Elle la prit en tremblant, comme si elle avait fait une mauvaise action, et étant seule, elle la lut et y trouva ces paroles. […] Je ne demande point que vous vous confiiez à mes paroles, n’en croyez que mes actions. […] En effet il frémit à cette proposition, et lui refusa son consentement, et lui dit pourtant, qu’il ne la contraignait point, et qu’elle était maîtresse de ses actions. […] Je n’ai pas besoin, poursuivit Des Ronais, en s’interrompant lui-même, de vous faire réfléchir sur cette action. […] La princesse qui sortit dans ce moment de son cabinet, lui sut bon gré de son action.
Avant que de sortir tout à fait du château de Valerio, et finir les aventures de Don Quichotte et de Sancho, qui se terminèrent chez le duc de Médoc, il paraît à Ruy Gomez, qu’après avoir rendu compte des actions et des paroles de deux fous, il doit dire aussi ce que d’honnêtes gens qui avaient de l’esprit, avaient fait lorsque la santé des uns et la douleur des autres leur avait permis de se rejoindre ensemble, et de former une espèce de société. […] Les Espagnols prétendirent que ce peu de confiance, ou plutôt cette jalousie, était nécessairement fille de l’amour, et qu’il n’y avait qu’elle seule qui la fît naître ; qu’une preuve de cela est, que nous laissons faire avec indifférence tout ce que veulent faire des gens auxquels nous ne prenons nul intérêt, et qu’au contraire les gens que nous aimons ne font aucune action qui ne nous intéresse, et à laquelle nous ne prenions part en effet. Les Français convinrent encore de cela ; mais ils ajoutèrent que ce n’était pas par un motif d’indifférence, que les amants et les hommes mariés abandonnaient en France leurs maîtresses et leurs épouses à la garde de leur seule bonne foi, puisque toutes leurs actions les touchaient autant qu’elles pouvaient toucher les Espagnols ; mais que cela provenait encore du fond inépuisable d’estime qu’ils avaient pour elles, et de leur confiance en leur vertu, qui les empêchait de croire qu’elles pussent faire aucune démarche contre la fidélité qu’elles leur avaient jurée, ni même avoir la moindre pensée dont ils pussent tirer aucun sujet légitime de se plaindre.
Ils avaient résolu de te faire roi ; mais tes mœurs sont trop simples pour gouverner des hommes aussi corrompus qu’ils le sont à présent ; reste dans le premier endroit où tu te trouveras sur terre, et n’y pense qu’à te divertir, à te promener, et à te bien nourrir ; en un mot, vis dans un état tranquille, et abandonne pour toujours la Chevalerie errante, parce qu’elle te serait désormais infructueuse et déshonorable, et que tu verrais ternir l’éclat de tes grandes actions en périssant mal. […] Quoique tes grandes actions et tes glorieuses entreprises semblent te la devoir acquérir, elle ne peut cependant être à toi, pour les raisons qu’elle pourra t’en dire elle-même, afin que tu y ajoutes plus de foi. […] C’en est trop, dit-il en rendant le livre ; oui, belle Princesse, continua-t-il, c’en est trop, vous êtes libre de vos actions, et je vous encourage moi-même à soutenir votre vœu ; je n’ai rien fait pour vous que ce que tout autre que moi aurait pu faire, et sans doute plus heureusement et plus promptement ; je ne prétends avoir acquis aucun droit sur vous, ou j’y renonce pour vous rendre toute à vous-même.
Sa femme, bien loin de lui reprocher le peu d’estime qu’il faisait d’elle et de sa vertu, reçut sa déclaration comme une preuve de son amour, le remercia de l’avoir tirée de son inquiétude, et lui demanda le plus honnêtement du monde, si elle avait eu le malheur de lui donner par quelques-unes de ses actions quelque sujet de soupçon, lui protesta qu’elle n’avait jamais aimé que lui, et qu’elle sentait bien qu’elle n’en aimerait jamais d’autre ; mais que pour lui mettre tout à fait l’esprit en repos, elle allait prendre un autre train de vie. […] La mère qui n’avait rien dit, et qui connaissait le caractère de sa fille incapable d’une pareille action, y soupçonna quelque mystère. […] Je vous sacrifie tout, n’en croyez que mes actions et non pas mes paroles, dites-moi que vous voulez bien me suivre, et je vous mettrai entre les mains plus d’argent et de pierreries qu’il ne vous en faudra pour vous faire vivre ailleurs le reste de vos jours plus magnifiquement et plus heureusement que vous ne vivez ici. […] C’étaient là leurs entretiens et leurs conversations ordinaires, qui se terminaient par les promesses qu’il lui faisait de ne jamais lui rien témoigner ni par ses paroles ni par ses actions, qui pût alarmer sa vertu ni la choquer. […] C’est une folle, répondit Sotain, qui ne cherche qu’à éloigner d’elle tous ceux qui peuvent veiller sur ses actions ; mais elle n’y gagnera rien, et quand elle devrait mourir de chagrin, je veux que vous y restiez. — Ah !
La surprise que mon action lui avait causée, et une si grande chute l’avaient étourdi. […] Elle prit pourtant le dernier parti et c’est l’action la plus sincère qu’elle ait faite de sa vie. […] Cette action m’étonna, j’entrai chez elle dans le dessein de lui en demander la cause. […] La feinte colère qu’elle affecta après l’action, ne me parut ni trop forte ni trop modérée. […] L’action de désespoir que je faisais, dissipa toutes les frayeurs de Madame de Londé.
. — Il est vrai, répondit Don Quichotte, que j’ai été surpris que tu n’aies point soupé avec nous ; mais, Sancho, tu dois en avoir de la joie, puisque c’est signe qu’on respecte ici la vertu, et qu’on regarde les gens par leurs actions, et non pas par leur qualité. […] On m’a traité moi avec respect et comme un homme de conséquence, parce que j’en fais les actions, et on t’a traité toi comme un pilier de taverne, parce qu’on t’y a trouvé dans une posture indécente, qui ne mérite que du mépris.
Si Mademoiselle est maîtresse de ses actions, répliquai-je, elle sera religieuse comme vous, du moins si elle veut m’en croire. […] Que je prisse garde à mes actions plus que jamais, parce que les religieuses lui avaient écrit qu’il avait été un homme du monde la voir, qui avait tâché de la dégoûter du couvent. […] Elle m’avait répondu que c’était une action de charité, et s’était déchaînée d’une terrible manière contre les couvents. […] Il la baisa, et lui dit à l’oreille qu’il lui savait bon gré de son action, qu’elle allât hardiment, et qu’il saurait bien empêcher qu’on ne nous troublât. Elle vint d’un pas assuré et ferme, et l’agitation et la chaleur de l’action la faisaient paraître à tout le monde la plus belle personne qu’on eût jamais vue.
Nous condamnons les actions de notre prochain sans en connaître les motifs. […] Il semble que ces noirs n’ont que la figure humaine, qui les distingue de la brute, une bassesse d’âme dans toutes leurs actions que je ne puis exprimer. […] Cette action ne nous a point plu. […] Il est très brave de sa personne et s’est trouvé dans quantité d’actions, tant contre les Turcs que contre les Anglais et les Hollandais. […] Comme j’étais présent à l’action, ce verbal a été promptement fait : je l’ai signé comme témoin ; les deux pilotes ont fait la même chose.
Au lieu de se fâcher, il rit de mon action, vous n’avez fait que me prévenir, dit-il, j’en ai fait autant des autres. […] Valeran, lui dis-je avec mépris, je voudrais bien savoir de quelle autorité vous vous ingérez de censurer mes actions ? […] Madame Morin me fit prendre garde à cette action. […] Il est vrai qu’il est né gentilhomme ; mais ses actions dérogent à sa naissance. […] Vos pas ne seront point suivis ; vos actions ne seront point éclairées, et mille prétextes que l’occasion vous offrira, avanceront votre retour.
Presque tous les romans ne tendent qu’à faire voir par des fictions, que la vertu est toujours persécutée, mais qu’enfin elle triomphe de ses ennemis, en supposant néanmoins, comme eux, que la résistance que leurs héros ou leurs héroïnes apportent à la volonté de leurs parents, en faveur de leurs maîtresses ou de leurs amants, soit en effet une action de vertu. […] J’ai affecté la simple vérité ; si j’avais voulu, j’aurais embelli le tout par des aventures de commande ; mais je n’ai rien voulu dire qui ne fût vrai, et s’il y a quelque chose qui puisse paraître fabuleux, ce sera l’action de Dupuis qui se perce le corps dans la chambre de Madame de Londé ; cependant je n’ai pas dû la taire, puisqu’elle est vraie.
J’appelle cela une action de fripon et de faussaire. […] Les filles sauvages sont maîtresses de leurs corps et de leurs actions tant qu’elles sont filles. […] Je lui ai vu faire des actions qui certainement feraient honneur au procès-verbal de la vie d’un homme qu’on voudrait faire canoniser. […] Il faut que je dise ce qui arriva dans cette action au vaisseau Le Prince. […] Ce n’était point à vous de pénétrer mes desseins, c’était à vous d’approuver mes actions, et de croire que la raison était de mon côté.
Ces deux chevaliers font des actions de valeur inouïes. […] Le duc parla à l’autre avec tant de douceur, qu’il se laissa gagner aux promesses qu’il lui fit, et étant descendu, conduisit la troupe dans tous les endroits de la forêt où ils se retiraient ; on y en trouva huit dont il n’y en eut que deux qui se défendirent et qui se firent tuer, les six autres étant hors de combat par les blessures qu’ils avaient reçues, tant à l’assaut de la caverne, que par les actions où ils s’étaient trouvés contre Sainville et Deshayes.
Cette action qui fut remarquée, ne laissa plus douter que ce ne fût un homme de qualité. […] Ce sont eux pourtant, reprit Des Frans en soupirant, qui ont donné le mouvement à toutes les actions de ma vie, et qui m’ont fait regarder ma patrie comme mon enfer ?
M.d’Auberville, lieutenant de M. du Quesne, le commandait, & vient de faire une action aussi intrépide qu’on puisse en faire à la mer. […] Il serait à souhaiter pour M. d’Auberville d’avoir fait cette belle action à la vue d’une armée royale : elle serait bientôt récompensée. […] Cette action, qui passe pour être assez hardie, m’a attiré quelques compliments de M. du Quesne & du commandeur. […] Pour moi, je lui donne celui d’action vraiment héroïque & vraiment chrétienne. […] Ils répondront à Dieu de leurs actions, mais non de celles des jésuites, desquels ils peuvent ignorer les motifs.
Je consens qu’il en profite et renonce à toute propriété dessus, tant au principal qu’à l’accessoire ; mais le tribunal des enfers ne punit pas seulement les mauvaises actions, il punit aussi les mauvaises intentions. […] Cependant ce n’est pas là ce qui me chagrine le plus, puisqu’ici la volonté est punie aussi bien que l’action, et que Sancho en voulant déshonorer cette fille, l’a déshonorée en effet autant qu’il a pu et est autant coupable du crime que s’il l’avait commis, puisqu’il n’a pas dépendu de lui de le commettre : aussi cet article est-il marqué sur mon journal en lettres rouges ; mais ce ne sera qu’après sa mort qu’il en tiendra compte.
Il semble que ces noirs n’ont que la figure humaine qui les distingue de la bête, une férocité dans leurs actions qu’on ne peut exprimer. […] Je ne sais pour quel usage il y était, mais les Arabes n’ont pas trouvé cette action de leur goût. […] Monsieur d’Auberville lieutenant de Monsieur Du Quesne le commandait, et a fait là l’action la plus intrépide qu’on puisse jamais faire à la mer. […] On croyait que la fausse manœuvre qu’il avait faite à Madras avait été un effet du hasard, mais l’action de cette nuit la fait baptiser d’un autre nom. […] Je l’ai vu deux fois dans l’action, et je puis vous dire qu’il agissait avec autant de sang-froid et de tranquillité que s’il n’avait été simplement que spectateur d’un orage de coups de poing.
Crois-tu qu’il suffise à un homme d’avoir de l’esprit et de la science, et que ce soit la seule force jointe à la valeur qui doive régler toutes les actions de la vie ? […] Regarde la vie et les actions du chevalier Roland, tu y verras partout une égale bravoure et une pareille force ; mais vois la différence entre Roland le furieux et Roland le sage, avant que l’infidélité d’Angélique lui eût tourné la cervelle, ou après qu’Astolphe lui eut fait reprendre son bon sens renfermé dans une fiole, qu’il avait été quérir sur l’hippogriffe jusque dans le paradis terrestre.
Là-dessus, Madame, cette fourbe me rapporta mot pour mot la conversation que nous avions eue, Sainville et moi ; mais elle m’y attribuait des paroles et me faisait faire des actions qui ne me convenaient point : elle en fit un prétexte pour le mystère de la sortie par la chambre de la fille qui me sert. […] Il n’en est pas de même de ceux qui comme Deshayes et moi ont franchi les bornes de l’honneur et de l’innocence ; un crime leur en fait faire un autre, et l’intérêt réciproque qu’ils ont à se ménager fait qu’ils épousent aveuglément leurs passions mutuelles, et que toutes leurs mauvaises actions leur deviennent communes. […] Tout le conseil qu’elle me donna ce fut de n’avoir jamais de commerce avec Deshayes, et de ne rien dire de ses actions à personne, pas même à mes tantes, dont elle appréhendait l’indiscrétion.
. — Non, non, lui dit Minos, c’est Merlin lui-même ; mais c’est que ce qui vous paraît si grand sur terre est dépouillé de sa grandeur et de son éclat lorsqu’il entre dans le royaume des morts, où il est rendu égal à tous ceux qui dans le monde étaient ses inférieurs, parce qu’ici on n’a aucune exception de la grandeur mondaine, et qu’on ne regarde dans l’homme que l’homme seul et ses actions, et non pas ses titres fastueux, et cet éclat qui lui attirait sur terre le respect, l’admiration et la flatterie du reste des mortels ses semblables. […] Elle regarda pour lors Sancho ; mais par une action de modestie elle lui tourna le dos, et dit qu’un homme dans l’état où il était choquait sa pudeur.
Il avait pris prétexte de là de louer toutes ses bonnes qualités, et surtout son bon esprit, qui n’avait été gâté que par ses ridicules visions ; il s’était étendu sur sa probité et sur sa droiture, qui le faisait généralement estimer de tout le monde ; il avait poursuivi par le plaindre du ridicule où sa folie exposait un des plus honnêtes hommes d’Espagne, et sans faire semblant de vouloir taxer qui que ce soit, il avait fortement blâmé ceux qui l’entretenaient dans ses imaginations ; il avait fait entendre que c’était une action contraire à la charité de se divertir aux dépens d’un cerveau démonté, qu’on pouvait facilement remettre dans une assiette tranquille, en lui donnant du repos, au lieu d’entretenir et de fomenter ses égarements. […] Sancho qui n’en pouvait plus, et qui se repentait d’avoir voulu faire une mauvaise action, convenait par son silence que son maître avait raison, et contre son ordinaire n’osait ouvrir la bouche.
Elle voulut savoir en quoi ; car il est certain que lorsque nos actions sont innocentes, nous ne nous figurons jamais qu’elles soient soupçonnées. […] Il envoya chercher ce laquais, et lui ordonna devant moi de ne me pas plus quitter que mon ombre, et de l’instruire de toutes mes actions : et si tu y manques, lui dit-il, regarde-moi bien, tu verras un homme qui te fera pendre. […] Nous étions dans l’action, lorsque je me sentis embrasser par un homme. […] J’étais en effet touché de son récit et de ses actions, et je m’aperçois que vous l’êtes aussi, dit Dupuis à toute la compagnie, qui en effet avait les larmes aux yeux. […] Elle est contente de mes actions, c’est signe du moins que je ne suis pas inutile avec les dames.
Ses yeux, et assez souvent même ses actions me disaient qu’elle sentait pour moi ce que je sentais pour elle ; mais il y avait entre elle et moi tant de distance pour la fortune, que je n’osai profiter des occasions que j’avais de m’expliquer. […] Mes yeux, mes actions mon embarras auprès de vous, ont dû vous faire connaître que c’est vous-même qui m’avez inspiré des sentiments qui m’étaient inconnus avant que je vous eusse vue ; et ma bouche vous le dit pour la première fois. […] On se mit en cercle proche du lit de Madame Dupuis ; mais sa nièce et Madame de Contamine ayant fait signe à Des Frans qu’[elles] voulaient lui parler en particulier, il se retira avec elles dans un coin de la chambre, où ils se parlèrent fort bas, quoique avec beaucoup d’action.
Tu vois, ami Sancho, dit Don Quichotte, que les bonnes actions ne sont pas sans récompense. — Eh pardi, reprit Sancho, Parafaragaramus est bon homme, il aime à rire et à boire, et je l’aime à cause de cela.
Sa tante lui avoua que croyant bien faire, et ignorant les sujets qu’elle avait de fuir Deshayes, c’était elle qui l’avait averti du chemin qu’elle prenait, et qu’elle lui avait écrit pendant qu’elle parlait à l’abbesse du couvent où elle avait voulu entrer, qu’enfin elle lui avait écrit de Toulouse même qu’elles partaient pour Madrid ; mais qu’elle ne s’en repentait point, puisqu’en cela elle n’avait fait que lui procurer le moyen de faire une fin plus belle que celle que ses actions pouvaient lui attirer.
Il n’avait point été à la quête des bandits, ni par conséquent présent à aucune des actions qui s’y étaient passées, pour plusieurs raisons.
Pendant qu’il était occupé à cette belle action, Don Quichotte l’avait été à faire lier ceux qui étaient encore en état de défense, et tous deux n’ayant plus rien à faire, Sancho se ressouvint qu’il avait soif, et fit ressouvenir son maître de la même chose.
Lorsqu’ils y arrivèrent ils le trouvèrent éveillé, fort en peine de son épouse qu’il avait envoyé chercher de tous côtés : comme elle s’en était doutée, elle avait concerté sur le chemin avec le duc d’Albuquerque et Dorothée ce qu’ils lui diraient pour ne point le chagriner en lui racontant la mauvaise action de son frère, ce qui aurait encore nui à sa santé, et c’était pour tenir ce petit conseil qu’elle avait empêché le duc d’offrir une place dans son carrosse à la demoiselle française qui lui avait demandé sa protection, comme la civilité semblait le demander ; ainsi étant prêts à répondre, ils lui dirent qu’ils s’étaient amusés à voir le chevalier Sancho en sentinelle, et prêt d’en venir aux coups avec le faux Parafaragaramus.
Sainville fut étonné de cette action, et le prétendu valet de chambre en fut tout décontenancé.
Tout cela était soutenu par une gorge qui semblait faite au tour, potelée et charnue, la main très belle, le bras comme le col, la jambe bien faite, la démarche ferme et fière, et toutes ses actions et ses paroles animées ; mais remplies d’une certaine modestie naturelle qui m’enlevait : en un mot, c’est une beauté achevée. […] Pour moi j’étais en pouvoir de disposer de moi, ayant l’âge qu’il me fallait, et plus de parents à qui je dusse compte de mes actions. […] Cette action qui a scandalisé tout le monde, qui l’a sue, ne m’a point rebutée.
On examinait par des trous toutes les actions de nos aventuriers.
C’était la veille du départ de toute la compagnie du château de la Ribeyra ; et comme le curé du village des chevriers où Valerio avait été porté, venait prendre congé de lui et de la comtesse Eugénie, et qu’il était présent à tout ce que Don Quichotte avait dit, il ne put s’empêcher de l’approuver, et convint que le péché devant Dieu était en effet plus grand pour les hommes que pour les femmes, et en donna une raison qui parut très juste, savoir que rarement les femmes font les premières démarches ou avances d’une aventure, et qu’il est bien plus difficile de se défendre que d’attaquer ; au lieu que les hommes, qui attaquent toujours et ne se rebutent point par les refus, marquent un esprit diabolique, non seulement en offensant Dieu dans le cœur par un dessein constant et persévérant de l’offenser, mais aussi en poussant et en obligeant les autres de l’offenser avec eux ; ce qui était un péché prémédité, un péché raisonné, un péché d’action et de volonté, et par conséquent tellement atroce qu’il n’y avait que la miséricorde de Dieu qui pût le pardonner.
En effet il l’accorda de fort bonne grâce, et ce fut la dernière action de sa vie, comme nous le dirons en son lieu.