Don Quichotte et Sancho le suivirent, et pendant ce temps-là on fit sortir leurs chevaux et leurs armes, qu’on alla attacher à des arbres au même endroit où Eugénie avait été sauvée, et des gens montèrent sur des arbres prochains pour les garder, crainte d’accident, jusqu’à l’arrivée de nos braves. […] Cette troupe étant à l’ouverture de la caverne fit feu bien vivement, et les voleurs y répondirent en gens désespérés. […] Ils le délièrent, et l’amenèrent à un plus grand jour, où il fut reconnu par des gens du château de Valerio qui étaient de la troupe pour ce même gentilhomme qui s’en était fui, lorsque Don Pedre et Octavio avaient voulu la première fois emmener Eugénie. […] Et qu’ils auraient exécuté leur résolution dès la veille, s’ils n’avaient pas appris par ceux qui avaient été aux provisions, que le duc d’Albuquerque y était resté avec son monde, joint à cela qu’ayant su, que vous, Monseigneur, y étiez arrivé dès avant-hier avec un gros cortège, ils n’avaient différé leur dessein que jusques à votre départ de l’un ou de l’autre : qu’au reste ils étaient encore vingt-huit hommes, tous gens de sac et de corde, bien résolus, et tellement fermes dans leur résolution, qu’ils avaient envoyé un des leurs vers le fameux Roque, pour lui demander sa jonction, et lui offrir de partager le butin avec lui et ses gens ; mais qu’heureusement celui qui y était allé, était revenu la nuit même leur dire, que Roque avait été vendu et livré à la sainte Hermandad, et tous ses gens dissipés. […] Mais à propos, mon cher maître, ce n’est pas une grande peine quand on a des armes enchantées, de tuer des gens qui ne peuvent vous faire aucun mal.
Cela donna lieu à la duchesse de Médoc de dire à son époux en présence des autres Espagnols et des Français, qu’il avait eu tort de se tant exposer, et que ces informations, en lui faisant connaître le péril qu’il avait personnellement couru d’être assassiné, devaient lui faire faire une bonne résolution de ne plus se hasarder contre des gens déterminés, si le malheur du pays voulait qu’il fût encore infecté de cette canaille. Les Françaises lui dirent la même chose, et ajoutèrent que la quête de ces malheureux était indigne de gens d’honneur et de qualité, que les personnes considérables en France ne s’y commettaient pas, et laissaient ce soin à des gens destinés à cet emploi ; et qu’on regarderait en France avec horreur un officier de qualité distinguée, qui aurait seulement livré un malfaiteur, bien loin de l’avoir poursuivi et arrêté lui-même. Le duc de Médoc, qui avait un très grand fond de probité et d’honneur, écouta tout ce qu’on lui dit avec une patience admirable, et sans répondre un seul mot ; mais après qu’on eut achevé de lui dire tout ce qui se pouvait dire sur cette matière, il prit la parole, et après avoir remercié toute la compagnie en général du soin que chacun en particulier avait témoigné pour sa personne, il ajouta que s’agissant de rendre service au comte de Valerio, et de sauver l’honneur d’une des meilleures maisons d’Espagne, il n’aurait pas eu l’esprit en repos si lui-même n’y avait été ; que de plus, chacun se faisait dans le monde un point d’honneur et de probité selon son humeur ; qu’il avouait que la recherche qu’on faisait de gens qu’on destinait au gibet, offrait à l’esprit quelque chose de bas et de rebutant, qu’ainsi il ne blâmait point les Français de ne s’y pas commettre, parce qu’ils croyaient que cela était indigne d’un grand cœur ; mais que pour lui il était d’un autre sentiment et qu’il ne croyait pas qu’il fût plus indigne d’un prince de faire la guerre à des voleurs et à des bandits qui désolaient toute une province et ses propres compatriotes, que de la faire à des étrangers ; qu’il croyait même que c’était plus utilement servir sa conscience et le public dans une guerre de cette nature, que dans une guerre réglée, parce que les ennemis qu’on combat dans celle-ci, ne sont pas des ennemis particuliers ni domestiques, puisqu’on peut s’en défaire par un traité de paix ; mais que les autres sont des ennemis d’autant plus cruels, qu’ils ne sont retenus par aucune digue ; de plus que la guerre avait ses lois inconnues aux scélérats, et que les ennemis qu’on combattait dans une guerre de prince à prince, étaient presque toujours des ennemis contraints par la volonté et par l’ambition de leur souverain, avec qui la vie était sauve, ou du moins ne courait pas tant de risque, qu’avec les autres, qui non seulement n’épargnaient personne, mais de qui même leurs propres amis et les gens de leur connaissance avaient plus à craindre que des étrangers ; qu’enfin dans une guerre ouverte on était en état d’attaquer et de se défendre, et que l’on n’était jamais surpris qu’on ne dût s’attendre à l’être ; mais que les voleurs de grands chemins étaient des gens qui mettaient leur sûreté dans les surprises qu’ils faisaient aux gens qui ne se défiaient nullement d’eux ; et qu’en un mot c’était des ennemis d’autant plus dangereux qu’ils empêchaient le commerce et la sûreté, et qu’il n’y avait avec eux ni paix ni trêve à espérer que par leur mort ; enfin des gens universellement regardés avec exécration ; ce qui était si vrai, qu’en France même, où les gens de distinction tenaient cette chasse si indigne d’eux, les bandits et les voleurs de grand chemin étaient punis du plus long et du plus rude des supplices, et privés même de la sépulture.
Elle savait que parmi les gens de sa qualité, ce sont ordinairement le bien et les dignités qui règlent les alliances, sans aucun égard aux inclinations des gens qu’on lie ensemble, qui à proprement parler ne sont que les victimes de l’ambition de leurs parents ; ainsi elle regrettait Verville dans le fond de son cœur ; mais elle laissait à son père le pouvoir de disposer de sa main. […] Il sut que c’était un fripier qui l’avait louée et meublée, qu’il la remplissait de gens qu’on ne connaissait pas ; et que pour la garde des meubles, il y faisait loger une femme âgée, qui nettoyait tout. […] Pour les autres, ce sont des gens qui sortent dès le matin, et qui ne reviennent que le soir. — Je ferai tout au contraire, reprit Justin, lorsque je serai dans cette ville. […] Il s’était déguisé comme la veille, et avait renvoyé ses gens en entrant chez un ami. […] Ils descendirent, et allèrent au-devant d’elle, pour toujours sauver les apparences, et défendirent à leurs gens de remonter qu’on ne les appelât ; de sorte qu’ils n’entrèrent qu’eux trois dans la chambre.
Voilà des gens bien capables de faire résistance aux ennemis ! […] Gens Superstitioni obnoxia, Religionibus adversa. […] Je reviens aux gens de guerre du Mogol. […] Les gens d’Église sont toujours mystérieux. […] Ces gens croiraient être impurs s’ils se servaient de ce qui nous a servi.
La médiocrité et la pureté des mœurs ne permettait pas pour lors qu’on s’enrichît des dépouilles d’autrui ; les fortunes n’étaient point si subites ni si opulentes ; on ne voyait point tant de faste parmi des gens sortis de la lie du peuple, et aussi n’y voyait-on point tant de malheureux et d’oppressés. […] Les gens à qui on confiait son bien sous la bonne foi, le rendaient de même, ou du moins montraient et prouvaient qu’ils avaient en même temps perdu le leur par des coups du ciel dont ils n’avaient pas été les maîtres, et qu’ils n’étaient point cause de sa perte ; à faute de quoi ils étaient punis comme des voleurs. On ne savait ce que c’était que de banqueroute ni banqueroutiers, ou bien on les punissait plus sévèrement que les voleurs de grands chemins, contre qui tout le monde est en garde, par la raison que les voleurs ne violent point la bonne foi, puisqu’on se méfie d’eux, au lieu que les autres font servir ce puissant et premier lien de la société civile pour voler impunément des gens dont ils trahissent la confiance. […] Les peuples n’étaient point épuisés pour fournir à la subsistance des gens de guerre, et à la fabrique de mille inventions que les démons ont inventées pour la destruction du genre humain. […] Les gens d’Eglise n’étaient point dissipés ; ils étaient attachés et à leur office et à leurs fonctions.
Il en est de cela comme des autres vertus chrétiennes ; les gens d’Eglise les prêchent, et en laissent la pratique aux autres ; témoin la charité, au diable le liard qu’ils donnent aux pauvres ; témoin la paix et l’union, on ne voit qu’eux plaider ; et pour les jeûnes, ne trouvent-ils pas toujours des prétextes pour s’en dispenser ? Tenez, poursuivit-il, je ne suis pas plus savant qu’un novice augustin ; mais ne réveillons point le chat qui dort ; les gens maigres comme des clous à crochet, n’entrent pas plus tôt dans le paradis que les autres, et je le sais de certitude ; car tous les chanoines que je connais, gens remplis de doctrine et de sagesse, sont pourtant tous gras à lard, les moines tout de même ; témoin le proverbe, il est gras comme un moine ; et ils ont raison puisque le paradis est un lieu de plaisir, où l’on ne doit voir que des visages contents, riants et fleuris, et non pas des faces décharnées et maigres, qui par leurs figures hideuses inspireraient de la tristesse aux autres. […] Ces sortes de gens cherchent leur profit, et il avait espéré en trouver à la Ribeyra, où il avait appris qu’il y avait beaucoup de gens de qualité. […] En entrant ils entendirent de grandes acclamations, et virent tous les gens du château qui firent les étonnés. […] Don Quichotte répondit pour tous deux, que des gens de leur profession devaient toujours être en état de mettre à fin les aventures, et que peut-être l’enchanteur Freston était là autour, qui ne cherchait qu’à leur faire pièce.
Je ne savais quel parti prendre, car je n’étais point d’humeur à cédera une poignée de gens de même. […] Vous pouvez voir par là combien ces gens craignent les armes à feu. […] Ce fils du Roi écrivit devant moi à ses gens pour me faire amener ce que je demandais. […] Tous les officiers que j’ai vus me paraissent choisis, tous gens d’esprit, ponctuels et intelligents. […] Il tombe tous les jours de nos gens malades.
Le duc ne manqua pas d’envoyer le lendemain chercher le lieutenant avec ordre d’amener main-forte ; il envoya encore quérir plusieurs gens de justice pour voir tout d’un coup la fin de l’aventure. […] Le duc qui avait amené beaucoup de gens avec lui, en attendait encore d’autres, qu’il ne doutait pas qu’ils n’arrivassent incessamment, et tous ces hommes étant joints à ceux que le lieutenant avait amenés, et aux autres que Valerio pouvait fournir, on résolut de parcourir la forêt dès le lendemain, et de commencer à la pointe du jour, ce qui mit notre héros dans la plus grande joie qu’il eût eu de sa vie. […] Nous allons justement faire les chiens de chasse du bourreau, en lui allant au péril de nos vies chercher du gibier, et encore contre des gens désespérés, qui se vendront plus qu’ils ne valent. — Tant mieux, interrompit Don Quichotte, il y en aura plus de matière à exercer notre valeur. — Et plus de horions à gagner, interrompit Sancho à son tour. Les diables d’enchanteurs n’ont qu’à se joindre à ces gens-là, poursuivit-il, et nous n’aurons pas besogne faite. — Eh ! […] Mais, ami Sancho, lui dit Don Quichotte, il me semble que tu n’y viennes qu’à contrecœur. — Ma foi, Monsieur, répondit le sincère chevalier, je n’y vais pas de trop bon cœur ; si c’était des chevaliers, passe ; mais des gens que l’on veut faire pendre, cela me sent l’alguazil, et franchement c’est un vilain métier. — Tu te trompes, ami Sancho, lui dit Don Quichotte, un chevalier et un sergent, ou un homme de justice, sont en tout différents ; l’un n’y va qu’attiré et poussé par la vue d’un gain sordide ; mais un chevalier errant n’y va qu’en vue de l’honneur, et pour délivrer les bons et les innocents des torts que ces bandits leur font. — Eh bon, bon, reprit Sancho, dis-moi qui tu hantes, et je te dirai qui tu es.
Tels sont les dévots d’une compagnie que j’introduirai souvent sur la scène ; gens qui ne veulent être ni éclaircis, ni désabusés ; gens qui regardent les vérités de ce côté, et sur ce sujet, comme des médisances ; gens idolâtres de leur prévention ; et gens avec lesquels je ne veux avoir rien de commun, ni à démêler. […] Combien de gens par toute terre voudraient être quittes de leurs cancers ? […] Hurtain et La Chassée ne sont pas gens à manquer au rendez-vous. […] Combien de gens seraient en bonne santé s’ils n’avaient eu recours à leur art ! […] Je le répète encore, je ne sais qui que ce soit plus malheureux que ces gens-ci.
Le reste n’était que des assurances d’un amour constant, et mille autres bagatelles pour des gens indifférents, mais de grande conséquence pour des gens qui s’aiment. […] Que nous étions obligés de suivre ses paroles à la lettre beaucoup plus que les autres gens mariés. […] Les gens naturellement violents, sont plus à craindre dans leur silence, que dans leur éclat. […] Il fit tout ce qu’il avait à faire pour être autorisé, et le fit si secrètement, qu’aucun de ses gens n’en sut rien. […] Cela est beau de surprendre les gens, lui dit l’aimable Dupuis.
Les Français soutenaient qu’on avait vu des Français aussi constants que des Espagnols, et les Espagnols avouaient que cela se pouvait, parce qu’il n’y avait point de pays qui ne produisît des gens contraires au génie général, mais que généralement parlant les Espagnols étaient plus constants que les Français, quoique l’Espagne eût aussi produit quelques infidèles. […] Les Espagnols prétendirent que ce peu de confiance, ou plutôt cette jalousie, était nécessairement fille de l’amour, et qu’il n’y avait qu’elle seule qui la fît naître ; qu’une preuve de cela est, que nous laissons faire avec indifférence tout ce que veulent faire des gens auxquels nous ne prenons nul intérêt, et qu’au contraire les gens que nous aimons ne font aucune action qui ne nous intéresse, et à laquelle nous ne prenions part en effet. […] Pour montrer la différence qu’il y a entre ces divers procédés de gens qui ont des épouses infidèles, dit Sainville, et qu’il y en a qui sont plaints par le public, ou dont on ne parle seulement pas, et d’autres moqués et raillés avec juste raison, pour faire voir en même temps que ce point d’honneur qu’on y attache dépend beaucoup plus de la conduite du mari que de celle de la femme, quoique ce soit elle qui fasse le crime, pour montrer que ce ne sont pas ceux qui examinent la conduite de leurs épouses avec le plus de vigilance qui sont le plus à couvert de leur infidélité, et que c’est cette conduite qui les y pousse, je crois qu’il est à propos que chacun de nous raconte quelque aventure qu’il sache certainement être arrivée de notre temps en France même, afin de ne point mêler d’histoires étrangères dans nos entretiens ; et pour cet effet, je vais, poursuivit-il, en conter une qui montrera que les précautions d’un jaloux donnent déjà de lui un sujet de risée, qui est encore augmenté lorsqu’il a affaire à des gens qui ont l’esprit de les rendre inutiles, et de les tourner contre lui-même, et qui prouvera en même temps, que la jalousie est en effet un poison mortel pour ceux qui s’y abandonnent.
Les vers de Dupuis mourant ; les lettres de sa fille ; celles de Madame de Terny, et celles de Silvie, ces deux dernières dans un couvent, ne sont point de ma façon, et sont en effet des gens dont je veux parler. […] Comme je n’ai interrompu le récit d’aucune, n’ayant voulu laisser au lecteur aucune impatience de trouver la fin d’un récit, après en avoir vu le commencement, il y a eu des gens qui ont trouvé mauvais que j’aie reculé la justification de Silvie, jusques à ce que Dupuis racontât ses aventures. […] Ce qui est une juste matière de risée pour les gens qui connaissent le domestique. […] Les gens dont je parle vivaient dans un temps, où on observait un niveau plus juste. […] Les gens de bon sens voudraient bien savoir, si ces femmes prétendent être Madame à carreau, ou Madame à chaperon ?
Don Quichotte les avait laissés aux mains ensemble, et n’étant plus que seul à seul, ils avaient fait voir toute la valeur, ou plutôt toute la fureur dont sont capables des gens possédés par la jalousie, l’amour, le désespoir et la haine. […] Valerio ne les écouta presque pas, tant il eut de joie de voir chez lui le duc d’Albuquerque et son épouse ; il les combla de civilités, et ils y répondirent en gens de qualité espagnols, c’est-à-dire le mieux du monde. On l’informa ensuite des désordres que des voleurs faisaient autour de chez lui ; à quoi Eugénie ajouta qu’elle avait donné retraite dans son château à des gens qui avaient été fort maltraités. Le duc lui dit que c’était des Français et des Françaises qui paraissaient gens de qualité, et que s’il avait été proche de chez lui, il lui eût évité toute l’incommodité qu’il en pouvait recevoir, en les conduisant dans quelque endroit qui lui appartient. […] Elle ignorait la part que le frère du comte avait dans ce qui était arrivé : c’est ce qui fit qu’elle s’emporta un peu contre la mauvaise police d’Espagne pour la sûreté publique ; à cela près elle plut à tout le monde ; on parla des gens avec qui elle était ; on la pria de dire par quelle aventure tant de Français se trouvaient en Espagne en même temps.
J’avais résolu de vous empêcher de voir Des Ronais, cet amant si poli et si chéri ; mais j’ai changé de pensée ; cela ferait trop parler les gens. […] Enfin sa manière d’écrire, et l’amour effectif qui paraissait dans ses lettres, lui firent autant de partisans qu’il y avait de gens qui les vissent, et le nombre n’était pas petit. […] Je donnais à mes gens leur argent à dépenser, et je mangeais avec cette dame. […] Je ne vis uniquement que les gens à qui j’avais à faire. […] Si peu de gens jetaient les yeux sur moi, il n’y a que six ans, j’étais si peu de chose dans le monde, que quelque idée que vous en ayez, vous ne vous imaginerez jamais qui je suis à présent.
Allez, allez, la perte n’est pas grande, je voudrais bien qu’il m’en fût arrivé autant ; ma foi, j’enterrerais la mienne en chantant plus haut que les gens d’Eglise quand ils enterrent un trésorier. […] Des gens d’un esprit tranquille auraient regardé Sancho comme un fou ; mais ceux qui l’écoutaient étaient trop abîmés dans leur tristesse pour songer à plaisanter. […] Alors les autres assistants s’armèrent de ce qu’ils purent trouver ; les uns se saisirent des chandeliers, les autres des flambeaux, les autres prirent les bâtons qui servaient à porter le cercueil, et tous tombant en même temps sur le misérable chevalier, lui firent bientôt vider les arçons, et se mirent à travailler sur lui comme à l’envi l’un de l’autre ; de manière qu’ils l’auraient bientôt expédié si les gens que le duc avait envoyés après lui ne fussent arrivés assez à temps pour lui sauver la vie. […] Ces deux paysannes n’avaient jamais été si aises qu’elles l’étaient de se voir bien nourries et bien entretenues ; elles commençaient à se croire des gens de conséquence, et la duchesse ne trouvait pas un plus grand plaisir que celui de les faire jaser.
Il en voulait faire autant de ceux que tenaient les gens de la comtesse, et l’aurait fait si elle ne l’avait retenu. […] C’est ici, mon pauvre Sancho, lui dit-il d’un ton de compassion, qu’il nous faudrait du baume de Fiera-bras. — Non, non, Monsieur, lui dit un des gens de la duchesse, il y a d’autres remèdes qui à la vérité ne font pas un effet si prompt, mais qui peuvent soulager le seigneur Sancho. — Dites-le promptement, je vous supplie, lui dit le pitoyable chevalier. — Il ne faut que de l’urine, répondit l’autre, et en laver les plaies, cela emportera à coup sûr le venin et la douleur. […] Tous ses gens le rejoignirent dans cet endroit, et par le compte qu’il fit des bandits, il trouva qu’il n’en était échappé aucun, tous les vingt-huit ayant été tués ou pris. […] Valerio, Eugénie, le duc d’Albuquerque, son épouse et les Françaises, avaient fait leur possible pour empêcher le duc de Médoc de se charger de l’exécution de l’entreprise, et l’avaient supplié de s’en reposer sur le lieutenant, ou un de ses officiers, et de ne se point commettre avec des gens désespérés, de sac et de corde, en un mot des bandits indignes de sa présence et du péril où il allait se précipiter.
Est-il temps de venir voir les gens à près de minuit ? […] De tous les gens qui étaient dans l’hôtel, il n’y avait que moi qu’elle admît à sa table. […] Est-ce là une fourberie conduite par des gens accoutumés à fourber, et qui en font leur capital ? […] Je remis à écrire au lendemain aux gens qui devaient me faciliter la dispense des bans et des autres formalités. […] Ce fut ainsi que des gens d’affaires et mon procureur fiscal me le persuadèrent.
On a vu dans le cinquième tome de quelle manière le hardi Don Quichotte avait traité les forgerons, et que ces gens de sac et de corde s’étaient enfuis dans la forêt, où ils s’étaient joints aux scélérats que Don Pedro Carrero, frère de Valerio, commandait ; et tous ensemble, tant pour se venger, que pour vivre, continuaient leurs brigandages. […] Leurs pistolets étant vides, Don Pedro et sa suite, qui ne craignirent plus le feu, fondirent sur eux l’épée à la main ; ils les reçurent en braves gens, et s’étant acculés, ils firent face de tous côtés ; cependant étant enveloppés de six hommes, ils auraient infailliblement succombé, si on ne fût venu à leur secours. […] Don Pedre qui avait le visage tourné vers leur chemin, ne vit pas plutôt sa belle-sœur, qu’il courut à elle, et tous ses gens le suivirent. […] Don Pedre se tourna en effet, et voyant encore un homme qu’il croyait avoir assommé, fit face à notre chevalier, après avoir dit à ses gens d’emmener Eugénie.
Ses héritiers, gens plus attachés au commerce qu’à toute autre chose, songèrent à recueillir sa succession, et traitèrent les papiers qui regardaient les héritiers de la Manche, avec le plus grand mépris du monde. […] Quoique l’Espagnol crût avoir pris le Français pour dupe, celui- ci ne se crut point trompé ; et en effet, s’il l’a été, ce n’est pas de beaucoup ; du moins, supposé qu’il ait fait une folie, le public lui en aura obligation, étant très certain que sans lui les mémorables aventures de l’incomparable Don Quichotte, et celles du chevalier Sancho Pança, ci-devant son écuyer, seraient restées dans l’oubli, quoiqu’elles soient dignes de la curiosité des gens qui n’ont rien de meilleur à faire que d’employer leur temps à une lecture fort inutile, sans en excepter la morale du savant Don Quichotte, dont personne ne profite, ou du moins très peu de gens.
L’officier le laissa avec des gens capables de lui tenir tête à boire, et lui par un trou qui répondait du grenier à la chambre de nos aventuriers, ou plutôt par une planche du grenier qu’il enleva, il y descendit ; il attacha toutes les armes de Sancho pièce par pièce avec de la ficelle qui répondait au haut du plancher, qu’on pouvait ôter et remettre sans bruit, et afin que les armes n’en fissent point en les enlevant, il mit du coton où il en fallait pour les soutenir. […] Le seigneur Don Quichotte peut t’assister de ses conseils ; il peut même te favoriser de sa présence, mais je lui défends de te secourir, et même d’approcher de quinze pas de ses armes sous peine de perdre les siennes et d’acquérir ma haine pour toujours : vois, indigne Sancho, quel malheur ton imprudence t’attire ; souviens-toi que l’enchanteur qui garde ta dépouille, n’a point de temps à perdre, parce qu’il faut qu’il aille et revienne du Cathay avant le coucher du soleil ; il est levé, ainsi ton épée ne te servira de rien contre lui ; cours donc dès la pointe du jour à la conquête de tes armes, ou ne te présente jamais devant les braves gens, et renonce à la profession et aux espérances de devenir roi ou empereur de la Chine. N’y va pas, si tu ne te sens assez de cœur pour soutenir un rude combat, ou bien prépare-toi à être assommé de coups et accablé de honte en présence de tous les gens qui sont dans le château de la comtesse, et qui seront témoins de ta valeur ou de ta lâcheté. […] Les gens qui les suivaient firent la même chose environ quinze pas des armes, et le firent si naturellement, que Don Quichotte crut qu’ils étaient enchantés, ou du moins retenus par la force de quelque enchantement : on le pria de tenter l’aventure, puisque ses armes le délivraient des enchantements.
Je n’avais jamais vu que des gens d’Église trop âgés et trop dégoûtants pour inspirer de la tendresse. […] Tous les gens à qui j’en parlai, crurent l’affaire faite, elle ni moi ne le crurent pas. […] Bernay qui ne savait où était sa fille, et qui se douta que j’en serais informé, avait mis des gens en garde. […] L’air froid et tranquille dont je parlais fit rire les gens qui écoutaient. […] Je connaissais de fort braves gens capables de me rendre service en cas d’occasion, j’allai les voir, ils me jurèrent de se sacrifier pour moi.
Notre héros reprit sa fureur, en même temps qu’il reprit connaissance, et joignit les bandits l’épée à la main, qui surpris de se voir sur les bras un homme qu’ils croyaient mort, se défendirent avec tout le désespoir de gens qui n’attendent que la roue, et Don Quichotte les attaquait avec toute la témérité d’un chevalier errant. […] Les gens qui venaient au secours de la duchesse étaient les siens mêmes, qui après avoir été de loin témoins du combat de nos braves, et voyant que le nombre des assassins diminuait, étaient venus pour achever d’en délivrer leur maîtresse, et se servant de l’exemple que Sancho leur avait montré, ils prirent chacun un palonnier, et eurent bientôt abattu le malheureux qui restait sur ses pieds ; ils allaient achever de l’assommer, lorsque Don Quichotte qui arriva ramenant le cheval de Sancho, et par conséquent la bouteille, les empêcha de tuer ce misérable, et se contenta de le faire lier et garrotter aussi bien que l’autre, que Sancho avait assommé, et celui à qui il avait fait passer son cheval sur le corps, qui tous deux n’étaient qu’étourdis. […] On avait ôté aux six bandits qui l’avaient attaqué[e], leurs armes et leur poudre ; ainsi elle ordonna à ses gens de s’en servir pour tirer coup sur coup.
Allez joindre les gens qui vous attendent, il en est temps. […] Je priai qu’on me fît tout ce qu’on voudrait, et qu’on ne l’outrageât pas ; qu’on tournât contre moi tous les effets que la rage pouvait inspirer, et mille autres choses de pareille nature, qui ne furent point entendues par ces gens impitoyables. […] J’obligeai les gens de l’ambassadeur d’écrire à mes parents que j’étais mort. […] Du Val se contenta de leur dire qu’ils servaient à déjeuner leur maître et leur maîtresse : ces gens firent leur devoir. […] Leur surprise redoubla en voyant tant de gens assemblés.
Il avait de la qualité étant d’une maison qui s’est toujours distinguée par son attachement à la personne de nos Rois, mais plus connue dans la robe que dans l’épée, quoiqu’il en soit sorti de très braves gens, et qui ont servi dans les armées avec éloge. […] Lorsqu’il la trouvait en compagnie avec les gens du logis, il y restait sans aucun entretien particulier, et c’était ce qui empêchait qu’on en dît du mal. […] Ce qui rendait sa mère chagrine, était ses maladies perpétuelles, son âge fort avancé, et l’état malheureux où elle avait été réduite qui avait aigri son esprit, qui d’ailleurs ne pouvait pas être fort poli, n’ayant jamais vu que des paysans en province, ou des gens du tiers état à Paris. […] Il est certain qu’elle ne crut pas d’abord qu’elle fût aussi sage qu’elle se disait ; elle lui promit pourtant le secret, et s’informa exactement de sa manière de vivre, et des gens qui lui rendaient visite. […] Il en eut un chagrin mortel, d’autant plus qu’il vit bien qu’elle se contraignait pour ne pas pleurer devant les gens qui l’écoutaient.
. — Mardi, Mademoiselle, lui répondit Sancho, vous parlez comme on dit que parlent les gens de votre pays, sans savoir ce qu’ils veulent dire ; si vous aviez été ici il y a un quart d’heure, vous auriez vu si je n’ai pas bien gagné le pain et l’eau que Monseigneur Parafaragaramus me fait donner. — Quoi ! […] — Oui, Madame, répondit Sancho. — Et je ne vois ici personne de ses gens, dit-elle. […] Ce que le spectre voyant, il en redoubla son ris effroyable, en leur disant qu’ils étaient des chevaliers de promenade, des chevaliers de bouteille, des chevaliers de franche-lippée, en un mot des bâtards de l’Ordre, et qu’assurément Pluton s’était moqué de lui de l’envoyer combattre contre des gens qui n’avaient pas seulement une épée à eux deux ; et après cela il leur tourna le dos, et regagna la forêt, en criant qu’il allait de ce pas redoubler la dose sur Dulcinée pour dissiper son chagrin. […] Des gens moins prévenus que nos aventuriers auraient bien pu s’apercevoir que le gazon avait été coupé ; mais quand cela serait arrivé, ils étaient sur le pied de croire à un besoin que ce trou était un des soupiraux de l’enfer, plutôt que de n’y trouver pas quelque chose d’extraordinaire et digne de leurs visions.
. — Pardi, Monsieur, répondit Sancho avec une pointe de colère, elles m’ont forcé de parler, et puis au fond je ne me plains pas de ces dames, et ne prétends point les offenser ; mais j’entends dire par tant de gens que leurs femmes ont des têtes de fer, et d’ailleurs la mienne en a une si forte, que je m’imagine qu’elles se ressemblent toutes, et que c’est queussi queusmi ; et de plus avec tout cela je ne me plains que de ma femme, parce que je n’en ai qu’une, et je crois que tous les autres aussi bien que moi ne se plaignent que de la leur, parce qu’ils n’en ont pas deux. […] Je ne m’étonne pas si vous croyez qu’elles sont douces, vous autres gens d’Eglise, vous ne les voyez que dans leur bonne humeur. Le chevalier Sancho a raison, dirent en même temps les ducs et le comte, toutes les femmes ne sont bonnes qu’à faire désespérer leurs maris. — C’est ce que je disais l’autre jour, reprit Sancho, ravi que les gens mariés fussent de son parti. — Mais, Chevalier Sancho, lui dit Eugénie, il faut prendre en patience les contradictions de votre femme, et croire que c’est Dieu qui vous l’a donnée telle qu’elle est pour vous faire faire pénitence. — Non, non, Madame, lui dit-il, ce n’est pas le bon Dieu, c’est le Démon qui me la laisse. — Voilà de terribles paroles que vous lâchez, lui dit le curé. — Oh ! […] En même temps il lui porta la main auprès de l’oreille, et fit semblant d’en tirer quelque chose, qu’il mit entre ses deux pouces, et faisant la même figure que les gens font quand ils écrasent de la vermine.
Vraiment, me dit-elle d’un air refrogné ; c’est bien comme cela qu’il faut entrer chez les gens. […] Ces raisons ne sont bonnes, repris-je, qu’avec les gens de l’autre monde. […] Il la combla de civilités, et lui dit comme les gens avaient ordre de le dire, que nous avions été attaqués par des voleurs. […] Je priai ma mère de me prêter son carrosse, ou du moins les justaucorps de livrée de ses gens. […] Je ne vous impose pas d’une syllabe, Madame, répondis-je, et tout au moins vous avouerez que ce n’est pas avec d’autres gens que des gens d’Église, et même des plus saints et des plus éclairés, qu’on peut apprendre ce que je viens de vous dire.
Peut-être que le bonhomme ne voulait pas que tant de gens de conséquence les vissent mal mises comme elles étaient. […] Des gens du logis arrivèrent dans le moment qui empêchèrent Sancho de la rosser ; les dames parurent aussi et demandèrent d’où venait un si grand bruit. […] Les gens du château, qui n’en pouvaient plus de rire, vinrent enfin les séparer ; mais les parties étaient trop échauffées, et Sancho qui était tout en sang, s’était mis en colère tout de bon ; mais ayant trouvé le moyen de donner encore à Thérèse un coup en traître, il s’apaisa, et se mit à crier : C’est à ce coup-là, ma Thérèse, qu’il faut nous réconcilier et demeurer bons amis, car voilà qui est fait. […] Avec les gens sans raison n’est-il pas juste qu’un bâton tienne lieu de rhétorique ?
J’obligeais ma mère d’aller nous promener partout où je savais qu’il allait, et d’aller jouer chez les gens où je savais que nous le trouverions ; je l’y voyais avec plaisir, et quoiqu’il ne jouât seulement qu’un fort petit jeu, je prenais part à ses pertes, et le gain qu’il faisait me réjouissait. […] Sitôt que nous fûmes seules, à ce que je croyais, elle commença par me plaindre du mauvais choix que je faisais des gens que j’honorais de ma confiance et de mon amour. […] Ce qu’elle me fit voir m’a parfaitement convaincue, que les gens à qui le crime ne fait point d’horreur, ont le secret de se faire un front incapable de rougir. […] Vous savez ce que vous dîtes ensemble ; car pour ce qui est de ce que vous fîtes, Deshayes m’a dit qu’il n’y pouvait rien avoir de plus sage entre des gens qui s’aiment, et que vous ne sortîtes point des bornes de la modestie. […] Elle en frémit, mais en même temps elle me fit comprendre que je n’étais point en état de perdre inutilement le temps à pleurer et à me plaindre, qu’il fallait payer de force d’esprit, et agir, et surtout ne me fier pas à toute sorte de gens, et ne prendre conseil que de personnes extrêmement secrètes, et absolument dans mes intérêts.
Il l’avait demandée avec tant d’instance, qu’elle n’avait pu se dispenser d’y aller ; et afin que ce qu’il allait dire fût public, il pria qu’on fît entrer dans sa chambre tous ceux qui pouvaient rendre témoignage de ses dernières volontés, et surtout les gens de distinction. […] Dorothée, Valerio et Eugénie se joignirent à lui, et le duc qui avait l’âme toute généreuse, et qui se faisait un plaisir de rendre service aux gens de qualité, fit non seulement ce que le duc avait promis qu’il ferait en écrivant à son beau-frère, mais il écrivit encore aux premiers du Conseil de Madrid.
La bonne mine de ce cavalier le fit regarder par tous les gens des carrosses, dont il était environné. […] Ma cousine a fait honnêtement tout ce qu’elle a pu, et plus même qu’elle ne devait, pour le désabuser, plusieurs amis communs s’en sont mêlés ; mais tout aussi inutilement que moi : il veut être en colère malgré les gens, et ne veut croire que sa prévention.
Supposé même qu’il fût vrai qu’il eût voulu détourner les hommes de l’amour des femmes, il n’aurait fait que ce que font tous les jours les confesseurs, les directeurs et les prédicateurs sur qui la puissance de l’enfer ne s’étend pas, ainsi il y a lieu d’appel comme de juge incompétent ; d’ailleurs il ne suffit pas au démon Molieros d’accuser le chevalier Sancho, il faut qu’il le convainque, qu’il montre quelque preuve d’homme ou de femme que ses discours aient convertis ; c’est de quoi je le défie, et c’est ce qu’il ne peut pas faire, parce qu’en effet Sancho n’a fait que perdre sa morale ; et comment ne la perdrait-il pas, puisqu’il n’en a jamais débité qu’en plaisantant, et que les gens d’Eglise la perdent bien, eux qui la prêchent avec le plus grand sérieux qu’ils peuvent, et qui même l’appuient des préceptes et des commandements qui leur viennent d’en haut et d’un pouvoir supérieur à tout ? […] N’as-tu pas entendu qu’il n’y doit entrer que des gens d’un cœur pur, qui ne possèdent rien du bien d’autrui, et qui n’ont jamais fait aucun mensonge ?
Le jaloux trompé Histoire Pour ne point causer de scandale, vous me permettrez de vous cacher le nom des gens à qui l’aventure que je vas dire est arrivée, et même le lieu et la province où elle s’est passée, il suffit que ce soit en France et que le héros soit français. […] Il y avait déjà deux jours écoulés des quatre, que Célénie lui avait accordés ; et comme ils ne comptaient pas de se revoir de très longtemps, ils se disaient tout ce que des gens qui s’aiment peuvent se dire de plus tendre et de plus passionné. […] Je dois une histoire, poursuivit-elle, je vais m’en acquitter et vous parler d’un homme qui s’est fait plaindre et admirer par le petit nombre de gens qui ont su ce qui lui est arrivé, et qui n’a point donné aux autres matière de rire à ses dépens.
Oh pardi, dit Sancho après que son maître eut lu à haute voix, un cœur pur, une conscience nette, rien à autrui et n’avoir jamais menti, il demande l’impossible ; cela était bon pour les gens de l’autre monde. […] Parafaragaramus lui dit qu’il n’y avait rien là de surprenant, et que des gens qui avaient été huit cents ans sans rien prendre, devaient avoir besoin de se remplir, et le convia de se mettre à table.
. — Il est vrai, répondit Don Quichotte, que j’ai été surpris que tu n’aies point soupé avec nous ; mais, Sancho, tu dois en avoir de la joie, puisque c’est signe qu’on respecte ici la vertu, et qu’on regarde les gens par leurs actions, et non pas par leur qualité.
. — Chevalier, lui repartit le brave Sancho, vous n’êtes assurément qu’un gavache, avec vos injures ; car mon maître qui jase comme un prédicateur, et qui est aussi savant qu’un pape, m’a dit que les injures sont les meilleures raisons des gens qui n’en ont point et des lâches.
Sancho passa encore toute la journée dans son lit où il but et mangea à son ordinaire, c’est-à-dire qu’il pensa se crever, en faisant raison le verre à la main à tous les gens du duc et du comte qui étaient venus le voir pendant la journée, si bien qu’il avait terriblement les dents mêlées le soir que toute la société vint le voir pour apprendre des nouvelles de sa santé.
Sancho lui-même, qui se comptait un gros seigneur, s’était mis sur son propre, et commençant à se donner des airs de conséquence, il eut l’effronterie de dire aux gens du duc en présence de leur maître, et en leur montrant les richesses de Don Quichotte et les siennes : Tenez, Messieurs, quand vous viendrez ici faites comme dans un jardin où il est permis d’avoir des yeux, mais point des mains.