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2. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Frans et de Silvie. »

Elles gardaient un profond silence, et leur confusion était incompréhensible. […] Elle me demanda si je voulais lui permettre de garder Madame Morin auprès d’elle. […] Gardez-la donc, lui répondis-je, j’y consens de tout mon cœur. […] Je ne sais pourquoi ma mère n’a jamais aimé à garder d’argent chez elle. […] Je compris qu’infailliblement je renouerais avec elle, si je la gardais chez moi plus longtemps.

3. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIII. Belle morale du seigneur Don Quichotte. »

Je dis encore plus, c’est que certainement le crime est plus grand devant Dieu pour eux que pour elles, et je me fonde en cela sur ce que tout au moins une femme ne fait que peu ou point de scandale par le secret qu’elle tâche de garder dans ses intrigues, et qu’eux y vont tête levée, et qu’ainsi outre le scandale public qu’ils causent, ils donnent à la jeunesse un mauvais exemple. […] Il serait à souhaiter pour nous, Seigneur chevalier, lui dit en riant la duchesse de Médoc, que nos maris fussent chevaliers errants, ou qu’ils eussent vos sentiments, nous en serions mille fois plus heureuses. — Ils en seraient plus heureux aussi devant Dieu et devant les hommes, reprit Don Quichotte ; devant Dieu, puisqu’ils lui tiendraient la promesse qu’ils lui ont faite à la face de ses autels de garder la fidélité à leurs épouses, comme ils veulent que leurs épouses la leur gardent ; et devant les hommes, parce qu’on ne verrait point parmi eux ces harpies invétérées qui passent de père en fils, et qui semblent être éternelles, contre les exprès commandements de Dieu. […] Le curé allait relever un raisonnement si captieux, et la dispute n’en serait pas demeurée là, si Sancho lui avait donné le temps de prendre la parole ; mais une pinte de vin qu’il avait dans la tête ne lui permit pas de garder le silence plus longtemps.

4. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVIII. Des tristes et agréables choses que Parafaragaramus apprit au chevalier de la Manche. »

Ils te font présent de toutes les richesses que tu vois sur ce buffet, et te recommandent seulement d’en garder quelques pièces pour te ressouvenir d’eux, et de troquer le reste contre le premier qui te le demandera, tu ne perdras rien au change ; assure-moi donc que tu les reçois, afin que j’en sois sûr moi-même. […] Don Quichotte qui se souvenait de l’ordre qu’on lui avait donné accepta l’offre sur-le-champ, et excepta seulement une paire de flambeaux de vermeil qu’il voulait, disait-il, garder par des raisons qu’il lui dirait. […] Les chemins sont sûrs, et mon équipage est assez grand pour me garantir de toute mauvaise aventure ; gardez cette bague pour l’amour de moi, je vous la donne.

5. (1691) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 2)

Les idoles de Siam garderont leur surtout d’or : j’enrage, & ne suis pas le seul ; mais, le chagrin des autres ne diminue pas le mien, ni le mien le leur. […] Cette prohibition de mariage, & l’utilité générale qui en provient, me font souvenir de ce que dit Corneille Tacite au sujet de trois cents esclaves qu’on fit mourir parce qu’ils n’avaient pas assez bien gardé le sénateur Papirius leur maître pour l’empêcher d’être assassiné. […] Il vit les diamants de Rupli, & les garda : heureusement, il y avait des témoins, sans cela il aurait payé de négative. […] Les parents suivirent, & ensuite vint le corps, porté, comme j’ai dit, par huit hommes & suivi du vieillard qui préside à la cérémonie ; après le vieillard, un bramène, une troupe de femmes & d’enfants, qui marchent sans garder d’ordre. […] Ils ont gardé fort longtemps en France les mandarins, qui sont revenus par votre escadre.

6. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVI. De ce qui suivit le désenchantement de Dulcinée. »

Il a su que le chevalier Sancho l’avait trouvé, et puisqu’il ne lui a pas redemandé, n’était-ce pas consentir qu’il le gardât, et le lui donner tacitement ? […] Après cela Pluton demanda s’il y avait encore quelqu’un qui eût quelque chose à reprocher à Sancho et aux autres, et tout le monde ayant gardé le silence, il les déclara tous innocents, et ordonna que Sancho fût vêtu d’une robe purifiée.

7. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Prez, et de Mademoiselle de l’Épine. »

Ma lettre fut lue publiquement, et on l’obligea de garder la montre qu’elle avait voulu me rendre. […] On garda quelque temps le silence et enfin la mère prit la parole. […] Il s’agit encore de nous garder le secret, non seulement par rapport à la colère de mon père contre moi, mais aussi parce que cela attirerait sa perte à elle, et encore celle de sa mère, et de toute sa famille. […] Lorsque je la vis traitable, je lui fis comprendre la facilité du secret, qui ayant été gardé si longtemps, pouvait bien l’être encore. […] Il me jurait de garder une fidélité éternelle à la mémoire de sa femme.

8. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Terny, et de Mademoiselle de Bernay. »

Elle fit encore pis, car elle ne voulut jamais dire adieu à mon père quand il s’en alla, et pour ma mère elle lui dit, que si le joli monsieur qu’elle voulait lui faire épouser lui plaisait tant, elle pouvait le garder ; qu’on n’en soupçonnerait jamais du mal, étant bâti d’une manière à mettre la réputation d’une femme à couvert de la médisance. […] Écoutez, je m’engagerai, me dit-il, par tous les serments que vous voudriez exiger de moi, que je vous servirai en tout et partout, envers et contre tous, que je vous garderai un secret inviolable, que je faciliterai son enlèvement, s’il est nécessaire d’en venir jusque-là, pour vous la mettre entre les bras ; mais je veux que vous me juriez aussi de ne l’engager à rien sans ma participation ; car de l’humeur entreprenante comme elle est, si vous étiez assez fourbe pour la tromper, vous en viendriez facilement à bout (et cela ne se terminerait que par ma vie ou la vôtre.) […] Je ne fus point exaucé ; il revint de cette maladie, après avoir gardé le lit près de quatre mois, pendant lesquels je vis tous les jours Clémence, sans qu’il le sût ; car aussitôt qu’il avait su mon retour, il lui avait défendu de me voir et de me parler. […] Je suis plus gardée ici qu’une prisonnière, cependant il me sera permis de vous écrire, car pourvu que je n’entreprenne point de sortir du couvent, on ne me défend point le reste.

9. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre LI. Le jaloux trompé »

Il fut en un moment tout couvert de son sang, et le chirurgien qui fut appelé pour le panser eut une très mauvaise opinion de sa blessure ; on le mit au lit toujours gardé à vue, et lui toujours prévenu de la mort de sa femme, fit en sorte en se tourmentant de défaire les ligatures de sa tête, et ne voulut jamais qu’on y remît la main qu’après qu’on lui eut dit que sa femme se portait mieux. […] Sa blessure était si grande qu’on fut sur le point de le trépaner ; cependant le mal ne fut pas jusque-là, et il en fut quitte pour garder le lit plus de deux mois, avec des transports de temps en temps qui approchaient de la fièvre chaude, pendant lesquels il avait perpétuellement le nom de sa femme à la bouche, avec des transports d’amour si vifs, et qui donnaient à connaître un dessein si formé de mourir avec elle si elle mourait, que qui que ce soit ne put douter que ce ne fût d’amour qu’il fût malade. […] Il n’importe, cette histoire prouve toujours deux vérités ; l’une qu’une femme n’est jamais mieux gardée que par elle-même, et l’autre que quelques précautions qu’un jaloux puisse prendre, quelques clefs et quelques serrures qu’il emploie, sa femme trouvera toujours les moyens d’être infidèle sitôt qu’elle aura envie de l’être.

10. (1691) Journal du voyage des Indes orientales (à monsieur Raymond)

Mr Hurtain a gardé le lit aujourd’hui. […] Dieu nous en veuille préserver : ce qu’il garde est bien gardé. […] On ne tira donc plus et on se contenta de le garder à vue. […] Nous sommes à l’ancre et le gardons pour voir demain ce qu’il en sera. […] Si cela est ainsi, les bestiaux que nous avons eus de Moali, qui étaient bien saignés, se fussent gardés plus longtemps n’y faisant pas plus chaud qu’ici : ils ne se gardaient pourtant pas davantage.

11. (1721) Mémoires

Gaston refusa les avances qu’on lui faisait, et garda son épouse. […] Gardez-moi seulement le secret, c’est tout ce que je vous demande, et du reste reposez-vous en sur moi. […] Buvons un coup, poursuivit-il, et confions-nous à Dieu, ce qu’il garde est bien gardé. […] Il avait gardé auprès de lui un fils qu’il avait eu d’elle. […] La fruitière lui promit de garder sa fille et lui prêta ces trois sols.

12. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIV. Départ de la compagnie. Comment Sancho fit taire le curé. Aventures diverses arrivées à cet infortuné chevalier. »

Il semble que vous me gardiez votre sermon comme des œufs après Pâques. […] Ne sais-tu pas bien qu’il y a des démons qui gardent tous les trésors, et devais-tu douter qu’il n’y en ait de commis à la garde de l’honneur d’Altisidore que tu voulais ravir ?

13. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIX. De ce qui se passa chez le duc de Médoc après le départ de Dulcinée, et comment Sancho reçut sa femme que la duchesse fit venir au château. »

Sitôt qu’il la vit, il se ressouvint des coups de fouet qu’il avait reçus, et du bain où il avait passé la nuit, et il ne la put regarder qu’avec horreur ; il ne lui dit pourtant rien de désobligeant ; mais quand il vit qu’elle recommençait ses poursuites, et qu’elle lui proposa un autre rendez-vous, il perdit toute patience et ne garda plus de mesure. […] Gardez Thérèse si vous voulez, je vous la donne, puisque le diable n’en veut point, et si je ne vous demande rien de retour.

14. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXV. Du tour ridicule et malin que fit Parafaragaramus au chevalier Sancho, et des événements tristes qui le suivirent. »

Il perça la table, et avec des cordes qu’il passa dans les trous il attacha les bras et le corps de Sancho ; en un mot il le mit comme dans un travail où il ne pouvait se donner le moindre mouvement ; il lui attacha aussi les pieds ; et ne croyant pas qu’il y eût personne dans l’hôtellerie à qui il dût du respect, ni avec qui il fût obligé de garder des mesures, il retira le siège sur lequel Sancho était assis, et lui mit à l’air le même endroit où il avait reçu les dragées ; et il faut observer que le chevalier tournait directement le dos à la porte de la chambre : il ne s’était point encore éveillé ; mais la posture contrainte où il était, ne portant que sur ses cordes, dissipa bientôt son sommeil.

15. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLV. Pourquoi la maîtresse d’une hôtellerie voisine du château venait souvent demander des nouvelles de Sainville et de Silvie. »

Ce conseil étant le seul à prendre et le meilleur à suivre, Silvie s’y arrêta, mais elle n’eut pas longtemps à garder le secret.

16. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLI. Don Quichotte et Sancho s’arment pour aller combattre les brigands. Ces deux chevaliers font des actions de valeur inouïes. »

Don Quichotte et Sancho le suivirent, et pendant ce temps-là on fit sortir leurs chevaux et leurs armes, qu’on alla attacher à des arbres au même endroit où Eugénie avait été sauvée, et des gens montèrent sur des arbres prochains pour les garder, crainte d’accident, jusqu’à l’arrivée de nos braves.

17. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVI. Pourquoi Sancho perdit ses armes enchantées, et du terrible combat qu’il eut à soutenir pour les recouvrer. »

L’enchanteur qui gardait ces armes, était encore le maître d’hôtel même qui avait toujours joué le personnage de Parafaragaramus ; c’était un homme extrêmement grand, fort et robuste ; il était vêtu d’une grande simarre rouge, qui le prenait depuis le sommet de la tête jusques à la plante des pieds, ce qui le faisait paraître encore plus grand qu’il n’était.

18. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Jussy, et de Mademoiselle Fenouil. »

Je l’ai priée il y a dix-sept mois de ne me plus envoyer d’argent, et de garder son superflu pour se meubler avant mon retour ; elle l’a fait : voici comment elle s’y est prise. […] J’ai gardé mon ban, et nous voulons bien tous deux confirmer par un mariage légitime, ce que nous avons fait de contraire aux lois, et qui que ce soit, je pense, ne peut nous en empêcher.

19. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Ronais, et de Mademoiselle Dupuis. »

Tant mieux pour vous, me dit-il, si cela est elle est à vous ; mais gardez-vous de vous tromper vous-même. […] Il n’était nullement prévenu en faveur du sexe ; et ne se mettait pas sur le pied de garder tant de mesures, et d’examiner ses paroles devant elle. […] Rendez-le-lui, et dites-lui de ma part, qu’il est un fou de me l’avoir renvoyé, que j’ai encore le sien, et que je le garderai toute ma vie.

20. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Contamine, et d’Angélique. »

Vous n’êtes point assez forte, ni assez faite à garder des malades, pour supporter les fatigues du jour et de la nuit, vous êtes trop jeune pour veiller ; il faut que vous preniez une garde ; que vous achetiez un petit lit, pour coucher seule dans ce cabinet, et non pas dans un air renfermé où vous n’êtes point accoutumée. […] Elle comprenait que la présence de sa mère avait plusieurs fois obligé Contamine de rester dans un respect qu’il n’aurait peut-être pas gardé, si elle était restée seule. […] Votre commère me conta cela, je crus que c’était un beau dehors, et que l’intérieur en était criminel ; elle me pria de garder le secret, je le lui promis et lui ai tenu parole.

21. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIX. Repas magique. Apparition d’un nouvel enchanteur. Défi fait à Don Quichotte, et ce qui s’ensuivit. »

C’est ce maudit magicien-là, poursuivit-il avec fureur, qui avait enchanté l’épée du chevalier Sancho ; mais je jure de ne me pas faire couper poil de barbe que je ne l’aie trouvé ; et afin qu’il ne puisse plus m’en donner à garder, je porterai aussi bien que lui mon épée nue. —  Désabusez-vous, Seigneur chevalier, lui dit le duc, je ne crois pas que ce soit lui qui ait fait cet enchantement, je crois plutôt que ç’a été Parafaragaramus, qui n’a pu souffrir que vous vous exposassiez avec des armes inégales contre un démon.

22. (1690) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 1)

Hurtain, je suis certain qu’il n’écrira point de sottises, et qu’il gardera le respect à qui il est dû. […] M.Céberet le lut avec son froid ordinaire, mais il ne le garda pas longtemps. […] Mon Dieu, gardez-moi de moi-même. […] Il me gardait apparemment pour le dernier. […] J’ai ordre de garder l’original jusqu’à nouvel ordre, et d’en envoyer copie au commissaire.

23. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LV. Don Quichotte et Sancho vont à la caverne de Montésinos. Ce qu’ils y virent, et comment se fit le désenchantement de Dulcinée. »

Je t’ai promis, dit Parafaragaramus à Don Quichotte, de t’ouvrir le chemin au désenchantement de la princesse Dulcinée, et je vais te tenir parole, et t’aider à en tenter l’aventure, si tu te sens assez de force et de courage pour cela ; en ce cas tu n’as qu’à me suivre et ton écuyer aussi, pour retrouver son argent, car l’un et l’autre sont en la puissance du sage Merlin qui doit commencer aujourd’hui à goûter un vrai repos en ne se mêlant plus des affaires du monde, pourvu que tu mettes à fin les aventures qui t’attendent, sinon il gardera les trésors dont il est en possession, jusqu’à ce qu’il se rencontre quelque chevalier plus heureux que toi.

24. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVI. Suite de l’histoire de Silvie et de Sainville. »

Vous savez ce que je fis le lendemain que j’allai vous trouver, mais vous ignorez que je savais que vos tantes écoutaient ce que je vous disais, que Deshayes et moi avions résolu de perdre Sainville dans votre esprit et le leur, et de vous attirer à vous la colère de toute votre famille, si vous ne vous rendiez pas de vous-même, et que c’était dans ce dessein que nous avions gardé une copie de votre lettre, que voilà, et que je vous rends.

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