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2. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVI. De ce qui suivit le désenchantement de Dulcinée. »

Sancho se jeta à corps perdu sur le démon ; mais celui-ci lui fichant ses griffes dans le bras lui fit jeter les hauts cris. […] Ne dis point que cet argent était perdu pour lui, tu sais bien qu’il lui appartenait, et que de vils ouvriers avaient eu la modération de n’y point toucher ; joint à cela, quand cet argent aurait été perdu, quel droit y avais-tu ? Ne sais-tu pas que les trésors égarés et perdus appartiennent aux démons qui en sont les gardiens naturels, et en deviennent enfin les propriétaires ? […] Il avoue lui-même qu’il n’était ni égaré ni perdu, il avoue qu’il appartenait à Cardénio ; ainsi Cardénio a pu en disposer. […] Supposé même qu’il fût vrai qu’il eût voulu détourner les hommes de l’amour des femmes, il n’aurait fait que ce que font tous les jours les confesseurs, les directeurs et les prédicateurs sur qui la puissance de l’enfer ne s’étend pas, ainsi il y a lieu d’appel comme de juge incompétent ; d’ailleurs il ne suffit pas au démon Molieros d’accuser le chevalier Sancho, il faut qu’il le convainque, qu’il montre quelque preuve d’homme ou de femme que ses discours aient convertis ; c’est de quoi je le défie, et c’est ce qu’il ne peut pas faire, parce qu’en effet Sancho n’a fait que perdre sa morale ; et comment ne la perdrait-il pas, puisqu’il n’en a jamais débité qu’en plaisantant, et que les gens d’Eglise la perdent bien, eux qui la prêchent avec le plus grand sérieux qu’ils peuvent, et qui même l’appuient des préceptes et des commandements qui leur viennent d’en haut et d’un pouvoir supérieur à tout ?

3. (1691) Journal du voyage des Indes orientales (à monsieur Raymond)

Un de mes amis du Gaillard m’écrit que je ne perdrai point au change : ainsi soit-il ! […] Le Dragon nous a déjà fait perdre plus de cent lieues, et est cause que nous roulons si fort. […] Le vent était presque tout calme, la mer fort unie et personne ne tirait à coup perdu. […] Comme ils avaient joué cet argent et qu’ils en avaient perdu, ils n’en ont rendu environ que la cinquième partie, ainsi le reste a été perdu pour ceux à qui il appartenait, mais qui s’en sont rudement payés par leurs mains. […] Nous avons appris par lui que les ennemis ont perdu beaucoup de monde dont ils ne veulent pas dire le nombre.

4. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Prez, et de Mademoiselle de l’Épine. »

Les moments étaient trop chers pour les perdre : je m’approchai d’elle. […] Comme je vis bien que je perdrais mon temps, je ne la pressai pas davantage. […] J’ai perdu mes pas, je ne les aurais pas perdus il n’y a que trois mois. […] Mon procès est perdu ! […] Peut-on plus cruellement sacrifier son propre sang à la peur de perdre son bien !

5. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Frans et de Silvie. »

Je ne le perdis point de vue, car je ne l’avais pas vu : je l’appelai, et il ne répondit pas. […] Je payai, et ne regrettai point le temps perdu, ce que j’avais appris ne pouvait pas moins valoir. […] Je jetai les yeux sur elle dans ce moment ; je me perdis. […] Je perdis assez pour ne m’en souvenir qu’avec peine. […] La peur de me perdre m’avait rendu plus cher à ses yeux, à ce qu’elle me disait.

6. (1691) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 2)

Croyez-moi, ne leur offrez point de bougies : la cire & le coton en seraient perdus. […] Une femme qui après la mort de son mari, gentil ou More, en prend un autre, passe pour une dénaturée, & se perd de réputation ; mais elle ne la perd pas pour avoir un amant. […] Il ne faut qu’un lâche en autorité pour faire perdre cœur à mille braves gens. […] & les Hollandais, qu’y perdront-ils ? […] Ils restèrent tout le reste du jour & le lendemain à se résoudre à perdre leurs diamants pour sauver leur réputation, ou à perdre leur réputation pour sauver leurs pierreries.

7. (1721) Mémoires

Que la France de sa part y a-t-elle gagné, ou plutôt que n’y a-t-elle pas perdu ? […] Monseigneur ne cacha point l’envie qu’il avait de perdre M.  […] Cependant il le perdit, et même avec dépens. […] A la fin le commis perdit patience et lui dit : Eh bien ! […] Ils topèrent et perdirent encore, n’en ayant pas pris un seul.

8. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVI. Pourquoi Sancho perdit ses armes enchantées, et du terrible combat qu’il eut à soutenir pour les recouvrer. »

Pourquoi Sancho perdit ses armes enchantées, et du terrible combat qu’il eut à soutenir pour les recouvrer. […] Le seigneur Don Quichotte peut t’assister de ses conseils ; il peut même te favoriser de sa présence, mais je lui défends de te secourir, et même d’approcher de quinze pas de ses armes sous peine de perdre les siennes et d’acquérir ma haine pour toujours : vois, indigne Sancho, quel malheur ton imprudence t’attire ; souviens-toi que l’enchanteur qui garde ta dépouille, n’a point de temps à perdre, parce qu’il faut qu’il aille et revienne du Cathay avant le coucher du soleil ; il est levé, ainsi ton épée ne te servira de rien contre lui ; cours donc dès la pointe du jour à la conquête de tes armes, ou ne te présente jamais devant les braves gens, et renonce à la profession et aux espérances de devenir roi ou empereur de la Chine. […] Il dit que l’infortuné chevalier ne savait s’il était mort ou vif, tant il était épouvanté du combat qu’il avait à soutenir, ou désespéré de perdre des armes, qui le garantissaient de tout mal, et sous lesquelles, quoiqu’il n’en eût rien dit à son maître, il avait résolu de détrôner pour le moins l’hérétique reine d’Angleterre. […] Là-dessus il s’emporta contre les femmes d’une manière terrible, et fit rire toute la compagnie qui l’écoutait, et surtout la duchesse qui n’en perdit pas un mot ; il fit contre elle mille invectives, et les aurait continuées avec la doléance de ses armes perdues, si on ne fût pas venu frapper à sa porte. […] Son maître ne cessait de l’animer de la voix, et la présence de tant de spectateurs lui remettant le cœur au ventre, et outre cela Parafaragaramus, qui avait ordre de se laisser vaincre, lui faisant beau jeu, Sancho se releva, et l’enchanteur lui donnant le temps de se jeter sur lui, il ne le perdit pas.

9. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Dupuis, et de Madame de Londé. »

Comment, lui dis-je, feignant d’être fort surpris, vous êtes logée au temps perdu ? […] Vous perdez plus que vous ne pensez, dit-elle, à ne me le pas découvrir. […] Je n’y perds rien du moins, reprit-elle. J’en tombe d’accord, continuai-je : mais je ne vois pas que je perde plus que vous. […] J’ai donc perdu mes pas de ce côté-là, dit Madame de Londé.

10. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Ronais, et de Mademoiselle Dupuis. »

Je perds une femme qui me chagrinait, et je gagne six cents louis. […] Il nous dit seulement que nous ne devions point songer à nous marier ; que c’était de la peine et du temps perdu. […] Ce confesseur fut plus circonspect, et je perdis ma rhétorique aussi bien que Madame Dupuis et notre ami son fils, qui comme moi, firent leur possible. […] J’ai voulu lui donner de la jalousie pour l’obliger d’en venir aux explications, j’ai perdu mon temps. […] Je vous regarde comme une perdue plus digne de compassion que de haine.

11. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Contamine, et d’Angélique. »

Ne vous obstinez pas davantage, vous ne feriez que perdre votre temps, ou me rendre malheureuse, si j’étais assez crédule pour vous écouter. […] J’irai chez elle dès demain ; j’aime mieux lui découvrir toute ma vie et tout perdre que de passer pour une infâme. […] Vous voulez donc me perdre pour jamais et quatre ans de constance réciproque ne tiendront point dans votre cœur contre un moment de chagrin ? […] Que voulez-vous que je fasse pour une fille perdue, répondit-elle ? […] Elle est adorée de sa belle-mère, et de son mari, qui ne peuvent pas la perdre de vue.

12. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVIII. Des tristes et agréables choses que Parafaragaramus apprit au chevalier de la Manche. »

Ils te font présent de toutes les richesses que tu vois sur ce buffet, et te recommandent seulement d’en garder quelques pièces pour te ressouvenir d’eux, et de troquer le reste contre le premier qui te le demandera, tu ne perdras rien au change ; assure-moi donc que tu les reçois, afin que j’en sois sûr moi-même. […] Pardonnez-moi ce vœu, que le désespoir m’a fait faire ; je suis mille fois plus à plaindre que vous ; vous ne perdez dans moi qu’une princesse malheureuse et infortunée, et je perds en vous la fleur de la Chevalerie, le miroir de la vraie valeur, le prototype de la fidélité, et un parfait modèle de toutes les vertus. […] Pour son maître, comme il était extrêmement sobre, et qu’il ne buvait qu’en honnête homme, Dulcinée y perdit sa peine, et on fut obligé de mêler dans ce qu’il mangeait et dans son verre des compositions assoupissantes. […] Ne l’ai-je retrouvée que pour la perdre !

13. (1690) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 1)

Je croyais avoir tout perdu par le retour de M. […] La raison instruit ce laboureur qu’il fait mal s’il perd la saison. […] Il ne la perdit pas de vue ; je ne sais si ce fut par jalousie. […] Je compte mon argent perdu. […] Mes enfants, a-t-il dit, vous avez perdu un bon capitaine et un bon père.

14. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre LI. Le jaloux trompé »

Elle, dont la maladie n’était causée que par la peur d’avoir perdu le cœur de son mari, étant pour lors certaine du contraire, revint la première en santé, et eut de lui tous les soins qu’une honnête femme, et prévenue d’amour, peut avoir d’un mari qu’elle idolâtre. […] Elle perdit toute patience, entra brusquement dans la chambre, et prit à son tour le parti de sa fille. […] Elle en conta de toutes sortes de manières sur le chapitre des extravagances de Sotain ; si bien que cet homme se trouva à la fin perdu de réputation, et devint la fable et la risée de toute la province, où l’on aime assez à gloser sur autrui, surtout dans le canton. […] Il crut qu’elle regrettait la liberté que cette ceinture lui avait fait perdre, et croyant être vulcanisé en idée, s’il ne l’était en chair et en os, il s’emporta d’une manière terrible. […] cette démarche ne serait-elle pas blâmée de tout le monde, et vous-même ne perdriez-vous pas l’estime que vous avez pour moi ?

15. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Terny, et de Mademoiselle de Bernay. »

Je perdis mes prières pour la faire changer de résolution. […] Ne vous ai-je vu que pour vous perdre ? […] Il jura de ne point perdre de temps et partit en effet le même jour. […] Je n’en doute plus, vous m’êtes toujours fidèle ; mais pourtant vous me perdrez. […] Je n’avais pas perdu de temps, comme vous voyez.

16. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVI. Suite de l’histoire de Silvie et de Sainville. »

En un mot, Madame, poursuivit-elle, ma vie est en danger ; et si je la perds, la sienne n’est pas en sûreté. […] Il vous pria un soir en me quittant de lui accorder un rendez-vous le lendemain dans votre cabinet ; vous le lui promîtes, et quoique vous parlassiez fort bas, je ne perdis pas un mot de vos paroles, parce que je vous examinais avec soin. […] Vous savez ce que je fis le lendemain que j’allai vous trouver, mais vous ignorez que je savais que vos tantes écoutaient ce que je vous disais, que Deshayes et moi avions résolu de perdre Sainville dans votre esprit et le leur, et de vous attirer à vous la colère de toute votre famille, si vous ne vous rendiez pas de vous-même, et que c’était dans ce dessein que nous avions gardé une copie de votre lettre, que voilà, et que je vous rends. […] Elle en frémit, mais en même temps elle me fit comprendre que je n’étais point en état de perdre inutilement le temps à pleurer et à me plaindre, qu’il fallait payer de force d’esprit, et agir, et surtout ne me fier pas à toute sorte de gens, et ne prendre conseil que de personnes extrêmement secrètes, et absolument dans mes intérêts. […] Nous résolûmes de prendre la route de Madrid dès le lendemain ; et afin de faire plus de diligence, nous changeâmes les deux petits carrosses contre un grand, où nous pouvions tenir tous, afin de nous épargner le trop grand nombre de chevaux de relais ; cependant comme il nous en fallait tous les jours six, et quatre chevaux de main pour Sainville, son valet de chambre et deux hommes d’escorte, nous perdîmes bien du temps, qui donna à Deshayes celui de nous joindre.

17. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIX. Repas magique. Apparition d’un nouvel enchanteur. Défi fait à Don Quichotte, et ce qui s’ensuivit. »

Pour lui, il se perdit entre les arbres, et notre héros tout honteux alla ponctuellement exécuter les ordres de son sage enchanteur. […] Il ordonna aux satyres de servir et de rester ; et sans que Sancho occupé à déjeuner, songeât davantage à lui, il se perdit entre les arbres, où les Français crièrent qu’ils venaient de le voir tout d’un coup fondre en terre. […] Il se perdait dans ses imaginations, et ne savait comment ses armoiries avaient été si bien faites et en si peu de temps, ni comment ses armes avaient été rapportées et remises où elles étaient, vu qu’il avait emporté la clef de la chambre ; ainsi tout ce qu’il y pouvait comprendre, c’est qu’il ne lui arrivait rien que par art de nécromancie ; et il en concluait que rien n’était impossible aux enchanteurs ; ce qui le touchait plus vivement, était le désenchantement de Dulcinée, et la compassion qu’il avait des tourments qu’elle endurait.

18. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXIV. De l’arrivée de plusieurs personnes dans l’hôtellerie. Qui étaient ces personnes. Nouvel exploit de Don Quichotte. Sanglants combats. »

Cependant tant d’ennemis en seraient bientôt venus à bout, si Deshayes et son valet ne les avaient écartés ; mais leurs forces étant épuisées, tant par leur lassitude, que par le sang qu’ils perdaient, surtout Deshayes, ils auraient assurément succombé tous trois, si les scélérats n’avaient tout d’un coup quitté le combat pour courir avec Don Pedre, leur chef, après deux femmes qui fuyaient de toute leur force. […] Notre hardi chevalier n’en voulut point démordre, il prit le cheval de celui qui emportait Eugénie, qui était libre, et se saisissant de l’épée de ce scélérat, il se mit après les ravisseurs malgré le duc et Dorothée qui le firent suivre par quatre cavaliers de crainte d’accident ; mais comme il ne suivait que sa tête et ses visions, ceux-ci qui le perdirent bientôt de vue, revinrent sans autre fruit que d’être bien fatigués.

19. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIX. De ce qui se passa chez le duc de Médoc après le départ de Dulcinée, et comment Sancho reçut sa femme que la duchesse fit venir au château. »

Sitôt qu’il la vit, il se ressouvint des coups de fouet qu’il avait reçus, et du bain où il avait passé la nuit, et il ne la put regarder qu’avec horreur ; il ne lui dit pourtant rien de désobligeant ; mais quand il vit qu’elle recommençait ses poursuites, et qu’elle lui proposa un autre rendez-vous, il perdit toute patience et ne garda plus de mesure. […] Jarni, continua-t-il, vous ne devriez pas souffrir chez vous une créature si perdue, et capable de corrompre jusqu’au dernier marmiton. — Je la mettrai dehors, dit la duchesse. — C’est bien fait, répliqua Sancho ; mais retenez-lui sur ses gages la valeur de ma fraise. […] Don Quichotte le loua de sa continence et l’exhorta à persévérer. — Je n’aurai pas grande peine, lui répliqua Sancho, filles et femmes qui s’offrent perdent tout leur prix ; mais, Monsieur, c’est une diable d’affaire que l’amour dans le cœur d’une fille, il n’est qu’en dira-t-on qui tienne.

20. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXV. Du tour ridicule et malin que fit Parafaragaramus au chevalier Sancho, et des événements tristes qui le suivirent. »

Nous l’avons laissé qui écoutait l’histoire de Sainville, et il n’y a pas un lecteur qui ne s’imagine qu’il n’en avait pas perdu un mot. […] Cependant comme le Français était plus adroit que Don Pedre, celui-ci vit bientôt son sang couler, ce qui ayant achevé de le mettre en fureur il se lança à corps perdu sur le Français, mais si malheureusement pour lui, qu’il s’enferra de lui-même, et tomba roide mort ; le Français le démasqua, et voyant que ce n’était pas Sainville, il crut pour lors que ce n’était qu’un voleur, et le laissa là.

21. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLI. Don Quichotte et Sancho s’arment pour aller combattre les brigands. Ces deux chevaliers font des actions de valeur inouïes. »

Elles furent néanmoins extrêmement faussées, et la violence de cette charge fut si forte, que nos deux chevaliers en perdirent la respiration, et furent renversés sur la croupe de leurs chevaux, et de là glissèrent à terre. […] La longue traite qu’ils avaient faite pour se sauver, et le sang qu’ils avaient perdu ayant tout à fait épuisé leurs forces, ils furent pris vifs et remis entre les mains des gens du lieutenant, qui, avec du vin leur raffermirent le cœur, et après cela les firent porter dans une charrette, qu’on envoya quérir à la même prison où était Pedraria.

22. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « ChapitreLII. Le mari prudent »

Il justifiait Silvie, sachant qu’elle n’avait pas pu se dispenser d’obéir à son père ; et comme il était entièrement persuadé que tout son cœur était à lui, qu’il en était aimé, mais qu’elle n’en était pas moins perdue pour lui, ces pensées firent dans son esprit une telle impression qu’il en tomba malade. […] Il vous a demandé le secret, et moi je vous ordonne de plus de sortir de la province dans vingt-quatre heures, et de n’y jamais remettre le pied ; sinon comptez que vous êtes perdu ; je n’ai rien à vous dire davantage, retirez-vous.

23. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LV. Don Quichotte et Sancho vont à la caverne de Montésinos. Ce qu’ils y virent, et comment se fit le désenchantement de Dulcinée. »

. — Si cela est, reprit notre héros, je lui apprendrai avec joie que je suis Don Quichotte de la Manche, ci-devant nommé le chevalier de la triste figure, et maintenant le chevalier des Lions, et toujours l’esclave de l’illustre princesse Dulcinée du Toboso que je viens délivrer, ou perdre la vie. […] Après que chacun fut bien repu, le tonnerre se fit entendre plus fort que jamais, les nuages qui couvraient le haut de la salle offusquèrent la lumière, la table disparut, les éclairs éclatèrent, et deux démons fondirent des nuées sur Sancho, qui l’enlevèrent au haut, et se précipitèrent tout aussitôt avec lui dans le même fond où Merlin s’était abîmé, et où la table venait de se perdre.

24. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XL. Des armes enchantées que les deux chevaliers reçurent de Parafaragaramus, avec des chevaux infatigables. »

Il connaissait assez la bravoure et l’intrépidité de notre héros, pour savoir jusques où son courage le porterait dans la forêt ; il prévoyait bien aussi que Sancho ne le quitterait pas d’un pas ; il aurait bien voulu ne les point exposer contre des bandits ; mais dans le fond, outre que Don Quichotte n’aurait pas trouvé bon que l’affaire se fût passée sans lui, le duc voyait bien qu’il lui serait d’un grand secours, et qu’après tout c’était la mort la plus glorieuse qui pût arriver à deux fous, que de perdre la vie en servant le public ; d’un autre côté il voyait bien que l’occasion serait chaude et de fatigue, et que les chevaux de nos aventuriers n’étaient point assez forts pour la supporter, ni leurs armes assez bonnes pour résister au mousquet et au pistolet ; ainsi il avait jugé à propos de les armer par cette voie étant bien persuadé que l’estime qu’ils feraient de leurs armes et de leurs chevaux, qu’ils croiraient tenir de la main d’un enchanteur, leur ami, les animerait davantage, et relèverait le courage, surtout de Sancho, qui lui paraissait abattu par la conversation qu’il avait eue avec Don Quichotte, et que lui et Parafaragaramus avaient écoutée.

25. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIV. Ce qui se passa dans le château après cette expédition. »

En effet cette bonne nouvelle pensa lui faire perdre le peu de raison qui lui restait ; mais la tranquillité et le repos dont il jouissait dans son lit, lui aidèrent à calmer ses transports ; et comme sa mâchoire se raccommoda, et qu’il buvait et mangeait tout son saoul, il se releva avec un embonpoint qui ne cédait en rien à celui où on l’avait vu auparavant ; il ne faut cependant pas le lui envier, car il en aura besoin pour soutenir les rudes assauts que les ducs, le comte, leurs épouses, les Français et les Françaises lui préparent.

26. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LX. De l’aventure qui arriva au malheureux Sancho peu de temps après qu’il fut hors de chez le duc de Médoc, et de plusieurs autres choses qui ne sont pas de grande importance. »

Il semble que vous ayez perdu père et mère et toute votre postérité jusqu’à la vingtième génération.

27. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXIX. Du grand projet que forma le duc de Médoc, et dans lequel Don Quichotte entra avec plus de joie que Sancho. »

Don Quichotte voyant bien qu’il perdrait son temps de vouloir faire changer d’opinion à Sancho, ne dit plus mot.

28. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIII. De l’accident qui arriva au chevalier Sancho, en tirant une arme à feu. Remède pire que le mal. »

Le chirurgien ne manqua pas d’occupation, surtout à panser les bandits qui avaient été blessés, et qui ne voulaient pas qu’on cherchât à prolonger leur vie qu’ils devaient perdre sur un échafaud ; on les avait amenés au château, parce qu’il était trop tard pour les conduire où leurs camarades avaient été envoyés.

29. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLII. Comment Don Quichotte sauva la vie à la duchesse de Médoc. Nouveaux exploits des deux chevaliers. »

Tout désarmé qu’il était, il ne perdit pas le sens, et prit un palonnier qui était à terre, et s’en servit comme d’une massue si à propos, qu’il en assomma un des bandits qui faisait tête à Don Quichotte, et cassa les jambes de celui qui avait son épée, qu’il reprit tout aussitôt, et la lui passa dans la gorge.

30. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LXI. Comment Don Quichotte et Sancho sortirent du château pour s’en retourner chez eux ; de ce qui leur arriva sur la route. Mort de Don Quichotte ; et ce qui s’ensuivit. »

— Rien n’est plus certain, reprit Don Quichotte, et je suis tenté d’en boire pour perdre entièrement l’amour malheureux dont je ne puis me défaire ; après cela rien ne troublera plus le repos de ma vie, et mes jours ne seront composés que de moments heureux.

31. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVIII. Du combat de Don Quichotte contre Sancho, et quelle en fut la fin. »

Il te hait peut-être encore à cause de ton maître, qu’il veut perdre, et qu’il hait comme le diable, parce qu’il est écrit dans les destinées, que le grand Don Quichotte doit combattre et vaincre un jeune chevalier, qu’il protège, et que tous les démons croient son bâtard ; avertis-l’en, afin qu’il s’en donne de garde, et que vous vous prépariez tous deux à soutenir de rudes combats en peu de temps, et à soutenir les plus glorieuses aventures de votre vie, pour tirer la pauvre princesse Dulcinée du Toboso de l’enchantement où Merlin la retient comme une gredine dans la caverne de Montésinos.

32. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVII. Du repas magnifique où se trouva Don Quichotte, et du beau et long discours qu’il y tint. »

Les gens à qui on confiait son bien sous la bonne foi, le rendaient de même, ou du moins montraient et prouvaient qu’ils avaient en même temps perdu le leur par des coups du ciel dont ils n’avaient pas été les maîtres, et qu’ils n’étaient point cause de sa perte ; à faute de quoi ils étaient punis comme des voleurs.

33. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLV. Pourquoi la maîtresse d’une hôtellerie voisine du château venait souvent demander des nouvelles de Sainville et de Silvie. »

Nous avons dit que le valet de Deshayes y était resté blessé ; que ce valet était un officier déguisé qui s’était mis à sa suite pour sauver la vie de Silvie et la faire perdre à Sainville.

34. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Jussy, et de Mademoiselle Fenouil. »

Sa beauté l’alarma, et elle perdit toute considération, lorsqu’elle sut que les articles devaient être signés le même jour, ou le suivant. […] J’eus regret de perdre une si belle conquête qui m’était assurée, mais ce remords fut sans fruit.

35. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVII. Suites agréables de la victoire remportée par le chevalier Sancho, et du projet que forma Don Quichotte pour le faire repentir de son indiscrétion. »

Il pourrait bien être, reprit Sancho, que tout ce que vous avez dit fût vrai, mais à chaque jour suffit son saint, et puis ce qui est différé n’est pas perdu.

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