Elle vit que ce mot m’alarmait, et me pria d’écouter jusqu’au bout. […] Là-dessus, Madame, cette fourbe me rapporta mot pour mot la conversation que nous avions eue, Sainville et moi ; mais elle m’y attribuait des paroles et me faisait faire des actions qui ne me convenaient point : elle en fit un prétexte pour le mystère de la sortie par la chambre de la fille qui me sert. […] Je vis bien qu’elle était faite à ces sortes d’aventures, mais je ne lui en dis mot, et outre cela j’avais trop d’impatience d’en être dehors pour lui faire des compliments. […] En un mot, Madame, poursuivit-elle, ma vie est en danger ; et si je la perds, la sienne n’est pas en sûreté. […] La marquise qui est avec elle est une dame d’un vrai mérite, de très grande qualité, et en un mot digne de vos soins.
En un mot, c’était la maîtresse et la femme la plus accomplie dont on puisse former l’idée. […] Je ne pus pas même en tirer un mot d’écrit. […] Il n’y avait pas le mot à dire ; cela était ainsi sur la promesse de mariage. […] Il ne me dit pas un mot qui pût me donner le moindre soupçon. […] Elle y était retombée un moment après, sans avoir eu la force de dire un seul mot.
Elles eurent ordre pourtant de n’en rien dire, et en effet elles n’en dirent mot tant qu’elles restèrent au logis, mais lorsqu’elles en furent dehors ce ne fut plus la même chose. […] La fine Italienne s’offrit à le tirer de peine ; il la prit au mot, et lui confia le cadenas rompu pour servir de modèle, avec tout l’argent qu’elle voulut. […] Il ne disait jamais un mot de français devant lui, et n’avait pour elle que des airs assez froids et assez indifférents ; mais lorsqu’il était seul avec elle il en avait d’empressés, et faisant semblant d’apprendre peu à peu le français, il lui disait des choses qui la divertissaient, et par de petits soins prévenants il la disposait à lui vouloir du bien. […] Celle-ci qui ne lui avait pas dit un mot depuis sa dernière brutalité et qui ne s’était point encore déterminée sur la manière dont elle en devait user avec son amant, prit tout d’un coup le parti que sa vertu lui conseilla. […] Ne vous donnez pas à moi, mais arrachez-vous à lui ; retirez-vous dans ce moment, et du moins si je n’ai pas le bonheur de vous posséder j’aurai le plaisir de vous y aller voir et de ne plus trembler pour votre vie ; en un mot, si vous ne voulez pas être heureuse entre les bras d’un homme qui vous adore, ne vous obstinez pas à rester malheureuse.
Qu’à cela il n’avait qu’un mot à répondre. […] Les mots écrits autour étaient ceux-ci. […] Je lui dis mot pour mot tout ce que j’avais dit à son père, et ce qu’il m’avait répondu. […] Je la pris au mot, et la suppliai que ce fût dans le moment. […] Vous êtes sans doute en peine de savoir ce que chantait cette lettre, il est juste de vous le dire, en voici la copie mot pour mot.
Ils sont tels pourtant ; & je n’impose pas d’un mot. […] Pour le reste, je vais rapporter mot pour mot la relation qui m’en a été faite par deux officiers français qui en ont été spectateurs, aussi bien que ceux qui étaient à leur suite. […] Il faut noter que ce mot de Cita, dans leur idiome, signifie une pucelle. […] En un mot, nous sommes très mal : Dieu veuille nous en tirer. […] En un mot, rien n’est échappé à ces esprits zélés, selon moi un peu inquiets.
Je l’instruisais en peu de mots de ce que son frère et moi avions dit. […] J’y ajoutai un mot de ma main qui disait la même chose. […] Je sois damné, reprit-il, si j’impose d’un mot. […] Gauthier m’avertit dans le temps qu’il le fallait ; c’est-à-dire peu de temps avant celui des grands mots. […] Le prêtre qui faisait la cérémonie était tellement étonné, qu’il ne pouvait pas dire un mot.
A ce mot deux satyres sortirent de derrière des arbres, et vinrent en gambadant lui dire que l’enchanteur lui-même allait venir. […] A ce mot le satyre alla à trois pas faire des gambades, et Sancho voyant tout d’un coup sortir à côté de lui une flamme subtile et bleue avec beaucoup de fumée, recula en tremblant, et la terre s’ouvrit sous les pieds du satyre, qui fondit, et la fumée se dissipant, le chevalier vit une table paraître couverte de belles serviettes, d’une belle nappe, d’assiettes et de plats d’argent, d’un poulet d’Inde en compote, d’un autre à la daube, de pâtés, de jambons, et de quantité d’autres viandes froides ; en un mot un service complet où rien ne manquait ; et pour la boisson, il vit retirer de dessous la table douze grosses bouteilles de vin, et des sièges. […] Il passait l’ordinaire grandeur des hommes, et montait un puissant cheval ; en un mot sa figure était affreuse, et le comte du Chirou qui avait été l’inventeur de l’artifice, était lui-même étonné de ce qu’elle avait si bien réussi. […] Ce que le spectre voyant, il en redoubla son ris effroyable, en leur disant qu’ils étaient des chevaliers de promenade, des chevaliers de bouteille, des chevaliers de franche-lippée, en un mot des bâtards de l’Ordre, et qu’assurément Pluton s’était moqué de lui de l’envoyer combattre contre des gens qui n’avaient pas seulement une épée à eux deux ; et après cela il leur tourna le dos, et regagna la forêt, en criant qu’il allait de ce pas redoubler la dose sur Dulcinée pour dissiper son chagrin.
Qui que ce soit ne disait mot. […] Célénie me la rapporta mot pour mot, avec la colère de sa sœur. […] En un mot c’eût été parfaitement mon fait. […] Je ne dis qu’un seul mot, qui fut, ah mon Dieu ! […] Elle se douta de quelque intrigue, et m’en dit un mot en riant.
La terre qui s’ouvrit à côté de lui, vomit feu et flammes, et il vit un démon vêtu de rouge et armé qui en jetait aussi de tous côtés, en un mot la même vision qu’il avait eue dans la forêt, mais plus horrible et plus hideuse. […] A ces mots la terre s’ouvrit encore de quatre côtés, et il en sortit quatre figures de diables qui se jetèrent sur Freston, et qui fondirent en même temps avec lui parmi les feux et les flammes presque aux pieds de notre héros et à ses yeux. […] Il avait la tête couverte d’un casque plus gros qu’un tambour, ses épaules étaient chargées de deux grandes peaux de lion par-dessus ses armes ; il avait sur l’estomac une figure de diable en relief dont les yeux éclataient comme des chandelles ; en un mot c’était une figure capable de faire peur à tout autre qu’au chevalier de la Manche. […] A ce mot de manger Durandar, Balerme, Montésinos et leur suite, se mirent à faire un bruit de diable, et à crier : Du pain, du pain, à la famine. […] Ils n’y virent plus aucune marque d’enchantement, mais seulement trois laides paysannes bien dégoûtantes et bien malpropres, en un mot trois salopes à faire mal au cœur.
Il me conta l’histoire de Silvie mot pour mot. […] En un mot je gagnai trois fois la valeur de mes chevaux et de la dépense. […] En achevant ces mots, elle le mit dehors sans cérémonie. […] À ce mot elle fit un grand cri, en me sautant au col. […] Il nous rapporta mot pour mot cette conversation.
A l’égard des théologiens et des philosophes qui soutiennent le contraire, je n’en dirai qu’un mot, c’est qu’ils étaient, et sont encore, hommes remplis d’amour propre : ainsi il n’y a pas à s’étonner que de leur autorité privée ils se soient donné la préférence ; mais la raison qu’ils ont eu de décider en leur faveur, n’est pas convaincante pour moi. […] En un mot. […] Celui-ci lui ôta ses maisons, ses troupeaux, ses enfants ; en un mot tout ce qu’il aimait et lui donnait de la satisfaction ; mais il avait trop d’esprit pour lui ôter sa femme ; il savait bien qu’elle seule ferait plus enrager le bonhomme Job par son babil et ses reproches, que toutes les pertes qu’il avait faites. […] Il la représentait comme une parfaitement belle personne couchée sur l’herbe, et empruntait pour la peindre tous les lieux communs qu’il avait lus dans les romans ; les roses des joues, les perles dans la bouche, le corail des lèvres, l’albâtre du front, et mille autres semblables impertinences y tinrent leur place ; en un mot, rien n’y fut oublié.
Quelques lecteurs de ceux qui ne lisent que pour chicaner un auteur sur un mot mal à propos mis, ou qui ne sera pas de leur goût, en trouveront sans doute ici qui leur feront condamner tout l’ouvrage ; mais la naïveté de l’histoire a voulu cela pour la plus grande partie, aussi bien que quelques phrases qui paraîtront embarrassées. […] Il ne me reste qu’un mot à dire, qui est que le commencement ou l’entrée de mon histoire est un peu embrouillé pendant quatre ou cinq feuillets : c’est que j’ai suivi, pour la liaison de mes histoires, la première idée qui m’est venue dans l’esprit, sans m’appliquer à inventer une économie de roman ; mais l’obscurité qui peut en provenir n’est pas essentielle, et ne se répand point sur les histoires qui n’ont rien d’obscur, ni d’embrouillé ; parce que tout s’y suit. […] Il ne me reste qu’un mot à dire, au sujet des noms dérivés de ceux de baptême que j’ai donnés à mes héroïnes, tels que Manon, Babet et d’autres.
L’hôtesse qui était charmée de cet officier, lui en fit un portrait tout à fait avantageux, qui pourtant n’était point flatté, parce que véritablement c’était un des hommes de France le mieux fait, le plus beau et le plus spirituel ; en un mot, un jeune homme tout aimable. […] La belle veuve lui dit qu’ils ne s’étaient jamais parlé, et que tout ce qu’elle en pouvait savoir elle-même, n’était fondé que sur des conjectures de l’assiduité et de l’attachement qu’il avait eu de la suivre partout où elle allait, et de se trouver partout où ses affaires la conduisaient ; qu’en un mot ç’avait été son ombre pendant tout le dernier mois qu’elle était restée à Paris ; mais que ses chagrins et ses affaires l’éloignant de toutes sortes de compagnies, elle n’avait jamais fait semblant de s’apercevoir de ses assiduités ; qu’il était pourtant vrai qu’elle l’avait remarqué et distingué comme l’homme le mieux fait qu’elle eût jamais vu, et qu’elle n’avait pu s’empêcher de demander qui il était, et qu’ainsi n’ayant jamais vu autre que lui s’obstiner à la suivre, elle ne doutait pas que ce ne fût lui qui eût accompagné Deshayes. […] La marquise ayant par là l’esprit en repos, les ducs et les deux épouses n’ayant eu aucun sujet de chagrin que par rapport à leurs amis, le comte Valerio et son épouse étant contents, Sainville et sa veuve étant dans la meilleure intelligence du monde, aussi bien que le comte du Chirou avec la belle Provençale, Valerio et Sainville reprenant peu à peu leurs forces, Don Quichotte se portant bien, et Sancho en parfaite santé, à quelques brûlures près ; en un mot tout le monde ayant l’esprit porté à la joie et au plaisir on se disposa en attendant le départ, qui n’était retardé que par Valerio, Sainville et du Chirou, à prendre de nos aventuriers tout le divertissement qu’on pouvait en prendre sans s’en railler ouvertement, surtout de notre héros, dont le comte du Chirou admirait la valeur, et à qui il devait la vie, aussi bien que la duchesse et Eugénie, qui outre cela lui devait encore celle de son époux, et peut-être son honneur.
Il n’y avait pas là le mot pour rire, ni à retrousser sa moustache. […] En un mot, il le traita du haut en bas, en ma présence. […] Après cela, un mot de réflexion. […] En un mot, tout, jusqu’à son valet, abusait de sa bonté. […] Ce soldat n’avait, en vérité, pas dit un mot.
C’est une beauté achevée et régulière ; en un mot c’est un raccourci de ce que la nature peut produire de plus beau et de plus accompli ; et il faut bien que cela soit, puisqu’elle a si bien engagé un homme, dont l’esprit doux et modéré ne paraissait pas susceptible d’un engagement si solide. […] Il contenait ces mots. […] Elle fut tellement surprise de ce transport, qu’elle ne dit pas un mot. […] La princesse, reprit cette demoiselle, n’en a dit qu’un mot, mais ce mot donne lieu de penser le reste, et tout l’hôtel à l’heure qu’il est, en est imbu. […] Vous, Monsieur Des Ronais, parce qu’il faut que vous soyez attentif à ce que Monsieur de Terny va dire ; et vous, Monsieur Des Frans, pour me venger de vous, qui pendant tout le dîner n’avez pas eu la civilité de me dire deux mots, et n’avez fait que parler bas à Madame de Mongey.
Le duc de Médoc, qui avait un très grand fond de probité et d’honneur, écouta tout ce qu’on lui dit avec une patience admirable, et sans répondre un seul mot ; mais après qu’on eut achevé de lui dire tout ce qui se pouvait dire sur cette matière, il prit la parole, et après avoir remercié toute la compagnie en général du soin que chacun en particulier avait témoigné pour sa personne, il ajouta que s’agissant de rendre service au comte de Valerio, et de sauver l’honneur d’une des meilleures maisons d’Espagne, il n’aurait pas eu l’esprit en repos si lui-même n’y avait été ; que de plus, chacun se faisait dans le monde un point d’honneur et de probité selon son humeur ; qu’il avouait que la recherche qu’on faisait de gens qu’on destinait au gibet, offrait à l’esprit quelque chose de bas et de rebutant, qu’ainsi il ne blâmait point les Français de ne s’y pas commettre, parce qu’ils croyaient que cela était indigne d’un grand cœur ; mais que pour lui il était d’un autre sentiment et qu’il ne croyait pas qu’il fût plus indigne d’un prince de faire la guerre à des voleurs et à des bandits qui désolaient toute une province et ses propres compatriotes, que de la faire à des étrangers ; qu’il croyait même que c’était plus utilement servir sa conscience et le public dans une guerre de cette nature, que dans une guerre réglée, parce que les ennemis qu’on combat dans celle-ci, ne sont pas des ennemis particuliers ni domestiques, puisqu’on peut s’en défaire par un traité de paix ; mais que les autres sont des ennemis d’autant plus cruels, qu’ils ne sont retenus par aucune digue ; de plus que la guerre avait ses lois inconnues aux scélérats, et que les ennemis qu’on combattait dans une guerre de prince à prince, étaient presque toujours des ennemis contraints par la volonté et par l’ambition de leur souverain, avec qui la vie était sauve, ou du moins ne courait pas tant de risque, qu’avec les autres, qui non seulement n’épargnaient personne, mais de qui même leurs propres amis et les gens de leur connaissance avaient plus à craindre que des étrangers ; qu’enfin dans une guerre ouverte on était en état d’attaquer et de se défendre, et que l’on n’était jamais surpris qu’on ne dût s’attendre à l’être ; mais que les voleurs de grands chemins étaient des gens qui mettaient leur sûreté dans les surprises qu’ils faisaient aux gens qui ne se défiaient nullement d’eux ; et qu’en un mot c’était des ennemis d’autant plus dangereux qu’ils empêchaient le commerce et la sûreté, et qu’il n’y avait avec eux ni paix ni trêve à espérer que par leur mort ; enfin des gens universellement regardés avec exécration ; ce qui était si vrai, qu’en France même, où les gens de distinction tenaient cette chasse si indigne d’eux, les bandits et les voleurs de grand chemin étaient punis du plus long et du plus rude des supplices, et privés même de la sépulture.
C’était Deshayes, qui se sentant proche de sa fin, avait voulu se réconcilier avec Silvie, et lui demander pardon de tout ce qu’il avait fait contre elle ; en un mot, lui faire une réparation entière. […] En un mot, il déclara toute sa vie, au grand étonnement de tous ses auditeurs, surtout de la tante de Silvie, qui en fut extrêmement surprise.
Comme je n’ai point parlé du duc d’Albuquerque, il est à propos d’en dire un mot. […] Valerio, Eugénie, le duc d’Albuquerque, son épouse et les Françaises, avaient fait leur possible pour empêcher le duc de Médoc de se charger de l’exécution de l’entreprise, et l’avaient supplié de s’en reposer sur le lieutenant, ou un de ses officiers, et de ne se point commettre avec des gens désespérés, de sac et de corde, en un mot des bandits indignes de sa présence et du péril où il allait se précipiter.
Le bon curé lui dit que ce n’était point jeûner que de se remplir comme il faisait ; qu’on ne devait jamais manger et boire que pour vivre ; mais qu’on devait les jours de jeûne se priver d’une partie de sa subsistance ordinaire, et non pas manger et boire dans un seul repas autant qu’on buvait et mangeait dans deux ; qu’en un mot, pour bien jeûner il fallait dérober quelque chose à la nature. […] Ceci fut encore une nouvelle matière de sermon, que le triste et fustigé Sancho écoutait avec plus de docilité qu’il n’avait fait de sa vie ; mais enfin son maître ayant cessé de parler, parce qu’il n’en pouvait plus de la gorge, Sancho reprit la parole et avoua qu’il avait tort d’avoir tenté Altisidore, qu’il savait bien qu’il suffisait pour perdre une fille de lui dire une fois qu’on l’aime, parce qu’après cela le diable le lui répète sans cesse ; et ma foi, Monsieur, poursuivit-il, toutes les filles et les femmes en sont là logées ; elles font toutes là-dessus les saintes mitouches ; mais les brebis du bon Dieu ont beau être gardées et comptées, le diable trouve toujours le secret d’en tondre quelqu’une s’il ne l’emporte pas tout à fait ; en un mot une étincelle fait un grand brasier, et fille qui jase avec un amant enfile la mère Gaudichon, comme un aveugle son oraison ; mais le jeu n’en vaut pas la chandelle, et s’il ne faut qu’un petit caillou pour faire verser une charrette, un fromage n’est pas longtemps entier quand on le laisse guigner au chat, et de nuit tous chats sont gris. — Tu seras toujours farci de proverbes, lui dit son maître. — Oh bien, reprit Sancho, je consens d’aller rôtir des châtaignes en enfer si j’ai jamais rien de commun avec aucune fille ni femme que la mienne, et je recevrai Altisidore en fille de bonne maison, si elle me vient davantage rompre la tête. […] Notre héros, qui profondément enseveli dans ses rêveries ne disait pas un mot, en fut retiré par les félicitations qu’on lui adressa sur le désenchantement de la princesse Dulcinée, et sur le plaisir qu’il aurait de rendre au jour une personne si belle et si parfaite.
Nous l’avons laissé qui écoutait l’histoire de Sainville, et il n’y a pas un lecteur qui ne s’imagine qu’il n’en avait pas perdu un mot. […] Il perça la table, et avec des cordes qu’il passa dans les trous il attacha les bras et le corps de Sancho ; en un mot il le mit comme dans un travail où il ne pouvait se donner le moindre mouvement ; il lui attacha aussi les pieds ; et ne croyant pas qu’il y eût personne dans l’hôtellerie à qui il dût du respect, ni avec qui il fût obligé de garder des mesures, il retira le siège sur lequel Sancho était assis, et lui mit à l’air le même endroit où il avait reçu les dragées ; et il faut observer que le chevalier tournait directement le dos à la porte de la chambre : il ne s’était point encore éveillé ; mais la posture contrainte où il était, ne portant que sur ses cordes, dissipa bientôt son sommeil.
Sancho fut rassuré par un si beau plaidoyer, et voulut y ajouter quelque chose du sien ; mais Plutus ayant demandé, comme les avocats font au barreau, un mot de réplique, et l’ayant obtenu, Sancho fut obligé de se taire. […] Son inquiétude se remarquait par ses fréquents tournements de tête et son agitation continuelle ; mais le malheureux n’en était pas encore où il pensait : car un démon dameret, c’est-à-dire fort proprement vêtu, et nullement effroyable comme les autres, mais au contraire parfaitement bien mis avec de la broderie d’or et d’argent, de belles bagues et de beaux anneaux aux doigts, de beau linge et de belles dentelles, poudré, frisé, en un mot tiré à quatre épingles et d’un visage fort doux, fort mignon et fort beau, s’approcha du trône de Pluton, et ayant posé sur le premier degré deux petits paniers qu’il portait, l’un rempli de petites cornes de différentes couleurs, et l’autre de petites fioles d’essence, de pots de pommade, de tours de cheveux, de boîtes à mouches, de fard et d’autres ingrédients propres aux femmes, se mit à genoux et d’une voix fort douce et fort agréable se mit à le supplier de lui accorder audience.
Son esprit cultivé par tout ce qui peut former celui d’une fille de naissance, éclatait à se faire admirer et enchantait tous ceux qui l’écoutaient ; en un mot c’eût été une fille parfaite si elle eût été plus maîtresse de son cœur. […] Il la destina à un des plus honnêtes hommes du monde, parfaitement bien fait et d’un vrai mérite, en un mot à un homme capable de se faire aimer de tout autre que d’un cœur prévenu.
Il est certain que cette fille était d’une douceur et d’une honnêteté achevée, comme sa conduite l’a fait voir avec l’homme qu’elle a épousé depuis, et dont elle est veuve, avec qui elle a souffert tout ce qu’une femme peut souffrir d’un homme emporté et jaloux ; en un mot aussi brutal en effet que je me feignais. […] C’était un homme de grande qualité, parfaitement bien fait, et fort bel homme, de réputation, d’esprit ; en un mot un amant accompli. […] Ils furent plus d’un quart d’heure entre les bras l’un de l’autre sans dire un mot, et bien leur prit qu’elle était sur une chaise, car lorsque Jussy la quitta, elle était évanouie.
Pour la lui faire trouver meilleure, on lui en fit mille difficultés ; et enfin le Français ardent comme un Français, offrit un si beau présent, que le valet espagnol le prit au mot, et crut assez gagner au change, en lui donnant en même temps les mémoires de Ruy Gomez et ceux d’Henriquez.
Don Quichotte voyant bien qu’il perdrait son temps de vouloir faire changer d’opinion à Sancho, ne dit plus mot.
Les filles de Balerme et les deux de Dulcinée, qui étaient venues avec Merlin la rejoindre, et qui étaient toutes six des filles fort jeunes et fort aimables, les servaient au buffet ; deux donnaient largement à boire ; une rinçait les verres ; deux servaient et desservaient en changeant les couverts et les serviettes, et l’autre avait soin d’entretenir du feu, et de brûler des parfums exquis ; en un mot, Don Quichotte n’avait jamais rien lu dans ses romans qu’il ne vît et ne trouvât effectivement dans ce repas enchanté.
Là-dessus il s’emporta contre les femmes d’une manière terrible, et fit rire toute la compagnie qui l’écoutait, et surtout la duchesse qui n’en perdit pas un mot ; il fit contre elle mille invectives, et les aurait continuées avec la doléance de ses armes perdues, si on ne fût pas venu frapper à sa porte.
Mais puisque je parle de lui, il est à propos d’en dire un mot. […] Les deux tiers des soldats de la garnison que j’ai vus sont noir[e] s ou maures (ce sont deux mots synonymes), et les officiers au nombre de dix sont blancs. […] Je ne vous dit mot de ses richesses, le commissaire en a fait l’inventaire sauf le droit de présence. […] Pour le reste je vais vous rapporter mot pour mot le récit qu’un Français, qui en a été spectateur, m’en a fait. […] J’en avais vu d’autres que je vous destinais, mais celle-ci étant selon moi la plus régulière, je la préfère à toutes les autres sans y avoir changé un seul mot.
Mort non de diable, dit Sancho en colère, ces moines se mêlent toujours de ce qui ne les regarde point ; s’ils disaient bien leur bréviaire le diable ne leur soufflerait pas tant aux oreilles, et j’ai toujours ouï dire, que pour faire une maison nette, il n’y faut souffrir ni moine ni pigeon, parce qu’ils fourrent leur nez partout, de sorte que rien n’est bien fait s’ils ne s’en mêlent ; et puis quand ils sont une fois ancrés quelque part, ce n’est plus que des ouï-dire, il a fait par-ci, il a dit par-là, et boute, et haïe, et tous les diables en un mot s’en mêlent. — Cela ne te doit pas étonner, ami Sancho, lui dit Don Quichotte, ils sont seuls dans leur couvent nourris, comme dit le proverbe, comme des moines, sans affaires qui les embarrassent, et sans souci pour le lendemain. — Ajoutez donc, Monsieur, interrompit Sancho, sans femmes qui les fassent enrager et sans enfants à nourrir. — Comme tu voudras, reprit Don Quichotte, mais leur esprit voulant être occupé, ils sont presque forcés de l’employer au premier objet qui se présente à leur imagination. — Et voilà justement ce qu’on ne devrait pas souffrir, dit Sancho, car ils ne doivent se mêler que de prier Dieu, et ne point tant s’embarrasser des affaires du monde, puisqu’ils y ont renoncé et qu’ils n’y sont nullement nécessaires, à ce que j’ai ouï dire par des docteurs de l’université d’Alcantara.
Ils avaient résolu de te faire roi ; mais tes mœurs sont trop simples pour gouverner des hommes aussi corrompus qu’ils le sont à présent ; reste dans le premier endroit où tu te trouveras sur terre, et n’y pense qu’à te divertir, à te promener, et à te bien nourrir ; en un mot, vis dans un état tranquille, et abandonne pour toujours la Chevalerie errante, parce qu’elle te serait désormais infructueuse et déshonorable, et que tu verrais ternir l’éclat de tes grandes actions en périssant mal.
Il donna encore un bon coup à sa Thérèse en criant cinq, et disant : Ne dis mot, femme, il n’en faut plus qu’un.