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2. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIII. Belle morale du seigneur Don Quichotte. »

Et si c’est là la raison pour laquelle ils ne veulent pas que leurs femmes aient commerce avec d’autres qu’avec eux, pourquoi font-ils leur possible pour avoir commerce avec d’autres femmes que les leurs ? […] Je ne comprends pas comment un homme qui a du bon sens et de la raison, et qui connaît les engagements où il est entré par le mariage, veut exiger de sa femme plus de fidélité qu’il n’en a pour elle. […] Il n’y a qui que ce soit qui ne soit sujet à être tenté, cela est même assez ordinaire ; mais quoiqu’il soit difficile, il n’est pas impossible de résister à la tentation et aux appétits désordonnés que peuvent donner une belle fille ou une belle femme qui vient s’offrir ; il faut appeler à son secours toute sa raison et l’idée de la dame de son cœur, et sans doute on en sortira à son honneur. […] Si cela est, par quelle raison prétendent-ils que l’aspect d’un homme ne fasse pas la même impression sur le cœur d’une femme ? […] A l’égard des théologiens et des philosophes qui soutiennent le contraire, je n’en dirai qu’un mot, c’est qu’ils étaient, et sont encore, hommes remplis d’amour propre : ainsi il n’y a pas à s’étonner que de leur autorité privée ils se soient donné la préférence ; mais la raison qu’ils ont eu de décider en leur faveur, n’est pas convaincante pour moi.

3. (1690) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 1)

La raison instruit ce laboureur qu’il fait mal s’il perd la saison. […] C’est Quintilien qui le dit, ce n’est pas moi, et je trouve qu’il a raison. […] Ce système est tellement éloigné de la raison qu’il en est absurde. […] J’ai demandé la raison de ce phénomène ; car je ne puis le nommer autrement. […] Les raisons qu’on m’en donne ne me satisfont point.

4. (1691) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 2)

Cela est absolument faux : en voici une raison, qui ne souffre point de contradictoire. […] Roi, mais par une raison toute contraire. […] En effet, j’aurais traité cette raison de vain scrupule : j’aurais pris sur moi le hasard du blâme & aurais espéré m’en bien tirer ; l’état pitoyable où sont tous les navires aurait été pour moi une raison suffisante. […] Est-ce là une opération de machine, d’instinct, de raison, ou de prudence ? […] Elle trouva qu’il avait raison, & consentit avec plaisir à tout.

5. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Jussy, et de Mademoiselle Fenouil. »

Les certificats que j’ai pris du jour de mon retour en France, ne vous surprendront plus, lorsque vous en saurez la raison, et vous feront connaître en même temps que toute l’espérance du bonheur de ma vie, n’est fondée que sur la fidélité d’une fille, ou plutôt d’une femme. […] Mon père était de barreau, mes frères et moi embrassâmes le même train de vie, les uns par inclination, les autres, dont j’étais du nombre, plutôt par nécessité que par aucune autre raison. […] Elle est toute aimable ; mais avant que de l’avoir vue, j’étais charmé par une autre que j’aime de toute ma tendresse ; mais ma raison s’oppose aux vœux de mon cœur, elle est d’un rang trop au-dessus de moi pour y prétendre. L’amour que j’ai pour elle est parvenu à l’excès, et ma raison me fait voir que n’ayant aucun bonheur à espérer de ce côté-là, je dois tâcher de l’oublier par toutes sortes de moyens. […] Elle ne goûta point mes raisons, et voulut absolument que je l’enlevasse.

6. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Terny, et de Mademoiselle de Bernay. »

J’en croirai là-dessus la raison, dit-elle. […] Mon cœur n’écoute que ses raisons, il vous justifie de sa propre autorité, et s’en tient à son jugement. […] Toute ma raison cède au désespoir où votre départ me jette ; je ne me connais plus ; quelle vie vais-je mener ! […] Je me rends à vos raisons. […] Elle triomphe toujours des obstacles qu’on lui oppose, quand elle a la vertu et la raison de son côté.

7. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Prez, et de Mademoiselle de l’Épine. »

Vous me donnez des raisons, lui dis-je, et vous me faites des questions surprenantes. […] Il avait raison dans le fond : mais la conséquence qu’il en tirait était toute autre. […] Il avait raison ; mais j’étais bien sûr qu’il ne la reconnaîtrait pas quand il la verrait. […] Vous avez raison, dit-elle, mais je ne puis me dispenser d’en informer ma mère, et je vous supplie d’y consentir. […] Mille raisons devaient m’empêcher de consentir à ce transport, je les leur dis ; je joignis les prières aux raisons.

8. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Dupuis, et de Madame de Londé. »

Ce fut là la principale raison qui me persuada. […] Ces raisons ne sont bonnes, repris-je, qu’avec les gens de l’autre monde. […] Cette demoiselle a raison, dis-je à la Delorme, je l’aime de cette humeur. […] Belle raison pour lui manquer de parole ! […] Ma raison me le dit, et la peur m’y pousse.

9. (1721) Mémoires

Plusieurs raisons l’engageait à les laisser faire. […] Cependant ce n’est point tout à fait la raison qui rendait les Jésuites tout puissants sous son règne ; la véritable raison et la plus pressante était, (le croira-t-on ?  […] C’était là leurs raisons apparentes, dans lesquelles M.  […] Louis goûta ces raisons. […] Il avait ses raisons pour n’en faire pas mettre le pavillon.

10. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVII. Du repas magnifique où se trouva Don Quichotte, et du beau et long discours qu’il y tint. »

Durandar et Montésinos qui étaient deux Bohèmes du capitaine Bracamont, et qui buvaient comme des éponges, eurent bientôt gâté le cerveau de Sancho, qui fut rempli d’autres vapeurs que de celle des camouflets, en leur faisant raison. […] Les lois simples et intelligibles étaient interprétées par des chevaliers l’épée au côté, qui suivaient toujours les voies que la raison et l’équité leur suggéraient. […] On ne savait ce que c’était que de banqueroute ni banqueroutiers, ou bien on les punissait plus sévèrement que les voleurs de grands chemins, contre qui tout le monde est en garde, par la raison que les voleurs ne violent point la bonne foi, puisqu’on se méfie d’eux, au lieu que les autres font servir ce puissant et premier lien de la société civile pour voler impunément des gens dont ils trahissent la confiance.

11. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Ronais, et de Mademoiselle Dupuis. »

Le change avantageux porte avec soi son excuse dans un cœur inconstant ; que de raisons contre moi ! […] Que de l’air dont elle me parlait, je voyais bien que son père avait raison de douter de son choix en ma faveur, et qu’apparemment elle se destinait au nouvel amant dont il m’avait parlé. […] Je ne vous donne rien, poursuivit-il, en vous donnant ma fille, elle est à vous par toutes sortes de raisons. […] Cette raison était faible, chacun savait ce qui en était, cependant je la pris pour bonne. […] C’est Monsieur de Terny qui s’est servi du nom et de l’adresse de son valet de chambre, pour des raisons que vous saurez.

12. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIX. De ce qui se passa chez le duc de Médoc après le départ de Dulcinée, et comment Sancho reçut sa femme que la duchesse fit venir au château. »

Il était entré chez nous sans que nous le sussions, et dans le fond, bonne conscience se moque de la médisance, s’il n’y a de la rime il y a de la raison. — Je le crois, dit la duchesse, vous me paraissez trop sage pour faire entrer votre amant dans votre chambre, mais vous ne sauriez empêcher le monde de parler. — Tenez, Madame, lui dit Sanchia, Nicolas est un animal qui y va tout à la bonne foi comme un âne qui pète ; il est maigre comme un pic et court comme un daiM.  […] Oui, Madame, lui répondit-il, vous avez raison ; mais vous savez pourquoi je l’ai fait, et avec tous vos beaux discours les hommes seraient heureux s’ils ressemblaient aux linottes, dont il n’y a que le mâle qui chante : car franchement vous me faites enrager en me traitant avec vos raisons comme si j’avais tort. […] Avec les gens sans raison n’est-il pas juste qu’un bâton tienne lieu de rhétorique ?

13. (1691) Journal du voyage des Indes orientales (à monsieur Raymond)

On demeure court à son tour, ou on me donne des raisons qui ne me satisfont point du tout. […] Il a raison, je l’aurais fait de même à sa place. […] On a raison pour le premier, mais la règle n’est pas générale pour le dernier. […] On a raison de dire que les vents sont ici fort variables et qu’on ne doit compter sur aucun qui soit certain. […] En voici la raison.

14. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVIII. Des tristes et agréables choses que Parafaragaramus apprit au chevalier de la Manche. »

Quoique tes grandes actions et tes glorieuses entreprises semblent te la devoir acquérir, elle ne peut cependant être à toi, pour les raisons qu’elle pourra t’en dire elle-même, afin que tu y ajoutes plus de foi. […] Notre curé a raison de dire que ce sont des trompeurs. […] Don Quichotte qui se souvenait de l’ordre qu’on lui avait donné accepta l’offre sur-le-champ, et excepta seulement une paire de flambeaux de vermeil qu’il voulait, disait-il, garder par des raisons qu’il lui dirait.

15. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre LI. Le jaloux trompé »

Elle ne visitait même que fort rarement son père et sa mère, qui plusieurs fois lui en demandèrent la raison, sans en pouvoir tirer d’autre que celles qu’elle donnait à tout le monde. […] Notre jaloux lui fit comprendre qu’il se fierait plus à elle qu’à tout autre ; mais il ne lui en disait pas la raison, qui était que sa femme ne pourrait pas se faire entendre à cette Italienne ; que celle-ci par conséquent ne pourrait pas non plus se laisser corrompre, et que n’y ayant que lui qui pût entendre sa langue, il pourrait en présence même de sa femme, lui donner tous les ordres qu’il voudrait, et celle-ci lui répondre sur tout ce qu’il lui demanderait sans que sa femme y pût rien comprendre. […] Sotain revint donc à son naturel ordinaire, et recommença à persécuter sa femme de plus belle, sans rime ni raison. […] Il expliqua sa volonté avec tant d’emportement, que la pauvre Célénie vit bien qu’il n’y avait rien à gagner pour elle, à moins que de lui dire la véritable raison qu’elle avait de la vouloir éloigner ; mais comme elle était toute étourdie de ses injures, et que la promptitude de son départ ne lui laissait pas le temps de se déterminer, elle ne lui découvrit point le mystère, et peut-être que quand elle l’aurait fait, la prévention de Sotain lui aurait bouché les yeux. […] Si vous ne le quittez pas pour l’amour de moi, quittez-le pour l’amour de vous ; l’usage autorise les séparations, et mille femmes de vertu se sont séparées de corps et de biens d’avec leurs maris pour des raisons mille fois plus légères que celles que vous pouvez alléguer.

16. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Contamine, et d’Angélique. »

Les raisons de ce fermier paraissaient bonnes, ainsi cette affaire ne put pas se terminer sitôt ; et pour en venir à bout, il était écrit dans le ciel qu’Angélique y prendrait part. […] Je ne vous dirai point que je suis prêt à vous épouser, c’est ce que vous ne me conseilleriez pas vous-même lorsque vous en saurez les raisons. […] J’approuve vos raisons pour ne me point épouser, approuvez les miennes pour ne vous voir jamais. […] J’ai rendu justice à vos raisons, les miennes ne sont-elles pas justes, et ne les approuvez-vous pas ? […] Et les raisons que j’avais de me ménager et de n’avoir aucune faiblesse, qui sans doute m’aurait coûté ma fortune en le dégoûtant de moi, ne doivent-elles pas persuader que je n’en ai point eu ?

17. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LX. De l’aventure qui arriva au malheureux Sancho peu de temps après qu’il fut hors de chez le duc de Médoc, et de plusieurs autres choses qui ne sont pas de grande importance. »

Il s’approcha de lui, et ne consultant que la raison : Il faut, lui dit-il, que vous soyez fou pour pleurer comme vous faites. […] Ils les tiennent éloignées, et ma foi ils ont raison, car elles ne sont bonnes qu’à… Dieu m’entend bien.

18. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « ChapitreLII. Le mari prudent »

Il se rendit ou plutôt feignit de se rendre à ses raisons ; il eut même la prudence de le prier de ne point parler à Silvie de ce qu’il lui avait dit, et cependant continua d’examiner et de faire examiner ses actions, et le hasard lui en fit connaître plus que ses soins n’auraient découvert. […] Il ne lui parla nullement de la chambre, ayant ses raisons pour se taire sur cet article ; mais du reste il la mit dans l’impossibilité de rien nier. […] Vous avez raison de croire que le vôtre y était intéressé ; mais que ce soit à lui que je doive le mien, je vous promets de n’être point ingrat de votre discrétion.

19. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre L. Dissertation sur la différente manière d’aimer des Espagnols et des Français. »

Ils dirent qu’il était vrai qu’on ne voyait point de Français s’empoisonner, se poignarder, ou se pendre, pour avoir eu le malheur de n’avoir pas épousé une vestale, et que sauf le respect de tous les Espagnols en général, et des Portugais en particulier, ils regardaient comme des fous ceux qui étaient assez sots et assez malheureux pour en venir à ces extrémités ; que la manière de France sur un pareil sujet était sans doute plus raisonnable, puisque c’est être en effet extravagant, que de se punir des péchés d’autrui, et qu’à le bien prendre la mauvaise conduite d’une femme ne devait être imputée au mari qu’autant qu’il la souffrait sans y mettre ordre lorsqu’il le devait et autant qu’il le pouvait ; que du reste un homme n’en devait pas être regardé comme moins honnête, quoiqu’il eût une femme libertine, pourvu qu’il eût fait en homme d’honneur ce qu’il devait pour la ranger à la raison, pour sauver les apparences, et pour éviter l’éclat et le scandale, dont tout ce contrecoup et la honte retombait sur lui, lorsqu’il faisait le moindre faux pas. Pour montrer la différence qu’il y a entre ces divers procédés de gens qui ont des épouses infidèles, dit Sainville, et qu’il y en a qui sont plaints par le public, ou dont on ne parle seulement pas, et d’autres moqués et raillés avec juste raison, pour faire voir en même temps que ce point d’honneur qu’on y attache dépend beaucoup plus de la conduite du mari que de celle de la femme, quoique ce soit elle qui fasse le crime, pour montrer que ce ne sont pas ceux qui examinent la conduite de leurs épouses avec le plus de vigilance qui sont le plus à couvert de leur infidélité, et que c’est cette conduite qui les y pousse, je crois qu’il est à propos que chacun de nous raconte quelque aventure qu’il sache certainement être arrivée de notre temps en France même, afin de ne point mêler d’histoires étrangères dans nos entretiens ; et pour cet effet, je vais, poursuivit-il, en conter une qui montrera que les précautions d’un jaloux donnent déjà de lui un sujet de risée, qui est encore augmenté lorsqu’il a affaire à des gens qui ont l’esprit de les rendre inutiles, et de les tourner contre lui-même, et qui prouvera en même temps, que la jalousie est en effet un poison mortel pour ceux qui s’y abandonnent.

20. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVI. Suite de l’histoire de Silvie et de Sainville. »

Vous avez eu raison de me dire qu’il n’y a point de plaisir plus sensible dans le monde, que celui que goûtent deux cœurs unis. […] Je lui appris que mon mari n’était point à Paris, et lui dis en même temps qu’il me l’avait recommandée. —  Il a eu tort, dit-elle, de craindre ma langue, mais il a eu raison de me recommander à vous, puisqu’en effet mes intérêts sont les siens. […] Mes tantes qui ne savent point les raisons de l’obstination de ma mère ni de la mienne, s’en étonnent, et si je puis le dire, le public en est surpris. […] La marquise ne dit rien à Sainville de ce qu’elle voulait faire ; mais sitôt qu’elle fut à Paris, elle écrivit à sa sœur", et la pria d’avertir une dame qui lui rendrait une lettre de sa part, que l’asile qu’elle lui avait promis auprès d’elle, n’était pas sûr par les raisons qu’elle lui manda.

21. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLV. Pourquoi la maîtresse d’une hôtellerie voisine du château venait souvent demander des nouvelles de Sainville et de Silvie. »

Du Chirou, après quelque temps d’incertitude, se mit à la raison, et se résolut à partir pour la France sitôt que ses forces seraient revenues. […] L’agréable Provençale trouva ses raisons assez bonnes pour s’y rendre, et lui assura sincèrement qu’il ne lui serait pas indifférent pourvu qu’il persévérât.

22. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLI. Don Quichotte et Sancho s’arment pour aller combattre les brigands. Ces deux chevaliers font des actions de valeur inouïes. »

Au reste nous avons des raisons pour sortir comme nous sommes ; mais ce n’est point pour fuir ni pour éviter d’en venir aux mains. —  Eh ! qui sont-elles ces raisons ?

23. (1713) Les illustres Françaises « Les Illustres Françaises. Histoires Véritables. »

Vous avez raison, interrompit Des Ronais tout étonné, de dire que le mystère dont vous me parlez me passe. […] J’ai voulu cent fois vous désabuser, poursuivit-il ; mais vous êtes tellement prévenu que vous n’avez jamais voulu m’écouter, non plus que d’autres que moi ; peut-être écouterez-vous mieux Monsieur Des Frans ; et la première fois que nous serons seuls, ou qu’il se donnera la peine d’aller voir ma cousine, comme elle m’a chargé de l’en prier, on le priera de tâcher de vous faire entendre raison.

24. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVI. De ce qui suivit le désenchantement de Dulcinée. »

. — Il a raison, interrompit Minos, nous avons eu tort d’imposer au seul Sancho une punition qui doit être commune à sa femme et à lui, puisqu’il n’a eu sa mauvaise intention que pour enrichir sa mauricaude : ainsi il faut réformer notre arrêt et trouver deux différentes pénitences qui conviennent à l’un et à l’autre. […] Après cela il arrêta un moment, et Sancho qui croyait en être quitte prit ce temps-là pour dire à son maître, que les juges d’enfer ne sont pas si diables qu’on le dit, puisqu’ils entendent raison.

25. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIX. Repas magique. Apparition d’un nouvel enchanteur. Défi fait à Don Quichotte, et ce qui s’ensuivit. »

Sancho ne sachant à la fin comment accorder cet enchantement de Dulcinée avec ce qu’il avait fait, se figura que c’était lui-même qui s’était trompé, et que Dulcinée était véritablement enchantée ; et la plus forte raison qu’il avait pour le croire, était que Parafaragaramus était trop honnête enchanteur pour lui en avoir parlé à lui-même si ce n’avait pas été une vérité. […] Je n’ai pas songé à vous expliquer cet article, Seigneur chevalier Sancho, lui dit Eugénie, quoique mon bon ami me l’eût pourtant ordonné ; c’est que vos armes ne pourront pas être enchantées quand vous voudrez les employer contre un chevalier comme vous, mais un méchant enchanteur peut les enchanter de peur que vous ne vous en serviez contre lui ; ainsi, Seigneur chevalier, ajouta-t-elle, parlant à Don Quichotte, qui avait écouté la demande de Sancho, c’est encore une raison qui vous doit empêcher de vouloir combattre vous-même le méchant Freston.

26. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LV. Don Quichotte et Sancho vont à la caverne de Montésinos. Ce qu’ils y virent, et comment se fit le désenchantement de Dulcinée. »

Notre chevalier se rendit à ces raisons, parce qu’en effet la mort remet au même niveau ceux que la naissance ou la fortune avaient distingués. […] Il ne jeta pourtant pas un cri, par la raison qu’outre la bourse qui était à terre et qu’il regardait comme la fin de ses travaux, il voyait de ses yeux l’enchantement de Dulcinée se dissiper peu à peu.

27. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIV. Départ de la compagnie. Comment Sancho fit taire le curé. Aventures diverses arrivées à cet infortuné chevalier. »

Tenez, poursuivit-il, je ne suis pas plus savant qu’un novice augustin ; mais ne réveillons point le chat qui dort ; les gens maigres comme des clous à crochet, n’entrent pas plus tôt dans le paradis que les autres, et je le sais de certitude ; car tous les chanoines que je connais, gens remplis de doctrine et de sagesse, sont pourtant tous gras à lard, les moines tout de même ; témoin le proverbe, il est gras comme un moine ; et ils ont raison puisque le paradis est un lieu de plaisir, où l’on ne doit voir que des visages contents, riants et fleuris, et non pas des faces décharnées et maigres, qui par leurs figures hideuses inspireraient de la tristesse aux autres. […] Sancho qui n’en pouvait plus, et qui se repentait d’avoir voulu faire une mauvaise action, convenait par son silence que son maître avait raison, et contre son ordinaire n’osait ouvrir la bouche.

28. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIV. Ce qui se passa dans le château après cette expédition. »

En effet cette bonne nouvelle pensa lui faire perdre le peu de raison qui lui restait ; mais la tranquillité et le repos dont il jouissait dans son lit, lui aidèrent à calmer ses transports ; et comme sa mâchoire se raccommoda, et qu’il buvait et mangeait tout son saoul, il se releva avec un embonpoint qui ne cédait en rien à celui où on l’avait vu auparavant ; il ne faut cependant pas le lui envier, car il en aura besoin pour soutenir les rudes assauts que les ducs, le comte, leurs épouses, les Français et les Françaises lui préparent.

29. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVII. Des offres obligeantes que fit le duc d’Albuquerque aux dames françaises ; de la reconnaissance de Valerio et de Sainville, et de la conversation particulière que Don Quichotte eut avec Sancho. »

—  Vous avez raison, Madame, lui répondit Don Quichotte, je ne dois point avoir d’autre volonté que la vôtre.

30. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIII. De l’accident qui arriva au chevalier Sancho, en tirant une arme à feu. Remède pire que le mal. »

Il n’avait point été à la quête des bandits, ni par conséquent présent à aucune des actions qui s’y étaient passées, pour plusieurs raisons.

31. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVIII. Du combat de Don Quichotte contre Sancho, et quelle en fut la fin. »

. —  Chevalier, lui repartit le brave Sancho, vous n’êtes assurément qu’un gavache, avec vos injures ; car mon maître qui jase comme un prédicateur, et qui est aussi savant qu’un pape, m’a dit que les injures sont les meilleures raisons des gens qui n’en ont point et des lâches.

32. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVII. Suites agréables de la victoire remportée par le chevalier Sancho, et du projet que forma Don Quichotte pour le faire repentir de son indiscrétion. »

Sancho passa encore toute la journée dans son lit où il but et mangea à son ordinaire, c’est-à-dire qu’il pensa se crever, en faisant raison le verre à la main à tous les gens du duc et du comte qui étaient venus le voir pendant la journée, si bien qu’il avait terriblement les dents mêlées le soir que toute la société vint le voir pour apprendre des nouvelles de sa santé.

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