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2. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Frans et de Silvie. »

Je le satisfis même le premier, espérant par là l’obliger à s’en aller. […] Obligez une fois le monde à parler de vous en bons termes. […] Elle vous est bien obligée, Monsieur, repris-je. […] Cela m’était commode, pouvant entrer à toute heure de nuit sans être obligé de frapper. […] Ma fureur prit une force nouvelle, et alla si loin qu’on fut obligé de me lier.

3. (1721) Mémoires

Il comptait de s’y réfugier en cas que la France l’obligeât de sortir de chez elle. […] Mais ils étaient obligés de rapporter les grains en espèces et sans déchet. […] Colbert fut obligé de le vouloir aussi. […] Mons[ieu] r Picon fut obligé d’essuyer une rude réprimande que M.  […] En effet, les fermiers du prince furent condamnés, obligés de déguerpir, et par conséquent le prince obligé de donner à ses fermiers une indemnité qui les dédommageât de leur non-jouissance.

4. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Dupuis, et de Madame de Londé. »

Il nous obligea de donner à ce garçon de quoi se faire guérir de sa fièvre, et de quoi l’obliger au secret. […] La chaleur qu’il faisait l’avait obligée d’ôter son loup. […] Que c’était la seule cause qui m’obligeait de manger ailleurs. […] Il faut vous dire ce qui l’obligea de se défier d’elle-même. […] Je fis même plus, puisque je l’obligeai de lui promettre le secret.

5. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre LI. Le jaloux trompé »

Comme il ne voulut pas le croire, on fut obligé de le porter auprès d’elle, il l’accabla d’embrassements, et se laissa panser sans peine. […] Cette femme, pour éviter les malheurs que la fureur d’un fou lui faisait prévoir, fut obligée de faire malgré elle les démarches qu’il en exigeait. […] A quelques jours de là son mari étant obligé d’aller dans une ville à cinq lieues de chez lui, elle lui persuada d’y mener avec lui son gendre, puisque c’était une affaire de famille qui lui était commune avec eux. […] Ce fut encore un effet de la jalousie de Sotain, qui maltraita cette femme assez pour l’obliger de s’en plaindre. […] Sotain fut obligé de s’éloigner de chez lui, et de faire un voyage de quinze jours ou trois semaines.

6. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Prez, et de Mademoiselle de l’Épine. »

Les demoiselles seules furent exemptes de l’amende, que les hommes s’obligèrent de payer en cas qu’ils manquassent. […] Ma lettre fut lue publiquement, et on l’obligea de garder la montre qu’elle avait voulu me rendre. […] Que nous étions obligés de suivre ses paroles à la lettre beaucoup plus que les autres gens mariés. […] Vous savez à quoi une honnête femme est obligée, mais outre la fidélité et l’obéissance, vous êtes en votre particulier obligée à mille autres devoirs qui n’engagent point les autres. […] L’exempt s’en est ressenti, il a été obligé de quitter la France.

7. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Ronais, et de Mademoiselle Dupuis. »

Elle devint tout d’un coup retirée ; elle s’exila des compagnies, et ceux qui voulurent la voir, furent obligés d’aller chez sa mère. […] Que pour l’âge de sa fille, il n’était pas assez avancé pour l’obliger à rien précipiter. […] Je suis fâché de m’expliquer si ouvertement, mais l’injustice que vous me faites m’y oblige. […] Ils ont marié cette fille à un homme de province, et Dupuis qui lui fit un présent de noce, m’obligea de contribuer à sa dot. […] J’ai voulu lui donner de la jalousie pour l’obliger d’en venir aux explications, j’ai perdu mon temps.

8. (1691) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 2)

Les Anglais n’ont pas mieux été traités à Siam que les Français, & ont été comme ceux-ci obligés de tout quitter. […] Il n’en est pas ainsi d’elle ; qui, à moins que de vouloir perdre sa réputation, est obligée de se brûler dans le même feu qui consume le cadavre. […] Le vent nous a tellement ballottés toute la nuit que nous avons été obligés de rester ce matin deux heures & demie à la cape pour attendre les autres. […] Il obligeait ces sujets du Mogol de lui montrer leur or, leur argent & leurs marchandises. […] Son malheur voulut qu’il fut obligé d’aller en Normandie, où il avait une très belle terre.

9. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Jussy, et de Mademoiselle Fenouil. »

Nous arrivâmes au Bourg-la-Reine à sept heures du matin, je voulais venir à Paris ; mais pour m’obliger à rester, il me conta ses aventures en ces termes, ou autres équivalents. […] N’ayant rien de prêt, nous fûmes obligés de prendre la première commodité que nous trouvâmes ; et nous allâmes avec assez de bonheur jusqu’à dix-sept lieues de Paris, où nous fûmes arrêtés le matin du troisième jour de notre départ. […] Le procureur du Roi lui-même, qui avait donné ses conclusions cachetées, dit avec une intégrité de véritable magistrat, que le devoir de sa charge l’avait obligé de pencher vers la sévérité, mais que les circonstances qu’il venait de voir, l’obligeaient à réformer ses conclusions trop rudes ; et il conclut plus favorablement pour moi. […] Elle a été obligée, pour n’être plus importunée de ce côté-là, de déclarer tout haut, qu’elle ne se marierait jamais, et vivrait à son particulier. […] J’obligeai les gens de l’ambassadeur d’écrire à mes parents que j’étais mort.

10. (1691) Journal du voyage des Indes orientales (à monsieur Raymond)

Nous allions vent arrière, et pour attendre les autres nous étions obligés de ne porter que nos quatre grandes voiles. […] On ne trouve rien dans les cabarets, et on est obligé d’envoyer ailleurs chercher ce qu’on mange ; je ne dis pas ce qu’on veut manger, mais ce qu’on peut trouver. […] Ils ont été obligés de l’abandonner avec cinquante pièces de canon. […] Les princes de ce pays-ci obligent assez souvent les Européens de faire des dépenses excessives quoique ridicules et inutiles, mais dont on ne peut pas se dispenser quand ce ne serait que l’honneur de la nation qui y oblige. […] C’est que les Gentils, d’abord qu’ils sont mariés avant que de toucher à leurs femmes les obligent d’aller sacrifier leur virginité aux idoles des pagodes.

11. (1690) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 1)

Hurtain et à moi, qu’Albus voulait obliger les vaisseaux armés par la Compagnie à jeter leur pain, ou à le lui vendre à son prix. […] Albus, n’ayant point de raison valable de refus, fut obligé, en présence de l’intendant, d’en tirer sur moi dix milliers. […] Des Clouzeaux de m’obliger à corriger moi-même ce refus de civilité, en refaisant le reçu. […] Nous étions du côté du Rocher, et il demeure de celui de Recouvrance : ainsi, nous fûmes obligés d’entrer dans un cabaret, où MM. […] Il s’est levé, et le commissaire a obligé M.

12. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVIII. Des tristes et agréables choses que Parafaragaramus apprit au chevalier de la Manche. »

Parafaragaramus prit un siège le premier, et les obligea de s’asseoir. […] Pour son maître, comme il était extrêmement sobre, et qu’il ne buvait qu’en honnête homme, Dulcinée y perdit sa peine, et on fut obligé de mêler dans ce qu’il mangeait et dans son verre des compositions assoupissantes. […] Son écuyer l’obligea ensuite de faire la revue du présent qu’on lui avait fait, qu’il trouva d’une magnificence qui le surprit, aussi était-il effectivement très riche et digne des Espagnols et des Français qui le faisaient en commun, et qui s’étaient cotisés pour cela les uns et les autres. […] Il voulut de plus obliger les officiers du duc de recevoir de lui quelques présents ; mais comme ils avaient des ordres contraires ils le remercièrent, et pour l’empêcher de les en presser davantage, le duc fut obligé de lui dire, que le premier qui prendrait de lui la moindre chose ne resterait pas une heure à son service.

13. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVI. Suite de l’histoire de Silvie et de Sainville. »

Cette femme était la baronne de… dont l’histoire a depuis peu fait trop de bruit dans le monde pour être ignorée de vous ; mais il n’est pas encore temps de vous dire la part que je fus obligée de prendre dans une des dernières aventures de sa vie. […] Cette morale et ce préambule, que je n’attendais pas d’une femme qui ne passait ni pour pédagogue, ni pour un exemple de vertu, m’obligèrent à lui donner toute l’attention dont j’étais capable dans la surprise où j’étais. […] Il n’est plus temps de feindre, Madame, répliqua-t-elle ; il n’est pas nécessaire que vous sachiez ce qui me retient ici ; mais vous allez savoir autre chose que la crainte de la mort m’oblige de vous dire, et qu’il est de votre intérêt de savoir. […] Cette nouvelle, continua-t-elle, obligea la marquise de partir la nuit même avec Sainville, pour aller à Saint-Germain où était la Cour. […] On nous avait dit que nous n’avions que pour quatre bonnes heures de chemin, et que nos chevaux les feraient bien sans repaître ; mais à deux lieues d’ici, nous avons trouvé des bandits qui ont obligé notre cocher et notre postillon de se détourner et d’entrer dans la forêt.

14. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Terny, et de Mademoiselle de Bernay. »

N’envoyez ici que des laquais bien instruits, et toujours une lettre dévote, parce que je suis obligée de les faire voir à la Supérieure. […] Effectivement, poursuivit-il, les pères et les mères exposent terriblement la vertu de leurs enfants, lorsqu’ils les obligent d’embrasser une vie renfermée sans aucune vocation ! […] Mais si l’on en vient jusques au point de m’obliger à renoncer tout à fait à vous, adieu le déguisement, je reviendrai moi-même. […] Il avait promis à la communauté de la faire bienfaitrice, si on pouvait l’obliger à se faire religieuse. […] Vos infidélités ont assez fait de bruit pour vous obliger à ne pas convenir qu’on ne saurait donner trop de louanges à la constance.

15. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVII. Du repas magnifique où se trouva Don Quichotte, et du beau et long discours qu’il y tint. »

Durandar et Balerme, qui étaient des Bohémiens, dansèrent une sarabande ancienne au son de toutes sortes d’instruments, comme aussi Montésinos et les filles de Balerme, qui obligèrent Don Quichotte d’en faire autant. […] Les arts étaient en vogue et en honneur ; l’ouvrier s’occupait et vivait du travail de ses mains, et on n’était point obligé d’acheter à prix d’argent la liberté de gagner sa vie ; les meilleurs ouvriers travaillaient le plus, parce qu’ils étaient les plus recherchés ; mais les autres n’étaient point obligés de travailler en cachette, ou de mendier leur pain.

16. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXV. Du tour ridicule et malin que fit Parafaragaramus au chevalier Sancho, et des événements tristes qui le suivirent. »

Il perça la table, et avec des cordes qu’il passa dans les trous il attacha les bras et le corps de Sancho ; en un mot il le mit comme dans un travail où il ne pouvait se donner le moindre mouvement ; il lui attacha aussi les pieds ; et ne croyant pas qu’il y eût personne dans l’hôtellerie à qui il dût du respect, ni avec qui il fût obligé de garder des mesures, il retira le siège sur lequel Sancho était assis, et lui mit à l’air le même endroit où il avait reçu les dragées ; et il faut observer que le chevalier tournait directement le dos à la porte de la chambre : il ne s’était point encore éveillé ; mais la posture contrainte où il était, ne portant que sur ses cordes, dissipa bientôt son sommeil. […] Et ayant appris que ces dames et le gentillhomme dont il était question, avaient été attaqués le matin dans la forêt par des voleurs, Eugénie qui ne douta point que ce ne fût encore un coup de son beau-frère, comme en effet c’en était un, se crut obligée de lui offrir un asile dans son château, tant pour elle que pour sa compagnie ; ce que la Française ayant accepté, alla prendre ses dames, qui étaient la marquise, Silvie, et sa tante, et le blessé qui était Sainville ; et tous quatre s’étant mis dans le carrosse qui les avait amenés, et la damoiselle qui avait parlé, et deux filles de chambre étant montées en croupe derrière des cavaliers, ils suivirent le duc d’Albuquerque qui prenait le chemin du château de Valerio. Comme ils sortaient de l’hôtellerie, on y apportait un homme mourant que Silvie n’eut pas plutôt regardé qu’elle fit un grand cri qui obligea le duc d’Albuquerque à faire arrêter.

17. (1713) Les illustres Françaises « Les Illustres Françaises. Histoires Véritables. »

La crainte qu’ils eurent du danger qu’il courait, les obligea de lui offrir place. […] Je ne refuse point vos offres, reprit Des Frans : ce qui m’y aurait pu obliger eût été la crainte de vous incommoder ; mais puisque vous m’assurez qu’il n’en sera rien, je reprends volontiers les anciens errements de notre amitié, et j’agirai avec vous sans façon. C’est m’obliger, reprit Des Ronais, et vous ne me feriez pas plaisir d’en user autrement.

18. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVI. De ce qui suivit le désenchantement de Dulcinée. »

Te souviens-tu bien que tu voulais empêcher ton maître d’aller chercher ce jeune homme, parce que tu craignais d’être obligé de lui rendre son argent ? […] Sancho fut rassuré par un si beau plaidoyer, et voulut y ajouter quelque chose du sien ; mais Plutus ayant demandé, comme les avocats font au barreau, un mot de réplique, et l’ayant obtenu, Sancho fut obligé de se taire. […] Dulcinée qui était à côté de Don Quichotte, supplia Pluton et les autres de la dispenser d’être l’exécutrice de leur arrêt, et à sa prière l’exécution en fut commise aux douze filles de Balerme, qui voulurent aussi s’en défendre, mais on les y obligea sous peine de rester enchantées.

19. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVIII. De l’arrivée du duc de Médoc, et de la mort touchante de Deshayes. »

Il dit qu’il mourrait content s’il pouvait embrasser Sainville, et le demanda avec tant d’empressement, qu’on fut obligé de le faire apporter. […] Le duc d’Albuquerque assura la marquise qu’elle n’avait rien à craindre pour la vie de son époux, le Conseil d’Espagne ayant trop de lenteur pour décider rien sur une première lettre, et sans avoir fait des informations exactes, surtout s’agissant d’un homme de qualité, avoué de son roi ; et qu’avant qu’on pût en rien résoudre, il se faisait fort que le duc de Médoc écrirait en sa faveur au marquis de Pécaire, vice-roi de Naples, son beau-frère ; qu’il l’attendait le jour même, et que ce serait par là qu’il l’obligerait de commencer aussitôt qu’il serait arrivé, et que dans le moment on ferait partir un courrier pour Naples.

20. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIII. De l’accident qui arriva au chevalier Sancho, en tirant une arme à feu. Remède pire que le mal. »

La belle Dorothée son épouse n’avait pu souffrir qu’il s’éloignât, et Eugénie avec les Françaises qui s’étaient jointes à elle, l’avaient prié avec tant d’instance de rester dans le château pour mettre ordre à tout en la place de Valerio, qui n’était point en état d’agir, qu’il n’avait pu se dispenser de demeurer, outre que d’ailleurs il n’était point véritablement homme de guerre, joint à cela que le duc de Médoc lui-même l’en ayant prié, il avait été obligé de céder à tant d’importunités. […] Il leur avait à tous refusé cette complaisance en leur faisant comprendre que l’entière exécution du dessein et sa réussite dépendaient uniquement de la diligence ; parce que si on donnait le temps à quelqu’un de ces scélérats de s’échapper ou de s’éloigner, il serait après leur fuite impossible de sauver la réputation de Don Pedre et celle d’Octavio, et par conséquent celle de Valerio ; ce qui était vrai ; ainsi il leur avait si résolument dit qu’il voulait que l’affaire fût terminée dès le lendemain par lui-même, qu’on avait été obligé de le laisser faire comme il voulut, et d’une manière dont il est sorti à son honneur, avec l’aide de nos deux chevaliers.

21. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « ChapitreLII. Le mari prudent »

Il ne l’aurait cependant pas obligée à l’accepter, si elle lui eût déclaré qu’elle ne pouvait vivre heureuse qu’avec Verville ; mais outre la pudeur qui s’opposait à une telle déclaration, elle craignit que son père n’approuvât pas d’autres vues que les siennes. […] Silvie apprit sa maladie avec une douleur d’autant plus violente qu’elle fut obligée de la cacher. […] Le beau-père les obligea peu de temps après à venir demeurer avec lui, tant pour avoir la consolation de les voir, que pour être toujours à portée d’examiner les actions de sa fille.

22. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIX. De ce qui se passa chez le duc de Médoc après le départ de Dulcinée, et comment Sancho reçut sa femme que la duchesse fit venir au château. »

On s’y opposa, et on se contenta de l’obliger d’écrire à sa femme de venir et d’amener sa fille. […] Le lendemain le courrier revint, et rapporta que ceux qu’il était allé quérir allaient arriver, excepté la fille et la femme de Sancho qui ne viendraient que deux jours après, parce qu’elles étaient obligées d’aller auparavant à trois lieues de là. […] Ils en étaient là, lorsque la compagnie, qui n’avait pas jugé à propos que la première scène d’entre Sancho et sa femme se passât dans le château, obligèrent insensiblement Thérèse à l’aller chercher, et le firent avertir lui qu’elle était arrivée.

23. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLV. Pourquoi la maîtresse d’une hôtellerie voisine du château venait souvent demander des nouvelles de Sainville et de Silvie. »

Elle avait de lui tout le soin possible, et voyant que sa santé bien loin de se rétablir s’affaiblissait de jour en jour, elle craignit que ce ne fût la faute du chirurgien qui le pansait, ce qui l’obligea de prier celui qui avait soin de Valerio et de Sainville de venir le voir, et de vouloir bien en entreprendre la cure. […] Cela étant, la belle La Bastide, lui dit l’hôtesse, ce n’est point à vous à révéler ce mystère à Sainville, et vous ne devez traiter le comte du Chirou que comme un simple valet de chambre tant qu’il voudra ne paraître à vos yeux que sur ce pied-là ; mais s’il veut se déclarer, il sera temps alors de le traiter d’une autre manière, et cependant faire en sorte que Sainville s’en dégoûte peu à peu, et l’obliger à le congédier avant qu’il ait eu le temps de s’expliquer.

24. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLI. Don Quichotte et Sancho s’arment pour aller combattre les brigands. Ces deux chevaliers font des actions de valeur inouïes. »

En disant cela il s’assit sur l’herbe, et obligea Don Quichotte d’en faire autant. […] Il le mit promptement dans sa poche sans le montrer à personne, crainte d’être obligé de partager son butin.

25. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIX. Repas magique. Apparition d’un nouvel enchanteur. Défi fait à Don Quichotte, et ce qui s’ensuivit. »

En même temps il voulut monter à cheval, et obliger Sancho à se désarmer ; mais le spectre lui dit qu’il était indigne à un chevalier de se servir des armes d’autrui, et de n’avoir pas toujours les siennes sur le dos ; et laissant là Don Quichotte, il demanda à Sancho s’il voulait en attendant que le chevalier des Lions fût en état de lui donner satisfaction, s’éprouver seul à seul contre lui. […] Elle poursuivit, en disant qu’elle avait appris de lui que c’était le lâche Freston lui-même qui avait enchanté l’épée du chevalier Sancho, parce qu’il n’était qu’un poltron qui n’aurait jamais osé se moquer de lui ni le braver s’il avait été en état de défense ; que Parafaragaramus lui avait promis de le combattre lui-même en sa présence, et se faisait fort de le renvoyer en enfer aussi vite qu’il en était venu ; cependant qu’il n’avait pas pu se dispenser de lui dire qu’en sortant d’avec lui, ce maudit enchanteur avait été dans la caverne de Montésinos, où il avait eu en effet la barbarie de donner vingt coups d’étrivières bien appliqués à la pauvre princesse Dulcinée, et que sans doute il aurait encore porté sa cruauté plus loin si Parafaragaramus lui-même ne l’en avait empêché, et ne l’avait obligé de prendre la fuite, et d’abandonner cette pauvre dame, après l’avoir traînée longtemps toute nue sur les ronces et les épines ; que cette pauvre désolée avait appelé plus de cent fois son fidèle et bien aimé chevalier Don Quichotte à son secours, et que c’était cela qui avait redoublé la fureur de son bourreau ; mais que Parafaragaramus l’avait un peu remise, en lui promettant qu’avant qu’il fût huit jours il la vengerait, et que l’invincible chevalier des Lions romprait son enchantement ; que c’était ce que Parafaragaramus lui avait donné ordre de lui dire, et qu’il dormît en repos sur cette assurance. —  Ah !

26. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIII. Belle morale du seigneur Don Quichotte. »

C’est donc une tyrannie aux hommes de vouloir obliger des esprits plus faibles que les leurs à avoir plus de fermeté qu’ils n’en ont eux-mêmes ; et c’est une cruauté et une barbarie de punir dans autrui des fautes qu’on commet soi-même, pendant qu’on ne les regarde dans soi que comme une galanterie dont on se fait honneur. […] La suite de son discours l’avait obligé de citer une petite aventure.

27. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LV. Don Quichotte et Sancho vont à la caverne de Montésinos. Ce qu’ils y virent, et comment se fit le désenchantement de Dulcinée. »

Don Quichotte, à qui il n’en fallait pas tant dire pour l’obliger à tout faire, ne s’amusa pas à écouter son écuyer, mais il alla au neveu de Freston qui dans ce moment se jeta dans la fosse et lui fit face. […] Parafaragaramus en sortit le premier, et après s’être mis à genoux devant Pluton, et avoir obligé les autres d’en faire autant, il se releva, et lui adressant la parole : Puissant Dieu des enfers, lui dit-il, tu vois devant toi un héros qui à l’exemple de Thésée, qu’il a pris pour modèle de sa vie, a purgé la terre de monstres et de brigands.

28. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LX. De l’aventure qui arriva au malheureux Sancho peu de temps après qu’il fut hors de chez le duc de Médoc, et de plusieurs autres choses qui ne sont pas de grande importance. »

Il faut encore qu’il soit bon ménager ; celui qui dépense prudemment ne fait point de mauvaise emplette ; mais ceux qui achètent ce dont ils n’ont que faire sont souvent obligés de vendre celles dont ils ont besoin.

29. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVII. Des offres obligeantes que fit le duc d’Albuquerque aux dames françaises ; de la reconnaissance de Valerio et de Sainville, et de la conversation particulière que Don Quichotte eut avec Sancho. »

Par exemple ; mon cher maître, étiez-vous sur votre cheval quand Parafaragaramus vous l’a pris, et vous l’a renvoyé dans la poche d’un nain chez Basile, où vous fûtes obligé de revenir à pied ?

30. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXIX. Du grand projet que forma le duc de Médoc, et dans lequel Don Quichotte entra avec plus de joie que Sancho. »

Il l’obligea à regarder cet accident comme lui étant très favorable, et le fit même consentir qu’on allât enlever le corps de Don Pedre qui avait été tué par le valet de Deshayes, et qu’on le fît enterrer honorablement comme celui de son frère tué par des voleurs, ce qui fut fait le matin même, et Dorothée, Eugénie, le duc d’Albuquerque et Don Quichotte étant entrés dans la chambre en ce moment, n’eurent pas beaucoup de peine à le consoler, et ressortirent pour aller faire conduire les corps de Deshayes et de Don Pedre à leur dernière demeure.

31. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVI. Pourquoi Sancho perdit ses armes enchantées, et du terrible combat qu’il eut à soutenir pour les recouvrer. »

Il lui répondit en grondant, qu’elle était cause de l’aventure dangereuse qu’il était obligé d’entreprendre, et lui aurait peut-être dit des injures, si chacun ne l’avait questionné.

32. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVII. Suites agréables de la victoire remportée par le chevalier Sancho, et du projet que forma Don Quichotte pour le faire repentir de son indiscrétion. »

Il fut obligé de se mettre sur le ventre, et en mangeant avec son visage tout ridé et roussi, il ne ressemblait pas mal à un chien couvert de la peau d’un singe ; ce qui faisait rire tout le monde, surtout lorsqu’il buvait, comme il lui arrivait fort souvent, malgré la posture contrainte où il était ; parce que les dames qui avaient voulu absolument avoir l’honneur de le servir, n’attendaient pas qu’il en demandât.

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