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2. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Ronais, et de Mademoiselle Dupuis. »

Il avait été averti de la mort de Mademoiselle Dupuis, et on remarqua que cette nouvelle l’avait attristé. […] une fille qui me doit tout, et à qui ma seule bonté y donne droit après ma mort. […] Il en était tombé une à vendre par la mort du titulaire ; il s’agissait de payer. […] Il avait assez vécu pour songer à la mort. […] On ne meurt point de douleur, j’en serais mort dans le moment même.

3. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Frans et de Silvie. »

La mort de cette femme était indigne de ma main. […] Vous avez eu raison de me dire que je devrais regretter la mort de Garreau. […] On ne parla pas plus de lui après sa mort que s’il n’avait jamais été en vie. […] Quoi qu’il en soit, j’eus de cette mort toute la joie dont j’étais capable. […] Tout me déplaisait ; je ne cherchais que la mort.

4. (1721) Mémoires

Après sa mort M.  […] Sa nourrice savait le secret de sa naissance et ce fut la cause de sa mort. […] Lorsque après la mort de M.  […] Il tomba malade de la maladie dont il est mort. […] Le hasard voulut qu’un de mes parents était mort il n’y avait que huit jours.

5. (1691) Journal du voyage des Indes orientales (à monsieur Raymond)

Il nous est mort encore aujourd’hui un matelot du Port-Louis. […] C’était peu d’avoir des malades, la mort s’en mêle à la fin. […] Il est mort enfin il y a environ dix-huit mois. […] Mais retournons trouver le fils qui questionne son père mort. […] Il nous est mort même ce soir un matelot.

6. (1691) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 2)

Leur mort est le fruit d’un zèle mal conduit ; mais cette mort est volontaire, puisqu’il ne dépend que de ces femmes de mourir ou de ne mourir pas. […] Il est mort encore ce matin un de nos charpentiers. […] Il nous est mort cette nuit un matelot, nommé René Dérien. […] Si cela est, je suis en partie cause de sa mort. […] On déserterait le pays si on les punissait de mort.

7. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Jussy, et de Mademoiselle Fenouil. »

Il avait chez lui une nièce que la mort de père et mère avait laissée sous sa tutelle. […] À peine ce petit animal en eut-il dans le corps, qu’il tomba mort sans branler. […] Elle a fait cette déclaration peu de temps avant la nouvelle de ma mort. […] J’obligeai les gens de l’ambassadeur d’écrire à mes parents que j’étais mort. […] Je les priai même d’envoyer un certificat de mort, et un extrait de sépulture.

8. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLI. Don Quichotte et Sancho s’arment pour aller combattre les brigands. Ces deux chevaliers font des actions de valeur inouïes. »

Qu’il lui avait tout promis pour éviter la mort présente ; mais que quatre jours après, plusieurs de ces bandits, qui étaient allés chercher des vivres, étaient revenus bien blessés, et qu’il avait appris d’eux, qu’ayant voulu attaquer un carrosse plein de femmes et l’amener, pour avoir les chevaux dont ils manquaient, ils s’étaient battus à deux reprises contre des Français, et un démon sous la figure d’un homme qui leur avait repris le carrosse, ôté Eugénie qu’ils tenaient encore, et tué huit de leurs camarades, et entre autres Don Pedre. […] On en trouva huit roides morts et deux hommes de justice : reste à vingt, dit-il, qu’il faut avoir morts ou vifs ; allons, Messieurs, ajouta-t-il, poursuivons notre quête. […] Eh bon, bon, dit Sancho, plus de morts et moins de mangeurs ; tuez, tuez, Messieurs, ou je m’en vais les pendre tout à l’heure. […] Sancho qui vit que les gens de justice dépouillaient et fouillaient les morts, les imita, et heureusement pour lui, celui à qui il s’adressa, était le trésorier de la troupe, et avait tout l’argent que Don Pedre et Octavio lui avaient confié ; en sorte que Sancho trouva un sac plein d’écus d’or et de pis-toles d’Espagne. […] Ce conseil réussit tout à propos ; parce que, comme on en eut aperçu deux montés au haut d’un arbre, on alla à eux ; mais la peur dont ils furent saisis en fit tomber un de si haut, qu’il se brisa tout le corps et resta mort sur la place.

9. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Prez, et de Mademoiselle de l’Épine. »

Elle le suivit, et moi je restai plus mort que vif. […] Voilà la cause de sa mort. […] Je restai plus mort que vif. […] Je sens votre enfant, il est mort. […] Enfin ils m’instruisirent de la mort de ma chère femme.

10. (1690) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 1)

Les morts sont trop discrets. […] Quelle mort ! […] Y en a-t-il à l’épreuve de cette mort-ci ? […] Il est mort tout à fait décharné. […] Hurtain est mort.

11. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Terny, et de Mademoiselle de Bernay. »

Le procès, à force d’être civil, devint enfin criminel, ils s’accusaient l’un l’autre d’être la cause de la mort de la défunte. […] Je me résolus donc d’attendre du temps, ou la mort de Bernay, ou la majorité de Clémence. […] Si je vous savais certainement infidèle, je vous accuserais de ma mort, et je veux pouvoir dire en mourant, que je ne meurs que parce que je ne puis vous appartenir. […] À quoi bon tant d’apprêts et de faste, pour conduire à la mort une victime d’ambition et de haine. […] La mort me mettra à couvert d’un orage de maux plus cruels qu’elle-même.

12. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVIII. De l’arrivée du duc de Médoc, et de la mort touchante de Deshayes. »

De l’arrivée du duc de Médoc, et de la mort touchante de Deshayes. […] Ils y allèrent, et elle leur représenta de nouveau l’étrange situation où elle était, à cause des entreprises et de la mort de ses beaux-frères. […] Il finit en ordonnant à sa femme par tout le pouvoir qu’il avait sur elle, d’épouser Sainville aussitôt qu’il serait mort, et il fit écrire cette volonté avec le don qu’il leur faisait à tous deux de tout son bien, pour en quelque façon les dédommager des peines qu’il leur avait causées. […] Silvie n’ayant plus sujet d’observer ses démarches dont elle ne devait plus rendre compte à personne, écrivit à sa mère tout ce qui lui était arrivé, et surtout la mort de Deshayes et ce qui l’avait précédée, et s’engagea d’accompagner la marquise pendant qu’elle serait en Espagne : ce qu’elle fit non seulement pour lui témoigner le ressentiment qu’elle avait des retraites qu’elle lui avait données, mais encore pour ne plus s’éloigner de Sainville, qu’elle savait bien ne la devoir plus abandonner.

13. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLII. Comment Don Quichotte sauva la vie à la duchesse de Médoc. Nouveaux exploits des deux chevaliers. »

Le cocher était étendu par terre, le postillon et trois valets de pied fuyaient à travers champ, en criant de toute leur force : celui qui n’était que blessé était à terre, où étant plus mort que vif, il n’osait branler ni ouvrir la bouche. […] Si ces scélérats n’avaient pas été aveuglés, et qu’ils eussent conservé un peu de bon sens, il est constant que nos braves étaient morts, parce qu’il n’y avait rien de si facile que de les égorger ; mais les criminels manquent toujours à quelque chose : ils s’amusèrent à recharger leurs mousquets, et à aider leur camarade, ce qui donna le temps à Don Quichotte de revenir à lui, et à la duchesse celui de reprendre assez ses sens, pour s’apercevoir qu’on était venu à son secours. Notre héros reprit sa fureur, en même temps qu’il reprit connaissance, et joignit les bandits l’épée à la main, qui surpris de se voir sur les bras un homme qu’ils croyaient mort, se défendirent avec tout le désespoir de gens qui n’attendent que la roue, et Don Quichotte les attaquait avec toute la témérité d’un chevalier errant. […] Sancho ne voyant plus à combattre, et se ressouvenant que la dépouille était à lui, fouilla les vivants et les morts, sur qui il trouva encore un butin qui lui plut beaucoup, quoiqu’il ne fût pas si considérable que le premier ; il leur laissa néanmoins leurs habits, parce qu’ils ne valaient pas la peine d’être emportés.

14. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIV. Départ de la compagnie. Comment Sancho fit taire le curé. Aventures diverses arrivées à cet infortuné chevalier. »

En effet, ç’aurait été une chose digne de pitié, qu’un aussi honnête homme que notre héros fût mort dans ses imaginations ; mais avec ces favorables sentiments pour le maître, ils étaient bien résolus de fatiguer son malheureux écuyer de toutes manières, et d’en tirer tout le divertissement qu’un misérable paysan tel que lui, et avec cela fou à lier, peut donner à des gens de qualité. […] Sancho fut rapporté plus mort que vif ; et après avoir demeuré quelque temps sur le fourgon, il revint à lui, et son premier soin fut de chercher son argent. […] Cid Ruy Gomez dit que la douleur acheva de le faire devenir fou, et que si l’effusion du sang ne lui avait pas fait peur, il se serait passé son épée dans le corps, mais qu’il n’avait différé sa mort que jusqu’à ce qu’il eût trouvé une corde et un arbre pour s’y pendre. […] Courage, mon Maître, dit-il à Don Quichotte, le diable n’est pas toujours à la porte d’un pauvre homme ; dans quatre jours vous aurez Dulcinée, et moi mon argent ; d’un échelon on vient à deux, et de deux au haut de l’arbre ; attendons seulement, et les alouettes nous tomberont toutes rôties dans la bouche ; nous n’aurons qu’à tirer, la vache est à nous ; le terme ne vaut pas l’argent ; quand j’y serai vous verrez de quel bois je me chauffe ; il ne faut pas jeter le manche après la cognée ; car quand on est mort on ne voit goutte ; n’est pas marchand qui toujours gagne ; mais le bon est qu’il n’y aura rien de perdu. […] Sancho plus mort que vif le prit quelque temps pour un fantôme, mais l’ayant enfin reconnu il se rassura, et avec des soupirs très vifs, ou plutôt un cliquetis de dents extraordinaire, il lui conta toute son aventure.

15. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIII. De l’accident qui arriva au chevalier Sancho, en tirant une arme à feu. Remède pire que le mal. »

L’inquiétude de la duchesse ne l’empêcha pas de rire d’un si beau saut, mais elle se retint en voyant la rage et la fureur qui montèrent tout d’un coup au visage de Don Quichotte, qui courut à son écuyer, et le trouva, comme j’ai dit, presque mort, grillé, roussi et rôti, et la mâchoire toute en sang. […] Otez-moi ces armes infernales, Chevalier, dit-il à son maître, je suis mort. […] Il revint auprès de son écuyer qui criait toujours de toute sa force qu’il était mort.

16. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Dupuis, et de Madame de Londé. »

Cet enfant fut mis en nourrice ; je l’ai élevé jusqu’à l’âge de six ans qu’il est mort de la petite vérole, ou d’une autre maladie que sa garde m’a donnée pour argent comptant ; et cette mort n’est arrivée que depuis environ deux ans. […] Elle roulait sur leurs maris vivant et mort. […] Je ne dis point à Silvie, ni ce que j’avais fait pour triompher de sa vertu, ni la mort de Madame Morin. […] La mort d’une femme si belle, si sage et si vertueuse, fut regardée avec la dernière compassion. […] Je viens chercher la mort en votre présence, puisque je ne puis espérer de vous adoucir.

17. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVI. Suite de l’histoire de Silvie et de Sainville. »

Je le souhaite trop pour vouloir en clouter ; cette incertitude me donnerait la mort. […] Il n’est plus temps de feindre, Madame, répliqua-t-elle ; il n’est pas nécessaire que vous sachiez ce qui me retient ici ; mais vous allez savoir autre chose que la crainte de la mort m’oblige de vous dire, et qu’il est de votre intérêt de savoir. J’admirais la hardiesse, ou plutôt l’effronterie de cette femme qui sur le point de souffrir une mort infâme parlait avec tant d’audace et d’assurance. […] C’est à vous à voir à présent s’il vous est plus avantageux d’être bientôt veuve d’un mari mort avec infamie, que de porter longtemps le nom d’un homme d’avec qui vous pouvez vous séparer quand vous voudrez. […] Deshayes qui revint à Paris trois ou quatre jours après la mort de la baronne, vint m’y trouver ; mais ayant fortement résolu de n’avoir jamais de commerce avec un si méchant homme, je refusai non seulement de retourner avec lui, mais même de lui parler et de le voir.

18. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXV. Du tour ridicule et malin que fit Parafaragaramus au chevalier Sancho, et des événements tristes qui le suivirent. »

Cependant comme le Français était plus adroit que Don Pedre, celui-ci vit bientôt son sang couler, ce qui ayant achevé de le mettre en fureur il se lança à corps perdu sur le Français, mais si malheureusement pour lui, qu’il s’enferra de lui-même, et tomba roide mort ; le Français le démasqua, et voyant que ce n’était pas Sainville, il crut pour lors que ce n’était qu’un voleur, et le laissa là. […] Il fut visité le premier comme le plus malade, et le chirurgien ayant eu ordre de venir rapporter au comte et à la comtesse l’état de la santé de leurs hôtes, il vint leur dire que Sainville était, comme Valerio, sans aucun danger pour la vie, et uniquement épuisé par la perte du sang ; mais que pour Deshayes il avait plus besoin d’un confesseur que de tout autre secours, et que c’était sûrement un homme mort dans vingt-quatre heures au plus tard ; ce fut aussi le sentiment du vieillard qui avait le premier pansé Valerio chez les chevriers. […] Comme, excepté ses visions sur la Chevalerie errante, il n’y avait guère d’homme au monde de meilleur sens, ni plus discret que lui, Eugénie lui fit confidence de tout ce qui regardait Don Pedre et elle, et le pria de n’en pas plus parler à son époux qu’il avait parlé d’Octavio, parce que cela augmenterait sa maladie par le chagrin qu’il en aurait ; Don Quichotte le promit, et l’heure de souper étant venue, Eugénie fit mettre la table auprès du lit de son époux, et alla quérir les belles Françaises ses hôtesses ; mais Silvie qui fondait en larmes la pria de l’excuser, lui disant que ses malheurs ne lui laissaient que la mort à souhaiter ; la marquise pria Eugénie de souffrir qu’elle tînt compagnie à Sainville, et la tante de Silvie lui fit trouver bon qu’elle tînt compagnie à sa nièce ; de sorte qu’il ne vint avec la comtesse, que la même demoiselle française qui avait demandé au duc d’Albuquerque sa protection.

19. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre LI. Le jaloux trompé »

Quoiqu’il fût changé pour elle, elle ne changea pas pour lui, et plus il lui disait de duretés, plus elle lui répondait d’honnêtetés, et croyant que cette mauvaise humeur provenait de quelque maladie interne, elle fit son possible pour l’obliger à consulter des médecins ; il la traita de folle, de vouloir lui persuader qu’il était malade d’imagination, et bien loin de répondre à ses caresses et à ses avances, comme il avait coutume, il la repoussait et la regardait avec un certain air de mépris qui lui mettait la mort au cœur. […] On alla au plus vite le retirer de cette charrette où il était tout étourdi de cette chute ; il en revint, et ce fut pour faire encore un autre coup de désespoir, en se frappant contre la muraille, où il se donna un si grand coup de la tête qu’on le crut mort. Il fut en un moment tout couvert de son sang, et le chirurgien qui fut appelé pour le panser eut une très mauvaise opinion de sa blessure ; on le mit au lit toujours gardé à vue, et lui toujours prévenu de la mort de sa femme, fit en sorte en se tourmentant de défaire les ligatures de sa tête, et ne voulut jamais qu’on y remît la main qu’après qu’on lui eut dit que sa femme se portait mieux. […] Il finit par lui offrir de la tirer de captivité si elle voulait se fier à sa conduite ; il ajouta que sa vie était entre ses mains ; qu’il savait bien qu’il était mort pour peu que son mari le soupçonnât ; qu’elle pouvait le livrer à sa vengeance ; mais il la supplia aussi d’examiner si Sotain méritait ce sacrifice, et si elle était résolue d’user sa jeunesse et sa vie dans toutes les douleurs et les amertumes que la folie de cet homme pouvait et devait lui faire prévoir. […] Seigneur, lui dit la fausse Italienne, il vaudrait bien mieux que je sortisse de chez vous que de lui causer la mort. —  Hé !

20. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « ChapitreLII. Le mari prudent »

Pénétré du regret de la mort d’une épouse qu’il avait parfaitement aimée, il ne voulut plus se marier et borna son plaisir à élever l’enfant qu’il avait eu d’elle. […] Dans le temps qu’elle tâchait d’étouffer dans son cœur les tendres sentiments qu’elle sentait pour lui, elle reçut une lettre de sa part, par laquelle il lui mandait, que ne voyant que des objets de douleur et de rage, il était résolu de quitter le pays et le royaume pour aller chercher une mort qui le délivrât tout d’un coup des supplices éternels où il était exposé dans le lieu de sa naissance, et la suppliait de lui donner un moment d’entretien particulier pour prendre congé d’elle ; après quoi, disait-il, il n’aurait plus de regret à sa vie. […] Elle ne répondit que par ses larmes, et son père qui n’en attendit pas d’autre réponse, la tira de l’embarras où elle était en s’adressant à Justin : C’est une nouvelle femme que vous prenez, lui dit-il, il est juste qu’elle vous apporte une nouvelle dot ; et puisque vous n’avez point voulu accepter le don de tout mon bien pendant ma vie, il sera à vous après ma mort ; cependant en voici des arrhes que je vous donne, vous m’offenseriez de les rebuter, je vous supplie de les accepter comme le gage d’une réconciliation sincère. […] Comme elle était véritablement changée, elle fut ravie de demeurer dans un endroit qui pût lui servir auprès son époux de caution de sa conduite ; elle n’avait pas plus de dix-neuf ans lorsque cette réconciliation se fit ; ainsi on ne peut pas dire que ce fût l’âge qui l’eût retirée ; on ne peut pas dire non plus que ce fût le regret de la mort de son amant, puisqu’il ne fut tué à l’armée que dix ans après, et depuis ce temps-là, c’est-à-dire depuis plus de vingt-cinq ans, elle a vécu et vit encore d’une manière toute sainte ; en sorte qu’on la regarde comme un modèle de perfection ; tous les gens qui la connaissent la regardent avec admiration.

21. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LV. Don Quichotte et Sancho vont à la caverne de Montésinos. Ce qu’ils y virent, et comment se fit le désenchantement de Dulcinée. »

Le succès heureux n’en est réservé qu’au plus fidèle et au plus brave chevalier qui jamais ceignit épée, sans en excepter les Amadis, les Roger et les autres illustres de l’Ordre, vivants et morts. […] — Ecoutez, hardi Chevalier, poursuivit Minos seul, l’incomparable Dulcinée n’est point dans les enfers, et par conséquent elle n’est point sous la puissance du dieu Pluton ; elle est trop sage pour avoir mérité nos supplices, et étant encore vivante, elle n’est point descendue dans ce sombre empire des morts ; elle est encore au nombre des vivants, quoiqu’elle n’y paraisse pas ; mais comme tu sais, Merlin l’a enchantée, et il a fait sagement, parce que si elle avait paru telle qu’elle était, elle aurait armé tous les chevaliers errants les uns contre les autres, et n’étant occupés que de leur amour, ils n’auraient pas mis fin, ni toi non plus, aux grandes aventures qui rendent leur vie si illustre là-haut. […] Il prétendit que ce n’était qu’un Merlin supposé, et que le véritable était plus grand de huit pieds au moins. — Non, non, lui dit Minos, c’est Merlin lui-même ; mais c’est que ce qui vous paraît si grand sur terre est dépouillé de sa grandeur et de son éclat lorsqu’il entre dans le royaume des morts, où il est rendu égal à tous ceux qui dans le monde étaient ses inférieurs, parce qu’ici on n’a aucune exception de la grandeur mondaine, et qu’on ne regarde dans l’homme que l’homme seul et ses actions, et non pas ses titres fastueux, et cet éclat qui lui attirait sur terre le respect, l’admiration et la flatterie du reste des mortels ses semblables. Notre chevalier se rendit à ces raisons, parce qu’en effet la mort remet au même niveau ceux que la naissance ou la fortune avaient distingués.

22. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXIII. Comment on a découvert ces nouvelles aventures qu’on donne au public. »

De sorte qu’Henriquez étant mort dans son voyage des Indes, Ruy Gomez, qui n’avait suivi Don Quichotte que pour rendre compte à son ami, ne se trouva pas d’humeur à faire part à qui que ce fût des découvertes qu’il avait faites. On dit même que son dessein était de tout jeter au feu, et qu’il n’en fut empêché que par la mort qui le surprit.

23. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Contamine, et d’Angélique. »

Avec le bien qu’il avait de son côté, il lui en vint encore d’autre, par son mariage avec la fille d’un partisan puissamment riche, duquel elle est restée seule héritière ; ses frères et sœurs étant morts avant père et mère, et après le mariage avec le père de notre héros, c’est à présent la belle-mère d’Angélique. […] J’attends votre réponse comme l’arrêt de ma vie, ou de ma mort ; c’est-à-dire avec la dernière impatience. […] Lorsque je l’épous[er] ai cela me reviendra ; et si par ma mort je ne l’épouse pas, elle aura toujours de quoi vivre le reste de ses jours dans un état assez honnête. […] Elle vécut encore fille près de deux ans après la mort de sa mère ; et vraisemblablement elle le serait encore, si la fortune n’avait travaillé pour elle, et c’est ce qui me reste à vous dire. […] La fièvre qu’elle avait le fit trembler ; il devint plus mort que vif, et sans proférer une seule parole, il tomba à ses genoux devant son lit.

24. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIV. Ce qui se passa dans le château après cette expédition. »

On se mit à table sitôt qu’on eut eu soin des blessés, et qu’on se fut assuré des prisonniers, et comme la journée avait été fatigante, on se coucha de bonne heure ; le lendemain on fit enterrer les morts fort honorablement, surtout le gentilhomme qui avait été assassiné dans le carrosse de la duchesse. […] Le duc de Médoc, qui avait un très grand fond de probité et d’honneur, écouta tout ce qu’on lui dit avec une patience admirable, et sans répondre un seul mot ; mais après qu’on eut achevé de lui dire tout ce qui se pouvait dire sur cette matière, il prit la parole, et après avoir remercié toute la compagnie en général du soin que chacun en particulier avait témoigné pour sa personne, il ajouta que s’agissant de rendre service au comte de Valerio, et de sauver l’honneur d’une des meilleures maisons d’Espagne, il n’aurait pas eu l’esprit en repos si lui-même n’y avait été ; que de plus, chacun se faisait dans le monde un point d’honneur et de probité selon son humeur ; qu’il avouait que la recherche qu’on faisait de gens qu’on destinait au gibet, offrait à l’esprit quelque chose de bas et de rebutant, qu’ainsi il ne blâmait point les Français de ne s’y pas commettre, parce qu’ils croyaient que cela était indigne d’un grand cœur ; mais que pour lui il était d’un autre sentiment et qu’il ne croyait pas qu’il fût plus indigne d’un prince de faire la guerre à des voleurs et à des bandits qui désolaient toute une province et ses propres compatriotes, que de la faire à des étrangers ; qu’il croyait même que c’était plus utilement servir sa conscience et le public dans une guerre de cette nature, que dans une guerre réglée, parce que les ennemis qu’on combat dans celle-ci, ne sont pas des ennemis particuliers ni domestiques, puisqu’on peut s’en défaire par un traité de paix ; mais que les autres sont des ennemis d’autant plus cruels, qu’ils ne sont retenus par aucune digue ; de plus que la guerre avait ses lois inconnues aux scélérats, et que les ennemis qu’on combattait dans une guerre de prince à prince, étaient presque toujours des ennemis contraints par la volonté et par l’ambition de leur souverain, avec qui la vie était sauve, ou du moins ne courait pas tant de risque, qu’avec les autres, qui non seulement n’épargnaient personne, mais de qui même leurs propres amis et les gens de leur connaissance avaient plus à craindre que des étrangers ; qu’enfin dans une guerre ouverte on était en état d’attaquer et de se défendre, et que l’on n’était jamais surpris qu’on ne dût s’attendre à l’être ; mais que les voleurs de grands chemins étaient des gens qui mettaient leur sûreté dans les surprises qu’ils faisaient aux gens qui ne se défiaient nullement d’eux ; et qu’en un mot c’était des ennemis d’autant plus dangereux qu’ils empêchaient le commerce et la sûreté, et qu’il n’y avait avec eux ni paix ni trêve à espérer que par leur mort ; enfin des gens universellement regardés avec exécration ; ce qui était si vrai, qu’en France même, où les gens de distinction tenaient cette chasse si indigne d’eux, les bandits et les voleurs de grand chemin étaient punis du plus long et du plus rude des supplices, et privés même de la sépulture.

25. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVIII. Du combat de Don Quichotte contre Sancho, et quelle en fut la fin. »

prépare-toi toi-même à la mort, ou à avouer une chose que je fais avouer à tous ceux que je rencontre. —  Chevalier, lui dit Sancho, puisque je suis ici, ce n’est que pour y combattre à outrance, préparez-vous-y, ou avouez que Madame la comtesse Eugénie est plus belle que toutes les dames des chevaliers errants qui sont dans le monde, de quelque pays et de quelque qualité qu’ils soient. —  Nous ne sommes pas prêts à nous accorder, répondit le chevalier aux armes noires, puisque je prétends te faire avouer qu’une dame, que je ne veux pas te nommer, est non seulement plus belle que toutes les dames que tu viens de dire, mais aussi plus belle que la plus belle de toutes les belles dames du monde. —  Chevalier, reprit Sancho, j’ai eu la courtoisie de vous nommer la dame pour qui je suis en champ, nommez-moi aussi la vôtre, s’il vous plaît. —  Tu verras son portrait sur mon cœur, lui répondit le chevalier aux armes noires ; mais pour son nom tu ne mérites pas de le savoir de ma bouche, quoiqu’il ne te soit pas inconnu. —  Discourtois chevalier, lui dit Sancho, vous n’êtes qu’un incivil, et ne savez pas les règles de la Chevalerie. —  Je les sais mieux que toi, veillaque, lui repartit le furieux Don Quichotte. —  C’est ce que nous allons voir, lui répliqua Sancho ; faisons les conditions de notre combat. —  Je n’en veux point avec toi que celle de la mort, répondit-il.

26. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLV. Pourquoi la maîtresse d’une hôtellerie voisine du château venait souvent demander des nouvelles de Sainville et de Silvie. »

Il avait appris sans chagrin la mort de Deshayes ; mais il n’avait pas pu apprendre sans douleur la confession qu’il avait faite avant sa mort, et l’ordre qu’il avait donné à sa veuve d’épouser Sainville.

27. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVI. Pourquoi Sancho perdit ses armes enchantées, et du terrible combat qu’il eut à soutenir pour les recouvrer. »

Il dit que l’infortuné chevalier ne savait s’il était mort ou vif, tant il était épouvanté du combat qu’il avait à soutenir, ou désespéré de perdre des armes, qui le garantissaient de tout mal, et sous lesquelles, quoiqu’il n’en eût rien dit à son maître, il avait résolu de détrôner pour le moins l’hérétique reine d’Angleterre. […] Cependant Sancho plus mort que vif, était presque prêt de fuir, et l’aurait peut-être fait, sans la ficelle qu’on avait mise à terre, et que des laquais cachés derrière des arbres tirèrent en même temps ; elle le prit par les jambes qui lui tremblaient déjà, et le fit tomber sur le cul et le dos, les pieds en l’air du côté de l’enchanteur.

28. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVII. Suites agréables de la victoire remportée par le chevalier Sancho, et du projet que forma Don Quichotte pour le faire repentir de son indiscrétion. »

Mort non de diable, dit Sancho en colère, ces moines se mêlent toujours de ce qui ne les regarde point ; s’ils disaient bien leur bréviaire le diable ne leur soufflerait pas tant aux oreilles, et j’ai toujours ouï dire, que pour faire une maison nette, il n’y faut souffrir ni moine ni pigeon, parce qu’ils fourrent leur nez partout, de sorte que rien n’est bien fait s’ils ne s’en mêlent ; et puis quand ils sont une fois ancrés quelque part, ce n’est plus que des ouï-dire, il a fait par-ci, il a dit par-là, et boute, et haïe, et tous les diables en un mot s’en mêlent. —  Cela ne te doit pas étonner, ami Sancho, lui dit Don Quichotte, ils sont seuls dans leur couvent nourris, comme dit le proverbe, comme des moines, sans affaires qui les embarrassent, et sans souci pour le lendemain. —  Ajoutez donc, Monsieur, interrompit Sancho, sans femmes qui les fassent enrager et sans enfants à nourrir. —  Comme tu voudras, reprit Don Quichotte, mais leur esprit voulant être occupé, ils sont presque forcés de l’employer au premier objet qui se présente à leur imagination. —  Et voilà justement ce qu’on ne devrait pas souffrir, dit Sancho, car ils ne doivent se mêler que de prier Dieu, et ne point tant s’embarrasser des affaires du monde, puisqu’ils y ont renoncé et qu’ils n’y sont nullement nécessaires, à ce que j’ai ouï dire par des docteurs de l’université d’Alcantara. […] Depuis ce temps-là il a été cause que j’ai plus de vingt fois battu ma ménagère, car elle avait toujours quelque chose à lui dire, et bien loin qu’il ait mis depuis la paix dans notre ménage, mort de ma vie, il n’y a mis que la discorde. —  Il n’y pouvait pas mettre autre chose, ami Sancho, reprit Don Quichotte, je voudrais que tu eusses lu le divin Arioste, tu verrais que l’archange Gabriel ayant besoin de la discorde pour aller répandre son venin dans l’armée du roi Agraman qui assiégeait Paris, il ne la put jamais trouver pour lui faire exécuter l’ordre de Dieu, que dans un chapitre de moines où elle présidait. —  Eh !

29. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIII. Belle morale du seigneur Don Quichotte. »

Ils jugent qu’une femme infidèle est digne de mort, et le plus souvent ce sont eux-mêmes qui en sont la partie, le juge et le bourreau ; ils ne leur font aucune grâce, et la seule qu’elles puissent trouver, c’est une retraite dans un couvent lorsqu’elles peuvent s’y jeter, ou bien dans un autre asile où leurs maris ne peuvent porter ni leur vengeance ni leurs fureurs. […] Les assassinats ne seraient point si fréquents, les crimes feraient plus d’horreur, et l’enfer n’engloutirait pas les âmes de ceux qui étant surpris de la mort, sans s’y être préparés, ne peuvent mériter leur salut par une sincère pénitence dans une plus longue vie.

30. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIX. De ce qui se passa chez le duc de Médoc après le départ de Dulcinée, et comment Sancho reçut sa femme que la duchesse fit venir au château. »

Mort de ma vie, je n’ai qu’une femme qui me fait enrager ; ce serait bien le diable si j’en avais deux. […] — Oh Madame, répondit Thérèse, nous avons toujours bien vécu quoique avec beaucoup de peine, car on ne gagne guère ; nous n’avons pourtant pas demandé l’aumône, mais vingt-quatre heures font un jour, trente jours font un mois, et douze mois font un an ; et depuis que nous sommes mariés, chaque saint a amené sa fête, c’est-à-dire que nous avons trouvé de quoi nous nourrir jour par jour, et que nous ne sommes morts ni de faim ni de soif.

31. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XL. Des armes enchantées que les deux chevaliers reçurent de Parafaragaramus, avec des chevaux infatigables. »

Il connaissait assez la bravoure et l’intrépidité de notre héros, pour savoir jusques où son courage le porterait dans la forêt ; il prévoyait bien aussi que Sancho ne le quitterait pas d’un pas ; il aurait bien voulu ne les point exposer contre des bandits ; mais dans le fond, outre que Don Quichotte n’aurait pas trouvé bon que l’affaire se fût passée sans lui, le duc voyait bien qu’il lui serait d’un grand secours, et qu’après tout c’était la mort la plus glorieuse qui pût arriver à deux fous, que de perdre la vie en servant le public ; d’un autre côté il voyait bien que l’occasion serait chaude et de fatigue, et que les chevaux de nos aventuriers n’étaient point assez forts pour la supporter, ni leurs armes assez bonnes pour résister au mousquet et au pistolet ; ainsi il avait jugé à propos de les armer par cette voie étant bien persuadé que l’estime qu’ils feraient de leurs armes et de leurs chevaux, qu’ils croiraient tenir de la main d’un enchanteur, leur ami, les animerait davantage, et relèverait le courage, surtout de Sancho, qui lui paraissait abattu par la conversation qu’il avait eue avec Don Quichotte, et que lui et Parafaragaramus avaient écoutée.

32. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LX. De l’aventure qui arriva au malheureux Sancho peu de temps après qu’il fut hors de chez le duc de Médoc, et de plusieurs autres choses qui ne sont pas de grande importance. »

Il disait en parlant des femmes, car il retombait toujours sur leur article : Mardi, ces créatures m’ont toujours porté guignon ; celles qui sont en vie m’ont fait enrager, m’ont battu et m’ont fait battre, et celles qui sont mortes me font assommer.

33. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXIX. Du grand projet que forma le duc de Médoc, et dans lequel Don Quichotte entra avec plus de joie que Sancho. »

—  Vraiment oui je m’en souviens, répondit Sancho, mais peut-être aussi que ces démons n’avaient pas de pouvoir sur votre vie ; mais ceux-ci sont des hommes de chair et d’os, qui vous accommoderont en chien renfermé, comme les Français, dont il y en a déjà un de mort.

34. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LXI. Comment Don Quichotte et Sancho sortirent du château pour s’en retourner chez eux ; de ce qui leur arriva sur la route. Mort de Don Quichotte ; et ce qui s’ensuivit. »

Mort de Don Quichotte ; et ce qui s’ensuivit.

35. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXIV. De l’arrivée de plusieurs personnes dans l’hôtellerie. Qui étaient ces personnes. Nouvel exploit de Don Quichotte. Sanglants combats. »

Le valet de Deshayes qui croyait son maître mort, avait résolu de le venger et de rendre à Don Quichotte le secours qu’il leur avait si généreusement prêté.

36. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre L. Dissertation sur la différente manière d’aimer des Espagnols et des Français. »

Chacun pour appuyer ses sentiments par des faits raconta une histoire ; les Espagnols en contèrent d’Espagnols, qui avaient aimé jusques à la mort, et même par-delà ; et les Français, pour leur montrer que tous les Espagnols ne se ressemblaient pas, racontèrent à leur tour des histoires d’Espagnols qui avaient été inconstants.

37. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVIII. Des tristes et agréables choses que Parafaragaramus apprit au chevalier de la Manche. »

Après quoi on lui montra le résultat du destin en cas qu’il n’y voulût pas consentir, et qui était conçu en ces termes : Et si le chevalier des Lions n’y consent pas, elle ne sera pourtant jamais à lui, parce qu’elle tombera morte à ses pieds devant le prêtre qui voudra les marier ; ainsi la vie et la mort de cette princesse seront entre ses mains.

38. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVI. De ce qui suivit le désenchantement de Dulcinée. »

Cependant ce n’est pas là ce qui me chagrine le plus, puisqu’ici la volonté est punie aussi bien que l’action, et que Sancho en voulant déshonorer cette fille, l’a déshonorée en effet autant qu’il a pu et est autant coupable du crime que s’il l’avait commis, puisqu’il n’a pas dépendu de lui de le commettre : aussi cet article est-il marqué sur mon journal en lettres rouges ; mais ce ne sera qu’après sa mort qu’il en tiendra compte.

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