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2. (1721) Mémoires

Malgré la pauvreté publique, les impôts augmentaient de jour en jour, et le peuple était réduit au désespoir. […] Je ne réponds point de la vérité de celui-ci, mais je sais que c’était le bruit public de Paris. […] Tout le public fut indigné d’une pareille exécution ; il pensa même y avoir une révolte. […] Le public n’en fut nullement content ; il voulait une victime. […] Si nous n’avions volé le public et lui-même.

3. (1713) Les illustres Françaises « Préface. »

Si ce premier effort de ma plume est bien reçu du public ; j’en pourrai donner un autre, où on verra quelque chose qui ne déplaira peut-être pas. […] Quoi qu’il en soit, le destin de celui-ci réglera le destin de l’autre ; je le donne au public de bonne volonté, sans y être forcé par personne. Je le déclare, afin qu’on m’en ait l’obligation, si le présent le mérite, ou que je ne songe plus à la suite, si le public n’est pas content. […] Cela est commode pour les mères qui s’aiment, et qui voudraient que leurs enfants restassent toujours au berceau ; parce qu’elles voudraient bien se cacher à elles-mêmes leur âge, comme elles tâchent de le cacher au public.

4. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVIII. De l’arrivée du duc de Médoc, et de la mort touchante de Deshayes. »

Le duc d’Albuquerque lui dit qu’il y avait pourvu ; que l’histoire que la Française leur avait racontée le soir, lui avait donné l’idée de ce qu’il avait à faire ; c’est-à-dire de mander au duc de Médoc qui était son parent, l’état de toutes choses, et le prier de venir lui-même sur les lieux mettre ordre à tout par son autorité ; ce qu’il pouvait facilement, étant gouverneur de la province ; qu’il ne doutait pas qu’il ne lui accordât sa demande, et que quand il y serait, on prendrait avec lui des mesures pour faire en même temps tout savoir à Valerio, et ne rendre public que ce qu’on voudrait bien qui fût su pour mettre l’honneur d’Octavio et de Don Pedre à couvert, et que jusqu’à son arrivée, on ne devait faire autre chose que tâcher de divertir le comte Valerio, et avoir soin des Français qui étaient dans le château. […] Il l’avait demandée avec tant d’instance, qu’elle n’avait pu se dispenser d’y aller ; et afin que ce qu’il allait dire fût public, il pria qu’on fît entrer dans sa chambre tous ceux qui pouvaient rendre témoignage de ses dernières volontés, et surtout les gens de distinction.

5. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre L. Dissertation sur la différente manière d’aimer des Espagnols et des Français. »

Don Quichotte avec plaisir, parce que la vie qu’il avait menée chez Valerio lui semblait trop molle et trop délicate pour un homme aussi nécessaire au public qu’il croyait être, et qu’il espérait que la campagne lui étant ouverte, il trouverait des aventures à tout moment. […] Pour montrer la différence qu’il y a entre ces divers procédés de gens qui ont des épouses infidèles, dit Sainville, et qu’il y en a qui sont plaints par le public, ou dont on ne parle seulement pas, et d’autres moqués et raillés avec juste raison, pour faire voir en même temps que ce point d’honneur qu’on y attache dépend beaucoup plus de la conduite du mari que de celle de la femme, quoique ce soit elle qui fasse le crime, pour montrer que ce ne sont pas ceux qui examinent la conduite de leurs épouses avec le plus de vigilance qui sont le plus à couvert de leur infidélité, et que c’est cette conduite qui les y pousse, je crois qu’il est à propos que chacun de nous raconte quelque aventure qu’il sache certainement être arrivée de notre temps en France même, afin de ne point mêler d’histoires étrangères dans nos entretiens ; et pour cet effet, je vais, poursuivit-il, en conter une qui montrera que les précautions d’un jaloux donnent déjà de lui un sujet de risée, qui est encore augmenté lorsqu’il a affaire à des gens qui ont l’esprit de les rendre inutiles, et de les tourner contre lui-même, et qui prouvera en même temps, que la jalousie est en effet un poison mortel pour ceux qui s’y abandonnent.

6. (1713) Les illustres Françaises « Les Illustres Françaises. Histoires Véritables. »

Paris n’avait point encore l’obligation à Monsieur Pelletier, depuis ministre d’État, d’avoir fait bâtir ce beau quai, qui va du pont Notre-Dame à la Grève, que sa modestie avait nommé le quai du NordPelletier Quai du Nord…, et que la reconnaissance publique continue à nommer de son nom, pour rendre immortel celui de cet illustre prévôt des marchands ; lorsqu’un cavalier fort bien vêtu, mais dont l’habit, les bottes et le cheval crottés, faisaient voir qu’il venait de loin, se trouva arrêté dans un de ces embarras, qui arrivaient tous les jours au bout de la rue de Gesvres ; et malheureusement pour lui les carrosses venant à la file de tous côtés, il ne pouvait se tourner d’aucun. […] Je ne sais rien que le public ne sache, dit Des Ronais ; mais Dupuis qui doit venir ici vous en dira de nouvelles certaines, car ils n’ont jamais rien eu de secret l’un pour l’autre, et leur confidence a duré jusqu’à sa mort, qui est encore toute récente.

7. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Prez, et de Mademoiselle de l’Épine. »

C’est la croyance du public, lui dis-je. La croyance du public m’est indifférente, ajouta-t-il ; mais vous, qui me connaissez, avez-vous pu le croire, et n’avez-vous pas dû prendre mon parti ! […] Je ne doute pas, lui dit-il, Mademoiselle, que vous et les vôtres, ne soyez aussi sages dans le particulier, que dans le public. […] Je ne veux pas croire que ce soit vous qui les lui fassiez mépriser ; mais le public est scandalisé de tant d’assiduités, et pourrait vous prêter quelque charité, qui ne vous ferait pas grand honneur. […] Faites-moi, je vous supplie, Monsieur, ajouta-t-elle, la grâce de me dire sur laquelle des trois le public jette les yeux.

8. (1691) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 2)

Il fait ses remarques : s’il les donne au public, ce sera certainement un présent très curieux ; parce que la vérité & la simplicité en seront les fondements & les ornements. […] L’un & l’autre ont donné leurs relations au public : on peut y voir la source de ce qui défigure dans le Portugal & l’Espagne la véritable religion & l’Église de Jésus-Christ. […] Un voleur de grand chemin est moins à craindre dans le public, & y fait sans comparaison moins de tort, qu’un marchand de mauvaise foi. […] On y voit du moins briller la vérité ; ils ne s’étudient point à surprendre la bonne foi ni la religion du public. […] Ces livres sont assez publics puisque je les ai.

9. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « ChapitreLII. Le mari prudent »

Pendant le chemin, le beau-père félicita son gendre d’avoir eu la prudence de ne point faire éclater ses chagrins domestiques, et blâma ceux qui le faisaient, parce qu’outre qu’ils se rendaient la risée du public, ils se mettaient hors d’état eux-mêmes de suivre des sentiments plus doux lorsque leur cœur était changé. […] La morale qu’on peut en tirer est qu’un honnête homme qui a le malheur d’avoir une femme infidèle, doit se contenter de la mépriser, et sauver les apparences, supposé que le désordre de cette femme soit secret ; mais s’il est public, il doit la quitter pour toujours.

10. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XL. Des armes enchantées que les deux chevaliers reçurent de Parafaragaramus, avec des chevaux infatigables. »

Il connaissait assez la bravoure et l’intrépidité de notre héros, pour savoir jusques où son courage le porterait dans la forêt ; il prévoyait bien aussi que Sancho ne le quitterait pas d’un pas ; il aurait bien voulu ne les point exposer contre des bandits ; mais dans le fond, outre que Don Quichotte n’aurait pas trouvé bon que l’affaire se fût passée sans lui, le duc voyait bien qu’il lui serait d’un grand secours, et qu’après tout c’était la mort la plus glorieuse qui pût arriver à deux fous, que de perdre la vie en servant le public ; d’un autre côté il voyait bien que l’occasion serait chaude et de fatigue, et que les chevaux de nos aventuriers n’étaient point assez forts pour la supporter, ni leurs armes assez bonnes pour résister au mousquet et au pistolet ; ainsi il avait jugé à propos de les armer par cette voie étant bien persuadé que l’estime qu’ils feraient de leurs armes et de leurs chevaux, qu’ils croiraient tenir de la main d’un enchanteur, leur ami, les animerait davantage, et relèverait le courage, surtout de Sancho, qui lui paraissait abattu par la conversation qu’il avait eue avec Don Quichotte, et que lui et Parafaragaramus avaient écoutée.

11. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Frans et de Silvie. »

C’est la raison pour laquelle je suis moins considérable aux yeux du public, que mes oncles et mes cousins. […] Je ne l’ai dit, répondit-il, que comme un soupçon et après le bruit public. […] Je ne la vis que rarement en public ; au contraire il semblait que j’étais attaché ailleurs. […] Un moment après je me savais bon gré de ma modération, qui épargnait ma réputation devant le public, et qui m’empêchait de passer pour la fable du monde. […] Je la traitai comme un criminel condamné, dont on conserve la vie uniquement pour faire un exemple public de sa mort.

12. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIV. Ce qui se passa dans le château après cette expédition. »

Le duc de Médoc, qui avait un très grand fond de probité et d’honneur, écouta tout ce qu’on lui dit avec une patience admirable, et sans répondre un seul mot ; mais après qu’on eut achevé de lui dire tout ce qui se pouvait dire sur cette matière, il prit la parole, et après avoir remercié toute la compagnie en général du soin que chacun en particulier avait témoigné pour sa personne, il ajouta que s’agissant de rendre service au comte de Valerio, et de sauver l’honneur d’une des meilleures maisons d’Espagne, il n’aurait pas eu l’esprit en repos si lui-même n’y avait été ; que de plus, chacun se faisait dans le monde un point d’honneur et de probité selon son humeur ; qu’il avouait que la recherche qu’on faisait de gens qu’on destinait au gibet, offrait à l’esprit quelque chose de bas et de rebutant, qu’ainsi il ne blâmait point les Français de ne s’y pas commettre, parce qu’ils croyaient que cela était indigne d’un grand cœur ; mais que pour lui il était d’un autre sentiment et qu’il ne croyait pas qu’il fût plus indigne d’un prince de faire la guerre à des voleurs et à des bandits qui désolaient toute une province et ses propres compatriotes, que de la faire à des étrangers ; qu’il croyait même que c’était plus utilement servir sa conscience et le public dans une guerre de cette nature, que dans une guerre réglée, parce que les ennemis qu’on combat dans celle-ci, ne sont pas des ennemis particuliers ni domestiques, puisqu’on peut s’en défaire par un traité de paix ; mais que les autres sont des ennemis d’autant plus cruels, qu’ils ne sont retenus par aucune digue ; de plus que la guerre avait ses lois inconnues aux scélérats, et que les ennemis qu’on combattait dans une guerre de prince à prince, étaient presque toujours des ennemis contraints par la volonté et par l’ambition de leur souverain, avec qui la vie était sauve, ou du moins ne courait pas tant de risque, qu’avec les autres, qui non seulement n’épargnaient personne, mais de qui même leurs propres amis et les gens de leur connaissance avaient plus à craindre que des étrangers ; qu’enfin dans une guerre ouverte on était en état d’attaquer et de se défendre, et que l’on n’était jamais surpris qu’on ne dût s’attendre à l’être ; mais que les voleurs de grands chemins étaient des gens qui mettaient leur sûreté dans les surprises qu’ils faisaient aux gens qui ne se défiaient nullement d’eux ; et qu’en un mot c’était des ennemis d’autant plus dangereux qu’ils empêchaient le commerce et la sûreté, et qu’il n’y avait avec eux ni paix ni trêve à espérer que par leur mort ; enfin des gens universellement regardés avec exécration ; ce qui était si vrai, qu’en France même, où les gens de distinction tenaient cette chasse si indigne d’eux, les bandits et les voleurs de grand chemin étaient punis du plus long et du plus rude des supplices, et privés même de la sépulture.

13. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVI. Suite de l’histoire de Silvie et de Sainville. »

Il faut que vous sauviez un homme non seulement criminel à l’égard du public, mais que vous sachiez encore qu’il est criminel envers vous de la plus lâche et de la plus cruelle des trahisons. […] Mes tantes qui ne savent point les raisons de l’obstination de ma mère ni de la mienne, s’en étonnent, et si je puis le dire, le public en est surpris.

14. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXV. Du tour ridicule et malin que fit Parafaragaramus au chevalier Sancho, et des événements tristes qui le suivirent. »

Elle ignorait la part que le frère du comte avait dans ce qui était arrivé : c’est ce qui fit qu’elle s’emporta un peu contre la mauvaise police d’Espagne pour la sûreté publique ; à cela près elle plut à tout le monde ; on parla des gens avec qui elle était ; on la pria de dire par quelle aventure tant de Français se trouvaient en Espagne en même temps.

15. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre LI. Le jaloux trompé »

Votre patience à souffrir ne servira qu’à le rendre plus intraitable et à l’aigrir ; et ce ne sera pas par cette voie-là que vous le remettrez dans son bon sens ; plaignez-vous une fois en public, faites connaître à toute la terre ses extravagances, et vous en serez délivrée : Madame votre mère vous l’a conseillé, toute la terre vous le conseillera, et toute la terre vous prêtera la main pour cela ; pouvez-vous prévoir à quelles extrémités sa folie le portera ? […] On la chercha vainement de tous côtés pendant plus de trois mois, que son mari toujours idolâtre d’elle, furieux et jaloux, resta en vie : enfin ne pouvant plus résister au chagrin de sa perte, ni au désespoir d’être l’objet des railleries publiques, il mourut comme il avait vécu les dix-huit derniers mois de sa vie, dans les agitations d’une fièvre chaude qui l’emporta.

16. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVII. Suites agréables de la victoire remportée par le chevalier Sancho, et du projet que forma Don Quichotte pour le faire repentir de son indiscrétion. »

Son écuyer n’en fut pas content, et voulut que du moins il le louât seul à seul, puisqu’il se taisait en public ; ainsi lorsqu’ils furent retirés, il lui demanda ce qu’il pensait du combat qu’il avait soutenu le matin contre le démon enchanteur à qui il avait fait quitter le champ de bataille et lui abandonner ses armes.

17. (1691) Journal du voyage des Indes orientales (à monsieur Raymond)

Je vous abandonne cette relation, à vous, Monsieur, et à vos particuliers amis, mais je vous supplie très humblement qu’elle ne passe pas outre, et ne devienne point publique. […] Nos matelots ne peuvent revenir ici de l’Anglais d’Amzuam : ils se mettent dans la tête que c’est un vol public qu’il leur a fait de ne s’être pas laissé prendre. […] Cela se pratique encore aujourd’hui ; ainsi les femmes et les filles y sont communes, et ressemblent à des troncs publics, toujours prêtes à recevoir les offrandes du premier venu. […] C’est-à-dire que toute sorte d’action de justice a en soi quelque chose d’injuste qui est récompensé par l’utilité publique. […] Monsieur Joyeux désirant d’ôter de son bord cette pierre d’achoppement, si je puis nommer ainsi un obstacle à la tranquillité publique, s’est accommodé avec Monsieur le chevalier d’Aire pour lui donner sur son navire ce Monsieur de La Ragotterie et prendre de lui M. 

18. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Dupuis, et de Madame de Londé. »

J’eus encore un nouveau plaisir à quoi je ne m’étais pas attendu ; ce fut d’entendre cette femme, qui ne vivait que des péchés du public, prêcher la réforme à la belle Récard, et la catéchiser mieux que le meilleur prédicateur n’aurait pu faire. […] J’étais un Caton en public, et dans le particulier je tâchais de badiner. […] Elle se serait rendue à l’impossibilité ; elle aurait pleuré sa faiblesse et la perfidie de son amant ; mais elle aurait du moins sauvé sa réputation, et n’aurait pas servi de matière aux caquets et à la risée du public. […] Je vous avoue que je n’approuve pas qu’un homme capable et en état de servir son prince, sa patrie, le public et ses amis, aille s’ensevelir pour toute sa vie, ni qu’il renferme avec lui tous les talents que Dieu lui a donnés, ni qu’il prive le monde des services utiles qu’on est en droit d’en attendre. […] Je ne me suis pas même informé d’elle ; et je n’en sais rien que par un bruit public que je n’ai pu m’empêcher d’entendre.

19. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIX. Repas magique. Apparition d’un nouvel enchanteur. Défi fait à Don Quichotte, et ce qui s’ensuivit. »

Je t’aime trop pour rendre ton déshonneur public ; retourne-t’en te désarmer, et reviens sur tes pas, comme si tu te promenais, rejoindre la compagnie que j’ai rassemblée proche d’ici.

20. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIII. Belle morale du seigneur Don Quichotte. »

Je dis encore plus, c’est que certainement le crime est plus grand devant Dieu pour eux que pour elles, et je me fonde en cela sur ce que tout au moins une femme ne fait que peu ou point de scandale par le secret qu’elle tâche de garder dans ses intrigues, et qu’eux y vont tête levée, et qu’ainsi outre le scandale public qu’ils causent, ils donnent à la jeunesse un mauvais exemple.

21. (1690) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 1)

L’auteur aurait apparemment corrigé ces endroits s’il avait écrit son ouvrage pour le donner au public ; mais l’on n’a point cru que la même chose fût permise à d’autres. […] Affable et accessible à tout le monde, compatissant aux faiblesses humaines, en riant lorsqu’elles sont publiques, n’en disant mot lorsqu’elles sont secrètes, mais en l’un et en l’autre cas, très sévère prédicateur, seul à seul. […] Il a donné au public son journal de Siam ; je conviens qu’il a voulu plaisanter partout ; mais ses plaisanteries ne sont pas du goût de tout le monde. […] On va voir comment cet abbé s’acquitta de son discours, autant que la mémoire a pu me le rappeler ; car ces messieurs n’écrivaient rien, et n’ont jamais voulu donner rien au public : en quoi ils ont certainement fait bien du tort aux curieux et à la république des lettres ; ce que je puis dire avec d’autant plus d’assurance que j’ai été présent à quatre de leurs assemblées. […] Il les a approuvées, et a ajouté que peut-être il avait quelque raison secrète pour cacher les fatigues de ceux qui vont aux Indes ; qu’il avait écrit bien des inutilités, et omis bien des choses essentielles, telle que la quantité de jeunes Siamois élevés pour l’Église par messieurs des missions étrangères qui vinrent au-devant d’eux en procession avec la croix et la bannière ; qu’il ne l’accusait pas, pourtant, d’avoir eu aucune mauvaise vue dans ses écritures ; mais que du moins, quand on écrivait pour le public, on lui était comptable de ce qu’on écrivait ; et qu’en ce cas, on ne devait écrire que la pure et naïve vérité, dépouillée de toute passion.

22. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Ronais, et de Mademoiselle Dupuis. »

Vous voyez bien par là qu’il prétendait être mieux informé que personne de la conduite de sa femme ; et c’est là ce qui a donné lieu au public de la soupçonner, la maxime étant certaine, qu’un mari qui doute de la conduite de son épouse, autorise les autres à en croire du mal. […] Pour lui et pour vous, gouvernez-vous si sagement, que le public et moi soyons contents de votre conduite.

23. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Contamine, et d’Angélique. »

Si je différais plus longtemps, dit-elle, la princesse de Cologny qui n’aura pas manqué de dire à Mademoiselle de Vougy, et à son écuyer, l’état où elle m’a vue, et ce qu’elle en pense ; et ceux-ci qui le diront à d’autres, donneront pied à une médisance publique qui viendrait me déshonorer jusqu’ici, et qui me rendrait tout à fait indigne de vous : au lieu qu’en prenant le devant cela ne sera pas tout à fait divulgué, et le bruit pourra s’en assoupir sans me faire du tort. […] Écrivez un billet à Mademoiselle Dupuis, je la prierai d’être des nôtres : mais, belle Angélique, poursuivit-il, quoique vous soyez dans votre négligé d’une beauté qui me charme, donnez au public tout ce que l’art pourra vous prêter.

24. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Jussy, et de Mademoiselle Fenouil. »

Si j’étais bien persuadé de cela, reprit Des Frans en riant, je les amènerais demain ici, au moins la satisfaction serait publique.

25. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Terny, et de Mademoiselle de Bernay. »

Leurs amis communs firent cesser ce scandale public en les accommodant peu de temps après ; mais le beau-père avait pris l’affaire tellement à cœur, et s’était tellement fatigué à la poursuivre, qu’il en était tombé malade, autant de l’esprit que du corps.

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