habituellement localisés à

202 CLINIQUE NERVEUSE.

un membre inférieur. Ils sont constitués par des secousses

alternatives et régulièrement rythmées d'extension et de flexion

, directes du pied sur la jambe, de la jambe sur la cuisse, et de

la, cuisse sur .le bassin. Ils ressemblent beaucoup à la trépi-

. dation,,épileptoïde,qui se développe à la suite des scléroses sys-

tématiques des faisceaux pyramidaux. Ils ont la même ampli-

; tude, la. même rapidité (de cinq à sept secousses par seconde),

,la même;uniformité de- rythme. »

Ces mouvements ne se produisent souvent que dans une

position. donnée; par exemple dans la position assise, dans la

station debout ou durant la marche. Pareille modalité s'ob-

serve , dans la plupart des cas d'astasie-abasie; , aujourd'hui

dénommée. pour cette raison, abasie trépidante, elle fut notée

,Ço,hez, l ? l1l¡ade atteint de cette forme d'hystérie-que plusieurs

, d'entre vous ont pu, voir l'année dernière dans mon service.

- 2° tja.f<K ? e<'ë,u'a/OH'e se rapporterait davantage au cas de

. la malade qui fait l'objet de ces leçons. ,

« Les' tremblements' de cette espèce sont constitués par de très

' petites secousses, brèves et uniformes, imprimant aux membres : des mouvements' d'oscillations vibratoires rapides. Ils peuvent sié-

ger sur toutes les parties du corps, cependant ils sont plus fré-

quents et plus nets aux membres supérieurs. Dans un certain nom-

, bre de cas, il faut pour les mettre en. évidence, prier les malades

de tenir leurs bras étendus dans la position horizontale. On voit

.alors se produire dans les doigts et les mains, des oscillations très

apparentes, qui s'arrêtent aussitôt que les bras pendent inertes le

'long du corps.' ' j' ' . ' :

En général, ils n'empêchent pas absolument l'exécution des

- mouvements volontaires ; ils déterminent seulement un peu de

..gêne.et d'inhabilité dans l'accomplissement des actes délicats exi-

. géant, de J'adresse et de la précision.....1- ? 1 « Ils sont, du reste, ,peu uniformes dans leurs apparences symp-

; tomaiques ? à tel point qu'il serait impossible d'en. tracer une des-

cription rigoureusement applicable à tous les cas..11. ressemble tan-

rôt au tremblement' de la maladie de Graves, tantôt à celui de la

''maladie de Parkinson ; quelquefois, ils Simulent le' tremblement

sénile, et d'autres' fois, le tremblement alcoolique.1 » -

i -"i 1 t . z

Le cas de notre jeune fille entre bien dans cette catégorie.

» 3 ? Le tremblement intentionnel a les mêmes caractères que

celui de la sclérose en plaques. - Dans un mémoire récent,

sur lequel je reviendrai plus loin, Buzzard insiste sur la diffi-

, culte distinguer les deux ordres de trépidation. Enfin, tout

MALADIE DES TICS ET TREMBLEMENT. 203

dernièrement ï11 ? 1e, professeur Castan a publié une leçon sur

un cas de pseudo-sclérose en plaques, consécutive à la variole,

qui pourrait bien être un tremblement hystérique à forme de

sclérose en plaques. Vous voyez, que le tremblement hysté-

rique existe'; celui de notre malade, si nous en, faisons une

dépendance de la névrose, ne constituera- donc pas un fait

exceptionnel. ,. ' ,.

Si nous nous rapportons à la classification de Pitres, ce

serait un tremblement à. forme vibratoire. Je préfère, toutefois

à cette classification tirée 'des caractères physiques du trem-

blement, substituer une division basée sur des analogies cli-

niques et distinguer, comme je l'ai fait plus haut : le type de

la paralysie agitante, le type'de la sclérose en plaques, le type

du -tremblement sénile. Nous aurions'affaire dans l'espèce, et

un tremblement hystérique à forme de tremblement' sénile.

' Je ne vous- ai point parlé jusqu'à présent d'un élément

séméiologique d'une certaine importance, que l'on tire de la

,vitesse ou du degré de fréquence des oscillations. M. Charcot

base justement une division des. tremblements en général sur

la succession plus ou moins rapide des mouvements : il dis-

tingue de la sorte les tremblements à oscillations fréquentes

(huit ou neuf oscillations par seconde), et ceux.à oscillations

rares (quatre ou cinq par seconde). - Dans la première caté-

gorie, on peut ranger le. tremblement alcoolique, la trépidation

hydrargyrique, les mouvements rythmés de la- maladie de

Basedow et de la paralysie agitante. La deuxième comprend

le tremblement sénile, celui de la sclérose en plaques et les

oscillations de la maladie de'Parkinson.

Or, notre malade présente évidemment des oscillations rares.

Il n'est nul besoin d'un appareil enregistreur pour les dénom-

brer, la montre suffit. On en compte cent quatre-vingt-douze

par minute, soit un peu plus de trois à la seconde : C'est là un

-fait intéressant qui complète l'analogie de notre tremblement

- avec le-tremblement sénile.- Mais cette constatation ne saurait

être un argument à l'appui de la nature hystérique de la tré-

pidation. Dansl'hystérie, on observe, en effet, des tremblements

à. grande fréquence- (Pitres a observé- huit oscillations par

seconde) et des tremblements à fréquence minime (trois oscil-

' . i" r . , . ,

' Pendant l'impression même de'ce travail Dutil publie dans la Nouv.

lo7togi,. de la Salpëlrière, un important mémoire sur les tremblements

hystériques (1890, n° 1 et suiv.)... , , , .. - 1 '

304 . - CLINIQUE NERVEUSE.

lations par seconde, comme Chambard en a cité un exemple).

C'est donc, pour le diagnostic qui nous occupe, un élément

séméiologique de peu de valeur. Tout ce que l'on peut dire,

c'est qu'il n'infirme en rien notre manière de voir, à savoir

qu'il s'agit d'un tremblement hystérique à forme de tremble-

ment sénile. Ceci nous amène à une appréciation nouvelle du

tremblement sénile en général.

Nous avons déjà établi que le tremblement sénile n'est pas

une conséquence naturelle et forcée'de la sénilité; qu'il s'agit

d'une névrose à part, plus fréquente chez le vieillard qu'à

tout autre âge de la vie, et voisine par sa nature, de la para-

lysie agitante. Le fait en question nous ouvre des horizons

nouveaux : le tremblement dit sénile peut être de nature hysté-

rique. Pitres avait déjà signalé la possibilité du fait.

« Certains cas de tremblement chronique qu'on aurait décrits

jadis, sans hésitation, comme des exemples de paralysie agitante

ou de tremblement sénile de cuuse psychique, seraient sans doute

rattachés avec plus de raison au groupe des tremblements hysté-

riques. J'ai été très surpris de constater récemment sur trois ma-

lades que je considérais de prime abord comme des trembleurs

séniles, des rétrécissement concentriques considérables des champs

visuels. Il serait assurément téméraire d'affirmer, en se fondant

sur l'existence de cet unique stigmate, que les malades en ques-

tion n'étaient que de vulgaires hystériques; mais il serait, ce me

semble, tout aussi imprudent de déclarer malgré la constatation de

ce stigmate que l'hystérie ne jouerait aucun rôle dans la pathogé-

nie des tremblements dont ces malades étaient affectés. Il ne faut

pas oublier que l'étude de l'hystérie sénile est à peine ébauchée et

qu'elle nous réserve peut-être bien des surprises. »

Lors du dernier concours entre internes, j'ai entendu avec

un grand intérêt la lecture d'un mémoire de M. Sacaze, interne

à la clinique des vieillards, surles diverses pathogénies du trem-

blement. Parmi de nombreuses observations, recueillies dans

le service de M. le professeur-agrégé Mossé, j'ai relevé trois

cas où le rapport du tremblement avec l'hystérie paraît absolu-

ment incontestable. On peut dire, par conséquent, que, dansle

tremblement sénile, une part doit être faite à l'hystérie comme

agent pathogénique. Je ne prétends pas, bien entendu, que

tout tremblement sénile soit de nature hystérique, mais je sou-

tiens qu'un certain nombre de cas relèvent d'une pareille étio-

logie. Aussi n'ai-je aucune difficulté à admettre que notre

malade est atteinte d'un tremblement hystérique, à forme de

MALADIE DES TICS ET TREMBLEMENT. O

tremblement sénile, ou encore d'un tremblement sénile de

nature hystérique.

Un autre argument, qui, sans être absolument démonstratif,

plaide encore en faveur de l'hystérie chez la jeune fille, c'est

l'état de la nutrition jugé par l'examen des déchets urinaires.

Je ne veux pas traiter ici, incidemment, cette grosse question

de la nutrition dans les maladies du système nerveux en géné-

ral et chez les hystériques en particulier. Je me bornerai à

vous donner le résultat de l'analyse des urines dans le cas qui

nous occupe, en le comparant aux faits classiques. Le jour où

on a pratiqué l'analyse, on a trouvé :

Quantité d'urines : 1 lit., 725 ; densité : 1018. Réaction acide;

ni albumine ni sucre. Urée : 6 gr. 8 par litre, soit 1 1 gr. 73 dans

les vingt-quatre heures. - Chlorures, 9 grammes par litre. -

Phosphates : 1 gr. 05 par litre et 1 gr. 81 dans les vingt-quatre

heures.

J'insisterai tout d'abord sur la faible quantité de l'urée

excrétée. Voilà une malade qui mange bien, digère parfaitement,

et pourtant n'élimine qu'un chiffre fort restreint de produits

azotés. Ce point mérite d'être rapproché des résultats obtenus

par Gilles de la Tourette et Cathelineau, résultats présentés

dans leur ensemble à la Société de Biologie le 27 juillet 1889,

consignés dans la Nouvelle Iconographie de la Salpêtrière

(novembre et décembre 1889), et dont le détail est en cours

de publication dans le Progrès Médical.

Chez celui qu'ils appellent l'hystérique normal, c'est-à-dire

chez l'hystérique en puissance de la névrose, mais chez lequel

la névrose est momentanément latente et dont toutes les mani-

festations actuelles se réduisent aux seuls stigmates, la nutri-

tion s'effectue normalement. Au contraire, dans l'hystérie

pathologique, autrement dit dans ces périodes où les troubles

hystériques se manifestent soit par la grande attaque convulsivc

avec ses quatre périodes, soit par l'attaque simplement bornée

à l'une de ces quatre périodes, soit encore par la crise à forme

d'épilepsie partielle, de toux, de bàillement, par un accès de

chorée rythmée, etc., il existe une diminution des résidus fixes,

urée et phosphates. *

. Dans la chorée chronique, au contraire, Huet fait remarquer

que l'on n'observe pas une pareille diminution des excréta

azotés et phosphatiques.

Dans la paralysie agitante, les choses paraissent aussi se'

206 ' CLINIQUE NERVEUSE.' r.

passer différemment. Au mois de juillet 1889, MM. Mossé et

Banal ont entretenu les lecteurs de la Revue de Médecine de

l'urologie spéciale à cette affection. Ils ont démontré, par des

analyses répétées, portant sur l'urine de deux parkinsonniens

appartenant à la clinique des vieillards, que cette urine, com-

parée à celle d'autres vieillards en santé, offre une augmenta-,

tion de l'urée et de l'acide phosphorique avec diminution du

phosphore incomplètement oxydé. La, maladie de Basedow,

qui se caractérise, elle aussi, par des tremblements, n'offre, au

dire de Gilles de la Tourette et Cathelineau, aucuue modifica-

des excréta urinaires. ' ' ' ' .

Un fait vous frappera à la suite dé ce court exposé; c'est que

la nutrition se fait chez notre malade comme dans l'hystérie, et

non comme dans la paralysie agitante et le goitre exophtal-

mique. On a établi, en outre, que, dans l'hystérie patholo- .

gique, on observe, l'inversion, de la formule des phosphates.

Normalement le rapport entre les phosphates terreux et les

phosphates alcalins est le suivant : les premiers sont aux

autres comme, ! est à 3. Durant l'attaque d'hystérie, la relation

change, les phosphates terreux offrent une augmentation rela-

tive, et se présentent, par rapport aux phosphates alcalins,

dans la proportion de 1 sur 2, ou à égalité. C'est ce que l'on

appelle l'inversion de la formule des phosphates. Cette inver-

sion parait exister chez notre malade dont M. de Girard vient

d'examiner les urines à ce point de vue : sur un chiffre total de

0 gr., 75 d'acide phosphorique, on trouve 0 gr., 45 d'acide

phosphorique uni aux alcalis et Ogr.. 30 d'acide phosphorique

uni aux terres; soit un rapport de 1,3 à 1, au lieu du rapport

normal de 3 à 1. 1 -

Chez une jeune femme atteinte de grande hystérie et entrée

ces jours derniers dans le service avec des crises fréquentes,

on a trouvé également pour un chiffre total de3gr., 30, 1 gr.,1 Í

d'acide phosphorique combiné aux terres, -et 2 gr., 13 d'acide

phosphorique combiné aux alcalis ; le rapport entre les

phosphates alcalins et terreux est cette fois de 1,82 à 1.

Enfin, chez une curieuse hystérique qui est entrée avec une

tachypnée excessive (132 respirations à la minute) et qui nous

a quitté le surlendemain sans prévenir personne, tout à fait

débarrassée du symptôme gênant qui nous l'avait amenée, deux

analyses successives ont pu' être pratiquées. Dans la première

on a trouvé, pour 1 gr., 80 d'acide phosphorique total, 1 gr., 20

MALADIE DES TICS ET TREMBLEMENT. r. 207

d'acide phosphorique uni aux alcalis et 0 gr., 60 d'acide' phos-

phorique uni aux terres, c'est-à-dire ' un rapport de 2 à 1. La',

seconde a révélé, sur un chiffre total- de 1 gr.,34, 0 gr., 814'

d'acide phosphorique combiné aux alcalis, ' et 0 gr., 527 ' (

d'acide phosphorique combiné aux terres, ce qui donne'un'

rapport plus faible encore'de 1,54 à 1. "

La formule' de l'inversion ' des phosphates s'est trouvée'

pleinement vérifiée dans tous ces cas. ?

On ne peut s'empêcher de rapprocher ce résultat des con- z

clusions tirées par mon collègue M, Mairet (Archives de Neuro-

logie, t. IX, p ? 32 et 360; t.X; p. 76)de son étude sur les modi-"

fications urinaires dépendant du travail intellectuel. La propor-

tion des phosphates terreux est également'accrue dans ce cas.

Voici ces conclusions : ,'1 i -

10 L'acide phosphorique est intimement lié à la nutrition et

au fonctionnement du cerveau. Le cerveau , en fonctionnant,absôrbe

de l'acide phosphorique uni aux alcalis et rend'de l'acide phospho-

rique uni aux terres ? ' . i ' '1" ') il. : 1 t

« 2° Le travail intellectuel retentit sur la nutrition 'générale qu'il

ralentit. > ! : ,. -jj . , > . ?

« 3° Le travail intellectuel, modifie l'élimination de l'acide phos-

phorique par les urines; il diminue le chiffre, de l'acide phospho-

rique uni aux alcalis et augmente le chiffre de l'acide phospliq-

phorique uni aux terres. » , " . ¡ 1 l' 1

Vous voyez donc,, sans insister davantage et sans .exagérer,

outre mesure la valeur de ce signe, que nous avons là un argu-,

ment de plus à l'appui de la nature hystérique du tremblement-,

dont je vous entretiens. ? . , ... , c 3 r f ? i ,

Et cependant, avant.de conclure définitivement, ! je suis-

encore obligé de faire sur ce diagnosticilesplus formelles, res-

trictions. L'hystérie est., probable, .elle est même certaine ^mais

la nature hystérique du tremblement présenté par la,malade

ne doit être acceptée qu'avec la, plus extrême réserve., On est

frappé, en effet, lorsqu'on envisage l'histoire de la malade ? de,

la longue durée, de l'excessive ténacité présentée par les phé-

nomènes, toujours identiques,, qui traduisent 'l'affection dont,

elle est atteinte. Depuis quinze, ans elle, est ¡malade, et-.voi.Ià

trois ans que la symptomatologie n'a pas varié.; il y a trois;ans

qu'elle tremble, et elle continue à trembler. 1. , f. ,.

Certes l'hystérie est une maladie longue, et rebelle ? si, l'on.

considère le fond morbide; mais les formes symptomatiques

208 CLINIQUE NERVEUSE.

sont variées à l'excès, mobiles, fugaces et se succèdent à l'infini.

Aussi, lorsqu'on voit les mêmes phénomènes persister long-

temps, lorsqu'on se trouve en présence d'une symptomatologie

fixe et permanente, doit-on toujours se demander si c'est vrai-

ment la névrose pure, isolée, que l'on a devant les yeux, si

l'altération des centres nerveux est simplement fonctionnelle,

et s'il n'existe pas, derrière les symptômes de la névrose, une

lésion organique qui les provoque et les entretient. La question

est souvent délicate, quelquefois insoluble. Permettez-moi,

puisque le pronostic et le traitement en dépendent, de préciser

un peu les difficultés du problème.

Comme l'a récemment écrit Blocq dans le Mercredi médical

(26 février 1890) : « La question des rapports qui existent entre

l'hystérie et les maladies organiques du système nerveux est

une des plus délicates et des plus ardues de la neuro-patholo-

gie, outre qu'elle touche à des points très importants de doc-

trine et de pratique. i>

Le même auteur apprécie les travaux, simultanément parus,

d edeux grands neuro-pathologistes contemporains, Charcot et

Buzzard, qui, l'un dans ses Leçons du mardi, l'autre dans The

Lancet, ont naguère donné leur opinion sur cet obscur pro-

blème. Il faut reconnaître que les deux conclusions sont fon-

cièrement opposées. Charcot, qui dépiste si bien l'hystérie,

et sait la retrouver derrière les voiles symptomatiques dont

elle s'entoure quelquefois, déclare qu'il y a plus d'hystériques

qu'on ne croit généralement; d'après lui, bien [des maladies

considérées comme la conséquence de lésions organiques ne

sont pas autre chose que des manifestations purement hysté-

riques. Buzzard pense, au contraire, que l'hystérie est trop

souvent mise en cause, et que l'on rend fréquemment la

névrose responsable de troubles réellement organiques.

Les deux conclusions semblent difficiles à concilier. En tout

cas, toutes deux s'accordent à montrer la difficulté d'un diag-

nostic différentiel, à exprimer l'incertitude où l'on se trouve

quelquefois de distinguer le trouble fonctionnel de l'altération

organique. la névrose de la lésion. Ajoutez encore, pour com-

pliquer le problème, que les deux éléments, organique et

fonctionnel, peuvent se superposer chez un même sujet,

apportant chacun le cortège de leurs symptômes respectifs.

Les lésions organiques peuvent se développer chez une hysté-

rique au même titre que chez lepremiervenu, et inversement

MALADIE DES TICS ET TREMBLEMENT. 209

il n'est pas déraisonnable d'admettre qu'une malade atteinte

d'affection organique devienne à son tour une névrosée. Dans

ce cas, la ligne de démarcation entre les troubles anatomiques

et fonctionnels est encore plus difficile à tracer.

Enfin, pour mettre le comble à l'incertitude, il se peut que

l'hystérie, maladie primitivement et essentiellement fonction-

nelle, devienne elle-même organique et aboutisse tardivement

à une lésion. Rappelez-vous le cas, aujourd'hui classique, de la

vieille hystérique de Charcot chez laquelle on trouva, à l'au-

topsie, une sclérose des cordons latéraux. Vous entrevoyez de

la sorte les difficultés de la question. Il ne servirait de rien de

nier ces réalités; mieux vaut les proclamer afin qu'on se tienne

en garde contre leur existence.

Quels sont, chez notre malade, les symptômes qui pourraient

faire croire à une lésion et, si elle existait, où faudrait-il la

localiser ? Six mois après la mort de son père, la jeune fille pré-

senta des troubles menstruels très prononcés, puis survint une

céphalalgie violente en forme de casque, et, enfin, elle fut

atteinte d'une paralysie faciale. - Le fait de la paralysie,

avons-nous dit, n'est point douteux; ce qui est plus obscur,

c'est le siège de cette paralysie : la malade croit se rappeler que

les traits étaient déviés vers la gauche, ce qui permettrait de

conclure à une paralysie faciale droite; mais, en raison du

temps écoulé, elle ne peut préciser d'une façon suffisante. Peu

à peu s'est manifestée une hémiparésie gauche, qui n'a jamais

disparu. Consécutivement enfin, un tremblement continu est

venu progressivement s'ajouter à la parésie dans tout le côté

gauche, avec prédominance au niveau de l'extrémité cépha-

lique.

La marche est difficile et la malade, livrée à elle-même,

penche immédiatement vers la gauche. L'acuité visuelle de

l'oeil gauche est également diminuée; les veines du fond de l'oeil

sont volumineuses : les deux papilles sont légèrement décolo-

lorées. La malade siffle avec peine; elle ne peut sans difficulté

souffler une bougie. Les mouvements de la langue sont gênés;

ce n'est pas l'envie de discourir qui manque à notre jeune fille,

mais elle a le parler épais et bredouille facilement.

La malade salive beaucoup en dormant; elle mouille son

oreiller qu'on est obligé de changer tous les matins. C'est là

une preuve d'un certain degré de paresse de la déglutition : la

salive normalement déglutie pendant le jour, n'est plus avalée

Archives, t. XX. 14

210 CLINIQUE NERVEUSE.

pendant le sommeil, alors que la volonté n'intervient plus,

et grâce à une certaine diminution de la motilité réflexe. Enfin

. il arrive fréquemment, au moment de la déglutition des

liquides, que ceux-ci remontent dans les fosses nasales, et sont

expulsés par les narines, surtout quand la malade s'incline en

avant.

On ne peut s'empêcher, en présence de ces phénomènes, de

songera une lésion mésocéphalique, àlaparalysie labio-glosso-

laryngée. Tous les termes du syndrome que je viens de détailler

en y ajoutant même cette anesthésie pharyngée que. nous

interprétions naguère en faveur de l'hystérie, peuvent rentrer

dans le cadre symptomatique de cette maladie. On peut aussi

rapprocher le tableau de notre malade d'un syndrome sur

lequel Benedikt a récemment attiré l'attention, et qui consiste

dans « une hémiparésie avec paralysie croisée du moteur ocu-

laire commun, et tremblement des extrémités paralysées ».

Ce groupement symptomatique correspond, au dire de Bene-

dikt, à une lésion pédonculaire.

Supposez que, au lieu de rester dans l'incertitude sur le sens

de la déviation de la face, la démonstration soit faite d'une

paralysie faciale droite chez notre malade (la paralysie de la

face pouvant remplacer celle du moteur oculaire commun), il

existe dès lors une grande analogie entre notre cas et le syn-

drome de Benedikt. Nous aurions donc affaire aune lésion du

pédoncule. Je crois toutefois qu'il est bon d'être encore réservé

et qu'il faudrait se garder de prétendre avec Benedikt, en vertu

d'une généralisation hâtive, basée sur deux autopsies seule-

ment, que le tremblement en général a son siège analomique

dans les pédoncules. Néanmoins, il s'agit défaits intéressants

qu'il est bon d'avoir présents à l'esprit dans le cas où l'occasion

se présenterait de les vérifier.

Forcé de me maintenir dans le domaine d'une prudente incer-

titude en matière de pathogénie, je me bornerai à conclure

que notre malade présente un trouble du système nerveux

localisé dans le mésocéphale, peut-être dans les pédoncules.

Il est impossible de déterminer d'une façon certaine s'il s'agit

d'un trouble purement fonctionnel (la malade n'étant alors

qu'une hystérique) ou si l'on a affaire à une lésion organique

consistant dans la présence d'une tumeur ou d'une plaque de

sclérose. Il peut se faire, enfin, que la lésion, purement fonc-

tionnelle au début, soit devenue organique dans la suite.

PARALYSIES CAUSÉES PAR LA VAPEUR DE CHARBON 211

Le diagnostic définitif est donc le suivant :

Tremblement de la tête et des membres du côté gauche cons-

taté chez une hystérique, et dépendant d'une altération fonction-

nelle ou organique du mésocéphale [protubérance et pédoncule

droit). Il m'est impossible de préciser davantage.

Le pronostic est naturellement réservé. Qu'il s'agisse de la

névrose ou de la lésion, il est plutôt sombre en raison de la

longue durée et de la permanence des phénomènes.

Quant au traitement, il est à peine commencé, la malade se

trouvant depuis quelques jours seulement dans les salles. Je

commencerai à la soigner comme une hystérique; si j'échoue

dans ce sens, j'entreprendrai le traitement classique de la

lésion. Il me parait utile de commencer par la névrose, car le

traitement de la lésion organique dispose de ressources infini-

ment restreintes qu'on ne peut utiliser qu'en dernière analyse.

La malade prend déjà de l'ciîitipy-i2ze à haute dose; elle en

absorbe cinq grammes par jour et parait s'en bien trouver :

elle tremble moins et marche mieux; ce matin, elle a pu mar-

cher seule en notre présence. L'antipyrinc est vantée par

divers auteurs dans le traitement des mouvements anormaux-

Legroux et Dupré (Académie de Médecine, 28 octobre 1887)

ont vanté son action sur la chorée. C'est par analogie que j'ai

tenté son emploi, d'ailleurs nettement indiqué dans le cas qui

nous occupe.

L'amélioration se poursuivra-t-elle et même persistera-

t-elle ? Je n'ose le prétendre. Si l'antipyrine échoue, j'em-

ploierai l'aimant qui réussit en Allemagne et qui a donné à

Pitres plusieurs succès, puis lasolanine, Enfin, si la médication

rationnelle du trouble fonctionnel reste sans effet, nous

devrons concentrer nos efforts vers la lésion et mettre en

usage, d'un côté la révulsion fréquemment répétée, d'un

autre côté le traitement ioduré, dont on alternera l'emploi

avec celui du chlorure d'or.

212 CLINIQUE NERVEUSE.

DES PARALYSIES CONSÉCUTIVES A L'EMPOISONNEMENT

PAR LA VAPEUR DE CHARBON ;

Par PiERRE'BOULLOCHE, interne des hôpitaux.

Parmi les accidents nombreux auxquels peut don-

ner lieu l'empoisonnement par le charbon, les trou-

bles paralytiques ont été signalés depuis longtemps.

Dès 1775 Portal en faisait mention, brièvement il est

vrai, dans son Traité des effets des vapeurs méphi-

tiques sur le corps de l'homme et des animaux. Bour-

don', en 1843, a écrit le premier ouvrage d'ensemble

sur ce sujet. Après lui, en France, il faut citer les

thèses inaugurales de Simon et de Laroche, les obser-

vations de Leudet, Lancereaux, Rendu et autres. En

Allemagne, Simon, , Poelchen, Alberti, en rapportant

quelques cas nouveaux, ont cherché surtout à établir

la pathogénie des accidents. Récemment enfin, Bris-

saud 2 consacrait dans sa thèse d'agrégation tout un

chapitre à ces paralysies.

Cependant, malgré toutes ces recherches, elles sont

encore mal connues. Les observations sont trop peu

. nombreuses et trop incomplètes, l'analyse clinique des

symptômes fait défaut dans la plupart des cas, les

autopsies sont très rares et les recherches expéri-

mentales ont presque toutes échoué. Enfin, dans un

certain nombre de faits observés chez des gens âgés,

il est permis de se demander s'il n'y a pas eu entre

l'apparition des accidents et l'empoisonnement par le

charbon une simple coïncidence. '

' Bourdon. - Thèse, Paris 1843.

' Brissaud. - Des paralysies toxiques. Thèse d'agrégation, 1886.

PARALYSIES CAUSÉES PAR LA VAPEUR DE CHARBON 213

DESCRIPTION DES PARALYSIES.

Etiologie. - Les paralysies peuvent se produire

toutes les fois qu'il y a dégagement, même en très

petite quantité, d'oxyde de carbone, quel que soit son

mode de production, réchaud allumé dans une tenta-

tative de suicide, poêle mobile ou non, tuyau de gaz

d'éclairage crevé, etc. L'intoxication - dont la para-

lysie n'est qu'un symptôme- peut présenter deux

formes, l'une chronique, l'autre aiguë. Dans le pre-

mier cas, les signes de l'empoisonnement passent

presque inaperçus. Quelques vertiges, des étourdis-

sements passagers, des troubles intellectuels (Lan-

ceraux') peuvent seuls le révéler. Dans ces cas, on a

signalé des troubles paralytiques fugaces qui ont dis-

paru dès que les conditions hygiéniques ont été

modifiées. Plus souvent, on peut même dire que c'est

la règle, l'asphyxie a marqué le début des accidents.

A la période comateuse succède une période de parésie

généralisée qui cesse au bout de quelques heures ;

d'autres fois la paralysie - et c'est alors que nous

devons l'étudier - se localise à une moitié du corps, à

un ou plusieurs groupes de muscles. Par exception,

elle ne se montre que plusieurs jours, ou même quel-

ques semaines après la phase asphyxique.

Symptômes. - Nous avons relevé avec soin dans

les auteurs les observations de paralysies succédant à

l'empoisonnement par le charbon, et nous en avons

' Lancereaux. - Leç. clin, de la Pitié. (Ballet. 31ëd., 30 déc. 1888.)

214 CLINIQUE NERVEUSE.

recueilli une trentaine environ; un petit nombre seu-

lement d'entre elles a été l'objet d'une étude appro

fondie. Ce qui frappe tout d'abord c'est qu'au point

de vue symptomatique ces paralysies affectent les

formes les plus diverses : tantôt elles se localisent à

un seul muscle ou à un groupe musculaire ayant la

même innervation, tantôt elles prennent le type hémi-

plégique ou monoplégique. La paraplégie est une

localisation assez rare.

L'oxyde de carbone, comme le poison alcoolique,

frappe de préférence certains muscles, les extenseurs;

mais il n'est pas exact de dire que, comme lui, il se

localise surtout aux membres inférieurs : loin de là.

Les muscles le plus souvent touchés sont les exten-

seurs des doigts et les péroniers, tardivement les mus-

cles fléchisseurs peuvent être atteints. Bourdon rapporte

une observation empruntée à Tripier, où la paraly-

sie des extenseurs des doigts et des muscles innervés

par le radial avait quelque analogie avec une para-

lysie saturnine : l'état du long supinateur n'est pas

indiqué. Il y a encore trois observations de paralysie

des extenseurs des doigts 1 : dans tous ces cas, la sen-

sibilité était intacte.

Dans une observation publiée par M. Rendu 2 sur

laquelle nous aurons à revenir à propos de la patho-

génie, les extenseurs étaient également touchés à

l'avant-bras et à la jambe du même côté du corps.

Cette localisation spéciale donnait lieu à une forme

, Leude ! . - Troubles des nerfs périphériques il la suite de l'asplty.1Jip.

par le charbon (J)'c ? ye'Ke7'. de Méd., 186n). Schachmann. Paralysie

par le charbon (France ,1l¿d" 188G). Bourdon, lac, cit. -

. Rendu. - Société médicale des Hôpitaux, l3jawicr 1S8'.

PARALYSIES CAUSEES PAR LA VAPEUR DE CHARBON 215

particulière d'hémiplégie. Seuls les fléchisseurs pou-

vaient obéir à la volonté et se contracter. D'autres

muscles isolés ont encore été frappés : les muscles de

l'oeil (Knapp1), ceux de la vessie, le deltoïde (Ons. pers.).

Nous n'avons relevé que six cas de monoplégie de

tout un membre et encore n'est-il pas possible d'affir-

mer qu'il ne se soit pas quelquefois agi d'une para-

lysie des extenseurs. Sauf une fois, c'est le membre

supérieur qui a été touché; dans le cas auquel nous

faisons allusion (Alberti 2) la jambe droite au sortir de

la période comateuse était tout à fait inerte, le pied

tourné en dehors,' l'impotence fonctionnelle de la

jambe et l'insensibilité du pied complète. Au membre

supérieur, la paralysie s'est localisée d'emblée ; mais

ses caractères sont bien différents d'un sujet à l'autre.

Chez l'un il y a de l'anesthésie, chez l'autre la sensi-

bilité est respectée; dans un cas seulement il y eut

une atrophie légère qui disparut plus tard.

Il n'existe que quatre cas de paraplégies des membres

inférieur-; qui se sont tous terminés par la guérison.

Laroche : ¡, dans sa thèse, a montré que l'hémiplégie

était la forme la plus fréquente de l'intoxication oxy-

carbonée. Pour lui, on l'observe dans plus de la moitié

des cas. Ces hémiplégies seraient soit secondait es4,

consécutives à une parésie des quatre membres 6, soit

primitives, se montrant aussitôt après l'asphyxie. Les

' Knapp. Archiva. {iil'Augenheilknl'de, IX, p. 229, 1880.

. Alberti. - Deutsche Zeitscll1'ijl für chirurgie, 188 l, Bd. XX, li. 1 î6.

3 Larochp. Des paralysies consécutives it l'intoxicalion par la vapeur

de charbon. Paris, 186Ù ? . ?

4 Barthélémy et llanan. - Ann. d'hyg. publ" novembre 1881.

s Lancereaux cité in Thuse Simon. Paralysies par l'oxyde de carbone.

Paris, 1883. - Comhy. Cécité cl hémiplégie droite (France : )Id., 1SS3).

216 6 CLINIQUE NERVEUSE.

premières observations sont dues à Bourdon qui en a

emprunté quelques-unes à Portal. Laroche en a cité

cinq autres inédites. Elle- n'ont pas de caractère qui

leur soit propre, et, plus encore quo pour les mono-

plégies, il y a, de l'une à l'autre, aussi bien dans la na-

ture des symptômes que dans leur évolution, les plus

grandes différences. Elles siègent indistinctement à

droite et à gauche et s'observent à tous les âges. Tan-

tôt, elles représentent le type classique de l'hémi-

plégie par lésion cérébrale vulgaire : paralysie du bras,

de la jambe et d'une partie de la face du même

côté; tantôt, il y a de l'anesthésie limitée à une moi-

tié du corps, la face n'est pas atteinte, ou bien, si elle

est touchée, on n'y retrouve pas la déviation habi-

tuelle de la langue et des lèvres. Ces signes un peu spé-

ciaux qu'affectent alors ces hémiplégies nous serviront

tout à l'heure pour essayer d'en établir la pathogénie.

Etat de la sensibilité. - Il arrive quelquefois qu'elle

soit seule atteinte à la suite de l'empoisonnement par

lè charbon (Faure, Valentin). Le trouble le plus fré-

quent est l'anesthésie localisée à une moitié du corps

pu à un segment de membre, ou répondant au trajet

d'un nerf. Bourru ' a signalé une névralgie sciatique

très tenace comme seul symptôme consécutif à l'in-

toxication oxycarbonée.

Bien plus souvent, les troubles de la sensibilité

viennent compliquer les paralysies ; ils font défaut

cependant dans plus de la moitié des cas et en outre

il y a plusieurs observations où l'état de la sensibilité

1 Bourru. Névralgie à la suite d'une asphyxie par le charbon. (Ar-

chives de Médec. navale, 1877.)

PARALYSIES CAUSÉES PAR LA VAPEUR DE CHARBON 2'17 'i

n'a pas été noté. L'anesthésie est le symptôme le plus

ordinaire. Notons, avec Brissaud, qu'elle est toujours

limitée à la région paralysée. Dans toutes les observa-

tions où la paralysie ne frappait dans un membre qu'un

certain groupe de muscles, les extenseurs par exemple,

la sensibilité était intacte. Exception doit être faite

pour la malade dont M. Rendu a rapporté l'histoire,

qui présentait, avec une paralysie des extenseurs de

l'avant-bras et de la jambe, de l'anesthésie à la face

dorsale de la main et sur tout le pied. Dans les formes

monoplégiques et hémiplégiques tantôt il y a anesthé-

sie, tantôt elle fait défaut.

On a signalé aussi une douleur plus ou moins vive

sur le trajet d'un nerf paralysé, mais le fait est rare.

Des sensations d'engourdissement et de fourmillement

paraissent toujours précéder le retour de la motilité.

Troubles de nutrition. - Bien plus fréquents sont

les troubles de la nutrition. Ils ont été signalés dans

presque toutes les paralysies ayant duré un certain

temps; ils ne manquent dans aucun des cas qui

ont été suivis d'autopsie.

Un des plus caractéristiques est l'empâtement que

l'on observe dans le membre paralysé. Ainsi, dans un

cas cité par Lytten ' de paralysie du membre supérieur,

il y avait un empâtement de tout le bras par infiltra-

tion gélatiniforme du tissu sous-cutané et des muscles;

la peau avait un aspect rouge bleuâtre. De même,

Leudet, chez un malade atteint de paralysie du mem-

bre inférieur droit, signale une rougeur gravatique de

' Lytten. - Communie, à la Société de Médec. interne de Berlin (Sem.

déclic., 16 janvier 1889.)

218 CLINIQUE NERVEUSE.

la fesse et en ce point une plaque rouge elliptique,

avec notable soulèvement de la peau. Une autre fois,

l'empâtement siégeait dans un segment de membre

autre que celui qui était paralysé.

Cette tumeur, tantôt rouge, d'apparence phleg-

moneuse, tantôt constituée par de l'oedème dur n'a-

boutissant pas à la suppuration, a été bien décrite

pour la première fois par Remak qui a montré sa fré-

quence dans les inflammations des nerfs périphériques.

Dans l'intoxication par l'oxyde de carbone, on a si-

gnalé aussi l'apparition d'un pemphigus généralisé

coïncidant avec des symptômes de paralysie, d'un

zona se montrant sur le trajet du trijumeau paralysé,

de vésicules d'herpès ? de troubles trophiques variés.

C'est ainsi que dans un cas de paralysie de l'avant-

bras (Rendu) la peau des doigts était tendue et lisse,

les ongles striés, le membre entier couvert de sueur

et se refroidissant plus facilement que du côté sain.

D'autres fois, il y a des eschares. Tantôt elles sont

très profondes, atteignant les plans musculaires sous-

jacents, pouvant amener l'ouverture des articulations

et déterminer la mort au milieu de phénomènes pyo-

hémiques ; tantôt elles suivront le trajet du nerf para-

lysé et intéresseront seulement la peau.

1

Réactions électriques, état des réflexes. - Les réac-

tions électriques n'ont été que peu étudiées au niveau

des muscles paralysés et c'est à peine s'il en est fait

mention, d'une façon incomplète d'ailleurs, dans quel-

' Remak. Oestr. Zeitsch1' sur praklische Ileilltunde, 1860, n° 18.

2 lIurchzeimer. - UeGer 1%7oitienoxyvei-giriztîtg, Berlin, 1868, résumé in

Virchow Jahresbericht.

PARALYSIES CAUSÉES PAR LA VAPEUR DE CHARBON 219 9

ques observations. Les auteurs se bornent à noter que

la contractilité faradique est abolie : on n'a pas recherché

l'état de la contractilité galvanique. M. Rendu a cons-

taté dans un cas de paralysie des extenseurs, que la

réaction électrique était identique à celle de la para-

lysie saturnine : l'expérience ne fut pas faite avec des

courants continus; la contractilité électrique des mus-

cles reparut avant la contractilité volontaire. Leudet,

dans un cas analogue de paralysie des extenseurs,

Lytten, Bourdon, dans deux cas de monoplégie bra-

chiale, ont obtenu les mêmes résultats.

Quant à la réaction de dégénérescence, elle n'avait

pas été recherchée. Nous avons eu l'occasion de l'ob-

server chez un malade du service de notre excellent

maître, M. le P'' Debove.

H.-P., trente et un ans, pas de rhumatismes à aucune époque.

Deux mois avant son entrée à l'h6pital, intoxication par le charbon.

Coma pendant une heure. En revenant à lui, il ne peut remuer le

bras gauche ni le porter sa tête.

A l'examen, mouvements d'abduction et d'élévation du bras

presque impossible, le moignon de l'épaule est déformé, aplati,

par atrophie notable du deltoïde, sensibilité intacte. Réactions

électriques : contractilité faradique du delloide très diminuée.

Contractilité galvanique :

DELTOÏDE ANTÉRIEUR.

'220 CLINIQUE NERVEUSE.

devenu hémiplégique à la suite d'une asphyxie par le

charbon dont nous avons pu recueillir l'observation.

Pas plus que la contractilité électrique, l'état des

réflexes n'a été noté attentivement ; la plupart des

observations sont muettes sur ce point . Dans un cas

(Rendu), les réflexes tendineux étaient exagérés d'une

façon appréciable ; dans un autre, on les a trouvés

abolis.

Marche. - Les paralysies consécutives à l'empoi-

sonnement par le charbon sont le plus souvent suivies

de guérison. Les cas dans lesquels elles ont' persisté

longtemps, ceux surtout qui ont été suivis de mort,

sont tout à fait exceptionnels.

La guérison est très souvent complète, survenant

au bout d'un temps plus ou moins long : en six jours

(paralysie des extenseurs), en trois mois (monoplégie

brachiale), de même dans certains cas d'hémiplégie.

D'autres fois il peut persister un certain degré d'impo-

tence d'un ou plusieurs groupes musculaires. Il est im-

possible de dire, d'après l'analyse des faits observés,

quelles sont les localisations dans lesquelles la gué-

rison complète a été la plus fréquente. C'est ainsi

que l'atrophie, toujours peu marquée d'ailleurs, a

été signalée aussi bien sur un membre entier (Bour-

don, Hurchzeimer) ' que sur des groupes musculaires

isolés. Trop souvent enfin, les observations ne di-

sent pas quelles ont été les suites de la paralysie.

Dans les hémiplégies la guérison est la règle, sur-

tout dans les formes où la sensibilité, est profondé-

1 Hùrchzimer. - Loc. cit.

PARALYSIES CAUSÉES PAR LA VAPEUR DE CHARBON 221

ment touchée; quelquefois l'anesthésie subsistait après

la disparition 'des troubles paralytiques. La mort ne

s'observe que dans des cas très graves dès le début.

(Observations de Bourdon, de Klebs ', de Poelchen2);

elle est due alors à des lésions cérébrales facilement

reconnaissables.

Les paralysies généralisées onttoujours été suivies de

mort, car nous ne tenons pas compte de la faiblesse mus-

culaire étendue atout le corps, qui suit le coma et qui

disparaît peu après. Il y en a deux observations très

nettes. Dans l'une, due à M.Lancereaux3, la paralysie ne

s'est montrée que deux mois après l'asphyxie et

elle était surtout marquée d'un côté du corps. L'autre

a été publiée par Leudet, et a été le point de départ

de ses recherches sur les névrites provoquées- par

l'intoxication oxycarbonée; les troubles paralytiques

apparaissent seulement vingt jours après l'accident :

D'abord, localisation à un membre inférieur, ensuite

paraplégie, troubles des sphincters, paralysie des

membres supérieurs, du nerf facial, et mort avec des

signes de paralysie labio-glosso-larynée.

Anatomie pathologique. - Comme M. Brissaud le

fait très justement remarquer, et comme la marche

des accidents permet de le supposer, les autopsies

n'ont presque rien appris relativement à la nature

des lésions : la mort n'est presque jamais le fait de

la paralysie. On a bien trouvé des lésions diverses,

1 Klebs.- Recherches sur l'intoxication oxycarbonée. (Virchow Archiv,.

Bd. XXXII.)

' Poelchen. - Ramollissement du cerveau après l'intoxication par la

vapeur de charbon. (Berlin. Clin. Woclienschrift, juin 1882.)

3 Lancereaux, in Thèse de Simon, Paris, 1883.

223 CLINIQUE NERVEUSE.

mais ce ne sont pas elles qui ont provoqué les acci-

dents paralytiques.

Dans deux autopsies, les altérations des nerfs ont été

cherchées et il a été possible de les constater. Leudet t,

en 1857, faisait, l'autopsie d'un individu qui avait

présenté des symptômes de paralysie ascendante aiguë.

Le cerveau et la moelle paraissaient intacts (l'examen

histologique ne fut pas fait). Mais il y avait des alté-

rations nerveuses au niveau du membre inférieur par

où la paralysie avait débuté. Là, les branches du

plexus sacré étaient normales, sauf au niveau du scia-

tique où leur volume était augmenté d'une façon no-

table; injection du névrilel11me. Au microscope, il

constata l'existence d'un tissu morbide qui englobait

tous les tubes nerveux. - Autre observation. Un ma-

lade d'Alberti mourut de pyohémie après avoir pré-

senté une paralysie complète de la jambe droite; les

résultats de l'autopsie furent les suivants : nerf scia-

tique droit au niveau du petit trochanter tuméfié sur

une étendue de trois centimètres, sa gaine était épaissie ;

à l'examen histologique, les tubes nerveux étaient

remplis de boules de graisse.

On a encore signalé ces altérations des nerfs dans

deux ou trois cas où il y eût des eschares sans troubles

paralytiques (observations de Klebs, de Leudet, d'Ar-

nozan et Dallidet2). Ces derniers auteurs ont trouvé

« un grand nombre de tubes nerveux présentant des

altérations 'manifestes : segmentation de la myéline qui

se distribue en boules isolées sur le trajet du tube,

1 Leudet. - Loc. cit.

1 Arnozan et Dallidet. - Névrites à la suite de l'empoisonnement par

l'oxyde de carbone (Journal de Médecine de Bordeaux, 1883).

PARALYSIES CAUSÉES PAR LA VAPEUR DE CHARBON 223

augmentation des masses protoplasmiques autour des

noyaux, en un mot, névrite parenchymateuse au dé-

but ». '

Une autre fois, Klebs a observé des lésions des

muscles à côté de celles des nerfs chez un individu

qui succomba avec des lésions nerveuses après avoir

été paralysé du bras et de la jambe droite. Dans les

nerfs, au niveau des parties escharinées, disparition

des cylindres-axes, fragmentation de la myéline ; dans

les muscles, prolifération des noyaux et du sarco-

lemme. Aussi l'auteur a-t-il tendance à faire jouer aux

muscles, plutôt qu'aux nerfs le principal rôle dans la

production de la paralysie. C'est aussi l'opinion des

anciens auteurs (Bourdon). Mais, comme dans tous les

cas où l'examen a été pratiqué, les nerfs ont été trou-

vés malades, il semble plus naturel d'admettre que les

altérations musculaires ne sont que secondaires.

Lésions nerveuses centrales. Les désordres que

l'oxyde de carbone produit dans l'encéphale sont con-

nus depuis longtemps et ont fait l'objet de recherches

nombreuses. Boerhave avait dit le premier : Vapor

carbonum producil apoplexiam. Portai , \ Bourdon ,

signalent le ramollissement du cerveau chez des indi-

vidus devenus hémiplégiques à la suite de l'asphyxie

par le charbon.

Cette question a été bien étudiée récemment par

Poelchen qui résume les travaux de Simon 2, les

observations et les recherches de Klebs. La congestion

' Poelchen. - Loc. cit. et Archiv. für Pathologische Anatomie. Bd.

eXIL' "

2 Simon. - Ramollissement du cerveau après l'empoisonnement par

l'oxyde de carbone (Archiv /ür Psychiatrie, Bd. I. S. 260).

224 CLINIQUE NERVEUSE.

du cerveau est presque la règle dans les autopsies : les

apoplexies capillaires , les hémorragies méningées

s'observent souvent, mais la lésion la plus caractéris-

tique, celle que l'on a observée chez des sujets ayant

eu des hémiplégies soit précoces, soit tardives, est le

ramollissement.

Il siège presque toujours dans les zones motrices

soit au niveau des circonvolutions, soit au voisinage

de la capsule interne et des corps striés, de dimension

variable allant d'un noyau de cerise à un oeuf de

pigeon. Nous-même, en avons observé un cas fort

net dans le service de notre excellent maître M. le

Pr Debove, à l'hôpital Andral. Il s'agissait d'un indi-

vidu de soixante ans dont l'intelligence avait baissé

depuis longtemps et qui tenta de s'asphyxier par le

charbon. Au sortir du coma, il présenta une hémiplé-

gie droite complète offrant tous les caractères des

paralysies organiques; la mort survint au bout de

deux mois dans le marasme. A l'autopsie, intégrité

complète des nerfs, pas trace de névrite, mais dans

la substance blanche de l'hémisphère droit, au niveau

du lobe occipital une masse cancéreuse de la grosseur

d'un oeuf de pigeon; à gauche, dans le corps strié,

un noyau de ramollissement récent, datant de l'as-

phyxie, et cause de l'hémiplégie. Les artères du cer-

veau étaient perméables.

Comment expliquer ces ramollissements du cer-

veau ? Pour Klebs, qui a injecté à des chiens du sang

saturé d'oxyde de carbone, il y a dégénérescence

graisseuse de la tunique interne des vaisseaux comme

dans l'intoxication phosphorée, distension des arté-

rioles du -cerveau, stase sanguine déterminant une

PARALYSIES CAUSÉES PAR LA VAPEUR DE CHARBON. 235

mortification des parties nourries par les vaisseaux

dilatés. Une autre théorie expliquerait le ramollisse-

ment par un processus analogue à celui de l'embo-

lie : il y aurait un véritable infarctus dû à l'oblitéra-

tion du vaisseau nourricier par des globules rouges

extravasés dans la tunique adventice. C'est aussi l'o-

pinion de Lancereaux : l'oxyde de carbone ne déter-

mine pas seulement l'altération du globule rouge ; il

modifie encore cet élément de façon à obstruer les

petits vaisseaux et à produire des thromboses et des

embolies.

Pathogénie. - Les paralysies déterminées par

l'oxyde de carbone reproduisent tous les types. A côté

de l'hémiplégie et même des paralysies généralisées il

y a des troubles moteurs localisés à certains groupes

de muscles. Aussi, dès le premier abord, peut-on

affirmer que le mode de production de ces paralysies

doit varier : il n'y a pas de lésion pathogénique com-

parable.

Il en est. ici comme de la plupart des autres paraly-

sies toxiques : la rareté des autopsies est un grand

obstacle pour en déterminer la nature. De même aussi,

les recherches expérimentales ont échoué. Claude Ber-

nard, dans ses mémorables expériences sur l'intoxica-

tion oxycarbonée, n'a jamais pu produire de paralysie.

Bourdon et Klebs n'ont pas été plus heureux. Remar-

quons, d'ailleurs, à ce sujet, que l'oxyde de carbone

paraît se comporter comme le plomb : jamais Gom-

baut n'a réussi à rendre paralysés des cobayes chez

qui il produisait des névrites. L'existence de ces né-

vrites segmentaires péri-axiles sert de base aujour-

Archives, t. XX. 15

226 CLINIQUE NERVEUSE.

d'hui à la théorie périphérique de la paralysie satur-

nine : peut-être en serait-il de même pour le charbon.

Le premier, Leudet a pensé que les paralysies par

le charbon pouvaient être dues à des névrites : c'est

par l'inflammation des nerfs périphériques qu'il ex-

pliquait les troubles de sensibilité et de nutrition

qu'on observe à la suite de l'empoisonnement; c'est à

elles qu'il attribue les paralysies, d'autant plus que

dans un cas l'autopsie a montré une altération du

nerf. Alberti est de cette opinion, qui est aussi défen-

due par Brissaud. ,

, Il est certain, en effet, que souvent les paralysies

oxycarbonées présentent les caractères que l'on attri-

bue aujourd'hui aux paralysies périphériques. C'est

d'abord leur limitation fréquente, soit à un' nerf tout

entier, soit à un groupe de muscles ayant la même

innervation, leur localisation si commune sur les ex-

tenseurs du pied et de la main-- puis, dans ces cas,

la coexistence de troubles trophiques variés, plaques

rouges sur le trajet des nerfs, zona, bulles de pem-

phigus, vésicules d'herpès, et de troubles limités de la

sensibilité, - enfin, la disparition de la contractilité

faradique et, dans un fait, la réaction de dégénéres-

cence. Dans les observations si nettes de Schachmann

et de Bourdon qui ont trait à une paralysie des exten-

seurs, cette origine périphérique ne paraît pas pou-

voir être mise en doute. Les tubes nerveux sont tou-

chés par l'oxyde de carbone comme ils le sont par

d'autres agents toxiques ou infectieux, l'alcool, l'éther

injecté sous la peau, le plomb, la diphtérie, etc.

Même, l'apparition quelquefois tardive des accidents

après que le poison a été éliminé du sang ne peut être

PARALYSIES CAUSÉES PAR LA VAPEUR DE CHARBON. 227

invoquée contre cette théorie : ne voit-on pas assez

souvent la paralysie saturnine ou alcoolique se mon-

trer longtemps après que l'individu a été soustrait à

l'action du poison ? 2

Telle est aussi l'opinion de M. Rendu. Chez une

malade qui présentait une paralysie des extenseurs de

la jambe, de l'avant-bras et du nerf facial du même

côté, il montre que cette localisation si spéciale, les

désordres de la sensibilité nettement limités, l'existence

de troubles trophiques, l'absence de contractilité~fa-

radique plaident contre l'origine centrale des acci-'

dents ; il les explique par une névrite multiple. Il

rapproche de ce fait deux observations de Laroche,

insuffisamment détaillées, où l'occlusion incomplète

de l'oeil du côté atteint d'hémiplégie a été signalée;

il semble qu'il s'agisse non point d'une hémiplégie

vulgaire où ce symptôme est inconnu, mais d'une pa-

ralysie par altération des nerfs. Même, il se demande

si, pour expliquer cette distribution unilatérale de pa-

ralysies périphériques, on ne pourrait pas admettre

l'hypothèse d'une névrite centrale qui porterait sur les

origines intra-craniennes des nerfs..

On a également tenté d'expliquer ces paralysies par

les altérations' que subit le sang sous l'influence de

l'oxyde de carbone. Il se produit une fausse anémie

par insuffisance fonctionnelle des globules sanguins ;

on sait en effet que le propre de l'oxyde de carbone

est de former avec l'hémoglobine une combinaison

nouvelle, stable, qui rend impossible les échanges

gazeux. Il peut même y avoir une diminution du

' Simon. - Thèse, Paris, 1883.

228 CLINIQUE NERVEUSE. -

nombre des globules, une anémie vraie; Cl. Bernard

l'a montré et Kelsch en a cité un exemple. Cette ané-

mie- aiguë expliquerait les névralgies observées à la

suite de l'empoisonnement par le charbon ; elle pour-

rait aussi servir à expliquer certains cas de para-

lysips fugaces. C'est là une hypothèse qui ne repose

sur aucune donnée anatomique.

Les paralysies par l'oxyde de carbone peuvent-elles

être d'origine cérébrale ? Le fait est démontré par les

observations d'hémiplégie où l'autopsie a fait recon-

naître l'existence d'un ramollissement du cerveau. Il

n'y a pas eu là une simple coïncidence car les expé-

riences de Klebs montrent d'une façon certaine l'ac-

tion de l'oxyde de carbone sur les centres nerveux;

plus récemment enfin, de Becker a fait voir que l'as-

phyxie par le charbon pouvait provoquer l'apparition

d'une sclérose en plaques. C'est bien l'agent toxique

qui est la cause de la lésion cérébrale; quant à son

mode d'action, on l'ignore.

Mais, si nous mettons à part les observations d'hé-

mipJé31e suivies de mort où se révèle bien l'origine cen-

trale de la maladie (Bourdon, Lancereaux), il ne semble

pas possible de dire que les autres hémiplégies et sur-

tout les autres formes de paralysies reconnaissent la

même cause. On peut se demander si la congestion

cérébrale, symptôme si fréquent de l'intoxication oxy-

carbonée, ne pourrait pas expliquer les hémiplégies

passagères et surtout certaines monoplégies rapide-

ment guéries. Sur tous ces points, les hypothèses seules

sont permises : les observations dans la plupart des

cas ne sont pas assez explicites.

Pour nous, passant en revue tous ces accidents, nous

PARALYSIES CAUSÉES PAR LA VAPEUR DE CHARBON. 229

sommes conduit à penser qu'il y aurait peut-être dans

certains cas, lieu de songer à l'hystérie. Il est bien dé-

montré aujourd'hui que dans un certain nombre d'in-

toxications elle peut produire des paralysies : pourquoi

n'en serait-il pas de l'intoxication oxycarbonée comme

du saturnisme, de l'alcoolisme ou de l'empoisonnement

par le sulfure de carbone ? L'oxyde de carbone agirait

comme provocateur de l'hystérie, celle-ci se manifes-

tant alors par des troubles paralytiques. Malheureu-

sement la plupart des observations sont incomplètes,

l'état de la sensibilité générale mal indiqué, l'examen

des organes des sens - si important pour le diagnostic

fait toujours défaut. Cependant il y a des cas où il

semble que l'on puisse soupçonner l'hystérie; une obser-

vation de Baur' d'anesthésie et de paralysie d'un côté

du corps succéda au coma ; la face était respectée, -

guérison en trois semaines - une autre, de Laroche,

d'hémiplégie et d'hémianesthésie avec intégrité de la

face, suivie de guérison - une autre du même auteur

où l'hémiplégie accompagnée de perte de la sensibilité

disparut très rapidement; il y avait une déviation

extrême de la langue ; s'agissait-il là d'une variété de

spasme glosso-labié qui rend encore plus grande la

ressemblance entre l'hémiplégie organique et l'hémi-

plégie hystérique ? Dans tous ces cas on pourrait in-

voquer en faveur de l'origine névropathique des acci-

dents leur disparition rapide, les troubles de la sen-

sibilité, l'âge peu avancé des sujets.

Une autre fois, il s'agit d'un homme de vingt-huit

ans qui après être resté plusieurs jours dans le coma

' Baur. - Un cas d'empoisonné nent par le charbon. (Wurlemb. Med,

C01'1'esp, blalt cité dans Wirchow /«/M'M6e;-icA ? 1868).

230 CLINIQUE NERVEUSE. - PARALYSIES.

présenta à la suite d'une parésie des quatre membres

une cécité absolue et une hémiplégie droite complète

respectant la face : guérison en un mois. Ici l'origine

nerveuse des accidents nous paraît très probable.

Il est certain que l'oxyde de carbone peut réveiller

l'hystérie chez des sujets prédisposés. Telle est l'opi-

nion de M. Charcot ' qui a récemment publié l'histoire

d'un malade chez qui l'hystérie, manifestée par de

l'astasie-abasie s'est montrée pour la première fois à

la suite d'une asphyxie par le charbon. De même dans

une observation publiée par Laroche, l'oxyde de car-

bone détermina une paralysie générale de la sensibi-

lité à la douleur et au contact, excepté à la partie

antérieure de la poitrine, au cou et à la face. Au

bout de six jours il ne restait plus qu'une anesthésie

légère en plaques. Ailleurs, nous trouvons l'observa-

tion d'un individu qui demeura pendant vingt-quatre

heures privé de la parole, de l'ouïe, de la vue à la

suite de l'asphyxie.

Tous ces accidents relevaient probablement de

l'hystérie. La névrose dont l'apparition est provoquée

par l'oxyde de carbone donnera lieu à des troubles

sensitifs, à des troubles moteurs ; il est aussi naturel

d'admettre qu'elle amènera à sa suite des paralysies;

peut-être même dans cette hypothèse, le coma qui

marque le début des accidents serait-il une variété d'apo-

plexie hystérique. Quoi qu'il en soit, nous avons cru

utile d'appeler l'attention sur ce point pour que des

observations plus détaillées viennent établir d'une

1 Charcot. - Leçon clin., in Bullet. Médical, 10 avril 1880.

' Bourdon. - Loc. cit.

- CHOC NERVEUX LOCAL ET HYSTERO-TRAUDIATIS111E. 231

façon certaine, s'il y a lieu, le rôle de l'hystérie dans

les paralysies consécutives à l'empoisonnement par le

charbon.

RECUEIL DE FAITS

CHOC NERVEUX LOCAL ET ,HYS'I'ÉRO-TRAU11ATIS\fE;

Par le D' PAUL SÉRIEUX,

Médecin-adjoint des asiles d'aliénés de la Seine.

M. le professeur Charcot a démontré par l'étude clinique et

expérimentale des paralysies hystéro-traumatiques que deux

éléments étaient nécessaires pour la production de ces troubles

moteurs d'origine psychique, à savoir : 1° un état mental

spécial ; 2° un traumatisme qui est l'agent provocateur de la

paralysie. L'état mental spécial qui prépare le terrain sur

lequel va agir le traumatisme est réalisé dans des conditions

très diverses, mais ayant toutes comme caractère commun la

torpeur de la vie psychique, l'obnubilation de la conscience.

Ainsi se trouve constituée une modification mentale grâce à

laquelle les suggestions se réalisent facilement, et le passage

de l'idée à l'acte se fait d'une façon automatique. Le type de

cet état spécial nous est fourni par la période sommanbulique

du grand hypnotisme, mais il est nombre d'états qui s'en

rapprochent : tels sontl'état mental des hystériques (Charcot),

des alcooliques (Magnan), des surmenés (Todd), des mangeurs

de haschich (Ch. Richet) ; tels sont encore tous les états consé-

cutifs aux chocs nerveux (Nervous shock des Anglais), produits

par les émotions (Page), par une grande frayeur (accidents de

chemin de fer), etc. Si, comme on l'a dit, l'idée, c'est le moi

s'empêchant d'exécuter un acte, dans tous ces états d'amoin-

drissement de l'activité volontaire, le moi a perdu en totalité

ou en partie ce pouvoir d'inhibition.

Laissons de côté, malgré son importance, cette modification

psychique; qu'il nous suffise de savoir que c'est sur un cerveau

232 RECUEIL DE FAITS.

dont la résistance a été amoindrie, soit congénitalement, soit

par accident, que va retentir le second élément cité plus haut,

à savoir le traumatisme, le choc nerveux local.

Ce choc local n'est comme nous allons le voir qu'une modi-

fication physiologique exploitée en quelque sorte, démesuré-

ment amplifiée, par un cerveau prédisposé; « c'est le point de

départ de la suggestion qui a pour effet de développer la pa-

résie déjà ébauchée en quelque sorte par le fait même de la

contusion. » (Charcot.)

Avant d'aborder le résumé de nos connaissances sur le choc

nerveux local, il convient de distinguer nettement avec Groe-

ningen' ces derniers phénomènes des faits dus à la stupeur

locale de Pirogoff, faits déjà signalés par Boerrhaave, Van

Swieten, Thirion, et caractérisés par un état d'engourdisse-

ment complet de la partie, qui est en même temps froide,

pesante et livide. Le professeur Charcot insiste également sur

la séparation à établir entre le choc local et la stupeur locale

telle qu'elle a été décrite plus récemment par le professeur

Verneuil. Dans ces derniers cas, à la suite d'une contusion

toujours intense, il y a suspension de la circulation, de la

calorification, de l'innervation (anesthésie et paralysie motrice)

avec menace de sphacèle '.Ces accidents seraient causés par la

compression des troncs artériels et nerveux par un épanche-

ment profond et disparaissent après un débridement.

Le choc nerveux local a été étudié d'abord en Angleterre,

puis en Allemagne. 0. Berger, un des premiers, fit remarquer

la perte de la sensibilité consécutive à des traumatismes. Dans

la courte note qu'il a consacrée à ce sujet', il signale que cette

anesthésie n'est pas chose rare, qu'elle persiste chez les patients

longtemps, parfois même plusieurs mois, après la blessure.

Les troubles sensitifs n'occupent point seulement la région

voisine de la blessure, ni même l'extrémité lésée, mais, presque

dans tous les cas, il s'agit d'une anesthésie incomplète dans le

territoire cutané innervé par le plexus nerveux voisin de la

plaie. Parfois il a rencontré une hémianesthésie complète

avec diminution du réflexe; dans un petit nombre de cas, il note

1 Goeningen. Uber denshock. Wiesbaden, 1885.

..r ? 1. Charcot. - CE.tV¡'es complètes, publiées par Bourneville, t. III,

p. 404.

8 0. Berger. - Berlin. Klin. WÕche¡¡sch" 1871.

CHOC NERVEUX LOCAL ET HYSTÉRO-TRAUMATISME. 233

de la parésie, de la diminution de l'excitabilité faradique, et

une sensation d'engourdissement.

Dans un cas dû à Lamotte, on voit un coup de queue de

billard déterminer, sans la moindre lésion traumatique appa-

rente et pendant une paire de jours, l'insensibilité absolue du

bras 1.

Bilroth a observé sur lui-même les phénomènes du choc

local : s'étant donné par mégarde un coup sur le dos de la

main, celle-ci devint insensible, en même temps que le mou-

vement volontaire fut un instant supprimé dans les doigts.

La durée de ces troubles ne dépassa pas trois minutes. Bilroth

admet 2 qu'un choc local intense peut amener dans les nerfs

une vibration assez énergique pour anéantir leur fonctionne-

ment d'une façon permanente ou passagère. Gûssenbauer a

relaté des faits du même genre; de même Fischer (localer

skok), Bardeleben (localer Wundschreck), et Groeningen.

Pour M. Duret le choc consiste le plus souvent dans une

sorte d'affaisement ou d'évanouissement de l'activité fonc-

tionnelle de l'organe atteint. M. le Professeur Charcot dans

l'étude qu'il a faite des phénomènes du choc a montré leur

importance dans le mécanisme psychologique des paralysies

hystéro-traumatiques. D'après lui, ils consistent surtout en

ce qu'une contusion, pour peu qu'elle soit d'une intensité no-

table, produira nécessairement, soit uniquement sur la partie

du membre où le coup a porté, soit sur le membre tout entier

divers troubles transitoires de la sensibilité et du mouvement,

tels que sensation de lourdeur, parfois anesthésie réelle et

parésie motrice plus ou moins accentuée. Ces phénomènes,

suivant M. Charcot, n'appartiennent pas en propre à l'hystérie;

on les retrouve à peu près nécessairement chez un individu

quelconque à la suite d'une contusion; mais pour un même

choc, les résultats varient en intensité, en étendue, en durée,

suivant qu'il s'agit d'un homme bien équilibré ou d'un né-

vropathe, d'une hystérique. Chez le premier, « un coup de

poing d'une intensité modérée produira à peine un léger sen-

timent d'engourdissement très passager et limité à la région

contuse D. Ce phénomène physiologique peut être considéré

comme un rudiment, « une esquisse de la paralysie hystérique

1 Groeningen. - liber den Shock.

' Ibidem.

234 RECUEIL DE FAITS.

traumatique Chez un individu dont l'hystérie, une intoxi-

cation ou une émotion morale vive ont préparé le cerveau à

recevoir sans résistance toutes les suggestions, « la paralysie

rudimentaire provoquée par le choc se réalise et se développe

auplus hautdegré par un processus d'auto-suggestion (Char-

cot). L'observation clinique et surtout l'expérimentation sur les

sujets en état de somnambulisme ont permis d'étudierle choc

local dans ses effets immédiats. Chez une malade hypnotisée,

on frappe brusquement, bien qu'avec une force modérée, la

partie postérieure de l'épaule avec la paume de la main

(Charcot). La malade accuse immédiatement une sensation

d'engourdissement, de pesanteur et de faiblesse dans tout le

membre supérieur; « il lui semble que le membre frappé ne

lui appartienne plus, qu'il lui soit devenu étranger ».

J A propos d'une paralysie de la main provoquée par l'action

de donner un soufflet, M. Charcot a fait remarquer qu'il n'y a

là que la reproduction exagérée de la légère perte du mou-

vement éprouvée dans la main quand on heurte un corps

dur. L'acte de donner une gifle, même légère, s'accompagne

d.'une espèce d'engourdissement dans la main, « avec diminu-

tion de la pression au dynamomètre et peut-être un peu d'a-

nesthésie que l'on pourrait constater en la cherchant ».

Si les observations de paralysie hystéro-traumatique sont

aujourd'hui nombreuses, il n'en est pas de même de celles

qui ont pour objet l'étude des phénomènes habituellement

fugaces du choc local. Nous avons pu observer chez une

femme qui nous a semblé indemne d'autres manifestations

hystériques des troubles moteurs et sensitifs consécutifs à un

traumatisme. Bien que plus accusés que les phénomènes or-

dinairement attribués au choc local, ces troubles ont été tran-

sitoires ; ils ont réalisé ce rudiment, cette esquisse de para-

lysie hystéro-traumatique dont parle M. Charcot.

Observation. - S..., vingt-cinq ans, infirmière.

Antécédents héréditaires. - Rien de spécial à signaler. Il n'y a

jamais eu aucun trouble nerveux ni chez ses ascendants, ni chez ses

frères et soeurs.

Antécédents personnels. - S... est une fille très robuste, point

anémique. Avant son enlrée à l'asile, elle travaillait aux champs.

Jamais de maladies antérieures ni rien qui puisse faire soupçonner

une hystérique ou une prédisposée.

Le 15 mars 1890, S... est blessée à la main droite par une ma-

CHOC NERVEUX LOCAL ET HYSTÉRO-TRAUMATISME. 23S

lade qui lui porte un coup d'épingle à cheveux; la pointe pénètre

assez profondément, paraît-il, à la face dorsale de la main, au ni-

veau du premier espace interosseux. Il n'y a qu'un écoulement

de sang insignifiant. Quelques instants après, S..., que cette bles-

sure légère a cependant émue, veut reprendre son travail, mais

elle peut à peine se servir de sa main. Un examen rapide une

heure après l'accident, montre qu'il existe une hyperesthésie très

vive au niveau de la plaie, tandis que les faces dorsale et palmaire

de la main sont privées de sensibilité. Dans le cours de la journée,

un examen plus complet nous permet de délimiter avec exactitude

le territoire anesthésie. Il s'étend à la face dorsale et à la face

palmaire de la main, au tiers supérieur de la phalange des quatre

premiers doigts et au cinquième doigt en son entier; il a pour

limite supérieure une ligne circulaire passant au-dessus des apo-

physes styloïdes. - Ses limites inférieures affectent la forme de

« bagues » situées à la partie supérieure des phalanges. Dans toute

cette région, l'anesthésie est complète pour tous les modes de

sensibilité (toucher, pression, température, piqûre, sensibilité ar-*

ticulaire). La main droite est parésiée.

La malade se montre très préoccupée par son accident; peu de

temps auparavant, une blessure légère produite dans les mêmes

conditions chez une autre infirmière a nécessité l'amputation du

doigt. Obsédée par ce souvenir, S... pleure, s'inquiète, redoutant

qu'une opération analogue ne devienne nécessaire. Pas d'hémia-

nesthésie, pas d'anesthésie pharyngée.

Le lendemain, 16 mars, la malade--Se plaint d'une douleur dans

l'aisselle et d'une sensation d'engourdissement dans le bras; elle

ne sent plus sa main. Elle n'a pas dormi la nuit précédente tour-

mentée qu'elle était par la crainte d'une complication.

L'hyperesthésie persiste au niveau de la plaie. Mais les limites

du territoire anesthésié se sont complètement modifiées. La limite

supérieure de l'anesthésie, gagnant du terrain, s'est reportée du

poignet à une ligne circulaire située au niveau du pli du coude..

L'anesthésie a en outre gagné le pouce, l'index, le médius, la

veille encore sensibles. D'autre part, l'auriculaire et la région cor-

respondante du cinquième métacarpien (face dorsale et palmaire)

ont récupéré leur sensibilité.

La limite supérieure de l'anesthésie est reportée au niveau du

pli du coude. Sur le territoire anesthésie on constate comme la

veille la disparition de la sensibilité tactile, l'analgésie, et la

thermo-aneslhésie. Pression dynamométrique MD : 3, MG 30.

Le 17, quarante-huit heures après l'accident, la douleur a

presque complètement disparu au niveau de la blessure. La sensi-

bilité est redevenue normale. La main semble toujours lourde, et le

bras faible. Pression dynamométrique M D : 15 l\I G : 27.

Pas de transfert, pas d'hémianesthésie, pas de diathèse de con-

236 RECUEIL DE FAITS.

tractures. - Pas de crises convulsives. - Point de rétrécissement

du champ visuel.-Pas d'achromatopsie.-Le48, MD : 34. MG : 34.

Il ne reste plus de vestiges des troubles sensoriels et moteurs des

jours précédents.

Le 26 mai, plus de deux'mois après la production des accidents

décrits plus haut, nous examinons la malade de nouveau au point

de vue des stigmates hystériques qui, on le sait, peuvent dispa-

raître quelquefois à l'occasion de l'apparition de troubles hysté-

riques locaux. Nous ne constatons aucun trouble de la sensibilité

cutanée : la chaleur, le froid, la piqûre, le toucher sont normale-

ment perçus, - pas de plaques d'hyperesthésie, pas d'anesthésie

pharyngée ni gustative. Pas de rétrécissement du champ visuel ni

d'achromatopsie. -

Dans l'observation précédente, les troubles de la sensibilité

ne peuvent être attribués à une lésion d'un nerf; nous n'in-

sisterons pas sur ce diagnostic différentiel, le mode de distri-

' bution de l'anesthésie nous en dispense.

Notre cas doit au contraire par la nature des troubles sen-

sitifs être rangé à la fois à côté des phénomènes physiologiques

du choc nerveux local et à côté des paralysies hystéro-trau-

matique ? Par la durée des accidents (moins de quarante-huit

heures), notre observation sert de transition en quelque sorte

entre les conséquences fugitives du choc local et les troubles

fonctionnels parfois de longue durée de l'hystéro-trauma-

tisme. Nous avons pu constater en effet chez notre malade les

phénomènes manifestement exagérés du choc local : anes-

thésie, paralysie, sensation d'engourdissement et d'absence

du membre, et les caractères habituels mais passagers des

paralysies psychiques dues au traumatisme : répartition de

l'anesthésie sans rapport avec-la distribution des nerfs, limi-

tation des territoires anesthésies par des cercles perpendicu-

laires à l'axe du membre, pertes de toutes les sensibilités, pa-

résie. Il s'agissait donc en réalité d'un rudiment de paralysie

psychique.

Faisons remarquer enfin- que noire malade n'a dans ses

antécédents soit héréditaires soit personnels aucune tare né-

vropathique. C'est aussi en vain que nous avons recherché

chez elle les stigmates de l'hystérie. Cette absence de prédis-

position nerveuse peut servir à expliquer le peu de durée des

accidents, et il est permis de supposer que si le terrain avait

été plus propice, si la résistance cérébrale avait été amoindrie

par une névrose ou une intoxication, la parésie et l'anesthésie

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 237

transitoire du choc local se fussent transformées en une para-

lysie hystéro-traumatique classique. D'un autre côté, si nous

avons eu à constater des accidents plus accusés et plus du-

rables que ceux du choc local ordinaire, il faut sans doute en

chercher la raison dans l'émotion très vive produite par la

blessure (craintes d'amputation).

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE

XXI. D'UNE névrose PEU connue DES extrémités, principalement DES

EXTRÉMITÉS SUPÉRIEURES; par M. BERNHARDT. (Central, f. Nervenh.,

1886.)

Voici la symptomatologie du type que l'auteur présente comme

nouveau; elle est basée sur 47 observations recueillies la plupart chez

lafemme (43 femmes, 4 hommes) donl ne donne que 7 cas écourtés

à dessein. Troubles subjectifs de la sensibilité existant en perma-

nence dans les doigts et les mains qui semblent morts, veloutés,

plein de fourmis,engourdis, picotant,trop épais comme s'ils allaient

crever; ces troubles subissent par accès une recrudescence dans l'in-

tensité, gagiiant alors la main, l'avant bras, entrainantde véritables

douleurs, douleurs nocturnes qui réveillent la malade et montent par-

fois au bras, à l'épaule. Uni ou bilatéraux, ils portent généralement

en même temps sur les pieds, mais peuvent être limités à un doigt, à

quelques doigts, à quelques articulations isolées des doigts, sans

qu'on puisse désigner le territoire d'un nerf. Intégrité à peu près

complète de la sensibilité, de la motilité, de la nutrition, de la

contractilité, des fonctions vasomotrices. Surtout accusée et fré-

quente entre trente et soixante ans, cette affection compte son

plus grand nombre de patientes entre quarante, cinquante, et

soixante ans. L'homme le plus jeune atteint n'avait, comme la

femme, pas moins de vingt-huit ans. Ménopause, gravidité, puer-

péralité, anémie, cachexie, action de l'eau froide ou impression

brusque d'eaux de diverses températures, excès de travaux

professionnels (couture, repassage, blanchissage, femmes de mé-

nage) voilà pourl'étiologie. L'auteur discute le diagnostic d'avec :

névralgie, compression des troncs nerveux, névroses profession-

nelles connues, névrites périphériques ordinaires, tétanie avortée,

238 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

infection, lésions organiques de la moelle, troubles hystériques,

alcoolisme, asphyxie locale, érythromélalgie, paralysie vasomo-

trice. Ces faits rappellent de loin la névrose vasomotrice des

laveuses et servantes de Martin et Nothnagel, puisqu'il n'y a pas de

spasmes vasculaires ; les faits publiés par Putnam (paresthésie pério-

disque, 1880), Berger (paresthésie des membres inférieurs, 1879) et

surtout ceux d'Ormerod et de Sinkler, 1883, 1884), fusionnent par-

faitement avec ceux de l'auteur. M. Bernhardt adopte l'opinion

d'une triple pathogénie, selon les faits. Tantôt il y aurait hypé-

rémie de la moelle favorisée par la ménopause et exagérée par la

situation de l'organe au cours du sommeil - tantôt on devrait

accuser l'excitation des nerfs sensitifs périphériques par des actions

thermiques diverses, excitation gagnant la moelle et ses centres

vasomoteurs, et, parsuite, troublant la fonction du nerf, rien que sa

fonction dans un ordre spécial enfin il existe des cas en faveur

d'une altération réelle des nerfs sensitifs par une cause extérieure.

Traitement en rapport avec les causes; y ajouter le pinceau fara-

dique, la galvanisation spinale, le massage, la quinine à hautes

doses, ou le KBr.-Amélioration temporaire. P. KERAVAL.

XXXII. Communications NEUROPATHOLOGIQUES ; par M. BERNHARDT.

(Centralbl. f. Nervenh., 1886.)

I. Paralysie périphérique isolée du nerf sus-scapulaire gauche. -

Le muscle sous-épineux ne répond plus à l'excitation électrique,

non plus que le nerf en question. Atrophie correspondante. Patho-

génie : portde lourds fardeaux sur la partie postérieure de l'épaule

gauche Affection durant depuis trop longtemps pour qu'on puisse

rien espérer de la thérapeutique.

II. Parésie de presque tous les muscles de l'extrémité supérieure

gauche. Etiologie remarquable. - Le deltoïde seul est indemne. Il

s'agit d'un ouvrier employé au dépolissage de boutons de corne

soumis dans une caisse hermétiquement close à un courant de

poussière vigoureusement projeté. Le travail exige que l'ouvrier,

qui naturellement se tient en dehors de la caisse, passe ses bras à

travers deux ouvertures bordées de bourrelets caoutchoutés afin

d'exécuter la besogne; de là compression au niveau de l'insertion

inférieure du deltoïde.

III. Contribution à la pathologie des paralysies faciales périphé-

riques. - Première observation. - Paralysie, probablement par

contre-coup, due à une lésion de la base du crâne.- Seconde obser-

vation. Paralysie parotite moyenne. - Dans les deux cas, la

paralysie, quoique franchement périphérique, respecta la branche

oculo-frontale. P. KERAVAL.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 239

XXXIII. UN cas d'épilepsie traumatique guérie par trépanation; par

G. VOELCKERS. - Contribution au traitement CONSÉCUTIF DES ÉPI-

LEPTIQUES trépanés; par A. ERLEN3fEYER'. (Centralbl. f. Nervenli.,

1886.)

Traumatisme produit par la chute d'unebranche d'arbre. Dépres-

sion osseuse occupant la partie postérieure du frontal et la partie

antérieure du pariétal de chaque côté; diamètre 7 centimètres

sur 5. Trépanation, guérison. A ce propos, Erlenmeyer rappelle

que, si l'on veut obtenir en pareil cas une guérison durable, il faut

en outre instituer un traitement capable d'agir comme sédatif sur

l'écorce, qu'on ait eu affaire à une épilepsie franchement trauma-

tique ou à une épilepsie réflexe. Prescription des bromures. Sup-

pression de l'alcool, même à petites doses, d'autant plus que ces

malades présentent une remarquable intolérance à l'égard des

spiritueux. ' p. K

XXXIV. FEUILLES détachées DE MON carnet d'enseignement ;

par W. Ta. DE RENZ. (Centr. f. Nervenh., 1886.)

Moyens didactiques propres à offrir à l'étudiant, en peu de mots,

certains aperçus et certaines opinions individuelles. Vingt para-

graphes concernant l'anatomie, la physiologie, la pathologie des

centres nerveux. P. K.

XXXV. DES rapports QUI EXISTENT ENTRE LE tabès ET LE diabète

sucré; par G. FISCHER. (Centr. f. Nervenh., 1886.)

Obs. 1. Tabes dorsal, cliniquement, très probable; aucune ano-

malie du côté de la soif, des urines, de la faim. Pupilles étroites,

mais mobiles. Grand fumeur. - Obs. Il. Tabes cliniquement pro-

bable ; sucre danslesurines d'unedensité de 1015.-Obs. [Il,Signes

du tabes; notamment ataxie indubitable; sucre dans les urines

d'une densité de 1028.- En tous ces cas, il manque la preuve qu'il

s'agisse de névroses tabétiques. Malades non suivis. Pas de nécrop-

sies. Tabes à peu près certain. - 06s. IV. Tabétique ayant eu

jadis la syphilis. Paresthésie et anesthésie du trijumeau; accéléra-

tion du coeur. Glycosurie. - 06s. V. Névrose diabétique paraissant

dépendre de la glycosurie. Troubles cérébraux. Accidents du côté

de la motilité de l'oeil et des réflexes tendineux. P. K.

XXXVI. UNE FORME particulière DES troubles DU mouvement DE la

PUPILLE; par SALGO. (Centr. f. Nervenh., 1886.)

Contraction inégale du muscle irien prenant ainsi les formes

les plus bizarres et variant à chaque instant de forme, sa mobilité

étant conservée. Dans l'immense majorité des cas, cette altération

240 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

protéiforme de l'innervation' est un symptôme de paralysie géné-

rale; Il est bien plus fréquent que le myosis, mais moins fréquent

que l'inégalité pupillaire.' On le rencontre quelquefois dans des

psychoses chroniques avancées de nature simple. P. K.

4

XXXVII. DES symptômes hystériformes dans LES affections SYPHILI-

TIQUES DE l'encéphale; par E. E. MOKAVCSIE. (Centralbl. f. Nerven-

heilk, 1888.)

La fantaisie multicolore de symptômes éphémères indiquait dans

l'espèce une hystérie; l'autopsie révéla une encéphalite syphiliti-

que du cerveau et du cervelet. P. K.

XXXVIILCONTHIBUTION LA pathologie ET A la chirurgie DU cerveau;

par L. GOLDSTEIN. (Centralbl. f. Neruenheilk 1888.)

Deux observations d'hémiplégie avec aphasie consécutive à un

traumatisme; la trépanation et l'intervention opératoire dans la

masse du cerveau déterminèrent la guérison. Une troisième obser-

vation relate l'histoire d'un abcès spontané (peut-être consécutif

à un anthrax ? ) occupant les mêmes régions mais à droite; on

intervint de la même façon et l'on obtint une amélioration; le

cerveau fit hernie à travers la plaie, il s'y produisit de nouveaux

foyers, et le malade mourut. Excellentes descriptions, parfaite dis-

cussion. P. K.

XXXIX. Paralysie périphérique ISOLÉE DU NERF SUS-SCAPULAIRE

gauche; par J. HOFFMANN (Neurol. Centralbl., 1888.)

Atrophie du sous-épineux et du sus-épineux. Confirmation des

recheiches de Duchenne (de Boulogne). P. K.

XL. DE l'insuffisance DE la CONVERGENCE dans la maladie DE Base-

Dow; parP.-J. IIID1US. (Centralb. f. Nervenh., 1886.)

L'auteur affirme que dans ces dernières années il n'a pas vu de

maladie de Basedow sans exophtalmie d'aucun degré; et qu'il

n'a pas vu de faits d'exophtalmie, sans maladie de Basedow,

excepté le cas de tumeur orbitaire et de proéminence physiologique

des globes oculaires. Chez des individus bien portants à yeux sail-

lants, il a trouvé de l'insuffisance de convergence exactement

comme celle qu'il a décrite; cet accident parait donc en rapport

avec les proéminences des globes oculaires bien plus qu'avec la

maladiede Basedow. Mais il est aussi à supposer que dans la maladie

de Basedow l'insuffisance en question n'est pas absolument pro-

portionnelle à l'exophtalmie, que des malades présentant une très

aible exophtalrnie pourront être affectés d'une très forte insuffi-

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 241

sance, que l'intensité de celle-ci se modifiera indépendamment

de celle de l'exophtalmie, enfin qu'elle peut émaner d'autres fac-

teurs que de l'exophthalmie. Il est en tout cas facile de compren-

dre que, de toutes les fonctions motrices de l'oeil, la convergence

est celle qui exige le plus d'ell'ort. Que les muscles de l'oeil soient

tant soit peu affaiblis, vite la convergence souffrira. C'est ce qui

arrive dans le cas d'épuisement nerveux généralisé. Eh bien !

dans la maladie de Basedow, il y a simultanément épuisement ner-

veux et exophtalmie. Il est en revanche à remarquer que, dans les

lésions organiques des centres nerveux, la convergence demeure in-

tacte, tandis que, dans les troubles fonctionnels, la convergence est

nettement affectée, quoique à un moindre degré, que dans la ma-

ladie de Basedow. P. KERAVAL.

XLI. Un cas D'HYSTËRO-ÉPILEPStE CHEZ L'HOMME; par J. POLLAK.

(Centralbl. f. Nervenheilk., 1888.)

Observation particulièrement originale en ce que les attaques

convulsives débutèrent à la suite de lavages de l'estomac, et les

essais d'hypnotisme provoquèrent toujours des attaques. Elle fut

en tout semblable pour le reste à l'hystérie chez la femme. P. K.

XLII. CE QU'IL faut ENTENDRE par HYSTÉRIE; par P.-J. MOEBIUS.

(Centralbl. f. Neruenheilk., 1888.)

Hystériques, dit l'auteur, sont toutes les modifications patholo-

giques d'ordre matériel, somatique, qui se rattachent à des concep-

tions sans que celles-ci jouent d'autre rôle que celui d'un facteur

occasionnel. Une émotion par exemple se traduira, d'une façon tout

inattendue, par de l'hémianesthésie, de la paralysie hystérique. La

conception n'a donc rien à voir avec la détermination physique

de la manifestation pathologique; elle n'est 'pas liée non plus à la

neurasthénie (surmenage, affaiblissement nerveux) bien qu'elle

puisse en être accompagnée. Et ce qui prouve la véracité de ces

allégations, c'est l'hystérie traumatique de Charcot, si éminem-

ment distincte de l'hystérie ordinaire, une fois qu'elle s'est mani-

festée ; c'est encore le paramyoclonus multiple de Friedreich, cette

névrose terrifiante, qui, tout hystérique qu'elle est, se sépare de

l'hystérie par ses allures. De là la nécessité du traitement moral;

non par le raisonnement, mais par des dérivatifs de l'attention, par

la suggestion hypnotique ou fiduciaire (ascendant du médecin).

P. K.

XLIII. DE la parésie bilatérale du NERF pathétique; par E. REMAK.

(Neurol. Centralbl., 1888.)

La parésie du pathétique successivement uni, puis bilatérale,

Archives, t. XX. 16

242 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

s'accompagna dans l'espèce d'une parésie légère des deux oculo-

moteurs externes, et d'une espèce de nystagmus des deux yeux.

Si l'on en rapproche les troubles de l'équilibre ceux de la déglu-

tition concomitants, et la parésie ultérieure des extrémités infé-

rieures hantées aussi de phénomènes spasmodiques, ainsi que les

accidents génito-vésicaux, on arrive à diagnostiqueur une lésion

centrale. La discussion du fait ne permet pas de dire davantage.

L'autopsie seule pourrait éclairer la question. P. KERAVAL.

XLIV. UN cas d'hypéridrose unilatérale; parj. FLtIEDL.ENDER.

(Central, f. Nerv. 1886.)

Trois symptômes cardinaux : hypéridrose exagérée de la moitié

droite de la face, - rougeur et hyperthermie simultanée du même

côté, - mydriase droite - indiquent ici des troubles du sympa-

thique cervical. L'existence concomitante de symptômes d'excita-

tion et de symptômes de paralysie prouve que ce nerf contient

et des fibres vasoconstrictives et des fibres vasodilatatrices rem-

plissant simultanément leur fonction correspondante sous une

même influence irritative, car le même nerf ne saurait être en

même temps excité et paralysé. La périodicité très nette des phé-

nomènes survenant sous forme d'accès fugaces, séparés par des

intervalles plus ou moins longsdefonctionnementnormal, témoigne

de la véracité de pareille interprétation. Diagnostic : névrose irri-

tative sans'lésion organique. P. K.

XLV. UN cas DE CYSTICERQUE DE la couche OPTIQUE; par W. MANASSE.

(Newol. Centralbl., 1888.)

Une jeune fille de vingt ans est prise de céphalagie avec éter-

nuements répétés ; une hémiplégie gauche se montre, puis de la

dysphagie; bientôt impossibilité de mouvoir la tête, elle étouffe,

elle meurt. La maladie a duré 3 jours. On trouve un cysticerque

unique en plein milieu de la couche optique gauche ; la tumeur a

le volume d'un grain de raisin, l'organe même n'a pas subi d'al-

tération. Nombreux kystes semblables calcifiés dans la plèvre et le

poumon gauches. P. K.

XL VI. QUELQUES mots sur la SUGGESTION ; par E. JENDRASS16

, (Neurol. Centra. 1888)

Une observation. Détail des expériences bien connues de la

Salpêtrière.

Théorie. - L'état de veille ordinaire se coinpose d'une constante asso-

ciation d'idées et d'images coordonnées. Pendant le sommeil ordinaire,

les images apparaissent spontanément sans cohésion réelle. Dans le pre-

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 243

mier état, de nouvelles idées sont engendrées par des processus d'asso-

ciation ou par de nouvelles excitations sensorielles : pendant le sommeil,

au contraire, il y a genèse brutale sans mécanisme régulier. Or, pendant

le sommeil hypnotique, il n'y a pas d'enchaînement des pensées ; les

fibres d'association ne fonctionnent plus ; elles se produisent dans la cel-

lule restée normale mais séparée de ses congénères, et par cela d'autant t

plus intenses. P. K.

XLVII. Contribution A L'ÉTUDE DE L'HÉ3rIATROPHIE faciale; par

E. MENDEL (Neurol. Centralbl. 18S8)

Autopsie d'une malade cliniquement étudiée dans la biblio-

graphie depuis Romberg. Atrophie du coté gauche du visage

portant sur les trois branches du trijumeau; intégrité de la sensi-

bilité, intégrité des os, pas de troubles vasomoteurs. Atrophie

simultanée du bras du même côté dans le territoire du nerf

radial : l'état n'a pas changé depuis la dernière description de

Virchow il y a sept ans. Névrite interstitielle proliférante (termi-

nologie de Virchow) tout le long du trijumeau et surtout de la

branche maxillaire supérieure (derniers stades de l'inflamma-

tion) ; même état le long du radial. Les conséquences anatomiques

de ces névrites ont été : atrophie de la racine descendante du

trijumeau, atrophie partielle de la substance ferrugineuse, alro-

phie de la corne antérieure en un point correspondant, au radial.

P. K.

XLVIII. Contribution A la localisation DE l'aphasie sensorielle ;

par L. Laquer. (Vetcrol. Centralbl. 1888)

Observation. Chez un individu bien portant jusque-là à tous

égards se produit une attaque d'apoplexie qui laisse après elle de

la surdité verbale avec paeapleusie. Diagnostic. Lésion circonscrite

de la première temporale et des fibres correspondantes de la cou-

ronne rayonnante. Autopsie confirmative. P. K.

XLIX. Sur UN phénomène TOUT particulier (MOUVEMENT associé) QUI

SE PRÉSENTE dans LE tabès dorsal; par R. STIITZING. (Centr. f.

Nerv. 1886.)

Observation d'ataxique qui, à chaque secousse de toux, se voit

obligé, sans pouvoir s'y opposer, de fléchir violemment la cuisse

sur le bassin, l'étendue de cette tlexion de la hanche étant propor-

tionnelle à l'intensité de la secousse. La succession de plusieurs

secousses rapproche davantage la cuisse de l'abdomen, mais elle

reste divergente en dehors sans présenter de tremblement; rien

du côté de l'articulation du genou ni de la jambe. Ces mouvements

coïncident exactement avec la contraction des muscles abdominaux

et l'expulsion du courant d'air glottique. Immédiatement après,

244 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 1

les membres inférieurs reprennent leur flaccidité, leur calme, leur

lourdeur accoutumés. P. K.

L. Cas rare DE NÉVRITE ascendante avec paralysie réflexe (ex-

pression consacrée) DE la moelle; par TUISSEN, (Centr. f. Nerv.,

- 1886.)

Observation. - Névrite du maxillaire inférieur droit (résection).

puis gauche, sans qu'on puisse formuler la pathogénie ascendante.

Quinze jours plus tard, impossibilité de marcher longtemps et de

monter les escaliers; sensation de froid dans le dos avec état dou-

loureux des vertèbres dorsales inférieures et de la première lom-

baire ; disparition du réflexe patellaire; démarche ataxique; signe

de Romberg. Quelques jours après, paralysie des bras. Enfin, at-

teinte des fibres motrices du trijumeau (grincement de dents;

otite moyenne) : résection du maxillaire inférieur gauche

(névrite). Néanmoins, aggravation des accidents. Sous l'influence

des bains chauds et de la galvanisation ,spinale desscendante, les

accidents paralytiques disparaissent en dix semaines, mais les

autres phénomènes subsistent malgré de hautes doses de mor-

phine, et se compliquent bientôt d'accès d'asthme d'une telle

violence que rien n'y fait. Nouvelle résection du maxillaire infé-

rieur droit. Guérison. P. K.

LI. CONTRIBUTION A la thérapeutique DE L'IIYDROPISIE articulaire

INTERMITTENTE; par R. II. Pierson. - Contribution A la THÉRA-

PEUTIQUE ET AU DIAGNOSTIC DE L'HYDROPISIE INTERMITTENTE DU GENOU;

par A. Rosenbach. (Centralbl. f. Nervenh., 1886.)

Observation de Pierson. - Tous les huit jours, série de gon-

flements avec tension et raideur articulaires du genou droit; cela

pendant six mois. Puis, pause complète de plusieurs années. Puis,

réapparition du même type, avec augmentation de l'intensité

et atteinte, en outre, du genou gauche. Enfin pause de trois ans.

Finalement nouvelle crise, cette fois, inutilité de tous médica-

ments; à des intervalles de huit jours tuméfaction des deux

genoux pendant huit jours ; apyrexie. Galvanisation fréquente,

avec des interruptions de trois à cinq minutes, des troncs nerveux

et de la colonne vertébrale (cathode en station), promenades du

même pôle sur les deux extrémités (courants faibles), faradisation

locale avec des courants faibles et au moyen du pinceau sur la

colonne vertébrale, enfin galvanisation ,transverse forte des deux

articulations et courants intermittents sur les mêmes régions

(application de l'anode à l'articulation même). Sous l'influence de

ce traitement électrique, l'intensité de chaque tuméfaction diminue,

la durée de la série d'accès est réduite à trois mois et les accès

disparaissent totalement. '

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 245

Observation de Rosenbach. - Une hydropisie du même genre,

récurrente, fut complètement guérie par l'emploi simultané de

l'arsenic, des injections hypodermiques d'ergotinine et du trai-

tement électrique de Pierson. Mais rien n'est encore assez fixé

dans les allures de cette affection pour qu'on ne doive se montrer

extrêmement réservé et quant au pronostic et quant à la valeur du

traitement, si éclatant se montrât-il comme dans ce cas. L'auteur

communique un second fait semblable amélioré par la faradisa-

tion. P. K.

LU. UN cas DE convulsion DE la langue idiopathique; par A. ERLEN-

MBYIOE, - DE la convulsion idiopathique DE la langue ; pal'

M. IERNH : 111DT. (Centralbl. f. Neruelzh., 1886.)

Observation I. Guérison. - Un négociant de trente-un ans n'a

dans ses commémoratifs, àsonpassif, que des excès de boisson, il y

a quatre ans et demi. En 1882, à des intervalles de dix à quatorze

jours, accès de convulsions linguales caractérisés par rétraction de

la langue en arrière, puis projection très violente de l'organe en

avant, souvent si violente que la moitié droite de la face se con-

vulse en même temps; dix, vingt, trente convulsions semblables

ont lieu successivement en dix, vingt, trente secondes; puis, repos

de quelques minutes, et répétition des mêmes accidents, cela pen-

dant plusieurs heures; pas de douleurs; souvent, pendant la

pause, ondulation tranquille dans l'organe. Aucune autre anomalie

en dehors d'une anémie très prononcée. Pendant l'accès, la lan-

gue est plus dure que normalement; quand l'accès doit venir, le

patient constate, pendant un certain temps auparavant, avant de

s'endormir, des convulsions dans les jambes. Traitement recons-

tituant; KBr 6 grammes. Il ne s'agissait pas le moins du monde

d'accidents réflexes, puisque les mouvements naturels de la lan-

gue, fussent-ils exagérés à dessein, ne les provoquaient pas.

Observation IL - Ici prédisposition nerveuse, excès bachiques

et vénériens. Depuis quelques mois, souvent, pendant le jour,

même après une bonne nuit, bâillement répété anormal avec

émission de larmes et bouche démesurément ouverte; en même

temps, mouvement convulsif indolent de la langue qui vient, en se

cabrant, heurter le palais et se fléchir en arrière. Pas d'autre

' annomalie qu'un certain degré d'inquiétude morale. Durée : des

heures, avec sensation de tension anormale du côté de l'os hyoïde

et du larynx. Amélioration par les occupations. Jamais l'accident

ne se produit pendant une des fonctions qui exigent l'action de la

langue; il se suspend même à ce moment pour reprendre pendant t

le repos de l'organe. P. KERAVAL.

246 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. ·

LUI. Contribution A la théorie DES ZONES épileptogènes ;

par E. A. HontÉN. (Centralbl. f. Nervenh., 1886.)

Il s'agit d'une observation dans laquelle, quand l'accès d'épi-

-lepsie doit venir, le malade ressent d'abord une certaine lourdeur

de tête et une légère sensation de tension et de traction dans

l'angle interne de l'oeil gauche d'où elle irradie en dedans et le

long de la racine du nez en bas. L'accès est annoncé réellement

par une exagération subite de cette tension, un tiraillement inté-

rieur comme si une boulfée d'air pénétrait dans la fosse nasale

qui semble bouchée. Une pression exercée sur cette région,

un vent violent venant fouetter le visage déterminent un accès

d'épilepsie : Quand l'accès a été fort, la tension de l'angle interne

de l'oeil disparaît et l'on y peut toucher impunément. Aucune

anomalie, à part une diminution de la sensibilité dans tous ses

modes à la région frontale et temporale gauche, surtout au voisi-

nage immédiat de l'oeil, sur la paupière et la portion contiguë du

nez sous l'oeil. En pressant sur une zone située au-dessus et en

avant de l'oreille gauche on provoque quelque douleur; la pres-

sion à la nuque, entre l'atlas et l'occipital détermine une tension

particulière ainsi qu'une légère douleur dans le front et surtout

dans les deux tempes; la pression sur la quatrième vertèbre dorsale

engourdit les doigts, principalement du côté gauche. - Donc, il

s'agit d'une zone épileplogène nette sans cause périphérique avec

anesthésie correspondante ; le champ d'irritation correspond aux

régions psychomotrices du cerveau et le développement des con-

vulsions, leur extension aux divers groupes musculaires suit pen-

dant l'accès une gradation à peu près en rapport avec l'entrée en

scène progressive des divers centres moteurs de l'écorce- La galva-

nisation diminua un peu, quoique pour peu de temps, le pouvoir

épileptogène de la zone et le nombre des accès. P. Keraval.

LIV. DE la paralysie faciale A répétition ; par P. J. Moebius.

(Centmtbl, f. Nervenh" 1886.)

Observation. - En 1868, à la suite d'un refroidissement intense,

paralysie faciale indolenle du côté droit : durée trois semaines. En

1878, nouvelle paralysie faciale gauche, mais avec douleurs vio-

lentes dans le cou et la nuque : durée quatre semaines. En 1886,

après refroidissement, douleurs lancinantes dans la nuque,

s'étendant le lendemain vers l'oreille droite , le 3° jour, dans la

joue droite et les dents, et alors, paralysie faciale droite complète

en 24 heures. Puis les douleurs diminuent un peu mais toutes

prêtes à récidiver à la moindre impression du froid : intégrité

du goût et de l'ouïe. Le 8e jour, la paralysie est complète et totale,

mais l'excitabilité électrique est normale; très grande sensibilité

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 247

au niveau du trou styLe 100 jour, hypoexcitabilité du

facial droit (douleurs erratiques). Le 16e jour, réaction dégénéra-

tive ; néanmoins tout rentre dans l'ordre, et le 30e jour tout va

mieux,le 45e jour amélioration progressive.- La paralysie faciale à

répétition n'est pas une paralysie périodique ; c'est une espèce de

paralysie ordinaire rhumatismale qui ne reparaît plusieurs fuis qu'en

raison d'une exagération de la prédisposition sous l'influence du

froid; comme dans la pneumonie fibrineuse dans cet ordre, le froid

est l'agent qui détermine dans l'économie l'espèce d'infeclion pa-

thogène. P. K.

LV. UN cas DE cyanose IIÉfIL.1T13RALE DE la face survenant A la

SUITE D'EXERCICES violents ; par 0. Rosenbach. (Centralbl. f. Ne ? '-

venh., 1886.)

Enfant de neuf ans : toutes les fois qu'il joue avec animation et

se donne un mouvement très actif, en quelques minutes apparaît

le bleuissement du côté droit de la face, du front au menton;

cette cyanose empiète très rarement sur le côté gauche du dos du

nez, elle est, à part cela, nettement hémilatérale et se réduit à de

l'injection de la conjonctive; intégrité de la rétine et des mu-

queuses. Mais elle s'accompagne d'une hyperlhermie très pro-

noncée, tandis que le côté sain pâlit et diminue de température.

Intégrité de la sensibilité. Le repos met fin à ces accidents avec la

même rapidité qu'ils s'étaient montrés. Mais, si l'enfant continue

à courir, tous ces phénomènes atteignent leur maximum, gagnent

le cou et aboutissent à une sudation excessive du côté droit de la

face tandis qu'à gauche, à part la joue gauche qui rougit un peu,

on constate sécheresse et froideur. Un quart d'heure de repos et

tout rentre dans l'ordre. Intégrité organique complète; rien du

côté du grand sympathique. L'auteur conclut à une atonie locale

des vaisseaux de la peau par prédisposition congénitale et non à

une paralysie des vaso-constricteurs; ce relâchement des vaisseaux

du côté droit elleur réplélion sont infiniment favorisés par l'allure

de ceux du côté gauche qui ne subissent pas leur dilatation nor-

male sous l'influence de l'activité musculaire (anhydrose gauche

contrastant avec l'hyperhydrose droite). P. K.

LVI. UN cas grave d'épilepsie réflexe : contracture EN flexion UNI-

latérale du GROS ORTEIL ET du PIED ouvrant la scène, et ALTER-

NANT, PLUS TARD, AVEC DES ATTAQUES ÉPILEPTIQUES ET ÉPILEPTOÏDES

généralisées ; par A. EULENBURG. (Centralbl. f. lŸB)·L'2h., 1886.)

Individu de vingt-trois ans ne présentant rien dans ses commé-

moralifs qui donne à réfléchir. Il y a trois ans et demi, en enle-

vant sa botte droite, il est pris d'une crampe convulsive doulou-

248 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

reuse du gros orteil qui se fléchit en entrainant la flexion plantaire

du pied : durée une demi-minute. Ce phénomène s'est depuis

répété et a été suivi de flexion de la jambe et de la cuisse droites.

Enfin en mars 1882, à la suite de retours repétés de ces convul-

sions partielles, durant alors une minute, accès complet d'épi-

lepsie débutant par la flexion tonique du gros orteil droit et pré-

dominant du côté droit. Aucun traitement chirurgical, ou médical

n'a pu supprimer les accès d'épilepsie d'aspects un peu différents

qui se sont produits depuis, malgré les injections sous-cutanées

d'atropine. d'hyoscyamine, de curare (solution hydroglycérinée

au 1/100 : dose 0,50 à 1 gr.), l'inhalation de bromure d'éthyle, la

liqueur de Fowler, les bains monopolairesgalvaniques (cathodeà à

la force de 5 à 6 milliampères appliquée sur le patient) ; l'affection

persiste. P. K.

LVII. SUR quelques cas INSOLITES DE paralysie saturnine ;

- par P. J. 11OBBIUS. (Central, f. Neruezzh., 1886.)

Trois observations^ La paralysie connue sous le nom de para-

lysie des Tailleurs de lime est très probablement une paralysie

saturnine. A un moment donné de leur travail, ces ouvriers inter-

posent entre l'enclume et le côté déja taillé de la lime qu'ils ont

en main un bloc de plomb ou une lame de plomb (fabriques alle-

mandes), ou saupoudrent l'enclume de plomb pulvérisé mélangé

de zinc (Fabriques anglaises). Preuves physiques : anémie et liseré

gingival - coliques - guérison ou amélioration proverbiale des

gens du métier - paralysie typique des extenseurs et allures de

l'excitabilité électrique. Ce ne peut être une atrophie musculaire

spinale au début, car on constate : absence de tremblements fibril-

laires, réaction dégénérative complète, localisation et marche

spéciale des phénomènes. P. K.

VIII. DES phénomènes tendineux ; par A. DE `VATTEVILLE.

' (Cent ? f. Ndvenh : , 1886.)

Le phénomène du- maxillaire inférieur (réflexe massétérin) ' est

un phénomène tendineux etnonpériostique car on peutégalement

le provoquer en tenant le patient par la barbe et en frappant sur

cette main qui tient la .barbe- de haut en bas de façon à abaisser

brusquement le maxillaire.

Les phénomènes tendineux sont d'ailleurs des phénomènes mus-

culaires directs, ca.¡' ]¡i7eolltraction de l'extenseur est puissante, car

l'ascension de la ligne myographique est plus rapide que celle qui

appartient à la contraction consécutive à une excitation cutanée,

car la contraction est résolument localisée à un muscle, car les

1 Voy. Archives de Neurologie, t. XV, p. 372.

REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE. 249

réactions tendineuses diffèrent des vrais mouvements réflexes des

muscles volontaires en ce sens qu'elles ne sont pas soumises comme

ces derniers à la volonté, et que, si l'on peut provoquer des mouve-

ments antagonistes qui modifient ces réactions, on ne peut

les arrêter elles-mêmes, car enfin les réactions tendineuses sont

exagérées par l'application de fortes impressions sensorielles en des

parties éloignées du corps, ce qui prouve que les fibrilles muscu-

laires sont en état d'hypertonicité. Il est exact que, dans certaines

circonstances, la percussion des os, tendons ou autres tissus, dé-

termine de véritables réflexes, mais la période latente de la

contraction est alors plus lente que celle du réflexe tendineux

normal et l'hyperexcitabililà descentres devient la source des mou-

vements diffus. Quand du reste, à la suite d'une seule percussion,

plusieurs muscles paraissent réagir, il ne s'agit pas le moins du

monde de la propagation de réflexes intraspinaux, car, si on l'on

prend soin d'éviter l'expansion du choc à travers les os, on voit

qu'on a affaire à une sorte de réflexe croisé par suite de l'exa-

gération de la tonicité des fibres. Conclusion. - Les phénomènes

tendineux, tout en étant en relation intime avec la tonicité réflexe

des muscles, représentent au plus haut point l'expression de l'excita-

bilité musculaire, ce qui ne nuit en rien à la valeur clinique de l'allure

de ces réflexes dans des conditions anormales. P. K.

L'X. La spondylarthrite synoviale; par A. Caspari

(Neurol. Centralbl. 1888)

L'arthrite des apophyses articulaires (synovite) des vertèbres

n'aurait été décrite que par Hueter comme étant bien plus fré-

quente que l'inflammation des corps vertébraux. Elle appartien-

drait d'ailleurs, de même que cette dernière, à l'enfance. Or, elle

est, dit M. Caspari, infiniment fréquente. L'auteur en fournit un

résumé clinique qui est le fruit da l'observation de plusieurs

années. - Excessivement fréalip-nte chez, l'adulte, elle ho1.re toqles

les régions de la colonne vertébrale, mais surtout la eoiorme.rv'i-

cale et la colonne lombaire, parfois elle occupe la colonne verté-

brale entière : elle est bilatérale, excepté dans la -région dorsale.

Elle se traduit par une tension douloureuse avec raideur qui

immobilise la région; il existe juste au niveau des apophyses en ques-

tion une extrêmesensibilité à ]a press ? douleur peut survivre

au stade aigu, qui s'accompagne quelquefois d'une lièvre légère

(jusqu'à 39°), pendant plusieurs semaines. Elle se complique très

souvent de névrite descendante. ? \,. * P. KERAVAL,

LX. COMPLEXUS SYMPTOMATIQUES RARES CHEZ LES NÉVROPATHES.

par FR. SCHULTZE (Neurol. Centralbl., 1888).

I. Nystagmus intentionnel. - En même temps, atrophie de la

- 250 REVUE DE PATHOLOGIE NERVEUSE.

moitié droite de la langue ; parésie spasmodique avec amaigris-

sement des extrémités droites; perte de l'excitabilité réflexe du

pharynx chez un homme de vingt et un ans. Discussion du fait.

Pas d'autopsie.

II. Opïcthcllrlmoplégie externe avec ataxie des membres inférieurs,

exagération des réflexes patellaires, chez un homme de vingt-huit

ans. Alicrophtalmie avec coloboma de l'iris et de la choroïde

chez un frère plus âgé. Discussion du diagnostic. Pas d'autopsie.

P. K.

LXI. UN cas d'alexie avec hémianopsie homonyme DU COTÉ DROIT

(alexie subcorticale de Werniclce), par L. Bruns et B. STÆLTING

(Neurol. Centralbl., 1888).

Discussion du diagnostic, avec schémas et documents biblio-

graphiques. Pas d'autopsie. P. K.

LXII. Appendice au chapitre DE l'affaiblissement DU COEUR D'ORIGINE

nerveuse; par 0. ROSENBACH. (Centralbl. f. Nervenh.; 1886.)

Cet état morbide peut, quand se prolonge l'action de certains

éléments nocifs, même en quelques années seulement, déterminer

une lésion organique du muscle cardiaque ou des artères du coeur.

En effet, l'étiologie des affections organiques du coeur est la même

que celle-de son affaiblissement nerveux. Ce dernier constitue au

point de vue anatomique le degré de transition à une véritable

anomalie de la nutrition; il ne faut donc pas qu'il subsiste, sans

quoi le tissu de l'organe demeure irrévocablement altéré. P. K.

LXIII. D'UNE ESPÈCE TOUTE particulière DE mouvement associé de la

paupière SUPÉRIEURE EN état DE parésie dans LE cas D'UNE BLÉ-

PHAROPTOSE UNI-LATÉRALE congénitale; par M. BERNHARDT. (Cen-

tralbl. f. Nervenheilk- 1888.)

La blépharoptose siégeant à gauche sans autre anomalie, les

contractions des masticateurs s'accompagnent d'une élévation de

cette paupière d'ordinaire pendante. Par conséquent l'élévateur

de la paupière supérieure est innervé non seulement par l'ocu-

lomoteur commun, mais par le trijumeau (le nerf mylobyoïdien

fournit au ventre antérieur du digastrique). La blépharoptose

congénitale tient à un développement défectueux du noyau de

l'oculomoteur commun, surtout dans ceux des éléments qui com-

mandent à l'élévateur de la paupière supérieure; or, on se rappelle

qu'une bonne partie des fibres motrices du trijumeau prennent

nais-ance dans les cellules qui, dans le voisinage de l'aqueduc de

Sylvius, surmontent le noyau de l'oculomoteur, le trijumeau vient

donc tout naturellement exercer une suppléance fonctionnelle.

P. K.

REVUE DE pathologie NERVEUSE. , 251

LXIV. Maladie DE BASEDOW. ET maladie BRONZÉE, par H. KURELLA.

(Centralbl. f. Nervenheilk. 1888.)

Observation d'une jeune fille de seize ans atteinte d'un certain de-

gré de faiblesse d'esprit. Peu de temps après la première mens-

truation, palpitations de coeur, développement d'un goitre; puis, ,

exophtalmie, signe très-accusé de de Groefe, accès d'angoisse noc-

turne, avec hallucinations très nettes de la vue. Coloration brun

foncé de l'aréole du mamelon et de son pourtour qui représente

à peu près le diamètre d'une pièce de cinq francs en argent,

Quelques taches bronzées dans la région axillaire; pigmentation

diffuse sur la peau qui entoure les yeux. En quatre semaines le

bras tout entier et les seins sont envahis par ces macules qui de-

viennent noires. P. K.

LXV. DE la disparité DU phénomène DU genou dans LE tabès dorsal,

par S. GoLDrLw (neural, Centralbl., 1888). /

Ce phénomène n'est pas identique à lui-même chez le même

malade des deux côtés ni du même côté ; il se présentera dissem-

blable et inégal en force (trois observations). Or, cette disparité

précède la complète disparition de ces réflexes tendineux ; elle

constitue en fomme un symptôme de transition entre l'état

normal et la totale abolition du reflexe (voyez les observations IV

et V : disparité à un stade précoce du tabès). La méthode de

Jendrassik peut d'ailleurs rappeler celte disparité alors qu'on

croyait le phénomène du genou absolument absent d'un côté.

(Observation VI). P. K.

LXVI. UN cas DE CHORÉE héréditaire DE l'adulte; par ZACHER

(Neurol. Centralbl., 1888.)

Il s'agit de la chorée qui se montre héréditaire dans certaines

familles et ne sévit qu'à un âge avancé. Affection incurable. La

volonté peut passagèrement en interrompre les manifestations.

P. K.

LXVII. Un cas DE dyslexie (type-Berlin) avec TROUBLES DE l'écriture;

par L. Bruns (Neurol. Centralbl., 1888.

Il s'agit d'nne dyslexie graduelle et progressive surtout mar-

quée l'après-midi et à la suite d'un assez long travail. Elle ne

diffère pas de la manifestation mise en lumière par Berlin. Sorte

de lexophobie concomitante. - Voici en outre des troubles de

l'écriture pour la première fois constatés avec la dyslexie; le malade

21) REVUE DE pathologie mentale.

écrit spontanément comme à l'état normal, mais, quand il s'agit

d'écrire sous la dictée ou d'après un modèle, il trace des carac-

tères qui rappellent ceux de la crampe des écrivains, il sent, dit-il,

son bras se raidir : sorte d'arrêt se produisant dans les centres

graphomoteurs, comme dans les centres lexomoteurs. Ce fait

prouve que l'écriture spontanée d'un individu exercé n'a nul

besoin du contrôle attentif de la vue; sinon les accidents en ques-

tion se produiraien t aussi dans ces conditions, ce qui n'est pas.

Autopsie incomplète, inutilisable. P. Keraval.

LXVIII. DE la paralysie du NERF péronier; par M. BERNHARDT,

(Centralbl. f. Nervenheillc, 1888.)

Trois observations. L'une de paralysie périphérique unilatérale

par pression : électrisation, guérison. - L'autre, de paralysie d'ori-

gine cérébrale ' : un traumatisme ayant porté sur les parties les plus

élevées du lobule pariétal supérieur et du lobule paracentral avait,

de concert avec d'autres causes occasionnelles, provoqué de la

parésie du membre inférieur gauche et en particulier du pied. -

06s. III : paralysie tabétique partielle, grave, unilatérale des muscles

innervés parla branche profonde du nerf (jambier antérieur, long

extenseur du petit doigt, extenseur commun des doigts). P. K.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE

XIX. UÉLIRE DE chicane. Recherches ET réflexions MÉDICOLÉG,\Llè :

par MUER (Jahi,büch. f. Psychiat. VII, 1, 2.)

Observation d'un héréditaire dégénéré. Famille de voleurs. Père

mort paralytique général. Escroc dès l'âge de quatorze ans. Plus tard

voleur. Commence à devenir processif à la suite d'un traumatisme

céphalique, et à l'occasion de délits dont il est l'auteur. Finale-

ment délire des perscéutions; prophétise, cultive la cabale.

P. K.

XX. Contributions casuistiques A l'étude de la FOLIE impulsive;

par J. Fritsch (Jahrb. f. Psychiat., VU, 1, 2.)

La folie impulsive n'est pas une folie des actes dans le sens des

anciennes monomanies; cette expression désigne simplement les

actes irrésistibles auxquels cèdent les individus atteints de tares

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 253

neuropsychopathiques (hystériques, épileptiques) ou de dégénéres-

cence psychique soit congénitale soit acquise (à la suite de trau-

matisme céphalique, d'alcoolisme etc.). Ils sont toujours (textuel)

accompagnés d'un léger trouble de la connaissance. Deux obser-

vations. - ORS. I. Jeune épileptique de dix-huit ans incendiaire.

- OBS. II. Dame hystérique de vingt-huit ans, dégénérée, voleuse;

vertiges épileptoïdes. P. K.

XXI. LES PSEUDOHALLUC1NATIONS ET LES considérations CRITIQUES ET

CLINIQUES DE VICT. KANDINSEY SUR LES HALLUCINATIONS SENSORIELLES

parJ. HoPPE (Jahrb. f. Psych., VII, 1, 2.)

Etude critique du mémoire et des opinions de Kandinsky'. On

sait que M. Hoppe a publié un mémoire sur la même question 2.

La critique présente se termine par une invitation à lire et à mé-

diter le travail de Kandinsky, qui « pousse à penser et offre beau-

coup de matériaux ». Mais que M. Kandinsky publie « sa théorie et

ses études sur les hallucinations (vraies) son second écrit ne sau-

rait, être différé D. P. K.

XXII. États d'affaiblissement PSYCHIQUE congénitaux EN MÉDECINELÉ-

gale CRIMINELLE par de KRAFFT-EBING (Jahrbùch.f.Psychiat. VIL1.2.)

C'est la suite du mémoire publié dans le même journal (VI. 2. 3)

déjà analysé dans les Archives de Neurologie 1 On y trouve. -

OBs. VIII. Délits d'immoralité avec des enfants : débilité mentale.

Ivresse Obs. IX. Incendie. Emotivité pathologique. Imbécillité.

OBS. X. Vol. Débilité mentale. - Cas. XI, Escroquerie commerciale

sur une débile : simulation d'idiotie de la part de celle-ci.-OBS.X11.

Simulation de faiblesse mentale de la part d'un individu jouissant

de la plénitude de ses facultés. - OBs. XIII. Vol. Surdité. Simu-

lation d'imbécillité. -OBS. XIV. Capacité douteuse du témoignage

d'une imbécile violée ( ? ) P. K.

XXIII. Contribution A l'anatomie pathologique DE la paralysie PRO-

CRESSIVE DES aliénés ; par P. 11RONTHAL. (Neurolog. Centralbl. 1887).

, Méthode histo-chimique de Golgi. Examen de la deuxième fron-

tale droite, de la frontale ascendante et de l'insula du même côté

chez les paralytiques généraux, et, comparativement, sur des

cerveaux normaux. Hyperplasie des cellules-araignées dans

toutes les couches de la substance grise. Hyperplasie du tissu con-

jonctif. Hyperplasie des vaisseaux par l'intermédiaire des cellules-

araignées qui forment de nouveaux vaisseaux. Atrophie parallèle

des cellules nerveuses et des fibres nerveuses qui disparaissent par

bouquets. P. KERAVAL.

' Voy. Archives de Neurologie, t. X, p. 10' ; t. II, p. 274.

=ld, t. XIV, p. 270 et 274; t. XX, p. 96.

3 Voy. Archives de Neurologie, t. XIII, p. 275.

254 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

XXIV. Importance DE la MIMIQUE POUR LE diagnostic DE la FOLIE;

par SiKonsKy, (Neurol. Centralbl., 1887).

Revue de séméiologie. La physionomie des aliénés présente

deux catégories de modifications. 1° ou bien la face reflète, comme

chez l'homme normal, le sentiment, le sens intime, l'état moral, la

connaissance du malade. 2° ou bien, ce qui a lieu chez la plupart

des malades, on constate des anomalies toutes spéciales de l'innerva-

tion dela face qui n'appartiennent plus à la mimique et sont d'autant

plus marquées que la maladie progresse (démence, paralysie géné-

rale). C'est suivant ce plan que l'auteur résume l'état de la physio-

nomie dans la mélancolie stupide-la manie - la démence secon-

daire, - la folie systématique secondaire,-les états dégénératifs.

P. K.

XXV. CONTRIBUTION A la QUESTION DE la relation entre la para-

LYSIE PROGRESSIVE ET la syphilis; par TH. ZIEHEN, (Neurol. Cen-

tralbl., 1887.)

Etude statistique de 1,500 malades, sur lesquels il y avait 100 pa-

ralytiques généraux hommes; 13 paralytiques générales femmes.

Moyenne de leurs âges, relevé des diverses causes attribuées à la

maladie. D'après l'auteur, la paralysie générale résulterait toujours

de plusieurs causes. Si l'hérédité prédispose à l'aliénation mentale

en général, la syphilis prédispose surtout à la paralysie générale.

L'hérédité donne cependant à un paralytique général un cachet

clinique : avant d'être franchement malade, le paralytique héré-

ditaire a uno allure empesée. La syphilis, au contraire, ne marque

la paralysie générale d'aucun signe particulier. Les excès sexuels,

l'abus du tabac influent seulement sur la marche de la maladie.

Comme dans la syphilis cérébrale à lésion diffuse, le traitement

spécifique n'agit pas sur la paralysie générale, même quand la sy-

philis est certaine. P. K.

XXVI. CONTRIBUTION A la casuistique DE la paralysie PROGRESSIVE

DES aliénés; par L. ACKER (Allg. Zeitschr. f. Psychiat., XLIV, 1.)

Relation abrégée des 14 cas de paralysie générale, terminée

par la mort à l'asile d'Liohber de 1879-1880. Sur 422 malades, il y

a eu 24 paralyliques généraux, sur lesquels 14 morts (on n'a perdu

à l'asile que 41 aliénés). Il ne s'agit ici qne d'une population de

paysans. Généralement pas d'excès. Une seule femme : 3 avorle-

ments ; mari mort quatre ans auparavant paralytique général.

La syphilis et l'alcool ne jouent ici, comme pour les aliénés de

cet asile, qu'un rôle infime ; à peine les relève-t-on de temps à

autre. P. K.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 255

XXVII. DES allures DU POIDS DU corps dans LES folies périodiques;

par W. STARK (Allg. Zeitsch. f. Psychiat., XLIV, 2, 3.)

Douze femmes atteintes de cette affection, dont six présentaient

la forme circulaire, ont été pesées avec soin pendant trois et cinq

ans. Leur taille moyenne était de 1m,54 à le,69.

Conclusions. - 1° Plus le paroxysme est intense et prolongé (qu'on ait

sous les yeux le syndrome manie ou le syndrome mélancolie), plus la

courbe descend rapidement et bas ; - 2° les malades reprennent d'au

tant plus qu'ils sont plus longtemps indemnes d'accès z la descente et

l'ascension de la courbe sont très rapides au début du paroxysme et de

l'intervalle lucide ; - 4° l'accumulation des paroxysmes abaisse profon-

dément le niveau de la courbe ; - 5° de courtes attaques et de petits in-

tervalles n'influencent guère l'ondulation d'une courbe en marche ;

6° les excursions des courbes sont amples quand l'individu atteint la

puberté et la ménopause. P. K.

XXVIII. La PHTHISIE pulmonaire CHEZ les aliénés; par 0. SNELL.

(Allg. Zeitsch. f. Psychiat., XLIV, 2, 3.)

Statistique de 1240 autopsies ^pratiquées à Hildesheim dans les

vingt-six dernières années.

La phtisie atteint surtout les déments qui avaient été mélanco-

liques. Sur le nombre d'autopsies, en effet, on note 413 déments de

cette catégorie, dont 59 phtisiques = 41,2 p. 100 et '169 mélanco-

liques, dont 67 phtisiques, soit : 39,7 p. 100. Eu analysant l'aliénation

mentale chez les morts de phtisie, on trouve que, dans l'immense

majorité des cas, la tuberculose a été consécutive à la folie. Le mé-

lancolique et le stupide subissent en effet des troubles de nutrition

et offrent un terrain favorable au développement du bacille. Les

autres aliénés, notamment les épileptiques qui sont dans de si

mauvaises conditions, ne devenant pas aussi facilement phtisiques,

non plus que les gardiens dont le service est si pénible, on ne peut

incriminer le séjour à l'asile. De plus, la phtisie n'attend pas

pour se produire que l'affection psychique dure depuis longtemps; . ..

elle se montre parfois de bonne heure, principalement dans les

cas graves de mélancolie. P. Keraval.

XXIX. CONTRIBUTION A la relation ENTRE certaines FORMES D'ÉPILEPSIE

ET l'excrétion d'acide urique; par A. HAIG. (Neurol. Centralbl.,

1888.)

La céphalalgie migraineuse s'accompagne toujours d'une copieuse

excrétion d'acide urique. Il est probable que l'acide urique formé

dans le rein passe par les veines rénales dans la circulation géné-

rale et est retenu dans la rate et le foie, encombrant ainsi le sang et

déterminant la céphalalgie; l'excès d'excrétion traduit cet encom-

brement. 11 en est de même de l'accès d'épilepsie; il doit en cer- '

256 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

tains cas être imputé à la même cause, si l'on s'en rapporte à l'exa-

men chimique des urines. P. K.

XXX. DE la responsabilité morale; par G. GLASER (Jahrbùch.

f. Psychiat. VII, 3).

Il s'agit de déterminer le mobile des actions et d'interpréter

judicieusement les causes matérielles et morales qui ont déter-

miné souvent irrésistiblement l'action d'un individu. La liberté vo-

lontaire n'implique pas nécessairement l'idée de la responsabilité

en ce qui concerne le droit de punir un homme pour une action

injuste. Tel est le sens de ce travail tiré d'un livre sous presse

intitulé ; Etude théorique et pratique de la responsabilité, de la

liberté volontaire, de la conscience, et du droit de punir. (Zurech-

nungsfoehigkeit, Willensfreiheit, Gewissen und Strafe. Theoretisches

und praktisches). P. K.

XXXI. UN cas D'IDIOTIE CONSÉCUTIVE A l'application DU forceps ;

par P. D. Koca (Neurolog. Centralbl., 1887.)

L'enfant avait été blessé à la tête ; il eut des convulsions pen-

dant trois jours. On l'a observé continuellement depuis l'âge de

huit ans. Une cicatrice de trois pouces de long occupe le pariétal,

gauche et se dirige en bas et en avant ; elle va du milieu de la su-

ture frontale à la suture sagittale, elle adhère parsa partie centrale

à l'os même qui en ce point est déprimé. Un peu de parésie faciale

droite, paralysie du bras droit contracturé en flexion au niveau des

articulations du coude et des articulations phalangiennes; paraly-

sie de la jambe droite contracturée dans le sens de l'extension. Idio-

tie jusqu'à la mort survénue à trente trois ans. Parole balbuliée

souvent inintelligible, mais exprimant des idées en rapport avec

son degré d'intelligence. Accès d'épilepsie, intervalles irréguliers.

Meurt dans un accès le 15 mai 1886. Autopsie. Fracture ancienne du

pariétal gauche. Méningo-encéphalite chronique de l'hémisphère

gauche atrophié. Petites nodosités dures non saillantes dans les

deux hémisphères, mais surtout à gauche Sclérose tubéreuse de Bour-

neville, multiloculaire, occupant l'écorce des frontales moyennes,

frontales ascendantes, pariétales ascendantes, lobules paracentraux,

lobes occipitaux, insulas, corps striés, des deux côtés - de la fron-

tale supérieure, du gyrus rectus et de l'avant-coin du côté gauche '.

P. K.

1 Nous avons l'habitude de relever avec soin toutes les particularités

relatives à l'accouchement (chloroforme, forceps, version, durée du tra-

vail, etc.) dans nos observations de Bicêtre. L'influence des manoeuvres

obstétricales n'a été constatée que dans un très petit nombre de cas. Il

n'en est pas de même de l'asphyxie à la naissance, quelle qu'en soit la

cause : elle a, selon nous, une action très importante. (B.)

- REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 257 Î

X111. Guérison d'un cas DE DÉMENCE aiguë; par 0. DORNDLUETH.

(Neurol. Centralbl., 1887.)

Jeune homme de quinze ans sans énergie, pusillanime. Trois ou

quatre semaines à la suite d'une chute sur la tête, réponses lentes,

après longue réflexion, propos inexacts ne prend pas part à qui se

passe autour de lui. Sauvage, immobile, les yeux fixés au plafond

il pousse de temps à autre des gémissements, accuse des douleurs

occipitales, cérébrales, abdominales. Gâtisme, malpropreté, inco-

hérence dans les idées. Constipation. Inertie psychique. Cela dure

cinq mois. - Le sixième, tendance à l'agitation maniaque. - Le

neuvième, guérison. Aucune amnésie. P. K.

XXXIII. Neurasthénie ET PA1'HOPHOBIE par P. J. KOW : 1LWVSE1'.

(Centralbl. f. Nervett)ceilk., 1887.)

Observation venant à l'appui des propositions suivantes :

1° La neurasthénie peut servir de terrain générateur aux mani-

festations multiples de la dégénérescence. 2° Obsessions et patho-

phobie sont proches parentes et peuvent apparaître simultanément

sur un terrain neurasthénique. 3° Les manifestations diverses et

multiples de l'angoisse pathologique telles que l'agoraphobie, la

claustrophobie, etc., ne sont que les formes extérieures d'une seule

et même crainte pathologique, de la pathophobie, et peuvent sur-

venir soit combinées, soit isolées. P. K.

XXXIV. D'UNE hémiplégie avec T11OU13LU psychique consécutive A la

coqueluche; par P. J. IOEolUS, (Centralbl. f. l eoDettheilk., 1887.)

Chez un garçon de quatre ans ayant eu la même année une

rougeole légère et une coqueluche prolongée (six mois), il se ma-

nifeste, sans ictus, immédiatement à la fin de cette dernière

maladie, une hémiplégie atteignant graduellement et successive-

ment la main, le pied, la face du côté gauche ; accidents pro-

gressifs sans convulsions, ni syncopes, ni vomissements, ni fièvre,

ni céphalalgie. En même temps, agitation, terreurs, pleurs, tris-

tesse. Hémiplégie totale, parésie linguale. Amélioration rapide

sous l'influence du K. Br. et de la gymnastique. Anarthrie s'amé-

liorant sous le même régime. Intelligence toujours indemne. Fina-

lement hémiparésie avec ataxie de la main. Question de toxines,

encore indéchiffrable. P. K.

XXXIV. SUR un cas DE conceptions irrésistibles (obsessions) et d'actes

IRRÉSISTIBLES (impulsions) CHEZ UN ENFANT DE DIX ANS; pat' H. BERGER

(Ai-eh. f. Psychiat., XVIII, 3.) .

Fillette des plus héréditaires, horriblement mal élevée, intelli-

gente, d'une parfaite santé physique. Brutalement, obsessions avec

ARCHIVES, t. XX. 17

258 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

dépression mélancolique. « Il faut qu'elle tue sa mère. » Accès

périodiques avec intervalles de complète lucidité. En même temps

grimaces, et divers mouvements irrésistibles non choréiques. Hy-

drothérapie. Isolement sous la direction d'une personne étrangère

ferme, sans sévérité exagérée. P. K.

XXXV. DE L'ÉPfLEPSIEjACKSONNIENNE ET DE la folie; par E. MINDEL.

(Allg. Zeitsch. f. Psychiat., XLIV, 1.)

Trois observations ayant ceci de commun, que la maladie a

débuté par de l'épilepsie jacksonnienne sans troubles psychiques,

puis finalement, longtemps après, tableau clinique de la para-

lysie générale. Le premier cas seul est accompagné d'autopsie.

Méningite chronique localisée ayant produit l'appareil symptoma-

tique de la paralysie générale (convulsions, troubles somatiques) ;

la pie-mère, transformée en une couenne inflammatoire de 2 mil-

limètres et demi mesura nt 2 centimètres carrés, enserre la partie

moyenne et inférieure des deux ascendantes atrophiées, du côté

droit : cette lésion en foyer, qui constitue le résidu d'une ménin-

gite aiguë diffuse antérieure, a produit aussi, par modification

fonctionnelle de l'écorce entière, les manifestations psychiques.

P. K.

XXXVI. CONTRIBUTION A UNE REVUE DE la QUESTION relative A la SÉ-

QUESTRATION DES criminels aliénés, à propos du livre de Sancler et t

Richter intittilé : Rapports entre l'aliénation mentale et le crime.

Beziehungen zwischen Geistestoerung und Verbrechen. Berlin

1886); par ScHOEFER. (Allg. Zeitsch. f. Psych., XLIV, 1.) ,

Etude critique avec documents statistiques. Conclusion. La so-

lution par excellence de la séquestration des criminels aliénés

consisterait à installer une prison d'invalides ou d'infirmes à la-

quelle on adjoindrait une section d'aliénés. On pourrait aussi

construire des asiles d'aliénés qui recevraient les délinquants

aliénés (prévenus) et les criminels par habitude. P. K.

XXXVII. CONTRIBUTION A la casuistique DES PSYCHOSES dans LE tabès;

par 0. HEBOLD. (Allg. Zeitsch. f. Psych., XLIV, 1.)

L'auteur relate deux observations. L'une, d'après lui, doit être

considérée comme appartenant aux cas dans lesquels la folie n'est

qu'un accident absolument indépendant du tabes mais surajouté à la

maladie de la moelle. Le tabes ne change pas, tandis qu'il déve-

loppe une manie rapidement furieuse et bruyante suivie de dé-

pression avec excitation : guérison. - L'autre observation est une

curiosité. Un homme de trente-quatre ans, buveur, présente le

tableau symptomatique de la paralysie générale ; le tabes se mon-

REVUE D'ÉLECTROTHÉRAPIE ET DE THÉRAPEUTIQUE. 259

tre ; la démence termine la scène : la mort a lieu au milieu d'un

état de mal apoplectiforme. On trouve à l'autopsie un sarcome

développé aux dépens des deux frontales supérieures gauches, et

la dégénérescence grise des cordons postérieurs. Névrite optique

du côté droit. P. K.

XXX VI 1 LE SYMPTÔME DE LA CONFUSION DES PERSONNES CHEZ LES ALIÉNÉS ;

par K. ALT. (alla. Zeitsch. f. Psych., XLIV, 1.)

Se prendre pour un autre et ne plus reconnaître les personnes

de son entourage, telle est la question. Ce symptôme est tout aussi

fréquent chez le mélancolique que chez le maniaque, seulement il

est plus difficile de faire parler le premier. Six observations àl'ap-

pui. La confusion des personnes provient de ce que les aliénés ne

peuvent, par suite d'un trouble fonctionnel, appeler à leur aide la

mémoire des images jadis emmagasinées dans leur cerveau, les

collecter dans leur ordre sériaire et rapidement de façon à former

une bonne image d'ensemble. A fortiori quand, ainsi que dans la

folie systématique, le délire intervient et crée des personnages

imaginaires, ou lorsque l'intelligence est affaiblie (démence), lors-

qu'il existe un trouble de la sensibilité morale et affective (humeurs

anormales), des hallucinations. Il est fréquent, excepté dans la

folie systématique et la démence avec humeur gaie, de voir la con-

fusion des personnes résulter de l'erreur commise par l'aliéné sur

sa propre individualité. Généralement, ces deux modalités syndro-,

miques s'accompagnent ; il faut simplement provoquer les confi-

dences du malade. L'auteur étudie successivement les faits clini-

ques que l'on connaît. P. K.

REVUU D'ÉLECTROTHÉRAPIE

ET DE THÉRAPEUTIQUE

1. Recherches expérimentales A l'appui de l'électro -diagnostic ;

par Martius. (Arc/¡. f. Psych. XVIII, 2.)

L'auteur s'occupe de déterminer : Dans quelles conditions les

résistances du corps au courant, mesurées chez divers individus, sont

comparables entre elles ; les individus atteints de maladie de Base-

dow présentent-ils quelque propriété à cet égard ? Sa technique con-

siste à déterminer comparativement chez cinq malades atteints de

cette affection et chez trois individus quelconques (pachyméningite

260 REVUE D'ÉLECTROTHÉRAPIE ET DE THERAPEUTIQUE.

chronique; tabes dorsal, convalescence de scarlatine) les minima

de résistance relative et les minima de résistance absolue, d'après

ce qu'il appelle sa méthode, en employant ses électrodes impola-

risables (V. le Mémoire et les numéros antérieurs des Archives de

Neurologie, t. XIX, p. 111). Il a trouvé que, chez des malades affectés

de goitre exophtalmique, les minima de résistance absolue ne

s'écartent pas, au moins dans des proportions valables pour le dia-

gnostic, de ce qu'ils sont chez d'autres malades ou chez des individus

sains. En revanche, les minima de résistance relative sont bien infé-

rieurs chez les individus affectés de maladie de Basedowà ce qu'ils

sont chez d'autres malades; mais il est impossible d'en faire un

signe diagnostique différentiel, car il y a des sujets absolument sains

dont l'épiderme présente la même particularité. On diminue avec

la plus grande facilité la résistance au courant chez tous les per-

sonnages à hyperexcitabilité vasomotrice parce que l'entrée en jeu

de celle-ci facilite, par la modification des conditions sécrétoires

de la peau, la pénétration, la cataphorèse du courant. P. KERAVAL.

IL DE la résistance électrique DU CORPS; par A DE V : 1TTEVILLI's.

(Neurol. Centralbl., 1886.)

Depuis bien des années l'auteur avait constaté des espèces de

contradictions entre la déviation de l'aiguille du galvanomètre,

et le nombre des éléments employés. Après avoir révisé ses ins-

truments, il a découvert, àl'aide du galvanomètre absolu d'Edel-

mann, qu'elles tenaient à des modifications dans la résistance élec-

trique du corps. Aussi le courant galvanique, tel qu'on l'applique

ordinairement en médecine, détermine dans les tissus certaines

modifications qui se révèlent par un accroissement temporaire de

la force du courant quand ce courant traverse les tissus en sens

inverse. Deux explications sont possibles. Ou bien la résistance

des tissus est affaiblie à l'égard du courant qui les traverse en sens

opposé. Ou bien il se développe une force éleclromotrice sous

l'influence de la polarisation. Mais cette dernière hypothèse a

contre elle : 1° que la déviation supplémentaire de l'aiguille du

galvanomètre ne survient pas aussitôt que s'effectue la commuta-

tion du courant; - 2° que, lorsqu'on fait des essais de contrôle

sur la polarisation des électrodes, les tissus qui étaient tout à

l'heure traversés par le courant n'agissent pas comme courants

secondaires et ne révèlent aucun courant au galvanomètre. P. K.

III. LE bain électrique A DEUX chambres; par GAIRTKER.

(Centrallb. f. Nervenleeilk.,1889.)

Au tiers antérieur de la baignoire est insérée une cloison ver-

ticale et transversale de bois et de caoutchouc qui laisse passer à

REVUE D'ÉLECTROTHÉRAPIE ET DE THÉRAPEUTIQUE 261 L

frottement la partie supérieure des cuisses du malade. La bai-

gnoire est ainsi partagée en deux chambres. Chacune d'elles est

revêtue sur ses quatre faces de lames électrodes. L'une des cham-

bres est en communication avec un pôle; l'autre avec l'autre; de

cette façon une des moitiés du sujet est soumise à l'action de la

cathode, la seconde moitié reçoit l'anode. Cette disposition a pour

but d'égaliser les épaisseurs de courants à la surface de la peau.

P. K.

IV. Recherches expérimentales relatives A l'électro-diagnostic ;

par IIARTIUS. (Arch. f. Psych., XVIII, 3.)

En réalité, l'auteur traite dans ce mémoire la question suivante :

Des modifications de la résistance que présente la peau de l'homme

à la conductibilité du courant constant. - Ce que l'on sait jusqu'ici,

c'est que la résistance de la peau décroît proportionnellement à

l'intensité du courant et à la durée de la fermeture - la diminu-

tion de la résistance se fait principalement sentir à l'anode

enfin quand on a, pour un courant d'une direction donnée, obtenu

une diminution de la résistance, on peut encore la pousser plus

loin mais passagèrement en commutant le sens dudit courant.

A ces propositions démontrées par Gaertner et E. Remak, l'au-

teur désire ajouter les siermes. - Dans des conditions détermi-

nées, en plaçant par exemple une grande anode indifférente sur

le sternum, et une petite cathode différente, sur une des extré-

mités, on obtiendra, sans changer la direction du courant, une ré-

sistance cutanée .encore moindre, en augmentant le nombre des

éléments. Mais la diminution de la résistance cutanée a une cer-

taine limite, c'est-à-dire que l'augmentation du nombre des élé-

ments finit par ne se plus traduire par un amoindrissement de la

résistance cutanée. Mais aussi, moins l'on s'approche de cette li-

mite, plus grande est la différence (obtenue par la modification du

nombre des éléments) entre la résistance de la peau aux forts cou-

rants et sa résistance aux courants faibles. La diminution de la

résistance cutanée à l'anode est considérablement plus grande que

la diminution de la résistance cutanée à la cathode. Quand en

employant des électrodes de grandeur égale on a obtenu, pour

un courant d'une direction donnée, le minimum de résistance

compatible avec ce courant, on diminue encore cette résistance en

effectuant la commutation ; mais, au bout de quelques secondes,

cette dernière diminution se transforme en augmentation, de sorte

qu'après une à une minute et demie, on aatteint la nouvelle ré-

sistance définitive. On peut encore la restreindre par une autre

commutation mais non par une troisième. Si la petite électrode

sert, de cathode, et que l'on exerce la commutation à l'anode, on

voit que la diminution de résistance ne se produit que si l'on re-

z2 62 REVUE d'ÉLECTROTHÉRAPIE ET DE THÉRAPEUTIQUE.

tourne commutera la cathode; si maintenant l'on commute de

nouveau à l'anode, la résistance définitive ne dépassera pas le

degré de la première commutation. P. K.-

V. L'ÉLECTRODE DE diffusion'; par A. Adamkiewicz. - De L'ANES-

THÉSIE CUTANÉE QUI SERAIT ENGENDRÉE PAR LE CHLOROFORME APPLI-

QUÉ par VOIE CATAPIIORIQUE (théorie d' Adamkiewicz) ; par H. PASCH-

Ris et J. WAGNER. - CONTRIBUTION A L'ÉLECTRODE DE diffusion;

A. ÀDAMKiEwicz. (neural, Centralbl., 1886.)

Combinaison du courant électrique (action neuro-calmante du

courant continu à l'anode) avec le chloroforme pour produire

l'anesthésie cutanée. Une électrode spéciale contient un réservoir

de chloroforme; on la met en communication avec le pôle positif;

sous l'influence du courant, le chloroforme est transporté à tra-

vers le tampon de l'électrode (cataphorèse) au milieu même des

éléments anatomiques de la peau, et agit de concert avec l'élec-

tricité galvanique. Excellent moyen, d'après M. Adamkiewicz,

contre les névralgies et les douleurs rhumatismales. Avec une

force électromotrice de 7 il 10 milliampères, un courant, qui

actionne pendant cinq minutes deux à trois centimètres cubes de

chloroforme, détermine une anesthésie absolue au froid, à la cha-

leur, au contact, à la piqûre, même, profonde, chez des jeunes

gens vigoureux ; l'anesthésie persiste pendant trois à cinq minutes,

le voisinage du lieu d'application s'en ressentant également. -

L'interprétation est fausse, disent MM. Paschkis et Wagner; en

effet, le chloroforme ne conduit pas le moins du monde le courant

électrique; ce n'est donc pas la pénétration du chloroforme dans

la peau qui produit l'anesthésie. Le même phénomène se passe

quand on applique sur la peau l'électrode pleine de chloroforme

sans faire agir le courant. Comme tant d'autres composés de

groupe alcool, le chloroforme, en se volatilisant, indépendamment

du reste de la réfrigération concurrente, excite, puis émousse la

sensibilité - Sur ce, nouvelles expériences d'Adamkiewicz prou-

vant que, dans son électrode, le chloroforme est transporté et agit

à merveille; en mesurant avec soin la durée et l'intensité du

courant, on évitera toujours les inconvénients du procédé en

question. Le courant augmente manifestement l'action du chloro-

forme, et il n'y a pas à cela d'autre interprétation que celle-ci : il

met le chloroforme en contact plus intime avec les tissus par

pénétration moléculaire (cataphorèse). P. K.

LA vraie théorie DE l'induction ; par le Rev. W. G. D.1VIES.

(The Journal of Mental Science, juillet 1887-avril 1888.) -

Les travaux de philosophie pure s'écartent trop du cadre de

REVUE D'ÉLECTROTHÉRAPIE ET DE THÉRAPEUTIQUE. 263

notre recueil pour que nous ayons autre chose à faire qu'à signaler

celui-ci, en déclinant d'ailleurs toute compétence pour l'apprécier

convenablement. R. M. C.

VII. D'UNE NOUVELLE machine' électrique, A ÉLECTRICITÉ par INFLUENCE

(machine DE Gloser) ET DE l'outillage nécessaire A L'EMPLOI

thérapeutique DE la FRANKLINISATION; par R. LEWANDOWSKI. (Cen-

tralb. f. Nervenheilk., 1888.)

Deux tambours creux fermés, constitués de substances idio-élec-

triques tournent l'un dans l'autre en sens inverse autour d'un axe

commun. Le patient étant placé sur un tabouret isolant, on le

traite, en intercalant dans le circuit des bouteilles de Kleist, et

en disposant autour de lui de façons différentes des électrodes de

divers modèles, soit par la décharge électrique, soit par le vent

électrique, soit par les étincelles mêmes : on obtient ainsi une

franklinisation générale, le bain d'air électrique, la douche élec-

trique, etc., etc. Ces détails sont très minutieusement exposés dans

ce mémoire accompagné de planches. P. KERAVAL.

VIII. L'électrode DE DIFFUSION D'ADAMKIEwic7. ET la cataphorèse

CHLOROFORSfIQUE; par J. HOFFMANN. (Neurol. Centralbl., 1888.)

La combinaison d'un antinévralgique à l'électricité n'est pra-

tique que si, après avoir injecté sous la peau au point douloureux

le médicament, l'on applique le courant galvanique en plaçant

l'anode directement au niveau du lieu d'élection du nerf : les dif-

fusions moléculaires du médicament et l'imprégnation s'en effec-

tuent ainsi. P. K.

IX. ETUDE expérimentale SUR la polarisation DES TISSUS animaux

par L. Danion. (Centralbl. f. Nervenheilk., 1888.)

D'après ces expériences pleines d'intérêt, il n'existe ni polari-

sation des tissus animaux, ni courants secondaires qui seraient

produits par eux. Ce sont les rhéophores qui fonctionnent comme

collecteurs et non les tissus. Ceux-ci sont impolarisables, c'est-à-dire

absolument réfractaires aux phénomènes de l'assimilation de l'é-

lectricité ; ils sont incapables de produire de force électromotrice

secondaire. P. K.

X. DES conséquences persistantes DE l'ergotisme A l'égard DU

système nerveux central, par F. TUCZEK. (Arch. f. Psych, XVIII, 2.)

Suite clinique et anatomopathologique de l'épidémie de Fran-

kenberg, observée par Siemens et Tuczek il y a sept ans '. Des 29

' V. Arch. Neurol., t. IV, p. 93; t. VI, p. 111; t. III, p. 218 et 2r2.

264 REVUE D'ÉLECTROTHÉRAPIE ET DE THÉRAPEUTIQUE.

malades traités à l'asile (convulsions épileptiformes, affaiblis-

sement intellectuel, lésion des cordons postérieurs avec disparition

du phénomène du genou), 9 sont morts, les convulsions étant

revenues, et, avec elles, la démence et le marasme. Des 20 sur-

vivants, l'auteur a pu en examiner 15. Les convulsions ont reparu,

et les lacunes intellectuelles ont subsisté ; trois seulement semblent

être demeurés sains d'esprit ; ce sont les seuls chez qui le phéno-

mène du genou ait reparu ; chez les autres, il manque encore

totalement, bien qu'à présent on ne trouve ni troubles de moti-

lité, ni troubles de la sensibilité, ni modification de la réaction

pupillaire, ni ataxie. Maints d'entre eux ont encore de la céphalée

et quelques paresthésies (élancements, vertiges, fatigues, fourmil-

lements, constriction en ceinture) mais, à côté de ces malaises et

des lacunes irréparables, les accidents n'ont pas progressé, même

pour ceux des intoxiqués qui ont présenté le tableau de la pseu-

do-paralysie générale. En ce qui a trait aux désordres non encore

épuisés, il est bon de signaler des accès convulsifs épileptoïdes de

toutes formes, n'abolissant pas toujours la conscience, malgré

l'affaiblissement intellectuel évident, ainsi que quelques troubles

trophiques. Si l'on envisage la gravité de l'épidémie dans son en-

semble, il faut remarquer que toutes les familles se sont éteintes,

que beaucoup de personnes sont depuis lors encore atteintes

d'épilepsie, et que, dans tous les villages infestés, nombre de gens

sont en démence partielle. P. K.

XL DE la CYTISINE contre la migraine; par E. KROEPEL ! N;

(Neurol. Centralbl., 1888.)

Résultats surprenants dans la migraine dite paralytique, c'est-à-

dire accompagnée d'affaissement de la paroi des vaisseaux. On in-

jecte sous la peau, dès le début de l'accès, de trois à cinq milli-

grammes de cytisine (deux observations). La cytisine aggrave au

contraire la migraine spasmodique; ici c'est l'antifébrine qui con-

vient. Courbes sphygmiques. P. K.

XII. Contribution L'EMPLOI thérapeutique DE l'hypnotisme;

par l.,NONNE. (Neurol. Centralbl., 1888.)

Nouveau fait de guérison de troubles fonctionnels du système

nerveux, réfractaires à d'autres méthodes de traitement. P. K.

XIII. DE L'EMPLOI thérapeutique DE l'hypnotisme, par R. SCIIULZ

(Neurol. Centralbl., 1887.)

Exemple de guérison par l'hypnotisme et la suggestion d'une

paraplégie hystérique grave. Amélioration du côté de la sensibilité,

de la vue, de l'ouïe; p, K.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 265

XIV. CONTRIBUTION A la thérapeutique DE l'hydropisie articulaire

INTERMITTENTE ; par R.-H. Pierson. - Contribution A la THÉ-

RAPEUTIQUE ET au diagnostic DE l'hydropisie intermittente DU

GENOU ; par A. ROSENBACH. (Centralbl. f. Nervenla., 1886.)

XV. CONTRIBUTION A l'action physiologique ET THÉRAPEUTIQUE

du chlorhydrate D'HYOSCINE; par E. Konrad. (Centralbl. f. Nerven-

heilh., 1888.)

De cette étude il résulte que, malgré ses dangers quantà l'iuner-

'valion du coeur, malgré ses inconvénients d'engendrer des halluci-

nations, on obtient de cette substance des effets utiles dans l'agi-

tation violente avec excès de pétulance et tendances destructives;

on administre de temps à autre une injection sous-cutanée de 1/2

à 1 milligr; on ne continuera pas le médicament plus de deux à

trois jours. On ne l'emploiera dans les psychoses aiguës, curables,

que lorsque les autres médicaments sédatifs n'agiront plus suffi-

samment ; c'est alors que, pour éviter le marasme, on pratiquera

à des intervalles éloignés quelques injections d'hyoscine. On la

proscrira absolument chez les cardiaques. P. KERAVAL.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE

PATHOLOGIQUES

D'UN nouveau diagramme du plan médian ,\NTÉl1.0-POSTÉ : l1.IEUl1.

du crâne; par M. Benedikt. (Neurol. Centralbl., 1S89.)

Voyez sur ce sujet qui se rattache au cathétomètre optique cr<2nio-

céphalométrique le livre intitulé :

Manuel technique et pratique d'anthropométrie crdnio-céphalique,

par BENEDIKT et Keraval, Paris, in-8°, 1889. Lecrosnier et Babé,

édit. Signalons notamment les additions de la page 154. P. K.

XXXII. Contribution A L'ANATOMIE du CERVE\U DE la GRENOUILLE;

par M. I{OEPPEN, (Neurol. Centralbl., 1888.)

Cette étude qui, de même que les études d'anatomie descrip-

tive, ne se plie pas à une analyse, puisque ce sont les détails qui

donnent aux recherches leur saveur, a été faite à l'aide des méthodes

de coloration double de Weigert : l'auteur a par comparaison

coloré certaines préparations au carmin, il a procédé ensuite à

l'inclusion dans le paraffine, en séries. 1'. K. '

266 revue d'anatomie ET de physiologie pathologiques

XXXII LÉSIONS anatomiques dans un cas DE paralysie DIPIITHÉ-

RITIQUE ; par W.-C. 11RAUSS. (Neurol. Centralbl., 1888.)

Sorte d'inflammation toxique (tuméfaction des fibres nerveuses,

hypérémie, espèce de bourgeonnement vasculaire, diapédèse des

hématies, hémorrhagies petites et grosses), aux centres de l'oculo-

moteur commun, de l'oculo-moteur externe, de l'hypoglosse, du

trijumeau. Grosse hémorrhagie ayant même origine dans le tri-

gone interpédonculaire tout autour de la racine de l'oculomoteur

commun. Ni thromboses, ni embolies, ni oblitérations vasculaires

quelconques. P. K.

XXXIV. LES CENTRES DU cerveau qui commandent au mouvement delà

vessie ; par W. BECHTEREw et N. MISSLA WSKY, (Neurol. Cen-

tralbl., 1888.)

De leurs expériences de vivisection, il résulte que le centre

effectif en question occupe la profondeur de la partie antérieure de

la couche optique, son étendue ne dépasserait pas quelques milli-

mètres. Ce centre projette un trousseau spécial de fibres qui le

rejoint au centre cortical (portion interne du segment antérieur

et postérieur du gyrus sigmoïde) et envoie en bas à travers la

capsule interne et la calotte un autre faisceau de fibres au centre

de la moelle. Ce centre vésical de la couche optique a en même

temps une fonction réflexe ; il suffit de faibles excitations cutanées

pour voir par son intermédiaire se produire des contractions dela

vessie. P,IÜJtAVAL.

XXXV. LES altérations histologiques DES NERFS périphériques, DES

GANGLIONS SPINAUX, ET DE LA MOELLE ÉPINIÈRE A LA SUITE D'AMPU-

TATIONS ; par E. A. HomEN. (Neurol. Centralbl., 1888.)

Expériences sur trente chiens de divers âges ; depuis l'âge d'une

semaine jusqu'à la période adulte. Après leur avoir fait subir

toutes sortes de désarticulations, on les laissait survivre de un jour

à trois ans et demi. On réséquait comparativement chez quelques-

uns d'entre eux les deux racines postérieures des nerfs lombaires

du côté sain afin de pouvoir comparer le côté de la moelle cor-

respondant au membre amputé et la dégénérescence secondaire

des cordons postérieurs en relalion avec les racines. Ces mutila-

tions entraînent une atrophie simple, sans autre modification dans

la structure histologique, des cellules des cornes antérieures cor-

respondantes ; cette atrophie s'accentue surtout chez les jeunes

animaux et dans les cas de désarticulation de la hanche. En pareil

cas les nerfs sensitifs sont seuls altérés dansles nerfs périphériques

au-dessous des ganglions spinaux, les racines postérieures ne se

montrant presque pas touchées. P. K.

REVUE D'ANATOMIE ET DU PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 267

DES hétérotopies DE substance GRISE dans la MOELLE;

par P. KRONTEIAL. (Neurol. Centralbl., 1888.)

Le cas envisagé ici concerne la moelle d'un saturnin chez lequel

en outre de ces sortes de déplacements de substance grise au milieu

de la substance blanche, on trouva une sorte de seconde moelle

annexée en quelque sorte à la première. Foyers de sclérose et de

myélite concomitants. Si l'on résume les dix cas d'hétérotopic

existant dans la science, et l'auteur l'a fait, on constate que, bien

que la plupart des malades porteurs de ces déplacements anor-

maux succombèrent à une affection n'ayant absolument rien à voir

avec la moelle, tous présentèrent des altérations au sein de l'or-

gane malformé. P. K.

XXXVII. DE l'absence DU CORPS calleux dans l'encéphale humain ;

par Ed. Kaufmann. (Arch. f. Psychiat., XVIII, 3, XIX, 1.)

Bossue de vingt-quatre ans (cyphoscoliose droite), chétive, 'd'une

pâleur cireuse, à la parole légèrement hésitante, peu intelligente,

mais sans lacunes mentales grossières, meurt d'urémie (néphrite

parenchymateuse chronique bilatérale). Absence complète du corps

calleux. Observations confirmant celle du microcéphale J[ofmann 1,

Le tapetum des vieux auteurs n'a décidément rien à voir avec le corps

calleux ; il appartient au faisceau longitudinal supérieur. L'obser-

vation est en outre caractérisée par une irrégularité extrême de la

convexité de l'hémisphère droit, - par l'absence de sillon de Ro-

lando typique, celui qui le remplace étant coupé par un pli, - la

séparation très nette des deux moitiés du trigone et du septum

(simplement indiqué), l'absence totale de commissure moyenne,

l'état rudimentaire de la commissure antérieure, la dissociation de

la circonvolution du corps calleux en faisceaux radiés, l'absence

complète des nerfs de Lancisi. L'arrêt de développement se serait

effectué entre la fin du troisième et le milieu du quatrième mois

intra-utérin. La cause en serait une hydrocéphalie interne qui a

également par compression déterminé l'atrophie du cervelet dans

lequel on trouve des lacunes de substance blanche et un trou cons-

titué aux dépens du verrais. Pas d'anomalies vasculaires. A titre de

comparaison, M. Kaufmann donne une observation de ramollisse-

ment total du corps calleux par embolie issue d'un anévrysme de

l'artère du corps calleux droit. P. K.

XXXVIII. DESSIN ET description D'UNE cicatrice QUI s'était PRODUITE

DANS L'HÉMISPHÈRE DROIT DU CERVEAU CHEZ UNE IDIOTE CHRONIQUE; par

J. JENSEN. (Arch.f. Psychiat., XIX, 1.)

Idiote de vingt ans (amenée le 23 mai -1857), présentant para-

' -Mémoire d'Onufrowicz. Archives de Neurologie, t. XX, p. 93.

268 REVUE D'ANATOMIH ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

lysie, contracture, arrêt de développement des membres gauches;

épilepsie passagère depuis l'âge de huit ans. De temps à autre,

idées délirantes bêtes avec agitation, loquacité, érotisme, insomnie,

fureur même, mais pendant cinq années pas d'attaques convul-

sives. Le 4er novembre, cinq attaques isolées. En 1867, démence

avec agitation. En 1873, phtisie pulmonaire. Mort (36 ans).

L'hémisphère droit présente une lacune porencéphalique congé-

nitale (intégrité de. la substance nerveuse même) qui comprend,

sur la crête médiane de l'hémisphère, la plus grande partie des

deux ascendantes, c'est-à-dire la portion médiane de la frontale

ascendante et latérale de la pariétale ascendante, gagne la con-

vexité, c'est-à-dire par la branche postérieure de la scissure de

Sylvius, le tiers postérieur du lobe temporal et descend jusque dans

l'insula. P. K.

XXXIX. La coloration au carmin du tissu nerveux; par H -S. UpSON.

Remarque additionnelle; par W.-C. Krauss. (Neurolog. Central-

brut., 1888.)

A. Formule de Grenadier. - Dissolvez 1 gramme de carmin dans

100 centimètres cubes d'un solution d'alun à 5 p. 100 ; faites

bouillir 20 minutes ; filtrez après refroidissement. Choisissez entre

les deux procédés suivants :

I. A 5 centimètres cubes' de la solution mère, ajoutez 10 à 20

gouttes d'acide acétique et 1 à 3 grammes d'acide molybdophos-

phorique. Filtrez. Plongez les coupes de 2 à 10 minutes dans ce

mélange, lavez à l'eau distillée; déshydratez, éclaircissez, faites

l'inclusion.

Ce procédé excelle pour les préparations trop durcies ou difficiles

à colorer (Upson), mais il est bon de prolonger la coloration une

heure ou deux (Krauss).

La myéline n'étant pas touchée, on voit les cellules nerveuses, x

les cylindraxes, le tissu conjonctif, les noyaux.

II. Saturez 5 centimètres cubes de la solution mère par du

sulfate de zinc; filtrez. Les coupes, après une demi-heure à douze

heures d'immersion, sont colorées comme dans le numéro I.

Procédé parfait pour les nerfs périphériques et la moelle

(Krauss).

B. Procédé au carmin acide à 0,06 pour 4 centimètres cubes d'eau

et 1 centimètre cube d'alcool. Immersion des coupes de trois à

dix minutes. Les colorations varient selon l'usage d'un des cinq

liquides de fixation que voici, la méthode, bonne pour préparations

bien durcies faciles à colorer (Upson), convient pour saisir les vais-

seaux, les noyaux des nerfs et les fibres nerveuses (Krauss). Les

colorations s'effectuent plus ou moins vite selon que le durcisse-

ment antérieur a duré plus longtemps.

SOCIÉTÉS savantes. 269

. LIQUIDES DE l'IXA1'IO\

Coloration

z70 SOCIÉTÉS savantes.

M. Giraud remercie M. le Préfet et M. le Maire de Rouen

d'avoir bien voulu honorer de leur présence cette première

séance du Congrès. Puis, il invite les membres à former leur

bureau et à nommer les présidents. Il propose pour président,

M. Bail; pour vice-présidents, MM. Delaporte, Giraud et

Mordret; pour secrétaires, MM. Dubuisson et Combemale ; pour

présidents d'honneur, MM. Baillarger, Delasiauve, Th. Rous-

sel, Monod, Hendlé, préfet de la Seine-Inférieure, Dieutre,

maire de la ville de Rouen. Le bureau étant constitué,

on passe à la discussion des questions inscrites à l'ordre du

jour.

M. DUBUISSON lit un rapport sur l'étiologie de la paralysie générale,

concluant à la nécessité de nouvelles statistiques pour établir la

part véritable des causes douteuses ou du moins non admises par

tous, telle que la syphilis par exemple.

11 expose ensuite ses recherches sur la fréquence et l'étiologie de la

paralysie générale, qui lui paraît augmenter de fréquence, bien que

le nombre de ses malades ne se soit pas notablement accru dans

ces dernières années. Les chiffres qu'il donne au point de vue des

causes, sont loin d'être concluants en ce qui concerne l'action de

la syphilis; mais en revanche ils affirment nettement l'influence

de l'alcoolisme et du traumatisme, qu'on ne considère pas ordi-

nairement comme une cause de paralysie générale.

M. RÉGNIER fait une communication sur les rapports de la syphi-

lis cérébrale et de la paralysie générale progressive, ainsi que sur l'in-

fluence de la syphilis sur la genèse et l'évolution de cette affection. II

sépare nettement la syphilis cérébrale de la paralysie générale,

admettant que celle-ci n'est nullement influencée par l'affection

syphilitique. Il ne faut pas confondre les coïncidences, c'est-à-

dire les cas de syphilis chez un paralytique général, par exemple.

En un mot il n'existe pas de paralysie générale syphilitique.

M. Régis parle ensuite des relations de la syphilis et de la para-

lysie générale. Il trouve la syphilis chez les paralytiques généraux

plus de 85 fois sur 100. La paralysie générale survient douze

ou treize ans après l'infection, surtout chez ceux qui ne se sont pas

suffisamment soignés. La syphilis peut avoir été très brusque chez

eux et n'avoir pas laissé de traces, même dans leur descendance.

Ils sont souvent arthritiques, moins souvent cependant que les

paralytiques généraux non syphilitiques. Toutes les formes de pa-

ralysie générale peuvent s'observer chez les syphilo-paralytiques.

M. CULLERRE admet une proportion de 42 p. 100 environ, en

ce qui concerne la fréquence de la syphilis chez les paralytiques

généraux. Bien qu'elle joue un rôle incontestable dans ledévelop-

sociétés savantes. ! 27t

pement de la maladie, elle ne suffit pas cependant à elle seule et

il faut le concours d'autres causes, en particulier de l'hérédité.

M. M : 1LFILATRE lit un travail sur le rôle des myélopathies dans l'étio-

logie de la paralysie générale. Les relations du tabes et de la paraly-

sie générale sont bien connues. D'autres myélopathies peuvent se

rencontrer chez les paralytiques, souvent elles restent latentes et

on ne les trouve qu'à l'autopsie en cherchant avec grand soin.

M. Voisin (A.), à propos des communications précédentes, dit qu'il

ne possède dans sa statistique de 560 observations de paralysie

générale que 9 cas de syphilis certaine. Il est nécessaire d'être ri-

goureux dans la recherche de la syphilis et de ne pas prendre des

cas de syphilis cérébrale pour des paralysies générales. Le traite-

ment, lorsqu'il est employé au début des accidenls, peut souvent

modifier la première; il est sans action aucune sur la seconde.

M. ROUILLARD parle dans le même sens que M..Voisin. De plus, en

ce qui concerne le rôle de l'alcoolisme, admis par M. Dubuisson,

il appelle l'attention sur ce fait que. l'intoxication pouvait bien

dans certains cas n'avoir commencé qu'après le début de la para-

lysie générale, dont elle ne serait alors qu'un symptôme.

M. Charpentier a été frappé de la fréquence de la syphilis chez

les paralytiques généraux. Mais il croit la vraie paralysie générale

syphilitique fort rare. Elle ne se distingue guère de la paralysie

générale ordinaire, le traitement restant sans influence sur l'une

comme sur l'autre.

M. RIST croit que les différences qui existent dans les statistiques

tiennent à la facilité plus ou moins grande avec laquelle leurs au-

teurs admettent le diagnostic de syphilis, d'ailleurs fort ardu à

établir. Il faudrait s'entendre là-dessus et ajouter des questions

au questionnaire en préparation.

M. MALF1LATRE croit la distinction très difficile à établir. Les

observateurs rejettent ou admettent l'influence de la syphilis, selon

leur état d'esprit plutôt que sur des raisons bien probantes.

M. MO11EL-LAVALLÉE croit qu'il existe une véritable relation de

cause à effet entre ces deux affections. Le nombre des paralytiques

généraux syphilitiques est trop grand pour qu'il en soit autrement.

Mais d'autre part il est vraisemblable que la syphilis seule ne

suffit pas pour créer la paralysie générale. Son rôle est réel, mais

il est difficile de déterminer son mode d'action.

M. LAURENT fait remarquer que la paralysie générale et la syphi-

lis sont plus fréquentes dans la Seine-inférieure que partout ailleurs.

Il possède cependant une observation qui prouve la réalité d'une

pseudo-paralysie générale syphilitique et offre aux 'membres du

Congrès de se rendre le lendemain matin dans son service de

l'Hôtel-Dieu, afin d'y examiner eux- mêmes ce malade. Cette pro-

position est acceptée.

272 2 sociétés savantes.

ire Séance du 6 août 1890. - PRÉSIDENCE DE M. HALL,

1\1. LAIT LIER (de Rouen) lit un travail intitulé : Considérations sur

l'urine dans la paralysie générale. Dans le délire dépressif, il y a

diminution des déchets éliminés par l'urine ; dans le délire anxieux,

il y a au contraire exagération malgré l'insuffisance d'alimentation

des malades. L'acide phosphorique excrété n'est pas augmenté,

même dans les périodes de suractivité intellectuelle. Sur 5.000

analyses d'urines il n'a point trouvé de diabète chez les paralytiques

généraux et parmi les aliénés diabétiques, aucun n'est devenu pa-

ralytique général.

M. FALRET a observé l'azoturie chez les aliénés déprimés et, se

basant sur l'amélioration possible des idées mélancoliques chez les

diabétiques par le traitement du diabète, il pense qu'il existe une

relation entre la dépression mentale et le diabète transitoire des

paralytiques généraux.

M. Charpentier cite le cas d'un paralytique général avec glyco-

surie intermittente; chez un autre de ses malades le diabète inter-

mittent oscillait parallèlement aux rémissions dans l'état intellec-

tuel.

M. SAURY rapporte un cas de cocainisme. Il s'agit d'un officier

qui, fumeur d'opium d'abord, devint ensuite morphinomame et

substitua le cocaïnisme au morphinisme. Bientôt survinrent des

idées de persécution, de jalousie. Il croyait voir des vers dans ses

petits abcès cutanéset les fouillait avec une aiguille. Ayant supprimé

la cocaïne, tout disparut. Mais bientôt il retomba et délira de nou-

veau. On supprima la cocaïne en laissant la morphine; le délire

cessa. C'est donc bien la cocaïne qui était cause de tout.

M. Séglas a observé un malade analogue, qui croyait aussi avoir

des insectes sous la peau et les extrayait avec une aiguille.

M. lVionDREr communique un mémoire sur l'atrophie thyroïdienne

chez les idiots, d'après lequel cette lésion, diagnostiquée par le simple

palper sur le vivant, serait très fréquente chez les idiots et d'autant

plus accentuée que le degré d'abaissement intellectuel est plus pro-

noncé.

M. SOLLIER (de Paris) s'étonne de ces résultats qui sont bien dif-

férents de ce que son maître, M. Bourneville depuis longtemps, et

lui-même, depuis près de cinq ans, ont observé, à l'autopsie des

idiots de Bicêtre. Il est d'ailleurs, impossible de rien savoir d'exact

par la palpation; il faut peser le corps thyroïde, et encore ne sait-

on pas exactement ses variations de volume à l'état normal, ni

suivant l'âge des sujets. Quoi qu'il en soit, ils n'ont jamais ren-

contré d'atrophie manifeste et encore moins d'absence totale du

corps thyroïde en dehors de l'idiotie myxoedémateuse.

SOCIÉTÉS savantes. 273

M. Bourneville fait une nouvelle communication sur l'idiotie

myxoedémateuse. Les lecteurs des Archives de Neurologie connaissent

quelques-uns des travaux de M. Bourneville sur ce sujet. Il trace

un historique rapide de la question ; énumère les observations pu-

bliées ici, rappelle sa communication du mois d'août 1889 à

l'Association française pour l'avancement des sciences, comprenant

vingt-cinq cas. Sou nouveau mémoire comprend un cas inédit

observé par lui à l'asile départemental de Mâcon, grâce à l'obli-

geance de M. Thénot, et sept autres cas empruntés l'un au D'' llan-

ning, les autres au D' Stirling. Il fait passer sous les yeux des

membres du Congrès : 1° un tableau statistique comprenant qua-

rante-quatre cas ; 2° les photographies de fous ses malades prises

à diverses époques, et la reproduction d'un certain nombre de ma-

lades des auteurs ; 3° la tête du Pacha (voir Arch. de Neul ? 1886),

plusieurs calottes crâniennes montrant la persistance de la fonta-

nelle antérieure et termine par un résumé nosographique de l'idiotie

myxdémateuse.

MM. Voisin et HARANT communiquent un mémoire sur l'urine dans

les états léthargiques prolongés, en contradiction apparente avec les

recherches de MM. Gilles de la Tourette et Cathelineau.

. M. VOISIN lit un travail sur l'aide que le chloroforme, à très petite

dose, apporte à la production du sommeil hypnotique.

26 Séance du 6 août 1890. - Présidence DE M. BALL.

M. GAUIt.IND (de Rouen) rapporte un cas de Guérison de folie à la

suite d'une opération de cataracte. M. Séglas rapproche de ce cas

un cas analogue dans lequel la guérison des troubles psychiques

eut lieu à la suite d'une ovariotomie.

MM. J. SÉGLAS et P. SoLLIER rapportent une observation intitulée :

Folie puerpérale. Amnésie; Astusie et Abasie; Idées délirantes com-

musiquées, - Il s'agit d'une malade de quarante-un ans qui,

après un accouchement et à l'occasion d'accidents puerpéraux,

fut prise de troubles intellectuels avec intervalles d'excitation,

quelques hallucinations, idées de couleur mystique relatives au

spiritisme, troubles de la mémoire et de la marche, qui ont per-

sisté après les autres et déterminé le placement.

A l'entrée, la malade est incapable, même soutenue, de se tenir

et de marcher : elle lance ses jambes de côté et d'autre comme

une ataxique. Une fois couchée, les mouvements des membres

inférieurs sont absolument normaux; l'examen électrique n'y ré-

vèle rien de particulier; sensibilité diminuée aux membres infé-

rieurs surtout aux jambes; perte du sens musculaire et articulaire

pour les jambes et les pieds des deux côtés, surtout à gauche;

diminution de l'odorat de ce même côté; rien pour la vue. S'est

plainte autrefois de la boule, aurait eu des attaques de nerfs. Du

Archives, t. XX. 18

274 sociétés savantes.

côté intellectuel, délire incohérent mystique dans les premiers

jours, hallucinations hypnagogiques, troubles de la mémoire pré-

dominants et très accentués. Perte absolue des souvenirs des faits

succédant à l'accouchement. Quelques faits plus postérieurs ayant

beaucoup frappé la malade ont été retenus, mais elle ne peut les

localiser dans le temps. Elle n'a aucune notion du temps, d'ailleurs,

et ne sait ni le jour, ni le mois, ni l'année. Les souvenirs anté-

rieurs à l'accouchement sont mieux conservés, mais cependant

confus. Elle a surtout bien gardé la mémoire des lieux pour cette

époque, et des personnes. Langage correct. Ne peut plus coudre :

calcule très mal de tête, quoique caissière.

MM. Séglas et Sollier font ressortir que l'état puerpéral n'a été

que l'occasion du développement de la maladie sur un terrain

prédisposé et entaché d'hystérie (troubles de la sensibilité, boule,

attaques convulsives avant et depuis la maladie). La couleur des

idées délirantes est due à l'influence des idées du mari, spirite

convaincu, élément actif ayant réussi à imposer à la malade la

plupart de ses convictions et l'interprétation des symptômes dont

elle souffre par une obsession spirite.

D'un autre côté, les auteurs mettent en relief l'importance des

troubles de. la mémoire ayant atteint même la mémoire orga-

nique, la malade ayant perdu même les actions automatiques

secondaires. En effet, les troubles de la marche et de la station

debout qu'elle présente réalisent le syndrome astasie-abasie décrit

parM. Charcot, M. Blocq, etc., et par cela même, d'aprèsl'explication

donnée par ces auteurs, sont la preuve d'une atteinte à la mé-

moire organique. La mémoire intellectuelle est également atteinte,

comme le prouve la perte ou la fausseté de certains souvenirs et

l'absence de localisation dans le temps.

Pour les auteurs, ces faits sont dus à l'effacement des images

sensorielles diverses, des images visuelles qui paraissent avoir tou-

jours été prédominantes dans ce cas et des images kinestétiques :

les images auditives semblant avoir toujours été plus faibles. A

l'appui de cette interprétation, les auteurs citent des expériences

confirmatives et surtout le traitement exclusivement psycholo-

gique, ayant consisté à réveiller les images mnémoniques an-

ciennes ou à fixer les nouvelles, en augmentant leur intensité par

différents procédés (émotions concomitantes, fixation de l'attention,

association des images...). Depuis quelques semaines qu'elle est

en traitement, cette malade, qui avait absolument l'aspect d'une

démenle et qui était impotente, marche seule et sans appui, coud,

travaille, se rappelle beaucoup mieux les faits passés et même

garde plus facilement le souvenir de certains faits récents *.

' Cette observation sera publiée in extenso dans le prochain numéro.

/ SOCIÉTÉS SAVANTES. 27S j

M. Charpentier fait une communication très intéressante sur

les démences précoces.

La démence précoce est un trouble mental, incurable et chro-

nique, survenant chez les sujets jeunes, régulièrement développés

et n'ayant présenté aucune maladie autre que celle qui a précédé

ou accompagné la démence.

Cette définition permet d'éliminer les complications de l'idiotie

et de l'imbécillité, les fausses démences et les cas de démences

guéries. Au point de vue étiologique, l'auteur en forme dix grou-

pes : 1° les démences des enfants normaux; 2° les démences épilep-

tiques; 3° les démences syphilitiques ; 4° les démences alcooliques;

5° les démences de certains héréditaires et de certains dégénérés;

6° les démences de la puberté ; 7° les démences des maladies aiguës,

fièvre typhoïde et états puerpéraux auxquels il joint la misère, le sur-

menage, la paresse ; 8° les démences de la paralysie générale précoce;

9° les démences précoces de certains maniaques, mélancoliques chro-

niques, de certains mystiques et de certains persécutés; 10° un groupe

de démences de cause incertaine et dans lesquels la démence complète

est rare et la durée très longue; l'auteur les distingue des fous mo-

raux et des imbéciles, avec lesquels ces déments pourraient être

confondus.. '

Cliniquement, il les divise en trois groupes, suivant l'intensité

des troubles du langage, complets chez les uns, très bornés chez

les seconds; caractérisés surtout par de l'incohérence dans le troi-

sième groupe ; l'auteur termine en rapportant un cas de démence

chez un jeune diabétique dont le diabète aurait disparu après trois

ans de traitement, et un cas d'athérome généralisé aux artères et

artérioles de l'encéphale, commençant juste au niveau de l'entrée

des carotides et vertébrales dans les trous crâniens; rien dans le

reste de l'appareil circulatoire, ni dans les autres viscères, sauf une

plaque athéromateuse à l'origine de la crosse de l'aorte.

M. ROUILLARD lit un travail sur la statistique et le fonctionnement

de la clinique de l'Asile Sainte-Anne et fait remarquer la difficulté

qu'il y a à classer les malades dans la liste de classement donnée

par le Congrès de 1889, certains cas pouvant rentrer dans deux ou

plusieurs catégories et d'autres n'y trouvant pas place d'une façon

précise.

M. Giraud (de Rouen) lit un rapport sur les modifications à ap-

porter à la nouvelle législation sur les aliénés ; il appuie les diverses

modifications réclamées par M. Bourneville dans son rapport à la

Chambre des députés et émet les voeux suivants : 1° que l'assistance

aux épileptiques, idiots et crétins soit développée comme la de-

mandé si souvent M. le Dr Bourneville; 2° que le recrutement des

internes soit prévu et assuré; 3° qu'il ne soit pas créé pour chaque

asile un poste de médecin-inspecteur avec les attributions prévues

276 SOCIÉTÉS SAVANTES.

par les projets de loi; 4° que les écritures des bureaux ne soient

pas multipliées sans nécessité ; 5° que le prix de journée des aliénés

indigents ne soit pas fixé d'une manière souveraine et sans appel

par le Conseil général.

M. Brunet (d'Evreux) lit un travail tendant à demander la créa-

- tioaz d'asiles spéciaux pour les aliénés criminels.

M. Charpentier n'est pas partisan de cette création. Il craint qu'il

ne s'établisse une sorte de navette entre l'asile spécial et l'asile

ordinaire pour se renvoyer le malade, le premier ayant intérêt à

s'en débarrasser dès qu'il paraît plus calme, et le second dès qu'il

s'agite un peu. Il pense qu'avec une section, bien organisée au

point de vue de la surveillance et du maintien des malades, dans

chaque asile ordinaire il serait absolument inutile de recourir à

des asiles spéciaux pour aliénés criminels, création qui, à tous

points de vue, offre plus d'inconvénients que d'avantages.

M. llionunT repousse également ces asiles spéciaux comme inu-

tiles. Il y a deux catégories dans les aliénés criminels à considérer

du reste : les uns sont toujours dangereux, les autres l'ont été seu-

lement une fois. 11 y a des aliénés qui ne sont pas criminels et qui

sont bien plus dangereux que les aliénés dits criminels. Que fau-

dra-t-il en faire ? L'essentiel; c'est de pouvoir les maintenir dans

l'asile et toujours prévenir leurs accès d'excitation. Pour remplir

ce but, il est inulile de créer des asiles spéciaux.

M. ROUILLAIID, au nom de M. Lacroze, médecin du quartier d'a-

liénés criminels de Gaillon, rend un compte sommaire de l'orga-

nisation de ce service, et proteste contre la maintenue à l'asile

d'aliénés ayant purgé leur condamnation et d'aliénés criminels

très tranquilles. ,

M. BoURiE'ILLE dit qu'il règne une certaine confusion même

dans l'esprit d'hommes très compétents, comme M. Barbier par

exemple, qui, dans sa préface au livre de M. le Dr Garnier, con-

fond les aliénés criminels elles criminels devenus aliénés. On semble

être d'accord pour ces derniers; il existe déjà pour eux un établis-

sement spécial, Gaillon, sur l'organisation et l'amélioration duquel

il n'y a pas lieu de discuter pour le moment. Tout le monde est

d'accord pour son maintien, quelque réserve qu'on fasse sur ses

modifications. Il n'en est pas de même pour les aliénés criminels,

c'est-à-dire ponr les individus qui ont été reconnus aliénés soit

avant l'instruction, soit pendant l'instruction, soit au moment du

jugement et envoyés alors dans les asiles. Ce sont des malades et

il n'y a aucune raison pour les envoyer au milieu des criminels

devenus aliénés, pas plus qu'on n'envoie les vieillards honnêtes

indistinctement dans les hospices ou dans les dépôts de mendi-

cité : ceux-ci sont réservés pour ceux seuls qui ont commis des

délits. Il pense donc qu'il suffit de maintenir l'état de choses ac-

SOCIÉTÉS SAVANTES. 277 Il

tuel, en ce qui concerne les criminels devenus aliénés et de faire

des quartiers de surveillance spéciaux dans les asiles ordinaires

pour les aliénés criminels; non pas comme la Sûreté de Bicêtre

qui devrait être détruite, mais comme il en existe à l'asile Saint-

Robert.

M. ROUILLA RD reconnaît la justesse de la distinction entre les

aliénés criminels et les criminels aliénés, mais il pense que les

plus dangereux ce sont les aliénés délictueux, vagabonds, vo-

leurs, etc., qui reviennent sans cesse dans les asiles où ils sont un

ferment d'indiscipline, et que c'est surtout contre eux qu'il faut

prendre des mesures spéciales.

M. Charpentier dit que, parmi les aliénés dangereux, il en est qui

peuvent être menés par la crainte. Pour ceux-là, les quartiers

spéciaux qu'il demande mettraient précisément en jeu ce senti-

ment de crainte qui les maintient dans la discipline. Il faudrait

que ces quartiers fussent assez spacieux et qu'on n'eût guère de

contact avec les malades que pour les besoins les plus urgents. Si

la chose est difficile à faire, au point de vue pécuniaire surtout,

elle est loin d'être impossible; en tous cas, ce n'est pas une raison

pour ne pas la demander si on la croit bonne.

On procède alors au vote sur les deux questions de savoir : 1° Si

les criminels, devenus aliénés, doivent être oui ou non placés

dans les asiles spéciaux et y être maintenus (à l'unanimité il est

voté oui) ; et 2° s'il y a lieu de créer un ou des asiles spéciaux pour

les aliénés criminels (à une grande majorité il est voté non ; il n'y

a eu que quatre voix contre).

M. BnuNET lit un mémoire sur le travail agricole des aliénés con-

cluant à la suppression des colonies spéciales, et à l'organisation

du travail agricole dans chaque asile en particulier.

1r° Séance du 8 août 1890. - Présidence DE M. BALL.

Il est décidé que le Congrès de 1891 aura lieu à LyoN. De plus,

les médecins belges et suisses, de langue française, sont admis à

faire partie du Congrès qui est transformé ainsi de Congrès natio-

nal en Congrès des aliénistes de langue française. La proposition de

M. SOLLIER, de s'adjoindre les neurologistes et de faire un Congrès

de psychiatrie et de neurologie, n'est pas adoptée. Les membres

du bureau actuel formeront une Commission permanente, char-

gée d'organiser, avec le concours des médecins aliénistes de Lyon,

le prochain Congrès.

M. CULLERRE lit une note sur la paralysie générale conjugale. - Il

a observé trois femmes atteintes de paralysie générale dont les

maris étaient également paralytiques généraux pour deux d'entre

elles, et tabétique pour la dernière. La syphilis n'était rien moins

278 8 SOCIÉTÉS SAVANTES.

que douteuse chez les deux premières. Quant à la troisième, elle

était certainement syphilitique, mais il n'est pas sûr que son mari

le fût. Aussi l'hypothèse de Mendel et des Allemands, que c'est

toujours la syphilis qui détermine la paralysie générale conjugale,

lui parait loin d'être satisfaisante, quoique plausible dans certains

cas. Elle n'explique pas pourquoi la syphilis détermine chez les

deux conjoints la même manifestation pathologique.

- M. DUBUISSON lit un mémoire sur la Folie traumatique. - L'am-

nésie accompagne presque toujours le début de la démence consé-

cutive au ramollissement cérébral et de la paralysie générale, et

elle est ordinairement limitée à une période variable et s'étend à

tous les faits de cette période. La paralysie générale et la manie

consécutives à des traumatismes sont des formes congestives d'alié-

nation mentale. Il est important, au point de vue médico-légal,

dans les questions d'indemnité, d'établir les rapports entre le trau-

matisme et la folie. M. Dubuisson pense que le traumatisme peut

provoquer toutes les formes d'aliénation, mais principalement la

paralysie générale et la manie. Il faut intervenir rapidement, car

la marche et la gravité de l'affection mentale ne sont pas tou-

jours en rapport avec l'importance apparente des lésions trauma-

tiques.

M. DUBUISSON présente les pièces d'un cas de porencéphalie .

Presque tout l'hémisphère gauche est remplacé par un porus

énorme dont le fond est formé par le ventricule latéral et les corps

opto-striés. Le cerveau pesait 675 grammes seulement et l'atrophie

portait également sur l'hémisphère droit. M. Dubuisson pense que

la perte de substance est due à un trouble vasculaire ayant déter-

miné une lésion destructive.

M. SOLLIER fait observer qu'il y a lieu de distinguer, comme il

l'a fait l'an dernier dans un mémoire communiqué en commun

avec M. Bourneville au Congrès international de médecine men-

tale, entre la porencéphalie vraie et la pseudo-porencéphalie qui, au

point de vue anatomique et pathogénique, sont bien différentes.

La. vraie porencéphalie est congénitale, le porus communique

généralement avec le ventricule latéral, les circonvolutions défor-

mées et atrophiées forment les parois de l'infundibulum. Les mé-

ninges ne sont pas lésées et ne contribuent pas à la formation

d'un liyste. La pseudo-porencéphalie au contraire est acquise; les

circonvolutions sont détruites d'une façon irrégulière, taillées à

pic; la dépression est occupée par une poche kystique plus ou

moins considérable. Les circonvolutions respectées occupent leur

siège normal et leur volume est à peu près normal aussi, ce qui

n'est pas dans la porencéphalie vraie où les circonvolutions avoisi-

nant le porus sont atrophiées et ne correspondent plus aux circonvo

lutions du cerveau normal. Quant à la pathogénie, la lésion parait

SOCIÉTÉS SAVANTES. 279

M. DENY (de Paris) relate, au nom de M. Michel Dansac et au

sien, une observation de pseudo-porencéphalie avec hémiplégie

spasmodique infantile du côté droit qui présente plusieurs parti-

cularités anatomiques et cliniques intéressantes. L'hémisphère

gauche du cerveau de ce malade était notablement atrophié; il

pesait 200 grammes de moins que le droit. A la face externe de

cet hémisphère, il existait une vaste poche kystique au niveau.de

laquelle les circonvolutions étaient complètement détruites avec

des bords taillés à pic. La paroi interne du kyste était constituée

par les méninges épaissies et adhérentes. Un liquide louche et

semi-consistant remplissait le kyste. Lescirconvolutions auxquelles

le kyste s'était substitué correspondaient exactement au territoire

irrigué par l'artère sylvienne gauche. Il y a donc lieu de supposer

que c'est à un trouble circulatoire qu'il faut rapporter le processus

destructif du cerveau. Ce processus destructif était surveuu à l'âge

de onze mois, à la suite de plusieurs accès de convulsions qui

furent suivies d'une paralysie avec atrophie du côté droit. Depuis

cette époque jusqu'à l'âge de vingt-sept ans,ce malade ne présent

jamais d'attaques d'épilepsie. Dans les derniers mois de sa vie, il

survint, sans cause apparente, plusieurs accès d'épilepsie partielle.

Au commencement de 1890, le malade mourut de phtisie pul-

monaire. Au point de vue intellectuel, c'était un débile, mais il

avait conservé l'usage de la parole et des sens.

M. BAYOL (de Rouen) lit un travail sur la folie dans les prisons,

d'où il résulte qu'il existe toute une catégorie plus où moins consi-

dérable d'individus qui doivent être classés entre les fous propre-

ment dits et les sains d'esprit. Ces individus qu'on pourrait dési-

gner sous le nom de minus habentesqui ne présume rien, devraient t

être, de la part de l'administration des prisons, l'objet ,'de mesures

spéciales en raison de leur situation morale particulière en s'inspi-

rant de certaines règles de la médecine mentale pour la conduite

disciplinaireetla réforme des établissements pénitentiaires. Il con-

seille particulièrement un examen plus rigoureux à l'entrée des

détenus, et une plus longue période d'observation. Chaque fois que

des troubles psychiques sont constatés, ou doit prescrire un régime

spécial, curatif pour les curables, palliatif pour les incurables.

M. Boucher (de Rouen) lit une note sur un cas de trépanation

tardive dans un cas d'épilepsie Jacksonnienne. Il s'agit, dans cette

observation, d'un malade âgé de trente-un ans, entré en 1889 à

l'hospice général de Rouen pour des attaques d'épilepsie partielle,

remontant à 15 ans et survenues à la suite d'un enfoncement du

pariétal gauche. Opéré par M. F. Hue, chirurgien des hôpitaux,

due à un arrêt de développemeut pour la vraie porencéphalie,

tandis qu'elle est due à un processus destructif dans la pseudo-po-

rencéphalie,

280 SOCIÉTÉS savantes.

avec toutes les précautions voulues, le 19 juillet 1888, cet individu

était complètement rétabli au bout de quelques jours, sans avoir

présenté aucune élévation de température. Les crises qui avaient

lieu douze fois par mois en moyenne diminuèrent de moitié

en 1889 et elles paraissent encore devoir s'effacer en 1890. L'au-

teur conclut à l'appui de ce cas que la trépanation doit être tentée

même lorsque le traumatisme qui a déterminé les accidents épilep-

tiformes remonte à une époque éloignée, toutefois l'on ne doit pas

s'attendre à des résultats aussi brillants lorsque l'intervention

chirurgicale suit immédiatement le traumatisme.

M. Boucher communique l'observation d'une forme] spéciale

d'obsession chez une héréditaire. llme X..., âgée de trente ans, mère

de deux enfants bien portants, héréditaire du côté maternel, est

tourmentée par une facilité extrême à -rougir, surtout lorsqu'on

parle devant elle d'actes indélicats ou lorsqu'elle se trouve en pré-

sence de certains hommes de sa position, amis de son mari, dont

on pourrait la soupçonner d'être la maîtresse. Le sentiment

qu'elle va rougir est pour elle une obsession permanente qui aug-

mente particulièrement à celte époque où elle est enceinte. Elle

maigrit d'une façon notable et a tenté de se suicider pour échap-

per à cette idée fixe. M. Boucher rapproche cet état particulier des

différentes tares observées chez les héréditaires, telles que l'agora-

phobie, la claustrophobie, la dipsomanie et ces états que M. Ma-

gnan a mis en relief d'une façon spéciale.

2° Séance du 8 août 1890. - Présidence DE M. Mordret.

M. Doutrebente (de Blois) rapporte plusieurs observations de

paralysies générales améliorées ou guéries par le traitement spé-

cifique. Dans toutes, il s'agissait d'anciens syphilitiques. Il pense

que, dans tous les cas où il est impossible de faire le diagnostic

différentiel entre la paralysie générale vraie et la pseudo-paralysie

générale due à la syphilis, il y a grand avantage à faire usage du

traitement spécifique qui, dans un grand nombre de cas, amène

des rémissions ou la guérison.

M. SAuRY regarde les malades de M. Doutrebente comme des

syphilitiques cérébraux et non comme des paralytiques généraux

vrais, pour le diagnostic certain desquels il faut la démence et les

troubles caractéristiques de la parole, alors même que le délire

paraîtrait celui de la paralysie générale vraie. '

M. COSTE DE LAGRAVE (de Rouen) communique un mémoire sur

l'auto-suggestion cause d'hystérie, dont voici les principales conclu-

sions. L'auto-suggestion voulue ou involontaire produit des acci-

dents analogues. Un accident produit par une auto-suggestion spé-

ciale peut se généraliser et accompagner tout travail d'aulo-sugges-

SOCIÉTÉS SAVANTES. 281

tion. Les accidents ainsi produits peuvent disparaître par une auto-

suggestion appropriée inverse. S'ils ne sont pas combattus ils se

développent comme intensité et comme durée.

M. Faucher (de la Nièvre) envoie une proposition par lettre sur

la retraite des médecins d'asile.

Le Congrès émet les voeux suivants : 1° Que l'assistance aux

épileptiques, idiots et crétins soit développée; -2° Que le recrute-

ment' des internes des asiles soit .prévu et assuré par la loi; -

3° Qu'il ne soit pas créé pour chaque asile un poste de médecin-

inspecteur avec les attributions prévues par le projet de loi; - 4°

Que les écritures des bureaux ne soient pas multipliés sans nécessité;

- 5° Que le prix des journées des aliénés indigents ne soit pas

fixé, d'une manière souveraine et sans appel, par le Conseil géné-

ral ; - 6° Qu'il y ait un concours unique, siégeant à Paris, pour

tous les médecins adjoints des asiles de France; - '7° Que le trans-

port des aliénés ne soit pas fait comme celui des prisonniers; -

8° Que les asiles soient bâtis au milieu d'un domaine cultural assez

vaste pour accuper tous les aliénés susceptibles de travail maraî-

cher ou agricole; - Que l'enseignement de la médecine mentale

soit facilité aux étudiants, en rendant les asiles plus accessibles

qu'ils ne sont.

Après le vote de ces diverses propositions, la première session

du Congrès national de médecine mentale a été déclarée close.

Son succès a été réel. Le choix de Lyon pour la seconde session,

l'admission des aliénistes de langue française assurent l'existence

de ce nouveau Congrès. Quant au changement de dénomination :

C. de psychiatrie et de neurologie, il n'a pas été adopté. Il va de

soi, d'ailleurs, que les communications des neurologistes seront

parfaitement accueillies l'an prochain comme elles l'ont été cette

année. .

Un grand nombre de membres du Congrès se sont réunis à un

banquet sans aucun caractère officiel le mercredi soir. Le lende-

main, la journée a été entièrement consacrée à la visite, le matin,

de l'asile Saint-Yon, sous la conduite de M. le Dr Giraud, dans

l'après-midi, de l'asile de Quatremares, sous la direction de M. le

Dr Delaporte. Tous les visiteurs ont applaudi à la bonne tenue de

ces établissements, auxquels nous consacrerons peut-être quelques

pages prochainement. M. Hendlé, qui a accompagné les congres-

sistes durant leur visite à Saint-Yon, a présidé le déjeuner. Au des-

sert, M. Hendlé a rappelé les efforts faits par le département de la

Seine-Inférieure pour l'assistance des aliénés, et annoncé les pro-

jets de l'administration, relatifs à la création d'un quartier pour

les enfants idiols et épileptiques, et pour lesquels l'approbation

du conseil général ne fait pas de doute 1. M. Bail, président du

1 Voir aux Varia : Assistance des enfants idiots.

282 SOCIÉTÉS SAVANTES.

Congrès, lui a répondu. Divers autres loals ont été prononcés par

MM. Giraud, Brunon, Laporte, Rouillard, Dautrebente, etc. Invité

par M. Hendlé à prendre la parole, notre rédacteur en chef a féli-

cité M. Hendlé de la bonne organisation des asiles, de son heureuse

idée d'organiser sérieusement l'assistance des enfants idiots et épi-

leptiques. Après avoir remercié M. le Dr Giraud d'avoir remis aux

membres du Congrès un plan des deux asiles et son rapport mé-

dical sur Saint-Yon, il a insisté sur la nécessité d'avoir pour les

futures visites des notices précises sur les asiles, contenant, avec

l'historique, la description, les plans, le chiffre des dépenses de

construction, des renseignements détaillés sur le personnel et le

budget.

SOCIÉTÉ PSYCHIATRIQUE DE BERLIN

Séance du 15 murs 1890 1. - Présidence Des1. LOEHR aîné.

M. LE Président ouvre la séance en souhaitant la bienvenue à

MM. IIEUENDOR et K1VECHT ainsi qu'à M. Sakaki pour son rapport

intéressant relativement à sa clinique officielle de Tokio. Il exalte

les mérites de feu le professeur Westphal.

La Société décide de contribuer à la grande fête que les mède-

cins de Berlin ont l'intention de donner à propos du congrès

international prochain. Elle louera un local qui servira de lieu de

réunion et de bureau de renseignements aux membres de la sec-

tion de psychiatrie et neurologie. MM. MENDEL et liIOELI s'abouche-

ront à cet effet avec le bureau de la société de psychiatrie et mala-

dies nerveuses de Berlin.

M. ROLLER (de Brake) sur la folie héréditaire. Ce mémoire a été

lu dans la dernière séance 2.

Disctission. - M. Moeli. Quelle est la nature des documents qui

vous ont servi à calculer les causes occasionnelles, le rôle des ma-

ladies aiguës, du traumatisme, de l'alcoolisme et des autres intoxi-

cations. - M. ROLLER. La population qui fournit les malades de

l'asile de Brake se compose surtout des gens de la campagne. Nous

recevons surtout des aliénés chroniques, mais il nous arrive aussi

en nombre notable des affections mentales récentes. Nous n'avons

pas ou n'avons que très peu de malades affectés de delÏ1'Útm tre-

mens. Nous ne constatons que peu de causes occasionnelles aussi

graves que celles qui se montrent dans les villes. En revanche ces

1 Voyez Archives de Neurologie,- séance du li décembre 1889, t. XX

p. 114. 'Voyez Archives de Neurologie, t. XX, p. 117.

- SOCIÉTÉS SAVANTNS. 283

paysans calmes et terre à terre peuvent être influencés plus vive-

ment par des incidents de moindre importance.

M. Ricdter. -L'hérédité indirecte n'a absolument rien à voir

avec l'hérédité réelle, car une grande famille peut devoir à une

coïncidence l'explosion de plusieurs psychoses. Si l'on défalque de

la statistique l'hérédité indirecte et les causes plus éloignées d'hé-

rédité psychopathique, cette dernière naturellement participe

d'un coefficient bien plus faible.

M. Roller. - J'accepte qu'il y a hérédité indirecte quand je

constate, à propos de mes malades, qu'il y a eu aliénation mentale

ou épilepsie chez leurs frères et soeurs, chez les frères et soeurs de

leurs parents, chez les enfants de leurs oncles ou tantes, chez leurs

grands parents, ou quand leurs parents ont été frappés soit d'apo-

plexie soit d'une autre affection cérébrale grave. Je crois qu'il y

a lieu de songer à des causes éloignées quand les commémoratifs

font mention d'une vésanie de la famille, ou chez les grand's

tantes et grands oncles, ou encore chez les beaux-frères et belles-

soeurs des parents, enfin lorsqu'on a noté soit des attaques d'apo-

plexie, soit des affections convulsives chez les grands parents et les

frères et soeurs des malades considétés.

La nécessité de faire ressortir l'hérédité directe a été soutenue

par WESTPHAL dans son travail sur le Tabès et la Démence para-

lytique (Allg. Zeitsch. f. Psych., t. XXXI). La transmission hérédi-

taire éclaire la pathogénie de l'aliénation mentale et en explique

le mécanisme puisqu'elle en révèle les lois Par conséquent nous

avons en elle la clef de la physiologie pathologique des psychoses

Grâce à elle nous sortons du domaine de l'empirisme brut et de la

spéculation pour introduire la méthode naturelle en psychiatrie

suivant le mot de Samt,

On a parlé de la tuberculose dans la séance dernière ', son

processus univoque frappe beaucoup d'organes, tandis que la folie

se localise sur un seul; les aulres phénomènes sont sous la dépen-

dance de celui qui est affecté. La variété de formes pourrait

s'appeler variété essentielle. La tuberculose est contagieuse, elle

émane d'un agent-contage. On n'hérite pas de la tuberculose, par

conséquent on hérite simplement d'une prédisposition.

En tout cas, il est de première importance de recueillir des

chiffres exacts relatifs à l'hérédité de la folie; la proportion oscille

entre 4 et 90 p. 100. Il conviendrait de généraliser les recherches

à cet égard et de bien poser les conditions de l'enquête

M. Richter. - La plupart des fiches de recensement ont eu trait

à l'hérédité indirecte. Mais il ne me paraît pas heureux d'en appe-

ler à la question de l'hérédité de la tuberculose. De nouvelles

1 Voyez Archives de Neurologie, t. XX, p. 117.

284 SOCIÉTÉS savantes.

recherches relatives à la paralysie générale peuvent nous montrer

des résultats qui justifient de sérieuses réflexions sur celte res-

triction.

M. ROLLER. - Evidemment l'héridité est moins active dans

la démence paralytique. Il n'en est pas moins vrai que Mendel

l'avait conslatée dans 56,50 p. 100 des cas. Ce qui prouve qu'il faut

bien préciser les unités sur lesquelles doit porter la statistique et

ne pas s'en rapporter à un dénombrement général.

M. GUTTSTADT propose la motion suivante :

Plaise à la Société des médecins aliénistes allemands de faire exa-

miner par une commission la valeur de la statistique usitée jusqu'alors

à propos de l'hérédité et de préciser les termes des statistiques à venir

qui devront être soumises aux fonctionnaires compétents. Adopté.

M. D. MUNTER (de Berlin). Des psychoses consécutives à l'influenza.

Nous nous contenterons de consigner les indications bibliogra-

phiques de l'orateur qui résume les particularités des mémoires

sur ce sujet : Neurolog. Centralbl, 9° année n° 4 (Pick) : - Miin-

chener Med. Wochenschrift, n° 8 (Specht et Bumm); - Deutsche

Jled. Wochensch1'ift, 1889, n° 11 (Kroepelin); - Neurol. Centralbl.,

9° année n° 6 (Bartels) (Becker).

M. Munter communique à la Société sept nouvelles observations

prises à la clinique de Mendel ou empruntées à la clientèle de

M. G. Rosenbaum. L'influenza a été suivie de délire hallucinatoire

aigu (Obs. I); - de désordre aigu dans les idées (Obs. II); -

de mélancolie hypochondriaque (Obs. III); - d'hypocondrie aiguë

(Obs. IV et V); - de dépression mélancolique (Obs. VI); - de

délire maniaque aigu (Obs. VII). -- Il y a eu complète guérison

dans l'observation II, amélioration dans les observations III à VI;

seule la malade de l'observation I n'a pas encore présenté de mo-

dification dans son état. Les psychoses qui succèdent à l'influenza

n'ont jusqu'à présent révélé aucune particularité qui soit propre à

cette maladie.

Discussion. M. SANDER. On a publié les cas [d'aliénation mentale

consécutive à l'influenza plus vite que cela n'avait eu lieu à la

suite d'autres épidémies. Cela vient de ce que ces faits se sont

produits en ville ou ont été soumis à l'observation des médecins

consultants (policlinique). Nous n'en avons pas vu venir à Dalldorf.

L'épidémie a sévi dans l'établissement mais, tant à l'égard de son

intensité que de sa propagation, elle s'est montrée plus bénigne

chez les aliénés que chez les individus sains d'esprit (infirmiers et

fonctionnaires). Elle n'a guère modifié les psychoses préexistantes.

M. LEHMANN décrit trois cas de psychopathies consécutives à l'in-

fluenza observées à l'asile de Sonnenstein. La modalité mentale

rappelait les psychoses par épuisement (démence aiguë - délire

asthénique); les trois individus atteints présentaient une tare

SOCIÉTÉS savantes. 285

d'hérédité directe. Dans un des faits, l'iufluenza avait débuté cinq

semaines après la délivrance, les suites de couches s'étant d'ailleurs

montrées normales. Dans les deux autres, l'aliénation mentale

succéda immédiatement à la grippe.

M. RIC13TLR. Vingt six idiots de Dalldorf furent atteints par

l'influenza; l'état mental ne fut aucunement modifié 1,

M. MINDEL. Sans doute les psychoses consécutives à l'influenza

ne se distinguent en rien de celles qui suivent les maladies infec-

tieuses aiguës. Il semble cependant que l'influenza, plus que toute

autre maladie infectieuse, agisse sur le système nerveux.' Ainsi,

dans les cas légers, la fièvre est modérée et de courte durée; elle

n'exige qu'un alitement de un jour ou deux, et cependant, pendant

des semaines, le système nerveux demeure prostré ; le malade est

déprimé, hypochondriaque, il a une peur horrible de mourir, la

fréquence et l'intensité de ce syndrome surpasse celle des acci-

dents neuropsychiques qui succèdent aux autres maladies infec-

tieuses. Il est en outre très fréquent de voir l'influenza suivie de

névralgies, convulsions et crampes musculaires, ou autres troubles

du système nerveux périphérique des plus pénibles. Quand ces

phénomènes s'installent au cours même de l'influenza, ils lui sur-

vivent. t.

M. BOLIER a vu chez un délirant systématique malade depuis

dix-huit mois (délire des persécutions avec hallucinations et pa-

roxysmes d'agitation) l'influenza déterminer la guérison.

M. OPPENHEI3t. Les névroses, notamment l'hystérie et la neuras-

thénie hypochondriaque, sont aggravées considérablement par

l'influenza. Mais il ne faut pas toujours croire que l'influenza les a

déterminées de toutes pièces; elle en a réveillé le germe. Chez deux

paralytiques généraux, l'affection mentale paraissait avoir été

produite par l'influenza ; il s'agissait cependant d'une tabopara-

lysie à laquelle l'influenza avait imprimé un mouvement de pro-

gression des plus rapides. En revanche, l'influenza a guéri une

jeune fille de coxalgie hystérique.

M. LEPPMANN. Il en est de l'influenza au point de vue psychopalho-

génétique comme des autres maladies infectieuses aiguës à période

fébrile égale. Les condamnés qu'il a l'habitude d'observer (établis-

sement de Moabit) ont un fond de prédisposition psychopathique

très sensible. Et cependant il n'a vu qu'une fois l'influenza pro-

voquer l'aliénation mentale chez eux, et encore s'agissait-il

d'une mélancolie légère chez un jeune débile qui venait d'être

condamné. '

1 Dans notre service de Bicêtre, nous avons eu une trentaine d'en-

fants idiots ou épileptiques atteints d'influenza. Cette maladie ne nous

a point paru avoir d'action sur l'état mental ou sur les accès (B.).

286 SOCIÉTÉS SAVANTES.

M. MENDEL. M. Leppmann n'a pas assez de malades pour qu'il

soit autorisé à formuler une conclusion générale.

M. JASTROWITZ. A la maison de santé j'ai vu l'influenza peu sévir

chez les aliénés, mais j'ai suivi un cas mortel. Il s'agissait d'une

vieille dame démente; elle succomba à une pneumonie lobulaire

du lobe supérieur gauche; lésions atéleclasiques avec bronchite

purulente. Une infirmière, à la suite de l'influenza, fut atteinte

d'une pneumonie de tout le lobe gauche avec péricardite, et

guérit. Une jeune personne fut dans les mêmes conditions affectée

de désordre généralisé dans les idées avec hallucinations sen-

sorielles ; une folie systématique chronique est imminente.

M. Schuchardt a observé à peu près 190 cas d'influenza à l'asile;

le personnel fut bien plus atteint que les aliénés. L'influenza

n'exerça sur les psychoses préexistantes aucune influence; elle n'en

provoqua pas non plus, si ce n'est en agissant comme cause indi-

recte. Ainsi une jeune fille redoutait à ce point l'influenza et le

choléra qu'elle fut prise d'angoisse avec hallucinations et désordre

dans les idées. Deux morts eurent lieu par pneumonie.

M. MUELLER. Nous aussi nous avons eu une petite épidémie d'in-

fluenza. Celle-ci transforma une folie circulaire légère en mélan-

colie grave. Elle agit favorablement chez un neurasthénique qui

avait présenté une forte fièvre avec sueurs profuses consécutives.

L'influenza est d'ailleurs chez les gens sains d'esprit accom-

pagnée ou suivie d'une sorte de mélancolie hypochondriaque évi-

demment due à l'intoxication.

M. Ulrich. Sur un chiffre de population de 1000 individus, il y

a eu 80 à 90 cas d'influenza, dont 60 cas chez les aliénés; parmi

ceux-ci, les hommes furent plus atteints que les femmes, ceux

surtout qui travaillaient en plein air. L'influenza n'agit pas sur

l'évolution de l'aliénation mentale; elle ne provoqua non plus de

psychoses.

M. LOEHR ainé rappellé la communication de M. HOFFMANN (Allg.

Zeitsch. f. Psych., t. XVI, p. 70).

M. A Cramer (d'Eberswalde) a retrouvé dans le bulbe le faisceau

anormal décrit par A. Ylctt. Il présente des pièces à l'appui. Ce

faisceau commence à l'extrémité supérieure de l'entrecroisement

des pyramides, il semble continuer les derniers éléments du

cordon latéral; on le suit dans la région de l'entrecroisement sen-

sitif en avant et en dedans de la substance gélatineuse de la corne

postérieure. Il forme en cet endroit un trousseau distinct et dense

pour se diviser un peu au-dessus en deux cordons accolés ; puis,

à mi-hauteur du bulbe il se perd dans le corps restiforme. Il ne

contracte dans tout son parcours aucun rapport de contact avec

aucun noyau nerveux, avec aucune racine, il se distingue nette-

ment du faisceau solitaire lui-même très apparent. Il représente

SOCIÉTÉS SAVANTES. 287 I

un trait d'union anormal entre le cervelet, le corps restiforme, le

cordon latéral.

M. EDEL (de Charlottembourg). De la thérapeutique locale dans

ses rapports avec la folie. Observation d'un malade ayant été éner-

giquement traité pendant des années par des rhinologistes et des

laryngologistes; finalement, on s'aperçut qu'il était atteint de folie

systématique avec prédominance d'hallucinations de l'odorat. Il

était évidemment atteint d'une affection catarrhale de l'espace

nasopharyngien, mais il avait aussi des hallucinations olfactives,

hallucinations peut-être provoquées par la lésion organique mais

qui sûrement ont passé inaperçues pendant bien longtemps. Le

traitement spécial l'a guéri de sa lésion locale, mais elle parait

avoir augmenté les troubles nerveux et psychiques. On le guérit à

l'asile en quelques semaines en cessant le traitement nasopha-

ryngien, en l'isolant, en le soumettant à des pratiques hydrothéra-

piques et en lui administrant de l'opium. (Allg. Zeitsch. f. Psy-

chiant. XLVIt .) P. KERAVAL.

SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE

Séance du 28 avril 1890 1. Présidence de M. B.aLL.

Prix Moreau (de Tours). - D'après les conclusions du rapport

de M. DUPAIN le prix Moreau (de Tours) est décerné à M. Blocq et

une mention très honorable est accordée à MM. Huet et Journiac.

Prix Esquirol. - M. SÉGLAS propose au nom de la commission

dont il est le rapporteur de décerner le prix Esquirol à M. Marie,

interne à l'asile de Villejuif, et une mention honorable à M. Blin,

interne du même asile. Les conclusions de M. Séglas sont adoptées.

Prix Belhomme. - M. LEGRAIN, rapporteur, demande qu'une ré-

compense de 600 francs soit accordée à M. Sérieux, médecin de

Vaucluse pour son mémoire intitulé : De l'état mental et du délire

chez les idiots et les imbéciles. La récompense est décernée.

Prix Aubanel. - Suivant les conclusions de M. CHRISTIAN, la so-

ciété décerne une récompense de 600 francs. Elle est accordée à

MM. Taty et Relous, co-auteurs d'un mémoire sur les difficultés que

présente le diagnostic différentiel de la paralysie générale dans les

différentes formes de la fulie.

Le banquet annuel n'a pas eu lieu.

1 Erratum. - La séance parue dans le n° 58, p. 111, avec la date du

28 avril, a eu lieu en mai.

288 SOCIÉTÉS SAVANTES.

Séance du 30 juin 1890. - PRÉSIDENCE DE M. BLL.

Les intoxications et la paralysie générale. - M. Charpentier exa-

mine : i° les états pathologiques qu'il il est fréquent de rencontrer

dans la paralysie générale; 2° la pathogénie de la paralysie géné-

rale par intoxication ; 3° les états physiologiques pendant lesquels

elle est vue.

Ses conclusions sont les suivantes : 10 à côté de la paralysie

générale par congestion propre des folies congestives se termi-

nant par paralysie générale, il y a lieu de grouper sous le nom de

paralysie générale par intoxication, les pseudo-paralysies géné-

rales déjà admises et d'y joindre les paralysies générales dues à

la goutte, au diabète, à l'arthritisme, au surmenage intellectuel,

au traumatisme, au tabagisme et à la suralimentation; -2° dans

la théorie de la paralysie générale par intoxication, l'ordre de

succession des lésions est renversé : nous subordonnons la conges-

tion à la prolifération interstitielle et celle-ci à l'intoxication pri-

mordiale de la cellule cérébrale ; cette prolifération serait d'abord

un adjuvant utile pour désintoxiquer la cellule noble, et plus tard

nuisible par excès de développement ; 3° notre théorie explique

le mécanisme de la curabilité et de la mort dans les folies toxi-

ques ; de l'incurabilité et des cas curables dans la paralysie géné-

rale et les démences toxiques sans production de paralysie géné-

rale ; -4° la paralysie générale par intoxication ne se produit pas,

ou rarement, lorsque le sujet présente un état anémique du sang,

un arrêt de développement du cerveau, des névroses convulsives

ou des insomnies chroniques ; - 5° l'absence de la paralysie géné-

rale dans ces conditions serait due à une modification de texture

du tissu interstitiel, acquise dans les états anémiques, congéni-

tale dans les autres groupes de maladies), d'où il résulterait l'inap-

titude de ce tissu à proliférer suffisamment pour produire les

lésions de la paralysie générale.

Une révolte à Ville-Evrard. - M. MARANDON DE MONTYEL raconte

d'une façon très humoristique la révolte dont l'asile de Ville-

Evrard a été le théâtre. Le 13 mai, six aliénés de la section des

agités de Ville-Evrard, après s'être entendus entre eux sont tom-

bés sur les gardiens et les ont mis dans l'impossibilité de conduire

l'un d'entre eux à un bain prescrit à la visite du matin par le

médecin. Sept gardiens accourus au secours furent reçus à coups

de poings et à coups de pieds et ne parvinrent pas à se rendre

maîtres des révoltés. Toutefois, comme c'était l'heure du déjeu-

ner, ceux-ci se rendirent au réfectoire.

Prévenus, le directeur, le médecin en chef et le médecin-adjoint

allèrent dans le quartier. Les six rebelles leur jetèrent à la tête

SOCIÉTÉS SAVANTES. 289

toute la vaisselle puis s'élancèrent sur eux, les poings levés. On

put toutefois s'emparer de deux d'entre eux et les transporter

dans une autre section. Les quatre autres restèrent alors tran-

quilles jusqu'au soir où on s'empara d'eux après le coucher. Le

but de la révolte était, tout à la fois, d'occasionner un scandale

qui attirât sur eux l'attention de la justice et leur permit de faire

valoir leurs droits ou de s'enfuir après s'être emparés des clefs

des gardiens.

Jusqu'à présent, les révoltes d'aliénés étaient rares. On n'en

trouve relatée qu'une seule à l'asile Saint-André de Saint-Péters-

bourg. Or, en voici trois qui s'éclatent à peu de temps d'intervalle,

une à Chicago, une à Ville-Evrard, et une autre à Bicêtre. Serait-

on plus exposé que par le passé à ces accidents ? - Oui, car les

asiles qui jadis ne recevaient que des aliénés proprement dits

hospitalisent, maintenant, outre les épileptiques, un grand nom-

bre d'ivrognes et de dégénérés moraux qui sont des êtres astu-

cieux et méchants. Il devient donc indispensable de construire

pour ces catégories de malades soit des asiles spéciaux soit des

annexes spéciaux à nos asiles actuels.

M. GARNIER : M. Marandon de Montyel estime que les malades

entrent plus facilement aujourd'hui qu'autrefois dans les asiles. Je

suis d'un avis tout opposé, car jamais le nombre des aliénés sor-

tis du Dépôt, sans passer par l'asile, n'a été aussi grand qu'en

ces temps derniers. Peut-être M. Marandon considère-t-il comme

de simples ivrognes des individus , des dégénérés ayant fait

quelques excès de boisson ? Alors, je suis de son avis et je trouve

comme lui que ces gens-là devraient être dans un asile spécial

de sûreté.

M. ROUILLARD partage l'opinion de M. Marandon de Montyel : on

abuse des asiles pour y enfermer une foule d'êtres malfaisants

qui ne devraient pas y entrer. Le mal ne serait pas grand si l'on

donnait au médecin des agents suffisants pour les surveiller, et si

la pénurie d'infirmiers n'obligeait pas les directeurs à faire copier

par des malades les certificats médicaux qui passent ainsi, de

main en main, jusque chez le marchand de vins du coin.

M. Vallon se plaint aussi du trop grand nombre d'ivrognes qui

entrent dans les services d'hommes. S'il en sort plus qu'autrefois

du Dépôt c'est que le chiffre des arrestations augmente mais non

parce que les envois à l'asile diminuent.

M. LEGRAIN indique que dans les services d'enfants les révoltes

ne sont pas aussi rares que chez les adultes.

M. BRIAND ne comprend pas qu'un médecin chargé d'un service

public récrimine contre des admissions lui paraissant trop faciles

ou même non motivées quand, par un simple certificat de sortie, il

Archives, t. XX. 19

290 SOCIÉTÉS savantes.

a entre les mains le moyen si efficace de refuser les gens suspects

qu'on lui envoie.

M. ROUILLARD. - Mais les malades nous reviennent huit jours

après.

M. BRIAND. - C'est qu'alors ils n'étaient pas déplacés à l'asile.

M. GARNIER insiste pour indiquer que l'infirmerie du Dépôt ne

fait séquestrer que des alcooliques à l'exclusion des ivrognes ordi-

naires.

M. V1ARANDON DE MONTYGL veut surtout blâmer la disposition des

asiles, laquelle ne permet pas de conserver des alcooliques qui

trouvent moyen d'y continuer leurs excès et de prendre, matin et

soir, leur absinthe sans compter le reste.

M. FALRET. -Indépendamment de la faculté que les aliénés ont

de boire dans quelques services, il ne faut pas oublier les excita-

tions du dehors qui leur arrivent par les journaux et les visites

de soi-disant protecteurs. Le médecin devrait être le maître

absolu de la correspondance et'des visites et je profite de la com-

munication de M. Marandon pour demander à la Société d'affir-

mer la solidarité médicale en réponse aux iniques injures dont

nous sommes l'objet dans une certaine presse.

Le voeu de M. Falret sera discuté à la prochaine séance.

Séance du 28 juillet 1890. - Présidence DE MM. BALL et BOUCHEl1EAU,

Présentation de pièces microscopiques. - M. KERÀVAL lit un travail

commencé il y a quelques années à Vaucluse et terminé à Ville-

Evrard, avec la collaboration de M. Targowla, sur l'histoire ana-

lomique et pathologique des fibres nerveuses à myéline intra-cor-

ticales du cerveau.

Il existe dans le cerveau de l'homme, sur toute la hauteur de

l'écorce, des fibres myéliniques indépendantes des faisceaux ascen-

dants de la substance blanche dans les couches interne et moyenne;

on en trouve également une grande abondance dans la couche ex-

terne. Tangentielles et transversales à la direction du revêtement

gris, elles disparaissent, non pas seulement dans la paralysie

générale, mais aussi dans la démence de quelque nature qu'elle

soit. Les auteurs ont contrôlé les procédés et les assertions émises

jusqu'ici. Les huit cents coupes qu'ils ont exécutées au minimum sur

les^cerveaux dont ils ont pu disposer, leur ont permis d'asseoir la

formule de cette première affirmation. Le lobe frontal est, dans

l'espèce, le plus affecté ; la lésion n'y manque jamais, surtout dans

le gyrus rectus. Enfin les faisceaux ascendants sont, quand l'alté-

ration en question est avancée, réduits de volume et de quantité.

MM. Kéraval et Targowla montrent à la société des dessins et

SOCIÉTÉS savantes. 291

des pièces microscopiques à l'appui de leur travail. Les lésions mi-

croscopiques sont indépendantes de la méningite chronique et

des adhérences; le lobule paracentral reste indemne dans la ma-

jorité des cas.

M. Charpentier regrette que MM. Keraval et Targowla se soient

bornés à l'examen des fibres sans constater l'état des vaisseaux.

M. KERAVAL n'a pu faire cet examen qui devient difficile dans

une même préparation, à cause des modes différents de coloration

auxquels on doit recourir selon qu'il s'agit d'examiner des fibres "

ou des vaisseaux.

M. Charpentier maintient que si l'on n'a pas d'indication sur l'é-

tat des vaisseaux, on ne peut tirer de conclusions.

M. KERAVAL. se réserve de faire ultérieurement des recherches

dans le sens indiqué par M. Charpentier.

De la Mélancolie. (Suite de la discussion). M. SAURY, reprenant

la discussion engagée précédemment par MM. Falret et Marandon

de Montyel, sur la mélancolie et ses variétés, soutient que la mé-

lancolie manque des attributs constitutifs de l'espèce nosologique,

de la véritable entité morbide. Ce n'est, dit-il, qu'un syndrome,

susceptible de se rencontrer dans les multiples expressions de la

folie, capable de se restreindre ou de s'étendre, par conséquent

de se modifier, suivant ses causes et son terrain d'évolution. Au

total, dénomination vague et qui, employée seule, demeurerait

insuffisante pour nous renseigner exactement sur la nature et la

marche du phénomène maladif. Il n'y aurait donc pas une mélan-

colie essentielle, mais des mélancolies symptomatiques.

Après avoir affirmé ce point de doctrine, M. Saury passe en re-

vue les diverses variétés mélancoliques : vésaniques pures (simples

dégénératives), alcooliques et toxiques, convulsives, congestives,

mais en insistant plus particulièrement sur les premières, qu'il

n'envisage d'ailleurs que dans leurs rapports avec les troubles

sensoriels. Il montre que dans certains cas de mélancolie) ceux

notamment qui s'accompagnent de stupeur), l'élément hallucina-

toirefait, presque à lui seul, tous les frais du délire, et il résume, à

titre d'exemples, plusieurs observations caractéristiques. D'autres

formes, au contraire, se font remarquer par l'absence totale d'hal-

lucinations proprement dites : il en est ainsi pour les hypochon-

driaques, les anxieux, les syndromiques (obsédés, impulsifs), toute

la série en un mot des mélancoliques avec conscience. M. Saury

rappelle enfin que chez les mélancoliques ordinaires, les halluci-

nations atteignent tous les sens indifféremment, tandis que chez

les vrais persécutés, il y a prédominance notable des hallucinations

auditives : ces dernières jouent, en effet, un rôle que l'on peut

qualifier de patognomonique dans le délire essentiel des persécu-

tions.

292 SOCIÉTÉS savantes.

De la résistance électrique de la mélancolie : Un cas de maladie de

Basedow et de mélancolie délirante. - M. SÉGLAs rapporte l'obser-

vation d'une malade atteinte à la fois de mélancolie délirante et

de maladie de Basedow. Chez elle, les troubles mentaux étaient

des plus caractéristiques.. Antécédents héréditaires chargés, une

attaque de nerfs antérieurs : début de la maladie pendant un

allaitement à l'occasion de terreurs violentes provoquées par un

accident de voiture : deux tentatives de suicide antérieures.

A l'entrée : immobilité, attitude craintive, raideur quand on

l'approche, mutisme, refus d'aliments, gâtisme. Quelques paroles

qu'elle prononce d'elle-même dénotent la crainte de supplices

imaginaires. Au bout d'un mois environ, période d'accalmie, la

malade raconte que les semaines précédentes elle était toujours

dominée par l'idée de ses enfants, ce qu'ils devenaient, s'ils

étaient heureux : tout lui semblait changé. N'avoue aucune hal-

lucination sensorielle : dit qu'elle se sentait si anéantie qu'elle ne^

pouvait ni manger ni parler. - Une dizaine de jours après, crise

d'apparence épileptiforrne ; puis la suite, nouvelle exacerbation

des troubles délirants; elle ne sait ce qu'on lui veut, ne comprend

rien à tout ce qui se passe, trouve que cela dure trop et demande

qu'on la tue. - Sortie à ce moment, reprise par sa famille.

Du côté physique, deux symptômes dès l'entrée avaient attiré

l'attention, une saillie apparente quoique peu intense des globes

oculaires donnant à la figure un aspect terrifié, et la fréquence du

pouls qui battait 152... Les symptômes s'étaient très amendés par

la courte rémission du délire, le pouls était tombé à 88; puis de

nouveau l'exophtalmie, la tachycardie avaient réapparu avec l'exa-

cerbation du délire. Ce parallélisme avec les troubles délirants et

le peu d'intensité des symptômes physiques pouvaient les faire

mettre sur le compte de la vésanie et faire hésiter dans la cons-

tatation de la maladie de Basedow. Sous l'influence de leurs crain-

tes imaginaires, et dans les paroxysmes d'angoisse, les mélanco-

liques ont souvent en effet de l'accélération du pouls et les yeux

fixes et saillants. Les renseignements pris auprès de la famille ont

cependant appris que les yeux étaient devenus saillants un peu

avant la maladie et que, à cette époque, la malade déjà se plai-

gnait de palpitations.

La maladie de Basedow semblait donc très probable : mais

dans les cas frustes, il faut trouver le plus de symptômes pos-

sible. Il n'y avait pas de goitre, le tremblement n'était pas cons-

tatable à cause de l'état mental du sujet, elle ne se plaignait pas

de la chaleur et restait couverte, etc... Seul, l'examen électrique

a donné un symptôme à l'appui des deux premiers, la diminution

de la résistance électrique dont l'importance dans la maladie de

Basedow a été mise en lumière par M. Vigouroux. La malade

avait une résistance électrique diminuée des trois quarts environ,

BIBLIOGRAPHIE. 293

et atteignant 900 ohms, dès lors le goitre exophthalmique était''

certain chez elle.

Cet examen électrique a d'autant plus de valeur, que la résis-

tance électrique semble au contraire très augmentée dans la

mélancolie. M. Séglas rapporte les faits de six mélancoliques

qu'il a observés (quatre à forme dépressive, deux àformeanxieuse)

et six fois, c'est-à-dire dans tous les cas, les seuls que l'auteur ait

eus à sa disposition, la résistance électrique était très augmentée,

atteignant les chiffres de 70,000 ohms, 50,000, 23,333, 7,666, 7,187

9,500. - Chez cette dernière malade, ce chiffre est tombé à 5,000

au moment de la sortie, la malade étantpresque guérie. Ces obser-

vations viennent à l'appui des expériences de M. Féré, dénotant

une augmentation de la résist ance électrique, en l'absence d'exci-

tations sensorielles ou sous l'influence d'émotions aslhéniques.

M. Séglas conclut en résumé que la résistance électrique,

d'après ce qu'il a pu observer, est très augmentée chez les mélan-

coliques. - Cette constatation peut, dans certains cas, comme le

précédent, servir au diagnostic d'une affection coexistante, telle

que les formes frustes de la maladie de Basedow.

M. Charpentier ne s'explique pas l'augmentation de la résistance

électrique chez les mélancoliques ayant de la raideur musculaire.

M. Séglas répond qu'il n'a fait que constater des faits sans

donner de théorie : - Un des malades observés, ayant une résis-

tance électrique de7,187 ohms, était dans un état de raideur et de

spasmes musculaires. Marcel BRIAND.

BIBLIOGRAPHIE.

XV. Leçons du mardi à la Salpêtrière ; par M. CHARCOT. Policlini-

que, 1887-1888 et 1888-1889. Deux volumes petit in-4°, illustrés

de nombreuses figures. Aux bureaux du Progrès médical et

E. Lecrosnier et Babé, éditeurs.

Ces deux volumes ont une saveur particulière. Ils ne ressemblent

en rien aux leçons magistrales de M. Charcot sur les maladies du

système nerveux. Mais aussi ils comblent une lacune. Nous serions

volontiers tenté de les intituler : Introduction à l'étude clinique de

la neuropathologie. Et encore conviendrait-il d'ajouter qu'il s'agit

d'une introduction pratique.

En effet, ils sont en quelque sorte la photographie, ou plutôt le

sténogramme de l'interrogation des malades, de l'analyse du

symptôme, du groupement par le professeur des éléments mor-

294 bibliographie.

bides en syndromes qui lui permettent d'établir le diagnostic et

le pronostic. On assiste à la fois à l'étude objective, à l'évolution

des réflexions du maître, à la genèse d'indications thérapeutiques.

C'est la dissection méthodique du substratum clinique. Puis, l'expé-

rience encyclopédique de M. Charcot sait faire jaillir des idées

générales éminemment profitables à l'instruction du lecteur.

Un grand nombre de figures éclairent encore davantage les points

mis en lumière et donnent une précision à nulle autre pareille à

des assertions qui, quelle que fût la netteté du style et de la des-

cription, gagnent à être idéographiées.

Nous ne connaissons pas de publication aussi frappante. Il y a

peu de régions du système nerveux qui ne soient explorées, fouillées,

et cette investigation grave dans l'esprit de l'étudiant ou du méde-

cin les moindres territoires, les linéaments et les accidents de

terrain de ce domaine fussent-ils ardus et embrouillés dans leur

contexture. Cette réflexion s'applique surtout à la physiologie nor-

male et pathologique.

Un tel ouvrage ne s'analyse pas. Il se lit ; quand on a commencé

à en lire les premières pages, on le dévore jusqu'au bout, préci-

sément à cause de la forme du dialogue, des parenthèses du cli-

nicien, des répétitions inhérentes aux sujets traités par le profes-

seur. Et quand on l'a lu, ou y pense sans cesse, on le médite silen-

cieusement, malgré soi. P. Keraval.

XVI. Un nouvel appareil de projection et de coordonnées propre à

déterminer la forme géométrique et l'association mathématique des

divers éléments graphiques de crânes, cerveaux et autres objets dont

on veut prendre le tracé; par K. RI>;c>';n. (Centr. f.Nerv., 1886 )

L'auteur a inventé un fixateur à l'aide duquel on trace sur le

crâne, mis en des positions géométriquement déterminées, des

courbes orientées mathématiquement et par rapport au plan sous-

jacent et par rapport à la boîte osseuse (points de repère anato-

miques d'ordre anthropologique).

On établit ainsi la situation de chacun des points du crâne, comme

on établit à l'aide du niveau et des théorèmes trigonométriqucs

la situation de chacun des points du globe terrestre; on en fixe la

norme ou les anomalies et, par conséquent, il devient aisé d'eu

produire le tracé à une échelle donnée. Il est impossible de faire

comprendre en détail ce mémoire sans le traduire in extenso en

en reproduisant les figures. P. Keraval.

XVII. Vertige cardio-vasculaire ou vertige des artério-scléreux ; par

le professeur Grasset ; leçons recueillies par G. RANziER. Mont-

pellier, C. Coulet. - Paris, Masson, éditeurs.

M. le professeur Grasset réunit sous ce même titre de vertige

bibliographie. 295

cardio-vasculaire, le vertige simple, le vertige avec crises épilepti-

formes et le vertige avec pouls lent permanent et crises syncopales

ou épileptiformes. Le vertige consiste, dit M. Grasset, dans une sen-

sation de perte d'équilibre, accompagnée d'un certain degré d'an-

goisse, et pouvant aller jusqu'à la chute. En général, il ne s'accom-

pagne pas de perte de connaissance, sauf dans les cas graves; il

peut coexister des troubles sensoriels divers et des troubles gastri-

ques. Les vertiges se modifient suivant l'ouverture ou l'occlusion

des yeux.

Passant à la division des vertiges, M. Grasset en fait deux grandes

classes : vertige aigu, vertige chronique, cette dernière subdivisée

elle-même en vertige épileptique, sensoriel (oculaire, auriculaire,

stomacal), puis il retrace à grands traits l'histoire et les différentes

phases de l'artério-sclérose : claudication intermittente du coeur

et du rein pendant la première période ; troubles viscéraux, urémie,

troubles nerveux de la deuxième phase de la maladie. Ces troubles

nerveux peuvent porter sur la moelle (paraplégies passagères, con-

lraclures fugaces, douleurs localisées, anesthésies), ou sur le cer-

veau (hémiparésie, amnésie, fatigue intellectuelle, aphasie passa-

gère), le bulbe (respiration de Cheyne-Stokes). Le vertige appar-

tient à une période antérieure à ces derniers troubles ; on le

rencontre chez beaucoup d'artério-scléreux, même sans lésions

valvulaires de l'aorte. M. Grasset fait rentrer dans ce vertige des

artério-scléreux, les vertiges signalés chez les goutteux, les arthri-

tiques, les tabagiques, les alcooliques. Le vertige simple ainsi que

celui combiné aux crises épileptiformes et au ralentissement du

pouls avec attaques syncopales ou épileptiformes sont rangés par

M. Grasset, comme l'a fait -'1. Huchard, parmi les troubles de l'ar-

tério-sclérose à localisation sur le système nerveux. A ce propos,

en faisant l'historique du pouls lent permanent, il n'admet pas

comme cause de ce dernier les lésions du coeur seulement, ou la

compression du bulbe, à laquelle M. le professeur Charcot l'attri-

bue 1. A. l3aooLT.

XVIII. Appendice di semeiotica délie malattie de ! sistema 1lC1'VOSO;

par le Dr Léonardo BLANCHI. 1 vol. in-8°. Palerme, chez Fr. Val-

lardi.

Ce traité a été ajouté par le Dr Bianchi à la traduction de l'ou-

vrage d'Eichhorst : Manuel des méthodes d'examen physique des

maladies internes. Il est bien plus conforme en effet à ce titre qu'à

celui de Traité de Séméiologie que lui a donné son auteur. Les mé-

1 Voir aussi sur ce sujet la thèse de A. Blondeau, faite avec les obser-

vations communiquées par M. Charcot et par nous, ainsi qu'avec les notes

que nous avions recueillies pour un mémoire spécial. (B.)

296 varia.

thodes pour étudier les différents troubles de la marche, de la

sensibilité, du mouvement, des réflexes, du langage, les troubles

trophiques, etc., sont décrites avec grand soin en s'appuyant sur les

données physiologiques connues.-Sous ce rapport c'est un ouvrage

très consciencieux et très intéressant. Il est à regretter que l'au-

teur n'ait pas joint des figures pour aider à la compréhension plus

nette des différents procédés employés. -L'ordre adopté ne paraît

pas toujours très logique. - Pourquoi décrire d'abord et d'une

façon séparée les troubles de la marche, et passer ensuite à ceux

de la sensibilité, pour revenir après à ceux du mouvement ? Si,

tel qu'il est, cet ouvrage ne peut être considéré comme un traité

de séméiologie nerveuse, il pourra en tous cas, grâce aux docu-

ments qui y sont rassemblés, servir de guide pour l'étude de la

physiologie pathologique des différents troubles nerveux, et sur-

tout pour les procédés à employer dans leur recherche. P. S.

VARIA

assistance DES enfants IDIOTS ET crétins.

Depuis nombre d'années, nous n'avons cessé d'appeler l'atten-

tion des médecins et des administrateurs sur la nécessité, à tous

les points de vue : social, financier, etc., d'assister les enfants

idiots, imbéciles, épileptiques, crétins, paralytiques, etc. Le jour où

l'on appliquera sérieusement, comme on devrait le faire, la loi sur

l'obligation de l'instruction primaire, où se rendra un compte

exact du nombre considérable de ces enfants anormaux, aujour-

d'hui à peu près complètement abandonnés et transformés en non-

valeurs absolues, alors qu'ils pourraient, en grande majorité, être

notablement améliorés. Notre campagne n'a pas été improductive :

l'achèvement de la construction de la section de Bicêtre, le projet

d'agrandissement de la Fondation Vallée située également dans la

commune de Gentilly, sont là pour témoigner de la sollicitude cons-

tante du Conseil général républicain de la Seine. D'autres dépar-

tements se préoccupent aussi de cette réforme, par exemple, la

Seine-Inférieure, la Dordogne, la Loire-Inférieure, etc. Le fait

suivant, emprunté au Petit Parisien du 23 août, vient à l'appui de

tout ce que nous avons dit :

« On vient de découvrir à Aboen, canton de Saint-Bonnet-le-Château, un

cas horrible de séquestration. Il s'agit d'une fille âgée de trente ans et

atteinte de crétinisme, Marie Faure, qui avait été enfermée par son père

FAITS DIVERS. 297

et son frère dans un réduit infect où elle couchait sur la paille, n'ayant

pour toute nourriture que les restes de la table. Le père et le fils Faure

ont été mis en état d'arrestation; quant à leurvictime, on l'a conduite à

l'hôpital. »

Que l'on fasse une enquête exacte sur tous les faits de séquestra-

tion rapportés chaque semaine par les journaux, et on verra que

les 4/5 concernent des aliénés et des épileptiques adultes ou des

enfants idiots, aliénés; des « crétins ». B.

FAITS DIVERS

Asiles d'aliénés. - Concours d'admissibilité aux emplois de méde-

cins-adjoints. - Par application de la disposition de l'article 4 § 2

de l'arrêté ministériel du 18 juillet 1888, un concours pour l'ad-

missibilité aux emplois de médecins-adjoints des asiles publics

d'aliénés aura lieu à Paris, à Lille, à Nancy, à Bordeaux et à

Montpellier, dans les derniers jours du mois d'octobre ou dans le

courant du mois de novembre prochain.

Un concours sera organisé également à Lyon, si avant cette

époque, il s'est produit dans l'un des asiles publics d'aliénés de

la région une vacance qui permette de pourvoir un des deux can-

didats déclarés admissibles à la suite du concours du mois de dé-

cembre 1888.

Un avis ultérieur publié au Journal Officiel et dans le Recueil des

actes administratifs de la préfecture du chef-lieu de chaque région

fera connaître la date exacte d'ouverture de chacun des concours

ainsi que celle à laquelle devront être parvenues au ministère de

i'intérieur les demandes des candidats qui solliciteront l'autorisa-

tion de concourir.

Conditions du concours. - Le concours est régional ; il y a autant

de régions que de facultés de médecine de l'Etat. La circonscrip-

tion de chaque région est composée comme il est indiqué dans le

tableau ci-après. Les candidats doivent être Français et docteurs

d'une des facultés de médecine de l'Etat.

Leur demande devra être adressée au ministre de l'intérieur,

qui leur fera connaître si elle est agréée et s'ils sont admis à

prendre part au concours.

Ils ne devront pas être âgés de plus de trente ans au jour de l'ou-

verture du concours. Ils auront à justifier de l'accomplissement

d'un stage d'une année, au moins, comme internes soit dans un

asile public ou privé consacré au traitement de l'aliénation men-

tale, soit dans un hôpital où ils auraient été appelés à ces fonc-

298 FAITS DIVERS.

tions par la voie du concours. A l'égard des anciens internes des

hôpitaux, la limite d'âge maxima peut être, sur demandes et par

décisions individuelles, reculée jusqu'à trente cinq ans en faveur

de ceux qui auraient plus de trente-deux ans à la date du con-

cours. Toute demande sera en conséquence accompagnée des

pièces faisant la preuve de ce stage, de l'acte de naissance du pos-

tulant, ainsi que ses diplômes et états de services quelconques. Les

candidats sont libres de concourir, à leur choix, dans l'une ou

l'autre des régions.

Au sur et à mesure des vacances d'emplois qui se produiront

dans les asiles publics de la région où ils auront passé le concours,

les candidats déclarés admissibles seront désignés au choix des pré-

fets suivant l'ordre de classement établi par le jury d'après le mé-

rite des examens.

A titre exceptionnel et s'il y avait urgence à nommer le médecin

adjoint d'un asile dans une région où la liste des admissibles se

trouverait épuisée, l'administration supérieure se réserve la faculté

d'appeler à cet emploi un candidat d'une autre région, à la condi-

tion que celui-ci déclarera expressément renoncer au droit qui lui

appartient d'obtenir son poste de début dans la région où il a subi

le concours.

A titre exceptionnel également, et lorsqu'une nécessité d'ordre

supérieur le commanderait, ou encore par mesure disciplinaire,

tout médecin adjoint nommé pour son début dans la région où il

aura concouru pourra être ensuite envoyé avec ses mômes fonc-

tions dans un asile situé hors de cette région.

Les médecins adjoints peuvent être nommés médecins en chef

ou directeurs médecins dans toute la France.

Le jury chargé de juger les résultats du concours sera composé

dans chaque région : 1° De trois directeurs médecins ou médecin

s en chef de la région. -2° D'un inspecteur général des établis-

sements de bienfaisance, docteur en médecine. - 3° D'un profes-

seur désigné par la faculté de médecine de la région.

Les directeurs médecins et les médecins en chef appelés à faire

partie du jury seront désignés par voie de tirage au sort parmi les

docteurs qui remplissent l'une ou l'autre de ces fonctions dans un

des asiles publics de la région.

Les médecins de la Maison nationale de Charenton, les méde-

cins en chef des quartiers d'aliénés des hospices de Bicêtre et de

la Salpêtrière peuvent, pour la région de Paris, être également

appelés par la voie du sort à la voie du jury, concurremment avec

les directeurs médecins et les médecins en chef des asiles publics

de cette région.

Il sera procédé, en outre, au tirage au sort d'un juré suppléant

pris également parmi les directeurs médecins et médecins en chef

ci-dessus désignés.

FAITS DIVERS. -299'

Les épreuves sont au nombre de quatre : 19 Une question écrite

portant sur l'anatomie et sur la physiologie du système nerveux,

pour laquelle il sera accordé trois heures aux candidats. Le maxi-

mum des points sera de 30. 2° Une question orale portant sur

la médecine et la chirurgie ordinaires, pour laquelle il sera accordé

vingt minutes de réflexion et quinze minutes pour la dissertation.

Le maximum des points sera de 20. 3° Une épreuve clinique sur

deux malades aliénés. Il sera accordé trente minutes pour l'examen

des deux malades, quinze minutes de réflexion et 30 minutes

d'exposition. L'un des deux malades devra être examiné et dis-

cuté plus spécialement au point de vue médico-légal. Le maximum

des points sera de 30. 4° Une épreuve sur titres. Les travaux

scientifiques antérieurs des candidats seront examinés par le jury

et feront l'objet d'un rapport qui pourra êrte communiqné aux

candidats sur leur demande. Le maximum des points sera de 10.

Les points pour cette épreuve devront être donnés au début de la

première séance de lecture des compositions écrites 1.

CONCOURS roua la bourse DE voyage DES Asiles d'aliénés DE la.

SEINE. - Le Jury est ainsi composé : MM. Magnan, Dubuisson,

Deny, Briand, Febvré, Gilbert, Walther.

Asiles d'aliénés. - Promotions et nominations. - Par arrêté en

date du 1er août 1890, sont promus à la classe exceptionnelle à

partir du 14 juillet 1890, MM. GIRAUD, directeur médecin de l'Asile

public de Saint-Yon ; FABRE, directeur-médecinde l'Asile public de

Saint-Dizier; à la première classe, M. LALLEMANT, médecin-adjoint

de l'Asile public de Lafond.

M. Tondu, ancien député, est nommé directeur de l'Asile pu-

blic d'aliénés de Bron (Rhône), en remplacement de M. LE Bègue,

admis, sur sa demande, à faire valoir ses droits à la retraite et

nommé directeur honoraire. M. Tondu est compris dans la classe

exceptionnelle du cadre (arrêté du 2 août).

Asile d'aliénés DE PIERREFEU. Dans sa séance du 22 août le

Conseil général du Var a décidé la réunion les fonctions de Direc-

teur et de Médecin en chef de cet asile. On sait que à peu près

dans tous les pays la direction des asiles est confiée à un médecin.

Université DE BERLIN. Le professeur JOLLY (de Strasbourg) est

nommé à la chaire des maladies mentales et nerveuses de l'Uni-

versité de Berlin, vacante depuis la mort du professeur Westphal.

Faculté DE MÉDECINE DE BOLOGNE.- M. le Dr S. ToNNiNi est nommé

privat-docent de psychiatrie.

' Voir pour plus amples détails sur ce concours les Archives de Neu-

rologie de 1888, t. XVI; 1889, t. XVII et XVIII, et le dernier numéro,

p. 130.

300 FAITS DIVERS.

Académie DE MÉDECINE militaire DE SAINT-PÉTERSBOURG. - M. le

Dr ANFInIOFF est nommé privat-docent des maladies mentales et

nerveuses.

Enfants homicides. - Une dépêche de Saint-Pétersbourg, en

date du 20 août, reproduite par le Petit Parisien du 23, raconte

qu' « un enfant de quatre ans, fils de M. Kasetzki, propriétaire

d'une maison rue Alexandrovski, s'étant querellé avec une petite

fille de six ans, enfant d'un locataire de l'immeuble de son père,

entra dans une telle colère qu'il prit une hache et tua net la petite

fille d'un coup sur la tête. Cet assassin de quatre ans sera, d'après

les lois russes, enfermé dans une Maison de correction jusqu'à sa

majorité ».

Les fumeurs d'opium EN OCÉANIE. - Depuis plusieurs années la

vente de l'opium a pris a Tahiti et dans tout l'archipel des propor-

tions inquiétantes. par suite de l'augmentation toujours croissante

des fumeurs d'opium. Les résultats se font déjà sentir parmi certai-

nes populations indigènes. Ainsi en 1888, aux îles Marquises, le chif-

fre des naissances n'a été que de 87 contre 188 décès. On dit que la

statistique officielle pour 1889 donnera des chiffres encore plus

déplorables.

Mesures RESTRICTIVES DU trafic DES SPIRITUEUX dans l'intérieur DE

L'AFRIQUE. - La conférence anti-esclavagiste a adopté une série

de mesures tendant à interdire le trafic et la fabrication des bois-

sons alcooliques, dans les régions de l'Afrique centrale où l'usage

de ces boissons n'existe pas ou ne s'est pas encore introduit pour des

raisons religieuses ou autres.

Mlle LOUISE MICHEL irresponsable. - Sur un rapport médical con-

cluant à l'irresponsabilité de M'le Louise 1\Iichel, lc j juge d'instruction

a rendu en sa faveur une ordonnance de non-lieu, à la suite de

laquelle la prévenue avait été transférée à l'hospice de Vienne

(Isère). M. Constans, avisé de ce fait, a télégraphié au préfet de l'I-

sère pour lui prescrire de laisser toute liberté à Mlle Louise Michel,

qui pourra à son gré rester à l'hôpital ou en sortir.

L'introduction du BÉRI-BGRI au Brésil. - M. le Dr Miranda (de

San-Paulo) rapporte des détails intéressants sur l'importation du

béri-béri, ou mieux sa propagation au Brésil. Jadis il était confiné

dans les provinces septentrionales, et ce n'est qu'après la guerre

du Paraguay que l'on en observa des cas à Rio-de-Janeiro. En

1875, on le signalait à Bahia; en 1875, il se propageait sur le

littoral de Iguape à Santos. Ajoutons que M. Azevedo parait

accepter l'opinion d'après laquelle on attribue cette maladie à

l'usage du riz aux Indes, au Japon et aussi parmi les populations

brésiliennes. Dans ce cas, elle serait d'origine parasitaire et due à

un microorganisme vivant sur le riz.

faits DIVERS. 301

La castration comme pénalité. Un médecin californien vient

de proposer la castration comme pénalité légale. Il conseille de

castrer les criminels et certains aliénés. Cette manière de faire,

croit-il, serait bien plus utile que la prison, pour améliorer la

race humaine et éviter sûrement l'hérédité criminelle. 11 croit

que l'intérêt bien compris de la société exige ce mode d'interven-

tion, car, si son procédé était adopté, le nombre des dégénérés

décroîtrait rapidement et parallèlement le nombre des crimes'.

Incendie d'un asile d'aliénés. Il y a quelque temps un

incendie a détruit complètementl'asile d'aliénés de Longue-Pointe

près de Montréal (Canada). Le feu prit en plein jour, mais l'in-

suffisance des moyens de secours ne permit pas de l'arrêter. Le

nombre des victimes s'élève à cinquante.

Séances publiques d'hypnotisme. - Le New-York medical record

se plaint de l'arrivée en Amérique d'un charlatan français, se

disant élève de MM. Luys et Bernheim, et d'ailleurs parfaitement

inconnu dans la littérature scientifique, qui vient pour donner

des séances de magnétisme et exploiter l'amour du public pour le

merveilleux. Le New-York medical Record croit que l'arrivée de ce

personnage est due à ce que les gens de son espèce ont été chassés

de France à la suite de la promulgation .d'une loi interdisant les

séances publiques d'hypnotisme. Nous ne sommes malheureuse-

ment pas aussi avancés en ce sens que le croit le journal améri-

cain : nous attendons encore cette loi.

L'hypnotisme EMPLOYÉ comme anesthésique. - On lit dans le

Progrès Médical : Un certain nombre de médecins se sont rassem-

blés chez MM. Carter frères et Turner, chirurgiens-dentistes de

Paris-Square à Luds, le 28 mars, pour assister à une série d'opé-

rations chirurgicales et dentaires faites sous l'influence de l'hypno-

tisme, sous la conduite du Il Milne Bramwell,de Goole-Yorkshire.

Le Dr Bramwell est un maître dans l'art de l'hypnotisme, et sa

présence avait excité l'intérêt. L'assemblée se composait d'une

soixantaine de médecins environ. Le but était de montrer que

l'on peut obtenir l'anesthésie, même complète, par l'hypnotisme,

dans des opérations très douloureuses. Le premier cas fut celui

d'une femme de vingt-cinq ans. Elle fut endormie par le Dr Bram-

well, qui lui dit qu'on lui arracherait trois dents sans douleur et

qu'elle ne devrait faire d'autres mouvements que ceux com-

mandés par M. Carter, l'opérateur. Réveillée, elle déclara qu'elle

n'avait pas du tout souffert.

1 Ce conseil prophylactique n'est pas nouveau. Il y a plus de vingt-

cinq ans que le Dr Gaffe avait proposé de châtrer les crétins et de boucler

les crétines (B.).

302 FAITS DIVERS.

Le deuxième cas fut celui d'une domestique de dix-neuf ans

qui, dans l'état hypnotique, avait été opérée d'un abcès lacrymal,

sans douleur, par M. Hewetson. On l'endormit par la lecture de la

lettre suivante : a Cher M. Turner, je vous envoie une malade avec

l'ordre ci-contre. Quand vous le lui donnerez, elle s'endormira

aussitôt et obéira à vos ordres. J. Milne Bramwell. ,

« Ordre. - Endormez-vous de suite par l'ordre du Dr Bramwell

et obéissez aux ordres de M. Turner. »

L'expérience réussit et le sommeil fut si profond qu'on lui

enleva seize chicots sans douleur. Pendant le sommeil, on re-

marqua une diminution de la salive, une abolition du réflexe

cornéen, une respiration plus bruyante et un pouls plus lent.

Le Dr Bramwell fit remarquer que le cas suivant, un garçon de

huit ans, était plus réfractaire, tant à cause de son âge que parce

qu'on ne l'avait entraîné au sommeil que depuis deux jours. Néan-

moins le succès fut assez grand pour qu'on put lui faire une

opération sur le gros orteil. M. Mage Brabson lui enleva une

exostose et la moitié de la première phalange. Il ne poussa que

quelques cris à la fin de l'opération, et une fois réveillé il n'a pas

semblé se rendre compte de ce qui s'était passé.

Ensuite le Dr Heinetson enleva dans les mêmes conditions les

amygdales à une fille de quinze ans ; il enleva aussi un kyste de

la grandeur d'une fève à une jeune femme. Le Dr Turner enleva

deux dents à un homme qui avait été gueri de l'alcoolisme par

la suggestion.

M. Carter enleva un chicot à un homme guéri par l'hypnotisme

d'une névralgie faciale rebelle. Cet homme dormait la nuit par

l'ordre que le Dr Bramwel lui envoyait par lettre ou par télé-

gramme. -L'assemblée a été levée après avoir adressé un témoi-

gnage de remerciement au Dr Bramwell. (British med. Journal,

b-4-90.) - Ces faits-là ne sont pas nouveaux : M. Azam, entre

autres, il y a une trentaine d'années, en avait rapporté plusieurs.

D'autres ont été rapportés depuis une dizaine d'années dans les

journaux de médecine ou dans des monographies.

Restriction des pratiques DE l'hypnotisme A LONDRES. La

pratique de l'hypnotisme s'est tellement répandue depuis quelque

temps à Londres et en Angleterre que les autorités supérieures,

inquiètes de cet état de choses et sollicitées par . de nombreuses

protestations, s'occupent activement du moyen de faire cesser cet

abus. Dorénavant l'hypnotisme ne pourra plus être employé que

dans un but scientifique. GEORGES GuiNON.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

Année Médicale (L'), résumé des progrès réalisés dans les sciences

médicales pendant l'année, publiée sous la direction du Dr Bourneville

avec la collaboration des rédacteurs du Progrès Médical et des Archives

de Neurologie. Paraît tous les ans. Douze volumes sont en vente (1878-

1889) ; format in-18 Charpentier. Pour nos abonnés, par la poste, 3 fr.50;

Dans nos bureaux 3 fr.

BERNARD. - De l'aphasie et de ses diverses formes. 2" édition avec une

préface et des notes, par le Dr Ch. Féré. Volume in-8° de 260 pages, avec

25 figures dans le texte. - Prix : 5 fr. - Pour nos abonnés . 4 fr.

BLOCQ. - Des contractures. Contractures en général, la contracture

spasmodique, les pseudo-contractures. Volume in-8° de 216 pages, avec

8 figures dans le texte, 1 planche lithographique et 3 phototypies.

Prix : 5 fr. Pour nos abonnés 4 fr.

BOUP\EVILLE, SOLLIER et PILLIET (A.). - Recherches cliniques et théra-

peutiques sur l'épilepsie, l'hystérie et l'idiotie. - Compte rendu du ser-

vice des enfants idiots, épileptiques et arriérés de Bicêtre pendant l'année

1889. (Volume X de la collection.) Volume in-8° de LVI-188 pages, avec

22 figures. - Prix : 5 fr. Pour nos abonnés : 4 fr. - Bureaux du Pro-

grès Médical.

BOURNEVILLE. - Rapport fait au nom de la commission chargée d'exa-

miner le projet de loi adopté par le Sénat, tendant à la revis ion de la

loi du 30 juin 1838 sur les aliénés. Volume in-8° de 129 pages. - Prix :

4 fr. Pour nos abonnés ............. 3 fr.

BRISS.1UD. - Des scolioses dans les névralgies sciatiques. - Brochure

in-8° de 40 pages. - Prix : 0 fr. 75. - Pour nos abonnés. 0 fr. 50.

BRu (P.). - Histoire de Bicêtre (iiospice-Prison-Asile), d'après les do-

cuments historiques, avec une préface de M. le Dr Bourneville. Un beau

volume in-4° carré d'environ 500 pages, orné de 22 planches hors texte

et d'un plan général de l'hospice de Bicêtre actuel (1890). Prix : 15 fr.-

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BRUHL (J.). Contribution ù l'élude de la syringomyélie. Volume in-8°

raisin de 220 pages, avec 12 figures et une planche hors texte. -

Prix : 5 fr. Pour nos abonnés 4 fr.

BuTLm (H.-P.). - Maladies de la langue. Traduit de l'anglais par le

D' Douglas-Aigre. Volume in-8° de 424 pages, Prix : 8 fr. - Pour nos

abonnés 6 fr.

Cornet (P.). Traitement de l'épilepsie par le bromure d'or, le bro-

mure de camphre et la picrotoxine. - Prix : 2 fr. - Pour nos abon-

nés .................. 1 fr. 35

ED1VARDS (B.-A.). - De l'hémiplégie dans quelques affections nerveuses

(ataxie locomolrice progressive, sclérose en plaques, hystérie, paralysie

agitante). Volume m-8° de 169 pages avec 5 figures. - Prix : 4 fr. -

Pour nos abonnés 2 fr. 75

304 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE-

Garnier (P.) La folie à Paris. Etude statistique, clinique médico- z

légale. Avec une préface de J.-C. Barbier. Un volume in-18 de 424 pages

Prix : 3 fr. 50. Paris, 1S90. - J. B. Baillière.

GILLES DE la TOURETTE et Cathelineau. La nutrition dans l'hystérie.

Volume de 116 pages. Prix : 3 fr. 50. Pour nos abonnés. 2 fr. 75

GUINON (G.). Les agents provocateurs de l'hystérie. Volume in-8° de

392 pages. Prix : 8 fr. Pour nos abonnés ? 6 fr.

HENRY (Ch.). Loi générale des réactions psycho-mot1'ices. Mémoire

présenté au congrès de Paris en 1889 à l'Association française pour l'a-

vancement des sciences. Paris, 1890. Au Secrétariat de l'associa-

tion.

HUET (E.). De la chorée chronique. Volume in-8° de 262 pages, avec

10 figures dans le texte. Prix : 5 fr. Pour nos abonnés.. 4 fr.

KOVALEVSRY (P.). Myxoedème ou cachexie pachydet mique (Charcot).

Brochure in-8° de 26 pages. Prix : 0 fr.'75. Pour nos abon-

nés 0 fr. 50

LADAME. Procès criminel de la dernière sorcière brûlée à Genève le

6 auril 1652. Publié d'après les documents inédits et originaux conservés

aux Archives de Genève (N° 3465). Brochure in-8° de XII-52 pages.

Papier vélin, prix 2 fr. 50. Pour nos abonnés : 2 fr. Papier Japon

(N°s 1 à 50). Prix : 5 fr. Pour nos abonnés : 4 fr. Papier parcheminé

(N°s 5-1 à 100). Prix : 3 fr. Pour nos abonnés 2 fr.

AIIRTO (G.). Corea cronica progressiva. Ricorechi anatomichi.Bro-

chure m-4° de 40 pages, avec 2 planches hors texte. Napoli, 1890.

Tipografico Tocco.

PILLIET (A.). Sclérose et atrophie des glandes gastriques. Bro-

chure in-8° de 26 pages. Prix : 0 fr. 75. Pour nos abonnés. 0 fr. 50

PITRES (A.) et BITOT (E.). Des tremblements hystériques. - Brochure

in-8° de 26 pages. Prix : 1 fr. Pour nos abonnés... 0 fr. 70

POIRIER (P.). Lymphatiques des organes génitaux de la femme. -

Brochure de 60 pages avec 11 figures. Prix : 2 fr. Pour nos abon-

nés 1 fr. 60

RAUZIER (G.). De certaines localisations cardiaques de l'impaludisme

aigu. Brochure in 8° de 34 pages. Paris, 1890. Librairie F. Alcan.

RÉGNIER (L.-R.). - L'intoxication chronique par la morphine. Vo-

lume in-8° de 171 pages. Prix : 3 fr. 50. Pour nos abonnés. 2 fr. 75

SEVESTRE. - Etudes de clinique infantile. Syphilis héréditaire pré-

coce, laryngite syphilitique, broncho-pneumonie par infection intestinale,

prophylaxie de la rougeole et de la diphtérie à l'hospice des Enfants-

- Assistés. Volume in-8° de 147 pages. Prix : 3 fr. Pour nos abon-

nés .... 2 fr.

SOLLIER (P.). Du rôle de l'hérédité dans l'alcoolisme. Volume in-18

jésus de 215 pages. - Prix : 2 fr. 50. Pour nos abonnés.. 1 fr. 75

TARNOWSKY (1'.). Etude anthropométrique sur les prostituées et les

voleuses. Volume in-8° de 226 pages. Prix : 5 fr. Pour nos abon-

nés ................... 4 fr.

- Le rédacteur-gérant, BOURNEVILLE.

Evreux ! .b. Hsmsser, )mp. 990.

Vol. XX. Novembre 1890. N" 60

ARCHIVES DE NEUROLOGIE

CLINIQUE NERVEUSE

DE LA MIGRAINE OPIITHÂLMIQUE HYSTÉRIQUE;

Par J. BÀBINSKI,

Ancien chef de clinique de la Faculté à la Salpêtrière,

Médecin des hôpitaux.

L'hystérie a été considérée pendant longtemps, et

c'est là encore l'opinion de certains médecins arrié-

rés, comme un état morbide caractérisé essentielle-

ment par un besoin continu de simulation, de super-

cherie, et par une aptitude à reproduire tous les

troubles fonctionnels imaginables. De là le dédain

manifesté par la plupart pour l'étude de cette névrose,

bonne tout au plus, disait- on, à occuper des esprits

naïfs et crédules. Quel intérêt pouvait-il y avoir, en

effet, à observer des phénomènes qui ne semblaient

soumis à d'autres lois que celles du caprice et du

hasard ? 2

L'idée qu'on se fait actuellement de l'hystérie est

tout autre : la généralité des médecins, tant en France

qu'à l'étranger, se sont dégagés de leurs anciens pré-

jugés à cet égard et ont enfin compris l'importance

du rôle que joue cette névrose dans la neuro-patholo-

Archives, t. XX. 20

306 CLINIQUE NERVEUSE.

gie. Cette évolution, progressivement accomplie, est

due principalement aux efforts ininterrompus de notre

maître M. Charcot, qui a démontré, dans une série de

travaux successifs, que les manifestations de l'hystérie,

loin d'être abandonnées à la fantaisie, sont au con-

traire sous la dépendance des lois les plus rigou-

reuses.

C'est ainsi que la grande attaque d'hystérie, qui

paraissait autrefois caractérisée par une succession de

contorsions irrégulières, sans lien, et susceptibles de

revêtir toutes les formes imaginables, est au contraire,

comme l'a établi M. Charcot, constituée par une série

de phases méthodiquement réglées, qui se déroulent

suivant un ordre déterminé avec précision.

On peut affirmer aussi maintenant que la chorée

rythmée, le mutisme, les paralysies et les contrac-

tures, les anesthésies et hypéresthésies hystériques se

manifestent par des caractères cliniques beaucoup

plus fixes et bien moins soumis aux variations indivi-

duelles que ceux qui appartiennent aux affections ner-

veuses organiques.

La connaissance de ces faits était bien de nature à

ébranler les opinions anciennes. Mais ce qui a peut-

être contribué, pour une plus grande part, à éclairer

les esprits et à en éloigner l'idée de simulation, ce

sont les notions que nous possédons actuellement sur

l'hystérie de l'homme , sur son existence et sa fré-

fréquence, chose inattendue, chez des sujets primitifs,

rudes, dépourvus de toute ' culture intellectuelle et

différant de la manière la plus radicale, au point de vue

psychique, des hystériques du sexe féminin, dont l'é-

tat mental était considéré autrefois comme caractéris-

DE LA MIGRAINE OPHTIIALMIQUE HYSTÉRIQUE. 307

tique de cette névrose 1. Ajoutons enfin que l'intérêt

pratique qu'il y a à établir le diagnostic d'une mala-

die dont le pronostic diffère essentiellement de celui

que comportent la plupart des affections organiques,

et dans laquelle on peut bien souvent intervenir avec

succès et obtenir de brillants résultats thérapeutiques,

que cet intérêt, dis-je, a aidé aussi à surmonter les

préjugés et à faire accorder à l'hystérie une place im-

portante dans le cadre nosographique.

Bien plus, il y aurait plutôt lieu aujourd'hui de

combattre l'excès contraire qui consiste à voir l'hys-

térie là où elle ne se trouve pas, et à lui attribuer

presque exclusivement des troubles fonctionnels dont

elle n'est pas l'unique dépositaire, ou même qui ne'

lui appartiennent à aucun titre. C'est ainsi, par exem-

ple, que l'on voit souvent maintenant fonder le dia-

gnostic d'hystérie sur la seule existence d'une hémia-

nesthésie sensitivo-sensorielle , qui pourtant peut

reconnaître pour cause une lésion organique du sys-

tème nerveux.

Ce n'est cependant pas dans le but de combattre

une exagération de cette nature que je publie ce tra-

vail ; au contraire je me propose de démontrer que la

migraine ophthalmique, qu'on n'a pas encore jusqu'à

présent reliée à l'hystérie, peut être parfois sous la

dépendance de cette névrose.

Mais j'ai cru devoir faire la remarque précédente

pour bien montrer que j'ai, tout au moins, cherché à

me mettre en garde contre cette tendance dont on

accuse parfois, et cela bien à tort, l'Ecole de la Sal-

'Voir 01 ? uv,es complètes de M. Charcot, publiées par Bourneville,

t. III, p. 249 et suivantes.

308 CLINIQUE NERVEUSE.

pêtrière, d'agrandir sans cesse et sans raison le cadre

de l'hystérie.

Il y a en somme, croyons-nous, un double écueil

qu'il faut éviter dans les études de ce genre; d'une

part se garder de limiter dès maintenant le domaine

de l'hystérie sous le prétexte fallacieux qu'il a été suf-

fisamment étendu dans ces derniers temps ; d'autre

part ne pas se laisser entraîner à faire entrer dans ce

cadre des manifestations dont la' nature hystérique

n'est pas démontrée à l'aide de preuves rigoureuses.

Mais ce sont là des recommandations banales, et je

veux essayer de montrer d'une façon plus précise

comment il faut procéder pour arriver à se faire, à

ce sujet, dans un cas déterminé, une opinion fondée.

Je vais d'abord prendre quelques exemples en choi-

sissant des syndromes dont personne ne conteste ac-

tuellement les relations avec l'hystérie.

Voici un malade qui, à la suite d'une attaque

d'hystérie, se trouve dans l'impossibilité absolue de

parler et même de chuchoter; il ne peut articuler un

seul mot, une seule syllabe, ni pousser un cri et c'est

à peine s'il lui est possible de faire entendre, en fai-

sant des efforts, un son rauque, sourd; toutefois, la

langue et les lèvres se meuvent avec facilité pour

accomplir les fonctions qui ne ressortissent pas au lan-

gage. Le malade a conservé toute son intelligence; il

comprend très bien les questions qu'on lui pose;

répond par écrit et ne présente pas d'agraphie 1. On

constate l'existence d'une hémianesthésie sensitivo-

sensorielle, du rétrécissement concentrique du champ

visuel. Le mutisme , après avoir persisté pendant

' Voir OEuvres complètes de M. Charcot, t. III, p. 422 et suivantes.

DE LA MIGRAINE OPHTALMIQUE HYSTÉRIQUE. 309

quelque temps, sans subir aucune modification, vient

un jour à disparaître sous l'influence d'une émotion.

La présence des stigmates hystériques, les relations

chronologiques entre l'attaque hystérique et le mu-

tisme, la disparition brusque de l'affection, sont les

raisons qu'on peut faire valoir pour établir que celle-

ci relève de l'hystérie, et il ne viendrait à l'idée de

personne de contester la légitimité de ce diagnostic.

Voici maintenant un autre malade exactement sem-

blable aux précédent si ce n'est que les stigmates

hystériques font défaut chez lui. Cette différence ne

saurait évidemment établir une distinction fondamen-

tale entre les deux sujets et là encore tout médecin

admettra volontiers que l'hystérie est en cause.

Voici enfin 'un troisième malade chez lequel on

constate l'existence d'un mutisme identique dans son

aspect symptomatique à celui des sujets précédents;

mais l'accident n'a pas été précédé d'une attaque

d'hystérie, on ne sait encore quel sera son mode de

terminaison et il n'y a aucun stigmate hystérique.

En pareil cas, le diagnostic d'hystérie peut paraître

difficile à soutenir. Toutefois, si on se reporte aux

premières observations, si on se rappelle que le facies

symptomatique est de part et d'autre exactement pa-

reil, on arrive déjà à cette idée que l'hypothèse d'hys-

térie ne peut être éliminée d'emblée. Enfin si on tient

compte de ce que, jusqu'à présent, on ne connaît pas

un seul fait dans lequel un mutisme caractérisé par les

particularités que nous avons indiquées ait été l'ex-

pression d'une lésion organique du système nerveux,

ou bien encore ait pu être manifestement rattaché à

une névrose autre que l'hystérie, on peut, à bon droit,

310 CLINIQUE NERVEUSE.

porter, même dans ce cas, le diagnostic de mu-

tisme hystérique. Ce que nous venons de dire là du

mutisme pourrait être répété dans les mêmes termes à

- propos de quelques -autres manifestations de l'hys-

térie, de l'hémispasme glosso-labié, par exemple.

Poursuivons. On se trouve en présence d'un malade

qui est atteint de troubles hystériques divers et qui en

outre est affecté d'une hémianesthésie sensitivo-senso-

rielle consécutive à une attaque. La nature hystérique

de l'hémianesthésie ne sera pas contestée.

Mais voici un autre sujet, qui n'a jamais présenté

aucun phénomène hystérique et chez lequel on cons-

tate exclusivement l'existence de l'hémianesthésie sen-

sitivo-sensorielle.Est-onen droitd'affirmer alors, comme

dans notre dernière observation de mutisme, que le

trouble de la sensibilité relève de l'hystérie ? Assuré-

ment, non, car il est établi que l'hémianesthésie peut

être sous dépendance d'une lésion organique de la

capsule interne. L'hémianesthésie sensitivo-sensorielle

dont la présence est si fréquente dans l'hystérie et qui

persiste généralement avec tant de ténacité qu'elle est

considérée, à juste titre, comme un des stigmates de

l'hystérie, constitue pourtant un accident qui n'est pas

caractéristique par lui-même. Prenons encore un autre

exemple :

Un malade est atteint d'accès épileptiformes. La

présence de stigmates hystériques, la possibilité de

faire naître ou de suspendre ces accès par la pression

exercée sur certaines régions, l'absence d'élévation

thermique, lorsque ces accès se succèdent avec rapi-

dité en constituant un état de mal, la diminution de

la quantité de matières azotées rendues par les urines,

DE LA MIGRAINE OPIITHALMIQUE, HYSTÉRIQUE. 31'1

l'inefficacité du traitement bromuré, l'action favorable

de diverses méthodes thérapeutiques (hydrothérapie,

isolement, suggestion, etc.) employées généralement

contre les accidents hystériques, tels sont les argu-

ments qui peuvent permettre de démontrer que les

attaques sont liées à l'hystérie.

Mais si ces divers renseignements font défaut, et si,

pour établir le diagnostic, on en est réduit à l'obser-

vation exclusive des mouvements convulsifs, le dia-

gnostic ne peut être immédiatement établi.

Il existe donc deux groupes de manifestations hys-

tériques ; à l'un appartiennent les troubles auxquels

l'hystérie seule paraît capable de donner naissance ;

ce sont en quelque sorte des accidents spécifiques-

qui suffisent à démontrer l'existence de cette névrose ;

au deuxième groupe appartiennent les symptômes et

syndromes qui sont communs à l'hystérie et à d'autres

maladies.

Cette distinction des troubles hystériques en deux

groupes n'est peut-être pas absolument radicale et des

observations ultérieures pourraient conduire à modi-

fier la formule précédente. Rien n'empêche en effet

d'admettre qu'une lésion organique puisse occuper le

territoire cérébral qu'envahit l'hystérie lorsqu'elle

provoque l'apparition du mutisme ou de quelque autre

accident soi-disant spécifique. Mais il faut reconnaître

que si ce fait peut se réaliser, il doit être, tout au

moins, exceptionnel, puisqu'on n'en connaît pas encore

d'exemple. D'autre part il est permis aussi de supposer

que certains syndromes qui ne semblent pas spéciaux

à l'hystérie présentent pourtant, lorsqu'ils se lient à

cette névrose, quelques caractères particuliers qu'une

312 CLINIQUE NERVEUSE.

analyse plus rigoureuse permettra un jour de mettre

en évidence et qui établiront ainsi leur spécificité.

Quoi qu'il en soit de ces hypothèses la distinction pré-

cédente me paraît justifiée jusqu'à nouvel ordre.

Nous venons de passer en revue en prenant quel-

ques exemples, et en procédant ainsi dune façon con-

crète, quelques-uns des arguments sur lesquels on

peut fonder dans un cas donné le diagnostic d'hystérie

et nous avons choisi, à dessein, des syndromes dont

les relations avec l'hystérie sont admises depuis long-

temps sans conteste. Mais il est bien clair qu'une ar-

gumentation du même ordre aura exactement la même

valeur s'il vient à s'agir d'un syndrome qui n'a pas

encore été jusqu'à présent rattaché à cette névrose.

Nous allons maintenant étudier méthodiquement les

uns après les autres, en cherchant à déterminer la

valeur de chacun d'entre eux, les divers arguments

qu'on invoque tour à tour, quand on veut établir

qu'une affection relève de l'hystérie. On peut les ran-

ger en cinq groupes principaux suivant qu'ils se rap-

portent 1° à l'aspect symptomatique de l'affection dont

on s'occupe; 2° à son évolution; 3° à son étiologie; 4° à

l'influence que peut avoir sur elle tel ou tel traite-

ment ; 5° aux renseignements fournis par l'expéri-

mentation sur les hypnotiques. Passons-les successi-

vement en revue.

1° a) On attache généralement une grande impor-

tance à la présence de stigmates hystériques, tels que

l'hémianesthésie sensitivo-sensorielle, le rétrécissement

du champ visuel,. l'anesthésie du pharynx, etc. Il faut

pourtant remarquer qu'on peut être hystérique et être

atteint en même temps d'une affection nerveuse indé-

DE LA MIGRAINE OPHTHALMIQUE HYSTÉRIQUE. 313

pendante de l'hystérie, comme on peut aussi présenter

une affection hystérique sans avoir aucun des stig-

mates de cette névrose. Il ne suffit donc pas d'établir

que le malade dont on s'occupe est hystérique ; il est

nécessaire de montrer que le syndrome dont il est

porteur a quelques uns des attributs de l'hystérie.

b) Certains syndromes, comme le mutisme, par leurs

caractères intrinsèques, et abstraction faite de toutes

les autres circonstances, présentent un facies tout à

fait spécial quand ils sont sous la dépendance de l'hys-

térie, et le diagnostic, en pareil cas, n'est pas douteux.

Mais il est évident qu'avant de chercher à démontrer

qu'un .syndrome est propre à l'hystérie, il y a lieu

d'établir préalablement que cette névrose est suscep-

tible de lui donner naissance.

c) Enfin un syndrome peut devoir son cachet hysté-

rique à certains caractères extrinsèques, entre autres

à la possibilité de le faire apparaître ou disparaître à

volonté, par une pression exercée sur certaines régions,

à l'absence d'élévation thermique, peut être aussi à la

quantité d'urée et à quelques autres particularités

urologiques' quand il s'agit de troubles nerveux qui

se manifestent sous forme d'accès.

2° L'évolution de l'affection peut fournir des argu-

ments précieux.

a) Le mode de début ne donne, il est vrai, que des

indications d'une importance secondaire. On dit par-

fois que la soudaineté dans l'apparition d'un accident

nerveux tend à démontrer que l'hystérie est en cause;

c'est là une erreur ; les affections hystériques se déve-

1 Voir Gilles de la Tourette et Cathelineau. - La nutrition dans l'hy

térie. (Progrès médical, 1890.)

314 CLINIQUE NERVEUSE.

loppent avec rapidité, mais non soudainement, et la

brusquerie dans le début appartiendrait plutôt à quel-

ques affections organiques du système nerveux.

b) Le mode de terminaison constitue, au contraire,

un élément d'appréciation dont on peut tirer un grand

parti ; une disparition rapide de certains accidents peut

en effet permettre d'éliminer complètement l'hypothèse

d'une lésion organique et même de certaines névroses,

et mener ainsi au diagnostic.

c) L'hystérie ne conduit que rarement à la dé-

chéance psychique contrairement a ce qui a lieu pour

l'épilepsie; l'intégrité de l'intelligence doit donc être

prise en considération.

d) Les relations qu'affectent un syndrome avec cer-

taines manifestations hystériques peuvent avoir, au

point de vue qui nous occupe, une valeur capitale.

S'il survient dans le cours ou à la suite d'une attaque

d'hystérie, s'il est susceptible de succéder, en le rem-

plaçant, à quelque phénomène hystérique, ou bien

encore, s'il peut être suppléé par un phénomène de ce

genre, il y a de très grandes probabilités pour que ce

syndrome dépende de l'hystérie. On pourrait nous objec-

ter, toutefois, que des troubles nerveux peuvent pren-

dre la place les uns des autres sans appartenir pourtant

à la même espèce morbide. Nous pourrions nous-même

citer des observations de cet ordre ; nous mentionne-

rons en particulier l'exemple d'un malade qui, après

avoir été atteint pendant plusieurs années, d'accès

d'asthme, en ftit débarrassé à une époque, et fut affecté,

quelques mois après, d'un spasme du cou; or il s'agit

là de deux états qui ne paraissent pas avoir de con-

nexions intimes. Aussi l'argument précédent nous

DE LA MIGRAINE OPHTHALMIQUE HYSTÉRIQUE. 31 S

paraît-il surtout démonstratif, lorsque les deux phéno-

mènes se succèdent à court intervalle, lorsqu'ils alter-

nent plusieurs fois l'un avec l'autre, et qu'ils semblent

constituer ainsi de véritables équivalents.

3° Les causes qui peuvent donner naissance aux

diverses manifestations hystériques sont multiples;

les émotions morales, le surmenage, le traumatisme,

les intoxications, les infections, etc., peuvent être in-

criminés, mais il n'y a rien là qui appartienne en

propre à l'hystérie; les influences psychiques parais-

sent toutefois jouer là un rôle plus important que dans

les autres maladies.

4° Les résultats obtenus par le traitement peuvent

apporter dans certains cas, quelques probabilités en

faveur du diagnostic. On sait en effet que le plus sou-

vent le bromure de potassium n'exerce aucune action

sur l'hystérie, et que, par contre, les pratiques hydro-

thérapiques, l'isolement des malades, les divers modes

de suggestion à l'état de veille ou d'hypnotisme amè-

nent souvent l'amélioration et la guérison.

5° J'arrive enfin au dernier argument, celui que

peut fournir l'expérimentation sur les hypnotiques. En

quoi consiste-t-il ?

Reprenons d'abord l'idée ancienne d'après laquelle

l'hystérique serait capable de reproduire tous les trou-

bles fonctionnels possibles, et qui, en apparence,

s'appuie sur quelques fondements pour le motif sui-

vant : lorsqu'on essaye, chez une hystérique (ce pro-

cédé réussit surtout si on est en présence d'un sujet

hypnotisé) à développer par la suggestion des symp-

tômes dûs par exemple à quelque maladie organique

du système nerveux, on obtient souvent une repro-

316 CLINIQUE NERVEUSE.

duction qui peut paraître parfaite à un observateur

peu attentif. Mais il n'y aura pas de méprise pour

un neuro-pathologiste exercé; l'hystérique, en effet,

parviendra, dans ce cas, à présenter un aspect sympto-

matique qui rappellera l'affection en question, soit

grâce à la faculté d'imitation que nous possédons tous

à un degré plus ou moins accentué, mais la copie se

distinguera aisément de l'original, soit en faisant

éclore chez elle des manifestations hystériques qui

ne ressemblent que grossièrement aux phénomènes

dont il s'agit. On cherche, par exemple, à faire

reproduire les signes cliniques de l'hémiplégie faciale

périphérique, soit en montrant le malade au sujet

hypnotisé, soit en lui suggérant qu'une des commis-

sures labiales s'élève ou s'abaisse. On pourra obtenir

ainsi, il est vrai, ure déviation faciale due, soit aune

contraction musculaire, soit à une contracture, un

spasme glosso-labié, mais les caractères seront fa-

ciles à distinguer de ceux qui appartiennent à la para-

lysie faciale'. Je ne veux pas soutenir, pourtant, que

les troubles hystériques soient seuls susceptibles

d'être reproduits par suggestion ; mais je suis très en-

clin à admettre que, le plus généralement, on ne peut

obtenir ainsi, quand il s'agit de phénomènes indépen-

dants de l'hystérie, que des contre-façons, mais non

pas des reproductions véritables.

En somme, on peut, croyons-nous, établir la règle

suivante : la suggestion donne à une hystérique le

pouvoir de reproduire, avec une exactitude rigoureuse,

des troubles fonctionnels, sinon exclusivement, du

1 Voir Spasme glosso-labié uni-latéral des hystériques. Leçon de

M. Charcot (Semaine Médicale, an 1887, p. 37.)

DE LA MIGRAINE OPHTHALMIQUE HYSTÉRIQUE. 317

moins principalement, quand ceux-ci sont de nature

hystérique; d'où découle, et cette conséquence est inté-

ressante au point de vue qui nous occupe, que lors-

qu'un syndrome peut être reproduit avec précision

par un sujet hypnotisé, il y a lieu de supposer que

l'hystérie est un de ses agents producteurs. C'est, en

partie, en se fondant sur cet argument que M. Charcot

a démontré que certaines paralysies traumatiques sont

sous la dépendance de l'hystérie'.

Les caractères sur lesquels on peut s'appuyer pour

soutenir qu'un trouble nerveux donné dépend de l'hys-

térie sont, comme on le voit, assez nombreux et n'ont

pas tous la même valeur. Suivant le nombre auquel

ils seront réunis dans un cas déterminé, et l'importance

individuelle de chacun d'eux, on sera amené à accepter

le diagnostic d'hystérie. avec ou sans réserves, et par-

fois il sera impossible de résoudre la question. Quoi

qu'il en soit, c'est en suivant la méthode que nous

venons d'exposer, c'est en soumettant chaque cas à

une analyse rigoureuse qu'on pourra arriver à se faire

une opinion motivée.

Les considérations précédentes ne paraîtront pas

déplacées, je le suppose, ni étrangères au sujet principal

de ce travail. Il m'a semblé, en effet, qu'il était essentiel

de bien indiquer, dès l'origine, les principesqui m'ont

servi de guide, et j'espère pouvoir démontrer mainte-

1 Voir OEuvres complètes de M. Charcot,t.III, p. 315 et suivantes. Il faut

remarquer que dans les expériences faites à la Salpêtrière, dans lesquelles

on a cherché il obtenir par suggestion la reproduction de manifestations

chez des sujets hypnotisés, on s'est toujours adressé à des sujetshystéro-

épileptiques présentant les caractères du grand hypnotisme. Voir à ce

sujet : Grand et petit hypnotisme, par Babinski (Archives et nelll'ol., 1889,

nos 49 et 50.

318 CLINIQUE NERVEUSE.

nant sans difficulté, en signalant simplement les ar-

guments favorables à cette thèse que la migraine

ophthalmique peut être sous la dépendance de l'hystérie.

La migraine ophthalmique survient de préféfé-

rence, comme on le sait, chez des arthritiques et des

névropathes. Les relations de ce syndrome avec la

goutte, la paralysie générale, l'épilepsie, le tabes, ont

été dans plusieurs observations mises en évidence.

M. Charcot a fait voir que la migraine ophthalmique

pouvait être le prélude de la méningo-encéphalite dif-

fuse ; depuis, M. Parinaud et plus récemment M. Blocq'

ont rapporté des faits du même genre. Cette affection

peut aussi entrer en combinaison avec le tabes (Char-

cot, Roullet) elle coïncide parfois avec des accès épi-

leptiformes et peut se substituer à des accès d'épilepsie

véritable.

. La coïncidence de la migraine ophthalmique et

de l'hystérie a été notée déjà depuis longtemps, et

a été mentionnée en particulier par Galezowski, Féré,

Raullet, Robiolis. Mais aucun de ces auteurs ne dé-

montre qu'il peut y avoir un lien étroit entre ces deux

.états et que la migraine ophthalmique peut être une

manifestation de l'hystérie.

Cette dernière opinion a été émise par M. Charcot

à l'occasion de l'examen qu'il fit du malade qui fait le

sujet de 1' Observation 1 2. C'est cette thèse que je me

propose de soutenir dans ce travail, en me fondant sur

plusieurs observations recueillies dans le service de

M. Charcot à la Salpêtrière. -

1 Voir Archives de Neurologie, ne 54.

* Voir Leçons de mardi, 1887, 1888, p. 101.

3 Un résumé de ce travail a déjà paru dans les Bulletins de la Société

de Biologie, 1889, p. 547.

DE LA MIGRAINE OPHTHALMIQUE HYSTÉRIQUE. 319

Observation I. Malade âgé de vingt-un ans. - Accès de migraine

ophthalmique. - Attaques convulsives. Ces attaques sont par-

fois précédées par une aura qui consiste tantôt en un accès de mu-

tisme de nature hystérique, tantôt en un accès de migraine ophthal-

mique. - Stigmates hystériques : hémianesthésieà droite, anesthésie

du voile du palais et du pharynx, amblyopie, diplopie monoculaire,

rétrécissement bilatéral du champ visuel. -' Les attaques convulsives

et les accès de migraine se sont développés à la même époque, et

ont disparu en même temps, deux mois après le début du traitement

qui a consisté en bromure et en douches.

Prud..., âsé de vingt-un ans, graveur.

Antécédents héréditaires. - Père et mère bien portants. Neuf

frères et soeurs, dont quatre sont morts et parmi ces derniers l'un

a succombé à une méningite. L'une des soeurs est très impres-

sionnable ; elle a eu, il y a de cela deux ans, des attaques sur les

caractères desquelles nous manquons de renseignements précis,

nous savons seulement que pendant ces crises elle conservait en

partie sa connaissance et qu'elle pleurait et poussait des cris.

Antécédents personnels. -Jusqu'au mois de janvier 1886,Prudh...

a joui d'une très bonne santé.

A cette époque il fut atteint d'une conjonctivite intense qui

provoqua l'apparition de douleurs lancinantes dans l'oeil et d'une

obnubilation de la vue, phénomènes intermittents, qui se déve-

loppaient chaque jour vers la même heure, duraient environ

quatre heures et disparaissaient peu à peu. - Un médecin déclara

qu'une opération était nécessaire, et il fut décidé que celle-ci

aurait lieu le 31 janvier. Le malade attendit ce jour avec une

grande anxiété, et à la date fixée, il eut une première attaque

convulsive.

Le lendemain à trois heures de l'après-midi, deuxième attaque

semblable àla précédente, et pendant quinze jours de suite, crises

analogues, apparaissant à la même heure, survenant brusquement

sans être annoncées par quelque signe précurseur.

A partir du quinzième jour environ les attaques se modifient en

ce qu'elles sont précédées par un aura constitué comme il suit :

pendant un quart d'heure le malade ressent une douleur siégeant

au niveau du vertex, qui semble se propager ensuite, dit-il, par

l'intermédiaire de fils jusqu'au-dessus du rebord orbitaire. gauche,

et devient très vive, en même temps il éprouve une sensation de

tremblement de l'aile gauche du nez. Puis survient une vision

lumineuse. Prudh... aperçoit du côté gauche et des deux yeux à la

fois, ce dont, il s'est assuré, en fermant alternativement l'oeil droit

et l'oeil gauche, des étincelles, des traits lumineux jaunes, qui,

petit à petit se réunissent et constituent une figure ayant l'aspect

suivant : la périphérie est formée par une ligne eu zigzags, faisant

320 CLINIQUE NERVEUSE.

un tour incomplet, une sorte de roue irrégulière, brisée en un

point, tournant sur elle-même, et colorée de teintes brillantes,

rouges, bleues, vertes et jaunes, l'espace délimité par cette ligne

est sombre. Cette figure, petite au début, s'agrandit de plus en

plus et finit par occuper tout le champ visuel'. Puis, après une

durée de quelques minutes, la vision lumineuse s'atténue, et dis-

parait rapidement du côté gauche. Pendant toute la durée du

scotome, la douleur de tête persiste, mais elle est réduite à de

simples élancements assez espacés et localisés seulement à la

partie supérieure de l'orbite gauche. L'attaque survient alors : le

malade tombe à terre, privé de connaissance, ses membres sont

agités de mouvements convulsifs peu intenses, et il a une tendance

à tourner autour de l'axe vertical de son corps, de droite à gauche.

Il se mord parfois la langue, mais ne pousse pas de cris. L'attaque

dure habituellement dix minutes, et dès qu'elle est terminée,

Prudh... revient complètement à lui sans éprouver délaissement,

et son intelligence est absolument lucide.

Le malade, prévenu par son aura de J'approche de l'attaque

peut, par un effort de volonté, retarder le moment de son appa-

rition, mais la crise est alors plus intense.

Le scotome et la migraine ne sont pas toujours suivis de l'at-

taque ; il arrive souvent, qu'ils apparaissent et présentent tous les

caractères qui viennent d'être indiqués, indépendamment de

toute crise convulsive. Parfois aussi, la douleur de tête qui précède

le scotome se développe et disparaît sans être suivie de la vision

lumineuse.

D'autre part, l'aura de l'attaque convulsive, au lieu d'être cons-

titué par la migraine ophthalmique, est représenté dans cer-

taines crises, par du mutisme. Cela arrive particulièrement quand

Prudh... soutient une conversation ; un sentiment d'ennui et de

tristesse s'empare alors de lui, sa langue s'embarrasse, et il lui

devient impossible de parler, d'émettre même le moindre son ; il

conserve pourtant sa connaissance j usqu'au moment où le con-

vulsions apparaissent.

Le malade vient à la Salpêtrière consulter M. Charcot le 3 mars

1886. La veille encore il a eu une attaque, et comme on le voit, il

présente les troubles que nous venons de décrire, depuis plus d'un

mois. C'est un homme de petite taille, chétif.

La sensibilité générale, au tact, à la douleur, à la température,

et le sens musculaire sont notablement affaiblis à droite. Le pha-

rynx et le voile du palais sont insensibles. Le malade présente

des troubles visuels des deux yeux; il y a de l'amblyopie légère,

de la diplopie monoculaire et un rétrécissement très accentué du

1 Voir Planche I. Le dessin a été fait au pastel par le malade lui-

même.

DE LA MIGRAINE OPHTHALMIQUE HYSTÉRIQUE. 321

champ visuel (voir fig.24 et 25). On soumet le malade à l'hydrotliéra-

pie,etonlui prescrit enmêmetempsdutribromure(àdosesprogres-

sivement croissantes et décroissantes) de 3 à 5 grammes par jour.

, Prudh... revient à la consultation unmois après. Son état s'est no-

tablement amélioré; les attaques -convulsives ont complètement

disparu ; quant aux accès de scotome et de migraine, ils appa-

raissent plus rarement, et les couleurs des lignes lumineuses

sont bien moins brillantes qu'auparavant. Le traitement est

continué.

Deux mois après le malade revient de nouveau à la Salpêtrière

, Archives, t. XX. 21

322 CLINTQUE NERVEUSE.

et dit que depuis un mois il n'a plus éprouvé aucun trouble. Les

signes constatés, lors du premier examen, hémianesthésie, etc.,

ont presque complètement disparu.

Prudh, depuis cette époque n'est plus revenu à la

consultation et il y a lieu de croire qu'il est guéri, car,

comme il habite Paris, il aurait vraisemblablement

reparu, si son affection s'était renouvelée.

Observation II. - Jeune fille âgée de seize ans. - Stigmates de '

l'hystérie : hémianesthésie sensitivo-sensorielle à droite, dys-

chromatopsie et léger rétrécissement du champ visuel à droite. -

La malade est sujette à des attaques constituées comme il suit :

battements dans les tempes, sensation de constriction dans la gorge,

mouvement d'abaissement et d'élévation de la paupière droite, qui

se succèdent rapidement ; en même temps, scotome scintillant et

hémicrazzie droite, très violente. - Il existe dans la région verté-

brale, au niveau de la sixième dorsale, une zone d'hyperesthésie

qu'il suffit de presser, même superficiellement, pour faire appa-

raître le scotome. - Traitement : bromure de potassium et hydre- z

iliérapie. - Amélioration très rapide.

A. G..., âgée de seize ans, vient à la Salpêtrière à la consulta-

tion de M. Charcot au mois de décembre 1887.

Antécédents héréditaires. - D'après les renseignements que

donne la malade, il n'y a rien à signaler à cet égard. '

Antécédents personnels. Plusieurs maladies dans l'enfance,

mais aucune manifestation névropatliique. -

L'affection dont elle souffre actuellement remonte- à trois mois,

et la première manifestation a consisté en douleurs de tête surve-

nant par accès, apparaissant tous les jours à quatre heures du

soir, s'atténuant pendant la nuit et disparaissant dans la malinée.

Ces douleurs occupent le côté droit de la 'tête et elles ont leur'

maximum d'intensité dans les régions sus-orbitaire et temporale^

en dehors du trajet des filets-nerveux. Elles sont lancinantes, s'ac-

compagnent de photophobie de l'oeil droit qui est presque tou-

jours fermé, s'exagèrent par le bruit et diminuent par la pression

exercée sur la région affectée. -

Cette première période dure dix jours. Aux accès de cépha-

lalgie viennent s'ajouter alors des douleurs siégeant dans la région

vertébrale, au niveau de la sixième dorsale, dans les régions sus et

sous-mammaires; elles sont d'abord intermittentes, puis devien-

nent fixes et obligent le malade à s'aliter ; ces douleurs sont-fugi-

tives et gênent la respiration et les divers mouvements. Cinq jours

DE LA MIGRAINE OPHTHALMIQUE HYSTÉRIQUE. 323

après surviennent des douleurs dans les genoux, surtout du côté

gauche, avec hémianesthésie cutanée de la région externe de la

jambe. '

Enfin, après une nouvelle période de cinq jours, quelques-uns

des phénomènes que nous venons de mentionner s'atténuent et on

voit apparaître alors des crises nerveuses semblables à celles

qu'elle présente actuellement et qui sont constituées comme il

suit.

La malade ressent des battements dans les tempes, elle éprouve

une sensation de constriction dans la gorge et la paupière droite

est animée de mouvements rapides d'élévation et d'abaissement.

Il se développB une douleur de tête très violente analogue au

point' de vue de son siège, à la céphalalgie du début, et en même

temps la malade a une^vision lumineuse qu'elle décrit de la façon

suivante : elle aperçoit à gauche une figure qu'elle compare,

quant à la forme, à une étoile qui s'agrandirait petit à petit, dont

la périphérie serait constituée par une ligne en zigzags d'un jaune

lumineux et dont le centre serait représenté par un espace obscur

parsemé de points brillants 1. Ces crises ne durent que quelques

minutes ; elles apparaissent spontanément six à huit fois par jour,

mais, on peut les faire naître à volonté en comprimant le point

doulourèux de la région dorsale, et la malade peut encore obtenir

le même effet en fermant l'oeil droit.

A. G... a l'apparence d'une fille vigoureuse. Il y a une diminu-

tison de la sensibilité au tact, à la douleur, à la tempéra-

ture et du sens musculaire à droite. La malade ne peut se tenir

sur le pied droit, les yeux fermés, tandis qu'elle le fait bien sur le

pied gauche. Il y a de la dyschromatopsie à droite ; elle ne dis-

tingue pas le violet et le bleu du noir. Le champ visuel de l'oeil

' droit est un.peu rétréci. Il y a une diminution du sens de l'odorat

et l'abolition'du sens du goût à droite.

On prescrit à la malade du bromure de potassium, 3, 4, 4, 5 gr.,

et des pratiques hydrothérapiques.

Elle revient deux mois après sa première visite. Son état est

très amélioré. Les accès n'apparaissent plus que les tous dix jours

environ; Le scotome scintillant est beaucoup plus petit et moins

brillant, .et la céphalalgie est moins vive.

'La malade a été revue un an après et quoique, de-

puis sa deuxième visite, elle n'ait suivi le traitement

prescrit que d'une façon très irrégulière, les crises n'ont

reparu qu'à de très rares intervalles.

1 La malade ne peut nous donner de renseignements plus précis sur les

caractères de son scotome.

324 CLINIQUE NERVEUSE.

Observation III. - Jeune fille dgée de vingt-deux ans. - Stigmates

hystériques peu accentués : légère hémianesthésie à droite, diminu-

tion du goût et de l'odorat à gauche - Migraine ophthalmique avec

scotome scintillant si violent parfois, qu'il est suivi pendant quel-

ques instants d'une obnubilation de l'intelligence.-La région ova-

rienne gauche est un peu hypéresthésiée, et la pression à ce niveau

a provoqué pendant un examen l'apparition du scotome. - L'accès

de migraine se développe parfois, dit la malade, sous l'influence

d'une émotion, d'une peur. Il suffit souvent qu'elle pense au sco-

tome pour que celui-ci apparaisse. Inversement, les paroles

encourageantes d'une personne en qui elle a confiance, qui lui

affirme que la crise ne sera pas longue, suffit souvent à l'enrayer.

- La migraine ophthalmique qui s'est développée, il y a de cela huit

ans, et qui a été, à plusieurs reprises, traitée par le bromure, s'est

toujours atténuée sous l'influence de ce médicament, mais n'a pas

disparu.

E. R..., âgée de vingt-deux ans.

Antécédents héréditaires. Père original. Un oncle et un cousin

fous. Mère sujette à de violents accès de migraine (pas ophthal-

mique).

Antécédents personnels. - Etant petite, de l'âge de trois à cinq

ans, elle a en des crises nerveuses nocturnes, d'une durée de une

à deux heures, constituées par des hallucinations, des cris ; elle se

débattait contre les personnes qui se trouvaient auprès d'elle. Elle

avait en même temps, dit-elle, des vers, et l'administration d'un

vermifuge la débarrassa de ces attaques. Quelque temps après

elle contracta la scarlatine, et à la suite de cette maladie elle

resta sourde pendant six mois. La menstruation s'établit à l'âge

de douze ans ; et jusqu'à l'âge de quatorze ans elle fut très bien

portante.

De l'âge de quatorze à seize ans, E. R... est tourmentée par son

père, adepte d'une religion nouvelle, qui cherche par tous les

moyens à la convertir à ses croyances; elle se levait la nuit et

avait des visions terrifiantes.

A l'âge de seize ans, à l'occasion d'une vive émotion, la malade

eut une crise nerveuse constituée de la façon suivante : tout d'un

coup la malade vit devant elle une lumière aussi vive que celle du

soleil, limitée à la périphérie par une ligne brisée, douée de

vibrations occupant toute l'étendue du champ visuel et mettant la

malade dans l'impossibilité absolue de voir les objets placés

devant elle. Cette vision lumineuse fut de courte durée, et elle fut

suivie d'une perte de connaissance qui s'est prolongée plus d'une

heure, et de convulsions sur les caractères desquels la malade

ne peut donner de renseignements. Pendant deux jours consé-

cutifs elle resta anéantie, entendant, mais ne comprenant pas ce

DE LA MIGRAINE OPHTHALMIQUE HYb'J'LItJQUE. 325

qu'on disait auprès d'elle. Elle éprouvait aussi un violent mal de

tête du côté gauche.

Quinze jours après, nouvel accès constitué d'une façon diffé-

rente : la malade voit devant l'oeil droit une lumière qui occupe

toute l'étendue du champ visuel ; cette lumière est vive ; elle est

limitée de tous. côtés à sa périphérie par des zigzags de couleurs

rouge, bleue, verte et jaune, qui se déplacent et vibrent sans

cesse ; en même temps, douleur en vrille très vive dans l'oeil gauche

et nausées suivies de vomissements. Cet accès ne fut pas suivi de

perte de connaissance; la vision lumineuse dura une heure, la

. céphalalgie persista six heures et la malade resta pendant deux

jours accablée de fatigue et de tristesse.

Pendant trois mois, des accès semblables à celui que nous

venons de décrire se reproduisaient tous les quinze jours, sans

présenter, du reste, aucune relation avec les périodes menstruelles.

La malade put observer ainsi avec attention les différents '.carac-

tères de ces accès qui, sans être chaque fois de même intensité,

présentaient toujours les mêmes traits essentiels. La lumièreappa-

raissait à droite et elle semblait envahir rapidement toute l'étendue

du champ visuel ; en effet, lorsque les deux yeux étaient ouverts, la

malade ne voyait rien devant elle ;si elle fermait l'oeil gauche elle ne

pouvait non plus distinguer aucun objet; au contraire, si elle fer-

maitl'oeil droit, la vision était distincte. (Lamalade est très affirma-

tive à cet égard, elle assure avoir renouvelé plusieurs fois l'expe-

rience et avoir obtenu toujours le même résultat.)

La pupille droite était resserrée à ce moment. Puis, lorsque la

vision lumineuse disparaissait, la malade restait quelque temps

aveugle des deux yeux; ensuite, la cécité restait limitée à l'oeil

droit et disparaissait enfin complètement. Après les crises violentes

la langue était parfois embarrassée et il y avait comme une

ébauche transitoire d'aphasie. Tous ces accès, sauf le premier,

survenaiént pendant le sommeil.

Les accès s'atténuèrent ensuite, sans disparaître complètement,

et pendant deux ans, de seize à dix-huit ans, la malade ne suivit

aucun traitement.

De dix-huit à vingt ans elle prit du bromure de potassium à la

dose de 2 grammes par jour, et à plusieurs reprises on lui admi-

nistra du sulfate de quinine, de l'asa foetida et du fer. Pendant

tout ce temps, les accès de migraine furent plus rares et moins

violents.

A l'âge de vingt ans, elle suspendit tout traitement et quinze

jours après, apparut une nouvelle crise très violente. La ma-

lade reprit du bromure; les crises ne se renouvelèrent plus.

Nouvelle interruption dans le traitement; réapparition des crises.

La malade prit alors des pilules deGélineau; les crises continuèrent

à se produire ; elles apparaissaient tous les huit jours, aussi bien

326 CLINIQUE NERVEUSE.

le jour que la nuit, puis tous les quatre jours, et enfin chaque jour

et chaque nuit.

La malade vient consulter M. Charcot, à la Salpêtrière, le

1er mars 1886. Elle est ce moment dans sa vingt-deuxième année,

et le début des accès dont elle souffre remonte à près de six ans.

Ces accès sont très fréquents; ils reviennent quatre fois par jour,

le matin au réveil, à midi, à 5 heures et lorsqu'elle s'endort. Ces

accès diffèrent un peu de ceux qu'elles a eus autrefois en ce que la

céphalalgie fait déiaut, que la durée de la vision lumineuse est

bien moins longue, et qu'après la disparition de celle-ci il n'y a pas

de cécité.

L'examen de la malade permet de constater les particularités

suivantes :

Etat général excellent. Légère diminution de la sensibilité géné-

rale à droite; les courants électriques sont manifestement mieux

sentis à gauche qu'à droite. - Diminution du goût et de l'odorat

à gauche. - L'examen des yeux fait par M. Parinaud ne révèle

rien d'anormal. - La région ovarienne gauche est sensible à la

pression, qui, à un moment, a amené l'apparition de la vision lu-

mineuse à un faible degré, il est vrai; la pression a été aussitôt

suspendue et tout est rentré dans l'ordre.

La malade est soumise au traitement bromuré à doses progres-

sivement croissantes et décroissantes (3, 4, 4, 5 grammes par jour);

les accès diminuent de nombre et d'intensité. L'hydrothérapie

qu'on lui prescrit quelque temps après parait donner de bons ré-

sultats.

Nous avons depuis cette époque revu la malade à plusieurs

reprises. Son état s'est amélioré; les crises sont encore fréquentes

mais sont loin d'avoir l'intensité des crises anciennes. La lumière,

au lieu d'occuper toute l'étendue du champ visuel de l'oeil droit,

n'apparaît plus qu'à sa partie externe; elle est limitée, non plus

comme autrefois par une ligne brisée, fermée de tous côtés, mais

par des zigzags correspondant à un tiers de circonférence et for-

mant une courbe irrégulière à convexité tournée en dedans; la

malade peut percevoir à ce moment les objets environnants, mais

ils ne paraissent pas en place; par exemple les arbres d'une

avenue son inclinés les uns sur les autres. Il n'y a pas d'hémiopie

et il n'y en a jamais eu non plus autrefois.

E. R. nous a fait remarquer que les causes morales avaient une

grande influence sur l'apparition des crises ; une peur, une émo-

tion, le fait seul de penser à sa maladie suffisent parfois à les faire

naître, et inversement les paroles encourageantes d'une personne

en qui elle a confiance, qui lui affirme que la crise ne sera pas

longue, suffit souvent à l'enrayer.

Notons encore que la vision lumineuse disparaît rapidement

quand la malade met sa tête dans une situation déclive.

DE LA MIGRAINE OPHTHALMIQUE HYSTÉRIQUE. 327 7

Observation IV. -Jeune fille de vingt ans et demi. - Stigmcctes hysté-

riques : hémianesthésie sensitivo-senso1'ielle à droite, anesthésie du

fond de la gorge, rétrécissement bilatéral du champ visuel, dys-

chromatopsie, polyopie monoculaire. - Attaques hystériques qui se

sont développées ainsi que les stigmates, il y a de cela quatre ans.-

La malade présente les phénomènes du grand hypnotisme. - Depuis

deux mois, accès de migraine ophthalmique ; à certains moments, la

malade ne voit que la moitié des objets qu'elle fixe. Elle a été hyp-

notisée à plusieurs reprises, et il a toujours été possible de faire

apparaître et disparaître par suggestion des accès de migraine

ophthttli ? 21giie.-Depziis que la migraine s'est développée, les attaques

hystériques, qui étaient fréquentes jusqu'alors n'ont pas reparu.

Lav..., âgé de vingt ans et demi.

Cette malade est depuis son enfance atteinte de myopathie pro-

gressive primitive. Son observation à cet égard a été publiée dans

les leçons de M. Charcot (t. III, p. 202) et dans un mémoire, de

MM. Marie et Guinon, sur les formes cliniques de la myopathie

progressive (Revue de Médecine 1885).

Les premières manifestations hystériques se sont dévelop-

pées il y a de cela quatre ans environ. Elle présente actuel-

lement : une hémianesthésie sensitivo-sensorielle du calé droit;

de l'anesthésie complète du fond de la gorge; on peut cha-

touiller la paroi postérieure du pharynx et le voile du pa-

lais sans provoquer de nausées, sans donner naissance à un

mouvement réflexe quelconque ; des attaques hystériques caracté-

risées par des contractures et de grands mouvements avec ou sans

perte de connaissance; des points hystérogènes sous les deux ma-

melles et dans les régions ovariennes; on peut aussi en comprimant

la région ovarienne droite suspendre les attaques (voir fig. 26 et 27) ;

un rétrécissement double du champ visuel, mais bien plus prononcé

adroite; une légère amblyopie à droite; delà dyschromatopsie; la

malade distingue toutes les couleurs,sauf le violet, en ce qni con-

cerne l'oeil gauche; sauf le violet et le jaune, en ce qui concerne

l'oeil droit; de la polyopie monoculaire. Ajoutons que la malade

est hypnotisable et présente les phénomènes du grand hypno-

tisme.

Il y a de cela deux mois, la malade fut prise tout d'un coup dans

le milieu de la journée d'un trouble de la vue caractérisé par l'ap-

parition dans toute l'étendue du champ visuel de boules lumi-

neuses, à couleurs multiples, l'empêchant de voir les objets qui

étaient placés devant elle ; elle ressentit alors une douleur de

tête diffuse, mais prédominant dans la région temporale droite;

quelques instants après, dit-elle, la céphalalgie disparut, et elle

recouvra la vision, mais d'une façon imparfaite; en effet elle ne

voyait plus que la moitié droite des objets qu'elle fixait, et en

328 CLINIQUE NERVEUSE.

même temps du côté gauche elle apercevait des lignes lumineuses

en zigzags, se déplaçant sans cesse, animées de vibrations, appa-

raissant, disparaissant, présentant des couleurs variées et dont elle

ne peut, en raison de leur mobilité, préciser davantage la forme

et les autres caractères; au bout de cinq minutes environ tout

revint à l'état normal.

Depuis ce moment la malade eut à plusieurs reprises des atta-

ques analogues, ne différant les unes des autres que par quelques

particularités d'une importance secondaire. Ces attaques sont plus

ou moins longues, elles durent parfois un quart d'heure. La pre-

DE LA MIGRAINE OPHTHALMIQUE HYSTÉRIQUE. 329

mière attaque était constituée, comme on l'a vu plus haut par

deux phases, qui, dans les attaques suivantes, se sont toujours

succédés dans le même ordre, mais il arrive quelquefois que l'at-

taque est double; après la deuxième phase, les boules lumineuses

reparaissent de nouveau et il survient une deuxième attaque sem-

blable à la première. Ces attaques surviennent sans aucune régula-

rité, à n'importe quelle heure du jour. Depuis trois semaines elles

sont devenues très fréquentes; elles reviennent plusieurs fois par

jour.

A partir de l'époque où ces accidents se sont développés, la

malade n'a pas eu d'attaques hystériques, qui étaient fréquentes

jusqu'alors.

Nous avons à plusieurs reprises hypnotisé la malade et cherché

par suggestion à reproduire le scotome et l'hémiopie; nous avons

chaque fois réussi, à ce qu'il semble, d'une façon parfaite; la ma-

lade en effet, dit qu'elle éprouve exactement les mêmes sensations

que lorsque ces phénomènes se produisent spontanément. Je crois

utile d'insister à ce sujet sur ce que la première attaque s'est déve-

loppée sans que la suggestion puisse être en quoi que ce soit incri-

minée. Depuis très longtemps en effet il n'y avait eu dans le ser-

vice aucune malade atteinte de migraine ophthalmique et c'est

elle-même, sans que personne ait dirigé son attention de ce côte,

qui est venue se plaindre d'éprouver ces troubles visuels.

Notre ami M. Parinaud a bien voulu examiner la malade pen-

dant une de ces attaques provoquées par suggestion, au moment

où la malade ne voyait que la moitié des objets. Le champ visuel

d'après cet examen est à ce moment encore plus rétréci qu'à l'état

normal, mais on ne constate pas les caractères objectifs de l'hé-

miopie permanente '. Ajoutons qu'un accès provoqué ainsi par

suggestion peut être enrayé de la même façon.

Il nous semble inutile de chercher à démontrer par

une analyse minutieuse des observations précédentes

qu'il s'agit bien réellement de sujets atteints à la fois

de migraine ophthalmique et d'hystérie. Le diagnostic

s'impose en effet, dans ces divers cas, et il suffit de

lire avec attention la description des symptômes pré-

'Je ferai remarquer du reste qu'il résulte des recherches nombreuses,

fuites par M. Parinaud dans le service de M. Charcot, que l'hémiopie

permanente ne s'observe pas dans l'hystérie, tandis que le rétrécisse-

ment du champ visuel est un des stigmates les plus communs de cette

névrose.

330 CLINIQUE NERVEUSE.

sentés par ces malades pour qu'il ne reste aucun doute

dans l'esprit à cet égard. Mais ce que nous devons

faire c'est chercher à démontrer qu'il existe une rela-

tion étroite entre ces deux états nerveux, que la mi-

graine ophthalmique est ici sous la dépendance directe

de l'hystérie, qu'elle est une manifestation de cette

névrose.

Etudions d'abord l'OBSERVATION I. En faveur de

la thèse que nous soutenons, nous pouvons invoquer

plusieurs des arguments que nous avons rangés dans

- les deux premiers groupes. En effet l'évolution de la

migraine a été dans ce cas contemporaine de celle des

attaques hystériques et ces deux états morbides ont

présenté les relations les plus étroites; les attaques

convulsives et les accès de migraine se sont développés

vers la même époque et ont disparu en même temps.

Mais il y a plus ; la migraine, tout en apparaissant

parfois en dehors des attaques convulsives, les pré-

- cède souvent et en constitue l'aura ; c'est là un lien

qui unit intimement les deux phénomènes et qui suffit

presque à établir l'identité de leur nature. Enfin, et

ceci est tout à fait probant, l'aura des attaques con-

vulsives, qui est constitué parfois, comme nous venons

de le voir par la migraine, est représenté dans d'autres

attaques par du mutisme; le mutisme et la migraine

sont donc ici des équivalents morbides; or, comme le

mutisme, par ses caractères, paraît manifestement de

nature hystérique, il doit en être de même de la mi-

graine.

- Passons maintenant à l'OBSERVATION II. Nous avons à

faire valoir, dans ce cas, pour démontrer que la mi-

graine est d'origine hystérique, des arguments con-

DE LA MIGRAINE OPHTHALMIQUE HYSTÉRIQUE. 331

tenus aussi dans les deux premiers groupes. 1° Les

accès de migraine sont accompagnés de manifestations

nerveuses dont la nature nous paraît incontestable ;

les battements dans les tempes, les mouvements rapi-

des d'élévation et d'abaissement de la paupière, la

sensation de çonstriction dans la gorge, constituent,

par leur union, des symptômes d'attaques hystériques

frustes. Or il nous semble absolument logique de faire

dépendre la migraine et le scotome, qui sont inti-

mement liés aux phénomènes précédents, de la même

névrose. 2° Les accès de migraine peuvent apparaître

sous l'influence de la pression, exercée sur la région

de la sixième vertèbre dorsale qui représente ainsi,

qu'on nous passe ce néologisme, un point rflir¡raino-

gène analogue aux points dits hystérogènes.

Dans l'OBSERVATION III la relation entre l'hystérie et

la migraine est assurément moins apparente que dans

les cas précédents. En effet les accès de migraine ne

sont pas liés à des attaques hystériques, et d'autre

part on pourrait faire observer que le bromure a

exercé une influence favorable sur celle affection,

tandis que, le plus souvent, les manifestations hysté-

riques ne sont pas modifiées par l'emploi de ce médi-

cament. Ces objections qui ne sont pas sans impor-

tance, ne suffisent pas toutefois à ôter toute valeur à

cette observation. Le diagnostic de migraine ophthal-

mique hystérique peut être soutenu, en partie à cause du

rôle important que les excitations psychiques paraissent

jouer dans l'apparition et la disparition des accès, et

il s'appuie surtout sur la présence d'un point migrai-

nogène.

Enfin, dans l'OBSERVATION IV, voici les arguments

332 CLINIQUE NERVEUSE.

qu'on peut invoquer : 1° Les attaques hystériques

n'ont pas reparu à partir de l'époque où se sont déve-

loppés les accès de migraine ophthalmique ; 2° il est

possible de reproduire et d'arrêter des accès de mi-

graine ophthalmique au moyen de la suggestion, quand

la malade est hypnotisée. Il faut reconnaître pourtant

que ces deux arguments ne sont pas à l'abri de toute

critique, si l'on tient compte des règles que nous avons

établies plus haut. En effet, d'une part, il est impos-

sible d'affirmer que l'accès de migraine joue ici exac-

tement le même rôle que l'attaque d'hystérie et en

constitue un véritable équivalent; ces deux ordres de

crises sont unis par des liens moins étroits que ceux

qui, dans l'OBSERVA'noN I rapprochaient la migraine du

mutisme. D'autre part, comme la migraine ophthal-

mique consiste en phénomènes subjectifs, qu'il nous

est par conséquent absolument impossible de savoir

si la reproduction expérimentale du scotome en cons-

titue une copie rigoureuse, le second argument n'a

pas non plus une valeur incontestable. Ajoutons, à

ce sujet, que nous avons cherché à reproduire par

suggestion sur plusieurs autres hypnotiques des accès

de migraine ophthalmique ; mais quelque satisfaisants

qu'aient paru les résultats de ces expériences nous

croyons ne devoir les accepter qu'avec réserves pour

le motif que nous venons d'indiquer. Ainsi donc,

dans les deux dernières observations, la relation qur

unit la migraine ophthalmique à l'hystérie n'est

pas déterminée d'une façon indiscutable. Il nous paraît

très vraisemblable que la migraine relève de l'hys-

térie, mais nous devons avouer que nous n'apportons

pas de preuve décisive en faveur de cette opinion.

DE LA MIGRAINE OPHTHALMIQUE HYSTÉRIQUE. 333

- Nous pensons, au contraire, avoir démontré^ avec toute

la rigueur possible, 'que dans les deux premières obser-

vations l'hystérie tient la migraine ophthalmique sous sa

dépendance étroite.

Le facies symptomatique de la migraine ophthal-

mique hystérique et en particulier du scotome scin-

tillant, ne paraît pas présenter, d'après les observa-

tions que nous relatons, de caractères distinctifs; si on

examine avec soin le dessin qui représente le scotome

de Prudh (OBs. I), on voit qu'il correspond exacte-

ment à toutes les descriptions et à toutes les figures

de scotome que l'on a publiées jusqu'à présent.

On doit se demander s'il peut se développer une

véritable hémianopsie dans le cours de la migraine

ophthalmique hystérique ou à sa suite. Cette question

ne manque pas d'intérêt, si on se rappelle que, d'une

part, il semble exister entre la migraine ophthalmique

et l'hémiopie une parenté étroite, et que, d'autre part,

l'hémiopie paraît étrangère à l'hystérie.

On sait en effet que dans la migraine ophthalmique

commune l'hémiopie est si fréquente que Mauthner a

désigné cette affection sous la dénomination de sco-

tome scintillant hémiopique ; il est vrai que la dimi-

nution du champ visuel ne semble atteindre que rare-

ment le point central et qu'il s'agit par conséquent

plutôt d'un rétrécissement latéral du champ visuel

que d'une hémiopie véritable, mais celle-ci a été pour-

tant signalée; on doit reconnaître aussi que, malgré

l'opinion de quelques auteurs, l'hémiopie paraît indé-

pendante de l'hystérie, puisque, comme nous l'avons

dit plus haut, les recherches poursuivies dans ce sens,

à la Salpêtrière, par M. Parinaud, sur plusieurs cen-

334 CLINIQUE NERVEUSE. DE LA MIGRAINE OPHTHALMIQUE.

taines d'hystériques ne l'ont jamais amené à constater

la présence de l'hémiopie. A ce point de vue, nous ne

pouvons tirer parti que de l'OBSERVATION IV ; la malade

prétend, en en'et,'qu'à un moment donné de la crise,

elle ne perçoit que la moitié droite des objets qu'elle

fixe, et elle parait aussi affectée d'hémiopie, quand on

provoque par suggestion l'apparition d'un scotome.

Mais, ainsi que cela est noté dans cette observation,

il résulte de l'examen méthodique pratiqué par M. Pa-

rinaud qu'on ne constate pas pendant la crise les

caractères objectifs de l'hémiopie permanente ; le

champ visuel est seulement plus rétréci qu'à l'état

normal. Cette observation ne nous donne pas, il est vrai,

le droit d'affirmer, dès maintenant, que l'hémiopie

vraie est incompatible avec la migraine ophthalmique

hystérique.

Nous en dirons autant de l'aphasie et de l'hé-

miplégie permanente; ces troubles ne sont déve-

loppés chez aucun de nos malades, mais nous ne

sommes pas autorisés pour cela à soutenir que la mi-

graine ophthalmique hystérique est incapable de leur

donner naissance.

Le pronostic, si on s'en rapporte en particulier aux

Observations 1 et II paraîtrait bénin. En ce qui con-

cerne le traitement, comme on l'a vu, le bromure a

été prescrit en même temps que l'hydrothérapie, et

dans l'OBSERVATION III ce médicament a eu certainement

une action favorable. Nous n'avons donc là rien qui

distingue la migraine ophthalmique commune de celle

qui relève de l'hystérie.

On admet, comme on le sait, que la migraine oph-

thalmique commune résulte d'un spasme temporaire

- DE L'APPAREIL NERVEUX CENTRAL DE L'OLFACTION. 335

des vajsseaux sylviens avec anémie transitoire de toute

la région qui comprend les diverses localisations du

langage. En est-il de même dans la migraine ophthal-

mique hystérique ? Il y a tout lieu de supposer que le

siège est identique; l'OBSERVATION 1 dans laquelle la

migraine paraît être comme un équivalent du mu-

tisme plaide dans ce sens d'une façon très éloquente.

Y a-t-il là aussi un spasme vasculaire ? Cette opinion

est très admissible et n'a rien de subversif, puisqu'il est

établi maintenant que l'hystérie est susceptible de pro-

voquer l'apparition de phénomènes vaso-dilatateurs

ou vaso-constricteurs.

explication DE la planche

Ces figures qui se rapportent à l'observation I de ce ce mémoire, ont

été faites au pastel par le malade lui-même, artiste graveur. Les nO'

1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, représentent, dans leur ordre de succession, les

différentes phases du scotome scintillant depuis son apparition jusqu'à

l'apogée de son développement.

ANATOMIE

DE L'APPAREIL NERVEUX CENTRAL DE L'OLFACTION;

Par M. Il. THO LARD,

Professeur d'anatomie à l'Ecole de médecine .1'aller.

Dans chacun des segments de la moelle épinière,

l'appareil sensitivo-moteur se compose, de chaque

côté de ce segment, d'une branche centripète et d'une

branche centrifuge, soudées par une lame de substance

336 ANATOMIE.

grise. Cet appareil excitateur est d'abord relié au seg-

ment médullaire dont il émane : arc rachidien :

A ce premier arc rachidien s'en ajoute un second,

dont une branche va à la couche optique et dont l'autre

vient du corps strié. Les corps optostrés forment une

sorte de station intermédiaire entre la vie rachidienne

et la vie cérébrale; les impressions périphériques

subissant là une première élaboration, y prennent un

commencement d'idéalisation ; les incitations centri-

fuges, après avoir quitté la station de départ, se maté-

rialisent en quelque sorte avant de glisser sur les fils

qui vont les porter à la périphérie : c'est l'arc inter-

médiaire.

A ce deuxième arc, d'ordre plus élevé que le pre-

mier, s'ajoute un troisième arc de perfectionnement,

l'arc cérébral, dont une branche va à la partie posté-

rieure de l'écorce cérébrale et dont l'autre branche

vient de la partie antérieure de cette écorce.

Enfin, quelques faisceaux provenant de la moelle ne

s'arrêtent pas à la station de la couche optique et

vont directement aux centres corticaux; et des fais-

ceaux partis de ces centres ne s'arrêtent pas non plus

à la station des corps striés pour se rendre à la moelle :

c'est l'arc direct.

En résumé, les renflements de substance grise

(cornes à la moelle), les corps opto-striés (cornes inter-

médiaires) et la substance grise des circonvolutions au

niveau des vertèbres crâniennes (cornes cérébrales) ' 1

représentent des centres d'ordre de plus en plus élevé

et sont mis en communication les uns avec les autres

' La couche grise de l'intellect serait surajoutée aux centres corti-

eaux ? ? ?

DE L'APPAREIL NERYEUX CENTRAL DE L'OLFACTION. 337

par des arcs. C'est par ces arcs que passent les cou-

rants centripètes et centrifuges du circuit complet, qui

commence où finit à l'appareil excitateur représenté

par une paire de nerfs rachidiens. Pour chacun des

nerfs (sensitif ou moteur) considéré isolément, on

n'aura donc qu'un demi-circuit, passant toutefois par

les arcs indiqués, ou bien en allant directement à

l'écorce ou en provenant.

Cette conception générale du système nerveux n'est

pas, je le reconnais, d'une rigoureuse exactitude et ne

concorde pas avec les nombreuses opinions émises à

ce jour. Quoique critiquable dans certains détails

importants, elle peut être acceptée à titre de vue d'en-

semble de l'appareil nerveux, en attendant que nos

maîtres nous apportent la solution définitive. Elle peut

être adoptée aussi par ceux qui pensent que les diffé-

rents appareils de l'organisme animal, pour être com-

plexes chez les animaux dits supérieurs, sont loin

d'être compliqués et se rapprochent d'un plan-type

initial, lequel évidemment doit être simple.

Cette conception admise - au moins dans ses

grandes lignes pour les nerfs tributaires des seg-

ments de moelle, il n'y a aucune raison de ne pas

l'appliquer aux nerfs tributaires des segments de la

moelle dans la cavité crânienne. Je pense pouvoir en

démontrer l'application à un nerf crânien, qui jusqu'à

ce jour a été placé en quelque sorte « hors rang »

parmi ses semblables ; en faisant rentrer dans la loi

commune le seul nerf, l'olfactif, qui jusqu'à présent

avait été autorisé à y faire exception, j'aurai contribué

à la confirmation et à la généralisation d'une loi que

je crois vraie. C'est dans le but d'arriver à ce dernier

....

Archives, t. XX. 22

338 ANATOMIE.

résultat que j'ai entrepris mes recherches; c'est dans

le but de justifier une idée préconçue que j'ai com-

mencé ce travail, sans autres guides que Dos clas-

siques français. -

Cette voie est longue et pénible; et, de plus, elle

expose le chercheur à repasser par des sentiers battus

depuis longtemps. Mais elle a son bon côté : elle laisse

voir les faits tels qu'ils sont et non avec les yeux des

auteurs. En dépit de la meilleure volonté, il est sou-

vent, en effet, difficile de se dégager de l'influence

exercée par la lecture des ouvrages; et, malgré soi, on

accepte comme acquis des faits incomplètement ou

mal observés, et on néglige, sous prétexte qu'ils n'ont

pu échapper à de savants prédécesseurs, d'examiner

des faits laissés dans l'ombre. Pour mon compte, je

ne regrette pas d'avoir suivi cette voie, et je livre ce

.travail tel que je l'ai écrit avant d'en avoir fait la

partie bibliographique.

Si, en suivant cette voie, j'ai éprouvé des dé-

ceptions quand j'ai eu à constater que j'avais été

devancé dans mes découvertes, je m'en suis consolé ;

d'abord parce que cela m'a donné l'occasion de

rappeler à la vie certains faits oubliés, et de resti-

tuer pour quelques-uns, leurs découvertes à leurs

véritables auteurs; ensuite parce que j'y ai trouvé la

meilleure confirmation de ce que je viens exposer

ici. En effet, cette confirmation de tous les faits que

j'expose est telle que je ne considère pas comme

aventurée ma description de l'appareil olfactif. Réu-

nissant et groupant ces faits, admis par les auteurs

les plus experts mais isolés les uns des autres, je

n'ai eu à en faire que la synthèse en quelque sorte.

DE l'appareil nerveux central DE l'olfaction. M9

Mais pour que cette synthèse eût quelque crédit

auprès du lecteur, il fallait lui mettre sous les yeux

toutes les pièces du procès. C'est pourquoi j'ai donné

une assez grande extension à la partie bibliographique,

reproduisant les passages favorables ou défavorables à

ma thèse '. Ainsi se trouve justifiée la publication

d'un travail, qui n'est pas complet puisqu'il devrait

comprendre l'anatomie comparée, l'embryologie et la

preuve expérimentale.

L'anatomie comparée m'eût certainement fourni une

aide précieuse et fertile en indications. Mais de ce

côté également, j'ai craint de me laisser entraîner à

vouloir retrouver chez l'homme les observations rele- ,

vées chez les autres animaux. Je dois dire cependant

qu'une fois mon travail terminé, j'ai fait quelques

recherches sur le chien, le chat, le porc et quelques

poissons. Ces quelques recherches ayant pleinement

confirmé mes vues, je n'ai pas été plus loin, me réser-

vant de reprendre plus tard d'une façon complète cette

étude d'anatomie comparée 2.

Je ne m'engage pas à entreprendre la partie embryo-

logique, car, de ce côté, je déclare ne pas être fami-

liarisé avec ce genre de recherches. Quant à la preuve

expérimentale qui, seule, aux faits dont la solidarité

anatomique me paraît aujourd'hui très nettement éta-

1 En raison du nombre restreint d'ouvrages que j'ai eus à ma disposi-

tion, la partie bibliographique est malheureusement loin d'être complète.

Le budget de la bibliothèque de l'Ecole de médecine étant aussi maigre

que le mien, j'ai dû me borner il quelques auteurs.

'Au dernier moment, 15 juillet 1890, je viens de me procurer, sur les

indications de M. le professeur Lannegrace, de Montpellier, une bro-

chure intitulée Ueber das Riechcentrum de E. Zukerkandl. N'ayant pas de

traducteur à ma disposition, je remets à une autre époque l'examen de

cet ouvrage, que l'on m'a dit être une étude très complète d'anatomie

comparée du centre olfactif.

340 ANATOMIE.

blie, peut apporter la consécration] de la solidarité

fonctionnelle, je ne fais que l'entreprendre. Comme

cela demandera un certain temps, je n'ai pas cru

devoir différer la publication de ce mémoire, estimant

suffisant l'appui que j'ai trouvé chez de savants anato-

mistes. En attendant cette consécration ou cette

non consécration - de mes idées, les cliniciens, dont

l'attention aura été appelée sur les différents éléments

dont se. compose, selon moi, l'appareil olfactif, pour-

ront recueillir des observations à l'appui ou à l'encontre

de ces idées. L'expérimentation pathologique pourra

de cette façon se poursuivre en même temps que l'ex-

périmentation sur l'animal.

Ce n'est pas sans une grande appréhension, sans

une certaine méfiance de moi-même qu'en présence

d'un résultat séduisant trop séduisant peut-être -

je livre à la critique ma conception et les preuves à

l'appui. « Défiez-vous de ces anatomies faites sous le

désir de démontrer la justesse des présomptions de la

physiologie. Les observateurs les plus consciencieux

se laissent entraîner à voir ce qui leur paraît devoir

exister, au lieu de s'en tenir à ce qui existe en réalité.

Plus l'anatomie devient pénétrante, plus elle scrute

des parties d'une texture compliquée, et plus elle doit

être prudente, plus elle doit s'en tenir exclusivement

aux faits qu'elle voit avec clarté. En un mot, ce qu'on

doit exiger de l'anatomiste, c'est une rigoureuse exac-

titude etnon une imagination plus ou moins ingénieuse.

Malheureusement, ces vérités se trouvent loin de faire

loi ! » (Vulpian.)

Certes oui je me suis défié, non pas du désir de

DE L'APPAREIL NERVEUX CENTRAL DE L'OLFACTION. 341

démontrer la justesse d'une présomption physiologique, 1

mais du désir que j'avais de démontrer l'unité de dis-

position d'un même système anatomique, en prenant

pour type l'unité qui s'éloigne ou semble s'éloigner le

plus de la disposition uniforme adaptée aux autres

unités similaires. Si les très sages et très prudents

conseils de Vulpian m'ont quelque peu ébranlé, j'ai

repris courage et me suis senti raffermi en lisant les

lignes suivantes de Broca :

Après avoir examiné les services que peuvent rendre

la méthode expérimentale et l'anatomie comparée dans

les recherches sur le cerveau « dont l'anatomie est

bien éloignée de la perfection » Broca, ajoute :

« ... Mais la méthode anatomique, quoique réléguée

alors sur le dernier plan, n'a pas pour cela perdu de

sa valeur; et l'on sait qu'elle a réalisé souvent des

découvertes importantes, dont l'exactitude a ensuite

été confirmée par l'expérimentation. Elle n'est donc

jamais à dédaigner; son utilité se manifeste surtout

dans les cas où la méthode expérimentale n'est pas

applicable, et j'ai déjà dit que l'étude des localisations

cérébrales échappe le plus souvent à cette dernière

méthode. »

Que si je me suis trompé, on voudra bien me ran-

ger parmi les observateurs consciencieux dont parlait

Vulpian; et de ce mémoire, si l'ensemble est démoli,

il restera au moins les quelques faits anatomiques que

je signale et que je crois nouveaux. Je dis « je crois »

par ce qu'à notre époque de découvertes ininterrom-

pues, il est bien difficile, pour ne pas dire impossible

de prétendre avoir la priorité d'une découverte en

anatomie.

34 . . ANATOMIE.

En définitive, en invoquant l'appel de Broca, je

crois devoir m'applaudir d'avoir suivi la marche que

j'ai adoptée, car il n'est pas douteux que si j'avais lu,

avant de commencer mes recherches, ce que j'ai lu

depuis dans les auteurs, une fois celles-ci terminées,

je n'aurais pas abouti. Le silence des uns, la négation

des autres, les exposés de ceux-ci, les explications

fonctionnelles de ceux-là m'auraient certainement

arrêté ou dérouté. Tandis qu'ayant bien pris posses-

sion de mon terrain, j'ai pu me rendre compte - ou

j'ai cru me rendre compte des dissidences, des

négations, des explications et des oublis des anato-

mistes.

Pour me conformer à la façon dont j'ai envisagé le

circuit nerveux, je vais décrira pour le demi-circuit

sensitif de l'appareil nerveux de l'olfaction les trois

arcs dont j'ai parlé plus haut. Mais au préalable je

ferai la description de ces arcs : 1° de celle d'un car-

refour qui occupe l'espace perforé antérieur, vers

lequel convergent ces arcs, y compris l'arc direct, et

duquel partent les origines apparentes des nerfs olfac-

tifs ; 2° de celle du centre cortical présumé de l'olfac-

tion.

Voici en conséquence l'ordre que je suivrai : 1° Car-

refour olfactif; - 2° Centre cortical de l'olfaction; -

3° Arc rachidien ; 4° Arc intermédiaire ; 5° Arc

cérébral; - 6° Arc direct, comprenant un rattache-

ment du carrefour avec : a, le noyau cortical ; b, l'arc

cérébral. Le schéma ci-joint (.1'ig. 28) donnera une

idée d'ensemble de la description qui va suivre.

Il ne faut pas chercher dans ce schéma les rapports

DE L'APPAREIL NERVEUX CENTRAI, DE 1,'OLFACTION. J η3

normaux des différents éléments qui composent l'ap-

pareil olfactif.

Il représente ces différents éléments comme situés sur

le même plan, alors qu'il en existe au moins deux :

un premier, vertical, situé en dehors du plan médian z

Fig.28.

c, ? Corps calleux. - C. g., Corps godraniié. - C. o., Couche optique. - r, 111.

'fuberrule nutnyillairc. - lr.. i. p. Espace inlcrpéùoncnl.dl'c.

B. d. Dnmle diagonale. A. o. Arc olfactif. - L. o. Lobe olfactif. La bande dia-

go n,de et l'arc olfactif forment le carrefour olfactif, avec le lobule comme émanation.

1. r. Arc rachidien. émergeant au niveau de l'espace intcrpédoncularre, en

dedans des pédoncules cérébraux : il entre en relation avec le tubercule mamillaire et

à aboutir u la bande diagonale.

C. b. Corps bordant se continuant avec P. p. pilier postérieur, et P. a., pilier

antérieur. Celui-ci, après avoir traversé le tubercule mamillaire, forme le pilier réfléchi

P. r., qui va à la couche optique. Ces éléments constituent l'arc cérébral.

H. p. o. Ruban péri-optique, reliant la couche optique à la bande diagonale : arc

intermédiaire.

D. c. g. Division postérieure du corps godronné en : 1° C. a. s., corps godronné

supérieur; 2° une branche qui se bifurque pour fournir 11'T : l'origine des nerfs de

Lnncisi et L. y. les nerfs de la Lyre. Le prolongement supérieur du corps godronné est

relié à l'angle interne de la bande diagonale en P. c. c, pédoncule du corps calleux,

par le corps bordant supérieur C. b. s, prolongement de la lame réticulée L. r. Le

pédoncule du corps calleux reçoit aussi en L la partie antérieure ou fin des nerfs de

Laucisi, N. L. La lame réticulee, dans sa partie antérieure, est également rattachée à

l'angle externe de la bande diagonale L. r. Tous ces éléments forment l'arc direct

cérébral.

A. d. d. Arc demi-direct rattachant l'arc cérébral à la bande diagonale. '

Les arcs rachidien, cérébral et intermédiaire sont striés en long. L'arc direct, en tra-

vers. L'arc demi-direct est pointillé. .

344 ANATOMIE.

et qui comprend le corps godronné et ses lames bor-

dantes, ses prolongements et le corps calleux; un

second, comprenant plusieurs plans horizontaux et

dans lesquels sont- situés le carrefour avec l'arc olfac-

tif et la bande diagonale, l'arc rachidien, l'arc inter-

médiaire et la partie postérieure de l'arc cérébral

pilier postérieur et voûte. La partie antérieure de

l'arc cérébral pilier antérieur et pilier réfléchi

est dans un second plan vertical'.

Il faut donc se représenter les différents plans hori-

zontaux comme n'en formant qu'un seul, et celui-ci

est supposé rabattu en dedans autour d'une ligne pas-

sant par le tubercule antérieur de la couche optique.

C'est ce qui explique certaines disproportions, entre

autres celle de l'arc direct C. b. et les rapports qu'il

paraît avoir avec le nerf olfactif et son lobe.

Lobes olfactifs. Avant d'aborder mon sujet, je

veux dire quelques mots des renflements des nerfs

olfactifs, bien que la partie périphérique de l'appareil

nerveux de l'olfaction ne soit pas comprise dans le

cadre de mon travail. De par l'histologie, l'embryolo-

gie et l'anatomie comparée, on a fait de ces renfle-

ments de véritables lobes cérébraux, constitués de

toutes pièces et reliés à la masse centrale par les

pédoncules. Je n'y veux point contredire : mais alors,

aussi au nom de l'histologie, de l'embryogénie et de

l'anatomie comparée, il faut faire de la rétine un autre

lobe cérébral, car elle a été également une vésicule

cérébrale, le nerf optique a été creusé d'une cavité et

a contenu de la substance grise ; quant à sa texture,

elle est cérébrale en grande partie.

DE L'APPAREIL NERVEUX CENTRAL DE L'OLFACTION. 345

Personne n'y a songé, que je sache du moins. Les

raisons embryogéniques et histologiques n'ont pas

paru suffisantes pour en faire une « expansion du cer-

veau ».

Les deux organes sont donc aujourd'hui considérés

comme n'ayant aucune analogie.

Pour ma part, je serais fort tenté de conclure à leur

identité. La texture du renflement olfactif, én effet,

se rapproche beaucoup de celle de la rétine : le nom-

bre des couches y est moins nombreux, il est vrai;

mais il faut ne pas perdre de vue que ces. couches se

continuent sur la tache olfactive de la muqueuse

nasale (cellules, bâtonnets et membrane limitante).

La membrane optique est soutenue par une sphère

liquide sur laquelle elle s'étale. La membrane olfac-

tive forme une masse ellipsoïdale allongée , sans

cavité remplie par un liquide. Mais que l'on suppose

la persistance de la cavité foetale, ainsi que cela a lieu

chez certains animaux, on aura alors une véritable

rétine étalée sur une sphère liquide, à cette seule dif-

férence que quelques-unes des zones correspondantes

à celles de la rétine optique occupent la tache olfac-

tive de la muqueuse nasale. Cette différence constitue-

t-elle une séparation tranchée entre les deux émana-

tions ou irradiations des nerfs optiques et olfactifs ? Je

ne le crois pas; je n'y vois qu'une simple modifica-

tion.

Je pense que si les histologistes autorisés reprennent

cette idée, ils arriveront à adopter cette conception.

Malgré la façon brillante dont Broca a entouré son

lobe olfactif de toutes les propriétés et de toutes les

qualités, je ne me déclare pas convaincu. Et, avant de

346 ANATOMIE.

consacrer une exception aussi singulière, je demande

aux anatomistes s'il n'est pas plus rationnel de cher-

cher le centre de l'olfaction cérébrale, dans la région

où se trouvent certainement, quoique non précisés

pour tous, encore les centres des autres sens.

C'est ce que je vais tenter. Si mes idées sont confir-

mées, il n'y aura plus aucune raisoQ pour conserver

au renflement olfactif l'importante mission qu'on lui a

confiée. Ce sera une simple rétine olfactive. S'il est

un peu déchu, il n'en aura pas moins une fonction

supérieure ; et les pédoncules des lobes seront de

simples racines nerveuses avec leurs origines appa-

rentes au niveau de l'espace perforé antérieur. Qu'en

raison de la structure spéciale des lobes olfactifs, on

en fasse une dépendance plus ou moins immédiate du

cerveau, je n'y vois pas grand inconvénient; mais

alors que ce soit par analogie avec la rétine optique,

qui possède les mêmes raisons pour être rattachée au

cerveau; et qu'il soit bien entendu que ces deux élé-

ments de deux appareils différents ont la plus parfaite

analogie.

ESPACE PERFORÉ ANTÉRIEUR

1° Carrefour olfactif. - Tous les auteurs admettent

que cette région est constituée par une lamelle de

substance grise, dont les limites ne seraient autres

que celles du quadrilatère. A mon avis, cette dispo-

sition existe, mais elle est très loin d'être la plus fré-

quente.

La disposition la plus ordinaire est la suivante : dans

son tiers externe, le quadrilatère est plutôt blanc.

DE L'APPAREIL NERVEUX CENTRAL DE L'OLFACTION. 347

Cette partie blanche a la forme d'un triangle dont un

des côtés, l'externe, est adossé au crochet de l'hippo-

campe ; le postérieur, à la bandelette optique; l'in.

terne, plus ou moins excavé, à la substance grise qui

recouvre les deux autres tiers de l'espace.

Cette substance grise est en quantité très variable :

c'est une très mince lamelle le plus souvent; d'autres

fois, elle est au contraire en couche assez épaisse. Sa

couleur varie aussi : elle est noire quand elle est

amassée dans la partie interne de l'espace perforé.

En dehors de cette disposition qui m'a paru être

la règle, je citerai celle dans laquelle la surface qua-

drilatère est entièrement blanche. Elle est assez fré-

quente. Entre ces trois dispositions, il est facile de

concevoir de nombreuses variétés, qu'il n'est pas

besoin de décrire.

Substance grise de l'espace perforé. - Cette subs-

tance grise, qu'elle soit amassée dans une partie

seulement du quadrilatère, qu'elle s'étale en couches

plus ou moins minces sur toute la surface de celui-ci,

est en continuation directe avec la racine grise supé-

rieure, dite racine du Scemméring. Celle ci doit donc

eu être considérée comme le prolongement en avant,

comme la condensation de cette lame grise. Quoique

le plus souvent renfermée dans les barrières du qua-

drilatère, il est si fréquent de voir la substance grise

se continuer en dedans et en haut avec ce que j'ap-

pellerai plus loin le prolongement supérieur du

corps godronné et en dehors avec l'origine de ce

corps, que je la considère sinon comme une partie, du

moins, comme une émanation de la formation go-

dronnée.

348 ' ANATOMIE.

Substance blanche de l'espace perforé.- En arra-

chant la pie-mère, on enlève le plus souvent le peu

de substance grise qui se trouve être en dehors. Avec

le manche du scalpel, il est facile de racler celle qui

est en dedans. Voici alors ce que l'on observe :

Bande diagonale. - Les deux tiers de l'espace sont

occupés en arrière par une bande de tissu blanc qui

a la forme d'un triangle dont le sommet tronqué, di-

rigé en dedans, arrive à la marge interne du quadri-

latère et dont la base s'étale autour de l'implantation

du crochet de l'hippocampe. Cette bande diagonale est

plus ou moins large. Remplissant quelquefois, rare-

ment il est vrai, tout l'espace perforé, elle est, d'au-

tres fois, réduite à quelques petits faisceaux ; mais ces

faisceaux sont toujours très apparents et très faciles à

voir sans préparation aucune.

La bande diagonale ne s'arrête pas en dedans sur

la marge de l'espace perforé. Elle se coude en ce

point pour devenir verticale et se continuer avec ce

que les auteurs décrivent sous le nom de pédoncule

du corps calleux, pédoncule dont j'établirai plus loin

le rôle dans l'appareil olfactif. La bande diagonale est

épaisse; en dedans, nous avons vu qu'elle forme un

relief comblé par la substance grise; nous verrons

qu'une partie de son plan profond est constitué par

l'implantation de l'arc rachidien. Elle a une couleur,

un aspect et une densité que nous retrouverons, du

reste, dans tout le tissu médullaire de l'appareil ol-

factif,

Quelles sont les relations qui existent entre cette

bande diagonale et les tractus olfactifs ? - D'abord,

comme je le dirai plus loin, il n'est pas rare de voir la

DE L'APPAREIL NERVEUX CENTRAL DE L'OLFACTION. 349

bande adhérer par sa partie externe à la racine olfac-

tive externe. Ensuite, lorsqu'il y a, à ce niveau, un

peu'de tissu gris et qu'on l'enlève avec celui de la

partie interne, on se trouve en présence de l'intéres-

sante disposition suivante :

Arc olfactif. - De l'angle de jonction des deux ra-

cines olfactives, partent des tractus blancs qui se pla-

cent au-dessous de ces racines, et, se superposant,

forment de chaque côté un petit ruban dont celles-ci

constituent le bord superficiel apparent. Ces tractus

sont, pour la plupart, la continuation des fibres des

nerfs olfactifs ; quelques-uns émanent du noyau de

Soemmering.

Les deux arcs ainsi constitués forment en se réu-

nissant une demi-circonférence - ou à peu près, -

dont la concavité regarde en arrière, et dont les deux

extrémités aboutissent aux deux extrémités de la por-

tion horizontale de la bande diagonale. Superficielle-

ment, les extrémités de la demi-circonférence sont,

comme je l'ai dit, représentées par celles des racines

olfactives. L'externe semble parfois s'éloigner de la

bande diagonale; mais il est facile de s'assurer qu'a-

près avoir décrit une anse elle y revient souvent.Nous

verrons quelle est sa terminaison, quand elle en reste

isolée. Quant à la racine interne - lorsqu'elle est

apparente elle ne se fixe pas à l'extrémité interne

de la diagonale, mais elle s'en rapproche et finit par

aller se confondre avec elle dans sa portion verticale,

c'est-à-dire au point où la bande va se continuer avec

le pédoncule du corps calleux.

Quand la racine interne n'est pas visible extérieu-

rement, ce qui arrive fréquemment, on la retrouve

3SO ANATOMIE.

après l'enlèvement de la substance grise; elle adhère

dans ce cas, par sa terminaison, à l'extrémité interne

de la portion horizontale de la diagonale, mais n'en

continue pas moins son trajet de concert avec cette

dernière, comme cela a lieu lorsqu'elle existe à la

superficie.

En définitive, quand on a soulevé la substance grise

qui revêt l'espace perforé, on constate la présence

d'un grand arc à concavité postérieure. Cet arc olfac-

tif ' est en continuité, par la partie moyenne de sa

convexité, c'est-à-dire en avant, avec les nerfs olfac-

tifs et leur racine grise; par ses deux terminaisons,

externe et interne, avec les deux extrémités de la por-

tion horizontale de la bande diagonale. Mais là ne se

bornent pas les connexités entre l'axe olfactif et la

bande diagonale.

Formation pectinée. - En dehors, dans le tiers

externe de l'arc olfactif, des tractus blancs parallèles,

ou souvent une lamelle pleine, vont de cette partie de

l'arc au bord antérieur de la diagonale. Dans les deux

tiers internes, ce sont des filets plus minces que les

premiers placés aussi parallèlement les uns auprès des

autres et dans l'intervalle desquels est logée de la subs-

tance grise, qui relient l'arc à la diagonale (voir fiq. 29).

Cette formation pectinée est située au fond d'une

cuvette remplie par la substance grise ; il faut enlever

celle-ci pour apercevoir les fines dents du peigne. Ces

dernières ont donc à remonter pour aboutir au bord

de la bande diagonale. En tirant en arrière sur cette

1 Rolando, d'après Foville, ainsi qu'on le verra dans les notes ci-après

avait vu cet arc, et lui avait donné le nom d'arc olfactif, que je propose

de conserver.

DE L'APPAREIL NERVEUX CENTRAL DE L'OLFACTION. 3D'l

bande, on voit très bien les implantations des filets

olfactifs sur son bord antérieur.

Tous les faisceaux provenant des nerfs olfactif vont

donc aboutir à la bande diagonale : cela est incontes-

table. -

De plus,- comme on le voit, ces troncs auxquels on

ne donnait comme origine que deux racines extrême-

ment grêles et nullement en rapport, par suite, avec leur

volume (et encore l'une d'elles est .notée comme man-

quant souvent), fournissent ou plutôt reçoivent une

somme de fibres proportionnelle à ce volume. Les

racines seules décrites jusqu'à ce jour ne sont donc en

réalité que la partie apparente, superficielle d'un

ensemble de faisceaux profonds qui se continuent soit

avec les fibres des troncs olfactifs soit avec la subs-

Fig. 29. - Schéma du champ olfactif.

S.I. Scissure inter-hémisphérique. - G.C. Genou du corps calleux. - C.O. Chiasma

optique. L.O. Lobe olfactif. A.O. Arc olfactif. B.D. Bande diagonale F.P.

Formation pectinëe. PC. Pédoncule du corps calleux se continuant en arrière avec la

bande diagonale et la branche interne de l'arc olfactif. - L.S.G. Lame de substance

grise accompagnant le pédoncule du corps calleux et se continuant avec la substance

grise qui recouvre les filets de la formation peclinée et s'interpose entre ces filets.

352 ANATOMIE.

tance blanche incluse dans la pyramide grise de Soem-

mering.

Indépendamment des racines apparentes, internes et

externes, il y a aussi des racines apparentes moyennes

que les classiques ne mentionnent pas, bien qu'elles

soient relativement fréquentes ; il faut cependant

noter que la plupart des figures des ouvrages"1 repré-

sentant ces racines moyennes.

Circonvolutions olfactives. Quelques auteurs dé-

crivent deux circonvolutions olfactives, une interne et

une externe ; l'interne irait aboutir à l'origine de la

circonvolution du corps calleux : l'externe aurait une

terminaison variable. J'ai en effet, rencontré plusieurs

fois cette disposition, dont je crois pouvoir donner

l'explication suivante :

Ces deux circonvolutions ne seraient que les soulè-

vements de la substance grise de l'espace perforé, qui

au lieu d'être étalée sur cet espace se ramasserait sous

cette forme. En effet, dans ce cas, la substance grise

manque totalement ou est en minime proportion. La

circonvolution interne ne va pas, comme on le dit,

à la circonvolution du corps calleux, mais bien à un

prolongement du corps godroné, absolument comme

l'expansion plate, rubanée de la substance grise de

l'espace perforé dont j'ai parlé plus haut.

. Quant à la circonvolution externe, quoiqu'elle paraisse

se continuer quelquefois très loin, elle ne dépasse

pas en réalité la limite externe de l'espace oerforé.

Lorsque les deux circonvolutions existent, les deux

racines olfactives superficielles sont situées sur leur

face saillante et ont les mêmes terminaisons que d'or-

dinaire. Cette disposition anatomique n'est donc

DE L'APPAREIL NERVEUX CENTRAL DE L'OLFACTION. 353

qu'une variété des nombreuses dispositions que présente

la substance grise de l'espace quadrilatère.

En définitive, le nerf olfactif, au niveau de l'espace

perforé antérieur, a des origines étalées comme celles

de tous les autres nerfs rachidiens sensitifs au niveau

de la zone radiculaire postérieure de Charcot; et c'est de

cette surface d'étalement que partiront les arcs rachi-

dien, intermédiaire et cérébral. Qu'à cette surface on

ajoute : 1° la bande diagonale, qui n'est qu'un faisceau

destiné à raccorder la zone radiculaire aux différents

étages de l'axé nerveux ; 2° l'amas de substance grise,

qui constitue la racine grise des^nerfs de l'olfaction ou

aura le champ ou carrefour olfactif*.

Notes bibliographiques. - Arc olfactif. FOVILLE est le

seul auteur qui mentionne ce fait anatomique. Il est vrai que

toujours préoccupé de son système d'agencement de cintres

fibreux, il fait de cet « accent circonflexe », comme il l'appelle,

une dépendance de son « cercle fibreux de l'ourlet ». Il n'a pas

vu les connexions intimes des racines olfactives et de la bande

diagonale. D'après Foville, RoLANDO aurait vu la demi-circon-

férence formée par les racines olfactives et lui aurait donné le

nom «d'arc olfactif ».

Bande diagonale. - FOVILLE la décrit ainsi : « De la moitié

postérieure de son côté externe, à l'extrémité antérieure de son

côté interne, la surface du quadrilatère est traversée par une

couche blanchâtre plus large au dehors qu'en dedans. » Plus

loin, il le désigne sous le nom de « bande diagonale. » Entrainé

par son idée des « systèmes fibreux », il la rattache aussi à la

charpente des fibres d'associations. ',

BROCA. - « L'origine du corps calleux où se rend et où se

perd la racine olfactive interne, est évidemment affectée à la

fonction olfactive, ainsi que le lobule de l'hippocampe où se

rend la racine olfactive interne. Tout l'espace quadrilatère

1 Broca désigne sous ce dernier nom une petite région située sur la

face interne de l'hémisphère, au-dessus de la marge du quadrilatère.

Cette désignation appliquée à l'espace perforé antérieur me' parait plus

justiliée.

Arcuives, t. XX. 23

3S4 ANATOMIE.

compris entre ces deux points est occupé par la racine olfactive

. moyenne et est évidemment affecté à la môme fonction. Il est

donc tout naturel que toutes ces parties soient reliées entre

elles par une même couche corticale. Il ne s'agit point ici de

cette continuité insignifiante et en quelque sorte banale, que

la substance grise extérieure établit entre toutes les parties de

la surface plus ou moins anfractueuse mais ininterrompue de

l'hémisphère. La substance grise fait bien réellement partie

intégrante de l'appareil olfactif, car elle disparait, en même

temps que les fibres blanches de la racine moyenne, chez les

anosmatiques; elle établit donc chez les osmatiques une con-

tinuté véritable, à la fois anatomique et fonctionnelle, entre

les deux centres olfactifs où aboutissent les deux racines blan-

ches, c'est-à-dire entre le lobe de l'hippocampe et l'origine du

corps calleux.

Mais n'existe-t-il pas en outre, entre ces deux centres (olfac-

tifs) une communication directe par des fibres nerveuses

étendues de l'une à l'autre ? C'est ce qu'il s'agit maintenant

d'examiner. » Et il décrit la bande diagonale des osmatiques.

Chose curieuse, et dont je ne puis avoir l'explication : cette

bandelette qu'il aperçoit très bien. chez les osmatiques, il ne

la retrouve plus chez les anosmatiques; d'après lui, elle serait

rudimentaire chez l'homme. « La bandelette diagonale, qui

traverse l'espace quadrilatère, continue à traverser de la même

manière l'espace perforé; mais considérablement atrophiée,

réduite à quelques filaments peu serrés les uns contre les

autres, elle ne se distingue pas de la substance grise dans

laquelle ses fibres cheminent. Il en reste toutefois un vestige,

qui est quelquefois très apparent chez l'homme, et qui a été

décrit par Vicq-d'Azyr sous le nom de pédoncule du corps

calleux. C'est un petit tractus blanc qui, né du bec du corps

calleux, sur la ligne médiane, chemine d'avant en arrière le

long de la ligne médiane jusqu'au niveau de la lame grise dite

racine grise du chiasma, et qui alors, se dirigeant en dehors le

long du bord antéro-externe de la bandelette optique, va se

perdre après un court trajet, dans la substance grise de l'espace

perforé sans atteindre le lobule de l'hippocampe. Telle est la

description classique et d'après cela, le pédoncule du corps

calleux, restant tout à fait étranger au lobule de l'hippocampe,

ainsi qu'au lobule du corps calleux, représenterait tout au plus

la portion la plus interne de quelques fibres diagonales qui

DE L'APPAREIL NERVEUX CENTRAL DE L'OLFACTION. 35S

vont, sinon chez tous les osmatiques, du moins chez quelques-

uns, se rendre au bec du corps calleux; et rien ne représen-

terait chez l'homme la véritable bandelette diagonale, qui se

porte au lobule de l'hippocampe à l'origine du corps calleux.

a Mais cette connexion que l'on aperçoit pas à l'état normal,

peut être rendue apparente dans certains cas pathologiques. Il

y a quelques mois en faisant l'autopsie d'un homme de trente-

sept ans, qui avait succombé à une paralysie générale, je

découvris enfin la bandelette diagonale que j'avais vainement

cherchée sur les cerveaux sains... »

Comment expliquer cette erreur d'observation de la part de

Broca ? Je ne le puis, car il s'agit d'un fait anatomique très

simple, très facile à constater sans préparation. Sur plus de

cent cerveaux qui me sont passés sous les yeux, je l'ai toujours

constaté.

Circonvolutions olfactives. -Pour BROCA, ces circonvolutions

constitueraient un centre olfactif, et les tractus blancs qui

partent de la racine grise viendraient s'y perdre. On a vu plus

haut la terminaison réelle de ces tractus.

HuGuENiN. - « On a admis chez l'homme une circonvo-

lution olfactive interne et une circonvolution olfactive externe.

Les circonvolutions existent réellement chez beaucoup

d'animaux, mais chez l'homme il n'y a bien certainement pas

de circonvolution olfactive externe, c'est-à-dire une circon-

volution propre qui accompagnerait la racine externe jusqu'à

la circonvolution de l'hippocampe. Par contre, on peut dis-

tinguer quelquefois une petite circonvolution qui suit la racine

blanche interne jusqu'à l'extrémité frontale de la circonvolution

de l'ourlet. »

- (A suivre.)

PHYSIOLOGIE

RECHERCHES CLINIQUES SUR LA PSYCHOPHYSIQUE

ÉTUDE SUR LA PERCEPTIBILITE DIFFERENTIELLE

Par Maurice MENDELSSOHN et F.-C. 11ULLEI1-LYER.

A.. - Recherches cliniques SUR la perceptibilité DIF-

FÉRENTIELLE DU sens DE la VUE chez l'homme sain ET

MALADE ' .

III. Observations et faits cliniques.

Avant d'aborder la discussion de faits qui se déga-

gent de nos recherches, nous croyons utile de donner

quelques détails sur les résultats de nos expériences

faites sur des malades appartenant aux divers types

pathologiques. Nous verrons ainsi s'il y a lieu d'en

tirer quelques conclusions spéciales pour chaque

forme morbide, et combien la perceptibilité différen-

tielle varie ou non dans les différentes maladies du

système nerveux.

Nos recherches ont porté sur deux cents malades

réunis dans le service de M. le professeur Charcot à

la Salpêtrière (Clinique, infirmerie, bâtiments) ainsi

(1) Voy. t. XIV, n° 42, p. 3Sr. - Quelques erreurs expérimentales

s'étant introduites dans nos recherches au moment où nous les avons

crues terminées, nous avons été forcés d'instituer une nouvelle série d'ex-

périences, ce qui a retardé la publication de la suite de notre travail.

LES AUTEURS.

DK LA PERCEPTIBILITÉ DIFFÉRENTIELLE. 57

que sur un certain nombre de cas intéressants qui se

sont présentés à la consultation externe de M. Charcot.

Nous ne communiquerons ici que les résultats de

nos recherches faites sur le sens de la vue de chaque

malade, sans entrer dans les détails concernant les au-

tres symptômes de la maladie, ceux-ci, n'ayant que peu

d'importance pour le travail présent. Ajoutons cepen-

dant, que les observations détaillées de tous ces malades

se trouvent dans tous les registres du service de

M. Charcot, et qu'un certain nombre de ces malades a

été déjà utilisé par l'un de nous dans ses recherches

antérieures (sur la période latente et sur la secousse

musculaire) faites à la Salpêtrière, ainsi que par d'au-

tres élèves de cette école, dont les thèses renferment

un grand nombre de ces observations. Dans nos com-

munications ultérieures, où nous aurons à chercher les

rapports entre les phénomènes psycho-physiques et les

symptômes cliniques dans les différentes maladies des

centres nerveux, nous reprendrons l'histoire détaillée

de chaque malade sous différents rapports; pour le mo-

ment, nous nous contenterons de déterminer la percepti-

bilité différentielle dans ses rapports avec d'autres

fonctions de l'appareil visuel dans les différents états

pathologiques du système nerveux. Aussi, nous nous

bornerons à ne communiquer ici, que les résultats de

notre examen du sens de la vue portant sur : la per-

ceptibilité différentielle, l'acuité visuelle, l'étendue du

champs visuel et la perception des couleurs (sens

chromatique).

La perceptibilité différentielle fut déterminée d'a-

près la méthode décrite plus haut; quant aux autres

fonctions de l'appareil visuel, elles furent déterminées

r)

358 PHYSIOLOGIE.

à l'aide de procédés en usage dans le laboratoire

ophtalmologique de la Salpêtrière et décrites à plusieurs

reprises dans les travaux, sortis de ce laboratoire.

Tous les cas examinés par nous peuvent être rangés

en deux catégories : 1° cas positifs concernant les ma-

ladies dans lesquelles la perceptibilité différentielle est

modifiée par le processus morbide; 2° cas négatifs où

la perceptibilité différentielle paraît ne pas être at-

teinte par la maladie. Bien entendu, nous n'avons pas à

parler ici de ces derniers cas, dans la catégorie des-

quels nous rangeons : l'hémiplégie d'origine cérébrale

sans hémypiopie, la paralysie générale progressive,

la chorée, l'épilepsie, paralysie agitante, goitre exoph-

talmique, et nous ne citons ici que les maladies que

nous avons eu l'occasion d'étudier on point de vue

qui nous intéresse. Nous nous occuperons ici exclusi-

sivement de cas positifs, auxquels appartiennent : l'a-

taxie locomotrice progressive (tabès), alcoolisme, hé-

miopie d'origine cérébrale (hémiplégie) et l'hystérie.

A. Tabès. Nous avons examiné 38 tabétiques

dont 22 présentaient des lésions du fond de l'oeil.

Chez les 16 malades avec le fond de l'oeil plus

ou moins normal, on constatait malgré le défaut

absolu d'altérations anatomiques à l'examen oph-

talmoscopique, certains troubles fonctionnels de la

vue comme diplopie, dyschromatopsie rétrécisse-

ment du champ visuel, diminution de l'acuité visuelle,

absence ou faiblesse des réactions pupillaires, défaut

de convergence, etc. Tous nos malades étaient des

tabétiques avancés avec des douleurs fulgurantes,

signe de Westphal, signe de Romberg, ataxie, altéra-

tions de la sensibilité, troubles de la miction, etc. -

DE LA PERCEPTIBILITÉ DIFFÉRENTIELLE. 359

Voici quelques résultats de nos expériences, représen-

tés sous forme de tableaux dans lesquels OD signifie

oeil droit, OG -- oeil gauche, YB vision binocu-

laire. Les malades de la clinique sont des hommes,

d'autres malades sont pour la plupart des femmes.

360 PHYSIOLOGIE.

DE LA PERCEPTIBILITÉ DIFFÉRENTIELLE. 361

362 PHYSIOLOGIE.

19 femmes et 15 hommes. Tous les malades étaient

des hystériques à crise avec des ^anesthésies et des

points hystérogènes. Quelques-uns ont été atteints de

paralysie motrice. Leurs observations sont consignées

dans les leçons de M. Charcot et dans plusieurs thèses

sorties ces dernières années de la Salpêtrière.

L'examen des yeux chez les hystériques a porté sur

la perceptibilité différentielle : champs visuel, acuité

visuelle et dyschromtaopsie Nous avons examiné aussi

la polyopie monoculaire et la micro -mégalopsie, deux

symptômes, qui, d'après M. Parinaud accompagnent

presque toujours l'amblyopie hystérique.

La détermination de l'acuité visuelle présente chez

les hystériques de certaines difficultés liées au spasme

de l'accommodation dont ces malades sont fréquemment

atteints ; aussi, autant que possible, nous prenions en

considération seulement les cas dans lesquels on

constatait une acuité visuelle normale ou presque nor-

male.

La constance de phénomènes observés chez les

hystériques est surprenante. Notre maître, M. le profes-

ssur Charcot a déjà maintes fois attiré l'attention sur ce

fait que nos recherches viennent de confirmer. Nous

avons examiné les hystériques à plusieurs reprises et

nous obtenions toujours les mêmes résultats, Ajoutons

cependant que nous avons constaté une certaine in-

constance de symptômes et pour des raisons faciles à

comprendre chez les hystériques facilement hypnotisa-

bles et fréquemment hypnotisés; chez ces derniers, les

chiffres obtenus variaient parfois d'un jour à l'autre.

Mais ce n'est que la valeur absolue pour chaque oeil

qui varie, tandis que la valeur relative c'est-à-dire le

DE LA PERCEPTIBILITÉ DIFFÉRENTIELLE. 363

rapport entre les valeurs de deux yeux reste toujours

constant. ' "

Un fait intéressant est encore à noter. L'état som-

nambulique chez les hystériques modifie sensiblement.

la perceptibilité différentielle; celle-ci devient non seu-

lement plus le qu'à l'état de veille mais elle dé-,

passe même le seuil de l'oeil normal chez un individu

sain. Ainsi, plusieurs hystériques avec une perceptibilité

différentielle diminuée à l'état de veille (115 - 310). li-

saient à l'état de somnambulisme le n° 51 de nos tables,

par conséquent présentaient une perceptibilité diffé-

rentielle au-dessus, du seuil ( ) qui correspond au

96 9b '

n° 47, tandis que le seuil de nos yeux normaux est à

( (ni 44). Après ce court aperçu de faits cli-

niques, nous pouvons aborder la discussion des résultats

généraux.

IV. - Résultats généraux et conclusions .

Quand on veut étudier les modifications, qu'une

fonction donnée subit sous l'action des influences

pathologiques il faut avant tout connaître la façon ,

dont cette fonction se comporte à l'état physiologique.

Cela devient surtout indispensable dans le cas qui nous

concerne, vu que les données fournies par les diffé-

rents auteurs sur la perceptibilité différentielle, varient

suivant la méthode employée. Aussi nous avons cru

nécessaire d'entreprendre une série de recherches

faites au moyen de nos procédés personnels sur la

364 PHYSIOLOGIE.

perceptibilité différentielle de luit normal. Avant t

d'aborder la discussion de faits qui se dégagent de

nos expériences cliniques, nous allons exposer ici

les résultats des recherches suivantes faites exclusive-

ment sur nos propres yeux normaux. Ces résultats se

montrèrent si concordants les conditions de l'expé-

rience restant rigoureusement identiques que nous

nous crûmes autorisés pour le moment à ne pas pour-

suivre nos recherches sur d'autres individus.

Toutes les recherches ont été faites à l'aide des deux

méthodes précitées : celle des ombres et celle des

tableaux. La perceptibilité différentielle de nos yeux

fut étudiée à différents degrés de l'éclairage, ce qui

nous a permis de déterminer l'influence, qu'exerce

l'intensité lumineuse sur la perceptibilité différentielle.

Nous avons obtenu ainsi la courbe suivante qui

exprime la marche de la perceptibilité différentielle à

des intensités lumineuses croissantes et marquées sur

l'abscisse x.

On voit, d'après cette courbe, que la perceptibilité

différentielle augmente avec l'éclairage jusqu'à une

certaine hauteur, à partir de laquelle elle devient à peu

près constante. - Cette courbe fut obtenue dans une

série d'expériences instituées par la méthode des om-

bres. La bougie qui exprimait la valeur de l'éclairage

se trouvait dans la première expérience à 40 centi-

mètres de distance de la planche, sur laquelle l'ombre

fut projetée ; cette distance a été un peu plus grande

dans les expériences suivantes. L'autre bougie, celle

qui projetait l'ombre, était placée dans chaque expé-

rience à une distance telle, que l'ombre projetée par

elle fût à peine perçue. Le tableau suivant contient

DE LA PERCEPTIBILITÉ DIFFÉRENTIELLE. 365

des chiffres, qui représentent les valeurs successives

de la perceptibilité différentielle correspondant aux

différentes intensités lumineuses. C'est d'après ces

chiffres que nous avons tracé la courbe précédente.

366 PHYSIOLOGIE.

tableaux; elle montrait également la diminution de la

perceptibilité différentielle avec le décroissement de

l'intensité lumineuse. Nous nous servions de la méthode

des tableaux à la lumière du jour, celle-ci étant consi-

dérée comme 1.380 unités d'intensité lumineuse. Pour

obtenir un éclairage variable, nous nous servions d'un

certain nombre de verres fumés d'opacité différente.

Ces verres comparés avec la clarté du jour présen-

taient les intensités lumineuses suivante; ? :

DE LA PERCEPTIBILITÉ DIFFÉRENTIELLE. 367 Î

la méthode employée - la fraction de Fechner n'est

pas une quantité constante (ce qui exigerait sur la

courbe une ligne parallèle à l'axe des abscisses), mais

que la perceptibilité différentielle décroît avec l'inten-

sité lumineuse. Quant à la relation mathématique de

ces deux grandeurs, nous ne saurions rien affirmer de

positif pour le moment, les résultats de nos expé-

riences ne nous permettant pas encore d'en déduire

une loi mathématique. On peut toutefois déjà affirmer

que le rapport entre la perceptibilité différentielle

et l'intensité lumineuse s'exprime par une courbe

présentant les caractères suivants : la courbe est

concave vers l'axe des abscisses ; elle s'élève d'a-

bord très rapidement, ensuite de plus en plus lente-

ment pour devenir presque parallèle à l'abscisse. La

perceptibilité différentielle à partir des plus faibles

valeurs de l'intensité lumineuse croît donc très vite

au début, puis de plus en plus lentement, pour at-

teindre à un certain degré de l'éclairage et pour un

nombre de valeurs successives - une grandeur à peu

près constante. Ainsi, dans la courbe obtenue par la

méthode des tableaux, elle est de 1/75 depuis l'inten-

sité lumineuse 1 : 460 jusqu'à celle de la lumière

du jour.

Les deux méthodes donnent les mêmes relations

pour la marche générale de la courbe, mais non pour

ses valeurs absolues; les valeurs obtenues par la mé-

thode des ombres sont notablement plus considérables

que celles obtenues par la méthode des tableaux. Ce

fait dépend de deux causes : 1° en opérant d'après la

première de ces méthodes nous avons - pour donner

aux expériences une plus grande précision-imprimé à

368 PHYSIOLOGIE.

l'ombre un léger mouvement; or, l'excitant en mouve-

ment agit plus énergiquement que l'excitant en repos;

2° dans la méthode des tableaux, il ne s'agit pas seule-

ment de percevoir une ombre donnée, il faut encore

distinguer la forme de cette ombre, il faut lire les

lettres. Les exigences sont ainsi bien plus grandes,

l'oeil percevant encore l'ombre alors que la forme des

caractères n'est plus discernable; enfin la lisibilité

plus ou moins grande des lettres y joue aussi un

certain rôle.

Au cours de nos recherches, nous avons pu cons-

tater le fait suivant qui est d'une certaine importance

pour la vision normale : la perceptibilité différentielle

est supérieure dans la vision binoculaire à ce qu'elle

est dans la monoculaire . Mais cette différence n'a rien

de constant : parfois insignifiante, elle atteint dans

quelques cas une valeur de 1/3 en faveur de la vision

binoculaire. Si par exemple, en se servant de la mé-

thode des ombres, on a, dans la vision monoculaire,

pour chacun des deux yeux la fraction 1/140, on

aura 1/200 pour le cas de la vision binoculaire. En

expérimentant sur des malades, nous avons constaté

le même fait comme général, ou du moins comme

loin d'être exceptionnel. Il est vrai que nous obser-

vions aussi l'inverse dans certains cas, comme ceux

de spasme d'accommodation, de paralysie des mus-

cles de l'oeil, etc. Ces cas sont suffisamment clairs par

eux-mêmes, pour qu'il n'y ait pas lieu d'insister sur la

raison pour laquelle ils ne confirment pas le fait

trouvé par nous et valable seulement pour l'oeil

normal.

Comment expliquer cette différence entre la vision

DE LA PERCEPTIBILITÉ DIFFÉRENTIELLE. 369

binoculaire et la monoculaire au profit de la première ?

S'agit-il ici d'un trouble fonctionnel, causé par l'ha-

bitude défectueuse de n'utiliser qu'un oeil dans la

vision et par l'influence qu'une pareille habitude

exerce sur l'attention, ou bien aurait-on affaire à une

synthèse cérébrale des excitants fournis par les deux

yeux ? Nous ne déciderons point la question, mais

rappellerons seulement quelques faits suivants appar-

tenant au même ordre d'idées : 1° dans le cas d'une

amplification de l'image rétinienne pour l'un des deux

yeux seulement, le sujet perçoit des différences plus

faibles, et par conséquent, sa perceptibilité différen-

tielle se trouve augmentée. Or, on peut admettre que

dans la vision binoculaire, l'étendue du champ visuel

est doublée; 2° les choses se passent d'une manière

tout à fait analogue pour la perception des couleurs.

Comme M. Parinaud l'a fait particulièrement remar-

quer, il arrive très fréquemment que des sujets atteints

de dischromatopsie ne perçoivent avec aucun de deux

yeux isolément telle couleur, qu'ils reconnaissent

immédiatement sans la moindre difficulté parla vision

binoculaire; 3° l'éblouissement d'un des deux yeux

trouble la perceptibilité différentielle de son congé-

nère. C'est un fait que nous avons pu constater

maintes fois au cours de nos expériences.

Après ce court exposé des faits relatifs à la percep-

tibilité différentielle de l'oeil normal, nous pouvons

maintenant aborder les recherches pathologiques effec-

tuées dans les mêmes conditions. Nous avons étudié

dans les différentes maladies du système nerveux les

modifications que subit la valeur absolue de la per-

ARCHIVES, t. XX. 24

370 0 PHYSIOLOGIE.

ceptibilité différentielle ainsi que la configuration de sa

courbe.

Valeur absolue de la perceptibilité différentielle.

Nos recherches cliniques montrent que la percepti-

bilité différentielle dans les maladies étudiées par nous

peut subir tous les degrés possibles de dépression, et

le fait n'est pas sans avoir une certaine portée au point

de vue psycho-physique. Effectivement, toute anes-

thésie n'est qu'une forme pathologique de la diminu-

tion de l'excitabilité, par rapport à un excitant donné.

Il existe une loi connue sous le nom de loi parallèle de

Fechner, en vertu de laquelle, lorsque la perceptibilité

d'un sens varie également pour deux excitants, la per-

ceptibilité de ce même sens pour leur différence rela-

tive ne varie point pour cela. Pour plus de clarté, ci-

tons l'exemple suivant : un oeil donné perçoit un

centième de différence entre deux excitants lumineux

a et b; si la sensibilité de cet oeil diminue, de manière

que chacun de ces deux excitants pris isolément pro-

duise un effet égal à celui que produisait la moitié de

ce même excitant avant la diminution de la sensibilité,

la différence relative de leur effet doit être, d'après

la loi parallèle, toujours la même, c'est-à-dire d'un

centième.

Cette loi n'est qu'une simple conséquence de celle

de Weber. Si en effet, la différence relative est tou-

jours perçue avec la même intensité,-quelle que soit

d'ailleurs la grandeur absolue des deux excitants,-

un affaiblissement dans l'action de ces derniers n'en-

traînera aucune modification dans la perceptibilité

différentielle, la différence relative eutre l'effet des

deux excitants restant toujours la même. Autrement

DE LA PERCEPTIBILITÉ DIFFÉRENTIELLE. 371

dit, ce sont les valeurs absolues seulement et non les

relatives, qui changent avec la diminution de l'inten-

sité des excitants. Mais jusqu'aujourd'hui, en ce qui

concerne le sens de la vue, ni la loi de Weber ni celle

de Fechner ne sont démontrées d'une façon péremp-

toire et nos recherches démontrent d'une manière des

plus concluantes que la loi parallèle de Fechner n'est

pas applicable ci toutes les modifications pathologiques

de la perceptibilité sensorielle.

Un autre fait vient à l'appui de ce principe fonda-

mental, que nous croyons pouvoir établir. On pourrait

croire que tout processus pathologique intéressant un

organe sensoriel entraîne fatalement une altération

correspondante dans sa fonction. Or, il se trouve jus-

tement que dans les affections où il s'agit d'actions

destructives, nous n'avons eu à enregistrer que des

troubles relativement faibles du côté de la perceptibi-

lité différentielle (quand nous disons relativement,

cela signifie par rapport aux troubles d'autres fonctions

de l'organe sensoriel), tandis que nous observions

tout le contraire dans les amblyopies fonctionnelles

des hystériques ; chez ces dernières, la perceptibilité

différentielle de l'oeil amblyopique se trouve toujours

sensiblement diminuée. Qu'il ne s'agisse ici que de

modificat : ons de la seusibiliié, c'est ce qu'on ne sau-

rait mieux prouver que par l'examen d'hystériques

hypnotisables; chez de pareils sujets, la perceptibilité

différentielle notablement affaiblie se laisse ramener à

l'état d'hypnotisme au degré normal, et cela d'un

instant à l'autre. Ce fait se trouve très bien concorder

avec les travaux de nombreux auteurs, qui ont déjà

constaté que la loi de Weber, en ce qui concerne le

372 PHYSIOLOGIE.

sens de la vue, n'est guère admissible que dans des li-

mites relativement restreintes. Il est donc probable,

que les modifications de l'excitabilité de l'oeil sous des

influences de nature pathologique obéissent à d'autres

lois qu'un rapport si simple de la loi parallèle de

Fechner.

Configuration de la courbe. Nous avons

étudié chez plusieurs malades la courbe de la marche

de la perceptibilité différentielle à différents degrés de

l'éclairage. On peut dire que la forme générale de la

Fig. 31.-Courbe obtenue par la méthode des ombres chez un bystéro-

épileptique. Les intensités lumineuses sont marquées sur l'abscisse x;

les valeurs correspondantes de la perceptibilité différentielle sont dési-

gnées sur l'abscisse y.

DE LA PERCEPTIBILITÉ DIFFÉRENTIELLE. 373 j

courbe dans sou ensemble ne change pas sous l'in-

fluence des coniitions pathologiques, en tant qu'il

s'agit bien entendu du type ci-dessus décrit pour l'oeil

normal. La courbe reste toujours concave, par rapport

à l'axe des abscisses, s'élève rapidement d'abord et de

plus en plus lentement ensuite pour rester à une cer-

taine hauteur presque parallèle à l'axe des abscisses,

comme le démontre la courbe représentée dans la

figure ci-dessus.

Cette courbe fut obtenue par la méthode des ombres

chez un nommé Lip...tz atteint d'hystéro-épilepsie

(Clinique n° 6). Comme pour l'oeil normal, on voit éga-

lement ici la diminution de la perceptibilité différen-

tielle, avec le décroissement de l'intensité lumineuse.

Le tabieau suivant représente les valeurs de la per-

ceptibilité différentielle obtenues aux différents degrés

de l'éclairage, auxquels nous avons opéré :

374 IP PHYSIOLOGIE.

les chiffres dont un échantillon se trouve dans le tableau

suivant :

DE LA PERCEPTIBILITÉ DIFFÉRENTIELLE. 375

difficile de tirer des conclusions générales de la com-

paraison des courbes, qu'on obtient dans des condi-

tions souvent très inégales. Effectivement, pour tracer

ces courbes d'après une série des valeurs accessoires.

il faut que le malade prête à chaque expérience le

même degré maximum d'attention. Or, nous avons pu

nous assurer qu'il n'en est pas toujours ainsi; le

degré de l'attention varie non seulement d'un malade

à l'autre. mais aussi chez le même malade d'une expé-

rience à l'autre et même dans les différents moments

d'une seule expérience. Les courbes obtenues dans des

conditions pareilles ne peuvent pas avoir la prétention

d'être d'une exactitude absolue; aussi nous nous abs-

tenons d'en tirer pour le moment plus de conclusions.

Il serait plus facile de comparer la valeur de la per-

ceptibilité dfférentielle examinée à la clarté du jour avec

celle du seuil. En effet, nous avons institué un certain

nombre d'expériences de ce genre, que nous croyons

utile de résumer dans le chapitre suivant.

De la perceptibilité différentielle dans ses rapports arec

le seuil.

Pour la a détermination du seuil (die Sclamelle e

des Allemands), nous avons dû abandonner nos ta-

bleaux et nous servir du photomètre de Parinaud.

Avec nos tableaux, il est impossible d'atteindre rigou-

reusement le seuil, car le noir le plus foncé réfléchit

toujours, comme on sait, une certaine quantité de lu-

mière. La différence fondamentale entre les deux mé-

thodes est celle-ci : dans méthode des tableaux,

376 PHYSIOLOGIE.

l'objet à percevoir est foncé sur fond clair, tandis que

dans celle avec le photomètre de Parinaud, cet objet

est clair sur fond noir ou tout au moins obscur.

Les deux valeurs en question - celle de la percepti-

bilité différentielle et celle du seuil - ne peuvent pas

être considérées comme les points limites d'une seule

et même courbe, mais plutôt comme deux points

différents de deux courbes, lesquelles très vraisembla-

blement sont dans un rapport réciproque étroit, que

l'état actuel de nos recherches ne nous permet pas

encore de déterminer. Nous avons pu toutefois cons-

tater que, d'une manière générale chez les hystériques,

la valeur du seuil est bien plus élevée, qu'elle aurait

dû l'être en rapport avec le degré du trouble de la

perceptibilité différentielle examinée à la lumière du

jour. Ce rapport si simple chez les hystériques ne l'est

pas autant chez les ataxiques et chez d'autres malades

et, malgré le grand nombre de ces malades, que nous

avons examinés, nous ne nous croyons pas autorisés

à déduire de nos recherches une loi générale. Nos

expériences devant être encore notablement multipliées,

nous nous proposons de revenir sur ce sujet ultérieure-

ment.

Nous croyons utile de donner ici quelques résultats

de nos expériences faites sur les hystériques, afin de

déterminer chez ces derniers la valeur du seuil, par

rapport à celle de la perceptibilité différentielle, mesurée

à la lumière du jour. On verra dans le tableau suivant,

combien la valeur du seuil est relativement élevée. Ce

dernier fut déterminé avec le photoptomètre de Pari-

y7aM</. Cet instrument ainsi que son maniement ayant

été décrits à plusieurs reprises dans les notes et mé-

DE LA PERCEPTIBILITÉ DIFFÉRENTIELLE. 377 -j

moires de M. Parinaud', nous nous dispensons d'en

parler ici. - Le seuil pour nos yeux normaux étudiés

avec cet optometre était de 0,9 à 0,5 millimètres carrés.

378 " PHYSIOLOGIE.

différentielle, de manière que celle-ci puisse être éva-

luée sans le moindre effort de l'attention du sujet exa-

miné. Ce résultat s'obtiendra par une différence maxi-

mum des sensations à percevoir. Nous déterminerons

de cette manière l'acuité visuelle pour des caractères

noirs sur fond blanc on réciproquement. Ajoutons que

toutes les fois, qu'il sera question dans la suite d'acuité

visuelle, il faudra entendre l'examen des caractères

noirs habituels sur fond blanc. Si c'est la perceptibilité

différentielle que nous étudions, nous rendrons autant

que possible faciles les conditions nécessaires pour

déterminer l'acuité visuelle, afin que- celle-ci puisse

être évaluée sans la moindre tension .de l'appareil

visuel. Nous atteindrons ce but en augmentant l'angle

visuel sous lequel apparaissent les caractères, autant

du moins que la chose est praticable, - conditions

réalisées dans nos tableaux par les grands types de

10 centimètres, qui sont aisément lisibles à une dis-

tance de 33 centimètres. '

Il reste encore à expliquer un point concernant la

terminologie, dont nous ferons usage. Nous dirons

que la perceptibilité différentielle est réduite à ,

lorsque la différence à peine perceptible est n fois ce

qu'elle est dans l'oeil normal. Un malade a-t-il, par

exemple, une perceptibilité différentielle de 1/33 à un

éclairage où l'oeil normal perçoit encore une différence

de 1/100, nous dirons que sa perceptibilité différen-

tielle est réduite à un tiers Maintenant, pour abréger,

nous qualifierons de « plus grande » celle des deux

altérations (acuité visuelle ou perceptibilité différcn-

tielle) qui s'exprime par la plus petite fraction. Chez

un malade qui présente, supposons 1 /3 d'acuité visuelle

DE LA PERCEPTIBILITÉ DIFFERENTIELLE. 379 9

et 1/2 de perceptibilité différentielle, nous dirons que

la première est plus troublée que la dernière. Chemin

faisant, nous rappellerons ici que, d'après VLGROaDI',

l'acuité visuelle doit être, à vrai dire, mesurée par le

carré de la fraction, mais ncus nous en tiendrons

toutefois à la terminologie qui est actuellement en

usage et qui a le mérite de la simplicité.

Avant d'aborder les résultats pathologiques, nous

nous poserons la question suivante : Peut-il s'opérer

dans l'oeil normal et dans certaines conditions une

divergence entre la perceptibilité différentielle et l'acuité

visuelle ? Nos recherches nous permettent toujours

d'énumérer trois cas, pour lesquels cette question

comporte l'affirmative.

1° Tous les cas de (roubles de l'accommodation et de

la réfraction. - Ces deux catégories d'altérations, par

des raisons faciles à concevoir, exercent une très grande

influence sur l'acuité visuelle et une très faible sur la

perceptibilité différentielle. Ce fait nous fit même atta-

cher au début de nos recherches une grande importance

à ce symptôme que nous crûmes être de grande valeur

pour le diagnostic différentiel des troubles liés aux

affections rétiniennes, - diagnostic souvent assez dif-

flcilH, comme, par exemple, dans l'astigmatisme. Nous

étions cependant obligés d'abandonner celte idée, vu

que nos recherches ultérieures nous ont montré la pos-

sibilité de relations toutes semblables dans les cas

d'amblyopie d'origine tabétique ou d'autre nature.

Nous n'insisterons pas ici davantage sur ce point

qui touche à la partie physique de la vision, tout l'in-

térêt de nos recherches poriant exclusivement sur la

partie nerveuse de l'appareil optique. Le fait de la

380 PHYSIOLOGIE.

divergence entre l'acuité visuelle et la perceptibilité

différentielle dans les cas de'troubles de l'accommada-

tion présente pour nous assez d'intérêt par lui même,

pour que nous croyons utile de le communiquer ici;

2° Comme on l'a fait remarquer plus haut, la per-

ceptibilité différentielle est plus grande dans la vision

binoculaire que dans la monoculaire. L'acuité visuelle

au contraire, dans la vision binoculaire, égale presque

toujours celle du meilleur des deux yeux;

3° Avec la diminution de l'éclairage, c'est-à-dire de

l'intensité lumineuse, l'acuité visuelle diminue plus

rapidement que la perceptibilité différentielle. La dif-

férence toutefois n'est pas très grande Ce fait, qui se

dégage de nos nombreuses expériences, est très évi-

dent dans le tableau suivant, qui représente une de

ces expériences faite à la lumière du jour considérée

comme unité et obscurcie par des verres fumés.

DE LA PERCEPTIBILITÉ DIFFÉRENTIELLE. 381

Des nombreuses expériences, dont une partie est

relatée dans le chapitre précédent, démontrent d'une

façon nette, que la même divergence se constate aussi

dans l'oeil malade. Ce fait nous paraît être d'une im-

portance capitale pour la psycho-physiologie de la

vision. Aussi nos recherches ne portaient pas autant sur

les troubles respectifs de la perceptibilité différentielle

et l'acuité visuelle considérées isolément que surtout

et avant tout sur leur relation réciproque. A notre

connaissance, jusqu'à présent, les auteurs ne se sont

pas du tout occupés de cette relation; au moins, nous

n'en trouvons aucune mention dans les travaux qui

ont trait à la psycho-physiologie de la vision. Et

cependant la relation réciproque entre les deux fac-

teurs précités constitue tout un symptôme, qui n'est

pas sans valeur pathognomonique pour certaines affec-

tions, et que nous proposons dénommer « symptôme

de relation ». Ce symptôme divise la série toute entière

de troubles visuels dans les maladies du système ner-

veux en deux grandes catégories :

1° Ceux dans lesquels l'acuité visuelle est plus trou-

blée que la perceptibilité différentielle. A cette pre-

mière catégorie se rapportent tous les cas organiques, où

le passage des impressions lumineuses est entravé par

une lésion siégeant sur le parcours compris entre la

rétine et les centres occipitaux, comme dans les cas

d'intoxication alcoolique, chez les ataxiques et dans

d'autres affections cérébrales de cause organique;

2° Ceux dans lesquels la perceptibilité différentielle

est plus troublée que l'acuité visuelle. A cette deuxième

catégorie se rapportent tous les cas de l'amblyopie

hystérique.

382 PHYSIOLOGIE.

Au cours de notre travail, nous avons noté à plusieurs

reprises la différence que nous avons pu constater

entre l'oeil des ataxiques et celui des hystériques. Or,

celte différence est de plus frappante pour ce qui con-

cerne le symptôme de relation. 'randis que les pre-

miers, après avoir éprouvé dès l'abord, devant l'alpha-

bet de Suellen, des difficultés presque insurmontables,

lisent ensuite avec une surprenante facilité nos tableaux

et cela presque jusqu'aux numéros les plus élevés de la

série, les seconds sont arrêtés du premier coup par les

caractères d'un ton grisâtre encore net, mais sitôt qu'on

a pu corriger leur vice d'accommodation (si toutefois cela

est possible), dont ils sont si fréquemment atteints, ils

lisent souvent à un éclairage suffisant 1 'écri Lme de Snel-

ien la plus fine. On voit de là toute l'importance du

symptôme de relation pour le diagnostic différentiel

de l'amblyopie dans l'hystérie et dans l'ataxie locomo

trice progressive. Nous pouvons donc au symptôme diffé-

rentiel déjà connu de l'amblyopie typique des hysté-

riques et des ataxiques à savoir : « la dl/schJ'omatoP ? ie »

en ajouter un nouveau, « le symptôme de relation »,

qui, d'après nos recherches, parait aussi constant que

le premier.

De la perceptibilité différentielle dans ses rapports

avec la vision périphérique.

Nous avons entreprisune série de recherches, afin de

déterminer le rapport entre la perceptibilité différentielle

et la vision périférique, et malgré le grand nombre d'ex-

périences que nous avons instituées à cet effet, nous ne

nous croyons pas autorisés à déduire de nos recherches

DE LA PERCEPTIBILITÉ DIFFÉRENTIELLE . 880

une loi générale. Nous avons pu toutefois constater que

ces deux facteurs sont dans un rapport réciproque

étroit, que l'état actuel de nos recherches ne nous

permet pas encore de déterminer. Ce sont encore les

hystériques qui fournissent des données les plus posi-

tives et qui se comportent le plus régulièrement vis-à-

vis de ces deux facteurs. Chez tous les hystériques, les

troubles de la perceptibilité différentielle pour la vision

centrale sont toujours accompagnés de modifications

notables du champ visuel. Ainsi, à une diminution de la

perceptibilitédifféreiitielle, correspond généralement un

rétrécissemet plus ou moins prononcé du champs visuel,

et plus ce dernier se rétrécit, plus la première diminue.

Dans les cas où les deux yeux sont atteints, nous

avons constaté toujours et sans exception que l'oeil

le plus malade, c'est-à-dire celui dont le champ visuel

est plus rétréci, accuse en même temps une plus fai-

ble perceptibilité différentielle. On observe ce fait,

non seulement en examinant les deux yeux malades

chez le même individu, mais aussi, quoique en plus

faible degré en comparant deux yeux malades chez

deux hystériques différents.

Ce rapport si simple chez les hystériques ne l'est pas

autant chez les tabétiques. D'après nos recherches, il

n'existe pas chez ces derniers de rapport entre la vision

périphérique et la perceptibilité différentielle. Ce fait

nous paraît important au point de vue diagnostique.

La manière différente dont le champ visuel de l'oeil

habetique et hystérique se comporte vis-à-vis de la per-

ceptibilité différentielle ajoute un symptôme de plus

au diagnostic différentiel des troubles occulaires dans

ces deux maladies. -

38 Ik PHYSIOLOGIE.

De la perceptibilité différentielle dans ses rapports

avec le sens des couleurs.

Il est à peine nécessaire de rappeler que toutes les

recherches précédentes ont été faites avec la lumière

blanche. Nous avons aussi étudié la perceptibilité

différentielle dans ses rapports avec la perception des

couleurs. Comme ci-dessus, nous nous posons la ques-

tion suivante : Existe-t-il dans des conditions physiolo-

giques un départ entre la perceptibilité ^différentielle

et le sens chromatique ? (Sous le nom de perceptibilité

différentielle, on entend simplement ici naturellement

la perceptibilité différentielle pour la lumière blanche

et par conséquent pour le noir, le gris et le blanc.)

Voici ce que nous pouvons dire à ce sujet : Wolffs-

berg, a trouvé que l'acuité visuelle décroît plus rapi-

dement pour les couleurs que pour le blanc sur fond

noir, - et plus rapidement pour le blanc surfondnoir

que pour le noir sur fond blanc. Comme d'autre part

nous avons trouvé que l'acuité visuelle pour le noir

sur fond blanc décroît souvent elle-même plus rapide-

ment que la perceptibilité différentielle, on peut con-

clure, au moins pour un certain nombre de cas, qu'a-

vec la diminution graduelle de l'éclairage, l'acuité vi-

suelle pour les couleurs décroît plus rapidement que

la perceptibilité différentielle pour la lumière blanche.

Dans la deuxième partie de ce travail où nous traite-

ions la question de la percéptibilité différentielle pour

la lumière colorée, nous présenterons un certain nom-

bre de faits expérimentaux à l'appui du principe que

nous venons d'établir. En attendant, contentonsn-ous

DE LA PERCEPTIBILITÉ DIFFÉRENTIELLE. 383

de constater qu'il y a en tout état de cause une diver-

gence entre le sens chromatique etla perceptibilité dif-

férentielle.

Un autre point est à relever. Chodine a trouvé qu'à

mesure qu'on se rapprochait de la périphérie de la

rétine, la perceptibilité différentielle pour les couleurs

décroissait bien plus rapidement que celle pour le noir

et le blanc. Aubert paraît être arrivé au même résul-

tat pour le centre de la rétine avec l'obscurcissement.

11 existe donc dans les conditions physiologiques entre

ces deux facteurs une disproportion qui ressort encore

davantage dans les cas pathologiques, alors même que

l'on emploie la méthode toute rudimentaire des échan-

tillons de laine. Cette disproportion ne peut guère être

démontrée avec plus d'évidence et de netteté que par

les expériences que nous avons faites sur les hysté-

riques hypnotisables. Chez ces derniers, la dyschroma-

topsie persiste à l'état d'hypnotisme, tandis que la per-

ceptibilité différentielle pour le blanc et noir se corrige

alors de manière à devenir presque tout à fait normale.

La disproportion établie ci-dessus se constate aussi dans ! es cas de daltonisme et d'ataxie locomotrice progressive.

Chez les daltoniens, la perceptibilité différentielle pour

la lumière blanche peut être absolument normale,

comme nous l'ont appris deux observations faites sur

des médecins, daltoniques à haut degré. Chez des tabé-

tiques, la perceptibilité différentielle peut encore rester

normale, avec un état de dyschromatopsie très pro-

noncée.

On voit, dans tous les cas, que la perceptibilité diffé-

rentielle peut rester normale dans les troubles chroma-

tiques les plus accusés ; mais, quant à savoir si l'inverse

Archives, t. XX. 25

386 CLINIQUE MENTALE.

a lieu, c'est une question dont la solution n'a pas pu

nous être donnée par nos recherches, la méthode adoptée

par nous ne permettant pas facilement la détermina-

tion de troubles chromatiques faibles.

CLINIQUE MENTALE

FOLIE PUERPÉRALE; AMNÉSIE; ASTASIE ET ABASIE.

IDÉES DÉLIRANTES COMMUNIQUÉES;

Par J. SÉGLA.S, médecin suppléant il la Salpêtrière;

et P. SOLUER, interne des hôpitaux.

Notre but dans cette communication' n'est pas de faire une

étude complète des troubles de la mémoire, mais simplemènt

d'attirer l'attention sur certains cas d'amnésie qui revêtent au

premier abord l'aspect de la démence dont ils diffèrent cepen-

dant totalement au fond et qui, en raison de leur nature, nous

semblent présenter quelque intérêt tant au point de vue cli-

nique qu'au point de vue psychologique.

. La malade qui fait le sujet de cette étude a été observée en

commun par nous à la Salpêtrière dans le service de M. Au-

guste Voisin qui, avec une bienveillance dont nous ne sau-

rions trop le remercier, a bien voulu nous confier le soin

d'étudier ce cas intéressant et nous autoriser à vous le rappor-

ter aujourd'hui.

Mme G..., femme H..., âgée de quarante-trois ans, entrée le

30 mai 1890 à la Salpêtrière (Service de M. Auguste Voisin).

Antécédents héréditaires. - Les renseignements que nous avons

pu recueillir ne sont pas très complets. Cependant nous savons

que le père s'est suicidé. Il avait le cancer des fumeurs et une

autre maladie passée à l'état chronique. Il avait déjà fait anté-

rieurement deux tentatives de suicide. - La mère est morte à

l'Hôtel-Dieu d'une attaque de paralysie.

' Communication faite au Congrès de médecine mentale de Rouen

(séance du 6 août 1890).

FOLIE PUERPÉRALE ; AMNESIE, ETC. 38ï I

Antécédents personnels. - Ils sont également assez incomplets

étant donné l'état mental de la malade et l'absence de famille

directe. Nous savons seulement qu'elle était d'une nature sensible

et impressionnable, et qu'après dix-huit ans sa mère l'a fait soi-

gner par une somnambule pour une boule qui lui montait à la gorge.

Cette somnambule la guérit, mais les mêmes symptômes reparu-

rent plus tard et elle fut traitée par la gymnastique et l'électricité.

Elle était reperceuse en bijoux; c'était un travail très dur, et sou-

vent elle passait des nuits à travailler. Elle s'est mariée une

première fois à vingt-sept ans. Son mari est mort au bout de six-

mois, la laissant enceinte. Sa couche fut des plus laborieuses,

mais ne fut suivie d'aucun accident. Elle vendit alors l'établisse-

ment d'épicerie de son mari pour liquider les créances et élever

son enfant. Elle se plaça alors comme caissière dans un restaurant

où elle resta six ans, puis chez un boucher pendant cinq ans. Dans

l'intervalle, comme elle savait bien coudre, elle faisait des journées

de couturière et d'autres fois des ménages. En 1888, elle entra

comme caissière chez son mari actuel qui est boucher et y resta

quelques mois en cette qualité avant de devenir sa femme.

Le milieu dans lequel elle a vécu depuis cette époque, nous

ayant paru de nature à influencer l'état mental de la malade,

nous croyons intéressant d'en dire quelques mots en passant.

C'était en effet un milieu où le spiritisme était en honneur. Le

mari notamment est un adepte des plus fervents de la doctrine

spirite. 11 a été mis au courant de ces pratiques par un des gar-

çons qu'il avait chez lui et qui faisait tourner les tables. A cette

époque il était marié, mais pas avec notre malade. Sa première

femme, très frappée par les expériences de ce garçon s'est mise

de suite à les répéter, à fréquenter des réunions spirites et n'a pas

tardé à devenir un excellent médium. Elle était, dit le mari, d'a-

bord médium écrivain, c'est-à-dire qu'elle écrivait automatique-

ment et sans avoir l'intuition préalable des révélations de l'esprit.

Plus tard elle est devenue médium voyant, ce que son mari con-

sidère comme une des plus grandes faveurs qui aient pu lui

arriver. Quant à lui il n'a jamais pu être médium. Il s'est contenté

déformer des élèves. Il réussit surtout avec une de ses nièces qui

après un certain nombre de séances devint également un médium.

Mais elle était médium incarné, en ce sens quc l'esprit parlait

par sa bouche. Quant à sa femme actuelle elle n'est pas, dit-il,

très instruite sur le spiritisme. Cependant elle trouve cette doctrine

très jolie et son mari l'instruisait, lui en parlait souvent, et la

faisait même, à l'occasion, prendre part aux séances. Nous ajou-

terons que pour lui il est très partisan, dans la doctrine spirite,

dela théorie des réincarnations, et c'est ainsi qu'il attribue la

maladie actuelle de sa femme à des esprits pbsesseurs. Il se

figure, qu'elle a été, dans une existence antérieure, un des juges

388 CLINIQUE MENTALE.

de l'Inquisition, et que les souffrances qu'elle endure actuellement

ne sont que le résultat de la vengeance des victimes qu'elle a tor-

turées elle-même autrefois. Nous verrons plus tard, étant donné

le caractère de la malade, l'influence considérable qu'a pu avoir

sur elle un pareil entourage.

Les débuts de la maladie actuelle sont assez difficiles à préciser,

mais quoiqu'il en soit, ils paraissent intimement liés au dernier

accouchement de la malade, qui eut lieu le 24 août 1889 et d'une

façon normale. L'enfant mourut au bout de quinze jours. Quant t

à la malade, quelque temps après l'accouchement, elle commença

à souffrir dans le côté droit du ventre. Un abcès se forma et s'ou-

vrit au bout de deux mois et ne guérit guère que trois mois après,

d'une façon complète.

Dans les premières semaines après l'accouchement, alors qu'elle

souffrait déjà du ventre, elle eut des cauchemars, des visions; elle

parlait sans être complètement endormie. Elle disait qu'on mar-

chait sur elle, et priait les personnes qui le faisaient d'attendre

au moins qu'elle fût morte. Elle les traitait de voyous et disait

qu'elles lui faisaient voir des couronnes funèbres. - Quand elle

sortait de cette espèce d'assoupissement, elle disait qu'on venait de

la faire travailler, traîner une voiture, décharger du charbon.

Plus tard, une quinzaine environ après l'ouverture de l'abcès, la

malade se trouvant dans un état de faiblesse excessif, elle commença

ci perdre la mémoire. Un jour son fils venait de passer : elle a de-

mandé quel était ce petit jeune homme. Lorsqu'on lui a dit que

c'était son fils elle a été très surprise et elle a dit : « Mais com-

ment, je vais donc perdre la mémoire que je ne reconnais plus

mon petit Henri. » Puis, le soir de ce même jour, elle dit à son

mari : « Comme c'est drôle deux nuits de suite, nous venons de

passer une nuit etvoilà une autre nuit qui commence. » On avait

beau lui dire qu'elle se trompait, elle ne se rendait à aucun rai-

sonnement. Deux jours après le délire était complet. Elle pronon-

çait des paroles incohérentes, des recommandations sans aucun

sens pour les petits enfants, les orphelins, les petits oiseaux - et

chaque matin elle disait avec beaucoup de sang-froid à son mari :

« Je te l'ai bien dit, va, que c'était fini. tl fallait qu'il en soit ainsi.

Je ne pourrai pas survivre à cette maladie. Au moment d'être

heureuse il faut que je te quitte. » Depuis, ces pensées ne l'ont

jamais quittée. A cette époque la malade qui n'avait pas remarché

depuis son accouchement, a commencé à se plaindre de souf-

frances qu'elle endurait. - Déjà avant son accouchement elle se

plaignait quelquefois d'avoir les jambes glacées, de ne pouvoir

tenir allongée la jambe gauche, d'avoir les mains trop chaudes,

d'avoir mal au bout des doigts, dans les poignets, dans les jambes

et dans les pieds. Mais ces douleurs paraissent avoir augmenté

car elle disait dans son délire que sa tête allait éclater, qu'elle

FOLIE PUERPÉRALE AMNÉSIE, ETC. 389

allait devenir folle tant elle souffrait. Elle se plaignait d'endurer

des tortures inouïes. Il lui semblait voir ses bourreaux, elle les

suppliaitde ne paslui fairede mal eton la voyaittoutà coup étendre

les mains du côté où elle semblait apercevoir ses persécuteurs, et

elle criait : «Oh ! mes pieds, mes jambes ! » Un tremblement

nerveux s'ensuivait qui la secouait tout entière. Elle croyait, dans

ses douleurs, avoir des jarretières qui lui serraient les jambes;

elle demandait qu'on les descende, qu'on délie ses bottines.

« Elle n'avait rien de tout cela, dit son mari c'était comme des

anneaux qu'elle avait aux pieds et aux jambes. On voyait parfois

comme des empreintes de cordons qui auraient serré avec force

ses jambes dans le bas près du pied, ce qui représente le brode-

quin sous l'Inquisition; et chose assez drôle, elle ne pouvait s'em-

pêcher de parler de ces sortes de tortures, car elle a lu autrefois

les Mystères de l'Inquisition et cela lui rappelait ces sortes de pas-

sages. Et dans tout ceci, ajoute-t-il, j'ai remarqué comme une ex-

piation magique. » Dans d'autres moments elle avait le bout des

doigts insensibles, et était incapable de tenir un objet, tel que son

verre par exemple. A cette époque, son mari la fit traiter pen-

dant six semaines par un magnétiseur, mais il a été obligé., dit-il,

de cesser, en voyant qu'il n'était pas assez fort pour dominer

l'obsession et qu'ainsi les choses n'allaient que de mal en pis.

Elle aurait eu à cette époque des sortes de crises dans lesquelles

elle mâchonnait et serrait les mâchoires. « Elle était comme

une épileptique » dit son mari qui attribuait ces phénomènes à la

révolte de l'esprit obsesseur. Elle s'inquiétait beaucoup de ce qu'é-

tait devenue sa mère, morte depuis longtemps. Elle demandait

où elle était, si elle allait rentrer. Eu même temps (et cela existait

déjà dès le début de la maladie), elle se reportait très loin en ar-

rière : elle croyait parfois qu'elle allait encore à l'école; elle

parlait d'un médecin qui était mort et qui était le sien autrefois.

Elle voulait voir son petit Henri; on le lui amenait, elle le recon-

naissait bien pour être son fils, mais elle demandait l'autre petit

Henri, car elle ne le croyait pas aussi grand, disant qu'il avait dix

à douze années de moins. Elle prenait son mari pour son père et

cependant au fond, « elle savait, dit-il, que j'étais son mari et me

disait tous les soirs : ne me quitte pas, tu vas coucher avec moi. »

Le soir, elle paraissait éprouver des terreurs et, quoique l'on allu-

mât la veilleuse et la bougie, elle voulait voir encore plus de lu-

mière. Elle s'endormait d'un sommeil agité et ne tardait pas à se

réveiller en parlant un langage inintelligible. Parfois elle récla-

mait le bassin vingt il trente fois dans une nuit; on venait de le

lui donner qu'elle ne s'en souvenait plus et le demandait de nou-

veau. - « Malgré cela, dit le mari, elle n'urinait pas plus que si

elle eût été deux fois seulement. » Elle fut alors placée à la maison

Dubois, puis quinze jours après, elle fut conduite il l'hôpital

390 CLINIQUE MENTALE.

Tenon. Là, elle s'ennuyait beaucoup demandait toujours à rentrer

chez elle, prétendait qu'elle allait mourir. Au bout de six semaines

elle rentra chez elle. A ce moment ses facultés intellectuelles

semblèrent se rétablir, et elle put pendant quelque temps re-

prendre la caisse « non pas pour écrire ou calculer, mais seule-

ment pour rendre la monnaie. » Mais peu après elle fut reprise

de ses douleurs de jambes'et fut traitée alors par le massage. A

cette'époque les règles qui étaient suspendues depuis huit mois

réapparurent. Mais il survint un grand abattement, une faiblesse

générale, une grande fatigue de tête. Elle ne pouvait voir per-

sonne, ni entendre parler, même à voix basse et dans une pièce

voisine.

C'est alors que le mari se décidant à la placer, alla consulter

M. Auguste Voisin, après bien des hésitations de la part de la ma-

lade. Elle fit beaucoup de difficultés redoutant que cette consulta-

tion fût suivie d'un placement. Elle en parlait non seulement à

l'état de veille, mais en dormaut. Elle disait que ce n'était pas

possible qu'on la renvoie, qu'on voulait se débarrasser d'elle. « Et

cependant, disait-elle, je ne gêne pas, je suis à la caisse. Je suis

gentille avec les clients; je rends bien la monnaie. Et il veut me

renvoyer, me reconduire encore là-bas. Je suis si bien ici avec

ceux que j'aime. » A partir de ce moment son état parait s'être

aggrave ; son sommeil était agité, elle avait des soubresauts en

dormant et des réveils brusques, se redressait alors et disait : « Ça

n'est pas possible, prenez-moi plutôt. » Souvent elle invoquait

Dieu, lui demandant : « Qu'est-ce que j'ai donc fait pour souffrir

ainsi ; faites-moi plutôt mourir. » Elle disait voir un grand trou,

dans lequel on menaçait de jeter son fils et sa mère. Quand on lui

disait que sa mère était morte, elle répondait qu'elle venait de la

voir, qu'elle était avec elle. Si on lui disait que non, elle deman-

dait quelle était celte dame âgée qui était là tout à l'heure.

« C'était pourtant bien ma mère, disait-elle. » Tantôt elle tenait

des discours qui faisaient rire son entourage, mais parfois ses

paroles « avaient l'accent de la tragédie ».

Parfois même, surtout au moment des règles, elle était si

exaltée qu'à force de crier sa voix était devenue toute éteinte.

Cette excitation parut se calmer un mois environ avant l'entrée.

Elle dormait mieux, avec moins de rêves, souffrait moins, si bien

que parfois, ne se sentant aucun mal, elle se mettait à chanter de

petites chansons. Néanmoins, son mari voyant que cet état per-

sistait, que les facultés intellectuelles de notre malade, et parti-

culièrement la mémoire, ne paraissaient pas se rétablir, et que

d'un autre côté elle ne pouvait toujours pas marcher, il se décida

à la placer.

Examen DE la malade. - Femme de petite taille, d'un embon-

folie puerpérale; amnésie, ETC. 391

point moyen, brune de cheveux, à physionomie douce et craintive.

Crâne asymétrique; le côté gauche est en retrait sur le côté droit.

Les fosses temporales sont très profondes, le front très étroit.

392 CLINIQUE MENTALE.

jambes, depuis la tubérosité du tibia jusqu'au-dessus des mal-

léoles, sous forme de jambières, ainsi que sur la face dorsale des

orteils du pied gauche. A la face plantaire, la sensibilité est dimi-

nuée aux deux talons antérieur et postérieur, des deux côtés et à

la face inférieure des orteils.

La sensibilité à la chaleur est très diminuée au niveau des

jambières déjà signalées. La sensibilité au froid n'a pas subi d'al-

tération notable. Dans les places où la sensibilité persiste, il n'y a

pas de retard de la perception. La sensibilité profonde est con-

servée, ainsi que lé sens musculaire, sauf pour les mouvements du

pied et des orteils. Ainsi, lorsqu'on lui touche les doigts de pied, il

faut serrer très fort pour qu'elle sente, et encore elle se trompe

de doigt. Le sens articulaire est complètement perdu pour les arti-

culations des doigts de pieds, ainsi que la notion de position. Ces

phénomènes sont des plus évidents à gauche. Au pied droit, le

sens musculaire et le sens articulaire sont également perdus mais

d'une façon moins absolue. Il en est de même du sens articulaire

pour l'articulation tibio-tarsienne, ainsi que de la notion de posi-

tion du pied, complètement perdus à gauche, très obtus à droite.

Les sensibilités spéciales paraissent conservées. Le champ visuel

n'est pas rétréci et il n'y a pas d'altération de la vision des'cou-

leurs. L'acuité auditive est sensiblement égale des deux côtés et

normale. Le goût est conservé; l'odorat très ohtus du côté

gauche. Elle se plaint souvent de douleurs spontanées très vagues

siégeant particulièrement dans les jambes, mais on n'en déter-

mine aucune par pression.

Les autres appareils organiques ne présentent rien de particu-

lier. On constate sur la partie droite de l'abdomen une cicatrice

provenant de l'ouverture de l'abcès puerpéral.

. Quelques jours après l'entrée de la malade, comme on lui disait,

à la visite, de se lever et d'essayer de marcher, elle obéit, se

soulève de sa chaise en s'accrochant à un lit voisin se traîne

péniblement le long de ce lit en répétant continuellement : « Je

veux marcher, je veux, je veux, je veux marcher. Je serais si heu-

reuse de marcher pour aller voir mon enfant. Arrivée au pied

du lit on lui dit d'en faire le tour pour aller jusqu'à une fable se

trouvant de l'autre côté. Elle essaie en disant : « Je veux aller

jusqu'à la table, je veux, je veux, je veux. » Et cela jusqu'à ce

qu'elle y soit. On lui dit de revenir, et elle revient en disant : « Re-

viens, reviens, reviens. » Mais arrivée à mi-chemin elle s'arrête et

dit : « Je ne peux plus. » On la soutient alors et elle fait mine de

marcher en lançant ses jambes comme nous l'avons dit, et cela

tout en répétant : « Tu marcheras, tu marcheras, tu serais si

heureuse de revoir ton enfant. » On la reconduit à sa place et elle

s'assied en prenant une attitude béate et satisfaite.

FOLIE PUERPÉRALE '. AMNÉSIE, ETC. 393

Nous noterons ceci que cette malade, qui ne peut se tenir

debout, marche « à quatre pattes » ou progresse en faisant avancer

la chaise sur laquelle elle est assise.

Examen intellectuel. -Au premier abord on constate que, d'une

façon générale, la malade est très impressionnable et extrême-

ment émotive. Elle semble également très accessible à la sugges-

tion il l'état de veille. Ce que nous avons dit à propos de la marche

en est du reste la confirmation. Elle ne paraît pas d'une intelli-

gence élevée, et, au premier abord, on pourrait la prendre pour

une imbécile ou une démente, mais il faut en rabattre beaucoup,

comme nous le verrons par la suite.

A son entrée dans le service et pendant les premiers jours, la

malade a présenté quelques périodes d'excitation d'ailleurs peu

accentuées. Elle prononçait des paroles un peu incohérentes, et

à ce moment, sans avoir de délire bien caractérisé, elle avait une

physionomie un peu mystique. Nous avons pu reproduire ce délire

à la période d'excitation du chloroforme, et le voici transcrit tex-

tuellement : « Comme je voudrais dormir, permettez que je dorme,

viens ma bonne mère, viens me chercher. Viens mémère chérie,

comme je t'aimais ! Jamais je ne te quitterai plus. Adieu, bonne

mère, adieu. Tous ces messieurs, je vous en remercie. Travaillez,

chère dame. » En même temps elle prend une attitude de suppli-

cation et joint les mains.

Un soir, en fermant les yeux et en les rouvrant fixement ensuite,

elle disait : « Ne fais pas de bruit Henri, ne réveille pas les anges. »

Ce délire se présente généralement dans la soirée, précédant le

sommeil. Elle a eu aussi à cette époque quelques hallucinations

hypnagogiques. Au moment du sommeil ou en dormant, il lui

est arrivé de voir sa mère devant elle. « Je rêve et je vois un

tableau, dit-elle. » Elle se voit elle-même dans son cercueil, sa

mère vient la chercher et lui cause, lui demande si elle a bien

souffert et lui dit : « Viens près de moi. » Sa mère ne lui cause pas

par geste, ni par communication de pensée, mais comme on parle

naturellement. Elle ne se sent pas déplacée de son cercueil, et au

réveil elle se rend compte que c'était un rêve. « Dans le jour, je ne

vois plus de ces choses-là, dit-elle. »

Dans la journée, quand elle se désole de son état, elle demande

mentalement à sa mère pourquoi elle est ainsi affligée. Il lui

semble que sa mère lui répond : prends courage, mais alors elle

n'entend pas une parole, « c'est une pensée. » Elle parait avoir

quelquefois des hallucinations élémentaires de l'ouïe. C'est ainsi

qu'elle a raconté une fois à son mari qu'elle entendait des bruits

dans la fable de nuit comme elle en entendait chez elle. Son mari

lui a alors répondu : «Ce doit être l'esprit de ta mère qui vient te

dire « prends courage; » moi aussi je l'entends tous les soirs

frapper chez moi. »

394 . CLINIQUE MENTALE.

Comme nous l'avons dit, son mari est un adepte de la doctrine

spirite. Quant à la malade, si elle parait, sous certains rapports,

avoir subi l'influence des idées de sou mari, elle n'a pas fait

cependant de véritable délire. Elle trouvait ces doctrines qu'il lui

exposait très intéressantes, elle pensait que c'était peut-être vrai

qu'il y avait des esprits frappeurs. Mais elle n'a jamais vu ni en-

tendu parler les esprits. Jamais elle n'a eu de pensées inspirées

par eux. Us ne l'ont jamais fait parler ni écrire malgré elle. Son

mari lui parlait souvent des réincarnations : a D'après ce que mon

mari me disait, je pensais que j'avais peut-être été autre chose

avant. » Mais elle ne se rappelle cependant aucune existence anté-

rieure et ne s'aperçoit d'aucun changement dans sa personnalité.

Aujourd'hui qu'elle est isolée, elle ajoute même « quand on est

mort on est bien mort ». Mais autrefois, chez elle, elle pensait

comme son mari, qu'elle avait été inquisiteur et qu'elle expiait

maintenant sa barbarie passée.

On voit donc qu'en résumé, le délire est peu accentué chez cette

malade et les idées paraissent même un peu incohérentes. C'est

la raison de cette incohérence, consistant essentiellement dans

une amnésie qu'il nous reste à étudier.

Nous avons déjà signalé dans les antécédents de la malade que

cette amnésie avait débuté peu de temps après son accouchement

et indiqué différents troubles de la mémoire qu'elle avait présentés

à ce moment.

Actuellement, la malade ne se rappelle rien de ce qui s'est passé

à cette époque. Elle ne se souvient pas spontanément si elle est ac-

couchée, ni dans quelles circonstances. Ses souvenirs les plus nets

de cette époque datent du moment où elle a été placée par son

mari. C'est ainsi qu'elle décrit parfaitement la salle de l'hôpital

dans laquelle elle a été placée. Elle se souvient également d'être

rentrée chez elle, d'avoir repris ses fonctions de caissière, seule-

ment pour rendre la monnaie, et qu'on était obligé delà transporter

sur une chaise parce qu'elle n'a jamais remarché depuis son accou-

chement. Elle se rappelle également le salon de M. A. Voisin, et,

quoiqu'elle n'y soit allée qu'une fois, elle le décrit nettement et

donne des détails très précis. De même, elle se souvient d'être

venue deux fois à la Salpêtrière, une fois pour consulter et l'autre

pour entrer, et elle décrit parfaitement la porte d'entrée, le parloir,

les cours avec leur situation relative. Elle nous dit même le nom

et l'adresse des personnes qui l'accompagnaient. Elle se rappelle

aussi que le jour de son entrée, son fils a beaucoup pleuré en la z

voyant pleurer elle-même, et que, malgré l'affirmation de son mari

qu'il allait la promener à l'abattoir, elle sentait bien que ce

n'était pas vrai et qu'on l'emmenait à l'hôpital.

le, juin. Aujourd'hui, elle ne sait pas depuis combien de

temps elle est entrée, ni le jour, ni le mois, ni l'année, et ne juge

FOLIE PUERPÉRALE ; AMNÉSIE, ETC. 395

même de la saison que par l'aspect des cours. Aucun fait ne l'a

frappée depuis son entrée.

L'amnésie est moins profonde en ce qui concerne les faits anté-

rieurs à l'accouchement. Cependant nous devonsnoter que tous les

souvenirs se rapportant à cette époque sont peu précis, que la ma-

lade ne les retrouve qu'avec un certain effort d'attention, et par une

série de raisonnements, et encore n'est-elle jamais absolument

affirmative. C'est ainsi qu'elle dit avoir à peu près quarante et un ans.

Elle est née le 19 mai, mais elle ne sait de quelle année. Nous

ferons remarquer à ce propos que le jour de son anniversaire, son

fils avait l'habitude de lui offrir un bouquet. Elle ne sait pas si,

cette année, le 19 mai est passé, mais elle est sûre que son fils ne

lui a pas donné de bouquet. Elle se rappelle que son père était

employé au gaz, sa mère ménagère. Elle les a connus longtemps

et ne sait pas au juste quel âge ils avaient quand ils sont morts,

mais elle sait, que lorsqu'elle a terminé son apprentissage à l'âge

de seize ans elle les avait encore. Elle est née à Saint-Mandé, et en

la pressant un peu, elle finit par se rappeler qu'elle habitait Ménil-

montant quand elle -est entrée en apprentissage à l'âge de

douze ans. Elle était reperceuse sur or et travaillait chez elle. Elle

se rappelle fort bien les noms de tous les bijoutiers pour lesquels

elle travaillait. Quand elle s'est mariée, elle avait dans les environs

de vingt-cinq ans. Elle ne se rappelle plus la date de son mariage.

Son mari était blond, dit-elle ; il était épicier, né à Bourges et âgé

de trente ans environ. Elle se rappelle qu'elle s'est mariée dans la

belle saison, que le repas de noce s'est fait au Lac Saint-Fargeau,

qu'il y avait une vingtaine de personnes, famille et amis. Elle se

rappelle bien des noms, mais pas tous, quelques personnes étant

peu connues d'elle. Elle dit avoir été mariée six mois seulement,

son mari était bon, très doux et la rendait heureuse. Elle avait

quitté son méfier pour l'aider dans son commerce. Leurs affaires

marchaient bien. Elle est devenue enceinte de suite, et en calcu-

lant que son mari est mort au bout de six mois, elle finit par dire

qu'elle est accouchée après la mort de son mari. Son fils s'appelle

Henri M..., et elle sait très bien qu'il n'est pas le fils de son mari

actuel qui s'appelle II... Elle ne sait pas exactement la date de la

naissance de son fils Henri, ni au juste où elle est accouchée, ni

les circonstances de cet accouchement. Elle se rappelle seulement

que c'est sa mère qui éleva cet enfant. Plus tard, elle sait qu'elle le

mit en pension à l'ontenay-sous-Bois, cbez 111. B..., où elle allait le

voir tous les dimanches en prenant le chemin de fer de Vin-

cennes. Nous noterons à ce propos qu'elle donne des détails précis

sur la situation, la disposition intérieure des gares de Vincennes

et de Fontenay. Au moment même où nous lui parlons, elle dit se

les représenter très bien.

Après la mort de son premier mari, elle reprit son métier de

: J96 . CLINIQUE MENTALE.

reperceuse. Elle ne sait ni où, ni comment elle a connu son mari

actuel. Elle sait cependant qu'à cette époque son fils devait avoir

dans les douze ans, parce qu'elle l'avait mis en pension entre dix

et onze ans, et elle se souvient qu'il était en pension et qu'il avait

déjà fait sa première communion lorsqu'elle s'est remariée. Après

insistance, elle se rappelle qu'il y a environ deux ans qu'elle est

remariée. Elle se fonde, dit-elle, sur l'âge qu'avait son fils en pen-

sion et sur l'âge qu'il a actuellement, il doit avoir, dit-elle, dans

les quatorze ans. Elle sait que son mari' actuel est boucher et que

le garçon actuel, qu'elle a toujours connu dans la maison, s'appelle

Clément.

Sentiments affectifs bien conservés.

Tel était l'état de notre malade à l'entrée. Quelles conclu-

sions en tirer au point de vue du diagnostic et du pronostic ?

Tout d'abord l'hystérie nous semble évidente chez elle, si l'on

se rappelle ces étouffements, ces sensations de boule qu'elle

avait dès sa jeunesse, ces crises d'aspect épileptique observées

par son mari, et aussi les troubles actuels de la sensibilité,

prédominant surtout à gauche, et les troubles du mouvement.

Le caractère même de la malade facilement suggestible à l'état

de veille, vient encore à l'appui de cette opinion.

Quant aux accidents actuels, ils paraissent nettement s'être

développés à l'occasion de l'accouchement ou plutôt de l'état

puerpéral consécutif sur ce terrain prédisposé. Parmi ces ac-

cidents nous avons vu que le délire proprement dit tenait une

place très effacée. Nous avons déjà eu l'occasion de signaler

l'intluence du milieu sur la nature des idées habituelles de la

malade en même temps que sur la teinte mystique de ses idées

délirantes. C'est en somme un cas atténué de folie communi-

quée. Etant donné le tempérament particulier delà malade,

étant donné d'autre part que ses idées communiquées avaient

trait au spiritisme, nous avons recherché chez elle ces diffé-

rents phénomènes qui sont le propre des spirites surtout

lorsqu'ils sont hystériques, phénomènes d'inconscience et d'au-

tomatisme dont le type se trouve dans l'écriture spirite auto-

matique. Malgré nos expériences plusieurs l'ois répétées nous

n'avons rien obtenu de particulier à cet égard. Nous n'avons

d'autre part jamais pu produire le sommeil hypnotique. Nous

n'insistons pas sur ces détails pour arriver tout de suite aux

troubles intellectuels plus importants qui ne sont, en somme,

que le résultat de troubles de la mémoire très étendus et dans

lesquels viennent rentrer les modifications de la marche et de

FOLIE puerpérale; AMNÉSIE, ETC. 397

la station debout, qui se présentent sous l'aspect de ce que

M. Blocq a récemment signalé sous le nom d'astasie et d'aba-

sie 1. La description que nous en avons donnée est tellement

classique que nous pensons ne pas devoir insister. Ce diagnos-

tic étant admis, essayons de déterminer l'étendue, l'origine et

la nature des troubles de la mémoire. Nous savons, d'après les

travaux psychologiques récents, qu'il faut distinguer plusieurs

espèces de mémoires; l'une, mémoire élémentaire appelée

aussi organique, l'autre, mémoire psychique ou mémoire com-

plexe. La mémoire organique ressemble de tous points à la

seconde, sauf qu'elle ne s'accompagne pas de conscience qui

en réalité n'est qu'un phénomène surajouté. Un des faits de

mémoire organique les plus caractéristiques c'est celui des

mouvements des membres inférieurs pendant la locomotion,

et c'est ainsi que l'acte de la marche réalise le type parfait de

ce qu'on appelle les actions automatiques secondaires ou mou-

vements acquis qui sont le fond même de notre vie journa-

lière. L'explication dés phénomènes de l'astasie et de l'abasie,

comme l'a d'ailleurs démontré M. Charcot, ne peut guère se

trouver que dans une disparition des faits de la mémoire orga-

nique relatifs à la marche et à la station debout.

Il est d'autres actes assez complexes mais du même genre,

qui, conscients d'abord, deviennent ensuite automatiques et

dont l'exécution relève ainsi de la mémoire organique, tels que

l'acte de coudre. Or, notre malade à son entrée, quoiqu'ayant

été couturière, avait complètement oublié ce qu'elle savait en

fait de couture : elle ne faisait plus, pour coudre, qu'une série

de mouvements incoordonnés. Voici donc des symptômes qui

nous indiquent combien la lésion de la mémoire était pro-

fonde puisqu'elle s'étendait à des. acquisitions assez stables

pour être devenues automatiques, et qui, par leur stabilité

même sont celles qui disparaissent les dernières..

Il y a, à l'état normal, un rapport étroit entre l'état de la

mémoire et l'état de la sensibilité. C'est là un lait que la

pathologie et l'expérimentation ont aujourd'hui bien mis en

lumière. Dans la locomotion par exemple, chaque mouvement

exige la mise en jeu d'un certain nombre de muscles, de liga-

ments, d'articulations... qui subissent ainsi des modifications

dont la plupart sont transmises au sensorium. Or, chez notre

' Archives de Neurologie, 1888.

398 CLINIQUE MENTALE.

malade, les altérations profondes de la sensibilité existant aux

membres inférieurs ne peuvent-elles pas être considérées comme

la cause première de son amnésie relative aux mouvements de

la station debout et de la marche. Comment les représenta-

tions mentales des mouvements de la marche pourraient-elles

être restées intactes chez une femme qui, avec les troubles de

la sensibilité tactile aux membres inférieurs, a perdu totale-

ment la notion de position de ses extrémités inférieures, et

chez laquelle, d'un autre côté, les images sensorielles égale-

ment atteintes ne peuvent suppléer à la défectuosité des images

kinesthétiques ' ? ,

Ces mêmes remarques pourraient peut-être s'appliquer à

l'acte de coudre. Ici, nous n'avons pas, il est vrai, constaté

objectivement dans les membres supérieurs des troubles de

sensibilité analogues à ceux des membres inférieurs ; mais il

est cependant à noter que la malade accuse dans les doigts de

la main une sensation d'engourdissement et prétend ne pas

sentir son aiguillé.

La mémoire intellectuelle plus complexe, repose en réalité

sur les mêmes bases que la mémoire organique; l'élément

nouveau qu'elle renferme, la reconnaissance et la localisation,

n'est que l'apport de l'intelligence, rien de plus, ainsi que l'a

montré M. Ribot 2 ; il ne constitue pas le souvenir. « Les

phénomènes psychologiques complexes sont constitués chez

chaque individu à chaque moment de la vie par des images

sensibles d'une espèce déterminée et la mémoire des phéno-

mènes complexes dépend de la reproduction de ces images

élémentaires. Si ces images ne peuvent plus être reproduites

tous les souvenirs qui y sont liés disparaissent \ »

Ces points ont en particulier été bien mis en lumière par

M. Charcot en ce qui concerne le langage et les différents

types sensoriels. Or voici quelques faits qui prouvent bien

que chez notre malade l'affaiblissement de certains souvenirs

est dû à l'effacement de certaines images qui, se réveillant,

ramènent le souvenir. Nous essayons de la faire calculer de

tête, ce qui en général se fait à l'aide de la vision mentale des

chiffres; or ce calcul abstrait lui est absolument impossible,

' Binet et Feré. - Arcliives de physiologie, 1887, et Minet, lieu. phil.

1889.

' Maladies de la Mémoire, 1887.

3 Pierre Janet. Automatisme psychologique, 1889.

Polie puerpérale ; .1JI\GSIIs, I.1'C..OJ

même pour des opérations très simples et bien qu'elle ait été

longtemps caissière. Mais si l'on écrit des chiffres sur une

feuille de papier, elle peut faire ensuite des opérations d'arithmé-

tique plus compliquées. Nous avons provoqué certainement de

cette façon un réveil de l'image visuelle des chiffres. D'ailleurs,

cette malade parait devoir surtout appartenir au type visuel :

la plupart de ses acquisitions antérieures sont dues à des

images visuelles ou kinestétiques, rarement à des images audi-

tives. Quand elle voulait apprendre quelque chose, elle se

contentait le plus souvent de lire des yeux; quelquefois en

même temps elle parlait à voix basse : elle retenait moins bien

ce qu'on lui disait. Il en est de même aujourd'hui. Il nous est

arrivé de lui dire plusieurs fois le jour 'de la semaine sans

qu'elle puisse le retenir : il fallait pour cela l'écrire devant

elle. De même elle n'a pu retenir notre nom qu'après l'avoir

écrit elle-même sur son papier qu'elle consultait à tout pro-

pos. Nous avions pris l'habitude de lui faire écrire sur un

papier divisé en colonnes correspondantes, à une journée ce

qu'elle faisait ce jour-là. Comme elle faisait un jour une

erreur de date pour un fait que nous lui demandions, nous la

faisons consulter son papier pour lui faire voir qu'il y avait

trois jours d'inscrits et elle nous dit : « C'est drôle; dans mon

esprit, je ne m'en figurais que deux. » D'autres faits prouvent

encore l'habitude qu'a la malade de se servir des images vi-

suelles et la diminution de ces images actuelles; c'est ainsi

qu'elle ne nous distingue pas à notre voix; que d'autre part,

bien que nous voyant tous les jours elle ne peut en aucune

façon décrire notre portrait même vaguement, mais qu'elle nous

reconnaît fort bien dès qu'elle nous aperçoit; et même avant

de savoir notre nom, elle nous le prouvait en désignant nos

places respectives habituelles. De même, lorsqu'elle a reçu la

visite de son fils ou de son mari, si elle oublie lequel des deux

est venu la visiter, elle s'en rappelle non pas à leur conversa-

tion mais par ce fait que leur visite à eu lieu dans le jardin où

dans la salle ou dans le parloir. De même que leur conversa-

tion, elle oublie également nos conseils journaliers, les per-

missions qu'on lui accorde de vive voix. Pour qu'elle ait plus

de chance de s'en souvenir il faut que nous les écrivions sur

un papier généralement coloré. Malgré cela, elle ne se rap-

pelle parfois que le papier et a perdu le souvenir de la cou-

leur et de ce qui y était écrit.

400 CLINIQUE MENTALE.

Ces faits prennent encore bien plus d'importance si l'on se

rappelle que les souvenirs les plus vivaces de l'époque anté-

rieure à la maladie sont liés à des impressions visuelles, et que

la malade a encore la vision mentale nette de certains endroits

où elle est passée souvent, tels que la gare de Vincennes, celle

de Fontenay qu'elle fréquentait jadis lorsque son fils était en

pension. Depuis sa maladie, ses souvenirs les plus nets sont

liés à des impressions visuelles très fortes en raison de l'énzo-

tion intense qui les accompagnait, impressions qui lui ont

laissé le souvenir de la salle de l'hospice où elle a été traitée,

du cabinet de M. Voisin, des cours de la Salpêtrière.

Il est également utile de signaler chez elle la faiblesse habi-

tuelle de l'attention ; c'est ainsi que, si on lui commande de

lire à haute voix un passage d'un livre, elle peut en donner le

résumé. Cela lui est moins facile, mais possible, lorsqu'elle lit

sans articuler à voix haute. Mais jamais elle ne peut résumer

ce qu'elle lit d'elle-même dans la journée pour s'occuper.

L'affaiblissement des différentes images, chez notre malade,

ainsi que la prédominance habituelle de certaines d'entre elles,

découlent des considérations précédentes, fait très important à

signaler autant pour la constatation exacte de la nature de la

maladie que pour le traitement à suivre. Mais avant d'en arriver

là, il nous reste encore à voiries différents aspects sous lesquels

se présentent chez elle les troubles de la mémoire intellec-

tuelle. Pour se rappeler un événement, il faut être immédiate-

ment sûr de trois choses : 1° que quelque chose est bien réelle-

ment arrivé ; 2° que cela est arrivé comme on le pense; 3° que

c'est arrivé quand on le pense 1. D'où il résulte qu'il y a trois

portes ouvertes aux erreurs de la mémoire. Nous venons déjà

de voir des faits rentrant dans une première catégorie et nous

avons constaté que la malade avait absolument perdu la

notion de certains faits de son existence. Nous signalerons ici

que dans d'autres cas, d'une seconde catégorie, elle a des sou-

venirs lui représentant faussement la manière dont les événe-

ments se sont passés : soit que ces événements soient falsifiés,

soit qu'ils ne soient conservés que d'une façon incomplète. Si

les exemples de la première catégorie se sont montrés immé-

diatement, surtout à la suite des accidents puerpéraux, ceux

de la seconde ne se produisent que pour des faits postérieurs

ou au contraire tout à fait antérieurs à l'accouchement. Mais,

1 J. Sully. Les illusions du sens et de l'esprit.

folie puerpérale; amnésie, etc. 401

dans tous ces cas, les troubles de la mémoire sont justiciables

du mécanisme que nous avons exposé, et imputables à la dis-

parition où à la faiblesse de certaines images sensorielles. Res-

tent les erreurs de la troisième catégorie, celles qui sont rela-

tives à la date des événements et qui sont chez elles les plus

évidentes.

La localisation dans le temps qui constitue la caractéristique

de la mémoire intellectuelle se fait en général à l'aide de points

de repère, événements bien connus du sujet qu'il peut tou-

jours rapporter à une date précise et qui lui servent à classer

ses autres souvenirs. Dès lors, on comprendra très bien ce que

cette localisation, dans le temps, a de défectueux chez notre

malade qui n'a, la plupart du temps, à son service, comme

point de repère, que des souvenirs inexacts et qui, souvent

même, n'en a pas du tout. Elle ne peut localiser à peu près

exactement que pour l'époque antérieure à son accouchement,

époque dans laquelle elle a conservé le souvenir exact de cer-

tains faits marquant dans son existence, mais, pour le res : e,

elle ne l'ait que des erreurs. Par suite de la disparition ou de

la faiblesse des images knémoniques, elle ne peut avoir en

effet qu'une notion très inexacte du temps. Le temps actuel

lui paraît long, et cela, non pas parce qu'il est rempli par une

suite trop serrée d'expériences conscientes, mais au contraire,

parce qu'il est très uniforme, peu riche en expériences, que

celles-ci sont toujours les mêmes et que leur répétition même

tend à les reléguer dans le domaine de l'inconscient. Quant

au temps passé (je parle surtout de la période postérieure à

l'accouchement), elle en raccourcit généralement la durée,

justement par suite de la pauvreté des expériences qui en ont

marqué le passage et qui ne constituent ainsi que des points

de repère très clairsemés; et depuis cette époque, elle n'a à son

service, comme points de repère, que quelques rares événe-

ments qui, par leur intensité, leur durée, ont réussi à se fixer

fortement dans sa conscience. (Visite chez M. Voisin, entrée à

l'hospice, etc...)

Un fait qui nous reste à signaler, c'est bien qu'ayant cons-

cience parfaitement de la faiblesse de sa mémoire, la malade

raisonne toujours inconsciemment, comme si elle pouvait loca-

liser exactement dans le temps. Exemple : Quand avez-vous

vu vos parents - Dimanche.

Quand cela était-il ? Hier. (Inexact.)

Aucmvra, I. XX, 26

402 CLINIQUE MENTALE.

Quel jour sommes-nous ? Lundi, puisque c'était hier

dimanche.

Nous en avons assez dit sur l'état mental de cette malade

pour montrer qu'il ne s'agit là que de troubles de la mémoire,

et que, loin d'avoir affaire à une démente, comme on pouvait

le croire au premier abord, nous sommes en face d'une affection

de pronostic moins grave, nous dirons presque même curable.

Dès aujourd'hui, en effet, une amélioration s'est produite :

bien que notre malade ne soit pas encore très ingambe, elle

se tient debout et marche en écartant les jambes, afin d'élargir

sa base de sustentation. Elle progresse ainsi seule et sans appui

non seulement sur un terrain plat, mais elle peut même

monter des marches d'escalier. Elle coud bien, fait du crochet.

D'un autre côté, elle se rappelle beaucoup mieux les faits an-

térieurs à son accouchement, répond à ce propos sans aucune

hésitation et rectifie même certains détails qu'elle avait donnés

lors de ses premiers interrogatoires. De même pour les faits

actuels, elle a des souvenirs plus nets, sait bien les jours de la

semaine et fait moins d'erreurs de temps.

Ce résultat, encourageant pour l'avenir, a été obtenu exclu-

sivement à l'aide d'un traitement psychologique, basé sur ce

que nous avons exposé sur la pathogénie de la maladie. Il a

consisté surtout, soit pour réveiller les anciens souvenirs, soit-

pour fixer les nouveaux, à donner à chacune des impressions

une ténacité plus grande, en s'adressant aux images senso-

rielles que la malade avait conservées, soit en les prenant iso-

lément, soit en les associant à d'autres images susceptibles de

réveiller les premières, et en tâchant, d'un autre côté, de rendre

chacune de ces images plus stables, soit par leur répétition,

soit en augmentant la durée et l'intensité par la fixation de

l'attention de la malade ou l'éveil à leur propos d'émotions

différentes.

Nous ne pouvons entrer ici dans tous les détails du traite-

ment, nous nous contentons de rapporter quelques exemples

qui feront mieux comprendre les règles que nous venons

d'exposer. - 1

Pour la marche, par exemple, nous avons d'abord tâché de

réveiller les images motrices par des mouvements passifs re-

produisant ceux de la marche. Mais il ne faut pas oublier que

ces acquisitions automatiques secondaires doivent aujourd'hui

rentrer dans le domaine de la conscience pour que la malade

folie puerpérale; amnésie, ETC. 03

puisse marcher à nouveau. Aussi, faut-il attirer son attention

et la fixer, ce qui est facile, étant donné son désir extrême de

marcher, sur les mouvements de locomotion. Etant donné que

les images les plus nettes qu'elle ait actuellement sont les

images visuelles, ce sont à celles-là qu'il nous a paru bon de

s'adresser tout d'abord, en lui recommandant de regarder les

mouvements de la marche chez les autres personnes, ceux

qu'elle accomplit lorsqu'elle simule la marche assise, lors-

qu'on lui fait marquer le pas, etc... De cette façon, les images

visuelles et motrices s'associent pour rendre à la malade le sou-

venir des mouvements de locomotion et le résultat sera encore

plus favorable, grâce à la répétition fréquente de cette gym-

nastique particulière.

Pour ce qui est du cas de la mémoire intellectuelle, la marche

que nous avons suivie a été la même. Pour permettre à la ma-

lade de garder le souvenir des événements nouveaux, nous

avons cherché à fortifier les images sensorielles. Parfois, nous

nous sommes adressés à ces images prises isolément.

Inutile de s'adresser alors aux images auditives : ayant pu

constater maintes fois que, chez la malade, les représentations

auditives étaient des plus instables ; peut-être même en a-t-il

été toujours ainsi chez elle.

Il en est de même des images motrices qui seules, ou même

associées aux précédentes, sont impuissantes à créer un sou-

venir. C'est ainsi que la malade n'a jamais pu retenir un mot

(le jour de la semaine par exemple) tant que nous nous sommes

contentés de le lui dire et de le lui faire répéter à haute voix,

même en l'épelant. Les images visuelles, qui sont les moins

atteintes et paraissent toujours d'ailleurs avoir été prédomi-

nantes, ont pu par cela même donner de meilleurs résultats si

on s'adressait à elles. Pour lui faire retenir une date par

exemple, nous la lui montrions écrite sur un papier en nous

assurant que la sensation visuelle avait assez duré pour que la

malade ait à la suite une perception nette et consciente. Une

interrogation au moment même et la réponse qui la suivait

pouvait nous renseigner à ce sujet.

D'un autre côté, nous nous attachions à augmenter l'intensité

de l'image visuelle en l'associant à une émotion. Si, par

exemple, elle lisait une date, le mot jeudi, nous lui annoncions

en même temps pour ce jour la visite de sa famille à laquelle

elle est très attachée. Si nous lui'faisions lire notre nom, nous

404 CLINIQUE mentale.

lui donnions en même temps l'espérance d'une prompte

guérison, etc.

Pour assurer la reviviscence des souvenirs, il nous a paru

souvent préférable de nous adresser en même temps à plusieurs

images sensorielles, de façon à ce que, par suite de cette asso-

ciation, si l'une d'elle s'effaçait, une autre pût suffire pour ré-

veiller ce souvenir. Tout d'abord, accordant toujours à la

vision la priorité, nous avons montré à la malade un papier,

coloré, portant inscrit ce dont nous voulions qu'elle se sou-

vienne. La vue était donc impressionnée de trois façons, par le

papier, par la couleur, par l'inscription. Souvent il est arrivé,

surtout au début, que l'image seule du papier persistait et c'est

cela même qui nous a donné l'idée de tripler ainsi l'impression

visuelle. Nous avons eu d'ailleurs la satisfaction de voir la

malade retenir ainsi beaucoup mieux et le souvenir de la cou-

leur du papier réveiller celui de l'inscription. Pour aller plus

sûrement, nous avons même fait souvent épeler et lire à haute

voix l'inscription du papier coloré, introduisant ainsi pour ce

souvenir deux nouvelles images, une auditive, l'autre kinesthé-

tique. Nous croyons avoir atteint ainsi un maximum d'intensité

pour une seule impression surtout en y associant encore une

émotion comme nous l'avons dit plus haut.

Tous les souvenirs acquis par ces procédés étaient autant de

points de repère pour classer les souvenirs récents. Nous avons

déjà parlé de cette sorte de journal que nous faisions tenir par

la malade qui écrit, sur un papier divisé en colonnes correspon-

dant chacune à un jour, les faits nouveaux ou marquants de

cette journée.

En ce qui regarde les souvenirs anciens, nous nous sommes

servis des points de repère conservés : et en forçant la malade

à raisonner d'après ces bases, nous l'avons fait localiser d'autres

faits dont l'époque restait indécise. Nous avons essayé de fixer

ces derniers dans sa mémoire comme précédemment et nous

lui avons créé ainsi de nouveaux points de repère, en même

temps que nous fortifions les anciens : et ainsi de suite.

Nous avons déjà dit plus haut les résultats obtenus par ces

procédés d'expérimentation et de thérapeutique psychologique.

Si la mémoire n'est pas encore intégralement restaurée, au

moins l'amélioration est-elle assez notable pour justifier à la

fois et notre diagnostic et l'opportunité du traitement.

PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE

« THE CROONIAN LECTURES » SUR LES LOCALISATIONS

CÉRÉBRALES

Faites devant le Collège royal des médecins de Londres,

Par DAVID FERRIER

Médecin du King's Collège Ilaspital et du National Ilospital for the paralysed

and the epilcptic Quecn Square.

Notre ami, le Dr Ferrier, dont le Progrès médical a été le

premier à faire connaître en France les belles recherches sur

la physiologie du cerveau, vient de publier une série de nou-

velles leçons dans lesquelles il expose l'état actuel de la ques-

tion des localisations cérébrales et le résultat de ses dernières

recherches. Il a bien voulu nous accorder l'autorisation d'en

publier la traduction; nous l'en remercions, car nous sommes

convaincus que ces leçons intéresseront tous nos lecteurs.

Nous devons également adresser nos remerciements à l'éditeur

de The Lancet qui a eu la gracieuseté de nous communiquer

les clichés. B.

première leçon : introduction

M. le Président et Messieurs,

Tout en appréciant hautement l'honneur d'être nommé « Croo-

nian » du collège des médecins, je dois avouerque j'ai accepté cette

lourde tâche avec hésitation, car, quoique le sujet que j'ai choisi

est un de ceux qui ont attiré depuis longtemps mon attention et

que, j'ai déjà eu l'honneur de le discuter devant vous comme

« Goulstonian Lecturer » sous un de ses aspects q les localisations

du cerveau, » j'ai pensé en considérant les nombreux travaux

publiés dans ces dernières années sur ce sujet et les nombreux

problèmes non encore résolus que soulève cette question, que la

force et le temps me permettraient à peine d'exposer suffisamment

la question, je ne me contenterai pas de répéter les idées que j'ai

406 PHYSIOLOGIE pathologique.

exposées sur ce sujet ailleurs et à différentes époques et qui sont

bien connues de beaucoup d'entre vous; aussi il m'a semblé néces-

saire par ces lectures d'entreprendre de nouvelles recherches pour

jeter la lumière, si possible, sur certains points encore à l'étude.

Mais pratiquement il a été difficile de faire en peu de mois, si

bien remplis d'autre part, le travail qui seul aurait pu exiger une

longue période, et je me trouve très loin de ce que j'espérais faire,

quoique quelques résultats auxquels je suis arrivé peuvent contri-

buer, j'espère, à la solution de quelques-unes de ces questions

controversées. Je me propose dans ces lectures d'esquisser l'évo-

lution de la théorie des localisations cérébrales, d'indiquer les

principales données sur lesquelles elle est basée, et de discuter,

éclairé par les plus récentes recherches, le pour et le contre de

l'existence de centres spéciaux et leur situation exacte sur l'écorce

cérébrale.

Avant de considérer les faits ayant trait à la localisation spéciale

des fonctions sur l'écorce cérébrale, je crois utile, même nécessaire

de considérer l'effet de l'ablation des hémisphères cérébraux dans

les différentes classes d'animaux.

Une bonne interprétation de ces phénomènes comporte, je

pense, une explication suffisante des principales objections qui

ont été faites contre les localisations en général et en même temps

rend inutiles certaines hypothèses sur la substitution fonctionnelle

d'une partie de l'écorce à une autre, ce qui a été regardé, à juste

titre, par les adversaires de la théorie comme détruisant d'un coup

les principes fondamentaux de la localisation.

Les récentes recherches sur les effets de l'ablation des hémis-

phères cérébraux .par des méthodes perfectionnées ont nécessité

quelques modifications importantes dans les doctrines qui jusqu'à

une époque toute récente avaient cours sur ce sujet.

Commençons par les poissons. Quand sur les poissons osseux on

enlève entièrement les ganglions qui correspondent morphologi-

quement aux hémisphères cérébraux des vertébrés, il y a peu de

choses, sinon rien, qui les distinguent des animaux normaux. Ils

conservent leur attitude naturelle, se servent pour nager de leur

queue et de leurs nageoires avec autant de force et de précision

qu'avant. On dit généralement que les poissons sans cerveau ne

possèdent aucune spontanéité mais semblent invités par des im-

pulsions irrésistibles (dues aux impressions communiquées à la

surface de leur corps par l'eau dans laquelle ils sont) à nager,,jus-

qu'à ce qu'ils soient épuisés par pure fatigue neuro-musculaire.

Dans leur course cependant, comme l'a vu Vulpian, ils ne se pré-

cipitent pas en aveugles contre les obstacles, mais tournent à droite

ou à gauche suivant les circonstances, comme possédant toujours

quelque sens de la vision. Vulpian dit : < En effet, lorsqu'on a en-

levé les lobes cérébraux sur un poisson, offrant de la résistance à

LES LOCALISATIONS CÉRÉBRALES. 407

ces sortes d'opérations, sur un gardon par exemple, non seulement

on peut, lorsque l'animal est tranquille daus le bassin où on l'a

remis, provoquer des mouvements de locomotion en approchant

un corps de ses yeux; mais encore j'ai constaté qu'il évite les obs-

tacles et en plaçant un bâton à sa droite ou à sa gauche, à quelques

centimètres de son oeil correspondant, j'ai pu faire tourner le

poisson en sens inverse, à bien des reprises'. » »

Steiner n'admet pas l'absence de spontanéité chez les poissons

ainsi opérés, car il a vu que quelquefois ils restent au fond, d'autres

fois ils se balancent à différentes hauteurs de l'eau, et de temps en

temps nagent librement sans aucun changement visible dans les

conditions qui les entourent. Il a aussi démontré, 'et en cela il a

été confirmé par Vulpian, que non seulement ils voient, mais sont

capables de trouver leur nourriture. Si on jette des vers dans

l'eau dans laquelle ils nagent, aussitôt ils se' précipitent dessus. Si

on jette un morceau de ficelle semblable à un ver, ils peuvent dé-

couvrir la différence : ou ils ne le regardent pas ou ils le rejettent

après l'avoir saisi. Non seulement ils prennent leur nourriture,

mais ils distinguent entre les différentes sortes de nourriture,

choisissant les unes, rejetant les autres; jusqu'à un certain point

ils distinguent les couleurs, car lorsqu'on'jette dans l'eau un pain à

cacheter rouge et un blanc, invariablement le poisson choisit le

rouge.

De ces faits il résulte que les poissons sans hémisphères céré-

braux peuvent voir, distinguer jusqu'à un certain point les cou-

leurs, attrapper leur proie, choisir entre les différentes sortes de

nourriture, diriger leurs mouvements avec précision, et en fait se

conduire avec toute l'apparence d'un poisson normal. La seule

différence observée par Steiner était que les poissons sans cerveau

paraissaient plus impulsifs et moins prudents que ceux qui n'avaient

pas été opérés 3.

Ce que je viens de dire ne s'applique cependant qu'aux poissons

teleosseux. Les résultats sont tout différents dans les a Elasmo-

branches ». Ainsi le chien de mer, suivant Steiner, après cette

opération, est entièrement dépourvu de spontanéité et est tout à

fait incapable de trouver sa nourriture (sardines) dont il est

entouré. La différence entre les deux ordres de poissons est

cependant plus apparente que réelle, car le chien de mer est

guidé principalement par l'odorat, tandis que l'activité des pois-

sons osseux est guidée par la vision ; par suite, chez le chien de

' Système nerveux, p. 669. "

' Comptes rendus, t. CI ! et CIII, 1886. , ,'

' Die fonctionen des Centravensystènae : Zweite Abteitllng, die Fische,

1888. ' ,

4 Steiner. Op. cil. , \

408 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

mer l'ablation des hémisphères cérébraux, qui sont presque exclu-

sivement en relation avec Je sens de l'odorat (Fig. 1, A), abolit

toutes les reaclions aues a ce sens; tandis

que chez les poissons osseux le centre visuel

principal (lobes optiques) étant intact, les

modes habituels d'activité, régis principale-

ment par les yeux, restent sans modifications

apparentes.

Grenouilles. - Suivant les recherches sur-

tout de Gallz * et Steiner '. les grenouilles

privées de leurs hémisphères cérébraux se

conduisent, cælc1'is lW1'iIJUs, essentiellement

comme les poissons semblablement opérés;

elles gardent leur attitude normale et résis-

tent à toutes les tentatives pour leur faire

perdre l'équilibre. Placées sur le dus, elles se

retournent et essaient de retrouver leur posi-

tion habituelle. Si la base du plateau sur

lequel elles sont est abaissée dans une direc-

tion, elles glisseront eu avant ou en arrière

jusq'u'à ce qu'elles aient trouvé une position

d'équilibre. Leur faculté de locomotion reste

la même, et les membres sont coordonnés

avec précision. Si on pince leur patte ou qu'on applique un

irritant sur la partie postérieure de leur corps, elles font un

saut en avant; jetées à l'eau, elles nagent et continuent à nager

jusqu'à ce qu'elles atteint le bord du vase sur lequel elles

grimpent pour y rester tranquilles. En fait il serait difficile de

distinguer par leurs mouvements et les réponses aux excitants les

grenouilles normales des grenouilles opérées. Si ou chatouille

doucement leur dos, elles répondent par un coassement comme

de plaisir et de contentement. Placée dans un vase rempli d'eau

dont on élève graduellement la température, elle sautera en

dehors aussitôt que la température devient trop chaude. Placée au

fond d'un seau d'eau, elle montera à la surface pour respirer. Si

le vase est renversé au-dessus d'une auge pneumatique et rempli

d'eau soutenue par la pression barométrique, la grenouille mon-

tera d'abord au sommet et là ne trouvant pas l'air nécessaire à sa

respiration, elle redescendra et enfin réussira à s'échapper en

dehors du vase, sur la face libre de l'auge pneumatique. Comme

le poisson, la grenouille sans cerveau possède une forme de

vision; excitée, elle ne se précipite pas en aveugle contre les

obstacles, mais saute par-dessus, ou tourne à droite ou à gauche

, ? . ,

1 Fonctionem der Nervencentren des Fro.sc7aes, 1869.

s Physiologie des Proschlairn,s, 1885.

Fig. 33.- Cerveau du tri

chien de mer, d'a-

près Steiner.

A, Hémisphère central.

- B. Lobe optique. -

C, Cervelet. - 0. Lobe ol-

factif.

LES LOCALISATIONS CÉRÉBRALES. 409

ou l'évite de quelque façon. Dans toutes ces circonstances, la gre-

nouille sans cerveau agit comme une grenouille intacte; mais

beaucoup d'observateurs ont signalé une différence digne de

remarque : la grenouille sans cerveau, à moins d'excitation péri-

phérique, reste toujours tranquille jusqu'à ce qu'elle se dessèche

et se convertisse en momie. Toute spontanéité (c'est-à-dire une

activité variable sous les mêmes causes apparentes extérieures)

paraît annihilée. Son expérience passée est envolée; et elle

regarde avec indifférence les signes et les menaces qui autrefois

l'auraient mise en fuite. On dit aussi généralement que la gre-

nouille a perdu son instinct de conservation, ou qu'elle ne sent

pas la faim ou qu'elle a perdu la faculté de satisfaire ses besoins

physiques au point qu'elle meurt au milieu de l'abondance. Cepen-

dant les expériences plus récentes de Schræder1 paraissent démon-

trer que l'ablation des hémisphères ne prive la grenouille ni de sa

spontanéité ni de ses instincts spéciaux, ni de la faculté de se

nourrir elle-même : car il a observé des grenouilles sans cerveau

qu'il a gardées longtemps en vie, sautant spontanément d'un gal-

vanomètre, libres de toutes tendances à la vibration, passant de

la terre dans l'eau de l'aquarium, rampant sous les pierres, s'en-

terrant elles-mêmes au commencement de l'hiver, se mettant à

nager quand on les met avec précaution dans l'eau, tout comme

les grenouilles normales dans les mêmes conditions. Ces gre-

nouilles, après l'hivernage, ou après la guérison de leur plaie en

été, attrappent diligemment les mouches qui volent autour de leur

bocal. Il semble donc, si ces observations sont justes, que les prin-

cipaux points de distinction entre la grenouille avec ou sans

cerveau, c'est-à-dire l'absence de spontanéité et de la faculté de

se nourrir, n'ont plus de valeur et que la grenouille sans cerveau se

comporte précisément comme le poisson sans cerveau.

Oiseaux. - Voyons maintenant les effets de l'ablation des

hémisphères cérébraux chez les oiseaux et spécialement chez les

pigeons, la classe justement supérieure de vertébrés. Ces phéno-

mènes sont familiers à tout le monde, depuis les classiques

recherches de Flourens=; mais quoique la description qu'il en a

donnée ait été acceptée dans son ensemble, il y a eu et il y a

encore aujourd'hui des différences d'opinions sur les faits etsurtout

sur leur interprétation. Sans aucun doute, les pigeons opérés ne

montrent aucun trouble ni de la station ni de la locomotion. Ils

gardent Jour attitude normale et résistent à toutes tentatives pour

leur faire perdre l'équilibre. Abandonnés à eux-mêmes, ils parais-

sent, dans les premiers temps tout au moins, plongés dans un pro-

fond sommeil. On les réveille facilement par un petit coup ou en

' Physiologie des Frosclegelions. (Pflllger's A l'chiv sur Physiologie, 1887.)

. Système nerveux, 1842.

410 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

les pinçant. Ainsi excités, ils marchent devant eux, et s'ils arrivent

à dépasser le bord de la table sur laquelle ils sont placés, ils

frappent des ailes et retombent d'aplomb. Lancés en l'air, ils

volent avec coordination et précision. Après chaque manifestation

d'activité, ils reprennent leur repos. Parfois, et sans aucune exci-

tation extérieure apparente, ils lèvent les yeux, ;1âi lIent, sesecouent,

arrangent leurs plumes avec leur bec, font quelques pas en avant

et en arrière, principalement après la défécation, et puis retom-

bent dans leur état de repos, se tenant tantôt sur une jambe, tan-

tôt sur l'autre. Ils sont incapables de se nourrir eux-mêmes; mais

nourris artificiellement, la déglutition, la digestion, la nutrition

se font normalement et on peut garder l'animal indéfiniment.

Flourens pensait que l'ablation des hémisphères annihile tous

les sens et rend les animaux aveugles, sourds, dénués d'odorat,

de goût, de sensibilité tactile. Ces conclusions furent discutées par

Magendie, Bouillaud, Cuvier et en particulier par Longet et Vul-

pian.. Longet trouva que les animaux paraissaient voir assez

pour suivre les mouvements d'une flamme tenue en face de leurs

yeux à une distance suffisante pour ne pas provoquer de sensation^

de chaleur, et, qu'excités il marcher, ils évitaient les obstacles

situés sur leur chemin. - Ils partaient aussi au bruit de sons

éclatants comme celui d'un pistolet tiré près d'eux; et, d'après

leurs mouvements et leurs gestes, ils paraissaient ressentir les im-

pressions faites sur les nerfs de sensation commune. Quant aux

sens spéciaux du goût et de l'odorat, il trouva qu'on ne pouvait

arriver une conclusion définitive sur les animaux de cet ordre,

et considérant les affirmations de Flourens comme non démon-

trées d'une façon convaincante, Longet pense que l'ablation des

hémisphères enlève seulement la perception propre, les sensations

brutes ayant leur centre dans les ganglions mésencéphaliques.

On a beaucoup discuté la question du sens de la vue chez les

pigeons ainsi opérés pour savoir non pas si la simple impression

à la lumière existe, mais si les animaux voient, c'est-à-dire sont

capables de diriger leurs mouvements d'après leurs impressions

rétiniennes. -- Mackendrick ' pense que l'ablation d'un seul hé-

misphère produit la cécité dans l'oeil opposé, Gastrowitz4, d'après

ses propres expériences, arrive à la même conclusion (sur ce sujet,

voir plus bas). Les expériences de Blaschko 5, sous la direction

' Anatomie et physiologie du système nerveux, 1842.

=Vulpian. Op. cit.

3 Observations and experiments on the Corpora strata and cérébral

Hémisphères of Pigeons. Royal Society, Edimbourg, 1873.

° Ueber die Bedeutung des Grosshirns. (Archiv sur Psychiatrie 187G.)

Das' Sehcentl'um bei Froschen. Berlin, 1880.

LES LOCALISATIONS CÉRÉBRALES. 411

de Munk, ne conduisent pas à des conclusions bien fermes sur ce

point, quoiqu'il semble découler que l'ablation d'un hémisphère

ne produise pas la cécité complète de l'oeil du côté opposé. Mais

Muni ? lui-même a fait sur ce sujet un nombre considérable

d'expériences. Il a trouvé que sur un certain nombre de pigeons,

auxquels il a enlevé les hémisphères cérébraux, la vision n'était

pas entièrement abolie et que les animaux pouvaient éviler les

obstacles placés sur leur passage. Des recherches minutieuses (au-

topsies) ont révélé que dans de pareils cas, les hémisphères n'a-

vaient pas été entièrement détruits, la vision se continuant par

l'oeil dont l'hémisphère opposé n'avait pas été extirpé complète-

ment. Cependant, dans des cas où on n'a pas pu trouver une seule

trace des hémisphères, la cécité n'était pas complète ni absolue.

Ces animaux , dans leur attitude et dans leurs réactions aux exci-

tants périphériques, montraient les symptômes déjà décrits. La

lumière la plus brillante cependant ne produisait pas d'autre phé-

nomène que la contraction de la pupille. - Les animaux excités

à marcher se précipitaient contre tous les obstacles qu'ils rencon-

traient sur leur route. Jetés en l'air, ils volaient la tête rétractée,

le tronc à moitié levé, les jambes pendantes, heurtaient les

obstacles ou tomhaientcomme une masse à terre, et glissaient à une

assez grande distance avant de rester en repos.

Les phénomènes décrits par Munk indiquent une cécité complète

des pigeons, il pense que tous ceux qui ont soutenu que l'ablation

des hémisphères cérébraux n'entraîne pas une cécité complète

sont dans l'erreur, car l'ablation alors n'a pas été complète.

Cependant Sehroeder' décrit les phénomènes observés chez deux

pigeons dont il avait enlevé totalement les hémisphères cérébraux

comme en fait foi l'autopsie de von Recklinghausen. 11 ne res-

tait rien de l'écorce, mais seulement quelques restes des pédon-

cules cérébraux qui étaient ramollis. Peu de jours après l'opération,

ces pigeons se comportaient d'une façon telle qu'on ne pouvait

l'expliquer que par un reste de vision. Car non seulement ils évi-

taient les obstacles sur leur route dans leur vol, mais paraissaient

capables de voler d'une place à une antre en toute sécurité. Ces

vols étaient principalement, sinon entièrement, dus à leur chan-

gement de position, comme de les monter sur la base d'un support

ou de les placer dans des balances. Jamais en aucune circonstance

ils se sont envolés spontanément du soi.

Qnant au sens de l'audition, Schroedel' a vérifié chez quelques-

uns de ces animaux les observations de Longet, que les sons écla-

' Ueberdie centalen Organe tiir das Seheauad das Hm'en bei den 117ee--

bal 1'kieren, Silsungs berichte d. Berlin. Académie der wissenscliaften,

juillet 1883.

. Physiologie des Volgelgehirns. (Pfluger's Archiv, Bd. 44.)

412 r'-) PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

tants comme une explosion causaient un départ subit, mais qu'au

delà il n'y avait aucun signe indiquant l'impressionnabilité aux

excitants auditifs. Si les résultats de Schroeder sont justes, et ces

descriptions et celles de Recklinghausen ne laissent peu de place au

doute, nous sommesobligés de classer les oiseaux avec les pois-

sons et les grenouilles qui, sans aucun doute, conservent le sens

de la vue et guident leurs mouvements malgré l'ablation complète

des hémisphères cérébraux.

Mammifères. - L'ablation des hémisphères cérébraux (compre-

nant les corps striés) dans les vertébrés inférieurs est compatible

pendant assez longtemps avec la vie; tout autre est le cas pour les

mammifères. Chez eux, l'opération produit un choc fatal ou

est suivie de suites qui entraînent rapidement la mort. Pour cette

raison on n'a pas pu déterminer, comme chez les vertébrés infé-

rieurs, quelles fonctions, après une assez longue durée, possèdent

les centres inférieurs séparés des centres supérieurs. Les mam-

mifères chez lesquels l'opération a le mieux réussi sont surtout

d'un ordre inférieur, lapins, cobayes, rats. Quand on enlève les

hémisphères à un lapin ou à un cobaye, l'animal, d'abord très

abattu, commence, après un temps variable, une demi-heure ou

plus, à se montrer capable d'exécuter des actions d'une complexité

assez grande. - La puissance musculaire des membres a assez

considérablement diminué, et cela davantage dans les membres

antérieurs que dans les postérieurs. Néanmoins, il peut maintenir

son équilibre; assis, les jambes tendent à s'étendre ou sont

dans une situation anormale. Il résiste aux tentatives pour ren-

verser son équilibre et si on y parvient, il reprend son attitude

première. Si on pince son pied ou sa queue, l'animal bondit

en avant suivant son mode caractéristique de progression, mais il

reprend sa position quand l'effet de l'excitant est épuisé. Il peut

secouer ses oreilles, changer un peu de position, frotter son mu-

seau avec ses pattes, se gratter et reprendre ensuite une position

de repos complet. Les pupilles se contractent lorsqu'on projette

une lumière sur ses yeux, et il cligne des paupières quand on

touche la conjonctive. Les bruits éclatants produisent un redres-

sement des oreilles ou un départ subit. Suivant Longet, en pla-

çant de la coloquinte surla langue, on produit des mouvents de la

langue et des organes de mastication ressemblant parfaitement à

ceux de la dégustation et des efforts pour se débarrasser du goût

nauséeux. Lorsqu'on place de l'ammoniaque sous ses narines,

l'animal retire bruspuemcnt la tète en arrière ou frotte ses narines

avec ses pattes. Non seulement il répond par des mouvements

au pincement de ses pattes ou de sa queue, mais si l'excitation

est plus forte, il pousse des cris répétés et prolongés de caractère

plaintif. - Toute spontanéité semble abolie; mais habituellement

ces animaux, la période de calme passée, font quelques courses

Les localisations cérébrales. 413

d'apparence spontanées, mais en réalité causées par les modifica-

tions secondaires qui se passent du côté de la plaie.

La question de savoir si les lapins ou les autres rongeurs peuvent

voir après l'ablation des hémisphères cerébraux a éte l'objet d'une

controverse très vive entre Christiani et Munk1 . Après l'ablation

minutieuse des hémisphères cérébraux et des corps striés immé-

diatement au-devant des bandes optiques, Christiani constate que

les lapins passent et repassent les obtacles tels que les pieds de

chaises et de tables et est d'avis que, quoiqu'ils ne voient pas

comme les lapins normaux, ils sont toujours capables de guider

leurs mouvements suivant leurs impressions rétiniennes. D'un

autre côté Munk nie l'exactitude des expériences de Christiani et

dit que les lapins après l'ablation des hémisphères cérébraux sont

complètement aveugles, et ne montrent aucun signe qu'ils sont

influencés par la lumière, excepté la contraction ou la dilatation

de la pupille. Il pense que c'est par hasard qu'ils évitent les obs-

tacles ou qu'ils n'étaient pas situées sur leur chemin.

La question n'est pas une de celles que l'on peut dire définiti-

vement résolue, quoique les faits relatifs aux poissons, aux gre-

nouilles, aux oiseaux portent à croire que les résultats et les con-

clusions de Christiani ont une base solide. Sur ce point et sur

d'autres relatifs aux facultés sensorielles et motrices des mammi-

fères sans cerveau, il est difficile d'arriver à une conclusion satis-

faisante, parce que contrairement aux vertébrés inférieurs ils

meurent rapidement après l'opération. Cependant les centres des

animaux inférieurs n'ont pas le temps de se remettre du choc

qui doit suivre nécessairement une rupture violente des centres

inférieurs et supérieurs préalablement ou directement unis.

Comme la cause de la mort, chez les mammifères, semble dé-

pendre surtout des suites secondaires (inflammation ou autres) de

l'opération et non du simple fait- de l'ablation des hémisphères

elle-même, il est à souhaiter qu'on découvre une méthode par

laquelle les animaux puissent être conservés plus longtemps en

vie que maintenant. Celui qui s'est le plus l'approché de cette con-

dition est Gollz2 qui a fait une série d'observations attentives sur

des chiens pendant une longue période après une destruction très

grande des deux hémisphères. Quoique l'ablation ait été loin

d'être complète dans aucun cas, cependant les phénomènes décrits

par lui comportent leur enseignement pour la physiologie com-

parée du cerveau. Goltz lui-même a pris ces expériences pour base

de sa polémique contre les localisations cérébrales, mais pour le

moment, faisons abstraction de leur valeur à ce point de vue et

envisageons les faits en eux-mêmes.

' Physiologie des Gehirtts, 1887.

' Verrichtungen der G,'ooshil'ns. (Pfluger's Archiv, 1876-1888.)

414 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

Goltzl dépeint ainsi un chien sur lequel par de nombreuses opé-

rations il a enlevé une grande partie des deux hémisphères. La

substance cérébrale détruite avec l'atrophie secondaire consécutive

fut assez importante pour que tout le cerveau pesât 52 grammes

au lieu de 360 grammes, poids normal du cerveau chez un animal

de même taille. Ce chien a une figure sans expression. Abandonné

à lui-même il rôdait sans repos, ne prêtant aucune attention à

tout ce qui se passait autour de lui. Tous ses mouvements étaient

maladroits, irréguliers; cependant' il ne présentait pas de para-

lysie complète. 11 glissait sur une surface unie et ses jambes avaient

de la tendance à s'étendre sous lui, au point, de tomber sur le

ventre. Il se relevait lui-même et reprenait sa marche. Il avait une

très grande difficulté à se nourrir lui-même, quoiqu'il trouvait lui-

même sa nourriture quand on la plaçait au coin habituel de sa

cage, cependant il paraissait ne pas pouvoir la trouver quand on la

changeait de place et même quand on mettait sa nourriture sous

son nez, il happait sans but aussi souvent en dehors que dans

l'assiette.

Il était tout à fait incapable de se servir de ses pattes pour tenir

et ronger un os. Il ne faisait pas attention aux étrangers, hommes

ou animaux; il ne regimbait pas lorsqu'on plaçait une forte

lumière devant ses yeux et ne montrait aucune crainte à aucune

sorte de menaces. Quoiqu'il paraissait complètement .aveugle,

cependant des expériences nombreuses et variées ont montré qu'il

était capable de guider ses mouvements par là vue. Il ne courait

pas contre les obstacles comme il le faisait invariablement lorsque

ses yeux étaient bouchés. Il n'était pas sourd, car il pouvait être

réveillé par un bruit intense, mais les sons ne produisaient aucun

autre effet sur lui. Il ne prenait garde ni à la fumée de tabac ni

aux vapeurs de chloroforme, et il aurait mangé une pièce de bois

comme un os. Il ne paraissait pas être influencé par le voisinage

d'un autre chien. Il ne montrait aucune trace de colère quand un

autre lui volait sa nourriture, de même il ne manifestait pas son

plaisir en agitant sa queue. Sa sensibilité cutanée était partout

diminuée mais nulle part complètement abolie. Si on pinçait très

fort sa patte, il la retirait brusquement et essayait de mordre en

colère.

Les symptômes présentés par ce chien et un autre semblable-

ment opéré étaient ainsi résumés par Goltz : « Les deux animaux

étaient essentiellement des machines réflexes errant, mangeant,

buvant. Tous deux étaient entièrement indifférents à l'homme et

aux animaux. Tous deux avaient leurs sens obtus. Tous deux avaient

conservé de la sensibilité cutanée et faisaient des mouvements

avec tous leurs muscles. Ils ne montraient aucun signe de plaisir;

' Op. cit., p. 134.

LES LOCALISATIONS CÉRÉBRALES. 418

d'un autre côté ils étaient tous deux mis facilement en colère.

Tous deux étaient profondément déments. »

L'altération de toutes les facultés sensorielles et motrices dans

ces chiens opérés par Goltz, chez lesquels il est certain qu'aucun

des centres spéciaux n'était entièrement détruit,- aurait été sans

aucun doute plus profonde que chez les lapins et les cobayes, s'il

avait été possible d'extirper les hémisphères entièrement. Et quand

nous considérons les effets de lésions cérébrales partielles chez

l'homme, nous avons quelque raison de croire que si les hémis-

phères étaient entièrement enlevés, la chose fi7t-elle compatible

avec la vie, il y aurait une paralysie si complète et si durable du

mouvement et une altération de tous les sens qu'à peine il reste-

rait une place pour ses réactions adaptées à un but, qui survivent

à l'ablation des hémisphères cérébraux chez les animaux infé-

rieurs.

Il parait donc que, malgré l'extirpation des hémisphères céré-

braux, les animaux proportionellement à leur infériorité dans

l'échelle animale, en plus des fonctions organiques qu'ils conser-

vent régulières restent en possession de facultés variées que l'on

peut classersous les noms d'équilibre, de la coordination du mou-

vement d'expression émotionnelle, de réactions adaptées aux im-

pressions reçues par leurs organes des sens. Ces facultés sont

organisées dans les centres mésencéphaliques et spinaux au plus

haut degré chez les poissons, les grenouilles et les pigeons, à

un plus faible degré chez les mammifères inférieurs, au moins

chez les singes et l'homme.

Je n'ai pas pour le moment l'intention de considérer les rôles

respectifs des centres spinaux cérébelleux et mésencéphaliques

dans la régularisation des différentes formes d'activité, nous pou-

vons, pratiquement quelquefois, théoriquement toujours, séparer

la moelle et le mésencéphale en un amas de centres individuels,

chacun avec ses nerfs afférents et efférents coordonnant des mou-

vements synergiques dans son département, coopérant tous en-

semble avec harmonie au moyen de fibres commissurales. Les

centres individuels s'unissent en un tout complexe, actionné par

les nerfs des sens spéciaux et subordonné aux centres nerveux

supérieurs par lesquels l'organisme s'adapte aux choses extérieures.

Je ne discuterai pas non plus la question controversée de savoir si

les actions des centres inférieurs sont sous la dépendance de l'in-

telligence. La plupart des différences sur ce point sont dues à la

manière de comprendre le sens des mots. Si avec M. Romanes

nous regardons l'adaption variable aux circonstances extérieures

comme Un critérium de l'intelligence, nous ne pourrons pas nier

que les actions des centres inférieurs ne soient un indice d'intelli-

gence dans ce sens. Car les expériences de Steiner, de Schroeder et

d'autres auteurs, montrent que les formes d'activité qu'on a cou-

416 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

tume de considérer chez l'homme comme d'ordre exclusivement

cérébral, et conscients se trouvent chez ces animaux avec une

absence complète des hémisphères cérébraux. Nous ne pouvons pas

dire non plus que la spontanéité, que l'on considère habituellement

comme une fonction des hémisphères cérébraux, fasse défaut

entièrementchez les animaux sans cerveau; car nous les voyons,

sans aucun changement apparent aux conditions extérieures,

se mouvoir spontanément et ne pas se comporter autrement que

les animaux normaux. Nous pouvons cependant dans beaucoup de

cas, sinon dans tous, rapporter ses mouvements soi-disant spontanés

aux impressions périphériques; chez les animaux normaux, quoi-

que leur soi-disante spontanéité provienne principalement de la

même source, les rapports sont plus éloignés et plus difficiles à

tracer. -

Ces faits et d'autres semblables nous amènent à cette con-

clusiun que la différence n'est pas essentielle entre la simple

action réflexe et l'acte le plus élevé de l'intelligence, passant par

une graduation insensible de l'un à l'autre. Ce n'est qu'une

induction, car nous ne pouvons rien conclure définitivement sur

les états de conscience chez d'autres que nous-mêmes et encore

moins dans les cas d'animaux inférieurs à l'homme. Mais nous

sommes autorisés à dire que l'activité des centres inférieurs n'inté-

resse pasla conscience de l'individu, car, quand une lésion de la

capsule interne sépare les fibres sensitives de leur connection avec

l'écorce, l'individu n'a aucune conscience des' impressions faites

sur ses organes des sens, aussi pouvons-nous conclure que chez

l'homme au moins les perceptions conscientes sont unies indis-

solublement à l'activité des hémisphères cérébraux.

Les résultats de l'ablation des hémisphères cérébraux ne prou-

vent rien ni pour ni contre la doctrine des localisations fonction-

nelles, pas plus que les expériences de Goltz ne militent en quoi

que ce soit contre l'existence des centres spéciaux; car si, après

une extirpation bilatérale complète de ces centres, les fonctions

qui subsistent ne dépassent pas celles capables de se manifester

en l'absence complète des hémisphères cérébraux, il reste tou-

jours la question de savoir si les lésions n'ont pas causé une perte

ou une paralysie de quelque chose de plus élevé. Ou peut donner

une ample démonstration qu'il en est ainsi, à laquelle n'ont pas

contribué pour la moindre part les faits mêmes que Goltz a établis

par des procédés si ingénieusement inventés. Ce n'est pas une

explication des faits qui suivent l'ablation des hémisphères céré-

braux que dire qu'ils sont dus à la perte de l'intelligence. C'est

simplement relater les faits sous une forme plus métaphysique

mais moins intelligible. Nous n'avons que faire cependant des

termes métaphysiques quand nous étudions les effets des lésions

de l'écorce cérébrale. Nous avons affaire à des entités matérielles

LES LOCALISATIONS CÉRÉBRALES. 417

en connection avec les tractus sensitifs ou moteurs, et nous avons

pour but, si possible, de déterminer quels sont les facteurs anato-

miques et physiologiques en rapport avec les fonctions que nous

réunissons sous le terme d'intelligence; et rien à priori ne s'inscrit

contre la notion des différents facteurs de l'intelligence ont leur

substratum dans des régions définies précisément en rapport avec

certaines fonctions motrices ou sensorielles. Flourens, le fait est

bien connu, n'admet aucune espèce de localisation dans les

hémisphères cérébraux. Il semble avoir été amené à cette con-

clusion moins par ses propres expériences, que par des con-

ceptions à priori, sur l'unité et l'indivisibilité de l'intelligence, et

que par une réaction contre l'organologie de Gall et de ses imi-

tateurs. Quant h Gall, laissez-moi en passant lui rendre cette jus-

lice qu'il a dans son analyse suivi strictement la méthode inductive

et qu'il a fait plusieurs observations d'une valeur durable : cepen-

dant sa synthèse du cerveau, considéré comme un amas d'organes

séparés, chacun autonome dans sa sphère et tous mystérieusement

inhérents dans un substratum immatériel et unifiant, a failli se

recommander au monde scientifique. Flourens résume ainsi ses

conclusions :

« Ainsi, 1° on peut retrancher soit par devant, soit par derrière,

soit par en haut, soit par côté, une portion assez étendue des

lobes cérébraux, sans que leurs fonctions soient perdues. Une por-

tion assez restreinte de ces lobes suffit donc à l'exercice de leurs

fonctions; 2° à mesure que leur retranchement s'opère, toutes les

fonctions s'affaiblissent et s'éteignent graduellement; et passé

certaines limites, elles sont tout à fait éteintes. Les lobes cérébraux

concourent donc par tout leur ensemble à l'exercice plein et entier

de leurs fonctions; 3° enfin, dès qu'une perception est perdue,

toutes le sont; dès qu'une faculté disparait, toutes disparaissent. Il

n'y a donc point de sièges divers ni pour les diverses facultés ni

pour les diverses perceptions. La faculté de percevoir, déjuger,

de vouloir une chose, réside dans le même lieu que celle de per-

cevoir, déjuger, d'en vouloir une autre; et conséquemment cette

faculté, essentiellement unie, réside essentiellement dans le même

organe. » .

Quoique les théories de Flourens aient rencontré une appro-

bation générale, elles furent contestées au point de vue expéri-

mental, par quelques physiologistes et plus particulièrement par

Bouillaud 1. Les expériences de Bouilland sur les pigeons, les

lapins l'ont amené à conclure que la destruction des lobes anté-

rieurs seulement produisait les symptômes d'une profonde

démence. Quoique les animaux étaient capables de percevoir, de

voir, d'entendre, de sentir, et d'exécuter un certain nombre de

Op. cit., p. 99.

Archives, t. XX. 27

418 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

mouvements spontanés et instinctifs, ils ne pouvaient reconnaître

leur situation par rapport aux objets qui les entouraient; ils ne

pouvaient se nourrir eux-mêmes, et en général ils avaient perdu

toute faculté de raisonner. Un animal, dil-il, chez lequel les lobes

antérieurs avaient été détruits, quoique privé de l'exercice d'un

nombre plus ou moins considérable d'actes intellectuels, continue

à jouir de ses facultés sensorielles, preuve que la sensation et

l'intelligence ne sont pas la même et unique fonction et qu'ils

occupent des sièges différents. Les expériences de Bouillaud ont t

été, je pense, confirmées par mes propres expériences chez les

singes, ainsi par celles de Goltz et Schraeder sur les chiens et les

pigeons. Bouillaud cependant considère que ses propres expé-

riences n'ont fait que soulever la question de localisation, et on

pensait généralement que, en ne considérant tout au moins que les

-données expérimentales, la doctrine des localisations, n'avait

aucune base solide. Au point de vue clinique cependant, ils pré-

sentaient continuellement des faits qui semblaient inintelligibles

en dehors de la théorie de la localisation ; et les observateurs

cliniques, comme Bouillaud lui-même, Andral et d'autres suspen-

dirent sagement leur jugement jusqu'à ce que de nouveaux faits

fussent mis en lumière pour expliquer l'apparente diflérence irré-

conciliable entre la pathologie humaine et la physiologie expéri-

mentale 1.

Buuillaud 2 rassemblé certains faits cliniques qui semblent.

indiquer un rapport entre des lésions des lobes antérieurs et la

perte de la parole confirmant ainsi les théories de Gall sur le

sujet, Dax (1836) établit la relation spéciale entre l'aphasie et l'hé-

miplégie droite et les lésions de l'hémiplégie gauche : mais le

rapport entre l'aphémie ou aphasie et la lésion d'une région plus

particulièrement limitée de l'hémisphère gauche, c'est-à-dire la

base de la troisième circonvolution frontale fut pour la première

fois indiqué par Brocha(1861). Les observations de Broca ont été

depuis amplement confirmées par les recherches cliniques et pa-

thologiques et expliquées par l'expérimentation physiologique.

Ensuite un grand pas a été fait dans la théorie des localisations

par Hughlinges Jackson (1861) 3 qui, par l'étude des formes de

l'épilepsie qui portent justement son nom, a fourni de puissantes

raisons pour croire que certaines circonvolutions voisines et fonc-

tionnellement en rapport avec le corps strié ont une fonction mo-

trice. L'irritation ou des « discharging lésions, » de ces circonvo-

Recle. expérim. sur les fonctions du cerveau et celles de sa portion

antérieure en particulier. {Journal de physiologie expérimentale, 1830,

t. X, p. 91.)

. Archives de médecine, 182a.

s Clinical and pathological Researches on the Newan System.

LES LOCALISATIONS CÉRÉBRALES. 41Ô 0

lutions produisaient des convulsions localisées et généralement

unilatérales du côté opposé du corps. Mais à cause de ce fait, vu la

remarque faite par Hughiinges Jackson que la lésion due il une

maladie est souvent giossiere, mal définie, étendue, la détermina-

tion des fonctions du cerveau par la méthode anatomo-cliuique a

fait peu de progrès, parce qu'il n'y a probablement pas une uni-

formité constante entre le sièpe de la maladie et les symptômes

observés. La difficulté de distinguer les effets directs ou indirects

des lésions cérébrales a fourni à f3rown-Séquard des arguments

' Pysiological pathology of the ISrain (Lallcel, 1876 et Archives de

physiologie, 18ï7-1890.)

Fig. 37 (d'après la figurc 2 : , d'Exncr.)

La figure présente des cercles de même ordre, les uns plus larges, les autres plus

petils Les cercles les plus larges indiquent les centres absolus, les plus petits les

centres relatifs. L'intensité des derniers est indiquée par l'état ombré des cercles.

420 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

en faveur de son idée particulière que tous les symptômes de ma-

ladie cérébrale sont dus à quelque influence dynamique exercée

par la lésion sur des régions situées à distance (et probablement

toujours en dehors des recherches), régions sur le compte des-

quelles on met la perte ou le trouble des fonctions.

Un coup d'oeil sur la figure 37, emoruntée à M. Exiler

d'après l'examen d'un certain nombre de cas de lésions de l'hé-

misphère gauche vous montre la diversité extraordinaire du siège

des lésions accompagnées par les mêmes symptômes. On verra par

exemple que, quoique les lésions qui causent une affection du

membre supérieur soient groupées principalement dans une même

région, cependant il y a à peine un point de la convexité de l'hé-

misphère dont la lésion n'ait pas produit le même résultat. C'est

sur ces données et d'autres semblables qu'Exner a fondé sa théorie

des centres absolus et relatifs ; les centres absolus sont ceux dont

la lésion produit, invariablement, les centres relatifs; ceux dont la

lésion produit seulement fréquemment le même symptôme. Cette

distinction me semble n'avoir aucune valeur. Même la fréquence

n'est pas une base suffisante pour établir une relation causale. Car

si les soi-disant centres relatifs peuvent avoir et ont été souvent

détruits sans aucun trouble de la fonction avec laquelle ils sont

supposés en relation, et si cette fonction peut être éteinte, leurs

centres relatifs restant intacts, il est évident que c'est une simple

coïncidence.

La physiologie et la pathologie cérébrale ont été révolutionnées

par la découverte faite en premier lieu par Fritsch et Hitzig en

1870 2, que certains mouvements définis pouvaient être produits

par l'application directe de l'électricité sur des régions définies de

l'écorce cérébrale d'un chien. Comme maintenant ces expériences

ont un intérêt historique, je reproduis la figure 38 et la des-

cription, mots pour mots, des faits qui, à cette époque, ont été

établis.

« Le centre des muscles du cou (fig. 35, a) est situé sur la partie

latérale de la circonvolution préfrontale au point où la surface de

cette circonvolution descend brusquement. L'extrémité de la cir-

convolution postfrontale contient au voisinage de la terminaison

latérale de la scissure frontale (fig. 38 +) le centre pour les exten-

seurs et les abducteurs du membre antérieur. Un peu derrière et

plus près de la scissure coronale (fig. 37 +) est le centre pour la

flexion et la rotation du membre. Le centre pour le membre pos-

térieure. 37$$)se trouve aussi sur la circonvolution postfrontale,

mais plus près de la ligne médiane que celui du membre anté-

, localisation der Functionen in der Grosshir1l1'inde des A2enschen,

1881. - '

Reichert U. Du Bois Raymond' Archiv, 1870, heft 2.

LES LOCALISATIONS CÉRÉBRALES. 421 1

rieur et quelque peu plus en arrière. L'innervation du facial

(fig. 38") provient de la partie médiane de la circonvolution supra-

sylvienne. Cette région a généralement une étendue de plus de

cinq centimètres et s'étend en avant et en arrière au delà de la

scissure de Sylvius. Nous devons ajouter que nous n'avons pas tou-

jours réussi à obtenir l'action des muscles du cou en excitant le

premier point mentionné. Nous avons obtenu assez souvent des

contractions des muscles du dos, de la queue et de l'abdomen en

excitant des points situés entre ceux marqués, mais nous n'avons

pas pu déterminer un point circonscrit dont l'excitation produise

lenr contraction séparée. Nous avons trouvé que toute la convexité

située en arrière du facial e.^t excitable même avec des courants

d'intensité disproportionnée, »

J'ai abordé moi-même l'étude de l'excitabilité électrique de

l'écorce et de son interprétation en 1873 r, plus particulièrement

dans le but de vérifier par l'expérience les'vues d'Hughlins Jackson

sur la cause des convulsions épileptiformes unilatérales.

Tout en confirmant largement ces doctrines dans leurs points

essentiels, mon attention fut attirée spécialement vers la question

des localisations et je fus conduit à explorer minutieusement non

seulement les hémiplégies des chiens, mais aussi ceux des singes

et de différents ordres de vertèbres. De semblables recherches ont

été entreprises et publiées dans presque tous les pays et par des

expérimentateurs trop nombreux pour les nommer, mais nulle

part avec plus de soin et de détails que par Beevor, Horsley,

Jch.fer2 dans le nôtre. Les faits révélés par l'exploration élec-

trique des hémisphères ont été et sont encore l'objet d'une consi-

dérable diversité d'opinions, et quelques-uns, comme Brown-

Séquard", regardent ces faits comme n'ayant pas plus de valeur

que les contorsions que l'on obtient en chatouillant la pointe des

pieds. Cependant, on ne peut douter que ce sont de ces expériences

et d'autres ultérieures, auxquelles elles ont montré la voie, qu'est

née toute la doctrine moderne de la localisation cérébrale exacte.

Avant de discuter les différentes réactions spéciales et leur inter-

prétation fonctionnelle, je vais passer brièvement en revue les

caractères et les conditions de l'excitabilité de l'écorce cérébrale.

A l'état normal, la substance grise de l'écorce est entièrement

ou presque entièrement insensible aux excitants mécaniques Ce-

pendant Luciani dit que, quoique la convexité des hémisphères ne

réagit pas à cette forme de stimulant, cependant il a pu produire

des mouvements dans les membres opposés en irritant les parois

1 Expérimental researches in ceoebral Phtlsiology and Palhology (West

Biding Lunatic Asylum Reports, t. III., 1873.) ! Phil. Trans., 1888.

3 Archives de physiologie, janvier 1890

422 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

du crucial sulcus. Couty dit qu'il a trouvé les circonvolutions exci-

tables mécaniquement après la ligature des artères cérébrales.

Que nous acceptions ces résultats comme strictement exacts ou

non, il est certain, comme l'ont montré Frank et Pitres2, que

lorsque l'écorce a enflamme ou se congestionne par une lésion

traumatique, elle devient excitable par les excitants mécaniques

et peut répondre non seulement par des mouvements partiels des

membres opposés, mais aussi par une attaque épileptique latérale.

C'est la démonstration expérimentale des « discharging lésions p,

décrites par Hughlings Jackson. Il a été aussi établi par quelques

auteurs, Landois par exemple, que l'écorce est chimiquement

excitable : fait qui peut être dû à l'état inflammatoire des tissus

produit par l'action chimique. L'excitant le plus certain est l'ap-

plication des électrodes très rapprochées d'un courant galvanique

ou faradique d'intensité moyenne. Fritsch et Ilitzi, dans leurs

recherches, ont employé le courant galvanique, mais d'autres

expérimentateurs ont donné la préférence au courant faradique

comme le plus capable de produire les réactions caraclériques des

centres corticaux. Quand un animal est suffisamment endormi

pour abolir tous les mouvements spontanés, l'anesthésie ne doit

pas être poussée trop loin, car toutes les réactions cesseraient,

' Comptes rendus, March. 1879.

* Archives de physiologie. 1883.

3 Extrait dans Neurolog. Centralblatt, 1890, p. 145.

Fig. 38. Centre du cerveau du chien, suivant Fritsch et Hitzig.

LES LOCALISATIONS CÉRÉBRALES. 423

l'application des électrodes sur différentes régions produit des

régions motrices avec une telle constance, qu'on peut prévoir

lorsque les limites d'une pareille région a été indiquée avec soin,

Flg. 39, - Disposition des fibres motrices de la capsule interne,

d'après Bcevor et 1 forsley -

- Yes, oui ? llouth, houche. - Head, tête. - Longue,langue.- Skoulder, épaule.-

Elbow, cO\1tle.- "'lois ! . poignet. - Finom's, doigt. - langue. Skoulder, épaule.

- llip, coude. - An/de, poignet. du Fingers, doigt. genou. - liallux, premier tronc.

Wp, hanche. Anlde, cheville du pied , Knee, genou. Hallux, premier orteil.

- Toes, orteils.

424 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

le mouvement exact qui se produira chez les animaux de la même

espèce. C'est un fait indiscutable qui a été démontré maintes fois

par moi, Horsley et d'autres auteurs, et qu'on peut regarder

commp une expérience classique.

Conty 1 est peut-être leseul physiologiste dontles résultats soient

en contradiction avec la conclusion ci-dessus; mais comme ses

expériences ont été faites chez des animaux non endormis, il est

probable que l'irrégularité des effets de l'excitation était due aux

mouvements spontanés de l'animal. Il peut se présenter quelques

variations dues au manque de symétrie des circonvolutions ou

plus encore, aux différences dans l'excitabilité de l'écorce. Ceci se

rencontre surtout après une exploration répélée qui produit un

mélange des effets par la diffusion du courant d'un centre dans

ceux rendus hyperexcitables par des excitations préalables. La

diffusion latérale dn courant qui arrive toujours plus ou moins est

le principal obstacle à la délimitation précise des centres de

l'écorce par la méthode de l'excitation. Par suite les limites d'une

région peuvent être indiquées différentes par les différents expéri-

mentateurs ; mais en tenant compte de ces différentes erreurs, on

a pu arriver à un accord remarquable sur le lieu et l'étendue des

zones respectives. Dupuy2 a regardé la diffusion extrapolaire du

courant, qu'on peut, démontrer dans le cerveau comme dans les

autres tissus animaux, comme une insurmontable objection à la

théorie qui veut que les résultats de l'application des électrodes

sur l'écorce soient dus à l'écorce elle-même ; et on a essayé d'ex-

pliquer les résultats par la conductibilité du courant des centres

par les tractus à la base du cerveau. Mais on n'a donné aucune

explication satisfaisante ni des différences manifestes des réac-

tions qui suivent l'application des électrodes dans des régions si

voisines l'une de l'autre, ni de l'absence totale des réactions quand

les électrodes sont appliqués sur la couronne rayonnante de Reil

qui est située plus près de la base du cerveau que les centres qui

réagissent uniformément et immanquablement.

La principale objection à l'excitabilité directe de l'écorce est

ondée sur ce fait que, même après l'ablation de l'écorce, on obtient

dé semblables réactions en plaçant les électrodes sur les fibres

médullaires sous-jacentes. Burdon-Sanderson a le premier

avancé ce fait qui a été confirmé par tous les expérimentateurs

suivants. Après l'ablation de l'écorce, les fibres médullaires cepen-

dant perdent leur excitabilité, comme les nerfs séparés des cônes

antérieures de la moelle, au point qu'après quatre jours la plus

forte excitation ne produit aucune réaction. Ce fait détruit com-

1 Le cerveau moteur (Archives de physiologie, 1883.)

' Examen de]quelques points de la physiologie du cerveau, 1873.

. Proceding Royal Souetz, juin 1873.

LES LOCALISATIONS CÉRÉBRALES. 428

plètement l'hypothèse de la conductibilité vers la base du cerveau.

On a établi que les cônes de fibres médullaires correspondant

respectivement aux centres corticaux sontfonctiouuellenrent diffé-

renciés comme les centres eux mêmes et, comme l'ont démontré

Franck et Pitres' et récemment avec plus de détails Beevor et

Ilorsley 2, maintiennent leur individualité et sont échelonnés dans

un ordre défini et régulier dans la capsule interne.

Sur la figure 39, obligeamment prêtée par le Dr Beevor, sont

marqués, sur la capsule interne, les points dont l'excitation

minima, d'après leurs récentes recherches, produit les mouvements

respectifs indiqués en marge. Mais il ne s'ensuit pas, parce que

les fibres médullaires sont excitables, que les régions correspon-

dautes corticales soient inexcitables et que le courant les traverse

simplement. Et une comparaison des réactions respectives de

l'écorce et des fibres médullaires indique des différences qui ne

peuvent être expliquées que par la supposition que les centres

corticaux sont eux-mêmes excitables. D'abor'd examinons l'excita-

bilité relative de la substance grise et des fibres médullaires.

C'est le poiut sur lequel il y a des différences d'opinion, mais

Putnam a trouvé les fibres médullaires moins excitables que celles

de l'écorce 3 ; ainsi, pour produire la réaction habituelle, on doit se

servir d'un courant plus fort. Ce fait a été confirmé par Frank et

Pilres qui ont, de plus, démontré qu'on ne pouvait pas mettre la

diminution de l'excitabilité sur le compte du shock ou de l'hémor-

rhagie, puisque la substance grise environnante réagit comme

avant. De plus, ils ont donné les raisons qui portent à croire que

les effets contraires observés par 131chet et BulmoffelHeidenhain5

sont dus à l'action sur l'écorce du chloral et de la morphine, dont

ils se sont servis pour leurs expériences. Ces agents sans doute

paralysent l'excitabilité de la substance grise. Fritsch et Hitzig ont

noté dans leurs expériences que l'excitation était plus grande à la

fermeture anodale qu'à la fermeture cathodale, fait dont on con-

clut que la cathode virtuelle produit une excitation réelle sur les

couches profondes de l'écorce ou sur la terminaison des fibres

médullaires. - Gerber" a montré qu'il n'en était pas toujours

ainsi. Gerber trouve que, quand l'écorce est normale, la cathode

est plus effective, et que, après les changements produits par

1 Comptes rendus de la Société de Biologie, 1877.

Procedings of Royal Society, n° 286, 1890.

3 Pflùger Archiv of Physiologie, 1881.

1 Sur la circonvolution cérébrale, 1879.

0 Boston met and Surgical Journal, 1874.

Beitrage zur Gelare von der electrischen Reizung des Grosohirns (Pjlu-

ger's .·lrchiv f. Physiologie, 1889).

426 PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE.

une longue exposition de la substance grise, l'anode prédomine.

Ces expériences indiqueraient donc que pour le cerveau en l'état

normal les lois de l'excitabilité galvanique sont les mêmes que

pour les nerfs. -

Une autre différence entre la réaction de l'écorce et des fibres

médullaires sous-jacentes, indiquée pour la première fois par

Frank et Pitres, est dans la perte de temps entre l'application de

l'excitant et la contraction musculaire qui est plus-grande pour

l'écorce. Cet intervalle, déduction faite du temps nécessaire à la

transmission de l'impulsion à travers la moelle et les nerf moteurs,

est pour l'écorce de 45 secondes. Après l'ablation de l'écorce et

l'application des électrodes sur les fibres médullaires, la période

de retard descend à 30 secondes, environ un tiers en moins, et le

chiffre qu'en donnent Babnolf et Heideubain est beaucoup plus

élevé.

Ce chiffre signifie que la substance grise de l'écorce ne se com-

porte pas comme une couche inerte qui transmet simplement le

courant électrique aux fibres médullaires, mais, comme les autres

centres nerveux, qui emmagasine et transforme les excitations en

une force propre.

Il y a aussi une différence caractéristique entre les courbes

musculaires enregistrées après l'excitation corticale et après l'exci-

tation médullaire. Dans ce dernier cas, la courbe s'élève brus-

quement et dure peu; dans le premier cas, elle s'élève graduel-

lement, est plus prolongée, et présente souvent un tétanos .

secondaire qui est tout à fait particulier à l'écorce et qui ne se

rencontre jamais après l'excitation des fibres médullaires seules.

Après une excitation répétée ou la succession de plusieurs exci-

tants, chacun insuffisant pour produire une réaction, l'écorce peut

répondre par des spasmes toniques, puis cloniques du véritable type

épileptique. Ces convulsions tendent à s'étendre et se généralisent

dans l'ordre décrit originairement par Hughlings Jackson. Elles

ne se produisent jamais après l'excitation des fibres médullaires

seules sans l'intervention de la subslance grise de l'écorce d'un

côté ou de l'autre, et on ne peut les obtenir si les centres cor-

ticaux sont entièrement détruits des deux côtés. La durée des

effets de l'excitation des fibres médullaires.est strictement propor-

liennelle à celle de l'excitation. Nous verrons plus loin que les

effets de la destruction localisée de l'écorce sont la contre-partie

de ceux de l'irritation, et de là nous pouvons conclure qu'il y a la

même différenciation fonctionnelle dans l'écorce que dans les

fibres médullaires, même si on ne considère les faits que je viens

de mentionner comme démontrant par eux-mêmes entièrement

cette proposition. A. Sonr.L.

(A suivre.) 1

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE

- PATHOLOGIQUES

XL. DE la localisation DE l'ophtalmoplégie EXTERNE, par P .-J. MoeBlUs,

(Centr. nerf., 1886.)

On accepte généralement que la paralysie des muscles rotateurs

de l'oeil et de l'élévateur de la paupière supérieure avec intégrité

du sphincter irien et du muscle ciliaire indique que les noyaux

centraux des nerfs en question sont lésés. S'il est vrai qu'une alté-

ration des troncs nerveux ne pourrait produire l'ophtalmoplégie

externe, on pourrait néanmoins très bien admettre que les fibres

nerveuses qui se dirigent aux muscles de l'oeil sont lésées dans ces

muscles mêmes ou dans leur voisinage et que, seules les branches

terminales de l'oculo-moteur commun qui se rendent à l'intérieur

du globe (nerfs ciliaires) ont échappé à l'altération qui a frappé les

autres branches nerveuses en un autre point; les branches ciliaires

en effet côtoient pendant un certain temps le nerf optique et ne

pénètrent pas dans les muscles. Voici par exemple une observation

en faveur d'une lésion extracérébrale, en faveur en un mot d'une

ophtalmoplégie externe périphérique. P. Keraval.

XLI. Contribution A l'anatomie DE la MOELLE ET DU bulbe ;

. par J. WAGNER. (Centr. f. lleru., 1886.)

Section chez chiens et chats des racines postérieures des renfle-

ments cervicaux et lombaires ; examen de une à sept semaines

après l'opération : dégénérescence secondaire. Cette dégénéres-

cence forme, au point où la racine entre dans la moelle, un tri-

angle, immédiatement contigu à la pointe de la corne postérieure,

qui occupe la partie laplus externe et la plus postérieure ducordon

postérieur; puis, la zone dégénérative gagne les libres de la racine

postérieure immédiatement supérieure par leur côté .interne et

médian, au point où elles pénètrent dans le cordon postérieur.

Si la section a porté sur les racines du plexus sacré, le prolon-

gement dégénératif des fibres radiculaires dans le cordon posté-

rieur gagne sur la ligne médiane le faisceau de Goll ; la section

des racines du plexus brachial forme une zone dégénérative qui

428 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

n'est que coutiguë au faisceau de G011. Dansles parties supérieures

de la moelle, au lieu de passage de la moelle et du bulbe, la

dégénérescence qui succède à la résection des racines postérieures

de la moitié inférieure du corps ne se prolonge que dans les fais-

ceaux de Goll ; cellequi succède à la résection des racines posté-

rieures de la moitié supérieure du corps ne se prolonge que dans

les faisceaux de Burdach. La résection unilatérale des racines en

question, entraîne l'exclusive dégénérescence du cordon postérieur

du côté de la racine sectionnée. P. KERAVAL.

XLII. QUELQUES MOTS SUR LES processus dégénératifs DE la substance

BLANCHE DES HÉMISPHÈRES CÉRÉBRAUX; par M. FrIEDMANN. ENCORE

UN MOT SUR LES PROCESSUS DÉGÉNÉRATIFS DE LA SUBSTANCE BLANCHE

DES HÉMISPHÈRES CÉRÉBRAUX ET EN PARTICULIER DANS LA PARALYSIE

progressive; par M. Friedmann. (Neurol. Centralbl., 1887.)

L'auteur rappelle ses travaux au sujet du système des fibres

propres de la zone limitante de la substance blanche (trousseau

d'association directe de Meynert) et de son altération dans la para-

lysie générale. Il divise l'atrophie des fibres blanches en quatre

formes : 1° dégénérescence systématique fusiforme; 2° ci égéné-

rescence limitée en foyer; 3° atrophie générale diffuse de la

substance blanche; 4° atrophie diffuse simple de la substance

blanche. La première forme émane des lésions en foyers corticales

ou médullaires. La seconde appartient surtout à la sclérose en

plaques. Ces deux genres s'observent également dans la moelle

épinière.

Les atrophies diffuses au'contraire se confinent à la subslance

blanche des hémisphères cérébraux. Mais la première (générale)

parait plus spéciale à la paralysie générale, tandis que la seconde

(diffuse simple) a été observée par M. Friedmann dans la paralysie

générale et l'idiotie. Toutefois, on peut, chez le paralytique gé-

néral, rencontrer en même temps de l'atrophie générale qui frappe

sur toutes les fibres indistinctement, et de l'atrophie simple qui

n'attaque que les fibres enlre-croisées, sans ordre, épargnant les

systèmes de fibres intramédullaires. L'atrophie des fibres nerveuses

à myéline de l'écorce ne semble pas avoir de rapport avec celles

des fibres nerveuses que nous envisageons ici ; elle relève de l'a-

trophie commune des fibres nerveuses quelconques du cerveau y

compris la base. Les altérations des fibres blanches quelles qu'elles

soient de l'écorce ou la substance blanche constituent le noeud de

a symptomatologie dans l'espèce (démence); il faudrait tâcher.

d'examiner leur état tout à fait au début de la paralysie générale.

Il y a lieu de maintenir du reste la division de Ziegler entre

la paralysie générale interstitielle et la paralysie générale paren-

chymateuse ; cette dernière résulte le plus ordinairement d'une

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 429

altération dégénérative. C'est-à-dire qu'il n'y a pas dans ce genre

de paralysie générale d'inflammation; plus ou moins systématique,

selon qu'il s'agit d'une atrophie simple ou générale, comme nous

l'avons dit, parfois à la fois simple et générale, elle ne détermine

pas de nécrobioses, etc. P. K.

LIII. DE l'importance ET DE la signification DE la division DU

cerveau EN sillons, par J. SEITZ. (Jahrb. f. Psych., VII, 3.)

Le fonctionnement du cerveau détermine la multiplication des

fibres nerveuses et des cellules. Aussi les organes de la base aug-

ment-ils de volume. Mais l'écorce, à cause de sa forme sphérique,

ne peut s'étendre qu'en se repliant et, à mesure qu'elle se plisse, il

faut que trois vaisseaux viennent en irriguer toutes les parties en

réseaux tenus seuls capable de pénétrer dans la matière cérébrale.

Les sillons en sont donc le produit. Ce sont des sillons trophiques.

Voilà l'esprit fondamental de ce mémoire. P. K.

XL1V. DU TEMPS DE réaction D'UNE IMPULSION volontaire ET D'UN

ARRÊt du mouvement volontaire; par ORSCHAr)SKY.(eU7'0/. Ce ? ! <r6[M.,

1887.)

Les mouvements que nous exécutons volontairement, nous pou-

vons les modifier dans leur rythme et leur intensité (chant, mar-

che etc...) ; en outre nous pouvons, sans même faire intervenir de

muscles antagonistes, les interrompre, les arrêter (masséters quand

les mâchoires sont fermées). Quel temps demande cette interrup-

tion directe vraie, d'une contraction sous l'influence de la volonté ?

En étudiant comparativement le temps que demande la contrac-

tion volontaire du masséter et celui que demande l'interrup-

tion volontaire de cette contraction, l'auteur trouve des chiffres à

peu près égaux, ce qui prouve, dit-il, que les deux fonctions psy-

chomotrices d'excitomotricité ou d'arrêt de la motilité sont phy-

siologiquement identiques. P. K

XLV. DE la NON-TER311NALIT); DES artères corticales DU cerveau;

par M. Bissons.

Il résulte de ce travail que les artères cérébrales, au moins

les corticales, appartiennent non au type terminal, mais au type

anaslomotique. Le système artériel de la pie-mère en particulier,

serait franchement et constamment anastomotique et non excep-

tionnellement comme le prétend Duret. Cette théorie fait perdre

aux territoires artériels une grande partie de leur importance, car

elle permet de comprendre comment il peut y avoir oblitération

d'une artère sous le moindre ramollissement.

430 REVUE d'anatomie ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES-

Pour expliquer la production des ramolliss ments, il faut, d'après

l'auteur, accorder un rôle prépondérant à la dégéné. escence athé-

romateuse du système artériel. En un mot, la pathogénie gé-

nérale des ramollissements superficiels du cerveau ne différerait pas

de celle des lésions analogues qui frappent les membres ou les

autres viscères à système artériel anastornotique. (Echo méd. de

Toulouse, 1886.) " G. DENG.

XLVI. NOTE SUR un cas d'hémianopsie latérale DUE A la COMPRESSION

D'UNE bandelette optique; autopsie; par M. G. SIG.\UD.

Il s'agit d'une femme de trente-deux ans qui fut prise de dou-

leurs lancinantes dans la région pariétale gauche, de troubles de

la vue (hémianopsie latérale droite), de crises, de vomissement,

puis d'une hémiplégie droite flasque avec aphasie passagère.

A l'autopsie on trouva un sarcome encéphaloïde de la base du

crâne qui avait envoyé un prolongement dans la moitié gauche de

la fente de Bichat. Ce prolongement comprimait la bandelette

optique gauche et le pédoncule cérébral du même côté d'ou l'hé-*

miplégie et l'hémianopsie droites constatées pendant' la vie. (Lyon

Méd., t. LXI.)

XLVII. DE l'immobilité fixe DES pupilles D'ORIGINE réflexe; par

P .-J .l\IOEBIUS. -ID.; par E, HEDDOEUS. (Centralbl. f. Nervenheilk,

1888 et 1889.) ,

M. Heddoeus désigne sous le nom de sensibilité réflexe l'aptitude

d'un oeil à conduire l'excitation lumineuse aux centres du réflexe

pupillaire, il la devrait à des fibres spéciales fibres pupillaires cen-

tripètes sui generis. - Il convient d'après lui de distinguer entre

l'engourdissement réflexe unilatéral caractérisé par l'égalité des pu-

pilles bien mobiles quand on éclaire alternativement et diverse-

ment les deux yeux, mais immobiles quand on éclaire seulement

l'oeil malade (atrophie du nerf optique après embolie par exemple),

les deux' pupilles accommodent bien et réagissent pendant cette

fonction, et l'immobilité fixe unilatérale réflexe de la pupille.

Dans ce dernier cas, les pupilles sont inégales, mais réagissent

comme des pupilles normales sous l'influence de l'accommodation,

tandis que, sous l'influence de la lumière, l'une des deux seule

réagit. M. Heddoeus présente sa théorie et son schéma, M. Moebius

également. Une discussion fort intéressante est engagée. Nous en

dégageons ce qui suit au point de vue pratique.

Quand les deux phénomènes morbides en question sont bilaté-

raux, le diagnostic entre eux deux n'est toujours pas possible, car

l'addition de chacune des deux espèces de chaque côté à celle de

l'autre côté entraînera l'abolition de la réaction pupillaire sous

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 431

l'influence de la lumière et sous l'influence de l'accommodation . Il

faut en tout cas spécifier avec le plus grand soin la dimension de

chaque pupille tandis que l'accommodation est tendue ou relâchée,

ainsi que la rapidité correspondante du mouvement de l'accom-

modation. P. K.

XLVIII.DE l'irritabilité de certains trousseaux DE FIBRES NERVEUSES

dans la moelle DES animaux NOUVEAU-NÉS; par W. BECHTEREW.

(Neurol. Centralbl., 1888.)

Toutes les parties du système nerveux central excitables chez les

animaux adultes sont inexcitables chez les animaux nouveau-nés,

tant qu'elles n'ont pas encore acquis leurs manchons de myéline.

On se rend compte ainsi de la propriété physiologique de chacun

des systèmes et de l'état de leur développement. On est de cette

manière certain de l'autonomie des cordons antéro-latéraux, et de

celle du cordon grêle de Goll. Les premiers ont une action excito-

motrice directe, ce dernier agit comme organe d'excitabilité

réflexe. P. K.

XLIX. Un cas DE DÉGÉNÉRESCENCE secondaire descendante DU faisceau

EXTERNE DU PIED DU PÉDONCULE CÉRÉBRAL ; par C. WINELER. - UN

CAS DE DÉGÉNÉRESCENCE SECONDAIRE BILATERALE DU FAISCEAU EXTERNE

DU PIED DU PÉDONCULE CÉRÉBRAL AVEC ATROPHIE DE LA MOITIÉ SUPÉ-

RIEURE (DORSALE) DE LA PROTUBÉRANCE ET DE LA GROSSE OLIVE;

par G. Jelgersma. (Cent. f.Nerv., 1886.)

Obs. de Winkler. -Ramollissement occupant, dans l'hémisphère

gauche, la partie postérieure de la pariétale ascendante et ayant

détruit une petite partie du lohule pariétal supérieur, le lobule

pariétal inférieur et le commencement du pli courbe; ramollisse-

ment de la moitié postérieure de la première temporale et d'un

petit segment de la seconde temporale; ramollissement superficiel

des deux circonvolutions postérieures de l'insula. La zone de

dégénérescence porte surtout sur la partie latérale du pied du

pédoncule cérébral; on la voit se poursuivre dans la pyramide du

même côté jusque profondément dans la moelle cervicale et en

descendant dans le faisceau postérieur latéral du côté opposé.

Obs. de Jelgersma. Gros abcès ancien du centre ovale, des

deux côtés, sous-jacent aux circonvolutions pariétales inférieures

et supérieures, aux première et deuxième temporale. Atrophie

des circonvolutions correspondantes. Intégrité du ventricule

latéral. Dégénérescence du tiers médian et latéral du pied des

deux pédoncules. Intégrité des pyramides. Atrophie de la partie

de la protubérance sus-jacente au prolongement des pyramides.

Atrophie presque complète de la couche profonde et des couches

supérieures des noyaux centraux dupont de Varole. P. K.

432 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

L. La valeur anthropologique DU développement DES RÉGIONS FRON-

tales DU cerveau, avec recherches SUR LE TYPE DES CIRCONVOLU-

TIONS DU LOBE occipital DES mammifères ET résultats DE pesées

DES lobes cérébraux d'hommes atteints DE lésions ANATOMIQUES,

par Tu. ! \1EYNERT. (Jahrb. f. Psychiat; VII; 1. 2.)

L'expansion chez l'bomme du lobe frontal, et les dimensions du

lobe pariétal, dépendent du développement de l'insula. Autrement

dit la, hauteur, le renflement du crâne et du cerv eau dans la région

frontale résulte du cube des parois de la scissure du Sylvius et de

leur contenu. Le lobe temporal joue aussi par ses dimensions un

rôle dans l'étendue du développement crânien frontal. Par consé-

quent, c'est bien l'insula, la région operculaire, la première tem-

porale et les environs de la branche de la scissure de Sylvius qui

représentent le centre du cerveau humain, et la région sylvienne

doit être regardée comme le siège principal de la pensée. Telle est

l'idée marquante de ce mémoire. Un appendice comprend des ta-

bleaux. donnant le poids des diverses régions cérébrales et le calcul

de leurs rapports pondéraux respectifs, chez 40 hommes et 25 fem-

mes atteints de lésions et de divers types d'aliénation mentale,

ainsi que l'âge de ces malades; variétés d'aspects statistiques anato-

mopathologiques, ou cliniques de la question.

P. KERAVAL.

LI. DE l'action DE L'ÉCORCE DU cerveau SUR la SÉCRÉTION DE la

salive, par W. BECxTEftEw et N. MISSL,\ WSKY, (JI1eul'ol. Cen-

trale., 1888.) ,

La partie de la quatrième circonvolution primitive qui surmonte

et borne en avant la scissure de Sylvius, agit très activement suit

la sécrétion de la glande sous-maxillaire. L'action secrétoire se

fait bien moins vivement sentir au niveau du segment antérieur

(précrucial) du gyrus sigmoïde, de la partie externe du segment

postérieur du même gyrus, de la portion antérieure des deuxième

et troisième circonvolutions primitives, de la partie du segment

sous-jacent à'la scissure de Sylvius qui appartient à la quatrième

circonvolution primitive. La parotide ne secrète que si on excite

le territoire preesylvien de la quatrième circonvolution primitive.

La sécrétion se montre plus accentuée du côté qui correspond à

l'excitation. La salive présente les caractères de celle qui est due

à l'excitation de la corde du tympan, et, en effet, la section de ce

nerf annihile du même côté les effets de l'excitation corticale. La

section du grand sympathique au cou demeure sans résultats.

P. K.

Voyez Archives de Neurologie.

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 433

Lll. Des extirpations du NERF vague; par DEES.

(Neurol. Centralbl., 1888). '

Lapins chez lesquels de Gudden avait, aussitôt après la nais-

sance, arraché à l'aide d'un petit crochet, en pénétrant par le

trou obturateur cervical les racines des 9° 10e lie et 12e paires cra-

niennes au niveau du bulbe. Il en est résulté une atrophie des

noyaux de l'accessoire, du noyau supérieur et inférieur du pneu-

mogastrique et du glosso-pharyngien, du noyau de l'hypoglosse,

du faisceau solitaire. P. K.

LUI. UN KJNÉS1OESTHÉSIOMÈTRE avec QUELQUES remarques sur LE SENS

musculaire; par E. HITZiG. (Neurol. Centralbl., 1888.)

Une sorte de planche à bouteilles non percée forme un table de

47 sur 39 centimètres; les dépressions aménagées dans son épais-

seur reçoivent 17 sphères d'auneé pais, d'un diamètre uniforme

de 7 centimètre^. Chacune de ces sphères se compose de deux moi-

tiés séparables mais uniformément réunies et façonnées, après

qu'on en a comblé le centre par la quantité de plomb nécessaire

à l'appoint ainsi réparti : 6 sphères de 50 à 100 grammes par

fractions de 10 grammes, 8 sphères de 300 à 1000 grammes par

échelons de 100 grammes. Ces estimations d'un dixième pour les

poids faibles conviennent même pour les individus normaux. En

associant les deux séries, et en faisant fabriquer trois ou quatre

sphères supplémentaires représentant d'autres types on obtient

une gamme très étendue. Afin d'éviter, en ce qui regarde les ex-

trémités supérieures, la pression exercée sur la peau, M. Hitzig a

faitinstallersur les parties latérales et postérieures d'un bas de laine

une poche qui s'ouvre sur le côté et permet d'introduire ou de re-

tirer les sphères, de les associer; on aura soin de les suivre, de les

soutenir pendant le mouvement d'élévation du membre et de ne

les laisser exercer leur action qu'au moment précis. '

L'aptitude des extrémités inférieures à l'appréciation des lares se tra-

duit ainsi. La généralité des individus perçoit de 0 à 70 ou 90 grammes,'

mais non à 60 ; la distinction entre 200 et 250 grammes comporte à

peine d'erreurs ; de 900 à 1,000 grammes apparaissent des incertitudes;

l'estimation entre 100 et 150, entre 50 et 100 est chose rare. M. Hitzig

évalue exactement les échelles de 0 à 100, mais déjà entre 90 et 100 il se

trompe; il distingue entre 200 et 250 grammes entre 250 et 300 grammes,

et toute fraction de 100 grammes entre 900 et 1000.

L'auteur considère le sens musculaire comme un sens de la

force qui fait partie intégrante du processus des mouvements

normaux; chaque muscle ou chaque partie de muscle constitue

un des éléments de la force totale graduée presque automatique-

Archives, t. XX. 28

434 REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES.

ment par les relations psychiques entre l'intention volontaire et

les sensations intramusculaires, pour ainsi dire au seuil de l'aper-

ception. Aussi dans le tabès, la faculté d'estimation décroît pro-

portionnellement à la sensibilité périphérique mais non le sens de

la force. P. KERAVAL.

L1V. DES SYSTÈMES DE fibres QUI OCCUPENT LE PIED DU PÉDONCULE ET

DE leur DÉGÉNÉRESCENCE par SIOLI. (Centralbl. f. Nervenheilk,

1888.)

Un homme de quarante-trois ans finit, à la suite d'accidents

apoplectiformes, par devenir complètement aveugle et complète-

sourd, hémiplégie gauche complète, intégrité de la sensibilité et

de la parole. On trouve un ramollissement étendu de l'hémisphère

droit dont l'analyse montre que le lobe occipital envoie ses fibres

au pulvinar et aux ganglions de la bandelette optique; elles n'arri-

vent que par leur intermédiaire au pied du pédoncule cérébral. Les

parties latérales de ce dernier renferment deux systèmes : un

système issu du lobe temporal, un système émané des parties du

lobe pariétal postérieures aux ascendantes; ces deux systèmes avant

d'arriver aux parties latérales du pédoncule fusionnent dans un

triangle de substance blanche situé en dedans du noyau lenticu-

laire. Le noyau lenticulaire n'est pas en relation avec les irradia-

tions corticales. P. K.

LV. Rapports topographiques ENTRE la région MOTRICE ET LE crâne

d'après V. Horsley, par L. GOLDSTEIN. (Centralbl. f. Nervenheilh.

1888.)

Résumé du travail de l'auteur américain, paru dans l'American

Jonrnal of medic. Sciences, 1887, p. 342. P. K.

LVI. DES TROUBLES DE la VUE ET DE leur hiérarchie par rapport

aux LÉSIONS du lobe occipital; par MOOREN. (Neurol. Centralbl.,

1888.)

Nous résumons les principales indications suivantes :

Une hémianopsie homonyme à début brusque et d'emblée asso-

ciée à une suppression de la réaction pupillaire constitue un syn-

drome certain de l'existence d'un foyer situé en deçà de la paire

antérieure des tubercules quadrijumeaux. La lésion concomitante

de la tige du nerf optique peut entraîner une dyschromatopsie

aussi accusée que la diminution de l'acuité visuelle. Mais ce sont

les altérations du lobe occipital qui se traduisent par l'abolition de

ces deux fonctions, abolition parallèle, uniforme, qui se perpétue

à la période d'atrophie du tissu nerveux. L'intégrité des réflexes

REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 438

pupillaires, due à l'intégrité de la paire antérieure des tubercules

quadrijumeaux, caractérise l'hémianopsie d'origine occipitale.

La perception des couleurs occupe la couche la plus externe de l'écorce

du lobe occipital ; au-dessous d'elle est le centre de l'acuité visuelle

(sens de l'espace) ; tout près des irradiations optiques de Gratiolet réside

le centre du sens de la lumière (expansion du champ visuel). En tout,

trois centres séparés. Il est évident, vu la disposition de ces centres sui-

vant des lames, que, si le sens lumineux est atteint, l'interruption des

fibres les plus intérieures supprime du même coup l'acuité et la chro-

matopsie ; mais il peut y avoir conservation du sens lumineux avec

l'hémianopsie chromatique l'acuité visuelle restant elle-même intacte.

Jamais, en tous cas, l'on n'observe de rétrécissement latéral du champ

visuel isolé (sens de l'espace) parce que l'étroite relation qui unit le sens

de l'espace au sens des couleurs explique que l'atteinte de l'acuité

visuelle soit proportionnelle à la disparition du sens des couleurs. Un

foyer partiel, une sorte d'hypermétropie peuvent nuire à la netteté du

tableau clinique ; il faut aussi savoir distinguer le scolome névropathique

de la diminution de l'acuité ou du champ visuel.

Un champ visuel elliptique comprimé de haut en bas, qui occupe

le centre de faire, ou dont le foyer passe par le point de fixation,

tandis que le diamètre transverse horizontalement dirigé mesure

1 pouce et demi à deux pouces, indique une lésion cérébrale, qu'il

y ait ou non lésion du fond de l'oeil, notamment une paralysie

générale ou une apoplexie imminente. Un champ visuel hé-

mianopsique ou une lacune centrale suppose toujours une lésion,

une perte de substance; se rappeler à cet égard que le centre de

perception optique est l'écorce du coin et de la première occi-

pitale.

Quant à la cécité psychique, s'il est encore impossible d'en

préciser le substratum anatomique, il est évident que le lobe

occipital, sans être détruit, peut, par une lésion diffuse, donner

naissance à un complexus symptomatique d'un genre à part.

La névro-rétinite est l'effet non de l'augmentation de tension

produite par une affection réduisant le volume de l'espace intra-

cranien, mais de l'excitation produite par les altérations patholo-

giques. C'est pourquoi la sensation lumineuse subjective est

conservée, c'est pourquoi les modifications matérielles au niveau

de l'insertion du nerf optique, ne se manifestent que lorsque les

excitations déterminées par la lésion occipitale ont été assez fortes

pour engendrer de l'hypérémie et des proliférations histologiques.

- P. KERAVAL.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE

XXXIX. ETUDE SUR'LES rapports DE l'aliénation mentale avec LES

maladies DES yeux ; par M. HOYET.

L'aliénation mentale est dans beaucoup de cas (56 p. 100) en

relation avec des maladies de l'oeil. Le délire en général et

l'hallucination en particulier, quand ils ont leur point de départ

dans une affection oculaire, dépendent géuéf aloment d'une lésion

de l'oeil droit. Cetfe lésion de l'oeil droit ne doit pas abolir la

vision, maissimplemeiit la troubler. Il faut que l'oeii droit voie,

mais voie mal.

Telles sont les conclusions qui découlent des recherches de

M. Royet, faites sur 250 aliénés. (Lyon méd., 1889, t. LXII.)

G. D.

XL. Mélancolie suicide ; par M. le Dr BIAUTE.

Jeune homme de vingt-cinq ans, antécédents héréditaires

et onanisme, mélancolie, consomption, nombreuses tentatives

de suicide. Pour empêcher l'onanisme, les mains furent fixées

sur les côtés du corps à une ceinture de toile. Sous l'influence

de ce moyen, retour à une santé vigoureuse et guérison de lit mé-

lancolie. (Echo méd. de Toulouse, 1887-88.) G. D.

XLI. SPASMES RYTHMIQUES des MUSCLES STCRNO-CLC1D0-üA3TOÏD1ENS

chez UNE hystérique, par M. E. BITOT. (Echo méd. de Toulouse, 1888.)

XLII. DE la simulation DES troubles psychiques; par'FUERSTNER.

(Arch. f. Psych., XIX, 3.)

Revue détaillée dont on trouvera les conclusions à la séance du

27 octobre 1887 du XVIII Congrès des aliénisks de l'Allemagne du

Sud-Ouest' session de Carlsruhe. une analyse plus complète n'en

dirait pas davantage. ' P. K.

XL11L Un cas grave de pseudo-paralysie générale alcoolique ;

par M. le or Rousseau. (Echo méd. de Toulouse, 1889,)

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 437 Î

XLIV. Maladies mentales DES vieillards ET LEUR influence

sur la capacité pour DONNER ET tester ; par le Dr BIAUTE.

Des faits relatés dans ce travail, il ressort : 1° que la folie simple

peut survenir dans la vieillesse et qu'un premier accès n'est pas

suffisant pour dire que la capacité esta jamais perdue ; 2° que l'af-

faiblissement intellectuel, qui sera un jour la démence sénile,

n'est pas d'emblée suffisant pour affirmer l'incapacité; 3° que les

affections organiques du cerveau provoquent un affaiblissement

intellectuel pouvant aller jusqu'à la démence, mais que cet affai-

blissement intellectuel n'est pas toujours assez accentué pour

enlever la capacité. (Echo méd. de Toulouse, 1889.) G. D.

XLV. RECHERCHES CRITIQUES ET expérimentales SUR la pathogénie DE

l'attaque d'épilepsie , par 0 . 1;IN5\'.1NGER. ( ! t1'Clt. f. Psych.,

XIX, 3.)

Le corps du mémoire se compose d'une introduction et des ex-

périences propres à éclairer la théorie médullaire de la convul-

sion épileptique : un tableau résume ces expériences (genre d'ex-

citation, lieu d'excitation, effet de l'excitation). Voici ces conclu-

sions résumées.

" Le plancher du quatrième ventricule est occupé par une série de points

qui répondent à l'excitation électrique ou mécanique; ils sont groupés

le long des bords inféro-latéraux du losange en question, depuis le ren-

nement des cordons grêles jusqu'aux angles antéro-latéraux. Leur exci-

tation produit des convulsions toniques du tronc, de la tète, des extrémi-

tés et les phénomènes complexes de la course, du saut en saccades, des

décharges motrices, du piétinement. Le maximum d'irritabilité occupe

la partie antérieure du territoire. Ce sont là des phénomènes réflexes

qu'il convient d'imputer aux racines ascendantes du trijumeau. Leurs

centres occupent surtout la moitié dorsale (voisine de la calotte) de la

protubérance. On déchaîne les mêmes réactions quand on sectionne

la protubérance; a mesure que le couteau pénètre dans les centres épilep-

toâènes. - L'excitation électrique de la surface de section produit des

convulsions généralisées au moment où les lames de la calotte sont sol-

licitées. Les centres réflexes de la protubérance possèdent la valeur

d'une station collective de centres médullaires, à des niveaux différents.

Ils sont plutôt des collecteurs que des centres convulsifs. - Aussi la

convulsion est-elle tétanoïde et englobe-t-elle tout un monde de muscles.

Mais jamais il ne se produit de véritables attaques d'épilepsie. P. K.

XLVI. L.1 fréquence croissante DE L1 démence paralytique;

par 0. SNELL. (Allg. Zeitsch. f. Psych., XLIV, 6.)

En comparant le nombre des paralytiques généraux (hommes et

femmes) reçus de 1857-1886 avec celui des aliénés admis dans le

438 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

même espace de temps, on trouve que, pendant ces trente ans, le

chiffre des paralytiques généraux a, par progression continue, pres-

que doublé. Cette vérité ressort non seulement de l'analyse années

par années mais encore du groupement par périodes quinquen-

nales. ~ P. K.

XLVII. Folie DE l'enfance ; par KELP. (Allg. Zeitsch. f. Psych.,

XLIV. 6.)

Observation d'un enfant de douze ans, tourmenté, à la suite d'une

fièvre typhoïde normale, d'nne impulsion sexuelle excessive (il essaie

de coïter avec sa mère) ; en même temps, agitation, angoisse,

idées rudimentaires de persécution, insomnie. Durée : trois semai-

nes, guérison. Amnésie complète ; affaiblissement très marqué des

facultés intellectuelles. P. K.

XLVIII. DE la SUBITE transformation d'une modalité MORBIDE ppycho-

PA'rHIQUE EN UNE autre; par W. Nasse. (Allg. Zeitsch. f. Psych.,

XLIV, 4-5.)

Ce mémoire est basé sur trois observations de mélancolie et de

manie simples c'est-à-dire sans conceptions délirantes, qui, brutale-

ment, sous l'influence ou non d'hallucinations sensorielles d'ailleurs

fugaces, se transformèrent en un délire organisé permanent

dont le fond était de l'exaltation religieuse. Cette allure rappelle

surtout, dit M. Nasse, les brusques transitions de la folie circulaire

mais on ne saurait ici se tromper, puisque l'on avait affaire à des

malades affectés d'une modalité psychopathique simple depuis

longtemps, et principalement à des mélancoliques hypochon-

driaques et anxieux, ne présentant aucune trace de délire ni d'hal-

lucination. Voilà que tout à coup, sous l'influence probable d'une

déchéance (anémique ou autre) de l'économie, germent des

hallucinations qui engendrent des idées délirantes et consécutive-

ment un type de folie systématique. P. K.

XLIX. De l'atténuation DE la responsabilité; par F. JOLLY.

(Allg. Zeitsch. f. Psych., XLIV. 4-5.)

Etude critique des plus sensées sur le texte du code pénal alle-

lemand, de laquelle il résulte que les circonstances atténuantes

admises dans tels cas, refusées dans les trois quarts des faits (voy.

§. 80 à 359) sont ou trop rarement acceptées ou insuffisamment in-

déterminées par rapport aux espèces envisagées. D'un autre côté,

l'atténuation prévue pour des crimes graves (et cependant généra-

tementrefusée pour les délits) n'a pas été spécifiée par le législa-

teur pour les délits de presse (lois du 7 mai 1874, du 21 octobre

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 439

1878). Par conséquent : 1° il faut pratiquement déterminer les

conditions de cette atténuation de la responsabilité légale; 2° les

décisions du code pénal allemand sur les circonstances atténuantes,

ne corres pondent pas aux besoins actuels. P. K.

L. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L'INVERSION DU SENS génital au POINT

DE vue DE la'clinique 11ÉDIC0-LÉGALE; par 11RIESE. (Centmlbl. f.

Neruenheilk, 1888.)

Revue critique. Une observation. P. K.

LI. Anthropologie CRIMINELLE ET DROIT pénal positif; par KURELLA.

(Centralbl. f. Nervenheilk., 1888.)

Revue analytique des travaux d'anthropologie criminelle et du

système pénal que Lombroso propose d'adopter. P. K.

LU. Communications PUISÉES A la CLINIQUE psychiatrique DE PRAGUE;

par A. Pack. (Jah1'büch. f. Psych., VIII, 1,2.)

Observation I. Hallucinations unilatérales de l'ouïe; leur loca-

lisation ; surdité verbale transitoire. Epilepsie Jacksonienne du côté

droit; accès de surdité verbale; hallucinations de l'ouïe du côté

droit. Démence rapide. Diagnostic. Lésion dans le voisinage du

lobe temporal gauche; puis, diffusion du foyer; ramollissement-

embolique, affection organique du coeur. Pas d'autopsie.

Observation Il. Folie épileptique chez un enfant. Il s'agit d'un

garçon de quinze ans. Identité des accidents avec ceux de l'adulte.

Observation III. -- Une observation de psychose réflexe avec remar-

ques sur le délire traumatique ou nerveux, et sur le clonisme podalique

transitoire. En réalité M. Pick présente trois malades. Chez le

premier, il a constaté, à la suite du sondage de l'urèthre rétréci, un

accès d'aliénation mentale très court caractérisé par des halluci-

nations sensorielles, de l'angoisse, de l'agitation, avec une sorte

d'aura prémonitoire. Délire réflexe pur chez un névropathe.

Il le compare au délire d'épuisement qui survient chez un individu

affaibli par une suppuration prolongée, à la suite d'une réection

de la jambe : pendant dix jours, on constate du désordre dans les

idées avec balbutiement, embarras de la parole, hallucinations,

du clonisme podalique, de l'exagération des réflexes patellaires.

Il le rapproche d'un cas de délire des négations chez un amputé

dont la cicatrice était demeurée très sensible : liyperexcitabilité

mécanique des muscles et clonisme podalique; délire par cause

périphérique. P. KERAVAL.

440 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

LUI. La classification DES maladies mentales DE KAHLBAUM

par CL. NEISSER. (Juhrbicch. f. Psych., VIII, 1, 2.)

Etude critique comparée des classifications allemandes actuelles

et de celle de Kahlbaum qui remonte à 1863. M. Neisser exalte

notamment le groupe des pamnoéses ou folies intellectuelles sys-

tématiques, bien supérieur, suivant lui, à l'expression de Yerrïcck-

theit. Sans doute, ajoute-t-il, la classification de Kahlbaum prend

pour pointé de repère, tantôt la nature même de la maladie, tan-

tôt l'étiologie, tantôt d'autres éléments. C'est justement ce qui la

distingue avec avantage de tous les systèmes, parce qu'elle prend

son caractère où la nature le lui fournit et qu'elle s'occupe non

de types abstraits, artificiels, mais d'individus malades; elle est

clinique. P. K.

LIV. CONTRIBUTIONS cliniques A la connaissance de l'affaiblissement

général de la mémoire; par C. S. h'RECND. (Archiv. f. Psychiat.,

XX, 2.)

Deux observatious qui, d'après l'auteur, témoignent d'un affai-

bli-sement pur de la mémoire, sans complication d'autres acci-

dents intellectuels. 11 s'agit de deux femmes alcooliques, M. Freund

insiste sur la persistance de l'aperception chez les deux malades;

et cependant on constate un certain degré d'amnésie des impres-

sions sensorielles et musicales (OBs. II) ainsi que de l'agraphie

amnésique d'ordre optique. Ce dernier symptôme est caractérisé

par : l'impossibilité d'écrire spontanément sous la dictée ou de

copier sans répéter, omettre, confondre des lettres et des syllabes;

notons que la malade lit bien mais qu'elle est incapable de lire de

longs mots parce qu'elle oublie la première lettre quand elle ar-

rive à la dernière. Dessins à l'appui. P. KERAVAL.

LV. Des troubles psychiques DE la SÉNILITÉ; par Fuerstner.

(Archiv. f. Psychiat., XX, 2.)

Sénilité ne signifie pas vieillesse et inversement. C'est la forme

de la lacune intellectuelle qui constitue la pierre de touche; l'âge

ne fait rien à l'affaire. Il convient de distinguer à cet égard trois

grands groupes. 1° Celui des psychoses fonctionnelles simples, mo-

difiées par les éléments de la sénilité; 2° Celui des psychoses com-

pliquées de lacunes intellectuelles produites par la sénilité; 3° celui

des psychoses organiques avec symptômes somatiques surtout céré-

braux. Dans le premier, on constate : manie et délires hallucina-

toires avec désordre dans les idées et conceptions débiles des per-

sécutions. Le second se compose de : manie, mélancolie, folie

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 44'1

systématique avec l'affaiblissement psychique caractéristique. Enfin,

en ce qui concerne le troisième groupe, c'est la démence organique

et la démence sénile proprement dite; la paralysie générale ex-

trêmement rare après cinquante ans, ne se voit jamais après

soixante. ' P. K.

LVI. Etats d'affaiblissement psychique congénital en médecine

légale CRIMINELLE, par DE IiRAFFT-EBING.(Jahrb2ec/e. f.Psyc/a.,Vlll,l, ? .)

Suite du mémoire déjà analysé dans lequel on trouvera sept ob-

servations (observ. XV à XXI) toutes intéressantes quoique ne nous

apprenant rien de nouveau. Ce qui est nouveau, c'est l'argumen-

'tation du savant professeur allemand ; une argumentation se lit.

P. K.

LVII. Paralysie générale avec tabès CHEZ UNE FILLETTE DE treize

ANS, par A. Struempell. (Neurol. Centralbl., 1888.)

Rien n'est plus rare que ces doubles accidents spino-cérébranx à

cet âge. Aussi les indications données par le père et la consta-

tation des accidents de syphilis héréditaires revètent-elles une

importance de premier ordre en ce qui concerne le rôle de la syphi-

lis comme agent morbigène du tabes et de la méningo-péri-

encéphalite. P. K.

LVIII. UNE observation SUR la localisation des hallucinations

hypnagogiques, par I' UCH3. (Neurol. Centralbl., 1888.)

Au moment où apparaissent ces hallucinations le patient a con-

servé la notion de position de sa tête, puisque les images sont

animées de mouvements correspondants aux déplacements de la

tête. Expériences faites en wagon. P. K.

LIX. CONTRIBUTION A la connaissance DU DÉLIRE aigu. Deux observa-

TIONS avec dégénérescence amyloïde DES muscles MOTEURS DU SQUE-

lette, par Buchuolz. (arcs. f. Psychiat., XX, 3.)

Le titre indique la substance du travail. P. K.

LX. DE l'albuminurie ET DE la PROPRPTOVURIE dans LES psychoses,

par M. KOEPPEN. (Al'ch. f. Psychiat., XX, 3.)

D'après ce travail énorme, basé sur quatre-vingts observations

personnelles de psychoses de toutes sortes, il existe une albumi-

nurie propre aux formes suraiguës de psychopathies (notamment

au délire aigu), albuminurie proportionnelle à -l'intensité du dé-

sordre dans les idées et de l'agitation. P. K.

442 REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE.

LXI. CONTRIBUTION A la connaissance DE la marche ET DE L'ÉTIO-

LOGIE DE la paralysie générale; par B. ASCHER. (Allg. ZeiGSClh. f.

Psychiat., XLVI, 1.)

Etude statistique de 643 hommes reçus et morts à, Dalldorf en

huit ans (tableaux instructifs^. La plupart d'entre eux, malades

entre 35 et 50 ans, >ont morts entre 40 et 45. La paralysie géné-

rale marche plus vite chez les jeunes hommes (de 20 à 35 ans). On

n'a relevé de tare héréditaire que chez 31 p. 100 de ces malades ;

34,7 p. 100 avaient eu la syphilis ; 37,6 p. 100 étaient alcooliques.

P. K.

LXII. Un cas DE CHOU;STÉATOME observé A l'asile d'aliénés DE

DUEREN ; par C. FRANK. (Allg. 'Zeitsch. f. Psych., XLVI, 1.)

11 s'agit d'un cholestéatome encéphalique ayant détruit tout le

lobe temporal droit et ayant donné lieu pendant la vie, tantôt à

des accidents d'épilepsie; tantôt à des phénomènes qui rappe-

laient la paralysie générale. L'auteur fait remarquer dans l'espèce

l'absence des symptômes qu'on a l'habitude de rattacher il la des-

truction d'une région si importante, la multiplicité des accidents

et en même temps leur mobilité. P. K.

LXIlI. Crime DE lèse-majesté. - DÉSORDRE sensoriel (inconscience

pathologique) D'ORDRE neurasthénique. Rapport N);D1C0-LÉGAL;

par DE IiR.rrT-I : BING. (Allg. Zeitsch. f. Psychiat., XLVI, 1.)

Il s'agit d'un neurasthénique, mal équilibré, excessif dans ses

réactions, masturbaleur par inversion du sens génital qui, sous

l'influence d'une excitation intellectuelle (coup de chaleur, excès

de travail physique, excès de boisson) a accompli les actes qui lui

sont reprochés, sans en avoir conscience (amnésie). C'est le dé-

sordre sensoriel ou le trouble du discernement visé par le para-

graphe 2 du Code pénal autrichien. P. K.

LX1V. La folie induite; par J. Jjerger.

(Allg. Zeitsch. f. Psych., XLV, 4.)

Les psychoses se transmettent par l'influence des émotions; c'est

la vue d'un aliéné qui impressionne la personne qui tombe malade

à son tour. Elles peuvent encore se transmettre en substance par

l'implantation des idées délirantes ; c'est là l'inoculation vraie

parla voie du raisonnement. Les deux modes de transmission pro-

duisent des modalités aiguës, subaiguës ou chroniques. P. K.

REVUE DE PATHOLOGIE MENTALE. 443

LXV. UN cas D'ÉPILEPSIE psychique; par GERSTACÉER.

(Allg. Zeitschr. f. Psych. XLV, 4.)

Type de dégénéré (enfant gâté ayant un buveur pour père na-

turel). A la suite d'un traumatisme céphalique, céphalalgies,

étourdissements, vertiges, hallucinations de la vue et de l'ouïe.

Puis, crises d'agitation prolongée avec actes délictueux; amnésie

consécutive. Plusieurs tentatives de suicide. P. K.

LXVI. DES DIVERS TROUBLES mentaux OBSERVÉS dans la névrite

alcoolique multiloculaire; par TH. TILING. (Allg. Zeitsch. f.

Psych. XLVI. 2, 3.)

La paralysie alcoolique s'accompagne généralement d'aliénation

mentale. Le symptôme débute par une amnésie simple qui, lorsque

l'évolution est très rapide, aboutit à un désordre dans les idées qui

diminue à son tour dès que la marche de la maladie se ralentit

Ceci prouve que, si périphérique qu'elle le paraît, la névrite multi-

loculaire retentit simultanément sur les nerfs' et l'encéphale. Il est

probable que la moelle est elle-même atteinte. en résulle toujours

des lacunes de la mémoire. P. K.

LXVII. DE la température CHEZ LES paralytiques généraux;

par II. ROTTENB1LLEIt. (Centralbl. f. Ne1'venheilk, 1889.)

La température du paralytique est le plus souvent au-dessous de

la normale (35,5 et même moins). On constate cependant de no-

tables oscillations diurnes. De temps à autre, sans raisons, la tem-

pérature s'élève à 37°, 390, 40° C. : cette anomalie qui, le plus gêné z

ralement, dure quelques heures, tient probablement il des troubles

fonctionnels des centres vasomoteurs et régulateurs de la chaleur

somatique. Toutes les fois que se produit une attaque congestive,

la température monte pendant plusieurs jours. Quand il existe un

profond marasme, c'est un profond abaissement de température

que l'on constate. Enfin, la température de l'agonie est très va-

riable. La température de l'épileptique ne présente aucun carac-

tère, les attaques élèvent la température. P. K.

LXVIII. Deux cas D'ÉRYSIPÈLE DE la face ayant AGI SUR UNE MÉLAN-

COLIE antérieure; par J. DIN1'Elt. (Centralbl. f. NCl'vel1heilk, 1889.)

La' première observation est une observation deguérison. Chez la

seconde malade, l'érysipèle, fébrile comme dans le premier cas,

n'exerça qu'une influence passagère sur l'évolution de la psychose

qui subsista. P. K.

444 BIBLIOGRAPHIE

LXIX. Aphasie ET paralysie générale des aliénés ; par A. ROSENTRAL.

(Centralbl. f. Nervenheilk, 1889.)

Comme dans les autres affections en foyer, l'altération de l'in-

sulat de la première temporale de la circonvolution de Broca

produit souvent les mêmes effets que chez les individus sains d'es-

prit. P. K.

LXX. DÉGÉNÉRESCENCE psychique ET somatique DES criminels;

par KIRN. (Centralbl. f. Nei-venheilk., 1889.)

Il n'existe pas de type criminel anthropologique, mais les éta-

blissements pénitentiaires regorgent d'individus atteints d'arrêts

de développements, de malformations physiques marquées, de dé-

fectuosités mentales, de dégénérescence psychique vraie dont il

faut étudier avec soin les particularités : voilà l'anthropologie cri-

minelle. - P. K.

BIBLIOGRAPHIE

XIX. On Aphasia or Cors of speech and localisation of the juculty of

articulala language; par B.TE3 £ AN, 1 vol. in-8°, Londres, Chur-

chill.

Ce livre est la deuxième édition considérablement augmentée du

traité publié il y a vingt ans et bien connu de nos lecteurs. Les

trois premiers chapitres contiennent principalement l'historique

de la question; le quatrième est spécialement dévolu à la clinique

et rempli de la description de ces faits intéressants dont bon

nombre ont été observés par l'auteur. Le chapitre V est d'un

grand intérêt. L'auteur y fait la psycho-physiologie du causage

articulé, étudie les diverses opérations de réception et de trans-

mission qui servent à sa formation, et le lecteur se trouve ainsi

tout préparé à entamer les chapitres VI et VII qui sont consacrés

à l'étude des diverses phases de l'aphasie. Les causes, le diag-

nostic, le pronostic sont étudiés avec soin. L'auteur a ajouté à

l'histoire de l'aphasie un chapitre absolument neuf concernant la

note médico-légale de la question. Enfin,' les deux derniers cha-

Ë1BL10GRAPHIE 445

pitres sont consacrés à l'anatomie pathologiqne et aux localisa-

tions cérébrales de ces divers troubles du langage articulé.

Ce livre est parfaitement au courant de la science actuelle.

Georges GUINON.

XX. Des troubles trophiques dans l'hystérie; par Al. ATHANASSIO.

Publié du Progrès médical, Paris 1890.

La préface dont M. Charcot a honoré ce travail en exprime

mieux l'idée générale que ne pourrait le faire une courte analyse.

temps qu'il n'y avait place que pour des phénomènes que je qua-

lifierai volontiers de psychiques en s'opposant aux phénomènes

organiques, résultant de l'altération des tissus et connus en neuro-

pathologie sous le terme générique de troubles trophiques. Le tra-

vail de M. Athanassio sapera dans ses fondements cette conception

immatérielle qu'on s'est longtemps faite des névroses et en parti-

culier de l'hystérie. » L'auteur a classé les troubles trophiques

de l'hystérie en quatre catégories : troubles trophiques de la peau

et de ses dépendances, troubles vaso-moteurs et secrétoires,

troubles du tissu cellulaire, atrophie musculaire. On pourrait cri-

tiquer cette division à divers points de vue; les sueurs locales, par

exemple, rangées dans la classe des troubles vaso-moteurs et

secrétoires, peuvent être considérées comme des troubles des

dépendances de la peau; de même les lésions des appareils liga-

menteux compris dans le chapitre consacré au tissu cellulaire sont

plutôt des dépendances des articulations. Mais cette classification

n'a en somme d'autre prétention que de mettre de l'ordre dans

l'exposé, aussi pourra-t-on s'en contenter actuellement. Nous n'en-

trerons pas dans le détail de cet exposé, car ce sont surtout des

. faits que l'auteur y a rassemblés. Nous lui reprocherons peut-être

de s'être étendu longuement sur certains faits rares, les sueurs de

sang, et au contraire de passer assez rapidement sur des cas plus

ordinaires et plus intéressants au point de vue pratique, les rétrac-

tions fibro-tendineuses, par exemple. Mais, en considérant que ce

volume constitue le premier travail d'ensemble qu'on ait produit

sur cette question, nous sommes moins disposés à la critique, et

concluerons qu'il constitue une bonne mise au point de cette véri-

table nouveauté clinique. Paul BLOCQ.

XXI. Springende Thrombose der Extremitatenvenen und T Sinus bei

einer Eriwachsenen (Thrombose non continue des veines des extré-

mités et des sinus du cerveau chez une adulte) par Albert l;ncE ! v-

meyer. (Extrait de la Deutsche Medicinische Wochenschrif 1890,

n° 35, p. 781.)

La marche habituelle de la thlombose veineuse cunsisle à s'é-

446 BIBLIOGRAPHIE

tendre par contiguïté des extrémités vers le centre. C'est ainsi

que débutant, par exemple, par une veine saphène elle gagne la

poplitée, puis la fémorale, l'iliaque, enfin la veine cave inférieure.

11 existe un second mode d'extension que l'auteur propose d'ap-

peler thrombose non continue « springende », dans lequel se

montre sur des canaux.veineux de systèmes différents. Il relate à

l'appui l'observation suivante : Une jeune fille de trente-cinq ans,

devenue morphinomane à l'occasion d'une péritonite contractée il

y a dix ans, cesse pendant un temps l'usage de la morphine, puis

le reprend à la suite de céphalalgie. L'affection actuelle débute le

23 janvier 1890 par des douleurs dans la cuisse gauche ; ultérieure-

ment, le membre s'cedématie et devient douloureux à la pression.

Plus tard, on constate une pleurésie sèche double. Ensuite l'oe-

dème s'étend aux deux membres inférieurs, et à la fin de février,

on pouvait diagnostiquer : thrombose des veines iliaques avec

signes de péritonite. Le 2 mars, la malade accuse des douleurs de

tête et présente du stertor et de l'assoupissement. Les pupilles

sont rétrécies, les réflexes cornéens disparaissent, en même temps

que la face s'oedématie au niveau du front et de la racine du nez,

et qu'il survient des hallucinations et du délire. Les phénomènes

s'amendent vers le 16 mars, et la malade quitte le service presque

guérie le 9 avril. L'auteur admet qu'il y a eu une thrombose de

la veine saphène interne gauche pendant douze jours, puis une

pleurésie double, ensuite une thrombose de la veine fémorale

droite, et enfin, une thrombose du sinus longitudinal supérieur et

caverneux. Ces accidents relèveraient de l'intoxication morphi-

nique aggravée des antécédents héréditaires du sujet. Il est diffi-

cile d'interpréter la raison de l'apparition successive des throm-

boses dans les divers départements nerveux. P. B.

XXII. Ueber dos Verhseltniss. der OEdeme zum H--rnoglobingehalt des

Blutes (Sur le rapport de l'oedème avec la quantité de l'hémoglo-

bine du sang), par D. Benezur, et A. CsnTanY. (Extrait des

Deutschen Archiv. fùr klinische âledicine, 468 vol.)

Les auteurs se sont proposé d'éclaircir la question de savoir

s'il existe un rapport de causalité entre la concentration du sang

(quantité d'hémoglobine) et l'intensité de l'oedème chez les né-

phritiques. Ils ont examiné le sang de trois néphritiques et ils ont

observé que la teneur en hémoglobine ne variait pas suivant l'é-

tendue des oedèmes. Ils ont eu recours aux injections de pilocar-

pine pour faire varier les oedèmes chez leurs malades.

L'hémoglobine du sang a été examinée à l'aide de la méthode

spectrophotomètrique de Vierord. Ils ont noté que les malades

s'habituent à la pilocarpine, et les doses élevées (0,06 ) n'occa-

sionnent pas plus de désordres que les faibles doses du début.

varia. 447

L'oedème disparait d'autant plus rapidement que la dose de pilo-

carpine est plus élevée. Dans le mal de Bright chrouique, l'hy-

drémie ne dépend pas de l'intensité de l'oedème. La teneur du

sang en hémoglobine baisse, c'est-à-dire que t'hydrémie aug-

mente, si la nutrition générale s'altère. P. B.

VARIA

SIMULATION DE L HYPNOTISME ET EXERCICE ILLEGAL DE LA MÉDECINE; z

CONDAMNATION POUR ESCROQUERIE.

L'arrondissement de Nivelles (Belgique), dit la Semaine médicale,

est infesté par une catégorie spéciale de charlatans qui, sous le

nom de spirites, simulent le sommeil hypnotique et donnent, dans

cet état, des consultations médicales

L'an dernier déjà, l'un d'eux, un certain Blanpain, fut poursuivi

pour exercice illégal de l'art de guérir et escroquerie; il fut con-

damné à 60 francs d'amende du premier chef et acquitté du se-

cond. Pour se mettre à l'abri d'une nouvelle contravention, il s'as-

socia avec un docteur en médecine et il continue aujourd'hui sa

lucrative industrie.

Il y a quelques mois, le magnétisé et le magnétiseur se brouil-

lèrent ; ce dernier, un nommé Vandevoir (Silvain), ex-garçon

épicier, ouvrit à son tour un cabinet de consultations sans médecin

pour le couvrir, et, dès les premiers jours de son installation, il

vit accourir une nombreuse clientèle ; d'après une déclaration faite

au tribunal, on peut évaluer à une centaine le nombre journalier

des consultants.

Voici quelle était sa façon d'opérer : imitant son maître et pré-

décesseur Blanpain, Sylvain Vandevoirse faisait endormir au moyeu

de passes par son beau-frère, Detrez, et c'est durant son sommeil

magnétique ( ? ) qu'il traitait les malades. Ces derniers n'avaient, au

reste, pas besoin de se présenter eux-mêmes : il leur était loisible

de se contenter de l'envoi d'un linge tenu quelque temps au con-

tact de leur corps; Vandevoir y voyait l'affection dont ils souffraient

et prescrivait un remède approprié. Les prévenus ne réclamaient

jamais de salaire, ils acceptaient ce que les consultants leur of-

fraient.

Mais, un beau jour, le parquet vint les interrompre dans leurs

448 8 VARIA.

opérations. Espérant éviter la contravention, ils cherchèrent de

suite un médecin, et ils trouvèrent un docteur, du nom de Carlier,

qui consentit couvrir de son diplôme cette exploitation, et bap-

tisa l'établissement du nom d'Institut médico-magnétique.

Le parquet poursuivit quand même Vandevoir et Detrez, non

pas pour exercice illégal de la médecine, mais pour escroquerie, la

condamnation de ce chef étant beaucoup plus séère que celle

pour contravention à la loi sur l'art de guérir, qui n'entraîne eu

Belgique que 60 francs d'amende, et chargea de.l'expertise M. le

Dr Masoin, professeui de physiologie à l'Université de Louvain, qui

s'est distingué déjà par de nombreux travaux sur l'hypnotisme, et

M. le Dr Schoofs (de Nivelle).

Des expériences auxquelles se sont livrés les médecins légistes, il

résulte à l'évidence que Vandevoir simulait le sommeil magnétique.

L'attitude de Vandevoir endormi rappelait la phase léthargique

de l'hypnotisme; ses membres soulevés retombaient inertes, mais

il continuait il être en rapport avec le monde extérieur; il causait

avec son entourage, il gesticulait; la sensibilité n'était pas abolie

chez lui; il ne présentait aucun des phénomènes décrits par

Charcot : ni hyperexcitabilité neuro-musculaire, ni passage d'un

état dans un autre; pas d'automatisme; au réveil, amnésie ab-

solue (' ? ).

Le contre-expert, en la personne du Dl' Carlier, se basant sur

les théories de l'Ecole de Nancy, rejetait les preuves tirées de l'hy-

perexcitabilité neuro-musculaire, de la sensibilité, de la relation

avec le monde extérieur, de la transition aux divers états, comme

sans valeur jucune. Mais, comme l'ont fait ressortir les médecins

experts, ce en quoi il avait maladroitement éduqué son sujet,

c'est eu faisant se rencontrer chez lui à la fois des phénomènes ne

se trouvant, les uns que dans les degrés inférieurs, et les autres

que dans les degrés les plus élevés de l'hypnose.

Interrogé quant à la faculté toute spéciale que possède son sujet

(qui n'a jamais étudié la médecine) de reconnaître les maladies, soit

sur les patients eux-mêmes, soit en palpant des linges portés par

eux, il chercha à l'expliquer par l'exaltation extraordinaire des

sens que confère l'hypnotisme. Mais les témoignages de nombreux

malades traités, et les expériences faites par les médecins légistes

démontrèrent qu'il était dans les habitudes de Vandevoir de se

tromper quant au diagnostic. C'est ainsi qu'une fistule à l'anus

était traitée pour une bronchite ; un abcès pelvien pour de l'al-

bumie (sic); une affection cardiaque pour une eau sur les nerfs;

une épilepsie pour une affection de la lurette (sic).

Les experts lui présentèrent des linges portés par des malades

atteints, l'un d'entérite chronique, et l'autre de laryngite chro-

nique ; les diagnostics posés par Vandevoir furent emphysème et'

maladie de l'irlette (sic). Ses prescriptions, avant l'arrivée du

VARIA . 449

Or Carlier, étaient à la hauteur de ses diagnostics. Depuis l'entrée

d'un médecin dans l'association, elles étaient très correctes ; mais

le médecin se bornait à les écrire sous dictée et à les signer ; le

diagnostic continuait à être posé par Vandevoir. Ajoutons qu'on

ne réclamait jamais de salaire, et qu'on acceptait ce que les con-

sultants offraient.

Au cours de sa déposition, M. le professeur Masoin a stigmatisé,

au nom du Corps médical belge, la conduite d'un médecin qui

déshonore son diplôme en s'associant à des escrocs pour couvrir

leurs tripotages. Le procureur du roi, de son côté, a annoncé publi-

quement que le Dr Carlier serait déféré aux tribunaux comme co-

auteur de cette escroquerie.

Gain de cause est resté cette fois au ministère public. Le tribunal

de Nivelles, par un jugement rendu le vendredi 2 mai, considérant

la prévention d'escroquerie suffisamment établie, a condamné les

prévenus Vandevoir et Détrez, chacun à six mois de prison.

L'action judiciaire contre Vandevoir et Détirez ayant commencé

avant l'entrée du Dr Carlier dans l'association, ce dernier n'était

pas compris dans l'affaire; mais de nouvelles poursuites sont déjà

exercées à l'égard des prévenus, y compris cette fois le Dr Carlier

pour les infractions postérieures à l'entrée de ce médecin dans

l'association.

Assistance DES enfants arriérés, IMBÉCILES, IDIOTS ET

épileptiques; nécessité DE LES hospitaliser.

Parmi les raisons qui militent en faveur de la création

d'asiles-écoles pour les enfants idiots, nous avons invoqué le

danger qu'ils font courir aux autres enfants par suite des im-

pulsions auxquelles ils sont sujets : impulsions génitales, ho-

micides, incendiaires. Aux faits que nous avons cités, s'ajoute

le suivant :

La gendarmerie de Sainte-Adresse a procédé, hier, à l'arresta-

tion d'un jeune homme, nommé Bellet, âgé de seize ans, qui

s'est livré à des actes révoltants sur deux petites filles âgées de sept

et de neuf ans. L'inculpé a fait des aveux complets. Mais ce n'est

là que le point le moins grave de cette triste affaire. Il y a quinze

jours, la soeur de Bellet, une petite fille de cinq ans, est morte à

la suite d'un mal inexpliqué, et que l'enquête a démontré être le

résultat d'un attentat du même genre. Bellet, du reste, l'a avoué

également. Ce jeune misérable est connu comme rôdeur et vaga-

bond, et son intelligence parait limitée. (Le Petit Parisien du 28

août.) .

Archives, t. XX. 29

450 VARIA.

Le même journal a rapporté quelques jours plus tard un

autre fait non moins probant :

Une épouvantable tragédie vient de se passer dans une com-

mune de l'arrondissement de Neufchâtel.

A Baillolet, petite commune de 340 habitants, habitait la fa-

mille Berbessan, composée du père, de la mère et d'une fille de

vingt-cinq ans, idiote. Depuis trois jours on ne les avait pas vus.

Cette disparition parut étrange aux voisins; on voulut savoir ce

qu'ils étaient devenus, et une épouvantable découverte eut lieu.

Le père, la mère et la jeune fille étaient étendus au milieu de

mares de sang infect.

Désespérée de l'état d'idiotie de sa fille, la femme Barbessan

s'arma d'un revolver et, lundi, tua la pauvre idiote, puis tournant

son arme contre elle-même, elle se suicida.

Le mari, ancien garde, se trouvant en face des deux cadavres

fut pris de désespoir et, dans son affolement, s'imagina qu'on

allait l'accuser d'avoir assassiné sa femme et sa fille; il prit son

fusil chargé et se fit sauter la cervelle. (Ibid., 7 septembre.)

La présence des enfants idiots dans les familles est une

cause incessante de chagrins, parfois de querelles, constitue

un danger pour la mère si elle redevient enceinte et pour les

autres enfants portés à imiter les tics de l'idiot ou exposés de

sa part à des brutalités ou à des attentats. La question de l'as-

sistance des enfants idiots, arriérés et épileptiques commence

à préoccuper sérieusement les Conseils généraux, notamment

dans la Loire-Inférieure, la Dordogne, la Seine-Inférieure, le

Maine-et-Loire. Relativement à ce dernier département, voici

le résumé d'une discussion qui a eu lieu au mois d'août dernier

au Conseil général.

M. du Reau demande que les idiots soient reçus à l'asile, mais

dans un quartier spécial.

M. le préfet fait observer que l'admission de ces malades dépend

du certificat du médecin. M. le rapporteur explique que M. le

directeur de l'asile réclame l'aménagement d'un quartier spécial

pour les idiots, mais qu'il ne saurait être question de ce travail

pour cette année, le programme des travaux approuvés par le

Conseil général n'ayant pas encore reçu son entière exécution. -

Les conclusions de la commission sont adoptées.

Parmi ces conclusions figure la suivante :

Prescrire l'étude d'un projet définitif, pour la construction d'un

pensionnat destiné aux jeunes idiots.

VARIA. 451 I

Dans le département de la Seine-Inférieure, la question

parait plus avancée. Nous avons reçu en effet de M. Giraud,

médecin-directeur de l'asile de Saint-Yon une lettre dans

laquelle il nous demande de lui procurer des institutrices

ayant une instruction spéciale.

Nous avons eu l'occasion de signaler l'existence en nombre

assez considérable dans les écoles primaires d'enfants arriérés,

ou dont l'intelligence confine à l'imbécillité, et il en existe

aussi dans les établissements d'enseignement secondaire. Nous

avons rappelé qu'il existait dans certaines villes d'Allemagne

des classes spéciales pour ces enfants. On se préoccupe égale-

ment de cette question en Angleterre, ainsi que l'indique l'ex-

trait suivant d'une lettre adressée au l3r·itsila Médical Journal,

par notre ami, le D'' Flechter Beach.

« Il serait à désirer qu'on fit un effort sérieux pour s'assurer du

nombre d'enfants faibles d'esprit et anormaux qui fréquentent les

pensions, les écoles élémentaires publiques, industrielles et autres

de Londres et des provinces.

« Il n'est pas difficile d'exécuter la partie scientifique de cette

lâche, mais il faut nécessairement de l'argent pour faire face aux

dépenses. Il s'agit ici de l'intérêt public; outre le comité nommé

par la section psychologique de l'Association médicale anglaise,

qui s'est occupé pendant quelque temps du sujet; un comité est

formé par la Société de charité pour étudier la question, et un

certain nombre de dames appartenant au Comité de vigilance

étudient la meilleure marche à suivre pour porter secours aux

femmes faibles d'esprit.

«Une loi est actuellement soumise au Parlement pour l'éduca-

tion des aveugles et des sourds-muets, et il est à espérer que la

législation pour les enfants anormaux et faibles d'esprit ne se fera

pas longtemps attendre.

« On ne peut cependant espérer aborder la législature jusqu'à ce

qu'on ait réuni des statistiques certaines, en nombre suffisant, re-

cueillies par des observateurs compétents. L'argent est la seule

barrière qui nous arrête, et l'Association médicale anglaise serait

d'un grand secours pour cette oeuvre, si elle consentait à payer les

dépenses occasionnées par la collection des statistiques et par la

publication des résultais. » ' B.

CONCOURS D'ADMISSIBILITÉ AUX EMPLOIS DE MÉDECINS-ADJOINTS DES

ASILES PUBLICS D'ALIÉNÉS, INSTITUÉ PAR L'ARRÊTÉ MINISTÉRIEL

DU 18 JUILLET 1888.

Ainsi que l'annonçaient des avis insérés aux numéros du Journal

officiel des 21, 22 juin et 2 juillet ,1890, ainsi que dans les recueils

452 VARIA.

des actes administratifs des préfectures du chef-lieu de chacuhe

des régions déterminées par l'arrêté ministériel du 18 juillet 1888,

un concours d'admissibilité aux emplois de médecins-adjoints des

asiles publics d'aliénés aura lieu à Lille, à Lyon et à Bordeaux le

20 novembre prochain,~et à Nancy, à Paris et à Montpellier, le

25 du même mois.

Le nombre de ceux de; candidats ayant subi l'examen avec

succès, qui pourront être déclarés admissibles est fixé à six pour la

région de Paris, à cinq pour celle de Lille et à trois pour chacune

des régions de Lyon, Bordeaux, Nancy et Montpellier.

Les docteurs en médecine satisfaisant aux conditions énumérées

dans les avis publiés aux dates ci-dessus rappelées et qui désirent

subir les épreuves du concours devant le jury qui fonctionnera

dans l'une ou l'autre des régions, devront adresser leur demande,

sur papier timbré, au Ministère de l'Intérieur, direction de l'assis-

tance et de l'hygiène publiques, lorbureau, de manière à ce qu'elle

y soit parvenue dans la journée du dix novembre prochain, avant

cinq heures, dernier délai de rigueur. Cette demande, qui devra

indiquer la région dans laquelle le candidat veut subir le concours,

devra être accompagnée des pièces ci-après : 1° acte de naissance ;

- 2° certificat constatant que le candidat a accompli le stage

d'une année au moins, soit comme interne dans un asile public ou

privé consacré au traitement de l'aliénation mentale, soit comme

interne nommé au concours dans un hôpital ; 3° diplômes, états

de services, distinctions obtenues.

Les candidats qui seront autorisés par le ministre de l'intérieur

à prendre part au prochain concours en seront prévenus officielle-

ment et recevront également les indications nécessaires au sujet

du lieu où siégera le jury d'examen et de l'heure à laquelle ils

devront se présenter.

LE MARTYROLOGE DE L PSYCHIATRIE.

« Sous ce titre, dit M. Ritti, notre excellent ami, le Dr Hospital, a

publié dans les Annales médico-psychologiques, plusieurs articles

dans lesquels il énumère les nombreux attentats commis par les

aliénés sur les médecins et les divers agents des asiles. A cette

trop longue liste, je viens ajouter un fait personnel.

« Le lundi matin 10r septembre, je prenais le service par intérim

de mon collègue, le Dr Christian, parti la veille au soir en congé.

Je terminais la visite de la deuxième division, quartier des tran-

quilles, lorsque le dernier malade, un nommé G..., me prenant

par le bras droit, m'interpella vivement pour me demander sa

sortie; j'avais à peine pu prononcer un mot qu'il me lança à la

figure un violent coup de poing; sa main était armée d'un caillou.

Le coup porta à quelques millimètres au-dessous de l'angle externe

. VARIA. 453

de l'oeil gauche. Je puis dire que je l'échappai belle ; j'en étais

quitte pour une plaie, une forte ecchymose de la paupière infé-

rieure, un gonflement très prononcé de la joue, et l'inconvénient

de voir la moitié de la joue passer par les diverses couleurs de l'arc-

en-ciel. L'accident, je l'espère, n'aura pas d'autre suite.

« La préméditation était certaine. D'ailleurs, d'après ce que j'ai

appris depuis, ce malade, qui se plaint amèrement de sa séques-

tration, a confié à ses compagnons d'infortune, qu'il frapperait un

jour ou l'autre, d'un coup de couteau, le médecin qui lui refuserait

obstinément sa sortie. Il est regrettable que ce propos n'ait pas été

transmis au chef de service, qui n'aurait pas manqué de prendre des

précautions contre un malade aussi dangereux.

« G... est entré, il y a 8 mois, à la maison de Charenton, pré-

sentant tous les symptômes de la paralysie générale..., sauf cette

bienveillance dont on a voulu gratifier ce genre de malades. Je n'ai

jamais cru à cette inaltérable bienveillance des paralytiques géné-

raux ; je suis payé pour ne jamais m'y fier. (Annales medico-

psychologiques, sept.-oct. 1890).

Notre excellent collègue, M. Ritti, est aujourd'hui tout à fait

guéri. Et, avec ses nombreux amis, nous nous en félicitons. Mal-'

heureusement l'agression que nous allons raconter a eu, au con-

traire, une issue fatale.

« La semaine dernière, dit The médical Record, de New York, en

date 'du 18 octobre, à l'asile d'aliénés de Flathurst, un meurtre hor-

rible aété commis. Un fou, ancien interné de l'asile, pénétra dans

le bureau où le Dr Georges W. Loyd, sous-directeur, était assis.

Après quelques paroles incohérentes, il tira sur le Dr Loyd et le

tua net. Cet aliéné s'était déjà fait remarquer quelques années

auparavant par la ténacité avec laquelle il poursuivait l'actrice

Mary Anderson. 11 avait été enfermé autrefois à l'asile de Flathurst,

mais il s'évada il y a environ six semaines.

Le 26 septembre, il reparut à l'asile, et menaça de tirer sur le

D' Fleming. On le laissa partir. Les autorités de l'asile sont l'objet

d'une critique sévère pour la négligence qu'elles ont montrée en

laissant en liberté un homme atteint d'aliénation mentale. Ces

faits donnent réellement prise à la critique et à la censure.

La presse de chaque jour, qui critique si volontiers les faits qui

viennent de se passer, a cependant, et d'une facon systématique,

toujours repoussé l'internement d'une personne dans un asile à

moins qu'elle ne soit reconnue, de la façon la plus évidente', atteinte

de folie furieuse. Il n'y a pas longtemps, une jeune femme, qui

avait le même genre de folie que le meurtrier du Dr Loyd, fut

déclarée folle à la suite d'un examen de médecins, mais un jury

de shérifs décida qu'elle était saine d'esprit, et elle fut mise en li-

berté aux acclamations de la presse. Heureusement elle n'a tué

454 FAITS DIVERS.

personne. Le cas de l'asile de Flathurst est des plus regrettables :

il a causé la mort prématurée d'un jeune homme plein d'avenir, »

LA QUESTION DES ASILES D'ALIÉNÉS AU CONSEIL GÉNÉRAL DU NORD.

Des incidents divers survenus dans les asiles d'aliénés ont motivé

le dépôt d'un rapport de M. Soufflet au nom du 2° bureau, et ten-

dant Il ce que le projet sénatorial relativement au cumul des fonc-

tions administratives et médicales dans les asiles d'aliénés soit

modifié ainsi qu'il suit : Au lieu de dire : « Les asiles publics sont

administrés sous l'autorité du ministre de l'intérieur et des préfets

des départements par un médecin-directeur responsable », rédige

l'article de la manière suivante :

t Les asiles publics d'aliénés sont administrés sous l'autorité du

ministre de l'intérieur et des préfets des départements par un direc-

teur administratif qui ne pourra être, en aucun cas, l'un des mé-

decins de l'asile. »

Des plaintes nombreusés se sont élevées contre l'organisation

actuelle des asiles d'aliénés. On a eu, dans le département même,

des exemples qui démontrent que la loi de 1838 n'interdisant pas

le cumul des fonctions administratives et médicales dans les asiles

d'aliénés, doit nécessairement subir des modifications.

Depuis sept ans, le Sénat est saisi d'un projet de loi relatif aux

asiles d'aliénés, et la commission sénatoriale, allant beaucoup plus

loin que le gouvernement lui-même, a admis le cumul. Et pour-

tant, il y a un fait acquis, c'esi que le cumul a pour résultat de

sacrifier le médecin à l'administrateur. L'asile cesse d'être une

maison hospitalière où les aliénés sont traités avec l'affection et les

égards que mérite leur sort,pour devenirun atelier où on ne se pré-

occupe que de leur travail. On se rappelle le terrible accident sur-

venu naguère à l'asile d'Armentières, où un aliéné a été brûlé vif

par le fait de la négligence d'un gardien.

Le médecin reste placé sous les ordres d'un administrateur ( ! ),

il demande que le médecin rerte un homme d'études, au lieu d'être

une sorte d'agent comptable astreint par des règlements symé-

triques à n'avoir plus en vue que l'équilibre de son budget. Ces

considérations ont déterminé le Conseil général à formuler le

voeu. (Bulletin médical.) - Nous reviendrons sur celte question.

LES INCENDIES DANS LES ETABLISSEMENTS HOSPITALIERS. LE DESASTRE

D'UN ASILE DU CANADA. ,

Le récent et terrible désastre de l'asile Longue Pointe près de

Montréal, dans lequel plus de 50 aliénés ont été brûlés vifs et plus

d'un millier privés d'abri, rappelle les vigoureuses attaques

VARIA. 455

dirigées contre celte. institution par le D'' Tuke, il y six ans dans

son ouvrage sur les asiles d'aliénés de l'Amérique.

Depuis la publication de cet ouvrage, il paraîtrait que rien n'a

eté changé dans le système de traitement des aliénés dans la pro-

vince de Québec. Le gouvernement prenant à sa charge les aliénés,

en confie la responsabilité aune communauté de religieuses qui

en prenaient soin à tant par tête et par an.

On serait porté à croire qu'une personne malade d'esprit fut

pour toujours incurable et comme telle devrait être exclue de la

société, nourrie et habillée jusqu'à ce que la mort vienne l'enlever

aux soins de la communauté.

Dans cet immense édifice, maintenant rasé par le feu, environ

1200 malades y étaient enfermés, représentant tous les types des

maladies mentales, maniaques, monomaniaques, idiots et épilep-

tiques. Le feu éclata dans la salle desbains près d'une salle de femmes

dans l'extrémité ouest d'une aile de l'institution, à 11 heures du

matin, heure du jour à laquelle tout le monde était prêt à faire

son service. Le feu fut découvert de bonne heure, presque immé-

diatement, tandis qu'il n'était encore qu'à la salle de bains, mais

malgré tous les efforts, il s'étendit constamment de ce point, gra-

duellement, consumant les constructions tout entières d'un bout à

l'autre.

Les malades hommes furent tous sauvés, ainsi que la plupart des

femmes, mais il parait hors de doute qu'un grand nombre, pro-

bablement environ 50, sont mortes dans les flammes. Quatre soeurs

ont perdu la vie en s'efforçant de sauver leurs malades.

Les précautions prises contre le feu dans celle immense institu-

tion semblent avoir été simplement nulles. Il n'y avait pas de murs

en briques qui puissent arrêter le feu ni appareils de sauvetage. Il

semblerait que l'on n'ait jamais pris en considération les moyens

d'empêcher le feu de dévorer cette institution.

Quoique l'institution fut à environ 100 mètres de la rivière Saint-

Laurent, malgré cela, lorsque les pompiers arrivèrent, ils se trou-

vèrent impuissants eux-mêmes, devant le fait que les bassins de

l'asile étaient mis à sec par une pompe à vapeur en 10 minutes après

quoi, on ne pouvait disposer que d'une très petite quantité d'eau

contenue dans un petit fossé. Les cuisines de l'asile ne furent pas

brûlées, de sorte qu'il fut possible de nourrir tous ces infortunés

et de les abriter temporairement dans des granges et sous de

grands pavillons.

Tout commentaire est inutile, mais ne perdons pas l'avantage

de la leçon que ce terrible malheur nous donne. De combien d'a-

siles, hôpitaux et institutions publiques peut-il être dit que toutes

les précautions contre le feu ont été prises ? Très peu en vérité, et

le fait qu'ainsi plusieurs ont échappé, est simplement une chance.

Quand un grand édifice est assuré, c'est qu'il peut, hôtel ou

456 VARIA.

hôpital, asile ou prison, c'est presque certain, être brûlé tôt ou

tard. C'est en conséquence un crime pour ceux qui prennent à

charge de pareilles institutions, de négliger, même dans les plus

petits détails, les précautions connues soit pour prévenir les incen-

dies, soif pour protéger la vie. Quelques-uns de nos grands hôpitaux

- brûleront quelque jour et nous frémissons à la pensée des horreurs

~~qui peuvent s'en suivre, car nous savons que beaucoup d'entre eux

ne sont pas mieux protégés que celui qui vient d'être détruit. (The

New-York Med. journal, 1890, 17 mai.)

Le Médical News nous apprend qu'un incendie, survenu dans

la nuit du 18 septembre, a détruit en partie l'asile des aliénés

d'Austin (Texas). Le feu aurait eu son point de départ dans une

buanderie annexée à l'une des salles.

- Sous ce titre : Précautions contre l'incendie dans les asiles d'a-

liénés, le Médical Press and Circulai' du 23 juillet 1890, publie les

réflexions suivantes : .

« Malheureusement, les douloureux et effrayants désastres pro-

duits par le feu dans les asiles d'aliénés n'ont fait que démontrer

trop clairement la nécessité qui s'impose de pourvoir ces asiles de

moyens efficaces propres à favoriser le sauvetage des malades dans

ces circonstances. A ce sujet, nous apprenons, par un Américain

qui y a assisté, les morts terribles qui se sont produites dans les

incendies des asiles de Montréal, au Canada, et Utica. Le Comité

de charité de l'assemblée de Massachussetts a formé un projet de-

mandant que des portes de sorties soient ouvertes à la partie exté-

rieure de tous les asiles de l'Etat.

« Les appareils convenables pour la distribution de l'eau dans

l'intérieur des constructions seront demandés, et les administra-

teurs auront la direction des inspections mensuelles qui seront

laites de ces appareils de sauvetage. C'est là réellement ce qu'il y

a de mieux à faire et chose à laquelle on devrait porter, dans ce

pays, la plus grande attention vu son avantage. L'exemple de l'in-

cendie et de ses terribles conséquences à l'asile privé de Southal

est encore présent à l'esprit de nos lecteurs. L'importance du sujet

suffirait à justifier les demandes des commissaires des asiles, de-

mandant aux directeurs des asiles publics de fournir un rapport

annuel des précautions contre l'incendie qui existent dans les édi-

fices soumis à leur contrôle. »

Tous ces faits montrent,la nécessité qui s'impose aux architectes

des asiles d'aliénés de pourvoir ces établissements de toutes les

installations nécessaires pour combattre les incendies.

B.

FAITS DIVERS

Asiles d'aliénés. Promotions et mutations. M. le Dr J. DAGONET,

médecin-adjoint à l'asile Sainte-Anne, est promu à la 1 ? classe à

partir du 4 ? juillet 1890 (arrêté du 9 septembre). M. leur BRUN,

médecin-adjoint à l'asile public de Bron (lhône), nommé médecin

en chef du même établissement, en rem placement du Dr Max-Simon,

admis sur sa demande à faire valoir ses droits à la retraite, est com-

' pris dans la 3° classe (arrêté du 2 octobre 1890). -111. le Drl\lAuNIEH,

médecin en chef à l'asile public de Mont-de- Vergues (Vaucluse), est

nommé aux mêmes fonctions à l'asile public de Pierrefeu (Var),

par permutation avec le Dr Adam, médecin en chef de ce dernier

établissement (arrêté du 16 octobre 1890). Les Drs Maunier et

ADAM sont maintenus l'un et l'autre dans la 3° classe.

Hospice de la Salpètrière. M. le professeur Charcot a repris

ses leçons du mardi le mardi 28 octobre 1890. Les leçons du ven-

dredi reprendront ultérieurement. t.

Faculté de médecine DE Naples. M. le Dr L. Blanchi, professeur

extraordinaire à la Faculté de médecine de Païenne, est nommé,

pour l'année scolaire 1890-1891, professeur extraordinaire de psy-

chiatrie.

Faculté DE médecine DE NAl'iCY. M. LANCLOIS est chargé du cours

complémentaire de clinique des malades mentales.

Distinctions honorifiques. M. le D' LE Bègue, médecin de

l'asile public d'aliénés de Bron vient d'être nommé chevalier de la

Légion d'honneur.

CONCOURS POUR la BOURSE DE voyage DES asiles d'aliénés DE la

Seine. Le jury est aiusi composé : MM. Magnan, Dubuisson,

Deny, Briand, Fébvré, Gilbert, \YhalLcr. Le jury étant tiré à

tort avant le dépôt des mémoires, il en résulte que des candidats

connaissant le jury et le supposant peu favorable pour eux, ne

font plus acte de candidat. D'où la nécessité de faire à la préfec-

ture de la Seine ce qui se fait à l'Assistance publique, il savoir :

tirage du jury après l'inscription des candidats et le dépôt des

mémoires.

L'ivresse au point DE vue iDICO-Ll : CAL. Voici quelles sont,

en résumé, les dispositions insérées dans le dernier code publié en

4S8 8 FAITS DIVERS.

Europe, le code italien, qui est entré en vigueur le4'' janvier 1890.

L'ivresse involontaire est assimilée à la démence absolue ou rela-

tive. L'ivresse volontaire est considérée comme un élément d'atté-

nuation, à moins, toutefois, que l'inculpé ne se soit enivré préci-

sément pour s'exciter à commettre le délit ou pour se préparer

une excuse. -

Interdiction DES séances publiques d'hypnotisme EN Russe.- lue

département de médecine du ministère de l'intérieur a adressé

dernièrement une circulaire aux gouverneurs de province pour

les engager à prohiber dans les limites de leur administration

toute séance publique ayant l'hypnotisme pour ohjet. Les motifs

de cette défense sont : le mal que fait l'hypnotisme aux sujets que

l'on met à l'épreuve et le danger qu'il peut y avoir, de la part de

gens mal intentionnés, qui peuvent étudier pendant lesdites

séances les moyens à employer pour endormir les sujets et s'en

servir plus tard dans un but immoral ou criminel.

Les aliénés ET les infirmiers. Le Petit Journal a publié le

de'' novembre le récit suivant :

« Un terrible drame s'est passé celte nuit à l'asile d'aliénés de

Naugeat, près Limoges.

« Un nommé Jean Chabrier devenu fou deux jours après avoir

marié sa fille était entré hier soir il l'asile et avait été interné

dans la cellule ne 29, où il était surveillé par un gardien nommé

Pierre Thomas, âgé de vingt-neuf ans, quî partageait sa chambre,

« Après s'être déshabillé, Chabrier s'était couché très calme hier

soir. Il se leva vers une heure du matin et se dirigea du côté du

lit de son gardien endormi. Il s'empara du pantalon du gardien,

dans la poche duquel il trouva malheureusement un couteau. Cha-

brier prit ce couteau et se précipita tout d'un coup sur Thomas et

lui porta plusieurs coups au cou et à la poitrine.

« Thomas, réveillé en sursaut, se défendit et entama une lutte

énergique avec le fou qui le frappait toujours; le bruit finit par

réveiller le gardien Bro, qui couchait dans la chambre voisine. Il

accourut aussitôt et trouva le fou et le gardien en chemise, luttant

au milieu de la chambre.

« Thomas était couvert de sang. A la vue de Bro, le fou aban-

donna Thomas et se rua sur la nouvelle proie qui s'offrait à ses

coups furieux. Thomas s'affaissa sur le parquet. Le gardien Bro

reçut un coup de couteau à la poitrine, mais la lame ébréchée

s'arrêta sur le sternum.

a Bro, qui est un homme d'une très grande force et de plus très

courageux, lutta vaillamment avec Chabrier que la vue du sang

rendait encore plus furieux. Blessé, sentant ses forces diminuer,

Bro parvint cependant à repousser le fou dans sa chambre qu'il

ferma à clé et courut appeler du secours.

FAITS DIVERS. 459

x M. Doursout, directeur de l'asile, arriva en toute hâte, suivi

de l'interne, M. Tabard, et du brigadier Charbonnier. On ouvrit

la porte et l'on trouva le gardien Thomas baigné dans son sang.

Le malheureux avait cessé de vivre. Quant au fou, il avait disparu.

« Une fois enfermé par le gardien Bro, il avait brisé les carreaux

de sa fenêtre ainsi que le croisillon qui pourtant était en fer et,

armé de ce croisillon, avait sauté sur une véranda couverte moitié

en verre et moitié en zinc. C'est juste sur les vitres que le fou avait

/ sauté, et bien qu'elles se fussent brisées sous son poids, il n'était

pas tombé. Il avait rapidement gagné la partie couverte en zinc,

et, toujours armé du croisillon de la fenêtre, il s'était mis à courir,

brisant les carreaux des autres fenêtres, criant et gesticulant.

« Penser à le rattraper par le même chemin, c'était exposer la

vie des gardiens; il fallut donc attendre le jour pour se rendre

maître du forcené. De une heure et demie à six heures, les gar-

diens, le directeur, les brigadiers restèrent en faction dans le

brouillard et sous la pluie pendant que Chabrier, toujours en che-

mise, gambadait sur la galerie.

Après avoir jeté son croisillon, il interpella les gardiens en

leur disant : « Donnez-moi seulement nn bâton et je me charge

de vous tous. » Le jour venu, le directeur envoya chercher la

pompe à incendie de l'asile qu'on mit en batterie et dont le jet

fut dirigé sur Chabrier pendant que des gardiens, munis de cou-

vertures et de draps le cernaient de toutes parts et l'acculaient

sous une fenêtre où d'autres gardiens se tenaient prêts à l'enve-

lopper. C'est ainsi qu'on a pu s'emparer de lui.

« Du reste, après avoir passé cinq heures sous la pluie, Chabrier

était devenu plus calme. On lui mit la camisole de force et on le

coucha. Les autorités, prévenues aussitôt après le drame, se trans-

portèrent à Naugeat, ainsi que le docteur Gilbert-Haymondeau qui

fit les constatations médico-légales. Thomas était marié et père de

deux enfants en bas âge. Il était très estimé de ses collègues et de

son directeur. Ce drame a causé une profonde émotion dans notre

ville. » .

UN ivrogne DANGEREUX. - Nous lisons dans le Temps : Un indi-

vidu nommé Lef'evre, dit Loriette, âgé d'environ vingt-sept ans,

exalté par l'alcool, s'introduisit lundi, vers neuf heures et demie du

soir, dans la gare d'Hirson, par le passage à niveau et monta sur

une locomotive qu'il ne put faire démarrer; il sauta rapidement sur

une seconde, ouvrit le régulateur et partit sur sa locomotive avec

la rapidité de l'éclair dans la direction de Buire. Il passa à travers

les deux ou trois cents wagons qui étaient en gare sur une voie

heureusement libre, et arriva sur un buttoir en ne broyant qu'un seul

wagon. La locomotive a été presque détruite sous lui et, par le plus

grand des hasards, il n'a reçu aucune blessure.

460 FAITS DIVERS

Arrêté aussitôt par les employés qui, en voyant l'acte insensé

qui venait d'être commis, s'empressèrent de parer à tout accident,

il fut conduit à la prison d'Hirson. Si cette, tentative avait eu lieu

quelques minutes plus tard, il se jetait avec la locomotive en tra-

vers de l'express de Paris et^ il causait une catastrophe.

^ On prétend que Lefevre, dont l'esprit n'est pas bien équilibré, se

lève pendant la nuit et va chauffer comme un somnambule la machine

de l'établissement où il est employé. Il ne se rappelle rien et paraît très

surpris de l'acte insensé qu'il a commis. \

La question DES asiles pour les IVROGNES. Le Dr GRA1'TSERS se

plaint duns'the Journal of 12ffl,vozis and mental diseuse, du manque

d'asiles de ce genre. Il en existe actuellement une centaine qui ont

fait leurs preuves et montrent la nécessité de ce genre d'établisse-

ments destinés à guérir les cas curables et à préserver la société des

dangers que lui font courir tous ceux qui doivent être considérés

comme incurables et enfermés définitivement.

- L'étude de cette question s'imposera un jour dans notre

pays, surtout dans les départements très populeux comme la

Seine. Ce département a le devoir, comme les autres, d'assister

ces aliénés. Ils dépassent onze mille. Près de la moitié sont

transférés dans les asiles de province. La Seine doit donc cons-

truire 4 ou 5 asiles nouveaux. Il y aurait lieu d'examiner s'il

y a intérêt à désigner l'un de ces asiles pour le traitement des

alcooliques et des ivrognes. B.

Les hallucinations chez LES personnes saines. - Nous lisons dans

the Journal of nervous and mentul diseuse : Le ProP' William James

de Harvard University (Cambridge, Mass.) au nom de la commission

d'étude des hallucinations de the Society for Psychical Researcle,

désire réunir de nombreux documents sur les hallucinations et

serait heureux qu'on lui répondît par oui ou non à la question sui-

vante : Avez-vous jamais, étant complètement éveillé, eu l'impression

nette de voir ou d'être louché par un être vivant ou un objet inanimé

ou d'entendre une voix, cette impression, autant que vous pouvez en

juger, n'étant due à aucune cause physique extérieure. On avait

déjà, si nous avons bonne mémoire, proposé pareille chose au Con-

grès de médecine mentale de Paris en 1889.

RÉSOLUTION prise par LES NLW-YORK STATE COMMISSIONERS OF

LUNACY. « Dorénavant, aucune licence pour l'é abllsSCnlel7t ou la

direction d'un asile pour le soin, la garde ou le traitement des

aliénés ou des personnes malades d'esprit, ne sera accordée qu'à un

médecin praticien dûment qualifié, ayant pris ses grades dans un

collège médical reconnu légalement, et ayant une expérience

actuelle dans le soin et le traitement des aliénés. »

FAITS DIVERS. 461

Nécrologie. Professeur BuoNomo, député au parlement italien

et vice-président de la chambre à la dernière législature ; il avait

été directeur du manicome provincial de Naples et professeur de

psyhiatrle à l'université de cette ville.

Le service DES aliénés en AuTRtdiE. D'après une dépêche de

Vienne en date du 9 septembre, «. Le bruit court que les aliénés

seraient traités en Autriche, dans certains établissements dits « de

santé », avec une brutalité inouïe. y a quelque temps, le Landtag

de Galicie a été saisi d'une protestation énergique provoquée par la

mort subite du comte Dzieduszycki, survenue à la suite de sévices

graves. Des journaux de Lemberg, le a Dzie7znih, Polski » entre

autres, annoncent qu'un lieutenant de hussards aurait été trans-

porté au quartier des agités et maltraité d'une façon odieuse pour

avoir oublié de saluer un employé de la maison de santé de Kul-

parkow. Cette affaire provoque une très vive émotion. »

Condamnation d'un aliéné en Suisse. Sous ce titre : Un jury

féroce, les journaux politiques ont rapporté ce qui suit :

Un fait curieux vient de se produire à la cour d'assises de Lau-

sanne. On jugeait un nommé Blanc, qui, dans un accès d'halluci-

nation, avait tué ses trois jeunes enfants. Cinq médecins aliénistes

avaient conclu à la complète irresponsabilité de l'accusé ; le pro-

cureur général avait abandonné l'accusation. Le jury a cependant

rendu un verdict affirmatif sur toutes les questions.

Le procureur général s'est alors levé et a dit, s'adressant à la

cour : « C'est la première fois, depuis que je fonctionne, que je

me vois dans l'obligation de déposer des conclusions tendant à une

condamnation perpétuelle; je dois m'incliner devant le verdict du

jury. 11 me sera toutefois permis de dire que nous devons nous féli-

citer de ce que la peine de mort ait été abolie chez nous, car

autrement nous nous verrions forcés de condamner à l'échafaud

un homme que cinq médecins ont reconnu irresponsable. » La

cour a prononcé la peine de la détention perpétuelle. .

Cette condamnation étonne au premier abord. Après réflexion,

on est moins surpris. Nous voyons à Paris des journalistes, pour-

suivant une campagne aussi acharnée que peu justifiée contre les

médecins et, en particulier, contre les neurologistes, pousser les

magistrats et les jurys à ne pas tenir compte des appréciations

médicales. Les médecins qui ont l'honneur et la gloire d'avoir

contribué pour une large part à enlever les hystériques et les

démoniaques aux bûchers, qui ont fait supprimer les chaînes et les

cachots des aliénés, qui ont tout fait pour l'adoucissement des

peines, leur atténuation, en montrant par leurs études d'anthropo-

logie criminelle combien de malheureux condamnés sont les vic-

times de l'hérédité, n'en continueront pas moins leur oeuvre d'hu-

manité. B.

462 FAITS DIVERS

Suicide d'un adolescent. Un garçon de 14 ans, nommé Del-

phis 'fiornay, s'est noyé volontairement dans la mare communale

à la Forêt-du-Parc (Eure). Il a profité, dit la Vallée de l'Eure

(2 octobre), de l'absence de son maître pour accomplir le dessein

.qu'il nounissait depuis longtemps de se donner la mort.

Nouvel asile d'aliénés A Moscou. Les plans et les dessins du

nouvel asile d'aliénés à Moscou sont définitivement adoptés. Cet

asile sera situé dans les environs de Moscou, à la villa Kanat-Sehit.

La dépense, sans compter l'organisation intérieure, monte à la

somme de 823.372 roubles, c'est-à-dire près de 2 millions

40.000 francs. Le couseil municipal de Moscou a reçu déjà, pour

la construction de cette maison, d-s différentes donations repré-

sentant plus de 1,223,7ï5 francs. Cet asile pourra recevoir 300 ma-

lades : 150 femmes et autant d'hommes. La construction est sur-

veillée par des médecinscompétents. J. R.

Rectification. Dans le compte rendu de la première séance

(nominations du bureau), il faut lire : « M. le Dr G1R.\UD a été

nommé secrétaire général sur la proposition de M. J. Falret. »

GEORGES Guignon.

BULLETIN BIBLIOGIIAPHIQUE.

Année Médicale (L'), résumé des progrès réalisés dans les sciences

médicales pendant l'année, publiée sous la direction du Du Bourneville

avec la collaboration des rédacteurs du Progrès Médical et des Archives

de Neurologie. Paraît tous les ans. Douze volumes sont en vente (1878-

1889) ; format in-18 Charpentier. Pour nos abonnés. par la poste, 3 fr. : 10.

Dans nos bureaux .............. 3 fr.

BERNARD. De l'aphasie et de ses diverses formes. 2" édition avec une

préface et des notes, par le D' Ch. Féré. Volume in-8° de 2G0 pages, avec

25 figures dans le texte. - Prix : 5 fr. Pour nus abonnés . fr.

Blocs. - Des contractures. Contractures en général, la contracture

spasmodique, les pseudo-contractures. Volume in-8° de 216 pages, avec

8 figures dans le texte, 1 planche lithographique et 3 phototypies. -

Prix : 5 fr. Pour nos abonnés 4 fr.

BOUKNEVILLE, SOLDER et Pilliet (A.). - Recherches cliniques et théra-

peutiques sur l'épilepsie, l'hystérie et l'idiotie. Compte rendu du ser-

vice des enfants idiots, épileptiques et arriérés de Bicêtre pendant l'année

1889. (Volume X de la collection.) Volume in-8° de LVI-188 pages, avec

22 figures. - Prix : 5 fr. - Pour nos abonnés : 4 fr. - Bureaux du Pro-

grès Médical.

Bourneville. - Rapport fait au nom de lu commission chargée d'exa-

miner le projet de loi adopté par le Sénat, tendant à la révision de la

loi du 30 juin 183S sur les aliénés. - Volume in-8° de 129 pages. - Prix :

4 fr. Pour nos abonnés 3 fr.

BRISSAUD. - Des scolioses dans les névralgies sciatiques. - Brochure

in-8° de 40 pages. Prix : 0 fr. 75. - Pour nos abonnés. 0 fr. 50.

BRu (P.). Histoire de Bicêtre (Hospice-Prison-Asiie), d'après les do-

cuments historiques, avec une préface de M. le Dr Bourneville. Un beau

volume in-4° carré d'environ 500 pages, orné de 22 planches hors texte

et d'un plan général de l'hospice de Bicètre actuel (1890). Prix : 15 fr.-

Pour nos abonnés 10 fr.

BRUHL (J.). - Contribution à l'élude de la syringomyélie. Volume in-8°

raisin de 220 pages, avec 12 figures et une planche hors texte.

Prix : 5 fr. - Pour nos abonnés .......... 4 fr.

BUTIN (H.-P.). Maladies de la langue. Traduit de l'anglais par le

Dr Douglas-Aigre. Volume in-8° de 424 pages, - Prix : 8 fr. Pour nos

abonnés 6 fr.

BAILLAIIGER (1.) - Recherches sur les maladies mentales. Deux volumes

in-8° formant ensemble lui86 pages avec 15 planches hors texte. Paris,

1890. - G. Alassbii, éditeur.

BRUNET. - Rapport du directeur médecin en chef de l'asile public des

aliénés d'Evreux (Conseil Général, session d'août 1890). Brochure in-8°

de 50 pages. Evreux 1890. Imprimerie E. Quettier.

4(j BULLETIN bibliographique.

Charcot (J.-M.). -llérno1'1'hagie et ramollissement du cerveau, métal-

loscopie et ncétnllothérapie, tome IX des OEuvres Complètes, in-8° de

570 pages, avec 13 planches en chromo-lithographie et phototypie, et

36 figures dans le texte. Prix : 15 fr. Pour nos abonnés : 10 fr.

Cornet (P.). Traitement de l'épilepsie par le bromure ,d'or, le bro-

mure de camphre et la picrotoxine. Prix : 2 fr. Pour nos abon-

- nés .................. 1 fr. 35

EDWAHDS (B.-A.). De l'hémiplégie dans quelques affections nerveuses

(atnxie locomotrice progressive, sclérose en plaques, hystérie, paralysie

agilanle). Volume m-8° de 169 pages avec 5 ligures. Prix : 1 fr.

Pour nos abonnés 2 fr. 75

Fletcheh Beach. Darenth'Schools, Thirlezzth, fourtlenth, fifteenth.

annual Reports. Trois brochures in-8° formant ensemble 38 pages.

London, 1888 à 1890. M. Corquodale et C".

Gilles DE la TOURETTE et C.1'l'III ? LIVC.1U. La nutrition dans l'hystérie.

Volume de 116 pages. Prix : 3 fr. 50. Pour nos abonnés. 2 fr. 75

Guinon (G ? Les agents provocateurs de l'hystérie. Volume in-S° de

392 pages. Prix : fr. Pour nos abonnés. 6 fr.

HUET (E ? De la chorée chronique. Volume in-8° de 262 pages, avec

10 figures dans le texte. Prix : 5 fr. - Pour nos abonnés.. 4 fr.

Hale \VHITE (W). On the palhological value or the Gasserian, Lenti-

cular Spinal and cardiac ganglia. Brochure in-8" de 7 pages. Extrait du

Brain. Londres 1890.

Hale White (W). On Thomsen diseuse. Brochure in-8" de 3 pages,

avec 3 planches hors texte. Extrait du l3raiz. - London 1890.

Hale WHITE (W). The pathology of the human sympathie system of

nerves. Brochure in-8° de 46 pages. Extrait des Guy's Hot<n</<e;)0 ? Lon-

don, 1890. .1. A. Churchill.

Hale White. The etlect upon the bodily température of lésions of the

corpus 8t1'iatum and optic Thalamus. Brochure in-8° de 24 pages.

Extrait du Journal of Physiology. Londres, 1890. J. A. Churchill .

IiOVALEVSRY (P.). - Myxoedème ou cachexie pachydermique (Charcot).

Brochure in-8° de 26 pages. Prix : 0 fr. 75. Pour nos abon-

nés 0 fr. 50

KERWi'. Tlzirty seventh annual report of the Pennsylvania training

School for feeble minded clzilclrezz. L'lwzln. Delaware county. Brochure

in-8" de 28 pages.- West Chester. Pa. Hickma.1.

LADAME. Procès criminel de la dernière sorcière brûlée à Genève le

6 avril 1652. Publié d'après les documents inédits et originaux conservés

aux Archives de Genève (N° 3465). Brochure in-8" de X11-52 pages.

Papier vélin, prix : 2 fr. 50. Pour nos abonnés : 2 fr. Papier Japon

(N"s 1 à 50). Prix : 5 fr. Pour nos abonnés : 4 fr. Papier parcheminé

(N°s 51 à 100). Prix : 3 fr. Pour nos abonnés 2 fr.

MASSALOXGO (lut). Paralisi dissociata delnervo sciatico popliteo exter-

no successiva aU influenza. Brochure in-8° de 7 pages. Verona,1889, chez

l'auteur.

Pitres (A.) et BITOT (E.). - Des tremblements hystériques. Brochure

in-8° de 26 pages. Prix : 1 fr. Pour nos abonnés... 0 fr. 70

RÉGNIEII (L.-R.). L'intoxication chronique par la morphine. -Va-

ume in-8° de 171 pages. Prix : 3 fr. 50. Pour nos abonnés. 2 fr. 75

BULLETIN bibliographique. 463

SEVESTRE. - Etudes de clinique infantile. Syphilis héréditaire pré-

coce, laryngite syphilitique, broncho-pneumonie par infection intestinale,

prophylaxie de la rougeole et de la diphtérie à l'hospice des Enfants-

Assistés. Volume in-8" de 147 pages. Prix : 3 fr. Pour nos abon-

liés 2 fr.

SOLUER (P.). - Du rôle de l'hérédité dans l'alcoolisme. Volume in-18

jésus de 215 pages. Prix : 2 fr. 50. Pour nos abonnés.. 1 fr. 75 5

TARXOW3KY (T.). Etude anthropométrique sur les prostituées et les

voleuses. Volume in-8" de 226 page ? . - Prix : 5 fr. - Pour nos abon-

nés ................... i fr.

Le rédacteur- gérant, BOUR1E'ILLE.

Archives, t. XX. 3J

TABLE DES MATIÈRES

Alcool, consommation de l ? en

Angleterre, l H.

Alcoolisme, rapports de l ? avec

l'hystérie, par Colin, 112.

Alexie avechémianopsio homonyme

droite, par Bruns et Schultze, 250.

Aliénation, nouvelle forme d ? par

Mesched(, 105; de l'adoles-

cence, parKeav, \03; - castration

pour -, par Zenker, Menendorff,

Wendt, Loehr, 115 ; rapports de

l ? et des maladies des yeux, par

ltoyet, 135 ; - des vieillards, par

Biaute, 137.

Aliénés, loi sur les -, en Au triche,

par Gairtner, 110; - poids du

cerveau chez les -, par Bartels,

110; - enlèvement d' -, d'un

asile, par Ehrenwall, 119 ; -

relation de la sorcellerie avec l'as-

sistance des -, en Allemagne,

par Kirctioti, 135; - phtisie pul-

monaire chez les -, par Snell,

255; - séquestration des crimi-

nels -, par Schoefer, 258 ; con-

fusion des personnes chez les ?

, par Alt, 259 ; - Statistique de la

clinique d ? de Sainte-Anne, par

liouillard, 275 ; - la nouvelle

législation des -, par Giraud, 275.

Amnésie et folie puerpérale, par

Séglas et Sollier, 273, 386.

Amputations, lésions nerveuses après

les -, par Homen, 266.

Anthropologie criminelle, par Ru-

rella, 439.

Aphasie sensorielle avec surdité ver-

bale, par Rosenthal, 78 ; - loca-

lisation de l'- sensorielle, par

Lagrier, 243 ; et paralysie gé-

nérale, par Rosenthal, 444.

Asiles pour buveurs, par Gauster.

135 ; - nomination dans les -,

139, 299,'r51;- spéciaux pour alié-

iiése,viiniiiels, Mor(fret

Bourneville, Houillard, Charprn-

tier, 276 : retraite des méde-

cins d ? par Faucher, 28 ; -

concours des médecins adjoints

des -, 297 ; concours pour la

bourse de voyage des-, 299.

Assistante des enfants idiots et

arriérés, 296, 449.

Atrophie musculaire, progressive,

par Audry, 70 ; état des muscles

dans l' musculaire juvénile,

par Erh, 94 ; - de la circonvo-

lution pariétale consécutive à une

amputation du bras, par Sigles-

worth, 98 ; - de la main, par

Schultze, 118; musculaire pro-

gressive, par Bourguet, 21.

Bain électrique, par Gaertner, 260.

Basedow (maladie de), de l'insuiii-

sance de la convergence dans la

- , par Moebius, 240; et mala-

die bronzée, par Kurella, 251.

Bégaiement hystérique, par Ballet et

Tissier. 1.

BÉR1-HÉRI au Brésil, 300.

Bibliographie. Syndrome bulbo-

médullaire, par Grasset, 120 : -

clampotrophie primitive progres-

sive, par Bourguet, 121; paralysie

de la chorée, par Roudot, 121;

anesthésie dans la maladie de

Morvan, par Morvan, 121 ; - auto-

matisme psychologique, par P.Ja-

net, 121 ; évolution politique,

par Letourneau, 122 ; annales

de médecine et de chirurgie, 123;

les épilepsies et les épilepti-

ques, par Féré. 121 ; - manuel

d'anthropométrie, par Benediht, t,

125 ; études cliniques sur les

maladies nerveuses et mentales,

et les aliénés et les asiles d'alié-

nés, par J. Falret, 126 ; sur-

menage intellectuel, par 111 ? lla-

nacéme, 127;-Histoire de Bicêtre,

par Bru, 12S ; Syringomyéhe,

468 TABLE DES MATIERES

pai'Bruhl, 129 -Leçons du mardi

à la Salpêtrière, par Charcot, 293 ;

- appareil de projection du crâne,

par Rieger, 294;- vertige cardio-

vasculaire, par Grasset, 264 ;

séméhïologie des maladies du sys-

tème nerveux, par Bianchi, 295;

aphasie, par Bateman, 444;

troubles trophiques dans l'hysté-

rie, par Athanassio, 445 ; trom-

bose des veines et des tissus, par

Erlenmeyer, 445 ; rapports de

l'eedème avec la quantité de l'hé-

moglobine du sang, par Benezur

et Catsary, 546.

BLÉPH.\ROPTOSE, mouvement associé

dans la congénitale unilatérale,

par Bernhardt, 250.

BULLETIN BIBLIOGRAHHIQUE, 144, 303,

460.

Castration pour aliénation mentale,

par Zenker, 115 ; comme péna-

lité, 301.

Cellules granuleuses, importance

des - dans le système nerveux

de l'homme, par Rosenheim, 86.

Cerveau , troubles d'équilibration

dans deux cas de tumeurs du

lobe pariétal du -, par Bernheim

et Simon, 69 ; poids du chez

les aliénés, par Bartels, 110;

chez les déments, par Wulf, 114;

atrophie des fibres du par

suite d'insolation, par Cramer,

115 ; - chirurgie pu-, par Gold-

stein, 540; - anatomie du - de

la grenouille, par Koepen, 265;-

centres du commandant aux

mouvements de la vessie, par Mi-

tanski, 266, fibres nerveuses à

myéline intercorticales du -, par

Keraval, 290 ; importance de la

division du en sillons, par

Seitz, 429 : non terminalité des

artères du -, par Biscons, 429;

pesées du -, par Meynert,432.

Cervelet, tumeurs du -, par Bern-

heim et Simon, 70 ; lésion

d'un hémisphère du -avec dégé-

nérescence de l'olive opposée, par

Dudlay, 98 ; atrophie des fibres

du -, par Meyer, 113.

Champ visuel entoptique dans la vi-

sion hallucinatoire, par Hoppe,96.

Choc nerveux et hystéro-trauma-

tisme, par Sérieux, 231.

Cholestéatome, par Frank, 412.

CIIORÉE,etpsychose, par Schuchardt,

91 ; patalysies de la -, par

Roudot, 121 - héréditaire de

l'adulte, par Zacher, 251.

Cocaïnisme, par Saurey, 272.

Coeur, affaiblissement du d'ori-

gine nerveuse. parRosenbach,250.

Colonies agricoles, par Bartels, 112.

COMMISSURE (du cerveau), origine des

fibres de la antérieures, par

Popoff, Flechsig, 83 ; -trajets des

fibres de la - postérieure, par

Darkschewitsch, 90.

Concours des médecins adjoints des

asiles, 130, 451; -, de l'internat

de Charenton, 139; - du bureau

central de médecine, 140.

Congrès des aliénistes de la Basse-

Saxe et de Westphalie, 102;

français d'aliénation mentale, 269.

Coqueluche, hémiplégie consécutive

à la -, par Moebius, 257.

Cordon antéro-laléral, par Gowers,

89; -rapport du corps rectiforme

ovules-postérieur, par Darks, Che-

witz et Preunci, 90.

Corps calleux, absence de - chez

un microcéphale, par Onufvowich,

93; - absence de - chez l'homme,

par Kauffmann, 265.

Crâne, nouveau diagramme du

par Benédikt, 265; - rapports

entre le -, et la région motrice,

par Goldstem, 43'r.

Criminels, séquestration des aliénés

, par Schoefer, 258; neuras-

thénique, par Krafft Ebing, 442,

dégénérescence psychique et to-

matique des -, par Kirn, 444.

CyNOSE hémilatérale de la face, par

Rosenbach, 247.

Cysticerque de la couche optique,

par Manasse, 242.

CYTISINE contre la migraine, par

Kroepelin, 264,

Dégénérescences descendantes, ex-

périmentales, par Bianchi et d'A-

brundo, 82; - après extirpation

des régions motrices, par Ztcheu,

87; de la substance blanche,

par Friedmann, 428 ; du pédon-

cule cérébral, par Vinkler, Jel-

gersma, 431, parSioli, 434.

Délire, électrique, 140; - de chi-

cane, par Muhr, 252 ; aigu, par

Buchholz, 441.

Démence, rapport de la paraly-

tique avec la syphilis, parSiemens,

110; - forme dépressive 1 évolu-

TABLE DES MATIÈRES 469

tions aigües de la paralytique,

par Buddeberg, 118; - guérison

d'un cas de aiguë par Daru-

bluetli, 257; - rapports de la-

paralytique avec le tabes, par

Westphal, 283; - fréquence de

la - paralytique, par Suell, 137.

Diabète, rapport du - et du tabes,

par Fischer, 239.

Diphtérique, anatomie pathologique,

de la paralysie -, par Krauss.

251.

Doute, folie du - par Kowalewsky,

102.

Dyslexie, cas de-par Bruns, 251.

Electrique, irritabilité des mus-

cles et des nerfs des nouveau-nés,

par \Vesphal, 95; - résistance-

du corps, Wattewille, 2G0;-bain

- par Gaertner, 21O; - machine

de Gloeser, par Lewandowski,

263.

El.LCTnODE de diffusion, par Adam-

kievicz, Pascbkis, Wagner, 262;

, par Hoffmann, 2G3. 0

Elixtro- Diagnostic, par Martius,

259, 2G 1.

Et.IdC1'ItOTlt4at.11'16, effets delà sugges-

tion , par Friedlander, 71.

Épilepsie, cas d' traumatique gué-

rie par trépanation, par Woelckers,

239; - cas grave d' - réflexe par

Eulenburg, 2f7; - rapports entre

certaines formes d' et l'excré-

tion d'acide urique,par Haig,255;

- Jacksonntenne, et folie, par : lfende1,258;-trépanation tardive

dans un cas d' Jacksonnienne,

par Boucher, 579; pathogénie

de l'attaque d' -. parBuiswanger,

37 ; psychique, par Gerstacker,

H3.

Epileptique, cas de tétanos chez un

- , par Camuset, 57; - durée de

la vie des - par Koehler, 76;

perversion de 1 instinct sexuel chez

les -. par Kowalenski, 109 ;

assistance des -, 143; - traite-

ment consécutif des - trépanés,

par Erluniger. 249.

Équilibration, troubles d' dans

deux cas de tumeur du lobe parié-

tal du cerveau, par Bernhein et Si-

mon, 69.

Ergotisme, conséquences de l'

sur le système nerveux central,

par Tuczek, 263.

Fièvre typhoïde chez les aliénés, par

Percy Smith, 102.

Folie, de l'adolescence, par Keay,

103; - syphilitique, par Urgulsaut,

106; guérison de la chi oui-

que, par Francis, 107; - morale,

par Campbell, 107; gémellaire,

par Euphrat, 110; circulaire

avec lésions anatomiques, par

Wollerner, 111 ; héréditaire, par

Roller 117, 282. impulsive, par

Fritsch, 252; - importance de la

mimique pour le diagnostic de la

- , par Sikorsky, 251;- poids du

corps dans les périodiques, par

Stark, 255; - épilepsie Jackson-

nienne et -, par Monde), 257;

guérison de la après opération

de cataracte, par Gaurans, 273;

puerpérale et amnésie, par Sé-

glas et Sollier, 273, 386; trau-

matique, par Dubuisson, 278;

dans les prisons, par Bayol, 279;

thérapeutique locale dans ses

rapports avec la -, par Edel, 287;

de l'enfance, par Kelp, z

induite, par Joerger, 442.

Galvanique, mesure de l'irritabilité

quantitative par Remack, 95.

Génital, inversion du sens -, par

Kriese, 439.

Genou, phénomène du genou, par

Pelizcens, Zenner, 76, Westphal,

92; - hydropisie intermitente du

, par Pierson, Rosenbach, 214.

Hallucinations, pseudo. - par

Hoppe, 253; - localisation des- z

hypnagogiques, par Fuchs, 441.

chez les personnes saines, 457.

Iléucavorsrc, alexie avec- homo-

nyme droite par Bruns et Schult-

ze, 250; -larérale due à la com-

pression d'une bandelette optique,

par Sigaud, 430.

Hémiatrophie faciale, par Mendel,

243 .

Hémiplégie, alterne, par Proskauer,

75 ; - consécutive à la coquelu-

che, par Moebius, 257.

Homicides (enfants), 300.

Ilroscwe, action du chlorhydrate d'

par Konrad, 265.

Hyperiotrose unilatérale, par Fried-

lauder, 242.

Hypnotisme, théorie de l' - et de

l'hystérie, par Kurella, 74 : in-

terdiction des séances publiques

470 0 TABLE DES MATIÈRES

d' en Belgique, 141 ; - dans s

les hôpitaux de Paris, 1 ! t2;- em-

ploi thérapeutipue de l' - par

Nonne, 2Gt; 'séances publiques

d' ? 301; -comme anesthésique,

301; restriction de l' 1-ois-

dres, 302, 10. -

Hystérie, thérapeutique de l' - et

de la neurasthémie, par Laufe-

nauer, chez l'homme, par

par Clan;, 80, Pollack, 211-rap-

ports de l'alcoolisme avec l'-

par Colu, l12 - ce qn'il faut en-

tendre par-, par : \Ioebius, 2'il

Hystériforme, symptômes - dans

la svphvlis cérébrale, par MOI'aw-

sil : . `3f0.

Hystérique, bégaiement-par Bal-

let et Tissier, 1; - pseuclo mal

de Post -. par Au dry, 70; tu-

berculose du larynx comme subs-

tratum de la boule hepténique,

par Langreuter, 74; migraine

ophthalmique -, par Babinski,

305.

fl1'STI3ROTRAUIfATIS\ ! E et choc ner-

veux, par Sérieux, 231.

Idiote, cicatrice du cerveau chez

une cLroniq ue,parJenen, 2Gî.

Idiotie consécutive a l'application 1

du forceps, par Koch, 2a6-atio-

phie thyroïdienne dans l' -, par

fortiief, Sollier, 2ï2;-myxodé-

mateuse, par Bourneville, 273.

Imbéciles, suicide chez les -, par

Cobbold, 103.

Impulsions et obsessions chez un en-

fant de dix ans, par Berger, 257;

temps de réaction des volon-

taires, Orchansky, 429.

Incendie dans les asiles, 455.

Induction, vraie théorie de 1' , par

Davies, 262.

Infirmerie (des) et les aliénés, 455.

1,-iFI,UL ? ZA, psychoses consécutives à

l' -, par Munter, 284.

Insolation, atrophie des fibres du

cerveau à la suite d ? par Cra-

mer, 115.

Instinct, perversion de l' sexuel

chez les épileptiques, par Kowa-

lenski, 109.

Intoxication, paralysie générale et-

par Charpentier, 208.

Ivresse au point du vue légal, 455,

4;¡G.

Ivrognes (asiles pour les), 457.

KI)1ÉSIOETlIÉSlor.JÈRE, par Hitzig, 433.

Langage réflexe, par Robertson, 94.

Langue, convulsion idiopathique de

la , par par Bern-

hardt, 245..

Larynx, tuberculose du comme

substratum de la boule hystéri-

que, par Langrenter, 74.

Localisations cérébrales, par Fer-

rier 403.

Martyrologe de la psychiatrie, 4 : "2.

Mélancolie, par Saury, 291; ré-

sistance électrique dans la-, par

29); - suicide, parBiaute,

436 : érysipèle ayant agi sur

une -, par Uinter, 'iî3.

Mémoire, affaiblissement général de

la - , par Freund, 4tU.

Méningite cérébrale, par Scltulz,

80.

Mentales (maladies), classification

des -, par Kahlbaum, 440.

Microcéphale, absence de corps cal- 1-

feux Ichez un -, par Omfrovicz,

93. '

Migraine, cytisine contre la -, par

Kl'oepelin : 26l·; - ophthalmique

hystérique, par Babinski, 305.

Mimique, importance de la pour

le diagnostic de la folie, par Si-

Lorsiiy, 2af.

Moelle '1¡I'IJi,HE, anatomie patholo-

gique de la -, par Francotte, 46;

action du seigle ergoté sur la-

des animaux, par Gl'nenfeld, 7-Í;

trajet profond des fibres radi-

cuiaires postérieures de la-, par

ltossolimo, 83; - cordon antéro-

latéral de la -, par Gowers, 89 ;

hétérotopies de substance grise

dans la-, par Krontllnl, 267;

anatomie de la moelle et du bulbe,

par Wagner, 427; irritabilité des

fibres nerveuses de la des ani-

maux nouveau-nés, par Beclite-

reu, 431.

Nécrologie, 142, 453, 157.

Nerfs, origine du trajet du - ac-

cessoire de Willis, 88 ; para-

lysie du sus-scapulaire, par Hoff-

mann, 240 ; - parésie bilatérale

du pathétique, par 2'il ;

paralysie du péronier, par

l3ernharcÎt, z extirpation du

vague, par Uees, 483 ; trajet

central des sensoriels, par

TABLE DES MATIÈRES /,il

Flechsig, 8f;- trajet du goût,

par Zeuker, 269.

Nerveux, coloration au carmin du

tissu, par Upson, 268.

Nia «asthénie, thérapeutique de e

l'hystérie ut de la par Kaufe-

nauer, 74 ; - et 1),itlioplioliie, par

Kowalewski, 257.

NI : UItOI'.1TIIOLOnIyUI : S (communica-

tions, par Bernhardt, 238.

Névrite, multiloculaire et ataxie.

par Struempell, Jemlrassilc, 73 ,

avec troubles psychiques, par

Korsakow, î : 4; ascendante a \ec

paralysie réflexe de la moelle, par

'l'Ilissen, 2H; - troubles men-

taux dans la - alcoolique, par

'J'illlig, 443.

Névropathes, complexes rare chez

les par Schultze, 2z-9.

Névrose, nature infectieuse des

par Herzog, 73 ; traumatique,

par Bruns, 112 ; - peu connue

des extrémités, par Bernhardt,

237.

Obsessions, et impulsions chez un

enfant de dix ans, par Berger, 257 ;

spéciales chez une héréditaire, par

Bouclier, 280.

Olfaction, appareil neneux central

de l' - par 1'rolarll, 335.

OPII1'lI.IUIOPI.\ : : GlE EXT ! .HE, pal' Sll'll-

empell. 71 ; Boetligel', 71; - lo-

caltsation de l' - par Moebills,

427.

Opium, fumeurs Il' - 390.

Pachymémnciih chez les aliénés, par

Wiglesworth, 97.

Paralysie, isolée du regard en haut,

par Thornsen, 72; - par com-

pression du bras, par Scheiber,

78 ; pseudo-bulbaire, par Otto,

116; - consécutive dl l'empoison-

nement parla vapeur de charbon,

par Boulloche, 212 ; faciale il re-

pétition, par l\loeblus, 2'rG ; - cas

insolites de saturnine, par

I\loebius, 248, par Krauss, 266.

(Voir nerfs.)

Paralysie loÉ11ÉILILE, état des fibres

a myéline du cerveau dans la -

par Zacher, 87 : syphilitique,

par Brie, 119; - et syphilis, par

Thomssen, 119, Zieben, 25 ; -

anatomie. pathologique de la -

par Kronthal, 253 ; casuistique

de la par Acker, 2.')4 ; etio-

logie de la par Dublisson, Ré-

gnier, Régis, Cullerre, Voisin, 270;

urine dans la par Laillier,

272 ; conjugale, par Cullerre,

277 ; et intoxication, par Char-

pentier, 288 ; avec tabès, par

Struempell, ;1; - marche et

etiotogie de la par Ascher, 442;

température dans la par Rot-

tenblller, rf3 ; et aphasie, par Ro-

senthal, 414.

P.nl,woocl.ows, par Schultze, 78.

P III 111\ OTO'IE congénitale, par Eu-

lellburg, 70.

l'.nl woï , idées présomptueuses de

la -, par Snell, 113.

Patiiopiiohie et neurasthénie, par

KowalewsllY, 257.

Pédoncule, dégénérescence totale

du pied d'un par liossolymo,

94.

Pc«cl : eTUUl.rrt; ditPérentielle,par \len-

delsohn et nluller Lyer, 356.

P1 : «cr : orlovs wu.a'r«u.s d'excita-

tions doubles, par Bruns, 96.

Phosphore et ses préparations, par

Yvon, 65.

Phtisie pilmonaiiu : chez les aliénés,

par Snell, 255.

Pineau : (glande), tumeur de la

llar chlllz, S0 : - auatolnie de la

par Darksjhewitsch, 93.

Polarisation dos tissus animaux,

par Danion, 263.

Poltl : \CÉl'lIALI(i et pseudo-pareucé-

phalie. par DubUisson, Deny, Sol-

lier, 278.

1'01"1' (mal de), pseudo-hystérique,

parAudry, 70; gastralgie dans

le - par Buch, 7a. 75.

Protubérance (Tubercule de la), par

Bruns, 80.

Psychiatrie, cas de la clinique de-

de Prague, par Pick, 439.

Psychiqui : (Faiblesse) par Wit-

towsln, 8t; troubles dans

l'armée, par Dietz, 135 ; affai-

blissements congénitaux, par

rie Krallt-Ebing. 253, 44t.

Psychoses, actions des atfections

fébriles sur le par Wagnpr,

109; - dans le tabes, par Hebold,

25S ; -consécutives l'infiuenza,

par Munter,284; tranformation

- de - par Nasse, 438; de la

sénililé, 1r 1 uerstner, +0 ; -

propeptonurie dans les - par

Koeppen, 441.

Pulu.l.n«rs, interprétation des

472 TABLE DES MATIÈRES

symptômes par Heddoeus, 76 ;

forme spéciale de troubles

par Salgo, 239 · - immobilité ré-

flexe, par Mebius, Heddeus, 430.

Quartiers de surveillance continue,

par Foetz, 136. i

Racines, anatomie des médul- 1

laires, par Siemerling, Si.

Réactions ni : dégénérescence , par

Rosenback, SeLtscUerbal : , 90.

Réflexe, massétérien, pal Watte-

ville, 72; - localisation du

patellaire, par Krauss, 92.

Résistance électrique, du corps,

par Watteville, 260 ; dans la

mélancolie, par Séglas, 292.

Responsabilité, morale, par Glaser,

256; atténuée, par Jolly, 438.

Révolte à la sûreté de Blcêtre 137 ;

- à Ville-Evrard, 288.

Salivaire (sécrétion); par excitation

de l'écorce, par Eckhard ; Bech =,

teren, 85, 132, par Misslawski,

432.

Saturnisme, chronique avec épilepsie

en folie, par Ruxton, 101.

SCIATIQLE, complication spéciale de

la -, par Grinion et Parmentier,

145.

Sclérose EN PLAQUES, par Bruns,

Berkhan, 112.

SENS musculaire, par Hitzig, 133.

Simulation des troubles psychiques,

par Fuerstner, '3G.

Société, française de tempérance

141 ; médico-psychologique,

111, 287 : psychiatrique de Ber-

lin, 114, 282; psychiatrique de

la province du Rhll1, 118.

Sourd-muet, anatomie de l'encéphale

du -; par Waldschmodt, 92.

SPASMES rythmiques du sterno-mas-

troïdien, chez une hystérique, par

Bitot, 436.

SPHYMOGRAPIIE, observations avec le

- chez les aliénés, par Greenless,

100.

SPONDYLARTHRITE synoviale, par Cas-

pari, 249.

Suggestion, effets de la en élec-

trothérapie, par Friedtander,14;

sur la-, par .Jeudrassik, ` ? i2=

Suicide, chez les imbéciles, par Col-

bold, 103; - d'un enfant de dix

ans, 143.

Surdité verbale, aphasie avec,

par Rosenthal, 78.

Syphilis, rapports de la - avec la

démence paralytique, 110; et

paralysie générale, par Thornsen,

par Zichen, 251 ; - symptômes

hystériformes dans la - cérébrale,

par Morawsik, 240.

Tabès .1T.1\0-SI'AS : IfODIQLG dans la dé-

mence primitive, par Stewart, 101.

Tabès dorsal, symptômes auricu-

laires, laryngés et pharyngés dans

le -, par Marina, 73 ; rapports

entre le et le diabète sucré, par

Fischer, 239 ; mouvement as-

socié dans le -, par Stristzing.

243; -disparition du phénomène

du genou dans le-, par Goldflam,

2a1; psychose dans le -, par

Hebold, 258; rapports du et

de la démence paralytique, par i,

Westphal, 283; avec paralysie gé-

nérale, par Struempell, 441.

Tendineux, des phénomènes , par

Watteville, 248.

Tétanos, chez un épileptique, par

Camuset, 57.

Thomsen (maladie de), par Fischer,

77.

Thrombose, de la carotide gauche,

par Proskauer, 77.

Tics, maladie des et tremblement

de la tête et des membres gauches,

par Grasset, 27. 187; étiologie

du consultatif, par Buss, 95.

Trapèze, absence bilatérale du -,

par Erb, 71.

Tumeurs cérébrales, par Oppcn-

hein, 74.

Urique, excrétion de l'acide dans

certaines formes d'épilepsie, par

Haig, 255.

Vessie, centres du cerveau comman-

dant aux mouvements de la -,

par 1111sslawsl¡y, 266.

Vision, champ visuel eutoptiqne dans

la hallucinatoire, par Hoppe,

96; - troubles de la - et lésions

du lobe occipital, par Mooren,

434.

'Zones épileptogènes, par Homen,

1 246.

TABLE DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS

Alhundo, 82.

Acker, 254.

Adamkievicz, 262.

Alt, 259.

Ascher, 442.

Athanassio, 445.

Audry, 70.

Babinski, 305.

l3allet, 1.

13artels, 110, 113.

Batemau, 444.

Bayai,279.

liechterew, 85, 'r31, 132.

Benedikt, 121.

Beneztir, 445.

Berger, 257.

Berkhau, 112.

Bernhardt, 237, 238, 245, 250, 252.

l3ernteim, 69, 70. -

Blanchi, 82.

Biaute, 436, 437.

liiiiswanger, 437.

Iiiscons, 29.

Bitot, 436.

131ocq, 122, 125, f5, 416, ! r'r7.

Baettiger, 75.

Boucher, 279, 280.

Boiilloche, 212,

Bout'guet,121.

lJoul'l1eville, 273,276, 151, lb2, 460,

461. -

Brie, 119.

Bru, 128.

Bruhl, 129.

Brunet, 276.

Bruns, 80,96,112,250, 251.

Buch, 75.

Buchhol, 41l.

Buddeberg, 118.

Buss, 95.

Campbell, 107.

Camuset, 57.

Caspari, 217.

Csatarv,416.

Charcot, 291, 454.

Charpentier, 130, 275, 276, 288.

Clark, 80.

Cobbold, 103.

Colin, 112.

Cramer, 115.

Cullerre, 270, 277.

Danioz, 263.

Darkschewitz, 90, 93.

Davies, 262.

Dees, 88, 433.

Deny, 70, 71, 279, 130, 36,437.

Dielz, 135.

Dinter, 443.

Dornbluelh, 257.

Dubuisson, 270, 278.

Dudley, 98.

Ecldlard, 85.

Edel, 287.

Ehrenwall, 119.

1 ? rl, 71, 9 f.

N : rleumeyer, 239, 245, 445.

Eulenhl1rg, 79, 217.

Euphrat, 110.

Falret, 126.

Faucher, 281.

Féré 124.

Ferrier, 405.

Fischer, 77, `339.

Flechsig, 83, 84.

Francis, 107.

I'rancutte, 46.

Frank, 442.

Freund, 90, 140.

Friedlander, 171, 241.

Friedmann, 428.

Fritsch, 252.

Fuchs, 441.

Fuerstner, 436, 440.

474 TABLE DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS

Gacrtnpr, 260.

Gauran, 273.

Gausler, 110, 13 ?

Gerstacker, 443.

Giraud, 275.

Glaser, 256.

Goldfleau, 251. -

Gollstein, 240, 131.

Gowers, 89.

Grasset, 27, 120, 187. 291. i.

Greculess, 100.

Gruendfeld, 7'r.

Guinon, 145, 1115.

Haig, 255.

Heb'old, 258.

Heddoeu, 96, 253.

Ilorzog, 73.

Hitzig, 433.

Hoffmann, 240, 263.

Homen, 246, 266.

Hoppe, 96, 253.

Janet, 120.

Jelâer,ma, 431.

Jeudrassik, 73, 242.

Jensen, 267.

Joerger, 4'r2.

Jolly, 438.

Kahlbaum, 440.

Kauftmann, 467.

Kay, 105.

Kelp, 438.

Keraval, 71. 72, 73, 7 É, 7,ï, 6, 77,

78, 79, 80, 83, 8Í, 83, 86, 88, 88,

89, 90, 91, 92, 93, 9Í, 95, 96, 97,

109, 110, 114, 120, 238, 239, 240,

2'rl, 212, 2f3, 244, 245, 216, 247,

2Í8, 219, 250, 251, 2J2, 253, 2Ji,

255, 256, 257, 258, 259, 260, 261,

262, 263, 26Í, 265, 256, 267, 268,

269, 290. 29î, 427, 428, 129, 431,

432, 433, 43Í, É35, 438, 439, 4ÍO,

441, 412, 443, iil.

KirscLo(is, 135.

Kirn, 444.

Koch, 256.

liochler, 71.

Koeppen, 265,441.

Konrad, 265.

Korsakon, 73.

Kovalewslcy, 102, 109, 257.

Krafft Ebing. 253, H2.

Kraus, 92, 266.

Kriese,439.

Kra·,peliu, 2GI.

Kurella, 71, 251, Í3\J.

Laillier, 272.

Laucentes, 74.

Lagl'ie., 243.

Laufenauer, 74.

Letourueau', 122.

Lewanluwski, 263.

f.lr, 115.

Manacéinu, 127.

Manasse, 242.

.Marina, 73.

Marti us, 29, 261.

Mendel, 243, 257.

Jlendelssolm, 356.

Meschede, 105.

àleyer, 113.

jlegmert, 432.

Jlisslawskv, : ! üü, 12.

Moebius, ` ? 0.21L, 216, 248, 257, 427,

430.

M oo ren, 43 i.

Morawsik, 21o.

llordret, 2î2, 27G.

jlorvan, 121.

llultr, 252.

Muller-Lyes, 356.

Munter, 284.

Musgrave Clay, 82, 9'r, 98, 99, 101,

102, 103, 101, 105, 106, 107, 109.

Nasse, 438.

'euentlorfl, 115. '

Nonne, 204.

Omefrovicz, 93.

Oppenheim, 74.

Orchansky, 429.

Otto, 116.'

Parmeutier, 1 r5.

Paschkis, 262.

Pelizoells', 76.

l'ercy-Smitli, 102.

Pick, 439.

Pierson. 2.'rr.

Poetz, 136.

Pollak, 251.

Popoff, 83.

Proskaller, 75, 77.

Haoutt, 124, 295.

Régis, 270.

Régnier, 270.

Remak, 95, 2f1.

Hieger, 291.

Robertson, 75.

Itoller, 117, 282.

Ron,lot, 121.

Hosenuach, 90, 244, 247, 250.

TABLE DES AUTEURS ET DES COLLABORATEURS 475

Rosenheim, 86.

Rosenthal, 78, 411.

Rossolimo, 83, 91.

Rottenbiller, 443.

Houillard, 285, 276.

Rousselet, 129.

Voyer, 436.

ltuxton, 10î.

Salgo, 239.

Saurv, 272.

5chaiber,7 8.

Schoefcr, 258.

Schuchardt, 71.

Schutscterbak, 90.

Schulz, 80, 264.

Schultze, 78, 118, 249.

Seltz, 429.

Séglas, 273, 292, 386.

Sérieux, 231.

Siemen. 110.

Siemerlinn, 84.

Si.,7au(l, 430.

Sikoskv, 254.

Simnn, 69, 70.

Sioli, t33. '

Sriell, 113, 255, 137.

Sollier, 125, 126, 127, 272, 273, 278,

296, 386.

Stark, 255.

Stewart, 101.

Stintziii- 1)13

Stmtlin, 250.

Struempelle, 71, 73, 441.

't'hisser), 244.

Thomsen, 72, 119.

Tiling, 443.

Tissier, 1.

Tôlard, 335.

Tuczek, 263.

Upson, 268.

Urgulsart, 106.

Velekers, 239.

Voisin (A.), 270.

Wagner, 109, 262, 427.

Walrischmidt, 92.

Watteville, 72, 218, 260.

Wendt, 115.

Westphal, 92, 95, 25.

Wiglesworth, 97, 98.

Winckler, 431.

Witkonski, 84.

Wollerner, 111.

Wuilff, 114.

Yvon, 65.

Zacher, 87, 251.

Zenker, 115.

Zomer, 76, 269.

Zichen, 87, 254.

EXPLICATION DE LA PLANCHE.

Ces figures qui se rapportent à l'observation 1 du mémoire due

M. Babinski ont été faites au pastel par le malade lui-même, artiste gra-

veur. Les numéros 1, 2, 3, r, 5, 6, 7, 8, 9, représentent, dans leur ordre

de succession, les différentes phases du scotome scintillant depuis son

apparition jusqu'à l'apogée de son développement. ·

Evreus 1 ? IIEI\ISSRV Imp - Il 00