Dupuis, comme vous savez, était homme d’épée, qui avait beaucoup couru le monde. […] Elle parut dans le monde, il y a environ trois ans, et prit le soin d’un bien qui devait lui appartenir un jour. […] J’avais tous les sujets du monde de croire qu’on m’aimait. […] Il n’est pas question de cela, interrompit Dupuis, chacun dans le monde agit selon ses lumières. […] Sinon pour vous montrer qu’on ne reste dans le monde que pour vous, on se mettra dans un convent.
Ces raisons ne sont bonnes, repris-je, qu’avec les gens de l’autre monde. […] Ces aventures ne sont pas rares chez des sages-femmes, et celle-ci fut risible pour tout le monde. […] L’enfant que je mettrai au monde, si Dieu me conserve la vie, n’en sera pas plus à plaindre, reposez-vous sur moi du soin de sa fortune : sinon je vous mettrai en main de quoi lui faire une condition supportable dans le monde. […] Ce fut un garçon qu’elle mit au monde à sa première couche. […] Ni presque leur dire que je suis l’amant du monde le plus tendre et le plus passionné ?
Obligez une fois le monde à parler de vous en bons termes. […] Le monde qui vint à mes cris me retira des bras de ce satyre. […] J’en achèterais l’occasion aux dépens de tout mon sang, et de tout ce que j’ai de plus cher au monde. […] Je ne restais au monde que pour vous, et vous perdant je n’y ai plus que faire. […] Je ne paraîtrai plus dans le monde ; j’en prends un éternel adieu ; rien ne m’y retient plus.
Il est sans contredit un des plus honnêtes hommes du monde, et des mieux faisants. […] Elle donne même des sujets de méditations sur le monde et l’éternité. […] Dieu a bien su ce qu’il faisait lorsqu’il a tiré le monde du néant. […] Il est, je crois, le seul homme du monde qui puisse les supporter sans mourir. […] Charmot, apparemment pour s’informer du caractère et du génie de tout son monde.
Tout ce qu’il y avait d’honnêtes gens distingués dans leur voisinage, étaient ravis d’avoir chez eux le mari et la femme, qui les recevaient à leur tour le plus honnêtement du monde. […] Il la ramena chez lui dans la meilleure intelligence du monde. […] Après cela Sotain lui avoua la maladie dont il était travaillé, et lui offrit toutes choses au monde pour avoir d’elle la ceinture qu’elle portait. […] et pourquoi m’accabler de toutes vos rigueurs dans le moment même que vous êtes prête à recevoir dans vos bras le plus malhonnête homme du monde ? […] Elle parut dans le monde plus belle que jamais, et se livra toute à son Italienne, avec qui elle fut mariée au retour de la campagne dernière.
Vous venez de nous dire que vous vous êtes engagé à soutenir que la beauté de Madame la comtesse surpasse celle de toutes les dames de tous les chevaliers errants qu’il y a dans le monde, Mores, Indiens, Grecs et tout ce qu’il y a dans l’Andalousie et dans les Alpuchares. […] Viennent à présent que j’ai mes bonnes armes qui me garantiront de blessures tous les chevaliers errants du monde, viennent Mores, Sarrasins, Espagnols et enchanteurs même ; je les défie encore de nouveau, et pardi je les embrocherai dru comme mouches ; donnez-moi seulement le temps de me bien remettre à cheval, après cela vous verrez beau jeu ; je ne remets la partie qu’après demain matin, et laissez-moi faire. […] C’est à cause de cela, dit Don Quichotte, que tu devrais être plus retenu, car tu dis très souvent des choses qui pourraient t’attirer bien des affaires. — Eh bien, répondit hautement Sancho, qu’elles viennent à présent que j’ai mes armes, diable emporte qui les craint, ni personne du monde ; je les défie tous, et les enchanteurs les premiers, hormis Parafaragaramus. […] Tu vois bien par là que le plus lâche coquin du monde, bien caché et à couvert, peut terrasser le plus vaillant et le plus brave de tous les chevaliers ; mais qu’il est indigne d’en être loué, et ne doit pas s’applaudir d’une victoire qui ne lui coûte ni sang ni péril. […] Tenez, Monsieur, lui dit-il, bien du monde s’en plaint, et moi qui vous parle, je n’ai point de sujet de m’en louer, car une fois que j’avais grondé avec ma mauricaude, un moine se mêla de nous raccommoder ensemble, et puis après cela il venait nous voir tous les jours, afin de voir, disait-il, si nous vivions bien ensemble.
Voilà, Madame, ce que vous avez voulu savoir de moi, et je sais bien encore que vous seule pouvez me convaincre qu’il y a dans le monde des femmes sans faiblesses. […] Vous avez eu raison de me dire qu’il n’y a point de plaisir plus sensible dans le monde, que celui que goûtent deux cœurs unis. […] Cette femme était la baronne de… dont l’histoire a depuis peu fait trop de bruit dans le monde pour être ignorée de vous ; mais il n’est pas encore temps de vous dire la part que je fus obligée de prendre dans une des dernières aventures de sa vie. […] Elles ne se montrèrent pourtant pas, et voulurent voir à quoi aboutirait la harangue de la baronne, qui pour les rendre tout à fait irréconciliables avec Sainville les déchira sous son nom de la manière du monde la plus cruelle. […] Enfin rebutée de mes peines infructueuses, je cherchai d’autres moyens d’avoir accès auprès de lui ; je connaissais de réputation un homme vertueux, son intime ami, qui depuis peu s’était retiré du monde.
Il n’y a qui que ce soit au monde plus malheureux & plus misérable qu’eux. […] C’est ici le plus mauvais climat du monde, & le plus malsain. […] Il paraît un monde très grand sur la rive. […] Ce seul coup de force me fait regarder comme l’homme du monde le plus robuste. […] Ils savent à mon sens la science du monde & du commerce.
Sitôt qu’il y fut, ils l’entendirent faire son défi de tous les quatre côtés du monde à tous les chevaliers errants, Maures, Arabes, Castillans et autres, et puis après se recommander à la bonne grâce de sa mauricaude et à celle de la comtesse Eugénie, qu’il suppliait de l’aider, puisqu’il ne s’exposait que pour son honneur. […] prépare-toi toi-même à la mort, ou à avouer une chose que je fais avouer à tous ceux que je rencontre. — Chevalier, lui dit Sancho, puisque je suis ici, ce n’est que pour y combattre à outrance, préparez-vous-y, ou avouez que Madame la comtesse Eugénie est plus belle que toutes les dames des chevaliers errants qui sont dans le monde, de quelque pays et de quelque qualité qu’ils soient. — Nous ne sommes pas prêts à nous accorder, répondit le chevalier aux armes noires, puisque je prétends te faire avouer qu’une dame, que je ne veux pas te nommer, est non seulement plus belle que toutes les dames que tu viens de dire, mais aussi plus belle que la plus belle de toutes les belles dames du monde. — Chevalier, reprit Sancho, j’ai eu la courtoisie de vous nommer la dame pour qui je suis en champ, nommez-moi aussi la vôtre, s’il vous plaît. — Tu verras son portrait sur mon cœur, lui répondit le chevalier aux armes noires ; mais pour son nom tu ne mérites pas de le savoir de ma bouche, quoiqu’il ne te soit pas inconnu. — Discourtois chevalier, lui dit Sancho, vous n’êtes qu’un incivil, et ne savez pas les règles de la Chevalerie. — Je les sais mieux que toi, veillaque, lui repartit le furieux Don Quichotte. — C’est ce que nous allons voir, lui répliqua Sancho ; faisons les conditions de notre combat. — Je n’en veux point avec toi que celle de la mort, répondit-il. […] Leurs chevaux, qui n’étaient ni Rossinante ni Flanquine, étaient extrêmement vifs et forts, et avaient la bouche tendre ; et si les coups de poing qui portaient à faux faisaient faire des contorsions et des demi-tours à droit, leurs montures qui en sentaient le contrecoup par le mouvement de leurs corps qui entraînaient leur bride, leur faisaient faire des saccades de la manière du monde la plus plaisante et la plus risible.
Ne devraient-ils pas se souvenir, qu’outre le précepte divin qui attache la femme au mari, et réciproquement le mari à la femme, la fidélité conjugale est d’aussi ancienne date que le monde, où Dieu ne créa qu’une seule Eve pour Adam, tout de même qu’il n’avait créé qu’un seul Adam pour Eve ? […] Outre cela s’il m’était permis d’entrer dans les vues de Dieu, je dirais que cet assemblage d’un seul homme et d’une seule femme dans le paradis terrestre, prouve sensiblement que Dieu voulut faire voir dès le commencement du monde que l’homme devait se borner à la possession d’une seule femme, comme une femme doit se borner à la possession d’un seul homme, et que ceux qui en usent autrement vont directement contre les décrets de sa providence et de sa sagesse divine. […] Quand Dieu créa le monde, il fit tous ses ouvrages de plus parfait en plus parfait ; c’est de quoi vous ne pouvez pas disconvenir. […] Tout beau, Monsieur, dit-il à son maître en l’interrompant, n’allez pas parler de même devant ma mauricaude, vous augmenteriez encore la bonne opinion qu’elle a d’elle ; elle m’a dit mille fois que je ne suis qu’une bête, qu’un animal ; vraiment elle me dirait bien cette fois-là que Dieu m’a mis au monde avant AdaM. — Votre femme est donc méchante, Chevalier Sancho, lui demanda la duchesse, puisque vous vous en plaignez ? […] Monsieur, voyez-vous, chacun sent son mal ; tous les souliers du monde paraissent bons et bien faits, et il n’y a que ceux qui les portent qui sentent où ils les blessent. — Mais, Chevalier Sancho, lui dit Eugénie, vous déchirez là les femmes sans pitié. — Eh non, Madame, reprit-il, je ne parle que de la mienne ; et en effet, il n’y a qu’elle qui me fasse enrager. — C’est votre faute, lui dit la belle Provençale, vous deviez étudier son humeur avant que de l’épouser. — Eh oui, oui, lui dit Sancho, t’y voilà laisse-t’y choir ; une fille qui a envie d’être mariée ne se déguise pas ?
Quand le jour fut grand, le duc sous prétexte de visiter tout son monde, descendit dans la cour, où il fit semblant d’être surpris de voir nos deux chevaliers à pied et désarmés. […] Don Quichotte, qui mourait d’impatience de se signaler, voulait brusquement entrer dans la forêt, mais le duc lui dit qu’il fallait qu’une partie de son monde en fît le tour, afin que qui que ce fût ne pût s’échapper, et qu’on se reconnaîtrait au son du cor que chaque troupe aurait. […] Et qu’ils auraient exécuté leur résolution dès la veille, s’ils n’avaient pas appris par ceux qui avaient été aux provisions, que le duc d’Albuquerque y était resté avec son monde, joint à cela qu’ayant su, que vous, Monseigneur, y étiez arrivé dès avant-hier avec un gros cortège, ils n’avaient différé leur dessein que jusques à votre départ de l’un ou de l’autre : qu’au reste ils étaient encore vingt-huit hommes, tous gens de sac et de corde, bien résolus, et tellement fermes dans leur résolution, qu’ils avaient envoyé un des leurs vers le fameux Roque, pour lui demander sa jonction, et lui offrir de partager le butin avec lui et ses gens ; mais qu’heureusement celui qui y était allé, était revenu la nuit même leur dire, que Roque avait été vendu et livré à la sainte Hermandad, et tous ses gens dissipés. […] Tenez, Monsieur, dit-il, j’aime mieux cet argent-là que tous les gouvernements du monde, et surtout ceux des îles Barataria ; car avec mon argent je trouverai de quoi vivre, à boire et à manger tout mon saoul, et dans mon gouvernement le docteur Pedro Rezio de Tirtafuera me voulait faire mourir de faiM.
Il la destina à un des plus honnêtes hommes du monde, parfaitement bien fait et d’un vrai mérite, en un mot à un homme capable de se faire aimer de tout autre que d’un cœur prévenu. […] Il ajouta en parlant à Justin, que dans la figure qu’il faisait dans le monde, il devait se mettre au-dessus de ces faiblesses ; qu’il prît garde à ce qu’il allait faire, afin de ne se pas donner lui-même en spectacle à toute la France ; que sans doute la jeunesse de Silvie était cause qu’elle s’engageait dans des parties dont elle ne prévoyait pas les conséquences ; mais qu’il était très certain que ses actions étaient innocentes ; et il finit son discours en lui citant ces vers : Les éclats que l’on fait sur un semblable point, Sont toujours des éclats dont on ne revient point. Sur la foi d’un mari le monde s’abandonne A taxer la pudeur de celle qu’il soupçonne, Et ne peut présumer s’il a trop éclaté, Qu’elle ait de la vertu puisqu’il en a douté. […] Il alla trouver cette femme, et s’informa d’elle si elle avait quelque chambre vide ; et comme elle lui dit que la seconde était à louer, le marché en fut bientôt fait ; il pria cette femme de lui dire quels étaient les autres gens qui logeaient chez elle, parce que, poursuivit-il, comme j’ai beaucoup de nippes et d’argent que j’ai apportés de la campagne, je suis fort aise de savoir avec qui je demeurerai ; et si ce sont d’honnêtes gens. — Vous n’avez rien à craindre, lui dit cette femme, je loge dans la salle en bas, la porte ferme toujours, et personne ne sort ni ne monte que je ne le voie ; outre cela, il n’y a pas grand monde ici. […] Je suis prêt à vous la rendre, et j’espère que dans la suite elle vous donnera tous les sujets du monde de vous louer d’elle.
Je t’ai promis, dit Parafaragaramus à Don Quichotte, de t’ouvrir le chemin au désenchantement de la princesse Dulcinée, et je vais te tenir parole, et t’aider à en tenter l’aventure, si tu te sens assez de force et de courage pour cela ; en ce cas tu n’as qu’à me suivre et ton écuyer aussi, pour retrouver son argent, car l’un et l’autre sont en la puissance du sage Merlin qui doit commencer aujourd’hui à goûter un vrai repos en ne se mêlant plus des affaires du monde, pourvu que tu mettes à fin les aventures qui t’attendent, sinon il gardera les trésors dont il est en possession, jusqu’à ce qu’il se rencontre quelque chevalier plus heureux que toi. […] Oh pardi, dit Sancho après que son maître eut lu à haute voix, un cœur pur, une conscience nette, rien à autrui et n’avoir jamais menti, il demande l’impossible ; cela était bon pour les gens de l’autre monde. N’importe, poursuivit-il, l’homme propose et Dieu dispose, nous sommes bien équipés, après cela bon pied, bon œil, à bon jeu, bon argent ; j’aurai toujours le mien, quitte pour faire pénitence, aussi bien la faut-il faire dans ce monde ou dans l’autre. […] Il prétendit que ce n’était qu’un Merlin supposé, et que le véritable était plus grand de huit pieds au moins. — Non, non, lui dit Minos, c’est Merlin lui-même ; mais c’est que ce qui vous paraît si grand sur terre est dépouillé de sa grandeur et de son éclat lorsqu’il entre dans le royaume des morts, où il est rendu égal à tous ceux qui dans le monde étaient ses inférieurs, parce qu’ici on n’a aucune exception de la grandeur mondaine, et qu’on ne regarde dans l’homme que l’homme seul et ses actions, et non pas ses titres fastueux, et cet éclat qui lui attirait sur terre le respect, l’admiration et la flatterie du reste des mortels ses semblables. […] Au dernier coup l’illustre Dulcinée magnifiquement vêtue, et d’un visage fort agréable, se leva et lui vint tendre la main en le remerciant de la meilleure grâce du monde ; elle remercia aussi Don Quichotte de sa constance et de sa fidélité, et s’adressant à Pluton pendant qu’on déliait Sancho, elle le supplia de lui permettre de reconnaître les travaux que le fidèle écuyer avait soufferts pour elle.
Il s’est trouvé des gens dans le monde plus sincères et plus zélés pour la gloire du roi que ces pères. […] Enfin au bout de trois semaines il reparut dans le monde, voyant que l’alarme qu’il avait prise était mal fondée. […] Nous étions le mieux du monde pour être coulés à fond. […] Il s’attacha à celui qui nous tenait par le derrière, et qui nous tuait le plus de monde, et lui fit bientôt lâcher prise. […] Elle est belle et même très utile pour le bien et l’honneur de toute la nation, et en particulier pour l’utilité des gens qu’il y envoie, qui très certainement béniront son nom tant que le monde sera monde.
Vous l’avez vue, elle était extrêmement blanche, grande et bien faite, les cheveux du plus beau blond clair qu’on puisse voir au monde. […] Je crois, comme je vous l’ai dit, que le commerce est innocent, mais le monde en parle, et cela doit vous obliger à le rompre. […] Cela est vrai, repartit Des Frans, elles m’ont dit tous les biens du monde de cette dame. […] Jussy et son épouse firent leur excuse à Madame de Mongey qui les reçut le plus agréablement du monde. […] Voici l’autre, reprit Contamine ; ce serait un prodige dans le monde, qu’une femme qui pût écouter jusqu’à Amen, poursuivit-il en la regardant !
Mais on n’a pas tout ce qu’on demande dans le monde, et outre cela ce ne sont point mes affaires. […] Il a de l’esprit beaucoup et parle des affaires du monde en politique raffiné, enfin c’est un homme au poil et à la plume. […] Tout son monde se mit à crier Miséricorde et Nous nous rendons. […] Elle sait son monde, et deux conversations particulières que j’ai eues avec elle m’ont fait connaître qu’elle a infiniment d’esprit. […] Nous avons appris par lui que les ennemis ont perdu beaucoup de monde dont ils ne veulent pas dire le nombre.
Cela vint par le moyen de son cousin, qui lui dit un jour qu’il avait un ami qui chantait autant bien qu’homme du monde. […] Il était sans contredit un des plus désagréables et des plus malhonnêtes hommes du monde. […] Je ne crois pas qu’il y ait au monde un plaisir plus grand que celui d’un pareil commerce. […] Elle a vécu tout à fait retirée du monde, et paraissait être tout à fait dans la dévotion. […] Ils le firent, de sorte que mes parents me croient encore présentement en l’autre monde.
Oui, ajouta-t-il, je vous le répète, vous me paraissez la fille du monde la plus aimable ; et vous êtes aussi la fille du monde que j’aime le plus. […] Je suis encore fille, reprit Angélique, aussi sage et aussi entière que ma mère m’a mise au monde, et cependant c’est un homme qui m’a mise dans l’état où vous me voyez. […] Je vous dois tout, vous m’êtes plus cher que tout le reste du monde ensemble ; mais vous ne m’êtes point si cher que ma réputation. […] La dernière lui dit que la princesse avait toutes les envies du monde de la voir. […] Mademoiselle de Vougy les conduisit dans l’appartement de la princesse qui les reçut le plus honnêtement du monde.
Les seuls chevaliers errants restaient armés, et allaient par le monde défaisant les torts, et réparant les dommages. Les femmes n’étaient servies que par des femmes ; le grand monde leur était inconnu ; leur domestique faisait toute leur occupation, et leur propre jardin bornait leur promenade ; assez parées de la seule nature, elles faisaient consister leur beauté dans leur vertu, et leur mérite dans leur attachement pour leurs époux, sans témoigner aucun empressement pour ces sortes de parures que la mode invente tous les jours ; leur honneur ne courait aucun risque ; armées de leur seule modestie et de leur pudeur, elles retenaient tout le monde dans le respect, et ôtaient la hardiesse de leur rien dire de malhonnête. […] Les moines ne sortaient point de leur couvent pour courir parmi le monde, et s’y mêler de mille choses qui ne les regardent pas, surtout de mariages et de procès.
Cid Ruy Gomez fait ici une grande digression sur l’état où se trouva Sancho après ces terribles menaces et sur l’inconstance des affaires du monde. […] — Prends courage, mon enfant, lui dit Don Quichotte, tous ceux de notre profession ont toujours eu des traverses, et tu dois être bien aise que Parafaragaramus ne t’impose point d’autre peine que celle d’un combat. — Mardi, Monsieur, lui répondit Sancho, vous parlez toujours le mieux du monde, vous n’avez rien à craindre, et vous ne voulez pas me laisser démanger où il me cuit ; que diable ferai-je contre un enchanteur, sur qui une épée ne fera rien, et qui me va percer de la sienne comme un crible ? […] L’enchanteur qui ne s’était point attendu à une pareille gourmade, se mit à son tour sur l’offensive, et comme il était bien plus robuste que Sancho, il le mit bientôt dessous, et lui rendit le change avec usure, et surtout avec une des peaux d’anguille qui lui servait de tresse, au bout de laquelle il y avait une balle de plomb, dont il lui accommoda le corps le plus joliment du monde.
Cid Ruy Gomez, l’ami à qui Zulema, ou Henriquez de la Torre, avait confié ce qu’il avait pu ramasser de l’histoire admirable de Don Quichotte, et qu’il avait prié de la continuer, était un de ces hommes particuliers, qui ne sont bons que pour eux- mêmes, ou tout au plus pour quelques-uns de leurs amis, et qui ne comptent pour rien le reste du monde, surtout le public, qu’ils regardent, sinon avec mépris, du moins avec beaucoup d’indifférence. […] Ses héritiers, gens plus attachés au commerce qu’à toute autre chose, songèrent à recueillir sa succession, et traitèrent les papiers qui regardaient les héritiers de la Manche, avec le plus grand mépris du monde.
Oui ma foi, elle a bonne gueule, autant de servi autant de mangé : bien gagné bien dépensé, il ne faut point de bourse pour le serrer, et cependant Sancho a bon dos, il est battu et paie l’amende ; ainsi va le monde, les bons paient pour les méchants ; mais si j’en étais le maître, bon gré mal gré je la ferais chanter. — Il a raison, interrompit Minos, nous avons eu tort d’imposer au seul Sancho une punition qui doit être commune à sa femme et à lui, puisqu’il n’a eu sa mauvaise intention que pour enrichir sa mauricaude : ainsi il faut réformer notre arrêt et trouver deux différentes pénitences qui conviennent à l’un et à l’autre. […] Un diable de si bonne mine attira l’attention de nos deux chevaliers, et Pluton lui ayant permis de parler, il commença par remontrer toutes les peines qu’il se donnait pour rendre les femmes belles et attirantes, qu’il inventait tous les jours quelque pommade et quelque essence pour conserver leur teint, ou bien pour en cacher les rides, qu’il avait depuis peu de temps travaillé à cela avec beaucoup de succès, puisqu’il y avait des femmes âgées de plus de soixante ans qui ne laissaient pas par son moyen de paraître avec des cheveux bruns, une peau unie et délicate, et enfin si jeunes qu’il faudrait avoir en main leur extrait baptistaire pour les croire plus vieilles que leurs enfants ; que cela faisait augmenter le nombre de leurs amants, et augmentait en même temps celui des sujets de l’enfer ; mais que malgré tous ses soins il courait risque de perdre son temps s’il y avait encore dans le monde deux hommes de l’humeur du chevalier Sancho, qui à tout moment disait pis que rage des femmes, et tâchait d’en dégoûter tout le monde ; que si cela était souffert, il n’avait qu’à laisser en enfer son panier plein de cornes, parce qu’il ne trouverait plus de femmes qui en pussent faire porter à leurs maris, n’y ayant plus aucun homme qui leur voulût aider à les attacher, qu’il avait employé un temps infini pour en faire qui fussent propres à tout le monde, qu’il y en avait de dorées pour les maris pauvres, et qui se changeaient sur leur tête en cornes d’abondance ; qu’il y en avait d’unies et simples pour ceux dont les femmes faisaient l’amour but à but ; qu’il y en avait de jaunes pour ceux qui épousaient des filles qui avaient déjà eu quelque intrigue ; de blanches pour ceux qui épousaient des veuves ; de noires pour ceux qui épousaient des fausses dévotes ; de diaphanes et transparentes pour ceux dont les femmes savaient cacher leur infidélité ; de vertes pour ceux qui épousaient des filles élevées dans un couvent ou dans une grande retenue ; et de rouges pour ceux dont les femmes payaient leurs amants, à qui d’ordinaire elles ne se contentaient pas de sacrifier la bourse et l’honneur, mais le sang même de leur époux ; que chaque couleur convenait parfaitement à la qualité d’un chacun ; qu’il y avait dans le monde assez de femmes de vertu qui rebutaient les hommes, sans que Sancho voulût mettre les hommes sur le pied de rebuter les femmes ; que c’était de quoi il demandait justice, et protestait en cas de déni de laisser toutes les femmes et les filles en garde à leur propre vertu, sans les tenter dorénavant par lui-même, et sans les faire tenter par d’autres, ni leur fournir les occasions d’être tentées.
— Je veux dire, répondit Sancho, que vous prêchez toujours le mieux du monde, mais que vous ressemblez notre curé, en ce que vous ne faites pas ce que vous dites. […] Qu’on serait heureux dans le monde si on s’y gouvernait sur ce pied-là !
Don Quichotte qui ne demandait qu’à se signaler, dit qu’il fallait aller dès le lendemain dans la forêt, et qu’il se faisait fort d’en venir à bout lui seul, sa profession étant de purger le monde de brigands. […] Ami Sancho, lui dit-il, ce sera demain le plus glorieux jour de notre vie, car nous y allons accomplir les ordres de la Chevalerie errante, en purgeant le monde de brigands et de voleurs. — Ah pardi, Monsieur, répliqua Sancho, à qui ces préparatifs ne plaisaient guère, vous me la donnez bonne, et nous ne tombons pas mal de la poêle au feu.
On a dit ci-dessus que comme le duc de Médoc était parti de chez lui sans dire à la duchesse ni où il allait ni pourquoi il sortait, ne le voyant point revenir le soir, elle s’en enquit ; et quelqu’un de ses domestiques lui ayant dit qu’il était allé chez le comte Valerio, où étaient Don Quichotte et Sancho, elle ne s’en mit pas plus en peine ; mais la journée du lendemain étant passée sans le voir revenir, et sachant d’ailleurs qu’il avait encore envoyé chercher du monde, elle crut que c’était quelque nouveau divertissement qu’il se donnait aux dépens de nos aventuriers, et voulut en avoir sa part. […] Don Quichotte qui venait de terrasser celui qui avait voulu tuer la duchesse. ne voyant plus qu’un homme en état de défense, et qu’il lui venait encore du secours d’un autre côté, se contenta de recommander de ne le pas tuer, et de le prendre vif, après quoi il se mit aux trousses du fuyard, qu’il eut bientôt atteint, et dont il eut aussi bientôt purgé le monde.
Valerio ne les écouta presque pas, tant il eut de joie de voir chez lui le duc d’Albuquerque et son épouse ; il les combla de civilités, et ils y répondirent en gens de qualité espagnols, c’est-à-dire le mieux du monde. […] Comme, excepté ses visions sur la Chevalerie errante, il n’y avait guère d’homme au monde de meilleur sens, ni plus discret que lui, Eugénie lui fit confidence de tout ce qui regardait Don Pedre et elle, et le pria de n’en pas plus parler à son époux qu’il avait parlé d’Octavio, parce que cela augmenterait sa maladie par le chagrin qu’il en aurait ; Don Quichotte le promit, et l’heure de souper étant venue, Eugénie fit mettre la table auprès du lit de son époux, et alla quérir les belles Françaises ses hôtesses ; mais Silvie qui fondait en larmes la pria de l’excuser, lui disant que ses malheurs ne lui laissaient que la mort à souhaiter ; la marquise pria Eugénie de souffrir qu’elle tînt compagnie à Sainville, et la tante de Silvie lui fit trouver bon qu’elle tînt compagnie à sa nièce ; de sorte qu’il ne vint avec la comtesse, que la même demoiselle française qui avait demandé au duc d’Albuquerque sa protection.
La marquise qui vit bien que sa parente ne demandait pas mieux, y consentit de la meilleure grâce du monde, bien persuadée que la vertu et la sagesse de cette aimable Provençale était un garant certain de sa conduite et du respect de du Chirou. […] La marquise ayant par là l’esprit en repos, les ducs et les deux épouses n’ayant eu aucun sujet de chagrin que par rapport à leurs amis, le comte Valerio et son épouse étant contents, Sainville et sa veuve étant dans la meilleure intelligence du monde, aussi bien que le comte du Chirou avec la belle Provençale, Valerio et Sainville reprenant peu à peu leurs forces, Don Quichotte se portant bien, et Sancho en parfaite santé, à quelques brûlures près ; en un mot tout le monde ayant l’esprit porté à la joie et au plaisir on se disposa en attendant le départ, qui n’était retardé que par Valerio, Sainville et du Chirou, à prendre de nos aventuriers tout le divertissement qu’on pouvait en prendre sans s’en railler ouvertement, surtout de notre héros, dont le comte du Chirou admirait la valeur, et à qui il devait la vie, aussi bien que la duchesse et Eugénie, qui outre cela lui devait encore celle de son époux, et peut-être son honneur.
Oui, c’est elle, reprit-il, Dupuis n’en a point d’autre : c’est la plus infidèle fille qui soit au monde. […] C’est elle qu’on appelait Mademoiselle Nanette, et qui est à présent veuve de Monsieur de Londé, l’un des plus agréables et des plus honnêtes hommes qui aient jamais été au monde.
Ce traître prenait si juste le temps de l’absence du sage Parafaragaramus pour me déchirer, qu’il m’a cent fois traînée parmi les ronces et les épines ; mon faible corps succombait sous ses coups, et n’attendant ma liberté que de Dieu, j’ai fait vœu pour sortir de ma captivité et de l’enchantement qui me retenait, de me faire religieuse sitôt que je serais retournée au monde. […] Nous n’avons dans ce monde qu’aujourd’hui et demain, et le reste de notre vie ; l’habit ne fait pas le moine, ni la soutane l’habile homme, trois pas sur le pavé en découvrent la sottise ; un âne chargé d’or est toujours un âne ; mais n’importe, chacun lui ouvre la porte, il est bien reçu partout, et trouve des parents où il n’en cherchait pas ; nul n’a honte de parents vicieux pourvu qu’ils soient riches.
Quoique la nuit approchât, Sancho ne se rebutait pas, et aurait passé toute sa vie dans cette recherche s’il n’avait pas été retiré de son embarras par la voix du sage Parafaragaramus, qui vint de l’autre côté du ruisseau lui faire une belle remontrance sur le peu d’attache qu’un honnête homme doit avoir pour les biens de ce monde, et surtout un chevalier errant. […] Sancho se leva le soir et vint souper avec toute la compagnie qui le questionna sur son absence ; mais il n’eut garde de rien dire, et on ne parla pas plus d’Altisidore que si elle n’avait jamais été au monde.
Le duc de Médoc, qui avait un très grand fond de probité et d’honneur, écouta tout ce qu’on lui dit avec une patience admirable, et sans répondre un seul mot ; mais après qu’on eut achevé de lui dire tout ce qui se pouvait dire sur cette matière, il prit la parole, et après avoir remercié toute la compagnie en général du soin que chacun en particulier avait témoigné pour sa personne, il ajouta que s’agissant de rendre service au comte de Valerio, et de sauver l’honneur d’une des meilleures maisons d’Espagne, il n’aurait pas eu l’esprit en repos si lui-même n’y avait été ; que de plus, chacun se faisait dans le monde un point d’honneur et de probité selon son humeur ; qu’il avouait que la recherche qu’on faisait de gens qu’on destinait au gibet, offrait à l’esprit quelque chose de bas et de rebutant, qu’ainsi il ne blâmait point les Français de ne s’y pas commettre, parce qu’ils croyaient que cela était indigne d’un grand cœur ; mais que pour lui il était d’un autre sentiment et qu’il ne croyait pas qu’il fût plus indigne d’un prince de faire la guerre à des voleurs et à des bandits qui désolaient toute une province et ses propres compatriotes, que de la faire à des étrangers ; qu’il croyait même que c’était plus utilement servir sa conscience et le public dans une guerre de cette nature, que dans une guerre réglée, parce que les ennemis qu’on combat dans celle-ci, ne sont pas des ennemis particuliers ni domestiques, puisqu’on peut s’en défaire par un traité de paix ; mais que les autres sont des ennemis d’autant plus cruels, qu’ils ne sont retenus par aucune digue ; de plus que la guerre avait ses lois inconnues aux scélérats, et que les ennemis qu’on combattait dans une guerre de prince à prince, étaient presque toujours des ennemis contraints par la volonté et par l’ambition de leur souverain, avec qui la vie était sauve, ou du moins ne courait pas tant de risque, qu’avec les autres, qui non seulement n’épargnaient personne, mais de qui même leurs propres amis et les gens de leur connaissance avaient plus à craindre que des étrangers ; qu’enfin dans une guerre ouverte on était en état d’attaquer et de se défendre, et que l’on n’était jamais surpris qu’on ne dût s’attendre à l’être ; mais que les voleurs de grands chemins étaient des gens qui mettaient leur sûreté dans les surprises qu’ils faisaient aux gens qui ne se défiaient nullement d’eux ; et qu’en un mot c’était des ennemis d’autant plus dangereux qu’ils empêchaient le commerce et la sûreté, et qu’il n’y avait avec eux ni paix ni trêve à espérer que par leur mort ; enfin des gens universellement regardés avec exécration ; ce qui était si vrai, qu’en France même, où les gens de distinction tenaient cette chasse si indigne d’eux, les bandits et les voleurs de grand chemin étaient punis du plus long et du plus rude des supplices, et privés même de la sépulture.
Quand je serai dans l’autre monde, je ferai amitié avec quelque démon, que je prierai de te venir emporter, et puis je te verrai de bon cœur ; jusque-là serviteur aux orgues.
Elle continua par leur dire qu’elle ne savait de quelle manière s’y prendre pour en instruire Valerio, qui ne pouvait pas l’ignorer longtemps, à cause du prodigieux éclat que cela allait faire dans le monde, et elle leur demanda conseil sur ce qu’elle avait à faire.
Je sais bien que Madame la duchesse n’épargne rien pour m’en rendre le séjour agréable ; mais dans la situation où se trouve mon cœur et mon esprit, il me semble que le Toboso me convient mieux que tous les autres lieux du monde.
Il fut bientôt à lui, et il en aurait purgé le monde, s’il eût été moins observateur des lois de la Chevalerie ; mais croyant qu’un franc chevalier ne doit frapper personne par derrière : Tourne visage à moi, lui cria-t-il.
1 Voilà, je crois, une bonne partie de rencontres qui se trouvent ordinairement dans le monde, et la morale qu’on peut en tirer est d’autant plus sensible, qu’elle est fondée sur des faits certains.
. — Je sais qui c’est, interrompit Don Quichotte avec tranquillité, c’est lui qui m’a emporté mon cabinet, où étaient les histoires de tout ce qu’il y a eu de chevaliers errants dans le monde ; mais que lui et son fils viennent quand ils voudront, je ne les crains ni l’un ni l’autre.
. — Je le crois, dit la duchesse, vous me paraissez trop sage pour faire entrer votre amant dans votre chambre, mais vous ne sauriez empêcher le monde de parler. — Tenez, Madame, lui dit Sanchia, Nicolas est un animal qui y va tout à la bonne foi comme un âne qui pète ; il est maigre comme un pic et court comme un daiM.