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2. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIV. Départ de la compagnie. Comment Sancho fit taire le curé. Aventures diverses arrivées à cet infortuné chevalier. »

Tout bien compté et bien rabattu, je jeûne plus que ceux qui prêchent le jeûne aux autres. […] Sur ce fondement ils avaient résolu de finir leurs enchantements, afin de faire évanouir les visions que le pauvre gentilhomme avait là-dessus, en ôtant la cause qui les produisait, et en tirant de lui tout le plaisir qu’ils en pourraient tirer, sans le jeter dans aucun danger, ni dans aucune raillerie visible, mais seulement en le traitant suivant ses idées chimériques, après quoi ils comptaient de lui remettre l’esprit peu à peu, en lui procurant la santé par tous les meilleurs aliments qu’on pourrait lui fournir, et de le renvoyer mourir chez lui en repos. […] Ceci fut encore une nouvelle matière de sermon, que le triste et fustigé Sancho écoutait avec plus de docilité qu’il n’avait fait de sa vie ; mais enfin son maître ayant cessé de parler, parce qu’il n’en pouvait plus de la gorge, Sancho reprit la parole et avoua qu’il avait tort d’avoir tenté Altisidore, qu’il savait bien qu’il suffisait pour perdre une fille de lui dire une fois qu’on l’aime, parce qu’après cela le diable le lui répète sans cesse ; et ma foi, Monsieur, poursuivit-il, toutes les filles et les femmes en sont là logées ; elles font toutes là-dessus les saintes mitouches ; mais les brebis du bon Dieu ont beau être gardées et comptées, le diable trouve toujours le secret d’en tondre quelqu’une s’il ne l’emporte pas tout à fait ; en un mot une étincelle fait un grand brasier, et fille qui jase avec un amant enfile la mère Gaudichon, comme un aveugle son oraison ; mais le jeu n’en vaut pas la chandelle, et s’il ne faut qu’un petit caillou pour faire verser une charrette, un fromage n’est pas longtemps entier quand on le laisse guigner au chat, et de nuit tous chats sont gris. — Tu seras toujours farci de proverbes, lui dit son maître. — Oh bien, reprit Sancho, je consens d’aller rôtir des châtaignes en enfer si j’ai jamais rien de commun avec aucune fille ni femme que la mienne, et je recevrai Altisidore en fille de bonne maison, si elle me vient davantage rompre la tête.

3. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre LI. Le jaloux trompé »

Votre mari vient tous les jours au logis, il nous montre toujours un visage égal, et nous à lui, cependant il y a là-dessous quelque chose de caché, vous avez le choix de me le déclarer ou non ; si c’est la crainte de découvrir un mystère que vous vouliez tenir secret qui vous empêche de me le déclarer, je vous jure là-dessus un perpétuel silence ; mais si vous ne me le dites pas et que je le devine, outre que j’en ferai part à d’autres, vous pouvez compter qu’assurément je ne vous regarderai de ma vie. […] Venez, continua-t-il en la reconduisant dans la chambre de Célénie, voilà Julia que je ramène, Madame, lui dit-il, nous sommes étonnés de votre empressement à la faire sortir ; vous la haïssez, et c’est assez pour qu’elle reste malgré vous, puisque je le veux ; et si par vos airs rebutants vous l’obligez à se retirer, comme elle en a dessein, comptez qu’une chambre bien fermée me vengera de vous comme d’une bête féroce. […] Vous jouez à vous perdre, Madame, lui dit l’amoureux cavalier ; au nom de Dieu ayez pitié de vous-même. —  C’est vous qui causez ma perte, reprit-elle en pleurant, sortez d’auprès de moi, je vous le répète encore, si vous n’en prenez la résolution aujourd’hui, comptez que demain mon mari saura que vous êtes un homme, et mourir pour mourir j’aurai du moins la satisfaction d’avoir fait mon devoir ; c’est à quoi je me résous ; tous vos efforts ne me feront pas changer. […] Il y avait déjà deux jours écoulés des quatre, que Célénie lui avait accordés ; et comme ils ne comptaient pas de se revoir de très longtemps, ils se disaient tout ce que des gens qui s’aiment peuvent se dire de plus tendre et de plus passionné.

4. (1691) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 2)

Il y a des banians, ou marchands, tellement riches qu’ils ne renferment ni leur or, ni leur argent : ils le tiennent en monceau & en tas, comme nous le blé ; ne le comptent point, & se contentent de le peser. […] Il ne faut point compter ici sur des bœufs ; on n’en donne aucun : les autres navires n’ont eu que des vaches, non plus que nous. […] Il s’y cacha à tout le monde, excepté à un seul ami. sur la discrétion & le secret duquel il avait toujours compté, & qui en effet ne l a point trahi. […] Il me dit qu’il comptait de partir de Pondichéry avec le gendre de M.  […] Comptez, messieurs, a-t-il dit, combien il y a ici de ballots ; je suis sur qu’il y en est entré six cent treize, & pas plus.

5. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVIII. Des tristes et agréables choses que Parafaragaramus apprit au chevalier de la Manche. »

Il alla promptement l’ouvrir, et trouvant ses deux bourses dedans, et tout son argent, qu’il compta pièce à pièce, l’esprit acheva de lui en tourner de joie qu’il en eut. […] Sancho lui-même, qui se comptait un gros seigneur, s’était mis sur son propre, et commençant à se donner des airs de conséquence, il eut l’effronterie de dire aux gens du duc en présence de leur maître, et en leur montrant les richesses de Don Quichotte et les siennes : Tenez, Messieurs, quand vous viendrez ici faites comme dans un jardin où il est permis d’avoir des yeux, mais point des mains.

6. (1690) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 1)

et comptez-vous pour rien cent quintaux de pain ? […] Ils comptaient bien que M. Hurtain serait des leurs ; mais ils ne comptaient pas sur MM. […] Tant pis pour ceux qui comptent qu’elle descendra sur eux à l’heure de la mort. […] Autant de pris : je ne comptais que sur un.

7. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Dupuis, et de Madame de Londé. »

Je crois, tout bien compté, que vous n’avez pas gagné au change, et que je vaux bien d’Épinai. […] Silvie qui dans cet instant ne comptait que sur moi, me dit que nous devions nous cacher d’elle plus que de toute autre. […] Vous comptez donc pour rien, reprit-elle, de n’avoir pas le plaisir de voir une aussi belle femme que moi ? […] Je la comptais pour une conquête assurée. […] C’était une maîtresse tendre et fidèle : c’était une femme portée comme la veuve, au plaisir de l’amour, qui ne cherchait qu’à se venger des infidélités de son époux, dont elle ne refusait les caresses et ne les méprisait qu’à cause qu’elle n’aimait que moi, et que tout autre que moi ne lui convenait pas : enfin je la comptais entre mes bras : mais je comptais, comme on dit, sans mon hôte.

8. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Prez, et de Mademoiselle de l’Épine. »

Je vous proteste que je ne laisserai pas d’être toujours le meilleur ami que vous puissiez avoir au monde ; que vous pouvez compter sur moi lorsque je pourrai vous rendre service ; mais je veux que vous me promettiez de ne me point haïr. […] Je lui dis qu’il m’était impossible de vivre sans la voir ; et que si elle n’avait pitié de l’état où j’étais, elle pouvait me compter dans un couvent, si ma seule douleur ne me causait pas la mort. […] L’amour que Monsieur a pour vous, l’engage à vous épouser ; comptez que cet amour n’est rien, qu’il sera bientôt évanoui, à moins qu’il ne soit soutenu par une conduite de votre part toute soumise, toute sage, et toute vertueuse, et par un entier dévouement. […] Comptez pourtant que je ne veux pas perdre ce que j’étais venu chercher, et que je reviendrai demain à la même heure, où je prétends que vous m’acquittiez ce que vous me devez pour aujourd’hui, et ce que vous me devrez pour demain. […] Je ne la quittai que fort tard ce soir-là, et fus mille fois sur le point de me dédire du consentement qu’elle avait arraché de moi ; et comme je comptais ne la [revoir] de longtemps et qu’après ses couches nous nous fîmes des adieux fort tendres.

9. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXIII. Comment on a découvert ces nouvelles aventures qu’on donne au public. »

Cid Ruy Gomez, l’ami à qui Zulema, ou Henriquez de la Torre, avait confié ce qu’il avait pu ramasser de l’histoire admirable de Don Quichotte, et qu’il avait prié de la continuer, était un de ces hommes particuliers, qui ne sont bons que pour eux- mêmes, ou tout au plus pour quelques-uns de leurs amis, et qui ne comptent pour rien le reste du monde, surtout le public, qu’ils regardent, sinon avec mépris, du moins avec beaucoup d’indifférence.

10. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Contamine, et d’Angélique. »

Je sais qu’elle a résolu de me marier, je parerai le coup, et je ne serai jamais qu’à ma chère Angélique ; c’est sur quoi elle peut compter. […] Je vous demande votre amitié à tous deux, vous pouvez compter sur la mienne. […] Il peut compter sur ma protection, et peut-être en sentira-t-il des effets plus tôt qu’il ne pense. […] Soit, dit-elle en riant ; la place où vous êtes vous plaît, achetez-la par votre silence, ou comptez que vous n’y resterez pas longtemps.

11. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIV. Ce qui se passa dans le château après cette expédition. »

Comme Sancho en confiant son butin à son bon maître de peur qu’on ne lui prît pendant son sommeil, l’avait prié de le compter ; Don Quichotte l’avait déjà fait, et lorsque Sancho commença d’ouvrir les yeux il le lui rendit, et lui dit qu’il y avait dedans plus de huit cents pistoles.

12. (1721) Mémoires

Il comptait de s’y réfugier en cas que la France l’obligeât de sortir de chez elle. […] Voilà un service que vous me rendez, Hubert, dont je ne perdrai jamais la mémoire, lui dit Monseigneur ; vous et votre famille pouvez compter absolument sur ma protection, et compter en même temps que je ne serai point ingrat. […] Mais pour chez moi je vous défends d’y venir jamais, ou comptez que vous n’en sortirez que par une de mes fenêtres. […] Il se compta battu sans retour. […] Ainsi, il faut que Crozat leur donne une entière exclusion, ou bien il peut compter que lui ou ceux qui viendront après lui se repentiront d’avoir reçu cette engeance.

13. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Terny, et de Mademoiselle de Bernay. »

Je comptais sur tous les chagrins que ma famille m’a donnés, ils me faisaient regarder le convent comme l’unique port aux malheurs que je prévoyais dans le monde. […] Adieu Monsieur, votre départ m’apprend à ne plus compter sur vous, et tout le reste du monde ne m’est de rien. […] Son bien était très considérable, ainsi je me ménageais auprès d’elle, et je comptais sur son appui.

14. (1713) Les illustres Françaises « Préface. »

Elle fait voir aussi, qu’une femme ne doit compter que sur son époux ; et que lorsqu’il n’est plus en état de la soutenir, elle est abandonnée de tout le monde : elle fait voir en même temps, qu’une femme intéressée sacrifie tout à ses intérêts.

15. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLI. Don Quichotte et Sancho s’arment pour aller combattre les brigands. Ces deux chevaliers font des actions de valeur inouïes. »

Le duc de Médoc ayant entendu cette relation, renvoya chez Valerio ce gentilhomme et ceux des siens qui avaient été blessés, et fit compter les bandits qui avaient été tués.

16. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVI. Pourquoi Sancho perdit ses armes enchantées, et du terrible combat qu’il eut à soutenir pour les recouvrer. »

La duchesse de Médoc qui l’avait souvent été voir, était très fâchée de son indisposition, parce qu’elle n’en pouvait pas tirer tout le plaisir qu’elle en aurait voulu ; mais elle comptait bien de s’en dédommager sitôt qu’il serait en état d’agir et de sortir ; ce qui arriva dès qu’il put ouvrir les yeux ; c’est-à-dire environ huit jours après que son accident lui fut arrivé.

17. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Jussy, et de Mademoiselle Fenouil. »

Que nous ferions mieux notre paix de loin que de près ; qu’elle comptait que je ne l’abandonnerais point. […] Je ne m’en soucie pas, ajouta-t-elle, en me voyant faire, je suis bien sûre d’en retrouver d’autre si vous me manquez de parole ; mais ne craignez rien, comptez que je ne vous abandonnerai jamais.

18. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Frans et de Silvie. »

Eh bien Valeran, lui dis-je, comptez pour deux que je veux bien oublier : mais soyez certain que la troisième rassemblera tout. […] Je comptais qu’il ne vous verrait jamais ; que mes lettres ne viendraient jamais jusqu’à vous ; et que tout au plus il ne ferait tomber son ressentiment que sur Madame Morin et Rouvière, que je ne me souciai pas de sacrifier, pourvu que je vinsse à bout de mon dessein. […] Je ne vous refuse point mon entremise, dit-il, et vous pouvez compter sur tous les services que je pourrai vous rendre. […] Le conseil de ma mère était bon, mais l’heure de m’en servir n’était pas venue : en effet je la tins trois mois au pain et à l’eau, et ce fut ce temps-là que j’employai à faire rebâtir ma maison plus vaste et plus belle qu’elle n’était, parce que je comptais d’y passer le reste de mes jours, et que je n’avais d’autre plaisir que celui que je prenais à ce bâtiment. […] Je comptais sur ma fermeté et sur ma vertu, dont je n’avais jamais été trahie.

19. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Ronais, et de Mademoiselle Dupuis. »

Qu’il convenait que le parti, suivant toutes les apparences, était fort avantageux, mais qu’il n’avait compté de son bien avec personne ; qu’ainsi on ne savait s’il y aurait plus d’un côté que d’autre ; et que peut-être à sa mort, sa fille paraîtrait un parti aussi avantageux pour moi, que je paraissais l’être alors pour elle. […] Pour mon malheur un banquier qui avait plus de vingt mille écus à moi, mourut dans cet intervalle de temps ; et comme ces sortes de gens font souvent belle figure aux dépens d’autrui, et que les affaires de celui-ci étaient hors d’état de pouvoir me rembourser si promptement, je comptais mon argent perdu, ou du moins fort aventuré. […] Voilà ce qu’on m’a chargé de vous dire, et que vous preniez bien garde à vous bien servir de cette occasion-ci, car si vous la refusez, vous pouvez compter que ce sera la dernière.

20. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVI. De ce qui suivit le désenchantement de Dulcinée. »

Il fallut compter les poils de la barbe qu’on lui avait arrachés, et comme il s’en trouva six de trop, Minos ordonna qu’ils seraient précomptés sur les coups de bâton ordonnés à Thérèse, attendu que l’homme et la femme n’étant qu’un, ce que l’un recevait devait être au profit de l’autre.

21. (1691) Journal du voyage des Indes orientales (à monsieur Raymond)

Nous étions quatre Français ensemble, fatigués, brûlés du soleil, lassés du chemin, altérés par la chaleur et affamés comme des chasseurs, nous espérions bien faire un bon repas pour nous remettre mais nous comptions sans notre hôte : en effet nous ne trouvâmes rien. […] C’est une race de cochons des Indes, qui sont meilleurs et plus délicats que le marcassin, et perdre un bon repas n’est pas peu de chose à la mer, où n’ayant pas tout à souhait on regrette très amèrement les choses sur lesquelles on comptait. […] On a raison de dire que les vents sont ici fort variables et qu’on ne doit compter sur aucun qui soit certain. […] Nous ne sommes qu’à douze heures de chemin de Pondichéry, ainsi nous comptons y être demain. […] En tous cas Monsieur a-t-il poursuivi, je compte sur vous comme je suis persuadé que vous me rendez la justice de compter sur moi, et je suis certain que vous me défendrez bien, soyez certain aussi qu’il ne vous arrivera aucun mal que je ne le partage avec vous.

22. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVI. Suite de l’histoire de Silvie et de Sainville. »

Elle me fit comprendre que ce serait encore redoubler la vanité de Sainville, et lui faire croire que ce serait le seul dépit qui me ferait prendre ce parti, qu’outre cela étant fille unique, ma mère ne consentirait pas à me voir religieuse ; qu’il fallait oublier Sainville et le mépriser encore plus qu’il ne me méprisait ; que ne pouvant rien prouver contre moi, puisque je ne lui avais jamais écrit que cette seule lettre, qui était brûlée, tout ce qu’il pourrait dire de notre intelligence passerait pour des impostures ; que le seul parti qu’il y avait à prendre était de me marier promptement, qu’elle avait un parti en main qui me convenait mieux que lui, puisqu’il était plus riche et mieux établi, que cet homme savait que j’avais quelques égards pour Sainville, mais qu’il les avait toujours regardés comme des amusements d’enfant, que la vertu et le devoir dissiperaient en un moment, qu’elle ne lui avait rien dit, et ne lui dirait jamais rien de la lettre que j’avais écrite à Sainville, et qu’elle m’avait rendue, ni de ces engagements où j’étais entrée ; que je pouvais compter sur un secret inviolable de sa part, et que de la sienne elle était certaine que Deshayes s’expliquerait dès qu’il saurait que j’aurais rompu avec Sainville.

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