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2. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVII. Du repas magnifique où se trouva Don Quichotte, et du beau et long discours qu’il y tint. »

On ne se ravissait point l’un à l’autre le fruit de son travail et de son industrie ; les maisons des particuliers étaient propres, mais modestes ; on n’y voyait rien qui choquât les bonnes mœurs ; les palais étaient magnifiques, et d’une architecture achevée ; mais on n’y voyait point de ces sculptures ou de ces peintures infâmes, qui par leur nudité bannissent la pudeur et soulèvent les sens ; leur magnificence n’approchait point de celle des églises et des temples ; Dieu était le mieux logé, contre la mauvaise coutume de notre siècle, où l’on place les hommes dans de vastes enceintes qui ont épuisé la nature et l’art, pendant que Dieu n’est placé que dans un simple petit réduit. Chacun mesurait son ambition à son état, et non pas son état à son ambition ; on ne voyait pas comme on voit aujourd’hui de malheureux publicains, dont l’opulence n’a tiré sa source que de l’usure et de la mauvaise foi, dans la levée des deniers du prince, faire réformer, et rendre plus vastes et plus magnifiques pour leur usage particulier, les mêmes palais dont peu de temps auparavant les princes s’étaient contentés.

3. (1691) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 2)

On va dire, sans doute, que l’esprit m’a tourné, de mettre en parallèle la faible puissance d’une compagnie particulière avec la richesse du plus puissant prince du monde. […] En mon particulier, j’ai eu le malheur de tomber à la mer en sortant du navire à Négrades : il n’y avait aucun péril ; mais je ne laissai pas de me voir secouru par plus de trente hommes, qui s’étaient jetés à l’eau. […] Ce qu’il a de plus particulier c’est que le bec, fait comme celui d’une linotte, est d’un vermillon plus beau & plus vif que notre belle cire d’Espagne. […] Ce corps ne prend aucune part aux fautes des particuliers, qui sont peccadilles personnelles, & sujettes à désaveu. […] On m’a dit là-dessus à Goa une chose très particulière.

4. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Prez, et de Mademoiselle de l’Épine. »

Elle me demanda si je ne connaissais pas un homme qu’elle me nomma ; je lui dis qu’il était de mes plus particuliers amis, et que j’étais persuadé qu’il lui rendrait service. […] Sa fille et moi avions vécu ensemble avec tant de réserve, et l’on avait vu si peu de particulier entre nous, qu’il était impossible d’en soupçonner. […] Je ne doute pas, lui dit-il, Mademoiselle, que vous et les vôtres, ne soyez aussi sages dans le particulier, que dans le public. […] Cette chambre était à louer, et c’est celle qui nous a servi depuis à ma femme et à moi, pour nos entrevues particulières. […] Elle voulut la retirer, mais elle n’était pas en état de souffrir un transport : tout ce qu’on put faire, fut de la porter dans une petite chambre particulière.

5. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « ChapitreLII. Le mari prudent »

Dans le temps qu’elle tâchait d’étouffer dans son cœur les tendres sentiments qu’elle sentait pour lui, elle reçut une lettre de sa part, par laquelle il lui mandait, que ne voyant que des objets de douleur et de rage, il était résolu de quitter le pays et le royaume pour aller chercher une mort qui le délivrât tout d’un coup des supplices éternels où il était exposé dans le lieu de sa naissance, et la suppliait de lui donner un moment d’entretien particulier pour prendre congé d’elle ; après quoi, disait-il, il n’aurait plus de regret à sa vie. […] Il se contenta de l’écouter, et de lui dire qu’il ne s’y fiait plus après avoir été une fois trompé ; que désormais elle pouvait agir à sa manière, et qu’il ne la considérait plus assez pour prendre part par la suite à ses actions ; que tout ce qu’il lui demandait était de faire l’amour sans conséquence, et de sauver sa conduite par les apparences ; qu’en son particulier pour éviter l’éclat et le scandale, il ne prendrait point d’autre vengeance d’elle que de la mépriser comme une malheureuse.

6. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXIII. Comment on a découvert ces nouvelles aventures qu’on donne au public. »

Cid Ruy Gomez, l’ami à qui Zulema, ou Henriquez de la Torre, avait confié ce qu’il avait pu ramasser de l’histoire admirable de Don Quichotte, et qu’il avait prié de la continuer, était un de ces hommes particuliers, qui ne sont bons que pour eux- mêmes, ou tout au plus pour quelques-uns de leurs amis, et qui ne comptent pour rien le reste du monde, surtout le public, qu’ils regardent, sinon avec mépris, du moins avec beaucoup d’indifférence.

7. (1691) Journal du voyage des Indes orientales (à monsieur Raymond)

Je vous abandonne cette relation, à vous, Monsieur, et à vos particuliers amis, mais je vous supplie très humblement qu’elle ne passe pas outre, et ne devienne point publique. […] C’est peut-être l’amitié particulière que j’ai pour lui qui me donne cette crainte ; ainsi soit-il ! […] Grâce à Dieu nos seuls bestiaux ont payé de leur vie, et c’est un miracle tout particulier, de ce que dans un feu aussi rude que celui que nous avons essuyé nous n’ayons eu personne de tué. […] Elle sait son monde, et deux conversations particulières que j’ai eues avec elle m’ont fait connaître qu’elle a infiniment d’esprit. […] Pitrachard est le nom particulier de l’usurpateur.

8. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Contamine, et d’Angélique. »

Cette demoiselle le remercia fort honnêtement en présence d’Angélique, et ajouta qu’elle lui en avait une obligation toute particulière. […] Le trouble de mon cœur est inconcevable, sortez du malheureux état où vous êtes, retirez-vous dans votre particulier, éloignez-vous d’un quartier où vous êtes trop connue, recevez mes présents pour me faire honneur, et ne vous engagez à rien avec moi. […] Lorsqu’il la trouvait en compagnie avec les gens du logis, il y restait sans aucun entretien particulier, et c’était ce qui empêchait qu’on en dît du mal. […] Ce fut avec ces deux filles qu’Angélique avait sa plus particulière connaissance ; elles ne se quittaient point.

9. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIV. Ce qui se passa dans le château après cette expédition. »

Le duc de Médoc, qui avait un très grand fond de probité et d’honneur, écouta tout ce qu’on lui dit avec une patience admirable, et sans répondre un seul mot ; mais après qu’on eut achevé de lui dire tout ce qui se pouvait dire sur cette matière, il prit la parole, et après avoir remercié toute la compagnie en général du soin que chacun en particulier avait témoigné pour sa personne, il ajouta que s’agissant de rendre service au comte de Valerio, et de sauver l’honneur d’une des meilleures maisons d’Espagne, il n’aurait pas eu l’esprit en repos si lui-même n’y avait été ; que de plus, chacun se faisait dans le monde un point d’honneur et de probité selon son humeur ; qu’il avouait que la recherche qu’on faisait de gens qu’on destinait au gibet, offrait à l’esprit quelque chose de bas et de rebutant, qu’ainsi il ne blâmait point les Français de ne s’y pas commettre, parce qu’ils croyaient que cela était indigne d’un grand cœur ; mais que pour lui il était d’un autre sentiment et qu’il ne croyait pas qu’il fût plus indigne d’un prince de faire la guerre à des voleurs et à des bandits qui désolaient toute une province et ses propres compatriotes, que de la faire à des étrangers ; qu’il croyait même que c’était plus utilement servir sa conscience et le public dans une guerre de cette nature, que dans une guerre réglée, parce que les ennemis qu’on combat dans celle-ci, ne sont pas des ennemis particuliers ni domestiques, puisqu’on peut s’en défaire par un traité de paix ; mais que les autres sont des ennemis d’autant plus cruels, qu’ils ne sont retenus par aucune digue ; de plus que la guerre avait ses lois inconnues aux scélérats, et que les ennemis qu’on combattait dans une guerre de prince à prince, étaient presque toujours des ennemis contraints par la volonté et par l’ambition de leur souverain, avec qui la vie était sauve, ou du moins ne courait pas tant de risque, qu’avec les autres, qui non seulement n’épargnaient personne, mais de qui même leurs propres amis et les gens de leur connaissance avaient plus à craindre que des étrangers ; qu’enfin dans une guerre ouverte on était en état d’attaquer et de se défendre, et que l’on n’était jamais surpris qu’on ne dût s’attendre à l’être ; mais que les voleurs de grands chemins étaient des gens qui mettaient leur sûreté dans les surprises qu’ils faisaient aux gens qui ne se défiaient nullement d’eux ; et qu’en un mot c’était des ennemis d’autant plus dangereux qu’ils empêchaient le commerce et la sûreté, et qu’il n’y avait avec eux ni paix ni trêve à espérer que par leur mort ; enfin des gens universellement regardés avec exécration ; ce qui était si vrai, qu’en France même, où les gens de distinction tenaient cette chasse si indigne d’eux, les bandits et les voleurs de grand chemin étaient punis du plus long et du plus rude des supplices, et privés même de la sépulture.

10. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVII. Des offres obligeantes que fit le duc d’Albuquerque aux dames françaises ; de la reconnaissance de Valerio et de Sainville, et de la conversation particulière que Don Quichotte eut avec Sancho. »

Des offres obligeantes que fit le duc d’Albuquerque aux dames françaises ; de la reconnaissance de Valerio et de Sainville, et de la conversation particulière que Don Quichotte eut avec Sancho.

11. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LXI. Comment Don Quichotte et Sancho sortirent du château pour s’en retourner chez eux ; de ce qui leur arriva sur la route. Mort de Don Quichotte ; et ce qui s’ensuivit. »

Le héros de la Manche et son écuyer après avoir pris congé des dames, et avoir remercié la duchesse, prirent le chemin du Toboso, et couchèrent le premier jour dans une hôtellerie que Don Quichotte prit alors pour ce qu’elle était, et il ne leur arriva rien de particulier ; mais le lendemain s’étant remis en marche, et se trouvant sur le midi fatigués de la chaleur et du chemin qu’ils avaient fait, ils gagnèrent un bois fort épais qui pouvait être à trois cents pas du grand chemin.

12. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Dupuis, et de Madame de Londé. »

Je n’ai pourtant pas profité de la tendresse particulière que mon père avait pour moi. […] Je ne m’opposerai point à son bonheur, continuai-je, mais tout au moins je compte que vous ne trouverez pas mauvais que j’aie un moment de conversation particulière avec elle. […] J’étais un Caton en public, et dans le particulier je tâchais de badiner. […] J’ai pour elle une estime toute particulière ; trouvez bon que je vous cache ce qu’elle est devenue. […] Vous avez bien peur, Madame, lui dis-je, que je profite d’un moment d’entretien particulier avec vous.

13. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre LI. Le jaloux trompé »

Il eut d’elle tous les soins imaginables, et devant le monde et sa famille il la traitait comme il l’avait toujours traitée, mais dans le particulier il était toujours enseveli dans son humeur sombre ; ce qui fit que bien loin de recouvrer sa santé, elle courut risque de la vie. […] Celui-ci fut assez fourbe pour prendre contre sa femme le parti de son beau-père ; et cette pauvre créature qui avait ses ordres précis de jouer ce personnage, fut obligée de soutenir ses premières duretés par d’autres plus fortes, jusques à dire à son mari, qu’elle le suppliait de n’avoir plus aucun entretien particulier avec son père, et ajouta en parlant à lui-même, qu’il n’était capable que de mettre le divorce et la discorde dans leur ménage.

14. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLV. Pourquoi la maîtresse d’une hôtellerie voisine du château venait souvent demander des nouvelles de Sainville et de Silvie. »

Comme Silvie et elle ne se quittaient point, Sainville et le comte du Chirou qui étaient toujours avec elles, et qui avaient l’un pour l’autre une estime toute particulière, devinrent bientôt parfaitement bons amis.

15. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Jussy, et de Mademoiselle Fenouil. »

Elle a été obligée, pour n’être plus importunée de ce côté-là, de déclarer tout haut, qu’elle ne se marierait jamais, et vivrait à son particulier. […] Pour toute réponse elle lui montra son extrait baptistaire, et lui dit, qu’ayant plus de vingt-cinq ans, et pouvant disposer d’elle à son choix, elle s’était retirée à son particulier, et qu’elle venait le prier, lui, sa femme, et ses enfants, d’honorer son ménage de leur présence en venant le soir même souper chez elle.

16. (1713) Les illustres Françaises « Les Illustres Françaises. Histoires Véritables. »

Vous le saurez, reprit Dupuis, lorsque je vous raconterai ce qui m’est arrivé en mon particulier : cependant ne vous chagrinez point de cette lettre : elle est toute chrétienne, et d’une véritable religieuse qui ne songe qu’à son salut, et à celui de son prochain : je vous en ferai voir une copie que Gallouin m’a permis de faire.

17. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Ronais, et de Mademoiselle Dupuis. »

On veut m’obliger de quitter un bien dont je ne puis me passer, et de le donner à un homme qui peut-être ne m’en aura jamais d’obligation : car enfin ma fille n’est pas faite tout exprès pour trouver un mari d’autre matière que les autres, et qui suive une règle particulière. […] Croyez-vous que par une règle particulière je me gouverne bien, vous qui ne croyez pas qu’il y ait une fille qui soit sage ? […] Je vous aurai en mon particulier, reprit-elle, celle d’avoir achevé de me déterminer à me jeter dans un convent avant la fin de la semaine.

18. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVII. Suites agréables de la victoire remportée par le chevalier Sancho, et du projet que forma Don Quichotte pour le faire repentir de son indiscrétion. »

Il le fit en rejetant tout sur l’enchanteur et la force des enchantements, et se servit de termes si particuliers, et faisait des postures si plaisantes, que jamais ses auditeurs n’avaient ri de meilleur courage.

19. (1690) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 1)

Ce qu’on va lire n’est qu’une simple idée du discours qui fut fait, qui me parut si beau, si juste, et si je puis le dire si pathétique que je crus ne pas perdre mon temps d’écrire le soir en mon particulier l’idée de ce discours que j’avais entendu prononcer l’après-midi. […] Je ne parlerai pas même de l’opinion du pape Jean XXII, parce qu’il s’en rétracta comme pape, disant qu’il ne l’avait proposée que comme docteur particulier. […] Qu’il avait été plusieurs fois pris et blessé par les ennemis de l’État, son bon cœur et sa sagesse l’ayant toujours empêché d’en faire de particuliers ni de personnels. […] J’en ai encore eu une autre particulière, lui ai-je dit : c’est qu’on nous avait avertis, et il est vrai que nous avons à bord des gens qui changent avec plaisir les ustensiles les plus nécessaires d’un vaisseau contre de la mousseline. […] Je veux pieusement croire qu’il y en va quelques-uns par ce seul motif ; mais l’expérience m’a prouvé que cette vue de quelques particuliers ne forme pas l’esprit de la société en général.

20. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Frans et de Silvie. »

À peine fus-je éveillé, que Querville qui m’avait vendu ses chevaux, entra dans ma chambre, et me pria de lui donner un moment de particulier. […] Il peut vivre avec elle comme bon lui semblera sans que je m’y oppose : au contraire je consens de la traiter comme ma bru dans le particulier, mais non pas devant le monde, par la raison que je vous ai dite, qui est le peu d’estime que l’on ferait d’elle. […] Qu’elle loge en son particulier, et que lui loge toujours chez moi, pour empêcher le monde de parler. […] Elle ne veut pas que notre mariage éclate, j’en approuve les raisons : elle me croit en son particulier innocente, cela me suffit ; je n’avais intérêt que de me rétablir auprès d’elle, à cause de toi ; la vérité lui est connue, je n’en veux pas plus : ce que les autres en pensent m’est indifférent. […] Comme grâce à Dieu je suis bon Parisien, incapable de jalousie, je n’en eus aucune : au contraire, j’étais fort aise qu’elle se divertît, et pour cela je l’engageais à voir compagnie, bien loin de m’y opposer, et dans notre particulier elle plaisantait avec moi des services qu’on lui offrait.

21. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Terny, et de Mademoiselle de Bernay. »

Nous allâmes en Flandres, je ne vous dirai point ce qui s’y passa, ce n’est point une relation que vous attendez de moi, c’est mon histoire particulière et celle de ma femme. […] On avait découvert qui était la religieuse qui facilitait notre commerce, on l’avait mise dans une chambre particulière.

22. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVI. Suite de l’histoire de Silvie et de Sainville. »

Nous avions quitté le jeu en même temps que les autres, et en sortant je demandai à Silvie un moment d’entretien particulier, afin de prendre ensemble des mesures justes pour faire en sorte que sa mère consentît à me rendre heureux ; et pour cela je la priai de me permettre de venir chez elle avant l’heure du jeu, et de se trouver seule dans son cabinet, où je me rendrais ; elle me le promit, avec une petite rougeur qui acheva de me charmer.

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