/ 25
2. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLV. Pourquoi la maîtresse d’une hôtellerie voisine du château venait souvent demander des nouvelles de Sainville et de Silvie. »

Il s’était déclaré à l’hôtesse, à qui il avait donné de l’argent, non pas en valet, mais en homme de qualité très riche. […] Il lui avait dit sa qualité et son nom, et par hasard il se trouva que cette femme avait été élevée dans la maison de son père, où elle avait servi, et où elle demeurait encore lorsqu’elle s’était mariée en premières noces à un Flamand qui l’avait emmenée à Valenciennes, où en secondes noces elle avait épousé l’Espagnol avec qui elle était venue en Castille, et où elle tenait hôtellerie. […] Il ne faisait aucun mystère de sa naissance ni de sa qualité, quoique sa maison fût trop considérable en France pour n’être pas connue de Sainville, de la marquise et de Silvie.

3. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIV. Départ de la compagnie. Comment Sancho fit taire le curé. Aventures diverses arrivées à cet infortuné chevalier. »

Le curé en fut, et comme cette fois-là il était instruit de la qualité de nos deux aventuriers, il ne se mit pas sur le pied d’avoir pour Sancho autant de considération qu’il en avait eu la veille. […] En effet, ç’aurait été une chose digne de pitié, qu’un aussi honnête homme que notre héros fût mort dans ses imaginations ; mais avec ces favorables sentiments pour le maître, ils étaient bien résolus de fatiguer son malheureux écuyer de toutes manières, et d’en tirer tout le divertissement qu’un misérable paysan tel que lui, et avec cela fou à lier, peut donner à des gens de qualité. […] Ces sortes de gens cherchent leur profit, et il avait espéré en trouver à la Ribeyra, où il avait appris qu’il y avait beaucoup de gens de qualité. […] Il avait pris prétexte de là de louer toutes ses bonnes qualités, et surtout son bon esprit, qui n’avait été gâté que par ses ridicules visions ; il s’était étendu sur sa probité et sur sa droiture, qui le faisait généralement estimer de tout le monde ; il avait poursuivi par le plaindre du ridicule où sa folie exposait un des plus honnêtes hommes d’Espagne, et sans faire semblant de vouloir taxer qui que ce soit, il avait fortement blâmé ceux qui l’entretenaient dans ses imaginations ; il avait fait entendre que c’était une action contraire à la charité de se divertir aux dépens d’un cerveau démonté, qu’on pouvait facilement remettre dans une assiette tranquille, en lui donnant du repos, au lieu d’entretenir et de fomenter ses égarements.

4. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIV. Ce qui se passa dans le château après cette expédition. »

Les Françaises lui dirent la même chose, et ajoutèrent que la quête de ces malheureux était indigne de gens d’honneur et de qualité, que les personnes considérables en France ne s’y commettaient pas, et laissaient ce soin à des gens destinés à cet emploi ; et qu’on regarderait en France avec horreur un officier de qualité distinguée, qui aurait seulement livré un malfaiteur, bien loin de l’avoir poursuivi et arrêté lui-même.

5. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Jussy, et de Mademoiselle Fenouil. »

Les qualités de son corps ne sont pourtant pas ce qu’elle a de plus aimable : c’est une âme toute belle, un esprit ferme, sincère, ennemi de la contrainte et de la flatterie : elle est généreuse, hardie, désintéressée et entreprenante : mais fidèle dans l’exécution. […] J’avais remarqué dans elle tant de bonnes qualités, que j’étais venu à l’aimer trop pour mon repos. […] J’étais convaincu qu’elle avait toutes les qualités qu’une honnête femme peut avoir pour rendre un homme heureux ; cependant ayant dessein de rompre, je n’en laissai pas échapper l’occasion que sa réponse m’offrait. […] On lui donna tout le tort de l’aventure, et ses parents lui en voulurent tant de mal, que pour se délivrer de leur persécution, elle fut obligée environ un an après d’épouser un nommé Monsieur de Mongey, homme de qualité, campagnard et très riche, qui commença par la voir, l’aimer, et la demander. […] C’était un homme de grande qualité, parfaitement bien fait, et fort bel homme, de réputation, d’esprit ; en un mot un amant accompli.

6. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVII. Des offres obligeantes que fit le duc d’Albuquerque aux dames françaises ; de la reconnaissance de Valerio et de Sainville, et de la conversation particulière que Don Quichotte eut avec Sancho. »

Toute la compagnie alla voir la marquise, Silvie et les malades ; ils trouvèrent la première auprès du lit de Sainville, où elle reçut les offres de service qu’on lui fit en femme de qualité, et les charma par son esprit et ses civilités. […] Je suis pourtant chevalier aussi bien que vous, et il me semble qu’on devrait bien faire à tous seigneurs tous honneurs. —  Il est vrai, répondit Don Quichotte, que j’ai été surpris que tu n’aies point soupé avec nous ; mais, Sancho, tu dois en avoir de la joie, puisque c’est signe qu’on respecte ici la vertu, et qu’on regarde les gens par leurs actions, et non pas par leur qualité.

7. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVIII. De l’arrivée du duc de Médoc, et de la mort touchante de Deshayes. »

Le duc d’Albuquerque assura la marquise qu’elle n’avait rien à craindre pour la vie de son époux, le Conseil d’Espagne ayant trop de lenteur pour décider rien sur une première lettre, et sans avoir fait des informations exactes, surtout s’agissant d’un homme de qualité, avoué de son roi ; et qu’avant qu’on pût en rien résoudre, il se faisait fort que le duc de Médoc écrirait en sa faveur au marquis de Pécaire, vice-roi de Naples, son beau-frère ; qu’il l’attendait le jour même, et que ce serait par là qu’il l’obligerait de commencer aussitôt qu’il serait arrivé, et que dans le moment on ferait partir un courrier pour Naples. […] Dorothée, Valerio et Eugénie se joignirent à lui, et le duc qui avait l’âme toute généreuse, et qui se faisait un plaisir de rendre service aux gens de qualité, fit non seulement ce que le duc avait promis qu’il ferait en écrivant à son beau-frère, mais il écrivit encore aux premiers du Conseil de Madrid.

8. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « ChapitreLII. Le mari prudent »

Un homme de qualité entreprit de lui plaire, et y réussit ; mais comme il était d’une Maison que Cléon n’aimait pas, ou plutôt parce qu’il n’avait pas un bien égal à celui de Silvie, on ne lui conseilla pas d’en faire la demande de crainte d’être refusé, comme le fut un autre de sa famille et de son nom, quoiqu’il fût plus riche et plus établi qu’il n’était. […] Elle savait que parmi les gens de sa qualité, ce sont ordinairement le bien et les dignités qui règlent les alliances, sans aucun égard aux inclinations des gens qu’on lie ensemble, qui à proprement parler ne sont que les victimes de l’ambition de leurs parents ; ainsi elle regrettait Verville dans le fond de son cœur ; mais elle laissait à son père le pouvoir de disposer de sa main. […] La première chambre est occupée par un homme de qualité, qui s’est marié en secret, et qui ne vient ici que deux ou trois fois la semaine ; et la femme, qui n’est qu’une simple demoiselle, n’y vient jamais qu’il n’y soit, et ils sont environ une heure ou deux ensemble.

9. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Frans et de Silvie. »

Il me dit qu’il avait eu une fille qu’il avait eu dessein de placer auprès de quelque dame de qualité : qu’il l’amenait à Paris pour cela ; mais qu’elle était morte en deux jours de maladie à Illiers. […] Voyez même si la fourberie aurait pu se soutenir : comment accorder mon bien avec la qualité de sa fille ? […] J’admirai les qualités qu’il fallait avoir pour être des amis de cet homme, mais je n’en témoignai rien. […] Sa mort et la considération de fort honnêtes gens et de qualité à qui il appartenait, a empêché qu’on ait fait le procès à sa mémoire ; à cela près, on en sait tout ce qu’on en peut savoir. […] Que c’était une fille de grande qualité qui s’était laissé aller au chevalier de Buringe depuis marquis du même nom, sous une promesse de mariage.

10. (1713) Les illustres Françaises « Préface. »

Elle fait aussi connaître que le mérite et les bonnes qualités ne sont pas logés uniquement chez les Grands.] […] J’ai suivi en cela l’usage qu’on suivait, lorsque les choses que je raconte se sont passées, où l’on voyait des filles de distinction et de qualité nommées comme je les nomme.

11. (1721) Mémoires

Ce cardinal était Italien, fourbe, avare, dissimulé, et orné de toutes les mauvaises qualités qui forment un scélérat effectif. […] M.Colbert ne prévoyait pas que tout le monde, petits et grands, et même les femmes de la première qualité s’en mêleraient. […] Mais après avoir dit ses bonnes qualités, il est juste de dire les mauvaises. […] Cependant il est vrai qu’il avait de mauvaises qualités. […] C’est un vrai plaisir pour la canaille que de mortifier les gens de qualité.

12. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVI. Suite de l’histoire de Silvie et de Sainville. »

Vous êtes jeune, Mademoiselle, poursuivit-elle ; c’est la plus belle qualité que puisse avoir une personne de notre sexe quand elle est jointe à autant de beauté et d’esprit que vous en avez ; mais c’est celle aussi qui donne plus de moyen de la tromper, parce qu’à cet âge, où l’expérience manque, on est rempli des illusions de l’amour propre qui persuade que tout est, et sera en effet comme on le désire. […] J’allai le trouver, et sans lui dire que Deshayes eût rien de commun avec la baronne, je la lui recommandai comme la meilleure de mes amies, et comme une dame de qualité digne de pitié et accusée à tort, et le suppliai d’employer en sa faveur tout ce qu’il avait d’amis. […] La marquise qui est avec elle est une dame d’un vrai mérite, de très grande qualité, et en un mot digne de vos soins.

13. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Contamine, et d’Angélique. »

Il avait de la qualité étant d’une maison qui s’est toujours distinguée par son attachement à la personne de nos Rois, mais plus connue dans la robe que dans l’épée, quoiqu’il en soit sorti de très braves gens, et qui ont servi dans les armées avec éloge. […] Elle était donc fille de chambre de Mademoiselle de Vougy, sa maîtresse apprenait à danser, à chanter, et d’autres choses qu’on fait apprendre aux filles de qualité. […] Tout ce que Contamine vit dans cette maison lui plut, surtout elle, qui bien loin de se ressentir des bassesses de sa fortune, prit toutes les manières d’une fille de qualité bien élevée. […] Elle avait, comme je vous ai dit, toutes les manières nobles, et l’air d’une fille de qualité ; il est vrai qu’elle avait été élevée dans des maisons qu’on pouvait appeler des écoles de civilité ; mais il n’en était pas de même de sa mère, qui ne changea pas comme elle : et comme Angélique appréhendait avec raison, que cette femme ne lâchât dans sa colère quelque parole qui n’eût pas été à propos, elle avait pour elle toutes sortes de complaisances, et ne la chagrinait en rien, quoiqu’elle en fût fort chagrinée, surtout lorsqu’elle voulait entrer ou sortir de sa chambre, parce qu’il fallait absolument passer par celle de sa mère, qui se couchait de meilleure heure qu’elle, qui passait dans son jardin une partie de la soirée avec les filles du logis, et d’autres du voisinage. […] Tout le monde connaît Madame la princesse de Cologny pour un exemple de toutes les vertus chrétiennes, et je ne crois pas qu’on puisse voir une plus belle action que celle-là, eu égard à sa qualité, envers une servante telle qu’Angélique lui avait toujours paru : car elle ne savait point encore qu’elle fût née demoiselle.

14. (1691) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 2)

Nous conservons encore dans les gens de qualité cette cérémonie de l’ancien paganisme des Gaules. […] Cette qualité de général n’a point augmenté son autorité, y ayant longtemps qu’il est chef de la nation dans toute la péninsule. […] Martin : je dirai seulement ici, que Raja, dans l’empire du Mogol, est une qualité qui répond à celle de nos ducs-pairs, & non à nos ducs-pairs par brevet : ce n’est qu’une qualité passagère dans la personne de ceux-ci ; mais celle de ducs-pairs & de raja sont adhérentes & attachées au sang. […] Rem est son nom, & Raja sa qualité : c’est ce que M.  […] Il avait de la complaisance sans bassesse, de la science sans orgueil : en un mot, il possède toutes sortes de bonnes qualités personnelles.

15. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVIII. Du combat de Don Quichotte contre Sancho, et quelle en fut la fin. »

. —  Chevalier, lui dit Sancho, puisque je suis ici, ce n’est que pour y combattre à outrance, préparez-vous-y, ou avouez que Madame la comtesse Eugénie est plus belle que toutes les dames des chevaliers errants qui sont dans le monde, de quelque pays et de quelque qualité qu’ils soient. —  Nous ne sommes pas prêts à nous accorder, répondit le chevalier aux armes noires, puisque je prétends te faire avouer qu’une dame, que je ne veux pas te nommer, est non seulement plus belle que toutes les dames que tu viens de dire, mais aussi plus belle que la plus belle de toutes les belles dames du monde. —  Chevalier, reprit Sancho, j’ai eu la courtoisie de vous nommer la dame pour qui je suis en champ, nommez-moi aussi la vôtre, s’il vous plaît. —  Tu verras son portrait sur mon cœur, lui répondit le chevalier aux armes noires ; mais pour son nom tu ne mérites pas de le savoir de ma bouche, quoiqu’il ne te soit pas inconnu. —  Discourtois chevalier, lui dit Sancho, vous n’êtes qu’un incivil, et ne savez pas les règles de la Chevalerie. —  Je les sais mieux que toi, veillaque, lui repartit le furieux Don Quichotte. —  C’est ce que nous allons voir, lui répliqua Sancho ; faisons les conditions de notre combat. —  Je n’en veux point avec toi que celle de la mort, répondit-il.

16. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre LI. Le jaloux trompé »

C’était un homme qui avait de la qualité, beaucoup de bien et sans contredit du mérite, si la jalousie ne l’eût jeté dans le ridicule. […] Elle lui répondit qu’elle venait de Florence, et allait trouver une dame de qualité qu’elle lui nomma, au service de qui elle était, et qui s’était sauvée des mains des bandits qui couraient les Alpes, où elle qui parlait était demeurée avec le reste du train, parce qu’elle n’était pas si bien montée que sa maîtresse ; elle ajouta qu’elle espérait que cette dame aurait soin d’elle, parce que son mari était mort en la défendant ; ou que du moins les parents de son mari, qui étaient à Paris, ne la laisseraient manquer de rien, dans un pays où elle ne connaissait personne. —  Vous êtes donc veuve, lui dit Sotain. —  Oui, Seigneur, lui répondit-elle, et veuve d’un Français que j’aimais beaucoup, et dont la mémoire me sera toujours chère, parce que c’est à ses soins que je dois la conservation de mon honneur, que les bandits m’auraient ravi, si lui-même ne l’avait pas mis à couvert de leur violence. —  C’est donc en vous défendant qu’il a été tué ?

17. (1713) Les illustres Françaises « Les Illustres Françaises. Histoires Véritables. »

Cette action qui fut remarquée, ne laissa plus douter que ce ne fût un homme de qualité.

18. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Ronais, et de Mademoiselle Dupuis. »

Ce marquis donnait à souper, après lequel il devait y avoir bal, et la fête était faite pour une fille de très grande qualité, qu’il épousa quatre jours après. […] Ainsi je sais par moi-même, qu’on agit toujours autrement avec une fille qu’on veut épouser, qu’avec une autre, quoique d’égale qualité. […] Il le fit après avoir pris nos noms et nos qualités, et laissa un autre ecclésiastique auprès de Dupuis.

19. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVIII. Des tristes et agréables choses que Parafaragaramus apprit au chevalier de la Manche. »

lui dit le duc de Médoc en l’abordant, il vient d’arriver au château une dame qui paraît d’une qualité éminente, tant par sa personne que par son train ; et qui est la plus belle créature que j’aie jamais vue.

20. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVI. De ce qui suivit le désenchantement de Dulcinée. »

Un diable de si bonne mine attira l’attention de nos deux chevaliers, et Pluton lui ayant permis de parler, il commença par remontrer toutes les peines qu’il se donnait pour rendre les femmes belles et attirantes, qu’il inventait tous les jours quelque pommade et quelque essence pour conserver leur teint, ou bien pour en cacher les rides, qu’il avait depuis peu de temps travaillé à cela avec beaucoup de succès, puisqu’il y avait des femmes âgées de plus de soixante ans qui ne laissaient pas par son moyen de paraître avec des cheveux bruns, une peau unie et délicate, et enfin si jeunes qu’il faudrait avoir en main leur extrait baptistaire pour les croire plus vieilles que leurs enfants ; que cela faisait augmenter le nombre de leurs amants, et augmentait en même temps celui des sujets de l’enfer ; mais que malgré tous ses soins il courait risque de perdre son temps s’il y avait encore dans le monde deux hommes de l’humeur du chevalier Sancho, qui à tout moment disait pis que rage des femmes, et tâchait d’en dégoûter tout le monde ; que si cela était souffert, il n’avait qu’à laisser en enfer son panier plein de cornes, parce qu’il ne trouverait plus de femmes qui en pussent faire porter à leurs maris, n’y ayant plus aucun homme qui leur voulût aider à les attacher, qu’il avait employé un temps infini pour en faire qui fussent propres à tout le monde, qu’il y en avait de dorées pour les maris pauvres, et qui se changeaient sur leur tête en cornes d’abondance ; qu’il y en avait d’unies et simples pour ceux dont les femmes faisaient l’amour but à but ; qu’il y en avait de jaunes pour ceux qui épousaient des filles qui avaient déjà eu quelque intrigue ; de blanches pour ceux qui épousaient des veuves ; de noires pour ceux qui épousaient des fausses dévotes ; de diaphanes et transparentes pour ceux dont les femmes savaient cacher leur infidélité ; de vertes pour ceux qui épousaient des filles élevées dans un couvent ou dans une grande retenue ; et de rouges pour ceux dont les femmes payaient leurs amants, à qui d’ordinaire elles ne se contentaient pas de sacrifier la bourse et l’honneur, mais le sang même de leur époux ; que chaque couleur convenait parfaitement à la qualité d’un chacun ; qu’il y avait dans le monde assez de femmes de vertu qui rebutaient les hommes, sans que Sancho voulût mettre les hommes sur le pied de rebuter les femmes ; que c’était de quoi il demandait justice, et protestait en cas de déni de laisser toutes les femmes et les filles en garde à leur propre vertu, sans les tenter dorénavant par lui-même, et sans les faire tenter par d’autres, ni leur fournir les occasions d’être tentées.

21. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Dupuis, et de Madame de Londé. »

C’est encore une bonne qualité que j’ai oublié de me donner. […] C’était une Maltaise, qui sans être mariée, avait quitté l’île pour suivre un homme de qualité qui l’avait amenée à Paris, et qui sans scandale lui fournissait de quoi vivre et le reste. […] Nous nous intéressâmes pour lui faire avoir une condition, et nous le mîmes chef de cuisine chez un homme de la première qualité, et il fut ensuite le premier à rire de la peur qu’il avait eue. […] Elle n’a pas la moindre qualité qui puisse attirer un honnête homme. […] Poitiers répondit pour lui, que ce serait un homme de qualité qui était son maître ; et il m’a envoyé, Madame, ajouta-t-il, pour voir si la commère vaut la peine qu’il vienne : car sans cela il n’y viendra pas lui-même. 

22. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Terny, et de Mademoiselle de Bernay. »

Qu’il fallait que ce fût un homme de qualité, puisqu’il était assez hardi pour brusquer son père et lui, et s’exposer à leur ressentiment ; et qu’afin qu’il ne pût pas corrompre le laquais qu’il y envoierait, s’il se servait toujours du même, il lui envoierait toujours des visages nouveaux. […] Cet homme est de qualité ; mais assez malhonnête homme, pour vouloir m’épouser, après l’aveu sincère que je lui ai fait de l’état de mon cœur, je vous aime trop pour être infidèle.

23. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LV. Don Quichotte et Sancho vont à la caverne de Montésinos. Ce qu’ils y virent, et comment se fit le désenchantement de Dulcinée. »

C’est la beauté et la vertu même, et le parangon de toutes sortes de bonnes qualités.

24. (1690) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 1)

Il passe cependant pour très bon officier, très bon matelot, et fort brave homme : qualités plus nécessaires ici que toute autre. […] Le grand du Quesne, sous lequel il a servi très longtemps, et qui connaissait sa bravoure, l’avait poussé jusqu’à la qualité de lieutenant de frégate ; mais sa fortune en était restée là. […] Il est tout frais émoulu d’Espagne, où il a demeuré fort longtemps, et d’où il nous paraît avoir apporté toutes les mauvaises qualités du pays, sans en avoir contracté aucune bonne. […] D’un autre côté, le commandeur de Combes, qui avait pris possession du vaisseau en qualité de capitaine, et dont M. […] Il faut pourtant que je lui rende justice : il a beaucoup d’esprit, et est très entendu à ce qu’il fait ; mais il n’emploie point ces bonnes qualités suivant l’Évangile.

25. (1691) Journal du voyage des Indes orientales (à monsieur Raymond)

Par exemple il lui fait prendre dans un endroit les Jésuites pour les Missionnaires lorsqu’il lui fait dire : « Je ne dirai rien des grandes qualités de Monsieur l’évêque de Metellopolis, non plus que des progrès de Messieurs des Missions Etrangères dans l’Orient, puisque suivant leur coutume ils ne manqueront pas de donner au public une relation exacte touchant ce qui concerne la religion dans ce pays-là. » J’ai demeuré fort longtemps à Paris sans autre occupation que la lecture. […] Mais sans entrer dans un détail ennuyeux pour savoir d’où sont venues les femmes qui ont multiplié leur espèce, et si les Juifs en menaient avec eux dans des voyages de long cours - car à l’égard des bestiaux à corne qui y sont en très grande quantité, les Juifs en pouvaient avoir dans leurs vaisseaux puisque nous, qui venons de bien plus loin, en avons bien -, je trouve une raison qui, malgré le respect et la déférence que je dois avoir et que j’ai pour un homme si savant et de si grande qualité, me laisse une difficulté qui me paraît très forte pour prouver le contraire, et c’est qu’au rapport de tous les Européens qui ont été dans cette île et au rapport même de Monsieur de Flacourt, ces insulaires exposent à la fureur des bêtes fauves et laissent mourir misérablement leurs enfants d’abord qu’ils sont nés lorsque l’horoscope qu’ils en ont fait tirer dès le moment de leur naissance ne leur est pas favorable. […] Effectivement la qualité la plus requise dans un commandant après le bon sens et la prudence est celle de savoir bien se faire obéir. […] Vous saurez seulement pour son intelligence que opra est une qualité qui répond à celle de connétable de France, jointe à celle de grand-maître de la maison du Roi.

/ 25