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2. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Prez, et de Mademoiselle de l’Épine. »

Elle me recommandait le secret sur toutes choses, et de prendre de si justes mesures, que nous n’eussions rien à craindre. […] Seriez-vous capable de secret, repris-je ? […] Nous nous jurâmes un secret inviolable ; après quoi je lui demandai quand il voudrait nous donner la bénédiction. […] Elle écoutera la raison, et ne me voyant pas en état de m’en dédire, il faudra bien qu’elle y consente, ou du moins qu’elle en garde le secret. […] Lorsque je la vis traitable, je lui fis comprendre la facilité du secret, qui ayant été gardé si longtemps, pouvait bien l’être encore.

3. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre LI. Le jaloux trompé »

Il eut même le secret de s’en faire aimer autant qu’il l’aimait. […] Peu après que sa santé fut rétablie, sa première humeur sombre le reprit, et elle croyant que leur union réciproque lui donnait le privilège d’entrer dans ses secrets, le supplia mille et mille fois de lui dire d’où pouvaient lui provenir ces distractions d’esprit et cet assoupissement dans lequel il paraissait toujours plongé. […] Après cela elle prit sa fille entre ses bras, et à force de caresses, elle lui arracha une partie de son secret et devina le reste. […] Il entendit parler comme les autres de cette dame, et il en fut si vivement touché, que sans déclarer son secret à personne, il résolut de tenter l’aventure. […] —  Dispensez-moi de vous le dire, répliqua-t-elle, ces sortes de secrets-là doivent demeurer entre le mari et la femme.

4. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVI. Suite de l’histoire de Silvie et de Sainville. »

L’estime que Sainville a pour vous, m’est un garant certain du secret que je vous demande pour tout autre que pour lui, et vous ne lui direz que ce [que] vous jugerez à propos qu’il sache de ce que vous allez apprendre. […] Je reçus un billet de la baronne qui me priait d’aller la voir seule, et qu’elle avait de grands secrets à me communiquer. […] Ce qu’elle me fit voir m’a parfaitement convaincue, que les gens à qui le crime ne fait point d’horreur, ont le secret de se faire un front incapable de rougir. […] Elle en frémit, mais en même temps elle me fit comprendre que je n’étais point en état de perdre inutilement le temps à pleurer et à me plaindre, qu’il fallait payer de force d’esprit, et agir, et surtout ne me fier pas à toute sorte de gens, et ne prendre conseil que de personnes extrêmement secrètes, et absolument dans mes intérêts. […] Silvie accepta son offre sur-le-champ, et la marquise lui ayant donné une lettre de recommandation pour cette sœur, à qui elle écrivit dans le moment, elles se séparèrent après s’être promis une correspondance secrète, et s’être fait l’une à l’autre mille amitiés.

5. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Terny, et de Mademoiselle de Bernay. »

Je fus satisfait de sa réponse, où il me déclara tous les secrets de sa famille. […] Cette lettre-ci devait être secrète. […] Nos malheurs sont bien plus cruels, l’amie qu’elle a ici m’a assurée d’un secret inviolable, servez-vous de la même voie. […] Les biens de Bernay l’auraient fort accommodé pour rétablir sa maison ruinée ; outre cela Clémence avait trouvé sans le chercher, le secret de lui plaire. […] Il s’est réservé la connaissance du secret des cœurs, et c’est à vous à voir ce qui se passe dans le vôtre, et à faire pénitence de votre mauvaise intention.

6. (1713) Les illustres Françaises « Les Illustres Françaises. Histoires Véritables. »

Je ne sais rien que le public ne sache, dit Des Ronais ; mais Dupuis qui doit venir ici vous en dira de nouvelles certaines, car ils n’ont jamais rien eu de secret l’un pour l’autre, et leur confidence a duré jusqu’à sa mort, qui est encore toute récente. […] Il connut pourtant bien ce qui en était, continua Dupuis : je suis plus informé de vos affaires que vous ne pensez, mais ne craignez rien, votre secret n’est su que de moi, et ne le sera jamais d’autre sans votre aveu. […] Je lui demande pardon d’avoir eu quelque chose de secret pour lui, mais lorsqu’il saura quel est ce secret, je suis sûr, qu’honnête homme comme il est, il conviendra que le vôtre était d’une nature à n’être jamais révélé sans votre consentement ; et ne voulant plus, dites-vous, le cacher à Monsieur Des Ronais, je vous assurerai devant lui, que Gallouin n’a pas cru vous offenser, puisqu’il ne savait point que le sacrement vous eût joints vous et Silvie ; et qu’elle ne vous a point fait d’injure volontaire, puisqu’elle a été forcée à ce qu’elle a fait par une puissance plus forte que la nature.

7. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « ChapitreLII. Le mari prudent »

La première chambre est occupée par un homme de qualité, qui s’est marié en secret, et qui ne vient ici que deux ou trois fois la semaine ; et la femme, qui n’est qu’une simple demoiselle, n’y vient jamais qu’il n’y soit, et ils sont environ une heure ou deux ensemble. […] Il alla trouver Cléon, lui fit un rapport sincère de toute la conduite de sa fille, de ce qu’il en avait vu lui-même, et de tout ce qu’il en avait souffert, et conclut par offrir à son beau-père de lui faire voir les choses à lui-même de ses propres yeux, et le pria que cela fût ; faute de quoi il lui protesta de le faire voir à d’autres, pour s’en faire rendre justice malgré tout l’éclat que cela pourrait faire, au lieu que s’il voulait en être convaincu seul, et servir de juge à sa fille, cet odieux secret ne passerait pas sa famille, et n’en serait point diffamée. […] Pour son amant, je lui pardonne de tout mon cœur, et ne lui demande pour toute reconnaissance de la vie que je lui laisse, qu’un secret inviolable sur ce qui s’est passé. […] Il vous a demandé le secret, et moi je vous ordonne de plus de sortir de la province dans vingt-quatre heures, et de n’y jamais remettre le pied ; sinon comptez que vous êtes perdu ; je n’ai rien à vous dire davantage, retirez-vous. […] La morale qu’on peut en tirer est qu’un honnête homme qui a le malheur d’avoir une femme infidèle, doit se contenter de la mépriser, et sauver les apparences, supposé que le désordre de cette femme soit secret ; mais s’il est public, il doit la quitter pour toujours.

8. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Contamine, et d’Angélique. »

Qui mettre dans notre confidence capable d’un secret qui nous est de si grande conséquence ? […] Je vous promets le secret si vous me jugez digne de votre confidence. […] Votre commère me conta cela, je crus que c’était un beau dehors, et que l’intérieur en était criminel ; elle me pria de garder le secret, je le lui promis et lui ai tenu parole. […] Si je ne l’épouse pas en secret, et que je ne lui ai pas même proposé, c’est uniquement comme je vous l’ai dit, Madame, le profond respect que j’ai pour ma mère qui m’en empêche. […] Je l’ai suppliée de vouloir bien ne point approfondir mon secret, elle me l’a accordé.

9. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Frans et de Silvie. »

Je cherchais à pénétrer le secret de sa naissance, mais le temps n’en était pas encore venu. […] Je n’ai ni feu ni lieu ; et puis, qui est-ce qui irait approfondir un pareil secret ? […] D’une manière ou d’autre, lui dis-je, le temps révèle les secrets. […] En gardant le secret, outre les plaisirs du mariage, nous aurons encore ceux du mystère. […] Souvenez-vous du secret que vous m’avez juré, ne le violez pas, ou plutôt oubliez jusqu’à mon nom. 

10. (1721) Mémoires

Votre Altesse ne peut déposer son secret à un sujet plus fidèle et plus zélé, ni plus à Elle que moi. […] Gardez-moi seulement le secret, c’est tout ce que je vous demande, et du reste reposez-vous en sur moi. […] Sa nourrice savait le secret de sa naissance et ce fut la cause de sa mort. […] Pannetier, qui avait trouvé le secret de prendre M.  […] Nous en découvrirons les plus secrets mystères.

11. (1691) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 2)

C’est Landais qui en a la clef : c’est là où nos petites provisions secrètes sont renfermées. […] Il s’y cacha à tout le monde, excepté à un seul ami. sur la discrétion & le secret duquel il avait toujours compté, & qui en effet ne l a point trahi. […] Ce sont là les secrets de la Providence, qui d’un même limon forme des vases d honneur & d’autres d’opprobre. […] Non seulement vous le pouvez, lui repartis-je, mais même je vous en conjure & vous assure de tout le secret d’un homme de probité & d’honneur, qui n’a jamais trahi la confiance de qui que ce soit ; & qui, peut-être, vous rendra secret pour secret. […] Pour moi, je crois que c’est l’unique cause de leur silence sur ce chapitre, tant cette vindicative Société a trouvé le secret de se faire craindre.

12. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVIII. Des tristes et agréables choses que Parafaragaramus apprit au chevalier de la Manche. »

Eh, non, non, ma mauricaude n’en saura rien ; un secret n’est plus secret quand une femme le sait, et une femme ne sait le secret de son mari que pour le trahir ; ce sont des importunes à demander et des diables à rendre.

13. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Ronais, et de Mademoiselle Dupuis. »

Mademoiselle Dupuis m’en a parlé dans ces termes ; et je ne fais aucune difficulté de le croire, parce qu’elles sont inséparables, et n’ont point de secret l’une pour l’autre : c’est peut-être sur ce sujet-là qu’elle veut vous parler. […] D’autres vous diront ce qui en est, reprit Des Ronais, je n’en dirai pas davantage : quoi qu’il en soit, elle fut inconsolable de votre départ ; mais son secret fut caché. […] Le marquis le traita de fou, et de brutal, pria ses amis de tenir l’aventure secrète, et défendit à ses gens d’en parler, protestant devant Dieu, qu’il ne demandait dans sa femme qu’autant de vertu qu’il en avait trouvé dans Mademoiselle Dupuis. […] Telles et telles ont fait des enfants, et se sont perdues de réputation et d’honneur ; c’est qu’elles n’ont pas eu l’esprit de cacher leur secret comme telle et telle, dont on ne parle seulement pas. […] Sa fille sortait lorsqu’elle voyait qu’il commençait, mais il avait le secret de la faire rester malgré elle, en la faisant mettre à table dans un coin.

14. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIV. Départ de la compagnie. Comment Sancho fit taire le curé. Aventures diverses arrivées à cet infortuné chevalier. »

Elle lui répondit qu’elle ne le pouvait pas cette nuit-là, parce qu’elle ne couchait pas seule ; mais que s’il voulait venir le lendemain dans une chambre qu’elle lui indiqua au bout du château, où elle irait coucher sans compagne, sous prétexte de maladie, elle le recevrait de son mieux, et qu’il lui ferait plaisir ; elle ajouta qu’elle pourrait y monter sitôt que tout le monde serait retiré ; ce qu’il connaîtrait lorsqu’elle ouvrirait sa jalousie, et lui recommanda surtout le secret, et de ne point faire de bruit. […] Ceci fut encore une nouvelle matière de sermon, que le triste et fustigé Sancho écoutait avec plus de docilité qu’il n’avait fait de sa vie ; mais enfin son maître ayant cessé de parler, parce qu’il n’en pouvait plus de la gorge, Sancho reprit la parole et avoua qu’il avait tort d’avoir tenté Altisidore, qu’il savait bien qu’il suffisait pour perdre une fille de lui dire une fois qu’on l’aime, parce qu’après cela le diable le lui répète sans cesse ; et ma foi, Monsieur, poursuivit-il, toutes les filles et les femmes en sont là logées ; elles font toutes là-dessus les saintes mitouches ; mais les brebis du bon Dieu ont beau être gardées et comptées, le diable trouve toujours le secret d’en tondre quelqu’une s’il ne l’emporte pas tout à fait ; en un mot une étincelle fait un grand brasier, et fille qui jase avec un amant enfile la mère Gaudichon, comme un aveugle son oraison ; mais le jeu n’en vaut pas la chandelle, et s’il ne faut qu’un petit caillou pour faire verser une charrette, un fromage n’est pas longtemps entier quand on le laisse guigner au chat, et de nuit tous chats sont gris. — Tu seras toujours farci de proverbes, lui dit son maître. — Oh bien, reprit Sancho, je consens d’aller rôtir des châtaignes en enfer si j’ai jamais rien de commun avec aucune fille ni femme que la mienne, et je recevrai Altisidore en fille de bonne maison, si elle me vient davantage rompre la tête.

15. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Jussy, et de Mademoiselle Fenouil. »

Ces manières où je ne comprenais rien, m’inquiétaient au commencement ; mais comme je ne suis pas d’humeur à approfondir le secret de mes amis qu’autant qu’ils le souhaitent, je ne lui en demandai point la raison, et ce ne fut que le jour même que nous arrivâmes à Paris, qu’il me dit ce que j’avais envie de savoir il y avait longtemps. […] Les laquais nouveaux venus montèrent ; on ne dit rien en leur présence qui dût être secret. […] Je ne vous dis point où je retournais, parce que vous auriez peut-être voulu me suivre, et que dans la crainte où j’étais que les choses ne se passassent pas aussi tranquillement qu’elles se sont passées, je ne voulais pas vous commettre, outre que j’avais promis le secret.

16. (1690) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 1)

Il n’y a que huit jours qu’il est revenu au Port-Louis, et qu’il a trouvé le secret de se faire universellement haïr. […] Ils promirent le secret sur le pain, et promirent de soutenir la gageure. […] Car je pose en fait certain que, quelque endurci que soit un homme, il lui vient une secrète horreur de son péché avant que de le commettre. […] Nous étions tous de mauvaise humeur, et il a trouvé le secret de nous achever. […] Le secret ne nous a point chargés, ni M. de La Chassée ni moi, lui ai-je répondu : qu’il ne vous charge point non plus, et gardez-le comme nous.

17. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XL. Des armes enchantées que les deux chevaliers reçurent de Parafaragaramus, avec des chevaux infatigables. »

Sortez tous deux à la pointe du jour, à pied, et sans épée, et donnez-vous de garde de dire votre secret à personne, car tout disparaîtrait.

18. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVIII. Du combat de Don Quichotte contre Sancho, et quelle en fut la fin. »

Pour toi, Chevalier aux armes noires, qui ne veux pas être connu, continua-t-il en s’adressant à Don Quichotte, je t’assure de ma discrétion et du secret, mais ne t’avise pas une autre fois d’entreprendre une querelle sans fondement.

19. (1713) Les illustres Françaises « Préface. »

Il faut remarquer là-dessus, que Des Frans raconte son histoire en présence de Madame de Londé, et que Dupuis aurait eu mauvaise grâce de dire en la présence de cette dame, que le frère se serait servi des secrets de la magie la plus noire, pour triompher de Silvie.

20. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLV. Pourquoi la maîtresse d’une hôtellerie voisine du château venait souvent demander des nouvelles de Sainville et de Silvie. »

Ce conseil étant le seul à prendre et le meilleur à suivre, Silvie s’y arrêta, mais elle n’eut pas longtemps à garder le secret.

21. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLI. Don Quichotte et Sancho s’arment pour aller combattre les brigands. Ces deux chevaliers font des actions de valeur inouïes. »

Chevalier Sancho, lui dit le duc, c’est vous que je croyais de mes bons amis, et vous empêchez le seigneur Don Quichotte de me découvrir vos secrets. —  Oui, Monseigneur, répondit Sancho, il y a temps de parler et temps de se taire ; trop parler nuit, et trop gratter cuit. —  Si cela est ainsi, leur dit le duc, je ne m’en informerai pas davantage, mais du moins avant que de sortir venez avec moi pour décider des moyens de l’attaque et des marques que nous prendrons pour nous reconnaître.

22. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVII. Suites agréables de la victoire remportée par le chevalier Sancho, et du projet que forma Don Quichotte pour le faire repentir de son indiscrétion. »

La malicieuse Provençale, qui avait imaginé de concert avec le comte du Chirou le tour qui devait être joué le lendemain, avait à dessein tourné la conversation sur le défi de Sancho à tous les chevaliers errants, et afin que Don Quichotte en fût scandalisé, elle avait eu la malice de dire à son amant comme en secret, mais pourtant si haut que le héros de la Manche l’avait entendu : Le seigneur Sancho ne s’en dédit pas, et n’excepte pas même l’illustre princesse Dulcinée du Toboso.

23. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIII. Belle morale du seigneur Don Quichotte. »

Je dis encore plus, c’est que certainement le crime est plus grand devant Dieu pour eux que pour elles, et je me fonde en cela sur ce que tout au moins une femme ne fait que peu ou point de scandale par le secret qu’elle tâche de garder dans ses intrigues, et qu’eux y vont tête levée, et qu’ainsi outre le scandale public qu’ils causent, ils donnent à la jeunesse un mauvais exemple.

24. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIX. De ce qui se passa chez le duc de Médoc après le départ de Dulcinée, et comment Sancho reçut sa femme que la duchesse fit venir au château. »

Le curé avait emmené Don Quichotte, comme nous avons dit, et l’officier qui avait ordre de bien faire boire Sancho l’avait séparé d’avec eux et l’avait emmené dans son office pour déjeuner, et là il lui avait fait répéter tout ce qui lui était arrivé en enfer ; et sous prétexte du secret que méritait une relation de si grande conséquence, il l’avait fait consentir à sortir du château et à en emporter de quoi déjeuner sur l’herbe à l’entrée de la forêt.

25. (1691) Journal du voyage des Indes orientales (à monsieur Raymond)

Nous avons tous mis le vent dans nos bouteilles : c’est un grand secret à la mer pour faire changer le vent que d’enfermer celui qui souffle dans des bouteilles vidées de bon cœur. […] Si notre maître-pilote a tiré juste, il sondera demain matin sur le banc des Aiguilles ; en tous cas, il faut qu’il soit bien sûr de son fait puisqu’il se déclare hautement contre la coutume des pilotes qui ne disent jamais qu’à leur capitaine l’endroit où ils croient être, et encore cette déclaration se fait-elle en secret. […] ne leur rendons-nous pas un culte tout religieux, et cela sur la bonne foi des procès-verbaux de leur vie dont bien souvent on ne voit que le dehors, Dieu seul s’étant réservé la connaissance du secret des cœurs, et sur la foi des miracles souvent mal avérés ? […] Cette cruelle distinction ne plaît guère à Messieurs les missionnaires ; ils sont trop discrets pour dire ce qu’ils en pensent, mais pour peu qu’on sache connaître les secrets du cœur par le mouvement des yeux et du visage on le connaît assez.

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