/ 23
2. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Prez, et de Mademoiselle de l’Épine. »

Nous nous obligeâmes à venir tous les soirs, et il fut arrêté que l’Épine qui était tout jeune, prendrait la place d’un absent qui serait obligé de payer sa perte, ou de lui donner autant qu’il aurait gagné. […] Voilà, poursuivit-il, tout baigné de larmes, voilà, ma chère femme, la fin de notre amour, et la perte que je regretterai éternellement. Cet endroit renouvela toutes ses douleurs, et les rendit même plus vives ; et quoique Dieu ne m’ait pas donné une âme fort sensible aux pertes d’autrui, je ne laissai pas de pleurer avec lui. […] Voyez à présent, si après la perte que j’ai faite, je ne suis pas plus à plaindre qu’à blâmer ? […] Que la défunte ne se serait point ressentie de cet honneur, mais seulement sa mère dont il avait juré la perte.

3. (1691) Journal du voyage des Indes orientales (à monsieur Raymond)

Mon justacorps est tout plein d’encre car il est tombé dessus ; la perte n’est pas grande, et dans un navire, on n’est pas sur le qui-vive pour les habits. […] J’ai tant ouï faire de louange de Monsieur de Quistilly qui en est capitaine que je suis en quelque sorte consolé de sa perte parce qu’il sera bien. […] Vous avez fait une grande perte. […] Cette perte est fort considérable, ce navire était tout neuf et ce n’était ici que son second voyage : le corps seul du navire agréé et armé valait plus de deux cent mille écus, et il portait pour plus de quinze cent mille livres de marchandises outre ses provisions. […] Cependant, jusques ici, il a soutenu sans perte les efforts des troupes du Mogol.

4. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIII. Belle morale du seigneur Don Quichotte. »

Ajoutez, Monsieur, lui dit-il, qu’un homme qui jette une femme dans le désordre, est cause de la perte du plus parfait ouvrage qui soit sorti des mains de Dieu. — Ah ! […] Celui-ci lui ôta ses maisons, ses troupeaux, ses enfants ; en un mot tout ce qu’il aimait et lui donnait de la satisfaction ; mais il avait trop d’esprit pour lui ôter sa femme ; il savait bien qu’elle seule ferait plus enrager le bonhomme Job par son babil et ses reproches, que toutes les pertes qu’il avait faites.

5. (1721) Mémoires

Ils ont prévu la perte de la France tout aussitôt qu’ils ont vu leur roi porter la main à l’encensoir. […] L’ancien écu, qui valait en France soixante sols, n’en valait que quarante-huit ailleurs, ainsi douze sols de perte. […] Colbert, dont Monseigneur se promettait la perte. […] On ne s’en étonna point, la perte était pour moi d’assez grosse conséquence pour ne la pas regarder en stoïque. […] Je le répète encore, la France ne connaît pas la perte qu’elle a faite.

6. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre LI. Le jaloux trompé »

. —  C’est vous qui causez ma perte, reprit-elle en pleurant, sortez d’auprès de moi, je vous le répète encore, si vous n’en prenez la résolution aujourd’hui, comptez que demain mon mari saura que vous êtes un homme, et mourir pour mourir j’aurai du moins la satisfaction d’avoir fait mon devoir ; c’est à quoi je me résous ; tous vos efforts ne me feront pas changer. […] Célénie qui voyait la perte qu’elle allait faire s’abandonnait à sa douleur, et son amant qui n’était pas moins affligé qu’elle la secondait de tout son cœur. […] On la chercha vainement de tous côtés pendant plus de trois mois, que son mari toujours idolâtre d’elle, furieux et jaloux, resta en vie : enfin ne pouvant plus résister au chagrin de sa perte, ni au désespoir d’être l’objet des railleries publiques, il mourut comme il avait vécu les dix-huit derniers mois de sa vie, dans les agitations d’une fièvre chaude qui l’emporta.

7. (1691) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 2)

On ne s’est aperçu qu’aujourd’hui de cette perte, parce qu’on n’a pas descendu plus tôt dans notre soute de réserve. […] Il avait affaire, très malheureusement pour lui, à un matelot qui sait mieux frapper & qui est bien plus vigoureux que celui d’hier ; & qui, outre cela, a fait une bien plus grande perte : aussi l’a-t-il accommodé en chien renfermé. […] Il fit une infinité de bonds, & enfin la perte de son sang le fit tomber sur le dos. […] Il le dit après l’audience à Monicault, qui prévoyant de quelle vertu serait le diamant, y reconduisit Rupli, avec ordre de bien l’examiner & de bien prendre garde à ne se pas méprendre, parce que la perte ou le gain de son procès en dépendait. […] On prétend qu’il était de concert avec le gouverneur de Bengale ; ce qui n’a pas peu contribué à la perte de celui-ci.

8. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Dupuis, et de Madame de Londé. »

Le carême commença ; Pâques et un jubilé qui arriva dans le même temps achevèrent de la rompre, outre que je voyais bien moi-même que ma perte était infaillible si je ne changeais de vie. […] Gallouin plaignit la malheureuse destinée d’une femme si aimable ; et eut un regret sincère d’être cause de sa perte. […] Chacun lui donna des larmes ; son innocence avérée la rendit plus chère à Des Frans, qui fit des regrets sur sa perte aussi touchants, que si elle ne fût venue que d’arriver. […] N’étais-je pas assez malheureux sans me faire connaître toute la perte que j’avais faite ? […] Il y a si peu de temps que cette fâcheuse aventure est arrivée, et cette perte sera si longtemps nouvelle dans le cœur de Madame de Londé et le mien, qu’il ne faut pas s’étonner si notre mariage en a été retardé jusqu’ici.

9. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LX. De l’aventure qui arriva au malheureux Sancho peu de temps après qu’il fut hors de chez le duc de Médoc, et de plusieurs autres choses qui ne sont pas de grande importance. »

Allez, allez, la perte n’est pas grande, je voudrais bien qu’il m’en fût arrivé autant ; ma foi, j’enterrerais la mienne en chantant plus haut que les gens d’Eglise quand ils enterrent un trésorier.

10. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVIII. De l’arrivée du duc de Médoc, et de la mort touchante de Deshayes. »

Elle fut bientôt consolée ; et en effet elle ne faisait pas une assez grande perte pour la regretter longtemps.

11. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LXI. Comment Don Quichotte et Sancho sortirent du château pour s’en retourner chez eux ; de ce qui leur arriva sur la route. Mort de Don Quichotte ; et ce qui s’ensuivit. »

Pour Don Quichotte, quelques égards que tout le monde eût pour lui dans le château, il ne pouvait sortir de la profonde mélancolie que lui causait la perte de sa princesse.

12. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVII. Du repas magnifique où se trouva Don Quichotte, et du beau et long discours qu’il y tint. »

Les gens à qui on confiait son bien sous la bonne foi, le rendaient de même, ou du moins montraient et prouvaient qu’ils avaient en même temps perdu le leur par des coups du ciel dont ils n’avaient pas été les maîtres, et qu’ils n’étaient point cause de sa perte ; à faute de quoi ils étaient punis comme des voleurs.

13. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXV. Du tour ridicule et malin que fit Parafaragaramus au chevalier Sancho, et des événements tristes qui le suivirent. »

Il fut visité le premier comme le plus malade, et le chirurgien ayant eu ordre de venir rapporter au comte et à la comtesse l’état de la santé de leurs hôtes, il vint leur dire que Sainville était, comme Valerio, sans aucun danger pour la vie, et uniquement épuisé par la perte du sang ; mais que pour Deshayes il avait plus besoin d’un confesseur que de tout autre secours, et que c’était sûrement un homme mort dans vingt-quatre heures au plus tard ; ce fut aussi le sentiment du vieillard qui avait le premier pansé Valerio chez les chevriers.

14. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVI. Pourquoi Sancho perdit ses armes enchantées, et du terrible combat qu’il eut à soutenir pour les recouvrer. »

La perte de son cheval renouvela toutes ses doléances et ses cris.

15. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Frans et de Silvie. »

Pour moi, qui étais en classe lorsque mon père mourut, je sentis vivement sa perte ; et je la sentis bien davantage lorsque je vis que mes oncles usurpaient sur ma mère et sur moi une certaine autorité dans laquelle je n’avais point été élevé, mon père m’ayant toujours inspiré des sentiments dignes de ma naissance et au-dessus de ma fortune : et ne parlant de ses frères qu’avec mépris, à cause du train de vie qu’ils avaient embrassé, ne les nommant jamais que des éponges et des juifs. […] J’aurais dû en avoir profité, je m’en suis peut-être repenti depuis ; mais j’étais destiné à me perdre, et au contraire de me rendre à ses raisons, je lui fis des reproches de vouloir m’obliger à embrasser un état de vie, où je trouverais, à ce que je disais, la perte de mon âme. […] Je croyais que c’était ma pensée, je l’aurais juré : mais je ne connaissais pas encore tout mon faible : ou plutôt je ne savais pas que mon étoile avait résolu ma perte, et que j’étais destiné à savoir et à connaître l’horreur du péril qui me menaçait, sans avoir la force de l’éviter. […] La mort de Madame de Cranves qui arriva quatre jours après, me fut trop sensible pour songer à autre chose qu’à pleurer la perte que je faisais d’une si bonne et si généreuse protectrice ; et je ne pus que me retirer dans ma chambre seule avec Madame Morin, que Madame de Cranves m’avait recommandée, et à qui elle avait ordonné de ne me point quitter que je ne fusse mariée. […] Vivez heureux dans le monde, si vous y pouvez vivre : mais songez qu’il faut que Dieu soit irrité contre vous, puisqu’il vous a choisi pour être l’instrument de la perte de mon innocence.

16. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVIII. Des tristes et agréables choses que Parafaragaramus apprit au chevalier de la Manche. »

Sitôt qu’ils parurent, Dulcinée (car c’était en effet elle-même) alla au-devant d’eux, et voulut encore se jeter aux pieds du tendre chevalier, qui l’en empêcha, et qui ne put voir la perte qu’il faisait d’une si belle personne sans répandre des larmes.

17. (1690) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 1)

Je reçus leur réponse dans les vingt-quatre heures, qui m’autorisait à faire ce que je jugerais à propos ; qu’ils me conseillaient pourtant de chercher quelque endroit pour mettre ce pain à couvert jusqu’au retour ; sinon, que je le vendisse à qui voudrait l’acheter ; qu’il revenait à la Compagnie à sept livres dix sols le quintal ; et qu’ils m’autorisaient à le livrer à cent sols, ce qui était un tiers de perte. […] J’en vas faire ôter le galon : du reste, la perte n’est pas grande ; car, outre qu’il y a près de quinze mois qu’il me sert, on n’est pas à la mer sur le quant-à-moi pour les habits, et je ne l’avais mis qu’à cause de Saint-Yago. […] Hurtain, qui est un des meilleurs humains du monde, n’a pas paru dans sa gaieté ordinaire : la perte du matelot d’hier lui tient au cœur. […] Ils sont tous très édifiés de notre dévotion, et plus encore de la véritable douleur que nous avons de la perte de notre capitaine. […] Il y a aujourd’hui neuf ans que mon père est mort ; perte toujours nouvelle pour moi : je vous demande un De Profundis pour lui.

18. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVI. De ce qui suivit le désenchantement de Dulcinée. »

Ils le prirent donc encore, et deux lui tenant la tête comme quand on lui avait arraché la moustache, les deux autres prirent chacun une bande de papier qu’ils roulèrent en flèches, et en ayant allumé un bout, ils le mirent dans leurs bouches, et l’autre dans les narines du patient, et soufflèrent chacun leur camouflet à perte d’haleine, ce qui était capable de faire crever un cheval, et qui fut aussi plus sensible à Sancho que tout ce qu’il avait encore souffert.

19. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Terny, et de Mademoiselle de Bernay. »

Je ne vous dirai point quel regret j’eus de sa perte, elle me fut trop sensible pour en renouveler la douleur. […] J’étais obsédée de tous côtés par toutes les religieuses, qui s’intéressaient à ma perte.

20. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIV. Départ de la compagnie. Comment Sancho fit taire le curé. Aventures diverses arrivées à cet infortuné chevalier. »

Cid Ruy Gomez a avoué qu’il lui avait été impossible de peindre le désespoir de Sancho lorsqu’il s’aperçut de sa perte, non plus que les transports de sa joie lorsqu’il aperçut au bord de ce ruisseau la même bourse qu’il regrettait tant.

21. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIX. De ce qui se passa chez le duc de Médoc après le départ de Dulcinée, et comment Sancho reçut sa femme que la duchesse fit venir au château. »

Sitôt qu’elle et toute sa bande furent hors de vue, on ramena le triste Don Quichotte dans l’appartement des dames, où chacune le consola le mieux qu’elle put de la perte qu’il faisait d’une princesse si belle et si vertueuse.

22. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVI. Suite de l’histoire de Silvie et de Sainville. »

J’obligeais ma mère d’aller nous promener partout où je savais qu’il allait, et d’aller jouer chez les gens où je savais que nous le trouverions ; je l’y voyais avec plaisir, et quoiqu’il ne jouât seulement qu’un fort petit jeu, je prenais part à ses pertes, et le gain qu’il faisait me réjouissait.

23. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Contamine, et d’Angélique. »

Mais pour rester dans le monde, après la perte de mon honneur et de ma réputation, y rester dans un état qui puisse faire soupçonner que je m’y gouverne mal, c’est ce que je ne ferai assurément pas.

/ 23