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2. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre LI. Le jaloux trompé »

Pour peu que l’ambition de sa femme eût été modérée, il était en état de la rendre heureuse ; ainsi il ne chercha pas tant le bien que la vertu, et pour me servir de ses propres termes, il chercha une femme qui pût lui faire des enfants dont il fût lui-même le père. […] Cette pauvre femme se mit à pleurer ; mais sa mère qui avait tout écouté à la porte ne fut pas si tranquille. […] Ce fut encore un effet de la jalousie de Sotain, qui maltraita cette femme assez pour l’obliger de s’en plaindre. […] Il n’en avait point du tout parlé à sa femme, et ne lui en parla que dans le moment qu’il allait monter à cheval. […] Celui-ci crut que c’était un Argus que sa femme voulait éloigner d’elle, et cette pensée qui le frappa vivement, lui fit regarder cette femme comme une personne plus nécessaire à son repos qu’elle ne lui avait jamais paru.

3. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Prez, et de Mademoiselle de l’Épine. »

Cela est rare à une femme, dis-je en riant. […] Cette femme les prit après quelque petite difficulté. […] Ma femme resta seule avec moi. […] Enfin ils m’instruisirent de la mort de ma chère femme. […] Des Ronais la raconta encore au mari et à la femme après déjeuner.

4. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Dupuis, et de Madame de Londé. »

Cette femme en parla à Sophie qui me le dit. […] Une femme doit-elle en avoir avec son mari ? […] Je priai cette autre femme d’avoir soin de Grandpré. […] Je conviens qu’elle ne croyait point être entendue ; qu’elle parlait à une autre femme seule, et que cette femme était sa sœur. […] Je vais vous donner un billet, dit-il à cette femme.

5. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « ChapitreLII. Le mari prudent »

Une femme qui accorde les dernières faveurs devient esclave de son amant favorisé. […] Après cela, en s’amusant à lire pour soulager son inquiétude, il attendit l’arrivée de sa femme et de son amant jusque vers les cinq heures du soir ; il les vit faire collation seul à seul, et tout ce qu’un homme et une femme peuvent faire ensemble. […] Il ne fut plus maître de lui ; cette intrigue soutenue si longtemps par sa femme, lui fit connaître qu’elle ne méritait plus ses ménagements. […] Elle est une des plus honnêtes et des plus vertueuses femmes qu’il y ait en France ; du moins elle est la plus retirée dans son domestique. […] La morale qu’on peut en tirer est qu’un honnête homme qui a le malheur d’avoir une femme infidèle, doit se contenter de la mépriser, et sauver les apparences, supposé que le désordre de cette femme soit secret ; mais s’il est public, il doit la quitter pour toujours.

6. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIX. De ce qui se passa chez le duc de Médoc après le départ de Dulcinée, et comment Sancho reçut sa femme que la duchesse fit venir au château. »

On s’y opposa, et on se contenta de l’obliger d’écrire à sa femme de venir et d’amener sa fille. […] Mort de ma vie, je n’ai qu’une femme qui me fait enrager ; ce serait bien le diable si j’en avais deux. […] que je l’épouse, dit-elle ; pardi bon, comme si je n’avais pas déjà trop d’une femme. […] Ma femme est un diable, comme vous voyez bien. […] Il semble que tous les diables soient déguisés en femmes pour me faire enrager dans ce maudit château-là.

7. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVI. De ce qui suivit le désenchantement de Dulcinée. »

Mais, Messieurs les juges des enfers et des diables, ajouta-t-il, ne serait-il pas à propos d’envoyer chercher ma femme pour lui en faire recevoir sa part ? […] Ils retournèrent aux opinions, après quoi Minos prononça ordre à Sancho de donner à sa femme douze coups de bâton bien appliqués tout aussitôt qu’il la verrait, et que pour lui il en serait quitte pour trente poils de barbe qui lui seraient arrachés sur l’heure. […] Il fallut compter les poils de la barbe qu’on lui avait arrachés, et comme il s’en trouva six de trop, Minos ordonna qu’ils seraient précomptés sur les coups de bâton ordonnés à Thérèse, attendu que l’homme et la femme n’étant qu’un, ce que l’un recevait devait être au profit de l’autre. […] Un diable de si bonne mine attira l’attention de nos deux chevaliers, et Pluton lui ayant permis de parler, il commença par remontrer toutes les peines qu’il se donnait pour rendre les femmes belles et attirantes, qu’il inventait tous les jours quelque pommade et quelque essence pour conserver leur teint, ou bien pour en cacher les rides, qu’il avait depuis peu de temps travaillé à cela avec beaucoup de succès, puisqu’il y avait des femmes âgées de plus de soixante ans qui ne laissaient pas par son moyen de paraître avec des cheveux bruns, une peau unie et délicate, et enfin si jeunes qu’il faudrait avoir en main leur extrait baptistaire pour les croire plus vieilles que leurs enfants ; que cela faisait augmenter le nombre de leurs amants, et augmentait en même temps celui des sujets de l’enfer ; mais que malgré tous ses soins il courait risque de perdre son temps s’il y avait encore dans le monde deux hommes de l’humeur du chevalier Sancho, qui à tout moment disait pis que rage des femmes, et tâchait d’en dégoûter tout le monde ; que si cela était souffert, il n’avait qu’à laisser en enfer son panier plein de cornes, parce qu’il ne trouverait plus de femmes qui en pussent faire porter à leurs maris, n’y ayant plus aucun homme qui leur voulût aider à les attacher, qu’il avait employé un temps infini pour en faire qui fussent propres à tout le monde, qu’il y en avait de dorées pour les maris pauvres, et qui se changeaient sur leur tête en cornes d’abondance ; qu’il y en avait d’unies et simples pour ceux dont les femmes faisaient l’amour but à but ; qu’il y en avait de jaunes pour ceux qui épousaient des filles qui avaient déjà eu quelque intrigue ; de blanches pour ceux qui épousaient des veuves ; de noires pour ceux qui épousaient des fausses dévotes ; de diaphanes et transparentes pour ceux dont les femmes savaient cacher leur infidélité ; de vertes pour ceux qui épousaient des filles élevées dans un couvent ou dans une grande retenue ; et de rouges pour ceux dont les femmes payaient leurs amants, à qui d’ordinaire elles ne se contentaient pas de sacrifier la bourse et l’honneur, mais le sang même de leur époux ; que chaque couleur convenait parfaitement à la qualité d’un chacun ; qu’il y avait dans le monde assez de femmes de vertu qui rebutaient les hommes, sans que Sancho voulût mettre les hommes sur le pied de rebuter les femmes ; que c’était de quoi il demandait justice, et protestait en cas de déni de laisser toutes les femmes et les filles en garde à leur propre vertu, sans les tenter dorénavant par lui-même, et sans les faire tenter par d’autres, ni leur fournir les occasions d’être tentées. […] Outre cela, poursuivit un démon qui n’avait pas encore parlé, le chevalier Sancho ne parle point contre les femmes par malice ; le bon seigneur les aime autant et plus que les autres.

8. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre L. Dissertation sur la différente manière d’aimer des Espagnols et des Français. »

Les Espagnols prétendirent que l’indifférence des Français se remarquait jusque dans leur conduite générale, par l’abandon qu’ils faisaient de leurs maîtresses et de leurs femmes mêmes, à qui ils permettaient d’aller partout où bon leur semblait, et avec qui il leur plaisait, sans en témoigner le moindre chagrin. […] Ils convenaient encore qu’il y en avait plusieurs en France qui faisaient un mauvais usage de cette confiance, que même le nombre n’en était pas petit ; mais ils ajoutèrent que généralement parlant il n’était pas plus grand qu’en Espagne, parce que l’infidélité des femmes provenait plutôt du dépit et des chagrins, que des soupçons mal fondés de leurs époux leur donnaient, que d’aucun penchant à l’infidélité. Et qu’il y avait très assurément des femmes en Espagne, aussi bien qu’en France, qui seraient toute leur vie restées sages et fidèles, si leurs maris ne leur avaient pas eux-mêmes inspiré l’envie de justifier leurs ombrages et leurs jalousies, et que très assurément le meilleur parti qu’un homme marié pouvait prendre, était de ne témoigner à sa femme aucun soupçon ; et pour soutenir leur paradoxe, ils citèrent les vers de l’Arioste que je ne rapporterai pas, mais bien la traduction ou la paraphrase faite par Monsieur de La Fontaine. […] Que doit faire un mari quand on aime sa femme ? […] Et moi, ajouta la marquise, je raconterai celle d’un fort honnête homme, qui, par sa prudence ayant en même temps sauvé sa réputation et celle de sa femme, s’est fait plaindre et louer par tous ceux qui ont appris son aventure, laquelle s’est enfin terminée à faire de son épouse une des femmes de France des plus sages et des plus retirées.

9. (1713) Les illustres Françaises « Préface. »

Elle fait voir aussi, qu’une femme ne doit compter que sur son époux ; et que lorsqu’il n’est plus en état de la soutenir, elle est abandonnée de tout le monde : elle fait voir en même temps, qu’une femme intéressée sacrifie tout à ses intérêts. […] J’ai vu quelques femmes qui se sont déchaînées contre ce que la veuve dit à sa sœur, dont Dupuis rapporte la conversation dans son histoire. […] Les unes et les autres sont ce qu’on appelle des femmes de vertu ; d’où vient donc leur contrariété ? […] On n’y voyait point de femmes de secrétaires, de procureurs, de notaires ou de marchands un peu aisés, se faire nommer Madame. Les gens de bon sens voudraient bien savoir, si ces femmes prétendent être Madame à carreau, ou Madame à chaperon ?

10. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Jussy, et de Mademoiselle Fenouil. »

Que je n’étais pas d’humeur à souffrir tant de dépense en habit, et qu’une femme qui ne veut plaire qu’à son mari, ne doit point le porter si haut. […] Je vis sortir de ce carrosse un homme, un enfant, et une femme magnifiquement vêtue, suivie d’une fille assez propre. […] Jussy ne paraissait point, sa femme fit les honneurs du logis. […] Cela redoubla l’étonnement de d’Ivonne et de sa femme, qui fut à son comble lorsque Jussy entra, précédé d’un laquais qui portait un flambeau. […] Vous ne pouvez comprendre quel fut l’étonnement du mari et de la femme.

11. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Ronais, et de Mademoiselle Dupuis. »

Comment, dit-il, un homme dont la femme vient d’expirer, se déguise et court le momon ! […] La perte de ma femme est plus grande pour vous que pour moi. […] Je perds une femme qui me chagrinait, et je gagne six cents louis. […] J’enverrai demain quérir le mari et la femme pour dîner ici. […] Elle est à présent femme de Monsieur de Contamine.

12. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Terny, et de Mademoiselle de Bernay. »

Il s’appelait de Bernay, et était fils d’un homme puissamment riche, voilà sa sœur, poursuivit-il, en montrant sa femme. […] Le beau-père cita tous les mauvais traitements du gendre à sa femme, il les peignait de toutes les couleurs les plus touchantes. […] Voilà votre fille que j’accepte pour ma femme en présence de Dieu même, qui repose dans le plus auguste de nos sacrements. […] S’il ne lui en laisse pas, tant pis ; mais ma femme n’ayant pas mérité ses duretés, je ne l’en aimerai pas moins. […] En vérité, Madame, reprit Des Frans sur le même ton railleur, vous êtes une femme bien dangereuse.

13. (1691) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 2)

Cela est trop connu pour s’y arrêter ; & j’en ai déjà parlé ci-dessus, au sujet de la femme de Moali. […] Ils ne font pourtant point de difficulté de nous louer leurs femmes & leurs filles. […] Il laissa sa femme sur sa bonne foi tout le temps qu’il fut à aller chercher des chevaux. […] Dans quelles cruelles extrémités une mauvaise femme ne précipite-t-elle pas un mari ! […] Autre incident, encore sur les femmes.

14. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Frans et de Silvie. »

Je connaissais l’écriture de cette femme comme la mienne propre. […] La mort de cette femme était indigne de ma main. […] Ma mère curieuse comme une femme… Achevez votre histoire Monsieur, lui dit Madame de Contamine en l’interrompant, le génie des femmes n’y fait rien. […] Quelle gloire, me disais-je, de poignarder une femme ? […] Jussy et sa femme s’en retournèrent ensemble.

15. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVI. Suite de l’histoire de Silvie et de Sainville. »

Voilà, Madame, ce que vous avez voulu savoir de moi, et je sais bien encore que vous seule pouvez me convaincre qu’il y a dans le monde des femmes sans faiblesses. […] Sainville a dû vous parler d’elle comme d’une femme qu’on croyait en intrigue avec Deshayes. […] Cette morale et ce préambule, que je n’attendais pas d’une femme qui ne passait ni pour pédagogue, ni pour un exemple de vertu, m’obligèrent à lui donner toute l’attention dont j’étais capable dans la surprise où j’étais. […] Quoique ce soit le plus grand des malheurs qui puisse arriver à une femme qui a de la vertu que de se voir entre les bras d’un homme, le cœur tout rempli d’un autre, mon infortune ne s’y est pas bornée. […] J’admirais la hardiesse, ou plutôt l’effronterie de cette femme qui sur le point de souffrir une mort infâme parlait avec tant d’audace et d’assurance.

16. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXIV. De l’arrivée de plusieurs personnes dans l’hôtellerie. Qui étaient ces personnes. Nouvel exploit de Don Quichotte. Sanglants combats. »

L’hôte faisait un bruit de diable ; et très peu persuadé de la vertu des Françaises, et outre cela extrêmement jaloux, il s’égosillait en appelant sa femme, croyant peut-être qu’il y allait de son honneur. Il aurait eu tort d’avoir cette pensée, car sa femme était un véritable remède d’amour, dont la laideur et l’âge pouvaient cautionner la sagesse ; mais comme il s’y était accoutumé, il pouvait croire que d’autres s’y accoutumeraient aussi. Elle descendit enfin à ses cris, et trouva un équipage assez grand, composé d’un carrosse fort magnifique, à quatre chevaux, et dans lequel il y avait un homme fort bien vêtu, une femme parfaitement bien mise, fort jeune et fort belle, deux autres femmes assez propres, mais en mauvais ordre, et cinq ou six cavaliers bien montés, et le tout fort étonné et en confusion. […] La bravoure de ce Français avait sauvé de leurs mains six femmes, qui étaient dans un carrosse qu’il accompagnait, et les bandits n’avaient osé les poursuivre plus loin, de peur qu’on ne vînt à leur secours, ou de l’hôtellerie, qui n’était pas éloignée, ou du château de Valerio, qui en était tout proche. […] Ces deux femmes étaient Eugénie et Gabrielle de Monsalve, sa bonne amie, qui voyant que Valerio était endormi, avaient eu dessein de se promener, pour voir ce que Don Quichotte était devenu, ou plutôt ce que Sancho avait fait pour soutenir la beauté de la comtesse.

17. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LX. De l’aventure qui arriva au malheureux Sancho peu de temps après qu’il fut hors de chez le duc de Médoc, et de plusieurs autres choses qui ne sont pas de grande importance. »

Il demanda ce que c’était, et on lui répondit que c’était une femme qu’on allait enterrer dans le cimetière à cent pas de là, et on lui montra le mari qui accompagnait le corps. […] faut-il tant se désoler pour une femme ? […] Il disait en parlant des femmes, car il retombait toujours sur leur article : Mardi, ces créatures m’ont toujours porté guignon ; celles qui sont en vie m’ont fait enrager, m’ont battu et m’ont fait battre, et celles qui sont mortes me font assommer. […] Sitôt que Thérèse vint à paraître devant ses yeux : Ote-toi de là, lui dit-il, et me laisse en repos. — Eh mon pauvre mari, lui répondit-elle, je vous demande pardon, mourez en paix. — Tu n’as donc qu’à t’en aller, lui repartit Sancho, car une femme et la paix, c’est le feu et l’eau. […] demanda Thérèse, car quand une femme apporte de quoi dîner, il est juste que le mari apporte de quoi souper.

18. (1691) Journal du voyage des Indes orientales (à monsieur Raymond)

Pour les femmes blanches on ne les voit point suivant la manière des Portugais ; à l’égard des femmes noires, j’en ai vu de parfaitement bien faites. […] Madame la directrice sa femme nie paraît avoir été une très belle femme. […] Pour leurs filles ou femmes on ne les voit point. […] Il est pourtant faux ce que disent toutes les relations des voyageurs, que c’est un roi qui ordonna que les femmes se brûleraient avec le cadavre, et cela, disent-ils, parce que les femmes empoisonnaient leurs maris. […] Celle de la femme était telle en substance : Pourquoi m’as-tu voulu quitter mon cher mari ?

19. (1721) Mémoires

Il y vint avec sa femme, tous deux en habit de noces. […] pendant que j’étais la femme d’un contrôleur général, je roulais sur l’or et l’argent ; et à présent que je suis femme d’un chancelier, je n’ai pas un b.....de sol. […] Il avait épousé une femme vertueuse. […] La belle-mère de Crozat était, comme j’ai dit, une simple revaudeuse, mais honnête femme. […] Cette réponse paraît d’un homme qui veut bien vivre avec sa femme.

20. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Contamine, et d’Angélique. »

Il pleure quand il veut, ce qui lui a été d’un grand secours auprès de sa mère ; car les femmes se laissent toutes prendre par là. […] Dupuis qui connaissait cette femme pour femme de vertu, la lui accorda volontiers, et parla à Angélique comme s’il avait été son père : aussi y prenait-il intérêt, parce que son père à elle avait été cornette de la première compagnie ou de la mestre de camp du régiment de Dupuis, et qu’il l’avait connu pour fort brave homme. […] Il demanda à cette femme si elle pouvait manger. […] Il était fort honnête homme, et sa femme une très honnête femme. […] Doucement, Monsieur, dit en riant une fort belle femme qui n’avait point encore parlé, ne galantisez point tant mon mari sur sa bonne mine, vous me rendriez bientôt jalouse si vous étiez femme, et je ne veux pas la devenir, vous en avez trop souffert.

21. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVIII. Des tristes et agréables choses que Parafaragaramus apprit au chevalier de la Manche. »

Tu sais bien ce qu’il t’en a coûté pour tes médisances, tes menteries et ton avarice ; et ce qu’il en doit coûter à ta femme, que tu dois payer sitôt que tu la verras, sous peine d’être étrillé encore en chien renfermé ; souviens-t’en bien ; on a sans doute oublié exprès la gloutonnie, mais prends-y garde, tu t’en sentiras dans peu de temps, si tu ne songes à te réformer. […] — Voilà parler en honnête homme, lui répliqua Parafaragaramus ; eh bien, remets tout entre les mains du curé de ton village, sans en parler à ta femme ; il est homme d’honneur, et aura soin de marier ta fille, et de t’empêcher de jamais tomber en nécessité. — Pardi, reprit Sancho tout réjoui en se frappant de la main droite dans la gauche, tenez, nous aurions fait un pape, car nous sommes tous deux de même avis. Eh, non, non, ma mauricaude n’en saura rien ; un secret n’est plus secret quand une femme le sait, et une femme ne sait le secret de son mari que pour le trahir ; ce sont des importunes à demander et des diables à rendre. […] Il est constant que cette femme était fort aimable, et l’art joint à la magnificence des habits ajoutant du lustre à la nature, il ne faut pas s’étonner si notre chevalier, qui n’avait jamais rien aimé, s’était trouvé sensible, surtout ayant le cœur préparé à l’amour par les sottises qu’il avait lues dans ses romans, et dont il avait encore la mémoire et la tête remplies.

22. (1690) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 1)

En effet, n’était-ce pas m’insulter devant des femmes ? […] Pour les femmes blanches, on ne les voit point. J’ai vu des femmes noires ou mulâtres, parfaitement bien faites. […] Son mari est de Lisbonne, aussi vilain mâtin que sa femme est aimable. […] Deux femmes à cet âge !

23. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVII. Du repas magnifique où se trouva Don Quichotte, et du beau et long discours qu’il y tint. »

Les femmes n’étaient servies que par des femmes ; le grand monde leur était inconnu ; leur domestique faisait toute leur occupation, et leur propre jardin bornait leur promenade ; assez parées de la seule nature, elles faisaient consister leur beauté dans leur vertu, et leur mérite dans leur attachement pour leurs époux, sans témoigner aucun empressement pour ces sortes de parures que la mode invente tous les jours ; leur honneur ne courait aucun risque ; armées de leur seule modestie et de leur pudeur, elles retenaient tout le monde dans le respect, et ôtaient la hardiesse de leur rien dire de malhonnête. […] Une seule abbaye suffisait à un abbé, et on aurait regardé celui qui en aurait eu plusieurs comme un homme qui aurait eu plusieurs femmes. […] Il n’en est pas de même aujourd’hui, où l’on saute de l’un à l’autre uniquement parce que celui que l’on prend est plus riche que celui que l’on quitte ; cela aurait été regardé comme un homme qui aurait répudié une femme légitime à cause de sa pauvreté, pour s’attacher à une riche concubine, et vivre avec elle dans un adultère perpétuel.

24. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLV. Pourquoi la maîtresse d’une hôtellerie voisine du château venait souvent demander des nouvelles de Sainville et de Silvie. »

Il lui avait dit sa qualité et son nom, et par hasard il se trouva que cette femme avait été élevée dans la maison de son père, où elle avait servi, et où elle demeurait encore lorsqu’elle s’était mariée en premières noces à un Flamand qui l’avait emmenée à Valenciennes, où en secondes noces elle avait épousé l’Espagnol avec qui elle était venue en Castille, et où elle tenait hôtellerie. […] La belle La Bastide commençant, sans savoir pourquoi, à s’intéresser pour ce Français, eut envie de le voir, et le plaignit dans son cœur de s’être adressé à une femme préoccupée pour un autre ; elle en parla à Silvie, qui tout d’un coup devina que c’était le comte du Chirou, et ne se trompa pas. […] Elle lui fit connaître ces soupçons fort spirituellement et comme par plaisanterie ; mais il lui répondit fort sérieusement et fort galamment, qu’il ne connaissait et n’avait regardé Silvie que sur le pied d’une femme séparée d’avec son mari, et d’une femme qui avait un amant favorisé ; que sur ce fondement il avouait que les vues qu’il avait eues pour elle n’étaient pas fort à l’avantage de sa vertu, et qu’il n’avait commencé de la regarder sur le pied qu’elle méritait de l’être, que depuis qu’il savait son histoire ; qu’ainsi son amour n’était pas extrêmement violent, mais qu’il n’en était pas de même de celui qu’il avait pour elle, puisqu’il était accompagné de vénération, d’estime et de respect.

25. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVIII. De l’arrivée du duc de Médoc, et de la mort touchante de Deshayes. »

Il parla fort longtemps pour un homme aussi bas qu’il paraissait être ; il avoua toutes les fourberies qu’il avait faites à Silvie et à Sainville, et leur en demanda pardon, aussi bien qu’à la tante de Silvie, qu’il pria d’obtenir son pardon de ses deux autres soeurs, qu’il avait trompées les premières ; il confessa que la baronne n’avait rien dit contre elles en leur présence dont il ne fût l’inventeur, et non pas Sainville, qui n’avait jamais parlé qu’avec vénération de Silvie et de sa famille ; il avoua son commerce criminel avec cette femme, et fit entendre en termes obscurs qu’il l’avait empoisonnée. […] Il finit en ordonnant à sa femme par tout le pouvoir qu’il avait sur elle, d’épouser Sainville aussitôt qu’il serait mort, et il fit écrire cette volonté avec le don qu’il leur faisait à tous deux de tout son bien, pour en quelque façon les dédommager des peines qu’il leur avait causées. […] Il alla le voir aussi bien que les autres, et fut aussi témoin des pardons qu’il demanda derechef à Sainville et à son épouse, de l’ordre qu’il leur donna de s’épouser, et du don de son bien qu’il leur réitéra ; après quoi ayant prié sa femme qu’elle l’embrassât pour la dernière fois, il mourut entre ses bras avec toutes les dispositions d’un bon chrétien, et un repentir sincère.

26. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LV. Don Quichotte et Sancho vont à la caverne de Montésinos. Ce qu’ils y virent, et comment se fit le désenchantement de Dulcinée. »

Don Quichotte qui croyait n’être pas éloigné de l’endroit d’où cette voix sortait, y courut et entendit distinctement une femme qui se plaignait et qui criait au secours. […] Cette femme vint en courant se jeter aux pieds du cheval de Don Quichotte. […] Le maudit enchanteur Freston vient de la laisser presque morte des coups d’étrivières qu’il lui a donnés en ma présence, en haine d’un certain chevalier nommé Don Quichotte dont elle a toujours le nom à la bouche, et qu’elle appelle sans cesse à son secours, et son neveu ne me poursuit et ne m’a battue, qu’à cause que je n’ai pu souffrir une si grande barbarie sans prendre son parti. — Eh bon, bon, interrompit Sancho, les femmes ont toujours été ce qu’elles sont, elles ont toujours fourré leur nez dans les affaires d’autrui.

27. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIV. Départ de la compagnie. Comment Sancho fit taire le curé. Aventures diverses arrivées à cet infortuné chevalier. »

On a dit que le duc de Médoc était un fort honnête homme, aussi bien que le duc d’Albuquerque ; le comte Valerio et le comte du Chirou, et tous, comme on l’a vu, avaient obligation à Don Quichotte, tant par rapport à eux-mêmes, qu’à cause de leurs épouses, surtout le duc et la duchesse de Médoc, le comte de la Ribeyra, Eugénie son épouse et le comte du Chirou, qui tous lui devaient la vie, et les femmes leur honneur ; et comme la reconnaissance est le propre des bons cœurs, ils avaient résolu de faire paraître la leur dans toute son étendue, et de renvoyer notre héros chez lui dans un état à ne lui rien laisser à souhaiter pour la vie ; mais ils avaient résolu de lui faire recevoir leurs présents comme venant de la main d’un enchanteur, parce qu’ils étaient bien persuadés qu’il était trop généreux pour les accepter de main à main. […] Ceci fut encore une nouvelle matière de sermon, que le triste et fustigé Sancho écoutait avec plus de docilité qu’il n’avait fait de sa vie ; mais enfin son maître ayant cessé de parler, parce qu’il n’en pouvait plus de la gorge, Sancho reprit la parole et avoua qu’il avait tort d’avoir tenté Altisidore, qu’il savait bien qu’il suffisait pour perdre une fille de lui dire une fois qu’on l’aime, parce qu’après cela le diable le lui répète sans cesse ; et ma foi, Monsieur, poursuivit-il, toutes les filles et les femmes en sont là logées ; elles font toutes là-dessus les saintes mitouches ; mais les brebis du bon Dieu ont beau être gardées et comptées, le diable trouve toujours le secret d’en tondre quelqu’une s’il ne l’emporte pas tout à fait ; en un mot une étincelle fait un grand brasier, et fille qui jase avec un amant enfile la mère Gaudichon, comme un aveugle son oraison ; mais le jeu n’en vaut pas la chandelle, et s’il ne faut qu’un petit caillou pour faire verser une charrette, un fromage n’est pas longtemps entier quand on le laisse guigner au chat, et de nuit tous chats sont gris. — Tu seras toujours farci de proverbes, lui dit son maître. — Oh bien, reprit Sancho, je consens d’aller rôtir des châtaignes en enfer si j’ai jamais rien de commun avec aucune fille ni femme que la mienne, et je recevrai Altisidore en fille de bonne maison, si elle me vient davantage rompre la tête.

28. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVI. Pourquoi Sancho perdit ses armes enchantées, et du terrible combat qu’il eut à soutenir pour les recouvrer. »

Tenez, Monsieur, ajouta-t-il, c’est madame la duchesse qui m’attire tout ceci, car si je n’avais pas voulu tirer aussi bien que les autres pour lui faire plaisir, je n’aurais pas mis la main où je n’avais que faire ; oui mardi, c’est elle qui me cause tout ce beau ménage ; au diable les femmes, elles m’ont toujours porté guignon. Là-dessus il s’emporta contre les femmes d’une manière terrible, et fit rire toute la compagnie qui l’écoutait, et surtout la duchesse qui n’en perdit pas un mot ; il fit contre elle mille invectives, et les aurait continuées avec la doléance de ses armes perdues, si on ne fût pas venu frapper à sa porte.

29. (1713) Les illustres Françaises « Les Illustres Françaises. Histoires Véritables. »

Je viens, répondit Des Frans, de voir une femme fidèle, et d’assister à son mariage, qui s’est fait la nuit même de mon arrivée. […] Il est rare, reprit Des Ronais, d’en trouver parmi les femmes dans le siècle où nous vivons.

30. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVII. Suites agréables de la victoire remportée par le chevalier Sancho, et du projet que forma Don Quichotte pour le faire repentir de son indiscrétion. »

Les Français et les Espagnols qui s’étaient levés de meilleure heure qu’à leur ordinaire, ou plutôt qui n’avaient point du tout dormi la nuit, tant hommes que femmes, allèrent se reposer. […] Mort non de diable, dit Sancho en colère, ces moines se mêlent toujours de ce qui ne les regarde point ; s’ils disaient bien leur bréviaire le diable ne leur soufflerait pas tant aux oreilles, et j’ai toujours ouï dire, que pour faire une maison nette, il n’y faut souffrir ni moine ni pigeon, parce qu’ils fourrent leur nez partout, de sorte que rien n’est bien fait s’ils ne s’en mêlent ; et puis quand ils sont une fois ancrés quelque part, ce n’est plus que des ouï-dire, il a fait par-ci, il a dit par-là, et boute, et haïe, et tous les diables en un mot s’en mêlent. —  Cela ne te doit pas étonner, ami Sancho, lui dit Don Quichotte, ils sont seuls dans leur couvent nourris, comme dit le proverbe, comme des moines, sans affaires qui les embarrassent, et sans souci pour le lendemain. —  Ajoutez donc, Monsieur, interrompit Sancho, sans femmes qui les fassent enrager et sans enfants à nourrir. —  Comme tu voudras, reprit Don Quichotte, mais leur esprit voulant être occupé, ils sont presque forcés de l’employer au premier objet qui se présente à leur imagination. —  Et voilà justement ce qu’on ne devrait pas souffrir, dit Sancho, car ils ne doivent se mêler que de prier Dieu, et ne point tant s’embarrasser des affaires du monde, puisqu’ils y ont renoncé et qu’ils n’y sont nullement nécessaires, à ce que j’ai ouï dire par des docteurs de l’université d’Alcantara.

31. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIX. Repas magique. Apparition d’un nouvel enchanteur. Défi fait à Don Quichotte, et ce qui s’ensuivit. »

. —  Non, non, Madame, répondit Sancho, ils sont trop heureux pour avoir des femmes, et ont trop d’esprit pour en prendre ; celui dont je parle est fils d’une maîtresse, et ces femmes-là sont commodes, car on les change quand on veut. —  Je sais qui c’est, interrompit Don Quichotte avec tranquillité, c’est lui qui m’a emporté mon cabinet, où étaient les histoires de tout ce qu’il y a eu de chevaliers errants dans le monde ; mais que lui et son fils viennent quand ils voudront, je ne les crains ni l’un ni l’autre.

32. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVII. Des offres obligeantes que fit le duc d’Albuquerque aux dames françaises ; de la reconnaissance de Valerio et de Sainville, et de la conversation particulière que Don Quichotte eut avec Sancho. »

Toute la compagnie alla voir la marquise, Silvie et les malades ; ils trouvèrent la première auprès du lit de Sainville, où elle reçut les offres de service qu’on lui fit en femme de qualité, et les charma par son esprit et ses civilités.

33. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LXI. Comment Don Quichotte et Sancho sortirent du château pour s’en retourner chez eux ; de ce qui leur arriva sur la route. Mort de Don Quichotte ; et ce qui s’ensuivit. »

Par la gerni, s’écria-t-il, je sens que l’eau opère dans mon gigier ; je hais ma femme comme tous les diables, et si elle était ici présentement, je lui casserais les dents devant vous à coups de poing.

34. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVIII. Du combat de Don Quichotte contre Sancho, et quelle en fut la fin. »

Cid Ruy Gomez dit qu’ils y restèrent plus d’un quart d’heure ; que Don Quichotte enrageait de toute son âme, et que Sancho s’en prenait déjà à sa femme et à la comtesse.

35. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLI. Don Quichotte et Sancho s’arment pour aller combattre les brigands. Ces deux chevaliers font des actions de valeur inouïes. »

Qu’il lui avait tout promis pour éviter la mort présente ; mais que quatre jours après, plusieurs de ces bandits, qui étaient allés chercher des vivres, étaient revenus bien blessés, et qu’il avait appris d’eux, qu’ayant voulu attaquer un carrosse plein de femmes et l’amener, pour avoir les chevaux dont ils manquaient, ils s’étaient battus à deux reprises contre des Français, et un démon sous la figure d’un homme qui leur avait repris le carrosse, ôté Eugénie qu’ils tenaient encore, et tué huit de leurs camarades, et entre autres Don Pedre.

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