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2. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXV. Du tour ridicule et malin que fit Parafaragaramus au chevalier Sancho, et des événements tristes qui le suivirent. »

Nous l’avons laissé qui écoutait l’histoire de Sainville, et il n’y a pas un lecteur qui ne s’imagine qu’il n’en avait pas perdu un mot. […] Parafaragaramus qui n’avait point dormi et avait toujours écouté lorsque la Française fut interrompue, se tourna du côté de Sancho, et voyant sa belle posture, il lui prit envie de lui jouer une pièce. […] Valerio ne les écouta presque pas, tant il eut de joie de voir chez lui le duc d’Albuquerque et son épouse ; il les combla de civilités, et ils y répondirent en gens de qualité espagnols, c’est-à-dire le mieux du monde.

3. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « ChapitreLII. Le mari prudent »

Son esprit cultivé par tout ce qui peut former celui d’une fille de naissance, éclatait à se faire admirer et enchantait tous ceux qui l’écoutaient ; en un mot c’eût été une fille parfaite si elle eût été plus maîtresse de son cœur. […] A quoi s’expose une femme lorsqu’elle écoute ses sentiments, ou qu’elle n’est pas en garde contre les premiers mouvements de son cœur ? […] Messieurs qui m’écoutez, je suis certaine qu’il n’y en a pas un parmi vous qui n’eût joué ici des couteaux, et qui ne fût venu poignarder dans le moment la dame et le monsieur. […] Il se contenta de l’écouter, et de lui dire qu’il ne s’y fiait plus après avoir été une fois trompé ; que désormais elle pouvait agir à sa manière, et qu’il ne la considérait plus assez pour prendre part par la suite à ses actions ; que tout ce qu’il lui demandait était de faire l’amour sans conséquence, et de sauver sa conduite par les apparences ; qu’en son particulier pour éviter l’éclat et le scandale, il ne prendrait point d’autre vengeance d’elle que de la mépriser comme une malheureuse.

4. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XL. Des armes enchantées que les deux chevaliers reçurent de Parafaragaramus, avec des chevaux infatigables. »

Ecoute-moi, brave Don Quichotte, vrai miroir de la Chevalerie errante, honneur de la Manche, modèle de tous les chevaliers passés, présents et futurs. […] Il connaissait assez la bravoure et l’intrépidité de notre héros, pour savoir jusques où son courage le porterait dans la forêt ; il prévoyait bien aussi que Sancho ne le quitterait pas d’un pas ; il aurait bien voulu ne les point exposer contre des bandits ; mais dans le fond, outre que Don Quichotte n’aurait pas trouvé bon que l’affaire se fût passée sans lui, le duc voyait bien qu’il lui serait d’un grand secours, et qu’après tout c’était la mort la plus glorieuse qui pût arriver à deux fous, que de perdre la vie en servant le public ; d’un autre côté il voyait bien que l’occasion serait chaude et de fatigue, et que les chevaux de nos aventuriers n’étaient point assez forts pour la supporter, ni leurs armes assez bonnes pour résister au mousquet et au pistolet ; ainsi il avait jugé à propos de les armer par cette voie étant bien persuadé que l’estime qu’ils feraient de leurs armes et de leurs chevaux, qu’ils croiraient tenir de la main d’un enchanteur, leur ami, les animerait davantage, et relèverait le courage, surtout de Sancho, qui lui paraissait abattu par la conversation qu’il avait eue avec Don Quichotte, et que lui et Parafaragaramus avaient écoutée.

5. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIX. Repas magique. Apparition d’un nouvel enchanteur. Défi fait à Don Quichotte, et ce qui s’ensuivit. »

Le feu qu’il jetait par la poitrine et par les cornes continuait et augmentait à mesure qu’il parlait, et quoique cet objet fût épouvantable, notre héros n’en fut point épouvanté ; il eut même besoin de toute la patience que Parafaragaramus-lui avait recommandée, pour l’écouter jusques au bout. […] Sancho qui avait toujours écouté, continua selon son sens, et ne songeant qu’à la goinfrerie : Oui, Monsieur, je voudrais bien les voir ces esprits incrédules, et savoir ce qu’ils pourraient dire sur la table bien garnie que j’ai vue de mes propres yeux sortir de l’enfer tout d’un coup, et que vous y avez vu rentrer de même. […] Je n’ai pas songé à vous expliquer cet article, Seigneur chevalier Sancho, lui dit Eugénie, quoique mon bon ami me l’eût pourtant ordonné ; c’est que vos armes ne pourront pas être enchantées quand vous voudrez les employer contre un chevalier comme vous, mais un méchant enchanteur peut les enchanter de peur que vous ne vous en serviez contre lui ; ainsi, Seigneur chevalier, ajouta-t-elle, parlant à Don Quichotte, qui avait écouté la demande de Sancho, c’est encore une raison qui vous doit empêcher de vouloir combattre vous-même le méchant Freston.

6. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LX. De l’aventure qui arriva au malheureux Sancho peu de temps après qu’il fut hors de chez le duc de Médoc, et de plusieurs autres choses qui ne sont pas de grande importance. »

Des gens d’un esprit tranquille auraient regardé Sancho comme un fou ; mais ceux qui l’écoutaient étaient trop abîmés dans leur tristesse pour songer à plaisanter. […] Ecoute, Sanchette, lui dit sa mère en présence de toute la compagnie, Madame la duchesse veut te marier avec ce jeune homme-là ; si c’était moi, j’aurais bientôt dit oui, mais c’est pour toi, fais comme tu voudras, au moins si dans la suite il te frotte un peu l’échine, ne me viens pas étourdir les oreilles, car je ne te force pas ; si tu dis oui, à la bonne heure ; si tu dis non, tant pis pour toi, il a la mine de ne pas manquer de femmes.

7. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Terny, et de Mademoiselle de Bernay. »

Pendant le chemin de là à Paris, je tins à peu près le même style qu’au parloir, mais plus effrontément, parce que n’étant plus écouté que par un homme et une femme mariée, je ne craignais plus de blesser les oreilles chastes. […] Elle le priait de ne souffrir plus que j’allasse la voir, parce que je lui avais tenu des propos indécents, dont la religieuse qui m’écoutait, était scandalisée. […] Ce fut là ce qui nous fit connaître que cette lettre était pour moi, et qu’elle l’avait écrite devant cette sœur écoute, à qui elle l’avait montrée, et c’était en effet la vérité. […] Mon cœur n’écoute que ses raisons, il vous justifie de sa propre autorité, et s’en tient à son jugement. […] L’air froid et tranquille dont je parlais fit rire les gens qui écoutaient.

8. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIV. Départ de la compagnie. Comment Sancho fit taire le curé. Aventures diverses arrivées à cet infortuné chevalier. »

Sancho, après avoir écouté en mangeant et buvant la morale du bon curé sans l’interrompre, prit la parole à son tour. — Doucement, Monsieur le curé, dit-il, personne ne court après nous. […] Quoique Sancho fût fort attentif à ce qu’on lui disait, la morale ne lui en plaisait nullement, et il ne l’écoutait même qu’avec chagrin, et n’en aurait pas tant laissé dire à l’enchanteur sans lui répondre, s’il ne l’eût accoutumé à un grand respect. […] Ceci fut encore une nouvelle matière de sermon, que le triste et fustigé Sancho écoutait avec plus de docilité qu’il n’avait fait de sa vie ; mais enfin son maître ayant cessé de parler, parce qu’il n’en pouvait plus de la gorge, Sancho reprit la parole et avoua qu’il avait tort d’avoir tenté Altisidore, qu’il savait bien qu’il suffisait pour perdre une fille de lui dire une fois qu’on l’aime, parce qu’après cela le diable le lui répète sans cesse ; et ma foi, Monsieur, poursuivit-il, toutes les filles et les femmes en sont là logées ; elles font toutes là-dessus les saintes mitouches ; mais les brebis du bon Dieu ont beau être gardées et comptées, le diable trouve toujours le secret d’en tondre quelqu’une s’il ne l’emporte pas tout à fait ; en un mot une étincelle fait un grand brasier, et fille qui jase avec un amant enfile la mère Gaudichon, comme un aveugle son oraison ; mais le jeu n’en vaut pas la chandelle, et s’il ne faut qu’un petit caillou pour faire verser une charrette, un fromage n’est pas longtemps entier quand on le laisse guigner au chat, et de nuit tous chats sont gris. — Tu seras toujours farci de proverbes, lui dit son maître. — Oh bien, reprit Sancho, je consens d’aller rôtir des châtaignes en enfer si j’ai jamais rien de commun avec aucune fille ni femme que la mienne, et je recevrai Altisidore en fille de bonne maison, si elle me vient davantage rompre la tête.

9. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Ronais, et de Mademoiselle Dupuis. »

Je parlai, elle m’écouta ; mais sans me rendre aucune réponse positive. […] Il entendit quelque bruit, et ne doutant pas que sa fille et moi ne fussions aux écoutes, comme en effet nous y étions, fort embarrassés de notre figure, il invectiva d’une manière étrange, et qui mortifia tellement votre commère, qu’elle ne put s’empêcher de pleurer ; c’est ce qui nous fit retirer, après avoir entendu le beau sermon qu’il lui faisait, sans faire semblant de parler à elle. […] Ecoutez, reprit-elle tranquillement, cela me fait soupçonner quelque tour. […] Je n’écoutai plus que ma fureur, et résolus de prévenir cet homme, qui promettait si bien ma mort avant que de m’avoir vu. […] Vous êtes l’ami de Des Ronais, dites-lui de ma part que je suis scandalisée de son peu de civilité, qu’il devait m’écouter quand j’ai voulu lui parler de sa maîtresse ; qu’il ne pouvait pas moins faire par complaisance pour mon sexe, si il ne m’écoutait pas pour ses intérêts propres, qu’il est cause du peu d’embonpoint de Mademoiselle, et que je lui en veux bien du mal.

10. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVI. Pourquoi Sancho perdit ses armes enchantées, et du terrible combat qu’il eut à soutenir pour les recouvrer. »

Là-dessus il s’emporta contre les femmes d’une manière terrible, et fit rire toute la compagnie qui l’écoutait, et surtout la duchesse qui n’en perdit pas un mot ; il fit contre elle mille invectives, et les aurait continuées avec la doléance de ses armes perdues, si on ne fût pas venu frapper à sa porte. […] Heureusement Don Quichotte le rappela et le pria de ne point sortir sans lui et d’attendre qu’il fût armé ; sans cela il aurait trouvé toute la compagnie qui écoutait à la porte.

11. (1713) Les illustres Françaises « Les Illustres Françaises. Histoires Véritables. »

J’ai voulu cent fois vous désabuser, poursuivit-il ; mais vous êtes tellement prévenu que vous n’avez jamais voulu m’écouter, non plus que d’autres que moi ; peut-être écouterez-vous mieux Monsieur Des Frans ; et la première fois que nous serons seuls, ou qu’il se donnera la peine d’aller voir ma cousine, comme elle m’a chargé de l’en prier, on le priera de tâcher de vous faire entendre raison.

12. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVII. Suites agréables de la victoire remportée par le chevalier Sancho, et du projet que forma Don Quichotte pour le faire repentir de son indiscrétion. »

Il fut prié de dire où il avait fait connaissance avec le sage enchanteur Parafaragaramus, et d’où il connaissait le satyre Rebarbaran, et surtout de ne rien déguiser, parce que l’un et l’autre écoutaient. […] Don Quichotte avait été frappé de cette réflexion, et avait aperçu tout d’un coup mille choses dont il n’avait pas voulu s’offenser ; il écouta toute la conversation sans rien dire, parce que le respect qu’il avait pour Eugénie l’empêcha de prendre le parti de la beauté de son imaginaire Dulcinée, que son écuyer mettait indifféremment avec les autres dans le mortier, pour faire du fard à cette comtesse.

13. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVI. Suite de l’histoire de Silvie et de Sainville. »

Elle vit que ce mot m’alarmait, et me pria d’écouter jusqu’au bout. […] Epargnez-moi, Madame, poursuivit Silvie en s’interrompant elle-même, le reste de la narration de la baronne qui regarde mes tantes, elle aurait mauvaise grâce dans ma bouche ; contentez-vous de savoir qu’elle me répéta tout ce qui avait été dit contre elles dans les tribunaux, à quoi elle ajouta mille histoires scandaleuses qui n’ont aucun fondement, mais dont elle faisait Sainville auteur pour le perdre dans l’esprit de mes tantes qui écoutaient ce qu’elle me disait ; cette perfide le savait, mais elle n’en faisait pas semblant : mes tantes ignoraient qu’elle sût qu’elles fussent présentes, et furent extrêmement surprises d’entendre ce qu’elles entendaient, surtout comme venant d’un homme qui n’avait jamais passé pour médisant. […] Vous savez ce que je fis le lendemain que j’allai vous trouver, mais vous ignorez que je savais que vos tantes écoutaient ce que je vous disais, que Deshayes et moi avions résolu de perdre Sainville dans votre esprit et le leur, et de vous attirer à vous la colère de toute votre famille, si vous ne vous rendiez pas de vous-même, et que c’était dans ce dessein que nous avions gardé une copie de votre lettre, que voilà, et que je vous rends.

14. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LV. Don Quichotte et Sancho vont à la caverne de Montésinos. Ce qu’ils y virent, et comment se fit le désenchantement de Dulcinée. »

Don Quichotte, à qui il n’en fallait pas tant dire pour l’obliger à tout faire, ne s’amusa pas à écouter son écuyer, mais il alla au neveu de Freston qui dans ce moment se jeta dans la fosse et lui fit face. […] — Ecoutez, hardi Chevalier, poursuivit Minos seul, l’incomparable Dulcinée n’est point dans les enfers, et par conséquent elle n’est point sous la puissance du dieu Pluton ; elle est trop sage pour avoir mérité nos supplices, et étant encore vivante, elle n’est point descendue dans ce sombre empire des morts ; elle est encore au nombre des vivants, quoiqu’elle n’y paraisse pas ; mais comme tu sais, Merlin l’a enchantée, et il a fait sagement, parce que si elle avait paru telle qu’elle était, elle aurait armé tous les chevaliers errants les uns contre les autres, et n’étant occupés que de leur amour, ils n’auraient pas mis fin, ni toi non plus, aux grandes aventures qui rendent leur vie si illustre là-haut.

15. (1721) Mémoires

Je les écris aussi pour instruire les jeunes gens, et leur apprendre par ma propre expérience dans quels malheurs peuvent les précipiter leurs passions trop écoutées, la chaleur de leur sang, et leur amour propre. […] Écoute, Onontio (c’est le nom qu’ils donnent aux gouverneurs qui sont envoyés d’Europe), qu’est-ce que tu es venu chercher ici… Pourquoi viens-tu dans notre pays, puisque nous n’allons point dans le tien ? […] Le pauvre patient écoutait le sermon avec autant de terreur qu’un criminel sa sentence, sans dire un mot. […] Louis, après avoir tout écouté, entra dans ce qu’il venait d’entendre et résolut de suivre le conseil qui lui était donné. […] Le Pelletier, qui le plaça dans un poste honnête, mais qui, connaissant son mauvais cœur et son peu de probité et de religion, malgré l’apparence et les airs de dévotion qu’il affectait, ne voulut jamais ni écouter ses avis, ni l’attirer auprès de sa personne.

16. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Frans et de Silvie. »

J’écoutai donc tout avec une tranquillité et un sang-froid qui me surprenait moi-même. […] Je ne m’étonne plus, reprit-elle, de vous avoir vu si tranquille à écouter. […] Vous auriez tort si vous les écoutiez, reprit-il. […] Toute ma fureur m’abandonna, je n’écoutai plus ma rage que pour plaindre mon malheur. […] Elle s’assit, parce que je lui dis que je ne voulais pas l’écouter autrement.

17. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Contamine, et d’Angélique. »

Ne vous obstinez pas davantage, vous ne feriez que perdre votre temps, ou me rendre malheureuse, si j’étais assez crédule pour vous écouter. […] Il en eut un chagrin mortel, d’autant plus qu’il vit bien qu’elle se contraignait pour ne pas pleurer devant les gens qui l’écoutaient. […] En même temps elle fit appeler dans sa chambre tous ses officiers et ses domestiques, et lorsqu’ils furent assemblés, écoutez, leur dit-elle, je parlai mal hier au soir d’Angélique que plusieurs de vous autres ont connue ici ; je n’étais pas instruite comme je la suis à présent ; je me dédis, et lui fais réparation de tout ce que j’ai dit qui n’était pas à son avantage, parce que je la reconnais pour une fille très sage, et d’une conduite sans reproche ; ainsi que ce que j’ai dit ne fasse aucune impression sur votre esprit. […] Oui, Monsieur, interrompit Madame de Contamine, cela est juste ; mais il est juste aussi que tout le monde vous écoute, et pour cela, poursuivit-elle, s’adressant à Des Ronais, passez s’il vous plaît, auprès de moi à la place de Monsieur Des Frans ; et vous Monsieur Des Frans, ajouta-t-elle, prenez place s’il vous plaît entre votre commère et moi.

18. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIV. Ce qui se passa dans le château après cette expédition. »

Le duc de Médoc, qui avait un très grand fond de probité et d’honneur, écouta tout ce qu’on lui dit avec une patience admirable, et sans répondre un seul mot ; mais après qu’on eut achevé de lui dire tout ce qui se pouvait dire sur cette matière, il prit la parole, et après avoir remercié toute la compagnie en général du soin que chacun en particulier avait témoigné pour sa personne, il ajouta que s’agissant de rendre service au comte de Valerio, et de sauver l’honneur d’une des meilleures maisons d’Espagne, il n’aurait pas eu l’esprit en repos si lui-même n’y avait été ; que de plus, chacun se faisait dans le monde un point d’honneur et de probité selon son humeur ; qu’il avouait que la recherche qu’on faisait de gens qu’on destinait au gibet, offrait à l’esprit quelque chose de bas et de rebutant, qu’ainsi il ne blâmait point les Français de ne s’y pas commettre, parce qu’ils croyaient que cela était indigne d’un grand cœur ; mais que pour lui il était d’un autre sentiment et qu’il ne croyait pas qu’il fût plus indigne d’un prince de faire la guerre à des voleurs et à des bandits qui désolaient toute une province et ses propres compatriotes, que de la faire à des étrangers ; qu’il croyait même que c’était plus utilement servir sa conscience et le public dans une guerre de cette nature, que dans une guerre réglée, parce que les ennemis qu’on combat dans celle-ci, ne sont pas des ennemis particuliers ni domestiques, puisqu’on peut s’en défaire par un traité de paix ; mais que les autres sont des ennemis d’autant plus cruels, qu’ils ne sont retenus par aucune digue ; de plus que la guerre avait ses lois inconnues aux scélérats, et que les ennemis qu’on combattait dans une guerre de prince à prince, étaient presque toujours des ennemis contraints par la volonté et par l’ambition de leur souverain, avec qui la vie était sauve, ou du moins ne courait pas tant de risque, qu’avec les autres, qui non seulement n’épargnaient personne, mais de qui même leurs propres amis et les gens de leur connaissance avaient plus à craindre que des étrangers ; qu’enfin dans une guerre ouverte on était en état d’attaquer et de se défendre, et que l’on n’était jamais surpris qu’on ne dût s’attendre à l’être ; mais que les voleurs de grands chemins étaient des gens qui mettaient leur sûreté dans les surprises qu’ils faisaient aux gens qui ne se défiaient nullement d’eux ; et qu’en un mot c’était des ennemis d’autant plus dangereux qu’ils empêchaient le commerce et la sûreté, et qu’il n’y avait avec eux ni paix ni trêve à espérer que par leur mort ; enfin des gens universellement regardés avec exécration ; ce qui était si vrai, qu’en France même, où les gens de distinction tenaient cette chasse si indigne d’eux, les bandits et les voleurs de grand chemin étaient punis du plus long et du plus rude des supplices, et privés même de la sépulture.

19. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Prez, et de Mademoiselle de l’Épine. »

Il me pria d’ordonner à nos gens de nous attendre, et nous étant écartés dans un endroit où nous étions sûrs de n’être ni écoutés, ni interrompus, il commença à parler. […] Écoutez, poursuivis-je avec un air sérieux, si cela est et que vous soyez d’humeur à rendre service à des gens qui en ont besoin, je vous assure d’un présent de cinquante louis d’or sitôt que l’affaire sera faite, et d’une pension de vingt écus par mois pendant fort longtemps ; et si dans ce que je demande, vous n’offenserez ni Dieu ni les hommes ; il n’est question que de secret. […] Il vint auprès de nous et nous écouta. […] Elle écoutera la raison, et ne me voyant pas en état de m’en dédire, il faudra bien qu’elle y consente, ou du moins qu’elle en garde le secret. […] Voici l’autre, reprit Contamine ; ce serait un prodige dans le monde, qu’une femme qui pût écouter jusqu’à Amen, poursuivit-il en la regardant !

20. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Dupuis, et de Madame de Londé. »

Je ne la pressai pas davantage pour ce jour-là, espérant que le temps et les occasions l’amèneraient insensiblement à mon point : la maxime étant très certaine, que fille qui écoute est à demi persuadée ; et je ne me trompai pas. […] Il fit sortir son laquais ; mais celui-ci curieux et surpris de la surprise de son maître, écouta à la porte. […] J’aperçus la veuve qui m’écoutait attentivement, et qui avalait à longs traits le poison que je lui présentais. […] Il écoutait avec un flegme de philosophe, soit qu’il méprisât le sermon, soit qu’il ne voulût pas faire semblant de connaître que la morale ne regardait que lui. […] La femme qui nous avait jusque-là écoutés, et qui n’avait pas encore dit un mot, se mêla de notre conversation.

21. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre L. Dissertation sur la différente manière d’aimer des Espagnols et des Français. »

Si le galant est écouté.

22. (1713) Les illustres Françaises « Préface. »

Celle de Des Prez fait voir à quels malheurs une passion trop écoutée aboutit.

23. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre LI. Le jaloux trompé »

Cette pauvre femme se mit à pleurer ; mais sa mère qui avait tout écouté à la porte ne fut pas si tranquille. […] Sa jalousie ne lui permit pas d’écouter assez longtemps pour avoir l’intelligence de tout, et sitôt qu’il les vit entre les bras l’un de l’autre, il se découvrit.

24. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVI. De ce qui suivit le désenchantement de Dulcinée. »

Tais-toi, lui dit Pluton d’une voix épouvantable, on fait ici justice à tout le monde, laisse-le parler, on t’écoutera après dans tes défenses.

25. (1690) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 1)

Écoute, Chaviteau, lui dit M. […] Bouchetière et les autres nous écoutaient et ne comprenaient rien à ce que nous disions, par la quantité de latin que nous lâchions. […] Il a écouté avec beaucoup d’attention et de fermeté l’exhortation que M. […] Écoutez, monsieur de Bouchetière, a-t-il poursuivi en s’adressant à lui, il y a fort longtemps que vous faites parler de vous, et toujours en mauvaise part. […] Écoutez, monsieur C..., m’a-t-il dit, le commandeur se plaint fort de vous ; je vous ai excusé ; il consent d’oublier tout pourvu que vous buviez à sa santé : et, en même temps, m’a présenté un verre.

26. (1691) Journal du voyage des Indes orientales (à monsieur Raymond)

C’est sans contredit un des plus honnêtes hommes du monde, expéditif, qui va droit au but, qui écoute tout le monde, finit tout et rend raison de tout sur le champ sans rien remettre au lendemain, enfin, un homme tel que je le voudrais pour maître le reste de mes jours. […] Je les écoutai. […] Mais Remraja n’étant pas en état de hasarder une bataille décisive dans son pays, il a fait en capitaine sage la même chose qu’a fait le Grand Scanderberg lorsque le Sultan Amurat assiégeait Croye, capitale d’Epire : il ne s’est point renfermé dedans sachant qu’elle était commandée par un gouverneur fidèle, il est resté aux écoutes dehors et a toujours tenu avec trente mille chevaux l’armée de son ennemi en suspens de ses desseins et l’a perpétuellement fatiguée et harassée par des attaques imprévues, et afin que cette armée se ruinât d’elle-même tant sur sa marche que dans le siège, il a fait faire un dégât général de plus de trente lieues le long de la côte et de plus de quatre-vingts lieues dans les terres, a fait tuer les bestiaux, coupé et brûlé le riz, et enfin tout ce qui pouvait servir à la nourriture afin que son ennemi fût obligé de quitter le pays faute d’y pouvoir subsister.

27. (1691) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 2)

Je ne sais comment Monicault, rouge comme feu, se donna la patience d’écouter sa harangue ; mais, je sais bien que, pour toute réponse, il jeta dans la cour une bourse de cuir pleine de mille louis, ne pouvant les jeter dans la rue parce que son cabinet était sur le derrière ; & le poussa lui & les autres hors de son cabinet, en les donnant à plus de charretées de diables que leurs louis ne valaient de deniers.

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