Nous dirons une autre fois ce que c’était que ce prodige, car j’ai encore à m’en servir. […] Toute la compagnie fit semblant d’être étonnée de cette vision, excepté Eugénie qui les rassura en disant qu’elle le connaissait, et que c’était un des satyres de la forêt, qui servait de valet de pied à Parafaragaramus son bon ami. […] Il le fit en rejetant tout sur l’enchanteur et la force des enchantements, et se servit de termes si particuliers, et faisait des postures si plaisantes, que jamais ses auditeurs n’avaient ri de meilleur courage. […] Il trouva de l’encre et voulut s’en servir, mais elle ne prenait pas sur l’huile. […] C’est là le fait des chevaliers errants qui doivent vivre dans les périls, et qui ne doivent rien devoir qu’à eux-mêmes, et ceux qui se servent de ces maudits bâtons à feu dont on tue son ennemi de loin, et souvent sans être vu, sont indignes d’être loués, et ne doivent passer que pour des lâches.
J’en ai acheté une qui me servira dans les chaleurs. […] Guisain a servi de chantre. […] On avait servi la soupe. […] Ce sont les moyens dont on se sert qui sont blâmables. […] On ne voit point dans ses colonies d’officiers qui y servent mal, comme on en voit dans les colonies françaises, parce qu’ils y servent à contrecœur.
Ils y trouvèrent avec abondance tout ce qui pouvait rassasier la faim et la soif, et crurent être encore servis par enchantement. […] Les filles de Balerme et les deux de Dulcinée, qui étaient venues avec Merlin la rejoindre, et qui étaient toutes six des filles fort jeunes et fort aimables, les servaient au buffet ; deux donnaient largement à boire ; une rinçait les verres ; deux servaient et desservaient en changeant les couverts et les serviettes, et l’autre avait soin d’entretenir du feu, et de brûler des parfums exquis ; en un mot, Don Quichotte n’avait jamais rien lu dans ses romans qu’il ne vît et ne trouvât effectivement dans ce repas enchanté. […] On ne savait ce que c’était que de banqueroute ni banqueroutiers, ou bien on les punissait plus sévèrement que les voleurs de grands chemins, contre qui tout le monde est en garde, par la raison que les voleurs ne violent point la bonne foi, puisqu’on se méfie d’eux, au lieu que les autres font servir ce puissant et premier lien de la société civile pour voler impunément des gens dont ils trahissent la confiance. […] Les femmes n’étaient servies que par des femmes ; le grand monde leur était inconnu ; leur domestique faisait toute leur occupation, et leur propre jardin bornait leur promenade ; assez parées de la seule nature, elles faisaient consister leur beauté dans leur vertu, et leur mérite dans leur attachement pour leurs époux, sans témoigner aucun empressement pour ces sortes de parures que la mode invente tous les jours ; leur honneur ne courait aucun risque ; armées de leur seule modestie et de leur pudeur, elles retenaient tout le monde dans le respect, et ôtaient la hardiesse de leur rien dire de malhonnête. Le service de Dieu se faisait avec plus de dévotion et plus de recueillement, parce qu’on le servait d’un cœur pur et véritablement contrit.
Les autres sont ouvriers qui nous serviront, et gagneront leur pain. […] Tout y est très proprement servi en vaisselle d’argent, mais avec une grande frugalité. […] Je me sers de ses propres termes. […] Tous les assistants tant parents qu’autres font la même chose que le vieillard et sont servis de même, et le dernier qui vient jeter le riz sert à son tour celui qui a servi tous les autres. […] Tant pis, mais comme la bordée est longue il ne laissera pas de nous servir.
Dans la croyance où ils étaient d’avoir tué le duc et la duchesse, ils ne songeaient plus qu’à se sauver, et pour cela dételaient les chevaux du carrosse pour s’en servir. […] Tout désarmé qu’il était, il ne perdit pas le sens, et prit un palonnier qui était à terre, et s’en servit comme d’une massue si à propos, qu’il en assomma un des bandits qui faisait tête à Don Quichotte, et cassa les jambes de celui qui avait son épée, qu’il reprit tout aussitôt, et la lui passa dans la gorge. […] Cependant un des bandits, qui restait en état de défense, voyant bien que sa résistance ne servirait de rien, s’était servi de l’occasion, et étant promptement monté sur le cheval qui s’était déchargé de Sancho, il le piquait, ou plutôt le pressait de tout son possible, car il n’avait point d’éperons, et se serait peut-être sauvé, si Sancho ne s’en fût point aperçu. […] On avait ôté aux six bandits qui l’avaient attaqué[e], leurs armes et leur poudre ; ainsi elle ordonna à ses gens de s’en servir pour tirer coup sur coup.
J’étais fort jeune lorsque mon père m’envoya ici apprendre mes exercices, les fortifications, et tout ce qui peut servir à un jeune homme qu’on destine aux armes. […] Il y vint le lendemain matin, et la recommanda de bonne sorte : il se servit de mon nom pour parler à elle. […] Je me servirai toujours de la même voie de Mademoiselle Dupuis, pour vous faire tenir mes lettres, demandez-lui la continuation de ses bontés. […] Nos malheurs sont bien plus cruels, l’amie qu’elle a ici m’a assurée d’un secret inviolable, servez-vous de la même voie. […] Je me sers de cet argent pour vous envoyer un exprès qui je suis sûre vous donnera celle-ci en main propre.
Mais à quoi ont-elles servi ? […] Denisi, servait de truchement. […] C’est Denisi lui-même, qui servait d’interprète. […] Les Anglais se sont utilement servis de cette politique, et s’en servent encore tous les jours. […] La personne qui lui servait de second mourut.
Je me suis servi d’un ami affidé, qui ne nous a point trahis. […] Ils consultèrent ensemble ce qu’ils en feraient, et jugèrent à propos de s’en servir. […] J’appelai mon valet et celui de Jussy, je fis servir. […] Nous servîmes de témoins avec quatre habitants de cette paroisse. […] On servit, il fallut se mettre à table.
Pour peu que l’ambition de sa femme eût été modérée, il était en état de la rendre heureuse ; ainsi il ne chercha pas tant le bien que la vertu, et pour me servir de ses propres termes, il chercha une femme qui pût lui faire des enfants dont il fût lui-même le père. […] Ce prêtre lui demanda s’il voulait venir servir sa messe qu’il allait dire à un château qu’il lui montra, et lui promit qu’au retour il lui donnerait à déjeuner, et quelque chose pour se conduire. […] Il la récompensa au-delà de ce qu’elle en avait attendu, et de ce qu’il lui avait promis ; et celle-ci faisant semblant de se laisser tout à fait gagner à cette libéralité excessive, consentit à sa prière, de rester chez lui pour servir d’Argus à sa femme. […] La fine Italienne s’offrit à le tirer de peine ; il la prit au mot, et lui confia le cadenas rompu pour servir de modèle, avec tout l’argent qu’elle voulut. […] Celui-ci, qui se serait donné à Satan que c’était une femme telle qu’il lui fallait pour son dessein, le présenta à la sienne comme une nouvelle domestique, et Célénie à qui il était indifférent par qui elle fût servie, la reçut sans répugnance.
La véritable générosité ne consiste qu’à humilier ceux qui résistent, à vaincre ceux qui se défendent, et à pardonner à ceux qui sont à notre discrétion ; elle ne gît pas, dit-il, dans la vengeance, mais à ne pas se servir du pouvoir qu’on a de se venger. […] Ne regardons que les espèces animées ; il créa les animaux devant que de créer Adam, qui était plus parfait qu’aucun autre animal ; il créa Adam devant Eve, et si j’ose me servir de ce terme, Adam fut le modèle d’Eve. […] lui demanda le duc. — Ma foi, Monseigneur, lui répondit Sancho, il en parlerait comme moi. — Dites-nous donc ce que vous en pensez, lui dit le comte Valerio. — J’en pense, répliqua Sancho, que… Je ne veux rien dire à cause de ces dames qui m’écoutent. — Au contraire, ami Sancho, lui dit la belle Dorothée, dites tout ce que vous pensez, nous ^ vous en prions toutes, et cela servira à nous faire connaître nos défauts pour nous en corriger. — Vous ne ressemblez donc pas à ma femme qui ne se corrige de rien, leur dit-il. — Mais enfin que pensez-vous de toutes les femmes ? lui dirent-elles toutes en même temps. — J’en pense, leur dit-il, qu’Adam fut formé de boue, puisque boue y a ; mais que Dieu se servit de la plus dure de ses côtes pour former Eve, et qu’il commença par la tête, car les têtes des femmes sont dures comme le diable, surtout celle de la mienne. […] On lui demanda à quel dessein, et il répondit avec plus d’esprit qu’on ne pensait, qu’il y avait quelque temps que son maître étant en conversation avec le curé de son village et son neveu, ils avaient trouvé à redire aux choses inutiles qu’on mettait dans les livres, et que peut-être le sage enchanteur qui écrivait leur histoire, et qui n’en oubliait pas une circonstance, serait embarrassé d’entendre des choses qu’il n’entendait pas lui-même ; qu’on ne parlait que pour se faire entendre, et que cela étant, on n’avait que faire de se servir de termes obscurs ; par exemple, ajouta-t-il, au lieu de dire que les saphirs… — Il faut zéphirs, lui dit la duchesse en l’interrompant. — Eh bien, reprit-il, au lieu de dire que les zéphirs, puisque zéphirs y a, se jouaient dans les cheveux de la dame dont Monseigneur et Maître parlait, et les faisaient voltiger, je ne sais comme il a dit, ne valait-il pas mieux dire tout d’un coup que le vent les soufflait ; cela aurait été plus court, et je l’aurais mieux entendu.
Pour exécuter cette sentence, nous le fîmes monter à une grue qui était dans la cour et qui servait au bâtiment. […] Poitiers me servit d’interlocuteur. […] Non assurément, dit-elle en riant, je vous en remercie ; mais vous seriez-vous assez malheureux pour vous en servir ? […] Je lui demandai un pardon sincère, je lui remontrai que l’éclat ne servirait qu’à la perdre elle-même. […] Je m’y cachai derrière un paravent qui y était renfermé, n’étant pas la saison de s’en servir.
Jamais femme n’a été plus mortifiée que celle-là le fut du mépris que son mari faisait d’elle ; elle se jeta vingt fois à ses pieds, mais inutilement, pour obtenir son pardon ; il ne voulut jamais revenir, afin, lui disait-il d’un air dédaigneux, de ne pas servir de manteau à autrui. […] Il alla trouver Cléon, lui fit un rapport sincère de toute la conduite de sa fille, de ce qu’il en avait vu lui-même, et de tout ce qu’il en avait souffert, et conclut par offrir à son beau-père de lui faire voir les choses à lui-même de ses propres yeux, et le pria que cela fût ; faute de quoi il lui protesta de le faire voir à d’autres, pour s’en faire rendre justice malgré tout l’éclat que cela pourrait faire, au lieu que s’il voulait en être convaincu seul, et servir de juge à sa fille, cet odieux secret ne passerait pas sa famille, et n’en serait point diffamée. […] Comme elle était véritablement changée, elle fut ravie de demeurer dans un endroit qui pût lui servir auprès son époux de caution de sa conduite ; elle n’avait pas plus de dix-neuf ans lorsque cette réconciliation se fit ; ainsi on ne peut pas dire que ce fût l’âge qui l’eût retirée ; on ne peut pas dire non plus que ce fût le regret de la mort de son amant, puisqu’il ne fut tué à l’armée que dix ans après, et depuis ce temps-là, c’est-à-dire depuis plus de vingt-cinq ans, elle a vécu et vit encore d’une manière toute sainte ; en sorte qu’on la regarde comme un modèle de perfection ; tous les gens qui la connaissent la regardent avec admiration. […] Puisque Madame et ces Messieurs, reprit le duc de Médoc après que la marquise eut cessé de parler, nous ont avoué avec sincérité le génie de leur nation, il est juste de leur rendre le change, et d’avouer qu’il est bien plus chrétien de pardonner que de se venger, et qu’ainsi leurs maximes sont préférables aux nôtres ; cependant nous ne sommes pas les seuls qui nous servions du poignard lorsque nous surprenons nos femmes en flagrant délit, les Français aussi bien que nous s’en servent assez souvent, et quoique cela soit absolument condamnable, il semble qu’il soit permis de le faire, parce qu’on suppose qu’un homme n’a pas pu résister aux mouvements impétueux de la nature, ni à la rage qu’un pareil objet lui a inspiré.
Tel qui est suivi d’un nombreux cortège de flatteurs, se verrait réduit à servir les autres, et tel qui sert serait servi.
Que dirait-on ici, si on savait, qu’assez bien dans l’esprit de la maîtresse, il lui préfère une fille qui la sert ? […] Votre mère en sera mieux servie, et je ne tremblerai plus pour vous. […] D’un autre côté vous jugerez qu’il me serait extrêmement fâcheux d’épouser une fille que tout le monde aurait vu servir. […] Votre garde ignore qui vous êtes, qu’elle n’en sache jamais rien, et servez-vous d’elle, jusques à ce que vous ayez une servante, et Angélique une fille de chambre et un petit laquais. […] Elle ne voyait plus pour elle, après ce refus, que le parti du convent, ou de servir de fable à tous ceux qui auraient connaissance de l’espérance dont elle se serait flattée.
Il ordonna aux satyres de servir et de rester ; et sans que Sancho occupé à déjeuner, songeât davantage à lui, il se perdit entre les arbres, où les Français crièrent qu’ils venaient de le voir tout d’un coup fondre en terre. […] En même temps il voulut monter à cheval, et obliger Sancho à se désarmer ; mais le spectre lui dit qu’il était indigne à un chevalier de se servir des armes d’autrui, et de n’avoir pas toujours les siennes sur le dos ; et laissant là Don Quichotte, il demanda à Sancho s’il voulait en attendant que le chevalier des Lions fût en état de lui donner satisfaction, s’éprouver seul à seul contre lui. […] Ceux qui s’étaient chargés de l’exécution du dessein l’avaient plusieurs fois éprouvée, et enfin avaient si bien réussi que Don Quichotte et Sancho se seraient donnés à Belzébuth, qu’ils avaient été servis, et qu’ils avaient déjeuné par art de nécromancie. […] Je n’ai pas songé à vous expliquer cet article, Seigneur chevalier Sancho, lui dit Eugénie, quoique mon bon ami me l’eût pourtant ordonné ; c’est que vos armes ne pourront pas être enchantées quand vous voudrez les employer contre un chevalier comme vous, mais un méchant enchanteur peut les enchanter de peur que vous ne vous en serviez contre lui ; ainsi, Seigneur chevalier, ajouta-t-elle, parlant à Don Quichotte, qui avait écouté la demande de Sancho, c’est encore une raison qui vous doit empêcher de vouloir combattre vous-même le méchant Freston.
Après cela il m’ouvrit son cœur, et je ne vis personne en état de le servir que Rouvière. […] Je ne lui laissai rien qui eût pu lui servir à attenter sur sa vie. […] Je lui jetai un paquet de hardes qui pouvaient servir à la dernière des paysannes. […] Il a paru que vous voulez faire croire que mon frère s’était servi auprès d’elle de quelque artifice dangereux et même magique, si j’ose me servir de ce terme. […] Le concert ne fut pas long, on avait servi.
J’en suis resté sur une partie de jeu, qui comme je vous ai dit, Madame, ne nous servait que de prétexte ; cette amie qui jouait avec nous, ne nous était point suspecte, parce qu’outre qu’elle savait les termes où nous en étions Silvie et moi, c’était la même Phénice, dont elle ne se défiait pas. […] Adieu, pressez le temps le plus que vous pourrez, et soyez bien persuadé qu’en avançant votre bonheur, si comme vous me l’avez juré, vous l’attachez à ma personne, vous avancerez aussi celui de Silvie Vous voyez, Madame, reprit Silvie, après que la marquise eut lu, qu’il m’était impossible d’écrire en termes plus forts ; cependant il est vrai que si j’en avais su de plus expressifs, je m’en serais servie sans scrupule. […] Là-dessus, Madame, cette fourbe me rapporta mot pour mot la conversation que nous avions eue, Sainville et moi ; mais elle m’y attribuait des paroles et me faisait faire des actions qui ne me convenaient point : elle en fit un prétexte pour le mystère de la sortie par la chambre de la fille qui me sert. […] Que ce témoin convaincant l’avait surprise au dernier point, qu’elle s’était servie de toute son autorité sur l’esprit de Sainville, pour lui ôter cette lettre des mains, en lui promettant de la lui rendre ; mais qu’elle m’aimait trop pour lui laisser une preuve si forte de mon attachement pour lui. […] Silvie partit le lendemain à la pointe du jour, sans dire à personne qu’à sa mère l’endroit où elle allait, n’emmenant avec elle pour toute compagnie qu’une fille pour la servir, et Madame sa tante, que sa mère a prié de l’accompagner, qui en partant de Paris ne savait pas elle-même où sa nièce allait, ni où elle la laisserait.
Pour me le faire connaître, faites une marque blanche à la muraille qui est devant mes fenêtres, cela me servira de signal. […] Cette chambre était à louer, et c’est celle qui nous a servi depuis à ma femme et à moi, pour nos entrevues particulières. […] Notre repas se fit avec assez de joie ; l’hôtesse, dont le mari était à la ville, nous servit à table. […] Je lui promis de le servir, soit par moi, soit par mes amis, pour lui faire avoir un emploi stable. […] Le malheur de mon épouse et le mien voulut qu’elle se servît de tout le pouvoir qu’elle avait sur moi pour me faire rendre.
Tu trouveras demain à l’entrée de la forêt, au même endroit où tu as retiré la comtesse des mains de ses ravisseurs, un cheval que je te destine, que monta autrefois le fameux Largail, des armes dont se servit Rodomont, et l’épée de Roger ; elles te serviront contre tous les enchantements, et par elles tu seras toujours victorieux dans les plus grandes aventures de ta vie.
Nous remontâmes ensemble dans le carrosse qui l’avait amenée, qui était un fiacre, n’ayant pas voulu nous servir du carrosse de son père ni du mien, et nous arrivâmes dans le dessein de lui parler tous deux, et d’avoir tout d’un coup un oui ou un non. […] C’est Monsieur de Terny qui s’est servi du nom et de l’adresse de son valet de chambre, pour des raisons que vous saurez. […] Voilà ce qu’on m’a chargé de vous dire, et que vous preniez bien garde à vous bien servir de cette occasion-ci, car si vous la refusez, vous pouvez compter que ce sera la dernière. […] Demain vous saurez le reste et j’ai fort envie de savoir l’histoire de Madame de Contamine, et comment une fille que j’ai vu servir à la chambre de la mère de votre maîtresse, a pu s’élever à la fortune où elle est à présent, c’est ce que je ne comprends pas. […] Vous la saurez une autre fois, reprit Des Frans : je serai fort aise que Monsieur Dupuis, Madame de Contamine, et ma commère la sachent aussi, elle pourra servir à la réconciliation de Jussy avec Madame de Mongey.
Le chevalier que tu vois, n’a aucun dessein d’offenser ni toi ni personne à qui tu puisses prendre intérêt, il te servira dans les occasions où tu ne pourras pas te passer de lui ; je ne t’en dirai pas davantage ; éloigne-toi, je te l’ordonne par tout le pouvoir que j’ai sur toi, et va m’attendre un moment à l’entrée du bois du côté que tu m’as vu venir. […] Sancho suivit sans répondre le satyre Rebarbaran, qui le mena dans un coin du bois où il vit sur une table les apprêts d’un déjeuner, cette fois-là bien frugal, n’y ayant que du pain et de l’eau, sans assiette ni serviette, et personne pour le servir.
Il avait volontiers suivi le curé son oncle chez le duc de Médoc pour ne le point quitter, dans l’espérance que se faisant connaître à lui et au duc d’Albu-querque, ils lui faciliteraient l’obtention de ce qu’il sollicitait à la Cour, surtout étant appuyé d’abondant du comte Valerio sous lequel il avait servi. […] Il n’y a que celui qui gagne de l’argent qui sache ce qu’il en coûte à gagner et qui l’épargne, et le sage enchanteur m’a conseillé de ne le pas donner à ma femme qui est une boute-tout-cuire ; vraiment si elle l’avait, elle en ferait passer la moitié par la vallée d’entonne, mais moi je prétends m’en servir à marier ma fille et à vivre paix et aise, et à ne rien faire, comme le seigneur de notre village. […] Celui-ci lui rendit son change le mieux qu’il put, et elle offensée et piquée au vif, voulut lui donner par la tête d’un pot qu’elle tenait ; mais lui se reculant, tomba à la renverse, et sa femme se servit de ce temps-là pour se venger.
Le seigneur Don Quichotte peut t’assister de ses conseils ; il peut même te favoriser de sa présence, mais je lui défends de te secourir, et même d’approcher de quinze pas de ses armes sous peine de perdre les siennes et d’acquérir ma haine pour toujours : vois, indigne Sancho, quel malheur ton imprudence t’attire ; souviens-toi que l’enchanteur qui garde ta dépouille, n’a point de temps à perdre, parce qu’il faut qu’il aille et revienne du Cathay avant le coucher du soleil ; il est levé, ainsi ton épée ne te servira de rien contre lui ; cours donc dès la pointe du jour à la conquête de tes armes, ou ne te présente jamais devant les braves gens, et renonce à la profession et aux espérances de devenir roi ou empereur de la Chine. […] L’enchanteur qui ne s’était point attendu à une pareille gourmade, se mit à son tour sur l’offensive, et comme il était bien plus robuste que Sancho, il le mit bientôt dessous, et lui rendit le change avec usure, et surtout avec une des peaux d’anguille qui lui servait de tresse, au bout de laquelle il y avait une balle de plomb, dont il lui accommoda le corps le plus joliment du monde.
Oui ma foi, elle a bonne gueule, autant de servi autant de mangé : bien gagné bien dépensé, il ne faut point de bourse pour le serrer, et cependant Sancho a bon dos, il est battu et paie l’amende ; ainsi va le monde, les bons paient pour les méchants ; mais si j’en étais le maître, bon gré mal gré je la ferais chanter. — Il a raison, interrompit Minos, nous avons eu tort d’imposer au seul Sancho une punition qui doit être commune à sa femme et à lui, puisqu’il n’a eu sa mauvaise intention que pour enrichir sa mauricaude : ainsi il faut réformer notre arrêt et trouver deux différentes pénitences qui conviennent à l’un et à l’autre. […] Il cria plus haut qu’il n’avait jamais fait ; mais cela ne servit de rien, non plus que la douleur qu’il ressentit aux oreilles qui pensèrent aussi d’être arrachées.
L’intrépide Don Quichotte avança vers le géant, bien résolu d’en venir aux mains avec lui malgré les lions qui lui servaient de corps de garde. […] Courage, dit le désolé écuyer, voilà pour m’achever de peindre ; qu’ai-je à faire du désenchantement de Madame Dulcinée ; que me sert que Guillot soit homme de bien si sa bonté ne me fait rien ; mais c’est, Monsieur, que mal d’autrui n’est que songe, et chou d’autrui n’est que fumier.
Notre chevalier qui était à table, mangeait et buvait si vite et si dru, si j’ose me servir de ce terme, qu’un morceau n’attendait pas l’autre. […] Marchand qui perd ne peut rire, disait-il, toutes vos consolations sont de la moutarde après dîner ; les messes ne servent de rien aux damnés, quand le pape même y ferait l’office ; tout ce que vous dites est bon, mais mon argent valait mieux ; quand la bourse est lâche le cœur est serré ; de me venir dire des fariboles, c’est chercher magnificat à matines, et midi à quatorze heures.
Le duc de Médoc, qui avait un très grand fond de probité et d’honneur, écouta tout ce qu’on lui dit avec une patience admirable, et sans répondre un seul mot ; mais après qu’on eut achevé de lui dire tout ce qui se pouvait dire sur cette matière, il prit la parole, et après avoir remercié toute la compagnie en général du soin que chacun en particulier avait témoigné pour sa personne, il ajouta que s’agissant de rendre service au comte de Valerio, et de sauver l’honneur d’une des meilleures maisons d’Espagne, il n’aurait pas eu l’esprit en repos si lui-même n’y avait été ; que de plus, chacun se faisait dans le monde un point d’honneur et de probité selon son humeur ; qu’il avouait que la recherche qu’on faisait de gens qu’on destinait au gibet, offrait à l’esprit quelque chose de bas et de rebutant, qu’ainsi il ne blâmait point les Français de ne s’y pas commettre, parce qu’ils croyaient que cela était indigne d’un grand cœur ; mais que pour lui il était d’un autre sentiment et qu’il ne croyait pas qu’il fût plus indigne d’un prince de faire la guerre à des voleurs et à des bandits qui désolaient toute une province et ses propres compatriotes, que de la faire à des étrangers ; qu’il croyait même que c’était plus utilement servir sa conscience et le public dans une guerre de cette nature, que dans une guerre réglée, parce que les ennemis qu’on combat dans celle-ci, ne sont pas des ennemis particuliers ni domestiques, puisqu’on peut s’en défaire par un traité de paix ; mais que les autres sont des ennemis d’autant plus cruels, qu’ils ne sont retenus par aucune digue ; de plus que la guerre avait ses lois inconnues aux scélérats, et que les ennemis qu’on combattait dans une guerre de prince à prince, étaient presque toujours des ennemis contraints par la volonté et par l’ambition de leur souverain, avec qui la vie était sauve, ou du moins ne courait pas tant de risque, qu’avec les autres, qui non seulement n’épargnaient personne, mais de qui même leurs propres amis et les gens de leur connaissance avaient plus à craindre que des étrangers ; qu’enfin dans une guerre ouverte on était en état d’attaquer et de se défendre, et que l’on n’était jamais surpris qu’on ne dût s’attendre à l’être ; mais que les voleurs de grands chemins étaient des gens qui mettaient leur sûreté dans les surprises qu’ils faisaient aux gens qui ne se défiaient nullement d’eux ; et qu’en un mot c’était des ennemis d’autant plus dangereux qu’ils empêchaient le commerce et la sûreté, et qu’il n’y avait avec eux ni paix ni trêve à espérer que par leur mort ; enfin des gens universellement regardés avec exécration ; ce qui était si vrai, qu’en France même, où les gens de distinction tenaient cette chasse si indigne d’eux, les bandits et les voleurs de grand chemin étaient punis du plus long et du plus rude des supplices, et privés même de la sépulture.
Alors les autres assistants s’armèrent de ce qu’ils purent trouver ; les uns se saisirent des chandeliers, les autres des flambeaux, les autres prirent les bâtons qui servaient à porter le cercueil, et tous tombant en même temps sur le misérable chevalier, lui firent bientôt vider les arçons, et se mirent à travailler sur lui comme à l’envi l’un de l’autre ; de manière qu’ils l’auraient bientôt expédié si les gens que le duc avait envoyés après lui ne fussent arrivés assez à temps pour lui sauver la vie.
Il montra ses lettres avant que de les cacheter, qui étaient écrites avec tant de zèle, qu’il n’aurait pas pu se servir de termes plus pressants quand il aurait été question de la vie de son propre fils ; et enfin il acheva de mettre en repos l’esprit de la marquise, qui fit partir deux courriers dans le moment même, pour les porter à leur adresse.
Il faut remarquer là-dessus, que Des Frans raconte son histoire en présence de Madame de Londé, et que Dupuis aurait eu mauvaise grâce de dire en la présence de cette dame, que le frère se serait servi des secrets de la magie la plus noire, pour triompher de Silvie.
Il lui avait dit sa qualité et son nom, et par hasard il se trouva que cette femme avait été élevée dans la maison de son père, où elle avait servi, et où elle demeurait encore lorsqu’elle s’était mariée en premières noces à un Flamand qui l’avait emmenée à Valenciennes, où en secondes noces elle avait épousé l’Espagnol avec qui elle était venue en Castille, et où elle tenait hôtellerie.
Ils allèrent longtemps dans la forêt sans trouver personne ; mais enfin étant arrivés dans un fond où ils virent deux ou trois petits chemins frayés, ils en suivirent un qui les conduisit à l’entrée d’une caverne, qui servait de retraite aux bandits qu’ils cherchaient.
Des Ronais le conduisit dans une chambre, et ordonna qu’on servît promptement.
Sancho plus qu’à demi ivre remercia l’enchanteur de lui avoir servi d’avocat en enfer, et le pria de lui dire aussi sa bonne aventure.