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2. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Contamine, et d’Angélique. »

Elle ne sait pas, Monsieur, ajouta-t-elle, le sujet qui vous a amené. […] Vous savez écrire, reprit-elle, je ne refuserai pas vos lettres. […] Angélique lui en sut bon gré. […] Je n’en sais rien, répondit Des Ronais. Vous n’en savez rien, répliqua Des Frans en riant ?

3. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Prez, et de Mademoiselle de l’Épine. »

D’aller chez elle, je savais le compliment qui m’attendait. […] Je la quitte pourtant sans vous en savoir mauvais gré : je sais que vous y êtes contrainte. […] Je suis de parole, et je saurai si tu m’obéiras. […] Non, Monsieur, je n’en sais rien ; le savez-vous, dit-elle ? […] Pour moi je vous dirai comment je sais ce que je sais, lorsque je raconterai à mon tour mon histoire, comme Madame de Contamine m’y engagea hier.

4. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Frans et de Silvie. »

Je le sus ; je le querellai. […] Je n’en sais point, dit-elle. […] Non, dit-elle, je veux le savoir absolument. […] Je ne sais comment, ce fut manque de jour. […] Je sais, poursuivit-il, tout ce qu’on peut savoir, et elle est par tout également innocente.

5. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Ronais, et de Mademoiselle Dupuis. »

Il n’en savait peut-être que le bruit commun, reprit Des Ronais, Dupuis la sait d’original, il faudra l’engager à la dire ; elle est belle et curieuse. […] Je ne sais pas où Dupuis l’apprit, puisque je n’en avais rien dit à sa fille, et qu’elle ne le sut que lorsqu’il l’envoya chez moi. […] Ne savez-vous pas bien trouver ailleurs ce qu’il vous faut ? […] Je sais que vous l’aimez véritablement, je ne saurais la remettre en de meilleures mains que les vôtres. […] Je ne savais que dire, ni que penser.

6. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Dupuis, et de Madame de Londé. »

Savez-vous le faire cailler, repris-je ? […] Je la veux savoir, dit Madame de Contamine. […] M’avez-vous fait savoir de vos nouvelles ? M’avez-vous même fait savoir où vous étiez ? […] Je ne sais seulement pas qui elle est, répondit cette femme ; je ne sais point sa demeure.

7. (1721) Mémoires

Je sais ce que je vais dire de M.  […] Je sais cette histoire de M.  […] C’est là savoir son métier. […] Je ne sais ce qui en est. […] Il faut savoir ce qu’il deviendra.

8. (1690) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 1)

Je n’en sais rien. […] Il savait que M. […] Sans savoir si M. […] Tout le monde le sait. […] Je n’en sais rien.

9. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Terny, et de Mademoiselle de Bernay. »

Je voudrais bien savoir si vous voudriez être à présent religieuse ? […] Je m’abandonnai au plaisir de savoir que Clémence n’était plus renfermée. […] Cependant puisque vous voulez savoir le reste, je vais vous satisfaire. […] Il savait que j’en étais cause et me connaissait de nom.  […] Vous le savez par expérience, Madame, reprit Dupuis, qui ne faisait que de rentrer ; n’ayant point entendu ce que Terny avait dit, parce qu’il savait tout ce qu’il avait à dire.

10. (1691) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 2)

Je ne sais quand je reprendrai la plume. […] Pour moi, je n’en sais rien davantage. […] Je n’en sais rien. […] Bêtise à moi, qui devais savoir que les chevaux des messagers savent leur chemin. […] Je n’en sais rien.

11. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Jussy, et de Mademoiselle Fenouil. »

Elle fait de ce qu’elle sait une application toujours cadrante au sujet sérieux ou galant. […] Je ne savais ce qu’elle voulait me dire par là. […] J’ai déguisé mon nom, comme vous savez ; je me faisais nommer Saint-Cergue, et ce n’est que depuis La Rochelle que vous savez que mon véritable nom est de Jussy. […] Comme on savait que je le connaissais, on m’instruisit de sa destinée. […] Ils ne pouvaient savoir avec qui, tant la mort de Jussy qu’on croyait certaine les mettait hors d’œuvre.

12. (1713) Les illustres Françaises « Les Illustres Françaises. Histoires Véritables. »

Je le sais depuis longtemps, reprit Des Frans, en soupirant ; mais mes oncles, n’avez-vous rien à m’en dire ? […] Tant pis, reprit Des Frans, car je ne sais présentement où aller loger. […] Je ne sais rien que le public ne sache, dit Des Ronais ; mais Dupuis qui doit venir ici vous en dira de nouvelles certaines, car ils n’ont jamais rien eu de secret l’un pour l’autre, et leur confidence a duré jusqu’à sa mort, qui est encore toute récente. […] Je voudrais bien en savoir la cause ; et si c’était un mariage d’amour, ou mariage d’intérêt, que vous avez manqué ? […] Je sais mon devoir, et vous me faites tort de croire qu’il faille m’en avertir, j’irai dès demain.

13. (1691) Journal du voyage des Indes orientales (à monsieur Raymond)

J’en suis bien sorti, Dieu merci, vous le savez. […] On n’ en sait rien, les pilotes sont partagés. […] Il en faut savoir le sujet. […] Il faut en savoir le sujet. […] Ceux qui vendent à crédit savent écrire.

14. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIX. Repas magique. Apparition d’un nouvel enchanteur. Défi fait à Don Quichotte, et ce qui s’ensuivit. »

Il en resta tout à fait confus, et ne savait que dire lorsque Parafaragaramus qui venait de relancer Don Quichotte, parut. […] Vous ne savez pas tout, Monsieur, lui dit Sancho. —  Qu’y a-t-il de nouveau, ami Sancho ? […] Parafaragaramus dit qu’il ne sait pas pourquoi il vous en veut, si ce n’est à cause que vous devez vous battre contre son fils. […] Je sais pourtant bien qu’on l’a instruit de mon dessein, parce qu’un certain veilla-que d’enchanteur nommé Parafaragaramus son ami a dû le lui dire, et lui a sans doute dit ; dis-moi si tu sais où je pourrai le trouver. —  Il n’est pas loin, lui répondit l’intrépide Don Quichotte ; mais avant que de te dire où il est, je voudrais bien savoir qui tu es, toi qui fais tant de bravades et de rodomontades. —  Je veux bien te contenter, répondit le spectre, à condition que tu me contenteras à ton tour. […] Il descendit armé, et quoiqu’on se doutât bien de son dessein, on ne laissa pas de le lui demander, comme si on l’eût ignoré, et il l’avoua ; et supplia bien instamment la comtesse de se souvenir de savoir tout de Parafaragaramus.

15. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIX. De ce qui se passa chez le duc de Médoc après le départ de Dulcinée, et comment Sancho reçut sa femme que la duchesse fit venir au château. »

Il chargeait son épouse d’en bien remercier cette dame et de rester auprès d’elle jusqu’à ce qu’il lui fît savoir son arrivée à Barcelone. […] reprit aussitôt la fille, me voilà comtesse ; n’allez rien dire du moins qui me fasse tort. — Tais-toi, sotte, encore une fois, lui dit sa mère ; ne sais-je pas bien qu’il ne faut parler de rien ? — Il se trouve ici un fort bon parti, continua la duchesse sans faire semblant d’avoir pris garde à ce que la mère et la fille s’étaient dit ; mais on dit que votre fille a une amourette et qu’un certain homme ou garçon nommé… — Non, non, Madame, interrompit la mère, jour de Dieu, Nicolas a sauté par la fenêtre avant jour sitôt qu’il m’a entendu(e], et personne n’en peut parler, puisque personne ne l’a vu, et que Sanchette couche à mes côtés. — On le sait pourtant, comme vous voyez, dit la duchesse d’Albuquerque. — Oh bien, Madame, répondit la fille en colère, qu’on le sache ou qu’on ne le sache pas, je n’y ai fait aucun mal ; honni soit qui mal y pense, bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée. […] Malheureusement la gouvernante de Don Quichotte s’y trouva, soit que le hasard l’y eût conduite, ou que par un coup de malice, les Espagnols et les Français, qui savaient qu’elle haïssait Sancho, ne l’y eussent introduite. Quoi qu’il en soit, elle s’y trouva, et le traita Dieu sait comment.

16. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre LI. Le jaloux trompé »

Cet homme qui ne savait point le dessein de sa femme, et qui ne croyait pas qu’elle en eût d’autre que de faire solliciter leurs intérêts avec plus de vigueur, lui en parla, et il consentit de l’y accompagner. […] Je vis parfaitement bien d’où provenait votre brusquerie, et par l’ordre de qui vous agissiez ; mais je veux absolument savoir ce qui a pu y donner sujet. […] Celle-ci qui savait pour lors ce qu’il avait sur le cœur, voulut savoir ce qu’il pourrait dire à sa femme, et remonta après lui pour l’apprendre. […] Pour me séparer d’avec lui, je sais que plusieurs femmes m’en montrent l’exemple ; mais je sais aussi que c’est un exemple odieux, et que les hommes ne doivent point séparer ce que Dieu a uni. […] Pour le cavalier, il suivit les pas de Célénie qui fuyait hors du château sans savoir où ; il la conduisit dans un couvent où il la laissa en sûreté, et se retira à sa garnison.

17. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLV. Pourquoi la maîtresse d’une hôtellerie voisine du château venait souvent demander des nouvelles de Sainville et de Silvie. »

Il avait, comme j’ai dit, envoyé deux fois par jour savoir de ses nouvelles, et l’assiduité de l’hôtesse avait comme j’ai encore dit, donné du soupçon. […] La belle La Bastide commençant, sans savoir pourquoi, à s’intéresser pour ce Français, eut envie de le voir, et le plaignit dans son cœur de s’être adressé à une femme préoccupée pour un autre ; elle en parla à Silvie, qui tout d’un coup devina que c’était le comte du Chirou, et ne se trompa pas. […] Cette spirituelle fille lui répondit qu’avant de la conseiller il fallait savoir en quels termes ils en étaient. […] Monsieur, lui dit-il en l’embrassant, vous me savez ici, et vous vous cachez de moi ! […] Du Chirou lui répondit qu’il n’avait point su que ce fût dans son château qu’on eût apporté Deshayes et les autres, et qu’il n’avait pas même entendu prononcer son nom. 

18. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LV. Don Quichotte et Sancho vont à la caverne de Montésinos. Ce qu’ils y virent, et comment se fit le désenchantement de Dulcinée. »

Don Quichotte qui vit cet empêchement les remercia de leur bonne volonté, et leur dit que c’était une aventure qui lui était réservée, et qu’en peu de temps il leur promettait de leur faire savoir de ses nouvelles ; après cela il se recommanda tout haut à Dulcinée et entra brusquement dans la caverne. […] Don Quichotte qui n’avait jamais rien lu de pareil dans ses romans, ne savait où il en était ; mais enfin la vue de la table, qui parut tout d’un coup dressée, et leur avidité à se jeter sur ce qui était dessus leur ayant imposé silence, il les regarda avec plus de tranquillité. […] Comme notre héros ne savait que dire ni que faire, Parafaragaramus qui vit sa perplexité, lui dit qu’il fallait que Sancho fût purifié avant que Dulcinée fût désenchantée, qu’il ne devait pas s’en mettre en peine et qu’il le reverrait bientôt. […] Nous allons savoir de lui pourquoi elle n’est point désenchantée, puisque le terme en est venu. — Qu’on fasse entrer Merlin, reprit Pluton. […] Elle prit la parole et accusa Sancho de la laideur qui couvrait sa beauté, et de la métamorphose de ses habits dans les haillons qui la couvraient ; elle en demanda réparation, et parut toute réjouie lorsqu’elle sut qu’on la lui allait faire.

19. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVIII. Des tristes et agréables choses que Parafaragaramus apprit au chevalier de la Manche. »

Comme ils savent punir les crimes, ils savent aussi récompenser la vertu. […] Seigneur Chevalier, lui dit Alonza Lorenço, les yeux tout humides, je sais ce que je vous dois pour tous les pénibles et glorieux travaux que vous avez entrepris pour m’acquérir ; je ne les méritais nullement, mais votre bon cœur a suppléé à mon peu de mérite ; vous n’avez paru à mes yeux que comme j’ai paru aux vôtres ; nous étions enchantés tous deux, vous pour moi, et moi pour vous. […] Parafaragaramus s’en mit en colère, et lui demandant s’il le prenait pour un Bohème, lui dit : Ne sais-tu pas qu’il y a des choses à dire et d’autres à celer ? […] Eh, non, non, ma mauricaude n’en saura rien ; un secret n’est plus secret quand une femme le sait, et une femme ne sait le secret de son mari que pour le trahir ; ce sont des importunes à demander et des diables à rendre. […] Elle n’a point voulu dire qui elle est, mais elle a promis qu’on le saurait en votre présence, et elle vous demande avec beaucoup d’impatience.

20. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVII. Du repas magnifique où se trouva Don Quichotte, et du beau et long discours qu’il y tint. »

Il lui demanda le sujet de sa tristesse, et elle lui dit d’un air languissant qu’il ne le saurait que trop tôt pour l’un et pour l’autre. […] Il n’en pouvait plus, et ne savait comment se tirer de leurs mains ; mais Merlin le tira d’embarras en venant les prier tous de venir se mettre à table. […] Don Quichotte qui savait l’histoire, le leur dit assez succinctement et assez juste, quoiqu’il y mêlât beaucoup de ses visions romanesques. Ce discours de guerre les fit tomber sur les armes qui étaient alors en usage : Durandar et Montésinos feignirent de ne savoir pas ce que c’était que des canons, des mousquets, de la poudre et d’autres instruments de guerre, et prièrent Don Quichotte de le leur expliquer. Lui qui n’en savait pas grand chose, fit ce qu’il put ; mais comme il ne pouvait par ses discours leur faire comprendre les choses, il tâcha de les leur faire entendre par les effets.

21. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XL. Des armes enchantées que les deux chevaliers reçurent de Parafaragaramus, avec des chevaux infatigables. »

Don Quichotte ne sut que répondre, ou ne le voulut pas. […] Sancho ne savait que penser de cet article, c’est pourquoi il ne voulait pas tout à fait s’expliquer, et commençait même à croire qu’elle était effectivement enchantée. […] Le lecteur est déjà dans l’impatience de savoir quelle était cette voix, il faut l’en retirer, et lui dire que le duc de Médoc avait questionné l’officier sur tout ce qui était arrivé à Don Quichotte et à Sancho ; celui-ci lui avait dit tout ce qu’il en savait, et là-dessus le duc avait imaginé, et en même temps résolu d’exécuter deux choses ; l’une, au sujet du désenchantement de Dulcinée, que nous verrons dans la suite ; et l’autre, au sujet du combat du lendemain. Il connaissait assez la bravoure et l’intrépidité de notre héros, pour savoir jusques où son courage le porterait dans la forêt ; il prévoyait bien aussi que Sancho ne le quitterait pas d’un pas ; il aurait bien voulu ne les point exposer contre des bandits ; mais dans le fond, outre que Don Quichotte n’aurait pas trouvé bon que l’affaire se fût passée sans lui, le duc voyait bien qu’il lui serait d’un grand secours, et qu’après tout c’était la mort la plus glorieuse qui pût arriver à deux fous, que de perdre la vie en servant le public ; d’un autre côté il voyait bien que l’occasion serait chaude et de fatigue, et que les chevaux de nos aventuriers n’étaient point assez forts pour la supporter, ni leurs armes assez bonnes pour résister au mousquet et au pistolet ; ainsi il avait jugé à propos de les armer par cette voie étant bien persuadé que l’estime qu’ils feraient de leurs armes et de leurs chevaux, qu’ils croiraient tenir de la main d’un enchanteur, leur ami, les animerait davantage, et relèverait le courage, surtout de Sancho, qui lui paraissait abattu par la conversation qu’il avait eue avec Don Quichotte, et que lui et Parafaragaramus avaient écoutée.

22. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVI. De ce qui suivit le désenchantement de Dulcinée. »

Ne sais-tu pas que les trésors égarés et perdus appartiennent aux démons qui en sont les gardiens naturels, et en deviennent enfin les propriétaires ? […] Il a su que le chevalier Sancho l’avait trouvé, et puisqu’il ne lui a pas redemandé, n’était-ce pas consentir qu’il le gardât, et le lui donner tacitement ? Je sais même qu’il le lui a donné tacitement, par conséquent la propriété de cette bourse, qui a été transportée à Sancho, rectifie ce qui paraît criminel dans le commencement de la possession ; ainsi je conclus à ce qu’il soit renvoyé absous de l’accusation contre lui intentée, Plutus condamné à lui rendre et restituer sa bourse, et aux dépens. […] Il ne faut que savoir l’aventure qui lui est arrivée il n’y a pas si longtemps avec une fille nommée Altisidore. — Je la sais aussi bien que vous, repartit Molieros, c’était moi qui lui en avais inspiré la tentation, et je l’avais conduite jusques au point de réussir quand des esprits d’en haut gardiens de l’honneur de cette fille vinrent mal à propos les séparer tous deux et les châtièrent de leurs mauvais desseins sans leur avoir permis de l’accomplir. […] perfide, lui dit-il, tu prêches la vertu aux autres et tu ne l’exerces pas, ne sais-tu pas que le meilleur sermon se tire de l’exemple qu’on donne ?

23. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXIV. De l’arrivée de plusieurs personnes dans l’hôtellerie. Qui étaient ces personnes. Nouvel exploit de Don Quichotte. Sanglants combats. »

Pour savoir qui ce fut, il faut se souvenir que Don Quichotte avait vu avec chagrin partir Sancho, pour soutenir contre tout le genre humain la beauté d’Eugénie. […] Ces armes-là n’étant pas de la Chevalerie errante, il ne savait quel parti prendre, parce qu’il était à pied ; mais le cliquetis des épées lui faisant connaître qu’il n’y avait pas d’armes à feu à redouter, il se leva, et vit, non sans indignation, un combat si inégal. […] Il est certain que Don Pedre et sa compagnie ne savaient s’ils avaient à faire à des hommes ou à des démons. […] Le duc d’Albuquerque aurait bien été chez Valerio qu’il connaissait particulièrement, s’il avait su que c’était son épouse qu’il avait avec lui, mais n’en sachant encore rien, et l’hôtellerie étant plus proche que son château, il trouva plus à propos d’y aller tant pour le prompt secours dont cette comtesse pouvait avoir besoin, que pour ne point incommoder un de ses amis dont il savait déjà l’aventure.

24. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVIII. Du combat de Don Quichotte contre Sancho, et quelle en fut la fin. »

Quoiqu’il sût où était son champ de bataille, il ne laissa pas de le suivre pour en être certain. […] prépare-toi toi-même à la mort, ou à avouer une chose que je fais avouer à tous ceux que je rencontre. —  Chevalier, lui dit Sancho, puisque je suis ici, ce n’est que pour y combattre à outrance, préparez-vous-y, ou avouez que Madame la comtesse Eugénie est plus belle que toutes les dames des chevaliers errants qui sont dans le monde, de quelque pays et de quelque qualité qu’ils soient. —  Nous ne sommes pas prêts à nous accorder, répondit le chevalier aux armes noires, puisque je prétends te faire avouer qu’une dame, que je ne veux pas te nommer, est non seulement plus belle que toutes les dames que tu viens de dire, mais aussi plus belle que la plus belle de toutes les belles dames du monde. —  Chevalier, reprit Sancho, j’ai eu la courtoisie de vous nommer la dame pour qui je suis en champ, nommez-moi aussi la vôtre, s’il vous plaît. —  Tu verras son portrait sur mon cœur, lui répondit le chevalier aux armes noires ; mais pour son nom tu ne mérites pas de le savoir de ma bouche, quoiqu’il ne te soit pas inconnu. —  Discourtois chevalier, lui dit Sancho, vous n’êtes qu’un incivil, et ne savez pas les règles de la Chevalerie. —  Je les sais mieux que toi, veillaque, lui repartit le furieux Don Quichotte. —  C’est ce que nous allons voir, lui répliqua Sancho ; faisons les conditions de notre combat. —  Je n’en veux point avec toi que celle de la mort, répondit-il. […] Le chevalier aux armes noires qui savait bien que Sancho était plus robuste que lui, et savait mieux faire le coup de poing, aurait bien voulu combattre avec d’autres armes ; mais se sentant frappé le premier, lui qui avait coutume de prévenir les autres, il n’eut plus de considération, et risqua le tout pour le tout ; il rendit donc à Sancho son coup de poing le mieux qu’il put.

25. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLI. Don Quichotte et Sancho s’arment pour aller combattre les brigands. Ces deux chevaliers font des actions de valeur inouïes. »

Tout beau, Chevalier, dit-il à son maître, prenons toujours, nous ne savons qui nous prendra ; un bon tien vaut mieux que deux tu l’auras ; ceci mérite bien que nous nous arrêtions un peu, notre bon ami Parafaragaramus est trop civil pour nous laisser partir à jeun, et si cela est aussi bon qu’il a bonne mine, nous ne ferons pas mal de boire un coup à sa santé. […] mon enfant, lui dit Don Quichotte, ne sais-tu pas bien qu’on ne combat jamais mieux les méchants qu’avec leurs propres armes ? […] Et qu’ils auraient exécuté leur résolution dès la veille, s’ils n’avaient pas appris par ceux qui avaient été aux provisions, que le duc d’Albuquerque y était resté avec son monde, joint à cela qu’ayant su, que vous, Monseigneur, y étiez arrivé dès avant-hier avec un gros cortège, ils n’avaient différé leur dessein que jusques à votre départ de l’un ou de l’autre : qu’au reste ils étaient encore vingt-huit hommes, tous gens de sac et de corde, bien résolus, et tellement fermes dans leur résolution, qu’ils avaient envoyé un des leurs vers le fameux Roque, pour lui demander sa jonction, et lui offrir de partager le butin avec lui et ses gens ; mais qu’heureusement celui qui y était allé, était revenu la nuit même leur dire, que Roque avait été vendu et livré à la sainte Hermandad, et tous ses gens dissipés. […] Sancho l’ayant rejoint lui fit rapport de sa bonne fortune, et il lui dit, qu’il ne savait pas combien il y avait d’argent dans le sac : mais qu’il était bien lourd. —  J’en ai de la joie, lui dit Don Quichotte, cela t’appartient de bonne guerre. —  Non pas à moi seul, Monsieur, lui dit le fidèle écuyer, car c’est celui que vous avez tué. —  Nous parlerons de cela une autre fois, ami Sancho, lui dit-il, toujours puis-je te dire, que je te sais bon gré de ton bon cœur, et je te donne le tout, à condition que tu ne me diras plus que nous faisons le métier d’archers ou de sergents : , cependant donne-moi à boire un coup, je t’avoue que j’ai soif. —  Et moi faim et soif, reprit Sancho ; mettons pied à terre, mon cher maître. —  Non, non, dit Don Quichotte, il faut voir la fin de l’aventure.

26. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LX. De l’aventure qui arriva au malheureux Sancho peu de temps après qu’il fut hors de chez le duc de Médoc, et de plusieurs autres choses qui ne sont pas de grande importance. »

Outre cela sait-il gagner sa vie ? Il vaut mieux un gendre pauvre qui sache parler, qu’un riche qui ne sache qu’avaler. […] Sanchette qui ne savait que répondre, demeura confuse.

27. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « ChapitreLII. Le mari prudent »

Elle savait que parmi les gens de sa qualité, ce sont ordinairement le bien et les dignités qui règlent les alliances, sans aucun égard aux inclinations des gens qu’on lie ensemble, qui à proprement parler ne sont que les victimes de l’ambition de leurs parents ; ainsi elle regrettait Verville dans le fond de son cœur ; mais elle laissait à son père le pouvoir de disposer de sa main. […] Il sut que c’était un fripier qui l’avait louée et meublée, qu’il la remplissait de gens qu’on ne connaissait pas ; et que pour la garde des meubles, il y faisait loger une femme âgée, qui nettoyait tout. […] Il avait d’autant plus de sujet de ne se point démentir, qu’il savait que la chambre qu’ils avaient louée dans la même maison où il en avait loué une autre, était toujours payée par les gens prétendus secrètement mariés ; ce qui avait été cause qu’il avait aussi toujours retenu la sienne. Après plus de six mois d’absence Verville revint, et Justin qui le sut, observa de si près sa femme, qu’il apprit qu’elle allait dans la maison en question. […] Ils partirent en effet le lendemain dans une chaise de poste avec deux domestiques, que Cléon congédia avant son retour, afin que personne ne sût où elle était.

28. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXV. Du tour ridicule et malin que fit Parafaragaramus au chevalier Sancho, et des événements tristes qui le suivirent. »

La Française parlait français, et Sancho ne le savait pas : il douta quelque temps s’il était effectivement chevalier, parce qu’il n’entendait pas ce que disait la Française, et qu’il avait ouï dire à son maître que les chevaliers errants entendaient toutes sortes de langues. […] Le faux enchanteur trouva en sortant de cette chambre ce qu’il ne cherchait pas ; ce fut Gabrielle de Monsalve qui le reconnut, parce qu’elle savait le déguisement. […] Le duc et la duchesse d’Albuquerque, qui savaient pour lors qui elle était, ne l’avaient point quittée, et la joie où elle était elle-même d’être échappée à son beau-frère et de se voir en sûreté, l’ayant tout à fait remise, elle allait monter dans le carrosse de Don Fernand avec Dorothée et Gabrielle pour retourner chez elle, lorsqu’en descendant de la chambre où on l’avait portée, et passant devant celle où était Sancho, elle entendit sa voix. […] On les avait mis dans des chambres différentes, et Deshayes ne sut point que Sainville fut dans le même château que lui.

29. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVII. Suites agréables de la victoire remportée par le chevalier Sancho, et du projet que forma Don Quichotte pour le faire repentir de son indiscrétion. »

Je ne croyais pas offenser votre bon ami Parafaragaramus, lorsque j’ai porté la main à l’arme infernale qui m’a attiré tant d’affaires ; et pour ma langue, qui diable pourrait s’en choquer, puisque je ressemble à notre curé, qui ne sait pas lui-même ce qu’il veut dire quand il ouvre la bouche, et que je ne le sais pas non plus ? […] ne le vois-tu pas bien, mon enfant, lui répondit notre héros en se radoucissant, ne sais-tu pas bien que la valeur et la bravoure dans le combat, sont les seuls moyens qu’on doit employer pour remporter la victoire ? […] Il le fit, et celui qui avait ordre de le suivre, sut où il les avait déposées.

30. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVIII. De l’arrivée du duc de Médoc, et de la mort touchante de Deshayes. »

Elle continua par leur dire qu’elle ne savait de quelle manière s’y prendre pour en instruire Valerio, qui ne pouvait pas l’ignorer longtemps, à cause du prodigieux éclat que cela allait faire dans le monde, et elle leur demanda conseil sur ce qu’elle avait à faire. Le duc d’Albuquerque lui dit qu’il y avait pourvu ; que l’histoire que la Française leur avait racontée le soir, lui avait donné l’idée de ce qu’il avait à faire ; c’est-à-dire de mander au duc de Médoc qui était son parent, l’état de toutes choses, et le prier de venir lui-même sur les lieux mettre ordre à tout par son autorité ; ce qu’il pouvait facilement, étant gouverneur de la province ; qu’il ne doutait pas qu’il ne lui accordât sa demande, et que quand il y serait, on prendrait avec lui des mesures pour faire en même temps tout savoir à Valerio, et ne rendre public que ce qu’on voudrait bien qui fût su pour mettre l’honneur d’Octavio et de Don Pedre à couvert, et que jusqu’à son arrivée, on ne devait faire autre chose que tâcher de divertir le comte Valerio, et avoir soin des Français qui étaient dans le château.

31. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLII. Comment Don Quichotte sauva la vie à la duchesse de Médoc. Nouveaux exploits des deux chevaliers. »

Tout cela s’était fait à la tête des chevaux du carrosse, et devant les yeux de la duchesse, qui ne savait qui étaient ses vaillants défenseurs. […] Il entretint cette dame pendant qu’on raccommodait son train, avec tant de courtoisie et de sagesse, qu’elle ne savait que juger d’un homme qui était effectivement fou, et qui pourtant parlait de si bon sens et se battait avec tant de conduite et de valeur. […] Il ne savait par où s’y prendre, mais sa vaine gloire ne lui permit pas d’avouer son ignorance.

32. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIII. Belle morale du seigneur Don Quichotte. »

Les Espagnols ses auditeurs ne lui repartirent rien crainte de dispute ; et les Français et les dames qui avaient fort goûté et approuvé ce qu’il avait dit, se regardaient l’un l’autre, et ne savaient que penser d’un homme, qui ne passant dans leur esprit que pour un fou, parlait néanmoins si à propos, et mêlait dans ses discours une morale si pure et si chrétienne parmi tant d’impertinences. […] C’était la veille du départ de toute la compagnie du château de la Ribeyra ; et comme le curé du village des chevriers où Valerio avait été porté, venait prendre congé de lui et de la comtesse Eugénie, et qu’il était présent à tout ce que Don Quichotte avait dit, il ne put s’empêcher de l’approuver, et convint que le péché devant Dieu était en effet plus grand pour les hommes que pour les femmes, et en donna une raison qui parut très juste, savoir que rarement les femmes font les premières démarches ou avances d’une aventure, et qu’il est bien plus difficile de se défendre que d’attaquer ; au lieu que les hommes, qui attaquent toujours et ne se rebutent point par les refus, marquent un esprit diabolique, non seulement en offensant Dieu dans le cœur par un dessein constant et persévérant de l’offenser, mais aussi en poussant et en obligeant les autres de l’offenser avec eux ; ce qui était un péché prémédité, un péché raisonné, un péché d’action et de volonté, et par conséquent tellement atroce qu’il n’y avait que la miséricorde de Dieu qui pût le pardonner. […] Monsieur le licencié, lui dit brusquement Sancho ; il ne faut pas qu’un savetier passe sa semelle ; vous ne devriez pas avoir assez de commerce avec les femmes pour savoir si elles sont bonnes ou méchantes. […] On lui demanda à quel dessein, et il répondit avec plus d’esprit qu’on ne pensait, qu’il y avait quelque temps que son maître étant en conversation avec le curé de son village et son neveu, ils avaient trouvé à redire aux choses inutiles qu’on mettait dans les livres, et que peut-être le sage enchanteur qui écrivait leur histoire, et qui n’en oubliait pas une circonstance, serait embarrassé d’entendre des choses qu’il n’entendait pas lui-même ; qu’on ne parlait que pour se faire entendre, et que cela étant, on n’avait que faire de se servir de termes obscurs ; par exemple, ajouta-t-il, au lieu de dire que les saphirs… — Il faut zéphirs, lui dit la duchesse en l’interrompant. — Eh bien, reprit-il, au lieu de dire que les zéphirs, puisque zéphirs y a, se jouaient dans les cheveux de la dame dont Monseigneur et Maître parlait, et les faisaient voltiger, je ne sais comme il a dit, ne valait-il pas mieux dire tout d’un coup que le vent les soufflait ; cela aurait été plus court, et je l’aurais mieux entendu.

33. (1713) Les illustres Françaises « Préface. »

J’avertis les curieux qui voudront déterrer les noms de mes héros, et de mes héroïnes, qu’ils prendront une peine fort inutile, et que je ne sais pas moi-même quels ils étaient, ou quels ils sont ; ceci n’étant que des histoires différentes que j’ai entendu raconter en différents temps, et que j’ai mises par écrit à mes heures perdues. […] La corruption du siècle n’avait point été portée jusques à défigurer tellement les noms, qu’on ne sait à présent quel est le frère d’une fille, lorsqu’on parle d’elle. […] Les gens de bon sens voudraient bien savoir, si ces femmes prétendent être Madame à carreau, ou Madame à chaperon ?

34. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIV. Départ de la compagnie. Comment Sancho fit taire le curé. Aventures diverses arrivées à cet infortuné chevalier. »

Tenez, poursuivit-il, je ne suis pas plus savant qu’un novice augustin ; mais ne réveillons point le chat qui dort ; les gens maigres comme des clous à crochet, n’entrent pas plus tôt dans le paradis que les autres, et je le sais de certitude ; car tous les chanoines que je connais, gens remplis de doctrine et de sagesse, sont pourtant tous gras à lard, les moines tout de même ; témoin le proverbe, il est gras comme un moine ; et ils ont raison puisque le paradis est un lieu de plaisir, où l’on ne doit voir que des visages contents, riants et fleuris, et non pas des faces décharnées et maigres, qui par leurs figures hideuses inspireraient de la tristesse aux autres. […] Ne sais-tu pas qu’un chevalier errant doit être chaste du corps et du cœur ? Mais, mon enfant, il faut prendre ton mal en patience, et ne faire semblant de rien, parce qu’on se moquerait de toi, et que Monsieur le duc et Madame la duchesse seraient choqués, s’ils savaient que tu eusses voulu souiller leur château par tes impuretés. Ne sais-tu pas bien qu’il y a des démons qui gardent tous les trésors, et devais-tu douter qu’il n’y en ait de commis à la garde de l’honneur d’Altisidore que tu voulais ravir ?

35. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVII. Des offres obligeantes que fit le duc d’Albuquerque aux dames françaises ; de la reconnaissance de Valerio et de Sainville, et de la conversation particulière que Don Quichotte eut avec Sancho. »

Il n’est pas encore temps de songer à leur départ, Seigneur chevalier, lui dit le duc ; nous ferons tous le voyage ensemble : nous vous prions de ne vous point impatienter jusques à ce temps-là ; vous savez que vous êtes nécessaire ici. —  Comment donc, ajouta Eugénie en riant et en s’adressant à notre héros, vous m’avez promis de ne nous point abandonner que je ne vous donnasse congé, et vous êtes tout prêt à partir ! […] Tenez, Monsieur, poursuivit-il, laissez-moi en repos, ces diables d’enchanteurs en savent plus que nous.

36. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXIX. Du grand projet que forma le duc de Médoc, et dans lequel Don Quichotte entra avec plus de joie que Sancho. »

Cependant le duc de Médoc était dans une très grande impatience de savoir à fond le sujet pour lequel on l’avait prié de venir. […] Le comte demeura comme frappé de la foudre à ce discours ; mais le duc sut si bien le tourner et le convaincre, qu’il lui rendit sa tranquillité d’esprit, à la confusion près, d’être d’un sang qui avait pu produire de si mauvais garnements.

37. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LXI. Comment Don Quichotte et Sancho sortirent du château pour s’en retourner chez eux ; de ce qui leur arriva sur la route. Mort de Don Quichotte ; et ce qui s’ensuivit. »

C’est par l’intérêt qu’il prend à ma gloire qu’il m’a conseillé de renoncer à la Chevalerie errante ; il sait ce qui m’arriverait si j’exerçais plus longtemps cette profession ; il veut me dérober au déshonneur que je ne pourrais sans doute éviter si je suivais le penchant que j’ai pour les aventures. […] Nous sommes ici, mon fils, dans la forêt des Ardennes, et la fontaine que tu vois est l’ouvrage du sage Merlin ; cet enchanteur l’a faite exprès pour guérir un chevalier de ses amis de la passion qu’il avait pour une princesse ; car il faut que tu saches que cette eau a la vertu de changer en haine le plus violent amour. — Quoi, Monsieur !

38. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre L. Dissertation sur la différente manière d’aimer des Espagnols et des Français. »

Nos chevaliers le savaient et se disposaient aussi à partir. […] Pour montrer la différence qu’il y a entre ces divers procédés de gens qui ont des épouses infidèles, dit Sainville, et qu’il y en a qui sont plaints par le public, ou dont on ne parle seulement pas, et d’autres moqués et raillés avec juste raison, pour faire voir en même temps que ce point d’honneur qu’on y attache dépend beaucoup plus de la conduite du mari que de celle de la femme, quoique ce soit elle qui fasse le crime, pour montrer que ce ne sont pas ceux qui examinent la conduite de leurs épouses avec le plus de vigilance qui sont le plus à couvert de leur infidélité, et que c’est cette conduite qui les y pousse, je crois qu’il est à propos que chacun de nous raconte quelque aventure qu’il sache certainement être arrivée de notre temps en France même, afin de ne point mêler d’histoires étrangères dans nos entretiens ; et pour cet effet, je vais, poursuivit-il, en conter une qui montrera que les précautions d’un jaloux donnent déjà de lui un sujet de risée, qui est encore augmenté lorsqu’il a affaire à des gens qui ont l’esprit de les rendre inutiles, et de les tourner contre lui-même, et qui prouvera en même temps, que la jalousie est en effet un poison mortel pour ceux qui s’y abandonnent.

39. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXIII. Comment on a découvert ces nouvelles aventures qu’on donne au public. »

Comme l’idiome espagnol est devenu à la mode en France, et que tout le monde en veut savoir un peu, un de mes amis, qui l’apprend, m’a fait voir quelques endroits qu’il a traduits de la suite de Don Quichotte ; ce que j’en ai lu m’est resté dans la tête, et ne m’a pas déplu ; et, sans doute aussi fou que le Français qui l’a achetée, j’ai fait en sorte de l’avoir de ses mains, et comme je le lui ai promis, je l’ai traduite.

40. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVI. Pourquoi Sancho perdit ses armes enchantées, et du terrible combat qu’il eut à soutenir pour les recouvrer. »

Il dit que l’infortuné chevalier ne savait s’il était mort ou vif, tant il était épouvanté du combat qu’il avait à soutenir, ou désespéré de perdre des armes, qui le garantissaient de tout mal, et sous lesquelles, quoiqu’il n’en eût rien dit à son maître, il avait résolu de détrôner pour le moins l’hérétique reine d’Angleterre.

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