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2. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Ronais, et de Mademoiselle Dupuis. »

Il y va de la vie de votre enfant, parce que tous ceux que je tiens, meurent, et que de plus de vingt que j’ai tenus, il n’y en a pas un vivant. […] Après cela il se tut, et lui a tenu parole, car depuis ce temps-là, il ne lui en a jamais ouvert la bouche. […] Mettez-le dans la nécessité de vous la tenir ; et pour cela faites-moi parler devant lui et à lui-même. […] Bagatelle, reprit-il, vous me teniez l’épée dans les reins, et j’avais oublié que j’étais engagé avec Monsieur Du Pont. […] Je tiendrai ma parole de quelque côté que ce soit, c’est à vous à choisir.

3. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Contamine, et d’Angélique. »

On appelle cela, reprit-il, promettre tout pour ne rien tenir ; mais ne me promettez pas tant, et me tenez ce que vous me promettez. […] Vous m’avez tenu parole en ne venant plus au logis avec Mademoiselle de Vougy ; me la tiendrez-vous dans la reconnaissance que vous m’avez promise si je vous donnais satisfaction ? […] Je veux vous rendre tout ce que je tiens de votre libéralité. […] Allez-y, ajouta-t-elle, et sauvez-moi ce que je tiens plus cher que la vie. […] Il tenait une des mains de sa maîtresse, qu’il mouillait de ses larmes.

4. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Terny, et de Mademoiselle de Bernay. »

Tenez, Monsieur, poursuivit-il, en la présentant à Des Ronais, lisez-la. […] Mon cœur n’écoute que ses raisons, il vous justifie de sa propre autorité, et s’en tient à son jugement. […] Engagez-le à vous faire tenir mes lettres, et à me faire rendre les vôtres. […] Je ne vous ressemble pas, je tiendrai mieux ce que je vous ai promis. […] Je me le tiens dit pour toujours.

5. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LV. Don Quichotte et Sancho vont à la caverne de Montésinos. Ce qu’ils y virent, et comment se fit le désenchantement de Dulcinée. »

Elle tenait son cœur à sa main, et avec un canif elle ouvrit le côté de son amant et lui remit le cœur dans le ventre en présence de notre héros. […] Dis-moi à qui il tient que je ne délivre cette pauvre princesse ? Montre-moi son ennemi et le mien, et tu verras beau jeu. — Il ne tient à aucun de nous, répondit Pluton ; je ne m’oppose point à sa liberté, et tu peux la reprendre partout où tu la trouveras aussi belle qu’elle ait jamais été, sans que je t’en empêche. — Ah, Seigneur ! […] A peine cet ordre fut donné que Merlin parut en vieillard vénérable, et non plus en géant, et il était suivi de quatre diables qui tenaient au milieu d’eux Sancho Pança désarmé, lié et garrotté, et qui le mirent sur une petite selle aux pieds du trône de Pluton. […] Pluton le lui ayant permis, elle se rapprocha de Sancho et lui donnant une bourse : Tenez, lui dit-elle, ô le plus fidèle et le plus digne écuyer de la Chevalerie errante, recevez toujours quatre cents écus que je vous donne pour arrhes de ma reconnaissance.

6. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Frans et de Silvie. »

Tenez Monsieur, me dit-il, on m’a chargé de vous rendre en main propre ce paquet-ci. […] Tenez, poursuivit-elle, reprenez tous ces papiers-là, je n’en ai que faire. […] Je m’en tiens aux conditions que Madame Des Frans nous offre, et je te prie de t’y tenir aussi. […] Tenez perfide, lui dis-je en lui montrant son collier, êtes-vous convaincue ? […] Il me fit comprendre qu’il ne tenait qu’à moi de la tenir éloignée des occasions.

7. (1690) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 1)

Tiens, l’écrivain du roi, me dit M. […] Savez-vous bien qu’il ne tient qu’à moi de vous casser comme un navet ? […] Des petits pâtés et un dinde à la daube lui ont tenu compagnie. […] Tenez, ai-je continué, il me vient dans l’esprit un expédient. […] Nous ne pouvons nous tenir.

8. (1691) Journal du voyage des Indes orientales (à monsieur Raymond)

On ne peut se tenir tant le navire roule et fatigue. […] Sa colère a tenu bon contre les pieuses exhortations de nos missionnaires, c’était de l’huile sur le feu. […] L’adultère est puni de mort parmi les Gentils et les Maures, mais parmi les Noirs ou esclaves on n’en tient point de compte. […] Cela tient fort de la naissance du Messie et de la persécution d’Hérode. […] Le Gaillard est venu ensuite, et 1’Oiseau a tenu la queue.

9. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Dupuis, et de Madame de Londé. »

Il n’importe, dit-elle, venez à telle heure qu’il vous plaira, je vous tiendrai parole. […] Tenez-vous droit, lui dit-il froidement. […] Tenez, Madame, dit-il à Célénie, voilà des vers à votre louange. […] Je le lui promis avec plaisir, et lui ai tenu parole. […] S’il ne tient qu’à cela, repris-je, vous serez contente.

10. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXV. Du tour ridicule et malin que fit Parafaragaramus au chevalier Sancho, et des événements tristes qui le suivirent. »

Cet officier n’était pas bien monté, et voyant que son cheval ne pouvait pas tenir tête à celui de son ennemi qui était un fort andalour, il avait commencé avant que de s’attacher au maître par porter au cheval deux grands coups d’épée dans les flancs. […] Lorsqu’ils y arrivèrent ils le trouvèrent éveillé, fort en peine de son épouse qu’il avait envoyé chercher de tous côtés : comme elle s’en était doutée, elle avait concerté sur le chemin avec le duc d’Albuquerque et Dorothée ce qu’ils lui diraient pour ne point le chagriner en lui racontant la mauvaise action de son frère, ce qui aurait encore nui à sa santé, et c’était pour tenir ce petit conseil qu’elle avait empêché le duc d’offrir une place dans son carrosse à la demoiselle française qui lui avait demandé sa protection, comme la civilité semblait le demander ; ainsi étant prêts à répondre, ils lui dirent qu’ils s’étaient amusés à voir le chevalier Sancho en sentinelle, et prêt d’en venir aux coups avec le faux Parafaragaramus. […] Comme, excepté ses visions sur la Chevalerie errante, il n’y avait guère d’homme au monde de meilleur sens, ni plus discret que lui, Eugénie lui fit confidence de tout ce qui regardait Don Pedre et elle, et le pria de n’en pas plus parler à son époux qu’il avait parlé d’Octavio, parce que cela augmenterait sa maladie par le chagrin qu’il en aurait ; Don Quichotte le promit, et l’heure de souper étant venue, Eugénie fit mettre la table auprès du lit de son époux, et alla quérir les belles Françaises ses hôtesses ; mais Silvie qui fondait en larmes la pria de l’excuser, lui disant que ses malheurs ne lui laissaient que la mort à souhaiter ; la marquise pria Eugénie de souffrir qu’elle tînt compagnie à Sainville, et la tante de Silvie lui fit trouver bon qu’elle tînt compagnie à sa nièce ; de sorte qu’il ne vint avec la comtesse, que la même demoiselle française qui avait demandé au duc d’Albuquerque sa protection. Comme les différents sentiments ne permettaient pas que les esprits fussent portés à la joie, on ne fit point prier Sancho de venir souper, et il resta avec l’officier dont les civilités bachiques lui plaisaient plus que la meilleure compagnie, outre que n’ayant pas tout à fait tenu parole à la comtesse, et se souvenant bien de l’état où elle l’avait vu dans l’hôtellerie, il ne cherchait pas à se présenter à ses yeux.

11. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVII. Des offres obligeantes que fit le duc d’Albuquerque aux dames françaises ; de la reconnaissance de Valerio et de Sainville, et de la conversation particulière que Don Quichotte eut avec Sancho. »

. —  Ah pardi je vous tiens, interrompit Sancho, la pelle se moque du fourgon ; médecin guéris-toi toi-même ; t’y voilà, laisse-t’y choir ; à bon entendeur salut. —  Que veux-tu dire, lui demanda Don Quichotte, avec tes proverbes entassés l’un sur l’autre ? […] Tenez, Monsieur, poursuivit-il, laissez-moi en repos, ces diables d’enchanteurs en savent plus que nous. Don Quichotte embarrassé de ce que le nouveau chevalier venait de lui dire, prit un ton plus bas que celui de pédagogue ; Eh bien, San-cho, lui dit-il, il faut t’en consoler, puisqu’il n’a pas tenu à toi de faire autrement. —  Je m’en console aussi, reprit Sancho ; mais… —  Quoi, mais… ? […] Tu vois par là, Sancho, que les hommes ne s’arrêtent qu’à l’apparence qui les frappe ; ainsi il faut, mon pauvre enfant, te résoudre à bien faire, et tu seras bien traité ; mais avoue tout, il y a quelqu’autre chose qui te chagrine, tu n’es pas ordinairement si sensible aux honneurs de la table, et pourvu que ton ventre soit bien garni, je ne me suis pas encore aperçu que tu te misses en peine du reste. —  Mardi, Monsieur, vous l’avez deviné, répondit Sancho, aussi n’ai-je pas sujet de me plaindre du traitement, puisqu’il n’a tenu qu’à moi de manger autant et plus que vous ; mais ce dont je me plains, est de ce qu’on m’a dit en soupant.

12. (1721) Mémoires

Il y en eut même qui crurent que c’était un conseil extraordinaire que Louis voulait tenir. […] Mais comme j’ai déjà dit, le Régent le méprise trop pour le tenir digne de sa colère. […] Ils tirèrent au galop, et Legendre, pour tout appui n’ayant que son pied droit et sa main droite, dont il tenait la laisse de la portière parce qu’il tenait son portefeuille de la main gauche, se mit de toute sa force à crier à son cocher d’arrêter. […] Si je l’avais tenu moi-même, il n’aurait eu que faire du bourreau, ou il eût été plus méchant que moi. […] Car nous savions fort bien tenir le quant à moi.

13. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVIII. Des tristes et agréables choses que Parafaragaramus apprit au chevalier de la Manche. »

Tous se levèrent à l’aspect de ce sage enchanteur, qui était toujours vêtu de blanc, et tenait pour lors à la main un autre livre que celui qu’il avait coutume de porter. […] — Voilà parler en honnête homme, lui répliqua Parafaragaramus ; eh bien, remets tout entre les mains du curé de ton village, sans en parler à ta femme ; il est homme d’honneur, et aura soin de marier ta fille, et de t’empêcher de jamais tomber en nécessité. — Pardi, reprit Sancho tout réjoui en se frappant de la main droite dans la gauche, tenez, nous aurions fait un pape, car nous sommes tous deux de même avis. […] Parafaragaramus ne vaut pas mieux que les autres ; autant fait celui qui tient le pied que celui qui écorche. […] Sancho lui-même, qui se comptait un gros seigneur, s’était mis sur son propre, et commençant à se donner des airs de conséquence, il eut l’effronterie de dire aux gens du duc en présence de leur maître, et en leur montrant les richesses de Don Quichotte et les siennes : Tenez, Messieurs, quand vous viendrez ici faites comme dans un jardin où il est permis d’avoir des yeux, mais point des mains. […] Je l’ai conduite dans l’appartement de la duchesse mon épouse, où Madame d’Albuquerque et les autres dames lui tiennent compagnie et l’admirent.

14. (1691) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 2)

Nos verres tiennent plus de chopine, mesure de Paris ; & nous les vuidions à rasade. […] Nous voyons d’ici un navire justement sur le chemin que nous devons tenir. […] m’a-t-il dit en ouvrant mes propres Heures : tiens, regarde. […] À présent, chacun se tient clos dans sa chacunière. […] Celle du Mogol est allée se jeter devant Gingi, qu’elle tient encore assiégée.

15. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIV. Départ de la compagnie. Comment Sancho fit taire le curé. Aventures diverses arrivées à cet infortuné chevalier. »

Les Français, les Espagnols et ces nouveaux venus, qui n’avaient point paru aux yeux de nos aventuriers, tinrent conseil sur ce qu’ils avaient à faire pour parvenir aux fins qu’ils s’étaient proposées. […] On avait mis de petits clous fort pointus sous les sangles de celui de Sancho, de sorte qu’il fit tant de bonds sous lui, que le pauvre écuyer ne put se tenir en selle. […] Prépare-toi à cette aventure, qui sera pour toi la plus glorieuse et la plus laborieuse, mais aussi la plus lucrative de ta vie ; va reprendre tes armes et tes habits, et ne monte sur aucun cheval, parce que les tiens sont enchantés. […] Elle lui serra celle qu’elle tenait, et le regarda languissamment, comme voulant lui dire quelque chose. […] Je te conseille seulement de te tenir couché pour toute la journée, sous prétexte d’indisposition, aussi bien ne vois-je pas que tu te portes trop bien.

16. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Prez, et de Mademoiselle de l’Épine. »

Je quittai le jeu que je priai sa mère de tenir pour moi. […] Il lui promit toute assistance, et lui tint parole le jour même. […] N’allez pas, lui dis-je, quand vous verrez ma maîtresse, lui tenir de pareils discours, vous ne me feriez pas plaisir. […] Il nous fit en leur présence prêter le serment qu’il avait exigé, de tenir tout pour bon et valable. […] J’en pense, dit-il, que si j’en étais cru, je tiendrais la cérémonie pour faite.

17. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVI. Suite de l’histoire de Silvie et de Sainville. »

Au lieu d’une lettre que j’espérais, je ne trouvai qu’un billet de deux lignes, qu’elle m’écrivait pour me faire excuse de ne m’avoir point tenu parole, sa mère ne l’ayant point quittée. […] La baronne arriva un moment après, et suivant le conseil qu’elles avaient tenu toutes quatre le soir précédent, ce fut elle qui me porta la parole ; elle me parla dans les termes les plus obligeants du monde, et sur ce que je lui dis que mon dessein était d’aller cacher ma honte et mon désespoir dans le fond d’un couvent, elle entreprit de m’en détourner, et y réussit. […] En ce cas il est certain que je périrai, mais je ne périrai pas seule, et votre époux me tiendra compagnie ; c’est à vous à voir si vous voulez m’abandonner à mon malheur, ou si vous voulez faire agir vos amis. […] Après vous avoir dit tout ce que je vous dis, qui avait été concerté entre Deshayes et moi, et sur ses mémoires, Madame votre mère, vos tantes et moi, tînmes une espèce de conseil, où je les tournai si bien, qu’elles me prièrent les premières de proposer Deshayes. […] Nos conducteurs eurent ordre de se tenir sur leur garde, aussi bien que les laquais tous bien armés.

18. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIII. Belle morale du seigneur Don Quichotte. »

. — Ils en seraient plus heureux aussi devant Dieu et devant les hommes, reprit Don Quichotte ; devant Dieu, puisqu’ils lui tiendraient la promesse qu’ils lui ont faite à la face de ses autels de garder la fidélité à leurs épouses, comme ils veulent que leurs épouses la leur gardent ; et devant les hommes, parce qu’on ne verrait point parmi eux ces harpies invétérées qui passent de père en fils, et qui semblent être éternelles, contre les exprès commandements de Dieu. […] Il la représentait comme une parfaitement belle personne couchée sur l’herbe, et empruntait pour la peindre tous les lieux communs qu’il avait lus dans les romans ; les roses des joues, les perles dans la bouche, le corail des lèvres, l’albâtre du front, et mille autres semblables impertinences y tinrent leur place ; en un mot, rien n’y fut oublié. […] Tenez, tenez, Monsieur, lui dit-il promptement en l’interrompant, ne serait-ce pas là un petit zaphir qui se joue dans les vôtres ?

19. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVI. Pourquoi Sancho perdit ses armes enchantées, et du terrible combat qu’il eut à soutenir pour les recouvrer. »

L’officier le laissa avec des gens capables de lui tenir tête à boire, et lui par un trou qui répondait du grenier à la chambre de nos aventuriers, ou plutôt par une planche du grenier qu’il enleva, il y descendit ; il attacha toutes les armes de Sancho pièce par pièce avec de la ficelle qui répondait au haut du plancher, qu’on pouvait ôter et remettre sans bruit, et afin que les armes n’en fissent point en les enlevant, il mit du coton où il en fallait pour les soutenir. […] Je te déclare pourtant, qu’il ne tiendra qu’à toi de regagner mon amitié et tes armes, pourvu que tu travailles à t’en rendre digne, et en ce cas, tu les retrouveras au même endroit où tu les as déjà trouvées. […] Tenez, Monsieur, ajouta-t-il, c’est madame la duchesse qui m’attire tout ceci, car si je n’avais pas voulu tirer aussi bien que les autres pour lui faire plaisir, je n’aurais pas mis la main où je n’avais que faire ; oui mardi, c’est elle qui me cause tout ce beau ménage ; au diable les femmes, elles m’ont toujours porté guignon.

20. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Jussy, et de Mademoiselle Fenouil. »

Puisque nous sommes à Paris ou autant vaut, il est juste qu’avant que de nous quitter, pour vous remercier de la compagnie que vous avez bien voulu me tenir depuis deux ans, je vous confie les causes qui m’ont éloigné de ma patrie. […] Je la fis souvenir de ce qu’elle m’avait dit, qu’il ne tiendrait qu’à moi de l’engager si avant, que je fusse à couvert de son inconstance. […] Je sortis de prison ; je pris des mesures pour lui faire tenir mes lettres, et avoir ses réponses. […] Car, poursuivit-elle en leur présence, vous n’étant point à Paris, je n’ai point voulu tenir de maison, et j’ai mieux aimé rester dans un couvent jusques à ce que vous fussiez de retour. Lorsque nous fûmes seuls, c’est-à-dire l’amant et la maîtresse, Du Val, sa fille de chambre et moi, on tint conseil où chacun donna son avis.

21. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVI. De ce qui suivit le désenchantement de Dulcinée. »

Deux démons l’ayant lié les bras derrière le dos et assis sur la sellette, lui prirent chacun une oreille avec des tenailles pour lui faire tenir la tête ferme, et les deux autres vinrent se mettre à côté de lui, et avec des pincettes à barbier ils lui arrachèrent les poils de la barbe en même temps ; en sorte que l’un tirant à droite et l’autre à gauche, ils lui faisaient faire une grimace de chat fâché toute plaisante et toute risible. […] — Pardi, dit Sancho, ce diable-là tient un registre bien exact de ce que je fais ; c’est peut-être lui qui écrit ma vie. […] Je conviens qu’il a voulu déshonorer Altisidore ; mais puisque les esprits d’en haut l’en ont puni, ce n’est pas à nous à redoubler sa peine, et nous l’en tenons absous.

22. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre LI. Le jaloux trompé »

Il commença à chercher la solitude, et à picoter sa femme sur la moindre chose, et le plus souvent sur rien ; il voulait la rendre responsable de mille bagatelles qui arrivaient tous les jours chez lui et qui arrivent d’ordinaire dans une maison de campagne dont elle tenait le détail au-dessous d’elle et dont en effet elle ne s’était jamais mêlée. […] Une manière si honnête parut remettre un peu l’esprit démonté de son mari, qui ne lui prescrivit point d’autre manière de vie que celle qu’elle avait jusque-là pratiquée ; mais elle se le tint pour dit, et sur des défaites honnêtes elle se dispensa peu à peu de rendre des visites et se retira des compagnies qui venaient chez elle, en sorte qu’elle se retrancha dans son seul domestique, et ne sortait plus du tout de chez elle que pour aller à l’église, encore était-ce avec lui, et outre cela elle eut l’honnêteté de ne dire à qui que ce fût les chimériques visions de son époux, et rejeta sur elle-même la cause de la vie retirée qu’elle menait, sans faire connaître que c’était le fruit des chimères de Sotain. […] Quoique cette prudente femme eût pris toutes les précautions possibles pour s’accommoder au caprice de son mari, et qu’elle eût beaucoup sur le cœur les soupçons qu’il avait conçus d’elle à l’occasion des laquais, des valets, et du jardinier, elle tint néanmoins bon, et ne découvrit son malheur à personne ; et pour toujours sauver la réputation de son indigne époux, elle prit tout sur elle-même ; mais à la fin il l’obligea de faire une chose si indigne d’elle, que cela lui donna occasion de commencer à le mépriser, et de faire éclater à la honte de son mari la chimère extravagante qu’il s’était formée dans l’esprit. […] Célénie tint bon cependant, et ne se serait point démentie si son mari n’eût poussé plus avant. […] Votre mari vient tous les jours au logis, il nous montre toujours un visage égal, et nous à lui, cependant il y a là-dessous quelque chose de caché, vous avez le choix de me le déclarer ou non ; si c’est la crainte de découvrir un mystère que vous vouliez tenir secret qui vous empêche de me le déclarer, je vous jure là-dessus un perpétuel silence ; mais si vous ne me le dites pas et que je le devine, outre que j’en ferai part à d’autres, vous pouvez compter qu’assurément je ne vous regarderai de ma vie.

23. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIV. Ce qui se passa dans le château après cette expédition. »

Le duc de Médoc, qui avait un très grand fond de probité et d’honneur, écouta tout ce qu’on lui dit avec une patience admirable, et sans répondre un seul mot ; mais après qu’on eut achevé de lui dire tout ce qui se pouvait dire sur cette matière, il prit la parole, et après avoir remercié toute la compagnie en général du soin que chacun en particulier avait témoigné pour sa personne, il ajouta que s’agissant de rendre service au comte de Valerio, et de sauver l’honneur d’une des meilleures maisons d’Espagne, il n’aurait pas eu l’esprit en repos si lui-même n’y avait été ; que de plus, chacun se faisait dans le monde un point d’honneur et de probité selon son humeur ; qu’il avouait que la recherche qu’on faisait de gens qu’on destinait au gibet, offrait à l’esprit quelque chose de bas et de rebutant, qu’ainsi il ne blâmait point les Français de ne s’y pas commettre, parce qu’ils croyaient que cela était indigne d’un grand cœur ; mais que pour lui il était d’un autre sentiment et qu’il ne croyait pas qu’il fût plus indigne d’un prince de faire la guerre à des voleurs et à des bandits qui désolaient toute une province et ses propres compatriotes, que de la faire à des étrangers ; qu’il croyait même que c’était plus utilement servir sa conscience et le public dans une guerre de cette nature, que dans une guerre réglée, parce que les ennemis qu’on combat dans celle-ci, ne sont pas des ennemis particuliers ni domestiques, puisqu’on peut s’en défaire par un traité de paix ; mais que les autres sont des ennemis d’autant plus cruels, qu’ils ne sont retenus par aucune digue ; de plus que la guerre avait ses lois inconnues aux scélérats, et que les ennemis qu’on combattait dans une guerre de prince à prince, étaient presque toujours des ennemis contraints par la volonté et par l’ambition de leur souverain, avec qui la vie était sauve, ou du moins ne courait pas tant de risque, qu’avec les autres, qui non seulement n’épargnaient personne, mais de qui même leurs propres amis et les gens de leur connaissance avaient plus à craindre que des étrangers ; qu’enfin dans une guerre ouverte on était en état d’attaquer et de se défendre, et que l’on n’était jamais surpris qu’on ne dût s’attendre à l’être ; mais que les voleurs de grands chemins étaient des gens qui mettaient leur sûreté dans les surprises qu’ils faisaient aux gens qui ne se défiaient nullement d’eux ; et qu’en un mot c’était des ennemis d’autant plus dangereux qu’ils empêchaient le commerce et la sûreté, et qu’il n’y avait avec eux ni paix ni trêve à espérer que par leur mort ; enfin des gens universellement regardés avec exécration ; ce qui était si vrai, qu’en France même, où les gens de distinction tenaient cette chasse si indigne d’eux, les bandits et les voleurs de grand chemin étaient punis du plus long et du plus rude des supplices, et privés même de la sépulture. Don Quichotte qui n’avait garde de demeurer en si beau chemin, reprit la parole après le duc, et après avoir répété une partie de ce qu’il avait dit, il ajouta que l’emploi de délivrer son pays de malfaiteurs et de brigands, était non seulement honorable, mais encore digne d’un roi ; que c’était par là qu’Hercule, Thésée et plusieurs autres héros s’étaient rendus fameux ; que c’était le premier devoir de la Chevalerie errante, puisque c’était délivrer les faibles des torts et des violences que les méchants leur faisaient, et que quand il serait roi, il ne tiendrait point cette recherche au-dessous de lui.

24. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXIV. De l’arrivée de plusieurs personnes dans l’hôtellerie. Qui étaient ces personnes. Nouvel exploit de Don Quichotte. Sanglants combats. »

Ceux qui tenaient Gabrielle la quittèrent, et se mirent sur les traces de leurs compagnons, qui enlevaient la comtesse, sans se mettre en peine de secourir leur chef, qui avait à faire à forte partie. […] Les questions qu’ils leur firent donnèrent le temps à notre héros de les joindre ; il était trop colère pour songer à autre chose qu’à la vengeance ; il déchargea un si furieux coup de son épée sur la tête de celui qui tenait Eugénie, qu’il le renversa tout étourdi, et la comtesse tomba à terre aussi bien que lui.

25. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVIII. Du combat de Don Quichotte contre Sancho, et quelle en fut la fin. »

Après cela il se tint dans son poste immobile comme une statue. […] Leurs spectateurs ne pouvaient respirer à force de rire à la vue du plus ridicule combat qu’on puisse se figurer, de deux hommes à cheval armés de toutes pièces, et l’épée au côté, qui se battaient comme des crocheteurs, et dont les trois quarts des coups ne frappaient que l’air par le mouvement de leurs chevaux qui étaient toujours dans l’agitation, parce qu’ils suivaient l’inclination de la bride, qui suivait celle de la main, que nos chevaliers ne pouvaient pas tenir ferme, à cause du mouvement de leurs corps.

26. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLV. Pourquoi la maîtresse d’une hôtellerie voisine du château venait souvent demander des nouvelles de Sainville et de Silvie. »

Il lui avait dit sa qualité et son nom, et par hasard il se trouva que cette femme avait été élevée dans la maison de son père, où elle avait servi, et où elle demeurait encore lorsqu’elle s’était mariée en premières noces à un Flamand qui l’avait emmenée à Valenciennes, où en secondes noces elle avait épousé l’Espagnol avec qui elle était venue en Castille, et où elle tenait hôtellerie. […] Les Espagnols et les Français avaient tenu conseil, où chacun avait inventé quelque tour.

27. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLI. Don Quichotte et Sancho s’arment pour aller combattre les brigands. Ces deux chevaliers font des actions de valeur inouïes. »

Qu’il lui avait tout promis pour éviter la mort présente ; mais que quatre jours après, plusieurs de ces bandits, qui étaient allés chercher des vivres, étaient revenus bien blessés, et qu’il avait appris d’eux, qu’ayant voulu attaquer un carrosse plein de femmes et l’amener, pour avoir les chevaux dont ils manquaient, ils s’étaient battus à deux reprises contre des Français, et un démon sous la figure d’un homme qui leur avait repris le carrosse, ôté Eugénie qu’ils tenaient encore, et tué huit de leurs camarades, et entre autres Don Pedre. […] Tenez, Monsieur, dit-il, j’aime mieux cet argent-là que tous les gouvernements du monde, et surtout ceux des îles Barataria ; car avec mon argent je trouverai de quoi vivre, à boire et à manger tout mon saoul, et dans mon gouvernement le docteur Pedro Rezio de Tirtafuera me voulait faire mourir de faiM. 

28. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVII. Suites agréables de la victoire remportée par le chevalier Sancho, et du projet que forma Don Quichotte pour le faire repentir de son indiscrétion. »

Et les contorsions qu’il faisait pour se tenir droit, faisaient mourir de rire les ducs et les autres qui le suivaient à pied. […] Tenez, Monsieur, lui dit-il, bien du monde s’en plaint, et moi qui vous parle, je n’ai point de sujet de m’en louer, car une fois que j’avais grondé avec ma mauricaude, un moine se mêla de nous raccommoder ensemble, et puis après cela il venait nous voir tous les jours, afin de voir, disait-il, si nous vivions bien ensemble.

29. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XL. Des armes enchantées que les deux chevaliers reçurent de Parafaragaramus, avec des chevaux infatigables. »

Il connaissait assez la bravoure et l’intrépidité de notre héros, pour savoir jusques où son courage le porterait dans la forêt ; il prévoyait bien aussi que Sancho ne le quitterait pas d’un pas ; il aurait bien voulu ne les point exposer contre des bandits ; mais dans le fond, outre que Don Quichotte n’aurait pas trouvé bon que l’affaire se fût passée sans lui, le duc voyait bien qu’il lui serait d’un grand secours, et qu’après tout c’était la mort la plus glorieuse qui pût arriver à deux fous, que de perdre la vie en servant le public ; d’un autre côté il voyait bien que l’occasion serait chaude et de fatigue, et que les chevaux de nos aventuriers n’étaient point assez forts pour la supporter, ni leurs armes assez bonnes pour résister au mousquet et au pistolet ; ainsi il avait jugé à propos de les armer par cette voie étant bien persuadé que l’estime qu’ils feraient de leurs armes et de leurs chevaux, qu’ils croiraient tenir de la main d’un enchanteur, leur ami, les animerait davantage, et relèverait le courage, surtout de Sancho, qui lui paraissait abattu par la conversation qu’il avait eue avec Don Quichotte, et que lui et Parafaragaramus avaient écoutée.

30. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LX. De l’aventure qui arriva au malheureux Sancho peu de temps après qu’il fut hors de chez le duc de Médoc, et de plusieurs autres choses qui ne sont pas de grande importance. »

Ils les tiennent éloignées, et ma foi ils ont raison, car elles ne sont bonnes qu’à… Dieu m’entend bien.

31. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXIX. Du grand projet que forma le duc de Médoc, et dans lequel Don Quichotte entra avec plus de joie que Sancho. »

Tenez, Monsieur, ajouta-t-il, faites-en telle différence qu’il vous plaira, dans le fond c’est toujours le même métier, et les mêmes membres de justice qui y gagnent autant d’honneur que les chevaliers, ont encore du profit que les autres n’ont pas.

32. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIII. De l’accident qui arriva au chevalier Sancho, en tirant une arme à feu. Remède pire que le mal. »

Il en voulait faire autant de ceux que tenaient les gens de la comtesse, et l’aurait fait si elle ne l’avait retenu.

33. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVII. Du repas magnifique où se trouva Don Quichotte, et du beau et long discours qu’il y tint. »

Du repas magnifique où se trouva Don Quichotte, et du beau et long discours qu’il y tint.

34. (1713) Les illustres Françaises « Les Illustres Françaises. Histoires Véritables. »

Après ce compliment il sortit, et Des Frans et Des Ronais étant restés seuls, le premier pria son ami de lui tenir parole, et de lui raconter ce qui s’était passé entre sa maîtresse et lui.

35. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIX. Repas magique. Apparition d’un nouvel enchanteur. Défi fait à Don Quichotte, et ce qui s’ensuivit. »

Sancho, qui fourrait toujours son nez partout, pria Parafaragaramus de leur tenir compagnie, et l’enchanteur lui répondit qu’il était jeûne pour lui ce jour-là, et qu’il ne mangeait jamais avec les dames.

36. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « ChapitreLII. Le mari prudent »

Tenez, Monsieur, continua ce bon vieillard en la relevant, et en la présentant à son gendre, voilà votre femme que je vous rends, et quoique vous ne la repreniez qu’à ma prière, oubliez que je suis son père, et n’ayez pour elle aucune considération qu’elle ne s’en rende digne.

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