La terre me paraît remplie de montagnes et de rochers : j’irai demain et verrai ce qui m’en aura paru. […] Blondel a paru. […] M.du Quesne a paru très content. […] Il me paraît âgé de quarante-cinq ans. […] Il me paraît qu’il est très content de ce qu’il a vu.
Il voulut prendre Dulcinée ; mais elle le pria de l’en dispenser, et parut toujours extrêmement triste, surtout en le regardant. […] Il n’était pas avec sa figure gigantesque, mais tel qu’il avait paru devant Pluton. […] La profonde tristesse où Dulcinée lui paraissait ensevelie, lui faisait peine, et ne s’accordait point avec la gaieté de son écuyer ni des autres. Elle parut toute rêveuse, et pria notre chevalier de réserver leur conversation jusqu’après le souper, où il promit de lui dire bien des choses en présence de Durandar et de Montésinos. […] La vérité paraissait nue, et n’était point défigurée par mille fausses couvertures dont on tâche à présent de l’obscurcir, sous le faux prétexte de la rendre plus claire.
Il me paraissait qu’elle ne me regardait pas indifféremment. […] Elle ne paraissait pas s’en informer. […] Elle a vécu tout à fait retirée du monde, et paraissait être tout à fait dans la dévotion. […] Tout me parut neuf, et l’était. […] Jussy ne paraissait point, sa femme fit les honneurs du logis.
Il en a paru fort content. […] Ce fort me paraît un pentagone régulier. […] Il me paraît fort pieux, tel qu’ils sont tous. […] Cela me paraît si vraisemblable que je le crois. […] Il paraît plus de trois mille âmes sur la rive.
La menace que je lui avais faite d’une infamie par la main d’un bourreau, me parut un outrage si sensible, que tout mon sang ne me paraissait pas d’un assez grand prix pour l’expier. […] Il parut embarrassé. […] Je l’ai écrit, répondit-il, parce que cela m’a paru vraisemblable. […] Elle regardait le comte de Lancy, et je n’y paraissais que comme ami. […] À mon égard, un esprit si subtil me paraît dangereux et me fait peur.
L’habit modeste qu’elle avait me la fit paraître un ange en habit noir. […] Je n’ai aucune expérience du monde ; ce que je dis me paraît trop fort et trop hardi pour une fille : il me paraît en même temps trop faible et trop timide, pour bien exprimer ce que je sens. […] Elle me parut abattue et changée, et sa sœur que je vis aussi, me parut bien plus propre à faire figure dans un bal que dans un couvent. […] Je regrettai cette dame, parce qu’elle m’avait toujours paru fort vertueuse. […] Elle me parut telle, j’en étais charmé.
L’endroit me paraît beau ; mais je n’y vois point de fort. […] C’est ce qui m’a paru ici. […] Voilà ce qui m’a paru de la magnificence de leurs meubles. […] Il paraît un monde très grand sur la rive. […] Cette manière de vêtement paraît d’abord étrange ; mais, plus on s’y accoutume, plus elle paraît majestueuse.
Je m’aperçus qu’elle me regardait avec attention, et même avec des yeux humides ; elle me parut fort changée et son teint extrêmement terni. […] Les larmes vinrent aux yeux de Silvie, et quoiqu’elle ne fût venue que dans le dessein de décharger son cœur, elle parut tout à coup dans un état digne de pitié. […] Il vint me dire avec empressement avant-hier au soir qu’il sortait de votre cabinet, où vous lui aviez donné rendez-vous, et où vous lui aviez paru la plus emportée de toutes les filles. […] Ses soins à me faire expliquer la quantité de lettres qu’il m’avait écrites, et qu’on m’avait dit qu’il était de mon honneur de lui renvoyer toutes cachetées, et que je lui renvoyai en effet, me paraissaient des suites de ses trahisons, et son absence me parut la confirmation du mépris et de l’indifférence qu’on m’avait persuadée qu’il avait pour moi. […] Comme il me parut dans une appréhension terrible, je fis tous mes efforts pour le rassurer ; mais il quitta brusquement la table, et sans dire un seul mot il monta à cheval sur-le-champ, quelques efforts que je fisse pour l’en empêcher.
La paraîtrais-je dans cet état que vous voulez que je prenne ? […] Votre procédé est trop beau, et me paraît trop franc pour m’en défier. […] Elle était résolue de se déclarer ; mais les moyens lui en paraissaient difficiles. […] Cela parut si peu vraisemblable à la princesse, qu’elle fit entrer votre commère. […] Vous avouez vous-même avoir fait plusieurs propositions à cette fille qui me paraissent fort gaillardes.
Je vis devant lui une lettre ouverte ; dont l’écriture me parut être de femme. […] Sa fille parut fort mélancolique et rêveuse. […] La surprise où je lui parus confirma ses soupçons. […] Je n’en manquerai aucun, sitôt que vous paraîtrez le désirer. […] Elle me parut avoir l’esprit content.
Quand on est dans cet état-là, les choses paraissent dans un autre point de vue qu’en santé. […] Il me parut qu’elle avait aussi plus de vivacité dans son amour qu’à mon départ. […] Adieu, je suis si troublée que mon inquiétude paraît jusque sur le papier. […] Que ne consentez-vous à notre mariage, puisque vous paraissez l’approuver ? […] Il ne m’a rien paru dans lui que d’un homme fort sage, reprit Des Frans.
Notre héros allait continuer son chemin et sa morale s’il n’avait pas été interrompu par Parafaragaramus, qui parut sortir du mur à ses yeux et devant lui. […] Seigneur Chevalier, lui dit Alonza Lorenço, les yeux tout humides, je sais ce que je vous dois pour tous les pénibles et glorieux travaux que vous avez entrepris pour m’acquérir ; je ne les méritais nullement, mais votre bon cœur a suppléé à mon peu de mérite ; vous n’avez paru à mes yeux que comme j’ai paru aux vôtres ; nous étions enchantés tous deux, vous pour moi, et moi pour vous. […] Don Quichotte paraissait tout pensif ; mais Parafaragaramus le retira de ses rêveries en lui montrant son livre, et en le forçant à lire le décret du destin. […] lui dit le duc de Médoc en l’abordant, il vient d’arriver au château une dame qui paraît d’une qualité éminente, tant par sa personne que par son train ; et qui est la plus belle créature que j’aie jamais vue. […] Sitôt qu’ils parurent, Dulcinée (car c’était en effet elle-même) alla au-devant d’eux, et voulut encore se jeter aux pieds du tendre chevalier, qui l’en empêcha, et qui ne put voir la perte qu’il faisait d’une si belle personne sans répandre des larmes.
Il renouvela ses anciennes connaissances avec la noblesse des environs, et comme il parut résolu de se fixer en province et de s’y établir, on lui proposa plusieurs partis. […] Cela parut extraordinaire dans un mari, surtout en France ; mais enfin c’était la vérité, et je doute que jamais Espagnol ait donné des marques plus sincères d’un amour effectif. […] Il eut de l’ombrage du propre père de sa femme, et eut le front de le lui découvrir, et de la prier de faire en sorte de lui interdire l’entrée de chez eux, sans qu’il parût que cela vînt de lui. […] Il y attendit le prêtre qui devait y aller, et sitôt qu’il le vit paraître il alla à lui, et lui demanda l’aumône, lui disant qu’il était un pauvre ecclésiastique qui revenait de Rome solliciter inutilement des bulles. […] Elle parut dans le monde plus belle que jamais, et se livra toute à son Italienne, avec qui elle fut mariée au retour de la campagne dernière.
Je l’entretins du mariage de sa sœur ; elle me parut avoir envie de l’être aussi. […] C’était une très belle femme, dont les cheveux, pour peu qu’il en parût, étaient aussi noirs que sa robe. […] Elle ne paraissait point mortifiée : au contraire, je lui remarquai un air plus porté à la joie qu’à la tristesse. […] La feinte colère qu’elle affecta après l’action, ne me parut ni trop forte ni trop modérée. […] J’y paraissais comme un homme sans conséquence, et seulement un bon ami.
Elle parut le soir à souper assez mélancolique. […] M[onsieu] r de Brissac va encore paraître dans ce que je vais dire. […] Il se plaignait de l’orgueil ridicule qui y paraissait. […] Cette réponse paraît d’un homme qui veut bien vivre avec sa femme. […] Le roi me parut goûter mes raisons, et M. de Seignelay me parut approuver mes mémoires qui me furent bien payés.
Il en resta tout à fait confus, et ne savait que dire lorsque Parafaragaramus qui venait de relancer Don Quichotte, parut. […] A ce mot le satyre alla à trois pas faire des gambades, et Sancho voyant tout d’un coup sortir à côté de lui une flamme subtile et bleue avec beaucoup de fumée, recula en tremblant, et la terre s’ouvrit sous les pieds du satyre, qui fondit, et la fumée se dissipant, le chevalier vit une table paraître couverte de belles serviettes, d’une belle nappe, d’assiettes et de plats d’argent, d’un poulet d’Inde en compote, d’un autre à la daube, de pâtés, de jambons, et de quantité d’autres viandes froides ; en un mot un service complet où rien ne manquait ; et pour la boisson, il vit retirer de dessous la table douze grosses bouteilles de vin, et des sièges. […] Pendant que toute la troupe déjeunait de fort bon appétit, Don Quichotte parut en robe de chambre, feignant d’ignorer ce qui était arrivé à Sancho, qui le lui répéta avec des paroles atroces contre l’incivil chevalier aux armes noires. […] Il était vêtu d’un rouge très vif depuis les pieds jusqu’à la tête ; ses yeux ne paraissaient point, ou paraissaient si petits, qu’on ne pouvait pas les distinguer ; son casque était couvert de plumes rouges, d’où sortaient les deux plus grandes cornes de boeuf qu’on avait pu trouver, et qui jetaient aussi feu et flammes de temps en temps ; ses armes étaient de la couleur de son habit, et il portait une lance d’une grosseur prodigieuse ; le cimeterre qu’il avait à son côté était large de plus de quatre doigts. […] Le comte du Chirou qui avait imaginé le tour, avait fait faire une fosse comme une manière de cave, dont la terre était soutenue par des poutres appuyées sur des pieux, au-dessus de quoi on avait mis des planches qu’on avait couvertes de gazon, et on y avait laissé une espèce de trappe, qui portait sur quatre cordes, ou plutôt sur deux cordes croisées, qui répondaient à quatre poulies, et on avait attaché aux extrémités de ces quatre cordes qui soutenaient cette trappe des poids d’égale pesanteur, en sorte qu’il n’y avait qu’à lâcher les poids pour faire tout d’un coup monter la trappe au niveau de la terre ; et afin que Don Quichotte et Sancho ne s’aperçussent pas de ce qui se faisait dans le fond de cette cave, en mettant dessous le gazon la table garnie, et l’ôtant lorsqu’on la faisait disparaître, on avait mis par tout le haut de la poudre à canon délayée avec des mixtions pour en faire un feu d’artifice qui parût en même temps un feu vif, et qu’il en restât pourtant une fumée épaisse.
Le duc d’Albuquerque avait paru en inspirer le dessein, afin de faire voir à la comtesse par l’inspection des lieux mêmes, les obligations qu’elle avait à Don Quichotte, et la confirmer dans la reconnaissance qu’elle lui devait. Cela avait attiré à notre héros des louanges excessives, dont sa modestie s’accommodait assez bien, quoiqu’il parût s’en défendre. […] Don Quichotte, qui avait honte que l’abattement de son écuyer parût à d’autres, se contenta de dire à cet écuyer, qu’ils savaient bien où il était, et qu’on le ramènerait en peu de temps ; et cet homme étant sorti, il revint à Sancho, et lui remit le cœur au ventre le mieux qu’il put, et le fit résoudre enfin à tenter l’aventure. […] L’enchanteur qui gardait ces armes, était encore le maître d’hôtel même qui avait toujours joué le personnage de Parafaragaramus ; c’était un homme extrêmement grand, fort et robuste ; il était vêtu d’une grande simarre rouge, qui le prenait depuis le sommet de la tête jusques à la plante des pieds, ce qui le faisait paraître encore plus grand qu’il n’était. […] Pour lors il fit une démarche de son côté, et parut s’appuyer sur une massue effective armée de pointes de fer, telle qu’on peint celle d’Hercule.
Il fut ponctuel à exécuter cet ordre, et parut peu de temps après aux yeux de Silvie, qui voyant avec étonnement un si prodigieux changement dans sa personne pour une si courte maladie, ne put s’empêcher d’en avoir pitié. […] Justin était trop persuadé de la vérité de cette morale pour ne s’y pas rendre, et outre cela il souhaitait trop que sa femme fût sage, ou du moins qu’elle parût telle, pour contredire son beau-père. […] Je viendrai ici le matin et en ressortirai le soir, parce que j’ai quelques affaires qui ne me permettent pas de paraître pendant le jour, ni de rester chez un parent où je couche ; ainsi, dit-il, je ne vous incommoderai pas beaucoup, que pour aller me faire apporter à manger, et dès demain matin je viendrai prendre possession de votre chambre ; et en même temps il lui donna de l’argent pour arrhes. […] Verville s’était éloigné, et elle paraissait n’avoir plus de commerce avec lui ; mais son époux n’en fut pas plus indulgent, et soutint plus de six mois son rôle d’époux implacable et sans retour. […] La maxime des Français me paraît bien plus sage que la nôtre ; elle pardonne le meurtre dans le moment en faveur des premiers mouvements de colère ; mais elle punit le poison et le poignard comme un assassinat, puisque c’en est un en effet.
On le fit monter à cheval, où il parut comme un nouveau Mars. […] Il n’osa pourtant pas assurer que ce fût Parafaragaramus lui-même avec qui il avait été dans l’hôtellerie, parce que ce sage enchanteur lui paraissait trop discret et trop honnête pour l’y avoir laissé dans une posture si indécente, et concluait par croire que c’était quelque autre qui avait usurpé son nom. A propos, Seigneur chevalier, lui dit la belle La Bastide, il me reste un scrupule et un doute qui me paraissent fort bien fondés, et qui me font croire qu’il ne vous est rien arrivé que par votre faute. […] Que maudit soit de Dieu et de ses saints, ajouta-t-il, celui qui a inventé cette arme d’enfer. — Ce n’est pas d’aujourd’hui, reprit Don Quichotte, que cette sorte d’arme a paru sur terre ; et il me souvient d’avoir entendu dire, qu’un malheureux magicien ou enchanteur du genre humain, ayant apporté des enfers les premières qu’on ait jamais vues, le brave chevalier Roland les jeta dans la mer, d’où elles ont été depuis retirées par un moine allemand. […] On fit jeter de l’eau gommée dans le fourreau des épées de nos deux aventuriers, et on fit briser leurs lances si proprement, que la fracture ne paraissait pas ; mais si profondément pourtant, qu’elles ne pouvaient pas faire le moindre effort sans achever de se briser tout à fait.
J’avais résolu de ne point traduire aucun de ses sermons et de les sauter tous ; mais celui qu’il fit dans cette rencontre m’a paru si beau et si plein de bon sens, que je n’ai pas cru devoir en priver le lecteur. […] Je n’en veux point d’autre exemple que celui d’Angélique ; que devint-elle sitôt que Médor parut à ses yeux ? […] C’était la veille du départ de toute la compagnie du château de la Ribeyra ; et comme le curé du village des chevriers où Valerio avait été porté, venait prendre congé de lui et de la comtesse Eugénie, et qu’il était présent à tout ce que Don Quichotte avait dit, il ne put s’empêcher de l’approuver, et convint que le péché devant Dieu était en effet plus grand pour les hommes que pour les femmes, et en donna une raison qui parut très juste, savoir que rarement les femmes font les premières démarches ou avances d’une aventure, et qu’il est bien plus difficile de se défendre que d’attaquer ; au lieu que les hommes, qui attaquent toujours et ne se rebutent point par les refus, marquent un esprit diabolique, non seulement en offensant Dieu dans le cœur par un dessein constant et persévérant de l’offenser, mais aussi en poussant et en obligeant les autres de l’offenser avec eux ; ce qui était un péché prémédité, un péché raisonné, un péché d’action et de volonté, et par conséquent tellement atroce qu’il n’y avait que la miséricorde de Dieu qui pût le pardonner. Voilà la morale que j’ai trouvée dans mon original espagnol, et que j’ai trouvé à propos de traduire en français, comme quantité d’autres, parce qu’elle m’a paru juste et naturelle et capable de faire impression sur l’esprit du lecteur, particulièrement s’il a la crainte de Dieu et son salut en recommandation, sans parler de son honneur, qui n’est jamais réel et véritable, s’il n’a pour fondement la probité. […] Monsieur, voyez-vous, chacun sent son mal ; tous les souliers du monde paraissent bons et bien faits, et il n’y a que ceux qui les portent qui sentent où ils les blessent. — Mais, Chevalier Sancho, lui dit Eugénie, vous déchirez là les femmes sans pitié. — Eh non, Madame, reprit-il, je ne parle que de la mienne ; et en effet, il n’y a qu’elle qui me fasse enrager. — C’est votre faute, lui dit la belle Provençale, vous deviez étudier son humeur avant que de l’épouser. — Eh oui, oui, lui dit Sancho, t’y voilà laisse-t’y choir ; une fille qui a envie d’être mariée ne se déguise pas ?
Je sais même qu’il le lui a donné tacitement, par conséquent la propriété de cette bourse, qui a été transportée à Sancho, rectifie ce qui paraît criminel dans le commencement de la possession ; ainsi je conclus à ce qu’il soit renvoyé absous de l’accusation contre lui intentée, Plutus condamné à lui rendre et restituer sa bourse, et aux dépens. […] Un diable de si bonne mine attira l’attention de nos deux chevaliers, et Pluton lui ayant permis de parler, il commença par remontrer toutes les peines qu’il se donnait pour rendre les femmes belles et attirantes, qu’il inventait tous les jours quelque pommade et quelque essence pour conserver leur teint, ou bien pour en cacher les rides, qu’il avait depuis peu de temps travaillé à cela avec beaucoup de succès, puisqu’il y avait des femmes âgées de plus de soixante ans qui ne laissaient pas par son moyen de paraître avec des cheveux bruns, une peau unie et délicate, et enfin si jeunes qu’il faudrait avoir en main leur extrait baptistaire pour les croire plus vieilles que leurs enfants ; que cela faisait augmenter le nombre de leurs amants, et augmentait en même temps celui des sujets de l’enfer ; mais que malgré tous ses soins il courait risque de perdre son temps s’il y avait encore dans le monde deux hommes de l’humeur du chevalier Sancho, qui à tout moment disait pis que rage des femmes, et tâchait d’en dégoûter tout le monde ; que si cela était souffert, il n’avait qu’à laisser en enfer son panier plein de cornes, parce qu’il ne trouverait plus de femmes qui en pussent faire porter à leurs maris, n’y ayant plus aucun homme qui leur voulût aider à les attacher, qu’il avait employé un temps infini pour en faire qui fussent propres à tout le monde, qu’il y en avait de dorées pour les maris pauvres, et qui se changeaient sur leur tête en cornes d’abondance ; qu’il y en avait d’unies et simples pour ceux dont les femmes faisaient l’amour but à but ; qu’il y en avait de jaunes pour ceux qui épousaient des filles qui avaient déjà eu quelque intrigue ; de blanches pour ceux qui épousaient des veuves ; de noires pour ceux qui épousaient des fausses dévotes ; de diaphanes et transparentes pour ceux dont les femmes savaient cacher leur infidélité ; de vertes pour ceux qui épousaient des filles élevées dans un couvent ou dans une grande retenue ; et de rouges pour ceux dont les femmes payaient leurs amants, à qui d’ordinaire elles ne se contentaient pas de sacrifier la bourse et l’honneur, mais le sang même de leur époux ; que chaque couleur convenait parfaitement à la qualité d’un chacun ; qu’il y avait dans le monde assez de femmes de vertu qui rebutaient les hommes, sans que Sancho voulût mettre les hommes sur le pied de rebuter les femmes ; que c’était de quoi il demandait justice, et protestait en cas de déni de laisser toutes les femmes et les filles en garde à leur propre vertu, sans les tenter dorénavant par lui-même, et sans les faire tenter par d’autres, ni leur fournir les occasions d’être tentées. […] Sancho fut donc retiré de la balustrade, et porté par les quatre démons au milieu de ces demoiselles, ou du moins des douze figures qui paraissaient telles. […] Parafaragaramus leur dit de le suivre, et pour cet effet ils le prirent par la main, et étant dans la même salle où ils avaient vu Dulcinée en paysanne, il parut tout d’un coup de la lumière, et au lieu du spectacle affreux du tribunal de Pluton, il ne se présenta rien à leurs yeux que d’agréable à la vue.
J’ai affecté la simple vérité ; si j’avais voulu, j’aurais embelli le tout par des aventures de commande ; mais je n’ai rien voulu dire qui ne fût vrai, et s’il y a quelque chose qui puisse paraître fabuleux, ce sera l’action de Dupuis qui se perce le corps dans la chambre de Madame de Londé ; cependant je n’ai pas dû la taire, puisqu’elle est vraie. […] Tous les incidents en sont nouveaux, et de source : du moins il ne m’a point paru qu’ils aient été touchés par personne. Quelques lecteurs de ceux qui ne lisent que pour chicaner un auteur sur un mot mal à propos mis, ou qui ne sera pas de leur goût, en trouveront sans doute ici qui leur feront condamner tout l’ouvrage ; mais la naïveté de l’histoire a voulu cela pour la plus grande partie, aussi bien que quelques phrases qui paraîtront embarrassées.
On a dit que le duc de Médoc était un fort honnête homme, aussi bien que le duc d’Albuquerque ; le comte Valerio et le comte du Chirou, et tous, comme on l’a vu, avaient obligation à Don Quichotte, tant par rapport à eux-mêmes, qu’à cause de leurs épouses, surtout le duc et la duchesse de Médoc, le comte de la Ribeyra, Eugénie son épouse et le comte du Chirou, qui tous lui devaient la vie, et les femmes leur honneur ; et comme la reconnaissance est le propre des bons cœurs, ils avaient résolu de faire paraître la leur dans toute son étendue, et de renvoyer notre héros chez lui dans un état à ne lui rien laisser à souhaiter pour la vie ; mais ils avaient résolu de lui faire recevoir leurs présents comme venant de la main d’un enchanteur, parce qu’ils étaient bien persuadés qu’il était trop généreux pour les accepter de main à main. […] Les Français, les Espagnols et ces nouveaux venus, qui n’avaient point paru aux yeux de nos aventuriers, tinrent conseil sur ce qu’ils avaient à faire pour parvenir aux fins qu’ils s’étaient proposées. […] Le duc de Médoc avait dit au curé les obligations que tous tant qu’ils étaient avaient à Don Quichotte, et lui avait fait récit de la bravoure qu’il avait fait paraître tant en la défense d’Eugénie et du comte du Chirou, qu’en la défaite des voleurs dans la forêt. […] Altisidore, qui parut revenir dans ce moment, regarda Don Quichotte avec fureur, et Sancho d’un air tout attendri ; elle lui tendit la main, et il la prit sans façon de la sienne et la baisa.
A peine eut-il lâché la parole, que le mari qui paraissait fort affligé, redoubla ses larmes et poussa des soupirs à toucher les cœurs les plus insensibles. […] Sitôt que Thérèse vint à paraître devant ses yeux : Ote-toi de là, lui dit-il, et me laisse en repos. — Eh mon pauvre mari, lui répondit-elle, je vous demande pardon, mourez en paix. — Tu n’as donc qu’à t’en aller, lui repartit Sancho, car une femme et la paix, c’est le feu et l’eau.
Le cavalier, qui était bien mis, leur parut français, et avoir la bourse bien garnie ; outre cela, ils le crurent de la compagnie de celui qui venait de se défendre si bien contre eux, et qui avait blessé deux des leurs. […] Il mit pied à terre pour soulager la comtesse, et dans ce temps-là le duc d’Albuquerque, qui était sorti de son carrosse, parut, et peu après lui la belle Dorothée, qui lui criait de ne se point mêler dans une affaire où il n’avait aucun intérêt.
A peine le jour commençait à paraître, que Don Quichotte s’éveilla. […] Il avait sur sa tête un turban tout blanc, avec une plume en aigrette au-dessus ; il s’était blanchi le visage, aussi bien que la barbe, qu’il portait longue d’un bon pied ; il avait en ses mains des gants aussi blancs que le reste, et portait un livre où il paraissait lire quelque chose.
Avant que de sortir tout à fait du château de Valerio, et finir les aventures de Don Quichotte et de Sancho, qui se terminèrent chez le duc de Médoc, il paraît à Ruy Gomez, qu’après avoir rendu compte des actions et des paroles de deux fous, il doit dire aussi ce que d’honnêtes gens qui avaient de l’esprit, avaient fait lorsque la santé des uns et la douleur des autres leur avait permis de se rejoindre ensemble, et de former une espèce de société. […] Les Français convinrent, que l’amour semblait être né en Espagne, où généralement tout le monde y était porté, qu’il semblait même que les Espagnols aimaient d’une manière plus sérieuse que les Français, puisqu’il paraissait qu’ils faisaient de leur amour une des principales occupations de leur vie ; mais que cependant les Français aimaient d’une manière plus engageante, et que si on ne trouvait pas parmi quelques-uns d’eux autant de constance qu’aux Espagnols, on y trouvait du moins plus de feu et de vivacité.
Altisidore parut aux yeux de Sancho avec une confusion fort bien étudiée. […] Des gens du logis arrivèrent dans le moment qui empêchèrent Sancho de la rosser ; les dames parurent aussi et demandèrent d’où venait un si grand bruit. […] Il était entré chez nous sans que nous le sussions, et dans le fond, bonne conscience se moque de la médisance, s’il n’y a de la rime il y a de la raison. — Je le crois, dit la duchesse, vous me paraissez trop sage pour faire entrer votre amant dans votre chambre, mais vous ne sauriez empêcher le monde de parler. — Tenez, Madame, lui dit Sanchia, Nicolas est un animal qui y va tout à la bonne foi comme un âne qui pète ; il est maigre comme un pic et court comme un daiM.
Sainville accepta avec plaisir la conjoncture, d’autant plus que ne pouvant pas se passer de valet de chambre, et que celui-là lui paraissait lui être propre, il crut que c’était une affaire faite. […] Cela étant, la belle La Bastide, lui dit l’hôtesse, ce n’est point à vous à révéler ce mystère à Sainville, et vous ne devez traiter le comte du Chirou que comme un simple valet de chambre tant qu’il voudra ne paraître à vos yeux que sur ce pied-là ; mais s’il veut se déclarer, il sera temps alors de le traiter d’une autre manière, et cependant faire en sorte que Sainville s’en dégoûte peu à peu, et l’obliger à le congédier avant qu’il ait eu le temps de s’expliquer.
Il connaissait assez la bravoure et l’intrépidité de notre héros, pour savoir jusques où son courage le porterait dans la forêt ; il prévoyait bien aussi que Sancho ne le quitterait pas d’un pas ; il aurait bien voulu ne les point exposer contre des bandits ; mais dans le fond, outre que Don Quichotte n’aurait pas trouvé bon que l’affaire se fût passée sans lui, le duc voyait bien qu’il lui serait d’un grand secours, et qu’après tout c’était la mort la plus glorieuse qui pût arriver à deux fous, que de perdre la vie en servant le public ; d’un autre côté il voyait bien que l’occasion serait chaude et de fatigue, et que les chevaux de nos aventuriers n’étaient point assez forts pour la supporter, ni leurs armes assez bonnes pour résister au mousquet et au pistolet ; ainsi il avait jugé à propos de les armer par cette voie étant bien persuadé que l’estime qu’ils feraient de leurs armes et de leurs chevaux, qu’ils croiraient tenir de la main d’un enchanteur, leur ami, les animerait davantage, et relèverait le courage, surtout de Sancho, qui lui paraissait abattu par la conversation qu’il avait eue avec Don Quichotte, et que lui et Parafaragaramus avaient écoutée.
Il parla fort longtemps pour un homme aussi bas qu’il paraissait être ; il avoua toutes les fourberies qu’il avait faites à Silvie et à Sainville, et leur en demanda pardon, aussi bien qu’à la tante de Silvie, qu’il pria d’obtenir son pardon de ses deux autres soeurs, qu’il avait trompées les premières ; il confessa que la baronne n’avait rien dit contre elles en leur présence dont il ne fût l’inventeur, et non pas Sainville, qui n’avait jamais parlé qu’avec vénération de Silvie et de sa famille ; il avoua son commerce criminel avec cette femme, et fit entendre en termes obscurs qu’il l’avait empoisonnée.
La barbe, les sourcils, les yeux, les mains, tout s’en sentit, et le coup partant dans l’instant, le repoussa si bien, qu’il le jeta sur le dos les quatre fers en l’air, et le feu prit en même temps au reste de la poudre qui était dans la gibecière, si bien que le pauvre Sancho parut faire la cabriole au milieu du feu et des flammes, en criant comme un enragé.
Enfin elle lui sembla telle qu’Angélique parut à Renaud de Montauban, après que ce paladin eut bu dans les Ardennes de l’eau de la fontaine de Merlin.
Le duc lui dit que c’était des Français et des Françaises qui paraissaient gens de qualité, et que s’il avait été proche de chez lui, il lui eût évité toute l’incommodité qu’il en pouvait recevoir, en les conduisant dans quelque endroit qui lui appartient.
A peine le point du jour paraissait que le héros de la Manche se leva, et fit lever Sancho.
Mais interrompit Des Ronais, parlant à Des Frans, quelle part avez-vous là-dedans, que vous me paraissez si ému ?