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2. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVI. Suite de l’histoire de Silvie et de Sainville. »

Je la vis enfin quelques jours après dans l’appartement de sa mère, où l’on jouait, mais elle ne fit pas semblant de me voir ; je la saluai néanmoins, et tâchai de lui dire un mot en particulier ; mais bien loin de vouloir concerter avec moi, elle me rebuta par des airs de mépris auxquels je n’étais point fait. […] Je ne sais si l’amour propre me fit voir les objets autrement qu’ils n’étaient, mais je crus m’apercevoir qu’elles auraient souhaité me parler ; je ne fis pas semblant de la voir, et je revins chez moi agité de mille différentes pensées. […] Nous avions encore résolu Deshayes et moi, qu’il ne ferait pas semblant de rien savoir de votre lettre ni de votre engagement de parole, afin que vous n’eussiez ni répugnance ni mépris pour un homme qui voulait vous épouser malgré la certitude où il était que vous en aimiez un autre. […] Aussitôt qu’il nous eut aperçues, il s’en alla sans faire semblant de nous voir. […] Nous fîmes semblant de vouloir passer la nuit dans l’hôtellerie ; en effet nous nous couchâmes, et sitôt que nous crûmes que Deshayes était endormi, nous nous remîmes en chemin.

3. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LV. Don Quichotte et Sancho vont à la caverne de Montésinos. Ce qu’ils y virent, et comment se fit le désenchantement de Dulcinée. »

Les Français et les Espagnols qui avaient joint Don Quichotte firent semblant de vouloir se jeter après lui dans cette caverne, et en furent empêchés par une grille de fer qui se leva tout d’un coup à leurs pieds et qui leur en boucha l’entrée. […] En même temps il fit semblant de faire de nouvelles conjurations, et le haut de la voûte s’ouvrit en trois endroits par où la fumée sortit comme par autant de soupiraux. […] Cette satisfaction n’était pas déjà bien suffisante, puisqu’elle était intéressée ; il n’importe, telle qu’elle était je m’en serais contenté si les coups avaient été sincères, mais le fourbe que tu vois faisait semblant de frapper sur son corps, et frappait sur un arbre contre lequel il était appuyé, et ainsi fraudait la maltôte de l’enfer ; c’est ce qui a fait que ta justice a abandonné cette malheureuse princesse à la fureur du barbare Freston, qui a fait faire au corps de cette infortunée une rude pénitence de la délicatesse de Sancho, qui ne s’est jamais donné que quarante coups qui puissent être alloués. […] En effet, il ne se trompait pas ; car Minos ayant fait semblant de recueillir les voix, se mit gravement sur son siège, et prononça hautement la sentence qui condamnait le pauvre écuyer à être de nouveau fustigé.

4. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIV. Départ de la compagnie. Comment Sancho fit taire le curé. Aventures diverses arrivées à cet infortuné chevalier. »

Il avait pris prétexte de là de louer toutes ses bonnes qualités, et surtout son bon esprit, qui n’avait été gâté que par ses ridicules visions ; il s’était étendu sur sa probité et sur sa droiture, qui le faisait généralement estimer de tout le monde ; il avait poursuivi par le plaindre du ridicule où sa folie exposait un des plus honnêtes hommes d’Espagne, et sans faire semblant de vouloir taxer qui que ce soit, il avait fortement blâmé ceux qui l’entretenaient dans ses imaginations ; il avait fait entendre que c’était une action contraire à la charité de se divertir aux dépens d’un cerveau démonté, qu’on pouvait facilement remettre dans une assiette tranquille, en lui donnant du repos, au lieu d’entretenir et de fomenter ses égarements. […] Tout le domestique vint au-devant de la compagnie avec des flambeaux, et entre autres Altisidore, qui fit semblant de se pâmer à la vue de Don Quichotte, lequel poursuivant son chemin sans faire semblant de la voir, fut arrêté par les deux duchesses ; et comme la comtesse et les Françaises leur demandèrent ce que c’était que cet accident, la duchesse de Médoc leur dit que cette demoiselle mourait d’amour pour l’incomparable chevalier des Lions, dont elle n’avait pu ébranler la fidélité qu’il avait promise à la princesse Dulcinée. […] Mais, mon enfant, il faut prendre ton mal en patience, et ne faire semblant de rien, parce qu’on se moquerait de toi, et que Monsieur le duc et Madame la duchesse seraient choqués, s’ils savaient que tu eusses voulu souiller leur château par tes impuretés.

5. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVII. Suites agréables de la victoire remportée par le chevalier Sancho, et du projet que forma Don Quichotte pour le faire repentir de son indiscrétion. »

Toute la compagnie fit semblant d’être étonnée de cette vision, excepté Eugénie qui les rassura en disant qu’elle le connaissait, et que c’était un des satyres de la forêt, qui servait de valet de pied à Parafaragaramus son bon ami. […] Il se leva et acheva de noircir ses armes, et s’étant couché il rêva au moyen de les emporter sans être aperçu, et il n’en trouva point de meilleur que de faire semblant d’aller dès le matin se promener et de les mettre sous sa robe de chambre. […] La belle Mademoiselle de la Bastide le fit souvenir de son défi pour le lendemain à tous les chevaliers, pour l’honneur de la comtesse, qui fit semblant de le prier de n’y point aller, et lui dit qu’elle lui avait assez d’obligation sans y ajouter celle-là, et qu’elle ne méritait pas qu’il s’exposât pour elle à de nouveaux dangers ; mais elle l’en pria d’une manière à l’y engager encore plus fortement ; aussi répondit-il qu’il ne manquerait pas à l’assignation.

6. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre LI. Le jaloux trompé »

La belle-mère ne fit pas semblant de s’en apercevoir, et la chose en fût sans doute demeurée là s’il avait reconduit sa belle-mère jusques à la porte, ou qu’il lui eût fait la moindre civilité ; mais n’étant guidé que par sa jalousie, il monta tout d’un coup dans la chambre de sa femme, et avec tant de précipitation, qu’il laissa sa belle-mère où il l’avait trouvée, sans lui faire la moindre honnêteté, s’étant contenté de la saluer seulement du chapeau. […] Il fit semblant de se laisser vaincre, et ayant mis une serviette en double entre son corps et cette ceinture, il donna la lime à Sotain, qui coupa lui-même le fer du cadenas ; mais comme il n’était pas bon serrurier, il eut toutes les peines du monde d’en venir à bout sans blesser l’Italienne, qui faisait la honteuse à merveille. Il la récompensa au-delà de ce qu’elle en avait attendu, et de ce qu’il lui avait promis ; et celle-ci faisant semblant de se laisser tout à fait gagner à cette libéralité excessive, consentit à sa prière, de rester chez lui pour servir d’Argus à sa femme. […] Il ne disait jamais un mot de français devant lui, et n’avait pour elle que des airs assez froids et assez indifférents ; mais lorsqu’il était seul avec elle il en avait d’empressés, et faisant semblant d’apprendre peu à peu le français, il lui disait des choses qui la divertissaient, et par de petits soins prévenants il la disposait à lui vouloir du bien.

7. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Dupuis, et de Madame de Londé. »

L’écuyer ne fit pas semblant de nous entendre et résolut de m’en donner autant. […] Il y alla donc, et moi je fis semblant de monter chez la Martinière, afin qu’il crût que j’y étais en effet. […] Je lui demandai sa demeure sans faire semblant d’y prendre d’autre part que la curiosité : il me le dit. […] Elle faisait semblant de dormir dans une situation toute charmante ; car en effet elle ne dormait pas. […] Je fis semblant de la croire naturelle ; mais en effet je fus charmé de l’air dont elle s’y prit.

8. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVI. Pourquoi Sancho perdit ses armes enchantées, et du terrible combat qu’il eut à soutenir pour les recouvrer. »

Les dames firent semblant de vouloir passer, et feignirent de trouver le même empêchement. […] En disant cela, il vint à lui, et en faisant semblant de lui donner la main pour se relever, il mit le feu à la corde d’amorce des fusées qu’on avait attachées sous sa mandille, et se retira deux pas en arrière.

9. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Prez, et de Mademoiselle de l’Épine. »

Elle fit semblant d’avoir laissé tomber quelque chose, et en se baissant elle mit un billet dans la basque de mon justaucorps. […] La messe que j’avais fait semblant d’entendre finit ; tout le monde sortit ; et nous restâmes presque seuls dans l’église. […] Je ne fis pas semblant de m’en apercevoir ; et parce que je me doutai qu’il me ferait suivre, je fus plus de huit jours, non seulement sans aller voir ma maîtresse, mais même sans lui écrire, et je restai au logis moins que je ne faisais auparavant. […] Je ne fis pas semblant de m’en apercevoir, nous montâmes en carrosse, nous allâmes au rendez-vous, et y fîmes une débauche entière. […] Nous ne fîmes pas semblant d’y prendre intérêt.

10. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVIII. Des tristes et agréables choses que Parafaragaramus apprit au chevalier de la Manche. »

Le duc qui ne voulait plus donner à notre héros aucun sujet de se fâcher, ne fit pas semblant de prendre garde à ce que Sancho disait, et l’ayant pris par la main, il l’emmena dîner où tout le reste de la compagnie les attendait, et Sancho les suivit. […] Le chevalier consentit à tout ce qu’elle voulut, et lui dit qu’il était prêt de la conduire partout où elle avait dessein d’aller. — Non, Seigneur, répondit-elle en faisant semblant de pleurer, les sentiments que j’ai pour vous ne cadrent point avec les vœux que je vais faire ; n’entretenons point une blessure que nous devons l’un et l’autre tâcher de fermer, notre séparation en est le seul moyen.

11. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIX. De ce qui se passa chez le duc de Médoc après le départ de Dulcinée, et comment Sancho reçut sa femme que la duchesse fit venir au château. »

Je n’ai jamais couru que pour toi, et en vérité je suis entière et nette comme un beau petit denier ; viens, mon cœur, continua-t-elle en faisant semblant de s’apaiser et de pleurer, je te donnerai un habit tout neuf. — Eh non, non, j’ai été trop bien étrillé en enfer, j’aime mieux porter ma peau sur mon col en paradis comme saint Barthélémy, que d’aller en enfer bien chauffé et bien vêtu. […] — Il se trouve ici un fort bon parti, continua la duchesse sans faire semblant d’avoir pris garde à ce que la mère et la fille s’étaient dit ; mais on dit que votre fille a une amourette et qu’un certain homme ou garçon nommé… — Non, non, Madame, interrompit la mère, jour de Dieu, Nicolas a sauté par la fenêtre avant jour sitôt qu’il m’a entendu(e], et personne n’en peut parler, puisque personne ne l’a vu, et que Sanchette couche à mes côtés. — On le sait pourtant, comme vous voyez, dit la duchesse d’Albuquerque. — Oh bien, Madame, répondit la fille en colère, qu’on le sache ou qu’on ne le sache pas, je n’y ai fait aucun mal ; honni soit qui mal y pense, bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée.

12. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Frans et de Silvie. »

Elle goûta mes raisons, ou plutôt fit semblant de les goûter : elle en conféra avec mes oncles, qui résolurent de me laisser faire. […] Je fis semblant d’ignorer cette aventure, et sans paraître y prendre intérêt, je lui demandai ce que cela voulait dire. […] Je mis de l’huile sur le feu, en faisant semblant de l’éteindre. […] Il ne fit pas semblant d’abord d’avoir aucun dessein. […] Je ne fis pas semblant de la connaître.

13. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLV. Pourquoi la maîtresse d’une hôtellerie voisine du château venait souvent demander des nouvelles de Sainville et de Silvie. »

La belle veuve lui dit qu’ils ne s’étaient jamais parlé, et que tout ce qu’elle en pouvait savoir elle-même, n’était fondé que sur des conjectures de l’assiduité et de l’attachement qu’il avait eu de la suivre partout où elle allait, et de se trouver partout où ses affaires la conduisaient ; qu’en un mot ç’avait été son ombre pendant tout le dernier mois qu’elle était restée à Paris ; mais que ses chagrins et ses affaires l’éloignant de toutes sortes de compagnies, elle n’avait jamais fait semblant de s’apercevoir de ses assiduités ; qu’il était pourtant vrai qu’elle l’avait remarqué et distingué comme l’homme le mieux fait qu’elle eût jamais vu, et qu’elle n’avait pu s’empêcher de demander qui il était, et qu’ainsi n’ayant jamais vu autre que lui s’obstiner à la suivre, elle ne doutait pas que ce ne fût lui qui eût accompagné Deshayes.

14. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLI. Don Quichotte et Sancho s’arment pour aller combattre les brigands. Ces deux chevaliers font des actions de valeur inouïes. »

Quand le jour fut grand, le duc sous prétexte de visiter tout son monde, descendit dans la cour, où il fit semblant d’être surpris de voir nos deux chevaliers à pied et désarmés.

15. (1691) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 2)

On croit même que les Anglais n’obtiendront pas la paix, à moins qu’ils ne l’achètent bien cher ; parce qu’on croit que les Hollandais ne la souhaitent pas, quoiqu’ils fassent semblant de la désirer, & qu’ils s’y opposent par-dessous main, par présents secrets, & autres intrigues du cabinet. […] J’ai cru que ceci était une imposture qui n’existait que dans l’imagination des quelque[s] ennemi[s] de la Société, & n’ai pas voulu y ajouter foi sans avoir des témoins ; &, comme les jésuites n’en croiront rien non plus, ou plutôt feront semblant de ne le pas croire, pour empêcher tout le monde d’y ajouter foi. il est juste de leur donner les mêmes témoins qui m’ont assuré un fait si épouvantable. […] Les chevaux vinrent précisément à trois heures : il fit semblant de monter sur un, & donna son manteau à un homme aposté, qui partit avec les chevaux & ferma la porte, qui fit enfin tout ce qu’il aurait dû faire lui-même. […] Il savait bien que les faiseurs de livres ne s’accommoderaient pas de cette manière de disputer ; &, en effet, lorsqu’ils ont été subjugués, ils ont tous mieux aimé croire, ou faire semblant de croire, des impostures, que de s’exposer à une dispute que la force terminait, & non pas la raison.

16. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Jussy, et de Mademoiselle Fenouil. »

Elle en sortit, et revint chez son oncle sans faire semblant de prendre aucune part à ce qui me regardait. […] Elle a fait semblant d’être mécontente de sa fille de chambre.

17. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIII. Belle morale du seigneur Don Quichotte. »

En même temps il lui porta la main auprès de l’oreille, et fit semblant d’en tirer quelque chose, qu’il mit entre ses deux pouces, et faisant la même figure que les gens font quand ils écrasent de la vermine.

18. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Terny, et de Mademoiselle de Bernay. »

Elle fit de son côté les choses de fort bonne grâce, et me donna à table en présence de mes amis et de la tourière, un poignard qu’elle avait effectivement sur elle, et que je n’avais point aperçu, quoique je l’eusse approchée de fort près, et que sans faire semblant de rien je l’eusse cherché partout sur elle, où je croyais qu’elle pouvait l’avoir mis. […] Adieu, poursuivit-elle en faisant semblant de se lever, je vais montrer l’exemple à la compagnie de ne pas servir de prétexte au souper que vous donnez à votre maîtresse.

19. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « ChapitreLII. Le mari prudent »

Justin le crut, ou fit semblant de le croire, et sans se hausser ni se baisser, il n’en fit pas plus mauvais visage à sa femme, et se contenta de la prier de n’entretenir plus de commerce avec Verville, et de cesser de le voir.

20. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Contamine, et d’Angélique. »

Il faudrait, dit-elle, que je fusse folle pour donner là-dedans ; mais n’importe, il faut que je fasse semblant de le croire, puisque vous me promettez que nous ne serons plus obligées de faire tant de tours. […] Il remarqua qu’elle ne tournait point la tête de son côté ; il la regarda et la reconnut pour une de ses anciennes connaissances, à laquelle même il avait autrefois fait semblant d’en vouloir.

21. (1721) Mémoires

Mais ce prince, qui reconnut tout d’un coup l’embûche, ne fit pas semblant de la voir, et revint sur ses pas sans tourner la tête. […] Le Roi faisait semblant de ne pas approuver cette haine mutuelle, mais il est assez croyable qu’il n’en était pas fâché puisqu’il en était mieux servi, et qu’ils étaient respectivement contrôleurs l’un de l’autre. […] Le Roi le crut ou fit semblant de le croire. […] Il se remit donc ou fit semblant de se remettre, et promit au Roi que leurs adversaires n’en prendraient qu’autant qu’ils voudraient leur en laisser prendre. […] Sur ces états pis que grimoire On faisait semblant de nous croire.

22. (1690) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 1)

Il me fit mille offres de service, qui redoublèrent à la vue d’une lettre de M. de Seignelay, que je fis semblant d’ouvrir sans dessein, et dont il reconnut tout d’un coup l’écriture et la signature. […] Je fis semblant d’ignorer comment on en dressait les états. […] Ainsi, ils appréhendaient réciproquement d’être obligés d’en venir aux prises ; et, pour en éluder l’occasion, ils entretenaient entre eux une correspondance secrète, et s’avertissaient des lieux où ils allaient et de ceux qu’ils quittaient, afin de ne se point rencontrer, quoiqu’ils fissent semblant de se chercher. […] Bon, m’a-t-il dit, ne faites semblant de rien.

23. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Ronais, et de Mademoiselle Dupuis. »

Il entendit quelque bruit, et ne doutant pas que sa fille et moi ne fussions aux écoutes, comme en effet nous y étions, fort embarrassés de notre figure, il invectiva d’une manière étrange, et qui mortifia tellement votre commère, qu’elle ne put s’empêcher de pleurer ; c’est ce qui nous fit retirer, après avoir entendu le beau sermon qu’il lui faisait, sans faire semblant de parler à elle.

24. (1691) Journal du voyage des Indes orientales (à monsieur Raymond)

Journal du voyage des indes orientales A Monsieur Raymond Conseiller Secrétaire du Roy Receveur général des finances du Bourbonnois Monsieur, Après toutes les obligations que je vous ai, et desquelles je ne puis avoir d’autre reconnaissance que mes remerciements, je ne vois aucun moyen qui puisse m’acquitter envers vous. Tout ce que je puis est de vous témoigner ma juste reconnaissance et mon zèle dans mon obéissance et ma ponctualité. Vous avez souhaité de moi une relation sincère et véritable de mon voyage aux Indes, je la commence dès aujourd’hui que nous partons de Groye, et vous promets que, si Dieu me conserve et me continue la santé, je ne me coucherai point que je ne vous aie écrit tout ce qui me sera arrivé de remarquable dans la journée. N’attendez point de moi de ce style pompeux et fleuri qui rend recommandables toutes sortes de relations, car outre que me proposant d’écrire au jour la journée, ce sera un style sans correction, mon plus grand talent est celui de ne savoir dire que ce que je sais et de ne rien écrire dont je ne sois sûr moi-même. Ainsi, Monsieur, vous pourrez avec assurance croire tout ce que vous lirez dans la suite, et être bien certain que le proverbe est faux à mon égard qui dit qu’il fait bon mentir à qui vient de loin.

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