Seigneurs chevaliers, leur dit-il, renoncez-vous à la profession, et le péril vous fait-il peur ? […] Il répondit, qu’après avoir quitté la comtesse, la peur ne lui avait pas permis de voir quel chemin il prenait, et qu’il était venu justement s’enfourner dans cette même caverne, où les voleurs s’étaient rassemblés peu de temps après. […] Ce conseil réussit tout à propos ; parce que, comme on en eut aperçu deux montés au haut d’un arbre, on alla à eux ; mais la peur dont ils furent saisis en fit tomber un de si haut, qu’il se brisa tout le corps et resta mort sur la place.
Je ne pus m’empêcher de rire de leur peur ; je continuai ma course jusque dans un cabaret où je me jetai. […] Des garçons qui m’avaient vu la nuit me reconnurent, et la peur cessa partout. […] Ma raison me le dit, et la peur m’y pousse. Eh quelle est cette peur, lui demandai-je ? […] Arrêtez ma belle enfant, lui dit-elle, je ne veux vous faire aucun mal, n’ayez point de peur.
Vous avez quelque amant qui vous fait peur, ma belle commère, lui dis-je en la relevant, que cette peur est obligeante, et qu’un homme est heureux, lorsqu’il peut l’inspirer à une personne comme vous ! […] Voyez à quel point je vous aime, puisque la peur de vous perdre m’oblige d’avoir recours à des remèdes si violents. […] Elle en eut du chagrin, par la peur d’y être mêlée, mais il n’en fut rien. […] La peur de me perdre m’avait rendu plus cher à ses yeux, à ce qu’elle me disait. […] À mon égard, un esprit si subtil me paraît dangereux et me fait peur.
Elle me rassura contre la peur que j’avais de l’avarice de sa mère, et me jura de n’être jamais qu’à moi. […] J’étais dans un tel transport de joie, que je craignis qu’on n’en découvrit l’excès, et de peur qu’il ne parût, je n’entrai point dans l’appartement où il y avait du monde ; je me retirai chez moi l’esprit rempli de mille idées agréables ; j’y passai le reste de la journée et toute la nuit entière à rêver à mon bonheur, qui ne fut pas de longue durée. […] Lorsqu’ils se sont vus assez avant, ils ont voulu en venir aux dernières violences, et sans doute nous nous serions vues les victimes de leur avarice et de leur brutalité, si Sainville, qui heureusement avait pris un chemin détourné, ne fût venu à nos cris, et n’eût ramené à notre secours nos deux hommes d’escorte et nos laquais que la peur avait écartés.
La peur de faire connaître à son époux qu’elle avait eu quelque considération pour Verville, ni même qu’elle connaissait sa personne, lui fit faire la plus grande faute qu’une femme puisse faire, qui est d’accepter un rendez-vous dans un lieu où un amant peut être le maître. […] C’était ce que son gendre demandait, et ne le remit pas plus tard qu’au jour même, de peur d’accident.
Elle s’y jeta si promptement, et s’arrêta si court, que son cavalier sauta dans l’eau la tête la première, et par-dessus celle de sa monture, qui s’était baissée pour boire ; ainsi quoiqu’il n’y eût pas deux pieds d’eau, la peur et la chute l’avaient si bien étourdi, qu’il lui aurait été impossible de se lever, et qu’il se serait assurément noyé si l’on n’avait point été à son secours pour le retirer, après néanmoins l’avoir laissé boire un peu plus que sa soif. […] Cid Ruy Gomez dit que la douleur acheva de le faire devenir fou, et que si l’effusion du sang ne lui avait pas fait peur, il se serait passé son épée dans le corps, mais qu’il n’avait différé sa mort que jusqu’à ce qu’il eût trouvé une corde et un arbre pour s’y pendre.
Pour Sancho, il fut du temps à se remettre de la peur qu’il avait eue, mais enfin il reprit ses sens.
Comme Sancho en confiant son butin à son bon maître de peur qu’on ne lui prît pendant son sommeil, l’avait prié de le compter ; Don Quichotte l’avait déjà fait, et lorsque Sancho commença d’ouvrir les yeux il le lui rendit, et lui dit qu’il y avait dedans plus de huit cents pistoles.
L’un disait, poursuivit-il, que je voulais encore faire tirer au blanc, ou comme sur un âne ; l’autre, que j’ai des yeux au derrière, et que c’était pour voir ceux qui entraient que j’avais mis bas mes chausses ; l’autre, que je voulais me faire donner un clistère pour m’aider à vider ce que j’avais de trop dans le ventre ; un autre, que c’est que je suis propre, et que j’avais peur de salir mes grègues.
Ce malheureux se préparait à porter un coup d’épée à cette dame, et l’aurait assurément percée, si notre héros n’eût fait gauchir le coup, en lui poussant son cheval sur le corps, en sorte que la duchesse en fut quitte pour la peur, et pour une égratignure à la main qu’elle avait portée au-devant du coup.
Cependant, je puis dire que la peur que j’avais a été celle d’un honnête homme, & d’un bon chrétien qui ne regarde point la mort avec brutalité. Cette peur n’a été connue qu’à moi ; & je n’en ai changé ni de couleur, ni de place : dont bien m’a pris ; car, l’endroit de la dunette où j’étais a presque été le seul qui n’a point été incommodé. […] La peur, comme on voit, ne m’avait pas démonté ; & la manière dont j’écris, & mon style, ne témoignent pas, je crois, que la passion m’ait beaucoup préoccupé. […] Ont-ils peur de s’égarer sur leurs traces ? […] Les Hollandais s’en chargeront avec plaisir : ils les reconduiront chez eux en triomphe ; & les autres diront que la peur des Hollandais aura fait fuir les navires de France.
La bravoure de ce Français avait sauvé de leurs mains six femmes, qui étaient dans un carrosse qu’il accompagnait, et les bandits n’avaient osé les poursuivre plus loin, de peur qu’on ne vînt à leur secours, ou de l’hôtellerie, qui n’était pas éloignée, ou du château de Valerio, qui en était tout proche.
Il s’y résolut néanmoins, parce qu’il ne pouvait pas faire autrement, en se flattant du moins qu’étant couvert de ses bonnes armes on ne pourrait plus lui faire ni mal ni peur, puisqu’à leur faveur il était à l’abri des enchantements.
Ne voyez-vous pas bien que ce maudit Parafaragaramus jaloux de l’honneur que j’aurais gagné, et vous aussi, m’a lâché un démon qui m’a fait déjeuner par enchantement ; et de peur que je ne le battisse bien, pour sa récompense, il m’a emmené dans l’endroit où vous m’avez vu, où il m’a endormi et lié ; mais patience, tout vient à point à qui peut attendre.
Elle, dont la maladie n’était causée que par la peur d’avoir perdu le cœur de son mari, étant pour lors certaine du contraire, revint la première en santé, et eut de lui tous les soins qu’une honnête femme, et prévenue d’amour, peut avoir d’un mari qu’elle idolâtre. […] Il lui dit que son cœur et sa possession faisait tout son bonheur, et qu’elle lui était tellement chère qu’il ne connaissait point d’homme plus heureux que lui, et que l’état où elle le voyait ne provenait que de la peur de la perdre, ou de la partager avec un autre aussi heureux et peut-être plus heureux que lui.
Ruy Gomez croit, mais il ne l’assure pas, que la peur lui avait ouvert les conduits par où la nature se décharge, du moins il est bien certain, qu’au lieu de son air furibond, il devint tout pâle et tremblant.
Vous être le maître, dit Des Ronais, mais tout au moins, en attendant votre tailleur, vous boirez bien un coup à ma santé ; quatre si vous voulez, reprit Des Frans en riant, mais laissez-moi m’habiller ; car dans l’état où je suis, crotté et vilain, je me fais peur à moi-même.
Je m’étonne encore toutes les fois que j’y pense, comment on put me faire venir jusque-là ; mais on me disait à tout moment que j’allais mourir ; et à force de l’entendre dire je le crus, la peur de la mort m’avait démonté. […] Je ne crois pas, poursuivit-il, que vous soyez assez scélérat pour faire mettre cette pauvre diablesse en prison, mais il faut lui en donner la peur, puisque vous le pouvez. […] Il lui mit le décret en main, mais il ne lui donna point d’argent, de peur qu’il ne voulût le gagner : il lui promit seulement de le payer après la capture.
Je le vis une fois un soir dans notre jardin… patience… je n’en dirai pas davantage ; mais si je n’avais pas eu peur de la sainte Inquisition, je l’aurais bien vite envoyé dire ses compliments ailleurs que chez moi.
Etes-vous pas mon frère, avez-vous peur de manquer de rien ? […] Cette peur me fait souvenir de mon Pétrone… Dii, Deaeque ! […] A l’égard de tous les vaisseaux que nous voyons, et qui tous aussi bien que nous ont amené leurs pavillons, je ne me connais point au gabarit, ou ce sont des Anglais qui ont pour le moins autant de peur que nous. […] De peur que son cul ne pourrisse, S’il arrive qu’il en guérisse. […] Quoi qu’il en soit, il en prit cinq, et donna la peur aux autres, qui se reti(rè) rent à Baston.
Les griffes effroyables dont le lutin était armé, et dont il avait déjà ressenti la pointe, lui causèrent un frisson depuis les pieds jusqu’à la tête, et la peur qu’il en eut fut telle qu’il ne put ouvrir la bouche.
Je n’ose m’appliquer à rien ; moi qu’on n’a jamais accusé d’avoir beaucoup de génie, j’ai peur de perdre si peu que j’en ai. […] Mais voyant qu’après m’avoir côtoyé ils approchaient de moi, j’en couchai un en joue, qui était le plus apparent de la troupe, pour lui faire peur mon fusil n’étant pas chargé, venant de tuer une tourtre. […] Cet idole a deux bras et deux mains, la tête d’un éléphant, et sur la poitrine une Figure de diable pareille à celle que les peintres font pour faire peur aux femmes et aux petits enfants. […] Cependant la peur que j’avais n’a été connue qu’à moi seul, et je puis dire qu’on ne m’en a vu changer de couleur ni de place, dont bien m’a pris, car l’endroit où j’étais a été le seul qui n’ait point été incommodé. […] Nous pouvons trouver vers le Cap une escadre de vaisseaux anglais ou hollandais venant d’Europe qui feraient un méchant parti à un navire seul, mais qui auront ] es trois quarts de la peur s’ils nous rencontrent tous ensemble.
Je n’ai pas songé à vous expliquer cet article, Seigneur chevalier Sancho, lui dit Eugénie, quoique mon bon ami me l’eût pourtant ordonné ; c’est que vos armes ne pourront pas être enchantées quand vous voudrez les employer contre un chevalier comme vous, mais un méchant enchanteur peut les enchanter de peur que vous ne vous en serviez contre lui ; ainsi, Seigneur chevalier, ajouta-t-elle, parlant à Don Quichotte, qui avait écouté la demande de Sancho, c’est encore une raison qui vous doit empêcher de vouloir combattre vous-même le méchant Freston.
Il était allé chercher l’officier, pour se désaltérer suivant sa coutume, et pour jaser avec lui ; mais ne l’ayant pas trouvé, il revint en peu de temps, et rentra tout doucement de peur d’interrompre son maître qui parlait, et que toute la compagnie écoutait avec beaucoup d’attention.
Nous nous regardâmes d’un air à faire peur. […] Il me parla devant quantité de monde sans dire son dessein ; mais d’un air à faire peur aux petits enfants.
Il lui disait que s’il était à sa place, il exécuterait au plus tôt les ordres de Pluton, qu’il remettrait tout l’argent entre les mains du curé, comme il l’avait promis, et qu’au lieu de six coups de bâton à sa mauricaude, il lui en donnerait plus de vingt, afin de n’avoir rien à se reprocher sur cet article, et de peur que les démons ne le fissent encore payer pour elle. — J’y suis bien résolu, disait Sancho, et si je ne me trompe au compte, ce ne sera que sur le plus, car pour le moins, j’y mettrai bon ordre.
Il ne le fit pas pourtant et se contenta de lui en faire donner la peur ; car quoique naturellement colère et brusque, il a toujours été juge intègre. […] Avez-vous peur de n’avoir pas de quoi vivre, ou de n’en pas gagner, que vous voulez jurer d’en gueuser ? […] Peut-on plus cruellement sacrifier son propre sang à la peur de perdre son bien !
Ce n’est point la peur d’être déshérité qui m’en empêche, ce sont les bontés qu’elle a toujours eues pour moi qui me retiennent. […] Je lui ai juré de ne me point engager au sacrement à son insu ; elle m’a promis de son côté de ne me point violenter, elle me tient parole, et je suis résolu de lui tenir la mienne ; de peur même que mes assiduités ne fissent connaître Angélique, je me suis banni longtemps de chez elle.
Elle jura devant eux de ne me point abandonner ; elle me dit que je savais bien que la mort ne lui faisait pas peur ; et que quelque chose qu’on pût ordonner de moi, elle ne me survivrait pas.
Une taciturnité et une gravité inexprimables, une barbe en forme de garde de poignard, un orgueil et une morgue à faire peur aux vaches ou tout au plus aux petits enfants, un esprit de primatie qui ne lui permet pas de se communiquer à personne, et un amour-propre qui ne souffre aucun égal, et qui l’autorise à préférer son sentiment particulier à celui de tous les autres. […] J’ai bien peur que nous ne fassions jamais le premier signal, et que le dernier une fois à l’air n’en sorte plus. […] Lui et les autres s’étaient barbouillés et fait des barbes à faire peur : la digne moustache de Bouchetière avait été dessinée avec le noir du cul de la poêle.