/ 35
2. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIV. Départ de la compagnie. Comment Sancho fit taire le curé. Aventures diverses arrivées à cet infortuné chevalier. »

Nos chevaliers, comme on voit, étaient en bonne main, surtout Sancho, qui était bien recommandé. […] Tous lui passèrent condamnation sur cet article, surtout la gouvernante, qui les aurait incités à ce dessein si elle ne les y avait pas vus portés d’eux-mêmes. […] La compagnie, et surtout la duchesse, n’avaient jamais ri de si bon cœur. […] Quoique la nuit approchât, Sancho ne se rebutait pas, et aurait passé toute sa vie dans cette recherche s’il n’avait pas été retiré de son embarras par la voix du sage Parafaragaramus, qui vint de l’autre côté du ruisseau lui faire une belle remontrance sur le peu d’attache qu’un honnête homme doit avoir pour les biens de ce monde, et surtout un chevalier errant. […] Elle lui répondit qu’elle ne le pouvait pas cette nuit-là, parce qu’elle ne couchait pas seule ; mais que s’il voulait venir le lendemain dans une chambre qu’elle lui indiqua au bout du château, où elle irait coucher sans compagne, sous prétexte de maladie, elle le recevrait de son mieux, et qu’il lui ferait plaisir ; elle ajouta qu’elle pourrait y monter sitôt que tout le monde serait retiré ; ce qu’il connaîtrait lorsqu’elle ouvrirait sa jalousie, et lui recommanda surtout le secret, et de ne point faire de bruit.

3. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVII. Suites agréables de la victoire remportée par le chevalier Sancho, et du projet que forma Don Quichotte pour le faire repentir de son indiscrétion. »

Il fut obligé de se mettre sur le ventre, et en mangeant avec son visage tout ridé et roussi, il ne ressemblait pas mal à un chien couvert de la peau d’un singe ; ce qui faisait rire tout le monde, surtout lorsqu’il buvait, comme il lui arrivait fort souvent, malgré la posture contrainte où il était ; parce que les dames qui avaient voulu absolument avoir l’honneur de le servir, n’attendaient pas qu’il en demandât. […] Les auditeurs, et surtout les Français, en riaient comme des fous, particulièrement Sainville et Silvie, qui étaient les inventeurs du tour qu’on venait de lui jouer. Il fut prié de dire où il avait fait connaissance avec le sage enchanteur Parafaragaramus, et d’où il connaissait le satyre Rebarbaran, et surtout de ne rien déguiser, parce que l’un et l’autre écoutaient. […] On y exalta encore sa valeur, et surtout son intrépidité, d’avoir osé en venir aux prises et corps à corps avec un démon armé de massue, de serpents et de couleuvres. […] demanda Sancho. —  Vraiment oui, lui répondit Don Quichotte. —  Tant pis, reprit Sancho ; car depuis ce temps-là elle s’est fourrée partout, et surtout dans les familles et les ménages ; cependant elle n’a pas si bien oublié le chemin des couvents, qu’elle ne le retrouve bien quand elle veut.

4. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre L. Dissertation sur la différente manière d’aimer des Espagnols et des Français. »

Les Français en convinrent, et prétendirent que c’était un amour effectif qui leur inspirait cette pleine confiance, qu’ils se mettaient sur le pied de croire toute sorte de vertus dans leurs femmes et dans leurs maîtresses, et que d’ailleurs ils se flattaient d’avoir assez de mérite pour retenir un cœur qui s’était une fois donné à eux ; que dans cette persuasion, et surtout dans celle d’être parfaitement aimés comme ils aimaient, ils ne concevaient pas ces soupçons injurieux auxquels les Espagnols étaient sujets. […] Ils ajoutèrent, qu’ils convenaient qu’il y avait en France beaucoup de maîtresses et même d’épouses, qui trompaient cette confiance, et qui étaient véritablement infidèles ; mais qu’ils ne doutaient pas qu’il n’y en eût pour le moins autant en Espagne, étant le propre de tout le monde, et surtout des femmes, de se porter avec ardeur à tout ce qui est défendu, et de se dérober à un aussi dur esclavage, que celui où elles se voient réduites. […] Les Espagnols ne s’inscrivirent point en faux contre un si bon auteur, mais ils prétendirent encore que l’amour des Français n’était point si violent que celui des Espagnols, parce que, disaient-ils, on ne voyait point de Français se jeter, pour l’infidélité de leurs épouses, dans le dernier désespoir, comme on le voyait souvent en Espagne, surtout en Portugal, où un mari trompé se venge sur lui-même, et attente à sa vie de rage et de dépit.

5. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLV. Pourquoi la maîtresse d’une hôtellerie voisine du château venait souvent demander des nouvelles de Sainville et de Silvie. »

La maîtresse de l’hôtellerie voisine du château de la Ribeyra, où Sainville et Silvie avaient été premièrement portés, ne manquait pas de venir les voir tous les jours, et de s’informer de leur santé, surtout de celle de Silvie et de Sainville, mais avec tant d’empressement et d’assiduité, qu’on en soupçonna une autre cause que la civilité ; aussi y en avait-il une. […] Cette Parisienne espagnolisée conservait toujours beaucoup d’amitié pour les Français, et surtout pour le sang de son maître. […] La marquise ayant par là l’esprit en repos, les ducs et les deux épouses n’ayant eu aucun sujet de chagrin que par rapport à leurs amis, le comte Valerio et son épouse étant contents, Sainville et sa veuve étant dans la meilleure intelligence du monde, aussi bien que le comte du Chirou avec la belle Provençale, Valerio et Sainville reprenant peu à peu leurs forces, Don Quichotte se portant bien, et Sancho en parfaite santé, à quelques brûlures près ; en un mot tout le monde ayant l’esprit porté à la joie et au plaisir on se disposa en attendant le départ, qui n’était retardé que par Valerio, Sainville et du Chirou, à prendre de nos aventuriers tout le divertissement qu’on pouvait en prendre sans s’en railler ouvertement, surtout de notre héros, dont le comte du Chirou admirait la valeur, et à qui il devait la vie, aussi bien que la duchesse et Eugénie, qui outre cela lui devait encore celle de son époux, et peut-être son honneur.

6. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVI. Pourquoi Sancho perdit ses armes enchantées, et du terrible combat qu’il eut à soutenir pour les recouvrer. »

Tu t’es rendu digne des armes que je t’ai données, et je te les laisse ; mais pour le chevalier Sancho, je suis animé contre lui, pour avoir touché des armes infernales, qui souillent les mains d’un chevalier errant, et pour lesquelles tout ce qu’il y a de braves chevaliers, surtout ceux que je protège, doivent avoir de l’horreur. […] Là-dessus il s’emporta contre les femmes d’une manière terrible, et fit rire toute la compagnie qui l’écoutait, et surtout la duchesse qui n’en perdit pas un mot ; il fit contre elle mille invectives, et les aurait continuées avec la doléance de ses armes perdues, si on ne fût pas venu frapper à sa porte. […] L’enchanteur qui ne s’était point attendu à une pareille gourmade, se mit à son tour sur l’offensive, et comme il était bien plus robuste que Sancho, il le mit bientôt dessous, et lui rendit le change avec usure, et surtout avec une des peaux d’anguille qui lui servait de tresse, au bout de laquelle il y avait une balle de plomb, dont il lui accommoda le corps le plus joliment du monde.

7. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Contamine, et d’Angélique. »

Elle apprit en perfection tout ce qu’on enseignait à sa maîtresse, surtout l’italien et la musique ; et cela sans avoir d’autres maîtres que les siens, qui ne lui parlaient que très peu. […] Il vous est facile de voir par là, que cette maison est belle et grande et d’un grand prix, surtout dans l’endroit où elle est située. […] Tout ce que Contamine vit dans cette maison lui plut, surtout elle, qui bien loin de se ressentir des bassesses de sa fortune, prit toutes les manières d’une fille de qualité bien élevée. […] Elles ne savaient qu’en penser, surtout de la confusion où leur paraissait Angélique, qui n’avait pas eu le temps de leur donner quelque défaite en paiement. […] Elle en usa fort bien avec Madame de Contamine, et se fit surtout tellement aimer de cette dame, qu’elle ne supportait qu’impatiemment le retard de la cérémonie.

8. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVI. Suite de l’histoire de Silvie et de Sainville. »

Enfin le chagrin, la fatigue, et surtout mon désespoir, me firent effectivement tomber malade. […] Je crus que c’était un assez grand malheur pour elle d’avoir épousé Deshayes, pour me croire encore trop vengé de son infidélité ; ainsi je bornai toute ma vengeance à les laisser vivre ensemble, à les mépriser également tous deux, et surtout à ne lui parler de ma vie. […] Lorsqu’elle sera ici, je l’obligerai à me parler de vous à fond, et je ne crois pas qu’elle me refuse de s’expliquer, surtout après m’avoir dit qu’elle avait mille choses à m’apprendre, qui ne peuvent, ou je serais trompée, regarder que vous, et je vous promets de vous redire tout ce qu’elle m’aura dit. […] Epargnez-moi, Madame, poursuivit Silvie en s’interrompant elle-même, le reste de la narration de la baronne qui regarde mes tantes, elle aurait mauvaise grâce dans ma bouche ; contentez-vous de savoir qu’elle me répéta tout ce qui avait été dit contre elles dans les tribunaux, à quoi elle ajouta mille histoires scandaleuses qui n’ont aucun fondement, mais dont elle faisait Sainville auteur pour le perdre dans l’esprit de mes tantes qui écoutaient ce qu’elle me disait ; cette perfide le savait, mais elle n’en faisait pas semblant : mes tantes ignoraient qu’elle sût qu’elles fussent présentes, et furent extrêmement surprises d’entendre ce qu’elles entendaient, surtout comme venant d’un homme qui n’avait jamais passé pour médisant. […] Elle en frémit, mais en même temps elle me fit comprendre que je n’étais point en état de perdre inutilement le temps à pleurer et à me plaindre, qu’il fallait payer de force d’esprit, et agir, et surtout ne me fier pas à toute sorte de gens, et ne prendre conseil que de personnes extrêmement secrètes, et absolument dans mes intérêts.

9. (1691) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 2)

Ils devraient y vivre chrétiennement, & surtout chastement, du moins pour leur santé. […] Ils sont adroits, surtout en couture, & font des habits aussi justes pour la personne que le plus habile tailleur de la cour. […] Ce sont de rudes frappeurs que les matelots, surtout lorsqu’ils sont piqués au jeu, & qu’ils se vengent. […] Ces animaux sont d’un très grand secours pour un équipage, & surtout pour des malades, quand ce ne serait qu’à cause du bouillon. […] C’est encore là le caractère de tous les Européens, surtout du côté du Nord.

10. (1690) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 1)

Ces puisards sont très communs dans les mers ; surtout dans la Méditerranée. […] Faut-il tant d’ignorants pour tuer un homme âgé et malade ; surtout dans ce climat ? […] Mais d’où viennent ces pluies si fréquentes entre les tropiques, et surtout sous la Ligne ? […] Mais, surtout qu’Hérault ne sache point que je vous ai parlé, ni que je suis descendu. […] je n’y suis pas sujet, lui ai-je dit toujours d’un ton hypocrite, surtout quand je ne donne pas les choses pour rien.

11. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Jussy, et de Mademoiselle Fenouil. »

Sa mère surtout, se déchaîna contre. […] Que ce n’était point un crime digne de mort que de faire des enfants ; mais que le rapt en était un qui ne s’était jamais pardonné, surtout lorsqu’il y avait à présumer que par le grand bien et la jeunesse de la fille, et l’âge du garçon, il avait agi par intérêt ; ce qui se rencontrait entre nous. […] Je ne lui dis point mon nom, je me crus seulement obligé, à cause de la patrie, de lui donner quelque avis sur sa conduite, qui était extrêmement libertine, surtout dans un pays où la jalousie règne, et où les maris se croient tout permis pour venger l’honneur qu’ils croient qu’on leur ôte, par le commerce qu’on peut avoir avec leurs femmes, ou avec une autre de leur famille. […] Il est vrai que pour son honneur elle a dû soutenir son engagement ; mais il est vrai aussi qu’il est très rare que le sexe soit si sensible, surtout étant attaqué par autant de partis qu’il s’en est présenté pour elle. […] dit Mademoiselle Dupuis avec un ton d’admiration, et en regardant Des Ronais, et surtout sans aucun ombrage l’un de l’autre !

12. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXIX. Du grand projet que forma le duc de Médoc, et dans lequel Don Quichotte entra avec plus de joie que Sancho. »

Le duc de Médoc étant instruit de tout rêva quelque temps, après quoi prenant la parole il leur dit qu’on ne voyait pas qu’on dût faire aucun mystère de l’aventure à Valerio ; qu’il convenait que le comte étant honnête homme, l’infâme personnage que ses frères y avaient joué lui ferait beaucoup de peine ; mais aussi qu’il en serait bientôt consolé, surtout lorsqu’on lui ferait comprendre que c’était un bonheur pour lui que tous deux y fussent restés, et qu’ils eussent péri par la main de la justice divine qui laissait le champ libre à mettre leur réputation à couvert devant les hommes, que pour cela il fallait absolument nettoyer la forêt des bandits qui désolaient le pays, et les faire tous périr de quelque manière que ce fût, et que cet article regardant ses devoirs, il s’en chargeait ; ajoutant que si on pouvait en prendre quelqu’un en vie, il fallait les remettre entre les mains du lieutenant, qu’il les enverrait avec Pedraria sécher sur les grands chemins, et qu’il se chargeait encore de faire supprimer des informations tout ce qui chargeait Octavio et Don Pedre pour sauver leur mémoire d’infamie, et de faire substituer à la place de ce qui serait supprimé un aveu des criminels qui les auraient assassinés eux-mêmes sans les connaître, ce qui ne tournerait nullement à la honte de Valerio, qui jouirait tranquillement de leurs biens sans appréhender que le fisc y mît la main. […] La maîtresse de l’hôtellerie vint encore s’informer de la santé des Françaises, et surtout de celle de la nouvelle veuve.

13. (1691) Journal du voyage des Indes orientales (à monsieur Raymond)

surtout à un Jésuite ambassadeur du Roi de Siam ! […] Tout y a été propre et magnifique surtout le dessert, tout le monde en est fort content. […] Il ne sait pas un mot de latin, cela me surprend, car les Hollandais sont naturellement studieux et surtout ceux qui sont destinés à la prédication de l’évangile de Calvin. […] Ne me soupçonnez pas surtout, vous feriez un jugement téméraire, la seule curiosité m’y a porté, mes yeux ont vu, mes mains ont touché, mon esprit s’est contenté et c’est tout. […] Ce sont de terribles frappeurs que les matelots, surtout lorsqu’ils sont piqués au jeu et qu’ils se vengent.

14. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVII. Du repas magnifique où se trouva Don Quichotte, et du beau et long discours qu’il y tint. »

Il voulut prendre Dulcinée ; mais elle le pria de l’en dispenser, et parut toujours extrêmement triste, surtout en le regardant. […] Les moines ne sortaient point de leur couvent pour courir parmi le monde, et s’y mêler de mille choses qui ne les regardent pas, surtout de mariages et de procès.

15. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIX. De ce qui se passa chez le duc de Médoc après le départ de Dulcinée, et comment Sancho reçut sa femme que la duchesse fit venir au château. »

Il avait volontiers suivi le curé son oncle chez le duc de Médoc pour ne le point quitter, dans l’espérance que se faisant connaître à lui et au duc d’Albu-querque, ils lui faciliteraient l’obtention de ce qu’il sollicitait à la Cour, surtout étant appuyé d’abondant du comte Valerio sous lequel il avait servi. […] Toute la compagnie, et surtout la duchesse, était fort aise de parler à elle avant que Sancho la vît, et qu’il eût un peu de vin dans la tête. […] Comme il est naturel à tout animal de vouloir se retenir à quelque chose, et surtout à un chat, celui-ci étendit ses griffes, et les appliqua sur le visage de Sancho d’une manière qu’il le mit tout en sang.

16. (1721) Mémoires

Le tabac ne vaut quoi que ce soit, surtout pour ceux qui ont de l’odorat. […] Il était brusque en reparties, mais il ne s’offensait pas qu’on lui en fît de pareilles, surtout lorsqu’il y avait de l’esprit. […] Aucun de nous ne put s’empêcher de rire de ce discours, surtout venant d’un homme connu pour être parfaitement sobre. […] Il est bon sans doute de prier Dieu, surtout sur le point de donner un combat. […] Et en effet ce confesseur sortit très scandalisé de la réponse du pénitent, et je crois surtout de ses dernières paroles.

17. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Prez, et de Mademoiselle de l’Épine. »

J’envoyai chercher à déjeuner, et surtout de bon vin, parce que je voulais mettre cet ecclésiastique de bonne humeur ; après cela je l’envoyai quérir. […] Je lui demandai comment elle ferait pour se trouver aux rendez-vous, surtout le lundi qu’elle serait peut-être dehors toute la journée. […] Je n’ai jamais su ce que les religieux lui avaient fait, surtout les Mendiants : mais il les haïssait comme la peste. […] Je ne croyais pas qu’un mari dût respecter le sommeil de sa femme, surtout dans un lieu où il sait bien que l’envie de dormir ne l’amène pas. […] J’étais au désespoir de l’avoir commise si mal à propos ; et qu’elle eût été vue par un autre que moi dans l’état où elle était et surtout par un coquin de paysan.

18. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVIII. Des tristes et agréables choses que Parafaragaramus apprit au chevalier de la Manche. »

Il est constant que cette femme était fort aimable, et l’art joint à la magnificence des habits ajoutant du lustre à la nature, il ne faut pas s’étonner si notre chevalier, qui n’avait jamais rien aimé, s’était trouvé sensible, surtout ayant le cœur préparé à l’amour par les sottises qu’il avait lues dans ses romans, et dont il avait encore la mémoire et la tête remplies. […] Les Français cependant qui n’avaient pas été fâchés de trouver une occasion de témoigner leur générosité, et de reconnaître en quelque façon les honnêtetés des Espagnols, y avaient contribué plus abondamment, sous prétexte de reconnaître les services que le héros de la Manche leur avait rendus, surtout le comte du Chirou qui était puissamment riche, et qui avouait qu’il lui devait la vie aussi bien que Valerio, Eugénie et la duchesse de Médoc.

19. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIII. Belle morale du seigneur Don Quichotte. »

. — J’en pense, leur dit-il, qu’Adam fut formé de boue, puisque boue y a ; mais que Dieu se servit de la plus dure de ses côtes pour former Eve, et qu’il commença par la tête, car les têtes des femmes sont dures comme le diable, surtout celle de la mienne. Tout le monde se mit à rire de la réponse de Sancho ; mais Don Quichotte outré de son effronterie, lui dit qu’il ne devait pas parler des femmes comme il en parlait, surtout devant les dames qui l’écoutaient. — Pardi, Monsieur, répondit Sancho avec une pointe de colère, elles m’ont forcé de parler, et puis au fond je ne me plains pas de ces dames, et ne prétends point les offenser ; mais j’entends dire par tant de gens que leurs femmes ont des têtes de fer, et d’ailleurs la mienne en a une si forte, que je m’imagine qu’elles se ressemblent toutes, et que c’est queussi queusmi ; et de plus avec tout cela je ne me plains que de ma femme, parce que je n’en ai qu’une, et je crois que tous les autres aussi bien que moi ne se plaignent que de la leur, parce qu’ils n’en ont pas deux.

20. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Frans et de Silvie. »

Cependant elle paraissait toute sincère ; elle était double, inconstante et volage, aimant les plaisirs, surtout ceux de l’amour, jusqu’au point de leur sacrifier toutes choses, honneur, vertu, richesses et devoirs. […] La douceur de sa voix n’avait pas affaibli mon amour ; à moi surtout, qui ai toute ma vie aimé la musique : j’y allai le lendemain, mais ce fut de jour pour lui rendre une visite dans les formes. […] Je n’ai plus rien à vous demander, accordez-moi ces deux grâces, je sortirai contente du monde ; et surtout ne me voyez plus. […] Je demandai promptement congé, et je l’obtins par le moyen de Monsieur le cardinal de Maldachini avec beaucoup de peine, parce que notre ambassadeur croyait avoir besoin auprès de lui de tous les Français qui se trouvaient à Rome, et surtout de ceux qui pouvaient y faire quelque figure. […] Elle savait que la querelle venait de moi ; elle se douta qu’il y avait quelque raison cachée qui me faisait agir, et elle s’en douta d’autant plus, que je n’avais jamais passé pour querelleur, surtout avec mes amis, pour qui j’avais ordinairement beaucoup de complaisance.

21. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Ronais, et de Mademoiselle Dupuis. »

Votre retraite ou votre départ, ayant été longtemps le sujet de la conversation de vos amis et de leur tristesse, surtout de celle de Mademoiselle Grandet, qui croyait avoir de grands droits sur votre cœur, fit différents effets. […] Je vous avoue que cette générosité me toucha très sensiblement, surtout dans la nécessité où j’étais d’argent comptant ; car il m’envoya cet argent presque le midi, et c’était l’après-midi du même jour que je devais faire le paiement. […] Il est vrai pourtant qu’il n’avait pas voulu me parler devant sa fille, mais elle écoutait tout, lequel vaut le mieux ; ce n’est qu’une bagatelle, reprit-il, mais qui ne laisserait pas de vous faire de la peine si vous étiez arrêté ; et cela ne ferait pas un bon effet pour votre réputation, surtout sur le point d’être reçu à une charge qui veut un homme détaché des plaisirs et de mœurs réglées. […] C’est une terrible chose que ces démangeaisons de la chair, disait-il, surtout pour de jeunes filles. […] Et comme sa tante lui dit encore, qu’il n’était pas honnête qu’une fille seule tînt sa maison avec tant de domestiques, je lui conseillai d’aller passer ce temps-là chez elle parce que j’espérais que la compagnie qu’elle y verrait, et surtout l’esprit jovial de son cousin, la retireraient insensiblement du fond de sa tristesse.

22. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Dupuis, et de Madame de Londé. »

C’était sur ce pied-là que le commandeur paraissait, ayant toujours grand soin de cacher sa croix de l’Ordre, surtout lorsqu’il venait la voir. […] Surtout ne lui faites aucun reproche, ne lui montrez ni mépris ni mauvais visage ; cela le dégoûterait encore, et l’éloignerait davantage de vous. […] Toute la compagnie me regardait ; et les dames surtout me savaient bon gré dans leur âme, de ce que je disais. […] II n’y avait que votre modération, de ne les avoir pas tués l’un et l’autre, qu’il ne comprenait pas, surtout dans un homme aussi violent que vous. […] Elle évitait de me parler, et surtout de se trouver seule avec moi avec tant de soin, que toutes mes peines furent inutiles.

23. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXIII. Comment on a découvert ces nouvelles aventures qu’on donne au public. »

Cid Ruy Gomez, l’ami à qui Zulema, ou Henriquez de la Torre, avait confié ce qu’il avait pu ramasser de l’histoire admirable de Don Quichotte, et qu’il avait prié de la continuer, était un de ces hommes particuliers, qui ne sont bons que pour eux- mêmes, ou tout au plus pour quelques-uns de leurs amis, et qui ne comptent pour rien le reste du monde, surtout le public, qu’ils regardent, sinon avec mépris, du moins avec beaucoup d’indifférence.

24. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XL. Des armes enchantées que les deux chevaliers reçurent de Parafaragaramus, avec des chevaux infatigables. »

Il connaissait assez la bravoure et l’intrépidité de notre héros, pour savoir jusques où son courage le porterait dans la forêt ; il prévoyait bien aussi que Sancho ne le quitterait pas d’un pas ; il aurait bien voulu ne les point exposer contre des bandits ; mais dans le fond, outre que Don Quichotte n’aurait pas trouvé bon que l’affaire se fût passée sans lui, le duc voyait bien qu’il lui serait d’un grand secours, et qu’après tout c’était la mort la plus glorieuse qui pût arriver à deux fous, que de perdre la vie en servant le public ; d’un autre côté il voyait bien que l’occasion serait chaude et de fatigue, et que les chevaux de nos aventuriers n’étaient point assez forts pour la supporter, ni leurs armes assez bonnes pour résister au mousquet et au pistolet ; ainsi il avait jugé à propos de les armer par cette voie étant bien persuadé que l’estime qu’ils feraient de leurs armes et de leurs chevaux, qu’ils croiraient tenir de la main d’un enchanteur, leur ami, les animerait davantage, et relèverait le courage, surtout de Sancho, qui lui paraissait abattu par la conversation qu’il avait eue avec Don Quichotte, et que lui et Parafaragaramus avaient écoutée.

25. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIV. Ce qui se passa dans le château après cette expédition. »

On se mit à table sitôt qu’on eut eu soin des blessés, et qu’on se fut assuré des prisonniers, et comme la journée avait été fatigante, on se coucha de bonne heure ; le lendemain on fit enterrer les morts fort honorablement, surtout le gentilhomme qui avait été assassiné dans le carrosse de la duchesse.

26. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVII. Des offres obligeantes que fit le duc d’Albuquerque aux dames françaises ; de la reconnaissance de Valerio et de Sainville, et de la conversation particulière que Don Quichotte eut avec Sancho. »

Ensuite il voulut s’étendre sur ses louanges en particulier, et surtout sur la bonne grâce qu’elle avait à raconter quelque chose ; mais Don Quichotte prit la parole, et dit qu’il laissait le soin à Monsieur le duc des affaires de la marquise et de Silvie auprès du roi d’Espagne, mais qu’il se chargeait de les garantir des bandits, et qu’il irait les accompagner jusqu’à Madrid.

27. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIII. De l’accident qui arriva au chevalier Sancho, en tirant une arme à feu. Remède pire que le mal. »

Le chirurgien ne manqua pas d’occupation, surtout à panser les bandits qui avaient été blessés, et qui ne voulaient pas qu’on cherchât à prolonger leur vie qu’ils devaient perdre sur un échafaud ; on les avait amenés au château, parce qu’il était trop tard pour les conduire où leurs camarades avaient été envoyés.

28. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXIV. De l’arrivée de plusieurs personnes dans l’hôtellerie. Qui étaient ces personnes. Nouvel exploit de Don Quichotte. Sanglants combats. »

Cependant tant d’ennemis en seraient bientôt venus à bout, si Deshayes et son valet ne les avaient écartés ; mais leurs forces étant épuisées, tant par leur lassitude, que par le sang qu’ils perdaient, surtout Deshayes, ils auraient assurément succombé tous trois, si les scélérats n’avaient tout d’un coup quitté le combat pour courir avec Don Pedre, leur chef, après deux femmes qui fuyaient de toute leur force.

29. (1713) Les illustres Françaises « Préface. »

Celle de Terny fait connaître le tort qu’ont les pères et mères en violentant leurs enfants ; et leur fait voir, qu’ils peuvent bien les empêcher de se choisir un parti à leur fantaisie, mais qu’ils ne doivent point les contraindre à en embrasser un malgré eux, surtout lorsqu’ils connaissent leurs enfants d’un génie hardi et entreprenant.

30. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre LI. Le jaloux trompé »

Cela parut extraordinaire dans un mari, surtout en France ; mais enfin c’était la vérité, et je doute que jamais Espagnol ait donné des marques plus sincères d’un amour effectif. […] Elle en conta de toutes sortes de manières sur le chapitre des extravagances de Sotain ; si bien que cet homme se trouva à la fin perdu de réputation, et devint la fable et la risée de toute la province, où l’on aime assez à gloser sur autrui, surtout dans le canton.

31. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLI. Don Quichotte et Sancho s’arment pour aller combattre les brigands. Ces deux chevaliers font des actions de valeur inouïes. »

Tenez, Monsieur, dit-il, j’aime mieux cet argent-là que tous les gouvernements du monde, et surtout ceux des îles Barataria ; car avec mon argent je trouverai de quoi vivre, à boire et à manger tout mon saoul, et dans mon gouvernement le docteur Pedro Rezio de Tirtafuera me voulait faire mourir de faiM. 

32. (1713) Les illustres Françaises « Les Illustres Françaises. Histoires Véritables. »

Il s’informa de ses anciennes connaissances, et surtout de Dupuis et de Gallouin.

33. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIX. Repas magique. Apparition d’un nouvel enchanteur. Défi fait à Don Quichotte, et ce qui s’ensuivit. »

Après cette conversation nos aventuriers se retirèrent dans leur chambre occupés de leurs visions, surtout le héros de la Manche, qui aurait voulu être déjà aux mains avec le méchant Freston, et désenchanter son imaginaire Dulcinée.

34. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Terny, et de Mademoiselle de Bernay. »

Si tu n’es pas changée aux yeux des autres, reprit-il, tu l’es aux miens ; surtout depuis environ deux mois que nous sommes mariés. […] Si je puis vous y rendre quelque service, je le ferai de tout mon cœur ; mais vous aurez de grands obstacles à surmonter, dont le plus considérable est la volonté absolue de mon père, qui veut qu’elles soient toutes deux religieuses, surtout elle, qu’il n’a jamais aimée, et que ma mère haïssait, parce qu’elle n’a jamais voulu se soumettre à mille complaisances qu’on voulait exiger d’elle.

35. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LV. Don Quichotte et Sancho vont à la caverne de Montésinos. Ce qu’ils y virent, et comment se fit le désenchantement de Dulcinée. »

Après cela parut Balerme suivi[e] de douze filles, qui vinrent deux à deux se prosterner aux pieds de l’invincible chevalier, exaltant sa bravoure et son intrépidité au-dessus de tous les héros vrais et fabuleux, et surtout sa fidélité pour Dulcinée à laquelle était due leur liberté et la fin de leur enchantement.

/ 35