/ 40
2. (1721) Mémoires

Il mit une partie de l’urine de la Reine dans cette bouteille environ les deux tiers de sa contenance, et la mit sur cette braise. […] L’impôt qui fut mis du temps de M.  […] Cet article-là fut encore mis sur le compte de M.  […] Desclouzeaux, intendant ; elle le mit en fureur. […] Il est temps, dit Bonamy, de mettre à la voile.

3. (1690) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 1)

Nous mettons à la voile pour les Indes. […] Il mit sa cave dans sa chambre. […] Ils se sont mis à rire. […] Hurtain y eût mis la mortalité. […] On appelle cela mettre tout à profit.

4. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVII. Suites agréables de la victoire remportée par le chevalier Sancho, et du projet que forma Don Quichotte pour le faire repentir de son indiscrétion. »

Tout le monde l’en félicita, on l’arma avec cérémonie ; et les dames y ayant mis la main lui firent plus d’honneur que jamais chevalier errant n’en avait eu. […] Sancho fut mis entre les deux duchesses, quoiqu’il s’en défendît beaucoup ; mais ses fesses lui faisaient trop de mal pour demeurer assis sur son gazon. […] Vous ne vous êtes pas même mis en état de les vaincre, puisque vous êtes toujours resté dans le château à vous délicater et à vous faire nourrir comme un poulet de grain. […] Après cette belle opération il les mit dans la cheminée et les cacha avec un morceau de natte et un grand tableau ; c’est pourquoi il fut examiné avec plus de soin que jamais. […] Traître, s’écria-t-il, est-ce là la récompense que je devais attendre de toi, après t’avoir armé chevalier, et mis dans le chemin de l’honneur et de la fortune ?

5. (1691) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 2)

Elle s’assit au chevet du mort, & lui mit la tête sur son estomac à elle. […] Les cartes françaises, qui ne la mettent qu’à quinze, sont plus justes. […] Il a été enterré, ayant été mis à terre à cause de sa maladie. […] Si j’avais omis ce qui y est, je le mettrais ici. […] Ceci est mis au 1er septembre, page 54.

6. (1691) Journal du voyage des Indes orientales (à monsieur Raymond)

Quinze jours au plus de ce temps-ci nous mettront à Amzuam.  […] Notre amiral mit pavillon hollandais au grand mât et nous, nous mîmes même pavillon à poupe afin de ne point épouvanter les oiseaux. […] Notre amiral avait mis trois feux à poupe et un au beaupré, et nous afin de nous faire connaître en mîmes un aussi à poupe et l’autre au beaupré. […] Les cartes françaises, qui la mettent à 15 sont plus justes. […] Il n’est que Ouest et si bon frais que nous avons mis à la cape.

7. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LV. Don Quichotte et Sancho vont à la caverne de Montésinos. Ce qu’ils y virent, et comment se fit le désenchantement de Dulcinée. »

Celui-ci était adroit comme un filou, et outre cela il avait mis lui-même ses armes à l’épreuve du coup. […] Qui es-tu toi, qui oses venir où jamais homme vivant n’a mis les pieds ? […] A ce mot de manger Durandar, Balerme, Montésinos et leur suite, se mirent à faire un bruit de diable, et à crier : Du pain, du pain, à la famine. […] Pluton la fit mettre aux pieds de son trône entre Minos et Rhadamanthe, le visage tourné vers les assistants et vers le patient. […] Les quatre démons se mirent donc tous quatre à ses côtés, deux d’un côté de la balustrade et deux de l’autre.

8. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Frans et de Silvie. »

Elle avait mis bas tous ces scrupules que mon père lui avait inspirés. […] Tout cela me mettait dans une inquiétude effroyable. […] Il était si tard qu’elles allaient se mettre au lit. […] En achevant ces mots, elle le mit dehors sans cérémonie. […] Je mis de l’huile sur le feu, en faisant semblant de l’éteindre.

9. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIV. Départ de la compagnie. Comment Sancho fit taire le curé. Aventures diverses arrivées à cet infortuné chevalier. »

Sitôt que tout fut résolu, le duc les fit partir pour son château, avec ordre de mettre tout en état de bien recevoir les aventuriers errants. […] Après cela tous ces nouveaux venus prirent congé et allèrent au château de Médoc faire tout mettre en état pour la réception qu’on avait préméditée. […] Il se mit donc à table, où il dit à Altisidore mille effronteries, et fit mille railleries de la sagesse de son maître qu’il traitait de ridicule et de bêtise. […] Ils le lièrent comme un criminel, lui mirent un bâillon, après quoi ils lui ôtèrent de dessus le corps l’habit et la chemise, et à grands coups de verge dont ils le frappaient par mesure, ils le mirent en un moment tout en sang. […] Il le reconnut, le délia, lui ôta le bâillon et lui demanda qui l’avait mis là, et lui avait si bien moucheté le corps et les épaules.

10. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Prez, et de Mademoiselle de l’Épine. »

Je mis alors les fers au feu pour me satisfaire. […] Cela le mit pourtant dans une autre situation. […] Je la mettrai entre quatre murailles. […] Je le lus, et me mis en devoir d’aller la trouver. […] On se mit à table pour dîner.

11. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Contamine, et d’Angélique. »

Qui mettre dans notre confidence capable d’un secret qui nous est de si grande conséquence ? […] Elle se laissa mettre l’une et l’autre sans aucune façon, il n’y avait plus à en faire. […] Il les pria ensuite d’acheter de beaux meubles et de se mettre proprement. […] Je suis encore fille, reprit Angélique, aussi sage et aussi entière que ma mère m’a mise au monde, et cependant c’est un homme qui m’a mise dans l’état où vous me voyez. […] On se mit donc à table, les deux amants proche l’un de l’autre.

12. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVI. Pourquoi Sancho perdit ses armes enchantées, et du terrible combat qu’il eut à soutenir pour les recouvrer. »

Sancho s’étant retiré le soir, et voyant ses armes dans le même coin où il les avait mises, et n’y remarquant aucun changement, ne les visita pas plus qu’il avait accoutumé de les visiter, les laissa telles qu’elles étaient. […] Il se leva, alla à l’endroit où il les avait mises, et ne les trouvant pas, sa douleur monta à son comble. […] Il avait sur les yeux des lunettes ou des bésicles, telles qu’on en met aux enfants qui louchent pour leur redresser la vue, et Sancho croyait que c’était ses yeux qui lui sortaient de la tête ; au lieu de cheveux tressés, il s’était mis des peaux d’anguilles pleines de son, que Don Quichotte prit aussi bien que son écuyer pour des couleuvres. […] En disant cela, il vint à lui, et en faisant semblant de lui donner la main pour se relever, il mit le feu à la corde d’amorce des fusées qu’on avait attachées sous sa mandille, et se retira deux pas en arrière. […] L’enchanteur qui ne s’était point attendu à une pareille gourmade, se mit à son tour sur l’offensive, et comme il était bien plus robuste que Sancho, il le mit bientôt dessous, et lui rendit le change avec usure, et surtout avec une des peaux d’anguille qui lui servait de tresse, au bout de laquelle il y avait une balle de plomb, dont il lui accommoda le corps le plus joliment du monde.

13. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre LI. Le jaloux trompé »

Il redoubla ses emportements et dit de cette dame tout ce que sa fureur lui mit à la bouche. […] Cette pauvre femme se mit à pleurer ; mais sa mère qui avait tout écouté à la porte ne fut pas si tranquille. […] Il se déguisa en abbé, et alla le dimanche dès la pointe du jour se mettre sur le chemin qui conduit de la paroisse au château de Sotain. […] Ce fut ainsi que la jalousie de Sotain mit dans sa maison celui qui aurait dû lui faire trouver ce qu’il craignait, si sa femme eût été moins sage. […] J’ai de quoi les rendre inutiles, et vous mettre l’esprit en repos.

14. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXV. Du tour ridicule et malin que fit Parafaragaramus au chevalier Sancho, et des événements tristes qui le suivirent. »

Pour résoudre ce doute il consulta la bouteille dont le glouglou mit fin à son inquiétude ; il était assis sur une chaise fort haute ; il s’endormit la tête et les bras appuyés sur la table. […] Eh Monsieur le chevalier, qui vous a mis là ? lui dit-il. —  Ma foi, répondit Sancho, je m’y suis mis moi-même ; mais c’est ce diable de Parafaragaramus qui m’y a attaché par enchantement, car je n’en ai rien senti. —  Et où est-il ? […] Le Français mit aussitôt pied à terre dans le dessein d’égorger son ennemi ; mais l’Espagnol se releva, et ils continuèrent à pied leur combat, qui fut fort opiniâtre. […] On les avait mis dans des chambres différentes, et Deshayes ne sut point que Sainville fut dans le même château que lui.

15. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVI. Suite de l’histoire de Silvie et de Sainville. »

Je ne m’en mis pas plus en peine, et la remerciai dans mon cœur de m’avoir du moins tiré d’inquiétude. […] Si vous pouvez la mettre dans nos intérêts, vous pouvez être sûr de votre conquête. […] A peine avait-il achevé que vous entrâtes, et vous mîtes à votre clavecin. […] Je mis le lendemain un laquais en sentinelle pour savoir quand vous seriez sortie, afin d’aller aussitôt chez vous, où sous prétexte d’accommoder quelque chose à ma coiffure, j’approchai du miroir pour prendre votre lettre, et y mis le billet que Sainville a dû y trouver. […] Je la fis déshabiller et mettre dans mon lit, où nous passâmes ensemble la plus cruelle nuit que j’aie passée de ma vie.

16. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLI. Don Quichotte et Sancho s’arment pour aller combattre les brigands. Ces deux chevaliers font des actions de valeur inouïes. »

On mit encore avec les armes un bon pâté, deux grosses bouteilles de cuir pleines de vin, un pain, et un gobelet d’argent ciselé sans aucune armoirie. […] Ils s’armèrent promptement, et allaient monter à cheval lorsque Sancho prenant son écu, vit dessous tout l’apprêt d’un déjeuner qu’on y avait mis. […] En disant cela il mit pied à terre, alla à eux, et s’approchant d’un dont l’épée était cassée, lui passa la sienne dans le corps. […] Il le mit promptement dans sa poche sans le montrer à personne, crainte d’être obligé de partager son butin. Cette bonne aventure le mit encore en goût et augmenta sa bonne humeur.

17. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIX. Repas magique. Apparition d’un nouvel enchanteur. Défi fait à Don Quichotte, et ce qui s’ensuivit. »

Le sage enchanteur fit semblant de s’apercevoir de la perplexité générale, et mit la main sur la table, en jurant qu’il allait faire enlever par des enchanteurs tous ceux qui ne mangeraient pas. Chacun se mit donc en état de manger, et mangea en effet, et même de bon appétit. […] Les spectateurs faisant semblant d’être épouvantés de ce qu’ils voyaient, s’éloignèrent ; et nos deux aventuriers faisant fermes eux seuls, et s’étant mis en pied, ne branlèrent pas de leur place. […] Tous les spectateurs paraissant trembler à sa vue, se mirent à couvert derrière nos deux aventuriers qui ne branlaient pas. […] —  Ne t’en mets point en peine, répondit notre héros, tel que je suis je vais te donner satisfaction.

18. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Ronais, et de Mademoiselle Dupuis. »

Je la pris, non pas pour l’amour d’elle, mais pour légitimer son fruit et me mettre en paradis. […] Cette réponse me mit tout à fait en colère. […] Dupuis et sa fille firent encore plus pour se mettre l’esprit en repos. […] Elle lui mit une lettre entre les mains, il l’ouvrit et lut. […] Que vous le ferez mettre aux petites Maisons, reprit-elle aussi en riant.

19. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Terny, et de Mademoiselle de Bernay. »

Elle fut cause que je ne fus pas mis d’une autre partie qui se fit peu après. […] J’acceptai les conditions qu’il voulut mettre dans le marché, résolu de pousser ma pointe, et de mettre plutôt le feu au convent que d’y laisser Clémence malgré elle. […] Ne mettez point d’enveloppe, le nom lui fera connaître à qui elles seront destinées : elle y mettra une enveloppe d’écriture de fille, et me les fera tenir. […] Il se mit si fort en colère qu’il en perdit le sang-froid ; il me brutalisa, c’était ce que je demandais, afin de mettre les témoins de mon côté. […] La mort me mettra à couvert d’un orage de maux plus cruels qu’elle-même.

20. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIX. De ce qui se passa chez le duc de Médoc après le départ de Dulcinée, et comment Sancho reçut sa femme que la duchesse fit venir au château. »

Peut-être que le bonhomme ne voulait pas que tant de gens de conséquence les vissent mal mises comme elles étaient. […] C’était Thérèse qui arrivait, à ce qu’on venait d’apprendre par celui qu’on avait mis en sentinelle sur le chemin. […] Les Espagnols, la duchesse et les autres dames se mirent avec les Français aux fenêtres, pour se donner le plaisir de l’entrevue. […] Tout en parlant ils étaient entrés au château, et pour faire leur paix, on les fit entrer dans la salle, où le couvert était mis. […] En même temps sans attendre leur réponse, il se mit à piquer des deux, quoiqu’ils le rappelassent.

21. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIII. De l’accident qui arriva au chevalier Sancho, en tirant une arme à feu. Remède pire que le mal. »

Si le canon n’en avait pas été parfaitement bon, il aurait infailliblement crevé entre ses mains, et l’aurait sans doute tué, ou du moins estropié pour toute sa vie ; outre cela il ne referma pas la gibecière où était la poudre à canon, et en mit dans le bassinet une si grande quantité, qu’il en répandit sur lui. […] Sitôt que la duchesse fut derrière son carrosse, et qu’elle ne pouvait plus les voir, ils firent les empressés et les officieux pour le soulagement du patient ; et comme il ne pouvait voir leur opération, le plus hardi, ou plutôt le plus effronté d’eux tous, alla se mettre à genoux auprès de lui, et lui lâcha sur le visage le superflu de son humidité ; tous les autres en firent autant après lui, et inondèrent l’infortuné Sancho le plus copieusement qu’ils purent à la décharge de leurs reins. […] Il les remit tous entre les mains de son lieutenant et de son greffier, qui firent mettre dans une charrette ceux qui étaient blessés, et hors d’état d’aller à pied, et qui firent marcher de bonne grâce à coups de bâtons ceux qui pouvaient mettre un pied l’un devant l’autre. […] Sancho à cause de l’infection des médicaments qu’on lui avait répandus sur le visage, et qui avaient coulé tout le long de son corps, ne fut point mis dans le carrosse, quoiqu’il en eût bien besoin, mais on le mit sur une espèce de brancard, et tous ensemble prirent le chemin du château de Valerio. […] Il avait eu la précaution de mettre son butin en sûreté entre son matelas et son lit de plume, et depuis crainte d’accident, il le fit toujours coucher avec lui.

22. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXIV. De l’arrivée de plusieurs personnes dans l’hôtellerie. Qui étaient ces personnes. Nouvel exploit de Don Quichotte. Sanglants combats. »

Le cavalier, qui était bien mis, leur parut français, et avoir la bourse bien garnie ; outre cela, ils le crurent de la compagnie de celui qui venait de se défendre si bien contre eux, et qui avait blessé deux des leurs. […] Celui-ci surpris de cette attaque brusque et imprévue, n’eut que le temps de mettre la main à ses pistolets ; ce que fit aussi son valet ; pour le postillon il retourna généreusement sur ses pas aussi vite qu’il était venu. […] Ils l’avaient déjà mise sur un cheval entre les mains d’un d’entre eux, malgré sa résistance ; et Gabrielle de Monsalve cédait à leur violence, mais notre chevalier leur fit bientôt lâcher prise. Ceux qui tenaient Gabrielle la quittèrent, et se mirent sur les traces de leurs compagnons, qui enlevaient la comtesse, sans se mettre en peine de secourir leur chef, qui avait à faire à forte partie. […] Il mit pied à terre pour soulager la comtesse, et dans ce temps-là le duc d’Albuquerque, qui était sorti de son carrosse, parut, et peu après lui la belle Dorothée, qui lui criait de ne se point mêler dans une affaire où il n’avait aucun intérêt.

23. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « ChapitreLII. Le mari prudent »

Il ne lui parla nullement de la chambre, ayant ses raisons pour se taire sur cet article ; mais du reste il la mit dans l’impossibilité de rien nier. […] Ce fut Verville qui entra le premier enveloppé dans un gros manteau gris, sous lequel il y avait un panier rempli de tout ce qu’il fallait pour faire collation ; il couvrit lui-même la table, et tout étant fait, il but un coup et se mit auprès du feu un livre à la main. […] Il la mit dans un couvent où elle est restée plus de dix-huit mois à demander pardon au ciel des désordres de sa vie, et à le prier de fléchir l’esprit de son mari, à qui elle écrivait très souvent. […] Ils n’y furent pas longtemps, que Silvie y arriva aussi dans un carrosse de voiture, comme si elle venait de plus loin, et ce carrosse fut renvoyé sitôt qu’elle eut mis pied à terre. […] Le beau-père se mit de la partie, si bien qu’ils restèrent tous trois quelque temps dans les bras l’un de l’autre.

24. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVIII. De l’arrivée du duc de Médoc, et de la mort touchante de Deshayes. »

Le duc d’Albuquerque lui dit qu’il y avait pourvu ; que l’histoire que la Française leur avait racontée le soir, lui avait donné l’idée de ce qu’il avait à faire ; c’est-à-dire de mander au duc de Médoc qui était son parent, l’état de toutes choses, et le prier de venir lui-même sur les lieux mettre ordre à tout par son autorité ; ce qu’il pouvait facilement, étant gouverneur de la province ; qu’il ne doutait pas qu’il ne lui accordât sa demande, et que quand il y serait, on prendrait avec lui des mesures pour faire en même temps tout savoir à Valerio, et ne rendre public que ce qu’on voudrait bien qui fût su pour mettre l’honneur d’Octavio et de Don Pedre à couvert, et que jusqu’à son arrivée, on ne devait faire autre chose que tâcher de divertir le comte Valerio, et avoir soin des Français qui étaient dans le château. […] On alla dans la chambre de Sainville, auprès de qui on se mit, et où les civilités qui recommencèrent, ne furent interrompues que par l’arrivée du duc de Médoc. […] On eut toute la joie possible de le voir, et après les premiers compliments, avant que de se mettre à table, le duc d’Albuquerque s’acquitta de la promesse qu’il avait faite à la marquise. […] Il montra ses lettres avant que de les cacheter, qui étaient écrites avec tant de zèle, qu’il n’aurait pas pu se servir de termes plus pressants quand il aurait été question de la vie de son propre fils ; et enfin il acheva de mettre en repos l’esprit de la marquise, qui fit partir deux courriers dans le moment même, pour les porter à leur adresse. Ils se mirent à table où ils soupèrent fort bien, et ne furent interrompus que par la prière qu’on vint leur faire de remonter dans la chambre de Deshayes qui demandait à voir Silvie pour la dernière fois.

25. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Jussy, et de Mademoiselle Fenouil. »

Je lui fis civilité en entrant, et me mis auprès d’elle. […] Je lui dis brutalement qu[e] je la trouvais trop propre et trop magnifiquement mise. […] Elle en mit les trois quarts dans un gobelet d’argent, versa de l’eau dessus et les brouilla. […] Nous fûmes ramenés à Paris, j’y fus mis dans un cachot ; et elle qui avait refusé de retourner chez d’Ivonne, fut mise à la garde d’un officier de justice, qui se chargea d’elle. […] On servit, il fallut se mettre à table.

26. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVI. De ce qui suivit le désenchantement de Dulcinée. »

Je demande présentement la restitution de cet argent, puisque tu es en état de me le rendre, ou bien compte que je te vais mettre tout le corps en lanières et en charpie avec mes griffes. […] La bonne bête a plus profité que moi de l’argent, ainsi il serait juste qu’elle en payât la meilleure partie, les cordeliers n’ont pas de manche si large qu’est sa conscience, et de mauvaise dette il faut tirer tout ce qu’on peut quand on devrait être payé en chats et en rats, autrement celle qui a mangé le lard ne le paierait pas, et moi qui n’ai mis qu’un bout du doigt dans la sauce je la paierais toute entière avec le poisson. […] Deux démons l’ayant lié les bras derrière le dos et assis sur la sellette, lui prirent chacun une oreille avec des tenailles pour lui faire tenir la tête ferme, et les deux autres vinrent se mettre à côté de lui, et avec des pincettes à barbier ils lui arrachèrent les poils de la barbe en même temps ; en sorte que l’un tirant à droite et l’autre à gauche, ils lui faisaient faire une grimace de chat fâché toute plaisante et toute risible. […] Son inquiétude se remarquait par ses fréquents tournements de tête et son agitation continuelle ; mais le malheureux n’en était pas encore où il pensait : car un démon dameret, c’est-à-dire fort proprement vêtu, et nullement effroyable comme les autres, mais au contraire parfaitement bien mis avec de la broderie d’or et d’argent, de belles bagues et de beaux anneaux aux doigts, de beau linge et de belles dentelles, poudré, frisé, en un mot tiré à quatre épingles et d’un visage fort doux, fort mignon et fort beau, s’approcha du trône de Pluton, et ayant posé sur le premier degré deux petits paniers qu’il portait, l’un rempli de petites cornes de différentes couleurs, et l’autre de petites fioles d’essence, de pots de pommade, de tours de cheveux, de boîtes à mouches, de fard et d’autres ingrédients propres aux femmes, se mit à genoux et d’une voix fort douce et fort agréable se mit à le supplier de lui accorder audience. […] Ils le prirent donc encore, et deux lui tenant la tête comme quand on lui avait arraché la moustache, les deux autres prirent chacun une bande de papier qu’ils roulèrent en flèches, et en ayant allumé un bout, ils le mirent dans leurs bouches, et l’autre dans les narines du patient, et soufflèrent chacun leur camouflet à perte d’haleine, ce qui était capable de faire crever un cheval, et qui fut aussi plus sensible à Sancho que tout ce qu’il avait encore souffert.

27. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIII. Belle morale du seigneur Don Quichotte. »

C’est peu à mon sens pour leur justification, que de dire que la mauvaise conduite d’une femme attire après elle plus de désordres que celle d’un homme, parce que, disent-ils, une femme qui reçoit entre ses bras un autre que son mari, met dans sa famille des héritiers qui ne lui sont de rien, et qu’ainsi outre le crime d’infidélité, elle fait encore un vol. […] Tout beau, Monsieur, dit-il à son maître en l’interrompant, n’allez pas parler de même devant ma mauricaude, vous augmenteriez encore la bonne opinion qu’elle a d’elle ; elle m’a dit mille fois que je ne suis qu’une bête, qu’un animal ; vraiment elle me dirait bien cette fois-là que Dieu m’a mis au monde avant AdaM. — Votre femme est donc méchante, Chevalier Sancho, lui demanda la duchesse, puisque vous vous en plaignez ? […] Mais quand le oui est dit, et qu’elle voit bien qu’un mari ne peut plus s’en dédire, c’est pour lors qu’elle ne se contraint plus, et qu’elle met le diable à la maison. — Mais, Sancho, lui dit la duchesse, il semble que vous vouliez faire entendre que toutes les femmes fassent désespérer leurs maris. — Non pas toutes, Madame, répondit-il ; il y en a qui sont bien douces ; mais en récompense il y en a aussi qui ne le sont guère, et d’autres qui ne le sont point du tout. […] En même temps il lui porta la main auprès de l’oreille, et fit semblant d’en tirer quelque chose, qu’il mit entre ses deux pouces, et faisant la même figure que les gens font quand ils écrasent de la vermine. […] Tout le monde se mit encore à rire de cette belle expression de San-cho, à qui son maître fit signe de se taire, et continua son histoire, qui ne fait rien à celle-ci, puisqu’elle est écrite ailleurs.

28. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLII. Comment Don Quichotte sauva la vie à la duchesse de Médoc. Nouveaux exploits des deux chevaliers. »

On a dit ci-dessus que comme le duc de Médoc était parti de chez lui sans dire à la duchesse ni où il allait ni pourquoi il sortait, ne le voyant point revenir le soir, elle s’en enquit ; et quelqu’un de ses domestiques lui ayant dit qu’il était allé chez le comte Valerio, où étaient Don Quichotte et Sancho, elle ne s’en mit pas plus en peine ; mais la journée du lendemain étant passée sans le voir revenir, et sachant d’ailleurs qu’il avait encore envoyé chercher du monde, elle crut que c’était quelque nouveau divertissement qu’il se donnait aux dépens de nos aventuriers, et voulut en avoir sa part. […] Elle se mit donc en chemin, et croyant le pouvoir faire en toute sûreté, elle n’avait que son train ordinaire, qui consistait en un écuyer, un cocher, un postillon et quatre valets de pied derrière son carrosse, tous désarmés, qui ne se doutant de rien, venaient tranquillement au-devant des six bandits qui allaient à eux. […] Don Quichotte qui venait de terrasser celui qui avait voulu tuer la duchesse. ne voyant plus qu’un homme en état de défense, et qu’il lui venait encore du secours d’un autre côté, se contenta de recommander de ne le pas tuer, et de le prendre vif, après quoi il se mit aux trousses du fuyard, qu’il eut bientôt atteint, et dont il eut aussi bientôt purgé le monde. […] Il avait mis pied à terre pour aider à la duchesse à descendre de carrosse, et Sancho n’était point encore remonté sur son cheval, lorsque la duchesse, qui s’informa du duc son époux, ayant appris qu’il était lui-même dans la forêt à la quête des bandits, en eut une vive douleur, craignant qu’il ne s’en trouvât quelqu’un assez déterminé pour aller à lui, comme il en était venu à elle, et cherchant dans sa tête le moyen de le retirer d’un lieu où il courait tant de péril, elle n’en trouva point de meilleur ni de plus facile, que celui de faire tirer plusieurs coups de mousquet, ne doutant pas qu’il ne vînt au feu, comme en effet elle ne se trompa pas. […] Ils le firent, et Sancho qui voulut à contretemps faire l’officieux, se mit de la partie malgré son serment, de ne rien avoir à démêler avec une arme infernale.

29. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVII. Du repas magnifique où se trouva Don Quichotte, et du beau et long discours qu’il y tint. »

Ce devait être une belle figure qu’un homme armé de toutes pièces parmi des filles proprement mises, quoique à l’ancienne mode. […] Il n’en pouvait plus, et ne savait comment se tirer de leurs mains ; mais Merlin le tira d’embarras en venant les prier tous de venir se mettre à table. […] Merlin, qui parut être le maître des cérémonies, fit mettre Don Quichotte et Dulcinée à côté l’un de l’autre dans des fauteuils si bien dorés, qu’ils paraissaient être d’or effectivement ; Durandar et Balerme furent mis vis-à-vis d’eux dans des sièges moins magnifiques, et Sancho et Montésinos furent mis, celui-ci entre Durandar et Don Quichotte, et Sancho entre Dulcinée et Balerme, et cela, parce que Dulcinée avait absolument voulu se placer entre nos deux aventuriers, et donner la droite à son chevalier.

30. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LXI. Comment Don Quichotte et Sancho sortirent du château pour s’en retourner chez eux ; de ce qui leur arriva sur la route. Mort de Don Quichotte ; et ce qui s’ensuivit. »

Il était dans cette disposition lorsqu’un matin Sancho à la sortie de l’office où le maître d’hôtel l’avait bien régalé, vint le trouver dans sa chambre avec sa gaie humeur, et lui dit en entrant : Bonjour, Seigneur Don Quichotte, je viens de mettre à fin une aventure qui m’a bien fait du plaisir, et ce qui m’en plaît davantage, c’est que je n’ai pas besoin de charpie. […] L’écuyer pressé par sa soif se préparait à la satisfaire sans façon ; mais Don Quichotte se mit en tête que cette source d’eau était la fontaine de Merlin. […] D’abord on mit Don Quichotte au lit, et le barbier accourut à son secours. […] On fit de superbes funérailles au héros de la Manche, et son écuyer reprit son premier métier, et passa commodément le reste de ses jours avec le bien qu’il avait mis en dépôt entre les mains du curé.

31. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVIII. Du combat de Don Quichotte contre Sancho, et quelle en fut la fin. »

Don Quichotte était retourné au château où le nouveau chevalier s’était fixé, et croyant, comme il n’entendait personne, quechacun était endormi, il prit sa lance sur son bon cheval après avoir mis dessus une grande housse rouge pour le déguiser, et sortit sans trouver personne. […] Après cela pour mettre son cheval en haleine, il prit au petit galop le chemin de l’endroit où Sancho était en sentinelle. […] Lorsqu’il crut être assez éloigné il tourna visage, se recommanda à son imaginaire Dulcinée, qu’il invoqua entre cuir et chair, et voulut mettre sa lance en arrêt, mais il la rompit. […] C’était un spectacle risible de voir les efforts que faisaient nos deux champions chacun de son côté, sans se rien dire, et tous deux si proches, qu’ils se touchaient, pour mettre à l’air leurs invincibles et formidables épées.

32. (1713) Les illustres Françaises « Préface. »

J’avertis les curieux qui voudront déterrer les noms de mes héros, et de mes héroïnes, qu’ils prendront une peine fort inutile, et que je ne sais pas moi-même quels ils étaient, ou quels ils sont ; ceci n’étant que des histoires différentes que j’ai entendu raconter en différents temps, et que j’ai mises par écrit à mes heures perdues. […] L’histoire de Des Ronais fait voir que si tous les pères et mères en agissaient à l’égard de leurs enfants, comme Dupuis en agit à l’égard de sa fille, ils en seraient toujours honorés et respectés, et qu’on ne verrait point dans la misère, des vieillards qui s’y sont mis en faveur d’enfants assez dénaturés pour se moquer d’eux, dans la jouissance des biens, dont ils se sont dépouillés en leur faveur. […] Quelques lecteurs de ceux qui ne lisent que pour chicaner un auteur sur un mot mal à propos mis, ou qui ne sera pas de leur goût, en trouveront sans doute ici qui leur feront condamner tout l’ouvrage ; mais la naïveté de l’histoire a voulu cela pour la plus grande partie, aussi bien que quelques phrases qui paraîtront embarrassées. […] En effet, y a-t-il rien de plus plaisant, que de voir une marchande prête à se mettre à table, dire d’un ton plaignant à une servante : eh mon Dieu, où est donc Mademoiselle une telle ?

33. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIV. Ce qui se passa dans le château après cette expédition. »

On se mit à table sitôt qu’on eut eu soin des blessés, et qu’on se fut assuré des prisonniers, et comme la journée avait été fatigante, on se coucha de bonne heure ; le lendemain on fit enterrer les morts fort honorablement, surtout le gentilhomme qui avait été assassiné dans le carrosse de la duchesse. […] Pour ne plus parler d’objets si affreux, justice fut faite d’eux tous, et ils furent envoyés border les grands chemins, excepté celui à qui le duc de Médoc avait promis la vie, et à qui non seulement il donna la liberté, mais encore une somme d’argent suffisante pour le conduire hors d’Espagne, et mener ailleurs un train de vie plus honnête ; on l’avait mis exprès dans un endroit d’où il lui fut facile de se sauver, et on dressa un procès-verbal de son évasion pour la décharge du geôlier et des autres qui pouvaient en être inquiétés. […] Le duc de Médoc, qui avait un très grand fond de probité et d’honneur, écouta tout ce qu’on lui dit avec une patience admirable, et sans répondre un seul mot ; mais après qu’on eut achevé de lui dire tout ce qui se pouvait dire sur cette matière, il prit la parole, et après avoir remercié toute la compagnie en général du soin que chacun en particulier avait témoigné pour sa personne, il ajouta que s’agissant de rendre service au comte de Valerio, et de sauver l’honneur d’une des meilleures maisons d’Espagne, il n’aurait pas eu l’esprit en repos si lui-même n’y avait été ; que de plus, chacun se faisait dans le monde un point d’honneur et de probité selon son humeur ; qu’il avouait que la recherche qu’on faisait de gens qu’on destinait au gibet, offrait à l’esprit quelque chose de bas et de rebutant, qu’ainsi il ne blâmait point les Français de ne s’y pas commettre, parce qu’ils croyaient que cela était indigne d’un grand cœur ; mais que pour lui il était d’un autre sentiment et qu’il ne croyait pas qu’il fût plus indigne d’un prince de faire la guerre à des voleurs et à des bandits qui désolaient toute une province et ses propres compatriotes, que de la faire à des étrangers ; qu’il croyait même que c’était plus utilement servir sa conscience et le public dans une guerre de cette nature, que dans une guerre réglée, parce que les ennemis qu’on combat dans celle-ci, ne sont pas des ennemis particuliers ni domestiques, puisqu’on peut s’en défaire par un traité de paix ; mais que les autres sont des ennemis d’autant plus cruels, qu’ils ne sont retenus par aucune digue ; de plus que la guerre avait ses lois inconnues aux scélérats, et que les ennemis qu’on combattait dans une guerre de prince à prince, étaient presque toujours des ennemis contraints par la volonté et par l’ambition de leur souverain, avec qui la vie était sauve, ou du moins ne courait pas tant de risque, qu’avec les autres, qui non seulement n’épargnaient personne, mais de qui même leurs propres amis et les gens de leur connaissance avaient plus à craindre que des étrangers ; qu’enfin dans une guerre ouverte on était en état d’attaquer et de se défendre, et que l’on n’était jamais surpris qu’on ne dût s’attendre à l’être ; mais que les voleurs de grands chemins étaient des gens qui mettaient leur sûreté dans les surprises qu’ils faisaient aux gens qui ne se défiaient nullement d’eux ; et qu’en un mot c’était des ennemis d’autant plus dangereux qu’ils empêchaient le commerce et la sûreté, et qu’il n’y avait avec eux ni paix ni trêve à espérer que par leur mort ; enfin des gens universellement regardés avec exécration ; ce qui était si vrai, qu’en France même, où les gens de distinction tenaient cette chasse si indigne d’eux, les bandits et les voleurs de grand chemin étaient punis du plus long et du plus rude des supplices, et privés même de la sépulture.

34. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVIII. Des tristes et agréables choses que Parafaragaramus apprit au chevalier de la Manche. »

Parafaragaramus s’en mit en colère, et lui demandant s’il le prenait pour un Bohème, lui dit : Ne sais-tu pas qu’il y a des choses à dire et d’autres à celer ? […] Là-dessus il se mit le premier à table, et convia tous les autres d’en faire autant ; en sorte que Sancho n’eut plus besoin que d’un lit. […] Il chercha au plus vite son trésor, et ne le trouvant pas sur lui, c’est-à-dire sur son estomac, où il l’avait mis : Eh oui, oui, s’écria-t-il, fiez-vous aux promesses des démons ? […] Sancho lui-même, qui se comptait un gros seigneur, s’était mis sur son propre, et commençant à se donner des airs de conséquence, il eut l’effronterie de dire aux gens du duc en présence de leur maître, et en leur montrant les richesses de Don Quichotte et les siennes : Tenez, Messieurs, quand vous viendrez ici faites comme dans un jardin où il est permis d’avoir des yeux, mais point des mains.

35. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXIX. Du grand projet que forma le duc de Médoc, et dans lequel Don Quichotte entra avec plus de joie que Sancho. »

Le duc de Médoc étant instruit de tout rêva quelque temps, après quoi prenant la parole il leur dit qu’on ne voyait pas qu’on dût faire aucun mystère de l’aventure à Valerio ; qu’il convenait que le comte étant honnête homme, l’infâme personnage que ses frères y avaient joué lui ferait beaucoup de peine ; mais aussi qu’il en serait bientôt consolé, surtout lorsqu’on lui ferait comprendre que c’était un bonheur pour lui que tous deux y fussent restés, et qu’ils eussent péri par la main de la justice divine qui laissait le champ libre à mettre leur réputation à couvert devant les hommes, que pour cela il fallait absolument nettoyer la forêt des bandits qui désolaient le pays, et les faire tous périr de quelque manière que ce fût, et que cet article regardant ses devoirs, il s’en chargeait ; ajoutant que si on pouvait en prendre quelqu’un en vie, il fallait les remettre entre les mains du lieutenant, qu’il les enverrait avec Pedraria sécher sur les grands chemins, et qu’il se chargeait encore de faire supprimer des informations tout ce qui chargeait Octavio et Don Pedre pour sauver leur mémoire d’infamie, et de faire substituer à la place de ce qui serait supprimé un aveu des criminels qui les auraient assassinés eux-mêmes sans les connaître, ce qui ne tournerait nullement à la honte de Valerio, qui jouirait tranquillement de leurs biens sans appréhender que le fisc y mît la main. […] Le duc qui avait amené beaucoup de gens avec lui, en attendait encore d’autres, qu’il ne doutait pas qu’ils n’arrivassent incessamment, et tous ces hommes étant joints à ceux que le lieutenant avait amenés, et aux autres que Valerio pouvait fournir, on résolut de parcourir la forêt dès le lendemain, et de commencer à la pointe du jour, ce qui mit notre héros dans la plus grande joie qu’il eût eu de sa vie.

36. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVII. Des offres obligeantes que fit le duc d’Albuquerque aux dames françaises ; de la reconnaissance de Valerio et de Sainville, et de la conversation particulière que Don Quichotte eut avec Sancho. »

. —  Je le crois, répondit Sancho, on dit que vous valez vous seul plus de cent Amadis, que vous avez mis en fuite l’armée des ennemis, et que vous avez sauvé Madame la comtesse. —  Cela est vrai, répondit Don Quichotte, et s’ils n’avaient pas fui, je n’en aurais pas laissé un en vie. […] L’un disait, poursuivit-il, que je voulais encore faire tirer au blanc, ou comme sur un âne ; l’autre, que j’ai des yeux au derrière, et que c’était pour voir ceux qui entraient que j’avais mis bas mes chausses ; l’autre, que je voulais me faire donner un clistère pour m’aider à vider ce que j’avais de trop dans le ventre ; un autre, que c’est que je suis propre, et que j’avais peur de salir mes grègues.

37. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre L. Dissertation sur la différente manière d’aimer des Espagnols et des Français. »

Les Français en convinrent, et prétendirent que c’était un amour effectif qui leur inspirait cette pleine confiance, qu’ils se mettaient sur le pied de croire toute sorte de vertus dans leurs femmes et dans leurs maîtresses, et que d’ailleurs ils se flattaient d’avoir assez de mérite pour retenir un cœur qui s’était une fois donné à eux ; que dans cette persuasion, et surtout dans celle d’être parfaitement aimés comme ils aimaient, ils ne concevaient pas ces soupçons injurieux auxquels les Espagnols étaient sujets. […] Ils dirent qu’il était vrai qu’on ne voyait point de Français s’empoisonner, se poignarder, ou se pendre, pour avoir eu le malheur de n’avoir pas épousé une vestale, et que sauf le respect de tous les Espagnols en général, et des Portugais en particulier, ils regardaient comme des fous ceux qui étaient assez sots et assez malheureux pour en venir à ces extrémités ; que la manière de France sur un pareil sujet était sans doute plus raisonnable, puisque c’est être en effet extravagant, que de se punir des péchés d’autrui, et qu’à le bien prendre la mauvaise conduite d’une femme ne devait être imputée au mari qu’autant qu’il la souffrait sans y mettre ordre lorsqu’il le devait et autant qu’il le pouvait ; que du reste un homme n’en devait pas être regardé comme moins honnête, quoiqu’il eût une femme libertine, pourvu qu’il eût fait en homme d’honneur ce qu’il devait pour la ranger à la raison, pour sauver les apparences, et pour éviter l’éclat et le scandale, dont tout ce contrecoup et la honte retombait sur lui, lorsqu’il faisait le moindre faux pas.

38. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLV. Pourquoi la maîtresse d’une hôtellerie voisine du château venait souvent demander des nouvelles de Sainville et de Silvie. »

Nous avons dit que le valet de Deshayes y était resté blessé ; que ce valet était un officier déguisé qui s’était mis à sa suite pour sauver la vie de Silvie et la faire perdre à Sainville. […] Du Chirou, après quelque temps d’incertitude, se mit à la raison, et se résolut à partir pour la France sitôt que ses forces seraient revenues.

39. (1713) Les illustres Françaises « Les Illustres Françaises. Histoires Véritables. »

Comme ils en étaient là, le carrosse arriva au logis, où ils mirent pied à terre. […] Des Ronais fit les honneurs de chez lui, ils se mirent à table, et s’entretinrent de leurs anciennes connaissances, et se rendirent compte en gros de tout ce qui leur était arrivé depuis leur séparation, attendant qu’un plus long loisir leur permît d’entrer dans un plus ample détail.

40. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LX. De l’aventure qui arriva au malheureux Sancho peu de temps après qu’il fut hors de chez le duc de Médoc, et de plusieurs autres choses qui ne sont pas de grande importance. »

Alors les autres assistants s’armèrent de ce qu’ils purent trouver ; les uns se saisirent des chandeliers, les autres des flambeaux, les autres prirent les bâtons qui servaient à porter le cercueil, et tous tombant en même temps sur le misérable chevalier, lui firent bientôt vider les arçons, et se mirent à travailler sur lui comme à l’envi l’un de l’autre ; de manière qu’ils l’auraient bientôt expédié si les gens que le duc avait envoyés après lui ne fussent arrivés assez à temps pour lui sauver la vie.

/ 40