Regarde la vie et les actions du chevalier Roland, tu y verras partout une égale bravoure et une pareille force ; mais vois la différence entre Roland le furieux et Roland le sage, avant que l’infidélité d’Angélique lui eût tourné la cervelle, ou après qu’Astolphe lui eut fait reprendre son bon sens renfermé dans une fiole, qu’il avait été quérir sur l’hippogriffe jusque dans le paradis terrestre. […] Nos aventuriers s’éloignèrent un peu de ce qu’ils prenaient pour une gueule d’enfer ; mais ayant tourné la vue d’un autre côté, ils virent avec surprise un spectre qui venait à eux à travers le bois. […] Ce que le spectre voyant, il en redoubla son ris effroyable, en leur disant qu’ils étaient des chevaliers de promenade, des chevaliers de bouteille, des chevaliers de franche-lippée, en un mot des bâtards de l’Ordre, et qu’assurément Pluton s’était moqué de lui de l’envoyer combattre contre des gens qui n’avaient pas seulement une épée à eux deux ; et après cela il leur tourna le dos, et regagna la forêt, en criant qu’il allait de ce pas redoubler la dose sur Dulcinée pour dissiper son chagrin.
Le duc de Médoc étant instruit de tout rêva quelque temps, après quoi prenant la parole il leur dit qu’on ne voyait pas qu’on dût faire aucun mystère de l’aventure à Valerio ; qu’il convenait que le comte étant honnête homme, l’infâme personnage que ses frères y avaient joué lui ferait beaucoup de peine ; mais aussi qu’il en serait bientôt consolé, surtout lorsqu’on lui ferait comprendre que c’était un bonheur pour lui que tous deux y fussent restés, et qu’ils eussent péri par la main de la justice divine qui laissait le champ libre à mettre leur réputation à couvert devant les hommes, que pour cela il fallait absolument nettoyer la forêt des bandits qui désolaient le pays, et les faire tous périr de quelque manière que ce fût, et que cet article regardant ses devoirs, il s’en chargeait ; ajoutant que si on pouvait en prendre quelqu’un en vie, il fallait les remettre entre les mains du lieutenant, qu’il les enverrait avec Pedraria sécher sur les grands chemins, et qu’il se chargeait encore de faire supprimer des informations tout ce qui chargeait Octavio et Don Pedre pour sauver leur mémoire d’infamie, et de faire substituer à la place de ce qui serait supprimé un aveu des criminels qui les auraient assassinés eux-mêmes sans les connaître, ce qui ne tournerait nullement à la honte de Valerio, qui jouirait tranquillement de leurs biens sans appréhender que le fisc y mît la main. […] Le comte demeura comme frappé de la foudre à ce discours ; mais le duc sut si bien le tourner et le convaincre, qu’il lui rendit sa tranquillité d’esprit, à la confusion près, d’être d’un sang qui avait pu produire de si mauvais garnements.
Don Quichotte était dans une colère terrible de s’entendre traiter de lâche et de gavache ; et comme il s’était bien résolu de venger Dulcinée et lui-même, et de battre tout de bon son téméraire écuyer, qui se disposait à le bien battre aussi : Prends du champ, dit-il à Sancho, nous allons voir ce qui en sera, et en même temps il tourna bride, et s’éloigna au petit galop. Lorsqu’il crut être assez éloigné il tourna visage, se recommanda à son imaginaire Dulcinée, qu’il invoqua entre cuir et chair, et voulut mettre sa lance en arrêt, mais il la rompit.
Quant à l’occasion, cent pour une ; mais si Des discours du blondin la belle n’a souci, Vous le lui faites naître, et la chance se tourne. […] Pour montrer la différence qu’il y a entre ces divers procédés de gens qui ont des épouses infidèles, dit Sainville, et qu’il y en a qui sont plaints par le public, ou dont on ne parle seulement pas, et d’autres moqués et raillés avec juste raison, pour faire voir en même temps que ce point d’honneur qu’on y attache dépend beaucoup plus de la conduite du mari que de celle de la femme, quoique ce soit elle qui fasse le crime, pour montrer que ce ne sont pas ceux qui examinent la conduite de leurs épouses avec le plus de vigilance qui sont le plus à couvert de leur infidélité, et que c’est cette conduite qui les y pousse, je crois qu’il est à propos que chacun de nous raconte quelque aventure qu’il sache certainement être arrivée de notre temps en France même, afin de ne point mêler d’histoires étrangères dans nos entretiens ; et pour cet effet, je vais, poursuivit-il, en conter une qui montrera que les précautions d’un jaloux donnent déjà de lui un sujet de risée, qui est encore augmenté lorsqu’il a affaire à des gens qui ont l’esprit de les rendre inutiles, et de les tourner contre lui-même, et qui prouvera en même temps, que la jalousie est en effet un poison mortel pour ceux qui s’y abandonnent.
Parafaragaramus qui n’avait point dormi et avait toujours écouté lorsque la Française fut interrompue, se tourna du côté de Sancho, et voyant sa belle posture, il lui prit envie de lui jouer une pièce. Il perça la table, et avec des cordes qu’il passa dans les trous il attacha les bras et le corps de Sancho ; en un mot il le mit comme dans un travail où il ne pouvait se donner le moindre mouvement ; il lui attacha aussi les pieds ; et ne croyant pas qu’il y eût personne dans l’hôtellerie à qui il dût du respect, ni avec qui il fût obligé de garder des mesures, il retira le siège sur lequel Sancho était assis, et lui mit à l’air le même endroit où il avait reçu les dragées ; et il faut observer que le chevalier tournait directement le dos à la porte de la chambre : il ne s’était point encore éveillé ; mais la posture contrainte où il était, ne portant que sur ses cordes, dissipa bientôt son sommeil.
La malicieuse Provençale, qui avait imaginé de concert avec le comte du Chirou le tour qui devait être joué le lendemain, avait à dessein tourné la conversation sur le défi de Sancho à tous les chevaliers errants, et afin que Don Quichotte en fût scandalisé, elle avait eu la malice de dire à son amant comme en secret, mais pourtant si haut que le héros de la Manche l’avait entendu : Le seigneur Sancho ne s’en dédit pas, et n’excepte pas même l’illustre princesse Dulcinée du Toboso. […] La Provençale qui avait fait disposer toutes choses, le flatta de sa victoire sur l’enchanteur qui lui avait abandonné ses armes, et lui insinua que cet endroit était heureux, et qu’après y avoir vaincu un démon, il n’y avait pas d’apparence que des chevaliers lui résistassent : enfin elle le tourna si bien, qu’elle le fit résoudre d’aller y porter son cartel, et de prendre ce même endroit pour le champ de sa gloire, et la défaite des chevaliers.
Elles ont eu effectivement quelques affaires qui ont tourné à leur avantage. […] Je n’appris plus rien de Sainville ni je ne le vis plus : son indifférence apparente m’anima encore contre lui ; j’avais néanmoins tort, Madame, parce que j’ai appris depuis qu’il était malade ; mais dans la situation où j’étais à son égard, j’aurais tourné contre lui tout ce qu’il aurait pu faire. […] Après vous avoir dit tout ce que je vous dis, qui avait été concerté entre Deshayes et moi, et sur ses mémoires, Madame votre mère, vos tantes et moi, tînmes une espèce de conseil, où je les tournai si bien, qu’elles me prièrent les premières de proposer Deshayes.
Celui-ci qui était un des plus honnêtes hommes du monde tomba de son haut, et en bon père, pour éviter le bruit tourna tout ce qu’elle lui dit en plaisanterie, si bien que cette pauvre femme malgré sa répugnance fut obligée de redoubler ses duretés, et terminer ce qu’elle lui dit de choquant par le supplier de ne plus revenir chez elle. […] Bien loin de goûter sa morale, elle le tourna en ridicule, et pour la première fois de sa vie elle l’obstina, et lui dit qu’elle lui aurait eu beaucoup plus d’obligation de sa haine, puisqu’il n’aurait pas pu la pousser plus loin, que de la retirer non seulement du monde, mais encore de la faire brouiller avec toute sa famille, la retenir dans une prison éternelle, et la mettre dans les fers. […] Il la tourna de tant de côtés qu’il en arracha des larmes, ce qui lui fit redoubler l’ardeur de ses caresses et de ses protestations, de manière qu’il la persuada, et la laissa convaincue de son amour, et outrée contre Sotain.
Elle regarda pour lors Sancho ; mais par une action de modestie elle lui tourna le dos, et dit qu’un homme dans l’état où il était choquait sa pudeur. Pluton la fit mettre aux pieds de son trône entre Minos et Rhadamanthe, le visage tourné vers les assistants et vers le patient.
À tout cela elle ne fit que tourner la tête, et dire que c’était de pures visions. […] Levez-vous, me dit-elle, les yeux humides, je ne veux que votre seule satisfaction ; mais je crains bien qu’elle ne se tourne pour moi en une cruelle catastrophe. […] Ce religieux confus, lui tourna le dos. […] Elle pleurait ; mais pour la consoler je ne m’attristai point avec elle, et je tournai tout en plaisanterie. […] Je voulus me jeter à ses pieds ; mais il me tourna le dos, et parlant à l’exempt qui était là, ne souffrez pas qu’il parle à personne, dit-il, et conduisez-le sans scandale dans une demi-heure où je vous ai dit.
Je reprendrai l’article de ces pieux et scrupuleux pères une autre fois ; je les attends à Douai et à Tournai. […] A peine eut-il le dos tourné que le roi se tourna vers les gens de sa cour, et haussant les épaules leur dit qu’autant qu’il le pouvait il mettait le cardinal en paradis, mais qu’il craignait bien que Dieu plus juste que lui ne l’envoyât à tous les diables. […] Il me conta les choses comme je viens de les dire ; je lui trouvai de l’esprit, et même bien tourné. […] Il était parfaitement honnête homme, mais mol et facile, et fut la dupe des maltôtiers qui le tournaient comme ils voulaient. […] Et sans le saluer je lui tournais le dos.
Il m’a tourné le dos, en bougonnant entre cuir et chair. […] Il était assis justement devant moi, et avait en pleine vue cette femme à qui je tournais le dos. […] Le soleil va vous trouver, et nous allons lui tourner le dos. […] Bouchetière a voulu lui parler : il lui a tourné le dos sans le regarder, et est parti. […] Ils l’ont planté dans la baille, où ils l’ont, comme ils disent, tourné et retourné et dessus, et dessous, et de travers, et de côté : le tout à la merci des seilleaux d’eau qui leur tombaient sur le corps de tous côtés, aussi bien que sur lui.
Après cela le lieutenant partit, et emmena son gibier, ayant reçu de bons ordres sur la manière dont il devait tourner les informations, et sauver celui qui avait indiqué les retraites des autres, comme le duc le lui avait promis.
Elle n’est ni belle ni laide : elle a de l’agrément et est fort bien faite ; mais du reste le plus mauvais cœur de fille qu’on puisse voir, et l’esprit tourné comme celui de son père ; c’est-à-dire, qu’elle est fourbe et dissimulée, et plus intéressée qu’un juif. […] Le bruit que je fis en marchant fit tourner tête. […] Vous prétendez approfondir ce que Madame de Mongey et moi avons dit ensemble, et nous tourner en ridicule devant la compagnie ; mais… Je ne le prétends pas, reprit cette dame en l’interrompant, au contraire, j’allais vous citer l’un et l’autre pour des exemples de constance.
Les chevaliers tournèrent la tête du côté qu’ils entendaient le murmure de l’eau, et eurent d’autant plus de joie d’apercevoir une fontaine, qu’ils se sentaient extraordinairement altérés.
Je le regardai d’un œil qui ne lui promettait rien de bon, et je tournais la tête de mon cheval pour le pousser sur lui à toute bride, mais Monsieur l’écuyer la saisit. […] Au bruit que je fis en entrant elle tourna la tête de mon côté, et se leva en colère d’avoir été surprise dans un tel état. […] J’avais le dos tourné vers la porte et un livre à la main. […] La veuve qui m’avait dit qui il était, ne savait de quelle manière cela tournerait ; mais elle fut bien plus surprise de la suite. […] Elle questionna mon animal de laquais, et le tourna de tant de côtés, que le maraud fut assez sot pour lui découvrir toute la vérité.
Si j’avais écrit des fables, j’aurais été maître des incidents que j’aurais tournés comme j’aurais voulu ; mais ce sont des vérités qui ont leurs règles toutes contraires à celles des romans.
On va dire, sans doute, que l’esprit m’a tourné, de mettre en parallèle la faible puissance d’une compagnie particulière avec la richesse du plus puissant prince du monde. […] Comme c’était la vérité, j’ai juré sans difficulté : il a promis de s’acquitter après la messe ; &, ne pouvant démentir le fait, il s’est attaché à le critiquer & à me tourner en ridicule. […] Lorsqu’il est une fois tourné sur le dos, il est impossible qu’il se retourne sur le ventre, & par conséquent qu’il marche. […] Il a une propriété ; c’est qu’il reste en vie tourné sur le dos pendant vingt ou vingt-cinq jours, en lui jetant tous les matins pour tout aliment quatre ou cinq seaux d’eau sur la tête. […] Il se tourna devers nous avant que de dire le dernier Évangile & nous pria de ne point sortir, ayant quelque chose de conséquence à nous dire.
Elle sait même de l’astrologie ; mais cette science capable de faire tourner l’esprit d’une autre, ou du moins de la jeter dans le ridicule, ne lui sert que d’amusement. […] Je priai qu’on me fît tout ce qu’on voudrait, et qu’on ne l’outrageât pas ; qu’on tournât contre moi tous les effets que la rage pouvait inspirer, et mille autres choses de pareille nature, qui ne furent point entendues par ces gens impitoyables.
Paris n’avait point encore l’obligation à Monsieur Pelletier, depuis ministre d’État, d’avoir fait bâtir ce beau quai, qui va du pont Notre-Dame à la Grève, que sa modestie avait nommé le quai du NordPelletier Quai du Nord…, et que la reconnaissance publique continue à nommer de son nom, pour rendre immortel celui de cet illustre prévôt des marchands ; lorsqu’un cavalier fort bien vêtu, mais dont l’habit, les bottes et le cheval crottés, faisaient voir qu’il venait de loin, se trouva arrêté dans un de ces embarras, qui arrivaient tous les jours au bout de la rue de Gesvres ; et malheureusement pour lui les carrosses venant à la file de tous côtés, il ne pouvait se tourner d’aucun.
Elle a de l’esprit infiniment, et le tourne comme elle veut ; elle en a eu besoin pour parvenir où elle est. […] La garde tourna la broche et pendant ce temps-là, lui et elle restèrent seuls auprès du lit de la mère. […] Il remarqua qu’elle ne tournait point la tête de son côté ; il la regarda et la reconnut pour une de ses anciennes connaissances, à laquelle même il avait autrefois fait semblant d’en vouloir.
Il alla promptement l’ouvrir, et trouvant ses deux bourses dedans, et tout son argent, qu’il compta pièce à pièce, l’esprit acheva de lui en tourner de joie qu’il en eut.
[février] Le vent a tourné cette nuit bout pour bout, tout à fait contraire à notre route. […] La tête tourne pour peu qu’on travaille dans ces chaleurs-ci. […] Cet animal a encore une autre propriété, c’est qu’il reste en vie tourné sur le dos vingt et vingt-cinq jours sans manger, en le lavant tous les matins d’eau de la mer. […] Ils marchent ainsi, le corps ayant le visage tourné vers le chemin, jusques à environ vingt ou trente pas du foyer, où ils s’arrêtent. Là le bramène, le visage tourné vers celui du mort, récite quelques prières, fait trois tours autour du brancard et y jette un peu de riz.
Comme il s’était déshabillé pour faire sécher ses hardes, il les tourna et retourna de tous côtés, avec des cris et des regrets si perçants, qu’il en aurait attendri tout autre que ceux qui s’en divertissaient.
Toutes deux seraient venues à bout de Sancho s’il s’était laissé prendre au corps ; mais en faisant tourner son bâton comme un bâton à deux bouts, et en reculant, il les empêchait de le joindre.
Sitôt que j’ai eu l’honneur de vous voir, j’ai tourné la conversation de tant de côtés que je l’ai fait tomber sur Silvie : non pas pour savoir si elle ne m’avait point imposé ; je n’ai jamais douté de la vérité de ses paroles : mais afin que vous pussiez vous-même en instruire ma mère avec d’autant plus de cordialité, que vous ne vous attendiez assurément pas à découvrir ce secret. […] Mon fermier était même prisonnier : on l’accusait d’avoir mis lui-même le feu à la maison, afin de pouvoir sous ce prétexte couvrir le vol qu’on disait qu’il avait fait de quantité de meubles et d’argenterie qui y avaient été retirés par un gentilhomme du voisinage, dont les affaires n’avaient pas bien tourné. […] Enfin il me tourna de tant de côtés que je lui promis tout ce qu’il voulut me faire promettre, et je lui promis sincèrement.
Je n’ai jamais vu d’homme si bien tourné en ridicule, je montrais ce qu’elle m’en écrivait, et tout le monde admirait comme moi la délicatesse de la satire.