Deux de ces malheureux, dont les mousquets étaient chargés, l’attendirent de pied ferme, et sitôt qu’il fut à portée ils les tirèrent. […] Ce malheureux se préparait à porter un coup d’épée à cette dame, et l’aurait assurément percée, si notre héros n’eût fait gauchir le coup, en lui poussant son cheval sur le corps, en sorte que la duchesse en fut quitte pour la peur, et pour une égratignure à la main qu’elle avait portée au-devant du coup. […] Les gens qui venaient au secours de la duchesse étaient les siens mêmes, qui après avoir été de loin témoins du combat de nos braves, et voyant que le nombre des assassins diminuait, étaient venus pour achever d’en délivrer leur maîtresse, et se servant de l’exemple que Sancho leur avait montré, ils prirent chacun un palonnier, et eurent bientôt abattu le malheureux qui restait sur ses pieds ; ils allaient achever de l’assommer, lorsque Don Quichotte qui arriva ramenant le cheval de Sancho, et par conséquent la bouteille, les empêcha de tuer ce misérable, et se contenta de le faire lier et garrotter aussi bien que l’autre, que Sancho avait assommé, et celui à qui il avait fait passer son cheval sur le corps, qui tous deux n’étaient qu’étourdis.
Cette femme en déchirant son maître, parlait de sa maîtresse avec toute la vénération et l’admiration possible, et comme de la plus belle et de la plus malheureuse personne du monde. La France est fertile en cavaliers qui cherchent à consoler les belles malheureuses. […] C’est-à-dire, reprit-il, que ce n’est pas assez pour vous de nous rendre tous deux malheureux, vous voulez encore que je meure ! […] Ne vous donnez pas à moi, mais arrachez-vous à lui ; retirez-vous dans ce moment, et du moins si je n’ai pas le bonheur de vous posséder j’aurai le plaisir de vous y aller voir et de ne plus trembler pour votre vie ; en un mot, si vous ne voulez pas être heureuse entre les bras d’un homme qui vous adore, ne vous obstinez pas à rester malheureuse. […] Je vous aime et je vous laisse malheureuse !
En effet, ç’aurait été une chose digne de pitié, qu’un aussi honnête homme que notre héros fût mort dans ses imaginations ; mais avec ces favorables sentiments pour le maître, ils étaient bien résolus de fatiguer son malheureux écuyer de toutes manières, et d’en tirer tout le divertissement qu’un misérable paysan tel que lui, et avec cela fou à lier, peut donner à des gens de qualité. […] Le malheureux qui avait le corps roué des saccades de sa monture, mit pied à terre du mieux qu’il put, transporta son bagage sur son bon cheval, et monta sur Flanquine, qu’on délia sitôt qu’il fut dessus. […] Le malheureux pécheur y demeura jusqu’à ce que son maître réveillé par ses imaginations sortit pour prendre l’air à son ordinaire, et alla par hasard du côté où était son malheureux écuyer tout transi de froid.
Malheureux, poursuivit-il, sont-ce là les larmes que vous répandez, et que vous devrait arracher la perte d’une des plus belles et des plus vertueuses femmes du monde ? […] Car, Monsieur, disait-il à ce confesseur, ne faut-il pas que je sois bien malheureux ? […] Je ne vous en parlerai jamais, je vous le promets, mais ne me donnez point lieu d’agir ; car il ne faudrait qu’un moment pour vous rendre malheureuse, et pour vous faire pleurer toute votre vie. […] Mais qu’elle sera malheureuse, si elle se ressouvient de Beaulieu avec quelques-uns des mouvements que j’ai, lorsque je pense à vous. […] Les exemples de tant de malheureuses qu’elles voient tous les jours, ne les rendent pas plus sages : au contraire, plus il y en a de libertines aujourd’hui, et plus il y en aura demain.
Pardonnez-moi ce vœu, que le désespoir m’a fait faire ; je suis mille fois plus à plaindre que vous ; vous ne perdez dans moi qu’une princesse malheureuse et infortunée, et je perds en vous la fleur de la Chevalerie, le miroir de la vraie valeur, le prototype de la fidélité, et un parfait modèle de toutes les vertus. […] Et crois-tu que Pluton s’intéresse autant à un malheureux pécheur comme toi, qu’à un aussi honnête homme que lui ? […] Si je vous voyais plus longtemps je ne ferais que me rendre malheureuse, ainsi permettez-moi de prendre de vous un congé éternel.
Faites, dit-elle, je consentirai à tout ce qu’il vous plaira ; et malheureuse pour malheureuse, j’aime mieux vous sacrifier tout, je ne puis éviter ma destinée. […] Ce malheureux, surpris au dernier point, fit ce que je voulus. […] Ne suis-je pas bien malheureuse ! […] La malheureuse ! […] En vérité les femmes sont bien malheureuses, ajouta Madame de Mongey.
Je serais toujours malheureux, dit-il ; mais je ne cesserais pas de vous aimer. […] Le trouble de mon cœur est inconcevable, sortez du malheureux état où vous êtes, retirez-vous dans votre particulier, éloignez-vous d’un quartier où vous êtes trop connue, recevez mes présents pour me faire honneur, et ne vous engagez à rien avec moi. […] Ne vous obstinez pas davantage, vous ne feriez que perdre votre temps, ou me rendre malheureuse, si j’étais assez crédule pour vous écouter. […] Ce qui rendait sa mère chagrine, était ses maladies perpétuelles, son âge fort avancé, et l’état malheureux où elle avait été réduite qui avait aigri son esprit, qui d’ailleurs ne pouvait pas être fort poli, n’ayant jamais vu que des paysans en province, ou des gens du tiers état à Paris. […] Il n’importe, reprit-elle, j’y suis résolue, et quand je devrais être toute ma vie la plus malheureuse des créatures, et retourner à ma première fortune, je ne souffrirai pas qu’on fasse de moi des jugements qui me sont si injurieux.
Ce lieutenant et son greffier, après avoir été amplement récompensés de leur peine par le comte, eurent encore le butin des bandits qu’ils retournèrent chercher dans la caverne, où ils l’avaient laissé, sans parler de leurs chevaux, sur lesquels ces malheureux n’avaient pas eu le temps de monter. […] Les Françaises lui dirent la même chose, et ajoutèrent que la quête de ces malheureux était indigne de gens d’honneur et de qualité, que les personnes considérables en France ne s’y commettaient pas, et laissaient ce soin à des gens destinés à cet emploi ; et qu’on regarderait en France avec horreur un officier de qualité distinguée, qui aurait seulement livré un malfaiteur, bien loin de l’avoir poursuivi et arrêté lui-même.
Verville prévit tout d’un coup ce qu’il en pouvait espérer, et ne se crut pas malheureux. […] Il se contenta de l’écouter, et de lui dire qu’il ne s’y fiait plus après avoir été une fois trompé ; que désormais elle pouvait agir à sa manière, et qu’il ne la considérait plus assez pour prendre part par la suite à ses actions ; que tout ce qu’il lui demandait était de faire l’amour sans conséquence, et de sauver sa conduite par les apparences ; qu’en son particulier pour éviter l’éclat et le scandale, il ne prendrait point d’autre vengeance d’elle que de la mépriser comme une malheureuse. […] Pour vous, malheureuse, poursuivit Cléon en parlant à Silvie, je me réserve votre punition ; j’aurai soin de vous faire faire pénitence.
La médiocrité et la pureté des mœurs ne permettait pas pour lors qu’on s’enrichît des dépouilles d’autrui ; les fortunes n’étaient point si subites ni si opulentes ; on ne voyait point tant de faste parmi des gens sortis de la lie du peuple, et aussi n’y voyait-on point tant de malheureux et d’oppressés. […] Chacun mesurait son ambition à son état, et non pas son état à son ambition ; on ne voyait pas comme on voit aujourd’hui de malheureux publicains, dont l’opulence n’a tiré sa source que de l’usure et de la mauvaise foi, dans la levée des deniers du prince, faire réformer, et rendre plus vastes et plus magnifiques pour leur usage particulier, les mêmes palais dont peu de temps auparavant les princes s’étaient contentés.
il ne me resta de force que pour déchirer cette malheureuse lettre qu’elle me rendit ; je me levai toute nue, pour en aller jeter les morceaux dans le feu, et voulus ensuite regagner mon lit ; mais la vue de mes tantes que j’aperçus derrière mon paravent me fit tomber évanouie. […] Si on mourait de douleur je n’aurais pas assurément passé la nuit qui suivit cette malheureuse aventure sans expirer. […] Je sortis toute baignée de pleurs, sans ouvrir davantage la bouche, et je revins chez moi plus agitée que cette malheureuse ne l’était elle-même. […] Il remua pour cet effet tant de ressorts, et fit agir ses amis avec tant de vivacité, et Sainville lui-même, qui ne savait pas qu’il travaillait pour sa plus mortelle ennemie, que cette malheureuse sortit de prison environ six semaines après y être entrée.
Je n’ai jamais vu de peuples plus malheureux que ces gens-là sans en excepter même les sauvages du Canada. […] Malheureux ceux à qui pareille aventure est arrivée. […] Ces malheureux vendent leurs enfants à qui les veut acheter. […] Madame, lui disait-elle, ce malheureux heume le pain comme le vent. […] Les matelots mangent tout, et si on peut le dire sans insulter à leurs souffrances, les malheureux avalent leur mort en s’emplissant le ventre.
Faut-il que vous acheviez de me rendre malheureuse ? […] Que je suis malheureuse, dit-elle, en pleurant. […] Non assurément, dit-elle en riant, je vous en remercie ; mais vous seriez-vous assez malheureux pour vous en servir ? […] N’étais-je pas assez malheureux sans me faire connaître toute la perte que j’avais faite ? […] Je mourrai malheureux, mais du moins je mourrai satisfait, puisque vous saurez que je ne mourrai que pour vous.
Le malheureux Cardénio avait besoin de subsistance et de nourriture, et tu lui ôtas les moyens d’en trouver, en le volant de guet-apens. […] Son inquiétude se remarquait par ses fréquents tournements de tête et son agitation continuelle ; mais le malheureux n’en était pas encore où il pensait : car un démon dameret, c’est-à-dire fort proprement vêtu, et nullement effroyable comme les autres, mais au contraire parfaitement bien mis avec de la broderie d’or et d’argent, de belles bagues et de beaux anneaux aux doigts, de beau linge et de belles dentelles, poudré, frisé, en un mot tiré à quatre épingles et d’un visage fort doux, fort mignon et fort beau, s’approcha du trône de Pluton, et ayant posé sur le premier degré deux petits paniers qu’il portait, l’un rempli de petites cornes de différentes couleurs, et l’autre de petites fioles d’essence, de pots de pommade, de tours de cheveux, de boîtes à mouches, de fard et d’autres ingrédients propres aux femmes, se mit à genoux et d’une voix fort douce et fort agréable se mit à le supplier de lui accorder audience.
C’est un exemple qu’il laisse aux pêcheurs pour ne se point désespérer ; mais très malheureux qui s’y fie ! […] Il ajouta que cette surprenante découverte avait poussé à en faire une autre dès le lendemain, et qu’à force d’argent on avait obligé un malheureux à se polluer sur un morceau de salin noir. […] Ils ne se connaissent pas : je n’ai jamais vu de peuples plus malheureux qu’eux, sans en excepter les sauvages du Canada. […] Je le répète encore, je ne sais qui que ce soit plus malheureux que ces gens-ci. […] J’ose le dire, instruit par ma malheureuse expérience : toutes les compagnies et les colonies françaises périront, à moins que le roi n’abandonne absolument le commerce aux marchands.
Don Quichotte reconnut Freston, et le malheureux Sancho qui le reconnut aussi en fut si épouvanté qu’il commença à se repentir de son entreprise, et voulut se jeter derrière son maître ; mais il ne put le faire si promptement que ce démon ne l’atteignît d’un coup si rude sur les épaules qu’il le jeta étendu aux pieds du chevalier des Lions. […] Cette satisfaction n’était pas déjà bien suffisante, puisqu’elle était intéressée ; il n’importe, telle qu’elle était je m’en serais contenté si les coups avaient été sincères, mais le fourbe que tu vois faisait semblant de frapper sur son corps, et frappait sur un arbre contre lequel il était appuyé, et ainsi fraudait la maltôte de l’enfer ; c’est ce qui a fait que ta justice a abandonné cette malheureuse princesse à la fureur du barbare Freston, qui a fait faire au corps de cette infortunée une rude pénitence de la délicatesse de Sancho, qui ne s’est jamais donné que quarante coups qui puissent être alloués.
Que quand je devrais être le plus pauvre et le plus malheureux gentilhomme de France, je ne m’abaisserais jamais à devenir le persécuteur du peuple et des paysans. […] C’est bien à un malheureux comme vous, poursuivit-elle, de donner des avis qui peuvent mettre la discorde dans une famille considérable ? […] Je voyais bien qu’en la rendant malheureuse, je ne me rendais pas plus heureux. […] Vous m’avez rendu trop malheureux, et je vous ai trop maltraitée, pour espérer jamais entre nous de réconciliation sincère. […] Vous l’avez voulu, Madame, lui dis-je, vous avez été la maîtresse de votre destinée ; vous en avez disposé en nous rendant malheureux l’un et l’autre : mais je le suis bien plus que vous.
Il n’y a qui que ce soit au monde plus malheureux & plus misérable qu’eux. […] Ce malheureux pays-ci chagrine tout le monde. […] Madame, lui disait-elle, le malheureux heume le pain comme le vent : il ne fait d’un gros morceau qu’une becquée. […] Je le regarde comme un véritable théâtre : & bien malheureux, à mon sens, ceux qui s’y attachent autrement que comme à une comédie ! […] Malheureux que nous sommes, nous ne nous connaissons pas nous-mêmes, & plus malheureux encore, de ce que nous ne cherchons point à nous connaître.
De l’aventure qui arriva au malheureux Sancho peu de temps après qu’il fut hors de chez le duc de Médoc, et de plusieurs autres choses qui ne sont pas de grande importance.
Que maudit sois-tu de Dieu et de ses saints, malheureux instrument, dit-il en le cassant sur une roche de toute sa force, arme de l’invention du démon et de ses mauvais anges.
— Rien n’est plus certain, reprit Don Quichotte, et je suis tenté d’en boire pour perdre entièrement l’amour malheureux dont je ne puis me défaire ; après cela rien ne troublera plus le repos de ma vie, et mes jours ne seront composés que de moments heureux.
Ils dirent qu’il était vrai qu’on ne voyait point de Français s’empoisonner, se poignarder, ou se pendre, pour avoir eu le malheur de n’avoir pas épousé une vestale, et que sauf le respect de tous les Espagnols en général, et des Portugais en particulier, ils regardaient comme des fous ceux qui étaient assez sots et assez malheureux pour en venir à ces extrémités ; que la manière de France sur un pareil sujet était sans doute plus raisonnable, puisque c’est être en effet extravagant, que de se punir des péchés d’autrui, et qu’à le bien prendre la mauvaise conduite d’une femme ne devait être imputée au mari qu’autant qu’il la souffrait sans y mettre ordre lorsqu’il le devait et autant qu’il le pouvait ; que du reste un homme n’en devait pas être regardé comme moins honnête, quoiqu’il eût une femme libertine, pourvu qu’il eût fait en homme d’honneur ce qu’il devait pour la ranger à la raison, pour sauver les apparences, et pour éviter l’éclat et le scandale, dont tout ce contrecoup et la honte retombait sur lui, lorsqu’il faisait le moindre faux pas.
Il ne restait plus que six de ces malheureux à trouver, mais il fut impossible d’en venir à bout dans la forêt.
Vous êtes extrêmement jeune, votre famille s’opposera toujours à mes vœux et aux vôtres ; vous pouvez changer et me laisser le plus malheureux de tous les hommes, après avoir conçu des espérances si flatteuses : laissez-moi le soin de l’avenir, répondit-elle, le temps et les occasions vous fourniront des moyens pour ma famille, et pour moi il ne tiendra qu’à vous, ajouta-t-elle en rougissant, de m’engager si avant, que vous soyez à couvert de mon inconstance. […] Je la chicanai sur tout, et lui fis comprendre qu’en m’épousant, elle pouvait s’attendre d’être éternellement malheureuse.
. — Ce n’est pas d’aujourd’hui, reprit Don Quichotte, que cette sorte d’arme a paru sur terre ; et il me souvient d’avoir entendu dire, qu’un malheureux magicien ou enchanteur du genre humain, ayant apporté des enfers les premières qu’on ait jamais vues, le brave chevalier Roland les jeta dans la mer, d’où elles ont été depuis retirées par un moine allemand.
. — Que je suis malheureuse, dit Altisidore en feignant de pleurer, j’ai sauté du maître au valet, j’ai bien changé mon cheval borgne dans un aveugle.
Que ces malheureux auraient été comme des esclaves pendant le reste de leur vie, mais que leurs enfants et ceux qui les auraient fait travailler auraient joui de la bonté et de la fertilité du pays. […] Cette malheureuse fut donc remise aux Iroquois, mais elle ne sortit point du château, et ils n’en eurent que la vue, parce que Monsieur de Frontenac, qui prévoyait la conséquence de cette démarche, à laquelle il n’avait consenti que malgré lui, et pour sauver tout le pays, retint les chefs de ces peuples et leur fit boire copieusement de l’eau de vie, qui est ce qu’ils aiment le plus ; et lorsqu’il les vit dans l’état qu’il souhaitait, il leur demanda s’ils voulaient troquer contre lui cette grande fille blanche pour de pareille liqueur. […] Sans m’écarter de la disette de Paris et de toute la France, à laquelle je reviendrai, je crois devoir dire la cause de notre malheureux combat de La Hogue donné le jeudi 28. mai 1692, qui fut un coup de la cervelle bien mal timbrée de l’illustre M. de Pontchartrain, et qui a si bien mis à bas la marine qu’elle ne s’en relèvera jamais. […] Ce combat de mer a été le plus malheureux de tous ceux que la France ait jamais perdus sur cet élément, puisque ses forces maritimes ne s’en sont pas depuis relevées et ne s’en relèveront de longtemps, et le tout par l’entêtement de M. de Pontchartrain, qui se croyait seul plus capable et plus habile que tout le reste du monde ensemble. […] Nous avons donné des avis Que jamais on n’aurait suivi Sans les temps malheureux d’une guerre cruelle.