Les maris doivent donc montrer l’exemple qu’ils veulent que d’autres suivent ; et s’ils prétendent ne pouvoir pas résister à ces tentations, comme veulent-ils qu’une femme plus faible qu’eux y résiste ? […] Ne devraient-ils pas se souvenir, qu’outre le précepte divin qui attache la femme au mari, et réciproquement le mari à la femme, la fidélité conjugale est d’aussi ancienne date que le monde, où Dieu ne créa qu’une seule Eve pour Adam, tout de même qu’il n’avait créé qu’un seul Adam pour Eve ? […] L’Ecriture Sainte même élève l’homme au-dessus de la femme, lorsqu’elle dit qu’il en est le chef, et qu’elle ordonne aux femmes d’être sujettes à leurs maris. — Tout beau, Monsieur, répliqua notre chevalier, laissez-moi vous répondre. Pour l’Ecriture, il est vrai qu’elle ordonne à la femme d’obéir à son mari ; mais elle ordonne aussi au mari de tout quitter pour s’attacher à sa femme, et ne lui permet pas d’en rechercher d’autres ; elle dit que le mari est le chef de la femme, cela est encore vrai ; mais le chef ou la tête n’est pas la plus noble partie du corps, c’est le cœur. […] Mais quand le oui est dit, et qu’elle voit bien qu’un mari ne peut plus s’en dédire, c’est pour lors qu’elle ne se contraint plus, et qu’elle met le diable à la maison. — Mais, Sancho, lui dit la duchesse, il semble que vous vouliez faire entendre que toutes les femmes fassent désespérer leurs maris. — Non pas toutes, Madame, répondit-il ; il y en a qui sont bien douces ; mais en récompense il y en a aussi qui ne le sont guère, et d’autres qui ne le sont point du tout.
La manière différente dont les Français et les Espagnols traitaient cette passion, fut fort différente et fort spirituellement discutée, aussi bien que la fidélité des uns et des autres pour leurs maîtresses et leurs épouses, et des dames pour leurs amants et leurs maris. […] Et qu’il y avait très assurément des femmes en Espagne, aussi bien qu’en France, qui seraient toute leur vie restées sages et fidèles, si leurs maris ne leur avaient pas eux-mêmes inspiré l’envie de justifier leurs ombrages et leurs jalousies, et que très assurément le meilleur parti qu’un homme marié pouvait prendre, était de ne témoigner à sa femme aucun soupçon ; et pour soutenir leur paradoxe, ils citèrent les vers de l’Arioste que je ne rapporterai pas, mais bien la traduction ou la paraphrase faite par Monsieur de La Fontaine. […] Que doit faire un mari quand on aime sa femme ? […] Les Espagnols ne s’inscrivirent point en faux contre un si bon auteur, mais ils prétendirent encore que l’amour des Français n’était point si violent que celui des Espagnols, parce que, disaient-ils, on ne voyait point de Français se jeter, pour l’infidélité de leurs épouses, dans le dernier désespoir, comme on le voyait souvent en Espagne, surtout en Portugal, où un mari trompé se venge sur lui-même, et attente à sa vie de rage et de dépit. […] Ils dirent qu’il était vrai qu’on ne voyait point de Français s’empoisonner, se poignarder, ou se pendre, pour avoir eu le malheur de n’avoir pas épousé une vestale, et que sauf le respect de tous les Espagnols en général, et des Portugais en particulier, ils regardaient comme des fous ceux qui étaient assez sots et assez malheureux pour en venir à ces extrémités ; que la manière de France sur un pareil sujet était sans doute plus raisonnable, puisque c’est être en effet extravagant, que de se punir des péchés d’autrui, et qu’à le bien prendre la mauvaise conduite d’une femme ne devait être imputée au mari qu’autant qu’il la souffrait sans y mettre ordre lorsqu’il le devait et autant qu’il le pouvait ; que du reste un homme n’en devait pas être regardé comme moins honnête, quoiqu’il eût une femme libertine, pourvu qu’il eût fait en homme d’honneur ce qu’il devait pour la ranger à la raison, pour sauver les apparences, et pour éviter l’éclat et le scandale, dont tout ce contrecoup et la honte retombait sur lui, lorsqu’il faisait le moindre faux pas.
Il demanda ce que c’était, et on lui répondit que c’était une femme qu’on allait enterrer dans le cimetière à cent pas de là, et on lui montra le mari qui accompagnait le corps. […] A peine eut-il lâché la parole, que le mari qui paraissait fort affligé, redoubla ses larmes et poussa des soupirs à toucher les cœurs les plus insensibles. […] Sitôt que Thérèse vint à paraître devant ses yeux : Ote-toi de là, lui dit-il, et me laisse en repos. — Eh mon pauvre mari, lui répondit-elle, je vous demande pardon, mourez en paix. — Tu n’as donc qu’à t’en aller, lui repartit Sancho, car une femme et la paix, c’est le feu et l’eau. […] demanda Thérèse, car quand une femme apporte de quoi dîner, il est juste que le mari apporte de quoi souper. […] La duchesse, après l’avoir assurée que le mari qu’on destinait à sa fille était tel qu’il le fallait, le lui fit voir, et elle en fut contente ; mais elle dit qu’il fallait que Sanchette le fût aussi, puisque c’était pour elle.
Une femme doit-elle en avoir avec son mari ? […] Elle roulait sur leurs maris vivant et mort. […] Elle n’avait qu’une petite fille d’un an et demi de son défunt mari. […] Nous trouvâmes le mari et la femme prêts à se mettre à table. […] Elle me reçut comme une honnête femme peut et doit recevoir son mari.
L’amour dont Silvie était prévenue pour Verville ne l’empêcha pas de rendre justice à Justin, c’était le nom de son mari, parce qu’elle vit en lui un homme tout aimable. […] Sur la foi d’un mari le monde s’abandonne A taxer la pudeur de celle qu’il soupçonne, Et ne peut présumer s’il a trop éclaté, Qu’elle ait de la vertu puisqu’il en a douté. […] Elle se jeta aux pieds de son mari, et lui fit toutes les protestations imaginables. […] Jamais femme n’a été plus mortifiée que celle-là le fut du mépris que son mari faisait d’elle ; elle se jeta vingt fois à ses pieds, mais inutilement, pour obtenir son pardon ; il ne voulut jamais revenir, afin, lui disait-il d’un air dédaigneux, de ne pas servir de manteau à autrui. […] Il la mit dans un couvent où elle est restée plus de dix-huit mois à demander pardon au ciel des désordres de sa vie, et à le prier de fléchir l’esprit de son mari, à qui elle écrivait très souvent.
Mais Cid Ruy Gomez aime mieux croire charitablement que ce fut en bon père, et en bon mari plutôt que par vaine gloire. […] Nous n’avons pas mangé de bons morceaux, mais un morceau de pain bis nourrit aussi bien que du pain blanc, et on dort aussi bien sur une gerbe de paille quand on a sommeil que dans un bon lit. — Cela est bien, lui dit la duchesse, mais votre mari est-il honnête homme, et vous traite-t-il bien ? […] Thérèse voulut embrasser son mari, qui pour première honnêteté lui déchargea sur les épaules un coup de bâton, si furieux qu’il la jeta les quatre fers en l’air, et redoubla en comptant deux, trois, quatre… Thérèse qui n’avait pas accoutumé d’être si bien régalée, et qui ne s’était nullement attendue à ces caresses, se releva en fureur, et se jeta au visage de son mari, qu’elle égratigna de son mieux. […] Thérèse était cependant dans une colère épouvantable, et voulait avoir sa revanche ; mais la duchesse de Médoc la prit, et lui raconta le sujet du traitement que son mari lui avait fait. — Bon, bon, dit-elle, railleries de grands seigneurs, qui ne plaisent qu’à ceux qui les font. […] Thérèse le prit par les pieds de derrière, et brisa de la tête le visage de son mari.
Elle se plaignait de la misère du temps ; que son mari et elle ne gagnaient plus rien, et qu’ils avaient bien de la peine à vivre. […] Je donnai le reste à notre hôtesse pour nous avoir des meubles ; et n’y ayant point assez, j’emmenai son mari au logis pour lui donner encore de l’argent. […] Ils peuvent leur dire, c’est vous qui m’avez choisi une femme ou un mari : vous m’êtes garants de sa méchante conduite et de sa mauvaise humeur. […] Notre repas se fit avec assez de joie ; l’hôtesse, dont le mari était à la ville, nous servit à table. […] Des Ronais la raconta encore au mari et à la femme après déjeuner.
Que la femme meure devant où après la consommation, le mari cherche parti ailleurs ; je l’ai déjà dit. […] Je me souviens d’avoir entendu une pauvre femme se plaindre à ma mère du trop d’appétit de son mari. […] Il prit la place que le mari venait de quitter : le reste est facile à s’imaginer. […] Dans quelles cruelles extrémités une mauvaise femme ne précipite-t-elle pas un mari ! […] Celle de la femme était telle en substance : Pourquoi m’as-tu quittée, mon cher mari ?
Que je n’étais pas d’humeur à souffrir tant de dépense en habit, et qu’une femme qui ne veut plaire qu’à son mari, ne doit point le porter si haut. […] Son mari est mort enfin, il y a près de deux ans, et l’a laissée veuve très riche, tant de son bien à elle, que de ses bienfaits à lui. […] Nous nous fîmes chacun une promesse de mariage, et un morceau de papier nous tenant lieu de tout, nous nous jurâmes une fidélité éternelle, et vécûmes dès ce jour-là comme mari et femme. […] Ce fut en vain qu’elle cria que j’étais son mari ; qu’elle demanda par quelle autorité on nous séparait, et pourquoi j’étais puni d’un crime dont elle seule était coupable. […] Vous ne pouvez comprendre quel fut l’étonnement du mari et de la femme.
Elle était honnête femme cependant ; et quoique son amour-propre ne fût pas un modèle de vertu parfaite, il n’y a jamais eu que son mari qui en a douté ; et si elle s’est mal gouvernée ; il est certain que Dupuis a eu les yeux plus fins que le reste du monde. […] Elle mourut, comme je vous ai dit, il y a environ quatre ans et demi, aux jours gras ; le propre jour de sa mort son mari se masqua et alla chez le marquis de Verry. […] Madame une telle accoucha il n’y a que six mois ; elle souffrit des douleurs inconcevables ; elle fut si mal que l’on désespéra de sa vie, elle-même crut en mourir ; elle jurait son Dieu et son âme, que si elle en pouvait réchapper, son mari ne l’approcherait jamais ; elle renonçait à tous les hommes : cependant malgré ses douleurs et ses serments, la voilà encore grosse, et outre son mari, on dit qu’elle a encore un amant favorisé ; il faut donc que ce soit un grand plaisir que celui de la compagnie d’un homme. […] Je l’ai toujours regardé comme mon mari ; sur ce pied-là je pardonne à ses mauvaises humeurs, et veux en agir avec lui comme si j’étais en effet sa femme ; parce que je la serai quand il voudra. […] J’enverrai demain quérir le mari et la femme pour dîner ici.
Elle ne porte point de santé, et la pauvre femme n’a nul crédit ; au contraire père et mari la font désespérer, et la rendent garante de la résistance de ses cadettes à faire leurs vœux. […] Il admira l’invention, et s’en servit le même jour, pour aller dire adieu à sa maîtresse, dont le mari jaloux avait découvert une partie de l’intrigue, et pensé faire un mauvais parti, depuis peu de temps, à l’un et à l’autre. […] Elle avait si peu aimé cette vertu, que la mort de son quatrième mari, dont elle était restée veuve à plus de cinquante-deux ans, lui en avait fait chercher un cinquième. […] Celle-ci charmée de l’éclat de cent louis, et de l’espérance d’un mari, qui sont deux grands points pour une fille que la seule nécessité retient dans un couvent, se rendit et lui promit toute sorte d’assistance. […] Sa tendresse à elle, ne s’est point démentie ; et mettant à part les caresses privées d’un mari et d’une femme, le reste est encore entre nous sur le pied d’amant et de maîtresse.
Elle lui fit apprendre à lire et à écrire, pour en être soulagée dans le détail de son ménage, son mari n’étant pas d’humeur d’entrer dans quantité de menues dépenses, dont pourtant il voulait quelquefois, pour la chagriner, qu’elle lui rendît compte ; quoiqu’il n’ait jamais rien exigé de pareil de sa fille. […] Vous avez bien changé depuis que vous êtes sortie de chez moi : quel est votre mari, poursuivit-elle, sans lui donner le temps de se remettre ? Quand vous m’auriez fait part de votre bonne fortune, comme il me semble que vous le deviez, nous ne l’aurions pas détruite, au contraire Mademoiselle de Vougy, tout l’hôtel et moi en aurions eu la dernière joie ; mais quel est votre mari pour vous le faire prendre si haut ? […] Elle est adorée de sa belle-mère, et de son mari, qui ne peuvent pas la perdre de vue. […] Doucement, Monsieur, dit en riant une fort belle femme qui n’avait point encore parlé, ne galantisez point tant mon mari sur sa bonne mine, vous me rendriez bientôt jalouse si vous étiez femme, et je ne veux pas la devenir, vous en avez trop souffert.
Enfin au retour de son mari, depuis environ un mois, elle s’est séparée d’avec lui, et leur divorce, dont la cause m’est inconnue, fait un fort grand ; éclat dans le monde ; et pour accomplir votre souhait, Madame, je vous dirai que c’est elle que j’ai sauvée, et à qui vous avez donné retraite, et que c’est son mari qui voulait la faire enlever, à ce que La Roque m’a dit en mourant. […] Je lui appris que mon mari n’était point à Paris, et lui dis en même temps qu’il me l’avait recommandée. — Il a eu tort, dit-elle, de craindre ma langue, mais il a eu raison de me recommander à vous, puisqu’en effet mes intérêts sont les siens. […] C’est à vous à voir à présent s’il vous est plus avantageux d’être bientôt veuve d’un mari mort avec infamie, que de porter longtemps le nom d’un homme d’avec qui vous pouvez vous séparer quand vous voudrez.
Son mari est blanc, Portugais européan ; il ne l’a pas quittée de vue. […] Bien plus, ce ne sont pas seulement les filles qui en viennent à ces excès, ce sont les femmes mariées du consentement de leurs maris qui s’en font un point de religion. […] La fornication chez les premiers est suivie du mariage, chez les derniers passe pour une bagatelle ; une femme qui après la mort de son mari convole en seconde noce perd sa renommée, mais ne la perd pas pour être simplement entretenue et avoir un amant, pourvu qu’il soit plus que n’était son mari. […] Je me souviens d’avoir entendu une pauvre femme se plaindre à ma mère du trop d’appétit de son mari. […] Celle de la femme était telle en substance : Pourquoi m’as-tu voulu quitter mon cher mari ?
Eh, non, non, ma mauricaude n’en saura rien ; un secret n’est plus secret quand une femme le sait, et une femme ne sait le secret de son mari que pour le trahir ; ce sont des importunes à demander et des diables à rendre. […] Elle avait fort bien joué son personnage, et son mari qui avait fait celui de Merlin s’en était aussi bien acquitté.
Un diable de si bonne mine attira l’attention de nos deux chevaliers, et Pluton lui ayant permis de parler, il commença par remontrer toutes les peines qu’il se donnait pour rendre les femmes belles et attirantes, qu’il inventait tous les jours quelque pommade et quelque essence pour conserver leur teint, ou bien pour en cacher les rides, qu’il avait depuis peu de temps travaillé à cela avec beaucoup de succès, puisqu’il y avait des femmes âgées de plus de soixante ans qui ne laissaient pas par son moyen de paraître avec des cheveux bruns, une peau unie et délicate, et enfin si jeunes qu’il faudrait avoir en main leur extrait baptistaire pour les croire plus vieilles que leurs enfants ; que cela faisait augmenter le nombre de leurs amants, et augmentait en même temps celui des sujets de l’enfer ; mais que malgré tous ses soins il courait risque de perdre son temps s’il y avait encore dans le monde deux hommes de l’humeur du chevalier Sancho, qui à tout moment disait pis que rage des femmes, et tâchait d’en dégoûter tout le monde ; que si cela était souffert, il n’avait qu’à laisser en enfer son panier plein de cornes, parce qu’il ne trouverait plus de femmes qui en pussent faire porter à leurs maris, n’y ayant plus aucun homme qui leur voulût aider à les attacher, qu’il avait employé un temps infini pour en faire qui fussent propres à tout le monde, qu’il y en avait de dorées pour les maris pauvres, et qui se changeaient sur leur tête en cornes d’abondance ; qu’il y en avait d’unies et simples pour ceux dont les femmes faisaient l’amour but à but ; qu’il y en avait de jaunes pour ceux qui épousaient des filles qui avaient déjà eu quelque intrigue ; de blanches pour ceux qui épousaient des veuves ; de noires pour ceux qui épousaient des fausses dévotes ; de diaphanes et transparentes pour ceux dont les femmes savaient cacher leur infidélité ; de vertes pour ceux qui épousaient des filles élevées dans un couvent ou dans une grande retenue ; et de rouges pour ceux dont les femmes payaient leurs amants, à qui d’ordinaire elles ne se contentaient pas de sacrifier la bourse et l’honneur, mais le sang même de leur époux ; que chaque couleur convenait parfaitement à la qualité d’un chacun ; qu’il y avait dans le monde assez de femmes de vertu qui rebutaient les hommes, sans que Sancho voulût mettre les hommes sur le pied de rebuter les femmes ; que c’était de quoi il demandait justice, et protestait en cas de déni de laisser toutes les femmes et les filles en garde à leur propre vertu, sans les tenter dorénavant par lui-même, et sans les faire tenter par d’autres, ni leur fournir les occasions d’être tentées.
C’était une bourgeoise de Paris dont le mari et leur famille auraient aisément vécu si les billets de monnaie avaient été acquittés. […] Mais sitôt qu’elles sont mariées, elles sont fidèles à leurs maris. […] Son mari lui donna un soufflet bien appliqué, et après avoir bien crié, elle s’en plaignit à M. d’Argenson par un placet qu’elle lui présenta. […] Le mari ne se doutait pas seulement pourquoi ni à quel dessein ce magistrat l’envoyait quérir. […] Il dit au mari : Voilà ta femme belle, bien faite, jeune et toute aimable, et toi tu me parais honnête homme, cependant tu la frappes.
Par le moyen du curé et de Samson Carasco, le duc avait découvert l’endroit où demeurait pour lors Alonza Lorenço, que Don Quichotte, sans lui avoir jamais parlé, avait fait dame de ses pensées, et maîtresse de son cœur, et qu’il avait rendue fameuse sous le nom de Dulcinée du Toboso, qu’il lui avait donné ; on l’avait envoyé quérir, et elle était venue avec son mari, qui, quoique assez fâcheux, n’était pas néanmoins fâché de trouver occasion de rire. […] Elle fut extrêmement surprise de la folie du pauvre gentilhomme, et ne voulait point se résoudre à faire ce qu’on voulait qu’elle fît ; mais tout le monde lui ayant représenté que c’était le seul moyen de lui rendre son bon sens, et son mari lui-même s’en mêlant, elle promit de faire ce qu’on voudrait, pourvu qu’elle le pût, et que ce fût selon les règles de la bienséance ; ce qu’on lui promit, et ce qu’elle fit aussi, comme on le verra par la suite.
Ce n’est pourtant pas là ce qui surprend, parce que la vanité et l’ambition ridicule ont toujours été propres aux femmes ; mais ce qui étonne, c’est la sotte complaisance de leurs maris de le souffrir, et de payer souvent cet excès bien cher.
Ce valet était un officier déguisé qui aimait Silvie depuis longtemps, et qui croyant, comme beaucoup d’autres, que Sainville l’avait enlevée, s’était mis avec Deshayes pour courir après, dans la résolution de venger sur son rival son amour méprisé, et pourtant de sauver la vie de sa maîtresse en la dérobant à la rage de son mari qui était parti dans la résolution de la poignarder partout où il pourrait la trouver.
Son mari est de Lisbonne, aussi vilain mâtin que sa femme est aimable.
Elle lui fit connaître ces soupçons fort spirituellement et comme par plaisanterie ; mais il lui répondit fort sérieusement et fort galamment, qu’il ne connaissait et n’avait regardé Silvie que sur le pied d’une femme séparée d’avec son mari, et d’une femme qui avait un amant favorisé ; que sur ce fondement il avouait que les vues qu’il avait eues pour elle n’étaient pas fort à l’avantage de sa vertu, et qu’il n’avait commencé de la regarder sur le pied qu’elle méritait de l’être, que depuis qu’il savait son histoire ; qu’ainsi son amour n’était pas extrêmement violent, mais qu’il n’en était pas de même de celui qu’il avait pour elle, puisqu’il était accompagné de vénération, d’estime et de respect.
Ce ne sera ni elle ni la Morin, le mari le croirait de bonne foi, et n’irait pas chercher plus avant. […] Et Silvie pour n’être point reconnue, loge dans un endroit écarté de toute connaissance, et doit faire en sorte après son mariage, que son mari la mène en Poitou, où on dit qu’il a du bien. […] Et cornes pour cornes, qu’importe qu’elle en donne à son mari plus ou moins avant son bail ? […] Elle l’aime, c’est son mari, elle ne fait à présent que son devoir ; et véritablement si elle ne l’avait pas bien aimé, elle ne lui aurait pas fait un présent si considérable.