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2. (1691) Journal du voyage des Indes orientales (à monsieur Raymond)

Nous avons passé la Ligne enfin à deux heures après midi. […] Il a cassé la ligne et emporté l’appât et l’hameçon. […] Nous sommes presque sous la Ligne. […] Nous sommes à dix-sept degrés et demi[e] au sud de la Ligne. […] Nous sommes à 21 degrés de la Ligne ; nous allons à merveille.

3. (1691) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 2)

Le corps couvert d’ écailles grises, dures, larges de quatre lignes, & longues de huit ; plus faibles, plus petites & blanches sous le ventre. […] Le lecteur doit compter que n’y ayant aucun moyen de comparer dans les Indes le temps que nous avons mis à venir du tropique du Capricorne à la Ligne, & à aller du point de cette Ligne au tropique du Cancer, à cause des tours & détours, des séjours que nous avons faits, & des fréquents mouillages, n’ayant pas été & n’allant point encore le droit chemin ; que même nous ne passerons pas le tropique du Cancer parce qu’il donne sur la terre ferme de notre continent, je ne parlerai plus du tout pilote qu’après avoir repassé le cap de Bonne-Espérance, & que nous serons dans les mers d’Afrique. […] Du samedi 30 décembre 1690 Je n’ai point écrit depuis le six du courant, parce que j’ai toujours été extrêmement occupé, tant à terre qu ’à bord : à terre, pour demander ce qui nous était nécessaire, & à bord pour recevoir les marchandises que nous devons porter en France ; mais, ayant mis à la voile ce matin avant le jour, & ayant mes mémoires prêts sur mes tablettes & du temps à moi, je vais dire ce que je sais & que j ’ai appris, après avoir dit qu’un emploi d’écrivain est très facile sous les voiles où il ne faut que deux lignes par jour avec de la ponctualité ; mais qu’à terre c’est l’emploi le plus tuant & le plus fatigant qu’un homme puisse avoir lorsqu’il est d’humeur à s’en acquitter par lui-même sans s’en reposer du tout sur autrui. […] Le général du Mogol a plus de quatre-vingts canons de fonte de cent & six-vingts livres de balle ; &, malgré cette supériorité de forces & d’artillerie, Remraja l’a forcé d’abandonner ses lignes & ses retranchements ; &, suivant toutes les apparences, le contraindra d’abandonner le siège & de le lever tout à fait avec honte, & peut-être le battra dans sa retraite. […] Croient-ils que leurs relations ne repassent pas la Ligne ?

4. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVI. Suite de l’histoire de Silvie et de Sainville. »

Au lieu d’une lettre que j’espérais, je ne trouvai qu’un billet de deux lignes, qu’elle m’écrivait pour me faire excuse de ne m’avoir point tenu parole, sa mère ne l’ayant point quittée.

5. (1721) Mémoires

Monsieur Le Camus présenta à la bougie ce regitre ou plutôt le feuillet sur lequel la quittance était écrite, et remarqua que dans la somme écrite tout du long l’s avait été changé en d par une addition d’un trait de plume qui n’est que ceci, δ, et qu’à l’égard de la somme en chiffre tirée hors ligne qui doit être ainsi figurée 6 000, il[s] avaient avec la pointe d’un canif raturé la tête du six et en avaient fait un zéro, et avancé un point. avant ce zéro, si bien que le tout offrait dix mille livres. […] Tous les vaisseaux du Roi étaient à Brest au nombre de quarante-deux de ligne, et nous n’attendions que M. le marquis de Cœuvres qui venait de Toulon avec dix-huit vaisseaux pour nous mettre en mer. […] Instruit par ce moyen de la jonction des deux nations, il écrivit qu’elles étaient jointes, au moins de quatre-vingt voiles, qu’il n’en avait que quarante-deux, qu’ainsi il ne pouvait pas leur faire tête, mais que si le marquis de Coeuvres venait avec les dix-huit vaisseaux qu’il amenait, l’armée du Roi étant pour lors de soixante vaisseaux de ligne, il serait en état d’aller chercher les ennemis et même de les battre partout où il les trouverait. […] Les vaisseaux ne gouvernant plus, il fut impossible de se tenir en ligne ; et, pour le malheur de la France, les ennemis emportés comme nous par les courants étaient mêlés avec nous, mais avec cette différence que leur grand nombre les rendait toujours supérieurs, et qu’ils profitaient de l’avantage d’être toujours deux, trois ou quatre contre un, surtout contre l’amiral, qui s’est vu dans le centre du feu de huit vaisseaux anglais qui ne le quittaient point de vue et s’attachaient à lui avec d’autant plus d’opiniâtreté qu’ils croyaient que le roi Jacques y était, et qu’ils voulaient par sa mort ou sa prise assurer le repos de l’Angleterre et la couronne sur la tête de Guillaume III ; et ce fut en effet un miracle de ce que M. de Tourville n’y fut ni tué ni même blessé.

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