Je refusai de les rendre qu’à la même personne qui me les avait mis en main. […] Tenez Monsieur, me dit-il, on m’a chargé de vous rendre en main propre ce paquet-ci. […] La mort de cette femme était indigne de ma main. […] Je l’ôtai des mains de mon laquais, je le baisai les larmes aux yeux. […] Craignez de n’avoir été entre les mains de Dieu que l’instrument de mon humiliation.
Ils volaient et assassinaient tous ceux qui avaient le malheur de tomber entre leurs mains. […] Celui-ci surpris de cette attaque brusque et imprévue, n’eut que le temps de mettre la main à ses pistolets ; ce que fit aussi son valet ; pour le postillon il retourna généreusement sur ses pas aussi vite qu’il était venu. […] Ils l’avaient déjà mise sur un cheval entre les mains d’un d’entre eux, malgré sa résistance ; et Gabrielle de Monsalve cédait à leur violence, mais notre chevalier leur fit bientôt lâcher prise. […] Cela dit, il remonta à cheval, et voulut prendre sa course, mais sa monture qui n’en pouvait plus tomba sur le nez, et lui aussi, avec tant de bonheur pourtant qu’il ne fit que s’écorcher les mains qu’il avait heureusement portées au-devant de lui en tombant. Il se releva, et son épée qui était prise dans le mors de la bride de sa bête se cassa entre ses mains ; ainsi il se trouva démonté et désarmé.
J’y portai la main et la bouche. […] Je la reçus des mains de la Delorme sans parler. […] Je me promenais seul un livre à ma main. […] Une main admirable qu’elle me fit voir m’enchanta. […] Elle me vient d’une main qui m’est extrêmement chère.
Je l’ai abandonnée, reprit-il, en joignant les mains et haussant les yeux, Ha ! […] Je pris la mère par la main, et la menai dans le cabinet. […] comment ferons-nous donc pour nous voir, lui dis-je, si personne ne nous prête la main ? […] Je le pris par la main, et l’emmenai. […] Je le pris de ses mains, et avec mille peines je lus ces paroles.
Tous se levèrent à l’aspect de ce sage enchanteur, qui était toujours vêtu de blanc, et tenait pour lors à la main un autre livre que celui qu’il avait coutume de porter. […] — Voilà parler en honnête homme, lui répliqua Parafaragaramus ; eh bien, remets tout entre les mains du curé de ton village, sans en parler à ta femme ; il est homme d’honneur, et aura soin de marier ta fille, et de t’empêcher de jamais tomber en nécessité. — Pardi, reprit Sancho tout réjoui en se frappant de la main droite dans la gauche, tenez, nous aurions fait un pape, car nous sommes tous deux de même avis. […] Le duc qui ne voulait plus donner à notre héros aucun sujet de se fâcher, ne fit pas semblant de prendre garde à ce que Sancho disait, et l’ayant pris par la main, il l’emmena dîner où tout le reste de la compagnie les attendait, et Sancho les suivit. […] Le chevalier le prit après quelque difficulté en lui baisant la main et en mettant un genou à terre. […] Le duc de Médoc lui présenta la main et la conduisit jusqu’à son carrosse, d’où elle regarda encore le désolé chevalier et lui défendit de la suivre.
Je crois qu’ils mangeraient le diable s’il tombait entre leurs mains. […] Mais retournons trouver le Gaillard qui est aux mains avec lui. […] Malheur à l’Anglais qui leur tombera entre les mains il payera pour tout. […] Quoique je n’y aie point entré, je ne laisserai pas de vous dire ce qui en est le tenant de bonne main. […] Elles portent à la main gauche une espèce de tambour de basque, et dansent tant que les conviés veulent.
Le démon protège les idoles de Siam & ne veut pas qu’elles tombent entre nos mains. […] Cela lui a donné le temps de se tirer de nos mains. […] & qui sont encore entre les mains de tout le monde ? […] Ce fer est long de demi-pied : ils le manient de la main droite, & il est appuyé sur l’ongle du pouce gauche, & les feuilles sont élongées sur le second doigt de la même main. […] Qu’ils s’en lavent les mains, & qu’ils les laissent.
J’y ajoutai un mot de ma main qui disait la même chose. […] Clémence connaissait Mademoiselle Dupuis de longue main. […] Il n’y a cependant que ma bouche et ma main qui sont criminelles, mon cœur ne vous a point trahi. […] Je me sers de cet argent pour vous envoyer un exprès qui je suis sûre vous donnera celle-ci en main propre. […] Je veux la baiser, dit le duc de Lutry, en lui prenant la main.
Ses défenses imprimées sont entre les mains de tout le monde. […] Il revint un moment après avec un rôle à la main. […] Cela n’est pas bien, il ne faut mettre la main sur elle que pour la caresser. […] Que sans aller chercher trop loin, il trouvait sous sa main le sujet qui lui convenait. […] Ce sont une infinité de gens malhureux en France auxquels il met le pain à la main.
Je n’avais plus d’autre moyen pour empêcher ce fatal mariage, que d’en venir aux mains avec Deshayes ; j’en cherchai les occasions ; je ne sais s’il s’en douta, mais il me fut impossible de le rencontrer dans un lieu commode. […] Deshayes sait que je l’ai aimée, et que je ne lui étais pas indifférent ; il aura su que c’est moi qui l’ai arrachée de ses mains, et cela aura redoublé son acharnement contre elle. […] Je n’eus pas le front de lui donner ma lettre en main propre, la honte m’en empêcha, et je me contentai de lui indiquer l’endroit où il la trouverait le lendemain. […] En voici une copie qui m’a été remise en main, et que je vous supplie de lire. […] Silvie reçut cette nouvelle le jour même qu’elle arriva à ce couvent, et au lieu d’y entrer, elle reprit sur la main droite, et se rendit à Toulouse, où nous arrivâmes le lendemain.
Nos chevaliers, comme on voit, étaient en bonne main, surtout Sancho, qui était bien recommandé. […] A peine son écuyer eut la bride en main, qu’elle prit à toutes jambes le chemin d’une petite rivière qui était tout proche, et où on avait coutume de la mener abreuver. […] Comme il voulut se jeter dessus à corps perdu, et qu’elle s’échappa de ses mains et sauta dans l’eau, il s’y jeta brusquement après elle ; mais ce fut inutilement, car l’agitation de l’eau lui en fit perdre la vue et la trace. […] On le félicita d’avoir eu une si bonne nouvelle, et on lui mit en main une bouteille, qu’il vida d’un seul trait ; cela acheva de le remettre en bonne humeur, et on se remit en chemin. […] Altisidore, qui parut revenir dans ce moment, regarda Don Quichotte avec fureur, et Sancho d’un air tout attendri ; elle lui tendit la main, et il la prit sans façon de la sienne et la baisa.
Il n’en pouvait plus, et ne savait comment se tirer de leurs mains ; mais Merlin le tira d’embarras en venant les prier tous de venir se mettre à table. […] Dulcinée prit la main de Don Quichotte, et les autres venant après eux, ils repassèrent dans la première salle, où Merlin avait paru en géant ; mais elle avait si bien changé de décoration, qu’il était impossible à nos aventuriers de la reconnaître, et ils n’y virent rien que de magnifique. […] Les arts étaient en vogue et en honneur ; l’ouvrier s’occupait et vivait du travail de ses mains, et on n’était point obligé d’acheter à prix d’argent la liberté de gagner sa vie ; les meilleurs ouvriers travaillaient le plus, parce qu’ils étaient les plus recherchés ; mais les autres n’étaient point obligés de travailler en cachette, ou de mendier leur pain. […] Le laboureur travaillait tranquillement, et nourrissait en même temps les peuples de son pays et les étrangers, en mangeant avec eux le pain qu’il recueillait ; le vigneron buvait une partie du vin dont il avait façonné la vigne, et du reste qu’il communiquait aux autres, en retirait sa subsistance ; le commerce fleurissait et rapportait des pays éloignés de quoi enrichir un peuple, qui ayant dans le sien surabondamment de tout ce qui est nécessaire à la vie, en faisait part à ces mêmes pays en échange de leurs trésors ; l’artisan y avait part en y envoyant les ouvrages qu’il avait travaillés de ses mains, et chacun vivait dans l’opulence, parce que chacun vivait dans l’innocence. […] Dans la paix, chacun faisait son travail, et personne ne restait armé comme dans un temps de guerre ; les mêmes mains qui venaient de manier une lance et une épée, retournaient manier la charrue et la serpette, sans en être déshonorées.
Ma femme était sage, à ce qu’on disait, je le croyais ainsi, et on attachait mon salut éternel à sa main. […] Mon père, me dit-elle, joignant les mains toute surprise, vous a dit que j’avais un nouvel amant ? […] Le facteur des mains de qui je l’avais reçue était le même qui m’en apportait chez moi. […] Je mis la main à la plume, je ne me souviens plus de ce que j’écrivis dans le transport où j’étais. […] Elle lui mit une lettre entre les mains, il l’ouvrit et lut.
Il fut en un moment tout couvert de son sang, et le chirurgien qui fut appelé pour le panser eut une très mauvaise opinion de sa blessure ; on le mit au lit toujours gardé à vue, et lui toujours prévenu de la mort de sa femme, fit en sorte en se tourmentant de défaire les ligatures de sa tête, et ne voulut jamais qu’on y remît la main qu’après qu’on lui eut dit que sa femme se portait mieux. […] La feinte Italienne ne se fit pas presser sur le prix, mais elle fit mille difficultés sur la manière de l’ôter de dessus son corps, où elle ne voulait pas, disait-elle, qu’aucun homme ne portât ni les mains ni les yeux. […] Je vous sacrifie tout, n’en croyez que mes actions et non pas mes paroles, dites-moi que vous voulez bien me suivre, et je vous mettrai entre les mains plus d’argent et de pierreries qu’il ne vous en faudra pour vous faire vivre ailleurs le reste de vos jours plus magnifiquement et plus heureusement que vous ne vivez ici. […] J’ai assez d’amis en Cour pour le rengager malgré lui dans le service ; et si je ne puis en venir à bout, je périrai par sa main ou je vous vengerai par la mienne ; vos souffrances me mettent au désespoir, je ne pourrais pas vivre éloigné de vous et toujours dans la crainte de vous voir périr par la main d’un brutal. — Plaignez-moi, lui dit-elle les larmes aux yeux, aimez-moi ou du moins laissez-moi le croire, c’est la seule consolation que je vous demande ; mais ne vous avisez pas de rien entreprendre contre lui, je vous le défends, sous peine de ne vous plus jamais voir ; et si vous m’obéissez en cela, il se pourra arriver des changements qui me permettront d’avoir pour vous de la reconnaissance. […] Tue-moi, lui dit ce furieux mari, tu ne feras que me prévenir ; Julia n’en voulant point à sa vie, fit en sorte de se tirer de ses mains aux dépens d’une jupe qu’il y laissa, de la poche de laquelle la double clef du cadenas tomba.
Au reste nous avons des raisons pour sortir comme nous sommes ; mais ce n’est point pour fuir ni pour éviter d’en venir aux mains. — Eh ! […] Tout ce que Sancho y trouva de mal, c’est qu’elles étaient extrêmement pesantes, comme elles l’étaient en effet, parce que pour les mettre tout à fait à l’épreuve des armes à feu, le duc avait fait couler entre le fer et le cuir qui les doublait des mains de papier bien battues en double ; mais leurs chevaux, qui étaient deux forts allemands faits au feu, et accoutumés aux coups de mousquets et de pistolets, étaient assez forts pour n’en être pas surchargés. […] Don Quichotte et son écuyer voulurent entrer l’épée à la main dans cette caverne, mais ils furent aussitôt salués d’une décharge de coups de mousquets et de pistolets. […] On les y suivit à pied, l’épée d’une main et le pistolet de l’autre. […] La longue traite qu’ils avaient faite pour se sauver, et le sang qu’ils avaient perdu ayant tout à fait épuisé leurs forces, ils furent pris vifs et remis entre les mains des gens du lieutenant, qui, avec du vin leur raffermirent le cœur, et après cela les firent porter dans une charrette, qu’on envoya quérir à la même prison où était Pedraria.
Je vous laisse maîtresse de votre sort et du mien, je ne vous demande pour toute grâce que de me remettre entre les mains le reste du poison que vous avez. […] L’homme entre les mains de qui nous étions, pouvait par sa naissance prendre quelque autorité sur elle ; il en abusa. […] Cependant pour ne pas laisser Mademoiselle Fenouil dans cette croyance, je lui écrivis de ma main tout ce qui en était. […] Celui-ci, à qui je demandais tout, et que vous allez voir venir avec elle, le lui donna en main propre. […] Je suis très aise que mes amis soient tombés en bonnes mains ; mais pour moi, à qui le contraire est arrivé, vous ne m’empêcherez point de déclamer.
Si le canon n’en avait pas été parfaitement bon, il aurait infailliblement crevé entre ses mains, et l’aurait sans doute tué, ou du moins estropié pour toute sa vie ; outre cela il ne referma pas la gibecière où était la poudre à canon, et en mit dans le bassinet une si grande quantité, qu’il en répandit sur lui. […] La barbe, les sourcils, les yeux, les mains, tout s’en sentit, et le coup partant dans l’instant, le repoussa si bien, qu’il le jeta sur le dos les quatre fers en l’air, et le feu prit en même temps au reste de la poudre qui était dans la gibecière, si bien que le pauvre Sancho parut faire la cabriole au milieu du feu et des flammes, en criant comme un enragé. […] Il les remit tous entre les mains de son lieutenant et de son greffier, qui firent mettre dans une charrette ceux qui étaient blessés, et hors d’état d’aller à pied, et qui firent marcher de bonne grâce à coups de bâtons ceux qui pouvaient mettre un pied l’un devant l’autre. […] Valerio et Sainville de leur côté l’avaient supplié presque à mains jointes de remettre la partie à une autre fois, et d’attendre quelque temps qu’ils fussent en état de le seconder et de l’accompagner.
Le coup était fait à la main, et j’eus le plaisir d’humilier l’orgueil du Gascon. […] M.de La Chassée s’était mis à la tête des soldats, une demi-pique à la main. […] Tout l’équipage a levé la main, en criant trois fois Vive le roi. […] En même temps, M. de Porrières nous a tous salués, et présenté la main. […] Il n’osa mettre la main à l’épée : je régalai sa poltronnerie.
Leur crime leur ôtant l’assurance, la main leur trembla, et leurs coups donnèrent en glissant sur sa cuirasse, qui ne le percèrent pas, et ne firent que lui ôter un moment la respiration. […] Notre héros reprit sa fureur, en même temps qu’il reprit connaissance, et joignit les bandits l’épée à la main, qui surpris de se voir sur les bras un homme qu’ils croyaient mort, se défendirent avec tout le désespoir de gens qui n’attendent que la roue, et Don Quichotte les attaquait avec toute la témérité d’un chevalier errant. […] Ce malheureux se préparait à porter un coup d’épée à cette dame, et l’aurait assurément percée, si notre héros n’eût fait gauchir le coup, en lui poussant son cheval sur le corps, en sorte que la duchesse en fut quitte pour la peur, et pour une égratignure à la main qu’elle avait portée au-devant du coup. […] Il n’en voulut pas dire davantage, de crainte d’être entendu de son maître, qui présenta la main à la duchesse, pour la faire descendre de carrosse, pour en ôter le corps de son écuyer.
Tout le monde l’en félicita, on l’arma avec cérémonie ; et les dames y ayant mis la main lui firent plus d’honneur que jamais chevalier errant n’en avait eu. […] Tout bien de toi, ami Sancho, lui répondit Don Quichotte, tu as le cœur aussi bon que la main ; mais ta langue va trop vite et bat trop de pays. Il voulait par là le taxer sur ce qu’il avait dit de la beauté de la comtesse, sans en excepter Dulcinée ; mais Sancho n’avait pas l’esprit assez fin pour s’imaginer une chose à quoi il ne croyait pas que son maître songeât, c’est pourquoi il lui répondit selon son sens : Ma foi, Monsieur, j’avoue que ma main et ma langue vont trop vite, mais il faut que le renard meure dans sa peau, à moins qu’on ne l’écorche en vie, et puis il ne peut sortir d’un sac que ce qu’on y a mis. […] Je ne croyais pas offenser votre bon ami Parafaragaramus, lorsque j’ai porté la main à l’arme infernale qui m’a attiré tant d’affaires ; et pour ma langue, qui diable pourrait s’en choquer, puisque je ressemble à notre curé, qui ne sait pas lui-même ce qu’il veut dire quand il ouvre la bouche, et que je ne le sais pas non plus ? […] Sancho passa encore toute la journée dans son lit où il but et mangea à son ordinaire, c’est-à-dire qu’il pensa se crever, en faisant raison le verre à la main à tous les gens du duc et du comte qui étaient venus le voir pendant la journée, si bien qu’il avait terriblement les dents mêlées le soir que toute la société vint le voir pour apprendre des nouvelles de sa santé.
Ils revinrent tous deux l’un sur l’autre en portant la main sur la garde de leurs épées ; mais tous deux furent également surpris de ne pouvoir pas la tirer du fourreau. […] Leurs spectateurs ne pouvaient respirer à force de rire à la vue du plus ridicule combat qu’on puisse se figurer, de deux hommes à cheval armés de toutes pièces, et l’épée au côté, qui se battaient comme des crocheteurs, et dont les trois quarts des coups ne frappaient que l’air par le mouvement de leurs chevaux qui étaient toujours dans l’agitation, parce qu’ils suivaient l’inclination de la bride, qui suivait celle de la main, que nos chevaliers ne pouvaient pas tenir ferme, à cause du mouvement de leurs corps. […] Il avait sur sa tête un turban tout blanc, avec une plume en aigrette au-dessus ; il s’était blanchi le visage, aussi bien que la barbe, qu’il portait longue d’un bon pied ; il avait en ses mains des gants aussi blancs que le reste, et portait un livre où il paraissait lire quelque chose. […] C’est moi qui ai fait rompre vos lances dans vos mains ; c’est moi qui ai enchanté vos épées pour vous empêcher l’un et l’autre de répandre un sang que vous regretteriez avec amertume.
Sitôt que l’enchanteur eut remis Sancho entre les mains du satyre, il était venu rejoindre Don Quichotte, pour le mener plus avant dans le bois, et lui faire une sévère réprimande de son emportement hors de saison. […] La seule Eugénie alla au-devant de lui, et feignit de se jeter à ses pieds pour le remercier de toutes les obligations qu’elle lui avait ; mais il l’en empêcha, et la ramena auprès des autres, à qui il fit une profonde inclination les deux mains sur l’estomac. […] Le sage enchanteur fit semblant de s’apercevoir de la perplexité générale, et mit la main sur la table, en jurant qu’il allait faire enlever par des enchanteurs tous ceux qui ne mangeraient pas. […] Pendant que la comtesse calmait les transports furieux du chevalier des Lions, le même satyre avait pour la troisième fois changé l’épée de Sancho, et notre héros qui était presque remis par l’assurance qu’Eugénie lui avait donnée, se contenta de dire que s’il avait eu seulement une épée, il aurait fait repentir l’enchanteur de ses impertinentes railleries, et porta encore la main sur celle de son écuyer, qui pour le coup sortit de son fourreau. […] Après cette conversation nos aventuriers se retirèrent dans leur chambre occupés de leurs visions, surtout le héros de la Manche, qui aurait voulu être déjà aux mains avec le méchant Freston, et désenchanter son imaginaire Dulcinée.
Tu t’es rendu digne des armes que je t’ai données, et je te les laisse ; mais pour le chevalier Sancho, je suis animé contre lui, pour avoir touché des armes infernales, qui souillent les mains d’un chevalier errant, et pour lesquelles tout ce qu’il y a de braves chevaliers, surtout ceux que je protège, doivent avoir de l’horreur. […] Tenez, Monsieur, ajouta-t-il, c’est madame la duchesse qui m’attire tout ceci, car si je n’avais pas voulu tirer aussi bien que les autres pour lui faire plaisir, je n’aurais pas mis la main où je n’avais que faire ; oui mardi, c’est elle qui me cause tout ce beau ménage ; au diable les femmes, elles m’ont toujours porté guignon. […] Les ducs et tous les assistants prièrent notre héros d’aller délivrer le chevalier Sancho des mains de ce démon, mais il le refusa, leur disant que c’était un combat égal de corps à corps, et qu’outre les ordres de la Chevalerie, qui lui défendaient de le secourir, il lui avait aussi été défendu par Parafaragaramus de le faire. […] L’enchanteur revint à lui, et le jeu lui plaisant, il lui donna de sa peau d’anguille un si grand coup au travers les reins, qu’il le rejeta encore une fois à terre, en frappant sur les fesses que Sancho découvrit pour se lever appuyé sur ses mains ; il lui fit plus de contusions sur cette partie, que le chevalier avait fort potelée et charnue, et en même temps plus de douleur que la dragée ne lui en avait jamais fait.
Le duc de Médoc étant instruit de tout rêva quelque temps, après quoi prenant la parole il leur dit qu’on ne voyait pas qu’on dût faire aucun mystère de l’aventure à Valerio ; qu’il convenait que le comte étant honnête homme, l’infâme personnage que ses frères y avaient joué lui ferait beaucoup de peine ; mais aussi qu’il en serait bientôt consolé, surtout lorsqu’on lui ferait comprendre que c’était un bonheur pour lui que tous deux y fussent restés, et qu’ils eussent péri par la main de la justice divine qui laissait le champ libre à mettre leur réputation à couvert devant les hommes, que pour cela il fallait absolument nettoyer la forêt des bandits qui désolaient le pays, et les faire tous périr de quelque manière que ce fût, et que cet article regardant ses devoirs, il s’en chargeait ; ajoutant que si on pouvait en prendre quelqu’un en vie, il fallait les remettre entre les mains du lieutenant, qu’il les enverrait avec Pedraria sécher sur les grands chemins, et qu’il se chargeait encore de faire supprimer des informations tout ce qui chargeait Octavio et Don Pedre pour sauver leur mémoire d’infamie, et de faire substituer à la place de ce qui serait supprimé un aveu des criminels qui les auraient assassinés eux-mêmes sans les connaître, ce qui ne tournerait nullement à la honte de Valerio, qui jouirait tranquillement de leurs biens sans appréhender que le fisc y mît la main.
lui répliqua-t-il en lui serrant les mains, mais achevez, acceptez-vous les propositions que je viens de vous faire ? […] Il tenait une des mains de sa maîtresse, qu’il mouillait de ses larmes. […] Approchez, Angélique, lui dit Madame de Cologny en la prenant par la main, voilà Madame, poursuivit-elle, en la présentant à Madame de Contamine, la demoiselle que vous avez demandée. […] Elle se jeta aux genoux de sa future belle-mère, lui baisa les mains, lui fit mille remerciements de sa bonté, et l’assura d’une vénération et d’un respect égal à celui de son fils. […] Il est en bonne main, reprit cette dame sur le même ton, j’en rendrai bon compte ; mais je veux qu’il obéisse.
Tu trouveras demain à l’entrée de la forêt, au même endroit où tu as retiré la comtesse des mains de ses ravisseurs, un cheval que je te destine, que monta autrefois le fameux Largail, des armes dont se servit Rodomont, et l’épée de Roger ; elles te serviront contre tous les enchantements, et par elles tu seras toujours victorieux dans les plus grandes aventures de ta vie. […] Il connaissait assez la bravoure et l’intrépidité de notre héros, pour savoir jusques où son courage le porterait dans la forêt ; il prévoyait bien aussi que Sancho ne le quitterait pas d’un pas ; il aurait bien voulu ne les point exposer contre des bandits ; mais dans le fond, outre que Don Quichotte n’aurait pas trouvé bon que l’affaire se fût passée sans lui, le duc voyait bien qu’il lui serait d’un grand secours, et qu’après tout c’était la mort la plus glorieuse qui pût arriver à deux fous, que de perdre la vie en servant le public ; d’un autre côté il voyait bien que l’occasion serait chaude et de fatigue, et que les chevaux de nos aventuriers n’étaient point assez forts pour la supporter, ni leurs armes assez bonnes pour résister au mousquet et au pistolet ; ainsi il avait jugé à propos de les armer par cette voie étant bien persuadé que l’estime qu’ils feraient de leurs armes et de leurs chevaux, qu’ils croiraient tenir de la main d’un enchanteur, leur ami, les animerait davantage, et relèverait le courage, surtout de Sancho, qui lui paraissait abattu par la conversation qu’il avait eue avec Don Quichotte, et que lui et Parafaragaramus avaient écoutée.
Celui-ci y vint de bon cœur, et lui pardonna de même ; et enfin Deshayes s’étant réconcilié avec tout le monde, et après avoir fait signer son testament par tous les assistants comme témoins, et l’avoir mis entre les mains de Silvie, qui fondait en larmes, pria tout le monde de sortir, et de le laisser seul avec un confesseur qui ne l’avait point quitté depuis le soir du jour précédent. […] Il était suivi de ses gardes et de plusieurs hommes de main en cas de besoin.
Elle savait que parmi les gens de sa qualité, ce sont ordinairement le bien et les dignités qui règlent les alliances, sans aucun égard aux inclinations des gens qu’on lie ensemble, qui à proprement parler ne sont que les victimes de l’ambition de leurs parents ; ainsi elle regrettait Verville dans le fond de son cœur ; mais elle laissait à son père le pouvoir de disposer de sa main. […] Ce fut Verville qui entra le premier enveloppé dans un gros manteau gris, sous lequel il y avait un panier rempli de tout ce qu’il fallait pour faire collation ; il couvrit lui-même la table, et tout étant fait, il but un coup et se mit auprès du feu un livre à la main. […] Enfin il la remit entre les mains de Justin, aux pieds de qui s’étant jetée une seconde fois, il la releva les larmes aux yeux, et l’embrassa.
. — Je le sais bien, dit Sancho, mais on ne court pas après son éteuf quand on le tient à la main. — Elle exécutera sa promesse, lui repartit le curé. — Dieu le veuille, répliqua Sancho. […] Tenez, Monsieur le curé, poursuivit-il, nous sommes riches Monseigneur Don Quichotte et moi, avec cette différence que ses richesses viennent de l’enfer et ne lui ont presque rien coûté, et que les miennes me coûtent bonne… Dieu vous sauve de la main des diables, Monsieur le curé ; je sais ce qu’en vaut l’aune ; mais n’importe, le mal passé réjouit quand on en a tiré du profit. […] Il lui disait que s’il était à sa place, il exécuterait au plus tôt les ordres de Pluton, qu’il remettrait tout l’argent entre les mains du curé, comme il l’avait promis, et qu’au lieu de six coups de bâton à sa mauricaude, il lui en donnerait plus de vingt, afin de n’avoir rien à se reprocher sur cet article, et de peur que les démons ne le fissent encore payer pour elle. — J’y suis bien résolu, disait Sancho, et si je ne me trompe au compte, ce ne sera que sur le plus, car pour le moins, j’y mettrai bon ordre.
La comtesse Eugénie ayant appris que ce blessé était l’époux de cette dame française, lui fit aussi prendre le chemin du château, où nous les laisserons aller pour retourner à Don Pedre que nous avons laissé aux mains avec le valet de Deshayes. […] Don Quichotte les avait laissés aux mains ensemble, et n’étant plus que seul à seul, ils avaient fait voir toute la valeur, ou plutôt toute la fureur dont sont capables des gens possédés par la jalousie, l’amour, le désespoir et la haine.
Un diable de si bonne mine attira l’attention de nos deux chevaliers, et Pluton lui ayant permis de parler, il commença par remontrer toutes les peines qu’il se donnait pour rendre les femmes belles et attirantes, qu’il inventait tous les jours quelque pommade et quelque essence pour conserver leur teint, ou bien pour en cacher les rides, qu’il avait depuis peu de temps travaillé à cela avec beaucoup de succès, puisqu’il y avait des femmes âgées de plus de soixante ans qui ne laissaient pas par son moyen de paraître avec des cheveux bruns, une peau unie et délicate, et enfin si jeunes qu’il faudrait avoir en main leur extrait baptistaire pour les croire plus vieilles que leurs enfants ; que cela faisait augmenter le nombre de leurs amants, et augmentait en même temps celui des sujets de l’enfer ; mais que malgré tous ses soins il courait risque de perdre son temps s’il y avait encore dans le monde deux hommes de l’humeur du chevalier Sancho, qui à tout moment disait pis que rage des femmes, et tâchait d’en dégoûter tout le monde ; que si cela était souffert, il n’avait qu’à laisser en enfer son panier plein de cornes, parce qu’il ne trouverait plus de femmes qui en pussent faire porter à leurs maris, n’y ayant plus aucun homme qui leur voulût aider à les attacher, qu’il avait employé un temps infini pour en faire qui fussent propres à tout le monde, qu’il y en avait de dorées pour les maris pauvres, et qui se changeaient sur leur tête en cornes d’abondance ; qu’il y en avait d’unies et simples pour ceux dont les femmes faisaient l’amour but à but ; qu’il y en avait de jaunes pour ceux qui épousaient des filles qui avaient déjà eu quelque intrigue ; de blanches pour ceux qui épousaient des veuves ; de noires pour ceux qui épousaient des fausses dévotes ; de diaphanes et transparentes pour ceux dont les femmes savaient cacher leur infidélité ; de vertes pour ceux qui épousaient des filles élevées dans un couvent ou dans une grande retenue ; et de rouges pour ceux dont les femmes payaient leurs amants, à qui d’ordinaire elles ne se contentaient pas de sacrifier la bourse et l’honneur, mais le sang même de leur époux ; que chaque couleur convenait parfaitement à la qualité d’un chacun ; qu’il y avait dans le monde assez de femmes de vertu qui rebutaient les hommes, sans que Sancho voulût mettre les hommes sur le pied de rebuter les femmes ; que c’était de quoi il demandait justice, et protestait en cas de déni de laisser toutes les femmes et les filles en garde à leur propre vertu, sans les tenter dorénavant par lui-même, et sans les faire tenter par d’autres, ni leur fournir les occasions d’être tentées. […] Parafaragaramus leur dit de le suivre, et pour cet effet ils le prirent par la main, et étant dans la même salle où ils avaient vu Dulcinée en paysanne, il parut tout d’un coup de la lumière, et au lieu du spectacle affreux du tribunal de Pluton, il ne se présenta rien à leurs yeux que d’agréable à la vue.
Ajoutez, Monsieur, lui dit-il, qu’un homme qui jette une femme dans le désordre, est cause de la perte du plus parfait ouvrage qui soit sorti des mains de Dieu. — Ah ! […] En même temps il lui porta la main auprès de l’oreille, et fit semblant d’en tirer quelque chose, qu’il mit entre ses deux pouces, et faisant la même figure que les gens font quand ils écrasent de la vermine.
Comme l’idiome espagnol est devenu à la mode en France, et que tout le monde en veut savoir un peu, un de mes amis, qui l’apprend, m’a fait voir quelques endroits qu’il a traduits de la suite de Don Quichotte ; ce que j’en ai lu m’est resté dans la tête, et ne m’a pas déplu ; et, sans doute aussi fou que le Français qui l’a achetée, j’ai fait en sorte de l’avoir de ses mains, et comme je le lui ai promis, je l’ai traduite.
On fit de superbes funérailles au héros de la Manche, et son écuyer reprit son premier métier, et passa commodément le reste de ses jours avec le bien qu’il avait mis en dépôt entre les mains du curé.
Quoi, interrompit encore Des Frans, joignant les deux mains, Silvie a encore été assez perfide pour écrire à Gallouin qu’elle était religieuse !