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2. (1691) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 2)

Et dans quelle diable de digression la barbe m’a-t-elle jeté ? […] Je crois que toute la mateloterie a le diable dans les dents. […] Au diable le climat. […] Les pauvres diables mâchent à vuide ; & cela me fait rire. […] ai-je tort de dire que le diable aurait pris le change ?

3. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVI. Pourquoi Sancho perdit ses armes enchantées, et du terrible combat qu’il eut à soutenir pour les recouvrer. »

. —  Mardi, Monsieur, lui répondit Sancho, vous parlez toujours le mieux du monde, vous n’avez rien à craindre, et vous ne voulez pas me laisser démanger où il me cuit ; que diable ferai-je contre un enchanteur, sur qui une épée ne fera rien, et qui me va percer de la sienne comme un crible ? […] Pourquoi diable allais-je toucher à cette arme d’enfer ? Tenez, Monsieur, ajouta-t-il, c’est madame la duchesse qui m’attire tout ceci, car si je n’avais pas voulu tirer aussi bien que les autres pour lui faire plaisir, je n’aurais pas mis la main où je n’avais que faire ; oui mardi, c’est elle qui me cause tout ce beau ménage ; au diable les femmes, elles m’ont toujours porté guignon. […] Pardi, dit-il à son maître, si mon épée ne peut rien contre ce diable, ceci l’assommera, s’il me laisse faire. […] Ce fut là qu’il crut effectivement que tous les diables d’enfer étaient à ses trousses.

4. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVII. Suites agréables de la victoire remportée par le chevalier Sancho, et du projet que forma Don Quichotte pour le faire repentir de son indiscrétion. »

Je ne croyais pas offenser votre bon ami Parafaragaramus, lorsque j’ai porté la main à l’arme infernale qui m’a attiré tant d’affaires ; et pour ma langue, qui diable pourrait s’en choquer, puisque je ressemble à notre curé, qui ne sait pas lui-même ce qu’il veut dire quand il ouvre la bouche, et que je ne le sais pas non plus ? C’est à cause de cela, dit Don Quichotte, que tu devrais être plus retenu, car tu dis très souvent des choses qui pourraient t’attirer bien des affaires. —  Eh bien, répondit hautement Sancho, qu’elles viennent à présent que j’ai mes armes, diable emporte qui les craint, ni personne du monde ; je les défie tous, et les enchanteurs les premiers, hormis Parafaragaramus. […] Mort non de diable, dit Sancho en colère, ces moines se mêlent toujours de ce qui ne les regarde point ; s’ils disaient bien leur bréviaire le diable ne leur soufflerait pas tant aux oreilles, et j’ai toujours ouï dire, que pour faire une maison nette, il n’y faut souffrir ni moine ni pigeon, parce qu’ils fourrent leur nez partout, de sorte que rien n’est bien fait s’ils ne s’en mêlent ; et puis quand ils sont une fois ancrés quelque part, ce n’est plus que des ouï-dire, il a fait par-ci, il a dit par-là, et boute, et haïe, et tous les diables en un mot s’en mêlent. —  Cela ne te doit pas étonner, ami Sancho, lui dit Don Quichotte, ils sont seuls dans leur couvent nourris, comme dit le proverbe, comme des moines, sans affaires qui les embarrassent, et sans souci pour le lendemain. —  Ajoutez donc, Monsieur, interrompit Sancho, sans femmes qui les fassent enrager et sans enfants à nourrir. —  Comme tu voudras, reprit Don Quichotte, mais leur esprit voulant être occupé, ils sont presque forcés de l’employer au premier objet qui se présente à leur imagination. —  Et voilà justement ce qu’on ne devrait pas souffrir, dit Sancho, car ils ne doivent se mêler que de prier Dieu, et ne point tant s’embarrasser des affaires du monde, puisqu’ils y ont renoncé et qu’ils n’y sont nullement nécessaires, à ce que j’ai ouï dire par des docteurs de l’université d’Alcantara.

5. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVI. De ce qui suivit le désenchantement de Dulcinée. »

Mais, Messieurs les juges des enfers et des diables, ajouta-t-il, ne serait-il pas à propos d’envoyer chercher ma femme pour lui en faire recevoir sa part ? […] Un diable de si bonne mine attira l’attention de nos deux chevaliers, et Pluton lui ayant permis de parler, il commença par remontrer toutes les peines qu’il se donnait pour rendre les femmes belles et attirantes, qu’il inventait tous les jours quelque pommade et quelque essence pour conserver leur teint, ou bien pour en cacher les rides, qu’il avait depuis peu de temps travaillé à cela avec beaucoup de succès, puisqu’il y avait des femmes âgées de plus de soixante ans qui ne laissaient pas par son moyen de paraître avec des cheveux bruns, une peau unie et délicate, et enfin si jeunes qu’il faudrait avoir en main leur extrait baptistaire pour les croire plus vieilles que leurs enfants ; que cela faisait augmenter le nombre de leurs amants, et augmentait en même temps celui des sujets de l’enfer ; mais que malgré tous ses soins il courait risque de perdre son temps s’il y avait encore dans le monde deux hommes de l’humeur du chevalier Sancho, qui à tout moment disait pis que rage des femmes, et tâchait d’en dégoûter tout le monde ; que si cela était souffert, il n’avait qu’à laisser en enfer son panier plein de cornes, parce qu’il ne trouverait plus de femmes qui en pussent faire porter à leurs maris, n’y ayant plus aucun homme qui leur voulût aider à les attacher, qu’il avait employé un temps infini pour en faire qui fussent propres à tout le monde, qu’il y en avait de dorées pour les maris pauvres, et qui se changeaient sur leur tête en cornes d’abondance ; qu’il y en avait d’unies et simples pour ceux dont les femmes faisaient l’amour but à but ; qu’il y en avait de jaunes pour ceux qui épousaient des filles qui avaient déjà eu quelque intrigue ; de blanches pour ceux qui épousaient des veuves ; de noires pour ceux qui épousaient des fausses dévotes ; de diaphanes et transparentes pour ceux dont les femmes savaient cacher leur infidélité ; de vertes pour ceux qui épousaient des filles élevées dans un couvent ou dans une grande retenue ; et de rouges pour ceux dont les femmes payaient leurs amants, à qui d’ordinaire elles ne se contentaient pas de sacrifier la bourse et l’honneur, mais le sang même de leur époux ; que chaque couleur convenait parfaitement à la qualité d’un chacun ; qu’il y avait dans le monde assez de femmes de vertu qui rebutaient les hommes, sans que Sancho voulût mettre les hommes sur le pied de rebuter les femmes ; que c’était de quoi il demandait justice, et protestait en cas de déni de laisser toutes les femmes et les filles en garde à leur propre vertu, sans les tenter dorénavant par lui-même, et sans les faire tenter par d’autres, ni leur fournir les occasions d’être tentées. […] — Pardi, dit Sancho, ce diable-là tient un registre bien exact de ce que je fais ; c’est peut-être lui qui écrit ma vie. […] Le chevalier Sancho t’a rompu en visière, poursuivit-il s’adressant à Molieros, mais tu n’es qu’un jeune diable apprenti ; les crimes dont tu l’accuses devant nous ne sont point de notre compétence, ils n’offensent que toi et nous, et nous ne sommes pas juges que dans notre propre cause. […] Après cela il arrêta un moment, et Sancho qui croyait en être quitte prit ce temps-là pour dire à son maître, que les juges d’enfer ne sont pas si diables qu’on le dit, puisqu’ils entendent raison.

6. (1690) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 1)

Qui diable lui dit de s’en aller ? […] Voici le diable. […] Comment diable ! […] Qui diable vous retient ? […] Hé que diable en ferais-je ?

7. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LV. Don Quichotte et Sancho vont à la caverne de Montésinos. Ce qu’ils y virent, et comment se fit le désenchantement de Dulcinée. »

A ces mots la terre s’ouvrit encore de quatre côtés, et il en sortit quatre figures de diables qui se jetèrent sur Freston, et qui fondirent en même temps avec lui parmi les feux et les flammes presque aux pieds de notre héros et à ses yeux. […] Il avait la tête couverte d’un casque plus gros qu’un tambour, ses épaules étaient chargées de deux grandes peaux de lion par-dessus ses armes ; il avait sur l’estomac une figure de diable en relief dont les yeux éclataient comme des chandelles ; en un mot c’était une figure capable de faire peur à tout autre qu’au chevalier de la Manche. […] A ce mot de manger Durandar, Balerme, Montésinos et leur suite, se mirent à faire un bruit de diable, et à crier : Du pain, du pain, à la famine. […] A peine cet ordre fut donné que Merlin parut en vieillard vénérable, et non plus en géant, et il était suivi de quatre diables qui tenaient au milieu d’eux Sancho Pança désarmé, lié et garrotté, et qui le mirent sur une petite selle aux pieds du trône de Pluton. […] Il y avait un petit Bohème caché entre Pluton et elle, qui à chaque coup qu’on déchargeait sur Sancho, détachait une des épingles qui soutenaient les guenilles dont elle était couverte, et elle sous prétexte de pudeur baissait de temps en temps la tête, et essuyait les vilaines couleurs dont on lui avait barbouillé le visage ; de sorte que Don Quichotte qui avait toujours les yeux sur elle, s’aperçut de ce changement, et le fit remarquer à Sancho, qui tout aussi bien que lui se serait donné au diable que ce désenchantement était une vérité constante ; il commença à reconnaître effectivement les traits d’Alonza Lorenço vers le douzième coup, et en reprit courage pour souffrir le reste de la flagellation qui fut appliquée avec une grande vivacité et reçue avec une égale patience.

8. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVIII. Du combat de Don Quichotte contre Sancho, et quelle en fut la fin. »

Il gagna la forêt, où il alla se couvrir de ses armes noircies, croyant être si bien déguisé que le diable lui-même l’aurait pris pour un autre. […] tu l’avoueras, quand tous les diables d’enchanteurs s’en devraient mêler, lui répliqua Sancho, en lui baillant sur l’oreille un coup de poing de toute sa force. […] Il te hait peut-être encore à cause de ton maître, qu’il veut perdre, et qu’il hait comme le diable, parce qu’il est écrit dans les destinées, que le grand Don Quichotte doit combattre et vaincre un jeune chevalier, qu’il protège, et que tous les démons croient son bâtard ; avertis-l’en, afin qu’il s’en donne de garde, et que vous vous prépariez tous deux à soutenir de rudes combats en peu de temps, et à soutenir les plus glorieuses aventures de votre vie, pour tirer la pauvre princesse Dulcinée du Toboso de l’enchantement où Merlin la retient comme une gredine dans la caverne de Montésinos.

9. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIV. Départ de la compagnie. Comment Sancho fit taire le curé. Aventures diverses arrivées à cet infortuné chevalier. »

Il en est de cela comme des autres vertus chrétiennes ; les gens d’Eglise les prêchent, et en laissent la pratique aux autres ; témoin la charité, au diable le liard qu’ils donnent aux pauvres ; témoin la paix et l’union, on ne voit qu’eux plaider ; et pour les jeûnes, ne trouvent-ils pas toujours des prétextes pour s’en dispenser ? […] Courage, mon Maître, dit-il à Don Quichotte, le diable n’est pas toujours à la porte d’un pauvre homme ; dans quatre jours vous aurez Dulcinée, et moi mon argent ; d’un échelon on vient à deux, et de deux au haut de l’arbre ; attendons seulement, et les alouettes nous tomberont toutes rôties dans la bouche ; nous n’aurons qu’à tirer, la vache est à nous ; le terme ne vaut pas l’argent ; quand j’y serai vous verrez de quel bois je me chauffe ; il ne faut pas jeter le manche après la cognée ; car quand on est mort on ne voit goutte ; n’est pas marchand qui toujours gagne ; mais le bon est qu’il n’y aura rien de perdu. […] Ceci fut encore une nouvelle matière de sermon, que le triste et fustigé Sancho écoutait avec plus de docilité qu’il n’avait fait de sa vie ; mais enfin son maître ayant cessé de parler, parce qu’il n’en pouvait plus de la gorge, Sancho reprit la parole et avoua qu’il avait tort d’avoir tenté Altisidore, qu’il savait bien qu’il suffisait pour perdre une fille de lui dire une fois qu’on l’aime, parce qu’après cela le diable le lui répète sans cesse ; et ma foi, Monsieur, poursuivit-il, toutes les filles et les femmes en sont là logées ; elles font toutes là-dessus les saintes mitouches ; mais les brebis du bon Dieu ont beau être gardées et comptées, le diable trouve toujours le secret d’en tondre quelqu’une s’il ne l’emporte pas tout à fait ; en un mot une étincelle fait un grand brasier, et fille qui jase avec un amant enfile la mère Gaudichon, comme un aveugle son oraison ; mais le jeu n’en vaut pas la chandelle, et s’il ne faut qu’un petit caillou pour faire verser une charrette, un fromage n’est pas longtemps entier quand on le laisse guigner au chat, et de nuit tous chats sont gris. — Tu seras toujours farci de proverbes, lui dit son maître. — Oh bien, reprit Sancho, je consens d’aller rôtir des châtaignes en enfer si j’ai jamais rien de commun avec aucune fille ni femme que la mienne, et je recevrai Altisidore en fille de bonne maison, si elle me vient davantage rompre la tête.

10. (1691) Journal du voyage des Indes orientales (à monsieur Raymond)

Je crois qu’ils mangeraient le diable s’il tombait entre leurs mains. […] Autre diable à confesser, nous avons vu une île ce matin, laquelle est-ce ? […] Ce diable de pays-ci me déplaît bien fort, il est bien vilain aussi. […] Le diable même rôti ou bouli, passerait le pas. […] Les pauvres diables mâchent à vide, cela les fait enrager et moi aussi qui espérais bien me récompenser ici de la flûte.

11. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIX. Repas magique. Apparition d’un nouvel enchanteur. Défi fait à Don Quichotte, et ce qui s’ensuivit. »

Non, non, Monseigneur, lui dit Sancho, ne craignez rien, Parafaragaramus est honnête homme ; et puis au fond, ventre affamé n’a point d’oreille ; mes boyaux crient que mon gosier est bouché, et quand ce serait le reste du diable que je leur envoierais, il faut leur faire voir que non ; et en disant ces paroles il alla vitement faire l’épreuve du vin. […] lui demanda notre héros. —  Il y a, répondit l’écuyer, bien d’autres nouvelles ; un diable qui vous en veut, est tout fraîchement sorti de l’enfer pour vous persécuter ; le sage Parafaragaramus m’a ordonné de vous en avertir, et de vous dire de vous en défier. […] Diable emporte si j’étais l’enchanteur je les laisserais tous mourir de faim par plaisir pour leur pénitence.

12. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVII. Des offres obligeantes que fit le duc d’Albuquerque aux dames françaises ; de la reconnaissance de Valerio et de Sainville, et de la conversation particulière que Don Quichotte eut avec Sancho. »

. —  C’était mon dessein, reprit Sancho, mais il est venu un diable d’enchanteur qui m’en a détourné. […] Tenez, Monsieur, poursuivit-il, laissez-moi en repos, ces diables d’enchanteurs en savent plus que nous.

13. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXIX. Du grand projet que forma le duc de Médoc, et dans lequel Don Quichotte entra avec plus de joie que Sancho. »

Les diables d’enchanteurs n’ont qu’à se joindre à ces gens-là, poursuivit-il, et nous n’aurons pas besogne faite. —  Eh ! […] Mais, Monsieur, il faut être demain matin de bonne heure sur pied, dormons, ou me laissez dormir, car le diable m’emporte si je réponds ; un bon payeur ne craint point de donner des gages.

14. (1721) Mémoires

Le diable a pris l’original. […] que diable vas-tu faire de ton bâton, lui demanda M.  […] Au diable le vaisseau anglais qui se déclara pour nous. […] Aussi leur donnait-il l’absolution à vue de pays, et par là mettait le diable en droit d’en appeler à travers champs. […] Après cela, il le regarda entre les yeux, les deux bras croisés sur l’estomac : A qui diable t’es-tu donc conseillé ?

15. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Dupuis, et de Madame de Londé. »

On l’aurait pris pour un petit saint, quoiqu’il fût aussi malin qu’un diable. […] Que diable avez-vous à faire les mines que vous faites ? […] Je vous en fais juge vous-même, qui diable voudra d’elle ? […] Au diable le paquet, dit-il en achevant, et celui qui l’a envoyé. […] La Delorme de l’autre côté faisait un bruit de diable pour se faire ouvrir.

16. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVIII. Des tristes et agréables choses que Parafaragaramus apprit au chevalier de la Manche. »

Eh, non, non, ma mauricaude n’en saura rien ; un secret n’est plus secret quand une femme le sait, et une femme ne sait le secret de son mari que pour le trahir ; ce sont des importunes à demander et des diables à rendre. […] cria-t-il en courant ouvrir les rideaux du lit à Don Quichotte, vivat, le diable n’est pas toujours à la porte d’un pauvre homme ; je ne me changerais pas pour l’archidiacre de Tolède ; j’ai mon pain gagné, au pis aller je n’aurai qu’à me faire moi-même, la pitance est assurée.

17. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIII. Belle morale du seigneur Don Quichotte. »

. — J’en pense, leur dit-il, qu’Adam fut formé de boue, puisque boue y a ; mais que Dieu se servit de la plus dure de ses côtes pour former Eve, et qu’il commença par la tête, car les têtes des femmes sont dures comme le diable, surtout celle de la mienne. […] Mais quand le oui est dit, et qu’elle voit bien qu’un mari ne peut plus s’en dédire, c’est pour lors qu’elle ne se contraint plus, et qu’elle met le diable à la maison. — Mais, Sancho, lui dit la duchesse, il semble que vous vouliez faire entendre que toutes les femmes fassent désespérer leurs maris. — Non pas toutes, Madame, répondit-il ; il y en a qui sont bien douces ; mais en récompense il y en a aussi qui ne le sont guère, et d’autres qui ne le sont point du tout.

18. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Ronais, et de Mademoiselle Dupuis. »

L’ardeur dont je lui avais parlé le matin, et l’amour qui éclatait dans mes paroles, avaient surpris un de ces instants de pitié, auxquels les plus diables sont sujets quelquefois malgré eux. […] Qu’on connaissait ses amis dans le besoin ; qu’il était le mien plus que je ne pensais, quoiqu’il fût bien persuadé que j’aurais voulu le voir au diable. […] Cette fille était gaillarde et de bonne humeur, j’étais porté au badinage ; et enfin, comme le diable se mêle de tout, nous travaillâmes à faire un troisième. […] Alors, à beau jeu, beau retour, le cavalier s’épuise, la belle qui ne fait qu’entrer en goût, court au change, et en fait tant, qu’à la fin le diable emporte la voiture et les cavaliers. […] C’eût été dans cette occasion que j’aurais craint que tu n’eusses suivi le penchant ; au lieu qu’en te laissant vivre avec lui à ta fantaisie, il n’a presque employé son temps qu’à se plaindre, et à me donner au diable entre cuir et chair, et qu’il t’a laissée en repos ; ce qu’il n’eût pas fait dans des endroits écartés, tels qu’on les choisit pour des rendez-vous : outre que je n’avais presque rien à craindre ici de Monsieur Des Ronais, ma propre expérience me le faisant connaître.

19. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Terny, et de Mademoiselle de Bernay. »

Mon père voulait les marier toutes deux en même temps, son aînée se rendit, mais elle qui a une tête de diable, bien loin d’imiter sa sœur et d’obéir à mon père, le traita comme un tyran de ses enfants, et conclut par dire qu’elle voyait bien qu’elle était destinée à être malheureuse dans ce monde, soit en épousant un homme qui lui déplaisait, soit en restant dans le couvent malgré elle, et damnée par conséquent dans l’autre monde, n’ayant pas pu faire son salut dans celui-ci ; mais que du moins elle aurait la satisfaction de n’entrer pas toute vive dans les bras du démon. […] Il ne donna aucune raison de son ridicule refus, qu’il consentirait plutôt que sa fille épousât le diable que moi. […] Il s’était si bien déguisé que le diable l’aurait pris pour un autre, et outre cela il était vêtu en pauvre ; pour être sûr de tout, j’avais envoyé huit hommes de résolution et bien armés dans cette église avec ordre d’empêcher que Clémence ne rentrât dans le cloître, quand elle en serait une fois sortie, bien sûr que le reste de la troupe leur prêterait main forte au moindre bruit.

20. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LXI. Comment Don Quichotte et Sancho sortirent du château pour s’en retourner chez eux ; de ce qui leur arriva sur la route. Mort de Don Quichotte ; et ce qui s’ensuivit. »

Par la gerni, s’écria-t-il, je sens que l’eau opère dans mon gigier ; je hais ma femme comme tous les diables, et si elle était ici présentement, je lui casserais les dents devant vous à coups de poing.

21. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXIV. De l’arrivée de plusieurs personnes dans l’hôtellerie. Qui étaient ces personnes. Nouvel exploit de Don Quichotte. Sanglants combats. »

L’hôte faisait un bruit de diable ; et très peu persuadé de la vertu des Françaises, et outre cela extrêmement jaloux, il s’égosillait en appelant sa femme, croyant peut-être qu’il y allait de son honneur.

22. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXV. Du tour ridicule et malin que fit Parafaragaramus au chevalier Sancho, et des événements tristes qui le suivirent. »

. —  Ma foi, répondit Sancho, je m’y suis mis moi-même ; mais c’est ce diable de Parafaragaramus qui m’y a attaché par enchantement, car je n’en ai rien senti. —  Et où est-il ?

23. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLI. Don Quichotte et Sancho s’arment pour aller combattre les brigands. Ces deux chevaliers font des actions de valeur inouïes. »

On doit se ressouvenir que ces bandits étaient les diables forgerons que notre héros avait mis en fuite, et qui s’étaient joints aux coupe-jarrets que Don Pedre et Octavio avaient rassemblés.

24. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Prez, et de Mademoiselle de l’Épine. »

Fi, au diable, poursuivit-il, misérable âme de boue, et de crapule ! […] Je le prévins en sortant avant jour par le jardin, et fis tant de tours avant que de prendre le chemin de l’église où je voulais aller, qu’il aurait fallu être pis que diable pour ne me pas perdre. […] Nous revenions de notre promenade, quand le diable qui se mêle de tout, nous exposa à une aventure toute extraordinaire. […] Et nous décidâmes que ce serait moi qui la recevrais, et qui lui parlerais le premier ; et cela parce que je ne jugeais pas à propos d’exposer ma femme dans l’état où elle était, à la colère de cette femme qui a toujours passé pour un diable, et qui l’est en effet.

25. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Frans et de Silvie. »

Je lus et relus cette lettre : j’en souhaitai l’auteur au diable ; je lui voulais mal de m’avoir éclairci. […] Oui ma foi reprit-il : eh où diable me trouverait-on ? […] Il faudrait, reprit Rouvière, qu’il fût plus sorcier que le diable même : les médecins y connaissent-ils quelque chose, et les sages-femmes n’y sont-elles pas à Quia ?

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