La médiocrité et la pureté des mœurs ne permettait pas pour lors qu’on s’enrichît des dépouilles d’autrui ; les fortunes n’étaient point si subites ni si opulentes ; on ne voyait point tant de faste parmi des gens sortis de la lie du peuple, et aussi n’y voyait-on point tant de malheureux et d’oppressés. […] Le laboureur travaillait tranquillement, et nourrissait en même temps les peuples de son pays et les étrangers, en mangeant avec eux le pain qu’il recueillait ; le vigneron buvait une partie du vin dont il avait façonné la vigne, et du reste qu’il communiquait aux autres, en retirait sa subsistance ; le commerce fleurissait et rapportait des pays éloignés de quoi enrichir un peuple, qui ayant dans le sien surabondamment de tout ce qui est nécessaire à la vie, en faisait part à ces mêmes pays en échange de leurs trésors ; l’artisan y avait part en y envoyant les ouvrages qu’il avait travaillés de ses mains, et chacun vivait dans l’opulence, parce que chacun vivait dans l’innocence. […] Les peuples n’étaient point épuisés pour fournir à la subsistance des gens de guerre, et à la fabrique de mille inventions que les démons ont inventées pour la destruction du genre humain.
Je n’ai jamais vu de peuples plus malheureux que ces gens-là sans en excepter même les sauvages du Canada. […] Je le répète encore : je n’ai jamais vu de peuples plus misérables, quoique j’aie vu huit nations de sauvages dans le Canada. […] Il est inutile d’entrer dans le détail des abus qui y ont été reconnus, par lesquels on abusait de la bonne foi des peuples. […] Je vous ai parlé de la viande, le poisson y est bon et en très grande quantité, faisant presque lui seul la nourriture des deux tiers du peuple. […] Ce n’est pas le simple peuple qui fait ces sortes de mariage, ce sont aussi les plus considérables du Royaume.
Pourquoi ne pas abolir un pareil abus, dont le commun peuple est revenu ? […] Elle est décorée, & renferme une idole que ces peuples y adorent. […] Ce ne sont pas les hommes seuls qui profitent de la charité de ces peuples. […] Ceci est une preuve convaincante & certaine que ces peuples croient la métempsycose de Pythagore. […] Ainsi, les pasteurs ont le droit d’instruire les peuples, & les peuples ont le mérite de la foi.
Les peuples qui habitent sous les pôles sont privés de la présence du soleil pendant six mois de l’année ; mais, pendant les autres six mois, ils jouissent de son aspect sans interruption. […] Tous les peuples idolâtres des Indes suivent encore cette opinion. […] Cela prouve l’antiquité de cette métempsycose, et que plusieurs peuples l’ont crue. […] Tous les peuples du monde croient l’âme immortelle, qu’elle a toujours existé et qu’elle existera toujours. […] Ils ne se connaissent pas : je n’ai jamais vu de peuples plus malheureux qu’eux, sans en excepter les sauvages du Canada.
Certes, si Dieu avait prétendu qu’un seul homme eût eu l’usage de plusieurs femmes, il ne se serait pas borné à n’en créer qu’une pour Adam, il lui aurait encore donné d’autres compagnes ; et si par la suite des temps la multiplicité des femmes fut permise, ce ne fut uniquement que pour favoriser la multiplication du peuple ; mais non pas pour fomenter la concupiscence des hommes.
Il revenait un jour avec un de ses amis où il avait été dîner, et d’où il sortait avec lui dans son carrosse ; en passant dans une rue détournée, et dans laquelle il ne demeurait que du menu peuple, il vit entrer sa femme déguisée dans une maison de peu d’apparence, il eût eu de la peine à la reconnaître, et aurait cru s’être trompé, s’il n’avait pas vu sa femme de chambre avec elle.
Que quand je devrais être le plus pauvre et le plus malheureux gentilhomme de France, je ne m’abaisserais jamais à devenir le persécuteur du peuple et des paysans.