La véritable générosité ne consiste qu’à humilier ceux qui résistent, à vaincre ceux qui se défendent, et à pardonner à ceux qui sont à notre discrétion ; elle ne gît pas, dit-il, dans la vengeance, mais à ne pas se servir du pouvoir qu’on a de se venger. […] Plusieurs hommes préparés devraient-ils se jeter sur un seul qui ne se doute de rien, qui étant surpris le plus souvent désarmé, n’a le temps ni le moyen de se défendre ? […] Ils disent qu’il leur est impossible de résister à la tentation, et veulent que des femmes y résistent, quoiqu’ils les estiment remplies de faiblesses ; ils prétendent que la vue d’une belle se rend tout d’un coup si bien maîtresse de leur cœur, qu’ils ne peuvent se défendre de ses caresses empoisonnées, et ôter de leur esprit l’idée que leurs charmes y ont imprimée. […] C’était la veille du départ de toute la compagnie du château de la Ribeyra ; et comme le curé du village des chevriers où Valerio avait été porté, venait prendre congé de lui et de la comtesse Eugénie, et qu’il était présent à tout ce que Don Quichotte avait dit, il ne put s’empêcher de l’approuver, et convint que le péché devant Dieu était en effet plus grand pour les hommes que pour les femmes, et en donna une raison qui parut très juste, savoir que rarement les femmes font les premières démarches ou avances d’une aventure, et qu’il est bien plus difficile de se défendre que d’attaquer ; au lieu que les hommes, qui attaquent toujours et ne se rebutent point par les refus, marquent un esprit diabolique, non seulement en offensant Dieu dans le cœur par un dessein constant et persévérant de l’offenser, mais aussi en poussant et en obligeant les autres de l’offenser avec eux ; ce qui était un péché prémédité, un péché raisonné, un péché d’action et de volonté, et par conséquent tellement atroce qu’il n’y avait que la miséricorde de Dieu qui pût le pardonner.
Le duc de Médoc, qui avait un très grand fond de probité et d’honneur, écouta tout ce qu’on lui dit avec une patience admirable, et sans répondre un seul mot ; mais après qu’on eut achevé de lui dire tout ce qui se pouvait dire sur cette matière, il prit la parole, et après avoir remercié toute la compagnie en général du soin que chacun en particulier avait témoigné pour sa personne, il ajouta que s’agissant de rendre service au comte de Valerio, et de sauver l’honneur d’une des meilleures maisons d’Espagne, il n’aurait pas eu l’esprit en repos si lui-même n’y avait été ; que de plus, chacun se faisait dans le monde un point d’honneur et de probité selon son humeur ; qu’il avouait que la recherche qu’on faisait de gens qu’on destinait au gibet, offrait à l’esprit quelque chose de bas et de rebutant, qu’ainsi il ne blâmait point les Français de ne s’y pas commettre, parce qu’ils croyaient que cela était indigne d’un grand cœur ; mais que pour lui il était d’un autre sentiment et qu’il ne croyait pas qu’il fût plus indigne d’un prince de faire la guerre à des voleurs et à des bandits qui désolaient toute une province et ses propres compatriotes, que de la faire à des étrangers ; qu’il croyait même que c’était plus utilement servir sa conscience et le public dans une guerre de cette nature, que dans une guerre réglée, parce que les ennemis qu’on combat dans celle-ci, ne sont pas des ennemis particuliers ni domestiques, puisqu’on peut s’en défaire par un traité de paix ; mais que les autres sont des ennemis d’autant plus cruels, qu’ils ne sont retenus par aucune digue ; de plus que la guerre avait ses lois inconnues aux scélérats, et que les ennemis qu’on combattait dans une guerre de prince à prince, étaient presque toujours des ennemis contraints par la volonté et par l’ambition de leur souverain, avec qui la vie était sauve, ou du moins ne courait pas tant de risque, qu’avec les autres, qui non seulement n’épargnaient personne, mais de qui même leurs propres amis et les gens de leur connaissance avaient plus à craindre que des étrangers ; qu’enfin dans une guerre ouverte on était en état d’attaquer et de se défendre, et que l’on n’était jamais surpris qu’on ne dût s’attendre à l’être ; mais que les voleurs de grands chemins étaient des gens qui mettaient leur sûreté dans les surprises qu’ils faisaient aux gens qui ne se défiaient nullement d’eux ; et qu’en un mot c’était des ennemis d’autant plus dangereux qu’ils empêchaient le commerce et la sûreté, et qu’il n’y avait avec eux ni paix ni trêve à espérer que par leur mort ; enfin des gens universellement regardés avec exécration ; ce qui était si vrai, qu’en France même, où les gens de distinction tenaient cette chasse si indigne d’eux, les bandits et les voleurs de grand chemin étaient punis du plus long et du plus rude des supplices, et privés même de la sépulture. […] On ne voulut pas défendre davantage la négative crainte d’irriter notre chevalier, qu’on ne contredisait en rien, et pour qui on avait toute sorte de complaisance sur les sujets qui avaient quelque rapport à la Chevalerie errante, et pour ne pas en avoir de sujet chacun prît le chemin de sa chambre.
Mais pour chez moi je vous défends d’y venir jamais, ou comptez que vous n’en sortirez que par une de mes fenêtres. […] Ainsi il leur était défendu de demander l’aumône et d’approcher de la Cour, et on mettait les hôpitaux hors d’état de les recevoir. […] Défendez-vous contre vos ennemis, vous vivrez après en repos. […] Les anciens conciles de la primitive église, et même jusques au XIIIe siècle, défendaient absolument cette profanation. […] Si M. de Villefranche n’avait rien donné à ses intérêts particuliers et à sa famille, Chedabouctou se serait défendu et peut-être que l’Acadie serait encore à nous.
Le cavalier, qui était bien mis, leur parut français, et avoir la bourse bien garnie ; outre cela, ils le crurent de la compagnie de celui qui venait de se défendre si bien contre eux, et qui avait blessé deux des leurs. […] Deshayes qui était fort blessé, fut bien réjoui de ce renfort, et se défendait autant qu’il pouvait.
On le pria de se démasquer, il parut vouloir s’en défendre d’abord ; mais enfin il se démasqua. […] Je ne pus m’en défendre, je me [livrai] tout entier. […] Elle s’était insensiblement accoutumée à l’entendre, elle lui répondait même assez souvent, et défendait son sexe le mieux qu’elle pouvait, sans lui faire changer d’opinion. […] Tout le monde a cela de propre, particulièrement les femmes, de se porter avec ardeur à tout ce qui est défendu. […] Je fis dire que je n’y étais pas, et défendis qu’on la laissât jamais entrer si elle revenait.
Le désespoir de se pouvoir défendre l’avait obligé à se brûler lui-même ; nous vîmes éloigner la chaloupe dans laquelle il se sauvait, mais nous la perdîmes bientôt de vue. […] On tient ici pour constant que si ce navire avait pu se défendre plus longtemps et n’eût pas coulé bas, il ne se serait point brûlé. […] Ils n’ont pour tout vêtement qu’une corde qui leur ceintre le ventre, où est attaché un méchant morceau de linge qui cache simplement ce que la pudeur défend de laisser voir et qui se retrousse sur le derrière. […] Nous allions nous cependant à petite voile, et la première chose que Monsieur de Porrières a faite, ç’a été de défendre aux canonniers de tirer que nous ne fussions tout proches des ennemis, et de ne tirer qu’à coup sûr. […] La chair de ces animaux fait ce qu’elle peut pour n’être pas dévorée et se défend durement, mais inutilement.
La fille qui avait supporté sans murmurer tous les mauvais traitements de son mari, n’eut pas tant de patience sur le chapitre de sa mère, et ne put se passer de la défendre, et ce brutal se voyant contredit en vint jusques à la frapper. […] Sa vue redoubla la colère de Sotain, qui voulut la mettre dehors par les épaules, mais elle se défendit de manière que le bruit qui se faisait dans cette chambre s’étant fait entendre en bas y fit monter toutes les femmes qui y étaient, c’est-à-dire celles qui avaient le privilège d’entrer dans l’appartement ; car outre qu’il n’y entrait jamais ni homme ni garçon, toutes les femmes mêmes n’y étaient pas bienvenues ; elles entendirent une partie des sottises que le gendre dit à sa belle-mère, et des reproches que la belle-mère faisait à son gendre ; et comme ils étaient trop animés pour examiner leurs paroles, le secret ne lut plus caché, puisqu’il fut su de tant de femmes. […] Enfin elle se défendit avec tant de pudeur, que le jaloux la prenait pour une véritable vestale, et des plus sévères. […] J’ai assez d’amis en Cour pour le rengager malgré lui dans le service ; et si je ne puis en venir à bout, je périrai par sa main ou je vous vengerai par la mienne ; vos souffrances me mettent au désespoir, je ne pourrais pas vivre éloigné de vous et toujours dans la crainte de vous voir périr par la main d’un brutal. — Plaignez-moi, lui dit-elle les larmes aux yeux, aimez-moi ou du moins laissez-moi le croire, c’est la seule consolation que je vous demande ; mais ne vous avisez pas de rien entreprendre contre lui, je vous le défends, sous peine de ne vous plus jamais voir ; et si vous m’obéissez en cela, il se pourra arriver des changements qui me permettront d’avoir pour vous de la reconnaissance.
Jacob défendit les filles de Laban, qui y étaient occupées. […] Poquet, qui est forcé, toutes les nuits, de lécher plus de vingt fois, avec sa langue, les parties d’un infâme bourreau que la bienséance défend de nommer. […] Nos chasseurs, & tous ceux qui ont été dans le bois, en ont vu ; mais, ces animaux ne font de mal à personne, & il avait été défendu de leur en faire. […] Il alla jusqu’à les accuser d’avoir une fausse clef, & même en frappa un, qui ailleurs se serait défendu autrement que sur son innocence. […] Cependant, Remraja l’a défendue & la défend encore avec vigueur, quoique l’armée de son ennemi soit formidable, en comparaison de la sienne qui n’est composée que d’environ vingt mille hommes.
Le duc parla à l’autre avec tant de douceur, qu’il se laissa gagner aux promesses qu’il lui fit, et étant descendu, conduisit la troupe dans tous les endroits de la forêt où ils se retiraient ; on y en trouva huit dont il n’y en eut que deux qui se défendirent et qui se firent tuer, les six autres étant hors de combat par les blessures qu’ils avaient reçues, tant à l’assaut de la caverne, que par les actions où ils s’étaient trouvés contre Sainville et Deshayes. […] Ils étaient tous six ensemble, bien résolus de se défendre jusques à la dernière goutte de leur sang.
La nature et le devoir m’avaient défendue contre lui. […] J’y allai avec son frère, il la vit et lui parla ; mais on me refusa la porte, quelque colère qu’il en montrât, le père qui avait été instruit de ce qui s’était passé, et qui avait enfin su que c’était moi, avait expressément défendu de la laisser voir à qui que ce fût, qui ne fût de sa famille. […] L’honneur vous l’ordonne, l’amour ne vous le défend-il pas ? […] Je ne fus point exaucé ; il revint de cette maladie, après avoir gardé le lit près de quatre mois, pendant lesquels je vis tous les jours Clémence, sans qu’il le sût ; car aussitôt qu’il avait su mon retour, il lui avait défendu de me voir et de me parler. […] Je suis plus gardée ici qu’une prisonnière, cependant il me sera permis de vous écrire, car pourvu que je n’entreprenne point de sortir du couvent, on ne me défend point le reste.
On n’y remarque pourtant pas ce que les Latins nomment Inguen, et que l’honnêteté défend de nommer en français. […] Landais me servait ; mais M. de La Chassée ne lui a pas donné le temps de se défendre. […] Le commandeur l’avait promptement suivi, et lui a expressément défendu les voies de fait, et lui a promis justice. […] L’entrée du port est à présent mieux défendue que celle de Constantinople ne l’est par les Dardanelles. […] Il avait du service, et avait fort bien défendu le pont d’Avendin en Flandre contre le prince d’Orange en 1677, et s’est laissé prendre comme un sot.
Avez-vous oublié qu’un enfant n’attend que de vous, un droit que Dieu, la nature, et votre honneur vous défendent de lui refuser ? […] Je mourrais de rage et de désespoir si une clôture me défendait présentement d’abandonner mon cœur aux tendres mouvements dont il est agité. […] Il ne s’informa point du tout de Silvie, on le lui avait expressément défendu. […] Je vous défends pourtant de songer à me voir jamais. […] Elle lui défendit de me rien dire de leur conversation.
Don Quichotte voulut voir à quel endroit le faux enchanteur était disparu, mais un homme vêtu en satyre se présenta à lui, et lui défendit de la part de Parafaragaramus d’avancer davantage. […] Sancho fut mis entre les deux duchesses, quoiqu’il s’en défendît beaucoup ; mais ses fesses lui faisaient trop de mal pour demeurer assis sur son gazon.
Son étonnement ne lui permet pas d’ouvrir la bouche pour défendre son innocence, qui éclate dans son silence ; mais souffrez que je vous la représente en son entier. […] Dulcinée qui était à côté de Don Quichotte, supplia Pluton et les autres de la dispenser d’être l’exécutrice de leur arrêt, et à sa prière l’exécution en fut commise aux douze filles de Balerme, qui voulurent aussi s’en défendre, mais on les y obligea sous peine de rester enchantées.
Je me défendis le plus qu’il me fut possible, mais je fus accablé par le nombre de mes ennemis. […] Il ne se peut rien voir de plus tendre que leurs embrassements : elle voulut quelque temps se défendre contre la joie de le revoir. […] Il se défendit fort galamment ; on y parla de la jalousie, et cela fit insensiblement tomber le discours sur le sujet de Des Prez.
On m’en parla ; je convins de tout, et dis que je n’avais pas cru devoir défendre une mauvaise cause, et que je ne m’en ferais jamais d’honneur. […] Je vous défends absolument de rien souffrir ici de qui que ce soit. […] Hélas, tout autre en ma place ne s’en serait pas mieux défendu ! […] Je lui défendis de dire à qui que ce fût le traitement que je lui avais fait, et de supposer au contraire qu’elle revenait du voyage. […] C’est un soin que je ne puis me défendre d’avoir pour vous : il ne regarde que votre salut, et c’est ce que je vous souhaite.
Notre héros reprit sa fureur, en même temps qu’il reprit connaissance, et joignit les bandits l’épée à la main, qui surpris de se voir sur les bras un homme qu’ils croyaient mort, se défendirent avec tout le désespoir de gens qui n’attendent que la roue, et Don Quichotte les attaquait avec toute la témérité d’un chevalier errant.
Ils ajoutèrent, qu’ils convenaient qu’il y avait en France beaucoup de maîtresses et même d’épouses, qui trompaient cette confiance, et qui étaient véritablement infidèles ; mais qu’ils ne doutaient pas qu’il n’y en eût pour le moins autant en Espagne, étant le propre de tout le monde, et surtout des femmes, de se porter avec ardeur à tout ce qui est défendu, et de se dérober à un aussi dur esclavage, que celui où elles se voient réduites.
[Enfin celle de Vallebois fait voir que la vertu défendue jusqu’aux extrémités, triomphe toujours.
Nous nous dîmes adieu Silvie et moi avec les plus tendres transports qui se puisse[nt] jamais ressentir : car, Madame, il faut enfin vous avouer tout, puisque vous m’avez défendu de vous rien déguiser, j’aimais Silvie plus encore que je ne m’en croyais aimé ; elle m’avait fait connaître que son plus ardent souhait était de passer sa vie avec moi, et que je ne la désobligerais pas d’en faire la proposition à sa mère. […] Silvie en pensa mourir de frayeur ; mais on la remit, en lui faisant connaître que nous étions dans un pays à couvert de ses violences, et outre cela en état de nous défendre contre lui.
Dans ce dessein il avait suivi Deshayes, à qui il s’était fait présenter comme un valet fidèle, brave et bon postillon : il avait défendu sa vie non pas par amitié pour lui, mais parce qu’il s’était figuré que c’était Sainville qui lui avait fait dresser cette partie, et qui avait voulu le faire assassiner pour posséder ensuite sa veuve sans crainte et sans traverse.
Cette demoiselle ne s’en défendit point, elle avoua que le parti lui plairait fort, et qu’outre le bien et la fortune, Contamine était à son goût ; mais elle dit à la princesse, qui s’offrait d’en entamer les premières paroles, qu’il ne s’était point encore expliqué, et qu’elle la suppliait d’attendre qu’il eût parlé le premier. […] Cependant, dit-il, vous resterez dans un état qui me défendra de songer à vous ; sortez-en, je vous supplie, j’ai de quoi vous faire vivre ailleurs et plus honnêtement, et plus magnifiquement. […] Je n’y viendrai plus puisque vous me le défendez, je vous écrirai, puisque vous me le permettez ; mais vos réponses, qui me les rendra ?
Le duc de Médoc lui présenta la main et la conduisit jusqu’à son carrosse, d’où elle regarda encore le désolé chevalier et lui défendit de la suivre.
L’enchanteur eut à peine achevé qu’il disparut, et ne donna pas le temps à notre héros de se jeter à ses pieds, parce qu’il lui défendit de descendre de cheval, de le remercier, et de le suivre.
Ils descendirent, et allèrent au-devant d’elle, pour toujours sauver les apparences, et défendirent à leurs gens de remonter qu’on ne les appelât ; de sorte qu’ils n’entrèrent qu’eux trois dans la chambre.
Jour de Dieu, je ne veux pas être battue, ou bien je veux me défendre.
Il commença par me railler ; et voyant que je continuais, il me défendit d’aller chez elle. […] C’est à quoi il faut songer, dit-elle ; mais avant que de lui en parler, j’ai envie d’en parler à… C’est ce que je vous défends absolument, lui dis-je en l’interrompant ; je ne veux pas que qui que ce soit qu’elle, sache les termes où nous en sommes ; encore n’en saurait-elle rien si j’en étais cru. […] Nous dînâmes de compagnie, et je défendis absolument à ma femme de faire carême.