Elle me prit ensuite ; et lorsqu’après en avoir pris une autre, je voulus la rejoindre, je ne la vis plus. […] C’est le seul à prendre, repris-je. […] Je la pris à mon tour. […] Comment t’y es-tu pris, lui demandai-je ? […] Je l’attendrai s’il veut venir me prendre.
Il la prit, et lut ce qui suit. […] Pourquoi prendre si généreusement mon parti ? […] Je les pris avec un habit de ses livrées. […] Des Ronais la prit et lut ce qui suit. […] J’arrivai chez ma tante à Grenoble peu de temps après, parce que je pris la poste comme vous la prîtes ensuite.
Sitôt que nous fûmes ensemble, je pris la parole. […] Je le pris par la main, et l’emmenai. […] Nous ne fîmes pas semblant d’y prendre intérêt. […] Mais comment vous y prendrez-vous, repris-je ? […] J’aurais été l’y prendre, mais elle vint seule.
Il en est averti : qu’il prenne son parti ; le nôtre est pris. […] Elle tendit les bras au matelot qui le prenait : elle le prit, le baisa de nouveau & le rendit. […] Je serai grondé s’il est pris sur le fait. […] Les autres écrivains auraient bien voulu que j’en eusse pris & m’ont demandé pourquoi je n’en prenais pas. […] Le calme nous a pris.
Mon frère prit le deuil, et fit prier Dieu pour mon âme. […] Elle et moi devons prendre ici des mesures pour nous épouser sans éclat. […] Nous prîmes tous le chemin de Paris. […] Il approuva le parti qu’on prenait, il dressa une requête suivant son style. […] Ils le firent : on prit un autre carrosse pour eux, Du Val et moi.
Les deux de celui de lundi furent pris avec lui. […] Vous le prenez bien haut, m’a-t-il dit. […] Pour qui prenez-vous un équipage breton ? […] Autant de pris : je ne comptais que sur un. […] Le calme nous a pris, et la mer est très agitée.
Nous en avons pris d’autre, ainsi je vais vous dire ce que c’est. […] Enfin je pris pour être friponné toutes les mesures qu’un autre aurait prises pour ne l’être pas. […] Ce qui est bon à prendre est bon à rendre dit le proverbe. […] Ces îles-ci sont pleines d’étangs et ruisseaux qui nourrissent du canage et du poisson à prendre à la main comme quelques-uns de nos gens en ont pris. […] Nous l’aurions pris sous les voiles, mais à l’ancre non.
Je la pris au mot, et la suppliai que ce fût dans le moment. […] Sa femme de chambre qui savait l’état où nous en étions, me les laissa prendre. […] Quel parti auriez-vous pris ? […] Je le connais trop bien pour prendre le change. […] On vous fera connaître le quiproquo demain à dîner ; le rendez-vous est pris.
Elle la prendra avec joie, reprit Angélique, pourvu que ce soit la dernière fois que vous l’obligiez de la prendre. […] La paraîtrais-je dans cet état que vous voulez que je prenne ? […] Que ferais-je pour soutenir l’état que j’aurais pris ? […] Elle y vit une fort belle bourse ; elle la prit sans réflexion. […] Je suis le Gauthier supposé dont vous avez tant pris d’ombrage.
Après quelques moments de silence Silvie prit la parole la première. […] La marquise la prit et lut. […] Il alla chez vous le lendemain et prit pour cela l’heure que vous étiez à table avec Madame votre mère. […] Je le rassurai, et nous jetâmes notre plomb sur cette lettre que je me chargeai de prendre. […] Nous ne savons point par quel moyen il a su la route que prenait son épouse, mais enfin il l’a su, puisqu’il l’a suivie et trouvée.
Après cela elle prit sa fille entre ses bras, et à force de caresses, elle lui arracha une partie de son secret et devina le reste. […] Elle perdit toute patience, entra brusquement dans la chambre, et prit à son tour le parti de sa fille. […] Sotain, qui n’ignorait pas les précautions que les Italiens prennent, se douta de ce que c’était, et crut que le Français en avait voulu prendre de pareilles ; dans ce sentiment il demanda à cette fausse veuve avec un ris forcé, si son mari lui avait fait présent d’une ceinture de chasteté. […] Enfin elle se défendit avec tant de pudeur, que le jaloux la prenait pour une véritable vestale, et des plus sévères. […] Votre mari a cru avoir pris, et a pris en effet toutes les précautions qu’il pouvait prendre.
Il gagna la forêt, où il alla se couvrir de ses armes noircies, croyant être si bien déguisé que le diable lui-même l’aurait pris pour un autre. Après cela pour mettre son cheval en haleine, il prit au petit galop le chemin de l’endroit où Sancho était en sentinelle. […] Lorsque la lassitude allait séparer les combattants, et que les spectateurs en eurent pris tout le plaisir qu’ils en pouvaient prendre, le duc fit partir son maître d’hôtel. […] Il était vêtu tout de blanc, et une grande simarre le prenait comme une aube depuis le col jusqu’aux pieds, qu’elle couvrait. […] Mais pour te faire prendre cœur par avance, suis Rebarbaran, ce satyre que tu connais déjà, il va te mener dans un endroit où tu ne t’ennuieras pas.
Sancho, après avoir écouté en mangeant et buvant la morale du bon curé sans l’interrompre, prit la parole à son tour. — Doucement, Monsieur le curé, dit-il, personne ne court après nous. […] Je ne veux pas prendre le paradis par famine ; les austérités ne sont pas pressées ; il y a du temps pour tout ; ne précipitons rien, et n’usons point imprudemment la vie que Dieu nous a donnée. […] Après cela tous ces nouveaux venus prirent congé et allèrent au château de Médoc faire tout mettre en état pour la réception qu’on avait préméditée. […] A peine son écuyer eut la bride en main, qu’elle prit à toutes jambes le chemin d’une petite rivière qui était tout proche, et où on avait coutume de la mener abreuver. […] On ne leur en demanda pas davantage, et toute la compagnie, c’est-à-dire les ducs et le comte espagnols, et les deux Français prirent le chemin de la plaine ; on chassa tout le matin avec assez de bonheur, et le soleil commençant à être ardent, on prit le chemin d’un petit bois pour se mettre à l’ombre.
La laitière qui lui en fournissait ordinairement lui dit qu’elle n’en prenait que la moitié de ce qu’il lui fallait, et qu’elle avait coutume d’en prendre, et lui demanda si elle en avait pris d’une autre. […] Les étrangers ne prennent point les espèces sur le pied de leur valeur en France ; ils les prennent au marc à leur coin et leur carat. […] Le dauphin prit prudemment son parti, et lui dit de le suivre. […] Pannetier, qui avait trouvé le secret de prendre M. […] Je parlerai ailleurs de ces prises.
Il en soupira de douleur ; mais comme le mal était sans remède, il résolut de prendre patience, et de le souffrir constamment. […] Elle est éveillée comme une potée de souris, et croit qu’il n’y a qu’à se baisser et en prendre. […] Le curé prit cet argent et se contenta de dire qu’il n’en donnerait pas un sol à personne sans son consentement. […] Sa fille voulut lui remontrer qu’elle ne s’y prenait pas bien. […] Thérèse le prit par les pieds de derrière, et brisa de la tête le visage de son mari.
Parafaragaramus prit un siège le premier, et les obligea de s’asseoir. […] Il le prit donc, et y lut qu’il était arrêté que cette princesse serait religieuse. […] Parafaragaramus s’en mit en colère, et lui demandant s’il le prenait pour un Bohème, lui dit : Ne sais-tu pas qu’il y a des choses à dire et d’autres à celer ? […] Si je vous voyais plus longtemps je ne ferais que me rendre malheureuse, ainsi permettez-moi de prendre de vous un congé éternel. […] Le chevalier le prit après quelque difficulté en lui baisant la main et en mettant un genou à terre.
L’intérêt qu’il prenait dans la santé de Silvie ne lui permettait pas de demeurer longtemps sans en apprendre des nouvelles, et c’était lui qui envoyait l’hôtesse s’en informer régulièrement deux fois par jour. […] Le chirurgien avait avancé les choses sans en parler ni à l’hôtesse ni à ce prétendu valet de chambre, dans la prévention où il était, que n’ayant plus de maître, il ne ferait aucune difficulté d’en prendre un de sa nation, que son bonheur semblait lui présenter dans un pays où vraisemblablement il ne devait pas espérer d’en trouver. […] Ce conseil étant le seul à prendre et le meilleur à suivre, Silvie s’y arrêta, mais elle n’eut pas longtemps à garder le secret. […] Valerio lui dit les termes où Sainville et Silvie en étaient ensemble, et ne lui conseilla pas de s’y obstiner, parce qu’outre le chagrin qu’il en aurait, il ne prendrait que des peines fort inutiles. […] Le comte Valerio fut prié de dire par quelle aventure il connaissait ces deux Français, et il le fit en disant qu’en passant une fois de Barcelone à Naples sur une galère d’Espagne, il avait été attaqué et pris par une galère française commandée par Sainville, de qui il avait reçu un traitement si honnête et si généreux, qu’il s’en ressentirait toute sa vie.
Occupé de ces pensées chimériques, et croyant que Sancho avait pris un autre champ de bataille, il s’assit au pied d’un arbre, où il s’abîma dans ses rêveries, et n’en fut retiré que par le bruit des coups de pistolet que Deshayes et son valet avaient lâché. Ces armes-là n’étant pas de la Chevalerie errante, il ne savait quel parti prendre, parce qu’il était à pied ; mais le cliquetis des épées lui faisant connaître qu’il n’y avait pas d’armes à feu à redouter, il se leva, et vit, non sans indignation, un combat si inégal. Il ne balança pas un moment à prendre son parti, et sautant promptement sur un des chevaux qui était sans maître, il vint se fourrer dans la mêlée. […] Cela dit, il remonta à cheval, et voulut prendre sa course, mais sa monture qui n’en pouvait plus tomba sur le nez, et lui aussi, avec tant de bonheur pourtant qu’il ne fit que s’écorcher les mains qu’il avait heureusement portées au-devant de lui en tombant. […] Le duc vit bien que le seul parti qu’il y avait à prendre était celui de les porter toutes deux dans son carrosse jusqu’au lieu le plus proche.
Il la prit, mais n’y ayant point de nom, elle eut la présence d’esprit de prendre tout d’un coup son parti, et de dire qu’elle écrivait à un parent. […] Il ne sortit de cette maison que fort tard et longtemps après eux ; et ayant rêvé longtemps au parti qu’il avait à prendre, il commença, sous prétexte d’incommodité, à faire lit à part ; mais sa plus grande mortification fut les caresses dont sa femme l’accabla. […] Le bonheur qu’elle a d’être votre fille lui a sauvé la vie, que je pouvais me sacrifier sans en craindre les suites ; je vous la remets pour en faire tout ce qu’il vous plaira, vous assurant que je n’y prends plus aucune part. […] Après cela Verville sortit, et dans la crainte où il était que Cléon et Justin ne changeassent de sentiment, il ne passa chez lui que pour prendre de l’argent et monter à cheval ; et depuis ce temps-là il n’a pas remis le pied dans la province, et n’a eu garde de l’y remettre tant qu’il a vécu. […] Cléon ne prit que le temps d’écrire à la Supérieure de ce couvent qu’ils partaient, et de quelle manière elle devait la faire sortir pour qu’elle vînt les trouver dans l’hôtellerie qu’il leur indiqua.
Le lutin prit donc la parole, et l’adressant à Sancho lui-même : Je ne veux, lui dit-il, pour témoin de ce que je vas dire que toi-même et l’illustre Don Quichotte. […] Après cela il arrêta un moment, et Sancho qui croyait en être quitte prit ce temps-là pour dire à son maître, que les juges d’enfer ne sont pas si diables qu’on le dit, puisqu’ils entendent raison. Mais, reprit Rhadamanthe en le regardant d’un visage affreux et le faisant trembler, je trouve que les démons accusateurs ont pris le change, et qu’au lieu de s’attacher à des faits graves, ils n’ont objecté que des minuties. […] Ils le prirent donc encore, et deux lui tenant la tête comme quand on lui avait arraché la moustache, les deux autres prirent chacun une bande de papier qu’ils roulèrent en flèches, et en ayant allumé un bout, ils le mirent dans leurs bouches, et l’autre dans les narines du patient, et soufflèrent chacun leur camouflet à perte d’haleine, ce qui était capable de faire crever un cheval, et qui fut aussi plus sensible à Sancho que tout ce qu’il avait encore souffert. […] Parle, perfide, est-ce ainsi que tu devais reconnaître les générosités du grand Don Quichotte, qui t’avait fait présent de deux ânons à la place de Rossinante que tu t’étais sottement laissé prendre ?
Leurs chevaux accoutumés à courir au feu prirent à toutes jambes le chemin du bruit et furent en un moment hors du bois. […] Tout désarmé qu’il était, il ne perdit pas le sens, et prit un palonnier qui était à terre, et s’en servit comme d’une massue si à propos, qu’il en assomma un des bandits qui faisait tête à Don Quichotte, et cassa les jambes de celui qui avait son épée, qu’il reprit tout aussitôt, et la lui passa dans la gorge. […] Don Quichotte qui venait de terrasser celui qui avait voulu tuer la duchesse. ne voyant plus qu’un homme en état de défense, et qu’il lui venait encore du secours d’un autre côté, se contenta de recommander de ne le pas tuer, et de le prendre vif, après quoi il se mit aux trousses du fuyard, qu’il eut bientôt atteint, et dont il eut aussi bientôt purgé le monde. […] De sorte que de ces six qui avaient voulu assassiner le duc, il n’y en eut que deux qui restèrent sur la place, et quatre autres qui furent pris en vie, desquels était celui à qui Sancho avait cassé les jambes. […] Il ne savait par où s’y prendre, mais sa vaine gloire ne lui permit pas d’avouer son ignorance.
Ils s’habillèrent, et voulurent sortir à pied et sans armes, mais il était encore trop matin, et le pont-levis n’étant pas baissé, ni les chevaux prêts, il fallut prendre patience. […] Personne n’a ici dessein de vous contraindre, mais avant que de vous en aller, il me semble que vous auriez dû prendre honnêtement congé. — Monseigneur, lui répondit Don Quichotte, je serais au désespoir qu’un autre allât plus avant que moi contre les ennemis, et si vous voulez vous en reposer sur moi seul, je me charge de l’aventure, et de purger la forêt des brigands qui s’y cachent. […] Tout beau, Chevalier, dit-il à son maître, prenons toujours, nous ne savons qui nous prendra ; un bon tien vaut mieux que deux tu l’auras ; ceci mérite bien que nous nous arrêtions un peu, notre bon ami Parafaragaramus est trop civil pour nous laisser partir à jeun, et si cela est aussi bon qu’il a bonne mine, nous ne ferons pas mal de boire un coup à sa santé. […] Il répondit, qu’après avoir quitté la comtesse, la peur ne lui avait pas permis de voir quel chemin il prenait, et qu’il était venu justement s’enfourner dans cette même caverne, où les voleurs s’étaient rassemblés peu de temps après. […] La longue traite qu’ils avaient faite pour se sauver, et le sang qu’ils avaient perdu ayant tout à fait épuisé leurs forces, ils furent pris vifs et remis entre les mains des gens du lieutenant, qui, avec du vin leur raffermirent le cœur, et après cela les firent porter dans une charrette, qu’on envoya quérir à la même prison où était Pedraria.
Cette partie avait été faite et liée exprès devant Sancho, afin qu’il ne crût pas que ce fût un rendez-vous pris à dessein, pour être témoin de l’aventure qu’on lui préparait. […] L’enchanteur qui gardait ces armes, était encore le maître d’hôtel même qui avait toujours joué le personnage de Parafaragaramus ; c’était un homme extrêmement grand, fort et robuste ; il était vêtu d’une grande simarre rouge, qui le prenait depuis le sommet de la tête jusques à la plante des pieds, ce qui le faisait paraître encore plus grand qu’il n’était. […] Il avait sur les yeux des lunettes ou des bésicles, telles qu’on en met aux enfants qui louchent pour leur redresser la vue, et Sancho croyait que c’était ses yeux qui lui sortaient de la tête ; au lieu de cheveux tressés, il s’était mis des peaux d’anguilles pleines de son, que Don Quichotte prit aussi bien que son écuyer pour des couleuvres. […] Cependant Sancho plus mort que vif, était presque prêt de fuir, et l’aurait peut-être fait, sans la ficelle qu’on avait mise à terre, et que des laquais cachés derrière des arbres tirèrent en même temps ; elle le prit par les jambes qui lui tremblaient déjà, et le fit tomber sur le cul et le dos, les pieds en l’air du côté de l’enchanteur. […] Sancho le prit par le corps et le terrassa sans peine, parce qu’il ne se défendait pas.
Don Quichotte aurait bien voulu prendre son cheval, mais voyant qu’il lui était impossible de le faire passer, il mit pied à terre et sauta dans cette fosse. […] Ensuite de cela Balerme le prit par la main, et le fit entrer dans une salle telle qu’il avait lui-même dépeint celle où il avait vu Durandar. […] Parafaragaramus lui dit qu’il n’y avait rien là de surprenant, et que des gens qui avaient été huit cents ans sans rien prendre, devaient avoir besoin de se remplir, et le convia de se mettre à table. […] Don Quichotte se releva, et avec son intrépidité ordinaire il prit la parole : Je ne suis venu dans ton empire, dit-il, que pour tenter les aventures et pour délivrer Dulcinée. […] Ce n’est rien pour un corps aussi gros, aussi gras et aussi potelé que le tien ; mais c’est toujours assez pour punir le soin que tu prends de ta carcasse.
Parafaragaramus qui n’avait point dormi et avait toujours écouté lorsque la Française fut interrompue, se tourna du côté de Sancho, et voyant sa belle posture, il lui prit envie de lui jouer une pièce. […] Monsieur le chevalier, reprit l’officier, Parafaragaramus est de nos amis ; vous l’avez pris pour un autre, ou quelque autre a pris son nom. […] Et ayant appris que ces dames et le gentillhomme dont il était question, avaient été attaqués le matin dans la forêt par des voleurs, Eugénie qui ne douta point que ce ne fût encore un coup de son beau-frère, comme en effet c’en était un, se crut obligée de lui offrir un asile dans son château, tant pour elle que pour sa compagnie ; ce que la Française ayant accepté, alla prendre ses dames, qui étaient la marquise, Silvie, et sa tante, et le blessé qui était Sainville ; et tous quatre s’étant mis dans le carrosse qui les avait amenés, et la damoiselle qui avait parlé, et deux filles de chambre étant montées en croupe derrière des cavaliers, ils suivirent le duc d’Albuquerque qui prenait le chemin du château de Valerio. […] La comtesse Eugénie ayant appris que ce blessé était l’époux de cette dame française, lui fit aussi prendre le chemin du château, où nous les laisserons aller pour retourner à Don Pedre que nous avons laissé aux mains avec le valet de Deshayes.
Il prit un des mousquets, et imitant le mieux qu’il put ce qu’il voyait faire aux autres, il le chargea de trois fois plus de poudre qu’il n’en fallait. […] La barbe, les sourcils, les yeux, les mains, tout s’en sentit, et le coup partant dans l’instant, le repoussa si bien, qu’il le jeta sur le dos les quatre fers en l’air, et le feu prit en même temps au reste de la poudre qui était dans la gibecière, si bien que le pauvre Sancho parut faire la cabriole au milieu du feu et des flammes, en criant comme un enragé. […] Son maître prit le mousquet qui était à terre à côté de l’infortuné Sancho. […] Tous ses gens le rejoignirent dans cet endroit, et par le compte qu’il fit des bandits, il trouva qu’il n’en était échappé aucun, tous les vingt-huit ayant été tués ou pris. […] Sancho à cause de l’infection des médicaments qu’on lui avait répandus sur le visage, et qui avaient coulé tout le long de son corps, ne fut point mis dans le carrosse, quoiqu’il en eût bien besoin, mais on le mit sur une espèce de brancard, et tous ensemble prirent le chemin du château de Valerio.
lui dit-il entre autres choses, toi dont la sagesse et la prudence connues par toute la terre sont cause que je t’ai pris en amitié, tu t’offenses sur une simple parole générale, lâchée sans aucun dessein de t’offenser ? […] demanda la marquise. — Non, non, Madame, répondit Sancho, ils sont trop heureux pour avoir des femmes, et ont trop d’esprit pour en prendre ; celui dont je parle est fils d’une maîtresse, et ces femmes-là sont commodes, car on les change quand on veut. — Je sais qui c’est, interrompit Don Quichotte avec tranquillité, c’est lui qui m’a emporté mon cabinet, où étaient les histoires de tout ce qu’il y a eu de chevaliers errants dans le monde ; mais que lui et son fils viennent quand ils voudront, je ne les crains ni l’un ni l’autre. […] Nos aventuriers s’éloignèrent un peu de ce qu’ils prenaient pour une gueule d’enfer ; mais ayant tourné la vue d’un autre côté, ils virent avec surprise un spectre qui venait à eux à travers le bois. […] Pour l’enchanteur Freston, c’était le même officier de Valerio, qui avait cette fois-là pris un masque représentant une face de démon chaperonnée de cornes. […] Il prit son épée, et l’ôta du fourreau sans aucune peine, et la laissa nue pour n’être pas pris au dépourvu.
Il prit la parole après le duc, et voici ce que Cid Ruy Gomez lui fait dire. […] La vengeance qu’ils prennent des amants de leurs femmes ne leur est pas plus honorable, parce que c’est ordinairement un assassinat. […] Le curé allait relever un raisonnement si captieux, et la dispute n’en serait pas demeurée là, si Sancho lui avait donné le temps de prendre la parole ; mais une pinte de vin qu’il avait dans la tête ne lui permit pas de garder le silence plus longtemps. […] Monseigneur Don Quichotte prend leur parti, parce qu’il n’en a pas, s’il en avait une il parlerait autrement. — Et comment en parlerait-il ? […] On ne la prendrait pas pour être toute de miel et de beurre ?
C’est par l’intérêt qu’il prend à ma gloire qu’il m’a conseillé de renoncer à la Chevalerie errante ; il sait ce qui m’arriverait si j’exerçais plus longtemps cette profession ; il veut me dérober au déshonneur que je ne pourrais sans doute éviter si je suivais le penchant que j’ai pour les aventures. […] Le héros de la Manche et son écuyer après avoir pris congé des dames, et avoir remercié la duchesse, prirent le chemin du Toboso, et couchèrent le premier jour dans une hôtellerie que Don Quichotte prit alors pour ce qu’elle était, et il ne leur arriva rien de particulier ; mais le lendemain s’étant remis en marche, et se trouvant sur le midi fatigués de la chaleur et du chemin qu’ils avaient fait, ils gagnèrent un bois fort épais qui pouvait être à trois cents pas du grand chemin. […] En disant ces paroles il prit son casque, le remplit d’eau, et le vida jusqu’à la dernière goutte.
Et à présent que je sais que vous n’avez point de retraite fixe, vous me feriez injure, si vous preniez un logement ailleurs que chez moi, où j’espère que vous serez logé avec assez de commodité, parce que comme j’ai cru me marier il n’y a pas longtemps, j’ai meublé une maison très vaste, et je suis seul qui l’occupe. […] Ce n’est qu’à cette condition-là qu’on m’a laissé venir ; et je ne veux rester ici qu’autant de temps qu’il m’en faut pour changer de linge et d’habit, et faire prendre ma mesure ; c’est pourquoi je vous supplie d’envoyer chercher votre tailleur. […] Je n’y ai pris au commencement que le seul intérêt de la curiosité, et ensuite un dessein effectif de rendre service à un fort honnête homme, si l’occasion s’en fût présentée. […] Silvie la lui écrivait de son convent, et lui mandait qu’elle avait pris ce parti, sans l’instruire du lieu. […] Je prendrai encore pour témoin Monsieur de Jussy, dont vous avez tant entendu parler.
Don Quichotte avait été frappé de cette réflexion, et avait aperçu tout d’un coup mille choses dont il n’avait pas voulu s’offenser ; il écouta toute la conversation sans rien dire, parce que le respect qu’il avait pour Eugénie l’empêcha de prendre le parti de la beauté de son imaginaire Dulcinée, que son écuyer mettait indifféremment avec les autres dans le mortier, pour faire du fard à cette comtesse. […] Don Quichotte, qui ne fit que se désarmer et s’appuyer sur la table dans une profonde rêverie, lorsqu’il vit que Sancho dormait profondément, se releva, prit ses armes et les noircit avec de la suie de cheminée et de l’huile qu’il trouva dans une fiole, et dont on se servait pour frotter le visage roussi de son écuyer. […] Il trouva de l’encre et voulut s’en servir, mais elle ne prenait pas sur l’huile. […] On y exalta encore sa valeur, et surtout son intrépidité, d’avoir osé en venir aux prises et corps à corps avec un démon armé de massue, de serpents et de couleuvres. […] La Provençale qui avait fait disposer toutes choses, le flatta de sa victoire sur l’enchanteur qui lui avait abandonné ses armes, et lui insinua que cet endroit était heureux, et qu’après y avoir vaincu un démon, il n’y avait pas d’apparence que des chevaliers lui résistassent : enfin elle le tourna si bien, qu’elle le fit résoudre d’aller y porter son cartel, et de prendre ce même endroit pour le champ de sa gloire, et la défaite des chevaliers.
Ensuite il voulut s’étendre sur ses louanges en particulier, et surtout sur la bonne grâce qu’elle avait à raconter quelque chose ; mais Don Quichotte prit la parole, et dit qu’il laissait le soin à Monsieur le duc des affaires de la marquise et de Silvie auprès du roi d’Espagne, mais qu’il se chargeait de les garantir des bandits, et qu’il irait les accompagner jusqu’à Madrid. […] Là-dessus il conta à son maître tout ce qui lui était arrivé, avec son ingénuité ordinaire, confessant qu’il avait éloigné le combat avec Parafaragaramus, parce qu’ils avaient fait la paix, mais que ce n’était assurément pas lui, mais que celui qui avait pris son nom lui avait joué ce vilain tour. — Je n’ai jamais lu, reprit Don Quichotte, que pareille aventure soit arrivée à chevalier errant ; mais mon enfant, il arrive tous les jours des choses nouvelles et surprenantes, aussi ne devais-tu pas entrer dans l’hôtellerie, ni quitter le champ de bataille, non plus que ton cheval, parce qu’un bon chevalier doit toujours être en état. — Ah pardi je vous tiens, interrompit Sancho, la pelle se moque du fourgon ; médecin guéris-toi toi-même ; t’y voilà, laisse-t’y choir ; à bon entendeur salut. — Que veux-tu dire, lui demanda Don Quichotte, avec tes proverbes entassés l’un sur l’autre ? […] Par exemple ; mon cher maître, étiez-vous sur votre cheval quand Parafaragaramus vous l’a pris, et vous l’a renvoyé dans la poche d’un nain chez Basile, où vous fûtes obligé de revenir à pied ? […] Don Quichotte embarrassé de ce que le nouveau chevalier venait de lui dire, prit un ton plus bas que celui de pédagogue ; Eh bien, San-cho, lui dit-il, il faut t’en consoler, puisqu’il n’a pas tenu à toi de faire autrement. — Je m’en console aussi, reprit Sancho ; mais… — Quoi, mais… ?
Il voulut prendre Dulcinée ; mais elle le pria de l’en dispenser, et parut toujours extrêmement triste, surtout en le regardant. […] Dulcinée prit la main de Don Quichotte, et les autres venant après eux, ils repassèrent dans la première salle, où Merlin avait paru en géant ; mais elle avait si bien changé de décoration, qu’il était impossible à nos aventuriers de la reconnaître, et ils n’y virent rien que de magnifique. […] On prenait une journée, chacun y amenait ses forces ; on combattait corps à corps, et la victoire finissant la guerre, était suivie de la paix. […] Il n’en est pas de même aujourd’hui, où l’on saute de l’un à l’autre uniquement parce que celui que l’on prend est plus riche que celui que l’on quitte ; cela aurait été regardé comme un homme qui aurait répudié une femme légitime à cause de sa pauvreté, pour s’attacher à une riche concubine, et vivre avec elle dans un adultère perpétuel.
Le duc de Médoc, qui avait un très grand fond de probité et d’honneur, écouta tout ce qu’on lui dit avec une patience admirable, et sans répondre un seul mot ; mais après qu’on eut achevé de lui dire tout ce qui se pouvait dire sur cette matière, il prit la parole, et après avoir remercié toute la compagnie en général du soin que chacun en particulier avait témoigné pour sa personne, il ajouta que s’agissant de rendre service au comte de Valerio, et de sauver l’honneur d’une des meilleures maisons d’Espagne, il n’aurait pas eu l’esprit en repos si lui-même n’y avait été ; que de plus, chacun se faisait dans le monde un point d’honneur et de probité selon son humeur ; qu’il avouait que la recherche qu’on faisait de gens qu’on destinait au gibet, offrait à l’esprit quelque chose de bas et de rebutant, qu’ainsi il ne blâmait point les Français de ne s’y pas commettre, parce qu’ils croyaient que cela était indigne d’un grand cœur ; mais que pour lui il était d’un autre sentiment et qu’il ne croyait pas qu’il fût plus indigne d’un prince de faire la guerre à des voleurs et à des bandits qui désolaient toute une province et ses propres compatriotes, que de la faire à des étrangers ; qu’il croyait même que c’était plus utilement servir sa conscience et le public dans une guerre de cette nature, que dans une guerre réglée, parce que les ennemis qu’on combat dans celle-ci, ne sont pas des ennemis particuliers ni domestiques, puisqu’on peut s’en défaire par un traité de paix ; mais que les autres sont des ennemis d’autant plus cruels, qu’ils ne sont retenus par aucune digue ; de plus que la guerre avait ses lois inconnues aux scélérats, et que les ennemis qu’on combattait dans une guerre de prince à prince, étaient presque toujours des ennemis contraints par la volonté et par l’ambition de leur souverain, avec qui la vie était sauve, ou du moins ne courait pas tant de risque, qu’avec les autres, qui non seulement n’épargnaient personne, mais de qui même leurs propres amis et les gens de leur connaissance avaient plus à craindre que des étrangers ; qu’enfin dans une guerre ouverte on était en état d’attaquer et de se défendre, et que l’on n’était jamais surpris qu’on ne dût s’attendre à l’être ; mais que les voleurs de grands chemins étaient des gens qui mettaient leur sûreté dans les surprises qu’ils faisaient aux gens qui ne se défiaient nullement d’eux ; et qu’en un mot c’était des ennemis d’autant plus dangereux qu’ils empêchaient le commerce et la sûreté, et qu’il n’y avait avec eux ni paix ni trêve à espérer que par leur mort ; enfin des gens universellement regardés avec exécration ; ce qui était si vrai, qu’en France même, où les gens de distinction tenaient cette chasse si indigne d’eux, les bandits et les voleurs de grand chemin étaient punis du plus long et du plus rude des supplices, et privés même de la sépulture. […] On ne voulut pas défendre davantage la négative crainte d’irriter notre chevalier, qu’on ne contredisait en rien, et pour qui on avait toute sorte de complaisance sur les sujets qui avaient quelque rapport à la Chevalerie errante, et pour ne pas en avoir de sujet chacun prît le chemin de sa chambre. Comme Sancho en confiant son butin à son bon maître de peur qu’on ne lui prît pendant son sommeil, l’avait prié de le compter ; Don Quichotte l’avait déjà fait, et lorsque Sancho commença d’ouvrir les yeux il le lui rendit, et lui dit qu’il y avait dedans plus de huit cents pistoles.
Elle continua par leur dire qu’elle ne savait de quelle manière s’y prendre pour en instruire Valerio, qui ne pouvait pas l’ignorer longtemps, à cause du prodigieux éclat que cela allait faire dans le monde, et elle leur demanda conseil sur ce qu’elle avait à faire. Le duc d’Albuquerque lui dit qu’il y avait pourvu ; que l’histoire que la Française leur avait racontée le soir, lui avait donné l’idée de ce qu’il avait à faire ; c’est-à-dire de mander au duc de Médoc qui était son parent, l’état de toutes choses, et le prier de venir lui-même sur les lieux mettre ordre à tout par son autorité ; ce qu’il pouvait facilement, étant gouverneur de la province ; qu’il ne doutait pas qu’il ne lui accordât sa demande, et que quand il y serait, on prendrait avec lui des mesures pour faire en même temps tout savoir à Valerio, et ne rendre public que ce qu’on voudrait bien qui fût su pour mettre l’honneur d’Octavio et de Don Pedre à couvert, et que jusqu’à son arrivée, on ne devait faire autre chose que tâcher de divertir le comte Valerio, et avoir soin des Français qui étaient dans le château. […] Sa tante lui avoua que croyant bien faire, et ignorant les sujets qu’elle avait de fuir Deshayes, c’était elle qui l’avait averti du chemin qu’elle prenait, et qu’elle lui avait écrit pendant qu’elle parlait à l’abbesse du couvent où elle avait voulu entrer, qu’enfin elle lui avait écrit de Toulouse même qu’elles partaient pour Madrid ; mais qu’elle ne s’en repentait point, puisqu’en cela elle n’avait fait que lui procurer le moyen de faire une fin plus belle que celle que ses actions pouvaient lui attirer.
Les Espagnols prétendirent que ce peu de confiance, ou plutôt cette jalousie, était nécessairement fille de l’amour, et qu’il n’y avait qu’elle seule qui la fît naître ; qu’une preuve de cela est, que nous laissons faire avec indifférence tout ce que veulent faire des gens auxquels nous ne prenons nul intérêt, et qu’au contraire les gens que nous aimons ne font aucune action qui ne nous intéresse, et à laquelle nous ne prenions part en effet. […] Et qu’il y avait très assurément des femmes en Espagne, aussi bien qu’en France, qui seraient toute leur vie restées sages et fidèles, si leurs maris ne leur avaient pas eux-mêmes inspiré l’envie de justifier leurs ombrages et leurs jalousies, et que très assurément le meilleur parti qu’un homme marié pouvait prendre, était de ne témoigner à sa femme aucun soupçon ; et pour soutenir leur paradoxe, ils citèrent les vers de l’Arioste que je ne rapporterai pas, mais bien la traduction ou la paraphrase faite par Monsieur de La Fontaine. […] Ils dirent qu’il était vrai qu’on ne voyait point de Français s’empoisonner, se poignarder, ou se pendre, pour avoir eu le malheur de n’avoir pas épousé une vestale, et que sauf le respect de tous les Espagnols en général, et des Portugais en particulier, ils regardaient comme des fous ceux qui étaient assez sots et assez malheureux pour en venir à ces extrémités ; que la manière de France sur un pareil sujet était sans doute plus raisonnable, puisque c’est être en effet extravagant, que de se punir des péchés d’autrui, et qu’à le bien prendre la mauvaise conduite d’une femme ne devait être imputée au mari qu’autant qu’il la souffrait sans y mettre ordre lorsqu’il le devait et autant qu’il le pouvait ; que du reste un homme n’en devait pas être regardé comme moins honnête, quoiqu’il eût une femme libertine, pourvu qu’il eût fait en homme d’honneur ce qu’il devait pour la ranger à la raison, pour sauver les apparences, et pour éviter l’éclat et le scandale, dont tout ce contrecoup et la honte retombait sur lui, lorsqu’il faisait le moindre faux pas.
Pour la lui faire trouver meilleure, on lui en fit mille difficultés ; et enfin le Français ardent comme un Français, offrit un si beau présent, que le valet espagnol le prit au mot, et crut assez gagner au change, en lui donnant en même temps les mémoires de Ruy Gomez et ceux d’Henriquez. Quoique l’Espagnol crût avoir pris le Français pour dupe, celui- ci ne se crut point trompé ; et en effet, s’il l’a été, ce n’est pas de beaucoup ; du moins, supposé qu’il ait fait une folie, le public lui en aura obligation, étant très certain que sans lui les mémorables aventures de l’incomparable Don Quichotte, et celles du chevalier Sancho Pança, ci-devant son écuyer, seraient restées dans l’oubli, quoiqu’elles soient dignes de la curiosité des gens qui n’ont rien de meilleur à faire que d’employer leur temps à une lecture fort inutile, sans en excepter la morale du savant Don Quichotte, dont personne ne profite, ou du moins très peu de gens.
Il fit prendre à l’officier de Valerio un entonnoir, qu’il fit attacher à une sarbacane, et par un trou de fenêtre qui répondait sur une jalousie, cet officier criant à pleine tête dans l’entonnoir, avait dit ce qu’on vient de lire.
Alors les autres assistants s’armèrent de ce qu’ils purent trouver ; les uns se saisirent des chandeliers, les autres des flambeaux, les autres prirent les bâtons qui servaient à porter le cercueil, et tous tombant en même temps sur le misérable chevalier, lui firent bientôt vider les arçons, et se mirent à travailler sur lui comme à l’envi l’un de l’autre ; de manière qu’ils l’auraient bientôt expédié si les gens que le duc avait envoyés après lui ne fussent arrivés assez à temps pour lui sauver la vie.
Le duc de Médoc étant instruit de tout rêva quelque temps, après quoi prenant la parole il leur dit qu’on ne voyait pas qu’on dût faire aucun mystère de l’aventure à Valerio ; qu’il convenait que le comte étant honnête homme, l’infâme personnage que ses frères y avaient joué lui ferait beaucoup de peine ; mais aussi qu’il en serait bientôt consolé, surtout lorsqu’on lui ferait comprendre que c’était un bonheur pour lui que tous deux y fussent restés, et qu’ils eussent péri par la main de la justice divine qui laissait le champ libre à mettre leur réputation à couvert devant les hommes, que pour cela il fallait absolument nettoyer la forêt des bandits qui désolaient le pays, et les faire tous périr de quelque manière que ce fût, et que cet article regardant ses devoirs, il s’en chargeait ; ajoutant que si on pouvait en prendre quelqu’un en vie, il fallait les remettre entre les mains du lieutenant, qu’il les enverrait avec Pedraria sécher sur les grands chemins, et qu’il se chargeait encore de faire supprimer des informations tout ce qui chargeait Octavio et Don Pedre pour sauver leur mémoire d’infamie, et de faire substituer à la place de ce qui serait supprimé un aveu des criminels qui les auraient assassinés eux-mêmes sans les connaître, ce qui ne tournerait nullement à la honte de Valerio, qui jouirait tranquillement de leurs biens sans appréhender que le fisc y mît la main.
J’avertis les curieux qui voudront déterrer les noms de mes héros, et de mes héroïnes, qu’ils prendront une peine fort inutile, et que je ne sais pas moi-même quels ils étaient, ou quels ils sont ; ceci n’étant que des histoires différentes que j’ai entendu raconter en différents temps, et que j’ai mises par écrit à mes heures perdues.