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2. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Frans et de Silvie. »

Il me pria d’y avoir l’œil aussi ; mais je ne fus pas en état de lui obéir. […] Je pris congé d’elle et lui dis adieu ; mais mes yeux démentaient mes paroles. […] Que cet adieu des yeux était expressif et rengageant ! […] Je jetai les yeux sur ce sein que j’idolâtrais. […] Je l’ôtai des mains de mon laquais, je le baisai les larmes aux yeux.

3. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Dupuis, et de Madame de Londé. »

Pour toute réponse à ma proposition, elle pensa me sauter aux yeux. […] Je vous le demande à vous qui avez de si bons yeux ? […] Plût à Dieu qu’il le fût moins, repris-je les larmes aux yeux ! […] Je lis mon arrêt dans vos yeux. […] Nous ne pûmes nous regarder qu’avec des yeux humides.

4. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre LI. Le jaloux trompé »

Elle l’entendit qui s’emportait à des jurements horribles en lui demandant si sa mère l’avait bien instruite à boucher les yeux d’un mari, à quelle heure elle lui avait fait prendre rendez-vous, avec qui, et en quel endroit, afin qu’il ne s’y trouvât pas, crainte de troubler la fête. […] Sa femme en souffrait tout avec une constance digne d’admiration ; mais enfin comme il ne se corrigeait pas, elle commença à ne le plus regarder avec des yeux si prévenus en sa faveur, sans changer néanmoins de conduite, et n’en aurait assurément point changé s’il ne l’eût poussée à bout. […] La feinte Italienne ne se fit pas presser sur le prix, mais elle fit mille difficultés sur la manière de l’ôter de dessus son corps, où elle ne voulait pas, disait-elle, qu’aucun homme ne portât ni les mains ni les yeux. […] Un jour qu’il la pressait avec la dernière ardeur, il remarqua que son teint était plus vif qu’à l’ordinaire, qu’elle ne parlait qu’avec distraction et que ses yeux pleins de feu, et néanmoins abattus, le regardaient avec langueur. […] Telle est ma destinée, interrompit-elle les larmes aux yeux, je ne suis pas née pour être heureuse ; mais du moins je ne mériterai jamais mon malheur.

5. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « ChapitreLII. Le mari prudent »

Justin en fit ses plaintes à Cléon, qui bien loin de donner dans le sens de son gendre, lui dit que sa fille était sage, qu’il la certifiait telle, qu’elle avait été trop bien élevée pour rien faire d’indigne de sa naissance, et qu’il ne la croirait jamais criminelle qu’il ne le vît de ses propres yeux. […] Cléon connaissait son gendre pour homme incapable d’ajouter une syllabe à la vérité ; cependant tout certain par là du désordre de sa fille, il ne laissa pas de lui dire qu’il voulait tout voir de ses yeux, et qu’il n’en croirait point d’autres témoins. […] Verville, qui aurait voulu être bien loin, gagna la porte ; mais il ne sortit pas sitôt qu’il l’aurait voulu, parce qu’il fut arrêté par Cléon qui était resté immobile sur un siège les larmes aux yeux, tant l’état où il avait vu sa fille lui avait été sensible. […] Ils ne jetèrent seulement pas les yeux sur elle ; enfin elle tomba en faiblesse sur le carreau. […] Enfin il la remit entre les mains de Justin, aux pieds de qui s’étant jetée une seconde fois, il la releva les larmes aux yeux, et l’embrassa.

6. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Jussy, et de Mademoiselle Fenouil. »

Je ne vous dirai rien de ma personne ni de mon esprit, l’une est présente à vos yeux, et le long temps qu’il y a que nous sommes ensemble, peut vous faire juger de l’autre. […] Mademoiselle Fenouil était grande et bien faite, la taille aisée, la peau délicate et fort blanche, aussi bien que le teint ; elle avait les yeux, les sourcils et les cheveux noirs : les yeux grands et bien fendus, naturellement vifs, mais le moindre chagrin les rendait languissants, pour lors ils semblaient demander le cœur de tous ceux qu’elle regardait. […] Les yeux qu’elle avait gros, humides et rouges, me firent croire qu’elle avait pleuré ; je ne me trompais pas. […] Mille bourreaux assemblés pour me trouver un nouveau genre de supplice, n’offrent rien à mes yeux de si cruel pour moi que votre mort. […] Nous fûmes confrontés ensemble devant mes juges, leur présence ne l’empêcha point de se jeter à mon cou les yeux baignés de larmes.

7. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Terny, et de Mademoiselle de Bernay. »

Oui, me dit-elle en soupirant, et je m’aperçus que ses yeux étaient humides. […] Je restai au parloir le plus longtemps que je pus, et je m’aperçus que les yeux de Clémence me regardaient sans haine. […] Elle me répondit toujours du même style, et me faisait des signes d’yeux que je ne comprenais pas. […] Je crains de n’être pas toujours aimable à vos yeux, c’est le seul soin qui m’occupe. […] Il nous regardait avec de grands yeux, et la bouche ouverte sans branler.

8. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LV. Don Quichotte et Sancho vont à la caverne de Montésinos. Ce qu’ils y virent, et comment se fit le désenchantement de Dulcinée. »

Tu n’es qu’un lâche qui n’a jamais osé le regarder en face depuis qu’il est armé ; tu le vis lorsque tu volas la bourse de son fidèle écuyer, tu l’as rencontré encore il n’y a que deux heures, et tu as eu la lâcheté de te dérober à ses yeux ; tu es indigne de ses coups et des miens ; va reprendre pour toujours tes chaînes dans les enfers, je te l’ordonne par tout le pouvoir que j’ai sur toi. […] A ces mots la terre s’ouvrit encore de quatre côtés, et il en sortit quatre figures de diables qui se jetèrent sur Freston, et qui fondirent en même temps avec lui parmi les feux et les flammes presque aux pieds de notre héros et à ses yeux. […] N’importe, poursuivit-il, l’homme propose et Dieu dispose, nous sommes bien équipés, après cela bon pied, bon œil, à bon jeu, bon argent ; j’aurai toujours le mien, quitte pour faire pénitence, aussi bien la faut-il faire dans ce monde ou dans l’autre. […] Il avait la tête couverte d’un casque plus gros qu’un tambour, ses épaules étaient chargées de deux grandes peaux de lion par-dessus ses armes ; il avait sur l’estomac une figure de diable en relief dont les yeux éclataient comme des chandelles ; en un mot c’était une figure capable de faire peur à tout autre qu’au chevalier de la Manche. […] Il ne jeta pourtant pas un cri, par la raison qu’outre la bourse qui était à terre et qu’il regardait comme la fin de ses travaux, il voyait de ses yeux l’enchantement de Dulcinée se dissiper peu à peu.

9. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVIII. Des tristes et agréables choses que Parafaragaramus apprit au chevalier de la Manche. »

Notre héros allait continuer son chemin et sa morale s’il n’avait pas été interrompu par Parafaragaramus, qui parut sortir du mur à ses yeux et devant lui. […] Seigneur Chevalier, lui dit Alonza Lorenço, les yeux tout humides, je sais ce que je vous dois pour tous les pénibles et glorieux travaux que vous avez entrepris pour m’acquérir ; je ne les méritais nullement, mais votre bon cœur a suppléé à mon peu de mérite ; vous n’avez paru à mes yeux que comme j’ai paru aux vôtres ; nous étions enchantés tous deux, vous pour moi, et moi pour vous. […] La princesse Dulcinée fut conduite dans la chambre qui lui était destinée ; et Balerme, Durandar, Montésinos, Merlin et Parafaragaramus conduisirent nos aventuriers dans celle qu’on leur avait préparée, et qui était d’une magnificence achevée : l’or et l’argent y brillant partout ; les glaces, qui en faisaient la tenture, rendaient la lumière qu’elles recevaient de deux lustres d’argent, chargés de vingt-quatre bougies, dont la réflexion était si vive qu’il était impossible d’y jeter les yeux sans être ébloui ; deux lits de brocard d’or avec leurs housses traînantes jusqu’à terre, garnies d’une grosse frange d’or à campanes, en faisaient l’ornement, et étaient accompagnés de deux fauteuils dorés, garnis comme les lits, et d’une table qui paraissait d’argent massif, qui tout ensemble faisaient à la vue un effet tout agréable. […] Sancho lui-même, qui se comptait un gros seigneur, s’était mis sur son propre, et commençant à se donner des airs de conséquence, il eut l’effronterie de dire aux gens du duc en présence de leur maître, et en leur montrant les richesses de Don Quichotte et les siennes : Tenez, Messieurs, quand vous viendrez ici faites comme dans un jardin où il est permis d’avoir des yeux, mais point des mains.

10. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Contamine, et d’Angélique. »

Elle se jeta à ses pieds les larmes aux yeux et le cœur saisi. […] Il lui demanda si elle se trouvait mal, qu’il voyait beaucoup d’ardeur dans ses yeux, et beaucoup d’altération sur son visage. […] Elle lui dit, les larmes aux yeux, ce qui lui était arrivé, et l’état où elle était. […] Il connut que ce consentement forcé ne le rendrait pas moins criminel aux yeux d’une bonne mère, à qui il avait mille et mille obligations. […] C’est de vous, ajouta-t-il, parlant à l’aimable Dupuis, que je veux l’obtenir ; je vois votre innocence dans vos yeux, je suis au désespoir de mes égarements… Vous êtes tout pardonné, reprit cette belle fille, en l’embrassant les larmes aux yeux.

11. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVI. Pourquoi Sancho perdit ses armes enchantées, et du terrible combat qu’il eut à soutenir pour les recouvrer. »

La duchesse de Médoc qui l’avait souvent été voir, était très fâchée de son indisposition, parce qu’elle n’en pouvait pas tirer tout le plaisir qu’elle en aurait voulu ; mais elle comptait bien de s’en dédommager sitôt qu’il serait en état d’agir et de sortir ; ce qui arriva dès qu’il put ouvrir les yeux ; c’est-à-dire environ huit jours après que son accident lui fut arrivé. […] Il avait sur les yeux des lunettes ou des bésicles, telles qu’on en met aux enfants qui louchent pour leur redresser la vue, et Sancho croyait que c’était ses yeux qui lui sortaient de la tête ; au lieu de cheveux tressés, il s’était mis des peaux d’anguilles pleines de son, que Don Quichotte prit aussi bien que son écuyer pour des couleuvres. […] Sancho moulu de coups ne laissa pas de se lever et de le suivre la massue sur l’épaule ; mais à son grand étonnement il le vit tout d’un coup abîmé dans la terre et disparaître à ses yeux, ne laissant après lui qu’une grande flamme qui s’évanouit dans le moment, et qui fut suivie d’une noire et épaisse fumée qui sentait bien fort le soufre.

12. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVI. Suite de l’histoire de Silvie et de Sainville. »

Nous jouions fort tranquillement, en effet, nous ne regardions notre jeu que comme notre rendez-vous, n’y ayant d’autre application que celle de nous parler des yeux, et d’y remarquer toute la tendresse que nous avions l’un pour l’autre. […] Elle fit plus ; je m’aperçus qu’elle se faisait un plaisir de caresser Deshayes, et de lui faire des avances à mes yeux. […] Je m’aperçus qu’elle me regardait avec attention, et même avec des yeux humides ; elle me parut fort changée et son teint extrêmement terni. […] Comme vous êtes jeune et héritière d’un gros bien, nous avons cru ne pouvoir jeter les yeux sur d’autres que sur vous pour l’accomplissement de nos desseins. […] Silvie lui répondit qu’elle n’avait encore jeté les yeux sur aucun ; et pour lors la marquise lui offrit une retraite auprès d’une de ses sœurs abbesse d’un couvent fort éloigné de Paris.

13. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIX. De ce qui se passa chez le duc de Médoc après le départ de Dulcinée, et comment Sancho reçut sa femme que la duchesse fit venir au château. »

Après que nos aventuriers furent couchés, et lorsque Sancho allait éteindre la bougie, Parafaragaramus qui s’était caché derrière le rideau du lit, se présenta tout d’un coup à ses yeux. […] Ils cherchaient les moyens de le faire partir de son bon gré, afin d’ôter de devant les yeux du pauvre gentilhomme tout ce qui pouvait entretenir ou réveiller ses visions sur le fait de la Chevalerie errante ; ils étaient même résolus d’emmener avec eux son écuyer à Madrid, tant pour s’en divertir que pour ne pas le laisser auprès de son maître, à la santé de qui chacun tâchait de contribuer ; mais le destin en ordonna autrement ; comme on le verra bientôt. […] Il faut que je t’arrache les yeux et ce qui te reste de barbe, malotru de paysan, et gredin revêtu que tu es. […] Il va me chercher de l’eau à la fontaine pour laver mon linge, et à cause de cela on en dit du mal dans le village. — Un aveugle veut voir clair dans les affaires d’autrui, reprit la mère ; c’est la grosse Marie qui fait courir tous ces bruits-là, à cause qu’il ne lui fait plus les doux yeux, et qu’il ne va plus dormir dans sa grange. […] Les ducs, les comtes et les dames arrivèrent en ce moment, et la duchesse d’Albuquerque remontrant à Sancho qu’il était indigne d’un chevalier de battre sa femme, que cela était infâme à un honnête homme, et qu’à peine le pardonnait-on à un crocheteur, et que Monsieur le duc était en droit de s’en offenser, cela s’étant passé dans son château et à ses yeux, celui-ci lui répondit qu’il n’avait fait que ce qui lui avait été commandé par les juges d’enfer, et par le sage Parafaragaramus, et de plus, qu’entre le bois et l’écorce il n’y faut pas mettre le doigt.

14. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Ronais, et de Mademoiselle Dupuis. »

Je me suis bouché les yeux sur sa conduite, non pas que je ne m’aperçusse fort bien de tout ; mais parce que je n’ai jamais aimé l’éclat. […] Je voudrais que pour vous voir, toutes les filles empruntassent mes yeux ; mais je voudrais que vous ne regardassiez que moi. […] À l’égard de l’amant qu’il me donne, je ne sais sur qui jeter les yeux. […] Je ne croyais pas qu’il fût si bas qu’il le disait ; car je lui voyais, outre un jugement net et un discours solide, une parole forte et les yeux vifs. […] Un trépas désiré vient me fermer les yeux Je ne reverrai plus cet œil brillant des cieux.

15. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIX. Repas magique. Apparition d’un nouvel enchanteur. Défi fait à Don Quichotte, et ce qui s’ensuivit. »

Leur conversation fut interrompue par un bruit de clairons qu’on entendit dans la forêt, et qui attira les yeux de tout le monde du côté du bruit. […] Il était vêtu d’un rouge très vif depuis les pieds jusqu’à la tête ; ses yeux ne paraissaient point, ou paraissaient si petits, qu’on ne pouvait pas les distinguer ; son casque était couvert de plumes rouges, d’où sortaient les deux plus grandes cornes de boeuf qu’on avait pu trouver, et qui jetaient aussi feu et flammes de temps en temps ; ses armes étaient de la couleur de son habit, et il portait une lance d’une grosseur prodigieuse ; le cimeterre qu’il avait à son côté était large de plus de quatre doigts. […] Sancho qui avait toujours écouté, continua selon son sens, et ne songeant qu’à la goinfrerie : Oui, Monsieur, je voudrais bien les voir ces esprits incrédules, et savoir ce qu’ils pourraient dire sur la table bien garnie que j’ai vue de mes propres yeux sortir de l’enfer tout d’un coup, et que vous y avez vu rentrer de même. […] Madame, lui dit le triste chevalier les larmes aux yeux, suppliez de ma part le sage enchanteur de me laisser combattre moi-même contre le maudit magicien Freston ; ma princesse l’incomparable du Toboso ne serait pas bien vengée si elle ne l’était par mon bras, et je mourrais de rage si un autre que moi le renvoyait en enfer.

16. (1721) Mémoires

Les Français étaient autrefois renommés pour leur bonne foi, ils sont à présent regardés d’un autre œil. […] J’en donnerai quelques exemples arrivés à mes yeux, et sous le règne de Louis XIV. […] Après cela, il le regarda entre les yeux, les deux bras croisés sur l’estomac : A qui diable t’es-tu donc conseillé ? […] Ils regardent le S[aint] -Esprit sur les habits du même œil que le regardait défunt M.  […] La noblesse à nos yeux fut une herbe mortelle.

17. (1691) Journal du voyage des Indes orientales (à monsieur Raymond)

Il y avait sur le coffre qui nous servait de table un pouce de crasse d’épaisseur, mais ventre affamé n’a ni yeux ni oreilles. […] Monsieur Hurtain empire à vue d’œil. […] Il a fini en le recommandant aux prières des assistants dont partie avaient les yeux mouillés. […] Après cela chacun s’est retiré ; je suis entré dans ma chambre où je vous écris dans une fort grande douleur et les larmes aux yeux. […] Elles sont couvertes de petites écailles noires et blanches qui font un très bel effet aux yeux.

18. (1690) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 1)

Pendant l’armement, j’ai toujours eu l’œil sur les démarches des autres écrivains de la Compagnie. […] C’est pourtant là le superbe et succulent régal que los cavaleros dévoraient des yeux. […] Quoi qu’il en soit, il nous a quittés les larmes aux yeux, en nous faisant voir le meilleur cœur du monde. […] Le vin de Cahors à discrétion, mais pourtant l’œil dessus, n’étant pas fait pour tout venant. […] Après son aveu, M. du Quesne lui a fait une réprimande qui lui a tiré les larmes des yeux.

19. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIII. De l’accident qui arriva au chevalier Sancho, en tirant une arme à feu. Remède pire que le mal. »

La barbe, les sourcils, les yeux, les mains, tout s’en sentit, et le coup partant dans l’instant, le repoussa si bien, qu’il le jeta sur le dos les quatre fers en l’air, et le feu prit en même temps au reste de la poudre qui était dans la gibecière, si bien que le pauvre Sancho parut faire la cabriole au milieu du feu et des flammes, en criant comme un enragé. […] Il crachait plus de sang qu’il ne disait de paroles, et ne pouvait pas ouvrir les yeux.

20. (1691) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 2)

J’y ai été, mes yeux ont vu, mes mains ont touché : j’ai satisfait ma curiosité ; & c’est tout. […] Ils prirent un poulet noir en vie, de ceux dont j’ai parlé, qui ont les yeux, le sang, la chair & le reste comme encre. […] On lui vit encore les yeux pleins de larmes. […] C’est un plaisir de les voir se regarder l’un l’autre, les yeux fixes sans se rien dire. […] Tout cela ne crève-t-il pas les yeux ?

21. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLV. Pourquoi la maîtresse d’une hôtellerie voisine du château venait souvent demander des nouvelles de Sainville et de Silvie. »

Cela étant, la belle La Bastide, lui dit l’hôtesse, ce n’est point à vous à révéler ce mystère à Sainville, et vous ne devez traiter le comte du Chirou que comme un simple valet de chambre tant qu’il voudra ne paraître à vos yeux que sur ce pied-là ; mais s’il veut se déclarer, il sera temps alors de le traiter d’une autre manière, et cependant faire en sorte que Sainville s’en dégoûte peu à peu, et l’obliger à le congédier avant qu’il ait eu le temps de s’expliquer. […] Le comte Valerio était dans sa chambre auprès de lui, et sitôt qu’il eut jeté les yeux sur ce nouveau domestique qu’il reconnut malgré son changement d’habit et de teint : Quoi !

22. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVI. De ce qui suivit le désenchantement de Dulcinée. »

Les yeux lui sortirent presque de la tête, et jamais son cerveau ne fut mieux purgé, car il en éternua plus de cent fois avec des branlements de tête extraordinaires. […] Parafaragaramus leur dit de le suivre, et pour cet effet ils le prirent par la main, et étant dans la même salle où ils avaient vu Dulcinée en paysanne, il parut tout d’un coup de la lumière, et au lieu du spectacle affreux du tribunal de Pluton, il ne se présenta rien à leurs yeux que d’agréable à la vue.

23. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XL. Des armes enchantées que les deux chevaliers reçurent de Parafaragaramus, avec des chevaux infatigables. »

Ils avaient déjà tous deux les yeux fermés lorsqu’ils furent réveillés par une voix de tonnerre, qui par ces paroles les retira tous deux des premières douceurs du sommeil.

24. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIV. Ce qui se passa dans le château après cette expédition. »

Comme Sancho en confiant son butin à son bon maître de peur qu’on ne lui prît pendant son sommeil, l’avait prié de le compter ; Don Quichotte l’avait déjà fait, et lorsque Sancho commença d’ouvrir les yeux il le lui rendit, et lui dit qu’il y avait dedans plus de huit cents pistoles.

25. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LX. De l’aventure qui arriva au malheureux Sancho peu de temps après qu’il fut hors de chez le duc de Médoc, et de plusieurs autres choses qui ne sont pas de grande importance. »

Sitôt que Thérèse vint à paraître devant ses yeux : Ote-toi de là, lui dit-il, et me laisse en repos. — Eh mon pauvre mari, lui répondit-elle, je vous demande pardon, mourez en paix. — Tu n’as donc qu’à t’en aller, lui repartit Sancho, car une femme et la paix, c’est le feu et l’eau.

26. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVII. Des offres obligeantes que fit le duc d’Albuquerque aux dames françaises ; de la reconnaissance de Valerio et de Sainville, et de la conversation particulière que Don Quichotte eut avec Sancho. »

L’un disait, poursuivit-il, que je voulais encore faire tirer au blanc, ou comme sur un âne ; l’autre, que j’ai des yeux au derrière, et que c’était pour voir ceux qui entraient que j’avais mis bas mes chausses ; l’autre, que je voulais me faire donner un clistère pour m’aider à vider ce que j’avais de trop dans le ventre ; un autre, que c’est que je suis propre, et que j’avais peur de salir mes grègues.

27. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLII. Comment Don Quichotte sauva la vie à la duchesse de Médoc. Nouveaux exploits des deux chevaliers. »

Tout cela s’était fait à la tête des chevaux du carrosse, et devant les yeux de la duchesse, qui ne savait qui étaient ses vaillants défenseurs.

28. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVII. Du repas magnifique où se trouva Don Quichotte, et du beau et long discours qu’il y tint. »

Ils virent à leurs yeux sortir de terre une table parfaitement bien couverte, et un buffet fort riche, dont les nappes traînaient plus bas que le plancher.

29. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXV. Du tour ridicule et malin que fit Parafaragaramus au chevalier Sancho, et des événements tristes qui le suivirent. »

Comme les différents sentiments ne permettaient pas que les esprits fussent portés à la joie, on ne fit point prier Sancho de venir souper, et il resta avec l’officier dont les civilités bachiques lui plaisaient plus que la meilleure compagnie, outre que n’ayant pas tout à fait tenu parole à la comtesse, et se souvenant bien de l’état où elle l’avait vu dans l’hôtellerie, il ne cherchait pas à se présenter à ses yeux.

30. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIII. Belle morale du seigneur Don Quichotte. »

Je n’en veux point d’autre exemple que celui d’Angélique ; que devint-elle sitôt que Médor parut à ses yeux ?

31. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIV. Départ de la compagnie. Comment Sancho fit taire le curé. Aventures diverses arrivées à cet infortuné chevalier. »

On passa la soirée fort agréablement ; après quoi nos deux chevaliers se retirèrent dans leur appartement, non pour dormir, car ils ne purent fermer l’œil de toute la nuit, mais pour s’entretenir des grandes choses qui devaient bientôt arriver.

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