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2. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre LI. Le jaloux trompé »

Une conduite si sage et si retirée aurait remis l’esprit de tout autre que d’un jaloux ; mais la jalousie est la maladie de l’esprit la plus cruelle et la moins curable. […] Quoiqu’il connût bien le ridicule de sa propre conduite, il ne pouvait la réformer, et quelque résolution qu’il fît de changer de manière, il revenait toujours à son penchant. Sa femme en souffrait tout avec une constance digne d’admiration ; mais enfin comme il ne se corrigeait pas, elle commença à ne le plus regarder avec des yeux si prévenus en sa faveur, sans changer néanmoins de conduite, et n’en aurait assurément point changé s’il ne l’eût poussée à bout. […] Le cavalier n’en demanda pas davantage pour cette fois-là, espérant que le temps ferait le reste ; mais il se trompa, il avait à faire à une femme à qui la mauvaise conduite de son mari ne donnait aucun privilège ; elle pouvait bien être rebutée de ses manières, et ne le regarder qu’avec indifférence, et même avec horreur ; mais elle avait trop de vertu pour se venger de ses soupçons autrement qu’en les méprisant. […] Elle en avait ri au commencement, mais la suite l’importuna, et quoique Sotain fût enfin revenu chez lui, Julia qui avait promis à Célénie de changer de conduite, n’en devint pas plus sage, au contraire il devenait plus hardi et plus entreprenant de jour en jour, de sorte que cette femme craignant qu’il ne manquât enfin de respect pour elle, et que la trouvant seule, comme il en avait à tout moment le privilège, il ne se portât aux dernières violences, elle voulut le prévenir et lui dit plusieurs fois qu’elle se plaindrait à Sotain de sa conduite.

3. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « ChapitreLII. Le mari prudent »

Il se contenta de l’écouter, et de lui dire qu’il ne s’y fiait plus après avoir été une fois trompé ; que désormais elle pouvait agir à sa manière, et qu’il ne la considérait plus assez pour prendre part par la suite à ses actions ; que tout ce qu’il lui demandait était de faire l’amour sans conséquence, et de sauver sa conduite par les apparences ; qu’en son particulier pour éviter l’éclat et le scandale, il ne prendrait point d’autre vengeance d’elle que de la mépriser comme une malheureuse. […] Il alla trouver Cléon, lui fit un rapport sincère de toute la conduite de sa fille, de ce qu’il en avait vu lui-même, et de tout ce qu’il en avait souffert, et conclut par offrir à son beau-père de lui faire voir les choses à lui-même de ses propres yeux, et le pria que cela fût ; faute de quoi il lui protesta de le faire voir à d’autres, pour s’en faire rendre justice malgré tout l’éclat que cela pourrait faire, au lieu que s’il voulait en être convaincu seul, et servir de juge à sa fille, cet odieux secret ne passerait pas sa famille, et n’en serait point diffamée. […] Sitôt qu’elle y fut, elle se jeta aux pieds de son époux, qui la releva ; elle en fit autant à son père, qui la laissa à ses pieds tout le temps qu’il fut à lui faire une fort sévère réprimande, qu’il finit par lui dire de demander pardon à Dieu pendant toute sa vie des fautes qu’elle avait faites, et de supplier son époux de les oublier, et d’y contribuer elle-même par une conduite toute opposée à celle qu’elle avait tenue. […] Comme elle était véritablement changée, elle fut ravie de demeurer dans un endroit qui pût lui servir auprès son époux de caution de sa conduite ; elle n’avait pas plus de dix-neuf ans lorsque cette réconciliation se fit ; ainsi on ne peut pas dire que ce fût l’âge qui l’eût retirée ; on ne peut pas dire non plus que ce fût le regret de la mort de son amant, puisqu’il ne fut tué à l’armée que dix ans après, et depuis ce temps-là, c’est-à-dire depuis plus de vingt-cinq ans, elle a vécu et vit encore d’une manière toute sainte ; en sorte qu’on la regarde comme un modèle de perfection ; tous les gens qui la connaissent la regardent avec admiration.

4. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Frans et de Silvie. »

Je vais voir vos oncles à dîner, je commence à être bien lasse de faire tant de démarches pour votre méchante conduite. […] Il faut à présent venir à l’essentiel qui regarde ma conduite. […] Est-ce là une fourberie conduite par des gens accoutumés à fourber, et qui en font leur capital ? […] Je suis fort aise de vous rendre raison de ma conduite, elle n’a point démenti la bonne opinion que vous en avez. […] Qu’elle montât sur le cheval que le porteur lui menait, et qu’elle vînt me trouver sous sa conduite.

5. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Ronais, et de Mademoiselle Dupuis. »

Il devint soupçonneux, et contre l’ordinaire, il prétendit voir plus clair que personne dans la conduite de sa femme, et ne véquit pas avec elle dans une union fort grande. […] Vous voyez bien par là qu’il prétendait être mieux informé que personne de la conduite de sa femme ; et c’est là ce qui a donné lieu au public de la soupçonner, la maxime étant certaine, qu’un mari qui doute de la conduite de son épouse, autorise les autres à en croire du mal. […] Qu’il avouait que les pères et mères étaient coupables de la mauvaise conduite de leurs enfants, lorsqu’ils forçaient leur inclination, soit pour le mariage, soit pour le convent. […] Je me suis bouché les yeux sur sa conduite, non pas que je ne m’aperçusse fort bien de tout ; mais parce que je n’ai jamais aimé l’éclat. […] Pour lui et pour vous, gouvernez-vous si sagement, que le public et moi soyons contents de votre conduite.

6. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Contamine, et d’Angélique. »

Cette leçon lui était assez inutile ; elle connaissait toute la nécessité où elle était de se ménager, puisque sa fortune dépendait de la conduite qu’elle allait prendre d’elle-même. […] J’y sacrifierai tout, je ne veux point passer pour une fille de joie ; je veux justifier ma conduite dans l’esprit de cette princesse. […] Sauvez-lui sa réputation, elle mérite d’être conservée, et ce qu’elle demande de la princesse et de vous, doit par avance vous assurer que sa conduite est sage. […] J’admirai la conduite de la princesse, et je me doutai qu’elle n’avait pas entièrement ajouté foi aux paroles d’Angélique, et qu’elle voulait le faire expliquer. […] Ils parlèrent pendant le dîner des ombrages que les amants prenaient assez souvent de la conduite l’un de l’autre.

7. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVIII. Des tristes et agréables choses que Parafaragaramus apprit au chevalier de la Manche. »

La princesse Dulcinée fut conduite dans la chambre qui lui était destinée ; et Balerme, Durandar, Montésinos, Merlin et Parafaragaramus conduisirent nos aventuriers dans celle qu’on leur avait préparée, et qui était d’une magnificence achevée : l’or et l’argent y brillant partout ; les glaces, qui en faisaient la tenture, rendaient la lumière qu’elles recevaient de deux lustres d’argent, chargés de vingt-quatre bougies, dont la réflexion était si vive qu’il était impossible d’y jeter les yeux sans être ébloui ; deux lits de brocard d’or avec leurs housses traînantes jusqu’à terre, garnies d’une grosse frange d’or à campanes, en faisaient l’ornement, et étaient accompagnés de deux fauteuils dorés, garnis comme les lits, et d’une table qui paraissait d’argent massif, qui tout ensemble faisaient à la vue un effet tout agréable. […] Je l’ai conduite dans l’appartement de la duchesse mon épouse, où Madame d’Albuquerque et les autres dames lui tiennent compagnie et l’admirent.

8. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Prez, et de Mademoiselle de l’Épine. »

Marie-Madeleine de l’Épine, que vous avez connue, était l’aînée de deux autres filles et d’un garçon que son père avait laissés en mourant sous la conduite de la mère. […] Ce n’est point assez que votre conduite soit innocente, il faut aussi qu’elle la paraisse. […] J’étudiai donc ma conduite tout le reste du carême et les fêtes de Pâques, c’est-à-dire près de deux mois, et je réussis si bien, que tout soupçon fut levé, et qu’on ne me suivit plus. […] Mais comment boucher les yeux de la mère sur la conduite de sa fille ? […] Ils peuvent leur dire, c’est vous qui m’avez choisi une femme ou un mari : vous m’êtes garants de sa méchante conduite et de sa mauvaise humeur.

9. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Dupuis, et de Madame de Londé. »

Il avait dix ans plus que moi, et sur ce pied il voulait prendre sur ma conduite de certains airs d’autorité qui furent cause que je le brusquai d’une si grande force, qu’il ne m’a rien dit depuis. […] J’y joignis la lettre la plus tendre que je pus, où je lui demandais pardon de tout ce qui avait pu lui déplaire dans ma conduite. […] Je la rassurai, et lui promis le secret que je lui ai gardé, parce qu’elle s’en est rendue digne par une conduite plus honnête. […] reprit l’affligée, une honnête femme peut-elle parler comme vous faites, et songer à faire une infidélité à son mari, et l’imiter dans sa mauvaise conduite ?  […] Ma passion est à un point qui bannit de mes actions toute sorte de conduite : il faut que je vous voie absolument, au hasard de tout ce qui en pourra réussir.

10. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIII. Belle morale du seigneur Don Quichotte. »

C’est peu à mon sens pour leur justification, que de dire que la mauvaise conduite d’une femme attire après elle plus de désordres que celle d’un homme, parce que, disent-ils, une femme qui reçoit entre ses bras un autre que son mari, met dans sa famille des héritiers qui ne lui sont de rien, et qu’ainsi outre le crime d’infidélité, elle fait encore un vol. […] J’ajouterai, poursuivit-il, que la conduite de nos Espagnols sur ce sujet est une chose étonnante.

11. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Jussy, et de Mademoiselle Fenouil. »

Il est certain que cette fille était d’une douceur et d’une honnêteté achevée, comme sa conduite l’a fait voir avec l’homme qu’elle a épousé depuis, et dont elle est veuve, avec qui elle a souffert tout ce qu’une femme peut souffrir d’un homme emporté et jaloux ; en un mot aussi brutal en effet que je me feignais. […] Je ne lui dis point mon nom, je me crus seulement obligé, à cause de la patrie, de lui donner quelque avis sur sa conduite, qui était extrêmement libertine, surtout dans un pays où la jalousie règne, et où les maris se croient tout permis pour venger l’honneur qu’ils croient qu’on leur ôte, par le commerce qu’on peut avoir avec leurs femmes, ou avec une autre de leur famille. […] Il loua fort la conduite de sa cousine, et leur fit mille civilités à l’un et à l’autre ; ils y répondirent avec toute l’honnêteté possible.

12. (1690) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 1)

Etant donc abandonné à ma bonne foi et à ma propre conduite, je cherchai des endroits vagues pour y mettre ce pain, jusqu’à ce que des barques du Port-Louis, ou nous, à notre retour, pussions le prendre. […] Prenez notre écrivain pour secrétaire, lui a dit M. de Combes : je suis certain qu’il n’en oubliera aucune circonstance, d’autant plus que sa conduite et son honneur y paraissent intéressés. […] Par qui cette nature est-elle conduite ? […] M.de Seignelay voulait mettre ordre à cette mauvaise conduite des officiers français, mais les Anglais ne lui en donnèrent pas le temps. […] Les autres officiers, sages imitateurs d’une si judicieuse conduite, furent tout pris comme lui, les portes du fort étant ouvertes.

13. (1691) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 2)

Son second maître, au lieu de le faire travailler au sucre & à d’autres ouvrages pénibles, lui donna la direction des nègres ; &, peu à peu, connaissant sa bonne conduite, sa fidélité & son bon esprit, il en fit son facteur. […] Martin fut obligé de faire par mer, & les actions où il s’est trouvé firent autant briller sa bravoure & son intrépidité que sa bonne conduite éclatait dans ses livres & dans le négoce. […] Au contraire, son frère dénaturé a vu son ample succession mangée & dissipée par sa faute & sa mauvaise conduite au jeu, & celle de sa femme. […] Elle donna enfin connaissance de sa mauvaise conduite ; & lui-même la surprit sur le fait trois fois en moins de six semaines, & toutes les trois fois avec des acteurs différents. […] J’avoue qu’il y a dans cette conduite quelque chose d étonnant, & que quoique le Parisien ne soit pas naturellement ni sanguinaire ni jaloux, il y en a peu qui poussassent la patience si loin.

14. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLII. Comment Don Quichotte sauva la vie à la duchesse de Médoc. Nouveaux exploits des deux chevaliers. »

Il entretint cette dame pendant qu’on raccommodait son train, avec tant de courtoisie et de sagesse, qu’elle ne savait que juger d’un homme qui était effectivement fou, et qui pourtant parlait de si bon sens et se battait avec tant de conduite et de valeur.

15. (1721) Mémoires

Qui peut douter qu’au lieu de respect et de crainte, cette conduite ne témoigne un injurieux mépris ? […] Il est vrai que ce monarque n’a pas eu lieu de se louer de la conduite du Parlement sous la forme qu’on le lui réprésentait [sic] pendant sa jeunesse. […] Il la méprisa sur sa seule pauvreté ; elle lui intenta procès au Parlement, et sans qu’elle fût accusée de mauvaise conduite, il eut arrêt qui la condamna à entrer dans un couvent ; elle s’y mit d’elle-même. […] M.d’Aguesseau se bouchait les yeux sur la conduite de sa femme, parce que lui et elle étaient logés, nourris et défrayés aux dépens de la bourse de Thévenin. […] Il est surprenant comment des scélérats ne reconnaissent pas eux-mêmes l’horreur de leur conduite, et plus étonnant encore, s’ils la reconnaissent, qu’ils osent s’exposer à la vengeance, ou plutôt braver la colère de Dieu.

16. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLV. Pourquoi la maîtresse d’une hôtellerie voisine du château venait souvent demander des nouvelles de Sainville et de Silvie. »

La marquise qui vit bien que sa parente ne demandait pas mieux, y consentit de la meilleure grâce du monde, bien persuadée que la vertu et la sagesse de cette aimable Provençale était un garant certain de sa conduite et du respect de du Chirou.

17. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVI. De ce qui suivit le désenchantement de Dulcinée. »

. — Je la sais aussi bien que vous, repartit Molieros, c’était moi qui lui en avais inspiré la tentation, et je l’avais conduite jusques au point de réussir quand des esprits d’en haut gardiens de l’honneur de cette fille vinrent mal à propos les séparer tous deux et les châtièrent de leurs mauvais desseins sans leur avoir permis de l’accomplir.

18. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIX. De ce qui se passa chez le duc de Médoc après le départ de Dulcinée, et comment Sancho reçut sa femme que la duchesse fit venir au château. »

Malheureusement la gouvernante de Don Quichotte s’y trouva, soit que le hasard l’y eût conduite, ou que par un coup de malice, les Espagnols et les Français, qui savaient qu’elle haïssait Sancho, ne l’y eussent introduite.

19. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVI. Suite de l’histoire de Silvie et de Sainville. »

La tristesse dans laquelle j’étais abîmée ne me permettait pas de voir d’autre compagnie ; je la regardais comme une parfaitement honnête femme, et sur ce pied-là je fus extrêmement surprise d’apprendre qu’elle venait d’être arrêtée à ma porte et conduite à la Conciergerie, sans qu’on en sût le sujet.

20. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Terny, et de Mademoiselle de Bernay. »

Comme aucun des domestiques n’approuvait la conduite dure et barbare du père, qui leur faisait horreur, et que chacun d’eux était fâché de voir leur jeune maîtresse traitée si cruellement, tous lui prêtaient la main et l’aimaient.

21. (1691) Journal du voyage des Indes orientales (à monsieur Raymond)

J’espère que vous me répondrez du succès puisque je ne la fais que pour vous, et pour satisfaire en partie à l’inclination que j’ai de vous prouver combien je suis pénétré des bontés que vous avez toujours eues pour moi sans discontinuer, quoique je vous aie plusieurs fois donné, par ma mauvaise conduite, toutes sortes de sujets de ne me regarder que comme un homme qui en était indigne. […] C’est un fort honnête homme, fort brave, bon soldat, bon matelot, et de beaucoup de conduite. […] Il a raison : pour nous qui allons sous ses auspices, nous sommes en repos sur sa prudence et sa bonne conduite qui nous assurent.

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