/ 32
2. (1691) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 2)

Il s’est jeté à la nage, la pipe allumée à la bouche. […] Et dans quelle diable de digression la barbe m’a-t-elle jeté ? […] Rupli se jeta aux pieds du roi & lui présenta le placet. […] Ils couvrent le corps de toiles & de pagnes ; ils y jettent des bois aromatiques ; quelques-uns même y jettent de l or & de l’argent. […] Je le pris par son braver, & le jetai à la mer par-dessus la lice, avec autant de facilité que j’aurais jeté un bâton de cotret.

3. (1691) Journal du voyage des Indes orientales (à monsieur Raymond)

Ils ont jeté de l’eau bénite sur le corps et ensuite sont retournés ensemble. […] Il se jeta promptement derrière un arbre, et les autres aussi. […] Il lui coupa la tête et l’alla jeter dans la rivière. […] Nous avons jeté à la mer un de nos charpentiers. […] Enfin l’armée du Mogol est allée se jeter devant Gingy qu’elle a assiégé.

4. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIX. Repas magique. Apparition d’un nouvel enchanteur. Défi fait à Don Quichotte, et ce qui s’ensuivit. »

L’enchanteur eut à peine achevé qu’il disparut, et ne donna pas le temps à notre héros de se jeter à ses pieds, parce qu’il lui défendit de descendre de cheval, de le remercier, et de le suivre. […] La seule Eugénie alla au-devant de lui, et feignit de se jeter à ses pieds pour le remercier de toutes les obligations qu’elle lui avait ; mais il l’en empêcha, et la ramena auprès des autres, à qui il fit une profonde inclination les deux mains sur l’estomac. […] C’était un homme effroyable, qui jetait de temps en temps par la poitrine une flamme vive avec une légère fumée. […] Le feu qu’il jetait par la poitrine et par les cornes continuait et augmentait à mesure qu’il parlait, et quoique cet objet fût épouvantable, notre héros n’en fut point épouvanté ; il eut même besoin de toute la patience que Parafaragaramus-lui avait recommandée, pour l’écouter jusques au bout. […] C’était par ce même trou qu’était disparu celui qui avait été commis à la garde des armes de Sancho, et qui lui avait donné tant de coups de couleuvres ; et comme le trou n’était pas tout à fait dans sa perfection, on avait empêché Don Quichotte d’en approcher après que le maître d’hôtel s’y fut jeté.

5. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Dupuis, et de Madame de Londé. »

Je le pris par les cheveux, je lui donnai trois ou quatre coups de poing sur le nez, et le jetai du haut du pont dans la rivière, où je me jetai après lui. […] Mon frère s’était jeté sur un lit de repos, et moi j’avais pris un livre à la main. […] Je me jetai promptement à lui. […] Me voyant seul avec elle et Mousson, je me jetai à ses pieds. […] Je me jetai à ses pieds : elle m’embrassa.

6. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIV. Départ de la compagnie. Comment Sancho fit taire le curé. Aventures diverses arrivées à cet infortuné chevalier. »

Sur ce fondement ils avaient résolu de finir leurs enchantements, afin de faire évanouir les visions que le pauvre gentilhomme avait là-dessus, en ôtant la cause qui les produisait, et en tirant de lui tout le plaisir qu’ils en pourraient tirer, sans le jeter dans aucun danger, ni dans aucune raillerie visible, mais seulement en le traitant suivant ses idées chimériques, après quoi ils comptaient de lui remettre l’esprit peu à peu, en lui procurant la santé par tous les meilleurs aliments qu’on pourrait lui fournir, et de le renvoyer mourir chez lui en repos. […] Elle s’y jeta si promptement, et s’arrêta si court, que son cavalier sauta dans l’eau la tête la première, et par-dessus celle de sa monture, qui s’était baissée pour boire ; ainsi quoiqu’il n’y eût pas deux pieds d’eau, la peur et la chute l’avaient si bien étourdi, qu’il lui aurait été impossible de se lever, et qu’il se serait assurément noyé si l’on n’avait point été à son secours pour le retirer, après néanmoins l’avoir laissé boire un peu plus que sa soif. […] Don Quichotte y perdit son latin, et toute la compagnie sa rhétorique, en le voulant consoler, et comme on lui voulut persuader qu’il l’avait laissé tomber dans la rivière, il se serait jeté dedans si on ne l’en eût empêché. […] Comme il voulut se jeter dessus à corps perdu, et qu’elle s’échappa de ses mains et sauta dans l’eau, il s’y jeta brusquement après elle ; mais ce fut inutilement, car l’agitation de l’eau lui en fit perdre la vue et la trace. […] Enfin Altisidore se jeta sur son lit, et Sancho qui croyait de bonne foi y aller prendre sa place se mit en devoir de la suivre ; mais le lit fut tout d’un coup élevé au haut du plancher où il se perdit, et Sancho qui était à moitié dessus lorsqu’on l’avait enlevé avait été poussé à terre, où il avait fait une rude chute dont il fut relevé par quatre figures d’anges vêtus de blanc et de bleu, ayant des ailes de même couleur.

7. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Prez, et de Mademoiselle de l’Épine. »

Les regards qu’elle me jetait de temps en temps, confirmaient ce qu’elle m’avait dit. […] J’ouvrirai mes fenêtres, et le soir en passant vous y pourrez jeter vos lettres avec assurance ; j’emporterai la clef de ma chambre, et personne n’y entrera que moi, où je ferai en sorte d’être la première à m’apercevoir de ce que vous y aurez jeté. […] Sitôt que je le vis un peu éloigné, je me jetai dans un fiacre en affectant de me cacher. […] Il se jeta dans un sermon d’autant plus ennuyeux, qu’il n’est pas bon prédicateur. […] J’eus peine à me remettre du désordre où sa présence m’avait jeté.

8. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Jussy, et de Mademoiselle Fenouil. »

Je me jetai dessus, j’en répandis une partie à terre, et je jetai le reste dans la cour. […] Le voilà, me dit-elle, en me donnant un autre petit paquet de papier, que je jetai devant elle dans le feu sans l’ouvrir. […] Nous fûmes confrontés ensemble devant mes juges, leur présence ne l’empêcha point de se jeter à mon cou les yeux baignés de larmes. […] Elle se jeta à genoux devant les juges ; elle les supplia de lui rendre son mari ; elle les assura que c’était elle qui m’avait jeté dans l’état où j’étais ; que je n’avais consenti à partir avec elle que lorsque je l’avais vue résolue à s’empoisonner ; que je lui avais même arraché le poison des mains. […] Votre rancune n’est pas bien éteinte, ma belle maîtresse, reprit Des Ronais, vous me jetez la balle.

9. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Contamine, et d’Angélique. »

Elle se jeta à ses pieds les larmes aux yeux et le cœur saisi. […] Nous montâmes dans son appartement, où la richesse que votre commère y vit, la jeta dans la dernière surprise. […] Ces paroles la jetèrent dans un désordre qui ne se peut exprimer. […] Il en était pourtant au désespoir, et se jeta vingt fois à ses pieds pour l’empêcher d’en venir là. […] Elle se jeta aux pieds de la princesse, et lui baisa le bas de sa robe.

10. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre LI. Le jaloux trompé »

C’était un homme qui avait de la qualité, beaucoup de bien et sans contredit du mérite, si la jalousie ne l’eût jeté dans le ridicule. […] Ces paroles l’ayant mis au désespoir, il se jeta presque à ses pieds ; et l’officier qui s’en donnait la comédie, n’aurait pas sitôt cessé, s’il n’eût craint de le rebuter. […] Sa femme ne put s’empêcher de jeter un ris moqueur, et de lever les épaules, et consentit néanmoins à tout ce qu’il voulut, espérant qu’après cette ridicule précaution il ne la chagrinerait plus tant. […] Après ces paroles brutales il sortit de la chambre de Célénie et y laissa la fausse Italienne qui se jeta à ses pieds sitôt qu’il fut dehors. […] Il entra dans son cabinet et se jeta à ses genoux.

11. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIX. De ce qui se passa chez le duc de Médoc après le départ de Dulcinée, et comment Sancho reçut sa femme que la duchesse fit venir au château. »

Abrenuncio, abrenuncio, vade Satanas, lui dit-il, arrière de moi tison d’enfer, chat échaudé craint l’eau froide ; à quelque chose malheur est bon ; le dé en est jeté, et si vous voulez vivre longtemps, il faut que vous soyez plus saine de corps que vous n’êtes de la conscience ; je tomberais encore de la poêle au feu ; je ne suis pas d’humeur à vous flatter, tirez, tirez pays, et que je ne vous voie jamais. — Quoi traître, lui dit-elle avec colère, après m’avoir presque déshonorée tu me planteras là pour reverdir ? […] Je l’ai envoyée filer, et à cause de cela elle jette foudres à poignée et écume comme un lion. […] Thérèse voulut embrasser son mari, qui pour première honnêteté lui déchargea sur les épaules un coup de bâton, si furieux qu’il la jeta les quatre fers en l’air, et redoubla en comptant deux, trois, quatre… Thérèse qui n’avait pas accoutumé d’être si bien régalée, et qui ne s’était nullement attendue à ces caresses, se releva en fureur, et se jeta au visage de son mari, qu’elle égratigna de son mieux. Sanchette que l’étonnement avait rendue immobile, reprit ses esprits, et se jeta bravement entre les combattants. […] La douleur qu’il en sentit achevant de le mettre tout de bon en colère, il se jeta sur sa femme de bonne guerre, et la rossa tant qu’il put, et qu’on lui en donna le temps.

12. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Frans et de Silvie. »

Silvie se jeta à la porte qu’elle ferma. […] Je vous sacrifie la résolution que j’avais faite de me jeter dans un convent. […] Je jetai les yeux sur ce sein que j’idolâtrais. […] Je lui jetai un paquet de hardes qui pouvaient servir à la dernière des paysannes. […] Elle se jeta à mes pieds toute en larmes.

13. (1690) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 1)

Il demande présentement le même pain, qu’il voulait qu’on jetât. […] Ceux qui veulent prier Dieu pour lui, et lui jeter de l’eau bénite, montent. […] Il s’est enfin relevé, et l’eau qu’on lui jetait ne le dérangeant point, il en a jeté avec ses deux mains partout où il a pu. […] Il s’est jeté à l’Est-Sud-Est. […] Je la cassai, et lui jetai la garde et le reste.

14. (1721) Mémoires

Ce fut de Mademoiselle de Combalet qui sortit tout d’un coup du bain toute nue, et qui se jeta dans un des pavillons. […] Il les alla quérir lui-même, et ils se jetèrent une seconde fois aux pieds du Roi. […] Il fit amener le pavillon d’amiral et se jeta dans une chaloupe. […] Mais apprenez que vous n’êtes qu’une bête de vous être jeté dans d’autres intérêts que les miens. […] Je me jetai à côté, et portant la main sur mon épée, je le regardai : Et de quoi te mêles-tu ?

15. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « ChapitreLII. Le mari prudent »

Elle se jeta aux pieds de son mari, et lui fit toutes les protestations imaginables. […] Jamais femme n’a été plus mortifiée que celle-là le fut du mépris que son mari faisait d’elle ; elle se jeta vingt fois à ses pieds, mais inutilement, pour obtenir son pardon ; il ne voulut jamais revenir, afin, lui disait-il d’un air dédaigneux, de ne pas servir de manteau à autrui. […] Ils ne jetèrent seulement pas les yeux sur elle ; enfin elle tomba en faiblesse sur le carreau. […] Sitôt qu’elle y fut, elle se jeta aux pieds de son époux, qui la releva ; elle en fit autant à son père, qui la laissa à ses pieds tout le temps qu’il fut à lui faire une fort sévère réprimande, qu’il finit par lui dire de demander pardon à Dieu pendant toute sa vie des fautes qu’elle avait faites, et de supplier son époux de les oublier, et d’y contribuer elle-même par une conduite toute opposée à celle qu’elle avait tenue. […] Enfin il la remit entre les mains de Justin, aux pieds de qui s’étant jetée une seconde fois, il la releva les larmes aux yeux, et l’embrassa.

16. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVI. Suite de l’histoire de Silvie et de Sainville. »

il ne me resta de force que pour déchirer cette malheureuse lettre qu’elle me rendit ; je me levai toute nue, pour en aller jeter les morceaux dans le feu, et voulus ensuite regagner mon lit ; mais la vue de mes tantes que j’aperçus derrière mon paravent me fit tomber évanouie. […] Le dépit et le désespoir m’ont jetée entre les bras de Deshayes ; je crus me venger de Sainville, et je n’ai fait que le venger sur moi-même de ma facilité à croire ce qu’on me disait de lui, malgré mon cœur qui le justifiait. […] Comme vous êtes jeune et héritière d’un gros bien, nous avons cru ne pouvoir jeter les yeux sur d’autres que sur vous pour l’accomplissement de nos desseins. […] Je le rassurai, et nous jetâmes notre plomb sur cette lettre que je me chargeai de prendre. […] Silvie lui répondit qu’elle n’avait encore jeté les yeux sur aucun ; et pour lors la marquise lui offrit une retraite auprès d’une de ses sœurs abbesse d’un couvent fort éloigné de Paris.

17. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIII. Belle morale du seigneur Don Quichotte. »

Ils jugent qu’une femme infidèle est digne de mort, et le plus souvent ce sont eux-mêmes qui en sont la partie, le juge et le bourreau ; ils ne leur font aucune grâce, et la seule qu’elles puissent trouver, c’est une retraite dans un couvent lorsqu’elles peuvent s’y jeter, ou bien dans un autre asile où leurs maris ne peuvent porter ni leur vengeance ni leurs fureurs. […] Plusieurs hommes préparés devraient-ils se jeter sur un seul qui ne se doute de rien, qui étant surpris le plus souvent désarmé, n’a le temps ni le moyen de se défendre ? […] On avait craint que le héros de la Manche par la citation de ses romans ne se jetât dans les abîmes sans fond de la Chevalerie errante ; mais loin de cela il raisonna toujours, comme on le voit, de fort bon sens. […] Ajoutez, Monsieur, lui dit-il, qu’un homme qui jette une femme dans le désordre, est cause de la perte du plus parfait ouvrage qui soit sorti des mains de Dieu. — Ah !

18. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Terny, et de Mademoiselle de Bernay. »

Toute ma raison cède au désespoir où votre départ me jette ; je ne me connais plus ; quelle vie vais-je mener ! […] Il eut assez peu de considération pour ma présence, pour la frapper devant moi, et lui jeter au visage un verre qu’elle lui avait donné pour boire. […] Je n’attends que vous, sitôt que vous serez arrivé, je me jetterai entre vos bras ; je suis prête à tout. […] Je ne m’emporterai point contre vous dans des plaintes inutiles, le peu de soin que vous avez eu de moi depuis trois mois que vous ne m’avez pas même fait savoir de vos nouvelles, m’a jeté dans le désespoir où je suis. […] Monsieur Des Frans et Madame de Mongey ne s’en sont point sauvés, et à présent vous vous jetez sur moi.

19. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLI. Don Quichotte et Sancho s’arment pour aller combattre les brigands. Ces deux chevaliers font des actions de valeur inouïes. »

Notre intrépide chevalier, sans affecter aucune troupe, se jeta dans le premier chemin qu’il trouva, et ne suivant que ses visions, allait le plus vite qu’il pouvait. […] Ils se relevèrent, et ne se sentant point blessés, et voyant encore leurs chevaux qui n’avaient pas branlé, ils crurent effectivement que leurs armes étaient enchantées, et n’hésitèrent pas de se jeter dans cette caverne avec beaucoup de résolution. […] Ils avaient reconnu les couleurs et les bandolières du duc de Médoc, sur le corps de ceux qui étaient venus au secours de notre héros qui les avait attaqués le premier dans leur caverne ; et ils ne doutaient pas que ce ne fût lui qui leur avait dressé cette partie ; et comme ils ne croyaient pas qu’il eût osé entrer dans la forêt, ni se commettre avec des gens comme eux, ils avaient résolu de venger leur mort par la sienne ; ainsi au lieu de se cacher dans leurs retraites ordinaires, ils avaient quitté le bois, et s’étaient jetés du côté du chemin du château de Valerio, et en tournant le dos à ceux qui les cherchaient, ils croyaient trouver le duc seul, ou du moins peu accompagné et hors d’état de leur résister ; mais au lieu de lui, ils trouvèrent la duchesse son épouse.

20. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Ronais, et de Mademoiselle Dupuis. »

Je me trompai, je la vis le lendemain à la messe ; un regard qu’elle jeta sur moi, qui semblait me demander mon cœur, détruisit toutes mes résolutions. […] À l’égard de l’amant qu’il me donne, je ne sais sur qui jeter les yeux. […] Il me dit tout, et me jeta par là dans la plus grande confusion que j’aie eue de ma vie. […] Un regard fixe qu’elle jeta sur moi avant-hier, dérangea une partie de ma colère ; et c’est pour cela que je ne veux pas lui parler moi-même. […] Je vous aurai en mon particulier, reprit-elle, celle d’avoir achevé de me déterminer à me jeter dans un convent avant la fin de la semaine.

21. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVII. Suites agréables de la victoire remportée par le chevalier Sancho, et du projet que forma Don Quichotte pour le faire repentir de son indiscrétion. »

On vit que Sancho roué et moulu de coups et à moitié ivre se jeta sur son lit, où en peu de temps on l’entendit ronfler de tous ses poumons, et faire autant de bruit qu’un bœuf qui rumine. […] Que maudit soit de Dieu et de ses saints, ajouta-t-il, celui qui a inventé cette arme d’enfer. —  Ce n’est pas d’aujourd’hui, reprit Don Quichotte, que cette sorte d’arme a paru sur terre ; et il me souvient d’avoir entendu dire, qu’un malheureux magicien ou enchanteur du genre humain, ayant apporté des enfers les premières qu’on ait jamais vues, le brave chevalier Roland les jeta dans la mer, d’où elles ont été depuis retirées par un moine allemand. […] On fit jeter de l’eau gommée dans le fourreau des épées de nos deux aventuriers, et on fit briser leurs lances si proprement, que la fracture ne paraissait pas ; mais si profondément pourtant, qu’elles ne pouvaient pas faire le moindre effort sans achever de se briser tout à fait.

22. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVIII. Des tristes et agréables choses que Parafaragaramus apprit au chevalier de la Manche. »

A peine l’enchanteur eut achevé, que Dulcinée se jeta aux pieds du franc chevalier, qui la releva malgré les efforts qu’elle fit pour y rester. […] La princesse Dulcinée fut conduite dans la chambre qui lui était destinée ; et Balerme, Durandar, Montésinos, Merlin et Parafaragaramus conduisirent nos aventuriers dans celle qu’on leur avait préparée, et qui était d’une magnificence achevée : l’or et l’argent y brillant partout ; les glaces, qui en faisaient la tenture, rendaient la lumière qu’elles recevaient de deux lustres d’argent, chargés de vingt-quatre bougies, dont la réflexion était si vive qu’il était impossible d’y jeter les yeux sans être ébloui ; deux lits de brocard d’or avec leurs housses traînantes jusqu’à terre, garnies d’une grosse frange d’or à campanes, en faisaient l’ornement, et étaient accompagnés de deux fauteuils dorés, garnis comme les lits, et d’une table qui paraissait d’argent massif, qui tout ensemble faisaient à la vue un effet tout agréable. […] Sitôt qu’ils parurent, Dulcinée (car c’était en effet elle-même) alla au-devant d’eux, et voulut encore se jeter aux pieds du tendre chevalier, qui l’en empêcha, et qui ne put voir la perte qu’il faisait d’une si belle personne sans répandre des larmes.

23. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVI. De ce qui suivit le désenchantement de Dulcinée. »

Sancho se jeta à corps perdu sur le démon ; mais celui-ci lui fichant ses griffes dans le bras lui fit jeter les hauts cris. […] Dans ce moment un coup de tonnerre se fit entendre ; les lumières du palais de Pluton, qui ne jetaient qu’une lueur fort sombre, n’étant que des bougies dans des lanternes de papier brouillard, disparurent, et une obscurité fort épaisse succéda à cette lueur.

24. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXIV. De l’arrivée de plusieurs personnes dans l’hôtellerie. Qui étaient ces personnes. Nouvel exploit de Don Quichotte. Sanglants combats. »

L’ardeur de se venger fit qu’ils se jetèrent sur lui ; heureusement leurs pistolets étaient déchargés ; sans cela Deshayes, car c’était effectivement lui-même, en avait pour son compte. […] La contenance hardie de Deshayes et de son valet, arrêta tout court les bandits ; mais Deshayes voyant que deux s’étaient éloignés, et rechargeaient leurs pistolets pour venir fondre sur lui, n’hésita plus ; il alla à eux, et les choisissant, il les jeta tous deux à terre, et son valet en fit mal à propos autant.

25. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXIII. Comment on a découvert ces nouvelles aventures qu’on donne au public. »

On dit même que son dessein était de tout jeter au feu, et qu’il n’en fut empêché que par la mort qui le surprit.

26. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LX. De l’aventure qui arriva au malheureux Sancho peu de temps après qu’il fut hors de chez le duc de Médoc, et de plusieurs autres choses qui ne sont pas de grande importance. »

Ils le portèrent au château si moulu de coups, qu’il ne pouvait remuer ni pieds ni pattes ; il jetait le sang de tous côtés, et avait la tête fracassée en plusieurs endroits ; de sorte que les chirurgiens qui le visitèrent dirent d’abord que sa vie était en danger.

27. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIII. De l’accident qui arriva au chevalier Sancho, en tirant une arme à feu. Remède pire que le mal. »

La barbe, les sourcils, les yeux, les mains, tout s’en sentit, et le coup partant dans l’instant, le repoussa si bien, qu’il le jeta sur le dos les quatre fers en l’air, et le feu prit en même temps au reste de la poudre qui était dans la gibecière, si bien que le pauvre Sancho parut faire la cabriole au milieu du feu et des flammes, en criant comme un enragé.

28. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLII. Comment Don Quichotte sauva la vie à la duchesse de Médoc. Nouveaux exploits des deux chevaliers. »

Son cheval fut blessé d’un coup de pointe au poitrail, et n’étant pas accoutumé d’être piqué dans cet endroit, il se cabra, et jeta le pauvre écuyer sur sa croupe, et de là à terre.

29. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre L. Dissertation sur la différente manière d’aimer des Espagnols et des Français. »

Les Espagnols ne s’inscrivirent point en faux contre un si bon auteur, mais ils prétendirent encore que l’amour des Français n’était point si violent que celui des Espagnols, parce que, disaient-ils, on ne voyait point de Français se jeter, pour l’infidélité de leurs épouses, dans le dernier désespoir, comme on le voyait souvent en Espagne, surtout en Portugal, où un mari trompé se venge sur lui-même, et attente à sa vie de rage et de dépit.

30. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXV. Du tour ridicule et malin que fit Parafaragaramus au chevalier Sancho, et des événements tristes qui le suivirent. »

Il jeta au plus vite son masque, ses armes et sa mandille, et entra dans la chambre où était sa maîtresse, bien fâché de la voir dans un lieu si indigne d’elle, et du sujet qui l’y avait fait venir.

31. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLV. Pourquoi la maîtresse d’une hôtellerie voisine du château venait souvent demander des nouvelles de Sainville et de Silvie. »

Le comte Valerio était dans sa chambre auprès de lui, et sitôt qu’il eut jeté les yeux sur ce nouveau domestique qu’il reconnut malgré son changement d’habit et de teint : Quoi !

32. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVI. Pourquoi Sancho perdit ses armes enchantées, et du terrible combat qu’il eut à soutenir pour les recouvrer. »

Son maître ne cessait de l’animer de la voix, et la présence de tant de spectateurs lui remettant le cœur au ventre, et outre cela Parafaragaramus, qui avait ordre de se laisser vaincre, lui faisant beau jeu, Sancho se releva, et l’enchanteur lui donnant le temps de se jeter sur lui, il ne le perdit pas.

/ 32