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2. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Ronais, et de Mademoiselle Dupuis. »

Qu’elle devenait d’un âge, pour lequel il fallait avoir de la condescendance : qu’il était temps de la marier. […] Il nous dit seulement que nous ne devions point songer à nous marier ; que c’était de la peine et du temps perdu. […] Il m’avait accepté et s’en était repenti dans l’instant même ; car il ne voulait absolument pas marier sa fille. […] Je partis pour mon voyage, au retour duquel nous devions être mariés. […] L’homme qui l’a écrite, et la demoiselle pour qui elle était, sont mariés ensemble, et sont tous deux à Paris.

3. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Dupuis, et de Madame de Londé. »

Cela vint au sujet de la sœur aînée qui se mariait. […] Je lui fis comprendre que sa sœur allant se marier, il fallait que nous différassions ; afin qu’on ne crût point que ce fût la nécessité qui l’obligeât à se marier en même temps qu’elle. […] Si elle avait été mariée, elle en aurait eu pour plus de six semaines. […] Je lui dis que non, et qu’il savait bien lui-même que je n’étais pas en état de me marier. […] Est-ce pour vivre en religieuse que Madame s’est mariée ?

4. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIX. De ce qui se passa chez le duc de Médoc après le départ de Dulcinée, et comment Sancho reçut sa femme que la duchesse fit venir au château. »

Balerme et Durandar qui ont été mariés ce matin, n’ont pas pu te dire adieu, parce que je les ai tout d’un coup transportés chez eux avec Montésinos comme je t’ai transporté ici. […] Quand tu seras marié avec moi, tu seras bourgeois jusqu’aux oreilles, et marguillier prédestiné ; c’est une savonnette à vilain, il ne te manque que cela pour être honnête homme. — Pardi oui, répondit Sancho, je tomberais bien de fièvre en chaud mal ! […] On peut faire une fois la folie de se marier, mais c’est sottise de la faire une seconde ; et puis encore avec qui ? […] Tenez, Monsieur le curé, prenez-le et ne le lui donnez que quand il en sera temps ; je ne vous en demanderai que pour boire de temps en temps chopinette avec mes amis, car pour chez moi j’aurai du vin en cave ; taillez, rognez, tout ce que vous ferez sera bien fait ; pourvu que Sanchette soit mariée et que je ne manque de rien, je ne me soucie pas du reste. […] Cependant j’ai à vous dire qu’il veut marier sa fille. — Ah, ma mère !

5. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Terny, et de Mademoiselle de Bernay. »

Si tu n’es pas changée aux yeux des autres, reprit-il, tu l’es aux miens ; surtout depuis environ deux mois que nous sommes mariés. […] Pendant le chemin de là à Paris, je tins à peu près le même style qu’au parloir, mais plus effrontément, parce que n’étant plus écouté que par un homme et une femme mariée, je ne craignais plus de blesser les oreilles chastes. […] Ma sœur, Madame d’Ornex, est mariée malgré elle, non pas qu’elle ne voulût point se marier ; mais elle ne voulait pas épouser d’Ornex, et mon père la fit choisir tout d’un coup entre lui et le couvent, pour le reste de ses jours. […] Une nouvelle persécution a commencé avec sa santé ; c’est celle de me marier à son choix. […] Sa sœur qui n’attendait que ses vœux pour être mariée, et Bernay qui aurait déjà voulu que c’en eût été fait, lui avaient fait mille caresses.

6. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Jussy, et de Mademoiselle Fenouil. »

Elle devint grosse, cela nous déconcerta ; et bien plus encore, lorsqu’avec sa grossesse qui commençait à paraître, son oncle voulut la marier. […] Elle a été obligée, pour n’être plus importunée de ce côté-là, de déclarer tout haut, qu’elle ne se marierait jamais, et vivrait à son particulier. […] L’allégresse fut entière, le notaire, Du Val et moi, pendant que les mariés étaient dans l’église avec le curé, passâmes le temps à nous promener. […] Nous rentrâmes à Paris sur les quatre heures du matin, chacun prit le chemin de chez soi, excepté moi qui couchai chez les mariés, qui comme moi, étaient encore au lit à midi. […] Ils avaient d’autant plus beau champ, que ses laquais avaient dit à ceux du logis, qu’elle avait été mariée la nuit.

7. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVIII. Des tristes et agréables choses que Parafaragaramus apprit au chevalier de la Manche. »

Après quoi on lui montra le résultat du destin en cas qu’il n’y voulût pas consentir, et qui était conçu en ces termes : Et si le chevalier des Lions n’y consent pas, elle ne sera pourtant jamais à lui, parce qu’elle tombera morte à ses pieds devant le prêtre qui voudra les marier ; ainsi la vie et la mort de cette princesse seront entre ses mains. […] — Voilà parler en honnête homme, lui répliqua Parafaragaramus ; eh bien, remets tout entre les mains du curé de ton village, sans en parler à ta femme ; il est homme d’honneur, et aura soin de marier ta fille, et de t’empêcher de jamais tomber en nécessité. — Pardi, reprit Sancho tout réjoui en se frappant de la main droite dans la gauche, tenez, nous aurions fait un pape, car nous sommes tous deux de même avis. […] Rien ne s’oppose à votre mariage, leur dit-il, et vous serez mariés quand vous voudrez. […] Adieu, je m’en vas marier Sanchette, et trouver un gendre avec qui je ferai gaudeamus.

8. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Frans et de Silvie. »

Vous avez été marié, s’écria Madame de Mongey ? […] Cette dame avait envie de m’établir et de me marier. […] Il était garçon, et vous marié ; il pouvait prétendre à moi sans m’offenser, et non pas vous. […] Nous y fûmes mariés et nous rentrâmes au logis sur les deux heures. […] Ils sont mariés, n’est-il pas vrai, Monsieur, poursuivit-elle ?

9. (1713) Les illustres Françaises « Les Illustres Françaises. Histoires Véritables. »

Et à présent que je sais que vous n’avez point de retraite fixe, vous me feriez injure, si vous preniez un logement ailleurs que chez moi, où j’espère que vous serez logé avec assez de commodité, parce que comme j’ai cru me marier il n’y a pas longtemps, j’ai meublé une maison très vaste, et je suis seul qui l’occupe. […] Vous m’avez dit que vous avez été sur le point de vous marier, et que cela n’a point réussi. […] C’est, répondit Des Ronais, la sœur de défunt Gallouin, et la maîtresse de Monsieur Dupuis, qui la doit épouser, et avec qui il devrait être déjà marié.

10. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Contamine, et d’Angélique. »

Je sais qu’elle a résolu de me marier, je parerai le coup, et je ne serai jamais qu’à ma chère Angélique ; c’est sur quoi elle peut compter. […] Non, répondit votre commère, je n’ai fait de vous aucun jugement téméraire : tout ce que j’en pense, c’est que vous êtes avantageusement mariée, sans que personne en sache rien. […] Mademoiselle de Vougy ajouta que cette princesse avait été surprise de l’état où Angélique lui avait paru, qu’elle l’avait cru mariée ; mais qu’elle ne lui avait pas semblé excusable étant fille. […] Il y avait longtemps qu’elle aurait voulu voir son fils marié, et la personne dont il s’agissait étant demoiselle de bonne maison, elle avait résolu de passer sur le bien. […] Ils furent enfin mariés, il y eut deux ans à Pâques.

11. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LX. De l’aventure qui arriva au malheureux Sancho peu de temps après qu’il fut hors de chez le duc de Médoc, et de plusieurs autres choses qui ne sont pas de grande importance. »

Elle dit à Thérèse qu’elle voulait marier sa fille avec le fils de son défunt fermier. — Est-il riche, Madame ? […] Ecoute, Sanchette, lui dit sa mère en présence de toute la compagnie, Madame la duchesse veut te marier avec ce jeune homme-là ; si c’était moi, j’aurais bientôt dit oui, mais c’est pour toi, fais comme tu voudras, au moins si dans la suite il te frotte un peu l’échine, ne me viens pas étourdir les oreilles, car je ne te force pas ; si tu dis oui, à la bonne heure ; si tu dis non, tant pis pour toi, il a la mine de ne pas manquer de femmes.

12. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « ChapitreLII. Le mari prudent »

Pénétré du regret de la mort d’une épouse qu’il avait parfaitement aimée, il ne voulut plus se marier et borna son plaisir à élever l’enfant qu’il avait eu d’elle. […] La première chambre est occupée par un homme de qualité, qui s’est marié en secret, et qui ne vient ici que deux ou trois fois la semaine ; et la femme, qui n’est qu’une simple demoiselle, n’y vient jamais qu’il n’y soit, et ils sont environ une heure ou deux ensemble. […] Il avait d’autant plus de sujet de ne se point démentir, qu’il savait que la chambre qu’ils avaient louée dans la même maison où il en avait loué une autre, était toujours payée par les gens prétendus secrètement mariés ; ce qui avait été cause qu’il avait aussi toujours retenu la sienne.

13. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre L. Dissertation sur la différente manière d’aimer des Espagnols et des Français. »

Les Français convinrent encore de cela ; mais ils ajoutèrent que ce n’était pas par un motif d’indifférence, que les amants et les hommes mariés abandonnaient en France leurs maîtresses et leurs épouses à la garde de leur seule bonne foi, puisque toutes leurs actions les touchaient autant qu’elles pouvaient toucher les Espagnols ; mais que cela provenait encore du fond inépuisable d’estime qu’ils avaient pour elles, et de leur confiance en leur vertu, qui les empêchait de croire qu’elles pussent faire aucune démarche contre la fidélité qu’elles leur avaient jurée, ni même avoir la moindre pensée dont ils pussent tirer aucun sujet légitime de se plaindre. […] Et qu’il y avait très assurément des femmes en Espagne, aussi bien qu’en France, qui seraient toute leur vie restées sages et fidèles, si leurs maris ne leur avaient pas eux-mêmes inspiré l’envie de justifier leurs ombrages et leurs jalousies, et que très assurément le meilleur parti qu’un homme marié pouvait prendre, était de ne témoigner à sa femme aucun soupçon ; et pour soutenir leur paradoxe, ils citèrent les vers de l’Arioste que je ne rapporterai pas, mais bien la traduction ou la paraphrase faite par Monsieur de La Fontaine.

14. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIII. Belle morale du seigneur Don Quichotte. »

. — Eh oui, oui, lui dit Sancho, t’y voilà laisse-t’y choir ; une fille qui a envie d’être mariée ne se déguise pas ? […] Le chevalier Sancho a raison, dirent en même temps les ducs et le comte, toutes les femmes ne sont bonnes qu’à faire désespérer leurs maris. — C’est ce que je disais l’autre jour, reprit Sancho, ravi que les gens mariés fussent de son parti. — Mais, Chevalier Sancho, lui dit Eugénie, il faut prendre en patience les contradictions de votre femme, et croire que c’est Dieu qui vous l’a donnée telle qu’elle est pour vous faire faire pénitence. — Non, non, Madame, lui dit-il, ce n’est pas le bon Dieu, c’est le Démon qui me la laisse. — Voilà de terribles paroles que vous lâchez, lui dit le curé. — Oh !

15. (1691) Journal du voyage des Indes orientales (à monsieur Raymond)

Notre premier pilote qui est déjà venu ici m’a dit qu’il avait vu un de leurs mariages, où, dit-il, ils ne font d’autres cérémonies que de conduire le marié et la mariée qui ne se sont jamais vus à un lit élevé de trois pieds de terre et couvert de cannes de sucre fort propre à ce qu’on dit où ils se voient pour la première fois, et où on les couche l’un auprès de l’autre et d’où ils se relèvent sans se toucher, et se frottent le visage l’un à l’autre de quelque couleur pour se reconnaître, et c’est le marié qui se lève le premier et relève sa mariée, peut-être, dit notre pilote, pour lui faire connaître qu’une femme ne doit point s’élever aussi haut que son mari si lui-même ne la relève de son abaissement. […] Il y a des Français qui y sont mariés avec des filles portugaises qui ne sont pas tout à fait noires, mais qui sont ce que nous appelons à Paris mulâtres et qu’on nomme ici métis. […] Le marié prend la mariée sous le bras comme pour la soutenir, l’emmène chez lui et y régale les parents et amis pendant trois jours. […] Faut avoir bien envie de se marier pour l’être ici. […] C’est que les Gentils, d’abord qu’ils sont mariés avant que de toucher à leurs femmes les obligent d’aller sacrifier leur virginité aux idoles des pagodes.

16. (1721) Mémoires

Il y avait un compagnon menuisier parisien, marié depuis quelques [sic] cinq à six mois à une fille de Paris d’environ 18 à 19 ans, et lui âgé de 26 à 27. […] Monsieur et Madame d’Orléans ont eu soin de la veuve de Cordier, et l’ont mariée très avantageusement. […] Elle avait un frère, nommé Faitout, connu de tout Paris, qui après avoir été chasse-chien était devenu bedeau dans la paroisse de S[aint] -Gervais ; ainsi il était grand-oncle de la mariée. […] Qu’ils puissent sortir de leur couvent et se marier dans le monde, ou y vivre dans le célibat à leur choix et quand ils voudront ; leur ferveur en sera d’autant plus grande qu’elle sera toujours volontaire, et qu’ils ne regarderont pas leur couvent comme leur prison. […] Une maison bâtie, une perte sur mer, une banqueroute, un fils établi, une fille mariée, en un mot aucun prétexte ne fut oublié pour prouver qu’ils n’avaient point d’argent, et tous donnaient états sur états.

17. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVI. Suite de l’histoire de Silvie et de Sainville. »

Elle me fit comprendre que ce serait encore redoubler la vanité de Sainville, et lui faire croire que ce serait le seul dépit qui me ferait prendre ce parti, qu’outre cela étant fille unique, ma mère ne consentirait pas à me voir religieuse ; qu’il fallait oublier Sainville et le mépriser encore plus qu’il ne me méprisait ; que ne pouvant rien prouver contre moi, puisque je ne lui avais jamais écrit que cette seule lettre, qui était brûlée, tout ce qu’il pourrait dire de notre intelligence passerait pour des impostures ; que le seul parti qu’il y avait à prendre était de me marier promptement, qu’elle avait un parti en main qui me convenait mieux que lui, puisqu’il était plus riche et mieux établi, que cet homme savait que j’avais quelques égards pour Sainville, mais qu’il les avait toujours regardés comme des amusements d’enfant, que la vertu et le devoir dissiperaient en un moment, qu’elle ne lui avait rien dit, et ne lui dirait jamais rien de la lettre que j’avais écrite à Sainville, et qu’elle m’avait rendue, ni de ces engagements où j’étais entrée ; que je pouvais compter sur un secret inviolable de sa part, et que de la sienne elle était certaine que Deshayes s’expliquerait dès qu’il saurait que j’aurais rompu avec Sainville. […] A peine ai-je été mariée que les manières de Deshayes, si opposées à la politesse de Sainville, ont commencé à me dégoûter de lui.

18. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLV. Pourquoi la maîtresse d’une hôtellerie voisine du château venait souvent demander des nouvelles de Sainville et de Silvie. »

Il lui avait dit sa qualité et son nom, et par hasard il se trouva que cette femme avait été élevée dans la maison de son père, où elle avait servi, et où elle demeurait encore lorsqu’elle s’était mariée en premières noces à un Flamand qui l’avait emmenée à Valenciennes, où en secondes noces elle avait épousé l’Espagnol avec qui elle était venue en Castille, et où elle tenait hôtellerie.

19. (1691) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 2)

Il y a plusieurs Français mariés à des filles portugaises, qui ne sont pas noires, mais métisses ou mulâtres, & dont les enfants sont blonds & d’une peau aussi blanche que les Européens les plus délicats. […] Pour leurs mariages, les pères & mères conduisent chacun de leur côté les prétendus mariés, qui ne se sont jamais vus ; les filles restant toujours renfermées dans le derrière des maisons, ou dans des endroits d’où elles ne peuvent voir ni être vues de qui que ce soit de dehors. […] Il y a plus, c’est que d’abord que les gentils ou esclaves sont mariés, avant que de toucher à leurs épousées, ils les obligent d’aller sacrifier leur pucelage à ces idoles : ainsi, aucun n’a celui de sa femme. […] Cela se pratique encore aujourd’hui, n’y ayant que le roi, sa maison, ses officiers & les autres gens de distinction auxquels il soit permis de se marier, & de renfermer leurs femmes & de faire boucler leurs filles, comme on boucle une cavale. […] On l’appelle ici Madame tout court, ou on y joint la générale ; & la fille est très avantageusement mariée & est très heureuse.

20. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIX. Repas magique. Apparition d’un nouvel enchanteur. Défi fait à Don Quichotte, et ce qui s’ensuivit. »

Est-ce que les enchanteurs sont mariés ?

21. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre LI. Le jaloux trompé »

Elle parut dans le monde plus belle que jamais, et se livra toute à son Italienne, avec qui elle fut mariée au retour de la campagne dernière.

22. (1690) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 1)

Avertissement L’ouvrage dont on fait part au public dans ces trois volume a été trouvé en manuscrit dans le cabinet de son auteur, après sa mort ; et, comme il est tout rempli de vérités extrêmement intéressantes pour certaines gens au ressentiment desquels on ne s’expose pas d’ordinaire impunément, il y a tout lieu de croire qu’il n’aurait jamais vu le jour si un des intimes amis de l’auteur ne s’en était adroitement emparé à l’insu de sa famille, et n’avait pris soin d’en procurer l’impression. On y verra un journal fort exact et très circonstancié d’un voyage fait aux Indes orientales, pour le compte et par ordre de la Compagnie des Indes orientales de France, et sous la conduite de M. du Quesne, chef d’une escadre de six vaisseaux, depuis le 24 février 1690 jusqu’au 20 août 1691. L’auteur ne se renferme pas tellement dans le simple détail de ce qui regarde son escadre en général, et son vaisseau en particulier, qu’il ne s’égaie de temps en temps sur divers sujets, tantôt de théologie, tantôt de philosophie, tantôt d’histoire, et même assez souvent de galanterie et de chronique médisante. Il aurait sans doute été plus à propos de faire main basse sur quelques-uns de ces derniers endroits que de les publier, parce que la pudeur n’y est pas toujours assez ménagée : mais, on n’en a point été le maître ; et la personne de qui l’on tenait le manuscrit n’a jamais voulu consentir qu’on en retranchât aucune des choses auxquelles l’auteur avait trouvé à propos d’y donner place. Il les a toujours traitées d’une manière également agréable et intéressante ; et, chemin faisant, il débite sur tous ces sujets ses propres opinions, qui sont quelquefois assez singulières, et assez dignes de la curiosité des lecteurs.

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