Il eut même le secret de s’en faire aimer autant qu’il l’aimait. […] Comme elle l’aimait véritablement, elle fut si vivement pénétrée de ces manières qu’elle en devint effectivement malade. […] aimeriez-vous longtemps ce que vous n’estimeriez plus ? […] Vous m’aimez et vous me chassez ! Je vous aime et je vous laisse malheureuse !
Je ne l’aimais plus, la jouissance avait tué l’amour. […] J’avais tous les sujets du monde de croire qu’on m’aimait. […] Je vois bien, reprit Des Frans, en riant, que votre raccommodement sera bientôt fait ; car si vous l’aimez, je vous jure qu’il vous aime bien aussi, et que ce n’est qu’un dépit amoureux qui le tient. […] Vous êtes trop heureux en bonne amie et en maîtresse ; on vous aime toujours, et on est sûre d’être aimée aussi. […] Elle n’aime que vous, elle ne compte que sur vous, c’est de quoi je puis vous répondre.
Dissertation sur la différente manière d’aimer des Espagnols et des Français. […] Il s’était figuré que ce château lui portait malheur, et il ne se trompait pas tout à fait comme on l’a vu, aussi aurait-il bien mieux aimé aller ailleurs ; mais il n’en était pas le maître, et il fallait suivre la compagnie. […] Les Français convinrent, que l’amour semblait être né en Espagne, où généralement tout le monde y était porté, qu’il semblait même que les Espagnols aimaient d’une manière plus sérieuse que les Français, puisqu’il paraissait qu’ils faisaient de leur amour une des principales occupations de leur vie ; mais que cependant les Français aimaient d’une manière plus engageante, et que si on ne trouvait pas parmi quelques-uns d’eux autant de constance qu’aux Espagnols, on y trouvait du moins plus de feu et de vivacité. […] Que ces derniers étaient si peu prévenus d’estime pour leurs maîtresses et leurs épouses, qu’ils ne se reposaient de leur fidélité que sur des grilles et des serrures, et que cette manière d’aimer avait quelque chose d’outrageant pour la personne aimée, au lieu que la confiance des Français avait quelque chose de plus noble et de plus généreux, en ce qu’ils s’assuraient entièrement de la fidélité de leurs maîtresses et de leurs épouses sur leur propre vertu et leur sagesse seule, dénuée de tout secours étranger. […] Que doit faire un mari quand on aime sa femme ?
De vous aimer toujours, reprit-il, et de me faire aimer de vous. Supposé que vous ne soyez point aimé, que ferez-vous, dit-elle ? […] Vous ne m’aimez guère, reprit-il. […] J’aimerais mieux me priver d’être jamais heureux, que de n’y pas répondre. […] J’aime avec toute l’ardeur imaginable, mais j’aime sans espérance.
Je trouvai Silvie à son clavecin ; figurez-vous tout ce que peuvent se dire deux personnes qui s’aiment, et qui n’ont point de temps à perdre. […] Après un moment de silence elle reprit la parole en ces termes : Si jeune que j’ai été, j’ai aimé Sainville, et à peine me suis-je connue, que j’ai connu que je l’aimais plus que moi-même. […] Vous avez cru être aimée de Sainville ; vous lui avez abandonné votre cœur tout entier. […] Ne m’interrompez point, ajouta-t-elle, j’ai bien d’autres choses à vous dire de plus grande conséquence, et vous connaîtrez quand vous m’aurez entendue qu’il faut vous aimer autant que je vous aime pour vous donner le chagrin que je vous donne, en vous découvrant et vous prouvant par des témoins irréprochables, la vérité d’un secret que je voudrais pouvoir me cacher à moi-même. […] Moi, Madame, lui dis-je toute étonnée, je ne puis rien sur Sainville ; vous savez qu’il ne m’a jamais aimée, et de votre propre confession il vous aime jusqu’à la fureur, ainsi mon intercession ne vous est nullement nécessaire auprès de lui.
Vous m’aimez, vous me le dites, et je le crois ; je vous aime, et je vous le dis, à quoi tout cela aboutira-t-il ? […] Mais l’aimerez-vous longtemps, vous ? […] M’aimez-vous encore ? […] Soit, dit-il, je t’aime toujours mieux que rien. […] Apprenez de moi, et de l’expérience, poursuivit-il, si vous ne le savez pas, qu’il est bien plus avantageux pour un honnête homme d’épouser une honnête femme qu’il n’aime pas, mais dont il est aimé, que d’en épouser une qu’il aime, sans en être aimé.
Je l’ai toujours fort aimée, et je suis sûr qu’elle m’aime bien ; mais que faire pour elle, puisque nous dépendons tous d’un père qui ne suit que son caprice, sans s’embarrasser de l’inclination de ses enfants ? […] Vous m’avez dit, et vous m’avez écrit que vous m’aimiez : je crois que vous dites aussi vrai que moi, quand je dis que je vous aime. […] Je n’avais jamais vu d’homme capable de se faire aimer que mon frère. […] L’amour-propre me dit que vous m’aimez encore. […] Si vous cessez de m’aimer, je finirai moi-même mes malheurs.
Vous voyez par son portrait que je suis excusable de l’avoir aimée, jusques au point de tout hasarder pour elle. […] J’avais remarqué dans elle tant de bonnes qualités, que j’étais venu à l’aimer trop pour mon repos. […] La résolution est d’un véritable héros de roman, reprit-elle, vous m’aimez et vous consentez d’en épouser une autre ; bien plus encore, je comprends que si vous ne m’aimiez point vous ne vous marieriez pas. […] M’aimez-vous autant que vous voulez me le faire croire, me demanda-t-elle en me regardant fixement. […] S’aimer après avoir été sept ans sans se voir !
On ne peut rien de plus tendre que notre rencontre, j’aimais jusqu’à la folie, et je croyais être aimé de même. […] Elle l’aime, c’est son mari, elle ne fait à présent que son devoir ; et véritablement si elle ne l’avait pas bien aimé, elle ne lui aurait pas fait un présent si considérable. […] Je remarquai avec plaisir que Silvie se faisait aimer de tout le monde. […] Comment me seriez-vous fidèle ; comment aimeriez-vous votre persécuteur ? […] Un homme d’un bien plus grand mérite que le vôtre, que j’aimais autant qu’on peut aimer, a bien plus vivement attaqué ma vertu que vous.
L’histoire de Rouvière, celle de Querville, et celles qui soutiendront le paradoxe que je fais avancer à Des Ronais, qu’il est plus avantageux à un honnête homme d’épouser une femme vertueuse, dont il est aimé, et qu’il n’aime pas, que d’en épouser une qu’il aime, et dont il n’est point aimé, offrent quelque chose digne de curiosité. […] Cela est commode pour les mères qui s’aiment, et qui voudraient que leurs enfants restassent toujours au berceau ; parce qu’elles voudraient bien se cacher à elles-mêmes leur âge, comme elles tâchent de le cacher au public.
Ce n’était cependant pas la discrétion qui l’en empêchait, mais bien la vue de l’aimable Provençale qu’il n’avait pu s’empêcher d’aimer avec toute l’ardeur et la sincérité possible. […] Elle leur avoua qu’il ne lui était point indifférent ; mais elle ne lui fit pas connaître sitôt le progrès qu’il avait fait sur son cœur, parce que sa facilité de changer Silvie à elle, lui ayant fait appréhender un pareil changement d’elle à une autre, elle voulut s’assurer de sa constance avant que de se résoudre à l’aimer tout de bon. […] Il le lui promit ; et afin qu’elle n’eût plus aucun soupçon sur Silvie, il la lui sacrifia en présence de tout le monde ; mais il le fit d’une manière que cette belle veuve aurait eu tort de s’en scandaliser, puisqu’en même temps qu’il la sacrifiait, et lui disait qu’il ne l’aimait plus, il lui faisait réparation des sentiments injurieux qu’il avait eu de sa vertu. […] Que pour le comte du Chirou, ils n’avaient pas toujours été si bons amis qu’ils étaient parce qu’ils avaient aimé la même maîtresse à Gironne, que pourtant malgré sa concurrence, du Chirou n’avait jamais voulu le faire arrêter comme il le pouvait lorsqu’il allait dans cette place dont les Français étaient maîtres, pour voir incognito leur commune maîtresse ; mais qu’enfin tous deux ayant reconnu que non contente de les sacrifier l’un à l’autre, elle les sacrifiait encore tous les deux à un troisième, ils s’étaient joints d’intérêt pour avérer sa perfidie, et la prendre sur le fait ; qu’ils y avaient réussi, et que cette conformité d’aventures les ayant rendus fort bons amis, qu’ils s’étaient promis amitié et secours partout où ils se trouveraient, sauf le service de leur souverain et l’intérêt de leur honneur ; que même sitôt que la paix avait été faite entre la France et l’Espagne, du Chirou l’était venu voir à Barcelone, où il s’était fait porter blessé, et lui avait offert sa bourse, et tout ce qui pouvait dépendre de lui, pour lui rendre tous les services qui auraient pu lui être nécessaires dans l’état où il se trouvait. […] Elle avait en effet écrit au vice-roi, dont elle était sœur ; et comme ils s’étaient toujours parfaitement aimés, elle ne doutait pas qu’il ne fît en sa faveur tout ce qu’il pourrait faire pour le marquis, puisque outre la tendresse de frère, il était de son intérêt de ménager une sœur qui était extrêmement riche, et qui n’avait point d’enfants ; aussi fit-il tout ce qui dépendait de lui, et à la réception de cette lettre le marquis eut tout lieu de se louer de sa générosité, et n’eut plus besoin du crédit du prince de Melphe.
ajouta-t-il. — J’aime à voir, répondit-il, que Votre Majesté s’occupe à la lecture. […] On a dit du premier qu’i[l] n’aimait que le bruit des armes... […] Il était bien fait de sa personne, et tous deux s’aimèrent de bonne foi. […] Louis XIV sur toutes sortes de jeux aimait celui du billard. […] Nous aimons mieux nous laisser pendre.
Pénétré du regret de la mort d’une épouse qu’il avait parfaitement aimée, il ne voulut plus se marier et borna son plaisir à élever l’enfant qu’il avait eu d’elle. […] Elle devint une puissante héritière, et son père qui l’aimait autant qu’elle était aimable, songea sérieusement à l’établir sitôt qu’elle eut atteint sa quinzième année. […] Un homme de qualité entreprit de lui plaire, et y réussit ; mais comme il était d’une Maison que Cléon n’aimait pas, ou plutôt parce qu’il n’avait pas un bien égal à celui de Silvie, on ne lui conseilla pas d’en faire la demande de crainte d’être refusé, comme le fut un autre de sa famille et de son nom, quoiqu’il fût plus riche et plus établi qu’il n’était. […] Il la destina à un des plus honnêtes hommes du monde, parfaitement bien fait et d’un vrai mérite, en un mot à un homme capable de se faire aimer de tout autre que d’un cœur prévenu. […] Il justifiait Silvie, sachant qu’elle n’avait pas pu se dispenser d’obéir à son père ; et comme il était entièrement persuadé que tout son cœur était à lui, qu’il en était aimé, mais qu’elle n’en était pas moins perdue pour lui, ces pensées firent dans son esprit une telle impression qu’il en tomba malade.
Mais Cid Ruy Gomez aime mieux croire charitablement que ce fut en bon père, et en bon mari plutôt que par vaine gloire. […] Sa nièce qui n’avait appris qu’avec confusion les présents qu’on lui avait faits, parce qu’ils ne regardaient qu’elle qui était son héritière, ne laissa pas d’en être bien aise, en ce qu’ils lui donnèrent lieu d’espérer que cela lui ferait trouver un bon parti, ou plutôt attacherait plus fortement à elle un homme qui l’aimait et qu’elle ne haïssait pas. […] Je n’ai jamais couru que pour toi, et en vérité je suis entière et nette comme un beau petit denier ; viens, mon cœur, continua-t-elle en faisant semblant de s’apaiser et de pleurer, je te donnerai un habit tout neuf. — Eh non, non, j’ai été trop bien étrillé en enfer, j’aime mieux porter ma peau sur mon col en paradis comme saint Barthélémy, que d’aller en enfer bien chauffé et bien vêtu. […] Oui, il aime à boire, et moi aussi un peu ; mais j’y suis forcée, car lorsqu’il revient au logis, le ventre bien plein et les dents mêlées, nous ne nous entendrions pas l’un l’autre si j’étais à jeun. — Mais ne vous bat-il pas quelquefois ?
Il aime aussi bien que M. […] M.du Quesne, sous lequel il a servi l’année passée, à la descente que M. le comte d’Estrées fit en Irlande, l’estime beaucoup, et l’aime. […] Pour moi, qui n’aime point le jeu, M. […] On peut voir par là que, quoique je ne haïsse pas le fruit de Noé, je n’aime ni n’estime ceux qui en prennent avec trop d’excès. […] Hurtain, qui l’aimait et voulait en faire un bon pilote.
. — Eh pardi, reprit Sancho, Parafaragaramus est bon homme, il aime à rire et à boire, et je l’aime à cause de cela.
Celui-ci lui ôta ses maisons, ses troupeaux, ses enfants ; en un mot tout ce qu’il aimait et lui donnait de la satisfaction ; mais il avait trop d’esprit pour lui ôter sa femme ; il savait bien qu’elle seule ferait plus enrager le bonhomme Job par son babil et ses reproches, que toutes les pertes qu’il avait faites. […] Cid Ruy Gomez croit que c’est celle d’Angélique, qui fut tout d’un coup aimée de Roland, comme elle aima depuis tout d’un coup le beau Médor.
Je ne veux point dire qu’il fasse ces sortes de contretemps de lui-même : j’aime mieux en rejeter la faute sur le peu de concorde qu’il y a dans son vaisseau ; cependant, il devrait y être absolu, comme M. de Porrières l’est ici. […] Tout le monde en est fâché, car il est à présent autant aimé qu’il était autrefois haï. […] Aussi, lui & ceux qui ont soin d’eux, en sont-ils bénis & aimés. […] Je ne fis pas plus de cent pas que je vis les feux du Mantelan, où, si on l’aime mieux, les fenêtres éclairées de chandelles. […] Si le commandeur, qui n’aime guère ni M.
Ah, Seigneur chevalier, dit-elle au héros de la Manche, nous avons besoin de vous pour la pauvre Altisidore ; elle a été emportée cette nuit de son lit jusque dans l’étang du château où elle a pensé mourir de frayeur et de froid : les enchanteurs qui l’ont persécutée sans doute à cause qu’elle vous aime, l’ont traitée avec la dernière rigueur, elle est toute déchirée de coups de fouet, et on vient de la remettre dans sa première chambre plus morte que vive. Est-il possible que vous ne vengerez pas une fille qui vous aime tant ? […] Ceci fut encore une nouvelle matière de sermon, que le triste et fustigé Sancho écoutait avec plus de docilité qu’il n’avait fait de sa vie ; mais enfin son maître ayant cessé de parler, parce qu’il n’en pouvait plus de la gorge, Sancho reprit la parole et avoua qu’il avait tort d’avoir tenté Altisidore, qu’il savait bien qu’il suffisait pour perdre une fille de lui dire une fois qu’on l’aime, parce qu’après cela le diable le lui répète sans cesse ; et ma foi, Monsieur, poursuivit-il, toutes les filles et les femmes en sont là logées ; elles font toutes là-dessus les saintes mitouches ; mais les brebis du bon Dieu ont beau être gardées et comptées, le diable trouve toujours le secret d’en tondre quelqu’une s’il ne l’emporte pas tout à fait ; en un mot une étincelle fait un grand brasier, et fille qui jase avec un amant enfile la mère Gaudichon, comme un aveugle son oraison ; mais le jeu n’en vaut pas la chandelle, et s’il ne faut qu’un petit caillou pour faire verser une charrette, un fromage n’est pas longtemps entier quand on le laisse guigner au chat, et de nuit tous chats sont gris. — Tu seras toujours farci de proverbes, lui dit son maître. — Oh bien, reprit Sancho, je consens d’aller rôtir des châtaignes en enfer si j’ai jamais rien de commun avec aucune fille ni femme que la mienne, et je recevrai Altisidore en fille de bonne maison, si elle me vient davantage rompre la tête.
On dit ordinairement qu’il n’y a point d’animal qui ne tende à la propagation de son espèce et qui n’aime ses petits. […] J’en suis plus affligé que je ne puis l’exprimer, c’était un fort honnête homme, qui me faisait la grâce de m’aimer. […] Monsieur de Porrières me paraît fort honnête homme, et c’est une consolation pour moi, après avoir perdu un capitaine que j’aimais et qui m’aimait, d’en trouver un avec qui vraisemblablement je vivrai bien. […] Je ne veux point dire que Monsieur Joyeux fasse ces sortes de contretemps de lui-même, j’aime mieux en rejeter la faute sur le peu de concorde qu’il y a dans son navire. […] Grâce à Dieu nous ne sommes point au pareil état, Monsieur de Porrières ayant mieux aimé faire pauvre chère que d’exposer son équipage à manquer de quelque chose dans la suite.
L’autre voyant qu’il n’y avait point de quartier à espérer, aima mieux se faire tuer que de se rendre, et se battit avec tant de résolution, que malgré le nombre des assaillants, il en mit deux hors de combat. […] Tenez, Monsieur, dit-il, j’aime mieux cet argent-là que tous les gouvernements du monde, et surtout ceux des îles Barataria ; car avec mon argent je trouverai de quoi vivre, à boire et à manger tout mon saoul, et dans mon gouvernement le docteur Pedro Rezio de Tirtafuera me voulait faire mourir de faiM.
Il est constant que cette femme était fort aimable, et l’art joint à la magnificence des habits ajoutant du lustre à la nature, il ne faut pas s’étonner si notre chevalier, qui n’avait jamais rien aimé, s’était trouvé sensible, surtout ayant le cœur préparé à l’amour par les sottises qu’il avait lues dans ses romans, et dont il avait encore la mémoire et la tête remplies. […] Pendant qu’on avait fait le troc, Don Quichotte avait été habillé par les officiers du duc qui leur en avait donné ordre, sans que notre héros s’y opposât, parce qu’espérant que Dulcinée viendrait lui rendre visite, et qu’il était naturel de vouloir plaire à ce qu’on aime, il s’était laissé accommoder plus magnifiquement qu’il n’avait jamais été.
Les juges imposèrent silence à Parafaragaramus et à Sancho qui voulaient parler, et Minos ayant été aux opinions prononça l’arrêt en ces termes : La Cour a ordonné que Plutus rendra au chevalier Sancho la bourse et l’argent qu’elle renferme, et que préalablement avant la restitution d’icelle, icelui Sancho pour punition de sa mauvaise intention recevra vingt coups de bâton sur ses épaules, si mieux n’aime renoncer à toute propriété sur la bourse, ce que la Cour laisse à son choix et option sans déplacer, dépens compensés. […] Outre cela, poursuivit un démon qui n’avait pas encore parlé, le chevalier Sancho ne parle point contre les femmes par malice ; le bon seigneur les aime autant et plus que les autres.
Je t’aime trop pour rendre ton déshonneur public ; retourne-t’en te désarmer, et reviens sur tes pas, comme si tu te promenais, rejoindre la compagnie que j’ai rassemblée proche d’ici. […] Elle poursuivit, en disant qu’elle avait appris de lui que c’était le lâche Freston lui-même qui avait enchanté l’épée du chevalier Sancho, parce qu’il n’était qu’un poltron qui n’aurait jamais osé se moquer de lui ni le braver s’il avait été en état de défense ; que Parafaragaramus lui avait promis de le combattre lui-même en sa présence, et se faisait fort de le renvoyer en enfer aussi vite qu’il en était venu ; cependant qu’il n’avait pas pu se dispenser de lui dire qu’en sortant d’avec lui, ce maudit enchanteur avait été dans la caverne de Montésinos, où il avait eu en effet la barbarie de donner vingt coups d’étrivières bien appliqués à la pauvre princesse Dulcinée, et que sans doute il aurait encore porté sa cruauté plus loin si Parafaragaramus lui-même ne l’en avait empêché, et ne l’avait obligé de prendre la fuite, et d’abandonner cette pauvre dame, après l’avoir traînée longtemps toute nue sur les ronces et les épines ; que cette pauvre désolée avait appelé plus de cent fois son fidèle et bien aimé chevalier Don Quichotte à son secours, et que c’était cela qui avait redoublé la fureur de son bourreau ; mais que Parafaragaramus l’avait un peu remise, en lui promettant qu’avant qu’il fût huit jours il la vengerait, et que l’invincible chevalier des Lions romprait son enchantement ; que c’était ce que Parafaragaramus lui avait donné ordre de lui dire, et qu’il dormît en repos sur cette assurance. — Ah !
dit Sancho, un chevalier amoureux n’a qu’à boire de cette eau pour cesser d’aimer ?
Ce valet était un officier déguisé qui aimait Silvie depuis longtemps, et qui croyant, comme beaucoup d’autres, que Sainville l’avait enlevée, s’était mis avec Deshayes pour courir après, dans la résolution de venger sur son rival son amour méprisé, et pourtant de sauver la vie de sa maîtresse en la dérobant à la rage de son mari qui était parti dans la résolution de la poignarder partout où il pourrait la trouver.
Je n’aime pas le bruit, ajouta-t-il d’un ton sévère, et en fronçant le sourcil, souviens-toi que les coups seront redoublés si tu jettes le moindre cri, et que tu m’étourdisses les oreilles.