Après cela le lieutenant partit, et emmena son gibier, ayant reçu de bons ordres sur la manière dont il devait tourner les informations, et sauver celui qui avait indiqué les retraites des autres, comme le duc le lui avait promis. […] Pour ne plus parler d’objets si affreux, justice fut faite d’eux tous, et ils furent envoyés border les grands chemins, excepté celui à qui le duc de Médoc avait promis la vie, et à qui non seulement il donna la liberté, mais encore une somme d’argent suffisante pour le conduire hors d’Espagne, et mener ailleurs un train de vie plus honnête ; on l’avait mis exprès dans un endroit d’où il lui fut facile de se sauver, et on dressa un procès-verbal de son évasion pour la décharge du geôlier et des autres qui pouvaient en être inquiétés. […] Le duc de Médoc, qui avait un très grand fond de probité et d’honneur, écouta tout ce qu’on lui dit avec une patience admirable, et sans répondre un seul mot ; mais après qu’on eut achevé de lui dire tout ce qui se pouvait dire sur cette matière, il prit la parole, et après avoir remercié toute la compagnie en général du soin que chacun en particulier avait témoigné pour sa personne, il ajouta que s’agissant de rendre service au comte de Valerio, et de sauver l’honneur d’une des meilleures maisons d’Espagne, il n’aurait pas eu l’esprit en repos si lui-même n’y avait été ; que de plus, chacun se faisait dans le monde un point d’honneur et de probité selon son humeur ; qu’il avouait que la recherche qu’on faisait de gens qu’on destinait au gibet, offrait à l’esprit quelque chose de bas et de rebutant, qu’ainsi il ne blâmait point les Français de ne s’y pas commettre, parce qu’ils croyaient que cela était indigne d’un grand cœur ; mais que pour lui il était d’un autre sentiment et qu’il ne croyait pas qu’il fût plus indigne d’un prince de faire la guerre à des voleurs et à des bandits qui désolaient toute une province et ses propres compatriotes, que de la faire à des étrangers ; qu’il croyait même que c’était plus utilement servir sa conscience et le public dans une guerre de cette nature, que dans une guerre réglée, parce que les ennemis qu’on combat dans celle-ci, ne sont pas des ennemis particuliers ni domestiques, puisqu’on peut s’en défaire par un traité de paix ; mais que les autres sont des ennemis d’autant plus cruels, qu’ils ne sont retenus par aucune digue ; de plus que la guerre avait ses lois inconnues aux scélérats, et que les ennemis qu’on combattait dans une guerre de prince à prince, étaient presque toujours des ennemis contraints par la volonté et par l’ambition de leur souverain, avec qui la vie était sauve, ou du moins ne courait pas tant de risque, qu’avec les autres, qui non seulement n’épargnaient personne, mais de qui même leurs propres amis et les gens de leur connaissance avaient plus à craindre que des étrangers ; qu’enfin dans une guerre ouverte on était en état d’attaquer et de se défendre, et que l’on n’était jamais surpris qu’on ne dût s’attendre à l’être ; mais que les voleurs de grands chemins étaient des gens qui mettaient leur sûreté dans les surprises qu’ils faisaient aux gens qui ne se défiaient nullement d’eux ; et qu’en un mot c’était des ennemis d’autant plus dangereux qu’ils empêchaient le commerce et la sûreté, et qu’il n’y avait avec eux ni paix ni trêve à espérer que par leur mort ; enfin des gens universellement regardés avec exécration ; ce qui était si vrai, qu’en France même, où les gens de distinction tenaient cette chasse si indigne d’eux, les bandits et les voleurs de grand chemin étaient punis du plus long et du plus rude des supplices, et privés même de la sépulture.
Le bonheur qu’elle a d’être votre fille lui a sauvé la vie, que je pouvais me sacrifier sans en craindre les suites ; je vous la remets pour en faire tout ce qu’il vous plaira, vous assurant que je n’y prends plus aucune part. […] Monsieur, lui dit-il en le retenant, et en lui montrant Justin, rendez grâces à Monsieur de la vie qu’il vous sauve ; car si vous aviez eu affaire à moi, ou qu’il ne vous eût pas accordé votre pardon, vous ne sortiriez d’ici que par la fenêtre avec cent coups de poignard dans le cœur. […] Je vous rends grâces, Monsieur, continua-t-il en s’adressant à son gendre, de la bonté que vous avez eue de l’épargner et de sauver l’honneur de toute ma famille, et le mien en particulier. […] Ils descendirent, et allèrent au-devant d’elle, pour toujours sauver les apparences, et défendirent à leurs gens de remonter qu’on ne les appelât ; de sorte qu’ils n’entrèrent qu’eux trois dans la chambre. […] La morale qu’on peut en tirer est qu’un honnête homme qui a le malheur d’avoir une femme infidèle, doit se contenter de la mépriser, et sauver les apparences, supposé que le désordre de cette femme soit secret ; mais s’il est public, il doit la quitter pour toujours.
Comment Don Quichotte sauva la vie à la duchesse de Médoc. […] Dans la croyance où ils étaient d’avoir tué le duc et la duchesse, ils ne songeaient plus qu’à se sauver, et pour cela dételaient les chevaux du carrosse pour s’en servir. […] Cependant un des bandits, qui restait en état de défense, voyant bien que sa résistance ne servirait de rien, s’était servi de l’occasion, et étant promptement monté sur le cheval qui s’était déchargé de Sancho, il le piquait, ou plutôt le pressait de tout son possible, car il n’avait point d’éperons, et se serait peut-être sauvé, si Sancho ne s’en fût point aperçu.
La bravoure de ce Français avait sauvé de leurs mains six femmes, qui étaient dans un carrosse qu’il accompagnait, et les bandits n’avaient osé les poursuivre plus loin, de peur qu’on ne vînt à leur secours, ou de l’hôtellerie, qui n’était pas éloignée, ou du château de Valerio, qui en était tout proche. […] Cette retraite sauva notre héros, et lui donna le temps de voir le péril où était la pauvre Eugénie.
Ils dirent qu’il était vrai qu’on ne voyait point de Français s’empoisonner, se poignarder, ou se pendre, pour avoir eu le malheur de n’avoir pas épousé une vestale, et que sauf le respect de tous les Espagnols en général, et des Portugais en particulier, ils regardaient comme des fous ceux qui étaient assez sots et assez malheureux pour en venir à ces extrémités ; que la manière de France sur un pareil sujet était sans doute plus raisonnable, puisque c’est être en effet extravagant, que de se punir des péchés d’autrui, et qu’à le bien prendre la mauvaise conduite d’une femme ne devait être imputée au mari qu’autant qu’il la souffrait sans y mettre ordre lorsqu’il le devait et autant qu’il le pouvait ; que du reste un homme n’en devait pas être regardé comme moins honnête, quoiqu’il eût une femme libertine, pourvu qu’il eût fait en homme d’honneur ce qu’il devait pour la ranger à la raison, pour sauver les apparences, et pour éviter l’éclat et le scandale, dont tout ce contrecoup et la honte retombait sur lui, lorsqu’il faisait le moindre faux pas. […] Et moi, ajouta la marquise, je raconterai celle d’un fort honnête homme, qui, par sa prudence ayant en même temps sauvé sa réputation et celle de sa femme, s’est fait plaindre et louer par tous ceux qui ont appris son aventure, laquelle s’est enfin terminée à faire de son épouse une des femmes de France des plus sages et des plus retirées.
Enfin au retour de son mari, depuis environ un mois, elle s’est séparée d’avec lui, et leur divorce, dont la cause m’est inconnue, fait un fort grand ; éclat dans le monde ; et pour accomplir votre souhait, Madame, je vous dirai que c’est elle que j’ai sauvée, et à qui vous avez donné retraite, et que c’est son mari qui voulait la faire enlever, à ce que La Roque m’a dit en mourant. […] Il suffit que vous lui fassiez savoir l’état où vous êtes pour qu’il vous en tire ; du moins sur ce que vous m’en avez dit je suis certaine qu’il fera tout pour vous sauver. […] Il faut que vous sauviez un homme non seulement criminel à l’égard du public, mais que vous sachiez encore qu’il est criminel envers vous de la plus lâche et de la plus cruelle des trahisons. […] Je continuai pendant plus de quinze jours à le chercher partout pour lui parler, et sauver en même temps les apparences ; mais il m’évitait avec soin, quoique sans affectation.
Son fils et Angélique sa bru demeurent avec elle, et celle-ci a si bien su s’en faire aimer, que lorsqu’elle est partie pour aller à une terre proche d’ici, il n’y a pas longtemps, Contamine a été obligé de cacher sa femme, parce que la belle-mère ne peut plus s’en passer et qu’elle voudrait l’avoir toujours avec elle ; en un mot, elle a cinq ou six fois dit en riant que si sa bru était en danger, elle s’y jetterait pour la sauver ou le partager avec elle, et que si c’était son fils, elle se contenterait d’appeler du secours, et de crier sauve qui peut. […] L’état où je suis vous fera connaître le coup dont je suis frappée ; et vous saurez qu’il ne tiendra qu’à vous de me sauver ce que j’ai de plus cher, après mon salut. […] Allez-y, ajouta-t-elle, et sauvez-moi ce que je tiens plus cher que la vie. […] Voulez-vous sauver la vie à Angélique, Mademoiselle, lui dit-elle en entrant, elle dépend de vous. […] Sauvez-lui sa réputation, elle mérite d’être conservée, et ce qu’elle demande de la princesse et de vous, doit par avance vous assurer que sa conduite est sage.
Il se battit en brave homme ; et se sentant blessé à mort, il fit sauver tout son monde et mit le feu à son vaisseau. […] Si cela est, les miracles ne sont pas les preuves les plus fortes de la véritable religion, puisque, pour sauver la simple réputation d’une païenne, Dieu en permet un plus grand, à mon sens, que celui qui sauva la vie à Suzanne. […] Voilà comme je conçois la grâce, et j’aime beaucoup mieux être sauvé par la grâce de Dieu que de savoir définir cette grâce. […] Et qu’a-t-il besoin de connaître Par quelle grâce il est sauvé, Quand Dieu lui fait celle de l’être ? […] On fait ce qu’on peut pour se sauver : cela est naturel ; la nature abhorre sa destruction.
Je ne me sauverai pas d’auprès de vous, sans y laisser ma liberté, que peut-être vous me ferez regretter. […] Vous me sauvez la vie, lui dis-je en me relevant et en l’embrassant, et quelque chose encore qui m’est plus précieux, qui est la réputation de Madame. […] Enfin ma jeunesse me sauva la vie, comme vous savez ; mais je ne recouvrai la santé qu’avec un redoublement d’amour pour cette femme, qui me conduisit à un désespoir effectif. […] Il est certain que j’étais dans un tel transport, que j’allais infailliblement me percer le cœur, sans elle, qui me sauva la vie. […] Elle se jeta sur moi dans le moment, mais non pas assez promptement pour me sauver tout à fait ; mon épée me passa tout à travers du corps entre les côtes.
Tout le monde a fui à terre ; & ils ont eu toute la nuit pour y sauver les marchandises. J’y ai été, & puis me flatter d’avoir sauvé la vie à trente-deux homme que nous étions, dans la chaloupe de l’Amiral & la nôtre. […] Je ne sais ce que M. de Porrières & d’autres n’auraient point donné pour sauver cette bête. […] Ils restèrent tout le reste du jour & le lendemain à se résoudre à perdre leurs diamants pour sauver leur réputation, ou à perdre leur réputation pour sauver leurs pierreries. […] Constance, qu’il n’a tenu qu’aux Français de sauver, ont déjà donné une cruelle atteinte.
Je la piquais de l’honneur de sauver une âme à Dieu en la retirant de la religion du pape ; en un mot, ma lettre était d’un véritable huguenot. […] Cette dernière attaque lui fit prendre un parti qui nous sauva. […] Tu sais bien que je ne le pense pas de même, et que ce que j’en dis n’est que pour sauver les apparences, et pour me faire croire mieux que je ne suis en effet. […] Monsieur Des Frans et Madame de Mongey ne s’en sont point sauvés, et à présent vous vous jetez sur moi.
Dieu veuille qu’on puisse le sauver. […] Le peu de temps que nous avons perdu et que le canot du Gaillard a été à sa quête nous fait croire que son homme est sauvé. […] Monsieur de Porrières sachant que c’était un Français qui s’échappait du bord de l’Anglais et qui s’était jeté à la nage envoya sa chaloupe au plus vite, et on le sauva à la voix. […] Le désespoir de se pouvoir défendre l’avait obligé à se brûler lui-même ; nous vîmes éloigner la chaloupe dans laquelle il se sauvait, mais nous la perdîmes bientôt de vue. […] Il s’en est sauvé trois esclaves ou Lascaris sur un rat, lesquels ont été menés à bord de l’amiral, et qui ont été renvoyés à bord du Lion où j’étais lorsqu’ils y sont arrivés.
Colbert voulait lui faire faire, et qui ne s’est sauvé que par la seule bonté du Roi, qui se contenta de l’exiler. […] Ainsi Deschiens fut sauvé parce qu’on jugea à propos de sacrifier le ressentiment particulier à l’intérêt général. […] Il en sauva même plusieurs d’autres vaisseaux qu’il ramassait à la mer. […] mon Dieu, sauvez-moi du rendez-vous ! […] Rien ne peut vous sauver, voleurs, ou fuiriez-vous ?
Alors les autres assistants s’armèrent de ce qu’ils purent trouver ; les uns se saisirent des chandeliers, les autres des flambeaux, les autres prirent les bâtons qui servaient à porter le cercueil, et tous tombant en même temps sur le misérable chevalier, lui firent bientôt vider les arçons, et se mirent à travailler sur lui comme à l’envi l’un de l’autre ; de manière qu’ils l’auraient bientôt expédié si les gens que le duc avait envoyés après lui ne fussent arrivés assez à temps pour lui sauver la vie.
. — Je le crois, répondit Sancho, on dit que vous valez vous seul plus de cent Amadis, que vous avez mis en fuite l’armée des ennemis, et que vous avez sauvé Madame la comtesse. — Cela est vrai, répondit Don Quichotte, et s’ils n’avaient pas fui, je n’en aurais pas laissé un en vie.
Le duc de Médoc étant instruit de tout rêva quelque temps, après quoi prenant la parole il leur dit qu’on ne voyait pas qu’on dût faire aucun mystère de l’aventure à Valerio ; qu’il convenait que le comte étant honnête homme, l’infâme personnage que ses frères y avaient joué lui ferait beaucoup de peine ; mais aussi qu’il en serait bientôt consolé, surtout lorsqu’on lui ferait comprendre que c’était un bonheur pour lui que tous deux y fussent restés, et qu’ils eussent péri par la main de la justice divine qui laissait le champ libre à mettre leur réputation à couvert devant les hommes, que pour cela il fallait absolument nettoyer la forêt des bandits qui désolaient le pays, et les faire tous périr de quelque manière que ce fût, et que cet article regardant ses devoirs, il s’en chargeait ; ajoutant que si on pouvait en prendre quelqu’un en vie, il fallait les remettre entre les mains du lieutenant, qu’il les enverrait avec Pedraria sécher sur les grands chemins, et qu’il se chargeait encore de faire supprimer des informations tout ce qui chargeait Octavio et Don Pedre pour sauver leur mémoire d’infamie, et de faire substituer à la place de ce qui serait supprimé un aveu des criminels qui les auraient assassinés eux-mêmes sans les connaître, ce qui ne tournerait nullement à la honte de Valerio, qui jouirait tranquillement de leurs biens sans appréhender que le fisc y mît la main.
Il leur avait à tous refusé cette complaisance en leur faisant comprendre que l’entière exécution du dessein et sa réussite dépendaient uniquement de la diligence ; parce que si on donnait le temps à quelqu’un de ces scélérats de s’échapper ou de s’éloigner, il serait après leur fuite impossible de sauver la réputation de Don Pedre et celle d’Octavio, et par conséquent celle de Valerio ; ce qui était vrai ; ainsi il leur avait si résolument dit qu’il voulait que l’affaire fût terminée dès le lendemain par lui-même, qu’on avait été obligé de le laisser faire comme il voulut, et d’une manière dont il est sorti à son honneur, avec l’aide de nos deux chevaliers.
Dès ce temps-là la saignée était en usage pour les pleurésies, et maître Nicolas, malgré l’expérience, qui devait lui avoir appris que les fréquentes saignées emportent plus de pleurétiques qu’elles n’en sauvent, ouvrit la veine à Don Quichotte, et lui tira dès la première fois quatre bonnes palettes de sang.
En effet toute la force de ma raison se bornait à me faire connaître le péril où je me jetais, et ma propre faiblesse, sans me donner la force de m’en sauver. […] Un moment après je tombais d’accord avec ma raison, que je lui avais toutes les obligations imaginables de m’avoir sauvé d’un abîme de honte. […] Valeran tomba sans dire une parole : pour Rouvière il se sauva, je ne sais où, je n’en ai point entendu parler depuis. […] Heureusement je sauvai la bague que Silvie m’avait donnée. […] Il la justifia dans l’esprit de ma mère, excepté de l’affaire de Rouvière qu’il n’avait pas voulu supprimer, et qu’il voulut sauver par un excès d’amour.
Ce valet était un officier déguisé qui aimait Silvie depuis longtemps, et qui croyant, comme beaucoup d’autres, que Sainville l’avait enlevée, s’était mis avec Deshayes pour courir après, dans la résolution de venger sur son rival son amour méprisé, et pourtant de sauver la vie de sa maîtresse en la dérobant à la rage de son mari qui était parti dans la résolution de la poignarder partout où il pourrait la trouver.
Quoique cette prudente femme eût pris toutes les précautions possibles pour s’accommoder au caprice de son mari, et qu’elle eût beaucoup sur le cœur les soupçons qu’il avait conçus d’elle à l’occasion des laquais, des valets, et du jardinier, elle tint néanmoins bon, et ne découvrit son malheur à personne ; et pour toujours sauver la réputation de son indigne époux, elle prit tout sur elle-même ; mais à la fin il l’obligea de faire une chose si indigne d’elle, que cela lui donna occasion de commencer à le mépriser, et de faire éclater à la honte de son mari la chimère extravagante qu’il s’était formée dans l’esprit. […] Elle lui répondit qu’elle venait de Florence, et allait trouver une dame de qualité qu’elle lui nomma, au service de qui elle était, et qui s’était sauvée des mains des bandits qui couraient les Alpes, où elle qui parlait était demeurée avec le reste du train, parce qu’elle n’était pas si bien montée que sa maîtresse ; elle ajouta qu’elle espérait que cette dame aurait soin d’elle, parce que son mari était mort en la défendant ; ou que du moins les parents de son mari, qui étaient à Paris, ne la laisseraient manquer de rien, dans un pays où elle ne connaissait personne. — Vous êtes donc veuve, lui dit Sotain. — Oui, Seigneur, lui répondit-elle, et veuve d’un Français que j’aimais beaucoup, et dont la mémoire me sera toujours chère, parce que c’est à ses soins que je dois la conservation de mon honneur, que les bandits m’auraient ravi, si lui-même ne l’avait pas mis à couvert de leur violence. — C’est donc en vous défendant qu’il a été tué ?
Nous avons dit que le valet de Deshayes y était resté blessé ; que ce valet était un officier déguisé qui s’était mis à sa suite pour sauver la vie de Silvie et la faire perdre à Sainville.
Elle me demanda encore où sa fille était pour l’étrangler ; c’était, disait-elle, une affaire résolue, et je fus assurément très aise d’avoir sauvé Madame Des Prez de ses emportements. […] Que pour sa fille je saurais fort bien la sauver de la colère de mon père, en la faisant éloigner. […] Au nom de Dieu, venez aujourd’hui si vous voulez sauver la vie à votre femme Marie-Madeleine de l’Épine. […] Des Prez avait si bien recherché sa vie, qu’il en avait trouvé autant qu’il en fallait pour lui faire briser les os en Grève ; et il n’y a eu que la fuite de cet homme qui l’ait sauvé de la justice et du ressentiment de Des Prez, qui le fait encore chercher.
Il répondit aux gens qui lui parlèrent, qu’il m’était fort obligé de l’honneur que je voulais lui faire, mais qu’il ne pouvait l’accepter ; et cela, dit-il, parce qu’il ne pouvait la pourvoir sans se défaire d’une bonne partie d’un bien qui le faisait subsister honnêtement, et qui étant divisé avec son gendre, se trouverait très médiocre ; outre qu’il l’avait sauvé du naufrage du reste, avec assez de peine pour en jouir tranquillement le reste de ses jours. […] Je ne voulais pas publier moi-même des choses qu’il était de mon honneur de cacher et qui auraient rejailli sur sa fille, et outre cela, elle a toujours fort bien sauvé les apparences, qui est le point essentiel de la conduite d’une femme, le reste n’étant à mon sens qu’une pure bagatelle. […] Votre mère a donné assez de prise aux caquets, je veux vous en sauver.
Tenez, Monsieur le curé, poursuivit-il, nous sommes riches Monseigneur Don Quichotte et moi, avec cette différence que ses richesses viennent de l’enfer et ne lui ont presque rien coûté, et que les miennes me coûtent bonne… Dieu vous sauve de la main des diables, Monsieur le curé ; je sais ce qu’en vaut l’aune ; mais n’importe, le mal passé réjouit quand on en a tiré du profit.
Je vois bien que vous aimez Mademoiselle Grandet, puisque vous recevez si mal mes offres ; allez, Monsieur, continua-t-elle avec dépit, je ne veux point retarder votre bonheur ; allez lui vanter ce sacrifice, laissez-moi disposer de ma destinée, je vous l’ai offerte, vous la refusez, le couvent me sauvera de faire jamais de pareilles avances.