Je m’abandonnai à ma destinée, ce ne fut pas sans remords. […] Croyez-moi, poursuivit-elle, abandonnons-les à leur destin ; il aura soin de nous venger. […] Quoiqu’elle me plût infiniment, il fallut l’abandonner. […] Toute ma fureur m’abandonna, je n’écoutai plus ma rage que pour plaindre mon malheur. […] La vertu ne m’a jamais abandonnée, et pourtant je suis criminelle !
Parafaragaramus est comme vous voyez intime ami de Madame la comtesse ; il n’a pu souffrir que vous ne vous acquittassiez pas d’une promesse dont l’honneur devait lui revenir, et c’est assurément pour la venger et vous punir qu’il vous a abandonné à tous les accidents qui vous sont arrivés. […] Son écuyer n’en fut pas content, et voulut que du moins il le louât seul à seul, puisqu’il se taisait en public ; ainsi lorsqu’ils furent retirés, il lui demanda ce qu’il pensait du combat qu’il avait soutenu le matin contre le démon enchanteur à qui il avait fait quitter le champ de bataille et lui abandonner ses armes. […] La Provençale qui avait fait disposer toutes choses, le flatta de sa victoire sur l’enchanteur qui lui avait abandonné ses armes, et lui insinua que cet endroit était heureux, et qu’après y avoir vaincu un démon, il n’y avait pas d’apparence que des chevaliers lui résistassent : enfin elle le tourna si bien, qu’elle le fit résoudre d’aller y porter son cartel, et de prendre ce même endroit pour le champ de sa gloire, et la défaite des chevaliers.
Valerio dit à la marquise qu’il avait trop d’obligation à Sainville pour l’abandonner ; qu’il avait beaucoup d’amis en France, et qu’il les ferait joindre aux siens, pour faire connaître qu’il était faux qu’il eût enlevé Silvie, et pour faire exécuter le testament de Deshayes. […] Silvie n’ayant plus sujet d’observer ses démarches dont elle ne devait plus rendre compte à personne, écrivit à sa mère tout ce qui lui était arrivé, et surtout la mort de Deshayes et ce qui l’avait précédée, et s’engagea d’accompagner la marquise pendant qu’elle serait en Espagne : ce qu’elle fit non seulement pour lui témoigner le ressentiment qu’elle avait des retraites qu’elle lui avait données, mais encore pour ne plus s’éloigner de Sainville, qu’elle savait bien ne la devoir plus abandonner.
Les Français convinrent encore de cela ; mais ils ajoutèrent que ce n’était pas par un motif d’indifférence, que les amants et les hommes mariés abandonnaient en France leurs maîtresses et leurs épouses à la garde de leur seule bonne foi, puisque toutes leurs actions les touchaient autant qu’elles pouvaient toucher les Espagnols ; mais que cela provenait encore du fond inépuisable d’estime qu’ils avaient pour elles, et de leur confiance en leur vertu, qui les empêchait de croire qu’elles pussent faire aucune démarche contre la fidélité qu’elles leur avaient jurée, ni même avoir la moindre pensée dont ils pussent tirer aucun sujet légitime de se plaindre. […] Pour montrer la différence qu’il y a entre ces divers procédés de gens qui ont des épouses infidèles, dit Sainville, et qu’il y en a qui sont plaints par le public, ou dont on ne parle seulement pas, et d’autres moqués et raillés avec juste raison, pour faire voir en même temps que ce point d’honneur qu’on y attache dépend beaucoup plus de la conduite du mari que de celle de la femme, quoique ce soit elle qui fasse le crime, pour montrer que ce ne sont pas ceux qui examinent la conduite de leurs épouses avec le plus de vigilance qui sont le plus à couvert de leur infidélité, et que c’est cette conduite qui les y pousse, je crois qu’il est à propos que chacun de nous raconte quelque aventure qu’il sache certainement être arrivée de notre temps en France même, afin de ne point mêler d’histoires étrangères dans nos entretiens ; et pour cet effet, je vais, poursuivit-il, en conter une qui montrera que les précautions d’un jaloux donnent déjà de lui un sujet de risée, qui est encore augmenté lorsqu’il a affaire à des gens qui ont l’esprit de les rendre inutiles, et de les tourner contre lui-même, et qui prouvera en même temps, que la jalousie est en effet un poison mortel pour ceux qui s’y abandonnent.
Celui-ci ne lui reprocha point sa lâcheté, d’avoir abandonné sa maîtresse, et il se contenta de lui demander ce qu’il faisait là. […] Sancho, bien persuadé qu’il était invulnérable, imita son maître le mieux qu’il pût, de sorte que, quelque résistance que ces hommes pussent faire, nos aventuriers en mirent deux sur la place, et des gens du lieutenant étant venus aux coups de pistolets, notre héros leur abandonna les deux autres, et les pria de leur sauver la vie.
Pour moi si j’avais été pilote j’aurais tout abandonné aux risques de ceux qui auraient voulu faire mon emploi. […] Ils l’ont abandonné à cause des guerres continuelles qu’on avait contre ces insulaires, de leur cruauté et de leurs trahisons. […] Car bien loin qu’une fille y ait honte d’avoir eu des enfants avant son mariage, elle s’en glorifie, et la plus abandonnée est la plus estimée. […] Ils ont été obligés de l’abandonner avec cinquante pièces de canon. […] Ils ont abandonné leurs maisons ou cabanes, dans lesquelles nos gens ont trouvé quantité de bœufs, de cabris, de cochons, de poules, d’œufs et de légumes.
Il est certain que la douleur d’abandonner de nouveaux convertis lui arrache tous les jours des larmes. […] Ils l’ont abandonné, il y a cinq ou six ans & il commence à tomber en ruine faute d’être entretenu, à cause de cette guerre. […] Le général du Mogol a plus de quatre-vingts canons de fonte de cent & six-vingts livres de balle ; &, malgré cette supériorité de forces & d’artillerie, Remraja l’a forcé d’abandonner ses lignes & ses retranchements ; &, suivant toutes les apparences, le contraindra d’abandonner le siège & de le lever tout à fait avec honte, & peut-être le battra dans sa retraite. […] Que ne dirais-je point sur ce sujet, si j’y abandonnais ma plume ? […] En France, ils mettent ces saints de Rome avec Judas Iscariote, c’est-à-dire qu’ils les abandonnent publiquement à tous les diables.
Mais, poursuivis-je dans ce sentiment, pourquoi la mort de cette fille vous est-elle si sensible, puisque vous l’avez abandonnée pendant sa vie ? Je l’ai abandonnée, reprit-il, en joignant les mains et haussant les yeux, Ha ! […] M’avez-vous abandonnée, mon cher époux ? […] C’est cela qui a fait courir le bruit que j’avais abandonné ma pauvre femme, qui de son côté fut bien plus maltraitée que moi. […] Et s’il est vrai, comme on le dit, que j’aie abandonné ma pauvre Madelon, et que je sois cause de sa mort ?
Ton écuyer te dira le nom d’un nouvel ennemi qui s’est déclaré contre toi, et que tu auras à combattre ; mais ce n’est qu’à force de sagesse et de patience que tu en viendras à bout, parce qu’il est plus fourbe que vaillant ; mon secours ne t’abandonnera pas au besoin, mais la prudence ne doit pas non plus te quitter. […] Elle poursuivit, en disant qu’elle avait appris de lui que c’était le lâche Freston lui-même qui avait enchanté l’épée du chevalier Sancho, parce qu’il n’était qu’un poltron qui n’aurait jamais osé se moquer de lui ni le braver s’il avait été en état de défense ; que Parafaragaramus lui avait promis de le combattre lui-même en sa présence, et se faisait fort de le renvoyer en enfer aussi vite qu’il en était venu ; cependant qu’il n’avait pas pu se dispenser de lui dire qu’en sortant d’avec lui, ce maudit enchanteur avait été dans la caverne de Montésinos, où il avait eu en effet la barbarie de donner vingt coups d’étrivières bien appliqués à la pauvre princesse Dulcinée, et que sans doute il aurait encore porté sa cruauté plus loin si Parafaragaramus lui-même ne l’en avait empêché, et ne l’avait obligé de prendre la fuite, et d’abandonner cette pauvre dame, après l’avoir traînée longtemps toute nue sur les ronces et les épines ; que cette pauvre désolée avait appelé plus de cent fois son fidèle et bien aimé chevalier Don Quichotte à son secours, et que c’était cela qui avait redoublé la fureur de son bourreau ; mais que Parafaragaramus l’avait un peu remise, en lui promettant qu’avant qu’il fût huit jours il la vengerait, et que l’invincible chevalier des Lions romprait son enchantement ; que c’était ce que Parafaragaramus lui avait donné ordre de lui dire, et qu’il dormît en repos sur cette assurance. — Ah !
Vous avez cru être aimée de Sainville ; vous lui avez abandonné votre cœur tout entier. […] En ce cas il est certain que je périrai, mais je ne périrai pas seule, et votre époux me tiendra compagnie ; c’est à vous à voir si vous voulez m’abandonner à mon malheur, ou si vous voulez faire agir vos amis. […] Elle s’y résolut, et pria Sainville de ne la point abandonner, et lui qui n’avait rien à faire à Paris, dont ses chagrins lui rendirent même le séjour odieux, s’offrit avec plaisir à l’accompagner.
Tous les honnêtes gens de l’enfer sont réjouis que tu aies consenti à laisser partir Dulcinée, et disent que c’est la plus glorieuse victoire que tu aies jamais remportée sur toi ; persiste donc dans la résolution de te vaincre en cela, en ne songeant plus du tout à elle, ressouviens-toi des ordres du destin d’abandonner pour toujours la Chevalerie errante, et que c’est pour cela qu’au lieu de te rendre tes armes, on les a retenues dans le palais de Merlin ; demeure où tu es jusqu’à ce que tu t’y ennuies, et pour lors retire-toi dans ton domestique auprès de ta famille et de tes amis sans changer dorénavant ton train de vie ; observe la tranquillité que je t’ai recommandée, et le reste de ta vie tu seras heureux ; mais si tu en agis autrement, prépare-toi à mourir avec infamie et à succomber au malheur qui te suivra partout. […] Sainville ne voulait pas non plus abandonner Silvie qui avait résolu de lui tenir compagnie, et toute cette belle troupe fixa son départ à quatre jours de là, n’étant pas dans la nécessité de faire une plus grande diligence.
Etant donc abandonné à ma bonne foi et à ma propre conduite, je cherchai des endroits vagues pour y mettre ce pain, jusqu’à ce que des barques du Port-Louis, ou nous, à notre retour, pussions le prendre. […] Chacun pourrait au gré de son mauvais penchant voler, assassiner, empoisonner son prochain, et s’abandonner à toutes les horreurs les plus abominables. […] Aujourd’hui tout le monde commandait, et personne n’obéissait ; et moi, j’aurais tout abandonné, si j’avais été pilote, aux risques de ceux qui auraient voulu faire mon emploi. […] J’ose le dire, instruit par ma malheureuse expérience : toutes les compagnies et les colonies françaises périront, à moins que le roi n’abandonne absolument le commerce aux marchands. […] Tout a été abandonné par notre Compagnie ; et je n’y ai pas retourné depuis, y ayant été ruiné de fond en comble.
Je m’abandonnai à ma passion, mes soins furent bien reçus. […] Mais puisqu’elle se détache si facilement de moi, je vais travailler à me détacher d’elle, et la première fois qu’on me parlera de la marier, et que je saurai que cela viendra d’elle, ou la première sottise qu’elle fera qui viendra à ma connaissance, je l’abandonnerai et me retirerai dans un endroit où je donnerai tout ce qui me reste, et où j’aurai le bonheur de mourir avec tranquillité. […] Et moi je n’en crois rien, dit-il, du moins suis-je certain que vous ne lui auriez pas prêché la vertu, et j’aurais appréhendé qu’elle n’eût suivi vos conseils ; car quand une fille a de la confiance aux gens, elle s’abandonne à leur conduite ; et Dieu sait où vous l’auriez menée. […] À présent je ne sais ce qu’elle veut vous dire, mais je sais bien que je n’ai pas imposé d’un mot ; et je crois que vous ne feriez pas autre chose que ce que je fais, c’est-à-dire, de témoigner une très grande indifférence, qui n’est pourtant pas telle que je la voudrais ; car pour vous en parler sincèrement, j’ai toujours des retours de tendresse qui me rappellent vers elle ; mais il me semble que la perfidie est trop noire pour ne me pas abandonner tout à fait à mon dépit et à mon honneur.
. — Comment donc, ajouta Eugénie en riant et en s’adressant à notre héros, vous m’avez promis de ne nous point abandonner que je ne vous donnasse congé, et vous êtes tout prêt à partir !
Il fut question de ramasser de l’urine ; mais Don Quichotte et Sancho ne se ressouvinrent pas du gobelet ; en sorte que la duchesse leur tournant le dos, et s’éloignant d’eux, leur dit qu’ils fissent comme ils l’entendraient, et elle abandonna le pauvre chevalier Sancho à leur discrétion, ou plutôt à leur malicieuse charité.
J’ai refusé un homme qu’on m’offrait, celui à qui je me suis offerte m’abandonne ! […] J’abandonne tout à mon tour. […] Je m’abandonnai au plaisir de savoir que Clémence n’était plus renfermée.
Mon père mourut vers la fin de juillet, et moi abandonné à ma bonne foi, je passai l’hiver à Paris avec des vagabonds, qui tout aussi bien que moi ne valaient pas grand-chose. […] C’est que je me suis fait une raison, et que je savais que chacun ne cherche uniquement que son plaisir dans le monde, et que j’aurais peut-être fait pis que lui, si, comme lui, je m’étais abandonnée à mon penchant. […] Je mourrais de rage et de désespoir si une clôture me défendait présentement d’abandonner mon cœur aux tendres mouvements dont il est agité. […] C’en est fait, dit-il, j’ai pris ma résolution ; je vais abandonner le monde, et me retirer dans un convent, tant pour faire pénitence de mes péchés et de mon crime, que pour en prévenir les suites. […] J’en avais une qui m’a cruellement abandonné.
Si je suis vaincu je t’abandonne ma vie ; et si je suis vainqueur, je ne prendrai d’autre vengeance de toi, que celle de te rouer de coups de bâton. — Chevalier, lui repartit le brave Sancho, vous n’êtes assurément qu’un gavache, avec vos injures ; car mon maître qui jase comme un prédicateur, et qui est aussi savant qu’un pape, m’a dit que les injures sont les meilleures raisons des gens qui n’en ont point et des lâches.
Elle fait voir aussi, qu’une femme ne doit compter que sur son époux ; et que lorsqu’il n’est plus en état de la soutenir, elle est abandonnée de tout le monde : elle fait voir en même temps, qu’une femme intéressée sacrifie tout à ses intérêts.
Pour ce que j’ai à craindre de lui, Dieu en est le maître, j’espère qu’il ne m’abandonnera pas ; il faut attendre un de ces revers qu’il sait faire naître lorsqu’on les espère le moins. — Je ne vous promets rien, Madame, répliqua-t-il, l’état où je suis est trop douloureux pour ne pas m’engager à chercher les moyens d’en sortir. […] Célénie qui voyait la perte qu’elle allait faire s’abandonnait à sa douleur, et son amant qui n’était pas moins affligé qu’elle la secondait de tout son cœur.
Je dirai cependant que Louis XIV avait tort de les tant craindre ; il n’avait qu’à les abandonner à la fureur du peuple dont la partie la plus sensée est revenue de la bonne opinion qu’on avait d’eux. […] Quebek et en général toute la Nouvelle France avait tellement été abandonnée de l’ancienne qu’on ne songeait presque plus à elle. […] Mais sa droiture l’a abandonné, et on dit que, bien loin d’avoir fourni des états vrais, il a vendu l’intérêt du Roi au ministre et à ses associés. […] Je lui dis que sa maîtresse était tombée malade de rage d’être abandonnée, et qu’elle voulait se mettre dans un couvent. J’en fis une Didon qui pleure Enée, ou du moins une Ariane abandonnée par Thésée.
Seigneur chevalier Don Quichotte, au nom de l’illustre Dulcinée, ne nous abandonnez pas, dirent-ils, en feignant une terreur fort grande, et en s’approchant de lui comme pour se mettre à couvert sous son bras invincible ; mais en effet pour l’empêcher d’aller au secours de Sancho, s’il l’eût entrepris, et qu’il eût oublié les ordres de Parafara-garamus.
L’amour qu’un homme de votre rang a pour une fille du mien, la déshonore quand il est su, ou le déshonore lui-même quand il s’y abandonne jusqu’au point de donner tout à sa satisfaction. […] Que deviendrais-je, si après avoir pris un état au-dessus de mes forces, j’étais abandonnée de vous d’une manière ou d’autre ? […] Ce n’est point avec vous que je veux faire la renchérie, mais en consentant d’oublier tout ce que vous m’avez fait, je vous prie pour l’avenir de ne plus vous abandonner aux apparences qui sont très souvent fort trompeuses ; mon cœur devait vous être connu.
Ils avaient résolu de te faire roi ; mais tes mœurs sont trop simples pour gouverner des hommes aussi corrompus qu’ils le sont à présent ; reste dans le premier endroit où tu te trouveras sur terre, et n’y pense qu’à te divertir, à te promener, et à te bien nourrir ; en un mot, vis dans un état tranquille, et abandonne pour toujours la Chevalerie errante, parce qu’elle te serait désormais infructueuse et déshonorable, et que tu verrais ternir l’éclat de tes grandes actions en périssant mal.
Sur la foi d’un mari le monde s’abandonne A taxer la pudeur de celle qu’il soupçonne, Et ne peut présumer s’il a trop éclaté, Qu’elle ait de la vertu puisqu’il en a douté.
Cette satisfaction n’était pas déjà bien suffisante, puisqu’elle était intéressée ; il n’importe, telle qu’elle était je m’en serais contenté si les coups avaient été sincères, mais le fourbe que tu vois faisait semblant de frapper sur son corps, et frappait sur un arbre contre lequel il était appuyé, et ainsi fraudait la maltôte de l’enfer ; c’est ce qui a fait que ta justice a abandonné cette malheureuse princesse à la fureur du barbare Freston, qui a fait faire au corps de cette infortunée une rude pénitence de la délicatesse de Sancho, qui ne s’est jamais donné que quarante coups qui puissent être alloués.